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Commission de la famille et du bien-être
social
Crédits du ministère
Séance du mardi 10 juin 1969
(Quinze heures cinquante deux minutes)
M. PLAMONDON (président de la commission de la famille et du
bien-être social): A l'ordre, messieurs! Il me fait plaisir de vous
souhaiter la bienvenue à l'étude des crédits du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Je suis assuré
que le tout va procéder dans les meilleures formes. Je vous assure de ma
meilleure collaboration et, en retour, j'anticipe celle de chacun des membres
de la commission. Je cède la parole à l'honorable ministre qui va
nous présenter les fonctionnaires qui l'accompagnent.
M. CLOUTIER: M. le Président, je veux d'abord vous assurer de
notre entière collaboration au cours de l'étude de ces
prévisions budgétaires. Je voudrais vous présenter
à vous, M. le Président, et à mes collègues de
l'Assemblée nationale les fonctionnaires qui m'accompagnent aujourd'hui.
Ils sont nombreux, parce que je crois que c'est une occasion magnifique pour
eux de faire une revue, d'assister à cette revue complète du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social. J'ai d'abord mon
collaborateur immédiat, le ministre d'Etat, M. Mathieu; il y a mon
sous-ministre en titre, M. Marier; M. Claude Allard, secrétaire de
presse; M. Beausoleil, directeur de la programmation; M. Jarrosson, de la
planification et de la recherche; M. Chapdelaine, de la planification et de la
recherche; M. Escojido, le secrétaire général du
ministère; M. Périard, de la direction générale de
l'aide sociale; M. Denis Fortin, de la direction générale de
l'aide sociale; M. Pierre-Paul Archambault, directeur général
adjoint de la direction des personnes âgées; M. Roland Biais, de
la direction générale de l'enfance et de la jeunesse; M. Ramsay,
directeur adjoint des personnes âgées et autres adultes; M.
Dubois, comptable au ministère; Me Camille Blier, sous-ministre adjoint
en charge des finances; M. André Roy, contrôleur des paiements; M.
Laliberté, du service financier; évidemment, non le moindre, M.
Edgar Guay, qui est le sous-ministre adjoint au ministère de la
Famille.
Alors, messieurs de l'Opposition, nous vous assurons de notre
collaboration et nous sommes assurvis de la vôtre. Nous sommes
réceptifs à vos questions.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le Ministre. Avant de procéder
à l'étude article par article, le député de
D'Arcy-McGee avait manifesté l'intention et le désir de prendre
la parole. Alors, docteur Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais d'abord, pour ma part,
saluer messieurs les fonctionnaires et les remercier d'avance de leur
collaboration. Nous comprenons que leur rôle ici est extrêmement
difficile, celui d'être attaqué sans avoir le droit de
réplique. Evidemment, l'Opposition, comme dit notre chef, est grassement
payée pour contester. C'est le travail du ministère que nous
contestons. Nous ne passerons pas beaucoup de temps à vous
féliciter, messieurs, nous passerons surtout notre temps à dire
ce que nous trouvons, je ne dirai pas de mauvais, mais ce qui laisse à
désirer.
Et, évidemment, le domaine dont vous vous occupez est un domaine
fort complexe, un domaine très humain où les besoins
dépassent de beaucoup nos moyens d'y pallier. Donc, si nous sommes
obligés, par notre fonction,de critiquer, vous saurez MM. les
fonctionnaires que ce n'est pas sur le plan personnel que nous le faisons, mais
bien dans l'intérêt de la collectivité et surtout des
personnes défavorisées qui dépendent de votre largesse, de
votre intérêt, de votre compétence professionnelle.
Vous vous rappellerez peut-être, M. le Président, que l'an
dernier, au début de notre débat sur les crédits de ce
ministère, nous avons demandé combien, parmi les fonctionnaires,
détiennent le titre, le diplôme, les qualités de
travailleur social professionnel. Le ministre, à ce moment-là,
nous a répondu qu'il y en a dans les cadres supérieurs, mais
justement aux autres niveaux du fonctionnarisme il n'y en a pas beaucoup qui
sont détenteurs de ces qualités pourtant très
importantes.
Justement, M. le Président, je dois dire que le problème
fondamental de l'administration du bien-être aujourd'hui est celui-ci: ce
n'est pas un service professionnel. Il y a des professionnels qui s'en occupent
mais surtout au niveau de la direction. Au niveau du contact avec le client,
avec l'assisté social, appelez-le comme vous voudrez, ce n'est
généralement pas un professionnel qui a ce contact et qui
s'occupe des besoins humains et sociaux de la personne.
Si l'on fait une certaine comparaison avec l'autre ministère que
dirige notre ami le député de Montmagny, les soins de
santé sont prodigués par des médecins, par d'autres
professionnels de la santé; donc, le contact direct entre celui qui
reçoit et celui qui prodigue les soins est un contact professionnel, et
chacun qui est
appelé à fournir ces soins jouit d'une formation qui le
rend apte, non seulement à les prodiguer, mais à exercer un
jugement professionnel et humain.
Mais, dans le cas de ce ministère dont nous discutons
aujourd'hui, ceux qui sont en contact direct, qui prodiguent les soins,
que ce soient des soins pécuniaires ou des soins économiques, ce
sont quand même des soins, ce sont des soins qui sont exigés par
la condition humaine de la personne en question ces personnes n'ont
généralement pas la formation professionnelle qui nous permet de
nous fier à elles, de la même façon que nous nous fierions
à des médecins ou à d'autres professionnels de la
santé.
On constate que, dans la majorité des cas, le
préposé aux services sociaux conçoit son rôle comme
étant celui de vérifier si les dépenses publiques en
prestations sont vraiment justifiées selon les lois et
règlements, plutôt que d'être celui d'évaluer les
besoins humains et sociaux du client. Je comprends qu'en principe il doive
évaluer ces besoins, mais il les évalue d'une façon que
j'appellerais « mathématique » puisque, dans la
majorité des cas, il n'a pas la formation professionnelle pour les
évaluer autrement.
J'attire votre attention, M. le Président, sur une petite
série de feuilles que j'ai devant moi, qui émanent de la
Commission de la Fonction publique du Québec. J'ai obtenu un certain
nombre d'annonces de concours ou d'offres de postes dans le domaine du
Bien-Etre social. J'ai, pour commencer, devant moi, l'offre d'un poste de
surveillant d'institution au ministère de la Famille et du Bien-Etre
social et au ministère de l'Education. Les attributions de ce poste sont
les suivantes: assurer l'ordre, la discipline et la sécurité dans
les centres d'accueil et les écoles du gouvernement, servir
occasionnellement d'escorte aux individus qui doivent quitter ces
institutions.
Un autre concours. Auxiliaire en réadaptation sociale: organiser,
diriger et surveiller les activités diverses qui s'adressent aux
personnes sous les soins temporaires de l'Etat,
Auxiliaire en réadaptation sociale. Attributions: organiser,
diriger et surveiller les activités diverses qui s'adressent aux
personnes sous les soins temporaires de l'Etat.
Un quatrième exemple. Auxiliaire en réadaptation sociale
(agent de probation ). Attributions: agir en tant qu'agent de probation
auprès des personnes qui éprouvent des difficultés
d'adaptation au milieu social et familial et qui, après avoir
été traduites devant le tribunal, sont mises ou susceptibles
d'être mises en li- berté surveillée; pourvoir à la
réadaptation sociale de ces personnes, principalement en conseillant le
tribunal sur les décisions à prendre et en appliquant les
recommandations du juge; procéder à des enquêtes sur la
situation familiale et sociale des personnes; assurer la surveillance des
mésadaptés qui demeurent dans leur foyer ou qui sont
placés dans des foyers nourriciers; maintenir des contacts avec les
assistés placés en institution, leur famille et la cour.
Dernier exemple. Agent de la sécurité sociale, dont les
attributions sont les suivantes: diriger des entrevues et des enquêtes
visant à établir le droit des requérants ou des
bénéficiaires aux prestations de l'Etat en matière de
sécurité sociale; rechercher la nature des difficultés des
requérants et trouver les solutions possibles.
Je cite ces exemples, M. le Président, avec les attributions dans
chaque cas, pour dire ensuite que les traitements qui sont offerts varient
entre $3,788 et $6,787 par année. Je fais la comparaison...
M. CLOUTIER: Je m'excuse, est-ce que le député voudrait
répéter le dernier chiffre? J'ai été noyé
pendant qu'il le donnait. Les chiffres des salaires.
M. GOLDBLOOM: Oui. De $3,788 à un maximum, dans les deux derniers
cas, de $6,787 par année. Je fais la comparaison avec un poste offert au
ministère de l'Education. Directeur du service aux étudiants,
traitement offert de $12,000 à $15,500. Les attributions: diriger et
coordonner les activités relatives aux services dispensés aux
étudiants, notamment dans les domaines du placement, de l'orientation,
de la santé, du logement, du culte et de la pastorale et autres domaines
parascolaires et représenter la direction auprès de tous les
organismes intéressés par ces services.
Un autre poste au ministère de l'Education; le même montant
est offert comme traitement. Attribution: sous l'autorité du directeur,
le titulaire à ce poste sera chargé de la coordination des
activités du service; il devra participer à la définition
des objectifs, à la préparation des prévisions
budgétaires et collaborer avec le service de l'informatique à
l'élaboration des systèmes de traitements requis pour les
opérations des services: bourses, prêts, recouvrements et dossiers
individuels.
Vous me direz que ces attributions exigent une formation
supérieure à certaines des attributions que j'ai citées
tout à l'heure dans le domaine du bien-être social.
Je soumets respectueusement que, si l'on parle d'un fonctionnaire qui
doit: « Pourvoir à la réadaptation sociale de ces
personnes, principalement en conseillant le tribunal sur les décisions
à prendre et en appliquant les recommandations du juge et
procéder à des enquêtes sur la situation familiale et
sociale des personnes »; donc la formation requise devrait être au
moins aussi haute, aussi poussée, aussi fine que celle requise de celui
qui aura des relations assez lointaines, en l'occu-rence, avec des
étudiants, parce que lui, il s'occupera surtout des chiffres. Celui qui
est directeur adjoint de l'aide aux étudiants si je suis bien
renseigné, je ne voudrais pas mal interpréter son rôle
mais d'après l'interprétation que j'en fais, je crois bien
qu'il n'a pas souvent l'occasion de rencontrer directement l'étudiant et
de se pencher sur son problème personnel. Ces relations
s'établissent à d'autres niveaux.
Mais voici des fonctionnaires du ministère de la Famille, qui, au
lieu de s'occuper de chiffres, sont obligés, par les attributions que
j'ai citées, de s'occuper de personnes, d'êtres humains
défavorisés, mal adaptés et de pourvoir à leurs
besoins. Je crois que la comparaison en est une qui n'est pas favorable
à ce ministère.
Je crois que, si l'on était en mesure d'offrir des traitements
semblables à ceux que j'ai cités, de $12,000 à $15,500,
pour des personnes qui seraient chargées de cette délicate
tâche de la réadaptation et de la protection, si vous voulez, de
l'assisté social, nous aurions éventuellement non pas du
jour au lendemain des personnes hautement compétentes qui seraient
en mesure de mieux servir la population et de mieux administrer les affaires du
ministère.
M. CLOUTIER: Je ne sais pas si le député voudra, à
d'autres moments, parler du personnel ou du niveau des qualifications du
personnel du ministère de la Famille et du Bien-Etre social, mais, de
toute façon, je crois bien qu'à ce moment-ci il serait opportun
que je fasse brièvement des commentaires sur la qualité de tout
le personnel du ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
Je dirai d'abord au député de d'Arcy-McGee que notre
ministère, de concert avec la Fonction publique, a fait un effort
considérable pour recruter de plus en plus du personnel qualifié
au ministère et aussi pour élaborer un plan de formation du
personnel déjà au sein du ministère depuis plusieurs
années.
Je voudrais d'abord référer le député de
d'Arcy-McGee au rapport annuel de l'année 1967 de la Commission de la
Fonction publique, à la page 63, où on a une analyse du personnel
de la Fonction publique du Québec sur les effectif de 67/68. On y
retrouve, sous la rubrique Famille et Bien-Etre social, la nomenclature
suivante: deux sous-chefs, quatre membres de commission, 17 cadres
supérieurs, 18 adjoints aux cadres supérieurs, 82 professionnels,
1787 fonctionnaires, 101 ouvriers. Un total de 2,011 fonctionnaires.
Je n'ai pas de rapport antérieur de la Commission de la Fonction
publique, mais j'ai déjà donné antérieurement, lors
de l'étude des prévisions budgétaires des deux
premières années où j'étais en fonction au
ministère de la Famille et du Bien-Etre social, les statistiques
suivantes. A mon arrivée au ministère, la dernière analyse
qui avait été faite du personnel en place au ministère
nous donnait un pourcentage de 1.7% de notre personnel qui retirait un salaire
supérieur à $9,000.
Cette année, au 31 mars 1969, je suis en mesure de donner les
chiffres suivants: En pourcentage, 3.8% environ. En chiffres absolus, il y
aurait, au ministère de la Famille et du Bien-Etre social, 57
fonctionnaires qui gagnent de $9,000 à $12,000. Il y en aurait 20 qui
gagnent de $12,000 à $15,000. Il y en aurait 41 qui gagnent $15,000 et
plus. Ceci fait un total de 118 fonctionnaires. Je fais ici le total pour
l'année se terminant le 31 mars 1969.
Il y a deux ans vous pouvez retrouver cela dans le journal des
Débats, j'ignore la page il y avait, au 31 mars 1967,41
fonctionnaires qui gagnaient de $9,000 à $12,000. Il y en avait 14 qui
gagnaient de $12,000 à $15,000. 12 fonctionnaires gagnaient $15,000 et
plus, pour un total de 67 à comparer avec 118.
Donc, au niveau des cadres supérieurs et adjoints aux cadres
supérieurs, entre ce palier inférieur de $9,000 jusqu'au maximum,
il y a eu une nette amélioration entre ces deux années. En ce qui
concerne le personnel qui sera assigné particulièrement à
nos bureaux locaux et régionaux, il y a aussi un effort très
considérable consenti par le ministère de la Famille et du
Bien-Etre social et le futur ministère de la Fonction publique, afin de
recruter un personnel de plus en plus qualifié.
La distribution. On sait qu'actuellement nos lois d'assistance publique
sont aussi administrées par des agences sociales. Et là
également, dans les agences sociales, il y a un personnel
qualifié qui conjugue ses efforts avec ceux du ministère pour
donner des services à la population dans le domaine social. J'ai ici une
distribution du personnel des agences pour l'année 69/70; sur un total
de 47 agences, il y avait, par profession, 468 travailleurs sociaux
professionnels à temps complet; 82 à temps partiel. Des
conseillers sociaux et techniciens en bien-être à temps complet,
532; à temps partiel, 26. Des aides sociaux, il y en avait 441 à
temps complet et 15 à temps partiel. Les auxiliaires familiales, 185
à temps complet et 11 à temps partiel. Infirmières, 23
à temps complet; et les autres, 759 à temps complet et 179
à temps partiel. Pour un total de 2,408 personnes à temps complet
et 313 à temps partiel.
Donc, on voit que, dans les agences sociales, avec ces 468 travailleurs
sociaux professionnels à temps complet, il y a là certainement un
personnel très qualifié pour travailler en étroite
collaboration avec le ministère de la Famille et du Bien-Etre social,
dans le vaste champ social.
En ce qui concerne nos bureaux j'ai dit un mot tout à
l'heure du recrutement fait par la Commission de la Fonction publique
poursuivant notre objectif de décentralisation, de
réorganisation, de distribution des services dans le territoire, nous
avons lancé des concours de recrutement de personnel qualifié,
à partir des CEGEP. Cette année, notre objectif était
d'une centaine d'étudiants des CEGEP et il sera peut-être
difficile de recruter autant d'étudiants de la promotion 1968-1969.
Il y aura aussi le recrutement des aides sociaux qui sont
diplômés des CEGEP, et cette formation que nous allons donner
aussi à notre personnel qui part du ministère, parce qu'on sait
qu'il y avait centralisation des services et nous avons du personnel de
revision qui travaillait chez nous au ministère depuis de nombreuses
années. Ce personnel a subi les épreuves de la Fonction publique
et ils ont été classés et jugés aptes à
être dirigés vers nos bureaux régionaux et nos bureaux
locaux dans le cadre de la nouvelle loi d'aide sociale.
Egalement, nous avons recruté des coordon-nateurs
régionaux qui, pour la plupart, sont des gens spécialisés,
des travailleurs sociaux. Alors, je crois que, par ce tour d'horizon rapide, je
suis en mesure d'affirmer que nous sommes et nous serons davantage dans les
mois qui viendront, avec tout cet effort que nous avons entrepris, toutes ces
politiques de formation pour notre personnel et aussi nos fonctionnaires que
nous envoyons étudier à l'école de Rennes, fonctionnaires
du ministère de la Santé et du ministère de la Famille et
du Bien-Etre social. Il y a eu une première promotion de douze
élèves, il y en a une autre de vingt élèves qui
sont actuellement aux études et qui reviendront au ministère soit
pour travailler dans différents secteurs de l'administration du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
Alors, après tous ces efforts conjugués de mise en place
de nouvelles formules, de formation de notre personnel, de recrutement de
personnel qualifié, je crois que nous serons, à brève
échéance, un ministère qui aura su faire le plus grand
effort de réorganisation et de qualification de son personnel.
M. GOLDBLOOM: Je suis bien heureux d'apprendre qu'il y a du
progrès qui se fait. Le ministre a parlé, il y a quelques
instants, d'une conjugaison d'efforts entre le ministère et les agences
de bien-être social. J'ai souvent eu l'occasion d'appeler les
fonctionnaires du ministère et de poser des questions au sujet d'un
assisté social; je regrette de lui dire qu'il ne m'est jamais
arrivé de recevoir la réponse: Ah oui! M. le travailleur social
un tel, de l'agence une telle, s'occupe de ce cas-là.
Avant l'entrée du ministère dans ce domaine, au
degré que nous connaissons aujourd'hui il y avait il y a
probablement toujours un fichier central entre les agences de
bien-être social et, si l'on appelait une agence au sujet d'une personne
en particulier, on recevait très rapidement la réponse: Ah, oui!
Cette personne est sous les soins de telle agence et tel monsieur ou
mademoiselle ou madame est le travailleur social concerné.
Ces liaisons ne semblent pas exister au niveau de ceux qui
répondent au téléphone au ministère. C'est
regrettable, je crois, parce que le ministère seul n'est pas en mesure
de suffire à la tâche, d'autant plus que les chiffres qu'a
cités le ministre sont éloquents. La mojorité des
travailleurs sociaux professionnels travaillent pour les agences et non pas
pour le ministère. Ceux qui sont en mesure d'offrir les services
professionnels ne sont pas ici à Québec, mais sont bien dans le
champ où ils doivent être. Si le ministère se vante de
cette conjugaison d'efforts, il me semble que, quand on appelle au
ministère, on devrait recevoir la réponse: Voici l'agence et
voici la personne professionnelle qui s'occupe du cas en question.
M. CLOUTIER: Voici, M. le Président, il y a certainement beaucoup
plus de travailleurs sociaux à l'emploi des agences de bien-être
social. Il y a à peu près 1,100 travailleurs sociaux dans cette
profession. Ils ont été recrutés par les agences bien
avant que le ministère de la Famille et du Bien-Être social ait la
dimension qu'il a aujourd'hui et qu'il ait ce besoin de recruter davantage de
travailleurs sociaux professionnels. Mais nous avons, au niveau des cadres
supérieurs du ministère, parmi les officiers qui m'accompagnent
ici, des travailleurs sociaux professionnels qui oeu-
vrent au niveau des cadres supérieurs, au niveau des adjoints aux
cadres supérieurs.
Evidemment, tenant compte de cette collaboration de tous les autres
organismes du secteur parapublic qui travaillent avec le ministère...
Les travailleurs sociaux qui sont dans le champ, qu'ils soient dans le domaine
de la santé, les travailleurs sociaux des hôpitaux travaillent en
étroite collaboration avec les bureaux du ministère de la Famille
et du Bien-Etre social, et les agences sociales.
Il y a ces travailleurs sociaux qui travaillent dans le domaine scolaire
et qui sont maintenant intégrés à nos bureaux du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Il y a aussi les
travailleurs sociaux qui travaillent pour les conseils d'oeuvres et les agences
; qu'elles soient spécialisées ou qu'elles soient polyvalentes,
ces agences, on le sait, M. le Président, reçoivent une partie
importante de leur budget du ministère de la Famille et du Bien-Etre
social. Alors, tout ce personnel qualifié, qu'il se situe actuellement
dans le secteur parapublic ou dans le secteur privé, travaille en
étroite collaboration avec le ministère de la Famille et du
Bien-Etre social.
Ce que le député de D'Arcy-McGee vient de dire à
l'effet que ce travail ne soit pas suffisamment mis en évidence, c'est
possible que, lors d'appels téléphoniques ou lors de nos contacts
avec la population, l'on n'insiste pas suffisamment sur la qualité du
personnel et la qualité des services, et cette qualité toujours
de plus en plus grande que nous allons offrir, que ce soit même dans les
régions les plus éloignées de la province et même
dans les régions les plus difficiles à organiser, parce que le
réseau que nous sommes en train de mettre en place, c'est un
réseau de qualité dans toute la province.
Au cours de l'étude des prévisions budgétaires,
probablement que le député de D'Arcy-McGee reviendra sur la
question d'implantation des bureaux; de toute façon, je voudrais lui
dire que ces efforts que nous avons commencés pour le recrutement d'un
personnel qualifié, nous allons les accentuer. Nous ne
négligerons pas non plus la formation du personnel afin de faire
atteindre à notre personnel un palier supérieur à celui
qu'ils occupent présentement. Une fois nos bureaux
réorganisés, une fois cette nouvelle loi mise en application, ces
nouveaux services mis en place, le député le sait, nous allons
insister davantage sur la réhabilitation. Cette réhabilitation et
cette revalorisation, si vous me prêtez l'expression, de l'assisté
social, elle se fera dans nos bureaux du bien-être social par du
personnel qualifié. Il y aura un traitement social qui sera donné
là où il y aura nécessité, et il sera donné
par un travailleur social.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'irai un peu plus loin. Ce n'est
pas agréable pour moi de le dire ni pour le ministre de l'entendre, mais
je pense bien que, s'il veut, et je sais qu'il veut bien administrer, de la
meilleure façon possible, son ministère, il lui est important de
connaître toutes les critiques qui s'expriment contre son
administration.
Les travailleurs sociaux et les travailleuses sociales ont appris que,
s'ils appellent au ministère de la Famille et du Bien-Etre social, les
premiers mots doivent être ceux-ci: Je suis travailleur social ou je suis
travailleuse sociale. Autrement la réponse est immédiate: Tous
les postes sont occupés. Et l'on ferme brusquement la ligne. Si les
assistés sociaux ont le malheur d'appeler en leur propre nom, de leur
propre chef, c'est généralement ce qui arrive.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député parle pour la ville de
Montréal à ce moment-là, particulièrement?
M. GOLDBLOOM; Particulièrement pour la grande région
métropolitaine. Oui.
M. CLOUTIER: Parce qu'il y a deux réseaux de distribution de
services: II y a le réseau municipal de la ville de Montréal et
il y a aussi, dans la banlieue ou dans la périphérie de
Montréal, nos bureaux régionaux. L'on sait que le service
municipal de bien-être de la ville de Montréal s'occupe de
l'administration, il s'occupe de l'étude des dossiers des
assistés sociaux et des demandes par les assistés sociaux.
M. GOLDBLOOM: II y a les bureaux du ministère de la Famille et du
Bien-Etre à Montréal.
M. CLOUTIER: II y a le bureau central... M. GOLDBLOOM: Oui.
M. CLOUTIER: ... du ministère de la Famille et du Bien-Etre
social. Est-ce que le député parle surtout d'appels
dirigés au bureau central du ministère, rue Saint-Denis?
M. GOLDBLOOM: Oui, surtout là. La même chose peut arriver
au bureau de la ville de Montréal. Je sais que les assistés
sociaux se plaignent beaucoup d'être envoyés d'un bureau à
un autre et de ne pas recevoir facilement les renseignements utiles, de
recevoir souvent la réponse: On ne s'occupe pas de ce problème
ici, il faut que vous alliez ailleurs. On se dirige ailleurs et l'on est
renvoyé au premier bureau. Si on a le bonheur de rencontrer une autre
per-
sonne au premier bureau, on trouve que c'était bel et bien au
premier bureau que l'on pouvait recevoir les services ou l'intérêt
nécessaires.
M. CLOUTIER: La réorganisation et la décentralisation des
bureaux a justement pour but de remédier à ces
inconvénients, et aussi l'intégration dans un seul bureau de tous
les mécanismes qui s'occupent présentement des lois d'assistance
sociale.
On sait que dans la ville de Montréal, ou dans certaines villes,
il y a des services municipaux de bien-être, il y a des bureaux du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social, il y a aussi les bureaux
des agents spéciaux. Alors, on comprend facilement que les
assistés sociaux soient assez souvent inquiets à l'idée de
trouver le bon endroit où se diriger. Il y a présentement
dispersion des efforts, et c'est difficile de s'y retrouver. Justement, cette
réorganisation a pour but de mieux clarifier tout ce processus de
services à donner à la population de façon que ce soit
bien clair, que nous ayons la facilité, que nous ayons
l'accessibilité et que les assistés sociaux ne se voient pas
référés par différentes personnes à
différents endroits, de sorte qu'ils finissent difficilement par trouver
le remède au problème qu'ils ont l'intention de soumettre.
M. GOLDBLOOM: C'est à souhaiter, parce que l'assisté
social est généralement une personne qui n'est déjà
pas très bien renseignée. Et, si elle se trouve mal
renseignée en se présentant à un bureau quelconque, que ce
bureau soit celui du ministère provincial ou de l'administration
municipale, il faut que les renseignements soient clairs et précis, et
que la personne soit dirigée au bon endroit sans être
bafouée comme trop souvent c'est le cas malheureusement. Je dois dire
que la plupart des assistés sociaux se comptent heureux s'ils habitent
la ville de Montréal comme telle, surtout s'il s'agit de
problèmes de dépannage d'urgence. En général, me
dit-on, la réponse de la ville de Montréal est plus rapide et
plus efficace que celle du ministère provincial. Ceux qui habitent les
autres municipalités de la région métropolitaine et qui ne
reçoivent pas les mêmes services de leur administration municipale
se trouvent moins bien servis et éprouvent beaucoup de
difficultés à faire régler leur problème.
Je sais que le ministre voudrait bien remédier à tous ces
inconvénients; il m'en reste un seul à souligner à ce
chapitre de notre discussion. Je reçois des plaintes des assistés
sociaux quant à la nature de leur réception, de leurs relations
avec les préposés aux bureaux du ministère. Je ne suis pas
en mesure de faire une distinction précise entre les bureaux provinciaux
et les bureaux municipaux, mais ces critiques semblent s'appliquer à
tous les bureaux: L'on est obligé d'attendre très longtemps,
plusieurs heures au bureau; si l'on attend à la maison la visite du
représentant du ministère, on attend plusieurs semaines; si l'on
est finalement reçu au bureau, la personne qui s'occupe de
requérant n'a pas toujours le sens professionnel de la
responsabilité quant à l'aspect confidentiel des renseignements
qui sont traités.
Nombreux sont les assistés sociaux qui se plaignent qu'en plein
corridor, on leur demande: Quel est votre problème? Et l'on discute tous
les aspects privés et personnels du problème devant une foule
d'autres personnes qui attendent.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, il est
désagréable pour moi d'en parler. Il est sans doute
désagréable pour le ministre d'en entendre parler, mais je me
dois d'attirer son attention sur ces plaintes. Je suis certain qu'il aura
l'occasion d'en entendre parler quand cette commission ou une autre
siégera pour entendre ceux qui voudraient s'exprimer sur la nouvelle loi
de l'aide sociale. Il y en aura beaucoup qui voudront faire des commentaires
sur l'administration actuelle du bien-être social au Québec. Je
sais qu'il suffit pour le ministre de savoir que de tels problèmes
existent, que de telles plaintes s'expriment, pour qu'il se penche
là-dessus, pour qu'il fasse enquête et pour qu'il apporte les
remèdes nécessaires pour que les assistés sociaux soient
bien reçus et bien traités partout dans la province.
M. CLOUTIER: M. le Président, il est extrêmement important
qu'avec cette nouvelle législation, l'organisation matérielle et
administrative qui la soutient soit aussi parfaite que possible. C'est
pourquoi, dans toute cette élaboration d'une nouvelle
législation, nous nous sommes préoccupés, depuis au moins
deux ans, de mettre en place les mécanismes administratifs,
l'aménagement matériel de beaucoup amélioré,
l'accessibilité pour les assistés sociaux à tous les
points de service dans le territoire de la province de Québec, afin que
les assistés sociaux soient traités comme ils doivent être
traités, avec toute la discrétion et avec toute la
considération à laquelle ils ont droit.
Parce que si l'on poursuit des efforts de réhabilitation, de
retour à la vie normale des assistés sociaux, je ne crois pas que
nous puissions le faire simplement par une législation aussi parfaite
qu'elle puisse être. Il faut, en plus de cette législation, en
plus de cette régie-
mentation, apporter à la considération de chacun des
dossiers; il faut que notre personnel apporte, à la solution de chaque
problème qui nous est soumis par les individus et les assistés
sociaux, toute la considération et toute la chaleur humaine qui doivent
y être apportées.
C'est pourquoi, dans cet effort immense que nous avons entrepris de
formation de notre personnel, nous insisterons davantage, non seulement sur la
compétence, sur la qualification, mais également sur cet aspect
humain de la fonction qu'ils ont à remplir. Pour les cas les plus
difficiles parce que les dossiers des assistés sociaux sont
classifiés, évidemment, par ordre de problème si le
dossier est complexe, il sera soumis à un personnel de plus en plus
qualifié à l'Intérieur de nos bureaux. D'ici quelques
mois, après la mise en place de ces nouveaux bureaux, après la
formation de notre personnel, après le recrutement d'un personnel
davantage qualifié, avec une nouvelle législation, qui,
évidemment, nous le verrons en Chambre au moment de la discussion
est beaucoup mieux adaptée aux temps actuels, et qui poursuit des
objectifs beaucoup plus clairs et beaucoup plus précis, je crois que
nous pourrons à l'aide de tous ces mécanismes, atteindre les
résultats que nous poursuivons: d'une part le retour à la vie
normale du plus grand nombre possible d'assistés sociaux, et d'autre
part la prévention.
Parce que cette législation et cette organisation de services que
nous faisons sont aussi basées sur la prévention. On sait qu'il
est beaucoup plus rapide et beaucoup moins dispendieux, M. le Président,
de réussir dans le domaine de la prévention que de toujours
fournir une médecine de soins ou une médecine
thérapeutique.
Alors nous allons axer notre action sur l'aspect de la prévention
et évidemment, toujours, en coordination avec les deux
ministères, le ministère de la Famille et du Bien-Etre social et
le ministère de la Santé.
M. GOLDBLOOM: Justement, M. le Président, nous ne devons pas
parler ici du projet de loi qui est inscrit au feuilleton, mais vous me
permettrez un seul petit commentaire. J'ai noté que ce projet de loi
prévoit un recours sous forme d'appel pour l'assisté social qui
se croit lésé. J'espère que le ministre insistera sur
l'embauchage du personnel qualifié pour avoir soin à prime abord
et dès le début des problems humains qui se posent, plutôt
que d'attendre que le recours soit utilisé par la suite. Nous pourrions
dépenser considérablement pour un tel service d'appel. Il
vaudrait mieux dépenser dès le départ pour du personnel
très qualifié, très compétent pour éviter
que ces recours soient nécessaires.
M. CLOUTIER: Mais, même avec un personnel très
compétent, il est parfaitement logique de penser que des réponses
négatives données à des requérants ne les
satisferont pas et qu'à ce moment-là ils voudront utiliser les
mécanismes de revision et les mécanismes de la commission
d'appel.
De toute façon, dans la façon de servir la
clientèle, dans la façon de répondre quand je dis
dans la façon, je fais allusion surtout à ces qualités
humaines du personnel dont j'ai fait mention il y a un instant je crois
que si on apporte toute la considération voulue à l'étude
d'un cas et si cette étude est faite en profondeur, même s'il y a
là une réponse négative, à ce moment-là, il
n'y aura pas nécessairement recours à tous ces mécanismes
de revision et ces mécanismes d'appel.
M. GOLDBLOOM: M, le Président, avant d'aller plus loin, je pense
qu'il vous intéresserait, ainsi que le ministre, de connaître les
intentions des députés qui siègent de ce coté-ci de
la table. Quant à la discussion des postes, des articles et des
sous-articles,nous avons l'Intention, une fois notre débat
général terminé, de vous inviter à les adopter avec
peut-être trois très brefs commentaires auxquels nous demanderons
au ministre de répondre. Mais ce débat général
devra durer la journée d'aujourd'hui et, ce soir, nous avons l'intention
de terminer notre étude de ces crédits.
Donc, si le ministre voulait, au cours de notre discussion, faire des
commentaires en marge des sujets que nous abordons, je le prie de le faire
parce que nous ne reviendrons pas là-dessus pour un débat
spécifique sur chaque poste budgétaire.
M. CLOUTIER: Très bien M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je pense que le député de Richmond avait
demandé la parole.
M. LAFRANCE: Non, à ce moment-ci, M. le Président, je n'ai
pas grand-chose à dire. Je dois dire tout simplement que j'approuve
à 100% les observations que vient de faire mon collègue, le
député de D'Arcy-McGee et l'on n'insistera jamais trop sur le
rôle extrêmement important qu'a joué le travailleur social
ou l'enquêteur au sein de l'administration du ministère.
J'ai également observé, de mon côté, que dans
certains bureaux locaux, il semble y avoir
une certaine non pas arrogance mais une certaine
impatience qui se développe de plus en plus chez le personnel à
l'endroit des assistés sociaux. Je me demande jusqu'à quel point
ce ne sont pas certaines directives qui ont été données
récemment au personnel, par le ministère, concernant certaines
dépenses. J'ai eu l'occasion de rencontrer certains fonctionnaires qui
m'ont fait part de leur mécontentement et qui m'ont même dit,
à certains moments, qu'ils allaient donner moins de rendement à
cause de certaines dépenses qui leur avaient été
enlevées. Est-ce qu'il n'y a pas certaines dépenses, par exemple,
pour les repas? Est-ce qu'on n'a pas enlevé...
M. CLOUTIER: Le député dit que c'est une directive du
ministère mais je ne crois pas. Je crois que c'est une directive
d'ensemble du gouvernement quant aux dépenses d'allocations de voyage,
allocations de séjour.
M. LAFRANCE: C'est cela.
M. CLOUTIER: Alors, c'est une politique d'ensemble. Je crois que c'est
à cette politique que le député veut faire allusion.
M. LAFRANCE: Je me demande cependant si on ne devrait pas faire
exception pour le ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Je
crois qu'on ne doit pas traiter de la même façon des
fonctionnaires qui s'occupent des êtres humains. J'ai l'impression qu'il
est beaucoup plus important pour ceux qui oeuvrent dans ce domaine-là de
pouvoir se rencontrer, de concerter leurs efforts, d'échanger leurs
vues, afin de pouvoir apporter une meilleure solution à certains
problèmes familiaux.
M. CLOUTIER: Personnellement, je n'ai pas pu toucher du doigt et
vérifier si cette directive d'ensemble directive gouvernementale
quant aux voyages, quant aux frais de séjour, quant aux allocations
d'automobile aurait pu causer auprès du personnel certaines
frictions ou certains inconvénients. De toute façon, je retiens
l'observation du député afin de faire une vérification. Je
sais que cette directive a été discutée dans le milieu de
la Santé. Personnellement je n'ai pas eu l'occasion de vérifier
qu'elle l'avait été pour le ministère de la Famille et du
Bien-Etre social, pour nos agents qui doivent voyager. Il est possible que
cette directive ait causé certains ralentissements dans le travail de
notre personnel.
M. LAFRANCE: Je suis sûr que c'est là un facteur
très important. On m'a fait part, de façon confidentielle, des
représentations qu'on avait faites auprès du ministère
justement au sujet de ces dépenses de voyage et frais de séjour
qui semblent affecter de façon Importante plusieurs fonctionnaires,, Je
me permets, en passant, d'attirer l'attention du ministre sur ce
problème que je considère très important.
M. LE PRESIDENT: Merci. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. Je voudrais appuyer les
remarques de l'honorable député de D'Arcy-McGee, lorsqu'il parle
des demandes faites au ministère par des citoyens de Montréal.
Parfois il y a de longues attentes ou des difficultés au
téléphone et, en conséquence, j'appuie à 100% ses
remarques.
Je dois noter quand même que, lorsque j'ai
téléphoné sans doute parce que je suis
député J'ai toujours eu une réponse
immédiate, et je vous remercie, M. le Ministre. J'ai reçu toutes
sortes de lettres de vous, j'ai une jolie collection de vos signatures. C'est
quand même très agréable, et je vous remercie d'avoir
répondu si vite à mes lettres.
Je voudrais savoir combien de fonctionnaires il y a actuellement au
ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Combien de
fonctionnaires y avait-il il y a un an?
M. CLOUTIER: Nous avons des effectifs autorisés actuellement de
2,538 fonctionnaires. Sur le bordereau de paie du 11 juin 1969, il y en avait
2,133. Donc, il y a 405 postes à combler ou en voie d'être
comblés.
M. TETLEY: L'an dernier combien y en avait-il à la même
date?
M. CLOUTIER: 2,532 l'an dernier à comparer avec 2,538 cette
année.
M. TETLEY: Depuis la lutte à la chefferie, il y avait
évidemment quelques remarques des deux côtés au sujet des
fonctionnaires cela est naturel mais, même avant cette
lutte à la chefferie, soit le 30 janvier, l'honorable
député de Frontenac a fait des remarques au sujet des
fonctionnaires. Je cite le Montréal-Matin du 30 janvier 1969. Il avait
dit que les fonctionnaires privent des comtés ruraux de subventions
auxquelles ils ont droit, etc.
Les fonctionnaires prennent des vacances, un repos en journées de
maladie, un congé, des pause-café, etc. Il a critiqué
presque tous les ministères. Et il a terminé en disant: «
Et si
cette situation devait durer, avec documents à l'appui je
dénoncerais les ministères, les fonctionnaires qui se prennent
actuellement pour des ministres. »
Ma question est la suivante: Est-ce que le député de
Frontenac vous a parlé pour se plaindre de votre ministère?
Est-ce qu'il parlait, en effet, de votre ministère?
M. LAFRANCE: II sera peut-être obligé de se
rétracter encore.
M. CLOUTIER: Vous comprendrez que la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce touche un sujet fort délicat. Personnellement,
je n'ai pas eu l'occasion de discuter de cette question avec le
député de Frontenac, ni d'ailleurs avec le ministre de
l'Education. Ne voulant pas me faire l'interprète de quelque autre
député, je parlerai pour moi-même. Si le ministre d'Etat
veut ajouter ses remarques, il le fera. Mais parlant pour moi-même, comme
ministre titulaire de deux ministères extrêmement importants qui
touchent les ressources humaines, qui comprennent 4,500 fonctionnaires et des
budgets de $1,200,000,000, je dois dire que, depuis trois ans, je n'ai que des
éloges à faire à l'équipe qui travaille avec moi au
sein des deux ministères.
Que nous ayons l'occasion, parfois, d'échanger des idées
qui ne sont pas complètement convergentes, que nous ne pensions pas
exactement toujours la même chose sur tous les sujets, c'est
évident. Mais nous avons, mes fonctionnaires et moi et je crois
me faire l'interprète du ministre d'Etat travaillé en
très étroite collaboration depuis trois ans. On n'a qu'à
considérer le travail qui s'est accompli au sein des deux
ministères, les différentes politiques qui ont été
mises sur pied, les programmes que nous avons commencé à
réaliser, que ce soit dans le domaine des hôpitaux du
côté de la santé, dans le domaine des centres d'accueil
pour personnes âgées, institutions de l'enfance, bureaux
régionaux, etc. Il aurait été impensable, pour ne parler
que des ressources institutionnelles sans parler des législations
extrêmement importantes que nous avons, apportées et que nous
allons apporter, il aurait été impensable que nous aurions pu
réussir tout cela au ministère de la Famille et du Bien-Etre
social et au ministère de la Santé sans qu'il y ait eu une
étroite collaboration entre les fonctionnaires.
Pour ma part, cet après-midi, je parlerai surtout des
fonctionnaires des échelons supérieurs, sous-ministres,
directeurs généraux, chefs de service que je rencontre,
d'ailleurs, fort régulièrement et avec qui j'entretiens des
relations de collaboration très loyales et très franches. A ce
sujet, sans vouloir interpréter les paroles que d'autres de mes
collègues auraient prononcées, je voudrais dire qu'en ce qui me
concerne ce problème de la déloyauté ou de la
non-collaboration de mes fonctionnaires ne se présente pas dans mes deux
ministères.
M. TETLEY: Puis-je ajouter, M. le Ministre, que je crois que c'est le
seul moyen d'agir si on veut un esprit d'équipe parmi les
fonctionnaires. S'il y a des problèmes je suis certain que mes
collègues sont de mon avis nous irons vous voir d'abord avant de
prononcer des discours pour les journaux. Vous allez lire nos lettres avant de
les lire dans les journaux.
M. le Président, j'ai une autre question que j'ai
déjà posée au ministre comme ministre de la Santé,
c'est au sujet de la planification. Je note encore que, même sur le plan
de l'administration, il y a augmentation dans le budget au poste
budgétaire numéro 1; poste budgétaire numéro 3,
$58,100 d'augmentation à l'administration de l'assistance sociale; au
poste budgétaire 4, c'est une question d'administration, il y a une
augmentation de $4,725,100, et ainsi de suite. Il y a aussi une augmentation,
je l'admets, pour les allocations familiales ou allocations diverses, mais il y
a aussi une augmentation dans l'administration, et, pour une année
d'austérité, je trouve que c'est un tort que nous faisons
à notre province parce qu'il faut emprunter ces sommes d'argent de la
caisse du dépôt ou ailleurs, en Allemagne, aux Etats-Unis, etc.
Avez-vous des plans pour l'avenir afin de couper ces dépenses ou ces
augmentations dans l'administration de votre ministère?
M. CLOUTIER: M. le Président, je dois vous dire que le coût
de l'administration en ce qui concerne le ministère de la Famille et du
Bien-Etre social est un des plus bas que l'on peut retrouver. Il se compare
très avantageusement avec celui de l'entreprise privée. Je n'ai
pas ici un dossier spécial que nous avions préparé, il y a
quelques mois, sur le coût d'administration au sein du ministère
de la Famille et du Bien-Etre social; mais je dirai au député de
Notre-Dame-de-Grâce et je pense qu'après une lecture rapide du
livre des prévisions budgétaires, il constatera que c'est surtout
au poste des traitements et indemnités qu'il y a augmentation.
Alors, si on prend le poste budgétaire 1 à l'article 1, il
y a là une augmentation d'au-delà de $100,000 au poste des
traitements et indemnités. S'il prend le poste budgétaire 1,
article 2, il y a là également une augmentation de près de
$200,000 au poste des salaires. S'il prend le
poste budgétaire 1, article 3, services financiers là
aussi à l'article des traitements, il y a une augmentation d'environ
$150,000. Alors, le poste des traitements et indemnités est celui qui
requiert la plus grosse partie de l'augmentation au poste budgétaire de
l'administration.
En ce qui concerne les augmentations aux autres postes
budgétaires du ministère de la Famille, on peut les
repérer assez facilement, et j'en nommerai quatre
particulièrement. Aux bureaux et agences sociales, il y a une
augmentation de $4,725,000. On sait que les budgets des agences je l'ai
dit tantôt sont financés en grande partie par le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social, et il y a là une
augmentation normale qui tient compte de l'augmentation des services et qui
tient compte aussi de l'augmentation des salaires dans les agences sociales,
une augmentation importante là aussi. Il y a $7,450,000 d'augmentation
aux allocations d'assistance, il y a $14,382,000 d'augmentation aux
institutions de l'enfance, il y a $4,952,000 d'augmentation au bien-être
des personnes âgées.
Alors, disons que les principales causes de ces augmentations sont la
hausse des salaires et la convention collective. On sait que la
syndi-calisation est en train de s'effectuer aussi dans les agences, elle est
récente. Dans les institutions privées, elle est aussi
récente, c'est un phénomène que l'on vit depuis quelques
mois et depuis quelques années. Il y a les salaires des religieux qui
ont été augmentés, ils étaient autrefois à
70% du salaire des laïcs; ils sont maintenant à 90% du salaire des
laïcs. Alors, il y a un accroissement assez important à ce
poste.
Il y a une deuxième cause et cela vaut surtout pour les
allocations d'assistance. Il y a la hausse des bénéficiaires
d'assistance sociale et il y a aussi la hausse des moyennes de prestation.
Il y a, comme troisième cause, l'amélioration des services
dans les agences et dans les institutions. Il y a une quatrième cause,
le développement de nos ressources, institutions de l'enfance et des
personnes âgées. Il y aune cinquième cause,
évidemment, la hausse du coût de la vie qui se répercute
dans les institutions et dans les organismes qui relèvent du
ministère et qui sont subventionnés par lui.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez terminé?
M. LAFRANCE: Le député de Notre-Dame-de-Grâce vient
justement de faire allusion surtout à l'augmentation du personnel, non
pas des prestations du personnel surtout. D'ailleurs, il y a une
légère augmentation de personnel, le ministre l'a dit...
M. CLOUTIER: Ce n'est pas surtout à ces postes-là.
M. LAFRANCE : Je prends de façon générale et ma
question se rapporte justement à une déclaration assez
sensationnelle qu'a faite le ministre, il y a deux ou trois ans, disant qu'il y
avait au sein de son ministère de 400 à 500 fonctionnaires de
trop, qu'il allait diminuer le nombre de son personnel. Est-ce qu'il y a eu une
rectification ou un changement d'administration dans le ministère?
M. CLOUTIER: C'est-à-dire que, au lieu de congédier ou de
déplacer le personnel, nous l'avons affecté à d'autres
tâches extrêmement importantes. Nous avons mis en branle le nouveau
programme d'allocations familiales, nous sommes en train de régionaliser
nos services, d'implanter des bureaux locaux, des bureaux régionaux.
Tout cela, évidemment, demande beaucoup de personnel. Ce même
personnel que nous avons récupéré, que nous avons
recyclé, réadapté, nous lui avons fait assumer de
nouvelles tâches. Si bien, que nous pouvons je n'ai pas ici les
chiffres de 66/67, mais pour nos effectifs, on le constatera cette
année, il y a une différence de six dans les chiffres que j'ai
donnés tantôt assumer de nouvelles tâches,
entreprendre de nouveaux programmes, tout en prenant une partie du personnel
que nous réalignons et en l'affectant à ces nouvelles
tâches. C'est en ce sens, qu'au lieu d'engager du personnel nouveau, nous
prenons du personnel au sein du ministère et au sein de nos bureaux pour
le réaffecter.
M. HARVEY: Mais, comment se fait-il que très peu
d'employés du ministère, qui sont recyclés comme vous
dites, initiés aux nouvelles tâches, ne se retrouvent pas dans les
bureaux régionaux qui sont complètement dénudés et
dont les postes ne sont pas remplis? Est-ce que les employés en
général n'aiment pas se voir muter ailleurs dans des
régions, disons, un exemple, Saguenay-Lac-Saint-Jean, ou Montmagny, ou
ailleurs? Est-ce qu'ils préfèrent demeurer à
Québec?
M. CLOUTIER: Nous en avons retourné environ 125 dans les
régions. Je vais vérifier avec mes assistants...
M. HARVEY: Est-ce que vous pourriez nous donner pour notre information
le nombre, sans
donner de noms, dans les différentes régions, des gens que
vous avez recyclés aux nouvelles tâches ou qui sont venus
s'additionner au personnel de nos bureaux régionaux sur le
territoire?
M. CLOUTIER: D'après les derniers chiffres que j'ai vus, il y
avait environ 125 personnes du bureau central de Québec qui ont
été retournées dans les régions dans le cadre de la
régionalisation et de la mise en place des bureaux. Elles ont subi
l'examen de qualification avec succès et elles y sont retournées.
Seulement, nous avons tenté de faire dans chaque cas une assignation qui
convenait aux personnes, soit de les retourner dans leur région
d'origine ou dans une région qui n'est pas trop éloignée
de celle de Québec.
M. SEGUIN: M. le Président, tout à l'heure je ne
voudrais pas éterniser sur la question mon collègue, le
député de D'Arcy-McGee a fait une belle comparaison,
c'est-à-dire qu'il a voulu montrer une différence dans le
traitement qu'on payait à certains employés ou certains
travailleurs sociaux dans le service du bien-être social avec d'autres
employés dont les attributions ou les qualifications se ressemblaient
mais qui travaillaient pour un autre ministère, soit l'Education. Le
ministre a répondu en donnant une liste des différentes fonctions
et des différents fonctionnaires, etc. Ne croyez-vous pas, M. le
Ministre, que cette comparaison qui a été faite, lorsqu'on a
mentionné une échelle de $3,000 à $6,000 dans un cas,
comparativement à $10,000 ou $12,000 dans l'autre ne montre pas qu'il y
a là une marge très importante, puisque vous dites qu'il y a de
400 à 500 postes à combler?
Comment pourrions-nous attirer des gens avec les connaissances voulues
et l'expérience voulue, au moins la base voulue, si on continue à
offrir un montant comme $3,000 ou $4,000, surtout dans une région
métropolitaine où l'on connaît le coût de la vie?
Vous n'attirez, je pense, que des gens moins qualifiés, des gens qui
prendront-cette tâche ou cette fonction en dernier ressort. Ils
n'apporteront certainement pas tout l'intérêt qu'on devrait y
apporter, parce que la rémunération n'est pas là.
M. CLOUTIER: Je dois dire que cette classe de personnes qui recevrait
$3,000 ou environ, au ministère de la Famille et du Bien-Etre social, ce
serait la classe inférieure que nous allons recruter, parce que j'ai ici
des chiffres des salaires payés à ceux que nous recrutons
à l'intérieur des CEGEP; pour les diplômés des
CEGEP, c'est $5,200 que nous payons en entrant aux aides sociaux et
$4,500 s'ils n'ont pas de diplôme de CEGEP, et nos agents de
sécurité sociale gagnent en moyenne $6,000. Ce ne sont pas des
travailleurs sociaux professionnels ce sont des agents de
sécurité sociale que nous recrutons à partir de la 11e
année ou de la 12e année qui se présentent actuellement au
concours de recrutement.
Les travailleurs sociaux professionnels, qui sont évidemment des
professionnels, sont rémunérés suivant l'échelle de
salaires donnés à tous les travailleurs sociaux professionnels.
Il peut arriver qu'il y ait encore quelques petites différences entre
les salaires payés entre le secteur parapublic et le secteur public;
mais, avec la rationalisation des salaires dans tout le secteur public, il ne
faut pas qu'il y ait de surenchère entre les ministères. Il a pu
arriver que le ministère de l'Education, à certains moments, ait
recruté du personnel à un salaire supérieur à celui
payé dans d'autres ministères; mais la coordination qui existe
actuellement par la Fonction publique ne permet plus ces décalages, ou
du moins ne devrait plus permettre ni à court terme ni à long
terme de ces décalages entre les offres faites à
différentes classes d'employés du gouvernement.
Et, il a existé des disparités entre le secteur parapublic
et le secteur public, disons pour les travailleurs sociaux ou les aides
sociaux, et, de plus en plus, les conventions collectives tiennent compte de
toute la politique salariale et la politique de rémunération du
gouvernement, de sorte qu'il n'y ait pas de surenchère entre les
hôpitaux et le ministère de la Santé, entre les agences
sociales et le ministère de la Famille et du Bien-Etre social et tous
les ministères qui recrutent des travailleurs sociaux.
M. SEGUIN: C'est qu'il semble y avoir une très grande
difficulté au ministère à recruter des travailleurs de la
cour du Bien-Etre, des assistants, des gens qui sont là pour assister,
pour aider à la réadaptation et à la
réhabilitation, ou encore pour aviser la cour, pour assister la cour une
fois que la jeune personne aura passé devant les tribunaux. On semble
avoir beaucoup de difficultés à rencontrer ou à attirer
des gens.
Quelle est la rémunération qu'on leur offre dans le
moment? Je voudrais établir le parallèle; il y a tout de
même, je pense, dans les attributions qu'a mentionnées le Dr
Goldbloom tout à l'heure, une très grande ressemblance entre les
deux fonctions. D'après le texte d'annonce d'emplois, il a lu des
attributions qui se
ressemblaient grandement et qui devraient demander à peu
près les mêmes qualifications.
M. CLOUTIER: II y aurait trois ministères qui recruteraient
particulièrement ce genre de personnel, ce sont des officiers de
probation.
Il y aurait le ministère de la Justice, le ministère de la
Famille et du Bien-Etre social et on a mentionné tout à l'heure,
je ne sais pas si ce sont des officiers de probation, mais on a
mentionné le ministère de l'Education; et je serais fort surpris
qu'à ce moment-ci, ces disparités qui ont probablement
existé, je ne sais pas la date des concours... Est-ce que le
député a la date des concours? Est-ce que c'est
récent?
M. GOLDBLOOM: Oui, c'est très récent, c'est de
l'année en cours. J'ai parlé ce matin, avec le directeur de ce
service, à la commission de la Fonction publique. Il a même pris
le soin de modifier, sur les feuilles qu'il m'a envoyées, les chiffres,
parce que ces chiffres ont été récemment augmentés.
Ce sont les chiffres augmentés que j'ai cités qui vont
jusqu'à $6,787 au maximum pour des agents de probation, pour des
personnes qui sont obligées de s'occuper directement et personnellement
de la réadaptation des délinquants juvéniles, des
assistés sociaux de toutes sortes.
M. CLOUTIER: De toute façon, ces disparités, si elles
existent, rendent certainement plus difficile pour le ministère de la
Famille et du Bien-Etre social de faire du recrutement. Je suis
intéressé par les remarques du député de
D'Arcy-McGee et du député de Baldwin et, si je pouvais avoir du
député de D'Arcy-McGee une photocopie de ces documents, nous
pourrions nous assurer que ces rémunérations offertes ne jouent
pas au détriment du ministère de la Famille et du Bien-Etre
social.
M. SEGUIN: Ce sont ces disparités que j'ai voulu ramener sur le
tapis, pour la bonne raison qu'il me semble qu'il faudrait revoir ces
spécifications. Sans cela, nous aurons des difficultés
énormes à attirer des gens du côté du
ministère.
M. CLOUTIER: Nous vérifierons.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il me semble que ce qui est
important dans tout cela, ce n'est pas tellement la comparaison. Qu'un autre
ministère offre un montant X pour des attributions définies comme
on les a citées, là n'est pas le problème. Le
problème est qu'à un maximum de $6,800 nous n'attirerons jamais
un personnel professionnel et compétent pour jouer le rôle
très délicat qu'on lui attribue. Même sans tenir compte de
quelque comparaison que ce soit, il faut dire que ces chiffres sont
insuffisants et qu'il faudra offrir plus si nous voulons rendre service
à la population.
M. SEGUIN: Est-ce que votre définition d'un travailleur social
professionnel serait pour une personne qui serait employée à
cette fonction à temps plein, ou si vous basez cette définition
sur des qualifications éducationnelles ou scolaires? Vous avez
parlé à maintes reprises, tout à l'heure, du travailleur
professionnel.
M. CLOUTIER: Des travailleurs sociaux professionnels? Il en existe
actuellement environ 1,100 dans la province...
M. SEGUIN: C'est cela.
M. CLOUTIER: ... et ils sont en majorité au service des agences.
Nous en avons aussi au ministère de la Famille et du Bien-Etre social,
particulièrement aux cadres supérieurs.
M. SEGUIN: Mais, parlez-vous de ces gens comme professionnels parce
qu'ils occupent un poste?
M. CLOUTIER: Ils sont des professionnels par leur formation.
M. SEGUIN: Par leur formation? M. CLOUTIER: Par leur formation.
M. SEGUIN: C'est ce que je voulais établir ici. Je me permets une
autre question, si vous le voulez bien. A l'étude des crédits
d'autres ministères, entre autres le ministère du Revenu nous a
dit, à la présentation de son budget ou après avoir
rencontré le ministre des Finances, que ce dernier aurait apporté
certains changements aux estimations du ministère du Revenu. Est-ce que
la même chose se serait produite lorsque le ministre de la Famille et du
Bien-Etre social s'est présenté au ministre des Finances? Est-ce
qu'il se serait vu réduire ou augmenter ses estimations? Est-ce qu'il y
a eu changement?
M. CLOUTIER: M. le Président,...
M. SEGUIN: Est-ce un secret professionnel?
M. CLOUTIER: Non, non, cela ne surpren-
dra pas le député si je lui dis que, chaque année,
les budgets de tous les ministères sont coupés.
M. SEGUIN: Dans ce cas, M. le Ministre, est-ce qu'il y a des postes en
particulier où l'on a dû couper? Ou si c'est sur un
pourcentage?
M. CLOUTIER: Le député sait de quelle fa-çaon sont
fabriqués les budgets.
M. SEGUIN: Oui.
M. CLOUTIER: II y a la partie « A »; ce sont les programmes
qui existent déjà et qui connaissent une certaine expansion. Il y
a aussi les nouveaux programmes, qui sont dans la partie « B » Si
le ministre des Finances juge, pour toutes sortes de raisons, que les
possibilités financières de la province ne permettent pas de
réaliser certains programmes de la partie « B » ou la
totalité des programmes de la partie « B », nous devons
alors les remettre à une autre année.
Je peux dire que la discussion entre le ministre de la Famille et du
Bien-Etre social, de la Santé et le ministre des Finances a toujours
été cordiale, même si elle comporte certaines
difficultés...
M. SEGUIN: Cordiale?...
M. CLOUTIER: ... par les sujets en discussion.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier avait
demandé la parole tantôt.
M. SAINT-GERMAIN: J'aimerais tout de même, M. le Président,
faire remarquer que les députés du gouvernement comme de
l'Opposition sont constamment surchargés de lettres et de demandes et de
critiques relativement à l'administration du ministère. Je crois
que c'est une preuve concrète de l'inefficacité administrative de
ses services.
Habituellement, je dois dire tout de suite que nous sommes toujours
moi du moins, personnellement, à titre de député,
lorsque je m'adresse aux hauts fonctionnaires pour résoudre ces cas
bien servis, servis avec une grande efficacité; mais il faut tout
de même que je fasse appel aux hauts fonctionnaires. Si je descends le
moindrement dans l'échelle, je ne puis absolument rien résoudre
ou du moins, cela peut prendre des mois et des mois avant d'arriver à
des conclusions.
Je dis donc que ces lettres et ces demandes et ces services que nous
sommes obligés de rendre à la population à titre de
député sont une preuve de l'inefficacité du
ministère. Je crois que tant que les députés seront
surchargés par ce travail, cela restera une preuve que le
ministère est inefficace. Lorsque le ministère sera efficace, je
crois que notre travail, baissera énormément à ce point de
vue.
Ce qu'il y a de pire, c'est que lorsque les gens nous appellent, on
trouve des cas, parfois, extrêmement simples qui auraient dû
être facilement résolus et qui ne le sont pas.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député a fini?
M. SAINT-GERMAIN: Non, mais allez, si vous voulez.
M. CLOUTIER: Non. Si le député a fini, je répondrai
immédiatement. S'il n'a pas terminé, j'attendrai qu'il ait
terminé.
M. SAINT-GERMAIN: Non, je n'ai pas terminé.
Je peux vous donner, par exemple, une preuve si je prends une
question une preuve de fait. Voilà un jeune couple dont le mari
est invalide depuis plusieurs années. Il reçoit une allocation
sociale. On m'appelle c'est une famille de trois enfants on me
dit qu'on ne peut absolument pas vivre avec cela. Bon, je ne vous donnerai pas
tout l'historique. Alors on me dit, au ministère: Si le père,
selon la loi, prouvait son invalidité, on pourrait lui donner une
pension d'invalide et la mère obtiendrait la pension des mères
nécessiteuses. Cela voudrait dire très probablement un surplus de
revenu pour la famille. En fait, c'est ce qui est arrivé. Et en fait, en
procédant de cette façon, le soutien du gouvernement à
cette famille a augmenté d'une façon marquée.
Alors comment se fait-il que ces gens, qui avaient droit avant à
ces rémunérations ne les ont pas reçues? On aurait
dû les conseiller. Quelqu'un aurait dû voir à leur
intérêt.
M. CLOUTIER: Représentant la question du député sur
un plan plus large et plus général, il est évident que
notre système actuel est déficient. C'est d'ailleurs la raison
pour laquelle le ministère, il y a de nombreux mois... Pour être
très objectif, je dirai que le député de Richmond a eu
l'occasion, alors qu'il était titulaire, de se pencher sur ce
problème et d'approuver l'entreprise de cette réforme de tout
notre système de distribution d'allocations à partir du rapport
Boucher. Il est évident que ce
système est déficient pour toutes sortes de raisons
auxquelles on a fait allusion tout à l'heure: mauvaise distribution et
répartition de bureaux, lois désuètes et qui ne
conviennent plus au contexte actuel, personnel peut-être pas as-ssez
entraîné, pas assez nombreux, devant avoir plus de qualifications
au départ, peut-être aussi une motivation importante, des
qualités humaines. Ce sont toutes des raisons qui ont amené le
ministère à entreprendre cette réforme extrêmement
importante qui demande des énergies, qui demande des compétences
et qui demande aussi du temps.
Que la conclusion logique ait nécessité une réforme
en profondeur, cela est évident.
C'est pourquoi nous avons apporté le bill 26 qui va
résoudre le problème de la législation en unifiant sous
une seule loi, dans un seul cadre, toutes les lois actuelles qui ont
été conçues à des moments différents et
devant répondre, j'Imagine, à des besoins différents et
à des objectifs différents. Cela veut-il dire qu'une meilleure
législation, une législation plus parfaite et plus moderne, une
réglementation meilleure, plus complète, une organisation de
réseaux de bureaux mieux répartis, mieux structurés, un
personnel compétent, va résoudre tous les problèmes de
bien-être social?
Peut-on dire que cette référence constante au
député par une partie de la population, par les assistés
sociaux, traduit véritablement l'inefficacité du système?
Même avec un système plus parfait, une législation
meilleure, une meilleure organisation matérielle, est-ce que ce contact
entre l'individu, l'assisté social, et le député va
être rompu? Je ne le crois pas. Je crois qu'il est important aussi qu'il
y ait encore ce contact entre le député et la population, que ce
soit pour des problèmes d'assistés sociaux ou d'autres
problèmes, problèmes humains ou problèmes
matériels. Je crois que, même avec un système beaucoup
meilleur, les gens, les citoyens continueront de référer au
député parce qu'ils diront, après une demande de
prestations, si la décision est négative. Si on
réfère au député, peut-être que tous les
mécanismes de la loi n'ont pas été utilisés,
peut-être que le député, lui, trouvera des solutions qui
n'ont pas été trouvées dans un autre secteur. Si
l'allocation est insuffisante, on dira: Si on réfère au
député, peut-être que l'allocation sera plus
généreuse.
Je crois que ce sont toutes des circonstances ou des motivations qu'on
ne pourra pas éliminer. De toute façon je suis convaincu, pour ma
part, qu'il est important que ce contact entre la population, de façon
générale, et le député demeure, afin que le
député ne perde pas la dimension des problèmes humains.
Cela est extrêmement important. Et pas seulement avec le
député, mais nos bureaux sont conçus aussi de telle
façon que ce contact se fasse mieux entre les assistés sociaux et
le fonctionnaire chargé d'examiner le dossier. C'est pour cela que nous
avons conçu un réseau de distribution beaucoup mieux
équilibré, beaucoup mieux réparti sur le territoire de
façon à rendre accessible et plus facile ce contact entre la
population, d'une part, et les fonctionnaires de nos bureaux locaux, d'autre
part. Je dis nos bureaux locaux, mais il y a aussi le prolongement des bureaux
locaux parce qu'il y aura des bureaux satellites et des bureaux
itinérants.
Il y aura davantage de contacts entre le fonctionnaire et
l'assisté, de façon que le dossier soit examiné d'une
façon beaucoup plus complète et que l'assisté social sente
véritablement qu'il y a eu exploration complète de son
problème et de son dossier.
Je crois que le député de Jacques-Cartier voudra
peut-être nuancer un peu son affirmation quand il dit que cette
référence constante au député traduit
immanquablement et infailliblement cette mauvaise administration et cette
mauvaise organisation des lois de l'assistance sociale.
Ce que le député a voulu dire également, c'est
qu'il y a une cause qui est très frustrante pour la population et
l'assisté social en particulier, ce sont ces délais qui
actuellement sont inévitables parce qu'il y a beaucoup de points de
services sur le territoire. Il y a les services municipaux de bien-être;
il y a les agences de service social; il y a les bureaux du ministère
qui sont en réorganisation. Cela est un élément.
Nous avons assurément un manque de personnel. Nous sommes
actuellement à effectuer le recrutement de ce personnel. Nous sommes
à transformer l'organisation des bureaux, à instituer des
mécanismes de contrôle. En référence au point
central, qui est le gouvernement, le centre des données, enfin pour
avoir toutes les informations et les statistiques nécessaires pour
analyser les types de population et les besoins. Qu'il y ait des délais
actuellement, c'est exact. Que ces délais soient frustrants pour les
assistés sociaux, c'est exact aussi, parce que mieux vaut, dans beaucoup
de cas, une réponse négative que pas de réponse du
tout.
Je crois que, par cette réorganisation, cette installation, cette
modernisation nous allons répondre à ces lacunes que sont les
délais, parce qu'il y a décentralisation des décisions au
niveau du territoire. Les bureaux locaux et les bureaux régionaux
pourront prendre des déci-
sions courantes, des décisions quant aux besoins ordinaires. Ce
sera là une amélioration, je crois, non seulement par le fait que
l'on rapproche les services de la population, mais aussi parce que ces
décisions seront beaucoup plus rapides. Je ne souhaite pas que les cas
soumis aux députés aillent en augmentant, mais je souhaite que ce
contact demeure entre la population et le député afin que
celui-ci ne perde pas la dimension des problèmes humains, qui restent
des problèmes importants.
M. SAINT-GERMAIN: Cela ne me fait pas plaisir de le dire, mais je dois
tout de même avouer que je ne suis pas tout à fait d'accord avec
ce que le ministre vient de dire, parce que la majorité des appels ou
des lettres que nous recevons je pourrais même dire six sur sept
appels ou lettres que nous recevons concernent son ministère.
S'il fallait que tous les services publics ou tous les ministères
nous donnent autant de travail, nous serions tout simplement
écrasés par les contacts. On ne ferait que des contacts. On
n'aurait pas le temps de penser à légiférer ou à
quoi que ce soit. Il est entendu que ce serait assez difficile d'arriver
à un point où les gens ne feraient pas appel aux
députés pour résoudre ces problèmes de la famille.
Mais il reste que d'habitude les gens nous appellent lorsqu'ils croient
constater qu'ils sont servis avec injustice ou inefficacité. Si nous
pouvions, à titre de député, lorsque quelqu'un nous
appelle à ce sujet-là, être assurés que le
ministère va résoudre le problème d'une façon
efficace et juste, cela ne serait pas un grand embarras. Mais en plus, on ne
peut pas faire cela parce qu'il faut s'assurer, de semaine en semaine, qu'on
s'occupe du cas. On est obligé de le mener au bout, le cas?... Il y a
peut-être exception, lorsqu'on fait appel aux hauts fonctionnaires;
à eux on peut se fier. C'est seulement à cette condition que l'on
peut faire confiance au ministère. Exclusivement.
Je crois que, si le ministère était administré avec
efficacité, les gens ne feraient pas appel aux députés
pour résoudre ces problèmes.
Je ne vois pas pour quelle raison ils devraient faire appel aux
députés pour résoudre leurs problèmes plus que les
gens qui font affaires avec d'autres ministères. On entend rarement
parler d'impôt sur le revenu à nos bureaux. On entend rarement
parler de la taxe de vente, par exemple. On peut s'arranger avec ces
ministères-là. Mais lorsque cela concerne le ministère de
la Famille et du Bien-Etre social, le député semble être le
point de repère de tout le monde, de tous les gens.
Je diffère d'opinion en toute sincérité avec le
ministre à ce point de vue. C'est extrêmement important, parce que
je crois qu'il y a une multitude de gens dans le Québec qui
reçoivent des allocations auxquelles ils n'ont pas droit. Et les gens
qui sont obligés de vivre des allocations du gouvernement, soit pour
cause de santé ou pour différentes raisons, vivent dans une
pauvreté extrême malgré les sommes énormes qui sont
engouffrées.
En 67/68 nous avons voté $264 millions au ministère. En
68/69, $407 millions. Cette année, on nous demande de voter $469
millions. C'est une augmentation de $200 millions. Mais c'est énorme! Et
comme je vous le disais...
M. CLOUTIER: Je n'ai pas saisi par rapport à quelle année?
$200 millions par rapport...?
M. SAINT-GERMAIN: En 67/68, si je prends mes chiffres dans le budget des
dépenses pour l'année 68/69, c'est la somme de $264 millions.
M. CLOUTIER: ... Oui, mais il y a les allocations familiales.
M. SAINT-GERMAIN: Non, je comprends les 15 articles du budget du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social. C'est bien ça? En
67/68, je vois ici $264 millions. En 68/69, $407 millions, l'année
dernière.
M. CLOUTIER: II faut ajouter l'allocation familiale, $80 millions.
M. SAINT-GERMAIN: Je le prends globalement, si vous voulez. En 69/70, ce
sont $469 millions. Une augmentation de $200,000.
Et comme je le disais, les nécessiteux restent dans une
pauvreté noire, malgré cette augmentation-]!. Imaginons si on
plaçait ces $200 millions dans l'industrie ou dans le
développement économique, industriel ou commercial de la
province, cela paraîtrait. Et cela, ce sont des dépenses qui sont
finies au bout de l'année. L'année suivante on recommence
à neuf. Alors, il est très important que ce
ministère-là soit administré avec efficacité.
Je sais que le ministre va dire qu'il essaie de décentraliser, de
former des bureaux régionaux, d'engager du personnel, mais il semble que
tout cela reste sur papier. En fait, il ne semble y avoir aucun problème
résolu pour le citoyen. Le citoyen se sent encore perdu dans ce
ministère-là, absolument, depuis trois ans que je suis
député toujours.
M. CLOUTIER: Le député est venu et cela nous a fait
plaisir de l'accueillir au ministère de la Famille et du Bien-Etre
social. Il a travaillé très étroitement avec le
comité de l'adoption. J'invite le député à revenir
au ministère et, à ce moment-là, nous allons lui expliquer
tout ce qui a été entrepris et tout ce qui est en chantier dans
le ministère pour résoudre les problèmes dont nous
parlons. Quand j'ai dit tout à l'heure que ce n'était pas
seulement avec tout ce que j'ai mentionné, il y a évidemment la
modernisation de la législation, c'est un point important...
M. SAINT-GERMAIN: C'est un point.
M. CLOUTIER: ... il y a la modernisation de l'administration, c'est un
point important, il y a le contrôle administratif, il faut bien les
installer les contrôles, ils ne sont pas là les contrôles,
alors nous sommes en train de les installer. Nous recrutons du personnel
nouveau, nous formons le personnel qui est chez nous. Alors, ce sont toutes des
étapes nécessaires pour en arriver à l'efficacité
dont parle le député. Et cela se traduit en budget. Qu'il y ait
augmentation des budgets, le député a mentionné $200
millions depuis deux ans. D'abord il y a là-dedans des programmes
nouveaux qui sont contenus dans ces différences de budget, mais il y a
aussi le fait que notre ministère est au carrefour de tous les autres
ministères et qu'il ne faut pas tenir le ministère de la Famille
et du Bien-Etre social responsable du nombre d'assistés sociaux, du
nombre de contribuables ou de citoyens qui ont recours à nos prestations
parce qu'ils sont en chômage.
Mais nous, nous sommes au carrefour des autres ministères et nous
devons assumer notre rôle. Notre responsabilité est de subvenir
aux besoins de ceux qui ont des problèmes causés soit par la
maladie, le chômage ou d'autres causes. Alors, nous ne pouvons pas avoir
la maîtrise complète de l'augmentation des budgets du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social, ils sont trop contraints
par d'autres causes extérieures, mais nous voulons que les sommes que
nous dépensons soient dépensées le plus efficacement
possible et aux meilleurs endroits possibles.
Le député y a fait allusion tout à l'heure, il a
dit qu'il y avait des sommes qui étaient distribuées aux mauvais
endroits. Il y en a qui n'en recevaient pas assez, il y en a qui en avaient
trop ou qui ne devaient pas en avoir. C'est évident. On a
repéré les lacunes de ce côté-là. Nous
effectuons toutes les enquêtes nécessaires, nous mettons en place
tous les mécanismes de con- trôle nécessaires et il s'est
avéré jusqu'à maintenant, depuis que nous avons
commencé cette opération, que ces mécanismes-là
sont très efficaces et cela nous permettra, à l'intérieur
des mêmes budgets et des mêmes sommes, de faire une meilleure
distribution des fonds de l'assistance publique.
Alors, je comprends le député quand il nous fait part de
certaines lacunes qu'il a constatées, que tout le monde a
constatées d'ailleurs, et si le député veut prendre
connaissance plus en profondeur de toutes ces réformes que nous faisons
actuellement au ministère, il est le bienvenu comme tous ses
collègues d'ailleurs.
M. SAINT-GERMAIN: Je ne veux pas être méchant, M. le
Président, j'ai déjà, précédemment,
demandé à M. le ministre de me faire expliquer par ses hauts
fonctionnaires l'administration de son ministère. Il m'avait
répondu qu'à ce moment-ci que la haute administration
était extrêmement occupée et surchargée de travail.
Mais, puisqu'il me fait une autre invitation, j'en profiterai certainement.
Je ne voudrais pas continuer la discussion là-dessus, j'aimerais
simplement dire que j'ai hâte que cette planification, que ces
modifications et que ces études laissent les bureaux ou laissent les
papiers, qu'elles deviennent une chose qu'on sente dans les faits, que le
service soit meilleur.
Il faut que le député le sente et surtout il faut que la
population soit consciente et sente que ces millions-là sont bien
dépensés. Nous n'avons pas, malgré la bonne volonté
du ministre, atteint ce stade, j'imagine bien.
M. CLOUTIER: Nous y allons rapidement.
M. SAINT-GERMAIN: Je l'espère, mais pour être un peu plus
précis, en décentralisant, vous voulez former combien de bureaux
régionaux?
M. CLOUTIER: Nous voulons former dix bureaux régionaux, il y a
dix régions. Mais des bureaux locaux, nous voulons en former 68.
M. SAINT-GERMAIN: Et, des bureaux locaux, vous en avez combien
d'organisés dans le moment?
M. CLOUTIER: II y en a plusieurs qui sont en place. Nous en avons des
nouveaux de prévus, mais si le député veut être
patient une seconde, je vais lui donner tout cela.
Nous avons 110 points de service sur le terri-
to ire. Nous avons neuf bureaux régionaux d'installés dans
le moment.
M. SAINT-GERMAIN: Vous avezneuf sur dix.
M. CLOUTIER: Neuf sur dix. Nous avons 54 bureaux locaux. Nous avons 32
bureaux satellites. Nous avons six agences de service social qui sont encore en
fonction pour l'administration des lois. Il y a neuf services municipaux
encore.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que les services municipaux sont appelés
à disparaître ou s'ils vont être simplement
intégrés?
M. CLOUTIER: Oui, ils sont appelés à
disparaître.
M. SAINT-GERMAIN: Les employés seront intégrés.
M. CLOUTIER: Disons que cela respecte les règles
d'intégration. Nous allons intégrer le personnel dont nous avons
besoin et qui peut se qualifier, tenant compte de nos normes.
M. SAINT-GERMAIN: Quand les transformations de votre ministère
vont-elles être terminées, ces modifications-là et cette
décentralisation-là?
M. CLOUTIER: Le gros de l'opération est fait en 1969.
M. SAINT-GERMAIN: Et elle sera terminée?
M. CLOUTIER: Elle sera terminée le 1er avril 1970.
M. SAINT-GERMAIN: Maintenant, est-ce que le ministère
considère le travailleur social ou du moins le responsable, celui qui
fait le contact avec le public, le contact personnel j'entends avec
l'assisté social, est-ce que ce type-là travaille au niveau des
décisions ou si c'est simplement un enquêteur qui remet un rapport
sans avoir nécessairement à indiquer sa décision?
M. CLOUTIER: Non, j'ai indiqué tantôt qu'il y aura
décentralisation des centres de décisions. Autrefois, tout se
décidait au niveau du ministère, au niveau du siège
social; mais, de plus en plus, il y a décentralisation des
décision, là où il peut y avoir décentralisation.
Je parle de la nouvelle législation, pour des besoins spéciaux,
il reste que, dans cette appréciation des besoins, il serait important
que le siège social soit encore celui qui décide. Au niveau des
décisions ordinaires, quant aux besoins ordinaires et quant aux
situations d'urgence, on décide au niveau local, de sorte que le
mécanisme des décisions va être
accéléré.
Aussi, je voudrais dire au député que, non seulement les
décisions sont prises au niveau des régions, mais
également les dossiers sont transférés dans les
régions, les dossiers que nous avions accumulés depuis des
années pour ne pas dire des générations, au
ministère de la Famille sont dirigés vers les régions pour
qu'elles aient les outils nécessaires pour travailler.
M. SAINT-GERMAIN: Parce que trouver un dossier d'un assisté
social dans le moment, cela semble être assez pénible.
M. CLOUTIER: Mais, disons que, dans une période de
réorganisation où il y a transfert de dossiers, nous savons ce
qui se passe dans nos propres bureaux quand nous procédons à un
déménagement de dossiers. Quand il s'agit de
déménager des centaines de milliers de dossiers, parce que nous
avons actuellement 450,000 assistés sociaux, ce qui voudrait dire
200,000 dossiers courants, mais il y a des dossiers fermés. Il y en a
qui sont actifs, mais il y en a d'autres nouveaux qui arrivent; cela
représenterait peut-être, sur une certaine période
d'années, un million de dossiers.
M. ST-GERMAIN: Je comprends très bien, M. le Président,
cette décentralisation au point de vue de décision, mais j'ai
posé une petite question bien précise: l'employé en
contact avec l'assisté social est-ce qu'il est considéré
comme un homme qui travaille au niveau des décisions?
M. CLOUTIER: Cet employé est compris dans l'organisation du
bureau local. Il y a, dans ce bureau, des équipes, un chef de bureau,
j'ai peut-être ici au dossier l'organigramme. Mais prenons un
organigramme ordinaire: vous avez des postes de responsabilité à
l'intérieur de ce bureau, vous avez le directeur, vous avez son
assistant, vous avez des agents qui vont travailler sur ce qu'on appelle un
« case load », une charge de travail; alors, si les cas sont
complexes et très difficiles, il y aura moins de dossiers à
régler, à travailler, et on exigera de lui plus de
qualifications. Alors, on donnera des cas difficiles, des cas de traitement
social, à un travailleur social professionnel; on donnera des cas plus
faciles, et en plus grand nombre, quand il s'agit simplement d'accorder une
prestation à une personne qui est en chômage momentanément
et qui peut se reclasser facilement sur le marché du travail. Toutes ces
personnes, toute
cette organisation, cette structure à l'intérieur du
bureau local, sont habilitées à prendre des décisions
courantes, des décisions ordinaires.
M. ST-GERMAIN: Mais, en fait, lorsque le travailleur social ou
l'employé arrive avec son rapport, est-ce lui qui rend sa
décision? Est-ce qu'il fait simplement rapport de sa décision ou
s'il fait seulement rapport des constations de son enquête?
M. CLOUTIER: Sans vouloir entrer dans les détails des prestations
catégorisées, qu'on appelle mères nécessiteuses,
assistance-vieillesse, invalides qui à l'avenir seront sous la
même formule que les autres, que la loi d'aide sociale, dans tous ces
cas, l'équipe de travailleurs à l'intérieur du bureau est
habilitée à prendre des décisions. Le député
veut savoir dans quel cas précis, si c'est le travailleur social,
lui-même, qui va prendre cette décision-là.
Voici, il est au bureau, il est capable dans l'exercice de ses fonctions
quotidiennes, si une décision peut être prise individuellement,
elle sera prise individuellement, si elle doit être prise en
équipe, elle sera prise en équipe. Mais tout le monde est sur
place, tout le monde peut prendre la décision.
Ce que le député veut savoir, c'est si la décision
sera prise rapidement. Nous structurons nos bureaux locaux de façon que
le plus de décisions possible se prennent localement et que ne soient
référées au siège social de Québec que les
décisions qui doivent être prises là en l'occurrence, les
décisions relatives aux besoins spéciaux.
M. SAINT-GERMAIN: Ce que je voulais faire ressortir c'est que, si ce
travailleur social travaille au niveau des décisions, il est
extrêmement important que ce type soit compétent. Pour être
compétent, il faut nécessairement qu'il soit bien payé, et
pour qu'il ne coûte pas trop cher à la société, il
faut qu'il travaille dans des cadres extrêmement efficaces. C'est
simplement ce que je voulais dire.
Je ne veux pas insister, mais, puisque le ministre a parlé de
l'adoption, je dois dire que J'ai eu l'occasion dans le passé de le
féliciter à ce point de vue. J'aurais aimé lui faire les
mêmes félicitations pour l'administration générale
de son ministère, mais peut-être que, l'année prochaine,
j'aurai l'occasion de le faire.
En terminant, au sujet du comité de l'adoption, je crois que nous
avons passé une loi absolument constructive, mais j'ai eu aussi
l'occasion de lui dire que nous n'avons pas tout à fait terminé
notre travail puisque nous devions avoir une campagne de propagande et
même amorcer peut-être les recherches en ce qui concerne
l'adoption. Est-ce que je peux lui demander ce qu'il se propose de faire de ce
comité de l'adoption?
M. CLOUTIER: Le comité d'adoption a terminé une partie
importante de son travail qui était la législation. Maintenant,
il y a d'autres parties, et le député est certainement bien
placé pour connaître le mandat initial qui comprenait aussi la
promotion de l'adoption et des problèmes reliés à
l'enfance. Alors, personnellement, je suis désireux de voir le
comité continuer le beau travail qui a été fait et je
crois que c'est une excellente formule. J'ai déclaré que je
l'utiliserais aussi en ce qui concerne les garderies de jour et je suis heureux
de répéter au dépué de D'Arcy-McGee que nous sommes
actuellement à former le comité et que ses services seront requis
pour faire partie de ce comité des garderies de jour avec d'autres
députés de l'Assemblée nationale.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, vous me permettrez de faire
allusion à un document publié l'an dernier, il y a seize mois par
le Conseil des oeuvres de Montréal.
Ce document est intitulé: « Les priorités dans le
secteur du bien-être social à Montréal en 1968/1969
», soit l'année en cours.
Je trouve là certaines recommandations dont deux m'ont
particulièrement frappé: le regroupement des services dans les
centres polyvalents des services communautaires, de façon à
réunir dans un même centre plusieurs services
complémentaires par exemples: information, assistance
financière, traitement social, assistance légale,
éducation du consommateur, service de la main-d'oeuvre, de la
santé, des loisirs, etc. et la participation de la population
sous forme de consultation et de gestion directe au service communautaire.
Est-ce que je peux demander au ministre si l'on fait du progrès
dans ces deux sens qui me semblent très importants?
M. CLOUTIER: Je n'avais pas saisi le début de l'intervention du
député de D'Arcy-McGee, mais je crois qu'il s'agit du
regroupement de tous les services dans le territoire, des services qui
dispensent...
M. GOLDBLOOM: Services dans des centres polyvalents qui incluraient
l'assistance légale, l'éducation du consommateur, les services de
la main-d'oeuvre, de santé et de loisirs avec les services bien connus
du bien-être social.
M. CLOUTIER: Il y a des services mentionnés par le
député qui ne sont pas actuellement dispensés directement
par le ministère de la Famille et du Bien-Etre social je parle en
particulier de l'éducation du consommateur qui serait faite par des
agences spécialisées, je pense aux ACEF, en particulier, aux
coopératives d'économie familiale et à d'autres organismes
particuliers qui s'occupent de ce problème, aussi à certains
syndicats ouvriers.
C'est un exemple de service qui, actuellement, n'est pas
particulièrement donné par le ministère. Le
député connaît la politique du gouvernement: le
regroupement autant que cela est possible de tous les services gouvernementaux
regroupement physique d'abord afin de les faire travailler en
étroite collaboration,,
En ce qui concerne le ministère de la Famille et du Bien-Etre
social, nous sommesparticuliè-rement désireux de regrouper
physiquement les services des bureaux régionaux, des agences sociales
diocésaines, dans plusieurs endroits cela est fait, des centres de la
main-d'oeuvre, et en particulier, le centre de la main-d'oeuvre provincial, et
dans beaucoup d'endroits où il s'agit d'équiper la région,
où il n'existe pas actuellement de telles ressources et où on les
réorganise, on se préoccupe, autant que cela est possible de les
installer sous le même toit; afin que la coordination soit la plus
étroite et la plus facile possible.
Quant aux autres services mentionnés par le député,
il y a des regroupements qui sont plus naturels que d'autres certains
sont peut-être un peu plus difficiles Je ne sais pas
jusqu'à quel point il serait facile de regrouper les facilités
des loisirs avec les facilités du bien-être social, mais je crois
que partout où c'est possible nous favoriserons cette formule de
regroupement.
M. GOLDBLOOM: Ce sur quoi j'insiste, M. le Président, est
simplement que l'assisté social, comme je l'ai dit, n'est
généralement pas une personne bien renseignée. S'il se
présente au bureau du ministère, il a besoin de services qui
dépassent ceux offerts par le ministère lui-même.
M. CLOUTIER: Si le député me permet, on attire mon
attention...
M. GOLDBLOOM: Je vous en prie.
M. CLOUTIER: ... avant que le député ne termine sa
remarque, on attire mon attention sur un projet pilote que j'avais
oublié et qui s'appelle le Centre communautaire de Pointe-
Saint-Charles où l'on regroupe sous le même toit,
actuellement, les services de santé, de travail, de bien-être et
de logement. C'est une expérience extrêmement intéressante
et, à la lumière des résultats, on pourra progressivement
généraliser une telle politique dans le territoire. Evidemment,
c'est un projet pilote, mais déjà c'est une politique d'ensemble
du ministère de regrouper tous les services gouvernementaux partout
où on peut le faire.
M. GOLDBLOOM: Il ne s'agit pas de faire gérer tous ces services
par le ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
M. CLOUTIER: Non, d'accord.
M. GOLDBLOOM: Mais l'assisté social qui, comme je viens de le
dire, n'est pas généralement une personne bien renseignée,
a souvent besoin de certains conseils. Il ne sait même pas toujours qu'il
a besoin de tels conseils. C'est le travailleur social qui lui indiquera le
besoin de conseils sur sa santé, sur sa situation légale, sur ses
droits légaux devant certains problèmes. Or, si on est
obligé de l'envoyer à une autre endroit, et probablement un autre
jour, on ne le verra pas toujours se rendre à l'autre bureau l'autre
jour. Mais, si tous les services sont groupés, on peut l'envoyer
à un autre étage et le faire voir, sur place, par quelqu'un qui
peut lui fournir les conseils dont il a besoin.
C'est le principe. Le ministre a raison de dire que ce n'est pas dans
tous les cas qu'on réussira à grouper tous les services dont j'ai
fait mention. Mais le principe demeure bon, je crois.
L'autre principe, et j'aimerais avoir les commentaires du ministre
là-dessus, et je me permettrai, pour la seule fois dans ce débat
je l'ai fait une fois dans le débat sur le ministère de la
Santé je me permettrai pour cette seule fois d'être
légèrement méchant, est celui ce la participation de la
population.
Je dois dire que j'ai lu dans les journaux que des assistés
sociaux en nombre considérable et à plusieurs reprises
attendaient au bureau du ministre sans pouvoir le voir. Je crois que ce
principe de la participation directe... et c'est une très pauvre
participation de pouvoir obtenir une brève conversation avec le
ministre. Ce dont on parle ici est une participation beaucoup plus directe,
beaucoup plus poussée. On parle même de la cogestion des services
de bien-être social. Et c'est chose faite dans certaines
juridictions.
Alors, je demande au ministre quelle est sa
politique quant à la participation directe de la population en
général et de l'assisté social en particulier à la
gestion des services de son ministère.
M. CLOUTIER: Est-ce que les assistés sociaux sont prêts
à assumer une telle formule de gestion?
M. GOLDBLOOM: De plus en plus, M. le Président.
M. CLOUTIER: De plus en plus. Je note soigneusement la réponse du
député. Il me semble y avoir une condition préalable.
C'est que l'assisté social prenne conscience de la dimension de ses
problèmes, prenne conscience des possibilités qui s'offrent
à lui, qu'il s'éveille à ses propres possibilités
de régler lui-même son problème.
On peut dire que ça se fait de plus en plus, que l'assisté
social est de plus en plus conscient que le principal artisan. de sa
réhabilitation reste lui-même, que le gouvernement et les
organismes du secteur parapublic mettront à sa disposition des
mécanismes qu'il pourra ou non utiliser. Il y a des formules de
reclassement que nous proposons. Il y a des programmes de formation que nous
proposons quand la cause de la déficience est ce manque de formation. Il
y a des soins de santé que nous offrons quand cette déficience
est un manque de santé. Il y a des programmes conjoints que nous mettons
sur pied avec d'autres ministères, programmes favorisant l'embauche de
personnes quand c'est un manque de travail.
Tous ces mécanismes concourent à la réhabilitation
de l'assisté social. Il reste qu'il est extrêmement important que
l'assisté social se prévale lui-même de toutes ces
occasions qui lui sont offertes, qu'il apporte son entière
collaboration. Si, à certains moments, on a déploré qu'une
partie des assistés sociaux je ne voudrais pas
généraliser mais qu'il y ait trop d'assistés
sociaux qui se soient installés confortablement sous l'autorité
d'un régime d'aide sociale, il reste que nous avons l'impression qu'avec
ces appels à la prise de conscience, que ces sensibilisations faites par
des personnes du secteur parapublic, du secteur public, du secteur
privé, ces appels qui ont été faits conjointement
sensibilisent davantage la population à cet effort de
réhabilitation qu'elle doit entreprendre.
Notre loi d'aide sociale est justement orientée vers cette prise
de conscience, vers cet effort que l'assisté social doit fournir pour se
réhabiliter lui-même et faciliter son retour à la vie
normale. Est-ce que ça devrait aller maintenant jusqu'à la
gestion commune, assistés sociaux d'une part, conseils d'oeuvres ou
agences privées et secteurs publics d'autre part? Quelle serait la
formule à ce moment-ci que nous pourrions trouver meilleure que ce
dialogue, cette collaboration?
Est-ce que nous pouvons, à ce moment-ci, traduire cet effort de
compréhension mutuelle, ce désir de collaboration? Est-ce que
nous pouvons le traduire dans des structures? Je ne crois pas que nous soyons
rendus à cette étape. Je crois que, de part et d'autre, il y a
des formules, d'essai. Il y a encore un temps à franchir. Il y a dans le
milieu des gens qui travaillent, des gens qu'on appelle plus
spécialement des animateurs sociaux, que ce soient des animateurs
sociaux professionnels ou des gens de bonne volonté qui veulent faire
participer la communauté à cet effort de réhabilitation ou
d'amélioration, de retour à la vie normale. Pour ma part, je
n'aurais pas de réserve à l'endroit de ceux qui poursuivent cet
effort de prise de conscience, sauf s'il était évident que ce
n'était pas fait dans un but cons-tructif et positif, mais si
c'était fait plutôt avec un objectif d'agitation et de destruction
plutôt que de construction.
Alors le député de D'Arcy-McGee parle de ces
mécanismes de gestion qui pourraient être instaurés. Je
crois qu'il est encore trop tôt pour matérialiser, dans une
formule quelconque, la gestion; mais il reste qu'il est important que cet
effort de collaboration, de dialogue et de compréhension mutuelle aille
en s'accroissant.
M. GOLDBLOOM: Dans le même document, un peu plus loin, le
même thème revient: « Il nous apparaît
également nécessaire de coordonner les programmes de
rénovation urbaine avec les activités des agences de
bien-être, de sorte que ces opérations deviennent de
véritables occasions de rénovation sociale et non seulement
d'amélioration physique d'un quartier. A cette fin, il est essentiel que
la population impliquée dans des opérations de rénovation
urbaine y participe pleinement ».
Je me suis servi tout à l'heure du mot « gestion ».
C'est peut-être un mot trop fort pour ce que nous voudrions
réussir en ce moment. Mais ce qui est essentiel, c'est que
l'assisté social ou la personne qui sera affectée par la
rénovation urbaine, qui ne sera pas nécessairement un
assisté social, mais la personne affectée par la
rénovation urbaine devrait se sentir consultée par les
intéressés, par ceux qui prendront les décisions.
Ces assistés ou ces personnes directement et personnellement
intéressées ne devraient pas se sentir tenues complètement
à l'écart de toute décision qui les concerne, qui les
intéresse, qui les affecte très directement. Alors, je pense que
c'est un bon principe sur lequel nous nous entendons.
M. CLOUTIER: Sur la participation, nous nous entendons.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il nous reste peut-être deux
minutes avant six heures. Je dirai simplement le ministre voudrait-il
répondre après la pause que nous attendons toujours la loi
sur la protection de l'enfance et que nous la trouvons importante. Et je cite
de nouveau le document que j'ai devant les yeux: « Enfin, les
institutions pour les enfants exceptionnels de toutes catégories sont
incapables de répondre à la demande. La situation est devenue
à ce point critique qu'il est désormais strictement indispensable
d'augmenter le nombre de ces institutions ».
M. CLOUTIER: Ce soir, je pourrai donner au député la liste
de toutes les institutions dont la construction est commencée ou dont la
construction est projetée pour l'année en cours. En ce qui
concerne le code de l'enfance, notre équipe de législation au
ministère a commencé à ramasser la documentation de base.
Il y a là aussi du travail pour le comité qui s'intéresse
au problème de l'enfance et de l'adoption.
M. GOLDBLOOM: Je demanderais au ministre dans sa réponse ce soir,
de donner des indications aux parents qui sont affligés par la
présence dans leur famille d'un enfant exceptionnel, des indications sur
la façon avec laquelle ils pourraient chercher et trouver l'aide
nécessaire pour faire soigner ces enfants convenablement.
M. le Président, si le ministre n'a pas d'objection, il sait
parce qu'il porte une rose en l'honneur de l'occasion que c'est
l'anniversaire de naissance du chef de l'Opposition, aurait-il objection
à remettre à 8 heures 30 la reprise de nos travaux?
M. CLOUTIER: Aucune objection. Je suis heureux de contribuer...
M. HARVEY: La récompense est que, vers 10 h 30, le ministre
pourra dire: Mes crédits sont adoptés!
M. CLOUTIER: Je n'ai pas d'objection à ce que cela se fasse avant
10 h 30.
M. HARVEY: Est-ce que le ministre aimerait qu'on l'invite à notre
« party »?
M. LE PRESIDENT: En attendant, la commission ajourne ses travaux
à 8 h 30.
M. CLOUTIER: C'est une question à laquelle je répondrai
après l'ajournement.
Reprise de la séance à 20 h 32
M. GARDNER (président de la commission de la famille et du
bien-être social): A l'ordre, messieurs! Nous en étions aux
commentaires généraux avant le souper, alors, nous pouvons
continuer encore ainsi avant de débuter avec les postes
budgétaires. Le député de Notre-Dame-de-Grâce,M.
Tetley.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. J'ai deux questions ou deux
commentaires. Dans le Devoir du 31 mai 1969, à la page 5, il y avait un
article de M. Louis Beaupré, travailleur social professionnel et
directeur du service social de la région de Sherbrooke. Est-ce l'un de
vos fonctionnaires, M. le ministre?
M. CLOUTIER: II le devient actuellement. UNE VOIX: Un bon homme.
M. TETLEY: J'ai bien aimé son article intitulé: « La
loi-cadre québécoise d'aide sociale, dernière étape
avant le revenu annuel garanti». Et ma question est la suivante, M. le
Ministre: Avez-vous des commentaires au sujet du revenu annuel garanti ou
est-ce que le gouvernement va adopter ce régime bientôt dans un
avenir rapproché?
M. CLOUTIER: Voici, M. le Président, évidemment, les
commentaires que je pourrais faire pourraient être assez
élaborés parce que c'est un sujet très vaste, le
député le sait; mais brièvement, disons qu'il y a beaucoup
de législations actuellement qui existent, qui pourraient être
regroupées à l'intérieur d'un cadre que nous appellerions
un revenu minimal garanti. Il existe des législations telles que les
allocations familiales, entre autres, qui pourraient servir de pièces
importantes dans une législation de revenu minimal garanti.
Nous avons beaucoup parlé de cette éventualité, les
gouvernements qu'ils soient d'ordre fédéral ou provincial, tous
les gouvernements du Canada s'interrogent, font des études, sur la
possibilité d'Instaurer un jour un revenu, une politique de revenu
minimal garanti.
M. HARVEY: Elle n'existe qu'au fédéral?
M. CLOUTIER: Elle existe pour les personnes âgées, cette
politique de donner une allocation supplémentaire de $30 tenant compte
du coût de la vie. Elle s'inspire du concept du revenu minimal garanti
pour des personnes âgées. En ce qui concerne notre
législation d'aide so- ciale, on ne peut pas ignorer qu'il y a aussi
dans la conception de notre législation, un souci, une
préoccupation qui tend vers ce régime de revenu minimal garanti.
Nous voulons assurer à des familles aux prises avec des
problèmes, par une législation que nous apportons, des
remèdes à ces problèmes; nous voulons leur donner un
revenu suffisant afin de leur assurer un retour à la vie normale.
Quelles seraient les échéances qui nous permettraient d'en
arriver à un système de revenu minimal garanti. Je ne crois pas
que les études, tant au niveau fédéral qu'au niveau
provincial, soient suffisamment avancées pour nous permettre de dire
quelle serait, dans le temps, l'échéance qui nous permettrait
d'en arriver à un tel système.
Il est important que nous en estimions le plus précisément
possible les implications financières. Je ne crois pas que l'Etat
provincial, que les autres provinces comme telles et que le gouvernement
fédéral dans le contexte d'austérité où nous
vivons, dans le contexte de contrainte budgétaire, qu'il soit possible
d'envisager à très court terme l'instauration d'une mesure, dans
le domaine social, qui comporterait des sommes et des budgets extrêmement
importants.
Il faut que tous les gestes que nous posons, que toutes les
législations que nous apportons dans le domaine social puissent
accompagner harmonieusement le développement économique et
puissent être défrayés par une économie suffisamment
forte et non pas l'inverse. Il ne faut pas instaurer un régime de
sécurité sociale très fort, très bien
structuré, très complet pour se préoccuper ensuite de
quelle façon nous pourrons le financer. Je crois qu'il faut
procédder à l'inverse.
M. TETLEY: Vous permettez? Dans mon comté, lorsque je visite des
citoyens, le samedi c'est surtout le samedi après-midi et parfois
le samedi matin je vois qu'il y a des citoyens qui ne sont pas des
assistés sociaux, qui ne reçoivent rien, mais qui sont parfois
dans le besoin. Il y en a d'autres qui n'ont peut-être pas de grandes
maisons, mais de bons meubles, parfois de magnifiques tapis de Perse, etc., qui
demandaient et qui insistaient auprès de leur député pour
obtenir des bourses ou de l'aide de votre ministère ou de vos
ministères. Et je me demande moi-même si le système de
revenu annuel garanti est le meilleur système pour notre province,
vraiment.
Je notais aussi que la plupart des immigrants sont contre le
système d'aide. C'est très curieux. Ils veulent que tout le monde
travaille. Parfois, c'est très injuste.
M. le Président, j'ai une autre question pour le ministre dans le
même ordre d'idée, c'est une suggestion ou une recommandation du
rapport Carter en Ontario. Comme vous le savez, le rapport Carter sur la
taxation et les finances en Ontario a suggéré que chaque citoyen
d'un certain âge, soit 18 ans je crois, devait produire un rapport
d'impôt. Il devait le produire même s'il ne paie pas d'impôt.
Il devait noter ses revenus comme assisté social, ses revenus de la
Croix-Rouge, le revenu de son épouse ou de ses parents. Les revenus
qu'il a gagnés, etc., afin d'aider les services du fédéral
et du provincial s'occupant de la famille et du bien-être social.
Pour moi, c'est une suggestion que notre gouvernement doit prendre en
considération. Avez-vous des commentaires ou que pensez-vous de cette
suggestion?
M. CLOUTIER: Ce que je pourrais dire au député sur cet
article, c'est que, de plus en plus, le ministère du Revenu, qui a la
responsabilité de la fiscalité et de l'élaboration des
lois fiscales, le fait; il prépare ses lois fiscales en collaboration
avec notre ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Parce qu'on
sait que la fiscalité touche la famille et parfois la touche assez
durement.
Les recommandations de la commission Carter ont fait l'objet, à
certains moments et encore actuellement, d'études de la part de notre
direction générale de la planification et de la recherche
à notre ministère. La suggestion qu'a faite le
député, évidemment, je la note avec intérêt,
mais je crois qu'elle relèverait plutôt des deux ministères
qui ont la première responsabilité dans le domaine de la
fiscalité, le ministère du Revenu et le ministère des
Finances.
D'autre part, dans une présentation de législation, les
deux ministères ont déjà travaillé ensemble
très étroitement en 1967 quand il s'est agi d'instaurer un
régime provincial d'allocations familiales. A ce moment-là, cette
mesure législative a été associée à une
autre mesure fiscale qui était l'annulation des exemptions d'impôt
pour les enfants. L'argent ainsi récupéré a
été redistribué sous forme d'allocations familiales. A
même ces $80 millions d'allocations familiales, il y avait une somme de
$40 millions qui provenait de l'annulation des exemptions et qui était
redistribuée autrement par la nouvelle législation.
Alors je note la suggestion du député pour en faire part
au ministre du Revenu.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Fabre.
M. HOUDE: M. le Président, je voudrais demander au ministre si le
rodage du mécanisme dans l'émission des chèques pour les
allocations familiales s'améliore journellement ou si on a des projets
parce qu'actuellement je ne sais pas si c'est la même chose pour mes
collègues, mais depuis une dizaine de jours, à cause de la date
du 1er juin, en ce qui me concerne, je reçois énormément
d'appels téléphoniques et de lettres de mères de famille
se plaignant de retards parfois remontant à décembre 1968. Alors
je voudrais savoir si ces retards sont quelque chose de normal ou presque, ou
si c'est un malaise subit.
M. CLOUTIER: A chaque émission que nous faisons, il est exact de
dire que le mécanisme est davantage rodé et qu'il reste de moins
en moins de cas à résoudre. Mais on comprendra qu'il s'agit d'un
régime extrêmement important où il y a émission de
800,000 chèques à 800,000 familles à une certaine
période de l'année. Il nous faut compiler, jusqu'à une
certaine période, avant l'émission des chèques, les
changements qui se produisent à l'intérieur de la famille.
Il faut tenir compte aussi de modifications qui se produisent à
l'intérieur de la famille autres que les additions à la famille.
Il y a des enfants qui quittent le foyer pour être placés en
institution.
Alors il se produit des transformations à l'intérieur de
l'unité familiale qui, évidemment, nous occasionnent des
problèmes administratifs. Je peux dire que les cas qui nous sont
signalés font de plus en plus le sujet de l'attention des officiers de
ce secteur. Nous croyons avoir amélioré la formule, même
s'il reste des cas qui ont été portés à l'attention
du député et d'autres membres de l'Assemblée nationale. De
toute façon les officiers apporteront aux cas qui sont mentionnés
une attention immédiate de façon à les résoudre
dans le plus court délai possible.
M. HOUDE: Alors sur le même sujet ce n'est peut-être
pas la coutume permettez-moi de mentionner remarquez que je ne le
connais pas, je ne sais même pas s'il est présent le
travail sérieux et prompt d'un de vos fonctionnaires du nom de
Lockwell.
M. CLOUTIER: M. Lockwell est justement celui qui est responsable de
cette partie de ce service.
M. HOUDE: Je tenais à le souligner. Main-
tenant j'aimerais souligner également au ministre...
M. CLOUTIER: Il n'est pas ici.
M. HOUDE: ... que, dans le dernier bottin qu'on a remis ici à
l'Assemblée nationale, il n'y a pas d'indication quant au service des
allocations familiales. Comme beaucoup de parents me l'ont souligné,
j'ai fait moi-même l'expérience ce n'est pas une grosse
critique ça prend au moins trois ou quatre appels
téléphoniques avant d'obtenir le bon numéro et le bon M.
Lockwell. A un moment donné, on cherche à nous renseigner,
à nous donner le bon poste, ce qui n'est pas tout à fait facile.
Peut-être pourrait-on indiquer, à l'avenir, dans le prochain
bottin, le numéro bien spécifique du service des allocations
familiales.
Puisqu'on parle de façon générale... je voudrais
demander au ministre...
M. HARVEY: ... l'an prochain on va laisser M. Russell le
préparer.
M. HOUDE: Je voudrais demander au ministre si, au bureau régional
de Laval, au cours de la dernière année, on a augmenté le
nombre d'employés ou de fonctionnaires?
M. CLOUTIER: Pendant qu'on va chercher le renseignement, il y aurait
peut-être lieu de poser d'autres questions.
M. HOUDE: Moi, j'en ai une autre ici. C'est une remarque qu'on entend
souvent. Il y a souvent des veuves, en particulier, et des ouvriers,
pères ou mères de famille assez nombreuse, qui nous demandent
à un moment donné de l'assistance sociale. Nous écrivons
à qui de droit.
Il semblerait, par certaines réponses, par certaines
conversations téléphoniques, qu'un des problèmes qui se
posent, c'est, lorsqu'une veuve est propriétaire de la maison de son
défunt mari ou qu'un simple ouvrier ayant cinq, six ou sept enfants et
qui a quand même réussi, de peine et de misère parfois
à construire sa maison, je voudrais savoir si le fait d'être
propriétaire d'une maison c'est un critère qui empêche
presque automatiquement une famille ou une personne d'obtenir de l'assistance
sociale.
M. CLOUTIER: Non, ce n'est pas une critère qui empêche
parce que, dans les lois catégorisées, nous devons tenir compte,
évidemment, des biens que possède le requérant; mais, de
façon générale, ce n'est pas un empêchement à
retirer des allocations s'il y a véritablement besoin prouvé
d'une allocation.
M. HOUDE: Merci.
M. SEGUIN: M. le Président, juste une question. Il s'agissait
tout à l'heure d'allocations familiales. Je sais aussi que le
ministère n'entretient aucune correspondance avec des personnes qui
pourraient écrire au service au sujet de leurs allocations. Apparemment
c'est la règle, parce que si les gens écrivent ou demandent des
renseignements, ils ne reçoivent pas de réponse. C'est mon
expérience, au cours des semaines, au cours des mois, au cours des
années; depuis que cette question d'allocation familiale a
été inaugurée, les plaintes sont toujours les mêmes.
Nous écrivons au service deux, trois ou cinq fois et nous ne savons pas
si la lettre a été reçue. Nous ne savons pas du tout ce
qui en est. Je comprends aussi la nécessité ou le très
grand problème d'entretenir une correspondance ou d'essayer de
répondre au grand nombre de demandes qui parviennent au service, je le
constate.
Ne serait-il pas possible, au lieu de transférer cette charge aux
membres de l'Assemblée nationale qui, eux, doivent faire une demande
ensuite au ministère, de déranger les employés, qui, eux,
doivent nécessairement se rendre à la demande du
député ou de la personne qui appelle. Il me semble que là
on crée un plus grand problème, un plus grand dérangement,
et cela coûte beaucoup plus cher de faire cela de cette manière.
Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité, au moins, d'envoyer une carte
avec une indication disant simplement à la personne qui a écrit:
Nous avons reçu votre lettre et nous procéderons de la
façon la plus rapide possible. Au moins, accuser réception. Cela
ne demandera pas une sténographe, cela ne demandera pas un personnel
spécial ou particulier. Une formule simple qui dirait: Nous avons
reçu votre communication. C'est la plainte que je reçois. Je ne
parle pas au nom des autres, mais je sais que, personnellement, c'est la
plainte que je reçois régulièrement et continuellement
depuis l'inauguration du système.
Accusé de réception seulement, sans explication, sans
détail, mais au moins dire: Nous avons reçu votre lettre.
M. CLOUTIER: Au début de l'instaurationdu système et
même dans les premiers mois, évidemment, il y a eu une telle
affluence de correspondance. On s'imagine ce que cela représente
d'instaurer dans un aussi court laps de temps tout un régime
d'allocations familiales.
M. SEGUIN: Je l'admets, M. le Ministre.
M. CLOUTIER: Mais l'observation que fait le député pour
les derniers mois me surprend énormément. J'ai été
informé par mes officiers qu'on avait rattrapé les retards
nombreux du côté de la correspondance. Il a pu arriver que des
lettres soient restées sans réponse dans cette période
d'organisation qui a pu se prolonger jusqu'au début de 1968,
peut-être pendant un an, le système ayant commencé au 1er
juillet 1967. Mais, de toute façon, je vérifierai auprès
de mes officiers, particulièrement ceux qui sont chargés de ce
service. Je retiens par contre que d'autres membres, entre autres le
député de Fabre, ont dit tout à l'heure qu'ils avaient une
très bonne collaboration. Peut-être que cela se fait par
téléphone, les corrections. A tout événement, je
vais vérifier auprès de mes officiers de quelle façon on
répond aux demandes qui sont faites par correspondance.
M. SEGUIN: Je n'ai que des compliments à faire au
ministère lorsque nous appelons, c'est-à-dire lorsque le
député appelle ou la secrétaire du député.
Ce n'est pas là le point. On reçoit une collaboration très
étroite de la part du ministère. Ce n'est pas une critique du
ministère que je fais. On a peut-être procédé par
ordre alphabétique; Robert-Baldwin est à la fin de l'alphabet. On
n'est peut-être pas rendu à mon comté. De toute
façon, je pense qu'il y a quelque chose à faire de ce
côté-là pour améliorer la situation, simplement en
fournissant à la personne qui écrit ou qui fait une demande un
accusé réception de la demande.
M. CLOUTIER: S'il y a possibilité d'amélioration, nous le
ferons certainement...
M. SEGUIN: Je pense qu'il y a des améliorations à
faire.
M. CLOUTIER: Avec plaisir... Je réponds à la question du
député de Laval...
DES VOIX: De Fabre... Ce n'est pas loin...
M. HOUDE: C'est à Laval...
M. SEGUIN: Ce n'est pas lui le chef...
M. HARVEY: Ce n'est pas lui qui résigne...
M. CLOUTIER: Maintenant que nous nous sommes retrouvés dans cette
immense ville...
M. HOUDE: La deuxième ville de la province...
M. CLOUTIER: La deuxième ville française... il y aura en
plus cinq agents de sécurité sociale et deux employés de
bureau. Cela fera, à ce moment-là, quinze agents de
sécurité sociale et six employés de bureau. Donc, il y a
dix agents de sécurité sociale en place et quatre employés
de bureau.
M. HOUDE: Mais ceux à venir, c'est dans un avenir
immédiat?
M. CLOUTIER: C'est dans l'organisation de cette année. Le
processus de recrutement est en marche.
M. GOLDBLOOM: Avant la suspension de nos travaux, le ministre nous avait
promis des réponses sur l'enfance exceptionnelle.
M. CLOUTIER: C'est exact. Il y aura peut-être deux parties
à ma réponse. Le député voulait savoir de quelle
façon procéder pour le placement des enfants. Est-ce que cela
faisait partie de la question?
M. GOLDBLOOM: Oui, des renseignements utiles pour les parents qui
cherchent à placer un tel enfant. A l'autre question, je pense que le
ministre a répondu partiellement, la question de la Loi de la protection
de l'enfance.
M. CLOUTIER: Oui, en ce qui concerne la Loi de la protection de
l'enfance, j'ai dit qu'il y avait une législation en préparation
entre le ministère de la Famille et du Bien-Etre social et le
ministère de la Justice à partir de la plaquette des travaux du
comité dont a résulté une plaquette intitulée:
« Orientation pour une politique de l'enfance inadaptée »
que tous les députés ont reçue.
Ce comité s'occupe actuellement de la rénovation de toutes
les lois de l'enfance conjointement avec le ministère de la Famille et
du Bien-Etre social et le ministère de la Justice.
Pour le placement des enfants dans des institutions pour les enfants
inadaptés, voice quelle est la façon de procéder: ce sont
des agences spécialisées et des institutions
spécialisées comme des cliniques psychiatriques qui s'occupent de
taire une évalution des enfants, ce sont les professionnels qui
travaillent à l'intérieur de ces institutions, l'équipe
multidisciplinaire qui comprend des psychiatres, des psychologues, des
travailleurs sociaux, qui voie à dresser un dossier de l'enfant et voie
quel
genre d'institution lui convient. A partir de ce moment, on communique
avec les agences sociales spécialisées qui s'occupent du
placement des enfants.
Du côté des ressources, est-ce que le député
voudrait toucher ce point-là tout de suite?
M. GOLDBLOOM: Oui, s'il vous plaît.
M. CLOUTIER: Alors du côté des ressources, nous avons
actuellement 35 projets dont quelques-uns en construction et les autres seront
mis en chantier durant l'exercice financier 69/70. Ces 35 projets
représentent 3,238 lits. Ils ont été aussi soumis à
la Société d'habitation du Québec qui finance ces projets.
J'ai donné de mémoire, lors de l'étude des crédits
du ministère de la Santé, les endroits et je peux donner
rapidement la liste des institutions, cela intéresse beaucoup de
députés.
Le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, il y a un projet de 125 lits
à Rimouski. Au Lac-Saint-Jean; à Chicoutimi, à Alma; dans
la région de Québec, il y a Lauzon, la Beauce, Montmagny,
Rivière-du-Loup, Donnacona, Limoilou. A Limoilou, c'est le Pavillon
Saint-Charles où il y a deux vocations, une pour les personnes
âgées et l'autre pour l'enfance inadaptée. Je ne sais pas
actuellement à quelle étape est rendu ce projet, mais les
soumissions ont été demandées et je crois que c'est
à l'étape de la rénovation, rénovation importante
de l'ordre d'au-delà de $2 millions.
Dans la région de Trois-Rivières, il y a le Patro
Saint-Charles, la maison Sainte-Clothilde et l'Institution
Ville-Joie-du-Rosaire desservant la rive sud et la rive nord.
Dans les Cantons de l'Est, il y a Val-du-Lac, Val-d'Estrie, Sherbrooke.
Dans la région de Montréal, il y a le Centre Marie-Vincent, Les
Marronniers, l'Institut Doréat, il y a Saint-Hyacinthe, Valleyfield,
Laval, il y a l'Accueil des Jeunes à Montréal, il y a le Centre
Rosalie-Jetté à Montréal, le Mayfair Home, la Garderie Le
Renfort à Saint-Jean.
Dans la région de l'Outaouais, il y a Mont-Laurier. Dans le
Nord-Ouest, II y a Rouyn-Noranda, Val-d'Or, Amos. Il y a, sur la
Côte-Nord, Hauterive. Ce sont les projets qui sont envisagés pour
cette année.
M. GOLDBLOOM: Merci, M. le Président.
M. HARVEY: Alors, M. le Président, le député de
D'Arcy-McGee, cet après midi, vous a fait part que nous n'avons pas
l'intention de retarder indûment l'adoption des crédits du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Il est bien sûr
parce que nous avons passé plusieurs heures à étudier
à fond les crédits demandés par votre ministère et
nous sommes convaincus que l'argent que vous demandez aux différents
articles du budget sont des sommes dont vous avez besoin et il serait inutile
d'avoir une discussion déplace...
Mais il est tout de même nécessaire d'attirer non seulement
votre attention, mais d'insister pour que votre ministère pose des
gestes concrets sur des problèmes cruciaux dans le domaine du
bien-être social au Québec, tout en déplorant le fait que
votre budget n'inclue pas les sommes suffisantes, par exemple, pour appliquer
immédiatement les recommandations ou les effets du bill 26, bien que
nous ne connaissons pas les règlements initiaux; deuxièmement,
pour donner au Québec un peu de ce qui manque en ressources concernant
l'enfance exceptionnelle; troisièmement, pour apporter une attention
immédiate aux services à domicile des personnes
âgées et, dans la dernière catégorie, pour apporter
une aide additionnelle et strictement nécessaire à certaines
catégories de pensions aux assistés sociaux quand nous les
considérons dans cinq catégories, soit les mères
nécessiteuses, les veuves, les invalides, les aveugles et les
sans-travail.
Il y a cependant deux points sur lesquels j'aimerais attirer votre
attention ou, tout de même, j'aimerais vous dire qu'il faut de toute
nécessité que le ministère, le plus rapidement possible,
par voie de règlement et par voie d'acceptation par vos collègues
du conseil des ministres, accepte des mesures qui feront en sorte que le
Québec avec le potentiel qu'il a présentement, soit un ministre
plein de bonne volonté, un groupe de fonctionnaires très
compétents, un rapport d'une commission d'enquête qui a
été créée en 1961, qui s'appelait la commission
d'enquête Boucher et dont le mandat était le suivant: Qu'un
comité soit institué pour faire une étude sur les sujets
suivants: Premièrement, les échelles de taux d'allocations selon
des régions économiques; deuxièmement, le régime
des taux fixes et le régime basé sur le budget du groupe
familial; troisièmement, les divers modes de collaboration des oeuvres
privées avec les services publics de bien-être;
quatrièmement, l'ensemble du problème de l'assistance à
domicile, ses implications financières et sociales, préventions
et réhabilitation...
Alors, tout le monde sait que M. Boucher et ses deux acolytes ont fait
rapport au conseil des ministres et ont présenté un rapport
contenant 71 recommandations. Je ne veux pas m'attarder à la majeure
partie de ces recommandations, mais tout de même, il reste que dans
trois recommandations nous revoyons les deux sujets que je veux
traiter.
Dans la recommandation numéro 1, M. Boucher, M. Bélanger
et son associé disent: Le gouvernement du Québec devrait, dans
les limites de ses attributions, intensifier l'application d'une politique
économique et sociale d'ensemble orientée vers la solution des
problèmes dont le ministère de la Famille et du Bien-Etre social
a en grande partie à supporter les conséquences sans être
en mesure d'en corriger toutes les causes.
Il importe que la politique économique et sociale d'ensemble du
gouvernement du Québec soit coordonnée dans ses parties et
cohérente dans son orientation. Et à la recommandation 65, nous
voyons que le gouvernement du Québec devrait immédiatement
conclure avec le Collège des médecins de la province de
Québec et les autres corps professionnels des ententes en vue de
procurer aux indigents les soins médicaux que leur état requiert.
Le financement d'un tel projet pourrait s'effectuer en collaboration avec des
organismes s'occupant d'assurance-maladie.
Or, M. le Président, comme tout le monde sait que
l'assurance-maladie au Québec parce que le titulaire du
ministère de la Famille est en même temps le titulaire du
portefeuille de la Santé sera établie en juillet 1970.
Donc, il y a extrême urgence et aucune loi n'est nécessaire
pour qu'on ait immédiatement une catégorie non pas
d'assistés sociaux, mais de personnes vivant dans le territoire, des
personnes âgées, 65 ans ou plus, qui n'ont pas eu l'avantage que
les jeunes ont aujourd'hui de payer un fonds de pension convenable, de
bénéficier également d'une allocation de régime des
rentes convenable. Ils sont pris eux, dans leur résidence, souvent avec
une épouse victime d'une maladie chronique, et il est impossible
d'envisager le placement dans un établissement pour malades
chroniques.
Donc je pense que pour autant que le ministère est
concerné dans l'émission de sa carte d'assistance
médicale, il devrait, par voie de règlement, accorder
immédiatement à quatre catégories de malades chroniques,
et je les nomme : les diabétiques, les cardiaques, les
épi-leptiques et les arthritiques; le ministère devrait accorder
une carte d'assistance médicale pour autant qu'ils sont
détenteurs d'une allocation de sécurité de vieillesse.
Parce que Dieu sait, et le ministre le sait mieux que tout autre, que la
majorité des personnes qui, pendant quelques années, ont
bénéficié d'assistance supplémentaire du
ministère, en ont été privée parce que le plafond
n'a pas été haussé pour les pensions
catégorisées...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est bien celles-là?
M. HARVEY: Et ces mêmes personnes ont perdu l'avantage d'obtenir
une allocation supplémentaire et, de fait, la carte d'assistance
médicale. Il se trouve parmi elles des diabétiques, des
cardiaques, des épileptiques, etc. Elles sont obligées de payer
les honoraires professionnels du médecin. Mais, de plus, on devrait
permettre à ces quatre catégories de malades d'avoir droit
à des médicaments qui sont absolument nécessaires pour
prolonger un peu leur existence.
Si on se vante au Québec d'avoir un budget de $3,300,000,000, il
me semble qu'il y a deux catégories de personnes à qui nous
devrions donner une attention particulière, soit les familles qui ont le
malheur d'avoir des enfants exceptionnels, ceux qui ont besoin d'être
placés dans des institutions qui n'ont malheureusement pas toutes les
ressources possibles pour les accepter mon collègue le
député de D'Arcy-McGee en a parlé cet après-midi
et nous savons que le ministère fait un effort très
sérieux pour nous donner ces ressources possibles au Québec.
Et ces personnes âgées qui ne seront pas placées en
foyer sont traitées injustement comparativement à celles qui ont
le bonheur ou le plaisir ou l'avantage d'être placées dans des
foyers que le ministère organise un peu sur le territoire du
Québec. Prenons un vieillard qui est placé dans un foyer, il
bénéficie de la visite du médecin de l'institution. Dans
la majeure partie des cas, il est assujetti à la loi de l'assistance
publique pour ses médicaments s'il est plus ou moins un malade
chronique, ou encore s'il est un cas de soins de garde. Mais l'homme qui a 65
ans, qui a réussi pendant toute une vie de travailler à
acquérir une propriété, voit tous les jours augmenter ses
taxes foncières, soit scolaire ou municipale. Il voit également
le coût de la vie augmenter. Sa pension, bien que le supplément
soit augmenté au niveau de l'augmentation du coût de la vie, elle
ne peut jamais lui permettre de faire face aux autres augmentations du
coût de la vie qui ne sont pas incluses dans le supplément, parce
que le supplément représente un tiers de la pension globale
accordée de façon statutaire au Canada aux personnes
âgées de 66 ans et plus, depuis janvier 1969, de 65 ans et plus,
à partir de janvier 1970.
M. le Président, je voudrais attirer l'attention du ministre et
de ses fonctionnaires pour qu'ils présentent le plus rapidement possible
au cabinet des ministres un règlement ou un projet de règlement
qui donnerait les soins médicaux, de médicaments et la carte
d'assistance médicale
à toute personne recevant l'allocation de sécurité
de vieillesse du gouvernement fédéral et qui sont, après
vérification médicale, dans la catégorie des malades
chroniques, soit diabétiques, cardiaques, épileptiques et les
autres.
Avant de terminer, je voudrais également attirer l'attention du
ministre sur un problème également d'importance. Au dernier
rapport de la commission de l'assistance médicale, le coût total
pour le Québec a été de $13,182,739.76. Et d'après
les études qui ont été faites, si nous additionnions les
quatre catégories de malades chroniques compris dans le secteur des
personnes âgées de 65 ans et plus, le coût maximal serait de
$2 millions à $2.5 millions par année, pour ceux qui existent
actuellement. Et je pense que le ministre a actuellement des rapports à
l'effet que son ministère, tout en accentuant sa politique de
développement de foyers dans différentes localités du
Québec ce qui est très bien d'ailleurs devrait
immédiatement accorder une importance capitale pour l'assistance
à domicile aux personnes âgées.
Parce que la majorité des personnes âgées ne se
retrouve pas parmi ceux qui ont une fortune aujourd'hui. Il peut se trouver des
personnes qui ont des revenus autres que leur allocation de
sécurité de vieillesse, mais ces personnes, constituant
l'exception, permettraient de mettre en application ce que nous recommandent,
dans leur rapport sur l'assistance publique, M. Boucher et ses acolytes,
c'est-à-dire une politique sociale orientée vers le
mieux-être de nos personnes âgées, et également vers
le mieux-être de notre enfance exceptionnelle au Québec.
Il y a également un autre point sur lequel je voudrais attirer
l'attention du ministre concernant la catégorie des assistés
sociaux. Je déplore personnellement le fait que le bill 26 ne soit pas
adopté avant l'ajournement d'été. Toutefois, je me
console, parce que dans le bill lui-même, n'ayant pas les
règlements, il est très difficile de prévoir si tous les
cas, qui sont des cas demandant vraiment une aide exceptionnelle, seront
couverts. J'imagine que cela sera une des lois prioritaires à la reprise
des travaux à l'automne.
Mais, entre-temps, je voudrais également, par voie de
règlements, comme le veulent les lois de sécurité sociale
au Québec, qu'une attention particulière soit apportée
pour augmenter immédiatement les allocations de mères
nécessiteuses, celles de veuves, celles d'invalides et d'aveugles parce
qu'eux, malgré l'augmentation du coût de la vie au Canada, depuis
cinq ans, n'ont pas vu leur pension augmentée d'un seul cent. Ils sont
bénéficiaires ou récipiendaires d'une carte d'assistance
médicale qui a permis à des médecins de
récupérer davantage d'honoraires professionnels, mais, eux, ils
n'ont jamais eu un seul cent de plus sur l'allocation minimale accordée
pour leur permettre de payer davantage pour une paire de souliers, pour un
complet ou pour toute autre nécessité de la vie.
Alors je demande bien honnêtement au ministre, dans sa politique
sociale, étant donné que nous n'aurons pa? l'assurance-maladie
avant juillet 1970, de donner immédiatement par voie de règlement
la carte d'assistance médicale aux personnes âgées des
quatre catégories de malades chroniques que j'ai
énumérées, plus une augmentation par voie de
règlement aux quatre catégories de pensionnés actuelles:
mères nécessiteuses, veuves, invalides et aveugles.
M. CLOUTIER: Le député a souligné plusieurs
problèmes dans son intervention que j'ai écoutée avec
beaucoup d'attention. Le problème le plus important qu'il a
souligné, ce sont les soins médicaux pour les personnes
âgées qui sont transférées du régime
d'assistance-vieillesse au régime de la sécurité de la
vieillesse. Dès que cet événement se produit je
l'ai mentionné lors des deux années précédentes
où nous avons discuté les prévisions budgétaires du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social nos officiers
apportent beaucoup d'attention à la solution de chacun des dossiers, de
chacun des problèmes au moment du transfert.
Je ne reprendrai pas les chiffres que j'ai donnés les
années précédentes, mais je vous donnerai les chiffres de
la dernière année pour bien situer l'importance en nombre
d'assistés qui ont été transférés. En
décembre 1968, il y avait 9,531 bénéficiaires
d'assistance-vieillesse alors qu'en février 1969, après les
transferts, il n'en restait que 2,848, qui seront transférés
définitivement. Au 1er janvier 1970, il n'en restera plus. Si on fait la
différence entre 9,531 et 2,848, il y a donc 6,683 dossiers qui ont
été transférés à la sécurité
de la vieillesse.
En décembre 1968, 2,999 bénéficiaires recevaient un
supplément à leur allocation d'assistance-vieillesse, alors que
ce nombre diminuait à 868 en janvier 1969. Si on fait la
différence encore une fois, 2,131 des 6,683 dossiers
transférés à la sécurité de la vieillesse
étaient éligibles à un supplément à
l'allocation d'assistance-vieillesse.
En décembre 1968, au ministère de la Famille et du
Bien-Etre social, nous payions, un supplément à la
sécurité de la vieillesse à 15,282
bénéficiaires. C'est donc une proportion Importante qui recevait
des prestations supplémentaires du ministère de la Famille et
du
Bien-Etre social. En janvier 1969 il y en avait 15,908, donc 626 de plus
qu'au mois de décembre 1968. En mai 1969, nous avons payé 17,773
suppléments à la sécurité de la vieillesse. Donc,
il y a encore 1,865 personnes qui avaient été
transférées qui ont été reconnues éligibles
à. un paiement de supplément.
Je donne donc ces chiffres pour bien nous situer par rapport au nombre
total de personnes qui ont été transférées au
régime de sécurité de la vieillesse. Si on additionne les
chiffres que je viens de donner, on trouve que 2,500 personnes environ ont
été jugées qualifiées à un supplément
provincial, donc éligibles à une carte d'assistance
médicale, à même les 6,683 dossiers qui ont
été transférés. Il faut dire que la moyenne des
allocations en suppléments que nous versions en plus des $75
d'allocation de base, était de $15 avant le transfert. C'était la
moyenne. Une fois qu'ils sont transférés à la
sécurité de la vieillesse, ils reçoivent toujours ces $75,
mais ils reçoivent également le supplément qui est de $30
plus l'augmentation du coût de la vie.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela va jusqu'à $109.
M. HARVEY: C'est $78 plus $31.20.
M. CLOUTIER: Non, c'est $109.40 actuellement. Ils recevaient en moyenne
$15 je dis en moyenne pour ceux qui ont été
transférés après le transfert, ils reçoivent
$109.40 au lieu de $90 de moyenne. Donc, il y en a certainement parmi eux qui,
à ce moment-là, après le transfert, sont en meilleure
posture qu'avant, alors que nous leur donnions une allocation moyenne de $15 en
plus de $75. Mais ils nous refont une demande par la formule 1315G, chacun des
bénéficiaires de la sécurité de la vieillesse nous
envoie une nouvelle demande. Nous tenons compte, dans cette demande, des frais
qu'ils ont encourus pour les soins, les frais médicaux et
médicaments.
M. HARVEY: C'est-à-dire qu'il y a un maximum d'établi dans
le barème.
M. CLOUTIER: Dans les besoins, nous tenons compte parce que
à ce moment-là, c'est l'assistance spéciale
accordée par arrêté en conseil et à ce
moment-là ça dépasse les...
M. BOURASSA: Il y a les problèmes administratifs dont le ministre
doit être au courant, puisque plusieurs de ces personnes souvent oublient
de faire cette nouvelle demande et, pendant six, sept ou huit mois, elles sont
obligées de s'endetter pour des soins médicaux parce qu'elles ne
sont pas au courant de l'existence de ces formules-là.
M. CLOUTIER: Il est évident qu'il y a des personnes
âgées qui, soit par oubli ou par gêne ou par manque
d'instruction, ne nous font pas parvenir la demande. Si nous n'avons pas de
nouvelle au bout d'une certaine période de temps, nous revenons à
la charge avec une autre formule. Nous donnons instruction à nos
officiers d'aider tous les bénéficiaires à
compléter ces formules afin de leur verser une allocation si minime
soit-elle, même si c'est une allocation de $5, afin qu'ils
bénéficient de la carte médicale qui en fait est une
sécurité qui s'ajoute à l'allocation.
M. HARVEY; Le ministre est comptable. Vous savez que les chiffres
souvent ont fait mentir les chiffres. Quand on additionne 2 + 2, cela fait
toujours 4; mais quand vous parlez de l'augmentation du coût de la vie
qui est de 3% et que la politique de sécurité sociale au
fédéral est ajustée, c'est-à-dire l'allocation de
base de sécurité de vieillesse, selon l'augmentation du
coût de la vie au 1er juin de l'année qui a
précédé, je suis bien d'accord avec ça.
L'an dernier, l'augmentation a été de deux et quelque
chose pour cent. On sait ce qui se passe dans nos paroisses. Prenez un couple
âgé qui a un locataire dans une maison, aussitôt qu'il y a
une augmentation de taxe scolaire, on se dépêche de dire au vieux:
Dorénavant, vous allez payer $5 de plus par mois. Quand son logement est
de $50, il subit une augmentation de 10% sur ces frais de logement, alors il
est 7% en déficit sur le total de ce qui lui reste pour vivre. Il doit
réduire de 7% ses vêtements, de 7% les médicaments de sa
vieille. C'est pour ça que le ministère devrait avoir, pour ces
détenteurs de cartes de sécurité de vieillesse, une
attention particulière, une carte qui serait remise à tous les
détenteurs d'une pension de sécurité de vieillesse, parce
que, sur 1,000 personnes, il n'y en a pas un ou il n'y en a pas une qui soit
millionnaire. Il n'y aurait pas de risque de se tromper.
D'ailleurs, avec les pensions de retraite ordinaire que nous avons
payées ou l'allocation de sécurité de vieillesse y compris
le supplément, nous sommes dans l'obligation de produire un rapport
d'impôt au gouvernement fédéral et au gouvernement
provincial. Alors celui qui, après avoir produit son rapport
d'impôt, ne serait pas nécessiteux, il serait très facile
de lui retirer sa carte médicale. Les autres auraient droit à
des médicaments pour leur permettre de vivre quelques
années de plus. Cela serait une politique sociale bien
ordonnée.
M. CLOUTIER: Le député a mentionné tout à
l'heure qu'il lui semblait que, par réglementation, il lui serait
possible de donner une carte d'assistance médicale à un groupe de
personnes qu'il a identifié comme souffrant de telle et telle maladie,
sans distinction d'état financier ou d'état de fortune. Je ne
suis pas avocat ni légiste, mais je ne crois pas que nos
législations actuelles nous permettent de procéder de cette
façon.
M. HARVEY: Je vais dire au ministre comment: Vous avez actuellement, par
voie de règlement, un maximum permis pour un adulte, vivant seul,
bénéficiant d'une pension quelconque.
C'est par voie de règlement que le maximum a été
établi. En l'augmentant, vous pouvez très facilement rejoindre
l'objectif que je viens de vous donner. Ce n'est pas dans la loi que l'on
retrouve un maximum de $2,200 pour deux adultes. Ce n'est pas dans la loi que
l'on retrouve le maximum de $1,060. C'est dans les règlements qui ont
été adoptés au moment de l'adoption de la loi et, par la
suite, modifiés par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. CLOUTIER: Oui, mais le député de Jonquière
devrait prendre en considération la Loi de l'assistance médicale
aussi et non pas seulement nos lois d'assistance publique.
M. HARVEY: Non, je parle des lois de sécurité sociale.
M. CLOUTIER: Oui, mais il y a la Loi de l'assistance médicale qui
dit aussi que la carte d'assistance médicale n'est remise qu'à
celui qui reçoit une prestation du ministère de la Famille et du
Bien-Etre social. Mais il faut d'abord, au préalable, établir la
prestation: la prestation, d'après nos lois actuelles de
sécurité sociale, est établie à partir du
déficit qui existe entre les besoins de la personne et les revenus de la
personne.
A ce moment-là, nous devons agir à l'intérieur de
cette législation. C'est pourquoi je disais au député tout
à l'heure, sans avoir pris le temps de fouiller en détail la
législation actuelle et de voir ce qui serait permis de faire: Je doute
que nous puissions, par simple législation, procéder. Mais ce
n'est pas mon intention de nier les besoins du groupe de personnes dont a
parlé le député. Mais je m'interroge à ce
moment-ci, à savoir si le mécanis- me suggéré par
le député serait utilisable. C'est la simple question que je me
suis posée.
M. HARVEY; Si on a jugé à propos, au gouvernement
fédéral comme ailleurs au Canada, de dire que l'économie
pouvait supporter, pour le travailleur en général, une
augmentation de 7 1/2% par année pour les deux années à
venir, on avait, j'espère, à la suite des recommandations qui
avaient été faites, j'imagine par des économistes ou des
gens qui s'y connaissaient en fait d'équilibre budgétaire ou de
sauvegarde économique, on a jugé à propos qu'une
augmentation supérieure à 7 1/2% par année, pour les deux
années à venir, serait une augmentation nous dirigeant vers une
économie malade. Mol, je comprends mal que, lorsqu'on parle des
assistés sociaux en général, on se limite à
l'augmentation du coût de la vie. Parce que l'augmentation du coût
de la vie, souvent, quand on l'établit en pourcentage, globalement
à travers le Canada ou dans un Etat ou dans une province en particulier,
cela comprend le logement, cela comprend tout ce dont un homme a besoin pour
vivre. Dieu sait que seuls les assistés sociaux sont en
difficultés pour obtenir du crédit, pour obtenir, sans avoir
l'argent sous la main, les nécessités vitales.
Alors, je comprends très mal qu'on ne pourrait pas, par voie de
règlement et c'est par voie de règlement qu'on peut le
faire augmenter les maximums ou les diminuer. Si on regarde par exemple
la pension accordée aux veuves ou aux personnes de sexe féminin
de 60 ans ou plus, on réalise qu'il y en a toute une catégorie
qui sont exclues des bénéfices au Québec et c'est normal
parce qu'aucune d'entre elles ne travaille, aucune d'entre elles n'a des
revenus de placement, n'a des revenus en provenance de loyers et leurs revenus
sont supérieurs au maximum établi dans les règlements. Il
n'y a pas une loi sociale au Québec qui détermine de façon
catégorique là où doit s'arrêter ou commencer le
versement. Cela s'établit dans des règlements qui ont
été adoptés lors de la présentation de la loi en
Chambre ou par la suite par le lieutenant-gouverneur en conseil ou
modifiés à la demande des officiers du ministère. Je me
demande si le ministre, revoyant cette chose-là, ne pourrait pas
immédiatement apporter les correctifs que j'ai demandés dans ma
courte intervention. Je ne veux pas faire de démagogie, mais si on a
jugé que le travailleur, celui qui jouit d'une pleine santé avec
une position avantageuse, peut avoir une augmentation de 7.5% cette
année et l'an prochain, sans nuire à l'économie du pays ou
de la province, je conçois très mal qu'on limite
l'augmentation aux assistés sociaux. Je ne parle pas des
paresseux, la cinquième catégorie j'en ai parlé tout
à l'heure, ce sont des assistés sociaux et j'avais dans ma
catégorie les vrais et les faux.
Je ne veux pas éterniser le débat en parlant des faux. Il
y en aura toujours et espérons qu'ils diminueront d'année en
année. Mais les vrais, si on dit au travailleur qu'il a le droit
à une augmentation de 7.5% par année sur son salaire, je ne
comprends pas pourquoi on limiterait à 3.8% celle qui a eu le malheur de
perdre son époux et qui est prise avec huit, neuf ou dix enfants, celui
qui n'a pas eu l'avantage de payer un fonds de retraite convenable dès
qu'il a eu l'âge de vingt ans et qu'il retire $10 de pension par mois,
celui qui a perdu les yeux devrait avoir une augmentation normale de sa
pension, équivalente à un travailleur qui lui, peut, si le
coût de la vie augmente de 3.5%, avoir une augmentation de 7.5% lui
permettant d'échanger automobile, maison, chalet et ainsi de suite.
M. CLOUTIER: De toute façon, M. le Président, je comprends
que le député ne veuille pas prolonger le débat; il a fait
ses suggestions. Le problème des personnes âgées, du
transfert des bénéficiaires d'assistance-vieillesse, a toujours
retenu l'attention du ministère et nous avons tâché de
faciliter, dans la mesure du possible, les demandes des
transférés, les demandes qui nous sont parvenues. Nous allons
examiner au mérite la suggestion du député de
Jonquiêre-Kénogami, mais je ne crois pas, je le
répète, que nous puissions le faire en modifiant seulement la
législation, mais de toute façon nous avons les officiers qui
examineront cette proposition.
M. HARVEY: Vous voulez dire en modifiant seulement la
réglementation.
M. CLOUTIER: Seulement la réglementation. Les officiers du
ministère examineront les possibilités.
M. HARVEY: Avant de terminer, je voudrais attirer l'attention du
ministre. Je n'ai pas parlé seulement des personnes âgées,
j'ai parlé des quatre catégories...
M. CLOUTIER: Oui, j'ai bien noté.
M. HARVEY: ... et dans la cinquième, des vrais assistés
sociaux.
M. CLOUTIER: Oui, j'ai bien noté.
M. HARVEY: Les vrais. Les faux je les laisse au député de
Saguenay.
M. CLOUTIER: Je voudrais faire une autre remarque...
UNE VOIX: Pourquoi spécialement lui?
M. HARVEY: Parce qu'il ne les aime pas, les faux.
M. CLOUTIER: Une simple remarque. Le député a
mentionné le chiffre des soins médicaux publiés dans le
rapport de l'assistance médicale. Dans ce montant de $13 millions, il
faudrait considérer qu'il y a eu une période non couverte par
l'entente non signée avec les spécialistes. Alors, le montant
annuel corrigé est plus que $13 millions, c'est environ $18
millions.
M. HARVEY: $18 millions. Oui, je sais. M. CLOUTIER: Le
député de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): A propos des mêmes secteurs qu'a
touchés le député de Jonquière, je voudrais revenir
sur les chiffres qu'a donnés le ministre parce qu'il y avait une
comptabilité assez complexe sur les cas transférés ou non
transférés. Le dernier qui m'a frappé est celui si
f ai bien compris qui donne la clé un peu, c'est qu'en
décembre 1968, vous disiez c'était dans la dernière
énumération qu'il y avait 15,282
bénéficiaires de la sécurité de la vieillesse qui
avaient obtenu des suppléments.
M. CLOUTIER: Des suppléments, oui, c'est exact.
M. LEVESQUE (Laurier): Et ensuite on aboutit à mai 1969 avec
17,900 et quelque chose...
M. CLOUTIER: 17,973 oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... qui ont obtenu des suppléments.
Là, est-ce que vous voulez dire des gens qui peu importent les
augmentations qui peuvent aller jusqu'à $109.40, la
sécurité de la vieillesse sont également sur les
listes de pension supplémentaire du ministère et qui, par
conséquent, ont la carte d'assistance médicale?
M. CLOUTIER: C'est exact, ils ont la carte. M. LEVESQUE (Laurier):
Est-ce que vous
pourriez donner une idée en tenant compte du fait nous
l'avons dit tantôt qu'il y a toute une série de personnes
âgées qui surtout ce sont souvent les cas les plus
tragiques évidemment ont eu très peu d'instruction? Il
faut tenir compte du moment où ils ont grandi dans la vie et des chances
qu'ils avaient. Ils peuvent être broyés tout simplement dans
l'ignorance de la machine, on le sait. C'est le devoir du ministère, des
organisations régionales de les dépister. Est-ce que vous avez
une idée actuellement du nombre de demandes en suspens ou « being
processed » comme ils disent en anglais, dans ce domaine-là?
Est-ce que l'on peut compter que vous prenez simplement des augmentations
à mesure?
M. CLOUTIER: Les chiffres que j'ai donnés, ce sont les demandes
qui ont été acceptées.
Il y a d'autres demandes qui ont été refusées, mais
je n'ai pas le chiffre des formules qui ne nous auraient pas été
retournées ou des dossiers où il n'y aurait pas eu,...
M. LEVESQUE (Laurier): Je veux dire à quel point le
ministère est-il à jour, dans le sens suivant: celles qui sont
refusées à juste titre, espérons-le cela
est-il réglé jusqu'à ce qu'elles reviennent avec d'autres
motivations? Mais, actuellement, est-ce que le ministre pourrait dire à
quel point le ministre est à jour dans ces dossiers-là? Autrement
dit, y en a-t-il 2,000 qui attendent, y en a-t-il 5,000, enfin peu importe, ou
200?
M. CLOUTIER: Cela relève de la commission...
M. LEVESQUE (Laurier): Enfin, comme elle est destinée à
être vaguement intégrée, il faut quand même se
préparer à travailler avec vous.
M. CLOUTIER: Ils ont lu le texte de loi.
M. LEVESQUE (Laurier): Donc ils en ont tiré des
conséquences.
M. CLOUTIER: Le sous-ministre m'a dit que, depuis deux mois
particulièrement, il y a eu beaucoup de demandes et qu'actuellement il y
a des dossiers d'accumulés.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous n'avez pas d'idée de la masse?
M. CLOUTIER: Je n'ai pas de chiffres actuellement.
M. LEVESQUE (Laurier): Juste une autre question qui peut se
décomposer peut-être en deux ou trois questions, mais à
propos de la Loi de l'aide sociale, elle a été
déposée. Les règlements ne sont pas encore publics?
M. CLOUTIER: Ils sont presque terminés, ils vont subir une
dernière vérification au conseil des ministres.
M. LEVESQUE (Laurier): Qu'est-ce qu'il y a de vrai dans ceci? Je n'ai
pas eu le temps de vérifier mais à Montréal
où je me rends chaque fin de semaine assez normalement, on m'a dit que
le service social de la ville avait été chargé
jusqu'à un certain point ou serait sur le point d'être
chargé de servir de plan pilote pour l'expérimentation des
règlements à venir. Est-ce que c'est vrai ou faux? Ou si c'est
simplement une confusion avec les espèces de trucs transitoires dont il
avait été question?
M. CLOUTIER: Nous avons des endroits qui nous servent de bureaux
pilotes, ce sont les deux premiers bureaux qui ont été
installés dans la ville de Québec, celui de Charlesbourg et celui
de Marie-de-l'Incarnation. Ce sont des bureaux structurés en vertu de la
nouvelle formule, en vertu de la nouvelle répartition de la charge de
travail avec des mécanismes nouveaux de contrôle et de gestion et
ce sont ces bureaux-là qui nous servent de bureaux pilotes. Quant
à la ville de Montréal...
M. LEVESQUE (Laurier): Mais là, est-ce que vous parlez en
fonction de la réglementation?
M. CLOUTIER: Des normes intérimaires et de la nouvelle loi qui
s'en vient, cela a été conçu en vue de cette nouvelle
loi...
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, ces normes intérimaires sont plus
ou moins calibrées, enfin c'est une sorte d'expérience pilote en
fonction des règlements de la loi générale.
M. CLOUTIER: C'était une étape intermédiaire pour
en arriver à la réglementation qui va accompagner la loi
générale.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord, et si vous permettez, dans ces
règlements, évidemment, nous ne savons plus maintenant à
quel moment la loi va être adoptée, alors, vous marchez dans le
provisoire.
M. CLOUTIER: Disons que je peux facilement dire ce soir quel sera le
processus qui sera annoncé en Chambre. Les corps inter-
médiaires des groupements, des corporations professionnelles ont
manifesté le désir de se faire entendre. Alors, nul doute que
durant la période d'ajournement, il y aura possibilité pour la
commission de siéger et de les entendre de façon à vouloir
adopter la législation au retour après l'ajournement.
M. LEVESQUE (Laurier): Et les règlements seront
déposés entre-temps?
M. CLOUTIER: Les règlements seront déposés
entre-temps et quand nous irons à la commission, nous les aurons pour
faire une discussion, nous aurons les règlements au moment où
nous discuterons en commission.
M. LEVESQUE (Laurier): Maintenant, le dernier sujet qui se relit quant
à moi, mais enfin je voudrais le séparer pour être bien
clair, parce que tout devient un peu confus, l'assurance-maladie en 1970, la
Loi d'aide sociale quelque part à la fin de 1969, peut-être, etc.
on vient... Pour l'instant, une chose qui me frappe depuis assez longtemps, le
ministre le sait, c'est le fait, et maintenant, on lit, des constatations des
médecins eux-mêmes qui disent: On fait de la fraude pour passer
à travers, dans le cas des médicaments. Vous avez continué
à donner ce qui avait déjà été
créé, la carte d'assistance médicale.
Vous dites qu'il y a environ 18,000 personnes âgées qui
sont particulièrement exposées aux besoins de médicaments
pour des raisons que le député de
Jonquière-Kénogami donnait tout à l'heure. Quand on parle
d'arthritiques, de cardiaques, de gens comme cela, vous avez plus de chance de
les trouver dans les vieilles classes de la société que chez les
jeunes. On le sait. Alors, ces gens sont par définition des clients de
la pharmacie peut-être plus encore que des médecins. Cela fait
trois ans et plus maintenant que la carte d'assistance médicale existe,
mais cela fait trois ans et plus que le médicament n'est pas fourni,
enfin n'est pas fourni sauf encore une fois par des suppléments
d'arrêté en conseil, etc., etc. et toute la patente. Mais, cela
fait trois ans que les médecins ils l'avouent maintenant dans
leurs propres publications en sont réduits à faire de la
fraude en dehors de la loi, charger des visites artificielles, faire de la
médication par injection au lieu de la faire par voie orale, ce qui
amène les gens à leur bureau de façon à pouvoir, en
chargeant des visites, passer les médicaments.
Et un autre résultat grave de cela, c'est que cela fait trois ans
que le ministère et là, je pense au ministre avec ses deux
chapeaux, Santé et Famille et Bien-Etre social que ce
conglomérat ministériel, si vous voulez, n'a pas l'air d'avoir
fait grand-chose pour préparer... Cela explique peut-être les
délais de M. Dozois, qui dit qu'il faudrait essayer de voir venir
jusqu'en 1970, parce que nous ne sommes pas prêts.
Alors, dans le domaine des médicaments, est-ce qu'on n'aurait pas
pu, est-ce qu'on ne pourrait pas encore pour l'amour du bon Dieu si on
n'a pas tout aboli ce qui avait été commencé faire
une expérience, parce qu'il y a des listes de médicaments qui
doivent être « testés »? Autrement dit il ne faut pas
entrer dans toute l'orgie pharmaceutique traditionnelle. Autrement on s'en va
vers le « racket » invraisemblable. On appelait cela formulaire et
je ne sais pas si c'est encore le mot. Mais il doit y avoir des listes de
médicaments essentiels d'établies qui seraient approuvées.
Cela demande des expériences, on ne l'a pas fait pendant trois ans
malgré qu'on aurait dû le faire. On a mis les médecins
eux-mêmes dans la fraude, vis-à-vis des assistés sociaux,
sur ce point.
Est-ce qu'on ne pourrait pas, bon Dieu, tout de suite ou le plus vite
possible à moins qu'on ait aboli toutes les études qui devaient
être en marche sur le problème des médicaments parce qu'on
a eu seulement des réponses floues à venir jusqu'ici... Je me
souviens d'avoir demandé au ministre entre autres choses je pense
que le député de D'Arcy-McGee l'avait fait aussi est-ce
que cela continue ces études de comité sur la possibilité
de fournir les médicaments aux assistés sociaux qui, dans mon
esprit et celui d'autres est une étape préparatoire à
l'assurance-maladie générale, mais qui est une étape
pressante?
Alors, les réponses du ministre ont donné l'impression
qu'il y avait un certain travail qui continuait. Mais, cela fait trois ans et
plus et, l'an prochain, en dépit des délais annoncés par
M. Dozois, on s'en va vers l'assurance-maladie. Evidemment, si on ne fait pas
le « test » sur les médicaments en particulier pour cette
section, cette catégorie des gens âgées qui ont des
maladies chroniques, qui, essentiellement se font traiter par prescription,
où est-ce qu'on va?
M. BOURASSA: Le député de Laurier a raison, cela fait
quand même trois ans qu'à chaque discussion, à chaque
année, que ce soit le député de
Jonquière-Kénogami, de D'Arcy-McGee ou le député de
Jacques-Cartier, moi-même
et le député de Laurier, que nous insistons tellement sur
l'importance de l'assistance-médicaments et, à chaque
année, le ministre a toujours des explications et des promesses que ce
sera incessamment appliqué. Je ne pense pas qu'on puisse invoquer une
raison financière parce que le ministre est au courant, d'après
les études de la commission Castonguay, je pense que cela
coûterait pour les assistés sociaux $8,000,000 d'avoir des
médicaments gratuits, ce sont quand même des chiffres.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela est sur la base de prix non
négociés.
M. HARVEY: Et tous les assistés sociaux...
M. CLOUTIER: Si vous voulez prendre un barème, disons que vous
prenez 50% du coût des soins médicaux et chirurgicaux et je pense
que nous ne serons pas loin de la vérité. Si on prend le
régime de $20 millions pour les soins médicaux et chirurgicaux
aux assistés sociaux, prenons comme base de la discussion $10 millions
pour les médicaments.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais est-ce que le ministre est d'accord que
c'est sur la base de prix non négociés, de prix commerciaux?
M. HARVEY: Non négociés.
M. CLOUTIER: C'est-à-dire sur la base de prix non
négociés.
M. BOURASSA: Sans tenir compte de l'économie de plusieurs
millions peut-être, qui pourrait résulter d'une centralisation
véritable des achats.
M. CLOUTIER: Oui. C'est sur la base d'un prix non négocié,
mais c'est aussi sans tenir compte d'une consommation accrue et plus
accessible.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord! Est-ce sur la base d'une liste?
M. CLOUTIER: Ce n'est pas sur la base de la liste. Par ailleurs...
M. LEVESQUE (Laurier): Et ça on nous avait parlé, il y a
trois ans déjà, avec des spécialistes...
M. CLOUTIER: Je reviendrai tantôt à l'argumentation du
député de Laurier. Je vais lui dire où nous en sommes
rendus.
M. HARVEY: M. le Ministre, ça vieillit mais ça meurt.
M. BOURASSA: Dya aussi le point qu'a soulevé le
député de Laurier.
M. CLOUTIER: Vous ne voulez pas imputer ça au ministre de la
Santé, toujours?
M. BOURASSA: C'est de la fraude qui existe et qui fait que je pense que
le coût par tête d'assistance médicale au Québec est
considérablement supérieur à celui, par exemple, de
l'état de New York.
Certains chiffres m'ont été fournis par la
fédération des omnipraticiens, c'était peut-être 60%
ou 70% plus élevé par tête au Québec, à cause
en partie de cette fraude médicale.
Je pense que c'est une situation qui a assez duré; je ne sais pas
quelles seront les réponses du ministre là-dessus, nous nous
sommes montrés...
M. CLOUTIER: Les réponses du ministre...
M. BOURASSA: ... très patients, nous avons pensé que le
ministre pouvait avoir des explications, qu'il devait faire des consultations.
Mais je pense que nous ne pouvons pas faire autrement que de le blâmer,
après trois ans, de ne pas avoir encore appliqué
l'assistance-médicaments.
M. CLOUTIER: Voici où en est l'état des travaux
actuellement. Deux étapes ont été faites par le
comité spécial, le comité interministériel qui a
été formé; les études auxquelles a fait allusion le
député de Laurier et l'établissement du formulaire, c'est
fait, c'est un très volumineux document de travail...
M. BOURASSA: Cela devait être... l'an dernier, le ministre...
M. CLOUTIER: ... un travail extrêmement complexe et il a fallu
plusieurs mois à une firme spécialisée pour le dresser, et
maintenant nous l'avons.
M. LEVESQUE (Laurier): Quel est le nombre approximatif de
médicaments qui seraient approuvés?
M. CLOUTIER: Je n'ai pas cela ici.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre ne se souvient pas du nombre
total.
M. CLOUTIER: Non, je ne l'ai pas, je ne voudrais pas avancer un chiffre
dont je ne suis pas sûr. Mais il y aurait une diminution fantastique par
rapport à la liste...
M. LEVESQUE (Laurier): Il y a besoin!
M. CLOUTIER: ... que l'on connaît.
La troisième étape qui sera entreprise incessamment de
concert avec le ministère de l'Industrie et du Commerce et le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social, c'est la
négociation avec l'industrie manufacturière. Je ne sais pas
quelle sera la durée ni quelle sera la complexité de cette
étape.
Il y aura une quatrième étape qui sera la
législation de l'assistance-médicaments. Des préalables
à l'instauration de la législation de
l'assistance-médicaments, nous pourrions en énumérer, M.
le Président, je crois que l'aspect administratif est peut-être un
élément important, de savoir que, maintenant que nous aurons un
régime d'assurance-maladie, ce régime qui sera administré
par une régie, qui pourra également administrer un régime
d'assurance-médicaments, qui absorbera etintégreraunrégime
d'assistance médicale. Je crois que, du côté administratif,
nous pouvons être fixés sur ce que sera l'organisme administratif
gouvernemental chargé d'appliquer un tel régime.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce qui revient à dire que si
l'assurance-maladie arrive tel que prévu il peut encore y avoir
des accidents de parcours en juillet 1970,
l'assistance-médicaments, première étape jusqu'à un
certain point, étape de contrôle dans notre société,
d'une politique d'assurance-médicaments qui viendrait
éventuellement, mais elle ne pourrait pas exister avec la fin de 1970,
début de 1971, à moins d'être très naïf. Ce qui
veut dire que le ministère aurait passé quatre ans et demi ou
cinq ans, à partir d'une loi d'assistance médicale qui appelait
de façon criante un complément de médicaments, en
particulier pour les classes d'âge dont parlait le député
de Jonquière, et qui sont particulièrement affectées, au
moins quatre ans et demi à cinq ans avant de faire ce complément
indispensable de ce qu'était l'assistance médicale comme point de
départ.
Je suis obligé de dire, et en pesant bien mes mots au ministre,
cela rejoint peut-être une chose qu'on lui a dite plusieurs fois:S'ily
avait un conglomérat, particulièrement hasardeux et trop rapide,
c'était celui des deux ministères extraordinairement complexes
qu'il dirige en même temps. De cela nous avons déjà
discuté, nous n'en reparlerons pas! Je dis simplement qu'il est
absolument impardonnable, vis-à-vis des gens parmi les plus faibles et
les plus démunis dans notre société, d'avoir patiné
pendant quatre ans, et cela fera bientôt cinq ans. D'après les
délais que nous donne le ministre, cela ne pourra pas être
appliqué avant la fin de 1970.
Si cela doit être greffé à l'éventuelle
régie de l'assurance-maladie qui, elle-même, ne viendra au monde
de façon pratique qu'à la mi-1970, à supposer que cela
vienne, je trouve qu'il y a de la négligence qui pourrait être
qualifiée d'une façon extraordinairement dure. Peu importent les
efforts de bonne volonté du ministre. Ce n'est pas à nous de
blâmer qui que ce soit dans ses services, j'espère qu'il ne
prendra pas le même ton que le ministre de l'Education, et je suis
sûr que le ministre ne ferait pas cela, se défendre sur le dos de
ceux qui ne peuvent pas se défendre. C'est lui fondamentalement qui est
responsable, et moi je dis que c'est une responsabilité très
grave, c'est quelque chose qui confine à de la négligence sociale
extrêmement blâmable.
M. CLOUTIER: Si le député de Laurier voulait distinguer
dans son argumentation: il y a le public des assistés sociaux qui a
quand même été servi par nos lois d'assistance publique,
j'admettrai avec lui que le système est biaisé. Mais le public en
a moins souffert que veut le faire croire le député de Laurier,
s'il ne nuançait pas son jugement. Il a été couvert par le
biais de nos lois d'assistance publique...
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre me permettra de lui dire que l'on
devient enragé lorsque l'on voit des cas, comme tous les
députés ont dans leur comté; on finit par être une
sorte de maudit travailleur social amateur. Je donne un cas extrême, le
ministre est peut-être au courant. J'avais écrit à son
bureau, après que des voisins m'eurent relaté le cas d'une
personne âgée de 79 ou 80 ans, d'un vieux monsieur de 79 ou 77
ans, enfin entre 75 et 80 ans.
Ce cas avait tellement traîné que les voisins
étaient devenus indignés, parce que ce monsieur ne pouvait pas se
défendre. Il recevait à peu près $109 par mois de pension
et cela lui coûtait jusqu'à $80 de maudits médicaments dans
le système actuel commercialisé des médicaments, parce
qu'il avait une maladie chronique très grave. En plus ironie de
ces histoires on lui faisait payer un appareil de respiration
c'était une maladie qui avait à voir avec les troubles
respiratoires qu'on a souvent quand on est vieux. Cet appareil, après la
mort du vieillard, devait revenir au minis-
têre, en toute propriété. Cest la reine qui le
récupérait, mais lui le payait entre-temps.
En tout cas, c'était devenu tellement indignant. Après des
lettres inutiles, des voisins ont fait une sorte de révolte et on a
été mis au courant du problème. Alors finalement,
après près d'un an de « traînaillage » comme
cela essentiellement axé sur l'incapacité d'obtenir des
médicaments par ce qui pourrait être une
assistance-médicaments il a obtenu ce qu'il voulait Un mois
après, on a appris qu'il était mort. Alors, il a fait une maudite
belle fin! Cela a traînê. Pendant deux ou trois ans, il aurait pu
respirer comme du monde. Finalement quand il a fini par obtenir ce qu'il
voulait, après Dieu sait quel « tiraillage » dans le
quartier, eh bien, il est mort un mois après. Il est peut-être
mort soulagé, mais entre nous... Vous savez, il y a des cas comme cela
qui finissent par donner le feu.
M. BOURASSA: Je voudrais que le ministre se souvienne quand même
cela rend peut-être impardonnable sa négligence le
ministre se souvient peut-être que l'an dernier il a dit: Nous avons
terminé l'élaboration du formulaire. Il nous reste certaines
consultations...
M. CLOUTIER: Non je n'ai pas pu dire cela l'an dernier. Sauf
erreur...
M. BOURASSA: Si je me souviens...
M. CLOUTIER: ... le document de travail ne nous avait pas
été remis.
M. BOURASSA: Je me souviens très bien, j'avais posé la
question. A chaque année, nous posons toujours la même question.
Le ministre a dit: Ce qu'il nous reste, ce sont les consultations avec les
corps intermédiaires.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député ne voudrait pas
plutôt dire que c'est l'automne dernier, au moment de la discussion du
budget supplémentaire?
M. BOURASSA: C'est possible que ce soit la dernière fois qu'on en
ait discuté. Il reste quand même que cela fait au moins six mois
que cette première étape importante est terminée. Je
comprends que le ministre dit que par certains procédés c'est
possible d'avoir l'assistance-médicaments. Mais il faut être
député d'un comté comme le mien, ou peut-être aussi
comme celui du ministre, pour voir jusqu'à quel point les
problèmes administratifs, c'est toute une question pour beaucoup de
gens. Et soit par négligence, par manque d'information ou par oubli ils
ne profitent pas de ces facilités administratives qui sont
peut-être accessibles de façon théorique. Mais, en
pratique, ils n'en profitent pas. Et le préjudice est réel.
Alors, on ne peut pas faire autrement que de blâmer le ministre et
trouver impardonnable la négligence dans une question qui n'a pas
d'implication financière importante.
M. CLOUTIER: Le député dit que cela n'a pas d'implication
financière en soi, un régime d'assistance-médicaments.
Mais il faudrait tout de même avoir à l'esprit qu'un régime
même partiel, conduira à un régime général.
Et si le régime partiel est mal lancé ou si l'on n'en a pas
prévu les implications financières ou si une des composantes de
l'instauration du régime est défectueuse, soit du
côté de la législation, soit du côté de la
négociation ou soit du côté des mécanismes
administratifs, il faudrait voir là des conséquences assez
importantes et assez graves. On sait que le domaine des médicaments est
beaucoup plus difficile d'appréciation quant au coût que le
système de soins médicaux. Il est beaucoup plus difficile de
circonscrire la hausse des coûts dans le domaine des médicaments
dans un régime partiel ou dans un régime public que par une
négociation avec la profession médicale.
M. BOURASSA: Mais cela existe ailleurs.
M. CLOUTIER: Oui, cela existe ailleurs. Mais on sait que dans d'autres
pays qui ont été visités par...
M. BOURASSA: Dans d'autres provinces.
M. CLOUTIER: ... nos commissaires qui nous ont fait rapport, on a
vécu dans ce domaine des expériences assez douloureuses. J'ai
l'impression qu'on n'a pas pris...
M. BOURASSA: Dans d'autres provinces?
M. CLOUTIER: ... toutes les précautions nécessaires avant
l'instauration d'un tel régime. Je ne dis pas qu'il doive y avoir un
excès de précautions. Dans le domaine de la
sécurité sociale, particulièrement dans le domaine des
médicaments, il faut être certain de
l'étanchéité du régime. Dans un régime de
$20 millions .pour les assistés sociaux en soins médicaux, si on
se base sur une proportion comme celle-là, on peut, par extension d'un
régime défectueux, dépasser tous les budgets que nous nous
serions fixés pour un régime général. Et on sait
que, quand on
s'engage dans un régime de sécurité sociale, il
faut être capable d'en mesurer les effets non seulement pour une
année, mais il faut être capable de faire une projection assez
précise pour un certain nombre d'années, je dirais au minimum une
période de 5 ans. A ce moment-là, nous commençons des
programmes qui créeront une telle contrainte sur les finances de la
province que nous serons dans l'impossibilité de commencer d'autres
programmes que nous aurions voulu lancer, notamment au point de vue
économique.
M. LEVESQUE (Laurier): Nous pourrions dire ça à propos des
allocations familiales.
M. CLOUTIER: Malgré qu'avec les allocations familiales, avec la
dénatalité, le risque est beaucoup moins considérable
qu'il peut l'être du côté des médicaments avec la
consommation de plus en plus considérable.
M. BOURASSA: Mais ça existe dans d'autres provinces.
M. CLOUTIER: Cela existe dans d'autres provinces et dans d'autres pays.
Je ne voudrais pas que l'on procède à l'installation d'un
régime qui n'aurait pas été préparé
suffisamment.
M. BOURASSA: Il est plus que préparé, là!
M. LEVESQUE (Laurier): C'est que le ministre parle d'expérience.
Elles ont été faites dans des pays comme dans des provinces. Je
me souviens, récemment, d'avoir lu celle du Danemark qui est inspirante,
et c'est une population relativement restreinte comme la nôtre. Vous
pouvez aller dans bien des pays, vous avez les moyens; les fonctionnaires
peuvent voyager. Nous sommes dans un monde assez petit pour aller voir tout ce
qui a été fait de bien ou de mal ailleurs. Cela fait
bientôt quatre ans, trois ans et quelque chose, d'après les
prévisions du ministre ça va prendre bientôt près de
cinq ans avant qu'une seule étape ne soit accomplie. J'en fais une sorte
de symbole d'une chose que le ministre admettra j'en suis sûr.
Il est féru d'efficacité, ça vient de son
entraînement professionnel, et c'est très bien. Il nous fait
l'argument de l'efficacité, et je crois qu'il a raison. Les souvenirs
que je garde du ministère, et c'est ce qui m'inquiète, c'est que
c'est un ministère qui a besoin d'être efficace. D'accord. Mais il
ne faudrait jamais que le souci de l'efficacité fasse oublier au
ministère que ça doit être aussi un des ministères
les plus pressés au point de vue humain et au point de vue social, de ce
maudit gouvernement.
Or, actuellement, dans ce domaine-là comme dans d'autres,
ça donne l'impression d'un ministère peut-être «
comptablement » très préoccupé d'efficacité,
et c'est très bien, financièrement aussi, mais d'un
ministère terriblement pas pressé. Cela, je crois, est
dangereux.
M. BOURASSA: C'est pour la fusion, puisque le député de
Laurier en a parlé. Pour ce qui est de la fusion, théoriquement,
elle est censée exister, elle a été établie.
M. CLOUTIER: La fusion?
M. BOURASSA: La fusion entre le ministère de la Santé et
le ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
M. CLOUTIER: Non, des services administratifs, pas une fusion
intégrale des ministères.
M. BOURASSA: D'accord, mais, même sur le plan des services
administratifs, est-ce que ça dépasse le courrier, ou le
transport par camion, quoi? Est-ce que le ministre peut résumer?
M. CLOUTIER: Oui, vous avez le bureau des relations de travail qui est
unique pour les deux ministères, vous avez le service d'information pour
les deux ministères, vous avez le service du personnel pour les deux
ministères, vous avez une direction générale de
l'administration unique pour les deux ministères avec un titulaire pour
les deux ministères. Nous avons en discussion actuellement le service
juridique, pour l'intégration.
M. BOURASSA; D'accord.
M. CLOUTIER: Nous avons le service médical pour
l'Intégration. Nous avons un seul service de publicité et
d'information. Nous avons un seul service de bibliothèque.
Au-delà de ça, avant de franchir d'autres pas, il faudrait voir
l'expérience...
M. BOURASSA: Avant d'avoir une intégration au niveau des services
connexes...
M. CLOUTIER: Avant d'avoir une intégration...
M. BOURASSA: ... parce que là, ce que le ministre dit, ce sont
des services que l'on retrouve dans tous les ministères.
J'aurais des questions sur la fraude ou sur la décentralisation.
Je crois que le député de...
M. BLANK: Je veux revenir à la question du transfert des cartes
de l'assistance médicale pour les gens qui ont leur pension de
vieillesse de Québec et d'Ottawa. Le ministre dit que, quand on fait ce
transfert, on reprend la carte et qu'ensuite on retourne la formule 1314G.
M. CLOUTIER: La formule 1315G.
M. BLANK: J'ai justement eu un cas cette semaine et je cherche
peut-être un truc pour avoir le retour rapide de cette carte. Un de mes
électeurs a reçu une lettre du ministère disant: Vous avez
maintenant la pension de vieillesse à Ottawa, vous n'avez plus celle du
Québec; s'il vous plaît retourner votre carte d'assistance
médicale, et nous allons vous en envoyer une autre immédiatement.
Ce n'est pas la vérité.
M. CLOUTIER: Je n'ai pas le formulaire sous la main.
M. BLANK: J'ai le formulaire dans mon bureau. J'ai justement eu un cas
cette semaine et j'ai envoyé une lettre au ministère:
Voilà la carte de cette dame, voulez-vous lui envoyer la nouvelle? C'est
ce que je dis dans la lettre.
M. CLOUTIER: Automatiquement, nous demandons immédiatement
à la personne de nous reproduire une demande pour sa carte d'assistance
médicale.
M. BLANK: Ce n'est pas ce qui est dit dans la lettre. Il est dit
seulement: Retournez votre carte et nous allons vous en envoyer une autre.
M. CLOUTIER: Nous allons vérifier, M. le Président. Il y a
certainement deux formules conjointes.
M. BLANK: C'est une formule imprimée en anglais d'un
côté et en français de l'autre, où on dit exactement
la même chose.
M. CLOUTIER: Il y a à ce moment-là la formule par
laquelle...
M. BLANK: Oui, je comprends...
M. CLOUTIER: ... le requérant refait sa demande avec la preuve de
son besoin.
M. BLANK: Oui, je comprends l'attitude du ministère, mais ce
n'est pas ça qui est dit dans la lettre. Cette dame est très
désappointée quand elle ne voit pas sa carte et qu'il faut
qu'elle at- tende des mois et des mois avant qu'on décide si les
chiffres sur son 1314G, qu'elle n'a pas reçu encore...
M. BOURASSA: Dans les enquêtes administratives qui sont faites par
le ministère, est-ce que le ministre est capable de donner certaines
indications sur le niveau de la fraude, il y a des visites qui se font à
certains bureaux régionaux. Quels sont les résultats, si le
ministre est capable d'en fournir quelques-uns?
M. CLOUTIER: Je peux donner au député les endroits
où on a fait...
M. BOURASSA: ... des « spot checks », comme on dit en
anglais.
M. CLOUTIER: ... des « spot checks », oui. C'est plus que
des « spot checks », ce sont des enquêtes véritables
faites par l'auditeur de la province, par la direction générale
de l'aide à domicile et le service des finances ou des contrôles
du ministère de la Famille et du Bien-Etre social.
M. BOURASSA: Vous avez 45 bureaux, je pense.
M. CLOUTIER: J'ai un document...
M. BOURASSA: Vous avez 45 bureaux d'établis, maintenant? C'est un
sujet dont on entend tellement parler. Il y a toutes sortes de chiffres qui
circulent...
M. CLOUTIER: J'ai fait préparer un document, je suis en train de
le localiser...
M. BOURASSA: ... 20%, 30%, 15%... Est-ce que je pourrais avoir une
copie, si vous en avez de disponible?
M. CLOUTIER: ... dans la masse des documents. Voici les endroits dont
les bureaux ont été visités : Il y a d'abord
Québec, où un travail d'envergure a été fait. Il y
a Thetford-Mines, Rivière-du-Loup, Valleyfield, LaSarre, Val-d'Or,
Sainte-Germaine, Lauzon, Longueuil, Laval, Donnacona et la Beauce.
M. BOURASSA: C'est sur 45 bureaux? Vous avez 45 bureaux d'établis
maintenant?
M. CLOUTIER: J'ai donné cet après-midi la liste des
bureaux actuels...
M. BOURASSA: Avec des fonctionnaires en place?
M. CLOUTIER: II y en aura 68; environ 54 bureaux locaux existent
actuellement. Il y a 30 bureaux satellites qui sont des prolongements des
bureaux régionaux. Il y a 9 bureaux régionaux.
M. BOURASSA: Vous avez neuf bureaux régionaux.
M. CLOUTIER: Si le député veut avoir des détails
sur l'ordre d'importance des montants, je prendrai...
M. BOURASSA: Non, la proportion, parce qu'évidemment, si on se
perd dans les chiffres, ce sera difficile de tirer des conclusions. Mais dans
les enquêtes qui ont été faites, quelle est la proportion
de fraudes, quant aux montants et quant au nombre de personnes?
M. CLOUTIER: Si le député s'en tient à la
fraude...
M. BOURASSA: Le cas classique de la fraude, c'est quelqu'un qui dit
qu'il ne travaille pas, et qui travaille.
M. CLOUTIER: Dans les bureaux visités, on peut situer cela
à environ 15%.
M. BOURASSA: C'est-à-dire qu'il y a 15% de personnes qui... les
cas classiques, ce sont des personnes qui disent qu'elles ne travaillent pas et
elles travaillent...
M. CLOUTIER: II y a plus de cas de fraudes que cela... Les cas de
pension, de dossiers fictifs, de noms fictifs...
M. BOURASSA: Ah, oui! il y a toute...
M. CLOUTIER: II y a toute une série de fraudes. Le
député a certainement vu dans les journaux les condamnations et
le genre de fraudes qui peuvent exister.
M. BOURASSA: Alors le taux de fraude, d'après le ministre et
d'après les enquêtes qui ont été faites, dans
combien de bureaux?... Une dizaine de bureaux?
M. CLOUTIER: Dans une douzaine de bureaux.
M. BOURASSA: Sur un total de...?
M. CLOUTIER: De 54. Il y a des bureaux plus petits. Le bureau de
Québec est un des gros bureaux. Il y avait 18,000 dossiers.
M. BOURASSA: La vérification s'est faite sur quelle proportion du
nombre total de dossiers?
M. CLOUTIER: Si l'on prend 18,000 dossiers à Québec, les
autres bureaux sont des bureaux locaux qui pourraient se situer à
mi-chemin; Thetford-Mines, Rivière-du-Loup, Valleyfield...
M. BOURASSA: Mais, combien de dossiers totaux? ... 100,000?
M. CLOUTIER: Tous les dossiers sont sujets à examen.
M. BOURASSA: II y en a 120,000? Vous avez fait...
M. LEVESQUE (Laurier): Sur 18,000 à Québec, vous
commenciez à répondre, juste pour voir...
M. BOURASSA: Oui, d'accord.
M. LEVESQUE (Laurier): ... le prélèvement. Le total?
M. CLOUTIER: Voici ce que cela représente: 45,000 dossiers au
total ont été examinés.
M. LEVESQUE (Laurier): Sur?... M. BOURASSA: ... sur 120,000? M.
CLOUTIER: Sur 150,000.
M. BOURASSA: Sur 150,000. Alors, on peut dire que 30% à peu
près ont été revisés; là-dessus, sur 30%,
vous avez trouvé 15% de fraude?
M. CLOUTIER: Au bureau de Québec, on peut dire 15% de fraude.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais vos 15%, est-ce que vous les appuyez
seulement sur Québec ou sur les 45,000 dossiers vus?
M. CLOUTIER: Sur les 45,000 dossiers.
M. BOURASSA: 15% de fraude. En montants? Je veux dire que nous avons le
nombre, mais quel est le montant?
M. CLOUTIER: Le montant d'argent?
M. BOURASSA: Oui.
M. CLOUTIER: Je croyais que le député
voulait dire « en ascension »I Voici quelles seraient les
annulations d'allocations pour un bureau comme Québec à la suite
d'une visite d'inspection. Il y aurait une moyenne d'annulation de $60,000 par
mois. C'est la même annulation qui se continue, évidemment. Le
montant de $60,000 a été annulé après l'inspection.
Cette annulation se continue de mois en mois. Pour le bureau de Québec,
si on compte de juillet 1968 à mars 1969, ce serait une somme de
$543,000.
M. BOURASSA: Pour Québec, cela fait 18,000 sur 45,000, c'est
à peu près un tiers.
M. CLOUTIER: Si le député veut avoir des chiffres, je peux
lui dire qu'en montants d'argent, de juillet 1968 à mars 1969, dans les
bureaux visités, cela représente une somme de $1,122,000
d'annulation.
M. BOURASSA: D'accord.
M. SAINT-GERMAIN: Lorsque vous dites que c'est $60,000 par mois, quelle
est la somme qui est payée en allocations?
M. CLOUTIER: II faut dire que... je m'excuse, mais je voudrais finir mon
intervention. A la suite de ces annulations, il y a eu revérification de
dossiers et il y a des dossiers qui ont été
réinstallés tout de même.
M. BOURASSA: Mais cela ne fait que $1.5 million à peu près
sur un tiers des dossiers. Cela veut dire que la fraude globale, si on applique
la proportion, pourrait être d'environ $5 millions. Sur combien? Sur un
budget de $250 millions?
M. CLOUTIER: Ce sont les bureaux du ministère, je fais
abstraction des autres bureaux.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que vous ouvrez seulement les dossiers
d'assistance à l'état pur? Pour les allocations, par exemple,
disons l'allocation familiale, il n'y a pas...
M. CLOUTIER: Les allocations familiales ne sont pas
là-dedans.
M. LEVESQUE (Laurier): Et les allocations à la vieillesse?
M. CLOUTIER: Ce sont des bureaux régionaux, ils n'administrent
pas les lois catégorisées qui sont administrées encore par
la commission.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, cela n'a pas touché les lois
catégorisées?
M. CLOUTIER: Cela n'a pas touché les lois
catégorisées.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, c'est uniquement l'assistance
générale administrée par les bureaux régionaux.
M. CLOUTIER: Par les bureaux régionaux.
M. BOURASSA: Cela veut dire $1.5 million sur un total de combien? C'est
parce que j'essaie d'évaluer, en montants, la fraude, en comparant avec
le chiffre global des allocations sociales de toute nature. Si cela exclut
certaines catégories dont parlait... Mais la fraude se faisait sous quel
titre d'allocation, l'assistance-chômage?
M. CLOUTIER: C'était l'assistance-chômage.
M. BOURASSA: Quel est le montant global de
l'assistance-chômage?
M. CLOUTIER: Le montant prévu pour l'année...
M. LEVESQUE (Laurier): $123 millions, c'est le budget voté.
M. CLOUTIER: Non. Il y a eu un budget supplémentaire de $31
millions.
M. LEVESQUE (Laurier): On peut dire $150 millions.
M. CLOUTIER: On peut dire, une fois le budget corrigé pour l'an
dernier... Un instant.
M. BOURASSA: Mettons que c'est $150 millions.
M. CLOUTIER: $150 à $160 millions.
M. BOURASSA: Alors, il se donne $150 millions. Là-dessus, sur un
tiers qui a été vérifié, il y a une fraude de $1.5
million. Donc, est-ce que je suis dans l'erreur si je conclus qu'il y aurait
environ pour $5 millions de fraude sur $150 millions?
M. CLOUTIER: On peut dire que cela peut se situer au-delà de $5
millions.
M. BOURASSA: Comment le ministre peut-il expliquer...
M. CLOUTIER: Il y a le service municipal de la ville de Montréal,
le service de Bien-Etre de la ville de Montréal qui n'a pas
été touché et j'imagine que par extrapolation...
M. BOURASSA: Oui, mais cela va être 15% là aussi. On assume
que ce sera 15% là aussi, puisque, dans tous les bureaux que vous avez
visités, cela a été une moyenne de 15%. Alors, je prends
le montant global de l'assistance-chômage.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre n'a pas dit cela. Peut-être que
ce serait bon si le député de Mercier veut garder sa
question de voir comment la moyenne a été établie.
Est-ce que vous avez trouvé, à Québec, une grande ville,
une moyenne plus élevée que dans les petites villes ou vice
versa?
M. CLOUTIER: Mes officiers me disent que c'est la même
constance.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais pour éclair-cir le problème
excusez-moi juste une seconde il me semble que ce serait simple,
vous nous avez dit qu'à Québec, ici, ilyavalt $60,000 de fraude
par mois.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas tous les mois. Après inspection, nous
avons annulé des prestations pour $60,000; les mois subséquents,
la même allocation n'a pas été versée. Donc, nous
avons économisé chaque mois le montant de $60,000.
M. SAINT-GERMAIN: Relativement à cette perte de $60,000, quel a
été le montant payé aux assistés de
l'assistance-chômage? Vous aurez ainsi le correspondant.
M. BOURASSA: Le ministre a dit tantôt que cela coûtait $1.5
million, qu'il avait épargné $1.5 million sur 30% des cas.
M. SAINT-GERMAIN: Si on a le montant de la fraude et si on avait le
montant payé par mois, on aurait le pourcentage des pertes.
M. BOURASSA: C'est cela qu'il a donné.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est
que, si les chiffres du ministre sont exacts et qu'on fait la même
projection que le député de Mercier, on arriverait autour de $5
millions sur $150 millions, ce qui veut dire quelque chose comme 3% ou 4%
enfin je calcule vite tandis que le ministre nous dit que c'est
autour de 15% de fraude. Où est le reste?
M. BOURASSA: Le ministre a dit: Si l'on parle de dossiers, c'est un
tiers qui a été vérifié. Mais si l'on parle de
montants...
M. CLOUTIER: C'était 45,000 dossiers sur 150,000.
M. BOURASSA: Bon, d'accord, et il est arrivé à 15% de
fraude là-dessus.
M. CLOUTIER: II n'y a pas d'étude scientifique qui a
été faite sur le pourcentage, mais on dit qu'à ce
moment-ci il nous apparaît qu'il y aurait à peu près une
constante qui revient de 15% de fraude.
M. BOURASSA: Oui, mais cela n'équilibre pas comme vient de le
faire ressortir le député de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): A moins que ce ne soit que les petits
dossiers.
M. BOURASSA: Si nous appliquons les 15% au montant, nous obtenons 3% ou
4%...
M. CLOUTIER: Qu'est-ce que nous découvrirons...
M. SAINT-GERMAIN: Il y a le pourcentage relativement au nombre de
dossiers, mais, dans un dossier faux, la somme totale n'est pas volée,
il peut y avoir une fraction seulement du montant qui est versée
malhonnêtement.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est peut-être cela l'explication.
M. CLOUTIER: Pour fins de clarification, mes officiers m'informent que
le pourcentage de 15% correspondrait au nombre de cas et non pas au montant
d'argent. Alors, si c'est 15% des dossiers, il est évident que, dans
cela, il peut y avoir des dossiers plus petits que des allocations plus
substantielles; mais, à partir d'un pourcentage de cas, il faudrait
savoir, à ce moment-là, à quel niveau se situe la moyenne
des prestations versées dans chacun des dossiers, pour tous les
dossiers.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il peut arriver, ce que demandait le
député tout à l'heure, qu'au lieu d'annuler, on
réduise, autrement dit, que les gens en aient plus que...
M. CLOUTIER: II y a des réductions.
M. LEVESQUE (Laurier): ...ce à quoi ils ont droit?
M. CLOUTIER: II y a des réductions d'allocations. Il y a des
réinstallations aussi après qu'il y a eu annulation, parce
qu'à première vue il y a peut-être justification de
suspendre l'allocation, mais des faits nouveaux portés à notre
connaissance justifient la réinstallation de l'allocation.
M. BOURASSA: Si nous prenons les chiffres qu'a donnés le ministre
pour les montants épargnés, il reste que nous arrivons à
une somme de $5 millions, si nous appliquons la proportion que nous avons
trouvée pour le tiers des sommes...
M. CLOUTIER: Si vous l'appliquez sur le montant d'argent, si
c'était une constante qui demeurait et, évidemment, quand nous
examinerons les chiffres de la ville de Montréal, étant
donné que la moyenne des prestations est plus élevée,
est-ce que ces constantes, que nous avons trouvées jusqu'à
maintenant, vont se continuer?
M. LEVESQUE (Laurier): Quel est le nombre de dossiers à
Montréal au total?
M. CLOUTIER: Le tiers, 30,000 dossiers à Montréal.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est la ville de Montréal?
M. CLOUTIER: Le service municipal de bien-être de la ville de
Montréal.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que vous avez un total pour ce qu'on
appelle la région métropolitaine?
M. CLOUTIER: II faudrait ajouter à cela 10,000 autres
dossiers.
M. BOURASSA: Le ministre a épargné $1.5 millions pour 30%
des cas, est-ce qu'il a une idée je pose une question bien
pratique de ce que cela a pu coûter au ministère pour
trouver ce $1.5 million en enquêtes, etc.?
M. CLOUTIER: Nous avons actuellement une équipe d'une quinzaine
de personnes.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que le ministère a des chiffres
maintenant pour nous dire, s'il verse$l en allocation
d'assistance-chômage, par exemple, ou en allocation sociale, quel est le
coût de l'administration sur ce dollar?
M. CLOUTIER: Le député pose une question ...
M. SAINT-GERMAIN: Si nous oublions les allocations sociales, je crois
que ce serait tout de même très utile de savoir quelle est
l'administration d'un système comme cela.
M. BOURASSA: Non, mais ce que le ministre enchafne...
M. CLOUTIER: II faudrait savoir combien cela nous coûterait pour
trouver cette statistique.
M. BOURASSA: Mais, dans le moment, vous avez 15 personnes qui
travaillent à temps plein, pour ces cas de fraude-là?
M. CLOUTIER: Non, ils ne travaillent pas à temps plein; au
maximum deux semaines par mois. Ce sont nos effectifs, c'est du personnel qui
remplace...
M. BOURASSA: Mais, combien sont-ils ceux qui visitent les bureaux
régionaux?
M. CLOUTIER: Ils ne font pas que cela. Nous prenons de nos
équipes de reviseurs qui font, ce que nous appelons en français,
des « task force ».
M. BOURASSA: Une question se relie un peu à cela, M. le
Président. Dans les prévisions budgétaires, on mentionne
seulement $7 millions de plus, le ministre est au courant, $256 millions par
rapport à $249 millions pour les dépenses de 69/70, alors qu'en
67/68 et 68/69, il y avait eu chaque année une augmentation moyenne de
$30 millions.
Le ministre vient de constater que les résultats réels de
la fraude sont assez minimes quand même. Comment se fait-il qu'on ne
prévoit cette année que $7,000,000 de plus en tenant compte de la
nouvelle loi dont les règlements vont être adoptés au cours
des prochains mois? En tenant compte que le chômage demeure le
même, que les cas d'assistance-chômage, je pense, augmentent,
comment le ministre qui est comptable...
M. CLOUTIER: Le chômage, c'est parce que le ministre de
l'Industrie et du Commerce a oublié...
M. BOURASSA: Ah, bien! Alors comment le ministre peut-il expliquer?
M. CLOUTIER: Je dirai au député de Mercier...
M. BOURASSA: Cela a été revisé à la baisse
par le ministère des Finances...
M. CLOUTIER: Je dirais au député de Mercier qu'il y a eu
depuis février, dans nos bureaux régionaux cela comprend
tout notre réseau de bureaux au service de bien-être de la
ville de Montréal, une diminution de coût à chaque mois et
c'est la première fois que cela se produit depuis de nombreuses
années.
M. BOURASSA: Qui s'explique comment?
M. CLOUTIER: Elle s'explique par un contrôle plus
sévère de l'attribution des prestations d'abord, les annulations
dont on a parlé au fur et à mesure...
M. BOURASSA: Oui, mais cela ne veut rien dire en termes
réels.
M. CLOUTIER: Cela veut dire...
M. BOURASSA: J'ai commencé par cela précisément
pour avoir des idées sur les épargnes
présumées.
M. CLOUTIER: Cela veut dire que, pour un bureau comme celui de
Québec, je pense que c'est $60,000 de moins par mois.
M. BOURASSA: Oui, mais $600,000 par année...
M. CLOUTIER: Et une autre explication, M. le Président: il y a
les normes intérimaires qui ont été publiées et
où il y a eu une diminution de versée aux célibataires de
18 à 30 ans qui...
M. BOURASSA: Combien y en a-t-il encore? Vous en aviez 18,000 l'an
dernier. Vous avez trouvé du travail forcément à
ceux...
M. CLOUTIER: Non, nous n'avons pas trouvé du travail pour
ces...
M. BOURASSA: Il faut cependant qu'ils vivent...
M. CLOUTIER: Il y a une allocation qui est versée; seulement il
faut qu'ils nous fassent la preuve qu'ils se sont prévalus des autres
mécanismes. S'il y a des cours de formation qui se donnent pour des 18
à 30 ans et qu'il y a accessibilité pour eux d'aller à ces
cours de formation, ils n'ont pas le choix entre ne pas les suivre et les
suivre s'ils sont admissibles. Sous peine de perdre la prestation, ils doivent
suivre les cours de formation.
M. BOURASSA: Combien y en a-t-il sur les 18,000? Vous avez réduit
le nombre de combien?
M. CLOUTIER: Le nombre a été réduit. Une estimation
de...
M. BOURASSA: De 15,000?
M. CLOUTIER: Une estimation d'à peu près 15,000 qui
reste.
M. BOURASSA: Vous avez réduit de 3,000, alors c'est avec
ces...
M. CLOUTIER: Pour les statistiques, il faudrait que les
députés comprennent que dans cette période d'installation
de tous les mécanismes modernes de gestion et de contrôle, il y a
de l'équipement qui est en train de s'installer et nous aurons, une fois
cette installation terminée, des statistiques que nous n'avons pas dans
le moment.
M. BOURASSA: Si le ministre me le permet pour conclure; étant
donné que les sommes récupérées par la fraude
m'apparaissent modestes, étant donné que la réduction est
également modeste, de 18,000 à 15,000, étant donné
que le chômage se maintient, étant donné qu'il faudra
augmenter les prestations puisqu'elles ont un niveau tout à fait
insuffisant dans un très grand nombre de cas sa prévision de
$7,000,000 de plus m'apparaît extrêmement optimiste et je suis
sceptique sur la possibilité du ministère de pouvoir atteindre
cet objectif. D'autant plus que les besoins sont tellement évidents chez
un grand nombre d'assistés sociaux pour avoir des sommes plus
importantes.
M. CLOUTIER: II est évident que, dans ce domaine là, nous
ne pouvons pas avoir une estimation aussi précise que dans le domaine de
la voirie.
M. BOURASSA: Combien avez-vous eu au budget supplémentaire l'an
dernier?
M. CLOUTIER: D'accord, nous avons eu
des budgets supplémentaires l'an dernier, nous sommes sujets
à toutes sortes de facteurs extérieurs. Ce n'est pas le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social qui possède la
clef de l'économie, c'est celui qui régularise le chômage
et il nous arrive des chômeurs au ministère, à nos bureaux,
qui demandent des prestations, alors nous subissons...
M. BOURASSA: Mais, pourquoi prévoir seulement $7,000,000 de plus?
Combien avez-vous eu au budget supplémentaire, l'an dernier?
M. CLOUTIER: Bien, nous avons eu un budget supplémentaire de
$31,000,000 l'an dernier.
M. BOURASSA: Et la prévision était de combien? Je pense
que c'était $30,000,000. Vous avez prévu $30,000,000
d'augmentation?
M. CLOUTIER: Les chiffres de l'an dernier, nous avons eu un budget
original de $123,000,000, le budget modifié était de $156,000,000
donc, une variation budgétaire de $33,000,000.
M. BOURASSA: Mais, cette année vous ne prévoyez
seulement...
M. CLOUTIER: Nous avons prévu $172,800,000.
M. BOURASSA: Et cette année vous prévoyez une somme
additionnelle globale de $7,000,000 soit de $256,000,000 à
$249,000,000.
M. CLOUTIER: Globale, mais il y a une réduction importante
à l'assistance-vieillesse.
M. BOURASSA: De combien?
M. CLOUTIER: Dans le budget ici...
M. BOURASSA: Quand le ministre parle de réduction
importante...
M. CLOUTIER: Rien, c'est de $11 millions à $2 millions.
M. BOURASSA: Une réduction de $9 millions. C'est-à-dire
que nous pouvons ajouter $7 millions à $9 millions, cela fait $16
millions.
M. CLOUTIER: II y a une réduction totale de $9 millions aux
prestations catégorisées plus les allocations scolaires.
M. BOURASSA: Mais pour l'asslstance- chômage, combien
prévoyez-vous en supplément?
M. CLOUTIER: A l'assurance-chômage, nous avons prévu de
$156 millions à $172 millions, donc $16 millions, si mon calcul...
M. BOURASSA: Pour $33 millions d'augmentation l'an dernier.
M. CLOUTIER: Oui.
M. BOURASSA: Les chiffres parlent par eux-mêmes.
M. LEVESQUE (Laurier): Juste en passant, le budget global final du
ministère, au lieu de $406 millions, il était de combien l'an
dernier?
M. CLOUTIER: L'an dernier, il était de $439 millions.
M. LEVESQUE (Laurier): $439 millions.
M. CLOUTIER: Après virements, le budget réel était
de $428 millions.
M. LEVESQUE (Laurier): Le budget dépensé?
M. CLOUTIER: Le budget dépensé: $428 millions.
M. LEVESQUE (Laurier): Merci. M. LE PRESIDENT: M. Blank.
MR. BLANK: J'ai une note en anglais, c'est la formule 260-1-B), et cela
dit en anglais: « We have been informed that the federal government will
get in touch with you shortly to suggest that you require for a supplement your
old-aged security pension. Kindly notify us as soon as you receive it. Until
such time as you do, the commission will continue paying you a supplementary
allowance and will, it does not say « may » issue you
a new medical assistance card. You are to return to us the card which you now
hold.»
M. CLOUTIER: Si je comprends bien, il y a une période
d'intermission de...
M. BLANK: Mais pourquoi?
M. CLOUTIER: ... trois mois.
M. BLANK: Mais pourquoi donne-t-on une
nouvelle carte? Est-ce qu'on donne vraiment une nouvelle carte?
M. CLOUTIER: II y a une nouvelle pension qui...
M. BLANK: Oui, mais est-ce qu'on donne vraiment une nouvelle carte
automatiquement quand on reçoit l'autre ici? C'est ce que la formule
dit. Mais en fait, est-ce que ce n'est...
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): Qu'est-ce qu'on dit en
français?
M. BLANK: Je ne l'ai pas en français: « Will issue ».
Il émettra une nouvelle carte.
M. CLOUTIER: Après vérification...
M. BLANK: Non, je ne dis pas cela du tout.
M. CLOUTIER: Mais il y a une autre formule...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est assez frauduleux comme formule.
M. BLANK: Oui, c'est ça, en plein ça. En toute justice au
ministère, le paragraphe suivant explique un peu, mais cela ne dit pas
ce que je dis. Mais il dit: « If your needs still exceed your means,
after you have been granted a federal income settlement, we invite you to let
us know. We may be able to authorize provincial supplementary allowance... and
a new medical assistance card. » Il parle maintenant d'une
troisième carte.
M. CLOUTIER: Ce ne sont pas trois cartes, ce sont deux cartes.
M. BLANK: Ce n'est pas ce que cela dit. Ici, on dit: Vous avez une
carte, retournez-la, nous vous en donnerons une autre. Et après que vous
avez votre supplément fédéral, faites-nous une demande et
nous vous donnerons une autre carte. Cela fait trois cartes. Et vous avez dit
qu'on ne donne aucune nouvelle carte avant de remplir le 1314-G, et on fait
l'enquête pour savoir si vraiment... Mais, ce n'est pas cela que la
lettre dit, parce que moi j'ai retourné la carte pour cette dame, et
demandé à M. Samson de me donner une autre carte. C'est cela que
la lettre dit, mais ce n'est pas la vérité.
M. CLOUTIER: Nous vérifierons.
M. SAINT-GERMAIN: Puisqu'on se joue d'un avocat, comment le public
peut-il comprendre?
M. BLANK: Oui.
M. CLOUTIER: Nous vérifierons auprès de la commission.
M. BLANK: C'est la formule 260-1-D, de la province de Québec.
M. LAFRANCE: Il est trop tard pour aborder un problème dont je
voulais traiter ce soir. Je voudrais tout simplement attirer l'attention du
ministre sur l'importance du Conseil supérieur de la famille. Tout le
monde sait qu'à l'heure actuelle, la famille québécoise
traverse une crise très grave si nous considérons le nombre de
ménages désunis, séparés, le nombre de familles
assistées, le nombre de jeunes délinquants, le nombre d'enfants
placés, également le taux décroissant de la
natalité, on constate que le problème est très grave. Je
me demande si le ministre utilise à fond les ressources que lui offre le
Conseil supérieur de la famille.
Le député de D'Arcy-McGee a justement
déploré, cet après-midi, le manque de dialogue. Alors, je
crois qu'il y a là une formule idéale pour utiliser les services
de gens qui sont bien représentatifs du milieu; et quelles sont les
mesures évidemment, il est trop tard...
M. CLOUTIER: Prises en faveur de la famille?
M. LAFRANCE: Pardon?
M. CLOUTIER: Les mesures prises en faveur de la famille? D'abord, nous
avons undia-logue très étroit avec les organismes familiaux, nous
leur avons demandé de se regrouper; ils ont commencé cette
opération de regroupement.
Nous avons commencé à les subventionner pour
l'administration, pour l'organisation de secrétariats. A
l'intérieur du Conseil supérieur de la Famille et du Bien-Etre
social, nous tenons compte de la représentativité, nous tenons
compte non seulement de l'individu...
M. LAFRANCE: Est-ce qu'il a été convoqué, le
Conseil supérieur de la famille et du bien-être social?
M. CLOUTIER: Oui il a été convoqué.
M. LAFRANCE: Est-ce qu'on lui confie des études?
M. CLOUTIER: Oui, il est convoqué. Il travaille. Le Conseil
Supérieur de la famille et du bien-être social donne des avis au
ministre sur des sujets particuliers ou sur tout autre sujet qu'il juge utile
de soumettre au ministre.
M. LAFRANCE: II y aune diminution de crédits, cette année,
de $500. J'ai l'impression qu'il va en décroissant un peu, sa
collaboration est plutôt décroissante. Le budget est
déjà très bas à mon humble avis.
M. HARVEY: C'est dans la philosophie du budget. Il n'y a pas un
ministère où on a des dépenses précises. On a alors
calculé 10% en moins au ministère de la Famille et du Bien-Etre
social comme ailleurs.
M. LAFRANCE: Je me contente d'attirer l'attention sur cela.
M. CLOUTIER: Non, d'accord. Mais le budget dépensé l'an
dernier a été inférieur aux prévisions.
M. LAFRANCE : C'est peut-être parce qu'on n'a pas suffisamment
utilisé les services de ce conseil supérieur qui est
composé de gens spécialisés, bien représentatifs.
Je serais porté à reprocher au ministre de ne pas s'en servir
davantage. Je me borne tout simplement à attirer son attention
là-dessus.
M. CLOUTIER: Je pourrais donner évidemment le temps nous
manque mais je pourrais donner au député le nombre de
réunions de l'an dernier. Les réunions ont été
aussi fréquentes que d'habitude. J'ai rencontré les membres
personnellement. Je les ai rencontrés aussi en compagnie d'autres
représentants des organismes familiaux. Nous avons mis sur pied une
direction générale de la famille et des populations que je viens
d'annoncer récemment. M. Paul Périard, est le nouveau directeur
de cette direction générale. Enfin, je pense que nous avons
commencé, au ministère, à donner toutes les
possibilités aux organismes familiaux et au conseil supérieur de
la famille et du bien-être social de travailler en étroite
collaboration avec le ministère.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jonquière-Kéno
garni.
M. HARVEY: Avant de céder la parole à mon collègue,
le député de D'Arcy-McGee, qui tirera les conclusions finales
avant l'adoption du budget global du ministère de la Famille et du
Bien-
Etre social, j'aimerais demander au ministre d'apporter une attention
particulière à l'intégration des employés des
différents services sociaux qui n'ont pas encore été
intégrés dans le personnel permanent du ministère, plus
particulièrement dans la région Saguenay et Lac Saint-Jeanne peux
vous dire qu'il y a malaise. Les agents de bien-être sont très
malheureux à tel point qu'on jurerait qu'ils sont eux-mêmes des
assistés sociaux.
Alors, je donne la parole au député de d'Arcy-McGee qui
conclura les remarques.
M. GOLDBLOOM: Le mot de la fin, M. le Président, sera assez
court. Je voudrais toucher rapidement deux ou trois points qui n'ont
peut-être pas été discutés, mais je voudrais les
laisser sur la table pour réflexion.
Nous n'avons pas parlé, par exemple, de l'approbation du budget
des agences sociales. Il y a toujours la plainte de l'incertitude quant
à la date à laquelle l'approbation peut être reçue
occasionne des dépenses supplémentaires, c'est-à-dire des
réunions, des voyages a Québec, des appels par l'interurbain, des
démarches pour obtenir du crédit. Alors de nouveau, au nom des
agences de bien-être social, j'attire la bienveillante attention du
ministre sur leurs problèmes.
M. CLOUTIER: Est-ce que je fais une remarque tout de suite?
M. GOLDBLOOM: Sûrement.
M. CLOUTIER: Les budgets des agences sociales sont approuvés
maintenant. Ils ont tous été approuvés au 31 mars 1969
pour l'exercice.
M. GOLDBLOOM: Pour quel exercice?
M. CLOUTIER: Pour l'exercice 69/70, au 31 mars 1969.
M. GOLDBLOOM: Félicitations.
M. CLOUTIER: Je dois ici évidemment féliciter publiquement
cette section de mon ministère, comme je pourrais le faire pour toutes
les sections du ministère, sous la direction du sous-ministre, M. Blier;
ils ont entrepris une tâche très considérable par un
dialogue soutenu avec les agences pour raccourcir la période et
même arriver à établir à temps l'approbation des
budgets. C'est fait actuellement.
M. HARVEY: C'est un homme de chiffres.
M. BOURASSA: Si M. Lussier avait su s'en servir, cela aurait
peut-être aidé les Affaires municipales.
M. HARVEY: C'est dommage que M. Lussier ne l'ait pas gardé.
M. CLOUTIER: Disons que nous l'utilisons... M. BOURASSA: II en avait pas
mal besoin.
M. CLOUTIER: Disons que nous utilisons chez nous, au maximum, toutes nos
compétences.
M. HARVEY: Disons, qu'il reviendra en temps opportun.
M. CLOUTIER: Je ne voudrais pas m'en départir»
M. HARVEY: Alors on le gardera au ministère de la Famille et du
Bien-Etre social.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il y a certaines recommandations
qui ont été formulées par les agences en question qui
visent la diminution du fardeau de paperasses. C'est une question importante
pour une personne qui remplit des fonctions professionnelles d'avoir la
proportion la plus élevée possible de son temps disponible pour
ce travail professionnel plutôt que pour remplir des formules. Là
aussi j'attire l'attention du ministre sur ce qui peut être un
problème et qui est, dans certains cas, un problème imposé
par son ministère. Donc, j'attire sa bienveillante attention sur ce
problème-là.
Il est souligné par les agences que plusieurs services
présentement financés en tout ou en partie par les
fédérations sont couverts par le régime d'assistance
publique du Canada. Si le gouvernement du Québec finançait
directement ces services et se faisait ensuite rembourser par Ottawa, il y
aurait une équivalence fiscale qui reviendrait à la province.
C'est une question qui a été soulevée dans d'autres
domaines.
M. CLOUTIER: Nous allons noter la remarque du député.
Actuellement, on peut dire que presque la totalité pour ne pas
dire la totalité des dépenses sont partageables en vertu
du régime canadien d'assistance publique.
M. GOLDBLOOM: S'il n'y a pas de lacune, tant mieux!
Nous n'avons pas parlé des chiffres d'allocations. Je voudrais
attirer l'attention du ministre sur des chiffres qui ont été
fournis par un organisme qu'il connaît bien, le Montreal Diet Dispensary,
qui a fait des calculs qui se chiffrent au total on parle ici de
personnes âgées qui vivent seules dans le cas d'un homme
qui vit seul, on cite un chiffre de $120.65 par mois pour l'année 1968.
Ce chiffre de $120 par mois, qui n'est pas un chiffre très
généreux, n'inclut ni les soins médicaux, ni les soins
infirmiers, ni les soins dentaires, ni les médicaments, ni les meubles,
ni l'épargne, ni l'assurance, ni le paiement des dettes, ni même
le téléphone, ni les cadeaux, ni les vacances. Or, avec $120 on
arrive, selon ces estimations, a verser $52 pour le logement je souligne
que beaucoup de célibataires à Montréal ont beaucoup de
difficulté à trouver un logement convenable à $52 par mois
$41 pour la nourriture, $7 pour les vêtements, $3 pour quelques
petits services personnels comme se faire couper les cheveux, $2.82 par mois
pour la lecture, et cela comprend un seul journal quotidien, $1 pour la
religion...
M. LAFRANCE: La boisson?
M. GOLDBLOOM: $2 pour la recréation, $5 pour le transport, $1
pour les divertissements, $3 pour le tabac, les liqueurs douces, les timbres,
les bonbons, $1.65 pour la buanderie et autres dépenses de cette nature
et 0.66 seulement pour le remplacement de la vaisselle et d'autres articles
ménagers.
M. HOUDE: Combien pour déposer à la banque?
M. GOLDBLOOM: Nous connaissons les chiffres qui sont versés en
allocations. Si nous comparons ces chiffres avec ceux que je viens de citer,
nous voyons que la marge qui permet à de telles personnes de vivre
décemment, est une marge très, très mince.
Partons du principe que la vieille personne a le droit non seulement de
vivre plus longtemps, parce que la science médicale lui permet
aujourd'hui de vivre plus longtemps, mais beaucoup plus de vivre vraiment et
ceci je reprends les paroles du député de Jonquière
autant que possible, dans son propre foyer, entouré de ses
propres possessions et de ses propres souvenirs. Il y a un travail formidable
à faire pour lui assurer une vie décente jusqu'à la fin de
ses jours.
Donc, en terminant, je déclare que nous acceptons, après
étude sérieuse, les chiffres qui
nous sont proposés, en exprimant quelques petits regrets: le
regret habituel qu'à l'article « publicité et information
», il y ait diminution de $27,000...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre pourrait dire juste en
passant, et très vite avant de finir, dans le domaine des allocations
familiales cela a peut-être été touché
quel a été le budget final au lieu de $82 millions, l'an
dernier?
M. CLOUTIER: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Quel a été le budget
dépensé?
M. CLOUTIER: Le budget dépensé, je vais vous le donner,
$80,197,900...
M. HARVEY: Tel que les prévisions.
M. LEVESQUE (Laurier): $80,197,900. Alors en tenant compte des chiffres,
il y a une baisse inévitable...
M. CLOUTIER: Oui, il avait été prévu $82
millions.
M. LEVESQUE (Laurier): Merci.
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): Alors dois-je comprendre que tous les
articles sont adoptés, de 1 à 13?
M. HARVEY: On attend le mot de la fin du ministre...
M. CLOUTIER: Bien le mot...
M. HARVEY: Donc, bonsoir, bonne nuit!
M. CLOUTIER: Le mot de la fin est pour remercier tous les membres de la
commission parlementaire de leur collaboration.
Je remercie M. le Président d'avoir dirigé nos
débats aussi calmement.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais, pour notre part,
remercier le ministre, le ministre d'Etat et surtout messieurs les
fonctionnaires; je les prie de se sentir félicités pour la
plupart des choses dont nous n'avons pas discuté.
M. CLOUTIER: Je m'apprêtais, évidemment, dans cette
nomenclature, M. le Président, à remercier aussi mes
collaborateurs, tous les fonctionnaires, ceux qui sont ici qui ont fait avec
nous un tour d'horizon durant ces quelques heures et ceux qui n'y sont pas. Je
veux les remercier de cette collaboration loyale et franche qu'ils apportent au
ministre et au ministre d'Etat dans l'exécution de leurs lourdes
taches.
M. BOURASSA: Vous êtes en désaccord avec votre
collègue, le ministre de l'Education.
M. CLOUTIER: Sans commentaire.
M. LE PRESIDENT: A mon tour de remercier tous les membres de la
commission.
(Fin de la séance: 22 h 39)