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Commission permanente de la Famille et du Bien-Etre
social
Bill 26 Loi de l'aide sociale
Séance du jeudi 20 novembre 1969
(Dix heures douze minutes)
M. PLAMONDON (président de la commission permanente de la Famille
et du Bien-Etre social): A l'ordre, messieurs!
Alors, nous allons commencer cette séance de la commission
permanente du ministère de la Famille et du Bien- Etre social, qui est
chargée de l'étude du projet de loi numéro 26, Loi de
l'aide sociale. Je souhaite la bienvenue à tous les membres de la
commission.
Je voudrais signaler à l'attention des membres que, suite
à la décision annoncée en Chambre mardi, j'ai
rédigé un communiqué de presse que j'ai adressé
à la Tribune de la presse le même jour, invitant les
intéressés qui n'auraient pu se faire entendre jusqu'à
maintenant à se présenter devant ladite commission.
D'autre part, je voudrais aussi faire part d'un télégramme
que nous avons adressé à M. Hamel, de la Corporation des
conseillers sociaux du Québec: "Commission de Famille et Bien-Etre
social siégera jeudi matin à 10 heures, étude bill 26 Loi
de l'aide sociale stop S'il vous est impossible de vous
présenter devant la commission, votre mémoire sera publié
en son entier en annexe au journal des Débats."
Si vous vous souvenez bien, cet organisme avait manifesté son
désir de présenter son mémoire lors de la dernière
réunion et, à cause de circonstances particulières, M.
Hamel n'avait pu se présenter. Il nous a adressé son
mémoire. Alors, j'aimerais demander au journal des Débats de
publier en annexe, le contenu du mémoire de la Corporation des
conseillers sociaux du Québec.(voir annexe)
J'invite donc le ministre de la Famille et du Bien-Etre social à
ouvrir la réunion.
M. CLOUTIER: M. le Président, ce matin, l'objet premier de la
réunion de la commission parlementaire est de prendre connaissance des
projets, je dis bien des projets de tables, qui accompagnent et qui font partie
de tout cet ensemble du bill 26, du projet de réglementation.
Nous avions dit, lors des séances précédentes, des
réunions de la commission, qu'il était préférable,
d'abord, d'entendre les représentations des organismes qui voulaient se
présenter devant la commission. Alors, à la lumière de ce
que vous venez de dire, M. le Président, je pense bien que, maintenant,
tous les organismes ont eu la possibilité de ce faire, au cours de trois
séances précédentes. Vous avez également fait
envoyer aux journaux, une invitation pour ceux qui auraient voulu, ce matin,
profiter de cette dernière occasion parce que nous arrivons au terme des
séances de la commission parlementaire. Il nous faudra, après
cela, retourner à l'Assemblée nationale pour le débat en
deuxième lecture, en comité, et en troisième lecture, et
l'adoption de la loi avant que la session en cours ne se termine.
Alors, ce matin, M. le Président, nous allons prendre
connaissance de documents de travail préparés au ministère
de la Famille et du Bien-Etre social. Ces documents éclairent le projet
de loi,qui, lui, sera adopté. Le projet de réglementation et le
projet de tables, après l'adoption de la loi, seront soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil pour adoption, afin que la loi entre en
vigueur.
J'ai fait préparer par nos officiers dont quelques-uns
sont ici avec nous, ce matin, et qui pourront au cours de ces discussions nous
apporter leur contribution et les précisions, si nécessaire
une série de tableaux qui seront mis à la disposition des
membres de cette commission, tableaux sur lesquels, je ferai d'abord un
exposé. Ensuite nous pourrons échanger des remarques, vous
pourrez poser des questions et nous y répondrons le mieux possible.
Alors, M. le Président, je demanderai à mes officiers de
distribuer ces documents de travail ce ne sont, et j'insiste
là-dessus, que des projets sur lesquels j'aimerais que la commission
parlementaire se penche, qu'elle fasse ses observations et, à partir de
ces travaux, évidemment, nos officiers compléteront les
études nécessaires pour préparer, à la suite de
l'adoption de la loi, un document final.
On pourra, également, M. le Président, en remettre aux
journalistes, afin qu'ils suivent avec nous la discussion en cours.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si le ministre me permet, est-ce
qu'au cours de son exposé, il fera état de l'effet, de ce qu'il
vient d'annoncer dans son livre blanc, sur les prestations qui seront
accordées?
M. CLOUTIER: Oui. Evidemment, si on a consulté le livre blanc
j'imagine que le député de D'Arcy-McGee a pu trouver
quelques minutes pour le faire on ne peut dissocier le
réaménagement des allocations familiales du bill 26.
Je ne pourrai pas donner ce matin des chiffres précis sur l'effet
du réaménagement des allocations familiales sur le bill 26, mais
il est certain que, si l'on compare des tables, si dans le projet de tables du
bill 26 nous dégonflons ces tables à partir du quatrième
enfant, de tout ce qui s'applique à ce quatrième enfant et aux
autres, il est évident que dans ces tables il y aura des ajustements
importants à partir du quatrième enfant. Quand nous
étudierons cela, en prenant l'exemple de deux adultes, quatre
enfants, nous pourrons faire des considérations opportunes.
Alors, M. le Président, tous les membres de la commission ont
maintenant, je crois, les documents en main. Il y a trois séries de
documents. Il y a une première série, qui contient les documents
1, 2 et 3, qui illustrent les taux de prestations telles qu'octroyées en
conformité avec les lois qui sont présentement en vigueur. Il y a
un autre document, le document no 4, qui expose les niveaux projetés de
prestations d'aide sociale. Alors ça, c'est un projet d'aide sociale en
vertu du bill 26 et de sa réglementation.
Enfin, une troisième série de documents (documents 5, 6 et
7) permet d'établir des concordances des taux proposés dans cette
nouvelle réglementation du bill 26, en comparaison avec les
données du Montreal Diet Dispensary, en comparaison avec celle de
plusieurs autres provinces du Canada et en comparaison aussi avec un certain
nombre d'Etats américains. Alors, je crois qu'avec ces documents, M. le
Président, les membres de la commission pourront se faire une opinion
assez juste de l'importance des documents de travail qui nous sont
présentés. Alors si on se réfère maintenant
à chacun de ces documents disons qu'on prendra à la fois
les documents 1, 2 et 3 ce sont des documents, des tableaux qui
correspondent à l'état de fait actuel.
Vous avez dans le document no 1 des prestations permises et les revenus
permis également dans la deuxième colonne vous avez
d'abord en première colonne "prestations permises des revenus qui sont
réalisables en deuxième colonne" pour celui qui retire une
prestation.
Sur le premier tableau, c'est en vertu de la Loi de l'assistance
publique, dans le document no 1. Dans le document no 2, ce sont les lois
catégorisées, et les allocations d'assistance-vieillesse, les
invalides, les aveugles.
Dans le document 3, vous avez aussi des prestations
catégorisées, mais ce sont pour les mères
nécessiteuses. Alors, ce sont les trois premiers documents qui donnent
les tables actuelles.
Si nous reprenons le tableau 1, vous avez trois grandes zones, vous avez
la zone de province, la zone de cité, la zone de métro pour
métropole. Alors, une brève description de ces trois zones: la
troisième zone, la zone métro, correspond à
Montréal et Montréal métropolitain, Québec et
Québec métropolitain; vous avez "cité", cela veut dire les
cités de 10,000 âmes et plus; et le reste, la province. Alors,
vous avez des tables, ici, qui sont mises en liste. Vous avez, à partir
des personnes seules, la première section. Vous avez la deuxième
section pour les familles qui comprennent un adulte et des enfants, d'un
jusqu'à dix enfants. Et, vous avez les familles de deux adultes et
jusqu'à dix enfants. Alors, il y a trois sections.
Vous avez, en quatrième colonne, des allocations familiales qui
sont payées au Québec, qui viennent du gouvernement du
Québec ou du gouvernement d'Ottawa, et le total de ces allocations
familiales.
Le deuxième document a la même trame, si vous voulez, la
même composition: la prestation de base, la prestation permise et revenu
permis; vous avez, en deuxième colonne, la prestation plus un
supplément, et vous avez, en troisième colonne, la prestation
plus un supplément pour les zones, la zone III, la zone
métropolitaine, et vous avez évidemment ce sont des
personnes seules , alors, il n'y a pas d'allocation familiale.
Vous avez, en troisième document, les mères
nécessiteuses. La composition de la famille, c'est un adulte, et nous
avons donné le tableau pour un jusqu'à dix enfants; vous avez la
même répartition, les trois colonnes, province, cité,
métro, et vous avez également la prestation permise et le revenu
permissible dans les trois colonnes, plus, à la quatrième
section, les allocations familiales.
Je crois que ce sont trois documents suffisamment explicites, et nous y
reviendrons tantôt. Je pense que, déjà, les membres peuvent
se faire une idée assez juste des prestations actuellement
versées, en vertu de nos principaux régimes.
Au document no 4, nous entrons là dans la nouvelle proposition.
La première colonne est un projet de tables au titre du règlement
3.01, dans le projet de loi d'aide sociale. Ces tables sont au titre des
besoins ordinaires que nous avons décrits dans nos règlements
comme étant la nourriture, le vêtement, les besoins personnels et
les besoins domestiques. Cela est la table 3.01. Alors, vous l'avez ici
à partir d'un adulte célibataire et vous l'avez pour
différents types de la famille, jusqu'aussi loin que deux adultes et dix
enfants.
Avec le nombre des catégories qui a été inscrit
dans ce tableau, je pense que nous pouvons nous faire une idée assez
juste de toutes les tables, de tous les taux qui seront payés.
Vous avez, en deuxième colonne, le coût moyen du logement.
Alors, cela correspondrait, dans nos tables, au règlement 3.02. C'est le
coût moyen. Evidemment, il y a des tables, pour la présentation
ici, pour simplification, afin que ce soit le plus compréhensible
possible. Nous avons dû prendre une moyenne du logement, parce que l'on
comprend que ce n'est pas... Les coûts de logement dépendent aussi
des zones. Alors, vous avez la table ici, en deuxième colonne, qui
correspond à la moyenne du logement. Et, c'est la seule variation qui
est importante au budget.
Vous avez, en troisième colonne, les allocations familiales,
actuellement payées, au niveau des deux régimes: le régime
provincial et le régime fédéral.
Vous avez, en quatrième colonne, le total de la prestation
permise; alors, en vertu de la table 3.01, 3.02, les allocations familiales et
le total de la prestation. Nous y reviendrons, nous allons passer sur tous les
tableaux pour donner des remarques générales.
Le document 5 consiste en une comparaison entre le projet de tables en
vertu du règlement 3.01, ce que j'ai identifié tantôt pour
les besoins ordinaires: nourriture, vêtements, besoins personnels et
besoins domestiques, avec les tables suggérées par un organisme
qui est venu devant la commission parlementaire, le Montreal Diet
Dispensary.
Vous avez, en première colonne, la table 3.01 qui est
répétée, celle que l'on a vue il y a un instant sur le
document 4. Vous avez les allocations familiales répétées
ici aussi et qui étaient sur le document 4.
Vous avez le revenu permis en plus de l'allocation, ce qui vous donne
donc le total des revenus que peut retirer une personne. Vous avez, dans la
cinquième colonne, la comparaison avec la suggestion du "Montreal Diet
Dispensary." Alors, nous pourrons y revenir et faire des considérations
tout à l'heure, et faire connaître à la commission, toutes
les remarques que vous voudriez faire, et poser des questions.
Document 6: Ce sont les comparaisons entre notre projet de loi et les
quatre autres provinces canadiennes. Je crois que ce sont les provinces, pour
les fins de comparaison ici, qui sont très représentatives,
c'est-à-dire les deux provinces voisines, vous avez d'un
côté, le Nouveau-Bruns-wick, et de l'autre côté,
l'Ontario. On a ajouté aussi la Saskatchewan et la Colombie-Britannique.
Vous l'avez pour différents types de famille, mais je crois que nous en
avons mis suffisamment pour vous faire une opinion sur cette comparaison.
Alors, dans le cas du Québec, on donne en note au bas du tableau: "Les
montants indiqués comprennent les allocations familiales et, dans le cas
du Québec, il faut ajouter nous les avons ajoutées dans
cette colonne-là les allocations familiales provinciales."
Et vous avez le document numéro 7. Ce sont des comparaisons avec
des Etats américains. Vous avez, dans le cas du Québec, le
montant qui correspond à une famille de deux adultes et de deux enfants,
et vous avez différents Etats américains.
M. GOLDBLOOM: Je pense, M. le Président, qu'il serait utile que
le ministre puisse nous indiquer quelles sont les raisons principales pour
lesquelles il nous présente ces chiffres, ces tableaux, comme
étant un projet plutôt que d'être en mesure aujourd'hui de
nous dire: Voici ce que nous allons inscrire dans les règlements qui
découleront du projet de loi, une fois adopté?
M. CLOUTIER: Je sais que le député com- prend que nous
sommes au stade de l'étude de la loi. Les règlements et les
tables vont suivre l'adoption de la loi. Nous avons apporté le projet de
règlements et les projets de tables, devant la commission et devant
l'Assemblée nationale, pour éclairer la discussion du projet de
loi. Mais, il reste que, tant que les tables et que les règlements
n'auront pas été adoptés par le lieutenant-gouverneur en
conseil, c'est un projet qui peut être modifié. Mais, disons,
qu'actuellement, je connais la proposition qui a retenu l'attention de nos
officiers au ministère de la Famille, et c'est celle que nous soumettons
à l'attention de la commission parlementaire. Et, tout en me gardant une
marge de sécurité raisonnable, je crois pouvoir dire que c'est le
projet qui sera présenté au lieutenant-gouverneur en conseil pour
adoption. Mais je ne peux m'engager, à ce moment-ci, étant
donné que les travaux parlementaires ne sont pas terminés. La loi
n'est pas adoptée en Chambre. Nous continuerons nos études sur
les représentations et les mémoires qui nous ont
été présentés devant la commission parlementaire.
Je ne suis pas en mesure de présumer, à ce moment-ci, que le
conseil des ministres a retenu cette table définitivement. Est-ce que
vous en convenez?
M. GOLDBLOOM: Justement, c'est la précision que je voulais que le
ministre nous donne. S'il appelle ce document ou ces documents, un projet,
parce qu'il y a toutes les formalités d'approbation à franchir,
je le comprends parfaitement, et nous acceptons sans hésitation cette
explication. S'il nous avait dit que c'est à l'état de projet
parce que ses officiers se penchent toujours là-dessus, et qu'il n'est
pas certain que c'est le projet final qui sera soumis au conseil des ministres
et au lieutenant-gouverneur en conseil, notre discussion serait d'une nature
tout à fait différente. Mais, s'il s'agit simplement des
formalités nécessaires, nous comprenons parfaitement.
M. CLOUTIER: Alors, disons, M. le Président, que ce ne sera pas
une discussion purement intellectuelle, c'est une discussion qui va s'appuyer
sur quelque chose de concret, ou qui, probablement, sera transposée dans
la pratique, après l'adoption du projet de loi.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre a fait calculer le montant total
d'augmentation au budget de son ministère, que peuvent
représenter ces chiffres?
M. CLOUTIER: Oui, M. le Président, je vais expliquer pour le
bénéfice de la commission parlementaire, évidemment, de
quelle façon nous avons procédé, et quelles sont les
implications.
Il est entendu que, nos officiers, au cours de la préparation de
tout ce travail, ont dû avoir
constamment à l'esprit les implications budgétaires du
projet de loi numéro 26 et de ses règlements. Il y a des calculs
qui ont été faits de différentes façons par nos
experts, nos techniciens, nos statisticiens, nos économistes, et il nous
a fallu, évidemment, au bout des travaux préparatoires, inscrire
des chiffres, et faire des propositions telles qu'elles doivent être
faites, et obtenir des autorisations, qui, si elles ne sont pas finales, du
moins nous ont permis, d'avancer dans ces travaux.
Alors, nous avons évidemment dû prévoir des sommes
d'argent aux estimations budgétaires de l'exercice, disons pour parler
en termes d'année financière, à l'exercice 1970-71, pour
prendre un exercice financier complet. Et, il nous a fallu également,
dans ces estimations, garder une marge de sécurité.
Alors, nous croyons que les estimations qui ont été faites
du coût de la loi, de sa réglementation, et qui seront inscrites
au budget 1970-71, nous permettent de ne pas avoir de surprises
désagréables, et de faire face au coût réel et
effectif de cette loi.
Et à cette fin, M. le Président, je crois que, pour
éclairer la discussion, nous pouvons dire qu'il sera nécessaire
de prévoir, dans les prochaines estimations budgétaires,
tenant compte aussi, de l'augmentation naturelle que l'on a connue
d'année en année surtout dans les dernières années,
pour les allocations versées une somme de $25 millions à
$40 millions.
Si on se base sur le projet de tables, le projet qui est actuellement
devant nous, si on se base sur les tendances des coûts de ces
dernières années, si on se base sur la conjoncture actuelle... Je
dois ajouter, M. le Président, qu'il reste toujours dans ce domaine une
marge difficilement appréciable, parce que nous sommes sujets aux
fluctuations des taux de chômage, d'emploi, à la vigueur de
l'économie et, évidemment, le ministère de la Famille et
du Bien-Etre social ne eput pas prévoir avec exactitude quelle sera
l'importance de sa clientèle dans les douze prochains mois. Mais tenant
compte de l'expérience du passé, tenant compte de l'exercice en
cours, tenant compte des chiffres des études qui ont été
faites, des comparaisons aussi avec d'autres provinces, actuellement, nous
pouvons dire, qu'avec une provision de $25 millions à $40 millions, au
prochain budget de l'exercice 1970/71, nous répondons au coût de
cette nouvelle loi. Nous espérons qu'avec les contrôles
administratifs, la modernisation de l'appareil, une meilleure information, de
meilleures statistiques, nous pourrons rester à l'intérieur de
ces sommes et peut-être, sans priver les assistés sociaux qui en
ont réellement besoin, peut-être aussi opérer de
façon assez confortable à l'intérieur de ce budget.
M. SAINT-GERMAIN: Vous dites ici, dans le document numéro 5, si
je prends comme exemple un adulte de 30 ans et moins, apte, hors du foyer...
Apte, vous voulez dire par là simplement qu'il peut travailler?
M. CLOUTIER: Qu'il est apte au travail, oui. M. SAINT-GERMAIN: Bon. M.
CLOUTIER: C'est cela.
M. SAINT-GERMAIN: Le revenu permis sera de $25 par mois. Vous le
comparez à $65, vous prenez les normes du Montreal Diet Dispensary,
$56.
M. CLOUTIER: Oui. On pourrait reprendre chacun des documents; si vous
voulez, ou on peut prendre le document numéro 5.
M. SAINT-GERMAIN: Juste cette question, s'il vous plaît, M. le
Président. Les $65, c'est bien à la condition qu'il fasse les $25
de revenu permis?
M. CLOUTIER: Oui, oui. C'est $40 d'allocation au titre des besoins
ordinaires.
M. GARDNER: S'il ne les fait pas, les $25?
M. SAINT-GERMAIN : S'il ne les fait pas, justement?
M. CLOUTIER: S'il ne fait pas les $25, il ne verra pas pour autant son
allocation augmenter. C'est parce qu'il a le droit de faire ses $25. Les $40
sont au titre des besoins ordinaires; cela recouvre la nourriture, les
vêtements, les besoins personnels et les besoins domestiques.
M. SAINT-GERMAIN: Alors il y a des besoins spéciaux. Si vous
comparez les normes de Montreal Diet Dispensary, les $56.30, c'est un minimum
pour eux.
M. CLOUTIER: Disons que si on regarde partout les comparaisons entre
Montreal Diet Dispensary et notre total, on verra que, quand il s'agit de
familles plus nombreuses, évidemment, avec le revenu qui est permis, eh
bien, nous sommes au-delà des suggestions faites par le Montreal Diet
Dispensary. Mais cela, c'est à la condition qu'il gagne le revenu qui
lui est permis.
D'un autre côté, il ne faut pas enlever non plus ce
qu'il est important, je crois, de mentionner ici l'incitation au travail
et à gagner un certain revenu. C'est pour cela qu'il y a une marge entre
l'allocation effectivement versée à 3.01 et la suggestion du
Montreal Diet Dispensary. Parce que je considère, personnellement, que
les tables soumises par le Montreal Diet Dispensary sont peut-être un
objectif qu'il serait souhaitable d'atteindre, mais il n'est peut-être
pas possible de l'atteindre dans une
seule opération, dans une première étape de la loi
et de ses règlements.
Autre considération: le revenu permis, pour ceux qui travaillent,
il faut qu'ils aient la chance aussi ou l'incitation de le gagner et de le
faire, cet argent...
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. CLOUTIER: ... parce que nous disons souvent que les assistés
sociaux refusent, même, des emplois occasionnels qui leur sont offerts,
afin de ne pas perdre des allocations. C'est pour ça que la nouvelle
loi, les nouvelles tables de réglementation, peut-être plus
généreusement même non seulement peut-être,
mais c'est plus généreux que dans les anciennes lois
permettent aux assistés sociaux certains gains, avant que l'allocation
ne soit déduite en conséquence.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais je ne discutais pas là, M. le
Président, au niveau des principes, je discutais simplement au niveau
des chiffres. Ici, vous dites un adulte apte et un adulte inapte. Mais vous
remettez tout de même la même prestation. Si l'adulte est inapte,
eh bien, comme de raison, il sera peut-être dans l'impossibilité
d'avoir ce revenu permis de $25.
M. CLOUTIER: La première colonne, c'est une table des besoins
ordinaires; les besoins ordinaires, pour l'apte ou pour l'inapte sont
sensés être les mêmes.
M. SAINT-GERMAIN: Justement.
M. CLOUTIER: II y a aussi possibilité, pour l'inapte d'avoir des
besoins spéciaux, selon une autre table. Alors, il faut d'abord la
structure des tables le député, je pense bien, se souvient
des explications qui ont été donnés la structure
des tables, c'est qu'à la table 3.01 des règlements, c'est la
table des besoins ordinaires à laquelle correspondent: nourriture,
vêtement, besoins personnels, besoins domestiques...
M. SAINT-GERMAIN: C'est ça.
M. CLOUTIER: II y a aussi des provisions dans nos règlements, qui
disent qu'il y a des besoins spéciaux qui peuvent être
comblés après demande, après étude par les bureaux
locaux et les bureaux régionaux, des besoins spéciaux qui peuvent
être satisfaits. Alors, si l'inapte se retrouve dans une situation telle
qu'il a des besoins spéciaux, eh bien, en vertu d'une autre table, en
vertu d'autres considérations, il se verra octroyer une prestation
additionnelle.
M. GARDNER: Advenant le cas où le revenu permis est
supérieur à $25, supposant qu'il a $40, à ce
moment-là, c'est déductible des $40 de prestation
projetée?
M. CLOUTIER: Est-ce que le député voudrait
répondre?
M. GARDNER: En supposant que l'individu, l'assisté social, gagne
$30 au lieu de $25, est-ce que les $5 supplémentaires sont soustraits du
$40?
M. CLOUTIER: Nous tenons compte dans son ajustement.
M. GARDNER: Maintenant, est-ce que ces montants-là peuvent
être versés à l'assisté social par l'agent social
directement ou si la décision va venir de Québec?
M. CLOUTIER: Non, les décisions appartiennent aux bureaux locaux,
sous la surveillance des bureaux régionaux qui sont habilités
à administrer la loi.
M. GARDNER: Seulement les demandes supplémentaires de ces
montants-là devront venir...
M. CLOUTIER: II y a une certaine réglementation,
évidemment, il y a un contrôle plus sévère sur les
besoins spéciaux, et les bureaux locaux recevront des directives
très précises quant à ces besoins; mais il restera
toujours qu'en dernier ressort, il y a des décisions difficiles et plus
complexes qui devront être contrôlées par le bureau central.
Mais nous décentralisons le plus possible les décisions. Tous les
niveaux de décision qui peuvent être transportés aux
bureaux locaux, le seront, afin d'accélérer la procédure,
d'accélérer l'octroi d'une prestation à l'assisté
social.
M. GARDNER: Alors, en un mot, le laps de temps de trois mois pour
obtenir une aide catégorisée va disparaître?
M. CLOUTIER: C'est ce que nous voulons corriger aussi par les nouveaux
mécanismes administratifs, les nouveaux bureaux et le personnel qui est
ajouté dans les régions.
M. SAINT-GERMAIN: Je continue, M. le Président, dans le document
où vous parlez de besoins ordinaires et de besoins exceptionnels. Dans
le tableau no 4, dans le document no 4, toujours pour reprendre la même
comparaison, vous donnez $40 pour besoins ordinaires et $40 pour le coût
du logement, pour un total de $80.
M. CLOUTIER: Le coût moyen du logement, oui.
M. SAINT-GERMAIN: Le coût moyen, c'est ça?
M. CLOUTIER: Dans certains cas, ce pourrait être moins...
M. SAINT-GERMAIN: Oui.
M. CLOUTIER: Dans certains cas, ce pourrait être plus, c'est un
coût moyen qu'on a pris.
M. SAINT-GERMAIN: Mais, ce que je veux dire, là, il n'y a rien de
prévu pour des besoins exceptionnels?
M. CLOUTIER: On ne fait pas de tables pour les besoins
exceptionnels.
Les cas exceptionels sont jugés. Il n'y a pas de critères
généraux pour les besoins spéciaux. Si quelqu'un a un
besoin spécial, a besoin de prothèse par exemple, la demande est
étudiée; il n'est pas mathématiquement prévu, pour
la prothèse, tel montant, il faudra que ce soit étudié et
consenti jusqu'à un maximum. S'il s'agit d'un transport spécial,
pour retourner au travail, d'une personne qui est apte au travail, eh bien le
problème de son transport vers son endroit du travail est
étudié et c'est à ce moment-là qu'une
décision est prise. Alors pour les besoins spéciaux, il ne peut
pas y en être comme dans la table 3.01, où il s'agit de besoins
ordinaires que l'on peut précalculer et établir d'avance. Ce
n'est pas le cas dans les besoins spéciaux, c'est pour ça qu'on
ne peut pas, ici, avoir de tables pour des besoins spéciaux, parce que,
par nature, par définition, ils sont des besoins spéciaux, ils
devront faire l'objet d'une étude, même si le ministère a
l'expérience avec les bureaux locaux et les bureaux régionaux;
mais il est possible, non seulement possible mais nécessaire,
d'établir certains critères généraux pour la
distribution des besoins spéciaux.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, de toute façon, dans la loi il n'y
aura aucune différence ni au point de vue législatif, ni au point
de vue de la réglementation, si vous voulez, entre le type apte à
travailler et le type inapte à travailler. Il n'y aura aucune
sélection, là, il n'y aura aucune séparation, tout le
monde...
M. CLOUTIER: Dans la loi, non. Si vous vous souvenez bien des articles
de loi, il n'y a pas de distinction, c'est une catégorie de
réclamants, ce sont des gens qui demandent de l'assistance en vertu du
bill 26. Il y a une façon de les traiter il n'y a pas dix lois, il
n'y a pas dix séries de règlements c'est l'étude des
besoins, l'étude de leurs revenus, de ce qu'ils ont pour faire face
à ces besoins et, par conséquent, le calcul du déficit.
C'est sur cette base-là que l'on octroie des prestations aux
assistés sociaux.
M. SAINT-GERMAIN: Vous dites, ici par exemple, toujours en revenant au
tableau no 5, "un adulte et 1 enfant, a un revenu permis de $45"; vous avez
parlé d'incitation au travail tout à l'heure. Alors, si je
compare avec un adulte, disons une veuve, une femme délaissée par
son mari, un adulte et quatre enfants, on peut réellement conclure
qu'une bonne partie de ces femmes-là ne pourront certainement pas
travailler, si elles ont à prendre soin de quatre enfants. Alors votre
revenu permis de $60 devient théorique, tout à fait
illusoire?
M. CLOUTIER: C'est plus difficile, évidemment, pour une personne
seule avec quatre enfants d'accepter du travail, que pour une personne, un
adulte ou deux adultes qui n'ont pas d'enfant.
M. SAINT-GERMAIN: Cela a pour résultat, que votre point de
comparaison directe, si je prends un adulte et quatre enfants ici, pour bien de
ces familles...
M. CLOUTIER: $140.
M. SAINT-GERMAIN: C'est $140 qui devraient être comparés
à $178.07 là.
M. CLOUTIER: Dans le revenu permis, M. le Président, si on me
permet ici une observation, il n'y a pas seulement le revenu du travail,
ça peut être une veuve qui conserve une propriété
dont elle retire des loyers, des revenus, cela peut être une veuve qui a
aussi des obligés en loi. Enfin il y a d'autres revenus, il n'y a pas
que... Oui, M. le Président...
M. LEVESQUE (Laurier): II y a une chose qui me frappe, il est
évident que si une veuve a des revenus, j'espère qu'on lui
calculera ça avant de lui faire des cadeaux, mais si vous avez une
personne seule, un adulte seul, je parle juste pour la série des
adultes, un adulte avec un enfant, avec deux enfants, avec trois enfants, avec
quatre enfants, avec cinq enfants... bon.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député en est au document no
5?
M. LEVESQUE (Laurier): Oui. M. CLOUTIER: D'accord.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors si cet adulte a des enfants un
adulte, il y a des maudites chances que ce soit quand même une femme avec
des enfants s'ils bénéficient du bien-être social ou
de l'aide sociale, je voudrais bien savoir ce que signifie je pense que
je rejoins le député et je voudrais insister le revenu
permis dans ce cas-là. Est-ce que ça veut dire simplement
qu'à partir de la base qui est marquée "prestation
projetée", dans la première colonne, si le revenu permis n'est
pas fait et il y a à peu près 90 chances sur 100 qu'il ne
soit jamais fait est-ce que ça veut dire que... D'abord, entre
nous, pour le total, quand tu vois "un adulte et quatre enfants" et que tu mets
$200 comme total, en comprenant le revenu permis
je prends cet exemple-là, on pourrait prendre les autres
ce n'est pas encore le Pérou par rapport à la vie
d'aujourd'hui.
Alors, est-ce que cela sera automatique de combler ou si ce sera
arbitraire et discrétionnaire?
M. CLOUTIER: La première colonne, c'est la table 3.01. Ce sont
les besoins ordinaires. Donc, s'il y a des besoins spéciaux, il y aura
possibilité d'accorder une aide en vertu d'une autre table.
M. LEVESQUE (Laurier): Si le ministre le permet, à la
troisième colonne, le revenu permis est-il incorporé
automatiquement dans la prestation s'il n'est pas réalisé?
M. CLOUTIER: Non, il n'est pas incorporé dans la prestation.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc, la base, pour un adulte et quatre enfants,
c'est $109?
M. CLOUTIER: $109 pour les besoins ordinaires.
M. LEVESQUE (Laurier): Les besoins ordinaires.
M. CLOUTIER: Oui. Nourriture, vêtements, besoins personnels et
besoins domestiques. Non, le logement n'est pas compris. C'est la table 3.01.
Le logement, c'est la table 3.02.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, nourriture...
M. CLOUTIER: Nourriture, vêtements, besoins personnels et besoins
domestiques.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai fait des calculs rapides que
je voudrais que le ministre vérifie avec moi.
M. LEVESQUE (Laurier): Pourriez-vous parler un peu plus fort, docteur,
je n'ai pas compris.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse. J'ai dit que j'ai fait des calculs rapides et
je demande au ministre de les suivre avec moi pour les vérifier; mais,
avant de les tracer, je voudrais demander, au sujet du document no 1,
l'explication de la différence qui existe entre les prestations dans le
secteur qu'on appelle cité et dans le secteur métropolitain. Je
vais prendre, pour les fins de mes calculs, les familles de trois enfants, pour
ne pas entrer dans la question des allocations familiales qui seront
modifiées d'après le livre blanc. Je note que, dans le secteur
qu'on appelle cité, la prestation permise pour un aulte et trois
enfants, c'est $130 avec un revenu permis de $25 pour faire un total de
$155.
Dans la région métropolitaine, la prestation est de $145,
mais le revenu permis n'est que de $10. Donc, on revient au même total de
$155. Alors, pourquoi, si l'on croit que l'on doit accorder des prestations
plus élevées dans la région métropolitaine,
coupe-t-on les revenus réalisables par ces personnes?
M. CLOUTIER: C'est la situation. Ce ne sont pas les tables...
M. GOLDBLOOM: Quelle est la théorie derrière cela?
M. CLOUTIER: M. le député demande pourquoi les revenus
réalisables ont été réduits? C'est cela le sens de
la question?
M. GOLDBLOOM: Oui. UNE VOIX: Pas réduits.
M. CLOUTIER: Réduits par rapport à l'autre
catégorie.
M. GOLDBLOOM: C'est cela.
M. CLOUTIER: C'est cela que le député veut savoir: Quelle
était la philosophie derrière cela?
M. GOLDBLOOM: C'est cela, parce qu'on a l'impression que l'on s'est dit:
Dans la région métropolitaine, le coût de la vie est plus
élevé, donc les prestations permises au lieu d'être de $130
seront de $145; mais si les besoins sont plus élevés, pourquoi ne
permet-on pas $25 de revenus réalisables?
M. CLOUTIER: Mes officiers vont nous apporter certaines
considérations sur la philosophie qui a présidé à
cette réduction.
M. GOLDBLOOM: On pourra y revenir si vous voulez.
M. CLOUTIER: Le président de la Commission des allocations
sociales, M. Bouchard, me dit que c'est en vertu de l'arrêté en
conseil du 7 septembre 1961.
En fait, sans entrer dans une longue discussion, disons que c'est la
situation de fait actuellement.
Evidemment, on en retrouvera dans tous les tableaux de ces états
de fait, de ces choses inacceptables et qui sont, à notre sens, des
déficiences qu'il faut corriger.
Alors, je pense bien que, si on examine les tableaux de la situation
actuelle, on verra que différentes catégories, différents
récipiendaires d'allocations sont moins bien traités en vertu
d'un programme qu'en vertu d'autres programmes, alors qu'ils ont les
mêmes besoins. On retrouvera peut-être une famille de deux en-
fants et de deux adultes, qui, en vertu d'un programme de mère
nécessiteuse, reçoit moins qu'en vertu d'un programme
d'assistance publique. Si j'ai dit "mère nécessiteuse", alors ce
sera un adulte et deux enfants, à ce moment-là, qui recevraient
moins en vertu du programme de mère nécessiteuse qu'en vertu d'un
programme de la Loi de l'assistance publique.
Alors, c'est justement la multiplicité des lois, la
multiplicité des règlements qui ont fait qu'il n'y avait pas de
coordination entre les différents programmes. De sorte que des familles
qui ont des besoins identiques, si elles ne reçoivent pas des
allocations en vertu de la même loi, ne reçoivent pas les
mêmes montants.
Alors, dans le cas de la question posée par le
député de D'Arcy-McGee, c'est une situation de fait actuellement.
Ce sont des choses qui se retrouvent dans les tableaux actuels, et je pense
bien que l'on peut dire que la nouvelle loi, le nouveau projet de
réglementation, dans la mesure du possible, veulent corriger ces
situations inacceptables entre les différents programmes. C'est pour
cela que l'on a voulu unifier, dans un seul programme, toutes les lois
actuelles, de façon que les gens soient traités de la même
façon, quel que soit le handicap, quelle que soit la raison qui les
aient amenés à bénéficier du projet de loi 26.
M. GOLDBLOOM: Nous sommes certainement d'accord là-dessus. Mais,
puis-je demander maintenant au ministre de suivre mes calculs? Je prends le cas
de la famille d'un adulte et trois enfants. Pour la région
métropolitaine, il y a actuellement une prestation permise de
$145.00.
M. CLOUTIER: Dans quel tableau? M. GOLDBLOOM: Numéro 1... M.
LAFORCE: Numéro 1.
M. GLODBLOOM: Et, pour la situation actuelle, avec des allocations
familiales de $30 en chiffres ronds, pour faire $175. Si je prends les chiffres
qui paraissent au document 4 et document 5 parce que, au document 4, on
inclut un coût moyen pour le logement qui ne parait pas au document 5
si je l'ajoute au maximum permis, j'arrive en chiffres ronds à
$208, maximum de prestations.
Dans le même cas, le revenu réalisable passe de $10, quant
à la région métropolitaine, à $55 selon le document
5. Donc, si je comprends bien, la prestation permise passerait de $175 à
$208 et, si l'on inclut le revenu permis, le total passerait de $185 à
$263.
M. CLOUTIER: C'est un peu difficile de suivre. Si l'on veut faire des
comparaisons, je pense qu'à ce moment-ci, pour éclairer davantage
la commission, j'ai préparé différents exem- ples de
prestations reçues en vertu des anciennes lois et qui seraient
recevables en vertu de la nouvelle loi. Je pense que l'on pourra se faire une
meilleure idée que d'essayer de bâtir des exemples dans
différents tableaux. On pourrait toujours le faire, mais je pense que ce
serait difficile pour tous les membres de la commission de suivre ces exemples
et de compiler au fur et à mesure.
Disons que nous allons tenter à partir de l'exemple que
j'ai fait préparer par nos officiers sur certains types de familles
de nous retrouver dans les correspondances de tableaux.
M. GOLDBLOOM: Disons que cela nous donne une impression favorable quand
même, M. le Président, je tiens à le souligner.
M. CLOUTIER: Pour plus de clarté sur les tables, je vais donner
des exemples. Pour que les membres de la commission nous suivent bien, je vais
faire distribuer un tableau d'exemples qui ont été
préparés.
M. CROTEAU: M. le ministre, permettez-moi une question. Au document
numéro 4, vous mentionnez un adulte, 30 ans et moins, vous tenez compte
de l'âge. Est-ce que je dois comprendre que, par exemple, un invalide,
qui demeure à la maison, peu importe son âge, doit recevoir une
prestation? Vous mentionnez un âge, 30 ans et moins?
M. CLOUTIER: C'est pour les adultes. C'était en vertu de la
réglementation actuelle où il y a une différence entre un
adulte en chômage de moins de 30 ans et un adulte de plus de 30 ans apte
au travail mais en chômage.
M. CROTEAU: Dans le document, il n'y a aucune mention d'un adulte de
plus de 30 ans? Vous mentionnez 30 ans et moins, il n'y a rien qui mentionne 30
ans et plus?
M. CLOUTIER: Oui, mais pour un adulte, ce sont les deux lignes
suivantes. Un adulte...
M. CROTEAU: Oui, je comprends, très bien.
M. LACROIX: Prenons un cas très spécifique, j'en ai un en
particulier. Une veuve, trois enfants deux qui vont à
l'école régionale, un qui va à l'école locale
reçoit $135 par mois de pension de mère
nécessiteuse. Elle travaille à l'usine aussi souvent qu'elle
peut, quand l'usine fonctionne, et dès qu'elle rentre à l'usine,
on fait une enquête: elle travaille, on réduit sa pension à
$30. Après, il faut qu'elle essaie de vivre avec cela et, comme l'usine
fonctionne une, deux, trois journées par semaine, parfois, pas du tout,
vous imaginez-vous dans quelle situation elle se trouve? Pour les revenus
permis, est-ce que désormais il n'y aurait pas possibilité d'agir
de façon moins draconnienne
pour éviter que des familles comme cela soient placées
dans des situations réellement pénibles?
M. CLOUTIER : Le député mentionne un cas bien
précis. Mais, de façon générale, évidemment,
on doit tenir compte du revenu du travail. Je comprends qu'il y a des emplois
qui sont classés comme des emplois réguliers et qui comportent
une certaine perte de temps. Dans les opérations forestières,
entre autres, c'est un secteur où il est susceptible de se produire des
pertes de temps et des ajustements de salaire. Mais de façon
générale, il faut nécessairement que nos tables, que
l'octroi des allocations tienne compte des revenus effectués.
Mais le député sait que cette nouvelle loi, le bill 22,
s'applique même pour des personnes c'est aux articles 8 et 9
qui ont un emploi régulier, qui ne sont pas
considérées comme privées des moyens ordinaires de
subsistance. Donc la personne qui travaille soit comme travailleur autonome,
soit comme salarié, pour ne pas se trouver dans un état de
dépendance sociale, privée, dans le dénuement, etc., il y
a possibilité pour cette personne, après s'être vu
attribuer des prestations pour besoins spéciaux, de retirer aussi
d'autres prestations au titre des besoins ordinaires, mais à condition
qu'il y ait un plan de relèvement social.
Alors, le projet de loi va beaucoup plus loin que toutes les lois
actuelles. Dans ce sens-là, dans le projet de loi, nous avons
tenté de favoriser le plus possible la réhabilitation pour
prévenir la dépendance sociale, en permettant à des gens
qui ne sont pas privés de leur gagnee-pain, de leurs revenus, de pouvoir
se faire aider pour ne pas tomber dans la dépendance sociale la plus
complète. Alors, dans ce sens-là, le projet de loi va assez loin.
Mais, dans le cas mentionné par le député,
évidemment, il faut tenir compte du revenu que retire cette personne.
Même si le député dit qu'il ne faut pas être trop
tatillon à l'endroit de cette personne, je comprends que cette
observation est parfaitement juste; mais d'un autre côté, il faut
qu'il y ait des normes, il faut qu'il y ait une réglementation.
A partir du moment où vous avez une réglementation, il
faut aussi qu'elle soit suivie; autrement, il y aura des décisions qui
seront prises par certains agents de sécurité sociale ou certains
bureaux locaux, qui ne cadreront pas du tout avec la politique du
ministère. Et à ce moment-là, il n'y a aucun budget,
aucune prévision budgétaire qui ne pourra tenir, parce que les
prévisions budgétaires sont basées sur la
réglementation qui est acceptée et qui est
décidée.
M. SAINT-GERMAIN: Le revenu gagné va-t-il être
calculé sur une base mensuelle ou annuelle? Il y a toute une
différence, là. Vous avez un adulte, ici, et quatre enfants. Bon!
Prenons ce cas-là. Il a un revenu permis de $60.
Si c'est un homme, l'adulte, s'il travaille dans la construction par
exemple, occasionnellement, alors, il a toutes les chances au monde de
travailler une semaine, quinze jours, de se chercher un emploi; rendu à
l'automne ou au début de l'hiver, il n'y a plus d'emploi. Alors, si le
type gagne $110, $115 ou $125 par semaine, c'est entendu qu'il va perdre
immédiatement son allocation.
M. CLOUTIER: Avant de répondre exactement, c'est une question
fort complexe, là...
M. SAINT-GERMAIN: Si vous parlez d'incitation au travail, là,
c'est une question, à mon avis, qui est extrêmement importante,
ça peut faire toute la différence.
M. LACROIX: C'est le cas que je voulais soulever, tout à l'heure.
Moi, ma dame, ma veuve là...
M. CLOUTIER: Ce qui est mentionné ici, le revenu permis, c'est
par mois. Mais ce que le député veut dire, le sens de sa
question, c'est, s'il gagne beaucoup un mois, si ça va être
réparti sur les autres mois. Est-ce que c'est ça que le
député...
M. SAINT-GERMAIN: Oui, oui. M. CLOUTIER: Oui.
M. SAINT-GERMAIN: Un adulte et quatre enfants. Alors $600, c'est $720 de
revenu par année. S'il fait ses $720 en l'espace d'un mois et demi
durant l'été, ou de deux mois ou de trois mois, est-ce que vous
allez échelonner ce revenu sur toute l'année? Il ne travaillera
peut-être plus le reste de l'année. Si ce revenu n'est pas
échelonné, il y a toutes les chances au monde que cet
ouvrier-là va refuser son emploi. C'est ça qui incite les gens
à refuser leur emploi.
M. LAFRANCE: Vous avez parfaitement raison.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'on pourrait avoir les exemples dont le
ministre parlait?
M. CLOUTIER: Oui, je peux les faire distribuer tout de suite, d'accord.
Parce qu'on a posé d'autres questions, alors...
M. LEVESQUE (Laurier): On pourrait les examiner un peu pendant que vous
parlez d'autres choses.
M. CLOUTIER: Cela a dérangé la course.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, non, j'aimerais avoir une réponse,
s'il vous plaît.
M. CLOUTIER: Oui je fais distribuer les tables pour répondre et,
avant d'aborder les questions précises, nous allons répondre
à cette question du député de Jacques-Cartier.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela nous donnerait une chance de les lire un
peu, pendant que vous parlez.
M. DESMEULES: M. le Président, que faisons-nous? On parle au
niveau de la taille de la famille, mais on tient toujours compte d'un adulte;
si je prends une famille d'un adulte et de huit enfants, cela fait neuf
personnes pour les bases de calcul. Mais, si le père de famille ne
travaille pas, est-ce qu'on ajoute quelque chose pour le coût de son
entretien? Dans le projet, dans le document numéro 4.
M. CLOUTIER: Je m'excuse...
M. DESMEULES: Au document numéro 5, ce sont des comparaisons.
M. GARDNER: Dans le numéro 4 églament, il y a deux adultes
et neuf enfants. A la deuxième page. H y a deux adultes, là.
M. DESMEULES: Ce que je voulais soumettre au ministre, c'est que, par
exemple, dans le cas de la personne que j'ai citée tantôt, la
personne qui a trois enfants qui vont à l'école, c'est qu'elle
gagne, par exemple, durant les mois de juin, juillet et août; c'est un
travail saisonnier. Elle a le malheur de gagner $200 dans un mois, on lui
enlève complètement sa prestation, après cela, pour la
rétablir, cela prend trois ou quatre mois, ce sont des
difficultés extraordinaires. Justement je rejoins là-dessus
le député de Jacques-Cartier là, parce qu'elle
gagne $200 dans un mois, dans un travail saisonnier, on la prive
immédiatement, plutôt que de répartir ce gain sur la
période de douze mois puisqu'elle a le droit de gagner $660 dans
l'année, $55 de revenus permissibles dans un mois.
M. LE PRESIDENT: Permettez-moi une observation. En admettant qu'on
poursuive votre raisonnement, en admettant que la personne, pendant les trois
ou les quatre mois qu'elle gagne, gagne un montant supérieur au montant
permis pour l'année pendant ces trois ou quatre mois-là, cela
voudrait donc dire qu'elle risquerait, à ce moment-là, de voir
ses prestations de chacun des mois à venir. Amputées d'un certain
montant.
M. LACROIX: Oui.
M. LE PRESIDENT: Alors, n'est-il pas préférable de lui
enlever totalement le montant, pour le temps où elle est au travail et
où elle gagne un montant supérieur, quitte à ce que, pour
la période où elle n'aura aucun autre revenu que sa pension, sa
prestation puisse rester au montant maximal permis par les tables.
M. LACROIX: Dans la mesure ou les délais ne sont pas
considérables. Il y a la question d'administration.
M. LE PRESIDENT: Je pense que c'est là qu'est le problème,
dans la question des délais, à mon avis, vous avez raison. Cela
devrait être comme l'assurance-chômage. Si le gars travaille,
d'accord, on la lui enlève, mais s'il ne travaille pas, dès la
semaine suivante, c'est rétabli.
M. LACROIX: Parce que autour de nous, par exemple, les personnes qui
travaillent dans les usines à poisson, la plupart du temps, sont des
femmes. L'homme ne travaille pas; c'est seulement la femme qui travaille. Si
c'est une veuve, elle s'organise comme elle peut pour aller travailler, pour
pouvoir apporter un peu de revenu, parce que cela, c'est le strict minimum
vital nécessaire. Cela ne permet pas d'aller au théâtre
souvent, cette allocation-là.
M. LE PRESIDENT: Ce serait malheureux de diminuer toutes les prestations
à venir des autres mois, parce que c'est peut-être juste dans ces
quelques mois-là, où cela lui permettra de reprendre le dessus,
à un moment donné.
J'aurais peur un peu de la base annuelle, moi, pour ces
raisons-là.
M. LACROIX: Si vous permettez, M. le Président, si la personne
sait que, du moment que son revenu permis est de $660 par année,
à ce moment-là, si elle gagne plus de $660 par mois, elle sera
avisée que, dès que le montant sera dépassé, on lui
retiendra sur ses prestations à venir, à ce moment-là,
dès qu'elle aura atteint $660, elle avertira immédiatement, pour
éviter qu'elle ait des retenues éventuelles qui pourraient lui
faire mal.
M. LE PRESIDENT: Il y a peut-être un autre élément.
Elle cessera peut-être de travailler aussi.
M. LAFRANCE: C'est cela.
M. LACROIX: Nos gens désirent travailler, mais seulement, les
barèmes qui sont établis deviennent des obstacles, les
empêchent de travailler. En fait, il faut qu'il y ait une incitation au
travail. Si le fait de travailler ne lui permet pas d'améliorer leur
situation...
M. LE PRESIDENT: Exact.
M. LACROIX: ... qu'est-ce que cela leur donne d'aller travailler et
d'avoir des difficultés administratives en plus?
M. LE PRESIDENT: C'est pour cela, je pense, qu'il faut avoir un peu peur
du revenu comptabilisé sur une base annuelle. A mon avis, cela va amener
les problèmes que vous soulignez.
M. LACROIX: Quand les usines à poisson fonctionnent seulement
pendant une courte période, ce n'est pas la même chose que dans
les usines des villes.
M. CLOUTIER: Etant donné que j'ai mentionné tantôt
que, en réponse à cette question, ce problème était
complexe, dans quelques minutes, un de nos officiers viendra donner toutes les
explications techniques relatives à cette question de comptabilisation
sur une base annuelle ou sur une base mensuelle avec tout ce qui touche
à ce problème. Alors dans quelques instants, un de nos officiers
viendra donner une réponse.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le ministre, pour réconcilier
parce qu'on se pose les mêmes questions dans votre document 4, un
adulte et quatre enfants je prends cet exemple parce que vous l'avez au
cas type des mères nécessiteuses dans votre document D que vous
venez de nous distribuer dans le document 4, qu'on avait
déjà, un adulte et quatre enfants de 0 à 9 ans, sur la
base des besoins essentiels sans logement, c'était $109, plus $31.92
d'allocations familiales, je laisse de côté...
M. CLOUTIER: Le logement.
M. LEVESQUE (Laurier): ... le logement pour l'instant.
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors cela faisait $141.
Maintenant, dans votre nouveau document illustratif, une mère et
quatre enfants, ce qui est l'équivalent d'un adulte et quatre enfants de
0 à 9 ans en bas...
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... alors j'arrive cité,
métro, évidemment, là il y a des disparités,
mais je prends cité comme cas moyen, $180 deviennent $194. Alors, si je
prends vos $141, c'est-à-dire $109 plus $32 dans le document 4, et que
j'arrive à $194, il reste $54 de logement. Ou alors où vont les
$54?
M. CLOUTIER: Dans le document D, les allocations familiales ne sont pas
comprises. Dans le document D, les exemples qu'on vient de vous remettre...
M. LEVESQUE (Laurier): Ah! Allocations familiales et scolaires non
incluses.
M. CLOUTIER: Non incluses.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors il faut enlever les $31.
M. CLOUTIER: Alors ne comptez pas. Prenez $109 dans le document 4...
M. LEVESQUE (Laurier): Alors c'est $109.85...
M. CLOUTIER: C'est $109.85 et c'est là que vous allez arriver
à $194. D'accord?
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. SAINT-GERMAIN: Une autre question, M. le Président. Si on
revient toujours à cet exemple d'une famille, d'un adulte et de quatre
enfants, si c'est une veuve avec de jeunes enfants, prenons un cas bien
particulier pour que cela soit bien clair.
A Lachine, par exemple, cette même femme laisse ses enfants et
ceux-ci sont placés en foyer nourricier. Quel serait pour le
gouvernement le coût de placer ces quatre enfants dans un foyer
nourricier à Lachine, par exemple?
M. CLOUTIER: Environ...
M. LEVESQUE (Laurier): Quel est le coût actuel de placement
d'enfant? On ne veut pas les encourager, mais on se demande...
M. CLOUTIER: Environ $60.
M. LEVESQUE (Laurier): Environ $60.
M. CLOUTIER: Ils ne reçoivent pas les allocations familiales, par
exemple; l'allocation provinciale, ils ne la reçoivent pas, et on
récupère une partie de l'allocation fédérale en
remboursement des frais.
M. LEVESQUE (Laurier): Quel est le coût net pour le gouvernement
du Québec du placement d'un enfant, actuellement? Soit comme moyenne,
soit comme coût précis?
M. CLOUTIER: En foyer nourricier, c'est $60.
M. LEVESQUE (Laurier): Coût net.
M. CLOUTIER: II faut enlever les allocations à cela, alors...
M. LEVESQUE (Laurier): Cela fait $55?
M. CLOUTIER: Si c'est un premier enfant c'est $30, alors ça veut
dire $2.50 par mois. Si c'est un sixième enfant, c'est $70, $70 par
année, ça c'est à la province.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors les $60 seraient réduits à
$55.
M. CLOUTIER: Nous pouvons dire $50, $55, le coût d'un enfant en
foyer nourricier.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. CLOUTIER: En institution, évidemment, ça dépend
du genre d'institution. Si c'est une institution plus spécialisée
où il a besoin de soins médicaux, c'est encore plus
dispendieux.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui.
M. SAINT-GERMAIN: Vous payez en plus les vêtements?
M. CLOUTIER: En foyer nourricier, il y a une somme de prévue
trois ou quatre fois par année pour le vêtement, aux
différentes saisons.
M. SAINT-GERMAIN: Et vous payez aussi des dépenses
extraordinaires s'il y a des activités scolaires, et que les enfants ont
besoin d'une certaine somme pour faire partie d'un groupe... Vous
défrayez quelquefois ces coûts-là?
M. CLOUTIER: Chaque demande fait l'objet d'une étude
spéciale.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela peut revenir à peu près,
habillement, etc., plus le placement direct, là, je pense à
l'enfant normal dans un foyer nourricier, qui n'a pas besoin de choses
exceptionnelles, qui serait entre 0 et 9 ans, disons qu'il y en a quatre et
qu'il y en a deux qui sont d'âge scolaire, entre 0 et neuf ans, ce serait
logique.
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela pourrait revenir à une moyenne
d'environ, au moins, $70 par mois.
M. CLOUTIER: Non ça serait un peu élevé, je pense
bien.
M. LEVESQUE (Laurier): Si l'on tient compte... On vient de dire:
vêtements, activités scolaires...
M. SAINT-GERMAIN: Ensuite, il y a l'administration. Il y a des dames qui
font des visites aux familles...
M. LEVESQUE (Laurier): Mais enfin, est-ce que ce serait $70 ou $65?
M. CLOUTIER: Disons de $60 à $65, c'est ce qu'on peut prendre
comme base d'évaluation.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord!
M. SAINT-GERMAIN: Alors, $65 multipliés par 4, cela fait
$260.
M. GARDNER: Bien, ce n'est pas la même chose.
M. SAINT-GERMAIN: Bien, ce n'est pas la même chose, mais rien
n'empêche qu'une veuve peut facilement aussi laisser ses enfants, si
c'est le seul moyen pour elle d'éviter la pauvreté constante.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais la question qu'on peut se poser...
M. CLOUTIER: Oui, je comprends ce que veut dire le
député...
M. LEVESQUE:(Laurier): Si on n'encourage pas un peu...
M. CLOUTIER: Oui, je fais une comparaison entre le coût des
enfants placés en foyer nourricier, ce que ça coûte
à l'Etat et l'enfant qui est gardé à son foyer. Evidemment
qu'il y a une différence appréciable entre l'enfant qui est
à son foyer, qui est à la charge de la mère. Disons qu'il
y a aussi d'autres considérations qui entrent en ligne de compte aussi.
On demande à une famille, dont ce n'est pas l'enfant, d'assumer le
rôle d'une institution si vous voulez, ou d'un foyer substitut. C'est un
rôle institutionnel qu'on lui demande. Ce ne sont pas les enfants de
cette famille. On leur demande d'accepter un ou deux ou trois enfants pour
qu'ils se retrouvent dans une milieu naturel, dans un milieu où il y a
l'atmosphère du foyer naturel, autant que possible, afin que ce soient
des enfants intégrés à la société le mieux
possible. Alors, on demande à cette famille-là d'accomplir, de
remplir un rôle d'institution, de l'institution qui est la plus
près possible de la famille.
Alors il est entendu qu'à ce moment-là il faut une
rémunération, parce que, si ces enfants n'étaient pas dans
les foyers nourriciers, ils seraient en institution. Il n'y a pas d'autres
endroits. Alors, en institution, ils coûteraient encore davantage
à l'Etat. Tout dépend du genre d'institution comme je le disais
tantôt.
Je comprends que les députés ont raison de vouloir faire
une comparaison entre ce qui est accordé au foyer qui a ses propres
enfants, les enfants propres de la famille, et d'autres enfants qui sont
acceptés pour répondre à un besoin dans le domaine
social.
M. SAINT-GERMAIN: Je comprends très bien, mais toujours pour
poursuivre cette incitation au travail, retournons la question. Si cette
personne adulte est apte à travailler, cela peut être une
secrétaire, cela peut être une garde-malade, cela peut être
une personne...
Mais si elle est seule avec quatre enfants, elle ne peut travailler avec
les revenus que vous lui donnez et les obligations qu'elle a. Si vous payez ces
$15 à ses enfants, et elle, si vous l'enlevez complètement de
l'allocation fami-
liale, elle pourra travailler, là, elle peut avoir une servante.
Avez-vous calculé si, au bout de l'année, ce ne serait pas moins
dispendieux pour le gouvernement, de payer simplement et sans condition, $15
par enfant par semaine, et de la laisser libre de travailler. Si cette
personne-là gagne $5,000 ou $6,000 ou même $4,000 seulement par
année, elle paie de l'impôt, elle paie la taxe de vente, quelle
est la différence...
M. CLOUTIER: Le député s'en va dans une autre
législation possible, je pense bien qu'on déborderait, à
ce moment-là, le cadre de la loi d'aide sociale. Il veut régler
le problème des mères au foyer. Là, on parle du salaire
familial, on déborde ici. Parce que, si on adopte des critères
pas de rémunération mais d'octroi, de prestation
à des enfants, à des familles qui sont en situation de besoin, eh
bien il faut que les critères soient généraux. La
nourriture, le vêtement, les besoins personnels et les besoins
domestiques, ne coûtent pas plus cher à la mère
nécessiteuse, dans ce foyer de la mère nécessiteuse, de la
mère avec quatre enfants, qu'il va coûter dans un autre foyer
identique, où c'est le père avec quatre enfants. Seulement, on
peut subvenir aux besoins de cette personne, de cette mère
nécessiteuse bien qu'on n'aime pas beaucoup l'expression
autrement par l'assistance spéciale. Alors, là, on va
considérer, dans l'assistance spéciale pour cette famille, cette
femme seule, avec quatre enfants, des besoins spéciaux de façon
qu'elle puisse procurer autant que possible à sa famille, les choses
dont elle a besoin. Mais, si le député veut pousser la discussion
jusqu'au bout, je pense bien qu'il faudrait parler de toute la situation, de la
rémunération, du salaire de la femme au foyer, et puis ça
nous conduit pas mal loin. Je pense bien que ce n'est pas à
l'intérieur d'une loi d'aide sociale qu'il faudra régler ce
problème-là.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le ministre, si je fais des comparaisons
rapides qui vont aboutir à une question, parce que, pour aujourd'hui, on
essaie de se faire une idée, je pense bien qu'on donnera plus
d'opinions, comme c'est notre devoir, quand on aura bien compris. Je prends un
minimum mensuel, on mentionnait juillet 1969, dans le document no 9 qui, je
crois, était plus ou moins inspiré du Montreal Diet Dispensary,
on donnait un revenu, ce qu'on appelait le minimum vital annuel des Canadiens.
Alors je prends, et Dieu sait que ça n'a pas l'air excessif, parce que
ça correspond un peu, même de loin, aux taux de pension de
viellesse maintenant, avec les suppléments.
Alors, je prends une personne seule. On donnait le budget mensuel
minimal pour une personne âgée, parce qu'il était
détaillé là, nourriture, $41 par mois, en 1969, je pense
bien que si on calcule à peu près deux repas par jour
à supposer qu'il ne mange pas trop et qu'il y a trente
jours par mois, je ne peux pas dire qu'ils vivent gras. Ensuite, $8,
vêtements, transports, soins médicaux, $14, bon... tout le
placotage, ça faisait $159.71, mettons $160. Il calculait le logement
à peu près comme vous, à $71 pour une personne, comme dans
votre document no 4. Je prends le cas d'un adulte et d'un enfant de 0 à
9 ans. Vous mettez le logement à $60 dans votre document no 4, le
coût moyen du logement. Alors, ils arrivaient à $159.71 pour une
personne seule, une personne âgée, parce qu'il y a un "break-down"
là, j'ai pris ce cas-là, ce qui donne à peu près ce
qu'ils appellent le revenu minimum vital.
Alors, vous, vous arrivez à $136 pour un adulte avec un enfant,
tout compris, comme base, dans votre document no 4, avec plus ou moins la
même base de logement, un peu moins pour le gars âgé,
à $71. Vous, vous le mettez à $60. Si je calcule qu'un enfant
placé vous coûte à peu près $65 par mois, $60 ou
$65, vos $136 pourraient monter à $196 ou $200; l'autre, si on ajoutait
la personne âgée, telle que calculée là, un enfant,
au coût régulier de ce que ça coûte à l'Etat,
cela le mettrait à $224; alors entre $136 et quelque part autour de
$200, il y a un grand décalage. Je veux dire, je fais des calculs
approximatifs d'après les chiffres qu'on nous a fournis et
d'après le bon sens aussi. Parce qu'à $2.50 par jour ce
que ça donne à peu près pour les besoins en dehors du
logement un adulte et un enfant, tu ne vas pas bien loin. Tu sais, si tu
calcules qu'il faut manger trois fois, autant que possible, qu.il faut
s'habiller...
S'il a le malheur d'être d'âge scolaire je n'en prends
qu'un, s'il y en a trois ou quatre, cela revient à peu près
à la même chose, il faut tout de même... Il n'y a rien de
pire que d'avoir l'air de "guenillous" complets, comme on dit, quand ils vont
à la même école que les autres, transport minimum, etc.
Entre $136 et autour de $200 donc n'y aurait-il pas eu moyen
d'établir une table de base qui laisse moins de marge à
l'arbitraire? Parce que je sais bien qu'il y a des cas spéciaux, mais on
dirait qu'honnêtement on fait exprès de multiplier les cas
spéciaux. La table parait à première vue, on peut
se tromper, je donne cela comme opinion provisoire extraordinai-rement
insuffisante. Le décalage entre les vieilles tables et celles
d'aujourd'hui ne semble pas du tout rejoindre le coût minimum vital
d'entretien d'une personne, de deux, de tois ou de quatre. Alors, on laisse une
marge extraordinaire, je trouve, moi, jusqu'à preuve du contraire, au
discrétionnaire.
Je crois qu'on doit se servir des années comme base et je suis
sûr qu'on a dû s'en servir, parce que les projections sont toujours
faites en fonction du coût de la vie. Si on ne tient pas compte du
coût de la vie, on n'a pas travaillé professionnellement. Je ne
veux pas supposer qu'on n'ait pas travaillé professionnellement. Est-ce
qu'il y a une année qui a été adoptée comme base de
calcul des tables que nous avons
devant nous et quelle serait cette année, s'il y a eu une
année? S'il n'y a pas d'année, je voudrais bien savoir pourquoi
on ne s'est pas basé sur le coût de la vie. Parce
qu'éventuellement, est-ce que cela ne va pas être indexé?
Est-ce qu'il n'est pas question que ce soit indexé?
M. CLOUTIER: Il en a été question au cours... Nous y
reviendrons.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, enfin, le ministre nous a laissé
entendre que cela pouvait faire partie d'une décision
éventuelle.
M. CLOUTIER: Disons qu'en principe, quant à l'indexation, je
crois bien qu'il n'y a pas grand monde autour de cette table qui soit contre le
principe de l'indexation. A présent, quels sont les empêchements
d'indexer à un tel moment? Eh bien, il y en a. Disons qu'on pourra en
discuter. La législation fédérale n'est pas
indexée, sûrement, l'assurance- chômage surtout n'est pas
indexée. On pourrait se retrouver...
M. LEVESQUE (Laurier): Mais par ailleurs, ici on a commencé
à aller de ce côté-là, je crois, entre autres, dans
les négociations de salaire, dans toutes sortes de choses.
M. CLOUTIER: Oui, on indexe de plus en plus, mais il y a, dans le
domaine de la sécurité sociale, des législations
fédérales importantes, comme l'assurance-chômage, qui ne
sont pas indexées et cela nous crée véritablement un
problème en ce moment. J'espère que, dans la refonte de la
sécurité sociale qu'on fait à Ottawa, l'indexation de
l'assurance-chômage entre autres, va être un fait accompli, parce
que cela nous enlèvera à nous un empêchement énorme
à indexer en ce moment.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, justement. Si on part de cela, je crois
que normalement, si on veut éviter le discrétionnaire et
l'arbitraire et puis toutes ces histoires à n'en plus finir, dans le
salaire minimal ou dans les allocations... d'ailleurs cela se relie
terriblement, comme on le sait, aux questions de salaire minimal ou
d'allocations et tout cela; tout le monde, je crois, a une tendance maintenant
à parler sérieusement d'indexation, et on commence à agir.
Alors, à partir de là, il est extraordinairement important de
savoir quelle est la base de départ, si un jour l'indexation se fait.
Nous sommes en 1969 là. Sur la base de quelle année il y a
dû y avoir un travail professionnel ou quelle base donc les tables
qu'on nous présente sont-elles fixées?
M. CLOUTIER: II y a eu un travail, le député le sait,
c'était commencé au moment où il était titulaire du
ministère.
M. LEVESQUE (Laurier): Justement.
M. CLOUTIER: Alors, nous avons espacé cela; évidemment,
les travaux se sont poursuivis sur un certain nombre d'années. Mes
officiers m'informent, ceux qui ont la charge de cette section de la recherche
et de la planification, que c'est sur la base de 1968. Montréal... La
base de 1968 au ministère et le Montreal Diet Dispensary est sur la base
de 1969.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais la base que vous avez adoptée
correspond à des chiffres de 1968.
M. CLOUTIER: 1968.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans toutes les catégories. Est-ce que
c'est la base de la fin de 1967? Ce serait utile de le savoir.
M. CLOUTIER: Fin de 1967 et début de 1968.
M. LEVESQUE (Laurier): A toutes fins pratiques, quel est le
décalage? Quand on dit le 1er janvier 1968, est-ce que cela veut dire
des calculs qui ont abouti au 1er janvier 1968, donc qui étaient
basés sur l'année 1967?
M. BEAUSOLEIL: Non, basés sur la fin de l'année 1967 et
début de l'année 1968.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, fin de 1967, en fonction du coût de
la vie ou en fonction des chiffres disponibles? En fonction de chiffres
budgétaires ou en fonction du coût de la vie?
M. CLOUTIER: Pour le bénéfice du journal des
Débats, je dirai que les réponses sont données par M.
Beausoleil, direction générale de la Planification.
M. BEAUSOLEIL: Bon, alors, du point de vue...
M. LEVESQUE (Laurier): Eclairez-nous, M. Beausoleil!
M. BEAUSOLEIL: Ce n'est pas brillant! Alors, les calculs avaient
été faits en fonction, approximativement, de la fin de
l'année 1967 et du début de l'année 1968.
M. LEVESQUE (Laurier): Et, est-ce que c'est en fonction, je
voudrais...
M. BEAUSOLEIL: C'est en fonction d'études budgétaires par
comparaison de budgets, surtout de chiffres du type de Montreal Diet.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais, si M. Beau-soleil permet, si le ministre
permet, je voudrais poser une ou deux autres questions. Je voudrais savoir un
peu comment l'on a articulé cela.
M. Beausoleil, vous venez de dire: En fonc-
tion de calculs budgétaires par rapport à des chiffres, un
des facteurs étant une comparaison avec des chiffres du Montreal Diet
Dispensary.
M. BEAUSOLEIL: Mais, M. le député, il faut aussi tenir
compte de comparaisons interprovinciales de normes, de besoins, enfin de normes
adoptées par les différentes provinces et c'est pour cela qu'il y
a un tableau des comparaisons interprovinciales.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui.
M. BEAUSOLEIL: Je veux dire, il y a eu étude de base à
partir de budgets, pondération, ensuite par rapport au niveau
adopté dans les autres provinces et aussi pondération en fonction
des possibilités de gain.
M. LEVESQUE (Laurier): De? ...
M. BEAUSOLEIL: De gain.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, forcément.
M. BEAUSOLEIL: Une mère avec un enfant a des possibilités
de gain plus grandes évidemment qu'une mère avec six enfants.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc, votre calcul fondamental, c'était un
calcul budgétaire, mais pondéré par des facteurs comme le
Montreal Diet Dispensary et des comparaisons interprovinciales. Mais le
coût de la vie réel, c'est-à-dire, comme disait Mme
Gauthier de Val-D'Or, l'autre jour, pour prendre un exemple: Le monde vit
là, là. Es mangent trois fois par jour. Cela coûte tant
pour se loger. Cela coûte tant pour habiller les petits, etc. Avec ou
sans le Montreal Diet Dispensary, est-ce que cela a été un
facteur fondamental ou bien si le plus fondamental était la
disponibilité budgétaire et les comparaisons?
M. BEAUSOLEIL: La difficulté du problème que vous posez,
M. le député, est que, dans les études de consommation, de
dépenses, de consommation des familles, ces études actuellement
datent, il me semble que la dernière est de 1965 ou 1966. Elle a
été faite par le bureau fédéral de la statistique
et l'on n'a pas pu se servir beaucoup de ce type d'études qui sont
faites une fois tous les cinq ans, etc. C'est pour cela que, quand je parle
d'études budgétaires, je réfère à des
études du type Montreal Diet, etc.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que...
M. BEAUSOLEIL: Qui correspondent d'ailleurs à des études
du coût de la vie. Ces études-là sont basées...
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, oui, d'accord. Dernière question, je
ne voudrais pas prolonger, mais je crois que l'on devrait, que l'on pourrait
insister sur ceci. Le ministre, ces jours derniers, par rapport à cette
espèce de marathon interminable du fédéral-provincial sur
les allocations familiales et la restructuration des politiques dans ce
domaine-là, a déposé, je crois, l'équivalent d'un
livre blanc, qui nous permet de voir venir un peu, qui recoupe toute une
série de choses qui ont été faites ces dernières
années, de façon que l'on voit là clairement quelle est la
position, la nouvelle position de départ du Québec
vis-à-vis de ce problème-là.
Dans le cas qui nous occupe, il y a plusieurs dizaines de milliers,
même quelques centaines de milliers de Québécois qui sont
impliqués, et à cause de la difficulté de saisir, si l'on
ne voit pas là comment cela a été pensé, la
façon dont on est arrivé à ces tables qui sont
extraordinairement importantes, parce que, soit par décision arbitraire
du gouvernement, soit, éventuellement, par indexation, ce sera le point
de départ de l'application matérielle du bill 26, au point de vue
de l'argent.
M CLOUTIER: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): II me semble que c'est un minimum, est-ce qu'il y
aurait moyen d'avoir un ou le document définitif qui a servi à la
décision? C'est-à-dire, comment a-t-on rationalisé ces
tables-là? De façon que l'on puisse, nous aussi, nous faire une
idée. Parce qu'on a tous les chiffres là, et on va finir par
comprendre les chiffres. Mais comment le gouvernement, à partir de tout
ce qui s'est passé depuis plusieurs années dans ce
domaine-là... Après tout, cela fait trois ans et demi qu'elle est
en gestation cette loi-là, s'il ne faut pas dire depuis le rapport
Boucher, parce que cela découle de 1963, du rapport Boucher. Et l'un des
éléments essentiels de l'application de la loi, sinon le plus
fondamental, c'est quand même les tables, les barèmes que l'on a
devant nous. Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir un document il n'y a
pas de cachette là-dedans, ou il ne devrait pas y en avoir!
d'avoir un document qui soit un document authentique? Donc je ne parle pas des
trois, quatre, cinq diversions qu'il y a pu y avoir le long du chemin et qui
sont revenues pour se faire retaper de nouveau, c'est toujours
inévitable. Un document final qui a permis de défendre et de
présenter défendre au cabinet je suppose et de
présenter ici, cette série de barèmes que l'on a devant
nous?
Autrement, il est extrêmement difficile, on risque même, et
je crois que ce ne serait pas à l'avantage, ni du ministère, ni
de personne, de se faire toute une série d'opinions qui seraient en
marge du genre de raisonnement qui a servi à cautionner ces
tables-là.
M. CLOUTIER: En somme, si nous nous transportions dans un autre domaine,
si nous
parlions des négociations, le député demanderait,
toute proportion gardée, le document qui a servi à établir
les critères de base d'une politique salariale.
M. LEVESQUE (Laurier): Si l'on veut.
M. CLOUTIER: Bon, ce serait ce document-là.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est cela. Je crois que c'est une demande
légitime. Autrement, nous ne voyons pas la philosophie sur laquelle le
gouvernement s'est branché, ni quel genre de professionalisme social il
y avait là-dedans...
M. CLOUTIER: Evidemment, je ne voudrais pas, ici, m'arroger une
réponse qui pourrait être donnée plus techniquement par nos
officiers qui ont travaillé là-dessus depuis de nombreux mois,
mais, à la lumière de ce que M. Beausoleil vient de dire,
évidemment, de tous ces documents de base qui ont servi, des
différentes pondérations, disons, que ce que personnellement,
comme titulaire, comme responsable du ministère, j'ai dû ajouter,
avec la dimension du conseil des ministres, c'est la considération du
budget total.
J'ai dit au début de la séance le
député, à ce moment-là, n'y était pas, c'est
un renseignement important, alors je le répète que les
estimations de coût de la loi, tels que proposées actuellement, si
ce projet de tables est retenu par le conseil des ministres, nous avons
dû inscrire aux prévisions budgétaires de l'année
70/71, entre $25 et $40 millions de plus. Alors, c'est un renseignement
extrêmement important pour que le député de Laurier se
fasse une opinion de l'envergure de la réforme proposée. Tenant
compte aussi de l'augmentation naturelle, parce qu'il y aurait certainement eu
à l'intérieur..., même si nous avions continué de
fonctionner avec les lois actuelles, étant donné que les
prestations sont accordées en vertu de tels critères, il y aurait
certainement eu des augmentations. Mais, tenant compte du volume probable de
services que nous aurons à donner, du nombre d'assistés sociaux
durant la prochaine année, tenant compte aussi de la conjoncture, parce
que nous ne faisons pas autre chose que des prévisions,
évidemment, nous ne savons pas comment, en pratique, cela va se traduire
dans la prochaine année, en ce qui concerne le chômage, etc. Nous
avons fait une provision au budget, de $25 à $40 millions, qui nous
paraît suffisante pour faire face à tous ces
éléments impondérables. Alors, aussi, c'est un des
éléments qui entrent dans l'appréciation totale de tout ce
travail. Mais, en ce qui concerne les documents techniques, je pense bien que
la réponse de M. Beausoleil, il y a quelques instants, sur les documents
qui ont été utilisés, est suffisamment explicite.
Quant à produire d'autres documents au député de
Laurier, je ne sais pas, à ce moment-ci, quel serait le document
pertinent que je pourrais lui...
M. LEVESQUE (Laurier): Ce que je veux dire, il n'y a pas seulement nous,
ici. Nous n'avons pas besoin je pense bien, et je n'appelle pas cela
, d'être prophète pour dire au ministre que cela va
provoquer des hurlements dans certains coins. Dans d'autres coins, on va dire:
C'est très bien, les milieux conservateurs vont dire: C'est bon, c'est
parfait; les milieux plus radicaux vont dire: C'est écoeu-rant. Et,
cela, il faut s'y attendre, c'est normal. Il va y avoir toute une série
d'explosions, d'un côté ou de l'autre, autour de ces
barèmes-là.
Ce que je veux dire, c'est ceci: Comme on l'a fait pour les allocations
familiales, comme Dieu sait, on aurait dû le faire pour la langue, comme
on l'a fait dans certains cas, comme le rapport Boucher le constituait
lui-même, si vous voulez, un document rationnel, qui explique cela.
Actuellement, il ne suffit pas d'avoir deux réponses de M. Beausoleil
qui nous dit qu'il a tenu compte de tel ou tel facteur, pour voir comment s'est
articulée cette décision fondamentale. Il doit y avoir des
documents. Ils ne doivent pas être si secrets que cela. Ce n'est pas
honteux que le ministre nous dise qu'au cabinet il a dû pondérer
certains chiffres en fonction des disponibilités budgétaires.
Nous connaissons tous cela, ceux qui sont passés par là. Mais,
bon Dieu! pourquoi ne pouvons-nous pas avoir je ne parle pas des minutes
secrètes du cabinet sous une forme cohérente, mais qui
serait cautionnée par le ministre, un document qui expliquerait comment
on a justifié cette décision-là, en tenant compte de tous
les facteurs?
M. CLOUTIER: Evidemment, notre attitude, ici, à la commission, et
au cours de l'étude de ce projet de loi, c'est de donner le plus de
renseignements possible aux députés. Je n'ai pas d'objection
à revoir, avec vos officiers, ce que nous pourrions ajouter de documents
qui pourraient aider à la compréhension de la structure des
tables, à partir des observations qu'a faites M. Beausoleil tout
à l'heure.
Un document qui pourrait aider à la compréhension de la
structure des tables, à partir des observations qu'a faites M.
Beausoleil, tout à l'heure, on pourrait rédiger un document qui
permettra aux députés de se faire encore une meilleure
idée, afin qu'eux aussi puissent...
M. LEVESQUE (Laurier): Et au public.
M. CLOUTIER: Au et à eux aussi afin qu'ils puissent donner les
renseignements les plus précis sur ce qui a conduit, à ce
moment-ci, le ministère de la Famille a proposer telle chose
plutôt que telle autre. Evidemment, on aurait pu élaborer une
structure, de tables qui nous aurait conduits à une dépense, au
lieu de $250 millions, disons de $350 millions. C'est très
facile, il n'y a certainement pas de ministère dans...
M. LEVESQUE (Laurier): Juste en passant, quand on dit de $25 à
$40 millions de plus pour 70/71, est-ce que le ministre tient compte d'une
probabilité, en tout cas d'une projection sur ce qu'on appelle les
besoins spéciaux, c'est-à- dire tout ce qui va s'ajouter, si j'ai
compris?
M. CLOUTIER: Quand j'ai dit $25 à $40 millions, cela comprend
aussi les besoins spéciaux. Ici, il y a un autre élément
dont il faut tenir compte, c'est qu'il y a une disposition de la loi qui dit
que personne en vertu de la nouvelle loi ne pourra retirer moins que ce qu'elle
a actuellement. Il n'y a pas de discrimination.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, j'espère. M. CLOUTIER: Alors, il
faut l'évaluer.
M. LEVESQUE (Laurier): Sauf les fraudeurs!
M. CLOUTIER: Oui, sauf les fraudeurs, bien sûr. Mais il faut
évaluer ça. Et ç'à été
évalué dans le coût additionnel, afin de préserver,
ce qu'on peut appeler les droits acquis.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, sans être du chinois, je voudrais
être bien sûr que le ministre veut dire que si possible, à
la prochaine réunion de la commission je ne vois pas en quoi ce
serait impossible...
M. CLOUTIER : Bien, je pense bien que ce qu'on pourrait faire,
évidemment étant donné qu'on...
M. LEVESQUE (Laurier): II y aurait un document, au moins, un genre de
déclaration précise.
M. CLOUTIER: Je pourrais faire préparer par mes officiers un
document à l'appui...
M. LEVESQUE (Laurier): A l'appui...
M. CLOUTIER: A l'appui de ce choix de structure de tables,
évidemment en tenant compte de l'observation qui a été
faite par le député de Laurier, parce qu'il connaît les
contraintes de ce qu'on peut révéler et de ce qu'on ne peut pas
révéler, ce qui est au conseil des ministres et ainsi de suite.
Il y aura peut-être moyen d'élaborer un document assez consistant
qui puisse éclairer encore davantage la discussion. Mais, étant
donné que nous sommes limités par le temps de la Chambre, je
pense bien que cela pourra faire l'objet d'une discussion en comité, en
haut, car je doute que nous puissions revenir. Avec tout ce que nous avons en
Chambre et la limite de temps, je doute que nous puissions revenir ici.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre pourrait quand même
le faire parvenir aux députés?
M. CLOUTIER: Je le ferai parvenir aux députs avant que nous ne
fassions l'étude en comité, après la deuxième
lecture.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. GARDNER: Est-ce que vous pouvez me dire, M. le ministre, si le
capital immobilier ainsi que le capital immédiatement réalisable
affectent ces taux-là?
M. CLOUTIER: Dans la réglementation, cela fait partie de
l'admissibilité aux prestations. Si vous consultez le projet de
réglementation qui a été déposé, tout cela
est bien élaboré, quelles sont les conditions
d'admissibilité, etc. Alors, il y a des restrictions quant au capital
immédiatement réalisable. Vous avez le capital mobilier ou le
capital immobilier et quelle est la valeur de la propriété.
M. GARDNER: Oui, j'ai pris connaissance de ces
règlements-là et réellement je trouve personnellement, que
le capital immédiatement réalisable est beaucoup trop bas pour
pouvoir bénéficier de ces prestations. Quand on dit $200 dans le
domaine des mères nécessiteuses, je trouve, personnellement, que
c'est beaucoup trop bas. Une personne qui a $300 ou $400 en banque actuellement
ne pourrait pas en bénéficier tant qu'elle n'aura pas
dépensé ce montant-là pour se rendre jusqu'à $200.
Je trouve que cette norme est trop basse.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que l'inflation...
M. CLOUTIER: C'est à l'article 4.01. Je vois que le
député de Laurier entretient des relations très amicales
avec les députés ministériels.
Je demanderais au député d'Arthabaska, sans entrer dans
une discussion, parce que nous pourrons revoir cette question-là en
comité... A l'article 4.01, brièvement, c'est ce qui est dit:
Dans le cas d'une famille admissible à l'aide sociale, en vertu de
l'article 6 de la loi, donc ceux qui sont privés de leurs moyens
ordinaires de subsistance ont le droit d'avoir $2,000 plus $200 par enfant.
C'est ce qui est dit dans la réglementation.
M.GARDNER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Je m'excuse. Je voudrais juste comprendre ma
patente aussi. Fin de 1967, début de 1968, ce qui veut dire toute
l'année 1968, et on peut dire, à toutes fins utiles,
l'année 1969.
Nous sommes arrivés au mois de novembre 1969. Ces tables seront
appliquées au début de
1970, quelque part par là. Ne nous faisons pas d'illusions, elle
n'est pas adoptée, la loi. C'est une fois la loi adoptée que cela
va s'appliquer parce que c'est enchaîné, de façon
officielle, en tout cas...
M. CLOUTIER: Sur l'administration.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors on peut mettre deux ans. Le taux
d'inflation et de dévaluation du pouvoir d'achat, je crois enfin,
Dieu sait que, si on tient compte des hurlements de M. Trudeau et de tout le
monde, austérité, contrôle, etc. a atteint 3 1/2
p.c. à 4 p.c, je crois, ces deux, trois, quatre dernières
années. Mais c'est surtout depuis deux ans qu'on a commencé
à semer la panique. Alors il faudrait, jusqu'à un certain point
je ne sais pas si M. Beausoleil... parce qu'ils doivent tenir compte de
cela aussi dans leurs calculs calculer quelque chose comme 7 p.c. ou 8
p.c. de dégradation de ces chiffres-là par rapport à leur
pouvoir d'achat depuis deux ans. Est-ce que c'est à peu
près...?
Autrement dit, les chiffres de la fin de 1967 ou du début de 1968
par rapport à l'application au début de 1970, il faudrait tenir
compte c'est un des facteurs d'une dégradation conforme
à peu près à l'inflation qui s'est produite depuis et qui
est, je crois, au moins, en moyenne, de 3 1/2 p.c. par année
actuellement. C'est à peu près cela?
Donc, grosso modo, il y a désoufflage de pouvoir d'achat
d'à peu près 7 p.c.
M. CLOUTIER: Oui. Quant à ce que j'ai dit au député
de Laurier, et à la suite de ce qu'il vient de dire, dans le document
qu'on pourra préparer, c'est un document, aussi, dont je m'inspirerai
certainement pour les remarques en deuxième lecture. On ajoutera,
évidemment, ces considérations sur la déflation. Ce sera
un des articles.
M. LEVESQUE (Laurier): Si on veut juger équitablement!
M. CLOUTIER: II y a aussi un autre aspect important dont on n'a pas
parlé ce matin mais qu'on a mentionné souvent aussi, c'est la
relation entre ces tables et tous les autres phénomèmes que l'on
connaît comme l'incitation au chômage et les relations avec la Loi
des allocations familiales...
M. LEVESQUE (Laurier): L'incitation au chômage?
M. CLOUTIER: Oui, l'incitation au chômage. Si les tables...
M. LEVESQUE (Laurier): Ah oui!
M. CLOUTIER: Relations entre les tables d'aide sociale, le taux
d'allocation du salaire minimal, rémunération de
l'assurance-chômage et les autres programmes. Alors ce sont des
éléments importants aussi dont il faut tenir compte...
M. LEVESQUE (Laurier): D'ailleurs on avait déjà
parlé ici du lien évident entre le maudit salaire minimal...
M. CLOUTIER: C'est cela.
M. LEVESQUE (Laurier): ... et sa discrétion encore totale qui
n'est pas indexée, qui est encore arbitraire, qui n'a pas rejoint
certains niveaux, et forcément ce qui arrive dans ce domaine-ci.
M. CLOUTIER: C'est ce qu'on a mentionné particulièrement
lors de la dernière conférence
fédérale-provinciale. Evidemment, les législations
fédérales, actuellement, l'assurance-chômage, ce qu'on
mentionne aussi comme réaménagement, possible des allocations
familiales, le salaire minimal, c'est un aspect dont on doit
sérieusement tenir compte. Alors c'est pour cela que ce sont aussi des
considérations que l'on ajoutera dans ce document dont il est
question.
Je pense qu'il y aura moyen de préparer quelque chose qui
éclairera davantage le choix possible du gouvernement parce qu'à
ce moment-ci c'est un projet qui sera, après l'adoption de la loi,
resoumis au conseil des ministres, qui sera adopté.
Evidemment, on a eu à choisir entre différentes
propositions parce qu'il est facile, comme je le disais tantôt,
d'élaborer des tables. Il y a moyen, aussi, de réaménager
une structure à l'intérieur d'une table et à
l'intérieur d'une masse totale d'allocations à distribuer. Mais,
tenant compte de cela, il aurait été facile, évidemment,
de structurer des tables et de s'arrêter à une table qui, au lieu
de coûter $250 millions ou $275 millions, aurait coûté $350
millions. Mais seulement il faut allier, il faut essayer de trouver un
équilibre entre tous ces facteurs dont on a parlé et une
réponse satisfaisante aussi à ceux qui viennent chercher, qui ont
besoin de recevoir du gouvernement des allocations.
J'ai ici le tableau de l'assurance-chômage, des prestations
à partir du 30 juin 1968. On voit que ceux qui ont eu des gains
jusqu'à $100 et plus, c'est la catégorie de gens qui...
M. LEVESQUE (Laurier): Jusqu'à?
M. CLOUTIER: ... $100 et plus, salaire hebdomadaire de $100 et plus, ils
retirent en assurance-chômage, s'ils sont soutiens de familles, $53 par
semaine. Alors, c'est là qu'on voit l'interrelation entre un programme
comme celui de l'assurance-chômage et celui de l'assistance
sociale où on peut facilement, avec les tables, s'il y a des
soutiens de famille, dépasser ce niveau d'allocation de
l'assurance-chômage de $53 par semaine, ce qui donne $112 par mois.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est pour quelle catégorie
d'individus?
M. CLOUTIER: Cela est pour ceux qui ont gagné $100 et plus par
semaine, lorsqu'ils travaillaient, alors ils ont l'allocation... Ceux qui ont
gagné, disons, $90 à $100 par semaine, ils retirent $48, ceux qui
ont gagné $80 à $90, ils retirent $43; alors, là, je pense
que nous sommes dans une masse importante des travailleurs, ils retirent $43
d'assurance- chômage s'ils sont soutiens de famille, c'est là
qu'on voit...
M. LEVESQUE (Laurier): II n'est pas question de la taille de la
famille?
M. CLOUTIER: C'est soutien de famille ou célibataire.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, c'est tout.
M. CLOUTIER: Alors, c'est soutien de famille ou célibataire. Dans
le cas de $43 pour soutien de famille, c'est $34 pour le célibataire,
dans le cas où le soutien de famille retire $48, c'est $38 pour le
célibataire, et dans le cas où c'est $53 pour le soutien de
famille, c'est $42 pour le célibataire.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il n'arrive pas, par rapport à
l'assurance-chômage, qu'il y ait un déversoir du côté
de l'assistance sociale? C'est-à-dire, que lorsque ce n'est pas
suffisant de toute façon, sous forme de décision encore, besoins
spéciaux, cas spéciaux, etc., on ajoute à ces chiffres
caricaturaux, dans beaucoup de cas de l'assurance- chômage, de
l'assistance, même pendant l'assurance-chômage.
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Je connais des cas dans mon comté.
M. CLOUTIER: Oui. Par le mécanisme de l'assistance
spéciale, on supplémente ce qu'une autre législation, dans
un autre ordre de gouvernement, paie à ces chômeurs.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui.
M. CLOUTIER: C'est pour ça que nous réclamons aussi une
voix au chapitre.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, c'est une maudite folie!
M. CLOUTIER: ... Nbus réclamons une voix au chapitre dans le
domaine de l'assurance- chômage, parce que nous n'avons aucune
responsabilité, si vous voulez, directe, aucun contrôle sur ces
chômeurs.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui.
M. CLOUTIER: Durant cette période où ils retirent de
l'assurance-chômage, sans que nous ayons pu introduire d'autres
mécanismes de réhabilitation, de retour à la vie normale,
ils nous arrivent au moment où ils ont épuisé leurs
prestations d'assurance-chômage et ils disent: Maintenant, c'est au
Québec, avec sa Loi d'aide sociale, à nous venir en aide. Et nous
commençons, à ce moment-là, à essayer de les
réintroduire sur le marché du travail, avec d'autres
mécanismes.
M. LEVESQUE (Laurier): Si l'on tient compte des deux administrations,
des désaccords, des illogismes, des manques d'articulation entre les
lois, des masses incroyables d'argent que cela représente, sans compter
les complications et les chinoiseries administratives; si l'on tient compte du
livre blanc du ministre, par rapport aux allocations, qui est un des morceaux
essentiels de l'ensemble, est-ce qu'il ne serait pas logique qu'on se branche
un jour ou l'autre, que ce soit entre les mains de Québec, et qu'on
puisse l'articuler convenablement tout ce paquet-là ou que
ce soit entre les mains d'Ottawa, et qu'on arrête de placoter
continuellement?
M. CLOUTIER: Voici, monsieur...
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne demande pas une opinion juridique au
ministre, mais...
M. CLOUTIER: Non, mais là, le député...
M. HARVEY: Est-ce que vous comprenez l'assurance-chômage dans
ça?
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, oui.
M. CLOUTIER: ... entre dans un terrain un peu plus vaste, et qui
pourrait susciter, d'un côté comme de l'autre de la table, des
réflexions un peu plus chaudes, ou un peu plus agressives. Disons que,
sans aller aussi loin que le député de Laurier, dans nos
mémoires je ne réfère pas ici
particulièrement à une idéologie politique ou à une
autre idéologie mais d'un point de vue pratique...
M. LEVESQUE (Laurier): Prenons bien garde, mais soyons pratiques.
M. CLOUTIER: ... nous avons demandé dans nos mémoires
à Ottawa depuis les derniers mémoires, depuis trois ou quatre
ans...
M. LEVESQUE (Laurier): Mettez-en, depuis cinq ou six ans.
M. CLOUTIER: Oui, disons, soyons un peu plus généreux, un
peu plus libéral, mettons-en un peu plus...
M. LEVESQUE (Laurier): Un souvenir de décembre 1965.
M. CLOUTIER: Alors, c'est pourquoi nous avons réclamé le
rapatriement de la sécurité sociale, afin de faire une meilleure
coordination. Nous avons, nous au Québec, des éléments
importants de la sécurité sociale. Il y a, au
fédéral, des éléments importants aussi. Et nous
voulons qu'un seul ordre de gouvernement se préoccupe du
réaménagement de la sécurité sociale.
M. LEVESQUE (Laurier): Lequel?
M. CLOUTIER: Nous croyons que c'est le Québec qui devrait
s'occuper... Mais on peut, à l'intérieur, si M. le
président ne nous dit pas que nous sommes hors d'ordre, sans changer,
sans entrer, sans adopter ou épouser l'idéologie du
député de Laurier, je crois qu'il est possible, de façon
pratique, de façon logique, de façon raisonnable, de rapatrier la
sécurité sociale avec les lois qui existent actuellement, que ce
soit la loi des arrangements établis, ou d'autres mécanismes, ou
des compensations financières. Il est possible de
réaménager, afin de répondre véritablement à
un souci de rationalisation dans ce secteur de la sécurité
sociale.
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, le ministre me permettra
de faire juste une remarque. Il est vrai qu'il n'est pas nécessaire
d'épouser mon idéologie pour dire ce que vient de dire le
ministre, mais si la même chose s'applique parce que c'est
ça qui me frappe, c'est juste une remarque dans le cas de cette
maison de fous qu'est en train de devenir les relations extérieures du
Québec, si la même chose s'applique dans le cas de l'emploi
général de notre fiscalité par rapport aux besoins du
Québec, si la même chose s'applique dans le cas du travail et de
la main-d'oeuvre où on se marche sur les pieds aussi dans ce
domaine-là, avec des bureaux de placement, des centres de
réntramement, etc.; si la même chose s'applique dans une foule de
secteurs, on va peut-être finir par avoir une idéologie
là-dessus. Pour l'instant, disons qu'on reste dans le domaine...
M. CLOUTIER: Pour répondre à ça, M. le
Président, si vous me le permettez, je dirais qu'il y a tout de
même une différence entre des secteurs qui déjà, par
la constitution actuelle, sont assez bien reconnus comme étant de
compétence provinciale, particulièrement la Santé et la
Famille et le Bien-Etre social.
M. LEVESQUE (Laurier): Je rappellerais au ministre que...
M. CLOUTIER: Disons que, dans ces deux secteurs-là, nous avons
fait une représentation nécessaire au gouvernement
fédéral le député de Laurier l'a faite avant
moi, le député de Richmond l'a faite aussi et nous avons
fait les représentations nécessaires afin qu'à
l'intérieur de ce qui existe actuellement...
M. LEVESQUE (Laurier): Le député de Richmond a-t-il
été sans culotte à ce point-là?
M. LAFRANCE: M. le Président, le député de Richmond
tient à faire remarquer que, si le fédéral s'est
ingéré dans ces domaines, c'est à cause justement de
l'apathie des provinces qui ne s'en sont pas préoccupées. Depuis
ce temps-là, eh bien, nous tentons de rattraper le travail...
M. LE PRESIDENT: Si vous permettez, messieurs, nous allons
peut-être délaisser les idéologies pour quelques instants
et les relations fédérales-provinciales, et on peut
peut-être revenir...
M. LAFRANCE: On a assez de problèmes à régler ici,
là!
M. LE PRESIDENT: On peut peut-être revenir à l'étude
du projet de loi et des tables inhérentes.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais il reste que...
M. LE PRESIDENT: Remarquez que je ne veux pas dire que ce n'est pas tout
à fait non pertinent à notre discussion.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, parce qu'autrement vous direz que le
ministre n'était pas pertinent...
M. LE PRESIDENT: On devrait revenir d'une façon plus
précise à l'étude de notre projet de loi, si vous n'y
voyez pas d'objection, messieurs?
M. SAINT-GERMAIN: En répondant à ma question de tout
à l'heure peut-être?
M. CLOUTIER: C'est une question qu'on avait oubliée en cours de
route, M. le Président. Il y a un de nos officiers qui pourrait
répondre de façon un peu plus technique à cette question
du député de Jacques-Cartier qui demandait si, dans le cas d'une
personne qui retire des revenus du travail disons que c'est un revenu
occasionnel elle peut gagner une somme d'argent assez importante durant
une période d'un mois, deux mois ou trois mois, quel était son
traitement, comment on la considérait au point de vue des prestations?
Alors M. Fortin répondra à cette question.
M. FORTIN: Pour bien situer le problème dans tout son contexte et
le bien situer dans le cadre du projet de législation et de sa
réglementation, on va se référer à deux
règlements
pivots qui traitent spécifiquement de ce
problème-là et qui se lisent comme suit, c'est d'abord le
règlement 2.02 et le suivant 2.03.
Le règlement 2.02 dit: "Dans le cas de la personne qui
détient un emploi saisonnier ou qui travaille pour son propre compte, ou
dans le cas de la personne qui détient un emploi régulier et qui
est admissible à l'aide sociale en vertu des articles 8 ou 9 de la
loi..." Et ça c'est important parce que les articles 8 et 9 de la loi
couvrent les personnes qui ne sont pas privées de moyens de subsistance.
Le déficit, donc, dans ces cas-là, est calculé sur une
base annuelle, le règlement le stipule.
Si nous allons au règlement 2.03, nous lisons: "Dans le cas des
personnes dont les revenus sont temporairement insuffisants pour combler leurs
besoins au sens de la loi et des règlements, bien qu'ils les
excèdent lorsque calculés sur une base de douze mois c'est
là que ça devient pertinent l'aide sociale est
accordée en totalité sous forme de prêts ou de garantie de
remboursement d'un emprunt." Disons qu'on prend ces deux règlements
comme base parce qu'il n'est pas de mon rôle de me prononcer sur la
pertinence ou non de ces deux règlements-là, ils existent et on
se situe dans ce contexte-là.
On pourrait faire la typologie suivante des cas qui sont traités
par ces deux règlements-là. D'une part, les cas couverts par les
articles 8 et 9, donc des cas qui, en principe, ne sont pas privés de
moyens de subsistance, mais qui, pour une part (les cas de l'article 8) sont
aidés au niveau des besoins spéciaux et, d'autre part (les cas de
l'article 9) sont aidés pour les besoins ordinaires et spéciaux
bien que non privés de moyens de subsistance, mais à cause d'un
certain danger ou risque de danger pour la santé des personnes ou bien,
disons, la dépréciation de la situation familiale ou morale de la
famille. Cela serait un premier cas, donc des gens non privés qui, pour
une part, sont aidés pour des besoins ordinaires et spéciaux et,
d'autre part, seulement pour des besoins spéciaux.
Il y aurait l'autre grande catégorie que constituent les
travailleurs saisonniers dont certains, d'une part, ont un emploi saisonnier,
mais répétitif tous les ans, et d'autre part, pour un certain
autre nombre de travailleurs saisonniers qui ont des emplois qui sont plus ou
moins répétitifs ou pas répétitifs du tout et, d'un
autre point de vue, qui, pour une part, ont des revenus saisonniers suffisants,
lorsque, comme le dit bien le règlement 2.03, ils sont calculés
sur une base annuelle, et d'autre part peuvent avoir des revenus insuffisants,
bien qu'encore là calculés sur une base annuelle.
Alors, cela est le grand schéma. Vous allez peut-être
réaliser que c'est compliqué, mais quand nous allons tomber dans
les possibilités de structure de solutions concrètes, cela va
probablement s'éclaircir.
M. LEVESQUE (Laurier): Si vous êtes perdu, imaginez ce qui nous
arrive à nous.
M. FORTIN: On va s'y retrouver assez facilement; c'est parce que
j'essaie de voir où je me situais dans les schémas que j'ai
rapidement tracés. Nous allons maintenant traiter spécifiquement
le cas des travailleurs saisonniers, puisque cela a fait l'objet de
l'intervention antérieure, je pense. Appelons le cas du travailleur
saisonnier, avec emploi répétitif: le cas I pour faciliter les
choses et le travailleur saisonnier, avec emploi plus ou moins
répétitif, le cas II pour faciliter encore les choses.
Le calcul, pour le travailleur saisonnier II, le calcul de ses besoins
et de ses ressources, donc l'établissement de son déficit
potentiel ou non, se fait sur une base annuelle au moment où on est en
mesure d'établir que son revenu dépasse nos normes. Cela est
incontestable, le règlement le stipule. Dès qu'on est en mesure
d'établir que le revenu est inférieur à nos normes,
à mon point de vue, le traitement devrait s'établir sur une base
mensuelle et la structure de la solution qui serait proposée. Nous
allons partir du cas I et nous ferons le rapprochement avec le cas II. Pour le
cas I, celui qui a un emploi répétitif, le calcul qui permet
d'établir un déficit, se fait annuellement. Supposons que ce
cas-là nous permette de percevoir un revenu supérieur à
nos normes, le règlement stipule qu'il ne peut être aidé
que sous forme de prêt, si évidemment la loi est adoptée
telle que formulée présentement en ce qui concerne le prêt.
Alors cela est clair, c'est absolument sans équivoque.
Pour le cas II, donc emploi non répétitif, il y a
plusieurs considérations à faire et je les
énumérerai tout à l'heure. Mais la structure de la
solution qui serait employée serait probablement la combinaison de
l'aide sous forme de don, comme tel, et de l'aide sous forme de prêt. Le
dosage entre le don et le prêt serait fonction, justement là, de
plusieurs facteurs, qui seraient dus à l'ensemble de la situation du
requérant. Entre autres, ses revenus antérieurs, à savoir
le montant des revenus antérieurs, est-ce qu'il se situait très
en deça de nos normes ou tout près de nos normes? Alors, c'est
bien évident que le dosage prêt-aide sous forme de don, serait
différent selon qu'il est très en deça de nos normes ou
tout près de nos normes maximales.
Il y a un autre facteur qui entre en ligne de compte, ce sont ses
possibilités d'un retour éventuel sur le marché du
travail. Est-ce qu'il a des possibilités qui nous permettent
d'escompter, soit à la prochaine saison, ou soit dans un avenir plus
rapproché, un retour sur le marché du travail? Parce qu'il est
bien évident que, si on dépiste un bonhomme, qui n'offre à
peu près pas de possibilité d'un retour sur le marché du
travail, il ne sert à rien de le surcharger de prêts.
Alors, ceci est un élément qui est aussi
important à considérer. Le troisième
élément est important aussi, c'est la nécessité...
Supposons qu'on dépiste un cas où il y a possibilité d'un
retour sur le marché du travail due à une potentialité
professionnelle de l'individu, il apparaît nécessaire de ne pas le
surcharger de dettes pour, dans une certaine mesure, lui faire percevoir la
situation de l'assistance plus confortable qu'un retour sur le marché du
travail puisque, si on le surcharge de dettes, un retour sur le marché
du travail n'est pas tellement rénumérateur pour lui,
étant donné qu'il aura probablement un salaire très peu
élevé et, par le fait qu'il est présentement sur
l'assistance, il aurait encouru un volume de dettes assez considérables,
par le fait que l'aide lui aura été fournie sous forme de
prêt.
Or, justement, encore une fois, le dosage du don-prêt doit tenir
compte de cette motivation que le bonhomme doit conserver en vue d'un retour
sur le marché du travail.
L'autre facteur à considérer se rapporte au
ministère, du moins dans la responsabilité et l'impératif
de ne pas laisser une famille dans une situation qui risque de porter atteinte
à sa santé physique, psychologique et morale. En ce sens qu'il
peut arriver un cas, par exemple, où on est en mesure d'établir
que le bonhomme se situe, qu'il y a équation entre son revenu et nos
normes maximales, nos taux maximaux d'aide. Or, en même temps ou
simultanément, sa famille peut se trouver, dans une situation
matérielle, physique, au plan de la santé, passablement
démunie. Alors, il y a quand même nécessité de
considérer comme dernier élément, la
nécessité, pour le ministère, ou pour le gouvernement en
soi, de ne pas laisser une famille dans une situation qui risque de porter
atteinte à sa santé morale, psychologique, etc. Donc, en bref,
comme résumé, il est très difficile de traiter le
problème en soi des travailleurs, ou, globalement pris, le
problème des travailleurs saisonniers; chaque cas fera,
évidemment, l'objet d'un traitement très particulier. La
structure de la solution qui sera proposée dans son cas, tiendra compte
de l'ensemble des facteurs que je vous ai énumérés, et,
sans doute, de plusieurs autres qui seront découverts au moment
où l'analyse de sa situation sera faite.
UNE VOIX: Est-ce que je pourrais poser une question?
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, c'est réellement
compliqué, administrer une chose aussi complexe. Combien croyez-vous
qu'un employé, au ministère, va être capable
d'étudier... Combien de cas va-t-il être capable
d'étudier?
M. CLOUTIER: II va y avoir des directives concrètes et
précises de ces énoncés de principes. Et aussi, tous les
employés, tous les agents de sécurité sociale, qui sont
dans nos bureaux, à partir du moment où la loi va être
adoptée, vont recevoir un programme de formation intensif, sur la loi et
les réglementations et les tables. Parce que, évidemment, il
s'agit d'une toute nouvelle législation, et il est important que nos
agents, dans nos bureaux, ceux qui sont en contact avec le public, soient
parfaitement au courant de la réglementation et de toutes ses
implications.
M. LEVESQUE (Laurier): Une question qui m'intéresse sur...
Excuse. Es-tu encore sur la même chose?
M. SAINT-GERMAIN: Bien, je voulais dire que l'on pourrait toujours lire
cela dans le journal des Débats, et y étudier la situation. Parce
que, à première vue il me semble...
M. LEVESQUE (Laurier): Bien oui, parce que, à première
vue...
M. CLOUTIER: II y aura moyen, peut-être, que le
député relise, comme il dit, le journal des Débats, et
à ce moment-là, quand on retournera en commission, on pourra
peut-être élaborer davantage et donner des cas concrets. On pourra
figurer des cas, à la lumière des observations qui ont
été données par M. Fortin, on pourra établir des
cas pratiques, des montants d'argent, des travailleurs, que ce soient des
camionneurs, des travailleurs de l'industrie, de l'industrie
saisonnière, et l'on pourra dire comment on va les traiter en pratique.
Alors, je crois que cela donnera aux députés une...
M. LEVESQUE (Laurier): J'aurais deux questions qui touchent les
Etats-Unis, puis en même temps, notre philosophie, s'il y en a une, de
cette loi-là.
Le ministre parlait tantôt d'incitation au chômage possible,
par rapport à d'autres lois. Je voudrais simplement parler d'incitation
au travail. Aux Etats-Unis, récemment, dans l'espèce de
révision je n'ai pas eu le temps de l'étudier à
fond, là, mais que Nixon a proposée, et sur laquelle on va
déblatérer longtemps aux Etats-Unis, dans ce domaine-là,
il y a une incitation au travail dont la clef est que les allocations
diminueraient, si j'ai bien saisi, moins que l'augmentation du revenu, de
façon qu'il y ait une désescalade si vous voulez, des prestations
qui servent d'aiguillon au travail.
Alors, je prends le cas, dans le document que le ministre bien
enfin, je prends un cas simple, vous allez le reconnaître tout de suite
un adulte, deux enfants, dans le document no 5 des besoins essentiels.
Alors, les besoins sont de $100, si je tiens compte, là, de la
prestation et du revenu permis, des allocations: $83 plus $17. J'ai pris le cas
qui fait un chiffre rond. Alors, cela fait $100 pour les besoins, plus un
revenu admissible de $50.
M. CLOUTIER: Toujours, disons, des besoins ordinaires.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, oui. Je prends le document qui parle de
cela.
M. CLOUTIER: Les besoins ordinaires: Nourriture, vêtements.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, un adulte plus deux enfants, $100 de
besoins admis par prestations et allocations combinées, et puis $50 de
revenu admissible.
Alors, nous sommes à $150; s'il n'y a pas de revenus admissibles,
si le revenu n'est pas fait, je présume que pour des besoins
spéciaux d'évaluation, on pourra aller jusqu'à $150 pour
tenir compte de ce trou-là.
Si la personne adulte en question travaille, est-ce qu'on a
considéré le fait suivant? Je ne vois pas cela nulle part ici, on
y a peut-être pensé quand même, mais où? Un exemple
que je donnerais, ce serait celui-ci: Supposons que le revenu monte à
$75, ce qui n'est pas excessif, si je tiens compte de la façon dont les
tables se présentent, la prestation baisserait à $75 normalement,
pour faire les mêmes $150.
Il n'y a donc aucun "incentive", aucun aiguillon indiqué pour
augmenter le revenu, c'est-à-dire l'incitation au travail.
Alors, est-ce qu'il est concevable ou est-ce qu'il a été
conçu ou est-ce qu'on élimine cette notion-là, qu'au lieu
de diminuer, disons de $100 à $75, si le revenu augmente, parce que la
personne travaille plus, gagne plus, il en reste quelque chose? Je donne un
exemple, au lieu de baisser à $75, si on divisait la poire en deux
à ce niveau presque minimal, vital, on aurait $162.50 puisqu'il y a
$12.50 des $25 qui ne seraient pas retirés. Ce qui fait que de $50 de
revenu admissible, la personne passant à $75, au lieu d'avoir un revenu
de $150 comme si elle avait $50 de revenu, aurait $162.50. Autrement dit, il
lui resterait une carotte.
M. CLOUTIER: Si le député se réfère à
l'article 10 de la loi pour épargner du temps je vais le donner:
"Une famille ou personne seule à qui l'aide sociale a été
accordée en vertu de l'article 6 donc c'est celui qui est
privé de ses moyens ordinaires de subsistence...
M. LEVESQUE (Laurier): A quel article?
M. CLOUTIER: L'article 10 de la loi: "... peut continuer à
recevoir cette aide après qu'elle a retrouvé ses moyens de
subsistance, si cette aide est nécessaire pour assurer la
réadaptation complète et permanente du chef de cette famille ou
de cette personne seule, suivant le cas."
M. LEVESQUE (Laurier): Non, ce n'est pas le même principe. C'est
simplement quand des gens enfin si je le comprends bien, et nous en
avions déjà discuté...
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... quand des gens sont dans le trou et qu'ils
ont perdu, pendant un certain temps, leurs moyens de subsistance, ils ont
accumulé des dettes, des loyers en retard, etc., cet article-là
permet de leur permettre de sortir du trou dans lequel ils se sont
enfoncés. Autrement, "après qu'elle a retrouvé ses moyens
de subsistance, si cette aide est nécessaire pour assurer la
réadaptation". Ce n'est pas de cela que je parle.
M. CLOUTIER : Vous voulez que cela soit automatique?
M. LEVESQUE (Laurier): Non, je veux dire pendant une période...
Supposons qu'une personne n'est pas dans le trou spécialement, comme
l'article 10 le prévoit, mais qui a un revenu permis d'après la
loi...
M. CLOUTIER: Mais cela, si le député le permet, pour le
bénéfice de la discussion, ceux qui reçoivent en vertu de
l'article 6, ce sont tous ceux qui entrent sous le coup de la Loi de l'aide
sociale et qui n'ont pas de travail, qui sont dépourvus des moyens
ordinaires de subsistance. Alors, c'est la grosse majorité de ceux qui
dépendent de la Loi de l'aide sociale. Cela dit qu'ils peuvent
après, quand ils retrouvent leurs moyens de subsistance, donc quand ils
retrouvent un emploi et c'est indiqué dans les règlements
pendant six mois, on peut tenir compte de ce dont le
député parle et ce dont on a tenu compte là-bas aux
Etats-Unis, de cette incitation au travail, de façon à leur
donner une allocation décroissante pendant six mois pour s'assurer qu'il
va y avoir une réadaptation complète et pour suivre la
réadaptation de ce candidat au travail, qui était un
assisté social. Alors, il y a donc une période de six mois
pendant laquelle on peut l'aider et on peut complètement le
réhabiliter après une période de chômage et
d'instabilité et peut-être plusieurs mois sans travail. C'est un
peu difficile qu'il retourne au travail.
M. LEVESQUE (Laurier): Et la décroissance peut être
graduée?
M. CLOUTIER: Oui, au règlement 4.03, quatrièmement, on
dit: Dans les cas qui remplissent les conditions prévues à
l'article 10 de la loi qu'on vient de mentionner et pour une
période n'excédant pas six mois." On comptabilise un pourcentage
de $75 graduellement croissant de 5 p.c. par mois de ces revenus.
Alors, on fait une nomenclature là. On s'assure que l'on suit le
cas et on lui donne une chance de se réhabiliter.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord. Une autre question rapide sur les
Etats-Unis: Vous avez, dans le document 7, une série de comparaisons
avec les Etats américains qui est basée sur le "Aid to families
with dependant children". Je ne sais pas, je ne suis pas au courant des
détails, mais pour être bien sûr que c'est sur les
mêmes bases, est-ce que l'on tient compte aussi de ce qui peut venir du
"Social security" et aussi du "Medicaid" qui comprend maintenant
automatiquement les médicaments, les dentistes pour ces
familles-là?
M. CLOUTIER: C'est un autre programme.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, mais ça rentre quand même dans
les buts. Autrement dit, une famille "dependent family" aux Etats-Unis a le
"Aid to families with dependent children" pour autant qu'il s'agisse de soutien
de famille, et a également via le "Medicaid" dont les coûts
montent astronomiquement, droit...
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Droit, non seulement, à l'assistance
médicale que nous avons déjà, nous, mais droit aussi aux
médicaments...
M. CLOUTIER: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): ... et aux soins dentaires. Je me souviens
d'avoir lu ça, c'est un des cas. Et est-ce que ça tient compte du
"Social Security" aussi, ou si ce n'est pas compris là-dedans?
M. CLOUTIER: Alors, ce que demande le député, c'est si
dans les chiffres qui sont là il y a d'autres choses que de l'aide
sociale, disons. S'il y a d'autres choses au titre de la santé...
M. LEVESQUE (Laurier): Non, ce que je veux dire, si je comprends bien ce
qui est ici, on dit que ces chiffres-là ont été pris
essentiellement à même ce que fournit la loi américaine qui
s'appelle "Aid to families with dependent children", c'est ça? Bon, mais
vu qu'il s'agit d'un ensemble, qu'est-ce qui arrive à ces
familles-là, dans ces Etats-là? Ce n'est peut-être pas
absolument fondamental pour nous, mais je voudrais être sûr qu'on a
tenu compte de tout, ou non. Est-ce que ces familles-là, en plus de ce
qui est marqué ici, ne reçoivent pas automatiquement par des lois
qui s'appellent entre autres "Medicaid", non seulement le médical, mais
les soins dentaires et les médicaments, comme une prestation
automatique, d'abord, depuis trois ou quatre ans?
M. CLOUTIER: On m'informe qu'il n'y a pas de "Medicaid"
là-dedans, c'est une prestation de base.
M. LEVESQUE (Laurier): Et en plus, est-ce qu'on a fait une comparaison
avec ce que peut représenter le "Social Security" en plus deça?
Parce que je crois que c'est cumulatif dans plusieurs Etats. Autrement dit, si
le gars paie son "Social Security" un peu comme l'assuran-ce-chômage ici,
mais c'est très grossier comme comparaison, et le "Social Security" est
à l'échelle de tout le pays, s'il tombe en état de
dépendance ou de chômage, je crois que, dans plusieurs Etats, mais
je ne suis pas sûr, est-ce qu'on en a tenu compte? Le "Social Security"
de base, n'implique pas qu'on n'est pas éligible à "l'Aid to
dependent children".
M. CLOUTIER: M. Marier...
M. LEVESQUE (Laurier): Mais juste pour situer les bases sur lesquelles
on...
M. MARIER: Le programme américain A.D.C., c'est un programme
résiduaire comme l'aide sociale et l'admissibilité implique qu'on
tienne compte des revenus, y compris ceux qui proviennent du système de
sécurité sociale américain.
M. LEVESQUE (Laurier): Ah bon!
M. MARIER: Les chiffres que vous avez devant vous sont des normes, comme
d'ailleurs les chiffres que vous avez au dossier et dans l'administration, il
ne faut pas oublier que les prestations équivalent toujours aux
déficits entre les ressources et les besoins, jusqu'à concurrence
des normes qui sont là.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, un peu comme
l'assurance-chômage, ici, probablement autant que le sous-ministre sache,
d'après ce qu'il dit, c'est clair. On tient compte de prestations du
"Social Security" qui normalement, seraient enlevées pour atteindre ce
chiffre-là, comme un chiffre total. Par rapport, en tout cas, à
cette loi de "Social Security". C'est-à-dire que ce chiffre-là,
s'il y a de la "Social Security" comporte ce que "Social Security" peut
payer.
M. MARIER: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans le cas de "Medicaid", on n'a pas
regardé. Je veux dire, surtout la partie dentaire et
médicament.
M. MARIER: Non, les chiffres que vous avez devant vous, qui sont
produits dans une publication américaine, ont trait aux besoins
essentiels. Il s'agit de la même base pour autant qu'on puisse
l'utiliser que nous avons utilisée dans l'établissement de
nos chiffres.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il y aurait moyen de savoir, pour un
Etat, ou peu
importe? Après tout, là encore si on veut nous renseigner,
j'aimerais bien qu'on voit le fond. Que ce soit le Massachusetts par exemple,
qui est bien connu, à propos duquel je donne ce cas-là
parce que j'ai des documents là-dessus que ce soit le Maine ou le
Vermont, est-ce qu'on pourrait nous donner la ventilation du chiffre qui est
donné là par rapport à l'ensemble des lois? Parce que si
on nous donne les chiffres comme ça, je présume qu'on les a
étudiés sérieusement. Alors, est-ce qu'on pourrait avoir
une ventilation?
M. CLOUTIER: Oui, on pourra vous donner ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous vous souvenez des interminables discussions
qu'on a déjà eues sur la politique salariale; vous avez
faussé Toronto, vous avez faussé Californie, etc.
Pourquoi ne verrait-on pas, sur un ou deux cas...
M. CLOUTIER: Oui, on vous donnera exactement des cas comparés;
là-bas, c'est dans les Etats américains. Disons qu'on prendra les
Etats qui nous intéressent le plus comme le Maine et le Massachusetts,
etc.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien oui, ce sont des cas accessibles, on peut
même aller faire un tour pour vérifier au besoin.
M. GOLDBLOOM: Je voudrais quand même revenir au sujet que vient de
traiter, il y a quelques minutes, le député de Laurier: l'article
10 du projet de loi et le quatrième paragraphe de l'article 4.03 des
règlements.
Il me semble que l'interprétation donnée par le ministre a
un sens en somme, facultatif, c'est-à-dire que cet article de la loi
avec l'article 4.03 des règlements permettrait d'opérer un
certain décalage entre les montants gagnés par celui qui rentre
sur le marché du travail et les prestations qui lui ont
été accordées. Cela n'érige pas en système,
une incitation au travail, par laquelle les prestations, comme disait le
député de Laurier, diminueraient moins rapidement que le revenu
augmenterait.
Il me semble que si l'on interprète bien la loi et les
règlements, chaque cas devrait faire l'objet d'une étude
particulière, qui prendrait, non seulement beaucoup de temps mais qui
prendrait, il me semble, un personnel plus nombreux, simplement pour faire
cela.
Il me semble que ce serait beaucoup plus simple, plus économique
probablement, et si, mon Dieu, il arrivait aux personnes ou aux familles en
question de gagner davantage, ils en payeraient en impôts une certaine
proportion qui reviendrait au gouvernement, ils contribueraient à faire
fonctionner l'économie Dieu sait que l'économie en a
besoin ces jours-ci et je pense qu'ils s'en trouveraient probablement
mieux. Je ne suis pas en possession des chiffres, je n'ai pas participé
aux calculs qui ont mené le ministre et ses fonctionnaires à ces
conclusions. Il se peut qu'il y ait des explications que je ne possède
pas, qui militent contre un régime systématique par lequel on
permettrait une incitation beaucoup plus importante au travail. Mais à
première vue, il me semble que ce n'est pas conçu aussi bien que
cela pourrait l'être.
M. CLOUTIER: Quand le député dit que ce n'est pas
systématique, évidemment, c'est exact. Le texte de loi dit qu'une
famille peut continuer à recevoir...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est permissif.
M. CLOUTIER: C'est permissif, bon. Il reste que si on
généralise le système et si on le systématise,
évidemment, il faudrait savoir, il faudrait voir quelles sont...
M. LEVESQUE (Laurier): A cause du bill 63, il faut faire
attention...
M. CLOUTIER: ... les implications du point de vue du coût. Parce
qu'à ce moment-là, si vous avez, en termes de chiffres absolus,
un nombre de récipiendaires, de peut-être 400,000 ou 450,000, cela
veut dire en nombre de dossiers, d'aptes au travail, peut-être 50,000
aptes au travail. Je donne le chiffre sous toutes réserves. Pour pouvoir
discuter, il faudrait voir, évidemment, si une disposition comme cela
était systématisée, quelle serait l'importance du point de
vue du coût. A première vue, je serais porté à dire
qu'il y a une différence assez appréciable entre
systématiser l'article 10 et le laisser...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est dangereux ce que vous dites-là.
M. GOLDBLOOM: C'est peut-être vrai mais c'est peut-être faux
aussi.
M. CLOUTIER: Ecoutez, j'ai déjà dit et je dis que,
à première vue, cela m'apparaît comme représentant
un coût important.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais c'est dangereux ce que vous dites là
parce que si vous voulez dire que c'est à cause du coût...
M. CLOUTIER: Non, non.
M. LEVESQUE (Laurier): ... que vous le gardez permissif...
M. CLOUTIER: Non, non. Le député m'a demandé et il
a dit: Vous avez dû faire des études. Alors je réponds
à cet aspect-là.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui mais c'est
dangereux dans le sens suivant: C'est que, si vous ouvrez la porte,
"because" le coût possible, à une diminution de cette incitation,
finalement, cela vous coûte plus cher.
M. CLOUTIER: D'accord.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela a l'air bon au point de vue comptable, mais
cela vous coûte plus cher.
M. CLOUTIER: Disons que ce n'est pas la seule argumentation, mais c'est
un des éléments dont il faudra tenir compte. C'est le même
genre de considération que j'ai faite tout à l'heure. C'est
qu'après avoir fait des pondérations, après que nos
officiers ont eu fait des pondérations de toutes sortes de choses,
Montreal Diet et les comparaisons avec les autres provinces, évidemment,
il faut que la notion de coût, aussi, à un moment donné,
intervienne. C'est un des facteurs.
Alors là aussi, dans un article comme celui-là, c'est une
notion dont il faut tenir compte.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le "cost benefit", je veux dire dans
le sens...
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... le coût par rapport à ce que
cela peut rapporter...
M. CLOUTIER: Oui. Le député parle en terme de
rentabilité.
M. LEVESQUE (Laurier): a court terme, le ministre a raison. On a
toujours raison à court terme sur un maudit budget; mais, à moyen
ou à long terme, au point de vue social et socio-économique, le
coût-bénéfice est inverse à celui que dit le
ministre...
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... parce que si c'est automatique, à ce
moment-là, il y a une chance véritablement sérieuse de
créer de l'incitation...
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Si c'est simplement permissif, moi, j'ai
peur.
M. CLOUTIER: De toute façon, tout dépendra de
l'application que nous en ferons. Evidemment, nous pouvons en faire une
application assez large et on peut en faire une application très
restrictive. De toute façon, on peut prendre deux options. L'option qui
est prise, ici, c'est de permettre de l'utiliser largement et de voir ce que
ça donnera à l'expérience. S'il est prouvé que nous
devions l'étendre d'une façon générale et le donner
dans tous les cas, à ce moment-là, il faudra songer à
modifier cet article.
Mais, disons, pour départ, avec la permission qui est
donnée, l'utilisation qu'on peut en faire de façon intelligente,
je crois que les résultats peuvent être assez positifs. Tout de
même, parmi ces assistés sociaux qui reviennent de temps en temps,
par exemple des chômeurss périodiques, il y en a qui reviennent
sous le coup du bill 26. Evidemment, il y en a qui n'ont pas de
difficultés à se réhabiliter. On sait que, pour une
période de deux mois, trois mois, quatre mois, annuellement, que ce
soient des cultivateurs marginaux, des travailleurs forestiers, des
pêcheurs, enfin nous savons que c'est automatique une fois que la saison
est passée, ils retournent facilement. Je crois que, dans ces
cas-là, évidemment, la nécessité, l'obligation de
donner cette diminution graduelle de l'allocation, c'est moins évident
que pour ceux qu'il faut réhabiliter et réintégrer et
surveiller et encourager à retourner sur le marché du
travail.
M. LEVESQUE (Laurier): Deux mois de homards, deux mois de luxe, huit
mois d'assistance sociale.
M. CLOUTIER: Disons que c'est un régime de vie qui, dans certains
cas...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il est clair que si l'incitation
au travail est de belle allure sur papier, mais est inopérante, nous
allons perdre énormément de valeurs économiques et
humaines. Il me semble que si elle est inopérante, tout ce que nous
pourrons faire par le truchement de l'article 10 de la loi et de l'article 4.03
des règlements ne réussira pas à dépanner des gens
et à les inciter à quitter la dépendance sociale.
C'est dans l'intérêt supérieur de la
collectivité que cette incitation au travail soit réelle, et je
crains fort que, si l'on ne modifie pas ces provisions de façon à
les rendre systhématisés, nous allions nous perdre dans des
études.
Cela me ramène à un des problèmes les plus
importants, et le ministre y a touché en glissant là-dessus, au
cours de ses remarques, vers le début de la séance. Le
problème majeur, à mon avis, qui empêche les
assistés sociaux de chercher à retourner sur le marché du
travail, c'est que le retour sur les listes d'assistance sociale est tellement
lent, que l'on est obligé de subir une période d'un mois, deux
mois, même trois mois, sans revenu, avant de regagner la liste des
prestations, même si, à ce moment-là, les prestations sont
accordées de façon rétroactive. Mais il faut vivre
entre-temps. Avpc un contact plus personnel et un système qui
permettrait à des assistés sociaux reconnus pas ceux sur
lesquels on peut avoir des doutes, peut-être, mais ceux qu'on s'efforce
de réadapter, il me semble que si, au cours de cette
réadaptation
dont on se vante depuis quelque temps, on offre à
l'assisté social une assurance qu'au moment où, pour des raisons
qui peuvent être absolument indépendantes de la volonté de
l'assisté social lui-même le travail est perdu
à ce moment-là, automatiquement, immédiatement,
l'assisté social regagnera la liste des prestations. A ce
moment-là, je pense que l'incitation au travail sera beaucoup plus
réelle.
M. CLOUTIER: Là, le danger, c'est-à-dire cette lacune
actuelle que le député a mentionnée elle a
été mentionnée plusieurs fois par plusieurs
députés c'est le temps que ça prend pour
réintroduire l'allocation. Evidemment, c'est une lacune qui existe; on
espère et on croit la corriger par la décentralisation. On sait
que maintenant les décisions sont prises au niveau du bureau local
les dossiers ont été transférés au niveau du
bureau local et qu'il y aura évidemment rapidité de
décision, de façon que l'assisté social qui retrouve du
travail et qui, pour une raison ou pour une autre, reperd ce travail, ne
craigne plus de voir les délais de deux ou trois mois, de voir que
ça prend du temps avant qu'il recouvre son allocation. Alors, la
décentralisation, je crois, va régler ce problème et va
accélérer le processus des décisions de façon qu'il
n'y ait pas de délais indus et de délais qui vont causer des
dommages aux assistés sociaux. Ceci est un aspect qu'a mentionné
le député de D'Arcy-McGee.
Deuxièmement, les députés savent qu'il y a des
initiatives qui ont été prises par le ministère de la
Famille et du Bien-Etre pour la réhabilitation des assistés
sociaux. Il y a des programmes qui sont connus, qui ont été
expérimentés dans certaines régions de la province, et qui
vont davantage maintenant être étendus à toute la
province.
Un de ces programmes-là, c'est le programme de retour à la
vie normale pour les assistés sociaux qui sont des travailleurs
forestiers. Actuellement, au moment où je vous parle, il y a à
peu près 500 travailleurs forestiers, des assistés sociaux, qui
sont retournés au travail sur un plan, un programme de travail assez
long. Quand ils sauront effectuer ce travail en forêt, dans des limites
forestières des terrains publics, ils seront dirigés vers des
programmes de formation professionnelle de façon à
acquérir un métier qui est basé sur l'industrie du bois.
Je ferai les pressions nécessaires aux endroits voulus, pour que ce
programme soit étendu, que des sommes qui sont actuellement
réservées pour nos assistés sociaux soient
transférées au ministère des Terres et Forêts, pour
que ce programme-là soit étendu, et que, si possible, dès
la prochaine année, nous puissions procurer du travail à 2,000 ou
3,000 hommes en vertu de ce programme. Alors, là, on comprendra que dans
des situations comme celle-là, on peut faire jouer l'article 10, afin de
faire retourner au travail des gens qui, peut-être depuis deux, trois ans
et plus, sont sans emploi; et, à l'intérieur d'un programme bien
précis, élaboré en collaboration entre le ministère
de la Famille et du Bien-Etre social et le ministère des Terres et
Forêts, leur procurer maintenant un emploi permanent, et basé sur
un métier de la forêt. Alors ça, c'est un exemple. Il y a
d'autres initiatives comme celle-là qui sont prises avec d'autres
ministères, avec l'Éducation et le Travail pour la formation
professionnelle de ces gens-là, de ces chômeurs qui ne sont admis
à aucun autre programme de formation professionnelle, qui est
actuellement en cours et qui est réservé à des secteurs
particuliers. Les assistés sociaux n'ont pour eux, actuellement, aucun
ou pratiquement pas, de programmes de formation professionnelle, alors que
c'est dans cette classe-là et dans cette clientèle-là
qu'ils ont tellement besoin de se faire réentraîner et
d'acquérir un métier si possible.
Alors, de ce côté-là, du côté du retour
à la vie normale, le ministère fait un effort qu'on doit
mentionner, et on ne le fait pas seul, on le fait de concert avec les agences
sociales qui reçoivent, pour cette fin spécifique, des budgets
spécifiques qui ont été assez considérables durant
la dernière année, qui seront plus considérables encore
durant la prochaine année, afin que ces lois-là, cette loi,
s'accompagne d'autres mesures comme je l'ai dit tantôt afin
de réhabiliter le plus possible les aptes au travail sur le
marché du travail.
M. GOLD BLOOM: Le ministre nous donne des exemples valables. Il me
semble quand même qu'il n'a pas répondu à l'ensemble de nos
questions sur le problème. Il me semble qu'il serait
préférable que la loi et les règlements disent que, si
l'assisté social l'a été pendant au moins six mois, le
retour sur le marché du travail serait basé sur un arrangement
par lequel une proportion plus importante du revenu du travail, serait
gardée par l'assisté social, pour une certaine période de
temps.
M. CLOUTIER: Sans vouloir interrompre le député, si on
mentionne dans la loi ou dans les règlements, une période disons
de six mois, pour permettre systématiquement à l'assisté
social de profiter de cette clause spéciale, à ce
moment-là, est-ce que ce ne serait pas l'inciter disons qu'il est
en chômage depuis quatre mois à demeurer deux mois de plus
pour profiter de cette section?
M. GOLDBLOOM: Peut-être.
M. CLOUTIER: Evidemment, il faut essayer de trouver là la
motivation; (la permission étant donnée, même si cela fait
quatre mois, si on marque six mois dans les règlements) il faudra qu'il
ait été six mois en chômage; s'il arrive qu'on lui offre un
emploi un mois avant, alors, là, il va refuser l'emploi parce qu'il va
dire: Moi,
il faut que j'aie mes six mois avant de profiter de cet
avantage-là. Je préfère qu'on ne mette pas de nombre de
mois et que nos agents de sécurité sociale et le
ministère, par des directives les plus larges possibles...
M. LEVESQUE (Laurier): Je serais d'accord...
M. CLOUTIER: en fassent une application intelligente.
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne vois pas pourquoi le terme que mentionnait
le député de D'Arcy-McGee pourrait présenter les
difficultés qu'évoque le ministre. Je ne vois absolument pas
pourquoi, à partir de périodes de dépendance sociale,
qu'elles soient de quinze jours ou d'une semaine, le principe ne pourrait pas
s'appliquer. Je ne vois pas de réponse et en plus je vois un danger que
le ministre me permettra de souligner: si c'est permissif et que cela fait
partie de ces morceaux élastiques d'un budget d'administration on
ne se contera pas de romance et on n'a pas besoin de se faire de dessin non
plus quand viennent les périodes d'austérité, de
compression budgétaire, de tout ce que vous voudrez, c'est dans le
permissif forcément que tout à coup la hache passe. Ce qui veut
dire qu'à toutes fins pratiques, le permissif dépend, à un
moment donné, du cabinet et du ministre des Finances et de toute une
série de facteurs comptables au point de vue budgétaire.
Le ministre sait très bien qu'à ce moment-là, c'est
aléatoire, c'est le moins qu'on puisse dire. La protection, si on croit
que le principe est valable... Les Américains, d'après ce que
j'ai vu, l'emploient, et nous sommes en Amérique du Nord. Nous nous
gargarisons assez à le dire sur d'autres plans. Nos gens ont une sorte
d'ouverture matérielle sur des concepts nord-américains. Les
Américains ont trouvé que la motivation en arrive à cette
conclusion-là que la motivation doit être additionnée d'une
carotte de ce genre-là. On sait ce qui arrive psychologiquement à
quelqu'un qui est en chômage depuis un bon bout de temps.
Il me semble qu'on devrait reconsidérer cette idée de
dégraduer, si vous voulez, de façon progressive toute allocation
de dépendance sociale, peu importent les formules à
établir, mais que ce soit prescriptif sans calcul, sans enquête et
sans chinoiserie, de façon à pouvoir vraiment faire une
incitation au travail. Parce qu'autrement, le permissif... Premièrement,
on sait ce qui arrive aux dossiers. Il y en a toujours un énorme paquet
qui se perdent, cela finit par faire des chinoiseries administratives
inévitables et, deuxièmement, c'est là que les
compressions budgétaires frappent le plus directement chaque fois que
cela paraît nécessaire au ministre des Finances.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Anne avait
demandé la parole.
Voulez-vous vous approcher, s'il vous plaît.
M. HANLEY: Très brièvement, un exemple, une cause
spéciale. J'ai une famille chez moi qui est sur le bien-être
social depuis deux ans. Le père était chauffeur de camion avant;
il a eu un accident et n'avait pas d'assurance sur son automobile. Alors, le
gouvernement lui a retiré son permis de chauffeur. Il est sur le
bien-être social dans le moment avec huit enfants, je pense qu'il
reçoit environ $250 par mois, $3,000 par année.
M. CLOUTIER: En allocations.
M. HANLEY: Oui en allocations. Il me demande si on lui offrait du
travail avec Atomic Truck, voisin de lui, si le service de bien-être
social veut payer au ministère des Transports les $250 pour qu'on lui
envoie un nouveau permis comme chauffeur et, de cette façon, le
gouvernement pourrait épargner $3,000 par année. J'ai
envoyé cette demande à votre ministère...
M. CLOUTIER: Oui, c'est un problème, un cas spécial que
mentionne le député de Sainte-Anne et c'est justement ce genre de
problème qui doit être étudié spécifiquement
pour le retour à la vie normale et le retour au travail de ce
chômeur, qui est devenu chômeur pour la raison qu'a
mentionnée le député de Sainte-Anne. Alors, cela fait
l'objet d'une étude spéciale, d'un cas spécial. A ce
moment-là, la notion de prêt peut intervenir parce que le
ministère peut, à l'intérieur de l'étude de ce plan
de relèvement social ou de réhabilitation de cet assisté
social, lui avancer par ce système en se servant des clauses dans notre
réglementation qui nous permettent de faire des prêts ou des
avances et, justement, de régler cette dette qu'il a envers un autre
ministère et de recouvrer son permis de conduire, qui va lui permettre
d'avoir son emploi.
Je pense que c'est justement ce genre de cas spécial qui doit
faire l'objet d'une étude spéciale de la part du bureau local,
qui sera transmise au ministère. Alors, disons que dans un cas comme
celui-là, il recourt à un emploi rénumérateur, qui
lui permet de vivre, alors c'est plutôt la notion de prêt qui
intervient à ce moment-là, parce qu'il peut retrouver un emploi
qui lui donne $6,000 ou $7,000 par année, comme chauffeur de camion.
D'abord, nous allons explorer la notion de prêt dans un cas comme
celui-là, afin de respecter l'esprit et la lettre de la
réglementation.
M. HANLEY: Ah oui! C'était une lettre de moi.
M. CLOUTIER: Je lis toujours avec un grand intérêt les
lettres du député de Sainte-Anne.
M. HANLEY: Je pense que j'ai crée un précédent avec
une demande comme celle-là.
M. CLOUTIER: Est-ce que cela serait le premier précédent
créé par le député de Sainte-Anne?
M. HANLEY: Ah oui! Ah oui! Cela, c'est un précédent !
M. CLOUTIER: Un accident, je crois que c'est peut-être sans
précédent.
M. HANLEY: Un précédent. Mais en terminant, à la
dernière assemblée, le 6 novembre, M. Deboies a fait des
accusations graves contre les compagnies anglaises à Montréal. Il
a dit qu'il était refusé par les compagnies anglaises; comme
cela, on les envoie à Québec, et ils font une demande au
Bien-Etre social. Je lance un défi à M. Deboies qui m'a dit qu'il
m'enverrait les preuves l'après-midi du 6 novembre.
M. CLOUTIER: II vous a envoyé les preuves...
M. HANLEY: Non, non. Il m'a dit qu'il me les enverrait, les preuves.
Nous sommes rendus aujourd'hui au 20 novembre, je n'ai pas de preuve de M.
Deboies sur les affaires des Anglais de Montréal. Comme cela, je me suis
dit: C'est seulement de la propagande.
M. CLOUTIER: Donc...
M. HANLEY: A ce moment-là, monsieur le ministre, vous avez un
montant d'environ $25 à $40 millions de dollars de plus de
prévus...
M. CLOUTIER: ... de prévus pour la prochaine... 1970-71.
M. HANLEY: J'espère que votre ministère va réserver
au moins 1.25 p.c. de ces prestations pour le comté de Sainte-Anne.
M. CLOUTIER: C'est du patronage.
M. HANLEY: Jamais. 1.25 p.c, c'est environ $500,000.
M. LE PRESIDENT: Si je permettais au député de Sainte-Anne
de continuer, j'aurais peur que chacun des membres demande 25 p.c. et...
M. HANLEY: Correction, M. le Président, 1.25 p.c, c'est environ
$500,000.
M. CLOUTIER: Disons que j'aimerais que le député de
Sainte-Anne nous produise un document technique à l'appui de sa
demande.
UNE VOIX: Ah oui!
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions, messieurs?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais revenir, pour un seul
instant, à l'article 4.01 des règlements, où l'on impose
des limites sur la valeur des biens qu'une famille ou une personne seule peut
posséder, ou peut conserver sans perdre le droit d'être admissible
à l'aide sociale.
Je note que le montant est fixé à $2,000 plus $200 par
enfant et je me demande ce qui arriverait dans le cas d'une veuve, dont le mari
serait décédé assez jeune et lui aurait laissé une
maison d'une valeur de $15,000 ou $16,000 et des biens à
l'intérieur de cette maison d'une valeur de beaucoup plus que $200.
Est-ce qu'elle serait obligée de vendre sa maison pour être
admissible aux allocations?
M. CLOUTIER: A l'article 4.02, il y a des exceptions, des
précisions qui sont apportées à l'article 4.01, on dit
que: "n'entre pas dans la computation prévue à l'article 4.01 des
règlements, la valeur des biens suivants". Alors, on donne, à
l'article e), la clause qui concerne la résidence.
M. GOLDBLOOM: Oui, je m'excuse, j'avais oublié cet article, mais
c'est marqué: $8,000.
M. CLOUTIER: Sur la base des évaluations municipales.
M. GOLDBLOOM. Oui, et le ministre sait sans doute que, récemment,
il y a des municipalités qui ont revisé complètement leur
évaluation, de façon à amener les taux d'évaluation
au même niveau à peu près que le marché des
immeubles; c'est un problème qui pourrait devenir assez grave pour
certaines familles. Je demanderais simplement...
M. CLOUTIER: L'équité nette, par exemple, c'est de $8,000
après avoir déduit les hypothèques. Si une
propriété vaut $25,000, et qu'il y a une hypothèque de
$18,000, donc, il reste une équité nette de $7,000. Si la
propriété vaut $25,000 et qu'évidemment il n'y a pas
d'hypothèques, c'est une équité nette de $25,000. Il reste
que cette personne-là peut toujours aussi effectuer des emprunts sur sa
propriété...
M. GOLDBLOOM: Oui, qu'elle remboursera de quelle façon?
M. CLOUTIER: J'imagine qu'il interviendra dans la vie de cette personne
d'autres modifications, soit par le travail ou autrement, qui permettront
de...
M. GOLDBLOOM: Je trouve que c'est quand même un peu rigide et un
peu limitatif de...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'on peut considérer comme
nécessiteuse une personne qui a une propriété de $25,000
ou $30,000 ou $40,000?
M. HARVEY: Cela dépend, si elle a un droit dessus et des
obligations.
M. LE PRESIDENT: Non.
M. CLOUTIER: On parle d'équité nette.
M. GOLDBLOOM: Di sons, M. le Président, que si l'on parle de
chiffres de cet ordre, entre $25,000 et $40,000, peut-être que non. Mais
si l'on parle d'une personne dont les biens s'évaluent à $9,000
ou $10,000, cette personne peut se trouver dans une situation assez difficile
et j'en ai des exemples dans mon propre comté.
M. LAFRANCE: C'est d'au moins $15,000, parce qu'une
propriété aujourd'hui, est évaluée au minimum
à $15,000, presque toutes les propriétés.
M. GOLDBLOOM. Il y a malheureusement de jeunes mariés qui
achètent une maison et qui paient une somme considérable pour cet
achat et ne pensent pas, étant jeunes, n'ayant pas senti le poids de
leurs responsabilités, à s'assurer de façon convenable.
Ils ont dit: A un moment donné, quand j'aurai fait un peu plus d'argent,
j'achèterai une police d'assurance-vie pour protéger ma
famille...
S'il ne l'a pas fait, s'il lui arrive un accident de la route ou quelque
chose comme cela, il laisse la famille dans une situation assez difficile. Ou
bien, disons qu'il y a le cas du mari qui, ayant fait certains investissements
en terrains et en maisons et n'ayant pas acheté d'assurance-vie pour sa
famille, abandonne la famille. Que fait-on à ce moment-là? Est-ce
qu'on oblige la mère à quitter son foyer avec ses enfants,
simplement parce que ce foyer est évalué à plus...
M. CLOUTIER: M. le Président, ce n'est pas l'esprit de la loi,
évidemment, de créer des difficultés à cette
personne ou à cette famille. Alors, à ce moment-là, on les
retrouvera en état de dépendance sociale à un autre
endroit, dans un autre logement, après les avoir obligés à
quitter ou à vendre cette maison. De toute façon, ce n'est pas
là l'esprit de la loi, et ces exclusions réfèrent à
l'article 4.01 pour les besoins ordinaires, mais il peut y avoir des besoins
spéciaux qui peuvent être comblés aussi, qui peuvent
recevoir une réponse. Mais, de toute façon, pour chaque cas
spécifique, il y a l'article f) qui dit: Si les biens ne peuvent
être immédiatement convertis en avoir liquide sans perte
excédant le tiers de leur valeur marchande, la conversion de ces biens
doit être effectuée dans un délai de six mois.
M. GOLDBLOOM: Là aussi il y a obligation de faire la
conversion.
M. CLOUTIER: De toute façon, ce n'est pas l'esprit de la loi et
des règlements de créer la dépendance sociale, c'est
d'apporter une solution. Alors, évidemment, les articles seront
appliqués de façon intelligente, afin que la famille ne se
retrouve pas sous le coup du bill 26 parce que des dispositions de la loi ou
des règlements l'auront contrainte à se retrouver dans cette
situation.
M. GOLDBLOOM: Je crois bien, M. le Président, que nous comprenons
l'esprit de la loi et des règlements et nous comprenons sûrement
l'esprit dans lequel le ministre nous les présente, mais
l'interprétation qui se fera éventuellement ne sera pas
nécessairement celle offerte par le ministre, aujourd'hui, mais bien
celle donnée par les tribunaux, à un moment donné, dans le
cas de certains litiges.
M. CLOUTIER: II s'agit ici d'un règlement, par exemple. Ce n'est
pas un texte de loi, c'est un règlement qui peut être facilement
modifié, c'est-à-dire facilement, entendons-nous... Il ne s'agit
pas de modifier les règlements de la Loi de l'aide sociale à
toutes les séances du conseil des ministres. Mais disons qu'il y aura
nécessairement utilité de revoir, après une certaine
période d'essai, la réglementation, afin de l'améliorer si
nécessaire.
M. GOLDBLOOM: Alors, nous attirons l'attention du ministre sur certains
articles dont l'application devra être surveillée de près.
Nous comptons sur lui pour apporter les modifications qu'il jugera
nécessaire, à la lumière des événements.
M. CLOUTIER: Très bien.
M. HANLEY: M. le Président, si le ministre a accepté le
principe de la suggestion du Dr Goldbloom, du député de
D'Arcy-McGee, je pense que le ministre devrait l'accepter avec la
rétroactivité. C'est parce que je paie sur ma propre
propriété pour des taxes.
M. CLOUTIER: Oui.
M. LAFRANCE: La rétroactivité, pas à 25 ans,
à un an.
M. HANLEY: Si vous adoptez le principe aujourd'hui, pourquoi pas
rétroactif? Pour les autres qui ont perdu leur propriété
pour les taxes, comme moi, avec l'appui de Drapeau...
M. CLOUTIER: Je pense que cela va prendre encore quelque temps avant que
le député de Sainte-Anne puisse bénéficier du
projet de loi no 26.
M. LAFRANCE: Oui.
M. HANLEY: J'aime les principes. L'esprit des lois.
M. GOLDBLOOM: Pas l'argent, non plus. M. HANLEY: Je n'aime pas
l'argent.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je sens que vous êtes sur le
point de clore notre séance. Je voudrais faire deux remarques avant
cette clôture.
Je crois que nous avons, à plusieurs occasions, exprimé
notre impatience de voir ce projet de loi amené devant le Parlement.
Nous sommes contents aujourd'hui de savoir, par la parole que le ministre nous
a donnée, que le projet de loi sera étudié et sera, quant
à nous, adopté avant la fin de la présente session. Le
ministre a suggéré qu'il y ait certaines modifications
d'apportées au projet de loi, à la lumière des
mémoires qui ont été soumis et à la lumière
des discussions qui ont eu lieu autour de cette table. Nous en sommes fort
contents et nous attendons avec un vif intérêt la parution de ces
modifications.
Si nous nous sommes plaint, assez souvent et depuis assez longtemps, des
lenteurs qui ont entouré la production de ce projet de loi, si nous nous
sommes plaint des délais qui nous semblaient excessifs, nous ne nous
plaignons pas de cette récente période au cours de laquelle nous
avons entendu des mémoires très intéressants, y compris
les soumissions des assistés sociaux eux-mêmes. Pour ma part, je
sais que je parle au nom de mes collègues de l'Opposition et, je pense,
au nom de tous les députés qui siègent ici, je regrette
que les assistés sociaux de Montréal n'aient pas voulu accepter
l'invitation que le ministre leur a émise et ne soient pas venus nous
éclairer sur la nature précise de leurs problèmes. Je
crois que, si nous avons attendu quelques semaines de plus pour tenir ces deux
dernières séances, c'est parce que nous avons voulu, de part et
d'autre, que ces assistés sociaux viennent. Je regrette beaucoup qu'ils
ne soient pas venus.
Je crois que nous avons complété nos études de ce
projet de loi, mais ce n'est pas la seule législation que nous attendons
du ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
Il nous semble, de notre côté de la table, qu'il serait
utile à tous les députés de la Chambre qui voudraient
assister à une séance ultérieure de cette commission, il
serait utile, dis-je, que nous invitions les membres ou au moins des
représentants du Conseil supérieur de la famille, pour nous
permettre de causer avec ces personnes, de les interroger sur des idées
que le conseil a pu émettre sur d'autres législations. Parce que
nous, nous avons des idées là-dessus, je sais que le ministre en
a; mais il y a cet organisme très important qui s'est penché sur
d'autres projets possibles de législation. Nous aimerions pouvoir
échanger des idées autour de cette table avec les membres de ce
conseil.
Puisque la session tire à sa fin, je crois bien qu'on n'aura pas
le temps de convoquer une séance de la commission parlementaire à
cause du travail qui reste à accomplir. Je ne formule pas de motion
à ce sujet, mais je formule cette suggestion au ministre et je le prie
d'envisager cette possibilité à l'avenir, même si ce n'est
qu'à la prochaine session du Parlement.
M. CLOUTIER: M. le président, d'abord au sujet des
mémoires qui ont été présentés, des
organismes qui sont venus devant la commission parlementaire j'endosse
sans réserve les remarques du député de D'Arcy-McGee
évidemment, la commission a écouté avec beaucoup
d'intérêt et d'attention tous ceux qui se sont donné la
peine et qui ont jugé à propos de venir devant la commission
parlementaire, et nous faisons notre bénéfice des suggestions et
des remarques et des mémoires très constructifs qui nous ont
été présentés.
Dans le cas spécifique des assistés sociaux de
Montréal, nous avons voulu, évidemment, par toutes sortes de
mécanismes, toutes sortes de dispositions, leur donner toute la chance
de venir devant la commission parlementaire. Il est malheureux que ce projet
n'ait pas pu se concrétiser bien qu'à la séance
précédente un groupe important d'entre eux soit venu devant la
commission parlementaire. Nous avions tout de même exprimé le
désir qu'une séance spéciale leur soit
réservée, et, en fait, ceux de Québec, de Lévis et
d'aussi loin que Val-D'Or sont venus devant la commission nous faire des
représentations et des remarques extrêmement intéressantes
qui ont été soulignées par les membres de la
commission.
De toute façon, je ne veux pas reprendre ce débat. Nous
avions fait, à mon sens, une invitation par l'intermédiaire du
président de la commission, qui s'est appliqué lui-même,
avec les responsables des arrangements administratifs de l'Assemblée
nationale, à trouver des facilités de transport, de
séjour, ici à Québec, afin que ce séjour
n'entraîne pas des dépenses pour les assistés sociaux.
Disons que ça n'a pas pu se matérialiser, c'est regrettable. La
commission parlementaire a tout de même entendu, à mon sens, des
représentations de beaucoup d'assistés sociaux et nous croyons
que nous avons eu tout de même un éventail d'opinions suffisant de
la part des assistés sociaux, même si le dernier projet ne s'est
pas matérialisé.
En ce qui concerne la suggestion ou le désir du
député de D'Arcy-McGee que le Conseil supérieur de la
famille ait une rencontre avec la commission parlementaire, je ne sais pas
à quel moment ce sera possible, je ne sais pas quelles seront les
modalités de cet échange avec la
commission parlementaire. On sait en effet que le Conseil
supérieur de la famille, d'après la loi, est un organisme qui
donne son avis au ministre de la Famille et du Bien-Etre social, qu'il donne
des avis personnels au ministre sur tous les problèmes que le ministre
de la Famille veut bien lui soumettre.
D'autre part, il s'agit là d'un organisme consultatif
extrêmement important, qui constitue un lien très précieux
pour le ministre et le ministère, entre le public, d'une part, et le
ministère de l'autre. Je crois qu'il serait intéressant pour les
membres de la commission parlementaire de la Famille et du Bien-Etre social de
pouvoir apprécier, de pouvoir voir de près quels sont les
problèmes qui intéressent le Conseil supérieur de la
famille et quelle est leur motivation, quel est l'intérêt qu'ils
prennent aux problèmes familiaux et je crois que, pour ma part, sans
m'engager formellement maintenant, nous devrons retenir cette suggestion et
essayer de la faciliter dans la mesure du possible sans que cela ait l'air
d'une comparution à la base.
Plutôt, ce que le député veut, c'est que ce soit un
échange amical entre la commission, d'une part, et le Conseil
supérieur de la famille, afin de voir de quelle façon nous
considérons ou quelles sont nos opinions sur des problèmes
communs, des problèmes qui intéressent la commission et le
Conseil supérieur de la famille. Pour ma part, je retiens cette
suggestion; nous en ferons une étude plus approfondie durant
l'intervalle où il n'y aura pas de session, de façon à
pouvoir matérialiser ça durant la prochaine session
parlementaire, si possible.
Alors, M. le Président, au terme de ces réunions de la
commission parlementaire, au moment où nous retournons en Chambre, je
veux remercier les membres de la commission parlementaire, de toute la
collaboration qu'ils nous ont apportée, qu'ils m'ont donnée
particulièrement dans les échanges que nous avons eus ici, de la
façon positive dont ils ont abordé le problème du bill 26
et des règlements.
Je crois, si nous nous basons sur l'objectivité des discussions
qui ont eu lieu ici, que ce projet pourra, sans difficulté, se rendre
à terme, être adopté avant la fin de la session en cours.
C'est ce que nous souhaitons. Je remercie également nos officiers, qui
se sont prêtés d'aussi bonne grâce et qui nous ont
apporté leur collaboration au cours des études en commission.
M. GOLDBLOOM: Je joins les remerciements des membres de l'Opposition
à l'endroit des fonctionnaires qui ont contribué grandement
à l'intelligence du projet de loi.
M. HANLEY: Je veux aussi faire mes remerciements à vous, M. le
ministre, et à tous vos officiers pour tous les pauvres qui demeurent
dans le comté de Sainte-Anne. Je veux répéter une
deuxième fois que vos officiers de Montréal n'ont jamais dit non
pour trouver une solution à un problème, problème de
familles honnêtes. Jamais, pas encore un non, toujours de l'aide.
M. LE PRESIDENT: Merci. Je voudrais souligner, en terminant, qu'à
cette date la commission a reçu quelque vingt groupes ou organismes qui
se sont présentés, et en plus des discussions, des
mémoires qui ont été soumis par ces vingt groupes, deux
autres mémoires nous ont été transmis sans que les
intéressés ne puissent comparaître, mais nous avons retenu
la substance de ces mémoires.
Je veux remercier tous ceux qui ont participé aux
délibérations de cette commission. Le climat dans lequel elles se
sont déroulées a été positif. Ma tâche a
été très facile, et je vous en remercie.
La séance est levée.
(Fin de la séance: 13 h 3)
TABLE DES MATIERES
PREMIERE PARTIE
L'ETAT DE FAIT DES
PROGRAMMES ACTUELLEMENT EN VIGUEUR
Document 1 : Loi de l'assistance publique, prestations et revenus
permissibles.
Document 2 : Lois catégorisées, prestations et revenus
permissibles (assistance-vieillesse, invalidité et aveugles). Document 3
: Lois catégorisées, prestations et revenus permissibles
(mères nécessiteuses).
DEUXIEME PARTIE
NIVEAUX PROJETES DES PRESTATIONS DANS LE CADRE DU
PROJET DE LOI DE L'AIDE SOCIALE
Document 4 : Niveau projeté des prestations sociales au titre des
besoins ordinaires et total de la prestation permise, selon la taille de la
famille.
TROISIEME PARTIE
CONCORDANCE DES TAUX PROPOSES (PROJET DE LOI DE L'AIDE
SOCIALE
AVEC LES DONNEES DU MONTREAL DIET DISPENSARY, CELLES
DE
QUATRE AUTRES PROVINCES DU CANADA ET UN
CERTAIN
NOMBRE D'ETATS AMERICAINS
Document 5 : Comparaison entre les prestations d'aide sociale (projet de
Loi d'Aide Sociale) et les normes définies par le Montreal Diet
Dispensary, selon la taille de la famille. Document 6 : Comparaison entre les
niveaux de prestation totale permis au Québec (projet de
Loi d'Aide Sociale) et dans quatre provinces canadiennes, selon la
taille de la famille. Document 7 : Comparaison entre les niveaux de prestation
totale permis au Québec (projet de
Loi d'Aide Sociale) et les normes d'assistance sociale dans
différents Etats
Américains; famille de quatre bénéficiaires.
Document 8 : Tableau comparatif illustrant divers cas types avant et
après le projet d'aide sociale.
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ANNEXE Référer à la version PDF page 3879
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ANNEXE Référer à la version PDF page 3883
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INTRODUCTION
La Corporation des Conseillers sociaux du Québec est heureuse de
soumettre à la Commission Parlementaire ses principales observations et
recommandations inspirées par la lecture du bill 26 "Loi de l'Aide
sociale", du projet de règlements se rapportant à ce bill et des
recommandations contenues dans le rapport Boucher (juin 1963).
De façon générale la Corporation des Conseillers
sociaux du Québec se réjouit de l'initiative du Ministre de la
Famille et du Bien-Etre social de présenter à l'Assemblée
nationale une nouvelle loi dont l'adoption et la mise en application viendrait
certes améliorer sensiblement le sort jusqu'à maintenant
réservé aux assistés sociaux de tous genres. Le
regroupement en une seule loi de toutes les mesures d'aide sociale existantes
et la disparition des taux fixes représentent à eux seuls un
souci de rajeunissement face auquel il convient d'appuyer de toutes nos forces
les promoteurs du projet.
En tenant compte que l'étude actuelle de la Commission
représente une phase très avancée dans le processus de
l'avènement de la nouvelle loi, les lignes qui suivent contiennent de
simples commentaires sur un ou des articles du bill et/ou du projet de
règlements et quelques suggestions concrètes visant à
corriger certaines faiblesses et rendre encore plus valables les changements
souhaités par le nouveau bill. Chapitre I
LE RESPECT DE LA LIBERTE DE L'ASSISTE-SOCIAL
La C.C.S.Q. reconnaît que les formules voulant inciter
l'assisté social à prendre lui-même une part active pour
améliorer sa condition tout en bénéficiant d'une aide
monétaire de l'Etat (articles 12 du bill et 5.06 du projet de
règlements) sont très louables et positives en ce sens qu'il
s'agit d'un effort de mieux contrôler l'installation trop
fréquente d'une dépendance vis-à-vis l'aide de l'Etat (la
société) en offrant des mesures susceptibles d'améliorer
le fonctionnement social d'un individu ou d'une famille.
Cependant, nous nous souscrivons à l'inquiétude,
déjà manifestée par d'autres groupes, que soient
laissées à l'arbitraire des décisions qui ne tiendraient
pas toujours compte de toute la dynamique psycho-sociale.
Or, il nous semble normal pour la société de refuser la
consécration de toute dépendance à son endroit sous la
réserve et dans la mesure où elle dispose de moyens acceptables
(de réhabilitation) pour aider les individus, enclins à
s'installer dans la dépendance, à corriger leur attitude.
RECOMMANDATION 1
Le cas de tout assisté social sujet à un refus ou à
une cessation de l'aide accordée, selon les dispositions des articles 12
du bill et 5.06 du projet de règlements, devrait faire l'objet d'un
examen minutieux par des personnes qualifiées et compétentes pour
déterminer ou suggérer les mesures à prendre tant au sujet
de la réhabilitation qu'au niveau de la décision relative
à l'aide monétaire. Chapitre II
LES CRITERES D'EVALUATION DES BESOINS
Bien que l'ensemble du projet de loi nous semble un pas en avant,
l'établissement de normes uniformes correspondant aux besoins en
nourriture, en vêtements et en besoin domestique (article 3.01 du projet
de règlements) est un retour à l'usage du taux fixe
déjà condamné dans tous les milieux et a pour effet de
biaiser sensiblement l'objectif voulant que l'aide sociale soit
individualisée.
L'utilisation généralisée de normes fixes comme
critères d'évaluation de besoins aussi personnels que ceux
énumérés provoque l'arbitraire parce qu'elle ignore les
diversités existantes dans les habiletés des personnes
aidées. Comment peut-on comparer les besoins d'une famille dont la
mère a développé des talents de bonne
ménagère (cuisine-entretien des vêtements, etc...) avec une
autre dont les parents sont des déficients exerçant peu de
contrôle sur leurs enfants?
Il faut bien ajouter ceci, parce que l'expérience l'a toujours
démontré, que des tableaux de normes d'évaluation ont
habituellement le défaut de ne pas correspondre à la
réalité comme c'est encore le cas pour ceux présentement
en utilisation dans certains services du ministère de la Famille et du
Bien-Etre social.
RECOMMANDATION 2
Que des critères d'évaluation des besoins soient
élaborés par des spécialistes en économie
familiale, qu'ils fassent l'objet de réajustements systématiques
selon l'indice d'augmentation du coût de la vie, indépendamment de
la politique monétaire du gouvernement, et qu'ils jouent un rôle
d'instrument de travail (de guide) à la disposition des agents de
sécurité sociale. Chapitre III
L'AIDE SOCIALE A LONG TERME
Dans leur désir d'unifier les principales mesures de
sécurité sociale et leurs modes d'application, les promoteurs du
projet de règlements se rapportant au bill 26 ne font aucune distinction
entre l'aide sociale à long terme et celle à court terme alors
qu'habituellement elles s'adressent à des assistés sociaux vivant
dans des situations bien différentes.
C'est pourquoi, sans souhaiter le maintien des catégories
d'assistances que fera disparaître la nouvelle loi et à l'instar
du rapport Boucher (recommandation no 43), la C.C.S.Q. croit essentiel de tenir
compte que la satisfaction des besoins ne peut être envisagée de
la même façon selon que l'aide sera nécessaire pour une
longue ou une courte période.
Par exemple, dans le cas des familles devant bénéficier de
l'aide sociale pour une longue période, il est bien difficile de faire
appel à une capacité de planifier l'administration d'un budget
sur un plan annuel et, croire que les besoins mensuels sont les mêmes
d'un mois à l'autre serait ignorer ou méconnaître gravement
la vie familiale elle-même.
Pour qu'une aide sociale soit vraiment individualisée, elle doit
s'ajuster aux besoins changeants des individus et des familles secourues et le
principe du versement mensuel d'un montant déterminé selon une
évaluation du douzième des besoins annuels ne saurait se
justifier.
RECOMMANDATION 3
Pour satisfaire adéquatement les besoins essentiels des familles
assistées pour de longues périodes, il serait
préférable de déterminer les montants de l'aide mensuelle
d'après l'évaluation des besoins courants et fixes auxquels
viendrait s'ajouter une aide additionnelle et automatique basée sur
l'évaluation et/ou la prévision: a) de besoins saisonniers:
(hiver: coût plus élevé des vêtements, chauffage,
etc..) b) de besoins occasionnels: (la rentrée scolaire, la
mortalité, la période des fêtes, etc..)
Chapitre IV
L'AIDE SOCIALE A COURT TERME
Lorsque l'aide sociale joue un rôle relativement temporaire, la
C.C.S.Q. est d'avis que la dimension des besoins à satisfaire peut se
présenter avec une vision différente. Ainsi, il est normal par
exemple de considérer que les achats de vêtements se limitent au
minimum durant une courte période de chômage, que les taxes
doivent se payer à l'aide du revenu personnel avant ou après la
période du chômage ou encore que des remboursements sur meubles
soient retardés ou que le montant de la remise soit diminué
durant la période d'aide.
Si au moment de la formulation de la demande, le pronostic n'est pas
toujours facile à établir quant à la durée de
l'aide, il nous semble qu'un simple mécanisme de revision des cas
saurait ajuster l'aide de façon appropriée selon
l'évolution des cas.
RECOMMANDATION 4
Dans tous les cas où l'aide sociale est accordée pour une
courte période, il conviendrait de déterminer le montant mensuel
de l'aide selon l'évaluation des besoins essentiels à couvrir
durant la courte période d'aide. Si l'aide accordée doit par la
suite se prolonger, il serait alors normal de la réajuster en
considérant certains besoins non satisfaits depuis le début de
l'aide.
Chapitre V
L'ASSISTE SOCIAL "TRAVAILLEUR SAISONNIER "
Dans son même élan d'adhésion au concept voulant que
l'intervention de l'Etat en matière d'aide sociale soit dans toutes les
circonstances à la fois limitée et proportionnelle aux besoins
réels des familles et des personnes seules se trouvant dans une
situation d'indigence, la C.C.S.Q. condamne fortement les dispositions des
articles 7 du bill et 2.02 du projet de règlements pour ce qui est du
travailleur saisonnier.
La C.C.S.Q. considère le travailleur saisonnier comme
déjà défavorisé par la non-permanence d'un emploi
rémunérateur puisque ses gains hebdomadaires ou mensuels sont
habituellement comparables avec ceux d'un travailleur régulier.
Toute aide sociale accordée selon le principe du déficit
annuel entre les revenus et les besoins essentiels viendrait à nouveau
pénaliser le travailleur saisonnier pour un état de chose souvent
hors de son contrôle, ne saurait correspondre aux situations
réelles présentées et irait à l'encontre de
l'esprit général de la loi (articles 3, 5 et 6).
RECOMMANDATION 5
Tout assisté social ayant un emploi saisonnier devrait
bénéficier d'une aide basée sur l'évaluation de ses
besoins réels au moment de la formulation de sa demande. Chapitre
VI
L'ASSISTE SOCIAL "PROPRIETAIRE ET LOCATAIRE
La fixation d'un plafond comme le décrit les articles 3.02 et
3.03 du projet de règlements pour l'évaluation du coût
mensuel des frais afférents à l'habitation est inadmissible si
l'on reconnaît que l'assisté social doit effectivement
débourser ce qui lui en coûte réellement pour se loger. Le
projet de règlements viendrait affaiblir un principe du bill jugé
des plus heureux, voulant que l'aide sociale soit accordée sur la base
du déficit entre les besoins et les revenus (article 3 du bill). La
C.C.S.Q. croit que l'habitation d'une famille est intimement liée
à son adaptation et à son fonctionnement social. En aucun temps
le recours à l'aide de l'Etat ne devrait contraindre une famille
à un déplacement entraînant parfois des conséquences
sérieuses pour elle.
RECOMMANDATION 6
Nonobstant l'esprit des recommandations 3 et 4, et pour éviter
tout préjudice grave dont aurait à souffrir une famille
assistée, l'aide sociale accordée devrait être conforme
à l'évaluation du coût réel des frais
inhérents à l'habitation dans le cas du locataire comme du
propriétaire. Chapitre VII
L'ASSISTE SOCIAL "HOSPITALISE"
L'article 3.05 du projet de règlements prévoit la fixation
d'un taux uniforme pour l'aide sociale accordée à un patient
d'hôpital, ce qui ne peut encore ici refléter l'esprit du
bill.
Une aide sociale "individualisée" ne saurait ignorer la
disparité des besoins chez les patients d'hôpitaux selon qu'ils
sont ou non des fumeurs, selon qu'ils sont alités ou capables de
s'adonner à diverses activités comme c'est le cas de plusieurs
patients de sanatorium, etc..
RECOMMANDATION 7
Le taux de l'aide sociale versée à des personnes
hospitalisées devrait s'établir sur la même base que toutes
les autres formes d'aide, soit le calcul du déficit entre
l'évaluation des besoins et des revenus. Chapitre VIII
L'ASSISTE SOCIAL "EN FOYER D'HEBERGEMENT"
Bien que tout pensionnaire d'un foyer d'hébergement
reçoive une allocation mensuelle à même le "per diem"
versé à l'institution, souvent cette seule allocation est
insuffisante lorsqu'il s'agit de faire face à des besoins
spéciaux comme l'habillement convenable au moment du placement, les
lunettes, prothèses, etc...
Le projet de règlements n'apporte aucun correctif à la
situation qui prévaut actuellement pour cette catégorie
d'assistés sociaux encore soumis à l'arbitraire du taux fixe.
RECOMMANDATION 8
Les règlements de la nouvelle loi doivent prévoir
l'admissibilité des pensionnaires de foyers d'hébergement
à différentes formes d'aide sociale qui viseraient
particulièrement à satisfaire certains besoins spéciaux.
Chapitre IX
LE NOUVEL ASSISTE SOCIAL
La manière d'administrer l'aide sociale comme le définit
l'article 5.07 du projet de règlements ignore les situations
concrètes souvent présentées par le nouvel assisté
social au moment de la formulation de sa demande. Celui-ci fait habituellement
face à des besoins immédiats qui ne peuvent attendre
l'émission normale du premier chèque.
L'impossibilité d'accorder une aide effective à une autre
date que le premier du mois et de verser cette aide par anticipation pour
couvrir certains besoins essentiels dans l'attente du premier chèque
régulier provoque des difficultés nombreuses et inadmissibles.
Peut-on demander à une famille indigente de vivre d'abord durant le mois
et ensuite lui verser l'aide pour laquelle elle est éligible et qui
l'aurait aidée à traverser ce même mois?
A chaque fois que la situation d'une famille le justifie, si l'on
changeait le principe du versement de l'aide après que la période
d'éligibilité est écoulée pour celui d'un versement
immédiat, dans la plupart des cas, la date de cessation de l'aide
pourrait en conséquence être devancée sans préjudice
au bénéficiaire. Souvent des assistés sociaux retournant
sur le marché du travail reçoivent un dernier versement
d'assistance sociale en même temps ou après l'arrivée d'un
premier chèque de paye.
RECOMMANDATION 9
Conformément à son rôle humanitaire, l'aide sociale
doit être accordée pour des tranches de périodes autres que
celles uniquement mensuelles et versées par anticipation dans tous les
cas où la situation présentée le justifie. Chapitre
X
LES QUALIFICATIONS ET LA COMPETENCE DES
PERSONNELS
La C.C.S.Q. s'interroge relativement à la formation des
personnels actuellement affectés à l'administration des services
d'assistance sociale, sans toutefois sous-estimer ni leur potentiel ni la
valeur de leur expérience.
Par contre, la C.C.S.Q. est consciente que le problème de la
formation du personnel compétent se pose avec encore plus de pertinence
devant l'hypothèse d'une restructuration des bureaux et des services du
Ministère de la Famille et du Bien-Etre social visant non seulement une
distribution adéquate des montants d'aide sociale, dans un climat
favorisant le bon fonctionnement social, mais aussi des interventions
appropriées pour activer le retour à la vie normale.
La C.C.S.Q. considère que certains cours parmi ceux
publiés dans la programmation des CEGEP "Option Assistance sociale"
offrent l'opportunité aux agents de sécurité sociale
d'acquérir des connaissances de base de nature à les aider dans
l'exercice immédiat de leur fonction.
Le Québec assiste aujourd'hui au phénomène de
retour à l'école de l'adulte pour qui, l'accumulation d'un
certain nombre de crédits dans un cours reconnu, représente un
stimulant pour améliorer sa formation professionnelle.
C'est pourquoi nous rejetons en principe tout "projet-maison" de
programmes de formation autres que ceux reconnus officiellement par le
Ministère de l'Education.
La C.C.S.Q. est d'avis qu'avec la collaboration de leur employeur, les
employés du Ministère de la Famille et du Bien-Etre social
devraient pouvoir s'inscrire à des cours organisés sous forme de
sessions intensives par les Services de l'Education permanente des CEGEP. En
procédant par étape, les qualifications des personnels des
bureaux d'aide sociale évolueraient non seulement au niveau de certaines
connaissances pratiques, mais aussi à celui d'une formation
générale plus appropriée aux exigences de demain.
RECOMMANDATION 10
Le Ministère de la Famille et du Bien-Etre social de concert avec
les Services de l'Education Permanente des CEGEP devrait faciliter aux agents
de sécurité sociale l'accès à des cours sous forme
de sessions-blocs et selon un choix judicieux des matières prioritaires
et, cette initiative devrait s'inscrire à l'intérieur d'une
politique de formation des personnels en cours d'emploi.
VOEUX
Heureuse du souci manifesté par le Gouvernement du Québec
d'améliorer la qualité de ses services auprès des
personnes seules et des familles les plus défavorisées et,
sensibilisée aux problèmes de ces dernières, la
Corporation des Conseillers sociaux du Québec formule le souhait de voir
ses membres adhérer en plus grand nombre à des fonctions et
à des tâches reliées à l'aide sociale.
RECOMMANDATIONS:
Première
Le cas de tout assisté social sujet à un refus ou à
une cessation de l'aide accordée, selon les dispositions des articles 12
du bill et 5.06 du projet de règlements, devrait faire l'objet d'un
examen minutieux par des personnes qualifiées et compétentes pour
déterminer ou suggérer les mesures à prendre tant au sujet
de la réhabilitation qu'au niveau de la décision relative
à l'aide monétaire Deuxième
Que des critères d'évaluation des besoins soient
élaborés par des spécialistes en économie
familiale, qu'ils fassent l'objet de réajustements systématiques
selon l'indice d'augmentation du coût de la vie, indépendamment de
la politique monétaire du gouvernement, et qu'ils jouent un rôle
d'instrument de travail (guide) à la disposition des agents de
sécurité sociale. Troisième
Pour satisfaire adéquatement les besoins essentiels des familles
assistées pour de longues périodes, il serait
préférable de déterminer les montants de l'aide mensuelle
d'après l'évaluation des besoins courants et fixes auxquels
viendrait s'ajouter une aide additionnelle et automatique basée sur
l'évaluation et/ou la prévision: a) de besoins saisonniers: (en
hiver, coût plus élevé des vêtements, du chauffage,
etc..) b) de besoins occasionnels: (la rentrée scolaire, la
mortalité, la période des fêtes, etc..)
Quatrième
Dans tous les cas où l'aide sociale est accordée pour une
courte période, il conviendrait de déterminer le montant mensuel
de l'aide selon l'évaluation des besoins essentiels à couvrir
durant la courte période d'aide. Si l'aide accordée doit par la
suite se prolonger, il serait alors normal de la réajuster en
considérant certains besoins non satisfaits depuis le début de
l'aide. Cinquième
Tout assisté social ayant un emploi saisonnier devrait
bénéficier d'une aide basée sur l'évaluation de ses
besoins réels au moment de la formulation de sa demande.
Sixième
Nonobstant l'esprit des recommandations 3 et 4, et pour éviter
tout préjudice grave dont aurait à souffrir une famille
assistée, l'aide sociale accordée devrait être conforme
à l'évaluation du coût réel des frais
inhérents à l'habitation dans le cas du locataire comme du
propriétaire.
Septième
Le taux de l'aide sociale versée à des personnes
hospitalisées devrait s'établir sur la même base que toutes
les autres formes d'aide, soit le calcul du déficit entre
l'évaluation des besoins et des revenus.
Huitième
Les règlements de la nouvelle loi doivent prévoir
l'admissibilité des pensionnaires de foyers d'hébergement
à différentes formes d'aide sociale qui viseraient
particulièrement à satisfaire certains besoins spéciaux.
Neuvième
Conformément à son rôle humanitaire, l'aide sociale
doit être accordée pour des tranches de périodes autres que
celles uniquement mensuelles et versée par anticipation dans tous les
cas où la situation présentée le justifie.
Dixième
Le Ministère de la Famille et du Bien-Etre Social de concert avec
les Services de l'Education Permanente des CEGEP devrait faciliter aux agents
de sécurité sociale l'accès à des cours sous forme
de sessions-blocs selon un choix judicieux des matières prioritaires, et
cette initiative devrait s'incrire à l'intérieur d'une politique
de formation des personnels en cours d'emploi.
VOEUX
Heureuse du souci manifesté par le Gouvernement du Québec
d'améliorer la qualité de ses services auprès des
personnes seules et des familles les plus défavorisées et,
sensibilisée aux problèmes de ces dernières, la
Corporation des Conseillers sociaux du Québec formule le souhait de voir
ses membres adhérer en plus grand nombre à des fonctions et
à des tâches reliées à l'aide sociale.