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(Douze heures dix minutes)
Le Président (M. Laplante): La commission des finances et
des comptes publics se réunit afin d'étudier article par article
le projet de loi 8, Loi concernant l'adoption des chapitres 35 et 45 des lois
de 1982 et modifiant certaines conditions de travail dans le secteur
public.
Les membres de cette commission sont: M. Blais (Terrebonne), M.
Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Fortier (Outremont) remplacé par Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), M. French (Westmount), M. Blouin (Rousseau), M. Marquis
(Matapédia), M. Lafrenière (Ungava), M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), M. Lachance (Bellechasse), M. Bérubé
(Matane).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Fallu (Groulx),
M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Lincoln (Nelligan), M. Polak
(Sainte-Anne), M. Proulx (Saint-Jean), M. Rochefort (Gouin), M. Ryan
(Argenteuil). Je m'excuse, M. Ryan (Argenteuil) remplace M. French (Westmount)
comme membre.
Modification de certaines
conditions de travail dans
le secteur public (suite)
Nous étions rendus à l'article 12 qui avait
été appelé avec la modification apportée par le
ministre est-il adopté? Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires à l'article 12?
Mme Lavoie-Roux: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez bien me donner une seconde...
M. Bérubé: Certainement, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Je sais qu'il y a déjà eu, je
crois, des motions qui ont été faites sur l'article 12 - vous me
corrigerez, malheureusement, je n'étais pas ici hier soir - touchant les
salariés à temps partiel du domaine de l'éducation; en
particulier ceux de l'éducation des adultes. Moi, aujourd'hui, je ne
ferai pas un long préambule. J'aimerais faire une motion - je pense que
cela m'est permis, à ce moment-ci, M. le Président -touchant les
salariés des Affaires sociales. On se souviendra que, dans le projet de
loi qui nous est soumis présentement on n'inclut pas les propositions
qui avaient été faites aux salariés des affaires sociales
le 30 janvier et auxquelles le gouvernement faisait allusion lors d'une
conférence de presse que le premier ministre tenait à la toute
veille du fameux vote qui avait été pris par les employés
des affaires sociales touchant un débrayage possible ou le
déclenchement d'une grève que finalement ils ont
rejeté.
Il reste que, dans les propos qui avaient été tenus par -
je l'ai ici, je pense - le premier ministre lors de cette conférence de
presse et qui étaient repris dans la publicité gouvernementale du
5 février 1983, le gouvernement avait dit: Bien que rejetées par
le conseil fédéral de la Fédération des affaires
sociales, ces offres demeurent toujours valables, mais ne pourraient plus
être considérées comme maintenues en cas de grève
illégale. Ces offres touchaient des ajustement salariaux pour les
employés à temps partiels - ceci a été maintenu,
c'est inclus - la priorité à l'ancienneté, le "bumping"
avec statu quo amélioré, des dispositions en cas
d'invalidité et de l'argent pour les garderies. Ceci, je pense, dans
l'ensemble est maintenu, puisque le gouvernement - cela doit s'appliquer
à elles - s'est engagé à la création de 2000 places
de garderie sur trois ans, ce qui ferait 6000 places de garderie. Enfin, on me
corrigera si je me trompe, je donne cela de mémoire.
Motions d'amendement
Ma motion est celle-ci, M. le Président, cela ne sert à
rien de perdre du temps. "Que le document sessionnel no 86 soit modifié
de manière à y inclure les propositions gouvernementales du 30
janvier 1983 aux salariés des Affaires sociales, dans la mesure
où ces propositions n'avaient pas d'incidences financières." Je
sais que vous avez statué, ou quelqu'un a statué à un
moment donné. Je reconnais fort bien qu'il n'est pas loisible à
l'Opposition de faire des incidences qui ont des instances financières.
Je m'excuse, je n'ai qu'une copie.
Le Président (M. Laplante): La motion se lirait comme
suit: "Que le document sessionnel no 86 soit modifié de manière
à y
inclure les propositions gouvernementales du 30 janvier 1983 aux
salariés des Affaires sociales, dans la mesure où ces
propositions n'avaient pas d'incidences financières."
Sur la recevabilité de cette motion -c'est une motion qui est un
peu floue - vous ne m'apportez pas de documents, vous n'apportez rien de ce qui
peut être inclus là-dedans.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que le
gouvernement a tous les documents sur les propositions salariales qu'il a
faites à la Fédération des affaires sociales le 30
janvier. J'aurais pu tomber dans une grande énumération.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Sans en faire ici un
cas exceptionnel en commission parlementaire, je vais la juger recevable dans
le sens où il n'y a là aucune incidence financière. Elle
est reçue.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour ne pas prolonger la
discussion, je vais attendre la réaction du ministre, ou il est
peut-être préférable que je plaide avant, parce que une
fois que le ministre s'est prononcé, c'est toujours difficile pour lui
de revenir...
M. Bisaillon: Surtout qu'il est têtu.
M. Bérubé: M. le Président, le
député de...
Mme Lavoie-Roux: De Sainte-Marie.
M. Bérubé: ...de Sainte-Marie vient de m'accuser
d'être têtu. C'est une accusation qui, personnellement, me choque
profondément quand tout le monde sait l'ouverture d'esprit que je
témoigne devant toutes les demandes de l'Opposition. D'ailleurs, j'avais
pu le voir, plus tôt, s'asseoir à son siège et j'ai
noté qu'il prenait un siège à l'extrême droite de
notre commission. M. le Président...
M. Bisaillon: Pour mieux vous manger, mon enfant...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, sur ce, j'accepte bien
les remarques du ministre. J'ose espérer qu'il saura faire mentir le
député de Sainte-Marie et qu'il sera flexible.
Je voudrais faire remarquer que ces propositions avaient
été faites le 30 janvier. Elles touchaient, en particulier, - je
ne veux pas les énumérer de nouveau - la priorité à
l'ancienneté, le "bumping", ce qu'il appelait un statu quo
amélioré, selon le langage du gouvernement. Est-ce qu'il
s'agissait des proposition principales, selon ce qui nous avait
été remis, ou y avait-il d'autres propositions qui n'ont pas fait
l'objet de la publicité gouvernementale et qui étaient aussi
incluses dans ces propositions à la Fédération des
affaires sociales?
Comme je le mentionnais, le gouvernement, dans la publicité,
avait dit que ses offres demeuraient toujours valables mais qu'elles ne
pourraient plus être considérées comme maintenues en cas de
grève illégale.
L'on se souviendra du suspense, à ce moment, qu'ont vécu
à la fois la population et certainement le gouvernement, les
employés eux-mêmes et particulièrement les
bénéficiaires, à savoir quel serait le résultat de
ce fameux vote-là.
Les salariés ont rejeté la grève illégale.
Évidemment, c'est difficile de sonder les reins et les coeurs pour
savoir quelles étaient leurs motivations, mais il était
important, selon moi, pour la population et pour tout le monde en bout de
piste, que la grève n'ait pas lieu parce que déjà les
institutions ou les établissements de santé avaient
antérieurement, été passablement pénalisés
par une journée ou quelques heures de débrayage. Il y a aussi
paralysie que les menaces de grève occasionnent dans les hôpitaux,
ce qui n'est pas le cas dans le domaine de l'éducation parce qu'on
continue d'accueillir les élèves jusqu'au moment où la
grève se déclenche. Tandis que, dans le réseau des
affaires sociales, on est obligé de prendre des dispositions pour
protéger la population. Alors, même une menace de
débrayage, de grève, a déjà des
inconvénients très sérieux pour la population, compte tenu
que tout fonctionne au ralenti: l'admission, les traitements, etc.
Le gouvernement, par une décision que je m'explique mal - je le
dis très honnêtement - au plan logique - est-ce que c'est pour
punir davantage la Fédération des affaires sociales? - ne semble
pas être capable de dissocier ce qui a été le geste
posé par l'ensemble des syndiqués qui ont refusé cette
grève-là, c'est-à-dire la majorité des
syndiqués qui l'ont refusée, et ce que peut-être le
gouvernement veut interpréter comme des attitudes dures de la part de la
Fédération des affaires sociales. Le résultat net est
qu'on traite différemment les salariés des Affaires sociales des
salariés de l'Éducation. C'est tout récemment d'ailleurs
que les enseignants des cégeps qui, eux aussi... Et on utilise comme
prétexte qu'ils devraient d'abord signer une entente pour que ces
propositions puissent être acceptées, incorporées. On
utilise comme prétexte le fait qu'ils n'ont pas signé d'entente
alors qu'il y a à peine quelques jours, au moment où le
gouvernement était déjà prêt à incorporer les
propositions gouvernementales faites aux enseignants des cégeps et que
ces derniers ne signaient pas l'entente, néanmoins on proposait de les
inclure. Cela m'apparaît vraiment comme deux poids deux mesures.
On me dira que, depuis ce temps-là et tout récemment - je
pense que c'est hier ou avant-hier, en tout cas j'ai lu cela quelque part - les
enseignants des cégeps ont finalement signé. Mais il reste que
l'intention du gouvernement était de toute façon d'incorporer les
dernières offres salariales ou celles qui avaient été
discutées par l'entremise de la conciliation, au moment de la
conciliation, dans les derniers décrets. On s'apprête à
prendre une mesure tout à fait différente pour les
salariés des Affaires sociales. C'est dans ce sens que je m'explique mal
la décision du gouvernement. J'aimerais au moins, si le ministre ne veut
pas revenir sur sa décision, qu'il nous explique le bien-fondé ou
la logique d'une décision qui, à sa face même, paraît
être injuste à l'endroit d'un bon nombre de salariés, ceux
des Affaires sociales.
M. Bisaillon: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ...si vous me le permettez je voudrais ajouter
quelques commentaires à ceux de la députée de L'Acadie. On
reconnaîtra - je pense que le ministre va l'accepter facilement - que la
procédure utilisée actuellement par la députée de
L'Acadie est finalement un moyen de faire discuter de la position
gouvernementale, puisque c'est un amendement qui vise à intégrer
les ententes ou ce que le gouvernement avait annoncé qu'il était
prêt à faire pour améliorer les conditions qui avaient
déjà été déposées, mais on est
obligé de dire dans l'amendement que c'est en autant que cela n'a pas de
répercussions financières.
On reconnaîtra que l'idéal serait que le ministre nous
annonce aujourd'hui qu'il va effectivement intégrer dans les
décrets puisque - j'y reviendrai tantôt - c'est une loi qu'on nous
annonçait comme une loi "remédiatrice", de lui-même
intégrer dans les décrets tout ce qui avait été
offert au groupe de syndiqués. Le moyen utilisé ne
réglerait pas l'ensemble de la question même s'il était
endossé par le ministre. L'amendement déposé par la
députée de L'Acadie ne couvre qu'une partie de ce qui avait
été offert par le gouvernement, c'est-à-dire tout ce qui
n'est pas "financier", mais il y avait quand même d'autres aspects qui
avaient déjà été offerts.
Je voudrais souligner au ministre que, vu de l'extérieur et
à moins que le ministre ne puisse nous justifier fortement et avec des
arguments qui devront être forts une position différente ou des
motifs qui pourraient être différents, cela ressemble
étrangement à une position revancharde. Contre qui finalement?
Contre les personnes auxquelles le ministre ne doit rien avoir à
reprocher.
Si on se rappelle les faits, les représentants du gouvernement
avaient mis sur la table un certain nombre d'éléments nouveaux;
ils avaient même convenu de ces éléments avec des
représentants de la Fédération des affaires sociales. Cela
n'est que dans une instance intermédiaire, au moment où cette
entente a été soumise à une instance intermédiaire
que ces aménagements ont été refusés par l'instance
intermédiaire. Il n'en reste pas moins que l'ensemble des membres avait
respecté les orientations et les demandes gouvernementales de ne pas
procéder à des grèves illégales. Donc l'ensemble
des membres a répondu jusqu'à un certain point aux attentes
gouvernementales. Compte tenu du fait que l'ensemble des membres a
répondu aux attentes gouvernementales, qu'il y avait déjà
eu des ententes entre le gouvernement et les représentants à la
table des négociations des syndiqués et que cela n'est qu'une
instance intermédiaire qui a refusé, repoussé le tout, de
qui le ministre veut-il effectivement se venger? Sûrement pas de ceux qui
négociaient et sûrement pas non plus de l'ensemble des
syndiqués puisqu'ils ont répondu à l'attente du
gouvernement. Il ne reste qu'à penser que le ministre voudrait rejoindre
les quelque 300 ou 400 délégués de la
Fédération des affaires sociales qui avaient à ce
moment-là repoussé ce qui était proposé comme
aménagement par le gouvernement. Cela me semble un peu abject de ne pas
accorder aux syndiqués - puisque c'est à eux maintenant qu'il
faut penser - à l'intérieur d'une loi qu'on nous dit
"remédiatrice", ce qui avait déjà été
convenu, d'autant plus qu'ils ont répondu aux attentes
gouvernementales.
L'argument qui veut qu'on attende qu'ils signent, qu'on désire
qu'ils procèdent à une signature ne tient pas quand on sait qu'il
y a déjà beaucoup de choses dans les décrets qui ont
été imposées sans qu'il y ait eu ni entente ni signature.
Si cela valait pour ces clauses dans les décrets, pourquoi cela ne
vaudrait-il pas aujourd'hui pour des choses qui ont fait l'objet d'ententes?
D'ailleurs, il faudrait se souvenir du discours gouvernemental aussi à
l'époque. Lorsque l'instance intermédiaire, par exemple, avait
refusé d'entériner l'espèce d'entente qu'il y avait eu
à la table des négociations sur les aménagements, on a
assisté à toute une série d'accusations gouvernementales
dénonçant la non-représentativité des gens qui
siégeaient à l'instance intermédiaire, alors que, la
veille, on trouvait fort représentatives les trois, quatre ou cinq
personnes qui, elles, avaient accepté de soumettre une entente à
leurs délégués. Il y a eu là des difficultés
de parcours. Il faut reconnaître qu'il y avait effectivement eu entente
au niveau d'une table des négociations et engagement, à tout
le moins du côté syndical, de présenter ces
aménagements à une instance intermédiaire qui les a
refusés. Bon, soit! elle les a refusés, c'était son droit.
Est-ce qu'on va les punir à tout jamais? D'autant plus qu'on sait
maintenant que les membres, eux, ne sont pas entrés dans ce que le
gouvernement craignait davantage et voulait le plus éviter,
c'est-à-dire la grève illégale.
Compte tenu de tous ces arguments, M. le Président, et compte
tenu du fait surtout que le ministre, lorsqu'il a déposé le
projet de loi en Chambre, a voulu indiquer qu'il s'agissait de remédier
à des difficultés qu'on avait pu rencontrer par la suite et de
corriger un certain nombre d'erreurs dans les décrets... D'ailleurs,
déjà, dès l'ouverture de la session, il avait
annoncé à l'article 12 un amendement qui visait à
déposer un autre document sessionnel le 25 mai pour corriger justement
une situation qui lui avait échappé dans l'espèce de folie
furieuse qu'on a connue au moment où on a voté l'ensemble des
décrets de 50 000 pages sans les lire, auxquels on vient d'ajouter 50
000 pages de traduction qu'on n'a pas d'ailleurs davantage lues. Le ministre a
donc déjà lui-même annoncé qu'effectivement il
pouvait y avoir des correctifs à apporter puisque lui-même
dépose un document sessionnel corrigé. Il en a
déposé un deuxième le 25 mai pour corriger une situation
particulière.
Alors, je vois difficilement comment le gouvernement ne se rendrait pas
aux arguments de Mme la députée de L'Acadie, sans pour autant, et
ce n'est pas nécessairement ce que je souhaite, que l'amendement
déposé par Mme la députée de L'Acadie soit
voté. L'idéal serait que le ministre lui-même puisse
annoncer qu'il est prêt à inclure dans les décrets tout ce
qui avait été mis de l'avant et proposé par le
gouvernement, non seulement aux syndiqués concernés, mais
à la population puisque cela a fait l'objet, on s'en souvient, de
publicité importante de la part du gouvernement.
Compte tenu de tout cela, j'oserais espérer que le ministre nous
annoncera que l'amendement n'a plus sa place et sa raison d'être puisque,
de lui-même, et en incluant les clauses financières, il est
prêt à inclure dans le projet de loi 8, par un décret qu'il
pourrait déposer maintenant, tout ce qui a été offert aux
syndiqués à l'époque.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. (12 h 30)
M. Bérubé: M. le Président, deux aspects ont
été abordés. D'une part, l'aspect qui voudrait que le
gouvernement, dans ses documents sessionnels déposés ici à
l'Assemblée nationale, en profite pour bonifier l'ensemble des
conditions de travail des employés du secteur public qui n'ont pas
signé d'entente avec le gouvernement. Car il faut rappeler que les
professionnels du gouvernement n'ont pas signé d'entente. Les
employés de soutien membres de la CSN dans les cégeps n'ont pas
signé d'entente. Jusqu'à il y a quelques jours, les enseignants
des collèges affiliés à la CSN ou à la CEQ
n'avaient pas non plus signé d'entente.
Donc, essentiellement, l'Opposition d'extrême droite demande, dans
un premier point, si le gouvernement devrait bonifier des conditions de travail
par des propositions qui, d'une part, entraîneraient des frais
additionnels pour l'État et qui, d'autre part, seraient rejetées
par les employés de l'État comme étant des propositions ne
leur convenant pas, insatisfaisantes, etc.
M. le Président, il est clair que le gouvernement est prêt
à bonifier les conditions des décrets. Non seulement nous l'avons
dit lors de la rencontre, en début de janvier, qui regroupait des
représentants des centrales syndicales et des représentants du
gouvernement au plus haut sommet; non seulement nous avons indiqué que
nous étions prêts à apporter de telles modifications, mais
nous avons même proposé la création de groupes de travail
pour étudier les problèmes des politiques de
rémunération dans le secteur public, des politiques de l'emploi,
de la qualité des services, de la productivité. Nous avons
également proposé la constitution de tables de travail pour
examiner les bases d'une politique salariale qui pourrait permettre la
réouverture des décrets et entraîner un niveau de
rémunération supérieur, par exemple, pour la
troisième année de la convention collective. Nous avons donc
indiqué notre intention d'ouvrir à une négociation
beaucoup plus permanente les conditions de travail des employés du
secteur public.
Nous n'avons pas dit, à ce moment-là, que nous
étions prêts à ériger en système un mode de
décrets qui viendraient à tous les six mois, à toutes les
années,, bonifier ou modifier les conditions de travail des
employés du secteur public sans leur consentement. Ce n'est pas le sens
de l'intervention gouvernementale. L'intervention gouvernementale disait que
nous devrons repenser tout le système des négociations dans le
secteur public, prendre une bonne habitude de négociation plus
permanente de manière à aborder les poblèmes au fur et
à mesure qu'ils se posent et voir à y apporter des correctifs,
souvent, même, en plein milieu des conventions collectives.
C'est, d'abord, une attitude ouverte de la part du gouvernement pour
maintenir de façon continue un climat de négociation que
l'Opposition remet en question lorsqu'elle dit: Vous devrez donc, chaque fois
que vous voulez modifier, bonifier les conditions de travail, en profiter pour
déposer un
décret, régler les problèmes par la voie des
décrets. Or, ce n'est pas l'approche que nous avons choisi de
prendre.
Nous avons, il est vrai, en décembre, devant l'échec des
négociations et devant la situation économique qui nous amenait
à vouloir régler le problème global des
négociations rapidement, décrété les conditions de
travail pour trois ans. C'est clair. Nous avons également voulu profiter
de l'occasion pour amorcer un processus de réflexion qui
entraînerait probablement des changements de comportement au niveau du
gouvernement et qui, nous l'espérons entraînera également
des changements de comportement au niveau syndical pour permettre un nouveau
climat de négociation. Ce climat de négociation repose
essentiellement sur la volonté des parties de s'asseoir intelligemment
à une table, d'examiner les problèmes en profondeur avant qu'ils
ne soient explosifs et de faire en sorte que l'on puisse dégager un
climat de relations de travail qui évite ce type de confrontation
à tous les trois ans.
C'est donc à un changement de mentalité que le
gouvernement a appelé l'ensemble des intervenants qui participent
à ces rondes de négociations. C'est sur cette base que nous
disons oui à une négociation; oui au réexamen des
conditions de travail de nos employés sur une base plus permanente,
ordonnée; oui, à la conclusion d'ententes pour modifier des
conditions de travail, ouil mais en faisant appel à la maturité
des participants. Et lorsqu'un syndicat décide qu'il ne veut pas de
propositions gouvernementales, de modifications aux conditions de travail, nous
ne croyons pas que cela doive entraîner automatiquement pour le
gouvernement une décision d'imposition par décret. Donc, je
n'accepte pas la demande de l'Opposition que tout syndicat qui ne voudrait pas
conclure d'entente avec le gouvernement devrait, de toute façon, se voir
imposer d'autres conditions de travail que celles qui sont déjà
dans les décrets. Je n'accepte pas cette demande. Au contraire, s'il
doit y avoir bonification, il doit y avoir entente entre les parties quant
à une telle bonification.
À ce moment-là, reste la question soulevée par la
députée de L'Acadie, qui est: Puisque c'est votre position
générale, pourquoi agissez-vous différemment dans le cas
de l'Éducation? Vous ne semblez pas respecter ce principe
général. En apparence, il est vrai que nous ne semblons pas
respecter le principe que je viens d'établir, mais ce n'est qu'en
apparence - ce qui va d'ailleurs rassurer la députée de L'Acadie
-ce n'est qu'en apparence. Ce qui se retrouve dans le document sessionnel 86,
en ce qui a trait aux enseignants du collégial, est sans doute ce
qu'aurait contenu le document 86 n'eût été de la signature
d'une entente avec les enseignants du primaire et du secondaire.
Donc, ce qu'on retrouve dans ce document 86, en ce qui a trait aux
enseignants, n'est pas le résultat d'une négociation ou d'offres
faites aux enseignants, mais bien le résultat de discussions entre le
gouvernement et ses partenaires. Je dois souligner que nous avons, à la
suite des rencontres de janvier avec les centrales, procédé
à des consultations avec les partenaires du gouvernement dans cette
ronde de négociations. Il est clair que, au départ, les mandats
de négociation ont été préparés de concert
avec nos partenaires. Non pas que nous ayons accepté toutes les demandes
de nos partenaires: je dois dire que nous avons rejeté un très
grand nombre de demandes de modification aux conventions collectives que nous
avaient exprimées les commissions scolaires, pour retenir un certain
nombre de demandes qui nous paraissaient fondamentales pour
l'amélioration du réseau d'enseignement au Québec.
Ceci avait donc entraîné des rondes constantes de
discussions pour l'élaboration des mandats et l'acceptation finale des
mandats par le gouvernement. Au départ également, soulignons que
la ronde de négociations s'est faite en impliquant l'ensemble des
partenaires gouvernementaux. Mais il est clair que, dans toute ronde de
négociations, arrive un point crucial, intense où l'on cherche
à éviter l'affrontement et à obtenir un règlement
final. À ce moment, on ne peut aussi facilement s'engager dans une
consultation, une concertation avec tous les partenaires - ils sont plusieurs
centaines -car une telle concertation, évidemment, implique des
délais, des lenteurs et est difficilement compatible avec des
discussions, à 3 heures du matin, autour d'un point. Plus que souvent,
M. le Président, je me suis fait réveiller à 2 heures ou 3
heures du matin; il y a même des nuits où j'ai pensé qu'il
était plus sage de coucher à mon bureau. Mon épouse
appréciait fort peu ces téléphones impromptus à
toute heure du jour et de la nuit, et je la comprend d'ailleurs -...
Donc, arrive un moment intense de négociation qui ne se
prête pas à une concertation aussi développée que
celle qui a prévalu au début de la négociation. Nous ne
l'avons pas caché. Nos partenaires, durant les dernières semaines
de décembre, n'ont pas été impliqués comme tels
dans tout le processus final de la prise des décisions quant aux
conditions de travail des employés du secteur public.
C'est ce qui les a amenés, dans le secteur de l'éducation,
à intervenir auprès du gouvernement pour demander que les
décrets puissent être modifiés dans un sens qui permettrait
une intégration plus facile de ces changements dans l'administration de
l'enseignement au Québec.
Je vous rappellerais que le
gouvernement avait déposé, en janvier, une proposition
à la table de négociation qui n'allait pas dans ce sens, qui
impliquait des coûts de l'ordre de la centaine de millions de dollars, et
qui avait été rejetée par les syndicats d'enseignants.
Ce que les partenaires gouvernementaux, dans le secteur de
l'éducation, ont demandé au gouvernement, c'est de maintenir
cette enveloppe qui avait été mise sur la table mais de la
présenter tout autrement dans un effort pour faciliter la mise en place
des décrets.
Je soulignerais, d'ailleurs, que l'effort de compression qui aurait
été demandé dans le réseau de l'éducation
à la fin de la convention serait exactement celui demandé par le
gouvernement. Il s'agissait essentiellement d'étaler dans le temps,
c'est-à-dire que l'économie récurrente serait la
même mais, sur la période de 3 ans, le gouvernement devrait
débourser une centaine de millions de plus. Ceci dans le but de
permettre une imposition graduelle des conventions collectives et de permettre
à l'administration de s'ajuster.
Il nous est apparu que cette demande des commissions scolaires et des
collèges était recevable en tant que telle pour leur permettre
une intégration plus facile, compte tenu qu'ils n'avaient pas
participé aux dernières heures, aux dernières minutes de
la négociation qui nous avaient amenés, à un certain
moment, à déterminer des conditions de travail en déposant
la loi 105 à l'Assemblée nationale. Donc, dans la mesure
où ils avaient été mis hors du processus de
négociation, à la toute fin, et dans la mesure où leurs
recommandations se défendaient en termes d'aménagement des
conditions de travail des employés pour faciliter la gestion, il nous
est apparu que ceci pouvait être retenu comme objectif louable. Et si
nous déposons le document sessionnel 86 avec des modifications dans le
secteur collégial, c'est essentiellement pour répondre à
cette entente que nous avions convenue avec nos partenaires et qui avait
été présentée publiquement.
Je vous souligne que, subséquemment, il y a eu
négociation, qu'il y a eu des rapports de conciliation et qu'un tel
rapport de conciliation n'est pas intégré dans le document
sessionnel 86, et ne peut s'appliquer que s'il est entériné par
les parties. Notre intention n'est donc pas, même dans le secteur de
l'éducation, d'aller au-delà et, par exemple, d'imposer un
rapport de conciliation directement dans les documents sessionnels, car ce
serait alors modifier le processus de négociation dont j'ai parlé
plus tôt, qui veut que nous nous assoyions à des tables et que
nous cherchions, de façon ouverte et responsable, à mon avis,
à réfléchir aux conditions de travail des employés
du secteur public et que nous tentions d'y apporter des modifications en cours
de convention plutôt que toujours à la dernière minute.
Notre intention n'était donc pas d'imposer le rapport de
conciliation, car ce serait aller à l'encontre du processus de
négociation dont je parlais précédemment. Mais nous ne
pouvions cependant pas appliquer ce raisonnement à une entente convenue
avec nos partenaires qui portait essentiellement sur une façon
d'appliquer les décrets qui soit plus facile pour l'administration.
Je dis donc, en conclusion, M. le Président, que s'il y a une
différence en apparence, c'est tout simplement que le document
sessionnel se réfère à des discussions qui ont lieu avec
nos partenaires et porte sur un consensus établi avec nos partenaires et
non pas sur des propositions comme telles que nous voudrions imposer aux
enseignants dans le cadre d'une négociation qui aurait avorté.
(12 h 45)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais faire deux
petites mises au point. D'abord, je voudrais simplement, pour le journal des
Débats - et je remercie le député de Sainte-Marie de
l'avoir souligné -dire que j'ai voulu sauter une étape pour
gagner du temps, parce que j'aurais pu arriver avec une motion qui aurait
incorporé l'ensemble des propositions patronales à la
Fédération des affaires sociales. Comme je savais qu'on pourrait
revenir à faire la même argumentation, à savoir que
c'était inacceptable pour des raisons d'imputation financière, ce
n'était pas mon intention de faire des propositions à rabais.
Mais c'est quand même bon que le député l'ait
souligné, parce que cela me permet de faire cette mise au point, en
tenant compte des procédures ou des règlements avec lesquels nous
devons fonctionner.
Pour revenir au ministre, j'ai essayé de le suivre le plus
possible, car ses explications étaient assez longues. Il a dit: Ce qu'on
souhaite, c'est de pouvoir s'asseoir intelligemment à une table et qu'on
puisse négocier d'une façon plus ou moins permanente, si tel est
le désir de la partie patronale et de la partie syndicale pour modifier
un peu le mode de négociation qu'on a eu jusqu'à maintenant. Je
vous ferai remarquer en passant que la première façon dont le
gouvernement a imposé des décrets, avant même qu'il y ait
eu véritable négociation ou qu'on ait donné la chance
à une négociation normale de se dérouler, cela
m'apparaît une drôle de façon de s'asseoir et de
procéder intelligemment. De toute façon, le gouvernement a
procédé unilatéralement dans ce cas-là. Mais je ne
veux pas sortir les cadavres des garde-robes.
Vous nous dites, dans le cas des cégeps, que, finalement, ce
n'était pas votre
intention d'imposer le rapport de la conciliation. En fait, ce qu'on
mettait dans le document sessionnel, c'était le résultat de
discussions que nous avions eues avec nos partenaires. Si les cégeps
n'avaient pas signé, ou si la CSN et la CEQ n'avaient pas signé
dans ce cas-là, vous auriez quand même incorporé de
façon unilatérale de nouvelles données ou de nouvelles
ententes, l'entente prise dans un autre sens. Vous auriez incorporé le
résultat de discussions que vous aviez eues avec vos partenaires de la
partie patronale. À ce moment-là, est-ce que vous n'auriez pas
modifié, encore une fois et unilatéralement, les décrets?
J'essaie de suivre votre raisonnement et je...
M. Bérubé: C'est bien cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que vous auriez fait?
M. Bérubé: Oui, c'est-à-dire que...
Mme Lavoie-Roux: Vous seriez intervenu unilatéralement si
les cégeps n'avaient pas fonctionné?
M. Bérubé: Posons l'hypothèse que, dans le
réseau des affaires sociales, la partie patronale associée au
gouvernement ait, à la lecture des décrets de la loi 105, conclu
que certaines clauses des décrets étaient difficiles
d'administration et nous aurait fait des représentations pour les
modifier et que, nous étant entendus avec nos partenaires, il soit tout
à fait possible que l'on dépose ici un document sessionnel
impliquant de tels changements. D'ailleurs, je le souligne, il y a, dans le
document sessionnel 86 s'appliquant au réseau des affaires sociales, des
corrections qui sont surtout d'ordre technique, des coquilles, se retrouvant
dans les décrets et, souvent, ce sont nos partenaires qui, à
l'étude, ont constaté des erreurs dans les termes ou une
difficulté d'application de certaines formulations et qui nous ont fait
des recommandations. Effectivement, nous en tenons compte et nous les
modifions. Il faut donc voir le document sessionnel 86 comme un document
sessionnel qui vise essentiellement à corriger les décrets
édictés par la loi 105 dans le sens où la partie patronale
estime que de telles corrections les rendront plus faciles d'application.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, un bref commentaire. Je
voudrais d'abord rappeler au ministre qu'à mes yeux - je suis à
l'extrême-gauche de la table de l'Opposition - quand je le regarde et que
j'entends ses commentaires, cela m'explique, cela me confirme d'ailleurs que
les extrêmes se rencontrent souvent. On partage effectivement, beaucoup
plus souvent qu'il le pense, les mêmes orientations, la même
argumentation. J'ai été particulièrement touché par
son argumentation sur le type de négociation qui doit avoir lieu sur les
conditions essentielles pour qu'une démarche soit jugée
intelligente en termes de négociation.
J'ai aussi apprécié son ouverture quant aux
éléments de négociation permanente qu'il a mis de l'avant.
C'est non seulement louable mais je pense que c'est à encourager. Si
cela devenait la position gouvernementale, ce serait intéressant. Sauf
qu'on a un bien mauvais exemple, vous l'admettrez M. le Président, de ce
genre de négociation que le ministre a voulu nous présenter. Il
nous a expliqué comment il voyait les négociations; dans le fond,
si j'ai bien compris son argumentation, ce sont encore les employeurs qui
imposent des choses. On est en droit de se demander quand cela va
arrêter. Autrement dit, toutes les affaires qui, dans les décrets,
ont été mal faites, tous les devoirs mal faits, chaque fois que
l'employeur partenaire va s'en rendre compte, là on va en tenir compte.
Chaque fois que ce sera les autres, là cela va prendre une entente, M.
le Président, qui, je voudrais vous l'indiquer, me semble
piégée.
Ce que le ministre dit, c'est: Si les syndicats veulent avoir des
améliorations, on est réceptif aux améliorations. On va
faire comme on devrait faire en négociation. On va se rencontrer, on va
en discuter, on va en convenir et ensuite on va signer une entente. Cela peut
se faire en cours de conventions, si j'ai bien compris, en cours de
décrets qui en tiennent lieu. C'est piégé puisque,
là où se situe le piège, c'est que faire cette
démarche, c'est aussi entériner tout ce qui
précède.
Or, le ministre n'a pas l'air de vouloir accepter ou de se rendre compte
qu'une bonne partie du contenu des décrets est inacceptable pour les
travailleurs des secteurs public et parapublic. C'est maintenant
réglé. Il trouve cela inacceptable. Le ministre continue à
dire que c'est très bon jusqu'à ce que les employeurs partenaires
disent le contraire. Parfait, mettons cela de côté.
Est-ce que, pour apporter des modifications de gré à
gré, il va falloir accepter, dire tout d'un coup que ce qu'on trouvait
inacceptable hier, devient acceptable aujourd'hui. Ce que le ministre voudrait
de la part des syndicats, ce n'est pas seulement qu'ils conviennent avec lui
des modifications à apporter aux décrets, il voudrait qu'en
même temps ils reconnaissent la valeur du décret. C'est là
que le piège se situe et c'est cela qui va rendre impossible toute
entente.
La question posée par l'Opposition ce matin, M. le
Président, c'est de dire lorsque le gouvernement mettait des choses de
l'avant et que se déroulait la publicité gouvernementale:
Regardez jusqu'à quel point on est beau, fin et gentil, regardez
jusqu'à quel point on est prêt à en mettre de plus en
surplus. On dit aujourd'hui: Tout ce que vous étiez prêt à
mettre en surplus, ou bien c'était vrai ou bien ce ne l'était
pas. Si c'était vrai que c'était du surplus, que c'était
une amélioration, pourquoi ne le donnez-vous pas maintenant après
avoir reconnu l'argumentation des partenaires? Pourquoi en plus n'ajoutez-vous
pas ce que vous étiez prêt à mettre quand vous étiez
beau, fin et gentil ou quand vous vouliez nous faire croire que vous
étiez beau, fin et gentil? Ou bien il faudrait alors conclure que ce
n'était peut-être pas vrai, que ce n'était peut-être
pas tant une amélioration que cela. C'est un ou l'autre. Si cela en
était une véritablement, pourquoi ne la met-on pas?
Je dois dire, M. le Président, que même si je suis d'accord
avec l'argumentation du ministre qu'on doit encourager la négociation de
gré à gré, apporter les modifications uniquement lorsqu'il
y a entente des parties, je dois reconnaître - et c'est l'argumentation
même du ministre - qu'il vient de nous signifier que les
améliorations qu'on nous annonce ne sont pas des améliorations
qui sont de gré à gré entre les parties
représentant les travailleurs et le gouvernement. Ce sont des
modifications qui viennent d'une volonté des employeurs partenaires.
Alors, là, je dis que tout le grand discours du ministre sur le "bon
ententisme" et sur la façon nouvelle de négocier ne favorise pas
des attitudes plus sereines pour l'avenir. Il ne démontre pas beaucoup
plus d'ouverture d'esprit lorsqu'il se refuse aujourd'hui à accorder ou
à offrir... Posons la question autrement: Est-ce que le ministre serait
prêt à discuter ou à s'entendre de gré à
gré sur ce qui avait été offert avant la promulgation des
décrets? Est-ce que le ministre est prêt à remettre cela
sur la table sans pour autant faire reconnaître les décrets par
les syndiqués? S'il était prêt à cela, cela pourrait
être jugé comme ouverture d'esprit.
Mais ce n'est pas le cas, parce que la démarche que propose le
ministre aux syndiqués suppose qu'ils endossent et qu'ils reconnaissent
le bien-fondé du décret. Il me semble, quand quelqu'un est par
terre, qu'on ne doit pas s'acharner à le rouer de coups de pieds. Je
calcule que ce que le ministre ajoute est un peu l'insulte à l'injure.
Je trouve cela inacceptable. Dans ce sens, la loi remédiatrice dont on
parle n'est pas remédiatrice pour l'ensemble des personnes qui sont
touchées. Il va falloir reconnaître qu'elle corrige uniquement les
devoirs mal faits du gouvernement.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Bérubé: D'une part, pour apaiser les craintes du
député de Sainte-Marie, il n'y a à peu près aucun
syndicat qui a, par la signature d'une entente, conclu que cette entente
constituait un endossement des décrets édictés en vertu de
la loi 105. Tous les syndicats ont été très clairs pour
bien indiquer qu'ils rejetaient les décrets de la loi 105 car, à
leurs yeux, ils ne constituaient pas des ententes conclues à la suite
d'un processus normal de négociation. Donc, ils ne les
entérinaient pas.
Toutefois, ce qu'ils entérinaient, c'étaient des
améliorations par rapport aux décrets, rien de plus. Donc, le
député de Sainte-Marie peut se rassurer: aucun des syndicats n'a
perçu la conclusion d'une entente avec le gouvernement comme
étant une façon d'entériner les décrets, mais
plutôt comme une façon d'améliorer les décrets.
C'est sur l'amélioration qu'il y a entente et non sur les décrets
comme tels.
Deuxièmement, il y a une contradiction dans la position du
député de Sainte-Marie, dans la mesure où, d'un
côté, il dénonce l'imposition de décrets et, d'autre
part, trouve que nous n'en imposons pas assez puisque nous devrions imposer
davantage de décrets à plus de syndiqués.
M. Bisaillon: Ah! Ah! M. le Président!
M. Bérubé: II y a là une contradiction
interne dans l'argumentation du député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: II est dommage qu'il n'y ait pas de question de
privilège en commission.
M. Bérubé: Je pense que je n'irai pas plus loin, M.
le Président, et m'en tiendrai à la position initiale que j'ai
prise.
Le Président (M. Laplante): Puisque cela fait près
de trois quarts d'heure qu'on est sur la motion, seriez-vous prêts
à voter?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais poser une question avant qu'elle ne
soit adoptée.
Le Président (M. Laplante): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Dans les propositions qui avaient
été faites par la partie patronale à la partie syndicale
et qui, de toute évidence, je présume, ne sont pas
incorporées... À moins qu'on en profite, il y a seulement le
ministre et nous deux, mais vous n'avez pas le droit de vote, cela n'avance pas
les choses. Ne vous inquiétez
pas. Nous sommes deux et il y a le président qui va aller de
votre côté.
M. Bérubé: Ah! C'est présumer de la
partialité de la présidence, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Madame, je tiendrais à
vous dire que M. le député de Sainte-Marie n'est qu'intervenant
et n'a pas le droit de vote.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je viens de dire.
Le Président (M. Laplante): Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est vous qui seriez obligé de
trancher.
M. Bérubé: Non.
Le Président (M. Laplante): Non.
M. Bisaillon: Non, il y a un deuxième membre.
Mme Lavoie-Roux: Ah! II y a un deuxième membre. De toute
façon, c'est un petit peu plus à la blague. Je voudrais que le
ministre nous explique, dans le cas d'une proposition qui avait
été faite et qui touchait la priorité à
l'ancienneté et qui rejoignait aussi le "bumping" statu quo
amélioré, comme vous l'indiquiez dans votre publicité.
Désormais, dans le cas de fusion de postes, la priorité à
l'ancienneté touche à la fusion des postes... (13 heures)
M. Bérubé: Dans le réseau des affaires
sociales.
Mme Lavoie-Roux: Dans le réseau des affaires sociales.
Dans le cas de fusion de postes, quelles seront les représentations que
les syndicats pourront faire? Dans le passé, le syndicat pouvait aller
en arbitrage. Il y avait une période de discussion et, après
cela, il pouvait aller en arbitrage. Qu'est-ce qui arrive aujourd'hui avec le
statu quo? Pas le statu quo, vous retournez en arrière.
Le Président (M. Laplante): Avant de continuer, est-ce que
vous avez l'intention d'adopter le projet de loi dans une période de
quinze...
Mme Lavoie-Roux: Pas dans les trois prochaines minutes,
certainement pas...
Le Président (M. Laplante): Non, non, je parle dans les
quinze prochaines minutes.
Mme Lavoie-Roux: ...on en est seulement à l'article 12.
Non.
Le Président (M. Laplante): Bon, je serai obligé
d'ajourner les travaux parce qu'on n'a pas de temps cet après-midi.
Avant d'ajourner les travaux, je ne voudrais pas que la motion que j'ai
jugée recevable fasse jurisprudence. Je l'ai...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez des petits remords.
Le Président (M. Laplante): Oui, il y a de petits remords.
Si on avait été dans un temps normal d'une commission, j'aurais
été obligé d'aller prendre conseil ailleurs. C'est
pourquoi elle est recevable à ce moment-ci. Elle sera recevable jusqu'au
bout, mais je ne veux pas qu'elle fasse jurisprudence pour les autres
commissions.
Mme Lavoie-Roux: C'est toujours bon d'être prudent, M. le
Président. Cela m'arrive à moi aussi de faire...
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie. Sur ce, les
travaux sont ajournés sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 02)
(Reprise de la séance à 20 h 16)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, mesdames
et messieurs! La commission des finances et des comptes publics reprend ses
travaux en vue d'étudier le projet de loi 8 article par article. Nous en
étions à l'article 12, sur une motion présentée par
Mme la députée de L'Acadie, qui se lit comme suit: "Que le
document sessionnel no 86 soit modifié de manière à y
inclure les propositions gouvernementales du 30 janvier 1983 aux
salariés des Affaires sociales dans la mesure où ces propositions
n'avaient pas d'incidence financière." La parole est à vous, M.
le ministre.
M. Bérubé: Non, M. le Président, j'ai fait
mon intervention.
Le Président (M. Paré): Non, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Au moment où nous nous sommes
quittés, il semblait que le ministre n'accueillait pas ma motion d'une
façon favorable, quoique j'aie eu un accueil favorable sur la
recevabilité de la part du président qui était là
avant vous. Je suis certaine que vous allez montrer les mêmes
dispositions car j'en ai au moins quatre ou cinq autres à faire.
J'avais posé une question au ministre sur la fusion des postes.
Il y avait une procédure dans l'ancienne convention qui
prévoyait... enfin, qui avait plusieurs étapes...
M. Bérubé: La procédure du statu quo
ante.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous aviez reculé par rapport
à cela dans vos offres patronales.
M. Bérubé: On ne peut rien vous cacher.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas compliqué. Après
cela, dans vos offres du 30 janvier 1983, vous faisiez un certain compromis.
Est-ce que le ministre peut nous dire, quand il y aura fusion de postes,
comment les choses se passeront? De quels moyens le syndicat ou les
syndiqués disposent-ils pour faire valoir leurs droits?
M. Bérubé: La différence fondamentale vient
de ce qu'antérieurement, lorsqu'il y avait fusion de postes avec
réduction d'un poste et donc d'un emploi, il y avait grief de la partie
syndicale et le poste n'était pas fusionné tant et aussi
longtemps qu'il n'y avait pas arbitrage ou décision arbitrale.
Désormais, le droit au grief demeure; cependant, la fusion s'effectue,
ce qui veut dire qu'on n'est pas tenu de maintenir le statu quo ante tant et
aussi longtemps que la décision n'est pas rendue par l'arbitre. C'est
fondamentalement la différence.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est quand même une
différence importante pour les syndiqués. Est-ce que vous avez
gardé -j'ignore, à ce moment-ci, si c'était dans les
propositions patronales qui maintenant se trouvent à disparaître,
puisque ce n'est pas incorporé - la possibilité d'une
procédure de grief accélérée?
M. Bérubé: Je crois que je vous ai induite en
erreur. J'avais l'impression que le compromis...
Mme Lavoie-Roux: Au sujet de l'accélération de la
procédure d'arbitrage?
M. Bérubé: C'est cela, c'est-à-dire que nous
étions prêts à proposer une procédure
accélérée d'arbitrage. II semble que, dans les
décrets, la procédure accélérée d'arbitrage
est déjà incorporée. Cela veut donc dire qu'il n'y a pas
d'abolition de postes tant et aussi longtemps que l'arbitre n'a pas rendu son
décret.
Une voix: S'il y a un grief de déposé, il n'y a pas
d'abolition de poste.
M. Bérubé: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais que ce soit dit bien clairement
parce que, si vous me dites cela...
M. Bérubé: Vous voulez que ce soit dit bien
clairement?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Pour qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté, parce qu'on peut s'y référer comme
interprétation. Ce n'est pas que je doute que le ministre ne puisse pas
me le dire exactement. Je sais que cela devient un petit peu...
M. Bérubé: Du chinois. Auparavant, même
lorsqu'un arbitre statuait sur une fusion de postes, si cela avait pour effet
de créer une mise à pied, on ne pouvait pas procéder
à cette fusion. Actuellement, nous pouvons procéder à une
fusion de postes qui peut engendrer une mise à pied.
Si le syndicat dépose un grief, à ce moment-là nous
arrêtons la procédure jusqu'à ce que la sentence soit
rendue. La différence, c'est qu'on procède en arbitrage
accéléré. Par exemple, si quelqu'un est
congédié, il y a un arbitrage accéléré par
rapport aux autres sortes de litiges qu'on retrouve dans la convention
collective. Donc, on procède par arbitrage accéléré
pour une fusion de postes. Advenant que la sentence soit favorable à
l'employé, on procède à la mise à pied ou à
la fusion de postes après l'arbitrage.
Ce que nous avions ajouté dans l'entente et qui n'a pas
été conclu, c'est de supporter le fardeau de la preuve. Ce n'est
pas actuellement dans le décret. C'était une hypothèse
envisagée au niveau de l'entente.
Mme Lavoie-Roux: C'est le syndicat qui devra supporter le fardeau
de la preuve.
M. Bérubé: Actuellement, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Je suis quand même heureuse qu'il y ait eu
une sorte de compromis entre les deux positions. La première, je
trouvais vraiment qu'elle allait très loin. Quand il y avait fusion de
postes, le syndicat, n'étant pas satisfait, allait en arbitrage.
Déjà, la fusion pouvait avoir eu lieu pendant X mois avant que la
décision ne soit rendue. Tandis que là, dès que le grief
est déposé, vous arrêtez la fusion.
M. Bérubé: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est le statu quo jusqu'à ce que la
décision arbitrale soit rendue. C'est bien cela?
M. Bérubé: C'est cela. Actuellement, nous pouvons
prendre la décision, nous pouvons la mettre en vigueur. Si le syndicat
la conteste, à ce moment-là on ne la met pas en vigueur.
L'arbitrage est accéléré. La fusion de postes se fera
après que la sentence de l'arbitrage sera rendue.
En pratique, dans les mandats originaux
de négociations à la table, nous voulions renverser la
notion de statu quo ante, si je ne m'abuse. Je n'avais pas
réalisé qu'en fait on avait réintroduit la notion de statu
quo ante dans les décrets, si je comprends bien, avec une
procédure accélérée d'arbitrage.
Le problème que nous vivions, chaque fois que nous avions ce type
d'arbitrage, compte tenu que le rôle est assez considérable - il y
a effectivement beaucoup de griefs - c'est que ce n'était pas
considéré comme un grief ...
Mme Lavoie-Roux: ...prioritaire.
M. Bérubé: ...prioritaire et, à ce
moment-là, on le retrouvait en dernier. On n'était pas capable de
procéder à la fusion de postes. On dit qu'on a l'intention d'en
faire, de permettre à ceux qui le veulent d'en faire ou à ceux
qui ont besoin d'en faire de pouvoir l'effectuer et à ce
moment-là de procéder par arbitrage
accéléré.
Mme Lavoie-Roux: Je suis sûre que les syndicats auraient
certainement préféré que le fardeau de la preuve vous
revienne. Il reste que cela me rassure un peu - je vais vous dire la raison
tout simplement, M. le Président - parce qu'il faut bien dire qu'avec
les compressions budgétaires, et même si, officiellement, en
chiffres absolus, on peut parler de compressions budgétaires de l'ordre
de 29 000 000 $ dans le domaine des affaires sociales cette année
comparativement à quelques centaines de millions les années
précédentes, il y a encore plusieurs établissements qui
ont des déficits et qui, à l'heure actuelle, parviennent à
présenter un budget équilibré en fin d'année
simplement parce qu'ils ont recours à des mesures comme fermer des lits,
abolir des postes, etc. Comme il y a eu beaucoup de postes d'abolis -
là-dessus j'aurai une autre question pour le ministre - et que le plus
souvent ou très souvent des coupures ont été faites quant
au nombre de postes, souvent chez les employés les moins
rémunérés, je trouvais difficile de penser que là
on pourrait gaiement abolir des postes et qu'après cela ce serait
simplement au bout de X mois que finalement le processus pourrait se refaire
à l'envers si les syndicats avaient gain de cause.
À ce moment-ci, au moins, je pense que c'est une certaine
assurance que les gens seront quand même plus prudents avant d'abolir des
postes. Il reste toujours cette possibilité de contester
immédiatement ou de faire immédiatement un grief.
M. Bérubé: Si je comprends bien le sens de
l'intervention de Mme la députée de L'Acadie, nous faisons
référence ici à la notion de fusion de postes,
c'est-à-dire le regroupement de deux postes en un seul, et je pense que
vous faites référence à quelque chose de plus large qui
est l'abolition de postes.
Mme Lavoie-Roux: Mais cela pouvait amener l'abolition d'un poste.
Quand vous fusionniez des postes.
M. Bérubé: II y a quand même un
élargissement aussi au niveau de la possibilité de l'abolition de
postes. Autrefois, si je ne m'abuse, on pouvait le faire lorsqu'on supprimait
un service entier. Maintenant, on a également la possibilité
d'abolition de postes lorsqu'il y a des suppressions partielles
d'activités, si je ne m'abuse.
Auparavant c'était uniquement en cas de fermeture
d'établissement ou de fermeture complète de services.
Mme Lavoie-Roux: Si les gens ont leur permanence, enfin, restent
en disponibilité, il n'y a pas abolition de poste. Il y aurait abolition
de poste strictement pour ceux qui ont moins de deux ans
d'ancienneté.
M. Bérubé: C'est cela. Les règles du jeu
demeurent les mêmes, c'est-à-dire que lorsque la personne a acquis
sa sécurité d'emploi, cela demeure. Dans le fond, toute la
procédure s'applique pour ces mécanismes.
Il y a possibilité d'abolition de poste à l'heure actuelle
sans qu'il y ait suppression d'un service. La question que je poserais, si vous
permettez qu'un ministre se pose une question...
Mme Lavoie-Roux: Cela m'intéresse.
M. Bérubé: Puisque M. Meloche intervient en tant
que ministre, on mettra dans le journal des Débats: ministre 1, ministre
2. C'est d'une rare complexité, ces questions de convention collective,
et souvent il faut se rafraîchir la mémoire parce que, maintenant,
on parle de quelque chose qui a été discuté il y a
maintenant presque six mois. Ce n'est pas toujours facile. Je ne voudrais pas
induire la députée de L'Acadie en erreur par des réponses.
L'impression que j'avais, c'était que, dans le cas de suppression de
postes - je ne parle pas de fusion, mais véritablement de suppression de
postes - sans qu'il y ait disparition complète du service, ceci
n'était pas nécessairement soumis à l'arbitrage. Le point
que nous venons de discuter, c'était le point des fusions de postes. La
standardiste dactylo, par exemple; autrefois on avait un poste de standardiste
et un poste de dactylo et on décide que, la tâche étant
insuffisante, on va regrouper les deux fonctions et que la secrétaire
devra assumer à la fois la tâche de répondre au
téléphone et de dactylographier pour le service en question.
Voilà une opération de fusion de postes soumise à
la procédure dont on vient de parler. Il y a également la
possibilité où on décide de supprimer, je ne sais pas,
moi, la moitié des postes en pédiatrie parce que la
clientèle est moindre. À ce moment, on estime qu'on n'a pas
besoin d'autant de personnel dans la clinique de pédiatrie. La question
que j'ai à l'esprit, pour ne pas vous induire en erreur, est
essentiellement la suivante: Y a-t-il, à ce moment, arbitrage
accéléré avec évidemment droit de grief dans le cas
de ces éliminations de postes pour des services qui ne seront pas
totalement éliminés en même temps?
Mme Lavoie-Roux: L'institution peut juger que c'est suffisant,
six, et le syndicat peut dire: Non, on est prêt à passer de douze
à huit, mais il devrait en rester huit. Est-ce qu'il y a une
possibilité de prendre un exemple concret? (20 h 30)
M. Bérubé: De contester, oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: II y a d'abord dans les conventions
collectives et aussi comme possibilité au niveau de l'arbitrage toute la
question du fardeau de la tâche. D'accord. Un syndicat ne pourrait
plaider que, dans un service, il y a un surcroît de fardeau de
tâche.
Mme Lavoie-Roux: Comme dans le cas de Louiseville.
M. Bérubé: Comme dans le cas de Louiseville,
effectivement. Ce à quoi le président du Conseil du trésor
faisait référence aussi, c'est qu'on peut abolir un poste sans
fusionner deux postes. Si, par exemple, un poste devient vacant et que
l'employeur décide de ne pas le combler, il vient d'abolir un poste. De
toute façon, ce phénomène d'attrition a été
largement utilisé dans le réseau des affaires sociales depuis
1978 et 1979.
Est-il soumis à ce moment à un arbitrage? Non. C'est le
fardeau de la tâche. Si le syndicat jugeait qu'à la buanderie, par
exemple, il y avait trois postes vacants et qu'on ne les a pas comblés,
que cela a occasionné un fardeau de tâche supplémentaire
pour les autres, il pourrait se présenter devant l'arbitre. À ce
moment...
Mme Lavoie-Roux: Et, à ce moment, est-ce encore à
eux de faire le fardeau de la preuve? Est-ce qu'ils ont le fardeau de la preuve
ou si c'est l'administration...
M. Bérubé: C'est nous qui avons le fardeau. Mais
l'arbitre ne peut imposer à l'établissement, dans sa
première sentence, par exemple, de rétablir les trois postes.
D'accord? La première sentence, c'est de dire à l'employeur:
Veuillez corriger la situation. Et c'est à l'employeur de trouver des
solutions pour corriger la situation. Cela ne signifie pas
nécessairement un ajout de trois postes dans l'exemple que je
donnais.
Si le syndicat, après un certain temps, juge que la
décision de l'employeur n'a pas corrigé la situation, il peut
revenir à ce moment dans un deuxième arbitrage. Donc, il faut
distinguer entre la fusion de postes et la suppression de postes, où la
réponse est un peu différente quant au mécanisme de grief
et aux conséquences pour les employés.
Donc, dans le cas de la fusion de postes, c'est le statu quo ante avec
arbitrage accéléré; dans le cas de la suppression de
postes pure et simple, à ce moment, seul le grief portant sur
l'accroissement du fardeau de tâche des employés résiduels
dans le service peut être invoqué comme motif de grief. Je pense
qu'avec cela ce devrait être... Tantôt, à partir de vos
questions, j'avais l'impression qu'on était pris sur une tangente
où on pouvait vous induire en erreur. Je sais à quel point des
informations incomplètes et susceptibles d'induire en erreur...
Mme Lavoie-Roux: De près ou de loin.
M. Bérubé: ...l'Assemblée nationale sont
susceptibles de soulever un tel boucan. Je ne voudrais pas être pris en
commission parlementaire pendant des mois.
Mme Lavoie-Roux: Non mais je pense, je suis même certaine
que le syndicat a déjà fait l'interprétation de toutes ces
clauses, mais c'est quand même... Comme je vous dis, j'avais ce souci
vis-à-vis des restrictions quelles qu'en soient les causes, les
changements de vocation, etc. dans les établissements - que les
employés aient quand même une protection qui ne soit pas trop
pénible pour eux.
Là-dessus - c'est la dernière question sur ce point;
ensuite on pourra passer au vote - on a parlé de fusion et d'abolition
de postes et je n'ai pas eu l'occasion de reposer cette question au ministre.
En tout début de séance, j'ai fait la remarque suivante: C'est
dans le réseau des affaires sociales où - à partir des
plans de redressement budgétaires ou à partir des coupures
budgétaires - on a coupé le plus de postes. Le ministre, en
réplique, m'a rétorqué: Non ce n'est pas exact; c'est dans
la fonction publique.
M. Bérubé: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je me demande si le ministre aurait
à sa disposition, pas sur-le-champ, mais quand il pourra me le donner,
d'ici à quelques jours... Il
se peut qu'en chiffres absolus il ait raison, mais si vous calculez
l'ouverture des nouvelles institutions, des nouveaux établissements
où un bon nombre d'employés ont trouvé de l'emploi,
peut-être que vous pouvez avoir raison parce que ces gens ont
été replacés ailleurs. Mais, dans les
établissements existants, et non pas dans les nouveaux, si vous faisiez
le décompte des abolitions, des fusions et des coupures de postes qu'il
y a eu - appelons-les comme on voudra - de disparitions de postes, par rapport
à la fonction publique, je pense - je voudrais quand même que le
ministre le confirme ou l'infirme - que cela n'est peut-être pas exact,
que c'est véritablement dans le réseau des affaires sociales
qu'il y a eu le plus de disparitions de postes.
M. Bérubé: M. le Président, il me fait
plaisir de fournir la réponse. De fait il faut toujours prendre garde
lorsqu'on manipule les chiffres. On sait que, dans le réseau des
affaires sociales, il existe un très grand nombre de postes à
temps partiel et que le nombre de personnes impliquées par des pertes de
postes, mais de postes à temps partiel, peut avoir comme
conséquence que le nombre est beaucoup plus important dans le cas des
réseaux, par exemple, particulièrement dans le réseau des
affaires sociales qu'au gouvernement. Alors, il faudra faire attention afin de
pouvoir distinguer des équivalents à temps plein dans les deux
cas. Je ne saurais dire si le nombre des personnes impliquées est
supérieur dans le réseau des affaires sociales à ce qu'il
est dans la fonction publique, mais, en termes d'équivalence à
temps plein, les mesures de compression d'effectifs au gouvernement,
d'après l'information que j'avais, étaient beaucoup plus
importantes dans les ministères que dans les réseaux.
Mme Lavoie-Roux: Je vais donner un exemple. Si, dans le
réseau - mes chiffres sont hypothétiques - des affaires sociales
il y avait 80 000 emplois comprenant des syndiqués et des cadres, et
que, dans la fonction publique, il y en avait 70 000 - je sais que mes chiffres
sont tout à fait inexacts, mais ce n'est qu'un exemple pour les fins de
la discussion - il se peut que vous vous retrouviez dans la fonction publique
avec 65 000 postes à temps plein et que, dans le réseau des
affaires sociales, vous vous retrouviez encore avec 78 000 postes. De toute
évidence, il y aurait eu moins de coupures dans les affaires sociales
que dans la fonction publique, mais si vous tenez compte du fait qu'on a ouvert
un nombre X de centres d'accueil qui ont nécessité du nouveau
personnel, je veux savoir si les compressions de personnel ne se sont pas fait
sentir davantage dans les établissements déjà existants et
que si on prend, non pas les nouveaux établissements, mais strictement
ceux déjà existants et qu'on les compare avec la fonction
publique qui, elle, ne s'est pas modifiée beaucoup, sauf peut-être
pour la création de certains organismes comme l'Institut de
productivité, etc. C'est peut-être là qu'on se rendrait
compte qu'il y a eu plus de pertes dans les affaires sociales que dans la
fonction publique même dans les postes à temps plein. Ce serait
intéressant de le savoir, parce que c'est évident qu'il se peut
que le nombre ait relativement peu diminué, compte tenu des
établissements, mais là où cela fait mal, c'est là
où les coupures se sont fait sentir à l'intérieur des
établissements déjà existants.
M. Bérubé: L'impression que j'ai, malheureusement,
c'est que la réponse à cette question peut être difficile
à déterminer, d'une part, parce que nous avons mis en place un
service de placement aux Affaires sociales dont l'objectif était
justement de recycler Je personnel mis en disponibilité. Nous avons
souvent même bloqué l'ouverture d'institutions dont on avait
terminé la construction en partie pour nous assurer que le personnel qui
irait travailler proviendrait des institutions où nous décelons
des surplus. De ce fait, grâce à la mise en place de ces
politiques, on a pu faire en sorte que l'essentiel du personnel qui
était dans le réseau des affaires sociales soit recyclé
dans d'autres institutions.
Donc, c'est la conséquence d'une politique volontaire du
gouvernement qui peut faire en sorte que, au total, effectivement, on ne voie
pas de diminution substantielle du nombre de postes, mais qu'on ait eu des
transferts. C'est d'ailleurs ce qui nous a amenés, lorsque nous avons
examiné la question de la sécurité d'emploi dans le
réseau des affaires sociales, à ne pas vouloir le même
objectif que nous poursuivions dans le réseau de l'éducation
puisqu'on se rendait bien compte que, globalement, les effectifs disponibles
dans le réseau des affaires sociales étaient requis possiblement
ailleurs et qu'il était nécessaire d'introduire la notion de
mobilité, d'où les demandes gouvernementales en ce qui avait
trait à la fusion de postes, à la suppression de postes dans des
services supprimés dont on ne visait pas la suppression totale, mais
partielle.
Donc, on a visé la mobilité plutôt qu'une
modification aux conditions de rémunération des employés
en sécurité d'emploi. Pourquoi? Parce que nous estimons qu'il y a
place pour ce personnel dans le réseau et les besoins sont là.
Donc, votre question est difficile à départager puisqu'on a mis
en place une politique très dynamique de relocalisation des
employés et, de fait, les données que nous avons concernant les
banques d'effectifs nous montrent que les gens restent relativement peu de
temps dans
ces banques d'effectifs en disponibilité. Ils sont presque tout
de suite relocalisés. Donc, c'est difficile pour moi de vous dire,
à ce moment, si ce n'est par des chiffres globaux - parce que ce que
j'ai, ce sont des chiffres globaux -autre chose que, globalement, il n'y a pas
eu diminution de postes, mais il a pu y avoir du déplacement en diable!
Il n'y a aucun doute dans mon esprit. Là-dessus, je pense que vous avez
relevé un point important.
Le point que je croyais que vous souleviez - je cherchais à
répondre intégralement aux questions, même à celles
que vous ne posiez pas en pensant que vous les posiez - c'est que ce
problème était relié aux employés occasionnels, qui
n'ont pas nécessairement la sécurité d'emploi et qui ont
pu être bousculés beaucoup plus profondément que...
Mme Lavoie-Roux: On parle de l'ensemble des employés.
M. Bérubé: Oui. À ce moment-là, je
dois vous dire que, en toute probabilité, les institutions ont d'abord
cherché à protéger les emplois de leur personnel ayant la
sécurité d'emploi. Il s'est trouvé un bon nombre
d'employés occasionnels sans sécurité d'emploi qui ont
effectivement perdu leur emploi. C'est ce qu'on constate dans beaucoup
d'institutions de santé au Québec où on a resserré
l'administration des budgets et où bon nombre d'employés
occasionnels ont perdu leur emploi occasionnel. Le problème est le
suivant: comme il s'agit de quelque chose de très fragmenté,
très morcelé, comme phénomène, il est possible
qu'il y ait un grand nombre de personnes impliquées dans une
opération comme celle-là.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait conclure de tout ceci
qu'il est fort probable que si on tient compte de tous ceux qui n'avaient pas
la sécurité d'emploi, il y a de bonnes chances qu'il y ait
probablement plus d'employés du réseau des affaires sociales qui
soient partis que de la fonction publique?
M. Bérubé: Je n'ai pas la réponse à
votre question. Peut-être que...
Mme Lavoie-Roux: ...je pense que...
M. Bérubé: Non, je n'ai pas la réponse
à votre question. La seule chose que je sais, c'est que, en
années-personnes, dans le réseau, la réponse...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Mais on ne compare plus des choses
semblables, de toute façon...
M. Bérubé: Non, c'est cela le problème.
Mme Lavoie-Roux: ...parce qu'elles n'ont pas évolué
de la même façon.
M. Bérubé: Exactement.
Mme Lavoie-Roux: Pour le faire, il faudrait prendre un
échantillonnage de X hôpitaux de soins aigus, de X centres
d'accueil, de X hôpitaux de soins prolongés qui existent depuis
1970, et qu'on compare 1978 à 1983, par exemple. C'est uniquement de
cette façon que l'on pourra voir de quelle façon chacune des...
Chacune des institutions vit personnellement le problème. Qu'on dise
globalement: II y a 3000 postes qui sont partis dans l'ensemble - ils sont
vraiment partis - du réseau des...
M. Bérubé: Ils sont effectivement partis. Ils n'ont
fait que passer!
Mme Lavoie-Roux: ...affaires sociales, si les 3000 postes se
situent partout ailleurs sauf dans l'hôpital X, cela ne leur fait pas
très mal. Ils ne se ressentent pas beaucoup des coupures de personnel.
C'est vraiment individuellement que chacun des établissements est
touché. C'est pour cela que, devant tous ces chiffres, si je n'arguais
pas à mort contre le président du Conseil du trésor qui
dit qu'il y en a plus qui sont partis dans la fonction publique, je pense qu'il
ne peut pas, en contrepartie, tenir le même argument à l'endroit
des affaires sociales en ce sens qu'il y en a plus de partis dans la fonction
publique qu'aux affaires sociales, si on prenait toutes ces variables en
considération.
M. Bérubé: C'est cela. Globalement, M. le
Président, si je devais prendre les équivalents
années-personnes à l'emploi du réseau des affaires
sociales globalement et les comparer avec les équivalents
années-personnes à l'emploi des ministères et que je
devais comparer leur évolution dans le temps, je peux affimer avec une
quiétude assez complète que, au gouvernement, les effectifs ont
décrû beaucoup plus rapidement. Nous avons eu des gels d'effectifs
totaux avec des décroissances de près de 4% par année.
Ceci s'est traduit par une réduction substantielle des effectifs. Alors
que, dans le réseau des affaires sociales, nous n'observons pas
globalement de réduction des équivalents années-personnes
à l'emploi du réseau des affaires sociales. Mais je ne peux
cependant pas parler des remue-ménage internes -ouverture de poste
à gauche, suppression de postes à droite, transfert de personnel
d'un établissement à l'autre - qui peuvent faire en sorte que le
nombre de déplacements dans le réseau des affaires sociales
puisse finalement être plus important qu'au
gouvernement. Là-dessus, je suis absolument d'accord, je n'ai pas
la réponse.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'on est loin
de la motion. Mais cela a fini de clarifier ceci. Je maintiens ma motion et je
propose un vote enregistré sur la motion. (20 h 45)
Le Président (M. Paré): Nous allons donc passer au
vote.
M. Bérubé: J'espère, M. le Président,
que Mme la députée de L'Acadie a droit de vote.
Le Président (M. Paré): Oui, nous allons
vérifier. J'appelle le vote enregistré sur la motion de Mme la
députée de L'Acadie qui se lit comme suit: "Que le document
sessionnel numéro 86 soit modifié de manière à y
inclure les propositions gouvernementales du 30 janvier 1983 aux
salariés des affaires sociales, dans la mesure où ces
propositions n'avaient pas d'incidences financières".
Parmi les membres de la commission ici présents, M. Blais:,
député de Terrebonne, vous avez la parole.
M. Blais: Contre.
Le Président (M. Paré): Mme Lavoie-Roux,
députée de L'Acadie. ■
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Paré): Donc, M. le
député de Terrebonne vote contre et Mme Lavoie-Roux,
députée de L'Acadie, vote pour. M. Lachance (Bellechasse)?
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Paré): Contre. M.
Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Je pense que je devrais voter contre, M.
le Président.
Le Président (M. Paré): Contre. La motion est donc
rejetée.
M. Blais: II me déplaît, Mme Lavoie-Roux, d'avoir
voté contre vous, parce que vous êtes très sympathique.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 12 est
adopté tel qu'amendé?
Mme Lavoie-Roux: Adopté sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 12 est
adopté sur division.
M. Bérubé: M. le Président je constate que
le Parti libéral est à nouveau divisé contre
lui-même.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi?
M. Blais: Parce que celui qui était là hier soir
avait accepté l'article 12 avant que vous arriviez. Il est revenu...
M. Bérubé: Nous avons eu droit à un long
exposé du député d'Argenteuil, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire que l'article avait
déjà été adopté?
M. Bérubé: Non, il n'avait pas été
adopté mais, toutefois, le député d'Argenteuil avait
souligné que, dans la mesure où il y avait eu conclusion
d'ententes au niveau des cégeps, en pratique, cela voulait dire que tous
les employés du secteur public étaient traités sur une
base absolument équivalente. En d'autres termes, si vous signez, vous
obtenez les modifications, et si vous ne signez pas, vous vous retrouvez...
Effectivement, le député d'Argenteuil avait
souligné que ceci modifiait la situation et enlevait beaucoup de poids
à l'argument que vous avez soulevé précédemment
avec beaucoup de chaleur.
Le Président (M. Paré): J'appelle donc l'article
13.
Mme Lavoie-Roux: De toute manière, je maintiens quand
même le vote sur division, M. le Président. Lui, il avait une
préoccupation du côté de l'éducation, j'en avais une
du côté des affaires sociales; nous avons établi, je crois,
que...
M. Bérubé: Vous avez peu l'occasion de vous parler,
si je comprends bien.
Mme Lavoie-Roux: ...les décisions du gouvernement,
à cet égard, ne sont pas tout à fait cohérentes
entre ce qu'il a décidé de faire pour l'éducation et ce
qu'il a décidé de faire pour les affaires sociales. Cela justifie
amplement, je pense, de voter contre l'article 12.
Le Président (M. Paré): J'appelle donc l'article
13. Est-ce que l'article 13 est adopté?
M. Bérubé: M. le Président, j'aurais un
amendement à vous proposer.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que ça va améliorer?
M. Bérubé: Oui ça va notablement
l'améliorer. Il s'agit d'un amendement de concordance puisque nous avons
introduit le document sessionnel numéro 142. Il ne
faudrait tout de même pas l'oublier dans nos discussions, sans
quoi il faudrait une loi remédiatrice au carré, ce qui serait
quand même gênant.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait peut-être revenir à
votre...
M. Bérubé: Je proposerais, M. le Président,
de remplacer, à la fin du premier alinéa de l'article 13, les
mots "numéros 85 et 86" par les mots "numéros 85, 86 et 142". Il
y a malheureusement un bris dans la continuité, mais je n'y peux rien,
M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Le 142, c'est celui de l'Institut Pinel.
M. Bérubé: Oui, on ne peut rien vous cacher.
Le Président (M. Paré): Donc, est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
l'article tel qu'amendé est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 13 est
adopté. J'appelle l'article 14.
M. Bérubé: M. le Président, il s'agit
simplement d'indiquer que le texte déposé au bureau du
Commissaire du travail, en vertu de l'article précédent, fait
désormais partie des conventions collectives en vigueur.
Mme Lavoie-Roux: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Paré): L'article 14 est
adopté sur division. J'appelle l'article 15.
Mme Lavoie-Roux: Elles sont entrées en vigueur à
quel moment, ces conventions-là? Au mois de décembre?
M. Bérubé: II y a des conventions collectives qui
entrent en vigueur en janvier, d'autres le 1er avril. Il y a plusieurs dates.
Alors, comme il s'agit de s'assurer qu'il n'y a pas de vide juridique entre la
fin des conventions collectives précédentes et le début
des nouvelles, il faut expressément indiquer dans la loi que toute
mesure qui peut avoir un caractère rétroactif était voulue
par le législateur et, par conséquent, il faut l'indiquer.
Mme Lavoie-Roux: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Article 15, adopté
sur division. Article 16.
M. Bérubé: II s'agit d'indiquer que le Code du
travail s'applique en ce qui a trait aux textes déposés au bureau
du commissaire du travail et que ces textes sont maintenant de
véritables conventions collectives. Celles-ci peuvent donc être
amendées par les parties. Elles sont soumises à des griefs,
à des procédures d'arbitrage, procédures d'arbitrage qui
sont soumises à la jurisprudence propre au Code du travail et non au
Code civil, par exemple, au Québec. Il s'agit donc de bien indiquer
qu'elles sont soumises au Code du travail comme toute autre convention
collective.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela leur donne le caractère
d'une convention collective? Est-ce que cela donne aux décrets le
caractère d'une convention collective? Voilà ce que je veux
dire.
M. Bérubé: Oui, puisque, à ce
moment-là, elles peuvent être amendées.
Deuxièmement, advenant un grief, l'arbitre les interprète en
faisant référence au Code du travail et à la jurisprudence
existante dans des cas de griefs semblables. Il utilise d'ailleurs des
procédures d'évaluation. On m'a déjà dit comment on
utilise une expression très savante, latine, qui décrirait le
type de jurisprudence dans le cas du Code du travail par opposition à la
jurisprudence plus classique. Enfin, quoi qu'il en soit...
On me souligne d'ailleurs que l'article 14 précédent
était clair quant au fait que les dispositions des textes faisaient
partie des conventions collectives en vigueur. Il s'agit ici tout simplement,
en concordance, de bien spécifier que toutes les dispositions du Code du
travail s'appliquent aux textes déposés, dans la mesure où
le Code du travail n'est pas en contradiction, évidemment.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites: Dans la mesure où elles ne
sont pas inconciliables avec la présente loi. Dans votre esprit, il
devait y avoir des occasions ou des circonstances où elles pourraient
être inconciliables avec la présente loi. Est-ce que vous avez des
exemples de cela?
M. Bérubé: On me donne un exemple où,
normalement, le Code du travail prévoit le dépôt en cinq
copies alors que, dans la loi, on ne prévoit le dépôt que
d'une copie. Voici une contradiction entre la présente loi et le Code du
travail.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a des choses plus fondamentales
qui pourraient être en contradiction, ou non conciliables?
Ah! On me fait remarquer que le Code
du travail est en chiffres romains et que l'autre est en chiffres
arabes!
M. Bérubé: Une chose est certaine, M. le
Président, la procédure suivie pour en arriver à un texte
de convention collective légèrement différente dans la
mesure où il manque au moins une signature. Il faudrait se
référer au Code du travail et s'interroger sur la notion de
partie dans les cas de convention collective. J'ose présumer que le Code
du travail ne prévoit pas le dépôt par le patron d'un texte
de convention collective devant s'appliquer à ses employés.
Sans...
Mme Lavoie-Roux: On arrive aux aveux. On nous a dit ce matin que
les ententes ne sont jamais une admission du contenu des décrets
auxquels on se réfère maintenant comme à des conventions
collectives, mais simplement une reconnaissance du contenu particulier qui fait
l'objet de l'entente.
M. Bérubé: On me dit qu'il y a des cas où on
a effectivement utilisé le contenu des décrets en
référence. On a donc reconnu l'existence des décrets.
D'une façon générale, le discours politique n'a jamais
reconnu le contenu des décrets.
Mme Lavoie-Roux: Avec toutes les indications que le ministre
vient de me donner, je pense que je suis encore justifiée
d'indiquer...
M. Bérubé: Votre dissidence.
Mme Lavoie-Roux: ...ma dissidence.
M. Bérubé: C'est un droit que nous honorons
toujours.
Le Président (M. Paré): L'article 16 est
adopté sur division. Article 17.
M. Bérubé: On est chanceux, parce que...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je pourrais voter pour l'article
17.
Le Président (M. Paré): Article 17,
adopté.
M. Bérubé: Vous êtes bien bonne, madame.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, même si cela
était publié, il vous faudrait toute une publication dans la
Gazette officielle.
M. Bérubé: Étant donné que le prix
des abonnements à la Gazette officielle est fixe et que nous avons un
objectif d'autofinancement de toutes nos publications gouvernementales...
Mme Lavoie-Roux: Vous seriez obligés de doubler le
budget.
M. Bérubé: ...pour l'année en question, on
aurait des problèmes pour équilibrer le budget.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, je veux bien vous exprimer ma
sympathie.
M. Bérubé: Merci, vous êtes bien aimable.
Mme Lavoie-Roux: Article 18.
M. Bérubé: Le trésor public vous en est
reconnaissant.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 18 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Cela me semble moins beau. À l'article
11...
M. Bérubé: C'est couché en termes
suffisamment obscurs pour qu'on ne puisse pas...
Mme Lavoie-Roux: Tout le temps, je lisais "projet de loi 11" au
lieu de "article 11" et je me demandais ce qu'était la loi 11. Je
connaissais la loi 111 mais pas la loi 11.
M. Bérubé: Vous n'avez pas vu la 222 par
contre.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elle est en cogitation? Est-ce que
cela s'appliquera, je veux bien comprendre... Est-ce que l'article 18, tel
qu'il est rédigé, quand vous dites "par décret", est
strictement pour faire référence aux nouvelles dispositions
contenues dans les décrets sessionnels 85, 86 et 142?
M. Bérubé: II s'agit de pouvoir appliquer les
conditions de rémunération pour les employés à
temps partiel...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: ...aux institutions privées et
aux universités. Donc...
Mme Lavoie-Roux: Cela doit s'appliquer aux institutions
privées et aux universités?
M. Bérubé: Exactement. C'est pour cela que je vous
disais que, couché en termes aussi obscurs... le ministère de la
Justice a pris soin que personne ne puisse comprendre véritablement le
contenu de l'article. De fait, sous cette carapace rébarbative...
Mme Lavoie-Roux: Et épaisse aussi...
M. Bérubé: ...se camoufle une intention chaleureuse
et louable de la part du gouvernement d'offrir aux employés à
temps partiel oeuvrant dans les institutions d'enseignement privées ou
ailleurs des conditions pouvant être semblables à celles qu'il
offrait à ses propres employés. (21 heures)
Mme Lavoie-Roux: Quoique cela s'appliquerait uniquement à
tout le personnel à temps partiel, gagnant moins de 13 $ l'heure,
etc.
M. Bérubé: C'est bien cela. Vous pourriez
recommencer la discussion...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non. Faire un plaidoyer pour eux, non.
Je pense qu'il n'y aura plus d'argument pour vous convaincre. Si vous me dites
que c'est strictement cela...
M. Bérubé: Oui, l'article 11 du présent
projet de loi permet le dépôt du document sessionnel no 85.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: Or, le document sessionnel no 85 porte
sur la rémunération des employés à temps partiel.
Le présent projet de loi dit que le gouvernement peut, par
décret, modifier tout décret pris en vertu de l'article 11 de la
Loi concernant la rémunération dans le secteur public, ou en
vertu de l'article 4 de la loi, etc. Il s'agit des décrets portant sur
l'application de la loi 70, tels que modifiés lors du dépôt
de la loi 105, pour protéger les employés à bas salaire.
Donc, il s'agit de modifier les décrets pris en vertu de la loi 70 et
les décrets pris en vertu de la loi 65, afin de rendre applicable
à un salarié visé dans ces décrets un ajustement de
rémunération comparable à celui qui résulte de
l'application de l'article 11 de la présente loi.
La difficulté vient de ce qu'on se réfère à
l'article 11 de la Loi concernant la rémunération dans le secteur
public, c'est-à-dire l'article 11 d'une autre loi et, en même
temps, on se réfère à l'article 11 de la présente
loi. D'où la confusion possible. Ce qui...
Une voix: C'est une raison probable.
M. Bérubé: C'est ce qui rend la
compréhension de l'article fort difficile. Mais si vous prenez ma
parole...
Mme Lavoie-Roux: Pour les non-initiés.
M. Bérubé: Pour les non-initiés, et
n'était-ce ce long paragraphe où on m'explique... en fait, le
paragraphe est couché en termes presque aussi sibyllins.
Mme Lavoie-Roux: Je ne voudrais pas y revenir et ce n'est pas
pour recommencer une discussion. Quelles sont les dispositions du décret
et est-ce qu'elles s'appliquent de la même façon aux
universités et aux institutions privées?
M. Bérubé: Oui, par exemple, dans le cas des
universités, à la fin de la convention collective, on prolonge la
convention collective de trois mois et on applique la compression salariale
prévue à la loi 70, c'est-à-dire une réduction de
19%...
Mme Lavoie-Roux: Mais strictement du point de vue salarial et non
pas des autres dispositions.
M. Bérubé: Ah non! Non! C'est uniquement du point
de vue salarial.
Mme Lavoie-Roux: Et ce tant pour les institutions privées
que pour les universités.
M. Bérubé: Exactement. Dans la loi 105, nous avons
modifié les décrets de la loi 70 pour introduire une modulation
de la compression, de telle sorte que les bas salaires subissaient une
compression inférieure aux hauts salaires. Dans le cas présent,
comme nous introduisons, pour les employés à temps partiel du
secteur public qui gagnent moins d'environ 4000 $ pendant les trois mois
d'application de la loi 70... comme nous avons, pour ces employés,
dis-je, introduit une correction qui annule essentiellement l'effet de la loi
70, à ce moment-là, ce que nous disons dans le présent
article c'est que nous pouvons prolonger par décret ces conditions aux
employés oeuvrant dans les institutions privées qui ont
été assujetties aux rigueurs, disons-le, de la loi 70, telles
qu'adogcies par la loi 105.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Eh bien! Vous...
Le Président (M. Paré): Si j'ai bien compris,
l'article 18 est adopté.
Mme Lavoie-Roux: Oui, adopté. Parce qu'il vient corriger
un peu les méfaits de la loi 105.
Dispositions finales
Le Président (M. Paré): Donc, section IV,
dispositions finales...
Mme Lavoie-Roux: Des décrets...
M. Bérubé: Non, la loi 105 venait apporter des
adoucissements à la loi 70.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Pardon! Pardon!
Le Président (M. Paré): Article 19.
Mme Lavoie-Roux: C'était la loi sur la
récupération salariale. On en a longtemps parlé d'ailleurs
dans le temps.
M. Bérubé: II s'agissait en fait d'accentuer
l'adoucissement prévu à la loi 105.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Passons. Article 19.
M. Bérubé: II y a toujours une façon
positive de voir les choses, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Article 19.
M. Bérubé: C'est là un article qui prend
tout son sens maintenant, puisque nous avons des ententes signées avec
la CEQ et la CSN pour couvrir les enseignants, au primaire, au secondaire et au
collégial. Toutefois, dans les conventions elles-mêmes, au
primaire et secondaire, il existait une clause en vertu de laquelle - la clause
9.04, si je ne m'abuse - chaque employeur devait entériner toute
modification subséquente aux conventions collectives convenues entre les
parties. Ce qui revenait, à ce moment-là, à resoumettre
à toutes les commissions scolaires le texte des modifications que nous
introduisons par ces amendements, non seulement cela mais également et
surtout le texte des ententes intervenues sur la base des rapports des
conciliateurs. Ceci nous obligeait donc à resoumettre de telles ententes
à toutes les commissions scolaires pour approbation.
Il s'agissait donc là d'un processus lent qui aurait pu durer des
semaines sinon des mois, et créer un état d'instabilité
dans le réseau qui ne nous apparaissait pas souhaitable. Dans le mesure
où l'Assemblée nationale avait déjà
décrété la loi 105, il nous apparaissait plus simple de
dire que les ententes intervenues entre les parties portant sur les rapports de
conciliation s'appliqueraient de la même façon à l'ensemble
des institutions.
Je dois également dire qu'au niveau collégial le
problème se pose un peu différemment parce que, très
fréquemment, les conventions collectives ne contenaient pas de telles
clauses. Mais les statuts - dans plusieurs cas - de syndicats exigeaient une
ratification par les assemblées syndicales. Donc, à nouveau, il
aurait pu y avoir des complications additionnelles. On est donc convenu
d'introduire cet article 19 faisant en sorte que, à la conclusion d'une
entente entre la partie syndicale et la partie patronale à la table
centrale, cette entente s'applique en vertu de l'article 19, nonobstant toute
clause exigeant une approbation par une autorité quelconque dans le
réseau.
Mme Lavoie-Roux: Dans le passé, si ma mémoire est
fidèle, quand il y avait une convention signée à
Québec, il fallait que, localement, les gens la signent de nouveau. Je
me souviens d'en avoir resigné quelques-unes. Avec ceci, vous faites
disparaître cette disposition.
M. Bérubé: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: II ne s'agissait pas, en l'occurrence, de
négociations locales. C'était une formalité que la
commission scolaire avec son syndicat remplissait. C'est pour éviter de
faire ceci pour aller plus vite, me dit-on. Il reste que c'est à cause
de la façon dont vous avez procédé qu'on est maintenant
obligé de sauter toutes ces étapes. À cause des
échéances que le gouvernement s'est données et qui rompent
avec la façon habituelle de négocier. Peut-être pas de
négocier, mais, enfin, d'officialiser la négociation provinciale
dont la négociation locale faisait l'objet d'un autre...
M. Bérubé: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non?
M. Bérubé: Ce n'était pas lié
à cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire que la convention
provinciale n'était jamais signée tant et aussi longtemps qu'on
ne pouvait pas la signer localement.
M. Bérubé: C'est exactement cela. C'est ce qui
avait d'ailleurs entraîné de longs débats à la
Commission scolaire des Vieilles-Forges - il faut toujours que je fasse
attention, car j'ai tendance à abuser d'un certain lapsus concernant
l'appellation de cette commission scolaire - ce qui avait effectivement
entraîné souvent des délais très longs avant
l'approbation des conventions collectives. Ce n'est vraiment pas le point en
litige ici. Dans la mesure où le Parlement a imposé des
conditions de travail, il apparaissait assez aberrant de soumettre...
Mme Lavoie-Roux: Dans votre logique dictatoriale, il fallait
aller jusqu'au bout.
M. Bérubé: Je pense que, par respect pour le
Parlement, il m'apparaissait difficile de faire voter par le Parlement une loi,
laquelle loi aurait été soumise à l'approbation de toutes
les instances québécoises locales, c'est-à-dire qu'on
aurait érigé les parties localement en instances au-
dessus du Parlement du Québec. Donc, cela m'apparaissait un peu
aberrant. Vous reconnaîtrez, M. le Président, que, par respect
pour le parlementarisme britannique et par respect pour le rôle
fondamental de l'Opposition et des membres du parti au pouvoir et par respect
pour tout ce mécanisme parlementaire, il nous apparaissait assez normal
que si le Parlement devait décréter des conditions de travail, il
n'était pas question de soumettre cette décision du Parlement
à une autorisation ou une approbation par une instance de niveau
inférieur d'ailleurs qui n'existe que par la volonté même
du Parlement. Premier point. Dans la mesure où on a conclu des ententes
avec les parties, on pourrait, certes, soumettre à nouveau toutes ces
ententes à des approbations locales, tel que le prévoient les
conventions collectives. Nous avons jugé bon de considérer que
ces ententes font partie du processus initial de négociation et de
décision par le Parlement quant aux conditions de travail et que ces
ententes ne constituent qu'un amendement aux conditions de travail qui auraient
été édictées par le Parlement.
De ce fait, nous pensons que c'est beaucoup plus simple de donner force
de loi à ces ententes. Attention, cependant. Il s'agit d'ententes
signées à l'intérieur d'un cadre temporel très
précis, ce qui veut dire que si, la semaine prochaine, dans quinze jours
ou dans deux mois, devait survenir une nouvelle entente, il faudrait cette fois
retourner voir les autorités locales.
Mme Lavoie-Roux: Au plan de votre logique, je comprends que vous
deviez mettre une disposition comme celle-là dans la loi parce que c'est
évident qu'on ne peut pas reprendre au niveau local des conditions de
travail qui ont été imposées par décret. Si on le
regarde strictement dans ce contexte, ce détail technique est logique.
Mais si on regarde l'ensemble et que ceci est le résultat de la
façon dont les conditions de travail ont été
imposées cette fois-ci, je dois dire que c'est adopté sur
division. Je ne peux pas souscrire ici à l'ensemble du processus qui a
prévalu dans l'établissement des conditions de travail pour la
période 1982-1985.
Le Président {M. Paré): L'article 19 est
adopté sur division. J'appelle l'article 20.
M. Bérubé: M. le Président, l'article 40.1
de la Loi d'interprétation stipule simplement qu'en cas de divergence
entre les textes français et anglais, le texte français
prévaut. Il va de soi que c'est d'autant plus important que,
désormais, nous aurons des documents sessionnels incorporant des
traductions de conventions collectives qui n'ont jamais été
traduites et que, par conséquent, Je nombre d'erreurs pourrait
être très élevé puisqu'on ne peut pas s'attendre
qu'un traducteur ait nécessairement la connaissance la plus
détaillée du fonctionnement de l'appareil gouvernemental et, par
conséquent on ne peut pas parier a priori que les termes utilisés
dans la traduction sont toujours les termes absolument appropriés
d'autant plus qu'on a dû, pour des questions de rapidité, faire
traduire des conventions collectives assez voisines par des personnes
différentes et nous n'avons donc aucune garantie, même s'il y a eu
épluchage systématique des traductions, qu'il n'y a pas
même des différences dans les textes anglais finals de ces
conventions collectives.
Par conséquent, il apparaît encore plus important ici de
bien indiquer que la Loi d'interprétation devrait s'appliquer lorsqu'on
analyse ces différents textes déposés à
l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que la Loi d'interprétation
à laquelle vous faites allusion est toujours la Loi
d'interprétation qui a prévalu parce que, depuis toujours, sauf
pendant un court laps de temps où on n'a pas traduit les lois,
c'était reconnu que... (21 h 15)
M. Bérubé: Oui. Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...c'était le texte français qui
prévalait...
M. Bérubé: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...et ce depuis toujours.
M. Bérubé: Mais le problème vient de ce que
les décrets, enfin les documents sessionnels, dis-je, pourraient ne pas
être considérés comme faisant partie de la loi, auquel cas
l'article 40.1 de la Loi d'interprétation ne pourrait s'appliquer
puisque cet article ne s'applique qu'à l'interprétation des lois,
et si le document sessionnel n'est pas partie intégrante de la loi,
forcément, l'article 40.1 ne s'applique pas.
Or, pour être certain qu'il n'y ait pas d'erreur quant à
l'interprétation des documents sessionnels on s'assure qu'effectivement
l'article 40.1 s'appliquera aux conventions collectives...
Mme Lavoie-Roux: Si les décrets font partie de la loi.
M. Bérubé: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui est en appel de la part du gouvernement
ou enfin... Je ne sais pas si vous êtes allé en appel.
Êtes-vous rendu en appel?
M. Bérubé: On me le dit. Avec la rapidité
caractéristique de la justice.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Alors, l'article 20 est adopté, M.
le Président.
Le Président (M. Paré): Article 20 adopté.
Article 21.
Mme Lavoie-Roux: C'est la disposition habituelle...
M. Bérubé: Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ...ou la précaution que le gouvernement
prend dans chacune de ses lois. Eu égard aux jugements qui ont
été rendus par les différents juges, est-ce qu'il y a un
lien à établir entre les différents juges, par exemple,
sur la validité des lois qui n'avaient pas été traduites,
etc? Est-ce que l'article 2 et les articles 7 à 15 font
référence à cette nécessité de traduire les
projets de loi? C'est parce que j'oublie à quoi les articles 2 et 7
à 15 font référence.
M. Bérubé: M. le Président, comme il s'agit
en pratique d'un article que l'on retrouve dans toutes nos lois depuis
déjà longtemps, peut-être que la députée de
L'Acadie pourrait déposer le texte miméographié de
l'intervention classique, et je pourrais, de mon côté,
déposer le texte miméographié de la réponse
classique, de manière à pouvoir les incorporer au journal des
Débats. Je ne sais si c'est possible, M. le Président.
M. Blais: Cela n'a rien à voir avec l'administration.
M. Bérubé: À ma connaissance, cela n'a rien
à voir avec la langue mais...
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a rien à voir. Bon! Alors,
évidemment, je ne ferai pas de discours classique. Je pense que je le
connais un peu; c'est que le gouvernement du Québec veut se soustraire
à la loi constitutionnelle de 1982 et n'admet pas la Loi
constitutionnelle, etc. Alors accepté sur division, M. le
Président.
M. Bérubé: M. le Président, en
réponse, je soulignerai que nous avons une charte des droits nettement
plus complète, nettement plus, M. le Président, etc.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Paré): Je vous rappelle à
la pertinence du débat, s'il vous plaît:
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si on veut parler de la
Charte constitutionnelle des droits, de la charte des droits qui est
supérieure au Québec, ce gouvernement, par la loi 111, a
justement fait la preuve que notre très bonne charte des droits, j'en
conviens, ou du moins dans le texte, à cause de sa fragilité
comme loi statutaire, a été soumise à de terribles
épreuves par l'arbitraire du gouvernement actuel, ce qui n'aurait pas
été le cas s'il s'était agi d'une charte constitutionnelle
exactement. Là-dessus, M. le Président, sur cette partie du
discours, je suis sûre de ce que j'avance. C'est pour cela que le
ministre a été fort imprudent de parler de la
supériorité de la Charte des droits et libertés de la
personne du Québec par rapport aux libertés et droits qui sont
garantis par la Charte constitutionnelle.
M. Blais: M. Parizeau...
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Blais: M. Parizeau fait son discours.
Mme Lavoie-Roux: Sur quoi fait-il son discours, M. Parizeau?
M. Blais: Sur le budget. Il faudrait y aller.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus on m'apprend, M. le
Président, que, parait-il, le gouvernement n'a même pas
complété son boulot du budget et qu'il a encore besoin d'argent
avant que nous nous quittions au mois de juin. Est-ce que c'est bien ce que
j'ai compris?
M. Bérubé: II y a des crédits
additionnels...
Mme Lavoie-Roux: Supplémentaires.
M. Bérubé: Ah! Mais c'est très simple.
Lorsque le ministre des Finances a présenté le budget, il a
indiqué des modifications aux crédits qui s'expliquent facilement
par le fait que, désormais, les crédits...
(Suspension de la séance à 21 h 20)
(Reprise de la séance à 21 h 32)
Le Président (M. Paré): Mesdames et messieurs, pour
poursuivre aussi rapidement qu'au début de la soirée, nous allons
reprendre les travaux de la commission. Nous sommes à l'article 9, qui
avait été mis en suspens. Donc, la parole est au
député d'Argenteuil.
M. Bérubé: Si je ne m'abuse, je rappellerais
simplement au député d'Argenteuil que nous lui avions remis
copie
des différents décrets du gouvernement, et non pas
simplement la liste qu'il nous avait demandée. D'autre part, nous venons
de remettre également à son adjoint, son recherchiste, copie de
certaines modifications apportées aux décrets
ultérieurement et qui n'apparaissaient pas aux décrets initiaux
que nous lui avions remis. Il nous avait demandé - le
député d'Argenteuil, dis-je, de pouvoir en prendre connaissance
de manière à mieux s'endormir cette nuit. Nous aimerions savoir
si la nuit a porté conseil et si, aujourd'hui, nous pourrions adopter
l'article 9.
M. Ryan: M. le Président, il y eut bien d'autres
interventions du ministre qui me facilitèrent le sommeil, a posteriori.
J'ai bien apprécié cette somme de documents qu'on m'avait
transmise. Je les ai examinés sommairement et j'ai constaté qu'il
y avait bien des choses qui s'étaient passées, dont je
n'étais pas au courant, dont personne n'était au courant à
part les auteurs et, peut-être, les destinataires. Pour l'instant, ayant
pris connaissance en gros, encore une fois, de ces documents, je comprends un
peu mieux le sens de l'article 9. Je n'ai pas l'intention d'ouvrir un
débat là-dessus. Je voudrais simplement demander si le ministre
pourrait indiquer le sens de: "Le gouvernement peut, par décret..."
Est-ce qu'on doit prévoir d'autres choses à venir? De quel ordre
pourraient être ces choses à venir, que pourrait nous
réserver le gouvernement?
Pour le passé, on a été éclairé
suffisamment.
M. Bérubé: En l'occurrence, M. le Président,
l'article 9 dit bien qu'on ne peut pas modifier les décrets
antérieurs et, par conséquent, ce que l'on peut faire, c'est de
les reprendre par référence simplement. On ne va pas
redéposer tous ces décrets, mais on peut les reprendre par
référence générale sans les modifier de
manière à leur donner à nouveau force de loi. Il s'agit
ici, évidemment, d'une législation déléguée
directe, puisque cet article donne le pouvoir au gouvernement de
décréter des conditions de travail, du moins des conditions de
rémunération. Cependant, l'article 9, dans ce cas-ci, ne permet
pas de modifier les décrets qui ont été adoptés
antérieurement.
M. Ryan: Est-ce que le ministre pourrait me donner un ou deux
exemples concrets de ce qui pourrait arriver?
M. Bérubé: II pourrait arriver, par exemple, que
les textes des décrets qu'on vous a remis aient déjà
été publiés dans la Gazette officielle en français
et en anglais. Toutefois, lorsque ces décrets ont été
pris, ils ont été pris sous l'empire de la loi
précédente, la loi 105. Or, si la loi 105 est jugée
inconstitutionnelle, les décrets pris le sont aussi. Donc, nous allons
déposer au Conseil des ministres un décret général
dans lequel nous allons dire: Par ce décret, nous reprenons les
décrets nos... etc., la liste au complet, que nous avons pris à
telle date, par exemple. Automatiquement, ces décrets seront repris,
mais dans le cadre de la nouvelle loi.
M. Ryan: Est-ce que cela peut vouloir dire que si la Cour
suprême, dans une hypothèse hautement improbable, venait à
décréter que la loi originelle est inconstitutionnelle, vous
prendriez un nouveau décret pour éliminer les versions
anglaises?
M. Bérubé: Non. Nous avions envisagé
d'ailleurs, à un moment donné, de mettre un article de loi qui
aurait fait en sorte que cette loi-ci aurait été
littéralement abrogée advenant une décision favorable de
la cour mais, finalement, nous avons jugé que c'était de la
chinoiserie et que ce n'était pas la peine de commencer à
s'enfarger dans les fleurs du tapis. Par conséquent, il est plus simple
de reprendre purement et simplement les décrets puisqu'il s'agit ici
d'une loi de sécurité juridique. Il ne sert à rien de
s'amuser avec la sécurité juridique. Une fois que la loi sera
adoptée, on prendra les mesures nécessaires pour faire en sorte
qu'il ne puisse pas y avoir de contestation et que tout puisse se
dérouler normalement.
Le Président (M. Paré): L'article 9 est-il
adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 9 est
adopté sur division.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, j'ai demandé la parole.
M. Bérubé: Sur l'article 9?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non.
Le Président (M. Paré): Non?
Mme Lavoie-Roux: Le député d'Argenteuil m'avait
indiqué son intention de commenter l'article 21. Je sais qu'il a
été adopté sur division. Si tel est encore le désir
du député d'Argenteuil, comme il est appelé à une
autre commission parlementaire - il avait vraiment pris la
responsabilité de la discussion de ce projet de loi 8 ici en commission
parlementaire - est-ce que le ministre accepterait de faire exception et de lui
redonner le droit de parole sur l'article 21?
Le Président (M. Paré): À ce moment-ci,
étant donné que l'article 21 a été
adopté,
j'ai besoin du consentement pour y revenir. Avant de l'adopter à
nouveau, est-ce que j'ai le consentement des deux partis?
M. Bérubé: II faudrait l'adopter à
nouveau?
Mme Lavoie-Roux: Non, non. On l'a adopté... Ce serait le
vote final, mais le député d'Argenteuil voulait indiquer la
nature de sa dissidence sur cet article.
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'il y a
consentement pour rediscuter de l'article 21?
M. Blais: On pourrait se contenter de considérations
générales sur la loi en finale, on n'aurait pas besoin de jouer
au jeu de la réadopter, M. le Président.
M. Lachance: M. le Président, si je comprends bien,
l'article a été adopté. Ce que vous demandez, c'est le
consentement pour pouvoir en parler?
M. Bérubé: Pour écouter le
député d'Argenteuil, si je comprends bien, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): Sur un article qui est
déjà adopté. Il y a donc consentement? Vous avez la
parole, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je remercie le gouvernement. Cela sera bref et aussi
substantiel que possible. C'est un thème sur lequel nous avons
déjà eu l'occasion d'échanger en commission à
propos du projet de loi 105 et du projet de loi 70 également. Je pense
qu'il faut y revenir vu que l'erreur est la même. Il faut
évidemment réitérer les objections auxquelles il a
déjà donné naissance.
En gros, l'objet de l'article 21, c'est de soustraire le projet de loi 8
à l'effet de l'article 2 ainsi que des articles 7 à 15
inclusivement de la Loi constitutionnelle canadienne de 1982. Je ne sais pas si
cette disposition est vraiment nécessaire, parce qu'il y a
déjà eu une loi à caractère général
qui a été adoptée par l'Assemblée nationale. Je
pense que c'était la loi 62. Peut-être que le collaborateur du
ministère de la Justice qui accompagne le ministre pourrait nous dire
tantôt - il a sans doute le texte de la loi 62 avec lui - si elle
s'applique uniquement aux lois antérieures, aux lois adoptées
jusque là, ce qui expliquerait que, à propos de chacune des lois
qu'il adopte, le gouvernement sent le besoin d'ajouter cette police
d'assurance. Je comprends le souci du gouvernement, mais, encore une fois, je
ne peux pas le partager, parce que j'étais contre la loi 62. En bonne
logique, je dois continuer de m'opposer à toute disposition
législative de même nature que la loi 62. Ce qui est le cas de
l'article 21.
Je vais vous en donner la raison. Je pense que, du côté du
gouvernement, on ne s'oppose pas au contenu des articles 2 et 7 à 15 de
la Charte constitutionnelle canadienne des droits. Je ne pense pas que j'aurais
l'audace de prêter au gouvernement une attitude en vertu de laquelle il
serait contre l'assertion qui est définie à l'article 2 de la
Charte canadienne. Chacun a les libertés fondamentales suivantes:
liberté de conscience et de religion, liberté de penser, de
croyance, d'opinion et d'expression, y compris liberté de la presse et
des autres moyens de communication, liberté de réunion pacifique,
liberté d'association. Je pense que ce serait faire injure au
gouvernement que de laisser supposer qu'il serait opposé à des
libertés aussi fondamentales. On pourrait continuer
l'énumération des libertés qui sont garanties aux articles
7 à 15 de la Charte constitutionnelle des droits. Je pense qu'on serait
amené à adopter la même attitude. Je n'ai aucun
intérêt à raisonner par l'absurde ou à raisonner en
déformant les intentions ou les attitudes véritables. J'essaie de
les comprendre. Quelquefois, il y en a bien assez dans l'attitude comme elle
est sans qu'on se sente obligé de l'exagérer.
Le gros grief que nous avons contre l'article 21, par conséquent,
n'est pas de la nature d'une imputation de motifs ou de certaines intentions
qu'on voudrait prêter au gouvernement, c'est un grief qui est à un
autre niveau. Je pense que la Charte constitutionnelle des droits garantit les
libertés définies aux articles 2 et 7 à 15 de la Charte
canadienne des droits et libertés contre toute exception de nature
législative à condition, évidemment, qu'elle soit
appliquée dans son intégrité et qu'un gouvernement ou une
législation n'aille point se prévaloir de l'article ... Je voyais
M. Sormany qui se précipitait sur cet article. Je voudrais qu'il soit
sans inquiétude quant au fameux article 33 avec lequel nous sommes bien
familiers.
Par conséquent, c'est une des faiblesses de la Charte canadienne
des droits que cette échancrure immense que les auteurs ont
décidé d'y inscrire à cause d'attitudes peut-être
trop étroites qu'ils avaient rencontrées dans diverses parties du
Canada, pas seulement au Québec. Ce à quoi conduit l'article 33,
quand une province décide de s'en prévaloir de manière
aussi radicale, aussi globale que l'a fait le Québec, c'est la situation
que nous avons connue avec la loi 111.
Je pense que nous avons eu la preuve, très peu de temps
après avoir discuté de cette question, des dangers que peut
créer une utilisation abusive de l'article 33 de la Charte des droits de
l'homme. Nous l'avons dans la Charte des droits et libertés de la
personne du Canada. Nous avons vu ce
danger à l'oeuvre à l'occasion de la loi 111 dans laquelle
la majorité gouvernementale a décidé, avec la
rapidité que l'on sait, de suspendre tous les articles de la Charte des
droits et libertés de la personne du Québec dans la mesure
où ils venaient en conflit avec les dispositions de la loi 111,
lesquelles mettaient en veilleuse des libertés aussi fondamentales, par
exemple, que la présomption d'innocence en cas de délit
pénal.
On a eu la preuve, par conséquent, que cela peut se faire
très vite, que 24 heures suffisent pour qu'on glisse assez loin pour que
même des organismes internationaux impartiaux comme la Ligue
internationale des droits de l'homme juge à propos d'intervenir,
d'interpeller sévèrement et presque solennellement le
gouvernement du Québec pour lui demander ce qui s'est passé. Dans
des chartes internationales, en particulier dans le pacte international relatif
aux droits civiques et politiques, il est prévu que ces libertés,
qui sont définies aux article 7 à 15 et à l'article 2 de
la Charte canadienne des droits et libertés - aussi dans notre Charte
des droits et libertés de la personne, j'en dirai un mot tantôt -
il est prévu, dis-je, qu'on ne peut les mettre en veilleuse ou les
suspendre que dans des situations graves. (21 h 45)
Je prends les termes qu'on retrouve dans le pacte international et
auquel souscrit le Canada - "...qu'on ne peut les mettre en veilleuse que dans
le cas de situations ou de péril graves qui mettent en danger
l'existence de la nation". Cela veut dire une insurrection ou une peste qui
menacerait d'emporter une nation tout entière. Mais je ne pense pas que
la situation à laquelle nous faisions face en raison de la grève
des enseignants pouvait tomber, en suivant le jugement de tout esprit le
moindrement froid et impartial, sous cette catégorie. D'ailleurs, quand
on discute de ce qui s'est passé avec des esprits qui ont
consacré une partie de leur vie et de leur carrière à
l'étude des droits et libertés, ils trouvent tous que la
situation avec laquelle nous étions aux prises n'avait rien de
comparable au genre de situation qui est défini dans le pacte
international relatif aux droits civiques et politiques. Par conséquent,
nous avons eu, en dedans de quelques mois, une preuve concrète du danger
que nous avions évoqué quand les lois 70 et 105 ont
été étudiées, lorsque nous étions dans cette
salle, à peu près dans la même position où nous
sommes ce soir.
Moi, je dis que si jamais une situation du genre de celle que
reconnaît la sagesse internationale se présentait, je pense
qu'à ce moment-là, il faudrait y faire face d'une manière
responsable et lucide avec la volonté de mettre fin à la
situation. Mais, en dehors de cette occurrence, je ne pense pas qu'on doive se
réserver la possibilité de faire à peu près
n'importe quoi avec les libertés en mettant de petits paragraphes comme
celui-là un peu partout, et je pense que le gouvernement se grandirait
et donnerait beaucoup plus d'autorité à l'invocation qu'il fait
ou qu'il peut être appelé à faire de l'article 33 en ne
l'invoquant que pour des raisons beaucoup plus sérieuses, beaucoup plus
fondées que celles qui l'amènent à l'insérer de
manière automatique et mécanique, dans chaque texte de loi qu'il
nous présente depuis près d'un an.
C'est pourquoi, cette fois-ci, de nouveau, je suis obligé de
m'opposer très fermement à l'inclusion de cet article. Je le
rappelle au gouvernement. Je ne sais pas ce que le gouvernement va faire, parce
que là, vous l'insérez dans chacune des lois. J'espère
qu'il n'arrivera pas dans quelque temps, dans quatre ans, un gouvernement, que
ce soit le vôtre ou un autre, qui serait distrait et qui oublierait de
corriger toutes ces lois parce que la proclamation ne vaut que pour cinq ans.
L'exception ne vaut que pour cinq ans et M. Sormany, je pense, sera de mon avis
là-dessus. Est-ce qu'on va adopter, encore une fois, dans cinq ans,
toutes les lois passées jusque-là? Est-ce qu'on va passer une
nouvelle loi 62 tous les cinq ans, une loi globale, massive?
M. Bérubé: On peut espérer que, entretemps,
le Québec sera indépendant et qu'on aura réglé le
problème.
M. Ryan: Je ne veux pas faire de politique partisane du tout.
L'hypothèse que je ferais...
M. Blais: Votre intervention est partisane, M. le
député.
M. Ryan: ...irait exactement dans le sens contraire. Mais...
Pardon?
M. Blais: Votre intervention est très partisane.
M. Ryan: Je crois que c'est une...
M. Blais: La culpabilité dans la loi no 111, quand
même, c'est de se servir de la partisanerie pour dire cela.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que je peux
continuer?
M. Blais: Avec plaisir.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député.
M. Ryan: Je pense que les arguments que j'exposais à
propos de la situation qui a donné naissance à la loi 111 ont
été exposés
à maintes reprises et je ne sache point qu'ils aient jamais
été l'objet d'une réfutation véritable. Le
gouvernement a fait des affirmations, mais, de là à
établir la preuve qu'on était ici dans une situation qui puisse
se comparer à ce que prévoit le pacte international relatif aux
droits civiques et politiques... Je vais vous envoyer une copie de ce
texte-là. Je pense que le député de Terrebonne...
M. Blais: M. le député d'Argenteuil, c'est contenu dans
toutes les lois exceptionnelles de travail, même dans celles qui ont
été votées avant notre arrivée au pouvoir, c'est
élémentaire.
M. Ryan: Je regrette infiniment. Là, on fait des
affirmations.
M. Blais: La culpabilité là...
M. Ryan: Le député de Terrebonne n'est pas
obligé d'être au courant de toutes ces choses-là, mais,
pour son information...
M. Blais: Je n'aime pas cela quand vous dites que je ne suis pas au
courant quand je le suis.
M. Ryan: Non, mais je vais vous dire ce qui en est...
M. Blais: Vous avez parlé de la loi 111 sur la
culpabilité.
M. Ryan: Je rappelle au député de Terrebonne qu'il
y a seulement un précédent connu avant la loi 111. C'est une loi
qui fut adoptée en 1976 qui contenait un paragraphe de ce
genre-là à propos de la présomption d'innocence et qui
n'était pas meilleure parce qu'elle avait été
adoptée par un gouvernement libéral.
M. Blais: II y en a eu une en 1975. J'aimerais bien savoir
laquelle...
M. Ryan: C'est celle-là. En 1975 ou 1976, c'est
celle-là.
Mme Lavoie-Roux: Un peu moins exhaustive, mais qui avait la
même odeur.
M. Bérubé: C'est la loi concernant le retour au
travail des médecins.
M. Ryan: Qui portait seulement sur la présomption
d'innocence, mais les autres lois ne contenaient pas de disposition comme
celle-là, M. le député de Terrebonne, je vous
l'assure.
M. Blais: Est-ce qu'on peut se permettre une seconde, M. le
Président, on y a tellement passé de temps. Juste pour ma
gouverne, dans une situation comme celle où nous étions,
où il nous manquait environ 899 000 000 $ sur un budget, où on ne
pouvait pas indexer les rentes aux gens qui étaient dans la
mendicité à cause de la crise - c'était suffisant pour
faire des coupures draconiennes dans le système de paie de nos
employés - qu'est-ce qu'un gouvernement libéral aurait fait de
mieux que nous?
Mme Lavoie-Roux: On a donné des conseils au ministre.
M. Ryan: II y a eu plusieurs suggestions faites à
l'époque. Certaines auraient peut-être été
coûteuses...
M. Bérubé: Ce qui caractérise les conseils
de l'Opposition libérale, c'est qu'ils sont gratuits et de fait ne
déséquilibrent pas le budget de l'État.
M. Ryan: Nous avons donné ici même des exemples de
suggestions qui n'étaient pas ruineuses...
Mme Lavoie-Roux: ...parce que l'allocation...
M. Ryan: ...quand elle sont ruineuses, le ministre dit qu'il ne
faut pas regarder les principes, mais le coût, mais quand elles ne
coûtent pas cher, il invoque les principes. C'est ce qu'on appelle un
joueur de quatre coins intellectuel. Pour finir - j'achève, ne vous
inquiétez pas, je ne veux pas prolonger le débat
indéfiniment - je pense que vous comprendrez la perspective dans
laquelle...
M. Bérubé: C'est le mot "indéfiniment" qui
me rassure. Cela pourrait le prolonger longtemps, mais pas indéfiniment.
C'est déjà une consolation, M. le Président.
M. Ryan: Si c'était "indéfinirnent", cela pourrait
être inquiétant. On pourrait lire les articles au complet parce
qu'il y en a qui ne semblent pas les connaître. Je n'ai pas l'intention
de faire cela. Je pense que j'ai établi assez clairement les raisons
invincibles pour lesquelles nous nous opposons à ceci. Je déplore
l'entêtement et l'obstination dont le gouvernement fait trop souvent
montre en matière de constitutionnalité. Il fait ses propres
lois. Nous en avons eu un exemple encore aujourd'hui: le nouveau jugement qui a
été rendu aujourd'hui par la Cour d'appel dans une cause qui se
rapproche des questions dont nous discutons ce soir. Je pense que tout le monde
est au courant du jugement qui a été rendu. La Cour d'appel a
donné raison au juge Deschênes à propos de l'exception que
le gouvernement entend faire à la charte constitutionnelle en
matière de droits linguistiques. Ici, il n'y a pas de danger à ce
point de vue. C'est à un autre
niveau qu'on se place pour critiquer le projet de loi. Je pense en avoir
dit assez pour que, sans être capable d'adhérer, étant
donné la ligne de conduite que s'est fixé le gouvernement, les
membres du gouvernement comprennent très bien que les raisons sur
lesquelles repose la position actuelle du gouvernement sont très
fragiles. Elles sont plus de l'obstination politique que du service bien
compris des intérêts supérieurs des citoyens sous l'angle
des libertés fondamentales. Je souhaite que le jour arrive le plus
tôt possible où le gouvernement ne nous obligera plus à
nous imposer à chaque loi que nous adoptons une clause du genre de
celle-ci. Je ne pense pas que les droits des citoyens en seraient
affectés mais qu'au contraire, ils jouiraient d'une meilleure
protection. Une fois qu'on n'aura plus de choses comme celle-là, les
droits fondamentaux joueront vraiment. Tandis que, sous l'empire de la charte
que nous avons au Québec, c'est une charte qui n'a pas de valeur
constitutionnelle, c'est une loi statutaire à laquelle le gouvernement
peut décider de déroger à 24 heures d'avis. On ne peut pas
déroger à une charte constitutionnelle à moins d'avoir des
raisons infiniment plus graves et d'avoir franchi des étapes et
surmonté des obstacles autrement plus exigeants que ceux qui ont
été invoqués à propos de la loi 111.
M. Lachance: M. le Président, très
brièvement...
Le Président (M. Paré): M. le député
de Bellechasse.
M. Lachance: ...parce que je ne veux pas prolonger le
débat, je ne mets pas du tout en cause la bonne foi ou
l'honnêteté du député d'Argenteuil. C'est un homme
dont j'admire à l'occasion la rigueur intellectuelle, la pensée.
Cependant, ce qui m'étonne, par rapport à sa grande
expérience d'observation de ce qui se passe au Québec, au Canada
et ailleurs dans le monde, c'est la façon dont il s'exprime. Il me
semble qu'il fait preuve d'une candeur naïve. Nous avions à une
certaine époque des problèmes très sérieux de
désobéissance civile. Il a fallu adopter des mesures
particulières, ce n'étaient pas les mesures de guerre, loin de
là. Je pense qu'à un moment donné la population s'attend
que ce soit l'État, le gouvernement qui dirige. On n'a mis personne dans
des situations épouvantables. Je comprends qu'il faille respecter les
droits de la personne, les droits de l'homme, mais, à un moment
donné, les droits de la personne aussi.
M. Bérubé: Le député a indiqué
des modifications aux crédits qui s'expliquent facilement par le fait
que, désormais, depuis deux ans maintenant, les crédits sont
déposés avant la présentation du budget, le budget
lui-même étant généralement présenté
en même temps que le budget fédéral et que le budget
ontarien, ce qui explique pourquoi il peut y avoir des modifications quant
à l'évolution économique et quant à
l'évolution des besoins. Ce n'est pas anormal, M. le Président,
que les crédits puissent être ajustés, d'autant plus que
nous sommes en juin et qu'il faut déjà prévoir, à
l'automne, un budget supplémentaire, car, le gouvernement étant
un organisme vivant, il évolue continuellement.
Je peux comprendre que la députée de L'Acadie, à
partir de l'analyse de l'évolution du parti auquel elle appartient, ne
voit pas tout à fait l'importance de ce dynamisme, de cette
évolution qui font en sorte qu'on soit continuellement amené
à réajuster des visions, des perspectives.
Mais, néanmoins, M. le Président, je suis convaincu...
Le Président (M. Paré): J'aimerais quand même
rappeler la pertinence de nos débats, car la discussion sur le budget se
passe plutôt au salon bleu, si je me souviens bien.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président, c'est à la
suite d'une provocation du député de...
M. Blais: Provocation, madame?
M. Bérubé: Terrebonne.
Mme Lavoie-Roux: ...Terrebonne.
M. Blais: Une douce invitation, madame.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement rappeler qu'il y a toutes
sortes d'évolutions, M. le Président. Il y a des
évolutions qui sont fort coûteuses pour la population et qui sont
souvent le résultat d'une piètre administration, alors qu'il y a
d'autres types d'évolutions qui sont fort positives pour la population
et qui sont un signe d'avancement.
Sur ce, M. le Président, l'article 21 -je vous le rappelle - a
été adopté sur division. Nous sommes rendus à
l'article 22.
Le Président (M. Paré): Non, malheureusement, je
dois vous rappeler qu'on doit revenir à l'article 9.
Mme Lavoie-Roux: Ah, mon Dieu! Qu'est-ce qu'il y avait à
l'article 9?
Le Président (M. Paré): L'article 9 avait
été laissé en suspens. Donc, il faut reprendre l'article
9.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il n'y avait pas eu un amendement de
proposé? Honnêtement, j'ai oublié ce qui avait fait l'objet
de la suspension.
M. Bérubé: M. le Président, je me souviens
que le député d'Argenteuil avait demandé une liste des
décrets, qui avait été déposée. Dans notre
générosité habituelle, nous avions fait plus que
déposer une liste des décrets, nous avions déposé
la substantifique moelle intégrale de ces décrets.
On me dit que les décrets qui avaient été
déposés constituaient la première série de
décrets. Mais, ultérieurement, il y avait eu certaines
modifications...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président. Par votre
entremise, M. le Président, est-ce qu'on pourrait obtenir du
président du Conseil du trésor de suspendre -une demi-seconde, ce
serait un peu exagéré -deux minutes, parce que le
député d'Argenteuil s'en vient.
M. Bérubé: Oui?
Mme Lavoie-Roux: Comme c'était lui qui avait fait la
discussion sur l'article 9, nous aimerions que vous permettiez qu'on suspende.
Je vous jure que cela ne prendra pas plus de deux ou trois minutes. Est-ce que
cela vous ennuie beaucoup, M. le ministre?
M. Bérubé: M. le Président.
Le Président (M. Paré): Je suis prêt à
répondre positivement à la demande de Mme la
députée de L'Acadie, s'il y a consentement des deux partis.
M. Bérubé: Mais s'il n'y avait pas consentement,
nous aurions droit à un filibuster de manière à...
Le Président (M. Paré): On continuerait les
discussions intéressantes qui se poursuivent présentement.
M. Bérubé: ...nous permettre d'attendre le
député d'Argenteuil, auquel cas, M. le Président, je
ferais n'importe quoi pour ne pas avoir à supporter cinq minutes de plus
de débat. Je suis d'accord pour que nous suspendions.
Mme Lavoie-Roux: Plutôt que de nous répéter
après l'arrivée du député d'Argenteuil, on est
aussi bien de suspendre. Vous donnerez vos explications lorsqu'il arrivera.
Le Président (M. Paré): Comme il y a consentement
des deux côtés, les travaux sont suspendus pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 59) (Reprise de la séance
à 22 heures)
M. Lachance: On peut se trouver dans des situations
épouvantables. Je comprends qu'il faut respecter les droits de la
personne, les droits de l'homme et tout, mais les droits de la personne... Il y
a les droits des enfants, les droits des personnes dans les hôpitaux et
les droits des citoyens d'avoir des services. Je ne veux pas élaborer
davantage, mais c'est la réflexion que m'inspirent les propos du
député d'Argenteuil.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, je voudrais ajouter seulement une petite note
là-dessus parce que, si nous avions le temps, c'est un thème sur
lequel nous pourrions nous étendre longuement et ce serait bien
profitable pour tout le monde.
M. Blais: ...II est dix heures moins cinq.
M. Ryan: Oui, mais il y a une autre commission qui m'attend. On
discute avec des associations étudiantes en haut. C'est aussi
très intéressant, très instructif.
Je voudrais simplement ajouter une chose là-dessus. Je pense
qu'il faudrait faire attention quand on invoque l'argument de
désobéissance civile. On ne met pas tous le même contenu
là-dessus. Selon moi, le concept de désobéissance civile
est le suivant: c'est l'attitude de citoyens qui disent: Nous n'obéirons
plus à ce gouvernement parce que nous le trouvons illégitime.
Nous cesserons d'observer ses lois, de payer nos taxes, d'obéir aux
ordres qu'il nous donne. C'est le concept de désobéissance civile
au sens plein du terme. Il peut arriver - c'est arrivé souvent dans
l'histoire - que des citoyens décident de s'opposer à une loi
particulière, parce qu'il la trouvent profondément injuste ou
inique.
Si on a l'illégalité... C'est évident que si la loi
était adoptée par les voies légales, ils sont dans
l'illégalité. Quant à dire qu'ils sont dans la
désobéissance civile au sens fort du terme, j'aimerais qu'on y
pense bien comme il faut avant de faire ces affirmations et je n'excuse rien.
Il y a toute une littérature sur le concept de la
désobéissance civile, qui est très nuancé, qui
demande à être étudié avec beaucoup d'attention et
qui suggère que si on opte pour la priorité des libertés,
il y a certaines situations qu'on doit être prêt à regarder
avec compréhension. Je vous passerai un volume là-dessus si cela
vous intéresse. C'est un philosophe allemand qui a fait sa
carrière
aux États-Unis - je vais vous donner le nom Hannah Arendt que
j'ai lu bien attentivement pendant les événements de l'hiver
dernier. Hannah Arendt n'était pas une révolutionnaire. Elle est
partie d'Allemagne au moment où le pays a eu des troubles, mais elle
était placée pour réfléchir là-dessus parce
qu'elle avait une expérience personnelle extraordinaire. C'est l'un des
meilleurs théoriciens politiques sur ces questions. Je voudrais
simplement dire que nous avons intérêt à approndir ces
concepts. On n'a pas la chance de le faire souvent dans un Parlement comme
celui-ci; c'est malheureux. Mais j'apprécie le point que vous avez
soulevé. Moi-même, je ne suis pas arrivé à des
certitudes là-dessus. J'ai simplement indiqué, dans le
prolongement de la discussion - parce que c'est plutôt une conversation
qu'on a - que c'est un sujet très intéressant et sur lequel nous
avons tous encore beaucoup de choses à apprendre. Je vous enverrai ce
volume.
M. Bérubé: Sur ces propos d'une grande
humilité, parce que le député d'Argenteuil nous souligne
que nous avons tous beaucoup de choses à apprendre, mais après
avoir donné une leçon de choses à tous les
députés de l'Opposition, en les abreuvant facilement du haut de
sa sagesse et de ses connaissances et de tous ses bons conseils, je pense que
nous pourrions aborder l'article 22.
Le Président (M. Paré): Je rappelle que l'article
21 a été adopté sur division. Article 22.
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 22 est
adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Paré): Adopté sur
division.
M. Ryan: Ah, que nous avons une bonne composition!
Le Président (M. Paré): Est-ce que les notes
explicatives sont adoptées? Non. Est-ce que l'ensemble de la loi 8 est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Ryan: Sur division évidemment.
M. Bérubé: Ils sont encore divisés. C'est
épouvantabe dans ce parti, ils sont toujours divisés.
M. Ryan: C'est un gros danger.
Le Président (M. Paré): Donc, je demanderais au
rapporteur de faire rapport à l'Assemblée nationale dans les plus
brefs délais. La commission ayant rempli son mandat, les travaux sont
ajournés sine die.
(Fin de la séance à 22 h 05)