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Etude des crédits du ministère des
Finances et du Conseil du trésor
(Onze heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs! La
commission des finances, des comptes publics et du revenu est réunie
pour étudier les crédits du ministère des Finances. Les
membres de la commission, ce matin, sont: M. Alfred (Papineau), M. Baril
(Arthabaska), M. Biron (Lotbinière), M. Garneau (Jean-Talon), M. Garon
(Lévis), M. Goulet (Bellechasse), M. Gravel (Limoilou), M.
Grégoire (Frontenac), M. Jolivet (Laviolette), M. Landry (Fabre), M.
MacKasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Mercier (Berthier), M. Michaud
(Laprairie), M. O'Gallagher (Robert-Baldwin), M. Parizeau (L'Assomption), M.
Raynauld (Outremont), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Tardif (Crémazie.
Nous en étions à... Oui?
M. Charbonneau: M. le Président, je remplace M.
Landry.
Le Président (M. Boucher): M. Landry. Alors, M. Laberge
(Jeanne-Mance) remplace M. Marois (Laporte)...
M. Laberge: A moi, on m'avait dit M. Landry mais, de toute
façon, un qui est absent.
Le Président (M. Boucher): M. Laberge (Jeanne-Mance)
remplace M. Landry (Fabre) et M. Charbonneau (Verchères) remplace M.
Garon (Lévis).
Alors, nous en étions aux questions sur la régie d'Etat,
Loto-Québec, et M. le député de Jean-Talon avait des
questions à ajouter.
Loto-Québec M. Garneau: Oui. Je voudrais...
M. Parizeau: Si vous me permettez juste un instant, j'avais
annoncé hier soir que je présenterais ce matin un certain nombre
de renseignements quant aux achats par groupes de revenu de billets de
Loto-Québec. Est-ce qu'on me permet de présenter ces
renseignements avant qu'on passe aux questions?
M. Garneau: D'accord.
M. Parizeau: Puisque c'est ce qui restait de nos discussions
d'hier soir. Alors, il s'agit d'une enquête faite par
échantillonnage en janvier 1977 par la firme Robert Sylvestre Marketing
Ltd. pour le compte de Loto-Québec, et qui, dans l'ensemble des
questions posées, cherche à déterminer le pourcentage de
chaque couche de revenu pour l'ensemble de la population qui achète
réguliè- rement ou occasionnellement des billets de l'une ou
l'autre des loteries. Cela nous donne ceci: Pour moins de $5000 de revenus,
79%; $5000 à $8000, 82%; $8000 à $10 000 de revenus, 85%; $10 000
à $15 000, 91%; $15 000 à $25 000, 88% et plus de $25 000, 94%.
C'est-à-dire, si vous voulez, de $5000 à plus de $25 000, on est
dans des pourcentages très élevés.
M. Raynauld: Quels pourcentages au juste? C'est le nombre de
personnes qui achètent?
M. Parizeau: Non, c'est pour chaque groupe de population totale,
à chacun de ces niveaux de revenu, la proportion qui achète des
billets. De tous ceux qui gagnent plus de $25 000, combien achètent
régulièrement, occasionnellement, des billets? La réponse,
94%.
M. Raynauld: Si je comprends bien, à peu près tout
le monde achète des billets.
M. Parizeau: C'est ce qui arrive. On se rend compte du
degré de pénétration de la loto. C'est la première
constatation à chacun des niveaux de revenus, la loto, à toutes
fins pratiques, vend, régulièrement ou occasionnellement, des
billets à peu près à tout le monde. Moi qui n'en
achète jamais, j'ai été étonné de voir que
j'appartiens à une tribu qui n'est plus très nombreuse.
M. Goulet: M. le Président, vous avez aussi la
fréquence. Je peux en acheter, si je prends un exemple, mais la
fréquence, si j'en achète un par année ou un chaque
semaine, est-ce que c'est...
M. Parizeau: L'enquête n'a pas été
poussée à un point tel qu'on soit capable d'établir une
distinction entre régulièrement ou occasionnellement, c'est
bloqué ensemble. Remarquez que l'étude aurait peut-être
dû faire cette distinction, c'est clair.
M. Raynauld: Si on n'a pas d'argent à
dépenser...
M. Parizeau: Non, la plus belle fille du monde ne donne que ce
qu'elle a. C'est l'enquête telle qu'elle a été
préparée.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Jean-Talon.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que c'est la seule
étude qui a été faite et qu'on connaît, pour
répondre à la question qui a été posée hier,
à savoir si c'était régressif ou non, si les gens plus
pauvres achetaient plus ou dépensaient plus en proportion de leur
revenu? C'est ça qu'il faudrait avoir, la proportion des revenus
consacrée par tranche de revenus; c'est ça qu'il faudrait avoir
comme information, est-ce qu'elle existe?
M. Parizeau: Elle existe aux Etats-Unis. Des enquêtes comme
celles-là ont été faites aux Etats-Unis, je ne pense pas
qu'on en ait une au Québec. On ne l'a pas au Québec, c'est
ça.
Pour le Québec, il n'y en a pas, pas dans le rapport que j'ai, en
tout cas. Il n'y a pas vraiment, au Québec, quelque chose qui
réponde à la dernière question que vous venez de poser. Il
y a peut-être simplement un élément dans ce questionnaire,
tel qu'il a été fait, au début de 1977, qui rejoint
mais qui ne fait que rejoindre l a préoccupation du
député d'Outremont et qui est celle-ci: 73% des gens qui ont
participé à ce sondage ont manifesté leur désaccord
avec l'opinion que c'est la question qui a été
posée "la loterie est une forme de taxation qui pénalise
les gens à faible revenu". En tout état de cause, les gens ne
perçoivent pas ça comme correspondant à la description
qu'en donnait le député d'Outremont. Je comprends que ça
ne répond pas vraiment à sa question. Cela rejoint simplement la
préoccupation qu'il exprime.
M. Raynauld: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Si je comprends bien, dans ce domaine de taxes
régressives ou non, le gouvernement entend procéder avec la
loterie instantanée pour le financement des fêtes de la
Saint-Jean. Par la suite, cette loterie serait maintenue ou suspendue, selon
l'effet qui aurait été analysé sur le comportement des
gens. Ai-je bien compris?
M. Parizeau: On ne déciderait pas ensuite de la maintenir
ou de la suspendre. L'expérience sera faite seulement pour les
fêtes de la Saint-Jean. Il n'y a aucune assurance qui est donnée
que cela se poursuivra par la suite. On va juste en faire une et puis bah!
Ensuite, on avisera où on va.
M. Garneau: Cette loterie instantanée débuterait
quand? Et quand se terminerait-elle?
M. Parizeau: Cela durerait à peu près cinq
semaines, M. le Président, débutant à la fin de mai.
M. Garneau: Et, au terme de ces cinq semaines, cela arrête,
de toute façon.
M. Parizeau: De toute façon.
M. Garneau: Et si elle devait reprendre, cela serait plus
tard.
M. Parizeau: Cela serait dans un tout autre contexte,
c'est-à-dire qu'il faudrait déterminer si on lance un
système permanent de loto instantanée.
M. Garneau: Dans le passé, beaucoup de groupes, soit des
groupes sportifs, la Confédération des sports, ou autres, qui
gravitent autour du monde sportif, ont demandé à plusieurs
reprises qu'au lieu que l'ensemble des loteries ou de certaines loteries soit
affecté ou versé au fonds consolidé, l'ensemble des
revenus soit affecté à des fonctions bien particulières.
Le sport, par exemple, est revenu à plusieurs reprises et, dans les
réunions de la Confédération des sports du Québec
j'ai assisté moi-même à quelques-unes de ces
réunions on revenait constamment sur cette demande.
Est-ce que c'est l'intention du gouvernement de maintenir le statu quo
sur cette question, c'est-à-dire que l'ensemble des revenus serait
versé au fonds consolidé, ou si le gouvernement envisage la
possibilité de verser à des fonctions bien particulières,
comme l'organisation du sport amateur, par exemple, ou des athlètes, ou
toutes ces questions... Est-ce que c'est l'intention du gouvernement de
maintenir le versement au fonds consolidé ou d'apporter des
aménagements?
M. Parizeau: Non, il n'y a pas de projet d'aménagement
quelconque. D'ailleurs, je dois dire que, d'une façon
générale, personnellement, je n'aime pas l'idée de taxes
affectées à des fins spécifiques. Je comprends qu'il y en
a un certain nombre dans notre système, comme la Régie des
rentes, la Régie de l'assurance-maladie, etc. On n'est pas vierge sur ce
plan, il y a des choses qui existent, mais, personnellement, à moins
vraiment qu'on ne me présente une justification tout à fait
solide, je verrais d'un assez mauvais oeil l'extension de ce système par
lequel on perçoit des taxes pour les fins de dépenses
particulières.
C'est important d'établir une distinction très nette
entre, d'une part, les rentrées de fonds au fonds consolidé et,
d'autre part, l'examen, chaque année, par le comité des
priorités, par le cabinet, par le Parlement, de la façon que les
dépenses se font. On aurait, à mon sens, tort de chercher
à le lier l'un à l'autre, tout en reconnaissant qu'il y en a
déjà et qu'il peut fort bien ne pas être facile de se
sortir des situations qui existent déjà. Je n'envisage, pour le
moment, aucune espèce d'extension de ce principe à d'autres
domaines et certainement pas dans le cas des lotos.
M. Garneau: En fait, je comprends des propos du ministre que le
gouvernement fera une exception pour le financement des fêtes de la
Saint-Jean. Est-ce que le financement des fêtes de la Saint-Jean sera
appliqué uniquement par le produit de cette loterie? En d'autres mots,
si elle rapporte $6 millions, l'ensemble des $6 millions est affecté aux
fêtes de la Saint-Jean; si elle en rapporte $7 millions ou si elle en
rapporte $5 millions, tout est versé au fonds consolidé et le
gouvernement affecte une somme. Si elles sont déficitaires, il
déboursera à partir d'autres revenus. Si elles sont
excédentaires, il va garder la...
M. Parizeau: Sûrement. Il y aura un budget qui sera
établi, indépendamment de ce que la loterie rapporte. Cela
revient au principe que j'indiquais tout à l'heure, le danger de lier le
montant
d'une dépense au produit d'une taxe, c'est que la dépense
n'est pas faite en fonction de ce qu'il faudrait, ce qui est utile, de ce qui
peut être considéré comme acceptable, mais simplement en
fonction de ce que la taxe rapporte. Il n'y a pas de raison qu'entre ce qu'une
taxe rapporte et le niveau d'une dépense, il y ait un rapport
quelconque.
M. Garneau: Le lien entre l'instantanée et les fêtes
de la Saint-Jean, c'est le "stunt" publicitaire que cela peut apporter pour
promouvoir les ventes de billets. Le produit des rentrées fiscales, si
on peut appeler cela fiscales, ou des taxes volontaires, sera versé au
fonds consolidé et le budget est déjà connu et
alloué à l'organisation des fêtes de la Saint-Jean et cela
devient, sans jeu de mots, un prétexte de vente ou une façon de
faire la publicité, un peu comme durant le mois de juin, l'Inter-Loto de
juin est faite autour des Jeux du Québec. C'est comme cela depuis
quelques années, au moment où le gouvernement...
M. Parizeau: Oui.
M. Garneau: ...avait décidé de subventionner la
tenue des Jeux du Québec, les Jeux d'été, au début.
La publicité était faite autour de cela, mais c'était
administré séparément en termes de produits versés
à cette organisation.
M. Parizeau: C'est peut-être un peu plus que cela en ce
sens que, dans la mesure où justement des loteries spécifiques
comme celles-là attirent peut-être un peu plus l'attention que
d'autres. Cela permet, comment dire, de justifier des budgets de
dépenses peut-être un peu plus généreux que, dans
une situation d'austérité qu'on connaît, on n'en mettrait.
C'est par ce truchement qu'il peut y avoir un certain lien entre le niveau de
la dépense et ce que la loterie rapporterait de façon
anormalement élevée, seulement parce que cela attire un peu
l'attention. Je vous avouerai que, personnellement, tout en reconnaissant que,
tout comme cela s'est fait dans le passé, et que la machine était
déjà organisée dans ce sens, en soi, je n'aime pas
beaucoup cela. Je n'assure pas que cela se continuera dans l'avenir de la
même façon. Maintenant, il ne faut pas en faire une jaunisse non
plus, ce n'est quand même pas dramatique.
M. Garneau: Sur le même sujet, j'aurais encore deux ou
trois questions. Est-ce que j'ai bien compris que le montant qui sera
alloué aux célébrations des fêtes de la Saint-Jean,
pour l'ensemble du Québec, d'après les coupures de presse,
c'était $6 millions, si ma mémoire est fidèle? Il me
semble que c'était cela.
M. Parizeau: On pourrait peut-être se renseigner. Je
m'excuse, ce n'est pas dans mes attributions directes. Est-ce qu'il y aurait
moyen, par téléphone, de déterminer le montant du budget
qui est affecté aux fêtes de la Saint-Jean?
M. Garneau: Les questions...
M. Parizeau: On va avoir le renseignement et on va vous le
communiquer.
M. Garneau: ... qui sont reliées à cela, c'est que
l'organisation d'une loterie, qui est une expression anglaise, un "one shot
deal", évidemment, représente des frais de mise en marché,
d'organisation et de publicité un peu spéciaux. Est-ce que l'on a
l'étude sur le coût de l'organisation de cette loterie pour la
période de cinq semaines et les revenus nets escomptés?
M. Parizeau: On escompte des ventes d'une dizaine de millions. Le
revenu net serait de l'ordre de $3,8 millions. Ceci se compare, au total, avec
comme rendement net, par rapport au brut... C'est 38%, alors que, normalement,
le rendement escompté est de l'ordre de 40%, si on tient compte... Au 31
mars 1977, on avait dit hier soir qu'on avait vendu pour $183 millions, en
revenus bruts, et que cela avait donné $68 millions net, alors c'est de
l'ordre de quoi...
M. Garneau: $42 millions...
M. Parizeau: $42 millions... En 1977, ce que nous avons serait de
l'ordre de $42 millions.
M. Garneau: J'ai pris les chiffres d'hier, $183 millions de vente
brute, ce qui donnait, après les soustractions des coûts, $70
millions. Alors, ce serait $70 millions de $183 millions.
M. Parizeau: En 1976, c'était 37%, comme
bénéfice net. L'an dernier, sur la base de ce que nous communique
le député de Jean-Talon, c'était $42 millions, et
là, ce serait à peu près $38 millions. C'est-à-dire
qu'on se situe à peu près dans le registre normal.
M. Garneau: Sur l'organisation de cette loterie
instantanée, hier, on a parlé abondamment des concessionnaires,
est-ce que la vente sera faite par le système actuel ou par un autre
système? J'imagine que les points de vente seront les mêmes ou y
aura-t-il un autre système de distribution?
M. Parizeau: Cela passe exactement par le système
habituel.
M. Garneau: Et ce seront les grossistes qui achèteront les
billets et qui les redistribueront?
M. Parizeau: Oui.
M. Garneau: Maintenant, quel est le pourcentage versé aux
concessionnaires et aux points de vente? Comment se répartit la
commission?
M. Parizeau: Au total, 5%, 5%, 10%.
M. Garneau: 5-5. Est-ce que, sur les autres loteries... hier, on
a parlé des concessionnaires par rapport à l'ensemble du
système. Quel est le pourcentage de commission versé aux
grossistes et le
pourcentage de commission versé aux points de vente?
M. Parizeau: Je pense qu'on était arrivé à
$11 millions sur 25, n'est-ce pas? Escompte et commission aux vendeurs, on
avait dit $25 millions...
M. Garneau: Sur $183 millions, ce qui fait 13...
M. Parizeau: C'est ça. Dans ces $25 millions, il y avait
$11 millions pour les concessionnaires. Les $11 millions, par rapport aux $25
millions, ne font pas exactement 50%, on me dit, essentiellement parce que
c'est à cause de la Mini. Dans le cas de la Mini-Loto, ces commissions
ne sont pas de 10%, 5-5, mais de 18%.
M. Garneau: Quelle est la distinction ou la séparation de
ces 18% entre le concessionnaire et le point de vente?
M. Parizeau: Est-ce que je peux répondre à ces
questions?
Oui, bien sûr.
Dans les loteries Inter, Super, Perfecta, les commissions sont
divisées 50-50 entre le concessionnaire et le point de vente. Dans le
cas de la Mini, la commission est de 20%, 8% étant donnés au
concessionnaire et 10% au point de vente, c'est-à-dire au vendeur.
M. Garneau: Et dans l'autre, c'est 5%-5%.
M. Parizeau: Dans l'autre, c'est 5%-5%. En d'autres mots, c'est
moitié, moitié dans les trois autres loteries, la Mini faisant
exception... C'était anciennement moitié, moitié, 20%. La
commission a été ramenée à 18%. Celle du point de
vente n'a pas été changée. Elle est restée à
10%. Celle du concessionnaire a été ramenée de 10%
à 8%.
M. Garneau: Dans le cas de la loterie-instant, je comprends que
les concessionnaires... Vous dites que vous leur donnez 5% pour faire le
travail de distribution au point de vente. Les concessionnaires devront-ils
payer comptant les billets auprès de la loterie? En d'autres mots, le
concessionnaire va à la loterie et paie comptant les billets, ou s'il ne
les paie pas?
M. Parizeau: Non. On donne crédit pour la première
commande à 100%. La deuxième commande sera à crédit
à 50%. Elle sera payable après, par succession, 20%, 20%, 20%,
etc., la raison étant que, financièrement, elle n'aurait pu
supporter la charge additionnelle d'une mise en marché d'un si grand
nombre de billets. Elle a un jeu d'instantané. Elle demande que la mise
en marché soit faite très rapidement, c'est-à-dire la
première semaine, contrairement aux autres loteries qui vont
grandissantes. Dans le cas de l'instantanée, on s'attend que cela soit
un volume maximum qui va aller décroissant. Il y a un problème de
crédit.
M. Garneau: Contrairement à ce qui existe pour les autres
loteries, le concessionnaire paie comptant les billets, en est responsable.
Dans le cas de l'instant, le premier achat de la première semaine sera
à crédit. Quelle garantie la société prend-elle
qu'elle ne se fera pas voler ou que le gars ne partira pas avec les
billets?
M. Parizeau: Les points de vente seront assurés à
$400 par livraison de billets. En somme, normalement, son crédit est
assuré. Donc, elle ne devrait pas avoir de perte financière
causée directement par l'instantanée. Evidemment...
M. Garneau: Je ne parle pas des points de vente. Quelle garantie
la société a-t-elle? C'est seulement le bilan du grossiste ou
s'il y a une note de crédit dans une banque ou quoi que ce soit qui
engage... Parce que, si vous avez un concessionnaire qui part avec $100 000 de
billets ou $50 000...
M. Parizeau: La première commande sera quand même
limitée. On établit les montants maximaux que les
concessionnaires peuvent commander et, deuxièmement, on sait qu'ils vont
être capables, pour avoir leur argent, pour les billets qu'ils donnent...
C'est assuré. Ils ont une note de garantie pour un montant X, pour
couvrir toutes les autres loteries. A ce moment, ils mettent en jeu leur
commerce. Pourquoi? Il n'y a pas de problème de crédit.
M. Garneau: La Société d'exploitation des loteries
et courses offre comme garantie une lettre de banque ou de...
M. Parizeau: De garantie bancaire.
M. Garneau: ...de garantie bancaire pour le crédit qu'elle
fait sur les billets de...
M. Parizeau: De la Super et de l'Inter.
M. Garneau: Oui, mais sur la question de...
M. Parizeau: ...et le 6/36, pas sur l'instantanée.
M. Garneau: Vous n'avez pas de lettre de crédit bancaire
pour la garantie des billets. Vous faites confiance aux concessionnaires.
M. Parizeau: Probablement que la majorité des
concessionnaires n'auraient pu l'obtenir. C'est assez difficile d'avoir une
lettre de garantie bancaire. Il faut quand même avoir le
collatéral et plusieurs d'entre eux n'auraient pu le fournir.
M. Garneau: Dans le cas des autres loteries je reviendrai
tout à l'heure sur cette question, peut-être que d'autres auront
des questions sur d'autres sujets entre-temps tout à l'heure, le
ministre nous a dit que l'intention du gouvernement était de faire une
expérience avec l'instantanée, de ne pas verser à des
groupes organisés le produit d'une loterie quelconque.
M. Parizeau: Je n'ai pas dit cela, mais le produit de l'ensemble
de la loto.
M. Garneau: Quelle sera l'attitude du gouvernement face aux
demandes que la société des loteries et courses reçoit
régulièrement d'organismes comme, par exemple, la course en
canot, la descente en canot du Saint-Maurice, le festival Western, les scieurs
de bois, tous ces organismes locaux ou régionaux qui organisent des
manifestations quelconques, qui sont reliées à la promotion
touristique et qui demandent un permis spécial? Il y avait eu
l'exception qui avait été créée au départ
pour le carnaval d'hiver de Québec, où la vente de la bougie
existait avant la création de la loterie; depuis, il y a eu beaucoup de
demandes de toutes sortes d'autres groupes, en autres le festival des Cantons
de Sherbrooke, etc. Est-ce l'intention du gouvernement d'accepter ces loteries
qui concurrencent la loterie principale ou si la politique serait de refuser et
de subventionner d'autre façon ces activités à même
les budgets des ministères?
M. Parizeau: Comme je le disais tout à l'heure, sauf
exceptions à examiner, dans l'ensemble, je préfère
infiniment que des organismes comme ceux-là reçoivent des
subventions au chapitre des dépenses et n'aient pas accès
à toute une série de petites lotos affectées à tout
un chacun, parce qu'il faut dire que les critères de choix deviennent
extraordinairement compliqués. Pourquoi le faire pour un et ne pas le
faire pour l'autre? J'admets que, dans le cas de la fête nationale, cela
peut peut-être être considéré comme une exception,
mais le principe général n'est certainement pas de faire en sorte
que toute espèce d'association puisse avoir un doigt dans la tarte.
M. Garneau: Je ne sais pas, il y avait d'autres questions...
Le Président (M. Boucher): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: II y a présentement une prolifération
des machines à boules. J'aimerais savoir si les machines à
boules, on les appelle comme cela, sont sous la juridiction de
Loto-Québec, premièrement et, deuxièmement, j'aimerais
savoir comment on taxe les propriétaires de ces machines, parce que
c'est le jeu pour le jeu. Il n'y a aucun gain personnel. Tout simplement, quand
on gagne, on gagne une partie, deux ou cinq parties supplémentaires,
mais...
M. Parizeau: Cela relève normalement ou cela doit relever
normalement de la Régie des loteries et courses et non pas de la
Société d'exploitation des loteries. En pratique, la Régie
des loteries et courses, qui relève d'ailleurs du ministère du
Revenu et non pas du ministère des Finances, a été,
à mon sens et pendant trop longtemps, une espèce d'organisme de
surveillance des bingos, sept ans et sept quarantaines.
Nous avons l'intention, et des propositions très concrètes
vont être faites très bientôt, d'étendre le mandat de
la régie, justement pour surveiller les commerces comme celui des
machines à boules et, d'autre part, on a annoncé dans le discours
du budget que des permis seraient établis sur ces machines; en somme,
une forme de taxation sur ces machines.
Ceci avait d'ailleurs été déjà
discuté dans le passé. Il y a eu des pourparlers il y a
déjà quelques années avec l'Association des
propriétaires de machines à boules pour déterminer le
montant du permis. Cela n'avait pas abouti et nous reprenons la chose.
Normalement, encore une fois, d'ici peu de temps, un mois ou deux, il y aura
à la fois surveillance des machines, enregistrement des machines, d'une
part, et d'autre part, licence, permis comportant le paiement d'une certaine
somme d'argent pour l'exploitation de ce genre de machines.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lotbinière.
Une Voix: Sur le même sujet...
M. Parizeau: Excusez-moi, juste un instant M. le
Président, on s'entend bien cependant, comme je le disais tout à
l'heure, cette régie ne relève pas du ministère des
Finances, elle relève du ministère du Revenu.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Je voudrais revenir à ce dont vous avez
parlé tout à l'heure, savoir une étude de marketing,
est-ce qu'on en fait souvent de ces études à la régie et
est-ce qu'on les fait faire par des firmes de l'extérieur?
M. Parizeau: De mémoire, je crois que la première
étude a été faite en 1972, je dis de mémoire parce
que je n'étais pas à la société dans le temps. La
deuxième qui a été faite, comme vous le savez, on l'a
mentionné tantôt, a été imprimée en janvier
1977. Il s'agit de la deuxième étude. Dans un cas comme dans
l'autre, ces études ont été faites par des firmes
spécialisées.
M. Biron: Le contrat a été donné,
négocié ou... de quelle façon a-t-on choisi la firme?
M. Parizeau: Dans ce genre de travail, si je me rappelle bien, il
avait été décidé de donner ce contrat à une
firme qui nous avait fait une offre de service. La société
n'avait pas passé par appel d'offres, la firme avait été
choisie selon des critères de compétence, expérience,
etc.
M. Garneau: Cela coûte combien...
M. Parizeau: Je crois que c'est un montant de moins de $50 000,
de mémoire, je dirais $45 000.
M. Biron: Je voudrais aussi revenir un peu à
hier soir. M. le ministre, vous nous avez parlé de $600 000 qui
ont été prêtés à la piste de courses de
Jonquière et je comprends que ça n'entre pas dans les
attributions de la régie, je crois que ça entre beaucoup plus
dans les attributions de la société de développement
industriel ou quelque chose comme ça. Qui a autorisé ce
prêt et est-ce qu'on a encore ce prêt avec la piste de courses de
Jonquière?
M. Parizeau: Oui, le prêt est encore en vigueur à ce
qu'on me dit et il a été autorisé par le président
de Loto-Québec qui est la société mère de SODIC,
parce que SODIC, la Société de développement de
l'industrie chevaline, est une filiale de Loto-Québec.
M. Grégoire: A quel taux d'intérêt?
M. Parizeau: II n'y a pas d'intérêt. Sans
intérêt.
Des Voix: Sans intérêt.
M. Biron: On ne retrouve rien dans le bilan de Loto-Québec
étant donné que c'est une filiale.
M. Parizeau: Etant donné que c'est une filiale.
M. Biron: Encore une fois, le Vérificateur
général n'a rien à dire là-dedans.
M. Parizeau: Et c'est une filiale qui est alimentée par
des versements du ministre des Finances au rythme de $2 millions par an. C'est,
comment dire, une des choses qu'il faut reprendre ou réexaminer, parce
qu'il est évident il n'est pas évident pour moi, en tout
cas que l'usage qu'on fait du montant de $2 millions doit être
justifié.
Déjà, à l'occasion des crédits du
ministère du Revenu, je suis déjà revenu longuement sur ce
ranch que nous avons en Floride. J'ai encore besoin qu'on me persuade qu'on a
besoin de cela.
M. Biron: Est-ce qu'on va avoir la comptabilité de cette
filiale ou n'y aura-t-il jamais moyen d'avoir de chiffres ici, à
l'Assemblée nationale, de cette filiale SODIC?
M. Garneau: Est-ce qu'un bilan a été
présenté? Je pense que c'est la première année
d'opération.
M. Parizeau: La première année de fonctionnement
est maintenant terminée. Je comprends que la société
mère a demandé des états financiers. Elle les attend.
M. Biron: Est-ce qu'avec le temps, on va consolider les
états financiers avec les états financiers de la
société...
M. Parizeau: Oh ça! Ne comptons pas nécessairement
que la structure actuelle va continuer. Ne tenons pas pour acquis que cela va
rester une filiale de Loto-Québec et ne tenons même pas pour
acquis que SODIC va continuer, comme institution, comme on la connaît
maintenant.
M. Biron: Je reviens à ma question du début.
J'avais demandé qui avait autorisé le prêt de $600 000?
M. Parizeau: Le président de Loto-Québec, à
l'éppque.
M. Grégoire: Et qui est propriétaire de la piste de
courses, à Jonquière? Est-ce que j'ai bien compris que
c'était $600 000 sans intérêt, pour une piste de
courses?
M. Parizeau: En effet.
M. Garneau: M. le Président, dans le contexte de ce
débat, serait-il possible que les administrateurs de SODIC je ne
sais pas qui ils sont viennent nous expliquer comment ils
fonctionnent?
M. Parizeau: Les trois membres du conseil d'administration... On
me donne trois noms du conseil d'administration: MM. Pierre Angers, Marcel
Daoust et Léon Bouchard.
M. Biron: Ils sont nommés par la Société des
loteries et courses du Québec? Non? Le conseil d'administration est
nommé par le gouvernement directement, ou par le ministre des
Finances?
M. Garneau: Par arrêté en conseil. M. Parizeau:
Par arrêté en conseil.
M. Biron: Et le prêt a été fait pour combien
de temps?
M. Parizeau: Sans fin. M. Grégoire: Sans terme?
M. Biron: Avec des garanties? M. Parizeau: Pas de garanties.
M. Biron: Pas de garanties.
M. Grégoire: II me semble qu'on devrait avoir plus de
renseignements sur ce point. Ce serait peut-être l'occasion de le faire
sortir. J'aimerais savoir qui est le propriétaire là-bas.
M. Parizeau: Bien sûr.
M. Goulet: II y a un ordre à suivre, M. le
Président. J'attends pour poser des questions et je ne voudrais
pas...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lotbinière n'a pas terminé sur le même sujet.
M. Parizeau: Je pense qu'on peut prendre avis de l'ensemble des
considérations qui ont entouré ce prêt, et en particulier,
le nom du propriétaire de la piste, etc., fournir cela à notre
prochaine séance.
M. Baril: Cela va être intéressant.
M. Grégoire: M. Garneau pourrait nous aider.
M. Parizeau: M. Garneau pourrait peut-être nous en dire un
mot.
M. Garneau: Je pourrais peut-être expliquer les raisons qui
ont amené à créer l'aide aux sociétés qui
exploitent des pistes de courses, mais, plus loin que cela, je ne peux pas y
aller, parce qu'au moment où les décisions ont été
prises, je n'étais plus responsable de l'administration de ce
secteur.
Au départ, ce qui a amené le gouvernement à aider
les éleveurs de chevaux, cela a été la stagnation dans
l'élevage des chevaux des entreprises québécoises qui s'en
allaient, en fait, vers une fermeture presque complète. Ceux qui ont pu
voir, analyser la situation du temps vont certainement constater que le pari
mutuel, qui était une source de revenus du gouvernement, stagnait ou
était à la baisse et, en plus, la plupart des gens qui avaient
des chevaux de course, de plus en plus, dans les courses de qualité,
c'étaient des étrangers qui venaient faire des courses au
Québec.
Il fallait essayer de renverser cette situation pour permettre aux
éleveurs québécois de passer à travers cette
période difficile et, en même temps, un certain nombre de pistes,
en particulier les plus petites, il y avait celle de Trois-Rivières et
celle de Jonquière, je crois, étaient dans une situation
financière telle qu'elles auraient fermé, à toutes fins
utiles, ce qui aurait non seulement affecté toute l'industrie de
l'élevage des chevaux, mais également les sources de revenus.
C'est comme cela qu'a d'abord été créée, un
peu à l'exemple de l'Angleterre et de la France, par le biais de
Loto-Perfecta, l'aide aux éleveurs de chevaux de course et aux pistes de
courses.
Le résultat de l'entente qui avait été
signée entre Loto-Québec et les éleveurs, l'association
des hommes à chevaux, les propriétaires de pistes de courses,
etc., a donné des résultats plus élevés que ceux
qui étaient escomptés, en ce sens que cela rapportait des revenus
plus grands et apportait une distorsion dans les montants qui étaient
redistribués à chacune des pistes. C'est la raison pour laquelle
nous avions suggéré de modifier le contrat, qui a
été annulé avec les pistes, si ma mémoire est
fidèle, et de faire plutôt administrer un fonds à partir du
produit que procurait le pari mutuel. C'est comme cela qu'a été
créée la société qui devait gérer ces
fonds.
J'aimerais, si c'était possible, dans le contexte du
préavis des questions, comme nous aurons certainement à revenir
en commission parlementaire pour l'étude des crédits du
ministère des Finances, qu'on amène comme témoins, puisque
ce n'est pas le ministre qui a pris la décision, les gens qui
étaient en cause pour savoir à partir de quel critère ils
ont fait ces prêts, pourquoi ils les ont faits à cette piste et ce
qu'ils envisagent de faire ou qu'ils ont fait par rapport à la piste de
Trois-Rivières et d'autres pistes qui étaient en
difficulté. Si le ministre ne veut pas le faire dans le contexte de la
commission parlementaire qui étudie les crédits des Finances, il
peut le faire dans le contexte d'une autre commission parlementaire. Je pense
que ce serait dans l'intérêt non seulement des membres de cette
commission, mais peut-être aussi dans l'intérêt de tous ceux
qui oeuvrent dans ce secteur, parce que, comme je le mentionnais, les chiffres
qu'on m'avait soumis dans le temps étaient qu'il y avait quand
même tout près de $400 millions qui roulaient au Québec
dans le cadre de l'industrie de l'élevage, de l'administration des
pistes de courses, du pari mutuel, etc.
M. Parizeau: Deux choses, M. le Président. Au début
de son intervention, le député de Jean-Talon indiquait qu'il
avait suivi ces activités quand il en était responsable. La
référence qu'il faisait, j'imagine, venait du fait que, à
un moment donné, un ministre d'Etat aux Finances a été
nommé pour s'occuper de ces choses.
Pour ce qui a trait maintenant à amener les gens de SODIC ici et
le président de Loto-Québec, de façon à discuter de
toute cette question on peut faire cela à la commission des finances,
telle qu'elle siège, à l'heure actuelle, où on pourrait
faire cela et cela me semblerait peut-être plus indiqué
justement pour répondre à la préoccupation du
député de Jean-Talon de voir tout le portrait lorsqu'on
présentera inévitablement des amendements de caractère
législatif pour remettre de l'ordre dans tout cela. Or, ces amendements
ou ces modifications de caractère législatif doivent être
présentés d'ici peu de temps, parce qu'il ne me paraît pas
concevable que cela continue selon sa forme actuelle. Alors, ce qu'on pourrait
peut-être faire, c'est quand le projet de loi sera déposé,
faire siéger la commission et examiner tout le portrait...
M. Garneau: Si je comprends bien...
M. Parizeau: ...parce qu'il est évident qu'il faut
examiner cette question de l'industrie chevaline et des courses de chevaux,
dans son ensemble. SODIC est, bien sûr, impliquée, mais la
Régie des courses est aussi impliquée, la surveillance des
courses au Québec est impliquée aussi. J'ai l'intention de
déposer toute une série d'amendements de caractère
législatif pour examiner l'ensemble de la question. Dans ce sens, je
suis d'accord avec le député de Jean-Talon pour regarder cela
comme un ensemble. Il est possible qu'on puisse attendre quelque temps, et
quand je dis quelque temps, entendons-nous, c'est normalement dans les deux
mois qui viennent. Un projet de loi doit normalement être
présenté pour couvrir ce genre de territoire. On pourra alors
siéger en
commission parlementaire et examiner toute la question de l'industrie
chevaline d'un seul bloc.
M. Garneau: Si je comprends bien les propos du ministre, son
intention est de modifier la façon de procéder pour venir en aide
à cette industrie, plutôt que d'abolir complètement
ou si la décision n'est pas prise toute forme d'aide aux
éleveurs de chevaux de course du Québec et aux gens qui
administrent ces pistes.
M. Parizeau: II n'est pas question d'abolir toute forme d'aide.
Je pense que c'est, à cet égard, une industrie au même
titre que beaucoup d'autres industries, et qu'il faut examiner le type d'appui
qu'on peut lui donner, exactement comme on examinerait l'appui qu'on donnerait
à n'importe quoi d'autre. D'autre part, le gouvernement a un
intérêt financier direct dans les courses de chevaux. C'est
évident qu'on retire des revenus de cela. On tire sur le pari mutuel
à peu près $22 millions par an. Il est donc important
d'être capable de protéger notre position là-dedans.
Troisièmement, il y a une question de surveillance des courses, je veux
dire de juges de courses, une surveillance, de la façon dont les courses
sont menées, ce qui n'a, à mon sens, jamais été
abordé encore correctement. Alors, il n'est pas question de dire: On
abolit automatiquement toute forme d'aide. Je veux remettre de l'ordre
là-dedans, parce que, d'une part, les courses de chevaux en tant que
telles ne sont pas, à mon sens, surveillées correctement. D'autre
part, j'ai des doutes sérieux sur la façon dont l'aide est
apportée par le canal de SODIC. Enfin, je ne vois vraiment pas ce que
cela vient faire à Loto-Québec, etc. Il y a une série de
modifications à apporter.
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet, il y a
les députés de Laviolette, Verchères, Frontenac et
Bellechasse qui ont demandé la parole. Est-ce que c'est sur le
même sujet? M. le député de Verchères.
M. Goulet: M. le Président, je m'excuse, mais
j'étais assis ici et le député de Verchères
n'était même pas à son siège, alors que j'avais
demandé la parole.
M. Grégoire: Sur le même sujet, vous pouvez y
aller.
Le Président (M. Boucher): Vous avez eu des questions tout
à l'heure.
M. Goulet: Je n'ai eu aucune question. M. Grégoire:
Sur le même sujet.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le
député de Verchères peut poser sa question, après
cela, ce sera le député de Bellechasse?
M. Goulet: Allez-y. Normalement, aux commissions parlementaires,
ce qu'on m'a dit, pour les autres années, c'était d'abord
l'Opposition et ensuite, les députés ministériels. Il me
semble que c'était comme cela. Je ne sais pas si quelqu'un va nous
renseigner. De l'expérience ici, il n'y en a pas tellement, à
part peut-être le député de Jean-Talon qui pourrait nous
dire comment cela se passait.
Le Président (M. Boucher): J'alterne d'un bord et de
l'autre de la table, au fur et à mesure que les gens lèvent la
main.
M. Goulet: Je me soumets au...
M. Grégoire: M. le Président, si le
député de Bellechasse veut poser une question sur le même
sujet, je suis d'accord pour qu'il ait son tour immédiatement. Si c'est
sur un autre sujet, je crois qu'il comprendra facilement...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le
député de Verchères pose la question sur le même
sujet?
M. Charbonneau: Au sujet de l'élevage?
Le Président (M. Boucher): Les pistes de courses et...
M. Charbonneau: Cela peut être connexe, mais s'il veut
spécifiquement parler de l'élevage...
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Bellechasse, sur le même sujet.
M. Goulet: Merci. Je m'excuse auprès de mes
collègues, mais c'était spécifiquement sur le sujet de
l'aide à la piste de courses de Jonquière. Est-ce que le ministre
a l'intention de renégocier ce prêt? Dans un deuxième
temps, la semaine dernière, à la commission des finances, avant
de prendre panique et dire qu'il y a eu du patronage et ces choses-là,
je ne veux pas descendre qui que ce soit ici, je ne vois pas pourquoi je ferais
ça de mon siège, mais on dit également qu'on avait
aidé l'industrie ou les pistes de courses, si vous voulez, parce que
ça rapportait à la province.
Dans le cas spécifique du prêt sans intérêt
à la piste de Jonquière, est-ce qu'on a décidé de
le renégocier? Deuxièmement, qu'est-ce que cela a pu rapporter
à la province, ce prêt? C'est bien beau de dire: On l'a
prêté sans intérêt, et prendre panique, mais cela a
sûrement rapporté de l'argent. Est-ce qu'on a des chiffres
précis là-dessus?
M. Parizeau: Je ne connais aucune analyse financière
véritable de l'impact de ce prêt de $600 000. Enfin, s'il y en a
une, je ne l'ai pas vue.
Deuxièmement, ce qu'on m'en a dit, en termes très
généraux, c'est qu'en soi ce n'était peut-être pas
nécessairement mauvais. Mais, troisièmement, il va falloir des
rapports quand même un peu plus précis là-dessus et,
quatrièmement, la procédure en vertu de laquelle un organisme
peut faire des prêts de cet ordre à même les fonds publics
et
sans passer par une voie, comment dire? d'arrêté en conseil
ou de trucs comme ça, me paraît tout à fait abusive.
M. Goulet: Mais est-ce qu'on va renégocier le
prêt?
M. Parizeau: Oui, c'est-à-dire renégocier, on va
réexaminer ce prêt. Moi, je veux aller au fond de la question de
ce prêt de $600 000 pour savoir exactement pourquoi il a
été fait et quel intérêt cela représente, et,
d'autre part, si c'est le moindrement raisonnable, de faire une avance sans
intérêt. C'est clair.
M. Goulet: M. le Président, si vous me permettez...
M. Parizeau: II est évident, cependant, vous comprendrez,
qu'il y a un aspect essentiellement juridique à la question.
M. Goulet: ... une sous-question, on a dit que l'industrie des
courses a rapporté $22 millions nets à la province, au Revenu, la
semaine passée. C'est le même ministre. Cela vient à quoi,
les pistes de courses... Vous allez voir que je suis assez profane. Il y a
quatre ou cinq grosses pistes dans la province, Montréal, Québec,
Trois-Rivières?
M. Parizeau: II y en a six.
M. Goulet: Six? Alors, dans ces $22 millions, Jonquière,
au prorata, dans les $22 millions, compte pour combien? On ne le sait pas?
M. Parizeau: C'est très peu de chose. C'est très
grossier, ce qu'on a comme chiffres. Mais c'est de l'ordre de $500 000... C'est
en bas de $1 million sur les $22 millions. C'est peu de chose.
M. Goulet: Jonquière compte à peu près pour
$1 million.
M. Parizeau: Non, moins de $1 million. M. Goulet: Moins de
$1 million.
M. Parizeau: Oui, sur les $22 millions que cela rapporte au
total.
M. Goulet: Cela répond à ma question, merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac, c'était sur le même sujet?
M. Grégoire: Exactement le même sujet des $600 000,
parce que, en fait, ça me surprend un peu, et je pense bien que je ne
suis pas le seul à être surpris de cette chose.
Je ne suis pas, comme disait le ministre des Finances, contre le fait
d'aider cette industrie, loin de là, si ça rapporte, si ça
emploie du monde et si cela a un chiffre d'affaires ou un "turnover" de $400
millions dans l'année, il me semble qu'on doit s'en occuper
également. Mais, ce qui me surprend, c'est justement qu'on fasse un
prêt sans intérêt, sans fixer de période de
remboursement. Là, ça m'estomaque un peu.
M. Parizeau: Comment donc!
M. Grégoire: On pourrait me dire que l'agriculture fait un
chiffre d'affaires de beaucoup plus que $400 millions par année, mais
les prêts qui sont consentis aux cultivateurs sont faits avec des
intérêts et il y a une date de remboursement. Là, il n'y en
a pas. Cela peut être dans 50 ans, dans 60 ans et, en plus de tout
ça, si ça rapporte $1 million au Québec, un prêt de
$600 000, à une piste de courses, pour l'élevage des chevaux,
ça doit entraîner un taux d'intérêt de 13 1/2%, 14%
à la banque, ce qui représenterait $80 000 pour à peu
près en perte de revenu au gouvernement pour...
Il me semble qu'il n'y a pas de proportion là-dedans ou cela
représente un cadeau. Je ne sais pas trop quoi...
M. Parizeau: Le député de Frontenac n'a pas besoin
de me persuader. Je le suis.
M. Grégoire: Non.
M. Parizeau: La seule chose...
M. Grégoire: Je prépare les questions
simplement...
M. Parizeau: ...à laquelle je veux revenir... Nous avons
discuté longuement, hier soir, du caractère juridique ambigu de
la direction de Loto-Québec. On a discuté longtemps sur le fait
d'avoir des pouvoirs de sous-chef. Qu'est-ce que cela implique comme engagement
du gouvernement quand un sous-chef signe ou paraphe quelque chose? Il faut bien
s'entendre.
M. Garneau: Sur le point du sous-chef, le ministre est-il
sûr que, juridiquement, le président-directeur
général de la loto a le pouvoir de sous-chef et de nommer
l'article de la loi où c'est...? Je suis surpris... Hier soir... Le
président de la régie peut avoir ce pouvoir parce qu'il
administre un budget qui est voté, mais est-ce que le
président-directeur général de la Loto-Québec a le
pouvoir de sous-chef? Je ne suis pas sûr.
M. Parizeau: On pourrait peut-être sortir le texte de loi
pour vérifier l'article exact.
M. Garneau: Je l'ai vérifié hier soir, quand je
suis arrivé à mon bureau. Cela m'avait tellement chicoté
que je n'en étais pas certain. J'ai donc relu les articles de la loi
créant Loto-Québec, non pas la régie, mais la
Société d'exploitation et je n'ai pas vu, contrairement au cas de
la régie qui administre des fonds à même des crédits
votés on l'a vu au ministère du Revenu l'autre fois
que le titre de sous-chef était donné au
président-directeur général de Loto-Québec.
Dans le cas de la régie, un des articles mentionne que le
secrétaire et les autres fonctionnaires sont nommés en vertu de
la Loi de la fonction publique et qu'à ce chapitre, le président
de la régie, le tribunal, a le pouvoir de sous-chef. Dans le cas de la
Société d'exploitation, on dit que le secrétaire et les
autres fonctionnaires sont nommés en vertu de la Loi de la fonction
publique et il n'y a pas de relation, il n'y a pas ce deuxième
paragraphe où on donne au président-directeur
général le pouvoir de sous-chef. En ce sens, je dois dire que
même s'il l'avait, je ne comprends pas l'argumentation du ministre par
rapport à sa responsabilité face au conseil d'administration,
mais ceci dit, je crois qu'il n'existe pas. Je ne voudrais pas donner ma
tête à couper là-dessus, mais...
M. Parizeau: Les vérifications qui ont été
faites démontrent qu'il a les pouvoirs de sous-chef.
M. Garneau: En tout cas, on n'a pas lu la même loi,
à moins qu'elle n'ait été modifiée sans que je ne
le sache.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Frontenac.
M. Parizeau: Encore une fois, je reviens sur ce que je disais
ici. Avant de songer à une renégociation ou à une
redéfinition, il faut savoir jusqu'où le gouvernement est
engagé juridiquement parce qu'on ne peut pas renégocier une chose
dans laquelle le gouvernement est engagé juridiquement. Cette chose est
à clarifier. C'est clair. C'est la première démarche avant
tout.
M. Grégoire: Là-dessus, j'en arrive à mes
questions. Pourrait-on déposer ici ce contrat? C'est tout de même
assez estomaquant et cela justifie le dépôt pour qu'on sache qui a
autorisé, qui a signé le prêt. Si c'est un prêt sans
date, c'est bien la première fois que je verrais cela un
prêt sans date de remboursement.
M. Parizeau: Je pense qu'on pourrait fort bien déposer le
contrat.
M. Grégoire: Cela doit être un peu unique à
moins que cela ne se soit fait régulièrement. Je ne le sais pas.
Peut-on avoir le dépôt de ce prêt? C'est la première
question que je pose. La deuxième est: qui a autorisé le
prêt? Qui sont les propriétaires de la piste de courses de
Jonquière à avoir bénéficié de ce que
personne d'autre, à mon avis... ce dont personne d'autre au
Québec ne peut bénéficier, actuellement, du moins parce
que c'est unique.
M. Garneau: La SDI fait des prêts sans intérêt
très régulièrement.
M. Grégoire: Oui, avec des rabais.
M. Parizeau: Ou selon certaines considérations, si c'est
pour l'exportation, cela peut se faire.
M. Goulet: ...REXFOR.
M. Parizeau: Oui, l'existence du prêt sans
intérêt n'est pas unique au gouvernement. Mais le problème
n'est pas là.
M. Garneau: J'appelle...
M. Grégoire: Est-ce qu'on peut avoir des renseignements
sur cela?
M. Garneau: Chapitre 28.
M. Grégoire: Je voulais savoir autre chose. Quel
était le ministre d'Etat délégué aux Finances, qui
pouvait être responsable de ce prêt, parce qu'on m'a
mentionné que cela relevait de lui.
M. Garneau: C'est M. Berthiaume.
M. Grégoire: Est-ce qu'il est encore
député?
M. Garneau: II est là. C'était ce monsieur que vous
voyez là.
M. Grégoire: C'est lui. Il n'est plus
député, d'accord.
M. Garneau: En même temps que vous allez déposer ces
contrats, ces documents, est-ce que vous pourriez déposer les
règlements, s'ils existent, de SODIC et voir si ce prêt a
été fait en conformité avec les règlements, savoir
quel est le principe sous lequel ils sont appuyés par...
M. Parizeau: Bien.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Seulement une remarque préliminaire. Je
pense que les questions qu'on peut se poser et la réaction qu'on peut
avoir vis-à-vis de ce prêt c'est que, compte tenu du discours du
budget, je pense que les priorités d'utilisation des fonds publics
doivent nous intéresser au plus haut point. Est-ce que, par ailleurs,
c'est exact que ce prêt sans intérêt n'est qu'une
première tranche d'un prêt global qui devait être
accompagné d'un deuxième versement équivalent ou à
peu près?
M. Parizeau: Oui, cela devait être, à l'origine, une
première tranche d'un prêt de $1,3 million, le deuxième
versement n'a pas eu lieu.
M. Charbonneau: Bon.
M. Garneau: L'investissement qui a été fait
à la suite de ce prêt ou dans le cadre de ce prêt, est-ce
qu'il y a des informations qui pourraient être déposées?
J'imagine qu'il n'a pas dû le prêter pour rien, il doit avoir fait
quelque chose. Est-ce qu'il y a eu quelque chose...
M. Parizeau: II y avait une question de modernisation, je pense,
de la piste. C'est pour faire du travail dans les estrades, les paddocks, ces
choses-là.
M. Charbonneau: Pour continuer, M. le Président, on nous a
parlé, aux crédits du ministère du Revenu, et on en a fait
état tantôt, des revenus additionnels pour l'Etat
québécois de $22 millions provenant du pari mutuel, si j'ai bien
compris.
M. Parizeau: Oui.
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre des Finances serait
disposé à entreprendre une étude pour savoir de quelle
façon il pourrait être intéressant pour l'Etat
québécois de récupérer, sous forme d'impôt
quelconque, des revenus qui sont actuellement perçus
illégalement, en fait qui sont acheminés illégalement dans
les milieux clandestins avec le pari clandestin? Il y a deux types de pari
clandestin, il y a le pari sur les courses, un peu comme le pari mutuel avec
des variantes et le pari sur les sports professionnels. Est-ce que le ministre
des Finances ou la Régie des loteries et courses du Québec a
déjà entrepris une étude sur cette question-là ou
est-ce qu'il ne serait pas intéressant, justement, d'entreprendre une
étude sur toute cette question du pari clandestin pour savoir comment il
pourrait être intéressant de légaliser ou de
récupérer légalement certaines formes de pari qui sont
actuellement pratiquées illégalement par des hommes
d'affaires.
M. Grégoire: ...qui agissent illégalement...
M. Parizeau: Cela met l'accent essentiellement sur la question du
pari hors piste.
M. Charbonneau: Et le pari sur les sports professionnels.
M. Parizeau: Mais je veux dire que, dans le cas des courses de
chevaux, essentiellement, il s'agit de savoir si on peut légaliser le
pari hors piste. Cela, le Code pénal l'interdit.
M. Charbonneau: Eventuellement...
M. Parizeau: Le Code pénal étant
fédéral, il ne faut pas se faire d'illusion. Ce n'est pas une
décision que nous pouvons prendre tout seul.
M. Charbonneau: Je comprends que c'est encore une question
fédérale, mais est-ce qu'éventuellement une étude
qui indiquerait des rentabilités ou des avantages a ce que le
Québec ou une autre province puisse légaliser certaines formes de
pari actuellement illicites ne pourrait pas amener le fédéral
à réviser sa position?
Si, au départ, les provinces avaient des données plus
précises sur les avantages que pourrait avoir...
M. Parizeau: C'est une question qu'il faut examiner, qu'on a
déjà commencé à examiner aussi juqu'à un
certain point. Mais... où est-ce que j'en étais, ça
bourdonne autour de moi.
M. Charbonneau: Vous disiez que vous aviez commencé
à examiner la question.
M. Parizeau: On a commencé à examiner cette
question. Le problème évidemment, c'est que comme ça se
produit dans la clandestinité, par définition, parce que c'est
clandestin, on n'a pas beaucoup de renseignements, il y a des
expériences qui ont été faites en Grande-Bretagne, par
exemple, et qui sont intéressantes à ce sujet. Mais c'est
toujours très difficile de transposer ça. Je ne me fais pas trop
d'illusion, au point où nous en sommes à l'heure actuelle, je
doute que les études puissent aller très loin.
M. Charbonneau: En fait, je me demande si les études ne
pourraient pas mettre à contribution certains services policiers de
renseignements qui ont effectivement des données. Je pense qu'il
pourrait peut-être être intéressant d'en évaluer
l'ampleur; autant on a pu faire des approximations sur l'importance du
marché des prêts usuraires clandestins dans la région de
Montréal, qui étaient malgré tout des approximations,
autant j'ai l'impression que, compte tenu des enquêtes policières
concernant plusieurs réseaux de pari clandestin, il y aurait
peut-être moyen d'évaluer l'ampleur de leurs activités et
la façon dont ça pourrait être rentable pour l'Etat
québécois de récupérer éventuellement du
moins une partie de ces affaires illicites.
M. Parizeau: Oui, ça impliquerait effectivement un travail
au niveau de la police, sur lequel je dois dire que je n'ai pas de connaissance
particulière. Je ne dis pas qu'en soi, ce n'est pas intéressant.
Est-ce que la police est vraiment en mesure de faire une enquête qui
rapporterait des renseignements suffisamment explicites? Vraiment, je ne suis
pas en mesure de répondre.
M. Charbonneau: Peut-être que les renseignements
déjà accumulés et que les spécialistes du
ministère des Finances pourraient permettre justement d'évaluer
les renseignements déjà disponibles. Il ne s'agit pas de
recommencer les enquêtes, mais d'évaluer les données qui
sont actuellement disponibles dans différents services de renseignements
qui relèvent du ministère de la Justice pour...
M. Parizeau: Cela vaut la peine de regarder si, effectivement,
ils ont quelque chose en main.
M. Charbonneau: Eventuellement, quelques millions à
récupérer, ce n'est pas...
M. Parizeau: Oui, c'est possible. A récupérer,
oui...
M. Charbonneau: En taxes.
M. Parizeau: A supposer, il faudrait supposer qu'on veut vraiment
établir du pari hors piste. Je ne suis pas encore persuadé de
ça.
M. Grégoire: Est-ce que ce serait possible de
récupérer des impôts sur des activités
illégales? Ce serait les reconnaître automatiquement.
M. Charbonneau: Non, non...
M. Parizeau: L'idée du député de
Verchères serait qu'on légaliserait le pari hors piste. Je ne
suis pas rendu là. Je ne suis pas du tout persuadé qu'il faudrait
légaliser le pari hors piste.
M. Charbonneau: Ce que le député de Frontenac
signale, c'est qu'aux Etats-Unis, on taxe même les revenus
illégaux.
M. Parizeau: Oui, mais, vous comprenez, c'est toujours la
tentation de se dire: Quelque chose est illégal. On va le
légaliser. Est-ce qu'on va légaliser le prêt usuraire?
M. Charbonneau: Je pense qu'il y a une différence de
morale appréciable entre le prêt usuraire et le pari clandestin. A
ce compte-là, on avait les loteries qui ont été, à
une époque, illicites et qui sont devenus licites.
M. Parizeau: Oui.
M. Charbonneau: Je pense que la question de morale entre le
prêt usuraire et les paris clandestins, à mon sens, est
complètement différente. Le rapport Prévost, d'ailleurs,
avait...
M. Parizeau: On revient au problème qui était
soulevé hier soir. C'est une chose d'accepter des formes de loterie ou
des formes de jeu dans une société, mais, à un moment
donné, il faut quand même se demander jusqu'où on peut
aller. Il est évident que c'est exactement le problème qui se
pose au sujet de la loto instantanée dont on parlait tout à
l'heure. Nous ne sommes pas les seuls à nous poser ces questions.
Certains de mes collègues, dans d'autres provinces, qui sont
placés, à l'heure actuelle, devant des propositions de loto
instantanée, hésitent, pour exactement les mêmes raisons.
Jusqu'où pousse-t-on l'incitation au jeu? Et avec quelles formules? Et
quelles formules peuvent être considérées comme acceptables
et d'autres comme représentant une incitation tellement poussée
que, vraiment, le gouvernement devient "gambler" lui-même?
A un moment donné, il faut savoir où on arrête. Dans
ce sens-là, le pari hors piste, la loto instantanée, il y a une
série de choses comme celles-là qui posent, indépendamment
de l'état de la situation juridique actuelle, un problème de
responsabilité gouvernementale.
Je vous avouerai que, sur la question du pari hors piste, mon
idée est loin d'être faite. Je sais qu'il y a, au niveau du
gouvernement, passablement de membres du cabinet, avec qui j'ai eu l'occasion
d'en discuter qui ont pas mal d'hésitation aussi. Ils se demandent:
Est-ce qu'on embarque dedans oui ou non? Je parle de la loto
instantanée.
M. Charbonneau: Je comprends votre réaction.
M. Parizeau: Mais c'est tellement subjectif et cela
reflète tellement des valeurs un peu vagues qu'il devient, que ce n'est
pas facile de trancher ces choses.
M. Charbonneau: D'accord. Il me semble que, si on avait des
données plus précises, la discussion pourrait peut-être,
éventuellement...
M. Parizeau: II est clair que cela vaudrait peut-être la
peine de demander, au moins d'aller voir ce que la police peut avoir comme
renseignements; c'est clair.
M. Charbonneau: D'accord, merci.
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet, le
député de Jean-Talon.
M. Garneau: Le député de Verchères a fait
allusion à la commission Prévost qui, je pense, proposait la
socialisation du jeu. Dans ce sens-là, cela rejoint, je pense, la
préoccupation du député de Verchères.
Dans le cas des paris hors piste sans poser une question, je
pourrais peut-être émettre une opinion appuyée sur les
discussions que j'avais eues dans le temps si on fait des paris hors
piste, il faut les communiquer directement avec la piste, c'est-à-dire
les transposer dans un endroit quelconque, si on veut être certain que
cela ne soit pas des "bookies" étatisés...
M. Charbonneau: De l'Etat. Des preneurs au livres...
M. Garneau: ...qui fonctionnent; il faut avoir des points de
vente, c'est-à-dire qu'il faut installer des machines. Si vous allez,
par exemple, dans un hôtel à Montréal ou à un
endroit quelconque, vous pouvez acheter un billet et on vous le
poinçonne de la même façon. C'est compilé sur
ordinateur immédiatement.
Ce qu'on avait dit, c'est que le coût d'installation de ces
appareils était très élevé, qu'en termes de
rendement, c'était loin d'être sûr que ce soit rentable sur
le plan financier. Deuxièmement, vous ne concurrenciez que d'une
façon très limitée les "bookies" qui, eux, ont un service
direct aux consommateurs, c'est-à-dire que les gens ne se
déplacent pas, cela se fait par téléphone. C'est pour cela
qu'il y a tellement de fuites et de vols dans ces choses. C'est une des
raisons, sur le plan technique, qui nous avait retenus, en plus de l'aspect
juridique dont parlait le ministre et qui avait des limitations...
M. Charbonneau: Est-ce que le député de Jean-Talon
pourrait nous dire, dans ce cas-là, s'il y avait déjà eu
des études précises?
M. Parizeau: II y a une expérience qui a été
faite à New-York à ce sujet, dans l'Etat de New York.
Effectivement, le rendement n'était pas extraordinaire.
Il faut toujours faire attention de ne pas généraliser, de
ne pas exporter des expériences
comme celles-là, parce qu'une expérience peut donner des
résultats médiocres, ou bien parce que le champ
d'opération est mauvais, ou bien seulement parce que l'expérience
est mal faite.
Il est évident que, si on jugeait des prospectives d'avenir des
loteries au Canada sur la base de l'expérience de Loto-Canada, on
arriverait probablement à la conclusion qu'il n'y a rien là. Il
n'y a pas beaucoup d'argent.
Ce n'est pas parce que la loto n'est pas une bonne institution sur le
plan du rapport financier, c'est seulement parce que Loto-Canada est mal
organisée.
L'expérience de New York, c'est vrai qu'elle a peu donné
sur le plan financier. Est-elle exportable ou non? Je ne le sais pas.
M. Garneau: Mais dans le domaine du jeu, toujours relié
à la question du député de Verchères, là
où il m'apparaîtrait qu'il y a de plus grandes possibilités
de bloquer ce qu'on pourrait appeler le jeu illicite, c'est dans les "pools" de
hockey, ce qu'on appelle les loteries sportives, où les gens, à
un moment donné, se promenaient dans les ascenseurs, même ici au
parlement pour nous vendre des "pools" de...
M. Charbonneau: Cela fonctionne encore, Loto-Québec n'a
pas...
M. Garneau: Cela fonctionne encore, mais c'est illégal.
Quand la Loto-Perfecta avait été installée, la
mécanique qui avait été choisie, c'est-à-dire ces
valideuses, une des raisons pour lesquelles ce système avait
été choisi plutôt que d'autres, suivant les recommandations
qui avaient été faites par les administrateurs du temps, c'est
qu'elles permettraient l'ouverture de l'administration d'une loterie sportive.
Parce que le fonctionnement de la validation des billets est à peu
près de même nature que celui de ce qu'on appelle la Loto-Perfecta
actuellement, qui pourrait sans doute, d'une façon plus grande,
atteindre l'objectif que soulevait le député de Verchères,
c'est-à-dire éliminer ce jeu qui est organisé par des
"bookie" ou des choses comme cela, peut-être plus encore que sur le pari
mutuel. Parce que le service serait offert possiblement à tous les
points de vente de la Loto-Perfecta et cela couperait l'herbe sous le pied aux
vendeurs illicites de ces loteries.
M. Charbonneau: D'ailleurs, la plus grosse partie des paris
clandestins sont dans les paris sur les sports professionnels et non pas sur
les courses.
M. Parizeau: Là je me demande, M. le Président, si
on n'entre quand même pas dans un champ qui relève bien plus des
opérations de police qu'autre chose, parce que, en somme, on n'est pas
le seul endroit dans le monde qui cherche à faire en sorte
d'empêcher le jeu clandestin. Les résultats, quand il y en a,
relèvent essentiellement de l'efficacité du travail de la force
policière.
M. Charbonneau: Je ne voudrais pas, M. le Président,
poursuivre le débat. Je suis d'accord avec le ministre des Finances. La
seule chose que je voudrais vous faire remarquer...
M. Parizeau: A un moment donné, on entre...
M. Charbonneau: ... c'est que mes interventions étaient
plutôt dans le sens de voir si des études avaient
été faites ou pourraient être faites pour voir ce dont
l'Etat pourrait bénéficier en termes de
récupération d'argent. C'est dans ce sens que je voulais faire
les interventions et non pas dans le sens de voir comment ici, à la
commission parlementaire des finances, on peut régler le problème
des activités illicites de différentes personnes.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Pour faire suite à la commission parlementaire
du revenu, on a fait mention d'une ferme d'élevage aux Etats-Unis.
Est-ce que c'est dans la même veine que cette chose a été
faite? A partir de quoi? Est-ce encore SODIC ou d'autres choses? La ferme
d'élevage aux Etats-Unis, quand on a parlé au niveau du revenu,
est-ce que c'est dans la même veine de l'élevage de chevaux de
course?
M. Parizeau: Oui, toujours. M. Jolivet: Toujours.
M. Parizeau: C'est censé aider l'amélioration du
genre de chevaux qui courent sur les pistes ici. C'est l'objectif de
l'opération.
M. Goulet: Le député de Jean-Talon m'avait fourni
une bonne réponse en dehors de la Chambre là-dessus. M. le
député de Jean-Talon, vous m'aviez fourni une bonne raison,
à savoir pourquoi cela avait été fait.
M. Garneau: Au départ, cela a été dans le
programme de Loto-Perfecta pour aider les éleveurs
québécois. Ce qui avait été fait dans une entente
avec les éleveurs de chevaux, c'est qu'on avait loué un ranch.
Ecoutez, je ne suis pas un expert là-dedans, mais ce qu'on m'a dit,
c'est qu'en envoyant les poulains nés au printemps passer l'hiver sur
cette ferme, l'éleveur pouvait faire courir ses poulains une
année plus vite. Le député de Laviolette il y en
avait beaucoup dans votre coin qui s'intéressaient à cela
avait fait beaucoup de représentations dans le temps. C'est cela qu'on
nous disait, que cela allongeait la vie du cheval de course et permettait de le
faire participer à des courses importantes et surtout que le cheval,
apparemment, qui passe l'automne là, à comparer à un
cheval qui reste ici, apparemment, ce n'est pas le même cheval. En tout
cas, ils avaient toute une série de photos qu'ils nous ont
montrées pour dire comme les chevaux étaient bien. Les gens
payaient pour envoyer leurs chevaux là...
M. Parizeau: M. le Président, je dois reconnaître
une chose, moi aussi, quand je vais dans le sud en plein hiver et que je
reviens, je cours plus vite. C'est clair. Je ne demande pas au gouvernement de
me payer mon voyage dans le sud. Je n'ai aucune espèce d'objection
à ce que les poulains trottent plus vite, mais est-ce le rôle du
gouvernement de faire trotter les poulains vite? Il faut se poser la question.
Personne n'a d'objection à ce que les poulains courent vite, mais il
s'agit de savoir si c'est nous qui payons pour cela.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, ce n'est pas sur les
chevaux... Hier, on a mentionné que l'impression des billets de loto
coûtait dans les $4 millions. Ma question est celle-ci: Est-ce
donné par soumissions, par appels d'offres? Est-ce des soumissions
données depuis six mois?
M. Parizeau: On va vous expliquer la façon de
procéder. Dans le domaine de l'impression de billets
sécuritaires, il s'agit d'un commerce nécessairement très
spécialisé. Il y a deux firmes au Québec, dont l'une est
à Montréal et l'autre à Beauport même, ici. Nous
avons, il y a deux ans, procédé par appel d'offres et la seule
firme qui a soumissionné d'une manière conforme à notre
demande, c'est-à-dire qui pouvait remplir complètement le mandat,
en d'autres mots, à qui on pouvait confier tous les billets, etc.,
c'était la firme Boulanger à Montréal. Je pense que je
peux mentionner, ça va peut-être satisfaire
également votre curiosité là-dedans qu'on peut
même dire qu'à la grandeur du Canada, c'est, à toutes fins
pratiques, la firme Boulanger qui imprime les billets de loterie, soit
elle-même, ou conjointement avec National Bank Notes dans laquelle
Boulanger a des intérêts. Il s'agit d'un marché très
captif.
M. Goulet: II n'y aura pas d'autres appels d'offres. Est-ce une
entente pour cinq ans? Cela fait déjà deux ans.
M. Parizeau: Non, si ma mémoire est bonne, il s'agissait
d'un appel d'offres pour une période de deux ans. Je vous dis ça
de mémoire. Dès qu'il va y avoir lieu, nous allons tenter de
nouveau, par appel d'offres, de voir qui pourrait... On ne demande pas mieux
que d'avoir de la concurrence là-dedans. On est nettement conscient
qu'il s'agit d'un marché fermé.
M. Goulet: Cela répond à ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions concernant Loto-Québec?
M. Garneau: Le dernier point qui avait été
soulevé par le ministre des Finances dans sa présentation est
relié à la Loterie olympique et fonctionnement dé ce qui a
été la succession de la Loterie olympique, Loto-Canada.
Le ministre des Finances, dans son propos d'ouverture, avait
indiqué que le gouvernement du Québec, dans le temps, avait fait
un marché de dupe et qu'il aurait dû y avoir une entente
interprovinciale quant au fonctionnement du successeur de la Loterie olympique.
Là-dessus, je voudrais indiquer au ministre que, de mémoire
je pense que les gens de Loto-Québec pourraient être encore
plus précis que moi les tentatives qui avaient été
faites...personnellement, j'en avais causé une fois avec le ministre des
Finances de l'Ontario. Il y a même eu des rencontres entre le ministre
d'Etat aux Finances, le ministre Welsh, de l'Ontario, pour essayer d'arriver
à une entente qui aurait permis à cette loterie interprovinciale
de donner davantage que ce qu'aurait produit la vente de billets au
Québec.
Comme il n'y avait pas possibilité d'entente sur un partage total
des profits, ceci nous a amenés à opter plutôt pour la
formule de Loto-Canada, qui devait nous donner 82,5% du produit net des ventes
pour une période allant jusqu'à 1979. Ce qui est malheureux, et,
là-dessus, je rejoins les propos du ministre tout à l'heure en
termes d'organisation de Loto-Canada, c'est qu'alors que les derniers tirages
de la Loterie olympique avaient donné des profits nets de l'ordre de 42%
du chiffre des ventes et que les ventes des derniers tirages avaient
été de l'ordre de six ou sept millions de billets à chacun
des tirages, il y avait tout lieu de croire que la nouvelle organisation
pourrait produire ou vendre à peu près le même nombre de
billets et produire le même pourcentage de revenus nets à partir
du chiffre brut des ventes. Ceci ne s'est pas produit et je me rappelle,
même si je ne suis plus responsable de ce ministère, avoir quand
même demandé des informations sur le pourcentage des profits nets
des tirages de Loto-Canada, qui ont tombé d'une façon
dramatique.
A-t-on voulu trop fonctionnariser l'administration de cette Loto-Canada?
Est-ce pour d'autres raisons psychologiques? Est-ce la concurrence des loteries
provinciales?
Quand on parle de ce sujet, je me dis: Pourquoi les ventes de billets
auraient-elles été plus difficiles dans les autres parties du
Canada qu'au Québec, où il existe déjà une
Inter-Loto à $5? Comment se fait-il que Loto-Canada ait failli à
la tâche?
Il m'apparaît que, dans ce secteur, Loto-Canada a subi à
peu près les mêmes conséquences que ia vente de la monnaie
olympique. La Loterie olympique est partie de rien. Je pense qu'une personne,
à un certain moment, est arrivée dans son bureau, avec même
pas de secrétaire, pratiquement rien. Or, dans l'espace d'un an et demi,
la vente des billets a atteint un chiffre très élevé. Ce
qui est difficile à saisir est comment il se fait que Loto-Canada ait
failli à la tâche lamentablement.
Ce que je voulais surtout souligner est qu'à ma connaissance, il
n'y avait pas eu possibilité de trouver d'entente entre les provinces
pour avoir autre chose qu'une administration très
décentralisée où le produit qui aurait pu être
appliqué au financement des Jeux olympiques n'aurait été
que le pourcentage des profits reliés aux ventes des
billets faites dans la province de Québec. S'il y a d'autres
renseignements qui existent, ils ne me sont jamais parvenus.
Je me rappelle, entre autres, le résultat de la rencontre de M.
Berthiaume avec le ministre Welsh, qui avait été le point
culminant et qui nous avait amené à prendre la décision
qu'on a prise.
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais faire quelques
commentaires là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Je vous ferai remarquer que
nous sommes à l'heure de l'ajournement. Est-ce que les membres sont
d'accord pour poursuivre quelques instants pour permettre au ministre
d'apporter une réponse au député de Jean-Talon?
M. Grégoire: ... le débat sur...
M. Garneau: Je ne sais pas s'il y en a d'autres qui ont des
questions à poser sur Loto-Canada. Mais cela peut peut-être
prendre un peu plus que quelques minutes. Comme il va falloir, de toute
façon, se réunir, parce qu'autrement, il faudrait penser à
allonger et moi-même, je ne serais pas en mesure, à cause des
engagements que j'ai, d'allonger... Vous non plus? On serait peut-être
aussi bien de continuer la prochaine fois?
M. Parizeau: Si vous permettez. Si on peut me permettre seulement
une intervention à la suite de ce que vient de dire le
député de Jean-Talon, on pourra ensuite ajourner les travaux.
Lorsque, finalement, Loto-Canada a été annoncée,
cela s'est fait à peu près en même temps qu'une entente qui
était intervenue entre toutes les provinces atlantiques, toutes les
provinces de l'Ouest et l'Ontario, pour établir un système
interprovincial dont la première fonction aurait été de
satisfaire certains engagements quant au financement d'une partie du
déficit des Jeux olympiques et qui ensuite aurait donné lieu
à une espèce de répartition entre les provinces. La
décision de Loto-Canada s'est faite, et vous remarquerez que, dans cette
entente qui s'est faite entre les provinces, le Québec ne participait
pas. C'est à ce moment que Loto-Canada a été
annoncée, c'est-à-dire le 10 mai 1976, et la date est importante
dans le sens suivant. C'est le 10 mai 1976 que le ministre responsable en
Ontario annonçait l'entente entre toutes les provinces, sauf le
Québec, à la Législature de l'Ontario, et c'est le
même jour que M. Chrétien annonçait la création de
Loto-Canada, défaisant, en somme, tout ce qui s'était fait sur le
plan des ententes interprovinciales. Il était déjà clair,
au moment où cela a été annoncé, et je pense que
beaucoup d'observateurs l'ont écrit, il y a eu passablement de
journalistes, d'éditoriaux, qui ont tous signalé une chose qui
crevait les yeux: C'est que, si les provinces lançaient leur propre
loterie en même temps que Loto-Canada lançait la sienne, ces
loteries allaient se concurrencer et Loto-Canada rapporterait moins que
prévu et que les chiffres qui étaient annoncés pu-
bliquement, d'une part, par M. Chrétien à Ottawa et, d'autre
part, par le ministre des Finances de l'époque, ici au Québec,
étaient très aléatoires dans la mesure même
où les provinces étaient prêtes à partir les
leurs.
C'est exactement ce qui s'est passé. C'est dans ce sens que je
parle d'un marché de dupe, parce que si toutes les provinces
s'étaient entendues ensemble y compris le Québec, il y aurait eu
un réseau de loterie à travers le Canada. Comme le
fédéral, je pense, dans une bonne mesure en raison de l'absence
de consensus venant du Québec, a lancé la sienne en même
temps que les provinces lançaient les leurs, on a partagé le
marché. Il ne faut pas s'étonner maintenant des
résultats.
J'admets, d'une part, que Loto-Canada semble avoir des problèmes
de rodage, en plus, ce qui n'aide pas les choses. Si on combine les
problèmes de rodage de Loto-Canada et son mode de fonctionnement, et
d'autre part le fait que le marché ait été coupé en
deux, il ne faut pas s'étonner que les prévisions qu'on faisait
quant aux rentrées de cette Loto-Canada ne soient pas du tout ce qui
avait été envisagé au départ.
Je pense qu'encore une fois, cela a été tellement clair,
dès le départ de Loto-Canada, que c'est dans ce sens hier soir,
que j'utilisais l'expression d'un marché de dupe. Beaucoup de textes ont
été écrits dans les journaux à cette époque.
Je m'en souviens, parce que moi-même, dans une autre fonction qui
était celle d'éditorialiste, à ce moment-là,
j'avais fait comme tout le monde, j'avais noté que si on lançait
des lotos en même temps au niveau provincial et à Loto-Canada, les
marchés allaient être partagés.
C'est effectivement ce qui s'est passé.
M. Garneau: M. le Président, dans les propos du ministre,
il y a deux choses qui doivent être soulignées. D'abord,
Loto-Québec représentait le gouvernement aux discussions et la
personne qui est à votre droite était celle qui assistait
à ces réunions. Deuxièmement, l'entente dont vous parlez
aurait pu exister, sauf qu'il n'y avait pas partage des profits aussi
intéressants pour'le financement des Jeux olympiques, parce qu'il y
avait uniquement la proportion des billets vendus au Québec qui aurait
pu être attribuée et appliquée au financement des Jeux
olympiques, alors que la proportion de Loto-Canada pouvait nous permettre
d'avoir 82,5% des revenus nets de cette Loto-Canada, c'est-à-dire faire
bénéficier le financement des Jeux olympiques de 82% des profits
nets des billets vendus à l'extérieur du Québec.
Je comprends aujourd'hui que l'expérience semble nous indiquer,
du moins pour les premiers tirages que ça ne produit pas les revenus
escomptés. On me dit que dans le tirage qui est actuellement en cours,
ça va beaucoup mieux. Espérons que ça va se replacer et
que si les rendements ne sont pas, par tirage, ce qu'ils devraient être,
je pense qu'il y aurait intérêt à ce que des
négociations puissent avoir lieu avec Loto-Canada pour prolonger
au-delà de 1979 la fin de cette entente et ainsi faire
bénéficier le financement de Jeux olympiques du montant qui avait
été prévu.
Au lieu de l'avoir en quatre ans, on l'aura en cinq ans, en six ans ou
en sept ans. A ce moment-là, il y aurait quand même cette
participation.
M. Parizeau: II y aurait peut-être une autre
possibilité qu'il faut évoquer, c'est qu'on reprenne les
discussions entre les provinces.
M. Garneau: Si c'était possible. Si, à ce
moment-ci, les provinces sont prêtes à consacrer une partie des
revenus nets perçus par cette loterie interprovinciale chez elles,
applicables au financement des Jeux olympiques, ce qui n'a pas
été possible dans le temps, si le ministre peut réussir
cela, chapeau! Je serai content de pouvoir l'en féliciter.
M. Parizeau: Nous verrons cela dans les semaines qui
viennent.
M. Garneau: Tant mieux si c'est cela qui arrive.
Le Président (M. Boucher): La commission des finances
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 9)