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Etude des crédits du ministère des
Finances
et du Conseil du trésor
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu est
réunie pour continuer l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Finances.
Pour la séance d'aujourd'hui, les membres de la commission sont:
M. Alfred (Papineau), M. Baril (Arthabaska), M. Biron (Lotbinière), M.
Garneau (Jean-Talon), M. Gagnon (Champlain) qui remplace M. Garon
(Lévis); M. Goulet (Bellechasse), M. Gravel (Limoilou), M.
Grégoire (Frontenac), M. Jolivet (Laviolette), M. Landry (Fabre), M.
Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Mercier (Berthier), M. Michaud
(Laprairie), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Parizeau (L'Assomption), M.
Raynauld (Outremont), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Tardif
(Crémazie).
Si j'ai bien compris l'entente intervenue entre les parties
représentant cette commission, on avait d'abord convenu d'étudier
les crédits budgétaires d'un certain nombre de régies.
Nous en serions à l'étude des crédits de SODIC.
M. Garneau: M. le Président, avant de commencer, au nom de
cette commission, pourrais-je offrir à un de nos membres, qui,
évidemment, est absent, nos plus sincères condoléances
à l'occasion du décès de sa mère? Le
député de Robert Baldwin, M. O'Gallagher, a dû subir la
dure épreuve du décès de Mme O'Gallagher. Je voudrais, au
nom de la commission, lui offrir mes plus sincères sympathies.
M. Parizeau: Nous nous associons à cela, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Parizeau: J'avais un certain.nombre de réponses
à des questions qui m'avaient été posées, lors de
la dernière séance. D'abord, au sujet de la Loto-Québec,
le statut de sous-chef de son président. Ce statut de sous-chef est
établi en vertu de l'article 1, paragraphe 3, de la Loi de la fonction
publique. Le président de chacun des organismes qui est visé
à ce paragraphe, est sous-chef, en vertu du paragraphe 7 de l'article
2.
M. Garneau: Cela répond au point de vue que
j'émettais; cette appellation ne vient pas de sa propre charte, mais
plutôt des relations qui doivent exister entre cette régie ou
cette société, et l'administration centrale de la Commission de
la fonction publique.
SODIC
M. Parizeau: C'est cela. D'autre part, au sujet de
SODIC, on nous avait demandé d'abord de déposer des copies du
contrat en vertu duquel SODIC avait prêté $600 000 à la
piste de courses de Jonquière. Je dépose ce document. Nous en
avons un certain nombre de copies. Est-ce qu'on veut qu'on les distribue?
M. Garneau: Ce serait peut-être la meilleure chose,
étant donné que le dépôt de document est plus
difficile à faire à la commission parlementaire.
M. Parizeau: D'accord.
Le Président (M. Clair): Je pense, effectivement, qu'il
vaudrait mieux en distribuer une copie à chacun des membres, afin
d'éviter d'avoir à reproduire le texte intégral au journal
des Débats, s'il y a consentement de tous les partis
représentés.
M. Garneau: C'est la méthode habituellement suivie.
Le Président (M. Clair): Je vois qu'il y a
consentement.
M. Parizeau: La deuxième question qui avait
été posée: Quels sont les propriétaires de la piste
de courses de Jonquière? Les principaux actionnaires de la piste
Pré Vert Inc., vous les trouverez à la première page du
contrat.
Troisièmement, on m'avait demandé qui a autorisé le
prêt.
Je vais vous lire le déroulement des tractations à ce
sujet: Le 3 septembre 1976, une résolution est enregistrée au
procès-verbal d'une assemblée de SODIC qui autorise une
assistance financière à la piste Pré Vert Inc.,
jusqu'à un maximum de $600 000 et autorise le président, M.
Pierre Angers, à signer les documents nécessaires.
D'autre part, le 7 septembre 1976, un chèque de $600 000 est
émis par Loto-Québec à SODIC pour y acheter des actions,
c'est-à-dire que Loto-Québec achète des actions
supplémentaires dans SODIC.
Finalement, le 8 septembre, c'est-à-dire le lendemain, il y a
signature du contrat que vous avez devant vous, entre SODIC et la piste
Pré Vert Inc.
La quatrième question qu'on m'avait posée est celle-ci: On
avait demandé quels étaient les règlements de SODIC. Nous
en avons un exemplaire.
Je vois que nous avons les règlements dans les minutes de SODIC.
Nous pourrions peut-être faire faire des photocopies pendant que nous
siégeons et elles seront distribuées de la même
façon.
Le Président (M. Clair): Est-ce que ce sera accepté
par les représentants des deux autres partis?
M. Parizeau: Cela règle les questions qui avaient
été posées. Comme on m'avait indiqué qu'on avait
d'autres questions au sujet de SODIC, ou qu'on voulait continuer l'examen de
SODIC, je suis à la disposition de la commission.
M. Garneau: M. le Président, je n'ai pas vu ces choses,
mais certains membres de cette commission ont tenu des propos en ce sens que le
prêt ainsi consenti n'avait pas de garantie. Je n'ai pas lu en
détail chacune des clauses, mais le ministre ou les représentants
de SODIC pourraient-ils nous expliquer quelles sont les conditions de ce
prêt, comment SODIC s'est assurée qu'elle ne prenait pas de risque
de perdre de l'argent, et pourquoi le prêt a été fait, en
particulier? Dans quel objectif?
M. Parizeau: Je comprends que la piste Pré Vert avait
complété une construction d'estrades d'environ $600 000 dans le
courant de l'été 1976 et que son bilan indiquait, au 25 juillet
1976, un compte à payer de $320 000 dû aux entrepreneurs et $300
000 à une banque. C'est donc, si je comprends bien, pour assumer ces
deux créances que le prêt de SODIC a été fait. Il a
d'ailleurs été fait en deux tranches, à partir de la
résolution du conseil dont je parlais plus tôt. Le 8 septembre, un
chèque de $500 000 a été émis à la piste
Pré Vert et le 7 octobre, un autre chèque de $100 000.
D'autre part, l'entente prévoyait qu'une aide additionnelle de
$725 000 pourrait être accordée par SODIC à la piste
Pré Vert pour des investissements pour l'écurie, les paddocks et
le stationnement. Cette somme n'a jamais été versée.
D'autre part, on comprend que SODIC n'a pas d'engagement légal
vis-à-vis cette deuxième somme. C'est-à-dire qu'elle peut
l'être ou ne pas l'être, selon que c'est considéré
utile ou non, mais, à l'heure actuelle, il n'y a pas d'engagement
juridique de la part de SODIC à verser cette deuxième
tranche.
La forme prise par cette assistance financière, les premiers $600
000, comporte l'achat de 600 000 actions privilégiées de classe
B, d'une valeur au pair de $100. Le rendement est établi sur la base
suivante: 6000 à $100, ce qui fait $600 000.
Le rendement de cette assistance est établi de la façon
suivante: c'est un dividende qui serait prioritaire et
préférentiel, fixe et non cumulatif, à 8%.
M. Garneau: II y a intérêt sur le prêt?
M. Parizeau: Mais non cumulatif. Ce n'est pas un
intérêt, d'ailleurs, ce n'est pas un prêt à
proprement parler, ce sont des actions privilégiées à 8%,
mais non cumulatif.
Les garanties sont établies de la façon suivante: aucune
modification à la charte de la piste Pré Vert ne peut être
faite sans l'approbation de SODIC. D'autre part, les actions
privilégiées de SODIC ont priorité sur les autres actions.
La piste Pré Vert devra racheter ces actions détenues par SODIC,
au cours d'une période s'étalant entre 1979 et 1991.
A partir du 1er mars 1978, la piste Pré Vert doit mettre sur pied
un fonds de rachat à cet effet, grâce à des contributions
équivalentes à 50% des profits nets, ou $30 000 par année,
le plus élevé des deux.
Finalement, comme je le disais tout à l'heure, la fin du
remboursement est en 1991, le 1er mai.
M. Garneau: Evidemment, là où il n'y a rien,
même le roi perd ses droits. Je pense bien que c'est un principe assez
généralement reconnu, mais, en dehors d'une faillite totale de la
piste, quelles sont les autres garanties données par cette piste de
courses à SODIC pour le remboursement? S'il n'y a pas de profit, elle ne
pourra remettre les $30 000? Que se produit-il?
M. Parizeau: M. Bouchard, qui m'accompagne, peut peut-être
répondre à cette question.
Il y a les terrains de la piste de Jonquière. Je ne suis pas
tellement au courant de la grandeur, mais cela peut aller peut-être d'un
mille par deux milles de longueur. Ensuite, il y a tous les édifices. Il
y a l'édifice qui a été construit récemment, pour
un coût d'environ $700 000 et qui peut être facilement
évalué à $1 million actuellement.
M. Garneau: Y a-t-il d'autres formes de garanties sur le
remboursement du prêt ou si ce sont seulement les biens?
M. Parizeau: II y a la garantie des individus eux-mêmes,
des propriétaires, des actionnaires.
M. Garneau: Dans quelle forme?
M. Parizeau: La garantie de leurs biens, je crois. Exactement, je
ne suis pas tellement au courant, parce que je n'étais pas
administrateur au temps où cela a été fait. Ce n'est pas
moi qui ai eu à faire cette entente. Il n'y a pas d'autres garanties que
celles que nous avons mentionnées dans le contrat, dans le moment.
M. Garneau: Vous dites que les actionnaires eux-mêmes ont
garanti personnellement le rachat d'actions. Est-ce cela que vous dites? Que
dites-vous? Vous dites que les actionnaires ont donné une garantie.
Quelle est cette garantie?
M. Parizeau: Ce n'est pas dans le contrat.
M. Garneau: C'est parce que vous venez de dire que les
actionnaires inscrits ici ont donné une garantie.
M. Parizeau: Je voyais ici la garantie des actionnaires, qui
s'engagent à racheter les actions, advenant le cas où...
M. Garneau: Vous voulez dire que si la compagnie elle-même
ne pouvait pas les racheter, les actionnaires s'engagent à racheter les
actions. Est-ce cela que vous voulez dire?
M. Parizeau: Non, ce n'est pas tout à fait cela.
M. Garneau: La garantie est-elle individuelle? Au lieu
d'être la compagnie...
M. Parizeau: Non. D'après ce que je peux voir, il n'y a
pas de garantie personnelle des actionnaires sur leurs biens, ni dans le
contrat, ni où que ce soit.
M. Garneau: C'est parce que M. Bouchard disait que les
actionnaires donnaient une garantie. Je voulais savoir, s'il y en avait une,
quelle en était la forme? Il n'y a pas de garantie personnelle
donnée par les actionnaires, sauf la garantie fournie par les biens que
vous évaluez à $1 million. Jusqu'à maintenant,
êtes-vous en mesure de voir si la compagnie sera capable de verser le
dividende de 8%?
M. Parizeau: Je serais peut-être mieux de vous faire un
petit historique à cet effet. Voulez-vous que je le fasse?
Ce qui arrive, c'est que, lorsque le prêt a été
autorisé, la situation économique à Jonquière, en
raison des grèves qui avaient lieu là, à l'Alcan, et,
disons, Price, n'a pas aidé tellement l'augmentation normale qu'il
aurait dû y avoir à la piste de Jonquière. Eventuellement,
je pense que, sans être optimiste à un tel point, Jonquière
atteindrait facilement une moyenne de paris de l'ordre de $60 000. L'an
passé, la piste a atteint $50 000, ce qui est à peu près
nécessaire, c'est un "breaking point", pour boucler les dépenses
d'opération. Avec ce prêt et si, éventuellement, l'autre
partie est acceptée, Jonquière pourra présenter 120 jours
de courses comparativement à 70 l'an passé.
Du point de vue financier, 70 jours de course à $50 000
équivalent à $3,5 millions, donc un revenu à la province
d'environ $250 000. Advenant le cas où Jonquière pourrait
présenter des courses pendant 120 jours et, sans être optimiste,
atteindre un chiffre de $60 000 par jour, ce qui donnerait une somme totale
d'au-dessus de $7 millions, le gouvernement recevrait à peu près
$600 000 avec son taux de 8%.
C'est de cette façon qu'on prévoyait qu'en faisant un
prêt, ce serait peut-être rentable du côté du
gouvernement. Ensuite, de cette façon, on pourrait rembourser les $30
000 et les actions.
M. Garneau: Lors de la dernière séance de notre
commission, on avait évalué approximativement les
retombées fiscales ou financières de l'opération de cette
piste en termes de pari mutuel, on parlait de $400 000 ou $500 000. Est-ce que
vous avez le chiffre des... J'ai un bon recher-chiste, il me dit que c'est $331
000, c'est ça, la réponse?
Dans le contrat que vous n'avez pas lu, mais que d'autres ont lu,
comment interpréter le clause de la page 8, avant les signatures,
où on dit: "A défaut par la compagnie de pouvoir acheter
validement les actions privilégiées, classe B, les actionnaires
seront obligés de les acheter immédiatement sur demande de SODIC,
à un prix représentant la valeur nominale de telles actions ainsi
que les dividendes déclarés et non payés."
Comment interpréter cette clause? Est-ce que ça veut dire
que les actionnaires, sur une base individuelle, doivent remplir les
obligations de la compagnie?
M. Parizeau: Où avez-vous ça?
M. Garneau: A la page 8, avant les signatures, dernier
paragraphe, "A défaut par la compagnie de pouvoir racheter validement
les actions privilégiées, classe B, les actionnaires seront
obligés de les acheter immédiatement sur demande de SODIC
à un prix représentant la valeur nominale de telles actions ainsi
que les dividendes déclarés et non payés." Est-ce que
c'est une forme de garantie personnelle que les actionnaires auraient
donnée en sus de la garantie de la compagnie? Y a-t-il quelqu'un qui le
sait?
M. Parizeau: On pourrait demander un avis juridique
là-dessus, il faudrait seulement savoir si le fait que les actionnaires
doivent racheter veut dire qu'ils doivent les racheter avec leur fortune
personnelle, ce qui n'est pas indiqué.
M. Garneau: Mais, vous autres, à SODIC, je ne sais pas,
mais y a-t-il quelqu'un qui peut interpréter le contrat qu'il a
signé ou si... Evidemment, c'est bien gentil de vous voir, M. Bouchard,
mais si vous ne savez pas, peut-être vaut-il mieux avoir quelqu'un qui le
sait...
M. Parizeau: Je ne suis pas un expert en courses, c'est bien
difficile de vous répondre...
Si on demandait à M. Bouchard de se renseigner tout de suite
à SODIC, et de nous rapporter le renseignement?
On peut appeler M. Claude Girard, qui a signé, qui est notre
conseiller juridique là-dessus, il a signé comme témoin,
il doit être au courant de tout ça.
M. Garneau: Lors de la dernière séance de la
commission, il y avait eu un certain nombre d'affirmations faites que le
prêt avait été fait sans garantie, sans
intérêt, et je pense que, pour la renommée des gens en
question et surtout des administrateurs de SODIC, ce serait sans doute
important. Je dirais même que, pour les administrateurs de SODIC qui
administrent des fonds publics, il importerait de dire exactement dans quelles
conditions de garantie, autrement, c'est la réputation des
administrateurs de SODIC qui risque d'être joliment entachée.
Autrement, cela aurait plutôt été une forme de don,
alors que ce que l'on voit, ce n'est pas tout à fait ce qui avait
été dit lors de la dernière séance et surtout au
dernier paragraphe de la page 8. Il serait intéressant de voir comment
ceux qui ont fait le prêt ont conçu le contrat et quelle valeur
ils lui donnent.
M. Parizeau: M. le Président, je suis tout à fait
d'accord sur ce sujet. Il est évident qu'il faut clarifier cette
question. Mais plutôt que de demander un avis juridique, on pourrait
peut-être demander
aux conseillers juridiques de SODIC, tout de suite, de nous donner le
renseignement.
M. Garneau: C'est un peu ce que je croyais.
M. Parizeau: Est-ce qu'on peut demander à M. Bouchard de
s'occuper de cela immédiatement? Il reviendra avec la réponse un
peu plus loin.
M. Garneau: Je l'apprécierais, parce qu'il y va de la
réputation d'un certain nombre de personnes. Je crois que c'est
important de le clarifier.
Le Président (M. Clair): Le député de
Lotbinière, sur le même sujet.
M. Biron: Sur le même sujet, M. le ministre, est-ce qu'il y
a une raison pour laquelle c'est SODIC qui a fait le prêt à
Pré Vert, au lieu de passer par des voies normales, comme la SDI ou un
autre organisme?
M. Parizeau: Non. Je pense qu'il y a une certaine logique
à faire en sorte que SODIC puisse, dans ses fonctions normales, aider
les pistes de courses, puisque sa fonction est spécialisée dans
ce domaine de l'industrie, à la fois des chevaux et des courses. En soi,
cela ne me choque pas que SODIC définisse ses responsabilités en
fonction de l'industrie des courses et du cheval.
M. Biron: Est-ce que, lorsqu'on a fondé SODIC,
c'était prévu qu'elle puisse faire des prêts ou participer
à des entreprises de courses?
M. Parizeau: La charte de SODIC indique, en vertu du paragraphe
4, objet, troisième alinéa: "acheter, vendre ou autrement
acquérir, louer, administrer, améliorer et exploiter toute piste
de courses située au Québec".
Il est évident qu'en vertu du terme améliorer, d'une part,
elle a pris des actions privilégiées, c'est-à-dire une
partie de la propriété de, et d'autre part, en vertu de la clause
améliorer... je pense qu'on ne peut pas considérer qu'ils sont
sortis de leur mandat.
M. Garneau: Est-ce que, suivant les propos que le ministre a
tenus à la dernière commission, on doit comprendre que c'est
l'intention du gouvernement de faire disparaître SODIC et de l'abolir
complètement et de repenser complètement l'aide aux pistes de
courses? Ou si cela va plutôt être en termes d'évolution, de
modification de mandat ou de modification complète de structures?
M. Parizeau: Je n'en suis pas encore dans le réexamen de
toutes les régies qui dépendent du ministre des Finances. Je dois
dire que je n'en suis pas encore rendu là, à choisir une formule.
Je veux réexaminer toute la question de SODIC et, comme je l'ai dit
à la dernière réunion de la commission, je ne veux pas,
actuellement, m'engager dans une voie en particulier. Je veux reprendre toute
cette question, enfin, réexaminer toute cette question de SODIC.
Le Président (M. Clair): Si j'ai bien compris l'entente
qui était intervenue avant que je commence à présider, on
étudierait maintenant, plus particulièrement, la Régie
anti-inflation et ses crédits. Est-ce que c'est bien cela qui...?
M. Parizeau: Pas ses crédits, puisqu'elle est
annulée.
Le Président (M. Clair): Puisqu'elle est abolie. La
Régie anti-inflation.
M. Garneau: Quand M. Bouchard aura la réponse, peu importe
où on en sera rendu dans nos travaux, il pourra nous la donner,
même si...
M. Parizeau: Oui, bien sûr. Mais est-ce qu'on ne devrait
pas passer la SAQ, M. le Président, auparavant, puisque tous les...
M. Michaud: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: On pourrait poser encore des questions sur
Loto-Québec. C'est réellement le sujet présentement.
M. Parizeau: II faudrait faire un retour, parce qu'on avait
d'abord examiné Loto-Québec, ensuite, sa filiale SODIC.
Là, on se trouverait à revenir...
M. Michaud: Tout simplement une question. On a beaucoup
parlé des concessionnaires de Loto-Québec. Je me demande si on a
demandé le dépôt de la liste des concessionnaires, la date
à laquelle ils ont obtenu leur concession et peut-être les revenus
qu'ils ont reçus en 1976. Si cela était disponible aujourd'hui,
ou plus tard?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laprairie, je n'étais pas président à ce moment-là,
mais étant donné qu'un certain nombre de choses avaient
été convenues entre les partis représentés à
cette commission et que vous pourriez poser votre question à un autre
moment, plus particulièrement à l'Assemblée nationale, par
une question au feuilleton, je pense qu'il serait important qu'on respecte
l'entente intervenue et qu'on continue...
M. Michaud: De toute façon, la question est posée.
Si le ministre veut en faire le dépôt plus tard, il pourra le
faire ou, de toute façon, il pourra...
M. Garneau: Je n'y aurais pas d'objection, M. le
Président. Est-ce que le ministre, prenant avis de la question du
député de Laprairie, pourrait remettre aux membres de la
commission, lorsqu'il aura le document, cette liste-là avec les dates
demandées? C'est une possibilité qui ne retarderait pas
nécessairement l'évolution de nos travaux, mais qui donnerait aux
membres de la commis-
sion la complète information, si c'est le désir du
ministre d'y répondre.
Le Président (M. Clair): Dois-je comprendre que le
député de Laprairie se satisferait à ce moment-là,
si le ministre y consent, que chacun des membres de la commission ait une copie
des choses demandées, plutôt que de procéder
véritablement à un dépôt du texte en commission?
M. Michaud: Je suis complètement d'accord, pourvu que
j'aurai les renseignements que j'ai demandés.
M. Parizeau: Je n'ai pas d'objection, M. le Président,
à procéder de cette façon, à la condition que cela
ne serve pas de précédent. Ce que je veux dire par là,
c'est qu'on peut en avoir encore pour des heures à examiner les
questions du ministère des Finances. Je ne voudrais pas qu'on rouvre des
chapitres qu'on a fermés, parce que là, on n'en sortira plus.
Une Voix: D'accord.
M. Parizeau: Je suis d'accord pour cela. Je n'ai pas d'objection
pour cela, mais qu'on s'entende que ce n'est pas un précédent
pour tout le reste des travaux de la commission, parce qu'on va être ici
jusqu'en juillet.
Le Président (M. Clair): Sans que cela ait la valeur d'un
précédent effectivement, si le ministre y consent, je n'ai aucune
objection que chacun des membres de la commission reçoive, dès
qu'elle sera disponible, une copie de...
M. Parizeau: On va faire faire des copies, M. le
Président.
M. Michaud: La liste des concessionnaires.
Le Président (M. Clair): ... la liste des concessionnaires
de Loto-Québec.
M. Garneau: Quand vous parlez de concessionnaires, il faudrait
ajouter le nom des compagnies, des actionnaires et vous demander la date
à laquelle les concessions ont été données.
M. Michaud: La date à laquelle ils ont obtenu leur
concession.
M. Garneau: C'est bien important que la date soit incluse, M. le
Président, pour des raisons que vous allez comprendre.
M. Michaud: Oui, c'est très important.
M. Garneau: Parce que, dans le cas de Loto-Québec...
M. Parizeau: Cependant, il faudrait simplement s'assurer que,
dans les documents que nous avons à ce sujet, tous les renseignements
s'y trouvent aussi.
Une Voix: S'y trouvent, y compris la date.
M. Parizeau: Parfait. Dès que ce sera disponible.
Société des alcools du
Québec
Le Président (M. Clair): Nous passons donc
immédiatement à l'étude de la Société des
alcools du Québec.
M. Garneau: On n'a pas eu le dernier rapport annuel. Il n'a pas
encore été déposé.
Le Président (M. Clair): Le ministre des Finances.
M. Parizeau: Le rapport annuel date du 27 mars 1976. Celui de
1976/77 n'est pas encore sorti.
M. Garneau: II n'est pas sorti. Celui que vous avez entre les
mains, M. le ministre, est-ce qu'il vous a déjà été
remis? Oui? C'est celui de l'année passée, celui-là ou
celui de l'autre année avant.
M. Parizeau: J'attends les questions, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Est-ce que le ministre ou le président de la
société aurait des remarques à faire sur
l'évolution de la société, la politique de fixation des
prix? Il y a eu, récemment, une augmentation dans les prix. Est-ce une
façon d'augmenter les revenus ou si c'est pour tenir compte des
variations de taux de change, d'augmentation des coûts? Est-ce qu'il y a
eu un changement dans la politique qu'on peut appeler de tarification ou de
fixation des prix au détail? Est-ce que ce sont les mêmes
politiques qui ont été appliquées dans le passé?
Est-ce qu'il y a des commentaires là-dessus que le ministre ou que le
président de la société pourrait faire?
M. Parizeau: En gros, les augmentations récentes
reflètent des augmentations des prix des fournisseurs et certains
ajustements de change, si bien qu'il n'y a pas de modification dans la
politique générale de tarification. Je crois que ce sont des
augmentations de prix qui reflètent des augmentations dans les
coûts.
M. Garneau: Les mêmes barèmes de pourcentage de
profits ont été maintenus. Est-ce que le ministre pourrait
rappeler aux membres de cette commission comment la politique de
détermination des prix de vente au détail est fixée par
rapport aux prix d'achat des produits?
M. Parizeau: Commençons d'abord par l'établissement
des revenus nets. En 1975/76, le pourcentage du revenu net par rapport aux
ventes était de 36,24%; l'année suivante, 37,31%.
La projection pour 1977/78 est de 36,40%. C'est donc dire que la marge
de profit net par rapport aux ventes est à peu près stable et
dans la performance passée et dans la projection pour la prochaine
année.
M. Garneau: Ma question était plutôt reliée
aux produits spécifiques. Si, par exemple, la Société des
alcools paie $2 pour une bouteille de vin français ou italien ou de
n'importe quelle marque, cela lui coûte $2 rendu à ses
entrepôts. Elle le vend $4 ou $5 ou $3, il y a une politique de
majoration qui doit être établie. Est-ce que la politique de
majoration est la même ou si elle a été
modifiée?
M. Parizeau: II y a eu quelques modifications très
mineures, mais les taux de majoration sont à peu près les
mêmes que ceux des années précédentes.
M. Garneau: Comment se situent ces taux par rapport à un
produit, à un vin européen? Quel est le taux de majoration qui
est appliqué par la société pour la vente au
détail, pour l'année 1977/78?
M. Parizeau: Dans les vins de table, qui comprennent les vins
plats, pétillants et les vins mousseux...
M. Garneau: Vous parlez des vins importés?
M. Parizeau: Je parle des vins importés. La majoration est
de 112%. Dans les vins que nous appelons les vins conditionnés au
Québec, la majoration est de 85%. Dans les vins venant...
M. Garneau: Ce sont les vins achetés en fût?
M. Parizeau: Les vins achetés en fût par la
société et les vins produits par les vigneries
québécoises.
M. Garneau: 85% de taux de majoration.
M. Parizeau: Dans les vins d'Ontario, les vins de
Colombie-Britannique, la majoration est de 109%.
M. Garneau: Est-ce que ces taux ont varié au cours des
années ou si les taux appliqués en 1977 étaient
appliqués en 1976, 1975, 1974? Comment ont évolué ces taux
de majoration?
M. Parizeau: Si vous permettez? Il s'est créé une
nouvelle classe de majoration au moment de l'apparition des vigneries
québécoises. Règle générale, la proportion
entre le produit importé et le produit d'Ontario est demeurée
à peu près la même. Vous dire que ce sont exactement les
mêmes taux qui datent de 1972 et 1973... Il y a eu des fluctuations,
à ce qu'on me dit, des fluctuations à la hausse et à la
baisse à certains moments.
M. Garneau: Du côté des spiritueux maintenant,
est-ce que vous pourriez établir quels sont les taux de majoration?
M. Parizeau: II y a tout un tableau qui définit les taux
de majoration à la société où les produits sont
classifiés en produits d'importation ou en spiritueux étant
fabriqués au Québec ou dans d'autres provinces. Alors, les taux
varient, règle générale, entre les produits
importés et les produits québécois ou les produits des
autres provinces. Si on veut prendre l'alcool, il y a tout un tableau je
pourrais le déposer mais si on veut prendre l'alcool produit par
la société, le taux est actuellement de 96%. Dans les brandies,
le taux est de 96% et de 115% sur les brandies importés. Dans les
cognacs, le taux est de 108%.
M. Garneau: Pour les produits importés?
M. Parizeau: II n'y a pas de cognac. En fait, c'est le cognac qui
est importé en vrac, et au même taux. Dans les rhums, le taux est
de 96% pour les rhums domestiques, et 115% pour les rhums importés. Dans
ce qu'on appelle c'est une catégorie très minime
les produits de cocktails, c'est 96% et 115%. Dans les liqueurs, le taux est de
98% et de 118% dans l'importé. Dans les eaux-de-vie qui comprennent les
vodkas, 96% et 115% pour les importés. Dans les dry-gins, les taux sont
de 96% et de 115% pour les produits importés. Dans le gin Geneva ou le
gin genièvre, ce qu'on appelle ici, au Québec, le gros gin, le
taux est de 94% et 115%. Dans les whiskies, les ryes, le taux est de 96% et de
115%.
M. Garneau: Sur quel rationnel s'appuient les variations, par
exemple, entre les cognacs, les brandies, les rhums? où ça varie
de 108 à 118% pour les produits importés et, pour ce qui est des
produits canadiens, vous avez surtout fait référence à des
produits fabriqués au Québec qui sont de 94 à 98% Est-ce
que c'est l'échelle de départ qui était faite ainsi ou si
elle a été modifiée? La modification s'applique sur quelle
base rationnelle? Pas la modification, les changements. Pourquoi, par exemple,
94% sur le gros gin et 98% de majoration sur une liqueur fabriquée au
Québec, et pour les importations, disons, 108% pour le cognac, 115% pour
le brandy, 118% pour les liqueurs? Sur quoi cette majoration
s'appuie-t-elle?
M. Parizeau: II y a peut-être deux approches à
souligner de ce côté. C'est la situation dont a
hérité la société vers 1972, qui plaçait les
produits, au Québec, les spiritueux et vins qui étaient vendus
à certains prix et qui étaient établis dans un certain
marché. Il s'est agi, pour la société, à ce
moment-là, à partir de 1972, d'établir une
continuité dans les prix existants par rapport aux catégories de
produits.
D'autre part, la société, en établissant une
politique d'achat vins et spiritueux, a voulu aussi formaliser les
catégories de produits. On s'est aperçu que certains groupes de
produits pouvaient être avantagés par rapport à d'autres
dans certaines catégories, et le rapport Thinel, qui a été
produit fin 1971, mentionnait l'intention de voir la nouvelle administration
établir des politiques rationnelles à l'intérieur de
groupes et de catégories
de produits, au lieu d'avoir à l'intérieur d'une
même catégorie de produits des majorations différentes.
La société, elle...
M. Garneau: Si je comprends votre explication, tous les cognacs,
qu'ils soient d'une marque ou d'une autre, sont actuellement majorés de
108%, peu importe qui est le fournisseur.
M. Parizeau: C'est ça.
Alors, la société a suivi l'élément
évolution des ventes de chacun des produits dans ces catégories,
a établi des majorations fixes par catégorie de produits et a
aussi, comme base de comparaison, un peu les prix des produits qui se vendent
à l'extérieur du Québec, dans les marchés de
l'Ontario ou les marchés du Nouveau-Brunswick au niveau des
spiritueux.
M. Garneau: Comment cela se compare-t-il actuellement, un 40
onces de gin vendu, par exemple, à Hull et un 40 onces de gin vendu
à Ottawa, ou encore à Campbellton et, je ne sais pas, moi, un
endroit du côté de la Gaspésie?
M. Parizeau: Nos informations sont telles que, règle
générale, le Québec se situe plus bas dans le prix de la
plupart des spiritueux, sauf, pour les scotches, où nous sommes
peut-être plus hauts que l'Ontario et, règle
générale, pour tous les vins. Nous vendons nos vins moins cher
qu'ils ne se vendent en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Je pense que le
même cas s'applique aussi pour les spiritueux au Nouveau-Brunswick.
M. Garneau: M. le Président, j'ai évidemment
d'autres questions à aborder. Je ne sais pas si, sur le même
sujet...
Le Président (M. Clair): Le député de
Verchères.
M. Garneau: ... d'autres députés ont à poser
des questions. Moi, je voudrais aborder évidemment la question des
agences de distribution, mais sur la politique de fixation des prix, je
n'aurais qu'une dernière question.
D'une façon générale, si le prix... Disons que vous
avez une majoration de, je ne sais pas, moi, 115% sur le gros gin
importé et que le prix du fournisseur, pour des raisons d'augmentation
de salaires en Europe ou encore des variations dans les taux de change, au lieu
d'être de $5 la bouteille rendue sur le quai ou dans l'entrepôt de
la société à Montréal, ce prix passe à $10
je prends un exemple exagéré est-ce que ça
veut dire que vous appliquez le même taux et que la marge de profit
augmente dû à un facteur extérieur à la
société? C'est-à-dire, plus les gens vous vendent les
produits chers, plus le profit de la société est
élevé? Est-ce que c'est la règle qui est appliquée
d'une façon générale, sans aucune nuance?
M. Parizeau: Je pense que les majorations sont à peu
près identiques à ce qu'on peut retrou- ver dans la plupart des
entreprises privées. Si vous avez une majoration de la part du
fournisseur, le vendeur, d'une certaine façon, en profite en venant
établir sa majoration sur la hausse des prix. Alors, sur des majorations
comme celles que détient actuellement la société, il n'y a
pas d'erreur qu'il y a un profit supplémentaire sur le produit plus
cher...
M. Garneau: Et comment...
M. Parizeau: ... en termes pécuniaires.
M. Garneau: Alors, la Société, le gouvernement en
bénéficie. Comment avez-vous résolu le problème des
produits déjà marqués dans les magasins? Je me rappelle
que, dans le passé, il y a eu des groupes de protection du consommateur
qui sont intervenus pour demander... Disons que vous aviez une augmentation du
prix du fournisseur et que cela plaçait votre bouteille de boisson
à une différence de $2 entre la vieille bouteille de gin et la
nouvelle qui vient d'arriver. Reprenez-vous à zéro tout votre
stock et le majorez-vous ou vendez-vous d'abord le vieux stock et majorez-vous
le nouveau?
M. Parizeau: II existe une politique établie à la
société qui a également recherché une concordance
avec ce que nous pensons être certaines lois de la protection du
consommateur qui existent à Ottawa et peut-être aussi à
Québec, ce que nous appelons le double étiquetage.
Lorsqu'il y a des modifications de prix, des directives ont
été données à l'intérieur des 310
succursales à travers le Québec pour que le produit
étiqueté qui est sur les tablettes au moment d'une variation de
prix demeure au même prix, sauf s'il y a une baisse.
Normalement, on ne devrait pas trouver deux étiquettes sur une
bouteille qui est achetée par la clientèle dans une succursale
à la Société des alcools, sauf s'il s'agit d'une
diminution de prix. C'est ce que nous appelons le double étiquetage qui
doit prévenir autant que possible ce qui est appelé le profit
d'inventaire.
Cette année, la société sait qu'elle reçoit,
entre autres, ses arrivages au début de la navigation. Elle ne peut pas
faire parvenir des produits importés au moment de la période de
l'hiver. Nous avions les stocks qui commençaient à arriver et qui
commencent à être envoyés aux succursales avec les nouveaux
prix et, à ce moment, les stocks doivent être
étiquetés au nouveau prix pour laisser vendre les provisions qui
sont à l'ancien prix sur les tablettes des succursales.
Le Président (M. Clair): Le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je voudrais savoir
comment fonctionne la politique des "listings" à la
Société des alcools? Combien existe-t-il de "listings"
actuellement à la Société des alcools?
M. Parizeau: II existe à la Société des
alcools des textes qui ont été établis dans les
années qui ont suivi la formation de la société. Notre
document de travail, à ce moment, était les commentaires ou les
recommandations du rapport Thinel. Peu importe les recherches que nous aurions
faites ou que nous avons essayé de faire, nous n'avons trouvé
aucune façon écrite, scientifique ou technique de faire des
achats dans l'ancienne Régie des alcools.
M. Charbonneau: C'est juste pour qu'on comprenne bien la date de
la formation de la société. Cela remonte à...
M. Parizeau: C'est à la fin de 1971. Les premières
assemblées du conseil d'administration de la Société des
alcools se sont tenues vers octobre 1971. La Société des alcools
a bâti de toutes pièces une politique d'achat de vins et
spiritueux. Pour cette politique d'achat, nous avons voulu obtenir le plus de
renseignements possible de commerces existant dans le domaine de
l'alimentation, comment ces commerces procédaient au point de vue de
faire des achats. Nous sommes allés chez nos voisins voir un peu comment
les autres "Liquor Boards" procédaient au point de vue de l'achat.
Finalement, nous avons bâti notre propre expérience.
Le 17 février 1972, le conseil d'administration de la
société a adopté une politique d'achat de vins et
spiritueux qui est publique et qui a été remise à tous
ceux qui faisaient affaires à ce moment avec l'entreprise ou qui veulent
maintenant faire affaires avec l'entreprise. Cette politique a eu à
subir quelques modifications au cours de 1974; au fur et à mesure que
l'évolution de l'entreprise se produisait, la société a
modifié, à un certain moment, certaines clauses.
M. Charbonneau: La société, de son propre chef?
M. Parizeau: De son propre chef. Le conseil d'administration de
la société. Il existe actuellement un service que nous appelons
un service de mise en marché à la société, qui est
responsable de tous les achats, vins et spiritueux. Le choix des produits est
recommandé par deux groupes de travail, à la
société, qui sont les acheteurs, les gens de la mise en
marché et les officiers du contrôle de la qualité ou de nos
laboratoires qui soumettent à un comité composé du
président de la société et deux membres du conseil
d'administration de la société... ce comité tient des
minutes des assemblées dans lesquelles chaque dossier est
déposé, où il y a une formule à remplir pour chaque
produit présenté à la société, dans laquelle
on indique les prix, les coûts de transport, les rapports de laboratoire
sur le contrôle de la qualité du produit, de quelle façon
le laboratoire établit la valeur du produit ou sa qualité. C'est
ce comité qui ressemble peut-être en bonne partie à ce que
l'entreprise privée importante peut faire, qui a aussi établi des
normes de maintien de pro- duits en vente à la société.
C'est bien beau d'avoir un produit, mais il y a des projections de ventes de
faites. Alors, la société a établi des minimums de vente
du produit au cours de l'année pour être maintenu en vente
à la Société des alcools.
M. Charbonneau: Mais, pour que je comprenne bien, en
réponse à la question que j'avais posée, est-ce qu'en
fonction de votre nouvelle politique d'achat qui date de février 1972,
on peut dire qu'il y a combien de "listing" maintenant? Le terme "listing"
existe encore?
M. Parizeau: Oui. C'est un terme qu'on n'a pas inventé. Il
existait à ce moment-là. On parle de "listing" et de
"délisting" quand il s'agit d'introduire ou de cesser la vente d'un
produit. Je pense bien qu'un terme français serait beaucoup plus
approprié, mais tout cela est établi...
M. Charbonneau: Je suis d'accord avec vous. M. Parizeau:
... par des mécanismes...
M. Charbonneau: Mais actuellement, on peut dire qu'il y en a
combien? On a parlé, à certaines époques, de 1400.
M. Parizeau: II y a certainement 1400 produits en vente à
la société.
M. Charbonneau: Est-ce qu'il serait possible de déposer
à la commission la liste des agences de distribution ou des agences
d'importation, des listes de fournisseurs qui détiennent ces
"listings"?
M. Parizeau: Je ne vois pas d'inconvénient particulier
à ce que ceci soit déposé, sujet cependant... Est-ce que
le conseil d'administration doit intervenir dans une décision comme
celle-là, en vertu de ses pouvoirs?
Je pense bien que s'il s'agit d'une demande de l'actionnaire, du
ministre responsable...
La seule chose que je soulève ici, c'est simplement la question
de la correction du procédé. Je ne voudrais pas passer par-dessus
la tête du conseil d'administration si vraiment cela... Comme
actionnaire, bien sûr, je peux le demander au conseil d'administration.
Est-ce que je pourrais prendre simplement, M. le Président, cela en avis
jusqu'à cet après-midi, effectivement, de façon que je ne
passe pas par-dessus les attributions normales du conseil d'administration.
M. Charbonneau: Dans ce cas-là, est-ce qu'il serait
possible, également, au ministre des Finances, de demander à la
Société des alcools de nous fournir la liste des "listings" qui
existait avant que la politique d'achat soit en vigueur et surtout avant la
formation de la Société des alcools, afin que des niveaux de
comparaison soient possibles?
M. Parizeau: Sûrement.
M. Garneau: Si la demande est agréée par le
ministre, est-ce que ce serait possible, comme pour le cas de
Loto-Québec, d'indiquer la date ou le nombre d'années que ces
agences exitent, la date où elles ont commencé à faire
affaires soit avec la société actuelle, ou l'ancienne
régie ou l'ancienne commission des liqueurs.
Est-ce que ces renseignements existent? A partir de quelle date chacune
des maisons ou des agences qui font la promotion pour les compagnies
privées ont-elles commencé à représenter ou
à faire affaires avec la Société des alcools? C'est un
renseignement que j'aimerais bien qu'il soit donné.
M. Charbonneau: Dans ce cas-là, M. le Président,
est-ce qu'il serait possible également qu'on puisse nous indiquer, en
fonction de chaque agence d'importation ou de distribution ou chaque liste de
fournisseurs, je ne sais pas comment on peut les appeler, combien de "listings"
possédait chacune de ces entreprises, depuis quand, si on parle de date,
si on veut aller dans les détails, chacune de ces entreprises a-t-elle
ces "listings"?
M. Parizeau: Bon. Au fur et à mesure que les demandes
augmentent, il s'agit de savoir combien de temps ça peut prendre.
M. Charbonneau: Remarquez que ce n'est peut-être pas pour
cet après-midi, dans ce cas-là.
M. Parizeau: II arrive un moment donné, dans le travail
administratif, où il s'agit d'être capable de déterminer
des dates de dépôt. Est-ce qu'on me donne seulement trente
secondes pour m'assurer du temps que ça peut prendre?
Si on comprend bien les questions posées par le
député de Verchères et par le député de
Jean-Talon, ça peut prendre plusieurs semaines.
M. Charbonneau: Ecoutez, ça fait déjà
quelques mois qu'on attend, on peut peut-être attendre encore quelques
semaines.
M. Parizeau: II est question seulement de manipulation.
M. Garneau: M. le Président, avec toutes les
enquêtes qu'il y a eu, ces travaux ont dû être faits,
j'imagine? Depuis le temps qu'il existe des enquêtes à la
société, j'imagine que ces travaux doivent être l'enfance
de l'art pour n'importe quel enquêteur. Ça devrait exister,
ça ne devrait pas prendre deux ans...
M. Charbonneau: On pourrait peut-être demander au ministre
de la Justice.
M. Parizeau: Je pense qu'il faudrait peut-être...
M. Garneau: Ils les ont certain, c'est eux autres qui les ont
fournis.
M. Parizeau: ... préciser exactement les...
Il faudrait peut-être préciser les questions qui sont
posées. Parce que la façon dont c'est posé, ça
présente beaucoup de manipulation.
M. Charbonneau: Ce que j'ai demandé d'abord, le
président de la société a répondu à la
première question, c'est combien il y avait de "listings" à la
société. J'ai indiqué un chiffre qui est environ 1400 et
on m'a indiqué que c'était à peu près le nombre qui
existait.
Ce que je voudrais savoir de plus, c'est combien de compagnies
possèdent ces "listings", quelles sont ces compagnies, dans chacun des
cas, combien de "listings" possèdent ces compagnies...
M. Parizeau: Vous parlez toujours jusqu'à maintenant?
M. Charbonneau: Oui, jusqu'à maintenant et ça,
depuis les années 70, parce que je voudrais faire des comparaisons,
éventuellement, après la formation de la Société
des alcools, après la mise en vigueur d'une politique d'achat quels ont
été les changements qui ont pu s'effectuer. Je voudrais
également avoir la liste des gens qui possédaient des "listings",
à la Régie des alcools avant la formation de la
Société des alcools. Cela nous permettra de faire
également certaines comparaisons.
Le Président (M. Clair): A ce stade-ci, si vous me
permettez, pour l'intérêt des membres de la commission, pour le
député de Verchères particulièrement, il y a trois
possibilités au niveau de nos travaux, je pense, que je vous mentionne
simplement: II y a la possibilité de demander véritablement le
dépôt d'un document comme celui que vous demandez. A ce
moment-là, étant donné la façon dont fonctionne le
journal des Débats pour la reproduction des débats en commission,
le document qui sera déposé serait annexé au journal des
Débats, ce qui entraînerait des frais importants. Une
deuxième possibilité consiste simplement à remettre
à chacun des membres de cette commission, s'il y a consentement, une
copie de la réponse obtenue à la question; il existe
également une troisième possibilité, et je vous le
rappelle, c'est celle d'inscrire une question au feuilleton de la Chambre ou
des questions au feuilleton sur ce sujet, d'obtenir que le document soit
déposé à la Chambre.
Je souligne simplement ces trois possibilités. Je pense que quant
au reste, le ministre a entendu et compris les questions qui lui étaient
posées et doit faire connaître, cet après-midi, les
délais exacts dans lesquels il pourrait produire, s'il est d'accord pour
les produire, les documents demandés. Est-ce que c'est bien
ça?
M. Parizeau: J'ajouterai une chose, M. le Président. Je
voudrais simplement, d'ici cet après-midi, vérifier que l'on
procède, que l'on suive les étapes normales pour la
présentation de docu-
merits comme ceux-là. Je pense que la vérification peut se
faire rapidement; deuxièmement, on examinerait un peu plus à
tête reposée pour voir combien de temps ça peut prendre
pour répondre spécifiquement aux questions qui ont
été posées et j'apporterais les réponses cet
après-midi. Quant à moi, je n'ai aucune espèce d'objection
que tous ces renseignements soient sus. Au contraire!
La question est de procéder selon les normes et, d'autre part,
d'avoir une idée précise du temps que cela peut prendre.
Si on pouvait se donner l'heure du lunch pour évaluer tout cela,
au début de l'après-midi, on pourrait donner la
réponse.
M. Charbonneau: M. le Président, dans ce
cas-là...
M. Parizeau: Je m'excuse. S'il y a d'autres questions ou d'autres
types de renseignements qu'on veut avoir, j'aimerais mieux que cela sorte tout
de suite, de façon que l'évaluation puisse se faire sur
l'ensemble des questions.
M. Charbonneau: La dernière question que j'avais
posée quant à la liste des questions, pour se
répéter, comme nous l'avait demandé le président de
la société, c'est de savoir c'est peut-être
là que c'est le plus compliqué dans chaque cas de
"listing", en fonction des dates, c'est-à-dire que si une compagnie a
une cinquantaine de "listings", si elle a obtenu chacun de ces "listings" en
même temps ou si cela s'est fait à des dates différentes,
si, dans chaque cas, il y a eu des dates différentes, si c'était
possible et si ce n'est pas trop demander, d'avoir le maximum de
précisions quant à ces détails.
M. Parizeau: On prend la commande, M. le Président.
M. Charbonneau: Merci.
M. Garneau: N'oubliez pas l'aspect que je demandais, parce que je
pense que c'est important de savoir depuis combien de temps chacune de ces
entreprises existe, à quel moment elles ont été
formées dans l'évolution de l'histoire, soit de la SAQ, de la RAQ
ou de la commission des alcools. Comment est-ce que cela s'appelait avant
donc?
M. Michaud: La Commission des liqueurs.
Le Président (M. Clair): Le député de
Lotbinière.
M. Charbonneau: M. le Président, avant de terminer,
puisque je dois quitter avant terme cet avant-midi, est-ce que le
député de Lotbinière me permettrait de poser des questions
concernant la Société des alcools, sur deux autres sujets?
Est-ce que la Société des alcools pourrait nous indiquer
si elle a l'intention de favoriser éventuellement la mise en
marché du cidre au Québec? Ma région en est une où
il existe beau- coup de pomiculteurs. Il y a des cidreries qui ne sont pas
situées dans mon comté mais dans d'autres comtés
avoisinants, qui vivent des pomiculteurs de mon comté et des
régions avoisinantes.
J'ai remarqué, depuis quelques jours, qu'il y avait un nouveau
cidre sur le marché. Est-ce que la Société des alcools
participe de quelque façon que ce soit à la mise en marché
du cidre québécois maintenant et est-ce qu'elle a des projets
quant au commerce qui pourrait être fait de ce cidre à
l'extérieur du Québec, par le truchement de la
Société des alcools?
M. Parizeau: Je vais essayer de faire cela le plus court
possible, l'histoire du cidre au Québec. Je pense, encore une fois, que
le document de base qui situe ce qui s'est passé dans le domaine du
cidre au Québec est encore le rapport Thinel qui, à ce
moment-là, recommandait au gouvernement la légalisation du
commerce du cidre au Québec, et, par contre, autorisait, à ce
moment-là la vente du cidre dans un réseau de distribution autre
que celui du monopole d'Etat de la Société des alcools à
ce moment-là.
En même temps, on a consenti à l'industrie cidricole
québécoise des avantages fiscaux, c'est-à-dire que les
majorations que je vous ai mentionnées tantôt ne se sont pas
appliquées aux produits de cidre vendus au Québec.
Où la Société des alcools est intervenue, c'est au
moment, suivant l'article de sa loi, qui dit qu'elle agit en consultation avec
le ministre des Finances quant à la recommandation de l'émission
ou de la non-émission de permis aux cidreries.
La Société des alcools est également intervenue
parce que, dans sa loi, on demande qu'il existe au Québec des
règlements sur la production du cidre. La Société des
alcools, en consultation, sans aucun pouvoir juridique, a produit au ministre
responsable des dossiers de cidreries dans le but de laisser le ministre juger
s'il devait ou non émettre des permis.
La Société des alcools a aussi produit au ministre
responsable un projet de réglementation sur la fabrication du cidre au
Québec. Au même moment, le cidre a pris une direction
complètement je parle de direction de mise en marché
étrangère à l'existence du réseau de
distribution de la Société des alcools. La Société
a vendu dans quelques-uns de ces points de vente quelques produits de cidre. La
seule préoccupation, suivant le règlement de la
Société des alcools qui a été adopté, a
été de surveiller les qualités chimiques des produits,
sans rétablir aucun contrôle ou aucune surveillance sur les
qualités organolithiques des produits. Si on se comprend bien, entre
chimique et organolithique, à ce moment-là, dans le chimique,
pour résumer très brièvement, c'est de dire si un produit
est poison ou pas poison. Dans l'organolithique, c'est de dire qu'un produit,
d'après nous, peut être bon ou pas bon. C'est là que se
situe toute la différence.
M. Garneau: Question de goût.
M. Parizeau: Question de goût. Or, le cidre a pris son
orientation vis-à-vis du marché des-grossistes avec les
épiceries du Québec. Nous avons assisté, comme
Société des alcools, à l'évolution, et nous avons
aussi eu à constater que le cidre avait de sérieux
problèmes à certains moments.
L'industrie cidricole est demeurée en contact avec la
Société des alcools. Nous n'avons aucun pouvoir de
décision sur l'industrie; nous avons tout simplement un pouvoir de
persuasion ou d'essayer de les convaincre. Il demeure que nous sommes une
entreprise d'Etat; nous sommes une entreprise québécoise et il
s'agit d'une industrie autochtone, d'une industrie de chez nous, qui
crée un stimulant économique.
L'industrie du cidre a été en contact très
étroit avec le ministère de l'Agriculture, au Québec, avec
le ministère de l'Industrie et du Commerce. Il s'est créé,
à un certain moment, un comité de travail composé de gens
de l'Agriculture, de l'Industrie et du Commerce, des Finances, des producteurs
de cidre et de la Société des alcools, pour essayer de faire le
point sur l'avenir et les difficultés actuelles de l'industrie
cidricole.
Il a été dénoté que, entre autres, le cidre
léger dont vous faites mention pourrait être un nouveau
départ pour le cidre au Québec. Les oenologues chez nous, ou les
gens de laboratoire, croient à l'avenir du cidre léger,
comparativement peut-être à certains autres cidres qu'on a
trouvés en vente sur les tablettes des épiceries.
L'industrie cidricole a aussi demandé à la
Société des alcools si elle voulait faire intervenir son
contrôle de la qualité sur les qualités organolithi-ques
des produits, juger de la qualité des produits. Le contrôle de la
qualité, c'est quelque chose, chez nous, comme dans n'importe quel
commerce qui est peut-être un peu la pierre angulaire de l'existence
d'une entreprise. Cela ne se transige pas, un contrôle de la
qualité; cela ne se donne pas, la moitié à l'un et la
moitié à l'autre. La société, très
sympathique à l'approche des cidreries, était prête
à faire intervenir son contrôle organoli-thique, mais c'est tout
un réseau de distribution sur lequel nous n'avons aucun contrôle,
à partir du moment où le produit part du fabricant, tandis que,
chez nous, une fois que le produit est en entrepôt, nous le suivons
jusqu'au niveau de la tablette de nos succursales.
M. Charbonneau: Ce que vous voulez dire, finalement, c'est qu'il
y a des contrôles organolithi-ques jusque sur les tablettes?
M. Parizeau: A la Société des alcools, nous
essayons de les exercer, mais comment aller exercer un contrôle
organolithique du cidre jusqu'au niveau de l'épicerie qui se trouve, si
vous voulez, en Gaspésie ou à Hull ou qui se trouve à
Sherbrooke ou ailleurs? Cela suppose un contrôle extrêmement
coûteux, à prime abord, pour la société,
coûteux pour cette industrie-là aussi également.
Il y a un comité de travail. Je pense que le ministre a
l'intention de surveiller de près le travail de ce comité. La
société est une des parties assises à la table. Nous
serions très heureux de pouvoir collaborer au succès de
l'industrie cidricole au Québec, mais, dès le départ, je
réitère un peu cela, l'industrie a pris une direction
différente de celle de la société.
Est-ce que je pourrais ajouter quelques mots ici? Il est évident
que, dans les études qui sont faites, à l'heure actuelle, un des
problèmes majeurs qui apparaissent est celui de la restructuration de
cette industrie. Il y a un assez grand nombre de producteurs. Certains ont eu
des déboires assez remarquables. M. Desmeules...
Pour les producteurs de cidre, actuellement, suivant mes informations le
marché est détenu de 85% à 90% par deux entreprises qui
sont Lubec et Cidrobec. Quelques petites entreprises sont même
entrées dans le giron de ces grandes entreprises, je pense à CPQ.
La troisième, qui détient peut-être le reste du
marché, c'est Deux-Montagnes, la cidrerie de Deux-Montagnes. Les autres,
il me semble, soit que les permis ont été retirés, ou
qu'elles soient dans des difficultés d'opération assez
sérieuses qui ne leur permettent pas de faire face au marché
actuellement.
Alors, le problème consiste maintenant à savoir comment on
restructure cela et ce qu'on fait avec les derniers qui traînent la patte
et qui ont des difficultés financières telles qu'on ne voit plus
très bien, soit l'espoir, soit la possibilité même de les
tenir à flot. Cette étude est en cours. Normalement, on devrait
pouvoir y voir passablement plus clair d'ici peu de temps.
M. Garneau: M. le Président, est-ce qu'on pourrait nous
préciser si on est au fait qu'il existe ailleurs au Canada ou en
Amérique du Nord, une industrie cidricole florissante ou si le
Québec a une particularité dans ce domaine? Est-ce qu'il existe
ailleurs, en Amérique du Nord, au Canada ou aux Etats-Unis, une
industrie cidricole ou si c'est une particularité du Québec?
M. Parizeau: Ecoutez, je vous parle, mais je ne suis pas un
expert dans le domaine du cidre. Suivant les renseignements que nous avons, il
existe une industrie assez importante de cidre en Angleterre. En Normandie, il
se fait également du cidre. Dans les autres provinces, on produit ce
qu'on appelle un "apple wine", un genre de cidre, mais on n'utilise pas le mot
"cider". Dans la plupart des cas, on l'appelle "apple wine". En
Colombie-Britannique, un peu dans l'Etat de New York, je crois qu'on en fait.
On s'en est servi, à un certain moment, pour faire ce qu'on appelle les
"funny wines" ou les "pop wines", où on a coloré le produit
original pour en faire une imitation de vin.
Le cidre, nous semble, suivant nos renseignements, être un
produit, règle générale, marginal entre, si vous voulez,
la bière, le vin et les spiritueux. Je ne connais pas de population
où le cidre est la boisson première de consommation dans les
boissons alcooliques. C'est peut-être un des gros problèmes de
l'industrie cidricole au Québec.
C'est de venir se placer quelque part entre la bière, le vin, les
spiritueux, les boissons gazeuses. Vous avez dû noter, par la
publicité qui a été faite, que cette industrie s'est
attaquée à la bière, ou a voulu s'attaquer au vin.
Actuellement, on sent qu'elle veut venir se placer entre la bière et les
boissons gazeuses. Elle aurait un produit un peu moins alcoolisé que la
bière. C'est ce qu'on appelle le cidre léger, un produit naturel,
et cela semble être ce à quoi elle s'accroche actuellement.
M. Garneau: Dans le cidre léger, quel est le pourcentage
d'alcool, 5%?
M. Parizeau: C'est 5%.
M. Charbonneau: Si l'industrie cidricole pouvait se conformer
à certaines normes de la Société des alcools, compte tenu
de ce nouveau type de cidre, est-ce que vous verriez des avantages à ce
que la Société des alcools favorise l'exportation de ce
cidre?
M. Parizeau: Ecoutez...
M. Charbonneau: En échange, par exemple, d'autres produits
que l'on importe?
M. Parizeau: C'est un peu l'orientation que le ministre... Ce
sont des sujets à discuter entre le ministre responsable de la
société et le conseil d'administration, jusqu'à quel point
le ministre tient à voir la Société des alcools intervenir
dans des domaines qui, suivant son mandat, ne sont pas définis. Est-ce
qu'on veut se servir de la Société des alcools pour promouvoir la
vente des cidres à l'extérieur du Québec? Est-ce qu'on
veut se servir de la Société des alcools pour appuyer très
fortement les qualités organolithiques, entre autres, du cidre
léger? Il y a au bout de cela toujours un signe de piastre quelque part.
Ce que je peux vous dire, c'est que la société est très
ouverte à n'importe quelle recommandation ou suggestion que le ministre
pourra faire à ce moment.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. En fait, une
dernière question, dans un autre ordre d'idées, je remercie
toujours les membres de la commission, en particulier le député
de Lotbinière. J'achève.
Ma dernière question tend à savoir si le ministre
parce qu'il y a déjà eu, je pense, à ce sujet, des
questions en Chambre peut nous indiquer si l'évaluation du
dossier de la société par le biais de son appartenance, soit au
ministère des Finances, soit au ministère de l'Industrie et du
Commerce, est sur le point d'être complétée ou s'il
considère qu'il a encore besoin d'un temps de réflexion plus ou
moins prolongé à ce sujet.
M. Parizeau: Non, ce n'est pas un temps de réflexion. Il y
a une remise en ordre d'un certain nombre de choses à la
Société des alcools que je désire compléter avant
le passage de la Société des alcools au ministère de
l'Industrie et du Commerce. Il y a deux opérations très
distinctes ici. L'une, qui consiste à liquider un certain passé
et, l'autre, qui consiste à faire en sorte qu'à partir d'un
certain point, la Société des alcools fonctionne essentiellement
dans un cadre industriel et commercial, si bien que je pense que, normalement,
au début de l'automne, le transfert devrait se faire.
M. Charbonneau: Si on vous comprend bien, ce serait maintenant
acquis que ce transfert se fera. Ce n'est qu'une question de...
M. Parizeau: Comme d'ailleurs l'avait dit le ministre de
l'Industrie et du Commerce en Chambre. Bon!
M. Garneau: La décision est prise. Quand le ministre parle
d'un certain passé, j'imagine qu'il se réfère aux
enquêtes qui ont eu lieu. Est-ce ce à quoi il se
réfère?
M. Parizeau: Aux enquêtes qui, non seulement, ont eu lieu,
mais qui sont...
M. Garneau: Qui ont lieu.
M. Parizeau: ... encore en cours.
M. Garneau: Oui.
M. Parizeau: Qui ont lieu à l'heure actuelle.
M. Garneau: Est-ce que le ministre pourrait informer la
commission sur le déroulement de cette enquête? Le ministre
comprendra facilement que je lui pose cette question étant donné
le fait que mon nom ait été rattaché à un certain
nombre de choses. Inutile de vous dire l'importance que j'attache à ce
que la lumière soit faite là-dessus. Est-ce que le ministre
pourrait dire à quel moment il croit que le rapport ou les rapports
pourront être déposés et de quelle façon cela
évolue, ou s'il n'est pas en mesure de le dire?
M. Parizeau: Non, je ne suis pas en mesure de le dire.
L'enquête de la Sûreté du Québec avance activement,
on a demandé qu'elle se poursuive le plus rapidement possible et qu'il y
ait davantage de ressources affectées à cette enquête.
D'autre part, une partie du dossier, maintenant, est sub judice. Alors, je ne
peux pas préjuger d'une date précise pour la fin de tout
ça. Je serais très étonné, cependant c'est
d'ailleurs la raison pour laquelle on a fixé cette date du début
de l'automne que ça dure jusque-là. Normalement, ça
devrait aboutir quand même nettement avant.
M. Garneau: Est-ce que...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jean-Talon, le député de Lotbinière était
déjà sur ma liste, depuis un bon moment.
M. Garneau: Non, c'est parce que je pensais qu'on
procéderait par un certain nombre de sujets, et le député
de Verchères, en intervenant et en étant bien gentil à son
endroit, a touché à tous les sujets. Comme il a abordé
cette question, je voudrais savoir à quel moment va-t-on y revenir un
par un. Si c'est ça, je n'ai pas d'objection...
Le Président (M. Clair): Nous pourrons revenir.
M. Garneau: ... à laisser le député de
Lotbinière... Je ne voudrais pas qu'on me dise, après ça:
On en a déjà parlé. On ne veut plus revenir. D'accord.
Le Président (M. Clair): Nous pourrons revenir, M. le
député de Jean-Talon. M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Je remarque qu'on a un pourcentage de profit qui varie
chaque année de 36%, 37%, 38%. Est-ce que vous considérez que
c'est un profit normal?
M. Parizeau: Vous permettez?
Oui. Allez-y!
Basé sur l'expérience de la Régie des alcools,
basé sur des comparaisons qu'on peut établir avec les monopoles
des autres provinces et, encore là, il faut tenir compte de beaucoup
d'impondérables ou de choses qui sont différentes autant l'une
que l'autre... entre autres, je vous mentionne que quand on voit les
états financiers du LCBO, en Ontario, les gens vendent de la
bière. Alors, la bière, pour eux, c'est un revenu important sur
lequel il faut faire un décalage si on veut établir des bases de
comparaison avec le Québec. Je ne sais pas si le ministre me le permet,
mais ce que la société souhaiterait, à un certain moment,
et elle l'a déjà établi d'une façon non officielle,
c'est une recommandation du rapport Thinel, qui date de 1971, qui demandait de
diversifier la majoration en deux parties. Les chiffres que je vous ai
donnés tantôt, de 115 ou de 95, les diversifier en majoration
fiscale et en majoration commerciale.
M. le ministre, vous m'arrêterez...
Le principe c'est que, dans un montant de 115% qui est
déterminé ici, à ce moment, il pourrait déterminer,
diviser le montant entre une majoration fiscale qui est purement une taxe et
une majoration commerciale qui serait une majoration à peu près
basée sur le commerce de l'alimentation ou le commerce de détail,
ce qui amènerait la société, au lieu de produire dans ses
états financiers un chiffre absolument ridicule, si on veut le comparer
avec l'entreprise privée, des revenus nets de 36% comparativement aux
commerces qui peuvent un peu s'apparenter au nôtre, c'est-à-dire
qui ont les mêmes contraintes d'opérations, des réseaux de
distribution à soutenir, etc.
Cela amènerait la société à avoir
peut-être des bases de comparaison plus faciles. Je pense à ce
moment à des grands réseaux de distribution comme Provigo,
Steinberg ou Dominion, qui calculent le retour sur investissement par rapport
au capital investi, aux immobilisations.
La société maintient quelques statistiques sur cela.
Encore là, quand on fait des comparaisons, il faut tenir compte de tous
les éléments. La société maintient des charges que
ces entreprises ne maintiennent pas, entre autres le service des permis
industriels à l'intention du ministre des Finances, les contrôles
de la qualité que nous exerçons sur des services qui nous sont
demandés par les coprs policiers ou d'autres.
Règle générale, nous souhaiterions à la
société de voir cette répartition entre majoration fiscale
et commerciale produite d'une façon officielle dans nos états
financiers.
M. Biron: Si on a 36% à comparer à d'autres
entreprises, ce n'est pas possible. Les entreprises arrivent avec 3% ou 4% de
profit lorsqu'elles fonctionnent très bien. On a un retour sur
investissement de 450%. Je serais tenté de qualifier cela de
passablement usuraire pour une société d'Etat. Finalement, cela
empêche la société d'être possiblement aussi efficace
qu'elle devrait l'être, si on séparait les revenus avec une taxe
directement sur l'alcool et un profit normal qui forcerait la
société à être plus efficace, comme je le disais
tout à l'heure, au point de vue de la main-d'oeuvre, du coût de
production partout.
M. Parizeau: Si le député de Lotbinière me
le permet, j'aimerais ajouter quelques mots là-dessus.
M. Biron: Je vais acheter une entreprise avec 450% de retour sur
l'investissement.
M. Parizeau: Le fait que cela ait un retour pareil ne me
gêne aucunement. La Société des alcools a été
créée pour toutes sortes de raisons, mais l'une d'entre elles,
c'était pour rapporter de l'argent. Effectivement, elle en rapporte.
Néanmoins ce n'est pas cette division entre le rendement fiscal
et le rendement commercial de la société. L'idée
d'utiliser cela me paraît indiquée pour une autre raison.
D'abord, il y a cette fonction de rapporter de l'argent à l'Etat,
ce qui est très louable. Ce qu'on n'irait pas ramasser là, il
faudrait aller le chercher en impôts. D'autre part, je souhaiterais
qu'une fois passée cette perception de l'Etat dans la
société, on puisse déterminer son rendement commercial non
pas seulement par comparaison avec d'autres entreprises dans le commerce, mais
afin d'être en mesure de juger de son efficacité, et d'autre part,
pour être en mesure de lui assurer un fond de roulement convenable, pour
faire en sorte que la société puisse disposer de sommes
nécessaires à des réinvestissements. Cela pose la question
non pas de savoir si elle doit faire du réinvestissement dans des
magasins, ce qui est bien sûr, d'accord, mais si, d'autre part, elle peut
être en mesure de financer un certain nombre d'investissements dans
l'embouteillage, par exemple, dans un cer-
tain nombre de fonctions qui dépassent la fonction purement
commerciale et s'apparentent au secteur industriel.
Si on veut être en mesure de juger correctement la performance de
la société sur ces plans, il ne faut pas mélanger son
profit et sa contribution au trésor public. Il faut que sa contribution
au trésor public soif clairement isolée et que d'autre part, une
fois cette contribution payée, on puisse être capable de juger de
la performance de la société sur son rendement commercial. Alors,
cela implique, je pense, un changement assez important qui me paraît
très souhaitable, et qui, cependant, implique que l'Etat soit
assuré des rentrées de fonds dont il a besoin. C'est une autre
des raisons pour laquelle je ne souhaite pas que le transfert à
l'Industrie et Commerce se fasse tout de suite. Je veux que les règles
du jeu soient établies avant et qu'elles soient très explicites:
quelle sera la nature de la contribution fiscale de la société
par opposition à sa contribution commerciale, à son rendement
commercial.
M. Biron: C'est dans ce but-là que j'ai posé la
question, en fait, pour revoir les coûts réels de la
société comparés à ceux d'autres
sociétés. Est-ce que la société produit certaines
sortes d'alcools en concurrence avec des entreprises privées?
M. Parizeau: La Société des alcools détient
actuellement, par l'importation de produits qui arrivent en containers-citernes
ou en barriques et qu'elle ressort sous ce que nous appelons nos marques maison
ou marques privées, à peu près 30% du marché des
vins au Québec, environ 8% à 10% du marché des spiritueux.
Ceci fait qu'un total, à peu près, de 15% de tous les produits
vendus dans nos succursales sont des produits qui sont importés par
nous, conditionnés et embouteillés dans nos usines de
Québec et Montréal. Et, cela représenterait, normalement,
suivant les prévisions budgétaires de la société,
un chiffre d'affaires d'à peu près $70 millions pour la
Société des alcools, dans l'exercice qui vient.
M. Biron: Est-ce que vous entrez en concurrence avec des maisons
comme Seagram ou Mel-chers, dans des produits comme l'alcool ou le gros
gin?
M. Parizeau: Non. Il n'y a pas de marque de la
société actuellement.
M. Garneau: II n'y a pas de fabrication comme telle. La question
de M. Biron était de savoir s'il y avait de la fabrication. Il n'y en a
pas.
M. Parizeau: II n'y a pas de fabrication, comme telle.
M. Garneau: C'est de la mise en marché.
M. Parizeau: Si c'est à cela que vous faites
référence, la société ne distille pas.
M. Biron: Pas à ce niveau-là. La concurrence
commence...
M. Parizeau: Au niveau des marques. M. Biron: Au niveau
des marques.
M. Parizeau: C'est-à-dire que les marques de la
Société des alcools sont clairement identifiées comme les
siennes et sont en concurrence avec des marques importées.
M. Biron: Mais, qu'est-ce qui fait que la Société
des alcools va acheter plus une certaine marque que d'une autre? Ma
dernière question, sur ce sujet, va être: Pourquoi une compagnie
comme Melchers est-elle en difficulté financière alors que
l'autre compagnie à côté, Seagram, fonctionne très
bien?
M. Parizeau: Là, vous permettez...
M. Biron: Est-ce que la société a quelque chose
à voir là-dedans en vendant beaucoup plus d'un produit
plutôt que d'un autre, ou si c'est une question de coût de
fabrication?
M. Parizeau: Dans les spiritueux, il n'y a pas de marque de la
SAQ. Il y a des marques de la SAQ pour les vins, il y a des marques pour
l'alcool de la SAQ, il y a une marque de rhum, mais pour les gins, les ryes,
les scotches, il n'y a pas de marque de la Société des alcools.
Donc, les difficultés financières de la compagnie Melchers ne
peuvent pas être dues au fait que, par exemple, des marques de gin, de
rye de la Société des alcools l'auraient affectée dans la
concurrence normale davantage que cela aurait affecté Seagram ou
d'autres compagnies. Les difficultés financières de Melchers sont
venues de difficultés internes de marketing du produit, de gestion, de
financement, etc. Mais d'aucune espèce de façon on ne peut
considérer que la faillite de Melchers est le résultat d'une
concurrence que la SAQ lui aurait livrée sur son propre terrain.
M. Biron: Et la SAQ paie à peu près les mêmes
prix pour un 40 onces de dry gin ou de gros gin de Melchers que de Seagram.
M. Parizeau: Le même prix. M. Biron: Le même
prix.
M. Garneau: Sur le même sujet, dans le cas de Melchers,
c'est la compagnie elle-même qui fait la promotion de ses produits, comme
Seagram fait la promotion de ses produits et la société comme
telle n'intervient pas, sinon de placer les bouteilles sur les tablettes pour
inciter un Québécois à acheter un gros gin de Melchers
plutôt que d'acheter un gros gin de je ne sais qui, s'il en fabrique.
Est-ce qu'il en fabrique du gros gin? Mais peu importe la marque.
Ce n'est pas la Société des alcools qui invite les
Québécois à boire un gros gin de Melchers plutôt
qu'un gros gin de Seagram. C'est la mise en marché faite par chacune des
entreprises.
M. Parizeau: Chacune des entreprises.
M. Biron: Est-ce que la promotion des ventes de ces entreprises
est faite directement au magasin de la Société des alcools ou si
la promotion des ventes des différentes entreprises est faite
directement à la population?
M. Parizeau: La Société des alcools n'autorise
aucune promotion de vente à l'intérieur de ses succursales. Les
représentants des compagnies n'ont pas le droit de venir traiter
d'affaires à l'intérieur de nos points de vente au Québec,
sauf en tant que client régulier, normal de l'entreprise. Vous
remarquerez que la société ne fait pas, si on la compare à
l'entreprise privée, d'étalages spéciaux de telle ou telle
marque de produits, d'escompte spécial de fin de semaine ou de promotion
spécifique à l'intérieur de ses points de vente.
M. Biron: Les représentants de Melchers ou je ne sais de
quelle compagnie, ne peuvent faire le tour des points de vente?
M. Parizeau: Ils ne sont pas autorisés à venir
traiter d'affaires dans nos points de vente au Québec.
M. Biron: Cela a toujours été la politique de
la...
M. Parizeau: Non. Cela n'a pas toujours été la
politique.
M. Biron: Est-ce que cela fait longtemps que vous avez
changé votre politique?
M. Parizeau: C'est à la suite d'avertissements, de
rémission d'une carte à ces gens-là pour pouvoir les
contrôler et d'exemples que nous avons eus qu'ils n'ont pas
respecté nos directives, que nous avons pris la mesure draconienne de
les exclure de nos succursales.
M. Biron: Alors, tous ceux qui représentent
différentes marques de boisson doivent se présenter directement
au siège social ou au service général des achats de la
Société des alcools et un seul acheteur ou un seul canal d'achat
fonctionne à l'intérieur de la société. Ce n'est
pas possible, pour un point de vente, de faire une très grosse
publicité et de vendre plus un produit qu'un autre, avec la
collaboration du directeur...
M. Parizeau: De la succursale? M. Biron: De la
succursale.
M. Parizeau: II y a 310 points de vente de la
société au Québec, mais de telles pratiques iraient
à rencontre des directives de l'administration, du conseil
d'administration de la société.
M. Biron: Les directives du conseil d'administration de la
société sont d'acheter surtout des produits manufacturés
au Québec, à condition qu'on les manufacture, bien sûr.
M. Parizeau: Cela intervient encore un peu dans les orientations
que l'Etat ou le gouvernement veut donner à cette entreprise d'Etat qui
est la Société des alcools. Sa présence économique
au Québec, l'influence qu'elle peut exercer vis-à-vis d'une
industrie québécoise par rapport à une industrie de
l'extérieur, la société est donc très sensible
à l'orientation que l'Etat veut donner à cette entreprise. Il
faut tenir compte aussi du goût du consommateur et du choix du
consommateur. Nous pensons qu'on ne peut pas forcer les gens à boire ce
qu'ils ne veulent pas boire, en règle générale. Mais
à l'intérieur de ce contexte, la société, je le
répète, est très ouverte à toute approche
québécoise ou encouragement québécois.
En pratique, si je peux ajouter quelques mots ici, il est évident
que si les agents ne peuvent pas se présenter dans les magasins et
pousser ou inciter à la vente certaines marques plutôt que
d'autres par le truchement du personnel des magasins, ce qui est la
règle établie depuis quelques mois à la
Société des alcools telle que M. Desmeules vient de
l'expliquer... Les agents n'ont plus le droit d'entrer dans les magasins;
à ce moment-là, les ventes sont largement
déterminées par le goût du public. Si l'agent ne peut plus
entrer dans le magasin et s'entendre avec le personnel c'est fait
maintenant, enfin les directives sont émises depuis décembre
dernier à ce moment-là, le magasin répond à
la demande. Si quelqu'un veut acheter un scotch venant d'ailleurs, c'est son
problème.
M. Biron: M. Desmeules, vous disiez que la société
ne distille pas, donc l'intégration verticale s'arrête là.
Est-ce que vous songez, un jour ou l'autre, à en arriver à cette
étape de la distillerie?
M. Parizeau: Je vais répondre, si vous permettez.
A la suite de la faillite de Melchers, nous avons une décision
importante à prendre à ce sujet. Il est clair qu'il y a, dans
l'équipement technique de la distillerie de Melchers, un certain nombre
d'éléments qui sont éminemment utilisables. Il ne faudrait
pas s'imaginer que la distillerie Melchers est une espèce de canard
boiteux sur le plan technique, qui est envoyé à la ferraille. Au
contraire.
M. Garneau: On l'a souligné d'ailleurs.
M. Parizeau: Oui. Il y a beaucoup d'éléments dans
cette distillerie qui sont de premier ordre et très bien entretenus. Il
s'agit donc de déterminer quel genre d'arrangement... D'abord, il s'agit
de décider si cette société va être remise sur pied
par
des intérêts privés, pour la totalité de son
équipement actuel ou bien si la Société des alcools va
hériter, si je peux m'exprimer ainsi, d'une partie de
l'équipement disponible. Cette question est examinée de
très près par mes bureaux depuis quelques semaines et la
décision n'est pas encore prise. Elle doit être prise incessamment
cependant. Il est évident qu'il nous faut comparer, simplement sur le
plan financier, les possibilités de chacune des formules, soit de
remettre ça dans le secteur privé, et je vous signale à ce
sujet que la Société des alcools a des droits très
précis dans le cas de faillite d'une distillerie, en ce sens que tous
les stocks de la distillerie, automatiquement, sont transférés
à la Société des alcools en vertu de l'article 51.
Donc, une faillite de ce genre n'est pas une faillite commerciale
ordinaire. Dès que l'entreprise tombe en faillite, tous ses inventaires,
pour des raisons évidentes, reviennent à la Société
des alcools. Nous avons à prendre une décision assez rapidement
entre plusieurs propositions de caractère privé et d'introduction
possible de la Société des alcools dans le domaine de la
distillerie.
M. Biron: Si la Société des alcools franchit une
étape dans cette direction, elle va devenir en concurrence directe avec
toutes les autres distilleries du Québec.
M. Parizeau: C'est clair. De la même façon
qu'à l'heure actuelle, elle est, par ses marques de vin, en concurrence
directe avec les vins importés, bien sûr, les vins
québécois et canadiens aussi. Il ne faut pas oublier que ce
principe de la concurrence de la SAQ avec le secteur privé, si on peut
dire, par le truchement des marques de vin qui sont propres à la SAQ,
existe déjà. Alors, en soi, ça ne serait pas un
précédent. Ce serait l'extension; le problème consiste
à savoir cependant si on étend l'application de ce principe.
M. Garneau: Dans le cas de la distribution ou de la mise en
marché des produits, effectivement, il peut y avoir une concurrence pour
les produits dont on parlait tout à l'heure, surtout pour les vins
évidemment, dans les vins à bon marché, j'imagine que le
ministre a eu sans doute les mêmes représentations que j'avais
eues dans le temps, des producteurs québécois disant qu'on leur
faisait une concurrence déloyale, quoiqu'il m'apparaissait que les
produits en question n'étaient pas exactement des produits comparables.
Mais, advenant le cas où le gouvernement opterait pour l'intervention de
l'Etat dans le rachat de Melchers, pour les raisons que mentionnait le
député de Lotbinière, est-ce qu'il ne serait pas
préférable que l'intervention de l'Etat se fasse par une
société différente de la Société des
alcools? C'est-à-dire qu'il y ait éventuellement une nouvelle
société d'État qui soit propriétaire, de sorte que
la structure juridique SAQ ne serait pas, face à cette compagnie d'Etat,
placée dans un conflit d'intérêts vis-à-vis des
autres producteurs québécois, mais pourrait traiter un producteur
public québécois au même chapitre qu'une autre entreprise
québécoise. Ainsi, est-ce que ça ne serait pas
préférable d'envisager ce genre de structure plutôt que de
l'intégrer? C'est une remarque que je fais à ce stade-ci
sans...
M. Parizeau: C'est une idée effectivement
intéressante, mais qui est liée, au fond, à l'utilisation
de l'équipement disponible à Melchers. Il est clair que la SAQ
est déjà en train de s'intégrer vers la préparation
du produit, par exemple, quand même que ça ne serait que par ses
usines d'embouteillage.
Dans cette espèce d'intégration verticale qui pourrait
apparaître avec Melchers, il s'agit de savoir où on découpe
ça. Entre nous, soit dit, le procédé de distillation, le
procédé de stockage, le procédé de mise en
bouteille, tout ça c'est très lié.
Or, comme la SAQ fait déjà de l'embouteillage et remonte
verticalement en arrière, le problème consiste à savoir si
on ne créerait pas, à toutes fins pratiques, une espèce de
fausse société d'Etat; mais l'idée est
intéressante, elle vaut la peine d'être creusée. Il s'agit
de savoir si on peut simplement couper quelque part pour déterminer ce
qui serait vraiment du ressort d'une nouvelle société d'Etat ou
d'une société d'Etat distincte.
M. Garneau: Dans les secteurs de conditionnement et
d'embouteillage, est-ce que les équipements que la société
a, évidemment, dans son plan d'ensemble, surtout à
Montréal, pour procéder à la ligne d'embouteillage de vos
produits, des produits maisons qu'on peut appeler, est-ce que ces lignes
d'embouteillage à Montréal, dans le vieil immeuble, seront
transférées dans le nouvel immeuble ou est-ce qu'il y a de
nouveaux équipements qui doivent être achetés ou qui ont
été achetés de telle sorte que, dans ce secteur, il y
aurait, disons... En achetant Melchers, vous hériteriez de deux lignes
d'embouteillage modernes, une dans les nouveaux locaux, dans l'est de
Montréal, et une autre dans la région de Berthier.
M. Parizeau: La société, comme vous le dites, a
actuellement deux usines de conditionnement, une à Montréal, au
pied du courant, et une à Sainte-Foy, ici à Québec. Dans
le plan de déménagement dans l'est de Montréal, il n'a pas
du tout été prévu de fermer celle de Québec. La
planification pour les investissements dans Montréal devait suffire pour
les besoins du marché de notre division administrative de
Montréal qui représente à peu près 65% ou 70% de
tout notre volume d'affaires.
Lorsque est intervenu le dossier qu'a mentionné le ministre, le
dossier Melchers, la société a réévalué ses
projets d'investissement dans l'est par rapport à des
possibilités d'investissement au niveau de Berthier. Par mesure de
prudence, nous avons fait stopper quelques investissements, en attendant des
développements dans le dossier de Berthier.
La société n'était pas, à ce
stade-là, assez engagée pour pouvoir déterminer des
surplus d'investissements causés par une présence possible
au niveau de Berthier. Les études qui se font actuellement
à la Société des alcools tiennent compte
nécessairement de l'existence d'un personnel, d'équipement
à Sainte-Foy, à Québec, de l'utilisation maximale du
personnel de Montréal, dans l'est, et ce sont des éléments
importants qu'il faut considérer si jamais la société
manifestait le moindre intérêt à Berthierville, mais il
n'est pas trop tard. Tout a été mis au ralenti, en attendant que
le dossier se complète au niveau de Berthier.
M. Biron: Pour la continuation de votre intégration
verticale, je sais qu'on peut produire de l'alcool à base de cidre.
Est-ce que vous avez fait des études dans cette direction? Est-ce que
c'est possible de promouvoir l'industrie du cidre en manufacturant directement
de l'alcool ou des fines ou des liqueurs ou des apéritifs?
M. Parizeau: Tout est à l'état, je pense,
d'études et de recherches et de tentatives qu'on fait actuellement. Dans
l'industrie cidricole, une firme a produit ce qu'on appelle le Calvabec qui est
censé être un produit qui s'apparente un peu au calvados
français qui est le produit d'une distillation supplémentaire ou
d'un vieillissement de cidre non utilisé, etc.
Je ne suis pas personnellement au courant que les cidreries peuvent
produire à même le cidre un produit qui pourrait, à un
certain moment, devenir un dry gin ou une vodka ou un rye ou même un
whisky . D'ailleurs, je ne crois même pas qu'elles détiennent un
permis de distillateurs à cet effet, sauf une qui est Cidrebec qui a le
Calvabec. Il y a des coûts énormes de reliés à la
distillation ou au vieillissement de ces produits, mais cela me semble
être sur une base absolument très expérimentale pour le
moment.
M. Biron: Est-ce que la société investit des sommes
d'argent assez considérables en recherche, afin de faire en sorte de
prendre les produits du Québec, en particulier la pomme ou
peut-être d'autres produits qu'on peut avoir au Québec, pour
produire finalement cet alcool, parce qu'on en importe quand même une
somme considérable chaque année?
M. Parizeau: L'alcool, si vous permettez, M. Biron...
M. Biron: L'alcool.
M. Parizeau: ... qu'utilise la Société des alcools,
dans ses demandes de soumissions d'achat d'alcools, insiste pour que ce soient
des distilleries québécoises qui vendent à la
Société des alcools. Alors, il se fait de la distillation au
Québec, chez Schenley, chez Seagram, il s'en faisait chez Melchers, ils
ont encore des quantités. Alors, l'élément
économique québécois, où se situe-t-il par rapport
à des cidreries qui pourraient se lancer dans la distillation? A date,
nos marchés sont là, sont existants.
Je ne vous cache pas que c'est peut-être la première fois
que j'entends parler de la possibilité que les cidreries en viennent
à faire de la distillation véritable, qui pourrait être
utilisée pour notre alcool ou d'autres produits. Je ne sais pas si le
secrétaire a déjà...
Il y a des coûts énormes reliés à tout cela.
Il y a une question de rentabilité.
M. Biron: Les distilleries que nous connaissons
présentement n'emploient pas une matière première du
Québec au début de la distillerie.
M. Parizeau: Là, vous intervenez, vous permettez, M. le
ministre, dans l'utilisation de la matière première par rapport
au maïs, qualité du maïs du Québec par rapport à
celui qui est vendu sur le marché de Chicago ou ailleurs. C'est
là que le ministère de l'Agriculture peut peut-être
intervenir ou a des dossiers à cet effet.
M. Biron: En terminant là-dessus, je vous laisse
l'idée de faire de l'alcool avec du cidre. Combien les ventes de cidre
représentent-elles au Québec?
M. Parizeau: Les ventes de cidre ont été
jusqu'à 1,2 million de gallons à peu près vers les
années 1973 et 1974. Elles ont été à 1 million de
galions vers les années 1975. Je me demande cette année si elles
vont toucher le million de gallons.
M. Biron: Qu'est-ce que cela représente en dollars? A peu
près $10 le gallon ou quelque chose comme cela?
M. Parizeau: Au détail?
M. Biron: Oui.
M. Parizeau: En chiffres d'affaires au détail...
M. Biron: Cela veut dire... Le prix de gros serait à peu
près $5 millions par année. Alors, cela fait un très petit
marché au Québec.
M. Parizeau: II y a un peu d'exportation qui se fait. Lubec a
tenté l'exportation vis-à-vis du marché américain.
Je peux peut-être vous donner des ordres de grandeur. Ils vont situer un
peu la consommation des alcools au Québec. Si on situe les cidres,
à environ 1 million de gallons, nous, la Société des
alcools, avons en "gallonage", environ 16 millions de gallons par année.
Je l'ai sur un autre tableau, excusez-moi. Alors, la bière au
Québec, en 1976, a représenté 131 551 000 gallons.
M. Garneau: 131 millions..?
M. Parizeau: 131 551 000 gallons. C'est la bière au
Québec.
M. Garneau: En 1976?
M. Parizeau: En 1976. Les vins... On est 6 millions
d'habitants...
Une Voix: II y en a 3 millions qui n'en prennent pas.
M. Garneau: C'est tout bu au Québec.
M. Parizeau: Les vins sont environ à 8,1 millions de
gallons à peu près. Les spiritueux au Québec sont à
peu près à 7 millions de gallons. Vous situez le cidre à
peu près à 1 million de gallons.
Il y a encore du chemin pour rejoindre la bière.
M. Michaud: ... chemin à faire pour rejoindre
l'Ontario.
M. Parizeau: Si c'est une question, je pourrai y
répondre.
M. Michaud: On demande des chiffres comparatifs en vitesse.
M. Parizeau: Alors, des chiffres comparatifs en vitesse, en
Ontario, en bière, l'année dernière, 153 millions de
gallons. Dans les spiritueux, 15 millions de gallons...
M. Michaud: Comparer à... M. Parizeau: 7 millions.
M. Michaud: Le double.
M. Parizeau: ... dans les spiritueux. Dans le vin, 9,5 millions
de gallons. Je n'ai pas les chiffres du cidre en Ontario.
M. Garneau: C'est la consommation ou la production?
M. Parizeau: Ce sont les ventes, le "gallo-nage".
M. Garneau: Par exemple, dans les spiritueux, à 15
millions de gallons, est-ce que cela a été produit en Ontario et
vendu dans tout le pays ou...
M. Parizeau: Non.
M. Garneau: ... vendu par le Ontario Liquor Board?
M. Parizeau: Ce que le consommateur onta-rien a bu ou enfin a
acheté.
M. Garneau: Oui, il y a des grosses chances qu'il l'ait bu.
M. Parizeau: Je peux aller un peu plus loin en vous disant que,
pour mettre en rapport l'Ontario et le Québec, on consomme à peu
près per capita, 21,2 gallons de bière par année au
Québec et à peu près 19 en Ontario. Il n'y a pas un
décalage très important entre la consommation per capita en
Ontario et au Québec.
Pour le vin, le Québec a une consommation per capita de 12% plus
élevée. Pour les spiritueux, l'Ontario se situe à 1,83%
per capita, comparativement à 1,16 au Québec; environ 57% moins
per capita au Québec pour les spiritueux.
M. Biron: On boit plus de bière et plus de vin.
M. Parizeau: Per capita, légèrement plus de
bière et un peu plus de vin, beaucoup moins de spiritueux.
Le Président (M. Clair): J'ai en liste les
députés de Laprairie, Bellechasse, Berthier, Jean-Talon. M. le
député de Laprairie.
M. Michaud: Oui, M. le Président, les membres de la
commission ont touché plusieurs aspects. Vous allez me permettre de
poser des questions qui touchent à ces aspects qui ont été
approchés jusqu'à maintenant.
Question de prix à la Société des alcools, est-ce
que c'est le même prix de détail pour tous? Il y a des escomptes
spéciaux sur la quantité, vins de messe ou pour des acheteurs
privilégiés comme, je pense, le lieutenant-gouverneur ou, je ne
sais pas, le gouvernement du Québec?
M. Parizeau: Moi, je n'ai pas tous les détails ici, M. le
député, mais disons qu'on a fait un bon nettoyage, je pense, dans
ça, vers les années soixante-douze. Je me souviens d'un appel
téléphonique du lieutenant-gouverneur, qui n'était pas
satisfait que la société ne lui vende pas au prix qu'il avait
l'habitude d'avoir là, mais on a essayé d'éliminer le plus
possible d'exemptions à ce niveau-là.
M. Rhéaume peut peut-être me confirmer, je pense, qu'il y a
un prix spécial au niveau du... Est-ce que le café du Parlement
ici n'a pas un prix spécial? Je m'excuse, M. le ministre. Personne
d'autre n'a d'escompte, à ce qu'on me confirme, sauf le
lieutenant-gouverneur, qui a 25%, et qui avait plus avant d'après ce
qu'on... Il a été réduit à 20%.
M. Michaud: II a été réduit au vin.
M. Parizeau: Je m'excuse. Je ne sais pas si ça peut
compléter, les consulats, les ambassades ont des exemptions aussi de
droits fédéraux.
M. Michaud: Hors taxes. M. Parizeau: Hors taxes.
M. Michaud: Mais le vin de messe, est-ce que c'est une
quantité négligeable, oui?
M. Parizeau: Le vin de messe, c'est une quantité
négligeable, mais je pense qu'il y a eu peut-être diminution de
consommation, un peu; mais, nous voulons reprendre au complet le marché
du vin de messe au Québec.
M. Michaud: Vous mentionniez tout à l'heure que la LCBO
vend la bière complètement en Ontario. Est-ce que le coût
de distribution des brasseries est équivalent un petit peu ou est-il
égal à la marge de profit que la LCBO prend? Est-ce que vous avez
une étude de faite à ce sujet-là?
M. Parizeau: Je ne sais pas si je vais répondre au complet
à votre question. Je vais vous donner un exemple. D'après les
informations que nous avons, la bière en Ontario serait vendue par
environ 500 points de vente, qui sont des points détenus par le monopole
d'Etat ou quelques points de vente où les brasseries se sont
groupées ensemble, pour avoir un point de débit unique.
Au Québec, suivant nos informations, il y aurait environ 8000
vendeurs de bière. Règle générale, l'Ontario a le
même prix de la bière partout c'est le même vendeur
de bière qui se situe environ à 6...
M. Garneau: Quand vous parlez des vendeurs de bière, vous
parlez des vendeurs grossistes et non pas... Dans les 8000 vous n'incluez pas,
par exemple, un bar, un hôtel...
M. Parizeau: Non, ce sont uniquement les épiceries...
M. Garneau: Le point de vente, ce sont les épiceries.
M. Parizeau: ... et...
M. Michaud: A la caisse.
M. Parizeau: En fait, on me dit 8 500 000 points de vente au
Québec...
M. Garneau: Aie! Aie!
M. Parizeau: ... c'est-à-dire 8500, je m'excuse...
M. Garneau: Ce sont des points de consommation.
M. Parizeau: ... 8500 points de vente au Québec et environ
peut-être 600 en Ontario.
Le prix moyen de la bière, en Ontario, est de $6.35 la caisse, en
1976. Il a augmenté en 1977. Mais là, je me mets sur les bases de
comparaison.
Au Québec, le prix moyen que nous avons établi est de
$6.45. La bière se vendrait plus cher en moyenne au Québec qu'en
Ontario.
Par contre le marché varie au Québec. Cela va de $5.60
à $7.75 la caisse. Nous en arrivons à une moyenne de $6.45 pour
une caisse de bière au Québec comparativement à
l'Ontario...
Si le ministre me permet de continuer, les droits retirés par
l'Etat en Ontario et au Québec sont différents. En Ontario, selon
les informations que nous en avons, on retirerait environ $0.42 le gallon de
bière vendu. Au Québec, $0.285 le gallon. Donc la bière se
vend légèrement plus cher au
Québec et l'Etat en retire moins au point de vue de la
taxation.
M. Michaud: Tout cela est causé par le réseau de
distribution...
M. Parizeau: Je pense que vous avez la réponse. Plus vous
étendez un réseau de distribution, plus les brasseries ont
à supporter un nombre énorme de points de vente au Québec.
C'est ce qui fait que la Société des alcools peut maintenir une
certaine... ce qu'on appelle jouir de la limitation de nos points de vente
d'une certaine façon et diminuer énormément les
coûts de distribution.
L'exemple de l'Ontario est peut-être l'exemple le plus frappant:
il y a là un réseau limité détenu par l'Etat tandis
qu'au Québec on a un réseau absolument libre avec 8500 points de
vente.
Le chiffre final nous amène à constater que la
consommation est à peu près la même, per capita, en Ontario
qu'au Québec. Les gens de l'Ontario ne nous semblent pas brimés
du point de vue de l'accessibilité à la bière par rapport
aux Québécois, parce que la consommation s'en rapproche.
M. Parizeau: II est évident qu'il y a une espèce
d'échange à faire ici, parce que c'est distribué dans des
milliers de points de vente et que cela coûte plus cher. Dans ces
conditions, si on veut garder à peu près le même prix qu'en
Ontario, l'Etat va ramasser moins.
En somme, il y a de l'argent qui n'entre pas dans les coffres de l'Etat
en raison du système de distribution qu'on a adopté. Il ne faut
pas en être inconscient. C'est l'un ou c'est l'autre. Dans la mesure
où on favorise le petit épicier, il est évident qu'il
entrera moins d'argent dans les coffres de l'Etat.
M. Biron: II y a des ententes indirectes.
M. Michaud: II y aura des retombées économiques ou
des stimulants.
M. Parizeau: C'est pour cela que c'est un échange qui a
été fait entre ces deux formules. Il faut reconnaître que
l'aide ainsi apportée au petit épicier coûte quelque chose
à l'Etat qu'on peut chiffrer...
M. Michaud:... et au client. Pour continuer, M. le ministre, vous
avez mentionné tout à l'heure que le minimum de ventes pour
garder un produit sur la liste est déterminé par la
Société des alcools. J'aimerais savoir si c'est le même
minimum qui s'applique autant pour le produit importé que pour le
produit domestique?
M. Parizeau: Oui. Les mêmes minimums ont été
établis. On pourrait produire la liste des minimums, qui est une liste
officielle en fait, que tous les fournisseurs, les négociants
connaissent...
M. Michaud: Est-ce que le minimum... c'est-à-dire, un
produit peut-il être sur la liste à Mont-
réal et ne pas y être à Gaspé et ainsi de
suite ou est-ce que c'est la même liste pour tous les magasins?
M. Parizeau: Dans le cas des "vigneries"
québécoises, la société a donné ce qu'on
pourrait peut-être appeler un congé pendant les premières
années pour leur permettre de s'établir le mieux possible sur le
marché. Nous n'avons pas, pour les premières années,
considéré la question du minimum. Maintenant, elles sont soumises
au minimum.
Les minimums sont établis par catégorie de produit. Il y a
des produits qui se comparent à un produit importé ou à un
produit québécois. Il y a d'autres produits où il n'y a
pas de base de comparaison.
La société n'a pas établi jusqu'à maintenant
de minimum privilégié pour l'industrie québécoise,
sauf au début, un congé pour les "vigneries".
M. Michaud: D'accord. J'aurais une autre question. Vous avez
émis des directives selon lesquelles les agents représentant les
distilleries ou les agents de vins ne peuvent pas entrer dans les magasins.
J'aimerais savoir d'abord c'est depuis le mois de décembre
dernier ce qui détermine qu'un produit va être sur la
tablette à la hauteur des yeux plutôt que sur la tablette à
vos pieds ou que le produit est à la gauche ou à la droite de la
tablette. Vous avez probablement fait une étude de marché, mais
le produit qui est mieux situé a beaucoup plus de chance de se
vendre.
M. Parizeau: Alors, on bâtit une succursale. Nous avons des
gens de mise en marché comme il en existe chez Steinberg, Dominion ou
Provigo ou ailleurs, qui disent qu'ils ont à distribuer 1400 produits
à l'intérieur d'une aire de vente de 6000, 7000 ou 8000 pieds
carrés. Alors, on bâtit une succursale. On a convenu, dans un
premier temps, comme je vous l'ai dit, du nombre de produits qu'il y aura dans
la succursale, deuxièmement, des grandes distributions de produits. Vous
avez dû remarquer, entre autres, que les 10 onces de spiritueux sont
à l'entrée, généralement, d'une succursale. Je
parle d'une succursale type. Si vous continuez le long des murs de la
succursale, vous retrouvez les spiritueux, règle générale
les gros vendeurs dans les spiritueux au fond de la succursale et en remontant,
vous retrouvez les liqueurs. Les allées intérieures sont
habituellement réservées aux vins. Deuxième façon,
deuxième étape à suivre. Une fois que l'espace a
été déterminé, les catégories doivent
être inscrites et nous prenons, par catégorie de produits, un
espace par rapport au plus gros vendeur, par rapport au plus petit vendeur. Il
y a un espace maximal que le plus gros vendeur peut avoir, c'est-à-dire
ce que nous appelons, je vais utiliser ce terme, des "facings ".
M. Michaud: Des "facings", exact.
M. Parizeau: Alors, si le gros vendeur, dans les spiritueux,
admettons que nous sommes dans une catégorie de dry gin, a droit
à sept "facings", nous allons bâtir autour de cela les "facings"
revenant aux autres produits de la catégorie. Nous avons une
présentation, si vous êtes un expert dans la mise en
marché, qui va en S, c'est-à-dire qu'au lieu d'avoir une
rangée qui ne finit plus de telle catégorie de produits, nous
partons avec le S, ce qui donne la chance aux produits de ne pas toujours
être sur la tablette du milieu ou la tablette d'en haut ou la tablette
d'en bas. Il y a eu certainement des produits qui ont été
favorisés à certains moments pour se retrouver toujours à
la bonne hauteur du client parce qu'on sait très bien, et c'est reconnu
en marketing, que la tablette du bas est moins favorable que la tablette du
milieu, par rapport à la tablette... Alors, nous avons des normes, et je
serais très heureux de vous les montrer ou même de rencontrer nos
gens de la mise en marché, d'étalage de produits dans les
succursales.
M. Michaud: Je suis très heureux d'entendre cela, parce
que cela peut être à peu près le meilleur favoritisme,
employé dans le bon terme, qui peut s'appliquer pour un produit dans un
magasin. Si vous avez l'endroit idéal, cela peut peut-être valoir
la meilleure campagne de publicité à la télévision
ou dans tous les journaux, si le produit est là et que le client arrive
et à la hauteur des yeux, à la main droite, c'est la bouteille.
De toute façon, c'est là une tendance normale et si vous avez une
politique établie à ce sujet, j'aimerais que vous me la passiez,
que vous demandiez à un de vos adjoints de me la faire parvenir.
J'aimerais bien pouvoir l'étudier.
M. Parizeau: Nous avons eu une politique dernièrement,
c'est-à-dire il y a un certain temps, pour aider au maximum les vins
québécois, les produits québécois; en plus d'avoir
la question de l'étage, vous avez aussi le devant ou le derrière
de la rangée. Alors, nous avons voulu donner une présence
préférentielle non pas à une ou deux entreprises, mais
à l'ensemble des entreprises québécoises dans les
succursales, c'est-à-dire que normalement le bout de la tablette
où sont classés les vins... Actuellement, je pense que plusieurs
de ces succursales sont déjà en marche, mais le système
est en marche pour donner une présence aux produits
québécois.
M. Michaud: Je suppose aussi que les magasins, dans des quartiers
soi-disant défavorisés, ont un format de produit
différents d'un autre secteur de la ville.
M. Parizeau: C'est cela. Nous maintenons ce que nous appelons les
produits accessibles aux groupes ethniques. Je mentionne les vins "koshers",
les vins grecs dans certaines choses.
Nous savons que, dans ces régions, il s'agit d'un noyau de
population très fort en groupes ethniques, alors, nous allons insister
sur la présence des produits dans ces succursales.
M. Michaud: Pour les produits importés par rapport aux
produits domestiques, il y a une différence d'environ 20% dans votre
taux de majoration. Est-ce que cela a été établi en
faisant l'étude de retombées économiques ou de stimulants
économiques à l'intérieur du Québec ou si tout
simplement c'est un chiffre pris un peu arbitrairement pour une fixation de
prix?
M. Parizeau: Je dois vous avouer qu'il y a un critère que
nous avons hérité, qui nous a semblé absolument
arbitraire, et nous avons encore une partie d'arbitraire dans ça, en ce
sens que la société joue un peu un rôle de balancier par
rapport à la présence économique de produits. Si on lit
notre loi, si on regarde certains commentaires entre autres de la commission
Thinel, nous devenons un peu un instrument économique, d'une certaine
façon, en majorant plus un produit qui vient de tel marché par
rapport à tel autre marché.
L'implantation de la majoration fiscale et commerciale, dans notre
esprit, divise ce fardeau ou cette présence économique. Si l'Etat
veut encourager nécessairement le marché québécois,
cette présence peut jouer au niveau de la majoration fiscale. Par
contre, la société se maintient à son taux de majoration
commerciale qui est le même que pourrait appliquer, si vous voulez,
l'entreprise privée de distribution ou autre chose. L'entreprise
privée de distribution, à mon avis, ne tient pas compte qu'un
produit vient de France ou autre chose, elle joue simplement avec la question
du marché et la réaction du consommateur.
Mais, actuellement, la société se trouve, par ses
majorations, à favoriser quelque peu le produit québécois
par rapport au produit ontarien et par rapport au produit d'importation.
Je pense qu'il faudrait ajouter d'ailleurs que ce n'est que lorsqu'on
aura établi une distinction entre la majoration fiscale et la majoration
commerciale qu'il pourra apparaître clairement que l'Etat favorise les
produits québécois plutôt que d'autres. Lorsqu'une telle
distinction apparaîtrait dans la majoration fiscale, elle resterait
arbitraire. Je ne pense pas qu'on puisse jamais faire disparaître
complètement l'arbitraire et dire: On favorise les produits
québécois en diminuant la majoration de tant. Mais, au moins,
elle sera connue.
Il sera clairement établi dans le public que, quand un produit
est québécois, la majoration est de tant et quand c'est un
produit importé, c'est plus élevé. Je doute, en un certain
sens, qu'on puisse jamais faire disparaître une part d'arbitraire
là-dessus, comme d'ailleurs pour passablement d'impôts, parce
qu'on parle ici d'impôts, mais, au moins, ce sera visible, clair et
compris de tout le monde que l'Etat favorise les produits domestiques à
concurrence de tant.
M. Michaud: Sur un autre sujet, la société
négocie directement avec les manufacturiers domestiques, je crois.
Est-ce qu'elle est structurée pour négocier directement en ce qui
concerne l'importation des vins et des spiritueux ou si elle doit pas- ser
automatiquement par des agences ou des groupes? Pouvez-vous m'expliquer
ça?
M. Parizeau: Je vais demander à M. Desmeules de faire un
portrait assez précis de tout ça. Parce que, comme cela a
été souvent discuté, ces questions, je pense que ça
vaudrait la peine d'entrer dans des précisions.
Vous me permettez? Je me suis référé tantôt
à cette fameuse enquête de la commission Thinel, qui a fait une
revue, je pense, non pas judiciaire, mais une revue administrative de ce que
pourrait être le fonctionnement logique du commerce des vins et
spiritueux au Québec. La commission recommandait une réforme
importante dans la façon de procéder d'une nouvelle
société d'Etat qui pourrait être formée. Nos
constatations, lorsque nous sommes arrivés en fonction, c'est que, dans
tous les domaines de l'administration, il fallait apporter des réformes
administratives.
C'est bien beau, d'une façon théorique, mais en pratique,
il a fallu s'atteler très fortement à créer, à
partir d'un budget intérieur qui n'existait pas, jusqu'à un
service de vérification interne, jusqu'à un service de
contentieux. Tout a été créé à peu
près de toutes pièces.
Nous avons constaté que l'entreprise qui existait, règle
générale et c'étaient les constatations du rapport
Thineln'avait pas rempli son mandat, entre autres, en ne donnant pas aux
clients québécois le nombre de points de vente qui auraient
dû exister, le genre de points de vente qui, à notre avis,
devaient exister vers les années 1973 et 1974, qui est le libre service;
il était inconcevable qu'on fasse du commerce de vin et de spiritueux
derrière un comptoir, d'après nous. Et nous avons constaté
que le monopole, ne prenant pas ses responsabilités, n'ayant pas agi
suivant même les exigences de sa loi, à ce moment-là, avait
été une espèce de beau gâteau avec un crémage
assez épais que s'étaient divisé des intérêts
particuliers.
Entre autres, il s'est créé, au Québec, par les
vides causés par l'existence de monopoles à ce moment-là,
une présence de gens qui ont établi un service
personnalisé, qui ont comblé un vide que le monopole n'avait pas
rempli. Sont apparus des gens avec des intérêts monétaires
très spécifiques qui sont devenus des agents de produits, sans
politique d'achat, sans justification montrant pourquoi tel produit est
là par rapport à tel autre produit. Dans certains cas, on a
même imposé à des Québécois de boire des
choses. On s'est demandé comment il se faisait qu'on vendait tel
produit, que tel produit était vendu par telle chose, enfin, on
s'apercevait que finalement, il y avait peut-être un marché
uniquement au Québec, et que le Français était assis en
arrière et qu'il riait très fort de savoir que le produit
était vendu au Québec. Mais un contact spécial, à
un certain moment, avait permis que ce produit soit introduit au
Québec.
Un de nos premiers gestes administratifs a été de
décider de ne pas faire affaires avec les agents. Nous ne transigeons
pas avec les agents. Je parle de nos services d'achats. Nous discutons le prix
avec le négociant, le fabricant; nous effectuons le
paiement au négociant et au fabricant et nous n'intervenons pas
du tout dans l'entente supposément existante avec une personne au
Québec, déléguée par un négociant. Nous
n'intervenons pas du tout dans le genre de contrat que ces gens-là
peuvent avoir, s'ils en ont ou s'ils n'en ont pas. Nous nous attachons à
avoir des relations d'affaires avec le fournisseur et le plus près
possible de la source de fabrication du produit.
L'agent, pour nous, au fur et à mesure que le monopole a des
acheteurs, je pense, de plus en plus compétents, qui voyagent à
travers le monde et a un service de contrôle de la qualité, a un
service de mise en marché, l'agent, suivant l'évolution de
l'entreprise, devient, à chaque stade, remis en question. Que fait-il et
que ne fait-il pas? Le fait qu'il n'a plus accès à la succursale
cela change un peu l'optique. C'est une évolution dans l'entreprise.
Il faut distinguer ce que sont les agents. On constate qu'il y a
peut-être trois catégories de gens avec qui nous avons eu à
faire affaires. Vous avez les grandes distilleries qui vont en Europe ou en
France chercher une représentation pour le marché, dans certains
cas, nord-américain de produits. Je parle de Seagram, Hiram Walker,
Schenley, Meaghers et d'autres. Elles vont se chercher une
représentation nord-américaine de marché.
Le Québec, pour eux, c'est une goutte d'eau, si on veut, par
rapport aux ententes qu'elles ont avec tous ces marchés. Dans certains
cas même, elles sont propriétaires ou ont des participations dans
les entreprises. Nous constatons, entre autres, que les produits Barton et
Guestier ou Mumm's sont la propriété totale ou partielle de
maisons comme Seagram. Elles s'identifient au Québec par une compagnie
qui s'appelle International Wines, comme des agents de ces compagnies.
Dans d'autres cas, vous avez des gens qui ont créé, d'une
façon commerciale, nous pensons, des agences de représentation,
il y a dix, quinze ou vingt ans. Ils ont une représentation, ces gens,
purement québécoise. Ils n'exercent pas le rôle d'agents,
semble-t-il, à l'extérieur du Québec. Ils sont
limités au Québec.
Vous avez certains cas qui nous ont semblé litigieux ou douteux,
là où quelqu'un devient, du jour au lendemain, agent en vins et
spiritueux au Québec ou l'était devenu. Lorsque nous allons
fournir les dates, etc., à M. Charbonneau, je crois, vous allez pouvoir
constater un peu la date d'apparition de telle agence par rapport à
telle autre. Ces gens-là justifient actuellement leur présence au
Québec sur deux volets, la promotion qu'ils font ou qu'ils feraient au
niveau des hôteliers et restaurateurs, plus la promotion qui se fait au
niveau des media d'information. Ils auraient un budget qui leur viendrait des
compagnies européennes, qu'ils auraient à répartir au
Québec, etc. Ils justifient aussi le fait qu'ils sont en contact avec
nous pour faciliter les problèmes de qualité des produits ou
d'étiquetage des produits, ou ces choses-là.
C'est, M. le ministre, un peu ce que sont les agents au Québec,
l'historique des agents au Québec.
M. Michaud: II reste que la société, en jouant son
rôle ou en jouant son rôle complètement, peut changer un peu
l'atmosphère qui existait depuis, comme vous dites, X années,
parce que... excusez-moi, M. le ministre, la société a maintenant
une force de négociation beaucoup plus grande qu'elle pouvait avoir il y
a vingt ans, dix ans ou quinze ans. Elle pourrait donc avoir, par une structure
d'achat plus complète, toutes les possibilités de
marché.
M. Parizeau: C'est indiscutable qu'à l'heure actuelle la
Société des alcools n'a pas besoin d'agents. Le seul
problème consiste à savoir si on intervient de façon
précise, réglementaire quant à ce qu'on autoriserait des
agents à faire ou à ne pas faire et, d'autre part, à
déterminer jusqu'où on peut aller dans la limitation de contrats
privés entre un fabricant de vins ou un négociant de vins
à l'étranger et un particulier ou une compagnie au
Québec.
Normalement, dans les semaines qui viennent, il va falloir se brancher
parce qu'on ne peut pas laisser cela en l'air indéfiniment.
Il n'y a pas que des fonctions j'allais dire négatives dans le
rôle de certains agents et, de notre côté, il y a aussi des
risques considérables dans le métier d'agent. C'est la raison
pour laquelle il va falloir se brancher quant à déterminer ce
qu'un agent peut faire. Mais dans quelle mesure permet-on certains types
d'agences et n'autorise-t-on pas d'autres types d'agences? Comme le disait M.
Desmeules, on ne peut pas faire disparaître le principe même de
l'agence, quand même ce ne serait qu'à cause des distilleries qui
sont propriétaires, par exemple, d'un négociant de vins en France
ou qui ont des actions dans une distillerie britannique et qui sont donc
automatiquement agents, j'allais dire, de leurs propres produits au
Québec.
Il y a un travail à la fois juridique et administratif pour
déterminer ce qu'on va laisser comme travail aux agents.
Je pourrais peut-être seulement ajouter, M. le ministre, que la
société a établi dernièrement un contact
très étroit avec chacune des maisons pour discuter en profondeur
le rôle d'un agent au Québec.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Il y a deux points que
le président-directeur général a touchés
tantôt. On dit qu'il ne se fait plus de promotion à
l'intérieur des dépôts ou des magasins de la
société. Dans le vin, il y en a. On voit parfois des îlots.
Est-ce que ce sont des surplus que vous voulez écouler?En plein milieu
des allées, qu'est-ce que c'est? Est-ce que ce sont les compagnies qui
font un rabais ou si c'est parce que vous avez un
surplus, il y a eu trop d'achats? C'est un genre de promotion,
même qu'on fait des rabais.
M. Parizeau: Comme tout commerce de détail, la
Société des alcools doit tenir compte de la réaction du
consommateur vis-à-vis des produits qu'elle lui présente. Nous
faisons dans certains cas des expériences vis-à-vis du
consommateur. Nous prévoyions que le consommateur irait vers tel produit
par rapport à tel autre, et, finalement, nous constatons que la
société a peut-être des stocks en surplus et qui ne
s'écoulent pas rapidement. C'est un point. Le deuxième point,
nous avons nos mécanismes de vente minimale des produits à chaque
année. Alors, les produits qui n'ont pas répondu aux normes
minimales de la vente sont retirés. Au lieu de retourner ces produits
aux fournisseurs européens ou ailleurs, la société
décide de mettre ces produits en vente, en accordant aux clients une
escompte de 25%, règle générale, à certaines
périodes de l'année. Il ne s'agit pas de produits
défectueux, il ne s'agit pas de produits chimiquement non corrects. Il
s'agit de produits, comme dans n'importe quel commerce de détail, que
nous avons décidé de ne plus vendre pour une des deux raisons,
c'est-à-dire qui finalement ne répondent pas aux normes minimales
de vente et que la clientèle n'accepte pas. A ce moment, pour
écouler ces produits, nous permettons que la caisse soit
présentée ouverte dans des allées du magasin. Il y a une
affiche qui va à l'arrière, disant: Escompte de 20% sur telle
chose. Tant et aussi longtemps qu'il reste une ou deux bouteilles dans la
succursale, vous trouvez encore cette caisse ou cette demi-caisse dans les
allées.
M. Goulet: Est-ce qu'il est possible que certains
représentants de compagnies appuient pour que vous achetiez ces produits
et, après cela, les mettre en vente?
M. Parizeau: Ecoutez, cela a été acheté dans
le but de les vendre avec tous les autres, et pas dans le but de les
écouler à pourcentage.
Nous avons autour de nous toute une race de gens qui ont
intérêt à mousser les produits chez nous. Si on en est
venu, à un certain moment, à la Société des
alcools, à exclure la présence des représentants dans les
magasins, c'est parce que nous avions des raisons solides et que, quand on
traite avec une entreprise d'Etat, on ne traite pas avec l'épicier du
coin. Des méthodes commerciales qui peuvent être utilisées
dans l'entreprise privée ne sont pas acceptables et tolérables
dans l'entrep.rise d'Etat. On a tout essayé. On a essayé de se
mettre à la porte des magasins avec des jeux de cartes pour dire: Si
vous prenez une bouteille, en sortant, on vous donnera deux jeux de cartes. On
leur a promis n'importe quoi.
M. Goulet: Pas à ce niveau. Une compagnie, par exemple, a
un surplus de stock dans ses entrepôts. Elle s'en va voir la
Société des alcools et lui dit: Ecoute, si tu voulais m'en
prendre à telle réduction et nous l'écouler dans tes
allées? Cela ne se fait pas? Ce n'est pas pratique...
M. Parizeau: Non, ce n'est pas autorisé par
l'administration de la société.
M. Goulet: C'est ce que je voulais savoir. Une deuxième
question, si vous permettez. On a parlé souvent de la vente de vins dans
les épiceries. Où est rendu ce dossier? Qui en est responsable?
Est-ce que cela va être au ministre de l'Industrie et du Commerce
ou...
M. Parizeau: Oui, le ministre de l'Industrie et du Commerce est
intervenu sur ce plan. Il est clair que la question doit être
étudiée et est étudiée, d'ailleurs, un peu dans le
sens de ce que nous disions tout à l'heure ou précédemment
au sujet de la bière. Quelle implication aura le fait de vendre le vin
dans les épiceries sur le coût de vente d'une bouteille et quelle
en sera l'implication sur les rentrées fiscales pour le
gouvernement?
Alors, ça s'étudie sur cette base. C'est la seule base,
d'ailleurs, sur laquelle ça peut s'étudier. Quant à la
décision à cet effet, il est clair que c'est une des
décisions que je vais laisser au ministre de l'Industrie et du Commerce
quand il sera responsable de la SAQ.
M. Goulet: Egalement, M. le Président, si vous me
permettez, certains pays où tous les spiritueux, y compris les vins,
sont vendus dans les épiceries ou supermarchés...
Je vois dans le rapport, par exemple, concernant les terrains,
mobilisations, si vous voulez, qu'on a des dépenses de $25 millions,
selon les chiffres ici, $25,5 millions. Est-ce qu'on a déjà
étudié la possibilité de se servir des
équipements... J'entends par équipements, les bâtisses, les
immobilisations qui existent, genre épiceries ou supermarchés. Au
lieu de louer des magasins spécifiques pour ça ou même d'en
construire... Est-ce qu'on a déjà étudié cette
possibilité de vendre toutes les boissons alcooliques dans les
épiceries, comme ça se fait dans certains pays?
M. Parizeau: C'est-à-dire que vous parlez, à ce
moment-là, d'une concession à l'intérieur d'un point de
vente d'une épicerie qui serait...
M. Goulet: Voici: Dans certains pays, vous allez dans une
épicerie et vous pouvez avoir du gin, du dry gin, pas seulement du
vin...
M. Parizeau: Oui.
M. Goulet: ... toutes les boissons alcooliques, que vous avez
à la Société des alcools. Comme il y a une section pour le
beurre, le lait, il y en a une pour la boisson alcoolique, peut-être la
moitié, peut-être le quart. Est-ce que cela a déjà
été étudié, plutôt que de louer des magasins
souvent voisins d'une épicerie, ne pourrait-on pas se servir de ces
épiceries pour écouler les produits? Y a-t-il déjà
eu des études?
M. Parizeau: II faut tenir compte ici de la variété
des produits offerts par la SAQ. Le nombre
de "listings" est considérable et il n'est pas du tout
évident qu'une concession obtenue par un grand magasin serait en mesure
d'offrir le choix qu'offre la SAQ. Il y a une philosophie derrière les
magasins spécialisés de la SAQ ne faisant que ça. Ce type
de commerce, c'est justement d'essayer d'offrir à la clientèle la
plus grande variété possible. Dans ce sens, moi, je reste
très favorable à ce que la SAQ ait ses magasins
spécialisés, capables d'offrir toute la gamme des produits.
D'autre part, le problème de contrôle de la qualité dont M.
Desmeules a parlé précédemment, est un problème
très réel. Il est infiniment plus facile de suivre la
qualité d'une telle variété de produits dans des magasins
qui sont sous la coupe directe de la SAQ que d'aller suivre ça dans
toute une série de points de vente autres que les magasins de la SAQ, si
bien que dans ce sens, il y a de bonnes raisons pour maintenir les magasins de
la SAQ en place.
Je dois ajouter une chose, puisqu'on parle justement de la distribution
des produjts, de la SAQ, c'est que maintenant, il n'y a plus de locaux
commerciaux loués par la SAQ sans appels d'offres. La politique est
maintenant que chaque fois qu'un nouveau point de vente est ouvert par la SAQ,
des appels d'offres sont demandés dans la localité où le
nouveau magasin doit être situé.
M. Goulet: Est-ce que ça vaut pour tous les achats...
M. Parizeau: Pardon?
M. Goulet: Les demandes de soumissions, est-ce que ça vaut
pour tous les achats de la SAQ? Par exemple, un camion, n'importe quoi?
M. Parizeau: La...
M. Goulet: Les immobilisations, si vous voulez. Par exemple, je
vois qu'il y a de l'asphaltage dans les cours des... Est-ce que c'est toujours
par soumissions, telles que les... semblables aux achats du gouvernement, c'est
la même politique?
M. Parizeau: Sans aucune obligation ou contrainte
spéciale, en tant que société d'Etat, je pense que nous
nous sommes donné une politique d'achat, matériel, fournitures et
services, telle que nous les appelons, qui amène la
société à faire des achats sains en demandant des
soumissions, en ayant toute une catégorie de montants d'argent
où, à ce moment-là, ça devient une soumission
publique. Dans certains cas, c'est une soumission limitée à.
d'autres. Le conseil d'administration se réserve les achats à
partir de tel et tel montant.
Notre politique d'achat a été étudiée par
d'autres groupements, a été même copiée dans
certains cas. Je pense que nous avons une politique d'achat qui se veut, du
moins, qui a des guides, des critères de saine gestion administrative.
D'ailleurs, vous devez voir assez régulièrement les demandes de
soumissions publiques de l'entreprise, etc.
J'aimerais préciser d'ailleurs que la politique d'achat de la
Société des alcools est publique et publiée,
c'est-à-dire la façon dont les achats se font, les cas où
il y a automatiquement des soumissions publiques, tout cela est inscrit...
M. Goulet: Si vous me permettez, M. le Président, j'aurais
une question précise. Comment procédez-vous pour l'achat de
terrains? Si vous voulez construire un dépôt dans telle ville,
comment se fait l'achat de terrain, précisément? Quelle politique
avez-vous?
M. Parizeau: Quand vous parlez d'un dépôt, est-ce
que vous voulez dire une succursale?
M. Goulet: ... des succursales, oui.
M. Parizeau: Règle générale, il n'est pas de
la politique de la société d'être propriétaire de
terrains. Il n'est pas plus de la politique de la société
d'être propriétaire de points de vente. Nous recherchons la
location pour plusieurs motifs justifiés. Nous sommes des commerces de
détail. Nous suivons l'évolution des marchés, etc.
Le seul endroit où nous sommes propriétaires de locaux,
à ma connaissance, c'est aux Iles-de-la-Madeleine; nous avons une
succursale à Drummondville et une succursale à Rock Island. Nous
avions la propriété d'une succursale à Mont-Joli, mais
elle a été vendue.
Vous vous référez peut-être aux minisuccursales que
nous avons installées dernièrement, nous sommes là encore
en location. Les terrains que la société possède
actuellement sont à LaSalle, dans l'est de Montréal, sur un
terrain acheté des Soeurs de la Charité de la Providence, au Pied
du courant, et à Sainte-Foy.
M. Goulet: Je vois que cela représente des immobilisations
de tout près de 20%, sur les $4,5 millions, pour les terrains,
comparativement au total des $25 millions. J'imagine que cela doit être
plus que deux ou trois terrains, ou ce sont de très grands terrains.
M. Parizeau: Je vous les ai nommés. Je peux vous
mentionner que les terrains de LaSalle qui sont encore la
propriété de la Société des alcools et qui ont
été achetés par la régie en 1965
représentent déjà $2,1 millions à
l'intérieur de vos montants.
L'autre terrain a été payé $1 million, c'est celui
dans l'est de Montréal, aux Soeurs de la Charité de la
Providence. Il y a un terrain à Sainte-Foy sur lequel sont nos
installations, dont je n'ai pas le détail de l'évaluation; il a
été acheté vers 1968 ou 1969. La seule acquisition de
terrain que la société a faite a été dans l'est de
Montréal, plus deux lisières de terrain à
côté de l'entrepôt où nous sommes à
Sainte-Foy, parce que, réellement, il fallait faire un stationnement et,
de l'autre côté, la bâtisse tombait exactement sur le
voisin. Il y avait un règlement municipal de Sainte-Foy qui nous
demandait de posséder une lisière de terrain. Ce sont des
lisières très marginales.
M. Goulet: Dernière question, M. le Président.
M. Parizeau: Vous m'intriguez. Je ne sais pas à quel
terrain vous pouvez faire allusion.
M. Goulet: C'est parce que vous en avez $5 millions et vous en
avez nommé deux ou trois. J'imagine que ce sont de grands terrains ou il
y en a qui ont été payés effectivement très
cher.
M. Parizeau: II y a un achat dont M. Parizeau a fait mention
tantôt.
M. Goulet: Si on les revendait actuellement, est-ce qu'on
pourrait capitaliser $5 millions, d'après vous?
M. Parizeau: II y a un terrain qui est déclaré
partie du patrimoine, qui est celui du Pied du courant à
Montréal. Le terrain de LaSalle, nous avons fait des efforts très
sérieux pour essayer de trouver des groupes intéressés
à l'acheter. Les chiffres que j'avais sont que le terrain a
été payé à peu près $0.64 ou $0.65 vers les
années 1965. Nous avons suivi l'évolution. On a
déjà parlé de $1.25 pour le terrain dans cette
région. Ce n'est pas notre commerce de posséder des terrains.
M. Goulet: Je vous remercie. Une dernière question. Vous
avez fait mention tantôt des miniroulottes, vous les appelez les
mini...
M. Parizeau: Oui, les mini-succursales.
M. Goulet: Premièrement, est-ce que c'est rentable, est-ce
que les résultats ont donné ce que vous attendiez?
Deuxièmement, je prends le comté que je représente, par
exemple, Bellechasse, on a beaucoup de demandes des municipalités.
On est loin des grands centres, peut-être à une centaine de
milles. On aimerait avoir des points de vente co'mme cela. Il y en a un dans le
comté où on fait l'expérience, mais les autres
municipalités ont vu cela et certains conseils municipaux ont fait la
demande en disant: Nous aimerions en avoir, nous aussi. Est-ce qu'il y a des
possibilités?
M. Parizeau: J'ai mentionné tantôt l'héritage
de la régie. Une des grandes faiblesses du réseau de distribution
et qui a amené des difficultés au réseau de distribution,
d'après nous, c'est le nombre des points de vente. C'est incroyable de
constater comment on n'a pas suivi l'évolution des populations dans les
milieux urbains, dans les milieux ruraux. On aurait dû faire une
évolution continuelle. Nous faisons un rattrapage depuis quatre ou cinq
ans, sur l'évolution des points de vente au Québec. Nous avons eu
un programme, l'année dernière, de 60 succursales environ. Cette
année, c'est 68. Elles sont toutes déterminées, une par
une. Nous consacrons énormément d'efforts à essayer de
donner le meilleur service possible à la population.
A un certain moment, le rattrapage nous est apparu tellement urgent, que
nous avons pensé à cette formule de la mini-succursale, où
nous arrivons avec l'unité préfabriquée, l'installons sur
l'endroit et louons de la municipalité, en règle
générale, l'emplacement. Vous allez voir, dans les journaux,
cette semaine, je l'espère, des demandes de soumissions pour dix autres
unités. Les plans et devis sont préparés à la
société, etc., et nous allons en soumissions pour dix autres
unités.
Je pense que l'élément rentabilité existe.
L'élément service, il n'y a aucun doute. Ce sont des populations
qui avaient à se déplacer, je pense aux gens de Sainte-Claire,
dans le comté de Bellechasse, 20, 25 et même 30 milles
aller-retour, pour aller se procurer une bouteille de vin ou une bouteille de
spiritueux. L'élément service est indéniable.
Nous essayons de minimiser le plus possible les frais de fonctionnement;
nous avons un employé et les espaces sont utilisés au maximum
à l'intérieur. L'expérience s'est avérée
valable, jusqu'à maintenant, en espérant que les soumissions qui
vont venir, pour la réalisation d'autres ne refléteront pas un
inflation fantastique dans nos prévisions de "pay out plans" sur la
rentabilité de ces points de vente.
Mais j'ai dit au ministre, il y a quelques jours, au Conseil du
trésor, que la société avait 310 points de vente
actuellement au Québec. C'est peut-être 410 qu'elle devrait avoir
réellement, pour bien satisfaire la population.
Nous avons établi une projection de 500 points de vente d'ici
1980 au Québec.
Le Président (M. Clair): Le député de
Berthier immédiatement, suivi du député de Jean-Talon.
M. Mercier: A quel moment la Société des alcools
devient-elle propriétaire des alcools produits par une distillerie? A
l'entreposage ou...? D'autre part, comment est établie la
rémunération de la Société des alcools sur la
distribution des alcools dans les points de vente? Comment
établissez-vous cela? Selon quels barèmes, quels
critères?
M. Parizeau: La première question, c'est la...
M. Mercier: A quel moment la Société des alcools
devient-elle propriétaire?
M. Parizeau: Devient juridiquement propriétaire.
M. Mercier: C'est cela.
M. Pariseau: Je pense que là, c'est le droit commercial
qui intervient au moment où un bon de commande est passé et il y
a déjà une transaction commerciale qui s'engage. Mais je pense
que nous prenons possession du produit, réellement, au moment où
il pénètre dans nos entrepôts.
Je ne sais pas si M. Brunelle a d'autres...
Il y a le mécanisme où nous conservons la
possibilité de retourner le produit s'il n'est pas à
notre satisfaction, lors du contrôle de la qualité, parce
que sur chaque lot de produits qui entre à la société, il
y a une analyse du contrôle de la qualité qui est exercée.
Là interviennent tous les mécanismes du droit commercial et nous
pouvons annuler une commande, retourner un produit ou autre chose.
Je ne pense pas que la société ait des droits
spéciaux par rapport à la...
C'est le droit commercial ordinaire. Dès qu'il y a contrat de
vente, la SAQ est propriétaire...
M. Mercier: D'accord. Maintenant, le pourcentage de la
rémunération, comment rétablissez-vous? Vous achetez le
produit...
M. Parizeau: La présence de produits dans les
succursales?
M. Mercier: Oui.
M. Parizeau: Nous exigeons un minimum de ventes. Nous exigeons
aussi une répartition des produits, c'est-à-dire que nous
répartissons le droit dans les succursales, le plus rapidement possible,
à l'intérieur du Québec. Nous n'essayons pas d'avoir de
discrimination vis-à-vis de tel groupe de population par rapport
à tel autre, sur tel produit, pour autant qu'il existe un
marché.
Nous sommes en train de bâtir une politique de minimum par
district parce que nous avons divisé le Québec en 16 districts,
avec nos points de vente, où on s'aperçoit, à un certain
moment, que tel produit a eu sa chance pendant cinq ou six ans, dans une
région, et que, finalement, il n'y a pas de demande.
Nécessairement, il y a moins de produits dans cette succursale, mais,
encore là, on devrait peut-être aller jusqu'au point de ne pas en
avoir du tout.
M. Mercier: Par rapport au prix que vous payez pour les produits,
comment établissez-vous le prix de vente dans vos points de vente?
M. Parizeau: A partir de la liste qui avait été
donnée au début de la session, des taux de majoration qu'on
indiquait tout à l'heure.
Vous savez que nous sommes une très grosse source de revenus
aussi pour les droits de douane et d'accise et la taxe de vente
fédérale, qui viennent s'ajouter au prix d'achat. A ce prix
d'achat cumulé, la société vient établir sa
majoration et la taxe de vente de 8%, qui ne fait pas partie de nos revenus,
mais que nous remettons au ministère du Revenu.
M. Mercier: Dans le cas de saisies de boisson que vous remettez
sur le marché après coup, y a-t-il des...
M. Parizeau: Là interviennent les exigences légales
de la loi de la société vis-à-vis de la saisie de boisson,
l'article 51, entre autres, de la loi de la société. Il y a tout
un mécanisme qui entre en jeu.
M. Mercier: Dans ce cas, calculez-vous des montants
supérieurs sur vos prix de vente, compte tenu des problèmes que
cela vous occasionne?
M. Parizeau: La loi prévoit que la société a
droit à 10% d'une valeur déterminée, qu'elle conserve
comme étant des frais d'administration ou autre chose, ou seulement le
monopole.
En fait, la société se réserve comme cela 10% de la
valeur.
M. Mercier: C'est ce qui expliquerait qu'il pourrait y avoir,
dans le cas de Melchers, une augmentation de 10% supplémentaire
de...
M. Parizeau: Oui, bien sûr. C'est l'article 51 qui
s'applique.
M. Mercier: D'accord. Merci.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, le président-directeur
de la Société des alcools a exposé tout à l'heure
un certain nombre d'événements qui se sont déroulés
à la société, en faisant référence à
une situation que la nouvelle Société des alcools a prise en main
au moment de l'adoption de la loi.
Je voudrais demander au président-directeur
général, si le ministre veut le laisser répondre: Dans
l'exercice de vos fonctions, depuis le temps que vous avez été
président-directeur général et président du conseil
d'administration, dans l'établissement de vos politiques d'achat, de vos
politiques de location, de vos politiques d'embauche du personnel, avez-vous
eu, de la part du ministre titulaire, des bâtons dans les roues, de
quelque façon que ce soit, pour appliquer toutes ces politiques que vous
venez d'énoncer et qui ont été réalisées au
cours des années 1971 jusqu'à présent?
Le Président (M. Clair): M. le député, si
vous me le permettez, pour ne pas créer de précédent,
veuillez vous adresser au président pour poser la question.
M. Garneau: M'adresser au président? M. le
Président, vous comprendrez pourquoi cette question me paraît
importante, depuis ce matin surtout, à cause des questions posées
par le député de Laprairie, je crois, qui a posé des
questions que je voulais poser au ministre. Comme mon tour est venu par la
suite, je n'ai pas pu le faire moi-même, mais je trouve extrêmement
important de savoir de l'administration de la Société des alcools
si, dans l'établissement de ses politiques, elle a eu à se
plaindre, de quelque manière que ce soit, des interventions de l'ancien
ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je vais répondre ici.
Il y a des enquêtes qui sont en cours. D'autre part, il y a des causes
qui sont devant les tribunaux, sur lesquelles, je pense, il faut laisser la
jus-
tice suivre son cours. Si tant est que cette question présentait,
soit pour les enquêtes en cours, soit pour les tribunaux, un
intérêt direct, je suis certain que ces questions seraient
posées, ou ont été posées au président de la
Société des alcools. Dans ce sens, je pense qu'il est simplement
correct, encore une fois, de laisser les procédures actuelles se
dérouler comme elles doivent se dérouler, il me semble.
M. Garneau: M. le Président, je n'ai pas demandé
à l'administration de me faire quelque commentaire que ce soit sur des
procès en cours, ou quelque enquête en cours, mais il reste quand
même que le président-directeur général, tout
à l'heure, a fait état de l'établissement d'une politique
d'achat qui a été mise en vigueur au cours des années
passées. Il aurait pu également faire état du fait que les
intermédiaires ont été éliminés dans l'achat
de vins et de spiritueux en fût, en vrac, comme on dit. Il aurait pu
faire état, évidemment, de beaucoup d'autres politiques qui ont
été établies, mais je crois qu'à cause de ce qui
s'est dit, et en ce qui me concerne, je trouve que la question devrait quand
même être reçue, parce que le ministre actuel pourra s'en
rendre compte lorsque les années auront passé, je trouve que la
responsabilité administrative d'un ministre est très grande et la
vie qu'il mène est aussi difficile. A un moment donné, on semble
vouloir laisser porter toutes sortes de doutes.
Pour moi, cela me paraissait important, aussi important pour moi que
pour les membres de ma famille. Lorsque j'ai assumé la
responsabilité du ministère des Finances, et, par le fait
même, est arrivée dans le paquet l'existence de l'ancienne
Régie des alcools, nous avons pris tous les moyens possibles, dès
le dépôt du rapport Thinel, pour mettre en branle tout un
mécanisme de modifications quant à la commercialisation des
produits de l'alcool. Nous avons appliqué par un texte juridique la
recommandation du rapport Thinel, pour séparer en deux toute la question
des émissions de permis, de la commercialisation. Tel que le
recommandait le rapport Thinel, nous avons constitué une
société à capital-action, et sorti tout le personnel
administratif nouveau, à venir, des règles de la Commission de la
fonction publique, laissant ainsi au conseil d'administration l'autorité
d'agir.
En fait, nous avons laissé la société administrer
cette société comme devait l'être n'importe quelle
société privée ou société d'Etat qui se
respecte. Je dois vous dire que j'ai eu énormément à
souffrir de ce qui a été dit dans les journaux. Je vois
aujourd'hui le rapport que fait le président à cette commission,
où la plupart des choses qu'il indique comme étant des politiques
nouvelles, pour essayer d'assainir tout le climat à la nouvelle
Société des alcools, tous ces efforts qui ont été
faits, je crois de mon devoir si, pour d'autres raisons, on ne veut pas
répondre à la question, de souligner que tout cela a
été fait avec l'assentiment de l'actionnaire principal, qui
était celui qui vous parle au moins depuis la création de la So-
ciété des alcools jusqu'au 25 novembre dernier, au moment
où j'ai quitté mes responsabilités de ministre des
Finances.
Je pense, par exemple, à ces politiques d'achat, je pense
à la politique de libre service plutôt que de magasins
séparés où l'administration est beaucoup plus facile
à faire. Je pense à la politique de gérance du personnel,
je pense aussi à la politique concernant les agents. Le
président-directeur général a indiqué tout à
l'heure qu'il y avait eu une évolution dans les relations entre la
société et les agents, ce qui a débouché
récemment, me dit-on, sur l'exclusion des agents des magasins, mais je
sais que beaucoup de directives avaient été émises
à ces agents, antérieurement au mois de décembre dernier,
pour essayer d'établir un genre d'éthique professionnelle qu'ils
devaient suivre.
Je trouve qu'il serait important que le président-directeur
général... Je ne veux pas qu'il réponde pour les questions
qui relevaient d'avant sa présidence de directeur général.
Evidemment, il ne peut pas répondre pour les faits et gestes de ses
prédécesseurs et je ne veux pas non plus répondre des
faits et gestes de ceux et celles qui, travaillant à la
société ou ayant travaillé à l'ancienne
régie, ont pu commettre des gestes répré-hensibles. Je
crois que le ministre a raison là-dessus, il faut que les tribunaux
déterminent et règlent normalement ces cas à leur
mérite. Je ne veux pas intervenir là-dedans, mais, dans
l'établissement des politiques que le président-directeur
général a établies tout à l'heure je ne fais
pas référence à quelque cause qui soit pendante devant les
tribunaux je veux simplement savoir si, dans l'établissement de
ces politiques: politiques d'achat, politiques face à
l'élimination des agents, dans le cas des spiritueux en fût, dans
les politiques d'embauche du personnel cadre de la régie, je pense que
c'est normal, ce n'est pas une question reliée à quelque
procès en cours, le président-directeur général
pourrait dire s'il a eu la liberté de manoeuvre, ou je dirais même
l'appui de l'ancien actionnaire dans l'établissement de ces
politiques.
Le Président (M. Clair): Si vous le permettez, M. le
député de Jean-Talon, si vous êtes d'accord avec moi
à savoir que les questions, en commission parlementaire, sont
dirigées par le président vers les ministres et non pas vers les
représentants, vers les sous-ministres ou vers des
présidents-directeurs généraux, je pense que le ministre
avait commencé à répondre, ou y a répondu. Si vous
différez d'avis avec moi sur le fait qu'on ne peut pas poser des
questions directement, y compris par l'entremise du président, à
un représentant d'un organisme comme la Société des
alcools, je vous demanderais de suspendre les travaux pour étudier la
question. Je dois vous avouer que...
M. Garneau: Sur votre interprétation du règlement,
M. le Président, j'ai été assez longtemps membre de ces
commissions pour savoir que vous
avez raison, mais il reste que, depuis le début de la
séance, pendant de longues périodes, et c'est normal, je pense
que c'est absolument normal, si le ministre voulait être capable de
répondre à toutes ces questions administratives, surtout d'une
société distincte, évidemment, il faudrait qu'il se fasse
souffler presque la moitié des réponses. Mais comme le
précédent existe depuis le début de cette commission,
où le président-directeur général a donné le
"due process" de la façon dont cela s'est fait depuis 1971, où
c'est arrivé à la direction de la société,
où toutes ces politiques ont été établies, je
trouve que si le ministre était consentant, le
président-directeur général pourrait nous dire si, dans
l'établissement de ces politiques, le conseil d'administration a eu
l'entière liberté d'agir ou de ne pas agir. Je crois que cela
serait inscrit dans la continuité de nos travaux depuis le
début.
Juridiquement, et d'après les règlements de la commission,
j'imagine que votre interprétation est juste, mais, également, en
s'appuyant sur le précédent qui existe depuis ce matin de
toute façon, il est une heure, vous pourriez le prendre en
délibéré, comme vous le suggérez je pense
que ce serait important, ne serait-ce que sur le plan humain, que le
président-directeur général puisse être
appelé et puisse avoir la permission non pas sur des choses en
cour, au point de vue d'enquêtes, mais uniquement dans ce qui est de sa
responsabilité, dans l'établissement des politiques dont il nous
a fait part, tout à l'heure de dire si la Société
des alcools, le président-directeur général et son conseil
d'administration ont eu la liberté de manoeuvre pour établir ces
politiques dont il nous a annoncé la teneur et qui étaient
déjà connues depuis plusieurs années.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jean-Talon, encore une fois, sans nullement intervenir, et ce n'est vraiment
pas mon rôle d'intervenir sur le fond de la question, mais simplement sur
la façon de procéder, je pense que, ce matin, nous avons
été à même de constater qu'effectivement, à
de nombreuses reprises, le président-directeur général de
la Société des Alcools a répondu à des questions.
Mais j'ai bien remarqué, et vous aussi, sûrement, qu'il demandait
toujours l'assentiment ou le consentement du ministre, si on veut, pour
répondre aux questions.
Vous avez vous-même souligné le fait, dans l'exposé
que vous venez de faire, que c'était, bien entendu, si le ministre y
consentait, puisque, à mon sens, en vertu de notre règlement, il
est difficile d'en convenir autrement.
M. Garneau: Je vais poser la question autrement. Je la pose au
ministre, et comme il n'a pas la réponse, il peut la requérir.
Nous allons suspendre nos travaux pour une période d'une heure. Il peut
la requérir et la donner comme il voudra l'établir
lui-même, s'il ne veut pas laisser, pour des raisons qu'il juge à
propos, comme il l'a fait depuis le début de la séance, laisser
répondre le président-directeur général.
La question est quand même posée, et j'aimerais que le
ministre puisse y répondre. S'il veut attendre à 4 heures pour le
faire, je l'apprécierais; mais s'il veut le faire tout de suite, ce
serait encore préférable, parce que je trouve que cela
clôturerait quand même une partie de notre session. Je ne dis pas
que cela va clore la discussion sur la société, mais au moins,
sur toutes ces politiques dont le président-directeur
général nous a annoncé l'existence tout à l'heure,
je voudrais savoir s'il a eu l'autorité d'agir dans ces domaines. Je
pense que ce serait quand même une contribution positive au débat
en cours, parce qu'une bonne partie des discussions, évidemment,
concerne ce qui s'est écrit et ce qui s'est dit.
Je trouve que les efforts faits par le conseil d'administration et par
les fonctionnaires qui sont en place, au moins depuis l'existence de la
nouvelle structure qui s'appelle la Société des alcools, ont
contribué à une saine administration de la chose publique et
n'était-ce que pour rendre au moins justice à tous ces hommes et
à toutes ces femmes qui ont travaillé, pendant les cinq
dernières années, à redonner un certain prestige à
ce commerce, à cette société d'Etat, ce serait
déjà, je crois, une contribution non seulement pour le
personnel-cadre actuel de la Société des alcools, mais aussi pour
les autres personnes qui travaillent avec le même esprit dans les autres
sociétés d'Etat.
M. Parizeau: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Je vous remercie, M. le
député de Jean-Talon, de faciliter mon travail.
M. Parizeau: ... je pense que les débats de ce matin,
d'aucune espèce de façon, n'ont impliqué autre chose
qu'une description des activités. Je pense qu'on conviendra qu'on n'a
pas, même par sous-entendus, cherché à impliquer quoi que
ce soit qui puisse toucher à la réputation des personnes. Il n'y
a pas de précédent à invoquer, quant aux interventions du
président-directeur de la Société des alcools, puisque,
effectivement, chaque fois qu'il a répondu aux questions qui lui
étaient posées, il obtenait mon autorisation d'abord.
Troisièmement, je pense que la question du député
de Jean-Talon ne serait même pas apparue, si, justement, il n'y avait
pas, à l'heure actuelle, des enquêtes en cours et des rapports du
résultat de ces enquêtes ou des procès dans les journaux.
Sa question est très directement reliée à ces
événements. On conviendra ici que, dans la mesure même
où ces enquêtes sont en cours, je pense qu'il faut laisser la
question du député de Jean-Talon trouver sa réponse et
dans ces enquêtes et dans les échos qu'on en aura
publiquement.
A l'heure actuelle, sa dernière question me semble changer le
sens des débats que nous avons eus ce matin et ne pas appartenir aux
questions qui ont été soulevées jusqu'à
maintenant.
M. Garneau: M. le Président, je ne parle absolument pas,
et peu importe la réponse que pourrait donner le
président-directeur général ou le minis-
tre titulaire ou actionnaire, peu importe la réponse
donnée, elle ne lie pas, ni n'intervient d'aucune façon dans des
gestes repréhensibles que des personnes auraient pu poser dans le
passé.
J'essaie de préciser encore davantage. Dans son rôle, le
président-directeur général, avec son conseil
d'administration et ses fonctionnaires, dans rétablissement des
politiques dont il nous a annoncé la teneur tout à l'heure,
a-t-il eu toute la liberté de manoeuvre pour concevoir et appliquer ces
politiques? Je ne pense pas que cela ait en aucune façon des relations
avec ce que des gens ou des personnes auraient fait, surtout avant sa
présence à la Société des alcools, avant la
présence du président actuel et d'un certain nombre des
fonctionnaires qui l'accompagnent. C'est uniquement relié à sa
liberté de manoeuvre comme président-directeur
général, pour le terme qu'il a eu pour la conception,
l'établissement et l'application des politiques dont il nous a fait part
tout à l'heure.
J'ai déjà été témoin, dans une
commission parlementaire antérieure, que le Vérificateur
général, par exemple, venant témoigner, se soit fait poser
des questions semblables de la part des députés et il a eu la
liberté de répondre directement aux questions des membres de
l'Opposition.
Je ne fais référence à aucun cas particulier. Je ne
fais absolument pas référence à ce qui pourrait être
devant les tribunaux. D'ailleurs, je ne crois pas que cette question ait
été soulevée. Il s'agit de savoir si, comme conseil
d'administration, ils ont eu la liberté de manoeuvre de concevoir ces
politiques, de les établir et de les appliquer.
Il me semble que c'est une question assez simple, qui traduirait quand
même un rapport qui doit exister entre n'importe quelle
société d'Etat autonome et le ministre responsable. C'est une
question qui a été posée à plusieurs reprises. Je
ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas laisser cela dans ce contexte bien
précis je ne de- mande pas des avis juridiques sur des cas
actuellement sous enquête devant les tribunaux mais en ce qui
regarde l'établissement des politiques dont on nous a annoncé la
teneur ce sont des paroles qui ont été dites à
cette commission je pense que ce serait quand même important de le
savoir.
M. Michaud: M. le Président, je demande la suspension des
travaux.
Le Président (M. Clair): II est 13 heures. Nous suspendons
les travaux jusqu'après la période des questions cet
après-midi.
M. Parizeau: Est-ce que j'aurais la possibilité de
répondre à une question sur SODIC, avant de terminer, ou si vous
préférez que nous fassions cela à 3 heures?
Le Président (M. Clair): Je préfère que nous
fassions cela à 4 heures.
M. Garneau: Ajournez-vous sine die?
Le Président (M. Clair): Nous suspendons jusqu'à 4
heures.
M. Garneau: Nous allons être obligés d'avoir un
autre ordre.
M. Parizeau: Ce n'est pas à 3 heures, c'est après
la période des questions.
M. Garneau: Si c'est sine die, il faut un autre ordre de la
Chambre.
Le Président (M. Clair): Nous ajournons nos travaux sine
die, effectivement, M. le député de Jean-Talon.
(Fin de la séance à 13 h 7)
Reprise de la séance à 16 h 35
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu est
réunie pour continuer l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Finances. Les membres de la
commission pour la présente séance sont: M. Alfred (Papineau), M.
Baril (Arthabaska), M. Biron (Lotbinière), M. Garneau (Jean-Talon), M.
Garon (Lévis), M. Goulet (Bellechasse), M. Gravel (Limoilou), M.
Grégoire (Frontenac), M. Jolivet (Laviolette), M. Landry (Fabre), M.
Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Mercier (Berthier), M. Michaud
(Laprairie), M. O'Gallagher (Robert-Baldwin), M. Parizeau (L'Assomption), M.
Raynauld (Outremont), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Tardif
(Crémazie).
M. Garneau: II y a une modification...
M. Parizeau: Oui. M. O'Gallagher a été
remplacé par M. Mackasey.
M. Garneau: Non, M. Mackasey est remplacé par M.
Pagé. 60 et 20 abstentions.
M. Parizeau: Une motion chaudement débattue.
Le Président (M. Clair): M. Pagé (Portneuf) en
remplacement de M. O'Gallagher (Robert Baldwin). Au moment où nous avons
ajourné nos travaux nous en étions toujours à
l'étude de la Société des alcools du Québec. M. le
ministre.
M. Parizeau: M. le Président, avant que nos allions plus
loin, j'ai des renseignements que j'avais promis de fournir au début de
cette réunion. D'abord pour ce qui a trait à SODIC. Effectivement
et contrairement à ce que j'avais laissé sous-entendre ce matin,
il semble bien que le dernier paragraphe du contrat liant SODIC à la
piste Prévert c'est Vertprés ou Prévert
indiquerait qu'en vertu de ce dernier paragraphe donc, les actionnaires de la
piste pourraient être tenus personnellement responsables à
défaut de remboursement par la piste Prévert Inc. proprement
dite. Et comme le soulignait le député de Jean-Talon, je pense
que c'est une précision importante qu'il faut apporter au dossier.
D'autre part, on distribue, au moment où je parle, aux membres de
cette commission les règlements de SODIC. Troisièmement, pour ce
qui a trait à la SAQ, compte tenu des questions qui ont
été posées ce matin, je pense pouvoir proposer cet
après-midi le cheminement suivant: En tant qu'actionnaire, je vais
écrire au conseil d'administration de la SAQ pour lui demander de me
fournir les renseignements suivants. Je pense que, compte tenu de
l'étude rapide qui a pu être faite des questions à l'heure
du midi, je peux indiquer quel genre de délai cela prendrait pour
fournir les renseignements demandés:
La liste des fournisseurs de la société avec leurs
produits respectifs et la date d'inscription de ces produits, deux semaines
environ. Le nombre de produits et la date d'inscription par agent depuis 1970,
on en fera un tableau annuel, donc pour chaque année, quatre semaines.
Et finalement, la date de création de chaque agence, d'ici quinze
jours.
Je vais donc écrire au conseil d'administration de la SAQ pour
demander ces renseignements et cela devrait rentrer dans les délais
approximatifs que je viens d'indiquer. Je comprends que l'un des
problèmes majeurs dans la transcription de ces listes vient de ce que
c'est à l'heure actuelle codé sur ordinateur et qu'il faut donc
transcrire tous les numéros en noms qui soient intelligibles. Autrement
les députés pourraient recevoir un paquet considérable de
papiers mais qui seraient proprement illisibles. Voilà, M. le
Président.
M. Garneau: Alors, pour reprendre là où nous en
étions, j'avais posé...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jean-Talon, si vous me le permettez, si j'ai bien compris et afin que tout le
monde comprenne bien, est-ce que vous donnez comme réponse uniquement
les détails ou si on interprète également votre
réponse comme voulant dire: que vous ferez parvenir aux membres de la
commission...
M. Parizeau: C'était entendu ce matin. Chaque membre de la
commission recevra les listes dont je viens de parler.
Le Président (M. Clair): Cela va. Et il n'y aura pas
nécessairement dépôt devant la commission. M. le
député de Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, j'avais posé des
questions avant l'ajournement du midi et je voulais demander au ministre s'il
avait changé d'avis. S'il n'a pas changé d'avis, je vais
procéder d'une autre façon en posant des questions plus directes
sans référence à ce que je posais ce matin.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Parizeau: Non, je n'ai pas changé d'avis, M. le
Président.
M. Garneau: Alors, M. le Président, je peux demander
à quelle date a été préparée et rendue
publique la politique d'achat dont le président-directeur
général a parlé ce matin.
M. Parizeau: Nous allons fournir cela au fur et à mesure
des questions.
Alors, les normes et règlements édictés par la
Société des alcools du Québec au sujet de cette politique
d'achat ont été adoptés par le conseil d'administration le
17 février 1972 et amendés les 16 janvier 1974 et 23 septembre
1975.
M. Garneau: Est-ce que la Société des alcools et
son conseil d'administration avaient conçu des directives concernant les
cadeaux qui pouvaient
être offerts à des employés ou à des
personnes travaillant à la Société des alcools et, si oui,
si cette directive a été émise, à quelle date
l'a-t-elle été?
M. Parizeau: II semble que cela soit dans les bureaux et pas ici.
Nous allons faire en sorte qu'on ait la réponse le plus rapidement
possible. Il y a moyen d'obtenir la réponse rapidement par
téléphone?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, en ce qui concerne la
compréhension de ce que je demande, je me réfère en
particulier à une directive qui a été envoyée
à tous les fournisseurs à l'occasion de la période des
Fêtes pour savoir quelle attitude le conseil d'administration avait prise
face à la donation de cadeaux. Je voudrais savoir la date de la
première directive émise par le conseil d'administration. Je
comprends qu'on puisse ne pas l'avoir ici, mais probablement qu'on va encore
siéger...
M. Parizeau: On va vous l'obtenir.
M. Garneau: Je voudrais savoir, également, à quelle
date et par qui a été établie la politique concernant les
normes d'implantation des succursales dont parlait le
président-directeur général?
M. Parizeau: Nous n'avons pas le renseignement ici, M. le
Président, on va l'obtenir dans les plus brefs délais.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Au sujet des normes d'implantation des succursales,
vous avez parlé, ce matin, d'une politique établie par la
Société des alcools concernant les normes d'implantation des
succursales, exactement ce que vous aviez dans les mains tout à l'heure.
Je voulais savoir la date à laquelle cela avait été
lancé pour la première fois et rendu public.
M. Parizeau: On obtiendra encore une fois ces renseignements dans
les meilleurs délais.
M. Garneau: M. le Président, concernant la vente de
l'édifice de la rue Dalhousie dont certains journaux avaient fait
état, est-ce que le ministre pourrait nous dire si cette transaction a
été effectuée suivant les normes établies par le
conseil d'administration de la Société des alcools au cours de
l'exercice de ses responsabilités administratives?
M. Parizeau: Oui. C'est ce qu'on me dit, M. le
Président.
M. Garneau: Concernant les contrats qui ont été
donnés dans le cas des opérations de la sec- tion de
Montréal qui est en construction actuellement, sur le terrain des
soeurs, à l'extrémité est de l'île de
Montréal, est-ce que la négociation et les discussions qui ont eu
lieu quant à l'achat de terrains et quant aux négociations avec
les différents entrepreneurs ont été faites par la
Société des alcools et son conseil d'administration, suivant les
normes établies par elle-même?
M. Parizeau: Oui, M. le Président.
M. Garneau: M. le Président, est-ce qu'on pourrait savoir
quelles sont les proportions des recommandations du rapport Thinel qui sont
déjà en application depuis l'établissement de la
Société des alcools, au mois d'août 1971, je crois?
M. Parizeau: Je vais vous fournir cela tout de suite, M. le
Président. On me dit, bien qu'on ne retrouve pas l'extrait d'un rapport
annuel où il en avait été fait état, que
l'essentiel des recommandations de la commission Thinel a été mis
en application.
Les recommandations portaient sur deux volets. Il y avait un ensemble de
recommandations qui s'appliquaient au régime de surveillance, et un
ensemble de recommandations qui s'appliquaient...
M. Garneau: Moi, je me réfère à celles qui
étaient faites pour la partie commerciale.
M. Parizeau: Commercialisation des boissons alcooliques.
J'ai essayé de retrouver... A un certain moment, on mentionne 15
ou 16...
M. Garneau: Peut-être qu'on pourrait prendre avis et donner
la réponse en même temps que le reste. Ce n'est pas une
question...
M. Parizeau: Prenons avis de cela. Un instant nous y sommes.
Nous allons citer le rapport annuel de la Société des
alcools du 29 mars 1975 qui a été déposé et qui se
lit ainsi: "II s'ensuit que des 22 recommandations de la commission Thinel
applicables à la Société des alcools du Québec et
sous le contrôle de celle-ci, seize ont déjà
été mises en application dans l'espace de trois ans. Trois ne
l'ont pas encore été, parce qu'elles ont été
jugées non avantageuses par la société, trois sont encore
sous étude.
M. Garneau: Est-ce qu'on pourrait savoir lesquelles trois qui ont
été jugées non avantageuses au moment de la
rédaction du rapport?
M. Parizeau: M. Desmeules.
J'ai ici le texte des recommandations.
M. Garneau: Je connais les réponses, mais je veux qu'elles
soient consignées au procès-verbal.
Le Président (M. Clair): En attendant la réponse,
je tiens seulement à signaler que M. Rus-
sell, de Brome-Missisquoi, agit en remplacement de M. Biron
(Lotbinière).
M. Parizeau: M. le Président, il va falloir que je demande
une directive pour savoir jusqu'où on peut remonter dans le passé
et combien de temps on peut y mettre. Normalement, on étudie les
opérations de l'année. Je comprends qu'à cette occasion on
peut essayer d'expliquer le présent par le passé, mais enfin,
là, nous n'en sommes pas aux crédits de l'année.
M. Garneau: De toute façon, les crédits comme tels
n'ont pas été approuvés. Comme les autres
députés avaient soulevé des questions qui remontaient
à un certain temps, je pense que le ministre va au moins comprendre que
j'ai peut-être des raisons un peu plus particulières de le faire
à ce moment-ci.
M. Parizeau: Oui, oui.
M. Garneau: Je n'ai pas l'intention de prendre des heures. Il me
reste encore deux ou trois questions précises qui avaient
été posées globalement ce matin.
M. Parizeau: II y a la recommandation 57 qui mentionnait que le
monopole d'Etat devrait faire livrer les boissons alcooliques directement des
fournisseurs aux débitants et à ses propres magasins chaque fois
que le procédé s'avérait avantageux. C'est une question
très technique qu'on appelle le "drop shipment", si vous voulez. La
société, après une étude technique des implications
vis-à-vis des questions du contrôle de la qualité et la
distribution des produits, n'a pas retenu cette recommandation du "drop
shipment" ou de la livraison directement par les fournisseurs.
La recommandation 59, qui s'apparente à la recommandation 60:
Dans les régions à faible densité de population, le
monopole d'Etat devrait autoriser certains agents à vendre pour son
compte des spiritueux et de la bière importée. Ces agents
seraient des mandataires du monopole d'Etat et devraient se conformer en tout
point à ces exigences. Cette recommandation n'a pas été
retenue par le monopole d'Etat, à ce jour. La recommandation 61 porte
sur un sujet qui a été discuté ce matin qui est la
question des taux de majoration commerciale pour chaque marque de spiritueux
vis-à-vis d'une majoration fiscale.
C'est, à premier abord et dans un examen sommaire, les trois que
je constate comme n'ayant pas été retenus par la
Société des alcools.
M. Garneau: Je remercie le président-directeur
général de cette réponse et j'aimerais lui demander
également s'il existe, à la Société des alcools,
une politique d'achat pour les autres produits que les vins et les spiritueux,
pour le matériel fourni; si oui, à quel moment, depuis quelle
date cette politique existe-t-elle?
M. Parizeau: A la première partie de la question, on y a
répondu ce matin.
M. Garneau: Et la deuxième?
M. Parizeau: La seconde. Le texte de cette politique d'achat
applicable au matériel, fournitures et services a été
adopté le 5 avril 1973 et amendé le 16 janvier 1974 par le
conseil d'administration de la Société des alcools.
M. Garneau: Merci. La dernière question que je voudrais
poser concerne les normes de qualité. Je voudrais demander au ministre,
et, par son entremise, au président, si une telle politique existe et
depuis quelle date elle existe.
M. Parizeau: Cette politique de contrôle de la
qualité existe; elle est explicitée, dans une brochure qui porte
ce titre, quant à savoir à quel moment précisément
cette politique a été adoptée, elle n'est pas
signalée dans la brochure en question et dans ce travail
archéologique auquel nous procédons. Je prends avis et on
déterrera la date, on la fournira aux membres.
M. Garneau: Merci, M. le Président. Une dernière
question qui n'est pas reliée à celle que j'ai posée
antérieurement. J'aborde un sujet nouveau concernant les fabricants
québécois. On a mentionné ce matin, en parlant du cidre et
des autres fabricants au Québec, la possibilité d'avoir
directement accès aux épiceries, et le ministre nous a
indiqué que la décision serait prise plus tard par le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. Parizeau: Quant aux vins.
M. Garneau: Quant aux vins, oui. Je voudrais savoir s'il a
déjà été envisagé par la
société, ou si ce l'est présentement par le ministre,
d'inclure dans les marques distribuées par la SAQ des vins
fabriqués au Québec sous une appellation SAQ. Actuellement on
peut acheter, par exemple, un Saint-Emilion de la Société des
alcools qui est un excellent vin. On peut acheter également des
bourgognes sous l'appellation Société des alcools. Est-ce qu'il
serait possible, est-ce que cela répondrait à un marché et
est-ce que ce serait une façon de venir en aide aux fabricants qui ont
investi au Québec que d'avoir au nom de la SAQ peut-être
que les fabricants ne le veulent pas eux-mêmes des marques qui
seraient des produits conditionnés par la SAQ mais achetés en
vrac par la Société des alcools?
Est-ce que c'est là une option qui a été
considérée? Cela ne regarde pas le passé, cela regarde
plutôt le présent et l'avenir.
M. Parizeau: Pour ce qui a trait au ministre des Finances, la
question n'a pas été envisagée. Maintenant, est-ce qu'il y
a des études qui se poursuivent à la Société des
alcools à ce sujet, je pourrais peut-être demander à M.
Desmeules d'y répondre.
Il existe au Québec actuellement, depuis quelques années,
des entreprises qui détiennent du ministre des Finances des permis de
fabrication de vin. Il faut comprendre que parmi ces en-
treprises qui sont venues s'établir au Québec, la plupart
originaient de l'Ontario et que quelques-unes n'avaient pas de liens directs
avec le marché ontarien, mais que toutes sont venues, règle
générale, dans un but de produire des produits qui pouvaient
obtenir une teneur différente du vin actuellement produit en Ontario ou
en Colombie-Britanique.
La gamme des produits actuellement mis sur le marché par
l'entremise de la Société des alcools par ses "vigneries" va de
vins produits à base de concentré jusqu'à des vins
produits à même le raisin importé. Il y a un volet, entre
quatre ou cinq entreprises qui sont dans ce domaine.
La Société des alcools met sur le marché deux
produits spécifiques qui sont le porto et le sherry dans lesquels il y
avait un contenu de vin venant de l'Ontario. Dès le début des
opérations des "vigneries" québécoises, la
Société des alcools a cessé ses achats de vin en Ontario
pour le porto et le sherry pour acheter de ces entreprises
québécoises une certaine quantité de vin pour servir
à la mise sur le marché des porto et des sherry.
A ce jour, la Société des alcools n'a pas envisagé
de mettre sur le marché des marques maisons privées avec des
produits venant des "vigneries" québécoises.
M. Garneau: Mais dans le cas de vins, évidemment je fais
la distinction entre le porto et le sherry. Il y en a qui est fabriqué
ici au parc Saint-Augustin; je pense qu'ils vendent cela sous l'appellation
Sillery, des noms régionaux ou encore les vins produits par Geloso et
les autres entreprises québécoises. Est-ce qu'il y a une partie
de ces vins qui pourrait servir à une mise en marché par la
société directement, comme vous le faites avec les vins
espagnols, portugais, français, etc., ou si la qualité est telle
que cela s'adresse à un autre marché et que la
société ne veut pas entrer dans ce marché?
M. Parizeau: II me semble que nous entrons dans des
décisions qui normalement doivent être prises par le conseil
d'administration, en ce sens que, quant à ses propres marques, la
Société des alcools a vraiment une opération commerciale,
procédant à des choix commerciaux qu'elle a à faire. Si
tant est que les créneaux du marché dans lesquels elle pense
avoir le plus de succès commercialement sont caractérisés
par certaines qualités de vins spécifiques, il faut lui laisser
la possibilité de déterminer elle-même ce genre de
question.
En tout cas, c'est le genre d'attitude que j'entends suivre à
l'égard de la Société des alcools et de son conseil
d'administration.
M. Russell: Simplement une remarque. Je ne veux pas
étendre le débat, mais je voudrais répondre au ministre
qu'actuellement il y a des vins canadiens qui ne sont même pas
listés à la Régie des alcools du Québec. Je ne sais
pas les raisons qui motivent cette décision. Je pense qu'avant de lister
des vins européens on devrait déterminer les vins canadiens au
moins. Je connais d'excellents vins qui ne sont pas listés. Je ne veux
pas en faire une question très importante.
M. Parizeau: Je pense que, là-dessus, M. Desmeules
pourrait répondre. Nous avons des difficultés énormes
à faire lister les vins du Québec en Ontario
également.
M. Russell: M. le Président, je vais expliciter ma
question. Il ne s'agit pas de vins de l'Ontario, mais de vins de la
Colombie-Britannique qui sont excellents et qu'on ne peut pas se procurer au
Québec.
Moi-même, lorsque je vais en Colombie britannique, j'en rapporte
toujours avec moi. Je ne sais pas si c'est de la contrebande que je fais
là. Je peux vous donner les noms. Je ne peux pas le faire ici à
la commission, ce n'est pas la place. Je voulais demander au ministre s'il a
l'intention d'inviter la Régie des alcools à venir se
présenter devant les députés pour qu'on puisse lui poser
des questions sur l'administration. Si c'est son intention, je ne poserai pas
d'autres questions.
M. Parizeau: Je pense qu'il faudrait réconcilier cela avec
les indications que fournissait ce matin le président de la
Société des alcools sur la politique de marketing, le choix des
vins à inscrire sur les listes et le volume des ventes qu'on peut en
attendre.
M. Garneau: En d'autres mots, si je comprends bien
l'interprétation du ministre, la politique d'achat
générale du gouvernement, dans le cas des vins et spiritueux, est
laissée, en fait, entièrement au marché et au goût
des consommateurs. Ce n'est pas une application stricte du principe
général de l'achat au Québec de produits fabriqués
au Québec avec des priorités. C'est à cela, en fait, que
je voulais en arriver. Je n'ai pas d'objection à cela.
M. Parizeau: II y a une différence fondamentale entre la
politique d'achat du gouvernement et des corps publics qui en dépendent
et la politique d'achat de la Société des alcools. Le
gouvernement du Québec achète des produits pour sa propre
consommation. La Société des alcools achète des produits
pour les vendre à des consommateurs. Alors quand même le
gouvernement du Québec déterminerait que les
Québécois ont tort de boire du Saint-Emilion et devraient boire
autre chose, le Québécois va boire ce qu'il veut boire.
M. Russell: M. le Président, je suis d'accord.
M. Garneau: Je suis certainement d'accord avec cette attitude et
j'espère qu'on pourra toujours avoir les qualités de vins qui
sont disponibles, mais je voulais être bien précis. Je ne le fais
pas comme critique, je le fais en l'approuvant. Mais quand on donnera des
chiffres sur la politique d'achat, il faut bien comprendre que l'achat des vins
et des spiritueux ne peut pas être soumis
à la même politique générale d'achat que des
biens et des services achetés directement soit par l'Etat pour sa propre
consommation ou par les organismes publics pour leur propre consommation. Le
ministre des Finances en fait une distinction par rapport au reste.
M. Parizeau: C'est tout à fait net. Il ne reste pas
énormément, dit-on, de liberté dans notre
société mais au moins qu'on essaie de choisir la bouteille qu'on
veut.
M. Russell: M. le Président, je suis bien d'accord avec le
ministre.
M. Garneau: II y a des libertés qui ne peuvent pas
être touchées.
M. Russell: C'est un peu ce que je voulais lui faire remarquer.
Actuellement, cela semble fonctionner comme un service d'accommodation
plutôt qu'un service de mise en marché d'un produit pour les
Québécois. On semble s'accommoder aussi avec des produits qui
sont soumis à la régie et recommandés pour être
étalés, plutôt que de chercher d'abord a étaler le
produit qui est fait au Canada, si on ne l'a pas au Québec,
premièrement, avant d'aller dans les pays européens. A moins que
le ministre des Finances me dise que cela sert de balance de paiement.
Là on va acheter des vins plutôt que d'acheter autre chose.
M. Parizeau: Toute la politique de marketing de la
Société des alcools a été examinée ce matin
longuement. A moins de recommencer vraiment, y compris les
démonstrations de la présentation sur les tablettes en S et
autres choses dans lesquelles nous sommes entrés ce matin. Il faudrait
tout reprendre.
M. Russell: C'était simplement quelques remarques.
M. Parizeau: Je m'excuse auprès du député de
Brome-Missisquoi, on a passé une bonne heure là-dessus.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Quelques questions. Est-ce que le dossier
désormais célèbre de LaSalle est classé ou si c'est
encore devant les tribunaux?
M. Parizeau: Je m'excuse. Je vais laisser répondre M.
Deval, cela remonte à dix ans. On fait vraiment de
l'archéologie.
La Société des alcools du Québec n'est pas
impliquée dans aucun dossier juridique vis-à-vis des terrains de
LaSalle. On voit apparaître, à périodes
irrégulières, un individu qui semble vouloir prétendre
avoir des droits au moment de la transaction en 1964 ou dans ces
années-là. En dehors de cela, à ma connaissance, à
moins qu'il y ait des dossiers au ministère de la Justice ou autre
chose, la société n'en est pas avertie ou n'en est pas au
courant.
M. Michaud: Cela répond à ma première
question. Merci. L'édifice de la maison des vins, qui se trouve à
la Place Royale, a été loué, par la société,
de qui?
M. Parizeau: Du ministère des Affaires culturelles.
M. Michaud: Du ministère des Affaires culturelles parce
que c'est un endroit historique.
M. Parizeau: Oui.
M. Garneau: Toute la place Royale est propriété du
gouvernement du Québec.
M. Michaud: D'accord. Troisième question. Y a-t-il un lien
direct entre la Régie des alcools et la Régie des loteries du
Québec? Si je pose cette question, c'est que j'ai vu dans le journal
qu'un ex-directeur adjoint de la Régie des alcools du Québec a
été muté, à la suite de certains
événements, à la Régie des loteries et courses.
Est-ce une mutation sur recommandation ou est-ce simplement un fait dû au
hasard?
M. Parizeau: M. le Président, je n'ai pas de
renseignements précis quant aux causes de cette mutation, aux
conséquences qu'elle a pu avoir, et aux démêlés de
l'intéressé dans l'une ou l'autre des deux
sociétés. Comme il s'agit d'une question qui, à l'heure
actuelle, est devant les tribunaux, je pense que nous sommes liés,
à toutes fins pratiques, par le sub judice. Quant aux causes et effets,
aux tenants et aboutissants on va laisser les tribunaux se débrouiller
avec cela.
M. Michaud: Merci.
M. Garneau: Sur le même sujet, est-ce que le ministre
pourrait nous dire si, au moment où cette personne a été
mutée, il y avait quelque enquête sur cette personne?
M. Parizeau: Je n'ai pas la moindre idée, M. le
Président, et j'irais même plus loin, je n'ai absolument pas le
goût de me mêler de choses qui ont l'air de s'être
déroulées entre 1972 et 1975 à ce sujet.
M. Garneau: Je comprends, M. le Président, mais...
M. Parizeau: II y a des enquêtes là-dessus, la
police est là-dessus, c'est devant les tribunaux, qu'on les laisse se
débrouiller.
M. Garneau: Comme la question a été posée
par un député du parti ministériel, peut-être que le
ministre accepterait de s'informer et de répondre à la
question.
M. Parizeau: Absolument pas. Non, M. le Président.
M. Garneau: M. le ministre ne veut pas s'informer et il ne veut
pas répondre à la question?
M. Parizeau: Je ne veux pas m'informer de quelque chose qui est
devant les tribunaux à l'égard de laquelle les tribunaux n'auront
qu'à poursuivre leurs délibérés.
M. Michaud: M. le Président, je suis satisfait de la
réponse du ministre.
M. Garneau: Personnellement, je trouve que c'est une question qui
n'est pas reliée à la date. Est-ce qu'à ce moment il y en
avait une? J'imagine qu'il doit y avoir des informations au niveau de
l'administration à ce sujet.
M. Parizeau: A quel sujet?
M. Garneau: Au sujet de la question qui a été
posée. Puisqu'on semblait se référer à un texte
quelconque qu'on lisait, est-ce que cette personne a été
mutée à un moment où il y avait des enquêtes
d'effectuées contre elle? Si on ne veut pas répondre, remarquez
bien, M. le Président...
M. Parizeau: Encore une fois, je ne vois vraiment pas pourquoi
même je me renseignerais sur ces histoires. Il y a eu une enquête,
la police a fait son enquête, les tribunaux siègent; encore une
fois, qu'ils se débrouillent. C'est absolument hors des mains de
l'administration à ce moment-là.
M. Russell: M. le Président, je remarque que la
réponse du ministre laisse entendre que, si la personne avait
été mutée, il y avait réellement une enquête
dans ce domaine et c'est la raison pour laquelle elle a été
mutée.
M. Parizeau: Pas du tout. C'est le député de
Jean-Talon qui voudrait que je retourne dans le dossier de
l'intéressé.
M. Russell: Je ne voudrais pas me faire induire en erreur par le
ministre.
M. Parizeau: Non, pas le moins du monde. Le député
de Jean-Talon voudrait que j'aille regarder dans le dossier qui, à
l'heure actuelle, est devant les tribunaux pour savoir dans quelles
circonstances il a été muté. S'il y avait une
enquête, à ce moment-là, je dis pas du tout. Actuellement,
c'est devant les cours de justice, et que les cours procèdent!
M. Garneau: M. le Président, il reste que c'est une
information bien facile à obtenir et qui n'avait rien à voir avec
ce qu'il y a actuellement devant les tribunaux. C'était tout simplement
une date mais, si le ministre ne veut pas répondre, je prends avis qu'il
ne veut pas répondre et je reviendrai à la question de LaSalle.
La Société des alcools avait demandé des appels d'offres
dans le temps où j'avais la responsabilité de la
société; est-ce qu'il y a eu des offres précises? Qu'il y
ait eu des offres ou pas, est-ce qu'on pourrait savoir pourquoi les terrains
n'ont pas été vendus à la suite de ces appels d'offres qui
ont paru dans les journaux?
M. Parizeau: On parle de l'achat ou de la vente de LaSalle?
M. Garneau: De la vente, parce qu'il y a eu des demandes dans les
journaux pour trouver le plus offrant sur la disposition des terrains de
LaSalle. Est-ce que cette annonce dans les journaux sur la vente de ces
terrains au plus offrant a donné des résultats, et est-ce
l'intention de la société de reprendre les opérations de
mise en vente, ou est-ce son intention de les garder pour d'autres fins
ultérieures?
M. Parizeau: Les terrains de LaSalle sont un actif qui ne fait
pas partie des actifs normaux, si vous voulez, de la Société des
alcools, qui est une entreprise commerciale. Il n'est pas dans l'intention,
à moins de cas très spécifiques, de l'administration de
détenir des terrains sur lesquels il n'y a aucune activité
commerciale qui se produit ou quoi que ce soit. Les terrains ont
été offerts en vente à maintes reprises par des annonces
dans les principaux journaux du Québec.
La société a été prête, à
certains moments, à intéresser les gens à
concrétiser les transactions. Dans deux cas précis, les
transactions ne se sont pas concrétisées et la
société, actuellement, indique à qui que ce soit
d'intéressé que les terrains sont disponibles pour être
transiges si possible.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Une courte question, M. le Président, je vous
remercie. Il y a de la concurrence déloyale à la Régie des
alcools. J'entends par là, par exemple, qu'il y a des boissons mises sur
le marché pour lesquelles vous ne pouvez pas percevoir de taxe. Est-ce
que cela représente un gros pourcentage? Par exemple, des boissons qui
sont faites dans des alambics clandestins, ou encore qui viennent d'autres
provinces, d'autres pays, qui entrent par bateaux, je parle de champagne, de
ces choses, est-ce que cela existe encore? Est-ce qu'il y a un gros pourcentage
du marché? Il y a une armée de policiers qui travaillent
là-dessus, il faut croire que c'est important. Cela doit coûter
énormément cher au ministère de la Justice.
M. Parizeau: Pour les alambics, j'ai l'impression que c'est la
Gendarmerie Royale.
M. Goulet: Est-ce que vous avez des chiffres? M. Parizeau:
On peut laisser le président...
M. Goulet: Non, je voudrais seulement savoir si oui ou non il y a
des chiffres.
M. Parizeau: Le président de la Société des
alcools a les renseignements. Ecoutez, nous avons un mandat commercial. Nous
sommes un peu
dans la position d'un grand réseau de distribution qui pourrait
s'appeler Provigo, ou Steinberg ou Dominion au Québec, et notre mandat
n'est juridique en aucune façon, du moins c'est la façon dont
nous l'interprétons. Il existe au Québec le ministère de
la Justice, la Commission de contrôle des permis d'alcool, qui est un
organisme qui dépend du ministère de la Justice, la Gendarmerie
Royale et des corps policiers.
Je voudrais ajouter une chose. J'ai l'impression qu'on sort très
nettement de notre champ.
M. Goulet: La question, si je peux la reprendre, M. le
Président, si vous le permettez, c'est à savoir si vous
connaissez quel pourcentage, quelle part... Vous devez avoir
l'exclusivité là-dedans. Si vous perdez une part importante ou
seulement .1 de 10%... C'était une courte question, je voudrais une
brève réponse, ou cela ne vaut-il pas la peine d'en parler, tout
simplement, d'après vos chiffres.
M. Parizeau: Pour ce qui a trait à la fraude proprement
dite, comme j'ai eu l'occasion de le dire dans un autre contexte, si on
connaissait la fraude, il n'y en aurait pas, si on était capable de la
chiffrer. Par définition, quand il y a fraude, on ne sait pas combien il
y en a. Si on était capable de mettre un chiffre dessus, on serait
capable de l'éliminer. Donc, sur l'aspect de la fraude, je pense qu'il
n'y a pas moyen de donner une réponse. Il serait surprenant, cependant
là alors c'est une interprétation que je donne que,
compte tenu de la surveillance qui est exercée, ce soit
considérable, mais c'est tout ce qu'on peut en dire.
Pour ce qui a trait, cependant, et là c'est comme ministre du
Revenu plutôt que comme ministre des Finances que je réponds, au
non-paiement de droits et taxes au gouvernement à partir d'alcool
distribué, par exemple, dans certains établissements de bars ou
de restaurants, il y a un problème sérieux de perception dont
nous avons eu l'occasion de discuter à une autre séance de la
même commission et qui, à la fois, exige, je pense, de nouvelles
formules de facturation, un peu plus de personnel pour la surveillance et
possiblement des changements dans la vente de ces boissons alcooliques dans les
bars et les établissements commerciaux sur lesquels nous travaillons
activement, mais pour lesquels il serait trop tôt de donner des
renseignements, parce qu'on n'est pas encore tout à fait certains que
ces changements projetés peuvent marcher. Je vais demander quand
même un supplément d'enquête avant de me lancer dans des
transformations de cet ordre.
Le Président (M. Clair): Etant donné l'importance
du menu et que je n'ai pas d'autre intervenant en lice sur la
Société des alcools du Québec, je vous propose qu'on passe
immédiatement à l'étude du sujet suivant, tel qu'entendu
ce matin soit: La Régie des mesures anti-inflationnistes; et je vous
suggère également qu'en même temps nous procédions
à l'étude à proprement parler d'un programme,
c'est-à-dire le programme 6, qui porte sur les mesures
anti-inflationnistes. On pourrait de cette façon procéder,
éventuellement, j'espère, à l'adoption de ce
programme.
M. Garneau: D'accord, M. le Président. Mesures
anti-inflationnistes
Le Président (M. Clair): Nous commençons
immédiatement avec le programme 6. M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je n'ai pas grand-chose
à souligner à ce sujet puisque, comme on le sait, la Régie
des mesures antiinflationnistes a été abolie à partir de
l'article 133 de la loi.
Dans ces conditions, il y va de soi que les crédits qui sont
inscrits pour 1977/78 pour la Régie anti-inflation ne seront pas pour
l'essentiel utilisés et deviendront des crédits
périmés.
M. Garneau: M. le Président, sur ce montant de $2 048 000,
quand le ministre dit: Ces crédits seront périmés pour la
bonne part, quelles sont les dépenses qui devront être
effectuées par la régie? Ce sont des dépenses de
fermeture, les frais encourus par la fin des activités? Est-ce qu'il y a
des salaires? On peut le voir de l'autre côté, la grande partie,
ce sont des salaires.
M. Parizeau: M. le Président, je m'excuse, je vais
corriger cela tout de suite. Quand je disais "pour l'essentiel", c'est que je
n'avais pas regardé la date exacte du départ du dernier
employé de la régie. C'est le 1er avril. Donc, les crédits
seront périmés.
M. Garneau: L'ensemble des crédits sera
périmé.
M. Parizeau: Un tout petit instant que je fasse une
vérification.
Il est possible qu'il y ait certaines dépenses mineures pour la
fermeture des livres qui débordent après le 1er avril. Je peux
prendre préavis de la question, si on veut vérifier cela, mais
c'est tout à fait négligeable.
Effectivement, il n'y aura rien du tout...
M. Garneau: De dépensé?
M. Parizeau: ...de dépensé. Les quelques frais qui
pourraient se poursuivre après le 1er avril sont imputés à
partir du fonds de suppléance du ministère des Finances.
C'est vraiment le 1er avril que les livres ont été
fermés à la Régie anti-inflation. Donc, pour 1977/78, le
poste 6 devient zéro dollar.
M. Garneau: Tout le personnel, les 79 personnes qui y
étaient reliées, sont retournées dans différents
ministères?
M. Parizeau: Dans différents ministères.
M. Garneau: Pour ce qui est des questions de baux, etc., c'est le
ministère des Travaux publics
qui se trouve à affecter ces locaux à d'autres
fonctions?
M. Parizeau: Bien sûr.
M. Garneau: Le ministre parle d'utiliser le fonds de
suppléance pour couvrir des frais. Je voudrais savoir pourquoi cette
technique, est-ce simplement pour des raisons de facilité administrative
ou s'il y a des frais, effectivement, à payer sur ces crédits
1977/78, parce que, la structure ayant été abolie, il n'y a plus
moyen de certifier des crédits, etc?
M. Parizeau: D'une part, mais, d'autre part, le dernier
employé étant parti, ce qui peut rester comme paperasse
après, il faut bien le mettre quelque part; on l'a mis aux Finances.
M. Garneau: C'est le ministère des Finances qui va
l'absorber?
M. Russell: II prend les loyers et tout?
M. Parizeau: Pas nécessairement, parce le ministère
des Travaux publics je ne sais pas à quoi va servir l'immeuble en
question, mais il va servir à autre chose réaffecte ces
immeubles ou ces locaux au fur et à mesure.
On m'indique que c'est le ministère des Affaires municipales qui
hérite du local.
M. Russell: M. le Président, il y a eu un montant de $1,9
million voté l'an dernier. Quel a été le montant des
crédits périmés? Est-ce que ce montant a été
totalement dépensé?
M. Parizeau: La dépense probable pour 1976/77 est de $1
226 600. Excusez-moi, de $1 233 200. J'avais oublié les dépenses
d'équipement.
M. Russell: Presque $700 000 de crédits
périmés.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Russell: Est-ce que les 92 postes avaient été
occupés ou si une partie seulement avait été
occupée?
Une Voix: II n'y a jamais eu 92 postes accordés.
M. Parizeau: J'ai les postes ici. Les postes occupés
étaient de 71 réguliers et 8 occasionnels, plus quatre
étudiants, au 1er juillet, pendant l'été.
M. Garneau: Quelle était la proportion de ces
employés qui étaient des prêts de la part d'autres
ministères? Etait-ce la grande majorité?
M. Parizeau: A peu près la moitié venant d'autres
ministères.
M. Garneau: Les personnes qui étaient en fonction au
moment de l'abolition, les personnes qui avaient leur permanence dans la
Fonction publique ont toutes été transférées;
celles qui ne l'avaient pas, compte tenu d'un engagement plus récent
on sait que les professionnels doivent attendre un an avant d'obtenir
leur permanence ont-elles été mutées ou
remerciées?
M. Parizeau: Tous ceux qui sont venus de l'extérieur,
à ce qu'on me dit, étaient des contractuels.
M. Garneau: Alors, leur contrat se trouvait terminé dans
la plupart des cas?
M. Parizeau: Oui, oui.
M. Garneau: Juridiquement, l'abolition de l'utilisation de
l'article 133 de la loi, la disparition de la régie comme telle, dans
cette structure juridique, mettait un terme, par le fait même, aux
contrats, même si les contrats devaient se terminer deux ou trois mois
plus tard? Est-ce que j'ai bien compris?
M. Parizeau: C'est bien cela.
M. Garneau: II n'y a pas de recours, évidemment, ces
gens-là, du jour au lendemain, sont remerciés et leur contrat est
terminé ou si vous les avez prolongés jusqu'au premier...
M. Parizeau: On me dit que de nouveaux contrats ont
été signés. En somme, ce personnel reste contractuel, de
nouveaux contrats ont été signés et le personnel
réaffecté dans les autres ministères. En fait, ils n'ont
pas été mis dehors.
M. Garneau: Les gens, par exemple, qui avaient un contrat d'un an
ou d'un an et demi, vont pouvoir quand même occuper une fonction dans
l'administration publique...
M. Parizeau: C'est cela.
M. Garneau: ... pour un an ou un an et demi.
M. Parizeau: Quant à savoir s'ils seront incorporés
dans la Fonction publique, cela dépendra. Ils suivront le processus, la
filière normale.
M. Russell: Combien y avait-il d'employés à
contrat?
M. Parizeau: A peu près la moitié. On peut vous
trouver le nombre exact, si vous voulez.
M. Garneau: Lorsque la nouvelle de l'abolition de la régie
a été annoncée, le ministre, si ma mémoire m'est
fidèle, avait parlé d'autres formes de surveillance de
l'évolution des prix. Y a-t-il eu de nouveaux développements dans
ce secteur ou le ministre en est-il arrivé à une conclusion quant
à la méthode qui pourrait être utilisée s'il y avait
lieu?
M. Parizeau: II y a plusieurs nouveaux développements,
oui, effectivement, dans le sens que le gouvernement fédéral et
les autres provinces sont tous aussi intéressés à mettre
la main sur une formule de surveillance des prix une fois que les
contrôles fédéraux auront été levés.
Ceci a été discuté à plusieurs reprises et en
particulier à la plus récente des conférences
fédérales-provinciales des ministres des Finances. D'autre part,
dans la phase préparatoire du sommet économique, à la
suite de plusieurs réunions que j'ai eues avec des représentants
d'associations patronales ou d'associations syndicales ou de groupes
coopératifs, la question a été longuement
évoquée. Il y a eu une assez large consultation de faite pour
voir comment ces organismes entrevoyaient un organisme de surveillance des prix
et des salaires de cet ordre.
Je pense qu'on aurait tort de se brancher là-dessus avant que,
d'une part, on ait traversé ces journées du sommet
économique et, d'autre part, qu'on ait attendu un certain nombre de
retombées. Il est évident que d'ici quelques mois il va falloir
se brancher, il va falloir déterminer, au fur et à mesure que
l'on va s'approcher de la période où le gouvernement
fédéral est disposé à lever ses contrôles, il
va falloir décider si on en fait ou si on n'en fait pas. Si on
décide d'en faire, quel genre d'organisme de surveillance on veut avoir.
Encore une fois, tant que le sommet économique n'est pas passé,
je préférerais ne pas en dire plus. Je ne voudrais pas
préjuger des discussions qui peuvent avoir lieu au sommet
économique là-dessus. On a dit, on a répété
à plusieurs reprises qu'on voulait consulter le maximum d'organismes et
de représentants sur cette question et le sommet économique va
être une des occasions et une occasion majeure de pouvoir le faire.
M. Russell: M. le Président, je voudrais savoir du
ministre s'il ne croit pas qu'il y a là un danger de continuer de la
façon dont on le fait actuellement, lorsque les employés de la
fonction publique ont libre champ lorsqu'il s'agit d'augmentations de salaires
et les employés de l'entreprise privée sont
contrôlés par une commission fédérale. Est-ce qu'il
n'y a pas là une discrimination qui se fait actuellement?
M. Parizeau: II est certain que, si l'essentiel des conventions
collectives n'était pas déjà signé dans le secteur
public, on serait à l'heure actuelle dans une situation odieuse, il
serait vrai que le gouvernement fédéral continuerait d'exercer
des pressions sur la poursuite des augmentations de salaires dans le secteur
privé, alors que dans le secteur public on pourrait faire n'importe
quoi. Le problème ne se présente pas cependant de la même
façon, en ce sens qu'au moment de l'abolition de la régie
québécoise, dans le secteur public proprement dit, dans le
secteur parapublic, c'est-à-dire les réseaux, hôpitaux,
maisons d'enseignement, tout était signé ou à peu
près. Il restait quelques groupes marginaux.
Dans le secteur municipal, une partie était réglée
et l'autre ne l'était pas; l'industrie de la cons- truction était
réglée aussi. Dans ces conditions, le déséquilibre
est beaucoup moins fort qu'il nous paraît entre les deux, puisque les
conventions qui ont été signées dans le secteur public,
dans le secteur parapublic et dans la construction sont pour trois ans et on
sait très bien que la régie antiinflation fédérale
va être abolie longtemps avant que la période de trois ans soit
terminée.
Le déséquilibre, théoriquement il pourrait exister;
en pratique il ne représente pas grand-chose.
M. Russell: II y a quand même une certaine injustice dans
plusieurs domaines là où les conventions sont à être
signées actuellement dans le domaine privé. Ceux qui viennent
d'obtenir des augmentations plus élevées que l'entreprise
privée, il y a une certaine injustice qui se fait là.
M. Parizeau: II est clair que le contraste entre les
augmentations obtenues par un assez grand nombre d'employés du secteur
public, à l'occasion de la dernière ronde de négociation,
et les augmentations reçues de grands groupes syndicaux dans le secteur
privé sont très contrastantes. C'est le moins qu'on puisse
dire.
M. Russell: Je ne veux pas chicaner le ministre là-dessus,
mais j'essaye de comprendre tout cela.
M. Parizeau: Parce que moi je vous avouerai que je n'étais
pas là.
M. Russell: Je comprends que vous n'étiez pas là,
mais je comprends aussi que vous êtes...
M. Parizeau: Si vous me demandez un diagnostic je vous le
donne.
M. Russell: Vous avez coopéré à relever la
commission de ses obligations, celle du Québec, et donné libre
cours aux corporations publiques ou parapubliques là où il n'y a
plus de contrôles du tout...
M. Parizeau: Non, attention...
M. Russell: ... actuellement où l'entreprise privée
a un contrôle.
M. Parizeau: Non, entendons-nous. Quand on a relevé la
régie anti-inflation, l'essentiel, le très grande majorité
des employés du secteur public avaient déjà signé
leur convention collective pour trois ans. Donc cela ne se trouve pas, ce qui
avait été signé dans ces conventions collectives vaut
jusqu'en 1979.
M. Russell: Ma question dans ce cas, pour quelle raison l'a-t-on
relevée cette commission, si tout était signé et il n'y
avait...
M. Parizeau: Essentiellement, parce qu' I restait un certain
nombre d'employés dans le domaine municipal qui représentaient
par rapport
aux 300 000 personnes du secteur public très peu de choses et
à l'égard desquelles il aurait fallu, si on avait voulu appliquer
les normes de la commission, une rigueur qui n'avait pas été
appliquée aux 300 000 autres. J'ai été content de voir que
le cabinet s'est rangé à ma proposition, moi je pensais au
contraire qu'il serait terriblement odieux de faire en sorte que n'ayant plus
devant nous que 15 000 ou 20 000 personnes qui n'avaient pas encore dans le
secteur public, y compris le municipal, signé de convention collective,
on puisse leur dire: Pour le premier groupe de 300 000 il y a eu des
augmentations qui cassaient les normes et maintenant on va faire en sorte que
vous, les derniers, vous les respectiez.
Dans la mesure même où cette situation apparaissait, dans
un premier temps il m'est apparu qu'il fallait retirer la seule personne qui
pouvait ordonner des coupures, c'est-à-dire le commissaire; d'ailleurs,
le commissaire, comprenant dans quelle situation difficile il se trouvait, a
démissionné.
Deuxième phase, dans la mesure cependant où sur le plan
juridique la démission du commissaire ne semblait pas, au moins dans
l'esprit d'un certain nombre d'autorités municipales être une
indication suffisante qu'elle pouvait régler au-delà des normes,
il restait une solution, c'est-à-dire invoquer l'article 133 et faire en
sorte que, encore une fois, sans les quelques milliers d'employés
municipaux qui restaient, on puisse régler cela sans chahut inutile,
compte tenu du fait que les normes, pour la première année de
contrat en particulier, avaient été cassées dans les
négociations du secteur public à peu près partout. C'est
essentiellement le cheminement fait.
M. Russell: II aura permis la continuation du cassage dans le
domaine public, et l'ouvrier qui travaille dans l'entreprise privée,
dans certains cas on lui a retiré les augmentations qu'il avait
obtenues. En ce qui me concerne, quand je regarde toute cette gamme
d'employés, je dis qu'il y a là une injustice vis-à-vis
des tierces personnes. Dans un domaine on les tient et on leur dit: Vous n'avez
pas le droit d'avoir cela, et dans l'autre domaine on donne des augmentations
qui dépassent les normes établies.
M. Parizeau: Je réponds à cela, M. le
Président, que quand on n'a pas compris pour les 9/10 des
employés du secteur public que la situation décrite par le
député de Brome-Missisquoi existait et que l'on ne l'a pas
corrigée, on n'invoque pas cela pour le dernier dizième. Je suis
parfaitement d'accord avec lui quant à l'argument théorique qu'il
présente. Quand on n'a pas pour les 9/10 des employés du secteur
public compris que cette situation était apparue, on ne cherche pas
à l'appliquer pour les derniers qui ont simplement la malchance de ne
pas être employés par le gouvernement du Québec ou par des
institutions subventionnées par lui.
M. Garneau: Je suis d'accord en partie avec ce que dit le
ministre sauf que lorsque l'article 133 a été invoqué il
n'y avait pas seulement les municipalités qui étaient en cause,
mais également tout le secteur parapublic. Le maintien de la loi aurait
obligé aussi le gouvernement à se prononcer sur les
recommandations de la régie dans le secteur déjà
signé, comme la régie fédérale se prononce dans des
secteurs déjà signés entre un employeur privé, un
syndicat et une entreprise privée.
Je ne voudrais pas que le ministre nous dise qu'il y avait seulement les
municipalités en cause. Il y avait également tout le secteur
où la régie aurait pu émettre des avis de
dépassement et qui était relié, parce que si ma
mémoire est fidèle, dans la fonction publique proprement dite
l'avis qui avait été donné était, je crois, que les
normes anti-inflation avaient été respectées quand on
prenait le contrat sur une base de trois ans, le premier qui avait
été signé avec le syndicat des fonctionnaires de la
fonction publique, si ma mémoire m'est fidèle.
M. Parizeau: M. le Président, nous entrons dans un domaine
qui me semble être un domaine d'argutie juridique. J'utilise le mot
à dessein. Il est évident que la régie anti-inflation
d'Ottawa coupe les augmentations de salaires dans le secteur privé. Le
gouvernement d'Ottawa, dans ses offres à son secteur public, a au moins
respecté les normes de sa propre commission, sauf dans un cas, tout
à fait au début, qui était celui des postiers et qu'on
pouvait présenter jusqu'à un certain point comme un malheureux
accident de parcours en ce sens que les négociations étaient
longuement avancées et le ministre fédéral du travail,
maintenant notre collègue, était presque rendu à la
signature le jour où la loi est tombée comme une herse. Il y a eu
un ajustement là-dessus, mais par la suite le gouvernement
fédéral a respecté dans ses négociations ses
propres normes.
Au gouvernement du Québec on n'en était pas là. On
a signé toute une série de conventions, soit directement, soit en
y étant associé, comme cela a été le cas pour les
réseaux, en sachant très bien que les normes étaient
dépassées. On ne me fera pas croire qu'il n'y a pas certains
dépassements là-dedans qui crèvent les yeux.
On plaçait donc sa propre commission dans la situation d'avoir
à dénoncer son gouvernement et, d'autre part, on nommait un
commissaire le 13 octobre, longtemps après qu'un bon nombre de
négociations eurent abouti.
Il y a entre cette façon, à mon sens, correcte de
procéder au fédéral, où quand même le
gouvernement respecte les propres directives de sa commission, et ce qui s'est
passé à Québec un contraste extraordinaire.
Alors, dans ces conditions qu'on vient de dire, il aurait fallu,
après que le gouvernement eut apposé sa signature à
l'égard d'un certain nombre de conventions, que l'organisme
anti-inflation et ses instances cassent cela et cassent donc la signature du
gouvernement. Il y a là un principe qui me paraît
extraordinairement dangereux. Dangereux pourquoi? Lorsque le gouvernement met
sa signature sur un emprunt, il y a des intérêts attachés
à ces emprunts. Est-ce qu'on imaginerait un
instant qu'en vertu de pouvoirs d'une commission anti-inflation on
puisse j'évoque cela seulement comme une possibilité parce
qu'il n'y a pas un être sain d'esprit qui l'évoquerait jamais
aller à New York en disant: On vous avait offert 8 1/2% sur les
obligations; c'est trop cher en vertu des normes de notre commission. On coupe
cela à 6 1/2%. Un gouvernement qui ferait cela n'emprunterait plus
beaucoup.
La signature du gouvernement a une signification très
précise. Quand l'Etat s'engage, il doit respecter ses signatures. Et
s'il a établi des normes, qu'il les respecte, mais, s'il a signé
au-dessus des normes, qu'il paie.
M. Garneau: Je suis bien d'accord avec le savant argument du
ministre des Finances, mais tout cela est une question politique. En effet,
durant une campagne électorale qui n'est pas si lointaine, j'ai entendu
des déclarations des membres de son parti qui disaient que, peu
importent les analyses qui seraient faites par la commission anti-inflation, un
nouveau gouvernement issu de ce parti allait respecter les engagements qui
avaient été pris. Si le ministre voulait aller au fond, on
pourrait convenir même que, dans le cas d'un gouvernement provincial ou
d'un gouvernement tout court, l'établissement d'une régie
n'aurait pas de sens, puisque c'est clair que, dans le secteur public, le
gouvernement est toujours impliqué.
Je pense que le ministre des Finances oublie une chose. Si
l'administration antérieure avait posé des gestes tellement
répréhensibles concernant cette négociation, pourquoi son
parti, avant même que quelque avis ait été émis par
la régie anti-inflation, a-t-il décidé de respecter les
conventions telles que négociées? C'est parce que, dans le fond,
on était très intéressé à avoir l'appui
populaire de tous ces membres de syndicats. Je n'aime pas beaucoup entendre
aujourd'hui le ministre dire que c'est la faute à l'ancien gouvernement,
suivant le refrain qui a été nombre de fois utilisé. En
effet, dans ces négociations collectives, celui qui vous parle et
d'autres ont toujours impliqué des cas d'exception. Les
infirmières, c'était un cas d'exception qu'on a mentionné
pour des raisons que nous jugions valables en ce qui regarde ceux qui
négociaient, ceux qui faisaient des offres salariales.
M. Jolivet: Les juges, ce sont des hauts fonctionnaires.
M. Garneau: Je parle des infirmières en particulier et je
dis que, si son parti n'avait pas fait les déclarations qu'il a faites
durant la campagne électorale et s'il avait voulu respecter les avis de
la régie, il aurait pu évidemment le faire et prendre les
responsabilités qu'il dit que ses prédécesseurs n'avaient
pas prises.
Mais il reste un fait que c'est bonnet blanc, blanc bonnet et, dans le
cas du règlement définitif, je pense que l'actuel gouvernement a
autant de responsabilités que l'ancien. Tout simplement, au lieu
d'être des arguties juridiques, je dirais que ce sont des arguties
politiques dont nous discutons présentement.
M. Parizeau: M. le Président, je disais tout à
l'heure qu'à mon sens il était important qu'un gouvernement
respecte sa signature. Ce que le parti que je représente disait pendant
la campagne électorale c'est qu'il est important qu'un gouvernement
respecte sa signature.
Le fond de la question est là. Il faut qu'un gouvernement
respecte sa signature. S'il a besoin d'un de ses organismes pour
dénoncer sa signature après, c'est qu'il ne gouverne pas.
M. Garneau: II peut avoir d'autres raisons. Il peut avoir des
raisons d'interprétation.
M. Parizeau: J'aimerais mieux qu'on ne les invoque pas, ces
raisons.
M. Garneau: II y a des raisons d'interprétation. Des
règlements, c'est comme des lois. Ce n'est pas parce qu'une
Assemblée législative adopte des lois sur la recommandation d'un
gouvernement, qu'un tribunal n'a plus la raison d'exister pour porter un
jugement sur l'interprétation de telle loi. Je suis bien prêt
à discuter du fond, mais que le ministre ne vienne pas charrier en
disant que les arguties politiques ne sont bonnes que d'un côté de
la table. C'est tout ce que je veux dire.
M. Parizeau: On veut dire, en somme, qu'un gouvernement ne peut
pas savoir que, quand il est à plusieurs points de pourcentage au-dessus
des normes, il peut signer cela et laisser ensuite la commission se
débrouiller avec.
M. Garneau: Dans le cas des infirmières, M. le
Président, j'étais...
M. Parizeau: Le cas des infirmières et des ouvriers est
différent, M. le Président, puisque le gouvernement, en fonction
des pouvoirs qu'il avait à l'égard de la Régie, a
déclaré ces deux groupes comme devant échapper aux normes,
et ceci était parfaitement légal et sans aucune espèce de
problème. Cela ne présente aucune espèce de
problème puisqu'ils suivaient, dans ce cas, à la fois la loi et
les règlements qui y étaient attachés. Seulement, les
dépassements ne sont pas appliqués seulement aux
infirmières et aux ouvriers.
M. Garneau: Mais, indépendamment de la façon dont
vous considériez les groupes par la suite, il pouvait y avoir une
interprétation fort différente dans les dépassements ou
les non-dépassements de plusieurs des offres qui avaient
été faites. Ce que je veux souligner, ce n'est pas tellement
uniquement sur le fond mais sur l'approche qu'utilise le ministre, à
l'effet que pour employer son terme sur le plan politique ce sont
là des arguties politiques et non pas des arguties juridiques.
Personnellement, je n'ai pas envie d'en faire un débat, mais...
M. Parizeau: M. le Président, si vraiment respecter la
signature d'un gouvernement c'est une argutie politique, alors vive les
arguties politiques!
M. Garneau: Cela n'a rien à voir...
M. Parizeau: Que le gouvernement respecte sa signature.
M. Jolivet: On n'avait pas besoin de ces arguments pour changer
de gouvernement.
M. Garneau: C'est l'interprétation que le ministre fait et
je dis qu'il s'agit, pour lui, d'une interprétation politique.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, juste une question
très simple. Est-ce qu'on doit considérer tous les ouvriers
régis par décrets comme des ouvriers régis suivant des
corporations parapubliques?
M. Parizeau: Non. La loi fédérale prévoyait,
au départ, que les employés des secteurs public et parapublic,
dans une province, ne seraient pas astreints à la législation
fédérale elle-même. Une province était libre
d'établir son propre organisme, ce qui a été le cas au
Québec, ou de ne pas en établir mais, en tout cas, le
gouvernement fédéral renonçait à toute juridiction
sur les secteurs public et parapublic par la suite. Je comprends que le
gouvernement de Québec a évoqué le fait que l'industrie de
la construction, signant des conventions collectives comme entreprise
privée, d'une part, semblait être assujettie à la
Régie antiinflation fédérale mais, d'autre part, que les
conditions de ces conventions collectives, par décret, donc par geste
gouvernemental, couvraient toute l'industrie de la construction. Dans ces
conditions, le gouvernement fédéral a accepté d'amender sa
loi et de faire passer sous la juridiction du gouvernement de Québec
l'ensemble de l'industrie de la construction. C'est comme cela que l'industrie
de la construction, qui est un secteur privé, est passée, en
fait, sous juridiction provinciale.
M. Russell: Donc, cela fait un autre secteur dans lequel les gens
peuvent obtenir des augmentations qui dépassent les normes de beaucoup,
et encore, cela démontre que ceux qui travaillent dans l'entreprise
privée proprement dite sous juridiction du gouvernement
fédéral sont encore brimés.
M. Parizeau: Et là encore, dans la mesure même
où les fonctionnaires du ministère du Travail avaient directement
été impliqués dans les négociations de la
convention collective signée et, d'autre part, le gouvernement avait,
par décret, à étendre les conditions de ses conventions
collectives, je reviens à ce que je disais tout à l'heure pour
les secteurs public et parapublic. Il ne faut pas oublier que ces
négociations, dans l'industrie de la construction, ont été
menées j'allais dire avec beaucoup plus que des bons offices, de la part
des fonctionnaires du ministère du Travail et du sous-ministre
lui-même. Vous connaissez la distinction habituelle entre un
sous-ministre et tous les autres fonctionnaires. Quand un sous-ministre est
directement impliqué dans une négociation, le gouvernement l'est
aussi.
Evidemment, là encore, ce qui a été signé
pour trois ans dans l'industrie de la construction dépasse les normes
mais le gouvernement aurait été accusé d'une mauvaise foi
sans nom, d'avoir conduit ces négociations, d'être entré
directement dans les conditions de rémunération avec les
représentants d'un ministère pour ensuite leur dire: Coucou, ce
n'était pas vrai, on vous coupe.
M. Russell: M. le Président, je ne voudrais pas
étendre le débat là-dessus, je pense que je n'ai pas
d'autre question. Je veux simplement faire remarquer au ministre que c'est
difficile pour l'entreprise privée de travailler avec ses
employés dans un climat serein, lorsqu'on voit que des agissements comme
ceux-là se passent, et j'espère qu'on prendra des mesures pour
corriger ces situations. Dans le domaine de la construction, il y a eu des
augmentations de beaucoup supérieures à celles de l'entreprise
privée et, pour autant que je sache, ce n'est pas l'entreprise
parapublique ou publique. Même si on veut invoquer cela. Cela crée
un climat de mécontentement et les gens se servent de tous les moyens
pour protester, contester cela. C'est l'entreprise privée qui en souffre
actuellement, et souvent la production s'en ressent.
M. Parizeau: Je pense que le député de
Brome-Missisquoi a parfaitement raison. Il est évident que ce genre
d'expérience qui avait été suivi, il ne faut plus que cela
recommence de la même façon. C'est clair.
Le Président (M. Clair): Messieurs, étant
donné que je n'ai pas d'autre intervenant sur le programme 6, je
considère que nous en avons terminé l'étude. Maintenant,
il s'agirait de déterminer, M. le ministre, si nous adoptons le
programme 6 avec les crédits tels que prévus au programme 6, et
ces crédits deviendront périmés d'eux-mêmes, ou si
vous faites une proposition pour que soient biffés les
crédits.
M. Parizeau: Question de procédure. Ah oui. On indique
dans la page de couverture des crédits: En vertu de
l'arrêté en conseil no 780-77 du 16 mars 1977, la Loi concernant
les mesures antiinflationnistes a cessé d'avoir effet. En
conséquence, les crédits inscrits au programme 6 mesures
anti-inflationnistes du ministère des Finances ne sont plus
requis par le gouvernement. Puisque ceci a été imprimé et
fait partie intégrante des crédits, je pense qu'on peut adopter
simplement un crédit de zéro.
M. Russell: On n'a pas à l'adopter.
M. Parizeau: Je ne sais pas si on adopte un crédit de
zéro.
M. Garneau: C'est-à-dire qu'il faudrait, si je comprends
bien, le ministre, en regard de ce qu'il vient de dire par rapport à
l'addenda qui est là,
propose que pour le programme 6 les crédits soient de
zéro, et dans ce sens la commission concourt en ce qui nous
concerne.
M. Parizeau: D'accord.
Le Président (M. Clair): Cette proposition du ministre est
adoptée? Adopté. Maintenant...
M. Garneau: Sur le plan juridique, dans la loi qui sera
déposée, j'imagine qu'elle doit être prête, comme
d'habitude? En adoptant cette résolution, cela implique-t-il la reprise
du texte législatif des crédits 1977/78? Peut-être que
si...
M. Parizeau: J'aimerais, avant qu'on se dirige plus loin, qu'on
demande un avis juridique précis là-dessus.
M. Garneau: Peut-être qu'on serait mieux de
considérer la motion non adoptée et demander un avis, à
moins que le texte de loi ne soit pas préparé mais, s'il
était préparé cela compliquerait inutilement.
M. Parizeau: Je pense, M. le Président, qu'effectivement
on serait peut-être mieux de suspendre notre proposition jusqu'à
ce qu'on ait demandé un avis juridique parce que je ne suis pas certain
qu'on puisse faire cela.
Le Président (M. Clair): J'en conclus, M. le ministre, que
c'est de votre côté que l'avis sera demandé. Du
côté de la présidence, on disait qu'il y avait deux
possibilités, après avoir pris des informations auprès des
fonctionnaires, soit d'adopter les crédits tel que prévu, et que
les crédits deviendraient périmés d'eux-mêmes, ou
encore que simplement le programme 6 soit biffé, dépen-damment de
l'étape de préparation des documents à venir pour la
suite.
M. Parizeau: Laissez-moi en référer au contentieux
et nous arriverons avec un avis.
Le Président (M. Clair): Nous suspendons donc le programme
6, qui n'est pas adopté.
M. Garneau: II y a les conséquences du sixième qui
a été voté par l'Assemblée nationale.
M. Parizeau: Bien sûr.
M. Garneau: II sera peut-être plus facile en
dernière analyse de les adopter et de les laisser périmer.
M. Parizeau: Parce que nous avons adopté un sixième
automatiquement de ces crédits. Le député de Jean-Talon a
parfaitement raison.
Comme dirait M. Bellemare deux douzièmes.
Je demande avis de toute façon.
Le Président (M. Clair): Nous reviendrons sur ce
sujet-là.
M. Garneau: Le programme 6, est gardé en suspens.
Le Président (M. Clair): Le programme 6 est gardé
en suspens. Etant donné que je n'ai pas présidé le
début de cette commission, je pense que nous aurions donc terminé
l'étude du programme 7 et du programme 6. Y aurait-il lieu maintenant de
commencer l'étude des programmes un par un?
M. Parizeau: Avant d'aller plus loin, M. le Président,
étant donné que nous avons examiné chacune des
régies qui relèvent du ministère des Finances, mais pas
encore la caisse de dépôt, est-ce qu'il y aurait des questions
là-dessus, avant qu'on aborde le reste des crédits?
Le Président (M. Clair): Avant qu'on aborde le reste des
crédits, nous pourrions étudier la situation de la caisse de
dépôt.
Est-ce qu'il y a le consentement unanime là-dessus?
M. Garneau: II ne reste que dix minutes avant
l'ajournement...
Le Président (M. Clair): II reste dix minutes.
M. Garneau: Est-ce qu'on prend immédiatement la caisse de
dépôt ou si on prend un autre programme? Moi, pour le programme 5,
en ce qui me concerne, je pourrais dire adopté s'il n'y a pas d'autres
questions de l'autre côté.
M. Parizeau: Si on peut comme cela, un peu, nettoyer les
tablettes en dix minutes, je n'ai pas d'objection.
M. Garneau: Parce qu'en ce qui regarde le programme 5...
Le Président (M. Clair): Y a-t-il des questions sur le
programme 5, du côté minsistériel ou du côté
des partis de l'Opposition? Aucune question. Le programme 5 sera-t-il
adopté?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Garneau: M. le Président, quant à moi le
programme 3 aurait le même sort. M. Lefaivre sera bien content de pouvoir
rester chez lui ce soir.
M. Parizeau: J'ai l'impression que oui.
Le Président (M. Clair): Y a-t-il des questions du
côté ministériel ou du côté des partis de
l'Opposition sur le programme 3?
M. Parizeau: Alors le programme 7 a été
adopté, cela nous laisserait donc 1, 2 et 4.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bellechasse sur le programme 3?
M. Goulet: Non.
Le Président (M. Clair): Le programme 3 sera
adopté? Programme 3, adopté.
M. Garneau: Et avec autant de bonne volonté, est-ce que je
peux suggérer qu'on suspende et qu'on commence la caisse de
dépôt d'un bloc pour la finir, parce que j'aurais aimé,
plutôt que de commencer à peine et poser seulement quelques
questions, comme on a déjà adopté les programmes 5, 6, 7
et 3, au lieu de commencer la caisse de dépôt pour six ou sept
minutes, suspendre jusqu'à...
M. Parizeau: Cela me semblerait mieux, parce que la caisse de
dépôt en cinq minutes, cela ne fait pas très
sérieux.
Le Président (M. Clair): Cette motion de suspension
serait-elle adoptée?
Nous suspendons les travaux de cette commission jusqu'à vingt
heures ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 51)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! La
commission des finances, des comptes publics et du revenu est réunie
pour continuer l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Finances. Peu de temps avant que nous suspendions nos
travaux, en fin d'après-midi, nous avions laissé en suspens
l'adoption du programme 6. Le ministre des Finances devait prendre une
décision ce soir. Est-ce prêt, M. le ministre?
M. Parizeau: J'ai obtenu un avis du contentieux du
ministère des Finances à ce sujet. Enfin, un avis, il faut le
dire vite, étant donné le peu de temps disponible; disons que
c'était un coup de téléphone inspiré. Il y a,
semble-t-il, deux possibilités. La première serait que la
commission parlementaire des finances n'adopte pas les crédits du
programme 6. C'est ainsi que le 1/6, qui a été voté
automatiquement avec l'ensemble des crédits, deviendrait des
crédits périmés. La deuxième possibilité,
qui m'est recommandée par opposition à la première,
consisterait à faire en sorte que la deuxième loi de subsides, la
première étant le 1/6, soit modifiée pour faire en sorte
qu'elle abroge la partie non votée, les 5/6. Compte tenu du fait qu'on
me suggère cette deuxième formule plutôt que la
première, c'est tout à fait compatible avec la proposition que
nous avions préparée juste avant de nous séparer, que la
deuxième loi de subsides soit ainsi faite que les 5/6 des crédits
qui apparaissent au poste 6 ne soient pas retenus.
Le Président (M. Clair): De sorte que vous feriez une
proposition à l'effet que...
M. Parizeau: A l'effet que la deuxième loi de subsides
soit rédigée de façon que les 5/6 des crédits du
poste 6 soient supprimés.
Le Président (M. Clair): Et on n'adopterait pas les
crédits budgétaires prévus au programme 6?
M. Parizeau: C'est cela, on ne les adopterait pas.
M. Garneau: Si je comprends bien, nous n'avons que la
possibilité juridique d'approuver, à ce stade-ci, seulement... Il
y en a déjà 1/6 qui a été voté par
l'Assemblée nationale.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Garneau: Donc, on a à voter la différence
ici.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Garneau: Là, ce que vous suggérez, c'est...
M. Parizeau: Je propose que la deuxième loi de subsides
radie les 5/6 des crédits qui apparaissent à
l'élément 6.
M. Garneau: Ah, bon!
M. Parizeau: Alors, le premier sixième sera
périmé.
M. Garneau: Mais en ce qui regarde le vote que la commission doit
faire, il serait libellé comment?
M. Parizeau: Exactement dans le sens que je disais, n'est-ce pas,
la commission recommande que la deuxième loi des subsides supprime ou
réduise, réduise, plutôt, les crédits apparaissant
au programme 6, les 5/6. Le premier sixième est déjà
voté, on ne peut pas revenir dessus.
Le Président (M. Clair): Ce qui revient à dire
qu'on adopterait le programme 6 pour 1/6 du programme tel que
déjà libellé.
M. Parizeau: Et ce sixième deviendrait
périmé automatiquement.
Le Président (M. Claira): Alors je pense que les membres
de la commission ont bien compris...
M. Garneau: J'ai compris que nous approuvions le 1/6 du $2000,
c'est déjà fait.
M. Russell: Ce sont les 5/6 qu'on n'approuve pas, les autres vont
devenir périmés...
Le Président (M. Clair): On n'a pas le choix pour
approuver le 1/6...
M. Parizeau: Le premier sixième. On est pris, c'est un
fait.
Le Président (M. Clair): Alors le premier sixième,
programme 6 se trouve donc à être adopté, en ce qui
concerne le premier sixième, puisqu'on n'a pas le choix, et en ce qui
concerne les 5/6 supplémentaires...
M. Parizeau: On propose qu'il soit supprimé de la
deuxième loi des subsides.
Le Président (M. Clair): Cette proposition est-elle
adoptée?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Parizeau: M. le Président, avant que nous poursuivions,
on m'avait demandé un certain nombre de renseignements au sujet des
normes, de diverses normes adoptées par la Société des
alcools du Québec. Voici les renseignements quant au nombre
d'implantations de succursales, elles datent du 23 octobre 1974. Les normes du
contrôle de la qualité ont été adoptées le 17
février 1972, et les directives concernant les relations commerciales
ont été adoptées en décembre 1973.
M. le Président, nous en étions à la Caisse de
dépôt et placement.
Le Président (M. Clair): Effectivement, M. le
ministre.
Caisse de dépôt et placement du
Québec
M. Parizeau: M. le Président, je pense que la façon
la plus simple de procéder serait d'inviter les questions au sujet de la
Caisse de dépôt, du rôle qu'elle joue et de ses états
financiers.
Ainsi que je l'ai dit plus tôt, je n'ai pas convoqué ce
soir des gens de la Caisse de dépôt. C'est évident que, si
cependant la commission le jugeait utile, nous pourrions le faire. Compte tenu
des questions que nous aurons, on se rendra compte si c'est utile ou non.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Est-ce qu'il y a eu depuis l'as-sermentation du
nouveau gouvernement des modifications dans les politiques de placement ou si
ce sont les mêmes qui étaient appliquées par la caisse
depuis son existence avec les modifications, évidemment, pour les fonds
ségrégatifs qui doivent être ajustés avec les
représentants des groupes au nom desquels elle administre ces fonds?
Dans l'ensemble est-ce que le ministre pourrait nous informer s'il y a eu des
modifications par rapport aux politiques habituellement suivies par la Caisse
de dépôt?
M. Parizeau: Aucune, M. le Président.
M. Garneau: Etant donné ce point, je ne veux pas entrer
dans les détails...
M. Parizeau: Excusez-moi, on me rappelle une chose, je ne sais
pas si cela correspond à la demande du député de
Jean-Talon ou non, mais il y a eu la création du fonds G,
c'est-à-dire d'un fonds ségrégatif qui est consacré
à l'achat d'obligations gouvernementales.
M. Garneau: Mais cela est relié au fonds
ségrégatif.
M. Parizeau: C'était relié au fonds
ségrégatif et n'a rien à voir avec les modes
d'administration de la caisse.
M. Garneau: C'est pour cela que je faisais la distinction entre
les deux étant donné qu'il y a dans les fonds
ségrégatifs des discussions avec des groupes. D'ailleurs, comme
l'indique le rapport à la page 6, le président de la caisse
entretient d'étroites relations avec les déposants et discute
avec eux des objectifs de chacune des politiques de placement. Cela est
déterminé avec l'aide d'un comité paritaire ou des
représentants quelconques qui sont consultés pour savoir s'ils
vont placer plus en hypothèques ou en fonds d'obligations.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Garneau: Sur le reste, il n'y a pas eu de modification. Quant
à moi je n'ai pas d'autres questions sur cette attitude
générale sauf poser au
ministre ce qui est presque devenu une question habituelle à
cette commission, pour l'Opposition j'entends. Le gouvernement a-t-il
l'intention de donner suite à la demande de la Caisse de
dépôt et placement de sortir le personnel de la Commission de la
fonction publique?
M. Parizeau: Cela est vraiment de l'archéologie. A ma
connaissance cela fait depuis la création de la caisse, ou à peu
près, que c'est demandé.
M. Garneau: A peu près, j'ai été de l'autre
côté de la table pendant un certain nombre d'années et la
question revenait à chaque année, il y a eu toutes sortes de
bonnes intentions quand j'y étais et finalement le temps et les,
circonstances n'ont pas permis de légiférer. Est-ce l'intention
et je remarque dans le rapport de la caisse que l'on fait moins
état qu'il y a un certain temps de ces difficultés,
peut-être le ministre n'a-t-il pas eu l'occasion d'en discuter avec
l'administration de sortir la Caisse de dépôt de la
supervision de la Commission de la fonction publique?
M. Parizeau: J'ai eu l'occasion d'en discuter avec la direction
de la caisse, M. le Président, à plusieurs reprises même.
C'est un problème qui existe maintenant depuis dix ans et je vous
avouerai que de même que j'essaie actuellement au ministère du
Revenu de régler un problème de recrutement de personnel qui
existe depuis dix ans, tout problème qui dure aussi longtemps est un
problème qui normalement devrait se régler.
J'ai pour le moment un préjugé très favorable
à faire sortir le personnel de la caisse de la fonction publique. Je ne
suis pas le premier qui s'oriente de ce côté. Je ne sais pas dans
quelle mesure l'opération est facile à faire, mais ma
première impression est que le personnel de la caisse ne devrait pas
appartenir à la fonction publique.
Cette espèce de préjugé favorable s'appuie
essentiellement sur les considérations suivantes: c'est que le personnel
de la Caisse de dépôt et placement est constitué d'un tout
petit nombre de spécialistes extraordinairement en demande s'ils
sont bons dans le secteur privé. Dans le secteur privé
lui-même, il y a un très petit nombre de spécialistes, si
bien qu'on prend l'habitude de part et d'autre d'essayer de débaucher du
personnel dont il n'y a que quelques exemplaires à Montréal, en
ajoutant un peu de salaire, et de faire en sorte que la Caisse de
dépôt soit souvent gênée dans ses opérations
par le fait qu'on vient de lui enlever l'un ou l'autre de ses
spécialistes dans quelque secteur parce que forcément le fait que
dans la fonction publique on ne peut pas avoir cette espèce de
mobilité ou de flexibilité qu'on peut trouver sur la rue
Saint-Jacques me paraît être au fond un obstacle à
l'efficacité de la caisse ou un handicap à l'efficacité de
la caisse plus qu'une véritable protection.
Il faut bien comprendre que nous sommes en face ici d'un tout petit
nombre de gens, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur
privé, ramassés dans quelques institutions, que la Caisse de
dépôt est devenue maintenant une des grandes institutions du
marché financier québécois et qu'on ne peut pas lui barrer
les jambes lorsqu'elle veut se défendre contre des raids qui lui
viennent des quelques entreprises privées qui cherchent, encore une
fois, ce personnel très spécialisé.
Donc, je réponds en disant que j'ai un préjugé
très favorable.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: J'aimerais d'abord savoir combien de personnes cela
concerne et quel est le va-et-vient ou le "turn-over" du personnel, comme on
dit en bon français.
M. Parizeau: II y a 31 officiers. Il y a 113 personnes dont 31
cadres.
M. Russell: Sur les 113 fonctionnaires, combien y en a-t-il de
spécialisés?
M. Parizeau: Je dirais à peu près la moitié.
Il y a 31 cadres, mais, évidemment, quand on entre dans les cadres, ce
sont des gens qui, avec un assistant très souvent, contrôlent
l'essentiel des opérations. Disons donc la moitié, même si
c'est approximatif.
M. Russell: Ce à quoi le ministre serait favorable, si je
comprends bien, M. le Président, ce serait d'enlever le carcan de la
fonction publique et de laisser l'organisme payer les salaires qu'il
désire pour conserver le personnel de son choix. Donc, cela deviendrait
le marché de l'offre et de la demande et, à ce moment-là,
comme la caisse est presque illimitée, l'entreprise privée ne
pourrait pas espérer engager ces spécialistes pour ses
besoins.
M. Parizeau: C'est-à-dire qu'on finirait les raids.
Récemment, la caisse a perdu, pour une différence de quelques
milliers de dollars, un homme que, dans tous les milieux financiers, on
reconnaissait comme l'expert dans son domaine. Cela me paraît un peu
abusif. Encore une fois, ce n'est pas un nouveau problème; cela fait des
années que cela dure.
M. Russell: M. le Président...
M. Parizeau: II faut éviter, en somme, que la Caisse de
dépôt, si vous voulez, ne devienne l'école de la rue
Saint-Jacques, devienne, à toutes fins pratiques, le lieu
d'entraînement de sorte que, dès qu'un spécialiste commence
à être reconnu dans son domaine, on vienne l'enlever.
M. Russell: Est-ce que ce serait la raison pour laquelle la
caisse paie beaucoup d'honoraires de gestion?
M. Parizeau: Non.
M. Russell: Non, ce sont des revenus. Est-ce que vous n'avez pas
de personnel contractuel employé à la caisse?
M. Parizeau: Pas normalement.
M. Russell: Qui est en dehors de la fonction publique?
M. Parizeau: Pas normalement. Il y a, sur le plan de
l'informatique, en particulier, effectivement, des honoraires qui sont
payés, mais, pour ce qui a trait au personnel d'analyse ou de recherche,
la caisse se débrouille pour avoir son propre personnel.
M. Russell: Elle se débrouille pour avoir son propre
personnel. Donc, on n'engage pas des contractuels, comme cela se fait dans bien
des ministères, pour éviter de contourner la fonction
publique.
M. Parizeau: II y a plus que cela. Il faut éviter ici les
conflits d'intérêts. Encore une fois, vous êtes dans des
métiers qui sont tellement spécialisés qu'on pourrait
difficilement envisager d'embaucher, autrement que pour des raisons tout
à fait particulières, des individus qui, sur une base temporaire,
auraient pu aussi bien travailler pour le client que pour le créancier,
et qui auraient, dans les milieux financiers, des rapports avec des entreprises
concurrentes de la caisse.
M. Russell: C'est hypothétique, je pense, M. le
Président, les remarques du ministre, parce que cela n'empêche pas
un fonctionnaire ou un employé de la caisse d'avoir des relations
très suivies avec des gens qui ont des intérêts à
l'extérieur.
M. Parizeau: Non, mais non pas d'être
rémunérés. Je veux dire que si vous...
M. Russell: Le ministre veut peut-être dire que ce seraient
des gens qui seraient drôlement intéressés qui viendraient
travailler pour la caisse comme contractuels.
M. Parizeau: Ce n'est pas cela que je veux dire. Il faudrait
éviter qu'un contractuel, par exemple, passe quelques mois payé
par un concurrent de la caisse, quelques mois payé par la caisse, et
recommence.
M. Russell: Evidemment, je pense bien que le ministre comprend ce
que je veux dire. Il n'y a rien qui empêche la caisse, plutôt
qu'être privée d'un homme très important, de se soumettre
à la Fonction publique et faire ce que font certains ministères,
je ne veux pas en faire un document de structure ici, soit engager par contrat
des gens qui pourraient être payés plus cher que ses
fonctionnaires et les employer quand même.
M. Parizeau: Non, sauf ceci. La caisse a besoin, compte tenu de
la taille de ses opérations, d'une très grande stabilité
de personnel. Il faut bien comprendre que les fonds qui passent par la caisse,
les montants qui sont placés chaque année sont tels qu'il faut
éviter de faire du coût par coût et du cas par cas. Il faut
être en mesure d'avoir un personnel permanent et un personnel
spécialisé.
M. Russell: Est-ce que le ministre peut me donner ce que j'avais
demandé, peut répondre à la question, j'aimerais
connaître quel était le mouvement du personnel annuellement? Le
"turn over", comme on dit?
M. Parizeau: Non. Non seulement je ne l'ai pas... Enfin, si on
insiste, je l'aurai, mais ce n'est vraiment pas, parce qu'il s'agit d'un tout
petit nombre d'hommes, ce n'est pas le pourcentage qui est important, c'est le
fait qu'à un moment donné un gérant de portefeuille s'en
aille et décapite une structure de trois personnes qui sont trois
spécialistes. Si on y tient, j'essaierai d'avoir le "turn-over" chez les
professionnels, le reste du personnel, cela n'a pas d'importance. J'imagine
qu'on n'est pas intéressé au "turn-over" chez les
sténodactylos, mais sur le personnel clé.
M. Russell: Les sténos, qu'on les enlève de la
Fonction publique ou qu'on les laisse dedans, cela n'a pas tellement
d'importance.
M. Parizeau: Est-ce que c'est une demande formelle qu'en fait le
député?
M. Russell: Pour apprécier l'importance de ce que propose
le ministre, je pense qu'on devrait être en mesure de l'examiner et de
savoir réellement s'il s'agit de cinq personnes ou de dix personnes par
année.
Il faudrait y aller avec beaucoup de prudence, parce qu'au moment
où on va permettre à la Caisse de dépôt de sortir de
la fonction publique il y a d'autres organismes qui vont demander exactement la
même chose. Ils auront d'autres bonnes excuses et arriveront avec des
preuves peut-être aussi valables que celles que le ministre
prétend avoir actuellement pour la Caisse de dépôt.
M. Parizeau: Je vais suggérer la chose suivante. De toute
façon, si ce préjugé favorable que j'ai se traduisait
vraiment en intention, il faudrait faire un amendement à la loi. Si bien
qu'en deuxième et troisième lectures je serais forcé de
présenter les explications qu'il demande ce soir.
Cela ne peut pas être fait sans un amendement à la loi. Ce
que je suggérerais peut-être, c'est qu'on attende; si vraiment mon
préjugé favorable se transformait en intention véritable,
quand on arrivera à la loi, je présenterai ce genre de
détails.
M. Russell: Je regarde ici les honoraires de gestion, à la
page 21 du rapport, pour $980 000; cela représenterait quoi? Dans les
revenus. C'était $491 000 en 1975; en 1976 c'est $980 000.
M. Parizeau: Ce sont des honoraires de gestion qui sont obtenus
des fonds ségrégatifs pour la gestion des fonds
ségrégatifs.
M. Russell: Pour l'administration de caisses. Il faut croire que
les montants ont augmenté ou le travail est plus
représentatif?
M. Parizeau: D'autre part, les fonds ségrégatifs
eux-mêmes ont monté passablement. Vous
voyez que les fonds ségrégatifs ont monté presque
d'un tiers, entre 1975 et 1976.
M. Russell: Je pense bien qu'il y aurait une autre question ici,
je me demandais si le ministre pourrait me donner des explications. On parle
d'actions et valeurs convertibles. Il s'agit de quel genre d'actions, à
la page 20 du rapport?
M. Parizeau: Les actions et les valeurs convertibles sont des
titres qui sont... Vous voulez parler de valeurs convertibles?
M. Russell: Oui, il y a $661 millions.
M. Parizeau: Ce sont essentiellement des actions.
M. Russell: Des actions, mais quel genre d'actions.
M. Parizeau: Des actions ordinaires.
M. Russell: Ordinaires.
M. Parizeau: Des actions privilégiées.
M. Russell: Qu'on détient dans quel genre de
sociétés?
M. Parizeau: Vous devez avoir un tableau à la page 27.
Vous avez cela par catégorie de secteurs. Les services publics, banque
et finance, consommation et services, industrie manufacturière,
pétrole et gaz, mines et métaux, produits forestiers et
sociétés de gestion d'immeubles. Cela pose un problème que
je peux soulever ici. Je pense que c'est peut-être la place, là
aussi on va faire de l'archéologie. C'est une chose à laquelle je
tiens depuis un certain nombre d'années; là aussi je vais
indiquer mes préjugés favorables.
La Caisse de dépôt est devenue un actionnaire à ce
point important non seulement au Québec, mais au Canada en fait,
la Caisse de dépôt est le plus gros portefeuille d'actions qu'il y
ait au Canada qu'il ne me semble pas normal, et ce n'est pas la
première fois que je le dis, pour avoir moi-même été
au conseil d'administration de la Caisse de dépôt pendant pas mal
d'années avant que je quitte le gouvernement, que la caisse publie son
portefeuille d'actions ventilé en quelques catégories comme
celles-là seulement. Je pense qu'éventuellement il va falloir en
arriver à la publication du portefeuille d'actions de la caisse dans
chaque compagnie, étant entendu, cependant, qu'il faudrait que cela soit
fait avec un retard suffisant pour ne pas influencer les transactions ou les
spéculations en Bourse.
En somme, rien n'empêcherait la Caisse de dépôt de
publier son portefeuille d'actions avec, par exemple, un délai de six
mois. Le portefeuille tel qu'il était six mois avant que le rapport
annuel ne soit présenté. De cette façon, cela ne donnerait
aucune indication particulière aux marchés boursiers et, d'autre
part, cela permettrait au public de savoir dans quelles compagnies la Caisse de
dé- pôt a des actions. C'est une question qui est discutée
depuis fort longtemps. Là, j'indique aussi mon préjugé
favorable. Encore une fois, la Caisse de dépôt est devenue un
actionnaire important dans une foule de compagnies. Il me paraît normal
que le public puisse savoir dans quelles compagnies la Caisse de
dépôt a des titres.
M. Russell: On ne peut qu'être d'accord avec le ministre
sur ce qu'il a avancé parce qu'il y a là une indication assez
marquée qui peut certainement influencer le marché de la Bourse.
Regardant ici les actions et valeurs convertibles, je remarque les produits
forestiers. S'agit-il d'un organisme forestier ou de plusieurs?
M. Parizeau: II s'agit de plusieurs compagnies.
M. Russell: Est-ce qu'on peut avoir une indication de quelles
compagnies il s'agit?
M. Pairzeau: Non. Justement, c'est le problème. En vertu
de l'article 44, je pense, de la Loi de la Caisse de dépôt je suis
le seul habilité à poser à la caisse des questions quant
au détail de son portefeuille ou au détail de ses
opérations.
M. Russell: Je suis conscient de l'article 44 et je sais que le
ministre est le seul habilité, c'est pour cela que je passe par lui pour
avoir l'information et il ne veut pas me la donner.
M. Parizeau: Non et pour la raison suivante. Tant que la loi...
Il a toujours été de tradition, à la Caisse de
dépôt, que le ministre des Finances ne fournisse pas en public ce
type de renseignements. Tant que les modifications n'auront pas
été apportées au règlement et à la loi de la
caisse, il serait incorrect de ma part de violer cette tradition. Si on doit
faire en sorte qu'il y ait davantage de renseignements sur le portefeuille de
la caisse, que cela soit fait par la voie normale.
M. Garneau: Avec cette façon de procéder, si
c'était publié avec six mois de retard...
M. Parizeau: J'ai donné cela à titre
hypothétique, je ne suis pas branché.
M. Garneau: Oui, à titre d'exemple. Mais peu importe le
décalage qu'il y aurait entre des rapports successifs, est-ce que la loi
indiquerait la possibilité, pour une commission parlementaire comme
celle-ci, de connaître les raisons pour lesquelles la caisse de
dépôt a vendu...?
Disons que dans un rapport en date du 1er janvier 1975, on dit qu'on a,
je ne sais pas, 50 000 actions de telle société et le rapport
suivant dit qu'il n'en reste que 10 000. Est-ce qu'à ce moment-là
il faudrait faire des précisions dans la loi, suivant le
préjugé favorable qu'indique le ministre, sur la
possibilité pour la caisse d'expliquer pourquoi elle a vendu tel bloc
d'actions ou si cela demeurerait uniquement à titre d'information, les
décisions prises par le conseil d'administration demeurant
confidentielles?
M. Parizeau: Je pense que, dans la mesure où c'est le
rôle de la caisse d'opérer sur les marchés boursiers ou sur
le marché des obligations, en toute autonomie, il faudrait faire
attention cela, bien sûr, si on modifie la loi, il faudra en tenir
compte pour que le processus parlementaire lui-même ne devienne
pas un instrument de pression sur la Caisse de dépôt pour lui
faire acheter certains types d'actions ou lui faire vendre certains types
d'actions. De la même façon, tout à l'heure au sujet de la
SAQ, je répondais au député de Brome-Missisquoi qu'on ne
peut tout de même pas faire en sorte que le ministre des Finances
suggère qu'on ajoute tel vin ou qu'on supprime tel vin; c'est une
société commerciale.
De la même façon, il faudra prendre un certain nombre de
précautions pour éviter que la Caisse de dépôt ne
subisse son procès parlementaire chaque fois qu'elle a
décidé de vendre un bloc d'actions quelque part ou d'en acheter
ailleurs. Néanmoins là aussi, je vais recommencer à
faire de l'archéologie au départ, les protections qu'il y
a dans la loi de la Caisse de dépôt là, je m'appuie
sur le discours en deuxième lecture du bill qui créa la caisse
s'appuyaient dans leur esprit sur une protection que la caisse devait
avoir contre une ingérence politique quant à l'achat
d'actions.
On voulait éviter, en somme, que, par pression politique, on ne
force la caisse à acheter des actions dans une compagnie plutôt
que dans une autre. Depuis quelques années, la taille même du
portefeuille de la caisse a changé un peu l'optique. Il est clair
à l'heure actuelle nous en avons vu un exemple à
l'occasion des tractations au sujet de la vente d'épargne que la
caisse est en mesure maintenant, par exemple dans un conflit entre plusieurs
groupes financiers pour contrôler une compagnie, simplement par la
façon dont elle dispose d'un bloc d'actions, de favoriser un groupe
plutôt qu'un autre.
Je pense que, compte tenu justement de la taille du portefeuille de la
caisse, nous allons voir encore passablement plus d'opérations comme
cela avant qu'on en voie moins. Là, je dois dire que, pour ce qui a
trait à la façon dont la caisse peut vendre des
éléments de son portefeuille pour faire pencher la balance dans
le sens d'un groupe plutôt que d'un autre, cela me paraît
être un problème important, mais sur lequel, pour le moment, je ne
suis pas branché. Il est évident que c'est une décision
majeure à prendre que d'examiner justement cette possibilité de
la caisse, à un moment donné, de comment dirais-je
fournir le contrôle, par exemple, d'une institution à un groupe
financier plutôt qu'à un autre, simplement parce qu'elle
décide de vendre des actions dans un sens ou dans l'autre.
Là-dessus, je dois dire que je ne suis pas branché; je ne
pense pas l'être rapidement. C'est une des décisions les plus
importantes qu'on a à prendre. Il faut à la fois se rendre compte
du rôle financier énorme de la caisse à l'heure actuelle
et, d'autre part, continuer à lui assurer une autonomie de gestion qui
lui permette d'opérer correctement e; à l'abri d'influences
politiques trop di- rectes. C'est un problème qui n'est pas facile.
Autant je disais tout à l'heure, au sujet de la Commission de la
fonction publique, que j'ai un préjugé favorable, autant dans ce
cas je dis: J'ai un point d'interrogation et il risque de durer longtemps,
enfin un certain temps.
M. Garneau: Sur le plan du contrôle, est-ce que, dans cette
réflexion que fait le ministre sur les transactions par bloc d'actions,
le ministre envisagerait également la possibilité de regarder non
pas la vente des blocs, mais le contrôle qu'on peut faire avec les blocs
d'actions que l'on continue de détenir par l'appui des "proxy" qu'on
donne pour voter aux réunions du conseil? Est-ce que le ministre dans sa
réflexion considère également cet aspect comme une
modification éventuelle à la loi?
M. Parizeau: Non, pas comme une modification éventuelle.
Je ne suis pas certain encore s'il faut modifier la loi. J'en suis seulement au
stade de réflexion, bien sûr, couvrant cette question des voting
trust, enfin des procurations.
A l'origine la caisse ne devait rien mener dans une compagnie. Il est
vrai encore à l'heure actuelle qu'elle n'a aucune fonction de gestion.
Il n'en reste pas moins que les gestes qu'elle pose ont des
répercussions sur le fonctionnement des entreprises, qu'on le veuille ou
non, et sur leur structuration.
La tradition, chez les ministres des Finances, a été que
l'on n'intervienne pas dans les transactions de la caisse, d'aucune
façon, et qu'on utilise l'article 44 uniquement pour se renseigner une
fois que les transactions sont faites, c'est-à-dire que l'on
n'intervient pas dans le jugement du conseil d'administration de la caisse et
de son président. C'est cette tradition qui, au fond, a permis à
la caisse d'opérer indépendamment d'influences politiques
jusqu'à maintenant avec, je pense, une considération dans les
milieux financiers qui est importante, une réputation de premier ordre.
Vous comprendrez qu'avant de toucher à cela il faut y penser deux fois.
Jusqu'à maintenant, et je dois en rendre témoignage aux ministres
des Finances qui se sont succédé, la pratique a toujours
été d'invoquer l'article 44 une fois qu'une transaction est
passée pour essayer de dire: Qu'est-ce qui est arrivé.
Je ne vous cacherai pas que pendant toutes ces tractations autour de la
banque d'épargne, je tenais mon bureau à deux mains en me disant:
Si seulement ça peut se terminer que je puisse me renseigner sur ce qui
se passe. On attend que ce soit fini et on le demande.
M. Garneau: Est-ce que le ministre l'a demandé?
M. Parizeau: Oui, une fois que cela a été fini, je
comprends.
M. Russell: Le ministre est bien renseigné
là-dessus.
M. Parizeau: II faut bien comprendre, l'article 44 se lit ainsi:
"La caisse doit fournir au ministre des Finances". D'ailleurs, en
français on dit au ministère, dans la loi, et en anglais on dit
"to the minister" et c'est l'anglais qui prime, paraît-il. C'est l'avis
juridique que nous avons. C'est le ministre...
M. Garneau: Ce n'est pas le sous-ministre qui a
donné...
M. Parizeau: Non, le sous-ministre ne veut pas... "doit fournir
au ministre"; même si le texte français dit ministère, il
doit fournir au ministre.
M. Garneau: Quoique le ministre pourrait demander au
sous-ministre. Il est présent, habituellement, aux discussions, tout au
moins.
M. Parizeau: Sans doute, le sous-ministre, même s'il est
présent, n'est pas la caisse. La caisse doit fournir au ministre des
Finances tout renseignement qu'il requiert sur ses opérations. Il a un
pouvoir de renseignements. La tradition, c'est qu'on ne demande pas de
renseignements au milieu d'une transaction.
M. Russell: M. le Président, en réponse au ministre
des Finances, tout à l'heure il disait que ce n'était pas au
ministre des Finances d'indiquer à la Société des alcools
quels vins acheter, mais il est certainement permis au député de
Brome-Missisquoi de lui suggérer de faire des suggestions à la
Société des alcools de temps à autre. On pourrait avoir du
bon vin ici.
M. Parizeau: Le député de Brome-Missisquoi ne
lâche pas.
M. Garneau: II veut avoir son vin de la Colombie-Britannique.
M. Russell: Si je ne l'ai pas ce n'est pas parce que je n'ai pas
essayé.
M. Parizeau: Je vois cela.
M. Russell: M. le Président, je voudrais savoir du
ministre des Finances s'il est satisfait du pourcentage des actions et valeurs
convertibles qui sont au portefeuille de la caisse actuellement, ou s'il a
l'intention de suggérer à la caisse d'abaisser ce pourcentage,
étant donné que son revenu est beaucoup plus bas que la moyenne
des autres placements?
M. Parizeau: Non, je n'ai pas l'intention d'indiquer à la
caisse des plafonds ou des planchers quant au pourcentage d'actions dans son
portefeuille. C'est vraiment une décision qu'elle doit prendre
elle-même. Que le pourcentage de rendement soit moins
élevé, c'est exact. Mais d'un autre côté, les buts
de la caisse de dépôt, sa fonction, telle que définie par
le législateur, c'est justement d'acheter, d'avoir un portefeuille
d'actions relativement important par rapport à l'ensemble de son
activité.
Il est clair que ce qu'elle perd sur le plan du rendement, dans certains
cas, elle l'a regagné sur le plan de la plus-value de capital. D'autre
part, la caisse joue, pour le financement en actions d'entreprises à
Montréal, un rôle qui est inappréciable. Il faut bien
comprendre qu'à l'heure actuelle, en raison même de la
réputation de premier ordre acquise par la caisse, les émissions
d'actions se vendent, d'autant mieux qu'un peu partout dans les milieux
financiers, on sait que la caisse, si vous me passez l'expression,
"embarque".
Il y a donc dans ce rôle d'acquisition d'actions par la caisse un
rôle d'entraînement par rapport au marché financier qui est
loin d'être négligeable.
M. Russell: Cela ne concerne pas la loi ici mais, à titre
de renseignement, est-ce que la caisse peut acheter d'autres actions que celles
qui sont cotées à la Bourse?
M. Parizeau: Oui, bien sûr. Elle peut acheter des actions
et en fait elle a développé depuis quelques années un
rôle important dans l'achat d'actions d'entreprises de petite ou de
moyenne taille qui avaient besoin d'un partenaire qui n'aurait pas de membres
au conseil d'administration, ne chercherait pas à gérer. Elles
avaient besoin simplement d'une source de capital de risque. Et il y a un
très grand nombre de sociétés, petites ou moyennes, qui
ont trouvé là du capital de risque sans crainte que la Caisse de
dépôt, à un moment donné, cherche à mettre la
main sur l'entreprise puisque la Caisse de dépôt ne peut pas
acheter plus de 30% des actions d'une compagnie et que ces actions
n'étaient pas cotées à la Bourse.
M. Garneau: Donc j'imagine que la limite qu'ils peuvent acheter
par rapport au pourcentage total de ces placements dans des...
M. Parizeau: Oui, en vertu de la clause omnibus mais je parlais
de 30% des actions d'une société.
M. Russell: En somme hypothétiquement, si une grosse
société ou compagnie venait s'installer au Québec et qu'on
voudrait que des Québécois détiennent 50% des actions, la
caisse pourrait en acheter 30%.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Russell: L'individu en prendrait...
M. Parizeau: Elle le fait d'ailleurs dans beaucoup de cas. Il
faut bien comprendre que, derrière ce portefeuille de $661 millions, il
y a des centaines de compagnies dont il s'agit. Ce n'est pas concentré
du tout.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: M. le Président, question d'information
générale pour moi. Lorsque la Caisse de dépôt
achète des obligations émises ou garanties
par le gouvernement du Québec, est-ce qu'elle doit toujours
passer par l'intermédiaire d'un courtier?
M. Parizeau: Non, il y a plusieurs cas possibles. Je vais essayer
de tous les couvrir et, si j'en oublie un, je m'en excuse à l'avance car
c'est vraiment extraordinairement diversifié comme opération.
La caisse peut acheter du gouvernement toute une émission. Cela a
été le cas par exemple, au cours des derniers mois, d'un
placement privé du gouvernement à la Caisse de dépôt
de $125 millions. A ce moment, le principe général veut que, dans
ces tractations entre la caisse et le gouvernement ou l'Hydro-Québec, on
cherche à déterminer le prix du marché, le taux de
rendement que le marché aurait demandé ce jour-là. C'est
le principe général.
Deuxième possibilité. On vient encore de le voir
récemment au sujet d'un emprunt de l'Hydro-Québec de $100
millions. La Caisse de dépôt prend une partie de l'émission
sans passer par un courtier. Je m'excuse, la première opération
ne passait pas par un courtier, bien sûr. Quand le gouvernement fait un
placement privé avec la caisse il ne va pas passer par un courtier.
Deuxième cas. La caisse prend une partie d'une nouvelle émission
comme cette émission de $100 millions. Elle ne va pas passer par un
courtier non plus. On lui réserve dans la nouvelle émission
dans ce cas-là, c'était $55 millions cela. On
établit le prix de l'émission, le taux de rendement, la caisse en
prend $55 millions et elle ne passe pas par un courtier.
Troisième type d'opération possible, moins
fréquent. Le gouvernement ou l'Hydro-Québec fait une
émission et la caisse, à la dernière minute, sans
arrangement avec le gouvernement à l'avance, pourrait aller en prendre
quelques millions d'elle-même dès la vente. Je ne pense pas que
cela soit très fréquent. C'est théoriquement possible mais
ce n'est pas fréquent. Ce n'est pas coutumier.
Quatrième type d'opération. Le gouvernement fait
l'émission sans faire appel à la caisse. La caisse ne se montre
pas. Mais, dans les jours qui suivent, dans les semaines qui suivent, la Caisse
de dépôt en achète sur le marché qu'on appelle
secondaire. Et alors, bien sûr, quand elle passe par le marché
secondaire, elle va passer par un courtier. Une émission est sortie
depuis quinze jours, trois semaines, un mois, la caisse dit: Je vais en prendre
une partie du marché secondaire. Alors elle a passé ses commandes
sur le marché secondaire par le truchement d'un courtier.
M. Michaud: Est-ce que la caisse pourrait servir de courtier pour
le gouvernement dans certains cas?
M. Parizeau: Pas vraiment. Ce qui a souvent été
discuté, dans le passé, c'est que la Caisse de dépôt
procède exactement à l'égard du gouvernement de
Québec comme la Banque du Canada procède à l'égard
du gouvernement fédéral, c'est-à-dire qu'elle dirige le
syndicat d'émission des titres du gouvernement de Québec. C'est
elle qui ferait la répartition des obligations entre les
différents courtiers et les différentes institutions
financières. Ce rôle, la Banque du Canada le joue depuis qu'elle
existe et ce sera tout à fait possible pour la Caisse de
dépôt de le remplir, c'est-à-dire que, d'une part, elle
conseillerait le gouvernement de Québec quant aux montants, quant aux
échéances, quant aux taux d'intérêt, etc., et,
d'autre part, une fois que le format de l'émission a été
établi, elle répartirait les titres entre les différents
courtiers et les différents acheteurs institutionnels. Cette
façon de procéder, on en trouve des traces dès
l'apparition de la Caisse de dépôt. Toujours dans ce discours en
deuxième lecture qui essayait de définir son rôle, on
indiquait qu'un jour, ce serait peut-être possible. D'ailleurs, cela a
été discuté publiquement par un des directeurs de la
Caisse de dépôt, M. Claude Prieur, avant qu'il meurre, alors qu'il
y avait passablement de discussions à ce sujet. A un moment
donné, il faudra se poser la question de savoir si la Caisse de
dépôt doit remplir son rôle. En tout cas, rien ne
l'empêcherait techniquement de jouer ce rôle.
M. Michaud: Est-ce que vous avez un préjugé
favorable à ce sujet?
M. Parizeau: Oh! oui. J'aurais un préjugé favorable
à ce sujet. Il s'agit de savoir simplement si mon préjugé
favorable va se transformer en intention.
M. Michaud: M. le Président, une dernière question.
Est-ce que le ministre a l'intention de faire que la Caisse de
dépôt joue le même rôle ou un rôle
accéléré, c'est-à-dire en pourcentage de ses achats
vis-à-vis des émissions garanties par le gouvernement?
M. Parizeau: Oh! non. Je pense que nous avons toujours eu, depuis
plusieurs années, l'habitude de voir la Caisse de dépôt
acheter en obligations du gouvernement du Québec et en obligations de
l'Hydro-Québec à peu près la moitié de son
porte-feuille, parfois un petit peu plus, mais habituellement, autour de la
moitié, et il n'y a pas de raison pour que cela ne continue pas.
D'autant plus qu'à l'heure actuelle, compte tenu, à partir de
cette règle, de ce qu'on attend de la caisse cette année, des
$300 millions qu'on a empruntés à l'Angleterre, des projets
imminents, les besoins, cette année, du gouvernement de Québec ne
sont pas écrasants. Le programme d'emprunt n'est pas loin d'être
fait. Alors pourquoi commencer à changer les règles quand vous
n'avez pas besoin d'argent?
M. Michaud: Merci.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Sur la question du programme d'emprunt nous
allons y revenir quand nous
étudierons cette question pour le moment, je voudrais
être sûr de bien comprendre les chiffres qui sont à la page
10. En bas, on indique dans un tableau, l'accroissement net des placements en
obligations, l'ensemble des fonds, c'est-à-dire le fonds
ségrégatif, j'imagine, et le fonds général,
puisque, à la page suivante, on a le fonds général. Le
gouvernement du Québec et garanties, en 1976, représentent $545
millions, soit 70% de l'ensemble de l'accroissement. Quelle est la partie des
$545 millions qui a été placée directement dans les titres
de la province, et celle qui a été placée dans ceux de
l'Hydro-Québec?
Je comprends que, et c'est dans la deuxième ligne, dans garanties
par subvention provinciale on retrouve les CEGEP, j'imagine, et les
hôpitaux.
M. Parizeau: Oui, garanties par subvention provinciale, ce sont
les CEGEP, les hôpitaux, les universités, etc.
M. Garneau: Les $545 millions se répartissent
essentiellement entre l'Hydro-Québec et la province, j'imagine.
M. Parizeau: Essentiellement. M. Garneau:
Essentiellement.
M. Parizeau: Oui. C'est uniquement cela. M. Garneau: C'est
l'année de calendrier? M. Parizeau: Oui.
M. Garneau: C'est quoi la répartition des deux entre
l'Hydro-Québec et la province?
M. Parizeau: Un instant, on va essayer de trouver cela.
Malheureusement, je n'ai ces chiffres que sur une base d'année
financière, c'est-à-dire 1976/77. Et sur une base d'année
financière 1976/77, ce n'est pas $545 millions, comme c'était le
cas dans le tableau qui est mentionné; c'était $370 millions. Sur
ces $370 millions, cela faisait $315 millions, Québec et $55 millions,
l'Hydro-Québec.
Donc, cela veut dire au cours de l'année 1976/77 de loin la
majeure partie des achats d'obligations par la Caisse de dépôt,
c'étaient des obligations de Québec plutôt que de
l'Hydro-Québec. Evidemment, c'est dû, dans une bonne mesure, au
fait que, cette année-là, l'Hydro-Québec ayant
emprunté, au début de 1976, $1 milliard aux Etats-Unis, avait une
grande avance sur son programme d'emprunt et, donc, n'avait pas besoin de
ressources particulières de la Caisse de dépôt.
M. Garneau: M. le Président, quant à moi, je n'ai
pas d'objection à terminer là la question de la Caisse de
dépôt.
Etudes des politiques économiques et
fiscales
Le Président (M. Clair): Nous pourrions donc entamer
immédiatement l'étude du programme 1, s'il n'y a pas d'autres
intervenants sur la Caisse de dépôt. Est-ce que cela convient
à tout le monde qu'on commence par le programme 1, justement, et qu'on
procède comme à l'accoutumée pour les autres? J'appellerai
immédiatement le programme 1. M. le ministre.
M. Parizeau: Je ne vais pas revenir sur l'introduction
générale que j'avais faite décrivant chacune des
directions du ministère des Finances. Il est clair que, comme je l'ai
indiqué dans mes notes d'introduction à cette commission, la
direction des études des politiques économiques et fiscales joue
au ministère des Finances un rôle majeur aussi bien dans
l'élaboration des politiques fiscales elles-mêmes que dans
l'examen des changements apportés aux impôts, en collaboration
avec le ministère du Revenu, et sur le plan des études relatives
à la situation économique au Québec. D'autre part, au
cours de l'année qui vient, cette direction devra procéder
à ces examens généraux de la structure des impôts au
Québec, tel que j'ai eu l'occasion de l'indiquer dans le discours du
budget.
Parmi ces études qui doivent être faites au cours de cette
année, l'une d'elles est déjà commencée et
procède déjà, c'est la tarification des biens et services
publics. Les mesures fiscales reliées à l'allocation du sol et au
zonage agricole sont déjà examinés aussi et nous
commençons l'examen d'un certain nombre de champs d'impôt qui sont
les suivants: La réforme de la fiscalité municipale, la
réforme de l'impôt sur le revenu, la réforme des droits
successoraux, la réforme de la taxe de vente, la modification au
Régime de rentes du Québec et la taxation des
sociétés d'Etat. Il est encore difficile de dire ce qui sera
prêt pour le prochain discours du budget. Certainement, un certain nombre
de mesures seront, à ce moment, prêtes. Je peux difficilement,
évidemment, m'engager tout de suite à dire que l'ensemble de ces
réformes serait prêt pour le prochain budget. Cela, on le sait
quand on est arrivé. Ces études, on sait toujours comment on les
commence, on ne sait pas comment on les termine. Voilà ce que j'avais
à dire sur le programme 1.
M. Garneau: M. le Président, dans le cas des
études, évidemment, il y en a une qui m'intéresse
davantage et c'est celle qui concerne la protection des terres agricoles. Les
autres études, on pourrait en discuter longuement, mais comme vient de
l'indiquer le ministre, le point de chute sera éventuellement le
discours sur le budget. Je reviendrai peut-être tout à l'heure sur
la question de la taxe de vente, mais ce qui m'intéresse le plus,
à ce moment-ci, c'est la question de la protection des terres agricoles.
Je voudrais savoir du ministre si, au niveau gouvernemental, on a fait un choix
quant à la façon de procéder dans ce secteur
d'activité, parce qu'on sait qu'il y avait deux approches qui
fonctionnaient en parallèle, celle du ministère de l'agriculture
et celle qui était également envisagée au ministère
des Finances. Est-ce que le choix quant à la méthode à
utiliser pour atteindre l'objectif a été retenu comme devant
être par le
biais fiscal, de la fiscalité et des lois fiscales, ou si les
études sont continuées en parallèle et que le choix
gouvernemental sera fait plus tard?
M. Parizeau: Non, les études ne sont pas faites en
parallèle, en ce sens qu'à l'heure actuelle, il y a une
coordination assez étroite entre les objectifs du ministère de
l'Agriculture, les analyses faites au ministère des Finances et celles
qui sont faites au ministère des Affaires municipales. Le
ministère du Revenu est associé à ces travaux comme il
l'est chaque fois qu'il s'agit de modifier les impôts.
Quant aux orientations, il s'agit d'un problème qui est
extraordinairement compliqué et difficile. Moi, je ne suis pas du tout
prêt à l'heure actuelle à choisir une voie plutôt que
l'autre. Je trouve le député de Jean-Talon modeste en disant
qu'il a fait deux approches, j'en vois plus que cela. Pour le moment, les
études ne sont pas suffisamment avancées pour qu'on puisse se
brancher.
M. Garneau: Mais la question que je posais est reliée
à l'existence de deux certainement je ne dis pas qu'il y a
seulement deux approches philosophies de base qui étaient en
discussion et qui, semble-t-il, le sont encore, une par le biais,
évidemment, du gel des terres agricoles pur et simple, par le
dépôt d'un plan de zonage, une autre par l'intervention au niveau
de la fiscalité qui laisserait, évidemment, plus de
liberté mais où le contrôle serait par une fiscalité
qui pourrait devenir excessive dans certains cas, par exemple en changeant les
vocations. Si un sol déclaré agricole change de vocation, il
deviendrait évidemment soumis à une taxe très importante,
c'est cela...
M. Parizeau: Je m'excuse, là je comprends. J'avais mal
compris la question. Il est évident qu'à l'heure actuelle
moi, je parle toujours de mes préjugés favorables mon
préjugé favorable est du côté de la
fiscalité, clairement, et non pas du gel.
M. Garneau: Est-ce qu'on peut dire que la collaboration des
autres points de vue est acquise? Je vois les personnages sourire,
derrière, parce qu'on a eu des luttes épiques en discussion de
cela.
M. Parizeau: Non, homériques.
M. Garneau: Pardon, homériques, les deux seraient
peut-être bonnes. De toute façon, je comprends que le choix
définitif, malgré les préjugés favorables des
ministres des Finances, la décision n'a pas encore été
prise, si je comprends bien?
M. Parizeau: Non, la décision n'a pas été
prise, mais je dois dire qu'étant un député d'un
comté semi-rural, bien que je sois urbain de nature, cela m'a appris pas
mal de choses. Avant de m'engager dans la voie du gel des terres agricoles, on
aurait besoin de me convaincre sérieusement, jusqu'à maintenant,
cela n'est pas fait.
M. Garneau: C'est une question évidemment très
complexe. Je suis content que le ministre ait pu se frotter aux
réalités agricoles. C'est important d'agir dans ce domaine, mais
il faut agir avec prudence pour ne pas créer des problèmes et
aussi agir dans un terme qui serait, pour les personnages visés, un
genre de spoliation. En d'autres mots, si une politique de protection des
terres agricoles doit être implantée, je suis bien d'accord. Mon
préjugé favorable pour employer les mêmes
expressions que le ministre serait de dire que si l'ensemble de la
collectivité québécoise doit avoir une politique du genre
de celle dont on parle, la protection des terres agricoles, cela doit
être l'ensemble de la société qui en fait les frais et non
pas uniquement ceux qui, par un concours de circonstances, ou par les
générations qui se sont succédé sur des territoires
quelconques, ont laissé porter peut-être à 5000 ou 6000
producteurs agricoles le fardeau d'une politique qui est faite à
l'avantage de l'ensemble du Québec.
Sur l'autre question, concernant la taxe de vente, l'an dernier, il y
avait eu des modifications à la taxe de vente quant au secteur
commercial industriel. Les analyses qui avaient été faites
à ce moment-là indiquaient un certain parallèle entre les
sommes ou les avantages fiscaux qui existaient dans le domaine de la taxe de
vente, en particulier le fait qu'une partie de la taxe de vente était
remboursée pour les biens vendus à l'extérieur du
Québec; cela compensait pour ce que nous changions dans la taxe de
vente. Est-ce que les résultats de l'année ont été
conformes aux prévisions qui avaient été faites en
début d'année par les spécialistes? Est-ce qu'il y avait
équation, égalité ou si...? Evidemment, c'était
extrêmement difficile à évaluer, nous détaxions un
certain nombre de produits comme les abrasifs et tous les biens qui rentrent
dans la production. Est-ce que cela s'est équilibré?
En d'autres mots, les résultats de la taxe de vente, tels qu'on
les voit en 1976/77 par rapport aux prévisions, je crois qu'ils ont
été plus bas. Est-ce que la différence entre les deux est
reliée à une évaluation qui a été faite du
coût de l'application de ce programme qui, dans la réalité,
aurait été différente ou si c'est dû à
d'autres raisons?
M. Parizeau: Prenons d'abord la question... Je vais en profiter,
si vous me permettez, pour répondre à des questions que le
député de Jean-Talon avait posées à l'occasion de
l'examen des crédits du ministère du Revenu sur cette question de
la taxe de vente et sur la part de la taxe sur les repas et l'hôtellerie.
Nous pourrons entrer dans la question un peu plus spécifique qu'il vient
de poser.
La question qui avait été posée par le
député de Jean-Talon à cette occasion était la
suivante: Alors que, normalement, on doit distribuer aux municipalités
un quart de la taxe de vente, les chiffres pour 1976/77 ne semblent pas
refléter cette proportion. Cela vient du phénomène
suivant: Alors que, dans le livre des crédits de 1976/77 il est
indiqué que la taxe de vente rapportait $361 millions, les
renseignements supplémentaires au
discours du budget indiquent qu'on établit, en 1976/77, les
entrées de taxe de vente à $340 millions.
M. Garneau: Ce qui doit être redistribué aux
municipalités en raison de montants totaux perçus, $340
millions.
M. Parizeau: C'est cela. Par rapport à des recettes de $1
365 000 000, cela fait 24,9 environ. Ce qui est prévu en 1977/78, ce
sont des recettes de taxe de vente de $1,550 milliard; pour 385,5
municipalités, cela fait encore 24,9 environ, près de 25 dans les
deux cas. C'est simplement que les rentrées, en 1976/77, ont
été un peu inférieures à celles qui avaient
été prévues.
Même phénomène pour ce qui a trait à la taxe
sur les repas et l'hôtellerie. Dans le livre des crédits, on avait
prévu que pour 1976/77 il serait versé $31 millions aux
municipalités. On avait probablement été exubérant
quant aux conséquences des Jeux olympiques. Cela n'a pas
été $31 millions, cela a été $24 millions. Dans les
deux cas, il s'agit simplement de l'ajustement des chiffres des
réalisations par rapport aux estimations d'il y a un an.
Ceci étant dit, pour ce qui a trait à la question
spécifique posée par le député de Jean-Talon, on
m'informe de certains ajustements qui avaient été faits à
la taxe de vente l'an dernier, en particulier pour l'exportation; on me dit
qu'on n'est pas encore en mesure, à l'heure actuelle, d'établir
les résultats spécifiques de chacune de ces mesures. Nous ne
disposons pas encore des résultats de ce qui a été fait
à ce moment-là.
M. Garneau: Est-ce que techniquement je ne veux pas faire
faire des travaux inutiles ce sera possible de voir, parce que c'est une
opération qui était assez compliquée parce qu'il y avait
des sommes, des masses assez importantes, est-ce que ce serait possible,
techniquement, d'avoir ces chiffres ou si c'est impossible?
M. Parizeau: Avant de répondre, je
préférerais consulter le ministère du Revenu, parce que
c'est vraiment lui qui normalement va faire ces prévisions. Mettons
simplement les choses sur cette base.
M. Garneau: Si le ministre des Finances veut consulter le
ministre du Revenu, on aura peut-être une réponse.
M. Parizeau: Le ministre des Finances est d'accord pour demander
au ministre du Revenu de demander à son ministère de voir si on
peut faire des estimations. Si c'est possible de fournir le renseignement, bien
sûr qu'on le fournira. D'ailleurs, quelle procédure suivrait-on
dans ce cas, seulement mettre tous les membres de la commission au courant ou
le député de Jean-Talon seulement?
M. Garneau: Moi, je m'y intéresse parce que j'y avais
consacré tellement de temps et, à un moment donné, je me
demandais si on ne tirait pas un $0.25 en l'air pour savoir. On m'assurait que
non, mais étant donné le risque qui avait été pris
là-dedans, j'aimerais, uniquement, par satisfaction personnelle,
avoir...
M. Parizeau: Si tant est que le renseignement est disponible on
l'enverra à tous les membres de la commission.
M. Garneau: Tout de même, si c'est compliqué de le
faire par écrit, même si on nous le disait verbalement ou si on
autorisait tout simplement quelqu'un à nous l'expliquer, quant à
moi ce serait suffisant.
M. le Président, je ne sais pas si sur les mêmes questions
il y a d'autres députés qui ont...
M. Russell: M. le Président, je voudrais simplement un
renseignement ici parce qu'on fait une étude économique et on
parle de taxe de vente, actuellement. Je me demande si en faisant cette
étude économique on va étudier la façon de
redistribuer la taxe de vente dans certaines municipalités rurales,
parce que, actuellement, on sait qu'il y a des municipalités rurales qui
ont des surplus d'argent et qui pourraient enlever la taxe foncière
complètement et vivre simplement avec la taxe de vente, tandis qu'il y
en a d'autres qui souffrent énormément, parce qu'elles n'ont pas
de centres comme certaines municipalités qui entourent des villes.
M. Parizeau: Dans cette réforme de la fiscalité
municipale, justement, il y a plusieurs voies qu'on peut suivre. On peut
imaginer que l'on modifie la taxe foncière, le régime de la taxe
foncière selon, par exemple, des voies qui ont été
adoptées en Ontario, qui rendent une partie de la taxe foncière
déductible du revenu imposable, enfin jusqu'à un certain plafond.
Il y a plusieurs formules à examiner de ce
côté-là
On peut envisager de modifier de façon appréciable les
subventions inconditionnelles aux municipalités, ou bien encore on peut
examiner la possibilité de fournir aux municipalités davantage
que 2% de la taxe de vente, monter plus haut que cela. Et, bien sûr, si
on adopte cette troisième voie, si, par exemple posons cela
seulement à titre hypothétique on cherchait à voir
dans quelle condition on peut passer de 2% à 3%, compte tenu de la
formule de péréquation existante, il y a certaines
municipalités rurales qui littéralement rendraient de l'argent
à leurs contribuables.
Evidemment, je ne suis pas en mesure on commence ces
études de voir quelle loi on va adopter, mais il est clair que la
suggestion, la proposition du député de Brome-Missisquoi est
importante. Il faut quand même s'assurer, au cas où on prendrait
la troisième voie, de ne pas en arriver à l'abolition
complète de la taxe foncière dans certaines municipalités
rurales ou même à un remboursement aux contribuables, ce qui
serait vraiment le bout du monde.
M. Russell: M. le Président, je suis satisfait de la
réponse du ministre. J'espère que, d'ici la fin de
l'année, on aura une réponse qui réglera tous ces
problèmes et que tout rentrera dans l'ordre.
M. Parizeau: Cela me paraît trop ambitieux, je suis plus
modeste que cela, M. le Président.
M. Garneau: Est-ce que je pourrais demander au
député de Brome-Missisquoi d'agir comme conciliateur entre
l'Union des municipalités et l'Union des conseils de comté,
là-dessus?
M. Russell: M. le Président, j'ai déjà fait
partie de ce groupe...
M. Parizeau: Une trappe à ours s'ouvre.
M. Garneau: II a assisté à des longs débats
là-dessus.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président, ce n'est pas sur la
taxe de vente, par exemple. M. le Président, j'ai en main ici, un
document de travail qui est relatif aux ententes
fédérales-provinciales, et qui date de 1975. Il y a eu de
nouvelles ententes depuis, en février, je pense. Pensez-vous qu'on
pourrait en avoir prochainement un nouveau. C'est assez important pour nous,
c'est un beau document, qui a été préparé par M.
Goyette, sous-ministre, c'est-à-dire sous la direction de M. Goyette, en
tout cas, cela a été...
M. Parizeau: Vous avez, dans les renseignements
supplémentaires au discours du budget, à la partie 3,
Renseignements supplémentaires, description des arrangements fiscaux
fédéraux-provinciaux 1977, 82. Les nouveaux arrangements fiscaux
sont examinés et décrits dans ce document, avec l'impact que cela
a sur le budget.
Ce que je suggérerais, c'est que vous vous référiez
à ce document aux pages 41 à 43. Cela décrit les nouveaux
arrangements fiscaux tels qu'ils ont été adoptés par le
Parlement fédéral.
M. Goulet: Mais ce n'est pas aussi complet que ce document.
M. Parizeau: Non, sans doute. Mais ce que vous souhaiteriez,
c'est l'équivalent de cela?
M. Garneau: C'est la mise à jour du document qui a
été...
Une Voix: Qu'on le modifie.
M. Goulet: Regardez, M. le Président, moi, je ne suis pas
un actuaire, ni un économiste, mais si on a intégralement un
texte de loi, c'est assez difficile pour un profane ou un gars ordinaire de se
comprendre, tandis que cela est vulgarisé et beaucoup plus facile.
M. Parizeau: Avant de prendre un engagement formel, je vais
seulement demander le genre de ressources que cela prend, mais il est
évident que cela s'examine.
M. Goulet: Si vous me le permettez, M. le Président, il
avait été présenté par le sous-ministre; alors,
probablement que ce dernier pourrait nous le dire. Il ne veut pas en refaire un
autre.
M. Garneau: C'est une grosse "job".
M. Parizeau: M. le Président, d'après les
estimations qu'on me présente en vertu de critères propres
à la fonction publique, cela prendrait à peu près un
demi-homme-année pour faire cette mise à jour. Cela ne me
paraît pas outrageant dans la mesure où je pense que cela peut
être utile à bien du monde.
M. Goulet: Je ne comprends pas.
M. Parizeau: Nous allons mettre cela dans notre programme de
travail.
M. Goulet: Je ne comprends pas, M. le Président, les
réactions de certains hauts fonctionnaires. Je pensais que cela allait
prendre au moins 50 à 100 hommes-année.
M. Parizeau: Non, je voudrais simplement noter que cette
direction des études économiques et fiscales fonctionne avec un
personnel restreint, déjà passablement surchargé par les
commandes que je leur ai passées, si bien que maintenant toute addition
au programme de travail provoque les réactions que vous avez vues;
à force d'en ajouter, on les comprend.
M. Goulet: Vous comprenez, M. le Président, encore cette
année, on est un grand nombre de nouveaux députés. On
arrive là-dedans, excusez l'expression, comme un chien dans un jeu de
quilles. Les gens nous demandent des renseignements. On peut vous les demander,
mais quand on a un document comme cela c'est assez facile de se retrouver. Je
pense que c'est pour le bien de tout le monde. Plus on pourra
bénéficier des subventions du fédéral, en tout cas,
mieux ce sera.
M. Parizeau: Je tenais simplement à utiliser cette
occasion pour faire des compliments à ces fonctionnaires. Vous vous
rendrez compte que, en place, y compris les sténodactylos, ils sont 23.
Ajouter un demi-homme-année, avec le genre de programme que je leur ai
demandé, c'est beaucoup.
M. Goulet: C'est 23 ou 24?
M. Russell: II y a une augmentation de personnel ici.
M. Parizeau: Oui, il y a des postes additionnels prévus.
Je pense que c'est a retenir comme proposition. C'est le genre de document qui
peut
être extraordinairement utile pour tous ceux qui veulent
comprendre les rapports entre Ottawa et Québec.
M. Russell: Est-ce que je dois comprendre du ministre que c'est
une demi-réponse et qu'on peut s'attendre à un demi-livre?
M. Parizeau: Non, nous sommes d'accord et ce sera fait. Vous me
permettrez seulement de ne pas déterminer une date à
l'avance.
M. Russell: Est-ce que ce sera avant le
référendum?
M. Parizeau: Oui, je pense sans risque on peut dire que ce sera
avant le référendum.
M. Goulet: Un demi-homme-année, cela veut dire que, si
vous mettez un homme, cela pourrait prendre environ six mois?
M. Garneau: M. le Président, sur les arrangements
financiers, je suis bien content que la suggestion du député de
Bellechasse soit acceptée, d'autant plus qu'on est au début
d'arrangements fiscaux. Il peut y avoir des modifications en cours de
route.
M. Parizeau: II peut y avoir des modifications en cours de
route.
M. Garneau: Mais pas celles auxquelles le ministre pense; celles
auxquelles moi je pense. Je connais ses préjugés favorables. En
tout état de cause, je pense que ce sera utile puisque cela durera pour
une période de cinq ans. C'est une source d'information
intéressante pour le public en général. Je suis content
que cela puisse avoir servi de document de référence.
Je sais qu'il y a des fonctionnaires qui ont travaillé assez
longuement là-dessus et cela a été une période de
compilation et de recherche. Je pense que la mise à jour va quand
même être un peu plus facile que le recensement qui a dû
être fait de toutes ces ententes qui existaient.
M. Parizeau: Si le député de Jean-Talon me le
permet, advenant qu'en cours de route, dans ces arrangements fiscaux
fédéraux 1977/78, il y ait des changements majeurs, le document
aura quand même une valeur historique certainement.
M. Garneau: Certainement, je suis bien d'accord car les gens vont
regarder cela et vont dire: Maudit, qu'on était bien dans ce
temps-là.
Personnellement, sur la question des arrangements financiers, je n'ai
pas de question particulière, étant donné que les
informations qui ont déjà été transmises par le
ministre sont à l'effet qu'en Chambre, c'est pas mal dans le même
ordre d'idées qui avaient été négociées dans
le passé.
S'il n'y a pas d'autres questions, je voudrais revenir aux
prévisions de revenus. Le ministre nous donne, dans son discours sur le
budget, à la page 60, des revenus autonomes en croissance de 19% par
rapport à ceux de 1976/77, lesquels étaient un taux de croissance
de 17% par rapport à l'année précédente.
Je voudrais savoir sur quoi le ministre s'appuie pour évaluer un
taux de croissance de cet ordre de grandeur qui m'apparaît très
optimiste. Dans ses chiffres du discours sur le budget, il nous donne un taux
de croissance des richesses collectives québécoises de l'ordre de
10,5%, ce qui donne un taux d'élasticité assez
élevé par rapport à son taux de croissance de revenu
autonome. Je comprends qu'il y a des augmentations de taxes et certains
ajustements qui ont été faits d'une année par rapport
à l'autre dans l'impôt sur le revenu, et étant donné
qu'il n'y a pas de modifications cette année, il n'y a pas de baisse
d'impôt sur le revenu. Mais je trouve assez optimiste ce taux de
croissance de 19%. Est-ce que le ministre pourrait nous redire sa confiance de
voir se réaliser, dans l'année 1977/78, des revenus autonomes de
l'ordre de $8 255 000 000? Des prévisions qui avaient été
faites, il y a évidemment un certain nombre de mois, nous donnaient
à ce moment des taux de croissance du produit intérieur brut de
l'ordre de 12%, qui se trouve avoir été ramené à
10,5% et le taux de croissance des revenus est plus élevé que ce
que j'avais dans le temps. J'aimerais cela avoir les commentaires du ministre
là-dessus.
M. Parizeau: Les revenus autonomes sont projetés en
1977/78 comme étant en hausse sur l'année
précédente de $1 350 000 000, et de là vient la question
que cela apparaît, par rapport à une base de $6 900 000 000, un
accroissement considérable. Je ramènerai le député
de Jean-Talon à la page 32 où il apparaît clairement que
l'accroissement normal de ces ressources autonomes, en réponse à
une augmentation du produit national brut, est de $985 millions seulement.
Tout le reste consiste en ajustements de divers ordres il y en a
sept ou huit qui ont trait aussi bien à l'application je
vais essayer de schématiser un peu de la loi des arrangements
fiscaux du gouvernement fédéral qui nous fait perdre...
M. Garneau: ... des revenus autonomes seulement.
M. Parizeau: Oui, des revenus autonomes. C'est ce que vous
avez.
M. Garneau: Oui, mais c'est parce que je ne voudrais pas rentrer
dans les arrangements fiscaux et les transferts du gouvernement
fédéral.
M. Parizeau: Non, je comprends mais vous avez une série
d'ajustements. Commencez par la page 32, l'accroissement normal, ce qui
correspond au phénomène de l'élasticité. C'est 985.
Tout le reste, ce sont des ajustements. Si on veut voir de combien
s'accroissent les revenus autonomes en réponse à l'augmentation
de la production, c'est 985 qu'il faut prendre.
M. Garneau: Je comprends tous ces arrangements, mais si les taux
de croissance des revenus à 19%, 2% de plus que l'année
précédente, alors que le taux de croissance de la richesse
collective semble être plus bas, je me demande s'il n'y a pas là
quand même soit un optimisme beaucoup trop grand de la part du
ministre.
Ou encore il y aurait eu des possibilités de baisser ce taux de
croissance pour des modifications fiscales, mais cela me paraît
extrêmement exagéré, et j'ai hâte de voir les
premiers rapports trimestriels. Ce sera ma deuxième question,
là-dessus, parce que le ministre s'est engagé à
déposer des rapports trimestriels sur l'évolution des revenus et
des dépenses de la province. A quel moment ce premier rapport sera-t-il
déposé?
M. Parizeau: En juillet.
M. Garneau: En juillet, et est-ce que le rapport fera état
des sources de revenu de la même façon qu'on le retrouve à
la page 60, ou s'il y aura uniquement des grands agrégats qui donneront
peut-être $10 985 milliards ou si on l'aura par sources?
M. Parizeau: On fera le mieux possible.
M. Garneau: C'est quoi, l'objectif visé, est-ce que
c'est...
M. Parizeau: L'objectif, ce serait d'en arriver très
rapidement dans ces états trimestriels à une ventilation aussi
proche de celle du discours du budget que possible. Que du premier coup, au
premier trimestre, on y arrive? Il y a une période de rodage
inévitable. Je voudrais tout simplement dire ceci; si l'on tient compte
seulement de $985 millions d'augmentation des ressources propres, des revenus
autonomes du gouvernement, cela fait une augmentation de 14%, n'est-ce pas, et
non pas 19%?
M. Garneau: Quand on fait le calcul de 14,2%, quels sont les
ajustements qui devraient être apportés à l'année de
base 1976/77 pour les placer sur la même base comparative par rapport aux
modifications qui ont été faites quant à l'année
précédente? Est-il juste de comparer ces deux chiffres,
c'est-à-dire l'augmentation défalquée des ajustements dont
parle le ministre à la page 32, et appliquer le taux de croissance
à $6 905 000 000? Là aussi, il y a des ajustements qui
étaient dus aux modifications fiscales de telle sorte que, si on tient
compte des modifications en 1977/78 et qu'on n'en tient pas compte en 1976/77,
on se trouve à établir un taux de croissance qui ne me
paraît pas tout à fait utilisable, comme fin de comparaison.
M. Parizeau: Ah! Non. Entendons-nous! Le chiffre de $6 905 000
000 est une entrée de fonds. On peut partir de là et dire que les
projections de revenus ont été construites en fonction de
l'augmentation du produit national brut. Cela donne 14% d'augmentation. D'autre
part, on procède à toute une série d'ajustements dont la
liste est apportée à la page 32 et cela donne 19%, et l'effet
normal du produit national brut s'applique au niveau de base de 1976/77. Donc,
cela veut dire que 1976/77, comment cela se compare-t-il à 1975/76?
Il faudrait faire des ajustements pour l'année 1976/77. Si on
voulait savoir comment l'année 1976/77 se compare à
l'année précédente, il faudrait en faire à nouveau,
c'est clair.
M. Garneau: Oui, mais c'est pour cela que je dis que le taux de
14% dont parle le ministre n'est pas un taux qui m'impressionne à la
première vue parce que nous apportons des corrections à 1977/78,
et nous appliquons ce taux à une année de base 1976/77, qui n'est
pas nécessairement comparable, mais on va attendre l'évolution
des revenus parce que, au fur et à mesure que les mois vont passer, on
verra si l'optimisme du ministre se réalisera.
M. Parizeau: Optimiste ou, simplement, s'il était
réaliste.
M. Garneau: Si le ministre a raison, on dira qu'il aura
été réaliste; s'il n'a pas raison, on dira qu'il a
été optimiste.
M. Parizeau: Voilà, et, si cela dépasse, on dira
qu'il a été pessimiste.
M. Garneau: Qu'il a été pessimiste.
M. Parizeau: Ces choses se déterminent toujours
après.
M. Garneau: C'est juste, M. le Président. M. Parizeau:
Ah! oui.
M. Garneau: C'est un peu plus facile après, c'est
sûr mais, à ce moment-là, tout le monde est au courant. Je
trouve personnellement ce chiffre optimiste, et on attendra pour voir qui a
raison, qui a tort.
M. le Président, dans l'ensemble des autres parties du revenu, je
voudrais revenir à la taxe de vente. Compte tenu de la baisse qui a eu
lieu dans les prévisions de l'an dernier et du fait que le taux de
croissance de l'économie est quand même plus bas que ce qui
était prévu en milieu donné l'année passée,
est-ce que, là aussi, un taux de croissance de 13,5%, le taux de
croissance de la taxe de vente en 1977/78, n'est pas un taux qui a lieu de
surprendre?
Est-ce que le ministre, là aussi, est sûr ou est
réaliste il se qualifie lui-même de réaliste
ou s'il n'a pas eu tendance à arrondir certains chiffres comme dans les
prévisions de la taxe de vente?
M. Parizeau: L'augmentation de la taxe de vente prévue est
de $185 millions?
M. Garneau: ...5%.
M. Parizeau: Ce qui fait bien $185 millions. Je pense que c'est
cela. Oui. Il faut donc soustraire, pour mettre cela sur la même base que
l'année dernière, la taxation sur les vêtements d'enfants
compensée par les allocations familiales. Enlevons une trentaine de
millions, 32 millions, cela me ramène à $153 millions. Cela fait
une hausse de 11,2% et non pas de 13%. L'année précédente,
l'augmentation a été de $162 millions.
M. Garneau: 13%.
M. Parizeau: Soit 13%, n'est-ce pas que c'est très
conservateur, mon machin? Au lieu de 13% l'an dernier, je mets 11,2%,
c'est-à-dire que j'envisage de toute façon là-dedans une
baisse du rythme d'augmentation.
M. Garneau: Quelle est la croissance prévue des ventes au
détail pour l'année 1977/78 sur laquelle le ministre s'est
appuyé?
M. Parizeau: 10,1%.
M. Garneau: Ce sont les données sur lesquelles il s'est
appuyé pour...
M. Parizeau: Et qui apparaissent dans le discours du budget.
M. Garneau: Je parle de l'augmentation de la taxe des ventes au
détail à 10,1%.
M. Parizeau: Oui.
M. Garneau: C'est cela que vous me mentionnez?
M. Parizeau: Page 8 du discours du budget.
M. Garneau: II y a des bouts, en tout cas, que je ne comprends
pas, M. le Président. Dans les données...
M. Parizeau: Nous sommes là pour cela.
M. Garneau: Dans les données qui nous avaient
été fournies c'est probablement la première et la
dernière année que j'ai ces chiffres pour faire l'étude
comparative de vos prévisions, la personne qui est à votre gauche
en savait quelque chose on donnait, à ce moment, un taux de
croissance des ventes au détail prévu de 9,8% alors que le taux
de croissance de la richesse collective était de 12%. Les nouveaux
chiffres indiquent un taux de croissance de la richesse collective de 10,5% et
des ventes au détail de 10,1% au lieu de 9,8%. Quels sont les facteurs
qui ont fait varier cela, d'un côté à la baisse et de
l'autre côté à la hausse? Evidemment, ce sont des documents
que le ministère possède, puisque ce sont les copies des chiffres
qui m'ont été fournis par le même service. Si les deux
avaient été dans la même direction, j'aurais compris
davantage, mais comme il n'y a pas coïncidence, je me demandais quelles
étaient les raisons qui expliquaient ces changements.
M. Parizeau: M. le Président, il y a de telles choses que
des cycles dans la consommation de certains biens durables qui
établissent, chaque année, une différence entre le rythme
de progression de la production nationale, du revenu personnel et des ventes au
détail. Des cycles bien connus dans lequel l'automobile, en particulier,
joue un rôle important. C'est en fonction non pas seulement, comment
dire, de l'équilibre entre des grosses masses comme celles-là,
mais de l'analyse de leurs composantes qu'on arrive à faire des
projections de cet ordre. Il est évident que les augmentations de biens
durables et non durables sont plus faciles et beaucoup plus
régulières, mais quand on passe à la consommation
d'automobiles, à la vente au détail d'automobiles, cela se
promène. Il n'y a aucune espèce de raison, pas la moindre, pour
laquelle l'augmentation, encore une fois, du produit national brut, du revenu
personnel et des ventes au détail devraient, une année suivant
l'autre, évoluer exactement au même rythme. Evidemment, il faut
quand même qu'il y ait un certain rapport entre les deux. Si le produit
national brut augmente de 10%, les ventes au détail ne vont pas
augmenter de 6% ou augmenter de 8%, mais il n'y a aucune raison pour laquelle
ces deux chiffres doivent être collés l'un sur l'autre ou les deux
pourcentages d'augmentation doivent évoluer de façon absolument
parallèle.
M. Garneau: Je n'ai pas mentionné que les deux chiffres
devaient nécessairement être en parallèle. Ce que je
voulais dire, c'est que les prévisions au niveau économique, qui
avaient été faites au mois d'août, donnaient un taux de
croissance de la richesse collective de 12% et un taux de croissance des ventes
au détail de 9,8%. Dans son discours sur le budget, le ministre a
ramené à, 10,5% le produit intérieur brut et, pour ce qui
est des ventes au détail, elles sont de 10,1%. C'est cela que je ne
m'explique pas, la variation qu'il y a entre deux prévisions faites
à l'intérieur de sept ou huit mois, six mois même.
M. Parizeau: C'est que la situation, dans ces sept ou huit mois,
a bougrement évolué.
M. Garneau: Vous pensez que les gens étant moins riches
vont consommer davantage?
M. Parizeau: Non. J'ai surtout pensé qu'à cause de
l'effet considérable des forfaitaires accordés dans les secteurs
public et parapublic à la suite des conventions, il y avait un impact
sur les achats qui n'était pas négligeable. Il ne faut pas
oublier qu'il y a des transferts considérables d'argent qui sont sortis
du secteur public pour aller dans les revenus personnels à la même
époque.
M. Garneau: Oui, mais qui ont été versés
quand même durant l'exercice financier qui est passé. Est-ce qu'il
reste encore des sommes d'argent à verser à ce niveau?
M. Parizeau: Non. Si je me souviens bien, les dernières
augmentations massives de forfaitaires ont été versées en
décembre dans l'enseignement.
M. Garneau: Cela affectait l'année
précédente. Il y a une partie qui affecte l'année
1977/78.
M. Parizeau: Non, cela n'affecte pas l'année
précédente; cela n'a pas augmenté les ventes au
détail rétroactivement, cela. Cela les augmente en avant.
M. Garneau: Non, ce que je veux dire, c'est que, si cela a
été versé en 1976, normalement cela aurait affecté
la consommation de 1976 beaucoup plus que celle de 1977, à moins
qu'elles n'aient été versées dans les derniers jours de
l'année.
M. Parizeau: Vous dépensez cela tout d'un coup?
M. Garneau: Si cela a été versé au mois de
décembre, je suis bien d'accord pour reconnaître qu'il y en a une
partie qui va chevaucher sur les deux années.
Parce que, si les sommes ont été versées en
décembre et qu'on parle des achats qui influencent la rentrée de
taxe de vente pour l'année commençant le 1er avril 1977,
là il y a quelques mois qui ont couru.
M. Parizeau: D'autre part, il y a eu un mouvement, encore une
fois, sur les biens durables, sur les achats d'autos en particulier qui doit
bien se refléter quelque part.
M. Garneau: J'enregistre les commentaires du ministre et on va
voir l'évolution de la situation.
M. Parizeau: Et surtout, on va le voir, cette fois-ci, tous les
trimestres.
M. Garneau: C'est une chose intéressante.
M. Parizeau: Comment intéressante! Louable, M. le
Président, et nouvelle.
M. Garneau: Nouvelle, sauf que, dans les documents du
ministère, j'imagine que le sous-ministre pourra faire état de la
lettre que je lui avais envoyée, quelque temps avant... J'ignorais
même le résultat des élections, quand je lui ai
demandé d'analyser les possibilités et voir quels seraient les
mécanismes à suivre pour qu'un tel document puisse être
préparé. Je suis content que l'actuel ministre ait suivi ces
recommandations et que des travaux aient abouti à une publication en
juillet. Sans vouloir prendre la paternité, je veux dire quand
même que c'est une chose qui était sur le métier et je suis
bien content que le ministre l'ait continuée.
M. Parizeau: Malheureusement la paternité, je dois le dire
à ma courte honte, est ontarienne. C'est en voyant comment le document
de l'Ontario était construit que j'ai demandé qu'on fasse
à peu près la même chose. Je ne devrais peut-être pas
dire cela.
M. Russell: Vous n'avez pas copié cela à Ottawa,
toujours?
M. Parizeau: Non, je n'irai pas jusque-là, mais
jusqu'à Toronto.
M. Garneau: Sur les prévisions de revenus, je vais
attendre de voir les chiffres qui vont sortir. M. le Président, dans ces
chiffres, pour n'induire personne en erreur, je crois qu'il serait
peut-être important... Parce qu'il aurait peut-être une tentation
pour ceux qui vont utiliser ces documents de dire: Bien voici, il y a trois
mois, la taxe de vente a prévu $1 550 000 000, donc je divise par quatre
et cela devrait être le montant qui rentre durant le premier trimestre.
Je sais fort bien de quelle façon l'Opposition ou d'autres pourraient
utiliser ces chiffres s'ils n'étaient pas mis en parallèle de la
tradition des rentrées fiscales. Sans vouloir en faire une
recommandation au ministre, pour éviter les interprétations qui
pourraient attirer plus de problèmes que d'autre chose, ce serait
peut-être une suggestion ou une chose à regarder que de le faire
en parallèle des habitudes de rentrées fiscales pour
éviter des questions ou des interprétations qui seraient
complètement injustes par rapport aux rentrées.
M. Parizeau: Je suis parfaitement d'accord avec le
député de Jean-Talon. Il y a des gens qui, comme disait Bernard
Shaw, résistent à tout sauf à la tentation.
M. Garneau: Alors, ne tentez jamais l'Opposition. Des fois,
l'Opposition ne résiste pas à la tentation. D'ailleurs, c'est ce
que je fais depuis tout à l'heure, je résiste un peu, je
pèse mes mots et je ne veux pas entrer dans trop de détails
laissant le temps faire son oeuvre.
Quant à moi, je n'ai pas d'autres questions à poser
là-dessus, sauf que j'aimerais savoir, sur le programme 1, si les
rumeurs à l'effet que le directeur des études économiques
et fiscales soit muté rumeurs qui circulaient lors de l'analyse
des crédits du ministère des Richesses naturelles dans sa section
de l'énergie alors que nous siégions ici même, à
cette table sont véridiques. Le ministre pourrait-il nous
indiquer, d'abord, si c'est vrai, si les rumeurs sont fondées? Dans
l'affirmative, est-ce que le successeur du sous-ministre responsable des
études économiques et fiscales a été officiellement
désigné ou pas encore?
M. Parizeau: Dans des domaines comme celui-là, des choses
seront annoncées en temps utile. Je voudrais, d'autre part, indiquer que
d'aucune espèce de façon je ne voudrais annoncer à
l'avance des nominations qui sont faites par arrêté en conseil et
qui ne relèvent pas de moi. Il ne dépend pas de moi de donner des
indications à l'avance. Je retiens simplement un mot qu'a utilisé
le député de Jean-Talon; lorsqu'il parle de mutation, il y a
d'autres hypothèses qu'il pourrait envisager comme, par exemple, une
promotion.
M. Garneau: Mais une mutation n'élimine pas la
promotion.
M. Parizeau: Non, mais cela la complète.
M. Garneau: Oui, mais je ne veux pas jouer au chat et à la
souris. Je ne veux pas non plus faire des chinoiseries. Au moment où on
a étudié les crédits du ministère des Richesses
naturelles, à la section de l'énergie, le ministre a
indiqué les intentions de son gouvernement là-dedans et les noms
ont circulé, pas au micro, mais en dehors du micro, et je voulais tout
simplement savoir si cette chose était fondée ou pas.
M. Parizeau: Tout cela sera annoncé en temps utile.
M. Russell: C'est un ministre énergique.
M. Garneau: Pardon?
M. Russell: C'est un ministre énergique.
M. Garneau: Je ne sais pas s'il est énergique, mais en
tout cas, ce sont là les rumeurs qui circulaient. Le ministre ne veut
pas faire de commentaires. Quant à moi, c'est fini pour le programme
1.
M. Parizeau: "Proper channels".
M. Russell: Ce n'est pas tellement une question, c'est simplement
quelques remarques. Naturellement, j'ai le même pessimisme que le
député de Jean-Talon en ce qui concerne les prédictions du
ministre des Finances. Nous espérons tous qu'il aura raison...
M. Parizeau: Moi aussi.
M. Russell: ... et qu'on ne se ramassera pas, à la fin de
l'année, avec une surprise. Ce qui nous déçoit, par
contre, c'est qu'il semble y avoir un manque de contrôle sur les
dépenses dans des domaines comme l'éducation, les affaires
sociales et l'administration de la chose publique. Lorsqu'une province a un
budget de $10 milliards dans des ministères non productifs, je pense
qu'une commission comme celle-ci devrait peut-être être
augmentée afin d'étudier et de trouver une façon de
réduire ces dépenses ou de faire un transfert dans d'autres
ministères qui seraient plus rentables économiquement pour la
province.
Je me demande si ce sera une mission que ce ministère aura en
particulier, afin qu'à la présentation des prochains
crédits on ait un meilleur équilibre des dépenses du
gouvernement.
M. Parizeau: Non, cette question, on pourrait l'aborder tout
à l'heure en examinant les crédits du Conseil du
trésor.
M. Russell: Ah, bon!
M. Parizeau: C'est vraiment du Conseil du trésor que cela
relève.
M. Russell: C'est parce que ce sont des études de
politiques économiques et fiscales. Comme il s'agit de l'économie
de la province qui est affectée par ces fonds mal placés, mal
orientés, peut- être que la commission pourrait examiner cela et
conseiller le ministre de demander à ses collègues d'essayer de
couper un peu et d'en laisser transférer dans d'autres ministères
qui sont plus rentables économiquement que ceux-là.
M. Parizeau: En pratique, ce type d'études a toujours
été concentré au Conseil du trésor. Comme nous
devons voir les crédits du Conseil du trésor tout de suite
après ceux des Finances, je suggérerais qu'on laisse cela pour
tout à l'heure. De toute façon, on passe le Conseil du
trésor juste après les Finances.
M. Russell: D'accord, c'est simplement par mesure de
précaution. Si cela avait été à ce
ministère, j'aurais fait une motion pour augmenter le personnel de 29
à 50 pour travailler réellement dans ce domaine. Comme on le fera
au Conseil du trésor...
M. Garneau: Peut-être que je pourrais suggérer au
député que plutôt d'augmenter le personnel ici, de le
baisser ailleurs.
M. Parizeau: Oui, il y a peut-être des coupures
ailleurs.
Le Président (M. Clair): II n'y a pas d'autres
intervenants? Le programme 1 serait-il adopté?
M. Garneau: Adopté.
Gestion de la caisse et de la dette publique
Le Président (M. Clair): Adopté. Programme 2, M. le
ministre.
M. Parizeau: J'ai eu l'occasion de décrire les
opérations de ce service, là nous en sommes essentiellement aux
questions, M. le Président.
M. Garneau: Au niveau de la gestion de la caisse, M. le
Président, est-ce qu'il serait possible de connaître quels
étaient les placements à court terme au ministère des
Finances dans la gestion de la caisse? Est-ce que les chiffres sont
donnés le 1er du mois, je n'ai pas d'objection à demander le 1er
ou le 15 du mois, je pensais le 15...
M. Parizeau: La fin du mois.
M. Garneau: Le point de comparaison je l'avais c'est avec le 15,
mais est-ce que vous les avez au 15 du mois ou pas? Au 30 décembre?
M. Parizeau: Nous avons cela fin du mois. M. Garneau: Au 30
décembre 1976?
M. Parizeau: Au 30 décembre 1976, $43 millions.
M. Garneau: $43 millions. Au 31 janvier?
M. Parizeau: $311 millions, j'arrondis au million, $309
millions.
M. Garneau: Et passons quelques mois, au 31 mars?
M. Parizeau: $390 millions.
M. Garneau: Vous aviez $303 millions au 31 janvier.
M. Parizeau: Non, $43 millions en décembre, $309 millions
en janvier, $112 millions en février, $390 millions en mars.
M. Garneau: M. le Président, concernant la gestion de la
dette, la seule question que j'ai à poser, est-ce que ce serait possible
d'avoir le tableau des remboursements des emprunts de la province de
Québec, par année? Pour les années à venir? C'est
le prospectus du dernier emprunt de l'Hydro?
M. Parizeau: Le dernier emprunt de l'Hydro. Alors on descend,
c'est à chaque année?
M. Garneau: Comme c'est un document public, est-ce qu'il serait
possible d'en avoir une copie? Cela réglerait le problème.
M. Parizeau: Ah oui, bien sûr.
M. Garneau: Je n'ai pas besoin de l'avoir tout de suite. Si le
ministre peut nous assurer de nous le remettre, je n'ai pas d'objection
à attendre.
M. Parizeau: On va en faire faire une photocopie tout de suite.
Est-ce que tout le monde veut...? On en distribuera à tous les...
M. Garneau: Ce que j'aimerais c'est d'avoir le prospectus
aussi.
M. Parizeau: Tout le prospectus. M. Garneau: Oui.
M. Parizeau: On peut remettre celui-là tout de suite au
président et puis...
M. Garneau: Je ne sais pas si la commission garde des documents
ici?
M. Parizeau: Non, on peut le remettre au député de
Jean-Talon, est-ce qu'il y en a...
Le Président (M. Clair): Ce n'est pas un
dépôt, c'est pour les fins...
M. Parizeau: Est-ce que d'autres des membres de la commission
souhaiteraient recevoir une copie?
M. Russell: Si cela va par demande, M. le Président, j'en
fais une.
M. Parizeau: Non, non, mais s'il y en a plus de deux ou trois, on
va en distribuer à tout le monde.
M. Garneau: II est bien joli, bien beau, mais ce n'est pas
celui-là que je pensais avoir; c'est le dernier qui a été
émis celui-là?
M. Parizeau: C'est le dernier public américain.
M. Garneau: Le dernier emprunt de l'Hydro sur le marché
canadien ne donne pas lieu à un prospectus?
M. Parizeau: Effectivement, mais on ne l'a pas avec nous.
M. Garneau: Celui-là je l'ai déjà, c'est
celui qui est relié au dernier emprunt de l'Hydro que j'aimerais
avoir.
M. Parizeau: Lorsqu'il sera... On en fera envoyer une copie
à chaque membre de la commission. Nous n'en avons reçu que
quelques exemplaires; dès qu'on en aura un peu davantage on en
distribuera à tout le monde, à tous les membres de la commission.
Mais c'est entendu que ce sera le prospectus de la plus récente
émission des $100 millions canadiens de l'Hydro.
M. Garneau: De l'Hydro-Québec.
M. Parizeau: Dans lequel on trouve le tableau que demandait le
député de Jean-Talon.
M. Garneau: Quant à moi, M. le Président, je n'ai
pas d'autres questions au programme 2, je serais prêt à
l'adopter.
Le Président (M. Clair): Le programme 2 sera-t-il
adopté? Adopté.
Le programme 3 a déjà été adopté, ce
qui nous amène donc au programme 4. M. le ministre des Finances.
Fonds de suppléance
M. Garneau: Personnellement, je n'ai pas de questions à
poser sur le programme 4.
M. Russell: M. le Président, je pourrais peut-être
revenir sur ma question et le ministre pourrait nous expliquer la
manière dont il procédera pour réduire les crédits
qui sont utilisés par le ministère des Affaires sociales, le
ministère de l'Education, et nous indiquer quel sera le pourcentage
qu'il va transférer dans des ministères plutôt à
nature économique.
M. Parizeau: Cela viendra. J'assure M. le député de
Brome-Missisquoi que dès que nous aborderons le Conseil du
trésor, on va y arriver. Ce n'est pas de la mauvaise volonté de
ma part, mais c'est qu'on sauve quelques minutes.
M. Michaud: La prochaine commission parlementaire va
étudier les crédits du Conseil du trésor.
M. Parizeau: Nous pouvons poursuivre tout de suite avec le
Conseil du trésor.
Le Président (M. Clair): Effectivement, si nous adoptons
immédiatement le programme 4, sauf erreur, le mandat de la commission
est également d'étudier, immédiatement après les
crédits du ministère des Finances, les crédits du Conseil
du trésor, ce que nous allons faire immédiatement après si
nous adoptons le programme 4, puisque c'est le dernier programme à
adopter.
M. Parizeau: II est coutumier que l'on examine les crédits
du Conseil du trésor à la même séance ou dans la
même commission.
Le Président (M. Clair): Alors le programme 4 est-il
adopté?
M. Garneau: Adopté.
Conseil du trésor
Le Président (M. Clair): Nous continuerons donc avec
l'étude des crédits du Conseil du trésor, à la page
9-1. Il ne comporte qu'un seul programme, le programme 1. M. le ministre.
M. Parizeau: Le Conseil du trésor, comme vous le savez
tous, est l'ogre du gouvernement. Il est chargé de s'assurer que tous
les programmes de dépenses sont conformes aux règles
d'administration budgétaire qui ont été établies
par les directives gouvernementales. D'autre part, il a à juger parmi
les moyens possibles pour atteindre un objectif reconnu nécessaire ou
utile par le gouvernement, quel peut être le moyen le plus utile pour y
arriver, et le moins coûteux.
Le Conseil du trésor, contrairement à ce que bien des gens
pensent, n'est pas composé de 3000 ou 4000 fonctionnaires, mais
exactement de 182 personnes. Je dois dire que cela a été une de
mes surprises de constater qu'ils arrivaient à abattre autant de travail
avec si peu de personnel. Il est constitué de quatre
sous-secrétariats qui seraient en somme, dans d'autres
ministères, des directions générales. Il y a celui des
programmes, celui des politiques administratives, un sous-secrétariat de
politique de personnel et de relations de travail et, finalement, celui du
soutien administratif et technique.
Nous avons envisagé, cette année, d'augmenter
considérablement les fonctions du Conseil du trésor pour ce qui a
trait à l'examen et à l'établissement des mandats
préparatoires à la prochaine ronde des négociations de
travail. Il y a là quelque chose à renforcer sur le plan du
personnel et sur le plan des ressources, qui a été accepté
et qui se reflète dans l'élément 3 du programme. Vous
constaterez, en effet, qu'il y a une augmentation d'environ $450 000 dans les
crédits affectés de ce côté.
En outre c'est là que nous revenons aux questions que se
posait le député de Brome-Missisquoi nous avons, cette
année, passé un certain nombre de mois à l'examen des
politiques et de la structure d'informatique à l'intérieur du
gouvernement pour, d'une part, améliorer les techniques de gestion et,
d'autre part, faire en sorte que l'on puisse porter un jugement global sur le
fonctionnement de l'informatique.
Ceci rejoint l'une des interrogations que nous présentait tout
à l'heure le député de Brome-Missisquoi. C'est que l'un
des problèmes majeurs pour essayer de contrôler l'expansion des
dépenses dans certains secteurs, c'est qu'on soit capable d'obtenir les
renseignements dont on a besoin, d'une part, et de les avoir à temps,
d'autre part. Je dois dire que personnellement je ne suis pas très
satisfait de constater à quel point ces services au gouvernement, ou
bien ne disposent pas suffisamment de renseignements d'informatique de gestion
ou bien disposent de certains renseignements, mais avec des délais qui
sont tellement longs qu'à ce moment ils deviennent pratiquement
inutilisables.
Il est clair que cette année nous allons faire un effort
particulier de ce côté. Voilà à peu près ce
que j'avais à dire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Je n'ai pas de question à poser, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Simplement dans ce domaine bien particulier, je crois
qu'il y a une augmentation marquée du personnel. Le ministre a
semblé indiquer que c'était à l'élément 3
que cette augmentation de personnel était devenue nécessaire pour
la gestion et le contrôle des relations de travail. Il me semble y avoir
dans ce domaine un retard marqué par les informations que j'ai dû
recevoir ou les plaintes, si vous voulez, de certaines municipalités,
qui avaient des subventions qui leur étaient dues. Lorsqu'elles
appelaient au ministère, on leur disait: Le CT est parti au
Trésor. Ceci se déroulait à partir du mois de
décembre, mais on a eu connaissance que le CT avait passé
peut-être au début d'avril, quoique le chèque ne soit pas
encore émis. Je ne sais pas si on manque de fonds. Mais je me suis
posé un tas de questions, me demandant si c'était une
enquête publique qui était faite dans le domaine des
municipalités par le Trésor pour retarder des CT ou les montants
dus aux municipalités ou si c'était parce qu'on était
à court de fonds. C'est pour cette raison que je croyais qu'il y avait
peut-être lieu d'étudier plus en profondeur le fonctionnement du
Trésor dans ce domaine en particulier. Je voulais aussi que le ministre
tâche de nous expliquer la façon dont il a l'intention d'apporter
des changements pour modifier un peu les dépenses ou le transfert de
dépenses de la façon que j'ai indiquée tout à
l'heure,
à savoir que les Affaires sociales et l'Education aient moins
d'argent et que les autres ministères en aient un peu plus.
Je pense que, malgré les avances du ministre, ce n'est pas au
Trésor, c'est plutôt au ministère des Finances, lorsqu'il
fait les budgets, de s'assurer que les ministères à nature
économique aient l'argent nécessaire et que les autres soient
refoulés à un tel point qu'ils aient seulement l'argent
nécessaire à dépenser sans en faire d'abus.
C'est tout simplement pour indiquer qu'on rencontre de temps en temps
des gens qui ont été dans l'administration scolaire et qui,
aujourd'hui, sont devenus des administrateurs municipaux et qui nous disent
à haute voix: Si on avait de l'argent dans les affaires municipales
comme on en a dans le domaine scolaire, ce serait une farce d'administrer,
comme conseil municipal. On entend cela dans toute la province. Et plutôt
que de voir un recul des dépenses dans ce domaine, cela augmente chaque
année. Par contre, on se fait dire que la population d'enfants diminue.
Donc, je m'explique mal le manque d'effort dans ce domaine. J'ai
mentionné les Affaires sociales, encore là, je m'explique mal
l'augmentation de crédits qu'on alloue à ce ministère. Il
semble y avoir là un manque total. J'avais compris, au début du
changement de gouvernement, qu'il y aurait une étude en profondeur dans
ce domaine, et lorsque le ministre a déposé ses crédits,
il y avait une augmentation marquée dans ces deux domaines en
particulier.
L'autre domaine qui m'a frappé, c'est que l'administration de la
province coûte au-delà de $2 milliards. C'est rendu assez
sérieux et assez grave. Si on fait une petite division dans la
dépense gouvernementale, actuellement, la province tout simplement, on
est rendu à environ $9 000 par famille de dépenses seulement, au
niveau provincial, sans compter les impôts que nous avons à payer
au gouvernement fédéral, et les impôts municipaux et
scolaires. Donc, je trouve qu'il y a là un déséquilibre et
que le ministre devrait peut-être faire un effort pour essayer de
corriger cette situation.
M. Parizeau: II y a beaucoup d'éléments dans
l'intervention du député de Brome-Missisquoi, M. le
Président, et je vais essayer de les prendre un à un. Si j'en
oublie, je m'en excuse à l'avance, on pourra y revenir.
M. Russell: On pourra y revenir.
M. Parizeau: C'est cela. Commençons d'abord par la
question des retards qu'apporterait le Conseil du trésor au paiement de
certaines dépenses. Il faut bien comprendre que dans beaucoup de
rapports avec le public, une des excuses, en un certain sens, les plus faciles,
c'est de dire que le Conseil du trésor se traîne les pattes. Pour
avoir observé le fonctionnement du Conseil du trésor de
très près, j'assure le député de Brome-Missisquoi
que le Conseil du trésor est étonnamment expédi-tif, mais
il est vrai qu'à certains moments, un Conseil du trésor peut ne
pas être conforme aux procédures établies. Il est vrai
qu'un projet de CT peut donner lieu à des discussions quant à la
pro- position qu'apporte un ministère pour réaliser un objectif
et que l'analyse du Conseil du trésor révèle que quand il
y avait trois façons de se rendre à l'objectif, le
ministère a choisi la plus coûteuse. Qu'est-ce qui se passe?
Qu'est-ce que la saine gestion, à ce moment-là? C'est de prendre
le projet du ministère, de lui renvoyer, en disant: Voudriez-vous nous
dire pourquoi vous ne voulez pas accepter la proposition la moins
coûteuse, ou la façon de faire la moins coûteuse?
Evidemment, cela prend du temps utile parce que cela sauve de l'argent.
Encore une fois, sur le plan du déroulement du fonctionnement au
Conseil du trésor, je suis tout à fait satisfait qu'il n'y ait
vraiment pas de perte de temps. Il peut y avoir des délais, mais ces
délais viennent habituellement du fait que le Conseil du trésor
s'oppose, à la suite d'études des questions sérieuses, sur
la proposition faite par un ministère et, bien sûr, elle peut
avoir des tractations qui, dans certains cas, durent longtemps.
Deuxième chose, il est vrai aussi que, sur le plan de la
préparation du budget, c'est le ministre des Finances qui est
responsable, à l'intérieur, bien sûr, des instructions
qu'il reçoit du cabinet ou du comité des priorités.
Néammoins, pour être en mesure de construire le budget, il faut
avoir des renseignements sur les possibilités de couper à
certains endroits, sur la nécessité de certaines dépenses
par rapport à d'autres, sur la justification ou l'absence de
justification de tel ou tel programme. Or, ce renseignement se trouve au
Conseil du trésor, et c'est dans ce sens où on peut fort bien
et entre nous, j'ai déjà vu passer cela se dire que
parce qu'on n'a pas de renseignements, on va couper de 10% tous les budgets
d'hôpitaux, ou on va couper de 10% tous les budgets de commissions
scolaires. Le résultat, c'est quoi?
Dans le cas des hôpitaux, c'est qu'on coupe à la fois
l'hôpital mal géré et l'hôpital bien
géré. On pénalise celui qui est bien administré et
très souvent, chez le mal administré, on ne va pas en chercher
suffisamment. Dans le cas des commissions scolaires, c'est encore plus risible.
Couper de 10% tout ce que cela donne au bout du compte, c'est que les
commissions scolaires empruntent en banque et là ce n'est plus les
commissions scolaires qui s'adressent au gouvernement en disant: Voulez-vous
nous payer, ce que vous nous devez? C'est la banque Canadienne Nationale, la
Banque Provinciale, parce qu'habituellement cela se ramasse surtout chez ces
deux banques, qui viennent voir le gouvernement en disant: On porte des dettes
de commissions scolaires depuis un an et demi, vous ne pourriez pas nous payer
un peu?
Ces coupures et ces déplacements n'ont de sens qu'à la
condition qu'on ait le renseignement. L'endroit où il y a la plus solide
banque de renseignements au gouvernement, c'est au Conseil du trésor.
C'est dans ce sens que le Conseil du trésor ne doit éviter aucune
espèce d'efforts pour avoir le plus de renseignements possible, les
meilleurs renseignements possible, parce que c'est à partir de cela que
les budgets peuvent être faits.
Quant à déplacer des sommes de l'Education et des Affaires
sociales vers d'autres fonctions gouvernementales, la fonction
économique en particulier, il est évident qu'il y a un certain
nombre de problèmes très sérieux qui se posent. Je vais en
donner quelques-uns, parce que je ne veux pas, quand même, faire le tour
du portrait. On n'est pas aux crédits de l'Education et des Affaires
sociales, mais je veux donner, à titre d'exemple, certains
problèmes qu'on peut avoir à se poser et qu'on ne pouvait, soit
dit en passant, se poser vraiment à fond et complètement, dans la
mesure où on avait quatre mois pour préparer le budget. C'est
vraiment du travail de l'année qui vient.
Exemple: Dans la mesure où le nombre des enfants tombe de 6% par
année dans les commissions scolaires, on a, par la convention collective
et par les instructions budgétaires du gouvernement, une
mécanique qui permet de réduire, avec un décalage, bien
sûr, le nombre des enseignants graduellement. Mais que fait-on à
l'égard des frais fixes des commissions scolaires, du personnel
d'entretien, du personnel de direction, du personnel de gestion, du personnel
administratif et de tous les frais fixes administratifs des commissions
scolaires? Si on ne trouve pas un moyen de voir comment on peut, jusqu'à
un certain point, réduire ces frais fixes, on va arriver en très
peu d'années à une situation tout à fait paradoxale,
où le coût de ces frais fixes par élève va monter
à toute vitesse. Pour être en mesure de savoir ce qu'on fait dans
une situation comme celle-là, il faut ce renseignement dont je parlais
tout à l'heure.
Dans le cas des Affaires sociales, il y a, comme vous le savez, une
foule de programmes de caractère social, dont certains sont totalement
justifiés, dont la preuve n'est plus à faire, dont certains sont
à peine amorcés, par exemple: Un réseau de garderies.
D'autres peuvent être valablement remis en cause pour se demander si
vraiment ils remplissent la fonction sociale qu'on leur avait donnée au
départ. Il est évident qu'il y a un examen de chacun des
programmes aux Affaires sociales Dieu sait s'il y en a en se
disant: Est-ce que cela remplit toujours la fonction qu'on lui avait
affectée au départ, ou bien si vraiment cela a changé de
nature ou d'utilité? Là encore, il faut du renseignement. C'est
dans ce sens où, je crois, il y a moyen de faire en sorte que le rythme
de progression, dans ces domaines, soit certainement moins rapide que ce qu'on
trouverait dans d'autres secteurs, ou bien qui ont été
négligés dans les années passées, ou bien qui, de
toute façon, demandent maintenant des fonds considérables,
singulièrement le domaine municipal dont le député de
Brome-Missisquoi parlait.
Il est évident que les années soixante-dix ce sont les
années des grosses dépenses municipales. Qu'on le veuille ou non,
les espèces de priorités qu'on a placées sur
l'éducation et les services sociaux dans les années soixante,
dans les années soixante-dix, c'est dans le domaine municipal qu'on va
les trouver. Encore faut-il qu'on puisse déplacer les équilibres,
mais je ne vais pas plus loin que cela pour le moment, parce que, tant qu'on
n'aura pas tous les renseignements qu'il faut, on fera de l'approximation. Cela
m'apparait aberrant de chercher à organiser un budget en disant: Je ne
sais pas très bien où je vais, mais je vais couper de 10%
partout. Ce n'est pas une façon de procéder. C'est dans ce sens
où le renseignement dont je parlais tout à l'heure est essentiel.
Encore une fois, il est au Trésor, ce renseignement, il faut qu'il soit
au Trésor.
M. Russell: M. le Président, simplement, non pas pour
dramatiser, mais pour faire un schéma de ma pensée. Je peux
difficilement comprendre qu'une municipalité rurale qui a une subvention
de $20 000 à $26 000 par année, sur cinq ans, occasionne
tellement de retard pour passer un CT sur lequel on applique un contrôle
très rigide et on l'examine à la loupe.
Lorsqu'il s'agit de financer des programmes du ministère des
Affaires sociales sur lesquels le Conseil du trésor n'exerce aucun
contrôle, où on semble marcher en grande, je ne sais pas si cela
passe où cela a l'habitude de passer, mais ça marche. Je sais
qu'il y a des organismes, comme le disait le ministre tout à l'heure, je
pourrais lui en nommer d'autres, les CLSC et les autres, où on semble
avoir la dépense facile. Je regarde autour ces gens agir et je me
demande souvent quels services ils rendent. Par contre cela coûte des
milliers et des milliers de dollars aux contribuables. Le Conseil du
trésor, là-dessus, n'a aucun contrôle. Quel est l'effort
que fait le ministre pour contrôler ces dépenses?
M. Parizeau: Vous parlez des dépenses comme celles des
CLSC?
M. Russell: Oui, on dépense...
M. Parizeau: Non seulement il y a des contrôles, mais il y
a, sur le plan des discussions budgétaires avec le ministère des
Affaires sociales, des contrôles très précis et, remarquez
bien, tout aussi précis que ceux qu'on trouve dans le domaine municipal.
J'admettrais avec vous une chose dans le domaine municipal, et c'est cela qui
semble établir un tel déséquilibre entre les questions
municipales d'une part et d'autres champs de dépenses d'autre part.
Parce que je vois très bien ce que veut dire le député de
Brome-Missisquoi. Je suis un député rural comme lui, même
si je suis urbain de nature. Il est évident qu'à l'heure actuelle
la municipalité qui veut dépenser des sommes, par exemple, pour
des travaux d'égout, doit passer par une série de
contrôles.
Il y a, bien sûr, la Commission municipale de Québec et le
ministère des Affaires municipales, il y a l'environnement.
L'environnement qui est aux prises avec des problèmes dont certains
sont, à certains moments, presque insolubles. Quand une rivière
est complètement polluée et qu'un nouveau développement se
fait dans une municipalité rurale puis on veut y construire 400 maisons,
est-ce qu'on autorise que l'égout aille dans la rivière lui
aussi, alors que l'égout collecteur régional n'est pas
construit, alors que l'usine d'épuration est encore en dessin? Qu'est-ce
qu'on fait? C'est là où il y a des discussions qui durent
très longtemps souvent, entre l'environnement et la municipalité
en question. Ce n'est pas le Conseil du trésor qui bloque cela. Il faut
que la municipalité passe par toute cette chaîne d'autorisations.
J'admets volontiers avec le député de Brome-Missisquoi que cela,
à l'heure actuelle, dans le domaine municipal, est un problème et
un problème sérieux. D'un autre côté on ne peut pas
supprimer le contrôle de la Commission municipale de Québec.
Après tout, ce sont des règles de prudence qu'elle applique. Elle
veut savoir si la municipalité n'est pas trop endettée avant de
faire un nouveau règlement d'emprunt. On ne peut quand même pas
refuser au service de protection de l'environnement d'examiner où vont
aller les égouts. Il est clair que le contrôle du Conseil du
trésor doit se faire. Mais le problème, à l'heure
actuelle, pour beaucoup de ces dépenses de caractère municipal,
vient de ceci: Comment peut-on faire pour que chaque organisme réagisse
suffisamment rapidement? J'admets que c'est un problème qu'il faut
régler et qui, à l'heure actuelle, entraîne des processus
qui sont assez lents. Ce n'est pas que le calcul est plus sévère
ou moins sévère; c'est qu'il y a plus d'instances dedans, il y a
plus de marches dans l'escalier. Ce n'est pas la question de la
sévérité, c'est le nombre de marches.
M. Russell: Ce que j'aimerais que le ministre nous explique,
c'est de quelle façon il contrôle les déboursés des
affaires sociales dans des régions rurales comme le comté de
Brome-Missisquoi? Quel contrôle a le Conseil du trésor sur ces
dépenses?
M. Parizeau: Le Conseil du trésor, là-dessus,
examine les normes qui vont s'appliquer à ce type de
déboursés, mais n'établit pas de contrôle sur chaque
personne qui reçoit des déboursés; cela, c'est le
ministère des Affaires sociales qui le fait. Dans ce sens, lorsque, par
exemple, les dépenses deviennent, dans un secteur, pour un groupe
d'assistés sociaux, très élevées ou montent
très vite, le Conseil du trésor pose des questions. Il faut
d'abord se rendre compte du phénomène avant de commencer à
demander au ministère pourquoi cela a monté. Mais le Conseil du
trésor n'exerce pas de contrôle, évidemment, sur chacun de
ceux qui reçoivent le chèque de bien-être social. Ces
contrôles, c'est le ministère des Affaires sociales qui les
exerce.
M. Russell: Cela ne clarifie pas la question. Je vais être
encore plus précis. J'aimerais que ce soit clair. Ce n'est pas seulement
pour moi; la commission doit être renseignée. Si un assisté
social veut déménager, il se présente à l'office et
il obtient un paiement pour un déménagement; qui contrôle
le montant qui doit être déboursé, la justification du
montant, si ce n'est l'officier du bureau?
M. Parizeau: Le contrôle se fait aux Finances et non pas au
Conseil du trésor. Le Conseil du trésor n'administre pas les
paiements.
M. Russell: Non, ce sont des déboursés qui se font
sur place.
M. Parizeau: Non, je comprends. Ce que je veux dire, c'est que
les autorisations d'émettre les chèques sont faites au
ministère des Finances; ce n'est pas le Conseil du trésor qui
s'occupe de cela.
M. Russell: D'accord. C'est ce que je voulais expliquer au
ministre.
M. Parizeau: Aux Finances, on constate si les crédits sont
là et si les chèques peuvent être émis.
M. Russell: D'accord. C'est justement ce que je veux faire
comprendre au ministre. Il n'y a aucun contrôle là-dessus de la
part du Trésor.
M. Parizeau: Du Conseil du trésor.
M. Russell: Par contre, il se dépense des millions de
dollars de cette façon, sur lesquels le Trésor n'a aucun
contrôle autre qu'un droit de regard, après coup.
M. Parizeau: Après coup. Ce n'est pas un droit de regard,
c'est un droit de poser des questions.
M. Russell: C'est une obligation, si vous regardez. Ce n'est pas
un droit, c'est une obligation. Mais la dépense est faite. On peut
procéder par un système d'enquête. Il y a des millions de
dollars qui se dépensent de cette façon, sur lesquels on n'a
aucun contrôle. Ma question au ministre est celle-ci: Quelles sont les
modifications qu'il a l'intention d'apporter au Conseil du trésor pour
tenter de contrôler ces déboursés, cette hémorragie
actuelle?
M. Parizeau: Je vais vous donner un exemple. Je vais juste
vérifier une question technique. Pour la question de l'émission
des chèques, effectivement, j'ai fait une erreur tout à l'heure.
Les chèques sont émis par le ministère des Affaires
sociales et le ministère des Finances transfère les fonds, mais
sous un montant global.
Je vais essayer de vous en donner un exemple. J'ai, à l'heure
actuelle, des questions sérieuses, que je me pose, en tout cas, sur le
programme d'assistance sociale aux célibataires de 18 à 30 ans
aptes au travail. C'est un programme tout à fait spécifique; ils
ont droit à $92 par mois, maintenant, avec l'indexation, ce qui fait $3
par jour. C'est très difficile d'imaginer que quelqu'un vit avec $3. Je
vois ce que le député de Brome-Missisquoi veut dire. Il est assez
remarquable que, dans ce registre, si ma mémoire est bonne, de 18 ans
à 24 ans, c'est-à-dire pour six ans, il y en a pas loin de 14
000. De 24 ans à 30 ans, encore six ans,
il y en a grossièrement 2500, si ma mémoire est bonne, car
je cite des chiffres de mémoire.
C'est évident qu'on peut se poser des question, d'abord, sur le
genre de programme dont il s'agit, sur la possibilité d'établir
des programmes de travail, plutôt que des allocations de ce genre. En
tout cas, il faut regarder cela de plus près. Ce genre de question
je reviens à ce que je disais tout à l'heure vous
ne pouvez les poser que dans la mesure où vous avez des renseignements.
Des renseignements de quel ordre? Des renseignements du genre suivant: combien
d'entre eux sont manifestement des gens qui ne sont pas encore sur le
marché du travail et qui cherchent de l'emploi et qui n'en ont pas
trouvé? Combien d'entre eux sont sur des programmes de bien-être
social depuis plus de deux ans, depuis plus de trois ans, depuis plus de quatre
ans? C'est intéressant à savoir. Combien d'entre eux ont une
auto? C'est aussi une question qu'il faut se poser.
Il ne s'agit pas de considérer que des jeunes de 18 ans à
24 ans n'ont pas droit au bien-être social; il s'agit seulement de savoir
ce qui se passe. C'est le rôle du Conseil du trésor de dire: Je
vais avoir ces renseignements, je vais être capable de savoir ce qui se
passe. C'est son rôle. Ce n'est pas de chercher à remplacer le
ministère des Affaires sociales dans l'émission d'un
chèque après l'autre.
A ce moment-là on n'opérera pas avec 160, 180
fonctionnaires. Tout ce qu'on va faire c'est de fermer les autres
ministères et en avoir 60 000 au Conseil du trésor. On ne peut
pas assurer ce genre de service-là. L'important, c'est que le Conseil du
trésor reste léger comme équipe, pas trop nombreux,
formé de spécialistes qui sont capables de voir passer les choses
et dire: Tiens il y a quelque chose qui ne va pas là. Là il faut
faire une enquête, là il y a des questions à poser. Cela
c'est un rôle qui ne peut vraiment être rempli que par une
équipe relativement légère formée de
spécialistes.
M. Russell: M. le Président, si je regarde les
dépenses ici, il y a $7 milliards parce qu'à l'Education c'est
fait par des transferts aussi. Le Trésor n'a pas de regard directement
sur la dépense directe. C'est par des programmes, le Trésor ne
fait que surveiller les transferts qui se font dans différentes
commissions scolaires.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Russell: Vous avez aussi $3 milliards dont une grosse partie
est simplement dépensée comme vient de l'expliquer le ministre.
Donc, cela veut dire qu'il y a $7 milliards sur un budget de $11 600 000 000
qui sont dépensés et sur lesquels le Trésor n'a presque
pas de contrôle. Les deux tiers...
M. Parizeau: Non, non, attention, ces programmes, les
règles budgétaires des commissions scolaires, par exemple,
doivent chaque année être approuvées par le Conseil du
trésor avant, pas après.
M. Garneau: Le Conseil des ministres.
M. Parizeau: Oui, oui, elles viennent devant le Conseil des
ministres aussi. Entendons-nous, le Conseil du trésor est un
comité du Conseil des ministres. Alors, quand je dis Conseil du
trésor, il y a, bien sûr, toute une série de gestes du
Conseil du trésor qui doivent être entérinés ou
annulés ou modifiés par le Conseil des ministres. Le Conseil du
trésor doit, chaque année, examiner ces règles-là
avant. Toutes les normes doivent passer par le Conseil du trésor. Alors,
on ne peut pas dire qu'il n'y a pas de contrôle dans l'exercice
quotidien. Il est évident que le Conseil du trésor ne va pas
vérifier tous les chèques. C'est seulement dans la mesure
où le ministère en question sort de ses normes, demande davantage
d'argent, veut changer un programme là que cela revient automatiquement
au Conseil du trésor. Mais il est évident que là encore on
ne peut pas faire un contrôle direct de la dépense comme le ferait
le ministère de l'Education, si on veut embarquer le ministère de
l'Education dans le Conseil du trésor.
M. Russell: M. le Président, j'ai pris note des remarques
du ministre et je m'aperçois que, depuis quelques années, il n'y
a pas eu tellement de changement, au Trésor, sur le contrôle qu'on
fait de l'argent qui est dépensé. C'est la même chose qui
se répète encore, et je regrette le manque de contrôle
qu'on a dans certains domaines. Ce n'est pas une critique contre les
employés du Trésor, mais je pense qu'on ne va pas assez loin et
qu'on n'est pas assez ferme pour contrôler certaines dépenses.
L'Education, c'est encore des transferts, les Affaires sociales, c'est encore
simplement un transfert qui se fait au ministère, puis c'est le
ministère qui a la main libre là-dessus, et cela continue
à augmenter rapidement d'année en année.
Donc, si on ne prend pas des mesures assez rigides, je ne sais pas
où est-ce qu'on va se ramasser tout à l'heure. En ce qui concerne
la remarque que j'ai faite sur la Trésorerie pour les chèques aux
municipalités, s'il s'agit d'un cas bien particulier, je ne veux pas
insister, mais la question au ministre est celle-ci: est-ce que cela
dépend du manque d'argent pour payer les subventions déjà
promises aux municipalités ou c'est une lenteur qui se produit aux
affaires municipales?
M. Parizeau: Pas du tout, il faudrait qu'on me donne le nom du
dossier pour que je puisse faire une enquête là-dessus. Mais sur
le plan des subventions aux municipalités cette année, j'entends
les subventions liées à une dépense spécifique,
aqueduc, égout, etc., il y en a plus qu'il n'y en a jamais eu. Cela a
augmenté de 81% je pense, aqueduc et égout, ce n'est pas l'argent
qui manque.
M. Russell: C'est une subvention qui a été promise
sur un certain nombre d'années, et c'est depuis le mois de novembre
qu'elle devrait être payée, et au moment où je vous parle,
le paiement
n'est pas encore fait, le CT est passé à la
Trésorerie à la fin de mars.
M. Parizeau: II y a une chose en tout cas...
M. Russell: ...et puis le chèque n'est pas encore
émis, il ne l'était pas la semaine dernière.
M. Parizeau: II y a une chose en tout cas qui est tout à
fait claire, je veux dire ce n'est pas parce que le gouvernement manque
d'argent qu'il ne paye pas cela. C'est arrêté quelque part, et je
ne vois pas que cela le soit au Trésor, à moins vraiment qu'il y
ait eu quelque chose qui ne marchait pas dans ce projet de CT puis qu'on l'ait
renvoyé en disant: Voulez-vous l'arranger? Il n'y a aucune espèce
de raison que cela bloque au Trésor.
M. Russell: M. le Président, je n'ai pas d'autre...
M. Garneau: Avant de revenir là-dessus je pourrais dire au
député de Brome-Missisquoi que dans 99%, presque, de demandes qui
m'avaient été adressées dans le temps par d'autres
députés, on blâmait toujours le Conseil du trésor,
et après vérification, c'était resté sur un bureau
d'un fonctionnaire quelque part.
Le temps de séjour d'un CT au conseil, j'imagine, à
écouter le ministre, n'a pas tellement changé. La plupart du
temps cette période était relativement courte. Le Conseil du
trésor est souvent ce souffre-douleur des gens qui ont besoin d'une
réponse rapide pour éviter d'aller chercher longtemps où
est rendu le document. Dans l'exemple présent, je ne sais pas si c'est
le cas, mais l'expérience que j'avais accumulée était
longue.
M. Parizeau: Si le député de Brome-Missisquoi me
donnait le nom, même en sortant comme cela, on fera une enquête
rapide pour savoir ce qui s'est passé.
M. Russell: Simplement pour faire remarquer au ministre que je
déplore le cas où on appelle dans un ministère et qu'on
demande une information; j'ai appelé cinq fois dans ce cas particulier.
Finalement, je connais assez les procédures que j'ai appelé au
Trésor pour savoir que le CT n'était pas arrivé, mais j'ai
informé le fonctionnaire qu'il était mieux d'envoyer le CT pour
qu'il passe. C'est après cela que j'ai vu à l'étude des
crédits que le CT était passé. Encore-là, remarquez
bien une chose, je déplore le fait que le CT soit passé au mois
de mars et le chèque n'était pas émis la semaine
dernière, la municipalité n'avait pas reçu son
chèque.
Là c'est parti de l'autre côté. C'est probablement
une coïncidence mais j'espère que ce n'est pas une habitude qui est
en train de se créer.
M. Parizeau: Non seulement il ne doit pas y avoir d'habitude,
mais, encore une fois, il n'y a pas de raison qu'une fois le CT passé le
paiement retarde.
M. Russell: M. le Président, le ministre a parlé de
spécialistes à la trésorerie et je faisais une moyenne du
montant payé en salaires. Cela fait une moyenne de $17 650 par
employé. Si ce sont tous des spécialistes est-ce qu'il ne trouve
pas que c'est un salaire un peu bas?
M. Parizeau: Par définition il y a du personnel de
soutien. Je suis certain que ce que vous venez de dire ne tombera pas dans
l'oreille d'un sourd. C'est une incitation aux demandes d'augmentations.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Ce n'est pas mon rôle de rassurer le
député de Brome-Missisquoi, mais il y a des contrôles au
Conseil du trésor et j'ai l'expérience d'un cas où un bail
a été autorisé par le ministère des Affaires
sociales et il a été bloqué au Conseil du trésor
pour des coûts trop élevés et certaines clauses un peu trop
vagues. C'est retourné et il a fallu recommencer l'ouvrage. C'est un
genre de contrôle dont on a besoin.
M. Russell: M. le Président, je ne veux pas soulever un
argument, mais comme je suis habitué aux procédures du
Trésor, s'il avait été question d'un bail, d'un contrat
j'aurais pu comprendre. Mais, comme il s'agit là simplement d'un
transfert et comme ce n'était pas une nouvelle subvention qui venait
d'être octroyée à une municipalité, je ne voyais pas
la raison d'un retard; c'était la deuxième ou la troisième
année que l'on faisait le paiement. C'est une affaire qui aurait
dû être dans l'engrenage et marcher sans arrêt;
malheureusement il y a eu accrochage. Ce que je déplore ce n'est pas
l'accrochage mais c'est qu'on a appelé pour demander et on a dit: C'est
parti à la trésorerie. C'est encore la vieille rengaine qui
revient.
M. Parizeau: C'est la nature humaine, M. le
député..
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Quels sont les ministres membres du Conseil du
trésor?
M. Parizeau: Le ministre de la Fonction publique, le ministre des
Transports et des Travaux publics, le ministre délégué
à l'énergie, le ministre délégué à
l'environnement et le ministre des Finances comme président.
M. Garneau: Le programme de perfectionnement des cadres est-il
encore au Conseil du trésor ou s'il est muté à la Fonction
publique?
M. Parizeau: II a été muté à la
Fonction publique.
M. Garneau: Le personnel qui était à la Fonction
publique et qui travaillait aux politiques de
personnel a été muté au Conseil du trésor?
Le BRR.
M. Parizeau: Le Bureau de recherche à la
rémunération l'a été.
Le Président (M. Clair): Le programme 1 du Conseil du
trésor sera-t-il adopté en son entier?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. J'ignore le nom du
rapporteur. J'imagine qu'il y en a eu un de désigné au
début des travaux de la commission, auxquels je n'étais pas
présent. Je demande au député de Laprairie de bien vouloir
faire rapport à l'Assemblée nationale le moment venu.
La commission des finances, des comptes publics et du revenu ajourne
donc ses travaux sine die.
M. Garneau: ... le rapport global, M. le Président, qui
est fait en ce qui regarde les crédits et déposé par le
ministre des Finances.
(Fin de la séance à 22 h 30)