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Etude des crédits du ministère des
Finances et du Conseil du trésor
(Vingt heures douze minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu est
réunie ce soir pour étudier les crédits du
ministère des Finances pour l'année financière se
terminant le 31 mars 1978. Les membres de la commission ce soir sont: M. Fallu
(Terrebonne) remplace M. Alfred (Papineau), M. Baril (Arthabaska), M. Biron
(Lotbinière), M. Garneau (Jean-Talon), M. Garon (Lévis), M.
Goulet (Bellechasse), M. Gravel (Limoilou), M. Grégoire (Frontenac), M.
Jolivet (Laviolette), M. Landry (Fabre), M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Mercier (Berthier), M. Michaud (Laprairie), M.
O'Gallagher (Robert-Baldwin), M. Parizeau (L'Assomption), M. Raynauld
(Outremont), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Tardif (Crémazie).
Je suggérerais que le député de Laviolette soit
nommé comme rapporteur. Adopté?
Le ministère des Finances comporte des crédits qui
touchent à la Curatelle publique, à la SAQ, à
Loto-Québec, à la Caisse de dépôt, en plus, au
Conseil du trésor. Est-ce que les membres ont un ordre de
priorité pour procéder à ce niveau?
M. Garneau: Puis-je faire une suggestion? Si ma mémoire
m'est fidèle, à moins qu'il y ait eu des changements, la
curatelle habite encore Montréal. Je ne sais pas si les gens aimeraient
mieux passer ce soir. Quant à moi ce ne sera pas long cette partie. On
pourrait commencer par cela si c'est accepté pour les libérer et
leur dire qu'ils pourraient être à leurs bureaux demain non pas
à huit heures, mais peut-être à dix heures.
M. Parizeau: Est-ce qu'on poursuivrait dans le même sens
pour la SAQ et Loto-Québec dont les gens viennent aussi de
Montréal? Je ne sais pas dans quelle mesure on peut les libérer
avant le dernier avion.
M. Garneau: On peut certainement tenter une chance avec la
Curatelle publique. Je ne sais pas à quelle heure est le dernier avion
s'ils sont venus en avion. En auto, alors, ils peuvent partir plus tard s'ils
ne prennent pas un verre.
Le Président (M. Boucher): On peut débuter par la
Curatelle et par la suite on s'entendra. Je laisse la parole au ministre des
Finances pour un exposé d'ordre général.
M. Garneau: Sur la Curatelle?
Exposé général du ministre M.
Jacques Parizeau
M. Parizeau: Non, je vais faire un exposé
général et, ensuite, on pourra passer cela, en prenant la
curatelle, au programme 7, qu'on placera au début.
M. le Président, avant de commencer cette discussion sur les
crédits du ministère des Finances, je souhaiterais vous
présenter les fonctionnaires du ministère et des
sociétés d'Etat qui m'accompagnent.
Du ministère des Finances, à ma droite, M. Pierre Goyette,
le sous-ministre; d'autre part, M. Michel Audet, sous-ministre adjoint à
la Direction des études économiques et fiscales, M. Guerci,
sous-ministre adjoint au financement, M. Marcel Lefaivre, contrôleur des
finances, M. Michel Gri-gnon, directeur des études fiscales et M.
Fernand Breton, contrôleur adjoint; M. Jean Trudel, à la gestion
de la caisse et, d'autre part, M. Montminy, directeur général de
l'administration, et M. Marcel Pagé, directeur du budget. On me signale
aussi M. Jean-Guy Turcotte, de la direction des études
économiques et fiscales.
De la curatelle, M. Rémi Lussier, le curateur, M. Lionel Forgues
et M. Yvon Desjardins. En outre, de Loto-Québec, M. Denis Vandry,
commissaire, et M. Paul Goudreault, ledirecteurde l'administration; de la
Société des alcools du Québec, M. Fernand Pépin,
vice-président exécutif, M. Charles Turmel, secrétaire, et
M. Michel Rhéaume, vice-président des finances. Finalement, mais
pas les moindres, du Conseil du Trésor, M. Jean-Claude Lebel,
secrétaire général, M. Tessier, secrétaire adjoint
aux politiques administratives, M. Ouellet, directeur de l'administration.
En deuxième lieu, je souhaiterais faire une revue rapide, pour
les besoins des membres ici présents, de certaines activités du
ministère des Finances et, enfin, dire quelques mots sur les
sociétés d'Etat qui sont sous la responsabilité du
ministre des Finances.
La Direction générale des études économiques
et fiscales complète actuellement sa nouvelle structure administrative,
ce qui devrait lui permettre de mieux remplir son mandat.
Le programme d'activité est partagé entre la Direction des
études économiques et financières et la Direction des
études fiscales.
A la Direction des études économiques et
financières, on s'intéresse essentiellement à trois
secteurs d'étude et d'analyse. En premier lieu, les analyses des
indicateurs économiques et de la situation courante de l'économie
du Québec. En deuxième lieu, les études financières
comme soutien technique des émissions d'obligations et comme appui aux
organismes gouvernementaux
pour ce qui a trait à l'élaboration du processus triennal
de l'allocation des ressources financières. Et en troisième lieu,
ces études de différents dossiers qui ont un impact à
moyen ou à long terme sur l'allocation des ressources.
La Direction des études fiscales, pour ce qui a trait à
ses travaux les plus importants, touche, d'une part, les politiques de
taxation, je dois dire ici, en collaboration avec le ministère du
Revenu, et, d'autre part, les prévisions de revenu du gouvernement et
les arrangements fiscaux et financiers entre les divers paliers du
gouvernement. C'est ainsi que les travaux d'analyse et de recherche de cette
direction visent les domaines de la fiscalité et parafiscalité
tels que l'analyse de la structure de taxation existante au point de vue de
l'incidence, de l'équité, de la neutralité
intrasecto-rielle et intraprovinciale. De plus, des études sur
l'entreprise pour évaluer les implications budgétaires et
économiques des modifications fiscales ainsi que des analyses des
modifications à la structure de taxation en vue de certains objectifs
économiques et sociaux.
En plus de ces dossiers courants, j'ai demandé aux fonctionnaires
d'apporter plus qu'une certaine attention, de passer une bonne partie de
l'année qui, maintenant, va s'écouler à l'étude
d'un certain nombre de lois fiscales, de façon à voir dans quelle
mesure on peut envisager, dans un avenir relativement proche, une
réforme de plusieurs aspects de la fiscalité au Québec. Il
s'agit, en particulier, de la tarification, par le gouvernement, des biens et
des services qu'il rend au public. Deuxièmement, les mesures fiscales
qui sont reliées directement à l'utilisation du sol et au zonage
agricole. Troisièmement, de cette réforme de la fiscalité
municipale à laquelle le gouvernement actuel s'est commis.
Quatrièmement, de la réforme de l'impôt sur le
revenu. Cinquièmement, de la politique à suivre quant aux droits
successoraux. Sixièmement, de la réforme de la taxe de vente.
Septièmement, des modifications à apporter, avec la collaboration
possible des autres provinces au Canada, au Régime de rentes. Et,
finalement, de la taxation des sociétés d'Etat.
C'est un programme, M. le Président, qui est très
ambitieux, qui va exiger passablement de ressources dans l'année qui
vient, mais qui me semble être un des éléments majeurs de
la définition de la politique économique et sociale du
gouvernement pour les quelques années à venir. Voilà pour
ce qui a trait aux directions chargées des études.
Un autre secteur névralgique du ministère des Finances est
celui du financement du gouvernement. Les opérations de ce secteur dit
de financement se réalisent par le truchement de deux directions. D'une
part, la direction de la gestion de la caisse et, d'autre part, la direction de
la gestion de la dette. Notre direction de la gestion de la caisse administre
les disponibilités bancaires du gouvernement. Elle contrôle les
comptes de banques, émet les chèques pour tous les
ministères et voit à combler les déficits temporaires du
fonds consolidé du revenu dans des emprunts à court terme. Cette
direction a aussi la responsabilité de placer à court terme les
excédents de fonds et de contrôler les prêts et avances
faits aux différents organismes gouvernementaux. La direction de la
caisse a également la responsabilité de recevoir et de garder en
fidéicommis les dépôts reçus en vertu de la Loi des
dépôts et consignations.
Certains dossiers mis de l'avant par cette direction méritent
d'être soulignés. Par exemple: Le transfert automatique des sommes
encaissées par le réseau bancaire a été agrandi
pour inclure le réseau des Caisses Populaires, ce qui n'était pas
le cas jusqu'à récemment. Le dépôt directement au
compte des bénéficiaires, pour des montants payés par la
province à travers tout le réseau bancaire, incluant les Caisses
Populaires, a été implanté pour les
bénéficiaires des pensions de l'Etat. Je tiens à souligner
à cet effet que le système que nous avons à coeur et qui a
été élaboré est tout à fait inédit au
Canada.
Le second volet du financement est la responsabilité de la
Direction de la gestion de la dette. Le mandat de la direction de la dette est
d'effectuer et d'administrer tous les emprunts du Québec, sauf les
emprunts bancaires à court terme dont nous venons de parler. Cette
direction doit donc suivre l'évolution des marchés financiers,
suggérer les moyens de combler les besoins financiers du gouvernement au
moyen d'emprunts, lui recommander les conditions d'emprunts, préparer
les prospectus et la documentation nécessaire, administrer les fonds
d'amortissement et, enfin, pourvoir à l'administration et au
contrôle des engagements contractés au nom de l'Etat.
La direction de la dette surveille également les conditions dans
lesquelles la province de Québec accorde sa garantie aux emprunts de
certains organismes de l'Etat tels que l'Hydro-Québec.
Enfin, avec la collaboration des ministères de l'Education et des
Affaires sociales, la Direction de la gestion de la dette effectue aussi les
emprunts par obligations des CEGEP, des universités et des
hôpitaux.
Après avoir examiné les études ou la recherche,
d'une part, les emprunts et la gestion de la caisse, d'autre part, nous
passerons en troisième lieu à la question du contrôleur des
finances. La Loi de l'administration financière a placé Ie
contrôleur des finances sous la responsabilité du ministre des
Finances et lui a défini son mandat. Aussi, pour le
bénéfice des membres de cette commission, j'aimerais, dans un
premier temps, tracer le mandat et, en second lieu, établir rapidement
quelles sont les activités importantes qui ont été
réalisées et, d'autre part, celles qui sont en cours.
Le contrôleur des finances est le comptable en chef du
gouvernement. Il dirige les services de la comptabilité des
ministères. A cette fin, le contrôleur des finances
délègue des représentants dans chacun des
ministères et dans certains organismes publics. Il doit enregistrer les
engagements budgétaires et voir à ce que les paiements qui en
découlent n'excèdent pas les crédits. C'est
une sorte de chien de garde, si je peux m'exprimer ainsi et si M.
Lefaivre ne m'en veut pas trop. Il appartient également au bureau du
contrôleur des finances de préparer les états financiers et
les comptes publics et de pourvoir aux traitements des données
comptables et financières du gouvernement. Enfin, le contrôleur
est appelé à précéder aux vérifications et
aux enquêtes qui s'imposent à l'occasion.
J'aimerais ici dire quelques mots quant aux objectifs prioritaires du
bureau du contrôleur des finances, à l'heure actuelle. Il va de
soi que le système de gestion budgétaire et comptable est au
centre des préoccupations du ministère.
Connu sous le nom de SYGBEC, il a subi un rodage de plus en plus
raffiné qui en fait aujourd'hui un système comptable
reflétant, je pense, très fidèlement les opérations
gouvernementales. Il constitue, d'autre part, un outil utile pour les
gestionnaires des ministères. L'effort entrepris a permis de maintenir
les effectifs réguliers au même niveau et de restreindre au strict
minimum les effectifs d'employés engagés à titre
d'occasionnels dont un bon nombre, entre autres, l'avaient été en
vue de l'implantation de ce système.
D'autre part, on s'est concentré sur l'intégration de la
comptabilité du ministère des Transports au système
précité. Il s'agissait d'un objectif majeur ou que celle-ci
était la seule qui ne fût pas encore intégrée et
principalement à cause du volume important de transactions de ce
ministère. L'opération s'est effectuée fort bien et les
premiers résultats qui nous parviennent sont encourageants.
Un troisième objectif atteint a consisté en l'implantation
du télétraitement dans plusieurs ministères. D'autre part,
un autre objectif consistait à améliorer encore la performance
accomplie l'année précédente en regard des délais
des paiements des factures. C'était là, en effet, un des soucis
constants et majeurs et il va de soi qu'il en soit ainsi. Nous avons pu ainsi
ramener les délais, dans les directions de la comptabilité, de 20
jours qu'ils étaient au 1er avril 1976 à une moyenne de 12 jours
au mois de mars 1977. Cela donne, pour l'ensemble du gouvernement, une moyenne
actuelle de 36 jours comparativement à 47 jours au mois d'avril
1976.
Je pense que n'importe qui qui est le moindrement un peu familier avec
cette procédure ex-traordinairement compliquée du paiement des
factures, dans un organisme comme le gouvernement, peut noter ce que cela
représente, une réduction de 11 jours d'avril 1976 jusqu'à
maintenant, soit en l'espace d'un an. A cet égard, je dois rendre
hommage à mon prédécesseur, puisque, en définitive,
ce n'est pas moi qui ai fait cela, mais c'est lui qui en est responsable.
M. Garneau: Ce n'est pas moi non plus. C'est M. Lefaivre et sa
"gang".
M. Parizeau: Si cela avait été très mal, M.
le député de Jean-Talon, c'est vous qui en auriez
été responsable.
M. Garneau: J'en suis convaincu.
M. Parizeau: Alors, puisque cela a été très
bien...
M. Garneau: D'ailleurs, je dois dire que, lorsqu'ils
étaient plus élevés, j'en étais responsable.
M. Parizeau: Deux changements notables ont eu lieu au bureau du
contrôleur des finances, soit le détachement de la Direction
générale des systèmes et du traitement de l'information
qui est désormais placée sous la juridiction du ministère
des Communications.
Il s'agit, je pense, d'un geste majeur qui a amené la
création du bureau central d'informatique du gouvernement au
ministère des Communications et à partir duquel on espère,
enfin pour le moment ce n'est qu'un voeu, il faudra voir cela se
développer dans les mois qui viennent, on espère être en
mesure d'apporter un peu plus d'ordre dans le système
général d'informatique à travers le gouvernement.
Il est évident que le seul détachement de ces services
d'informatique du ministère des Finances au ministère des
Communications ne crée pas nécessairement de résultat,
mais c'est une première étape dans une espèce de
coordination générale des services d'informatique qui avait
été souhaitée depuis passablement d'années et qui,
maintenant, aboutit.
Quant au service central de paie qui s'occupe de la préparation
de la paie variable, il est désormais rattaché au
ministère de la Fonction publique. Enfin, tel que je l'ai annoncé
dans le discours du budget, le ministère préparera, tous les
trois mois, un rapport synthétisant les opérations
financières du gouvernement, l'état de réalisation du
budget, ce qui permettra donc d'être en mesure d'évaluer la
performance financière du gouvernement par rapport à son budget
autrement qu'une fois par an.
Passons maintenant, M. le Président, si vous me le permettez,
à la Curatelle publique. Elle relève du ministère des
Finances et elle régie par une loi spéciale, alors que les autres
programmes du ministère le sont par la Loi de l'administration
financière. La Curatelle publique a un triple mandat:
premièrement de protéger les biens des malades mentaux,
deuxièmement, de surveiller l'administration des biens qui sont
confiés au curateur privé ou au tuteur et enfin de
réaliser les biens sans maître et ceux de successions
vacantes.
Et enfin, je voudrais souligner que trois entreprises gouvernementales
relèvent et cela, nous aurons peut-être l'occasion d'en
discuter dans les heures qui viennent non pas du ministère des
Finances, mais du ministre des Finances, c'est-à-dire, d'une part, la
Caisse de dépôt et placement, d'autre part la
Société des alcools, troisièmement, la
Société d'exploitation des loteries et des courses du
Québec. Ces trois sociétés soumettent des rapports annuels
à l'Assemblée nationale, répondent à
l'Assemblée nationale par le truchement du ministre des Finances mais ne
sont pas sous le contrôle administratif du ministère.
C'est un de mes sujets, disons, de préoccupation, pour les mois
qui viennent, de voir dans quelle mesure cette structure administrative devrait
être changée, dans quelle mesure on devrait faire en sorte que des
sociétés de cet ordre soient reliées plus directement au
ministère qu'au ministre.
Il y a là, il me semble, une espèce d'assurance de
continuité qui n'existe pas dans la mesure où ces
sociétés relèvent du ministre, mais ne sont pas vraiment
sous la direction administrative du sous-ministre. Je reconnais que, dans
certains cas, il y a des obstacles à ce qu'elles soient sous la
direction administrative du sous-ministre, par exemple, la Caisse de
dépôt et placement, qui a un statut juridique assez
spécial.
Il me semble, au fur et à mesure où j'avance dans ces
dossiers, de plus en plus étonnant que des sociétés
puissent relever du ministre et que le ministère lui-même n'ait
finalement que très peu de contacts avec les sociétés en
question. Enfin, tout cela sera examiné durant les mois qui viendront
avec un peu plus de soin et donnera lieu à un certain nombre de
modifications de caractère juridique ou administratif, selon le cas.
Voilà l'essentiel de ma présentation, M. le Président. A
partir de là je suis prêt à suivre l'ordre du jour que
cette commission décidera.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Je n'ai pas demandé la parole.
Le Président (M. Boucher): Vous n'avez pas de
commentaires?
M. Garneau: Non, pas à ce stade-ci, étant
donné que les propos du ministre étaient descriptifs. Si nous
entreprenions la discussion générale sur l'ensemble du
ministère à ce moment-ci, je crois bien que nos gens de la
curatelle seraient ici à 11 heures. Je n'aurais pas d'objection à
faire cette discussion après coup, parce que je pense qu'il faudrait
passer toute l'analyse de la situation économique.
M. Parizeau: J'aurais une question de privilège M. le
Président. Le député de Jean-Talon prend cela comme
étant un exposé descriptif, mais j'ai quand même fait un
jugement de valeur!
M. Garneau: C'était aussi descriptif. A ce stade-ci je
préférerais, pour les raisons mentionnées tout à
l'heure, c'est peut-être une habitude aussi, reporter cela lorsqu'on
entreprendra véritablement les crédits, pour ne pas reprendre les
débats deux fois, comme par exemple au programme 1 où l'on parle
de la section de la recherche économique et fiscale. En
définitive, on aborde tout le problème de la politique fiscale,
la philosophie fiscale du gouvernement, question de l'analyse
économique, des prévisions de taxation, le rendement de
différentes sources de taxation. Cela nous amènerait un
débat. Comme on avait suggéré de commencer par la
Curatelle publique, je serais prêt à y aller maintenant pour cela.
Je ne sais pas si les autres sont de mon avis.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le
député de Lotbinière... Alors, j'appelle donc le programme
7, élément 1.
Curatelle publique
M. Garneau: Sur le programme 7, M. le Président, est-ce
que le ministre a des choses spéciales à dire quant à
l'avenir de la Curatelle en termes législatifs ou s'il n'y a pas de
modifications d'envisagées à la loi au cours de la
présente année?
M. Parizeau: Je pense, oui, qu'il y a un certain nombre de
modifications à examiner quant au statut de la Curatelle et un certain
nombre d'amendements à la loi de la Curatelle. Je dois dire que je ne
comprends pas en vertu de quel principe autrement qu'historique on a pu rendre
le curateur public responsable, sur ses biens propres, des opérations de
la curatelle. Je ne connais pas de fonctionnaire au gouvernement du
Québec qui soit placé dans une situation pareille. Cela me
paraît devoir être l'objet d'un examen urgent pour
déterminer dans quelle mesure une situation comme celle-là doit
continuer.
M. Raynauld: Ils devraient tous être comme cela,
peut-être.
M. Parizeau: En tout cas, il ne faudrait pas faire de
discrimination. A ma connaissance, je peux me tromper, mais c'est le seul qui
soit vraiment placé dans cette situation.
Il y a donc, je pense, quand même ce ne serait que
là-dessus, un certain nombre d'amendements d'ordre législatif
à établir. D'autre part, il est clair que le rôle du
curateur me paraît ambigu en ce sens que, représentant des
intérêts strictement privés, il est important de
déterminer le degré d'autonomie qu'il doit avoir par rapport
à l'administration publique parce qu'il faut bien comprendre ici que le
curateur ne représente le gouvernement qu'au nom de
l'intérêt public. En fait, il représente une foule
d'intérêts privés et dans ces conditions son statut, je
pense, doit peut-être refléter mieux ce représentant
d'intérêts privés que cela n'a été le cas
jusqu'à maintenant.
Et le statut juridique du curateur dans ces conditions me paraît
devoir être l'objet d'une révision dans les mois qui viennent.
Faire du curateur une sorte de directeur de direction générale
d'un ministère alors qu'en fait il représente une foule, il est
le garant en somme d'une foule d'intérêts privés, il me
semble là y avoir une espèce de coche mal taillée qu'il
faut éclaircir.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Est-ce que le curateur, à cause de ses
fonctions, ne devrait pas plutôt relever du mi-
nistère de la Justice que du ministère des Finances?
M. Parizeau: En soi, pas nécessairement. L'un ou l'autre
serait possible. Si on le mettait à la Justice, on mettrait l'accent sur
les caractéristiques de son métier; en le mettant aux Finances,
on met l'accent davantage sur la nature des placements qu'il peut faire, sur le
caractère financier des opérations qu'il conduit. Mais
j'admettrai que l'un ou l'autre pourrait être aussi logique. Ce n'est pas
tellement à. cela que j'en ai, c'est aux distances que le curateur doit
avoir ou doit peut-être avoir par rapport au gouvernement
lui-même.
Par exemple, j'ai été amené à examiner la
question de la vérification des livres du curateur. Il me paraît
anormal que le Vérificateur général du Québec ne
puisse pas examiner les livres du curateur, ce qui est le cas à l'heure
actuelle. Il me paraîtrait tout aussi anormal que les livres du curateur
ne soient pas examinés par un vérificateur extérieur qui,
au fond, est une sorte de surveillant des intérêts privés
dont je parlais tout à l'heure. Il est possible que dans ce cas une
double vérification soit utile, celle qui est au fond un peu du
vérificateur des intérêts privés et celle du
gouvernement lui-même. Même sur le plan simplement de la
vérification, le rôle du curateur jusqu'à maintenant a
été relativement ambigu. Il représente des
intérêts privés, il administre des fonds privés sur
lesquels d'aucune façon le gouvernement ne peut avoir une sorte de lien.
Ces fonds n'appartiennent pas au gouvernement ils appartiennent à des
personnes et pourtant on en a fait un service gouvernementale, c'est
profondément ambigu comme statut.
M. Biron: C'est justement la raison de ma question, si on
administre des fonds privés qui ne sont pas des fonds de la province.
C'est pour cela que je me demande pourquoi cela relève du
ministère des Finances, si ce n'est qu'une raison historique.
M. Parizeau: Je pense que cela relève du ministère
des Finances parce que, pendant finalement très longtemps jusqu'à
aujourd'hui, ceux qui, dans les secteurs public ou parapublic, administrent des
fonds avaient ou bien un statut de très grande indépendance
je pense, par exemple, à la commission des accidents du travail
qui, jusqu'à il y a quelques années, administrait ses fonds comme
elle le désirait ou, alors, administraient ces fonds dans le
cadre du ministère des Finances. C'était l'un ou l'autre, une
très grande autonomie ou le ministère des Finances. Mais
j'admets, cependant, avec le député de Lotbinière, qu'on
pourrait fort bien imaginer que cela relève de la Justice; en soi, cela
ne me paraît pas illogique comme situation.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Quelle est l'importance des biens à
administrer?
M. Parizeau: Je n'ai aucune espèce d'idée. Au
dernier bilan, c'était $52 millions.
M. Garneau: $52 millions. M. le Président, tout à
l'heure, le ministre des Finances a indiqué que la vérification
à laquelle était soumise la Curatelle ne relevait pas du
Vérificateur général. J'imagine qu'il faisait une
distinction entre les crédits votés au budget pour ses fins
administratives et ce qu'il administre.
M. Parizeau: Les biens administrés par...
M. Garneau: Les $1 860 000 et les $2 011 000 sont
vérifiés par le Vérificateur général dans le
terme de la gestion interne, c'est cela?
M. Parizeau: Parce que ce sont des crédits d'Etat.
M. Garneau: C'est parce que, tout à l'heure, j'avais cru
comprendre que le ministre avait indiqué que les deux n'étaient
pas vérifiés. En ce qui concerne les biens sous gestion, vous
dites qu'il y en a $52 millions?
M. Parizeau: $52 millions.
M. Garneau: Combien là-dessus est en liquide et combien
est en biens matériels, immeubles?
M. Parizeau: Au 31 décembre 1976, $42 millions. A ce
moment, l'actif total du fonds collectif je parle ici du fonds collectif
de la Curatelle publique était de $43 millions et,
là-dessus, presque $42 millions, $41 979 000 étaient en
obligations. Le fonds sous administration nominative comportait un actif de $6
692 000. Alors, puisque c'est un fonds nominatif, c'est-à-dire un fonds
très spécifiquement affecté à une personne ou
venant d'une personne dont on administre les biens, il comportait des
obligations pour $1,8 million, des immeubles pour $3,2 millions en soustrayant
les emprunts hypothécaires là-dessus. Le reste se
ré-partissait en certificats de dépôt, actions, etc.
M. Garneau: Voici le sens de ma question, M. le
Président.
Sur les $42 millions en obligations, j'imagine que le curateur,
lorsqu'il a à prendre une succession de quelqu'un pour
différentes causes, soit de folie ou autre, il reçoit un avoir
sous gestion, qui est composé de titres, d'obligations, qui est
composé d'argent liquide, et qui peut être composé
d'immeubles, de biens meubles. Quand je posais la question: en argent, en
liquide, c'était pour en arriver à déterminer quelle est
la politique de placement habituellement suivie par le curateur. Evidemment,
s'il reçoit en administration, en gestion quelconque, des fonds qui sont
déjà sous obligations, des titres, par exemple, qui ont
été achetés antérieurement à sa gestion,
j'imagine qu'il les conserve, ces titres. Mais lorsque arrivent les questions
liquides, si un compte de banque de $5000 tombe sous la gestion du curateur,
c'est cette distinction que je voulais faire pour savoir
quelle était la politique de placement que la Curatelle publique
entendait suivre ou suit.
M. Parizeau: Nous avons eu l'occasion de discuter avec les
curateurs de cette politique de placement lorsque si je comprends bien
le député de Jean-Talon des fonds deviennent disponibles
pour investissement. C'est bien cela le sens de la question, lorsque des fonds
deviennent disponibles? D'abord, la totalité de ces fonds est
placée en obligations localisées au Québec. D'autre part,
l'essentiel des fonds est placé dans des obligations locales,
municipales, scolaires, etc., et réparti régionalement à
travers le Québec de façon qu'il n'y ait pas une concentration
exclusive de ces placements, disons dans la ville de Montréal, ou autour
de la ville de Montréal, ou dans la ville de Québec. Il se fait
une espèce de répartition régionale dans l'ensemble des
régions et qui porte essentiellement sur des titres locaux, qui sont
ceux, bien sûr, qui ont le rendement le plus élevé, ce qui
est utile pour les intérêts que représente la curatelle et,
d'autre part, permettent de répartir les fonds sur l'ensemble du
territoire.
C'est ainsi, par exemple, que, toujours en fonction du fonds collectif,
sur les $36 millions... Alors là, je recule d'un an, j'ai les
états au 31 décembre 1975. Au lieu de $42 millions d'obligations,
dont je parlais tout à l'heure pour le 31 décembre 1976, au 31
décembre 1975, c'était $36 millions. Sur ces $36 millions, il y
avait $4 millions d'obligations du gouvernement du Québec et de
l'Hydro-Québec; $14 millions dans les municipalités; $7 millions
dans les titres de commissions scolaires; $2,5 millions dans les titres
d'hôpitaux; près de $3 millions dans des titres
d'universités, et $6 600 000 dans des titres de CEGEP. On voit que le
curateur n'a pas, à l'égard des CEGEP, les préventions que
d'autres peuvent avoir.
Cela se répartissait, sur le plan des titres locaux, entre les
régions, de la façon suivante, toujours au 31 décembre
1975: Bas-Saint-Laurent et Gaspésie, $3/4 million.
Saguenay-Lac-Saint-Jean, $1 300 000. Québec, $6 millions.
Trois-Rivières, $1,5 million. J'arrondie toujours un peu les chiffres.
Estrie, $1 200 000. Montréal, $19 millions. Ou-taouais, $1 400 000.
Nord-Ouest, $1 million. Côte-Nord, $500 000.
M. Garneau: Est-ce qu'il s'agit là de fonds qui ont
été investis par le curateur ou s'il s'agit de titres qu'il a
reçus comme tels en gestion?
M. Parizeau: Je pense que la majeure partie de l'argent doit
venir essentiellement de fonds qu'il investit, plutôt que de titres, si
je peux m'exprimer ainsi, dont il aurait hérité. Normalement, les
titres dont il aurait hérité seraient dans le fonds nominatif
dont je faisais état tout à l'heure, c'est-à-dire $6 600
000 de fonds nominatifs.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Biron: Le coût des services me semble d'environ 4% des
sommes d'argent investies par le curateur.
Est-ce qu'il y a 4% de service chargés aux administrés ou
si on ne charge aucun service aux administrés?
M. Parizeau: On me dit qu'il y a un tarif qui est établi
de façon à être inférieur à celui des
compagnies de fiducie; donc il y en a un mais qui n'est pas vraiment un tarif
commercial.
M. Biron: Cela veut donc dire que cela coûte 4% plus cher
au gouvernement pour administrer, ou environ, qu'à une compagnie de
fiducie.
M. Parizeau: Probablement. Maintenant, est-ce que c'est 4% ou un
peu inférieur à 4%? C'est évident qu'il y a une charge ici
en raison même de la nature des opérations qui sont faites.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Oui, M. le Président, pour environ les $50
millions que vous avez en banque.
M. Parizeau: Non, non. M. Michaud: Excusez.
M. Parizeau: Si c'était placé en banque, je
m'opposerais violemment.
M. Michaud: D'accord. Sous votre responsabilité, cela
représente environ combien de clients, c'est-à-dire d'individus
ou de successions?
M. Parizeau: Douze mille environ.
M. Michaud: Douze mille, d'accord. C'est une question un peu
comme celle que le député de Lotbinière a posée.
Dans votre philosophie, M. le ministre, vous voulez faire une réforme de
la fiscalité au Québec en ce qui concerne les services ou les
biens vendus aux citoyens. Est-ce que la Curatelle publique pourrait
s'autofinancer?
M. Parizeau: Moi, je vous avouerai que c'est un des derniers
services auxquels je demanderais de fonctionner sur une base commerciale. J'y
penserais, en tout cas, sérieusement, et à deux fois. Autant pour
la majorité des services gouvernementaux rendus à la population,
il me semble qu'il est normal que ces services s'autofinancent. Nous sommes
nous aurons l'occasion d'en discuter au moment de la discussion du
ministère des Finances en train de procéder à une
série de réformes sur ce plan à l'égard d'une
collection de services rendus ou vendus à la population par le
gouvernement. Autant sur le plan de la Curatelle publique, cela me
paraîtrait, en un certain sens je pense que le terme n'est pas
trop fort odieux.
M. Michaud: D'accord.
M. Parizeau: Au fond, ceux qui sont amenés à faire
administrer leurs biens par la Curatelle publique sont placés dans une
situation où ils ne peuvent pas comparer ce qu'un service privé
leur demanderait et ce qu'un service public leur demande. Enfin, ils n'ont pas
la possibilité de choix.
M. Michaud: Exactement. D'ailleurs c'est pour cela qu'il porte le
nom de curateur public, c'est un service à l'ensemble de la
population.
Le Président (M. Boucher): Question
supplémentaire.
M. Michaud: C'est une question, pas tellement dans le même
ordre d'idées, mais quand même. La Curatelle publique est
complètement autonome sur le plan de l'embauche du personnel ou si cela
fait partie de la fonction publique?
M. Parizeau: Cela fait partie de la fonction publique.
M. Michaud: Cela fait partie aussi de la fonction publique,
d'accord, merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Parizeau: Je voudrais simplement revenir sur la question des
4% que le député de Lotbinière invoquait tout à
l'heure. En fait, ce n'est pas 4%, le service est déficitaire si l'on
veut, mais il faut tenir compte du fait que, sur le plan de ses
dépenses, effectivement, en 1976/77, il a coûté à
peu près $1 900 000 de frais d'administration de toutes sortes. Mais, en
raison des tarifs dont nous parlions tout à l'heure, il a fourni des
revenus qui sont de l'ordre malheureusement, je n'ai pas le chiffre pour
la même année de $1 200 000. Donc, il y a un déficit
qui est probablement davantage de l'ordre d'un demi-million de dollars ou de
$600 000, pour $2 millions. Il reste déficitaire.
M. Biron: Où est-ce qu'on voit les revenus à
même vos chiffres?
M. Parizeau: Dans le rapport annuel. Vous les retrouvez dans les
revenus du gouvernement.
M. Biron: Dans les revenus du gouvernement.
M. Parizeau: Remarquez bien que je donne cette indication
simplement pour être en accord avec les faits, mais pas pour indiquer que
ce déficit me scandalise.
Ce n'est pas exactement le type d'opérations gouvernementales qui
me paraît devoir être bénéficiaire pour les raisons
que j'indiquais tout à l'heure.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. L'adminis- tration des
biens engendre des bénéfices, vient de dire le ministre,
d'environ $1,2 million.
M. Parizeau: Pas des bénéfices, des revenus.
M. Goulet: Des revenus au ministère, au curateur, si vous
voulez. Les bénéfices totaux de cela sont de quel ordre? Ceux
qu'on redistribue. L'administration de ces biens engendre quels
bénéfices, au total? Avez-vous des chiffres?
M. Parizeau: Vous parlez du rendement sur le portefeuille?
M. Goulet: C'est cela.
M. Parizeau: Ah bon! Le rendement sur le portefeuille, au 31
décembre 1975, a été de $4 691 000 alors que le
portefeuille, sous administration collective, était de $40 millions et,
sous administration nominative, de $6 millions, à peu près. C'est
un rendement qui est élevé. Le rendement, en fait, sur le
portefeuille, au 31 décembre 1975 je me sers du dernier rapport
annuel était de 9,2%.
M. Biron: Est-ce qu'on ne devrait pas faire administrer les biens
de la province par le curateur public?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier, question supplémentaire.
M. Parizeau: II faudrait lui en parler.
M. Garneau: C'est pour cela qu'il achète beaucoup de
CEGEP.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Pourquoi, avec la différence de tout
près de $3,5 millions, ne prévoit-on pas l'autofinancement de ce
service? Il resterait encore $2 millions et quelques centaines de milliers de
dollars qu'on pourrait distribuer. Non? Ce n'est pas possible?
M. Parizeau: Non, non, attention! Entendons-nous.
M. Goulet: II y a $4,6 millions.
M. Parizeau: Les revenus du portefeuille de placement appartient
à ceux dont les biens sont gérés par le curateur, c'est
leur propriété. On n'a pas le droit de mettre la main
là-dessus.
M. Goulet: Cela va, d'accord. On ne pourrait pas leur
demander...
M. Parizeau: Cela ne nous appartient pas. On peut dire, comme le
dit le Curateur: Avec un rendement de 9,2% dans l'année 1975, j'ai fait
du bon travail. Mais il n'a pas fait du bon travail pour le gouvernement, il a
fait du bon travail pour ceux dont il gère les biens. On revient
à l'ambiguïté dont je parlais tout à l'heure.
M. Goulet: On a dit que cela pouvait leur coûter environ
4%. Ce sont les chiffres qu'on a.
M. Parizeau: Non, non. Entendons-nous bien. Sur le plan de
l'administration de la Curatelle, il y a des dépenses d'environ $1,9
million et des revenus mais attention, pas des revenus de placement
d'honoraires d'environ $1,2 million. C'est-à-dire que ce service
du curateur est déficitaire le service administratif
d'à peu près $700 000. Cela lui permet d'administrer une
cinquantaine de millions, ce déficit qu'il encourt de $700 000; non
seulement d'administrer les biens des personnes, mais d'administrer un
portefeuille de $50 millions sur lequel il a un rendement excellent pour ceux
qui pour qui il administre les fonds.
Votre question indique bien le caractère ambigu dont je parlais
tout à l'heure: Pour qui travaille le curateur? Est-ce pour le
gouvernement ou si c'est pour les gens qu'il représente? C'est là
où son statut, sur le plan juridique, à mon sens, doit être
redéfini. Il faut commencer à faire disparaître ces
ambiguïtés. Je ne vois aucune objection, pour résumer ce que
je disais, à ce que le gouvernement ait un déficit pour ce type
d'opérations, mais je crois qu'il est important que dans le statut du
curateur il soit clairement établi qu'il travaille pour des
intérêts privés, qu'il représente des
intérêts privés.
M. Goulet: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Mercier: Est-ce que le gouvernement se porte garant de la
gestion de ces fonds? Je constate que les titres qui sont là sont des
titres très sûrs, mais advenant certains inconvénients,
advenant des pertes, est-ce que le gouvernement serait obligé de
compenser le manque à gagner? Est-ce qu'il a une réserve
accumulée?
M. Parizeau: II y a une réserve, bien sûr, mais la
seule garantie juridique qui existe dans le système est la garantie du
curateur sur ses biens personnels, ce qui est, comme je le disais au
début... J'ai eu un certain nombre d'objets d'émerveillement en
revenant aux affaires et cela a été un d'entre eux. Un
fonctionnaire qui... C'est la seule garantie. Le gouvernement ne donne pas de
garantie formelle. Il est évident, cependant, que le curateur ne peut
pas investir dans n'importe quoi.
Je veux dire que, si le curateur tout à coup, pris du
démon de midi ou autrement, décidait d'investir dans des actions
de mine, il ne pourrait pas le faire, parce qu'il est lié par les
dispositions de l'article 980 o) du Code civil qui détermine les titres
dans lesquels un curateur peut placer les biens d'autrui. Donc, il y a un
certain nombre de dispositions juridiques qui ne lui permettent pas d'acheter
n'importe quoi, mais, ceci étant dit, le gouvernement ne donne aucune
garantie particulière de caractère légal. La seule
garantie formelle qu'il y a, c'est la garantie du curateur public sur ses biens
propres, ce qui est aberrant.
Le Président (M. Boucher): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, pour moi, c'est un champ qui
est pas mal nouveau. Alors, il y a peut-être des questions un peu
naïves que je vais poser. On dit que le curateur travaille pour des gens
dont il gère les biens. C'est un fiduciaire. Qui a donné au
curateur les politiques, par exemple, de placement? Est-ce qu'il y a des
politiques bien définies? Est-ce que ces politiques sont
déterminées par une loi spéciale, en plus de la
référence que le ministre vient de faire au Code civil? Qui
détermine que les placements doivent être répartis à
travers la province de Québec, par opposition à une règle
qui dirait: Vous devez placer les fonds de façon que les rendements
soient les plus élevés possible, pour les clients du curateur?
Est-ce qu'il peut y avoir des contradictions dans ces politiques de placement
qui sont données au curateur, dans la mesure où il y en a qui lui
ont été données?
M. Parizeau: Non. Là, je ne voudrais pas parler pour le
passé, en remontant très loin en arrière, parce que je
n'ai pas fait des vérifications historiques. Mais il n'y a pas
normalement de politiques de placement qui soient données au curateur
public. Il place en fonction de l'article 980 o) du Code civil et, donc, selon
l'expression classique, place en bon père de famille. L'important pour
lui, c'est d'obtenir, puisqu'il travaille dans l'intérêt de ses
clients, le plus haut taux de rendement possible à partir de placements
qui sont considérés comme sûrs. Sa décision de
répartir ces placements à travers le Québec, est une
décision qu'il prend. A cet égard, il y a un curieux
parallèle à établir, même si c'est à des
niveaux de placement très différents, entre le
président-directeur général de la Caisse de
dépôt, qui, lui aussi, avec le conseil d'administration, est libre
d'établir ses politiques de placement comme il l'entend et qui,
justement parce qu'il a cette latitude, est protégé par une loi
contre toute ingérence de caractère politique, alors que le
curateur qui, en pratique, agit de la même façon est une sorte de
direction générale du ministère des Finances et n'a, quant
au choix de ses placements, aucune protection autre que la coutume,
l'habitude.
Il serait possible, tout à fait possible et de la façon la
plus légale du monde, pour le ministre des Finances, d'ordonner au
curateur public de placer dans telle direction plutôt que dans telle
autre. Cela ne se fait pas, mais ce serait possible théoriquement, alors
que ce ne serait jamais possible à l'égard de la Caisse de
dépôt qui est protégée par une loi. C'est dans ce
sens que je vous disais tout à l'heure que le statut juridique du
curateur doit être refait, parce que c'est paradoxal.
En pratique, c'est lui qui détermine, au meilleur des
intérêts de ses clients, en fonction de politiques de placement
qu'il détermine lui-même. Mais il est vrai que, si comme ministre
je voulais lui ordonner de cesser de placer dans des CEGEP et de ne plus
placer... j'essaie de trouver quelque chose qui soit à la fois
farfelu dans le 980 o) je pourrais le faire légalement.
M. Garneau: Les obligations de la province? M. Parizeau:
Laquelle?
M. Garneau: D'ailleurs, ce sera une des questions...
M. Raynauld: Alors, ce changement de statut auquel vous pouvez
penser à l'heure actuelle irait plutôt dans le sens d'une plus
grande autonomie.
M. Parizeau: Cela me paraît une conclusion raisonnable. Non
seulement une autonomie mais une plus grande protection quant à
lui-même et quant aux responsabilités qu'il a.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Quel est le montant des biens sans maître que le
curateur administre, et que fait-il de ces biens sans maître qui
s'accumulent?
M. Parizeau: Cela apparaît au rapport financier de la
Curatelle sous deux postes: successions vacantes et divers pour $3,3 millions,
et comptes réglés, c'est-à-dire où on a
constaté que c'était vacant, $5,9 millions.
M. Biron: Qu'est-ce qu'on fait avec cela lorsqu'on a
constaté que c'était véritablement vacant et qu'il n'y a
pas de maître?
M. Parizeau: On les place.
M. Biron: Ces fonds restent quand même dans les mains du
curateur ou s'ils sont transférés au ministère des
Finances?
M. Parizeau: Non.
M. Biron: Indéfiniment, ils vont s'accumuler dans les
mains du curateur.
M. Parizeau: Indéfiniment. ! M. Biron:
Jusqu'à la nouvelle loi.
M. Parizeau: Jusqu'à ce qu'on décide ce que l'on en
fera. A l'heure actuelle, cela s'accumule et cela sert, jusqu'à un
certain point, de réserve à la curatelle.
M. Biron: Cela fait combien d'années que cela s'accumule
comme cela? La Curatelle publique existe depuis combien d'années, vingt
ans, vingt-cinq ans?
M. Parizeau: La Curatelle existe depuis 32 ans, mais cette
pratique existe depuis cinq ans.
M. Biron: Que faisait-on avant avec les biens sans
maître?
M. Garneau: Des comptes secrets en Suisse?
M. Parizeau: Quand on remonte cinq ans en arrière, suivez
mon regard, il n'y en a qu'un seul qui peut répondre.
M. Garneau: Malheureusement, il n'est pas ici. Durant les
quelques années où j'ai été ministre des Finances,
il y avait un ministre d'Etat qui avait un arrêté en conseil et
qui devait s'occuper administrativement de la Curatelle publique. Je ne pense
pas avoir passé beaucoup plus que les moments à la commission
parlementaire des crédits avec le curateur. Je n'en sais pas beaucoup
plus long là-dessus.
M. Parizeau: Le sous-ministre qui, normalement, assure la
continuité vient de me dire que très originalement cela
retournait au fonds consolidé.
M. Garneau: C'est comme le surplus de la Régie de
l'assurance-maladie.
M. Parizeau: Comme beaucoup de choses.
M. Garneau: Je voulais savoir si, dans la liberté qui est
laissée au curateur public, il est mis à profit, à
l'occasion, pour soutenir les titres des CEGEP, des hôpitaux ou des
universités sur le marché secondaire?
M. Parizeau: Le marché secondaire, de toute façon,
pour ces obligations, n'est pas très épais. Il y a une chose de
claire, en tout cas, c'est qu'aucune instruction ne lui est donnée en ce
sens. S'il décide d'oeuvrer sur le marché secondaire de titres
comme ceux-là, cela dépend de lui.
M. Garneau: Peut-être que la question pourrait s'adresser
davantage à ceux qui gèrent quotidiennement les titres. Je ne
sais pas si cela se fait ou non. Je pose la question sans savoir la
réponse.
M. Parizeau: Non. Encore une fois je reviens à ce que je
disais tout à l'heure. Si cela marchait mal, c'est moi qui serais
responsable. Si cela va bien, c'est moi qui le suis aussi. C'est à moi
que la question s'adresse.
En pratique, l'essentiel des obligations est acheté au moment de
l'émission. Mais si le curateur décidait que, sur le
marché secondaire, une bonne occasion se présentait, ce serait
à lui de décider, et il n'aurait pas de rapport à me
faire.
M. Garneau: Non, cela je le comprends. Dans ces milieux, il est
important, pour maintenir le marché, qu'il n'y ait pas de titres
flottants à un moment donné. Même avec les gens de
là gestion de la caisse, il n'y a pas de tels contacts. C'est ce que je
comprends de la réponse du ministre.
M. Parizeau: Non. Il n'y a pas de contact entre le gestion de la
caisse et le curateur.
M. Garneau: Pas la gestion de la caisse, la gestion de la dette,
plutôt.
M. Parizeau: La gestion de la dette, c'est le curateur. Il n'y a
pas de raison d'avoir de contacts.
M. Garneau: D'accord. C'est comme cela que j'ai compris le sens
de la réponse.
M. Parizeau: Le curateur, à cet égard, fait ce
qu'il veut sur le plan de ses placements. S'il trouve une bonne occasion sur le
marché secondaire, grand bien lui fasse.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Depuis 1945, donc depuis 32 ans, y a-t-il eu des
poursuites contre le curateur public?
M. Parizeau: Rien, aucune. M. Michaud: Aucune.
M. Michaud: II y a des malades mentaux et ces malades mentaux ont
des parents, je crois, et peut-être des successions ou des enfants, et
cela aurait pu arriver.
Deuxièmement, une question...
M. Parizeau: De deux choses l'une: ou bien ils étaient
impressionnés par la stature ou bien ils étaient
impressionnés par la performance. Les deux.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je voudrais savoir quand la
curatelle prend charge des dossiers et à partir de quel montant.
Quelqu'un peut léguer des biens pour un montant de $200; je pense que
c'est $2000, j'ignore le montant, mais à partir de quel montant? Et
quand prenez-vous en charge un dossier, à la suite d'une plainte ou
seulement sur rapport d'un psychiatre?
M. Parizeau: Au moment de la prise en charge, c'est finalement
lorsqu'un individu est reconnu comme étant incapable, au sens de la loi,
que ses biens sont pris en charge, c'est-à-dire que, si le
médecin constate et détermine qu'un individu est incapable, ses
biens sont pris en charge, quel qu'en soit le montant. Il n'y a pas de
minimum.
M. Goulet: II n'y a pas de minimum.
M. Parizeau: II n'y a pas de minimum. Il n'y a aucun rapport
entre la décision du médecin, le constat du médecin, si
vous voulez, et le montant en cause.
M. Goulet: Mais on ne voulait pas à un moment donné
fixer un minimum parce qu'on disait que cela coûtait j'ai
certainement lu cela dans les journaux plus cher à administrer
les biens qu'on administrait et on voulait fixer un minimum.
J'ai vu cela au cours de février, je pense, il n'en a pas
été question?
M. Parizeau: Non. Ecoutez, il faut s'entendre sur une chose,
c'est que $500, dans certaines circonstances, c'est plus important que $5000.
Même si on considérait que l'administration de $500 est quelque
chose de coûteux, il faut que cela s'administre. C'est quand même
une responsabilité élémentaire que le gouvernement a
à voir à ce que ces biens soient administrés.
M. Goulet: Si vous permettez, j'ai le journal des Débats,
à pareille date, l'an passé. Il y avait une question et M.
Berthiaume disait exactement ceci: II faut dire encore une fois qu'il y a le
jeu des mineurs qui deviennent majeurs, les incapables, les interdits qui
auraient pris leur liberté. Maintenant, nous avons fermé beaucoup
de dossiers. Evidemment, les $2000 et tout cela... Cela veut dire quoi, fermer
beaucoup de dossiers?
M. Parizeau: Cela veut dire la surveillance que le curateur
public exerce sur les curateurs privés. Comme il y a une foule de
curateurs et tuteurs privés à travers le Québec, il y en a
30 000 en tout, il est évident que la surveillance que le curateur
public doit exercer sur les 30 000 curateurs privés, là il faut
mettre un minimum. Mais cela, c'est tout à fait différent des
fonds que le curateur public administre lui-même. Alors les $2000 ne
s'appliquent pas au curateur public dans l'exercice de ses fonctions comme
curateur public mais dans l'exercice de ses fonctions comme surveillant des
tuteurs et curateurs privés.
M. Goulet: Ah! c'est cela. M. Parizeau: C'est cela.
M. Goulet: Une dernière question, si vous me permettez, M.
le Président? Est-ce qu'une famille ou des héritiers
légaux, même si la personne n'est pas
décédée, peuvent se substituer à la curatelle ou si
c'est automatique, c'est pour tout le monde? Si quelqu'un n'est pas jugé
apte à administrer des biens, est-ce que quelqu'un le peut par exemple,
un frère ou un père? Ou est-ce automatique?
M. Parizeau: Non, si un conseil de famille décide de
nommer un curateur privé ou un tuteur...
M. Goulet: Un tuteur.
M. Parizeau: ...bien sûr, en tout temps il peut le faire.
Et c'est comme cela que 30 000 curateurs et tuteurs privés
apparaissent.
M. Goulet: II devient automatiquement sous la tutelle...
M. Parizeau: Non, sous la surveillance de. M. Goulet: Sous
la surveillance de. D'accord. M. Parizeau: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier.
M. Mercier: Est-ce que la curatelle hérite de biens qui
nécessitent une administration quotidienne? Par exemple, est-ce qu'une
entreprise peut essayer de liquider les biens pour les convertir en obligations
ou si, à ce moment, on nommerait un curateur privé?
M. Parizeau: Le problème de la Curatelle publique, c'est
qu'elle doit normalement remettre les biens dans l'état où elle
les a trouvés. C'est une exigence essentielle du système.
J'allais dire même quand ce n'est pas dans l'intérêt de
celui dont les biens sont gérés. Lorsque, par exemple, quelqu'un
est considéré comme aliéné mental pendant une
certaine période de temps, et sur décision médicale cesse
de l'être, il doit retrouver ses biens comme il les avait laissés.
Cela pose des problèmes majeurs. C'est évident que, dans certains
cas, on voit très bien qu'une situation puisse apparaître
où il serait bien mieux de ne pas laisser les biens à l'Etat et
de les convertir en autre chose. Mais, normalement, il faut lui remettre ses
biens comme il les avait laissés. Il est évident qu'en
période d'inflation, cela donne des résultats aberrants ou cela
peut donner des résultats aberrants où, après dix ans
d'inflation, le bonhomme se retrouve exactement avec le montant d'argent qu'il
avait au départ. Dans l'intervalle, évidemment, les prix ont
augmenté de 60%.
M. Biron: Est-ce que cela peut vouloir dire que les biens
immeubles, le curateur peut les vendre et administrer le résidu liquide
ou s'il faut qu'il administre les biens meubles et immeubles aussi tels
quels?
M. Parizeau: On me dit que le seul cas où on peut vendre
des biens c'est avec l'autorisation judiciaire. Il faut une autorisation de la
cour. Autrement, même si la propriété se
déprécie, il faut la lui rendre lorsque l'intéressé
changera de statut du point de vue de la loi. Il n'y a que l'autorité
judiciaire qui peut donner l'autorisation. Cela ne peut pas être une
décision du curateur public.
M. Garneau: Le curateur public, dans cette fonction s'il
gère une maison et que le toit est percé, je pense que c'est sa
responsabilité de faire réparer cette chose. Cela m'amène
à la question première de la discussion au cours de laquelle le
ministre donnait son opinion sur le rôle du curateur et les modifications
à la loi et au statut du curateur. J'avais cru comprendre, au
départ, qu'il visait à lui enlever cette responsabilité de
garantir sa gestion par ses biens privés. Est-ce que le ministre a
considéré la possibilité de confier la curatelle à
un curateur et à un conseil d'administration, ou si c'est davantage de
l'intégrer dans le processus administratif du gouvernement?
M. Parizeau: Je ne sais pas encore si le curateur devrait
normalement dépendre d'un conseil d'administration ou non, mais une
chose, en tout cas, qui me paraît claire depuis quelques mois, c'est
qu'il faut que le curateur ait, par rapport au gouvernement, une certaine
indépendance, c'est-à-dire qu'il ne soit pas placé dans
une situation qui, selon les aléas de la politique, peut lui garantir
une paix royale pendant quelques années mais un contrôle
très direct pendant d'autres années. Les régimes changent,
les hommes changent. Il me paraît inconcevable qu'un fiduciaire
parce que c'est essentiellement un fiduciaire dont on parle soit
placé dans une situation pareille. Il faut qu'il puisse prendre
certaines distances quant au gouvernement.
Est-ce que cela implique un conseil d'administration?
M. Parizeau: C'est une étape que je n'ai pas encore
franchie. Ce sera à voir. L'orientation d'une certaine distance par
rapport au gouvernement me semble claire. Les modalités viendront dans
les jours qui viennent.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Comment se fait la surveillance des curateurs
privés, des tuteurs privés? Vous avez dit tout à l'heure
qu'il y a 30 000 tuteurs privés qui sont surveillés par le
curateur public.
M. Parizeau: Chacun des curateurs ou des tuteurs doit
présenter une fois par an un rapport de gestion. C'est sur la base de ce
rapport annuel que la surveillance se fait.
M. Biron: Est-ce qu'on a assez de personnel pour faire une bonne
surveillance dans ce domaine particulier? Je vois que l'augmentation du
personnel est nulle à la Curatelle publique.
M. Parizeau: Ce qui est assez remarquable, d'autre part, c'est
que non seulement elle est nulle, mais qu'il semble fonctionner très
correctement en fonction du personnel existant.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
questions à l'élément 1 du programme 7?
L'élément 1 est adopté?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Elément
2?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Programme 7
adopté. Pour le programme suivant, est-ce qu'on peut passer...
M. Garneau: Ce que le ministre suggérait tout à
l'heure...
Le Président (M. Boucher): ... à la SAQ? M.
Garneau: C'est cela que je voulais savoir.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on peut passer au
programme de la SAQ?
M. Parizeau: Qu'est-ce que vous préférez, qu'on
passe les sociétés d'Etat avant le ministère des Finances?
Je suis à la disposition de la commission.
M. Garneau: Cela ne me fait rien. On peut passer aux
sociétés d'Etat, comme vous voulez. Faites votre choix.
M. Parizeau: Nous terminons à 11 heures, M. le
Président? Si on passait les sociétés d'Etat, cela leur
permettrait de retourner à Montréal plus rapidement. Si nous
commençons par les sociétés d'Etat, on a le choix entre
Loto-Québec, la SAQ ou la Caisse de dépôt.
M. Biron: On serait mieux de garder la SAQ pour la fin de la
soirée.
M. Garneau: Cela nous permettrait de prendre un verre, s'ils ont
apporté quelque chose.
M. Michaud: On a des échantillons.
M. Parizeau: A votre choix, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Le programme? M. Garneau:
II n'y en a pas de programme.
M. Parizeau: II n'y a pas de programme, n'est-ce pas. Il faut
bien s'entendre! SAQ, Loto-Québec, sauf par SODIC et Caisse de
dépôt n'émargent pas, n'apparaissent pas dans les
crédits. Il est évident que, puisque cela relève du
ministre des Finances, la commission peut poser toute question qu'elle juge
utile.
Loto-Québec
Le Président (M. Boucher): Alors, disons qu'on passe
à Loto-Québec. M. le ministre des Finances, est-ce que vous avez
des commentaires ou si vous préférez attendre les questions?
M. Parizeau: Je vais faire une courte introduction sur la
question de la Loto-Québec. Tel qu'elle fonctionne à l'heure
actuelle, la Loto-Québec comporte une série de paliers de
distribution au gros et au détail de billets correspondant à
divers types de loteries. Nous avons, depuis déjà quelque temps,
annoncé une réforme de cette structure, qui porte essentiellement
sur les concessionnaires, non pas qu'on ne puisse pas améliorer le
système de distribution à d'autres paliers et que, sur le plan,
par exemple, de l'implantation de kiosques dans les lieux publics ou bien de
kiosques temporaires, à l'occasion de manifestations publiques, on ne
puisse pas développer des choses qui se font déjà, mais il
est évident que le problème auquel nous nous sommes
adressés, d'abord et avant tout, est celui essentiellement des
concessions.
Il y a diverses possibilités. L'une de ces possibilités a
trait à remplacer les concessionnaires actuels par d'autres
concessionnaires choisis à peu près en vertu des mêmes
critères que les précédents, même si ce ne sont pas
les mêmes individus, ou bien à les remplacer par des associations
d'intérêt public, clubs de l'âge d'or, associations de
handicapés, etc. Il faut dire, d'ailleurs, que ce travail de
concessionnaire n'est pas exactement un travail forçant. Une
troisième possibilité existe qui consiste à remplacer tout
le système des concessionnaires par quelques employés permanents
de Loto-Québec, qui seraient beaucoup moins nombreux d'ailleurs,
justement parce que le travail de concessionnaire n'est pas très
forçant. De ces trois formules, l'une est particulièrement
sympathique, si je peux m'exprimer ainsi. Elle consiste à utiliser ces
associations à intérêts publics dont je parlais tout
à l'heure. Il n'est pas, cependant, inévitable d'utiliser ces
associations au niveau des concessionnaires. On pourrait fort bien leur
consacrer l'expansion du système des kiosques en lieux publics ou des
kiosques temporaires.
Parce que là aussi, il y a une possibilité de faire de
l'argent. En pratique, il me reste à choisir essentiellement entre deux
options: ou bien avoir ces associations comme concessionnaires, ou remplacer
tout le système de concessionnaires par des employés permanents.
C'est une possibilité. Ou bien d'embarquer les associations dont je
viens de parler au niveau des kiosques. La décision doit venir,
normalement, dans les semaines qui viennent.
Deuxième problème, les rapports de Loto-Québec avec
Loto-Canada, d'une part, et les autres loteries provinciales, d'autre part. Il
y a eu, dans le cours de 1976, une série de tractations entre
Loto-Québec et le gouvernement de Québec, d'autre part, et puis
les autres provinces, qui n'ont pas abouti. Et en un certain sens, je ne peux
pas éviter de trouver cela dommage.
Les autres provinces étaient disposées à
reconnaître que si une entente interprovinciale se produisait pour
établir un système de loterie contrôlé par les
provinces, les provinces s'entendraient pour que, dans un premier temps, on
assure au gouvernement de Québec une partie du financement des Jeux
olympiques avec un montant. Le gouvernement fédéral qui voulait,
lui, établir Loto-Canada et entrer dans ce secteur, a donné au
gouvernement de Québec les assurances, non pas les assurances, une
persuasion morale que Loto-Canada pourrait fournir un montant défini de
financement pour les Jeux olympiques.
Le gouvernement de Québec a décidé de jouer avec le
gouvernement fédéral, plutôt que de s'entendre avec les
autres provinces. Le résultat c'est qu'en 1977 on est placé dans
la situation suivante: les autres provinces ont lancé leur loterie;
elles n'ont aucune espèce d'engagement quant au déficit des Jeux
olympiques, bien sûr. Le gouvernement fédéral a
lancé Loto-Canada dont on voit, à la suite des premiers tirages,
que cela ne rapportera ni $350 millions, ni $300 millions tel que
prévu, mais qu'on va avoir de la chance si cela rapporte $150
millions.
Dans ces conditions, j'ai repris, depuis quinze jours, à la suite
de démarches faites auprès de moi par deux provinces, les
négociations avec les autres provinces du Canada, pour voir dans quelle
mesure on ne peut pas s'entendre sur une base interprovinciale, exactement
comme il avait été prévu il y a au-delà d'un
an.
Il est évident que ce marché qui a été fait
entre Québec et le gouvernement fédéral sur Loto-Canada a
été un marché de dupes. Le premier tirage a
rapporté $14 millions, le second a rapporté $7 millions. On est
très loin des $300 millions ou $350 millions qui avaient
été prévus pour l'ensemble des tirages.
Voilà à peu près les éléments
liés à la situation de Loto-Québec que je voulais
présenter ce soir, M. le Président.
M. Garneau: Je ne sais pas au juste qui a informé le
ministre des Finances de la dernière partie de son exposé, mais
il y a des bouts où il n'a pas eu la même version que j'ai eue,
dans le temps. Mais je reviendrai là-dessus, tout à l'heure. Je
voudrais commencer par le début et savoir quelle est la philosophie que
le gouvernement entend appliquer concernant les jeux de hasard?
En d'autres mots, est-ce que c'est dans la politique du gouvernement du
Québec actuel de favoriser l'expansion des loteries au Québec, ou
si, dans son idée, c'est de maintenir le statu quo sur le
développement des loteries?
L'approche de financer une partie des activités publiques par le
jeu de hasard est-elle une chose acceptée par le gouvernement actuel non
seulement en termes de statu quo pour le nombre de loteries, mais est-ce
l'intention du gouvernement d'accroître le nombre et la forme de ces
loteries auprès des citoyens du Québec?
M. Parizeau: A cet égard, je préfère, sur
toute espèce de plans, que le gouvernement se finance par des loteries
plutôt que par des augmentations d'impôts. Cela me paraît
plus sain et, en tout cas, plus juste dans la mesure où l'impôt
s'applique a tout le monde alors que la loterie s'adresse exactement à
ceux qui veulent s'en servir, moyennant quoi il est évident qu'il faut
examiner l'expansion des genres de loteries. Il y a des loteries qui sont une
telle incitation au jeu que cela passe les bornes de l'acceptable. Toute
loterie n'est pas nécessairement, sur ce plan, acceptable sur la base
d'une moralité élémentaire. Je comprends la
nécessité d'être sélectif; d'un autre
côté, je ne vois pas pourquoi on se limiterait au statu quo et, si
tant est que d'autres bonnes idées de loterie apparaissent, je ne vois
pas pourquoi on ne les examinerait pas au mérite.
Donc, réponses: Le statu quo? Non, pas nécessairement.
N'importe quel genre de loteries? Non, non plus.
M. Garneau: Quand le ministre parle de certaines loteries, il
n'indique pas le genre qu'il aurait à l'esprit dans le sens
négatif du terme. Je pour-rais lui suggérer deux types. Par
exemple, est-ce que le gouvernement serait favorable à l'installation
d'une loterie instantanée? Comme on le trouvait d'une façon
illégale autrefois, des gens arrivent dans une tabagie, dans un
restaurant et poinçonnent, percent un trou dans une carte quelconque
pour avoir $10 ou $25, par exemple. Voici un exemple de loterie sur lequel
j'aimerais avoir l'opinion du ministre. Encore, l'établissement de
casinos, par exemple, qui est une forme de jeux de hasard, une forme de
loterie, également.
M. Parizeau: La loto instantanée a donné lieu
à beaucoup d'hésitations du précédent gouvernement,
et je le comprends parfaitement. A cet égard, moi non plus, je ne suis
pas branché sur la loto instantanée. Entre la loto
instantanée et les machines à sous, je ne vois pas de
différence majeure. Dans ce sens, bien que je ne sois pas
branché, je dois ici faire état de mes hésitations qui, je
dois le dire d'ailleurs, enragent pas mal de gens autour de moi qui aimeraient
bien que je me branche depuis déjà un certain temps. Dans le
genre: Oui ou non, mais dites quelque chose. Je suis indécis.
Il est évident que c'est à la limite, vraiment, de
l'incitation à des types de dépenses où possiblement, des
tas de gens, sans nécessairement trop réfléchir, peuvent
s'embarquer. C'est toujours le problème, d'ailleurs, de beaucoup de
formules de publicité où, à un moment donné, on se
demande: A partir de quel moment pratique-t-on le viol des foules? C'est la
même chose et j'hésite.
Quant aux casinos, il n'y a pas de projet, à l'heure actuelle,
à ma connaissance en tout cas; il n'y a pas de projet
préparé de casinos, mais j'adorerais qu'il y ait des casinos au
Québec. Je trouverais cela absolument étonnant. C'est très
bien, les casinos, cela a une atmosphère tout à fait
spéciale. Je réagis tout à fait personnellement, je
n'engage, d'aucune espèce de façon, le gouvernement. Moi, j'adore
les casinos! Dans les pays où il y en a, je les fréquente avec
rage, pas tellement pour y jouer, d'ailleurs, parce que c'est lassant, mais
à cause de l'atmosphère, pour regarder le monde. C'est
très bien. C'est tout à fait autre chose et cela s'adresse
d'ailleurs, dans la mesure où on définit un casino, en fonction
d'une certaine clientèle. On peut fort bien définir le casino en
fonction d'une clientèle qui, si je peux m'exprimer ainsi, a les
moyens.
M. Garneau: Dans le domaine de la loterie instantanée, je
dois dire que c'est là une question sur laquelle il n'y en a
peut-être pas beaucoup, mais celle-là, oui je suis d'accord
avec le ministre dans son hésitation.
La limite entre l'incitation directe offerte à tout le monde,
d'une façon aussi facile et aussi rapide, est certainement un
problème qui mérite réflexion, mais pour revenir au
casino, le ministre se dit d'accord avec le principe de l'établissement
des casinos. Est-ce l'intention du ministre des Finances ou du gouvernement
d'envisager l'établisse-
ment de tels casinos à plus ou moins brève
échéance ou si le ministre va continuer à aller à
l'extérieur pour voir l'atmosphère des casinos pour quelque temps
encore, si je comprends bien?
M. Parizeau: II n'y a aucun projet quant au casino, aucun projet
en cours à ma connaissance en tout cas, mais puisqu'on me posait une
question à savoir si j'aime cela ou pas, je disais: Oui, j'aime cela.
Pour revenir à la loterie instantanée, on va faire une
expérience de loterie instantanée à l'occasion des
fêtes de la Saint-Jean, histoire de voir. Cela ne veut pas dire qu'on va
être branché définitivement en fonction de cela, mais on va
voir. Et peut-être justement une des façons de sortir de
l'hésitation c'est d'essayer, mais sur une base dont on sait qu'elle
n'est pas permanente, rien que pour voir ce que cela donne.
M. Garneau: M. le Président, rien qu'une petite
question.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Lotbinière.
M. Biron: M. le ministre, vous ne croyez pas, considérant
les revenus que Loto-Québec a apportés au gouvernement, qu'on a
atteint un point de saturation quant aux loteries au Québec? Il semble
que les revenus sont un peu plus bas que l'inflation. Donc, j'ai comme
l'impression qu'on a atteint un point de saturation.
M. Parizeau: M. le député de Lotbinière a
l'inflation large. Si vous tenez compte du fait qu'en 1972 c'était
rodé, que cela ramassait $31 millions et qu'en 1977, sur la base des
premiers mois, on établit à peu près cela à $70
millions, cela monte très gentiment. Non, c'est très bien, c'est
une bonne source de revenu, mais je pense que ce qu'il y a de plus
intéressant ici c'est de comparer ce que cela rapporte au Québec
par rapport à ce que cela rapporte dans un certain nombre de pays
d'Europe qui ont rodé des systèmes depuis très longtemps.
On se rend compte qu'ils vont chercher davantage, toutes proportions
gardées, que ce qu'on va chercher.
Maintenant il faut rentrer cela dans les moeurs, d'une part, et puis,
d'autre part, il faut avoir un bon système de distribution. Or, le
système de distribution de Loto-Québec est déjà pas
mal, mais il y a beaucoup de progrès à faire sur le plan de la
localisation des kiosques dans' tous les milieux publics, etc. Il y a encore
pas mal de travail à faire de ce côté pour vraiment
l'implanter partout.
Encore une fois, il faut bien comprendre. Est-ce qu'on va aller chercher
les dollars par le jeu ou si on va aller les chercher par l'impôt? A un
moment donné, le choix est toujours comme cela. Moi, entre aller
chercher $70 millions par un impôt additionnel et $70 millions
additionnels par le jeu, j'aime mieux aller les chercher par le jeu. Au moins,
ceux qui ne veulent pas jouer ne payent pas.
M. Biron: Quelle est la classe de clients, comme on peut appeler
cela, de Loto-Québec? Est-ce que c'est surtout au-dessus de la moyenne
ou des gens qui gagnent un revenu dans la moyenne ou en bas de la moyenne?
Est-ce que cela a déjà été...
M. Parizeau: Je me souviens d'avoir vu des chiffres qui
semblaient établir une espèce d'équité sociale
extraordinaire sur ce plan. J'ai l'impression que tout le monde jouait à
tous les niveaux, mais qu'il y avait encore une loterie à monter pour
les très riches. Il est clair que sur le plan des très riches on
n'a pas encore trouvé l'instrument pour aller leur siphonner vraiment ce
qu'il faut aller siphonner. C'est pour cela que je ne voulais pas me barrer les
jambes tout à l'heure à l'égard de la question du
député de Jean-Talon.
On m'a montré là des possibilités du
côté du très riche qui n'ont vraiment pas encore
été tout à fait suffisamment explorées. Cela semble
être réparti dans toutes les classes de la société.
Là, encore, il y a des expériences qui ont été
faites à l'étranger, et on se rend compte qu'il y a des moyens
d'aller toucher la corde sensible du joueur riche qu'on n'a pas encore tout
à fait. On a mis l'accent peut-être davantage, enfin
peut-être un peu trop sur le phénomène du jeu populaire et
de masse et pas suffisamment sur le jeu sélectif de celui qui adore cela
jouer pas mal d'argent à la fois.
On trouve ses "thrills" où on peut.
M. Biron: Est-ce que vous croyez qu'en changeant nos
concessionnaires on pourra rejoindre cette qualité de gens riches qui ne
jouent pas assez, d'après vous? Quelles seront les ventes potentielles
en changeant les concessionnaires?
M. Parizeau: J'ai l'impression qu'à l'heure actuelle,
qu'on change les concessionnaires dans un sens ou dans l'autre, de toute
façon cela ne changera rien du tout. Il y a $5 millions qui sont
distribués au niveau des concessionnaires, qui n'ajoutent rien et
n'enlèvent pas grand-chose. Mon problème, c'est de savoir si on
distribue ces $5 millions à toute espèce d'association sociale
qui pourrait trouver cela utile d'avoir de l'argent, comme cela, plutôt
que de quêter constamment ou bien si simplement on remplace cela par un
système d'employés de la Loto-Québec. L'économie en
cause est d'environ $5,5 millions.
Si l'on remplaçait par un système de distribution à
l'aide d'employés, on gagnerait $5,5 millions. La commission aux
concessionnaires totale est de $11 millions. Une bonne partie de ce travail est
du non-travail.
M. Biron: $11 millions. J'ai escomptes et commissions aux
vendeurs, $21 millions, et frais de distribution et ventes, $10 millions.
M. Parizeau: Non. Je parle des commissions aux concessionnaires
seulement, c'est $11 millions.
M. Biron: Plus les frais de distribution et ventes?
M. Parizeau: Les frais de distribution et ventes vont
au-delà de $11 millions. $11 millions, c'est ce qui va aux
concessionnaires. Maintenant, attention, les concessionnaires louent des
services, enfin, embauchent du monde, des camionneurs, des distributeurs, etc.
Si on supprime les concessionnaires, il va falloir aussi qu'on ait le
même réseau de distribution. Si on supprimait les concessionnaires
demain matin et qu'on avait un réseau de distribution à la place,
on épargnerait $5,5 millions.
Mon problème, c'est de dire ceci: Est-ce qu'on supprime tous les
concessionnaires, on remplace cela par un réseau de distribution normal
et on empoche comme gouvernement $5,5 millions? Ou bien est-ce qu'on nomme
comme concessionnaires toute une série d'associations sociales dont je
parlais tout à l'heure et qu'on leur distribue les $5,5 millions en
question? Au lieu d'avoir toutes sortes d'associations, de clubs de l'âge
d'or, de fédérations de handicapés, qui viennent
constamment au gouvernement la main tendue, en disant: Vous ne pourriez pas
nous donner un peu d'argent, on leur dirait: Voilà, vous avez les
concessions de Loto-Québec, débrouillez-vous avez cela.
M. Biron: A l'heure actuelle, M. le ministre, on est
assuré d'un revenu que l'on connaît. On sait qu'il augmente chaque
année et on connaît nos coûts. Est-ce qu'on est
assuré qu'en changeant la méthode d'agir, avec les
concessionnaires, on va véritablement garder nos ventes avec la
même augmentation prévisible et est-ce qu'on va
véritablement pouvoir économiser nos $5,5 millions? Autrement, si
on change juste les concessionnaires pour le plaisir de les changer, je ne vois
pas d'avantages possibles pour le gouvernement de jouer là-dedans.
M. Parizeau: II est évident que, encore une fois,
remplacer les 75 concessionnaires actuels par 75 concessionnaires qui auraient
cette seule caractéristique d'être un peu plus près du
gouvernement actuel que les autres, on ne gagne rien, cela ne donne rien. De
toute façon, c'est du non-travail.
Remarquez que les concessionnaires, au début, ont probablement
joué un rôle important pour l'implantation de la loto, mais,
depuis quelques années, c'est absolument sans objet.
M. Biron: Vous voulez dire que chaque concessionnaire fait en
moyenne $150 000 de revenus, si je considère les chiffres que vous
m'avez donnés tout à l'heure?
M. Parizeau: II y en a quelques-uns qui font pas mal plus que
cela.
M. Biron: Vous avez dit $11 millions pour 75 concessionnaires;
rapidement, cela fait $150 000 par concessionnaire.
M. Parizeau: Attention, brut, parce que n'oubliez pas que, sur
les $11 millions qu'ils reçoivent, ils embauchent des chauffeurs, des
camions, etc. Si vous voulez avoir une idée plutôt nette du
phénomène, prenez la moitié de la somme ou quelque chose
comme cela. Cela fait encore quelque chose de très agréable.
M. Garneau: Dans le cas des concessionnaires, M. le
Président, lorsque...
Une Voix: Ils sont les mieux payés.
M. Parizeau: Non, c'est tout de suite après les
médecins spécialistes et avant les ministres, alors que le
médecin spécialiste travaille pas mal et que le ministre, on
l'espère, travaille beaucoup, celui-là, c'est plus douteux.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jean-Talon, je m'excuse. Est-ce que le député de
Lotbinière avait terminé? Il y avait M. le député
de Laprairie. Est-ce une question complémentaire sur le même
sujet? D'accord.
M. Garneau: C'est sur le même sujet. Tout à l'heure,
on avait commencé par les jeux. J'essayais de suivre le même
processus que le ministre avait indiqué dans ses remarques d'ouverture.
Concernant les concessionnaires, j'ai été responsable de
Loto-Québec jusqu'à vers la fin, je pense, quand j'ai
été nommé ministre de l'Education en 1975.
Quelque temps avant, à la suite d'une rencontre que j'avais eue
avec le conseil d'administration, on avait demandé, et d'ailleurs je
l'avais fait par écrit, je crois, au conseil d'administration de la
loterie, parce qu'il faut bien comprendre que, là aussi... Le ministre,
tout à l'heure, faisait allusion à la distance qu'il y avait
entre le curateur public et certains organismes étatiques.
Loto-Québec est justement une société qui, dans le cadre
juridique actuel, a une autonomie d'action qui est très grande.
M. Parizeau: Plutôt totale que très grande.
M. Garneau: Qui est totale, dans le fond. Il pourrait envoyer
paître le ministre n'importe quand. D'ailleurs, c'est ce qu'on a fait.
Sur le plan juridique, oui.
M. Parizeau: Sur le plan juridique. M. Garneau:
Parfaitement.
M. Parizeau: Sauf qu'elle dépend du ministre seulement,
pas du ministère.
M. Garneau: Oui, c'est cela. J'avais demandé à la
société d'entreprendre une étude de redistribution des
districts, parce qu'après deux ans ou trois ans d'existence, on sortait
des chiffres de revenus aux concessionnaires qui étaient
réellement mirobolants. Vous parliez tout à l'heure de $150 000.
Si ma mémoire est fidèle, il y en a qui faisaient plus que
cela.
M. Parizeau: C'est la moyenne. Par définition, il y en a
qui gagnent pas mal plus.
M. Garneau: Des choses assez inacceptables. Pour les mêmes
raisons qu'indique le ministre, j'avais discuté avec le conseil
d'administration, dans le temps, de voir comment il était possible de
donner ces agences à des groupes sociaux. Exemple: il y avait eu des
pressions faites par des groupes d'assistés sociaux. Une
expérience avait été faite depuis le début avec la
traversée du lac Saint-Jean qui avait la vente des billets pour financer
une partie des activités de la traversée. Cela avait
débouché sur une étude assez complexe qui avait
été faite des territoires pour tenter de ramener, dans le cadre
de l'utilisation du secteur privé, la délimitation des
territoires à des nombres qui n'auraient pas produit des chiffres de
revenu totalement inacceptables.
Je ne sais pas au juste comment a évolué cette chose.
Est-ce une orientation qui a été mise de côté pour
favoriser maintenant une autre approche qui serait celle du fonctionnarisme des
agences, c'est-à-dire que Loto-Québec le ferait elle-même,
et quelle est la réaction actuellement du conseil d'administration? Dans
le temps, il y avait une réticence assez forte face à la
possibilité de donner de telles agences à des groupes sociaux de
la part du conseil. On prétendait que donner cela à des groupes
qui ne seraient pas motivés par le désir de faire du profit, en
fait un vendeur, cela risquait d'amoindrir les revenus de Loto-Québec.
Et même on disait que le résultat assez fantastique de
réussite de Loto-Québec en si peu de temps, comparé
à d'autres organisations semblables, c'était probablement
dû au système de distribution.
L'étude a été entreprise, je ne sais pas au juste
où cela en est rendu. Est-ce que cela a produit des résultats ou
pas du tout? Ou n'y a-t-il pas possibilité de faire de tels
redécoupages de territoire, de façon que le revenu d'un homme qui
travaille là-dessus soit rémunéré justement mais
pas d'une façon indue?
M. Parizeau: Je dois dire que, de toute façon, comme ces
discussions ont eu lieu au tout début de 1975, s'il y avait eu des
raisons pour que cela aboutisse, j'imagine que cela aurait abouti dans
l'année et demie qui a suivi. Quand même, ce n'est pas la lune de
savoir ce que 75 concessionnaires font ou ne font pas. Un an et demi, cela me
paraît long pour se brancher là-dessus.
Deuxièmement, le fait que Loto-Québec ne relève
exclusivement que du ministre fait que le ministère n'a à peu
près aucun renseignement. Sauf les entrées d'argent, à
tous les mois, le ministère n'a aucune espèce de renseignement
sur la façon dont cela fonctionne. C'est le ministre qui le sait et
très normalement. D'aucune espèce de façon je ne voudrais
imputer quelque arrière-pensée que ce soit ici. Très
normalement, quand le ministre s'en va, les papiers partent avec lui. J'aurais
le droit de faire cela moi aussi. La loi me reconnaît ce droit. Le
résultat, c'est que lorsqu'un nouveau ministre se présente, il
n'y a pas une once de papier, il n'y a rien. On commence à zéro
avec des études qui ont été faites sans doute, il y a un
an, un an et demi, mais sans archives. Il y en a à Loto-Québec,
bien sûr.
C'est complètement aberrant d'imaginer que des
sociétés d'Etat de cette façon ne relèvent que
d'une personne et ne relèvent jamais du ministère lui-même.
On peut me dire et bien sûr qu'on me dit: Des études ont
été faites il y a trois ans, il y a quatre ans. Je dis ceci:
Quand je suis entré, il n'y avait pas un papier, ce qui était
parfaitement légal, mais il n'y avait pas un papier. Pour commencer, il
faut faire tabula rasa et dire: Maintenant comment penser faire fonctionner
cela correctement? Dans ce sens, c'est ce que j'ai fait. On a repris
l'étude du fonctionnement de Loto-Québec comme si on n'avait rien
devant nous, ce qui était d'ailleurs, soit dit en passant,
rigoureusement exact.
De ces études des quelques derniers mois, je dégage
l'impression majeure mais fondamentale pour moi qu'un concessionnaire, depuis
déjà quelques années je ne parle pas de 1971 et de
1972 au moment de l'implantation, c'était autre chose mais, depuis
quelques années ne sert pas à grand-chose. C'est un
travail à la limite très simple qui peut être assumé
par à peu près n'importe qui et c'est d'ailleurs pour cela qu'on
distribue des concessions comme celles-là. On peut les donner à
n'importe qui puisque, de toute façon, n'importe qui peut faire
cela.
Alors, je reviens à ce que je disais tout à l'heure. Ou
bien c'est n'importe qui ou bien on abolit le travail, on abolit les postes. Si
c'est n'importe qui, je veux que ce soient des associations qui en ont besoin,
ou bien on abolit les postes. C'est l'un ou c'est l'autre. Je me promets au
moins une chose, je ne quitterai pas le ministère des Finances avant que
ces sociétés d'Etat relèvent du ministère et non
pas du ministre. Je ne veux pas que mon successeur soit placé dans la
même situation de se trouver devant des classeurs vides, parce que les
classeurs étaient partis avec les papiers et ils sont revenus vides
quelques jours plus tard. Cela n'a pas de bon sens. Comme on dit en swahili: It
is a hell of a waiter on a railroad!
M. Biron: Cela veut dire qu'il y aura des changements au cours
des prochains mois.
M. Parizeau: Oh oui!
M. Garneau: M. le Président...
M. Parizeau: J'insiste, il n'y a rien d'incorrect, d'illogique ni
d'illégal là-dedans. C'est dans la logique propre du
système. Cela a toujours fonctionné comme cela et d'aucune
espèce de façon je ne mets en cause le député de
Jean-Talon. Cela fait longtemps que cela existe dans notre système, cela
n'a pas été créé par le gouvernement
précédent, cela a été créé par une
succession de gouvernements mais cela n'a pas d'allure.
M. Garneau: M. le Président, je voudrais dire
là-dessus que, si le ministre avait communiqué avec moi, j'aurais
pu lui donner des photocopies
de toutes les lettres que j'avais, mais ce n'est pas l'objet de mes
remarques parce que les dossiers importants, dans de tels cas pour ce
qui est de la Caisse de dépôt en particulier, on reviendra
là-dessus, les communications sont relativement simples sont chez
le sous-ministre.
Pour ce qui est de Loto-Québec, le ministre dit qu'il n'y avait
rien dans son bureau comme tel. Quand j'ai quitté, je ne savais pas qui
serait ministre des Finances. J'avais laissé une note sur le bureau
d'une façon anonyme parce que le Conseil des ministres n'avait pas
été assermenté à ce moment, disant que
j'étais à la disposition de mon successeur pour de tels
renseignements. Mais il reste un fait. Toutes ces études et tous ces
documents étaient entre les mains du fonctionnarisme, qui relève
du ministre et qui était Loto-Québec, comme c'est le cas avec la
Société des alcools ou d'autres sociétés. Le
ministre n'a pas répondu à ma question directement pour savoir si
ces études étaient concluantes quant à lui. Dans le cas
où les études qui avaient été faites ne lui
plaisaient pas études que je n'ai pas vues parce qu'à ce
moment je n'étais plus responsable de Loto-Québec est-ce
qu'il peut m'indiquer si son intention c'est de s'en aller vers la
fonctionnarisation de cette fonction de distribution? Dans le cas des agences,
je pense qu'il est bon de faire une distinction entre le vendeur qui est en
contact avec le client et le grossiste qui distribue aux multiples points de
vente qu'il y a. Si je comprends bien le ministre, son orientation semble
être vers la fonctionnarisation de cette fonction où la
société Loto-Québec, pour employer l'expression qu'il a
utilisée tout à l'heure, achèterait elle-même ses
camions, engagerait du personnel et ferait la distribution dans tout le
Québec à partir de fonctionnaires qui relèveraient de la
société. Est-ce l'orientation que veut prendre le ministre dans
ses discussions avec la société, pour autant que la
société veuille les accepter dans le contexte juridique
actuel?
M. Parizeau: Comme je vous le dis, il y a deux
possibilités et je n'en vois que deux. Ou bien, effectivement, le
remplacement des concessionnaires par des employés de
Loto-Québec, en beaucoup moins grand nombre, d'ailleurs. Il est
évident que l'on a fait l'étude de façon assez
systématique à cet égard, et les 75 concessionnaires, on
pourrait les remplacer par six bureaux régionaux avec quatre
employés dans chaque bureau. L'étude a été faite,
l'implantation, tout cela est prêt. Ou bien, passer les concessions
à des associations. L'un ou l'autre. La différence entre les deux
formules, c'est $5,5 millions, je vous dis cela. C'est une décision
qu'il y a à prendre, mais, pour moi on n'a le choix qu'entre l'une ou
l'autre formule.
Quant aux études qui consisteraient à dire: M. Untel fait
$240 000 dans sa concession, cela nous paraît beaucoup, on va
réduire cela à $172 000, je n'y crois pas un seul instant. Si
vraiment la fonction est une non-fonction, pour moi, gaspiller $170 000, c'est
la même chose que gaspiller $240 000. Ce n'est pas parce qu'on
réduit le gaspillage de quelques milliers de dollars et qu'on ra-
mène le revenu d'un concessionnaire plus près de celui d'un
premier ministre que l'opération est meilleure.
M. Garneau: Est-ce que dans cette analyse dont le ministre semble
avoir une copie qui lui aurait été fournie, on fait mention sur
de l'exploitation de ces loteries ailleurs dans le monde? Est-ce qu'il y a
plusieurs endroits où c'est fonctionnarisé, ou s'il n'y en a pas
du tout?
M. Parizeau: Dans les quelques cas que j'ai vus de financement,
il y a tout ce qu'on veut comme formules. Il y a rigoureusement tout ce qu'on
veut. Si vous trouvez trois pays qui se ressemblent sur ce plan, chacun trouve
sa formule.
M. Garneau: D'une façon générale, la seule
que j'ai vue c'est en France, c'était le tiercé et c'était
fait par l'entreprise privée dans le sens de concessions. Je ne sais pas
comment ils fonctionnaient, je ne sais pas si le bon patronage existait
là-bas ou pas, mais il y avait des choix qui devaient se faire de
quelque façon. J'ai assisté une fois au comptage des billets du
tiercé en France. C'étaient des individus qui le faisaient un peu
sur la même base que les agences, mais pour d'autres pays comme
l'Angleterre, par exemple, l'Allemagne où c'est très
développé, la Suède aussi, je crois, est-ce que le
ministre a des indications ou s'il n'en a pas?
M. Parizeau: Sur la façon dont la Suède ou
l'Allemagne fonctionnent, je n'ai pas la moindre indication. Mais quant
à la façon, comment dire, quant à utiliser l'exemple
français pour avoir été ce que j'imagine peu de gens ont
été ici, c'est-à-dire fonctionnaire du gouvernement
français dans les années cinquante, c'est un exemple que je
laisserais de côté.
M. Garneau: Ce n'est pas... Evidemment...
M. Raynauld: A ce moment, cela ne devient qu'une option. Il ne
reste plus qu'une seule option.
M. Parizeau: J'aurais beaucoup à dire comme ancien
fonctionnaire de l'Etat français, mais en fait, c'est autre chose.
Encore une fois, j'en reste à ce que je disais tout à l'heure: A
mon sens, il y a un choix entre deux options.
M. Garneau: A quel moment le changement se ferait-il pour l'une
ou l'autre des options?
M. Parizeau: II faudrait être branché d'ici un mois,
un mois et demi.
M. Garneau: Actuellement, comment fonctionnent les contrats avec
les distributeurs? Est-ce qu'ils sont renouvelés au jour le jour, au
mois, tous les six mois ou tous les deux mois? Comment?
M. Parizeau: Les concessionnaires, par les distributeurs?
M. Garneau: Les concessionnaires.
M. Parizeau: Les concessionnaires ont été
renouvelés au 31 décembre, tous avec un préavis de 30
jours.
M. Garneau: De telle sorte qu'à un mois d'avis, tout le
nouveau système pourrait être mis...
M. Parizeau: A un mois d'avis, on implante un nouveau
système.
M. Garneau: Le ministre est convaincu qu'avec un système
au niveau de ce qu'on pourrait appeler les fonctionnaires, c'est-à-dire
des gens de la Fonction publique qui feraient ce genre de travail, la
motivation au travail et à la vente, la promotion de la vente pourrait
être aussi efficace qu'avec celui qui est là. Les études
sont de nature à l'orienter dans ce sens.
M. Parizeau: Compte tenu du peu de motivation qui reste au niveau
des concessionnaires, M. le Président, pour moi, cela ne fait pas
l'ombre d'un doute. D'autre part et je vais ajouter que c'est une
dimension croustillante, mais importante il faut quand même tenir
compte du fait que dans ce système de distribution qui a
été monté, il y a, à l'heure actuelle, des
enquêtes de police assez nombreuses qui ont abouti, dans deux cas,
à des poursuites judiciaires.
Elles démontrent bien, je pense, le danger des formules qui ont
été utilisées jusqu'à maintenant. En particulier,
pour ce qui est public nous attendons que ce qui n'est pas public le
devienne j'ai devant moi, par exemple, des poursuites intentées
contre un monsieur en vertu de 22 chefs d'accusation, qui a exigé,
accepté ou convenu d'accepter d'un autre monsieur,
secrétaire-trésorier d'une compagnie au profit de lui-même,
ou, dit le chef d'accusation, du Parti libérai du Québec une
somme d'environ $15 000. Quand vous en arrivez à des choses comme
celle-là, vous vous dites qu'il est temps de changer de système.
Moi, quand on me dit qu'on pourrait peut-être arranger cela de
façon que celui qui gagne $240 000 en gagne $160 000, bien je dis
oui!
M. Garneau: Ce que le ministre met en cause, c'est
l'honnêteté d'individus, mais la même chose pourrait exister
avec n'importe quelle formule. Cela ne veut pas dire qu'un bonhomme qui serait
engagé sur une autre base ne pourrait pas également commettre des
gestes répréhensibles. S'il y a des gens qui ont commis de tels
gestes, en fait, ils en répondront devant les tribunaux. Mais ce qui me
préoccupe, actuellement, c'est de vouloir... Evidemment, c'est une
approche avec laquelle je suis prêt à souscrire. Dans le temps,
l'administration de Loto-Québec nous mettait en garde contre la baisse
des ventes si de telles choses se produisaient. En termes de motivation
à la vente, est-ce que le ministre est convaincu, aujourd'hui, et a
reçu de la part des administrateurs de Loto-Québec ils ont
changé, d'après ce que j'ai compris; le
président-directeur a changé vers le milieu de 1976 des
rapports et des études qui lui indiquent que la promotion des ventes
sera aussi bonne et que les revenus escomptés de $85 millions pourront
être maintenus? Est-il satisfait de ce genre d'études? Sur le
reste, évidemment, on pourra peut-être entrer dans toutes les
discussions des causes qui sont pendantes devant les tribunaux ou d'autres qui
pourraient l'être. Pour autant qu'on nous fournisse les renseignements,
je suis bien prêt à en discuter. Mais je parle du strict plan de
la rentabilité, parce que le ministre tout à l'heure disait:
C'est une forme excellente d'aller chercher des revenus pour la province. C'est
là-dessus que je me pose la question, à savoir si la
rentabilité en termes de promotion des ventes va être aussi grande
et s'il a des études à cet effet qui le confirment. Si tel est le
cas, je n'ai absolument pas d'objection à souscrire à cette
approche.
M. Parizeau: A un point tel qu'à l'heure actuelle la
promotion des ventes est de plus en plus faite par Loto-Québec
elle-même, par le truchement de ses propres services. De
l'intérieur même de cette boîte, il y a une tendance
très accentuée de prendre en charge la promotion, parce que cela
leur paraît être effectivement le meilleur moyen de faire en sorte
que cela aboutisse à des résultats intéressants. Pour moi,
il n'y a pas l'ombre d'un doute à cet égard.
M. Garneau: Mais c'est quand même une attitude nouvelle de
l'intérieur de la boîte?
M. Parizeau: C'est tout à fait possible; les années
passent, les concepts changent et puis il y a des leçons à part
cela.
M. Garneau: Sur le plan, maintenant, de l'administration de
Loto-Québec, est-ce que le ministre parce qu'il s'agit,
j'imagine, de modifications à la loi dont il nous parle a
l'intention de soumettre la gérance de Loto-Québec à la
surveillance du contrôleur des finances, c'est-à-dire de
l'imbriquer dans la gestion quotidienne des fonds publics? On sait que les
contrats que signe Loto-Québec avec des fournisseurs X,Y,Z
n'étaient pas actuellement soumis au contrôleur, sauf s'ils
dépassaient un montant assez important où cela prenait un
arrêté en conseil et il y en avait quand même très
peu. Est-ce que ce serait l'intention du ministre, en la ramenant sous
l'autorité du ministère, de soumettre l'administration
quotidienne de Loto-Québec, par exemple, à la surveillance du
Conseil du trésor, dans le cas des achats, dans le cas des contrats ou
si c'est l'intention de continuer avec les règlements de régie
interne que peut actuellement adopter la société d'une
façon autonome ou encore approuvés par le lieutenant-gouverneur
en conseil?
M. Parizeau: Ce que vient de soulever le député de
Jean-Talon est une des merveilles qui existent dans notre gouvernement. Le
président-directeur général de Loto-Québec est, je
crois, le seul individu dans notre système qui porte les
deux chapeaux suivants: II est, dit la loi, d'une part, sous-chef.
Là, c'est le ministre des Finances qui est chef; donc, il prend ses
instructions du ministre des Finances, mais il est aussi directeur
général astreint à un conseil d'administration. Donc,
puisqu'il y a un conseil d'administration, il est astreint aux ordres du
conseil d'administration. Je n'ai jamais, depuis quatre ou cinq mois,
réussi à concilier ces deux statuts dans ma tête.
Comment cet homme peut-il, d'une part, dépendre des
décisions d'un conseil d'administration et, d'autre part, être
sous-chef dans un ministère? Celui qui m'expliquera cela... C'est
vraiment une des bizarreries étonnantes que nous a laissées
l'ancien régime! C'est vraiment le pâté de cheval et
d'alouettes!
M. Garneau: M. le Président...
M. Parizeau: Ce sont deux statuts absolument contradictoires dans
le même homme. Je n'ai jamais réussi à déterminer
qui était le vrai patron de ce bonhomme-là. Il a tout ce qu'on
veut!
M. Garneau: Le ministre a dit: Que nous a laissé l'ancien
régime. Je suis bien prêt à prendre une bonne partie du
blâme sur les méandres d'une administration j'imagine,
quand on retournera au pouvoir, qu'on pourra dire la même chose
mais il reste que la Loi de Loto-Québec...
M. Parizeau: ...pas changé.
M. Garneau: ...a été adoptée par un
gouvernement qui n'était pas celui dont je faisais partie. Si ma
mémoire m'est fidèle, il y a plusieurs cas; si vous prenez la
Caisse de dépôts, c'est la même affaire. Pour ce qui est des
relations entre le président-directeur général d'une telle
entreprise et son titre de sous-chef vis-à-vis des lois qui
gèrent, par exemple, le personnel, il a le titre de sous-chef face
à la Fonction publique, par exemple, et c'est dans ce cadre de
concordance avec les lois qu'il fonctionne de cette façon. Je pense que
le ministre, en vérifiant ces aspects juridiques, va voir pourquoi les
légistes l'ont fait. J'imagine bien qu'ils ne l'ont pas fait pour rien.
Comment se fait la relation entre sa fonction de direction et ses autres
fonctions qui sont reliées, par exemple, à la Commission de la
fonction publique où il a besoin du titre de sous-chef pour être
en concordance avec les autres lois.
M. Parizeau: Ah!
M. Garneau: C'est une façon d'agir. Mais si je comprends
l'intention du ministre, c'est de mettre, en quelque sorte, en tutelle les
sociétés d'Etat à caractère commercial et
industriel. On pourrait dire la même chose, par exemple, de SIDBEC
où il y a le président-directeur général. Dans le
cas de SIDBEC, il y a des actionnaires, et le rôle du ministre se joue
via la détention des actions. Là où il n'y a pas de tel
capital-actions, vous allez le retrouver dans toutes les lois qui remontent
à notre processus législatif depuis plusieurs années.
Vous pouvez bien le changer, en termes juridiques, mais les fonctions,
il va bien falloir que quelqu'un les exerce en vertu des autres lois qui ont
été adoptées par ce Parlement. On va peut-être
l'enlever, mais cela va revenir au même.
M. Parizeau: M. le Président...
M. Raynauld: Je pourrais ajouter, parce que c'est sur le
même sujet, avant que le ministre réponde, que peut-être le
ministre n'a pas fini de s'émerveiller parce que le statut que j'avais,
comme président du Conseil économique du Canada, était
exactement le même. C'est une question de statut, d'être
appelé sous-chef. Au fédéral, ce n'est pas comme cela. Il
n'y a pas de chef, là-bas, il y a des ministres. C'est un sous-ministre.
C'est un statut qui est donné; il est soumis au conseil
d'administration, mais il lui faut un statut dans la fonction publique, et ce
statut lui est donné par un nom comme cela, sous-ministre ou n'importe
quoi. Je ne vois pas tellement pourquoi ce serait si extraordinaire.
M. Parizeau: Je commence à comprendre pourquoi la loi n'a
pas été changée pendant toutes les années du
précédent gouvernement. Commençons par la dernière
intervention. Il y a une différence entre un sous-ministre et un
sous-chef; ce n'est pas la même chose du tout. Le sous-chef, c'est une
fonction. Le sous-ministre, c'est un titre. Le sous-chef a un sens juridique
bien précis. On peut être sous-chef sans être sous-ministre.
Il y a pas mal de sous-chefs, dans le système, qui ne sont pas
sous-ministres.
Deuxièmement, revenons à l'intervention du
député de Jean-Talon. La Caisse de dépôt
détermine un statut de sous-chef pour le président-directeur
général de la caisse aux fins de certains gestes, mais
spécifiquement, dans l'article 44, indique que le seul droit dans les
opérations de la Caisse de dépôt, du ministre des Finances,
est celui de demander des renseignements. C'est spécifié. On
limite la juridiction de l'homme en question, en disant: Le ministre n'a de
pouvoir, à l'égard du président de la caisse, que pour lui
demander des renseignements. Il ne peut intervenir d'aucune espèce de
façon, par exemple on aura l'occasion d'en discuter quand on
parlera de la Caisse de dépôt quant aux placements.
Prenons le cas qui a fait discuter et jaser passablement de gens il y a
quelque temps, quant à la vente des actions par la Caisse de
dépôt qu'elle détenait dans la Banque d'épargne. La
caractéristique du ministre là-dedans c'est que la loi est
très spécifique. Il ne peut pas chercher, et n'a pas le droit de
chercher à influencer la décision. Ce qu'il peut faire c'est de
demander des renseignements: Avez-vous, oui ou non, vendu des actions? Pourquoi
les avez-vous vendues? C'est tout. C'est clair.
Ne confondons pas le statut de Loto-Québec et le statut de la
Caisse de dépôt. Les lois établissent une distinction
très nette...
M. Garneau: En termes de la fonction du directeur
général, M. le Président, et dans ses rap-
ports avec la Commission de la fonction publique et de son régime
de retraite, le titre de sous-chef du président-directeur de
Loto-Québec n'a rien à voir du tout avec les propos que tient le
ministre en termes de relations qui existent entre le ministère des
Finances, le ministre des Finances et l'administration. Ce que je saisis mal,
c'est que le ministre dans ses propos indique qu'il veut mettre la main sur
l'administration de Loto-Québec. Cela...
M. Parizeau: J'y arrive...
M. Garneau: ... c'est une philosophie qui est fort
différente et qui n'est pas reliée, du moins directement, au
vocabulaire qu'utilise le ministre dans la description de ses relations. Il
serait plus juste de dire cela et c'est pourquoi tout à l'heure je
demandais au ministre son intention sur Loto-Québec, qui est une
société à caractère commercial. On aura la
même chose non seulement avec le ministère des Finances, avec
toutes les autres sociétés, REXFOR, SOQUIP, SOQUEM, où
vous allez retrouver toujours cette caractéristique de sous-chef qui n'a
rien à voir avec les relations qui peuvent exister entre le
ministère des Finances et une société comme cela, mais la
question fondamentale c'est de savoir si le ministre a l'intention de se doter
des pouvoirs de contrôler l'administration, ce qu'il n'a pas
actuellement.
Le ministre des Finances ne peut pas donner une directive, même
écrite. Elle pourrait être une pression morale, mais il ne peut
pas actuellement, à l'exception de recommander au Conseil des ministres
d'approuver ou non des règlements de régie interne, poser de
gestes sur l'administration de Loto-Québec.
M. Parizeau: Si vous permettez, parce que j'ai été
interrompu par le député de Jean-Talon, entendons-nous. Selon la
répartition des pouvoirs en chef et sous-chef en vertu des lois qui nous
régissent, d'une part le ministre peut donner tous ordres qu'il juge
utiles au président de la Loto-Québec. D'autre part, le
président, j'admets l'ambiguïté de la chose, l'aberration de
la chose, comme président-directeur général astreint
à un conseil d'administration, c'est du conseil d'administration qu'il
va prendre ses ordres. C'est complètement fou-fou...
M. Garneau: Ce n'est pas complètement fou, au
contraire.
M. Parizeau: Est-ce que je pourrais simplement continuer?
M. Garneau: Excusez, continuez.
M. Parizeau: C'est remarquable à cet égard que le
président de la Société des alcools, dont nous parlerons
tout à l'heure, n'a pas le statut de sous-chef.
M. Garneau: Société à capital-actions.
M. Parizeau: II relève d'un conseil d'administration et se
rapporte à l'Assemblée nationale par le truchement du ministre
des Finances. Cela est une situation qui sur le plan juridique est claire. Ce
que je dis depuis le début, c'est que le statut du président de
Loto-Québec à cet égard est une aberration dans notre
système. C'est l'un ou l'autre. On relève d'un conseil
d'administration ou bien on est sous-chef. On ne peut pas être les deux,
parce que là on ne sait plus d'où viennent les ordres et on ne
sait plus de qui on relève. Il ne faut pas s'étonner qu'on ait
assisté à certaines des choses auxquelles on a assisté,
à partir du moment où le statut juridique est à ce point
confus.
Je reviens à ce que je disais tout à l'heure, je ne
connais pas d'autres régimes de cet ordre dans notre système.
Alors il faut corriger cela. On le corrige comment? C'est là où
j'en viens, à la réponse que disait le député de
Jean-Talon. On peut faire deux choses, ou bien on fait relever
Loto-Québec, on transforme Loto-Québec en une espèce de
service gouvernemental.
Aucun rapport avec SIDBEC, avec REXFOR, avec ces trucs. SIDBEC, REXFOR
cela fait de l'acier ou bien cela scie du bois. Loto-Québec a une
fonction, elle ramasse de l'argent et, ramassant de l'argent, ce n'est pas
très différent d'un service du ministère du Revenu. Cela
est une possibilité. L'autre, c'est de garder un statut de
société à conseil d'administration, mais de faire en sorte
je reviens à ce que je disais il y a pas mal de temps que
cette société à conseil d'administration relève non
pas du ministre personnellement, mais du ministère. Cette idée de
faire en sorte que chaque ministre recommence à zéro me
paraît complètement aberrante.
Ce n'est pas parce qu'une société aurait un conseil
d'administration qu'elle doit échapper complètement au
contrôle, même si ce n'était que de vérification,
à la responsabilité administrative sur le plan, j'allais dire des
bonnes moeurs et de l'ordre public du ministère. Pour le moment, je
tends davantage dans le sens d'une société plutôt que d'un
service gouvernemental, mais il me paraît évident que le statut du
directeur général doit être clarifié. Si c'est une
société véritable qu'on crée, il doit y avoir un
conseil d'administration qui administre au jour le jour, et le ministère
doit avoir: un certain nombre de droits de regard bien défini par la
loi. Je vais donner un exemple.
Il me paraît inconcevable que l'administration du ministère
des Finances je ne parle pas du ministre constate un bon jour que
Loto-Québec est en train de faire des placements elle n'est pas
faite pour cela, elle est faite pour fournir de l'argent au gouvernement
et que cette constatation ne puisse pas donner lieu à une rectification
autrement que par la personne du ministre. Cela est un problème majeur.
Je suis à cet égard parfaitement décidé à
faire en sorte qu'on n'ait plus jamais de société comme cela qui
relève d'un ministre qui part avec ses dossiers quand il quitte son
fauteuil. Cela me paraît urgent et important à changer.
M. Garneau: M. le Président, dans le même ordre
d'idées, je ne vois pas comment, administrativement et juridiquement...
j'ai hâte de voir le texte de loi que nous soumettra le ministre, ayant
eu pendant quelque temps à répondre à l'Assemblée
nationale de sociétés d'Etat. Certaines étaient à
capital-actions, d'autres étaient structurées comme
Loto-Québec, la même chose pour l'Hydro-Québec, en fait,
parce que la société de Loto-Québec est un peu comme
l'Hydro-Québec où l'on retrouve au conseil d'administration des
gens qui sont fonctionnaires, ce qui me paraît également
complètement, pour employer les termes du ministre, aberrant.
Je trouve cela inconcevable. Je l'ai mentionné et d'ailleurs
c'est pour cela que nous avions entrepris la réforme de la structure
juridique des sociétés d'Etat au fur et à mesure que nous
avancions. REXFOR a été modifiée, la Société
des alcools a été la première. Voir que le
président-directeur général d'une société
d'Etat se réunit avec son conseil d'administration, prend des
décisions, que chacun retourne dans son bureau et que les gens qui sont
égaux autour de la table du conseil d'administration deviennent des
subordonnés du directeur général, qu'ils sont égaux
au président en termes de prisé de décisions et qu'ils
reviennent des subordonnés du directeur général qui, par
hasard, est la même personne, je trouve cela complètement anormal.
Je crois que dans les sociétés d'Etat le conseil
d'administration, d'une façon au moins majoritaire, ne devrait pas
être formé de fonctionnaires de cette même
société. Là où je ne suis pas d'accord avec
l'attitude du ministre, c'est quand il s'agit de penser et c'est pour
cela que j'ai hâte de voir le texte de loi comment un conseil
d'administration d'une société d'Etat pourrait avoir une
autonomie administrative de telle sorte qu'il n'y ait pas d'intervention
directe, qu'elle soit politique ou autre dans l'administration quotidienne,
qu'elle soit branchée sur le ministre, le sous-ministre ou le
ministère, sauf le fait d'avoir des classeurs où ils peuvent
laisser des documents qui seraient en double de toute façon, et à
la société et au ministère...
Ce que je suggérerais au ministre, c'est d'envisager la
possibilité de deux choses: ou de créer une société
à capital-actions, et à ce moment le ministre détiendra
véritablement des pouvoirs d'actionnaire qui seraient assez forts pour
lui permettre d'intervenir dans les orientations des politiques, ou encore que
la loi soit modifiée avec le pouvoir de directives.
Dans le cas de Loto-Québec, j'aurais aimé avoir ce pouvoir
de directive. Et nous avions décidé de laisser la
société Loto-Québec faire au moins une expérience
de cinq ans avec la structure juridique qu'elle avait. Mais c'est certainement
une façon que le ministre pourrait donner d'avoir ce pouvoir
d'intervention directe par une directive déposée sur la table,
par exemple, de l'Assemblée nationale, de telle sorte que tout le monde
saurait à quel moment le ministre utilise ce pouvoir de directive.
Mais si ce n'est pas fait de cette façon, je me demande comment,
juridiquement, la société d'Etat pourrait conserver son autonomie
de gestion et, en même temps, devoir répondre pour le
président-directeur général et en même temps
à un conseil d'administration et en même temps à des
fonctionnaires de ministères. Le problème serait de même
nature que ceux qui sont actuellement entre le directeur général,
que le ministre qualifie de sous-chef, et lui-même, qui est ministre. Ce
serait la même situation. Il s'agit de savoir, et c'est cela le sens de
ma question au début, si l'orientation que veut prendre le ministre...
Là, cela adonne qu'on parle de la société
Loto-Québec, mais le débat est plus général parce
qu'il touche à un grand nombre de sociétés d'Etat. C'est
le cas de l'Hydro-Québec où c'est à peu près le
même type de situation, en termes de relations entre le gouvernement et
l'administration. Est-ce l'intention du ministre de modifier les structures
juridiques pour qu'il puisse, en d'autres mots, enlever l'autonomie
administrative aux sociétés d'Etat? C'est cela qui est le sens de
la question parce que, d'après moi, c'est comme cela que se pose le
problème.
M. Parizeau: Le problème ne se pose pas du tout de cette
façon. Le problème se pose...
M. Garneau: En tout cas, on attendra la loi que le ministre nous
apportera et on verra à ce moment-là.
M. Parizeau: ...essentiellement de la façon suivante: la
loi peut-elle être libellée de telle façon qu'à
l'intérieur de contraintes légales définies, un conseil
d'administration puisse avoir toute latitude de gestion au jour le jour. Mais
à l'intérieur de contraintes légales définies,
c'est-à-dire que le conseil d'administration a le droit de faire telle
ou telle opération mais n'a pas le droit de faire telle ou telle autre
opération. Et si tant est qu'à l'intérieur de ces
contraintes des gens considèrent qu'ils ne peuvent pas être
membres de conseils d'administration, il n'y a rien de coercitif, dans notre
société, qui force quelqu'un à accepter d'être un
membre d'un conseil d'administration. Il n'y a qu'à lire la loi. Mais il
faut que la loi établisse un cadre de ce qui est autorisé et de
ce qui n'est pas autorisé.
Cela me paraît inconcevable à cet égard que, par
exemple, on ait pu prêter, à travers la filiale de
Loto-Québec, $600 000 à une piste de course à
Jonquière sans arrêté en conseil, sans aucun moyen de
vérifier l'utilité, la pertinence d'une dépense comme
celle-là. Quand on pense au genre de clauses extrêmement
précises qui existent dans d'autres lois, on conviendra que, dans ce
cas-là, un statut ambigu de la direction, comme je le disais tout
à l'heure, une latitude incroyable sur le plan du cadre juridique et,
d'autre part, pas de mode de vérification ou de suivi des
décisions par le ministère laisse une latitude qui me
paraît absolument inconcevable. Donc il ne faut pas s'étonner que
cela ait donné lieu à une situation qui, au niveau des
concessionnaires, à l'heure actuelle, est devenue une espèce de
scandale public qu'on a
regardé, pendant des années, passer, un peu comme une
vache regarde passer un train.
M. Garneau: M. le Président, je ne peux absolument pas
accepter les propos du ministre et c'est même assez surprenant qu'il les
utilise dans ces termes-là pour employer l'exemple des prêts aux
pistes de course. Le conseil des ministres a le pouvoir d'adopter, d'accepter
les règlements qui servent de base à la gestion de l'aide. Comme
exemple, le ministre des Finances n'accepte pas chacun des prêts qui sont
faits par l'Office du crédit agricole. Alors là il s'agit d'un
fonds qui est administré par une société dont les pouvoirs
de réglementation sont édictés par arrêté en
conseil. Si le ministre croit que les règlements doivent être
changés, il peut les changer. A ce moment-là, le conseil
d'administration ne sera pas autorisé à prêter plus que $25
000 ou $5000 à une piste de course. En fait, c'est par la
réglementation. Il y a une différence entre un pouvoir de
réglementation qui détermine le cadre général
d'action et l'intervention politique à chaque geste administratif que
pose une société. Je pense à la Société de
développement industriel où l'on fait des prêts, à
d'autres sociétés où on peut modifier les
règlements, mais à l'intérieur d'une
réglementation; le conseil d'administration garde son autonomie.
J'espère que le ministre des Finances n'a pas l'intention de
soumettre à un tel contrôle l'ensemble des sociétés
d'Etat, que, pour chacun des gestes administratifs faits à
l'intérieur d'une loi et de règlements édictés en
vertu de cette loi, le ministre devra reprendre ou faire reprendre par ses
fonctionnaires chacune des analyses techniques faites par un groupe quelconque
qui a la fonction de gérer tel aspect d'une activité
économique. Je donnais l'exemple de L'Office du crédit agricole.
On pourrait en donner bien d'autres exemples où, à
l'intérieur d'une réglementation, ils peuvent agir.
J'espère qu'on ne centralisera pas à ce point les
décisions où des offices qui ont des responsabilités, soit
en vertu d'une loi, soit en vertu de règlements édictés en
vertu de cette loi, seraient en plus obligés d'aller chercher la
bénédiction du ministre pour chacun de leurs gestes
administratifs.
M. Parizeau: Je pense qu'il n'y a absolument rien de ce que j'ai
dit jusqu'à maintenant qui portait là-dessus. J'ai dit qu'il faut
établir un cadre juridique précis à l'intérieur
duquel le conseil d'administration a un corridor dans lequel il peut
fonctionner. Maintenant, quant à la vérification des
opérations, il y a, puisqu'on veut étendre le débat
à l'ensemble des sociétés d'Etat, un bon nombre de choses
à changer et je pense qu'il faut les changer. On veut donner des
exemples qui sortent de ce qu'on examine, c'est-à-dire de
Loto-Québec. Est-ce qu'on peut m'expliquer comment il se fait que le
Vérificateur général du Québec peut vérifier
les livres d'un certain nombre de sociétés d'Etat, mais pas de
leurs filiales? Qu'on m'explique cela. Comment se fait-il qu'il peut
vérifier SOQUEM, mais pas les filiales de SOQUEM?
M. Raynauld: M. le Président, pour rester sur le
sujet.
M. Parizeau: Un instant! On hérite d'une situation
où la confusion des pouvoirs a entraîné un désordre
remarquable. Il est évident, puisque le député de
Jean-Talon veut absolument sortir du cadre de Loto-Québec, que sur le
plan du désordre dans le cadre administratif des sociétés,
il y a pas mal de choses à faire. Encore une fois, qu'on m'explique,
quand on sait, entre une société mère et sa filiale
détenue à 100%, le genre de déplacement de fonds qu'il
peut y avoir, pourquoi le Vérificateur général a le droit
de vérifier la société mère qui appartient au
gouvernement, mais pas les filiales. Qu'on me donne une justification
rationnelle de cela et je pourrai accepter bien d'autres choses.
M. Raynauld: Je ne voudrais pas répondre à cette
question, mais je voudrais bien répondre à la question
précédente. La réponse qu'on donne à la question
que vous posez, M. le ministre, est très simple. Les pouvoirs ne sont
pas déterminés dans la loi; ils sont déterminés par
des règlements adoptés par arrêté en conseil. Si
vous ne les aimez pas, ces règlements, changez-les!
M. Parizeau: C'est exactement ce qu'on est en train de faire, en
attendant de changer la loi.
M. Raynauld: A ce moment-là, l'opposition n'est pas entre
une autonomie complète en regardant seulement la loi. Le conflit n'est
pas là. Le problème est de savoir si c'est mieux de mettre cela
dans une loi ou de mettre cela dans des règlements par
arrêté en conseil. A ce moment, le gouvernement a autant de
contrôles. Il en a peut-être plus puis il a plus de
flexibilité. C'est ce qui a été adopté avant, si je
comprends bien la situation. Vous répondez en disant: La
société a des pouvoirs excessifs. Les pouvoirs qu'elle a sont des
pouvoirs de réglementation, qui sont donnés par des
arrêtés en conseil. Vous pouvez les changer quand vous voulez;
vous n'avez même pas besoin de changer la loi.
M. Parizeau: A une petite nuance...
M. Raynauld: Je ne déteste pas l'idée que ce soit
de la réglementation.
M. Parizeau: A une petite nuance près, c'est que...
M. Raynauld: C'est plus flexible.
M. Parizeau: ... de toute façon, à bon nombre de
lois il y a toujours une réglementation qui est attachée, mais
plus on laisse de pouvoirs dans les règlements et moins on en met dans
la loi, plus l'arbitraire se met là-dedans justement, pour des raisons
de flexibilité que vous invoquez. On a eu tellement d'exemples dans le
passé de règlements modifiés par arrêté en
conseil, n'importe comment, élargis, qu'on finit par se méfier de
cette formule justement à cause de ce que vous présentiez comme
étant des avantages. Il n'y a rien comme une loi claire qui
établit des corridors,
si bien que, quand on veut changer ces pouvoirs, on doit retourner
devant l'Assemblée nationale et faire au moins un débat public en
disant: On avait défini les pouvoirs de telle façon; on trouve
que c'est insuffisant ou que c'est trop pour telle raison et on est
obligé de s'expliquer. Cette idée d'une loi vague et de
règlements précis, mais qui changent tous les trois mois est une
des origines du genre de désordre que je décrivais tout à
l'heure.
M. Biron: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): II y a encore le
député de Laprairie.
M. Garneau: Le débat n'est pas terminé.
Peut-être que vous voulez le conclure ici, mais le thème qui est
en discussion est loin d'être terminé. Je suis très
heureux, d'un certain côté, d'avoir entendu les dernières
remarques du ministre; c'est consigné au journal des Débats et je
suis très content de cela.
Je trouve que c'est une approche valable. Je ne veux pas sous-estimer
cette approche, au contraire. Je suis très content que le ministre
prenne cette approche en termes législatifs et je crois qu'il devrait en
être ainsi dans la plupart des lois qui vont être
présentées. Nous aurons l'occasion, au cours des prochaines
semaines, des prochains mois, d'analyser des projets de loi et je suis
très content de la position que le ministre vient de prendre.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Jean-Talon. M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Merci, M. le Président. Si j'ai bien compris
M. le ministre tout à l'heure, les 75 concessionnaires pourraient
être remplacés par à peu près 20 fonctionnaires ou
employés permanents.
M. Parizeau: C'est-à-dire qu'en fait, en utilisant le
personnel déjà en place, il y aurait six bureaux régionaux
comportant quatre personnes chacun. En utilisant le personnel
déjà disponible, cela représenterait une embauche,
à un poste près, de huit employés de plus, c'est tout.
M. Michaud: Oui, d'accord. Cela fait qu'on pourrait nommer huit
sous-ministres à temps triple, et encore...
M. Parizeau: Pardon?
M. Michaud: On pourrait nommer huit sous-ministres à temps
triple, et encore on rentrerait dans notre argent. C'est tout simplement une
boutade. Est-ce qu'on pourrait avoir un éventail?
M. Parizeau: Plus qu'à temps triple.
M. Michaud: Plus qu'à temps triple, même si...
M. Parizeau: $5,5 millions, c'est de l'argent, vous savez.
M. Michaud: Est-ce qu'on pourrait avoir un éventail en
pourcentage des sommes qui sont ramassées par Loto-Québec,
c'est-à-dire qui vont à l'administration, à la
distribution, qui retournent au client et qui vont dans le fonds du ministre
des Finances?
M. Parizeau: Prenons cela pour 1976/77. Les ventes nettes ont
été de $150 millions. Ajoutez, cependant, à cela les $11
millions aux concessionnaires qui sont soustraits et qui n'apparaissent pas
dans le tableau. En fait, c'est $161 millions. Quand on parle des ventes
nettes, c'est un euphémisme pour dire les ventes après les $11
millions des concessionnaires. Donc, $161 millions, moins $11 millions, cela
fait $150 millions de ventes. Les prix accordés...
M. Biron: Excusez, M. le ministre. J'ai un rapport de la
régie, ici, qui me donne un exercice au 31 mars 1976. Est-ce que vous
avez jusqu'au 31 mars 1977?
M. Parizeau: 1977. Les prix accordés, $75 millions. Les
dépenses de distribution et de ventes, sans tenir compte des
concessionnaires les concessionnaires je les ai enlevés tout
à l'heure $9 millions. Les dépenses d'administration, $2,3
millions, ce qui laisse un profit net de $64 millions.
M. Michaud: Merci, monsieur.
M. Biron: Le chiffre de ventes total?
M. Parizeau: $161 millions, brut.
M. Biron: Et combien d'escomptes et commissions aux vendeurs?
M. Parizeau: Non. Les concessionnaires, $11 millions. Vous avez
des dépenses de distribution et de vente à $9 millions, dont j'ai
tenu compte un peu plus bas dans la colonne. 9 plus 11 =20.
M. Biron: Vous aviez, en 1976, $21 millions escomptes et
commissions aux vendeurs et cela a diminué à $11 millions
en 1977?
M. Parizeau: Ces points de ventes n'étaient pas inclus
là-dedans? Je recommence, M. le Président. Je m'excuse. Les
points de ventes n'étaient pas inclus dans les chiffres que j'ai
donnés. Mes excuses et je recommence. Ventes brutes, $183 millions.
Escomptes et commissions aux vendeurs, $25 millions dont $11 millions aux
concessionnaires, ce qui donne un produit net des ventes de $158 millions. Les
prix, $78 millions. Il y a frais de distribution et de ventes, $6 millions.
Les frais d'administration, $2,9 millions; les frais d'impression des
billets, $4 millions, ce qui laisse un revenu net d'exploitation de $65
millions.
M. Garneau: C'est au 31 mars... M. Parizeau: 1977.
M. Biron: Comment expliquez-vous l'augmentation
considérable en 1976/77 comparée à 1975/76?
M. Parizeau: L'augmentation considérable de...
M. Biron: Beaucoup plus considérable. M. Parizeau:
De quoi?
M. Biron: De vente. C'est $36 millions, 20% alors qu'on avait
14%.
M. Parizeau: Tenez compte d'une augmentation considérable
de la Loto-Perfecta, de $32 millions à $50 millions.
M. Biron: $50 millions.
M. Parizeau: II y a $18 millions d'augmentation qui viennent de
Loto-Perfecta seulement.
M. Biron: D'accord.
M. Parizeau: Le reste c'est davantage normal.
M. Biron: A cause de l'écurie en Floride.
M. Parizeau: Ce serait beaucoup dire. Personnellement, j'en
doute.
M. Raynauld: C'est dû à l'implantation du 6/36 je
crois.
M. Parizeau: Oui.
M. Raynauld: Qui donne une possibilité de prix plus
grande.
M. Michaud: M. le Président, est-ce que je pourrais
continuer? Parce que j'avais commencé, avec votre permission,
monsieur.
M. Raynauld: Excusez-moi.
M. Michaud: Ici vous avez la vente, la distribution puis vous
avez les escomptes aux vendeurs. Combien y a-t-il de vendeurs environ au
Québec?
M. Parizeau: A peu près 14 000.
M. Michaud: A peu près 14 000, d'accord.
Ma dernière question est un peu un commentaire aussi. Il y a eu
énormément de publicité puis souvent, d'après mon
jugement, c'était peut-être un peu une publicité à
outrance pour certains programmes de Loto. C'est bien faire la promotion des
ventes, c'est bien avoir la rentabilité, mais est-ce qu'il y a quelque
chose qui va être fait pour surveiller peut-être cet abus de
publicité?
M. Parizeau: Déjà on la taxe à 2%. M.
Michaud: Le problème ici...
M. Parizeau: Cela, c'est vraiment la taxe sur la taxe.
En pratique, c'est vrai qu'il y a un effort considérable de
publicité dont il s'agit de déterminer à partir de quel
moment elle devient trop importante ou abusive. Je dois dire que bien qu'on ait
commencé à examiner la question, ce n'est pas encore du tout
clair dans mon esprit si vraiment les $4 millions ou presque, les $3,8 millions
qui sont dépensés en publicité c'est trop, compte tenu du
volume de billets vendus. Si on descendait en bas de $3 millions est-ce qu'on
en vendrait autant? Puis si on montait à $1 million de plus est-ce que
vraiment on vendrait $20 millions de plus? Il y a là une espèce
d'étude de marketing qui, dans mon esprit, est loin d'être
déterminée, et une analyse de la situation qui est loin
d'être concluante. Là-dessus, je ne peux vraiment pas
répondre, je n'en suis pas rendu au point où je suis convaincu
que les $3,8 millions par année de publicité c'est trop ou pas
assez, qu'il faudrait en mettre plus ou moins.
D'une façon générale, en Amérique du Nord,
les dépenses de publicité représentent entre 2.5% et 3%
des recettes brutes et Loto-Québec est un peu en dessous de cette
moyenne.
M. Michaud: En dessus?
M. Parizeau: En dessous.
M. Michaud: En dessous, d'accord.
M. Parizeau: Oui, puisqu'on vend $180 millions. On a des ventes
brutes de $180 millions et on a $3.8 millions de publicité. Cela fait un
peu en dessous de cette moyenne de 2.5% à 3%. C'est davantage de l'ordre
de 2%.
M. Michaud: Mon dernier commentaire serait que je constate qu'il
y a environ 14 000 vendeurs qui se partagent $14 millions, puis 75
concessionnaires qui se partagent $5,5 millions.
M. Parizeau: C'est la beauté du système.
M. Michaud: Merci.
M. Garneau: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse a demandé la parole.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Je reviens à
l'émission des permis. Est-ce que, depuis les six derniers mois, il y a
eu des permis aux concessionnaires qui ont été
annulés?
M. Parizeau: Pas que je sache. Il n'y en a pas eu. Ils ont
été renouvelés, au 31 décembre, à trente
jours, jusqu'à ce qu'on soit prêt à fonctionner.
M. Goulet: Les accusations dont vous avez fait mention
antérieurement, en étiez-vous au courant
avant le 31 décembre? Vous n'avez pas mentionné de noms,
mais vous sembliez être certain.
M. Parizeau: Est-ce avant ou après le 31? Je ne me
souviens plus des dates où les causes ont été
présentées devant les tribunaux. Je m'excuse. Je pourrai
peut-être, quand on continuera les crédits dans les jours qui
viennent, vous répondre.
M. Goulet: Si cela avait été avant le 31
décembre, si vous êtes le seul autorisé, auriez-vous
émis quand même les permis?
M. Parizeau: La difficulté, c'est que là, je
ne peux pas donner la date même si des accusations étaient
portées contre quelqu'un, disons aujourd'hui, on vit quand même
encore dans une société où un homme est coupable quand il
est reconnu coupable par une cour de justice. Indépendamment de ce que
je peux penser là-dessus, il faut quand même que le bonhomme aille
à son procès avant qu'on conclue.
M. Goulet: Vous dites que vous répondrez prochainement.
S'il y a eu des permis d'annulés, vous n'êtes pas sûr?
M. Parizeau: Non, non. On me dit qu'il n'y en a aucun.
M. Goulet: Bon. Quand ce sera le temps de redistribuer ces
permis, on va s'y prendre de quelle manière? Va-t-il y avoir des
critères?
M. Parizeau: Ou on va les annuler. Encore une fois, ce que je
veux dire par là, c'est qu'on n'a pas le choix: ou bien ce sont des
associations sans but lucratif, dont je parlais tout à l'heure, ou bien
l'annulation de tout cela et le remplacement par une structure de distribution
qui appartient à Loto-Québec. Il y a une chose qui est claire
dans mon esprit: on ne va pas prendre 75 individus, leur retirer leur permis et
les remplacer par 75 individus qui auraient, j'allais dire, le mérite
d'être méritants, politiquement ou autrement.
M. Goulet: Non, mais pour les associations oublions les
militants et les particulier avez-vous un processus en tête?
M. Parizeau: Si on adopte cette voie, ce qui n'est pas du
tout...
M. Goulet: Si le ministre me le permet, on peut également
favoriser et faire du patronage avec des associations comme avec des individus.
Vous savez ce que je veux dire? C'est pour cela que je pose la question.
M. Parizeau: Oui, mais il y a beaucoup moins de risques. Il y a
une chose qui, en tout cas, dans mon esprit, est claire: il est hors de
question de passer par des associations locales. Si on passe par des
associations locales, à peu près dans n'importe quoi, on va en
avoir des milliers. Comme le député le dit, là, cela va
devenir du patronage.
M. Goulet: Non, mais je vous donne un exemple: la
Société Saint-Jean-Baptiste. Vous parliez des fêtes de la
Saint-Jean. Je ne sais pas, mais, d'après moi, ce serait un genre...
M. Parizeau: Non, non. M. Goulet: Non?
M. Parizeau: II faut bien s'entendre. Les seules associations
dont j'ai parlé sont des associations de caractère ou bien de
type club de l'âge d'or ou bien association de handicapés ou
quelque chose comme cela. D'autre part, je ne pense pas qu'il faille
fonctionner avec des associations locales, parce que, comme vous le dites, il y
en a trop et que, forcément, on va être obligé de choisir.
Là, on va retomber dans une autre forme de patronage, peut-être un
peu plus respectable que l'autre, mais enfin du patronage malgré
tout.
Si on adopte cette voie, il faut passer par des
fédérations, des fédérations régionales ou
des fédérations nationales, et qu'on ait des règles assez
précises et égales pour tout le monde. Là, je n'en donne
que des exemples; vous comprenez que je ne me commets pas. On pourrait, par
exemple, dire: Les fédérations d'associations sportives? Non. Il
y a un Haut-commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports qui
s'occupe de cela. Les associations de loisirs? Non. Là aussi, il y a le
Haut-commissariat pour cela.
Alors choisissons les fédérations d'un type qui, sur le
plan gouvernemental, n'ont pas jusqu'à maintenant trouvé des
subventions statutaires ou des choses comme cela. Et, si tant est qu'on
s'orientait dans cette voie, ce serait à partir de critères comme
ceux-là, pas nécessairement ceux que j'ai indiqués, mais
comme ceux-là qu'il faudrait utiliser. Mais certainement pas des
associations locales, pour cela vous avez parfaitement raison. Dans chaque
région, on se trouverait devant 50 clubs locaux qui veulent tous avoir
la main dans le gâteau. D'autre part, il faut bien considérer que
beaucoup de ces associations locales n'ayant pas de pérennité,
n'ayant pas de durée nécessairement, pourraient se
révéler incapables de faire même le travail
élémentaire que cela représente.
M. Garneau: On pourrait peut-être donner cela aux
églises pour enlever les bingos.
M. Parizeau: Ah non! moi j'ai une régie des bingos
adorable, n'est-ce pas, qu'on m'a laissée; il ne faut pas toucher
à cela.
M. Garneau: Aux évêques.
M. Parizeau: Ecoutez, on dépense actuellement $800 000
pour contrôler les bingos, il ne faut pas toucher à nos belles
institutions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Si vous permettez, M. le Président, une
dernière question. Il n'y a pas eu de permis
d'annulés, est-ce qu'il y a eu des nouveaux permis d'émis
depuis les six derniers mois? Aucun?
M. Parizeau: Aucun. M. Goulet: Merci.
M. Parizeau: Nous n'avons pas voulu toucher à la
mécanique jusqu'à ce qu'on soit prêt à la
changer.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: J'avais une question, depuis le début, qui
m'a été inspirée par les propos d'ouverture du ministre.
Il arrive que je ne partage pas son optimisme quant à
l'équité des loteries. Je pense, au contraire, à moins
qu'on me donne des chiffres qui soient bien différents pour
Québec, et qu'on ne se comporterait pas comme ailleurs dans le monde,
que les loteries étaient souscrites par des gens à plus faible
revenu et que c'était un impôt excessivement régressif. Je
pense que M. le ministre a confirmé cette impression quand il a dit
qu'il avait encore vu, il avait entrevu une possibilité de fonds qui
pourraient provenir de gens plus riches. Alors c'est bien la preuve, en fait,
que les loteries, comme elles sont à l'heure actuelle, sont
payées par des plus pauvres.
Moi, cela me pose un problème. Je ne suis pas du tout d'accord
que c'est un procédé qui est beaucoup plus avantageux que
l'impôt sous prétexte que ceux qui souscrivent à des
loteries, qui achètent des billets les achètent volontairement.
Il me semble que ce n'est pas l'intention qui compte, ce sont les
résultats, et après coup, on s'aperçoit que ce sont les
gens pauvres qui achètent des billets. Je pense qu'on est obligé
de conclure que c'est une taxe régressive. Et moi, je me poserais des
questions sur l'extension indéfinie de ce genre de moyens de percevoir
des fonds publics.
M. Parizeau: Comme d'habitude, on tombe dans le
manichéisme: ou bien quelqu'un est très riche ou bien il est
très pauvre, il n'y a personne dans le milieu. A ce sujet, j'ai vu
passer un certain nombre d'études, qui sont assez intéressantes,
qui démontrent justement qu'en fait on joue dans toutes les classes de
la société. On pourra demain, la prochaine fois qu'on
siégera, je ne sais pas si c'est demain, regarder un certain nombre de
chiffres à ce sujet.
Ce que je disais au sujet des riches, ce n'est pas qu'ils ne jouent pas,
ce n'est pas qu'ils ne jouent pas comme les autres, c'est qu'il y aurait
peut-être moyen de trouver des trucs et de les faire jouer davantage
encore. Ce n'est pas tout à fait la même chose.
M. Raynauld: Ceux-là ne me préoccupent pas, ce sont
ceux qui sont à l'autre bout qui me préoccupent. Ce sont ceux qui
payent vraiment ces impôt, ce sont ceux-là.
M. Parizeau: Mais moi, cela me préoccupe. Il reste que,
tout ceci étant dit, dans la mesure et on pourra fournir des
chiffres là-dessus et regarder cela ensemble où on se
lance dans le type de formule de jeu, que l'individu soit pauvre, qu'il soit
simplement dans les classes moyennes, qu'il soit à l'aise ou riche, cela
dépend de lui. L'impôt c'est quand même autre chose.
L'impôt il faut bien que tout le monde le paye.
M. Raynauld: C'est pour cela que c'est plus juste.
M. Parizeau: Pourquoi? Parce que décider de soi-même
la nature de sa contribution au trésor public, compte tenu du niveau des
impôts au Québec, ce serait moins juste? Non. Dans une
société où il n'y aurait pas d'impôts du tout on
pourrait toujours discuter de cela, mais dans une société
où les impôts ont atteint un niveau pareil on peut comprendre que,
pour ce qui a trait au revenu au-delà de cela, on dise aux gens:
Déterminez cela vous-mêmes, choisissez. Pourquoi pas?
S'il n'y avait pas d'impôts, si on partait d'une
société sans impôts et on disait: Est-ce qu'on met des
impôts ou une loterie, je comprendrais, mais on ne part pas de
zéro sur le plan des impôts. On part avec le fardeau fiscal qu'il
y a.
M. Raynauld: Je comprends encore moins, M. le ministre, parce que
les impôts sont progressifs à l'heure actuelle.
M. Parizeau: La taxe foncière, la taxe de vente? Pardon?
Oh non!
M. Raynauld: Ils sont progressifs dans l'ensemble ou
proportionnels, mais ils ne sont pas régressifs à ma
connaissance. Si vous introduisez une taxe supplémentaire que vous
pouvez bien appeler volontaire, mais qui elle est régressive, vous
rendez le système dans son ensemble plus injuste ou moins
équitable qu'il était avant.
M. Parizeau: Non, la régressivité d'un achat
volontaire, franchement je ne sais pas ce que cela veut dire sur le plan des
concepts, la régressivité ne s'applique qu'à
l'impôt. Acheter des billets, c ne peut pas parler de
régressivité ou de progressivité, on laisse le choix
libre. Quant à la structure des impôts, considérer que la
structure des impôts est nécessairement progressive, j'en ai des
doutes sérieux. La progressivité de la taxe foncière,
comme je disais, de la taxe de vente, de tout ce qu'on a greffé à
l'impôt sur le revenu, avec des plafonds, notre 1,8% sur la feuille de
paye pour le régime des rentes bloqué avec un plafond, cela
s'appelle comment, progressif ou régressif? Les 0,8% sur la Régie
de l'assurance-maladie bloqués avec un plafond, c'est progressif ou
régressif?
M. Raynauld: La Commission des accidents du travail.
M. Parizeau: Notre système est bondé d'impôts
régressifs. On peut les appeler comme cela parce qu'on a une certaine
pudeur. On n'aime pas cela, dans une société, dire qu'on a une
structure d'impôt relativement régressive. Quand on commence
à les prendre un par un, cela regarde curieusement. Je vous rappelle
à ce sujet que, sur l'impôt sur le revenu des particuliers
proprement dit, on le considère comme progressif à juste titre.
Il représente $3,7 milliards sur $11 milliards de ressources du
gouvernement. Il représente $3,7 milliards sur $8,3 milliards de
ressources propres du gouvernement. Progressif, notre système fiscal? Je
n'en suis pas si sûr que cela.
M. Raynauld: M. le ministre, si c'est cela, cela renforce le
point de vue que je voulais exprimer. Mon point de vue n'est pas de
démontrer que le système est progressif, mais de dire que
l'introduction de loteries accentuait le caractère régressif du
système. S'il est déjà régressif, raison de plus
pour ne pas le rendre encore plus régressif. C'est simplement cela que
je voulais dire.
M. Parizeau: Je vous assure que je ne propose pas ce soir
l'établissement de Loto-Québec. Elle existe depuis
déjà un certain temps. Elle est là depuis un certain
nombre d'années, je veux dire.
Deuxièmement, encore une fois cela est tenir pour acquis qu'une
majorité de ceux qui jouent à Loto-Québec sont vraiment
des gens qui n'ont pas du tout de moyens, parce que l'on oppose les pauvres et
les riches. Je pense que l'on peut, à partir de chiffres,
démontrer que ce goût du jeu existe partout dans notre
société.
D'autre part, encore une fois j'aimerais bien que l'on me
définisse ce que cela veut dire la ré-gressivité d'une
structure d'achat volontaire. A tous égards, sur le plan de la
théorie économique, c'est un concept nouveau pour moi.
M. Raynauld: Ah oui! votre impôt sur le vêtement,
c'est nouveau pour vous? Ce sont des achats volontaires, et ce n'est pas
régressif? Ce sont des achats volontaires.
M. Parizeau: II y a très peu d'enfants qui se
promènent tout nus.
M. Raynauld: Quand même.
M. Parizeau: Pas quand même. Je vous assure qu'avec notre
climat il y a peu d'enfants qui se promènent tout nus. Donc, c'est une
farce.
M. Raynauld: Alors, ne dites pas une régressi-vité
des achats, dites que c'est la régressivité d'achats
indispensables ou quelque chose comme cela, mais pas des achats par opposiion
aux impôts.
M. Parizeau: Ne parlons simplement que d'un choix. On peut
acheter un billet de Loto-Québec ou ne pas en acheter. On ne peut pas ne
pas acheter de nourriture, de vêtements, ne pas avoir d'endroit où
se loger. Il fait trop froid, on ne peut pas cou- cher sous les ponts. Mais on
peut ne pas acheter de billets.
M. Garneau: Pourrais-je suggérer que le
député d'Outremont et l'actuel député de
Sauvé se mettent ensemble pour se faire expliquer cela par le ministre
des Finances parce que quand j'étais de l'autre côté de la
table, l'actuel ministre de l'Education me posait à peu près le
même type de questions que le député d'Outremont. On
pourrait peut-être les convaincre en même temps. Là-dessus,
j'avais exactement les mêmes questions.
M. Parizeau: Organisons un sous-comité.
Le Président (M. Boucher): II ne reste que peu de temps et
il y a encore le député de Lotbinière et le
député de Berthier.
M. Garneau: Moi aussi, je voudrais revenir sur les chiffres.
M. Biron: Je voudrais revenir sur les critères
d'attribution aux groupes sociaux. Bien sûr, il n'y aura peut-être
pas de patronage politique qui va rapporter de l'argent à certains
individus, mais il y aura un patronage politique au point de vue du vote qui
m'effraie. Je veux savoir exactement quels sont les critères, comment on
va faire pour admettre des groupes sociaux. Est-ce que ce seront des concours
ouverts? Je veux qu'on songe très sérieusement à ce
point-là. Il peut y avoir 10 000, 15 000, 25 000 ou 50 000 personnes de
l'âge d'or qui soient soumises à un chantage politique à
l'occasion d'élections.
M. Parizeau: Pas dans la mesure où on utilise, comme je le
disais tout à l'heure, des fédérations, parce qu'il n'y a
pas 25 fédérations dans ces machins; c'est toujours
fédéré avec quelque chose en haut. D'autre part, avant de
se lancer dans l'élaboration des critères, il faudrait d'abord
s'assurer qu'on s'engage dans cette voie. Comme je le disais tout à
l'heure, il reste à choisir entre cette voie et l'autre qui consiste
à avoir seulement un système de distribution.
M. Biron: J'aimerais mieux voir distribuer des sommes d'argent
supplémentaires, à même des budgets d'autres
ministères, plutôt que de laisser nos personnes de l'âge
d'or ou nos dames de Sainte-Anne ou de n'importe quelle association soumises
à un chantage politique lorsqu'on décidera de ces
critères. C'est ce qui va arriver même si on passe par des
associations au niveau de chacun des comtés du Québec. Les
associations, qui seront finalement reliées directement avec la
fédération, seront soumises à un chantage politique
lorsque le temps des élections va arriver.
Une Voix: Elles vont recevoir des directives.
M. Biron: Elles vont recevoir des directives et je ne voudrais
pas que cela arrive, dans ce domaine en particulier? Si on a de l'argent et
qu'on pense qu'on va économiser $5,5 millions, qu'on
leur donne plutôt les $5,5 millions par d'autres
ministères, mais qu'au point de vue de la régie de
Loto-Québec on s'organise pour l'administrer efficacement.
M. Parizeau: Non, C'est un point de vue, je pense, qui peut se
discuter, non pas que je crois que vraiment ce danger existe. Je ne vois pas
très bien la fédération des aveugles donnant des
instructions à tous les aveugles du Québec de voter dans une
certaine direction. Cela me paraît un peu "out of this world".
Franchement, plus on s'élève dans ce genre de machin, plus on
sait très bien que... Je veux dire que je pense que cela se discute.
M. Goulet: II faut se baser sur les précédents.
M. Biron: Vous avez déjà fait de la politique au
niveau des comtés.
M. Parizeau: Si vous parlez au niveau des comtés, c'est
une chose, mais, encore une fois, si vous parlez de fédérations
nationales ou de trucs comme cela, vous pensez vraiment, qu'une
fédération nationale enverrait des lettres à ses 35 000
membres, en disant: Etant donné qu'on nous a concédé telle
chose, auriez-vous l'obligeance, s'il vous plaît, chacun d'entre vous, de
voter pour tel parti. Cela nous sortirait sur la tête le lendemain
matin.
M. Biron: M. le ministre, il ne faudrait pas être ridicule
et dire que la fédération va écrire des lettres. Vous
savez aussi bien que moi qu'au niveau des comtés les organisateurs du
parti au pouvoir vont faire des pressions très fortes sur ces
associations. Vous avez assez fait de politique pour le savoir. Alors, c'est ce
que nous voulons éviter.
M. Parizeau: Mais, si les associations de comtés n'ont pas
de concessions. Qu'est-ce qui vous fait croire qu'il s'agirait d'associations
de comté qui auraient des concessions? Je ne sais pas très bien
ce qu'on ferait. Vous ne vous rendez pas compte que, de toute façon, il
y a 75 concessions, 110 comtés et je ne sais pas combien d'associations
de comté de toutes espèces. Si on commence à faire cela au
niveau des comtés, on n'en sortira jamais. Je vais être
obligé d'avoir la Sûreté du Québec à la porte
de mon bureau tous les matins.
M. Biron: Comment croyez-vous que la fédération des
clubs d'âge d'or va vendre ses billets à travers ses clubs au
niveau local, au niveau des comtés?
M. Parizeau: On peut fort bien imaginer que, par exemple, la
Fédération canadienne des aveugles a une concession, quelque part
dans Montréal. Pas des concessions à travers tout le
Québec. Une concession à Montréal. Elle fonctionne bien,
avec des bénévoles, elle se débrouille pour réduire
ses frais, elle a d'autant plus d'argent. Elle n'oeuvre pas à travers
tout le Québec, elle a une concession à Montréal. Telle
autre fédération de handicapés a une autre concession dans
la ville de Québec, pour l'ensemble de ses activités à
travers tout le Québec. Il est hors de question de les faire fonctionner
dans chaque comté, ce serait complètement inefficace. Non
seulement il faut y penser sérieusement, mais, d'autre part, la voie
n'est même pas encore choisie. Ce que je veux dire par là c'est
que ce que vous disiez, tout à l'heure, ce que disait tout à
l'heure le député de Lotbinière a un certain
mérite. On peut se dire: Si on récupère par un
système de distribution organisé par Loto-Québec, $5,5
millions, on pourrait peut-être en profiter pour prendre ces $5,5
millions et les distribuer, sous forme de subventions, par les
ministères appropriés, aux associations dont je viens de parler,
ou à d'autres. J'allais dire que c'est discutable dans le sens
étymologique du terme. Cela veut dire que cela peut se discuter,
effectivement.
Le Président (M. Boucher): Messieurs, il est 11 heures. On
est a l'heure de l'ajournement. Est-ce que, pour ce qui est de
Loto-Québec, on continue avec...
M. Garneau: J'aurais encore des questions à poser. On peut
soit continuer ce soir, ou demain matin. Ce serait peut-être aussi bien
demain matin, j'imagine, étant donnée l'heure.
M. Parizeau: Est-ce qu'on sait le nombre de commissions qui
siègent demain matin?
Le Président (M. Boucher): Demain matin, il n'y a pas de
commissions.
M. Parizeau: C'est prévu demain matin. M. Garneau:
On ne siège pas ici, demain?
M. Parizeau: On me dit que c'est prévu, effectivement, que
la commission des finances pourrait siéger demain matin.
M. Garneau: On pourra continuer, demain, sur ce même
sujet.
Le Président (M. Boucher): Nous ajournons sine die.
(Fin de la séance à 23 heures)