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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Etude des crédits du ministère des
Finances
Séance du mardi 22 mai 1973
(Dix heures quinze minutes)
M. CROISETIERE (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire des finances, des comptes publics et du
revenu se réunit ce matin afin de poursuivre l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Finances. Lors de
l'ajournement vendredi dernier, nous étions à étudier le
programme 2, qui concerne la gestion de la caisse et de la dette publique.
Je crois que l'honorable député de Montmagny avait la
parole.
Caisse de dépôt et placement
M. CLOUTIER (Montmagny): Lors de l'ajournement, M. le Président,
sauf erreur nous parlions de la Caisse de dépôt et placement. Je
voudrais demander au ministre si le conseil d'administration de la Caisse de
dépôt et placement est constitué des mêmes personnes
que celles qui apparaissent au rapport annuel 72, sauf évidemment M.
Prieur, qui est décédé; il y avait M. le juge Gilles
Fortier, président de la Régie des rentes; M. Michel
Bélanger, M. Hervé Belzile, M. Pierre Goyette, qui est
sous-ministre; M. Louis Laberge, président de la FTQ; M. Raymond Lavoie,
M. Lemieux, de l'Hydro-Québec; M. Charles Neapole, M. le juge John
Sheehan. Est-ce que ce sont les mêmes personnes?
M. GARNEAU: II y a un remplacement; M. Bélanger, qui était
au conseil de direction de la caisse comme fonctionnaire, son départ
pour la présidence de la Bourse l'a obligé à
démissionner de la Caisse de dépôt et placement; il a
été remplacé par M. Claude Forget, qui est sous-ministre
adjoint au ministère des Affaires sociales et qui agit comme membre du
conseil maintenant.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand le ministre entend-il nommer le nouveau
président de la Caisse de dépôt et placement?
M. GARNEAU: Evidemment, la nomination des sous-ministres et des
présidents de régies relève de l'autorité du
premier ministre et je pense bien que c'est une question de
disponibilité du premier ministre de poursuivre d'une façon
intense les consultations qui ont lieu avant une telle nomination. Je ne
pourrais pas répondre là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la rumeur voulant que le ministre
des Finances recommande M. Louis Laberge, président de la FTQ, comme
président de la Caisse de dépôt et placement est
fondée? M. Laberge est maintenant disponible.
M. GARNEAU: A plein temps, sauf les fins de semaine?
M. CLOUTIER (Montmagny): Sauf les fins de semaine; la caisse ne
siège pas les fins de semaine?
M. GARNEAU: Non, la caisse ne siège pas les fins de semaine.
J'aime mieux ne pas commenter de telles rumeurs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre laisse courir la rumeur?
M. GARNEAU: Ah oui!
M. ROY (Beauce): II y a un vieux proverbe qui dit que: Tout ce qui court
la "rue meurt".
M. GARNEAU: Tout ce qui court la rue...? M. ROY (Beauce): Meurt. M.
GARNEAU: Meurt?
M. ROY (Beauce): Tout ce qui court la "rue meurt".
UNE VOIX: II est drôle, notre Fabien.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): J'aurais une question à poser là-dessus.
Est-ce qu'il y a un salaire attaché à la nomination de directeur
à la Caisse de dépôt?
M. GARNEAU: Pas pour les fonctionnaires. Les fonctionnaires qui
siègent au conseil d'administration de sociétés d'Etat ou
de la couronne ne reçoivent pas de rémunération
additionnelle.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'ils ont droit à un boni par
réunion ou s'ils ne reçoivent absolument rien?
M. GARNEAU: Non, sauf évidemment leurs dépenses.
M. ROY (Beauce): Leurs dépenses, c'est normal.
M. GARNEAU: Cela a été la tradition depuis plusieurs
années. Comme les réunions ont lieu à des heures de
travail régulières et que ça fait partie de leurs
responsabilités de remplir des mandats qui leur sont confiés, le
mandat de
siéger à un conseil d'administration a été
toujours reconnu comme faisant partie des responsabilités des
fonctionnaires. Cependant, je ne suis pas sûr que c'est une tradition qui
devrait être poursuivie toujours. Je pense qu'on demande à
certains fonctionnaires des surcroîts de travail additionnel pas mal
importants pour faire partie de ces conseils et je me demande si, à plus
ou moins brève échéance, ça ne serait pas une
politique qu'il faudrait réviser.
M. ROY (Beauce): Disons que, sur ce point, je pense qu'il y aurait
quelque chose qui mériterait d'être étudié. Pour une
fois, je serais d'accord avec le ministre des Finances qu'il y aurait
certainement quelque chose à examiner de ce côté. En ce qui
a trait aux personnes de l'extérieur, qui ne font pas partie du
fonctionnarisme comme tel, est-ce qu'elles sont payées sur une base de
jetons?
M. GARNEAU: Jetons de présence de $100 par jour.
M. ROY (Beauce): De $100 par jour.
M. GARNEAU: $100 par réunion, c'est-à-dire.
M. ROY (Beauce): $100 par réunion. M. GARNEAU: Oui.
M. ROY (Beauce): Par réunion. Il n'y a aucun salaire de
payé en dehors de ça?
M. GARNEAU: Non.
M. ROY (Beauce): Cela me fait bien plaisir.
M. GARNEAU: Sauf pour le président, évidemment, qui est
à plein temps.
M. ROY (Beauce): Ah oui, le président. Est-ce que vous
prévoyez la nomination du nouveau président de la Caisse de
dépôt prochainement?
M. GARNEAU: Le député de Montmagny m'a posé la
même question. J'espère que ce sera fait le plus rapidement
possible, mais je ne pourrais pas donner de date, à savoir si ce sera la
semaine prochaine ou l'autre semaine après. Cela se fera certainement
durant le mois de juin, j'imagine.
M. ROY (Beauce): Je savais que le député de Montmagny
avait posé la question la semaine dernière.
M. GARNEAU: Oui, il vient de la poser.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): S'il n'y a pas d'autres questions
sur le programme 2, nous allons l'adopter.
Service de la dette
M. ROY (Beauce): J'aimerais revenir, M. le Président, sur le
programme 2; il y a tout le Service de la dette qui est inclus
là-dedans. Est-ce que le ministre a l'intention de faire des
modifications au cours de l'année en ce qui a trait à la charge
que le ministère des Finances fait à l'Office des autoroutes?
Si je me réfère au rapport du vérificateur
général, aux pages 56 et 57, il fait des recommandations, des
commentaires au ministère des Finances à l'effet que le
ministère des Finances fait une charge à l'Office des autoroutes
et que l'Office des autoroutes est obligé de la comptabiliser compte
tenu du fait qu'il n'a pas assez de revenu pour être en mesure de
rembourser le ministère des Finances.
Le ministère des Finances lui ferait une charge pour le service
de la dette et, d'un autre côté, il est obligé de lui
avancer l'argent. Voici ce que dit le vérificateur
général: "Dans nos commentaires sur le service de la dette nous
avons exprimé une opinion à l'effet que le ministère des
Finances ne devrait plus charger d'intérêt sur ses avances
à l'office puisque ces intérêts contribuent au
déficit des opérations de l'office et qu'à cause de cet
état déficitaire l'office ne peut rembourser les avances qui lui
sont faites". Je continue en citant, enfin. "Les opérations de l'office
ont été régulièrement déficitaires
d'année en année de telle façon qu'au 31 décembre
1970 le déficit accumulé était de $43,551,121. De plus la
tendance dans l'augmentation du revenu net d'exploitation laisse entrevoir que
les opérations pourraient être déficitaires pour de
nombreuses années encore. "Somme toute et compte tenu de la politique
actuelle concernant les intérêts, la possibilité du
remboursement par l'office des avances de $199,333,948 qui lui ont
été faites par le ministère des Finances nous parait
éloignée et fort douteuse. Une provision pour non-recouvrement
devrait être établie à l'égard de cette
créance, ce qui n'a pas été fait jusqu'ici". Ma question,
à ce moment-ci, a peut-être deux volets. Il y a la question du
service de la dette, l'intérêt exigé par le
ministère des Finances. Il y a aussi à savoir si le
ministère des Finances a l'intention de faire des provisions pour
non-recouvrement.
M. GARNEAU: Le député de Beauce se rappellera
peut-être que dans mon discours du budget de cette année j'avais
justement indiqué que pour donner suite à ces remarques du
vérificateur général nous avions réduit de 50 p.c.
le montant de l'intérêt pour l'Office des autoroutes.
C'était le deuxième pas que nous faisions dans le sens des
recommandations du vérificateur général d'aujourd'hui et
de l'ancien auditeur de la province qui avait fait des remarques semblables.
Dans mon discours du budget de 71/72, je crois, si ma mémoire est
bonne, que nous avions transféré au ministère de la
Voirie toutes les voies d'amenée qui étaient autrefois sous la
responsabilité de l'Office des autoroutes et le ministère de la
Voirie en a pris à sa charge...
De cette sorte, ça diminuait d'environ $50 millions la charge de
l'Office des autoroutes. Cette année, nous avons franchi la
deuxième étape en diminuant de 50 p.c. la charge
d'intérêts, ce qui fait que l'Office des autoroutes peut boucler
son budget cette armée, à cause de cette décision que nous
avons prise pour donner suite aux remarques du vérificateur
général.
M. ROY (Beauce): Maintenant, sur le deuxième point, est-ce qu'au
niveau de l'Office des autoroutes vous prévoyez une
dépréciation des immobilisations incluse dans les
dépenses, comme le font les administrations courantes des entreprises,
normalement, ou encore si vous prévoyez une prévision de
non-recouvrement? Là on constate, en examinant le bilan de
l'Office...
M. GARNEAU: Pour ce qui est de la provision pour non-recouvrement, avec
la diminution de la charge d'intérêt, l'office est en mesure de
payer. Comme on le sait, c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui
décide du taux d'intérêt que le gouvernement va charger
pour les prêts à l'Office des autoroutes. C'est dans ce sens, en
utilisant ce pouvoir que donne la loi, que nous avons diminué de 50 p.c.
la charge du taux d'intérêt, et ce faisant, l'office est capable
de faire face à ses obligations. La prévision pour mauvaises
créances dont parle le vérificateur se trouve ainsi
éliminée puisque l'office est capable de faire face à ses
charges d'intérêt.
M. ROY (Beauce): Je comprends que l'office serait en mesure de faire
face à ses obligations, mais il y a quand même un autre point qui,
je pense, est important, il n'y a aucune dépréciation dans le
bilan de l'Office des autoroutes.
M. GARNEAU: C'est ce que le contrôleur adjoint des finances est
à vérifier pour savoir si c'est le cas ou non. Evidemment,
l'Office des autoroutes prépare son bilan.
M. ROY (Beauce): Ici, j'ai le bilan au 31 décembre 1971. Je n'ai
pas le dernier bilan, par exemple.
M. GARNEAU: Non, il n'y a pas de dépréciation sur les
routes.
M. ROY (Beauce): II n'y a pas de dépréciation. Ce ne sont
pas des routes éternelles.
M. GARNEAU: Non, mais je me demande comment on peut
déprécier une telle chose. On a fait disparaître la
dépréciation au niveau du gouvernement, depuis quelques
années, à la recommandation d'un comité d'experts qui
avait été chargé de réviser les politiques
comptables du gouvernement.
En ce faisant, nous suivons la pratique utilisée dans les autres
administrations publiques au Canada, dans les autres provinces et aussi dans
plusieurs administrations publiques en Amérique du Nord. Mais je ne
crois pas que je serais en mesure, à brûle-pourpoint, de
recommander, de mon propre chef, une telle pratique, vu qu'un comité
d'experts a travaillé pendant près de deux ans pour faire la
revue de tout ça et en arriver à cette recommandation. Je ne
voudrais pas, de mon propre chef, renverser une telle recommandation du jour au
lendemain.
M. ROY (Beauce): Je pense que ce point est extrêmement important.
Il est peut-être ce que je pourrais qualifier comme étant la base
d'une réforme administrative et d'une réforme
financière.
On a à financer des investissements, que ce soit au niveau du
gouvernement provincial ou même encore au niveau municipal, que ce soit
du côté des municipalités rurales ou du côté
des villes; des investissements sont faits pour un service public quelconque.
Une autoroute a quand même une durée qui peut, en quelque sorte
s'établir. Elle a une durée de 40 ans, elle a une durée de
30 ans ou de 50 ans. On pourrait donc voir une dépréciation qui
tiendrait compte de la réalité. Il y a quand même des
investissements assez importants qui doivent être refaits après un
certain temps dans le cas d'une autoroute ou, encore, il faut en construire une
autre à cause de l'augmentation de la circulation routière, etc.
Si on ne fait pas cela, on se retrouve toujours avec les mêmes
immobilisations. Elles n'ont plus la même valeur. Lorsque les emprunts
deviennent échus, on les finance à nouveau et les dettes
publiques augmentent toujours continuellement. La charge d'intérêt
sur la dette grève de plus en plus le budget, alors qu'on ne sait plus
quelle relation il peut y avoir entre la dette publique, les emprunts qui ont
été faits et les investissements pour lesquels ils ont
été faits.
Il est donc possible d'avoir un décalage et on ne sait pas
où l'on va au niveau de l'administration publique. C'est peut-être
une des raisons majeures pour lesquelles, à l'heure actuelle, dans toute
l'administration publique, dans tout le système en Amérique du
Nord, au Canada, on assiste à l'endettement pyramidal des Etats. Cet
endettement pyramidal a pour effet de provoquer ce qu'on appelle l'inflation.
Ceci a des conséquences épouvantables, des conséquences
énormes sur l'avenir économique. On est aux prises, par la suite,
avec d'autres problèmes.
Je veux bien croire qu'on n'est pas obligé de copier, au
Québec, les erreurs qui peuvent se faire ailleurs, si on peut appeler
cela des erreurs. Ou encore ne pourrait-on pas, au Québec, se
trouver un système pour ne pas tomber dans le même
pétrin que les autres?
M. le Président, c'est un point que j'ai déjà
soutenu. D'ailleurs, le ministre des Finances m'a déjà entendu,
je pense, le dire et le répéter à l'Assemblée
nationale. Je le répète encore aujourd'hui parce que j'estime que
c'est fondamental. Voyez-vous, le service de la dette était de $120
millions, il y a quelques années, et au cours de l'an prochain
l'intérêt du service de la dette au Québec, va être
de $300 millions. $300 millions, il ne faut pas reculer beaucoup
d'années en arrière pour constater que c'était tout le
budget de la province.
Alors, si on regarde la progression des trois dernières
années du service de la dette, on peut conclure qu'en 1980 le service de
la dette sera de l'ordre de tout près de $500 millions, au
Québec. Je dis qu'il faudra commencer à se poser de
sérieuses questions. $500 millions, cela commence à entamer
drôlement un budget.
Il faudra absolument qu'au ministère des Finances on
étudie ces points particuliers, ces points précis. Au service de
la dette, en grande majorité, l'argent quitte les frontières,
c'est-à-dire traverse, par-dessus le marché, les
frontières. On est en train de se créer un état de
servitude qui augmente peut-être à un pourcentage plus
élevé que notre croissance économique. Cela veut dire
qu'à ce niveau il y aurait un déficit.
Je le recommande d'une façon spéciale, aujourd'hui,
à l'attention de l'honorable ministre des Finances pour que, sur ces
points, on examine la situation, pour qu'on ne se retrouve pas, en 1985 et en
1990, avec une situation qui ne sera pas surmontable. Si administrer, c'est
prévoir, je pense qu'on doit prévoir dès maintenant,
à moyen et à long termes, dans quelle direction on s'en va de ce
côté.
M. JORON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Gouin.
M. JORON: M. le Président, c'est vrai que c'est
inquiétant, des fois, quand on regarde les chiffres absolus, de voir
augmenter le service de la dette mais, cependant, la question qu'il faut se
poser, c'est que ce ne sont pas les chiffres en soi qui peuvent nous dire ce
qui se passe mais bien les chiffres en pourcentage du budget global et, d'autre
part, en pourcentage du revenu national. Si la dette augmente mais que la
richesse collective qui sert de garantie pour le remboursement de cette dette
augmente plus vite, le fardeau est moins lourd à porter.
Ce qu'il serait intéressant de savoir, et c'est la question que
je voudrais poser au ministre, je ne sais pas s'il peut nous répondre
tout de suite: Quel a été, en pourcentage du budget global du
Québec, l'évolution du service de la dette, d'une part, et en
pourcentage du produit national brut du Québec aussi, pour voir si la
dette que l'on supporte est plus lourde ou plus légère qu'elle
l'était il y a cinq ans, dix ans, vingt ans ou au moment de la guerre,
par exemple?
M. GARNEAU: Pour ce qui est d'ailleurs c'est la réponse
que je m'apprêtais à donner au député de Beauce
du coût du service de la dette par rapport au budget global, on a
transmis ces chiffres-là, dans le document sur les états
financiers pour l'année qui s'est terminée le 31 mars 1972. Ce
document a été déposé à l'Assemblée
nationale au mois de novembre l'an dernier. Le coût du service de la
dette par rapport au budget global, en 1941, était de 12.1 p.c.
On l'a fait tous les cinq ans on aurait pu le faire tous les ans,
mais ça donne la tendance à la page 33, on voit qu'en 1961
le service de la dette était de 2 p.c. du budget global, et en 1972, de
3.9 p.c. Il y a donc eu une très faible évolution sur une
période de dix ans, et on remarque que c'est beaucoup plus bas que
ça ne l'était en 1941, en 1946 et même en 1951.
C'est donc dire que le coût du service de la dette par rapport au
budget global a eu tendance à se stabiliser au cours presque des vingt
dernières années entre 3.5 p.c. et 4 p.c. et ça a toujours
évolué dans cette marge.
Pour ce qui est du pourcentage du service de la dette par rapport au
produit national, à la page 58 il y a un tableau qui illustre ce fait.
Peut-être que vous pourriez l'expliquer techniquement, M. Breton; il est
contrôleur adjoint des finances.
Ce tableau indique la croissance per capita de trois facteurs principaux
; le PNB du Québec, le revenu personnel, et en troisième lieu la
dette nette en dollars. Sur le plan horizontal, on a les années par
décalage de cinq ans. Cela nous donne un aperçu de
l'évolution, d'une part, du PNB, et d'autre part de la dette nette.
M. JORON: La proportion entre 1961 et aujourd'hui, je n'ai pas le
tableau.
M. GARNEAU: De 1961 à aujourd'hui, de $10 milliards, en chiffres
absolus, le PNB est passé à près de $25 milliards alors
que le coût du service de la dette est passé...
UNE VOIX: Quelle année avez-vous prise là?
M. GARNEAU: J'ai pris 1961... Alors qu'en pourcentage, le coût du
service de la dette par rapport aux dépenses est passé de 2 p.c.
à 3.9 p.c.
Mais ce qu'il est intéressant de remarquer, je pense bien, c'est
le fait qu'au fur et à mesure que la richesse collective augmente,
évidemment le montant des investissements qui ont été
faits et qui ont nécessité des emprunts a suivi une courbe qui a
été un peu moins ascendante, ce qui a fait que le service de la
dette, c'est-à-dire le remboursement des intérêts sur ces
emprunts, s'est maintenu à un pourcentage que l'on pourrait qualifier de
constant. Je pense que c'est le point le plus important parce que,
en fait, même si on suivait certains des derniers propos du
député de Beauce et qu'on avait maintenu la valeur des actifs,
celle-ci, qu'elle soit dépréciée ou non, n'a pas tellement
de signification lorsqu'on vient pour emprunter parce que ça n'a pas de
valeur de revente.
On ne peut pas garantir un emprunt avec une route parce que les
prêteurs ne pourraient pas reprendre la route car ça ne se fait
pas. C'est dans le même sens aussi que nous avons suivi les
recommandations du comité qui a été formé
d'ailleurs par l'ancien gouvernement, recommandations qui nous sont
arrivées au cours de l'année 70. Non seulement on a changé
l'article sur la dépréciation mais on a également fait
disparaître la question de la valeur des actifs au bilan pour la
remplacer par le concept de la dette nette, qui a été
suggéré et qui a été suivi par les autres
administrations publiques pour maintenir toutefois, dans les comptes publics,
la liste exhaustive des immobilisations qui ont été faites et la
valeur au prix coûtant. Cela donne quand même une indication qui
est peut-être plus grande de cette façon que de l'inclure au
bilan, parce qu'au bilan ça ne donne pas réellement, ce n'est pas
comme une entreprise privée.
M. JORON: Est-ce que le ministre pourrait nous dire comment ce poids de
la dette, soit exprimé en pourcentage du budget ou exprimé en
pourcentage du produit national brut au Québec, se compare avec d'autres
provinces ou d'autres pays? Je comprends qu'il faudrait inclure notre part de
la dette fédérale mais quand on double les chiffres, on arrive
à peu près à quoi? Est-ce qu'il y a un critère
je ne sais pas en finance publique internationale où se
situe la zone dangereuse, un pourcentage où, lorsqu'on arrive autour de
tel pourcentage, ça commence à devenir inquiétant?
M. GARNEAU: Je ne saurais répondre à la deuxième
partie de la question pour ce qui est du pourcentage inquiétant. Pour
les municipalités, je sais que c'est beaucoup plus élevé
que ça. Dans les critères de la commission des affaires
municipales, pour ce qui est du pouvoir d'emprunt, quand ce qu'ils appellent,
eux, la lumière rouge s'allume, c'est à un niveau beaucoup plus
élevé que ça. Je crois que c'est dans les 25 p.c. Si on
regarde dans le document qu'on a remis à l'Assemblée nationale,
à la page 59, un des éléments qu'on a, c'est l'en-cours
des obligations émises directement et celles qui sont garanties.
UNE VOIX: Per capita?
M. GARNEAU: Non. Dans ce document, à la page 59, on
s'aperçoit que la dette...
M. ROY (Beauce): Page 59.
M. GARNEAU: ... de l'en-cours des obligations émises directement
et garanties, c'est-à-dire les obligations qui sont émises par la
province et celles qui sont émises par des sociétés, mais
garanties par la province, en particulier l'Hydro-Québec, si l'on
compare ces critères avec les autres provinces, on s'aperçoit que
la moyenne per capita, au Québec, est de $952, alors que la moyenne des
autres provinces est de $1,106.
C'est donc dire qu'au Québec on a une dette obligataire plus
basse per capita que la moyenne pondérée des autres provinces.
Cela peut être un indicateur, nous disant qu'on n'est certainement pas
pire que la moyenne des autres provinces. S'il y a quelque chose, c'est qu'on
est un peu moins endettés per capita. Mais je ne saurais dire quel est
le critère dangereux ou le critère normal, je ne sais.
M. ROY (Beauce); Est-ce que vous avez le chiffre, de mémoire ou
sous la main, du taux de croissance du produit national brut au cours de la
dernière année?
M. GARNEAU: C'est 10.4 p.c. Ce sont les chiffres tels qu'ils existaient
au moment de la puration du discours du budget. Est-ce qu'ils seront
révisés lorsque toutes les statistiques seront compilées?
Je sais, par exemple, que, pour ce qui est du revenu personnel, il semble,
d'après les informations qu'on a, que les 11.5 p.c. seront à
nouveau révisés à la hausse. Ce sont les chiffres que
j'avais dans le discours du budget. Ce sont encore les chiffres les plus
récents que nous possédons.
M. ROY (Beauce): Maintenant, si on voit que le taux a été
de 10.4 p.c, on peut quand même constater que l'augmentation du service
de la dette a été de près de 15 p.c. et que la même
tendance a l'air de se maintenir cette année. Or, je reviens justement
sur le point que j'ai souligné tout à l'heure. A l'heure
actuelle, on constate que le taux de croissance du service de la dette est
supérieur au produit national brut.
M. GARNEAU: Oui, j'ai indiqué, d'ailleurs, à certains
nombres de reprises qu'au cours des années 70/71, mais surtout 71/72 et
72/73, compte tenu de la situation économique qui existait au
Québec et de notre volonté de vouloir influer sur cette
situation, nous avions augmenté d'une façon substantielle nos
immobilisations publiques et parapubliques pour justement essayer de relancer
l'activité économique. Dans ce sens, nous avons été
presque je dirais au maximum, en tout cas certainement nous avons atteint un
très haut niveau d'investissements que nous avons financés
à partir des emprunts. Cette année, on a pu voir dans le discours
du budget pour l'année 73/74, que, compte tenu de la reprise qui se
manifestait dans le secteur privé, nous avons voulu diminuer un peu, du
moins pour ce qui est de la province elle-même, ces emprunts. Nous en
avons financé une plus grande partie par nos
opérations courantes. Si l'année 73/74 se poursuivait
comme elle est commencée, il nous faudrait, je pense, accentuer dans la
même direction en 74/75.
M. ROY (Beauce): Parce qu'il y a quand même un danger, à un
moment donné. Qu'on augmente les emprunts pour augmenter les
immobilisations serait une politique très défendable, mais il ne
faudrait pas tomber dans l'excès. En ce sens, je vais me permettre de
faire une comparaison à ce stade-ci. Une personne qui place une
deuxième hypothèque sur sa propriété pour augmenter
ses revenus de l'année. Alors, c'est beau dans le temps que ça
fonctionne, mais il va arriver une échéance, un beau matin.
M. GARNEAU: Je ne pense pas que ce soit comparable.
M. ROY (Beauce): Oui c'est comparable. C'est justement l'erreur que font
nos gouvernements. Si ces principes sont bons dans l'entreprise privée,
si ces principes sont bons dans l'entreprise progressive, je ne vois pas
pourquoi ils ne s'appliqueraient pas dans l'administration publique. Alors
qu'on examine un peu ce côté.
M. GARNEAU: Est-ce que le député de Beauce suggère
que le gouvernement aurait dû diminuer ses immobilisations au cours des
années 71/72 et 72/73?
M. ROY (Beauce): Que le gouvernement emprunte lorsqu'il fait des
immobilisations, nous n'avons jamais critiqué cela; au contraire, c'est
un principe d'administration normal. Mais je dis que l'immobilisation a quand
même une durée d'un certain nombre d'années. Si on
n'utilise pas une échelle de dépréciation ou une
échelle d'amortissement des emprunts pour financer lesdites
immobilisations et que, lorsque l'emprunt arrive à
échéance, on remprunte dans sa totalité. On crée
des dettes éternelles.
Ces dettes éternelles ont pour conséquence de grever le
budget de la province par le service de la dette. Il me semble que ce n'est pas
compliqué à comprendre, c'est aussi simple que cela. Je vais
prendre un exemple et je vais poser une question au ministre là-dessus.
Est-ce qu'au niveau du ministère des Finances, par exemple, à
l'heure actuelle vous avez fait des études, est-ce que vous avez des
données sur les montants d'intérêt qu'on paie chaque
année aux Etats-Unis ou encore en dehors des frontières du
Québec? Quels sont les montants d'intérêt que l'on retourne
aux Etats-Unis, que ce soit au niveau de l'administration provinciale ou au
niveau des municipalités si vous avez des statistiques? On sait que
l'Hydro-Québec retourne environ $100 millions d'intérêts
par année d'emprunts aux Etats-Unis en ce qui la concerne, elle.
M. GARNEAU: Sur la redistribution de la dette de la province, 78 p.c.
sont faits en devises canadiennes, 16 p.c. sont faits aux Etats-Unis et, le
reste, 4 p.c. en devises allemandes, 1 p.c. en devises françaises et un
peu moins de 1 p.c. en devises japonaises. C'est donc dire que la grande
majorité de nos emprunts est en dollars canadiens; le deuxième,
et de loin, ce sont les devises américaines mais seulement de 16
p.c.
M. ROY (Beauce): Mais seulement au niveau de l'Hydro-Québec, je
pense que vous avez plus...
M. GARNEAU: Les chiffres de l'Hydro-Québec, je ne les ai pas ici,
mais c'est évident que la partie des emprunts faits par
l'Hydro-Québec aux Etats-Unis est beaucoup plus grande et cela a
été presque toujours l'Hydro-Québec qui a emprunté
aux Etats-Unis de préférence à la province.
M. ROY (Beauce): Si on regarde ce que l'Hydro-Québec emprunte
cette année, $125 millions aux Etats-Unis à l'heure actuelle et
on va probablement en emprunter encore autant. L'Hydro-Québec en est
rendue au point où il lui faut emprunter aux Etats-Unis, augmenter ses
emprunts annuels de l'ordre de $100 à $125 millions uniquement pour
rembourser les intérêts des emprunts antérieurs qu'elle a
faits aux Etats-Unis. Si on continue ce système, si on maintient ce
système...
M. GARNEAU: L'Hydro-Québec n'emprunte pas aux Etats-Unis pour
rembourser les intérêts; si l'Hydro-Québec n'avait pas fait
d'investissement cette année, elle n'aurait eu à emprunter ni sur
le marché canadien, ni sur le marché américain parce que
les revenus de l'Hydro-Québec lui permettent de financer une partie de
ses immobilisations. C'est donc complètement faux de prétendre,
comme le fait le député de Beauce, que l'Hydro-Québec
emprunte pour payer des intérêts. C'est complètement
contraire à la vérité et la preuve est que, si
l'Hydro-Québec n'avait fait aucun investissement cette année,
elle aurait eu suffisamment de revenus pour payer ses charges
d'intérêt. Elle aurait eu un surplus qu'elle aurait pu affecter
à d'autres fins, soit à diminuer ses taux
d'électricité ou à payer des dividendes à la
province.
M. ROY (Beauce): Je vais préciser ma pensée davantage; je
m'excuse si je me suis mal exprimé. Ce que j'ai voulu dire c'est
qu'à ce moment-là je me référais à la
balance des comptes internationaux. On sait qu'au niveau de
l'Hydro-Québec il faut retourner aux Etats-Unis entre $100 et $125
millions pour payer les emprunts consentis par les Etats-Unis. Au niveau de la
balance des paiements internationaux, il y a une sortie de capitaux; cette
sortie doit être compensée par quelque chose et c'est là
qu'on assiste à une entrée nouvelle de capitaux et c'est
là le point. A un moment
donné, on peut arriver à un point de saturation ou
à un "breaking-down point", qu'on peut appeler, où les sorties de
capitaux qu'on va faire vers les Etats-Unis en intérêts vont
nécessiter de nouveaux emprunts dans le Québec de l'ordre de $200
à $225 millions. Cela veut dire qu'au niveau des emprunts
étrangers pour augmenter la masse monétaire intérieure on
va être à 0.0 et on va assister à un
phénomène qui va faire en sorte qu'on va assister à,
l'accroissement de la dette sans qu'on augmente d'un cent les capitaux qui
peuvent circuler à l'intérieur du Québec.
Je voulais faire cette distinction-là, M. le Président,
pour ne pas...
M. GARNEAU: Encore là, le député de Beauce n'est
pas exact, parce que...
M. ROY (Beauce): Ecoutez! Vous avez une balance de $100 millions aux
Etats-Unis, $125 ou $150 millions...
M. GARNEAU: La balance des capitaux n'a pas toujours été
en faveur des Etats-Unis, depuis des années !
M. ROY (Beauce): ... aux Etats-Unis, la balance des paiements
internationaux, vous connaissez cela?
M. GARNEAU: Je connais cela certain. Le député de Beauce
devrait regarder...
M. ROY (Beauce): Non, un instant.
M. GARNEAU: ... la balance des paiements et remonter bien loin en
arrière. Vous allez voir que la balance des capitaux a toujours
été positive et que cela compensait pour le déficit au
niveau commercial et au niveau des services.
M. ROY (Beauce): Ce sont les raisons pour lesquelles vous vous
inquiétez de la possession étrangère au Québec
aussi.
M. GARNEAU: Oui, mais...
M. ROY (Beauce): Bien, branchez-vous, c'est conséquent,
branchez-vous.
M. GARNEAU : Vous nous dites qu'on est déficitaire au point de
vue des capitaux, je vous dis que c'est positif, et là vous faites une
autre pirouette.
M. ROY (Beauce): Je vous dis que, par voie de conséquence, vous
assistez à l'accroissement de la dette publique sans augmenter la masse
monétaire. Si vous voulez augmenter la masse monétaire, vous
êtes obligé de favoriser la possession étrangère.
Vous n'y échappez pas. C'est mathématiquement comme ça, ce
n'est pas ma faute, c'est mathématiquement comme ça. C'est pour
ça que je dis qu'au niveau du ministère des Finances, M. le
Président, et je vais terminer mes observations là-dessus, pour
libérer le ministre des Finances qui commence à avoir
chaud...
M. GARNEAU: Je n'ai pas chaud du tout, mais c'est incroyable de faire
autant de pirouettes avec des mots sans savoir de quoi on parle; c'est
incroyable.
M. ROY (Beauce): II n'y a aucune pirouette, le ministre m'a bien
compris, le ministre m'a très bien suivi, le ministre a suffisamment de
connaissances pour avoir très bien compris et avoir très bien
suivi. Je sais que le ministre défend un système de débit
social, alors continuez à le défendre, continuez à nous
endetter, mais ça achève.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 2?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais ajouter quelque chose. Tantôt
on a parlé des principes comptables qui ont été
changés dans les états financiers, depuis 1970. Je voudrais dire
au député de Beauce qu'il y a peut-être une raison
fondamentale pour laquelle la dépréciation d'amortissement a
été éliminée. C'est que l'amortissement, dans
l'entreprise, a pour but de prévoir le remplacement des actifs à
même les profits de l'entreprise. A l'intérieur d'une
administration publique, on peut contester ce principe, évidemment, et
c'est ça qui a été fait, parce qu'on a fondu dans un seul
budget et le budget d'immobilisation et le budget des opérations
courantes. A partir du moment où vous faites disparaître un budget
séparé pour les immobilisations, les immobilisations
n'apparaissent plus au bilan comme nouvel actif, de là
l'inutilité de prévoir un amortissement. Les
générations futures assumeront leurs responsabilités. S'il
y a des immobilisations qui sont remplacées, elles feront comme la
génération présente, elles paieront pour leurs
immobilisations.
Si le gouvernement immobilise $100 millions pour une route et qu'en plus
de rembourser et la dette et l'intérêt, on prévoit aussi un
amortissement dans les dépenses, on va le payer deux fois. Je pense bien
que les générations futures, quand l'actif sera
complètement déprécié, mettront dans leur budget
suffisamment d'argent pour remplacer cet actif.
M. GARNEAU: C'est exactement la raison...
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela devient comptable, on n'a pas le
même principe que dans l'entreprise privée. L'entreprise
privée doit prévoir, elle, à même les profits
annuels, le remplacement de ces actifs. C'est une théorie comptable et
toutes les administrations gouvernementales ont accepté cette nouvelle
présentation des états financiers.
M. GARNEAU: Le rapport des experts contenait justement cet argument du
député de Montmagny à l'effet que la procédure que
nous suivions faisait en sorte qu'au point de vue comptable on se trouvait
à payer deux fois la même immobilisation. C'est pourquoi il nous
recommandait, comme les autres administrations publiques le faisaient, de
changer ce principe comptable pour celui que nous appliquons depuis 70/71.
M. ROY (Beauce): Je voudrais simplement rassurer le député
de Montmagny, M. le Président, sur ce point. Je ne voudrais pas
être malin à son endroit, mais la semaine dernière, j'ai lu
des critiques qu'il avait faites en 1961 ou 1962, lors de l'étude des
crédits du ministère des Finances. Un article avait paru dans le
journal à l'effet que le député de Montmagny
s'inquiétait de la progression trop rapide de la dette publique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Du service de la dette.
M. ROY (Beauce): Du service de la dette. J'ai presque, M. le
Président...
M. CLOUTIER (Montmagny): En 1963, parce qu'en 1961, je n'étais
pas député.
M. ROY (Beauce): En 1963. J'ai presque cité textuellement le
député de Montmagny et je suis d'accord avec le
député de Montmagny qu'on ne doit pas payer deux fois pour les
immobilisations à l'heure actuelle et que les générations
futures assument leurs responsabilités. On comprend très bien
qu'au niveau des amortissements des emprunts, le seul amortissement qui puisse
exister, je pense que c'est un barème de 1 p.c. annuellement et cela
n'existe pas dans tous les emprunts, si ma mémoire est bonne, je peux me
tromper, et qu'il n'y a aucune dépréciation, donc il n'y en a pas
du tout, ce qui fait qu'au lieu de ne pas payer deux fois, on paye trois,
quatre et cinq fois.
M. CLOUTIER (Montmagny): On pourrait discuter longtemps
là-dessus.
M. ROY (Beauce): On pourrait discuter longtemps.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, il faut que les
immobilisations soient financées de quelque façon. Si on a un
seul budget, un seul fonds au lieu de deux fonds, c'est plus difficile
d'identifier les immobilisations en ayant un seul fonds.
C'est pour cela que lorsque j'ai répondu au ministre des
Finances, dans le débat sur le discours du budget, j'ai bien
spécifié que le ministre des Finances aurait pu facilement
accroître son budget de $100 millions parce qu'il avait financé
$100 millions d'immobilisa- tions de plus que les années passées
avec les fonds courants au lieu d'emprunter. C'est la distinction que j'ai
faite.
Le député parle du service de la dette. C'est vrai qu'en
1963, dans une intervention que j'avais faite à l'Assemblée
nationale, j'avais indiqué quelles pouvaient être les charges
futures du service de la dette du gouvernement du Québec si on
continuait à la même allure le développement et
l'accroissement des budgets. Cela s'est révélé vrai que le
service de la dette augmente, de façon importante. Mais en autant, comme
on l'a dit tantôt, que les pourcentages par rapport au produit national
brut, les pourcentages par rapport aux entrées de fonds, aux recettes
gouvernementales restent dans des limites qui sont acceptables, des limites qui
comportent une certaine marge de sécurité, disons que c'est une
charge fixe avec laquelle il faut vivre. Il faut bien s'en accommoder, on
fonctionne dans un système, que ce soit au municipal, au
fédéral ou au provincial, qui comporte une telle chose.
M. ROY (Beauce): Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si on ne le fait pas, si le Québec
décidait, à un moment donné, de ne pas accroître son
service de la dette, de ne pas emprunter et de ne se fier qu'aux recettes
gouvernementales, aux entrées de fonds pour poursuivre une politique
d'expansion, je pense qu'on prendrait du retard sur les autres administrations
gouvernementales.
Pour ma part, je suis satisfait qu'on demeure dans les pourcentages de
sécurité. Mais à partir du moment où on s'en
écartera, je pense qu'il y aura lieu d'intervenir et de façon
très, très agressive.
M. ROY (Beauce): Le député de Montmagny, je pense, a
entièrement raison lorsqu'il parle en fonction du système actuel,
qui est basé sur le débit social. Maintenant, on propose un
changement de système pour changer de formule...
M. GARNEAU: Vous devriez écrire...
M. ROY (Beauce): Ce matin, c'est effrayant comme je me rends compte que
l'Union Nationale et le Parti libéral, c'est la même chose.
M. GARNEAU: Si le député de Beauce a écouté
les quelques remarques...
M. ROY (Beauce): C'est la même chose, exactement, qu'on vient
d'entendre...
M. GARNEAU: ... du député de Gouin...
M. ROY (Beauce): ... la même philosophie, les mêmes
principes, la même doctrine, le même système. On se rend
compte...
M. GARNEAU: Je viens de faire, rapidement, un calcul...
M. GALLIENNE: M. le Président...
M. MARCHAND: Les principes de recul que vous avez, on n'y tient pas.
M. ROY (Beauce): Le député de Laurier est inquiet ce
matin, il a dû lire les journaux!
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Duplessis.
M. GALLIENNE: M. le Président...
M. MARCHAND: Les journaux me font rire!
M. GALLIENNE: ... je vais poser une question. C'est alarmant pour la
province de Québec d'emprunter pour essayer de progresser. Comment se
fait-il que l'Allemagne de l'Ouest emprunte,, fait des emprunts massifs et
qu'elle soit si progressiste aujourd'hui? Le Japon, qui hier était battu
par une guerre, a fait des emprunts formidables et c'est aujourd'hui un des
pays les plus progressistes du monde. Comment se fait-il que le nôtre ne
pourrait pas marcher comme ça? Qu'est-ce qui fait défaut? C'est
une question que je voudrais poser ce matin.
M. ROY (Beauce): Le député de Duplessis pose une
excellente question. C'est une question sur laquelle je me suis attardé
souventefois. C'est qu'on a emprunté énormément de
milliards, au Canada, pour financer la guerre. On l'a gagnée. Ces
pays-là l'ont perdue et aujourd'hui on court pour emprunter chez eux.
C'est là qu'on voit le ridicule de notre système. Je me rends
compte que le député de Duplessis est un homme clairvoyant, un
homme compréhensif et surtout un homme intelligent.
M. GARNEAU: Je dirai que cela n'a pas de rapport, ce que le
député de Beauce vient de dire, par exemple! C'est pour cela
qu'il est difficile de discuter avec le député de Beauce. C'est
que...
M. ROY (Beauce): On n'est pas sur la même longueur d'ondes...
M. GARNEAU: Non, ce n'est pas ça. C'est qu'il faudrait, d'abord,
avoir un dictionnaire pour connaître la signification des termes
crédi-tistes. Moi, cela fait longtemps que j'ai abandonné
l'idée de vouloir essayer de comprendre, malgré les efforts que
j'ai faits.
M. ROY (Beauce): Ah oui...
M. GARNEAU: A toutes les fois qu'on soulève un argument, il
change de mots, il change la signification des termes. Il n'y a jamais moyen de
suivre cela. Définissez-moi ce qu'est le débit social, un autre
terme aussi qu'il emploie. En fait, ils sont probablement les seuls à se
comprendre, de sorte qu'ils peuvent en parler entre eux sans trop se faire
harasser de questions. Les gens ont cessé de poser ces questions. C'est
tellement farfelu, toute leur affaire.
Là, je suis convaincu d'une chose: C'est que son nouveau chef,
qui est entré par la porte arrière, ne croit pas un mot de
cela.
M. ROY (Beauce): Pardon! Pardon!
M. GARNEAU: D'ailleurs, il se trompe quand il en parle en public.
M. ROY (Beauce): Pardon! Que le ministre des Finances n'ait aucune
inquiétude, qu'il ne soit pas inquiet, qu'il ne se pose pas de question
sur ce point. Il aura des réponses automatiques aux questions qu'il se
pose. Il aura probablement le temps d'étudier tout le
système.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Si vous permettez, on pourrait
revenir à la pertinence du débat.
M. ROY (Beauce): C'est une décision sage. M. GARNEAU: Très
juste.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce qu'il y aurait d'autres
questions sur le programme 2? Adopté.
M. JORON: Vous nous cassez tout notre "fun"!
M. LAFRANCE: Le Ralliement créditiste, ce n'est pas
pertinent!
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Programme 2, adopté?
Elément 1, élément 2? Tout le programme est
adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Programme 3: Comptabilité
gouvernementale.
Comptabilité gouvernementale
M. CLOUTIER (Montmagny): Au programme 3, M. le Président, la
première chose qui nous frappe, c'est l'augmentation importante des
effectifs. En 73/74, il y aura 80 personnes de plus. Est-ce pour l'application
du PPBS ou si ce sont les contrôles plus poussés?
M. GARNEAU: M. le Président, je vais demander au contrôleur
des finances de donner les explications sur la question du député
de Montmagny.
L'augmentation que l'on voit aux effectifs est due au fait que l'analyse
des effectifs a été complétée, tout simplement, au
cours de 72/73. Il y avait eu, dans les effectifs, au cours de l'année
précédente, une coupure provisoire, jusqu'à ce que
l'analyse soit complétée. On avait tout simplement
approuvé les postes qui étaient comblés à
l'époque. C'est la raison pour laquelle il y a une augmentation. Elle
est simplement apparente, cette augmentation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel est l'échéancier pour
combler ces 80 postes?
M. GARNEAU: On devait les combler au cours de l'année.
Evidemment, les postes ne seront jamais tous comblés, à cause du
"turnover" du personnel. L'échéancier demeure toujours le
même; d'une année à l'autre, on essaie de combler nos
effectifs. Nous essaierons de les combler au cours de l'année qui
commence.
D'ailleurs, ils sont déjà en voie d'être
complétés, puisqu'au 1er avril nous avions 79 postes vacants sur
les 80 qui nous étaient accordés, c'est-à-dire que ces
effectifs additionnels nous ont été accordés
progressivement au cours de l'année dernière, au fur et à
mesure que l'analyse se complétait.
M. CLOUTIER (Montmagny): De quelle discipline sont ces personnes qui
vont être recrutées? Est-ce que ce sont des comptables ou si ce
sont des agents...
M. GARNEAU: Ce sont surtout des comptables et des agents
vérificateurs, c'est-à-dire des personnes, vous voyez, dans les
deux niveaux, qui se spécialisent dans le domaine de la
comptabilité et de la vérification.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la plupart d'entre eux seront
à la coordination centrale ou s'ils seront dans les
ministères?
M. GARNEAU: La majorité sera dans les ministères. Nos
effectifs sont répartis à peu près comme ceci: 20 p.c. de
nos effectifs à la coordination centrale, approximativement 20 p.c. ou
25 p.c, et 75 p.c. dans la comptabilité des ministères.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce qu'il y aurait d'autres
questions?
Programme 3, adopté? Eléments 1 et 2? Adopté.
Programme 4: Fonds de suppléance.
Fonds de suppléance
M. GARNEAU: M. le Président, au fonds de suppléance, je
pense qu'il faudrait regarder en même temps le budget
supplémentaire qui a été déposé à la
suite de mon discours du budget. On a ajouté deux réserves qu'on
peut retrouver à la page 23 du budget supplémentaire: une pour
donner suite au programme de placement étudiant et l'autre pour
répondre aux besoins du programme d'aide à l'emploi
d'assistés sociaux.
La raison pour laquelle nous avons mis ces deux montants au fonds de
suppléance du ministère des Finances est pour faciliter le
virement des fonds dans les ministères ou dans la nature de
dépenses, paiements de transferts, au fur et à mesure que le
programme évoluerait.
Si on prend, par exemple, le programme de placement étudiant deux
plus un, pour lequel il y a $2.5 millions de prévus, les montants seront
virés dans les ministères au poste de dépenses
approprié lorsque les programmes seront complétés et qu'on
saura exactement combien d'argent il faut virer, par exemple, au
ministère du Travail, combien au ministère des Terres et
Forêts, à l'article dépenses de transferts ou
dépenses de fonctionnement.
Alors, dans l'ensemble du programme no 4, il faudrait regarder aussi ces
deux points que l'on retrouve à la page 23 du budget
supplémentaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quels sont exactement les montants que le
ministre a donnés?
M. GARNEAU: $2.5 millions -c'est le montant que j'avais indiqué
dans mon discours du budget pour le placement étudiant et $5
millions pour favoriser le retour au travail des assistés sociaux.
Et le libellé est fait de telle sorte qu'on puisse faire des
virements dans les ministères aux dépenses appropriées,
pour être en mesure d'effectuer les paiements.
M. ROY (Beauce): Dans les $61 millions qui ont été
prévus en 72/73, quelles ont été les sommes qui ont
été effectivement utilisées?
M. GARNEAU: Les montants ont été virés au poste
Traitements de chacun des ministères concernés et, s'il y a eu
des montants qui n'ont pas été utilisés, il faudrait faire
la somme de chacun des postes Traitements de tous les ministères. Et on
ne pourrait pas dire si c'est un surplus qui est dû à ce virement
de crédits ou si les effectifs n'ont pas été
comblés aussi rapidement.
Il n'y a pas de données précises absolument certaines,
d'autant plus que, la convention collective des professionnels du gouvernement
n'ayant pas été signée, il y a eu certainement une
réserve qui n'a pas pu être utilisée. Mais le montant
précis, je ne voudrais pas risquer de chiffres de crainte de commettre
une erreur. Faire la part des choses en essayant de déterminer quel est
le montant précis qui aurait dû être utilisé pour les
professionnels dont la convention n'a pas été signée, et
le fait aussi que ça a été viré dans tous les
postes Traitements de chacun des programmes des ministères, on ne
pourrait pas savoir si c'est parce que les effectifs dans ces
ministères n'avaient pas été comblés aussi
rapidement que prévu ou si c'était dû au virement de
réserve pour les conventions collectives.
Cette année, on a gardé quand même une
réserve de $6.6 millions pour augmenter les crédits applicables
à des traitements, salaires et allocations. La machine gouvernementale
étant pas mal grosse, il se produit au cours de l'année des fois
des accroissements de programmes ou des erreurs dans les calculs des postes de
traitements. Nous croyons que ça facilite énormément la
bonne administration publique de pouvoir garder une réserve de cette
nature.
Est-ce qu'elle sera utilisée en entier ou seulement une partie?
Mais ça facilite énormément l'administration des
ministères d'avoir cette réserve.
M. ROY (Beauce): Vous avez parlé de la convention collective avec
les professionnels. Est-ce qu'il y a eu des développements de ce
côté?
M. GARNEAU: J'imagine que cette question a dû être
discutée lors de l'analyse des crédits du ministère de la
Fonction publique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'étais pas là, mais ça
a été discuté.
M. GARNEAU: Cela a été discuté assez longuement, et
je ne serais pas en mesure non plus de répondre aux questions
techniques.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): J'en aurais surtout au programme suivant.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): D'accord mais, s'il n'y a pas
d'autres questions, nous allons adopter les éléments 1, 2, 3 et 4
du programme 4, en incluant les crédits supplémentaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce que vous comprenez
là-dedans, ce que le ministre a mentionné tantôt, les
assistés sociaux. Evidemment, on aurait pu faire un long débat.
On en a parlé aux crédits des Affaires sociales. Je vois que M.
Frigon est ici, qui est responsable du programme auprès de
l'Exécutif.
M. GARNEAU: Je leur avais demandé...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je serais peut-être
intéressé d'entendre M. Frigon pendant cinq minutes nous dire
comment ça va dans son programme. C'est un des programmes
extrêmement importants du gouvernement, l'Opération placement,
l'Opération 5,000, je ne sais trop.
M. GARNEAU: C'est la réintégration des assistés
sociaux...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'était 2,000 et ça a
monté à 5,000. Je ne veux pas commencer à m'aventurer dans
les mille, je ne veux pas ouvrir une porte.
M. GARNEAU: Est-ce que vous dites qu'il en a été question
longuement aux Affaires sociales?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, on en a parlé aux Affaires
sociales, parce que ce programme relevait des Affaires sociales autrefois.
M. GARNEAU: Et du Travail également.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et là c'est le ministère du
Travail qui a la présidence du comité. Il y a une coordination
auprès de l'Exécutif, M. Frigon est secrétaire du
comité, à moins que je ne fasse erreur, j'ai tout suivi ce qu'on
a dit là-dessus, et je ne sais pas ce qui s'est passé depuis ce
temps. Peut-être que M. Frigon pourrait nous dire, en date d'aujourd'hui,
ce qu'il y a de spécial, ce qu'on a réalisé, quels sont
les programmes 73/74 de façon pratique.
M. GARNEAU: M. Mérineau est sous-ministre adjoint au Travail et
M. Frigon fait la coordination à l'Exécutif. Peut-être, M.
Frigon, que vous pourriez donner quelques renseignements.
Emploi des assistés sociaux
M. GARNEAU: Malheureusement, je ne sais pas ce qui s'est dit à la
commission des affaires sociales, parce que je n'y étais pas à ce
moment-là; je m'occupais justement de l'Opération placement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voici, aux affaires sociales, on n'a pas
discuté d'une façon pratique d'un programme concret. On a
discuté surtout de la philosophie, de l'importance de
réintégrer les assistés sociaux et de la classification
des assistés sociaux.
M. GARNEAU : Ah bon !
M. CLOUTIER (Montmagny): On s'est demandé comment il se fait
qu'ils ont été classifiés de telle façon. J'ai
posé des questions pour savoir à partir de quels critères
on en avait mis environ 19 p.c. dans les employables à court terme et un
autre pourcentage, 20 p.c. ou 23 p.c, dans les employables à plus long
terme, après recyclage, formation. Quels étaient ces
contrôles, qui faisait cette classification? Enfin, c'est
là-dessus qu'ont porté nos questions.
M. GARNEAU: Ah bon!
M. CLOUTIER (Montmagny): On a posé ces questions à M.
Colpron qui était le directeur de l'aide sociale.
M. GARNEAU: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais, comme programme concret, ce qui va se
faire concrètement par votre comité, nous n'en avons pas
discuté parce que ça relevait de vous autres.
M. GARNEAU: D'accord. Je vais essayer de vous donner d'abord une
idée globale de l'Opération placement et de ce que nous avons
l'intention de faire. S'il découle des questions de cela, il me fera
plaisir d'y répondre.
Disons que l'Opération placement, au départ, comporte deux
volets. Premier volet: la prospection systématique des emplois
actuellement existants. Le deuxième volet: nous sommes conscients qu'un
certain nombre d'assistés sociaux ne sont peut-être pas tout
à fait aptes à remplir les emplois qui sont actuellement
disponibles. Il faudra penser à la mise sur pied de projets
spécifiques pour ces groupes d'assistés sociaux; le
deuxième volet est donc la banque de projets. C'est, d'ailleurs, la
raison pour laquelle un budget de $5 millions a été voté
â cette fin.
Je reviens au premier volet: la prospection systématique
d'emplois. Qu'est-ce qu'on a fait pour ça? Le premier geste qu'on a
posé, on a d'abord fait un inventaire de nos assistés sociaux en
établissant une certaine classification. Deux mots sur la
classification. Elle vaut ce qu'elle vaut; on aurait pu prendre beaucoup
d'autres critères pour faire cette classification. Pourquoi on l'a fait
telle quelle? C'est qu'à la lumière de l'expérience
passée on s'est aperçu qu'on compliquait drôlement le
travail de nos centres de main-d'oeuvre, les centres de main-d'oeuvre du
Québec et les centres de main-d'oeuvre du Canada, parce que le seul
système de référence qu'on avait était, dès
l'inscription d'un assisté social, la transmission d'une formule
à ces deux centres de main-d'oeuvre, en leur disant: Voulez-vous
travailler là-dessus et essayer de faire quelque chose pour ce bonhomme;
sans qu'ils aient plus de spécification que ce que la formule donnait.
En pratique, ça donnait quoi? Les centres de main-d'oeuvre recevaient
des boîtes de formules, prenaient panique vis-à-vis de ça,
mettaient la boite dans un coin et ça devenait une espèce de
"dumping list" sur laquelle ils ne travaillaient absolument pas.
Là, on s'est dit: Au lieu de suivre ce système, on va
essayer d'établir une catégorisation à partir de
critères tout à fait objectifs. Cela ne tient donc pas compte des
problèmes subjectifs que l'individu peut avoir, que ce soit alcoolisme,
endettement ou autres problèmes du genre. Alors, on a établi des
critères d'âge, de santé, de formation scolaire, etc. A
partir de ces critères, on a dit: Ceux-là, on va les classer
parmi les employables au degré 1, employables au degré 2,
reclassables et protégeables. De telle sorte que si, dans un bureau
local, par exemple, j'ai 30 assistés sociaux qui sont employables au
degré 1 selon la classification objective, au lieu de
référer 500, 600 ou 700 formules au centre de main-d'oeuvre du
Québec, je vais lui référer 30 cas demain matin et je vais
dire: Voici des gars qui, à notre sens, sont employables demain matin.
Il peut y avoir d'autres problèmes, c'est l'entrevue qui va le
déceler, mais on demande aux centres de main-d'oeuvre du Québec
et du Canada de travailler sur 30 cas. D'abord, c'est plus facile de faire une
relance sur ces 30 cas et on a plus de chances qu'il y ait des
résultats.
Cela nous permet aussi, en faisant ce genre de déblaiement, de
commencer peut-être par les cas les plus faciles et de penser ensuite aux
cas qui peuvent être plus difficiles. Pour mettre toutes les chances de
notre côté, on a dit: On va essayer d'assurer une coordination
maximum entre, d'une part, le gars qui a le problème le
ministère des Affaires sociales et celui qui peut détenir
la solution le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. On a
pensé qu'il était important d'avoir ces gens dans le même
bureau. On vient de terminer la visite des régions administratives de la
province on a terminé jeudi dernier et nous
commençons à installer, dans chaque bureau d'aide sociale, un
agent de main-d'oeuvre à plein temps. Cet agent de main-d'oeuvre aura
deux fonctions: quand arrive un nouveau candidat à l'aide sociale, la
première chose qu'on fait, on le présente à l'agent de
main-d'oeuvre qui essaie de lui trouver un emploi.
S'il ne réussit pas on le passera à l'agent d'aide
sociale, à l'agent de sécurité sociale, si vous voulez. On
a déjà commencé dans quelques régions, dont plus
particulièrement celle de Hull, et on s'est aperçu que c'avait
des effets très bénéfiques sous plusieurs angles.
Premièrement, vous avez le bonhomme qui se présente au
bureau pour avoir de l'aide sociale et au moment où on lui dit:
Très bien, monsieur, on va vous présenter l'agent de
main-d'oeuvre, vous avez à ce moment-là deux réactions. La
première est que le gars dit: Bien, laissez donc faire, je vais essayer
de m'en trouver une tout seul, une "job" et si je n'en ai pas, je reviendrai.
Vous avez un bon nombre de cas de "U-turn" qui se font directement.
Le deuxième effet est que l'agent de main-d'oeuvre en
règle plusieurs dès le départ, de telle sorte que non
seulement on essaie actuellement de placer les assistés sociaux sur les
listes, mais qu'on essaie de fermer le robinet en même temps.
L'avantage d'avoir l'agent de main-d'oeuvre dans le bureau d'aide
sociale, c'est qu'il peut discuter avec l'agent de valorisation des
problèmes que pose le placement d'un bonhomme qui aurait pu être
classé comme employable 1 ou employable 2. L'agent de valorisation
s'occupera des problèmes d'endettement, des autres problèmes que
le bonhomme peut poser et
l'agent de main-d'oeuvre pourra en même temps suivre
l'évolution de ce cas et être là au moment où le
gars pourra être plus facilement placé.
Cela c'est une phase que nous avons terminée. Evidemment le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre ne dispose pas actuellement
des effectifs nécessaires pour avoir un agent de main-d'oeuvre dans
chaque bureau d'aide sociale, mais on va s'en occuper pour aller chercher les
effectifs dont on a besoin. Il y a moyen d'en trouver.
La deuxième chose que nous avons faite vis-à-vis de la
prospection systématique d'emploi a été aussi d'adopter
des mesures incitatri-ces pour faciliter le retour au travail des
assistés sociaux. Vous avez beaucoup d'assistés sociaux qui vont
refuser de l'emploi parce que les salaires offerts sont en concurrence directe
avec les taux d'assistance sociale qu'ils reçoivent, surtout dans le cas
où ce sont des couples mariés avec plusieurs enfants.
Des mesures incitatrices ont été adoptées qui
permettent le cumul travail et revenu, le cumul revenu de travail et assistance
sociale pour une période dé trois mois. Vous en avez
parlé.
M. CLOUTIER (Montmagny): On en a parlé aussi.
M.GARNEAU: Nous pensons que ça va aussi faciliter
considérablement le retour au travail des assistés sociaux. Sur
ce plan, nous constatons une chose que nous n'avions pas prévue et qui,
je pense, est aussi bénéfique: c'est que l'Opération
placement devient une mesure de contrôle d'autant plus efficace que ce
n'est pas ce qu'elle vise. Par voie de conséquence, le travail de
l'agent de main-d'oeuvre et de l'agent de sécurité sociale permet
de faire des contrôles qui ne pourraient pas se faire de façon
directe.
Je vous donne un exemple bien pratique. Dans le cadre d'un projet pilote
que nous avons fait ce printemps dans la Beauce pour le sirop d'érable,
on a loué trois ou quatre érablières, on a recruté
quatorze assistés sociaux sous la surveillance d'un producteur
d'érable et on a dit à ces quatorze assistés sociaux:
Faites l'exploitation des érablières, vendez le produit, les
revenus que vous en retirerez seront votre salaire. On ne vous enlève
pas l'aide sociale pour les neuf semaines que vous allez travailler, on vous
permet d'ajouter du revenu à votre aide sociale. Cela s'inscrivait dans
une espèce de programme de revalorisation de gens qui avaient
été hors du marché du travail depuis un bon bout de temps.
L'expérience s'est avérée très heureuse. Nous avons
occupé quatorze assistés sociaux durant neuf semaines et au
moment du recrutement, nous avons aussi effectué 46 annulations d'aide
sociale.
C'est un petit projet pilote de neuf semaines qui nous aura
coûté peut-être autour de quand ça va
être complètement terminé $5,000 et qui nous aura
permis de récupérer 46 cas d'aide sociale sur une période
de je ne sais pas combien de temps. Si vous évaluez à une moyenne
de $1,800 par année les 46 annulations dues à cette petite
opération du sirop d'érable, vous allez vous apercevoir qu'elle a
été pas mal rentable.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous l'avez faite directement ou si vous
êtes passé par le service social de la Beauce?
M.GARNEAU: C'est-à-dire que ça été fait en
collaboration avec le service de retour à la vie normale, Groleau et
Gendreau. Cela s'est fait par leur intermédiaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ça.
M. ROY (Beauce): Qui est une partie du service social. Mais parmi les 46
personnes il y en a qui ont repris le travail parce que justement il y a moins
de travail durant l'hiver, à cause du travail en forêt; il y en a
d'autres qui ont repris le travail aussi.
M. GARNEAU: C'est fort possible, oui, c'est fort possible qu'il puisse y
en avoir un certain nombre. Là, je n'ai pas le détail des 46 cas
mais même si, sur les 46, il n'y en avait eu que 10 qui auraient
réussi, je pense que ce serait encore un succès.
M. ROY (Beauce): Vous parlez du sirop d'érable et de
l'expériehce-pilote qui s'est faite dans la Beauce cette année.
Cela a été une heureuse initiative et du ministère et des
gens de l'endroit et des gens du service social. Il y a un problème que
je veux souligner à votre attention. Il y a environ le tiers des
érablières qui n'ont pas été entaillées ce
printemps. Au prix que se vend le sirop d'érable et surtout compte tenu
du fait que 75 p.c. de la production va alimenter le marché
américain, il est évident qu'on a perdu $1 million dans la
région cette année.
La raison pour laquelle les gens n'ont pas entaillé leur
érablière, c'est un manque de main-d'oeuvre. Voici ce qui se
produit. Nécessairement, comme député du comté,
bien des gens sont venus à mon bureau prendre des informations. H y a
des gens, à un moment donné, qui auraient accepté d'aller
travailler, d'aller "faire du sucre", comme on dit chez nous, mais à
cause des difficultés qu'ils ont eues à obtenir une aide sociale
qui leur permette de vivre je ne dirais pas de vivre grassement mais de
vivre dans des conditions minimums, ces gens-là allaient dans les
érablières privées et il est évident qu'ils
perdaient automatiquement leur chèque. Des gens devaient attendre la
vente de leur récolte avant de pouvoir payer ces gens-là, ils ne
pouvaient pas leur faire d'avances.
Cela a quand même coûté passablement d'argent au
gouvernement. Les gens ont vendu leur sirop d'érable et le gouvernement
a voté un
budget pour cela, au niveau du service social, pour permettre...
M. GARNEAU: Tout ce qu'on a fait a été de garantir un
prêt de $15,000, auprès de la caisse. Cela va nous coûter la
différence entre leur profit et les $15,000 en question. On se figure
qu'à un moment donné on peut avoir à rembourser quelque
chose entre $2,000 et $4,000.
M. ROY (Beauce): Pas plus que cela? M. GARNEAU: Pas plus que cela.
M. ROY (Beauce): J'avais l'impression que les $15,000 étaient
effectivement dépensés.
M. GARNEAU: Les remarques que vous venez de faire sont très
justes. C'est dans ce sens-là qu'on a fait ce petit projet-pilote cette
année, pour savoir si cela valait la peine, dans les années
futures, d'étendre le système à toutes les
érablières non exploitées, pas tellement pour sauver de
l'argent au niveau de l'assistance sociale parce qu'étant donné
que c'est très court huit ou neuf semaines on ne peut pas
dire aux gens: Vous allez travailler et durant huit semaines, on vous
enlève votre assistance sociale, surtout que de l'autre
côté on prend des mesures incitatrices qui permettent le cumul
durant trois mois. On s'est demandé si cela valait la peine d'exploiter
toutes les érablières non exploitées, ne serait-ce que
pour injecter dans l'économie de la région le million dont vous
parlez. Je ne sais pas si ça peut être $1 million, $600,000 ou
$700,000.
M. ROY (Beauce): J'ai donné un chiffre approximatif.
M. GARNEAU: Cela ferait tout de même une injection
économique dans la région qui serait fichtrement importante.
C'est dans cet esprit-là qu'on a fait cette année un
projet-pilote. Est-ce qu'on va l'étendre l'an prochain? On est en train
d'analyser toute l'expérience qu'on a vécue pour savoir
jusqu'à quel point on peut l'étendre.
M. ROY (Beauce): Cette année, le ministère a quand
même été chanceux. Vous avez eu une très bonne
récolte, une récolte très abondante...
M. GARNEAU: Exact, c'est cela.
M. ROY (Beauce): ... qui a dépassé même toutes les
récoltes qu'on a connues depuis vingt ans. Il aurait pu y avoir une
récolte normale et les $15,000 aurait été effectivement
déboursés. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu remarquez bien
que c'est une question que je pose en même temps d'organiser un
système spécial pour aider le propriétaire
d'érablière qui, lui, serait intéressé à
entailler son érablière mais qui, faute de main-d'oeuvre, ne peut
pas le faire? Il y aurait des gens intéressés à travailler
mais, à cause de toutes les difficultés que vous avez
mentionnées et que j'ai mentionnées tout à l'heure, ils ne
peuvent pas le faire. Cela pourrait peut-être s'organiser avec les
Centres de main-d'oeuvre du Québec; je songe à la formule
utilisée présentement pour le service de placement
étudiant.
Le gouvernement rembourse un certain montant à toute personne qui
engage un étudiant durant une période de tant de semaines. Par
voie de conséquence, si vous voulez qu'il y ait des dispositions, des
mesures incitatrices, qui seraient intéressantes pour la personne qui
reçoit de l'aide sociale, de retourner sur le marché du
travail.
M. GARNEAU: Le principe que vous mettez de l'avant pour le sirop
d'érable vaut, je pense, pour tous les autres secteurs de
l'agriculture.
Si vous voulez appliquer dans ce secteur la formule qu'on a
adoptée pour le placement étudiant, c'est-à-dire
subventionner le producteur, que ce soit au niveau de
l'érablière, de la production laitière, de la culture
maraîchère ou autre, je pense que cela ne s'inscrit pas dans le
cadre de l'Opération placement, mais cela s'inscrirait beaucoup plus
dans le cadre du ministère de l'Agriculture comme une politique globale
de l'agriculture, cette subvention. Les montants qui sont impliqués sont
considérables et il va falloir y penser deux fois avant de s'engager
là-dedans. Je pense que c'est une des formules qui peuvent être
envisagées, cette subvention au producteur pour lui permettre d'aller
chercher la main-d'oeuvre dont il a besoin.
M. ROY (Beauce): Vous l'avez à l'heure actuelle, excusez.
M. GARNEAU: Juste une minute là. On permet à un
assisté social de garder un montant pendant un certain nombre de
semaines. Supposons qu'il s'agisse d'un homme marié avec quatre, cinq
enfants; son assistance sociale doit être aux environs de $230 par mois,
je crois. Le fait de laisser à cet assisté social la
moitié, qui serait $165 par mois, permet au producteur de verser un
salaire abordable. Si le cultivateur est capable de payer $50 par semaine, cela
veut dire que pendant un mois, quatre semaines, cela fait $200 plus les $165
qu'il garde de son aide sociale. Cela veut dire $365 par mois. Cela permet au
cultivateur de payer un salaire au type qui soit dans la mesure de sa
capacité de payer, compte tenu de la rentabilité qu'il a de son
exploitation. Alors que, s'il veut être en mesure de payer $365
lui-même ou $370, cela devient exorbitant puis ce n'est plus rentable.
Dans ce sens, cela peut être une mesure mitoyenne. Une politique
générale pourrait être appliquée dans toutes les
productions agricoles, on a souvent donné l'exemple de la cueillette des
pommes. Cela pourrait être le moyen terme entre les deux façons
d'envisager le problème.
M. ROY (Beauce): Je pense, M. le Président, si on me permet, au
niveau de l'érablière vous avez quand même la
possibilité de faire une expérience pilote, étant
donné que c'est une période très courte et que c'est un
produit d'exportation, 75 p.c. comme je le disais tout à l'heure. A
l'heure actuelle, il y a lieu de faire quelque chose dans ce domaine. Si on
payait, par exemple, 50 p.c, comme on le fait à l'heure actuelle,
jusqu'à concurrence de X, comme on le fait, à l'heure actuelle,
dans le programme de placement étudiant, et qu'il y aurait quelque chose
de très efficace d'organisé à ce niveau, je pense que cela
aiderait un grand nombre de producteurs. Il ne faut pas oublier aussi le
producteur qui n'entaille pas et qui, lui, va se chercher un revenu aussi. Ce
qui existe aujourd'hui, ce qui n'existait pas il y a une vingtaine
d'années dans ce domaine, il faut que la personne envisage une
dépense d'environ je vais donner un chiffre, je ne suis pas un
expert là-dedans, je n'ai pas toutes les dernières
données $0.50 par entaille, avant de penser à pouvoir
récolter sans savoir si la récolte va être bonne. C'est
là le problème qui se pose, c'est qu'on ne connaît pas la
récolte d'avance.
M. GARNEAU: Est-ce que ce qui a été fait démontrait
que les gens avaient vendu leur équipement? Ou, s'ils avaient
gardé l'équipement, est-ce qu'ils n'exploitaient pas parce qu'ils
n'avaient pas de main-d'oeuvre?
Dans la plupart des cas, ils ont leur équipement. Ils ne
fonctionnent pas parce qu'ils n'ont pas de main-d'oeuvre, l'équipement
est là.
M. ROY (Beauce): C'est ça. L'équipement est là,
dans une très grande majorité des cas.
M. GARNEAU: C'est une question de main-d'oeuvre plus qu'une question
d'équipement.
M. ROY (Beauce): C'est une question de main-d'oeuvre, surtout. Parce que
dans les milieux ruraux il y a certains groupes de personnes, surtout les 50
ans et plus, à cause de tous les nouveaux programmes agricoles, le
contingentement de la production agricole, les quotas de lait, la
nécessité de doubler les investissements, l'âge de la
personne, la difficulté d'avoir de la main-d'oeuvre à la maison;
on sait qu'à l'heure actuelle toutes les politiques scolaires ont
dérangé beaucoup d'agriculteurs qui pouvaient escompter avoir de
l'aide un peu de leurs enfants de douze, quatorze, quinze, seize ans. Je ne
dirai pas avoir de l'aide à la journée longue, parce qu'ils
devaient quand même fréquenter les écoles, mais, lorsqu'ils
sont obligés de sortir de la paroisse pour aller ailleurs, ils ne sont
pas capables d'avoir d'aide là-dessus. Toutes ces dispositions, toutes
ces restrictions ont fait en sorte qu'un très grand nombre de
cultivateurs, d'agriculteurs se sont découragés.
C'étaient des agriculteurs qui vivaient en partie de
l'agriculture, en partie de la forêt et en partie d'un travail de
journalier. Ils allaient chercher des compléments ailleurs. Alors,
c'étaient des gens qui travaillaient dans deux ou trois domaines.
M. GARNEAU: C'est ça. Les observations que vous faites
m'amènent peut-être à parler du deuxième volet de
l'Opération placement, qui est la banque de projets.
M. ROY (Beauce): Bon.
M. GARNEAU: Si vous me le permettez, je citerai un exemple de ce qu'on a
pu faire dans ce sens et de ce qu'on continue à faire. Une fois que nous
avons assuré, par les mécanismes dont je viens de vous parler, la
prospection systématique des emplois, pour les autres groupes
d'assistés sociaux, qui présentent d'autres sortes de
difficultés, nous songeons à créer des projets
spécifiques ou à fournir du financement lorsque le coût
d'emploi devient prohibitif pour l'employé. Je vous donne un exemple
pratique. A Baie-Comeau, il y a deux semaines, l'Hydro-Québec nous a
dit: Je peux employer 20 assistés sociaux sur une période de neuf
mois. Mais sept de ces assistés sociaux devront avoir une scie
mécanique. On sait qu'une scie mécanique coûte au moins
$200. Alors, il n'y a pas un assisté social, en pratique, qui pouvait
être éligible au projet. On a dit: Très bien, on va vous
envoyer 20 assistés sociaux. Les sept scies mécaniques, on va les
acheter. Alors, elles sont placées sous le contrôle du Centre de
formation professionnelle à Baie-Comeau qui a la responsabilité
de ces scies mécaniques. Nous avons engagé 20 assistés
sociaux pour une période de neuf mois. Les $1,400, on les prend à
même le budget de $5 millions. Cela est une des formules que l'on peut
utiliser et qu'on cherche à utiliser le plus possible.
Nous avons aussi la possibilité de créer un projet de
toutes pièces. Là, pour les projets, nous avons établi des
critères bien précis. Je vous donne rapidement les
critères d'acceptation de ces projets.
Le premier critère concerne la main-d'oeuvre, c'est-à-dire
que les projets susceptibles d'être acceptés devront employer une
main-d'oeuvre peu ou pas spécialisée. Cela semble presque inutile
de le mentionner quand on regarde la clientèle qu'on a. C'est l'enfance
de l'art que notre clientèle est peu ou pas spécialisée.
Ce qu'on veut dire par ça, c'est que, pour employer, à un moment
donné, dix assistés sociaux, on ne veut pas un projet qui va nous
demander quinze cadres. A ce moment-là, c'est un projet qui n'est pas
acceptable. C'est beaucoup plus dans ce sens qu'on parle de main-d'oeuvre peu
ou pas spécialisée, c'est-à-dire que le personnel
d'encadrement doit être réduit au minimum et qu'il doit surtout y
avoir un
équilibre entre les assistés sociaux qu'on emploie et
l'encadrement qu'on leur donne.
Le deuxième critère, c'est le coût du projet. On
refuse automatiquement les projets qui demandent un coût d'investissement
ou l'établissement d'infrastructures physiques qui nous
coûteraient une fortune. Si, pour employer 50 assisté sociaux, il
faut faire un système d'aqueduc, qui va nous coûter $1 million
automatiquement c'est éliminé.
Le troisième critère, c'est que nous favorisons les
projets qui assurent une permanence des emplois qui seront créés
afin de ne pas verser, à un moment donné, dans le principe
d'Initiatives locales ou de Perspectives-Jeunesse. Si vous avez des projets qui
durent deux ou trois mois, on les passera à Initiatives locales et
à Perspectives-Jeunesse. Pour nous, un projet qui assure une permanence
d'emploi, c'est un projet qui assure de l'emploi pour au moins sept à
huit mois, qui donne au moins suffisamment de temps à l'assisté
social de reprendre goût au travail pour pouvoir se trouver, de
lui-même, un emploi par la suite.
Le projet aussi, que nous accepterons, sera un projet qui nous offre des
possibilités d'autofinancement dans un avenir prévisible et
précisé, c'est-à-dire qu'on veut savoir si on va
subventionner un projet pour dix ans ou si l'on va le subventionner pour deux
ans et si, dans deux ans, ce projet a des chances de marcher tout seul.
Je pense que ce sont les principaux critères. Je ne pense pas en
avoir oublié. Dans le cadre de ces projets, je peux vous donner un
exemple type, que je prends, une fois de plus, dans la Beauce, parce que, dans
la Beauce, vous aviez un service de retour à la vie normale qui a
marché beaucoup plus que n'importe où ailleurs.
Il y a eu le projet La Chaudière, dans la Beauce, qui visait
â regrouper des fermiers bénéficiaires de l'assistance
sociale, qui étaient établis, quand même, sur des terres
dont la qualité des sols permettait de croire qu'elles pouvaient
être rentables: je parle de la terre et les à-côtés
de la terre, tels que les érablières et ces choses-là.
Alors, le premier projet de La Chaudière a groupé 33 fermiers
bénéficiaires de l'aide sociale. Après un an
d'opération, sur les 33, 28 sont définitivement sortis de l'aide
sociale. Ils ont triplé les revenus de leur ferme. Ils sont maintenant
en mesure de se suffire à eux-mêmes.
On continue à s'en occuper pour un an mais beaucoup plus pour
leur inculquer des notions d'administration que pour leur donner de
l'assistance sociale.
Ce projet a coûté $45,000. Dans le cadre de
l'Opération placement, nous le recommençons cette année
avec un autre groupe d'une trentaine de fermiers, où la même
opération va recommencer. Vous avez, à l'intérieur du
projet, un agent de valorisation sociale, vous avez un agronome du
ministère de l'Agriculture. Le personnel d'encadrement est pris à
même les ministères, de telle sorte que nous n'avons pas à
débourser directement pour l'encadrement de ces gens.
C'est le genre de projet que nous essayons de mettre de l'avant. Nous
avons actuellement, un projet de culture de la tomate, en serre, à
Manseau, que nous venons d'approuver, à titre d'expérience
pilote, encore, pour voir jusqu'à quel point la culture en serre peut
être, à un moment donné, un débouché.
Une partie du budget de $5 millions sera consacrée à des
projets d'expérimentation du genre, projets de démonstration.
L'autre partie sera consacrée à des projets qui nous viendront du
milieu même, de la région même, qui auront été
pensés soit par des groupes d'assistés sociaux, par des groupes
de citoyens ou encore par les fonctionnaires de nos ministères qui
travaillent dans les régions. Ils nous soumettront des projets à
la lumière des critères d'acceptation que nous avons
élaborés et, selon le budget que cela représente, nous
voterons des budgets en conséquence pour employer le plus
d'assistés sociaux possible.
M. ROY (Beauce): Sur le service de retour à la vie normale, je
suis très heureux que vous en parliez parce que, vous l'avez dit
vous-même, c'est le service qui a le mieux fonctionné dans toute
la province de Québec. Le seul service cela me fait plaisir de le
dire ici, je le souligne à l'attention des membres de la commission
de retour à la vie normale qui a été
organisé par le service social de Beauce a permis au gouvernement de
récupérer toutes les sommes qu'a coûté le service
social de Beauce pour tous les autres services qu'il a donnés.
En conclusion, cela veut dire que le service social de Beauce s'est, en
quelque sorte, autofinancé. C'est la raison pour laquelle la semaine
dernière j'avais posé une question au ministre des Affaires
sociales, à l'Assemblée nationale, parce qu'on a obligé
quand même notre service social de Beauce, qui s'était pris en
charge et qui fonctionnait très bien, de se faire hara-kiri. Il y a eu
une assemblée, à laquelle le conseil d'administration a
été obligé de démissionner, en quelque sorte, pour
favoriser le regroupement du service social de Beauce avec toute l'organisation
des centres locaux de services communautaires, les centres de services
sociaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les CSS.
M. ROY (Beauce): Les CSS. Dans un tel cas, on se pose des questions. Je
le souligne à l'attention des collaborateurs du gouvernement,
j'espère qu'on sera en mesure de garder le service social de Beauce, de
garder les mêmes services à l'intérieur du service social
de Beauce et qu'on se servira même, à un moment donné, de
l'expérience qui a été prise là pour la transposer
ailleurs. Je pense que ce serait dans l'intérêt de tout le
monde.
M. GARNEAU: A mon sens c'est une opinion strictement personnelle
que j'émets, si je peux me le permettre la réorganisation
qui se fait actuellement n'empêche absolument pas la poursuite du genre
de collaboration que nous avons à l'intérieur du service de
retour à la vie normale. Cela pourra prendre des modalités
différentes mais je pense que la collaboration reste quand même
possible au même degré.
M. ROY (Beauce): Au même degré, avec les
possibilités d'avoir la même efficacité.
M. GARNEAU: Avec les possibilités, je pense, d'avoir la
même efficacité, du moins je l'espère.
M. ROY (Beauce): Ce serait bien à souhaiter. M. GARNEAU: Oui.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce qu'il y aurait d'autres
questions?
M. GARNEAU: Je termine en disant que les mécanismes de
fonctionnement, nous en sommes rendus dans l'Opération placement
où nous avons complété l'établissement des
mécanismes de financement. On pourra commencer à avoir des
résultats, je pense, vers la mi-juin, là où on pourra
dire: Pour chacune des régions, voici les gens qui ont été
placés, voici ceux qui ont été mis en cours de formation,
etc. Vers la mi-juin, on pourra commencer à avoir, par région,
des statistiques très précises sur l'évolution de
l'Opération placement.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la collaboration que vous recevez de
la part des ministères qui peuvent le plus vous fournir des projets,
contribuer à votre banque de projets, tels que le ministère des
Terres et Forêts, le ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation, le ministère de la Voirie, le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche? Est-ce que vous aurez, en 73/74,
des projets pilotes dans chacun de ces ministères?
M. GARNEAU: Cela m'amène à vous parler d'un des
critères que j'ai oublié. Les projets qui nous sont soumis
peuvent nous venir soit d'initiatives privées, soit des
ministères eux-mêmes. Mais une des choses qu'on demande, au
départ, dans tous les projets, c'est une expertise du ministère
qui est intéressé en premier lieu, si cela nous vient d'une
initiative privée, pour s'assurer que ces projets ne viennent pas en
contradiction avec les priorités politiques ou programmes du
ministère.
Vous parlez de collaboration des ministères en question. Les
ministères que vous venez de mentionner ont tous été
rencontrés au niveau du sous-ministre. La collaboration est vraiment
complète. Jusqu'ici, je n'ai connu absolument aucun accrochage.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez parlé tantôt du
recrutement du centre de main-d'oeuvre. Les centres de main-d'oeuvre
relèvent du ministère du Travail. Le ministère du Travail,
par M. Mérineau et les autres, a la responsabilité aussi de
diriger ce comité. Vous avez dit tantôt que vous devrez aller
chercher des agents de main-d'oeuvre. Actuellement, quelles sont les ressources
qu'il y a de ce côté dans les centres de main-d'oeuvre du
Québec? Est-ce que vous serez obligés de faire un recrutement
intensif? Est-ce que vous allez déménager des fonctionnaires qui
sont dans d'autres ministères actuellement et qui sont
sous-utilisés pour les transférer comme agents de
main-d'oeuvre?
M. GARNEAU: C'est une des possibilités qu'on va certainement
examiner. On calcule que ça nous prend actuellement 100 fonctionnaires,
si on veut en avoir un dans chacun des bureaux d'aide sociale.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a 140 points de service.
M. GARNEAU: Oui, mais le même gars peut desservir deux ou trois
points de service parce qu'il y a des bureaux pas mal plus petits que d'autres.
On calcule que ça nous prend 100 personnes actuellement pour pouvoir
faire le genre de travail qu'on veut faire.
On peut les recruter à l'intérieur des ministères,
là où les gens sont moins employés ou sont
sous-utilisés. On peut aussi aller en chercher à
l'extérieur. Ce qu'on calcule, c'est que ces 100 personnes peuvent nous
coûter $1 million. Pour récupérer notre $1 million, il
faudrait que l'Opération placement retourne au travail 555
assistés sociaux.
Cela, c'est à partir de la possibilité qu'on irait tous
les chercher à l'extérieur. On calcule qu'en plaçant 555
assistés sociaux on vient de payer les 100 personnes additionnelles
qu'on veut engager si on les prend toutes à l'extérieur. On peut
aussi les transférer. J'ai l'intention, personnellement, comme
président de l'Opération placement de contacter la Fonction
publique pour essayer de connaître toutes les personnes qui peuvent
être en disponibilité.
M. ROY (Beauce): Si le député de Montmagny me le permet,
j'aurais une question. Est-ce que vous songez, parmi les personnes qui seraient
actuellement disponibles, aux anciens sous-ministres qui sont sur les
tablettes? Il y en aurait plusieurs, selon les informations que nous avons. A
ce moment, on pourrait leur assurer, à eux aussi, un retour à la
vie normale.
M. GARNEAU: Je ne sais pas si vous en avez
un en particulier en tête, mais, si c'est celui-là, je peux
vous dire que j'ai rencontré, ce matin, des gens aux Terres et
Forêts et qu'il aura prochainement une mutation à ce
ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce ne doit pas être à
celui-là que le député de Beauce pense. C'est moi
peut-être qui pense à celui-là.
M. GARNEAU: D'accord.
M. ROY (Beauce): J'en avais plusieurs à l'esprit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle va être la collaboration entre les
centres de main-d'oeuvre du Québec et ceux du fédéral?
Dans le placement, de façon générale, quand
l'assisté social va arriver au bureau, si c'est un nouvel assisté
social, vous dites que le premier contact qu'il fait, c'est avec l'agent de
main-d'oeuvre du Québec.
Là, l'agent de main-d'oeuvre du Québec propose de lui
trouver un emploi. Il faut qu'il s'adresse quelque part, l'agent; il faut qu'il
ait des contacts. Son premier contact, je pense bien, ça va être
avec le centre de main-d'oeuvre du Canada. D'accord?
M. GARNEAU: Pas nécessairement le premier, mais c'est un des
contacts possibles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un des contacts importants.
M. GARNEAU: Au niveau régional et au niveau local,
l'Opération placement, qu'on a voulue la plus
décentralisée possible, se retrouve au sein d'un comité
régional qui se compose d'un agent de main-d'oeuvre du Québec,
d'un agent de sécurité sociale, d'un agent de main-d'oeuvre du
Canada et du directeur du centre de formation professionnelle de la
région. Ils font partie du comité régional et tiennent des
réunions toutes les semaines pour les cas les plus difficiles.
Au départ, nous avons vu à intégrer dans
l'Opération placement les centres de main-d'oeuvre du Canada. Nous avons
eu, la semaine dernière, avec les autorités provinciales des CMC,
une réunion d'une journée complète où nous avons
discuté des programmes fédéraux d'aide aux
défavorisés dans le cadre de l'Opération placement.
Comment ces programmes fédéraux pouvaient-ils être
utilisés dans le cadre de l'Opération placement et,
deuxièmement, comment les agents de main-d'oeuvre des CMC pouvaient-ils
s'intégrer aussi à l'Opération placement? A cette
réunion assistait même le sous-ministre adjoint de la
main-d'oeuvre, M. Manion qui a manifesté beaucoup d'intérêt
et qui nous a assurés que des directives seraient données
à tous les bureaux, à tous les CMC pour leur demander d'apporter
une collaboration complè- te à l'Opération placement. Les
contacts se font de façon automatique.
M. CLOUTIER (Montmagny): La même chose, j'imagine, pour les
contacts avec l'industrie? L'agent de main-d'oeuvre va...
M. GARNEAU: J'ai oublié le représentant de l'industrie et
du commerce, le délégué régional de l'industrie et
du commerce qui siège au comité régional.
M. CLOUTIER (Montmagny): De quelle façon, au niveau de la
région, le contact se fera-t-il avec l'industrie par votre agent de
main-d'oeuvre? Est-ce qu'il y a une certaine coordination de l'industrie au
niveau régional qui va pouvoir se faire aussi?
M. GARNEAU: M. Mérineau pourrait peut-être répondre
à cette question.
Nous avons commencé, il y a déjà quelques mois,
à mettre au point systématiquement un dossier d'entreprise pour
chacune des 120,000 entreprises du Québec. Dans ce dossier on retrouve
évidemment la pré-classification par le ministère de
l'Industrie et du Commerce, par secteur industriel ou de services, et nous y
ajoutons la dimension de la connaissance des emplois, c'est-à-dire la
nature des emplois, le nombre de personnes pour chaque emploi et les taux de
salaires et conditions de travail qui existent. Il y a une relance
systématique qui est faite par les agents de main-d'oeuvre et les
centres de main-d'oeuvre du Québec pour tenir à jour ces
dossiers. De la sorte, sachant que notre clientèle
bénéficiaire d'aide sociale est peu ou pas
spécialisée, on peut savoir à l'avance, à la
lumière des dossiers qu'on possède, quelles sont les entreprises
susceptibles d'offrir des emplois à des peu ou pas
spécialisés dans un premier temps et, deuxièmement, cette
relance nous permet de savoir s'il y a des vacances dans les effectifs de ces
entreprises.
Il est sûr que les effectifs des centres de main-d'oeuvre du
Québec ne permettent pas de faire le travail comme il devrait être
fait. C'est pourquoi on s'est acquis la collaboration des centres de
main-d'oeuvre du Canada et la prospection se fait systématiquement de
façon complémentaire entre les deux organismes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ma question s'adressera plutôt au
ministre, je pense bien. Les assistés sociaux qui émargent
actuellement au budget des affaires sociales représentent
évidemment des fonds pour le gouvernement du Québec, et ces fonds
sont remboursés à 50 p.c. par le fédéral.
Là, vous allez engager des assistés sociaux dans des projets
spécifiques. Les fonds $5 millions provenant du
provincial, est-ce qu'il y a une entente avec le fédéral,
à l'intérieur du régime canadien d'assistance publique,
pour qu'il partage à 50 p.c. le coût de l'Opération
placement? Vous allez prendre des assistés
sociaux, vous allez les retourner au travail; donc, un bon nombre
d'assistés sociaux n'auront plus d'assistance sociale ou, s'ils en ont,
ça va être pour la période de transition, comme vous
l'appelez, pendant trois mois. Mais après ça?
M. GARNEAU: Sur les discussions qui se sont poursuivies entre le
fédéral et le provincial là-dessus, j'aimerais autant
laisser... ce n'est vraiment pas mon secteur...
De toute façon, disons que le fédéral nous a
annoncé mercredi qu'il y avait six nouveaux programmes. Dans un de ces
programmes, qui est un programme de formation en cours d'emploi pour les
défavorisés, le fédéral donne $3.5 millions au
Québec; en plus, pour assurer l'orientation, le "counselling", il y aura
un autre montant de $500,000, ce qui fait $4 millions et les autres programmes,
qui sont des programmes pilotes, vont engouffrer à peu près un
autre million de dollars. Ce qui veut dire que le montant qui est mis par le
fédéral, ce n'est pas en regard de la Loi d'aide sociale mais en
regard des programmes de formation et les montants sont à peu
près équivalents.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais ces projets spécifiques que vous
allez faire je prends l'exemple que vous avez donné tantôt,
les érablières ne sont pas couverts par le régime
canadien d'assistance publique, la partie 3...
M. GARNEAU: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... comme le sont les programmes conjoints, le
programme des terres et forêts, de revalorisation des assistés
sociaux dans le domaine de la sylviculture. Cela, c'est couvert?
M. GARNEAU: C'est couvert, l'opération des...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a des chances que ces projets,
une fois qu'ils auront franchi le stade du projet pilote et qu'ils deviendront
des projets permanents, soient couverts par le régime canadien
d'assistance publique?
M. GARNEAU: Au moment où ils deviendront permanents, ils devront
faire l'objet de négociations parce que, jusqu'ici, l'attitude du
fédéral a été de dire: Plutôt que de partager
à 50 p.c, étant donné que nous avons nous aussi nos
programmes pour les défavorisés, on vous dit: Utilisez ces
programmes et on met de l'argent dedans.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-ce qu'ils appellent leurs programmes,
est-ce que ce sont les Initiatives locales?
M. GARNEAU: Non. Programme de forma- tion en cours d'emploi, programme
d'extension des services de main-d'oeuvre. Il y a le programme de
création de projets qui peuvent s'apparenter aux nôtres. A un
moment donné, il y a des projets qu'on pourra prendre et faire financer
par le fédéral plutôt que de les financer nous-mêmes,
mais dans un cadre différent de celui des Initiatives locales, à
caractère plus permanent.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): D'autres questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, on remercie M. Frigon et M.
Mérineau de leurs explications.
M. GARNEAU : Moi, ce que je peux dire là-dessus, c'est que, cette
année, quand on a décidé, dans le cadre du budget, de
tenter cette expérience avec un montant de $5 millions, il y en a qui
nous ont demandé: Pourquoi $5 millions? Pourquoi pas $4 millions,
pourquoi pas $10 millions? Evidemment, c'était une tentative que nous
voulions faire, avec l'espoir que, si le fonctionnement était ce
à quoi on s'attendait, on pourrait augmenter les crédits de ce
côté-là. On va voir l'expérience de cette
année. Si ça fonctionne comme c'est parti, il n'y a pas de doute
que nous pourrons mettre plus d'argent dans ce type d'activité qui est
beaucoup plus concret et qui peut, peut-être, donner des résultats
plus immédiats que d'autres formules qui ont été
employées ou qu'on a tenté d'utiliser jusqu'ici mais qui
n'avaient pas donné de résultats concrets dans un délai
acceptable. Je tiens à dire que, si le montant n'est pas suffisant et
que les programmes fonctionnent bien, il n'y a aucune hésitation de
notre côté à penser à la possibilité
d'augmenter les crédits pour ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis content que le ministre des Finances
ait accepté d'inscrire $5 millions dans le budget cette année, ma
seule réserve je l'ai dit au moment de la réponse au
discours du budget c'est qu'il me semble qu'il y a eu un intervalle de
trois ans où il y a eu ralentissement dans ces programmes. Je comprends
que c'est un domaine complexe, difficile. Cependant, différentes mesures
ont été prises, différents comités ont
été formés et moi, en tout cas, j'ai eu l'impression, pour
une certaine période de temps, que certains obstacles ont
empêché que ce programme continue avec vigueur. Tout le monde
n'était pas convaincu de...
M. GARNEAU: Non, il y a quand même une raison il faut quand
même être assez objectif là-dedans aussi c'est que la
reprise que l'on sent actuellement du côté de l'économie du
Québec et du côté aussi de l'emploi facilite
d'autant la réalisation de ces projets. Lorsqu'on est dans une
période de montée constante du taux de chômage, il y a une
foule de personnes qui sont en chômage et qui sont désireuses de
travailler sans être obligées de recourir à ces programmes
précis d'aide aux assistés sociaux. Le succès qu'on
rencontre est dû d'abord, je pense bien, à l'efficacité du
travail des gens qui ont la responsabilité du comité et aussi
peut-être, au fait qu'on y a mis plus le paquet cette année en
associant tous les ministères. Cela a été une
décision, au point de départ, ministérielle
d'éviter les barrières, les chicanes qu'il y avait entre les
ministères pour administrer cela eux-mêmes. Cela a
été réellement coordonné avec des
représentants de tous les ministères, comme le disaient tout
à l'heure M. Frigon et M. Mérineau. Tous les ministères
sont imbriqués non seulement au niveau des sous-ministres, mais au
niveau régional. Je pense que c'est un des facteurs, associé au
fait de la reprise économique, qui nous donnent plus de
possibilités.
Et, comme la roue semble bien tourner, on va essayer d'augmenter le
volume de pression sur les palettes de la roue pour qu'elle tourne plus
vite.
M. CLOUTIER (Montmagny): Que le ministre apporte des budgets
supplémentaires durant l'année...
M. GARNEAU: Vous allez voter pour?
M. CLOUTIER (Montmagny): ...pour ce secteur et puis on va les approuver.
Une autre question. Le ministre vient de faire une remarque qui m'a fait penser
à quelque chose d'important aussi, c'est que, quand on met en place des
programmes comme ça pour les assistés sociaux, il y a les
travailleurs qui sont marginaux et qui sont fragiles et qui peuvent tomber en
chômage n'importe quand. Ceux là, évidemment, disent: Quand
il y a des programmes comme ça, c'est toujours pour les assistés
sociaux. Ce n'est jamais pour ceux qui prennent les moyens ou qui sont capables
de s'exempter d'aller à l'assistance sociale, mais qui sont des
travailleurs qui n'ont pas un revenu considérable.
Ils calculent que, s'ils n'ont pas accès à ces programmes,
c'est un préjudice pour eux. Alors, je pensais à votre agent de
main-d'oeuvre, qui est dans le bureau d'aide sociale et puis qui va essayer de
trouver du travail pour l'assisté social qui va se présenter. Il
n'est pas encore un assisté social, mais ça va être tentant
pour le député de dire à celui qui vient à son
bureau pour avoir du travail et qui est en chômage.
Ecoute, fais une demande au ministère des Affaires sociales,
l'agent de main-d'oeuvre est là, il va te trouver un emploi. S'il ne
peut pas te trouver un emploi, tu vas bénéficier de la Loi de
l'aide sociale. Il y a toujours les travailleurs marginaux et je me pose la
question: Jusqu'où va aller la possibilité de travail et la
puissance d'initiative de l'agent de main-d'oeuvre qui sera dans le bureau?
Jusqu'où vont aller ses possibilités, à lui, dans son
travail, pas seulement chez les assistés sociaux? Il est là, dans
le bureau d'aide sociale, mais j'imagine qu'il va falloir qu'il en place
d'autres que des assistés sociaux aussi qui vont aller là.
M. GARNEAU: Si je comprends bien peut-être que M.
Mérineau pourrait ajouter des explications il prenait soin de
ceux qui arrivaient mais il ne courait pas après
nécessairement.
Je pense, là, qu'on tombe dans la défense des
crédits du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. On pourra
vous faire part des programmes de reclassement préventif qu'on est en
train de mettre sur pied. Entre autres, je peux vous donner un exemple: on a
abordé le problème du quartier Saint-Henri, du sud-ouest de
Montréal, où on a constaté, après plusieurs mesures
ou interventions de reclassement cura-tif à la suite de fermeture
d'usines, qu'on retrouvait la même population, de comité de
reclassement en comité de reclassement. La constatation est que
l'âge moyen de ces travailleurs est de 54 ans, et la scolarité
moyenne de quatre ans.
Evidemment, les moyens ordinaires de reclassement ne suffisent pas, les
moyens ordinaires de formation ou de recyclage ne suffisent pas. Nous
entreprenons une action globale auprès de cette population en vue d'une
méthode de reclassement préventif, si vous voulez; même
s'ils ont un emploi, on va essayer de les hausser soit par des programmes de
formation en industrie, des programmes de formation en cours d'emploi, cours du
soir, perfectionnement quelconque, de les amener à s'aider en vue d'une
évolution sur le marché du travail.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce qu'il y aurait d'autres
questions sur le programme 4?
M. ROY (Beauce): Je demanderais à l'honorable ministre
c'est une question un peu particulière pourquoi ces demandes de
crédit ont été faites au ministère des Finances
plutôt, par exemple, qu'au ministère des Affaires sociales ou
encore au ministère du Travail?
M. GARNEAU: C'est un peu à cause de la structure des programmes
dans le cadre d'un budget par programme. Les fonds, par exemple, les $5
millions qui sont là, il va peut-être y en avoir une partie qui
sera virée à l'agriculture pour le programme des
érablières, il y en a peut-être une autre partie qui sera
virée aux Terres et Forêts pour des projets qui vont regarder les
Terres et Forêts, au Tourisme, à la Chasse et à la
Pêche ou encore tout simplement des paiements de transfert pour avoir
subventionné, je ne sais pas, une municipalité qui va
avoir mis sur pied un programme X pour favoriser l'emploi des
assistés sociaux. Si on l'avait mis à un ministère, on le
figeait, c'était beaucoup plus difficile de donner une souplesse
à l'utilisation des fonds qu'en les mettant dans une provision
générale; le comité qui dirige l'opération va nous
dire: On va réaliser tel projet dans le cadre du ministère de
l'Agriculture, il faut virer $150,000 des $5 millions au poste 3-4 de
l'Agriculture pour qu'ils puissent faire le paiement.
Nous, on ne fera pas les paiements directement au ministère des
Finances, on va les virer dans les budgets appropriés des
ministères pour que les paiements soient faits suivant les
crédits, la structure générale des programmes et les
raisons pour lesquelles ces crédits-là sont votés. C'est
pour donner une plus grande souplesse. Normalement, l'élément 3
devait être placé au secteur de la main-d'oeuvre, au
ministère du Travail, et à cause de ces difficultés de
transfert, parce que ce n'est pas la raison d'un budget voté au
ministère du Travail que de virer 10 p.c. en Agriculture, 25 p.c. aux
Affaires municipales ou 15 p.c. au Tourisme, à la Chasse et à la
Pêche, c'est pour donner une plus grande souplesse à
l'administration du programme, parce qu'on ne voulait pas qu'il y ait des
entraves uniquement pour des raisons administratives. C'est la seule raison
pour laquelle on l'a mis aux Finances; autrement, on l'aurait mis au
ministère du Travail.
C'est la même chose, d'ailleurs, pour l'élément 4,
les placements étudiants; cela s'inspire exactement des mêmes
exigences techniques, ce qui explique pourquoi on a mis cela dans la
réserve générale.
M. ROY (Beauce): Disons que cette question m'est venue à
l'idée à l'instant même où on a proposé cette
demande de crédits supplémentaires à l'Assemblée
nationale. Je me référais aussi à un article paru dans le
journal Le Soleil le 7 février 1973 dans lequel on parle du gouvernement
parallèle du ministre Garneau. Je ne sais pas si le ministre a lu cet
article, mais on parle d'un déplacement de pouvoir. "Dans les milieux
gouvernementaux je cite deux paragraphes de l'article et j'aimerais que
le ministre nous donne des précisions là-dessus pour calmer nos
inquiétudes...
M. GARNEAU: Peut-être qu'on pourrait discuter de cela quand on va
arriver aux crédits du Conseil du trésor, si le
député de Beauce n'a pas d'objection.
M. ROY (Beauce): On pourrait peut-être revenir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le Conseil du trésor, oui.
M. ROY (Beauce): C'est là qu'on parle du pouvoir
parallèle.
M. CLOUTIER (Montmagny): On appelait cela le tsarisme, un certain
temps.
M. GARNEAU: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): S'il n'y a pas d'autre question,
adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Programme 5, gestion interne et
soutien.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, il y a certains sujets
de portée plus générale. On aurait pu en discuter à
la catégorie 1, mais je pense que les questions peuvent se poser aussi
bien là au programme 5.
Loto-Québec
M. CLOUTIER (Montmagny): II s'agit de Loto-Québec, de Sidbec,
enfin certains organismes qui relèvent du ministère des Finances.
Est-ce que le ministre des Finances pourrait nous dire je comprends que
les prévisions pour la prochaine année de la
Société des loteries et courses sont de $42 millions de revenu
ce que représente Loto-Québec dans ça, 99.9
p.c?
M. GARNEAU: Je m'excuse, avant, les prévisions...
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans les prévisions des revenus pour le
prochain exercice, Société des loteries et courses, $42 millions;
qu'est-ce que représente Loto-Québec dans ces $42 millions?
Est-ce tout, 100 p.c.
M. GARNEAU: Cela vient des trois loteries, Super-Loto, Inter-Loto,
Mini-Loto plus Loto-Perfecta.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors il s'agit...
M. GARNEAU: C'est l'ensemble du paquet, les revenus qui vont nous
être transférés de Loto-Québec sont estimés
à $42 millions et cela comprend les quatre loteries que dirige
Loto-Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): II s'agit d'une augmentation de $5 millions en
chiffres absolus par rapport à l'année précédente.
Quel est l'accroissement de chacune des loteries? Est-ce qu'il y en a une en
particulier qui ne donne pas le...
M. GARNEAU: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense à Loto-Perfecta, est-ce que
ça répond...
M. GARNEAU: Cela a répondu davantage à nos analyses de
départ. Lorsque la direction de Loto-Québec nous est
arrivée avec ce projet de Loto-Perfecta, on avait fait des estimations
de vente pour des billets de cette loterie qui s'appelle Loto-Perfecta, parce
que c'est une loterie, ce n'est pas un tiercé. On estimait les ventes
hebdomadaires comme un succès si elles atteingnaient quelque chose comme
$325,000 ou $350,000 par semaine, et la moyenne se situe aux environs
actuellement de $625,000 ou $650,000 ; et on est même allé
à $700,000, on a dépassé un peu les $700,000 une fois.
C'est donc dire que les recettes ou l'accueil que le public a fait à
cette nouvelle loterie a été considérable. Cela augmente
de façon continue. Ce qui est assez surprenant, c'est qu'on croyait, un
moment donné, que Loto-Perfecta pourrait affecter un peu la Mini-Loto,
qui est également une loterie hebdomadaire, mais au contraire la
Mini-Loto a continué d'augmenter, a même pris un nouvel essor
à la suite du lancement de Loto-Perfecta. Il y a donc certainement un
désir de la population de participer à un jeu de hasard qui a
été plus grand que ce que nous pensions.
M. CLOUTIER (Montmagny): On a posé beaucoup de questions, le
ministre en a entendu à la télévision et ailleurs, j'en ai
entendu moi-même, sur les possibilités de fraude ou de trucage
dans le cas de Loto-Perfecta; est-ce qu'il y a eu des vérifications de
faites? Est-ce que c'est possible? On parle de regroupement de paris et ainsi
de suite.
M. GARNEAU: Moi, je dirais que c'est impossible, totalement impossible
pour deux raisons. La première est que les numéros
attachés aux chevaux y sont attachés au moment où les
paris ont cessé, de telle sorte que si vous, par exemple, vous voulez
choisir les numéros 4 2 5 3 qui seraient les quatre chevaux gagnants, le
numéro 4, le cheval qui porte le numéro 4, on ne sait pas lequel
va porter le numéro 4. C'est tiré au hasard une demi-heure ou
trois quarts d'heure avant la course, au moment où les paris ont
cessé. De même que la position de départ des chevaux,
même s'il y avait une hésitation pour ce qui est du tirage au
hasard, le cheval qui porte le numéro 4, il ne part pas
nécessairement en quatrième position, il peut partir en
sixième ou en septième position. Ainsi le mariage de ces deux
éléments de hasard fait que c'est impossible pour les jockeys,
même s'ils le voulaient, d'arranger la course, parce qu'ils ne savent pas
d'un autre côté qui a gagé, on ne donne pas les "odds".
Alors, c'est réellement impossible à truquer une course comme
ça.
Pour ce qui est des billets, comme vous le savez, ils sont en trois
copies et chaque billet, quand il arrive à Loto-Québec, est
photocopié. Tous les billets sont placés sur microfilm, de telle
sorte que, si un bonhomme arrive par exemple avec la copie du billet et qu'il
avait changé un numéro dessus, on peut aller voir sur l'original
qui était détenu par celui qui a validé le billet, parce
qu'une des copies de l'original est entre les mains de Loto-Québec.
Ainsi, ils peuvent vérifier si le bonhomme a fait une marque sur son
billet après coup.
Un certain nombre de contestations ont été placées
devant Loto-Québec. Mais je pense qu'ils ont tous les
éléments en main pour être capables de contrôler les
fraudes qui pourraient être tentées de ce côté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, le mécanisme est parfaitement
étanche.
M. GARNEAU: A mon sens, je ne vois pas comment un type, aussi habile
puisse-t-il être, puisse truquer cela. Si on fait des comparaisons avec
le M. X, en France, sur le tiercé, cela peut être différent
parce que là il gage, non pas sur un numéro qui est
déterminé au hasard, mais sur des chevaux mêmes. Ainsi il
se pourrait peut-être, éventuellement, que, chaque jockey
connaissant sa position de départ, connaissant ses concurrents d'avance,
non seulement les chevaux mais les jockeys, il pourrait peut-être,
théoriquement, tenter d'organiser une course. Mais, comme tous les
éléments de hasard que je viens de mentionner existent, je ne
vois réellement pas comment on pourrait truquer une course de
Loto-Perfecta.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre avait répondu, au
feuilleton, à une question posée par le député de
Lafontaine, le 21 février 1973. Il donnait la liste de tous les
responsables, locaux et régionaux, de Loto-Perfecta. Est-ce que,
maintenant, tout le système est établi? Est-ce que les valideuses
sont toutes en activité? Est-ce qu'il y a encore des régions qui
ne sont pas couvertes?
M. GARNEAU: Je ne pourrais pas répondre précisément
à la question du député de Montmagny. Je ne sais pas s'il
y a encore des régions où il n'y aurait pas du tout de valideuse.
Je ne m'attendais pas à ce type de question ce matin. Mais je pourrais
certainement obtenir les réponses.
Ce que je sais, c'est que la fabrication de ces valideuses, qui ont
été commandées spécialement par Loto-Québec,
a augmenté considérablement. On a commencé, je pense, avec
400 valideuses. Et, de mémoire, je pense qu'on est rendu à 1,400
ou 1,500 valideuses, qui sont réparties à travers le
Québec. Je pense que l'objectif était de 2,000 valideuses. Mais
là elles sont réparties à la grandeur du Québec. On
avait commencé par les grands centres urbains. De mémoire, je
pense que même les Iles-de-la-Madeleine, aujourd'hui, sont couvertes par
des valideuses.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vois Rimouski, Gaspé-Nord,
Gaspé-Sud, Bonaventure,
Matapédia. Il y a un responsable. Cela est la liste des
concessionnaires par comté. Je ne sais pas si les Iles-de-la-Madeleine
sont desservies par...
M. GARNEAU: Cela date du mois de février.
M.CLOUTIER (Montmagny): Cela est du mois de février 1973.
M. GARNEAU: Le président de Loto-Québec me disait,
récemment, qu'il envoyait des agents régionaux pour faire
l'inspection aux Iles-de-la-Madeleine. Alors, c'est de là que j'ai
tiré cette conclusion. Mais j'aimerais mieux vérifier et
répondre plus précisément pour ne pas induire cette
commission en erreur. Je vais prendre avis de la question, si vous voulez, et
je pourrai répondre...
M. CLOUTIER (Montmagny): Bon. Alors, est-ce qu'il y a d'autres questions
sur Loto-Québec?
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. ROY (Beauce): Non. Sidbec
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur Sidbec, M. le Président, quelles
sont les prévisions? En 1972, le ministre était assez optimiste
pour Sidbec. Est-ce qu'il l'est encore autant?
M. GARNEAU: Bien, on a toujours indiqué que le point tournant
devrait être 1973 et 1974. Cela, je pense que le président de
Sidbec l'a toujours dit dans ses rapports, même au tout début
lorsqu'il a été nommé président de Sidbec et qu'il
avait fait des prévisions. C'étaient 1973 et 1974 qui devaient
être les points tournants.
Le bilan de 1972, je ne sais pas s'il a été
déposé à l'Assemblée nationale. Je ne me rappelle
pas si je l'ai déposé. Je sais que l'assemblée des
actionnaires et le conseil d'administration ont approuvé le bilan. Mais,
si je prends l'expérience des premiers mois de 1973, je pense pouvoir
dire, en me croisant les doigts, que les prévisions du président,
qu'il a faites depuis le début, vont s'avérer exactes.
C'est-à-dire que Sidbec pourrait atteindre le seuil de
rentabilité en 1973, faire soit une légère perte ou un
léger profit, et que 1974 devrait marquer le point tournant. Mais c'est
une rentabilité qui, pour demeurer et persister, devra être
accompagnée d'investissements additionnels, surtout du côté
de l'approvisionnement des matières premières, le minerai de fer,
et également des investissements à Contrecoeur même pour
rendre Sidbec véritablement en position de concurrence sur le
marché canadien et nord-américain.
M. CLOUTIER (Montmagny): La convention collective est signée?
M. GARNEAU: Les nouvelles qui ont paru dans les journaux étaient
à l'effet que le problème était réglé. Cela,
je sais que c'était un point d'interrogation qui pesait lourdement sur
le conseil d'administration parce qu'une grève de quelques mois aurait
compromis véritablement la situation pour 1973, qui s'annonçait
bonne.
On sait que la plupart des aciéries, depuis le début de
1973, fonctionnent toutes presque à plein rendement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre des Finances a
l'occasion de rencontrer le président de Sidbec à intervalles
réguliers?
M. GARNEAU: Oui, je le rencontre, Sidbec, également, doit avoir
dans son conseil d'administration des personnes qui sont choisies parmi les
fonctionnaires. Jusqu'à son départ, Michel Bélanger
était un de ces fonctionnaires. Evidemment, comme il était dans
Sidbec depuis le tout début, il connaissait très bien les...
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas dans celle de M. Filion.
M. GARNEAU: II a été, depuis le début, dans le
comité même qui a étudié avec le Conseil
économique du Québec, dans le temps de M. Parenteau et M.
Joubert, je crois, même. Evidemment, j'avais souvent des conservations
avec lui et avec le président. Maintenant, M. Bélanger ayant
démissionné pour assumer la présidence de la Bourse de
Montréal, c'est M. Guy Coulombe, secrétaire du Conseil du
trésor, qui a été nommé pour le remplacer.
J'entends garder le même contact avec M. Coulombe sur le sujet de
Sidbec.
D'ailleurs, j'ai souvent des conservations avec M. Gignac, le
président de Sidbec, et d'autres membres du conseil d'administration. Le
sous-ministre de l'Industrie et du Commerce, M. De Coster, est également
membre du conseil d'administration. J'assiste quelques fois par année
aux réunions du conseil, entre autres à la réunion
annuelle des actionnaires. D'une façon générale, j'essaie
d'assister à une ou deux réunions pour suivre l'évolution
des dossiers.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ma question déborde Sidbec. Alors, s'il
y a d'autres...
M. ROY (Beauce): J'aimerais revenir sur Sidbec. Est-ce que, dans ses
politiques d'achat, le gouvernement a pris certaines dispositions en vue de
faire des incitations ou des recommandations dans différents contrats
qui sont faits par le gouvernement lui-même ou par des entrepreneurs
à la charge du gouvernement?
M. GARNEAU: Partout où c'est possible, oui.
M. ROY (Beauce): Je me souviens, entre autres, d'avoir questionné
M. Gignac, à l'occasion d'une rencontre qui avait eu lieu à une
séance d'une commission parlementaire et M. Gignac m'avait
répondu que le gouvernement du Québec était de plus en
plus conscient qu'il y avait une sidérurgie au Québec. Si on lit
un peu entre les lignes, c'est une phrase qui voulait en dire beaucoup. On a eu
l'impression d'ailleurs, certains chiffres l'ont démontré
par la suite que Sidbec n'avait pas l'encouragement nécessaire,
l'encouragement voulu, l'encouragement normal du gouvernement provincial. Alors
si on ne veut pas que Sidbec fasse comme la régie Renault, comme SOMA,
je pense qu'il est quand même important que le gouvernement, dans ce
domaine, prenne ses responsabilités et apporte certaines
précisions.
Au niveau de l'octroi, par exemple, de certains contrats, est-ce que le
ministre des Finances pourrait nous dire si on exige, par exemple, dans
l'utilisation de matériaux qu'on favorise Sidbec plutôt que de
favoriser toute autre sidérurgie?
M. GARNEAU: A prix égal, il n'y a certainement pas
d'hésitation. Encore là, avant de répondre d'une
façon précise, je voudrais revérifier. D'après les
conversations que j'ai eues avec des gens du ministère de la Voirie,
entre autres pour l'acier d'armature dans la construction d'autoroutes, surtout
lorsqu'il s'agit d'autoroutes surélevées, je sais qu'il y a eu
des discussions avec Sidbec pour voir si les prix pouvaient être
concurrentiels. Partout où c'est possible, on le fait.
Mais, pour répondre d'une façon précise, à
savoir si c'est inclus dans les devis, j'aimerais mieux vérifier
avant.
M. ROY (Beauce): Ce serait bon de vérifier. Les prix
concurrentiels, je comprends que c'est un principe de base, un principe
fondamental. Pour y déroger, il faut avoir des raisons
particulières et des raisons qu'on sera en mesure de justifier.
M. GARNEAU: Surtout lorsqu'il s'agit de soumissions publiques.
M. ROY (Beauce): C'est cela.
M. GARNEAU: Lorsque, par exemple, ils obtiennent un contrat par voie de
soumission publique, évidemment, les soumissionnaires ont
déposé leurs prix en tenant compte d'un approvisionnement
à des prix qu'ils peuvent évaluer. Là, c'est un peu plus
complexe de les obliger à acheter telle ou telle matière
première.
M. ROY (Beauce): Parce qu'au niveau des prix, il y a toujours des
entreprises qui peuvent, lorsqu'il s'agit d'un contrat extrêmement
important, compter faire un certain profit, alors que d'autres entreprises vont
calculer l'affaire comme étant un contrat qui leur permet
d'éviter une période creuse. Il est évident qu'à ce
moment-là, dans les cotations...
M. GARNEAU: Ce que je peux dire au député de Beauce, c'est
que le rôle joué par Sidbec, en termes de l'évolution des
prix de l'acier, au Québec, a été considérable.
Et je n'hésite pas à dire que, n'eût
été de l'existence de Sidbec, le prix de l'acier chez nous serait
peut-être un peu plus élevé. Je peux vous dire que,
même si Sidbec n'a pas l'ampleur de Stelco ou d'une grande
sidérurgie, le poids qu'elle peut exercer sur l'évolution des
prix est très important. Sur ça, je pense qu'évidemment le
président de Sidbec pourrait être en mesure d'élaborer avec
beaucoup plus de certitude ou d'assurance que je peux le faire. C'est
certainement le genre de réponse qu'il vous ferait et il pourrait vous
citer des exemples du rôle joué par Sidbec.
D'ailleurs, il en a fait longuement écho dans des conversations
que j'ai eues antérieurement avec lui et au conseil d'administration, le
rôle de Sidbec a été certainement un élément
important pour le maintien des prix de l'acier au Québec.
M. ROY (Beauce): J'espère que le gouvernement tient et tiendra
compte davantage des recommandations.
M. GARNEAU: C'est d'ailleurs pourquoi on avait, compte tenu de ce
rôle et aussi de l'importance que peut avoir l'industrie
sidérurgique dans une économie, augmenté d'une
façon quand même appréciable les investissements à
Sidbec. Si on avait la possibilité de doter Sidbec d'un capital-actions
versé dans une même année, ça faciliterait
drôlement l'état de profits et pertes de Sidbec. Il n'y a nul
doute là-dedans.
Actuellement, on verse $12 millions par année dans le
capital-actions auquel on a souscrit. Si on pouvait le verser d'un coup, c'est
évident que son bilan serait plus fort et peut-être aussi que la
rentabilité de Sidbec paraîtrait plus rapidement.
M. JORON: M. le Président, je serais tenté de demander au
député de Beauce, lui qui est membre d'un parti qui se dit pour
l'entreprise privée et contre l'entreprise d'Etat, s'il est satisfait du
rôle que cette société d'Etat a joué dans
l'évolution économique du Québec. Le ministre a fait
allusion à l'influence que ça a eu sur la baisse des prix de
l'acier.
Est-ce que le député de Beauce estime que si on n'avait
pas fait appel à l'entreprise d'Etat, c'est-à-dire si l'Etat
n'était pas intervenu, on aurait aujourd'hui une aciérie
intégrée au Québec? Je serais curieux de l'entendre
là-dessus.
M. ROY (Beauce): Je veux tout simplement rassurer... Est-ce que le
règlement le permet, M. le Président?
M. BACON: Consentement unanime.
M. GARNEAU: II y aurait certainement unanimité de notre
côté.
LE PRESIDENT (M. Croisetière) : Si le député
désire y répondre, le règlement le permet.
M. ROY (Beauce): Je pense que, lorsque le gouvernement a
présidé à l'organisation d'une sidérurgie
intégrée...
M. GARNEAU: C'est enregistré, à part ça.
M. ROY (Beauce): ... au Québec, il a oeuvré dans un
domaine où il n'y avait pas tellement d'entreprises
québécoises. Je pense qu'il faut faire une distinction, et c'est
très important de la faire. Nous n'avons jamais nié et
nous n'avons pas l'intention de nier non plus la
nécessité, à un moment donné, pour le gouvernement
de prendre des responsabilités dans certains domaines, là
où c'est nécessaire.
Mais si on veut faire une comparaison, je dirai tout simplement que,
dans les sociétés d'Etat que nous avons eues au Québec,
les expériences n'ont pas été heureuses dans bien des
domaines. Je veux bien croire l'honorable ministre des Finances, tout ce qu'il
nous a dit tout à l'heure, parce que ses paroles à lui aussi sont
enregistrées dans le journal des Débats. Nous pourrons
certainement vérifier.
M. GARNEAU: Continuez à répondre au député
de Gouin.
M. ROY (Beauce): S'il y a une expérience, à un moment
donné, nécessaire je dis bien nécessaire
dans un domaine particulier, nous n'avons jamais dit et prôné le
contraire. Mais l'Etat et je vais faire un parallèle avec la SGF
se lance parfois dans des aventures je dis bien dans des
aventures avec les capitaux, les deniers des contribuables
québécois pour concurrencer des entreprises existantes. Mais dans
un certain domaine ça a servi à protéger des
intérêts particuliers, de personnes qui pouvaient peut-être
avoir des problèmes de règlement de succession ou qui
étaient intéressées à se départir de
certaines entreprises pour aller se lancer dans d'autres domaines.
Pour répondre à la question du député de
Gouin, j'aimerais quand même lui dire à ce moment que, si on veut
engager un débat de cette nature, il y aurait beaucoup de choses
à dire, il faudrait prendre les cas un par un. Nous avons toujours dit
et nous le soutenons encore que l'entreprise privée a
toujours été celle qui a donné le meilleur rendement, les
meilleurs services.
Mais il faut bien ajouter et ça j'y tiens, M. le
Président que lorsque nous sommes rendus à faire face
à des monopoles, à des cartels qui appartiennent aux
étrangers, aux entreprises multinationales, et qu'à ce
moment-là ces cartels exploitent la population, je dis que c'est au
gouvernement à prendre ses responsabilités et qu'il se doit
d'agir. Dans un gouvernement créditiste, on agira aussi souvent que ce
sera nécessaire.
M. GARNEAU: Monsieur, le Parti créditiste...
M. ROY (Beauce): Que ce sera nécessaire!
M. GARNEAU: ... ne s'objecte pas en principe à la formation de
sociétés d'Etat? Si je comprends bien, c'est ça le sens de
l'argument? Mais, cas par cas, selon les situations, le Ralliement
créditiste n'aurait pas objection à ce que l'Etat intervienne
directement pour contrôler des entreprises et avoir des
sociétés d'Etat? C'est ce que je comprends.
M. ROY (Beauce): Bien voici, un instant, M. le ministre!
M. GARNEAU: C'est ça que vous avez dit.
M. ROY (Beauce): Un instant! J'ai bien dit qu'il peut se trouver,
à un moment donné, des secteurs particuliers où c'est
nécessaire. Je pense qu'il faut quand même être logique et
il ne faut pas charrier non plus et nous faire dire des choses qu'on ne veut
pas dire.
M. GARNEAU: C'est ça que vous avez dit.
M. ROY (Beauce): L'honorable ministre et le député de
Gouin ont très bien compris les propos que nous avons tenus à
différentes occasions et que d'autres de mes collègues ont tenus
à certaines occasions. Ces propos n'ont rien de contradictoire. Lorsque
la société Sid-bec a déposé un mémoire
à la commission parlementaire, il y a deux ans, je crois, au moment
où la loi a été modifiée, je m'étais fait un
devoir d'assister à la séance de la commission; d'ailleurs,
c'était sur une de nos propositions que la commission parlementaire
avait siégé pour qu'on entende le représentant de Sidbec.
Je me souviens, je pense que c'était quelques jours avant l'ajournement
de nos travaux, avant les Fêtes.
M. GARNEAU: Ne vous éloignez pas du fond de la question! C'est le
fond de la question qui m'intéresse.
M. ROY (Beauce): Non, non, le fond de la question, je suis bien à
l'aise pour vous répondre: dans le cas où c'est
nécessaire. Mais, M. le Président, Sidbec n'a pas encore atteint
le seuil
de la rentabilité, je tiens à le dire. Et je tiens
à dire également qu'il n'est pas prouvé non plus que
Sidbec atteindra le seuil de la rentabilité. J'ai bien dit tantôt
qu'il faudra à ce moment-là s'interroger et vérifier les
propos du ministre, ce matin, qui sont optimistes et nous permettent de croire
que Sidbec sera rentable.
M. GARNEAU: Est-ce que le...
M. ROY (Beauce): Mais, M. le Président... un instant! Un
instant!
M. GARNEAU: ... député de Beauce suggérerait qu'on
vende Sidbec?
M. ROY (Beauce): Je ne parle pas de vendre Sidbec ce matin, je ne parle
pas de le garder non plus. C'est-à-dire que je ne parle pas de le garder
ou de le vendre. Je ne parle pas de ces choses-là. Je dis que dans le
cas de Sidbec, à l'heure actuelle, le ministre pourra intervenir, pourra
dire ce qu'il voudra, mais il est encore trop tôt pour se faire une
idée précise, pour voir si la position que le gouvernement a
prise là-dedans était véritablement la meilleure dans les
circonstances. Parce que si Sidbec a contribué à la baisse du
prix de l'acier, à ce que dit le ministre...,
M. GARNEAU: Je n'ai pas parlé...
M. ROY (Beauce): ... il demeure quand même qu'il y aurait
peut-être...
M. GARNEAU: M. le Président, je ne voudrais pas être mal
interprété. Le rôle de Sidbec a été un
rôle de freinage dans l'augmentation des prix. Je ne dis pas que
ça a fait baisser le prix. C'est un peu comme le rôle des
coopératives dans le domaine agricole, lorsque les coopératives,
par exemple, qui fabriquent des moulées pour les cultivateurs, sont
venues en concurrence avec les entreprises privées; souvent le
rôle de la coopérative a été de maintenir, de
stabiliser les prix à un niveau plus bas qu'ils auraient
été autrement s'il n'y avait pas eu le mouvement
coopératif dans certains secteurs. C'est un peu dans le même sens
que j'ai parlé de Sidbec. Je ne dis pas que Sidbec a fait baisser le
prix de l'acier, il a certainement joué dans le sens d'une augmentation
beaucoup moins rapide qu'autrement.
M. ROY (Beauce): Mais il y aurait peut-être eu un autre domaine
où le gouvernement aurait pu travailler, lorsqu'on regarde, par exemple,
le minerai de fer qui prend la direction des Etats-Unis. Si on avait pris des
dispositions à ce moment-là, peut-être pour obliger ceux
qui viennent exploiter notre minerai de fer à Québec à
construire des sidérurgies au Québec, le gouvernement n'aurait
pas été obligé d'investir lui-même. Parce que je dis
et je répète encore que le cas de Sidbec est un cas particulier
mais qu'à ce jour il est trop tôt pour se faire une opinion
précise à savoir si le gouvernement a bien agi dans ce domaine.
On se rappellera il y a deux ans et je prends les paroles qui ont
été dites par le cabinet à l'Assemblée nationale
"enfin SOMA a atteint le seuil de la rentabilité, SOMA a
doublé sa production". Trois mois ou quatre ou cinq mois plus tard, on
apprend que la moitié des automobiles fabriquées par SOMA
n'avaient pas été vendues. Elle avait atteint le seuil de la
rentabilité au point de vue de production, mais on ne s'était pas
préoccupé de la vente, avec les résultats qu'on
connaît aujourd'hui.
Alors, il n'y a encore rien qui me permette de croire que Sidbec est une
bonne chose. Pour ce qui a trait aux sociétés d'Etat...
M. GARNEAU: Vous changez de secteur là.
M. ROY (Beauce): ... et là je vais répondre au ministre
on change de secteur mais c'est le même principe.
M. GARNEAU: Non, mais...
M. ROY (Beauce): C'est le même principe qui prévaut dans la
SGF, c'est le même principe qui prévaut dans le cas de SOMA, c'est
le même principe qui prévaut dans le cas de Sidbec. N'importe
quelle société d'Etat...
M. GARNEAU: ... si c'est bon ou si c'est rentable, on...
M. ROY (Beauce): Les sociétés d'Etat, il n'y en a pas
encore une dans la province de Québec qui ait été
rentable.
M. GARNEAU: Voyons donc! UNE VOIX: Et l'Hydro-Québec?
M. ROY (Beauce): L'Hydro-Québec a été rentable avec
l'augmentation des taux d'électricité, avec le $1.5 million des
Américains... Un instant!
M. GARNEAU: Les taux d'électricité sont encore plus bas
qu'à bien d'autres endroits au Canada, puis aux Etats-Unis.
M. ROY (Beauce): Bien oui, mais il faut tenir compte de la consommation;
il faut tenir compte du coût de production aussi.
M. GARNEAU: Ah oui, on en tient compte également, quand on dit
ça.
M. ROY (Beauce): II y a bien des facteurs qui entrent en ligne de
compte. Alors, même si les paroles optimistes du ministre ce matin sont
à l'effet que Sidbec serait une affaire rentable, je ne suis pas encore
vendu je tiens bien à le dire aux sociétés
d'Etat.
M. JORON: Le député de Beauce emploie souvent l'exemple de
la SGF, puis il se rabat sur SOMA, en fait, qui était loin d'être
une des filiales les plus importantes de la SGF. Il y en a qui sont
drôlement rentables, Marine Industrie, par exemple. Est-ce que le
député de Beauce aurait préféré que la
famille qui contrôlait Marine Industrie la vende à Crucible Steel
des Etats-Unis? Est-ce que le député de Beauce pense que le fait
que ce soit une société d'Etat québécoise qui ait
pu conserver le contrôle de Marine Industrie, qui est une des industries
secondaires les plus importantes au Québec, n'a pas été
bénéfique là aussi?
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Je vois que les questions se
dirigent d'un député à l'autre. C'est bien
intéressant tout ça, mais...
M. ROY (Beauce): J'aurais des choses à dire dans le cas de...
LE PRESIDENT (M. Croisetière): ...cela pourrait peut-être
faire l'objet d'une discussion entre deux ou trois membres.
M. ROY (Beauce): Oui, on aurait d'autres choses à dire
là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Alors, sur le programme ici,
est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. ROY (Beauce): On prendra les bilans à un moment
donné.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): La question des assurances, c'est à ce
programme; il n'en reste qu'un pour en parler. Il y a le programme 6, c'est le
seul.
M. GARNEAU: Vous parlez du contrôleur des assurances.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bien, toute la question des assurances
ça relève du...
M. GARNEAU: C'est à l'intérieur de ce
programme-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voici la question que je voudrais poser au
ministre. Le ministre des Finances est responsable des assurances pour
l'ensemble des ministères, à moins que je ne me trompe. Il y a un
ministère qui fonctionne en marge de cette politique
générale; c'est le ministère de la Justice. Est-ce qu'il y
a une raison pour ça? Le ministère de la Justice demande ses
assurances, je pense, isolément.
M. GARNEAU: A ma connaissance, non, mais c'est bien possible que, dans
un devis, une soumission publique soit demandée par l'entremise des
journaux pour le ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais, d'après les informations que
j'ai ici, ce serait le seul ministère, la Justice. C'est pour cela que
je demande s'il y a une raison particulière pour que le ministère
de la Justice fonctionne isolément.
M. GARNEAU: En autant que je crois savoir...
M. CLOUTIER (Montmagny): En tout cas, est-ce que le ministre pourrait
prendre avis de la question...
M. GARNEAU: Peut-être la Sûreté. Je vais
vérifier.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...faire des recherches là-dessus pour
savoir si c'est exact, d'abord, qu'il fonctionne isolément, puis, si
c'est vrai, pourquoi ça fonctionne ainsi?
M. GARNEAU: Comme le mentionne le sous-ministre, M. Goyette, nous on
achète les assurances, on coordonne la transaction, mais c'est
payé par les ministères. Je vais vérifier pour voir s'il y
aurait eu des demandes.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce qu'apparemment, dans les appels
d'offres, le ministère de la Justice serait le seul qui fonctionnerait
isolément des autres, de la politique d'ensemble du gouvernement. En
tout cas pour les véhicules automobiles ce serait peut-être
seulement pour ça pour la Sûreté du
Québec.
M. GARNEAU: Non, parce que, pour les véhicules automobiles, des
polices ont été tran-sigées par le contrôleur des
assurances. Je vais vérifier, puis je pourrais peut-être donner la
réponse par écrit au député de Montmagny, avec des
copies aux autres membres de la commission.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'information qu'on me donne ici, c'est que le
ministère de la Justice ne demanderait pas de soumission et ne
fonctionnerait pas suivant la formule.
M. GARNEAU: C'est la première nouvelle que j'en ai; je vais
vérifier.
M. ROY (Beauce): Dans un des éléments du programme 5,
à la catégorie 4, Services, à la page 11-10, dans la
ventilation des crédits, vous avez $175.9 millions comparativement
à $91.7 millions l'année dernière.
M. CLOUTIER (Montmagny): II n'y a pas de millions.
M. ROY (Beauce): $175,900, excusez-moi.
Le ministre des Finances nous amène tellement de millions qu'on
ne voit que cela.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Ventilation des crédits,
catégorie 4.
M. GARNEAU: La question que vous posez, c'est quoi?
M. ROY (Beauce): C'est de quoi il s'agit, $175,900? En quoi consistent
ces services? Il y a un autre montant de $49,000, c'est applicable aussi. Le
montant de $49,000 est expliqué ici, c'est l'assurance collective
garantie pour tenir lieu de cautionnement des fonctionnaires ou employés
publics.
M. GARNEAU: Dans la catégorie 4, il y a des services
scientifiques et j'avais indiqué, lorsque nous avions
étudié le programme no 1, que la réserve pour des
recherches spéciales au cours de l'année avait été
placée dans le programme de gestion interne, plutôt que dans le
programme de recherche économique et fiscale.
L'un des éléments est justement cette réserve pour
des recherches. Pour la formation et l'enseignement, il y a une
prévision de $30,000 pour l'assurance des véhicules automobiles:
$2,200; pour les cotisations versées à des associations et les
abonnements à différentes revues, $4,000. En fait, ce sont les
principaux points qui regroupent les $175,000 dont à peu près
$100,000 sont une réserve pour de la recherche sur des problèmes
qui pourraient se présenter au cours de l'année et,
évidemment, qu'on ne peut pas prévoir en entier au
début.
M. CLOUTIER (Montmagny): II est midi et demi, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Nous ajournons à une
heure.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on ajourne à une heure?
M. GARNEAU: Oui, d'autant plus que cet après-midi on ne peut pas
revenir en commission.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): On m'informe que c'est possible,
que le règlement le permettrait.
M. ROY (Beauce): II n'y a qu'une commission parce que nous allons
continuer l'étude du bill 9 à l'Assemblée nationale.
M. GARNEAU: Le bill 9. On m'avait dit que cet après-midi, ce
serait... Est-ce une information qu'on vient de vous transmettre?
LE PRESIDENT (M. Croisetière): On vient de m'informer qu'en vertu
du règlement il pourrait y avoir deux commissions. C'est la
première nouvelle que j'en ai.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce qu'on sera en commission
plénière, en haut.
M. GARNEAU: Peut-être bien que c'est à cause de cela.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): C'est la raison.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, je n'ai pas d'objection,
je pensais qu'on ajournait à midi et demi. Je n'ai pas d'objection
à continuer parce qu'on a le temps...
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A tout événement, il
y a possibilité...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... de tout passer à part le Conseil du
trésor.
M. GARNEAU: S'il n'y avait pas d'objection, peut-être même
qu'on pourrait étirer jusqu'à une heure cinq, une heure dix si on
peut finir. Il resterait seulement le Conseil du trésor et on ne serait
pas obligé de faire revenir tous les fonctionnaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, je n'ai pas d'objection.
M. ROY (Beauce): Cela va.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur les assurances, est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. ROY (Beauce): Non, je n'ai pas d'autre question sur les
assurances.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): D'autres questions sur le
programme 5?
M. ROY (Beauce): Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur le programme 5, oui.
Sociétés de la Couronne
M. CLOUTIER (Montmagny): On a juste effleuré le sujet au cours de
l'étude des crédits et je voudrais demander au ministre ce que
sera sa politique sur les corporations, les sociétés de la
couronne. Le ministre a annoncé qu'il voulait réétudier
toutes les structures, la législation et qu'il pourrait peut-être
les modeler sur l'entreprise privée. On a juste effleuré,
à un moment donné, le sujet et je voudrais savoir si le ministre
pourrait aller plus loin dans sa réponse.
M. GARNEAU: Sur la structure, non, pas maintenant, quoique le
comité de la réforme administrative, que je préside, ait
fait un certain
nombre de travaux qui pourraient déboucher éventuellement
peut-être sur des lois. Celle qui me parait devoir possiblement
être présentée à cette session-ci est celle que
j'avais annoncée lorsque nous avions présenté la Loi de
l'administration financière. Je pense que c'est le député
de Beauce qui m'a posé cette question en Chambre il y a une dizaine de
jours.
J'avais indiqué, lors de la présentation de la Loi de
l'administration financière, que nous aurions éventuellement une
annexe à cette Loi de l'administration financière qui
déterminerait le type de relations qui doivent exister entre le
gouvernement et les sociétés d'Etat en ce qui regarde
l'administration de ces sociétés d'Etat sur le plan financier.
Par exemple, jusqu'à quel montant une entreprise d'Etat peut-elle
investir sans avoir, au préalable, l'autorisation du conseil des
ministres ou du Conseil du trésor? Le travail, de ce côté,
est passablement avancé; il y a même eu un avant-projet de texte,
qui a la forme d'un texte législatif et qui doit être
étudié au conseil des ministres et au comité de
législation quand le programme législatif le permettra. Pour ma
part, j'espère qu'on pourra procéder à l'étude de
cette loi à l'automne; sinon, ce sera le printemps prochain. Le texte
est assez avancé. Plus loin que cela, je ne veux pas prendre d'autres
engagements.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il sera déposé avant
l'ajournement d'été?
M.GARNEAU: S'il doit être étudié à l'automne,
il sera déposé avant l'ajournement d'été pour
donner le temps aux députés qui voudront le faire de
l'étudier plus en profondeur pour la discussion à l'automne;
sinon, il sera peut-être déposé à l'automne et
étudié au printemps. C'est un texte assez complexe.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce serait surtout pour les investissements des
sociétés d'Etat.
M.GARNEAU: Les relations au point de vue des programmes d'investissement
aussi. Je pense bien que l'idée serait d'avoir pour les
sociétés d'Etat, de la même façon qu'on l'exige
maintenant pour les ministères, des prévisions triannuelles de
dépenses, de fonctionnement et d'investissement, suivant une relation
juridique qui serait déterminée par la loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela pourrait couvrir combien de
sociétés d'Etat?
M.GARNEAU: Tous les secteurs qui sont parapublics. Cela inclurait les
sociétés comme Sidbec, Soquem, Soquip, la Traverse de
Lévis, etc.
M. CLOUTIER (Montmagny): La seule qui est obligée de le faire,
c'est l'Hydro-Québec, dans le moment?
M.GARNEAU: L'Hydro-Québec doit avoir un programme mais je pense
que la seule qui est véritablement obligée de le faire est la
Société des alcools.
Le nouveau texte de la Société des alcools le
prévoyait d'une façon spécifique. L'Office des autoroutes
aussi, mais ce n'est pas une société d'Etat; c'est une structure
juridique un peu différente. La seule qui réponde à toutes
ces exigences que l'on voudrait voir introduire, c'est la Société
des alcools. Mutatis mutandis, ce seraient à peu près les
mêmes exigences que l'on mettrait en termes de programme de budget
triennal d'investissement et aussi un certain nombre de "guide-lines"
pourraient être données aux sociétés d'Etat et aux
organismes paragouvernementaux pour ce qui est de leurs investissements et de
leurs relations financières.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y aurait des aspects qui
couvriraient également le recrutement du personnel, le rythme
d'accroissement des dépenses, certains contrôles?
M. GARNEAU: Je ne voudrais pas suggérer que des contrôles
d'ordre administratif soient instaurés. Je verrais mal, par exemple,
qu'une société comme l'Hydro-Québec, Sidbec, Soquem ou
même la Société des alcools soit obligée de venir
faire approuver au Conseil du trésor ou au conseil des ministres des
gestes d'administration courante, comme le recrutement de personnel et des
choses comme ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je parle en termes globaux.
M. GARNEAU: Oui, c'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Plutôt de taux d'accroissement.
M. GARNEAU: Je n'irais pas jusque-là, moi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce que, dans le secteur parapublic,
ça va là.
M. GARNEAU: Je n'irais pas jusque-là dans le domaine des
sociétés d'Etat, si on veut leur permettre de concurrencer le
plus alertement possible l'entreprise privée.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a deux sortes de sociétés
d'Etat. Il y a des sociétés d'Etat qui sont directement en
concurrence avec l'entreprise privée. On a mentionné tantôt
Sidbec; vous avez la Société générale de
financement, Soquem, Soquip, Rexfor. Vous avez, d'autre part, la Régie
de l'assurance-maladie, vous avez la Commission des accidents de travail.
M. GARNEAU: C'est pour ça qu'il faut distinguer; on a
disséqué cinq catégories d'organismes paragouvernementaux.
Il y en a qui sont
carrément sous notre contrôle actuellement, comme la
Régie de l'assurance-maladie, par exemple.
M. CLOUTIER (Montmagny): La Régie des rentes.
M. GARNEAU: Ses effectifs doivent être approuvés par le
Conseil du trésor et, pour ce qui est du recrutement, elle doit passer
par la Commission de la fonction publique. Elle a eu, au départ, une
période d'organisation qui lui a permis de passer par-dessus les normes
habituelles pour s'organiser, mais, maintenant, elle est sous notre
contrôle. La Caisse de dépôt en est une aussi qui, au point
de vue des effectifs et du recrutement, doit passer par la Commission de la
fonction publique. Ce à quoi on peut s'attendre en termes de personnel,
pour ce qui est des sociétés d'Etat qui sont en concurrence avec
l'entreprise privée, jusqu'à un certain point, ou des
sociétés d'Etat à capital-actions, ce serait plutôt
à des règlements généraux qui devraient être
ratifiés par le conseil des ministres pour ce qui est de leur politique
de rémunération, comme c'est le cas pour la Société
des alcools. Ce serait un peu dans cette ligne de pensée là qu'on
s'orienterait, beaucoup plus qu'en termes de contrôle, soit de la
Commission de la fonction publique ou du recrutement comme tel. Ce seraient
plutôt les lignes générales, en disant: Vous avez une
politique de rémunération qui est approuvée par le conseil
et, à l'intérieur de cette politique, les sociétés
d'Etat auraient l'entière liberté et l'entière
possibilité d'agir et de prendre leurs propres décisions.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, cet autre aspect ne sera
pas touché dans la première loi.
M. GARNEAU: Non, en termes de structure, ce ne sera pas
touché.
LE PRESIDENT (M. Croisetière) : Programme 5, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Programme 6; traitement
électronique centralisé des données.
M. GARNEAU: C'est l'ancienne opération du CTED qui est couverte
par ce programme. M. Saint-Laurent, qui est directeur du centre, est à
mes côtés. S'il y a des questions techniques, il sera certainement
en mesure de répondre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous donnez des services à
tous les ministères? Non, il y en a qui sont indépendants, il y a
l'Education qui fonctionne seule.
M. GARNEAU: M. Saint-Laurent va répondre à la
question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quels sont les ministères qui ont leur
propre centre?
M. GARNEAU: Le ministère de l'Education, le ministère des
Communications, le ministère de la Voirie, le ministère des
Affaires sociales, le ministère du Revenu, la Régie des
rentes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les autres vous donnent des commandes.
M. GARNEAU: Nous avons 22 clients présentement, ministères
ou organismes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous pouvez fournir ou s'il y a des
périodes de pointe?
M. GARNEAU: On devrait y parvenir.
M. CLOUTIER (Montmagny): II n'y a pas de ministère qui sont
impatients?
M. GARNEAU: Dans tout service d'informatique, on a des clients
impatients.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans l'entreprise, quand on n'a que des clients
impatients d'avoir votre marchandise, c'est parce que vous avez une bonne
marchandise ou, alors, c'est parce que vous avez un monopole.
M. ROY (Beauce): Cela peut dépendre de l'un ou de l'autre.
M. GARNEAU: Non, je pense que...
M. CLOUTIER (Montmagny): Les deux, vous avez une bonne marchandise et
vous avez un monopole.
M. GARNEAU: Evidemment, chaque ministère aimerait toujours
pouvoir contrôler son propre service d'informatique. Mais, on est de plus
en plus conscient du coût que cela représente. D'ailleurs, le
comité qui est chargé de la coordination de tout ça a
été renforcé et les gens du CTED collaborent très
étroitement. Avant d'approuver la création de nouveaux centres,
les questions techniques et les questions de coûts vont être de
plus en plus serrées parce que cela devient une machine
extrêmement coûteuse à administrer.
M. CLOUTIER (Montmagny): On pourrait vous imputer...
M. GARNEAU: La grande partie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, presque tous les crédits
demandés. Est-ce que vous avez, dans vos clients, des régies
gouvernementales?
Est-ce que vous avez la Régie des rentes ou la Régie de
l'assurance-maladie?
M. GARNEAU; Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Elles ont leur propre...
M. GARNEAU : Elles nous utilisent seulement par périodes de
pointe, à l'occasion. La Régie des rentes a cessé
d'être notre client il y a six mois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Elle s'est organisée. C'est quand elle a
eu le transfert des allocations familiales et scolaires, j'imagine.
M. GARNEAU: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez des effectifs. Vous demandez une
quarantaine de personnes...
M. GARNEAU: Du personnel de perforation pour les données de
MOBEC. La moitié de ces postes est déjà comblée et
l'autre moitié des postes sera comblée à la collation des
diplômes de juin.
M. ROY (Beauce): Dans la ventilation des crédits, à la
catégorie 6,...
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Loyers.
M. ROY (Beauce): ... loyers, $1,938,400; en quoi consistent ces loyers?
Est-ce que ce sont les loyers que vous devez payer pour la location dans
d'autres édifices, qui ne sont pas la propriété du
gouvernement?
M. GARNEAU: La location d'ordinateurs et d'équipements de
perforation.
C'est parce qu'on n'achète pas ces équipements-là.
La plupart, d'ailleurs, de ces équipements ne se vendent pas. Ils sont
sur une base locative. La grande partie, sinon la totalité du
$1,900,000, c'est pour la location d'ordinateurs électroniques.
M. ROY (Beauce): Alors, c'est une location d'équipements. Il n'y
a pas de location de locaux...
M. GARNEAU: Non.
M. ROY (Beauce): ... dans les $1,938,000?
M. GARNEAU: Aucun.
M. ROY (Beauce): Maintenant, est-ce que, dans l'équipement que
vous avez, vous avez une seule compagnie qui fournit tout ou si vous faites
affaires avec différentes compagnies?
M. GARNEAU: Présentement, nous avons quatre fournisseurs sur le
plancher. Nous avons IBM, Univac, CBC et la compagnie MAI, qui fournit des
équipements périphériques.
M. ROY (Beauce): Mais le gros vous vient de IBM.
M. GARNEAU: Présentement. D'ici six mois, le gros va venir
d'Univac.
M. ROY (Beauce): Univac.
M. GARNEAU: L'an passé, d'ailleurs, quand on avait
étudié les crédits, est-ce que le contrat était
singé à ce moment-là?
Non. Il a été signé au mois de juin.
Alors, j'avais indiqué qu'il y avait un comité de
spécialistes de formé pour demander des soumissions publiques
pour la location d'ordinateurs. Ils avaient établi tout un cheminement
avec des spécifications très précises. Il y a eu,
effectivement, des soumissions publiques demandées. Le plus bas
soumissionnaire qui satisfaisait aux exigences du ministère a
été Univac. Il y a tout un processus de reconversion des
équipements IBM pour des équipements Univac, à la suite de
la demande des soumissions publiques et de la signature du contrat avec le plus
bas soumissionnaire, qui était Univac.
M. ROY (Beauce): Ces contrats sont d'une durée de combien de
temps?
M. GARNEAU: Celui qu'on vient de signer avec Univac est pour sept
ans.
M. ROY (Beauce ): Sept ans. Celui que vous aviez
précédemment était pour...
M. GARNEAU: Renouvelable toutes les années.
M. ROY (Beauce): Renouvelable tous les ans. Dans les contrats
renouvelables tous les ans maintenant, c'est une chose du passé
est-ce que vous avez eu des changements de prix très forts d'une
année à l'autre? Parce que ce qui peut se produire, c'est un peu
comme dans l'entreprise. Si vous louez pour un an, une fois que vous avez
déjà votre installation et que vous renouvelez pour une
deuxième année, des fois on peut se faire jouer, être
obligé de payer de fortes augmentations sur le loyer.
M. GARNEAU: Dans le domaine des ordinateurs, il y a un
phénomène qui joue en notre faveur. C'est que l'ordinateur
devient de plus en plus puissant et coûte de moins en moins cher. Le
contrat qu'on a signé avec Univac contient une option par laquelle on
pourrait changer d'équipement dans deux ou trois ans d'ici, avec une
basse pénalité. On a jugé, dans le passé, que ce
n'était pas rentable d'acheter, de s'engager pour cinq ans à
venir, mais dans ce cas-ci, étant donné qu'on peut se retirer de
ce contrat et
changer d'équipement, on a jugé que maintenant, il
était rentable de signer un contrat à longue
échéance.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur le Centre des données, cela va.
Avant que nous n'ajournions la séance, sur les questions
générales, j'aurais deux ou trois points. Terre des hommes, je
voulais demander au ministre, je l'avais oublié, est-ce...
M. ROY (Beauce): Avant de revenir aux questions générales,
je m'excuse, parce que j'aurais quelque chose sur les questions
générales, moi aussi...
M. CLOUTIER (Montmagny): Les programmes 7 et 8 ont été
étudiés.
M. ROY (Beauce): ... est-ce que les programmes 7 et 8 ont
été étudiés?
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Oui. M. ROY (Beauce): Très
bien.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Ils ont été
adoptés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au tout début. Pour Terre des hommes,
est-ce que le gouvernement a une contribution pour 73/74?
M. GARNEAU: Oui, pour 73/74, qui sera versée à même
le budget du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
comme par les années passées. Cette année, je sais que
l'entente qui avait été prise avec la ville de Montréal
avait été â l'effet que nous consentions à payer 50
p.c. du déficit, jusqu'à concurrence d'un montant, je crois, de
$5 millions la première année, de $4.5 millions la
deuxième année et de $4 millions la troisième
année. Cette année, de mémoire, je ne sais pas si on
pourrait le voir dans les crédits du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, peut-être que cette question pourrait
être étudiée là aussi, il me semble que c'est $4
millions, cette année, jusqu'à concurrence de...
M. CLOUTIER (Montmagny): $4 millions.
M. GARNEAU : L'an passé, le montant de 50 p.c. du déficit
a été plus bas que le montant maximum que nous aurions pu payer.
Lors de l'analyse des crédits du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, on pourra vous donner...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Est-ce qu'on a posé des conditions
pour la contribution à la ville de Montréal? Est-ce que c'est une
subvention conditionnelle?
M. GARNEAU: C'étaient les mêmes conditions qu'on a eues
depuis le début. Une vérification est faite par le
contrôleur des finances sur les déboursés véritables
qui ont été effectués par la ville de Montréal pour
s'assurer que la partie du déficit que l'on paie est
véritablement attribuable à Terre des hommes. Il n'y a pas
d'autres conditions qui ont été retenues...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je change de sujet, je voudrais parler de la
législation. Le ministre nous a dit qu'il était possible qu'une
loi soit déposée avant l'ajournement d'été sur les
sociétés d'Etat. Est-ce qu'il y a d'autres lois que le ministre
des Finances prépare actuellement?
M. GARNEAU: Non, sauf les lois dont on a parlé...
M. CLOUTIER (Montmagny): Qui font suite au discours du budget?
M. GARNEAU: ... qui font suite au discours du budget ou qui ont
été discutées lors de l'étude du programme 7,
Régimes de retraite. A part cela, il n'y en a pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, d'accord. A part cela, il n'y a pas
d'autres lois.
Du côté de la publicité, est-ce que le ministre
prépare actuellement des programmes publicitaires sur certaines mesures
de son ministère, pour donner de l'information sur certains programmes
du ministère, certaines lois?
M. GARNEAU: Dans le cadre du régime de retraite, je ne pourrais
pas dire. Mais ailleurs, à ma connaissance,...
M. CLOUTIER (Montmagny): L'an dernier, qu'est-ce que le ministre a
donné comme information au public? Sur quelles lois
particulières?
M. GARNEAU: L'an dernier, il y avait eu des pages achetées dans
les journaux pour donner les grandes composantes du budget. Cette année,
on ne l'a pas fait, parce qu'on a réalisé, à la suite de
vérifications qui avaient été faites, que ça
n'avait pas été tellement rentable ou que ça n'avait pas
eu un impact très grand.
On a pris plutôt l'information par le retour des envois du
ministère du Revenu où on a donné les mêmes
explications dans un feuillet. Je ne sais pas s'il y a autre chose que
j'oublie.
C'est ce que je viens de dire qui a été fait l'an
passé, et cette année il n'y a pas d'autres projets.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous n'avez rien de prévu pour 73/74
dans le domaine de l'information?
M. GARNEAU: II y a les crédits pour le
discours du budget 74/75. Il y aura à peu près le
même genre d'information qui a été donnée cette
année, par le retour des formules d'impôt et aussi l'impression
des documents qui ont été remis aux députés et
â la tribune de la presse.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez commencé à
préparer le budget pour 74/75?
M. GARNEAU: Certainement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les $315 millions des allocations
familiales sont compris là-dedans?
M. GARNEAU: Là ça va être dans le budget de l'an
prochain.
M. ROY (Beauce): Le budget de la province ou le budget
fédéral?
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le budget 74/75, oui, vous avez
commencé à le préparer?"
M. GARNEAU: Certainement, on a déjà...
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez envoyé des enveloppes aux
différents ministères?
M. GARNEAU: Elles n'étaient pas cachetées, par exemple. On
va attendre aux mois de décembre et janvier pour les cacheter.
M. ROY (Beauce): Si mon collègue de Montmagny le permet, je me
demande si l'honorable ministre des Finances parle au nom du gouvernement
provincial ou du gouvernement fédéral.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ça que je me fais
préciser.
M. ROY (Beauce): C'est justement on se demande si ça va
être inclus dans le budget de la province de Québec ou du
gouvernement fédéral.
M. GARNEAU: C'est pour ça que je n'ai pas répondu, j'avais
très bien compris la question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand on a étudié les
crédits des Affaires sociales, j'ai fait le calcul suivant au ministre
des Affaires sociales. J'ai dit: Vous allez économiser $70 millions au
chapitre des allocations familiales, avec le programme fédéral.
Vous allez avoir environ $22 millions ou $25 millions aux allocations
scolaires.
M. GARNEAU: S'ils sont séparés.
M. CLOUTIER (Montmagny) : Disons que ça fait $95 millions pour
les deux, parce que le fédéral on a des points de retour, mais
ça sera normalement, j'imagine, compris dans tout le programme que le
fédéral va apporter.
M. GARNEAU: Même si administrativement c'est pas mal plus
sûr que ça va être administré par nous autres. Mais
vous avez raison en termes de chiffres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Disons que je le prends en termes de chiffres.
J'ai dit au ministre des Affaires sociales: Votre table d'aide sociale,
étant donné le nouveau régime d'allocations familiales, va
être dégonflée, désoufflée parce que, quand
vous allez arriver dans des familles où il y a plusieurs enfants, vous
allez changer vos tables. Au lieu de donner $100 pour les enfants, aux
assistés sociaux, vous allez l'enlever parce qu'ils vont le recevoir
sous forme d'allocations familiales.
Peut-être qu'ils vont pouvoir aller sauver $50 millions, $75
millions sur...
M. GARNEAU: $375 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... $350 millions, $375 millions. Mettons
ça à $75 millions. Je ne me souviens pas quel article j'oublie,
mais en tout cas il y aurait une autre chose.
M. GARNEAU: Vous n'en avez pas oublié beaucoup.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, ça donnait $200 millions ou tout
près. J'ai dit au ministre des Affaires sociales: II est probable que le
ministre des Finances va vous dire: Vous allez financer seul, sans l'aide du
ministre des Finances, votre augmentation normale de crédits en 74/75.
Cela lui donne $200 millions sur $2 milliards ce qui fait 10 p.c. Et comme le
ministre dit, depuis deux ans en tout cas, que l'augmentation dans le secteur
social ne devrait pas dépasser 10 p.c. en gros, cela m'a amené
à lui poser la question: Est-ce que c'est dans ce cadre que vous aviez
accepté l'entente avec M. Lalonde, parce que le ministre des Finances du
Québec vous a dit: Les $200 millions sont là, va les chercher
là, autrement tu n'auras pas un cent du ministre des Finances du
Québec? Il n'a pas répondu à cette question. Est-ce que le
ministre des Finances lui avait fait cette observation?
M. GARNEAU: Non, ça va être de l'information continue et
détaillée dans le prochain budget du Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre ne peut pas me dire à ce
moment-ci s'il a fait ce calcul avec le ministre des Affaires sociales?
M. GARNEAU: On a regardé tout cela ensemble.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez regardé tout cela
ensemble?
M. ROY (Beauce): Comme le ministre a un sourire optimiste, je me permets
d'être pessimiste, M. le Président, à l'endroit...
M.GARNEAU: Le député de Beauce commence à
interpréter les sourires du ministre des Finances...
M. ROY (Beauce): Oui. D'ailleurs, après trois ans
d'expérience, on peut voir à un moment donné ce qui se
cache derrière ces sourires.
M. GARNEAU: II ne se cache pas grand-chose. Vous avez vu ça,
trois budgets sans augmentation de taxes, une baisse des impôts cette
année. Le député de Beauce peut être optimiste.
M. ROY (Beauce): Je demanderais à l'honorable ministre des
Finances, étant donné qu'il nous reste seulement quelques
minutes, de ne pas gâter notre dîner ce midi...
M. GARNEAU: Je comprends que c'est triste pour le Ralliement
créditiste et peut-être d'autres partis de l'Opposition de voir
que les finances publiques sont en bon état et qu'on a été
capable de se maintenir quatre années de suite sans augmentation de
taxes, même avec des baisses cette année. Je comprends que
ça peut faire mal à la digestion du député de
Beauce. D'ailleurs, c'est pour ça qu'il reste maigre.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pense quand même que
si le gouvernement tient compte des calculs du député de
Montmagny, on peut tout de suite je ne dirai pas conclure
déduire certaines choses à l'effet que sur les $375 millions qui
seront accordés par le fédéral, $200 millions pour le
gouvernement de la province,$175 millions pour les Québécois, le
peuple, la population elle-même. $0.55 pour le gouvernement en gros,
$0.45 pour les citoyens. Alors c'est un peu ce que nous avions prévu.
Mais dans ce cadre-là j'aimerais, avant qu'une heure arrive, demander au
ministre des Finances, depuis notre dernière rencontre, dans le cadre
des approches multidi-mensionnelles et à la veille d'une
conférence à laquelle plusieurs ministres du Québec vont
participer, si le gouvernement provincial maintient de façon
catégorique les positions qui ont été annoncées,
face au gouvernement fédéral qui a décidé lui aussi
de ne pas donner un cent de plus. Donc, en guise de conclusion, si ces deux
positions étaient maintenues, on pourrait être tenté, je
dis bien tenté, de conclure que l'issue de la conférence
fédérale-provinciale de cette semaine est décidée
à l'avance.
Alors, je n'ose pas croire que ça pourrait être
décidé à l'avance, disons que je ne voudrais pas le croire
à ce stade-ci. Je demanderais au ministre des Finances si dans ce
cadre-là il y a des changements, des modifications dans les positions
que le Québec entend tenir, dans les modalités, dans les
objectifs ou autres. J'aimerais que le ministre nous fasse...
M. GARNEAU: Je pense, M. le Président, que j'ai répondu
à ces questions, à la dernière séance, lorsque le
député de Gouin a touché à peu près tous les
aspects. Je n'ai pas d'autres choses à ajouter...
M. ROY (Beauce): Vous n'avez pas d'autres choses, c'est justement, ma
question était la suivante: Depuis la dernière rencontre, est-ce
qu'il y a eu des changements? Alors c'est le statu quo?
M. GARNEAU: C'est-à-dire, je n'ai pas d'autres choses à
ajouter sur les principes...
M. ROY (Beauce): Que vous aviez énoncés à ce
moment-là. Autrement dit il n'y a pas eu, à votre connaissance
dans le cadre des responsabilités qui vous incombent, d'autres
décisions, d'autres formules d'approche que vous auriez
arrêtées?
M. GARNEAU: Bien, je pense que le Québec a fait une proposition
et il est normal qu'on attende pour voir quelle sera la réaction
à la conférence des premiers ministres. J'ai indiqué la
semaine dernière, en réponse aux questions du
député de Gouin, quel était notre état d'esprit,
que nous n'étions pas butés derrière une formule ou une
autre. Il s'agissait de trouver un transfert fiscal dont
l'élasticité, le rendement serait suffisant non seulement pour
l'année 74/75 ou les années immédiatement à venir,
mais pour une période assez longue pour dégager un taux de
croissance qui puisse couvrir avec sécurité le taux de croissance
des coûts. Là-dessus je n'ai pas d'autres choses à
ajouter.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cette conférence des premiers ministres
a lieu demain.
M. GARNEAU: Elle commence demain matin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Demain matin? Est-ce que les premiers ministres
ont reçu un mandat clair et précis de leur ministre des
Finances?
M. GARNEAU: Comme les ministre des Finances seront également
présents à la conférence, j'imagine, il n'y a pas de
divergence.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre des Finances va à la
conférence, demain après-midi, nous allons passer au Conseil du
trésor et nous allons le libérer pour qu'il s'en aille
là-bas en toute tranquilité.
M. GARNEAU: Si le leader de la Chambre
appelle notre commission cet après-midi, évidemment, je
l'apprécierais étant donné qu'autrement je serai de retour
seulement... Cela finit vendredi, cela irait à l'autre semaine.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Nous allons adopter le programme
6, le dernier programme à être adopté. Les crédits
du ministère des Finances sont adoptés. Nous attendrons les
instructions, cet après-midi, du leader du gouvernement pour...
M. GARNEAU: ... les crédits du Conseil du trésor.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): ... revenir en commission pour
étudier les crédits du Conseil du trésor.
M. GARNEAU: Je voudrais remercier, avant de clore la réunion, les
fonctionnaires du ministère qui m'ont appuyé durant ces
séances et qui ont répondu, à l'occasion, aux questions
des députés de l'Opposition. Je les remercie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils ont répondu sous le nom du
ministre...
M. GARNEAU: Je le sais.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... ça ne baisse pas la qualité
des réponses.
M. GARNEAU: J'ai déjà dit ici, à une commission
antérieure, que je trouvais absolument normal que les fonctionnaires
répondent à des questions. Il est impensable, je crois, devant
l'ampleur de l'administration aujourd'hui, de croire qu'un ministre puisse
répondre à toutes les questions administratives; si on veut que
les fonctionnaires jouent véritablement leur rôle, ils doivent
être en mesure de prendre des décisions administratives et c'est
normal qu'ils répondent, évidemment sous la responsabilité
du ministre parce que je ne veux pas délaisser ma responsabilité
ministérielle, mais il est bien normal qu'ils répondent
eux-mêmes à ce type de question-là. Je les en remercie.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): La commission ajourne sine die. La
séance est levée.
(Fin de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 16 h 42
Etude des crédits du Conseil du
trésor
M. CROISETIERE (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission se réunit, cet après-midi, pour
étudier les crédits du Conseil du trésor. Au tout
début, j'aimerais mentionner les changements suivants: Le
député de Saint-Laurent va remplacer le député de
Jonquière et le député de Papineau va remplacer le
député de Hull. Avec le consentement unanime, le
député de Duplessis va agir comme rapporteur de cette
commission.
M. LAURIN: Je remplace le député de Gouin.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député de Gouin
est remplacé par le député de Bourget.
M. MARCHAND: On ne sait pas si on y gagne, mais de toute façon
!
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Pour débuter, j'aimerais
demander à l'honorable ministre s'il a des commentaires à faire
sur...
Préliminaires
M. GARNEAU: Peut-être quelques brèves remarques pour dire,
d'abord, que le Conseil du trésor est un comité du Conseil
exécutif, auquel siègent tous les ministres du Conseil
exécutif. Pour fins d'administration, il y en a cinq qui sont
nommés par arrêté en conseil pour faire partie de ce
comité. Tous les autres membres du Conseil exécutif peuvent
assister et assistent assez régulièrement aux séances du
Conseil du trésor. Comme la Loi de l'administration financière le
mentionne précisément, le Conseil du trésor exerce un
certain nombre de responsabilités du conseil des ministres. Entre
autres, c'est le Conseil du trésor qui a la responsabilité de
préparer des estimations de dépenses et de soumettre des projets
d'estimations de dépenses au Conseil exécutif pour la
préparation budgétaire. Il a, également, la
responsabilité, qui lui est confiée, de gérance dans
l'élaboration des politiques administratives ou encore dans d'autres
domaines qui peuvent lui être déférés par le Conseil
exécutif.
C'est depuis le 1er avril 1971 que le Conseil du trésor existe
dans sa forme actuelle. Le premier secrétaire du conseil a
été M. Michel Bélanger, qui nous a quittés pour
assumer la responsabilité de la présidence de la Bourse de
Montréal. Il a été remplacé par M. Guy Coulombe,
qui est ici à ma gauche.
M. Coulombe était, depuis le début, je crois, depuis le
mois de juin, quelques mois après la
mise en application de la loi, secrétaire adjoint du conseil. Il
assume ses responsabilités nouvelles depuis le début de
l'année 1973. J'ai également avec moi M. Michel Poitras, qui est
responsable des questions administratives. Il pourra m'aider à
répondre à des questions qui pourront être posées
par les députés.
Je pense que le mieux, c'est d'attendre les questions pour
répondre à ce qui fait l'objet des préoccupations des
membres de la commission.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, est-ce que le ministre
a un organigramme du Conseil du trésor?
M. GARNEAU: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est pour voir les différents services.
Est-ce qu'on peut mettre des noms sur les principaux responsables? On a dit
tantôt que M. Guy Coulombe assumait le secrétariat, depuis le
départ de M. Bélanger et il y a M. Poitras qui est, j'imagine,
â l'administration, ici, à droite.
M. GARNEAU: A la direction technique du budget.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah! bon, direction technique du budget, oui.
Ensuite, voulez-vous nous dire, en partant du haut, qui sont les principaux
responsables?
M. GARNEAU: Vous avez, comme greffier, M. Vachon. Vous avez, comme agent
d'administration, Mlle Emond; dans les projets spéciaux, Claude
Tremblay; aux engagements financiers, M. Rémi Morneau; le
secrétaire adjoint aux programmes, Jean-Claude Lebel; direction
technique du budget, Michel Poitras. La direction de la vérification des
demandes, actuellement, est assumée par le directeur des engagements
financiers, M. Morneau. Il remplit les deux fonctions. Le poste de directeur
général est libre. A la direction du développement, c'est
Daniel Perlstein; direction des programmes sociaux, Denis Bédard;
direction des programmes éducatifs et culturels, Marcel Gilbert;
direction des programmes économiques, le poste est libre à
l'heure actuelle, mais il y a deux personnes qui s'occupent, l'une de
l'équipement et l'autre, des ministères des ressources; direction
des programmes gouvernementaux et administratifs, Jean-Nil Pintal;
secrétaire adjoint, politiques administratives, Yvon Marcoux; direction
des services de soutien, Patrick Moran; informatique, Gaston Beauséjour.
A la gestion de l'équipement et réglementation, les postes sont
libres à l'heure actuelle.
Evidemment, le secrétaire adjoint au personnel, vous avez une
ligne, ici, qui sépare cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a 20 postes autorisés additionnels.
Est-ce que quelques-uns de ces postes sont comblés actuellement, le 22
mai?
M. GARNEAU: A l'heure actuelle quelques postes sont à combler,
surtout dans la politique administrative qui est une des priorités.
C'est surtout là où le personnel nouveau va être
engagé. Alors, des mutations sont en cours à l'heure actuelle et
les postes se comblent graduellement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le volume des estimations
budgétaires, on dit que le programme 1 en fait c'est le Conseil
du trésor "vise à déterminer l'allocation des
ressources conformément aux priorités du gouvernement".
C'est le Conseil du trésor qui, avec ceux qui y siègent et
le personnel de cadre, détermine l'allocation des ressources
après avoir établi les priorités du gouvernement. Alors,
pour 73/74 on a ici ce gros volume avec les différents programmes. Cela
traduit les montants qui ont été accordés à chacun
des grands secteurs. Ils l'ont été à la suite de
l'établissement de certaines priorités.
Est-ce que le ministre ou ses fonctionnaires peut nous dire quels sont
les critères sur lesquels ont s'est basé pour établir les
priorités qui ont été retenues? Evidemment, je tiens
compte aussi du discours du budget du ministre des Finances, mais pour
expliciter davantage ce qui n'aurait pas été dit dans le discours
du budget, ou ce qui a paru évident depuis que l'exercice financier est
commencé.
M. GARNEAU: Je pense qu'il faut établir que la première
priorité du gouvernement était de maintenir la croissance des
dépenses courantes à un niveau conforme, si on peut dire, essayer
de ramener le taux de croissance des dépenses courantes à un
niveau de croissance qui correspondait plus directement au taux de croissance
de la richesse collective.
Et ç'a été certainement la première
priorité qui a servi d'éclairage général.
C'est-à-dire que nous ne voulions pas présenter un budget qui
aurait donné des taux de croissance des dépenses de l'ordre de 14
p.c. ou 15 p.c, notre objectif étant de les maintenir à peu
près à 9 p.c. ou 10 p.c.
Cela a été certainement la toile de fond qui a
été donnée par le Conseil exécutif.
Le deuxième éclairage, si on peut dire, qui nous a
été donné par le Conseil exécutif était de
diminuer le plus possible le déficit gouvernemental, compte tenu de la
reprise économique qui se manifestait dans le secteur privé, et
faire en sorte que le volume des emprunts du gouvernement puisse être
diminué pour correspondre un peu plus à la situation
économique qui est celle du Québec et aussi pour donner un
plus grand champ de manoeuvre aux travaux qui s'effectuent à la
Société de la baie James, en termes d'emprunts.
Cela a été certainement la grande toile de fond. A partir
de ça, les taux de croissance ou les dépenses sur lesquelles on
retenait une priorité étaient les dépenses
d'investissement, soit dans le secteur public comme tel ou dans le secteur qui
relève directement de l'administration. J'entends par là les
commissions scolaires, les hôpitaux, les CEGEP, qui devaient être
maintenus à un niveau élevé pour faire face à une
demande certaine des besoins dans ces secteurs.
Politique générale des investissements
du gouvernement
M. GARNEAU: Les politiques générales des investissements
du gouvernement. Nous voulions maintenir un niveau élevé
d'investissements du côté du secteur routier, même si une
partie du budget était déplacée de la grande voirie, qui
commençait à être plafonnée un peu, compte tenu du
fait que la Transcanadienne était passablement avancée,
l'autoroute est-ouest dans la partie que nous voulions réaliser en
premier lieu était également avancée, son financement
était prévu par un programme
fédéral-provincial.
Pour ce qui est des demandes des ministères, par la suite, elles
ont été évaluées ou mesurées en tenant
compte de ces grands éclairages. Evidemment, à un moment
donné, lorsqu'on décide comme première priorité de
maintenir le taux de croissance des dépenses courantes à un
niveau aux alentours de 9 p.c. à 10 p.c, c'est à partir de ces
grands critères que nous avons retourné dans certains cas des
demandes des ministères en disant que leurs projets étaient
valables en soi mais que, étant donné une des priorités
qui avaient été établies, nous ne pouvions pas y donner
suite cette année.
Une fois que les estimations de dépenses ont été
préparées, le tout a été retourné au conseil
des ministres, qui a fait les derniers arbitrages entre les demandes des
ministères.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre pourrait nous donner une
idée sans divulguer des chiffres qui ne seraient pas
d'intérêt public des montants qui auraient pu être
demandés par les différents ministères, qu'il était
logique de demander, logique et raisonnable, je pense et puis que le ministre a
dû refuser, tenant compte des priorités?
M. GARNEAU: Le montant n'a pas été aussi
élevé que, peut-être, on pourrait l'imaginer, parce que le
processus budgétaire a été amorcé de telle sorte
que les ministères savaient au point de départ les grandes
contraintes générales dans la préparation du budget et
également savaient que la priorité serait donnée à
des projets d'investissements créateurs d'emploi.
Alors les demandes de budgets énormes ne sont pas venues,
contrairement aux années passées, et j'attribue ça au fait
que le cycle budgétaire tel qu'il a commencé, a
éliminé des demandes, par exemple, qui pourraient se chiffrer par
$1 milliard ou $2 milliards de plus que le budget; de mémoire, ça
peut être de $250 millions à peu près de demandes qui n'ont
pas été acceptées.
C'est beaucoup moindre que les années antérieures, et je
dirai que...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je me souviens,...
M. GARNEAU: II y a déjà eu une année où
c'était...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... d'une année où, même,
il y avait eu un chiffre échappé, à un moment
donné...
M. GARNEAU: A un moment donné, je me rappelle...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... effectivement, il y avait eu des demandes
très considérables de la part des ministères qui avaient
dû être refusées. Cela se chiffrait par au-delà de $1
milliard.
Cycle budgétaire
M. GARNEAU: C'est ça, mais le cycle budgétaire, tel qu'il
est en cours, a tendance à faire diminuer ces demandes dans tous les
azimuts qui pourraient totaliser des montants réellement inabordables.
Et cette année, le cycle budgétaire étant rattaché
maintenant au programme, et le fait que nous ayons commencé encore plus
tôt que l'an dernier, parce que déjà la première
étape du cycle budgétaire sera complétée
incessamment, ça va éliminer, je pense, des demandes des
ministères, demandes qui, aussi valables qu'elles puissent être,
ne pourraient pas être acceptées pour des raisons soit d'ordre
financier ou encore parce que ça ne se rattache pas aux priorités
du gouvernement.
Et je pense que ç'a éliminé également
beaucoup de frustrations dans les ministères au niveau des
administrations des ministères qui, après avoir travaillé
pendant plusieurs mois à préparer des projets, voient leurs
projets laissés sur les tablettes, pas parce qu'ils n'étaient pas
bons, mais uniquement pour des raisons financières ou encore parce que
ça n'entre pas dans les priorités du gouvernement.
Le nouveau cycle prévoit que les premiers arbitrages pour
l'établissement des priorités va se faire entre le 20 juin et le
15 juillet, de telle sorte que les ministères qui verront leurs projets
retenus comme étant des possibilités d'être
intégrés dans le budget 74/75 auront les mois d'août,
septembre, octobre, novembre et même une partie de décembre pour
terminer les
structures administratives dont ils auront besoin pour réaliser
les programmes pour lesquels les crédits leur seront vraisemblablement
octroyés. Ainsi, au lieu de perdre beaucoup de temps dans la recherche,
dans la préparation de dossiers qui n'aboutissent pas, les efforts
pourront être davantage concentrés sur des dossiers de programmes
qui ont de très fortes chances d'être retenus dans
l'évolution, dans la préparation du budget 74/75.
M. LAURIN: Est-ce que vous me permettez une question sur ce que vous
avez posé?
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Bourget.
M. LAURIN: Je suis étonné d'entendre le ministre dire que
la construction de l'infrastructure routière, en ce qui concerne les
autoroutes, commence à plafonner quand on sait qu'il y a des projets,
comme l'autoroute 13, l'autoroute 19, l'autoroute 25, l'autoroute 30, la 51, la
55, l'autoroute 73, la 40, qui ne sont pas terminés.
M. GARNEAU: Je disais tout simplement peut-être que je me
suis mal exprimé que les grands projets de construction
routière qui avaient retenu l'attention des gouvernements depuis un
certain nombre d'années commençaient à arriver à
leur niveau de plafonnement, en ce sens que l'autoroute transcanadienne est
presque complétée, l'autoroute est-ouest, à
Montréal... Je prenais les grands projets; je ne veux pas dire qu'il ne
reste pas d'autoroutes à construire, au contraire. Ces grands projets,
qui étaient en voie de construction et qu'on ne peut pas arrêter
en cours de route parce que, économiquement, il serait absurde de le
faire et que les expropriations, dans la plupart des cas, sont faites, il
fallait les compléter. C'est cela que j'ai voulu dire en soulignant que
le montant qui avait été accroché â ces grands
projets commençait à diminuer, ce qui nous a permis, par exemple,
d'entreprendre cette année aussi des travaux pour la construction de
l'autoroute de la Beauce, d'entreprendre également les travaux
préliminaires pour l'autoroute de la rive nord qui sera rendue
évidemment presque à la hauteur de Trois-Rivières, de
reprendre ces travaux en partant de Québec vers Trois-Rivières,
ce qu'on appelle l'autoroute de Portneuf-Donnacona.
Il y a également les travaux qui vont se poursuivre
nécessairement sur la Transquébécoise mais ce ne sont pas
des travaux qui se situaient au même niveau que les autres; ce seront de
nouveaux projets qui vont démarrer. Une fois qu'ils ont
démarré, ces grands projets, il faut les poursuivre. Je pense,
par exemple, à l'intermunicipal, à Trois-Rivières,
où il serait réellement impossible d'arrêter ces travaux
même si on le voulait. Ce serait complètement ridicule.
Quand on a décidé, par exemple, d'un projet qui va
peut-être coûter $20 millions à $25 millions lorsqu'il va
être complété, puis qu'on a dépensé $5
millions ou $6 millions, ce serait, je pense, une très mauvaise
allocation de ressources d'arrêter ces projets. Il faut les
compléter. C'est dans ce sens que je me suis exprimé.
M LAURIN: Mon impression était que ça prendrait encore au
moins dix ans avant de compléter l'essentiel du réseau.
M. GARNEAU: II y a des projets à compléter. Seulement
l'autoroute 13, qui va relier l'aéroport de Dorval, est une
priorité, en termes de circulation; cela va être essentiel.
Compléter l'autoroute transquébécoise, c'est
également une chose que nous allons poursuivre, au cours des
années, au fur et à mesure que les budgets pourront être
affectés en quantité suffisante. Du fait que nous ayons mis
tellement d'argent sur les grands projets d'autoroutes et compte tenu de la
limitation qu'on pouvait avoir évidemment, on pourrait
dépenser probablement $700 millions ou $800 millions en employant tout
ce qu'il y a d'entrepreneurs pour construire des autoroutes dans
l'allocation des ressources, la voirie que j'appellerais régionale a
été négligée. Je ne parle pas des petites routes,
mais des routes secondaires qui relient les grands réseaux routiers
entre eux. Les budgets avaient été entamés par la
nécessité qu'on avait de compléter ces grands projets.
C'est pourquoi cette année, un montant d'environ $50 millions ou $60
millions a été affecté aux routes importantes qui relient
les régions entre elles et qui ne sont pas des autoroutes comme
telles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une remarque sur ce que vient de dire le
ministre. Le député de Trois-Rivières, qui fait partie de
l'Opposition cet après-midi, a écouté avec grande
attention le ministre des Finances quand il a parlé de
Trois-Rivières tantôt. Il a appris plus de choses de ce
côté-ci en quelques minutes que dans ses conversations
antérieures avec le ministre des Finances.
M. GARNEAU: Je pense que, sur la route intermunicipale, il pourrait m'en
dire quelques mots.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le député de
Trois-Rivières est adjoint parlementaire du ministre des Finances?
M. GARNEAU: C'est juste.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela augmente mon respect envers le
député de Trois-Rivières.
M. le Président, le ministre des Finances a dit tantôt
qu'il était en avance sur les années
dernières pour la première étape. Est-ce que cela
voudrait dire que, déjà, le conseil des ministres a eu l'occasion
de se pencher sur les priorités du budget 74/75?
M. GARNEAU: Cela devra se faire, comme je l'ai mentionné tout
à l'heure, entre le 20 juin et le 15 juillet, approximativement.
L'an dernier, nous avons dû consacrer cette période de
temps, disons à partir du budget 72/73, une fois qu'il a
été déposé en Chambre. Le secrétariat du
conseil avec les administrations des ministères ont consacré
énormément de temps à la structure des programmes parce
qu'il fallait fabriquer la structure des programmes, telle qu'elle est
présentée ici, en arriver à la définition des
programmes, définitions sur lesquelles tout le monde s'entendait. Cela a
été une opération qui a duré jusqu'à la
mi-juillet. Même lorsque, l'année passée, nous
étions en session, nous avions des réunions avec les ministres de
chaque ministère et leurs hauts fonctionnaires avec le Conseil du
trésor et le secrétariat du conseil pour en arriver à
déterminer la structure du budget.
Cette année, comme il n'y a pas lieu de recommencer, il y aura
certainement des modifications qui pourront être apportées ou
suggérées. Mais, comme ce travail a déjà
été fait, les administrations des ministères avec le
secrétariat du conseil ont plutôt travaillé aux directives
qui ont été envoyées d'abord dans les ministères et
aussi à la préparation de la première phase du budget
triannuel. Les administrations des ministères ont envoyé, pour un
certain nombre déjà, leurs estimations triannuelles avec les
problèmes majeurs qui devraient être résolus entre-temps,
dans leurs prévisions triannuelles. C'est à partir de ces
données, compte tenu également de l'éclairage qui nous
sera transmis par la section de recherche économique et fiscale, en
termes d'évolution des revenus, que le conseil des ministres va
déterminer les priorités pour le budget 74/75 et permettre ainsi
aux ministères, dans les champs qui seront retenus comme étant
les priorités, de terminer leurs programmes non seulement en termes
d'idées, en termes d'objectifs, mais également en termes
administratifs. Cela est souvent un problème. Je pense bien que le
député de Montmagny a eu cette expérience, que bien
souvent il y a loin de la coupe aux lèvres lorsque l'on pense à
réaliser un projet quelconque, sur le plan d'une politique. A partir du
moment où on a décidé d'aller de l'avant dans tel domaine,
il y a souvent un long chemin à parcourir pour mettre sur pied les
structures administratives, recruter le personnel qualifié pour
répondre aux exigences et aux objectifs du programme. Alors, cela va
donner un peu plus de temps aux ministères. On espère que,
lorsque les programmes seront annoncés, les ministères seront
mieux préparés à faire face aux obligations qui leur
auront été confiées, soit dans le cadre du budget de la
province ou d'une autre politique que le gouvernement aurait pu
déterminer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je reprends un peu la même question. Si
le conseil des ministres va étudier les priorités
budgétaires entre le 20 juin et le 15 juillet, déjà, par
exemple, le Conseil du trésor a fait du travail. La section de recherche
administrative et fiscale a aussi fait des travaux. Alors, est-ce que
déjà le Conseil du trésor s'est prononcé sur les
priorités...
M. GARNEAU: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... de l'exercice...
M. GARNEAU: Non, non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais l'étude est en cours.
M. GARNEAU: L'étude est en cours et on aura des recommandations
à faire au conseil des...
M. CLOUTIER (Montmagny): Bon.
M. GARNEAU: ... ministres lorsque la réunion sera
convoquée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que, avant que ce document soit transmis
au conseil des ministres, les ministres qui siègent au Conseil du
trésor ont l'occasion d'étudier, à l'intérieur de
cette structure du Conseil du trésor, ce document? Qui sont les
ministres qui siègent? Je dis les ministres mais ce sont les
ministères que j'ai à l'idée.
M. GARNEAU: Le ministre de la Fonction publique, le ministre des
Communications, le ministre des Transports, le ministre des Terres et
Forêts sont membres expressément du conseil. Evidemment, il y a
moi. Mais d'autres ministres viennent assez régulièrement au
conseil. D'ailleurs, ils savent que cela a lieu tous les mercredis matin. Alors
c'est assez facile pour ceux qui veulent venir. Il n'est pas rare d'avoir des
réunions où huit ou neuf ministres assistent à la
rencontre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors on ne peut pas accuser le ministre de
l'Education ou le ministre des Affaires sociales d'avoir utilisé ce
mécanisme qu'est le Conseil du trésor pour infléchir les
priorités, puisqu'ils ne font pas partie des cinq ministres.
M. GARNEAU: Je peux vous dire que lorsque leurs intérêts
sont en cause ou l'intérêt de leur ministère, on les voit
apparaître.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pensais que c'était pour cela que le
ministre des Finances avait dit au ministre des Affaires sociales d'essayer de
se tirer d'affaire autrement, étant donné qu'il n'est pas au
Conseil du trésor!
Quelle est la marge de manoeuvre du Conseil exécutif par rapport
au Conseil du trésor? Je pose ma question comme cela, c'est
peut-être un peu péjoratif. Où finit la marge de manoeuvre
du Conseil du trésor et où commence celle du Conseil
exécutif?
M. GARNEAU: Je pense que c'est la même...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est la même.
M. GARNEAU: ... en ce sens que le Conseil du trésor, qui est un
comité du Conseil exécutif, tire son autorité du Conseil
exécutif. Lorsque des discussions ont lieu au Conseil du trésor
et qu'il n'y a pas, disons, unanimité de vues, souvent on prend
l'initiative de déférer l'ensemble du problème au conseil
des ministres. Il arrive souvent que le conseil des ministres, lorsqu'un projet
lui est soumis et a des implications financières, entre autres choses,
défère au Conseil du trésor le soin de passer l'heure,
l'heure et demie ou les deux heures qu'il faut pour poser des questions aux
fonctionnaires des ministères qui proposent ce nouveau programme ou
cette nouvelle initiative. Ainsi les réunions du Conseil exécutif
peuvent être libérées de tâches que je pourrais
appeler administratives ou financières et le Conseil du trésor
fait, par la suite, référence au conseil des ministres des
discussions ou des entretiens qu'il a eus avec les hauts fonctionnaires de ces
ministères, dans un mémoire qui est soumis par le
secrétariat du conseil, au nom du Conseil du trésor, au conseil
des ministres. Les décisions se prennent à partir de documents
qui, on l'espère, ont été un peu plus fouillés
qu'on pourrait le faire en réunion plénière du Conseil
exécutif.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il arrive que le conseil des
ministres ne soit pas totalement d'accord sur les priorités
établies par le Conseil du trésor?
M. GARNEAU: C'est le conseil des ministres qui établit les
priorités.
M. CLOUTIER (Montmagny): A partir des documents préparés
par le Conseil du trésor, à partir des critères qui ont
été...
M. GARNEAU: Vous savez que le rôle du premier ministre est
toujours...
M. CLOUTIER (Montmagny): II est l'arbitre, je suppose, dans cela.
M. GARNEAU: ... prédominant et il est normal que ce soit ainsi.
Lorsqu'il y a des discussions en termes d'allocations des ressources, entre un
choix d'un programme plutôt que l'autre, s'il y a un montant d'argent sur
la table qu'on ne peut pas dépasser, c'est évidemment le conseil
des ministres et le premier ministre qui tranchent.
M. CLOUTIER (Montmagny): On va prendre une situation concrète,
que vous avez vécue en 72/73 et que tout le monde a vécue: la
convention collective, la négociation.
Quand ça arrive vers la fin des négociations, il y a une
question importante d'allocation de ressources. Jusqu'où l'Etat
québécois est-il capable d'aller dans ses offres
monétaires aux 250,000 employés de la fonction publique et
parapublique?
Il y a des ministères qui sont impliqués. Il y a le
ministre à qui on a confié la négociation, le ministre du
Travail, qui a remplacé le ministre de la Fonction publique. Des
ministères, comme les Affaires sociales et l'Education, sont
forcément impliqués au plus haut point.
Il y a aussi le Conseil du trésor qui s'est penché sur des
documents établissant des priorités. Il a la
responsabilité de la programmation, de l'élaboration et du
contrôle, une fois que tout ça a été établi.
Il y a le conseil des ministres.
Concrètement, est-ce le Conseil du trésor qui donne...
M. GARNEAU: Si on prend le budget 72/73, les offres salarieales qui
étaient déposées aux tables et les marges de manoeuvre
nécessaires à la négociation avaient été
incluses dans les budgets qui ont été déposés, soit
comme réserve globale ou encore, pour ce qui est des Affaires sociales
et de l'Education, qui étaient déjà comprises dans le
budget d'équilibre aux commissions scolaires ou dans les subventions
données par le ministère des Affaires sociales au réseau
hospitalier et au réseau d'institutions de bien-être.
Une fois que cette décision a été prise et a
été incorporée dans le budget qui a été
étudié l'année passée, en 72/73, pour ce qui est
des négociations elles-mêmes, elles étaient
présidées par le ministre de la Fonction publique, que ce soit le
député de Deux-Montagnes ou le député de Chambly.
Il y avait un comité ministériel formé non pas de membres
du Conseil du trésor, mais plutôt des ministres impliqués
dans la négociation de par leurs responsabilités, soit les
ministres des Affaires sociales, de l'Education, de la Fonction publique,
évidemment. J'y étais comme membre du Conseil du
trésor.
C'est à partir de là que s'est faite la discussion au
niveau gouvernemental. Quant au prolongement des mandats qui ont
été donnés, cela a été fait par
décision du conseil des ministres et non pas par décision du
Conseil du trésor, parce que la machine tournait assez vite qu'on ne
pouvait pas faire deux ou trois réunions
dont une du Conseil du trésor et ensuite faire une recommandation
au conseil des ministres, alors que les négociateurs étaient aux
tables et attendaient des réponses.
Cela a été fait par le conseil des ministres
lui-même et on a eu plusieurs réunions à ce moment.
M. CLOUTIER (Montnagny): Où sont appelés en consultation,
j'imagine, les officiers supérieurs du Conseil du trésor.
M. GARNEAU: Surtout, à ce moment-là, cela a
été les fonctionnaires du ministère de la Fonction
publique, et également les gens qui négociaient au nom du
gouvernement aux différentes tables.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans l'autre partie des responsabilités
du Conseil du trésor, une fois que les ressources ont été
allouées, il y a le contrôle des ressources financières,
des ressources humaines, du personnel, des effectifs, etc. Quelle est la
responsabilité du Conseil du trésor? De quelle façon cela
se concrétise-t-il dans chacun des ministères?
Il faut surveiller l'application de ces budgets, de ces programmes; il
n'y a pas de dépassements, il faut que les programmes gardent la
même trajectoire, la même orientation, la même philosophie,
ainsi de suite. Concrètement, comment est-ce que ça se passe?
M. GARNEAU: Si on prend la gestion du personnel dans les
ministères, on a essayé également, ç'a
commencé l'année passée, d'incorporer davantage l'analyse
des effectifs à l'approbation, d'incorporer ça dans le cycle
budgétaire. On a eu ce matin, par exemple, pour ce qui était des
finances, le budget 72/73; l'analyse des effectifs n'avait pas pu être
complétée et je pense que cette année ça va
l'être, de telle sorte que l'analyse des effectifs et les allocations de
ressources, en termes d'acceptation de programmes ou d'éléments
de programmes, vont se faire conjointement. Evidemment, il pourra toujours y
avoir des exceptions mais elles vont se faire conjointement, de telle sorte que
l'allocation des ressources pour la question du personnel va se faire en
même temps que l'acceptation du programme.
Et une fois que les effectifs ont été alloués au
ministère, il appartient à ce ministère de suivre le reste
du processus d'embauche ou à la commission de la fonction publique qui
apporte également une autre forme de contrôle en termes de
classification, en termes de rémunération et l'émission
d'éligibilité.
Pour ce qui est des programmes eux-mêmes, l'objectif du conseil
c'est d'accepter les dépenses lorsqu'elles dépassent certains
niveaux. Il s'agit de soumissions publiques, je n'ai pas tout cela par coeur,
mais je pense bien que le secrétariat du conseil pourrait donner les
références. Le règlement qui a été
émis par le conseil des ministres précise que lorsqu'une
dépense dépasse $25,000 dans certains cas, elle doit être
approuvée par le conseil; lorsqu'elle dépasse tant de millions de
dollars, elle doit être acceptée par le conseil des ministres. Et
l'objet du Conseil du trésor est, premièrement, de voir à
ce que les politiques administratives soient suivies et, deuxièmement,
de voir si la dépense qui est demandée par le ministère
est conforme à la programmation que le ministère nous avait
présentée et pour laquelle des crédits lui avaient
été alloués.
Ceci étant fait, nous ne vérifions pas ce n'est pas
le rôle du Conseil du trésor de vérifier par la suite
c'est le contrôleur des finances qui fait la vérification
comptable et qui, évidemment, fait les enquêtes lorsque c'est
nécessaire et fait des recommandations au ministère. Mais pour ce
qui est du Conseil du trésor, c'est plutôt de voir à ce que
la politique administrative, de façon générale, soit
suivie et, deuxièmement, que la demande de dépense soit conforme
aux programmes pour lesquels les crédits avaient été
demandés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous n'avez pas d'effectifs dans les
ministères, pas comme le ministère des Finances?
M. GARNEAU: Non, le Conseil du trésor n'a pas d'effectifs dans
les ministères.
M. CLOUTIER (Montmagny): Juste au central?
M. GARNEAU: Juste au central, c'est ça. Et je pense que ça
doit être comme ça aussi parce qu'on ne veut pas se substituer aux
administrations des ministères. La seule chose, c'est qu'il est bien
utile pour le conseil des ministres le Conseil du trésor est un
comité du conseil des ministres d'avoir quand même
l'éclairage du secrétariat du conseil parce que ça nous
donne les deux côtés de la médaille, bien souvent, et
ça permet aussi d'assurer, autant que possible, une meilleure
coordination entre les ministères. Si un ministère nous fait une
demande de $50,000 je prends un exemple qui s'est présenté
ce matin, Terre des Hommes supposons que le ministère des
Affaires municipales dise: Je veux subventionner Terre des Hommes pour une
raison XYZ, il est certain qu'on poserait des questions: comment cette
subvention que vous voulez donner s'associerait-elle à celle qu'on donne
déjà au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche pour la même fin? Et c'est utile d'avoir une expertise qui
est en dehors des administrations des ministères eux-mêmes et
ça permet, je pense, au ministre de prendre une décision, bien
souvent, quand il connaît les deux côtés de la
médaille.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand vous dites "le ministre", c'est le
ministre des Finances?
M. GARNEAU: Les ministres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah bon!
M. GARNEAU: Les ministres qui siègent au conseil.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre des Finances prend-il...
M. GARNEAU: Je pense que le député de Montmagny sait
que...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je veux savoir s'il prend toute cette
responsabilité tout seul?
M. GARNEAU: Je n'oserais jamais la prendre tout seul.
M. CLOUTIER (Montmagny): La question, ce sont ses relations avec ses
collègues.
M. GARNEAU: Avec tous les inconvénients que ça apporte. Je
n'oserais pas la prendre seul.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais des questions sur des
éléments particuliers au programme si...
M. LAURIN: Au programme du contrôle, j'aurais une question
générale à poser: Est-ce que c'est le Conseil du
trésor qui est chargé soit d'élaborer, soit d'examiner les
études qui ont été faites pour améliorer la
politique administrative? Je pense au rapport Mineau, par exemple, à
tous ces rapports qui ont été faits?
M. GARNEAU: Oui, c'est-à-dire que c'est le Conseil du
trésor qui assume le secrétariat du comité qui a
été mis sur pied par l'exécutif pour la question
administrative, et dans ce sens je réponds oui.
M. LAURIN: Et où en êtes-vous rendus actuellement? Est-ce
que les études ont toutes été analysées, est-ce
qu'il y en a d'autres en cours, est-ce qu'il y en a d'autres qui ont
été commandées? Est-ce qu'il y a un projet, d'autres
projets qui vont sortir de ces études?
M. GARNEAU: A l'extérieur, de la fonction publique, il n'y a pas
eu d'autres études de commandées. Le travail du comité a
été de puiser dans les documents qu'on avait déjà
et d'essayer de cerner les problèmes les plus importants. C'est
là l'étude la plus générale, la plus globale. Le
comité a aussi été chargé par l'exécutif de
regarder certains problèmes plus particuliers pour essayer
d'améliorer l'efficacité administrative ou d'enlever certaines
tracasseries qui sont souvent les bêtes noires des ministères,
mais d'une façon générale, le comité s'est surtout
concentré sur les documents que nous avions déjà.
M. LAURIN: Alors que la révision fondamentale qui avait
été commencée il y a une dizaine d'années est
maintenant terminée.
M. GARNEAU: Je pense bien que ce n'est jamais terminé en termes
administratifs.
M. LAURIN: Mais je parle de la révision fondamentale du
système, des grands mécanismes d'élaboration, de
contrôle, d'administration.
M. GARNEAU: En termes d'élaboration des politiques
gouvernementales, de contrôle, de leur application, je dirais oui, du
moins pour quelques années. On a adopté la Loi de
l'administration financière il y a à peine un an et demi ou deux
ans. Avant de pouvoir tirer des conclusions et de voir si c'est
véritablement la structure qu'il faut, il va falloir attendre un peu. Je
ne serais pas prêt à recommander dans l'immédiat qu'on
suive les mesures qui ont été prises par le gouvernement de
l'Ontario, par exemple.
Là aussi je pense qu'il serait prudent de voir comment
évolue la structure qui a été mise en place par le
gouvernement ontarien. Mais en ce qui nous concerne, je ne peux pas dire qu'il
y a des études qui se font là-dessus; on va plutôt attendre
l'expérience qui va se dégager de ça et voir quelles
seraient les étapes ultérieures qu'il nous faudrait franchir.
Disons que dans l'ensemble des objectifs du Conseil du trésor il
y a certainement un élément extrêmement important qu'on
veut vérifier. Je ne veux pas dévoiler des choses qui n'ont pas
été annoncées encore par le premier ministre, mais sans
dire le nom de la personne qui sera éventuellement chargée de
faire ce travail, je peux dire que le Conseil du trésor a certainement
comme objectif le conseil des ministres également
d'essayer de mesurer l'impact des programmes sur la population, de mesurer
jusqu'à quel point l'objectif qui est visé par un programme et
qui est défini en quelques phrases est atteint.
C'est un peu prendre la lunette par l'autre bout. C'est, au lieu de
regarder par le bout du gouvernement, essayer de la prendre par le bout de
l'impact qu'elle a sur la population ou l'impact qu'elle a en termes de
réalisation concrète des objectifs qu'on s'était
fixés. Evidemment, il a fallu prendre les bouchées une par une.
Des personnes qualifiées dans le domaine de la programmation
budgétaire et de l'administration d'un budget-programme, il n'y en a pas
des milliers, surtout dans la population francophone puisque le Québec
est peut-être la première administration francophone à
mettre en application un budget-programme de la nature de celui qu'on a. Le
gouvernement français a également mis en application une
politique de rationalisation des choix budgétaires, mais ça se
présente dans un contexte différent.
L'expertise n'était pas multipliée par mille il fallait,
à partir des effectifs compétents qu'on avait, plutôt viser
à la formation de cadres au fur et à mesure que le système
évoluait. Nous avons, dans un premier temps, mis en application la
structure du budget-programme et les principes du budget programme. Dans un
deuxième temps, nous voulons clarifier davantage tout l'aspect de la
politique administrative du gouvernement, y inclus l'aspect de la
mécanographie sur lequel on a glissé un mot ce matin.
C'est une des responsabilités d'un des secrétaires
adjoints du conseil de faire cette coordination en vue d'en arriver
j'espère, en 73/74, à un manuel de gestion qui pourrait
être à la disposition des administrateurs des ministères et
afin que tout le monde soit bien au courant des procédures
administratives qui doivent être suivies. Jusqu'à présent,
il a existé des procédures administratives. Elles ont
été émises autrefois par le Conseil de la
trésorerie, maintenant le Conseil du trésor a assumé une
partie de cette responsabilité-là mais présentée
d'une façon rationnelle et facilement utilisable par un nouvel
arrivé dans une responsabilité administrative, dans un
ministère. Il n'y en avait pas, de présentation de ce
genre-là. C'est une des préoccupations du Conseil du
trésor de publier cette année ce manuel de gestion.
La troisième étape était justement celle dont je
viens de parler, c'est-à-dire de tenter de mesurer l'impact des
programmes pour voir si les objectifs qui étaient visés sont
véritablement atteints. A cette question-là va se greffer
également toute la question c'est-à-dire va se greffer ou
va se faire d'une façon concomitante de la programmation à
l'intérieur de cette présentation budgétaire,
c'est-à-dire avoir un dossier de programmes véritablement complet
pour chacun des 170 programmes d'activité du gouvernement. Ce sera la
troisième étape.
Une fois que ces trois étapes-là seront franchies, on
pourra être mieux placé pour voir si, dans l'ensemble, cela
fonctionne comme on l'espérait lorsqu'on a mis cela sur pied ou si
ça ne fonctionne pas comme on l'espérait.
M. LAURIN: Est-ce qu'une partie de ce travail ne risque pas de faire
double emploi avec celui que mène le vérificateur
général quand, par exemple, il essaie d'introduire un nouveau
système d'évaluation opérationnelle, d'analyse des
systèmes?
M. GARNEAU: Je ne crois pas parce que la responsabilité du
vérificateur n'est pas de voir si le programme est valable ou non. Sa
responsabilité, c'est, en termes d'administration financière, de
voir si les deniers qui ont été affectés à ce
programme-là ont été dépensés avec toutes
les pièces justificatvies nécessaires, s'il n'y a pas eu de
fraude, etc., alors que l'objectif qui va être visé par des
responsabilités dont je viens de parler, cela va être plutôt
en termes de contenu. Je pense que le vérificateur général
n'aurait pas à porter de jugement sur le fait, par exemple, qu'on
construit une autoroute entre, je ne sais pas, Gagnon et Baie-Comeau et
Manie.
M. LAURIN: Et Port-Cartier.
M. GARNEAU: Mais, par contre, ce pourrait être la
responsabilité de cette fonction de voir si l'investissement qu'on y a
fait a donné le résultat économique escompté d'un
tel investissement. Ce sera un éclairage beaucoup plus politique, en
termes d'orientation des activités gouvernementales, qu'une
vérification purement comptable comme le fait le vérificateur
général.
M. LAURIN: Donc, pour résumer, plus de grandes études.
Vous avez mis en application un nouveau système soit sous forme
législative, soit sous forme réglementaire et là vous
êtes à l'étape de l'évaluation.
M. GARNEAU: C'est cela. Dans le cadre, disons, de la politique
administrative du gouvernement ou de la réforme administrative, j'ai
indiqué ce matin que, comme je l'avais fait lors de la
présentation du projet de loi de l'administration financière,
éventuellement nous arriverions avec une annexe qui établirait
les relations qui doivent exister entre le gouvernement et les
sociétés d'Etat au point de vue du budget, au point de vue des
allocations de ressources, etc. Comme je l'ai indiqué ce matin,
j'espère que je serai en mesure de déposer ce projet de loi au
cours de la présente session.
M. LAURIN : Est-ce que vous avez un personnel spécial
affecté à cette tâche au Conseil du trésor?
M. GARNEAU: De?
M. LAURIN: Pour l'étude et la poursuite des mécanismes
d'évaluation, du travail d'évaluation, des mécanismes
d'évaluation?
M. GARNEAU: Une partie est déjà faite, comme les
mémoires de programmes. Pour ce qui est de l'analyse pour mesurer
l'impact des programmes, c'est une responsabilité qui va être
nouvelle, qui va être confiée au Conseil du trésor et des
personnes seront affectées à cela.
M. LAURIN: Est-ce qu'elles sont prévues dans le budget
actuel?
M. GARNEAU: Elles sont prévues dans le budget.
Je pense bien que le premier ministre annoncera incessamment le nom des
personnes qui vont être affectées à ce
travail-là.
M. LAURIN: C'est une grosse équipe?
M. GARNEAU: Non, ce ne sera pas une
grosse équipe, parce que nous ne voulons pas multiplier les
équipes, mais ça va prendre un coordonnateur de travail qui
pourra agir en collaboration avec les services déjà existants,
entre autres celui de M. Perlstein qui s'occupe des dossiers de programmes.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, naturellement, je n'ai pas pu
assister au début de la conversation, car une délégation
m'a retenu pendant un certain temps, mais, en écoutant l'honorable
ministre, je me pose certaines questions et je me demande s'il n'y a pas lieu
de s'inquiéter. J'avais souligné ce matin, et on m'avait dit
qu'on y reviendrait à l'occasion de l'étude des crédits du
Conseil du trésor, que les pouvoirs du Conseil du trésor
pouvaient brimer l'autonomie des ministères. C'est ce qui s'est dit
à un moment donné et je cite un article qui a paru dans le
journal Le Soleil du 7 février 1973 : "Des porte-parole de certains
ministères ont affirmé que le champ d'activités du Conseil
du trésor était tellement rendu vaste que l'autonomie des
ministères à maints égards est devenue pratiquement
inexistante, rompant ainsi un équilibre souhaitable pour une saine et
efficace administration."
On sait, en vertu de tous les programmes, toutes les études qui
se font au niveau des ministères. Quand même, si une fois que
leurs crédits sont adoptés, à l'intérieur
même des crédits qui sont adoptés, toutes les
décisions des ministères sont passées au crible de cette
façon, est-ce qu'on ne risque pas de remplacer le pouvoir
exécutif par un pouvoir technocratique? Je ne voudrais pas m'en prendre
aux techniciens, aux experts du gouvernement, parce que chacun a son rôle
à jouer, mais est-ce qu'on ne risque pas de donner une orientation et de
se retrouver tantôt avec des difficultés de prendre des
décisions?
M. GARNEAU: Non, je ne le crois pas. Au contraire, je trouve que
ça va faciliter la prise de décisions, les ministères
connaissant beaucoup plus tôt qu'habituellement les crédits qui
vont leur être alloués pour tel ou tel programme. A
l'intérieur des programmes qui auront été acceptés,
les ministères vont avoir une plus grande latitude d'agir. Je dois dire
d'abord que le Conseil du trésor, comme je l'ai mentionné au
départ, ce n'est pas une personne; c'est un comité du Conseil
exécutif. Je pense qu'il est normal, jusqu'à un certain point,
que le Conseil exécutif, en fait, c'est le conseil des ministres, ait un
droit de regard sur l'orientation des politiques budgétaires et aussi
qu'il voie à ce que les programmes qui ont été
acceptés non seulement par le Conseil exécutif, mais
également par l'Assemblée nationale, de même que les
crédits qui sont votés soient bien dans la ligne de ce pourquoi
ils avaient été votés. Le rôle du Conseil du
trésor, c'est uniquement de s'assurer que les dépenses qui
dépassent un certain niveau soient vérifiées et
acceptées par un comité du conseil des ministres. Je ne vois pas
que cela puisse ralentir l'administration. Je dirais qu'au contraire, ça
peut peut-être assurer une plus grande latitude des gestionnaires dans la
prise des décisions, à l'intérieur des programmes qui leur
ont été alloués et pour lesquels des crédits ont
été votés.
M. ROY (Beauce): Maintenant, il n'y a pas un danger, à ce
moment-là, que le Conseil du trésor soit appelé à
prendre des décisions, suite à toutes ces
données-là, qui seraient beaucoup plus à caractère
politique qu'à caractère administratif.
M. GARNEAU: Cela dépend de ce qu'on entend par caractère
politique. Si vous entendez par là qu'il s'agit de politiques ou de
programmes d'action déterminés par le gouvernement, je dirai:
Tant mieux si c'est ça. Si vous utilisez le mot politique dans le sens
de politique partisane, je pense bien que ce ne serait pas du tout le cas. Au
contraire, les ministères auraient toute la latitude pour nous passer
par-dessus le dos s'ils le voulaient. Evidemment, le fait qu'on soit là
va peut-être empêcher certains abus de se produire, parce que les
administrations des ministères savent bien qu'un programme de
dépenses ou un CT devra faire l'objet d'une ratification par le Conseil
du trésor, également, avant que ce soit présenté au
conseil, s'il y a des données qui ne sont pas complètement
claires, si la politique administrative n'a pas été suivie, des
questions leurs seront posées.
Dans ce sens-là, cela peut être un chien de garde pas mal
intéressant.
M. ROY (Beauce): Cela peut jouer, en quelque sorte, dans les deux sens.
On va prendre comme exemple le premier qui me vient à l'esprit. Prenons
un montant qui serait accordé, alloué dans le budget, au
début de l'année, au ministère de l'Agriculture. A la
suite d'une nouvelle politique du gouvernement fédéral ou encore
d'une orientation, d'un changement de politique, le montant de crédits
votés ne s'avérerait plus utile, autrement dit ce serait des
crédits disponibles pour autres choses. A ce moment-là, le
ministère de l'Agriculture décide plutôt d'orienter une
autre politique dans un autre domaine. Les études qui seraient faites et
les données dont disposerait le Conseil du trésor, à ce
moment-là, feraient en sorte qu'il ne serait pas prêt à
donner son approbation aux nouvelles politiques ou aux nouveaux programmes que
voudrait se donner le ministère de l'Agriculture. Qu'arriverait-il? Je
pourrais prendre le ministère de la Voirie, le ministère des
Travaux publics ou n'importe quel autre ministère, mais je vais prendre
le ministère de l'Agriculture en particulier. Qu'est-ce qui se
produirait à ce moment-là?
M. GARNEAU: Bien, s'il s'agit d'une nouvelle initiative, qui
n'était pas prévue dans le cadre de la préparation du
budget, ou encore qu'il s'agisse d'utiliser des crédits dans un domaine
adjacent à celui pour lequel ils avaient été votés,
mais non spécifiquement mentionné...
M. ROY (Beauce): C'est ça.
M. GARNEAU: ... il faudrait que le ministère de l'Agriculture,
pour prendre votre exemple, fasse approuver sa nouvelle politique par le
Conseil exécutif, soit directement ou soit indirectement par le biais du
Conseil du trésor. Si on veut avoir une politique gouvernementale, il
faut que les politiques des ministères reçoivent l'approbation du
gouvernement. Un ministre, à ce que je sache, ne forme pas le
gouvernement. Alors, s'il a une nouvelle politique qu'il veut mettre en
application et qu'il a des crédits disponibles qu'il voudrait affecter
à cette nouvelle politique, il va falloir qu'il fasse ratifier les
objectifs de sa politique par le Conseil exécutif. Il se peut que le
Conseil exécutif délègue, s'il s'agit de sommes minimes,
$100,000, $200,000 ou $300,000; il est bien possible que ce soit le Conseil du
trésor qui prenne la décision à la place du conseil des
ministres. Mais il faut bien qu'à un moment donné cela devienne
une politique gouvernementale. Une politique est gouvernementale lorsqu'un
groupe de ministres, soit le conseil lui-même ou par
délégation un groupe de ministres, approuve cette politique. Dans
ce sens, je trouve cela assez normal que cela se passe ainsi.
M. ROY (Beauce): C'est un petit gouvernement parallèle, en
somme.
M. GARNEAU: Bien, pour autant que le conseil des ministres
délègue à un comité de ministres le soin de prendre
des décisions, c'est une décision qui est celle du gouvernement.
Ce n'est pas une décision d'un homme ou d'une structure mais une
décision politique prise par le conseil des ministres, soit directement,
soit indirectement par délégation de pouvoir.
M. ROY (Beauce): Mais, si je comprends bien le ministre, c'est qu'on
veut faire jouer un rôle beaucoup plus grand au Conseil du trésor
que celui qui, normalement, lui serait dévolu, autrement dit un service.
En quelque sorte, on veut donner au Conseil du trésor...
M. GARNEAU: Ce n'est pas un service. Ce n'est pas un service.
M. ROY (Beauce): Bien, c'est un service, un service directeur un
peu.
M. GARNEAU: En fait, le conseil des ministres...
M. ROY (Beauce): Je n'attaque pas la déci- sion. Je n'attaque pas
le fait. Ce que je veux faire ressortir, à ce moment-ci, c'est que je
m'aperçois ou du moins je crois m'apercevoir que le rôle du
Conseil du trésor s'oriente beaucoup plus vers le rôle de ce qu'on
pourrait appeler un grand ministère de l'économie, un grand
ministère qui voit à coordonner toutes les activités
économiques, à orienter, à conseiller et tout cela. C'est
un peu cela que le ministre nous a dit tout à l'heure. Le Conseil du
trésor, en quelque sorte, remplacerait un tel ministère
parce qu'on ne l'a pas au Québec à l'heure actuelle aurait
un rôle à jouer. On tente de lui donner un rôle qui serait
dévolu, normalement, à un ministère de l'économie,
si nous en avions un. Est-ce que le ministre pourrait...
M. GARNEAU: Je ne crois pas parce que déjà il existe, au
niveau gouvernemental, au niveau du conseil des ministres, un comité
économique qui est présidé par le ministre de l'Industrie
et du Commerce et auquel siègent un certain nombre de ministres et des
fonctionnaires dont des fonctionnaires du Conseil du trésor. Je ne vois
pas qu'il y ait contradiction entre les deux comités. Au contraire,
lorsque des projets de dépenses nous parviennent et qu'on
s'aperçoit qu'il y a un impact plus grand que celui qu'on peut voir
à prime abord, il arrive à plusieurs reprises que des dossiers
soient déférés au comité économique qui
regroupe non seulement des ministres mais également des fonctionnaires
d'un certain nombre de ministères, ce qui peut donner un
éclairage plus global avant qu'une décision soit prise.
Pour autant que je sache, il n'y a pas eu de contradiction entre les
deux.
M. ROY (Beauce): Ce comité économique est-il nouveau?
Depuis combien de temps a-t-il été créé?
M. GARNEAU: Cela doit faire à peu près un an et demi qu'il
existe.
M. ROY (Beauce): Un an et demi! Quels sont les ministres qui font partie
de ce comité économique?
M. GARNEAU: Les ministres des ressources, principalement, avec le
ministre des Institutions financières.
M. ROY (Beauce): Alors, il y a le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. GARNEAU: Des Terres et Forêts, de l'Agriculture.
M. ROY (Beauce): Des Terres et Forêts.
M. GARNEAU: Des Richesses naturelles et du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche.
M. ROY (Beauce): Des Richesses naturelles et du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche.
M. GARNEAU: Des Institutions financières.
M. ROY (Beauce): Institutions financières. Nous l'apprenons un
peu aujourd'hui, l'existence de ce comité économique.
M. GARNEAU: Non, je pense que cela a été
annoncé.
M. ROY (Beauce): C'est-à-dire qu'il en avait été
question vaguement, mais pour dire qu'on...
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah non. On en a parlé au
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas assisté à l'étude des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. GARNEAU: En fait, le comité du Conseil du trésor, qui
est un comité du Conseil exécutif, comme celui de
l'économie et celui de l'OPDQ, est également un comité du
conseil des ministres. On travaille en étroite collaboration. On essaie
de se répartir les tâches de façon qu'il n'y ait pas
duplication pour éviter du travail inutile.
Par exemple, au secrétariat du conseil, quand il nous vient une
demande qui est passée par le comité de l'OPDQ,
évidemment, cela devient beaucoup plus une question de ratification
qu'une question d'analyse en profondeur, puisqu'elle a déjà
été faite.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a des fonctionnaires du Conseil
du trésor, des officiers supérieurs, qui siègent
également à l'OPDQ?
M. GARNEAU: Moi, je suis allé, à un certain nombre de
reprises, aux réunions, mais...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je sais que M. Coulombe part de l'OPDQ, mais
est-ce qu'il y retourne?
M. GARNEAU: Non, il n'y a pas de permanents, sauf qu'on est souvent
invité, lorsqu'il y a des questions qui débordent le cadre de
l'OPDQ, concernant, par exemple, les budgets, et parfois aussi lorsqu'il y a
des questions un peu plus complexes. Si c'est une question d'orientation
politique, j'y vais et, lorsqu'il y a des questions administratives, M.
Coulombe y va.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand vous discutez, au Conseil du
trésor, sur les priorités, est-ce qu'il y a un
représentant de l'OPDQ qui, à un moment ou l'autre, est
consulté?
M. GARNEAU: C'est par le biais des ministres que cela se fait, à
ce moment-là, et non pas au niveau des fonctionnaires. Les ministres ont
derrière eux l'expertise de leur groupe pour faire des commentaires, je
n'en doute pas, mais les discussions se font au niveau du conseil des
ministres, à ce moment-là, et il n'y a pas de fonctionnaires
présents.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a des regroupements au sein du conseil des
ministres. Le Conseil du trésor, c'est une forme de regroupement. Vous
avez fait allusion, tantôt, au regroupement des ministères
à vocation économique, sous la présidence du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Est-ce que vous avez d'autres
regroupements majeurs de ministères? Est-ce que les ministères
à vocation sociale ont une espèce de regroupement, eux aussi?
M. GARNEAU: Dans le cas du ministère des Affaires sociales...
M. CLOUTIER (Montmagny): Les ministères à vocation
sociale. Vous avez la Justice; vous avez, on peut dire, l'Education; vous avez
l'éducation-culture, l'Immigration.
M. GARNEAU: Jusqu'à maintenant je parle de mémoire
je ne crois pas qu'il existe de structures officielles, sauf...
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela correspondrait à vos quatre
directions générales, si je peux m'exprimer ainsi, sous la
direction générale. Vous avez la direction des programmes
sociaux, au Conseil du trésor. Cela correspond tout de même
à quelque chose. Vous avez la direction des programmes éducatifs
et culturels, la direction des programmes économiques et la direction
des programmes gouvernementaux et administratifs. Cela correspond donc, dans le
livre du budget...
M. GARNEAU: Quatre missions.
M. CLOUTIER (Montmagny):... aux quatre missions. C'est pour ça
que je me posais la question: Est-ce que vous n'avez pas aussi, à
l'intérieur du conseil des ministres, ce regroupement qui
correspondrait...
M. GARNEAU: De mémoire, je ne le crois pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... parce que de plus en plus on va tendre
à identifier...
M. GARNEAU: Disons que la limite, de ce côté, devient une
question de disponibilité aussi. Chaque semaine vous avez une
réunion du conseil des ministres, une réunion du Conseil du
trésor et presque régulièrement chaque semaine une
réunion de l'OPDQ.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je sais que...
M. GARNEAU: Quand on y ajoute les comités de législation,
en période de session, il vient un moment où c'est une question
de temps. Mais là je ne pourrais pas répondre avec assurance.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je sais qu'il y a beaucoup de structures et que
ça exige...
M. GARNEAU: Cela alourdit.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... beaucoup de quelques-uns des ministres. Je
comprends qu'ils n'ont pas tous la même responsabilité. C'est
peut-être pour ça aussi qu'ils ne devraient pas tous avoir le
même salaire, mais, en tout cas, je ne voudrais pas faire de
personnalités... Les ministres d'Etat comparés avec les ministres
en titre, c'est une autre question.
Je voudrais revenir au programme 4...
M. ROY (Beauce): J'aurais une question plus générale, si
vous permettez, avant de revenir au programme 4.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Le député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): Quel est le sort qu'on entend faire au ministère
de la Fonction publique au niveau du gouvernement? Parce qu'on se rend compte
que...
M. GARNEAU : Je pense qu'il ne m'appartient pas de répondre
à la question du député de Beauce. S'il assiste à
la réunion lors des crédits du Conseil exécutif, il pourra
poser la question au premier ministre lui-même. Je pourrais lui donner
des vues personnelles, mais comme il est difficile bien souvent de distinguer
entre ses vues personnelles et celles qu'on peut avoir en tant que membre du
conseil des ministres, j'aimerais mieux ne pas faire de commentaires et
suggérer au député de Beauce qu'il adresse sa question au
premier ministre lors de l'analyse des crédits du Conseil
exécutif.
M. ROY (Beauce): On va la poser, parce qu'on se rend compte qu'avec tout
ce réaménagement, ces nouvelles fonctions, le ministère de
la Fonction publique perd passablement de terrain.
M. GARNEAU: A ce jour, je ne crois pas qu'il en ait perdu. La seule
différence c'est que le ministère de la Fonction publique, au
lieu d'envoyer ses documents au conseil des ministres, les envoie à un
comité du conseil des ministres et du Conseil du trésor. Son
rôle n'a été affecté en aucune façon.
Qu'il y ait eu une précision de certaines des fonctions de
certains de ses membres, c'est possible, mais en termes de pouvoirs il n'a
certainement pas été amoindri, au contraire. Pour le
ministère de la Fonction publique l'existence d'un comité du
conseil des ministres qui s'occupe davantage des questions administratives
donne au ministère un interlocuteur au niveau gouvernemental qui peut
consacrer plus de temps aux problèmes que ce ministère peut
soulever.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre des Finances a parlé
tantôt de mesurer l'impact que pourrait avoir ces programmes sur la
population. Ce serait la troisième phase: rendre la lunette d'approche,
la tourner et aller se placer à l'autre bout. La première
constatation qu'il va faire, c'est qu'il va trouver que ça
éloigne. S'il se met à la place de la population et qu'il regarde
vers le gouvernement, à l'autre bout de la lunette, il va trouver que le
gouvernement est loin.
Ce n'est pas ça que je veux lui suggérer, cependant. Je
veux lui suggérer qu'il faut regarder tous les ministres à
l'autre bout de la lunette pour voir comment ils voient le ministre des
Finances, pour voir s'ils vont le trouver loin.
M. GARNEAU: Chacun y verrait ce qu'il veut bien y voir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, je parle par expérience.
M. GARNEAU: Une chose est certaine, c'est que ce n'est pas toujours
facile de dire qu'il n'y en a plus quand il n'y en a plus; les gens pensent
toujours qu'il y en a encore.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est vrai, d'ailleurs j'ai aidé le
ministre des Finances dans le débat sur le budget en disant à ses
collègues qu'il y avait encore $100 millions et de se
dépêcher d'aller les chercher.
M. GARNEAU: Pour cela, il faudrait augmenter nos emprunts et je ne
voulais pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur le programme...
M. ROY (Beauce): ... franchir le cap du milliard.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ça, c'est un facteur
psychologique. Je comprends le ministre des Finances...
M. GARNEAU: Le député de Montmagny a dit ça, et
quand il me l'a dit en Chambre, il m'a fait réfléchir car
c'était la première fois que je voyais le problème
posé comme ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce serait le premier ministre des Finances de
l'histoire de la province de Québec qui emprunterait plus que $1
milliard dans une année.
M. GARNEAU: Mais je...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre ne veut pas, c'est comme les
records, c'est le gardien de buts, il ne veut pas mettre son nom...
M. GARNEAU: Je ne vois pas quelle différence il y a, par exemple,
entre passer de $750 millions à $825 millions...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, c'est juste...
M. GARNEAU: C'est psychologique.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... une question psychologique, parce que $10
millions de plus et il a passé le milliard. Ce n'est pas la
question.
M. ROY (Beauce): D'ailleurs, l'année n'est pas finie, il peut y
avoir des choses exceptionnelles, des budgets supplémentaires à
un moment donné qui peuvent arriver.
M. GARNEAU: Si le besoin s'en faisait sentir et si c'était
réellement bon pour la population du Québec, ce n'est
certainement pas ça qui me ferait hésiter.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, d'ailleurs si on regarde un peu l'histoire
des finances, si on prend les budgets de la province, il y a quelques
années, et les budgets de cette année, personne n'aurait
osé prédire que le budget de la province de Québec en
73/74...
M. GARNEAU: J'ai eu l'occasion...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... serait de $5 milliards.
M. GARNEAU: Le député de Montmagny me permettra
peut-être cette petite anecdote. A l'occasion d'une visite que je faisais
dans la région des Cantons de l'Est, à Sherbrooke, certainement
pas pour des raisons politiques mais un peu plus par sentimentalité
qu'autre chose, j'avais demandé à aller saluer M. Johnny Bourque
qui a été ministre des Finances dans le gouvernement de l'Union
Nationale pendant un certain temps, un homme qui a atteint un âge assez
respectable, et on a badiné quelque temps il est encore
très alerte d'ailleurs sur l'évolution des finances
publiques, et il me racontait que le dernier budget qu'il a
présenté était de $625 millions et...
M. CLOUTIER (Montmagny): En 1960.
M. GARNEAU: En 1960, et il me racontait certaines anecdotes qui avaient
précédé le dépôt du budget et la longue
discussion qu'il y avait eu au conseil des ministres pour savoir si le budget
serait plafonné à $600 millions au lieu de $625 millions. Et il
dit: Aujourd'hui, ce n'est même plus le budget d'un seul
ministère.
C'est pour montrer qu'il y a eu une évolution considérable
de ce côté.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'élément 4, et ce sera
probablement la dernière question que j'aurai à poser, on a
$500,000: "Provisions... pour la réalisation, par les ministères,
de projets ou d'expériences pilotes destinés à
améliorer la gestion administrative". Est-ce que le ministre peut nous
dire, à la lumière de la réponse plus
générale qu'il a donnée tantôt, de façon plus
pratique, comment pourrait être dépensé ce montant, et
à quels ministères surtout?
M. GARNEAU: Disons que je vais peut-être donner le cadre
général et je demanderai à M. Coulombe d'expliquer comment
certains des projets vont évoluer. D'une façon
générale, je vais souligner qu'en cours d'année, les
ministères nous arrivaient de temps à autre avec des
difficultés de gestion qui n'avaient pas été
prévues pour toutes sortes de raisons, soit à la suite d'une
remarque qui a été faite par le vérificateur
général ou à la suite d'une difficulté qui s'est
présentée; les ministères nous arrivaient avec des
demandes de faire appel au fonds de secours pour des projets de
différentes natures concernant l'administration. Et c'était
toujours un problème et... pardon?
M. LAURIN: Concernant l'administration, ça voudrait dire quoi
ça?
M. GARNEAU: Concernant l'administration, supposons je peux prendre
l'exemple du Tourisme, qui a à administrer des parcs dans tout le
Québec. Strictement sur le plan administratif, le contrôle des
revenus, par exemple, qui sont perçus pour la location des chaloupes sur
des lacs dans les parcs nationaux est un problème assez complexe. On
pouvait bien se faire voler par n'importe qui et aussi le contrôle
était assez complexe. Cela pourrait être un projet comme ça
sur lequel M. Coulombe pourra élaborer davantage.
Mais, afin de faciliter les projets concrets que les ministères
pourraient nous présenter en termes d'amélioration de leur
gestion, nous avons pensé mettre cette réserve de $500,000 qui
s'associait également avec l'effort qui a été entrepris du
côté de la question administrative, le manuel de gestion, pour
essayer d'incorporer ça dans ce processus. M. Coulombe pourrait
peut-être donner des exemples de quelques-uns des projets qui sont en
cours ou qui sont susceptibles de nous être présentés d'ici
quelque temps.
M. LAURIN: C'est marqué dans le programme, réalisation par
le ministère concerné, mais est-ce que cette
réalisation-là se fait selon des directives émises par le
secrétaire ou par une direction générale?
M. GARNEAU: Le ministère, par exemple, va nous présenter
un projet dont la réalisation demande de retenir les services de
consultants ou d'affecter à titre temporaire des contractuels, pour cinq
ou six mois. Le projet étant décrit, les sommes d'argent
puisées à même cette réserve sont virées dans
les budgets des ministères et ce sont eux qui administrent le projet et
non pas le secrétaire du conseil.
Peut-être que vous pourriez répondre au sujet de
quelques-uns des projets.
En fait, ça se veut surtout axé sur une augmentation de la
productivité. Traditionnellement, beaucoup de ministères, surtout
les ministères où les budgets ne sont pas immenses comme dans
certains, trouvent parfois des difficultés à innover dans le
courant de l'année parce qu'ils sont vraiment coincés dans leur
enveloppe budgétaire. Cela se veut justement un fonds pour aider ces
ministères-là à permettre l'innovation chez les
fonctionnaires pour inventer de nouvelles formules plus productrices et ainsi
de suite.
On peut citer plusieurs exemples. Plusieurs projets sont actuellement
à l'étude. Au ministère des Communications, par exemple,
ils veulent examiner de plus près la fonction commerciale des bureaux de
l'éditeur, la vente des livres et ainsi de suite pour améliorer
cet aspect-là. Au ministère du Tourisme, il y a eu la question de
la gestion des établissements commerciaux des parcs, qui est un
problème extrêmement complexe. Il y a plusieurs ministères
qui présentent actuellement des projets.
Evidemment, cette année, c'est expérimental et c'est
surtout axé sur l'innovation du fonctionnarisme pour amener plus de
productivité dans les programmes et les activités des
ministères. Qu'est-ce que cela va donner? L'avenir va le dire puisque,
cette année, ça commence.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, pour ma part, je n'ai
pas d'autre question.
M. LAURIN: On vient de voir arriver une des grosses cloches du Conseil
du trésor. On peut peut-être demander au ministre si le Conseil du
trésor a des relations quelconques avec la Commission de la capitale
nationale.
M. PARENT: Pardon?
UNE VOIX: Le ministre est mieux de prendre avis de la question.
M. GARNEAU: M. le Président, il est six heures moins cinq.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): D'autant plus que le
député de Hull a été remplacé par le
député de Papineau.
M. LAURIN: Donc, il n'est pas là.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): L'honorable député
de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme dernière question, je demanderais
au ministre quel est le lien du ministre avec le Conseil du trésor. Il
ne peut pas être tous les jours au Conseil du trésor. Est-ce que
le ministre des Finances a une présence quotidienne au Conseil du
trésor par un fonctionnaire quelconque?
M. GARNEAU: Non. J'assiste aux réunions hebdomadaires,
évidemment, du conseil et aux nombreuses rencontres qu'il peut y avoir
chaque semaine. Le secrétaire du conseil ou un de ses adjoints m'appelle
pour discuter de tel ou tel problème, mais je n'ai pas de bureau,
toutefois,' au secrétariat du conseil comme tel, personnellement. Mon
bureau est au ministère des Finances et le lien se fait assez
facilement.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. ROY (Beauce): Pas d'autre question. Je veux remercier les
collaborateurs du ministre des Finances.
M. CLOUTIER (Montmagny): Du ministère des Finances et du Conseil
du trésor.
M. ROY (Beauce): Et du Conseil du trésor.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous souhaitons au ministre des Finances un
excellent voyage à Ottawa en compagnie du premier ministre.
J'espère qu'il lui donnera des avis très très
sérieux.
M. LAURIN: La bonne garde sur les finances.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): Nous considérons que le
programme 1 et tous les éléments des crédits du Conseil du
trésor sont adoptés.
M. GARNEAU: Comme ils sont adoptés, je voudrais remercier les
gens du Conseil du trésor pour leur collaboration et également
les autres membres de la commission d'avoir assisté et d'avoir
procédé à l'étude avec autant de
sérieux.
UNE VOIX: On a un bon président.
M. GARNEAU: Egalement le président, pour le bon travail qu'il a
fait.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): A mon tour, je remercie les
membres de la commission pour leur précieuse collaboration, ce qui m'a
permis de diriger les travaux de cette commission...
M. LAURIN: Avec célérité et
sérénité.
LE PRESIDENT (M. Croisetière): La séance est
levée.
(Fin de la séance à 18 h 2)