(Douze heures onze minutes)
Le
Président (M. Bernier) : Alors, bonjour à tous. Je déclare la séance de la Commission des finances publiques ouverte. Et je demanderais à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaire, sinon nous aurons droit à une cacophonie.
La commission est réunie afin de poursuivre le
débat sur le discours du budget, conformément à l'article 275 du règlement.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Aucun
remplacement, M. le Président.
Discussion générale
(suite)
Le Président (M. Bernier) :
Ah! Merci, M. le secrétaire. Bonne nouvelle!
Avant de poursuivre les échanges, je vous
indique qu'il reste 4 h 8 min aux 10 heures de débat
prévues au règlement. Le temps se répartit
de la manière suivante — donc, M. le député de Portneuf, écoutez
bien : gouvernement, 2 h 12 min;
opposition officielle, 1 h 11 min; deuxième groupe d'opposition,
31 minutes; députés indépendants, 15 minutes.
Donc, je vous souhaite une bonne fin de débat.
Nous poursuivons nos échanges. Et je cède la parole au député du côté
gouvernemental, le député de? Qui prend la parole?
Une voix : …
Le Président (M. Bernier) :
Le député de Portneuf.
M. Matte : Donc, j'ai bien compris…
Le Président (M. Bernier) :
Pour un bloc de 20 minutes.
M. Matte : C'est un bloc de
20 minutes?
Le Président (M. Bernier) :
Oui.
M.
Matte : C'est bien. Alors, il me fait plaisir de vous saluer, M. le
Président, et mes collègues, aussi, d'en face. Malheureusement, je
n'étais pas ici hier…
Une voix : …
Le Président (M. Bernier) :
…vous n'avez pas à mentionner votre absence ou votre présence.
M. Matte : En plus de contrôler
l'agenda, vous contrôlez aussi mon message, à ce que je comprends, M. le
Président.
Le Président (M. Bernier) :
Oui.
M. Matte : Alors, je tenais à vous
dire que ça me fait plaisir de faire partie de cette commission sur les finances publiques. Vous savez, M. le ministre,
durant la campagne électorale on a prévu, là, qu'il pouvait exister en
2014 une croissance de 2,1 %. Lors de
la présentation du budget, vous avez mentionné qu'on s'orientait… et vos
perspectives étaient de 1,8 %, même si beaucoup d'analystes, beaucoup
d'institutions financières et bancaires prévoyaient 1,9 %. Donc, on
s'entend vraiment, là, avec les spécialistes. Je constate aussi que vous avez
prévu, dans les prévisions du gouvernement…
total des revenus global de 3,9 %, O.K., qui tient compte, là… pas
uniquement par rapport au produit intérieur brut, mais par rapport à la
croissance, là, des revenus totale.
J'aimerais aussi préciser que, par rapport à
l'endettement concernant le produit intérieur brut, là, selon les données que j'ai prises dans le budget, on
s'oriente vers 54,3 %. La question que j'ai à vous formuler est à
l'effet : Comment expliquer, M. le ministre, que vous avez fait des
ajustements au cours de la présentation du budget pour dire : On revoit à la baisse nos revenus, et qu'est-ce qui justifie
ça, ces raisons pourquoi vous avez revu à la baisse les revenus du
gouvernement?
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Leitão : Très bien.
Merci beaucoup. Alors, essentiellement, il y a deux raisons qui nous mènent à
faire ces révisions-là. Tout d'abord,
c'est pour établir un cadre financier qui soit prudent, qui soit crédible et
qui, si jamais on va avoir des
surprises, on veut bien que ces surprises soient du côté positif. Donc, la
façon de faire un budget — et d'ailleurs ça se fait dans d'autres provinces, ça se
fait au niveau fédéral — c'est
toujours, je ne voudrais pas dire «de façon délibérée», de sous-estimer
les revenus, mais de le faire de façon très, très conservatrice pour qu'on ne
se trompe pas de ce côté-là.
Deuxièmement, la
deuxième raison qui nous a aussi menés à revoir ces prévisions, c'est que nous
sommes déjà rendus pratiquement au milieu de
l'année, nous sommes au mois de juin, et évidemment on se rend compte que
la performance économique du Québec pendant le premier semestre était
particulièrement lente. Donc, la lenteur qu'on avait vue l'année passée, en 2013, en termes de création d'emplois et
d'autres indicateurs économiques, cette lenteur-là s'est poursuivie pendant le premier semestre de
l'année. Alors, c'était tout à fait prudent et normal d'adopter un
cadre, en ce qui concerne les revenus, qui soit très, très prudent.
Le Président (M.
Bernier) : Allez-y, M. le député de Portneuf.
M. Matte :
Oui. Mais croyez-vous que, donc, ça pourrait avoir une incidence? Vous savez
aussi qu'on avait pris un engagement de
créer entre 200 000 et 250 000 emplois. Le fait que, si la croissance
économique est plus basse, est-ce que
ça va avoir aussi une incidence sur la création d'emplois? En d'autres termes,
si la croissance est moins grande, est-ce qu'on va avoir de la
difficulté pour pouvoir atteindre notre objectif de création d'emplois?
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : Dans un mot, oui. Mais évidemment la création d'emplois est
tributaire de la croissance économique, de ce qui se passe dans l'économie. Or, comme on a dit tantôt, c'est la
performance, pendant le premier semestre de l'année, qui était
particulièrement décevante. Nous sommes toujours convaincus qu'au deuxième
semestre et puis en 2015 on va remarquer une
accélération. Donc, oui, c'est vrai qu'au premier semestre de l'année c'était
assez faible du côté de la création d'emplois. Mais nous avons encore
quatre ans devant nous et donc nous pensons que, graduellement, on va assister à un renforcement de la croissance
économique. Et donc, par définition, si la croissance économique
s'améliore, se renforce, la création
d'emplois va suivre aussi. Ce n'est jamais en ligne directe, il y a toujours
des délais, mais les théories économiques s'appliquent toujours. S'il y
a accélération de la croissance du PIB, l'emploi va suivre avec quelques mois
de délai.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Matte : Et une dernière question aussi qui sous-tend, bon, toujours
notre perspective économique. Bon, vous savez qu'on a eu des surprises, on a constaté que le budget est beaucoup
plus austère, rigoureux et ambitieux à réaliser, tu sais. Puis c'est ce que je reprends beaucoup, là…
les témoignages de notre premier ministre, mais aussi des journalistes
qui nous disent que… Et tous les Québécoises
et les Québécois nous regardent, à savoir : Est-ce qu'on va pouvoir
atteindre cet objectif-là qui est quand même très audacieux?
Vous
avez aussi mentionné, à l'intérieur de votre budget, que vous espérez que, pour
2014 et surtout en 2015, on va avoir
une accélération de cette croissance économique. J'aimerais connaître, là, puis
aussi pour le bénéfice de nos auditeurs, là, sur quoi vous vous basez
pour dire que, 2015, la croissance sera au rendez-vous, elle sera meilleure que
2014? Donc, un peu connaître votre boule de cristal, M. le ministre.
M. Leitão :
Oui…
Le Président (M.
Bernier) : Alors, M. le ministre, sortez votre boule.
• (12 h 20) •
M. Leitão :
On sort les boules… avec prudence, bien sûr. Tout d'abord, peut-être avant de
répondre à votre question, juste un petit commentaire. Quand on nous dit que
notre budget est austère, je ne partage pas tellement ce point de vue parce qu'en fin de compte, cette
année, 2014‑2015, oui, il y a un effort considérable en termes de
contraindre ou de restreindre la croissance des dépenses de l'État, dépenses de
programmes, mais, en même temps, nous avons 11,5 milliards
de dollars d'investissements publics en infrastructures. 11,5 milliards de
dollars, c'est à peu près 3 % du PIB, c'est énorme. Donc, il y a un effort très important d'investir, et cet
investissement-là va avoir des effets multiplicateurs. D'abord, on
investit en infrastructures, principalement et tout d'abord parce qu'on a
besoin de le faire, on a besoin d'améliorer
la qualité et la sécurité de nos infrastructures publiques. Mais on reconnaît
aussi, bien sûr, que cet effort-là va avoir des effets multiplicateurs
sur l'économie. Donc, ça, c'est pour ce qui est de l'austérité.
Maintenant,
pourquoi est-ce que nous sommes relativement optimistes quant au fait que la
croissance économique va s'accélérer
en 2014 et surtout en 2015? Sincèrement, parce que, dans notre budget… enfin,
notre budget repose sur les deux
piliers, donc un pilier, oui, de rigueur budgétaire et de redressement des
finances publiques, mais aussi un pilier très important, de relance de
l'économie. Nous mettons en place toute une série de mesures, nos fameux cinq
axes dont on a beaucoup parlé et dont on parle encore et qui, je trouve, sont
très importants : l'aide aux PME, le Plan Nord, la stratégie maritime, les
ressources naturelles, les investissements publics en infrastructures, donc ces
cinq axes-là. Et n'oublions jamais
non plus, au tout début, notre programme LogiRénov pour relancer la rénovation
domiciliaire. Donc, tout ça ensemble
fait que nous sommes confiants que ça
va provoquer un effet d'entraînement
et l'accélération de la croissance.
Nous avons fait des
calculs avec évidemment nos collègues du ministère des Finances, et ces
mesures-là de relance économique devraient, à notre avis, générer… ça devrait
déclencher des investissements privés de l'ordre de 7 milliards de dollars, donc c'est quand
même substantiel. Et donc ce sont ces investissements privés là qui vont
avoir un effet d'entraînement… — plus l'investissement public — un effet d'entraînement qui va amener une
accélération de l'économie.
Le Président (M. Bernier) :
Merci, M. le député. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à vous.
Mme de Santis :
Merci beaucoup, M. le Président. Hier, quand le ministre était en train de
répondre à ma question, on est
arrivés à la fin des 20 minutes et donc il n'a pas pu complètement
répondre, et j'aimerais y retourner. Vous savez, beaucoup de personnes disent : Ah! Le Parti libéral du Québec,
c'est le parti des riches. Ah! Qu'est-ce qu'il y a dans ce budget? On appauvrit les plus pauvres, les plus
vulnérables. Il n'y a aucune bonification à l'aide sociale, il n'y a rien
pour le détournement des pensions alimentaires pour les enfants.
Oui, on a
parlé déjà du fait qu'on retrouve dans le budget la construction de 3 000
logements sociaux communautaires et abordables, dont 500 pour les
itinérants, on retrouve 8 millions pour la lutte contre l'itinérance, on
retrouve un nouveau crédit d'impôt remboursable pour les activités des aînés.
Mais, à part ces choses-là, qu'est-ce qu'il y a dans votre budget qui fait
qu'on empêche l'appauvrissement des plus pauvres et des plus vulnérables?
Le Président (M. Bernier) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Leitão : Écoutez, je pense que la
meilleure façon, la façon la plus efficace de diminuer la pauvreté et de créer des conditions plus vivables pour toute la
population, c'est la croissance économique, c'est l'emploi, c'est avoir
un emploi. Le meilleur programme social, c'est l'emploi. Vous avez mentionné
certaines mesures sociales et qui sont
importantes, mais, au-delà de ça, là, la principale, c'est la création
d'emplois. Si l'économie du Québec performe mieux, si la création
d'emplois s'accélère, c'est cela qui va donner des meilleures conditions de vie
à toute la population. Donc, ce n'est pas
une intervention directe en termes d'augmentation de support à tel ou tel
groupe qui va avoir un grand effet, mais,
pour que ce soit durable, pour que l'amélioration des conditions de vie soit
durable, ça passe nécessairement par la création d'emplois.
L'autre chose aussi et qu'il faut se rendre à
l'évidence, c'est que, de fournir des services sociaux à crédit en engendrant des déficits structurels, c'est une
solution qui n'est pas durable, qui n'est pas soutenable. Donc, nous
devons revenir à l'équilibre budgétaire pour
se redonner tous les moyens nécessaires pour qu'on puisse être capables de maintenir des programmes sociaux auxquels nous
tenons, que nous trouvons très utiles et très importants. Pour le faire,
il faut que nos finances publiques soient
structurellement saines pour qu'on puisse continuer sur cette voie-là. Mais je
reviens au fait que l'élément principal, la meilleure politique sociale, c'est
la création d'emplois.
Mme de Santis :
Et je crois qu'à cela…
Le Président (M. Bernier) :
Mme la députée.
Mme de Santis :
Et je crois qu'à cela on peut même faire référence à certaines mesures précises
qu'on a dans le budget : par
exemple, le fait qu'on a annulé la hausse de 2 $ par jour annoncée par le
précédent gouvernement, qui aurait pu être un grand fardeau pour les personnes
qui ne gagnent pas beaucoup d'argent. Vous êtes d'accord. Et il y a d'autres
mesures de cette nature-là qu'on retrouve dans le budget.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Vous faites allusion aux services de garde. Oui, en effet,
nous avons annulé l'augmentation qui
était proposée par le précédent gouvernement, de 7 $ à 9 $ par
jour. Nous l'avons indexée tout simplement aux frais de… à la vitesse de croissance du coût de système. Donc, ça
évite un choc tarifaire pour un grand nombre de ménages, particulièrement
les ménages à revenus plus bas.
Aussi, dans
le budget, nous avons pris le soin d'augmenter l'investissement en logement
social et surtout de le cibler, cet
investissement en logement social, de le cibler aux populations plus
vulnérables, donc les populations itinérantes
et les aînés, et surtout en région, et aussi les populations autochtones. Donc,
c'est non seulement de fournir ces services-là, mais de les cibler aux
clientèles plus vulnérables. Et, comme j'avais dit hier, je pense que notre collègue le ministre de l'Emploi
et de la Solidarité sociale va mener une grande revue et réforme de sa
façon d'agir. Et il me semble que la philosophie derrière cette réforme-là,
c'est de mieux et bien cibler l'aide étatique aux clientèles qui sont plus
vulnérables.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée.
Mme de Santis : Et je
comprends aussi que l'aide sociale n'a pas été… ou les montants attribués à ça
n'ont pas été réduits.
M. Leitão : Tout à fait. On n'a pas
eu de réduction en ce qui concerne le budget de cette année vis-à-vis l'année
précédente.
Mme de Santis :
Et c'est la même chose pour le grand nombre de subventions qu'on fait aux
organismes communautaires.
M. Leitão : Tout à fait…
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Tout à fait. Il y avait
des promesses d'augmenter ces subventions-là de façon… qui n'étaient pas provisionnées avant. Donc, nous n'avons pas fait
ces augmentations-là, mais, de l'année précédente à cette année, nous
avons quand même été capables de réaliser une légère augmentation.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
Mme de Santis : Merci, M. le
ministre.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Mégantic, la parole est à vous.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le Président. M. le ministre, nous
avons eu l'opportunité, hier, de discuter de certains grands paramètres économiques tels que le PIB, tels que les
taux d'inflation, mais un des paramètres qui a aussi une très grande influence sur l'économie du Québec,
qui peut nous être très difficile, c'est définitivement les taux
d'intérêt.
Comme vous le
savez, dans la perspective où les États-Unis sont en redémarrage… je ne dirai
pas «précipité», là, mais il y a un
certain redémarrage, est-ce que vous pouvez nous donner une perspective globale
de comment vous voyez l'évolution des taux d'intérêt dans la perspective
de ces budgets et de cette évolution-là sur le marché nord-américain principalement, où les taux d'intérêt, de l'autre
côté des États-Unis, nous, qui sommes des exportateurs, pourraient avoir
un impact considérable sur deux variables, un, le taux de change, et,
deux, justement le coût de notre dette? Et comment l'évolution du taux d'intérêt et l'impact qu'ils auraient sur notre
économie pourraient être perçus dans votre boule de cristal?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Alors, je ressors ma
boule.
Le Président (M. Bernier) :
Ressortez votre boule.
• (12 h 30) •
M.
Leitão : Une à la fois. O.K. C'est une excellente question. C'est un
excellent sujet. Les taux d'intérêt, en effet, ultimement, dépendent de
la vigueur de l'économie, aux États-Unis en particulier parce que c'est encore
et toujours la grande locomotive de la
croissance économique mondiale. On va être honnête, dans ma vie précédente, moi
et tous mes collègues, en début
d'année, fin 2013, début 2014, on pensait que les taux d'intérêt américains,
surtout les taux à long terme, les
taux de marché obligataire, seraient pas mal plus élevés aujourd'hui qu'ils le
sont. On pensait que ça serait le cas parce qu'on était aussi très confiants que la reprise américaine commençait
vraiment à s'enraciner comme il faut, après une année 2013 qui, sans
être aussi faible que ce que nous avons connu ici, au Québec, c'est une année
qui, là-bas aussi, avait connu beaucoup de faux départs, des problèmes de
blocages politiques, et tout ça. Mais on pensait que, 2014, on commencerait à voir une belle embellie de
l'économie américaine tôt dans l'année et donc que les taux d'intérêt, les
taux de marché suivraient cette embellie.
Juste pour vous donner un exemple, on pensait que les taux d'intérêt sous
obligations à 10 ans atteindraient 3 %, des niveaux de 3 %, ce qui
historiquement est encore très bas, mais ça arrivait à 3 % très tôt dans
l'année 2014. C'est comme ça… ce qu'on pensait.
Malheureusement,
force est de constater que la reprise américaine a traîné un peu. Il y a encore
des choses qui ne sont pas complètement réglées, particulièrement
l'évolution du climat. La température, au premier trimestre, était particulièrement néfaste. Donc, ça a retardé
beaucoup la croissance américaine, ce qui a fait que les taux n'ont pas
augmenté aussi rapidement que ce que l'on
pensait. Beaucoup d'observateurs, beaucoup d'analystes ont tiré la conclusion
que cela voulait dire qu'encore une
fois, en 2014, comme en 2013, comme en 2012, on remettait à plus tard la
reprise pour de vrai. Je pense que c'est peut-être un peu trop
pessimiste une telle vue parce que c'est surtout le climat. Et donc au deuxième
trimestre, qui finit maintenant, aux États-Unis, on devrait voir déjà une bonne
récupération, une bonne accélération suite à un premier trimestre affecté par
le climat.
Ça voudrait
dire, si tel est le cas, et je pense qu'il y a de très bonnes chances que ça
soit le cas, ça voudrait dire qu'à partir d'ici les taux d'intérêt, les
taux de marché, les taux obligataires de 10 ans — on prend ça comme le barème — devraient commencer à augmenter. Et ça se
peut très probablement que, par exemple, à la fin de cette année, à la fin 2014, en décembre, les 10 ans soient déjà à
peu près à 3,5 %, donc plus élevés qu'ils le sont maintenant, mais
encore, d'un point de vue historique, ce sont encore des taux tout à fait
gérables.
Mais moi, je
verrais cette hausse de taux comme une bonne nouvelle, une bonne nouvelle parce
que ça veut dire que l'économie vraiment prend racine, que la reprise
s'enracine comme il faut. Et, écoutez, quand nous avons un taux de croissance du PIB nominal américain qui devrait
peut-être s'approcher du 5 %, d'avoir des taux d'intérêt à long
terme qui sont beaucoup plus bas que le taux de croissance du PIB, ce n'est pas
naturel, ce n'est pas normal. Donc, la
tendance est à la hausse pour les taux d'intérêt… les taux de marché. C'est une
bonne nouvelle. Ça reflète une économie qui s'accélère, qui s'enracine. Qu'est-ce que ça veut dire aussi pour
les deux autres sujets que vous avez mentionnés…
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre, on va avoir l'occasion d'y revenir,
sur les deux autres sujets.
M. Leitão : O.K. Alors, je vais
prendre note. Merci.
Le
Président (M. Bernier) : Prenez-en note, et on revient pour en
discuter. Donc, nous allons maintenant passer du côté de la deuxième
opposition pour un bloc d'environ 10 minutes. Oui, M. le député de Groulx,
allez-y.
M.
Surprenant : Bonjour. Alors, tantôt, en Chambre, le premier ministre a
mentionné que, pour lui, c'était plus ou moins important, le support de
l'innovation, de créer un contexte favorable pour l'innovation, et ça m'a
vraiment surpris. Alors, je reviens donc au niveau des crédits d'impôt aux
entreprises. Les médias en parlent ce matin. J'ai une entreprise, qui est Red Barrels, et qui a eu des crédits d'impôt de
180 000 $, et qui a généré des revenus de plusieurs millions de dollars. Alors, il y a des impacts très
intéressants. C'est un secteur que, nous, on pense qu'on doit préserver. On
avait perdu, par le passé, des avancées que l'on avait au niveau des
biotechnologies, mais, au niveau des technologies de l'informatique, je pense
que le train est encore là puis il ne faut pas le laisser aller.
Alors, à défaut, donc, de maintenir les crédits
d'impôt au niveau où ils étaient, l'autre source importante de croissance pour les entreprises, c'est d'aller
chercher du financement. Alors, vous avez donc lancé quelques idées au
niveau de financement pour soutenir à votre manière l'innovation. Alors, vous
ajoutez, là… vous créez le fonds Créativité Québec,
avec un montant de 150 millions étalé sur trois ans. Vous ajoutez
également 25 millions au niveau du Réseau Anges Québec et puis, par ailleurs, bien, vous créez un nouveau fonds de
capital de risque où il sera investi 375 millions, dont 62,5 par le
gouvernement. Alors, ma question, elle est celle-ci : Comment ce fonds-là
va se positionner par rapport à Teralys, un fonds dans lequel vous investissez
aussi?
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M. Leitão : Quel fonds? Vous parlez
de quel fonds, au juste?
M. Surprenant : Teralys Capital.
M. Leitão : Oui, mais lequel par
rapport à Teralys?
M. Surprenant : Bien, en fait, ils
ont le fonds de technologie.
M. Leitão : Le fonds de…
M. Surprenant : Dans votre…
M. Leitão : Les 150 millions
sur trois ans, c'est ça? Le fonds d'innovation?
M. Surprenant : Là, moi, je vous
parle du nouveau fonds de capital de risque que vous lancez et dans lequel vont
être investis, avec différents partenaires, 375 millions.
M. Leitão : C'est ça.
Le
Président (M. Bernier) : M. le député de Groulx, je vais vous
redonner la parole. Précisez. Parce que, si vous le faites à micro
couvert, personne ne va comprendre puis personne ne va être enregistré. Donc,
précisez exactement ce que vous voulez, puis on va revenir.
M.
Surprenant : Très bien. Alors, la question porte sur le nouveau fonds
de capital de risque que vous voulez mettre en place, qui va être, donc,
évidemment situé au Québec, d'une capitalisation de 375 millions et dans
lequel le gouvernement va investir 62,5 millions.
Ma question est : Son positionnement
stratégique par rapport au fonds de Teralys, dans lequel vous êtes aussi partenaire, vous allez viser quel type
d'entreprise, quelle taille, tout ça? Est-ce que ça va répondre à un besoin
différent?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Merci. Mais ce fonds-là… et c'est peut-être là qu'il y avait
un peu confusion parce que c'est Teralys, justement, qui va gérer ce fonds-là. Les 375 millions, le «venture
capital», avec la Caisse de dépôt, avec Investissement Québec, avec une participation fédérale, ça va
être géré par Teralys. Donc, je ne vois pas de conflit ou je ne vois pas
de dédoublement. C'est une bonification de ce que Teralys faisait déjà et va
continuer de faire.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Surprenant : En fait, il est mentionné que c'est un nouveau fonds qui
va être créé. Alors, pourquoi ce sont les mêmes gestionnaires? Pourquoi
créer un fonds séparé? À mon avis, il doit y avoir une intention de focus
différent.
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Ce n'est pas tout à fait une mesure différente. Ce qu'il y
avait aussi, c'est qu'il y avait une fenêtre d'opportunité pour aller, si on veut, attacher l'aide fédérale. Le
gouvernement fédéral voulait aussi se lancer, suite à son budget de début d'année, voulait aussi aller dans
la direction de «venture capital», du capital de risque, et donc le
gouvernement fédéral avait créé une série de fonds régionaux.
Alors, nous, au
Québec, ce qu'on leur avait dit, c'est qu'on avait déjà l'infrastructure pour
cela avec Teralys. C'est donc très bien, on
allait prendre les partenaires traditionnels que nous avons ici, Caisse de
dépôt, Investissement Québec, les fonds des centrales syndicales,
surtout le fonds FTQ, et nous allons arrimer ça avec la nouvelle initiative
fédérale. Donc, je ne vois pas vraiment de dédoublement ou de grande différence
par rapport à ce que Teralys faisait déjà. Elle va avoir seulement des moyens
encore plus importants.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Surprenant : Je vous remercie. Maintenant, au niveau de l'axe 2, qui
est la mise en oeuvre de la stratégie maritime, c'est un point qui est
important pour nous, à la coalition. C'est un de nos énoncés, là, d'envergure
que l'on avait lors de la campagne. Vous
mentionnez toutefois que, pour vous également, c'est important. Par contre,
vous y allez timidement avec un
investissement de 7 millions d'ici 2016‑2017. Pouvez-vous m'expliquer ce
que vous pensez pouvoir faire avec un investissement de cette teneur-là,
s'il vous plaît?
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Écoutez, pour ce qui est de la
stratégie maritime, oui, il y a de l'argent. Oui, vous avez raison, ce ne sont pas des montants
mirobolants. C'est une stratégie sur le moyen et le long terme, mais
c'est surtout de donner une indication, une direction d'où nous voulons aller.
Comme je l'avais dit hier, c'est un moyen de remettre en évidence le potentiel
de transport maritime au Québec, particulièrement dans le contexte de l'accord
de libre-échange Canada-Europe et des agrandissements et améliorations qui se
font au canal de Panamá. Donc, nous prévoyons
qu'il va y avoir une augmentation du transport maritime, et, avec notre
stratégie maritime, c'est un pas dans cette direction-là, de mieux
arrimer ça.
Il
y a de l'aide ciblée pour ce qui est des armateurs au Québec, pour ce qui est
de stimuler la construction navale et aussi d'arrimer dans cette
stratégie aussi le tourisme. Donc, pour l'instant, il n'y a pas de grande
dépense massive de centaines de millions de
dollars, mais il y a une indication, il y a une direction qui est très claire
d'où nous voulons aller, et, encore là, ça fait partie de nos mesures à
moyen et à long terme pour redynamiser l'économie du Québec.
• (12 h 40) •
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Surprenant : Très bien,
merci. Au niveau de l'équité fiscale, je trouve ça intéressant, la mesure que
vous avez prise, malgré qu'elle ne
fasse peut-être pas l'unanimité au niveau, là, du fractionnement du revenu de
retraite. Alors, c'est important qu'on adopte des mesures qui vont
permettre aux jeunes de respirer aussi un peu.
Alors, ma question
est… C'est que j'ai vu cette mesure-là et je n'en ai pas vu d'autres. Est-ce
qu'il y en a d'autres peut-être qui
n'apparaissaient pas de façon évidente, mais qui fassent partie d'autres
mesures qui vont contribuer au rétablissement d'une équité
intergénérationnelle.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : Merci. Bon, une des
façons… bien, pas la seule, bien sûr, mais
une des façons importantes de s'assurer ou d'insister sur l'équité intergénérationnelle, c'est de ne pas léguer
à nos jeunes, à nos enfants une dette en croissance et un déséquilibre
fiscal interne qui se maintienne. Donc, nous devons rétablir, remettre de
l'ordre dans nos finances publiques pour que
les générations suivantes ne soient pas alourdies avec un fardeau fiscal très
élevé, trop élevé et une dette galopante. Donc, ça fait partie de
l'équité intergénérationnelle.
Aussi,
des mesures, à notre avis, qui devraient favoriser la participation au marché
du travail. Donc, quand on parlait
des PME, innovation, démarrage d'entreprise, en grande partie, ça s'adresse aux
clientèles plus jeunes. Une chose qui,
au Québec, malheureusement, nous distingue du reste de l'Amérique du Nord,
c'est que l'entrepreneuriat, la création d'entreprise n'est pas aussi
dynamique qu'elle peut l'être juste au sud de la frontière ou juste à l'ouest.
Donc, si on peut donner à nos jeunes des
outils… et souvent, encore une fois, ça ne prend pas des centaines de millions
de dollars, mais les outils nécessaires pour qu'ils puissent démarrer
leur propre entreprise, je pense que ça fait partie aussi de cette approche-là.
C'est pour ça qu'il…
Le Président (M.
Bernier) : Bien, il vous reste une minute, monsieur…
M.
Surprenant : Très bien. Alors, je vous remercie.
Le Président (M.
Bernier) : …pour poser une dernière question, M. le député.
M. Surprenant : Oui. Alors, également, votre mesure d'allègement
réglementaire de 20 %, je dois
vous en féliciter également.
J'entends souvent des gens, des jeunes en particulier, qui trouvent ça
difficile, là, de processer au niveau du gouvernement. Et je l'apprécie.
Maintenant,
j'aurais une dernière question au niveau des revenus provenant des entreprises
du gouvernement. Hydro-Québec, quand on regarde à long terme, on parle
de 2013‑2014, 3,345; 3,05, 2004‑2005 — et puis on parle de millions
de dollars évidemment — 2,745
en 2015‑2016. Qu'est-ce qui explique cette baisse en 2015‑2016?
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Courte réponse, M. le ministre.
M.
Leitão : Merci. D'abord je veux vous remercier d'avoir amené le point
sur l'allègement réglementaire. On n'avait
pas encore abordé ce sujet, et, en effet, c'est très important. Nous aussi,
beaucoup de PME, quand on leur parle, et pas seulement des PME, nous mentionnent toujours que la lourdeur
bureaucratique, c'est un obstacle important à leurs décisions
d'investissement.
Pour revenir à votre
point des sociétés d'État, particulièrement Hydro-Québec, encore une fois,
comme on avait discuté hier, c'est le point
de départ. Donc, cette année, c'était vraiment une année, disons, l'année 2013‑2014,
une année faste pour Hydro-Québec. Le climat
était très mauvais, donc les revenus d'Hydro-Québec étaient très bons.
Donc, nécessairement, enfin, sauf si on prévoit encore un autre hiver terrible
en 2015… Je suis un excellent prévisionniste, mais
pas encore en termes météorologiques. Donc, on va être… Hydro-Québec est
prudente là-dessus, et donc ils devraient revenir à un rythme de vente
un peu plus normal. Et puis, en plus, en plus, il y a aussi les contrats, les
arrangements qui ont été pris avec des
alumineries comme Alcoa, par exemple, ce qui va aussi gruger un peu dans la
croissance des bénéfices anticipés d'Hydro-Québec.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le ministre…
M. Leitão :
Ils vont toujours continuer de croître… Merci.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Nous allons donc passer du côté de
l'opposition officielle pour un bloc d'environ 15 minutes. Les travaux doivent
se terminer à 13 heures. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Ce n'est pas au gouvernement?
Le
Président (M. Bernier) : Oui, c'est vrai, c'est au gouvernement. Excusez-moi. J'étais en train de vous
donner la parole. On va revenir du côté gouvernemental.
Une voix :
…
Le
Président (M. Bernier) : Non, non. Excusez-moi, c'est parce
qu'il y a différentes positions. C'est pour ça.
Une voix :
Le Président (M.
Bernier) : Ah, non! Chaque groupe parlementaire a d'excellentes
questions. Donc, M. le député de Portneuf.
Des voix :
…
Le Président (M.
Bernier) : Non? M. le député de Mégantic, allez-y.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le Président. Écoutez, vous nous
aviez amorcé une réponse sur les taux d'intérêt
et la perspective, mais il vous restait deux autres sujets à couvrir. Donc,
j'aimerais qu'on complète cet enjeu-là.
M.
Leitão : Très bien. Merci beaucoup. Alors, il nous manquait… Donc, on
avait couvert l'évolution des taux d'intérêt, que nous pensons qu'en
deuxième moitié de l'année ils devraient… une légère hausse des taux de marché et que cette hausse-là devrait être interprétée
comme une bonne nouvelle. Ça veut dire que l'économie américaine est en
train d'avoir une meilleure croissance, et donc les taux vont augmenter
lentement mais sûrement.
Maintenant,
qu'est-ce que ça veut dire pour les deux autres sujets que vous avez soulevés,
le taux de change et le service de la dette? Pour ce qui est du taux de
change du dollar canadien, puisque l'économie américaine s'améliore, puisque
les taux d'intérêt aux États-Unis vont recommencer à grimper un peu mais à la
hausse, ça voudrait dire que la banque centrale américaine, la Réserve
fédérale, va probablement… elle est déjà en train de diminuer leur rythme
d'intervention dans les marchés monétaires et va continuer de diminuer cela, et
probablement qu'à partir du mois de septembre,
août, septembre, ils vont arrêter complètement leurs achats d'obligations et
ils vont commencer à télégraphier aux marchés qu'il y aura une
éventuelle hausse du taux directeur américain. Alors, tout ça, une accélération
de la croissance, les taux obligataires à la hausse, une banque centrale qui
télégraphie une hausse éventuelle des taux, du taux directeur quelque part vers
la fin 2015, début 2016, tout ça devrait renforcer le dollar américain.
Donc,
nous pensons qu'en 2015, deuxième moitié de 2014, 2015, le dollar américain
devrait être une des monnaies les plus
fortes parmi les grands blocs de monnaie. Ça veut dire que nous, ici, au
Canada, au Québec, le dollar canadien
ne devrait pas trop, trop s'apprécier. On pourrait même voir une légère
dépréciation. Donc, ça va encore une fois contribuer à améliorer la compétitivité des exportateurs canadiens en
général et surtout les PME québécoises, ontariennes, qui sont très
sensibles aux fluctuations de taux de change. Donc, non seulement on va
bénéficier d'une embellie de la croissance
américaine, donc la demande américaine qui va s'améliorer, mais aussi on va
aussi bénéficier d'une bonne amélioration de la compétitivité qui
provient d'un dollar canadien qui est légèrement plus faible.
D'ailleurs,
dans nos prévisions, dans notre budget, nous prévoyons que, pour cette année,
2014, la moyenne de l'année se situerait à peu près à
0,89 $ US. On n'est pas loin de ça maintenant, donc on doit être
baissés un petit peu, et puis en 2015, on
devrait encore aller à moins que ça, vers les 0,87 $ US. Donc, c'est
un environnement qui serait très favorable pour les exportateurs
québécois, et ça va certainement nous aider et contribuer à un rythme de
croissance économique, en deuxième moitié de
l'année et en 2015, qui serait plus proche de nos prévisions et, je pense
personnellement, même plus élevé, mais enfin.
L'autre
aspect de votre question de tantôt, c'était le service de la dette. Alors, oui,
en effet, si les taux d'intérêt augmentent, qu'est-ce que ça va faire
pour le service de la dette au Québec? Alors là, nous avons adopté, dans nos
prévisions, dans nos cadres fiscaux, encore une fois, des hypothèses de taux
d'intérêt qui sont très conservatrices. Et donc nous ne pensons pas que le
service de la dette ne va pas augmenter, donc il va augmenter.
Mais aussi j'aimerais
souligner que la dette québécoise est extrêmement bien gérée. Nous avons
vraiment des équipes extraordinaires au ministère, et je pense que mon
prédécesseur serait bien d'accord. D'ailleurs, la réputation dépasse, et de loin, les frontières du Québec.
Et donc la dette est très bien gérée. Une légère hausse des taux de
marché, ce n'est pas ça qui va nous énerver.
La dette, à moyen, à long terme, ce n'est pas ça qui va avoir un grand effet.
Mais, encore d'une façon
prudentielle, nous avons bâti dans notre cadre financier une hausse des taux.
Donc, on anticipe une hausse du service de la dette, mais cela est
modeste. Et, encore une fois, si on va avoir des surprises, ça devrait être de
bonnes surprises. Probablement que le service de la dette, qui est incorporé au
budget, une fois que tous les chiffres vont être rentrés, d'ici un an, il va être un peu moins élevé que ce que nous
avons mis. Donc, c'est très prudentiel, notre cadre fiscal.
• (12 h 50) •
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le ministre. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le ministre. Je pense que vous nous
rassurez. Je pense que c'est un facteur très
important. Une autre variable qui, pour moi, là, projette certains risques — on
en a parlé un peu ce matin au salon
bleu — c'est celle de l'entente avec l'Europe.
Donc, la perspective économique en Europe n'est pas très rose, ces
jours-ci. On voit plusieurs pays, comment je dirais, avoir des économies
chancelantes et on ne voit pas d'assouplissement. De l'autre côté, le Japon,
qui a un taux d'intérêt à peu près nul, et la croissance, là aussi, est en
stagnation.
Est-ce
que nous, ici, avec une perspective de croissance de 2 %, on ne risque pas
de se faire entraîner dans des descentes
de la croissance économique, surtout si on attache de plus en plus de ponts
avec l'Europe? Et comment vous voyez ce commerce, cette globalisation-là
se faire si notre allié naturel, les États-Unis, mais on essaie de sortir de
cette dépendance-là? Comment vous voyez cette évolution-là?
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Leitão : Très bien. En effet, le processus de globalisation, qui
allait à grande vitesse avant 2008‑2009, donc de la fin des années 90 jusqu'à la grande récession de 2008‑2009, il y
avait de plus en plus d'interconnexions, et les économies mondiales, l'émergence de la Chine, on a commencé
à parler des BRIC, ce n'était plus seulement
la Chine, mais tous les autres pays aussi… et donc ce processus
s'accélérait beaucoup. Plusieurs analystes ou commentateurs ont vu ça d'un
mauvais oeil, que c'était quelque chose de mauvais. Moi, personnellement, je
trouvais que, pour un pays comme le Canada,
comme le Québec, qui est ouvert aux exportations,
ce sont de très bonnes nouvelles de voir l'économie mondiale qui se globalise de plus en plus. Bon.
Et
il y a eu la grande récession, 2008‑2009, et ça a donné un choc, un choc très important à
ce processus-là de globalisation. On a vu qu'ici, au Québec, en Ontario,
l'effet de cette grande récession s'est fait sentir surtout dans le secteur
extérieur, dans les exportations. La demande intérieure, la consommation au Québec,
2009, 2010, 2011, il n'y a pas eu tellement de grands bouleversements, mais les
exportations, oui, il y a eu vraiment une baisse du volume d'exportations parce
que le commerce mondial soudainement s'est comme presque arrêté. Et cela
reflétait, et ça reflète encore toujours même ce que certains commentateurs ont
décrit comme étant un processus de globalisation «in reverse», à reculons.
Pas
sûr que ça soit le cas entièrement, mais force est de constater que ce processus a
pris un certain retard qui a été
rendu encore plus difficile par le fait que certaines économies, le Japon, comme vous avez mentionné, qui
était déjà dans une situation de quasi-stagnation, mais que par la
suite, à partir d'à peu près 2010, l'Europe soit tombée dans aussi une zone de croissance très lente, de
décroissance… Quand on parle de «double dip» ou de retour en récession, c'était l'Europe,
2008-2009, ils ressortent et puis ils rechutent en 2011 et 2012. Donc, l'Europe
va très lentement. Les risques financiers
en Europe, les banques européennes, ces risques-là sont très élevés, et c'est
clair que les perspectives économiques
européennes sont faibles à moyen terme.
Alors,
dans ce cas-là, pourquoi un accord de libre-échange avec l'Europe? Il faut
quand même prendre un point de vue un
peu plus long terme. L'Europe, l'Union européenne, c'est 400 millions de
consommateurs, avec un niveau de vie qui est quand
même très élevé. Et, si la croissance est très lente, quasi stagnante, un jour,
ça finira. Un jour, ils finiront par aussi régler leurs questions et recommencer
à croître plus rapidement.
Mais, même
avec un rythme de croissance très lent, c'est un marché qui est là, c'est
400 millions de personnes, de consommateurs avec un très haut
niveau de vie. Donc, pour nous, au Québec, malgré la faiblesse de l'économie européenne, c'est un marché attrayant. C'est
beaucoup plus facile pour nous, 30 millions de Canadiens, de profiter
d'un marché de 400 millions que de
l'autre côté. Ils sont 400… puis, pour eux, le marché canadien est petit. Donc,
c'est quelque chose qui est très intéressant, très utile pour nous.
C'est un
accord qui n'est pas encore complètement ficelé, il manque encore quelques
petites choses à compléter. Je pense
que ça peut se faire assez rapidement. Mais, comme tous les accords de
libre-échange — et on
l'avait vu avec notre accord de libre-échange avec les États-Unis et le
Mexique, il y a 20 ans — les
gains qui sortent, qui découlent de ce processus de libre-échange, les gains
macroéconomiques ne sont pas instantanés, ça prend un peu de temps.
Donc, tout ça
pour dire quoi? Tout ça pour dire que, oui, c'est toujours utile de poursuivre
de tels accords, ça nous ouvre de
nouveaux marchés, de nouveaux horizons, mais les gains qui vont découler de ces
accords-là, il faut être réaliste, ces
gains-là vont prendre un peu de temps avant de se matérialiser complètement.
Mais nous demeurons encore, à mon avis, beaucoup trop dépendants de nos voisins américains. On les aime bien et
on va continuer à faire affaire avec eux, mais, si on peut diversifier
un peu plus, je pense que ça serait tout à fait à notre avantage de le faire.
Et l'accord de libre-échange Canada-Europe va dans cette direction-là.
Le
Président (M. Bernier) : Oui. M. le député de Mégantic,
avez-vous une autre question? Donc, on a encore le temps pour une courte
question. M. le député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : Bien, en fait, je… M. le Président, oui, j'allais revenir avec
une question que j'ai posée au ministre hier sur ses perspectives d'inflation, mais, encore une fois, je pense qu'on
va être interrompus au niveau de cette question-là. Mais je vais la
poser. Comme ça, le ministre, lorsqu'on reviendra…
Le
Président (M. Bernier) : Vous pouvez faire l'entrée en matière,
puis, à ce moment-là, on reviendra à 15 heures pour poursuivre avec la
réponse. Vous pouvez débuter votre entrée en matière.
M.
Polo : Pardon? Oui, mais, en fait, j'aurai à répéter mon entrée en
matière que j'ai faite hier, M. le député. Bien, regardez, je vais aller directement au niveau de la question. Le
ministre a commencé à répondre, hier, au niveau de ses perspectives de l'inflation, et donc j'aimerais de
nouveau le questionner. Parce que, bon, ce qu'on voit à travers le
budget c'est justement non seulement un
budget rigoureux, mais également un budget, si on peut dire… non seulement
sérieux également, mais également
conservateur au niveau de ses perspectives de croissance des revenus. Et, bien
sûr, tout ça se reflète et découle de différentes façons à l'intérieur
du budget.
Mais la question sur l'inflation est une
question fondamentale parce que c'est une question qui ne se projette pas juste sur un an, mais sur plusieurs années
également. Et je pense que ça permettrait également au ministre
d'exprimer un peu sa vision globale, d'ensemble, de comment il voit, justement,
comment il anticipe les prix évoluer au cours des prochaines années, et non
seulement au niveau local, c'est-à-dire au niveau du Québec, mais également les
échanges commerciaux que le Québec a avec ses différents partenaires et, donc,
l'impact de ceux-ci auprès de l'inflation et, bien sûr, donc, de ses
projections vers le futur également.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le député. M. le ministre,
nous aurons l'occasion à 15 heures de reprendre sur cette question.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 6)
Le
Président (M. Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, la Commission des finances publiques reprend ses travaux. Je vous
rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre le débat sur le
discours du budget.
Les temps de parole qu'il reste à faire sont les
suivants… Avant de poursuivre les échanges, je vous indique qu'il reste 3 h 19
min aux 10 heures de débat prévues au règlement. Le temps se répartit de la
manière suivante : le gouvernement,
1 h 35 min; opposition officielle, 1 h 10 min; deuxième
groupe d'opposition, 19 minutes; députés indépendants, 15 minutes
et... Oui. Ça fait le bilan de l'ensemble des points.
Donc, je vous souhaite un bon après-midi à tous
les collègues, bon après-midi également au personnel du ministère des Finances qui sont présents. Donc, on reprend nos travaux
immédiatement. Il reste cinq minutes au député de… Quel député, du côté gouvernemental, prend la parole? Le député de
Portneuf, tiens, allez-y donc, il reste cinq minutes.
M.
Matte : C'est bien, je vous remercie. Je vais casser la glace cet
après-midi. M. le ministre, j'ai apprécié, dans le préambule de votre
présentation du budget, vous avez mentionné que vous étiez pour soumettre un
rapport sur l'administration, à ce que j'ai
pu comprendre, mensuellement, et qu'aussi vous allez demander à ce qu'on puisse
présenter un rapport trois mois… préélectoral. Alors, je trouve ça intéressant
lorsqu'on veut démontrer une transparence puis un changement, sauf que, pour les gens qui nous
écoutent, ça ne leur dit pas beaucoup, là. Est-ce que vous êtes en
mesure de pouvoir nous vulgariser qu'est-ce que ça peut comprendre puis c'est
quoi qui est différent de ces deux rapports-là, un par rapport à l'autre?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup. Bon, depuis très longtemps, le ministère des Finances publie des
rapports mensuels. Donc, ce sont les résultats financiers du gouvernement. Il y
a toujours un certain délai quant à la disponibilité
des chiffres. Ce sont des données qui ne sont pas vérifiées par le Vérificateur
général, ça se fait à la fin de l'année,
mais il y a cette habitude et cette obligation de publier des rapports mensuels
des opérations de l'État, les revenus, les
dépenses, etc. Pour toutes sortes de raisons, au cours des dernières
années — au
pluriel, ce n'est pas seulement depuis un an — il
n'y avait pas de date fixe à laquelle ces rapports étaient publiés. Alors, ce
que nous avons dit en arrivant, c'est que
dorénavant ces rapports vont être publiés régulièrement — mensuel, c'est mensuel — et à date fixe. C'est-à-dire que le ministère va publier à l'avance les dates
auxquelles ces rapports-là vont être publiés. Comme ça, les analystes,
les commentateurs, l'opposition, enfin, la
société en général peuvent savoir à l'avance à quoi s'attendre, comment
évoluent les finances publiques, les
revenus, les dépenses, est-ce qu'on est au rendez-vous ou pas. Donc, pour
suivre cette chose, c'est très utile, c'est très important. Et ailleurs
dans d'autres juridictions, à Ottawa, à Queen's Park, en Ontario, ces choses se
font régulièrement. Donc, je pense que c'est juste les meilleures pratiques.
L'autre
chose, la deuxième partie de votre question, ce à quoi vous faites allusion,
trois mois avant les élections… C'est
que nous nous sommes aussi engagés à ce qu'avant les prochaines élections — et nous savons à quelle date elles
vont avoir lieu puisque les élections dorénavant sont à date fixe — nous allons
demander, trois mois avant la prochaine élection, en octobre 2018, nous allons
demander au Vérificateur général de préparer un état des lieux où se trouvent les finances
publiques. Comme ça, tous les partis,
gouvernement, opposition, tout
le monde va avoir l'heure juste en
même temps du portrait des finances publiques. Et ça, nous nous engageons
d'ores et déjà à ce que cela se fasse, donc que ça devienne la pratique
courante au Québec, que, trois mois avant chaque élection, il y ait un rapport
du Vérificateur général qui fait état des finances publiques à ce moment-là.
• (15 h 10) •
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
M.
Matte : Et donc, à ce que je comprends, c'est un geste qui est nouveau, ça, ce rapport préélectoral là.
Donc, c'est que vous demandez au Vérificateur général une photo de l'état… Est-ce
que ça doit tenir compte aussi des
crédits qui sont engagés ou c'est une photo
qui se prend à un moment précis, trois mois avant, qui nous dit : Voici le
taux d'endettement, voici où qu'on est rendus et les engagements?
M.
Leitão : C'est une photo à
un moment précis, et ça inclut tout. Ça inclut les dépenses, ça inclut les
revenus, est-ce qu'on est à jour, est-ce qu'on va atteindre nos
cibles ou pas, quel est le déficit appréhendé pour l'année courante.
Donc, tout le monde va avoir le même portrait en même temps.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député, oui. Allez-y.
M.
Matte : Donc, je comprends que, si on avait déjà eu ça cette année, on aurait pu prévoir… ou
éviter d'avoir une surprise après le 7 avril, c'est ce que…
M.
Leitão : Probablement, oui, qu'avant l'élection, ce que le Vérificateur général a publié
après, si ça avait été connu avant, je pense, ça aurait donné l'heure
juste à tout le monde, oui.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Nous allons donc passer maintenant
du côté de l'opposition officielle. M. le député, madame… qui prend la
parole?
Une voix :…
Le Président (M. Bernier) :
Vous. Donc, Mme la députée de Richelieu.
Mme
Zakaïb : Merci,
M. le Président. J'ai une question
suite à une réponse qu'a faite le ministre
des Transports en Chambre, la semaine
dernière, concernant l'autoroute 19. Le ministre semblait dire que,
l'autoroute 19 n'ayant pas encore passé au BAPE, c'est pour ça qu'on ne
la retrouvait pas dans le PQI. M. le ministre, est-ce que je dois comprendre
que toutes les infrastructures qu'on retrouve dans le PQI ont soit fait l'objet
d'un BAPE ou n'auront pas de BAPE?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M.
Leitão : C'est une très
bonne question, mais il
faut l'adresser au ministre des Transports ou au secrétaire
du Trésor. Je n'ai pas cette information-là. Je ne peux pas vous répondre de
façon directe à votre question.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée de Richelieu.
Mme
Zakaïb :
Merci, M. le Président. Est-ce que, dans le PQI, on a la même mesure de cran
d'arrêt, là? J'appellerais ça «mesure de cran d'arrêt» dans le sens que, si on
ajoute dans le PQI un projet, on va devoir en retirer pour l'équivalent.
M.
Leitão : Encore une fois, la responsabilité principale de ce poste de
dépenses, c'est au Trésor. Mais, dans
le budget, je pense que c'est très clair, la direction dont nous voulons aller,
donc : 11,5 milliards cette année;
9,6 en 2015‑2016; 8,5 milliards,
2016‑2017. Donc, c'est établi comme ça. Les projets, individuellement, ce n'est
pas le ministre des Finances qui a l'autorité là-dessus.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée de Richelieu.
Mme
Zakaïb :
Merci, M. le Président. De façon plus générale, par rapport au cran d'arrêt,
j'ai lu dans le budget puis j'ai lu
dans les crédits, puis ça semble vague, de quelle façon ce cran d'arrêt va
s'appliquer. Est-ce qu'il s'applique ministère
par ministère? Je donne un exemple. Au ministère de l'Économie, on décide qu'on
veut développer un programme en
développement économique, on doit trouver dans le ministère de l'Économie un
montant correspondant ou si ça peut se faire, un nouveau programme au
ministère de l'Économie qui est compensé par un programme dans un autre
ministère? Ce n'était pas clair, à la lecture des documents, si le cran d'arrêt
s'appliquait ministère par ministère, ou par famille, ou dans le même
périmètre, ou dans l'ensemble du gouvernement.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Il y aura deux étapes à ce processus-là. La première étape,
c'est : oui, ça se fait à l'intérieur de chaque ministère. Donc, si le ministère concerné est
capable de trouver un tel arbitrage,
tant mieux. Si on n'arrive pas à le faire à l'intérieur du ministère
concerné, là, il y en aurait une deuxième étape où on le garderait à
l'intérieur des dépenses de programmes, ça demanderait d'autres arbitrages, évidemment,
avec les autres collègues.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée.
Mme
Zakaïb : Merci. Et
l'arbitrage se ferait au niveau du Conseil du trésor, à ce moment-là?
M.
Leitão : Ça, écoutez, ça dépendra de la… Je m'excuse, M. le Président.
Ça dépendra de l'opportunité ou de l'ampleur
de tels programmes. Si ça peut se faire directement par le Conseil du trésor en
communiquant avec le ministère, tant mieux. Si c'est quelque chose de
plus substantiel, ça peut aller jusqu'au Conseil des ministres.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Madame.
Mme
Zakaïb : Parfait,
je vous remercie.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Rousseau.
M. Marceau : Je vais continuer.
Toujours sur le même thème : Est-ce qu'il est en vigueur, le cran d'arrêt?
M. Leitão : Oui.
M. Marceau : O.K. Il était en
vigueur à partir de quand?
M. Leitão : Maintenant.
M. Marceau : Mais depuis
quand?
M. Leitão :
Après le budget. Donc, une fois qu'on a déposé le budget, donc dorénavant. Dans
le budget, il y avait certaines mesures qui peuvent ressembler à un cran
d'arrêt. Mais, d'une façon officielle, si on veut ainsi parler, c'est à partir
de maintenant.
Le Président (M. Bernier) :
…M. le député.
M. Marceau :
O.K. Merci, M. le Président. Maintenant étant quand, là? Est-ce qu'au moment de
la préparation du budget les dépenses nouvelles qu'on retrouve dans le
budget ont fait l'objet du cran d'arrêt? Est-ce que le cran d'arrêt s'est
appliqué?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : D'une façon, informelle, oui, il s'appliquait. D'ailleurs,
d'ailleurs, un exemple concret de cela, c'est toute notre approche en ce qui concerne les crédits d'impôt et les
mesures de relance de l'économie. Donc, ce que nous avons fait en réduisant de 20 % les crédits
d'impôt, ça a dégagé une certaine marge de manoeuvre qui a été utilisée
par la suite dans nos programmes de relance économique. Mais d'une façon… Ça,
c'est officieusement. Il n'y avait pas vraiment
de politique établie directement à cet égard-là. Mais, maintenant que le budget
a été fait, dorénavant, s'il y a des mesures
qu'on peut juger souhaitables, ou nécessaires, ou qu'on doit mettre en place,
bon, très bien, mais il faudrait qu'on trouve les crédits équivalents,
d'abord à l'intérieur du ministère concerné et, deuxièmement, plus large s'il
le faut.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Marceau :
Vous avez utilisé les termes «de manière informelle» et puis «officieusement»,
c'est donc dire que ça ne
s'appliquait pas pour la préparation du budget mais que ça va s'appliquer
dorénavant? C'est ce que je comprends?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Oui, exactement.
M. Marceau :
O.K. Si je peux me permettre, ce n'est pas ce que votre premier ministre nous
avait dit le jour de son arrivée au
pouvoir. Il avait dit que dorénavant il y avait un cran d'arrêt. Dorénavant,
donc, ça commençait au moment que vous avez choisi, c'est-à-dire au
moment du dépôt du budget. C'est ça?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Comme vous le savez très
bien, la préparation d'un budget n'est jamais un processus qui est très simple. Donc, nous devions composer avec une
réalité qui était particulièrement complexe, ce que nous avons fait dans ce processus-là. Mais, quand
on dit «dorénavant», c'est dorénavant. Donc, il n'y a aucun nouveau
programme qui a été ajouté depuis le début de notre administration.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Marceau : Je vais vous
inviter à prendre la page B.147 de votre plan…
Une voix : …
M. Marceau : Non, mais c'est
à cause qu'à un moment donné l'univers ne peut pas toujours contenir des portions qui ne sont pas assujetties. Si on a un
cran d'arrêt, il s'applique à l'ensemble de l'univers. Autrement, ça sert
à quoi de dire qu'on va mettre un cran d'arrêt, là?
M. Leitão : …
M. Marceau :
Alors donc, on s'entend, là, à la page B.147 — si vous voulez bien prendre la page
B.147 — on retrouve
l'impact financier des mesures de budget 2014‑2015 pour la relance économique
du Québec et on voit que des mesures en termes de revenus, des mesures
en termes de dépenses de programmes… À la page B.147 — est-ce
que vous l'avez, M. le ministre? — …
M. Leitão : ...
• (15 h 20) •
M. Marceau :
…on voit des mesures qui ont des impacts aux revenus puis des mesures qui ont
des impacts aux dépenses de programmes. Je vais vous poser une question,
dans quelques instants, sur la distinction qu'il y a à faire entre ces deux catégories. Mais est-ce que
le cran d'arrêt… Ce que vous nous avez dit, si j'ai bien compris, c'est
que, pour la colonne 2014‑2015 de cette page, ça ne s'appliquait pas, ça
va s'appliquer à partir de maintenant. Mais est-ce que la colonne 2015‑2016 va faire l'objet d'un cran d'arrêt? Autrement dit, est-ce que les nouvelles dépenses ou les baisses de
revenus vont, elles, faire l'objet de l'application du cran d'arrêt?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : Le cran d'arrêt
s'applique de façon formelle à tout ce qui va se faire à partir de ce budget.
M. Marceau : Puis donc ce qui
a été annoncé dans ce budget-ci mais qui aura un impact financier l'année
prochaine, ça ne s'applique pas.
M.
Leitão : C'est déjà
compris dans ce budget. Nous l'avions fait, comme je vous ai dit, d'une
façon générale. Les revenus
additionnels que nous avons été chercher pour financer les mesures de relance économique
s'équivalent. Donc, net, net, il n'y a pas d'ajout.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Marceau : Je ne peux pas dire que c'est parfaitement clair.
Je m'en excuse, là. Puis je vous jure que j'y mets le meilleur de mon cerveau, là, mais je ne suis
pas sûr de bien comprendre parfaitement ce que vous nous répondez.
Je
vais vous le dire autrement. Est-ce
qu'en 2015‑2016, en plus d'avoir à résorber des déficits fictifs dont
vous nous avez parlé, en plus d'avoir à
résorber les vraies difficultés auxquelles vous êtes confrontés, vous allez
également devoir… Par exemple, si je prends la ligne Dépenses de programmes,
est-ce que vous allez devoir abolir, disons, un programme, pour 2015‑2016, de 90 millions de dollars, 90,7? Est-ce
que ça fait partie des choses que ça implique, que dorénavant le cran
d'arrêt est en vigueur?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Le cran d'arrêt est en vigueur pour toute nouvelle initiative
qui n'est pas explicitement indiquée dans le document du budget. Donc, sur trois ans, le cadre financier que nous
avons ici, il y a des mesures de revenus, il y a des mesures de
dépenses. Très bien, le budget a été fait, le cadre financier a été établi pour
les trois prochaines années. Ça, c'est fait.
Dorénavant, la semaine prochaine, le mois prochain, d'ici six mois, je ne sais
pas, quand cette occasion ou quand cet événement arrivera, oui, le cran
d'arrêt s'applique.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Oui.
M. Marceau :
Merci, M. le Président. Donc, ça ne s'applique pas pour ce qui est inscrit déjà
au budget. Donc pour le 90…
M. Leitão :
Non. Ce qu'il y a déjà d'inscrit au budget, non.
M.
Marceau : Pour le 90,7 de 2015‑2016, vous n'aurez pas besoin
d'abolir un programme de hauteur… bien, enfin, d'identifier des sommes
ailleurs, d'une hauteur équivalente, ni pour le 98,7 de 2016‑2017. C'est ce que
vous nous dites?
M. Leitão :
C'est ça, parce que…
Le Président (M.
Bernier) : ...
M.
Leitão : …parce que, dans la façon dont nous avons établi notre
budget, d'une façon générale, les mesures de revenus que nous avons
identifiées, comme les fameux crédits d'impôt, ça sert à financer ces nouvelles
dépenses de relance économique.
Le Président (M.
Bernier) : Merci…
M. Marceau :
Donc, on a un cran d'arrêt, disons, flexible.
M. Leitão :
Pour ce budget, on avait un cran…
M.
Marceau : Mais même pour deux ans encore, il va y avoir des
bouts qui vont être flexibles. On peut dire ça.
M. Leitão :
Pour ce qu'il y a ici, dans ce budget, ça a été établi.
M.
Marceau : Ce qui m'amène… O.K. Par ailleurs, si une brillante
idée émergeait d'un cerveau dans les prochaines semaines ou dans les
prochains mois, ça s'appliquera rigoureusement et de manière très rigide…
M. Leitão :
Oui.
M. Marceau :
…qui n'avait pas été prévue dans le cadre de ce budget.
M. Leitão :
Oui.
M.
Marceau : C'est ce que vous nous dites. O.K. Maintenant,
lorsqu'il va y avoir annonce d'une nouvelle mesure, comment ça va être annoncé désormais? Donc, par
exemple, dans un mois… Puis vous savez que l'imagination ne manque pas,
les bonnes idées sont toujours nombreuses. Comment vous allez procéder? Donc,
vous nous dites, encore une fois, qu'un de vos collègues… vous savez qu'ils
auront certainement des idées, des manières de dépenser l'argent. Est-ce que vous allez, au moment de l'annonce,
nous annoncer simultanément les programmes qui sont abolis, là où vous allez
récupérer les crédits qui vont servir à financer la nouvelle annonce? Est-ce
que ça va être fait simultanément ou bien on va apprendre cela longtemps
après?
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão : Comme j'avais
dit tantôt à votre collègue, le processus va se faire en deux étapes. Si un
ministère a une idée extraordinaire, et non seulement extraordinaire, mais
nécessaire, il va falloir qu'il trouve à l'intérieur de ses propres moyens la façon de le financer. Si ce
n'est pas possible, on passe à la deuxième étape, et ça va se faire à
l'intérieur de l'appareil gouvernemental.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Marceau : Ça, ce bout-là, je l'avais compris. C'est plus la
question du timing, là, la question de la séquence des événements.
Est-ce que vous allez annoncer puis, plus tard, dire où vous avez identifié les
sommes ou bien vous allez faire ça
simultanément? Autrement dit, est-ce que vous vous imposez, est-ce que vous
vous imposez à vous d'avoir résolu la
difficulté qui consiste à trouver une dépense à réduire avant d'annoncer ou
bien est-ce que vous allez annoncer, annoncer, annoncer, vous faire une liste de dépenses, de montants à abolir dans le
futur? Est-ce que vous allez nous faire ça simultanément ou est-ce que
ça va venir en cascade?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Je pense que nos intentions internes de contrôle des dépenses
ont été bien annoncées, elles sont très claires, nous n'allons pas nous lancer dans de nouvelles aventures de
dépenses. C'est dans le cas où une mesure ou un programme serait
nécessaire, souhaitable que ce processus-là commencerait. Maintenant, je ne
peux pas non plus, ici et maintenant, m'engager
complètement à vous expliquer ligne par ligne comment le processus va se faire
puisque ce n'est pas seulement… ce
n'est même pas essentiellement le ministère des Finances qui va contrôler ce
processus. Ce processus-là va être contrôlé ultimement par le Conseil du
trésor.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Disons que, des réponses que vous me donnez jusqu'à maintenant, je ne peux pas…
disons que je ne suis pas très, très impressionné par l'efficacité proposée du
cran d'arrêt. Je crois que les Québécois avaient compris, à la suite de ce
qu'avait dit M. Couillard… pardon, M. le premier ministre, excusez-moi, que
dorénavant il n'y aura pas de nouvelle annonce sans des dépenses réduites
équivalentes ailleurs.
M. Leitão :
Voilà la réponse...
M.
Marceau : Et là je me rends compte qu'il y aura un processus et
puis que peut-être un jour on apprendra… Je me rends compte que, dans le budget… enfin, tout ce qui se trouve dans
le budget — puis là
il s'agira de voir qu'est-ce que vous entendez par ce qui se trouve dans
le budget — je
me rends compte que, là non plus, ça ne s'applique pas.
Qu'est-ce
qu'on fait dans le cas de mesures des dépenses, là, mais qui ne sont pas
financées par des crédits, qui sont financées, par exemple, par des
hausses de tarifs chez Hydro-Québec, mettons? Cela existe. Est-ce que ça fait
partie de l'univers auquel s'applique le cran d'arrêt?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Marceau :
Alors, je peux vous donner des exemples, si vous le voulez. Est-ce que je suis
clair?
Le Président (M.
Bernier) : Oui, vous pouvez poursuivre, là. Poursuivez.
M.
Marceau : Oui? Minicentrales, ça, c'en est un. Minicentrales,
évidemment, ça implique des pertes de revenus pour Hydro-Québec,
essentiellement, là. On achète plus cher que ce que ça rapporte. Donc, ça
baisse le dividende qui est versé par
Hydro-Québec. Donc, ça a des conséquences sur vous. Mais ça sert
essentiellement à financer des projets. C'est juste que le chemin qui
est pris, c'est baisse de dividende plutôt que dépenses de programmes, plutôt
que des crédits votés par le Parlement. Est-ce que le cran d'arrêt s'applique à
cela?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Non, le cran d'arrêt s'applique seulement aux dépenses de programmes.
M. Marceau :
Dépenses de programmes seulement. O.K.
M. Leitão :
Les dépenses avec des sociétés d'État, comme vous le savez très bien, c'est…
elles ont leurs propres politiques de…
M.
Marceau : Même si ces dépenses-là peuvent… même si on sait
qu'il y a beaucoup de dépenses qui sont… enfin, il y a beaucoup d'activité gouvernementale qui, désormais, se
fait sous forme d'autres dépenses. Mais c'est correct. Votre réponse a
le mérite d'être claire, là. Celle-là, en tout cas, est claire. O.K., ça, c'est
très bien.
Je vais
changer de sujet. Qu'en est-il de la promesse électorale d'utiliser le Fonds
des générations pour protéger les sièges sociaux, à laquelle vous avez
participé, je pense, avec votre collègue ministre de l'Économie, de mémoire,
là?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : En effet, on avait fait allusion à une telle possibilité.
L'objectif était de protéger les sièges sociaux. En effet, par la suite, après consultation, on a décidé que ce n'était pas la meilleure façon d'utiliser le Fonds
des générations et que l'État a d'autres
moyens, d'autres outils pour accomplir les mêmes objectifs. Donc, c'était plus
utile de ne pas changer les politiques
d'investissement du Fonds des générations, et, à la place, s'il le
fallait, quand il y aurait une offre hostile d'achat, s'il fallait
intervenir, l'État est toujours prêt à le faire, mais en utilisant d'autres
outils, d'autres moyens que le Fonds des générations.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau : O.K. Bon, je constate une autre promesse qui a été, de
toute évidence, formulée sans qu'on y réfléchisse
trop bien. Quels sont les… Là, vous dites : Ce n'est pas le meilleur
moyen, mais quelle était la faiblesse de… Parce que moi, je peux concevoir plein de faiblesses dans
cette idée-là, mais quel aspect particulier vous a amené à conclure que
c'était une mauvaise idée?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M.
Leitão : Que ce n'était pas
la meilleure idée. Je ne crois pas que c'était une mauvaise idée, mais ce
n'était pas la meilleure idée puisque, comme vous le savez très bien, le
Fonds des générations a un mandat très clair, très explicite, et donc nous avons jugé que ce n'était pas
opportun de changer les politiques de placements du Fonds des générations,
encore une fois qu'il y avait d'autres moyens pour que l'État puisse accomplir
le même objectif de protéger une compagnie si elle faisait l'objet d'une offre
hostile d'achat.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
M. Marceau : O.K.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M. Marceau : Merci, je vais mettre ça dans ma liste. O.K. Sur
la question de la protection des sièges sociaux, j'ai relu à trois
reprises les pages en question dans le plan budgétaire. Je ne peux pas dire que
tout est parfaitement clair. Je crois
comprendre que, sur la proposition de changer la Loi sur les valeurs mobilières, ça,
vous êtes réticent. Mais, sur celle
qui consiste à changer la Loi sur les sociétés par actions, j'ai vu que vous vouliez consulter
des gens dans la communauté d'affaires, ce qui, par ailleurs, a été fait
par le comité qui avait été formé à cette fin.
J'ai eu
l'occasion de dire qu'il n'y avait pas unanimité là-dessus, c'est certain, mais
il y avait un consensus assez
fort, d'autant plus que les mesures proposées par le comité étaient des mesures
volontaires, c'est-à-dire qu'on peut mettre à la disposition des entreprises
qui veulent se protéger des moyens. Et sincèrement je crois qu'elles sont en meilleure posture que vous et moi pour décider si
ça pourrait mener à une réduction de la valeur de leur capital actions,
je pense qu'elles sont en meilleure mesure
de le faire. Puis, si ça peut les empêcher, pour la suite des choses, de lever
du capital… Je crois qu'elles sont capables
de faire ce calcul-là elles-mêmes. Et donc, dans la mesure où on donne un
moyen puis que certaines pourraient trouver
que c'est avantageux de le faire, j'essaie de comprendre pourquoi cette
réticence. Ou peut-être que je lis mal. Encore une fois, là, je ne veux
pas vous imputer des motifs, là. J'ai eu l'impression qu'il y avait une
forme de réticence. Peut-être que je me trompe.
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : En effet, non, vous ne
vous trompez pas. Écoutez, nous venons d'arriver. On a pris note du rapport qui
avait été présenté lors de votre budget, en février. Personnellement, c'est quelque
chose que j'aimerais approfondir un peu plus, et donc, avant de prendre une décision tout de suite, je veux me
réserver un certain temps de consultation avec… Comme vous avez mentionné, ça ne fait pas
l'unanimité; consensus, je ne suis pas sûr. Donc, je veux m'assurer
qu'en effet il y a consensus et je vais voir quelle serait la meilleure façon
de protéger les sièges sociaux.
Entre-temps,
je viens encore au fait que l'État, comme vous le savez très bien,
a d'autres moyens pour intervenir si on juge que c'est nécessaire. Si on
juge qu'une intervention ponctuelle est nécessaire, on a les moyens pour le
faire jusqu'à ce qu'on puisse se faire une idée plus claire de formellement
mettre en place une politique.
Le Président (M. Bernier) : M.
le député.
M. Marceau : Oui. Vous allez
me permettre de vous dire que je pense qu'il faut agir en amont et non pas attendre que l'OPA soit sur la table. C'est sûr
que d'avoir un État qui intervient une fois que le problème est arrivé…
C'est sûr que l'État a une responsabilité pour certains de nos fleurons, puis
moi, je ne pense pas qu'on doit échapper à ça. Mais agir en amont, il me semble
que c'est préférable.
Par ailleurs, les solutions qui ont été
proposées par le comité ne sont pas sans difficulté. Au plan technique, il y a des difficultés,
et les gens qui vous entourent au ministère
des Finances pourront vous le dire.
Et ça exige du travail, ça exige du boulot, et, le
jour où vous voudrez le faire, il faudra que le travail ait été fait. Et,
pendant ce temps-là, bien, il y a beaucoup de sociétés incorporées en vertu des lois québécoises
qui sont fragiles puis qui sont des proies intéressantes pour les prédateurs. Et moi, je vous dirais, si
vous n'êtes pas complètement fermé à l'idée, de continuer le boulot, de
laisser le travail se faire, et puis quitte
à prendre une décision plus tard, mais au moins de laisser le travail se faire
pour qu'on soit prêts le jour où vous aurez terminé votre consultation
qui, j'imagine, ne va pas durer des années, là. Moi, j'imagine qu'au bout de
quelques mois, vous allez vous faire une idée.
Le Président (M. Bernier) :
Si vous voulez donner une courte réponse, oui.
M.
Leitão : Absolument,
ce n'est pas quelque chose qui va prendre des éternités. Comme vous savez très bien, je pense que c'est normal qu'un
nouveau ministre des Finances puisse avoir le temps de se familiariser avec un
sujet aussi complexe que ça. Je le connais un petit peu, mais j'aimerais bien être mieux informé de tous les aspects avant
de prendre une décision. On a été un petit peu occupés, dernièrement, à faire un budget. Donc, ça viendra dans les
mois à venir, ça ne prendra pas des années, non.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Merci, M. le ministre.
Merci, M. le député de Rousseau. Nous allons retourner du côté
gouvernemental, et, cette fois, vous allez avoir le temps de poser votre
question, d'obtenir une réponse. Donc, M. le député de Laval-des-Rapides, la
parole est à vous.
M.
Polo : Merci, M. le Président. La troisième sera la bonne. Juste dans
ce bloc-ci, on compte combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Bernier) :
De disponible?
M. Polo : Oui, oui.
Le Président (M. Bernier) :
Oui. Vous avez environ 18 minutes, là.
M.
Polo : 18 minutes. Parfait. Bon, bien, je vais aller directement à la
question cette fois-ci, pas de préambule. Donc, M. le Président,
j'aimerais poser la question à M. le ministre des Finances : De quelle
façon ses perspectives concernant
l'inflation ont eu, justement, un impact sur le travail présenté, donc le
travail déposé? Puis également, bon, sa vision à moyen et long terme et
ses anticipations, justement, vers le futur, sur un horizon de trois à cinq
ans, face à ses anticipations au niveau de l'inflation. Merci beaucoup.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, en effet, l'inflation est un sujet
extrêmement important, surtout pour un
gouvernement, puisque les revenus fiscaux dépendent en grande partie de la
croissance du PIB nominal, et le PIB nominal, évidemment, est le produit
de la croissance réelle fois l'inflation.
Alors, ce qui
détermine l'inflation. Il y a plusieurs facteurs qui, à notre avis, sont
importants à tenir en considération. Il y a un environnement global plus
large qui affecte tout le monde, pas seulement le Québec, mais il y a aussi des
particularités très, très québécoises.
Ultimement, le niveau d'inflation reflète l'écart qu'il y a entre l'offre et la
demande. Donc, si l'économie tourne au
ralenti, il y a un excédent d'offre, et donc ça met de la pression à la baisse
sur les prix et ça nous mène dans
cette situation d'inflation très basse. C'est ce qui se passe au Québec comme,
d'ailleurs, se passe chez nos voisins
tant canadiens qu'américains. Mais ce qu'on a remarqué, surtout en 2013, c'est
que ces pressions-là étaient plus fortes ici que chez nos voisins. Donc,
ça reflète en partie la faiblesse de la demande intérieure et donc cet écart de
production entre l'offre et la demande.
• (15 h 40) •
Maintenant, pourquoi, c'est important? C'est
très important parce que non seulement ça affecte directement la progression
des revenus de l'État, mais, pour un État qui a un niveau d'endettement qui est
déjà très élevé, c'est particulièrement problématique de voir une inflation qui
est trop basse. Une inflation très basse, en fin de compte, augmente le poids réel de la dette. Le service de
la dette devient plus compliqué lorsque le taux d'inflation n'avance pas comme ce
qu'on était habitués dans les années précédentes.
Pour
ce qui est de la suite des choses, pour ce qui est de l'avenir, évidemment
on va continuer d'être affectés par les grandes tendances mondiales. Et on voit que, surtout en Europe, par exemple,
là, les pressions sont carrément déflationnistes,
comme, d'ailleurs, au Japon et même aux États-Unis,
ce n'est pas très, très fort. Donc, on va continuer d'être
affectés par cela. Mais nous avons un autre facteur qui est très québécois et
qui va avoir aussi un effet sur ces questions-là comme sur l'évolution de l'économie
de façon plus générale, et ça, c'est le vieillissement de
la population. Donc, la population active va commencer à diminuer d'ores
et déjà à partir de 2014. Et donc ça aussi, ça va s'ajouter aux pressions désinflationnistes et ça va devenir,
donc, de plus en plus difficile de sortir de ce carcan-là si on n'est
pas capables d'améliorer et d'augmenter la productivité de notre économie.
Alors,
ça devient particulièrement crucial que cela se fasse. Étant donné notre tissu
économique industriel, nous pensons que cette amélioration-là va provenir
surtout des PME. Donc, c'est pour ça, d'ailleurs, que nous avons mis en place une série de mesures qui devraient favoriser
l'innovation, la modernisation, l'amélioration des PME. Mais
c'est un processus qui va être relativement long, de
rebâtir cette productivité-là. Nous pensons que, d'une façon cyclique, on pourrait voir, en 2014‑2015 surtout, une légère
accélération de l'inflation, et, bon, tant mieux, mais, si on ne règle
pas ces questions de fond, ça serait probable alors que l'inflation baisse à
nouveau à moyen terme. C'est d'ailleurs pour ça que nous avons utilisé un cadre
fiscal très, très conservateur, pour ne pas avoir de mauvaises surprises plus
tard.
Le Président (M. Bernier) : Merci. M. le député de
Laval-des-Rapides. Non? Ça va? M. le député de Sainte-Rose.
M.
Habel : Oui, merci, M. le Président. Comme vous le savez, M. le
ministre, il existe une panoplie de mesures afin de stimuler l'économie
d'une province. Les entreprises décident de s'établir dans un lieu pour une
panoplie de raisons. Certaines personnes
connaissent un peu l'analyse PEST ou le PESTEL en français. C'est ce modèle-là
que les entreprises utilisent pour savoir si elles vont privilégier un
territoire ou un autre. Donc, l'analyse PESTEL permet d'identifier les facteurs
macroéconomiques.
Notons,
par exemple, le P pour les aspects politiques comme par exemple la stabilité
gouvernementale. Certains pays, dans un régime plus autoritaire, ont
plus de difficultés à attirer des investissements étrangers que ceux dans un
régime plus libertarien. Vous avez parlé aussi de la politique fiscale lors de
ma dernière question. Je comprends bien que
cette perspective de commission va être analysée dans la commission de la
fiscalité. Il y a aussi l'aspect de la protection sociale qui s'inscrit
dans une perspective de développement durable. L'aspect politique regroupe
aussi le commerce extérieur, c'est-à-dire les barrières à l'entrée ou le
protectionnisme que certains pays peuvent utiliser. Donc, pour ce qui est du P,
il y a l'aspect politique.
Il y a l'aspect
économique aussi, c'est-à-dire qui regroupe le cycle économique dans une
perspective de décroissance économique de
certaines régions, comme par exemple l'Europe. Certaines compagnies pourraient
hésiter à aller dans cette lignée-là et
investir dans cette portion-là du territoire. Il y a la situation aussi des
taux d'intérêt. Si, par exemple, les
taux d'intérêt augmentent, ça pourrait être plus coûteux d'emprunter à terme.
L'aspect de l'inflation a bien été répondu et bel et bien été posé par
le député de Laval-des-Rapides, donc je vais sauter cette portion-là.
On
note aussi que l'aspect économique peut regrouper l'aspect du chômage, dans
certaines provinces, qui entre dans la lignée de l'aspect sociologique.
Donc, il y a le P, il y a le E, il y a le S et, dans l'aspect sociologique, il
y a la démographie. Vous avez parlé du
vieillissement de la population, mais il y a aussi la mobilité sociale,
c'est-à-dire la capacité des
personnes à voyager à travers le
monde. Donc, si on est dans un régime, comme je le disais antérieurement, dans
un régime qui est totalitaire, ça sera plus difficile pour cette personne-là
d'aller travailler à l'extérieur. Donc, pour une entreprise qui voudrait, par exemple,
exporter de la main-d'oeuvre, cette perspective-là serait néfaste pour son
investissement. Il y a l'aspect, aussi, sociologique dans le niveau de l'éducation. On connaît la réalité du Québec. C'est une éducation qui est exemplaire,
puis beaucoup de personnes envient notre système d'éducation.
Donc, étant donné
qu'on a parlé de l'aspect P, E et S, il y a aussi l'aspect écologique qui
s'inscrit dans une perspective de développement durable, l'aspect légal,
c'est-à-dire les diverses lois, les lois fiscales qui vont être discutées dans la commission de la fiscalité, et
finalement il y a l'aspect technologique
qui regroupe la finalité de toute l'analyse
PESTEL, c'est-à-dire l'aspect politique, environnemental, sociologique,
technologique, économique et légal.
Donc, dans la
perspective technologique, il existe un système qui s'appelle la recherche et
développement et qui regroupe une panoplie de crédits d'impôt. Donc, d'où le
sens de ma question suite à l'analyse PESTEL, c'est que la situation de la
R&D englobe les crédits d'impôt, puis on sait que ça constitue une des
dizaines de facteurs que j'ai énumérés, mais, selon vous, quel est l'impact
d'une réduction des crédits d'impôt sur l'économie?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Très bien. Merci beaucoup de votre question. Donc, nous avons
réduit de 20 %, donc il reste encore 80 % de crédits d'impôt. Nous pensons que les crédits d'impôt, tels
qu'ils existent maintenant, ne sont pas la meilleure façon de stimuler
le développement économique. Nous pensons qu'une approche plus générale en ce
qui concerne la fiscalité des entreprises serait beaucoup plus efficace pour
promouvoir la croissance économique.
Une particularité du
régime fiscal québécois, c'est que nous avons des taxes sur la masse salariale
qui sont bien plus élevées qu'ailleurs au Canada, et cela constitue une entrave
beaucoup plus importante à la suite des choses, au développement des PME et des autres entreprises que l'absence ou pas
de crédits d'impôt. Les crédits d'impôt peuvent être utiles dans
certains cas, en certaines périodes, quand on veut attirer, créer de nouvelles
industries, mais, à un moment donné, il faut que cette politique-là ait une
fin.
Et
donc nous pensons que c'est plus efficace de se tourner vers l'allègement du
fardeau fiscal général, ce qui inclut non seulement les taxes de
revenus, bien sûr, mais, dans le cas des PME québécoises aussi, de façon très
importante, les taxes sur la masse salariale
qui, elles, sont fixes. Une entreprise, avant de générer un dollar de profit,
doit payer des taxes par tête de pipe, donc par nombre d'employés
qu'elle détient, et ça, c'est vraiment très dommageable pour la création d'emplois
et pour le développement de l'entreprise et, donc, de l'économie.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Sainte-Rose.
M.
Habel : Oui. On a parlé… on a effleuré le sujet du taux d'imposition.
Le fait qu'on prenne le taux d'imposition, on le fasse passer de
8 % à 4 %, ça va bénéficier pour l'ensemble de l'industrie
manufacturière. Mais j'ai un peu de difficultés à saisir qu'est-ce qu'une
entreprise manufacturière…
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão :
Donc, ça s'applique, vous avez mentionné, aux entreprises manufacturières.
C'est à peu près 7 500 entreprises qui sont éligibles, qui peuvent
potentiellement bénéficier d'une telle mesure. Et j'aimerais juste revenir un
peu à ce qui avait été dit hier à cet égard-là, quand on me disait : Ah,
bof! Ça, ce n'est que 300 $ ou 400 $
par entreprise, donc ça ne change rien. Ce n'est pas tout à fait le cas. Si une
PME a, par exemple, 100 000 $ de profit, sur le système
actuel, avant le budget, cette entreprise-là payait 8 000 $ en impôt,
après l'allègement, elle va payer 4 000 $
en impôt. Donc, ce n'est pas quelques dollars ici et là. C'est substantiel pour
les PME qui sont rentables. Donc, ce n'est pas des petites pinottes.
Maintenant, à
qui ça s'applique plus particulièrement? Ça s'applique aux entreprises
manufacturières, c'est-à-dire celles
qui sont impliquées dans la fabrication. Donc, c'est la fabrication qui… Donc,
ça exclut les activités primaires et ça exclut les activités de commerce de détail, de distribution. C'est
vraiment les activités de transformation qui sont incluses dans cette
mesure là.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Habel : Oui. Ça va bénéficier à
7 500 PME manufacturières. Donc, si on compare cette perspective-là, de 7 500, par rapport à un autre programme, par
exemple celui des gazelles qui aurait bénéficié à 300 entreprises, c'est
quoi, le bénéfice de porter un avantage plus global que spécifique?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Nous pensons que c'est
plus efficace pour la suite des choses que le gouvernement se concentre sur des programmes ou des façons de faire
générales, qu'on ne cible pas d'entreprises ou de secteurs en particulier et
que ça soit applicable à tout le monde. Et
d'ailleurs cette approche-là a été endossée par beaucoup de groupes qui se sont
prononcés suite à notre budget, surtout les
groupes qui font la promotion des intérêts des PME, que ce soit la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante, que ce soit la Fédération des chambres
de commerce, je pense qu'il y a eu un consensus très large que l'approche
générale d'abaisser le fardeau fiscal pour tout le monde est plus efficace que
l'aide ciblée à telle ou telle entreprise.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Habel : Oui. J'aimerais qu'on aborde un autre sujet qui est les
mesures de revenus. Je sais qu'il a été mentionné, dans le budget, qu'il
y a des efforts pour la lutte contre l'évasion fiscale. En quoi l'évasion
fiscale… Est-ce qu'on est capables, premièrement, de la quantifier, cette
évasion fiscale là? Et en quoi ce serait bénéfique d'aller chercher cette portion-là
dans le budget?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Bon, pour ce qui est de l'évasion fiscale, il y a plusieurs
éléments, plusieurs principes, si vous voulez. Et le premier dans tout
ça, je pense que souvent on a tendance à l'oublier, on tend à dire : Ah!
Bof, on va faire ça pour aller chercher de
l'argent additionnel, blablabla; mais c'est une question d'équité, c'est une
question de justice. Nous voulons que
notre régime fiscal soit efficace, qu'on puisse aller chercher tous les sous,
tous les revenus dont l'État a droit, et donc ça s'applique à tous les
contribuables. On ne veut pas créer des situations où, à la longue, ça devient
laxiste et une culture d'évitement fiscal
s'installe. Donc, ce n'est pas efficace, ce n'est pas juste. Et nous
vivons dans une société de droit, hein, et donc tout le monde doit suivre les
règles. Et c'est à ça ce que nous nous attendons. Et donc nous donnons tous les
moyens nécessaires à Revenu Québec pour que ce travail-là se fasse.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. M. le député, une dernière
question? Non? Ça va? M. le député de Portneuf, vous avez environ une
minute et… deux minutes.
M.
Matte : Deux minutes? Merci, M. le Président. M. le ministre, toujours
dans la présentation de votre budget, vous avez touché, là, une
protection pour les plus vulnérables. Entre autres, là, vous avez amélioré le
programme MADA, là, de trois à
5 millions pour continuer les infrastructures. Mais ce que je trouve aussi
intéressant, que vous dites que vous
avez amorcé ou que prochainement vous allez amorcer des démarches avec des
institutions financières concernant un programme
pour pouvoir soulager, là, les gens qui ont une augmentation de taxes sans pour
autant avoir une augmentation de revenus. Ma question est à
l'effet : Est-ce que ça ressemble à une hypothèque inversée?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : Ça peut donner cette impression-là, mais ce n'est pas du tout
ce que nous voulons faire. En fin de compte,
la problématique est la suivante. Plusieurs personnes, surtout plus âgées, qui
sont propriétaires de leur résidence, et
qui sont là depuis très longtemps, et qui sont maintenant arrivées à l'âge de la retraite, donc ils ont un revenu de
retraite qui est fixe, au cours des dernières années, ont fait face à des augmentations
d'impôt foncier très prononcées suite à l'augmentation des valeurs foncières.
Cela a été très, très prononcé, tant dans les grands centres urbains qu'ailleurs
au Québec. Alors, on essaie de voir quelle serait la
meilleure façon d'atténuer l'impact de cette augmentation d'impôt là. La dernière chose que nous voulions, c'est que des
personnes se sentent obligées de vendre leur maison parce qu'elles ne sont pas capables de
payer l'impôt foncier.
Nous sommes arrivés à
la conclusion que la façon la plus efficace de faire ça, ce serait de mettre en
place un système… ça pourrait
ressembler un petit peu, si vous voulez, au prêt étudiant, dans le sens où une institution financière
accorderait un prêt à une personne, ce prêt-là servirait à payer l'impôt
foncier, et évidemment l'État aurait une fonction de garantir ce prêt-là et
garantir le paiement d'intérêts, mais le paiement de ce prêt-là, capital et
intérêts, se ferait seulement plus tard, à la vente de la propriété, et,
entre-temps, l'État assumerait les frais d'intérêts.
Alors,
c'est quelque chose que… Ce n'est pas tout à fait comme une hypothèque
inversée, mais, pour que cela se fasse,
il va falloir évidemment que les institutions financières soient parties
prenantes d'un tel mécanisme. C'est ce que nous allons entamer dans les
semaines à venir, des discussions avec les institutions financières pour voir
quelle serait la meilleure manière, meilleure façon de mettre ça en pratique.
Une
piste de solution, c'est que, récemment aussi au Canada, le gouvernement
fédéral a réussi à trouver une entente avec
les institutions financières pour atténuer les augmentations de frais
bancaires, donc ils ont réussi à identifier quelle est la définition de «ménage vulnérable». Donc, je
pense qu'une bonne partie du travail a été fait. On pourrait peut-être s'inspirer
de ces définitions-là pour mettre en place notre programme, donc, mais
ultimement ça va demander des négociations,
des consultations entre nous, ministère des Finances du Québec, et des
institutions financières québécoise pour mettre en place un tel
programme.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Donc,
maintenant, il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue à la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Bienvenue à la Commission des
finances publiques. C'est la première occasion que vous avez de vous
adresser dans cette commission. On est heureux de vous recevoir. Donc, vous
avez la parole pour un bloc de 15 minutes. Allez-y, Mme la députée.
• (16 heures) •
Mme
Massé : Merci beaucoup. Et je suis très, très heureuse d'être ici. La
question des finances publiques, c'est toujours
quelque chose qui m'a intéressée comme activiste. Alors, je me sens privilégiée
de pouvoir participer à cet échange.
Dans les faits, et vous n'en serez pas surpris, ce sur quoi je veux attirer
l'attention et poser quelques questions au ministre des Finances, c'est notamment pour un certain nombre de
contradictions qui nous étaient apparues entre le discours inaugural du premier ministre, qui était
très, à plusieurs égards, rassurant pour la population… On ne voulait
pas laisser de Mozart assassiné, on voulait s'occuper des plus vulnérables. Et,
15 minutes étant court, j'ai quand même identifié un certain nombre de
contradictions sur lesquelles j'aimerais vous entendre plus spécifiquement.
Vous parliez, à
l'instant, à mon collègue de ménages vulnérables, et cette démarche-là, je ne
veux pas aller là-dessus, mais je vous
dirais qu'à prime abord il m'apparaît que les ménages qui ne sont pas assez
riches pour s'acheter une maison m'apparaissent aussi des gens
vulnérables à protéger. Et bien sûr on a été très surpris, après ce discours
qui nous permettait d'avoir un certain espoir, d'identifier que, par exemple,
au niveau du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, qui est le
ministère qui est le plus touché, hein, une coupe de 92 millions qui touche
autant les mesures d'aide aux personnes,
donc le transfert direct, que ça touche les mesures d'aide à l'emploi ou les
différents fonds qui ont été aussi restreints… On a cru comprendre, à travers le budget — ou,
en tout cas, on voudrait comprendre — que les
hausses de 20 $, 10 $, 10 $, qui avaient été annoncées par le gouvernement
précédent, ne seront pas touchées. Alors, j'aimerais m'assurer… Je sais que,
cette année, les gens ont reçu leur 20 $ puisqu'ils l'ont reçu en février,
de mémoire, mais 2015, 2016, 2017, puisqu'on
parle d'un cadre général de trois ans, est-ce que ces gens-là… Parce que
10 $, c'est beaucoup sur 634 $, quand ton logement en coûte
550 $. Alors, est-ce que, ça, vous avez de l'information à me donner
là-dessus?
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : Pour ce type d'information là, c'est mon collègue du
ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale qui aurait
l'information. À l'intérieur de son budget, il a les crédits pour le faire.
Donc, la façon dont il va allouer ces crédits,
c'est sa décision. Je comprends aussi qu'il entame maintenant un processus de
revue, de négociation, pour s'assurer que la politique sociale en place
soit la plus adéquate possible.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Mme la députée.
Mme
Massé : Merci. C'est sûr que, vous savez, dans ce ministère-là, comme
dans bien d'autres d'ailleurs, dans lequel, depuis des années, ce qu'on
demande, c'est systématiquement de réduire les dépenses, il n'y a plus de gras,
tout le monde vous le dira. Je comprends que la notion de cran
d'arrêt, j'ai bien entendu la réponse, s'adresse aux projets à venir, mais, ceci étant dit, lorsqu'on
demande à un ministère de réduire de son fonctionnement 3 %, de sa
masse salariale 2 % et, en plus, un
92 %, vous pourrez comprendre pourquoi on sent que, là, il y a une
contradiction, notamment par rapport à la question de l'aide sociale.
Mais
je vois un peu aussi un autre choix, parce que, vous savez, c'était très
inspirant pour moi, qui travaille depuis 30 ans avec les personnes
défavorisées, d'entendre le premier ministre qui, dès son discours
inaugural, fait tout un éloge au potentiel
des jeunes — j'y
reviendrai plus tard — et même très touchant de voir qu'il reconnaissait, comme
nous tous et toutes, j'espère, que, même dans les familles les plus
défavorisées, les plus vulnérables, il y a là, pas quelques Mozart, mais
plusieurs personnes qui contribuent à notre société de toutes sortes de façons.
On a été très surpris
de voir qu'au niveau d'une injustice — vous avez parlé de justice
fiscale tantôt — d'une
injustice fiscale intolérable, qui est celle
des pensions alimentaires pour les personnes à l'aide sociale… Alors là, on
joue dans la fiscalité. Peut-être que ce n'est pas
votre département, vous me le direz, mais je tiens à vous rappeler qu'il
est complètement aberrant, à mon sens et à notre sens, que les pensions
alimentaires qui sont versées aux enfants, aux enfants, pour les enfants, pour les personnes qui sont à l'aide sociale,
ces pensions alimentaires là, d'une part, pour celui ou celle qui paie la pension alimentaire, c'est
déduit de son revenu, mais, pour la personne qui le reçoit, parce qu'elle
est à l'aide sociale, le premier 200 $,
ça va, on dit : L'enfant, 200 $ — par mois, pas par semaine — c'est correct, mais chaque dollar qui
excède ça est imposé à 100 %.
Alors,
moi, j'aimerais que le ministre m'explique comment on peut, d'une main, dire
qu'on est en solidarité avec les plus
vulnérables et que la plus grande injustice fiscale au Québec est faite à ces
femmes-là, principalement, comme on le sait, à ces enfants-là, mais à
ces femmes-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão :
Écoutez, je comprends votre frustration à cet égard-là. C'est quelque chose
qu'il va falloir qui soit revu, en effet.
Les taux d'imposition effectifs à certains groupes de la société sont en effet
très élevés. Cependant, il faut toujours s'assurer qu'on maintient un
régime fiscal qui soit équitable pour tout le monde. Mais j'en conviens bien avec vous que — comme d'ailleurs on avait échangé déjà dans
le salon bleu, à l'Assemblée nationale — c'est quelque chose qu'il va falloir qui soit regardé comme il faut. J'ai déjà
mentionné cela à mon collègue le ministre de l'Emploi et de la…
Solidarité sociale. Excusez-moi, le temps commence à… Mais c'est quelque chose que,
oui, personnellement, ça m'interpelle, et je veux m'assurer qu'il y aura un
suivi là-dessus.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Mme la députée.
Mme
Massé : Bien, je l'apprécie parce que
c'est plusieurs milliers de personnes au Québec
qui… Chaque dollar, dans le fond, qui ne l'auront pas donné à la famille, c'est un
dollar qui n'est pas dépensé localement. Et je connais votre préoccupation, justement, de relancer l'économie.
Il y a toutes sortes de façons de le faire, dont notamment
de permettre aux enfants d'avoir une paire de souliers qui leur
conviennent à leurs pieds à eux autres.
Un autre élément de
contradiction qui nous est apparu à la lecture, c'est… Je vous ai parlé plus des
personnes à l'aide sociale, j'aimerais aborder la question des enfants et des
aînés. Pourquoi? Bien, globalement, on le sait que le budget a amené différents
éléments, mais, par contre, par
rapport à la question
des enfants, personnellement, j'ai vu que le soutien aux enfants, donc — j'aimerais
me faire valider qu'on parle bien de l'allocation familiale, là, j'ai peut-être
un langage pas adapté, mais ça va venir avec le temps — le
soutien aux enfants est diminué de 4,8 %, quasiment 5 %. Alors là, on est encore au niveau des enfants. C'est,
en fait, la seule mesure du programme, la mesure d'aide aux familles,
qui est compressée. Là, on avait un peu de problèmes avec ça.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Écoutez, selon l'information que j'ai, le soutien aux enfants n'a pas été
touché du tout, alors je… Peut-être qu'on pourrait comparer les chiffres après,
mais c'est quelque chose qui n'a pas été affecté par les mesures du budget.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Mme la députée.
Mme
Massé : C'est parfait. On va faire nos devoirs, puis faites-vous-en
pas qu'on va aller se parler, ça ne me fait pas de problème là-dessus.
Peut-être
qu'il en est la même chose, j'ai peut-être mal fait mes devoirs sur la question
de la lutte à la maltraitance envers
les aînés, hein? À l'intérieur de la politique Vieillir chez soi, moi, j'avais
identifié une coupure de près de 3 millions. Donc, peut-être juste
me valider si, oui ou non, cette fois-là, je suis dedans.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Encore une fois, ça, je pense que l'endroit approprié pour examiner de telles
questions, c'est à l'étude des crédits des
différents ministères, en particulier du ministère de l'Emploi et de la
Solidarité sociale. Je ne pense pas
que de telles mesures ont été touchées, mais je ne peux pas m'avancer plus que
ça ici parce qu'on entre dans le détail de chaque ministère, et je n'ai
pas vraiment cette information-là.
La seule chose que je
pourrais peut-être… si je peux me permettre d'ajouter à titre d'information,
c'est que quand même, depuis déjà un certain nombre d'années, les gouvernements
précédents, au pluriel, les gouvernements précédents… Au Québec, il y a un
intérêt, il y a un soin à réduire les inégalités sociales, malgré tout ce qu'on
peut dire et ce qu'on peut penser, et que
d'ailleurs le taux de faibles revenus au Québec est particulièrement plus bas
que la moyenne canadienne et que les
autres provinces. Donc, il y a quand même eu un certain progrès, un certain
développement dans cette direction-là. Ce
n'est pas parfait, c'est loin de l'être, mais nous allons continuer à oeuvrer
dans cette direction-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Mme la députée.
Mme
Massé : Oui, merci. D'ailleurs, le taux est plus bas, mais il ne
faudrait pas qu'il augmente. Ça m'apparaît plutôt évident.
Le
temps passe. J'aimerais peut-être revenir sur quelque chose qui m'a touchée,
encore là, dans une autre des contradictions. Et, encore là, on sent qu'au
Québec il y a un consensus assez important sur la question de l'égalité
hommes-femmes, la nécessité de favoriser, par les moyens qu'on a collectivement
pour y arriver, et bien sûr que… Peut-être
que vous allez me renvoyer aux crédits, mais ce n'est pas grave, je vais
apprendre comment ça fonctionne, hein? J'apprends vite généralement.
Trois coupes qui me
touchent beaucoup quand on parle d'égalité hommes-femmes : budget du
Conseil du statut de la femme et du Secrétariat à la condition féminine, en
dehors des mesures d'austérité présentées plus haut, une coupe de 4 %; le programme À égalité pour décider, qui est un
programme que moi, j'ai vu évoluer dans les 10 dernières années, qui
fait du travail extraordinaire, 50 % de coupe; et… Je vais m'arrêter là.
Non, non, non, le plus important… — bien, pas le plus important,
les autres sont importants — la
question du crédit accordé…
Le
Président (M. Bernier) : Mme la députée, je vais juste protéger
votre temps parce que les cloches sonnent, on est appelés au vote, je vais devoir suspendre la commission. Donc, je
protège votre temps, et on reprend
aussitôt qu'on revient du vote. C'est bien? Merci.
Donc, je vais
suspendre la commission pour permettre aux députés d'aller voter. Je suspends.
(Suspension de la séance à
16 h 10)
(Reprise à 16 h 27)
Le Président (M.
Bernier) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos
travaux. Donc, la parole est à la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Il vous reste environ 3 min 20 s.
Mme Massé :
Alors, je poursuis ma question. Donc, j'ai parlé des coupes au Conseil du
statut de la femme, Secrétariat à la
condition féminine, au projet À égalité pour décider, et maintenant je voulais
attirer votre attention aussi sur la
question des crédits d'indemnisation accordés aux victimes d'actes criminels.
En fait, on était surprises de voir cette compression de 2,65 millions, considérant qu'on sentait le large
consensus — ça a été
révisé l'an dernier — on
sentait le large consensus en commission parlementaire. Alors, on se
disait : Bon, bien… Pourquoi?
M.
Leitão : Encore une fois, je m'excuse, mais ce genre de détail, je ne
l'ai pas avec moi. Ça sera lors de la lecture des crédits avec les
ministères en question que vous pourrez avoir des réponses à vos questions.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Mme la députée.
Mme
Massé : Oui. Bon, je vais passer très rapidement sur la question de la
contradiction que je voyais au niveau de la jeunesse parce qu'encore là je ne doute pas que vous allez me dire
que c'est dans les crédits. Je suis juste préoccupée de voir qu'encore
là, dans un discours inaugural, on nous enligne en valorisant la jeunesse et,
de l'autre côté, on voit qu'il y a des
coupes qui s'appliquent. Et les groupes des jeunes, que ce soient les maisons
des jeunes ou Les Auberges du coeur, sont très préoccupés par ça. Mais
j'irai faire mes devoirs aux crédits.
J'aimerais
peut-être, dans ce cas-là, terminer plus sur une question qu'on a abordée
ensemble, c'est la question des pensions alimentaires. J'entends bien
votre… Je pense que vous saisissez bien ce qu'on a interpellé. On le sait aussi
que le parti qui était au pouvoir dans la
dernière législature, l'ancienne ministre de la Solidarité sociale, la
députée de Taschereau, était aussi sensible et souhaitait faire quelque chose
là-dedans. Bien, la question que je me demande, c'est : Considérant que la commission de fiscalité va en avoir
plein les baskets, est-ce que vous ne pourriez pas considérer régler cette question-là dès maintenant, ne pas
attendre ça puisque c'est une question fondamentale des plus
vulnérables, qui s'appellent nos enfants?
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
• (16 h 30) •
M.
Leitão : Vous avez raison, c'est une question fondamentale, mais je
pense que ce genre d'exercice doit se faire à l'intérieur de la commission,
et je vous invite à formuler vos idées, vos opinions. Mais, encore une fois, c'est quelque chose que moi aussi, je vais suivre de près.
Le Président (M.
Bernier) : Il y a peut-être lieu de préciser : La
commission de?
M. Leitão :
Fiscalité. Je m'excuse...
Le Président (M.
Bernier) : Parfait. Merci beaucoup.
M. Leitão :
Réforme de la fiscalité.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Mme la députée.
Mme Massé :
Seriez-vous en faveur d'un mandat d'initiative sur cette question-là?
M.
Leitão : Écoutez, je préfère
laisser le champ à la commission, qu'elle regarde ça. Mais on peut essayer
qu'ils le mettent... qu'ils lui donnent une priorité importante.
Le Président (M. Bernier) :
Merci.
Mme Massé : 30 secondes,
j'imagine, hein?
Le Président (M. Bernier) :
Dernière question. Oui, allez-y.
Mme Massé : Bien, écoutez, je pense
que ça serait bien que vous considériez un mandat d'initiative, ça nous permettrait de réfléchir, débattre. Et je vous remercie d'avoir fait... de m'avoir permis de faire cet exercice-là. Je
reviendrai. Et surtout je vous lève mon
chapeau, M. Leitão, parce
que, d'être assis 10 heures,
concentré à écouter les gens puis y répondre, ne doit pas toujours être
facile. Alors, merci, bravo!
M. Leitão : Merci.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Et on vous invite à revenir à d'autres séances de notre commission. Merci de
votre présence. Nous allons maintenant retourner du côté gouvernemental. La
parole est au député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le Président. M. le
ministre, par rapport à la situation financière, du 20 février 2014 au 31 mars
2019 la dette brute est révisée à la hausse de 4,6 milliards. Donc, entre le
budget de février 2014, le péquiste, et le nouveau budget que vous avez déposé,
donc en 2019 la dette s'accroît de 4,6 milliards. Pouvez-vous nous expliquer
comment cet événement-là se produit?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M.
Leitão : Bon, essentiellement, ça reflète le fait que le déficit est plus élevé que ce qui avait été
prévu au départ, et aussi les
dépenses d'infrastructures ou d'investissements ont aussi été un peu plus élevées que ce qui était le cas auparavant.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député. M. le député de Portneuf, tiens, ça me fait plaisir. La
parole est à vous.
M.
Matte : Également
pour moi, M. le Président. M. le ministre, je me permets de faire un peu d'histoire. En
2005, M. François Legault avait publié un budget de l'an 1 du Québec si le Québec
était souverain, et puis l'objectif, à ce moment-là, c'était de pouvoir démontrer que, si on n'avait
pas une double structure, on pouvait se dégager une marge de manoeuvre,
hein? Et je me souviens aussi que M. Marceau, qui est un économiste, appuie...
Le Président (M. Bernier) :
Juste quelques... M. le député de Portneuf, M. Legault, c'est le député de L'Assomption.
Et c'est le député de Rousseau…
M. Matte : Je vous remercie.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le député de Portneuf.
M.
Matte : Merci. Alors, il
avait appuyé, là, le budget, en disant que c'était vrai qu'on pouvait se
dégager une marge de manoeuvre. Toutefois, l'Institut de la statistique
du Québec a publié un rapport qui démontre que ce n'est pas aussi clair que ça et que, si on tient compte des différents investissements du gouvernement fédéral, des apports, la péréquation et des
crédits qu'il donne, on dit qu'on reçoit plus que ce qu'on reçoit… En d'autres
termes, hein, et par rapport à ce que l'ensemble des Québécois
paient en termes de redevances et d'impôts au fédéral versus ce qu'on
reçoit, est-ce qu'on reçoit plus du fédéral que ce qu'on paie sous les
différentes formes?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : O.K. Il y a deux
parties... enfin, la réponse à cette question a deux parties. D'une façon très,
très comptable, si vous voulez, très, très mécanique, en effet les taxes et
impôts que le Québec verse au gouvernement fédéral sont de loin inférieurs à ce que le Québec
reçoit en paiements de transfert d'Ottawa, péréquation, transfert social, mais aussi
des transferts aux individus en termes d'assurance-emploi et autres transferts
directs. Donc, d'un point de vue très direct, il y a ça.
Mais il y a plus que ça, il y a beaucoup plus
que ça. C'est-à-dire, le Québec fait partie intégrante de l'union monétaire, union fiscale canadienne et, donc, le
Québec bénéficie de faire partie de cette unité économique. Nous avons
des liens particuliers avec nos voisins de
l'Ontario, par exemple. Nos échanges commerciaux sont très importants. Et
donc je pense que les retombées, si on veut ainsi
parler, indirectes de l'appartenance du Québec à l'union, à la fédération canadienne, ces retombées-là s'ajoutent davantage
à ce décompte très comptable de ce qu'on paie et de ce qu'on reçoit. Mais vous avez raison qu'il y a une légende
urbaine qui circule depuis déjà assez longtemps, que, ne serait-ce que
d'un point de vue très mécanique, très comptable, le Québec est pénalisé par
son appartenance à la fédération canadienne. Or, la réalité est tout une autre.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Portneuf.
M.
Matte : Merci, M. le Président. Mais, si je reviens en disant :
Si une province reçoit une péréquation, ce n'est pas parce qu'elle est
riche. Habituellement, la péréquation sert à être octroyée pour permettre un
équilibre entre les différentes provinces.
Alors, maintenant, c'est connu que nous recevons environ 9 milliards de
péréquation du fédéral. Est-ce qu'on peut espérer qu'un jour le Québec
ne reçoive plus de péréquation, un peu comme ça s'est produit, là, à
Terre-Neuve? Vous le savez, il y a quelques années Terre-Neuve recevait une
péréquation, mais là c'est l'inverse, actuellement
il n'en reçoit pas; au contraire, il contribue. Donc, ma question, c'est :
Est-ce qu'on peut espérer qu'un jour le Québec ne reçoive plus de
péréquation…
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre…
M. Matte : …et quels seront les
moyens à prendre?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Certainement. Écoutez,
je souhaiterais qu'un tel jour arrive, parce qu'en effet le programme de péréquation, c'est un programme fédéral qui
transfère de l'argent, donc une partie entièrement des revenus du
gouvernement fédéral qui sont transférés dans certaines régions du pays pour
assurer une certaine capacité fiscale à rendre
des services. Alors, le Québec, pour l'instant, est un récipiendaire d'un tel
programme. Sur une base per capita, nous ne sommes pas le plus grand récipiendaire. D'autres provinces reçoivent
plus per capita, mais, étant donné que le Québec, c'est une grande
province, avec 8 millions de personnes, donc, en termes global, oui, nous
recevons beaucoup.
Est-ce qu'on souhaiterait que cela arrive? Oui,
parce que ça voudrait dire, donc, si on ne recevait plus de la péréquation, ça
voudrait dire qu'on avait atteint la moyenne canadienne en termes de capacité
fiscale. Alors, c'est quelque chose qui est
souhaitable. La façon d'y arriver en effet, c'est d'avoir une économie qui soit
plus efficace, plus productive, un taux de croissance plus rapide. C'est
ce à quoi nous nous sommes engagés à faire, c'est pourquoi nous sommes venus — dans mon cas — en politique, pour essayer de participer à
cet effort d'accélérer la croissance économique pour qu'un jour en effet
on n'ait plus besoin de recevoir ce programme-là.
Juste pour
une… Vous avez mentionné tantôt l'étude de l'ISQ. Ce que cela démontre en fin
de compte, c'est que, d'une façon
très comptable, très mécanique, en fin de compte, le montant net que le Québec
reçoit du fédéral en termes de différence entre paiement de taxes et ce
qu'on reçoit en transferts, ça a passé de 4 milliards de dollars en 2005,
à 13 milliards en 2009, et, en 2012, ça
va être aux alentours de 16 milliards. Donc, ces montants-là deviennent de
plus en plus importants, d'où la nécessité pour nous de nous assurer que
nous redémarrons l'économie pour qu'on puisse un jour ne plus avoir besoin de
tels transferts.
Le Président (M. Bernier) :
M. le député.
M. Matte : Les montants que vous
avez mentionnés de l'Institut de la statistique du Québec, du 14 milliards,
est-ce qu'à ça il faut ajouter la péréquation ou c'étaient les redevances pour
les différents services? C'est là que la nuance est… j'ai manqué, là.
M.
Leitão : Ça inclut tout. Donc, ça, c'est le montant net. Donc, tous
les taxes et impôts qu'on envoie à Ottawa et tous les transferts qu'on
reçoit d'Ottawa, la différence entre les deux, totale, incluant péréquation et
tous les autres programmes, c'est les montants que je vous ai mentionnés.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Matte : Donc, on reçoit plus que
ce qu'on verse à Ottawa.
M. Leitão : Oui, oui, absolument,
oui.
M. Matte : Je vous remercie.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Laval-des-Rapides, la parole est à vous.
• (16 h 40) •
M.
Polo : Oui. M. le Président, j'aimerais demander à M. le ministre des
Finances : En fonction de vos prévisions économiques, quel est le risque associé… En fonction, justement, de
l'estimation, des analyses, des anticipations qu'il fait, et quels sont
justement les principaux risques liés à ces prévisions? Merci.
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : O.K. Alors, les risques. En effet, ça, c'est une question un
peu dangereuse à poser à un économiste, parce que, les économistes, par déformation professionnelle, on regarde
toujours les risques, on regarde toujours qu'est-ce qui peut mal tourner, où est-ce que les choses
peuvent aller mal. Donc, je vais essayer de ne pas être trop négatif.
Ceci étant dit, en effet, il y a des risques importants qu'il faut tenir
compte.
Ici,
je fais une petite parenthèse parce que, dernièrement, surtout depuis 2008‑2009,
dans l'ambiance Internet, toutes
sortes d'histoires qui circulent, on a tendance à voir des risques partout,
même quand ils ne sont pas là, on fait des histoires d'horreur trop facilement. Alors, les risques que
nous avons identifiés, ce sont des événements qui peuvent arriver — donc,
ce n'est pas entièrement en dehors des possibilités — mais
dont les probabilités sont quand même minimes.
Alors,
il y a deux types ou deux sortes de risques qui pourraient affecter nos
prévisions. D'abord, il y a des risques, évidemment, internes et des risques externes. Internes, c'est-à-dire que
les éléments propres à l'économie du Québec qui pourraient dérailler, si vous voulez, nos prévisions économiques. Le
principal risque interne, ce n'est pas particulièrement québécois, il
existe un peu partout au Canada, on en a parlé beaucoup, de ça, depuis au moins
deux, trois ans, c'est la situation du marché de l'immobilier. Si, en effet, on
pense que les prix, les valeurs des résidences sont trop élevés, on pourrait…
il y aurait un risque d'une chute rapide des prix, des valeurs. Et on sait très
bien que, quand cela arrive, les répercussions macroéconomiques d'une baisse
des valeurs ne sont jamais agréables.
Maintenant, quelle
est la probabilité d'un tel choc immobilier au Québec? Moi, je mets ces
risques-là ou cette probabilité-là à un niveau très, très petit. C'est très peu
probable. On ne peut jamais dire que c'est impossible,
mais c'est très peu probable, parce qu'on a déjà vu, depuis à peu près un an,
un an et demi, qu'il y a eu un certain
plafonnement de l'évolution des prix. On a vu aussi que les mises en chantier,
l'année passée, avaient reculé, donc ça avait permis un petit peu au
marché de se rééquilibrer. Les taux d'intérêt demeurent très bas et vont
demeurer, au Canada, très bas, pendant encore très longtemps. Donc, je pense
que les risques d'une déconfiture immobilière, ces risques-là ne sont pas très
élevés. Ils ne sont pas à zéro non plus, mais ils ne sont pas très, très
élevés.
Je
pense qu'un risque interne qui est plus significatif et qui pourrait aussi
avoir un effet néfaste sur l'économie, c'est le risque que les bénéfices des entreprises québécoises ne progressent
pas comme prévu. Et ça, c'est en
partie… On revient à votre question d'avant au sujet de l'inflation. Une des
conséquences d'avoir un taux d'inflation très bas, c'est que, justement,
les marges opérationnelles des entreprises sont aussi comprimées, et donc ça pourrait nous donner des surprises de ce
côté-là. Alors là, ce sont les risques internes, ils ne sont pas insignifiants,
mais je pense que nous avons quand même les moyens de minimiser l'impact de ces
risques-là.
Là
où ça devient plus complexe, c'est vraiment les risques externes parce que, là,
il n'y a absolument rien qu'on peut
faire, c'est complètement hors de notre contrôle. Et là la situation, comme on
avait déjà aussi fait allusion avant, la situation n'est pas entièrement
optimiste ou disons qu'il y a plusieurs zones de faiblesse dans l'économie
mondiale. Tout d'abord, je pense que, pour
nous, ce qui importe le plus, ce sont les États-Unis, la situation chez nos
voisins. Ils ont eu, dernièrement, des accélérations et puis des arrêts,
c'était une performance économique un peu inégale, surtout reflétant leurs
problèmes politiques, le problème d'ordre budgétaire, le manque de collégialité, comme nous l'avons
ici, pour faire passer des budgets, par exemple. Donc, ça a causé certains problèmes :
politique fiscale qui n'est pas appropriée pour
les États-Unis. Ça semble être en train de se régler. On verra
bien. Mais le même phénomène d'inflation très basse existe là-bas aussi. Alors, ça aussi, ça peut causer des difficultés
au niveau opérationnel. Beaucoup d'entreprises américaines qui ont quand même
des réserves en liquidités très fortes sont toujours réticentes à déployer
ces réserves-là et à investir convenablement. Donc, il y a encore beaucoup
de prudence, trop de prudence du côté américain. Mais je pense qu'au fur et à
mesure que la demande américaine, la demande des ménages s'améliore, cette
prudence-là va commencer à relâcher, et donc je ne pense pas non plus que ça
soit particulièrement problématique.
Là
où je trouve qu'il y a des problèmes plus sérieux et des problèmes
qui sont plus difficiles pour nous à cerner, c'est en Europe. L'Europe, comme on a dit tantôt, a passé par une
période de double récession. 2000‑2009,
ça a beaucoup chuté. Il y a eu
une certaine reprise, mais ils ont rechuté par la suite, en 2011. Et ce qui se
passe depuis 2011 n'est pas très agréable.
On voit qu'essentiellement en Europe c'est une démonstration très claire…
Alors, je peux revenir à la question précédente de notre collègue de Portneuf.
C'est quand on a une union monétaire, donc une monnaie unique, mais sans
union fiscale et sans union politique, ça devient extrêmement complexe de gérer
une telle entité, surtout après une récession. Et c'est là que nos amis
européens ont de la difficulté.
L'économie
dans son ensemble semble maintenant être glissée dans une zone de quasi-stagnation.
La croissance du PIB est très lente. La Banque centrale européenne a été
forcée juste récemment, il y a une dizaine de jours, elle aussi, à adopter une politique
monétaire extrêmement agressive, avec même des taux d'intérêt, des taux
directeurs négatifs, ce qui n'est quand même
pas anodin de voir une banque centrale devoir faire de telles choses. Donc, la situation
est difficile. Et le problème,
c'est que, plus le temps passe, plus cette stagnation s'installe. Et la Banque
centrale adopte des politiques très peu
orthodoxes. Les risques de bulle financière augmentent. Les risques
d'instabilité financière augmentent elles aussi. Et donc c'est là qu'il y a le risque. Parce que, s'il y a
instabilité financière davantage en Europe, ça peut se transmettre très rapidement
à l'Amérique du Nord et ça nous affecterait directement aussi assez vite.
Malheureusement, il
n'y a pas grand-chose qu'on puisse faire. C'est d'ailleurs pour cette raison entre
autres qu'il y a quand
même une certaine urgence à ce qu'on
revienne, nous, à l'équilibre
budgétaire, pour que justement on puisse faire face à de telles situations
si jamais ça se matérialise, si jamais une autre situation difficile se
présente. Si, à ce moment-là, on est encore en déficit, si on doit encore faire
face à un déficit important, bon, ce déficit-là pourrait exploser davantage.
Donc, ces risques-là, ces risques macroéconomiques, qui sont quand même
importants, nous fournissent un incitatif
très fort — si
on en avait besoin d'autres encore — à
ce qu'on revienne à l'équilibre le plus
rapidement possible pour qu'on soit véritablement maîtres chez nous.
Le Président (M. Bernier) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Nous allons passer du côté de l'opposition
officielle, et c'est M. le député de Sanguinet.
• (16 h 50) •
M.
Therrien : Merci, M. le Président. Je dois d'abord — c'est
la première fois que je prends la parole — saluer les députés de la partie gouvernementale,
les fonctionnaires, M. le ministre, M. le Président, les amis collègues de l'opposition,
mes collègues qui sont absents momentanément.
On
a parlé beaucoup des promesses brisées. Je ne veux pas revenir là-dessus, on en a parlé abondamment. Mais moi,
je trouve que c'est problématique parce
que ça amène une perte de
crédibilité, là, quand vient le temps ensuite, là, de commenter sur
d'autres sujets. C'est que tu traînes comme un boulet, là. Ça, c'est problématique.
Mais vous avez mentionné qu'on avait une situation
de déficit structurel, et moi, je suis bien
d'accord avec ça. Je ne sais pas si vous avez changé d'idée, là,
entre-temps, mais là je pense que c'est clair aussi qu'on a un déficit
structurel.
La
première question que je poserais très rapidement, là, c'est que j'ai été
étonné par ses propos, cette semaine, parce
que M. le ministre mentionnait qu'on aurait éliminé le déficit si le ministre
des Finances de l'époque, à l'automne passé, n'avait pas été influencé
par la charte. Alors, comment on peut éliminer un déficit structurel parce que le gouvernement dans lequel il fait partie se
concentre sur la charte? Je veux savoir c'est quoi, le mécanisme,
là, qui expliquerait ça. Vous êtes un conjoncturiste, là, peut-être m'aider à
ce niveau-là. Je ne la comprends pas, celle-là.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão :
Très bien. Écoutez, ce n'est pas très compliqué. Ce que j'ai dit, à Montréal,
dans un discours à la Chambre de commerce et
que je peux très bien répéter ici, c'est que j'ai trouvé que les gouvernements
du Québec — au pluriel — depuis la grande récession de 2008-2009,
s'étaient engagés, en 2010, je pense, ou 2011, à revenir à l'équilibre budgétaire. C'était d'abord Mme Jérôme-Forget, M.
Bachand et M. Marceau lors de son budget de novembre 2012, on suivait la même démarche, la même approche. Et,
jusqu'à septembre 2013, cette approche semblait être intacte. Oui, on se dirigeait vers l'équilibre budgétaire
en 2013‑2014 et, donc, zéro déficit en mars 2014, parce que justement
les mesures avaient été prises ou semblaient avoir été prises par les
gouvernements précédents — encore
une fois, au pluriel — en termes de contrôle des dépenses. On
voyait que la croissance des dépenses de programmes avait été de
3,6 % en 2010‑2011, 3,2 % en 2011‑2012, 2,5 % en 2012‑2013, et
on s'était engagés à la ramener à 2 % en 2013‑2014 et donc d'arriver à
l'équilibre budgétaire. Les choses semblaient suivre le plan qui avait été mis
en place auparavant. Le mois de novembre arrive et, oups! ça n'a pas été le
cas.
Ce
que j'ai dit à ce moment-là, c'est qu'à mon avis, je me trompe peut-être, mais
mon évaluation de la situation, c'est
que le gouvernement précédent, quelque part à partir de l'été 2013… moi, j'ai
interprété ça comme ayant perdu le focus
sur la nécessité de maintenir la cadence à ce niveau-là, de maintenir le
«commitment» à atteindre ces objectifs-là. Peut-être que je me trompe, mais c'est ça, ce qui est interprété, et ce
manque de focus venait du fait qu'il y avait d'autres priorités. Le gouvernement s'est engagé… nous
savons tous que ça a pris beaucoup d'énergie, tout ce processus-là, et donc c'est fort probable que l'attention a
été détournée, a été mise ailleurs. Et je me rappelle que mon
prédécesseur, au mois de novembre, avait
aussi mentionné — et ce qui est
tout à fait correct, c'est son opinion — qu'un gouvernement aurait pu choisir de ne pas avoir le déficit de
2,5 milliards, que son gouvernement avait choisi, pour ne pas
déstabiliser l'économie, d'entreprendre ce déficit-là et de revenir à
l'équilibre plus tard.
M. Leitão :
C'était le choix.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M.
Therrien : …que vous avez une responsabilité, en tant que
ministre des Finances, à veiller sur les intérêts supérieurs du Québec. Vous nous représentez. Et
moi, honnêtement, je vous connais depuis un bout de temps, là, je veux dire, vous avez, vous aviez une
crédibilité, mais là j'ai l'impression que, depuis que vous êtes passé en
politique, vous avez comme oublié que c'est
encore plus important que jamais, vous représentez 8 millions de
Québécois, quand vous dites les choses comme ça devant des…
Une voix :
…
Le Président (M.
Bernier) : Oui. Un instant, M. le député.
M.
Therrien :
Qu'est-ce qui se passe, là?
Le Président (M.
Bernier) : Oui, M. le député.
M.
Carrière : Je ne sais pas si on implique des motifs ou quoi,
là, mais «vous aviez une crédibilité», là, je pense que c'est assez…
Le Président (M. Bernier) :
Mais, regardez, j'écoute attentivement. C'est moi qui préside. Donc, je vais
écouter. S'il y a des motifs qui sont soulevés, je n'hésiterai pas à
intervenir. Merci. Continuez, M. le député.
M.
Therrien : Quand vous avez comparé le Québec à la Grèce,
quand vous arrivez avec une analyse de déficit potentiel, quelque chose
qu'on n'avait jamais entendu en économie, vous amenez une incertitude qui fait
en sorte que les banquiers à travers la
planète, que les maisons de cotations peuvent nous punir parce que
vous les effrayez. Parce que, écoutez,
là, on peut s'entendre, là, que la Grèce, ce n'est pas le Québec, là. Je pense
qu'avec votre expérience je n'ai pas besoin
de vous convaincre longtemps de ça. Donc, je veux dire, est-ce que vous avez compris
que vous devez, au nom des intérêts
supérieurs du Québec, arrêter de mettre en alarme, en alerte l'ensemble de la
communauté financière mondiale? C'est ma question.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre. Et on essaie de s'adresser à la présidence, s'il vous
plaît.
M.
Therrien : Oui.
Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Bernier) :
Oui. M. le ministre.
M. Leitão : Merci, M. le Président.
Absolument pas. Je ne pense pas que je sois en train d'effrayer qui que ce soit. Les faits sont là. Écoutez,
2013-2014, on a eu un déficit, 2,5 milliards, tout
le monde peut le constater, qui a
été par la suite révisé à 3,1 milliards. Donc, les investisseurs institutionnels locaux ou étrangers n'ont pas
besoin que moi, je leur dise ça, ils le constatent. Donc, l'incertitude,
elle est là, ce n'est pas moi qui ai soulevé cette incertitude-là.
Pour ce qui
est des comparaisons avec d'autres juridictions, ce que j'avais dit et ce que
je redis encore, c'est que, si nous
ne faisions pas attention, si nous n'étions pas capables de maîtriser la
croissance de nos dépenses, nous pourrions nous trouver, d'ici quelques
années, d'ici cinq ans, dans une situation où certains pays européens se sont
retrouvés aussi. Donc, l'esprit de ces
propos-là, c'était pour dire que, oui, c'est absolument essentiel, crucial,
nécessaire qu'on arrive à maîtriser la croissance des dépenses.
Pour ce qui
est du déficit potentiel, ce n'est pas moi qui ai utilisé ce terme-là. Nous
avons tout simplement… ça a été
constaté par Godbout-Montmarquette et par la suite le Vérificateur général. C'est un déficit qui aurait eu lieu si rien
ne se faisait. C'était justement dans ce contexte-là qu'on avait élaboré ces
propos-là.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Therrien : Bien… O.K. Donc… Bon, écoutez, qu'on se retrouverait
dans la situation de la Grèce en dedans de cinq ans, vous êtes sérieux, quand vous me dites ça,
là.
M. Leitão : Absolument! Si, parce
que le…
M.
Therrien : Vous
êtes sérieux, là. Un pays en manque… un pays en manque…
Le Président (M. Bernier) :
C'est ça. Posez-moi… Posez les questions vers moi.
M.
Therrien : …qui doit plus de 120 % de son PIB presque totalement aux
étrangers, qui se retrouve avec un déficit de 8 %, il nous compare
à ça, en dedans de cinq ans?
Une voix : …
M.
Therrien : Bien là,
franchement! Écoutez, O.K., bon, ce n'était pas une question, c'était un
commentaire. Il y a des limites, là!
Moi, je veux
revenir avec votre augmentation de dépenses, là, par rapport à la santé. Le
député de Richelieu en avait parlé,
là, 3 % d'augmentation. Nous, quand on a vu le déficit structurel, on a implanté,
en un an et demi, des politiques structurelles. Parce que tu combats le
feu... Hein, tu arrives, tu dis : On a une situation structurelle, tu
n'utilises pas des remèdes conjoncturels.
Alors, on avait une panoplie de politiques structurelles, je ne reviendrai pas
sur tout ça, là, mais je vais parler plus de la santé.
Nous, on avait décidé de faire en sorte de
concurrencer les hôpitaux entre elles pour faire en sorte d'avoir des pratiques
qui soient moins onéreuses, plus de compétition, l'argent sur le patient, avoir
un déplacement davantage des services vers
la maison, vers le domicile. Ça coûte quatre fois moins cher de soigner
quelqu'un à domicile que dans les hôpitaux. On avait travaillé
là-dessus.
M. le premier
ministre, durant la campagne électorale, a dit que les frais de fonctionnement,
pour la santé, c'est 4 %. Il
disait ça. Je ne veux pas me chicaner, mais juste vous dire que c'est quand
même cher. Ça veut dire que, si on veut tout simplement passer, là… étant donné que les besoins augmentent parce
qu'il y a un vieillissement de la population, si on veut conserver les services comme ils sont là, ça prend 4 %
d'augmentation. Est-ce que c'est 3,5 %, 4,5 %? On peut
discuter longuement, puis ce n'est pas le but.
Là, vous
arrivez avec 3 % de hausse, ce qui est un effort de coupures. C'est
correct, vous faites un effort. Mais là c'est 933 millions, et là,
là-dessus, il y aurait peut-être 700 millions qui iraient aux médecins. Ça
veut dire que, si le ministre de la Santé ne
s'entend pas avec les médecins, on va avoir une augmentation de
233 millions avec le... Parce que c'est
l'esprit du cran d'arrêt, là. Il y aurait une augmentation de 233 millions
de dollars dans la santé, ce qui équivaut à peu près à 1 %
d'augmentation dans la santé.
Puis là je vais vous lire quelque
chose, parce qu'à la fois dans les crédits
d'impôt, quand vous avez répondu hier ou avant-hier, là, au salon bleu,
quand on parlait de catastrophe dans le milieu de la culture, vous avez semblé être surpris. Puis moi, je trouve que, des
fois, en arrière des chiffres, il y a des humains, puis il faut réfléchir
aux conséquences. Moi, je vais vous lire de
quoi, là : État de la situation au CSSS de Jonquière. Ça a paru
hier. Je vais vous en lire un petit bout, là : «Au cours des
dernières années, les conditions de travail des[…], infirmiers et infirmières auxiliaires et — en tout cas, bon — inhalothérapeutes [au] Centre de santé et de
services sociaux de Jonquière [au] Centre jeunesse du Saguenay—Lac-Saint-Jean n'ont cessé de se détériorer, à un tel point que
plusieurs travailleuses et travailleurs sont exténués. Il est évident
que, dans un tel état, nos membres seront de moins en moins en mesure de
maintenir le réseau de santé à bout de bras comme ils le font depuis
longtemps.»
Moi,
ma question est simple, là : Comment vous... Parce qu'aussi en campagne
électorale vous avez dit : On va maintenir
les services en santé. Puis même vous étiez audacieux — puis
c'est correct, tu sais, on est tous pour la vertu — vous
disiez : On va les améliorer, les services. Moi, je vous dis : C'est
quoi, votre secret?
• (17 heures) •
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Écoutez, quel est
notre secret? C'est une gestion rigoureuse de l'augmentation des frais
d'opération du système. Le budget de la santé est établi dans notre budget. La
façon dont ça va être alloué à l'intérieur de ce budget-là... Le ministre de la Santé négocie avec les médecins, ces négociations ne sont pas terminées. Mais, encore
une fois, nous avons plein espoir que cela aboutisse à un arrangement, à
un accord. Mais le budget ne changera pas, le chiffre total a été établi dans
le budget, et c'est ça.
Maintenant,
c'est très exigeant, 3 %
d'augmentation, en effet c'est très
exigeant. On aurait souhaité, oui, que ce soit une augmentation plus
rapide que ça, mais, dans cette période de retour à l'équilibre budgétaire,
cette année, l'année prochaine, oui, ça va
être un effort très important. J'ai bien confiance dans la capacité du ministre de la Santé de gérer ces exigences de façon
efficace. Je pense que c'est quelqu'un qui connaît très bien le système
et qui est capable de livrer, qui est capable
d'arriver à bon port à cet égard-là. Mais ce n'est pas vrai non plus qu'on va
maintenir la croissance des dépenses de
santé à ces niveaux très contraignants pour toujours, c'est une période
temporaire de retour à l'équilibre
budgétaire.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Therrien :
Combien il reste de minutes?
Le Président (M.
Bernier) : Là, il vous reste environ 10 minutes.
M.
Therrien :
Merci. Je vous ramène à la page A.55. J'essaie de trouver des... Là, ce que je
fais avec vous, M. le ministre, là, j'essaie de trouver des... d'essayer de
comprendre comment vous allez y arriver. Puis je pense que j'ai trouvé
une solution, là. Je veux vous entendre là-dessus, là. À la page A.55 — vous
l'avez, oui? — bon,
vous parlez «des gains de productivité
représentant 2 % de la masse salariale». C'est peut-être ça, là. Je veux savoir c'est quoi. En
gros, là, qu'est-ce que vous entendez par une augmentation de la productivité
de la masse salariale? Très rapidement, là.
Le Président (M.
Bernier) : …bien. M. le ministre.
M.
Leitão : Ça,
c'étaient des mesures qui ont été prises dès l'arrivée, dès que le gouvernement a été formé. Donc, 2 % de gains de productivité de la masse
salariale des différents ministères, donc, c'est qu'il fallait trouver, par une
politique de non-remplacement de personnes
qui quittaient pour quelque raison que
ce soit et aussi de gel, on n'engage... de nouvelles personnes non plus.
Ça allait dégager 2 % d'économie en termes de masse salariale.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Therrien : Merci, M. le Président. Je vais essayer de
m'adresser plus à vous. Ça, ça veut dire, autrement dit, qu'il y aurait, en tout cas, un gel des
travailleurs, mais que chaque travailleur serait plus productif de
2 %? Est-ce que j'ai bien compris? Ça serait ça ou...
M. Leitão :
Justement, on...
M.
Therrien : Excusez-moi. Parce que vous ne voulez pas couper
les services. Ça vous honore, ça, là, là. Donc, ça veut dire qu'il y
aurait une augmentation de productivité de 2 %.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Merci, M. le Président. C'est pour ça que nous faisons
référence à la masse salariale. Ce n'est pas, donc, le nombre de personnes… La masse salariale, c'est le nombre de
personnes fois les salaires. Donc, on ne touche pas aux salaires, et on essaie de dégager cette marge de
manoeuvre là en s'assurant que les personnes qui, cette année, partent à
la retraite, celles-là ne soient pas remplacées immédiatement.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Therrien :
Donc, il y aurait une coupure de services.
M. Leitão :
Il n'y a pas nécessairement une coupure de services, il y a une amélioration de
la productivité.
M.
Therrien : D'accord. Sauf que la productivité dans les
services... Vous êtes un économiste, la «maladie de Baumol», ça vous dit
de quoi?
M. Leitão :
Écoutez, c'est...
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
En effet, la productivité dans les services, c'est un concept qui n'est pas
facile à mesurer. Mais il y a aussi beaucoup de distinctions à faire entre le nombre de
personnes qui livrent des services directement à la population et des personnes qui
fournissent du support administratif.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Therrien : …la maladie de Baumol, elle mentionne que c'est
presque impossible d'augmenter la productivité dans le… des services, entre autres en santé puis en éducation. Ils
disent que c'est deux fois moins facile que dans le secteur où est-ce
que tu as accès à des productions de biens comme telles. Ça veut dire que votre
effort, il faut qu'il soit deux fois
supérieur, selon la maladie de Baumol. Vous, vous allez être capable de faire
ça à l'intérieur d'une période d'un an.
M. Leitão :
Cette théorie-là…
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Cette théorie-là n'est pas acceptée unanimement. Mais, non,
je ne suis pas prêt à abdiquer de notre capacité de générer des gains de
productivité dans tous les services et particulièrement en santé.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Therrien : Vous avez parlé, tantôt, de la taxe sur la masse
salariale. Tantôt, vous expliquiez que la taxe était trop élevée au Québec, puis ça nuisait à
l'employabilité parce que les entreprises payaient plus cher, ainsi de suite.
Là, dites-moi si mon raisonnement est bon.
Au
Québec, les salaires sont moins élevés que, exemple, en Ontario, sont 30 %
moins élevés qu'en Ontario. Les taxes
sur la masse salariale sont plus élevées au Québec qu'en Ontario mais moins que
les salaires. Ça veut dire que la taxe sur la masse salariale est plus
faible que le 30 % de baisse des salaires. Ça veut dire que les salaires
compensent largement la taxe sur la masse salariale en Ontario. C'est ça que ça
veut dire.
Ça, ça veut dire que…
Une voix :
…
M.
Therrien : Bien oui! Je veux dire, ça coûte 30 % moins
cher engager quelqu'un au Québec en partie parce que la taxe sur la masse salariale est plus élevée au Québec. Ça, c'est
un concept d'élasticité sur le marché du travail. Ça veut dire que ton offre de travail est moins élastique.
Ça va faire en sorte que, quand tu négocies avec tes travailleurs, étant
donné que ton offre de travail est moins
élastique que ta demande, ça veut dire que les taxes sur les masses salariales,
ça ne va pas nuire à l'entreprise. Ça va faire en sorte d'ajuster le salaire…
Ça ajuste le salaire…
Là,
je vous pose la question, là. Ça ajuste le salaire du côté du… Ça veut dire
que, si les salariés veulent garder leur salaire, leur travail, il faut
qu'ils baissent leur salaire pour rester compétitifs par rapport à l'Ontario.
Est-ce que vous êtes d'accord avec ça?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Non, pas tout à fait. Parce que les taxes sur les masses
salariales sont des taxes qui ne sont pas très efficaces, dans le sens
où elles découragent… Les entreprises ne trouvent pas là des incitatifs à
engager du monde parce que, chaque fois que
vous engagez quelqu'un, la charge fiscale sur cet acte d'engager quelqu'un est
très élevée. Donc, c'est de loin préférable de changer le «tax mix» et
de baisser ses charges fixes.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Therrien :
Combien qu'il me reste de minutes?
Le
Président (M. Bernier) : Il vous reste environ
cinq minutes.
M.
Therrien : Cinq minutes. O.K. Par rapport à votre
relance économique, là, Mme la députée de Richelieu, hier, parlait que
la diminution… vous parlez beaucoup des diminutions d'impôt, là, par rapport
aux PME, puis ça revenait à peu près à 4 000 $, 4 500 $ par
PME, là. Vous pensez que ça va avoir vraiment un effet positif sur l'économie,
j'imagine, parce que vous en parlez beaucoup. Est-ce que vous avez fait une
analyse en fonction de ça, dire, mettons : Ça va créer tant d'emplois de
plus? Est-ce que vous avez fait une analyse d'impact à ce niveau-là?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Oui. Oui, cher collègue. Ce que nous avons fait, c'est que
l'ensemble des mesures que nous mettons en place dans le budget pour les
PME, la réduction d'impôt et les autres mesures qui, sur trois ans, vont quand
même demander à peu près 900 millions
d'investissements ou de dépenses gouvernementales devraient générer
7,1 milliards de dollars de retombées économiques. Donc, l'effet macroéconomique
de ces mesures de relance est non négligeable. 7,2 milliards, c'est quand
même significatif en termes d'investissements privés.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M.
Therrien : Est-ce que le cran d'arrêt va fonctionner au
niveau des PME? Ça veut dire que, si vous baissez les impôts, vous allez
baisser les crédits d'impôt en conséquence de façon équivalente?
• (17 h 10) •
M. Leitão :
Dorénavant, le cran d'arrêt s'applique, oui. Maintenant, pour ce qui est des
changements dans le «tax mix»… des
changements de taxes, d'impôt, ça va être évalué par la commission de réforme
fiscale. Et, à cet égard-là, ce n'est
pas nécessairement le cas qu'il y aurait un cran d'arrêt automatique un
pour un.
M.
Therrien :
…
Le
Président (M. Bernier) : Merci. M. le député, c'est juste…
parce qu'il faut que ça soit enregistré. Allez-y, M. le député.
M.
Therrien :
…il me reste de temps?
Le Président (M.
Bernier) : Il vous reste environ trois minutes.
M.
Therrien :
O.K. Ça veut dire que… Bien, M. le ministre, dites-moi si je me trompe, mais on
a comme l'impression que vous donnez d'une
main pour reprendre de l'autre. Est-ce que je me trompe ou… Ce n'est pas ça, le
but recherché, j'imagine.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : Un des buts recherchés par la revue systématique de la
fiscalité, c'est justement de rendre le système fiscal plus efficace,
d'abord, plus simple, plus efficace, de meilleurs incitatifs au travail et à
l'investissement. Alors, si, en faisant ça,
c'est prendre d'une main et le mettre de l'autre côté, un changement de «tax
mix» est tout à fait bienvenu.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Therrien : Bon, écoutez, je vais tout simplement revenir,
là, sur votre laïus sur la souveraineté. Vous parliez de légendes urbaines. 33 milliards de dollars
pour construire des bateaux, de la part du fédéral, il y a trois chantiers, il
y en a deux qui vont obtenir des contrats : 25 milliards pour
Halifax, 8 milliards pour la Colombie-Britannique, puis zéro pour Lévis. Tellement qu'actuellement il y a un
bateau qui n'est pas capable de se faire en Colombie-Britannique. Nous, on est capables de le faire, mais ils vont le
laisser en Colombie-Britannique parce que… je n'ai aucune idée pourquoi,
et c'est ce qui a été décidé.
En
2009, on a mis 10,9 milliards d'aide à l'industrie de l'automobile à cause
de la crise et on a donné 400 millions pour la forêt québécoise.
Est-ce que c'est une légende urbaine, ça? Est-ce que c'est une légende urbaine
qu'on donne 1,4 milliard de subventions
du fédéral par année pour la production pétrolière de l'Alberta? Est-ce que
c'est une légende urbaine? Est-ce que
c'est une légende urbaine que le gouvernement fédéral donne 1 milliard à
Terre-Neuve pour qu'on fasse des
liens hydroélectriques pour que justement la centrale de Muskrat Falls puisse
concurrencer notre patrimoine, Hydro-Québec?
Est-ce que c'est une légende urbaine? Est-ce que c'est une légende urbaine de
dire qu'il y a entre 3 et 5 milliards de dédoublements qui se font
à chaque année, qui se perdent, tout simplement en dédoublant les services?
Est-ce
que c'est une légende urbaine de dire que le malaise hollandais nous a privés
de 75 000 emplois, des emplois manufacturiers qui sont disparus,
qui ne reviendront jamais? Est-ce que c'est une légende urbaine, ça? Est-ce que
c'est une légende urbaine de dire que
50 % des investissements du gouvernement fédéral sont envoyés en Ontario
et que, malgré le fait qu'on favorise l'Ontario,
ils reçoivent de la péréquation? Parce qu'au Canada la politique économique canadienne, c'est «Drill, Baby, Drill». Est-ce que
c'est une légende urbaine, ça? Est-ce que c'est une légende urbaine de
dire que la péréquation… que la péréquation, là, ce n'est pas compliqué,
c'est : ceux qui ont du pétrole vont donner de la péréquation puis ceux qui ne produisent pas de pétrole vont recevoir de
la péréquation? Parce que c'est comme ça qu'on envisage le Canada, parce que le Canada a taxé ses matières premières
puis il laisse tomber ses entreprises. Est-ce que c'est une légende
urbaine, ça? Le malaise hollandais, c'est-u une légende urbaine, ça?
La
politique monétaire, là, actuellement, qui est située… Vous la connaissez, la
politique monétaire : on cible 2 %. Puis, quand c'est en haut de 2 %, on monte les taux d'intérêt;
quand c'est en bas, on baisse les taux d'intérêt. Est-ce que c'est une
légende urbaine de dire qu'au Québec l'inflation est toujours 0,5 %
inférieure au reste du Canada puis que la
politique monétaire canadienne nous met dans une situation où les taux
d'intérêt sont augmentés artificiellement pour le Québec parce que c'est dans le sud de l'Ontario
qu'il y a des pressions inflationnistes, puis que ça, ça nous fait
perdre des emplois parce que les taux
d'intérêt sont trop élevés? Puis, en plus, vous allez le savoir, là, puis, en
plus, vous, là, votre gouvernement,
vous allez voir que, dans la colonne des revenus, là, le fait que l'inflation
soit à peu près à 1 % au Québec, là, ça va vous nuire, puis
probablement que vous allez péter votre niveau de déficit parce que votre
revenu va être plus faible à cause d'une inflation qui…
Le Président (M.
Bernier) : Merci, monsieur…
M.
Therrien :
…
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député. Merci de votre intervention.
Des voix :
…
Le
Président (M. Bernier) : M. le député… M. le député, vous avez
eu le droit de parole. En ce qui concerne la décision à qui on donne la
parole ici, c'est le président. Donc, je vous prierais de respecter ça.
Des voix :
…
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre, vous avez… On revient
du côté gouvernemental. Si vous décidez de prendre du temps du côté
gouvernemental pour répondre, vous pouvez le faire.
M. Leitão :
Merci, M. le Président. C'est dommage que le collègue ait quitté parce que ma
réponse était très simple : Oui, ce sont toutes des légendes urbaines.
Le Président (M.
Bernier) : C'est bien…
Des voix :
…
Le Président (M.
Bernier) : Oui. Oui, monsieur… mentionner la présence ou
l'absence…
M. Marceau :
…mentionner l'absence, la présence, il faut que ce soit… Si vous voulez, je
vais le faire systématiquement pour chacun des collègues…
Une voix :
…
M. Marceau :
On ne le fera pas. Mais je sais que vous ne voulez pas qu'on fasse ça. Parfait.
Merci.
Des voix :
…
Le Président (M.
Bernier) : Donc, ce qu'on doit faire, M. le ministre, quand un
député est présent ou non présent, on n'a
pas à mentionner cette chose-là, que ça soit ici ou que ça soit en Chambre.
C'est la procédure au niveau parlementaire. Merci.
Une voix :
…
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel :
…mentionne le savoir-vivre de quitter de façon décente l'enceinte du Parlement.
Le
Président (M. Bernier) : Vous n'avez pas… Écoutez, là, ça, ce
n'est pas une question de règlement et ce n'est pas une question à
citer. Je viens de le mentionner. J'ai rendu une décision sur ça. Donc,
maintenant, la… Oui, M. le député de Chapleau.
M. Carrière :
…mon collègue de Sainte-Rose, c'était plutôt savoir est-ce qu'il y a un décorum
puis un savoir-vivre pour quand on interpelle un ministre puis de changer…
Le Président (M. Bernier) :
Écoutez, en ce qui regarde… M. le député de Chapleau…
M. Carrière : …
Le
Président (M. Bernier) : M. le député de Chapleau. Chacun des
députés, ici, qui participent à cette commission, O.K., peuvent faire
les présentations qui les concernent en regard du budget ou des finances. O.K.?
Je n'ai pas à juger des propos par rapport à
la pensée du député. Si c'est sa pensée, je ne peux pas aller plus loin que ça.
Donc, en ce qui me concerne, il a fait sa
présentation. Maintenant, on retourne du côté gouvernemental, et vous avez à
prendre la parole sur le suivi de cette commission.
Une voix : …
Le Président (M. Bernier) :
Oui. M. le député de…
M.
Bolduc
(Mégantic) :
Mégantic.
Le Président (M. Bernier) :
Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) :
Merci, M. le Président. M. le ministre, nous avons annoncé dans le budget une
enveloppe de 150 millions sur trois ans afin de soutenir l'innovation et
la performance au sein des PME. Est-ce que vous
pourriez nous donner une perception de l'élasticité ou de l'effet de levier que
ce 150 millions de dollars là sur trois ans va avoir, en fait, sur
l'impact économique et la création d'emplois?
On retrouve
ça à la page 10 du livre du budget. Mais, pour moi, le point est plus sur le
niveau économique de l'impact de cette innovation-là et de la performance. Et
qu'est-ce que ça veut dire à long terme en relation avec le développement de
notre économie québécoise en regard de celle du Canada et des États-Unis?
Le Président (M. Bernier) :
Oui.
M. Leitão :
Merci. Merci, cher collègue. Je cherchais mon… J'ai justement ça ici. O.K.
Donc, oui, c'est une mesure qui est
importante dans la promotion de… surtout de l'investissement par les PME. Nous
pensons que, dans leur ensemble, les mesures destinées aux PME, donc la
réduction d'impôt, cette mesure-là, innovation, démarrage, tout ça, ce sont
quand même des mesures qui vont coûter à l'État à peu près 540 millions
sur trois ans, mais qui vont générer 5,2 milliards
de dollars en investissements additionnels. Donc, nous pensons qu'il s'agit
quand même d'un effet de levier qui est très intéressant et qui est très
utile, et que, donc, c'est quelque chose qui vaut la peine qu'on le poursuive,
et ça fait partie de notre politique de relance économique.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Bolduc
(Mégantic) : On retrouve aussi, à la page 17, en fait dans
les ressources naturelles, quand on parle du développement de nos
ressources naturelles, en particulier les mines, là aussi on trouve un effet de
levier, il est très intéressant parce que,
surtout si l'on réussit à faire de la transformation jusqu'à un certain degré à
partir de ces ressources naturelles
là, notamment le pétrole, le gaz naturel qui pourraient, éventuellement, dans
un développement, se produire au Québec… On a aussi, naturellement, je
dirais, des ressources telles que les terres rares qui, elles aussi, ont non seulement un effet stratégique, mais ont, comment
je dirais ça, une portée très profonde sur le potentiel économique du
Québec dans le contexte nord-américain.
Est-ce que vous avez une… comment je dirais
bien, une idée de l'impact de la relance du Plan Nord, de la relance de nos… du développement de nos ressources
naturelles, en particulier avec le Plan Nord, comment ça va développer
au niveau de l'économie primaire? Et, ensuite, est-ce qu'on a des objectifs au
niveau du développement secondaire et de la transformation?
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
• (17 h 20) •
M. Leitão : O.K. Merci. Alors, en
effet, la relance du Plan Nord ainsi que le développement des ressources naturelles pas seulement dans le Nord, c'est quand
même une partie très importante de notre stratégie économique. L'effet de cela sur l'économie québécoise
est à moyen et à long terme. Nous savons tous que ça prend quand même un temps
important avant qu'un projet minier arrive à l'étape de la production et de
l'exportation. Donc, ce sont des plans de
longue haleine, et c'est pour ça qu'il est de plus en plus nécessaire et urgent
qu'on le fasse d'ores et déjà, donc, qu'on
recommence à marketer, si vous voulez, pour utiliser un bon terme latin, la
valeur de nos ressources naturelles pour qu'on puisse attirer
l'investissement, tant étranger que local, que canadien, québécois, pour
investir dans nos mines.
Parce
que les ressources naturelles, à notre avis, c'est une richesse incroyable que
nous avons. Nos voisins se sont développé
des niveaux de vie quand même très, très respectables dans l'Ouest du pays, et
pas seulement en Alberta mais ailleurs aussi, en Saskatchewan,
en Colombie-Britannique, en misant beaucoup sur leurs ressources naturelles. Au
Québec, nous aussi, nous avons des ressources naturelles, donc je ne vois pas
pourquoi nous ne serions pas capables d'utiliser
cet effet levier pour pouvoir atteindre aussi des niveaux de développement
beaucoup plus intéressants que ça a été le cas jusqu'à maintenant.
D'une
façon très concrète, nous allons, par exemple, mettre en place le programme
Capital Mines Hydrocarbures avec une
capitation de 1 milliard de dollars pour que l'État du Québec puisse
prendre des participations directes dans ces projets de mines ou d'hydrocarbures pour que l'économie québécoise
puisse bénéficier de ce développement des ressources naturelles non
seulement indirectement par la mise en place de mines, etc., mais aussi d'une
façon directe en tant qu'actionnaire de
certains projets miniers. Donc, c'est très important. Nous prenons ça très au
sérieux, le développement minier, l'exploitation de nos ressources
naturelles.
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le Président. Le
développement de nos ressources naturelles, dû au fait principal qu'elles sont situées principalement dans la
région du Nord-du-Québec, fait… ou ferait potentiellement que le coût
des infrastructures pour supporter le
développement de ces ressources pourrait nous coûter plus cher qu'elles nous
rapportent. Et cette mentalité-là s'est répandue, dans les dernières années, à
plusieurs reprises, et jusqu'au point où un peu la population devient un peu sceptique quant à l'impact économique réel que
le développement de nos ressources naturelles a sur l'apport économique du Québec, jusqu'à un point où il y a certaines
gens qui nous disent : Bien, écoutez, si on n'a pas les bons prix
pour ça, laissons-les là puis on y retournera dans 10 ou dans 20 ans, puis ça
vaudra rien que plus cher.
Je voudrais juste que
vous essayiez, comment je dirais ça, de remettre un peu d'ordre dans ces
principes d'idéologie là, parce qu'ici on
met, avec le Plan Nord, justement, de l'argent, mais on va aussi mettre des
sous dans les infrastructures, telles
que la 138 et la 392. Donc, il y a une partie infrastructures. Quelle est votre
perception sur l'apport ou la perte qui est occasionnée par ces
investissements-là?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : O.K. Pour ce qui est, donc, des infrastructures, un des
attraits du Plan Nord à l'origine, quand ça avait commencé à être étudié
et l'idée avait commencé à faire surface qu'on devrait peut-être miser sur un
développement plus intense des ressources
naturelles dans le Nord québécois, c'était parce qu'une bonne partie de
l'infrastructure est déjà là, une bonne
partie de… la route vers la Baie-James ou la disponibilité d'électricité. Donc,
ce n'est pas un territoire vierge complètement.
Contrairement à d'autres juridictions ailleurs dans le monde où il fallait
vraiment partir l'infrastructure de zéro,
dans le cas du Nord québécois, une bonne partie de l'infrastructure est déjà
là. Donc, c'est un atout très important et qu'il faut prendre avantage
de cela.
Deuxièmement, oui, il
y a une partie de développement additionnel d'infrastructures, surtout de
transport, qui demande un certain investissement de la part de l'État, mais je
pense qu'on a beaucoup exagéré les coûts de tels projets, ainsi qu'on semble souvent balayer du revers de la
main le fait que le secteur privé, lui aussi, participe au développement
de ces infrastructures de transport, soit routes ou liens ferroviaires, etc.,
ports, etc. Donc, le Nord-du-Québec n'est pas entièrement
un territoire vierge, l'infrastructure était déjà là en partie. La richesse du
sous-sol aussi, elle est là, elle était très importante. Donc, je pense
que les conditions étaient toutes réunies pour qu'on puisse utiliser cet énorme
atout dans le développement du Québec à long terme.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M. Habel :
Ça va?
Le Président (M.
Bernier) : M. le député de Sainte-Rose, allez-y.
M.
Habel : Oui. Merci, M. le Président. Pour revenir un peu, pour le
bénéfice des gens qui nous ont écoutés, que le député de Sanguinet parlait de légende urbaine, j'aimerais juste dire,
premièrement, qu'il y a une chose qui est sûre, M. le Président, c'est
que le rapport du Vérificateur général a montré une vision qui était très
négative des finances publiques des derniers 18 mois, et ça, ce n'est pas une
légende urbaine.
Donc,
j'aimerais parler un peu plus d'un sujet qui m'interpelle, étant le plus jeune
député de la 41e législature, M. le
Président. Je l'avais mentionné dans mon discours inaugural, qu'étant le plus
jeune député de l'Assemblée nationale c'était un honneur pour moi, mais
aussi une grande responsabilité, de poser des questions sur des sujets qui
touchent ma génération.
Donc,
dans cette perspective-là, j'aimerais poser une question vis-à-vis de l'équité
intergénérationnelle, qui est un des sujets qui touchent beaucoup ma
génération. J'aimerais savoir du ministre des Finances… qu'il nous explique un
peu sa vision de l'équité intergénérationnelle puis de l'importance que cette
équité va avoir dans le budget ou les budgets futurs.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Cher collègue, oui, en effet,
l'équité intergénérationnelle est très importante. Nous — quand
je dis «nous», c'est les vieux loups comme moi, les baby-boomers — nous
avons bien bénéficié de l'expansion énorme de l'activité
de l'État au Québec, surtout depuis les années 70, et une des conséquences de
cette augmentation du panier de services et
du développement de l'État, ce qui était très bien, mais force est de constater
aussi que ça a donné lieu à une accumulation de dettes très importantes.
Alors, en
termes d'équité intergénérationnelle, je pense que nous avons maintenant le
devoir… — quand je
dis «nous», c'est, encore une fois, notre
génération — nous
avons le devoir maintenant de remettre la maison en ordre pour que, quand votre génération va arriver à notre point, à
notre situation, vous ne deviez pas faire face à un fardeau fiscal qui
serait insupportable si la dette continuait
d'augmenter à ce rythme-là. Donc, le fait qu'on soit déterminés à revenir à
l'équilibre budgétaire le plus rapidement
possible, je pense que c'est une des démonstrations du sérieux de la démarche
et que nous voulons vraiment mettre fin à ce déficit intergénérationnel
pour ne pas vous léguer une facture qui soit trop lourde.
D'une façon
plus concrète, ce que nous avons fait — nous, encore une fois notre génération — indépendamment
des partis politiques, ce que nous avons
fait, et je pense que souvent on a tendance à minimiser l'impact de ça, c'est
la création du Fonds des générations. Je
pense que le Fonds des générations, que d'ailleurs mon prédécesseur a très
bien fait de le maintenir, ce fonds-là, qui maintenant a des sources de revenus
qui lui sont propres, ce fonds-là est vraiment notre tentative d'essayer de remettre un peu d'équité dans le système parce
que ce fonds-là, déjà en 2018‑2019, va atteindre la jolie somme de
16,7 milliards, et il va continuer d'augmenter et chaque fois à un rythme
plus rapide parce que non seulement les contributions de ces sources dédiées de
revenus augmentent d'année en année, mais aussi le revenu d'investissement dans le fonds augmente lui aussi. Donc, c'est un outil qui est très, très, très utile et très efficace et, en fin de compte, c'est, si vous
voulez, une espèce d'un premier «down
payment» de notre génération vers la vôtre pour que ce soit un
peu plus facile pour vous, un peu moins onéreux pour votre génération d'assumer
la facture que nous vous laissons.
• (18 heures) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Courte intervention, oui?
M. Habel : Oui, bien j'aimerais
savoir, dans le fond, comment les agences de cotation perçoivent ce Fonds des
générations.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M. Leitão : M. le Président, oui,
les agences de notation le perçoivent d'une façon particulièrement positive. Comme j'ai déjà dit plusieurs fois, ça n'existe
pas ailleurs au Canada, ça n'existe pas aux États-Unis non plus,
certains pays européens ont des choses similaires. Et ce qu'il y a de
particulièrement important dans ce Fonds des générations et qui attire vraiment l'intérêt des agences de
notation, c'est que ce fonds-là… ou l'augmentation de ce fonds-là ne se
fait pas au détriment de l'équilibre budgétaire, c'est-à-dire on maintient le
cap, donc l'atteinte de l'équilibre budgétaire se fait après contribution au Fonds des générations. Donc, ça nous
impose une discipline fiscale qui est vraiment très stricte, et ça,
c'est quelque chose que l'extérieur a bien remarqué et c'est un point important
à notre honneur.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Dernière question. Non, c'est
beau? On va passer immédiatement du côté de la deuxième opposition.
Alors, M. le député de Lévis.
M. Dubé : Oui, très bien.
Le Président (M. Bernier) :
La parole est à vous.
M. Dubé : Alors, merci beaucoup, M.
le Président. Je profiterais du dernier bloc en ce qui nous concerne pour peut-être passer… de la même façon qu'on a
fait hier principalement sur les revenus, aller un petit peu du côté des
dépenses. Je sais que c'est sûrement un côté
qui vous intéresse aussi. Puis j'apprécie beaucoup les commentaires que
vous avez faits, de répondre, M. le ministre, à ces questions-là hier, d'avoir
des objectifs en termes, par exemple, de PIB par
habitant, de PIB sur la dette, etc. Et je vous amènerais, du côté des dépenses,
à la page… en fait, c'est la page 12
de votre discours, si vous me permettez… c'est ça, de votre discours. Puis vous
allez, dans les prochaines secondes, vous souvenir… Parce que je pense
qu'il y a un élément important que vous avez fait ressortir dans votre
discours, c'était le poids des dépenses publiques…
Écoutez, c'est Le défi des finances publiques — je ne
veux pas vous induire en erreur, je m'excuse, là, c'est ce document-ci — qui est à la page 12, puis vous avez… En tout cas, vos collègues
du ministère des Finances ont bien fait
ressortir, dans ce tableau-là, le poids des dépenses publiques dans l'économie
québécoise. Puis je pense que, pour illustrer,
là, je pourrais résumer — parce que c'est peut-être difficile pour les gens de voir ça à
leur écran — mais
c'est la différence entre le poids des dépenses publiques ici, au Québec, en
fonction du PIB et la même chose pour l'Ontario.
Et,
en fait, si on regarde en 2004-2005, ce n'est pas très loin, on parle d'une
dizaine d'années, cet écart-là, on avait 24 % au Québec versus 19 % en Ontario, donc un écart de
5 %, qui est passé maintenant, avec des données aujourd'hui les plus récentes, là, de 28 % à 22 %,
pour un écart de 6,5 %. Puis je veux que les gens comprennent bien
qu'encore une fois chaque 1 % d'écart sur un budget de
90 milliards, bien c'est 900 millions. Donc, ça veut dire que, si on
a un écart aujourd'hui de 6,5 % avec l'Ontario, c'est qu'on dépense
plusieurs milliards de dollars par nos dépenses publiques dans notre économie.
Où je veux en
venir avec ça? C'est qu'hier je vous ai posé des questions sur vos objectifs de
revenus. Vous avez, je pense… On a eu
une discussion sur vos objectifs de réduction de croissance des dépenses.
J'aimerais vous entendre, si c'est possible, de voir ce serait quoi,
votre objectif, encore une fois sur un quatre ans, sur un premier mandat de
votre gouvernement, de
poids des dépenses publiques en termes de l'économie. Est-ce que vous voulez le
réduire? Est-ce que vous croyez que
vous pouvez amenuiser cet écart-là avec l'Ontario, par exemple? Parce qu'on est
passés de 5 % à 6,5 %, comme je viens d'expliquer, je voudrais
vous entendre là-dessus si c'est possible.
• (17 h 30) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M. Dubé : En pensant que je vais
avoir d'autres questions aussi, alors, si c'est possible…
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M. Leitão : Très bien. Oui, merci,
c'est un très bon point. Oui, la réponse est oui, nous voulons diminuer ce pourcentage-là. Encore une fois, pour ce qui est de fermer l'écart avec l'Ontario,
c'est un peu plus délicat parce que
je ne sais pas qu'est-ce que l'Ontario va
faire. Ils ont une élection aujourd'hui, par exemple, et les positions des
différents partis là-bas sont assez à
l'opposé l'une de l'autre, donc, demain, peut-être que le portrait va changer
dans la province voisine, on verra
bien. Mais nous, ce que nous voulons faire, c'est oui, de diminuer ça.
D'ailleurs, dans notre cadre fiscal, nous avons que l'augmentation des dépenses de programmes, au cours des prochaines
années, non seulement les deux prochaines années de retour à l'équilibre, mais même, même après ça, nous voulons
nous assurer que ces dépenses-là augmentent à un rythme qui est moins
élevé que le rythme de croissance des revenus. Et le rythme de croissance des
revenus va être sensiblement le même que le rythme de croissance du PIB, plus
ou moins. Donc, en insistant sur le fait que nous voulons garder les dépenses de programmes à un rythme inférieur, ce
ratio-là va diminuer. Ce que je pense que ce serait souhaitable, ça
serait de revenir au niveau des dépenses, relativement au PIB, qu'on avait
avant la récession, donc avant 2008‑2009, parce que les dépenses ont, en effet,
augmenté avec la récession. Ça fait déjà maintenant…
M.
Dubé : …exemple, si je prends votre commentaire, je l'apprécie, là,
puis, encore une fois, c'est pour donner un objectif, avant 2007‑2008,
on était à 26 %, comparé 28 %. Est-ce que c'est trop agressif, ça, ou
c'est…
M. Leitão : Ça serait dans cet ordre
d'idées là.
M. Dubé : C'est très bien. Parce
qu'encore une fois, vous l'avez dit, je pense qu'on pourrait…
Le Président (M. Bernier) :
Je veux juste…
M. Dubé : Oh! Excusez-moi.
Le Président (M. Bernier) :
Si vous vous parlez l'un à l'autre, on n'est pas capables de…
M. Dubé : Vous avez raison, je me
suis laissé emporter.
Le Président (M. Bernier) :
…on n'est pas capables de vous enregistrer, on n'est pas capables de garder les
galées… tu sais, c'est…
M. Dubé : Très bien. Non. Merci de
me rappeler à l'ordre.
Le
Président (M. Bernier) : Posez vos questions, donnez-vous une
réponse. Parce que, les gens qui essaient de vous enregistrer, là, ça
devient impossible.
Une voix : On pourrait les
confondre.
Le Président (M. Bernier) :
Pardon?
Une voix : On pourrait les
confondre.
Le Président (M. Bernier) :
On pourrait les confondre. Mais, si c'était…
M. Marceau : Ça pourrait
arriver, hein?
Le Président (M. Bernier) :
M. le député de Rousseau, si c'était entre économistes, peut-être. Alors,
continuez, M. le député de Lévis.
M.
Dubé : Alors, merci de me rappeler à l'ordre, puis je pense que je
vais faire attention, M. le Président. Donc, merci pour cette première
réponse là, je l'apprécie.
J'aimerais
aussi faire peut-être profiter de votre présence. Parce qu'on va entrer, M. le
Président, dans processus plus des crédits. Et une des choses qui a manqué
beaucoup au dernier gouvernement, c'est d'avoir justement un
rapprochement important entre Finances et Trésor. Je l'ai dit qu'une des choses
qui était déplorable c'était d'avoir beaucoup de belles
promesses en termes de contrôle des dépenses, que nous n'avons pas eues. Et
moi, ce que je vous demanderais… Vous l'avez
bien dit, notre premier ministre a bien dit qu'il voulait avoir plus de
transparence dans l'information. Moi, je vous demande…
Et je salue
le commentaire que vous avez fait tout à l'heure, à savoir qu'on aurait des
états financiers mensuels à date fixe, je l'apprécie beaucoup. Mais, M.
le Président, j'aimerais vous noter qu'en amélioration continue on peut toujours s'améliorer. Là, vous avez mis des dates,
des dates fixes, mais je déplore quand même que, pour produire des états
financiers mensuels, ça nous prend encore 90 jours et plus pour produire
un mois. J'aimerais vous entendre là-dessus parce que… Je prends juste à titre
d'exemple…
Je voudrais
sentir que ce besoin d'amélioration là, il est là. Parce qu'on est au mois de
juin aujourd'hui, on n'a pas encore les résultats du mois de mars.
J'aimerais penser que… Puis là je pense à votre collègue du Trésor, parce que je pense que c'est souvent un problème qui a été
allégué par l'ancien gouvernement, c'est que vous, vous fixez des objectifs,
mais celui qui s'occupe de voir si les chiffres arrivent puis les résultats
sont là autant au niveau des revenus que des dépenses,
bien, si ça prend trois, quatre mois avant d'avoir les résultats, c'est
difficile pour votre collègue qui doit tenir un peu les cordeaux.
Alors, je voudrais vous entendre là-dessus.
Parce que je n'ai pas senti cette urgence-là de la part du dernier gouvernement,
puis c'est peut-être pour ça qu'on a eu justement ces dépenses hors contrôle
là. Alors, j'aimerais vous entendre sur
votre besoin d'avoir peut-être une amélioration. Malgré que je sens qu'il y a
un désir de la part de l'appareil gouvernemental de le faire, mais je
pense qu'on est encore loin des meilleures pratiques. Puis je voudrais vous
entendre là-dessus, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
• (17 h 40) •
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Maintenant, le retard qu'il semble y
avoir maintenant, c'est un peu normal parce
que c'est la fin de l'année, la fin
de l'année fiscale. Donc, les chiffres qui vont être publiés prochainement, ça
sera le mois de mars, donc la fin de
l'année, ça prend toujours un peu plus de temps. Par la suite, je veux
m'assurer que ce processus-là se fasse de la façon la plus rapide
possible. C'est le cas ailleurs, c'est le cas que je connais en Ontario et à
Ottawa, donc j'aimerais qu'on soit capables de maintenir la même cadence.
>12223 M.
Dubé : M. le Président, je vais m'adresser à vous pour être certain que… Moi, ce que
j'aimerais vous suggérer, et j'avais suggéré ça la dernière fois au
dernier… au gouvernement précédent, je vous le dis. Et, si ça peut aider, je pense qu'on produit beaucoup, on prend beaucoup
de temps à produire de l'information mensuelle, qui est malheureusement dépassée trois, quatre mois plus tard. Si jamais vous avez un choix à
faire en termes d'information, je dis, publique, on serait peut-être
mieux d'aller avec du trimestriel puis avoir plus le temps d'avoir de
l'information plus rapidement, mais ce sera à vous d'évaluer… En termes
de contrôle, vous avez des besoins internes, mais je vous dirais qu'en termes
externes ça pourrait peut-être
faciliter le travail de l'équipe. Je l'ai déjà mentionné et j'en profite, de
cette tribune-là, pour le faire.
Un des documents que j'ai demandés, M. le
Président…
Une voix : …
M.
Dubé : Excusez-moi. Un des
documents que j'ai demandés, M. le
Président, que j'aimerais vous
mentionner… Puis je vous donne un petit
exemple. Dans le document que nous avons reçu de votre part, donc là je pense à
Finances, je prends la page D.38, juste pour
vous dire comment c'est difficile des fois pour les gens de suivre la
documentation, vous montrez très
bien, à la page D.38, pour l'année 2014‑2015, quelles sont les différentes dépenses des fonds.
Parce que le gouvernement, la plupart des gens le savent, on fonctionne
avec une ancienne méthode qu'on appelle les fonds… qu'ils soient des
fonds de programmes, les fonds généraux, les fonds spéciaux, les organismes
autres que budgétaires. Puis je vous donne à titre d'exemple ce qui est
difficile pour certaines personnes, c'est de faire la réconciliation entre les
documents budgétaires ici et ce que nous, nous allons faire dans les prochaines
semaines. Pendant que vous allez faire autre chose, nous, on va travailler sur
les crédits.
Et je prends l'exemple du document des fonds
spéciaux, qui a été déposé par votre collègue, le président du Conseil du
trésor, et, quand on prend le sommaire des fonds spéciaux, il y en a pour 10 milliards,
10,3 milliards. Bien, malheureusement, ici, le montant exact qui est ici, c'est
10 075 000 000 $, et, quand on regarde le montant qui est dans votre document à vous, bien c'est 10,3
milliards. Alors, vous allez me dire : C'est une petite différence.
Mais, chacune des colonnes comme ça, il y a des
écarts qui sont intéressants mais qui font que c'est un peu difficile à
réconcilier le tout.
Et, notre objectif, et c'est pour ça que je vous
le soulève aujourd'hui, nous avons demandé encore une fois à l'ancien gouvernement, la dernière fois, de faire cette réconciliation
non seulement pour l'année en cours, mais de le faire pour trois années
comparables, et il y avait toutes sortes de raisons pour dire que ce n'était
pas possible. Moi, je vous l'ai redemandé.
Je sais en ce moment qu'il y a un effort entre vous et le président du Conseil
du trésor, mais j'aimerais que vous me confirmiez aujourd'hui que, dans
la mesure du possible, j'espère qu'il y aura au moins ce sommaire-là qui pourrait être fourni à tous les députés au cours des
prochaines semaines, M. le Président, parce qu'on a des gens qui sont intéressés à vous aider à avoir un meilleur
contrôle dans notre rôle de député, mais il faut avoir une certaine
réconciliation entre ce que vous, vous
demandez comme ministre des Finances puis ce que le président du Conseil du trésor
nous demande de faire aussi. Parce
qu'encore une fois c'est beau, préparer un budget, mais il faut que le suivi
arrive à tous les mois ou à tous les
trimestres. Puis je voudrais vous entendre quelques minutes avant d'aller à ma
dernière question, s'il vous
plaît.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le ministre.
M. Leitão : Écoutez, pour ce qui est
de l'intention, oui, bien sûr. Pour ce qui est de l'échéancier, dans les
prochaines semaines, je ne pourrai pas vous le garantir ici publiquement, je ne
sais pas si ça peut se faire en quelques semaines,
mais c'est certainement quelque
chose, vous avez raison, qu'il va
falloir qu'on soit capables de réconcilier, ces chiffres-là. Combien de
temps ça va prendre exactement? Honnêtement, je ne peux pas vous répondre
directement à cette question.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Dubé : Si vous me permettez, je
pense qu'il me reste encore un petit peu de temps.
Le Président (M. Bernier) :
Oui, il vous reste encore huit minutes.
M. Dubé : Pourquoi j'insiste, M. le
Président, sur… Oui, ça va?
Le Président (M. Bernier) :
Oui, oui, il n'y a pas de problème.
M.
Dubé : Pourquoi j'insiste
sur le principe? J'en profite parce qu'il
y a bien des gens du ministère qui
sont ici, puis je pense que c'est
important. Je le répète, depuis quelque temps, il y a eu beaucoup
d'amélioration dans la documentation, et
je le dis parce que le sous-ministre est ici et plusieurs personnes de son
équipe, il y a eu une volonté d'améliorer certaines
informations du côté des dépenses consolidées, je l'apprécie. Mais ce que j'ai
demandé… Et souvent, ce qui est le problème,
et il y a des gens qui sont aux Finances puis il y a
des gens qui sont au Trésor, et ça prend quelqu'un qui fait
cette coordination-là entre les deux.
Et je vous dis, pour un député, et moi le
premier, il y a 18 mois, je trouvais excessivement difficile de faire l'appareillage de ces deux informations-là. Si on
peut le faire cette année au moins pour l'année en cours, déjà ce serait
énorme. Et, si après ça on peut le faire pour les années précédentes… Parce que
c'est la comparabilité. Vous avez un exercice ambitieux d'avoir 1,9 % de
croissance des dépenses, alors il faut s'assurer que notre base est comparable pour voir quelle est la base du budget l'an
dernier versus celle du budget qui est estimé pour cette année. Alors,
merci de l'effort, mais je pense que c'est important pour que les gens qui nous
regardent comprennent qu'il y a un effort qui a été fait mais qu'on doit
continuer d'aller plus loin, parce que contrôler 90 milliards de dépenses,
c'est énorme, puis je pense qu'il faut faire encore un effort dans les prochaines
semaines, prochains mois. Mais merci de votre…
Puis ma
dernière question, elle est sur la question des objectifs. Je me permets, M. le
Président, de revenir sur… Lorsqu'on a un défi de l'ampleur que nous
avons avec le redressement des finances publiques, j'apprécie que vous ayez mis
quelques objectifs. Je vous ai poussé du côté des objectifs des revenus hier.
Du côté des objectifs de dépenses, je pense
que c'est aussi tout un accomplissement. Parce que c'est toujours facile de
dire : On va attendre de voir ce
que les autres vont faire, mais c'est nous, en ce moment, qui avons un défi
important. Les autres en ont un aussi, mais je pense qu'il ne faut pas
attendre… Et, dans ce cas-là, au niveau autant des revenus que des dépenses, je
pense que vous avez des objectifs ambitieux.
Et ce que
j'apprécierais — puis je
pose la dernière question, si vous me permettez — que, dans vos communications
trimestrielles que vous allez faire, ça serait intéressant de montrer cette
progression-là. Je pense que, si on est ensemble pour plusieurs mois, plusieurs
années, je pense que de mettre des objectifs, c'est une chose, mais, si vous
étiez capables dans la mesure du possible, vos principaux objectifs — on a
parlé d'objectifs de revenus autant que de dépenses — il
serait intéressant de pouvoir les mettre dans vos communications. On aura
beaucoup plus de facilité à travailler ensemble, à ce moment-là. Puis j'espère
que c'est possible pour vous de le faire.
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Merci de l'opportunité.
Oui, en effet, je m'engage à ce qu'on puisse aller dans cette direction-là. D'ailleurs, une chose qui existait déjà avant mais
que nous allons continuer à suivre la pratique, c'est d'avoir des mises
à jour automnales. Donc, quelque part en
octobre ou début novembre, on fera une mise à jour en bonne et due forme,
que certains pourraient même classifier de minibudget, donc l'information va
être disponible. Entre-temps, nous allons continuer nos publications
mensuelles. Mais la mise à jour qui va arriver d'ici six mois à peu près, elle
va être très détaillée, et on va vouloir justement être capables de mesurer la
progression de la situation vers nos objectifs ou pas. Et puis par la suite on peut aussi très bien avoir trimestriellement
des… Quand on publie le rapport mensuel trois mois plus tard… ces
rapports mensuels là peuvent être aussi plus détaillés que les autres rapports
mensuels intérimaires.
Le Président (M. Bernier) :
Il vous reste 2 min 30 s.
M.
Dubé : Merci. Je vais conclure. Pour ce qui est de votre mise à jour
économique, je suis content de savoir, M.
le Président, que le ministre en a parlé, j'aimerais juste vous demander… Vous
avez entendu notamment mon chef le député de L'Assomption faire
référence, par exemple, à certaines mesures du côté de l'emploi. Je sais que ça
vous tient à coeur, vous avez maintenant un
ministre qui est dédié au commerce et à l'industrie qui va… Moi, je vous
dirais qu'il y a des mesures que l'on
suggère qui soient peut-être requestionnées, on en a parlé un petit peu hier,
au niveau de l'emploi.
Moi, je vous demanderais, si c'est possible, d'essayer d'agir sur, par exemple,
les zones d'innovation. Je pense que c'est important d'aller chercher…
pas uniquement par voie des comités qui ont été lancés, là, notamment hier et
aujourd'hui, mais je pense qu'il y a une urgence d'agir dans certains créneaux
au niveau de l'emploi. Et, si vous êtes capables d'agir sur ces créneaux-là
avant la fin des comités, moi, je pense qu'on va avoir à…
Vous avez
parlé hier — puis ce
serait dans ma remarque finale — que
vous avez certains de vos cinq axes qui ont un effet beaucoup plus à long
terme qu'à court terme. Je redis, M. le Président, qu'il y a
des éléments dans une politique qu'on
vous suggère, dont celle des zones d'innovation, où on peut aller rapidement
avec un coût-bénéfice qui est assez intéressant, notamment des zones
d'innovation dont on a beaucoup parlé depuis quelques jours. Alors, si, dans
votre mise à jour économique du mois
d'octobre ou novembre, il pouvait y avoir des rajustements, je pense qu'on
gagnerait beaucoup à aller rechercher
quelques points d'emploi et de création d'emplois payants. Ça sera à vous de
considérer ça si vous pouvez le faire plus rapidement que seulement dans
un budget qui serait présenté l'an prochain. C'est une suggestion que l'on
fait. Ça complète mes commentaires. Merci.
• (17 h 50) •
Le Président (M. Bernier) :
30 secondes, M. le ministre.
M. Leitão :
Rapidement. Nous n'allons pas attendre que les commissions livrent leurs
recommandations pour agir, on va le faire au fur et à mesure que cela
est nécessaire, donc, ça, oui. Cependant, je pense que, du côté des zones d'innovation, notre approche n'est pas de ce
côté-là, nous pensons que les mesures que nous avons mises en place pour
les PME sont plus utiles. Mais des bonnes
idées, des fois, peuvent se communiquer, hein? Et on va certainement… Tout
ce que je veux dire rapidement, c'est que, oui, nous n'allons pas attendre le
rapport final de la commission pour prendre des mesures, mettre en action des
mesures.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Merci, M. le
ministre. Merci, M. le député de Lévis. Nous allons maintenant passer du
côté du gouvernement. M. le député de Chapleau.
M.
Carrière : Merci beaucoup, M. le Président. Moi, j'aimerais, M.
le ministre, vous entretenir sur la page A.58, la contribution des sociétés d'État, et que ce soit Hydro-Québec,
Loto-Québec, la Société des alcools. J'aimerais savoir, là… Parce que je vois, dans vos tableaux, là,
qu'il y a des efforts comparables et des efforts additionnels pour 2014‑2015,
là : en 2014‑2015, 177 millions au
total; en 2015‑2016, 102 millions additionnels, là, au total. Pouvez-vous
m'expliquer c'est quoi, la différence
entre un effort comparable et un effort additionnel et comment chacun des deux
est réalisable ou les deux?
Des voix : …
M.
Leitão : Très bien. Alors, M. le député, merci. Effort comparable,
c'est l'effort qui avait été demandé par le Conseil du trésor dès notre
arrivée au pouvoir. Ce qui a été mentionné tantôt — puis je ne me rappelle
plus par quel député de l'opposition — en termes de gains de productivité, le
fameux 2 %, 3 %, donc, ça, c'était la portion des sociétés d'État pour cet effort-là. Donc, ça,
c'est l'effort comparable, donc comparable à ce qu'on avait imposé, si
vous voulez, aux différents ministères et organismes dès le 24 avril.
L'effort
additionnel, c'est, bon, comme le nom le dit, ce qui a été demandé
additionnellement après, au mois de mai, quand on était en train d'élaborer notre premier budget. Évidemment, il
nous fallait être capables d'atteindre nos cibles budgétaires, et donc on a convenu qu'il y aurait
un effort additionnel, dans le cas d'Hydro-Québec, de 100 millions de
dollars cette année et puis, en 2015‑2016, un effort additionnel pour
Hydro-Québec et pour Loto-Québec.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Chapleau.
M. Carrière : Oui. Au niveau
du 100 millions additionnel, nous allons l'atteindre comment? Par de la rationalisation? Meilleure productivité? Ventes
additionnelles? C'est quoi? Comment vous avez évalué ce
100 millions de dollars là.
M. Leitão : Bon, ça, c'est…
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M. Leitão : Merci. Encore une fois,
je m'excuse, des fois je vais trop vite. Encore une fois, ça a été discuté avec Hydro-Québec. Hydro-Québec est à l'aise avec
cet objectif-là. Cet objectif-là va être atteint essentiellement par une
amélioration… une augmentation à court
terme, donc, cette année, des exportations d'Hydro-Québec vers les États-Unis.
Donc, c'est de ce côté-là
qu'essentiellement… pas entièrement, mais essentiellement, c'est de ce côté-là,
l'augmentation des exportations,
qu'Hydro-Québec va être capable d'atteindre sa cible totale qui est de 150 millions pour cette année.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M.
Carrière : Merci beaucoup. Je vais changer totalement de sujet pour vous amener à la lutte à l'évasion
fiscale. Je vais vous laisser le temps de
vous préparer. Vous avez mentionné, là, différentes mesures, là, pour arriver
à... Vous avez des objectifs, cette année, là, de
111 millions additionnels et, les deux années subséquentes,
133 millions en 2015‑2016, 133 millions en 2016‑2017. Et vous avez énuméré quelques
éléments : améliorer le contrôle fiscal dans le secteur de la construction — j'aimerais
vous entendre là-dessus — puis
également implanter des modules d'enregistrement, là, des ventes, les fameux MEV, là, qui ont été
implantés dans les restaurants, pour maintenant, là, les implanter dans les bars et les
restobars. C'est quoi, vos échéanciers? Et de quelle façon on peut parvenir à ces
objectifs que vous avez déterminés là?
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Donc, ça fait partie des efforts «on going», des
efforts continuels de Revenu Québec d'améliorer le rendement du système
fiscal québécois, et donc les deux mesures que vous avez mentionnées sont
importantes et sont dans cet ordre d'idées là.
Pour ce qui est de la construction, l'évolution
dans le temps des objectifs est détaillée dans le document du budget.
Donc, Revenu Québec va aller chercher 16 millions additionnels en 2014‑2015; 21, en 2015‑2016; et aussi 21, en 2016‑2017.
Donc, ça, ça donne un petit peu l'ordre de grandeur de ce qui se passe avec Revenu
Québec.
Pour ce qui
est des fameux MEV, donc d'étendre au secteur des bars et des restobars ce qui
se fait déjà depuis un certain
temps dans les restaurants, cet effort-là aussi devrait se traduire par des
revenus additionnels de 25 millions cette année, 2014‑2015; 42 millions
en 2015‑2016; et 42 millions aussi en 2016‑2017.
Donc, ce sont
quand même des efforts importants du côté de Revenu Québec, ce sont des nouvelles mesures, des nouvelles façons d'aller protéger l'assiette fiscale du gouvernement. Mais nous sommes confiants que Revenu Québec sera capable de livrer les objectifs que nous leur
avons établis.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Chapleau.
M.
Carrière : Merci beaucoup. C'est clair que l'objectif, là, de la lutte à l'évasion fiscale, c'est que
chacun paie sa juste part d'impôt et
d'éviter que ce soit toujours les mêmes, là, qui puissent soit s'échapper de
payer ce qu'ils doivent payer… et le citoyen moyen qui, lui, paie ses
impôts de façon honnête.
Alors, dans le cas des MEV des restaurants, il y
avait un programme d'aide. Est-ce que vous avez... Est-ce qu'il est peut-être trop tôt, là? La question est
peut-être prématurée. Est-ce que vous avez prévu ou pensé à un programme
d'aide semblable pour les restobars?
Le Président (M. Bernier) :
Oui, M. le ministre.
M.
Leitão : Oui. D'ailleurs, ce processus-là, ce grand chantier a été un
peu retardé parce que justement Revenu Québec
voulait s'assurer que, la coopération ou la compréhension du système par les
intervenants, donc les restaurants et les
bars... qu'on comprenait bien où on voulait aller, et donc ça a un peu retardé.
Mais c'est bien, on veut que ça se fasse en coopération avec le milieu. Et le même genre d'aide à l'acquisition
des modules qu'on avait fait avec les restaurants, ça, ça va se faire
aussi avec les bars et les restobars.
M. Carrière : Je change
encore...
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Écoutez, M. le député, compte tenu de l'heure, je crois que nous allons
suspendre nos travaux jusqu'à 19 h 30. Et vous aurez l'occasion, à ce
moment-là, de reprendre vos questions.
Alors, je suspends les travaux jusqu'à
19 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 19 h 31)
Le Président (M. Bernier) :
Alors, la Commission des finances publiques reprend ses travaux.
Je vous rappelle que la commission est réunie
afin de poursuivre le débat sur le discours du budget.
Donc, il reste 41 minutes aux 10 heures de débat
prévues au règlement. Le temps se répartit comme suit : le gouvernement,
23 minutes; l'opposition officielle, 18 minutes. Donc, je vous souhaite une
bonne soirée à tous, de bons échanges. Et nous poursuivons nos travaux, donc je
donne la parole au député de Chapleau.
M.
Carrière : Merci beaucoup, M. le Président. Je faisais un peu de coq à l'âne tantôt, là,
j'allais d'un différent point à un autre. Ce coup-ci, j'aimerais qu'on
parle un peu des différentes redevances au niveau des ressources naturelles. M. le ministre, comme
économiste, vous savez, là, que les ressources naturelles, souvent, c'est cyclique. Il y a des domaines où ça l'est encore plus que d'autres. Les mines le sont. Au niveau de l'hydraulique, là, je regardais, là, depuis 2012, là, on voit une certaine stabilité, c'est
plus facile à planifier. Et le prix, bien, c'est nous qui le fixons, hein?
C'est le gouvernement ou, en tout cas, c'est la société d'État qui le fixe.
Je
vois une nette amélioration également, là, prévue, là, au niveau des forêts, au niveau des redevances. On se rappellera qu'on a vécu une crise forestière
importante, là, dans les... À partir de 2007‑2008, il y a eu beaucoup de rationalisation, beaucoup d'usines et d'entreprises qui ont fermé
dans ce domaine-là. J'ai travaillé, avant d'être député, là, comme président de CRE dans l'Outaouais, comme président de la commission des ressources naturelles et du
territoire sur trouver d'autres façons de
relancer l'industrie forestière, sur les façons de protéger des
usines. On se rappellera que notre collègue, notre ancien collègue de Papineau,
qui était ici aujourd'hui pour nous saluer, Norm MacMillan,
qui avait travaillé excessivement fort dans
le dossier de Fortress, une usine, à Thurso, dans le comté de Papineau,
qui a ouvert, et puis c'est une
nouvelle technologie : au lieu de faire simplement de la pâte kraft,
c'est de la pâte cellulosique qui est exportée en Chine et un peu partout, surtout en Chine, pour en
faire des vêtements. On voit qu'aujourd'hui ils connaissent certains problèmes, là — je
vois madame, j'oublie le comté, de...
Une voix :
Richelieu.
M.
Carrière : ...du
comté de Richelieu, merci, qui me regardait — effectivement, et qui vivent certaines difficultés à ce moment-ci, et qui ont besoin d'un coup de pouce parce
que justement, en Chine, avec la question
de ce qui se passe là-bas puis les importations qui ont diminué…
Moi,
j'ai une usine dans mon comté qui, à l'époque, était une usine d'AbitibiBowater,
maintenant une usine de Produits forestiers Résolu, qui avait fermé ses portes en mai 2010. J'ai
été le président du comité de relance. À partir de cette journée-là, on a travaillé d'arrache-pied avec
le syndicat qui a fait d'importantes concessions, des discussions avec les différents ministres. À l'époque, il y avait
Nathalie Normandeau aux Ressources naturelles, Clément Gignac qui était au Développement
économique. On a travaillé très, très
fort avec l'entreprise pour finalement avoir une réouverture de l'usine l'année dernière, et c'est 125 employés
qui ont réussi à ravoir un emploi. Depuis
ce temps-là, il y en a plusieurs qui ont pu atteindre une pleine pension, là, parce qu'ils avaient presque l'âge, là, d'avoir
leur retraite. Puis on sait que, souvent, quand, les gens, ça fait une
trentaine d'années et un peu plus qu'ils travaillent dans un même endroit, ce
n'est pas facile de se replacer.
Mais
ce que je voudrais savoir comme… Au niveau des ressources naturelles, c'est
quoi les... À partir de votre budget, quelles sont les fluctuations, ou
la baisse de demandes, ou l'augmentation de demandes? Comment vous avez prévu… ou quelles conséquences ça aura sur l'économie
du Québec et, du même fait, là, sur les prévisions budgétaires
pour les prochaines années?
Le Président (M.
Bernier) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Leitão : M. le Président, alors, en effet, les prix des ressources
naturelles, c'est un élément
important pour l'économie du Québec. Vous avez mentionné à plusieurs reprises
l'industrie forestière. En effet, cette industrie-là est passée par une période d'ajustements structurels quand même
très considérables. C'est arrivé en grande partie même un petit peu avant la grande récession.
Ça
a été le résultat de deux choses, d'abord, le changement structurel au niveau
mondial, l'émergence de pays comme la Chine et autres, mais aussi le
fait que, pour ce qui est de la consommation, par exemple, de papier journal en Amérique
du Nord et un peu partout, disons que
ça diminue, ce n'est pas une industrie en forte croissance. Et puis le deuxième coup de marteau sur cette industrie-là,
c'était la récession américaine, l'implosion du marché de l'immobilier,
donc la construction résidentielle, les mises en chantier qui sont passé de 2 millions
d'unités par année à 500 000. Évidemment,
ça a eu un effet terrible sur les exportations québécoises de bois d'oeuvre.
Donc, une situation très difficile pour cette industrie, qui a dû
s'adapter de façon un peu brutale, mais c'est le cas.
Bon, maintenant, je
pense que ces moments plus noirs pour cette industrie-là sont déjà un peu
derrière nous. L'industrie s'est ajustée,
l'offre s'est ajustée à la demande plus faible, et je pense que, dorénavant, la
situation va s'améliorer lentement, très lentement, mais il y aura quand
même une certaine amélioration qui va venir principalement de
l'augmentation des mises en chantier aux
États-Unis, de la construction résidentielle. Donc, le bois d'oeuvre va
mieux faire. Pour ce qui est du papier journal, ça, je pense que c'est dans un
déclin structurel.
Pour
ce qui est des ressources minières, donc les métaux, oui, c'est très cyclique,
comme vous avez mentionné. Le taux de
croissance de l'économie mondiale n'est pas encore vraiment revenu à ce qu'il
était avant la grande récession. Ça a
été quand même assez décevant en 2012, en 2013. En 2014, il y a eu une certaine
amélioration, mais elle est encore très tentative, très, très minime. Et
donc, nous, dans notre budget — pour revenir à la question
directement — dans
notre budget, nous avons une stabilisation
de l'indice des prix des métaux à partir de 2015. Donc, en 2014, il y a encore
une légère baisse par rapport à 2013. Par la
suite, il y a une stabilisation des prix en général. Donc, je pense que ça va
quand même être plus positif pour notre économie en 2015‑2016, mais on
est encore loin. Même à la fin de la période, en 2018, nous allons encore être
plus bas que le sommet des prix qui avait été atteint en 2010.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Courte question.
Une voix :
…
353
1141 Le Président (M. Bernier) : Bien, il
reste environ une minute. On peut le garder pour tout à l'heure aussi.
M. Carrière :
O.K. On la prendra… Oui.
Le
Président (M. Bernier) : O.K. Ça va? On va aller du côté de
l'opposition officielle. Donc, vous avez un bloc de 18 minutes. M. le
député de Rousseau, la parole est à vous.
M. Marceau : Oui,
merci, M. le Président. Je vais commencer par la question des surplus. Au cadre
financier, à la page A.24, A.25, il y a des
surplus qui se dégagent, en 2017‑2018 et 2018‑2019, de 600 et de
800 millions. Vous vous êtes engagés, en campagne électorale, à
verser la moitié de ces surplus-là à une réduction du fardeau fiscal et l'autre
moitié au remboursement de la dette.
Alors,
ma question, très simple, là : Dans vos calculs qui apparaissent à la page
E.3, est-ce que ces 300 en 2017 puis 700 millions en 2018, est-ce
qu'ils ont été utilisés pour réduire la dette?
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre. Merci. M. le ministre.
• (19 h 40) •
M. Leitão :
Oui, la réponse est oui. Donc, en 2018‑2019, les 400 millions s'en vont à
la réduction de la dette.
M.
Marceau : Parfait. Puis donc on comprend qu'on a 300 puis, par
la suite, 700 pour réduire le fardeau fiscal?
M. Leitão :
Oui. La réduction… oui. C'est ça. 600, donc, la moitié… 300 et 400.
Le Président (M.
Bernier) : M. le député.
M.
Marceau : Très bien, parfait. Deuxièmement… Donc, j'ai
plusieurs petites questions de ce genre-là, là. Évasion fiscale, page G.3. Alors, c'est la section dans
laquelle vous présentez les mesures que vous avez l'intention
d'introduire pour lutter contre l'évasion fiscale.
Là, vous prévoyez… À partir de quand ça va être en vigueur, par exemple, les
MEV, les MEV dans les bars, les restobars? Ce avec quoi je suis d'accord, hein,
en passant. Je trouve que c'est une bonne idée. Mais à partir de quand ça va
être en vigueur?
Le Président (M.
Bernier) : Oui, M. le ministre.
M.
Leitão : Cette année fiscale, 2014‑2015, mais il me semble que ça va
être dans l'année de calendrier 2015, au début 2015, le 1er janvier
2015, que ça va commencer.
Le Président (M.
Bernier) : Merci.
M. Leitão :
…à compter du 1er juin 2015. Je m'excuse.
M. Marceau :
Dans ce cas-là, peut-il y avoir 25 millions en 2014‑2015?
M. Leitão :
En effet, c'est une bonne question. J'étais sous…
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M.
Leitão : J'étais sous l'impression que c'était dans l'année 2014‑2015,
en début d'année, mais probablement que ça va commencer un peu plus tôt… je veux dire, un peu plus tard. Mais ça
voudra dire qu'il va falloir qu'on s'assure que ça commence
effectivement en janvier 2015.
M. Marceau :
Donc, c'est janvier 2014.
Le Président (M.
Bernier) : Non, pas 2014. On est…
M. Marceau :
2015, excusez-moi.
M. Leitão :
2015, c'est ça. C'est ça.
Le Président (M.
Bernier) : On est en juin 2014. M. le ministre.
Des voix :
…
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Ça va commencer avant, dans l'année 2014‑2015, mais, à partir du 1er juin 2015,
là ça va être obligatoire pour tout le
monde. C'est d'ailleurs pour cette raison-là que les revenus qu'on espère
chercher de cette mesure en 2015‑2016 sont considérablement plus
importants que ceux qu'on voit pour 2014‑2015. Donc, ça va entrer en vigueur
graduellement.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Marceau : O.K. Donc, vous dites : Le 1er janvier 2015, ça
va être, disons, facultatif et puis, au 1er juillet 2015, ça va devenir obligatoire. Mais vous prévoyez,
pour l'année 2014‑2015, donc, pour, quoi, janvier, février, mars 2015,
que ça va rapporter 25. C'est ça?
M. Leitão : 25, oui, et puis, par la
suite, pour l'année suivante, ça va être 42.
M. Marceau :
O.K. Je me permets de qualifier ça d'optimiste comme prévision, mais c'est au
goût de chacun. Sur le fond des
choses, je suis d'accord et favorable avec la mesure. C'est le rendement de la
mesure, disons, qui me questionne.
J'ai le même
genre de questionnement quant à l'accélération du traitement des dossiers
judiciaires, ce avec quoi je suis en
total accord et puis que je vous encourage à mettre de l'avant le plus
rapidement possible. Maintenant, là aussi, je vous trouve extrêmement
optimiste de croire que, si rapidement, on va aller dégager 20 millions
cette année. Je veux dire, si c'est en
vigueur, si vous êtes parvenu à faire ça d'ici le 1er avril prochain, je vais
être très content. Je vous enverrai un cadeau, un petit cadeau. Mais
20 millions d'ici là, disons que je le questionne.
Le Président (M. Bernier) :
Merci…
M. Marceau : Donc, sur le 20,
vous n'avez rien à dire de particulier? Vous croyez que c'est raisonnable?
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre, avez-vous des commentaires?
Avez-vous des explications à donner?
M. Leitão : Non.
Le Président (M. Bernier) :
Non? O.K. Continuez, M. le député de Rousseau.
M. Marceau : O.K. À la page
A.38… Je veux revenir sur un sujet qu'on a abordé, mais ça m'a questionné quand je l'ai vu. J'y vais moi aussi pendant que
je vous parle, étant capable de faire deux choses en même temps. Alors,
le graphique A.9, vous y constatez que le stock de capital public, en 2015, va
se situer, si la tendance se maintient, à 35 % du PIB. Comment vous
qualifieriez ce 35 % du PIB? Suffisant? Insuffisant? Trop gros?
Le Président (M. Bernier) : M.
le ministre.
M.
Leitão : Est-ce que
c'est satisfaisant? Bon, le temps le dira, mais, au moins, ça voudra dire qu'on
va revenir au niveau que nous avions dans les années 80. Est-ce que
c'était vraiment satisfaisant à ce moment-là? On pourra s'interroger sur cela, mais ça serait déjà un retour à un niveau qui
serait beaucoup plus intéressant, important que ce qu'il a été depuis l'an 2000. Personnellement, je
pense qu'on pourrait encore faire un
petit effort là-dessus, qu'on pourrait encore l'améliorer davantage,
mais, comme vous pouvez le constater, on a déjà fait un bon bout de chemin.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Marceau : À partir de
quand croyez-vous que ce serait satisfaisant? Quel devrait être notre objectif?
M.
Leitão : Bien, je pense
que notre objectif devrait être probablement aux alentours de
36 %, donc un petit peu plus… un peu plus élevé que ce que nous avons ici,
en 2015, à 35 %. Donc, je ne pense pas qu'on soit loin de cette
zone optimale, mais il y a probablement encore un peu de chemin à faire.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député.
M. Marceau : Bon. Puis
avez-vous la prévision pour 2016?
M. Leitão : Pour…
M. Marceau : 2016.
M. Leitão : 2016. Non, je pense
qu'on n'a pas poussé jusque-là. Comme vous avez pu le constater, dans nos plans actuels, il y a une décélération de
l'investissement public. Le PQI décélère en 2016. Donc, si ce profil-là se
maintient, c'est fort probable qu'en 2016 on ne soit pas capables d'augmenter
le ratio.
M. Marceau : …dans les
prochaines années non plus.
M.
Leitão : Évidemment, par définition, il va falloir que ça s'accélère à
un rythme plus rapide que la croissance du PIB nominal.
M. Marceau :
Le 36 % s'appuie sur quoi? Pourquoi 36 %, c'est optimal et 35 %,
ce ne l'est pas?
M.
Leitão : C'est…
Le Président (M.
Bernier) : Oui, allez-y, M. le ministre.
M. Leitão :
Ça a rapport à deux…
Le
Président (M. Bernier) : Ce sont de courtes questions. J'essaie
de ne pas vous interrompre, là, mais tout en espérant que nos gens
puissent vous suivre.
M.
Leitão : …à deux facteurs. D'abord, on reviendrait là où on était au
début des années 80. Je pense qu'à ce moment-là
on avait développé au Québec un bon stock de capital public après des
investissements quand même massifs dans
les années 70. Mais ça a aussi rapport avec notre capacité de payer. Je pense
qu'au-delà de ça ça serait problématique d'essayer de le pousser. Et
surtout, l'évolution, là, de 35 % vers 36 %, il va falloir qu'on soit
relativement prudents, à quelle vitesse on… Je pense que le grand effort a été
fait, 2010, 2011, 2012, 2013. Là, il faut être un peu plus prudent en termes
d'accumulation de dette publique.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Parce que j'aimerais bien lire une documentation qui nous montre que 36 %,
c'est mieux que 35 % ou 37 %,
mais, bon, je vous entends, là. Tout ce que vous dites, ça a du sens. Mais de
mesurer ce qui est raisonnable puis
qui n'est pas raisonnable, puis ce qui est optimal et pas optimal, je dois vous
avouer qu'il y a une part de subjectivité…
M. Leitão :
Subjectivité, tout à fait.
M. Marceau :
On va convenir de ça, je pense, vous et moi. Combien de temps me reste-t-il?
Une voix :
…
M. Marceau : Cinq minutes? Oui, écoutez, j'ai une question rapide. La
décision sur le pôle logistique, elle est prise?
M. Leitão :
Elle est prise…
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre, allez-y.
• (19 h 50) •
M.
Leitão : Excusez-moi. Oui, elle est prise quant à sa localisation,
donc, dans la Montérégie. Maintenant, en ce qui concerne, donc, sa composition, la première pelletée de terre, si vous
voulez, ça, il y a
encore des questions à regarder en termes
de… vous savez bien, le processus bureaucratique, le permis, probablement aussi de dézonage, il va falloir aussi regarder ça. Donc, la décision a été prise, oui, de le construire, oui
de le construire dans cette partie du Québec. Maintenant, quant à la matérialisation de ce projet-là, la construction même, il va
falloir passer à travers toute une série d'approbations, de permis et
puis aussi l'insérer dans le PQI.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Marceau : Allez-vous
consulter la grappe de la logistique avant de faire un choix final sur la
légalisation?
M. Leitão :
Pas nous, pas nous au ministère des Finances, mais je pense que ce processus-là
a déjà été entamé par mon collègue du ministère du Développement économique.
Donc, ce processus-là va se poursuivre, mais, comme je vous ai dit, la
concrétisation du projet va prendre encore un peu de temps.
M. Marceau :
Avez-vous un échéancier?
M.
Leitão : Moi, je ne l'ai
pas, l'échéancier. Il va falloir que je confirme ça avec mes deux collègues, du
Trésor pour l'insérer dans le PQI, et le Développement économique pour voir où
se trouvent, justement, les négociations, les consultations avec le milieu.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M. Marceau :
O.K. Écoutez, je vais terminer par quelques remarques. Puis je vais revenir sur
ma vision des comparaisons avec la Grèce,
puis je veux juste être bien clair sur ce que je dis là-dessus. Moi, j'ai
beaucoup de misère à accepter, M. le ministre, que vous compariez le
Québec à la Grèce. Moi, ça me heurte profondément. Le Québec n'a jamais fait défaut, ce n'est jamais arrivé. Et
vous êtes entouré de gens, là, derrière vous, là, qui ne permettront pas
que ça arrive. On s'entend?
La Grèce a
vécu, depuis cinq ans, une diminution de son PIB réel : 2009, moins
3 %; 2010, moins 3,5 %; 2011, moins 7 % — vous savez les difficultés de mesure dans ce pays-là en plus de
ça, mais, mettons, moins 7 %; 2012, moins 6 %; 2013, moins 4 %. Regardez, c'est une économie qui est en
train de s'effoirer, là, comme on dit en québécois. Taux de chômage de 25 %, le PIB par habitant, celui du Québec
est 50 % plus élevé que celui de la Grèce. Ça n'a rien à voir, là. Ça n'a rien à voir. La dette, écoutez, la
dette beaucoup, beaucoup plus importante que la nôtre, là. Moi, je veux
juste vous appeler à ne plus le faire, c'est
tout. Je sais que vous ne le faites pas de… Je sais qu'on fait de la politique,
là, mais je ne pense pas que c'est une bonne idée.
Puis je pense aussi qu'il y a tout ce discours
misérabiliste qui existe, comme quoi on n'est pas bons au Québec, on est poches, tout va mal. Je suis
désolé, mais je ne crois pas que ce soit le cas. On a nos problèmes comme
bien des pays riches en ont. On a des
problèmes de finances publiques comme bien d'autres pays. Les États-Unis, qui
sont un pays riche, ont des problèmes
de finances publiques. Le Royaume-Uni a des problèmes de finances publiques.
Plein de pays riches à travers le
monde ont des problèmes de finances publiques. Il faut passer à travers ces
difficultés puis les résoudre. Mais de nous comparer à des pays qui font
défaut sur leurs obligations, ça ne convainc pas…
Les gens sont
déjà convaincus qu'on a un problème, M. le ministre. Ils sont déjà convaincus
de ça. Vous avez l'adhésion des
Québécois. Déjà, ils sont convaincus qu'il faut régler nos problèmes. Vous
n'avez pas… puis je ne crois pas que
vous l'avez fait à mauvais dessein puis avec malice, là, je ne crois pas ça,
là, mais je ne crois pas qu'on a besoin de noircir le tableau. Je crois qu'il
est déjà suffisamment… Les gens comprennent bien l'ampleur des difficultés
qu'on a. Il y a certaines personnes
qui ont des idéologies, j'en suis persuadé, plus à droite que les vôtres, puis
qui rêvent d'un État minimal, et puis
qui vont pousser pour dire que tous les problèmes sont causés par l'État puis
que, donc, qu'il faut… Ils vont exagérer les problèmes. Je ne crois pas que ce
soit votre cas, en tout cas, ce n'est pas ce que j'ai compris de ce que vous
dites.
Donc, je
réitère, puis je suis convaincu que vous n'avez pas de mauvaises intentions,
moi, je vous réitère que ça ne sert
rien, ça ne sert pas nos intérêts que de faire ça. Et je vous enjoins vraiment, avec toute ma sincérité, d'arrêter de le
faire. Voilà. Mais ça, c'est mon point de vue. J'arrête là-dessus.
Le Président (M. Bernier) :
Vous arrêtez là-dessus? Il reste... Oui?
Une voix : …
Le Président (M. Bernier) :
Oui, allez-y. Non, allez-y, c'est votre temps. Il reste deux minutes. Allez-y.
M. Marceau : Bien, regardez, c'est très simple, je veux
simplement remercier les gens de la commission. J'ai trouvé
ça intéressant. Remercier évidemment les collègues
et les fonctionnaires aussi qui sont là, qui, encore une fois, ont toute
mon admiration, ils le savent, et je le réitère et je le répète. Voilà. Merci.
Le Président (M. Bernier) :
Merci. Vous pouvez réagir, M. le ministre.
M.
Leitão : Merci, M. le
Président. J'aimerais juste rassurer le collègue qu'en effet je n'ai
pas, absolument pas
l'intention de dénigrer le Québec. Je conviens bien que la comparaison peut
sembler un peu forte. Ce que j'avais dit, dans
cette allusion que j'avais faite, c'était de comparer la situation à plusieurs
pays européens : Irlande, Portugal, Grèce. Nous sommes bien d'accord que la Grèce est un cas très spécial. La
comparaison que je faisais, c'était... La Grèce est très différente du Portugal, par exemple.
Le signal d'alarme que je lançais, si
vous voulez, c'était que nous
pourrions hypothétiquement nous
trouver dans une situation de difficulté d'accès aux marchés. Ce n'était pas que, tout d'un coup, la dette québécoise allait
passer à 120 % du PIB et qu'on allait ne pas payer nos dettes, mais
c'était que, si on ne faisait pas attention
on pourrait se voir privés ou, en tout les cas, avec un accès diminué aux
marchés financiers. C'est un peu ce qui a précipité la crise en Grèce, au Portugal, en Irlande. Évidemment, il y
a toutes sortes d'autres facteurs aussi, mais l'allusion ou l'exemple, si vous voulez, c'était pour la
nécessité de préserver l'accès que nous avons, un accès privilégié aux
marchés financiers, avec des taux d'intérêt
qui sont encore extrêmement attrayants, et donc la nécessité qu'on a de
préserver un tel accès. C'était juste dans cet ordre d'idées là que je
faisais cette allusion-là.
Le
Président (M. Bernier) : Merci, M. le ministre. Merci, M. le
député de Rousseau. Nous allons donc passer au dernier bloc, de
15 min 30 s, du côté du gouvernement. M. le député de Portneuf,
allez-y.
M.
Matte : Merci, M. le
Président. M. le ministre, je voudrais revenir sur une question que j'ai
soulevée cet après-midi. C'est concernant le programme, là, de prêt pour aider
les personnes âgées compte tenu que la valeur foncière de leur propriété augmente puis que, pour plusieurs, les
revenus ne suivent pas l'augmentation de la valeur foncière de leur propriété. Vous avez admis que c'était une comparaison qui
pouvait être un peu boiteuse, là, la similarité avec le prêt étudiant
puis que ce n'était pas tout à fait non plus
une hypothèque inversée. Je voulais savoir, le prêt… les intérêts découlant du
prêt, ils seraient assumés par qui?
Autrement dit, est-ce qu'il y a des coûts générés par ce programme-là pour le
gouvernement?
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le ministre.
M.
Leitão : Oui, il y aurait des coûts pour le gouvernement, et donc, si
jamais on s'en va dans cette direction-là, notre fameux cran d'arrêt s'appliquerait parce que ça impliquerait des
coûts. Il va falloir bien attacher tout ça avec les institutions financières. Mais l'idée derrière ça,
c'est que les intérêts sur ce prêt-là, qui devraient être relativement
bas puisque l'État garantit le prêt et
puisqu'il y a une propriété aussi qui le garantit, mais ces intérêts-là
seraient payés par l'État. Donc, c'est pour ça que ce programme-là n'est
évidemment pas dans notre budget. Nous allons entamer les négociations, les pourparlers avec les
institutions financières. On va voir jusqu'à quel point il y a une ouverture de
leur part à participer. Et puis, une fois qu'on réussit à
faire tout ça et qu'on est capables de chiffrer ce programme-là, alors là il va
falloir qu'on trouve les montants équivalents ailleurs pour qu'on puisse le
financer.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député.
M.
Matte : Donc, à la vente de la propriété, là, ce serait uniquement le
capital qui serait remboursé… du prêt.
M. Leitão :
C'est l'idée maintenant, mais, comme je vous dis, c'est quelque chose qui reste
à finaliser. Mais maintenant c'est un peu dans cet ordre d'idées là qu'on va
aborder nos discussions avec les institutions financières.
• (20 heures) •
M. Matte :
En terminant, une petite question rapide. Lorsque vous parlez puis que vous
annoncez une bonification de
1 000 $ de revenus maximaux admissibles au crédit d'impôt pour les
travailleurs d'expérience, donc ça serait
majoré jusqu'à 4 000 $, est-ce qu'il y a un critère d'âge? Puis on
définit ça comment, le travailleur d'expérience?
M. Leitão :
C'est…
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Excusez-moi. Oui, c'est en termes de l'âge de la personne, c'est par expérience
en termes d'ancienneté, là, c'est vraiment
l'âge de la personne. Et c'est 65 ans. Donc, c'est pour les personnes qui ont
65 ans et plus.
M. Matte :
Sans discrimination…
Le Président (M.
Bernier) : …
M. Matte :
M. le Président, merci. Sans discrimination, là, à la forme de travail.
M.
Leitão : C'est ça. C'est vraiment une question d'âge. Et l'objectif
d'une telle mesure, c'est de fournir un incitatif additionnel à ce que ces personnes de 65 ans et
plus demeurent sur le marché du travail. Nous allons avoir un problème, une
problématique démographique assez importante, donc le groupe d'âge 15-64, les
personnes en âge de travailler, qui va commencer à diminuer. Donc, c'est très
utile, c'est très nécessaire, si vous voulez, d'être capable d'encourager ces travailleurs plus âgés à rester
sur le marché du travail pour qu'on soit capable d'augmenter le taux de participation au marché du travail de ces
personnes-là, de ce groupe de travailleurs plus âgés, qui, au Québec, est
nettement inférieur à celui des autres
provinces. Donc, ailleurs, en Ontario, etc. les personnes de 60 ans et 65 ans
et plus, dans ce groupe d'âge là, ont
un taux de participation qui est plus élevé que le nôtre ici, au Québec. Étant
donné nos problématiques démographiques, il va falloir qu'on rejoigne la
moyenne canadienne en termes de taux de participation.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. M. le député de Portneuf.
M. Matte :
Et vous me soulevez une question. À ce moment-là, ce travailleur-là qui excède
le 65 ans pourra continuer à contribuer au
régime de retraite sans aucune diminution ou désavantage, là, assujetti à un
travailleur dit normal.
Le Président (M.
Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
C'est ça, oui. Et d'ailleurs, aussi, donc, un deuxième avantage qu'il y a
d'essayer d'augmenter ce taux de
participation au marché du travail, c'est que, justement, ces personnes-là vont
ou pourraient commencer à bénéficier
des programmes de retraite un peu plus tard. Donc, c'est aussi attrayant pour
nous, le gouvernement, en tant que programme
de retraite public, que les gens prennent leur retraite un peu plus tard. Ce
n'est pas une mauvaise idée non plus.
Le Président (M.
Bernier) : Merci. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme
de Santis : Merci, M. le Président. Tout le monde
reconnaît l'importance de maintenir un appui aux municipalités, aux régions.
Mais vous allez comprendre que moi, je suis de Montréal. Et je suis très, très
fière d'être Montréalaise. Je
m'identifie peut-être d'abord comme Montréalaise avant n'importe quelle autre
qualification. Alors, moi, en tant que Montréalaise, je suis très contente que
le gouvernement reconnaisse le rôle particulier de Montréal métropole
internationale. Alors, comment ce
budget dote Montréal… lui permettant d'assumer ce rôle? Et qu'est-ce qu'il y a
dans ce budget pour Montréal?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre, parlez-nous de Montréal.
M. Leitão :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Bien, moi aussi, je suis Montréalais,
élu dans un comté de Montréal, donc, ça, c'est une question qui nous tient
aussi à coeur.
Il y a plusieurs mesures, mais je pense qu'il y
a surtout deux aspects qui me semblent les plus importants. Donc, les
25 millions de dollars qui viennent avec la reconnaissance du statut
particulier de Montréal comme métropole
internationale, ça, c'est une première mesure concrète de ce que cela veut
dire. Par la suite, aussi, nous nous
engageons à poursuivre les pourparlers avec la ville de Montréal pour concrétiser
un peu plus qu'est-ce que ça veut dire,
être une métropole internationale, tu sais, tout le joli
monde du régime fiscal, de l'équilibre fiscal entre le gouvernement
provincial et la ville. Est-ce que la grande ville de Montréal devrait ou pourrait
avoir accès à d'autres sources de revenus ou des sources propres de revenus?
Donc, c'est
toute cette problématique-là qui va être discutée, qui va être en concertation
avec le gouvernement municipal
pour qu'on puisse trouver un nouveau pacte fiscal propre à Montréal,
lui donner les outils qui sont nécessaires pour qu'elle puisse, en effet, assumer son rôle de métropole
internationale. Il y a toute une série d'autres projets un peu plus, si vous voulez, béton, un peu plus de construction d'hôpital et autres choses. Le recouvrement de
l'autoroute Ville-Marie, par exemple, pourrait être une bonne opportunité pour, dans
ce quartier-là, développer un pôle économique relié à la santé, par exemple, aux sciences de
la santé. Donc, il y a toutes ces choses-là, mais il me semble que la
reconnaissance de ce rôle de Montréal
et puis, à terme, la concrétisation de cela en termes de nouvelles mesures
fiscales, nouveau pacte fiscal avec la grande ville, je pense que c'est là
qu'on va voir vraiment la concrétisation de ce rôle de métropole
internationale.
Mme de Santis : Merci, M. le
ministre.
Le Président (M. Bernier) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le Président. M. le
ministre, on a parlé beaucoup
de PIB, d'intérêts, d'inflation et de
toutes sortes de vecteurs au sens large, mais, dans le sens global, la
croissance économique du Québec a fortement ralenti en 2013 pour se fixer à
peu près à 1,1 %, un niveau qui a été très bas par rapport
à la croissance du Canada, qui s'établissait à 1,7 %.
Au Québec,
l'investissement privé a chuté de 6 % cette même année, et des secteurs
comme l'industrie minière ont été fortement ébranlés, avec des
réductions de l'ordre 60 %. O.K. Donc, ça a fait mal. Entre 2012 et 2013,
en fait, la confiance des entreprises a fortement baissé, celle des ménages
également.
On a débattu
un peu du Japon, du marché américain, etc. Pour la population du Québec qui
nous écoute ce soir, là, ces
données-là sont très préoccupantes. Comment pouvez-vous expliquer ces tendances
observées là? Est-ce que c'est structurel? Est-ce que c'est
conjoncturel? Puis comment vous voyez, disons, la prochaine année ou deux?
Qu'est-ce que les ménages du Québec peuvent s'attendre à voir?
Le Président (M. Bernier) :
M. le ministre.
M.
Leitão : O.K. Merci.
Écoutez, l'année 2013, maintenant, est derrière nous. C'était une année qui
n'était pas très, très agréable, on
en convient. Je ne pense pas que ça soit nécessaire de continuer à marteler sur
cet aspect-là. On regarde en avant maintenant.
Comme vous avez dit, à quoi on peut s'attendre,
à quoi les familles, les ménages, les entreprises du Québec peuvent s'attendre en 2014‑2015? Nous pensons
qu'il y a deux choses. Il y a d'abord une amélioration du cycle
économique nord-américain. Donc, nos voisins, surtout, devraient mieux
performer, mieux faire en 2014, deuxième moitié de l'année, et en 2015. Donc, ça devrait nous donner un bon coup de pouce
pour nos exportations, donc ça devrait contribuer à accélérer la
croissance économique ici.
On avait aussi… tantôt, on a… Avant, on avait
parlé du taux de change, par exemple, donc le dollar canadien qui devrait être un peu plus faible cette année et
en 2015 surtout, ce qui reflète le différentiel de taux d'intérêt, différentiel
de taux de croissance, etc. Donc, une meilleure demande
américaine, taux de change un peu plus bas, des taux d'intérêt encore
relativement stables, à un bas
niveau, tout ça devrait nous donner une meilleure économie en 2014, deuxième
moitié, et surtout en 2015.
Conjugué à
cet environnement externe, les mesures que nous avons mises en place pour
rediriger des ressources ou des
crédits d'impôt vers les baisses d'impôt sur le revenu des PME et les autres
mesures de stimulation d'emploi, secteur miner, stratégie maritime, les
investissements publics quand même encore à un niveau élevé cette année, 2014,
je pense que tout ça ensemble devrait nous
donner une croissance économique bien plus agréable que celle que nous
avons eue en 2013. Mais, comme on l'a aussi
mentionné, notre cadre fiscal demeure relativement prudent parce que nous
voulons nous assurer que, s'il y a une
surprise, cela soit une surprise
positive, donc que la performance réelle, en fin de compte, soit meilleure que celle que nous avons
inscrite dans notre cadre budgétaire.
• (20 h 10) •
Le Président (M. Bernier) :
Merci. M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel : Oui, merci...
Le Président (M. Bernier) :
On va terminer avec la jeunesse.
M. Habel : Bien, merci beaucoup.
Puis on va parler aussi du sujet de l'équité intergénérationnelle — on
l'a abordé un peu à la dernière séance — parce que
c'est le legs qu'on va donner aux générations futures. M. le ministre, vous avez énuméré adéquatement le Fonds des générations et ses
bienfaits sur l'analyse de la cote de crédit. Vous nous avez aussi parlé de notre objectif
d'atteindre l'équilibre budgétaire en
2015‑2016, qui est une priorité de notre gouvernement puis qui va alléger et
soulager la dette du Québec. Mais une dette, c'est quand même un legs
qu'on va donner aux générations futures, même si c'est contrebalancé par le
Fonds des générations, une initiative qui a été créée par la commission jeunesse de notre parti. Donc, la dette du
Québec… Étant donné qu'on ne contrôle pas vraiment les aléas du marché, j'aimerais savoir, M. le
ministre, quel serait l'impact de la hausse du taux d'intérêt sur la dette du
Québec?
Le
Président (M. Bernier) : M. le ministre.
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Une question très pertinente...
Le Président (M.
Bernier) : …
M. Leitão :
Pardon?
Le Président (M.
Bernier) : Vous avez une minute.
M. Leitão :
Une minute?
Le Président (M.
Bernier) : Oui.
M. Leitão :
Bon, une minute pour la dette, c'est déjà l'équité intergénérationnelle.
Le Président (M.
Bernier) : Bien, je vais vous donner un ajout de
30 secondes, 1 min 30 s.
M.
Leitão : Non, non, donc, les
vieux baby-boomers, ça suffit, arrêtez de parler! Alors, écoutez,
donc, puisque nous avons un stock de
dette qui est très élevé, on est aux alentours de 200 milliards de
dollars, déjà nous payons, en paiement d'intérêt, en service de la dette,
10 milliards et quelques, et ça va augmenter légèrement. C'est clair que,
si jamais il y avait une forte hausse des taux d'intérêt ou
même une hausse modeste des taux d'intérêt, ça aurait un effet très important sur les
paiements d'intérêt. Donc, c'est pour ça que
c'est particulièrement pertinent qu'on accélère la croissance économique,
parce que le poids de la dette, en fin
de compte, comme on l'avait mentionné
tantôt avec notre collègue de Lévis, c'est par rapport
au PIB, dette-PIB, ce ratio-là. Le numérateur, c'est la dette, bon, elle est
là. On peut avoir une influence, je
pense, sur le dénominateur, sur le PIB. Donc, si on réussit à accélérer la
croissance du PIB, ce ratio-là va devenir plus facile à gérer, et ça serait ça,
le legs qu'on pourrait finalement laisser à la génération suivante.
Pour
ce qui est de votre question très précise en termes de taux d'intérêt,
dans notre cadre financier, même en 2015, nous avons un taux d'intérêt pour les 10 ans, qui
est le barème — les
obligations gouvernementales à
10 ans — à
3,8 %, ce qui, d'un point de vue historique, c'est encore un taux
d'intérêt qui est assez modeste.
Le
Président (M. Bernier) : Merci. Merci, M. le ministre. Merci de
votre réponse, merci de votre participation. Les 10 heures de cette
commission viennent de se terminer.
Moi,
je veux profiter de ces quelques instants pour vous remercier, vous remercier
de ces débats. Ce sont des débats importants pour informer la population
du Québec sur ce budget. Je veux remercier, bien sûr, tous les collègues qui ont participé, remercier le porte-parole de
l'opposition officielle, M. le député de Rousseau, remercier le porte-parole
de la deuxième opposition, M. le député de
Lévis, remercier vos collègues qui vous accompagnent. Je veux vous
remercier, M. le ministre, parce que vous
avez fait un bon travail. C'est la première expérience que vous avez de
participer à cette commission parlementaire et de faire les
10 heures de débat ici, en commission.
Je veux remercier
tous les collègues qui ont participé à cette séance de travail. Merci de ce que
vous avez fait. Je veux remercier également le personnel de votre cabinet, les
recherchistes de la première opposition et de la deuxième opposition qui ont travaillé fort; remercier aussi tout le
personnel du ministre des Finances, qui patiemment ont assisté à ces séances et fourni toute
l'information, mais qui ont également travaillé à préparer ce budget pour les
Québécois, les Québécoises. Donc, merci infiniment de votre travail, de votre
présence.
Remercier
la patience de nos gens de l'Assemblée nationale qui nous accompagnent,
remercier M. Drouin, notre secrétaire, remercier les gens de
l'enregistrement, qui... On a essayé de vous simplifier la chose le plus
possible en essayant de bien contrôler les
gens et de pouvoir les identifier de façon à faciliter la transcription des
galées. Donc, merci beaucoup. Remercier ceux également qui font la
transmission au niveau de la télévision, ici, à travers le Québec. Donc, merci
à tout le monde de cette participation. Ça a été une commission fort
importante.
Et
la commission ayant accompli son mandat… Vous voulez dire quelques mots? Oui,
allez-y, M. le ministre. Je vous en fais une faveur.
M.
Leitão : M. le Président, j'aimerais aussi publiquement remercier les collègues
de l'opposition, l'opposition officielle, le deuxième groupe d'opposition pour le niveau assez élevé du débat que nous
avons eu. J'apprécie ça et je
pense que c'est… toute la population du Québec sort gagnante d'un tel type de
débat. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Bernier) : La commission… je lève la séance de la commission…
ayant accompli son mandat, j'ajourne les travaux sine die.
Merci. Bonsoir à
tous.
(Fin de la séance à 20 h 16)