(Onze heures seize minutes)
Le
Président (M. Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des finances publiques ouverte et, bien sûr, je demande à
toutes les personnes dans la salle d'éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude
des crédits du portefeuille Finances
pour l'exercice financier 2015‑2016.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Bolduc (Mégantic) est remplacé par M. Fortin (Pontiac).
Le
Président (M. Bernier) : Avant de poursuivre nos travaux, j'aurais besoin
d'un consentement, étant donné le nombre d'heures que nous devons faire
au niveau de l'étude de ces crédits, pour qu'on puisse terminer nos travaux à
13 h 30. Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Bernier) : Consentement?
Une voix : Oui, oui, il y a consentement.
Le Président (M. Bernier) : Consentement.
Donc, les travaux termineront à 13 h 30.
Discussion
générale (suite)
Donc, je
donne la parole à l'opposition officielle, M. le député de Rousseau, pour un
premier bloc d'échange avec nos gens des Finances.
M. Marceau
: Parfait. Merci, M. le Président. Je veux simplement revenir, pour
débuter, sur la liste dont on a parlé
hier, là, la liste des programmes qui n'ont pas été reconduits intégralement.
Il y en a, d'après les documents, pour 3,6 milliards. Est-ce que le
ministre peut nous fournir la liste aujourd'hui?
• (11 h 20) •
M.
Leitão : Alors, oui, pour, donc, ce dont on avait fini hier, alors
donc il y a deux parties, si vous voulez. Pour ce qui est du 1,1 milliard de dollars, le détail de ces mesures se
trouve dans, donc, le carnet du... c'est ça, Stratégie de
gestion des dépenses, qui a été déposé par mon collègue secrétaire du...
président du... secrétaire du Trésor, du Conseil du trésor, et il y a plusieurs
exemples de ces mesures-là.
Donc, c'était
de résorber principalement un écart de 729 millions de dollars. Les
autres... le 300 millions, c'était l'utilisation
d'une marge budgétaire, mais le montant le plus important est de 729 millions.
Et, ces 729 millions, il y a, encore une fois, une série de ces
mesures-là à la page 15 de ce document-là, comme, par exemple, le rapatriement
au Québec des activités de sélection des
immigrants et réorganisation des directions régionales du ministère de
l'Immigration, de la Diversité et de
l'Inclusion. Il y avait aussi le repositionnement du réseau du Québec à
l'étranger, du ministère des Relations internationales et de la
Francophonie, et cela se traduira notamment par une réorganisation des effectifs.
Donc, il y a
toute une série de mesures, comme aussi la réorganisation du réseau de la
représentation du Québec au Canada, y compris la fermeture, à compter du
1er avril de ce mois-ci, 2015, du Bureau du Québec à Ottawa et de l'Antenne du Québec à Vancouver; fermeture de
certains bureaux Destination Québec dont les contrats arrivent à
échéance à la suite d'une centralisation des opérations; restructuration à la
Sûreté du Québec afin d'améliorer les processus de travail; resserrement des dépenses gouvernementales en matière de
communications et regroupement au sein du ministère du Conseil exécutif
de l'ensemble du personnel qui travaille en communications dans les différents
ministères et secrétariats; augmentation de l'approvisionnement en commun dans
le réseau de la santé et des services sociaux; diminution de la contribution
gouvernementale versée à La Financière agricole du Québec, la FADQ, consécutive
à la conjoncture favorable qui a cours sur les marchés agricoles.
Donc, toutes
ces mesures-là génèrent 729 millions de dollars, et, comme j'ai dit tantôt, il y avait
aussi 300 millions qui
étaient l'utilisation d'une marge budgétaire, et là on arrive donc, avec
d'autres petites mesures... on arrive au 1 187 000 000 $.
Pour
ce qui est de l'autre question, les 2 406 000 000 $, cela
était déjà rendu public, si vous voulez, dans le plan budgétaire de juin, juin 2014, et essentiellement,
pour l'année 2015‑2016, le 2 406 000 000 $, c'est la
conséquence, la reconduction, en 2015‑2016, des mesures qui avaient déjà
été annoncées, qui avaient commencé déjà en 2014‑2015, comme, par exemple, des économies annuelles — et là on est à la page A.55 du budget de
juin 2014 — donc des
économies annuelles de 305 millions grâce à des
gains de productivité, les 2 % de la masse salariale, des efforts
équivalant à 3 % des dépenses de fonctionnement.
Il
y a d'autres mesures comme des réductions de dépenses de nature administrative
de 415 millions de dollars en 2014‑2015
et 586 millions de dollars en 2015‑2016, telles que la réduction du
recours aux services professionnels externes, la rationalisation des espaces occupés, l'optimisation des ressources
dans le réseau de la santé, donc toute une série de mesures qui étaient déjà détaillées dans le budget
de juin 2014, et donc ces mesures-là se répercutent en 2015‑2016 et dans
les années suivantes. Et donc, c'est cela, les
2 406 000 000 $ se réfèrent...
2 406 000 000 $ étaient déjà décrites à la page A.55.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M.
Marceau : Oui. Pour la portion du 1 187, là, le document du Conseil du
trésor ne contient pas les montants. Est-ce
que vous pouvez nous faire le détail des montants ou nous déposer une liste?
Peut-être que ce sera plus simple, là, avec les montants.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre... Oui. Si vous avez un document à déposer, à ce
moment-là, on va le distribuer.
M. Leitão :
Oui. Enfin, pour... On a une liste. Bien, je peux vous la déposer. Elle n'est
peut-être pas aussi exhaustive que ce que le collègue souhaiterait. Pour la
liste plus exhaustive, je ne l'ai pas avec moi. Il faudrait voir avec le Trésor, mais, encore une fois, à la page
15 du document que j'ai mentionné tantôt, il y a donc toute une série de
mesures. Pour ce qui est des répercussions financières de ces mesures-là, je ne
les ai pas ici avec moi. Ça serait au Trésor de...
Document déposé
Le
Président (M. Bernier) : O.K. On va recevoir votre document, là, puis on va
en faire distribution, monsieur...
M.
Marceau : Non, mais le document, on l'a, c'est juste que les montants n'y
apparaissent pas, là. Donc, moi, c'est les montants qui m'intéressent,
évidemment, là, de manière à ce que je puisse arriver au total de
1,1 milliard.
M.
Leitão : C'est ça, comme je... Je peux vous déposer ce document. Comme
je vous ai dit, il y a ici le montant principal,
les 729 millions. Pour ce qui est du détail de ces 729 millions, ce
sont les mesures que j'ai citées tantôt, et, pour ce qui est de l'implication financière de chacune de
ces mesures-là, je ne les ai pas avec moi, c'est au Trésor qu'il y a
ça.
M. Marceau : Mais
est-ce que vous pouvez les déposer plus tard dans la journée?
Le Président (M.
Bernier) : Oui, est-ce que l'information peut être disponible?
M.
Leitão : Je n'ai pas cette information, moi. C'est au Trésor. Je peux
voir avec mes collègues du Trésor s'ils l'ont, mais, en tout cas, ça a
été vérifié aussi par le Vérificateur général lors de la mise à jour de
décembre. Tout ça avait été vérifié.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Marceau : C'est juste une question d'information, là. On est dans les
crédits, là, alors c'est important pour nous d'avoir les montants puis de... parce qu'à première vue le montant
de 1 milliard avec les mesures en question... Enfin, moi, quand je
regarde ça, j'ai l'impression que le compte n'y est peut-être pas, peut-être
qu'il y est, mais c'est au gouvernement d'en faire la démonstration, là, ce
n'est pas à...
M.
Leitão : Donc, ça serait à l'étude des crédits du Trésor. Comme je
vous dis, moi, je n'ai pas cette information avec moi.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M. Marceau : Oui.
Écoutez, la question a été posée au Trésor, et puis, au Trésor, on ne nous a
pas donné les réponses. Alors, si vous êtes
la dernière source d'information, alors j'ai peine à croire que vous ne
puissiez pas nous donner ces
informations-là. Autrement, je vais devoir tirer la conclusion que ce
chiffre-là n'est pas véritablement contenu dans la liste que vous nous fournissez. Je pense que c'est
important, là. Ça fait partie du débat public présentement. Il me semble
qu'on doit... d'avoir des listes ordonnées
et claires de chiffres au moment de l'étude des crédits, c'est standard et
habituel.
Je vous répète qu'on
a posé la question à trois reprises, quatre reprises, cinq reprises. Vous êtes
la dernière personne qui puissiez répondre.
Moi, je regarde encore une fois la liste, là, que vous nous avez dit, puis
effectivement ça contient des... Il y a des
montants qui sont associés à chacune des mesures. Mais est-ce que le compte y
est? Ça, ça n'est pas clair. Alors,
j'aimerais bien avoir une liste avec des montants. Vous avez le temps, là, on
finit ce soir à 9 h 30. Vous avez les meilleurs fonctionnaires
à vos côtés, je ne vois pas la difficulté, là, je suis désolé.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre, si vous avez des informations additionnelles à nous
communiquer...
M. Leitão :
Je n'ai pas d'information...
Le
Président (M. Bernier) : ...vous nous les communiquerez, puis on va
s'assurer que chacun des membres qui participent à cette commission
recevront copie des documents. M. le député.
M. Marceau : Oui.
Donc, je vais juste clore ce segment-là, là. S'il y a moyen, d'ici
9 h 30, de nous donner le détail,
comme je vous l'avais demandé hier, pour le 187, sur une feuille écrite avec
les montants, puis même chose pour le 2
406, ça serait vraiment très apprécié. Ça serait vraiment très apprécié. Encore
une fois, vous êtes le ministre des Finances et vous avez tout ce qu'il
faut.
Maintenant,
j'aimerais aller sur les mines. On a posé des questions dans les cahiers, des
questions écrites au sujet des mines,
et essentiellement on n'a pas eu de réponse. Les réponses qui nous ont été
données sont que ça ne concerne pas l'étude des crédits. Les
informations, que ce soit sur les montants des redevances reçues, les montants
de... Je peux vous lire les questions, là,
ce sont des questions dans le cahier, là, de demandes de renseignements de
l'opposition officielle et du deuxième groupe d'opposition.
Question
10, par exemple : l'ensemble des sommes prélevées par le gouvernement du
Québec auprès des sociétés minières,
incluant les prélèvements fiscaux et les droits miniers pour chacune des cinq
dernières années. Cette information-là était disponible. L'année passée,
ça avait été fourni. L'année précédente, ça avait été fourni. Cette année, non.
Dépenses
fiscales : total des dépenses budgétaires totales du gouvernement
relatives à l'industrie minière pour chacune
des cinq dernières années. La réponse qu'on nous donne, c'est que cette
question ne semble pas pertinente à l'étude des crédits. Je suis assez
désolé de vous dire que je pense que c'est très pertinent.
Question 12 : Le
total des profits avant impôt déclaré par les sociétés minières au Québec pour
chacune des 10 dernières années. Ce genre
d'information là était disponible dans le passé. Alors, je voudrais tout
simplement savoir ce qui s'est
produit cette année qui fait que la question ne semble plus pertinente, alors
que, dans le passé, c'était pertinent et puis on avait la réponse.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Bien, écoutez, M. le Président, nous avions pensé très
honnêtement que ce n'était pas une question qui était pertinente pour
l'étude des crédits du ministère des Finances. Mais, écoutez, l'information
existe, et moi, je n'ai aucun problème à
déposer cette information-là. De 2009 à 2013, cette information-là existe, les
prélèvements fiscaux effectués auprès des sociétés minières. Moi, je
n'ai pas...
M. Marceau : 2010,
2011, 2012. En fait, il y avait un tableau, usuellement, là, ces dernières
années, qui était fourni, qui contenait toutes ces informations-là, là, les
informations contenues en 2010, 2011 et 2012, et peut-être de simplement
fournir à la commission le tableau en question, ce serait intéressant.
M. Leitão :
Oui, on pourra...
Le
Président (M. Bernier) : ...disponible, M. le ministre, comme on vient de
faire, simplement nous le remettre...
M. Leitão :
Ah! certainement...
Le
Président (M. Bernier) : ...le déposer, et on va s'assurer que chacun des
membres en prenne connaissance.
M. Leitão :
En effet. La seule chose qui nous avait retenus un petit peu, c'est que
plusieurs de ces montants, évidemment, sont
des estimés. Alors, c'est pour ça que c'est de l'information un peu, je ne
dirais pas confidentielle, mais un
peu... enfin, une certaine prudence. Mais évidemment, pour les membres de la
commission, nous pouvons déposer ça.
Document
déposé
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Donc, tout simplement le déposer, M. le... Si vous voulez
aller chercher, monsieur, le document.
M. Marceau : Donc,
combien de temps me reste-t-il, M. le Président?
Le Président (M.
Bernier) : Il vous reste huit minutes, M. le député.
M.
Marceau : O.K. Je vais peut-être poser des questions. La SAQ est là ce
matin? C'est ce que je comprends.
Le Président (M.
Bernier) : Oui, la SAQ est là ce matin. La SAQ et Revenu Québec sont
présents ce matin. Si vous avez des questions à la SAQ, c'est le temps.
M. Marceau : Oui. Je reviendrai plus tard
pour le... Je vais commencer par la SAQ, s'il vous plaît.
Le
Président (M. Bernier) : Bon, si les gens de la SAQ veulent bien prendre
place... Je vais inviter également les
autres parlementaires des autres formations politiques à poser des questions à
la SAQ, si c'est possible, ce matin, de façon à pouvoir les libérer cet
après-midi, de façon à ce qu'il n'y ait pas conjonction dans la salle.
Oui, M. le député de
Rousseau.
• (11 h 30) •
M. Marceau : Écoutez... Merci. Bonjour,
M. Brunet.
M. Brunet (Alain) : Bonjour.
M. Marceau : Merci d'être là. Bonjour,
monsieur. Merci d'être là. Peut-être commencer par parler du sujet du jour,
très rapidement, parce que je n'ai pas l'intention d'élaborer là-dessus, mais,
bon, la consigne, évidemment, fait l'objet de débats, là, depuis deux jours,
puis il y a un débat important, je pense.
Moi, ma question
très simple, et puis ma demande très simple, en fait, puis je la formule à
vous, puis je la formule au ministre, là, c'est qu'il y a deux études au
moins dont on a connaissance, qui est celle de LIID — L-I-I-D — puis CREATE aussi, je pense. Moi, je voudrais
simplement savoir si vous avez des objections
à ce que soient rendues publiques ces deux études, de façon à ce que le
débat se fasse non pas seulement au Conseil des ministres, mais au Québec, parmi les Québécois. Il y a des points de vue
assez opposés qui sont présents dans le discours. Il y a plusieurs parties
qui sont interpellées. Est-ce que c'est envisageable que ces deux études soient
rendues publiques?
M. Leitão : Peut-être, avant...
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M. Leitão : Avant que M. Brunet,
évidemment, prenne la parole, j'aimerais lui souhaiter la bienvenue et aussi à ses collaborateurs, et aussi mentionner
que, pour ce qui est de l'étude du CREATE, cette étude-là n'a pas encore
été... sa version finale n'a pas encore été
rendue publique, donc elle le sera bientôt, et que, pour ce qui est de, donc,
l'enjeu de la consigne, comme on s'était
dit, ce matin, à l'Assemblée nationale, pour nous, c'est une question qui est
plus large que cela, c'est de
valoriser la filière du verre et s'assurer qu'on le fasse de la meilleure façon
possible, la plus efficace possible et aussi la plus économique
possible. Donc, c'est dans ce contexte-là.
Évidemment, la SAQ est une partie prenante très
importante dans ce dossier-là. Alors, M. Brunet.
Le Président (M. Bernier) : En vous
identifiant, s'il vous plaît, pour fins d'enregistrement, M. Brunet.
M. Brunet (Alain) : Oui. Alors,
Alain Brunet, de la SAQ. Simplement poursuivre que nous, effectivement, on veut contribuer au débat. Donc, on a fourni
l'information qu'on nous demande. C'est un débat qui est très large en
fait, et nous, notre action a vraiment été posée, au cours des dernières
années, sur la valorisation du verre, de trouver, là, des débouchés à valeur ajoutée pour le verre recyclé.
Et nous, on n'est pas dogmatiques par rapport à comment on ramasse la matière :
que ce soit la collecte ou la consigne, là, il y a un débat qui doit
s'installer, se faire. Si on fait le débat sur l'ensemble du dossier avec toutes les problématiques, les défis reliés
au dossier, bien, je pense que c'est souhaitable et sain. Mais le grand
défi, c'est vraiment les débouchés liés au verre recyclé.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M. Marceau : Donc, mon souhait très
simple, là, c'est que les deux études soient rendues publiques. Avant que le gouvernement prenne une décision, même,
moi, j'invite le ministre à mettre sur la table, là, pour... et même
pour tout le monde, les deux études en
question et que le débat se fasse, pas que ça vienne a posteriori, là, avant la
conclusion du débat, qu'on ait les études puis qu'on puisse porter un
jugement. Comme parti, comme citoyens, les Québécois ont le droit de savoir de
quoi il en retourne.
Bon, je comprends que vous êtes disposé à ça, M.
le ministre. Parfait.
M. Leitão : Oui. Juste pour
mentionner que le rapport de CREATE n'a pas encore été finalisé et que la
décision du gouvernement n'a pas encore été prise non plus.
M. Marceau : Mais il y a l'autre étude
aussi, hein? Il y a l'étude qui avait été commandée par la SAQ. Et donc il y en
a deux, on s'entend?
M. Leitão : Oui.
M. Marceau : Parfait. Excellent.
Peut-être sur la question des vins québécois, peut-être poser une question directement
à M. Brunet. Bon, vous savez, à l'époque où le Parti québécois était au
gouvernement, on avait déposé... proposé un
plan de développement de l'industrie du vin québécois. J'ai pu voir que les
résultats étaient plutôt... Bon, dans les
documents qui nous ont été... les réponses qui ont été obtenues aux questions
que nous avons posées, les résultats sont bons. On voit une belle
progression des ventes de vins québécois, de l'espace qui est octroyé par la
SAQ aux vins québécois. Mais je crois que
tout ça est un peu en péril, là. J'aimerais savoir ce qu'il en est. Est-ce que
vous avez obtenu les montants qui étaient prévus?
Est-ce que vous avez les moyens de vous assurer du développement de notre
industrie québécoise?
Le Président (M. Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet
(Alain) : Oui. Alors, pour notre part, nous, le dossier roule bon
train, comme vous dites. Nous, on est déjà
à l'an 2 du plan. Donc, la première année du plan pour les vins du Québec a
rapporté une croissance des ventes de 80 %,
ce qui est vraiment au-delà de nos espérances. Donc, ça a très, très bien
fonctionné. Et on enchaîne avec la deuxième année du plan, où on va élargir à 80 succursales le
déploiement de la mise en marché des vins Origine Québec. Et, pour ce
qui est de notre partie de dossier, tout va bien. On n'a aucun problème, on a
tout ce qu'il faut.
M. Marceau : Peut-être...
Le Président (M. Bernier) : Allez-y.
M. Marceau
: M. le Président, je me rappelle
assez bien que l'enjeu, c'était le volume que nos producteurs sont
capables de vous fournir. Et puis, pour que le volume soit au rendez-vous avec
une qualité suffisante, il fallait que les producteurs soient appuyés. Bon, je
pense que vous vous rappelez bien que c'était de l'aide aux producteurs, là,
qui était l'autre composante. Et ma question peut-être ultimement, c'est :
Est-ce que les volumes sont au rendez-vous? Est-ce
que la progression auquel on a
assisté va pouvoir se maintenir si les volumes ne sont pas au rendez-vous de l'autre côté, du côté des producteurs?
Le Président (M. Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet (Alain) : En fait, les
volumes sont au rendez-vous, et le plan de déploiement qu'on a prévu sur trois ans tient compte de la capacité de
production des producteurs. Donc, ce qu'on veut évidemment, c'est des vins
de qualité, mais produits en quantité suffisante. Ça a très bien fonctionné
pour la première année; les volumes étaient au rendez-vous. Là, on se permet
d'élargir encore plus la distribution parce
que, justement, en amont on a
travaillé toute la question des volumes, la production. Donc, les producteurs
sont prêts à assumer cette part supplémentaire à mettre dans le marché et la croissance des ventes aussi qui vient
avec. Et, pour, je dirais, le cheminement qu'on avait prévu, tout se
passe bien au niveau de la production.
M. Marceau : Alors, tant mieux. C'est ce
que je souhaite.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Marceau : Est-ce que j'ai encore du
temps un peu?
Le Président (M. Bernier) : Environ 20
secondes.
M. Marceau : O.K. Bien, je dois le garder
pour plus tard, le 20 secondes.
Le Président (M. Bernier) : Vous allez le
garder pour plus tard. C'est bien.
M. Marceau : Merci.
Le
Président (M. Bernier) : Merci.
Nous allons passer du côté gouvernemental. Mme la
députée de Bourassa-Sauvé. Bon
matin à vous.
Mme de
Santis : Merci, M. le Président. Je veux assurer le député de
Granby que personne, personne n'a jamais imposé que je ne pose pas les questions qu'il faut poser pour représenter, bien représenter mon comté de
Bourassa-Sauvé. Et les gens qui me connaissent, soit ici ou ailleurs,
savent très bien que je n'ai pas la langue dans ma poche. Et alors ces
commentaires, aujourd'hui, n'étaient pas très bien reçus de la part de la
personne que je suis.
Je veux
parler un instant de Bourassa-Sauvé. Vous savez très bien que je représente ce
comté qui prend plus ou moins l'arrondissement de Montréal-Nord sur
l'île de Montréal. Près d'une personne sur sept cherche un emploi à Montréal-Nord. Le taux de chômage est plus élevé
qu'ailleurs dans la région métropolitaine. D'après Statistique Canada, de 2007 à 2011, le taux de chômage a grimpé de
12,5 % à 14,1 %, alors que le taux de la région métropolitaine a
diminué de 8,7 % à 7,7 %.
Donc, la mise
en place du bouclier fiscal est importante pour les résidents de Bourassa-Sauvé.
J'ai un nombre important de résidents
qui sont sur le bien-être social. La bonification du crédit d'impôt pour les
travailleurs d'expérience, c'est
important pour Bourassa-Sauvé, car presque 25 % de la population a
65 ans ou plus. L'adéquation entre la formation et le besoin des entreprises et la reconnaissance des
diplômes des immigrants, c'est important parce qu'on reçoit beaucoup de
nouveaux arrivants dans mon comté; il y a beaucoup d'immigrants.
• (11 h 40) •
Maintenant,
lors de la dernière campagne électorale, M. Couillard... le premier
ministre — je ne
dois pas nommer les personnes — s'était engagé à créer
250 000 emplois au cours des cinq prochaines années. C'est important de rappeler qu'en 2013 l'économie du Québec était mal
en point. L'investissement des entreprises a chuté de 6,3 % quand l'emploi... Entre janvier 2013 et janvier 2014, il
y a seulement 6 000 emplois qui ont été créés. Alors, dans ce
contexte morose, la promesse de M. Couillard
paraît bien ambitieuse. Les statistiques maintenant semblent être plus
favorables. Après une perte de 28 500 emplois au Québec de janvier à
avril 2014, la tendance s'est inversée et, depuis mai 2014,
57 000 emplois ont été créés.
Je pose la question
pour les résidents de Bourassa-Sauvé et pour les autres Québécois qui se trouvent dans
des situations semblables. Dans le contexte actuel, est-ce que notre ministre
des Finances croit que l'objectif peut encore être atteint et, si oui, de
quelle façon le gouvernement compte agir pour atteindre cet objectif de
250 000 emplois?
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
ministre.
M.
Leitão : Très bien,
M. le Président. Alors, on parle d'emplois, on parle de création d'emplois, et vous avez raison que, dans
votre comté, mais partout au Québec, évidemment, la création
d'emplois est l'enjeu numéro un. Nous avons beaucoup de personnes
qui, malheureusement, ne réussissent pas encore à trouver de l'emploi stable,
bien rémunéré. Et, de l'autre côté, nous
avons une économie qui peine aussi à trouver des travailleurs qualifiés dont
elle a besoin pour faire face aux défis du XXIe siècle.
Donc, je vous
dirais deux choses. Et, ici, encore une fois, comme vous avez commencé, je vais
aussi renforcer cet aspect de la
question, que, non, il ne s'agit pas d'une question plantée, et je ne m'attends
pas à ça de nos députés, et mes réponses aussi ne sont pas déjà
préscriptées non plus. On s'entend là-dessus.
Alors, l'emploi. L'important, donc, c'est de
créer de l'emploi pour les personnes, bien sûr, qui se cherchent... mais aussi pour l'économie, pour les entreprises
qui, elles, se cherchent des travailleurs spécialisés, le nombre de
travailleurs important pour qu'elles
puissent prendre de l'expansion. Nous sommes d'avis que la création d'emplois
provient surtout, principalement, du secteur privé. Ce sont les
entreprises qui créent de l'emploi. Oui, l'État peut... et il y a un rôle à
jouer dans ce processus-là, mais, ultimement, ce sont les entreprises qui le
font.
Comme on a dit, vous et moi aussi, il y a un enjeu
très particulier d'adéquation de... donc, la formation des personnes qui sont disponibles à travailler et le
type de travailleurs que des entreprises recherchent. Donc, il y a
beaucoup de travail à faire pour améliorer
cette adéquation-là, pour s'assurer que les personnes qui présentement n'ont
pas d'emploi puissent être formées, puissent être recyclées pour trouver
cet emploi-là.
Plus
particulièrement encore dans ce qui concerne votre comté, la région
métropolitaine de Montréal en général et votre comté en particulier, il y a un enjeu très important
d'immigration, de nouveaux arrivants, de personnes qui arrivent et qui
ont des qualifications et qui n'arrivent pas à se trouver un emploi. Et,
derrière cette difficulté de se replacer dans cette
nouvelle terre d'accueil, il ne faut pas se cacher, il y a souvent aussi des
éléments de discrimination, des éléments d'exclusion du marché du travail. Donc, notre action, en tant que
gouvernement, doit se faire à plusieurs niveaux, doit se faire à un niveau, disons-le, technique, de
formation, d'acquisition de compétences pour le marché du travail, mais
aussi à un autre niveau, pour favoriser l'inclusion, pour favoriser la
participation des nouveaux arrivants non seulement en marché du travail, mais à
la société en général. Donc, c'est un travail très important auquel notre
collègue la ministre de l'Immigration et de l'Inclusion va bientôt déposer
aussi des programmes d'action qui sont très importants.
Alors, c'est un détour assez long pour revenir à
votre question initiale, donc : Est-ce que les 250 000 emplois en
cinq ans, c'est toujours notre engagement? Est-ce que ça tient toujours? Je
dirais que oui, oui, absolument, ça tient toujours. Et non seulement ça tient
toujours, mais c'est nécessaire que cela arrive pour qu'on puisse justement
être capables d'intégrer au marché du
travail, et donc à la société d'accueil, beaucoup de ces personnes qui
présentement ne trouvent pas leur place dans le marché du travail.
Pour ce qui
est des chiffres, et ça, je pourrais déposer cette liste, M. le Président, c'est de Statistique Canada, qui dit tout simplement qu'en avril 2014
il y avait 4 042 000 personnes qui étaient au travail au Québec, et
qu'en mars 2015 il y a 4 099 200
personnes, donc une augmentation de 57 000 en moins d'un an. Donc, je
pense qu'on est dans la bonne direction, mais c'est un sujet qui est
très important et qu'il faut que, nous, en tant que gouvernement, continuions à
travailler pour faire cette adéquation formation-travail, mais aussi sans
oublier l'autre aspect, qui est l'intégration des nouveaux arrivants à la
société d'accueil.
Document déposé
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Donc, on accepte le dépôt
de votre document. On va s'assurer d'en faire distribution. M. le député
de Laval-des-Rapides, la parole est à vous.
M.
Polo : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Pour également aller dans
la même direction des propos de ma collègue de Bourassa-Sauvé, pour ceux
qui m'ont accompagné dans les différentes périodes d'analyse des crédits, je
doute que des questions m'aient été remises, basé sur la longueur de mes
interventions. Donc, je tiens à rassurer le député
de Granby que, dans mon cas personnel, je prépare moi-même mes interventions.
Certains pourraient me critiquer de peut-être...
peut-être pourraient me critiquer qu'elles sont un peu trop longues, mais ça,
c'est à la discrétion de chacun.
Ceci dit, M. le
Président, je tenais également à revenir un peu en arrière, parce que je reste
toujours sur le même sujet de création
d'emplois, mais également et spécifiquement sur la croissance des dépenses. Je
vais vous lire une citation de
novembre 2013, M. le Président, où l'ancien ministre des Finances tenait à
préciser que «le report de l'équilibre budgétaire
à 2015‑2016 était un geste responsable», était un geste responsable, M. le
Président, un geste responsable qui suivait l'irresponsabilité de permettre
qu'une croissance des dépenses consolidées pour l'exercice financier de 2013‑2014 atteigne une limite de 4,7 %.
C'était un geste responsable, mais qui venait essayer de défendre une action
et un comportement irresponsables de permettre que la croissance des dépenses
consolidées augmente de telle façon.
Pourquoi
je fais ce parallèle-là, M. le Président? Parce qu'à peu près à la même date,
quelques semaines plus tard, le
13 décembre 2013, l'agence de notation Fitch plaçait le Québec sous
surveillance, plaçait le Québec sous surveillance parce qu'à ce moment-là le ministre des Finances,
qui se targuait d'agir de façon responsable, décidait de reporter
l'atteinte de l'équilibre budgétaire, O.K., l'atteinte de l'équilibre
budgétaire...
Et je vais vous lire
une autre citation, ici, qui est très, très à propos, d'un économiste réputé,
de l'époque et encore aujourd'hui, qui disait, à la question : Est-ce que
vous pensez que reporter l'atteinte du déficit zéro sera sans doute mis sous surveillance par les agences de
notation? — ça,
c'était un article paru, le 28 novembre 2013, sur le site de canoe.ca — et la réponse de cet économiste disait : «Je pense
que c'est fort probable. Chaque fois que le gouvernement du Québec a
un nouveau budget ou [une] annonce [de] changement important
qui remet en question une cible qu'il s'était fixée, comme maintenant avec le déficit,
les agences [de notation] vont examiner la situation.» Je ferme les
guillemets.
C'était
l'ancien chef économiste de Valeurs Mobilières Banque Laurentienne et aujourd'hui ministre des Finances.
Et c'est ce qui est arrivé, trois semaines
plus tard ou deux semaines plus tard, le 13 décembre 2013, l'agence
de notation Fitch a mis le Québec sous surveillance.
• (11 h 50) •
Hier matin, M. le
Président, j'étais en étude de crédits à la Commission de l'économie et du
travail et j'ai employé une expression en disant que j'ai certains collègues de
l'opposition officielle qui se promenaient pendant la campagne avec le poing en l'air, en provoquant une instabilité sociale
et économique. Ici, je fais un lien et un parallèle directs sur cette
citation-là. Je viens un peu expliquer pourquoi j'ai utilisé cette
expression-là hier : Parce que c'était irresponsable,
pendant la campagne électorale de 2014, de brandir la volonté et la possibilité,
le souhait de provoquer un référendum alors que l'agence de notation
Fitch venait de nous mettre sous surveillance pour le report de l'équilibre budgétaire à 2015‑2016. Par ailleurs, j'ai
également mentionné que notre chef, aujourd'hui premier ministre, lors de
cette même campagne, M. le Président, le 18 mars 2014, présentait son cadre financier de ses engagements
politiques, de ses engagements électoraux, son souhait également... Et surtout il y avait deux éléments très importants dans cette
affirmation-là du 18 mars 2014 :
premièrement, que, lui, allait respecter, avec un gouvernement libéral, allait respecter l'engagement d'atteindre l'équilibre
budgétaire en 2015‑2016. C'est ce qu'on a vu, le 26 mars dernier, M. le
Président. C'est ce que M. le ministre des Finances a présenté : un engagement et un résultat d'un
engagement, pris par le chef du Parti libéral et notre premier ministre,
d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2015‑2016 sans hausser les taxes et les
impôts.
Un autre engagement
important qu'il a pris cette journée-là, M. le Président, c'est également — et on
vient d'en faire allusion à la question
précédente de ma collègue de Bourassa-Sauvé — l'engagement de créer 250 000
emplois sous un gouvernement libéral et
également l'engagement qu'après le retour à l'équilibre budgétaire tout surplus
budgétaire allait être divisé en deux :
d'une part, à soulager les consommateurs et les citoyens québécois... à
soulager le fardeau fiscal des
Québécois; et, d'autre part, à diminuer également le fardeau de la dette que
nous avons aujourd'hui à travers le Fonds des générations. Ça, c'étaient des engagements responsables, c'étaient
des engagements clairs, et c'étaient des engagements surtout avec une
vision d'équité intergénérationnelle que, malheureusement, mes collègues de
l'opposition n'ont pas toujours à l'esprit et n'ont pas, surtout pas, respecté
alors qu'ils étaient au pouvoir.
Ce qui est arrivé par
la suite, M. le Président, au lendemain de l'élection... en fait, trois
semaines plus tard, deux semaines plus tard,
le premier ministre a constitué son Conseil des ministres, le 23 avril 2014,
et, au lendemain de la constitution du Conseil des ministres, l'actuel
président du Conseil du trésor annonçait l'application du cran d'arrêt.
Là,
je fais une nomenclature des gestes qui ont été posés dans la dernière année
pour faire un lien, M. le Président, avec les estimations de croissance
des dépenses à venir, O.K., qui ont été présentées dans le dernier budget. Et
l'application du cran d'arrêt était basée essentiellement sur trois éléments
très importants : d'une part, des gains de productivité de 2 % sur la
masse salariale; d'autre part, deuxièmement, la réduction de 3 % des
dépenses de fonctionnement; et,
troisièmement, un gel d'embauche jusqu'au 31 mars 2015, que nous venons de
franchir il y a moins d'un mois.
Voilà vraiment les trois principaux gestes qui ont été posés au début du
gouvernement libéral, qui ont, selon moi, et je pense que le ministre
pourra nous le confirmer, grandement aidé et grandement mis la table pour
l'atteinte de l'équilibre budgétaire.
Maintenant,
le défi que nous avons devant nous est aussi important que le défi que nous
avions dans la dernière année. Le
défi que nous avons devant nous, ce n'est pas juste d'atteindre pour une fois,
une année, comme la première année
que nous l'atteignons cette année depuis les six dernières années, ou seulement
la sixième depuis les 40 dernières années...
Le défi que nous avons devant nous, c'est de maintenir, de respecter, de vivre
selon nos moyens et de conserver, de
maintenir... de respecter une croissance des dépenses qui va en fonction de la
croissance de nos revenus. Et c'est là le lien avec ma question, M. le
Président, et je me doute que le ministre n'aura peut-être pas assez de temps
pour répondre à ma question, mais peut-être qu'on peut empiéter sur notre
prochain bloc pour lui donner l'occasion de...
Le Président (M.
Bernier) : ...respecter ce bloc-là, il reste deux minutes.
M. Polo :
Bien, je vais terminer ma question, M. le Président. Le gouvernement souhaite
atteindre une cible de dépenses de 1,5 %
pour cette année et de 1,9 % pour l'an prochain. De quelle façon le
ministre des Finances contribuera-t-il à cet effort? Merci beaucoup, M.
le Président.
Le Président (M. Bernier) : Vous avez
1 min 30 s, M. le ministre.
M. Leitão :
Très bien, monsieur. 1 min 30 s, bien sûr que ce n'est pas...
C'est amplement insuffisant pour répondre à
ça convenablement parce que c'est vraiment une question qui est très
importante, parce qu'en fin de compte toute notre approche repose sur un
contrôle très ciblé des dépenses publiques. 1,5 % cette année, c'est, bien
sûr, très contraignant, mais je pense que c'est faisable, nous avons mis en
place toute une série de mesures de contrôle des dépenses et nous sommes
déterminés à atteindre ces cibles-là.
Pour ce qui
est du ministère des Finances, lui-même, comme tous les autres ministères et
organismes, contribue aussi à cet
effort d'atteinte d'équilibre et de réduction des dépenses. Donc, nous, cela se
traduit, comme on l'avait mentionné hier, par plusieurs mesures de
contrôle du nombre d'effectif... réduction même du nombre d'effectif, et
d'autres mesures comme... Peut-être d'une façon un peu symbolique, mais qui est très concrète
aussi : pour ma part, en tant que ministre des
Finances et du Revenu, donc, je renonce à mon budget discrétionnaire — c'est
quand même important, 400 000 $; plus les mesures, donc, de
gestion des effectifs à l'intérieur du ministère. Nous contribuons, comme tous
les autres organismes, à l'atteinte de cet équilibre budgétaire.
Le Président (M. Bernier) : Merci, M. le
ministre. Nous allons passer du côté du député de Granby, de la deuxième
opposition. M. le député.
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. M. le ministre, M. Brunet, bienvenue. Mes
premières questions... bien, toutes
mes questions vont aller à la SAQ. La SAQ est un important, sinon le plus
important acheteur de vins au Canada, premièrement,
et même presque au monde. Quand on regarde les statistiques que j'ai devant
moi, la SAQ paie ses vins beaucoup
plus chers que tous les autres pays dans le monde, que ce soient des achats en
Italie, que ce soit en Espagne, que ça soit en France, en Afrique du
Sud, en Australie.
Pourquoi? Je
pense qu'on va essayer d'éclaircir la question, parce que les Québécois
souhaitent nécessairement avoir le
meilleur prix et que, de l'autre côté, la SAQ ne soit pas seulement qu'une
vache à lait pour le gouvernement. Ma première question est fort simple :
Avec tous les employés que la SAQ possède présentement au Québec, combien
d'acheteurs spécifiques la SAQ possèdent pour aller acheter directement ses
vins ailleurs dans le monde?
Le Président (M. Bernier) : M. Brunet?
M. Brunet (Alain) : Oui.
Le Président (M. Bernier) : Allez-y.
M. Brunet (Alain) : Merci. En fait,
on a une équipe d'environ une quinzaine de personnes qui fait les achats à la
SAQ à travers le monde. En fait, dans plus de 60 pays dans le monde. Et on
est vraiment dans une dynamique de négociation des coûtants puis des prix. Nos
achats puis nos comparaisons des prix d'achat qu'on fait nous amènent à conclure qu'on a parmi les meilleurs coûtants au
Canada de façon assurée. Alors, ça, c'est une dynamique qu'on a installée,
depuis plus de cinq ans à la SAQ, où on est vraiment dans un exercice de
comparaison des prix.
Et, comme le
Canada est structuré à peu près tout de la même façon — il y a des variantes, mais il y a une
structure de prix qui est connue — bien, il nous est possible de faire le
balisage, la comparaison pour voir quels sont les coûtants de chacune
des sociétés d'État, et c'est à travers ces exercices-là qu'on peut comparer
les coûtants et qu'on arrive à la conclusion qu'on a les meilleurs coûtants au
Canada. Donc, effectivement, comme on négocie, mais, comme on a aussi du
volume, bien, on peut se permettre de négocier un peu plus puis de faire
bénéficier ces négociations-là aux consommateurs québécois.
Le Président (M. Bernier) : M. le député.
M.
Bonnardel : Est-ce vrai, M.
le Président, M. Brunet, que les 15 que vous me dites ne
négocient pas directement avec les
producteurs? Les producteurs de vins, qu'ils soient en Europe, qu'ils soient en
Amérique du Sud, qu'ils soient aux États-Unis...
Est-ce vrai que vos acheteurs font affaire directement avec des gens qu'on
appelle des agents commerciaux? Des agents commerciaux, pour les gens
qui nous écoutent, là, c'est l'intermédiaire entre le producteur qui ne veut pas... ou que vous ne souhaitez pas acheter
directement d'eux. Et c'est un peu obscur, ça, je voudrais que vous me
disiez qui sont les cinq plus importants agents commerciaux, et, si ma question
est vraie, à savoir que vos acheteurs font affaire directement avec des agents
commerciaux.
M. Brunet (Alain) : Alors,
surtout...
Le Président (M. Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet (Alain) : Oui, merci. En
fait, nous, on fait affaire puis le contrat qu'on a, c'est toujours avec le
fournisseur. Donc, concrètement, l'enlèvement des produits se fait aux
fournisseurs, la négociation se fait avec les fournisseurs, et toute la
facturation, les contrats officiels sont en direct avec les fournisseurs. Nos
gens parlent aux fournisseurs. Mais il est
vrai de dire que les agences de représentation peuvent, par procuration,
représenter les fournisseurs avec qui ils font affaire.
• (12 heures) •
Alors, concrètement, là,
si j'explique un peu comment tout ça procède : dans le fond, le fournisseur,
c'est lui qui a le lien direct avec la SAQ.
Et, comme ces fournisseurs font affaire souvent avec plusieurs
pays, ne peuvent connaître tous les pays, bien, ils prennent sur eux de
se choisir dans les différents pays... Et ici, au Québec, ils se choisissent un
agent promotionnel qui les représente et là,
par procuration, de façon très spécifique, ils peuvent décider d'octroyer
des droits à ces personnes-là, qui peut
aller sur la négociation des coûtants, l'introduction de produits. Ça
peut varier selon la relation d'affaires qu'ils entretiennent avec les
agents promotionnels.
Le Président (M. Bernier) : M. le député.
M.
Bonnardel : Qui
sont, M. le Président, M. Brunet, ces cinq plus importants agents commerciaux
avec qui vous faites affaire?
M. Brunet (Alain) : Bien, en gros,
là...
Le Président (M. Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet (Alain) : ...de mémoire,
je pourrais vous dire... Vous voulez que je vous les nomme?
M.
Bonnardel : Juste
cinq.
M. Brunet (Alain) : Les cinq.
M.
Bonnardel : Je sais
qu'il y en a plusieurs, mais juste cinq.
M. Brunet
(Alain) : Bien, on peut
parler de Vins Philippe Dandurand. On peut parler d'Univin. On peut
parler des vins François Fréchette. On peut parler, bien, là, d'Élixirs, vins
& spiritueux, et Charton-Hobbs, je pense. Mais là je ne suis peut-être pas
tout exactement dans l'ordre, mais c'est pas mal parmi les cinq plus gros.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M.
Bonnardel : Donc, est-ce vrai, M. Brunet, que ces agents
commerciaux empochent les commissions qui sont à hauteur de 15 % à
20 % du prix coûtant?
Le Président (M. Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet
(Alain) : Oui, merci. En
fait, c'est une information qu'on ne détient pas, nous, parce qu'on n'est
pas dans cette relation d'affaires là. Donc,
moi, je ne pourrais pas évaluer le contrat d'affaires et combien sont rémunérés
les agents promotionnels. De façon concrète, j'ai... et la SAQ par extension,
on n'a aucune information à cet effet.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M.
Bonnardel : Bien, M.
le président, vous n'êtes pas capable
d'évaluer ce coût? Vous n'êtes pas capable de me dire aujourd'hui que ce 15 %, 20 %, selon les achats que
vous faites aujourd'hui dans le monde versus les derniers chiffres
approximatifs qu'on avait en 2010... Vous ne
savez pas ça, vous. Vous êtes le président de la SAQ, vous n'êtes pas capable
de me dire quels sont les coûts reliés à ces agents commerciaux que vous perdez
vous-même, n'ayant pas d'acheteurs spécifiques qui vont négocier avec le
producteur de vins partout dans le monde.
Le Président (M. Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet
(Alain) : Oui, en fait, on a
des acheteurs spécifiques qui vont négocier, on négocie en direct.
C'était la réponse que je vous ai faite
tantôt. Donc, les intermédiaires, maintenant, comment ils sont rémunérés? Moi, je peux
évaluer un chiffre, mais c'est une
évaluation, donc ce n'est pas un chiffre qu'on peut documenter. Alors, mon
évaluation vaut celle de mon voisin.
Et c'est très variable : ça dépend de la relation d'affaires et jusqu'où
va, dans sa relation d'affaires, l'agent promotionnel. Donc, je ne
m'avancerai pas sur un chiffre mais on connaît le phénomène.
Le Président (M. Bernier) : Merci, M. le
député.
M.
Bonnardel : Oui,
vous connaissez le phénomène, j'en suis persuadé, parce qu'en 2010 on évaluait
que le fardeau des... les consommateurs
comme tels, là, pourraient économiser — en
2010, là, je dis bien — 200 millions de dollars. Ça, vous le savez
très bien. C'est des articles qui sont encore publics aujourd'hui, qu'on peut trouver sur n'importe quel site comme Google. 200 millions de dollars. Or,
vous me dites que, cinq ans plus tard, vous n'êtes pas capable de me donner le chiffre, mais vous le saviez sûrement.
Alors, pourquoi, en 2015, dans l'offre que vous donnez aux Québécois, vous êtes un des plus importants, sinon le plus
important acheteur de vin au monde, c'est prouvé que vous payez vos vins
beaucoup plus chers que n'importe quel autre pays. Je comprends que c'est un
monopole, ça, j'en ai maintes et maintes fois parlé. De l'autre côté, vous avez un ministre,
un gouvernement qui vous demande, année après année : Go! Wo, wo!
Ça nous prend des dividendes, ça nous prend
des dividendes. Alors, c'est certain que, pour vous, c'est le beau jeu, parce
que ce n'est pas grave si on négocie plus
cher, ce n'est pas grave si on donne 15 %, 20 % à ces agents
commerciaux, de toute façon
les Québécois vont retrouver de moins en moins de bouteilles de
vin à moins de 15 $. Et là, soudainement, vous commencez à
comprendre qu'il faudrait peut-être en ramener peut-être à 10 $,
11 $, 12 $.
Alors,
êtes-vous conscient, M. le Président, qu'en 2015 vous devriez revoir vos processus
d'achat? N'importe quelle société
privée dans le monde, là, qui opérerait comme vous se dirait : Attends une
minute, là! J'ai 15 %, 20 %, là, à l'achat coûtant
directement... moi, je vais m'occuper d'avoir mes propres employés, qui vont
être bien formés, qui vont aller négocier,
qui vont être déjà en Europe, en Amérique du Sud, partout dans le monde, pour
négocier directement pour m'assurer
que les Québécois, là, vont avoir la meilleure offre et le meilleur
prix sur les tablettes de la SAQ. Ce n'est pas ça qu'on devrait faire?
Le Président (M. Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet
(Alain) : Merci. C'est exactement
ce qu'on fait. Je peux vous dire que, de façon très concrète, c'est nous
qui négocions directement avec les fournisseurs. Maintenant, qu'ils aient
choisi d'avoir un intermédiaire sur le marché du Québec, ça n'appartient pas à
la SAQ. Ce n'est pas une décision de la SAQ. Et par ailleurs c'est aussi un phénomène qui est installé dans tous les marchés.
Ce n'est pas une dynamique de marché qui est unique au Québec, ça se passe en Ontario, ça se passe aux États-Unis. Donc, cette
dynamique de marché et, je dirais, même dans le commerce de détail, cette façon de travailler existe partout
dans les marchés. Alors, ce que je vous dis, par exemple, c'est que je
peux répondre oui à votre question. On a une négociation en direct puis on fait
une négociation des coûtants pour avoir les meilleurs
prix pour le consommateur québécois. Et, quand on se compare, on a, chiffres à
l'appui, une bonne situation à cet égard-là. On amène de l'eau au
moulin, on négocie les coûtants, puis on a des bons coûtants, puis c'est au
bénéfice du consommateur québécois.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député de Granby.
M.
Bonnardel : Alors,
dites-moi, là, c'est quoi, le pourcentage qui est acheté directement des
producteurs, directement des producteurs sans passer par des agents
commerciaux.
M. Brunet (Alain) : C'est
100 %.
Le Président (M. Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet (Alain) : En fait, c'est
100 %. Ce que je vous dis, c'est que la relation puis tous les contrats,
les démarches qu'on fait se font en direct vers le fournisseur.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M.
Bonnardel :
Mais vous convenez que ces agents commerciaux vous font perdre entre 15 %
et 20 % du prix directement.
Vous convenez de ça, là. M. Gaétan Frigon, là, qui est un ancien
président de la SAQ, en parlait déjà en 2010 et en 2006. Vous convenez
que cette façon de faire... Vous êtes — vous avez énormément de
pouvoir — un
acheteur important, et vous le savez très
bien, que ces agents commerciaux, là, cinq des plus importants agents
commerciaux, selon les chiffres de
2010, là, se partageraient la rondelette somme de 100 millions de dollars,
ce qu'on évaluait en 2010. Ça fait que
vous savez très bien que, cinq ans plus tard, cette somme est peut-être rendue
à 300 millions et qu'il y a cinq agents commerciaux qui sont bien assis, là, qu'on n'entend jamais parler et qui
se gardent à peu près 150 millions de dollars, cinq seulement.
Alors, vous confirmez ça?
Le Président (M. Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet
(Alain) : En fait, la
structure du marché intègre évidemment des agents promotionnels.
Maintenant, ces gens-là ont un rôle dans le marché, développent le marché,
amènent des produits ou des suggestions, des références de produits dans le marché, donc ils ont leur utilité, ils existent.
Alors, maintenant, ça, c'est en dehors de la volonté de la SAQ parce que le marché, c'est un marché qui est
ouvert à cet égard-là. Ça fait partie de la décision du modèle
d'affaires des producteurs qui viennent
faire affaire ici, au Québec. Alors, nous, on vit avec cette situation-là puis
on travaille en partenariat avec toutes ces personnes-là qui constituent
finalement l'industrie du Québec pour les vins et spiritueux.
M.
Bonnardel :
Il faut bien comprendre, M. le Président, quand je parle de commissions des agents
commerciaux, ce sont les producteurs directement qui donnent ces commissions,
parce que vous ne faites pas affaire... Vous faites affaire, oui, mais qu'il y ait des agents qui existent... Vous auriez
cette possibilité et toute la latitude comme SAQ, puissance mondiale dans l'achat de vins, de dire : Un
instant! Vous m'empêchez, là, de laisser... Vous me laissez 15 %,
20 % de profit net que je pourrais donner aux Québécois, et ça, le
ministre des Finances le sait très bien. Alors, vous laissez cette formule fonctionner, c'est obscur, c'est
silencieux, personne n'en parle. C'est vrai que ce n'est pas vous qui donnez
la commission, ce sont les producteurs
directs, mais la facture est reliée nécessairement. Et la preuve, la preuve est
documentée. Vous, même si vous dites : Non, non,
non, on est concurrentiels, la preuve est documentée que vous payez vos vins
plus chers que n'importe quel pays dans le monde. Alors, votre beau monopole,
ah! c'est une belle vache à lait, mais on a
vu, avec les années, hein, combien de vins à 10 $, 11 $, 12 $
sont disparus des tablettes parce que le gouvernement demande, année après année, des dividendes encore plus
importants. Ah oui! un effort de rationalisation un peu des dépenses, puis ça, on pourrait en parler
sur un autre sujet, mais vous le savez très bien, que vous pouvez
changer vos façons de faire pour mettre de côté ces agents commerciaux et
permettre aux Québécois d'avoir un prix plus concurrentiel sur leurs bouteilles
de vin.
Le Président (M. Bernier) : Ça va? Est-ce
qu'il y a une réponse là-dessus, M. le ministre?
M.
Leitão : Bien, je pense que M. Brunet a répondu plus d'une fois à la
même question. Je pense que ça devrait être clair pour tout le monde que
le marché est structuré de cette façon-là.
M.
Bonnardel : Ah!
c'est clair, M. le ministre, que, si vous acceptez ça...
M. Leitão : Mais c'est le marché qui
est comme ça.
M.
Bonnardel : Non.
Non, ce n'est pas vrai, ça.
Le Président (M. Bernier) : Non, écoutez!
Un instant, là!
M.
Bonnardel : Mais,
M. le Président, je passe par vous.
Le Président (M. Bernier) : Adressez-vous
à la présidence, puis les échanges...
M.
Bonnardel : Oui,
excusez-moi. Alors, M. le Président...
Le Président (M. Bernier) : Les gens
doivent comprendre, là. S S'il y a une
cacophonie, là, ça ne marche pas.
• (12 h 10) •
M.
Bonnardel :
Oui. Si le gouvernement accepte ces façons de faire, c'est quand même
15 %, 20 % qu'on laisse sur la table et des millions de
dollars qu'on laisse à ces agents commerciaux qui ont un monopole direct,
direct sur le plus important acheteur de vins au Canada et même dans le monde.
Alors, autre
question, M. le Président. Le vin en vrac importé, embouteillé au Québec et
vendu à la SAQ, ça a fait beaucoup couler... énormément, énormément
d'encre dans les dernières semaines.
Première
question fort simple. M. Brunet, la SAQ, vous avez dû avouer, oui, il y avait
des vins en vrac importés, embouteillés au Québec, des vins très
populaires, j'ai la liste ici devant moi, mais que les clients qui nous
écoutent, les consommateurs, ne peuvent
identifier. Alors, on s'est dit... Il y a eu, bon, des études, vous avez
contesté en disant : O.K.,
certains vins de la SAQ pourraient être de moins bonne qualité ou de qualité
égale à ceux des dépanneurs. Alors, pourquoi,
aujourd'hui, ne pas jouer franc jeu, être transparent avec les consommateurs et
mettre une section «vins en
vrac»?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre? M. Brunet? Lequel?
M. Brunet (Alain) : Oui.
Le Président (M. Bernier) : Oui. M.
Brunet.
M. Brunet
(Alain) : Alors, merci. En
fait, l'industrie de l'embouteillage des vins au Québec
est une industrie solide, qui est
bien implantée au Québec, qui produit des vins de grande qualité et qui se
sont sans cesse améliorés au cours des
dernières années. Donc, cette industrie-là
existe, ça a toujours été connu, et ces vins sont principalement vendus
dans le réseau de l'alimentation, mais aussi
il y a environ une cinquantaine de produits qui sont vendus sur nos tablettes.
Or, ces vins-là sont fort populaires et sont de qualité.
Alors, la production des vins au Québec...
plutôt, l'embouteillage des vins au Québec importés en vrac, ça participe aussi à une tendance qui est mondiale.
Présentement, dans tous les grands marchés, c'est de plus en plus
courant de voir des vins qui sont importés
en vrac et embouteillés localement parce que ça fait travailler du monde
localement, et la qualité de ces
vins, les processus qu'on a maintenant pour faire le transport et
l'embouteillage de ces vins est à la hauteur de la qualité qu'on doit s'attendre pour ce genre de produits. Donc, c'est
une industrie qui fonctionne bien, qui fait travailler des centaines de
personnes au Québec et qui a bien évolué au cours des dernières années.
Le Président (M. Bernier) : Merci, M.
Brunet. M. le député.
M.
Bonnardel :
Je suis conscient, M. Brunet, que vous souhaitiez faire la promotion de vos
vins importés en vrac. Vous avez fait
une pub Pas de piquette au Québec, je comprends tout ça. Vous jouez deux
jeux différents, là, entre ceux qui vendent des vins dans les dépanneurs
où qu'ils n'ont pas le droit d'affirmer l'année et le cépage puis, de l'autre
côté, vous savez très bien que vous achetez et importez des millions, des
milliards sinon, de litres de vin achetés en vrac et vous
ne dites pas aux Québécois, aux grands consommateurs québécois de vins, que,
cette section, ces vins, ce sont des vins qu'on a reçus...
Le Président (M. Bernier) : M. le député,
adressez-vous à la présidence.
M.
Bonnardel :
... — excusez-moi,
M. le Président — ce
sont des vins qu'on a reçus en vrac.
Alors, ma
question est fort simple : Pourquoi vous ne jouez pas franc jeu avec les
consommateurs et mettre une section bien identifiée «Ce sont des vins
embouteillés en vrac»?
Le
Président (M. Bernier) : Oui. Il faut quand même faire attention en
prétendant des intentions, là. Je pense qu'il faut être prudent.
M. Brunet.
M. Brunet
(Alain) : Merci. En fait, on a, depuis toujours, identifié ces vins.
En fait, on a produit la liste, on l'a republiée à certaines fréquences,
et ces vins qui sont vendus sur nos tablettes, on parle d'une cinquantaine de
vins sur environ 10 000 produits. Donc,
nous, faire une section pour ces vins-là... Il y a d'autres moyens de
travailler à l'étiquetage, l'affichage du produit à travers le Web.
Donc, toutes ces solutions-là sont disponibles, sont mises en avant puis sont travaillées. Puis effectivement, si on a une
opportunité de mieux présenter ces vins, on le regarde, on va le faire. On
va continuer de faire évoluer la mise en
avant de ces produits-là avec beaucoup de transparence. Sur ça, il n'y a aucun
problème.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. Brunet. Merci. Donc, on va revenir du
côté gouvernemental. Donc, si vous avez des questions du côté de la SAQ,
je vous invite à les poser durant ce bloc. Oui, M. le député de Portneuf.
M.
Matte : Merci, M. le Président. Alors, je voudrais adresser mes
salutations au ministre ainsi qu'à l'équipe qui l'entoure ce matin,
saluer mes collègues ainsi que ceux de l'opposition.
Une voix : Le Président.
M. Matte : Je m'adresse à vous...
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) : Allez-y. Je
vous écoute.
M. Matte : Je voulais aussi vous
garder pour vous saluer, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) : Je suis
heureux que vous me saluiez ce matin. Continuez.
M.
Matte : Alors, à regarder les chiffres de la Société des alcools du
Québec, je dois avouer que vous êtes une entreprise performante : trois années consécutives où vous avez
versé plus de 1 milliard de dividendes au gouvernement, tu sais, c'est quand même très apprécié. Mais aussi
je constate que vos chiffres sont en croissance, là, vos ventes sont en croissance depuis cinq ans. Et je regarde aussi
qu'il semble exister un paradoxe entre le niveau de satisfaction des
clients, des Québécois et des Québécoises,
qui disent : Oui, on est satisfaits des conseils, on est satisfaits de la
variété... sauf que j'ai une question qui m'est suggérée par mes
électeurs.
Je représente le comté de Portneuf, et mes
électeurs de Portneuf voudraient savoir quelle sera la tendance, parce qu'ils constatent qu'il y a de moins en
moins de coûts aux alentours de 10 $, 12 $ de la bouteille. Et on
habite près du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario puis on constate, là,
comment se fait-il qu'on paie plus cher ici que dans nos provinces voisines?
Le Président (M. Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet
(Alain) : En fait, au niveau des vins, on est dans la bonne moyenne
des prix. Puis il est vrai de dire qu'au cours de la dernière année ou
deux on a travaillé à renforcer l'offre des vins sous 12 $. Alors, dans l'évolution
du marché au Québec, il y a
eu une appréciation. Les Québécois, ils connaissent bien leurs vins, ils apprécient
les vins, puis la moyenne des prix,
elle est autour de 16 $. Alors, c'est là qu'elle est, la grande demande de
nos produits pour les vins.
Maintenant,
au fur et à mesure que ça évolue, il y a des nouvelles entrées, il y a
des produits qui sortent, il
faut toujours chercher à équilibrer l'offre en fonction de ce que le
consommateur s'attend mais dans tous les segments de prix. Et, dans les deux dernières années, on a vraiment
travaillé à renforcer l'offre pour les vins sous 12 $ et,
concrètement, bien, au cours des derniers mois,
depuis l'automne dernier, on a rentré 30 nouveaux produits et, au cours de la
prochaine année, on en aura aussi 30
nouveaux qui vont être introduits. Ce que ça amène concrètement, c'est que,
grosso modo, là, au niveau du volume qu'on fait sur les vins à 12 $
et moins, c'est environ 18 % de la part de marché. Et, au niveau de
l'offre de produits, du nombre de produits sous les 12 $, bien, on est
revenus, on est autour de 18 % aussi. Donc, on a rééquilibré cette offre.
Le Président (M. Bernier) : Oui. M. le
député de Portneuf.
M. Matte :
O.K. Merci, M. le Président. Je dois aussi vous féliciter, là, parce que vous
avez mis en valeur les vins du Québec, puis je trouve ça intéressant. Puis
j'écoutais aussi votre petit laïus, là. Ah! je trouve ça... puis je vous
encourage à poursuivre, là.
Par contre,
vous le savez, que les goûts changent, le comportement change aussi, puis je me
pose la question : Comment vous
allez faire pour pouvoir maintenir votre vitesse de croisière au cours des
prochaines années? Puis aussi on sait
qu'on parle de plus en plus, là, du marché en ligne. J'aimerais savoir, comme
responsable, quelle est votre planification, quelles sont vos orientations, pour les prochaines années, de façon à ce
que vous puissiez maintenir, et toujours dans le respect d'une saine
gestion, là, mais maintenir, là, cette vitesse de croisière?
Le Président (M. Bernier) : Merci. M.
Brunet.
M. Brunet (Alain) : Merci. En fait,
les deux grandes forces de la SAQ, c'est vraiment le contact puis le lien avec la clientèle, à travers nos employés, notre
réseau partout au Québec, et l'expertise-produits qu'on a su
développer, notamment pour les vins, et qu'on met en avant, évidemment,
avec la clientèle. Comme je disais plus tôt, la clientèle... le marché du Québec s'est beaucoup apprécié. La clientèle connaît ses vins, aime la
découverte, aime le produit, a la passion du produit, donc veut en découvrir de plus en plus, veut aussi
connaître l'information liée à la production des vins ou aux
producteurs comme tels qui sont dans tous les pays avec lesquels on fait
affaire.
Et donc nous, ces deux grands piliers là, on
veut les amener beaucoup plus loin. Et évidemment l'expérience ultime, ça va
rester aux points de vente. On est dans la proximité, ce qu'on souhaite, c'est
être de plus en plus dans le quotidien des Québécois.
Et, pour faire ça, il faut multiplier les points de contact. On a déjà, évidemment,
commencé. Nous, on est présents dans les
réseaux sociaux, à travers le Web, à travers aussi la mobilité. Donc,
l'application mobile de la SAQ, c'est
un moyen de rejoindre la SAQ; pareil pour le Web. Et ce qu'on a travaillé pour
les prochaines années, c'est d'amener beaucoup plus loin cette
dynamique, cette expérience, pour être encore plus disponibles et plus présents
dans le quotidien des Québécois, des Québécoises. Donc, si, concrètement, tu es
en processus de regarder pour des produits,
pour un peu explorer sur certaines catégories de produits, puis tu décides
d'acheter, bien, à tout moment, à travers le Web ou à travers la mobilité qui va devenir transactionnelle cet été,
bien, tu peux faire tes achats, tu peux confirmer.
Et, tout
récemment, on vient de lancer un nouveau programme qui s'appelle
Cliquez, achetez, ramassez. Donc, ce qu'on
peut faire, c'est qu'on rend disponible l'offre qu'on a de partout dans le Québec à
tous les Québécois partout au Québec. Donc, concrètement, s'il y a
une nouvelle offre, exemple sur le Web, d'un produit un peu plus rare et prestigieux qui est
offert, pour donner un exemple, et qu'on est à Sept-Îles puis qu'on veut
l'acheter, bien, maintenant, en ligne, on peut faire venir le produit
et, en dedans de deux ou trois jours, ce produit est disponible à sa succursale
de Sept-Îles.
Donc, nous,
c'est vraiment la possibilité qu'on offre d'être encore plus
près et d'offrir encore plus de produits partout, peu importe où on se trouve au Québec, avec une simplicité
puis une facilité. Et tout ça, évidemment, va se passer à travers nos succursales, parce
que, quand le client vient chercher sa commande en succursale, bien, évidemment,
il rencontre son conseiller, il peut aller
plus loin, parce que notre grande force, c'est vraiment
le lien, le relationnel qu'on a. Puis on est situés partout au Québec à
travers la province, évidemment on est bien déployés, et c'est ça qu'on veut
mettre en valeur.
Je vais conclure en vous parlant un peu de
l'opportunité que ça représente pour les produits du Québec. Évidemment, les produits du Québec, c'est un bel
exemple, parce que, souvent, la capacité de production pour certains types de vins, pour certains producteurs, est plus
limitée, et là ils offrent ces produits à partir de leurs domaines. Mais
ils n'ont pas tout le temps la possibilité
de l'amener dans le grand réseau de la SAQ parce qu'ils n'ont pas la capacité
de produire puis ils n'ont pas suffisamment de stock pour ça. Mais, avec
le Web, maintenant, on leur a ouvert une nouvelle possibilité, c'est-à-dire que
ces produits qui sont plus limités, ils peuvent les offrir sur le Web et, à
travers le Web, on peut les commander, les
faire venir au magasin de son quartier ou de sa municipalité puis ils
deviennent instantanément accessibles partout au Québec. Donc, on est
vraiment à adapter nos moyens, nos pratiques pour rendre encore plus
accessibles les produits d'ici et d'ailleurs, partout au Québec, à travers tous
les outils qu'on peut mettre à la disposition et qui sont vraiment beaucoup
utilisés maintenant par les consommateurs, comme le Web et la mobilité.
• (12 h 20) •
Le Président (M. Bernier) : M. le député
de Portneuf.
M. Matte : Oui. Le programme
Cliquez, achetez, ramassez, est-ce que je le retrouve sur votre site Web?
M. Brunet (Alain) : Oui, oui,
absolument. Alors, si vous allez sur le site et vous faites une commande de
produits, maintenant vous avez deux options. Avant — depuis 15 ans, on
vend sur le Web, hein, on a un site qui est transactionnel
depuis longtemps maintenant — donc, vous pouviez acheter, compléter votre
commande puis faire livrer chez vous
par Postes Canada. Et là, maintenant, depuis un mois, la deuxième option qu'on
a ouverte, c'est de faire votre commande, d'acheter, confirmer et faire
livrer au magasin de votre coin. Et donc, là, si vous avez une commande de
75 $ et plus, c'est gratuit, en plus.
Donc, c'est
vraiment de la disponibilité de produits, là, partout au Québec, qui est rendue
accessible, et ça nous permet, nous, d'élargir l'offre avec beaucoup
d'efficacité puis de rendre encore plus accessible partout cette offre de produits qu'on a, qui est déjà à
10 000 produits, mais qui, on pense, avec ces moyens puis avec
l'appétit des gens pour la découverte,
va arriver peut-être à 20 000 ou à 30 000. Et ça, c'est unique
en Amérique, là : l'offre de produits, là, vraiment très profonde
qu'on a, on va pouvoir l'accélérer, la rendre disponible encore plus et avec
beaucoup plus d'efficacité pour tout le monde.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Portneuf.
M. Matte : Merci, M. le Président.
J'ai cliqué, mais je n'ai pas acheté. Effectivement, c'est sur le site. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Bernier) : ...vous
entends, vous utilisez ça durant la commission. M. le député de Pontiac.
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, M. le Président. Je vais commencer avec les
salutations d'usage et les salutations pour mes collègues de
l'opposition, mes collègues à mes côtés ici, du parti ministériel, M. le
ministre, son équipe, les différents organismes
qui sont présents avec nous, M. Brunet et son équipe de la SAQ. Mais
malheureusement je n'ai pas de question pour lui... J'ai plus des
questions... On me dit que Revenu Québec est également ici, M. le Président.
J'ai des questions qui...
Le Président
(M. Bernier) : Revenu Québec était également ici. Revenu Québec, est-ce
que... Allez-y avec vos questions. Selon la nature de vos questions,
j'imagine...
M. Fortin (Pontiac) : Très bien.
Le
Président (M. Bernier) : ...Revenu Québec ont quand même plusieurs
personnes qui vont se joindre à nous.
M. Fortin
(Pontiac) : Excellent. Bien, on connaît Revenu Québec. Je pense que
tous les Québécois connaissent très
bien Revenu Québec, tous les contribuables québécois connaissent très bien
Revenu Québec, surtout à ce temps-ci de l'année. Mais, quand on parle du
gouvernement, on sait que Revenu Québec, là, est essentiel évidemment au bon
fonctionnement de l'État gouvernemental.
Sa mission de
base, évidemment, c'est de percevoir une grande partie des revenus, donc des
entrées fiscales du gouvernement, et
c'est grâce au travail qu'ils font qu'on peut se permettre d'avoir les fonds
nécessaires pour opérer ici aujourd'hui,
pour recevoir des salaires, que nous recevons tous du gouvernement, mais aussi
d'être en mesure de financer l'ensemble des mesures du gouvernement
contenues dans le budget 2015‑2016 du ministre.
Une des
tâches importantes que doit s'acquitter Revenu Québec, c'est évidemment
d'assurer une certaine équité envers les différents contribuables, de
s'assurer que le système fonctionne pour tout le monde, et donc il y a toute la
question de l'évasion fiscale qui est
directement liée à Revenu Québec. Je sais, M. le ministre, que vous lui
accordez une importance principale.
Simplement à la lecture du budget 2015‑2016 que vous nous avez présenté, il y a
sept sections majeures dans votre budget : une sur les orientations
économiques et budgétaires du gouvernement; une sur le plan économique du Québec; une sur l'économie du
Québec, l'évolution récente et ses perspectives; le cadre financier
détaillé du gouvernement; la dette du gouvernement; le point sur les transferts
fiscaux; et évidemment une section en entier sur la lutte contre l'évasion
fiscale.
Donc, ça nous dit, en tant que contribuables,
que vous lui portez une attention toute particulière, que c'est quelque chose qui vous tient à coeur que chaque
contribuable fasse sa juste part. Et donc, dans un système où on demande
au contribuable justement de faire sa part,
où on se fie, jusqu'à une certaine mesure ou jusqu'à preuve du contraire, à
la bonne foi du contribuable, ça devient
évident qu'il faut rendre la déclaration la plus simple possible pour le
contribuable, ne pas lui mettre des bâtons
dans les roues, pour qu'il déclare effectivement l'ensemble de ses revenus, et,
alternativement, Revenu Québec doit s'assurer, doit tout faire pour réprimer
les gens qui choisissent de commettre des infractions. C'est une question
d'équité envers tous les contribuables, envers tous les citoyens.
Mais il y a
malheureusement — malheureusement,
en effet — plusieurs
différentes façons qui peuvent être utilisées par des gens qui sont prêts à commettre de la fraude fiscale, de
l'évasion fiscale, différentes façons pour ne pas payer l'impôt
approprié. Je pense à une région frontalière comme la mienne ou comme celle que
représente le député de Chapleau également. Récemment, Radio-Canada a fait un
très long reportage sur les gens qui habitent au Québec, qui ont leur résidence
principale, donc, où ils passent la grande majorité de leur temps au Québec,
mais qui ont des plaques d'immatriculation
de l'Ontario. Évidemment, la plaque comme telle, ce n'est pas le coeur du
dossier. Le coeur du dossier, c'est
que ces gens-là ont une adresse fictive en Ontario, mais qu'ils l'utilisent
pour déclarer leurs revenus, et donc ils ne font pas de déclaration de revenus au Québec, ils la font en Ontario,
alors que leur résidence principale est véritablement au Québec.
Et c'est un phénomène, je suis désolé de vous
l'apprendre, M. le ministre — ou aux gens de Revenu Québec, je suis certain qu'ils le savent déjà — qui est beaucoup plus répandu qu'on pourrait
le croire. Et donc ça revient à Revenu Québec :
on s'attend, en tant que contribuables, que Revenu Québec prenne les mesures
nécessaires pour trouver ces gens-là,
pour contrer exactement cette activité criminelle là et d'agir rapidement avec
des sanctions évidentes pour qu'encore une fois on ait un système extrêmement équitable pour tout le monde. Le bon
contribuable se fie sur Revenu Québec pour faire cette démarche-là. Et donc, à la lecture de votre budget 2015‑2016, j'ai
vu, bien évidemment, M. le ministre, qu'il y avait une mesure
annoncée : la mise en place, donc, d'une entente de partage des revenus,
si on veut, qui viennent des cotisations fiscales liées aux activités
criminelles.
Le
Président (M. Bernier) : Je veux juste préciser quelque chose, M. le député
de Pontiac, je vous laisser aller.
M. Fortin (Pontiac) : Oui. Allez-y.
Le
Président (M. Bernier) : En ce qui regarde l'évasion fiscale, ce n'est pas
nécessairement considéré comme une activité criminelle...
M. Fortin (Pontiac) : Ah!
Le Président (M. Bernier) : ...là, dans
le sens du Code criminel.
M. Fortin (Pontiac) : Très bien.
Le Président (M. Bernier) : C'est une
activité illégale, oui, mais ce n'est pas une activité criminelle, je veux
quand même qu'on précise des choses.
M. Fortin (Pontiac) : Merci de votre
précision, votre expérience est toujours très appréciée.
Le Président (M. Bernier) : Merci, M. le
député de Pontiac.
M. Fortin
(Pontiac) : Et donc je pense que la mesure, si je reviens à la mesure
précise, là, elle vise évidemment à lutter
de façon plus efficace à l'évasion fiscale, à donner à Revenu Québec ces
outils-là dont on a parlé, et, en collaboration avec ses partenaires d'enquête, d'avoir les outils nécessaires pour
accroître les revenus qui échappent actuellement au gouvernement du
Québec.
Et, si je
regarde l'autre partie de cette annonce-là, c'est que le gouvernement veut
partager jusqu'à 4 millions de dollars
de ces revenus avec différents acteurs : par exemple, le ministère de la
Sécurité publique recevrait 50 % de ces sommes pour encourager la collaboration et le partage de renseignements
policiers pouvant mener à ces avis de cotisation; je pense au ministère
de la Justice qui, eux, pourraient augmenter la capacité de traitement des
dossiers judiciaires en matière pénale, de réduire les délais de temps d'attente;
et évidemment à votre ministère, à votre propre ministère, au ministère des
Finances, pour donner des nouveaux outils de lutte contre l'évasion fiscale.
Mais ce que
j'aimerais savoir : Que ce soit de vous, M. le ministre, que ce soit des
gens de Revenu Québec, à quoi vous
attendez-vous concrètement comme résultat de cette mesure-là? Quand vous l'avez
mise de l'avant, qu'est-ce que vous aviez en tête comme résultat précis?
• (12 h 30) •
M. Leitão : O.K., très bien.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre, vous avez environ deux minutes, là, pour...
M.
Leitão : Oh! alors, il
faudrait que je parle extrêmement vite pour pouvoir expliquer tout ça en deux
minutes. Donc, je demanderais peut-être
à nos collaborateurs de Revenu Québec
de revenir dans le bloc suivant si c'est le cas. Pour l'instant,
j'essaierai, moi, de répondre à la question du collègue.
Bien sûr, la
question de l'évasion fiscale, de protéger l'intégrité du système, c'est
extrêmement... c'est crucial pour maintenir la confiance des
contribuables. Ceux qui paient taxes et impôts, évidemment, ils veulent
s'assurer, avec raison, que nous avons un
système qui est équitable et que tout le monde participe à cet effort-là. Et,
pour cela, Revenu Québec a évidemment tous les moyens nécessaires,
toutes les méthodes pour s'assurer que tel est le cas.
Celle dont
vous avez fait allusion dans votre question, c'est vraiment
une mesure un peu différente, c'est quelque chose de nouveau que nous
mettons en place. C'est une nouvelle, disons, entente de collaboration avec les forces policières, parce que nous savons tous que les
forces policières, dans leurs activités d'investigation d'activités criminelles — et ici on parle vraiment d'activités
criminelles — dans ces
activités, là, d'investigation, que ce soit de la corruption ou que ce soit d'autres... de fraudes ou d'autres activités
de cette nature-là, les autorités policières... Souvent, bon, ces
enquêtes-là prennent beaucoup, beaucoup de temps, et vous savez tous très bien
que, bon, là, construire un dossier, l'élément de preuve, c'est un processus
qui est laborieux, et c'est tant mieux, parce que c'est... nous vivons dans un
État de droit.
Maintenant,
ce qui est intéressant avec l'entente, c'est qu'il y a une possibilité que l'information
soit transmise par les forces
policières, pendant qu'elles font leur enquête, aux autorités de Revenu Québec,
et Revenu Québec peut aller... agir plus rapidement qu'une enquête
policière.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre, on va avoir l'occasion d'y revenir.
M. Leitão : On aura l'occasion d'y
revenir. Très bien.
Le
Président (M. Bernier) : Il y a un bloc... Bon, nous allons maintenant
passer du côté des députés indépendants, et un bloc de 27 minutes est accordé au député de Mercier. M. le
député de Mercier, considérant vos responsabilités, et votre travail, et
vos disponibilités, donc, je vous donne la parole pour un bloc de
27 minutes.
M. Khadir : Je remercie beaucoup mes collègues et le président de m'accorder cette
possibilité de mettre ensemble l'ensemble des minutes
à ma disposition.
J'aurais des
questions plus importantes, plus nombreuses sur la Caisse de dépôt, mais, comme
les gens du ministère du Revenu et les
responsables de la Société des alcools du Québec sont là, je voudrais prendre
quelques minutes quand
même pour aborder un sujet qu'a abordé mon collègue de Granby, parce qu'après
toutes les explications fournies... Et,
je comprends, j'ai bien compris que c'est comme ça qu'en apparence le système
s'est installé. Il y a des intermédiaires avec qui font affaire les producteurs, les fournisseurs. Mais un grand acheteur a toujours
des leviers à sa disposition, et, comme l'a dit le député de Granby,
comme ça a été aussi posé par un député de la partie gouvernementale, on reste toujours devant l'interrogation : Mais
comment se fait-il alors qu'on paie nos vins... pas juste à la... Ici, là, la
SAQ achète ses vins à un prix supérieur à ses concurrents, d'après les
enquêtes journalistiques qui sont à la disposition.
Si
ce n'est pas le cas, moi, je pense que, pour dissiper tout doute, ça serait
très facile pour la SAQ de dresser un tableau qui permet de voir comment
le... le Nouveau-Brunswick paie combien pour les mêmes vins qu'on achète ici, l'Ontario
paie combien pour les mêmes vins que la SAQ achète. Ça,
c'est une information qui pourrait rassurer le public sur la
volonté réelle de la SAQ de passer par-dessus l'intérêt de quelques
intermédiaires qui sont quand même des gens influents,
qui possèdent des intérêts au Québec, pour être sûrs que le privé, qui intervient
entre le public, la SAQ et les fournisseurs, de vaillantes personnes qui
travaillent et qui devraient, elles, bénéficier du fruit de leur labeur... et
les consommateurs, d'avoir accès aux
meilleurs droits, ne sont pas brimés par un petit groupe d'intermédiaires
privés qui veulent prélever un 10 %, 15 %, on ne sait pas
combien de pourcentage.
Donc, ma proposition
aux représentants, c'est de fournir au public ces comparatifs de manière
indépendante pour qu'on soit en mesure de
l'examiner. Est-ce que c'est possible d'avoir une réponse là-dessus? Est-ce que
c'est possible d'avoir ces comparatifs?
Le Président (M.
Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet (Alain) : En fait, ces comparatifs sont, je dirais, dans une... Mon premier réflexe, c'est de dire
que c'est confidentiel parce qu'évidemment il y a une question de comparaison
des prix que ces producteurs-là font à chacune des provinces, tu sais? Alors, ça, c'est dans le domaine de
l'information privée. C'est-à-dire, je donne un exemple, un producteur
qui vend au Québec à un prix x et qui a vendu à un prix y à
l'Ontario, par exemple, bien, évidemment, ça, c'est
un contrat privé qu'il a passé, et qu'on diffuse cette information-là, ça peut
être délicat. Donc, ça, ça mérite d'être regardé. Je ne pourrais pas
répondre sur la possibilité de faire ça.
Par
contre, je dois confirmer qu'effectivement nous, on fait ces balisages-là, et,
oui, je peux rassurer la population : On a les meilleurs coûtants au Canada. Donc, la performance, elle est
là. Donc, il n'y a pas d'intérêts privés qui viennent gruger sur le
bénéfice du consommateur.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M. Khadir :
Ça ne résiste pas à l'examen, malheureusement. Je comprends, mais la réalité
est que tant de personnes depuis tant d'années, depuis plus de 10 ans,
observent régulièrement que les prix pratiqués à la SAQ sont supérieurs, des fois par des marges importantes,
avec le reste ailleurs, et là on a un problème. Un gros acheteur qui
devrait être capable, dans la loi de l'offre
et du marché, étant donné que c'est un gros acheteur, de déterminer un peu
l'offre puis qui dit : Non, non,
j'ai des meilleurs... mais après, lorsque nous, on va payer, on paie plus cher,
il y a un problème. Je vous prie de ne pas répondre par une réponse qui
confine à la non-transparence parce qu'après, bien là on en conclut qu'il y a
des intérêts occultes qui empêchent que la SAQ divulgue cette information.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député, je vous invite à ne pas... si on veut...
M. Khadir :
Bien, c'est parce que, là, la réponse... Il dit...
Le Président (M.
Bernier) : Oui, mais là, écoutez, là...
M. Khadir :
Une fois qu'on arrive au coeur du problème, le responsable dit : Bien, je
ne peux pas vous dévoiler l'information, là on a un problème.
Le
Président (M. Bernier) : On doit prendre la réponse parce que
M. Brunet répond comme si c'était le ministre. Donc, on doit
prendre la parole et ne pas inciter des motifs à nos gens. Poursuivez, M. le
député. Merci.
M. Leitão :
Est-ce que je peux apporter une information qui serait peut-être utile pour le député
de Mercier?
Le Président (M.
Bernier) : Oui, vous pouvez apporter une précision.
M. Leitão :
C'est que, dans le budget de juin 2014, à la page A.52, nous avions
publié, à ce moment-là, un tableau, justement, comparatif où on voit les prix,
les prix moyens, bon, de la bière, des spiritueux et du vin, et on compare le Québec avec les deux provinces
voisines, justement, l'Ontario et
Nouveau-Brunswick, et on voit que, dans le cas du vin, par exemple, les bouteilles de 750 ml, le prix moyen au
Québec — ça,
c'était en juin 2014 — était de 16,73 $; en Ontario, c'était en effet
14,74 $; au Nouveau-Brunswick, c'était de 17,64 $. Donc, les prix se
comparent très bien. Évidemment, dans les
spiritueux, c'est beaucoup plus bas au Québec que dans les deux provinces
voisines. Alors, cette information est publique et elle est dans le
budget de juin 2014.
Le Président (M. Bernier) : Elle est dans
le budget 2014‑2015. Merci. M. le député de Mercier.
M.
Khadir : Très bien,
donc il ne devrait plus y avoir de doute. On n'aura plus droit à des enquêtes
journalistiques qui vont venir fournir une
information qui démontre le contraire. On devrait être rassurés, j'en suis
persuadé, mais je vous implore quand même... Parce que je connais la
structure du prix du médicament, je sais que, dans les provinces où on instituait un régime d'achat groupé, comme en
Ontario, on obtient d'importantes réductions de prix par rapport à nous,
au Québec, qui a été démontré que nous sommes actuellement aussi l'endroit en
Amérique du Nord — et
peut-être dans le monde — où on paie nos médicaments les plus chers.
Et ça serait bien qu'à un moment donné les Québécois ne sentent pas
toujours qu'on est un peu les dindons de la farce, qu'on finit par payer
beaucoup plus cher, faute, je dirais, d'une action énergique des responsables
d'agir avec bienveillance pour obtenir le meilleur prix pour nous.
• (12 h 40) •
Ce qui me
ramène à une autre discussion, sur la question des revenus. Le ministre des
Finances et du Revenu est ici, et des
gens du ministère du Revenu. Mon collègue du Parti libéral a parlé de la lutte
à l'évasion fiscale. Vous savez, pour être
crédibles aux yeux du public... Lorsqu'il y a des campagnes, on enjoint les
commerçants, on enjoint des particuliers à être responsables devant ce devoir premier que de payer son impôt. C'est
que ce message passe avec plus de facilité si les citoyens et les commerçants qui sont pris à la
gorge par une lourde taxation, pour les particuliers, plus précisément,
et pour les petites et moyennes
entreprises... C'est de ne pas avoir l'impression qu'il y a une injustice
fiscale qui permet à de grandes entités,
de grandes corporations de ne pas payer beaucoup d'impôt sur les profits qu'ils
font au Québec. Et le document qui a
été déposé, les informations complémentaires sur l'ensemble des sommes prélevées par le gouvernement auprès des sociétés minières, incluant les prélèvements fiscaux
et les droits miniers, permettent d'expliquer pourquoi c'est actuellement
difficile d'être crédibles pour nous.
Moi, là,
comme défenseur du principe fondamental de l'impôt comme un moyen d'équilibrer les choses, d'apporter plus
de paix en société, plus de services publics, je ne peux pas
convaincre des gens de s'attacher à ce principe et d'être plus que
bénévoles pour payer le plus d'impôt possible quand c'est justifié. Pourquoi? Parce
qu'on voit bien... Regardez, j'attire
l'attention du ministre, d'accord? Si on fait le calcul, le total des
prélèvements que l'État québécois a
fait en 2013, sur 6,3 milliards de valeurs brutes... Là, ça, ce
n'est pas une quantité, c'est la valeur aux mines, aux marchés, la valeur marchande de ce qu'on a dépouillé... ces
compagnies minières ont dépouillé de notre sol, ont exploité de notre sol.
Sur 6,3 milliards de dollars, quels que
soient les autres éléments, avec tous les raccourcis qu'ils ont pris, avec des
moyens qu'ils ont pour déclarer leurs
profits ailleurs, dans des filiales qui logent aux États-Unis ou dans des
paradis fiscaux en toute légalité...
Parce que c'est légal, ça, d'avoir des filiales aux Bahamas et de facturer une
partie des opérations à ces filiales
qui déclarent les profits dans des endroits où on paie 2 % d'impôt. La
réalité, c'est que tout ça fait en sorte qu'au total le Québec, comme
impôt à payer sur le revenu des sociétés, taxes sur le capital, cotisations au
fonds de santé du Québec et le régime d'impôts miniers, au total ça a donné
84 millions sur 6,3 milliards, ça veut dire 1,4 %.
Est-ce que
c'est normal que, sur 100 $ prélevés de notre sous-sol, il ne revient à
nous que 1,40 $, autrement dit que 98 $ aillent ailleurs de
différentes manières? Pourquoi? Et vous allez le voir, parce que les
entreprises ont trouvé le moyen, alors
qu'elles faisaient moins que ça en 2010... il y avait des profits miniers de
l'ordre de 2 milliards, mais ils ont trouvé le moyen de déclarer des pertes de toutes sortes de façons ou
déclarer les profits ailleurs. Le ministre des Finances connaît très bien ça, il vient du secteur
bancaire. C'est ce qui s'appelle le «transfert pricing», le prix de transfert,
et c'est symptomatique des pratiques fiscales agressives. Plus des
entreprises ont des filiales... Suivant le rapport du Congrès américain, c'est le symptôme qu'il y a des
entreprises et des mines et les... Le secteur pétrolier est très fort
là-dedans, ils ont des dizaines,
parfois des centaines de filiales. C'est une manière de transférer les prix,
les coûts sur des filiales qui paient moins d'impôt.
Je demande au
ministre : Est-ce que, vraiment, on est crédibles ensuite quand on fait
des luttes à l'évasion fiscale qui touchent les petits entrepreneurs,
qui touchent des entrepreneurs de construction, les coiffeuses, les serveuses,
les chauffeurs de taxi, etc.? On leur
dit : Aïe! Non, non, il ne faut pas travailler au noir, il faut déclarer,
puis là on laisse les grandes entreprises minières nous faire ça.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Ah! M. le Président, oui, on est très crédibles. Écoutez, les
6 milliards quelque chose... 6,7 milliards en 2012,
6,3 milliards en 2013, c'est la valeur brute de la production. La valeur,
évidemment, c'est le volume de production
fois le prix. Évidemment, ça ne tient pas compte des coûts, n'est-ce pas?
Alors, on voit aussi que les profits que l'industrie déclare, ces
profits-là sont aussi bien décrits dans ce tableau.
Pour ce qui est des chiffres de 2013, on peut
les prendre, mais ce sont encore des chiffres préliminaires; ils vont
probablement être ajustés. Prenons ceux de 2012 ou même ceux de 2013, ce qu'on
voit, c'est que l'industrie... Contrairement
à ce que le député de Mercier semble véhiculer, l'industrie minière paie sa
quote-part de taxes et impôt. Pour l'année
2012, j'ai fait un calcul très rapide, entre taxe sur le capital et autres
cotisations, FSS, et l'impôt minier déclaré, c'est, en fin de compte, un
taux effectif de 22 %, 22 %. Donc, je pense que cette industrie-là,
qui est une industrie importante pour l'économie québécoise, paie sa
quote-part.
Le Président (M. Bernier) : Merci, M. le
ministre. M. le député.
M. Khadir :
M. le ministre peut bien contester mon opinion à moi, mais je pense que ça
serait plus difficile de contester le rapport au Congrès américain, de
2009, qui déclare noir sur blanc que le prix de transfert pratiqué surtout par l'industrie minière et l'industrie
extractive — pétrole,
mines, etc. — à
l'échelle de la planète — ce n'est pas juste au Québec,
c'est partout pareil — c'est un symptôme de pratiques fiscales agressives, c'est la deuxième
méthode d'évasion ou d'évitement fiscal
importante. L'évasion, c'est illégal; l'évitement, bien, c'est par des
processus légaux, mais ça fait aussi mal. Ça fait mal à notre économie.
On
souhaiterait, si on n'était pas, disons, dans un régime quasi colonial en
termes de droits miniers... On l'est, parce que c'est... Écoutez, on a
hérité d'une loi qui date de 1870. Il n'y a pas eu de réforme majeure sur le
modèle d'affaires, sur le modèle
d'appropriation collective du sous-sol, d'accord? Donc, c'est encore le régime
colonial, et on souhaiterait qu'en
2014 le gouvernement montre plus de... malgré le fait qu'il ne change pas le
régime, au moins, par des moyens,
disons, convaincants, fasse un peu plus d'efforts pour que les Québécois
touchent mieux que 1,4 % sur la valeur de leurs richesses. C'est nos richesses, ça appartient à nos générations
futures. Quand vous dites que c'est une question d'équité avec les générations, on est en train d'épuiser
une ressource non renouvelable et on touche moins de redevances sur
cette ressource non renouvelable que les redevances qu'on fait payer... les
droits qu'on fait payer aux chasseurs et aux pêcheurs.
Une fois et demie plus grand en 2014, 35 millions versus 26 millions.
Il y a quelque chose, je pense... Je ne veux pas vous accabler, ce n'est
pas vous qui êtes responsable de ça, ce n'est pas le ministre, mais, comme
nation, comme citoyens, comme gouvernement, comme Assemblée nationale, on a une
responsabilité. On se fait dépouiller, on se fait avoir, ce n'est pas normal.
Ceci
étant dit, je passe à autre chose, à la caisse... Je voudrais entendre le
ministre sur la Caisse de dépôt et du placement du Québec, puisque,
malheureusement, les représentants ne sont pas là à cette heure-ci. J'ai
présenté une motion à l'Assemblée cet
avant-midi pour rappeler la responsabilité que nous avons prise comme société
et l'ensemble des acteurs économiques à contribuer à l'atteinte des
objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La proposition, malheureusement, a été rejetée parce
que, dans ça, on rappelait le rôle des hydrocarbures puis on déplorait
que la Caisse de dépôt et de placement du Québec détienne encore des
investissements trop importants, majeurs dans des entreprises d'hydrocarbures, alors qu'on se serait attendus qu'en 2015
on soit rendus maintenant à une phase de transition.
C'est d'ailleurs ce
que ma proposition, ma motion, cherchait à obtenir comme engagement de la part
du gouvernement, c'est-à-dire qu'on demande
à la caisse d'élaborer rapidement une stratégie de sortie de ces
investissements pétroliers ou dans les
domaines d'hydrocarbures pour qu'on investisse dans des secteurs d'activité
économique prometteurs du futur, respectueux de l'environnement.
Et je signale au
ministre que, depuis au moins 20 ans, depuis que moi, je connais les REER,
d'accord, quand j'étais... les premières années de résidence et que des
conseillers financiers sont venus me voir, à chaque fois qu'on regardait, les fonds verts, les fonds éthiques ont
des rendements meilleurs que la moyenne des marchés, ont des rendements,
vraiment, à long terme, excessivement intéressants. C'est des fonds
responsables socialement, et, justement parce qu'ils
sont responsables, ils cherchent aussi à améliorer le rendement pour les
investisseurs. Et donc il y aurait possibilité, personne ne le nie, on
peut... comme on a sorti de l'armement.
D'ailleurs,
j'attire l'attention sur un autre document qui a été fourni par le ministère, à
la question 45, posée par l'opposition,
sur la liste des investissements directs et indirects dans les compagnies
exploitant des hydrocarbures, du tabac ou dans les fabrications d'armes.
Moi, je suis fier de voir que, dans la fabrication d'armes, il n'y en a plus.
La Caisse de dépôt a réussi à n'avoir aucune
part importante dans des entreprises qui ont une activité principale de
fabriquer des armes. C'est parfait, ça.
Dans le tabac,
malheureusement, on reste pris encore. Ça, c'est un gros problème aussi, parce
que comment on fait... Le ministre Bolduc
nous a dit que le gouvernement doit envisager même de poursuivre les compagnies
de tabac pour le tort causé à la santé. Comment on peut poursuivre les
compagnies de tabac quand la Caisse de dépôt a des intérêts dedans? Tu sais, ça
nous place dans des situations où on ne peut pas agir en fonction de nos
intérêts. Ça nous place dans des drôles de situations.
Mais là où il y a un
problème : il y a 219 entreprises — à moins que j'aie mal compté,
mais c'est dans ces eaux-là, d'accord, dans
la liste fournie par la Caisse de dépôt — d'hydrocarbures, d'énergie fossile, donc des
secteurs fossiles. C'est vraiment un secteur
du XIXe siècle, tout le monde en convient aussi. Ceux qui veulent rester
dedans, c'est qu'ils pensent qu'il
n'y a pas d'autres moyens, il n'y a pas d'échappatoire, on est pris. Tu sais,
c'est un aveu d'impuissance. Ça,
je... On peut contester, mais la réalité, c'est que c'est un vieux modèle
économique avec lequel certains pensent être pris de manière irrémédiable. Nous, on ne pense pas.
219 entreprises, dont Suncor, dont TransCanada, dont Enbridge.
Alors, je pose la question qui tue : Si...
Le Président (M.
Bernier) : Bien, peut-être pas...
• (12 h 50) •
M. Khadir :
Bien, ça me tue, moi. Moi, ça me tue. Je ne voudrais pas être à la place du
ministre des Finances, responsable de la Caisse de dépôt, si, demain,
arrivait un malheur tel que le Lac-Mégantic à cause d'un déversement d'Enbridge, ou de Suncor, ou de TransCanada qui cause des centaines de
millions, sinon quelques milliards de dégâts, puis que, là, ces entreprises
dans lesquelles nous avons des intérêts, on est pognés : si on les
poursuit, on paie; si on ne les poursuit pas, on paie d'une autre manière. On
est pris dans le dilemme d'une énergie sale, d'une énergie dangereuse. Qu'est-ce
que va faire... Parce que, moi, si j'étais à la place, je me dirais : Mais
qu'est-ce que je fais? J'ai d'énormes intérêts... C'est des milliards de dollars d'investissements, il y en a pour... Juste pour les six principaux, il y en a
pour plus que 3,5 milliards, d'accord,
pour les six de ces 219 entreprises. Faites le calcul pour le reste, là, ça dépasse
l'entendement.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : M. le Président, je présume que la question c'est : Qu'est-ce que vous souhaitez
que la caisse fasse avec son portefeuille d'investissement, une
stratégie de sortie? Écoutez, c'est une question qu'on peut et qu'on doit
adresser à la Caisse de dépôt et placement.
Je vous dirai seulement
quelques petites choses. D'abord, la Caisse
de dépôt et placement est
indépendante et a tout le loisir et
l'espace nécessaire pour déterminer elle-même de ses politiques
de placement. Ce n'est pas au gouvernement à dicter à la Caisse de dépôt comment investir, où investir. Elle le fait de façon
indépendante, dans le meilleur intérêt
de ses déposants, qui sont les grands fonds de pension, en grande partie, des
employés de l'État.
La caisse elle-même a
établi des politiques, à l'intérieur de sa politique de placement, des
politiques de diversification de ses actifs
et d'investissements responsables. Alors, il faut aussi bien comprendre que,
pour un portefeuille de la taille de
celui de la Caisse de dépôt, ce n'est pas une simple tâche de juste vendre ses
actions n'importe comment, à n'importe
quel moment. Vous n'avez pas dit ça non plus, mais ces politiques, ces
procédures de désinvestissement de certaines
entreprises, de certains secteurs se font graduellement sur une période de
temps. Et c'est à la caisse elle-même à déterminer ses propres
politiques de placement, ce n'est pas au gouvernement à dicter cela.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Je veux juste protéger un
peu de temps au député de Mercier parce qu'il a peu de temps.
M. Khadir :
Merci. Je vous en remercie. Oui, vous avez... Je pense que le ministre a tout à
fait raison de dire : La Caisse
de dépôt doit être autonome et indépendante. Par exemple, on ne peut pas lui
dire : Non, aujourd'hui, là... Le ministre des Finances prend le
téléphone, dit : Vous allez prendre des actions de BP et puis vous allez
vendre des actions de Chevron. Ce n'est pas ça qu'on demande.
Par
contre, c'est une caisse qui appartient aux Québécois, dont les grandes
orientations doivent être dictées suivant... pas une... La politique, par exemple. Si on apprend que la caisse
investit dans, je ne sais pas, moi, le développement de l'énergie nucléaire et atomique de la Corée du
Nord, même si c'est très rentable, on va avoir un problème. Donc, il y a
des balises politiques, des choix stratégiques qu'on fait.
Et,
pour moi, la menace nucléaire de la Corée n'est pas plus grande que la menace
du réchauffement climatique pour le monde et ce qu'on va laisser à notre
planète. Les deux risquent de nous détruire complètement, la menace nucléaire comme le réchauffement climatique. Ce
n'est pas moi qui le dis, ce sont des scientifiques. Et aujourd'hui des scientifiques de la planète mettent beaucoup plus
d'emphase sur la menace du réchauffement climatique que la menace nucléaire de la Corée du Nord. Donc, on a une
responsabilité, on ne peut pas se laver les mains, là, faire le Ponce
Pilate, dire : Ah! ils sont dans le pétrole, ce n'est pas grave.
Je vous dis, là, on a
un problème de conflit d'intérêts. Il arrive un malheur, il y a un déversement,
qu'est-ce qu'on fait? On les poursuit pour plusieurs milliards? Ça va nuire à
la Caisse de dépôt. Comment on règle ces conflits d'intérêts? Parce qu'on sait
que c'est à peu près, à l'échelle de la planète, les plus grands risques aussi
sur le plan environnemental et poursuites, hein? Il y a le tabac et les
déversements, hein? On l'a vu avec BP dans le golfe du Mexique, on l'a vu avec l'entreprise qui a été impliquée dans Mégantic,
c'est des milliards de dollars de poursuite que ça peut entraîner.
Pourquoi est-ce qu'on se... Alors que l'investissement dans des fonds éthiques,
je vous le rappelle... J'aimerais que
quelqu'un le conteste, s'il y a une contestation. Si quelqu'un ici dans la
salle conteste ce fait, je suis prêt à le prendre. Actuellement, c'est
sûr que ce ne sont pas des rendements faramineux, là, des rendements boursiers,
des rendements — comment on dit? — spéculatifs, mais les rendements sur le long
terme, cinq à 10 ans, de tous les investissements responsables qui
se tiennent loin, par exemple, des énergies sales comme le pétrole, c'est des
très bons rendements qui pourraient très bien faire l'affaire de la caisse.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre, un commentaire?
M.
Leitão : Un commentaire très rapide. D'abord, je ne pense pas que la
caisse a aucun intérêt à investir en Corée du Nord. Je pense que, même
si elle le voulait, ça ne pourrait pas se faire. Bon, mais ça, c'est un petit
aparté.
Encore
une fois, la politique de placement de la Caisse de dépôt est déterminée
conjointement avec les déposants, donc
les déposants ont évidemment leur mot à dire d'où leur argent va être placé.
C'est un objectif de rendement. Il y a aussi un effort et une conviction
de la part de la caisse de graduellement diminuer leur pondération dans des
secteurs à risque. Vous avez mentionné les
risques de déversements, ces risques-là sont réels, et donc, dans l'évaluation
des risques et des rendements des
placements, risques-rendements, dans cette évaluation-là, la caisse prend en
compte tous ces risques-là.
J'aimerais juste
mentionner que, dans le secteur énergétique, en fin de compte, le portefeuille
de la Caisse de dépôt et placement, dans le
secteur éolien au Canada et au Québec, mais aussi aux États-Unis, dans le
secteur éolien, c'est de 3 milliards
de dollars. Donc, on voit qu'il y a déjà un déplacement qui se fait des
hydrocarbures vers le secteur éolien, et, comme je vous dis, ce
transfert-là, cette amélioration du portefeuille d'un gros investisseur comme
la caisse se fait graduellement, de façon mesurée, de façon très déterminée et...
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le ministre. Il vous reste trois minutes, M. le député
de Mercier.
M. Khadir :
Merci, M. le Président. Je voudrais dire que moi, je ne nie pas que la caisse a
déjà des politiques d'investissements responsables... ou évité des
investissements carrément irresponsables. Par exemple, la liste... la caisse a déjà une blacklist pour les entreprises
qui ne respectent pas la convention d'Ottawa sur les mines
antipersonnel, d'accord, ou encore la
convention d'Oslo sur les armes à sous-munitions. Voilà le genre de décisions
responsables qu'un gouvernement et ses instruments... La Caisse de
dépôt, c'est un instrument de développement à la fois économique, mais social
aussi, hein, à plus long terme.
Donc, moi, ce que je
souhaite, c'est d'entendre le ministre accueillir avec enthousiasme, avec
faveur — si
ce n'est pas de la ferveur — avec
faveur, que, petit à petit, et pas pour 2050, mais pour un avenir envisageable,
la caisse adopte une stratégie de sortie
plutôt que de s'enfoncer et d'y aller au cas par cas, une stratégie de sortie.
Et là ça envoie un message aussi aux
différents secteurs industriels du Canada, parce que c'est un acteur, puis cet
acteur-là, par son levier, peut en entraîner
d'autres dans son sillage. Et voilà donc où le Canada, le Québec, pourrait
mieux rencontrer ses engagements pour l'avenir.
Autre
chose : la caisse détient 30 % du capital-actions de Keolis. Keolis,
c'est Orléans Express, d'accord, entre autres...
c'est-à-dire, c'est des propriétaires d'Orléans Express. Or, on a constaté que,
malheureusement, nos régions perdent du
service. Keolis a laissé son service en région se dégrader, en termes de
qualité, d'horaires... ou parfois même inexistants.
Est-ce que,
selon vous, le gouvernement pourrait formuler... Je sais que la caisse est
indépendante, mais, quand même...
C'est-à-dire que la caisse souligne elle-même le rôle qu'elle veut jouer dans
le développement des régions, dans une économie nationale forte, robuste,
etc. Mais une économie nationale forte, robuste, de développement des régions,
comment est-elle possible lorsque les transports en commun, qui étaient déjà
déficients... On en a perdu encore avec cette
dégradation. Est-ce que, par ses commentaires, le ministre peut envoyer un
message sur l'importance pour la caisse dorénavant... parce que, là, on va être impliqués, vous savez, avec la
construction des infrastructures, dont... du pont. Est-ce que, là, ce qui s'est passé à Keolis ne doit pas
allumer des lumières rouges qu'on doit s'attendre... puisque ça, ça va
être excessivement important que, là, il y a
des exigences en termes d'accessibilité, d'universalité puis des coûts et des
tarifs pour utiliser les infrastructures qui soient abordables?
Le Président (M. Bernier) : 15 secondes,
M. le ministre.
M.
Leitão : 15 secondes. Écoutez, ce n'est pas du tout l'intention
du gouvernement de dire à la caisse de faire quoi que ce soit avec Keolis. La caisse est un
actionnaire minoritaire. Pour ce qui est de Keolis directement, nous, le
gouvernement, ne nous gênons pas de parler directement à la compagnie. C'est ce
que nous faisons. Nous l'avons déjà fait et nous continuons à le faire. Donc,
ça se fait directement du gouvernement à l'entreprise et pas à travers la
Caisse de dépôt.
Le Président (M. Bernier) : Merci, M. le
ministre. M. le député de Pontiac.
• (13 heures) •
M. Fortin (Pontiac) : Merci, M. le
Président. Je sais que mes collègues ont d'autres questions à poser, mais je tiens à m'excuser après de vous, M. le
Président. À la dernière opportunité,
au dernier bloc, je me suis emporté un peu et je n'ai laissé que très peu de temps au ministre pour répondre à la question.
Donc, je sais que les citoyens sont beaucoup plus intéressés à
l'entendre, lui, que moi, alors je vais lui donner...
Le Président (M. Bernier) : ...pas
sous-estimer votre... M. le député, vos commentaires...
M. Fortin (Pontiac) : Je vais lui
donner une autre opportunité de le faire.
Le Président (M. Bernier) : ...sont extrêmement
importants, les gens sont ici pour vous écouter comme ils écoutent M. le
ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Alors, je vais
lui donner une autre opportunité de le faire, mais, si je me suis
emportée, c'est parce qu'on parlait d'évasion fiscale, et, alors que
j'entendais la voix qui était la mienne, je reconnaissais les mots de mes
citoyens, des contribuables qui sont d'honnêtes contribuables qui paient, à
chaque année, leurs impôts avec une diligence et une rigueur remarquable, mais
qui seraient bien plus portés à continuer de le faire s'ils savaient que leurs voisins, que les gens dans leur communauté
faisaient tous leurs parts et le faisaient également avec la même rigueur
qu'eux le faisaient. Parce que
ce sont des choses qu'on entend assez régulièrement en tant que député, que
d'avoir un système équitable, un
système où tous font leur part, c'est essentiellement un système idéal et c'est ce qu'ils veulent. Ils
veulent que Revenu Québec prenne les mesures nécessaires pour s'assurer que tout
le monde, justement, fasse sa part.
Et donc il y avait
la partie évasion fiscale, mais ce que le ministre avait commencé à me
répondre, et j'aimerais l'encourager à préciser sa pensée, c'était par
rapport à l'entente de partage des produits de la criminalité. Le nouveau programme
qu'il a annoncé lors de son budget de mars, évidemment, vient agir à titre
de complément à une entente qui est déjà existante, une entente qui
semble fonctionner plutôt bien sur les partages des produits de la criminalité.
Cette
entente, je crois, est très appréciée par plusieurs
des partenaires. Je vois qu'à l'automne dernier la ministre de la
Sécurité publique et la ministre de la Justice avaient annoncé que plus de 6 millions — 6 millions — qui
étaient récupérés des milieux criminels
avaient été remis à des municipalités, à des communautés autochtones, à des
organismes oeuvrant dans la prévention de la criminalité et à différents corps
policiers également. Je dois vous dire que, si cette mesure est appréciée, c'est parce
qu'on en voit l'impact à l'intérieur de nos communautés. Je pense au Centre communautaire «Entre-Nous», dans
ma propre communauté, à Aylmer, qui s'est vu recevoir un montant d'environ
70 000 $, qui est un organisme justement qui oeuvre vers la
prévention de la criminalité.
Alors,
peut-être le ministre peut-il continuer sa réponse et nous préciser exactement
comment la nouvelle entente de partage vient agir à titre de complément
à cette entente déjà existante.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Merci, M. le député de Pontiac. Avant
de demander à M. Paquin, de Revenu Québec, de peut-être vous parler un
peu plus directement de qu'est-ce que ça change en pratique, j'aimerais juste
poursuivre ce que je disais avant.
Donc, c'est
une entente de collaboration plus étroite avec les forces policières, parce
que, comme on le disait avant, les
forces policières, quand elles déclenchent une enquête, donc, ont beaucoup
d'informations, mais souvent, avant de pouvoir passer à des accusations
formelles, il y a un grand délai, et, entre-temps, il y a de l'information qui
peut être utilisée par l'Agence du revenu.
Parce qu'un revenu non déclaré est un revenu non déclaré, indépendamment de sa
source. Donc, un revenu qui est non déclaré,
il y a des façons pour Revenu Québec d'aller récupérer les taxes qui sont dues.
Et, peut-être, je demanderais à M. Paquin
d'expliquer ce que ça pourrait changer dans le quotidien de Revenu Québec
d'avoir cette information-là maintenant de la part des forces policières.
Merci.
Le
Président (M. Bernier) : Je veux juste mentionner à M. Brunet que vous
allez... Pour nous, heureusement, on va
vous garder avec nous pour une partie de l'après-midi. Pour vous, c'est
peut-être une obligation de demeurer, mais je vais avoir besoin de vous cet après-midi. Le deuxième groupe
d'opposition m'a manifesté un intérêt de vous poser des questions
additionnelles. Merci.
M. Paquin, en vous identifiant. Un homme
populaire en ce 30 avril.
Des voix : ...
Le Président (M. Bernier) : Un homme
populaire en ce 30 avril.
M. Paquin (Gilles) : J'aurais pensé
que vous seriez en train de faire vos déclarations.
Le Président (M. Bernier) : Donc, en vous
identifiant avec vos titres, s'il vous plaît.
M. Paquin (Gilles) : Oui. Gilles
Paquin, président-directeur général de Revenu Québec.
Le Président (M. Bernier) : Merci. La
parole est à vous.
M. Paquin
(Gilles) : Donc, bien, je
crois que M. le ministre a très bien présenté la mesure qui est annoncée
dans le dernier budget.
C'est complémentaire dans la mesure où la première entente de
partage des produits de la criminalité, ça visait, dans le fond, des
biens pour lesquels on peut faire la démonstration, la preuve, qu'ils avaient
été acquis par le produit de la criminalité.
Nous, on vient compléter, je dirais, cette approche-là. Puis, dans ce cas-là,
les sommes sont versées en
particulier au Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels au ministère de la Justice. Nous, on vient compléter ça en disant : Dans des cas où il peut être
difficile de démontrer que le bien a été acquis par un produit de la
criminalité, on peut quand même démontrer que ce revenu-là n'a pas été
déclaré. Et ça, les autorités policières sont souvent au courant d'un certain
nombre d'informations qui peuvent nous aider. Donc, nous, dans le fond, on
vient compléter l'action policière en
s'assurant que — puis,
comme vous le savez, les revenus de la criminalité, c'est imposable comme
d'autres revenus — les
individus qui ont pu avoir des revenus illicites comme ça et qui ne les ont pas
déclarés, bien, ils vont quand même payer leurs impôts et, souvent, vont
les payer par des saisies de leurs biens, de leur propriété. Et le produit de ça vient... dans le fond, va à la Sécurité
publique pour 50 %, 25 % à la Justice et 25 % au ministère des Finances dans le but de
renforcer encore davantage nos actions contre la fraude et l'évasion fiscale.
Le Président (M. Bernier) : Merci. Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme de Santis :
Merci, M. le Président. Je veux continuer avec la discussion sur l'évasion
fiscale. Dans le secteur de la restauration,
le gouvernement poursuit le but de réduire les pertes fiscales, notamment en
s'assurant que les taxes payées par
les clients sont bien remises à l'État et que les chiffres d'affaires sont
déclarés en totalité. Je me souviens, il y a environ 10 ans, je
suis allée dans un restaurant deux, trois fois et j'ai remarqué qu'il y avait
une facture pour moi, je remettais la
TPS-TVQ, mais, quand il rentrait ça dans sa caisse enregistreuse, ça ne
semblait pas être la même chose que ce
que j'ai remis, et j'ai cessé d'aller à ce restaurant. Et j'espère que
quelqu'un, maintenant, a pris note que ce restaurant n'agissait pas
correctement. Alors, c'est pourquoi les mesures de lutte contre l'évasion
fiscale dans le secteur de la restauration ont été mises en oeuvre.
Depuis le 1er
novembre 2011, tous les restaurateurs doivent remettre à l'ensemble de leurs
clients une facture. De plus, pour
ceux qui sont inscrits au fichier de la TVQ, cette facture doit être produite
au moyen d'un module d'enregistrement
des ventes. Les clients comme moi, on est en droit de s'attendre à ce que les
restaurateurs déclarent leur chiffre
d'affaires réel et que les taxes que nous payons au moment de régler nos
factures soient remises au gouvernement. De plus, l'évasion fiscale dans le secteur de la restauration entraîne
une concurrence déloyale pour les restaurateurs qui respectent les lois
fiscales. Là aussi, c'est une question d'équité envers tous les contribuables. Grâce
à ces mesures qui sont maintenant en
vigueur, le gouvernement récupère un peu plus que 300 millions de dollars
annuellement. Le module d'enregistrement
de ventes a été conçu pour trois choses : d'abord, recevoir les données
relatives aux opérations commerciales; deuxièmement, enregistrer dans
une mémoire sécurisée des informations relatives aux transactions, comme les
ventes et les taxes; et troisièmement, transmettre à une imprimante de reçus
les informations nécessaires à l'impression de la facture.
Il faut remercier les
organismes dans le secteur de la restauration d'avoir collaboré avec Revenu
Québec pour permettre de faire un pas de plus vers l'équité dans le secteur de
la restauration, et je veux nommer nos partenaires là-dedans. Il y a : l'Association des restaurateurs du Québec; le
Conseil des chaînes de restaurants du Québec; l'Association des hôteliers du Québec; la Fédération canadienne
de l'entreprise indépendante; l'Association des terrains de camping du
Québec; et l'Association des hôtels du Grand Montréal.
Maintenant,
en ce qui concerne les bars et les restobars, c'était dans le budget 2014‑2015
que le gouvernement a annoncé que les
modules d'enregistrement des ventes seraient implantés aussi dans le secteur des bars et des restobars. Et
c'est maintenant, avec l'adoption et l'entrée en vigueur du projet de loi n° 28,
que cela devient une réalité. Je veux mentionner
que les pertes fiscales dans le secteur des bars et restobars sont estimées à
environ 75 millions de dollars par année. Je comprends que Revenu
Québec prévoit une campagne de sensibilisation auprès du grand public pour
faire connaître la mesure et rappeler l'importance de quitter le bar et le
restobar avec sa facture.
J'ai deux questions.
Ma première question, c'est : Pouvez-vous nous présenter les
principaux résultats obtenus en lien
avec le déploiement des modules d'enregistrement des ventes dans le secteur de
la restauration? Parce
qu'actuellement c'est seulement dans le secteur de la restauration que ça
existe.
• (13 h 10) •
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre. Non? M. Paquin? M. le ministre.
M.
Leitão : Oui. Peut-être, je pourrais demander à M. Paquin d'adresser
cette question, mais c'est clair que c'est une façon de faire qui porte déjà fruit. Elle porte déjà fruit, je vous
dirais, de deux façons. Bon, il y a les fruits immédiats qu'on voit en termes de récupération fiscale, mais
il y a aussi le... si vous voulez, l'exportation de cette façon de
faire, de cette technologie ailleurs, et,
quand je dis ailleurs, je parle aussi... je veux dire ailleurs au Canada — par exemple, nos collègues de
l'Ontario sont très intéressés à explorer la possibilité d'utiliser de telles
méthodes, le gouvernement fédéral, bien sûr,
aussi — mais
ailleurs, ailleurs en Europe, ailleurs aux États-Unis. Donc, c'est vraiment un
exemple de savoir-faire québécois qui
a été développé pour adresser une question très précise chez nous et qui
maintenant est utilisé ailleurs. Et
éventuellement on va probablement aussi avoir des redevances de cette
technologie si elle se répand ailleurs.
Donc, ça,
c'est déjà un résultat très concret, et, puisque ça a bien fonctionné dans les
restaurants, on va maintenant passer à la prochaine étape, qui est les
bars, un peu plus complexe, mais, avec l'expérience qu'on a gagnée dans les
restaurants, on est en mesure de maintenant étendre ça aux bars. Mais peut-être
pour... M. Paquin pour donner un peu plus de couleurs du côté de la
récupération dans les restaurants avec les MEV.
Le Président (M. Bernier) : M. Paquin.
M. Paquin (Gilles) : Oui. Merci.
Oui, ça a été une expérience, en termes d'implantation d'une mesure de contrôle qu'on appelle en amont, là, contrôle
fiscal, qui a été un grand succès. Mme la députée l'a dit, on a une
récupération...
(Interruption)
Le Président (M. Bernier) : Je ne sais
pas, c'est...
M. Paquin (Gilles) : Il faut enlever
la batterie.
Une voix : Réponds.
M. Paquin
(Gilles) : On a une récupération fiscale, là, de l'ordre de
260 millions dans un secteur où l'évasion était quand même évaluée à près de 400. On a implanté
plus de 30 000 modules d'évaluation des ventes dans
18 000, à peu près, restaurants et on a implanté également une
mécanique d'inspection pour s'assurer que les gens se conforment aux nouvelles
exigences.
Forts de ce succès-là, là, on envisage les bars
et les restobars. Donc, c'est 6 000, à peu près, un peu plus de 6 000 établissements additionnels pour
lesquels on va appliquer la même approche, doublée d'une capacité
d'inspection.
Vous savez, juste
en termes de vérification, une vérification standard dans un restaurant avant
les MEV, c'était 200 heures. Là, on ramène ça à quelques heures
seulement, compte tenu de la disponibilité de l'information dans le module
d'évaluation. Et également, effectivement, on a procédé à beaucoup de
consultations avant pour s'assurer que le
MEV va pouvoir s'intégrer au type d'affaires qui se fait dans ces
établissements-là. Et il va y avoir une publicité pour que l'ensemble de la population soit sensibilisé
au fait que dorénavant, quand on demande une consommation dans un bar ou
un restobar, bien, on devrait avoir une facture. Et ça avait très bien marché
la première fois avec les restaurants. Donc, forts de cette expérience-là, on
va utiliser la même approche pour les bars et les restobars.
Le Président (M. Bernier) : Merci. Mme la
députée.
Mme de Santis :
Ma deuxième question, c'est... ça semble bien fonctionner avec les restaurants.
Maintenant, vous allez l'adopter dans les
bars et restobars. Je fréquente certaines pâtisseries et boulangeries où je
vois qu'il n'y a pas de facture, et
l'argent n'est jamais vraiment indiqué sur une enregistreuse. Je fréquente
quelques coiffeurs ou coiffeuses où c'est
aussi la même chose. J'en ai déjà parlé avec le ministre, je suis allée
acheter des rideaux qui devaient être faits à mesure pour ma maison, et on m'a offert deux prix. Alors,
c'est un problème qui est répandu. Est-ce que vous envisagez utiliser les modules
d'enregistrement des ventes avec d'autres... Est-ce qu'il y a d'autres projets
pour l'utilisation des modules d'enregistrement des ventes
qui vont au-delà des bars et restobars et la restauration? Et est-ce qu'on
n'est pas un peu en train de créer Big
Brother? Parce que, d'un côté, je vois l'utilité d'utiliser les modules
d'enregistrement de ventes, mais en même temps j'ai ce sentiment que je
suis heureuse d'avoir l'âge que j'ai et que j'ai vécu au moment que j'ai vécu parce que j'avais une certaine liberté, je croyais
que j'avais une liberté d'action et que, maintenant, Big Brother sait
tout ce que je fais à tous les moments.
Comment on pourrait encourager les gens à être honnêtes sans devoir imposer des
modules d'enregistrement de ventes où Big Brother est derrière nous?
Le Président (M.
Bernier) : M. Paquin, est-ce que vous êtes notre gros frère?
M.
Paquin (Gilles) : M. le Président, je veux rassurer la députée, on n'en est pas rendus là. Et heureusement...
Mme de Santis :
Non, mais on va vers cette direction.
M.
Paquin (Gilles) : Et heureusement on ne peut pas tout savoir et tout connaître. Il faut voir que le MEV,
quand même, c'est un système qui nous
assure, dans le fond, qu'on a une facture avec ce qu'il y avait sur... les
items de la facture puis que les taxes sont bel et bien remises, là. On
ne va pas plus loin que ça. Et on le fait parce que c'est un secteur où l'évasion fiscale est importante. Donc, ça,
c'est un critère qui est important, là. On n'a pas l'ambition d'instaurer des
mécanismes de contrôle de ce type-là ou
d'autres dans des secteurs où, de toute évidence, il n'y a pas de
problématique, là, majeure d'évasion, là. Puis il y a une question
d'acceptabilité aussi, là, que vous soulevez, qui est très importante.
Il y a des secteurs
pour lesquels on a des discussions présentement. Le taxi en est un. Donc, dans
le taxi, on a beaucoup de discussions avec les représentants de ces
corporations-là pour... C'est une problématique qui est plus large dans le taxi, hein, on en est conscients
puis on le voit aussi avec les développements de formes alternatives, là, comme les Uber, là. Mais ces discussions-là cheminent,
puis on doit le faire avec quand même, là, une acceptation du côté des
membres de l'industrie, là. Il faut que ça s'intègre à leur façon de faire des
affaires, il faut que ça leur soit profitable, mais beaucoup le demandent parce
qu'ils souffrent d'une concurrence déloyale de ceux qui ne se conforment pas. Dans la restauration, c'est un des facteurs qui
étaient très importants, qui a favorisé l'acceptation de cette approche-là.
Le
Président (M. Bernier) : Merci.
Nous allons passer maintenant du côté de l'opposition officielle avec M. le député de Rousseau.
La parole est à vous.
M.
Marceau : Merci, M. le Président. Alors, bonjour, M. Paquin. Bienvenue.
C'est à vous que je vais poser des questions ou au ministre, là, vous
choisirez, par l'intermédiaire du président, par le truchement du président.
Je
vais commencer par, oui, une question que j'ai posée au ministre déjà en
période de questions, même, donc vous devez
être prêt pour cette question. Alors, c'est la question du coût de
l'implantation de la taxe famille. Je constate que vous avez su
immédiatement de quoi je parlais, alors vous savez c'est quoi, la taxe famille.
Alors, c'est cette nouvelle contribution
pour les services de garde qui va être inscrite dans le rapport d'impôt. Il va
y avoir, donc, une nouvelle ligne dans
le rapport d'impôt. Alors, pouvez-vous nous dire, M. Paquin, là, bien
sérieusement que ça ne coûtera rien de mettre en place une nouvelle
ligne dans le rapport d'impôt pour la taxe famille, s'il vous plaît?
Le Président (M.
Bernier) : M. Paquin ou M. le ministre.
• (13 h 20) •
M.
Leitão : Alors, écoutez, moi, je vais évidemment... Oui, nous avons
discuté de ça en Chambre et ailleurs et on avait dit à ce moment-là qu'avec les ressources existantes Revenu Québec
peut très bien gérer cela et que ça ne génère pas une charge de travail additionnelle telle que ça
impliquerait des coûts
extraordinaires. Mais peut-être que vous pourriez élaborer un peu plus
là-dessus.
Le Président (M.
Bernier) : M. Paquin.
M. Paquin
(Gilles) : Oui. En fait, la nouvelle tarification en service de garde
va être intégrée à la déclaration d'impôt et
va donc largement être traitée par les systèmes informatiques de revenus. Les
relevés qui vont être produits par des services de garde vont être
transmis largement de façon électronique et traités de façon électronique.
Donc, il y a des opérations qui consistent à ajuster nos systèmes. Il y en a à
chaque budget. Donc, à chaque budget, on prévoit des montants à l'avance d'immobilisations pour corriger les systèmes et
intégrer les nouvelles mesures que le gouvernement annonce. Et, cette année, en outre, il y a
des économies qui vont apparaître du côté du crédit d'impôt pour la
solidarité qui a été modifié par le budget,
largement simplifié, et qui va nous permettre de dégager et des montants qui
sont consacrés au système informatique et des ETC, le cas échéant, si on a
besoin de traiter manuellement certaines opérations, des rejets au
moment de la production, là, comme il y en a pour toutes les mesures fiscales.
Donc, à l'intérieur de ces budgets-là, compte tenu des économies qu'on va avoir
au crédit d'impôt solidarité, on va pouvoir traiter la nouvelle contribution au
service de garde.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau : Oui. Merci, M. le Président.
Je ne mets pas en cause l'idée que vous soyez capables de faire des économies dans d'autres domaines, par exemple
au crédit d'impôt solidarité, je ne mets pas ça en cause, là, puis c'est
souhaitable que vous
soyez capables de faire des économies à certains endroits puis que vous soyez
capables de réaffecter les... que ce
soient des ETC ou les dollars, mais, quand même, ma question est très simple,
là. La mise en place, là, de la nouvelle
taxe famille, ça représente effectivement des investissements dans vos systèmes
informatiques puis des ressources éventuellement pour faire des
ajustements, éventuellement aussi même pour faire de la vérification.
Pouvez-vous juste nous dire les montants que ça représente, s'il vous plaît?
Le Président (M. Bernier) : M. Paquin.
M. Paquin
(Gilles) : Je ne pourrais vous donner les montants, là, qui vont être
consacrés à ajuster les systèmes présentement, parce que c'est quand
même assez récent, le budget, mais c'est des faibles montants, là.
M. Marceau
: Peut-être nous dire c'est quoi, le montant que vous aviez prévu pour les
immobilisations cette année?
M. Paquin
(Gilles) : Bon, généralement, on réserve à peu près 2 millions
pour le budget, puis c'est l'ensemble des mesures du budget, puis ça, c'est un montant qui est capitalisable, là.
Donc, l'impact sur la dépense, bien c'est sur la durée de vie de l'équipement une fois qu'on l'amortit.
En ressources humaines, à mon avis, ça va être très, très faible, parce
que, comme je vous dis, c'est intégré à notre traitement massif de
déclarations. Nous, 200 000 relevés ou déclarations, c'est... Aujourd'hui, on va probablement en
traiter 300 000. Ce n'est pas quelque chose, là, qui est grand à l'échelle
des systèmes de Revenu Québec, là. Donc, ça risque d'être très faible.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M. Marceau
: Peut-être quand même essayer de trouver les informations plus précises,
si c'était possible. Là, maintenant, je comprends que peut-être que vous
ne l'ayez pas maintenant, mais peut-être nous la fournir plus tard aujourd'hui,
cet après-midi ou même plus tard, si on veut, par dépôt à la commission, là.
Le
Président (M. Bernier) : Bien, moi, ce que je vous dis, si vous avez des
informations additionnelles, vous pouvez nous les communiquer, puis on
va s'assurer de les distribuer à l'ensemble des parlementaires qui participent
à cette commission.
M. Leitão : Bien, je pense, si je
peux...
Le Président (M. Bernier) : Oui.
M. Marceau : Bien, non, allez-y, puis
j'irai après, M. le ministre.
M.
Leitão : Bon, si vous
permettez, juste mentionner... Je vais répéter un peu ce que M. Paquin vient de
dire, c'est qu'à chaque année il y a
des montants qui sont compris dans le budget de l'Agence du revenu pour ce
genre de changement, là.
Le Président (M. Bernier) : O.K., c'est
bien.
M. Marceau : Juste parce que je vois que
le temps file puis...
Le
Président (M. Bernier) : C'est parce qu'il y a peu de temps qui reste, c'est pour ça que j'essaie de
maximiser le nombre de questions.
M. Marceau : Je comprends la réponse, là,
je vais... Cela étant, peut-être rappeler que, bon, tout n'est pas toujours
simple en informatique, puis je ne vais pas vous faire de liste de difficultés
à laquelle Revenu Québec puis d'autres
organisations sont confrontés quand vient le temps de modifier les systèmes
d'informatique. Je ne vous apprends rien
en vous disant ça, vous êtes un administrateur aguerri qui avez déjà été
confronté à ça. Je peux vous rappeler aussi que, dans le cas du crédit d'impôt à la solidarité, ça n'a pas été tout
simple non plus, puis qu'il y a eu des dépassements de coûts importants,
puis que c'est la nature de l'affaire, là, que, lorsqu'on modifie, ça amène des
complications.
Alors,
j'entends votre réponse qui est que, bon, ça devrait se faire dans les balises
habituelles. Cela étant, ça n'a pas toujours été le cas dans le passé,
et je pense que vous le savez, là. Donc, je comprends que vous avez l'espoir
que ça va se faire à des coûts très
raisonnables, mais, historiquement, geler des lignes dans les rapports d'impôt,
ça ne se fait pas en criant ciseau non plus, là, puis il y a de la vérification
aussi a posteriori.
Peut-être juste revenir sur la vérification,
c'est le dernier point, là, puis je vais passer à un autre sujet ensuite.
Le Président (M. Bernier) : M. Paquin.
M.
Paquin (Gilles) : Au niveau de la vérification, bien, on va... D'abord, il y a
la vérification sur la production, donc c'est une conciliation des informations que nous, on obtient du service de garde avec ce que le contribuable nous donne. Il va y avoir naturellement
des critères éventuellement qui vont nous amener à examiner physiquement la
déclaration, naturellement. Et éventuellement il va y avoir également des programmes
de vérification au niveau des services de garde, services de garde pour la conformité, là, au niveau
des relevés, puis ces choses-là, puis au niveau de certains
contribuables si des indications nous donnent à penser qu'il peut y avoir un
problème. Comme il y en a déjà, parce que,
vous savez, on a un crédit d'impôt pour les frais de garde, un crédit d'impôt
remboursable, et c'est un crédit d'impôt,
quand même, qui est assez généreux, les frais de garde peuvent être importants
quand même dans une année en garderie
privée, et donc on doit vérifier pour ne pas qu'on ait des fausses factures, par exemple, qui donneraient
lieu à des remboursements importants auxquels les gens n'ont pas le droit. Ça fait
que, déjà, on est assez impliqués de ce côté-là.
M. Marceau : O.K.
Donc, c'est...
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M. Marceau : O.K.
Écoutez, aujourd'hui, ce n'est pas encore fait, donc on vérifiera a posteriori,
puis moi, je souhaite, même si je ne suis
pas d'accord avec la nouvelle tarification qui a été mise en place, au moins
que les dégâts soient le moins grands
possible et puis, autant que possible, que ça ne coûte pas cher à administrer.
Mais disons que... Juste rappeler le
crédit à la solidarité, là, j'avais ici le fait... On me disait que «malgré
l'expertise — là — Revenu Québec a embauché 200 personnes pour faire le travail. Les
trois crédits d'impôt remplacés par la nouvelle mesure étaient administrés
par 14 employés et coûtaient
493 000 $. Les frais sont maintenant de 14 millions...» Ça, c'est le Vérificateur général qui disait
ça dans son rapport sur le crédit
d'impôt de solidarité.
Bon, j'espère que ça n'arrivera pas, mais moi, quand le ministre me dit
en Chambre, là : Ça ne va rien coûter, on va faire ça à l'intérieur des budgets,
tout ça est simple, on est au XXIe siècle, puis l'informatique, ça résout tous
les problèmes, l'histoire me montre que l'informatique existait il y a trois ans, il y a cinq ans, il y a 10 ans, puis ce
n'était pas si simple. Je ne dis pas que... Puis encore une fois, là, je ne
vous blâme pas, là, M. Paquin, là, je blâme un petit peu le ministre de
m'avoir donné une réponse que je ne trouve pas satisfaisante, mais ça, on verra a posteriori qui avait raison, qui
avait tort, et donc, l'année prochaine, j'aurai l'occasion de vous
reposer des questions, M. Paquin, sur ces sujets-là.
O.K.,
je voudrais changer de sujet. Oui, il me reste deux minutes, M. le Président.
On peut peut-être lever... Si vous permettez, je continuerai mon bloc
tout à l'heure.
Le Président (M.
Bernier) : Je vais vous permettre, M. le député de Rousseau, dans un geste...
M. Marceau : Merci,
M. le Président. Oui, c'est juste que...
Le Président (M.
Bernier) : Pour permettre aux gens d'avoir de meilleurs échanges possible.
Donc, compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
13 h 28)
(Reprise à 15 h 7)
Le Président (M.
Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, bon après-midi à tous. Nous
allons reprendre nos travaux.
Je
vous rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude des
crédits budgétaires du portefeuille Finances
pour l'exercice financier 2015‑2016. Et, puisque nous débutons nos travaux à
15 h 6, donc on devra avoir un consentement pour aller jusqu'à
15 h 8...
Des voix :
...
Le Président (M.
Bernier) : 18 h 8. 18 h 8. Ça va? Consentement?
Une voix : ...
Le Président (M.
Bernier) : Hein, pardon?
Une voix : 16 h 8?
Le
Président (M. Bernier) : 18 h 8. Et donc, avant de procéder à
notre dîner, nous allons donc poursuivre, et c'est le député de Rousseau
qui avait la parole. Donc, M. le député de Rousseau, vous avez la parole pour
un bloc d'environ 13 minutes.
M.
Marceau : O.K. Parfait. Merci, M. le Président. Alors, bien, écoutez, je
voudrais parler aux gens de Revenu Québec, s'il vous plaît, puis
peut-être... alors, qu'ils prennent place.
Le Président (M.
Bernier) : M. Paquin, si vous voulez bien prendre place, s'il vous plaît.
M. Marceau : Alors,
rebonjour, messieurs. Je voudrais aborder la question du programme de
divulgation volontaire qui est en
lien un peu, M. le Président, avec le mandat que nous nous sommes donné ici, à
la Commission des finances publiques.
Puis, en fait, je veux poser quelques questions dans l'espoir, évidemment, de
faire un petit peu la lumière sur ce programme de divulgation volontaire
puis éventuellement, si je n'arrive pas obtenir les réponses aujourd'hui, dans l'espoir qu'au moment où nous nous réunirons en
commission pour exécuter notre mandat, bien, Revenu Québec aura eu
l'occasion ou le temps de trouver les réponses aux questions que je poserai,
tout simplement.
Alors, je
voudrais... Bon, tout d'abord, à l'écrit, dans le... On avait transmis des
questions à Revenu Québec sur ce programme, c'était la question 26.
Alors, ce qu'on disait... La question 26, elle disait essentiellement... Je
vous la lis : «Pour chacune des cinq dernières années, nombre de
divulgations et montants recueillis par le biais de la politique de divulgation volontaire. Indiquer quelle partie des
montants pour chaque année, provient d'actifs ou de revenus à l'étranger
non déclarés.» Et, en guise de réponse, on
nous dit : «Cette question ne relève pas de l'exercice de l'étude des
crédits.»
Alors, encore
une fois, bon, je peux exprimer ma déception. Je peux dire d'emblée à tout le
monde ici qu'il existe déjà des
informations dans le rapport annuel de Revenu Québec. J'ai ici, sous la main,
les pages 63, 64, 65 du rapport annuel
de Revenu Québec et là-dedans j'ai déjà quelques informations. En tout cas,
c'est déjà beaucoup mieux que ce qui m'a été fourni en questions
écrites. Je peux vous dire, par exemple, qu'en 2013‑2014 la prévision était que
le programme de divulgation volontaire
permettrait de récolter 49 millions de dollars. Ça, c'est ce que j'avais
pour 2013‑2014. Maintenant, je n'avais pas le détail. J'aurais aimé
avoir un peu plus d'information, un peu plus de détails.
Alors, peut-être... Je pense que ça vaut la
peine de parler en plus de détails de ce programme-là. Pour ceux qui ne savent pas de quoi il s'agit, donc il s'agit
d'un programme qui permet à un contribuable qui n'a pas rempli de façon correcte ses obligations fiscales, donc, de se
présenter, à travers un formulaire, chez Revenu Québec et de demander,
donc, l'autorisation de faire une divulgation. Et, si cette divulgation est
éventuellement acceptée, le contribuable qui était fautif puis qui a corrigé sa
situation n'est plus l'objet de pénalité, n'est plus l'objet de sanction, O.K.?
Alors, un certain nombre de choses à dire
là-dessus. La première, peut-être... Je ne sais pas si, M. Paquin ou M. le
ministre, vous avez accès au tableau 19 de la page 64 du rapport annuel
2013‑2014 de Revenu Québec.
• (15 h 10) •
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre, est-ce que vous avez ces documents? Oui?
M. Leitão : Oui.
Le Président (M. Bernier) : Donc, ça va.
Allez-y, M. le député.
M. Marceau : Peut-être une question très
simple. Vous avez dans ce tableau la récupération fiscale par lois au 31 mars 2014. Vous avez là-dedans les
activités régulières, là : non-production, vérification, enquêtes et
divulgation volontaire. Vous avez ça?
M. Leitão : Oui.
M. Marceau
: Vous constatez qu'à l'impôt des particuliers les divulgations volontaires
auront permis de récolter 29,9 millions
et, à l'impôt des sociétés, 2,6. Peut-être nous expliquer les raisons pour
lesquelles le montant à l'impôt des sociétés
est beaucoup plus faible qu'à l'impôt des particuliers. Est-ce à dire que les
entreprises ne sont pas intéressées par ce programme ou bien que, lorsqu'elles font une demande de divulgation
volontaire, ces demandes sont refusées? Peut-être avoir un peu plus d'information sur le programme,
l'efficacité et les raisons pour lesquelles ça rapporte 10 fois moins à l'impôt des sociétés qu'à l'impôt des
particuliers. Simplement pour question de mettre de la perspective, vous
constaterez qu'à la ligne Vérification les
montants sont, en tout cas, du même ordre de grandeur, hein? C'est
557 millions en vérification en
impôt des particuliers, 441 à l'impôt des sociétés. Étant donné le fait qu'il y
a beaucoup plus d'impôt des particuliers
que d'impôt des sociétés, là, on peut dire même que la vérification est plus
efficace dans le cas de l'impôt des sociétés. Par contre, à la
divulgation volontaire, ce n'est vraiment pas le cas, et j'aimerais bien savoir
ce qu'il en est.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre ou M. Paquin.
M.
Leitão : Peut-être avant de continuer, j'aimerais juste aussi noter la
présence de M. Florent Gagné, le président du conseil de
l'Agence du revenu. Alors, M. Paquin.
Le Président (M. Bernier) : Donc, M.
Paquin.
M. Paquin (Gilles) : Oui. Donc,
bien, tout d'abord, au niveau de la divulgation volontaire, donc, c'est ça, le programme, un peu comme vous l'avez expliqué,
consiste à permettre à des gens pour lesquels, là, on n'a pas nécessairement
d'information, qui ne font pas l'objet d'une
vérification ou même, quelquefois, qui ne sont pas dans un secteur où on
a des doutes — pendant
un certain temps, on a fermé le programme au secteur de la construction, entre
autres — de
venir, dans le fond, nous faire une
déclaration spontanée, complète. Et ils doivent également tout régler, donc il
doit y avoir un chèque à la fin, en
échange de quoi on va consentir à annuler les intérêts, les pénalités. Donc,
c'est un programme qui incite les gens à venir régulariser leur
situation.
Et naturellement ça a beaucoup d'effet sur les
particuliers parce que les particuliers, pour un grand nombre de raisons, à un moment donné, dans leur existence,
vont chercher à régulariser leur situation, que ce soit pour leurs
héritiers, que ce soit
pour leur situation personnelle, ce qui n'est pas nécessairement le cas pour
une société qui peut simplement fermer,
faire faillite. Donc, ce n'est pas un programme qui a autant d'effet, là, sur
une société. Dans ce cas-ci, là, je ne pourrais
pas vous dire qu'est-ce qui en est du 2,6 sans peut-être révéler des
informations qui sont confidentielles, là, mais, de façon historique,
là, on constate que c'est un programme qui attire des particuliers qui, comme
je le disais, à un moment donné, veulent régulariser leurs affaires.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M. Marceau : Pour éventuellement obtenir,
donc... Je recommence. Pour participer au programme, il faut en faire la demande à Revenu Québec. Pouvez-vous nous
dire la proportion des demandes qui sont acceptées et refusées? Est-ce
que vous êtes capable de nous dire ça?
Le Président (M. Bernier) : M. Paquin.
M. Paquin
(Gilles) : Je n'ai pas ces statistiques-là. Je pourrais m'informer,
mais ce n'est pas une statistique qui a été portée à ma connaissance. Ce qui va arriver souvent, c'est que la
personne va se faire représenter. Donc, nous, on tolère une période
pendant laquelle on ne connaît pas l'identité du contribuable. On fait les
discussions, mais, au bout d'un certain
temps, on exige de connaître l'identité pour poursuivre les discussions. Donc,
c'est comme ça que le programme fonctionne.
Je crois qu'à Ottawa il fonctionnait selon des modalités à peu près semblables.
Là, il a été modifié dans les dernières
années, là, mais... Donc, c'est comme ça. Puis naturellement on n'accepte pas
de divulgation lorsqu'on avait des indications
ou lorsqu'on avait entrepris une vérification, puis il faut avoir le sentiment
que la déclaration est complète. Donc, on a l'ensemble de l'information
qui nous déclare tout et qui paie tout.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M. Marceau : O.K. Peut-être revenir au
début, parce que je vais vous poser d'autres questions là-dessus, mais y a-t-il une raison pour laquelle vous
n'acceptiez pas de nous donner de réponse écrite à la question que nous
vous posions pour les crédits?
Le Président (M. Bernier) : M. Paquin.
M. Paquin (Gilles) : Oui. Bien,
l'information était dans le rapport annuel, puis l'information concernant les
récupérations à l'extérieur, c'est une information qu'on n'avait pas produite
pour le rapport annuel, là.
M. Marceau
: O.K. Mais, étant donné qu'il s'agit quand même d'un des moyens que vous
utilisez pour améliorer la
performance, là, de la récolte, est-ce que vous ne croyez pas que des
informations supplémentaires sont nécessaires et puis que c'est tout à
fait légitime de la part des parlementaires d'avoir l'information là-dessus?
Il y a eu,
dans les médias, puis je pourrais vous trouver l'exemple, des situations où
plus d'information que ce qu'il y a
dans le rapport annuel a été rendue publique. Je pense au cas de la HSBC pour
laquelle on avait des informations beaucoup
plus précises. J'ai peine à imaginer que les médias puissent avoir plus
d'information que les parlementaires, d'autant
que, bon, on a un exercice, là, en bonne et due forme de reddition de comptes
présentement. Moi, je m'attendrais à ce que minimalement l'information
qui était dans les médias, par exemple, dans le cas d'HSBC... minimalement, l'information qu'il y a dans le rapport annuel,
mais mise à jour, mise à jour parce que l'information commence à dater
dans le rapport annuel.
Est-ce qu'il
n'y a pas moyen d'obtenir ces informations? D'autant, encore une fois, là... et
je reviens au fait que nous avons un mandat d'initiative à réaliser et
puis moi, je compte bien aller au fond de cette question à l'occasion de ce
mandat d'initiative.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre, avez-vous des commentaires?
M.
Leitão : Tout à fait, nous pouvons déposer cette information-là
jusqu'à l'année 2010‑2011. Pour ce qui est de HSBC, enfin, je présume, je laisserai M. Paquin expliquer ça, mais je
pense que, là, il y a toute une série de vérifications qui sont en train de se faire maintenant, là. Je ne
pense pas que ça serait pertinent de divulguer cette information
maintenant.
Le Président (M. Bernier) : M. Paquin,
avez-vous...
M. Paquin
(Gilles) : Oui. Donc, bien, c'est ça, on a compilé les informations,
là, qui étaient demandées. Juste pour
2014‑2015, là, je peux vous dire qu'on a eu 719 contribuables, là, qui sont
venus en divulgation pour un montant de 62 millions, dont 37
venaient de l'étranger. Donc, plus d'informations vont être transmises. Donc,
c'est à peu près le tiers, cette année-ci,
en 2014‑2015, là, puis historiquement ça a varié entre le tiers, le quart, qui
provient de revenus... une récupération d'argent relative à des sommes à
l'étranger.
Pour HSBC, ce
que je peux vous dire, c'est qu'on poursuit le travail dans HSBC. On est rendus
à une récupération qui totalise environ 50 millions. Vous savez que
c'est une liste qu'on a obtenue via le gouvernement fédéral. Le gouvernement
fédéral a identifié un certain nombre de cas que lui traite et il nous a confié
une autre partie. On traite tous les cas. Donc, ça débute
par une demande d'information auprès des contribuables et ensuite, là, en
fonction des informations qu'on reçoit, bien
là, on progresse dans le dossier et, jusqu'à présent, on a récupéré à peu près
51 millions, puis ce n'est pas terminé, là, il reste encore des
contribuables pour lesquels on n'a pas fermé le dossier.
Le Président (M. Bernier) : Est-ce que
vous avez des documents à produire?
M. Paquin (Gilles) : Pas là-dessus,
malheureusement, je n'ai pas de... mais...
M. Marceau : ...les chiffres qui viennent
de nous être...
Le Président (M. Bernier) : Les chiffres
que vous venez de déposer, est-ce qu'on peut...
M. Paquin (Gilles) : Ah! les
chiffres, oui, oui, c'est...
Le Président (M. Bernier) : Est-ce qu'il
y a un document sur lequel on peut informer les parlementaires?
M. Leitão : ...faire parvenir parce
qu'on a écrit des choses là-dessus, là.
Le
Président (M. Bernier) : Vous allez nous le faire parvenir ici, au
secrétariat de la commission. C'est bien. On va s'assurer... M. le
député.
• (15 h 20) •
M. Marceau
: Oui. En fait, écoutez, je ne suis pas dans le monde du blâme, là, je veux
juste qu'on se comprenne bien, je ne suis pas du tout là-dedans. Il y a
des moments dans la journée où ça va être ça, là, mais ce n'est pas ça
présentement.
Moi, ce que
je veux, c'est avoir plus d'information pour être en mesure de mieux apprécier
la performance du programme, savoir
éventuellement si c'est une bonne façon, surtout dans les cas d'évasion fiscale
internationale, là, qui est le dossier qui nous intéresse ici, à la commission,
c'est de savoir si c'est une bonne approche. Il y a des avantages évidents à
cette approche-là, mais il y a aussi des inconvénients. Les inconvénients sont
que certains peuvent — on
s'entend qu'il n'y aura pas de sanction — profiter de cela pour éviter
d'avoir à subir le courroux de l'État.
Alors, moi,
j'aimerais bien être capable de mesurer les avantages, les inconvénients. Moi,
je vous invite donc à nous donner
plus d'information sur certains cas, là, qui ont été bien médiatisés, donc HSBC
en particulier. Puis vous n'êtes pas
obligé de le faire aujourd'hui, je suis capable de vivre avec ça, mais
éventuellement nous donner de l'information. Et puis j'aimerais bien savoir, moi, donc, la quantité de demandes que vous
recevez, la proportion de ces demandes que vous acceptez. Vous avez évoqué le fait qu'il y a des gens qui peuvent
utiliser la procédure anonyme, là, c'est-à-dire
utiliser une tierce partie qui formule la demande pour le contribuable, puis
éventuellement l'identité du contribuable est rendue publique, enfin, est divulguée à Revenu Québec. J'aimerais bien
savoir la proportion de ces demandes qui sont faites de manière anonyme, bon... J'aimerais bien avoir
cette information-là puis j'aimerais bien aussi que Revenu Québec creuse la question des
raisons pour lesquelles ça marche moins du côté des sociétés.
Vous avez
donné un élément de réponse tout à
fait intelligent, là, tout à l'heure, là, je comprends ce que vous
dites, puis ça a du bon sens, mais...
Le Président (M. Bernier) : ...M. le
député.
M. Marceau : Oui. Bien, j'ai formulé mes
demandes. Voilà.
Le
Président (M. Bernier) : Voilà. D'une façon ou d'une autre, il y aura une
commission parlementaire qui va se tenir sur ce sujet au cours des
prochains mois. Oui, monsieur.
M. Paquin
(Gilles) : Bien, simplement pour dire que j'ai parlé, là, que le
contribuable pouvait rester anonyme pendant un certain temps, mais on ne
règle jamais avec quelqu'un, naturellement...
Le Président (M. Bernier) : O.K., c'est
bien. On va...
M. Paquin (Gilles) : C'est juste que...
Le Président (M. Bernier) : On va avoir
l'occasion d'y revenir. On va passer du côté ministériel. Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme de Santis :
Merci, M. le Président. Je vais maintenant poser des questions sur la
prestation électronique de services par Revenu Québec.
Selon les
dernières prévisions de eMarketer, le nombre d'internautes dans le monde
atteindra 3 070 000 000 en 2015, en hausse de 6,5 %
vis-à-vis 2014. Cela représentera 42,4 % de la population. Pour les trois
années suivantes, les taux de croissance
sont estimés à plus de 5 %, et la pénétration d'Internet devrait atteindre
48,2 % en 2018. Ça, c'est sur la planète.
Maintenant,
au Québec, en 2012, on comptait déjà 84 % d'internautes. La quasi-totalité
des moins de 55 ans l'utilise
régulièrement. Environ quatre adultes sur cinq possèdent un ordinateur et sont
branchés. Plus de 73 % des gens utilisent
Internet pour communiquer. Près de 60 % des gens optent d'abord pour le
Web avant d'utiliser le téléphone ou de
se présenter au comptoir. Les 18-24 ans choisissent principalement
Internet pour s'informer. On communique beaucoup par courriel, messagerie instantanée, vidéoconférence
de type Skype, et il y en a encore d'autres, façons de communiquer par
Internet.
Au niveau de services
gouvernementaux, plus de 78 % des internautes québécois ont consulté des
sites Web gouvernementaux. De ce nombre,
69 % l'ont fait pour chercher l'information, 35 % pour effectuer des
transactions, 35 % pour l'utiliser... leurs dossiers en ligne.
C'est depuis quelque temps que le gouvernement du Québec s'est engagé de
rapprocher l'État et le citoyen en misant sur une utilisation judicieuse des
technologies de l'information et des communications,
c'est-à-dire d'offrir une prestation électronique des services publics. Les
gouvernements déploient des grands
efforts pour améliorer les services en ligne, mais, pour arriver à leurs fins,
c'est mon opinion que les gouvernements ont à faire face à de sérieux
problèmes entourant l'enjeu de l'accessibilité.
D'une part, il existe
ce que certains auteurs appellent la fracture numérique, qui se définit comme
suit : les disparités entre individus,
foyers, entreprises et aires géographiques en termes d'accès aux technologies de
l'information et de la communication. Il
faut aussi se rappeler que les gens qui sont moins démunis utilisent beaucoup
moins les services Internet. La fracture numérique est la traduction de
l'expression américaine «digital divide» qui a surgi à la fin des années 90 aux
États-Unis.
D'autre part,
l'accessibilité des services gouvernementaux en ligne est également freinée par
des problèmes comme l'analphabétisme ou l'incapacité de comprendre le
fonctionnement des services. D'après la Fondation pour l'alphabétisation, 19 % des Québécois sont analphabètes et
34,3 % éprouvent des grandes difficultés de lecture et se situent
au niveau 2 de la littératie. Ces derniers seront souvent qualifiés
d'analphabètes fonctionnels.
Une
autre problématique cruciale est la sécurité et la confidentialité des
renseignements personnels. Revenu Québec est un acteur important dans
les efforts gouvernementaux valorisant la prestation de services en ligne comme
levier d'optimisation de la qualité des
services. Dans son rapport annuel de gestion 2013‑2014, Revenu Québec nous
indique que le nombre de communications et
de transactions avec les citoyens est important et en croissance. Si je cite
les données que je retrouve dans votre rapport, en 2013‑2014, vous avez
eu 4,6 millions d'appels téléphoniques, vous avez reçu 43 836 courriels relatifs à des demandes
d'information, vous avez reçu 759 964 demandes par correspondance; les
services en ligne, vous avez reçu
73,3 % des déclarations de revenus des particuliers par voie
électronique — mais je
suspecte ici que c'est parce que les gens vont chez H&R Block et ce n'est
pas des personnes qui remplissent leur formulaire eux-mêmes — vous
avez eu 21,4 millions de visites du site Internet; vos ressources, c'est
12 344 employés réguliers et occasionnels, et vous avez 16 comptoirs de
service répartis dans 13 villes du Québec.
Moi,
j'ai deux questions. La première question, c'est : Est-ce que le ministre
peut nous résumer les principaux objectifs
et résultats obtenus au regard de la prestation électronique de services à
Revenu Canada... pas à Revenu Canada, mais Revenu Québec?
Le Président (M.
Bernier) : Vous venez de changer de Parlement, M. le ministre. On va vous
garder.
M.
Leitão : Oui, merci, Mme la députée. Bien, je pense que je
laisserais M. Paquin répondre à cette question.
Le Président (M.
Bernier) : M. Paquin.
• (15 h 30) •
M.
Paquin (Gilles) : Oui, merci. La prestation électronique de services,
c'est un moyen qui va être de plus en plus utilisé, pas seulement par Revenu, mais, je pense, par l'ensemble des
organisations pour communiquer avec leur clientèle. C'est naturellement beaucoup plus efficace,
beaucoup plus économique en termes de papier puis de frais de communication,
et c'est également beaucoup plus exact.
Donc, il n'y a pas de manipulation de données, il n'y a pas de saisie, il n'y a
pas de numérisation. On peut traiter plus
rapidement. Nous, les déclarations, c'est ce qui nous permet de donner des
remboursements dans des périodes très, très
rapides, là, en moins de 10 jours, lorsque c'est soumis électroniquement,
et en minimisant le risque d'erreurs.
Maintenant, vous
l'avez soulevé, ça pose un défi parce qu'il faut rejoindre tout le monde. Ce
n'est pas tout le monde qui a cette capacité-là, mais les chiffres sont quand
même surprenants. J'ai des statistiques pour 2013, là, qui nous démontrent que
la moyenne des gens qui nous ont envoyé une déclaration électroniquement, c'est
77 %. Là, cette année, on est à
83 % aujourd'hui, là, mais ça va aller en diminuant parce qu'il y a un
certain nombre de déclarations qui
rentrent plus papier, surtout au niveau des travailleurs autonomes, mais, quand
même, on frise le 80 %. Et par classes d'âge, là, je regarde, là, les personnes de 70 ans et plus, on est à
71 %, quand même, qui ont soumis électroniquement. Donc, il
y a quand même une diffusion assez
large, là, de la capacité, soit par un préparateur soit par la personne
elle-même, là, de nous transmettre
électroniquement. Donc, au niveau des particuliers, on a beaucoup
progressé. Il reste des choses à faire. Il y a probablement une
proportion qu'on ne réussira jamais à ramener au niveau électronique, des
successions, des choses comme ça, qui vont demeurer papier en grande partie,
mais on voit quand même, là, qu'on est passés de 50 % électroniques en
2009 à 77 % aujourd'hui. La progression est vraiment très, très rapide.
Là où on a du progrès
à faire, je dirais, c'est peut-être plus du côté des sociétés. Les sociétés, au
niveau des déclarations, sont électroniques à hauteur de 73 %...
79 %, plutôt, mais c'est au niveau plutôt des déclarations à la source,
des déclarations de taxes où là les taux sont un peu plus bas, autour de
60 %. Et là où on a un progrès à faire également, c'est le paiement en ligne, la capacité pour un
contribuable de nous payer directement, là, en ligne ou électroniquement. Donc,
ça, c'est des choses sur lesquelles on veut travailler pour les prochaines
années.
Au niveau des entreprises,
notre ambition, c'est de passer complètement à une approche où il n'y aura plus
de papier, plus de papier dans ce qu'on
communique vers la société puis plus de papier dans ce qu'ils nous
communiquent vers nous. Là, on va probablement, à ce moment-là, abolir peut-être 30 millions de communications qu'on fait annuellement
à Revenu. Vous pouvez voir les économies, juste en frais postaux, là, qui sont
substantielles puis qui vont pouvoir servir
à améliorer la qualité des services aux contribuables, mais on tient compte, naturellement, là, de la capacité des gens
de transiter vers ces nouvelles fonctions là. On pense qu'au niveau des sociétés
ça ne sera pas nécessairement trop problématique, mais, au niveau
des particuliers, il faut tenir compte de la situation particulière de groupes,
de régions ou de personnes en fonction de l'âge.
Au niveau de
la confidentialité, naturellement, il faut absolument garantir une sécurité — ça,
c'est quelque chose qui est très important chez nous — dans
la transmission, dans le traitement de l'information, dans, ensuite, la
communication vers les contribuables, et c'est quelque chose pour lequel, là,
on... À chaque année, on améliore nos systèmes de façon à garantir cette confidentialité-là.
Quand on fait des sondages de satisfaction auprès des clientèles, les gens sont particulièrement satisfaits de la confidentialité, du degré de
confidentialité avec lequel leurs dossiers sont traités.
Le Président (M. Bernier) : Merci. Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme de Santis : C'est beau dire que 80 % des particuliers
envoient leurs rapports en ligne, mais j'aimerais savoir combien de
particuliers remplissent leurs propres formulaires parmi ceux qui ont envoyé ça
en ligne. Est-ce que vous avez ces données?
M. Paquin (Gilles) : Récentes...
Mme de Santis :
Et je pose cette question parce que, quand j'ai commencé ma carrière en tant
qu'avocate, la taille du code... d'Income
Tax Act était comme ça, et maintenant c'est comme ça, et j'imagine que ça devient de plus en plus grand, de plus en plus complexe, et les gens ont beaucoup
de difficultés à se retrouver avec toutes les règles qui
existent en ce qui concerne les impôts et vont voir des tiers. Et je crois
qu'en tant que citoyen je devrais avoir le droit de comprendre l'impôt
et pouvoir remplir mon propre formulaire. Alors, ça, c'est un commentaire comme
ça.
Mais j'aimerais savoir si vous accompagnez ceux
et celles qui ont... qui ne savent pas comment remplir leurs formulaires en ligne. Qu'est-ce que vous faites avec eux? Vous continuez simplement à... Parce que
ça devient difficile. J'ai vu cette
année... Je remplis les formulaires pour mes parents pour me garder toujours
près de la... du vrai peuple, O.K., et je trouve que, pour obtenir l'adresse où envoyer les formulaires, c'était
tout un défi, que ce soit Québec, que ce soit Canada. Alors, comment vous accompagnez les vieux
dinosaures comme moi qui remplissent les formulaires pour leurs parents?
Le Président (M. Bernier) : M. Paquin.
M. Paquin (Gilles) : Bien, tout
d'abord, la statistique que je me rappelle, ce n'est peut-être pas la
statistique la plus à jour, là, mais c'était
à peu près 50-50, là, au niveau des particuliers, des gens
qui faisaient leurs déclarations, les gens
qui faisaient affaire avec un préparateur. Là, il y a une statistique qui est
toujours un peu... hein, quand on demande à un proche de faire sa déclaration d'impôt, là, on
est-u préparateur ou bien un particulier, là? Je pense que mon 50-50, on
le mettait dans le... du côté particulier et non pas préparateur, là, mais
c'était à peu près ça.
Naturellement, avec les logiciels... Bon, il
y a quelque chose quand même
de très aidant avec le logiciel, parce qu'on est accompagné, hein, le logiciel nous questionne
au fur et à mesure des étapes, le logiciel va chercher à optimiser également.
Donc, à ce niveau-là, moi, je pense que... J'encourage les gens à les
utiliser. Je pense qu'il y a moins, beaucoup moins de chances d'erreur en utilisant le logiciel. Le logiciel va
chercher à optimiser, là, les remboursements lorsqu'il y a remboursement ou, en tout
cas, optimiser la situation fiscale du contribuable.
Et, oui, on
fait de l'accompagnement. Entre autres, on a... Bien, on assure une présence
dans différents salons au cours de l'année, surtout pour des clientèles
spécifiques qui pourraient bénéficier d'un crédit d'impôt, par exemple, maintien à domicile pour les personnes âgées ou des
crédits d'impôt qui sont comme ça, qui visent des clientèles
particulières, et on a également un programme de bénévoles qu'on soutient avec
le gouvernement fédéral, donc des gens qui, bénévolement, donnent de
l'assistance à différents endroits pour les déclarations d'impôt.
Le Président (M. Bernier) : Merci. Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme de Santis :
Quant à la confidentialité, ça, c'est quelque chose qui préoccupe beaucoup les
citoyens. Est-ce que vous pouvez nous dire si le réseau a été attaqué récemment
ou depuis cinq ans?
Le Président (M. Bernier) : M. Paquin.
M.
Paquin (Gilles) : Oui, c'est assez fréquent qu'on a des intrusions,
là, des tentatives d'intrusion, que ça soit des choses, des virus, par exemple, des choses comme ça, là. Ce n'est pas
quelque chose qui est exceptionnel, c'est quelque chose pour lequel on est très bien protégés. On a
beaucoup de ressources en informatique. On a un groupe de 1 400 personnes
en informatique à Revenu Québec. On est très, très bien outillés. On se fait
aider également par des firmes qui sont très
connaissantes dans ces domaines-là. On fait des tests d'intrusion sur nos
systèmes de façon périodique pour tester la robustesse de nos contrôles.
Donc, ça, c'est une réalité avec laquelle la plupart des organisations doivent
composer, et d'autant
plus nous, ayant l'enjeu de la confidentialité, naturellement, puis l'enjeu de
l'intégrité de ces systèmes-là. Nous, l'information,
il ne faut pas la perdre, je veux dire, d'heure en heure, hein, parce que le
compte des contribuables... les contribuables
font des remises de taxes, les remises... retenues à la source, ça évolue au
jour le jour, donc il faut toujours avoir
les données. Donc, on ne peut pas se permettre des pertes de données ou des
destructions de données, naturellement. Mais ça fait partie du monde
moderne, il faut se prémunir contre ça.
Le Président (M.
Bernier) : Mme la députée.
Mme de Santis :
Est-ce que vous avez perdu des renseignements? Vous n'avez jamais perdu des
renseignements?
M. Paquin
(Gilles) : Non, non, non.
Mme de Santis :
Mais vous ne pouvez pas...
M. Paquin
(Gilles) : Bien, depuis que je suis là, là. Moi, je suis...
Mme de Santis :
Et vous êtes là depuis combien de temps?
M.
Paquin (Gilles) : Je ne dirai pas, là, là, mais... Non, non, puis on a
bien réagi, on a eu des intrusions qui ont été très bien traitées, puis
on a réussi à récupérer... en fait, à empêcher, là, les virus de progresser,
par exemple, là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Mme la députée.
Mme de Santis :
Sauf qu'on ne peut pas donner une garantie que ça ne va pas arriver, comme on
ne peut pas donner une garantie qu'une lettre ne va pas être égarée, qu'un
dossier ne va pas être perdu dans un bureau, que des renseignements ne vont pas
être volés physiquement d'un tiroir. Je présume que c'est les mêmes types de
risques?
Le Président (M.
Bernier) : M. Paquin.
M. Paquin
(Gilles) : Oui, c'est des risques auxquels on est confrontés. On peut
avoir, des fois, des erreurs au niveau du
traitement de la correspondance, des lettres qui, malheureusement, là, ne sont
pas allées au bon endroit. Chaque fois qu'il y a un événement comme ça,
on fait un bilan, on évalue l'ampleur, on communique avec les contribuables, naturellement, pour les garder informés puis on
corrige pour l'avenir. On a un énorme traitement massif de
correspondance, que ce soit pour des fins
fiscales ou pour le crédit d'impôt pour la solidarité — c'est des versements mensuels — que ce soit pour l'aide sociale. Donc, on est très, très... Je dirais, on a un très
gros volume de ce côté-là puis on n'est pas à l'abri, mais je vous dirais que c'est très rare, puis, quand ça
arrive, c'est limité puis on prend les mesures correctrices sur-le-champ.
Le Président (M.
Bernier) : D'où l'importance pour les contribuables de sauvegarder leurs
données.
M. Paquin
(Gilles) : Oui, mais nous, on sauvegarde toutes les années depuis
longtemps.
Le Président (M.
Bernier) : Oui, bien protéger les données. Mme la députée de
Bourassa-Sauvé, d'autres questions en ce qui regarde Revenu Québec?
Mme de Santis :
Pardon?
Le Président (M.
Bernier) : Est-ce que vous avez d'autres questions?
Mme
de Santis : Oui, maintenant, tout d'un coup... O.K.
Vous avez cessé d'envoyer les formulaires papier chez les résidents,
donc les gens, pour obtenir des formulaires papier pour les impôts, peuvent les
obtenir en ligne. Et est-ce qu'il y a d'autres moyens de les obtenir?
Le Président (M.
Bernier) : M. Paquin.
M.
Paquin (Gilles) : Oui, dans nos accueils. Dans nos accueils, les
déclarations sont disponibles, et il y a certaines clientèles pour lesquelles on a continué des
envois. Mais, pour l'essentiel, il n'y a plus d'envois postaux de
déclarations, mais ils sont disponibles, là, dans nos bureaux, là. On en
imprime un certain nombre.
Le Président (M.
Bernier) : Les institutions bancaires également, ils sont disponibles...
M. Paquin
(Gilles) : Revenu Québec...
Une voix : Les
caisses Desjardins.
M. Paquin (Gilles) : Les caisses
pop, oui, les caisses populaires...
Le
Président (M. Bernier) : C'est ça, les institutions bancaires, oui.
Mme de Santis :
Est-ce que vous pouvez nous dire comment vous envisagez votre site... Est-ce
qu'il y a des changements que vous envisagez pour votre site pour qu'il y ait
d'autres éléments là, où la population peut interagir avec le ministère du
Revenu? Parce que ce n'est pas quelque chose qui est arrêté dans le temps,
c'est quelque chose qui évolue dans le temps.
• (15 h 40) •
M.
Paquin (Gilles) : Oui, le site, là, bien, le site Mon dossier
pour les particuliers, naturellement, on cherche à l'améliorer à chaque année. Puis là une des choses
qu'on va chercher à améliorer, de concert avec d'autres organismes du gouvernement, c'est la facilité d'obtenir une clé
sécurisée pour accéder à son dossier. On a clicSEQUR présentement, mais je pense qu'il y aurait moyen, probablement,
d'avoir quelque chose de plus simple, quelque chose qui peut également
fédérer des accès à d'autres dossiers que Mon dossier Revenu Québec.
Au
niveau des entreprises, il y a un travail qui a été fait beaucoup, là, on a un
site qui diffuse beaucoup d'informations, on a un site pour les
représentants, également, où ils peuvent obtenir de l'information, gérer les procurations,
des choses comme ça. Et là on va vers une amélioration au site qui va nous
permettre de davantage communiquer avec les
entreprises, donc envoyer des informations par moyens électroniques. Et
éventuellement ça va être toutes les transactions qui vont se faire
électroniques. Mais ça, c'est un plan qu'on a sur quelques années et c'est au terme de ça qu'on va pouvoir passer dans un univers,
là, entièrement, là, dématérialisé, là, où il n'y aura plus de papier,
littéralement, qui va s'échanger entre nous et les entreprises. Donc, c'est
comme ça.
Puis naturellement on
cherche à rendre les portails les plus conviviaux possible, les plus faciles
d'utilisation possible. L'idée, c'est que le
contribuable puisse trouver sur nos sites l'ensemble des informations qu'il a
de besoin puis qu'il puisse être pratiquement autonome pour se
conformer. C'est comme ça qu'on améliore l'autocotisation. Il faut investir une bonne partie de nos ressources dans
la simplification des services à la clientèle de façon à ce que les gens
vont volontairement et facilement se conformer à leurs obligations, ce que la
très grande majorité des gens font.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Nous allons passer du côté de la deuxième opposition. M.
le député de Granby. Vous avez...
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. J'aimerais ça que M. Brunet, de la SAQ, puisse se
joindre à nous.
Le Président (M.
Bernier) : M. Brunet, de la SAQ, si vous voulez prendre place.
M. Leitão :
Est-ce que je peux poser une question?
Le
Président (M. Bernier) : Oui, posez une question, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres questions en ce qui regarde Revenu Québec de la part
des parlementaires?
M. Leitão :
Oui, alors il y aura une autre question aussi après pour...
Des voix :
...
Le Président (M.
Bernier) : O.K. On y va? Allez-y, M. le député.
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Rebonjour, M. Brunet. Merci d'être encore
là cet après-midi. Écoutez, première question, fort simple. Le débat sur le recyclage a fait
polémique depuis 48 heures. Ce qui est particulier, c'est que, ce matin, Pierre Couture, dans le journal, nous
apprend, par l'entremise d'une demande d'accès, que, déjà,
vous percevez de l'argent pour le recyclage. Vous avez admis que vous
allez chercher à peu près 25 millions de dollars par année sur la facture, donc sur le prix de la bouteille comme
tel. Pourquoi ne pas être transparents? Pourquoi ne pas mentionner, un peu comme sur le litre d'essence quand on va faire
le plein... On voit déjà les taxes qui sont appliquées sur le litre
d'essence. Pourquoi ne pas faire la même chose pour vos bouteilles de vin, être plus transparents? Et, dans ce
contexte, pourquoi ne pas avoir dit immédiatement : Bien oui... On dit : Bien, écoutez, ça pourrait nous
coûter 250 millions de dollars,
selon les estimations de la consigne, puis, de l'autre côté, vous percevez déjà
un montant qui peut être banal à 0,10 $ de la bouteille, mais c'est quand même 25 millions de dollars sur un
total de 250 000 millions de bouteilles de vin vendues par
année aux Québécois.
Le Président (M.
Bernier) : M. Brunet.
M.
Brunet (Alain) : Oui, merci.
Alors, effectivement, ça, le 0,05 $ la bouteille qui est collecté dans la structure de prix depuis de nombreuses années, alors ça, on a
toujours publié cette information-là, ce n'est pas nouveau, et ça a
toujours été communiqué. Souvent, même, les
médias se servent d'une bouteille, là, où on décrit vraiment tout ce qui est
les entrants du prix de la bouteille. Donc, ces éléments-là sont
toujours communiqués, alors, ça, ce n'est pas une nouveauté. Et effectivement on parle... les chiffres sont un peu
hauts, là, c'est un estimé, mais ces sommes qu'on prend pour la consigne
sont toutes données à la collecte sélective,
en fait, à Éco Entreprises Québec.
Alors, c'est le versement qu'on fait pour défrayer les coûts liés à la mise en circulation des bouteilles, et c'est
conforme à la loi. En fait, là, on se conforme à la loi à cet effet.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Bonnardel :
Il y a quand même une majoration de 110 %, donc on évalue à 0,10 $ la
bouteille, donc un montant de 25 millions. Sur ce 25 millions, il y
aurait un 10 millions qui irait à Éco Entreprises. Il y a quand même un 15 millions
qui...
M. Brunet (Alain) : Ça, c'est une évaluation. En fait, là, toutes les sommes, de toute façon, sont transférées pour les
éléments qui touchent la collecte
sélective dans un premier temps, mais aussi dans la recherche et développement pour trouver des débouchés à valeur ajoutée pour le verre. Je vous donne des
exemples : on a investi, depuis plus de 10 ans, avec l'Université
de Sherbrooke. Il y a
une chaire d'étude sur l'utilisation du verre à l'Université de Sherbrooke.
Bien, ça, c'est des sommes qu'on consacre,
et on pense que c'est une bonne façon d'utiliser
ces argents-là parce qu'il faut préparer la suite. En fait, le défi, c'est vraiment le recyclage, donc il faut
rendre la matière intéressante et à valeur ajoutée, qu'elle soit réutilisée, recyclée. Et là on a trouvé, grâce à
l'Université de Sherbrooke mais aussi à l'ETS, plusieurs applications qui
sont issues ici, là, du génie québécois.
Donc, on parle de la poudre de verre qui est dans l'asphalte, dans le ciment,
etc. Donc, il y a eu beaucoup de travaux qui sont liés à ces sommes-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Revenons aux agents commerciaux. Vous avez dit
ce matin, bon, il y a cinq,
peut-être dix importants agents commerciaux qui vont percevoir, par
l'entremise du producteur en Europe et à l'extérieur, des centaines
de... des dizaines de millions, sinon
près de 200, 300, 400 millions de dollars, selon les chiffres que vous ne pouvez... ou ne voulez pas ou ne
pouvez me donner. Si on retourne en 2010, on évaluait ces sommes à 200 millions
de dollars. Et là je veux comprendre. Pour les petits producteurs, c'est normal
d'avoir des agents commerciaux; pour les plus gros, ça peut peut-être être questionnable.
Et ma première question, c'est de savoir, pour vous — vous
avez sûrement les chiffres — quel est le top cinq ou le top 10 des plus gros
producteurs avec qui la SAQ fait
affaire. On dit qu'il y a 250 millions
de bouteilles vendues par année, vous allez être capable de me donner ce
top cinq, ou à peu près, à savoir...
M. Brunet
(Alain) : Bien, je peux vous en donner quelques-uns...
Le Président (M.
Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet
(Alain) : Oups! Excusez-moi, pardon.
Le Président (M.
Bernier) : Allez-y.
M. Brunet
(Alain) : O.K. Dans les top producteurs qu'on a, il y a les
spiritueux. Là, je vais vous donner quelques noms : Diageo, Diageo, on va parler ici,
là, de Smirnoff, Johnny Walker, ces produits-là, ces marques-là; on
a Corby, Pernod Ricard, O.K. — alors
là, bien, la marque Corby, mais tout ce qui est Pernod Ricard, c'est un
grand groupe européen — Bacardi
aussi, qui est parmi le peloton de tête. Et ces grands producteurs là ne font
pas affaire avec des agences de représentation, ils font affaire directement
avec nous.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député.
M.
Bonnardel :
Oui. Ma question, c'est sur le vin surtout. Je veux savoir aussi quel est le
volume que vous pouvez répartir à ces gros, gros producteurs avec qui... les
Mondavi de ce monde, là, avec qui vous faites affaire, là.
Le Président (M.
Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet (Alain) : Bien, je ne peux pas... Je n'ai pas ce chiffre-là en tête, là, je ne
pourrais pas vous séparer le volume qu'ils représentent.
M.
Bonnardel :
Pourquoi je vous pose cette question-là, c'est que, si vous faites affaire...
Je ne sais pas, là, je vous dis qu'il y a un
top cinq. Sur 250 millions de bouteilles, vous avez 100 millions qui
sont réparties sur cinq gros producteurs.
Vous me voyez venir, ma question revient : Pourquoi on aurait besoin d'un
agent commercial? Laisser autant d'argent sur la table pour qu'encore
une fois... C'est un peu comme si on fonctionnait à l'envers, c'est le besoin
du producteur avant le besoin du
consommateur parce que, si vous... Bien, c'est vous qui dictez par appel
d'offres un vin à tel prix. Vous voulez un vin à 15 $, bien, c'est
le producteur au bout, M. le Président, qui va s'ajuster selon ce que vous souhaitez vendre comme vin. C'est un peu ce qui...
Ça fait qu'au final ce n'est même pas pour le consommateur, c'est pour, en premier lieu, vous dire : Ça me prend les
dividendes, c'est le gouvernement qui m'en demande. Alors, je vous
dis : Si on évaluait à 200 millions de dollars le coût qu'on va
chercher... que l'agent commercial garde pour lui, bien, demain matin... Si vous n'êtes pas capable, je vous
invite... je suis persuadé qu'il y a des employés qui peuvent vous donner... Puis vous l'avez assurément, ce portrait du volume
de vin réparti aux plus gros producteurs pour que, demain matin, vous puissiez changer vos façons de faire. Puis, le ministre, je suis persuadé que, là-dessus,
il est conscient qu'on laisse au moins 100, 150, sinon 200 millions
de dollars sur la table qui pourraient être remis directement aux consommateurs
de vin québécois.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
• (15 h 50) •
M.
Leitão : Oui, M. le Président. Juste pour... Bon, je laisserai à M. Brunet de répondre à ça directement, mais juste pour dire que ce n'est pas le ministère des Finances
qui dicte à la SAQ comme à d'autres sociétés d'État leurs pratiques commerciales. Donc, la façon dont la SAQ
négocie, donc ses procédures d'achat de
produits ne sont pas dictées par le gouvernement, ne sont pas dictées par les besoins de dividendes ou quoi que ce soit,
c'est l'entreprise qui fait ça. Et, selon mon impression, c'est dans les pratiques du marché. Je ne pense
pas que la SAQ se comporte de façon différente des autres entreprises
semblables, qu'elles soient publiques ou privées.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Brunet, avez-vous...
M. Brunet
(Alain) : Oui, bien, c'est vraiment
dans le sens que je voulais répondre. Puis j'ai essayé d'expliquer un
peu, parce que l'extrapolation qui est faite n'est pas tout à fait
représentative du marché. En fait, je donne un premier exemple : Si on prend un des gros producteurs de vin, c'est Gallo,
bien, Gallo, il n'a pas d'agence de représentation, tu sais, c'est un exemple. Mais le marché, comment il
est structuré au Québec, il est complètement en ligne avec la structure du marché au Canada,
et je dirais même un peu partout dans le monde, mais notamment aux États-Unis.
Ça fait que,
là, je m'explique, tu sais, il y a les coûtants, puis les coûtants, là, on
négocie ça, je pense qu'on en a parlé
beaucoup ce matin, là, de façon très forte. On est
reconnus pour ça. Puis vous pouvez en parler à l'industrie, on n'est pas
toujours aimés pour ça parce qu'on va chercher puis on négocie vraiment le
maximum au niveau du coûtant. Bien, quand on
fait le coûtant et ensuite on va au prix vendant, le prix de détail, là, aux
consommateurs, bien là, entre les deux, il y a une structure de prix,
puis, dans la structure de prix, il y a plusieurs intrants. Dans ces
intrants-là, il y a toute la majoration, les
taxes, les taxes spécifiques, les éléments qu'on disait tantôt par rapport à la
collecte sélective, etc. Mais, quand
on compare le prix final, là, vous voulez arriver à dire : Bien, au
Québec, on pourrait récupérer ça pour baisser le prix. Mais, quand on se compare dans les autres
provinces, ils ont la même structure au niveau des agences de
représentation. Donc, les montants liés à ça
dans le coûtant, ils sont déjà reflétés, ils sont partout pareils. On compare
des pommes avec des pommes. Donc, en finale, ce n'est pas ça qui ferait
une différence parce que ça, c'est dans la structure de prix et ce n'est pas
unique au Québec.
Maintenant,
est-ce qu'on pourrait aller plus loin puis challenger ça? C'est un peu votre
question aussi. Bien, une dynamique de marché qui est installée puis qui
évolue, bien, c'est un écosystème. On n'est pas seuls là-dedans. On a une
industrie, cette industrie-là est représentée, il y a des politiques d'achat,
il y a des associations, il y a des gens qui travaillent
dans ces industries-là. Alors, c'est une dynamique qui va évoluer. Oui,
peut-être qu'elle pourrait évoluer dans le bon sens, mais ce n'est pas
de la seule dynamique de la SAQ. Tu sais, on ne peut pas arriver puis dicter le
marché.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M.
Bonnardel :
Vous savez... Merci, M. le Président. Je comprends, mais, si vos prédécesseurs,
dont un important qu'on connaît bien, Gaétan Frigon, pensaient ça en
2010, je suis persuadé qu'en 2015 c'est encore la même problématique. Je ne
veux pas élaborer pour le restant du temps, mais je suis persuadé que vous
allez nécessairement y penser ou peut-être trouver des façons de faire.
Vous disiez
tantôt que Gallo n'avait pas besoin d'agent. Est-ce qu'on serait capables
d'avoir une ventilation ou être capables
de définir qui sont les grands producteurs avec qui vous faites affaire qui
n'ont pas besoin d'agent versus les autres?
Si vous pourriez, pour notre gouverne personnelle, qu'on puisse obtenir ça...
Vous avez dit Gallo tantôt, là, si je ne me trompe pas.
M. Brunet (Alain) : Bien, c'était un
exemple. Mais on va... on le prend en note.
M.
Bonnardel : Un
exemple... Ça serait bien qu'on puisse obtenir ça.
Le
Président (M. Bernier) : Donc, si vous avez des informations
additionnelles, vous pouvez en tout temps les faire faire parvenir ici
au secrétariat de la Commission des finances publiques.
M.
Bonnardel :
J'aimerais ça aussi, M. le Président... Je veux revenir rapidement sur la
situation du vin en vrac. Tantôt,
vous ne m'avez certainement pas rassuré puis les consommateurs québécois aussi.
Il y a deux formes, là, de marché présentement :
il y a le vin de dépanneur, où les consommateurs ne sont pas capables d'avoir
une identification de cépage ou de millésime, si on peut l'appeler
ainsi, hein, puis, de l'autre côté, vous admettez vendre du vin en vrac à la
SAQ, mais vous ne voulez pas étiqueter ce vin en vrac ou le mettre dans une
section spécifique «vin en vrac».
Alors, je
vous pose deux questions : Est-ce qu'il y a un coût relatif à empêcher les
embouteilleurs de vin québécois, là,
de mettre un cépage dans les dépanneurs sur leurs bouteilles? Puis, de l'autre
côte, pourquoi ne pas faire la même chose pour que les consommateurs
québécois soient capables de dire : Ah! ça, c'est un vin qui est
embouteillé au Québec, qui est reçu en
énorme quantité et qu'on leur offre à meilleur prix, j'imagine, pour
compétitionner les vins de dépanneur?
Donc, deux questions : le coût
relatif à mettre un cépage pour les vins de dépanneur, puis pourquoi ne pas
être transparents face aux vins en vrac que les consommateurs québécois
achètent.
Le Président (M.
Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet
(Alain) : Oui, merci. Première question : Ce n'est pas une
question de coûts relatifs, là, c'est une question de réglementation, puis
cette question-là, dans le fond, elle s'adresse à la Régie des alcools, courses
et jeux, la RACJ. Alors, toute la
réglementation par rapport à l'affichage, l'étiquetage des produits, ce qu'on
peut mettre, ne pas mettre, notamment
le millésime et la mention de cépage, c'est dans une réglementation qui est
gérée puis qui est mise à jour, qui est faite... qui évolue, en fait, à
travers la RACJ. Alors, ça, je veux dire, nous, on est le bras commercial.
Alors, nous, on ne s'oppose pas à ça. On a
un pouvoir de recommandation, mais on n'a pas d'opposition par rapport à ça. Après, la réglementation, il faut qu'on la respecte, ce
n'est pas nous qui la faisons. Premier élément de réponse.
Deuxième
élément de réponse, par rapport à la transparence, bien, on l'a, la transparence. Comme je vous
disais ce matin, dans le fond, on n'est pas contre le fait de l'identifier. Le fait de mettre une
section en tablette, c'est une idée que vous amenez qu'on pourra regarder, mais que, compte tenu du nombre de produits, pour des raisons commerciales, on n'a pas
jugé bon de faire. Mais le point, ce n'est pas de cacher l'information, le
point, c'est de transmettre l'information, puis ça, c'est en évolution
constamment, puis on travaille justement là-dessus. Donc, à travers le site
Web, l'étiquette tablette, l'étiquetage du produit, il y a des possibilités
d'avancer dans ce dossier-là, et c'est en marche.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député.
M.
Bonnardel :
Bien, ce serait bien, M. le Président... M. le Président, combien de temps il
nous reste?
Le Président (M.
Bernier) : Quatre minutes.
M.
Bonnardel : Ce
serait bien, M. le Président, que la SAQ comme telle, là, la SAQ, vous preniez
acte de cette situation, je
pense, que pour les consommateurs québécois...
qu'on soit capables d'identifier... Puis je reviens sur la portion
dépanneur. Vous dites : Ah! c'est réglementé par la RACJ. Bien, ça fait
votre affaire quand même parce que...
M. Brunet
(Alain) : Non, non.
M.
Bonnardel :
Bien, si...
M. Brunet
(Alain) : Non. Là, là, vous présumez... Mais c'est parce que, là...
M.
Bonnardel :
Bien, écoutez, ça fait... Quand je dis, M. le Président...
M. Brunet (Alain) :
Je m'excuse, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Je ne
veux pas de cacophonie parce qu'il y
a des gens qui nous écoutent, puis il faut enregistrer les débats, puis,
si on parle tout le monde ensemble, personne ne comprend.
M.
Bonnardel : Parce que la situation, c'est que ce vin-là est
embouteillé. Il est reçu en vrac la plupart du temps aussi, il est
embouteillé au Québec et il est vendu en dépanneur. Demain matin, pourquoi
empêcher ces vins avec un millésime puis un
cépage quand, de l'autre côté, vous savez très bien que, dans une certaine
mesure, c'est un concurrent? Alors,
je vous dis : Si ce n'est pas si grave que ça, permettons... changeons la
loi. Le ministre des Finances est là. Changeons la loi puis permettons
ce cépage et ce millésime vendu en dépanneur, puis, de l'autre côté, soyez...
Vous semblez être franc quand vous
dites : Oui, on veut travailler là-dessus. J'ose croire que, dans le
prochain 24 mois, 12 mois, on va être capables, pour les consommateurs de vin québécois, de dire : Ah!
tiens, O.K., ils ont compris, la SAQ, ils nous permettent maintenant
d'avoir une section qui, oui... ça, c'est un vin en vrac.
Puis
j'imagine, là, que vous dites la vérité, que ces vins sont surveillés, bien
surveillés, analysés par vos gens. Puis ça, c'est une autre question, parce que vous faites votre propre analyse
avec vos spécialistes, vous ne faites pas affaire avec des firmes
externes pour analyser vos propres vins, mais je n'avancerai pas plus longtemps
là-dessus.
Alors,
je vous dis que ça fait quand même votre affaire que les vins en dépanneur ne
soient pas identifiés d'un millésime
et d'un cépage, puis, de l'autre côté... plus de transparence pour les vins qui
sont embouteillés au Québec. Vous en avez
une trentaine, sinon une quarantaine que vous avez mis là-dessus. Je pense
qu'il va de soi qu'aujourd'hui, dans ce débat, on soit capables de
donner le portrait réel aux consommateurs de vin québécois, là.
Le Président (M.
Bernier) : M. Brunet.
M. Brunet
(Alain) : Oui. Je m'excuse pour tantôt. Alors, oui, on est en marche,
on a pris acte. Alors, ça, sur l'étiquetage,
l'information, non seulement on a pris acte, mais on est en marche. Alors, je
peux vous le dire, ça va évoluer, ça change, et on est très à l'écoute
là-dessus.
Deuxième
élément : on n'est pas en compétition avec les vins en épicerie, hein?
C'est un demi-milliard de ventes par année. On est grossiste dans cette
business-là, on est associés étroitement avec cette industrie-là puis on n'a jamais pris ça comme de la compétition. C'est un
écosystème où ça fait partie des réseaux qu'on couvre et qu'on travaille avec beaucoup de confort. Alors, il n'y
a pas d'enjeu de compétition par rapport à ces réseaux-là. Le point,
c'est vraiment un point de réglementation,
puis il ne nous appartient pas, il n'appartient d'ailleurs pas non plus au
ministre des Finances, c'est un autre domaine. Alors, je vous invite à
adresser la question à eux.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M. Leitão :
Juste pour une information, M. le Président, la RACJ n'est pas sous la
juridiction...
Le Président (M.
Bernier) : Non, elle est sous la juridiction de la Sécurité publique.
M. Leitão :
C'est ça.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Bonnardel : Mais ça, bon, le gouvernement, c'est le
gouvernement, là. M. le ministre peut sûrement faire le message au
ministre de la Sécurité publique...
M. Leitão :
Bien sûr. On a pris note.
Le Président (M.
Bernier) : À la ministre.
M.
Bonnardel :
...à la ministre de la Sécurité publique.
Une dernière question, j'imagine,
avec deux minutes, là.
Le Président (M.
Bernier) : Oui, une minute.
M.
Bonnardel :
J'en ai fait une petite analyse tantôt. Bien, vous faites justement votre
propre analyse pour déterminer le taux de sulfites, la qualité de vos vins.
Vous avez mentionné : Ah! l'étude — tout le monde se souvient de l'étude qui a été émise dans le journal — ce n'est pas bon, c'est une firme qu'on...
pas qu'on ne recommande pas, mais avec qui on ne fait pas affaire. Vous
êtes un peu juge et partie dans ces situations, où vous dites : On a nos
propres spécialistes qui font la recherche
et qui analysent nos vins en nous disant : Ah! le taux de sulfites est
bon, vous n'avez pas à vous inquiéter, chers Québécois consommateurs de
vin. Vous ne trouvez pas, encore une fois, dans un contexte de transparence,
que de faire avec une firme à l'extérieur pourrait minimalement rassurer, dans
des cas comme celui-ci, les Québécois dans ce cas-ci, là.
Le
Président (M. Bernier) : Une courte réponse. Le sujet est important, je
vous donne une trentaine de secondes pour répondre.
• (16 heures) •
M.
Brunet (Alain) : Bien, je veux vous dire qu'on est une référence en
matière de contrôle de la qualité. Il
y a deux laboratoires qui sont reconnus au Canada, c'est la LCBO et le
Québec. On travaille de pair avec la LCBO. Et d'ailleurs, dans cette saga-là,
ça a fait sortir ça, justement. On est une référence, on est certifiés parmi
les meilleures pratiques au monde, ISO, etc.
Et donc il y a des gens qui nous demandent de faire des analyses pour eux. Il y
a des marchés, même, qui ne font pas
d'analyse parce qu'ils se disent que, si ça a passé le test au Québec et/ou en
Ontario, bien, ça fait le travail.
Alors, nous, on est alignés sur les normes canadiennes, on travaille avec Santé
Canada là-dedans, et puis je peux vous assurer qu'on est parmi les
meilleurs.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Est-ce que des parlementaires ont d'autres questions au
niveau de la Société des alcools? Non? Donc, à ce moment-là... Est-ce que vous
avez d'autres questions par la suite...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bernier) : Ah! O.K., c'est beau. Donc, je vais vous libérer.
Une voix : Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Bernier) : Merci aux gens de... Merci, M. Brunet, merci au
personnel de la Société des alcools d'avoir participé à la commission.
Nous allons donc
poursuivre du côté du gouvernement avec M. le député de Portneuf. La parole est
à vous.
M.
Matte : Merci, M. le Président. Je vais interpeller le ministre
concernant l'évasion fiscale. Vous savez, c'est un sujet qui nous préoccupe, mais qui préoccupe aussi tous les Québécois et les
Québécoises. Alors, l'évasion fiscale touche plusieurs domaines, puis les conséquences sont énormes, tu sais? Donc,
c'est une perte de revenus pour le gouvernement, mais aussi ça amène les contribuables à payer plus, compte tenu qu'il y
a de l'évasion, et aussi ça amène une concurrence déloyale.
La
construction, on estime... Lors de la consultation sur le projet de loi
n° 28, vous avez mentionné... parce qu'on a effleuré le sujet, puis j'avais hâte à l'étude des crédits justement
pour y revenir. On estime qu'environ il y a 1,5 milliard de pertes, là, en évasion fiscale, là, seulement dans
la construction. Or, le travail au noir, c'est majeur. 1,5 milliard, c'est
plus d'argent que certains ministères au
complet. Vous avez mentionné à ce moment-là, lors de cette consultation, qu'il
y avait eu des efforts qui étaient mis de l'avant puis que ça avait
apporté certains résultats. J'aimerais savoir : Est-ce que c'est possible de pouvoir nous énoncer quelles sont les
mesures qui ont été mises de l'avant puis comment que ça a rapporté?
M.
Leitão : Très bien. Merci beaucoup de votre question. Je laisserai à
M. Paquin le soin de répondre. Je soulignerais
seulement que, comme la question avait été posée avant par le député de
Rousseau dans un autre contexte, mais au
sujet de l'évasion fiscale... Et un des éléments de réponse de M. Paquin, et je
pense que c'était très important, c'est que... Ou c'était la députée de Bourassa-Sauvé? Je ne me rappelle... Je pense
que c'était la députée de Bourassa-Sauvé. Donc, quels secteurs on va cibler? Comment on décide d'aller cibler tel
secteur versus un autre secteur pour la récupération? Et un des critères principaux, c'est justement le
potentiel de récupération. Et, dans la construction, justement, on a trouvé
que ce potentiel était très élevé, et c'est
pour ça qu'on a mis en place une série de mesures pour aller chercher... donc
combattre le travail au noir et chercher à récupérer le maximum. Donc, c'est
pour ça qu'on avait ciblé ce secteur-là. Et je pense que, jusqu'à maintenant,
on a eu vraiment de bons résultats.
Le Président (M. Bernier) : Oui. M.
Paquin.
M. Paquin
(Gilles) : Oui, bien, effectivement, la construction, ça représente à
peu près 40 % des pertes fiscales qu'on évalue au Québec dans
l'ensemble des secteurs, donc 1,5 milliard, et, de ce nombre, on récupère
à peu près 400 millions présentement. Donc, on est à, mettons, 10 %,
pour faire un chiffre rond. Donc, il y a du travail encore à faire. Les montants qu'on récupère annuellement
ont beaucoup augmenté dans les dernières années. 400 millions, c'est une hausse quand même
qui est substantielle, mais on doit intensifier encore davantage. Parmi les
mesures qu'on a mises de l'avant dans
les dernières années, il y a notre présence soutenue sur les grands chantiers.
Ça, c'est très important. C'est quelque
chose qui nous ramène à peu près 90 millions de récupération fiscale et c'est quelque chose
qu'on entend continuer, poursuivre,
poursuivre même sur des horaires atypiques, que ce soit le soir ou la fin de
semaine, et qu'on va également étendre à des chantiers qui vont
éventuellement débuter. Je pense à Turcot, je pense au pont Champlain où, là,
il y a vraiment... il va y avoir beaucoup,
beaucoup d'argent en cause. Dans ces domaines-là, on collabore également
beaucoup avec l'UPAC, entre autres, et les corps policiers s'il y a des
éléments de fraude ou de corruption. Et donc la visite des chantiers, c'est un
des éléments importants.
La
rénovation, c'est quelque chose qu'on fait avec certaines municipalités, donc
on a des projets avec Québec, Montréal, Trois-Rivières, entre autres, et
il y a d'autres municipalités pour lesquelles on essaie, là, d'intensifier
notre présence au niveau de la rénovation.
Dans le budget,
vous avez vu qu'il y a la mesure de l'attestation. Donc, au niveau des contrats
publics, il y avait l'attestation qui était requise pour un entrepreneur
pour faire affaire avec le gouvernement, l'attestation de Revenu Québec. Cette
attestation-là vient dire, dans le fond, que vous n'avez pas de montant en
souffrance auprès de Revenu Québec et que, si vous en avez un, vous avez une
entente avec nous. Donc, ça incite beaucoup à la régularisation des montants
qui nous sont dus. Donc, il y a un élément de récupération important pour ça.
On a ça également dans la loi n° 1, la loi
qui vise, dans le fond, à établir un registre d'entreprises admissibles. Donc, l'attestation est demandée également, elle
fait partie des éléments qui sont demandés. Et là on va l'étendre dans
la construction au niveau des contrats privés. Donc, c'est une mesure qui est
relativement simple d'application, pour laquelle
on a fait une étude d'impact réglementaire pour savoir, dans le fond, combien
ça coûterait à peu près se conformer. On est arrivés à des montants qui
sont minimes. L'étude est disponible sur notre site Internet. Et donc, à partir
de février, les entrepreneurs en
construction qui font des affaires avec d'autres entrepreneurs, des
sous-traitants, pour des montants de
25 000 $ et plus dans une année — une fois qu'on atteint le 25 000 $,
on est tenu de produire l'attestation — vont devoir, là, obtenir une attestation,
puis le donneur d'ouvrage va devoir la vérifier. Puis on escompte des
revenus additionnels qui vont venir de là, une réduction de nos comptes à
recevoir, parce que les gens sont amenés à se régulariser s'ils veulent pouvoir
soumissionner en respectant les mesures qu'on a mises en place.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député de Portneuf.
M. Matte : Oui, M. le Président. Je lisais,
je ne sais pas à quel endroit, que, lorsque vous investissez 1 $, ça rapporte 9 $. C'est quand même majeur, c'est important.
Or donc, c'est sûr que vous allez être encouragés à poursuivre vos démarches. Mais vous avez mentionné que vous aviez
déjà des actions qui étaient posées, mais, j'imagine, vous avez un plan stratégique puis... Quelles sont les
nouvelles mesures que vous comptez mettre de l'avant pour pouvoir
accélérer puis aller chercher le 1,5 milliard qui est manquant?
M.
Paquin (Gilles) : Donc, comme
je disais, l'attestation, c'est une nouvelle mesure qui va nous aider,
l'intensification de notre présence sur les grands chantiers, le programme de rénovation.
On a également toute la vérification qu'on
fait à l'intérieur de nos contrôles fiscaux habituels, donc une partie
également de la récupération vient de là.
Une des choses qu'on veut également intensifier beaucoup, c'est ce qu'on
appelle l'enregistrement à risque. Donc, ce sont des entreprises ou des contribuables qui s'enregistrent en taxes et
nous demandent des remboursements en utilisant des fausses factures. Donc, ça, il faut contrôler ça à
la source, à l'origine, donc chercher à les bloquer au niveau de
l'obtention d'un numéro de taxe qui permet, dans le fond,
la mise en place de ce stratagème-là. Donc, c'est quelque chose qui est très présent en construction, c'est présent
également dans d'autres secteurs, donc ça fait partie également des
éléments qui vont nous aider, là, à augmenter la récupération dans ce
secteur-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Matte : Oui, M. le Président. J'ai consulté votre site, j'y ai été et
j'ai découvert ACCES. Je ne sais pas si c'est de même que vous le prononcez, mais c'est l'action concernée concernant
l'économie souterraine, là... Mais ça mange quoi, ça, en hiver, là? Tu
sais, je veux dire, c'est un programme que vous avez mis de l'avant, là, mais
j'essaie de le quantifier puis de dire... Si vous me demandez de l'expliquer,
je ne serais pas en mesure. Donc, pouvez-vous me le vulgariser puis dire ça
sert à quoi, c'est quoi au juste?
Le Président (M.
Bernier) : M. Paquin.
M.
Paquin (Gilles) : Oui. Bien,
en fait, les comités ACCES, il y en a pour la construction, il y en avait pour
le tabac, il y en a pour les crimes financiers. Donc, on a mis ça en place dans
différents secteurs où il pouvait y avoir de l'évasion
ou de la fraude. Le principe est de mettre ensemble des organismes du gouvernement qui sont impliqués
pour bénéficier du fruit d'une action
concertée. Donc, dans le cas d'ACCES, je peux vous citer la Commission de la
construction, la Régie du bâtiment, nous, on
est là. Donc, dans les crimes financiers, il va y avoir l'AMF qui va faire
partie du comité avec nous. Le
leadership est donné à un des organismes qui est le plus présent dans le
secteur. Construction, le leadership est assumé par la CCQ. Et voilà. C'est, dans le fond, de mettre ensemble des
initiatives concertées de façon à lutter contre l'évasion fiscale et les
crimes dans ces secteurs-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M. Matte :
Oui, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Allez-y, M. le député de Portneuf. On ne retourne pas en hiver,
à part de ça, on vous le dit.
M. Matte :
Pardon?
Le Président (M.
Bernier) : On ne retourne pas en hiver.
• (16 h 10) •
M. Matte :
On a eu des mesures incitatives, là, comme LogiRénov, puis tout ça. Est-ce que
ce sont des mesures qui contribuent à éviter
l'évasion fiscale, tu sais? Parce que c'est quand même une mesure intéressante
pour le contribuable de procéder à
des rénovations, mais ça nécessite à ce moment-là de procéder
avec un contracteur. Est-ce que c'est une mesure qui fait en sorte de
diminuer le marché au noir?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Moi, je pense que oui. Enfin, je laisserai M. Paquin
peut-être y aller dans les détails, mais justement ça a été fait de cette façon-là pour non seulement
stimuler l'économie — on sait
tous que les dépenses de rénovation sont un outil intéressant pour faire avancer la croissance économique, les
dépenses des consommateurs — mais, puisque ça doit se faire obligatoirement avec des entrepreneurs, des
contracteurs accrédités et donc paiement de factures, achat de matériaux
bien documentés, c'est une mesure pour... qui aide aussi à combattre le travail
au noir.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. Paquin, est-ce que vous avez des choses à ajouter?
M.
Paquin (Gilles) : Non, bien, je pense que M. le ministre a bien
expliqué la situation. Je crois que c'est des programmes qui permettent
de stimuler également les travaux de rénovation résidentielle, donc c'est un
instrument intéressant pour stimuler l'économie.
Le
Président (M. Bernier) : Moi, je vais me permettre une question, M. Paquin.
Est-ce qu'on peut évaluer, si on veut,
la plus value par rapport au niveau des déclarations des entreprises dans le
secteur de la rénovation, de la construction dans le cadre où on met en place un programme versus une période où on
n'a pas de programme? Est-ce qu'il y a une plus value par rapport aux
déclarations, aux montants de perception?
M. Paquin
(Gilles) : Je ne pourrais pas vous répondre. Il y a-tu quelque chose
qu'on pourrait...
Le
Président (M. Bernier) : Je veux connaître... Est-ce qu'il y a un impact
fiscal qui peut être mesuré par rapport à la mise en application de ces
programmes-là?
M. Paquin (Gilles) : On n'a pas fait
l'exercice de tenter... Je ne sais pas, si c'est quelque chose qu'on peut
faire, là. Il faudrait confier ça à nos statisticiens.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Portneuf, poursuivez.
M.
Matte : Mais je trouve que ce serait une donnée intéressante, ça
aussi, puis ça faciliterait peut-être, là, la prise de décision du ministre des Finances pour le
prochain budget, là. Mais je pense que ce serait intéressant, là, de
pouvoir avoir cette donnée statistique là, hein?
Je regardais dans votre plan stratégique et
votre plan d'action que vous avez mis sur votre titre, là, à l'onglet Évasion fiscale, Plan stratégique, vous marquez un plan d'action, mais ce que je
constate, c'est... Je ne retrouve pas les actions, parce que, pour moi,
une action, c'est mesurable, je ne vois que des intentions. Est-ce que vous
avez, à ce moment-là, là, dans votre plan
d'action, des actions qui peuvent être décrites pour atteindre l'objectif visé,
O.K.? Puis avec un échéancier aussi.
Ça, est-ce qu'à l'interne vous avez un plan d'action, un échéancier et des
actions concrètes qui vont faire en sorte qu'on va pouvoir diminuer
l'évasion fiscale? Parce que c'est majeur puis surtout dans la construction.
Je pense que
les actions que vous posez pour la grosse construction, c'est vraiment efficace
puis ça a des bons résultats. Où je
constate, c'est qu'au niveau, là, de la rénovation et le résidentiel, je pense
qu'il y en a beaucoup. Puis est-ce que
vous êtes en mesure de nous dire c'est quoi, le pourcentage dans la rénovation,
la construction résidentielle, versus les grands chantiers?
Le Président (M. Bernier) : M. Paquin.
M. Paquin (Gilles) : Oui. Je n'ai
pas la statistique concernant les proportions dans la rénovation versus grands
chantiers. Maintenant, c'est certain que nous, on a le plan stratégique qui
couvre quatre années, et ce plan stratégique
là, à chaque année, il se décline en plan d'action. Donc, chaque direction
générale à Revenu établit un plan d'action
dans lequel il va y avoir des programmes, des projets, des gestes concrets eu
égard à l'ensemble des éléments qu'on
retrouve dans le plan stratégique, service à la clientèle, gouvernance,
ressources humaines, lutte à l'évasion fiscale, et des objectifs pour l'année. Donc, c'est comme ça que,
finalement, on finit par atteindre les objectifs du plan stratégique,
puis, lorsqu'on refait un autre plan stratégique, on part... on commence avec
un bilan du précédent puis les actions qu'on a mises en place.
Donc, ça,
c'est certain que chaque direction générale a ces objectifs-là, les programmes
spécifiques de vérification, par exemple, dans des secteurs qui peuvent
être plus touchés. Je donne les secteurs... par exemple, la rénovation résidentielle, la maçonnerie, des choses comme ça,
pour le domaine de la construction, mais c'est dans tous les domaines. Donc,
ça, il y a vraiment une déclinaison du plan stratégique en objectifs annuels et
en atteinte de ces objectifs-là, naturellement.
Pour ce qui est de la question des actions au
niveau de la rénovation, on en a. C'est des actions qu'on fait, concertées avec les municipalités. C'est un
domaine dans lequel on doit, je dirais... C'est plus difficile parce que
c'est un domaine où — comment je pourrais dire? — les choses sont moins apparentes que sur un
grand chantier, naturellement, où c'est des chantiers... Donc, c'est un
travail qui est plus exigeant, mais c'est quelque chose pour lequel, là, on a
un intérêt certain.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Paquin (Gilles) :
Maintenant, je vais revenir sur le crédit d'impôt pour vous dire que... Je
pense que le crédit d'impôt donne un
coup de main, c'est certain, mais on ne pourra jamais faire l'économie d'avoir
des contrôles fiscaux relativement
importants dans ce domaine-là, parce que... Le taux d'évasion fiscale n'est pas
énorme, mais c'est tellement un grand secteur dans notre économie que
les montants en cause demeurent toujours importants.
Le Président (M. Bernier) : M. le député.
M. Matte : Une dernière question, M.
le Président, ça touche beaucoup plus, là, votre plan d'information, de publicité. Est-ce que... Puis je ne l'ai pas vu,
là. Peut-être que ça existe, mais est-ce que ça fait partie de vos
préoccupations de publiciser les actions et la lutte que vous effectuez à
l'évasion fiscale, tu sais? Puis ce que je recherche, c'est une conscientisation, là, autant des travailleurs, des
entrepreneurs pour dire : Écoutez, là, tu sais, ça a une justice sociale.
C'est ça, là. Je ne l'ai pas vu. Puis est-ce
que ça fait partie, là, de vos cartons de faire une campagne de publicité pour
pouvoir dire que les impôts, ça appartient à tout le monde, puis c'est
tout le monde qui devrait le faire?
Le Président (M. Bernier) : Merci. M.
Paquin.
M. Paquin (Gilles) : Oui, on avait
fait une campagne de publicité quand même qui a bien fonctionné il y a trois
ans, environ, deux ans et demi, puis effectivement on avait obtenu de très bons
résultats. Les gens avaient bien remarqué
les messages puis avaient bien... Je dirais que la campagne avait très bien
fonctionné, là, quand on regardait avec les sondages qu'on a menés.
Est-ce qu'on
va là pour en faire une pour les MEV dans les bars et les restobars?
Naturellement, une campagne, en général, on va évaluer la situation. On
pense que, là, présentement, les messages sont quand même assez bien passés. Puis, bon, je ne vous cacherai pas qu'en même
temps on doit faire des efforts au niveau de nos budgets pour, quand
même, maintenir la croissance de nos dépenses. Mais ce sera évalué, puis à ce
moment-là on va en discuter avec M. le ministre, de l'opportunité.
Mais,
à ce stade-ci, je dirais que les campagnes qu'on a menées il y a deux ans et
demi ont eu un très bel impact, puis je pense que cet impact-là existe
encore aujourd'hui, là.
Le Président (M. Bernier) : Oui, M. le
député de Portneuf.
M.
Matte : Je m'excuse, M. le Président, j'avais dit que c'était la
dernière question, mais il y en a une qui me revient. Je retourne... La
divulgation volontaire, est-ce que ça fonctionne bien? Est-ce que le taux de
réaction... Il y a beaucoup de gens? Est-ce que vous êtes en mesure de dire que
ça produit des résultats?
Le Président (M. Bernier) : M. Paquin.
M. Paquin (Gilles) : Oui, bien...
M. Matte : ...les divulgueurs, là,
tu sais?
M. Paquin (Gilles) : Non, non, non.
Je ne pourrais pas, de toute façon. J'ai parlé tout à l'heure de 720, à peu près, contribuables qui s'en étaient prévalus, là,
en 2014‑2015, là. Donc, je pense que, oui, c'était un programme qui...
Je pense que c'est un programme qui est nécessaire. Puis, comme je le disais,
on n'accepte que les gens qui font une déclaration
spontanée, puis qui déclarent tout, puis sur qui on n'avait aucune information,
hein? Donc, c'est de l'argent quand même qui vient aider le financement
des services publics puis qu'on n'aurait peut-être pas si on n'avait pas ce
programme-là. Donc, moi, je pense que c'est un programme... Ça vaut la peine de
l'évaluer puis de le... Mais c'est quelque
chose qui... L'argent qui rentre, c'est à peu près 60 millions par année,
là, je fais un chiffre rond, là. C'est quand même des montants
intéressants.
Mais, vous
savez, des fois, il suffit que — je reviens sur le dossier de HSBC — l'information existe, qu'on a accès à
ces renseignements-là — dans ce cas-là, on a profité d'un partage
avec le fédéral — pour que
des gens viennent nous voir tout
simplement parce qu'ils ne veulent pas prendre la chance de savoir s'ils sont
sur la liste ou pas. Donc, c'est... Oui, je pense que c'est quelque
chose qui marche bien.
Le Président (M. Bernier) : D'ailleurs,
M. le député, on aura l'occasion, lors d'un mandat d'initiative que la Commission des finances publiques s'est donné en
ce qui regarde les études au niveau d'évasion fiscale dans les
territoires extérieurs, de pouvoir poser plus de questions sur le sujet.
M. Marceau : Une séance de trois heures.
Le Président (M. Bernier) : Pardon?
M. Marceau : Une séance de trois heures
avec Revenu Québec.
Le
Président (M. Bernier) : Oui. Il y aura une séance de trois heures avec
Loto-Québec, effectivement. Est-ce que vous avez d'autres questions? Il
vous reste une minute.
Une voix : Une minute? Allez-y.
M. Paquin (Gilles) : Tout à l'heure,
on nous a demandé si on avait une idée de la proportion des demandes qui peuvent être refusées, là, ou annulées, puis
c'est environ 15 %. Là, c'est un chiffre qu'on a fait rapidement, là,
mais ça vous donne un ordre d'idée, là.
Le Président (M. Bernier) : O.K. Merci.
M. Matte : Je vais poser la
question, mais peut-être...
Le Président (M. Bernier) : Lancez votre
question, là, mais...
M.
Matte : Votre programme de
divulgation volontaire, comment ça fonctionne? C'est une ligne 1 800?
Comment ça fonctionne?
• (16 h 20) •
M. Paquin (Gilles) : Non, Les gens
rentrent en contact avec la Direction générale du recouvrement, et il y a une
direction spécifique qui s'occupe de la divulgation volontaire. Donc, à ce
moment-là, ils sont rencontrés. Puis, comme
je vous disais, souvent, c'est les représentants des contribuables qui vont faire les premières
démarches. Donc, les grands bureaux qui font de la fiscalité au Québec
connaissent bien le programme puis ils savent comment...
Le Président (M. Bernier) : Et la
procédure.
M. Paquin (Gilles) : Oui. Effectivement.
Le
Président (M. Bernier) : Merci.
Nous allons passer maintenant du côté
de l'opposition officielle. M. le député de Rousseau, est-ce que vous
avez des questions au niveau de Revenu Québec, oui?
M. Marceau
: Oui. Bien, un commentaire, puisque le
député de Portneuf
était bien parti, là, simplement
formuler un commentaire. C'est sûr que ça peut fonctionner, mais un régime d'amnistie
permanente, ça fait en sorte que les sanctions prévues ne s'appliquent jamais, d'une
certaine façon, et donc l'effet dissuasif est moins grand. Au moins,
reconnaître qu'il y a ce phénomène-là aussi qui existe, là, ce qui fait que peut-être
que les gens posent plus de gestes répréhensibles.
Il y a l'avantage, là, comme vous dites, puis il y a l'inconvénient que
l'effet dissuasif peut être moins grand. Enfin, on en reparlera.
Quant à moi, c'est plus avec l'Autorité des
marchés financiers que j'aimerais discuter, s'il vous plaît.
Le
Président (M. Bernier) : Est-ce qu'il y a des représentants de l'Autorité
des marchés financiers qui sont ici présents?
Est-ce que vous aviez d'autres questions du côté de Revenu Québec, du côté
de... Non? Bien, en tout cas, du côté gouvernemental, non?
M. Leitão : Est-ce que vous avez des
questions? Non?
Le Président (M. Bernier) : Est-ce que
monsieur...
Une voix : Moi, ça va...
M. Leitão : Non, mais vous voulez
que Revenu Québec reste?
Une voix : ...
M. Leitão : O.K. Ça va.
Le
Président (M. Bernier) : Oui.
Merci. C'est beau. Donc, l'Autorité
des marchés financiers, on va vous
laisser prendre place. M. le député de Rousseau.
M. Marceau : O.K. De toute façon, ma
première question va être peut-être plus pour le ministre, mais permettez-moi
de saluer M. Morisset. Bonjour. Bonjour, monsieur. Merci d'être là.
Alors, bien,
ma première question va être pour le ministre puis, par la suite, pour l'autorité. Pour le ministre, le 25 juin dernier, vous aviez participé
à une réunion du Conseil provincial-territorial des ministres responsables de
la réglementation des valeurs mobilières. En fait, vous y aviez
participé le 23 juin, mais il y
a eu un communiqué de presse
qui a été émis le 25 juin. Je vous ai déjà
interrogé sur ce communiqué de presse à l'Assemblée nationale début
juillet dernier. Dans ce communiqué
de presse, donc, qui portait sur la réforme possible de la réglementation des valeurs mobilières au Canada, il était annoncé — et vous étiez cosignataire, M. le ministre — que
vous étiez «arrivé à un accord de principe pour continuer à développer le cadre d'une nouvelle entente de collaboration provinciale-territoriale qui [reconnaîtrait] et [maintiendrait] la capacité des provinces et territoires à
encadrer les valeurs mobilières» et que «l'entente [comprendrait], entre autres, des éléments visant à...», et alors là il y a plein de points, mais il y en a
un qui m'avait fait sursauter, et je vais vous le lire. Il y avait l'idée que cette entente améliorerait «l'application des dispositions criminelles et quasi criminelles des lois en valeurs mobilières en mettant en place une
agence commune d'application». Alors, j'ai été très, très surpris de
ça. Je ne vous cache pas que je suis profondément en désaccord avec ça.
Maintenant,
à l'époque, votre réponse n'avait... Enfin, je ne qualifierai pas votre réponse
de l'époque, je vais vous demander si
vous vous êtes ravisé, si vous avez changé d'idée, si vous reconnaissez que
d'avoir une agence commune d'application, ce n'est pas une bonne idée
pour le Québec.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : M. le Président, le... Comment on dirait ça? Il y a une
évolution de l'environnement. Comme vous savez, entre-temps, il y a eu d'autres provinces qui se sont jointes au
système proposé par le gouvernement fédéral, le soi-disant régulateur
volontaire, ils appellent ça comme ça. Donc, ça a évolué, et alors l'accord de
principe qui avait eu lieu au mois de juin à
Charlottetown, cet accord n'a jamais été entériné, ça n'a jamais été... Donc,
c'est fini, ça n'existe plus puisque plusieurs provinces se sont
désistées du système. Et donc maintenant il reste essentiellement le Québec,
l'Alberta et le Manitoba.
Et, dans une
deuxième étape, le gouvernement fédéral a lui aussi poussé son projet un pas de
plus dans une direction qui
n'est pas acceptable ni pour nous ni pour nos partenaires toujours en Alberta
et au Manitoba. Alors, c'est là où nous nous trouvons maintenant.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député de Rousseau.
M. Marceau
: Est-ce que vous croyez qu'il
soit souhaitable qu'il y ait une agence commune d'application pour les
dispositions criminelles et quasi criminelles?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão : Non, non. Ça, donc,
c'est une option qui avait été mise sur la table en juin. Comme je vous ai dit, maintenant, l'environnement est complètement différent, et, maintenant, cette option est complètement mise de côté.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Marceau
: O.K. Je vous félicite d'évoluer
de cette façon, parce qu'à l'époque
j'étais très inquiet de la façon dont vous aviez évolué dans les
semaines précédant la rencontre de juin.
O.K., très
bien, c'est parfait. C'est ce que je voulais entendre. Cela étant, peut-être
dire aux gens ici, entre juin puis maintenant,
je sais qu'il y a le Yukon qui s'est joint à l'initiative fédérale. Qui d'autre
s'est joint à l'initiative fédérale?
M. Leitão : L'Île-du-Prince-Édouard,
Nouveau-Brunswick, la Saskatchewan, je pense...
Une voix : ...
M.
Leitão : ...la Saskatchewan. Donc, il reste maintenant Québec,
Manitoba, Alberta et, je pense, Nouvelle-Écosse. Terre-Neuve...
Une voix : Terre-Neuve aussi.
M. Leitão : Terre-Neuve aussi.
M. Marceau : ...
M. Leitão : Oui.
M. Marceau
: O.K., de toute façon, ce n'est pas grave. C'est une question de date, là,
de toute façon, ce n'est pas important.
L'important, ça peut peut-être faire dire au P.D.G. de l'AMF... Peut-être
expliquer à ceux qui nous écoutent la
proportion de vos activités qui consistent à appliquer... l'application, donc,
des... qui consistent à l'application des
dispositions criminelles ou quasi criminelles, là, ça représente quel volume
des activités de l'AMF que de faire ça?
Le Président (M. Bernier) : En vous
identifiant, et votre titre, s'il vous plaît, monsieur.
M.
Morisset (Louis) : Merci, M.
le Président. Donc, Louis Morisset, président-directeur général de l'Autorité
des marchés financiers. En fait, vous m'aviez posé cette même question, à une
nuance, peut-être, l'année dernière. C'est une proportion, somme toute,
importante de nos activités. On entreprend annuellement de nombreuses
procédures pénales, donc, si on veut, là,
quasi criminelles, mais dans les dispositions pénales de la Loi sur les valeurs
mobilières ou des autres lois qui sont celles que l'on applique.
On a, au cours des années à l'autorité, accru de
façon considérable nos ressources en matière d'inspection, d'enquête et de poursuite. On est autour de
150 personnes, là, qui évoluent dans ces activités-là à l'autorité
actuellement, ce qu'on considère vraiment
une part importante de nos activités. Et, comme vous le savez, on peut prendre
des procédures de nature
administrative devant le bureau de décisions ou on peut aller au criminel...
pardon, pas au criminel, au pénal, devant, évidemment, la Cour du Québec. Alors, dépendant des dossiers, on prend
l'une ou l'autre des orientations, mais, pour répondre à votre question,
c'est une part clairement importante de nos activités, les poursuites pénales.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Marceau
: O.K. Oui, merci, M. Morisset. Et on s'entend que, s'il y avait une agence
commune d'application, ce sont 150 personnes qui auraient... Enfin,
ces 150 personnes là perdraient leur boulot, quoi?
Le Président (M. Bernier) : M. Morisset.
M. Morisset (Louis) : En tout cas,
le travail de ces personnes-là serait assurément affecté, oui.
M. Marceau
: O.K. Puis peut-être... Je ne veux pas... Le ministre nous a dit que ce
n'était plus dans les plans. Donc, pour le futur, vous considérez que
cette formule québécoise, là, qui consiste à regrouper au sein d'une même
organisation l'ensemble de l'encadrement du marché financier, c'est quelque
chose qui serait certainement mis à mal par cette possibilité de créer une
agence commune d'application. Vous êtes d'accord avec cette affirmation?
Le Président (M. Bernier) : M. Morisset.
M.
Morisset (Louis) : Bien,
absolument. Si le Québec décidait d'y participer, ça a un impact direct sur le
régulateur intégré que nous sommes, donc absolument. Mais évidemment je prends
pour acquis... L'autorité a fêté ses 10 ans l'année
dernière. On a beaucoup, beaucoup cheminé comme régulateur du secteur financier
québécois au cours de ces années-là. Et, clairement, de démanteler ce que nous
avons bâti au cours des 10 dernières années serait une perte.
Le Président (M. Bernier) : M. le député.
M. Marceau
: Très bien. Peut-être cette question-là pour le ministre. Pouvez-vous nous
résumer en trois phrases, là, c'est
quoi, votre position, M. le ministre, là, dans le dossier de la commission des
valeurs mobilières... commission unique?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
• (16 h 30) •
M.
Leitão : Écoutez, d'une façon très rapide, très simple, notre position
n'a pas changé, c'est la même qui était du gouvernement précédent... qui
était la même du gouvernement précédent, c'est-à-dire, nous jugeons toujours
que nous avons entièrement juridiction sur
les valeurs mobilières. Nous n'avons pas du tout aucune intention d'abdiquer
quoi que ce soit de cette juridiction-là.
Et, dans cette problématique-là, nous ne sommes pas seuls. J'aimerais encore
une fois réitérer que nous ne sommes pas seuls, l'Alberta est toujours
du même avis que nous, ainsi que le Manitoba. Puisque, maintenant, évidemment, il va y avoir une élection en Alberta, on ne
peut pas présumer du résultat de cette élection-là, mais les échos qu'on avait du gouvernement
toujours en place en Alberta, c'est qu'ils sont aussi déterminés que nous
à poursuivre la même ligne de pensée et aller jusqu'au bout, s'il le faut.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M. Marceau
: Et puis le gouvernement fédéral a annoncé dans son budget qu'il allait
déposer son projet de loi à quelque
part à l'été. Bon, ça fait, quoi... Ils sont en retard d'un an et demi, ils
vont être en retard d'un an et demi rendu là, là. Moi, j'avais l'intention, à l'époque où j'occupais la fonction de
ministre des Finances, d'intenter des recours. Est-ce c'est encore de
votre intention?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Bien, écoutez, bien sûr, on va voir de quoi ça va avoir
l'air, cette proposition-là du gouvernement fédéral. Comme vous avez très bien mentionné, ils sont déjà en retard
pas mal et ils ont fait plusieurs essais, ils ont changé d'avis aussi, ils ont attendu et ils essaient de
raffiner leur projet, même. Ça souligne que ce n'est pas si simple que ça
de leur côté. Alors, une fois que ça va être
déposé, on va l'examiner. Mais, comme j'ai dit tantôt, tant nous que le
gouvernement de l'Alberta et aussi celui du
Manitoba, mais surtout l'Alberta, nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout,
s'il le faut. Nous n'avons aucune intention d'abdiquer de quoi que ce
soit.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M. Marceau
: O.K. Parfait. Bien, j'espère que votre préjugé défavorable va se
maintenir et puis qu'il n'y aura pas d'évolution entre aujourd'hui et
puis le moment où ce projet de loi sera déposé. Pour l'instant, ça va, moi,
pour l'Autorité des marchés financiers. Je
vous remercie des réponses que j'ai obtenues. Maintenant, je voudrais parler
avec Loto-Québec, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bernier) : Donc, si les représentants
de Loto-Québec veulent prendre place.
M. Leitão : M. le Président, est-ce
que je pourrais demander s'il y a d'autres députés...
Le
Président (M. Bernier) : Est-ce qu'il y a d'autres députés qui ont des
questions sur l'Autorité des marchés financiers?
M. Leitão : ...sur l'AMF?
Le Président (M. Bernier) : Oui, mais par
la suite. Donc, demeurez, s'il vous plaît, M. Morisset.
M. Leitão : Donc, demeurez dans les
lieux, messieurs, parce que...
Des voix : ...
Le Président (M. Bernier) : Alors, ça va?
Oui? On reprend.
M.
Marceau : O.K. Bonjour, M.
Bibeau. Je vais commencer par le jeu en ligne. En fait, à l'occasion
du débat sur le budget,
j'avais déjà posé des questions au ministre. Peut-être que vous avez eu l'occasion
d'en parler avant cette rencontre d'aujourd'hui. En fait, donc, il s'agit de savoir comment ça
pourrait fonctionner dans le cas où le rapport Nadeau serait appliqué,
donc dans le cas où on décidait d'aller de l'avant avec les mesures qui sont
prévues dans le budget, aux pages G.20 et G.21. Ça va? Et puis, à l'occasion du budget,
j'ai donc demandé au ministre de me dire comment on parvenait au chiffre
de 13 millions de dollars, là, qui seraient éventuellement récoltés par
l'État, en 2016‑2017, si on allait de l'avant
avec des mesures visant à contrer le jeu illégal en ligne. Ça va pour le
contexte? Est-ce que c'est correct? Oui? Ça va? Bon. Et je me rappelle, là, puis je vais vous le rappeler si vous
voulez, qu'on estimait que le marché non réglementé actuel représente
200 millions de dollars. Enfin, ça, ce sont des chiffres que vous m'aviez
donnés, M. le ministre. On estimait qu'on
pourrait canaliser environ la moitié de ça, c'est-à-dire 100 millions, grossièrement, et que c'est donc la canalisation de ce 100 millions qui permettrait de récolter 13 millions, 13,5 millions. Là, je ne sais pas si, sur les faits, on
s'entend. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce que je viens de dire ou...
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Oui. Pour les 100 millions, oui. Les 13 millions, ça, je ne me
rappelle pas tellement, mais...
M.
Marceau : C'est juste au bas de
la page G.21. En fait, écoutez, quand on prend le temps de lire le budget,
c'est à l'avant-dernière page, avant-dernière phrase.
M. Leitão :
Ah oui! 13,5 millions.
M. Marceau : Voilà,
13,5 millions, oui, voilà, c'est ça.
M. Leitão :
O.K. Oui, oui, ça va.
M. Marceau : En
fait, la première question très simple, là, puis c'est vraiment une question de
curiosité, là : Pourquoi est-ce qu'à
partir du moment où on met en vigueur les mesures prévues on n'arrive à
canaliser que la moitié du jeu en
ligne? Pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas à canaliser l'entièreté? C'est vraiment
très simple comme question, là. C'est peut-être parce qu'il y a quelque
chose qui m'échappe, là.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : O.K. Je
vais essayer de donner une première réponse, et, peut-être, M. Bibeau pourrait
compléter. Il me semble qu'on a voulu avoir
des prévisions très conservatrices. Donc, on ne voulait pas gonfler les
chiffres, donner l'impression qu'on
peut aller rapidement chercher de très gros montants. Il me semble que
c'est... donc de 13,5 millions et puis, en 2016‑2017, de 27 millions.
Je pense que c'est une estimation conservatrice du potentiel.
Le Président (M.
Bernier) : En vous identifiant et en donnant votre titre, M. Bibeau.
M. Bibeau
(Gérard) : Oui, bien sûr. Quand on a fait l'estimation...
Le
Président (M. Bernier) : Oh! M.
Bibeau, vous êtes le président-directeur
général de Loto-Québec. Pour fins de l'enregistrement, vous devez vous identifier, tout
simplement. Allez-y.
M.
Bibeau (Gérard) : Bien sûr,
c'est des estimés. De la manière qu'on s'est pris pour arriver au pourcentage
de 50 %, on a regardé ce qui se faisait tout simplement ailleurs. Il y a
d'autres juridictions, on est loin d'être la première juridiction qui bloque
les sites déjà en ligne. Partout, partout dans le monde, il n'y a aucun endroit
que le blocage est à 100 %, parce qu'il
y a toutes sortes de choses qui se développent, les gens passent à côté, ils
reviennent. Par exemple, du côté de la France, eux autres, ce qu'ils
disent, c'est qu'ils réussissent à en bloquer 60 %. C'est sûr qu'au début,
habituellement, quand une législation est
passée, il y a une bonne efficacité au niveau du blocage, mais, avec le
temps, il y a toutes sortes de trucs qui se développent.
Bien
sûr, toute la réussite aussi, ce n'est pas juste une question de blocage, c'est
d'avoir aussi une offre de jeu qui est
compétitive, O.K., que les gens puissent jouer, qu'ils n'aient pas juste le
goût de contourner, finalement, la loi. Donc, qu'est-ce qu'il faut, donc, c'est une combinaison entre un blocage de
sites puis une bonne offre. Ça fait qu'on réussit quand même, là-dedans,
à avoir des pourcentages qui ont du bon sens. Puis, comme je vous ai dit, le
50 % aussi, c'est sur du long terme.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M. Marceau : Oui,
merci. Pour être vraiment clair, là, est-ce que vous dites que le
200 millions de marché va continuer à
exister puis qu'il y en a 100 millions qui va être canalisé puis
100 millions qui va être hors Espacejeux ou bien est-ce que vous dites que le
200 millions va devenir, je ne sais pas, moi, 150 millions et puis
que, là-dessus, il y en aura 50 millions qui sera hors Espacejeux
puis qu'il y en aura 100 millions dans Espacejeux? Juste savoir
si... Enfin, vous comprenez ma question, je pense qu'elle est simple.
Le Président (M.
Bernier) : M. Bibeau.
M.
Bibeau (Gérard) : C'est exactement ça. On dit qu'on ne peut pas
réussir à bloquer parfaitement le jeu illégal, mais ce qu'on va faire, si, bien sûr, il y a une loi, on va bloquer puis
on va faire une belle offre de jeu pour que les Québécois aient le goût
de jouer tout simplement chez nous, qu'ils n'aient pas le goût de contourner la
loi.
Le Président (M. Bernier) : Merci. Allez-y,
M. le député.
M. Marceau : Oui, oui, O.K., parfait.
Dans le rapport Nadeau, il est question d'entreprendre les démarches
nécessaires pour que soient modifiés les articles du Code criminel. Est-ce que
ces démarches ont été entreprises?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
• (16 h 40) •
M. Leitão : Non, pas encore, M. le
Président. Comme vous le savez, des mesures de nature criminelle vont nécessairement demander une concertation avec le
gouvernement fédéral, et, pour l'instant, on n'a pas encore commencé de ce côté-là. Mais, pour ce qui est de bloquer
les sites illégaux, là, nous sommes d'avis qu'on n'a pas besoin d'aller
aussi loin que le Code criminel, que ça peut se faire d'une autre façon.
Le Président (M. Bernier) : M. le député.
M. Marceau : O.K. Dans le rapport Nadeau,
de mémoire, ce qu'on dit, c'est que le Code criminel n'est pas parfaitement... je vais essayer de trouver les
bons termes, là, mais disons qu'on n'a pas beaucoup de prise avec le
Code criminel actuel. Est-ce qu'il est envisageable que vous bloquiez avant que
des changements au Code criminel aient été introduits?
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Oui, je pense que c'est envisageable parce que, dans une
première étape, nous allons aborder cette question-là sous un autre angle, sous l'angle de la santé publique, sous
l'angle du contrôle de jeu. C'est sous cet angle-là que nous allons commencer par aborder ce sujet-là. En
même temps, nous avons déjà... j'ai déjà envoyé à mes collègues des autres provinces copie du rapport auquel vous
faites allusion et aussi leur demandant leur coopération, leur
participation à cet effort-là.
Donc, c'est
quelque chose qu'on travaille sur deux fronts, si vous voulez, un front où on
va, de coopération avec nos partenaires dans les autres provinces,
essayer de convaincre le gouvernement fédéral à changer dans le Code criminel, mais, sous une autre track parallèle,
aborder cette question de blocage de sites sous l'angle de la santé
publique et du contrôle des jeux de hasard où nous pensons avoir juridiction
pour le faire.
Le
Président (M. Bernier) : Merci.
Nous allons retourner du côté ministériel avec M. le député de
Laval-des-Rapides. Et vous voulez vous adresser à qui?
M. Polo : À l'Autorité des marchés
financiers, si c'est possible, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) : À l'Autorité
des marchés financiers? Donc, Loto-Québec, demeurez en poste. On revient avec
l'Autorité des marchés financiers.
M. Leitão : Je présume qu'il y aura
des questions, après, pour...
Le Président (M. Bernier) : Vous ne
présumez pas, il va y avoir des questions.
M. Leitão : Très bien.
Le Président (M. Bernier) : Allez-y, M.
le député.
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour aux gens de l'Autorité
des marchés financiers. Et puis je vais dévoiler mon conflit d'intérêts en partant : j'ai été membre de
l'Autorité des marchés financiers pendant presque 12 ans.
Le Président (M. Bernier) : ...
M. Polo : Il faut, il faut, il faut.
Le Président (M. Bernier) : Allez-y, M.
le député, allez-y.
M.
Polo : Ceci dit, j'aimerais commencer, M. le Président, plus par
élaborer sur un portrait plus général. L'Autorité des marchés financiers existe depuis déjà 11 ans.
1er février 2014, c'est l'adoption de la Loi sur l'Autorité des marchés
financiers, et, en 10 ans, 11 ans, il y a beaucoup de choses qui sont
parvenues, certaines à l'échelle nationale, comme mes collègues de l'opposition viennent de le mentionner puis également
le ministre, d'autres à l'échelle plus provinciale, bien sûr. Puis je pense que, si on remonte 10 ans
en arrière, l'époque de... Rappelez-moi, là, le conseiller financier,
vous allez comprendre, le cas bien important, là.
M. Morisset
(Louis) : Vincent Lacroix, Norbourg.
M. Polo :
Exactement. Il vous a un peu jetés directement, un peu, si on peut dire, dans
la gueule du loup, en plein brouhaha à ce niveau-là, puis j'imagine que, 10, 11
ans plus tard, vous avez... l'AMF a évolué, et a avancé, et a grandement appris
de cet épisode-là.
Peut-être
juste vous poser la question : De quelle façon l'industrie a évolué au
cours des 10, 11 dernières années, depuis la venue de l'AMF et depuis,
bien sûr, le malheureux épisode de Vincent Lacroix, s'il vous plaît?
Le Président (M.
Bernier) : M. Morisset.
M. Morisset (Louis) : Merci. Bien, écoutez, vous avez tout à fait raison, l'industrie et
l'autorité ont beaucoup évolué au
cours des 10 dernières années. Pour le bénéfice de tous, on se rappelle que
l'autorité est l'organisme qui résulte de la fusion des cinq organismes antérieurs qui encadraient le secteur
financier au Québec. Et évidemment il a fallu mettre, au cours des
années, ces organismes ensemble, là, les faire évoluer d'une manière concertée.
On sait tous que, de fusionner deux
entreprises, ça prend un certain temps avant que les synergies se fassent,
imaginez quand on en fusionne cinq. Alors, l'autorité, au cours des
dernières années, a évolué, je dirais, de façon très efficace à titre de
régulateur intégré, les premières années ayant été un peu plus difficiles avec
cette situation-là, là, ces scandales financiers qui avaient éclaté, je le rappelle, pas juste ici, au Québec, il y en a
eu à peu près partout à travers le monde à cette époque,
mais on a connu les nôtres.
Une voix : ...
M. Morisset
(Louis) : Exactement, qui était évidemment d'une envergure sans
précédent. Mais, bref, on a évolué au cours
de cette décennie et on s'est établis, à mon sens, comme un régulateur
crédible, un régulateur solide, un régulateur influent à l'échelle
nationale et même internationale. En fait, juste pour vous brosser un portrait
de ce que représente l'industrie que nous encadrons aujourd'hui, on parle de
plus de... en fait, près de 65 000 individus, près de 5 600 entreprises qui oeuvrent dans le
domaine des valeurs mobilières, des assurances ou de la planification
financière. On joue un rôle central dans
l'encadrement de plus de 650 institutions financières, que ce soient des
coopératives de services financiers,
comme celle, évidemment, du Mouvement Desjardins, ou encore des sociétés de
fiducie, ou des assureurs qui sont
autorisés à exercer au Québec. On encadre plus de 5 800 émetteurs qui ont
à un moment ou à un autre, au cours de l'histoire,
levé du capital au Québec, donc fait appel publiquement à l'épargne des
Québécois, et, de ces 5 800 émetteurs, on en encadre directement
1 200 à titre d'autorité principale.
Depuis
la crise financière de 2007‑2008, il y a une panoplie d'entités qui ont
émergé : des chambres de compensation,
des agences de traitement de l'information. On encadre, tu sais, 12 bourses. Si
je fais juste une petite liste : six
chambres de compensation, un fonds de garantie, huit plateformes d'exécution
swap, neuf systèmes de négociation parallèle.
Bref, il y en a une multitude, d'entités qui ont des activités au Québec et qui
rendent évidemment la tâche du régulateur de plus en plus complexe, je
dirais.
On a un rôle central
de protection de l'investisseur et du consommateur, de façon générale, de
produits et services financiers. Ce rôle-là nous amène évidemment à rendre des
services. On a un centre d'information où les consommateurs
contactent l'autorité pour une multitude de questions, où l'industrie contacte
aussi l'autorité pour une multitude
de questions. On a un service de traitement des plaintes et de médiation. On
administre le Fonds d'assurance-dépôts. Bref, l'ampleur de la tâche de
l'autorité aujourd'hui, 10 ans après, disons, sa naissance, est importante,
très importante, et je conjugue à ça les mandats qui sont hors du giron normal
d'un régulateur financier, qui nous ont été confiés
par le gouvernement du Québec depuis 2012. Donc, comme vous le savez, on
encadre certaines facettes des activités des entreprises de services
monétaires. Depuis 2013, maintenant, on donne les autorisations aux entreprises
qui veulent contracter avec l'État. On donne les autorisations aux entreprises
qui veulent offrir des régimes volontaires d'épargne-retraite.
Alors,
bref, ça vous donne un peu un aperçu de comment l'autorité, au cours des 10
dernières années, a évolué et comment la tâche, si on veut, du
régulateur s'est complexifiée.
M. Polo :
...une question, M. Morisset, par rapport, M. le Président...
Le Président (M.
Bernier) : Oui, allez-y, M. le député.
M. Polo : ...justement face à cette expérience, cette expertise que vous avez
développée au cours des 10, 11 dernières années, la fusion qui a été faite à l'époque, bien sûr, et je pense que
votre mission première, c'est de défendre l'intérêt des épargnants.
Une voix : Exact.
M.
Polo : C'est votre mission première également. En même temps, la
question que je me pose face à l'expérience et l'expertise que vous avez accumulées au cours des dernières années,
comment vous la gérez à l'interne? Parce qu'en tant qu'ancien membre de l'industrie de la finance
et pour avoir travaillé notamment au niveau des valeurs mobilières, je dois vous dire que l'AMF n'avait pas toujours
bonne presse, puis je le comprends, ce n'était pas votre rôle non plus,
parce que vous, votre rôle, c'est de
défendre les épargnants. Ça, je le comprends totalement. Et moi, aujourd'hui,
je défends mes commettants, et c'est important pour moi de s'assurer que
mes citoyens, nos concitoyens sont bien représentés et sont bien protégés,
autant par les lois du Québec que par les institutions et les autorités comme
la vôtre.
Ceci dit, ce que je continue d'entendre au
niveau de l'industrie, c'est qu'il y a un taux de roulement assez important, au sein de vos équipes de service à la
clientèle, qui pénalise beaucoup le lien de confiance et le travail
continu que votre organisation fait avec les
institutions sur le marché. On parle, sur la rue, d'un... à peu près 12, 18
mois, des gens qui restent en poste et, par la suite, évoluent à
l'intérieur de l'institution. Avez-vous peut-être... Justement, je vous ai
donné l'occasion de parler un peu de vos équipes, de l'expérience, votre
expertise au cours des 10, 15 derniers... des 10, 12 dernières
années. Comment avez-vous... Qu'avez-vous à dire sur cet élément d'information
là?
• (16 h 50) •
Le Président (M. Bernier) : M. Morisset.
M.
Morisset (Louis) : Bien, d'abord,
merci, merci pour votre question. D'une part, je pense que, de façon
générale, le taux de roulement à l'autorité
n'est pas si élevé que cela. C'est vrai qu'au centre d'information, par exemple, là où les consommateurs et l'industrie
ont souvent recours, il y a eu, au cours des années, un taux de roulement plus important
qu'ailleurs dans l'autorité. Le centre d'information est souvent un peu devenu
comme la porte d'entrée d'employés qui, bon, au fil du temps, ont eu d'autres opportunités
au sein de l'organisation, mais je ne pense pas que le taux de roulement est, bon, à ce point problématique. Mais
c'est la réalité de toute organisation : quand il y a des
opportunités qui s'ouvrent au sein d'une entreprise, bien, il y a des gens qui
postulent sur ces postes. Mais c'est un défi.
Je dirais
que, de façon générale, on a un défi, comme d'autres organisations, un défi de
recruter et de garder nos meilleurs
éléments. On oeuvre au sein du secteur financier, secteur financier,
évidemment, qui offre, dans des entreprises comme, peut-être, dans celle où vous étiez auparavant, des conditions
intéressantes, et tout ça. Puis donc d'aller chercher des gens qui peuvent souvent aller travailler au
privé, dans des conditions plus intéressantes, c'est un défi de les
garder, c'est un défi de les attirer. Mais,
de façon générale, je vous dirais que notre taux de roulement collectif à
l'autorité est bas, et nous savons comment, je dirais, garder nos
meilleurs éléments. Mais c'est un défi perpétuel, puis je pense que ce défi-là,
c'est le défi des prochaines années à nouveau, là.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M.
Polo : J'ai également une question, M. le Président, au sujet du
défi — puis je
comprends que c'est un défi pour vous, dans la position que vous
occupez — de
conjuguer, justement, la défense des intérêts des épargnants face également
à... comment établir un équilibre entre, justement, la défense d'intérêts des
épargnants face à toute la réglementation, la bureaucratie, la paperasse qui
vient avec l'application, la mise en application de cette défense des intérêts
des épargnants dans une industrie où, aujourd'hui, il y a l'Autorité des
marchés financiers, il y a le IIROC, il y a
la CSF, la Chambre de sécurité financière, il y a le Bureau du Surintendant des
institutions financières. Il y a encore une certaine... Puis je ne veux surtout pas laisser sous-entendre que le
Québec n'a pas droit... Au contraire, je suis totalement solidaire avec la position de mes collègues, de
mon collègue, du ministre des Finances. Ceci dit, ce que je veux amener comme question, c'est : Comment ces
institutions-là réussissent à mieux travailler, O.K., à mieux coordonner leurs
efforts pour éviter un dédoublement ou une surbureaucratie sur la tête des
professionnels de cette industrie-là et également sur l'accès à l'information
de la part des épargnants?
J'ai bien posé ma question? Bon, excellent! Et
je n'ai pas lu, M. le député de Granby, non plus.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député. Je vous invite à ne pas vous
interpeller entre vous. M. Morisset.
M.
Morisset (Louis) : Merci.
Bien, écoutez, d'abord, je reviens juste sur notre mission. Notre mission,
c'est de protéger le consommateur de produits et services financiers,
mais c'est aussi de favoriser le bon fonctionnement des marchés. Puis ces deux
pôles de cette mission-là ne sont pas toujours faciles à arbitrer. Quand on
développe des réglementations, on se doit d'avoir ces deux éléments-là en tête.
Et vous avez
raison qu'au cours des années, particulièrement depuis la crise financière de
2007‑2008, il y a eu une certaine inflation réglementaire. Il y a des
pans de l'industrie qui n'étaient pas réglementés. Je pense aux produits dérivés hors-cote qui n'étaient pas réglementés,
qui étaient opaques et qu'on réglemente. Donc, il y a une perception, je
pense, des participants de l'industrie
qu'effectivement il y en a eu beaucoup, il y en a beaucoup puis que ça se
complexifie d'année en année. À certains
égards, c'est une réalité, hein, puis ce n'est pas juste une réalité
québécoise, canadienne, c'est une
réalité mondiale. Mais je peux vous assurer qu'on est très conscients de ces
deux pôles de notre mission puis qu'on tente le plus possible de trouver
des allègements.
Je vous donne un exemple qui est important. Dans
l'industrie des fonds d'investissement au cours des dernières années — puis on est encore dans l'implantation de ce projet — bien, on a développé, vous savez, un
prospectus qui est le document par lequel on
vend une valeur mobilière. C'est un document qui est devenu assez complexe au
cours des décennies, là, c'est un document qui est difficile à comprendre, mais
on a fait ce constat-là, comme d'autres le font, et on a développé un document qu'on appelle l'aperçu du fonds, un
document qui est court, maximum quatre pages, qui est compréhensible par
M. et Mme Tout-le-Monde qui cherche évidemment à entretenir un dialogue avec
son conseiller financier qui peut poser des
questions. Ça, c'est un projet que l'on a mis en oeuvre au Québec et à
l'échelle canadienne également au cours des
dernières années, qui est encore en phase d'implantation pour certains
produits. Mais c'est exactement le genre de projet qui adresse certaines de vos
préoccupations où on a l'impression que le régulateur est insensible à l'industrie puis qu'il accumule des
exigences réglementaires l'une, tu sais, par-dessus les autres. Alors,
je pense qu'on fait des pas dans la bonne
direction toujours dans un esprit de s'assurer que le consommateur soit
adéquatement protégé, mais qu'il n'y ait pas un fardeau sur l'industrie.
Pour répondre
à l'autre volet de votre question sur la multiplication des organismes, bien,
je pense que plusieurs de ces
organismes-là fonctionnent d'une manière parallèle. Le Bureau du Surintendant
des institutions financières encadre les
banques, dont les six grandes banques systémiques. L'autorité, on encadre le
Mouvement Desjardins, qui est la septième institution systémique au Canada. On ne se pile pas sur les pieds; on
essaie de travailler de façon collaborative. Il y a des enjeux,
évidemment, dont vous pouvez vous douter, de nature... des relations
fédérales-provinciales qui viennent complexifier
les choses. L'OCRCVM ou IIROC, en anglais, que vous avez mentionné, a son rôle.
Donc, personnellement, je pense que,
oui, il y a plusieurs intervenants, mais qu'on ne se pile pas sur les pieds,
qu'on assume, de part et d'autre, les pans
qui nous sont dévolus, notre mission, et on travaille de manière collaborative
pour... Il faut rétablir les liens appropriés pour éviter justement que le consommateur et, en particulier, par
ailleurs, l'industrie se retrouvent dans une situation difficile.
Alors, je ne pense pas que le régime canadien
est plus complexe qu'ailleurs, au contraire. Puis, si je fais un peu le pas... le point ou le lien avec une
question précédente qui m'avait été posée, je pense qu'au Canada on a un
régime essentiellement, là, basé sur les provinces, les juridictions
provinciales, et on a des mécanismes pancanadiens par lesquels on collabore à
l'échelle nationale.
Je préside,
depuis le 1er avril, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières, un mandat
de deux ans qui m'a été confié. Mon collègue Patrick Déry préside
l'équivalent au niveau des assureurs ou de l'encadrement des assurances. C'est
des rôles importants, un, d'abord, où le Québec tire son épingle du jeu puis
joue un rôle important, mais par ailleurs où on a créé le forum pour trouver
les éléments d'harmonisation qui sont nécessaires à l'échelle canadienne.
Alors, je reviens à la question qui était plus
tôt. Moi, je pense que le régime canadien... qu'il repose sur la compétence des provinces où on a, dans plusieurs
provinces, des gens compétents, des gens qui ont des idées et qui les
mettent sur la table dans le but d'évoluer vers un consensus canadien. Je pense
qu'on se retrouve avec un système très
solide au Canada, et on est conscients, évidemment, des préoccupations des
intervenants de marché, puis on essaie, par la réglementation,
justement, d'atténuer ces irritants-là, là, que vous mentionnez.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Leitão : Bien, juste peut-être...
Le Président (M. Bernier) : Oui, M. le
ministre.
M.
Leitão : ...souligner rapidement que ce que vient de dire M. Morisset
est très important. Le fait que ce soit l'AMF maintenant et M. Morrisset
lui-même à la tête des ACVM — les associations canadiennes des valeurs mobilières — je pense que c'est très important, surtout
dans cette période où, justement, nous essayons de négocier avec les
autres provinces.
M. Polo : M. le Président, j'ai une
question par rapport à un cas d'actualité, là, qui a sorti au cours des cinq, six derniers mois, puis j'aimerais entendre M.
Morisset, à savoir sa position et son degré de confort ou de malaise
face à des fuites d'information sur le cas
Amaya, qui se retrouvent dans les médias, qui se sont retrouvées dans les
médias, que ce soit le Globe and
Mail, que ce soit la Gazette et autres publications quotidiennes
d'affaires. C'est un cas important, vous êtes à même de le savoir. C'est une entreprise importante de Montréal,
qui a fait une acquisition importante l'été dernier dans l'industrie des jeux et qui, malheureusement...
On l'espère, que ce ne soit pas le cas, mais, malheureusement, tout tend à... Si on comprend les actions de l'AMF sur
ce cas-là, tout tend à croire qu'il y avait base à matière à investigation.
Ceci dit,
moi, ce qui m'inquiète, c'est quand des informations se retrouvent dans les
médias. Comment M. Morisset se sent face à ses membres, ses employés,
son institution, le degré de confidentialité des actions qu'ils posent?
• (17 heures) •
Le Président (M. Bernier) : Vous avez
deux minutes, M. Morisset.
M. Morisset (Louis) : Merci. Bien,
c'est une excellente question. Et, en particulier dans le dossier d'Amaya, je vous dirais que je n'ai aucun souci quant à la
confidentialité, parce qu'évidemment, quand on pose des gestes comme celui qu'on a posé dans Amaya, on a fait des
perquisitions, ça a été remarqué, ça a été connu. Évidemment,
on s'adresse aux tribunaux pour obtenir vraiment les mandats. Ça, c'est
un processus, finalement, où l'information devient publique. Les mandats de perquisition sont en quelque
sorte consignés ou déposés au greffe, et, bref, cette information-là devient publique. Donc, nos actions, de façon générale, lorsqu'on
passe par la voie judiciaire, deviennent publiques.
Dans le dossier d'Amaya, pour vraiment des
raisons propres à la conduite de nos enquêtes, et tout ça, il y a des éléments qu'on ne voulait pas nécessairement
qu'ils deviennent publics. Donc, dans les documents déposés en cour, il y avait
des aspects qui étaient gardés confidentiels, caviardés, et les médias ont
voulu aller chercher cette information-là. Donc, ultimement, l'information
est sortie publique, mais il n'y a rien qui a été révélé dans les journaux qui
m'a personnellement, comme P.D.G. de l'organisation,
embarrassé d'aucune manière. Il y a des éléments qu'on ne souhaite pas qu'ils soient rendus publics pour ne pas révéler
nos façons d'enquêter ou les moyens que nous utilisons de façon
générale, mais cette situation-là ne m'a personnellement créé aucun, aucun
malaise.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres questions pour l'Autorité
des marchés financiers? Donc, M.
Morisset, avec vos gens, je vous libère. Merci de votre participation à la Commission des finances publiques.
M. Morisset (Louis): Merci beaucoup.
Le Président (M. Bernier) : Nous allons maintenant...
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) : Oui, mais, si
on peut savoir qui on convoque, monsieur...
Une voix : ...
Le Président (M. Bernier) : Loto?
Loto-Québec. Donc, Loto-Québec, si vous voulez reprendre place.
Alors, ça va? M. le député de Rousseau, oui.
M. Marceau : Alors, rebonjour, M. Bibeau,
Mme Fortin. Écoutez, je veux juste compléter un peu notre discussion sur le jeu en ligne. Pendant le dernier
bloc, là, même si j'étais très attentif à tout ce qui se disait, je suis
allé revoir un peu le rapport Nadeau, et
puis ils sont assez clairs, là, sur les raisons... Enfin, sur le Code criminel,
ils sont plutôt explicites, je
dirais. Ils disent, entre autres, là, qu'il existe une ambiguïté en ce qui a
trait à l'interprétation des termes «mettre sur pied» et «exploiter» du jeu, là, et que ça pourrait expliquer le
fait que des poursuites ne sont pas intentées. En tout cas, une chose est certaine, c'est que des poursuites
ne sont pas intentées, entre autres par les forces policières. Ça, c'est
un autre élément, là. Les forces policières ne mènent pas d'opération pour
capturer, prendre, attraper les gens qui mettent en ligne du jeu. Et une raison
qui pourrait expliquer ça, c'est effectivement l'ambiguïté du Code criminel.
Moi, je ne
vous demande pas une conversation sur le fait que c'est très ambigu ou pas
ambigu. Ce qu'on constate, là, c'est
que, pour l'instant, le Code criminel puis les forces policières mis ensemble,
dans le cadre juridique actuel, ça ne permet
pas de contrer le jeu en ligne. Mettons qu'on... C'est un constat, en tout cas,
c'est un constat du rapport Nadeau auquel il y a d'autres facteurs qui
se sont ajoutés, là, puis je ne dis pas qu'ils ne sont pas importants non plus,
mais la question que ça pose, c'est : Est-ce que
c'est pensable d'agir sans avoir modifié le Code criminel? Puis est-ce que
ce n'est pas un coup d'épée dans l'eau que de vouloir bloquer si on n'a
pas en même temps agi sur le Code criminel? C'est une question très simple, là,
mais...
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Oui. Enfin, peut-être,
avant de passer la parole à M. Bibeau, il y a... Pour ce qui est du
rapport Nadeau, le rapport Nadeau va beaucoup plus loin que ce que nous
proposons de faire ici. Le rapport Nadeau parle vraiment de licences, parle, donc, vraiment
de permettre à des opérateurs privés d'exploiter légalement le jeu, dans ce
cas-ci, le jeu en ligne.
Nous, ce dont on parle ici, c'est de bloquer les sites illégaux, donc ce
n'est pas tout à fait la même chose. Est-ce qu'on va aller entièrement dans la direction du rapport Nadeau? Pour ce faire, pour
aller dans cette direction-là, même si on décidait d'y aller, là, oui, là ça prendrait des changements au Code
criminel. Mais ce qui est proposé ici, dans le budget, ce n'est pas la même chose, c'est de bloquer les
sites et de canaliser le jeu en ligne vers le site de Loto-Québec, vers Espacejeux.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M. Marceau
: Oui. En fait, la question que ça pose, c'est : Est-ce que la
barrière sera suffisamment haute pour empêcher
les gens de la franchir? Et vous avez vous-même évoqué le fait qu'il va rester
la moitié du marché qui va être contourné,
en fait, qu'Espacejeux va être contourné pour la moitié du volume du
marché. Moi, je répète, là : Est-ce que ce n'est pas un coup d'épée dans l'eau? Puis je le dis sans aucune
connotation négative. À l'époque où Espacejeux a été mis en place, je pense que les intentions qui étaient en
dessous de ça étaient les bonnes, mais on est forcés de constater
aujourd'hui que ça n'a pas fonctionné comme
on aurait voulu que ça fonctionne. Je pense que c'est un constat assez évident.
Et vous vous apprêtez à faire encore
une fois un geste, et puis peut-être est-il souhaitable et puis peut-être que
cela fonctionnera, mais la question,
c'est : Est-ce qu'il ne faut pas aller jusqu'au bout du raisonnement?
Est-ce que d'arrêter à mi-chemin, c'est suffisant?
En tout cas, moi, je vous invite à y réfléchir
bien fortement, là. Je ne suis pas sûr que d'appliquer à moitié la solution, ça ne va pas donner zéro résultat comme Espacejeux
avait donné zéro résultat aussi. Je le dis de façon grossière, là, mais... Puis j'ai vu M. Bibeau hocher de la tête.
Je sais bien que ce n'est pas zéro résultat, mais, on s'entend, on est
loin de l'effet qu'on aurait souhaité à l'époque.
Le Président (M. Bernier) : M. le
ministre.
M.
Leitão : Oui, enfin, les changements législatifs qui sont requis pour
qu'on puisse passer à l'étape de bloquer des sites qui, maintenant, sont
illégaux, nous pensons avoir la juridiction nécessaire pour faire ça. Pour ce
qui est de changements au Code criminel, ça,
c'est beaucoup plus complexe, bien sûr, mais ça, c'est dans un autre ordre
d'idées, c'est vraiment dans l'ordre d'idées d'émettre des licences à d'autres
joueurs privés maintenant et pour que ces joueurs privés là puissent s'associer avec l'entité
publique, avec Loto-Québec. Peut-être qu'on voudra y aller dans une
deuxième étape, mais la première étape, c'est vraiment de bloquer les sites
illégaux et de canaliser le jeu du mieux qu'on peut vers Espacejeux.
Je ne sais pas si vous avez des précisions...
Le Président (M. Bernier) : Merci. Oui,
M. Bibeau, d'autres choses à ajouter? Non? Ça va. M. le député.
• (17 h 10) •
M. Marceau : Écoutez, je vous réitère mon
inquiétude. Je pense qu'on est forcés de constater qu'aujourd'hui au Québec — puis ce n'est pas vous, là, que je blâme,
là — les
policiers, dans le cadre légal actuel, n'agissent pas parce qu'ils ne savent pas comment faire condamner
quelqu'un avec les lois actuelles. C'est ça, là, la réalité. Alors, bien
sûr, si on met une barrière, ça va peut-être empêcher les gens de passer, là,
un bout de temps, mais vous-même, vous avez dit, là : Les gens, éventuellement, vont trouver des manières de
contourner. Puis, quand ils vont contourner, il n'y aura toujours pas de loi pour les empêcher. Moi, ce que je vous
dis, c'est que ça prend une barrière spécifique, qui est celle que vous évoquez, du filtrage, mais peut-être aussi que, du
côté du Code criminel, il y a des choses à faire. En tout cas, regardez,
c'est votre jugement, et on constatera, dans quelques années là aussi, si ça a
fonctionné ou pas.
Je vais changer de sujet pour l'instant, je vais
aller sur... Écoutez, juste une question assez technique. C'est pour M. Bibeau,
peut-être, plus particulièrement. Je regardais votre rapport trimestriel, donc
le troisième trimestre 2014‑2015. Je ne sais pas si vous l'avez sous la main,
là. Peut-être que vous le connaissez par coeur aussi, ça pourrait faciliter. À la page 2, sous votre photo, il est
écrit qu'«une révision de nos processus d'affaires, combinée à un contrôle serré des dépenses, a permis de réduire nos charges de
28,7 millions de dollars par
rapport à l'an dernier», et effectivement,
si je vais à la page 5, je me rends compte
que les charges sont passées de 731 millions en 2013, soit sur la période de... Sur les
trois premiers trimestres, là, c'est passé
de 731 millions à 703 millions,
donc c'est vrai que c'est une amélioration de 28.
Maintenant,
je suis allé voir dans le rapport
annuel de l'année dernière, à la page
36 — là,
je m'excuse, je vais arriver au bout du raisonnement, ça ne sera pas
long, là — puis,
en fait, l'affaire, c'est que 2013 avait été une année difficile en raison de l'inscription de moins-value nette de 20 millions qui était liée au remplacement des appareils de loterie vidéo et
à la modernisation. Donc, on recommence, là, pour faire... pour
s'entendre : 2013 a été une mauvaise année au plan des charges parce
que vous avez inscrit des moins-values liées au remplacement des ALV.
Ma question, c'est : Est-ce que l'amélioration
en 2014, ça découle de ça? Est-ce que, pour 2014, il y a des moins-values
nettes qui ont été inscrites aussi pour les remplacements des ALV ou pas?
Le Président (M. Bernier) : M. Bibeau.
M. Bibeau
(Gérard) : Oui. Mettons que,
cette année, il y a eu tout un plan d'optimisation qui a été fait à
Loto-Québec, assez large. On a touché, là, vraiment, là, à plusieurs choses. Je
pense que vous avez vu aussi, au niveau des médias,
il y a eu des changements, là, au
niveau, là, des effectifs à Loto-Québec. Je vous dirais que le dernier chiffre, le chiffre du 31 mars 2015, de façon
bien précise, juste pour remettre les chiffres le plus à jour possible, cette
année, on a fini, en termes de dépenses au complet, toutes nos dépenses
au complet, là, à 973 582 000 $, puis l'autre année d'avant, c'était 1 014 995 000 $, donc
une différence de 41 413 000 $, ce qui fait exactement
une baisse de nos dépenses totales de 4,1 %,
une véritable baisse. Puis ça, ça comprend tout. Ça comprend les changements au niveau de l'amortissement, ça comprend
aussi les augmentations de salaire. Je pourrais aller, bien sûr,
là, plus loin, là, pour expliquer plus en détail, là, ce qui s'est fait.
Je ne sais pas si...
M. Marceau : La question, c'était... Parce
que l'amélioration de 4,1 % que vous nous dites là, la question, c'est : Est-ce que ça s'explique... je comprends que ça ne s'explique pas
seulement par ça, là, mais par les
moins-values nettes ou il y a d'autres choses, là?
M. Bibeau (Gérard) : Il y a beaucoup
d'autres choses.
M. Marceau : Puis, s'il y a d'autres
choses, peut-être m'en parler un peu.
M. Bibeau
(Gérard) : Exactement. Beaucoup, beaucoup, beaucoup d'autres choses,
là, durant l'année qui s'est passée. Je peux y aller très, très, très
rapidement, là. Regardez, juste au niveau des effectifs, par exemple, on a une
différence entre les deux années, là, une année sur l'autre, de 472 ETC en
l'espace d'un an. Donc, du 1er avril 2014 au 31 mars 2015, c'est 462 effectifs de moins, dont
125 cadres. Ça agit beaucoup, là, au niveau, là, des dépenses.
Donc, ça fait partie, là, du calcul, là,
que, d'une année à l'autre, il y a une grosse différence. J'ai une série
d'exemples, là, de même, là, que je pourrais expliquer.
M. Marceau
: Parfait. Puis, pour 2014‑2015, donc vous n'avez pas inscrit de
moins-value nette liée aux ALV, c'est ça que je comprends? Il n'y en a
pas? O.K. Donc, c'est un 20 millions qui avait été... Je ne sais pas si
c'était 20 pour l'année, là. Je pense que c'est ça, oui, 20 pour l'année. Ça,
il faut l'enlever de ça, ce qui ferait donc une amélioration de 21. C'est-u
correct de dire ça? Question.
M. Bibeau (Gérard) : C'est-à-dire,
on peut peut-être demander à la vice-présidente Finances, là, sur ce point
particulier là. Vas-y donc, Johanne.
Mme Rock
(Johanne) : Cette année, pour l'exercice...
Le
Président (M. Bernier) : ...en vous identifiant, s'il vous plaît, puis en
prenant un micro, parce que, sinon, on ne
pourra pas vous enregistrer. On ne fait pas ce travail seulement que pour nous,
on fait le travail pour les gens qui nous écoutent. Alors, merci,
madame. En vous identifiant, s'il vous plaît, et votre titre.
Mme Rock (Johanne) :
Johanne Rock, vice-présidente corporative, Finance et administration.
Le Président (M. Bernier) : Allez-y, Mme
Rock.
Mme Rock
(Johanne) : Donc, ce que vous mentionniez tantôt, à la fin du
troisième trimestre, on avait indiqué des économies de 29 millions
à peu près. Donc, lorsqu'on termine l'année, ce sont vraiment, dépenses sur
dépenses, des économies réelles de 41,4 millions, pour 4,1 %. Et M. Bibeau commençait à vous indiquer tous les
efforts qui avaient été faits en
optimisation, mais il n'y a rien cette année en moins-value d'immobilisations
comme on avait eu l'année précédente.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M. Marceau
: Mais, puisque vous êtes dans
les chiffres, là, au 31 mars, pouvez-vous nous donner les
résultats, là, d'entre autres... bien les principaux résultats?
Le Président (M. Bernier) : M. Bibeau.
M. Bibeau (Gérard) : Donc, nos
résultats, là, réels au 31 mars, c'est 1 115 803 000 $.
Donc, ça nous fait 39 millions en écart avec le budget, mais je vous ai parlé aussi d'effectifs. On a
eu des primes de départ, bien sûr, à payer. On en a eu pour 13 millions.
Donc, quand on regarde l'écart entre les deux années par rapport au budget en
tenant compte des primes de départ qu'il a
fallu payer, c'est comme si on avait un écart réel de 25 millions par rapport à notre budget. Donc, nos résultats
finaux : 1 115 000 000 $.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M. Marceau
: O.K. Peut-être me dire, par rapport au projet de loi n° 28, le 1 015 000 000 $,
est-ce que ça permet de déclencher ou pas, M. le
ministre...
M. Leitão : Non, ça ne déclenche pas
de boni.
M. Marceau : O.K. Peut-être, M. Bibeau,
nous parler des casinos un peu. On sait que la situation n'est pas toute
simple, là. Peut-être nous faire juste un petit compte rendu de la situation,
assez court, évidemment. On sait qu'il y a
eu des investissements dans le jeu. Peut-être mettre la table un peu, parce que
c'est quand même important. Il y a eu beaucoup de gestes qui ont été
posés par vous, là. Puis moi, je sais que vous avez fait beaucoup d'efforts
pour moderniser l'offre dans les casinos,
que ce soient des investissements carrément pour améliorer l'aspect physique
des lieux, mais il y a aussi des nouveaux
services qui ont été offerts, des nouvelles activités. Bon, bref, vous avez
fait beaucoup de choses, mais est-ce que les résultats sont au
rendez-vous?
Le Président (M. Bernier) : M. Bibeau.
M. Bibeau
(Gérard) : Regardez, je vais
vous parler peut-être du principal casino, le Casino de Montréal,
c'est quand même plus de 75 % de l'ensemble de nos revenus, là, au niveau
du casino.
Je pense que
vous savez que — ça
a sorti beaucoup, là, au
niveau des nouvelles — l'industrie
des casinos, autant en Ontario qu'au
niveau américain, il y a des difficultés, c'est assez généralisé. On s'en
sort quand même assez bien. On finit l'année, je crois,
avec 2 millions de moins que le budget qu'on avait prévu. On a fait beaucoup
d'investissements. On est actuellement dans le divertissement.
Prenez le
Casino de Montréal, bon, on a Gregory Charles qui est notre porte-parole. Il y a aussi son théâtre qui est là, donc qui attire beaucoup de gens. Il y a
des spectacles. On a une salle de spectacle qui est en construction, qui va
se terminer en septembre, il va y avoir une
ouverture. Vous avez peut-être vu, cette semaine, il y a eu une petite
annonce : les ateliers Robuchon. On est très fiers de... c'est un des
grands chefs reconnus mondialement, on est très fiers, là, qu'il décide
d'ouvrir un restaurant ici, à Montréal, puis, bien sûr, dans notre casino.
Actuellement dans nos casinos...
M. Marceau
: ...petite question
très large, là, je ne vous en veux pas de votre réponse, mais, si vous aviez à
qualifier le rendement des investissements qu'on a faits, là, qui sont quand
même de l'ordre de 300... plus que
300 millions, là, est-ce
que vous croyez que le rendement est
au rendez-vous ou croyez-vous qu'on peut espérer qu'il va l'être? Parce que je pense qu'en fait la réponse est très simple à ce stade-ci, c'est qu'il
ne l'est pas encore, là. Mais croyez-vous qu'il va l'être, au rendez-vous,
ce rendement de ces investissements qui étaient quand même assez massifs, là?
• (17 h 20) •
Le Président (M.
Bernier) : M. Bibeau.
M. Bibeau
(Gérard) : Oui. Oui, l'investissement va être rentable. Déjà, on a des signes. On a eu, depuis le début
de l'année, 9 % d'augmentation de l'achalandage. Ça, c'est un très bon signe.
C'est sûr que les temps ne sont quand même pas faciles. Les gens dépensent un petit peu moins, puis je pense qu'on
comprend le pourquoi, mais l'achalandage, il est reparti. Tous les impacts négatifs qu'on a eus pendant les
rénovations de notre casino, bien, tranquillement, on les met derrière
nous autres, puis ça, là, c'est bien important. On a été pendant quatre ans en
rénovation. Juste, par exemple, au niveau des machines
à sous, pendant ces quatre années-là, on les a changées, je crois, c'est six
fois de place. On passait notre temps à changer nos machines de place. Donc, veux veux pas, au niveau de notre
clientèle — on les
remercie beaucoup — ils ont subi quand même, là, les
conséquences de ça. Mais l'achalandage est reparti.
Regardez, on
est dans les séries. Vous avez vu, là, le casino, actuellement, il est aux
couleurs des Canadiens de Montréal. Ça marche, ce n'est pas croyable.
Juste samedi soir passé...
Le Président (M. Bernier) : Qui, les
Canadiens ou...
M. Bibeau (Gérard) : Ah! notre
casino. Juste samedi soir passé... Tu sais, on dit : Ça va mal, nos
casinos. Samedi soir passé, il y avait
22 000 personnes au Casino de Montréal, c'est autant que dans le Centre
Bell, ça, nous autres, un samedi soir. Il n'y avait même pas de game non
plus. 22 000 personnes qu'il y avait dans...
M. Marceau : ...concurrence, vous allez
voir.
O.K. Une
mesure de... Bien, tant mieux. Bien, tant mieux, oui, tant mieux si l'achalandage
augmente dans la mesure où les gens jouent de manière responsable.
Il y avait
une mesure que vous utilisiez, qui était le... appelons ça le taux de
fréquentation du Québécois moyen, là, de
mémoire. C'était 18 % ou 19 % au Québec puis, de mémoire aussi, là,
mettons 25 % en Ontario ou ailleurs en Amérique du Nord. Est-ce qu'on est à reconquérir le coeur
des Québécois puis à faire en sorte qu'ils fréquentent autant leurs
casinos que ne le font les citoyens d'autres juridictions voisines?
Le Président (M. Bernier) : Je vous donne
une minute avant de passer à l'autre côté.
M. Bibeau
(Gérard) : On aura sûrement l'occasion d'aller plus loin, mais tous
nos efforts sont axés exactement dans
cette direction, que les Québécois soient fiers de leurs casinos, qu'ils
reviennent dans le casino. Puis c'est dans le divertissement qu'on est, on apporte du divertissement. Il y a des gros
changements dans l'industrie, nous aussi, on fait un gros virage.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Marceau : Est-ce que le chiffre a
augmenté? Je pense que c'est ça...
M. Bibeau
(Gérard) : Oui, un petit peu. Il a augmenté un petit peu à cause que
ça a augmenté de 9 % dans notre casino
de Montréal, par exemple. Nos revenus pour le mois de mars, si on compare au
mois de mars de l'an passé, même si l'industrie a des difficultés, on a
augmenté de 4 % du mois de mars par rapport au mois de mars. Ça fait que
c'est encourageant. Puis, comme vous le
savez, nous autres, le froid, ce n'est pas quelque chose qui nous aide
comparativement à d'autres sociétés d'État.
Nous autres, ça nous a nui : les gens restent chez eux quand il fait trop
froid. On a eu tout un hiver.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député de Pontiac, vous vous adressez à quel organisme?
M. Fortin (Pontiac) : Ah! je vais
continuer dans la même veine avec...
Le Président (M. Bernier) : Vous allez
poursuivre avec Loto-Québec?
M. Fortin
(Pontiac) : Exactement, avec les gens de Loto-Québec. D'ailleurs,
j'étais intéressé par des questions que posait mon collègue d'en face,
donc on va peut-être un petit peu continuer dans la même lignée.
Si je recule en arrière un peu, au cours des 20
dernières années, c'est intéressant de regarder la colonne des revenus de Loto-Québec. Il y a eu les années 90 où
vous avez, oui, fait des investissements massifs, quand même, des casinos. On en parlait justement, le casino... Je
pense à chez moi, là, le Casino de Hull, ce qui était le Casino de Hull,
ce qui est maintenant le Casino du Lac-Leamy, qui, pour ceux qui ne sont pas
allés, en passant, est une infrastructure absolument fantastique, qui est
maintenant plus qu'un casino, c'est un site avec un excellent hôtel, c'est un
site où il y a les grands feux du casino,
c'est un site touristique absolument incroyable, mais où il y avait une période
évidemment, là, d'expansion dans ces années-là, dans les années... Et je pense
que vos revenus justement reflétaient exactement ça. Il y a eu une croissance
quand même marquée des revenus de Loto-Québec.
Après,
il y a eu les années 2000 où on a vu un peu la fin de cette croissance, où les
choses se sont stabilisées un peu. Il
y avait des taux d'augmentation de croissance, là, qui étaient relativement
plus bas que ce qu'on avait connu dans les années 90. Et, à la mi-année... vers le mi-chemin des années 2000, on a
vu que ça a commencé à diminuer, les revenus chez Loto-Québec. Et là, si
je regarde les années 2009, 2010, 2011, 2012, 2013 à 2014, il peut y avoir des
circonstances exceptionnelles
d'année en année, mais, de façon générale, ça semble être une tendance qui est
quand même marquée et qui est quand
même à la baisse d'année en année. Et
j'écoutais le discours du budget, évidemment avec grande attention, du ministre des Finances quand il nous l'a présenté au mois de mars, et il
a parlé d'un revenu anticipé de 45 millions en deçà de ce qui était attendu simplement
pour Loto-Québec. Pouvez-vous expliquer, d'après vous, qu'est-ce qui
caractérise la baisse marquée simplement de cette année-là? On peut travailler
simplement sur cette année.
Le Président (M.
Bernier) : M. Bibeau.
M.
Bibeau (Gérard) : Merci. Juste revenir sur le point du
45 millions, ça a évolué, là, pour le 31 mars, là. J'ai donné le
chiffre de tout à l'heure, là, de 49 millions au lieu du 45. Je vais
expliquer ce qui s'est...
M. Fortin
(Pontiac) : Le 49 millions. Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Oui.
M. Fortin
(Pontiac) : De 49 millions. Donc, ça a augmenté la différence
dont on s'attendait. Donc, vous êtes 4 millions en deçà des attentes d'il
y a quelques mois du ministre des Finances?
M. Bibeau (Gérard) : C'est ça. C'était 45 au niveau du jeu, mais les
chiffres finaux au 31 mars, c'est 39 millions.
M. Fortin
(Pontiac) : 39?
M. Bibeau
(Gérard) : 39.
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien.
M. Bibeau
(Gérard) : C'est ça. Donc, la situation s'est améliorée un petit peu.
Le Président (M.
Bernier) : ...
M.
Bibeau (Gérard) : Donc, la
principale explication que je vous dirais de l'année qu'on vient de terminer,
ça s'est passé au secteur des loteries, tout simplement parce qu'on a eu moins de
gros lots cette année. Puis je vais vous l'expliquer, parce que, veux veux pas, il y a toujours une
partie de variation, nous, à la fin de l'année, qui varie. On fait toujours
nos prévisions, nous autres, en fonction,
là, de la courbe normale puis les moyennes au niveau des gros lots. Comme
vous savez, nos acheteurs, il y a des
acheteurs qui sont réguliers, mais on a des acheteurs qui sont occasionnels,
puis ça fait toute la différence.
Quand on a un gros lot, on vend pratiquement le double de ce que c'est qu'on
vend quand que le lot est à son niveau, dans le fond, le plus bas. Donc,
c'est bien important.
Je vais vous donner
des chiffres exactement. Selon les probabilités, là, nous, le Maxmillion, on
avait prévu 16 tirages de Maxmillion, puis
finalement... Maxmillion, c'est le lot qui est rendu à 50 millions plus,
des fois, 1 million, le Maxmillion,
comme, demain soir, on est dans le 50 millions, puis il y a des
Maxmillions. Ça, on est contents quand ça nous arrive parce que ça fait
la différence. Veux veux pas, ça fait la différence.
Le Président (M.
Bernier) : On vous donne le droit de faire de la publicité. On vous donne
le droit.
• (17 h 30) •
M.
Bibeau (Gérard) : Donc, on s'attendait à en avoir 16 puis finalement
on en a eu neuf. Ce que ça a fait, c'est que... Puis ça, cette chance-là, la courbe normale, c'est 14 %. Le
fait qu'on a eu moins comme ça dans nos évaluations, dans la courbe
normale, la chance que ça arrive, c'est 14 %. Donc, c'est très rare.
Puis
l'autre, c'est notre tirage du gros lot de 50 millions; en plus, ils ont
été gagnés souvent. C'est qu'on n'a pas été en Maxmillion. Bon, les Maxmillions, on en a eu 37 cette année; l'an
passé, 274. Ça, ça veut dire que, quand notre gros lot vient haut puis
qu'il n'est pas gagné, il dure, il y a des Maxmillions qui s'accumulent. Là,
veux veux pas, les acheteurs occasionnels regardent ça, ils achètent des
billets, ça crée une certaine habitude, puis, même quand le lot descend, bien souvent, ça continue. Donc, c'est un
phénomène qui est important pour nous autres. Puis, cette année, ça a
été quand même assez spécial.
Puis le 6/49, même
chose qui est arrivée, exactement, au niveau de 6/49. On s'attendait...
Attendez. As-tu ton cellulaire? Bon, nous
n'avons eu aucun gros lot de 35 millions, comparativement à quatre en
2003. Ça, ce que ça a fait, ça :
on a eu une diminution de 6,5 %. À ces deux loteries-là, qui sont
pancanadiennes, il y a des jeux qui sont associés à ça, des jeux
québécois, hein, le Québec Max, hein, le Québec 49, l'Extra : quand vous
achetez un billet, hein, un 6/49, prenez-vous
un Québec 49 avec ça? Bon, quand les gens n'achètent pas du 6/49, bien, ils
n'achètent pas du Québec 49. Donc, ça, ça a connu une baisse de
11,5 %.
Ce que je vous
explique là, bien sûr, c'est toutes les loteries canadiennes qui ont connu ça.
Dans toutes les provinces, on a eu, toute la
gang, le même résultat. Chez nous, on a eu une baisse de 12 % de nos
revenus en loterie juste à cause de
ça; Colombie-Britannique, eux autres, ils ont eu 10,9 % de baisse; puis
l'Ontario a eu 11,9 % de baisse. Donc, tout le monde a baissé exactement
pour la même raison.
Pour vous dire rapidement, du côté américain,
imaginez-vous, il est arrivé à peu près la même chose. Vous connaissez, je pense, le Powerball puis le
Megamillions, ça avait monté jusqu'à 750 millions l'autre année; cette
année, juste pour la
première moitié de l'année financière, le Powerball a eu une baisse de
40 %, ils sont restés dans des lots à peu près de 150 millions au total. Ça n'a pas fait embarquer le
monde du tout. Finalement, 150 millions, c'est négligeable par rapport aux 750. Donc, c'est un phénomène
qu'on a dans les loteries, qui est dû, en partie, au hasard, bien sûr,
c'est à la marge, mais, à la fin, ça fait une différence au niveau de notre
bénéfice.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Fortin
(Pontiac) : Bon. Là, vous m'avez lancé un paquet de noms de loterie
que, je vais être honnête avec vous,
je ne connais pas parce que je ne suis ni un occasionnel ni un régulier de la
loterie. Cependant, ce que j'ai compris dans votre argumentaire, c'est qu'il y avait neuf tirages sur 16 — entre autres, là, c'est Maxmillion, si je ne
me trompe pas — et ça, il y avait simplement une... il y a
14 % de chances que ça arrive. Ça doit être une courbe normale, là.
Donc, ça veut dire que, d'année en année...
Et j'imagine qu'au cours des années passées il y a eu une année où il y a eu,
disons, 21 au lieu de 16. Sauf que les
revenus de Loto-Québec descendent d'année, en année, en année. Donc, je
comprends que vous m'avez expliqué ce
qui s'est passé cette année, mais qu'est-ce qui se passe, de façon générale,
pour que ça continue de diminuer d'année en année?
Le Président (M. Bernier) : M. Bibeau.
M. Bibeau
(Gérard) : Oui. C'est parce que la question que vous m'avez demandée,
là... plus cette année, là, je pense,
là. Bon, au niveau des loteries, c'est relativement stable au niveau, là, des
revenus, dans le fond, là, d'une année à l'autre. Cette année a été particulière. Ça, là, je pense que c'est
assez clair, là, dans nos chiffres, là, qu'il n'y a pas eu... que, cette année, c'est spécial à cause, comme je vous
ai dit, là, de la question, là, du hasard. Mais c'est sûr que... Je
pense, vous l'aviez très bien exprimé, vous n'êtes pas un acheteur de loterie,
bon.
Une voix : 554...
M. Bibeau
(Gérard) : Veux veux pas, il y a un changement, il y a des changements
de comportement. Les jeunes sont un
petit peu moins attirés par le produit. On fait allusion à La Poule; ça marche
terrible, là, La Poule. Ça fait 25 ans que ça fonctionne. Ça fait 25 ans
qu'on a une émission de télé, on a encore 1 million de téléspectateurs qui
regardent La Poule. Qu'est-ce qu'ils voient? Ils voient des gens gagner
25 000 $.
Le Président (M. Bernier) : C'est M.
Baulu, d'en haut, qui vous protège.
M. Bibeau
(Gérard) : Tu sais, bon, on a toute une clientèle, quand même, qui est
beaucoup notre clientèle actuelle, qui
est là, qui achète, qui achète de façon régulière, tout ça. Bon, c'est sûr que
la jeune génération... Et là on a tout un défi, donc, mettons qu'on parle de loterie, on a tout un défi à relever, à
renouveler, là, notre clientèle au niveau des loteries. Puis ce n'est pas juste au Québec, hein? Partout
au Canada, partout aux États-Unis, finalement partout sur la planète,
les jeunes se reconnaissent un petit peu
moins dans les produits actuels, hein? Je pense que vous le savez, les jeunes,
ce n'est pas parce qu'ils ne jouent
pas; les jeunes, ils jouent énormément, pas nécessairement dans les jeux de
hasard et d'argent, hein? Ils sont sur leur tablette, ils sont sur leur
ordi, ils sont sur leur téléphone cellulaire.
Mais, regardez, une loterie qui marche bien
actuellement au niveau des jeunes ici, au Québec, c'est Gagnant à vie!. Vous devez connaître Gagnant à vie!, on
fait de la publicité. Ça, c'est la personne qui peut gagner, par
exemple, 1 000 $ par semaine le
restant de ses jours et, en passant, 1 000 $ qui est non
imposable, 1 000 $ par semaine le restant de ses jours.
On a un spécial actuellement, 2 000 $ par semaine...
Le Président (M. Bernier) : Continuez
votre publicité.
M. Bibeau
(Gérard) : ...le restant de nos jours, un spécial. Ça, c'est une
loterie que les jeunes sont beaucoup plus accrochés. On achète beaucoup
plus au niveau des jeunes. On dirait que le rêve... Eux autres, ils ne rêvent
pas de gagner 50 millions, puis de s'acheter un sous-marin, puis de
triper, tout ça. Non, ce n'est pas ça. Avoir une certaine sécurité, acheter des billets puis qui leur
donnent 2 000 $ par semaine, ça les embarque un petit peu plus. Puis,
oui, ils vont mettre un petit
5 $ pour gagner ce petit rêve là. C'est de la publicité qu'on fait. Par
exemple, là, les deux sont en chaloupe en train de pêcher, puis tout ça,
puis il y en a un qui conte à l'autre : Bon, regarde, moi, je suis ici
puis, regarde, j'ai mon 1 000 $ par semaine, tout ça. Ça fonctionne
pour les jeunes. Bien, regardez, on est là-dedans.
On fait aussi
des jeux — je vous
parlais tout à l'heure de tablettes, puis d'ordis, puis tout ça — Expérience où, justement, les jeunes,
les gens, quand ils achètent leur billet, bien, ils peuvent jouer. Ils ont des
gestes à poser, puis il y a toutes sortes de choses, là, qui se produisent
pour faire un peu d'animation puis faire un peu de divertissement. Ça,
c'est un peu plus accrocheur, mais, oui, on a des gros défis pour renouveler
nos loteries.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député de Pontiac.
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, M. le Président. C'est intéressant, ce que vous me parlez. Écoutez,
vous le dites, je ne savais même pas
que La Poule était encore à la TV, mais moi, je pensais que c'était fini
en même temps que Séraphin Poudrier, mais, bon, ça n'a pas l'air.
Le Président (M.
Bernier) : Non, non, ils les recommencent, Séraphin.
M. Fortin (Pontiac) : Mais la
question de la stratégie pour les jeunes est quand même intéressante, et je
suis content de savoir que vous avez des
produits que vous élaborez de façon différente, quand même, pour cette
clientèle qui, vous avez raison, est peut-être un petit peu moins
attirée par vos produits traditionnels.
Est-ce que la même... et le collègue de Rousseau
y a touché un petit peu tantôt, là, mais est-ce que la même dynamique se produit dans nos casinos? Est-ce qu'il y a
de moins en moins de jeunes pour une clientèle qui est de plus en plus vieillissante, si on veut? Et je vais ajouter
à ça, M. le Président, et, si c'est le cas, c'est quoi, la stratégie de
Loto-Québec, justement, pour s'assurer qu'au fil des ans, alors que la
population prend de l'âge, il y a une relève à sa clientèle, si on veut?
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Bibeau.
M. Bibeau
(Gérard) : Oui. Comme vous
l'avez dit, puis comme on a commencé à en parler un petit peu, là, tout
à l'heure, toute la question, là, de la relève, des nouvelles générations, ça
s'applique à l'ensemble de nos produits. Ça, c'est sûr et certain.
Allons-y,
dans les casinos. Dans les casinos, on voit que l'industrie des casinos...
l'industrie du jeu de hasard et d'argent est en baisse, est en baisse
depuis cinq ans. J'y vais de mémoire, là, depuis cinq ans, il y a eu une
baisse, au niveau des jeux de hasard, de
5 %. Par contre, le divertissement, lui, depuis cinq ans, est en
augmentation de 6 %. Nous, on est
dans le divertissement, on n'est pas juste dans les jeux de hasard et d'argent.
Donc, tout le virage qu'on fait dans nos casinos, justement, c'est d'abord du virage, mais il faut faire bien
attention, on a une grande clientèle... Quand je vous dis qu'il y a
22 000 personnes qui sont
allées au casino samedi soir, c'est du monde, là. C'est du monde dans nos
casinos, là. Puis ça, c'est juste le Casino
de Montréal, ça, samedi soir, là. Donc, il y a du monde. On a tous nos
clientèles régulières qu'on prend soin, qu'on s'occupe, qu'on fait ce
qu'il faut avec eux autres. Mais, pour les jeunes, on fait des choses quand
même spéciales.
Je vais vous
parler, par exemple, d'un concept qu'on a réalisé, nous autres, Loto-Québec,
qui s'appelle la Zone. Ça, c'est un
endroit dans nos casinos où il y a plusieurs sortes de jeux, il y a de
l'animation, il y a du multimédia, il y a toutes sortes de choses qui se passent là-dedans. C'est plein à craquer.
Si vous allez dans nos casinos, on l'a actuellement au Lac-Leamy, on l'a au Casino de Montréal, vous
allez là le samedi soir entre 10 heures puis 2 heures, là, vous ne
pouvez pas entrer. C'est plein, puis ça mène
du bruit, puis il y a du plaisir, tellement, des fois, qu'on a des petites
plaintes, on a des petites plaintes autour de la Zone.
On a ouvert
récemment une discothèque au Lac-Leamy. C'est la discothèque de la région de
Gatineau. Pourquoi je dis que c'est
la discothèque? Parce qu'on est un casino, on a regardé ce qui se faisait
ailleurs. Bien sûr, on a regardé des modèles élégants, on a fait quelque
chose de beau. Il y a à peu près 250 personnes qui peuvent être là-dedans.
C'est vraiment high-tech. Même chose, vendredi soir, samedi soir, c'est
«lineup». Ça prend du temps avant de rentrer là. Donc, c'est sûr que les jeunes sont intéressés puis les jeunes viennent
chez nous. Bon, c'est différentes choses qu'on fait comme ça au niveau du divertissement. Même chose
au niveau des salles de spectacle, c'est clair que la clientèle plus
jeune, on veut s'en occuper, mais toujours à l'intérieur du divertissement. Les
jeunes se divertissent puis ils découvrent aussi nos produits.
On parlait, très rapidement, tout à l'heure, là,
de ce qui se passe actuellement au Casino de Montréal avec les Canadiens, bien,
regardez, il y a plein de monde qui sont venus écouter, chez nous, les
Canadiens, quand... Quand les Canadiens jouent à l'extérieur, il y a plein de
monde qui sont venus. C'était diffusé sur un gros écran multimédia qu'on a dans notre casino. Ça aussi, les jeunes,
le multimédia, ils aiment ça. Puis ils étaient dans le bar, puis franchement,
là, il y a eu un plaisir fou, là. Les gens ont... On a eu plein de commentaires
qu'ils découvraient aussi le casino.
Ce qu'on
veut, c'est d'être dans le divertissement de façon globale. Puis, comme vous
savez, oui, on fait du travail pour
renouveler notre clientèle, mais toujours de façon très équilibrée. Nous, c'est de la commercialisation
responsable qu'on fait, donc on a des limites, puis ça, on y tient.
• (17 h 40) •
Le
Président (M. Bernier) : Monsieur,
je vais me permettre de prendre les deux minutes qui restent. Vous
savez, à chaque année, on vous parle d'une industrie
qui existe, l'industrie du bingo, à laquelle vous avez eu à réfléchir
par... versus votre service de la Société
des bingos du Québec, sous un nouveau
vocable. Cette industrie-là est assez... en situation où ils doivent également se moderniser, comme vous l'avez
mentionné. Il y a des réflexions qui se sont faites avec cette direction-là.
Est-ce que cette pensée-là va continuer à
évoluer par rapport à... Parce qu'il y a quand même des OSBL, là, un peu
partout au Québec, là, environ 800, qui bénéficient des retombées financières
et il y en a partout à travers le Québec.
Vous savez que ça me tient à coeur parce que j'y travaille beaucoup pour voir
de quelle façon on peut faire avancer ce dossier-là. Est-ce que vous
avez des commentaires sur ça à nous donner cet après-midi, en terminant,
là-dessus?
M. Leitão : Peut-être que je
pourrais commencer, M. le Président. Aujourd'hui même, il y a une lettre qui m'a été donnée par ma collègue la ministre de la
Sécurité publique, donc, soulignant son accord pour qu'on puisse passer
à des projets pilotes pour essayer de...
pour redynamiser ce segment-là. Nous pensons que Loto-Québec est d'accord
pour participer à ces projets pilotes là. Je pourrais déposer la lettre que ma
collègue m'a envoyée.
Et donc nous allons procéder à des projets
pilotes pour examiner les différentes avenues pour redynamiser cette partie-là de l'équation, parce que, comme
vous avez mentionné, il y en a beaucoup, d'organismes à but non lucratif
qui dépendent de ce secteur-là. Et donc c'est utile qu'on puisse examiner
toutes les alternatives possibles pour essayer de redynamiser ne serait-ce
qu'un peu les bingos.
Document déposé
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Donc, on va prendre le dépôt de la lettre,
M. le ministre. Est-ce que vous avez autre chose à ajouter, M. Bibeau?
M. Leitão :
Moi, ça va.
Le Président (M.
Bernier) : Vous, avez-vous d'autres choses?
Une voix : ...
Le
Président (M. Bernier) : Non, ça va? O.K. Donc, nous allons donc passer
maintenant du côté de la deuxième opposition. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Le modèle d'affaires de
Loto-Québec évolue à vitesse grand V. Pourquoi? Parce que, premièrement,
les jeux en ligne, oui, explosent. Est-ce qu'on va aussi vite du côté de
Loto-Québec que ce qu'on voit présentement
sur les jeux en ligne? On voit que les loteries, casinos sont à la baisse. On
n'a qu'à penser à Atlantic City; il y a eu des casinos qui ont fermé.
Les revenus sont moindres à Vegas depuis les cinq dernières années.
Quand on regarde chez
nous, présentement, le casino de lac... de Mont-Tremblant ne fait pas ses
frais, le Casino de Charlevoix est limite,
même le Casino du Lac-Leamy est à la baisse. Le Casino de Montréal, ça monte et
ça descend. Rien de très, très rassurant, surtout quand on vient d'investir
plus de 300 millions de dollars dans le Casino de Montréal.
Et, quand je dis que
ça va très vite, j'ai une question fort simple. Depuis l'arrivée de M. Bibeau,
en 2011, les revenus sont à la baisse, sans cesse. Depuis 2008, le salaire du
P.D.G. est passé de 263 000 $ à 357 000 $, et, durant cette même période, il y a eu une dégringolade des
revenus, des profits nets annuels, qui ont été versés au gouvernement du
Québec, de 312 millions de dollars.
Donc, d'un côté, on a une chute des profits à hauteur de 21 % et, de
l'autre côté, on a une augmentation de salaire qui est équivalente à
36 %. Comment vous expliquez que votre salaire ait monté aussi fortement et que, de l'autre côté, les profits
aient baissé? Dans l'industrie privée, c'est impossible de penser à ça,
mais, dans un monopole d'État, il faut croire que ça se fait.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Ce que j'ajouterai à ça, c'est que, bien sûr, Loto-Québec
n'échappe pas à ce que... donc le constat que vous avez mentionné, mais
j'aimerais souligner que, sous la gouverne de M. Bibeau, une démarche sérieuse
de restructuration et d'optimisation est en place. Donc, je ne pense pas qu'on
puisse accuser ou blâmer M. Bibeau de mauvaise
gouvernance, loin de ça, dans un environnement qui est très complexe, et
d'ailleurs M. Bibeau l'a bien
mentionné ici, l'entreprise, Loto-Québec, continue de générer 1 milliard
de dollars et quelques de revenus, de revenus nets, de dividendes pour l'État. Ses dépenses d'exploitation sont... Oui, ses
revenus sont en baisse, mais ses dépenses aussi sont en baisse. Alors,
je tiens ici publiquement à réitérer entièrement ma confiance dans M. Bibeau et
dans l'équipe actuelle de gestion de Loto-Québec.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Bon, ça, M. le Président, c'est bien. Il reste que la vérité est que les profits sont à la
baisse et, de l'autre côté, il y a une augmentation pas juste
substantielle de 36 %; le P.D.G., aujourd'hui, reçoit 357 000 $.
Alors,
si vous ne laissez pas M. Bibeau répondre, je vais vous poser une autre
question que vous devez peut-être savoir.
Les avantages sociaux de M. Bibeau. Est-ce que vous pouvez m'indiquer, M.
le ministre, l'allocation de logement qu'on
verse au P.D.G. et combien d'allocation on verse aussi ou combien de voitures
de fonction on verse à M. Bibeau? On sait
que, dans les documents ici, on verse aux vice-présidents 850 $ par mois,
à certains vice-présidents. Donc, deux questions fort simples : Quel est le montant qu'on verse pour l'allocation de
logement de M. Bibeau? Et combien de voitures de fonction, en termes de
montant aussi, on verse à M Bibeau?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Encore une fois, M. le député, je réitère mon entière confiance dans l'équipe
de gestion de Loto-Québec, en commençant par
M. Bibeau. Je ne pense pas que sa rémunération ou que ses avantages... que
ses bénéfices marginaux soient scandaleux, loin de ça. Je demanderais peut-être
à la présidente du conseil d'élaborer un peu sur la politique de rémunération
de l'entreprise.
M.
Bonnardel :
Rapidement, s'il vous plaît, juste les montants.
Le Président (M.
Bernier) : Donc, en vous identifiant, madame, et en donnant votre titre.
Mme Fortin
(Hélène F.) : Bien sûr.
Hélène Fortin, présidente du conseil
d'administration de Loto-Québec. Les avantages
imposables qui sont inclus dans la rémunération à laquelle vous faites référence sont de l'ordre de 16 000 $.
M.
Bonnardel : Pardon. Pour le logement?
Mme Fortin (Hélène
F.) : C'est tout inclus?
Une voix : C'est
l'allocation du logement, exactement.
Mme Fortin (Hélène
F.) : C'est l'allocation de logement.
M.
Bonnardel : 16 000 $. Et les voitures, c'est le
même montant que vous avez indiqué pour les vice-présidents, c'est
850 $? Combien de voitures on paie à M. Bibeau? Une ou deux?
Mme Fortin (Hélène
F.) : Une seule.
M.
Bonnardel :
Une seule. Excellent. Merci de la...
Mme Fortin (Hélène
F.) : Et, si vous me permettez...
M.
Bonnardel :
Bien là j'avais juste besoin des montants. C'est correct. C'est correct.
Mme Fortin (Hélène
F.) : D'accord.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Alors, continuez.
M.
Bonnardel : M. le Président, autre question, quand on dit que le modèle d'affaires de Loto-Québec évolue rapidement, il y a,
là, une société qui s'appelle la Société de la loterie
interprovinciale, pancanadienne. Il y
a cinq législations qui sont
conjointes dans ces sociétés qui se rencontrent, basées à Toronto. J'ai posé
une question, même deux, dans le cahier en
demandant à M. Bibeau à combien de rencontre s'il avait participé de cette
société de loterie interprovinciale. Quand je dis que le modèle évolue rapidement,
bien, il faut nécessairement bien connaître nos partenaires canadiens, sinon nord-américains.
Alors,
pourquoi ne pas avoir répondu à cette question? Et est-ce que,
oui ou non, vous avez assisté à ces rencontres dans les dernières
années?
Le Président (M.
Bernier) : M. Bibeau.
M.
Bibeau (Gérard) : Très rapidement,
la SLI a été créée en 1976. O.K. C'était pour les loteries. Par la suite, au début des années 90, toutes les sociétés de loterie dans chacune des provinces ont eu les
casinos, ils ont eu d'autres mandats. Donc,
il y a eu un changement. Il y a eu un changement. La date exacte, au niveau... Excusez, je la cherche. La
diversification, je cherche la date. Voyons!
Il y a eu un changement au niveau, en tout cas, au niveau de
l'association, où le président pouvait
déléguer le président aux loteries. Puis il y a aussi quatre personnes qui
siègent à la SLI au niveau du Québec. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a délégué le
président aux opérations aux loteries, à Loto-Québec, pour qu'il
assiste à chacune des rencontres, avec la vice-présidente services juridiques et secrétaire de Loto-Québec, puis il y a
deux autres personnes. Chacun des
présidents des sociétés de loterie ne va pas à ça. Par exemple, en Ontario, il a exactement le même travail que moi. Les réunions se
passent à Toronto, puis il y va très rarement, sinon que pour les saluer.
Donc,
à la question bien précise : Est-ce que
je suis allé?, la réponse est non, mais j'ai le président aux opérations
loteries dans mon bureau plusieurs
fois par semaine, on a un comité de direction à chaque semaine où on parle
justement des opérations au niveau de la
société des... de la SLI, donc je suis totalement au courant des démarches. On
prend des positions, c'est des positions
qui ont été discutées chez nous puis qui sont véhiculées par notre président
aux opérations loteries comme ça se passe dans les autres provinces.
• (17 h 50) •
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Bonnardel : Dernière question rapidement, puis je laisse la
place à mon collègue de Beauce-Nord. Donc, pour vous, comme P.D.G., chef
de la direction, ce n'est pas nécessairement important d'aller participer à ces
rencontres. Pour vous, le message que vos V.P. vont vous donner, c'est assez?
M. Bibeau
(Gérard) : Si on a à se parler, on va se parler, ça, c'est bien sûr.
M.
Bonnardel : D'accord. M. le Président, je vais passer la
parole à mon collègue de Beauce-Nord pour Revenu Québec.
Une voix : Revenu
Québec, s'il vous plaît, M. le Président.
Le
Président (M. Bernier) : Oui. Maintenant, si Revenu Québec veut prendre
place. Il y aura des questions, par la suite,
du côté du gouvernement au niveau de Loto-Québec. Donc, il va rester un bloc
d'environ une dizaine de minutes par la suite, à 18 h 8.
Alors, ça va? Allez-y, M. le député de Beauce-Nord.
M.
Spénard :
Merci, M. le Président. Alors, à mon tour de vous souhaiter la bienvenue,
messieurs de Revenu Québec.
Alors,
M. le Président, lorsqu'on a posé les questions en termes de deuxième
opposition à Revenu Québec, voici ce qu'ils nous ont donné lorsqu'on
parle de pourcentage des décisions maintenues face aux contestations ainsi que
le délai de traitement moyen. Alors, le
pourcentage de décisions maintenues depuis les cinq dernières années, alors
lorsqu'ils font des avis de cotisation, en
2010‑2011, c'était 63 %; 2011‑2012, 59 %; 2012‑2013, 55 %; 2013‑2014,
59 %; 2014‑2015, 61 %. Ça,
c'est le pourcentage des décisions maintenues selon Revenu Québec, qu'est-ce
qu'ils nous ont donné. Ça, ça va quand même... ce n'est pas fort, là. Ce
n'est pas fort, là, compte tenu de tout le pouvoir qu'ils ont.
Mais
ce que je veux en venir, je veux en venir, en ce qui concerne les
entrepreneurs, sur l'enquête de Richter, qui est apparue au mois de
mars, le 14 mars 2015, où est-ce qu'on dit de combien les avis de
cotisations de Revenu Québec étaient-ils trop élevés sur 40 cas étudiés depuis
les deux dernières années. Bien, je vous le donne en mille, sur 40 cas, M. le Président, 20 cas ont été annulés en entier,
11 cas ont vu leur avis de cotisation réduit de 50 % à 89 %; sept cas
ont vu leur avis de cotisation réduit de
plus de 90 %, et deux cas ont vu leur avis de cotisation inchangé. Deux
sur 20, c'est 10 % de réussite, ça.
Alors,
on sait très bien que, de plus en plus, Revenu Québec fait face à des plaintes,
que ça soit des plaintes au ministère,
des plaintes à Revenu Québec. Ils nous l'ont dit qu'il y avait beaucoup plus de
plaintes qu'avant, et là c'est rendu le
Protecteur du citoyen qui se plaint. Pourquoi? Parce que Revenu Québec... Si on
parle d'un jugement qui a été rendu en 2013
par un juge de la Cour supérieure et que Revenu Québec nie, évidemment, là...
Mais la conclusion du juge Reimnitz, de
la Cour supérieure, disait clairement ceci : «Chaque service a une somme
fixe comme objectif à récupérer. Chaque agent a des quotas à respecter. S'il atteint sa cible, l'agent peut grimper
d'échelon, ce qui augmentera son salaire de 1 000 $ à 1 200 $. L'agent peut [obtenir aussi] un
boni représentant 3,5 % de son revenu.» C'est ce qui ressort d'une
décision du juge Steve Reimnitz, de la Cour supérieure, lors du procès
d'Enico.
Alors,
moi, suite à ça et suite aux protections... parce que, là, vous savez que maintenant,
lorsqu'il y a une cotisation à Revenu Québec, alors,
le contribuable ou l'entreprise est obligé de payer sur-le-champ et ensuite l'entreprise
ou le contribuable est déclaré coupable avant de se faire opposer.
Sauf
que, de plus en plus, on assiste, dans les entreprises,
à des cotisations que j'appellerais de complaisance parce que, M. le Président, Revenu Québec fonctionne par
assimilation. C'est-à-dire que, si une compagnie... une compagnie qui paie sa TPS, sa TVQ, c'est correct, mais il y a un
sous-contractant de cette compagnie-là qui est en faute avec Revenu Québec, alors, qu'est-ce qui se passe? C'est que
le percepteur va dire à cette compagnie : On ne vous rembourse pas
votre TPS, votre TVQ parce qu'on pense que
vous avez fraudé, parce que votre sous-traitant n'avait pas payé ou était en
déficit avec Revenu Québec. Donc, c'est des — et ça, il n'y a pas un juge
qui va accorder ça — c'est
des culpabilités par association et même pas par preuve.
Puis,
quand on regarde les choses, lorsqu'on arrive avec les avis des vérificateurs
ou les percepteurs ,et tout, alors on s'aperçoit que les avis de
cotisation ne reflètent pas du tout la réalité parce que, écoutez, il y en a 40...
selon Revenu Québec, là, 61 %. Avec
tous les pouvoirs qu'ils ont de fermer les entreprises, de mettre les
entreprises en faillite, et tout, je pense que ça va mériter une enquête
beaucoup plus approfondie dans les mois qui suivent.
Mais
moi, ma question, j'ai une question soit au ministre ou soit au
président-directeur général de Revenu Québec, soit un ou soit l'autre,
là. Quelles sont les cibles par département que vous avez fixées comme revenus
de cotisation en 2015‑2016? Parce qu'on sait qu'il y a des cibles. Il y a même
un juge de la Cour supérieure qui nous l'a dit.
Le Président (M. Bernier)
: M. le ministre.
M.
Leitão : Je dirais tout simplement qu'en 2015‑2016 il n'y a pas de
cible. Ce n'est pas de cette nature-là, ce... Non, il n'y a pas de
cible, mais je laisserais M. Bibeau expliquer un peu plus.
M.
Spénard :
Il n'y a aucune cible par département de... M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : Oui, allez-y.
M.
Spénard :
Il n'y a aucune cible qui est fixée par département et il n'y a aucun quota qui
existe, que les agents ont à respecter?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Un instant, là. Vous parlez de quotas de récupération liés directement à, donc,
une compensation monétaire pour...
M.
Spénard :
À des vérifications, liés à des vérifications.
M.
Leitão : Une compensation monétaire pour l'agent qui fait ça. Ce que
je veux dire, c'est qu'il n'y a pas de lien entre la compensation additionnelle qu'un agent peut obtenir et les
soi-disant cibles, ou quotas, ou quoi que ce soit. C'est ça, ce que je
voulais dire. Les gens ne sont pas payés selon le montant...
M.
Spénard : Il n'y a
pas de... M. le Président, M. le ministre m'affirme que ça n'a pas d'affaire
là. Donc, il contredit le juge de la Cour supérieure, là, qui en était venu à
cette conclusion-là, là...
M. Leitão : ...année
2015‑2016, pour cette année. Pour l'année 2015‑2016.
M.
Spénard : Pour
cette année, il n'y en a pas, mais est-ce qu'il y en avait dans les années
passées?
M. Leitão : Ça, je ne suis pas en
mesure de vous répondre à ça.
M.
Spénard : O.K. Mais
vous me dites que, pour cette année, il n'y en a pas.
M. Leitão : C'est ça.
M.
Spénard :
O.K. Est-ce que M. le président de Revenu Québec peut m'expliquer ce dérapage
en ce qui concerne les entreprises,
comme quoi le fardeau de vérification, que ne prévoit pas la loi, là, que ne
prévoit pas la loi, le fardeau de vérification
pour les sous-contractants revient aux entreprises, à savoir s'ils sont en loi
à 100 % avec Revenu Québec, sans ça, ce sont eux qui sont
pénalisés? Est-ce que vous avez une réponse à ça, M. le président?
Le Président (M. Bernier) : Vous avez une
minute, monsieur.
M. Paquin (Gilles) : Bien sûr. Oui,
j'ai une réponse.
Le Président (M. Bernier) : Il vous reste
une minute.
• (18 heures) •
M. Paquin (Gilles) : En fait, les
cas qui sont peut-être évoqués ici, ça, c'est des cas où il y a eu usage de fausse facturation. Donc, des gens paient des
travaux qui n'ont pas été réalisés ou qui ont été réalisés par la même
entreprise et obtiennent des remboursements qu'ils n'auraient pas dû obtenir ou
ne se conforment pas en termes de retenues à la source. Donc, on le voit dans certains secteurs, et c'est pour ça qu'on
vient avec des mesures proactives comme l'attestation, pour être
préventifs par rapport à ces situations-là. Mais on a un certain cas — moi,
je dirais qu'on en a à peu près 800 à 1 000 par année — où est-ce qu'on retrouve... C'est des
demandes de remboursement en taxes qui nous sont faites en utilisant des fausses factures. La règle, c'est
que le paiement doit être effectué à l'endroit de celui qui a fait les
travaux. Donc, quand on tient responsable un
donneur d'ouvrage pour des taxes qui auraient été éludées par le sous-traitant,
c'est qu'on a des évidences comme quoi des fausses factures ont été utilisées
et que le chèque n'a pas été fait à celui qui a fait les travaux.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Paquin (Gilles) : Et je vous
dirais qu'en cour on a gagné la majorité de nos causes dans ce secteur-là.
Le
Président (M. Bernier) : C'est bien. Merci. Nous allons passer du côté du
gouvernement. Vous avez un bloc d'environ huit minutes qui vous est
accordé. Là, oui, maintenant.
Mme de Santis :
Là, O.K. C'est Loto-Québec, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bernier) : Donc, merci
aux gens de Revenu Québec d'avoir participé à cette séance de travail, je vous
libère.
M. Leitão : Est-ce qu'il y a
d'autres questions pour Revenu Québec?
Le
Président (M. Bernier) : Non, il n'y a pas d'autre question. Il est prévu
ce soir que c'est la Caisse de dépôt qui va prendre place. Merci.
Alors, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme de Santis :
Merci, M. le Président. En commission parlementaire en 2013, le président de
Loto-Québec a soutenu que les casinos
du Québec se vidaient, désertés par les joueurs qui trouvent une meilleure
offre aux États-Unis ou en Ontario...
Des voix : ...
Le Président (M. Bernier) : Je vous
demanderais l'ordre, s'il vous plaît! Un peu de silence.
Mme de Santis :
...et qu'il souhaitait ramener nos Québécois chez nous. En commission
parlementaire, il a expliqué que le taux de fréquentation
avait diminué de 4 % entre 2007 et 2013 et que prendre un verre d'alcool
en jouant à sa machine à sous serait
bon pour les affaires. Alors, malgré les objections des organismes de lutte
contre les dépendances, qui
craignaient que les joueurs pathologiques jouent davantage et plus longtemps,
au printemps 2013, le gouvernement du Québec
a autorisé les casinos à vendre de l'alcool aux tables de jeu de même qu'aux
machines à sous, une pratique qui avait été interdite depuis l'ouverture
du premier casino québécois en 1993.
Alors,
j'ai plusieurs questions concernant ceci. Est-ce que vous avez fait une étude
suite à la mise en place de cette nouvelle
pratique? Est-ce qu'il y a eu une augmentation des visiteurs parce que,
maintenant, on pouvait jouer auprès de la machine à sous? Est-ce qu'il y a eu une augmentation de revenus? Et quel
a été l'effet sur les joueurs pathologiques? Je sais que le taux de
joueurs pathologiques n'était seulement que 0,4 % en 2012, le plus bas au
Canada, mais quel est le taux aujourd'hui?
Le Président (M. Bernier) : Merci.
M. Bibeau.
M. Bibeau
(Gérard) : Il y a beaucoup de questions. Je vais commencer, un petit
peu, par parler un petit peu, là, de l'alcool. Je me rappelle très bien,
là, de cette commission parlementaire là, là, où Loto-Québec parlait, là, qu'on
puisse servir de l'alcool aux tables. Comme
je le disais à l'époque, c'était d'abord une demande de notre clientèle,
hein? On était les seuls casinos en Amérique
du Nord à ne pas pouvoir servir de l'alcool aux tables; pas la donner, la
vendre, mais qu'ils puissent la boire
aux tables. De la manière que c'était organisé, c'est qu'on avait des bars, là,
dans nos casinos, les gens pouvaient très bien aller au bar se commander
sa boisson, mais il y avait... il ne pouvait pas dépasser une ligne, mettons, à 10 pieds puis mettre sa bière sur la
machine à sous ou quoi que ce soit. C'est ça qu'on avait comme règle.
Donc, le changement qui a été apporté, c'est à ce niveau-là. Bien sûr, on vous
avait aussi dit que Loto-Québec prendrait vraiment
toutes les mesures pour s'assurer qu'il n'y ait pas de problématique qui se
développe suite à ça, parce qu'on fait de la commercialisation responsable, donc on a fait attention là-dessus. Ce
n'était pas pire que les gens qui sont dans un bar puis qu'il y a des machines de loterie vidéo, puis
ils peuvent prendre la boisson qu'ils veulent avec les loteries vidéo.
Puis on parlait, là, tout à l'heure du jeu
en ligne. Bien là, regarde, tu peux être chez vous, tu fais bien ce que tu
veux, tu bois ce que tu veux, puis tu
joues en ligne quand tu voudras, puis il n'y a aucune surveillance. Bon.
C'était dans ce cadre-là qu'on était.
Ce qu'on a
fait, c'est qu'on a toute une série
de formations auprès de nos employés pour s'assurer que... de
détecter les gens qui peuvent avoir des problématiques au niveau de l'alcool, qu'ils soient intoxiqués, qu'il y ait
des crises, puis tout ça. Alors, on a
fait plusieurs formations — on
en avait déjà beaucoup — on
a formé 126 employés additionnels depuis qu'on a mis ça, là, en vigueur. C'est la formation qui est offerte par
l'Éduc'alcool et l'Institut de
tourisme et d'hôtellerie du Québec qui s'intitule Action Service :
pour un service responsable des boissons alcoolisées. Donc, on a un paquet de
monde chez nous qui ont suivi ça.
Il y avait
aussi un comité de suivi, un comité de suivi composé de représentants des ministères de la Santé, de la Sécurité publique et
des Finances qui devait suivre, justement, les impacts au niveau de la vente
d'alcool. Le comité s'est réuni deux fois.
Il s'est dit satisfait des
informations qui sont données par Loto-Québec. Parce que, nous autres, à
chaque fois qu'on fait des interventions,
tout ça, on a un registre, tout est indiqué dans le cardex, donc on est
capables d'expliquer les gestes qu'on fait.
En termes de vente d'alcool, regardez, ce n'est
quand même pas si, si important que ça. Du 18 juillet 2013 au 31 mars 2015, la vente d'alcool dans les bars
a généré 14,5 millions comparativement aux 9,2 qu'on avait avant.
Donc, on a passé de 9,2 à 14,5.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
Mme de Santis :
Et le taux de joueurs pathologiques, est-ce que vous avez étudié ça? C'était
0,4 % en 2012. Est-ce que vous avez un chiffre pour aujourd'hui?
M. Bibeau (Gérard) :
Non, ça n'a absolument rien changé, là. En termes de pourcentage, il n'y a pas
plus de problématiques au niveau, là, de...
Mme de Santis :
Mais comment vous savez ça?
M. Bibeau
(Gérard) : Bien, regardez, c'est des études qui se mettent... La
dernière a été faite en 2012, 2012. Mais, on voit, là, par le volume, on peut constater les choses. On regarde par
les interventions qu'on fait. En tout cas, on s'imagine très mal, en tout cas, qu'il y a une problématique
qui s'est développée suite à ça.
Mme de Santis :
J'ai très peu de temps, j'ai une autre question.
Le Président (M. Bernier) : Vous avez...
Mme de Santis :
Sur le site du Centre international d'étude sur les jeux et les comportements à
risque chez les jeunes de l'Université McGill, on trouve le suivant :
«Bien que, dans la croyance populaire, la participation aux jeux d'argent est principalement associée aux
adultes, les résultats de recherche montrent qu'un peu plus du tiers des
élèves québécois du secondaire [ont]
rapporté avoir joué au moins une fois à une forme de jeu d'argent [au cours
d']une période de 12 mois[...]. De tous les élèves, 4 % sont
des joueurs à risque — quelques
problèmes avec le jeu — et
2 % sont des joueurs pathologiques
[probables] — dépendants
du jeu.» Vis-à-vis ça, est-ce que vous
avez un programme en place qui touche particulièrement les jeunes? Parce que je sais que votre
mission que vous avez adoptée dans votre plan stratégique...
Le
Président (M. Bernier) : Mme la députée, le temps est écoulé, et je vous
donne 30 secondes pour donner une réponse sur le sujet, si vous
voulez, là. Après ça, c'est terminé.
M. Bibeau (Gérard) : Chez
nous, dans tous nos produits — casinos, loteries, jeux en ligne — on a des règles très strictes pour le contrôle des 18 ans.
Ça, c'est très, très, très strict partout, même dans les dépanneurs. Je peux
vous dire que, sur le plan même mondial, on
se compare, on est parmi les meilleurs pour s'assurer qu'il n'y ait pas de
joueurs, chez nous, qui consomment des produits s'ils n'ont pas
18 ans.
Le Président (M.
Bernier) : Merci de votre participation, Loto-Québec, à cette Commission
des finances publiques.
Donc, compte tenu de
l'heure, je lève la séance, et nous reprenons nos travaux — pardon? — ...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bernier) : ...à 19 h 30, et vous pouvez laisser vos effets ici.
(Suspension de la séance à
18 h 10)
(Reprise à 19 h 33)
Le Président (M.
Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux.
Je
vous rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude des
crédits budgétaires du portefeuille Finances pour l'exercice financier
2015‑2016.
Et,
lors de la suspension, nous en étions avec le gouvernement. Nous allons donc
passer du côté de l'opposition officielle.
Donc, ce soir, nous
recevons les gens de la Caisse de dépôt. Donc, bienvenue à la Commission des
finances publiques pour cette portion. Donc,
sans plus tarder, je donne la parole à M. le député de Rousseau. La parole est
à vous.
M.
Marceau : Oui, merci. Bien, j'aimerais que vous invitiez les gens de la
caisse à venir s'asseoir si c'est possible.
Le
Président (M. Bernier) : Oui, donc, j'invite les gens de la Caisse de dépôt
à prendre place, s'il vous plaît. M. Sabia, monsieur du... Robert,
veuillez prendre place. Donc, quand vous prenez la parole, simplement... en
vous identifiant ainsi que votre titre pour fins d'enregistrement. Alors, M. le
député de Rousseau.
M.
Marceau : Oui, merci, M. le Président. Alors, tout d'abord, bonsoir,
M. Sabia, bonsoir, M. Tessier, bienvenue. O.K. Alors, écoutez, je vais commencer par,
peut-être, des questions... Écoutez, peut-être parler un peu d'un sujet
dont on va reparler, c'est-à-dire le projet de loi n° 38, qui va nous
occuper prochainement, projet de loi n° 38, là, qui porte sur les
infrastructures.
Mais,
avant de dire ça, là, j'aimerais juste être bien au clair. Moi, M. Sabia,
vous savez, je pense, que... J'ai déjà eu l'occasion de le dire et je
vais redire que je trouve que vous avez fait de l'excellent travail à ce jour
et que...
M. Sabia (Michael) :
Jusqu'à date.
M. Marceau : Pardon?
M. Sabia (Michael) :
Jusqu'à date. Mais c'est toujours en...
M.
Marceau : Bien, voilà, et je ne
voudrais pas que ça se gâte. Je ne voudrais pas que ça se gâte, et c'est un
peu le sens de ce que je veux vous dire aujourd'hui.
M. Sabia (Michael) :
...souvent. C'est la raison pour laquelle je suis à l'église le dimanche, oui.
Des voix :
...
Le Président (M.
Bernier) : C'est bien.
M.
Marceau : Écoutez, donc, je vais
aller droit au but. Je vais aller sur... Parce que vous savez qu'il y a
eu un débat au sujet des notes de Moody's concernant l'annonce qui a été
faite par le gouvernement et par vous concernant le fait que la caisse pourrait désormais participer à la
mise en place d'infrastructures au Québec. Bon, vous savez comme moi qu'il y a eu deux notes qui ont été publiées, là,
par Moody's le 26 janvier 2015. Et il y a eu des choses qui ont
été dites au salon bleu qui n'étaient pas parfaitement conformes à la
vérité, si on peut dire...
Le Président (M.
Bernier) : Je vous écoute, M. le député de Rousseau.
M. Marceau : Pardon?
Le Président (M. Bernier) : Je vous
écoute.
M. Marceau : O.K.,
donc je fais attention aux propos que j'utilise.
Le Président (M. Bernier) : Oui.
M. Marceau
: Peut-être, quand même...
Je vais vous inviter à simplement donner votre version des faits sur la note que Moody's, qui s'appelle Issuer Comment — Caisse de dépôt et placement du Québec's Infrastructure Agreement with Québec Is Credit Negative. Alors, ça, c'était l'opinion de Moody's. Le même
jour, Moody's avait publié une note plus générale qui établissait son opinion sur la caisse, dans laquelle elle
disait essentiellement qu'elle maintenait la cote de crédit de la caisse. Mais, en même temps, il y avait
cet Issuer Comment qui disait : Bien, quant à la qualité du crédit
de la caisse, c'est négatif.
Alors, peut-être...
Je vais vous laisser l'occasion d'expliquer parce qu'à l'époque c'est le premier ministre qui a répondu. Et vous êtes, évidemment, quelqu'un qui a
dû dévorer ces deux notes-là, alors j'aimerais vous entendre sur cette
note de Moody's.
Le
Président (M. Bernier) : Si vous permettez, M. le député de Rousseau, je
dois donner la parole au ministre, qui, lui, s'il...
M. Marceau : Ah oui! Absolument.
Le Président (M. Bernier) : La question
s'adresse au ministre. M. le ministre.
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Je vais, bien sûr, laisser
M. Sabia commenter les commentaires de Moody's. Juste rappeler qu'au bout de la ligne la cote de
crédit de la Caisse de dépôt et placement du Québec n'a pas été changée,
ni la cote ni les perspectives. Donc il n'y
a pas eu de changement. La caisse a toujours sa cote AAA, et la perspective
est toujours positive. Donc, il n'y a pas eu de changement à ce niveau-là.
Alors, peut-être M. Sabia...
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Alors, simplement en vous identifiant,
M. Sabia, au départ, avec vos titres, s'il vous plaît, pour fins
d'enregistrement.
• (19 h 40) •
M. Sabia
(Michael) : Mon nom, c'est Michael Sabia. Je suis P.D.G. de la
Caisse de dépôt et placement du Québec.
Donc, M. le
Président, pour répondre à la question de M. Marceau, avant de répondre de
façon directe, juste... je pense que ça vaut la peine de prendre un peu
de recul.
Moody's a une préoccupation très généralisée
pour, dans le fond, tous les investisseurs institutionnels et l'augmentation de leurs investissements dans les
actifs, disons, moins liquides comme les infrastructures, les immeubles,
des actifs comme ça. Et, dans le fond, ça,
c'est la raison pour laquelle, d'après moi, Moody's a présenté cet Issuer
Comment, ou quelque chose, j'ai oublié le nom de ce document.
Pourquoi je
dis Moody's a cette préoccupation très généralisée? D'après moi, ce n'est pas
difficile de comprendre pourquoi,
mais je pense que Moody's... Dans le fond, je pense que Moody's se trompe. Et
ce n'est pas juste moi qui pense ça.
Parce que, dans le fond, M. Marceau, ce n'est pas une préoccupation de
l'entente entre la caisse et le gouvernement, ce n'est pas une
préoccupation qui rassure un investissement ou un autre investissement, c'est
une préoccupation de l'évolution des
investisseurs... de l'évolution de la répartition d'actifs des investisseurs
institutionnels à travers le monde.
Parce que, comme vous le savez, dans un contexte
des politiques monétaires actuelles dans le monde — pas nécessairement au Canada, mais dans le monde — la
rentabilité, le rendement disponible dans tous nos portefeuilles à
revenu fixe a changé de façon très importante. Donc, il y a des années, on
avait la capacité de générer un rendement entre
7 %, 8 % ou 9 %,
presque un rendement semblable à celui d'équité. Maintenant et, d'après nous,
pour un autre 10, 15 ans
probablement, les niveaux de rendement très, très bas qui proviennent de nos
investissements dans le revenu fixe...
Donc, tous
les investisseurs institutionnels comme la caisse, nous sommes en train de
faire la même chose : on cherche
des occasions de remplacer ce niveau de rendement qui est maintenant,
franchement, malheureusement perdu. Il faut remplacer ce niveau de
rendement pour répondre aux besoins, dans le cas de la caisse, des déposants.
Mais, pour CPPIB, ou pour les gens de GIC, à
Singapour, ou pour les gens de Norges Bank, en Norvège, c'est toujours la même
chose, il faut faire d'autres choses. Il
faut faire d'autres choses dans un environnement, évidemment, où on ne veut pas
augmenter de façon très importante le niveau du risque du portefeuille. Donc,
qu'est-ce qu'on va faire? Acheter des immeubles, acheter des infrastructures.
Perspective, aux yeux de Moody's... Ça représente, selon Moody's, une
diminution de la liquidité de tous les portefeuilles de tous les investisseurs
institutionnels dans le monde. Voilà.
Du point de
vue «theoretic», oui, probablement, je suis d'accord avec ça, mais l'objectif
de Moody's n'est pas de gérer un
portefeuille, l'objectif de Moody's, ils travaillent pour les détenteurs des
obligations. Ça, c'est leur mission. Donc, quand Moody's voit ou analyse
quelque chose qui diminue marginalement la liquidité d'un portefeuille, ils
pensent que ça, c'est un négatif. Mais, dans
le fond, est-ce que c'est vraiment un négatif important? Est-ce que c'est
quelque chose qui met à risque la
Caisse de dépôt, nos portefeuilles? Absolument pas, et c'est la raison pour
laquelle, la même journée, ils ont publié un commentaire qui dit, et je
cite... Et je m'excuse parce qu'ils ont diffusé le document exclusivement en anglais, mais ils ont dit, donc, je cite :
«Accordingly, based on Moody's current understanding of the agreement, it
does not impact the rating or outlook of
CDP.» Donc, c'est la raison pour laquelle Moody's est arrivé à cette
conclusion : absolument aucun
impact sur la cote de crédit de la caisse. D'après nous, aucun impact sur notre
flexibilité, notre marge de manoeuvre, nos liquidités. Nous avons tant
de liquidités, donc, tout simplement, ce n'est pas un enjeu.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. Sabia. On doit poursuivre nos échanges. M. le
député de Rousseau.
M. Marceau : Merci. Merci pour vos
réponses complètes.
M. Sabia (Michael) : Je peux
continuer.
Le Président (M. Bernier) : Oui, oui,
mais le temps est compté, le temps est compté. Il faut...
M. Marceau : Bien, écoutez, simplement
dans... Moi, je conviens avec vous, là — j'en conviens aisément, même,
là — qu'il
faille aller du côté d'actifs comme des immeubles ou comme les infrastructures.
La question qui est soulevée par Moody's,
vous avez raison, il y a la question du caractère moins liquide de ce type
d'actifs là puis il y a quand même
aussi, là, dans le premier paragraphe, l'exposition de la caisse à des risques
opérationnels et réputationnels. Opérationnels,
ce qu'il faut comprendre, c'est que le métier de la caisse à ce jour...
Peut-être que ça commence, là, je pense qu'il y a un développement d'expertise à cet égard à la caisse qui
commence, mais, à ce jour, la caisse n'était pas opératrice d'infrastructures. Elle plaçait, elle mettait de
l'argent dans des projets d'infrastructure, mais elle n'était pas
opératrice. Puis, quand on parle de risques
réputationnels, là, pour ceux qui comprennent, ça veut dire, bien,
l'indépendance de la caisse, sa capacité à dire non à des projets qui
pourraient être moins avantageux du point de vue de la rentabilité pour la
caisse, et on aura l'occasion d'y revenir,
mais vous savez comme moi que la question de l'indépendance va devoir être
précisée dans le projet de loi n° 38. La capacité de la caisse à fixer ou
non les tarifs va être un enjeu. La façon dont ça pourra procéder, la fixation
des tarifs, ça sera un enjeu important.
Puis j'ai
parlé des risques opérationnels pour la caisse, mais il y a aussi les risques
de construction, carrément. Construire
une infrastructure dans le contexte québécois, c'est une chose qui, pour certains, a été très, très
problématique, là. Je ne vous apprends rien en vous disant qu'il y a eu des
projets d'infrastructure, au Québec, qui ont coûté beaucoup, beaucoup plus cher
que ce qui avait été prévu.
Maintenant,
je sais que vous savez tout ça. Je veux simplement vous dire : Je pense
que c'est un peu ça que nous dit
Moody's. Puis, quand ils disent que c'est «credit negative» puis qu'ils ne
changent pas la cote, vous savez comme moi que la cote peut être maintenue, mais que ça peut être un peu plus
laborieux d'emprunter sur les marchés ou bien que les conditions
auxquelles on emprunte peuvent être un peu moins avantageuses. Je pense que
vous savez ça aussi. Voilà. Je vais vous laisser vous exprimer là-dessus, mais peut-être
deux minutes, puis après ça j'aurais d'autres questions.
Le Président (M. Bernier) : M. Sabia,
pour une toute courte réponse.
M. Sabia
(Michael) : On ne
peut pas répondre au petit discours de mon ami dans juste deux minutes, mais je
parle maintenant... Évidemment, je réponds à une question d'un ancien ministre
des Finances du Québec, et donc je pense que M. Marceau comprend très bien
que la caisse... «I mean», pour moi, la qualité du crédit de la Caisse de dépôt
et placement du Québec... Nous sommes, dans le monde, une des rares
organisations qui porte une cote AAA. Donc, pour moi, la caisse est une organisation tellement
solide et stable, avec une qualité de crédit qui surpasse la grande, grande,
grande majorité de toutes les institutions financières dans le monde. Donc,
pour moi, ce n'est pas un enjeu du tout.
Le Président (M. Bernier) : Merci. Vous
avez une autre question, M. le député?
M. Marceau
: Bien non, non, mais écoutez,
je comprends la réponse de M. Sabia puis je l'accepte, là, je n'ai
pas de... Moi, ce que je pense à ce jour,
puis vous y avez contribué énormément, là, la solidité de la caisse n'est pas
en cause, là, je suis entièrement d'accord avec vous. Est-ce que de
s'aventurer... j'utilise un terme peut-être un peu péjoratif quand je dis «aventurer», mais, en tout cas, d'entreprendre la construction puis l'opération d'infrastructures, ça
fait partie, disons, de l'expertise
que la caisse a réussi à bâtir jusqu'à récemment? Bon, la réponse, c'est que,
non — je
pense qu'il faut être honnête, là — à ce jour, la caisse n'était
pas opératrice ou constructrice d'infrastructures. Elle peut, j'imagine, évoluer dans cette direction-là puis devenir
excellente là-dedans, comme elle a montré qu'elle était capable de le
faire dans d'autres dossiers, mais je pense
que tout le monde peut convenir que ce n'est pas si simple que ça
et qu'il peut y avoir des risques qui
sont associés au fait de s'aventurer dans un domaine dans lequel, à ce jour,
elle n'a pas encore développé une expertise
aussi solide que dans d'autres secteurs. Je pense que ce n'est pas d'être
injuste que de dire ce que je dis. Je pense que c'est très juste, ce que
je dis.
Le Président (M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Oui, M.
le Président. Important de ne pas sous-estimer l'expertise que nous avons développée à la caisse. Nous sommes actuellement un investisseur, dans le monde, important dans les infrastructures,
et nous avons fait beaucoup
de choses, et nous sommes en train de faire beaucoup de choses à travers
le monde. Ceci étant dit, est-ce que
nous allons continuer à développer nos compétences? Oui, absolument.
Et un élément important de cette initiative est de nous donner
l'occasion de continuer de renforcer nos compétences dans ces domaines.
Mais, autre
chose qui est très importante... deux choses : n'oubliez pas, s'il vous plaît, l'expertise opérationnelle que
nous avons développée chez Ivanhoé Cambridge. Ce n'est pas les infrastructures,
c'est des immeubles, mais Ivanhoé Cambridge
est un opérateur. Et donc, d'après moi, grâce à ses compétences
opérationnelles, maintenant Ivanhoé Cambridge profite d'un avantage comparatif sur le marché en tant qu'investisseur.
Et ça, c'est notre idée pour les infrastructures : de faire la même chose.
Est-ce que nous aurons besoin du temps de la même façon que nous avons profité
du temps pour bâtir Ivanhoé Cambridge, qui est maintenant parmi une des
10 sociétés immobilières dans le monde, les 10 plus importantes? Oui.
Donc, on a du travail à faire, mais également nous avons une fondation assez
solide.
Autre
chose : dans le monde actuel, étant donné la qualité de l'expertise dans
plusieurs domaines, dans le monde actuel,
l'objectif n'est pas constamment et toujours d'agir de façon indépendante, mais d'agir en partenariat avec les gens de grande
expertise. Et on a, même au Québec, également à travers le monde, des sociétés
et des partenaires potentiels capables de travailler avec nous en partenariat,
des experts de gestion du projet et toutes sortes d'experts. Donc, cette question des risques — parce que je pense que c'est peut-être un
peu mal compris — notre
objectif est de ne pas changer la nature de la caisse, de la même façon
que nous n'avons pas changé la nature de la caisse en créant... en développant Ivanhoé Cambridge. Notre objectif est de
créer une nouvelle société également pour chacun des projets, soit les deux
ici au Québec ou d'autres projets. Il y a un grand intérêt aux États-Unis,
maintenant, pour ce modèle, un grand intérêt, et donc nous allons créer, pour
chacun de ces projets, une société opérationnelle capable de livrer la
marchandise.
• (19 h 50) •
Le Président (M. Bernier) : Merci. Le
temps est maintenant écoulé du côté de l'opposition officielle. Vous avez déjà terminé, on reviendra tout à l'heure
pour un deuxième bloc. Nous allons aller du côté du gouvernement, M. le
député de Chapleau.
M.
Carrière : Merci, M. le Président. Permettez-moi de saluer
M. Tessier, M. Sabia, ainsi que toute l'équipe de la Caisse de dépôt et placement du Québec, de leur
souhaiter un bon 50e anniversaire, et à nous tous, et à tous les
cotisants également, et souhaiter plein de succès dans les années à venir pour
le bas de laine des Québécois.
Et je m'en
voudrais si je ne commençais pas à vous poser la même question que je vous pose
depuis que vous êtes là. On se
rappellera quand il y a eu la fameuse crise financière de 2008, comment la
caisse a perdu, là, si on se compare à Teachers, etc., et un des éléments...
en fait, deux éléments qui ont fait en sorte que la Caisse de dépôt, à
l'époque, a été plus touchée que Teachers ou
d'autres fonds semblables étaient toute la question, là, des PCAA, où il y en
avait trop. Il y avait beaucoup de
choses qui étaient dans le même panier, et, lorsque ça... Et il y avait toute
la question également de l'évaluation «market to market» versus ce que
d'autres ne font pas ailleurs, là, dans l'immobilier.
J'aimerais
que vous nous rassuriez que la caisse n'est pas susceptible d'arriver à une
autre crise comme il est arrivé en 2008‑2009, là, dans ces années-là.
Alors, je fais juste regarder le rapport D'Amours, là, sur les régimes de
retraite, qui nous dit que, tu sais, il y a une embellie depuis plusieurs
années, que les rendements sont bons, etc.
Donc, dans le
fond, ma question : Est-ce qu'on s'est prévalu d'une telle crise? Pas
qu'il y ait une chute mondiale des
marchés, mais qu'il y ait... que la caisse ait tous ses oeufs dans le même
panier ou trop à la même place, etc. Est-ce qu'on est assez diversifiés?
Donc, j'aimerais vous entendre si ces recommandations-là, là, toute la
question, là, des PCAA, des papiers
commerciaux, à l'époque, et toute la question, là... expliquer, peut-être, aux
gens l'évaluation «market to market», là, tu sais, de l'immobilier,
etc., et comment... Et, depuis ce temps-là, est-ce que ça s'est replacé?
Le Président (M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : M. le
Président, est-ce que j'ai une, deux, trois, quatre minutes?
Le Président (M. Bernier) : Oui, non, on
a du temps. Il y a au moins une vingtaine de minutes.
M. Sabia (Michael) : Une
vingtaine de minutes? Wow! Wow!
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Carrière : Mais j'ai
d'autres questions...
M. Sabia (Michael) : Excellent,
excellent! Nous avons besoin de toute l'équipe maintenant.
Le
Président (M. Bernier) : Cependant, cependant, M. Sabia, cependant, je
dois vous dire que le but et l'objectif, c'est de poser des questions,
donc qu'il y ait des réponses, c'est une chose...
Des voix : ...
Le Président (M. Bernier) : O.K. donc,
allez-y, M. Sabia, allez-y.
M. Sabia
(Michael) : Donc, je vais répondre à la question de... parce
qu'évidemment vous soulevez une question importante. Dans le fond, ça, c'est une question de notre capacité de,
quoi, résister à la tempête, à une autre tempête. Donc, je vais vous donner quelques commentaires
là-dessus. Et ensuite, sur la question de PCAA ou BTAA, je vais demander
à Roland Lescure de vous donner une mise à jour, parce que ce
cauchemar dans notre histoire, nous sommes juste sur le point d'arriver à la fin de ce cauchemar, et donc je
pense que ça vaut la peine de prendre 30 secondes ou même
45 secondes pour parler un peu de la fin de ce cauchemar.
Donc, en ce
qui concerne la question de stabilité, notre capacité de résister à la tempête, franchement, je pense, nous sommes à l'aise. Nous avons
établi, il y a trois, quatre ans maintenant, un plan de match qui, d'après
nous, a produit des
résultats solides, et franchement nous allons garder le cap. Qu'est-ce que c'est, cette stratégie? Je
pense que j'ai déjà parlé devant vous des éléments, les piliers de
cette stratégie, mais, dans
le fond, c'est toute la question
de gérer en absolu et de ne pas être excessivement préoccupés par les indices, de miser toujours sur des actifs de
grande qualité, des actifs ancrés dans
l'économie réelle. Oui, accroître l'importance des investissements dans les actifs moins liquides, de mondialiser
la caisse et, bien sûr, de bâtir sur nos forces ici, au Québec. Donc, ça, c'est
les piliers de la stratégie.
Mais, chose
importante, depuis deux, trois ans maintenant, malgré toutes
sortes de turbulences sur les
marchés, l'augmentation importante du dollar américain, une baisse de la valeur
du dollar canadien, les politiques monétaires qui se trouvent actuellement sur
un terrain complètement inconnu, toutes sortes de changements dans la
conjoncture mondiale et surtout la situation
en Chine, la situation au Brésil, donc toutes sortes de
perturbations, franchement, jusqu'à date,
le portefeuille à la stratégie d'investissement a bien performé, et je pense
que la stratégie a déjà montré — un
mot important — sa
résilience. Ça, c'est un mot important qui est au coeur de nos opérations et
qui est au coeur de notre stratégie. Donc, la stratégie fonctionne assez bien.
Ceci étant
dit, juste pour faire le pont avant de passer la parole à Roland, autre chose
que nous avons fait, et je pense que c'est implicite dans la stratégie :
nous avons beaucoup, beaucoup simplifié la stratégie d'investissement. Et, dans
le fond, qu'est-ce qui est arrivé en
2008? Évidemment, toutes sortes de choses, mais, à l'époque, les
investissements et la stratégie
d'investissement de l'organisation étaient tellement complexes que c'était très
difficile à gérer des actifs et de gérer cette stratégie face à une...
pas juste une tempête, mais un tsunami, qui a été 2008. Donc, c'était la
complexité de nos instruments
d'investissement, la complexité de notre stratégie d'investissement, dans le
fond, qui nous ont amenés à une situation,
oui, très grave, très sérieuse en 2008. Le PCAA, évidemment, fait partie de ce
cauchemar, mais, comme je disais au début de ma réponse, je pense
maintenant que cette situation, c'est presque terminé. Mais, Roland,
pouvez-vous faire des commentaires?
Le Président (M. Bernier) : Si vous
voulez prendre place, en vous identifiant et en donnant votre nom,
M. Lescure.
M. Sabia (Michael) : Et je
suis fier de vous dire que Roland a été nommé le «CIO» de l'année en Amérique
du Nord.
Le
Président (M. Bernier) : Bravo! Félicitations! Donc, tout simplement en
vous identifiant, pour fins d'enregistrement, et votre titre, s'il vous
plaît.
M. Sabia (Michael) : Donc, à
cause de ça, vous avez trois minutes.
M. Lescure
(Roland) : Roland Lescure, premier vice-président et chef des
placements à la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Le Président (M. Bernier) : Merci.
Allez-y, M. Lescure.
• (20 heures) •
M. Lescure
(Roland) : Donc, M. le député nous interrogeait sur l'occurrence
possible d'une autre crise et notre capacité
à immuniser le portefeuille. Je vais commencer par une mauvaise nouvelle :
notre métier, c'est de prendre du risque,
et donc nous sommes sensibles aux aléas de marché, nous sommes sensibles à
l'environnement international. Et, si on souhaitait s'immuniser totalement contre cette volatilité aujourd'hui,
il faudra investir nos fonds en monétaire, et ça, ça nous rapporterait à
peu près zéro.
Donc, on est
dans une logique, évidemment, où notre métier, c'est de prendre du risque. Je
pense que la grande différence inculquée par Michael depuis maintenant
un certain nombre d'années — il
nous a répété cet objectif de nombreuses
fois — c'est :
Nous devons prendre des risques que nous maîtrisons. Et ça, ça nous a
conduits... Dès 2009‑2010, quand j'ai
rejoint la caisse, Michael nous a demandé, à moi et à mon collègue Claude
Bergeron, de traiter le cauchemar, de
traiter le problème des PCAA, qui, à l'époque, représentaient une poche de
risque très importante à la caisse. Et cette poche de risque était
importante et donc, en soi, elle faisait peser un risque à la caisse, mais
surtout elle avait tendance à paralyser le
reste de l'organisation. L'organisation, à l'époque, était dans son miroir, les
yeux rivés sur 2008, avec un
cauchemar, oui, mais aussi des souvenirs très forts et une difficulté à
reprendre du risque. Donc, c'est forts de ce constat qu'avec Claude Bergeron on a beaucoup travaillé pour couvrir une
partie de ce risque lié aux PCAA, ce qu'on a fait au printemps 2010,
puis je pense qu'on a eu l'occasion de commenter tout ça ici à plusieurs
reprises.
Cela étant dit, effectivement, maintenant,
cinq, six ans plus tard — je pense que l'entente de Montréal, ça date de décembre 2008, et donc on sera, en fin d'année, sept ans après la
conclusion de cette entente qui a restructuré l'ensemble des PCAA — on
peut dire que le cauchemar, lentement mais sûrement, tire à sa fin, hein?
L'échéance officielle des papiers qui
sont sous-jacents, vous le disiez, qui sont investis dans le secteur immobilier
aux États-Unis, c'est en moyenne 2016, et puis un peu plus loin encore pour quelques papiers
en 2017. Donc, le temps suit son cours, et on espère bien qu'effectivement d'ici un an, un an et demi on
pourra tourner la page, ne jamais oublier ce souvenir, mais en tourner la page.
Cela étant dit, effectivement, les rendements,
depuis quelques trimestres, ont pu bénéficier, si on peut dire, de reprise de
valeur. Hein, les PCAA, quoi qu'il arrive, ça restera un mauvais souvenir, mais
effectivement, les marchés s'améliorant, le
temps passant, on peut reprendre une partie des provisions qui avaient été
prises en 2008 et 2009 pour tenir compte de ce risque énorme.
Donc, c'est vrai que, dans nos rendements depuis maintenant deux, trois ans, il
y a des reprises de provisions qui sont d'ailleurs
détaillées dans le rapport annuel, hein, et qui permettent de réduire de
manière très forte la provision qui était aux alentours
de 4 milliards il y a quelques années et qui est maintenant à un peu plus
de 1 milliard.
C'est trop tôt pour faire un bilan précis, je le
disais, il faudra attendre 2016 ou peut-être début 2017 pour le faire. Ce qu'on
peut dire en revanche, c'est qu'avec tous ces efforts, avec le temps, avec
l'amélioration des marchés également, on peut espérer au total avoir récupéré quelque
chose autour de 0,90 $ dans le
1 $. Et donc un cauchemar qui restera important, mais un souvenir
qui restera peut-être un peu moins douloureux.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député de Chapleau.
M. Carrière : Merci. Donc, je
vous poserai sûrement la même question l'an prochain pour savoir si...
M. Lescure (Roland) : ...ce sera la
dernière fois.
M.
Carrière : O.K. Ce sera la dernière fois, promis. J'aimerais
savoir... Vous avez une présence mondiale, là, qui est importante, mais pour... Au Québec et au
niveau du développement régional, j'aimerais vous entendre un peu sur la
stratégie que vous développez pour à la fois investir où c'est payant, mais à
la fois où ça va stimuler l'économie des régions
ou... Il y a des régions qui en ont grandement besoin. Donc, votre stratégie au
niveau du Québec, j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Sabia (Michael) : Oui,
bien sûr.
Le Président (M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Oui, M. le Président. Donc, une chose, depuis notre
dernière rencontre l'année dernière, nous avons changé un élément de notre approche, et ça, c'est... Nous avons
réalisé l'objectif d'engager un de vos collègues. Et donc, grâce à l'arrivée de Christian, qui est
maintenant responsable de nos investissements au Québec... Donc,
Christian et moi, nous travaillons ensemble
sur cette question. Donc, je vais faire quelques commentaires, mais, Christian,
si vous voulez ajouter des choses, évidemment...
Donc, en
résumé, la stratégie Québec est, pour l'instant, juste... Là, c'est à côté pour
l'instant, la question de cette initiative
pour développer les infrastructures, parce que, si l'Assemblée nationale
approuve les amendements législatifs, évidemment, cet élément, cette
initiative fera partie importante de la stratégie Québec, mais, pour
l'instant... à côté.
Donc, on a à
peu près trois... plus ou moins trois piliers : une stratégie pour
contribuer à la croissance des entreprises québécoises; deuxième
élément, des initiatives pour encourager la mondialisation des sociétés
québécoises... Et évidemment on a les liens
importants entre la croissance et la mondialisation des entreprises
québécoises. Pourquoi? Parce que
c'est sur les marchés ailleurs dans le monde, évidemment, que les sociétés
québécoises puissent trouver la croissance et les marchés en croissance.
Troisième élément, c'est toute la question de renforcement — et,
d'après moi, c'est très important — renforcement de
l'entrepreneuriat au Québec.
Donc, côté
investissements, nous avons augmenté de façon très importante le niveau de nos
investissements dans les entreprises
québécoises, je pense, depuis quatre ou cinq ans. Il faut vérifier le chiffre,
mais je pense que c'est entre 11 et 12 milliards de dollars de
nouveaux investissements et engagements dans les sociétés évidemment très
prometteuses, soit CGI, soit Couche-Tard,
WSP, l'acquisition que WSP a faite de Parsons Brinckerhoff, aux États-Unis,
une société de grande qualité aux États-Unis,
qui, maintenant, va ouvrir le marché américain au développement pour exploitation de WSP.
On a toutes sortes d'autres occasions, toutes sortes
d'autres exemples. Un exemple intéressant, c'est un investissement que nous avons fait dans Agropur. Je fais
référence à Agropur. Pourquoi? Parce qu'évidemment Agropur représente...
et la culture d'Agropur représente un pilier
important de l'économie québécoise, toute la question des coopératives. Et
donc c'est la première fois que nous avons
trouvé une bonne façon de faire un investissement dans une coopérative qui,
maintenant, va ouvrir ce secteur important de l'économie québécoise à nos
investissements. Donc, Agropur, la raison pour laquelle nous avons fait cet investissement, pourquoi? Pour faciliter deux
acquisitions d'Agropur, une aux États-Unis et une autre dans l'Est du Canada. Donc, un autre exemple de
croissance et de mondialisation. Et actuellement nous sommes, je pense,
un partenaire avec 550, à peu près 550 sociétés québécoises à travers le
Québec, pas juste à Montréal, pas juste à Québec, mais dans toutes les régions
du Québec, parce que nous comprenons bien l'importance du développement économique,
parce que les mots «développement économique» ne sont pas juste une question du
développement de Montréal ou du développement de Québec, mais de développement
du Québec en général.
J'aimerais juste passer quelques minutes
rapidement sur la question de l'importance de renforcer l'esprit...
l'entrepreneuriat du Québec. Pour nous, ça représente une occasion d'encourager
le développement, l'émergence des nouveaux fleurons du Québec parce que, dans
une économie qui est dynamique, une économie qui est franchement quotidiennement...
Le processus de destruction créative se passe quotidiennement. Donc, pour
renforcer l'avenir de l'économie québécoise,
il faut, il faut bâtir de nouvelles entreprises. Et donc c'est la raison pour
laquelle nous mettons beaucoup
d'accent sur la question du développement des entrepreneurs. Et franchement,
juste pour vous donner un aperçu, ça,
c'est au centre de notre façon de reconnaître le 50e anniversaire de la caisse.
Le 50e anniversaire de la caisse, ce n'est pas question d'un souper avec 200, 300 personnes. On cherche... et nous
avons évidemment développé une idée maintenant, mais on cherche une occasion de faire quelque chose qui va aider, qui
est permanent et qui va aider le développement de l'entrepreneuriat du Québec, parce que ça, c'est
une façon pour nous de contribuer quelque chose à l'avenir du Québec et
le dynamisme de l'économie québécoise.
Donc,
pour répondre à votre question : croissance, pont à l'international pour
profiter de la croissance qui existe ailleurs dans le monde et
absolument beaucoup d'accent sur l'importance de l'entrepreneuriat.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député de Chapleau.
M.
Carrière : Merci, M.
le Président. À la page 131, là, il y a le rapport des auditeurs indépendants,
là, Ernst & Young et M. Samson. Puis c'est sur une page, mais le
rapport est sûrement plus volumineux que ça. Est-ce qu'il y a des recommandations que ces vérificateurs-là ou ces
auditeurs indépendants là vous ont faites... ou vous ont fait des mises
en garde quelconques que vous devriez mettre
en application, ou, selon vous, c'est juste un portrait de la situation
financière, tout simplement?
Le Président (M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Je ne
suis pas certain que j'ai bien compris votre question, mais...
Une voix : ...
Le
Président (M. Bernier) : Excusez. Je suis d'accord, mais il faut venir au
micro, M. Tessier, en vous identifiant et en donnant votre titre. Parce
que les gens... Ça, ça doit être enregistré, et les gens doivent vous entendre.
M. Tessier (Robert) : Alors, Robert
Tessier, président du conseil, Caisse de dépôt et placement.
Le Président (M. Bernier) : Merci, M. Tessier.
Allez-y.
• (20 h 10) •
M. Tessier
(Robert) : Non, en fait, le
rapport est non qualifié. Alors, je pense que nos vérificateurs, les covérificateurs,
en fait, le Vérificateur général du Québec et Ernst & Young, nous ont donné un
blanc-seing complet. Je pense que les états financiers reflètent parfaitement la situation de la compagnie. Il n'y a aucune recommandation, aucun élément négatif qui a été soulevé.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député de Chapleau.
M.
Carrière : Bien, alors,
c'est une bonne nouvelle. C'est une bonne nouvelle. À la page 95, le comité
d'éthique et de gouvernance, on avait mis en
doute ou il y avait eu des doutes à l'époque, et je reviens avec la question,
là, de la crise de 2008, et toute la question des PCAA, et toute cette question-là.
Quels sont, au niveau du comité d'éthique et de gouvernance, les grands points que vous pouvez faire ressortir, que la
caisse se démarque ou des changements que vous avez pu apporter au
niveau de la question d'éthique?
Le Président (M. Bernier) : M. Tessier.
M. Tessier (Robert) : Je dirais que
la caisse a mis en place une panoplie de règles pour à peu près tous les éléments
des comportements et des employés, de nos relations avec les partenaires, de
nos façons d'investir, et c'est supporté par
une équipe de conformité qui est constituée d'avocats et de spécialistes. Je
dirais qu'au total il y a... Disons que le risque de déviance par rapport à l'éthique apparaît extrêmement
faible et bien contrôlé à la caisse. Et il faut ajouter à cela aussi... Il y a le comité de gouvernance et
d'éthique, mais aussi les autres comités qui... chacun dans leur
secteur : le comité responsable des ressources humaines, qui regarde aussi
les comportements de l'organisation sur l'utilisation optimale de nos ressources; le comité de vérification, qui regarde au
détail; et on a une équipe très déployée de vérification interne aussi
qui scrute à peu près tous les éléments et des programmes systématiques du
comportement de la caisse; et finalement, je
veux dire, on a un comité d'investissement à risque. Alors, au total, je pense,
comme président du conseil, que je n'ai pas beaucoup d'inquiétude sur
les déviances possibles de la caisse. Pour dire, je n'en ai pas du tout.
M. Carrière : Merci.
Le Président (M. Bernier) : M. le député
de Chapleau, une vingtaine de secondes. Allez-y.
M.
Carrière : Mon temps termine. Juste une question, puis j'aime
beaucoup me comparer avec les autres, c'est peut-être ma proximité avec
l'Ontario qui fait souvent que je compare le Québec avec d'autres. Je remarque
que les frais d'exploitation, là, c'est
0,16 $ du 100 $. Ça se compare à quoi, si on se compare aux autres?
Est-ce qu'on est plus haut, plus bas, dans la moyenne? Est-ce qu'au
niveau de nos frais d'exploitation... Comment on...
Le Président (M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Une autre
façon... Oui. Merci, M. President. La meilleure façon de faire ces
comparaisons, on a un calcul. Nos frais
d'exploitation, ça représente 0,16 $ pour chaque 100 $ sur gestion.
Donc, dans notre jargon, ça, c'est 16
points centésimaux. Si on fait une comparaison avec nos pairs, disons, la
grande majorité, la moyenne en termes équivalents,
c'est plus ou moins entre 25 et 30. Donc, nos frais d'exploitation sont
inférieurs de façon importante à ceux de nos
pairs. Ceci étant dit... qui est, je
pense, une bonne nouvelle. Mais, pour
gérer vos attentes, pour l'avenir, étant donné la mondialisation de l'organisation,
et c'est surtout une question de cette mondialisation, je pense, 16 points centésimaux n'est pas un niveau réaliste dans
l'avenir. Donc, je voudrais juste vous dire de façon très directe, cartes
sur table, que c'est très probable, pour
réaliser la mondialisation de l'organisation, qui va payer des dividendes gigantesques à
nos déposants, donc les Québécois,
il y aura probablement une augmentation de nos frais. Une augmentation importante, pas
sûr, mais quand même probablement une augmentation,
pas sévère, étape par étape, pour
bâtir une organisation qui
est, dans le fond, mondiale.
Le
Président (M. Bernier) : Merci.
Nous allons passer au deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Merci,
M. le Président. M. Sabia, M. Tessier, bienvenue. Je n'ai que 13 minutes, donc,
respectueusement, M. Sabia, je vais vous demander des réponses beaucoup plus
courtes. J'aimerais ça poser trois, quatre questions. Et ma première...
M. Sabia (Michael) : Ça
dépend de vos questions.
M.
Bonnardel : Oui. Vous considérez avoir eu des négociations, ça, on pourrait dire
décevantes avec le fait que notre fleuron québécois, le Cirque du
Soleil, ait été vendu à un tandem qui s'appelle TPG et Fosun, un regroupement chinois. Vous souhaitiez vous assurer que
100 % des emplois puissent rester au Québec. Selon les négos... bien,
selon les écrits — vous
corrigerez — ce
n'est pas ce qui a été négocié au final. Par la suite, vous souhaitiez avoir
aussi deux votes par membre du conseil
d'administration, ce n'est supposément peut-être pas ce qui a été... vous allez
pouvoir me corriger. Au final, ma question est fort simple. Vous parliez
d'économie québécoise tantôt. Rapidement, peut-être en deux, trois minutes, êtes-vous capable de me dire si, au-delà de votre
participation de 10 %, vous avez été capable ou vous souhaitiez
lever des capitaux pour garder majoritairement à des Québécois le Cirque du
Soleil au Québec?
Le Président (M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : M. le Président, je pense que nous avons, sous le
leadership, disons, de Guy Laliberté, oui, avec notre participation, mais également avec la coopération de TPG et
de Fosun, je pense, cette question de la présence du siège social du Cirque du Soleil, je pense que la
décision est prise, et donc je ne peux pas... Malheureusement, monsieur,
je ne peux pas répondre de façon directe à
une des choses, des questions que vous avez soulevées, parce que les
négociations... ce n'était pas une
négociation publique. Mais j'aimerais vous dire tout simplement que chaque
matin, il y a une semaine, quand j'ai
lu les journaux, je trouvais pas mal de surprises dans les journaux, les
conversations qui... Évidemment que, selon le journaliste, j'ai participé à cette conversation, mais moi, je n'étais
pas en mesure de comprendre qu'est-ce qui se passait, parce qu'une telle conversation... jamais, et sur
la question de toutes sortes de choses. Donc, il y a pas mal de choses
dans les journaux qui ne sont pas exactement cohérentes avec la réalité des
choses.
Plus
généralement, une des raisons, une des raisons, et une raison importante, pour
laquelle nous avons décidé de participer
à ce processus... Oui, le Cirque du Soleil, nous comprenons bien l'importance
symbolique du Cirque du Soleil, mais, dans le fond et sur le plan du
développement économique du Québec, le Cirque du Soleil est au centre d'un
écosystème, surtout à Montréal, un écosystème des sociétés hautement créatives,
qui représentent un actif important, un
pilier de développement pour l'avenir de Montréal et l'avenir du Québec. Et
donc, d'après nous, la raison pour laquelle la présence des activités créatives, des activités de production qui,
maintenant, vont rester ici, au Québec, à Montréal... Donc, autrement
dit, notre objectif était de préserver cet écosystème et de ne pas voir une
situation étant donné une absence possible
du Cirque du Soleil, une réduction, une diminution de l'importance et du
dynamisme de cet écosystème. Et je pense qu'avec, comme je disais, la
coopération de Guy, TPG et Fosun, on a réalisé l'objectif.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
• (20 h 20) •
M.
Bonnardel : Merci,
M. le Président. Je pense que vous ne pouvez pas nier, M. Sabia, que, si,
demain matin, il y avait une offre bonifiée,
dans quatre ans, cinq ans, de Disney à TPG-Fosun, demain matin, le deal de
garder le siège social — excusez l'anglicisme — de le garder au Québec pourrait tomber. Je pense que vous ne pouvez pas
nier ça, à moins que vous ayez des
informations contraires. C'est inquiétant, je crois, dans les conditions où, malheureusement, on n'a pas été capables de
lever plus de capitaux pour le garder et de s'assurer que le siège social, les
emplois puissent rester ici. C'est
les lois du marché, je comprends tout ça, mais je pense que personne ne peut le
nier, et même pas vous. Mais je ne vous
demanderai pas de répondre, parce que j'ai peu de temps, à moins que vous
n'ayez 60 secondes, rapidement, pour me dire si, oui ou non, j'ai
tort.
M. Sabia
(Michael) : Je ne
suis pas d'accord du tout avec ce que vous venez de dire, mais ça, c'est une
plus longue conversation.
M.
Bonnardel : Merci.
Je respecte... je respecte... Si j'avais le temps...
M. Sabia (Michael) : Je pense
que vous êtes en train de...
Le
Président (M. Bernier) : Vous aurez l'occasion dans d'autres...
M.
Bonnardel :
Si le gouvernement veut vous poser la même question, ça me fera plaisir.
Maintenant,
vous avez dit tantôt être très fier de la cote de crédit de la caisse de dépôt,
AAA. Moi aussi, j'en suis extrêmement fier, ce n'est pas le cas nécessairement
du gouvernement du Québec, dans le cadre de cette nouvelle entente de partenariat qu'il y aurait. Donc, en
disant à la caisse de dépôt : Vous savez, on n'est financièrement pas
capables de lever... pas de lever, mais
d'utiliser l'expertise du MTQ pour lancer un projet comme le SLR et le Train de
l'Ouest... On a eu une discussion ensemble,
vous, et moi, et M. Legault. Et, de l'autre côté, on sait très bien que le
gouvernement est endetté jusqu'ici, donc aller chercher 5, 6, 7 milliards additionnels pour ces deux projets, sûrement que les agences de notation ont dit... ou même le ministre des Finances s'est dit : C'est impossible, alors on va
utiliser la caisse de dépôt.
Vous savez très bien
que, pour lever...
Une voix : ...
M.
Bonnardel :
Non, mais on va utiliser la caisse dans une certaine mesure pour être capable
des deux côtés. Il faut que les gens comprennent bien, là...
Une voix : ...
M.
Bonnardel : Vous
allez comprendre ma question, M. Sabia. D'un côté, si on va chercher du financement au gouvernement à 3,5 %, de
l'autre côté, vous allez demander minimalement un taux de rendement important.
Pour la caisse, du côté des
infrastructures, dans la dernière année, les indices pour les infrastructures
étaient à 22 %. Vous allez chercher 10 %. Dans les quatre dernières années, le taux de rendement que
j'ai ici est à 15 %. Vous le savez, notre questionnement et notre gros point d'interrogation va nécessairement être le coût qu'on va refiler aux contribuables ou aux
consommateurs, à ceux qui vont utiliser ces
trains. Donc, quand je dis ça, c'est respectueusement. J'ai un gouvernement... on a un gouvernement,
d'un côté, qui est cassé puis, de l'autre
côté, on a une caisse qui est en bonne santé financière. On a parlé
d'expertise, tout ça. Pouvez-vous assurer... Bien, première question,
une question fort simple : Quel sera nécessairement le taux de rendement
que vous demanderez pour ça? Est-ce que vous irez ou souhaiteriez aller
chercher exactement ce qu'il y a ici, donc, veux veux pas, un coût
relativement, j'imagine, élevé pour l'utilisateur de ces trains?
Le Président (M.
Bernier) : Je veux juste rappeler aux membres de la commission qu'on aura
l'occasion, la semaine prochaine, de débuter des... avec des auditions sur le
sujet mentionné.
M. le ministre, je vous
donne la parole sur le sujet.
M. Leitão :
Oui, M. le Président, il faut que je le mentionne, bien sûr, ça n'a jamais été
question pour le gouvernement de passer une commande à la Caisse de dépôt. Ce
n'est pas ça du tout, ça n'a jamais été ça. C'est une entente qui est gagnant-gagnant. La caisse est intéressée
à développer ce type d'infrastructure si c'est viable commercialement. Évidemment,
nous sommes intéressés à fournir ce service-là à la population. Ce n'est pas du
tout une commande qui a passé de notre côté à la caisse de dépôt, pour
clarifier les choses.
Le Président (M.
Bernier) : M. Sabia.
M.
Sabia (Michael) : M. le Président, évidemment, je suis d'accord fortement avec le ministre des Finances. Vous avez utilisé le verbe «utiliser la
caisse». Jamais. Jamais.
M.
Bonnardel :
Je suis content de l'entendre.
M. Sabia (Michael) :
Et donc la question de notre indépendance, pour moi, ça, c'est un principe non négociable. La caisse est indépendante, point à la
ligne. Donc, nous avons développé une façon de nous démarquer sur les marchés... infrastructures mondiales, et évidemment
ça, c'est l'entente que nous avons développée avec le gouvernement du
Québec, mais notre objectif est de trouver une façon de nous démarquer sur les
marchés mondiaux.
Ceci
étant dit, pour répondre à votre question, je vais faire deux, trois
commentaires. D'abord, très important de ne pas confondre deux mots : «rendement» et «tarif». Il y a
une distinction majeure entre ces deux mots. Donc, pourquoi je dis ça?
Parce qu'au coeur de notre stratégie pour générer un rendement raisonnable,
égal au marché, pas plus, pas moins, c'est...
La stratégie n'est pas de maximiser les tarifs, la meilleure façon pour nous de
générer du rendement est de maximiser l'achalandage.
Donc, nous avons un intérêt commercial pour faire presque n'importe quoi pour faire baisser les tarifs. Pourquoi? Pour maximiser
l'achalandage.
Donc, qu'est-ce que
ça veut dire? Et nous aurons une occasion la semaine prochaine pour discuter de
ces questions en profondeur, mais évidemment la gestion intégrée des projets, le processus
d'appel d'offres rigoureux qui va maximiser la concurrence entre les fournisseurs... Évidemment,
toute la question de gestion du calendrier est fondamentale.
Regardez 30 secondes l'expérience du Train
de l'Est : quatre ans, quatre ans en retard avec un prix initial de
300 millions; prix final, 640, 650,
double. Donc, la gestion du projet, gestion du calendrier, gestion des appels d'offres... Également, une autre idée, un peu de créativité, pourquoi ne pas,
dans chacune des gares, développer des petits magasins? Pourquoi ne pas créer des occasions pour les utilisateurs, les
citoyens, d'acheter du café ou d'acheter leur épicerie nécessaire quand ils sont en train de
revenir à la maison?
Le
Président (M. Bernier) : Il reste peu de temps au bloc du deuxième groupe
d'opposition. Je veux leur laisser le temps...
M.
Bonnardel :
Je vous expose une situation, une question d'indépendance. Vous avez parlé
tantôt d'appel d'offres. Quand on va arriver à la troisième étape, fait
saillant de l'entente, à la réalisation, il pourrait arriver qu'un consortium,
Bombardier avec SNC-Lavalin... Vous possédez, dans Bombardier, à peu près 242 millions
de dollars en actions, vous possédez, chez
SNC, 685 millions de dollars. Vous allez en appel d'offres, vous avez ce
tandem. De l'autre côté, vous avez
Alstom avec un autre consortium d'ingénierie. Alstom possède... vous possédez à peu près
4 millions de dollars.
Quelle sorte d'indépendance vous allez avoir face à ce possible choix où vous
possédez énormément de dollars, d'actions dans des sociétés
comme celles-là versus un client comme Alstom?
M. Sabia (Michael) :
Oui, M. le Président.
Le Président (M.
Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) :
Ma réponse est très simple, un mot : transparence. Transparence totale.
Donc, les appels d'offres... nous allons
présenter les appels d'offres et les résultats, donc tout le monde va
comprendre pourquoi nous avons choisi
Alstom, ou pourquoi nous avons choisi Ferrovial, ou pourquoi nous avons choisi
WSP. Donc, c'est la raison pour
laquelle, au début de ce processus, j'ai dit, en janvier, publiquement que la
transparence est un principe fondamental de notre approche. Et donc ça, c'est la meilleure façon pour nous de
renforcer le niveau de confiance des Québécois, parce que, je pense, étant donné la nature du transport
en commun et notre rôle, je pense très important que les Québécois ont
toute confiance dans l'intégrité du processus.
M.
Bonnardel :
Il me reste deux minutes?
Le Président (M.
Bernier) : 20 secondes.
M.
Bonnardel : Pouvez-vous assurer les Québécois, les
utilisateurs possiblement, que les tarifs que les gens ont pour la
Canada Line à Vancouver pourraient être similaires à ceux que les Québécois
pourraient payer?
M.
Sabia (Michael) : Ça dépend. Je comprends votre question, et ce
n'est pas une question déraisonnable du tout, mais, avant de répondre à cette question... Et, d'ici un an ou 18 mois,
ce serait un plaisir pour moi de répondre exactement à votre question.
Mais nous n'avons pas eu...
Le
Président (M. Bernier) : Vous êtes maintenant sur le temps gouvernemental.
Le temps du deuxième groupe d'opposition est maintenant terminé. Donc,
si vous voulez répondre de façon assez courte...
M. Leitão :
Je pense que M. Sabia...
Le
Président (M. Bernier) : Oui, allez-y, M. Sabia, c'est ce que je vous dis.
Vous êtes maintenant sur le temps du gouvernement. Si vous voulez
répondre d'une façon assez courte pour qu'on puisse poursuivre.
M.
Sabia (Michael) : Oui? O.K. Et donc il faut étudier les deux
projets. Nous n'avons pas actuellement... Ce soir, je ne peux pas
répondre à la question, parce que nous n'avons aucune idée du niveau du risque,
les coûts de construction, toutes
sortes de choses. Donc, je ne peux pas vous donner une réponse à une telle
question, parce qu'il faut faire les
études, faire les analyses nécessaires. Et ensuite, absolument, je vais
répondre à cette question, mais sur une base
des vraies choses.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. Sabia. M. le député de Pontiac, la parole est à vous.
• (20 h 30) •
M.
Fortin (Pontiac) : Merci, M. le Président. Bonsoir, M. Sabia, bonsoir
à toute votre équipe. Je vais me montrer bon joueur, je vais vous
permettre de répondre à la question du député de Granby. De toute évidence, il
vous avait donné 60 secondes pour y
répondre. Vous aviez dit qu'il avait tort. Alors, je vais vous demander de nous
dire pourquoi...
M. Leitão :
...
M. Fortin
(Pontiac) : Par rapport à la transaction du Cirque du Soleil.
M.
Leitão : Sur le Cirque du Soleil, c'était la question...
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Oui. Allez-y.
M. Leitão : La
question était sur ce qui s'est passé réellement et ce qui était rapporté dans
les médias. Mais on comprend aussi très bien
qu'il y a certaines choses que ce n'est pas... Ce n'est pas
du tout approprié que vous révéliez tous les secrets que...
M. Sabia (Michael) : Je pense
que la raison pour laquelle j'ai dit que je ne suis pas d'accord avec ça,
c'est...
Le Président (M. Bernier) : ...respect de
la discrétion des milieux d'affaires. Allez-y.
M. Sabia
(Michael) : Non,
c'était juste une question, M. le
Président, que... Je comprends le point, mais, dans la situation précédente, avant la décision de Guy Laliberté de
vendre le Cirque du Soleil, est-ce
qu'on avait les garanties
contre le déménagement du siège social du
Cirque du Soleil? Non. Maintenant, pour toute la période, la période quand TPG
et Fosun représentent une majorité
de la société, le siège social va rester ici. Donc, après un
autre cinq ans, six ans, sept ans, je ne
sais pas, je ne peux pas prévoir, évidemment
peut-être quelqu'un va décider de faire d'autre chose. C'est bien
possible que TPG et Fosun vont décider de rendre public le Cirque du Soleil. Évidemment,
dans une telle circonstance, aucun problème, le siège social va rester ici.
La raison
pour laquelle j'ai dit que je ne suis pas d'accord avec ça, ce n'est pas la
façon dans laquelle le monde fonctionne :
pas de garantie dans la période de «proprietorship» — quand Guy Laliberté était le propriétaire du
Cirque du Soleil. Maintenant, grâce à Guy et
d'autres choses, on a une période de stabilité pour le siège social. Et, dans
l'avenir, on verra, nous allons réagir à une situation qui potentiellement va
arriver d'ici plusieurs années. Mais est-ce que c'est raisonnable? Est-ce que c'est raisonnable de demander une garantie
éternelle pour la présence d'un siège social ici, au Québec, malgré
potentiellement un changement du propriétaire? D'après moi, ce n'est pas le
vrai monde du tout.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député de Pontiac.
M. Fortin (Pontiac) : Merci, M. le
Président. Je pense que ça répond bien à la question.
Je veux
revenir sur les interrogations qu'avait mon collègue de Chapleau un peu plus
tôt. Lors de cette discussion avec
lui, vous avez touché à la question des investissements, des investissements au
Québec, de comment ça agit comme moteur
économique pour le Québec. Vous avez également touché à la question des
investissements à l'étranger, et ça, c'est tout à votre honneur. Là, vous êtes en train de bâtir sur les forces du
Québec, mais aussi d'identifier toutes les meilleures opportunités qui
sont à la disposition de la caisse pour l'investissement à l'étranger.
Alors, je
veux revenir sur chacun de ces deux aspects, et je vois que M. Dubé est
assis à la table. Alors, je vais commencer par la question des
investissements au Québec. Vous nous avez dit tout à l'heure qu'au cours, si je
ne me trompe pas, des cinq dernières années,
il y avait 11 ou 12 milliards additionnels de nouveaux investissements qui
avaient été faits au Québec et vous avez
également mentionné — c'est
quelque chose que j'apprécie beaucoup — l'investissement,
par exemple, dans Agropur, donc un
investissement qui affecte les régions du Québec également, ce qui est très
important. Mais ce que vous avez mentionné,
c'est l'importance d'investir dans les nouveaux fleurons québécois. J'aimerais
savoir ce que vous voulez dire exactement
par «les nouveaux fleurons québécois». Qu'est-ce que vous avez identifié, à la
caisse, comme étant justement ces nouvelles industries que l'on doit appuyer au
Québec?
Le
Président (M. Bernier) : Simplement en vous identifiant, non pas comme
ex-député, mais votre nom et votre titre, M. Dubé, pour fins
d'enregistrement.
M. Dubé
(Christian) : Alors, merci,
M. le Président. Alors, Christian Dubé, ex-député de Lévis, mais premier
vice-président à la Caisse de dépôt pour le Québec. Et ça me fait très plaisir
de revoir les collègues.
Le Président (M. Bernier) : Bienvenue,
monsieur...et ex-vice-président de la commission.
M. Sabia (Michael) : Je
travaille quotidiennement pour essayer de convaincre Christian d'oublier
l'histoire.
Des voix : Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bernier) : Allez-y, M.
Dubé.
M. Dubé
(Christian) : Alors, l'opportunité, à la caisse, d'être capables de
faire, M. le Président, et j'apprécie beaucoup
votre question... De faire en même temps du développement économique et du
rendement, c'est vraiment la double
mission de la caisse. Et je pense que l'opportunité, ce soir, que j'aimerais
vous dire, c'est qu'on a souvent, à tort, pensé qu'on ne pouvait pas
faire du développement économique, au Québec, en investissant dans des
entreprises et faire des bons rendements.
Et, si on pouvait vous monter le détail de plusieurs de ces rendements-là, vous
pourriez vous rendre compte, et moi,
j'en ai eu la preuve dans la dernière année, que non seulement on peut faire du
développement économique, mais ce sont souvent les meilleurs rendements.
Tout à l'heure, M. Sabia vous donnait des
exemples d'investissements majeurs qui ont été faits. Il est connu que la caisse, pour supporter une entreprise comme
CGI, qui a fait une acquisition majeure en Angleterre il y a quelques années... C'est
probablement un des meilleurs rendements que nous avons eus à la caisse au
cours des dernières années. C'est
quand même un fleuron québécois important, avec une expertise mondiale, que
nous avons supporté, que la caisse a supporté pour
faire cette acquisition-là. Donc, on peut dire qu'il est possible de combiner
bons rendements avec des investissements dans des entreprises du Québec.
À votre
question, à savoir comment on peut faire pour identifier les prochains
fleurons, je pense que c'est tout ça, le défi qui a été, je pense, dans une grande partie, une des belles
réalisations de mes prédécesseurs qui se sont occupés entre autres
notamment des placements privés au Québec. Beaucoup de gens connaissent un
Normand Provost ou des gens comme Luc Houle,
qui ont été là pendant plusieurs années... presque une trentaine d'années dans
ce poste-là. Et ce que ces gens-là
ont fait, puis je pense qu'on va pouvoir collecter au niveau de nos rendements
de façon importante, c'est qu'on a été capables d'investir à peu près
dans toutes les tailles d'entreprises.
Puis je m'explique rapidement. On a investi dans
les très petites entreprises un peu partout au Québec, ce que Michael vous
donnait tantôt, plus de 500 entreprises, soit directement ou indirectement par
l'intermédiaire de fonds spécialisés. Il y a
eu des coentreprises d'investissement, par exemple, qui ont été faites avec
Desjardins pour des entreprises où
les investissements sont moins de cinq millions. Alors, il y a eu beaucoup
d'emphase, il y a eu beaucoup d'énergies qui ont été mises sur les
petites entreprises parce que c'est elles qu'on veut aider à faire croître.
Nous avons directement, et c'est ce que nous
avons fait au cours des dernières années, spécialisé maintenant des directeurs
d'investissement du côté de la moyenne entreprise — ce sont des
investissements qui sont supérieurs à cinq
millions — pour être capables... Et c'est là notre
défi, c'est de prendre ces entreprises-là et de les amener de la petite
à la moyenne et continuer d'investir pour
qu'ils deviennent des grandes entreprises. Alors, pour trouver ces fleurons-là,
souvent, c'est d'apprendre à connaître le
management au début, investir quelques dossiers, quelques investissements
qui sont plus petits, mais d'apprendre à les
connaître. Et je pense que c'est toujours un peu délicat de choisir des noms.
On prend des compagnies publiques qui sont connues, mais aujourd'hui vous avez,
à l'intérieur de notre portefeuille à la caisse...
et ce n'est pas toujours en milliards que ça se compte, mais on a vraiment des
beaux bijoux qui vont être les fleurons de demain. Et on peut penser à une entreprise de la région de
Sherbrooke, qui est maintenant à une échelle internationale, qui s'appelle Camoplast. Alors, c'est une belle
entreprise qui est maintenant, je dirais, à peu près à quelque part entre
le début et les milliards de chiffre
d'affaires. Mais c'est exactement nos fleurons de demain, c'est eux qui vont
être nos sièges sociaux à Montréal, qui vont faire la différence sur une
base internationale.
Alors, je
pense que la stratégie de la caisse qui a été mise en place il y a plusieurs
années, c'est de bien investir dans
les toutes petites, dans les moyennes et dans les grandes. Mais surtout ce
qu'on... et c'est là qu'est l'emphase
qu'on met dans les prochaines années, c'est
de les aider à l'international. Parce que ce qui est arrivé, et c'est pour ça
que je pense que c'est excessivement
important dans notre stratégie, c'est de ne pas offrir à ces entreprises-là
uniquement du capital. Je pense que
la caisse maintenant, ce que nous, on appelle la machine de la caisse, avec
tous nos collègues... C'est que, pour des
raisons d'investissement, la caisse a décidé de s'impliquer beaucoup à
l'international pour bien comprendre les marchés. Ce que Roland Lescure vous parlait tout à l'heure,
qu'il faut comprendre l'Asie, qu'il faut comprendre les risques, bien,
nous avons, au cours des dernières années, établi beaucoup de bureaux à
l'étranger. Mais on le fait pour des raisons d'investissement,
pour comprendre, avoir le pouls de ce qui se passe en Asie, ce qui se passe en
Australie. Et d'ailleurs nos gens en infrastructures ont déjà beaucoup
profité de cette expertise-là.
Mais ce qu'on
veut faire maintenant à la caisse, puis vous allez le voir, on va annoncer
quelques transactions dans les prochaines semaines. Je vais toucher du bois parce qu'on n'est jamais sûrs jusqu'à tant que ça
soit finalisé, mais nous allons
annoncer des transactions dans des plus petites entreprises, mais non seulement
nous mettons le capital, mais nous donnons
le support pour les aider, des fois au niveau de contrats qu'ils pourraient
obtenir. En Chine, nous avons déjà des investissements à Shanghai que
nous avons faits par l'intermédiaire d'Ivanhoé Cambridge. Et ce sont des
entreprises qui peuvent être dans le domaine
de l'architecture, qui ont besoin d'avoir des contrats. On peut les appuyer
avec toute l'expertise de nos investissements que nous faisons.
Alors, c'est un peu l'idée d'être capables de
supporter ceux que nous avons identifiés qui avaient...
• (20 h 40) •
Une voix : Les accompagner.
M. Dubé
(Christian) : ...les accompagner, exactement, avec le bon management,
et leur donner des outils qui vont leur permettre de devenir ces
fleurons-là et de devenir les prochains Couche-Tard que l'on peut supporter sur
une base internationale.
Le Président (M. Bernier) : Merci, M.
Dubé. M. le député de Pontiac.
M. Fortin
(Pontiac) : Vous me mettez l'eau à la bouche, là, en parlant de
quelques transactions qui s'en viennent. Je pense que tout le monde ici
va avoir extrêmement hâte de savoir exactement de quoi il s'agit.
Mais je pense
que les gens qui vous ont entendu ou les gens qui vous entendront avoir ce
discours-là vont être extrêmement
fiers de la Caisse de dépôt. Je pense que les Québécois, de façon générale, le
sont déjà, mais de voir que la Caisse
de dépôt prend le temps... Parce que ça doit être un processus qui est
extrêmement exigeant, en termes de temps, de justement rencontrer les
gens des plus petites entreprises, des PME, si on veut, québécoises, et de bien
les identifier pour s'assurer, un, qu'ils
ont un rendement qui correspond à ce que vous recherchez, à ce que nous
recherchons tous, mais aussi de
prendre le temps d'accompagner ces gens-là, évidemment, qui ont une idée
porteuse, mais qui n'ont pas nécessairement les moyens de le faire.
Alors, est-ce que c'était quelque chose que la caisse faisait avant, vraiment,
de s'impliquer à ce niveau-là ou c'est quelque chose que vous avez développé,
là, récemment?
Le Président (M. Bernier) : ...
M. Sabia (Michael) :
Laissez-moi juste essayer de...
Le Président (M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : Avant de passer la parole à Christian... C'est une
très bonne question. Parce que, dans le passé, je pense que notre orientation, surtout vis-à-vis les moyennes et
les très petites entreprises, était de recevoir leurs appels... oui,
d'accepter les appels. Autrement dit, je pense, la caisse était, dans la
majorité des cas, en mode réaction.
Une des
choses que nous sommes en train de changer, et Christian passe pas mal du temps
sur ce changement, c'est de changer
notre orientation et de ne pas toujours être en réaction, mais parfois être
actifs nous-mêmes pour chercher des occasions
pour travailler dans toutes les régions, augmenter la visibilité de la caisse,
rendre la caisse un peu plus facile. Parce
que la caisse est une machine, mais, pour un entrepreneur qui gère une petite
entreprise, il faut simplifier des choses, il faut présenter un guichet
unique — et
ça, c'est Christian — un
guichet unique à tous les services de la caisse. Donc, nous sommes en train de
changer notre orientation pour essayer de mieux identifier les sociétés les
plus prometteuses au Québec. Mais voulez-vous...
M. Dubé (Christian) : Je pense
que...
Le Président (M. Bernier) : M. Dubé.
M. Dubé
(Christian) : Merci. Je peux continuer. Merci, Michael. Je vais vous
donner un exemple pratique, parce qu'effectivement
ce n'est pas une révolution qu'on fait, c'est une évolution. Et, si je regarde
ce qui a été très, très bien fait à date,
j'ai parlé tout à l'heure de nos prédécesseurs qui ont fait des fonds
spécialisés — vous
avez entendu parler de Teralys ou des
fonds comme je parlais avec Desjardins — vous pouvez comparer ça un peu à une
pépinière d'entreprises. Ces fonds-là
qui ont été investis ont généré beaucoup de jeunes et de petites entreprises
qui, au fil des années, ont commencé à grandir puis qui sont les
moyennes de demain. Le changement que l'on fait, et c'est là qu'on est prêts à
investir, ces entreprises-là viennent, en ce moment, à des deuxième et
troisième rondes d'investissement.
Notre défi au
Québec, c'est de s'adapter à ne pas être uniquement un investisseur dans les
toutes petites, mais d'aller chercher
celles qui ont besoin de la deuxième et de la troisième ronde d'investissement.
Mais où ça nous prend... Ça nous prend
une sensibilité de nos directeurs d'investissement, qui ne sont pas uniquement
mécaniques et financiers, mais qui peuvent
voir les bénéfices opérationnels,
identifier avec qui ces gens-là pourraient être en partnership pour être
éventuellement les fleurons dont on parlait tout à l'heure.
Alors, on a
une évolution à la caisse aussi de nos directeurs d'investissement qui doivent passer du financier réactif qu'on avait plus au début, qui était normal parce qu'on investissait dans des fonds, alors on se cherchait des
gestionnaires de fonds qui allaient faire cette pépinière-là... Maintenant que
nous avons une base incroyable d'entreprises, on parle de plus de 500 entreprises, mais, dans nos
directeurs d'investissement, maintenant, nous allons chercher des gens qui peuvent
faire passer ces entreprises-là à des deuxième et troisième rondes pour qu'on
puisse avoir des rendements pour nous, mais aussi un potentiel pour eux.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député de Pontiac.
M. Fortin
(Pontiac) : Bien, je vais peut-être continuer dans le même
sens, dans ce cas-là. Si, par le passé, la Caisse de dépôt investissait surtout, comme vous le
disiez, dans des fonds, ces fonds qui ont généré toutes sortes
d'entreprises qui aujourd'hui grandissent,
il y avait d'autres mécanismes... Bien, il y avait des mécanismes
gouvernementaux entre autres pour aider les entreprises comme telles.
Donc là, si vous utilisez un modèle qui est un
peu différent, est-ce que vous sentez que vous êtes presque en compétition avec
Investissement Québec ou avec d'autres groupes qui investissent directement
dans les entreprises québécoises? Est-ce que
les entrepreneurs qui... Est-ce qu'ils pensent à vous naturellement quand...
Parce que vous dites que c'est ce que...
Une voix : ...
M. Fortin (Pontiac) : Moi aussi, je
l'espère, mais c'est ça que vous dites, que vous essayez non seulement d'attendre que les gens viennent à vous, mais de
vous faire connaître comme ce type de partenaire. Alors, est-ce que les entrepreneurs naturellement pensent à se tourner
vers la Caisse de dépôt ou si vous êtes encore dans le modèle que c'est
vous qui allez vous vendre, si on veut?
Le Président (M. Bernier) : M. Dubé.
M. Dubé (Christian) : Bien, écoutez,
je pense que des... Demandez à des entrepreneurs aujourd'hui, ils vous diront qu'il n'y a jamais assez de capitaux; ce
qui manque, c'est des bons projets. Ce que j'aimerais vous dire là-dessus,
puis je pense qu'on a démontré... Michael
vous a dit tout à l'heure qu'on peut avoir, des fois, des investissements, mais
il faut avoir des projets d'impact, puis la caisse a un impact très
structurant.
Nous avons
annoncé, il y a quelques semaines, que nous allons faire, en collaboration avec
tous les investisseurs du réseau de
capital du Québec, une analyse de l'écosystème des fonds. Et pourquoi on a
décidé de faire ça, en collaboration avec
Investissement Québec, en collaboration avec le Fonds de solidarité, avec le
Fondaction, avec la Banque de développement
Canada? Nous avons décidé de nous reculer un peu et de prendre une photo,
justement, de l'écosystème des
entreprises dont je parlais tout à l'heure, mais aussi des fonds. Pourquoi?
Parce que nous croyons que la solution, ce n'est pas justement de se
compétitionner, puis je pense que votre question est très à-propos, mais le
nouveau président d'Investissement Québec
veut aussi évaluer avec nous puis avec les joueurs comment nous pouvons être
aussi complémentaires. Parce qu'on le voit
souvent, dépendamment des tailles d'entreprises, tout à l'heure, dont je vous
parlais, des fois, c'est une question
de : Est-ce que c'est plus une garantie qui peut être donnée, est-ce que
c'est plus un prêt de démarrage?
Alors, nous, avec l'expérience que nous avons, puis, quand je dis «nous», c'est
l'ensemble des gestionnaires de fonds, incluant la caisse, on fait cette
analyse-là, qui va se faire durant l'été, et je pense qu'il y aura peut-être
certains ajustements dans les fonds ou dans la spécialité des fonds et des
produits, parce que tout le monde a avantage à bien supporter cet écosystème
d'entreprises là.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M.
le...
M. Leitão : Je voudrais seulement,
M. le Président, si vous permettez...
Le Président (M. Bernier) : Oui, M. le
ministre. Allez-y.
M.
Leitão : En tout respect avec l'indépendance de la caisse, j'aime très
bien cette idée-là et j'aimerais être gardé au courant de vos résultats.
M. Dubé
(Christian) : Absolument, et je donnerais l'exemple avec
Investissement Québec. Nous avons, avec tous les autres partenaires, fait cette première analyse là sur les faits.
Les résultats vont être publiés au mois de juin. Alors, tout le monde a très hâte de voir un peu cette nouvelle
photo, cette mise à jour là de l'écosystème des fonds. Alors, c'est sûr
que tous les gens vont être mis au courant de cette analyse-là.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député de Pontiac.
M. Fortin (Pontiac) : Combien de
temps me reste-t-il, M. le Président?
Le Président (M. Bernier) : 1 min 40 s.
M. Fortin (Pontiac) : Deux minutes?
Le Président (M. Bernier) : 1 min 30 s.
M. Fortin
(Pontiac) : Une? Bon, bien, on va faire ça rapidement. Mais je n'ose
pas poser la question parce que je pense
que ça pourrait prendre trop de temps, mais je vais profiter de cette
1 min 30 s, alors, pour simplement dire qu'à l'instar du ministre je pense que tout le monde,
ici, a extrêmement hâte aussi de voir ces résultats-là, de voir comment,
comme vous l'avez dit, vous pouvez travailler en complémentarité avec les
acteurs qui sont déjà sur le terrain. S'il peut
y avoir une coopération de tous ces organismes-là, je pense qu'on en sortira
tous gagnants. Alors, je me permets de dire
que c'est tout à votre honneur, cet exercice-là, et on va attendre les résultats
avec impatience. Merci, M. le Président.
• (20 h 50) •
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député. Commentaires sur ça? Non, ça va? On va donc passer du
côté de l'opposition officielle. M. le député de Rousseau, pour votre dernier
bloc.
M. Marceau : Oui. Merci, M. le Président.
Combien de temps dure-t-il?
Le Président (M. Bernier) : 17 minutes.
M. Marceau : Ouf! C'est court. Alors,
rebonjour. M. Sabia, je vais vous surprendre. Je vous...
M. Sabia (Michael) : ...
M. Marceau : Ah! Je pense que oui. Je
vais vous poser une question sur l'investissement responsable, puis ça, en fait, c'est une question très facile. Dans le
rapport annuel, vous rapportez que la caisse a voté, en 2014, sur
47 859 propositions dans le cadre de
4 679 assemblées d'actionnaires. Donc, la caisse vote souvent, c'est
un très bon exemple pour...
Une voix : ...
M. Marceau : ...hein? C'est des gens qui
votent souvent.
Le Président (M. Bernier) : C'est mieux
qu'à l'Assemblée.
M. Marceau : Et puis vous nous dites que, sur l'ensemble des
votes, 12,3 % ont été pris contre la direction des entreprises, entre autres parce qu'à
l'occasion la politique de rémunération ne convenait pas à la caisse, là, la
politique de rémunération d'entreprise, la
proposition qui était faite à l'assemblée ne convenait pas. C'est parfait, là,
c'est correct. Puis l'information est
effectivement disponible sur le site de la caisse. En fait, on
peut retrouver les votes qui ont été pris par la caisse dans divers... La seule affaire, c'est qu'aller sur le site Web
de la caisse puis relever les informations, c'est un peu lourd pour la...
en tout cas, pour moi.
Je me demandais s'il
n'y avait pas simplement quelque chose d'intermédiaire entre ce petit encadré
qu'on retrouve dans votre rapport annuel, à
la page 82, et le site Web, quelque
chose qui décrirait un petit peu plus
les votes que vous avez pris lors des
assemblées d'actionnaires, qui indiquerait, par exemple, simplement que...
Parce que moi, je pense que c'est
intéressant, c'est un débat important qui a cours partout présentement, et puis
je suis à peu près convaincu, pour avoir lu votre politique de vote, la politique qui guide, dans le fond,
les choix que vous faites, que vous êtes exemplaires et puis que vous faites... vous votez de la bonne
manière, quoi, mais j'aimerais bien que ce soit étayé, que ce soit
élaboré. Et puis, bon, évidemment,
là, en une minute, vous pouvez me dire quelque
chose, mais je me demandais s'il n'y avait pas un document qui présenterait... un document
statistique, quelque chose qui nous dirait, là, peut-être
un peu plus de détails sur les
entreprises où vous avez dit à la direction : Bien, écoutez,
on n'est pas d'accord avec ce que vous faites, et puis voici ce qu'on
vous propose, puis, bon. Alors, voilà. Vous comprenez le sens de ma question?
Le Président (M.
Bernier) : Monsieur... Est-ce que vous... Ça va. La parole est à vous.
M.
Lescure (Roland) : Merci, M. le Président. D'abord, donc, on a une politique d'investissement responsable puis, vous l'avez dit, M. le député, elle est explicite et présentée de manière très transparente sur nos
sites Internet, et la politique de vote n'est qu'une des dimensions de
cette politique d'investissement responsable. C'est très important. Nous avons décidé, il y a déjà un certain nombre
d'années, de voter systématiquement pour toutes les entreprises que nous
détenons en portefeuille. Beaucoup
d'actionnaires aujourd'hui ne font pas ce travail-là qui, pour nous, est un
devoir, un devoir presque civique de
responsabilité actionnariale, pour donner notre avis sur ce que font ou ne font
pas les entreprises en portefeuille.
Ça, c'est la première dimension de notre politique d'investissement responsable. Puis vous l'avez dit : Nous votons à des milliers, pour ou contre, de
recommandations qui sont faites à l'occasion des assemblées générales et
qui sont toutes disponibles en totale transparence sur notre site Internet. Je
ne veux pas dire que c'est unique, mais c'est très rare, une telle
transparence, hein, et puis je pense que vous le reconnaissiez.
Le
deuxième point tout aussi important, qui est une dimension très importante de
notre politique d'investissement responsable,
c'est qu'on ne s'arrête pas au droit de vote. On est dans une logique
d'engagement avec les entreprises, on dialogue
avec elles. On dialogue avec elles dans les trois dimensions d'investissement responsable : oui, la rémunération, mais aussi les enjeux d'environnement, les enjeux sociétaux, les enjeux de traitement
de l'ensemble des parties prenantes, hein,
les employés, les clients, les parties prenantes, notamment
par exemple dans le secteur minier, qui sont des
parties prenantes très importantes. Est-ce
qu'une entreprise minière fait tout le travail qu'elle doit faire pour acquérir
sa licence sociale, pour se faire
accepter par les communautés auprès desquelles elle intervient? Tout ça, c'est
une dimension peut-être encore plus importante que le vote, parce que,
d'une certaine manière, le vote, c'est un devoir, mais qui est acquis
puis qui ne demande pas beaucoup
de travail si vous ne le faites pas bien. Alors, on essaie de le faire bien.
Donc, nous, ça nous prend un peu plus
de travail, mais surtout, passer le temps pour s'engager avec les entreprises,
pour dialoguer, pour discuter avec elles, je pense que ça, c'est un
élément fondamental qui vient nous différencier un peu.
Alors,
on a fait un choix très fort il y a quelques années, c'est que, dans la
quasi-totalité des cas, cet engagement actionnarial, il se fait derrière
les rideaux, il ne se fait pas sur la place publique. Vous savez qu'il y a des
actionnaires activistes qui adorent faire du
bruit, qui adorent déployer des monceaux de... de sorties qui parfois relèvent
presque de l'injure dans les journaux, pour faire mousser en grande
partie leur société, leur nom et, parfois même, leur cause. Aujourd'hui, on appelle ça «talk up your books» : vous parlez dans le journal
en espérant que ça va aider votre cause et, pourquoi pas, faire monter le stock dans lequel vous êtes investi. Ce
n'est pas du tout comme ça que nous, on agit. Nous, on agit la plupart du temps derrière les portes, dans
une logique de dialogue constructif, parce
que, je pense que Michael a
eu l'occasion de le dire à maintes reprises,
on se considère comme un bâtisseur. On se considère comme un investisseur de long terme qui doit, dans la durée, rester un
investisseur crédible auprès des entreprises. On n'est pas là pour rester
quelques semaines et ressortir.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. On va passer à une autre question parce que
le temps court rapidement, et c'est le dernier bloc.
M. Marceau : Oui,
bien, j'ai...
M. Lescure
(Roland) : J'ai une statistique, si vous m'y autorisez?
M. Marceau : Oui,
bien, j'allais vous le redemander.
M. Lescure
(Roland) : C'est ça.
M. Marceau : Alors,
allez-y.
M. Lescure
(Roland) : On y travaille. On y travaille parce qu'on est conscients
qu'effectivement, entre la transparence
totale, l'ensemble des votes qui sont disponibles, et je répète, c'est unique,
puis les quelques pages que nous diffusons, qui seront, je pense aussi,
assez transparentes, on réfléchit à une manière de présenter, une manière plus
statistique, l'ensemble des votes auxquels on intervient. Mais j'insiste, ce
n'est qu'une dimension de notre politique d'investissement responsable,
l'engagement actionnarial est très... sans doute, plus important encore.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le
député.
M. Marceau
: O.K. C'est parfait. Bien, alors, écoutez, quand vous aurez terminé votre
travail, j'aimerais bien voir le résultat. Ce serait très bien, s'il
vous plaît.
Le
Président (M. Bernier) : Bien, à ce moment-là, vous nous le faites parvenir
au secrétariat de la commission des finances publiques, et nous
assurerons la distribution.
M. Marceau : Oui. Puis, comme on va se
revoir, hein... Comme on va se revoir souvent dans les prochaines semaines, on
aura peut-être l'occasion d'en reparler.
Merci pour
votre réponse, M. Lescure. Je voudrais parler d'immeubles. Je ne sais pas qui
est la personne... Enfin, M. Sabia, je vais commencer par vous — ou M.
le ministre — peut-être
vous poser une question très simple. Dans le rapport
annuel, à la page 40... ou pages 40, 41, il est question, donc, des immeubles.
Pour 2014, vous avez fait beaucoup de transactions,
c'est ce que vous nous dites : vous avez acquis pour 5,1 milliards
d'immeubles, vous en avez vendu pour 8,6 milliards. C'est le côté
vente qui m'intriguait un peu plus parce que... plus de détails sur les
acquisitions, un peu moins sur les ventes.
Puis, sur les ventes, ce qu'on sait — c'est en page 41 — que vous avez vendu des hôtels, 21
hôtels, ainsi que des immeubles à Munich et
Francfort, puis un portefeuille d'immeubles commerciaux qui valaient
1,5 milliard. Mais je me demandais, là,
pour arriver à 8,6 milliards, les 21 hôtels... Enfin, peut-être que
c'étaient des très gros hôtels, là, mais
je trouvais que 8,6 milliards, c'était beaucoup d'argent, et je me
demandais simplement quels étaient les principaux éléments, là, outre
les hôtels et puis les immeubles commerciaux et bureaux du Canada?
M. Sabia (Michael) : Donc,
nous avons...
Le Président (M. Bernier) : M. Sabia.
• (21 heures) •
M. Sabia (Michael) : Oui, M.
le Président. La mise en contexte est importante. En 2014, le leadership
d'Ivanhoé Cambridge, Daniel Fournier, Bill Tresham et les autres, ils ont fait
plusieurs, évidemment, transactions pour
mettre en oeuvre et pour réaliser une stratégie qui est beaucoup différente de
la stratégie que nous avons suivie dans les années précédentes, et Ivanhoé Cambridge et la caisse, nous avons
développé cette stratégie il y a trois ans maintenant. Mais 2014 était une année importante pour la mise
en oeuvre, donc nous avons vendu, franchement, toutes sortes d'actifs, parce que, dans le passé, nos investissements
étaient franchement dans toutes sortes de villes à travers le monde.
Mais ce n'est pas une stratégie efficace pour une société immobilière comme
Ivanhoé Cambridge. Donc, nous avons décidé d'identifier
quelques villes et quelques volets d'investissement pour recentrer la stratégie
d'investissement, pour simplifier la stratégie d'investissement. Donc,
nous mettons maintenant beaucoup d'accent sur les centres commerciaux au Canada, également au Brésil, mais, en Europe, nous
avons vendu plusieurs centres commerciaux. Également, nous avons décidé,
il y a des années, franchement, de sortir des hôtels, un processus qui a
demandé beaucoup de temps, mais maintenant, plus ou moins, c'est fait.
Franchement,
nous avons décidé, il y a des années, de vendre nos centres commerciaux — même au Canada — de deuxième
rang, et maintenant nous avons des investissements mais juste dans les
meilleurs centres commerciaux à travers le Canada, évidemment y compris le Québec. Pourquoi nous avons fait ça?
Parce que, selon nous, il y aura un impact de commerce électronique sur
les centres commerciaux. Les meilleurs, qui ne sont pas juste un centre
d'achats mais beaucoup d'autres choses, c'est
plus facile pour ces centres de résister à cette tendance. Mais, pour les
centres de deuxième rang, c'est plus
difficile. Ces centres sont, d'après nous, plus vulnérables, et donc nous avons
décidé de vendre ces actifs et de façon importante.
Également,
nous avons vendu plusieurs bureaux, surtout en Europe, pour mettre l'accent sur
Londres et Paris. Donc, nous avons
vendu plusieurs actifs, par exemple en Allemagne. Pourquoi? Parce que nous
n'avons pas, dans le passé, pour... Qu'est-ce
que c'est, la meilleure façon d'expliquer mon point? Il faut développer un
certain niveau de concentration et une certaine présence sur le marché
pour maximiser la valeur et les qualités des opérations dans chacune de ces
villes. Donc, si on est un propriétaire
d'une tour, disons, à Francfort, Francfort est un très bon marché, mais, avec
juste un seul bureau, une seule tour,
ce n'est pas une bonne façon de profiter de ce marché. Donc, nous avons décidé
de consolider et donc de vendre
plusieurs actifs, dans toutes sortes de villes à travers l'Europe, pour, comme
je disais, concentrer nos affaires à
Paris et à Londres. Donc, une longue explication, mais, dans le fond, ça, c'est
la raison pour laquelle nous avons vendu, en 2014, des ventes
importantes. Cette année, en 2015... Vous ne verrez pas la même chose, en 2015.
Le Président (M. Bernier) : M. le député.
M. Marceau
: O.K. Oui, enfin, là, parce que, en tout cas, le chiffre m'a impressionné,
je dois avouer. 8,6 milliards, c'est beaucoup. Puis par ailleurs...
M. Sabia (Michael) :
Mais, juste les hôtels par exemple, les centres...
M. Marceau : Oui, les hôtels en Europe,
c'est combien, ça? Bien, si vous pouvez le dire, là...
M. Sabia (Michael) : Oui, les
hôtels, à peu près, à peu près...
M. Marceau : Oui?
M. Sabia (Michael) : Les
hôtels, au moins 1 milliard.
M. Marceau : Bien oui.
M. Sabia (Michael) : Les
centres commerciaux de deuxième rang, c'est 1,5 milliard.
M. Marceau : O.K. O.K., mais c'est
intéressant, ce que vous disiez, parce que j'avais une question un peu sur le même thème. Parce que vous nous dites un
peu plus loin, puis j'aimerais vous entendre là-dessus, que vous
êtes à modéliser les risques de marché pour
le portefeuille Immeubles. Ça, c'est à la page 54. Puis je me demandais... Bien
là, dans le fond, vous avez soulevé des
points qui sont pertinents, là. Mais là vous avez décidé de concentrer vos
immeubles dans certaines villes, profiter,
donc, j'imagine, de certains avantages qu'il y a à mieux connaître un marché.
Par contre, j'imagine que ça a aussi des implications sur le risque.
Mais j'aimerais vous entendre sur comment vous...
bien, enfin, où vous en êtes rendus. Parce que ce n'est pas évident, là. Le marché
immobilier, ce n'est pas comme c'était il y a 50 ans, où c'était facile, ça
montait tout le temps. Aujourd'hui, ça
swingue un petit peu plus. Peut-être juste vous entendre là-dessus, sur
qu'est-ce que vous... bien, enfin, où vous
en êtes rendus. Qu'est-ce que vous allez faire précisément pour le mesurer, le
risque? Puis quel est le lien avec ce que vous venez de nous dire sur
votre nouvelle stratégie immobilière?
M. Sabia (Michael) : Oui,
allez-y, et je vais répondre à...
Le Président (M. Bernier) : M. Lescure.
Oui, M. Lescure, allez-y.
M. Lescure
(Roland) : Michael a généralement l'habitude d'insister beaucoup sur
le fait que nous, on est dans le business
des actifs réels. C'est important, et c'est l'essentiel, dans la gestion
des risques, de comprendre l'actif dans lequel vous êtes investi.
Donc, c'est vrai pour un immeuble, c'est vrai pour une société, c'est vrai pour
une infrastructure. Donc, le premier, le
plus important critère indicateur de gestion de risques, c'est : Est-ce
qu'on connaît l'immeuble dans lequel
on est investi? Est-ce qu'on connaît ses qualités? Est-ce qu'on
connaît, Michael le disait, la ville dans laquelle il est, le secteur d'activité où on est? Ça, c'est ce qu'on
appelle le risque spécifique. Ça n'empêche que, quand Claude Bergeron et
moi, on regarde le portefeuille dans son
ensemble, il faut qu'on arrive à comprendre le risque dans son ensemble. Et
le défi, pour les portefeuilles immobiliers,
évidemment, c'est que ce ne sont pas des actions listées qu'on peut mesurer à
tous les jours et dont on peut
mesurer ce qu'on appelle la volatilité. Donc, on se doit de développer des
nouvelles techniques pour estimer le
risque du portefeuille immobilier pris dans son ensemble. C'est ce à quoi vous
faites référence dans la page 54. Quand
on parle de facteur de risque, on a des méthodologies très sophistiquées qui
visent, pour les portefeuilles d'infrastructures
et les portefeuilles d'immobilier, d'estimer la dépendance du portefeuille dans
son ensemble à certains facteurs de
risque : les taux d'intérêt, qu'est-ce qui se passe au portefeuille, dans
son ensemble, si les taux d'intérêt montent ou descendent; les devises;
les risques économiques. Et donc c'est ce à quoi est fait référence dans cette
page 54.
On a
évidemment déjà des modèles qui sont utilisés à tous les jours pour estimer le
risque global du portefeuille caisse et le risque de chacun de ces
portefeuilles, mais on passe notre temps à essayer de sophistiquer davantage
ces risques-là parce que, vous l'avez dit, le monde est de plus en plus risqué,
le monde est de plus en plus volatile. Et donc,
même si on a des radars performants, on est convaincus qu'il faut toujours
remettre le travail à la pâte pour améliorer la qualité de ces radars. Mais j'insiste bien, le risque essentiel, pour
nous, des investissements dans lesquels on est, c'est de mal comprendre
de quoi il s'agit, hein?
Je parlais
tout à l'heure de risque maîtrisé. Il est essentiel — et tout le dispositif de gestion des risques
qu'a mis en place Claude Bergeron
depuis cinq ans vise à ça — à ce que les gens qui sont du côté des risques comprennent la
nature des investissements aussi bien que ceux qui sont de mon côté, du côté de
l'investissement. On a ce qu'on appelle des experts
métiers, qui sont pour beaucoup des gens qui ont fait de l'investissement dans
le passé, qui sont assis à côté des équipes
d'investissement, qui les défient, qui les challengent avant qu'on fasse
l'investissement. Et ça, c'est évidemment le dispositif essentiel que Claude a déjà eu, je pense, l'occasion de
présenter à cette assemblée, mais qu'il se fera un plaisir de faire à
nouveau si vous l'invitez l'année prochaine.
Le Président (M. Bernier) : Une vingtaine
de secondes. Allez-y, on va...
M. Marceau : Bien, peut-être une question
très simple, là. À la suite des changements qui ont été apportés en 2014, est-ce qu'on peut dire que le risque du
portefeuille Immeubles a diminué? Est-ce qu'il est demeuré ce qu'il
était?
Le Président (M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) :
Oui, M. le Président. D'après nous... Mais ce n'est pas juste dans le
portefeuille d'immeubles. Je pense
que, selon nous... Et c'est la raison pour laquelle nous sommes de plus en plus
à l'aise de prendre des positions qui sont plus concentrées : dans
le cas d'Ivanhoé Cambridge, concentrées dans une ville; dans le cas d'un portefeuille qui performe exceptionnellement
bien, Actions Qualité mondiale, où nous avons des positions de plus en plus concentrées. Infrastructures, donc, partout
dans les portefeuilles de la caisse, comme je disais, nous sommes plus à
l'aise avec un certain niveau de
concentration. Pourquoi? Parce que ce n'est pas... Ça, ça représente un changement,
parce que, dans le passé, pour tous les investisseurs institutionnels, on avait
toujours la stratégie de gestion du risque qui demande de la diversification.
La meilleure façon de gérer vos risques est de développer un portefeuille
diversifié.
Notre logique,
franchement, est différente. Notre logique est, non, la meilleure façon de
gérer et de maîtriser, disait Roland, les
risques est de comprendre en profondeur chacun de ces investissements. Et maintenant, étant
donné la qualité de nos activités
de recherche, nous sommes de plus en plus à l'aise avec les positions beaucoup
plus concentrées, qui, dans la durée,
d'après nous... Nous sommes convaincus que c'est la meilleure façon de livrer
la marchandise pour les déposants.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Je tiens également, tel que mes
collègues, à saluer non
seulement le ministre, mais M. le P.D.G. de la caisse et ses collègues de la
caisse.
M. le Président, ma
première question est en lien avec une intervention du député de Mercier un peu
plus tôt aujourd'hui, O.K.? Et le député de Mercier a profité de ses
quelques minutes qu'il avait, en droit de temps de parole ce matin, pour
non seulement adresser des questions à Revenu Québec, mais vous a laissé des
questions en suspens.
Il ne pouvait pas
rester plus tard. Je ne sais pas si c'est parce qu'il n'y avait pas de train ou
d'autobus...
Le Président (M.
Bernier) : On ne peut pas mentionner l'absence ou la présence d'un parlementaire.
M. Polo :
Bon! Ah! malheureusement... Bon! Je lui fais une fleur, je reprends un peu sa question
pour...
Le Président (M.
Bernier) : Oui, bien, ça, il n'y a pas de problème. Vous pouvez faire ça
sans problème.
M.
Polo : Parfait.
J'aimerais... Puis, M. Sabia, ici, on a une règle non écrite où on pose des questions
courtes pour obtenir des réponses
courtes. On pose des questions un peu plus longues puis on obtient des réponses
un peu plus longues, mais je vais
commencer peut-être par une question assez précise : Est-ce qu'il est illégal, M. le président, d'investir dans des entreprises
d'hydrocarbures? Question simple.
M. Sabia (Michael) :
Non.
M. Polo :
Parfait.
M. Sabia (Michael) :
M. le Président, «no».
M. Polo :
Excellent.
Le Président (M.
Bernier) : Poursuivez. Poursuivez, M. le député de Laval-des-Rapides.
• (21 h 10) •
M. Polo :
Pourquoi je vous pose cette question-là? Parce que le député de Mercier a
laissé sous-entendre qu'aujourd'hui, en
2015, il est socialement irresponsable que la Caisse de dépôt continuait
d'investir dans 219 entreprises d'hydrocarbures
dans son portefeuille d'investissement et qu'il était beaucoup plus intéressant, pour la caisse et pour nous comme
concitoyens, que la caisse décide de se libérer de ces investissements et puisse investir dans des compagnies classées socialement
responsables. En fait, il vous a même félicités
de ne plus détenir aucune entreprise dans le secteur de l'armement, mais il était découragé qu'il y ait
encore des compagnies de tabac et d'hydrocarbures dans votre
portefeuille d'investissements.
J'aimerais
donc vous inviter à non seulement répondre à sa question... indirectement le
pourquoi. Non seulement ce n'est pas
illégal, mais pourquoi il est important de détenir et d'investir dans des
compagnies d'hydrocarbures et également de tabac, sans nécessairement cautionner, moralement ou socialement, les
actions de ces compagnies-là? Mais, par ailleurs également, une
sous-question à cela : Quel est le coût ou quel serait le coût, selon vous
comme P.D.G., et peut-être même votre...
M. Sabia (Michael) :
Chef de placements.
M.
Polo : ...chef de placements, de ne pas investir dans ces
compagnies-là dans un portefeuille aussi important pour la caisse?
Le Président (M.
Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia (Michael) :
Oui. Donc, c'est une question importante, et quotidiennement, nous sommes très conscients de ce débat sur la question de pétrole,
des hydrocarbures, mais également nous sommes très conscients des débats qui entourent, par exemple — juste
quelques exemples — le
secteur minier, les entreprises forestières, même une société comme Coca-Cola ou Pepsi. Pourquoi?
À cause de la question importante de l'obésité chez les enfants. Donc,
il y a toutes sortes de débats qui entourent plusieurs secteurs et plusieurs
entreprises.
Donc, pour
l'instant, juste, prenons un peu de recul. Notre mission évidemment est de
gérer les avoirs de tous les Québécois
et également de contribuer au développement économique du Québec. Donc, ma
question est simple : Est-ce que
la caisse, nous avons le droit d'imposer à nos déposants des décisions fondées
sur d'autres considérations? Autrement dit,
est-ce que nous avons le droit d'imposer notre jugement moral sur nos clients?
Et, d'après moi, ça, c'est une bonne question,
une question assez difficile, parce que, clairement, il y aura des conséquences
économiques d'une telle décision. Ça,
c'est inévitable. Ce n'est pas bon, ce n'est pas mauvais, c'est juste inévitable,
il y aura des conséquences significatives pour chacune des décisions parce que peut-être pas... Juste pour revenir
à votre exemple des sociétés, par exemple, dans le secteur pétrolier.
Dans le passé, le secteur était hautement performant. Ces jours-ci, plus
récemment à cause de la chute du prix du
pétrole, moins performant, mais, à
long terme, un secteur hautement
rentable pour la caisse, autrement dit, pour nos déposants, les Québécois.
Donc, pour l'instant, qu'est-ce qu'on fait? Oui,
évidemment, nous suivons de près toutes les conventions des Nations unies, qui, je pense, est absolument essentiel.
Comme disait Roland, nous profitons de notre présence, notre rôle, en
tant qu'actionnaire de toutes ces sociétés, d'essayer d'influencer leurs
politiques, leurs pratiques pour améliorer leur performance —dans ce
cas, environnementale.
Également — et juste pour vous donner un chiffre — je pense, l'année dernière, en 2014, avait
lieu 80 rencontres avec plusieurs
sociétés pour discuter de ces questions, des rencontres directes entre nos
gestionnaires et la société sur ces questions. Et également sur la question du pétrole et les hydrocarbures, il est important... Chose importante : la caisse est parmi les plus importants investisseurs au monde, dans, par exemple, les
éoliennes, en Europe, aux États-Unis, ici, au Canada, surtout ici, au Québec. Donc, nous avons un niveau
d'investissement... à peu près 3 milliards de dollars investis dans
les éoliennes parce qu'évidemment l'énergie renouvelable, ça, c'est l'énergie
de demain et nous sommes très conscients de
cette tendance. Donc, c'est une question importante, nous sommes conscients des
avantages, des inconvénients, mais,
dans le fond, la question : Est-ce que nous avons le droit d'imposer nos
jugements moraux sur nos déposants, les Québécois?
Le Président (M. Bernier) : M. le député
de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci. Merci beaucoup, M.
le Président. Je vais également reprendre une question du collègue de Granby tantôt, parce qu'il vous a juste donné 30
secondes pour répondre à une intervention à laquelle vous avez réagi vivement, lorsqu'il a dit textuellement :
Vous savez, M. Sabia, comme le gouvernement est «cassé» et que la Caisse
de dépôt est en «bonne situation
financière», le gouvernement vous a passé une commande d'investir dans le Train
de l'Ouest, O.K. Mais il vous a à peine donné 30 secondes pour réagir.
Vous avez réagi promptement, mais par la suite son temps s'est écoulé.
Le
Président (M. Bernier) : Je ne veux pas défendre le député de Granby, mais
c'est parce que les temps étant très, très serrés, c'est difficile.
M.
Polo : Ah non! Mais c'est ça, mais je suis généreux, là, je reprends
de mon temps, de notre temps pour surtout donner le...
Le Président (M. Bernier) : Surtout, oui.
M.
Polo : ...surtout donner le
bénéfice du doute à M. Sabia de pouvoir bien expliquer l'importance de
l'indépendance de la caisse et qu'à
travers cette entente historique, quand même, l'indépendance de la caisse n'a
jamais été compromise.
Le Président (M. Bernier) : M. Sabia.
M. Sabia
(Michael) : M. le Président, évidemment, comme je disais
tantôt, la question de notre indépendance ou le principe de notre
indépendance est absolument fondamental pour, d'après moi, le bien-être de la
caisse et donc la retraite de tous les
Québécois parce qu'il faut qu'on ait le droit, la marge de manoeuvre de faire
des investissements, de faire des
décisions d'investissements de façon tout à fait indépendante. Et donc, dans
une circonstance où il y a toutes sortes d'ingérences de la part du gouvernement, évidemment, on ne peut pas
faire... on ne peut pas optimiser la qualité de nos investissements. Donc, évidemment, d'après moi, ce
n'est pas une situation qui est alignée du tout avec le bien-être des
Québécois, et donc c'est la raison pour laquelle le principe d'indépendance est
absolument primordial.
Ceci étant
dit, dans le cas plus spécifique des infrastructures, je vais vous dire tout
simplement que l'idée, les racines de
cette idée viennent d'une conversation que j'avais il y a 18 mois, presque
deux ans maintenant, avec l'ancien gouverneur de Massachusetts. Et donc c'est nous qui avons développé le modèle,
c'est nous qui avons travaillé de façon, je pense, efficace avec le
gouvernement pour essayer de mettre en place... de mettre en oeuvre ce nouveau
modèle.
Comme
je disais, le niveau d'intérêt — d'après moi, c'est un peu surprenant — le niveau d'intérêt pour ce modèle, à
l'extérieur du Québec, dans le reste du Canada, aux États-Unis, en Europe,
c'est très, très, très intéressant. Donc, je pense que nous avons développé une idée
innovatrice qui répond bien à la situation actuelle où tous les
gouvernements, ce n'est pas juste le
gouvernement du Québec, tous les gouvernements travaillent dans un contexte où
les contraintes fiscales sont, quoi, sérieuses. Et donc nous avons une
façon d'augmenter la marge de manoeuvre pour mettre en oeuvre les
infrastructures dont les Québécois ont besoin. L'idée est simple.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M. Polo :
Merci.
M. Leitão :
Peut-être, si je peux apporter une petite précision...
Le Président (M.
Bernier) : Oui. Oui, allez-y, monsieur.
M. Leitão :
Deux petites précisions.
Le Président (M.
Bernier) : Allez-y, M. le ministre.
• (21 h 20) •
M. Leitão :
D'abord, le gouvernement n'est pas cassé. J'aimerais juste préciser ça, quand
même. Nous avons d'ailleurs déposé un budget
équilibré pour la première fois en six ans, donc nous rétablissons les finances publiques. Alors,
c'était juste cette petite précision que je voulais amener.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M. Polo :
Oui, oui, je pense que M. le ministre a bien compris que j'ai ouvert les
guillemets, j'ai fermé les guillemets, là.
M. Leitão :
Non, non, j'avais compris ça, oui.
M. Polo :
J'ai repris les termes de mon collègue de Granby.
Le Président (M.
Bernier) : Allez-y, M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : M. le Président, j'aimerais peut-être que M. Sabia invite son premier vice-président aux investissements pour le Québec, parce que, tantôt, dans la
question de mon collègue de Pontiac, qui était en lien avec les
investissements au niveau des PME québécoises, je pense que monsieur... votre
premier vice-président a peut-être, disons, été court un peu dans sa réponse, parce que je pense qu'il y a
de très bons programmes, très bons investissements dans lesquels la
caisse a participé. Et notamment on s'est
rencontré, l'an dernier, dans le renouvellement de la stratégie PerforME, c'en
est un dans lequel vous avez une participation importante, mais je pense
qu'il y a aussi d'autres programmes que vous avez mis sur pied, d'autres partenariats à travers lesquels la Caisse de
dépôt s'est associée justement pour dénicher nos prochains fleurons du
Québec et qui valent peut-être la peine d'élaborer un peu plus sur ces
différentes initiatives de la caisse et venir compléter, là, la réponse qui a
été faite à mon collègue de Pontiac.
Le
Président (M. Bernier) : Si je
comprends bien, vous voulez cuisiner M. Dubé sur ses investissements, sur ses choix. Alors, M. Dubé.
M. Sabia (Michael) :
O.K. Donc, en attendant Christian...
Le Président (M.
Bernier) : M. Sabia.
M.
Sabia (Michael) : Il y a plusieurs
fonds que nous avons dans le fonds que nous avons établi. Juste quelques
exemples. Il y a maintenant, ouf! 2007, 2008, je ne peux pas me souvenir, nous
avons créé un fonds manufacturier. L'objectif est de faire des investissements dans le secteur
manufacturier, mais, plus que ça, l'objectif de ce fonds est de ne pas juste faire des investissements, mais, et le
mot est tellement important, d'accompagner le développement de chacune
des sociétés dans lesquelles on investit, accompagner avec les experts, avec les
anciens P.D.G. des sociétés manufacturières, toutes sortes de choses
comme ça. Parce que ce n'est pas juste une question de notre capital, mais
d'ajouter toujours expertise pour... encore une fois, c'est une autre façon de
renforcer l'avenir d'une société. Ça, c'est un exemple.
Un autre exemple. En
2010, je pense, si je me souviens bien... 2009 ou, je pense, 2010, nous avons
créé un fonds avec le Mouvement
Desjardins. Pourquoi? Le Mouvement Desjardins a un réseau dans toutes les
petites villes du Québec et un réseau
qui, dans le fond, nous donne accès à toutes sortes de petites entreprises québécoises. Parce que
la caisse n'est pas structurée avec un réseau à travers le Québec, dans tous
les villages, dans toutes les petites villes du Québec,
donc nous avons créé quelque chose avec Desjardins. L'objectif est de profiter de leur connaissance des marchés locaux et donc de faciliter,
avec Desjardins, notre sélection des sociétés les plus prometteuses. Ça, c'est un autre exemple.
Avant de passer la parole
à Christian, je vais juste parler d'une autre initiative que, récemment, nous
avons prise. Ça, c'est une initiative qui
s'appelle Innover Agir. Qu'est-ce que c'est, ça, Innover Agir? Il y a
un an maintenant, nous avons convoqué
50 entrepreneurs du Québec, nous avons passé du temps avec ces entrepreneurs,
avec une question simple : Donnez-nous quatre, cinq idées, les
meilleures idées possible, pour renforcer la culture d'entrepreneuriat du Québec.
Et donc, après le travail, ils ont identifié quatre, cinq priorités. Nous
sommes maintenant en train de mettre en oeuvre chacune de ces priorités et vous allez voir
prochainement les résultats de cette activité.
Nous allons
continuer notre travail avec une cinquantaine d'entrepreneurs maintenant :
la prochaine étape, sur le thème Croissance
d'entrepreneuriat ; et, dans un deuxième temps, toute la question cruciale de la relève, le transfert des sociétés
pour essayer de trouver les façons de retenir ces sociétés
ici, au Québec, et de ne pas constamment vendre nos sociétés
prometteuses à l'extérieur.
Donc, un
autre exemple de travailler avec les gens, avec les entrepreneurs et de
profiter de leurs connaissances. Ça
fait partie de notre orientation de toujours travailler avec les partenaires,
parce que le monde est complexe et la caisse n'est pas en mesure de comprendre 100 % de qu'est-ce qu'il se passe
dans le monde, soit en Chine, même au Québec. Donc, nous avons établi
des bonnes relations avec la communauté entrepreneuriale pour améliorer notre
capacité de répondre aux besoins des entrepreneurs. Christian.
M. Dubé (Christian) : ...
Des voix : ...
Le Président (M. Bernier) : M. Dubé,
vous avez environ deux minutes.
M. Dubé (Christian) : J'ai appris
que c'est toujours difficile de passer après M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Non,
jamais, jamais.
M. Dubé
(Christian) : Vous n'avez pas à vous en faire. Mais, je pense, c'est
la première fois qu'on me reproche d'être
court, alors je vais en profiter, je trouve ça... Mais il y a deux choses, je
pense, que j'ai peut-être oublié de mentionner tout à l'heure, que je voudrais ajouter : il y a deux programmes
qui ont été mis à jour récemment : le programme d'Anges Québec puis
le programme de PerforMe.
Je parle de ces deux-là puis je pense que je
suis content que vous me donniez l'occasion. Il y a deux éléments importants. Du côté d'Anges Québec, il faut
regarder... Souvent, le problème, c'est le stade de développement de l'entreprise. Tout à l'heure, j'ai dit qu'il y
avait des phases plus importantes... On est rendus à la deuxième, troisième
ronde. Dans le cas d'Anges Québec, on est
dans le démarrage, dans l'amorçage. Alors, je pense... on pense que ce
programme-là qui a été mis en place ou remis
à jour avec des nouveaux investissements qui sont venus de plusieurs
partenaires... Pour moi, il est très important. Puis ça, je pense
qu'encore une fois c'est une bonne compréhension de l'écosystème dont je
parlais tout à l'heure.
Le programme
PerforMe, il amène autre chose. On n'est pas dans le programme de la taille, on
est dans un enjeu de service. Ce que
je pense que vous avez amené avec ce programme-là, c'est de dire, oui, on va
avoir des investissements de deux à trois millions pour des entreprises
qui veulent exporter, mais vous ajoutez non seulement pas juste du capital, mais un service. Avec les gens de... avec
Investissement Québec, il va y avoir des choses, je pense, intéressantes,
parce que, souvent, les jeunes entreprises,
ce n'est pas uniquement du capital, je le redis, c'est qu'ils ont besoin d'un
certain accompagnement dans leur plan
d'affaires. Ça fait que je dirais rapidement... Moi, je voudrais qu'on en parle
toute la soirée, mais on n'a pas
beaucoup de temps puis on reviendra. Mais je pense qu'il y a effectivement un
besoin de complémentarité des différents programmes, puis nous, on peut
y participer, avec les gens d'Investissement Québec notamment.
M. Polo : Combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Bernier) : 30 secondes.
M. Polo : Juste pour terminer, M. le
Président, j'aimerais non seulement féliciter les actions de soutien au
développement économique et des PME, donc votre rôle, M. Dubé, mais,
aujourd'hui même, vous avez également publié,
rendu public un indice entrepreneurial qui est très important. Et je pense que
ça va dans la direction de continuer à non seulement jeter une lumière
de comment mieux soutenir le développement économique, mais surtout stimuler
l'entrepreneuriat québécois. Et, à ce niveau-là, je...
M. Dubé (Christian) : ...vous me
permettez, je finis là-dessus, si vous me permettez : Non seulement ça
fait un an qu'on travaille sur le programme entrepreneuriat, mais les résultats
qui sont sortis, aujourd'hui, montrent que l'entrepreneuriat augmente au
Québec. Je pense que c'est une très bonne nouvelle.
M. Polo : Bravo!
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Merci, merci de votre participation. Merci, M. Sabia,
merci, M. Tessier, M. Dubé, M. Lescure.
Adoption
des crédits
Le temps
alloué à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Finances étant écoulé,
nous allons maintenant procéder à la mise aux voix. Ainsi, le programme
1, Direction du ministère, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
M. Marceau : Sur division.
Le Président (M. Bernier) : Le programme
2, Politiques budgétaires et fiscales, analyses économiques et direction des
activités financières et comptables du gouvernement, est-il adopté?
M. Marceau : Sur division.
Des voix : Adopté.
M. Marceau : Sur division.
Le Président (M. Bernier) : Le programme
3, Service de la dette, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
M. Marceau : Sur division. Sur division.
Le Président (M. Bernier) : Finalement,
l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Finances pour l'exercice
financier 2015‑2016 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
M. Marceau : Sur division.
Documents déposés
Le Président (M. Bernier) : En terminant,
je dépose les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition. Je
dépose ces documents.
Et je désire
également remercier les parlementaires qui ont participé à cette séance de
travail : remercier M. le ministre,
remercier tous les organismes qui y ont travaillé; M. le député de Rousseau, M.
le député de Granby, M. le député de Laval-des-Rapides, M. le député de
Portneuf, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, M. le député de Chapleau et M. le député de Pontiac. Merci également aux
recherchistes qui participent à ces travaux. Merci aux gens de
l'Assemblée nationale qui nous accompagnent, aux pages ainsi qu'à ceux qui
procèdent au niveau des enregistrements.
Je lève la séance. Ayant accompli son mandat, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 30)