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Commission permanente de la Famille et du Bien-Etre
social
Crédits du ministère de la Familleet du
Bien-Etre social
Séance du mardi 14 juillet 1970
(Quatorze heures onze minutes)
M. BOSSE (président de la commission permanente de la Famille et
du Bien-Etre social): A l'ordre, messieurs!
La séance est ouverte pour l'étude des crédits de
la Famille et du Bien-Etre social, page 71.
M. CASTONGUAY: M. le Président, si vous me le permettez, je
voudrais présenter les fonctionnaires du ministère de la Famille
et du Bien-Etre qui sont ici afin de me prêter main-forte et afin qu'il
me soit possible de donner des réponses aussi complètes, aussi
précises que possible aux questions qui pourraient m'être
adressées.
A ma gauche, M. Roger Marier, qui est le sous-ministre en titre. Quant
aux autres, je demanderais, s'il vous plait, qu'ils se lèvent lorsque je
nommerai leur nom. M. Gérard Gagnon, agent du Conseil de la
trésorerie. Il n'est pas arrivé. Veuillez noter M. le
sous-ministre. M. André Roy, responsable du contrôle des
paiements; M. André Escojido, secrétaire général du
ministère; M. Hector Laliberté, directeur général
adjoint du service des finances du ministère; M. Edgar Guay,
sous-ministre adjoint; M. Plamondon, directeur des services sociaux à la
direction de la famille et de la population; M. Magnan, responsable des
organismes communautaires; M. Raymond, secrétaire de la planification et
de la recherche; M. Gilles Picard, responsable de la recherche; M. Albini
Girouard, directeur du service d'orientation et de placement des enfants; M.
Claude Garcia, conseiller à la planification et aux recherches; M. Guy
Allard, conseiller à la direction générale des ressources
institutionnelles; M. René LeCarpentier, du service du personnel; M.
Adrien Gaumond, du même service; M. Roger Privé, directeur
général de l'administration; M. Guy Picard, directeur du service
de l'organisation et des méthodes; M. Gilles Beau-soleil, directeur de
la planification et de recherches. M. Gagnon est maintenant arrivé.
Politique générale
M. CLOUTIER (Montmagny): Je remercie le ministre de nous avoir
présenté ses fonctionnaires qui constituent le groupe qui
est ici évidemment une partie importante des cadres
supérieurs du ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Ds
apporteront leur concours au ministre actuel durant l'étude de ses
crédits, comme ils l'ont fait durant les quatre années où
j'ai assumé cette même responsabilité.
Avant que nous n'entreprenions l'étude des prévisions
budgétaires du ministère de la Famille et du Bien-Etre social...
D'ailleurs il ne reste que cette semaine à la Chambre pour
étudier les crédits des deux ministères de la
Santé, de la Famille et du Bien-Etre social. Nous nous retrouvons autour
de cette table avec le ministre de la Santé pour la troisième
semaine consécutive, deux semaines ayant été
consacrées à l'étude du projet de loi important de
l'assurance-maladie. Trois semaines du temps de la Chambre ont
été occupées à l'étude des questions
concernant ces deux ministères, c'est donc dire l'importance de ces deux
ministères.
Je ne sais pas si le ministre aurait une déclaration
générale. A tout événement, s'il n'en a pas, avant
l'ouverture de l'étude de ses crédits, nous allons
procéder, je crois, comme d'habitude; pour le poste 1, nous allons
étudier des questions d'ordre plus général afin de jeter
un peu d'éclairage ou de voir l'ensemble autant que possible, un peu
quelle est la fonction et quelle est la place qu'occupe ce ministère
dans tout l'appareil gouvernemental.
Si le ministre n'a pas de déclaration générale, je
vais poser certains problèmes d'ordre général. Enfin
disons que le travail qui sera fait à l'occasion de cette discussion
générale n'aura pas à être repris, j'imagine, sur
chacun des articles particuliers. Fusion des deux ministères
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme première question, étant
donné que dans le programme de son parti politique il y avait cette
question du regroupement des deux ministères sous une appellation de
ministère des Affaires sociales, je voudrais demander au ministre
évidemment il n'y a pas beaucoup de temps d'écoulé, il n'y
a que quelques semaines maintenant d'administration du nouveau gouvernement
si en pratique des gestes concrets, nouveaux, ont été
posés, et, sinon, quelles seront les étapes qu'il entrevoit pour
la réalisation de cet objectif de regroupement des deux
ministères.
M. CASTONGUAY: M. le Président, comme le député de
Montmagny l'a mentionné, le gouvernement a été
formé depuis deux mois seulement. Une des premières tâches
qu'il m'a paru importante d'effectuer a été d'abord de prendre
connaissance des rapports qui avaient été préparés
sur le fonctionnement des divers services, sur les problèmes qui se
posaient, et d'évaluer la situation. De plus, vous savez qu'au lendemain
d'une élection, par la force des choses, il y a toujours une certaine
accumulation de problèmes qui n'ont pu être résolus pendant
la période pré-électorale. Bien souvent, ce n'est pas par
négligence, mais parce qu'une solution, au cours d'une telle
période, s'avère
parfois plus difficile, ce n'est pas une période où il est
facile de prendre des décisions à plus long terme. II y avait une
certaine accumulation évidente et naturelle de problèmes. Il y
avait également, certaines questions du côté du
ministère de la Santé, comme celle de l'assurance-maladie. On
reviendra sur cette question à laquelle il a fallu consacrer beaucoup
d'attention. Depuis mon arrivée au ministère de la Famille et du
Bien-Etre social, la majeure partie de mon temps a donc été
consacrée à prendre connaissance du fonctionnement interne du
ministère, à étudier les dossiers qui présentaient
un certain caractère d'urgence, à discuter avec le sous-ministre,
ses officiers, afin qu'il soit possible d'identifier les secteurs où,
dans l'action du ministère, nos vues pouvaient être
différentes, et où elles pouvaient être identiques, et que
l'action du ministère puisse se poursuivre.
A la question posée par le député de Montmagny, je
dirais que jusqu'ici il n'y a eu qu'un geste de posé. Nous avons
demandé à M. Austin Page, un conseiller en administration qui, au
cours des dernières années, a assumé des travaux de
conseiller aussi bien au ministère de la Fonction publique que pour
l'établissement du Centre de traitement électronique des
données, qu'avec la Régie de l'assurance-maladie de venir au
ministère pour nous conseiller dans cette question de
l'intégration des deux ministères, des problèmes qui se
posent au plan des structures, des problèmes de personnel, de la
répartition des fonctions, de la définition des
responsabilités.
Alors, le seul geste concret qui a été posé
à cette fin a été la nomination, ou l'engagement, de M.
Austin Page. Dès la fin des travaux de la session, nous poursuivrons
notre action par rapport à cet objectif d'intégration des deux
ministères.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre peut nous dire,
même si les travaux techniques et d'autre nature devront se poursuivre
sous la direction de M. Austin Page, quelles sont les étapes qu'il
entrevoit? Est-ce que, à la session d'automne, ou à la session de
1971, le ministre prévoit apporter devant la Chambre, une
législation dans ce sens?
M. CASTONGUAY: Dans le programme législatif, ou de
préparation de la législation, qui vient d'être
dressé, on m'a remis le document d'effets, hier soir. C'est un des
éléments qui présentent un caractère de
priorité. Quant au moment exact de la présentation de ce projet
de loi, je ne puis le préciser aujourd'hui, parce qu'il faut, au plan de
l'administration, faire la concordance avec les gestes qui doivent être
posés au plan législatif. Je m'explique, si je ne suis pas clair.
Il ne s'agit pas uniquement d'un problème juridique, il faut nous
assurer qu'à mesure que nous franchirons des étapes vers cette
intégration que l'action des deux ministères se poursuive.
Vous savez comme moi qu'un certain nombre de problèmes
présentent un caractère assez urgent et que, malgré le
désir d'intégrer les deux ministères, il faut toujours
s'assurer qu'à travers toutes les étapes que nous devrons
franchir, aussi bien législatives qu'administratives, l'action du
ministère n'en sera pas paralysée. C'est pourquoi il
m'apparaît aujourd'hui impossible de vous dire si le projet de loi sera
présenté à l'automne, à l'hiver 1971, ou, encore
à une date ultérieure. Mais je peux vous assurer qu'il est une
des priorités.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends bien que le ministre ne peut
prendre d'engagement en ce moment quant aux dates d'ailleurs c'est
toujours un peu délicat dans la complexité de l'administration
gouvernementale surtout si l'on considère le peu de temps dont a
disposé le ministre jusqu'à maintenant pour pousser plus à
fond l'étude de cette question.
Ce que je voulais dire aussi au ministre n'a pas pour but de lui donner
des conseils. Il a prouvé qu'il était un homme assez prudent,
avant de poser des gestes aussi importants que celui de la fusion de deux
ministères qui, jusqu'à il y a quelques années,
travaillaient sans assez de coordination. Ce n'était pas facile, parce
qu'il n'y avait même pas de rapprochement sur le plan physique. Les
effectifs étaient dispersés dans différents bureaux, dans
la ville de Québec, et il était difficile d'exiger des
fonctionnaires, surtout aux échelons supérieurs, une
collaboration nullement facilitée sur le plan physique.
Depuis les dernières années, des gestes ont
été posés: d'abord ce rapprochement, la fusion de certains
services, la création de directions communes aux deux ministères,
ce souci, ce rappel constant de l'importance de la coordination. Il reste
qu'au-delà des problèmes techniques à résoudre,
et le ministre en est conscient, j'en suis bien sûr, il nous le
dira dans quelques instants au-delà du plan technique et, je le
répète, des problèmes techniques à résoudre,
il y a aussi le plan humain. Ce plan, on pourrait le décrire comme suit:
Des fonctionnaires de chacune des deux disciplines si on peut appeler
ces deux ministères des disciplines, une du côté de la
Famille et du Bien-Etre social et l'autre du côté de la
Santé ont été habitués à fonctionner
en vertu de programmes précis, en vertu de budgets distincts, en vertu
aussi de titulaires de ministères différents. Le fait de les
regrouper sous un même titulaire a facilité, c'est évident,
le rapprochement.
Mais, sur le plan humain, je voudrais le dire au ministre, même
s'il voit en pratique que tous ces problèmes humains d'approche, de
fusion des deux ministères ne sont pas complètement
résolus, il semblerait du moins qu'une fusion
prématurée puisse apporter des problèmes. Mieux
vaut, pour le ministre, retarder de quelques mois cette opération
extrêmement importante pour s'assurer que ce nouveau ministère des
Affaires sociales va partir d'un bon pied. Il faut s'assurer aussi à
l'intérieur d'une direction générale quelconque que
ce soit une direction qui relève plus précisément du
ministère de la Famille ou une direction qui relève du
ministère de la Santé que cela n'ait pas l'air d'un
siège en règle ou d'une intégration forcée. C'est
cet aspect-là que j'ai constaté au cours des quatre années
et que je voudrais mentionner particulièrement au ministre.
Je sais qu'il est conscient que dans ces ministères, la dimension
humaine des problèmes posés est tellement importante qu'il ne
faudrait pas qu'une intégration prématurée vienne
compromettre la marche ou la mise en application de législations
importantes comme celle de l'assurance-maladie, comme celle de l'aide sociale,
qui sont, ces dernières années et ces derniers mois, les
pièces de résistance des législations importantes qui ont
été apportées à la Chambre. Il y a aussi
évidemment le rapport de la commission Castonguay, dont une tranche a
été déposée récemment, qui a fait une
étude de tout ce vaste secteur et qui, je n'en doute pas, va souligner
dans ses recommandations, le besoin de coordination et le besoin
d'harmonisation de toutes ces mesures dans le domaine social et dans le domaine
de la santé.
Est-ce que ce geste qu'a l'intention de poser le ministre faisant
suite aux déclarations antérieures et aux prises de position
antérieures de fusionner les deux ministères va aussi
s'intégrer dans le politique globale le ministre a parlé
d'une politique globale de la Santé est-ce que cela va aussi
faire partie d'une politique dans le domaine social?
M. CASTONGUAY: D'abord je voudrais remercier le député de
Montmagny de ce conseil qu'il me donne et que je prends dans le même
esprit qu'il me l'a donné. Il me rappelle que dans une telle
opération, il faut se souvenir que des gens dévoués
peuvent voir leurs fonctions modifiées, et qu'il faut s'assurer du
maintien de leur motivation, de leur désir de bien servir lorsqu'on
traverse une telle modification. En ce qui a trait à l'application de
politiques nouvelles, tant dans le domaine de la sécurité, du
revenu, de l'organisation des services sociaux ou des politiques touchant
à l'enfance à la famille et aux personnes âgées, par
exemple, nous croyons que l'intégration des deux ministères va
faciliter ces modifications d'orientation selon l'évolution de la
société, de ses besoins, etc.
D'autant plus que, dans certains secteurs vous avez dû
constater la même chose les lignes à tirer entre deux
ministères deviennent extrêmement artificielles dans certains cas.
Je ne pense qu'aux institutions pour personnes âgées. Vous pouvez
placer une personne dans une institution pour personnes âgées
alors qu'elle est en pleine santé. Quelques années plus tard,
ayant vieilli, elle a besoin d'un niveau de soins plus élevé et,
quelques années plus tard, elle peut être considérée
à toutes fins pratiques comme un cas d'hospitalisation. Et on sait,
d'autre part, que le déplacement d'une institution à une autre
d'une personne assez âgée, ce n'est pas nécessairement
recommandable. Ce n'est qu'un exemple.
Vous avez également un autre exemple du besoin de coordination,
d'orientation dans une même philosophie des services. C'est que, de plus
en plus, on constate que les citoyens qui vivent certains problèmes...
La plupart du temps ces problèmes sont multiples. Une personne a un
problème de santé, on peut constater, à un moment
donné, que ce problème peut peut-être venir d'un logement
insalubre. Ou encore une personne a un problème de santé mentale,
un déséquilibre, qui peut provenir de la tension résultant
du fait qu'elle n'a pas d'emploi.
Une personne vient faire une demande d'assistance financière,
pour elle c'est peut-être le problème qui lui paraît le plus
urgent. Mais peut-être que la solution à plus long terme de son
problème réside à un tout autre endroit qu'à une
attribution d'allocation financière. Aussi bien au plan du
ministère qu'au plan de l'action de ces ministères, au niveau de
la population, il y a besoin d'intégration, de coordination,
d'orientation des politiques. Le premier but visé, dans cette question
d'intégration des ministères, est justement celui-là,
c'est-à-dire celui des services que ces deux ministères actuels
sont appelés à rendre à la population. C'est l'idée
première.
Si ce n'était qu'une recherche d'efficacité
administrative, je ne peux pas dire, de prime abord, que deux ministères
sont nécessairement moins bons qu'un. Deux ministères bien
administrés sont peut-être mieux qu'un seul gros ministère
qui, sur papier, pourrait indiquer des économies d'échelle, mais
mal administré. L'objectif provient beaucoup plus de la
nécessité de donner des services qui répondent aux besoins
de la population.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le député de Bourget me le
permet, j'imagine qu'il voudra intervenir sur le même sujet. Je voudrais
demander au ministre si son choix si je comprends bien, d'après
les explications qu'il nous a données et d'après les prises de
position officielles de son groupe et de son gouvernement lui a fait
opter pour une fusion des deux ministères, est-ce que, sur le plan
technique et sur le plan humain, l'opération aura été
suffisamment préparée? J'ai déjà eu l'occasion de
m'entre-tenir avec le ministre, au cours des années passées sur
une autre possibilité aussi, celle d'un coordonnateur de la
sécurité sociale. Est-ce que
son choix est maintenant définitif entre ces deux options? Les
deux ministères, sans être fusionnés intégralement,
auraient été regroupés sous un coordonnateur des affaires
sociales qui aurait pu aussi assumer des responsabilités au plan de la
Régie des rentes, au plan d'autres programmes qui sont identifiés
au domaine de la sécurité sociale. Ils n'auraient pas perdu leur
identité, comme deux ministères, et sous ce coordonnateur, ces
ministères, ces régies auraient été
regroupés pour fins de coordination, pour fins d'instauration d'une
politique sociale. Est-ce que son choix est définitivement fait quant
à ces deux options possibles?
M. CASTONGUAY: Oui, sur ce plan, le choix est fait. Vous avez
probablement vu aussi, récemment, que la Régie des rentes qui,
jusqu'à maintenant était rattachée à
l'Assemblée législative par le truchement du ministre des
Finances, a été déplacée et maintenant c'est moi,
à titre de ministre de la Santé, de la Famille et du Bien-Etre
qui suis responsable de la Régie des rentes. C'est une première
indication que ce rôle de coordination, d'intégration des
politiques mais pas nécessairement intégration au plan
administratif va être fait à partir de la structure d'un
ministère intégré des affaires sociales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cela ira jusqu'à
l'intégration du ministère fédéral de la
Santé et du Bien-Etre social?
M. CASTONGUAY: Je dois avouer je n'en ai pas encore parlé
que le ministre fédéral...
Mesures fédérales
M. LAURIN: Quant à nous, M. le Président, nous sommes des
partisans inconditionnels du regroupement, de l'intégration, ou de la
fusion, quel que soit le mot que l'on veut employer. C'est là un des
points assez nombreux, d'ailleurs, où le programme du Parti
libéral rejoint exactement le programme du Parti
québécois. Nous sommes convaincus que, dans une économie
moderne, on est obligé de rassembler tout ce qui a trait aux affaires
sociales pour la bonne raison que la personne ne peut plus se découper
en rondelles, on ne peut plus découper ses problèmes.
L'évolution de la personne humaine, aussi bien que sur le plan
longitudinal, historique, demande que l'on traite, en même temps, de ses
problèmes de bien-être que de ses problèmes de
santé, de réadaptation, de réhabilitation, parce que ces
problèmes peuvent arriver à la même personne et peuvent se
présenter, en même temps, dans le vécu existentiel de cette
personne-là.
De la même façon, si on veut aborder la question au niveau
des problèmes, cette fois, on se rend facilement compte qu'on ne peut
souvent pas régler un problème de santé si on n'aborde
pas, en même temps, un problème de réadaptation sociale et
même un problème de réhabilitation et de
réadaptation.
Donc aussi bien au niveau de la personne qu'au niveau des
problèmes et, par voie de conséquence, au niveau des structures,
on ne peut plus envisager séparément ces problèmes, ce qui
implique non seulement la nécessité d'une coordination, ce dont
on s'est peut-être trop facilement contenté jusqu'ici, mais une
politique de fusion, d'intégration afin que ces divers problèmes
puissent être étudiés en vue de leur règlement dans
une optique globale. Et cette optique globale nécessite qu'il y ait un
seul ministère, qu'il y ait un seul corps de conseillers, qu'il y ait
l'élaboration d'une législation globale, compréhensive,
qui traite en même temps de tous les aspects du problème,
même si tel projet de loi spécifique ne traite qu'un des aspects
du problème. Car toutes les législations doivent trouver à
s'insérer dans le cadre de cette politique globale, dans le cadre de ce
code de la santé dont je parlais dans mon intervention en
deuxième lecture sur le projet de l'assurance-maladie.
Nous comprenons, avec le député de Montmagny, que cette
fusion puisse causer des problèmes humains, surtout lorsque cette
politique se heurte à une tradition, à un état de choses
qui évolue assez lentement. Nous sommes aussi bien conscients que ces
problèmes humains ne doivent pas être minimisés, ou
être réglés trop rapidement. On doit tenir compte de
problèmes de justice ici au niveau individuel en même temps que de
problèmes d'ordre au niveau administratif. Et je me joins assez
facilement au député de Montmagny pour demander que cette fusion
ne soit pas prématurée; mais, en même temps, nous insistons
beaucoup pour que cette fusion soit quand même
accélérée dans toute la mesure du possible, que ce soit
par des études ou par des rencontres de tous les
intéressés afin que, dès octobre, nous puissions voir
où se dirige le gouvernement avec les nouveaux instruments qu'il se sera
donnés.
Je ne doute pas personnellement que ce nouveau ministère des
Affaires sociales deviendra un des plus importants du gouvernement, pour ne pas
dire le plus important, puisque nous savons que la démocratisation de
nos sociétés rend les citoyens de plus en plus conscients de
leurs besoins, de leurs droits, en ce qui concerne la couverture de leurs
besoins économiques, sociaux et qui, souvent, sont l'avers et le revers
d'une même médaille. Et nous souhaiterions que le gouvernement
puisse disposer au plus tôt de cet instrument absolument essentiel qui
lui donnera les moyens d'élaborer des politiques adaptées
à la situation.
Ma question se situerait maintenant plutôt au niveau de la
philosophie. Lorsque le ministre de la Santé nous a
présenté son projet d'assurance-maladie, il a pris soin d'en bien
fixer les
limites. Il a dit qu'il s'agissait d'abord et uniquement
d'éliminer la barrière financière à l'accession aux
soins. Il a dit qu'il ne s'agissait pas d'établir une politique de
revenu minimum garanti ou de présenter une réforme des
méthodes actuelles de la fiscalité afin d'amener une plus juste
répartition du produit collectif dans les diverses catégories de
citoyens. Il reste, cependant, que son projet d'assurance-maladie avait des
implications sur les divers problèmes que je viens de mentionner.
Il est important également de considérer le contexte, le
fond dans lequel s'inscrit cette législation et les autres que nous a
promises le ministre de la Santé. Je me rappelle, par exemple, que,
dès 1965, un gouvernement libéral présentait une sorte de
livre blanc sur la sécurité sociale. Pour la première
fois, on voyait le gouvernement du Québec montrer son souci de
rassembler en une seule politique les divers éléments d'une
politique sociale pour l'ensemble de la population. Nous savons l'accueil qu'a
reçu ce mémoire ou ce livre blanc de la part du gouvernement
fédéral à l'époque. Nous avons vu le gouvernement
de l'Union Nationale reprendre cette même exigence je dirais, et le fait
de voir deux gouvernements reprendre, à quelques années
d'intervalle, la même demande, la même exigence montre bien que
ceci correspondait au désir, à l'exigence de la majorité
des citoyens québécois.
Malheureusement, cette demande n'a pas été suivie d'effets
au niveau des conférences fédérales provinciales. Bien au
contraire, nous avons vu l'an dernier le gouvernement fédéral
présenter un livre blanc à la population où nous
constations qu'avec tout le temps qu'ils avaient eu d'examiner les
mémoires de la province de Québec, ils avaient eu le temps de
préparer une parade des contrepropositions, un document
extrêmement complexe qui étudiait véritablement tous les
aspects de la question, mais qui aboutissait à des solutions absolument
inacceptables pour le Québec, en ce sens que tout le problème de
la sécurité sociale, le problème du revenu minimum
garanti, le problème de la réforme de la fiscalité
qu'impliquait justement cette conception moderne de la sécurité
sociale, aboutissait comme d'habitude à une sorte d'émiettement
des juridictions.
Il aboutissait à un émiettement des ressources fiscales
nécessaires à la couverture de ces besoins, à un
éparpillement des pouvoirs, ce qui devait aboutir fatalement à
l'impossibilité d'une concertation ou à la grande
difficulté d'une concertation entre le gouvernement d'Ottawa et le
gouvernement de Québec et ce qui laissait présager pour notre
population des résultats assez désastreux. Lorsqu'on ne peut
concerter, coordonner des politiques, lorsque les pouvoirs sont
émiettés d'un bord et de l'autre d'une rivière, lorsque
les législations sont concurrentes et parfois antagonistes, il est
extrêmement difficile d'établir, aussi bien à Ottawa
qu'à
Québec, des lois qui correspondent aux besoins de la population
et aux lois de la logique, c'est-à-dire la cohérence, la
consistance, l'adaptation aux besoins réels de la population
québécoise et à ses caractéristiques propres.
Dans cette optique nouvelle sur laquelle se situe le problème du
nouveau ministère des Affaires sociales, j'aimerais bien connaître
du ministre de la Santé, les principes qui vont guider son action, comme
ministre des Affaires sociales, dans l'élaboration du code de la
santé dont nous parlions, ou qui vont guider son action dans
l'élaboration progressive des législations qu'il entend nous
présenter dans le cadre nouveau qu'il vient de tracer.
M. CASTONGUAY: M. le Président, il y a une bonne partie du
préambule de la question qui la situe dans le cadre des relations entre
le Québec et le gouvernement fédéral, il y a une partie de
cette question qui déborde le cadre immédiat de l'étude
des crédits du ministère. Malgré tout, je crois qu'il est
assez important d'en dire quelques mots et, pour ce faire, je voudrais rappeler
d'abord, ou reprendre ce que le député de Bourget a dit. Il a dit
que, même s'il y a une philosophie générale, il faut
procéder par des lois portant sur des objets particuliers ou des aspects
particuliers de la politique, j'en conviens avec lui. Il a également
mentionné, rappelé, l'établissement de positions par le
gouvernement du Québec et il a fait état de refus du gouvernement
fédéral vis-à-vis de ces positions établies par le
Québec. Je crois que, si on regarde l'évolution des relations
entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral, on peut voir que l'histoire n'est pas écrite en
blanc et noir. On n'a qu'à en juger par le programme des allocations
scolaires, par exemple, qui est administré par le ministère de la
Famille et du Bien-Etre social et qui, dans les autres provinces, est
administré par le gouvernement fédéral. Il y a
également le Régime des rentes du Québec qui est
administré par la Régie des rentes du Québec en vertu
d'une loi de l'Assemblée nationale et la Caisse de dépôts
et placement qui est le complément au plan financier de cette loi qui a
été également créée par une loi de la
Législature québécoise. Vous avez également le
programme des allocations familiales du Québec qui fonctionne en vertu
d'une loi de la Législature québécoise. La raison pour
laquelle je fais cette brève énumération est la suivante:
ce qui m'apparaît le plus important dans un ministère, comme celui
des Affaires sociales, ou pour le moment ceux de la Santé et de la
Famille et du Bien-Etre social c'est d'établir clairement quels sont les
objectifs que nous poursuivons, quelle est la philosophie qui doit sous-tendre
la législation dans ces domaines et, compte tenu du fait que dans un
système fédéral il y a, à la fois, des avantages et
des inconvénients, il s'agit de faire en sorte que notre action aussi
bien au plan du ministère
qu'au plan des relations entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement fédéral, se poursuive toujours dans la même
optique soit celle de la poursuite des objectifs de la philosophie que nous
nous sommes fixés.
Je crois que c'est dans ce sens qu'il a été possible,
vis-à-vis de certaines lois, comme celle de la régie des rentes,
celle des allocations familiales, de faire des pas en avant, et ceci à
l'intérieur d'un régime fédéral.
M. LAURIN: Je n'ai jamais voulu prétendre, bien sûr, que
c'était un régime de noir ou de blanc. Je ne veux pas charger. Au
contraire je comprends que le régime québécois a fait de
grands progrès dans l'élaboration d'une politique sociale. Il est
arrivé en retard sur le régime fédéral qui, depuis
1940, s'était employé à élaborer des lois
là-dessus.
Je pense que tous les Québécois sont satisfaits que
l'assurance-chômage, que le régime des allocations familiales et
que le régime des pensions de vieillesse aient été
établis par le gouvernement fédéral. Mais,
précisément, le problème naît du fait que le
Québec, à partir d'une certaine période, a pris ses
responsabilités et a élaboré à son tour plusieurs
lois extrêmement progressistes et importantes. Dya celles que mentionnait
le député de Louis-Hébert, les allocations scolaires, le
Régime de rentes la Caisse de dépôts, les allocations
familiales qui, incidemment, venaient corriger ce qu'avait de suranné,
de désuet, d'inadapté, un régime fédéral
d'allocations familiales qui n'avait pas évolué avec la
situation.
C'est précisément parce que le Québec a maintenant
élaboré tout un train de lois sociales, d'autres aussi qu'on n'a
pas eu le temps de mentionner, comme l'assistance-chômage; c'est
précisément parce que le régime fiscal du gouvernement
fédéral a des implications directes dans les affaires sociales,
de même que celui du Québec, et que ces législations,
étant parfois concurrentes, ne peuvent pas être concertées;
c'est précisément parce que nous avons maintenant des demi-Etats
qui s'accrochent chacun à leur pouvoir, que nous avons des
difficultés lorsqu'arrive le moment d'élaborer une politique
sociale qui correspond aux voeux de la population.
Je sais très bien que le ministre de la Santé ne peut pas
répondre à toutes ces questions, puisque c'est une politique
générale du gouvernement, une politique qui est à
élaborer par le cabinet des ministres. Peut-être, sans trahir les
secrets de la cour, pourrait-il nous indiquer les grandes orientations qui vont
présider à l'action de ce gouvernement, dans le domaine
précis de la concertation, au niveau précis des lois actuellement
en vigueur. Je cite comme exemple, les allocations familiales,
fédérales et provinciales, l'assurance-chômage
vis-à-vis de l'assistance-chômage, le régime fiscal
d'exemptions du fédéral, qui peut être modifié par
le nouveau rapport
Carter, avec le régime d'exemptions actuel du gouvernement
provincial. Tout ceci afin que nous sentions se dessiner un peu les lignes de
direction qui, à la veille du commencement de l'exécution de la
politique provinciale, vont inspirer les lois qui nous sont
présentées et aussi les crédits que nous aurons à
adopter.
Politique sociale
M. CASTONGUAY: C'est une question extrêmement vaste, en fait, qui
touche pratiquement non pas à tous les aspects, mais quant même
à un très grand nombre d'aspects de l'activité
gouvernementale. Je vais tenter d'y répondre dans une certaine mesure,
parce que, comme le député de Bourget l'a mentionné,
plusieurs éléments des réponses débordent
clairement l'objet de l'étude que nous commençons. Vous avez, en
premier lieu, dans notre société, le phénomène de
l'évolution, du changement très rapide, qui occasionne une
série de problèmes sociaux. Ce sont des problèmes qui
proviennent de l'inadaptation, au plan individuel, aux structures, par exemple,
de l'inadaptation à ce changement rapide des modes de vie, de
l'inadaptation face au marché du travail. La personne qui,
traditionnellement, avait un métier, pouvait vivre sa vie active et
gagner sa vie honnêtement avec un métier. Aujourd'hui, elle se
voit souvent menacée dans son emploi, malgré le fait qu'elle ait
pu posséder, à un moment donné, un métier
très rentable, très honorable. Vous avez également le
phénomène de la migration des milieux ruraux vers les villes.
Vous avez le phénomène de la détérioration des
centres-villes. Vous avez le phénomène de la tension qui
s'exerce, particulièrement dans les milieux urbains, sur les gens qui
vivent dans ces milieux: le bruit, la rapidité ou le rythme de vie
extrêmement rapide. Vous avez également au plan social des
conséquences qui sont bien parfois négatives, et qui
découlent du progrès technologique. On en voit des exemples
fréquemment: problèmes de pollution, problèmes de
coûts sociaux au plan de la délinquance, au plan du crime.
Vous avez également d'autres problèmes qui naissent du
fait que, de plus en plus, les gens vivent d'une certaine façon
isolés. La famille d'hier, dont on se plaît à parler
aujourd'hui, n'existe plus à toutes fins pratiques.
Vous n'avez qu'une unité familiale très restreinte.
Egalement, vous avez le changement très rapide des valeurs, alors qu'au
Québec jusqu'en 1959-60 on était dans une
société où les valeurs traditionnelles primaient encore
elles étaient extrêmement stables. Aujourd'hui, ces valeurs ont
été remises en question.
Nous avons donc, il me semble, comme première dimension d'une
politique sociale, le besoin de répondre à des problèmes
qui sont multiples, qui se présentent sous des formes différentes
selon les conditions de vie, selon le
milieu de vie, selon les conditions d'une personne face au marché
du travail, de son statut marital, etc
II faut donc, dans l'ensemble, une politique qui réponde à
un ou deux objectifs principaux. Dans mon esprit, l'objectif premier qui doit
orienter toutes nos actions est l'objectif du développement de l'homme
pour tous ceux qui peuvent se développer, ou encore l'objectif du
fonctionnement de l'homme dans notre société L'homme doit
être en mesure de fonctionner dans notre société. En
définitive la société ne peut primer sur lui, et
même si la vie en commun peut, à certains moments exiger que l'on
fasse passer le bien public avant les intérêts particuliers
c'est évident il n'en demeure pas moins que, dans les
éléments fondamentaux de la vie de l'homme son bon fonctionnement
dans la société, son développement constituent, à
mon avis, les objectifs premiers d'une politique sociale.
Maintenant, lorsqu'on transpose cela dans des secteurs particuliers
d'activités qu'il faut fatalement scinder aux fins administratives, on
retrouve des problèmes de santé, on retrouve des problèmes
de revenu, on retrouve des problèmes de travail, on retrouve des
problèmes de logement, on retrouve des problèmes qui prennent
diverses formes et nécessitent l'intervention de services sociaux.
Alors, cette même philosophie doit guider dans chacun de ces secteurs
qu'il est nécessaire d'établir pour des fins soit
législatives soit administratives.
Si on passe à cette étape et qu'on prend les secteurs plus
particuliers qui nous intéressent ici, il y a ceux de la santé,
de la sécurité sociale ou encore de la sécurité du
revenu, ceux des services sociaux, voici quels sont les objectifs un peu plus
opérationnels qui se dégagent de cette philosophie.
En premier lieu, dans le domaine de la santé, il est important
que nous ayons des services accessibles à l'ensemble de la population
d'abord sur le plan physique. C'est-à-dire que les services soient
accessibles géographiquement, physiquement, financièrement,
psychologiquement aussi... Peut-être y a-t-il une meilleure expression,
mais accessibles en ce sens qu'il n'y ait pas de barrière sociale qui
empêche les gens, soit par gêne, soit par manque d'instruction,
d'avoir accès aux services. Deuxièmement, ces services doivent
couvrir la gamme des besoins, c'est-à-dire à partir du
dépistage de la maladie, de la prévention de la maladie, des
traitements, de la réadaptation, ceci aussi bien au plan physique qu'au
plan mental. Donc, le domaine de la santé, ces objectifs au plan
opérationnel, si on les examine d'un peu plus près, permettent
normalement à l'homme, soit physiquement, soit mentalement, de
fonctionner.
Lorsque nous arrivons dans le domaine de la sécurité du
revenu, nous sommes dans une société où il est
nécessaire d'avoir un revenu pour fonctionner, pour se
développer, et non pour simplement subsister. Une fois exprimé ce
principe très noble, la recherche des moyens est extrêmement
difficile.
Il faut, premièrement, s'assurer, dans toute la mesure du
possible que ceux qui sont en mesure de s'intégrer au marché du
travail aient un emploi disponible.
Nous ne sommes pas encore, à mon avis, arrivés à la
société où on pourra vivre et fonctionner non seulement
sur le plan physique mais également sur le plan d'un équilibre
complet, sans travailler et avoir une occupation productive.
Présentement, le travail rémunérateur est encore
identifié très clairement, dans notre système de valeurs,
comme ce qui permet à une personne en âge de travailler de
s'intégrer parfaitement à notre milieu social. C'est pourquoi
d'ailleurs, dans toute notre action en tant que gouvernement, nous mettons
à court terme l'accent sur le développement d'un nombre d'emplois
suffisants pour atteindre cet objectif.
Maintenant qu'il s'agisse de ceux qui, pour diverses raisons, subissent
le chômage frictionnel ou le chômage de courte durée ceux
qui sont en voie de recyclage ou ceux qui ne sont pas en mesure d'être
intégrés au marché du travail, par exemple à cause
de leur âge, à cause de la conjoncture économique qui peut
créer du chômage, pour tous et chacun il faut un ensemble de
mesures qui visent à permettre à ces personnes de recevoir des
revenus pour combler ces déficiences dues à des problèmes
et qui sont de nature plus ou moins temporaire. Et là on tombe dans le
domaine des politiques touchant au chômage et aux programmes touchant aux
allocations de recyclage qui prennent une nature assez temporaire et qui sont
influencées fortement par la conjoncture économique.
Pour les autres personnes qui ne sont pas en mesure d'être
intégrées au marché du travail, soit en raison de leur
âge, de leur état de santé ou encore par une inadaptation
à notre système de vie, etc leur besoin de revenu prend
généralement un caractère beaucoup plus permanent. Ce
besoin de revenu a anciennement été comblé de façon
principale par des mesures d'assurance sociale. Vous avez eu en Europe et ici
au Canada des régimes qui correspondent au programme américain de
sécurité sociale. Ici au Canada on est allé un peu plus
vite, et des régimes universels ont été instaurés
par exemple les pensions de vieillesse.
Il s'agit, vis-à-vis de ces risques de s'assurer que l'ensemble
des programmes qui existent, soit par une meilleure intégration, soit
par une meilleure coordination ou encore par leur intégration,
réponde réellement aux besoins de ces personnes, besoins qui ont
aujourd'hui un caractère assez permanent.
Vous avez enfin la compensation des charges familiales. Dans notre
système économique, le salaire qui est versé à un
employé, peu importe le secteur d'emploi où il est, ne peut tenir
compte des charges familiales. Alors il importe
donc, particulièrement au niveau des plus bas revenus, que cette
caractéristique de notre système économique qui fait qu'un
salaire est déterminé à partir de la fonction que la
personne occupe du travail qu'elle effectue, soit ajustée pour que cette
personne, si elle a des charges familiales, soit en mesure de les assumer
adéquatement. De là la nécessité de programme
d'allocations familiales.
Encore là, les objectifs m'apparaissent raisonnablement clairs.
Ce sont des objectifs qui ne nécessitent pas nécessairement une
grande mesure, qui peuvent être poursuivis par un ensemble de mesures
pour autant que tous les éléments sont couverts. C'est
également un objectif qui, au plan de la suffisance des prestations, est
conditionné par plusieurs éléments, par exemple le niveau
d'activité économique et aussi la situation de concurrence d'un
Etat, d'une province par rapport à ses concurrents, ou encore d'un pays
par rapport au pays avoisinant.
Les économies sont devenues tellement interdépendantes,
d'autant plus que le financement de ces mesures a de fortes incidences sur la
fiscalité.
Enfin, au niveau des services sociaux, et là, on embrasse un
ensemble de services à dimensions extrêmement multiples... Non, je
m'excuse, même je reviens aux mesures de sécurité de
revenu, si vous me le permettez. Cet objectif, même s'il est assez
précisément défini que les programmes peuvent être
coordonnés, intégrés, ajustés en fonction de cet
objectif, on ne doit pas perdre de vue que c'est un objectif dont la
réalisation dans le temps va demander beaucoup de souplesse, parce
qu'à mesure que nous avançons, avec le progrès
technologique particulièrement, le concept du plein emploi tel qu'on l'a
connu dans le passé va tendre à se modifier de plus en plus. De
plus en plus, nous voyons le travailleur syndiqué exiger la
sécurité d'emploi. De plus en plus, nous entendons parler
comme vous l'avez mentionné de revenu minimum garanti. Mais
encore, pour atteindre cet objectif de revenu minimum garanti, d'objectif sur
lequel on peut être en accord sur les principes, faut-il que
l'économie le permette, faut-il que la population dans ses valeurs, son
fonctionnement, ses attitudes vis-à-vis de ce genre de mesure, soit
prête.
On a vu que, dans certains cas, l'introduction de certaines mesures bien
désirables en elles-mêmes ont pu avoir des effets assez
négatifs au plan des populations. Je crois qu'au Québec, de
façon particulière, l'utilisation qu'on a pu faire à
certains moments dans le passé des lois d'assistance a eu un effet assez
néfaste sur des parties de la population québécoise. Dans
ce désir de poursuivre un objectif de sécurité de revenu,
je crois donc qu'il faut être aussi conscient de cette dimension.
Enfin, au plan des services sociaux et par cette expression, on
embrasse un grand ensemble de services qui peut varier selon qu'on est ici au
Québec ou qu'on pourrait être en Hollande il y a des
regroupements qui peuvent être historiques, qui ont pu être faits
pour d'autres raisons. Mais ici, au Québec, on entend un ensemble de
services institutionnels, et on les catégorise en services à
l'enfance, aux adultes et aux personnes âgées. On entend aussi un
nombre de services pour ces mêmes catégories de population mais
qui sont beaucoup plus de la nature de conseil, d'aide, de soutien,
d'orientation, de traitement dans certains cas. Pour tous ces services qui
émanent des agences de service social ou d'autres organismes, on doit
poursuivre encore les mêmes objectifs, qui sont ceux du bon
fonctionnement de l'individu dans notre société, de son
développement.
Encore là, contrairement au passé, il y a peut-être
dix ou vingt ans, assez souvent, l'action de ces services tendait à
vouloir adapter l'individu à la société. Aujourd'hui, de
plus en plus, l'accent se déplace et beaucoup de ceux qui oeuvrent dans
ces services, dans ces institutions particulièrement dans les
services toutefois essaient également d'ajuster les structures de
la société et non pas seulement d'en faire porter l'accent sur
l'adaptation de l'individu. Cela crée évidemment des tensions; on
en a des manifestations constantes. Encore là, je ne crois pas que,
malgré ces tensions, malgrés ces manifestations, on doive rejeter
cette tendance ou la combattre nécessairement. On doit combattre les
excès qui peuvent en résulter, mais il me semble que c'est un
phénomène dynamique, sain, pour autant que le respect des autres
est assuré.
On vit également une évolution de l'orientation, de la
philosophie des services, qui m'appa-raft beaucoup plus en accord avec cette
philosophie générale qui doit nous orienter dans le domaine de la
politique sociale.
Dans les autres secteurs j'ai parlé d'habitation, vous
avez parlé de fiscalité, on pourrait parler d'éducation
il est nécessaire qu'il y ait une coordination entre l'action
d'un ministère ou des ministères de la Santé, de la
Famille et du Bien-Etre social et des autres organismes chargés de ces
politiques. On pourrait dire que, pour que cette coordination soit aussi
efficace que possible intégrons ces services. Je pense qu'on en
arriverait à un ministère monstre qui pourrait en venir à
intégrer toutes les activités gouvernementales.
M. LAURIN: M. le Président, je suis obligé de m'absenter
quelques minutes.
M. LE PRESIDENT (Bosse): Le député de Montmagny voudrait
faire une mise au point.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je crois que le député de Bourget
reviendra. A partir d'une discussion, d'un premier point que j'ai
soulevé à
savoir, l'intégration des deux ministères, la question
soulevée par le député de Bourget étant une
question très vaste, a amené le ministre de la Famille à
faire un tour d'horizon sur maints problèmes et sujets que nous devrons
reprendre d'une façon plus détaillée. Non pas que je
veuille orienter la discussion dans un sens ou dans un autre, mais je crois
que, cet exposé général ayant été fait par
le ministre en réponse à la question du député de
Bourget nous devrions procéder en circonscrivant davantage les sujets
à traiter. Evidemment, le ministre a été amené par
la question posée, à couvrir un très vaste territoire, il
y a des sujets qui méritent certainement, d'être
réétudiés. Le ministre ne nous en voudra certainement pas
de reprendre une cédule qui n'a certe pas rien de rigide, mais une
cédule de discussion qui va nous permettre de ne pas trop nous
éparpiller sur différents paliers ou différents secteurs.
C'est dans cet esprit que j'avais posé cette première question:
Quelles sont, dans l'avenir, les possibilités ou l'échancier de
fusion des deux ministères? Maintenant que cette question est bien
établie nous savons que nous nous dirigeons vers un ministère des
Affaires sociales qui va regrouper les deux ministères et qui sera
chargé de coordonner davantage les politiques, dans le domaine social.
Par exemple, le ministre a donné celle de la Régie des rentes
qui, maintenant, va relever de sa compétence et de sa
responsabilité.
Comme deuxième question, j'avais pensé de poser cette
question au ministre étant donné qu'il ne faut pas se surprendre,
s'il y a un changement de gouvernement dans certains secteurs qui peut amener
un changement de politique, non pas nécessairement un changement radical
mais peut-être des orientations différentes, tout dépend de
la façon dont on les inscrit dans l'ensemble de la politique
gouvernementale; tout dépend aussi de la façon de voir, du
jugement et de l'expérience qu'apporte, dans le ministère, celui
qui accepte d'en prendre la responsabilité. Comme deuxième
question, qui est un peu générale aussi, cela pourra être
précisé davantage par la suite je voudrais, maintenant que nous
avons posé des questions d'ordre général, que nous
plongions dans chacun de ces points qui restent des sujets de discussion
générale. Je ne voudrais pas priver le député de
Saint-Sauveur de parler sur le premier point, en ce qui concerne le
rapprochement des deux ministères, avant que nous prenions la
deuxième question. Ma question pourrait être celle-ci: Est-ce que
le ministre de la Santé et le ministre de la Famille et du Bien-Etre a
apporté des changements d'orientation d'ordre fondamental dans les
objectifs poursuivis par le ministère de la Famille et du Bien-Etre
social?
M. BOIS: J'avais déjà demandé la parole à M.
le Président.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Est-ce que le ministre voudrait
répondre tout de suite?
M. CLOUTIER: S'il veut parler sur le premier point, sur la fusion.
M. CASTONGUAY: Je note la question et j'y reviendrai.
M. LE PRESIDENT (Bossé): La parole est au député de
Saint-Sauveur.
M. BOIS: Je vous remercie, M. le Président. Voici ce que j'avais
surtout à dire ici à la suite de l'exposé qui a
été fait par le ministre de la Santé. J'ai relevé
une phrase tout à l'heure de l'honorable député de Bourget
dans laquelle il disait : On ne peut plus découper la personne en
rondelles. Je crois bien qu'à l'heure actuelle, il y a un autre facteur
dont il faudrait tenir compte, c'est que, même si on ne peut pas
découper la personne en rondelles, si on met trop, de rondelles sur la
même patinoire, à un moment donné, on risque d'avoir une
joute de hockey qui va être fort ennuyeuse. Nous n'avons pas d'objection
au point de vue mathématique. Je crois bien que si un ministère,
par exemple, a 10 millions ou 20 millions de personnes à administrer,
dans un domaine comme les allocations familiales, on est certain que cela peut
se faire assez facilement. Mais si le même ministère devient un
géant, où les coins sont tellement éloignés du
centre que l'administration devient compliquée, la qualité va y
perdre beaucoup au point de vue de l'efficacité.
Nous nous opposons un peu à cela parce que nous trouvons
qu'à chaque fois on éloigne l'élu ou l'administré
de celui qu'il a à rencontrer et de celui qu'il a à voir. Et
remarquez bien qu'ici, M. le ministre, je ne mets pas du tout en doute vos
capacités, votre science et votre intégrité
administrative. Vous avez prouvé ce que vous étiez. Ni pour
l'ancien ministre, d'ailleurs, je n'émets aucun doute, il a
prouvé ce qu'il pouvait faire. Mais il reste toujours que, dans les
questions de pouvoir, plus on est loin de l'administré, moins on est
capable de le servir d'une façon assez tangible parce que si, à
un moment, on vient à faire la même chose avec plusieurs
ministères dans la province, si l'on a seulement quatre ou cinq
ministres et qu'à un moment donné, au point de vue
économique, cela ne fonctionne pas trop bien, on dira, par la suite:
Nommons un président ou un dictateur. Vous allez peut-être trouver
que je vais un peu loin, mais je voudrais simplement rappeler que nous ne
croyons pas en la subdivision à l'infini.
Il y a tout de même une limite à unifier et à tout
mettre sous la direction d'une même main ou d'une même tête.
Ma mère me disait souvent quand j'étais jeune: "Qui trop
embrasse, mal étreint". Je me suis rappelé cette petite
phrase-là assez souvent dans ma vie et cela m'a été utile
plusieurs fois. Parce qu'il y a une limite à prendre quelque chose,
à l'administrer, à le faire fructifier et à le mener
à bonne fin.
M. le Président, honorable ministre, ce sont surtout de ces
considérations que je voulais
vous faire part et j'apprécierai infiniment que l'on
étudie le budget pour le budget.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Est-ce que vous êtes prêts
à passer immédiatement à l'étude du budget terre
à terre ou bien sur la politique générale?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, M. le Président. Le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social est certainement le
ministère qui se prête le mieux à une discussion
générale quant aux objectifs, quant à la philosophie. Le
ministre a fait un exposé tantôt. Il a effleuré bien des
sujets. Evidemment, il avait à répondre à la question du
député de Bourget, mais je crois qu'une discussion d'ordre
général à ce moment-ci va situer beaucoup mieux tout le
problème dans son contexte général. J'avais plusieurs
points d'ordre général à discuter et je crois que c'est
important avant d'entrer dans la discussion des articles. Nous allons
épargner énormément de temps et je ne crois pas que ce
soit une discussion pour un ministère de...
M. CASTONGUAY: Cela monte tout le temps.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... cela monte tout le temps. C'est cela que je
vérifie: $510 millions. Je ne crois pas, M. le Président, que ce
soit une discussion sur mille dollars en particulier qui soit importante
à ce moment-ci, étant donné les questions qui sont
posées dans le public, étant donné les problèmes
qui assaillent tous ceux qui ont des responsabilités à quelque
niveau, ne seraient-ce que les problèmes qui se traduisent dans la
contestation. Je crois que nous devons faire cette discussion d'ordre
général et c'est pour cela que j'ai posé cette
première question. Et j'ai posé au ministre une deuxième
question: Quels sont les changements d'orientation d'ordre fondamental dans le
ministère de la Famille? Qu'il nous les indique à ce moment-ci.
Alors, nos discussions se tiendront en tenant compte de ce cadre
général qu'il aura tracé.
Changements d'orientation
M. CASTONGUAY: A la fois pour répondre au député de
Montmagny et pour tenir compte de la remarque du député de
Saint-Sauveur, je vais essayer de répondre d'une façon aussi
brève que possible. En ce qui a trait aux changements fondamentaux dans
les orientations du ministère de la Famille et du Bien-Etre social, je
puis vous dire qu'à ce jour aucune décision qui ait pu être
prise n'a change l'orientation fondamentale du ministère. D'autre part,
par certaines des décisions d'ordre administratif qui ont pu être
prises, nous avons voulu préparer la voie à certains changements,
en ce sens que, lorsque nous avons revu le programme du développe ment
des ressources institutionnelles, nous avons établi, comme je l'ai
déjà mentionné, des critères de besoins pour le
développement des ressources. Par exemple, les foyers pour personnes
âgées, dans leur application, ont signifié qu'un certain
nombre de chantiers de construction ont été soit suspendus,
arrêtés, ou reportés dans le but de pouvoir allouer, soit
au cours du présent exercice ou au cours des exercices
subséquents, des ressources additionnelles au niveau de l'enfance et
également dans le développement des services non institutionnels,
c'est-à-dire la deuxième catégorie de services à
laquelle je faisais allusion. Il me semble que le développement de ces
services non institutionnels n'est pas suffisant par rapport aux besoins et
pourrait avoir également pour effet d'empêcher qu'un certain
nombre de nos concitoyens fassent appel à l'institutionnalisation avec
un tel développement et qu'on puisse leur permettre de continuer
à fonctionner plus longtemps dans leur cadre normal de vie. C'est
là le principal, et même s'il n'a pas changé l'orientation
fondamentale, il va avoir pour effet de changer l'accent.
En ce qui a trait aux commentaires que le député de
Saint-Sauveur faisait quant à la grosseur du ministère je dois
mentionner d'abord que ce processus de regroupement des deux ministères
a déjà été amorcé par le gouvernement
précédent. Il est évident qu'il faut éviter la
multiplication trop grande, comme vous l'avez mentionné, des
ministères. Un certain regroupement des ministères ne signifie
pas nécessairement, automatiquement, par contre, c'est un des
points qui doivent nous guider et aussi un des points où on s'inscrit
dans une certaine tendance une centralisation de toute l'action du
ministère. Alors sur un plan, nous voulons en même temps que ce
regroupement se poursuit, régionaliser, non pas seulement au plan de
l'établissement des ressources, mais aussi au plan de la prise des
décisions, et même décentraliser, à tel point que
des décisions puissent être prises au niveau local.
Je crois ici qu'il y a un danger, celui que vous avez mentionné,
qui est réel, si en même temps qu'on regroupe on ne prend pas
toutes les mesures nécessaires à une décentralisation de
l'action du ministère. C'est dans ce sens que nous entendons
procéder, de telle sorte que l'action du ministère soit
réellement adaptée aux besoins de la population.
Egalement, il me semble que les fonctions d'un ministère touchent
beaucoup plus à la recherche, à la planification, à la
programmation, à la législation, à la négociation
lorsque cette dimension intervient, à l'évaluation des
programmes, qu'à leur administration propre. Alors ce processus de
regroupement ne signifie pas nécessairement que le ministère, au
niveau central, va continuer de grossir dans ses dimensions. Il y a certaines
fonctions administratives assumées présentement par le
ministère qui, je
crois, pourraient être assumées aussi bien par une
régie et qui aurait pour effet de soulager ou de diminuer la taille du
ministère. C'est un autre type d'action qu'il nous faut prendre pour
justement ne pas tomber dans l'excès que vous avez mentionné.
Le regroupement de ces deux ministères, cela se traduit en
chiffres, en 70/71, par un budget total de $1,358,461,200. Alors, il y a donc
la traduction en chiffres de l'importance que va occuper le ministre de la
Santé, de la Famille et du Bien-Etre social dans tout l'appareil
gouvernemental et au sein du conseil des ministres.
Le député de Saint-Sauveur s'inquiète,
évidemment, à bon droit, en se demandant si ce géant qui
prend le tiers du budget du Québec, à savoir jusqu'où doit
aller le regroupement et la centralisation dans des ministères, des
ministères géants, dans des ministères clés. Cela
m'amène à poser au ministre cette question, étant
donné que nous sommes, nous serons devant un fait accompli: Est-ce qu'il
n'y aura pas davantage urgence et besoin de coordination
interministérielle?
Je m'explique en disant que le ministère de la Famille et du
Bien-Etre social, à bien des points de vue, dans bien des secteurs, est
un ministère dont la vocation et l'objectif est de répondre aux
déficiences des autres politiques. Ne serait-ce que du point de vue des
déficiences d'un système économique ou du fonctionnement
général de l'économie qui se traduit par des
chômeurs, des assistés sociaux, déficience sur le plan de
la santé qui se traduit par des malades, des handicapés de toutes
sortes. Le ministère de la Famille et du Bien-Etre social a toujours
été reconnu disons que je ne voudrais pas porter un
jugement global mais, il y a quelques années, le ministère
a été reconnu comme un ministère plutôt des
conséquences, qui était surtout habilité à
réparer, ou à pourvoir à des situations temporaires. Mais,
en tenant compte des moyens dont il disposait, tenant compte aussi d'un manque
d'appréciation ou d'objectivité dans le public, ce
ministère ne pouvait pas véritablement répondre à
toute sa vocation qui est importante dans le domaine social. Alors c'est de
là que je tire cette conclusion de l'importance d'une collaboration
interministérielle qui est de replacer le cadre de chacun des
ministères dans son véritable contexte. Il est entendu que le
ministère de la Santé a une vocation bien précise, il est
entendu que le ministère de l'Industrie et du Commerce et des
ministères à vocation économique ont, eux aussi, leur
vocation bien précise, de même que l'Education.
Je voudrais souligner au ministre ce danger qu'il y aurait
peut-être à ce qu'un ministère tellement puissant,
tellement énorme par les budgets, par les programmes, prenne davantage
de responsabilités qui appartiennent à d'autres
ministères, que d'autres ministères ne remplis- sent pas
suffisamment leur vocation propre. Il est important pour le ministre, et je
sais qu'il en est conscient, de maintenir tout le temps cet équilibre et
de chercher d'abord à ce que les autres ministères remplissent
leur vocation. Ce serait dans ce sens que la collaboration, la coordination
interministérielle va prendre toute sa signification. C'est cette
remarque que je voulais faire. Je pense bien que le ministre voudra
peut-être nous donner son expérience de quelques semaines. Il est
évident que par la législation importante que ces
ministères ont été appelés à
présenter à la Chambre, et d'autres législations qui se
préparent, il sera important que les autres ministères assument
pleinement leurs responsabilités, que ce soit leur vocation
première. Le ministère de la Famille, dans les secteurs où
il ne doit pas prendre la place des autres ministères, ne doit pas
s'installer avec des politiques qui d'abord doivent avoir un caractère
résiduel des politiques qui, forcément, par l'absence des autres
ministères, le forceraient à assumer d'autres
responsabilités que les siennes.
M. CASTONGUAY: Je suis bien conscient du problème que
soulève le député de Montmagny-
Il y a, je crois, une partie des activités ou de l'action du
ministère qui a son dynamisme propre, où le ministère peut
directement jouer un rôle de prévention, de réadaptation,
un rôle dynamique, par exemple dans le domaine de la famille.
Mais, également, il y a le député de
Montmagny l'a mentionné tout un secteur où l'action du
ministère ne peut être que résiduelle. Je pense que le
meilleur exemple que je puisse donner est encore celui des lois de
l'assistance. Ces lois peuvent avoir un certain aspect préventif, un
certain aspect de réadaptation, mais il est clair qu'en ce qui a trait
aux personnes qui seraient susceptibles d'entrer sur le marché du
travail, l'action la plus efficace doit être prise à un autre
niveau, c'est-à-dire au niveau des ministères comme celui de
l'Industrie et du Commerce, au niveau des ministères comme celui des
Finances, par des mesures qui peuvent en résulter au plan du
développement de notre économie, par un ministère comme
celui du Travail et de la Main-d'Oeuvre, par une politique appropriée de
la Main-d'Oeuvre
Déjà, à la suite de l'expérience qui s'est
développée, par exemple du comité du retour à la
vie normale des assistés sociaux, à l'analyse de ce rapport, nous
avons voulu former un comité interministériel qui, à la
suite de cette expérience, pourrait rendre l'action plus
équilibrée entre les divers ministères, de telle sorte que
le ministère de la Famille et du Bien-Etre social ne devienne pas un
agent qui joue un rôle premier dans le domaine de la main-d'oeuvre, mais
devienne un agent qui participe avec les autres dans ce secteur. Nous avons
formé ce comité, justement à la connaissance du danger
que vous mentionnez, et nous avons voulu, dans le travail de ce
comité, bénéficier de l'expérience qui s'est
développée à la suite des actions prises par ce
comité du retour à la vie normale des assistés
sociaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est justement le point que je voulais
souligner au ministre dans cette question que j'ai posée, parce qu'en
pratique on peut dire que ce serait dommage si, au sein de l'administration
gouvernementale, on cataloguait les ministères entre les gros
ministères et les petits ministères. Si on les juge par la
vocation et le rôle que chacun des ministères doit assumer, le
ministère des Affaires culturelles, même s'il n'a un budget que de
$10 ou $12 millions, s'il assume toutes ses responsabilités dans le
domaine culturel, il aura un rayonnement avec des effets aussi
bénéfiques que le ministère de la Santé et le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social lorsqu'ils assumeront
leurs responsabilités
Mais le danger vient de l'énormité des budgets qu'on doit
consacrer à un secteur comme celui du ministère de l'Education,
ce qui exerce de telles contraintes sur d'autres ministères, au point
que ces ministères sont à toutes fins pratiques
gênés dans leur fonctionnement régulier.
C'est le point que je voulais mentionner au ministre, et c'est un
écueil, pour notre part, sur lequel nous avons porté notre
attention. Nous avons tenté d'éviter des abus dans ce domaine,
parce que la législation sociale, étant toujours tellement
importante, ayant toujours des implications tellement considérables, les
budgets qui en découlent sont toujours assez importants. Alors ils
exercent des contraintes, et c'est inévitable. On n'a qu'à
prendre l'assurance-maladie, on n'a qu'à prendre
l'assurance-hospitalisation, et la loi de l'aide sociale pour n'en
mentionner que quelques-unes qui exercent des contraintes sur l'ensemble
de l'appareil gouvernemental. Ce sont ces contraintes qu'il nous faut toujours
examiner. Le ministre sera prudent lorsqu'il fera l'élaboration d'une
politique globale dans le domaine de la santé et dans le domaine social,
afin d'éviter que d'autres ministères soient dans
l'impossibilité d'assumer leur entière responsabilité.
M. CASTONGUAY: Etant donné qu'on déborde un peu le domaine
de la santé, forcément, c'est également dans cet esprit
que nous avons voulu reviser le programme de construction et de
rénovation des hôpitaux, de telle sorte que nous puissions
être assurés que les constructions ne seraient effectuées
qu'autant qu'elles sont strictement nécessaires et qu'il n'y a pas
d'autres formules toutes aussi efficaces au plan des services, mais
peut-être moins dispendieuses, qui pourraient être
utilisées.
Ceci est pour garder le contrôle de la hausse des coûts dans
le domaine de la santé de telle sorte que, avec une hausse
contrôlée des coûts, on puisse avoir une meilleure
allocation des ressources à l'égard d'autres ministères,
comme celui des Affaires culturelles, par exemple.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai pris ce ministère-là
à titre d'exemple. J'aurais pu en prendre d'autres. Ce n'est pas parce
que je voulais faire...
M. CASTONGUAY: Mais il compense par la qualité des ministres qui
s'y succèdent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur la question des hôpitaux, je sais que
le ministre voudrait ajouter d'autres considérations. C'est une
première considération et nous y reviendrons...
M. AUDET: M. le Président...
UNE VOIX: M. le Président, qu'est-ce que M. Castonguay attend
pour régler le conflit des hôpitaux privés qui dure depuis
le 31 mai?
M. LE PRESIDENT (Bossé): S'il vous plaît, à l'ordre!
Je regrette, mais seuls les membres de la commission ont droit de parole
ici.
M. AUDET: Pour faire suite aux idées énoncées par
mon prédécesseur, je crois que notre groupe répondrait de
la façon suivante à la question: Comment organiser le
bien-être social? Peut-être que c'est une façon un peu
éloignée des idées actuelles, mais, de toute façon,
il faut énoncer quand même nos idées; nous sommes ici pour
cela. Si nous ne les énonçons pas, nous ne serons pas dans la
ligne. Nous croyons que, si nous voulions faire un certain regroupement de
l'aide à la famille, un regroupement du bien-être, il faudrait le
faire dans le sens de l'uniformisation de l'aide aux familles, aux personnes.
Par exemple, essayer de rapatrier les allocations familiales comme on a
déjà mentionné la chose, rapatrier du
fédéral certaines formes d'aide aux familles pour pouvoir en
faire un regroupement unique, qui aiderait la personne, en enlevant toutes les
conditions que nous avons actuellement.
Je crois réellement que, dans l'aide sociale que nous avons
aujourd'hui, il y a certainement quelque chose de bon. Ce qui est
néfaste, ce sont les conditions qui sont attachées à cette
aide-là, le conditionnement qui nécessite une foule de
fonctionnaires pour aller enquêter dans les familles, auprès des
individus, pour savoir si ces personnes-là ont droit ou n'ont pas droit
d'avoir de l'aide. Du même coup, si on enlevait les conditions qui
existent actuellement, nous pourrions verser à chacune des personnes,
indépendamment de ses conditions économiques, une forme de
bien-être qui répondrait à un revenu annuel garanti qui est
préconisé d'ailleurs par un certain nombre de nos
policitiens.
Plusieurs de nos politiciens, peut-être au fédéral,
ont préconisé une certaine forme de revenus annuels garantis
à tous les membres de la société, sans condition. Mais,
cependant, nous pourrions ajouter que, si quelqu'un a un revenu moyen, on
pourrait y additionner, à la fin de l'année, l'aide sociale qu'il
a reçue, en plus de son revenu. Ceci serait imposable à la fin de
l'année et reviendrait à sa source par le fait même. C'est
dans cette forme-là que nous verrions une aide efficace vis-à-vis
des citoyens. Actuellement, ce conditionnement est très néfaste
à la personne humaine. Nous pensons que ce conditionnement enlève
de l'initiative au travail, de l'initiative personnelle, décourage des
gens, leur enlève la fierté de soi. Bien des gens sont
conditionnés; on les aide seulement s'ils acceptent de ne rien faire, ou
acceptent de vendre leur propriété, ou sacrifient leurs moyens de
subsistance. Si on enlevait le conditionnement, les personnes pourraient aller
sur le marché du travail, même si ce n'était que pour
quelques mois par année. Il y aurait compensation et puis, à la
fin de l'année, ces personnes auraient à déclarer, dans
leurs revenus, ce bien-être qu'elles auraient reçu.
Automatiquement, la fiscalité viendrait enlever ce surplus que quelqu'un
pourrait avoir en travaillant. C'est de cette façon-là que nous
verrions la liberté de chaque citoyen dans un pays, avec un revenu
garanti imposable à la fin de l'année. C'est mon opinion...
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Louis-Hébert.
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait à l'assistance sociale, aux
conditions qui y sont attachées et à l'autre question du revenu
garanti, si on enlève toutes les conditions attachées à
l'aide sociale, on verse de fait dans les programmes du type revenu garanti,
les programmes comme celui de la pension de vieillesse où,
déjà, la formule est utilisée. Comme vous le savez, dans
le cas de la pension de vieillesse, on verse une pension à chaque
personne, pour autant qu'elle a atteint un âge donné.
Le malheur est que, pour faire cette redistribution à toutes les
personnes, aussi bien les personnes âgées, les personnes sur le
marché du travail, que celles qui ont des charges familiales, que celles
qui sont invalides, etc., l'incidence qui en résulterait au niveau de la
taxation serait telle, d'une part, qu'on serait tout à fait à
l'écart de tout autre pays avec lequel on peut concurrencer au plan des
investissements qui s'effectuent. Non seulement les capitaux étrangers,
mais ceux qui demeurent ici et qui ont le choix d'investir ici ou à
l'extérieur. A moins, évidemment, qu'on ait une autre formule
d'introduire dans le système monétaire suffisamment de
ressources, ce que malheureusement nous, comme gouvernement, n'avons pas. Aussi
longtemps que nous serons incapables de dépas- ser cette contrainte de
ressources financières insuffisantes ou encore, que nous ne voudrons pas
dépasser un certain niveau de fiscalité, niveau qui, dans une
certaine mesure, est fixé par nos concurrents, nous devons avoir des
programmes comme ceux qui ont été mentionnés. Les pensions
de vieillesse, par exemple, c'est un besoin reconnu; toutes les personnes qui
ont atteint un certain âge. Il n'y a pas de conflit entre l'attribution
d'une pension et leur incitation à intégrer le marché du
travail, ce sont des personnes qui généralement ont quitté
le marché du travail. Alors, ces programmes sont possibles. Pour les
autres, à un moment donné, il nous est nécessaire d'entrer
dans le domaine des lois d'assistance sociale.
Et lorsque le système veut qu'une telle législation
d'assistance soit maintenue, il faut malheureusement établir certains
contrôles nécessaires au plan de l'équité. Si une
personne reçoit plus qu'il ne lui est dû, elle crée une
injustice à l'égard de tous ceux qui ne reçoivent pas un
montant équivalent, si ils étaient dans les mêmes
circonstances. De plus, elle oblige les contribuables à payer des
montants plus élevés que ceux qu'ils devraient normalement
être appelés à payer. Il y a donc nécessité
de certains contrôles administratifs.
Il y a aussi certains contrôles au plan de l'établissement
des besoins. Et dans l'établissement des besoins, les contrôles ou
les normes avec lesquels nous vivons encore aujourd'hui ont été
établis dans le passé. Nous sommes tous d'accord sur le fait que
ces normes ne correspondent plus toujours aux meilleurs intérêts
des personnes qui reçoivent de l'assistance. Vous avez parlé de
ceux qui sont obligés de vendre des biens ou de s'en départir.
L'Assemblée nationale a adopté une nouvelle loi d'aide sociale
l'an dernier, au mois de décembre 1969, qui remet en cause tous ces
règlements et qui change passablement la philosophie de l'assistance, de
telle sorte que l'attribution de l'assistance puisse avoir, dans l'avenir, un
caractère à la fois préventif et aussi un caractère
moins négatif, face à la possibilité ou au désir
que peuvent avoir les gens de réintégrer le marché du
travail.
Ce problème que vous soulevez en ce qui a trait à
l'assistance, il est réel et, dès que l'application de la loi de
l'aide sociale sera une réalité, nous aurons fait un autre pas en
avant dans ce domaine.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Un instant s'il vous plaît, la
parole est au député de Saguenay.
Salaire minimum garanti
M. AUDET: Juste quelques mots. Je crois que ce qui fait ces
inégalités, dans le système actuel, c'est la façon
dont on distribue les allocations. Nous voyons, à la grandeur de nos
comtés, des gens insatisfaits. Souvent ils ont le
maximum, bien qu'ils n'en aient pas assez. Ils en demandent davantage.
D'autres n'en auraient pas réellement besoin, et ils en
reçoivent.
Si tout le monde avait au moins un minimum vital, sans condition, on
enlèverait du même coup tout ce fonctionnarisme qui coûte
beaucoup plus cher que les montants que l'on verse.
Vous avez fait mention tout à l'heure, que ça prendrait un
changement de système monétaire comme nous le préconisons.
Je crois qu'avant d'aller si loin que ça, même dans le
système actuel, ça peut être possible de faire un calcul
d'une aide sans condition, en éliminant toute la bureaucratie et le
fonctionnarisme qui est très coûteux aujourd'hui. On ferait des
versements à tous et à chacun des membres de la
société pour équivaloir à un minimum vital.
Calculons le remboursement que toutes ces personnes-là verseraient.
Elles ne seraient pas obligées de recevoir une assistance sociale, elles
accéderaient au travail, automatiquement, et seraient taxées
à la fin de l'année. Ce montant viendrait diminuer d'autant les
charges du Bien-Etre.
M. CASTONGUAY: C'est facile à affirmer que de dire: Si on donnait
à chacun un minimum vital et qu'on éliminait les fonctionnaires
qui administrent l'assistance. C'est facile de le dire mais, dans les faits, ce
n'est pas ça. Les calculs qui ont été faits
démontrent que, pour un niveau de besoins très bas malgré
tout, votre affirmation est fausse. Les calculs ont été faits.
C'est facile de l'affirmer sans calcul. Je pourrai vous donner des
références à certains textes sur ce sujet, par exemple, le
dernier congrès de la Fédération des travailleurs du
Québec où il y a des estimations de faites d'un programme de
revenu minimum garanti.
M. AUDET: Vous compliquez les choses.
M. CASTONGUAY: II y a l'autre aspect que vous avez mentionné. Si
on introduisait un paiement à tout le monde, on
récupérerait en impôt et ça baisserait d'autant la
dépense. C'est assez facile à dire, malheureusement, dans notre
système monétaire, dans notre système économique,
si on hausse le volume des paiements assez souvent, ce qui en résulte
c'est l'inflation d'une part et, d'autre part, pour hausser le volume des
paiements, il faut aller le chercher quelque part. Si vous n'allez pas le
chercher par les emprunts vous allez le chercher par la fiscalité et
là vous retombez dans l'autre problème de la concurrence. La
marge de manoeuvre, malheureusement, est limitée. Je comprends que l'on
peut faire de belles elaborations théoriques mais, présentement,
ici, le gouvernement exerce ses responsabilité de gouvernement et il est
dans un domaine extrêmement pratique et il doit concurrencer, il doit
emprunter, il doit s'assurer que son crédit est bon et l'application de
vos doctrines n'est pas possible.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Excusez.
M. AUDET: Probablement que, dans ce temps-là, les
possibilités de recourir au système que l'on préconise
existeront.
M. CASTONGUAY: Le jour où vous serez élu, vous
l'essaierez.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a une motion à la Chambre pour
discuter des mérites de la théorie.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de Saguenay.
M.LESSARD: M. le Président, l'honorable ministre de la
Santé faisait allusion tout à l'heure au bill qui a
été adopté l'an dernier, au bill 26. La première
question, est-ce qu'actuellement, au niveau des régions, on applique les
normes qui sont établies à l'intérieur de ce
bill-là? On attend énormément actuellement, de ce bill, on
a dit même qu'il existait à l'intérieur de ce bill un
commencement de revenu minimum garanti. Depuis nombre et nombre de mois, on
sait que les fonctionnaires du gouvernement reçoivent des cours au sujet
de ce bill-là mais que le bill ne serait pas encore en application.
Loi de l'aide sociale
M. CASTONGUAY: Lorsque le gouvernement a été formé,
le 12 mai, la Loi d'aide sociale adoptée en vertu du bill 26
n'était pas en vigueur. J'ai pris connaissance du dossier. Le
système administratif pour mettre en vigueur cette loi de l'aide sociale
n'est pas encore complètement implanté. Il faut
décentraliser, de telle sorte que d'une part les décisions au
niveau de la distribution des prestations se prennent au niveau le plus
rapproché possible de la population, compte tenu de ses besoins; d'autre
part, l'établissement de contrôles efficaces, compte tenu de la
hausse rapide des coûts dans ce domaine, également des fraudes et
des abus qui ont pu avoir lieu, est nécessaire. L'implantation de ces
systèmes n'est pas terminée.
Dès le début du mois de juin, j'ai donné
instruction au sous-ministre de la Famille et du Bien-Etre social d'introduire
le mécanisme d'implantation du système. Les premiers gestes ont
été posés en fonction d'un cheminement qui avait
été établi de telle sorte que l'on passe de l'ancien
système administratif au nouveau système administratif. C'est une
chose.
Deuxièmement, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, la
Loi d'aide sociale nécessitait d'être amendée, étant
donné que la date du 31 mars était passée. C'est la raison
pour laquelle un projet de loi a été déposé en
Chambre ce matin pour qu'il soit possible de financer cette
modification, cette nouvelle loi. Parce que, l'an dernier, dans la
législation originale, on disait qu'on pourrait utiliser les
crédits des lois d'assistance qui vont être remplacées,
mais cela allait jusqu'au 31 mars 1970. Donc, nous n'avions pas la
possibilité d'utiliser ces crédits pour financer la nouvelle loi.
C'est pourquoi nous avons introduit le bill qui a été
déposé ce matin.
Enfin, le gouvernement a dû étudier cette loi pour voir si
elle était conforme. Vous pouvez voir, par le contenu du bill, qu'on n'a
pas voulu remettre en question les dispositions de cette loi, pour ne pas en
reporter l'application. C'est pourquoi nous n'avons proposé que des
amendements mineurs, en définitive. Nous avons également
adopté et c'est une question assez complexe, le
député de Montmagny pourrait le confirmer le principe des
règlements de cette loi. Parce qu'il ne s'agit pas uniquement d'avoir la
loi, il faut également avoir la réglementation. Et vous verrez,
lorsque cette réglementation sera adoptée et publiée,
qu'elle est extrêmement complexe.
Présentement, pour répondre à votre question, la
nouvelle Loi d'aide sociale n'est pas appliquée.
M. LESSARD: M. le Président, encore à ce sujet, nous
sentons actuellement au niveau de nos régions, au niveau de nos
comtés, que les employés du ministère semblent
plutôt se préoccuper d'administration et de mettre en application
les principes ou les règlements qui seront utiles pour l'application du
bill 26. Par contre, on reçoit de nombreuses plaintes concernant le
manque de personnel, la plus ou moins bonne volonté des fonctionnaires,
des plaintes formulées par des gens qui reçoivent ces
allocations, les assistés sociaux, au niveau des bureaux
régionaux. Je croyais que cette situation n'existait que chez nous. J'ai
constaté dernièrement, par un article de journal, que la
situation existait aussi dans la région du Saguenay. Je parle de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Est-ce qu'au niveau du
ministère, on a quand même des politiques ou des moyens pour bien
contrôler si ces personnes qui se rendent au bureau du service social, au
bureau du ministère de la Famille et du Bien-Etre social, y sont bien
reçues et sont traitées équitablement? Parce que c'est
peut-être là le problème fondamental de l'assistance
sociale: il est extrêmement difficile d'obtenir, du ministère, des
bureaux régionaux, les normes sur lesquelles se guident les officiers
pour pouvoir déterminer quel montant plutôt que tel autre doit
être accordé. Je sais qu'actuellement, il y a une quantité
de critères selon les besoins. Mais il y a une insatisfaction qui se
fait sentir parmi les assistés sociaux. Parce qu'on est soumis aux
décisions de telle personne ou de telle autre, du moins dans la
région. Nous, députés, nous savons que c'est à nous
que l'on s'adresse. Nous sommes dans une situation assez difficile. Parce que,
d'un côté, nous voulons plus ou moins intervenir pour ne pas faire
de la petite politique, parce que nous savons que des normes sont
établies et doivent être appliquées. D'un autre
côté, nous nous apercevons que, selon ces normes-là, dans
certains cas, telle personne ou telle autre pourrait recevoir plus. Quelle est,
à ce sujet, la possibilité pour nous d'agir auprès du
ministère de telle façon que nous puissions établir une
meilleure politique, au niveau de la région au moins?
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait à la nouvelle Loi d'aide
sociale, les critères selon lesquels les prestations vont être
établies en ce qui regarde les besoins ordinaires, c'est-à-dire
ceux qui sont les plus courants, vont sûrement être connus du
public.
En ce qui a trait aux critères qui sont présentement
utilisés le fait que ces critères ne soient pas connus du
public, j'en suis conscient, j'ai déjà entendu la même
remarque que vous faites étant donné qu'ils
relèvent de décisions antérieures, je vais demander au
sous-ministre de commenter cette question, s'il vous plaît.
Présentement, depuis que je suis arrivé au ministère,
quant à cette question de l'assistance, j'ai voulu plutôt mettre
toute mon énergie et tout le temps dont j'ai pu disposer à
l'étude des problèmes que pose l'adoption de la nouvelle loi et
son application. Sur cette autre question, je vais demander au sous-ministre de
donner des explications.
M. MARIER: M. le Président, les critères qui sont
utilisés par les employés de nos bureaux sont ceux qui sont
contenus dans les lois, pour ce qui est des lois catégorisées.
Pour ce qui est de l'assistance publique, ils sont contenus dans un
règlement compliqué relatif à la Loi de l'assistance
publique. Ce qui entraîne beaucoup de confusion, c'est que les
règlements prévoient que les requérants, quand ils ont
satisfait à certaines conditions d'admissibilité, sont
admissibles à ce qui est appelé l'assistance
régulière. Mais la réglementation prévoit aussi un
certain nombre de prestations d'assistance supplémentaire et, en plus,
quand la satisfaction du besoin n'est pas faite, elle prévoit aussi de
l'assistance spéciale. Autant de prestations qui s'ajoutent les unes aux
autres pour essayer de tenir compte des besoins.
Les prestations varient suivant que l'on passe d'un programme à
un autre, tant par le niveau de la prestation elle-même que par les biens
et les ressources dont il faut tenir compte pour l'établir. Vous touchez
là la raison pour laquelle le bill 26 a, de fait, été
présenté. Il tend à unifier toutes les conditions
d'admissibilité et à permettre la publication de barèmes
de satisfaction des besoins uniformes pour tout le monde et connus.
M. LESSARD: M. le Président, c'est un peu
à ce sujet que le sous-ministre nous définit les
différentes formes d'allocations d'assistance sociale. On a l'assistance
sociale ordinaire et, lorsqu'on arrive avec les allocations spéciales et
les allocations supplémentaires, cela pose quantité de
problèmes puisque, je crois qu'à ce moment-là il s'agit
d'une commission. La personne doit s'adresser directement au ministère
de la Famille et du Bien-Etre social et c'est une commission du gouvernement,
je crois, qui détermine si cette personne est éligible aux
allocations spéciales ou non. Est-ce que ce n'est pas directement le
cabinet, ou le lieutenant-gouverneur en conseil, qui détermine si ces
personnes sont admissibles ou non? Est-ce en fonction, du moins de
critères très précis?
M. MARIER: L'assistance supplémentaire, depuis le programme
intérimaire qui est entré en vigueur au mois de février
1969, est de la compétence des bureaux locaux. Cependant elle est
attribuée à des fins spécifiques.
Quant à l'assistance spéciale, la décision a
été prise à l'effet que la décision dans ces cas
soit reportée au siège social, le souci étant d'apporter
une plus grande uniformité dans le niveau des prestations. Maintenant,
il est vrai que, dans l'assistance spéciale, l'autorisation doit
être faite par voie d'arrêté ministériel dans chaque
cas.
M. LESSARD: Maintenant, au sujet de l'assistance ordinaire, est-ce que
les chèques sont émis directement? Est-ce que, par exemple,
lorsqu'il arrive un cas très spécial, un cas où il faut
absolument intervenir, est-ce que le bureau régional peut directement
intervenir dans ces cas-là? Ou bien doit-il faire une demande au
ministère de la Famille et du Bien-Etre? Ce qui retarde
considérablement. On sait que on le constate de plus en plus
avec la période de chômage qui sévit nous
attendons avec extrêmement de bonheur les 100,000 emplois, surtout dans
notre région on sait que, bien souvent, les cas se posent de
façon assez dramatique. Alors, est-ce qu'il y a des procédures
qui permettent, dans ces cas-là, d'intervenir immédiatement?
M. MARIER: Les chèques d'assistance, non pas ordinaire mais
régulière, dans le vocabulaire actuel de la réglementation
de l'assistance publique, sont émis par l'ordinateur et transmis
à chaque bureau en temps utile, chaque mois. Cependant, le bureau local
peut faire de l'assistance d'urgence, et il en a la compétence, de
façon à faire face à des besoins qui doivent être
satisfaits sur le champ.
M. LESSARD: Alors, monsieur, encore peut-être une dernière
question. Je ne veux pas prendre le temps de la commission trop longtemps. Il y
a une suggestion aussi que je pourrais faire au ministre, en rapport avec une
situation qui est assez caractéristique dans ma région. C'est
que, actuellement, on a des critères uniformes. Mais les besoins de la
population ne sont quand même pas uniformes. Je sais, par exemple, que
dans la région de l'Abitibi, et la région de la Côte-Nord,
le coût de la vie est assez élevé, de telle façon
que les critères qui sont établis dans une région et ceux
qui sont établis dans d'autres régions peuvent ne pas être
satisfaisants pour une région. Une autre chose aussi qu'on constate,
c'est que les gens sont considérés uniformément,
c'est-à-dire que vous avez deux types d'assistés sociaux. Vous
avez celui qui ne peut pas espérer recevoir un salaire, par exemple,
dans les années à venir, soit parce qu'il est invalide, soit
parce qu'il ne peut absolument pas travailler, ainsi de suite. Vous avez celui
qui est assisté social pendant un temps très limité.
Alors, dans ces cas, je pense qu'on devrait prendre en considération ce
fait. Il est certain que le gars qui est pendant trois ou quatre mois, par
exemple, sur l'assistance sociale et qui peut espérer recevoir un revenu
plus tard, ses besoins sont moins pressants. Par contre, celui qui est toujours
assuré, pendant X temps, de recevoir $200 ou $220 par mois, et qui ne
peut pas espérer pouvoir travailler plus tard, cela cause un grave
problème. Je me demande si le bill 26 ne prévoit pas cela un peu
ou, du moins, je l'espère.
M. CASTONGUAY: Le problème, les problèmes que vous
soulevez sont des problèmes réels. Le problème des besoins
qui peuvent varier selon les régions, à divers plans. Par contre,
la reconnaissance de ces besoins, on peut la faire dans une certaine mesure. Si
elle est trop accentuée, on tombe alors dans le problème de la
délimitation des régions, qui n'est pas facile aussi. Il y a
aussi l'autre problème que vous mentionnez, des personnes qui sont en
période d'inactivité assez brève; normalement,
l'assurance-chômage devrait couvrir leurs besoins; et pour celles qui
sont incapables de réintégrer le marché du travail, comme
vous dites, la perspective de ne pas avoir d'autres sources de revenus
nécessite qu'on apporte une attention particulière à leur
cas. Alors, je crois que c'est l'étude des règlements que j'ai
faite, avant d'en proposer l'adoption de principe par le lieutenant-gouverneur
en conseil, le Conseil exécutif, afin qu'on reconnaisse dans la mesure
du possible ces divers problèmes que vous soulevez.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, il a été
question du bill 26, la loi d'aide sociale et ses règlements.
Demain nous aurons l'occasion, sur l'article précis, de revenir
avec des questions plus précises sur la loi, ses règlements, sur
la décentralisation et l'organisation des bureaux régionaux,
ainsi que sur les mesures administratives.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, ce n'est pas pour m'arroger le
droit de donner des conseils à qui que ce soit, mais j'inviterais tous
les
députés, membres de la commission, et tous les
députés de l'Assemblée nationale, s'ils veulent situer
véritablement le bill 26 et les règlements dans leur
véritable contexte, à relire les débats de
l'Assemblée nationale de l'an dernier, en 1969, alors que nous avons
adopté la loi après de longues discussions, de longs
débats, en deuxième lecture, et l'étude en comité
plénier. Les règlements aussi ont fait l'objet d'une discussion
très détaillée, et je crois que cela apportera une
meilleure compréhension de tous ces mécanismes qui, je l'avoue,
même si on tente de les simplifier dans la mesure du possible, restent
tout de même assez complexes. Alors, pour ceux qui ont vécu
l'expérience de ces débats l'an dernier, évidemment, ils
ont peut-être une notion un peu plus précise du fonctionnement
futur de la loi, de ses mécanismes administratifs; mais je crois que
cela serait une excellente suggestion à faire aux membres de
l'Assemblée nationale de relire ces débats sur cette
législation extrêmement importante.
Tout à l'heure, le ministre a fait une réflexion en disant
qu'il avait donné instruction à son sous-ministre de poursuivre
le programme et de voir à la mise en place des mécanismes
administratifs, et que les opérations se poursuivaient. Le ministre n'a
certainement pas voulu laisser croire que nous avions passé une loi, que
nous avions travaillé sur des règlements, et que nous avions mis
en place des mécanismes administratifs pour laisser tout cela en plan.
Il aurait donné de nouvelles instructions après une nouvelle
vérification. C'est ce que j'ai cru comprendre; parce que nous avions
pris les dispositions l'administration précédente
pour que tout soit prêt à fonctionner le plus tôt possible.
Par suite des discussions que j'avais eues avec mes officiers
supérieurs, nous avions pensé pouvoir mettre le régime en
application peut-être le 1er juin, au plus tard le 1er juillet.
Je comprends que l'implantation des mécanismes administratifs, en
pratique, comporte d'énormes difficultés. Le ministre a raison
lorsqu'il dit que les mécanismes d'application de la loi doivent
être solidement implantés. J'ai déjà eu l'occasion
de le dire au cours des débats précédents. Ils doivent
surtout être étanches afin de prévenir des abus qui peuvent
être coûteux pour l'administration gouvernementale. Tout cela pour
permettre une meilleure répartition des sommes.
De toute façon, je crois que le problème du financement,
le problème de trouver l'argent n'a rien d'insolubre. Il y a une
proposition, une modification à la législation, je crois qu'elle
est opportune. Je ne veux pas discuter au fond du projet de loi, pour ne pas
être hors d'ordre. En Chambre, lors de l'étude de ce projet de
loi, nous aurons l'occasion de faire, peut-être, des remarques sur cette
législation et sur son financement.
Sur la question du bill 26, pour ma part, étant assez familier
avec la législation et les réglementations, lorsque nous
reviendrons sur cet article, je n'attirerai l'attention de la commission que
sur les étapes qui ont été franchies, sur les
mécanismes administratifs qui sont en place, et sur ce qui reste
à résoudre, ce qui reste à finir, à parachever pour
l'implantation du régime.
M. le Président, c'est sur cette question du bill 26 que j'ai
fait ces quelques remarques.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Louis-Hébert.
M. CASTONGUAY: J'aimerais faire une remarque. D'abord je n'ai pas voulu
donner l'impression si c'est celle-là qui s'est
dégagée que rien n'avait été fait. Ce que
j'ai voulu dire, c'est qu'on avait préparé le travail.
L'élaboration des nouveaux mécanismes administratifs était
très avancée, mais l'instruction que j'ai donnée avait
pour effet de transformer le système administratif de l'ancien au
nouveau. Et ceci prend un certain temps. Il y a le travail qui doit se faire
sur ordinateur, la transmission des dossiers du niveau central au niveau local,
leur préparation sous une autre forme, etc.
Je dois également dire que, lorsque j'ai terminé
l'étude du dossier et que j'ai demandé à quel moment cette
transformation du système nous menait quant à l'application de la
nouvelle loi, la réponse qu'on m'a donné était celle du
1er janvier, c'est-à-dire dans cinq mois d'ici.
Alors j'ai demandé qu'on coupe ce délai dans toute la
mesure du possible. On m'a dit que si on obtenait la priorité du service
des achats, de la Fonction publique et des Travaux publics quant aux demandes
que nous allons leur formuler, il était possible de raccourcir ce
délai d'environ deux mois. Ce qui signifie que, dans le plus bref
délai et les décisions que j'ai eu à prendre, je
les ai prises aussi rapidement qu'elles se sont présentées
ceci nous mène au premier novembre. Je voulais faire cette
clarification, étant donné que le député de
Montmagny a mentionné que la nouvelle loi aurait pu être
appliquée le premier juin ou le premier juillet. Il y a également
le fait que, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, la loi
n'était pas sanctionnée, les règlements n'étaient
pas adoptés non plus, ce qui signifiait la nécessité de
maintenir en suspens certains éléments des programmes
administratifs, particulièrement les parties qui seront
administrées par l'utilisation d'un ordinateur.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les règlements n'avaient pas reçu
l'acceptation finale et formelle, par sanction du lieutenant-gouverneur, mais
ils avaient reçu une approbation de principe de la part du
lieutenant-gouverneur en conseil. Mais je comprends qu'il est normal que le
changement de gouvernement amène un certain délai. Il est normal
que le ministre veuille revoir le dossier parce qu'à partir de ce
moment-là, c'est lui qui en est responsable. La
responsabilité des anciens titulaires est dégagée. Le
ministre a raison de dire qu'il veut voir le dossier, qu'il a voulu voir le
dossier. Il serait même comphéhensible qu'il ait voulu apporter
certaines modifications à la réglementation.
M. CASTONGUAY: Je ne veux pas entrer dans une discussion et dire: Voici,
un est responsable de ceci ou de cela. Ce sur quoi je voudrais qu'on soit bien
clair, c'est que, lorsque je suis arrivé au ministère, les
décisions qui s'imposaient relativement à cette loi ont
été prises aussi rapidement que possible. Justement, nous ne nous
sommes pas amusés à modifier les règlements pour retarder
l'application de la loi ni la loi elle-même, comme vous pouvez en juger
par les amendements qui sont proposés et qui sont mineurs. La
réponse qu'on m'a donnée, à l'aide d'un cheminement qui
avait été établi, c'est qu'il fallait un délai d'un
peu plus de cinq mois pour mettre la loi en application définitivement.
Et c'est là, après discussion, que cette nécessité
d'obtenir priorité quant aux besoins en personnel, quant aux achats,
quant aux locaux qui sont requis, a été soulevée.
Après assurance de la part des autres ministères que ces demandes
seraient satisfaites, il semble possible qu'on puisse diminuer ce délai
d'un peu plus de cinq mois à environ trois mois.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, dans la discussion
précédente, on a parlé du revenu minimum garanti.
C'était un des sujets sur lesquels je voulais avoir l'opinion du
ministre. Il a donné sa réponse. Je me suis souvenu, durant la
discussion, d'un chiffre, des études préliminaires, non seulement
préliminaires mais importantes qui ont été faites au
service de programmation et de recherche du ministère de la Famille, sur
tout le problème du revenu minimum garanti. Il me revient à la
mémoire un chiffre je le donne sous toute réserve
que j'ai vu dans un rapport et qui indiquait que le revenu minimum garanti, en
ce qui concerne le secteur de l'enfance seulement, nous obligerait à des
déboursés d'au-delà de $600,000,000, même en
incluant les programmes qui touchent actuellement l'enfance, comme ceux des
allocations familiales. C'est un chiffre qui déjà nous invite
à la prudence. On peut évidemment élaborer longuement sur
l'opportunité d'apporter maintenant ou prochainement un programme de
revenu minimum garanti. Le ministre a certainement raison quand il nous dit
qu'il y a là des implications financières considérables.
Cela doit se situer dans un contexte de réforme sociale et on ne peut
pas étudier ce problème isolément, sans tenir compte des
autres mesures de sécurité sociale qui sont mises de l'avant,
soit par le gouvernement du Québec, soit par le gouvernement central. Et
cela rejoint évidemment tout le problème de la
récupération, de la coordination, dans le domaine de la
sécurité sociale, à quelque palier du gouvernement que ce
soit.
Pour ma part, j'ai toujours été extrêmement prudent
dans ce secteur, dans ces politiques de revenu minimum garanti. Il ne s'agit
pas seulement des implications financières, mais nous sommes dans une
période où la situation économique n'est pas des
meilleures et où peut-être la mentalité d'une certaine
partie de la population je ne voudrais pas généraliser
au-delà du nécessaire est peut-être un peu passive,
le mot n'est pas trop péjoratif, devant l'effort qu'il faut fournir et
devant ce que l'on reconnaît encore être une
nécessité de nos jours, le travail.
Il y a des abus de toutes sortes, on l'a vu dans certains programmes
sociaux et je ne sais pas si cette tendance à la dépendance
sociale que l'on constate et que l'on déplore souvent certains
députés présents l'ont mentionné cette
dépendance à l'utilisation abusive des lois d'aide sociale n'est
pas encore trop accentuée à ce moment-ci, cela peut
peut-être provenir d'une mentalité, d'une situation
économique qui n'est pas des plus fortes.
Pour ma part j'ai la conviction que ce ne serait pas le moment
d'introduire une législation de cette envergure. Il y a des
préalables, il y a des prérequis. Il y a d'autres mesures de
coordination, sur le plan législatif, sur le plan administratif qui
devraient être mises en place. Cela m'amène à l'autre
considération que je voulais faire. On a abordé ce sujet un peu
plus tôt; j'aurais aimé qu'on mentionne certains autres aspects et
j'y reviens c'est le problème du repatriement de la
sécurité sociale. On a mentionné tout à l'heure
je crois que c'est le député de Bourget qui l'a fait
la position des gouvernements respectifs qui ne sont
succédé. Position qui, elle, n'a pas changé
vis-à-vis du gouvernement central en ce qui concerne le champ de
juridiction, la compétence dans ce secteur important de la
sécurité sociale.
Des mémoires ont été présentés par le
Québec, mémoires préparés en collaboration par les
hauts fonctionnaires du ministère de la Famille et du Bien-Etre social,
mémoires que l'on a toujours qualifiés de très
substantiels, de très positifs, de belle qualité. La province de
Québec, à chaque conférence, a fait valoir son point de
vue; elle a mis en évidence, en proposant des réformes,
l'incohérence et l'incoordination de certains programmes.
Cette remarque que je voudrais faire prend une dimension nouvelle au
moment où le fédéral est en train de reviser en profondeur
tout le secteur de l'assurance-chômage. Dans un mémoire à
la conférence fédérale-provinciale, nous n'avions pas
réclamé le repatriement du programme d'assurance-chômage,
mais nous avions réclamé l'intégration administrative et
la coordination très étroite de ces politiques dans le domaine de
l'assurance-chômage, avec les
autres politiques, politiques d'aide sociale, de formation et de
main-d'oeuvre; nous avions mentionné de façon évidente,
l'interdépendance de tous ces programmes. C'est pour cela que je
voudrais demander au ministre, à ce moment-ci, si lors des autres
conférences fédérale-provinciale qui vont se tenir en
1970, il continuera dans la voie qui avait été tracée
antérieurement? On se rappelle notamment de la conférence de
décembre dernier, conférence qui a réuni tous les premiers
ministres des provinces et le gouvernement central à Ottawa et où
il a été question de la sécurité sociale. Le
Québec avait réclamé vigoureusement le rapatriement des
programmes de sécurité de la vieillesse et des allocations
familiales surtout. Je voudrais demander au ministre s'il va continuer dans
cette ligne et si le gouvernement entend non pas tellement de façon
législative, parce que je ne crois pas que ce problème
puisse se résoudre de façon législative, mais par
la voie de la négociation, obtenir le rapatriement des programmes,
notamment la sécurité de la vieillesse, les allocations
familiales, l'intégration davantage poussée des politiques de
main-d'oeuvre, des politiques d'assurance-chômage.
M. CASTONGUAY: Je crois que ce sont des questions comme
d'ailleurs le mentionnait le député de Bourget qui
dépassent l'étude des crédits du ministère de la
Famille et du Bien-Etre social. Ce sont des questions qui ont pu faire
je l'ai vu par les comptes rendus l'objet des débats ou de la
discussion touchant aux crédits du ministère des Affaires
intergouvernementales; ce sont des aspects beaucoup plus globaux d'une
politique que ceux qui touchent plus spécifiquement à
l'étude des crédits de la Famille et du Bien-Etre social.
J'aimerais, avec votre permission, ne pas commenter davantage cette
question.
Une des choses qui est assurée c'est qu'en tant que ministre de
la Famille et du Bien-Etre, en tant que ministre de la Santé, dans la
formulation des politiques du gouvernement, les objectifs que j'ai
tracés ou que j'ai explicités quant à l'action des
ministères de la Santé, de la Famille et du Bien-Etre social, je
vais les exposer aussi clairement, aussi complètement que possible. De
telle sorte que les gestes que pourrait poser le gouvernement au sujet des
relations avec le gouvernement du Canada touchant ces divers domaines soient
bien explicités.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, juste pour terminer la
remarque que j'ai faite, je n'insiste pas, aujourd'hui, pour entreprendre un
débat sur cette question même si je sais que le ministre est bien
conscient de l'importance du sujet soulevé. J'admets que ça
puisse dépasser le cadre de nos discussions sur les prévisions
budgétaires du ministère de la Famille et du Bien-Etre social,
mais je l'avais situé particulièrement dans le cadre des
conférences fédérales-provinciales en matière de
bien-être, en matière de famille et de bien-être social. De
toute façon, le ministre aura certainement l'occasion de nous exposer
ultérieurement la position du ministère parce que le
ministère est directement concerné, c'est lui qui fait figure de
proue dans toutes les positions constitutionnelles sur la
sécurité sociale qui sont prises à l'échelle du
gouvernement. Nous aurons l'occasion d'y revenir. Pour aujourd'hui, je
n'insiste pas, mais je tiens pour acquis que le ministre sera vigilant en ce
qui concerne le rapatriement des mesures sociales importantes à
l'intérieur du cadre déjà tracé, et qui avait fait
l'objet d'une acceptation des gouvernements successifs.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Une remarque, étant donné que nous avons
parlé tout à l'heure du revenu minimum garanti que l'on
évalue à $600 millions. Disons que c'est un chiffre que
l'honorable député de Montmagny a donné de façon
approximative.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a longtemps que je n'ai pas vu ce
document. Les fonctionnaires pourraient peut-être me corriger. C'est un
chiffre qui m'est resté...
M. LESSARD: Je suis d'accord d'ailleurs je pense que c'est
extrêmement difficile à évaluer pour le moment tout
ça. Je trouve que ça se discute un peu d'une façon
absolue. C'est toujours en fonction de ce que l'on entend par revenu minimum
garanti. Les taux vont changer selon la limitation imposée, le salaire
minimum garanti que l'on donne à chacun.
Tout à l'heure, on parlait de rapatriement. Je pense que
l'honorable député de Bourget a donné notre opinion
à ce sujet-là, on parlait surtout du bill 26 et le ministre nous
parlait de trois, quatre, cinq mois. Est-ce que le ministre peut
déterminer une date? Est-ce que l'on pense que d'ici à un certain
temps, on pourra appliquer le bill 26? C'est extrêmement important
actuellement. Cela fait déjà un an que l'on discute cette
chose-là. Pour le moment, on ne sait pas trop où se mettre la
tête à ce sujet-là.
M. CASTONGUAY: J'ai mentionné que, depuis la formation du
gouvernement, c'est-à-dire il y a deux mois, les décisions qui
s'imposaient relativement à la mise en application de la Loi de l'aide
sociale, ont été prises sans retard de ma part et de la part du
gouvernement, au fur et à mesure qu'il a été
nécessaire de les prendre. J'ai également mentionné qu'on
n'a pas voulu toucher à la loi, sauf les amendements qui ont
été déposés ce matin et qui sont mineurs, j'en
conviens, mais il y en a un qu'il était nécessaire
d'apporter pour que l'on puisse financer cette loi. On n'a pas voulu changer la
loi pour ne pas occasionner de retard. Sur certains points il peut y avoir des
opinions différentes. Sur ce plan-là, on n'a fait aucune
modification.
Quant aux règlements, ils n'étaient pas approuvés
et n'étaient pas complétés; l'évaluation des
coûts résultant de ces règlements n'était donc pas
disponible. Le travail s'est poursuivi. Lorsque j'ai demandé à
quel moment on croyait qu'il était possible de mettre en application la
Loi de l'aide sociale, la réponse qu'on m'a faite, en partant
d'aujourd'hui: un délai d'environ cinq mois et demi. Il y avait tout un
cheminement des diverses étapes à traverser; j'ai demandé
qu'on raccourcisse cette période dans toute la mesure du possible. Sans
compromettre l'application de la loi, d'une façon raisonnablement
efficace et en comprimant dans toute la mesure du possible, cela signifiait un
délai d'environ trois mois à compter d'aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député d'Abitibi-Ouest,
d'abord.
M. AUDET: M. le Président, d'après les chiffres que
l'ancien ministre de la Santé indiquait tout à l'heure, $600
millions, je me demande s'il avait pris en considération les montants
qui auraient pu revenir de ces rapatriements d'allocations familiales et
d'assurance-chômage.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai dit que cela comprenait les programmes qui
existent actuellement. Je crois que c'était le secteur de l'enfance, et
les programmes qui existent actuellement. Les programmes d'allocations
familiales, notamment, l'allocation scolaire devraient être
intégrés dans ce programme de revenu minimum garanti. Il ne
s'agit pas d'une somme additionnelle de $600 millions, mais il s'agit
certainement de disséquer, à l'intérieur de ces $600
millions, ce qui serait de l'argent nouveau et des programmes actuels.
M. AUDET: M. le ministre disait que ce n'était probablement pas
le moment choisi pour devoir penser à un revenu garanti pour tous et
chacun, suivant la moralité des gens et la façon dont les gens se
comportent actuellement à l'endroit de leur passivité
vis-à-vis du travail. Je dirais, pour ma part, que cette
passivité est certainement due au système conditionné que
nous avons actuellement. C'est le conditionnement que nous avons dans notre
bien-être social actuel qui forme cette passivité. Parce que
quelqu'un qui n'a pas le droit d'aller travailler, d'aller gagner ailleurs pour
s'assurer son chèque de bien-être, devient passif par le fait
même. Si on donnait un revenu garanti sans condition, la passivité
s'en irait, le gars tran- quillement sortirait du bien-être social. Il
sortirait de cette position et ne deviendrait pas un assisté social en
permanence. C'est justement le contraire qui se produit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas voulu généraliser.
J'ai dit que, trop souvent, parmi ceux qui demandent des prestations, ou qui
sont enclins à la dépendance sociale, il y a cet
élément de passivité. Je n'ai pas dit qu'il nous fallait
rejeter le blâme complètement sur eux. Il y a toutes sortes de
facteurs qu'il faudrait analyser, tel que le contexte, l'histoire. Il faudrait
analyser aussi la force des mécanismes, d'incitation au travail, de
réhabilitation, ainsi que les dispositions contenues dans notre
législation et dans notre réglementation. Il y a une foule de
facteurs qui peuvent influencer ce caractère de passivité. Mais,
il reste que, fondamentalement, on peut exiger aussi de celui qui est en cause,
de celui qui est un assisté social, de faire un effort, au moins, pour
profiter des mécanismes qui sont à sa disposition. Evidemment, on
pourrait élaborer longtemps sur cette question, mais j'ai
constaté au cours des dernières années qu'il ne fallait,
en aucune façon, encourager la dépendance sociale, mais qu'il
fallait mettre tout en oeuvre pour, autant que possible, contrecarrer les
facteurs qui pourraient inciter les assistés sociaux à rester
dans cet état de passivité.
M. AUDET: M. le Président, pour compléter ma
pensée, à ce sujet, je crois réellement que cette
passivité disparaîtrait par le fait que le conditionnement serait
enlevé. Imaginons un peu quelqu'un qui reçoit une allocation du
bien-être social et n'a pas le droit d'aller se chercher un mois de
salaire. Automatiquement, il vient de brimer sa liberté personnelle
vis-à-vis du bien-être social qu'on lui assure. C'est
lui-même qui se met dans le pétrin. Automatiquement, si on donnait
la liberté au gars d'accéder au travail, même en recevant
son bien-être social, il sortirait du bien-être social par la
taxation sur son minimum garanti à la fin de l'année.
Maintenant je suis heureux de voir la position de l'ancien gouvernement,
les efforts qu'il a faits concernant la récupération des diverses
aides sociales fédérales. Réellement, je crois que c'est
de cette façon-là que nous en viendrons à sortir du
marasme où on est pour faire un tout de l'aide à l'individu sous
forme de revenu garanti.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, relativement à cette
question j'aimerais tout de même dire que, depuis que j'ai
été élu député en 1966, c'est une question
qui revient à tous les ans sur le tapis, qui revient annuellement
dans la discussion et les réponses sont pratiquement toujours les
mêmes. E est vrai à mon avis que dans la province de Québec
tout notre système de sécurité sociale est une
mosaïque de lois dont la philosophie de base est tout à fait
inadaptée aux besoins des temps modernes. Ces diverses lois qui ont
été votées par l'Assemblée nationale relativement
aux besoins immédiats de la population, ou pour les besoins, bien des
fois, des diverses campagnes électorales qui ont eu lieu dans le
passé, ce sont des lois complexes; et comme je le disais, qui ont bien
souvent peu de relation les unes avec les autres, qui sont difficiles
d'application et d'une philosophie de base qui encourage la dépendance
du citoyen à l'Etat et qui encourage l'inertie et la paresse. Je crois
que ces lois, que cette loi, que nos lois ont concouru énormément
dans cette province à rendre les citoyens dépendants de l'Etat et
à leur enlever bien souvent tout goût de l'initiative.
Il est absolument impossible, pour ceux qui sont obligés de vivre
de notre système de sécurité sociale, d'attendre d'eux
toute initiative qui pourrait améliorer leur sort parce que, à ce
moment-là, on taxe leur initiative à 100 p.c. après qu'ils
ont reçu cette allocation sociale. On entend souvent ceux qui
travaillent à salaire et qui sont pourtant bien
rémunérés dire: Mais pourquoi ferais-je du temps
supplémentaire puisque l'impôt sur le revenu va
récupérer le profit ou la rémunération que je vais
retirer de ce travail-là? On entend souvent aussi dire à des
hommes d'affaires: Pourquoi prendrais-je le risque d'investir telle somme dans
mon industrie puisque ça va augmenter mes revenus et l'impôt va
m'écraser?
Comment voulez-vous que le citoyen qui voit son initiative taxée
à 100 p.c. soit encouragé à améliorer son sort
d'autant plus que, s'il travaille momentanément, pour une courte
période, ou s'il est cultivateur par exemple et s'il a un petit lopin de
terre, s'il sème des légumes ou s'il a quelques vaches, s'il
prend quelque initiative, tout de suite son allocation est baissée. Pour
l'obtenir de nouveau, c'est de la correspondance, ce sont des écrits et
le service est lent. Quoi qu'on en dise, c'est un des ministères, le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social où le service aux
citoyens est le plus inadéquat. La réponse aux lettres se fait
attendre pendant des semaines sinon des mois, les inspecteurs sont
surchargés. Bien souvent ceux qui vivent d'allocations sociales sont des
gens dont l'instruction est faible et écrire c'est déjà un
problème pour eux. Ils ne peuvent pas se comprendre dans tout de
labyrinthe et c'est la raison d'ailleurs pour laquelle les
députés en général sont surchargés de
demandes et de questions de toutes sortes relativement aux services de notre
sécurité sociale.
Cette loi que nous avons votée cet automne était une loi
très attendue, mais tout de même ça fait déjà
quelques mois qu'on a légiféré là-dessus et la loi
n'est pas encore en vigueur. Je dis ça, M. le Président, je ne
blâme personne, croyez-moi, je ne blâme même pas le
député de Montmagny, l'ancien ministre, je crois
sincèrement qu'il a fait son boulot du mieux qu'il a pu, mais c'est une
grosse machine, c'est une grosse affaire; c'est complexe et difficile à
modifier.
C'est extrêmement difficile, je crois bien, d'avoir les hommes
compétents pour faire face à ces obligations, et je dis cela sans
critique.
Mais il reste qu'il y a, dans la province de Québec,
actuellement, de la misère et de la misère sans espoir. Des
personnes vivent de notre système de sécurité sociale et
ils ne peuvent pas, à cause d'un manque d'instruction ou d'un manque de
santé, ou d'une maladie subite, faire autrement. Ils vivent avec des
sommes qui n'ont aucune relation avec le coût de la vie actuel. Dans ce
temps d'inflation que nous vivons aujourd'hui, ceux qui souffrent le plus de
cette inflation, ce sont les classes les plus pauvres de la
société.
Il est tout de même surprenant qu'en Amérique du Nord,
où le niveau de vie pour certaines gens est si élevé,
où des sommes folles se dépensent pour des voyages ou des choses
de grand luxe, qu'on voie, dans la même province ou dans le même
pays, certaines personnes avoir le minimum pour manger trois fois par jour;
parfois ils ne l'ont même pas. Dans cette même
société, où très peu de citoyens sont
rémunérés selon leur propre valeur, où la
majorité des citoyens sont rémunérés d'après
les forces de pression, les pressions qu'ils peuvent faire pour défendre
leur intérêt, eh bien! je dis que, si ceux qui sont obligés
de vivre des allocations sociales actuellement pouvaient s'organiser, avaient
eu des syndicats par exemple, avaient eu une voix, une façon de faire
des pressions et de se faire entendre, cela ferait déjà longtemps
que le bill 26 serait en vigeur. Il serait voté et en vigueur depuis
nombre d'années.
Mais ce sont des gens qui n'ont pas de porte-parole, qui sont
silencieux, qui sont prisonniers de leur misère, prisonniers de leur
pauvreté et, bien souvent, prisonniers de leur manque d'instruction. Les
mois et les années passent, et la situation persiste. Mais surtout dans
la situation économique que l'on vit actuellement, c'est une couche de
notre société qui ne vit pas au rythme des temps modernes. Et
cela m'a fait extrêmement plaisir d'entendre le ministre dire qu'il
ferait l'impossible pour mettre en application cette loi tellement attendue,
qui va aider énormément les citoyens les plus
défavorisés de notre société. Cette loi ne fait pas
de miracle, mais elle est une voie, elle est un pas dans la bonne
direction.
Pour ce qui regarde le salaire minimum garanti, ou le revenu minimum
garanti, je crois
bien que c'est là que l'on tend de plus en plus. Il est toujours
difficile de faire des prédictions, mais je crois bien, personnellement,
que c'est la façon de faire une juste distribution des biens dans nos
sociétés modernes. Il en reste que, je crois bien, pour la
province de Québec, nous n'avons pas atteint, au point de vue de la
productivité, au point de vue de la richesse, ces revenus qui nous
permettraient d'assurer, actuellement, un tel revenu à chacun des
citoyens.
M. LE PRESIDENT (Bossé): La parole est au député de
Sainte-Marie.
Hôpitaux privés
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, j'aurais une
question à poser à M. le ministre. Elle n'est peut-être pas
tout à fait dans l'ordre. Je vous demanderais de me laisser finir quand
même. Est-ce que M. le ministre accepterait de répondre à
la personne qui vous a posé une question tantôt dans la salle? Ce
sont des gens de mon comté et ils aimeraient avoir l'opinion du ministre
sur le conflit des hôpitaux privés. Avec la permission des membres
de cette commission...
M. LE PRESIDENT (Bossé): Comme je l'ai dit tout à l'heure,
les membres de la commission ont droit de parole, même si ce n'est pas
dans l'ordre.
M. CASTONGUAY: La question m'étant adressée par le
député de Sainte-Marie, ça me fait plaisir d'y
répondre. Je crois aussi que la question est dans l'ordre, en ce sens
que, lorsqu'on parle d'hôpitaux privés, il y a également
des institutions de bien-être et nous étudions les crédits
du ministère de la Famille et du Bien-Etre. D'ailleurs, le
député de Montmagny disait justement qu'il était pour la
poser dans quelques minutes.
Je puis vous dire que moi, en tant que ministre, et aussi le
gouvernement, nous sommes extrêmement désireux de voir ce conflit
se régler.
Toutefois, il ne s'agit pas d'un conflit où il n'y a qu'une
partie. Il y a deux parties. Il y a les syndicats avec qui nous
négocions; il y a aussi la partie patronale et le gouvernement, qui
constituent l'autre partie. Il s'agit donc, dans un processus de
négociations, d'en arriver à une entente. Pour que cette entente
soit possible, il faut que les deux parties, si elles partent de positions
divergentes, modifient leurs positions jusqu'à ce que cette entente
puisse s'effectuer.
Lorsque la grève a été déclenchée,
lorsque l'arrêt de travail a été déclenché,
étant donné que le gouvernement venait de changer, j'ai
accepté de rencontrer le président de la CSN, M. Marcel Pepin, de
même que le président de la Fédération nationale des
services et certains de leurs collègues, et ceci après avoir pris
connaissance du dossier qui était au ministère. J'ai
discuté de la question avec eux. Nous avons repris la question
immédiatement au cabinet, et nous avons adopté une position.
A partir de ce moment, j'ai invité les dirigeants des syndicats
à revenir à la table des négociations. C'est ce qu'ils ont
fait. Enormément de progrès a été
réalisé; des centaines de clauses ont été
paraphées. Il demeure, sur la question de la sécurité
d'emploi ou il demeurait la semaine dernière une
divergence. Le ministre de la Fonction publique, qui est
intéressé au premier titre dans cette question, a fait une
déclaration pour bien exposer la position du gouvernement. Depuis la
rupture des négociations, nous avons réévalué tout
le dossier et nous avons indiqué notre désir de retourner
à la table des négociations dès que l'autre partie pourra
le faire.
Vous savez que, la semaine dernière, j'ai eu l'occasion de
rencontrer les dirigeants des centrales syndicales à l'occasion de la
discussion du bill sur l'assurance-maladie. Dès que les deux parties
retourneront à la table non seulement une, mais les deux
et que les négociations reprendront c'est d'abord une condition
essentielle à la solution du conflit, je ne peux le régler en
dehors de la table des négociations dès que les deux
parties, dis-je, seront retournées à la table et qu'on voudra
bien négocier, je suis convaincu qu'on peut en arriver à une
entente qui respecte les exigences des deux parties.
En ce qui a trait au gouvernement, il y a des exigences qui font en
sorte qu'on ne peut accepter toutes les demandes des syndicats. Cela a
été établi clairement par la déclaration du
ministre de la Fonction publique. Toutefois, les propositions que nous avons
faites et qui ont déjà été discutées peuvent
sans doute être modifiées de telle sorte qu'on en arrive à
une entente définitive. Mais cela se fera à la table des
négociations. Quand bien même on demanderait ce que le ministre de
la Santé fait pour régler la grève, tant et aussi
longtemps qu'il n'y a pas discussion à la table des négociations,
malheureusement, la grève ne se réglera pas. Je le regrette,
d'autant plus que j'ai aussi hâte que qui que ce soit de voir ce conflit
se régler.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je reviens sur la déclaration
de tout à l'heure du député de Jacques-Cartier. Je pense
que c'est tout de même une politique que nous partageons ici autour de
cette table. On parlait tout à l'heure d'un syndicat des assistés
sociaux. Je pense que c'est une initiative qui doit leur revenir. C'est
peut-être là leur faiblesse; le problème qui se
pose est qu'ils sont tellement handicapés qu'ils ne peuvent pas
s'organiser.
En fait, ce qui est scandalisant, et c'est le problème des
problèmes qui se pose au niveau des comtés, c'est de constater
que 73 p.c. des assistés sociaux sont des personnes qui sont aptes au
travail. Dans mon comté, autrefois, il y avait de grands travaux, mais
malheureusement non pas à cause du gouvernement actuel ou de l'ancien
gouvernement, ces travaux ont maintenant diminué, d'après le
rapport qui a été donné l'an dernier.
L'honorable député de Montmagny parlait aussi de la
coordination entre les ministères. L'autre jour, à
l'intérieur du ministère des Terres et Forêts, j'ai
souligné ce problème à l'effet que certains
ministères voyaient diminuer leur budget, alors que d'autres
ministères et c'est le cas du ministère de la Famille et
du Bien-Etre social voyaient augmenter leur budget.
On se demande si la coordination des différents ministères
dans une période de chômage comme la période actuelle,
entre autres dans certains comtés, n'amènerait pas ces
gens-là à pouvoir travailler. Il me semble qu'on dépense
actuellement des sommes d'argent considérables je sais que le
problème est très complexe pour laisser les gens à
ne rien faire. On sait qu'au Québec, comme ça peut arriver
ailleurs, il y a des travaux à faire. On avait autrefois les travaux
d'hiver. Je comprends qu'il y a eu des problèmes de ce
côté-là; je comprends qu'il y avait une certaine
coordination qui était nécessaire entre les deux niveaux de
gouvernement. C'est pour ça qu'on pouvait parler tout à l'heure
de rapatriement pour arriver à coordonner nos différents services
sociaux de part et d'autre. Maintenant c'est probablement là qu'est le
problème fondamental, c'est qu'on investit beaucoup plus, en proportion
avec le gouvernement d'Ontario, on constate que les assistés sociaux
sont beaucoup plus nombreux au Québec; je crois même que pour les
invalides c'est le double de l'Ontario. Alors la seule solution pour
véritablement sortir ces gens-là de l'impasse dans laquelle ils
sont actuellement, c'est de les amener à pouvoir trouver du travail.
C'est dans ce sens-là que, pour notre part, nous offrons notre
collaboration pour créer les 100,000 emplois au plus tôt.
M. CASTONGUAY: Je voudrais simplement ajouter, pour autant que je suis
concerné, que cela indique aussi pourquoi nous avons mis tant
d'insistance sur l'objectif d'une croissance plus rapide de l'économie
afin qu'on sorte de ce cercle vicieux. De même que la pauvreté au
niveau de l'individu constitue une espèce de cercle vicieux dont il est
difficile de sortir, au niveau d'une collectivité, c'est un peu la
même chose. S'il y a du chômage on ne peut pas laisser les gens
mourir de faim, il faut leur verser de l'assistance. Plus les chômeurs
sont nombreux plus les montants d'assistance sont lourds à porter et
plus les sommes qui restent pour activer l'économie deviennent faibles.
Alors il y a là un effet d'entraînement, un certain cercle vicieux
dont il est extrêmement difficile de sortir. C'est pourquoi nous avons
mis la priorité sur cette question de croissance plus rapide de notre
économie.
M.LESSARD: M. le ministre, est-ce que...
M. LE PRESIDENT (Bossé): Un instant! Le député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur le même sujet, pour enchaîner
avec les remarques du député de Saguenay et les remarques du
ministre de la Santé, je crois qu'après cette discussion que nous
avons eue alentour du bill 26, sa réglementation, les assistés
sociaux, des difficultés pour eux de se réintroduire sur le
marché du travail, il est important de revenir à deux points dont
je voulais discuter. Ce sont les mécanismes qui ont été
mis sur pied par le ministère, mécanismes de coordination
interministérielle et aussi comité de reclassement des
assistés sociaux et de retour à la vie normale. Cela a fait
l'objet d'initiatives importantes de la part du ministère de la Famille
et du Bien-être.
Je crois qu'il est bon pour les membres de la commission et pour le
public de mentionner ce qui a été fait par le ministère,
qui n'a certainement pas, au sujet de ce problème, gardé une
attitude passive. La collaboration interministérielle s'est traduite par
une collaboration plus poussée avec différents ministères
et j'aimerais donner quelques exemples. Tout d'abord avec le ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre, la formation; le ministère de
l'Education a un comité qui a été mis sur pied et qui a
travaillé et qui continue de travailler pour la création
d'emplois au sein des industries, avec le ministère de l'Industrie et du
Commerce, le ministère du Travail et le ministère de la Famille
et du Bien-être; il y a même eu des primes versées à
l'investissement et à l'engagement d'assistés sociaux: les
industries se voient rembourser, se voient payer une prime si on engage les
assistés sociaux; on les forme et on leur procure des emplois
permanents. Il y a eu aussi collaboration interministérielle
poussée avec d'autres ministères à vocation
économique; il y en a eu avec le ministère de l'Agriculture,
même si ce comité-là n'avait pas une reconnaissance aussi
formelle que d'autres comités. Et la collaboration la plus
étroite qui a existé à mon sens, c'était avec le
ministère des Terres et Forêts.
Le député de Saguenay a mentionné il y a un instant
que, dans la discussion des crédits du ministère des Terres et
Forêts, on a déploré qu'il n'ait pas été
donné suite cette année aux
programmes qui avaient été tracés dans le domaine
de la sylviculture, du reboisement, pour lesquels on employait plusieurs
assistés sociaux. Et à cette fin nous avions accepté, au
conseil des ministres, de transférer à partir du ministère
de la Famille et du Bien-Etre social, une somme de $2 millions pour l'exercice
en cours, afin de donner plus d'expansion à ce programme, qui, à
court terme et à long terme, peut finir par donner de l'emploi à
des milliers de chômeurs, assistés sociaux, ceux qui ont
particulièrement déjà été employés
aux opérations forestières.
Ce sont des initiatives excellentes. Elles devront être
continuées, à mon sens, par le gouvernement actuel et même
amplifiées. Je voudrais, sur ce point particulier, mentionner
également la collaboration très étroite que le
ministère de la Famille reçoit des agences sociales qui se voient
attribuer des budgets spéciaux pour le reclassement, le retour au
travail des assistés sociaux. S'il y a un domaine où les agences
et le ministère travaillent en étroite collaboration, c'est bien
celui-là.
Je n'ai pas, pour ma part, étant retenu dans d'autres
commissions, assisté aux débats sur les prévisions
budgétaires du ministère des Terres et Forêts. Mais, si
c'est bien exact qu'on a abandonné cette pratique, je demanderais au
ministre de la Santé d'y apporter, durant l'exercice actuel, son
attention, afin de rétablir ce programme, s'il y a lieu, de lui donner
de l'expansion. Je ne me souviens pas exactement du chiffre des emplois
possibles que nous pouvions, par une telle mesure, procurer aux travailleurs
forestiers; mais si mon souvenir est bon, c'était de l'ordre de 7,000 ou
8,000 travailleurs forestiers qui pouvaient, suivant un certain programme de
développement sur une période de quatre ou cinq ans, être
réintroduits sur le marché du travail, acquérir une
formation vis-à-vis des métiers de la forêt.
C'est un des exemples et celui-là est très
éloquent. Celui des primes aux industries pour l'emploi, la formation
des assistés sociaux, celui-là aussi est un programme
extrêmement éloquent. On n'a qu'à lire dans les journaux et
dans les rapports des agences sociales, dans les rapports du ministère,
les résultats concrets qui ont été obtenus dans le domaine
forestier, dans le domaine des pêcheries aussi.
Des pêcheurs de la Gaspésie, des Iles-de-la-Madeleine,
à l'intérieur de ce programme, ont pu retrouver un emploi
régulier et assurer le revenu de leur famille. Ce sont des exemples, je
pense, qu'il est bon de mentionner au public, parce qu'il se fait des efforts.
Quand je parlais tout à l'heure de passivité chez certains
bénéficiaires d'assistance sociale, ce n'est pas que je veuille
porter un jugement sévère sur certains assistés sociaux.
Mais il y a des mécanismes, tout de même. Des initiatives
importantes ont été prises et je crois que, si le gouvernement
actuel veut donner une impulsion à ces programmes de coordination
interministérielle, de retour à la vie normale, il a tout ce
qu'il faut pour le faire. Il y a des fonctionnaires au ministère de la
Famille, qui sont ici cet après-midi, spécialement chargés
de ce secteur. Je sais qu'ils apportent une motivation qu'il faut souligner de
nos jours, une motivation qui va même au-delà de leurs simples
responsabilités de fonctionnaires.
Je crois que le ministre va apporter une attention à ce secteur
de réhabilitation et que des sommes additionnelles seront mises à
la disposition des ministères qui peuvent assumer des
responsabilités dans ce secteur. Dans ces emplois que l'on veut
créer, qu'on ne néglise pas non plus les emplois que l'on peut
créer facilement avec ces mécanismes et qui sont aussi bons et
aussi productifs que d'autres emplois crées par l'industrie
secondaire.
M. CASTONGUAY: M. le Président, si vous me permettez, le
député de Montmagny s'est interrogé quant à la
poursuite des programmes de reforestration. M. Edgar Guay qui est ici, qui est
président du comité interministériel du retour à la
vie normale des assistés sociaux, nous dit que ces programmes
continuent, même si leur ampleur a pu être diminuée par
rapport à l'an dernier.
Je voudrais également rappeler certaines choses dans une
perspective peut-être un peu plus large, compte tenu de tous les
commentaires qui ont été faits quant aux conditions
pénibles dans lesquelles vit une partie de la population. Quant aux
besoins aussi d'adapter les législations, de telle sorte que l'on ne
pénalise pas indûment une partie de la population, que l'on
favorise le retour au travail, etc; je voudrais rappeler que
l'assurance-maladie, par exemple, est une mesure qui par son caractère
universel, ne distingue pas entre les individus, et porte sur des services
essentiels. Ces services, lorsqu'ils sont reçus à temps, peuvent
maintenir active une personne, alors que s'ils ne sont pas reçus
à temps, peuvent signifier qu'elle doive à un moment donné
se retirer du marché du travail.
Donc, un programme universel comme celui-ci s'insère dans cette
politique vis-à-vis de la réduction des inégalités
sociales. Egalement, je dois mentionner que, par souci de
bénéficier de l'expérience du comité du retour
à la vie normale des assistés sociaux et des initiatives que ce
comité a pu prendre au sein de divers ministères, c'est à
ma demande que ce comité interministériel formé des
sous-ministre du Travail, de la Famille et du Bien-Etre, de l'Education et du
président de l'Office de planification a été mis sur pied.
Je ne crois pas que le ministère des Finances en fasse partie. M. Marier
me dit qu'on a invité la Fonction publique. Ce comité a
été formé à ma demande pour que l'on puisse
analyser les résultats obtenus et essayer d'aller encore plus loin dans
le sens indiqué ici autour de cette table.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous avions pris la bonne habitude, à
ces comités, d'inviter
le ministre des Finances. Nous n'avions pas besoin de faire la
démonstration à deux reprises. C'est un conseil que je donne au
ministre.
M. CASTONGUAY: On en a un qui est compréhensif.
M. LESSARD: M. le Président, pour compléter un peu dans ce
sens-là, je constate que tant dans l'ancien gouvernement que dans le
gouvernement actuel, on a l'intention de coordonner les politiques entre les
différents ministères pour tenter de créer de l'emploi
afin que ces personnes-là puissent se réhabiliter au niveau du
travail. On constate aussi que les municipalités peuvent être
directement intéressées à ces problèmes. Je me
demande s'il n'y aurait pas lieu, du moins au niveau du gouvernement
même, de faire revivre les travaux qui se faisaient dans les
municipalités tant au niveau de l'aqueduc qu'au niveau des centres de
loisir et autres. Les municipalités ont souvent besoin de main-d'oeuvre
et cette main-d'oeuvre pourrait certainement être utilisée pour
ces travaux qui seraient effectués par les municipalités avec un
meilleur contrôle que celui que nous avons eu jusqu'à maintenant.
Je pense que ça serait un autre moyen parce que les travaux sont
nécessaires au niveau de ces municipalités et qu'elles pourraient
utiliser cette force de travail qui dort actuellement.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je ne voudrais brimer le droit de parole
de personne. Si les membres du comité sont d'accord, je crois qu'on a
suffisamment discuté sur les idées générales. Si on
était d'accord à revenir...
M. CLOUTIER (Montamagny): Je pense que plus nous aborderons de
problèmes généraux plus nous pourrons nous renseigner.
C'est notre intention je ne voudrais pas non plus présumer des
dispositions des autres membres de la commission de procéder
assez rapidement sur chacun des articles. Je pense que, dans la discussion
générale que j'ai inscrits. Si nous pouvions continuer
jusqu'à 6 heures la discussion générale, ce soir nous
pourrions, article par article, adopter les crédits du ministère
de la Famille sans priver personne de son droit de parole.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Si le député de Montmagny
est d'accord. Le député d'Abitibi-est.
M. AUDET: Je crois que c'est très important de parler un peu plus
longtemps sur ce sujet qui est crucial aujourd'hui. Nous atteignons 450,000
assistés sociaux.
M. CASTONGUAY: II faut distinguer entre les enfants et les adultes.
M. AUDET: Je sais qu'il y en a un grand nombre. Je crois que si nous
avions écourté le débat cet après-midi, il y aurait
plusieurs bonnes questions qui n'auraient pas été posées.
Je ferai la remarque que j'ai beaucoup apprécié l'intervention du
député de Jacques-Cartier. Il a réellement compris le
problème de l'heure vis-à-vis des assistés sociaux. Ce
sont des hommes sans voix. Ils ne peuvent pas être entendus. Personne ne
parle en leur faveur. Ils ne peuvent pas crier leur détresse. Ce sont
des gens dans le désespoir. J'en connais quelque chose: je suis dans le
comté d'Abitibi-Ouest, c'est un comté d'assistés sociaux.
Je connais ces gens-là. Ils sont au désespoir. Personne ne les
entend. Ils sont rivés au fait de rester indéfiniment, en
permanence, sous la tutelle du bien-être social. C'est pour cela, je
crois, qu'il est très important d'étirer le débat sur ce
sujet. Des idées émises cet après-midi vont faire leur
chemin et vont nous montrer réellement où nous devons travailler
et comment nous devons travailler pour laisser la liberté
complète à ces gens-là, pour qu'ils puissent sortir de
leur misère, en les aidant à s'aider eux-mêmes.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de Montmagny
nous dit qu'il a des questions à poser.
Consultation et participation
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont des questions d'ordre
général qui réfèrent à certains articles en
particulier. Dans l'élaboration des programmes au ministère, dans
l'élaboration des politiques et dans l'administration, il y a un
processus extrêmement important qui est maintenant bien installé
au ministère. C'est celui de la consultation avec les différents
organismes dans le secteur privé, dans le secteur parapublic, qui
travaillent en étroite collaboration avec le ministère, non
seulement dans l'application des politiques, mais aussi, si on me permet
l'expression, dans la prévention des problèmes. Il y a des
mécanismes de consultation. Il en existe avec la
fédération des services sociaux. Il y a des réunions
périodiques au ministère. Je pense que ce sont des
réunions mensuelles. Il y a aussi des réunions qui se tiennent
avec les conseils de bien-être. Il y en a avec le Conseil
supérieur de la famille. Il y en a avec les institutions privées.
Il y a toutes sortes de dialogues et de discussions. Je voudrais demander au
ministre si c'est son intention de continuer cette façon de
procéder et même de l'amplifier et d'inviter, comme il l'a
annoncé dans le domaine de la santé, d'autres groupes à y
participer. Cela se rattache un peu aussi aux questions qui ont
été discutées antérieurement, à savoir le
manque de communication ou la difficulté d'établir des
communications avec les assistés sociaux. C'est un problème que
nous avons touché du doigt en maintes circonstances. On a dit que les
assistés
sociaux avaient de la difficulté à faire entendre leur
voix. Ils sont venus ici, devant la commission, à l'occasion du bill 26.
Il y a eu des discussions sur les règlements. Nous leur avons
facilité, dans toute la mesure du possible, l'accès à
cette commission. Ils ont pu se faire entendre. Ils ont eu des porte-parole qui
se sont exprimés chacun à sa manière. Mais ils ne
poursuivaient qu'un objectif, c'était l'amélioration de leur sort
et ils voulaient faire entendre leur voix à propos de cette
législation importante qui les concerne. Dans toute cette communication,
je voudrais entendre le ministre nous dire quelle attitude il entend prendre,
non seulement vis-à-vis des organismes qui travaillent en collaboration
avec le ministère à l'application des politiques, mais aussi
vis-à-vis des assistés sociaux qui, c'est évident, doivent
pouvoir communiquer facilement avec le gouvernement.
M. CASTONGUAY: M. le Président, en ce qui a trait à la
nécessité de consulter les diverses couches de la population, non
pas seulement à un endroit au plan géographique, mais de la
façon la plus étendue possible, je suis extrêmement
convaincu de cette nécessité. D'ailleurs, je voudrais rappeler
certains des gestes que j'ai posés depuis deux mois. Je pense qu'ils en
témoignent. La première fois que je suis sorti du
ministère pour aller rencontrer des gens et lorsque je suis allé
dans le comté de Saint-Henri et dans le comté voisin rencontrer
des membres de comités d'assistés sociaux relativement aux
problèmes des services de santé dans cette région, ce
n'était pas simplement à cause du désir de les rencontrer,
eux particulièrement, mais pour indiquer mon désir de les
consulter, dans la mesure du possible.
Ce n'est pas particulier au Québec, c'est un
phénomène assez général, les mécanismes de
consultation et de participation sont loin d'être parfaits sur tous les
plans. Par ailleurs, lorsque nous avons étudié la Loi de
l'assurance-maladie, j'ai élargi, dans une certaine mesure, la
représentativité au niveau de la régie de
l'assurance-maladie. C'était dans le même but. Dans le projet de
loi qui a été déposé ce matin, la Loi de l'aide
sociale, j'ai élargi également les pouvoirs ou je propose qu'on
élargisse les pouvoirs de la commission d'appel, non seulement pour
qu'elle se prononce sur les allocations familiales, sur la Loi de l'aide
sociale, mais également sur le programme des allocations scolaires.
Encore là, c'est un indice de mon désir qu'on élargisse la
consultation ou encore la possibilité de se faire entendre.
Dans ce projet de loi, que nous étudierons peut-être demain
en deuxième lecture, vous retrouverez de nouveau cette
préoccupation. D y a divers modes de consultation qui ont pu être
établis entre les officiers du ministère et aussi les subventions
que peut accorder le ministère aux divers organismes. Sur ce
plan-là, ce n'est pas mon intention de faire machine arrière. Au
contraire, dans la revision des programmes de subventions, dans le
fonctionnement de ces mécanismes, c'est une de mes préoccupations
de n'arrêter en aucune façon le fonctionnement de ces
mécanismes. Lorsque le rapport de la commission d'enquête sera
rendu public, vous le constaterez d'ailleurs. Cela m'intéresse
d'entendre le député d'Abitibi-Ouest dire que ces gens n'ont pas
de voix, référant aux assistés sociaux. Il y a une
consultation assez étendue que nous avons faite auprès de
groupes, dans les zones les plus défavorisées de la population,
et justement, cette annexe, nous l'intitulions: "La voix des hommes sans voix".
Nous avons voulu nous faire un peu leur porte-parole, nous aussi, à ce
moment-là.
Il est possible également que nous proposions
éventuellement une structure un peu plus établie et un peu plus
permanente. On a parlé à certains moments d'un Conseil
supérieur de la santé où on pourrait canaliser les voix,
les regrouper, inventorier les opinions des diverses couches de la population.
De la même façon, dans le domaine des services sociaux, dans le
domaine de la sécurité du revenu, dans le domaine en
définitive des diverses politiques sociales, je me demande si la
même approche ne devrait pas être prise assez prochainement,
toujours dans ce même désir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le Conseil supérieur de la
santé pourrait aussi être à la fois le conseil
supérieur de ces autres groupements? Y aura-t-il un seul conseil
supérieur ou si...
M. CASTONGUAY: C'est une décision, je l'avoue, qui n'a pas
été prise. Le député de Saint-Sauveur a dit
tantôt: "Qui trop embrasse mal étreint". Dans le domaine de la
santé, lorsqu'un conseil aura été formé, avant
qu'il puisse fonctionner adéquatement, je me demande s'il serait sage de
lui confier un secteur trop large. D'autant plus que, vous le savez comme moi,
dans le domaine de la santé, il y a certaines tensions entre les groupes
qui, au début, dans un tel conseil, pourraient peut-être en
ralentir le fonctionnement. Je crois que l'existence de plus d'un conseil doit
être considérée en fonction du bon fonctionnement de tels
organismes. Je me demande sincèrement si, en essayant de trop en donner
à un tel conseil, au début, on n'en paralyserait pas le
fonctionnement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre me permet une opinion, je crois
qu'il a raison et qu'il serait préférable qu'il y ait, du moins
au début, deux conseils qui auraient chacun leur fonction, leur cadre.
Il y aurait avantage à ce qu'il y ait des mécanismes de
coordination entre ces deux conseils. J'ai un autre sujet à
traiter...
M. LAURIN: C'est sur le même sujet.
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. le député de
Bourget.
M. LAURIN: II est possible, M. le Président, que la question que
j'ai à poser ait déjà été posée. J'ai
dû m'absenter, je m'en excuse. Ce sont les désavantages d'une
faible députation, on est obligé de se multiplier. A propos de
consultation, il n'est guère de domaine où la consultation ne
s'impose davantage que lorsqu'un gouvernement adopte une loi-cadre de
l'importance du projet 8 ou du projet 26 et qu'il s'agit d'établir une
réglementation sur les conditions d'exercice, les conditions
d'établissement de la loi.
En ce qui concerne le bill 26, je pense bien que tout le monde est au
courant de toutes les inquiétudes qu'ont manifestées divers
groupes intéressés au bien-être et à l'assistance en
ce qui concerne son application et sa réglementation. Je voulais
demander au ministre de la Santé, ainsi que peut-être à
l'ancien ministre de la Santé, si toutes les consultations faites ou
à faire en ce domaine vont retarder l'application ou
l'élaboration des règlements.
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait aux règlements, en vertu du bill
26, on me rappelé que la commission parlementaire sur les
problèmes de la famille et du bien-être social avait, au moment de
l'adoption de la loi, étudié les règlements. Alors, comme
je l'ai mentionné précédemment, lorsque nous avons
réétudié ce dossier, nous n'avons pas voulu modifier les
principes qui étaient à la base de ces règlements, pour ne
pas en retarder l'application. Nous avons considéré disons
à défaut, mais on verra à l'épreuve, à
l'expérience que les consultations effectuées par cette
commission, à ce stade-là, étaient suffisantes. Encore
là, on est pris entre le désir de consulter, d'une part, et de
procéder d'autre part. Vous savez comme moi que toute modification aux
règlements entraîne des modifications au plan administratif
également, et là, nous sommes dans un système
administratif extrêmement complexe qui nécessite l'utilisation
d'ordinateurs. C'est pourquoi, on n'a pas voulu changer les principes.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ajouterai, au bénéfice du
député de Bourget, que toutes les interventions des groupes qui
sont venus devant la commission parlementaire, les interventions des
assistés sociaux, sont enregistrées dans le journal des
Débats de l'an dernier. Ils ont tous eu l'occasion de présenter
des mémoires devant la commission.
Alors, M. le Président, j'aurais une autre question,
peut-être un peu plus délicate, au sujet du conflit dont on a
parlé il y a un instant, celui des institutions privées, dans le
domaine du bien-être et de la santé. Evidemment, le ministre par
ses travaux antérieurs, ceux de la commission Castonguay, en fera une
partie spéciale de son rapport. H s'agit des institutions privées
dans le secteur du bien-être et dans le secteur santé. Je
comprends que ma question est peut-être un peu prématurée
dans l'optique du dépôt du rapport de la commission, mais je
voudrais lui demander s'il a déjà une opinion à
énoncer devant cette commission sur la place que peut occuper et
qu'occuperont à l'avenir les institutions privées dans le secteur
de la Santé et du bien-être. C'est là un problème
extrêmement délicat qui est actuellement sur la place publique et
qui a fait l'objet de longues discussions avec les officiers du
ministère, surtout à la suite des programmes importants de mise
en place de ressources, dans le domaine de l'enfance, dans le domaine des
personnes âgées. Evidemment le secteur privé s'est
interrogé à savoir s'il lui restait une place et si les
institutions existantes auraient la permission de continuer et à quelles
conditions, et s'il pourrait, dans l'avenir aussi, songer à de nouveaux
investissements. J'admets que, dans le contexte actuel de la
négociation, c'est peut-être un point sur lequel le ministre ne
pourra pas élaborer autant qu'il l'aurait voulu, mais, tout de
même, j'aimerais entendre une opinion.
M. CASTONGUAY: M. le Président, comme le député de
Montmagny l'a souligné, avec l'introduction en 1961, de
l'assurance-hospitalisation, la modification du statut des hôpitaux
publics qui s'en est suivie, et le développement du réseau des
hôpitaux publics, la question s'est posée depuis ce temps, quant
à la place que doit occuper dans le réseau des institutions
privées dans le domaine de la santé et dans le domaine du
bien-être social. Comme le député de Montmagny l'a
mentionné, cette question fait encore l'objet de discussions sur la
place publique. Le rapport de la commission sur cette question, sera rendu
public ou sera remis au gouvernement au cours des prochaines semaines. Le
gouvernement actuel n'a pas modifié en quoi que ce soit la politique du
gouvernement précédent. Je ne crois pas qu'il serait sage de
réévaluer cette question tant et aussi longtemps que ce rapport
n'aura pas été reçu et analysé par le gouvernement.
Pour le moment nous poursuivons, quant à cette affaire, la politique du
gouvernement précédent. Par ailleurs, je voudrais rappeler que,
peu importe ce qui sera dit dans le rapport de la commission d'enquête,
je ne me considère pas lié rigidement par ce rapport, pas plus
que le ministre précédent ne s'est senti lié rigidement
par un certain nombre des recommandations de notre commission. Je rappelle
qu'une commission comme celle-là fixe des orientations, des objectifs et
que l'exercice des responsabilités gouvernementales peut parfois, dans
le temps comme au plan des modalités, indiquer des gestes ou des
décisions quelque peu différentes.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je n'insiste pas
davantage sur les raisons qui ont été mentionnées, il y a
un instant; nous
aurons l'occasion, lors des débats ultérieurs de revenir
sur cette question importante.
Maintenant, j'aurais une question assez vaste. Je pense qu'elle peut
couvrir plusieurs articles. Au début de l'après-midi, le ministre
a mentionné dans sa réponse, au député de Bourget,
il a fait allusion à la politique institutionnelle par rapport à
la politique qui veut que les enfants ou les personnes âgées
vivent dans leur milieu naturel qui est celui de la famille ou du cadre
familial ou de la résidence privée. Cela touche évidemment
tout le problème du placement des enfants en institution, quel que soit
le caractère de l'institution, que ce soient des institutions pour les
délinquants, des institutions pour des enfants inadaptés, que ce
soient des institutions pour les personnes âgées ou en
santé ou les soins de garde.
Est-ce qu'en regard des budgets extrêmement importants et toujours
de plus en plus importants, consacrés aux frais en institution, le
ministre a eu le temps de songer à des changements de politique qui
pourraient mettre davantage l'accent sur le cadre naturel qui est le foyer, et
pour les enfants et pour les personnes âgées, même s'il y
avait un besoin urgent d'institutions spécialisées dans ces
domaines?
Services à l'enfance
M. CASTONGUAY: La première des choses qui a été
faite, je l'ai dit l'autre jour, était au plan des décisions de
nature administrative, c'est-à-dire lorsque nous avons revisé le
programme de construction des foyers pour personnes âgées, afin
d'en ralentir le rythme, non seulement à cause des coûts de
construction, mais particulièrement au plan des frais d'administration
quant à l'avenir. C'est cette partie de la question qui m'apparaît
la plus importante.
Donc cette revision du programme visant à retarder le
développement de foyers qui nous paraissait moins important, moins
nécessaire, et visant à y annuler d'autres qui nous paraissaient
non indiqués en fonction des critères que nous avons
utilisés, avait pour effet d'abord de soulager dans une certaine mesure,
ou de pouvoir contrôler l'accroissement des coûts dans ce secteur,
afin que, au cours des années à venir, il y ait un peu plus de
marge pour le développement d'autres types de services qui pourraient
prévenir l'institutionalisation.
En ce qui a trait à l'enfance, nous n'avons pas suspendu ou
arrêté aucun des programmes, étant donné le besoin
assez aigu de ressources dans ce domaine: programmes de constructions,
programmes institutionnels et, même vis-à-vis de certains
problèmes particulièrement aigus, dans la région de
Montréal, on a envisagé toutes sortes de solutions possibles. La
dernière que j'ai suggérée au sous-ministre, date d'hier
matin, parce que, dans ce domaine, les services, dans leurs diverses formes,
nécessitent, qu'on le veuille ou non, des ressources institutionnelles
jusqu'à un certain plan: centres d'accueil, par exemple, où les
enfants doivent y séjourner même si c'est pour une période
brève. Dans d'autres cas, pour les déficients mentaux très
sérieux, je ne crois pas qu'on puisse envisager qu'il soit possible,
malgré le développement de services, de charger une famille, qui
a le malheur d'avoir un tel enfant, de la garde de cet enfant; bien souvent
c'est tout le reste de la famille qui peut en souffrir.
Alors nous avons là un besoin d'institutions, selon nos
connaissances actuelles, dans ces domaines. Il y a également, dans
d'autres cas, des enfants qui, dans leur milieu naturel de vie, à cause
de l'incompréhension peut-être des parents ou pour diverses
raisons, méritent également d'être placés en
institution pour un certain temps, pour retrouver leur équilibre, pour
revenir à un développement plus normal. Dans le domaine de
l'adoption, même si on désire que les périodes au cours
desquelles les enfants demeurent en institution soient aussi brèves que
possible, il y a aussi la nécessité que la sélection de
foyers nourriciers aptes à recevoir des enfants soit bien faite. Je
pense bien qu'il sera toujours nécessaire d'avoir des institutions
même si elles sont, de transition, dans ce secteur également.
Les décisions qui ont été prises jusqu'à
maintenant visaient uniquement à alléger, dans la mesure du
possible, le budget vis-à-vis de la nécessité du
développement de services dans l'avenir, d'une part, qui
préviendrait l'institutionnalisation; d'autre part, le
développement au même rythme, et peut-être plus rapide, des
institutions dans le domaine de l'enfance.
Quant au développement des services eux-mêmes, je n'ai pris
aucune décision, ou je n'ai pas demandé que soit modifiée
l'action qui se prend actuellement au sein du ministère, comptant
revenir sur cette question dès que l'étude de mes crédits
sera terminée.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je ne veux pas amorcer
à ce moment-ci, nous le ferons à l'article de projets
particuliers... Je sais que plusieurs députés veulent poser des
questions relatives à des projets précis, soit dans le domaine de
l'enfance, soit dans le domaine des personnes âgées. Lorsque nous
passerons à cet article, le ministre pourra concilier les demandes qui
seront faites par les députés avec les normes
générales d'implantation des ressources.
M. LAURIN: M. le Président, je sais qu'un comité de
travail a déposé récemment un rapport sur cette question,
comité que l'ancien gouvernement avait institué. Je ne sais pas
s'il serait possible d'en avoir des copies.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Voulez-vous répéter votre
question?
M. LAURIN: Je sais qu'un comité de travail a fait une
étude assez exhaustive de la situation en ce qui a trait aux
institutions de l'enfance, aux services offerts à l'enfance. Je n'ai pas
eu l'occasion d'avoir une copie de ce document. Est-ce que ce serait possible
d'en avoir une copie?
M. CASTONGUAY: Pourriez-vous me dire plus spécifiquement quel
comité?
M. LAURIN: Le comité du docteur Houde sur l'enfance.
J'aurais une question également j'aurais dû la poser
plus tôt en ce qui concerne la natalité. Je pense que tout
le monde s'inquiète grandement du déclin assez
considérable de la natalité au Québec. Plusieurs articles
ont été écrits sur le sujet. Je me demandais si ces
articles avaient eu un écho au ministère de la Santé, au
ministère de la Famille et du Bien-être social, si on pense
déjà à l'élaboration d'une politique pour corriger
ce déclin de plus en plus rapide et si des mesures sont
déjà à l'étude.
M. CASTONGUAY: Je pense que la connaissance des causes de la
dénatalité ou de la baisse dans les taux de natalité, de
même que la connaissance des facteurs qui peuvent hausser ces taux, est
très peu développée. On mentionne par exemple qu'en France
les prestations de maternité, les prestations versées pour les
charges familiales ont pu avoir parfois un certain effet sur les taux plus
élevés de natalité. D'autre part, d'autres qui ont
étudié cette même question en arrivent à la
conclusion que ce sont des phénomènes beaucoup plus profonds qui
ont pu agir, par exemple la période d'après-guerre, toutes les
réactions qui s'ensuivent au plan de la population.
Dans ce secteur particulier, au plan de l'action sur la natalité,
en plus du désir possible de voir nos taux de natalité augmenter,
je pense qu'il nous faut également voir à conseiller la
population, ou une partie de la population du moins, quant à une
certaine planification familiale. De telle sorte aussi que, dans une
société comme la nôtre, où les charges familiales
peuvent être lourdes, la responsabilité qu'assument les parents de
préparer un enfant à vivre dans notre genre de
société, limite bien souvent le nombre d'enfants que les parents
sont aptes à élever.
Il y a deux dimensions à cette question. Sur la question de la
planification familiale, je sais que le ministre accorde des subventions aux
organismes familiaux qui conseillent dans ce domaine, il encourage ces
organismes. Même, je signais hier soir des demandes au Conseil de la
trésorerie où je constatais que, dans certains cas, les
subventions accordées cette année sont plus élevées
que celles de l'an dernier.
Au plan donc du ministère de la Famille et du Bien-être
social, spécifiquement, et au plan du ministère de la
Santé, notre action peut porter sur la planification familiale d'une
part. Quant aux prestations, ce serait un autre des endroits où l'action
peut se faire sentir. Je ne crois pas, pour ma part, qu'on apporte, par les
mesures de sécurité et de revenu, une meilleure compensation aux
charges familiales, que ce soit un moyen d'agir au niveau des taux de
natalité. Je pense que les phénomènes qui influencent les
citoyens dans ce secteur sont beaucoup plus profonds et différents.
M. LAURIN: Je suis bien d'accord que la réponse ne peut pas
être univoque. C'est un problème qui intéresse autant le
système de valeurs que la médecine, que la fiscalité
aussi.
Il est bien entendu qu'une famille où l'emploi est très
fragile, très précaire, ne serait pas intéressée
à augmenter, surtout avec des moyens aussi puissants que la pilule. Je
me demandais si une des mesures qui est dans le domaine de la
responsabilité du ministère, avait fait l'objet d'études,
comme par exemple la revision du système des allocations familiales et
des allocations scolaires. Je ne crois pas non plus aux primes maternelles,
comme le régime de Vichy avait appliquées durant la guerre, en
France. Mais quand même, par une politique concertée dont certains
aspects sont fiscaux, dont d'autres appartiennent au domaine du travail et
d'autres au domaine de l'assistance sociale dont les allocations familiales, je
me demandais si une étude avait été entreprise.
M. CASTONGUAY: Le gouvernement précédent a
déjà publié, au cours de l'automne 1969 ou au début
de l'année 1970, un document pour la restructuration des prestations
familiales...
UNE VOIX: Novembre 1969.
M. CASTONGUAY: Novembre 1969. La commission d'enquête en utilisant
ces données et d'autres données, traitera de cette question. En
ce qui a trait au gouvernement actuel, aucun geste n'a été
posé à ce stade, sur cette question particulière. Pour un
certain nombre de personnes le fait de connaître plus d'aisance
financière, peut avoir un bon effet. Même si les enfants
n'augmentent pas en nombre, ils seront mieux préparés à
aborder la vie dans notre société.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Cette baisse du taux de la natalité ne serait-elle pas
plutôt due à un facteur d'ordre économique? Je crois que
c'est la plus grande raison qui tend à expliquer cette baisse.
M. CASTONGUAY: Je ne le crois. Si on se réfère à
certains pays, comme à la Suède, par
exemple, où le niveau de vie est le plus élevé de
tous les pays d'Euro cela une question de valeur, une question d'attitude, face
à la vie. Transportons-nous, plus vous avez en même temps, un des
taux de natalité les plus bas. Il y a dans tout cela rapidement ou de
façon un peu plus accentuée, à cause d'un départ
plus élevé, cette baisse, s'est produite dans les autres
provinces, et dans l'ensemble du pays, en même temps que nous traversions
la plus grande phase de prospérité qu'on n'ait jamais connue au
pays. La hausse du niveau de vie au cours des années 1962 à 1968,
pour l'ensemble du pays, a été très longue, maintenue et,
malgré tout, pendant toute cette période à travers le
pays, les taux de natalité allaient en baissant. Je ne crois pas
cela revient à ce que je disais que ce soit purement dû
à des causes économiques ni au plan individuel, ni au plan le
plus général de la société, il y a des
phénomènes beaucoup plus profonds qui jouent dans toute cette
question.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de Bourget.
Fraudes au bien-être
M. LAURIN: M. le Président, je ne sais pas si la question a
été abordée. Comme beaucoup d'autres
députés, je m'inquiète énormément de la
situation que nous révèlent certains articles de journaux en ce
qui concerne l'extension des fraudes dans le domaine de l'assistance sociale.
Il y a eu plusieurs articles à ce sujet. On a dénombré un
certain nombre de mécanismes qu'utilisent les fraudeurs. Certains de ces
mécanismes sont très techniques et témoignent d'une grande
habilité et d'une grande ingéniosité. Par contre, d'autres
mécanismes font état d'une situation qui montre des lacunes dans
la réglementation actuelle.
Je me demande si l'ancien ou le nouveau ministre pourrait nous informer
de la situation en ce qui concerne ces fraudes, la probabilité ou non de
leur extension, des mesures auxquelles le ministère a pensé pour
la correction de ces fraudes, non pas seulement des paliatifs ou des
cataplasmes qui consisteraient à replacer le problème ailleurs,
mais des cures véritablement radicales qui iraient au fond des choses et
qui feraient en sorte que l'argent que la collectivité met à la
disposition de ceux qui en ont besoin, aille vraiment à ceux qui en ont
besoin et non pas pour augmenter le revenu de gens qui profitent des fonds
publics.
M. CASTONGUAY: Je vais donner une partie de réponse ou je vais
donner certains éléments de réponse. Je demanderai
également au sous-ministre, avec votre permission, d'aller plus loin sur
le plan technique. J'ai abordé cette question avec le sous-ministre
à plusieurs reprises depuis mon arrivée au ministère. J'ai
d'ail- leurs un rapport très élaboré qu'il m'a remis sur
la question. C'est une question assez difficile au départ. D'abord, on a
souligné, à plusieurs reprises, ici, la nécessité,
pour les gens qui sont dans le besoin et qui font face à des
problèmes extrêmement aigus, de recevoir l'aide à laquelle
ces personnes ont droit ou dont ils ont besoin.
Ensuite, on a aussi mentionné que, par notre histoire, pour
diverses raisons, une certaine partie de la population ou certaines personnes
ont adopté une attitude assez passive vis-à-vis du travail, et
elles se sont peut-être habituées à un recours trop facile
à l'assistance. Comment départager ces cas? C'est
déjà une partie du problème. Il faut essayer de garder un
équilibre. C'est une première dimension au plan des
individus.
Deuxième dimension, vous savez comme moi qu'au cours des
années, à mesure que notre société a changé,
on s'est aperçu que des groupes de population se trouvaient de plus en
plus aux prises avec des insuffisances de revenus, des difficultés
d'accès à des services, etc. Outre les législations, comme
celle portant sur l'hospitalisation, l'assurance-maladie, on a
développé des lois, des mesures pour venir en aide à ces
personnes. On a fonctionné par catégories. Au début, dans
toute cette gamme de mesures, on a voulu, à un moment donné,
aider les aveugles, on a voulu aider les invalides-, on a voulu aider les
mères nécessiteuses, les filles-mères. On est allé
après cela aux personnes âgées par la voie de l'assistance,
ensuite aux chômeurs. On a voulu catégoriser et distinguer entre
les personnes en chômage aptes au travail et ceux qui étaient
inaptes au travail. On s'est retrouvé avec une mosaïque de lois, de
règlements. On s'est aperçu à certains moments que ces
dispositions n'étaient pas suffisantes, donc, on a ajouté
d'autres possibilités, c'est-à-dire le recours à des
mesures spéciales d'assistance. On en a décrit les
mécanismes ici. Avec le résultat que des personnes à peu
près dans la même situation peuvent, selon la loi à
laquelle ils font appel, recevoir des prestations peut-être
différentes d'une autre personne qui serait exactement dans la
même situation, mais qui demande l'aide en vertu d'une autre loi.
Encore là, l'absence d'une législation assez claire... La
possibilité de discrimination, c'est une certaine invitation à la
fraude. J'ai entendu à plusieurs reprises ce commentaire, on nous dit:
On est traité injustement, un autre n'est pas plus dans le besoin que
moi, mais il reçoit plus. Alors, cela a été une autre
incitation.
En plus, cet ensemble de lois et de règlements en rend
l'application d'un contrôle extrêmement difficile. C'est une autre
des causes. Sur ce plan-là, l'introduction de la Loi de l'aide sociale,
avec une réglementation uniforme plus claire, va permettre de
réduire ces injustices qui ont pu exister, ou ces différences qui
ont pu exister, entre le traitement accordé à une personne par
rapport à une autre et réduire
aussi, dans une certaine mesure, l'incitation à la fraude.
Egalement, cette loi étant plus simple, son administration devrait
être plus efficace.
En plus, par ce processus très long des développements de
nos lois d'aide sociale, et on a commencé par un début,
l'administration étant centralisée, on a continué,
à mesure que les lois se sont développées, une par une,
à établir des mécanismes administratifs qui ne reposaient
pas le problème dans son ensemble.
En même temps que la Loi de l'aide sociale va entrer en vigueur un
nouveau système administratif sera présenté avec une
régionalisation qui va permettre déjà une forme de
contrôle sur les gestes et les décisions prises au niveau local et
également au niveau central. L'utilisation d'ordinateurs va pouvoir
traiter un grand nombre de données et faire les recoupements
nécessaires, de telle sorte que l'on puisse éviter davantage les
cas de fraude. Ces mesures sont en voie d'être prises.
Egalement, il y a quelques années, alors que la hausse des
paiements d'assistance s'est manifestée de façon plus
inquiétante et que l'on a constaté qu'il y avait un certain
pourcentage de fraudeurs, le ministère a mis sur pied un groupe de
vérificateurs internes qui ont fait des inspections dans divers bureaux.
Ces inspections ont permis, justement, de mettre le doigt sur un assez grand
nombre de fraudeurs. Au moment où ces inspections se poursuivaient,
l'assistance était encore distribuée par un certain nombre
d'agences sociales et non par les bureaux locaux du ministère. Les
inspections, les rapports que j'en ai vus, indiquent que les agences sociales
étaient beaucoup moins sévères que les bureaux locaux du
ministère. Alors le transfert au bureau du ministère, en
définitive, constitue un autre moyen de contrôle ou rend
l'application de contrôle plus efficace. Ce transfert est en voie
d'être terminé. L'équipe de vérification interne
poursuit son travail.
Dans la revision du programme d'embauche du personnel du
ministère, j'ai demandé au sous-ministre qu'on mette la
priorité sur la constitution de nouvelles équipes de
vérification interne. Il y a un an ou deux, on avait établi qu'il
devrait y avoir normalement trois de ces équipes et en définitive
une a été constituée, les deux autres n'ont jamais
réellement fonctionné. Alors j'ai demandé qu'on mette la
priorité sur la constitution de ces équipes et ici M. Marier me
dit que, d'ici un peu plus d'un an, tous les bureaux auront été
visités par ces équipes de vérification interne.
Il y a une dernière dimension à cette question: quels sont
les recours que l'on prend vis-à-vis des fraudeurs? J'ai
constaté, comme vous, à la lecture des journaux, dans ce cas, que
certains juges se sont étonnés vis-à-vis des montants qui
avaient été exigés des personnes qui ont fraudé. Je
dois rappeler que, dans la très grande majorité des cas, si mes
renseignements sont exacts, les gens qui ont pu frauder ne sont pas dans les
classes aisées de la société et, malheureusement, le
problème de la récupération vis-à-vis de ces
personnes pose un problème extrêmement difficile. Si vous exigez
la récupération, vous les replacez encore plus
profondément dans la misère. Je comprends que l'on ne doit pas
encourager la fraude, mais une fois qu'elle est décelée, le
pouvoir de récupération est assez difficile. Un certain nombre de
mesures qui ont été prises dans le passé et des mesures
sont en voie d'être prises et, dans un cas particulier, j'ai
demandé que l'on accorde priorité à ce
problème.
M. LAURIN: Avant que le sous-ministre ne complète vos
commentaires, j'aurais une anecdote que j'ai recueillie lors d'une
tournée, l'an dernier, en Gaspésie, précisément
à l'époque où on commençait à appliquer les
règlements d'une façon plus stricte. C'est la
préposée d'un des bureaux régionaux d'assistance sociale
qui voit arriver un beau jeune homme de 26 ans apparemment en pleine
santé qui venait chercher ses prestations et au lieu de les lui donner,
on commence à lui poser toutes sortes de questions: Avez-vous rempli
telles ou telles conditions? Il devenait de plus en plus agacé et
impatient. Finalement il a eu cette remarque suave : Si vous continuez à
me harceler avec vos questions, je vais aller travailler.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le ministre a
donné suffisamment d'explications sur ce problème et sur les
mesures qui ont été prises pour remédier, pour enrayer ces
abus assez importants.
J'ai eu l'occasion, au cours de l'étude des prévisions
budgétaires l'année dernière, de parler plus longuement de
cette question et de mentionner le travail qui se faisait en collaboration avec
le ministère de la Famille, le ministère de la Justice, une fois
le dossier rendu à certaines étapes, et aussi l'auditeur de la
province. Quelle que soit l'étanchéité du système,
quelle que soit la perfection des mesures de contrôle que l'on installe,
il y aura toujours des personnes qui réussiront, comme on le fait pour
d'autres législations, à contourner la loi et à profiter,
disons, d'un certain manque de renseignements ou de renseignements faux aux
agents de sécurité sociale, pour obtenir des sommes d'argent. De
toute façon, je voudrais aussi attirer l'attention des membres de la
Commission sur le rapport du protecteur du citoyen, Me Marceau, qui apporte
certaines distinctions importantes dans ce domaine, dans des cas particuliers
qu'il ne faut pas trop facilement assimiler à de la fraude.
Il y a aussi, évidemment le mécanisme administratif
étant tellement complexe, les règlements, les lois étant
multiples le manque d'information de la part de la population. A
certains moments, on a pu juger comme étant de la fraude ce qui
était purement un manque
de connaissances ou de la bonne foi de la part de ceux qui sollicitaient
des prestations. De toute façon, il y avait des réseaux de
fraudeurs professionnels. Par l'action du ministère de la Famille, par
ses équipes de contrôle, de vérificateurs, ces abus ont
été décelés.
Je crois que, maintenant, avec la nouvelle loi, la nouvelle
réglementation, la décentralisation, la vérification, le
contrôle, la mécanisation, le recours à des machines, il
sera plus difficile que renaissent de tels réseaux de fraudeurs. De
toute façon, il faut retenir de cette expérience que des sommes
d'argent qui auraient été disponibles pour des assistés
sociaux, qui en avaient besoin, ont été versées à
des gens qui auraient plus facilement dû recourir à d'autres
méthodes pour vivre, telle la personne mentionnée dans l'anecdote
du député de Bourget. En dernier ressort l'individu se serait
lancé dans le marché du travail plutôt que d'essayer de
trouver d'autres arguments pour obtenir son allocation. C'était un
secteur délicat, un secteur important, et je dois mentionner la
collaboration on a beaucoup parlé de collaboration
interministérielle qui a existé entre différents
services du gouvernement afin de prévenir ces abus.
Sur ce sujet, je n'ai pas autre chose à ajouter, M. le
Président. Tout à l'heure, le député de Bourget a
parlé de natalité. C'était un point que je me proposais de
soulever. Je n'y reviens pas, sauf pour dire qu'il y a des études
spéciales qui ont été faites par M. Henripin, à la
demande du conseil des ministres, sur ma recommandation.
M. Garigue en est un autre qui s'est penché à
différents moments sur ce problème comme président du
Conseil supérieur de la famille; ils ont donné des avis au
ministère. Le service de programmation et de recherches du
ministère a fait, lui aussi, des études spéciales de ce
problème. Il avait été décidé, en principe
et je crois bien que le ministre aura le temps prochainement de
vérifier, de consulter ce dossier d'accepter la création
d'un institut de démographie conjoint où le ministère de
la Santé, le ministère de la Famille et du Bien-Etre social et
peut-être d'autres ministères auraient pu joindre leurs efforts
dans ce secteur particulier de l'étude des populations, de la
démographie, de la natalité.
Politique familiale
M. CLOUTIER (Montmagny): J'enchafhe en arrivant sur le dernier point,
peut-être, que je voudrais mentionner comme discussion
générale, et il m'apparaît extrêmement important,
c'est celui de l'établissement d'une véritable politique
familiale dans le Québec. Voici un bref historique des mesures qui ont
été prises. Il était vrai que nous avions un
ministère de la Famille et du Bien-Etre social, mais nous n'avions pas
dans le ministère de secteur dont la mission particulière ou la
vocation particulière était de s'occuper de l'élaboration
et de l'application d'une politique familiale. En plus des efforts du
ministère, le gros des responsabilités reposait sur les
organismes familiaux du secteur privé ou du secteur parapublic.
Il y a donc eu la création de cette direction
générale de la famille au ministère. Nous aurons
l'occasion, au cours de l'étude des crédits, de demander des
détails sur le nombre des fonctionnaires et sur l'importance qu'a prise
cette direction générale maintenant. Il y a eu aussi la Loi des
allocations familiales, allocations qui étaient aussi de nature à
favoriser l'épanouissement de la famille par la redistribution du
revenu. Il y a d'autres mesures aussi qu'on pourrait mentionner, des mesures
à caractère familial, devant promouvoir la famille. Et je
demanderais au ministre évidemment nous aurons l'occasion de le
faire quand nous discuterons de l'article "Conseil supérieur de la
famille", au cours des crédits si des sommes importantes ont
été prévues, non seulement pour la direction
générale de la famille, mais aussi pour la promotion de la
famille, et si des mesures gouvernementales spéciales ont
été prévues pour l'élaboration d'une politique
familiale.
M. CASTONGUAY: Si vous me le permettez, je ferai quelques commentaires,
étant donné que la question est plutôt d'ordre
général. Au moment où j'étais président de
la commission d'enquête sur la santé et le bien-être social,
j'ai demandé aux membres de la commission qu'un document
élaborant une politique de la famille soit préparé. Nous
avions justement demandé que cette étude soit confiée
à M. Philippe Garigue, qui était président du Conseil
supérieur de la famille, de telle sorte qu'on puisse
bénéficier de l'expérience qu'il avait pu acquérir
au sein du conseil, des moyens de consultation que son appartenance à ce
comité et à d'autres organismes familiaux ont pu lui
faciliter.
Cette étude a été effectuée, en même
temps elle a été complétée d'une étude sur
une politique de l'enfance de même que d'une politique sur les personnes
âgées; ce sont donc trois secteurs de politique qui m'apparaissent
extrêmement importants. A la demande du président du Conseil
supérieur de la famille ou du ministre, je ne me souviens pas lequel,
cette étude avait été transmise. Malgré le fait
qu'elle n'eût pas été remise au gouvernement, j'avais eu
une autorisation spéciale des membres de la commission afin que la
structuration de cette direction et son rôle puissent être
définis. Parce que je crois que, dans le passé, trop souvent, on
a parlé de la famille, on l'a vantée, on l'a glorifiée;
mais en dehors de tout ça, on n'a pas fait tellement pour l'aider comme
telle.
Vis-à-vis cette préoccupation du ministère qui
correspondait également à mes préoccupations, j'avais
obtenu cette autorisation et, si ma mémoire est bonne, une copie vous
avait été
remise de même qu'au président du Conseil supérieur
de la famille, Donc c'est une question qui m'importe au plus haut point. De
cette étude, de cette réflexion à l'aide de
spécialistes s'est dégagée toutefois une clarification. Je
crois qu'il est important de le mentionner ici. C'est que, dans une
organisation gouvernementale, compte tenu de l'état de
préoccupations d'une société, certains choix au plan des
structures doivent être faits.
Ici et dans la plupart des gouvernements que je connais, les structures
portent sur des secteurs d'activité, non sur des groupes d'individus.
Nous avons par exemple le ministère de la Voirie, le ministère
des Travaux publics, le ministère de la Santé, etc. ou des
organismes d'appoint comme le ministère du Revenu, le ministère
des Finances, etc. Nous n'avons pas toutefois de ministère qui s'occupe
d'un groupe de population en particulier et qui essaie de fournir les services,
d'établir les législations, etc. sur tous les plans possibles.
D'ailleurs on peut imaginer à ce moment-là le beau charivari qui
en résulterait. Je pense que ce serait le gouvernement le moins
fonctionnel qu'on aurait pu voir si un gouvernement avait jamais tenté
de s'organiser de cette façon-là. Je mentionne ceci parce que
l'élaboration d'une politique familiale se trouve en définitive
à poser tout le problème de la coordination des politiques d'un
grand nombre de ministères et de la coordination de leur action. On
touche, dans une politique familiale, presque tous les secteurs, tous les
ministères ayant un certain caractère social, les Finances, au
plan de la fiscalité, l'Education, la Famille et le Bien-Etre, la
Santé, les Loisirs, les Sports, les Affaires culturelles, les Affaires
municipales, au plan du logement, etc.
Cette politique familiale, à mon avis, doit donc devenir un
instrument d'orientation générale du gouvernement dans ses divers
secteurs, c'est un instrument également qui doit servir à la
coordination des activités du gouvernement dans ses divers secteurs et
qui souligne en même temps la nécessité de la consultation,
à laquelle nous avons fait allusion plus tôt. Encore une fois,
notre société est en évolution et les problèmes qui
se posent au niveau de la famille, de l'enfance, évoluent
constamment.
Il s'agit plutôt d'une politique qui ne peut être mise en
application par un ministère, mais qui doit guider l'action de plusieurs
ministères, qui nécessite de toute évidence
l'établissement des mécanismes de participation, de consultation.
C'est dans ce sens que j'envisage cette question d'une politique familiale,
d'une politique de l'enfance et, au plan des structures du ministère, la
création d'une direction générale à cette fin
m'apparaît un geste intéressant. Mais je crois qu'il va falloir
aussi, au-delà de cette direction générale, être
bien conscient de la nécessité de coordonner l'action des divers
ministères parce qu'il me semble difficile qu'à partir du niveau
d'une direction générale on puisse atteindre une plus grande
cohésion dans les objectifs et dans l'action entre les divers
ministères.
M. LAURIN: Une dernière question, j'ai parlé tout à
l'heure de fraudes légales. J'aimerais dire un petit mot maintenant sur
les fraudes morales, c'est-à-dire les gens qui reçoivent les
subventions de bien-être, alors qu'au fond eux-mêmes savent qu'ils
pourraient s'en priver, s'ils faisaient un certain effort. On sait c'est
peut-être faux, mais on le répète en tout cas que
certaines gens se refusent à accepter du travail, parce qu'il y a un
règlement qui veut que, s'ils acceptent du travail, ils n'auront plus
droit à leurs prestations de bien-être et ils recevraient moins de
leur travail que de l'addition de leurs prestations de bien-être qui
parfois se multiplient. Je me demande si le ministère a commencé
à étudier ce problème, en vue d'apporter des modifications
à la réglementation. Je vois que le député
d'Abitibi-Ouest...
M. AUDET: Je suis très satisfait de ça, parce que parmi
les assistés sociaux, il y a des gens qui savent compter et ils savent
aussi qu'en ne travaillant pas, cela rapporte plus que de travailler. Ils ne
sont pas bêtes, les gars.
M. CASTONGUAY: Dans la réglementation dont on a discuté
portant sur la nouvelle Loi d'aide sociale, c'est un des aspects de cette
réglementation qui m'a hautement intéressé. J'ai
même demandé, la dernière fois que nous en avons
discuté, que l'on me prépare des tableaux qui permettent de voir
jusqu'à quel point, dans la nouvelle réglementation, on pourrait
permettre à une personne en voie de réintégrer le
marché du travail, de le faire d'une façon graduelle; ne pas tout
couper d'un coup sec; de la même façon pour la personne qui aurait
un statut relativement marginal, afin qu'elle ne sorte pas du marché du
travail. De quelle façon peut-on l'aider à se maintenir par le
fait qu'elle puisse garder son revenu du travail plus peut-être la part
d'allocation? La réglementation et la loi prévoient ces
possibilités, et il s'agit d'un dosage assez difficile à faire de
telle sorte que l'incitation demeure et qu'on ne dépasse pas un certain
point.
J'ai demandé que l'on me prépare un dossier sur cette
question afin d'être en mesure de juger. Je sais qu'il y a des jugements
de valeur impliqués, mais il faut que l'on puisse évaluer cette
question de la façon la plus juste possible.
M. LAURIN: C'est d'ailleurs un des articles de notre programme, et je
suis très heureux des efforts qui commencent à être faits
dans ce domaine-là.
M. CASTONGUAY: Je vous le mentionne, M. le député de
Bourget, vous devriez traverser la table bien souvent. Vous êtes trop en
accord avec nous.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant que nous n'adoptions au complet le
programme du Parti québécois, nous pourrions ajourner à 8
heures. Nous avons terminé la discussion générale et nous
entreprendrons ce soir... C'est à quelle heure, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT (Bossé): 8 heures.
M. CASTONGUAY: C'est l'heure qui avait été
fixée.
M. CLOUTIER (Montmagny: ... à 8 heures la discussion sur chacun
des articles, et je crois que nous pourrons procéder normalement de
façon à libérer le ministre de la Santé pour
l'étude des prévisions budgétaires du ministère de
la Santé.
M. CASTONGUAY: La Loi de l'aide sociale aussi.
Reprise de la séance à 20 h 8
M. BOSSE (président de la commission de la Famille et du
Bien-Etre social): A l'ordre, messieurs! Poste budgétaire 1, article 1:
Administration.
Administration
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous en sommes
maintenant à l'étude du budget 70/71, article par article, pour
le ministère de la Famille et du Bien-Etre. A l'article 1, M. le
Président, il y a eu une augmentation à divers sous-articles par
rapport au premier budget qui avait été déposé, une
différence de $170,000 répartie dans plusieurs articles.
D'après les remarques de cet après-midi, au sous-article 3, il y
aurait des honoraires de $300,000 environ de plus que l'an dernier. Est-ce que
cette augmentation correspond aux mesures que le ministre a annoncées
sur la vérification?
M. CASTONGUAY: L'augmentation des honoraires, vous voulez dire de
$379,500...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... à $673,000.
M. CASTONGUAY: A $673,000, c'est un montant qui était
déjà prévu dans le budget original. Je vais demander au
sous-ministre de donner les renseignements en ce qui a trait à cette
augmentation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Evidemment, j'ai commencé par le
sous-article 3, mais normalement j'aurais eu une question à poser au
sous-article 1.
En attendant, est-ce que le ministre pourrait, à l'article 1,
sous-article 1, Administration: Traitements et indemnités,
m'énumérer le nouveau personnel de son cabinet, les nouvelles
personnes en fonction et les traitements qui sont accordés?
M. CASTONGUAY : Dans mon propre cabinet...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je parle du ministère de la Famille et
du Bien-Etre social.
M. CASTONGUAY: Je n'ai qu'un personnel pour les deux
ministères.
M. CLOUTIER (Montmagny): La réponse vaudra pour les deux
ministères.
M. CASTONGUAY: Je n'ai qu'un personnel, aussi bien pour le
ministère de la Santé que pour le ministère de la Famille
et du Bien-Etre social. J'ai M. Raymond Quérillon, qui est le chef de
cabinet ou le secrétaire particulier; M.
Gilbert Athot, qui est attaché de presse, c'est un ancien
journaliste du Soleil; M. Pierre Delisle, qui vient de la Société
d'habitation du Québec, c'est un ancien président de
l'Association des étudiants de l'université Laval; et M. Richard
Rivest. J'ai une secrétaire particulière, Mlle Nicole Hanley. Ces
personnes constituent mon personnel de cabinet pour les deux ministères.
Quant à leurs salaires, tout ce que je peux dire présentement,
c'est qu'ils sont dans les classes prévues. Je ne sais pas s'il y a
quelqu'un ici du personnel qui aurait les montants exacts. De mémoire,
je ne me souviens pas du salaire de chacun.
M. BOIS: II y a une question ici que j'aimerais poser en regard du poste
budgétaire no 1. Je remarque, à l'article 1, sous-article 1,
qu'il y a une augmentation de 9 p.c. sur les traitements. Disons que cela
semble raisonnable. D'un autre côté, sur les frais de voyage, il y
a une augmentation de 56 p.c. pour 70/71. Frais de voyage à l'article 1,
sous-article 2, $70,900 contre $40,000. Est-ce qu'il va y avoir plus
d'inspection dans le service ou si c'est autre chose?
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait aux traitements, au poste
budgétaire no 1, article 1, sous-article 1, l'augmentation que vous
constatez est pour la mise en marche de la commission d'appel de l'aide sociale
dont nous avons parlé cet après-midi. Pour que cette commission
devienne effective, il faut prévoir les crédits pour le
personnel. Pour les frais de voyage, au poste budgétaire no 1, article
1, sous-article 2, il y a eu une augmentation l'an dernier; la dépense
réelle a été de $61,000 alors que les crédits
étaient de $40,000. Cette année, les crédits
demandés sont de l'ordre de $70,900.
M. BOIS: $70,900.
M. CASTONGUAY: Oui, $70,900. Donc, c'est à comparer à
$61,000 par rapport à l'an dernier. C'est une augmentation assez
raisonnable, je crois, compte tenu de la dépense réelle de l'an
dernier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre nous a donné le personnel de
son cabinet. Les deux ministres d'Etat, ont-ils un personnel attaché
à leur cabinet respectif?
M. CASTONGUAY: Oui, chacun...
M. CLOUTIER (Montmagny): Chacun sur des budgets différents?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, le ministre d'Etat, député
de Jonquière, a son personnel, et le député de Joliette,
du côté de la Santé, a son personnel aussi?
M. CASTONGUAY: Oui, oui. Le ministre d'Etat de la Famille et du
Bien-Etre n'est pas ici ce soir. Malheureusement, je ne sais pas si le
directeur du personnel est ici, s'il peut vous donner ces renseignements.
M. CLOUTIER (Montmagny): En attendant ces informations, le ministre a
parlé tantôt de la commission d'appel. Je n'ai pas ici le texte de
loi. Le nombre de personnes je n'ai pas jeté de coup d'oeil sur
la loi le nombre de commissaires pour la commission prévu
initialement par la loi a-t-il été augmenté?
M. CASTONGUAY: La loi dit que la commission devrait être
composée normalement de six personnes et que le lieutenent-gouverneur en
conseil peut augmenter ce nombre selon les besoins. Trois personnes ont
été nommées avant la dissolution de la Chambre. Le
secrétaire du Conseil exécutif nous a fait remarquer que ces
nominations n'étaient pas valides étant donné que la loi
n'était pas sanctionnée. Ainsi, les arrêtés en
conseil ont été passés en vertu d'une loi qui
n'était pas en vigueur. J'ai demandé une opinion au
ministère de la Justice pour voir si le renseignement que m'avait
transmis le secrétaire du Conseil exécutif était bien
exact. J'attends cette opinion. Alors il n'y a pas eu de nomination de faite,
évidemment, si ces nominations ne sont pas valides, cela peut
créer un certain problème étant donné le fait que
le traitement de ces personnes a déjà été
versé. Dans un cas, si je comprends bien, il s'agissait d'une
assistée sociale et le traitement qui lui a été
accordé est assez élevé. On peut demander aussi si une
assistée sociale est le meilleur type de personne pour une commission
d'appel, étant donné qu'elle aura à rendre des jugements,
établissant ainsi une certaine jurisprudence.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voici, cela découle de la discussion qui
avait eu lieu en Chambre, lors de l'adoption de la loi, et tous les partis,
à ce moment-là, s'étaient mis d'accord en pensant qu'il
devait y avoir une représentation composée de gens de
différents milieux et qu'il devrait y avoir des juristes à cette
commission, des gens de loi, mais aussi des gens de milieu qui ont vécu
ces expériences.
C'est de là qu'est venu l'idée de nommer, comme
commissaire, une ancienne assistée sociale, parce que évidemment,
à partir de sa nomination, avec le traitement qui lui est versé,
elle n'a plus la possibilité de bénéficier des lois de
l'aide sociale. C'est pour cela que je pose cette question au ministre,
à savoir si le nombre des membres a été
augmenté.
M. CASTONGUAY: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre a le temps de relire les
débats de la Chambre, il verra quels ont été les arguments
et les suggestions qui ont été faites au ministre, arguments
dont nous avons tenu compte. Il avait été proposé
que le président de l'ancienne commission des allocations sociales
devienne aussi membre de cette commission. Nous avions également
donné suite à cette suggestion. De toute façon, nous
pourrons y revenir ultérieurement.
M. CASTONGUAY: Le seul commentaire que je pourrais ajouter est que j'ai
eu une assez longue discussion avec le sous-ministre et le président de
la commission des allocations sociales sur cette question. Quant au
fonctionnement de cette commission, étant donné qu'il est
prévu qu'elle peut siéger en division deux personnes, il
faut savoir s'il serait bon de le faire au début on a dit que
cela serait peut-être sage de commencer par la pleine commission pour
éviter que des jugements différents soient rendus.
J'ai également demandé au sous-ministre et au
secrétaire-général du ministère de préparer
certains critères qui pourraient aussi nous guider dans la nomination
des autres ministères. Je leur ai aussi demandé d'examiner la
possibilité que peut-être quelques membres soient nommés
à temps partiel, étant donné la nécessité
possible de représentation au plan régional, comme vous dites. Si
nous voulons avoir certains membres à cette commission, au plan
régional, sans qu'ils soient à temps plein... Leur opinion sur
cette dernière question ne m'a pas été donnée,
c'est pourquoi j'attends avant de faire quelque nomination que ce soit.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais une remarque
à faire au sous-article 7. Il n'y a pas eu de modification par rapport
à la première version du budget, mais il y en a une substantielle
par rapport à l'an dernier. Est-ce que le ministre pourrait nous
indiquer quel est le programme? Est-ce que cela correspond aux règles de
la publicité et de l'information sur la Loi de l'aide sociale?
M. CASTONGUAY: Dans une très large mesure, c'est le renseignement
qu'on m'a donné, spécifiant que cette augmentation dans le budget
était justement prévue par suite de la mise en vigueur, cette
année, de la Loi de l'aide sociale.
Quant au programme prévu spécifiquement, s'il était
nécessaire d'obtenir d'autres renseignements, je puis demander à
un des officiers du ministère...
M. MARIER: M. le Président, pour répondre à la
question posée par M. Cloutier, au chapitre des honoraires qui sont
prévus et qui expliquent la prévision de $673,000, il s'agit de
$150,000 au titre des expertises de conventions collectives; travaux de
vérification, $150,000; le "pert" de l'aide sociale, $55,000; travaux
d'expertise, $25,000, et des travaux de conseillers, $50,000; ce montant inclut
aussi des travaux de planification pour $90,000 et des travaux du service de la
statistique pour $148,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les travaux de vérification, si je
comprends bien, cela fait suite à la remarque du ministre de cet
après-midi, pour augmenter la vérification et le contrôle
dans les bureaux locaux et régionaux pour l'application de la Loi de
l'aide sociale.
M. CASTONGUAY: Si ma mémoire est bonne, M. le Président,
ce sont des travaux de vérification dans les institutions du
ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah! Dans les institutions du
ministère.
M. BOIS: S'il vous plaît, le premier montant de $150,000,
qu'est-ce exactement? Expertises de conventions collectives?
M. CASTONGUAY: C'est à l'occasion des conventions ou des
négociations, des honoraires pour des experts négociateurs.
M. BOIS: C'est bien payé.
M. CASTONGUAY: C'est qu'il y a eu une assez longue série de
négociations. C'est un des domaines, je crois, où il faut donner
priorité, dans le recrutement de personnel pour que la direction des
relations de travail, de plus en plus, soit constituée de personnel
à temps complet. Maintenant trouver à temps complet de bons
négociateurs, ce n'est pas facile. Il ne s'agit pas seulement de leur
donner le statut de temps complet ou de fonctionnaires permanents pour qu'ils
deviennent de bons négociateurs. Alors il y a plusieurs
négociations en cours, que ce soit pour l'assurance-maladie, ou pour les
hôpitaux privés, ou avec des groupes particuliers de
médecins, etc.
Graduellement, cette direction générale devrait être
constituée de fonctionnaires à temps complet et, dans la revision
du programme d'embauche, c'est une des priorités qu'il m'apparaît
nécessaire de maintenir, le recrutement de fonctionnaires permanents et
non à honoraires.
M. BOIVIN: Vous avez encore un bureau de relations de travail que vous
maintenez et que vous voulez compléter?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BOIVIN: II sert pour les deux ministères?
M. CASTONGUAY: Exactement.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions sur l'article "administration".
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je comprends que c'est l'article 1 au
complet, les 10 sous-articles.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce qui concerne l'administration au
complet. Nous sommes rendus aux services auxiliaires. Pour le
bénéfice des membres de la commission, est-ce que le ministre
pourrait nous donner la liste des services auxiliaires, ce qui est compris dans
cet article? Parce qu'il y a 304 personnes et un budget de $1.5 million.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais le demander à un des
sous-ministres?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, d'accord.
M. CASTONGUAY: On me dit que les services auxiliaires, les 300 postes
autorisés, sont pour les services suivants: archives, fichier central,
photocopie, achats, messagerie, équipe centrale du secrétariat,
service de réception et magasin. Et ce personnel se répartit en
raison de 249 pour Québec et 55 pour Montréal.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et ce sont des services qui sont
fusionnés? Est-ce qu'ils sont tous fusionnés actuellement?
M. CASTONGUAY: Les archives, oui; le fichier central n'est pas
fusionné. Photocopie, achat, messagerie, c'est fusionné. Ils
relèvent tous d'un service central de l'administration qui est commun
aux deux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sont les premiers services qui ont
été fusionnés aux deux ministères de la
Santé et du Bien-Etre social? Le Bureau de relation de travail, est-ce
qu'il n'apparaît pas à cet article, aussi dans les services
auxiliaires? Il est au poste 1, article 1, d'accord; c'est un autre service qui
est fusionné et qui est commun aux deux ministères.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Frais de voyage. Adopté. Article
3: Services financiers. Est-ce qu'il y a des questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): Les services financiers aussi, ce sont des
services qui sont fusionnés on me corrigera si je me trompe-Les
services financiers sont aussi fusionnés. On me corrigera si je me
trompe. Il ne le sont pas. Est-ce qu'il y a une prévision de fusion
avant l'opération que le ministre a annoncée pour ces
services-là? Il y avait des études préparatoires qui
avaient été faites, il fallait y aller assez prudemment parce
qu'il s'agissait de services extrêmement importants pour le
ministère de la Famille.
M. CASTONGUAY: Vous savez que, du côté du ministère
de la Santé, les structures sont bien différentes. Nous avons le
service d'assurance-hospitalisation qui a ses propres services financiers; vous
avez le service psychiatrique qui, à l'intérieur de sa propre
structure, a ses services financiers; on retrouve un peu la même chose au
niveau des unités sanitaires. Il y a une structure tellement
différente; l'intégration devrait se faire mais tout en
maintenant le fonctionnement du ministère. L'établissement d'une
nouvelle structure à partir de fonctions comme celles-là, je
pense aux services financiers, ça va recouper un certain nombre de
services qui ont été établis à partir de programmes
du côté de la santé. C'est pour ça que j'en nommais
trois à titre d'exemples.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a une augmentation de postes de
prévue. Est-ce qu'il y a une priorité au ministère pour
combler ces postes au service financier?
M. CASTONGUAY: On touche ici la question de la vérification,
entre autres choses. Sur ce plan-là, j'ai indiqué que dans la
revision du programme d'embauche, c'est un des cas. Dans ce secteur, il doit y
avoir priorité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sera de la vérification faite par des
fonctionnaires à temps plein du ministère?
M. CASTONGUAY: C'est ça.
Planification et recherche
M. CLOUTIER (Montmagny); La même considération pour les
postes s'applique à l'article 4: Services de la planification et de la
recherche. De 37 postes, nous passons à 87. Il y a donc 50 nouveaux
postes. Est-ce que le ministre pense pouvoir combler ces postes rapidement ou
si le recrutement est assez difficile dans ce secteur assez
spécialisé?
M. CASTONGUAY: II y a une difficulté du fait que la fin de
l'année dans les universités est passée. Le recrutement
est un peu plus difficile. Malgré tout, c'est un des services qu'il me
paraît important d'équiper correctement. Cet après-midi je
mentionnais qu'en plus du service de la vérification interne, la
planification et la recherche devaient avoir un niveau assez
élevé de priorité. Vous savez également que, dans
certains des cas, des fonctionnaires, ont dû être c'est
simplement à titre d'exemple des difficultés qu'on peut parfois
affronter un certain nombre des dirigeants de service, ont dû
être engagés sur une base temporaire et sont payés
au moyen d'honoraires qui équivalent si j'ai bien compris
d'après les chiffres que l'on m'a donnés au traitement
qu'ils devraient normalement recevoir lorsqu'ils deviendront fonctionnaires,
lorsque leur statut sera régularisé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je me plais à souligner que c'est
maintenant une direction générale au ministère de la
Famille et que c'est un des ministères sauf erreur
où le personnel de recherche est le plus complet et où il y a
l'équipe la plus diversifiée et la plus nombreuse.
Pour les memmbres de la commission, je pense qu'il est
intéressant de faire cette constatation.
M. MASSE (Montcalm): Existe-t-il des relations entre ce service de
planification et l'Office de planification et de développement du
Québec?
M. CASTONGUAY: Est-ce que l'on pourrait demander à M. Gilles
Beausoleil, le directeur, de nous donner les diverses relations qui peuvent
exister à ce niveau-là?
M. BEAUSOLEIL: Je me limiterai à quelques mots, M. le
Président. L'organisation actuelle de l'Office de planification est
conçue comme un office qui coordonne un certain nombre
d'activités de planification à l'échelle du gouvernement,
de sorte que les directions de planification à l'intérieur des
ministères remplissent des fonctions de planification qui, d'une part,
se limitent au ministère et, d'autre part, collaborent d'une
façon systématique avec l'office sur divers plans. Actuellement,
par exemple, des fonctionnaires du ministère de la Famille font partie
de trois des sous-groupes de travail de l'atelier des directeurs
généraux de la planification qui a été
créé par l'office. Les fonctionnaires participent aussi, de
façon spora-dique, à des échanges de consultations ou
à d'autres formes de discussions, ou de consultation. Il y a donc un
développement, qui est commencé depuis un certain temps, de
collaboration assez serrée des directions de planification paraissent
devoir jouer un rôle extrêmement important au niveau des
programmes, du développement des programmes spécifiques des
ministères. A mesure que cette coordination et que cette collaboration
se font avec l'office, les ministères en tirent des
bénéfices. Et l'office lui-même peut s'appuyer sur les
équipes des ministères pour poursuivre les travaux qui englobent
plusieurs ministères, ou l'ensemble du gouvernement.
UNE VOIX: Est-ce que cela satisfait le député de
Montcalm?
M. MASSE (Montcalm): Oui. Est-ce que le ministre pourrait nous faire
part du programme de recherches et de planification de son ministère
pour l'année en cours, avec ce budget?
M. CASTONGUAY: Etant donné que ce n'est pas un programme que j'ai
modifié ou que j'ai pu analyser de façon détaillée
jusqu'à maintenant, je vais le demander au directeur.
M. BEAUSOLEIL: Je m'excuse, comme j'étais absent au moment des
dernières préparations, je vais procéder selon ma
connaissance de cette tâche qui est sous ma responsabilité. Les
travaux de recherche se poursuivent. La direction, pour commencer, je crois,
cela doit être indiqué, se divise depuis son établissement,
en un certain nombre de services. Le service de planification est le service
qui a commencé à faire un certain nombre de travaux
d'exploration, de préparation de documents de politique pour
présenter aux autorités ministérielles et
gouvernementales, et de mise en place de travaux préalables à la
planification.
Ce service n'a quand même que quelques mois. Ce service a
concentré ses efforts, dans le passé surtout, sur les
problèmes de l'aide sociale; le service de planification a
travaillé de très près à l'élaboration des
normes de l'aide sociale, à l'élaboration de toute une
série d'études qui sont reliées aux diverses
caractéristiques de ce type de législation; il a aussi
travaillé sur les problèmes de retour à la vie normale et
a préparé des documents à ce sujet.
Une deuxième activité de ce service a été de
travailler sur les problèmes de sécurité sociale, soit
analyse de documents, préparation de travaux qui ont pu conduire
à des politiques concernant les divers problèmes de
sécurité sociale. Le service de planification a aussi
travaillé sur des problèmes nouveaux, comme les problèmes
de revenu minimum garanti, les problèmes de situation économique,
etc.
Les autres secteurs que l'on a touchés dans le passé ont
été des travaux sur le développement des services sociaux
et sur la planification régionale. Le programme de cette année,
en planification, peut se diviser de deux façons. En premier lieu, un
programme d'abord d'organisation parce que le service s'identifie, se clarifie;
le deuxième ordre de travail, c'est de poursuivre de façon
systématique des travaux qui vont porter surtout sur les quatre
facteurs, mais peut-être assez fortement sur les caractéristiques
des assistés sociaux, les politiques, soit de retour à la vie
normale, soit de participation au marché du travail ou de
réintégration sociale et économique des assistés
sociaux. Un deuxième secteur, c'est le développement des services
sociaux communautaires dans la perspective de l'interdépendance des
services. On n'avait pas pu, dans le passé, y consacrer beaucoup
d'énergie. Le troisième secteur auquel ce service va être
associé, c'est le développement des ressources institutionnelles
en relation avec l'analyse de l'application systématique et politique.
Les travaux sur la sécurité sociale, la pauvreté, le
revenu minimum se continuent d'ailleurs actuellement. Par exemple, il y a
quelqu'un chez nous qui revoit de façon assez systématique tous
les
mémoires qui sont présentés au comité du
Sénat sur la pauvreté. C'est un ensemble de travaux assez
importants qui vont donner lieu à un autre document que nous avons
déjà commencé à étudier, c'est celui du
livre blanc sur l'assurance-chômage. C'est sur ces types de travaux que
porte le service de planification.
Du côté du service statistique, cette année
c'est une des raisons d'une concentration de ressources dans un secteur
on fait des efforts vraiment considérables pour commencer à
fournir au ministère une statistique d'opération, de même
qu'une statistique de recherche et d'analyse et, au niveau du service
statistique, on a établi des bases, mais les services d'information et
de statistique exigent beaucoup de temps et de personnel. Nous avons fait un
programme qui porte sur la collecte de données systématiques dans
les secteurs du régime de sécurité sociale, sur l'aide
sociale à laquelle d'ailleurs les gens de la direction ont
travaillé, avec d'autres services du ministère, à
établir les bases statistiques du système. Nous allons aussi
développer, essayer de développer la statistique des services
externes et des services institutionnels.
De plus, les deux services de statistique et de recherche jouent un
rôle, travaillent d'une façon extrêmement intensive sur des
programmes résultant de décisions de comités
fédéraux-provinciaux.
Il y a trois comités qui ont été
créés par les conférences de ministres antérieures;
l'un porte sur le développement de la politique d'assistance, un second
porte sur les problèmes des coûts, de l'analyse des coûts,
et des systèmes statistiques, et le troisième sur
l'aliénation.
Au sujet de la statistique, je pense que cela peut être dit, il y
a des fonctionnaires du gouvernement de l'Ontario qui ont travaillé avec
notre personnel, dans nos bureaux, pour préparer certains documents, sur
les systèmes statistiques de l'aide sociale, que les autorités de
l'Ontario sembleraient devoir utiliser une fois que les rapports seront
terminés. D'ailleurs, ces rapports seront terminés bientôt.
D'autre part, le personnel du service de la statistique a aussi
contribué au travail du comité fédéral-provincial
sur les coûts de l'assistance, en très large partie; là
aussi il y a eu un fonctionnaire de l'Ontario qui a passé plusieurs
semaines, plusieurs mois, dans les bureaux du ministère pour travailler
sous notre direction et préparer les documents concernés. Il y a
de plus un de nos représentants qui a apporté une contribution
serrée, considérable, au comité de l'office de revision du
code civil, sur le fichier de population.
Quant au service de recherche, il doit s'occuper plutôt de
problèmes à moyen terme. Il remplit les fonctions qui ont trait
à la coordination des efforts de recherche, aux programmes de
subventions du ministère, à une diffusion de l'information sur la
recherche dans le domaine du bien-être, à la liaison avec les
instances fédérales dans le domaine de la recherche. D y a une
liaison très serrée à ce sujet, en fonction des
priorités et des besoins du milieu. Il y a aussi des
développements de recherche fondamentale sur des problèmes
sociaux, des problèmes de personnel, des problèmes de
développement, enfin des problèmes qui ont trait aux conditions
sociales.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je pense que l'un des
dangers des services de planification et de recherche, c'est de travailler en
vase clos et de ne pas tenir compte de la réalité des
populations. Afin de contrer ce danger, l'Office de planification a
lancé une série de missions dans des régions, soit au
Saguenay-Lac Saint-Jean, soit au Nord-Ouest québécois. Il y a eu
au préalable des études du Bureau d'aménagement de l'Est
du Québec et de l'Office de développement de l'Est du
Québec.
Le ministère de la Famille et du Bien-Etre social a certainement
été invité à participer à ces études
sur le terrain afin d'être bien au courant des besoins de la population
au niveau des localités et non pas simplement au niveau d'une grande
politique. Est-ce que ces représentants du ministère de la
Famille sont des gens de ce service de planification ou si c'est une
équipe en dehors de ce service qui a été constituée
par le ministère?
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, M. le Président, c'est un oubli de ma
part. La direction de la planification a été associée
à beaucoup d'activités. J'avais oublié cet aspect. Les
fonctionnaires de la direction ont travaillé sur les missions
concernées, que vous avez mentionnées; ils ont aussi
travaillé dans la renégociation du plan
Gaspésie-Bas-Saint-Laurent et les modalités habituelles de
travail qui sont développées ont été une
contribution de divers services du ministère. Habituellement, dans le
cas des missions, le représentant du ministère et le directeur
régional, dans le cas où il y a un directeur régional,
sont appuyés, au plan technique, par un fonctionnaire de la
planification et de la recherche, avec une participation assez
considérable de tous les autres services. Et dans le cas des documents
concernés, je pense au plan de renégociation
Gaspésie-Bas-Saint-Laurent, à un moment donné, il y a eu
une rencontre afin qu'il y ait un certain nombre de fonctionnaires du
ministère avec nous, de sorte que l'on s'est efforcé, en
dépit des exigences des pressions quotidiennes, d'avoir ce maximum de
communications. Par exemple, au sujet de la recherche, il y a à
l'intérieur du ministère, un comité de l'évaluation
des projets de recherche. Il y a beaucoup de rencontres avec les conseillers
régionaux. Il y a des discussions des conseils régionaux avant
d'approuver les projets, etc.
M. MASSE (Montcalm): Si vous me le per-
mettez, je voudrais poser deux petites questions. Dans les programmes de
planification et d'aménagement de l'année budgétaire, je
crois bien que les programmes en fonction des zones spéciales, soit
Sept-Iles, Port-Cartier, la grande région de Québec et la
Mauricie, sont des programmes prioritaires au point de vue du
développement économique pour l'office d'aménagement et
également pour l'ensemble du gouvernement.
Le directeur du service nous a parlé tout à l'heure de
l'effort de son service de planification concernant le retour au travail des
assistés sociaux. Est-ce que, dans les programmes de
développement économique prioritaire de ces zones
spéciales, son service de planification a une part active, ou si ce sont
d'autres fonctionnaires du ministère, ou si le ministère est
totalement absent de cette action?
M. CASTONGUAY: En ce qui concerne la direction de la planification, nous
n'y avons pas été associés de très près. La
raison, c'est en partie l'énormité des tâches quotidiennes
avec le petit nombre de personnes sur lesquelles nous pouvons compter. Mais
à l'occasion des réunions de l'atelier des directeurs
généraux de planification, les documents concernés sont
transmis.
M. Marier pourrait mieux répondre à la partie de
l'association du ministère comme tel à ce programme. Il en a
été question dans les ateliers, dans les rencontres d'ateliers
des directeurs généraux de la planification, mais plutôt
à titre d'information et d'échange de renseignements que
d'association systématique. H semble que nous ayons été
associés à un sous-projet...
M. MASSE (Montcalm): Je pose tout de même la question. Ce n'est
pas, comme certains collègues du gouvernement le laissent entendre, une
colle que je pose au ministre et à ses fonctionnaires. C'est très
sérieux. Je pense que le programme des zones spéciales est un
programme de relance économique des plus importants pour le
Québec. Je ne veux pas employer d'autres qualificatifs à ce
sujet. C'est tout un programme de développement économique. Or,
le ministre, par son service de planification et de recherche, nous a
expliqué tout à l'heure que le retour au travail des
assistés sociaux était une priorité. Je pense que c'est
très valable.
Or, dans la question de cette relance économique des zones
spéciales, je crois qu'on aurait là, pour le ministère, un
sujet très valable, non pas uniquement d'étude
étude au départ, d'accord mais aussi d'action. Ce n'est
pas qu'au ministère de l'Industrie et du Commerce de trouver des sources
d'investissements. Ce n'est pas qu'au ministère des Affaires municipales
d'établir des réseaux d'égoût et d'aqueduc. Je crois
que l'action de votre ministère dans ce domaine pourrait être
très intéressante. Je suis bien d'accord que l'activité
quotidienne du ministère est, en soi, écrasante, mais on a
là une chose qui passe pour les mois et les années qui viendront.
Ce n'est pas comme dans les milieux défavorisés comme la
Gaspésie ou certaines régions périphériques du
Québec. On n'est peut-être pas réellement dans des zones
urbaines comme Montréal, mais dans des zones qui sont tout de même
qualifiées d'urbaines et où il y a un fort pourcentage de
sans-travail, de chômeurs, donc de problèmes de retour au
travail.
Quant à moi, je suggérerais volontiers au ministère
et à ses dirigeants d'entrer dans le jeu de cette question des zones
spéciales.
M. CASTONGUAY: Sur cette question, vous savez comme moi que, dans le
passé, le ministère de la Famille et du Bien-Etre social
là, je couvre une période assez longue, surtout en ce qui a trait
aux lois sur l'assistance on a toujours considéré que le
ministère avait un rôle purement résiduel. Les autres
ministères poursuivaient leur action et le ministère de la
Famille et du Bien-Etre social, ou les autres ministères qui l'ont
précédé, sous divers noms, écopaient des
conséquences et se débrouillaient comme ils le pouvaient.
Au cours des dernières années, d'une part, avec la
nouvelle loi de l'aide sociale, on a voulu adopter une nouvelle philosophie de
l'aide sociale. Cette loi, on en a discuté assez longuement cet
après-midi.
D'autre part, on a mis sur pied une commission interministérielle
de retour à la vie normale des assistés sociaux. C'est le nom de
la commission. Cette commission a lancé certaines initiatives et nous
avons eu, peu de temps après la formation du gouvernement, un premier
rapport, dans lequel on reconnaît qu'un nombre de gestes ont
été posés, que des mesures qui ont été
prises, mais de façon expérimentale, en fonction même des
préoccupations que vous mentionnez. J'ai demandé, et nous avons
formé une commission très restreinte; une commission
interministérielle non pas d'étude à ce stade-ci mais,
ayant pour but de coordonner l'activité des ministères et en
même temps de s'approvisionner à même l'expérience
des travaux de cette commission interministérielle du retour à la
vie normale des assistés sociaux. Un des membres de cette commission est
le président de l'Office de planification, M. Arthur Tremblay, un autre
des membres est M. Roger Marier ici, et le ministre du Travail, à cause
de l'importance du développement des politiques, des services de
main-d'oeuvre dans ce domaine et également, le sous-ministre de
l'Education. Maintenant ils peuvent également selon les besoins
s'associer d'autres fonctionnaires. Au départ, on ne voulait pas former
une commission trop nombreuse parce qu'il ne s'agissait pas tellement d'une
commission d'étude mais d'une commission qui devait coordonner
l'action.
M. MASSE (Montcalm): Une dernière question, M. le
Président au sujet de ce service de
planification et de recherche, quelles sont les liaisons entre votre
ministère et les universités du Québec concernant la
recherche?
M. CASTONGUAY: A ce sujet nous avons établi un certain nombre de
liaisons. Nous avons un programme modeste mais un programme de subventions pour
la recherche s'élabore actuellement. Ce programme permet aux
universitaires, aux chercheurs de présenter des projets et, ainsi, il
s'est établi un ensemble de relations entre le service de recherche et
les représentants de diverses universités; cela comprend aussi
les divers départements d'université. Nous avons donné des
subventions à des personnes que nous consultons au sujet du
développement de la recherche. Des représentants
d'université ont aussi siégé à une commission qui
avait été formée l'an passé, sur le
développement de la recherche. C'est un processus de liaison et
d'échange qui commence à se développer, qui est modeste,
mais qui permet des échanges de plus en plus constants dont
bénéficie tout le ministère et d'autres ministères
aussi.
M. MASSE (Montcalm): Mais c'est totalement empirique! N'y a-t-il pas de
liaison organique ou de consultation, je ne dirais pas statutaire mais une
espèce de commission consultative entre les représentants des
facultés qui font cette recherche en matière de bien-être
et de développement social, et le ministère?
M. CASTONGUAY: C'est un des domaines, le domaine de la recherche ou la
recherche dans le domaine politico-social touchant aux services sociaux,
touchant à la sécurité du revenu, qui est
extrêmement peu développé. Et dans les universités,
vous retrouvez quelques chercheurs individuels mais très peu de
recherche structurée. J'ai vécu l'expérience, M.
Beausoleil, je suis certain, peut confirmer que les crédits
alloués à ce type de recherche sont extrêmement faibles et
la recherche se poursuit sur une base tout à fait empirique.
M. MASSE (Montcalm): Mais compte tenu de ce que le ministre vient de
dire et je pense bien que cela rend compte de la réalité dans ce
domaine-là, n'y aurait-il pas lieu, étant donné le peu de
ressource que nous avons et en hommes et en argent dans le domaine de
l'étude et de la recherche, pour ce qui est spécifiquement de
cette question sociale, d'avoir des efforts beaucoup plus conjoints entre les
universités c'est le domaine des chercheurs, sur le plan
universitaire et le ministère, soit pour former une commission
consultative au sujet des programmes de recherche, des conclusions de la
recherche, tant des responsables du ministère que des responsables des
universités, pour ne pas doubler les programmes de recherche et les
sommes investies dans ce domaine, compte tenu de notre pauvreté?
M. CASTONGUAY: II y a environ 15 jours, j'ai adressé à M.
Beausoleil au hasard d'un projet qui nous était proposé de
l'extérieur, à peu près la même question que vous
avez adressée et j'attends sa réponse, étant donné
qu'il y a un certain nombre d'implications.
M. MASSE (Montcalm): D'accord.
M. LE PRESIDENT (Bossé): D'autres questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais une seule remarque à ajouter
pour compléter les informations fournies par le directeur de la
planification et de la recherche et par modestie, il a probablement
oublié de mentionner les travaux importants de préparation des
conférences fédérales provinciales depuis plusieurs
années, et le document extrêmement important sur les allocations
familiales. Ce sont des travaux qui ont retenu l'attention et qui ont
mobilisé une partie des effectifs de son service et je crois qu'il est
bon de le mentionner. Une autre remarque, c'est qu'à un autre article,
nous verrons que les organismes privés reçoivent du
ministère de la Famille des subventions de recherche: le Conseil de
développement de Montréal, des conseils de bien-être et
d'autres organismes reçoivent aussi des subventions qui s'ajoutent aux
recherches faites directement par les fonctionnaires de ce service.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Saint-Sauveur.
M. BOIS: Au sujet de l'article, peut-être qu'au point de vue de la
planification les salaires ne sont pas assez élevés. Je remarque
que la moyenne est de $3,489 pour 87 fonctionnaires, tandis qu'elle est de
$9,494 pour 89.
M. CASTONGUAY: Le nombre de postes remplis est de 37.
M. BOIS: Le chiffre 87, c'est le nombre à combler.
M. HARVEY (Jonquière): A combler.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 5, il s'agit d'autres services,
quels sont ces autres services?
M. CASTONGUAY: Organisation et méthode, service médical,
service de l'information, service du contentieux.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a également, dans cette liste, des
services qui sont fusionnés, qui servent les deux ministères.
M. CASTONGUAY: Le service: Organisation et méthode si je
comprends bien est fusionné, le service médical ne l'est
pas, le
service de l'information l'est et le service du contentieux, on me dit
que c'est le personnel...
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour les deux autres, les discussions
étaient commencées et vont probablement se poursuivre : service
médical et service du contentieux.
Le ministre d'Etat veut parler, j'ai posé une question en son
absence, je vais lui donner la chance de répondre. A l'article 1 on
avait demandé au ministre les personnes attachées à son
cabinet, si le ministre d'Etat veut nous donner cette information, on l'avait
laissée en suspens jusqu'à son retour.
M. HARVEY (Jonquière): Attaché au ministre d'Etat, autant
au secteur de la Santé qu'au secteur du Bien-Etre: un secrétaire
particulier. Est-ce que vous voulez le salaire?
M. CLOUTIER (Montmagny): Le nom et le salaire.
M. HARVEY (Jonquière): Le secrétaire particulier, M.
Gilbert Dubé. Vous voulez le salaire également?
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre d'Etat a le salaire?
M. HARVEY (Jonquière): Exactement le même salaire qu'il
gagnait au service des personnes âgées $13,300, donc $4,300 de
moins que celui qui l'avait précédé. Il avait six ans
d'expérience au cabinet de M. Lafrance pour l'information du
député de Montcalm. Il y a un secrétaire particulier
adjoint qui s'appelle M. Michel Guay, $12,000, soit $1,000 de moins que celui
qui l'avait précédé. Un autre secrétaire
particulier adjoint qui est dans le comté à $12,000, soit $1,000
de moins que celui qui l'a précédé. Une secrétaire
principale à $7,803, soit $3,000 de moins que celle qui l'a
précédée et un chauffeur, au même salaire, soit
à $5,813, qui agit également comme messager, parce qu'il ne vient
pas dans le comté, je conduis moi-même ma voiture.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suggère que les économies
réalisées soient versées à la recherche.
M. HARVEY (Jonquière): C'est cela, à d'autres fins!
Informatique
M. CLOUTIER(Montmagny): Au poste budgétaire 2: Service de
l'informatique, j'ai une seule question à poser: Quelle est la
dépendance du ministère vis-à-vis du ministère des
Finances? Le ministère a-t-il fini de compléter son organisation
ou dépend-t-il encore du ministère des finances pour les
programmes?
M. CASTONGUAY: Voulez-vous dire au plan de l'équipement,
de...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CASTONGUAY: J'ai pris connaissance d'un rapport assez sommaire. Nous
n'avons pas encore réussi, mais nous avons bon espoir que ce sera pour
très bientôt, à recruter un directeur de l'informatique.
Pour le moment, nous bénéficions des services du personnel de
cadre du centre de traitement électronique des données du
ministère des Finances.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Autre question?
M. BOIS: Je remarque une autre chose. Cela veut dire que pour une
moyenne de 182 employés, les salaires seront diminués d'une
façon assez considérable soit de $60,000 environ.
M. CASTONGUAY: L'an dernier la dépense s'élevait à
$635,000 alors que la dépense prévue pour cette année sera
de $707,000. Les crédits n'avaient pas été
entièrement utilisés l'an dernier. Donc, il n'y aura pas de
diminution pour les traitements.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Autre question?
M. CLOUTIER (Montmagny): La répartition de cet article est faite
aux deux ministères, elle est faite à la Santé et au
Bien-Etre. Le poste est centralisé pour les deux ministères.
M. CASTONGUAY: Pour l'information du député de
Saint-Sauveur, les montants qui apparaissent pour 69/70 n'ont pas
été nécessairement utilisés en entier. Dans
certains cas, il faut se reporter aux documents qui seront publiés par
l'auditeur, les crédits n'ont pas tous été
utilisés. Cela peut laisser des impressions. Si vous me le permettez, je
tenais à vous le souligner.
M. BOIS: Je vous remercie.
Assistance sociale
M. LE PRESIDENT (Bossé): II n'y a pas d'autres questions?
Adopté. Poste 3: Assistance sociale. Des questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté. Poste 4.
Bureaux locaux et régionaux
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 4: Bureaux locaux et
régionaux, le ministre nous a donné cet après-midi en
réponse à de multiples questions de la part des membres de la
com-
mission, les grandes lignes du programme de l'application de la Loi de
l'aide sociale, de la réglementation. Les questions que l'on pourrait
poser, à ce moment-ci, c'est d'abord de savoir où en est
précisément l'étape de recrutement des fonctionnaires.
Est-ce qu'il en reste à recruter en vertu de ce programme? Quelles sont
les différentes étapes administratives qui restent à
franchir?
M. CASTONGUAY: Quant au nombre de fonctionnaires, il en reste à
en recruter dans les bureaux locaux, certains coordonnateurs régionaux
doivent être nommés. Quant à l'embauche du personnel
nécessaire, c'est un des endroits où j'ai demandé que l'on
donne priorité afin que les bureaux aient un personnel
équitablement bien réparti pour une application aussi efficace
que possible de la nouvelle Loi de l'aide sociale. Le nombre exact si ma
mémoire est fidèle est de 86 personnes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ce sont des agents de
sécurité sociale ou du personnel clérical?
M. CASTONGUAY: Ce sont des agents de sécurité sociale. On
me dit 86. Quant à l'étape exacte où l'implantation du
système est rendue, vous savez comme moi que le cheminement est assez
complexe. Sur ce point, on pourrait demander, soit à M. Privé ou
à un autre, selon ce que M. Marier juge le plus approprié, d'en
donner les grandes lignes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce qui retient notre attention, c'est la carte
d'implantation des bureaux; il y avait des endroits de prévus. Si ma
mémoire est fidèle, il y avait 63 points de service ou 68 et, il
y avait aussi, l'intégration des services municipaux de bien-être.
Il restait certains services municipaux à intégrer; excluons
cependant, la ville de Montréal. Mais, pour les autres services
municipaux, il y en avait une dizaine ou une douzaine à intégrer,
il y avait également des agences sociales. Je pense que
l'intégration du côté des agences était pratiquement
terminée.
Ce sont des renseignements concernant l'ouverture des bureaux, la carte
prévue initialement, les modifications. Ce sont des renseignements de
cet ordre qu'il serait utile d'avoir, à ce moment-ci.
M. CASTONGUAY: M. le Président, il n'y a pas eu de modification
à la carte jusqu'à maintenant. Toutefois, il sera
nécessaire de compléter l'intégration de six services
municipaux de bien-être et de reviser la carte à partir de
l'expérience des volumes de cas que nous avons eus, au cours des
derniers mois, et aussi, dans le cas de Montréal, où cela n'avait
pas été complété.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que l'expérience des nouveaux
bureaux qui fonctionnent actuellement, c'est-à-dire ceux qui ont
été créés de toute pièce, dans des endroits
où il n'en existait pas, est concluante? Les observations que font
à ce moment-ci, les fonctionnaires, la direction de l'aide sociale
à domicile, sont-elles concluantes quant à l'opération,
quant au fardeau de travail?
M. CASTONGUAY: M. le Président, je ne suis pas en mesure de faire
un rapport très récent et très précis. Nous avons
poursuivi jusqu'à la fin de mai les sessions de formation de personnel
et, depuis le 12 juin, nous avons mis en pratique, au niveau des bureaux, ces
aspects du système administratif qui étaient indépendants
de la réglementation de l'aide sociale. Au cours du premier mois, nous
avons eu une période d'essai mais, en général, nous sommes
fort satisfaits des progrès jusqu'ici.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Poste budgétaire 4, d'autres
questions? Adopté. Poste 5.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au financement des agences sociales, M. le
Président, il y a eu une diminution de $1 million par rapport à
la première version du budget. Est-ce que le ministre pourrait nous
donner des commentaires?
M. CASTONGUAY: La dépense, l'an dernier, a été de
$20,185,000, la dépense réelle. Le montant réduit de $1
million qui apparaissait, par rapport aux premières estimations,
représente tout de même une augmentation de $3,813,000, par
rapport au développement des agences sociales. Ce montant tient compte
des délais qui s'étaient écoulés depuis la
préparation des estimations orginales et la revision des estimations
semblait adéquate. C'est pourquoi il a été possible ici de
réduire les crédits prévus de $1 million.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ces diminutions seront réparties
proportionnellement pour toutes les agences. Est-ce que cela les
empêchera de donner suite à des initiatives ou à la
création de nouveaux types de services envisagés dans la
présentation de leur budget? Est-ce qu'actuellement cette diminution a
fait l'objet d'études spéciales pour savoir dans quelle
proportion on va réduire chacun des budgets et quels sont les services
dont l'organisation pourrait être retardée à l'an prochain,
sans trop d'inconvénient?
M. CASTONGUAY: Vous savez comme moi que dans le domaine des services
sociaux, le développement des services sur les territoires se poursuit,
que le nombre des types de services est assez grand, et qu'il n'a pas tellement
été possible à ce stade d'évaluer, toujours de
façon assez exacte, le rendement de tous ces services,
pour toutes sortes de raisons. L'augmentation du budget va certainement
permettre aux agences sociales de continuer leur action, de la
développer. L'augmentation va permettre, malgré tout, la
création de 250 postes additionnels nouveaux.
C'est peut-être un peu moins que ce qui était prévu
à l'origine, mais encore là, vous savez quelles sont les
difficultés de recrutement, dans les agences sociales, du personnel
qualifié, les difficultés d'intégration de ce personnel et
aussi le fait que, dans bien des cas, l'évaluation du rendement des
services est très difficile.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est à ce poste-là
que sont prévus les crédits que peuvent utiliser les agences pour
les comités de retour à la vie normale des assistés
sociaux? Quelle est l'importance des sommes que les agences peuvent utiliser
à ces fins? Globalement, par rapport au budget total, lorsqu'on a
parlé cet après-midi, on a insisté beaucoup sur
l'importance de ces politiques et de ces programmes.
M. CASTONGUAY: M. le Président, en vertu du nouveau budget, il
est possible des démarches sont faites dans ce sens
d'installer cinq comités nouveaux de retour à la vie normale dans
cinq agences.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans cinq agences. Alors pourrait-on nous
donner les endroits? Est-ce qu'à Québec le comité dont il
a été question et dont il est question encore actuellement, le
comité pour lequel M. Bois a fait des réclamations, est-il
prévu?
M. CASTONGUAY: Alors 31 personnes nouvelles sont affectées
à ce programme de retour à la vie normale, ce qui portera
à vingt le nombre des comités de retour à la vie normale,
un peu partout dans la province.
M. CLOUTIER (Montmagny): Toutes les régions du Québec
seront maintenant couvertes par ces comités de retour à la vie
normale.
UNE VOIX: Alors poste budgétaire 4, M. le Président, pas
d'autres questions à 4.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Pas d'autres questions? Adopté.
Oui, d'autres questions.
M. MASSE (Montcalm): L'augmentation dans le budget est de plusieurs
millions, est-ce que c'est globalement dû à l'augmentation de la
clientèle ou si cela est dû à de nouveaux programmes que
les agences sociales appliqueront durant cette année
budgétaire?
M. CASTONGUAY: Particulièrement à de nouveaux programmes
dont, entre autres, celui des comités de retour à la vie normale
des assistés sociaux, et le développement des agences qui, un peu
partout, se plaignent de n'avoir pas le personnel suffisant pour faire face
à la demande.
M. MASSE (Montcalm): C'est surtout par une augmentation de
personnel.
M. CASTONGUAY: Oui, oui. UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Pas d'autres questions? Adopté.
Poste budgétaire 5: Allocations diverses. Des questions?
Allocations diverses
M. HARVEY (Jonquière):
Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le ministre d'Etat est
optimiste. Nous voulons procéder assez rapidement, mais tout de
même il s'agit de $65 millions. Oui, je comprends que c'était pour
badiner! Il s'agit d'une somme de $246 millions, il n'y a pas par rapport
à la version originale, de diminution à l'article 1, il y en a
une légère à l'article 2, il y a le même montant
à l'article 3...
M. CASTONGUAY: D y a une diminution de $500,000 à l'article
1.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une diminution de $500,000 à l'article
1. Les questions principales, les programmes catégorisés, pour ma
part, je n'ai pas de discussion à faire à ce sujet. J'aimerais
m'attarder plutôt à l'article 5, aux allocations d'assistance
à domicile, les allocations d'assistance-chômage et d'assistance
publique. Il y avait un montant de $175 millions de prévu et le ministre
prévoit, dans la version revisée, $170 millions. Est-ce que le
ministre pourrait expliquer un peu cette diminution?
M. CASTONGUAY: C'est une question, comme vous le savez, assez complexe.
On a fait allusion, plus tôt, à la constitution d'un dossier de
statistiques plus adéquat au ministère. D'une part, les
projections à partir desquelles les coûts de l'assistance peuvent
être faits, dépendent de donnés statistiques plus ou moins
justes, plus ou moins corrigées rapidement, ce qui laisse toujours des
écarts. D'autre part, les projections de coûts, où les
coûts dépendent, dans une assez large mesure, aussi, les
variations dans les coûts de la conjoncture économique.
Voici les données que je puis vous transmettre quant à
cette question de révision. La raison pour laquelle je mentionne ces
deux éléments, c'est que à mesure que le temps passe, et
que les prévisions sont établies plus tard dans le temps,
c'est-à-dire plus près de la dépense, on peut
apporter certains correctifs. Voici, à la suite des
révisions qui ont été effectuées, le texte qui
résume les changements apportés. Les dépenses de ce
programme furent de $163,942,797 pour l'année 69/70.
M. CLOUTIER (Montmagny): La dépense réelle?
M. CASTONGUAY: La dépense réelle. Et de $153,463,500 pour
l'année 68/69. Donc une augmentation de $10 millions entre 68/69 et
69/70. Une projection basée sur les données annuelles de 61/62
à 68/69, c'est-à-dire une projection à plus long terme,
avait donné 116,700 bénéficiaires, en moyenne, par mois,
pour l'exercice 70/71. Si on considère le coût moyen de $113.15
par bénéficiaire, le coût du programme des allocations G,
c'est-à-dire l'assistance sociale, via les bureaux locaux, serait de
$158,420,000 plus les allocations D, c'est-à-dire les inaptes au
travail, via la commission des allocations sociales, ce qui avait établi
le coût probable à $174 millions. Ce montant s'appuie sur une base
de projection pour une période d'environ neuf ans. Par ailleurs, si nous
considérons les données des dix-sept derniers mois, nous
constatons que le peu d'augmentation du nombre de bénéficiaires
est moindre que durant la période de 61/62 à 68/69. Projections
qui ne tiendraient compte que de cette dernière tendance des dix-sept
derniers mois nous donneraient une prévision de 96,700
bénéficiaires, en moyenne, par mois, en regard d'une
prévision de 116,000; donc, la projection des dix-sept derniers mois
donnerait un écart de 20,000 bénéficiaires. Compte tenu du
taux d'accroissement moins rapide des dépenses, mais aussi de l'impact
de l'augmentation du chômage, parce que nous sommes dans une
période de chômage assez élevée, le coût du
programme a donc été évalué à $170 millions,
soit une augmentation de $6 millions par rapport aux dépenses de $164
millions, grosso modo, pour l'année 69/70. En fait, c'est un moyen terme
entre les prévisions basées sur une période de dix-sept
mois, période qui compte un nombre de mois plus long, plus
rapproché dans le temps que ce que vous aviez au moment où les
premiers crédits ont été préparés, donc, un
moyen terme entre cette prévision à plus long terme qui aurait
porté les coûts à $174 millions. C'est pourquoi cette
prévision a été réduite de $175 millions à
$170 millions, ce qui représente, malgré tout, une augmentation
de l'ordre de $6,100,000 par rapport à l'an dernier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ces sommes ne comprennent pas l'application de
la nouvelle Loi de l'aide sociale.
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait à la nouvelle Loi de l'aide
sociale, vous savez que les estimations des coûts basées sur
l'analyse des dossiers des diverses variables quant aux prestations, aux
allocations, aux besoins spéciaux n'étaient pas terminées
au moment où le gouvernement a changé. Ces coûts, donc, ne
pouvaient être prévus en regard de cette question-ci. Il faut
tenir compte de l'abrogation des lois antérieures, des crédits
prévus en ce qui a trait aux allocations d'assistance-chômage.
Ce n'est qu'au moment où l'analyse de ces coûts pourra
être terminée qu'il sera possible de déterminer si, avec
l'application de la nouvelle Loi de l'aide sociale, les crédits qui
proviendront des lois abrogées ou des prévisions seront ainsi
suffisantes, ou s'il sera nécessaire de prévoir des
crédits additionnels.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le gouvernement pourrait décider de
procéder, soit par voie de budget supplémentaire, soit en prenant
le fonds consolidé du revenu.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Est-ce qu'il y a d'autres questions au
poste 5? Le député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): On sait que la question de l'allocation de
l'assistance-chômage, par rapport au plan fédéral, pose un
certain nombre de problèmes, au niveau des individus. Des
négociations régulières avec le gouvernement
fédéral ont lieu, sous tous les gouvernements, concernant une
continuation plus normale de ces divers programmes. Est-ce que le ministre
voudrait profiter de la réunion de cette commission pour nous faire part
de ses vues concernant cette question?
M. CASTONGUAY: J'ai pris connaissance du livre blanc sur
l'assurance-chômage. Comme M. Beausoleil l'a mentionné, il est
étudié au sein du ministère, il fera également
l'objet d'une étude au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre auquel nous participons également, de telle sorte que
cette question ne soit pas envisagée uniquement sous l'angle de la
compensation des charges résultant du chômage, mais aussi, en
fonction des autres mesures de sécurité du revenu.
Plus particulièrement, sur le programme
d'assurance-chômage, les positions que nous pourrons prendre,
vis-à-vis des modifications suggérées au programme, ne
sont pas encore établies. Dans un cadre plus large, la question a
été soulevée cet après-midi, et j'ai
mentionné, qu'étant donné qu'elle déborde la
question plus restreinte des crédits du ministère de la Famille
et du Bien-Etre social, qu'elle touche davantage aux politiques du
gouvernement, j'aimerais laisser les discussions où elles en sont au
niveau des crédits du ministère des Affaires
intergouvernementales ou, à d'autres occasions, en Chambre.
M. MASSE (Montcalm): Je pense que, sans attacher une importance plus
grave à la termi-
nologie, un des problèmes dans ce domaine, est une question de
psychologie des individus. Je pense que, très souvent, les titres
donnés au programme n'aident pas les individus à se reclasser
dans la société, que ce soit assistance-chômage,
mères nécessiteuses ou autres, puisque le ministre est en train
de faire une étude de ces questions, je me demande s'il n'y aurait pas
lieu d'étudier également la terminologie des programmes qui est
très négative pour les gens qui se sentent continuellement
diminués, étant attachés ou rattachés à
l'aide de la société et tout ceci fait dans des termes qui sont
très négatifs au point de vue psychologie.
M. CASTONGUAY: Avec la mise en vigueur de la nouvelle Loi de l'aide
sociale, l'utilisation de toute cette série d'expressions qui sont plus
ou moins élégantes comme celle des mères
nécessiteuses, je pense que cela incluait les filles et les veuves,
toutes ces expressions disparaîtront avec la mise en vigueur de la
nouvelle loi.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de Montcalm
est-il satisfait?
M. MASSE (Montcalm): Pour l'instant, oui; puisque c'est à
l'étude, j'attendrai les résultats.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Poste 5, adopté? Adopté.
Poste budgétaire 6: Bien-être de l'enfance et de la jeunesse. Y
a-t-il des questions?
Bien-être de l'enfance
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, est-ce qu'au
ministère il est toujours question de fondre en une seule la direction
générale de l'enfance et celle des personnes âgées?
Est-ce que le ministre a eu le temps de discuter avec ses fonctionnaires de
cette modification possible dans la structure, dans l'organigramme du
ministère?
M. CASTONGUAY: Vous savez que la structure existante qui est celle des
institutions de l'enfance, des personnes âgées, dans
l'organigramme actuel, est une structure supposément temporaire.
En entrant au ministère je n'ai pas voulu modifier en quoi que ce
soit les structures. Il me paraissait important de pouvoir évaluer les
gens, d'autant plus que la révision des programmes et la poursuite des
programmes, à ce stade-ci, auraient pu être mis en cause par une
révision de cette structure qui devait s'effectuer au cours des derniers
mois, selon les renseignements qu'on m'a donnés. Quant à savoir
si cette structure doit être modifiée pour l'avenir, cela me
paraît nécessaire parce que je ne crois pas qu'une structure telle
que celle-là, à travers les autres, soit cohérente.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté. Poste 7: Orientation des
placements d'enfants.
Orientation des placements d'enfants
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous n'avons pas eu
l'occasion cet après-midi d'élaborer le sujet de l'adoption. Le
ministre, en consultant les rapports du ministère, prendra connaissance
des campagnes d'adoption qui ont été faites au cours des
dernières années et qui se sont toujours traduites par des
résultats extrêmement encourageants. Etant donné que
plusieurs régions de la province avaient bénéficié
de ces campagnes d'adoption, est-ce la politique du ministère de
continuer la promotion et même de l'accentuer si possible?
M. CASTONGUAY: La question de l'adoption de l'enfance est une question
extrêmement importante. Les progrès réalisés, sont
énormes, quand on considère ce qui existait il y a un certain
nombre d'années, les crèches énormes dans lesquelles les
enfants passaient un bon nombre d'années, dans bien des cas, avec tous
les effets qui pouvaient en résulter sur leur développement.
Maintenant la politique qui a été poursuivie de promouvoir, dans
toute la mesure du possible, l'adoption, également, de placer les
enfants en foyers nourriciers, sont évidemment deux
éléments de cette question qui sont extrêmement sains.
Dans le cas du choix des foyers nourriciers, je sais que c'est un
problème assez complexe. Il y a eu des réticences de
formulées dans certains cas. Il faut faire l'éducation des
parents nourriciers. Il faut bien les sélectionner. On peut se
questionner parfois sur les motifs de ces parents nourriciers. Depuis la
formation du gouvernement, ce qui a empêché toute action ou de
mettre l'emphase sur cette question, c'est l'existence du conflit dans le
secteur des institutions de bien-être, les hôpitaux privés;
ce qui aurait pu être interprété comme une façon
d'intervenir de l'extérieur dans ce conflit.
On a simplement laissé porter les choses mais je puis vous
assurer que ces politiques visant à favoriser l'adoption hâtive
des enfants de même que leur placement en foyers nourriciers, lorsque
l'adoption n'est pas possible, sont des politiques qui me paraissent
extrêmement saines et qui doivent être poursuivies.
M. LE PRESIDENT (M. Bossé): Le député de
Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question relativement aux critères qui doivent déterminer les
foyers nourriciers? Si un foyer doit être accepté ou
refusé, est-ce que des études sérieuses se font par des
chercheurs professionnels relativement à l'établissement de ces
critères?
M. CASTONGUAY: Vous voulez dire dans le choix des foyers
nourriciers?
M. SAINT-GERMAIN: Oui. Comme vous l'avez dit, M. le ministre, le choix
des foyers nourriciers est une chose extrêmement complexe. Je me demande
si on fait des recherches pour bien délimiter et déterminer les
critères qui font qu'on trouve une famille apte à accepter la
responsabilité de prendre soin d'un enfant. Est-ce que l'on a fait des
recherches pour apprécier, s'il y a changement de foyer nourricier pour
un enfant d'un âge déterminé, les effets de ce traumatisme?
J'emploie le mot "traumatisme" parce que je crois que, pour un enfant qui
habite un foyer nourricier depuis un certain temps et qui est obligé de
changer de famille, j'imagine bien, en profane, que c'est un traumatisme pour
l'enfant.
Est-ce qu'on a étudié toutes ces questions et est-ce qu'on
a, par la suite, déterminé les critères justifiant si une
famille peut prendre soin d'un enfant, si elle est assez responsable pour
prendre soin d'un enfant ou non?
M. CASTONGUAY: II peut y avoir certains critères comme
l'âge des parents, leur niveau de revenu, l'endroit où ils
demeurent, la stabilité du père ou de la mère quant
à son emploi, il y a un certain nombre de critères qui sont
relativement objectifs, mais il n'en demeure pas moins que le succès
d'un placement en foyer nourricier dépend avant tout de la motivation
des parents et cela doit faire intervenir en définitive, un jugement de
valeur. Ces jugements de valeur sont posés par les agences sociales qui,
avec les services d'adoption, les services à l'enfance, sont
chargées du placement des enfants.
Avec l'expérience acquise par le personnel des agences,
l'évaluation des cas qui ont pu être placés, la situation
dans le domaine du placement en foyer nourricier doit tendre normalement
à s'améliorer. On peut souligner la difficulté de la
recherche dans le domaine général des services sociaux, du
bien-être social, cela devient extrêmement difficile. C'est que les
effets, bien souvent, ne peuvent être mesurés qu'après un
certain nombre d'années et peuvent être difficilement
évalués, parce que, dans le comportement futur d'un enfant ou
d'un adolescent, il est assez difficile d'isoler ce qui peut avoir
contribué ou nui à son développement dans le
passé.
On est dans un domaine où les connaissances sont encore
relativement peu développées; le seront-elles jamais
complètement? Il y a un point d'interrogation qui demeure. Nous sommes
dans un domaine où les jugements effectués ou faits par les
responsables jouent encore un très grand rôle.
M. SAINT-GERMAIN: Mise à part cette question de jugement, comme
vous dites, cette façon empirique basée sur les statistiques pour
déterminer si l'on doit confier à une famille cette
responsabilité ou non, est-ce qu'il y a en plus de cela une compilation
de statistiques pour en arriver à une façon plus scientifique ou
plus rationnelle d'évaluer, malgré les difficultés que
vous avez énumérées? J'insiste, je crois que c'est un
domaine extrêmement important.
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai mentionné, il y a les
critères d'âge, de revenu, de localisation, de stabilité de
l'emploi, mais je vais demander à M. Beausoleil, s'il est au courant de
l'existence de données plus complètes qui auraient pu être
analysées sur cette question.
M. BEAUSOLEIL: Je pense qu'on peut mentionner deux choses à ce
sujet. Il existe des données sur les placements d'enfants qui comportent
d'ailleurs, des données sur les caractéristiques des parents, des
caractéristiques des foyers dans lesquels ces enfants sont
placés. Ces données ont déjà été un
peu utilisées dans le passé et, à travers le programme
statistique dont je vous parlais tout à l'heure, c'est un des secteurs
où on veut exploiter de façon plus poussée, ces
données. D'autre part, il y a eu des travaux de consultation qui ont
impliqué des relations assez systématiques avec les agences de
service social au sujet des revisions de cas, des normes de placement, au sujet
des approches qui pourraient être développées.
Ces travaux se poursuivent à la faveur de ces rencontres. Ils se
sont poursuivis l'an dernier et ont donné lieu à des
réflexions assez serrées sur cette sorte de questions. Du point
de vue des travaux proprement dits, du point de vue des statistiques, les plans
consistent à pousser et l'exploitation et l'analyse.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Cela répond-il à votre
question?
M. BOIS: Merci, M. Beausoleil.
M. MASSE (Montcalm): II s'est développé, au Québec,
depuis quelques années, en plus des foyers nourriciers qui acceuillent
un, deux, trois enfants, une nouvelle forme d'institution qui est beaucoup plus
communautaire. Ce n'est pas l'ancien principe des crèches mais une
variante assez différente. Dans ma région, un certain nombre de
ces maisons font des expériences depuis quelques années. A
première vue, quant à moi, ça me semble très
intéressant de placer ces enfants plus ou moins dans la nature, de les
faire bénéficier de la même scolarité que les autres
et de les placer en plus dans des lieux qui leur permettent avec la nature un
contact qu'ils peuvent avoir beaucoup plus difficilement dans une région
immédiate comme Montréal. Est-ce que le ministre a eu des comptes
rendus de ces expériences? Est-ce qu'il a des idées à ce
sujet-là qu'il voudrait nous transmettre?
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai mentionné plus tôt, le
mouvement vers des formules différentes de celle de la crèche
traditionnelle m'apparaït extrêmement sain. L'adoption, le placement
en foyer nourricier et, pour une tout autre gamme de besoins, le
développement de services qui comporte, dans bien des cas,
l'hébergement, mais toujours dans des dimensions assez limitées
j'en ai visité de ces centres ou de ces maisons
m'apparaït également excellent. Il s'agit d'institutions où
on essaie, dans toute la mesure du possible, de reproduire le milieu naturel de
vie. C'est d'ailleurs dans cet esprit-là que, lors de la révision
des programmes, je n'ai pas voulu limiter, modifier ou réduire en quoi
que ce soit le programme de développement dans ce secteur. Je crois
qu'il faut ajouter toutefois que toutes ces formules ne sont pas encore
stabilisées et qu'il peut y avoir, à l'expérience,
certaines modifications dans l'avenir, quand on verra mieux ce que donnent
aussi ces diverses formules présentement à l'essai.
M. MASSE (Montcalm): Les difficultés auxquelles font face ces
groupes qui sont, dans la plupart des cas, formés
d'éléments assez jeunes de la population, semblent, à
première vue, être doubles. D'une part, pour offrir les services
adéquats à cette jeunesse, ils sont souvent en difficulté,
au point de vue de capitalisation ou d'équipement, dans leur secteur vu
surtout un manque, je ne dirais pas de directives, mais d'orientation du
ministère. Avant de capitaliser une maison qui servirait de dortoir ou
une autre de gymnase, il faut avoir certaines garanties sur l'existence pendant
un certain temps je n'emploierais pas le terme "colonie" mais de
la communauté de jeunes. Trop souvent, c'est peut-être
discuté, négocié à la pièce avec les
autorités du ministère. Des espèces de permis sont
donnés pour une année; le budget est donné pour une
année, de sorte que l'on tourne un peu entre la poule et l'oeuf, le
ministère exigeant des installations communautaires adéquates.
Par contre les individus, pour les donner, auraient besoin de certaines
garanties, soit auprès des banques ou auprès des maisons qui
pourraient leur avancer l'argent voulu. Je pense que la deuxième de
leurs difficultés se rattache un peu à la première. Tout
le monde dans ce secteur-là le reconnaît, ce sont des
expériences qui sont en cours présentement. Les contacts avec le
ministère se font trop souvent uniquement à l'occasion de la
discussion des budgets qui leur sont accordés. Je pense qu'il y aurait
peut-être intérêt, autant pour le ministère, pour en
arriver à des critères et des normes, que pour ces individus,
pour améliorer leur service, à ce que le ministère
organise une espèce de mission qui, tout en étudiant de
très près les expériences, pourrait leur apporter l'aide
d'un conseil, de ce qui se passe dans d'autres régions ou de la
façon dont le ministère voudrait voir tout ça se
développer.
Je pense qu'au départ, on peut admettre que tous ces gens sont de
bonne foi, ils ne font pas cela uniquement pour faire de l'argent. D'un autre
côté, ils ne tiennent pas à s'engager financièrement
d'une façon trop importante. Tout le monde tourne un peu en rond. Ils
sont tous de bonne foi. On se dit c'est une belle expérience. On est
bien d'accord. Eux, ils se disent: On voudrait poursuivre et on ne sait pas
comment. Si le ministère organisait une mission ou une autre
équipe pour avoir un contact plus fréquent en dehors de
l'inspectorat traditionnel qui est toujours un peu négatif et qui fait
peur, si c'était beaucoup plus un groupe de conseil qu'un groupe
d'inspectorat, si l'on divisait cela entre les permis, il y aurait là un
groupe de soutien qui ferait avancer l'expérience pour qu'au fond toute
la communauté en bénéficie.
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait aux corporations sans but lucratif, ce
genre de problèmes auxquels vous faites allusion ne se pose pas d'une
façon aussi accentuée que dans le cas des institutions
privées, c'est-à-dire les institutions à but lucratif. Je
crois que l'on revient à la question que nous avons discutée cet
après-midi, dans le cas des institutions privées à but
lucratif. Au cours des années, par rapport aux institutions sans but
lucratif qui ont une existence beaucoup plus permanente, où le
problème de financement ne se pose pas de nouveau d'une année
à l'autre, le problème de ces institutions privées
à but lucratif ou le statut de ces institutions-là, dis-je, leur
place dans le réseau, devra être précisée à
un moment donné, une fois pour toutes ou au moins d'une façon
plus permanente. Le problème des permis annuels, le problème qui
se pose aux propriétaires de ces institutions face à de nouvelles
dépenses par rapport à l'incertitude dans laquelle elles sont, de
retirer des revenus pendant une période de temps pour amortir ces
dépenses, provient toujours de ce statut qui n'a jamais
été clarifié ou établi de façon
satisfaisante ou à la satisfaction de tous. Je ne parle pas uniquement
de satisfaction de tous au niveau du ministère mais également au
niveau de tous les intéressés dans le développement des
services sociaux. Je pense que peut-être le député de
Montmagny voudrait ajouter quelque chose à cette question-là. On
en a dit quelques mots cet après-midi. Mais je sais qu'il a fait le
même genre de remarques au cours de la discussion de cet
après-midi.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais traiter
globalement de la question. Je n'ai pas l'intention de revenir. Je crois que
les explications données par le ministre sont suffisantes. Je comprends
les suggestions qu'a faites le député de Montcalm afin d'assurer
aux administrateurs de ces institutions une meilleure connaissance des
possibilités du développement de leurs maisons. La suggestion
donnée vaut la peine d'être retenue, d'être
étudiée par les fonctionnaires du ministère de la
Famille et du Bien-Etre social. Etant donné que nous sommes
entrés, même si nous étions au poste budgétaire que
je suis prêt à adopter, dans le secteur institutionnel par la
question posée, je voudrais peut-être que nous traitions dans
l'ensemble le poste budgétaire 8, étant donné qu'il s'agit
des institutions.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Excusez-moi, au poste budgétaire
7, y-a-t-il d'autres questions? Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Poste budgétaire 8.
Institutions de l'enfance
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais ajouter un détail? D'ici
peu de temps nous aurons un des tomes du rapport de la commission
d'enquête qui traite justement du statut de ces institutions
privées. Evidemment, lorsqu'il sera reçu, et qu'il aura
été étudié par le gouvernement, il est à
espérer que cette question que vous soulevez pourra recevoir une
solution plus permanente et que le problème du renouvellement annuel des
permis et des problèmes qui en découlent pourra être
résolu, j'espère, à la satisfaction du plus grand nombre
d'intéressés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Poste budgétaire 8. M. le
Président, le ministre a annoncé antérieurement en Chambre
la poursuite des projets pour l'enfance exceptionnelle. Le ministre nous a
remis la liste détaillée des projets.
Il y avait actuellement en construction, ou sur le point de
l'être, 21 institutions de l'enfance, soit dans le domaine de l'enfance
délinquante ou dans le domaine de l'enfance inadaptée du point de
vue de la déficience mentale. Par contre, quant aux autres projets, il y
en avait 23; 21 se poursuivent; il y en a 23 qui ont été
reportés à l'exercice 71/72. Devons-nous conclure que, dans tous
ces cas mentionnés à la liste, les projets 71/72, il y a une
acceptation de principe certaine et que déjà on prépare
ces institutions? Ou ces corporations ont été averties et
déjà préparent la réalisation de ce programme pour
le prochain exercice?
M. CASTONGUAY: Dans le cas des institutions qui ne faisaient pas l'objet
du programme en cours, je n'ai donné aucune instruction qui puisse avoir
pour effet de retarder la réalisation de ce programme. Ce que j'ai
demandé toutefois, c'est qu'on évalue, dans toute la mesure du
possible, les implications, ou encore, les coûts d'opération
qu'entraînera la réalisation de ce programme de telle sorte qu'on
puisse, aussi bien pour ce programme que pour les autres programmes, être
en mesure de prévoir à mesure que chacun des projets sont
étudiés pour approbation, quelles seront les incidences sur le
budget et s'assurer, compte tenu des besoins qui sont extrêmement grands
et des ressources financières qui sont limitées, d'une allocation
raisonnable des ressources face aux divers types de besoins. Je n'ai
donné aucune instruction, malgré l'appellation des tableaux, ou
la description des tableaux, qui a pour effet de retarder de quelque
façon que ce soit la réalisation de ce programme.
M. CLOUTIER (Montmagny); Je voudrais souligner, à l'attention des
membres de la commission, qu'il s'agit là de programmes
extrêmement importants, et, d'ailleurs le ministre l'a reconnu
lui-même en acceptant que les constructions déjà
amorcées se continuent et que les autres qui étaient
envisagées dans une autre étape, également, soient
acceptées en principe. Cela répond à des besoins
très aigus de ce secteur de l'enfance.
Avec ces 21 constructions en cours, actuellement, et ces 23 qui sont
prévues dans une autre étape, est-ce que le ministre croit,
d'après les renseignements qu'il possède actuellement, que cela
va résoudre, dans la presque totalité, le problème des
places requises pour l'enfance?
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas si on peut faire une prévision dans
un secteur comme celui-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Très rapidement.
M. CASTONGUAY: Oui. Comme vous savez, par exemple, lorsqu'on entre dans
le domaine de la délinquance, je ne crois pas qu'il aurait
été possible de prévoir il y a cinq ans seulement quels
auraient pu être les besoins aujourd'hui, dans ce secteur. Est-ce que la
poursuite de ces programmes sera suffisante pour répondre aux besoins?
Je l'espère! Mais je ne crois pas qu'il soit possible de le dire. Tout
comme dans le domaine de la santé, vous avez dû constater le
phénomène à plusieurs reprises, souvent il semble que le
développement des ressources crée, en même temps, une
certaine demande. A cette question du député de Montmagny, tout
ce que je peux donner comme réponse, est un souhait: Oui; le
développement du programme sera suffisant, mais je ne crois pas qu'il
soit possible d'en avoir une certitude.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends, par l'argumentation que vient de
nous donner le ministre, qu'il est difficile d'établir trop à
l'avance, dans ce secteur de l'enfance, quels seront les besoins
institutionnels. Mais, de toute façon, ce sont là des
réalisations extrêmement importantes. Si on se
réfère à la liste, on voit que les 21 institutions en
construction actuellement couvrent tout le Québec. Il y a,
effectivement, des constructions dans chacune des régions et il est
prévu également que dans le
programme suivant, on complétera l'implantation de ressources
dans des régions non suffisamment pourvues.
Mais il reste que la majorité des institutions nouvelles dans la
région répondent à des besoins, alors qu'il n'y avait
aucune institution.
Il y a aussi des solutions, il y a des remplacements à effectuer.
Il y a des institutions qui sont nettement déficientes et, on en note
une à la page 78, à l'article 8, sous-article 4, le Centre
Saint-Vallier, qui fait actuellement l'objet de reportages de la part des
journalistes, de déclarations, de mises au point, de commentaires de la
part de la corporation. Evidemment, le Centre Saint-Vallier à
Montréal est une institution qui souvent, a été l'objet de
critiques, étant donné, évidemment, sa
désuétude, l'importance des réparations qu'il aurait fallu
apporter à cette institution. Franchement, je ne crois pas que cela en
valait le coût. Il serait préférable de remplacer cette
institution à court terme, par une institution neuve. D'ailleurs, je
crois que c'est au programme du ministère. Je lisais aujourd'hui ou ces
jours-ci, dans un article paru dans le Devoir, sous la signature de Mlle
Chalvin, que la corporation a déclaré que le ministère
avait accepté, en principe, il y a quinze jours, de remplacer
l'institution du Centre Saint-Vallier par une institution neuve. Est-ce que le
ministre peut confirmer cette information?
M. CASTONGUAY: Mlle Chalvin a peut-être
précédé un peu les décisions qui ont
été prises.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais que le ministre confirme
officiellement.
M. CASTONGUAY: Mais ces décisions ont été prises.
J'avais un mémoire du sous-ministre en fin de semaine, et d'ailleurs
j'ai vu cette question-là, à nouveau, hier. A plus court terme,
j'aurais aimé pouvoir apporter une solution. On a fait des recherches
quant à l'espace éventuellement disponible dans la ville de
Montréal, pouvant être utilisé à cette fin, avec un
minimum de modifications et qui, à court terme, aurait pu
répondre à ce besoin. On nous avait indiqué
l'édifice de l'ancienne cour de Bien-Etre social, et, malheureusement,
même si cet édifice semble avoir été inoccupé
assez longtemps, nous avons cru que le ministère des Travaux publics
avait signé un bail avec l'Ecole nationale de théâtre du
Canada, pour une période assez longue, et pour un montant de loyer assez
faible. Ce bail, semble être un bail qui ne peut être
touché. Nous devons poursuivre nos investigations en d'autres
directions. J'ai proposé au sous-ministre, au cours des derniers jours,
une autre solution. Etant donné qu'elle est encore un peu
hypothétique, j'aimerais autant, avec votre permission, ne pas dire
exactement de quoi il s'agit. Mais, en plus d'une solution à plus long
terme, comme celle que vous mentionnez, cette solution sera facilitée
par le développement d'un réseau, non pas seulement à
Montréal, mais dans la périphérie. J'aimerais, à
très court terme, trouver également un moyen de soulager la
pression sur cette institution qui, en plus de n'être pas conforme aux
normes, semble être également surchargée.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'autre problème qui a été
mentionné et qui n'existe pas seulement dans cette institution, c'est la
promiscuité, la pénurie de locaux d'institutions, la
rareté des places, la promiscuité entre divers groupes de jeunes
qu'on doit loger sous le même toit, des jeunes qui sont
arrêtés pour des offenses criminelles, d'autres dont les offenses
ne comportent pas ce caractère, à côté de jeunes qui
n'ont commis aucun délit. Quelques-uns sont des caractériels ou
des enfants problèmes. Je crois que le ministre est très
conscient de l'urgence du problème. Je sais qu'en pratique il n'est pas
facile de concilier toutes ces exigences et les juges de la cour du Bien-Etre
social, pour ne mentionner que ceux-là, ont indiqué à
plusieurs reprises, l'urgence de créer des institutions adéquates
ou suffisantes pour recevoir les enfants qui doivent être en
période de transition ou en période d'observation dans des
centres où ils ne seraient pas contaminés par d'autres sujets
plus endurcis.
Je sais que le ministre est conscient de tous ces problèmes et
qu'il apportera à la solution toute l'attention nécessaire.
D'ailleurs, il l'a bien indiqué en acceptant la réalisation des
projets qui avaient été amorcés et de ceux qui avaient
été envisagés pour les années à venir.
M. CASTONGUAY: J'aurais aimé vous donner un peu plus de
détails sur l'autre solution possible suggérée par M.
Marier. Il me rappelle maintenant que le docteur Mailhot, qui est directeur de
ces services, a dû s'absenter pour des raisons que vous connaissez.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, en ce qui concerne
l'enfance, je ne sais pas si d'autres membres de la commission auraient des
réflexions à faire.
M. SAINT-GERMAIN: Si vous me le permettez, M. le Président, je
voudrais ajouter, au sujet de l'enfance je ne voudrais pas descendre la
discussion au niveau des problèmes locaux que dans mon
comté, j'ai souvent essayé, avec la coopération de vos
employés du ministère, de placer des enfants. Et, malgré
leur coopération, il a souvent été difficile d'arriver
à de prompts résultats. Ce que je trouve le plus dommageable,
surtout en ce qui regarde les déficients mentaux, est qu'il y a de ces
enfants qui vivent actuellement dans des familles relativement nombreuses et
leur présence dans la famille crée des problèmes terribles
pour la mère, crée des problèmes de relations, souvent,
entre la mère
ou le père, ou cause des problèmes aux autres enfants.
Je sais pertinemment que les moyens financiers de la province sont
limités, mais il reste tout de même qu'en analysant le
problème exclusivement au point de vue économique, je crois que,
tôt ou tard, la société aura à payer pour les pots
cassés si vous me permettez cette expression par ces
enfants qui créent des problèmes insurmontables au niveau de la
famille et qu'actuellement on peut difficilement placer.
M. CASTONGUAY: Je ne voudrais pas prolonger la discussion, parce qu'on
me dit que l'article est adopté. Je voudrais simplement souligner ici
qu'il s'agit d'un problème extrêmement difficile. Il ne s'agit pas
uniquement de construire, il s'agit de construire au bon endroit, il s'agit de
construire selon les besoins, il s'agit d'avoir le personnel, un personnel
suffisamment motivé, parce que la garde de ces enfants n'est pas
toujours facile.
Il y a aussi un autre phénomène qui s'est produit au cours
des dernières années. On a parlé de l'accroissement de la
délinquance. On a un autre phénomène. Dans le
passé, des enfants déficients mentaux profondément
affectés ne survivaient que pour une période assez limitée
après leur naissance. Aujourd'hui, avec le développement des
antibiotiques, ils peuvent vivre jusqu'à un âge beaucoup plus
avancé. Encore là, un nouveau besoin s'est créé, et
ce besoin s'accentue toujours. C'est pourquoi, lorsque le député
de Montmagny me demandait si la poursuite du programme de cette année et
celui de l'an prochain seraient suffisants pour répondre à la
demande, il me paraissait impossible d'apporter une réponse affirmative.
C'est ce genre de problèmes auxquels on doit faire face. Ce sont des
problèmes qui sont assez difficiles à résoudre parce que,
justement, on fait affaires avec des vies humaines, et on est dans un domaine
en pleine évolution. Les nouveaux facteurs qui modifient la situation
sont bien souvent imprévisibles à court terme.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous sommes maintenant
prêts à aborder la question du bien-être des personnes
âgées, des ressources institutionnelles...
M. CASTONGUAY: Est-ce que l'on étudie le poste 9?
M. CLOUTIER (Montmagny): Le poste 9 est adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Si je comprends bien, les postes 8 et 9
sont adoptés. Poste 10: Bien-être des personnes âgées
et autres adultes.
Bien-être des personnes
âgées
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, comme pour les
ressources institutionnelles de l'enfance, le ministre nous a donné des
listes détaillées des projets du programme d'implantation de
ressources pour les personnes âgées. Il y avait trois listes: la
première, celle des projets dont la réalisation se poursuit
actuellement, et il y en a 72; il y a une troisième liste qui comprend
des projets prioritaires pour le programme de cette année, le programme
70/71, et il y en a 35; 107 projets ont donc été retenus. Quant
à la deuxième liste, il s'agit de projets reportés mais,
sans autre indication, et il y en avait 64.
Alors nous avons la liste détaillée de tous ces projets.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, de faire l'étude de
chacun de ces projets, mais, je voudrais que dans le cadre de cette discussion,
le ministre revienne sur ses déclarations antérieures et qu'il
nous les précise, pour les fins de la discussion, de sorte que chacun
pourra soulever des cas particuliers et pourra voir si chacun des projets
s'insère à l'intérieur des nouvelles normes que le
ministre a énoncées, en collaboration avec ses
fonctionnaires.
En ce qui concerne les projets qui se continuent, je n'ai pas de
question précise à poser. Quant au programme 70/71, j'imagine que
le ministre s'est inspiré de certaines normes, de certains
critères qui lui ont permis de retenir un projet plutôt qu'un
autre. J'aimerais que le ministre commente cette liste de projets
acceptés pour 70/71. Quant aux projets retardés, nous en ferons
une autre discussion.
M. CASTONGUAY: On doit d'abord mentionner dans cette question que la
préoccupation primordiale du ministre ne portait pas uniquement sur les
coûts de construction mais sur les coûts d'opération ou les
montants de pension, tel qu'on l'indique ici dans les crédits,
crédits qui ont donné lieu à cette révision des
projets. Si on regarde les crédits au poste 10, article 2, on voit qu'en
69/70, un montant de $18,758,900 était prévu, qu'en 70/71, ce
montant, dans les crédit initiaux, c'est-à-dire les
crédits à couverture bleue, était de $33,345,000 et
qu'après les ajustements provenant des effets des conventions
collectives, ce montant a été porté à $37,745,900.
On constate donc qu'entre 69/70 et 70/71 ce montant a doublé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant que le ministre n'aille plus loin. Est-ce
que le montant réel pour 69/70 est bien de $18,700,000 ou y a-t-il eu un
dépassement à cet article?
M. CASTONGUAY; Le montant réel de dépenses a
été de $18,753,490 en regard de $18,758,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. CASTONGUAY: II semble bien que, s'il a été atteint l'an
dernier, il a de fortes chances de l'être cette année aussi. Cela
a été un des premiers facteurs. A partir de cette constatation de
l'augmentation extrêmement rapide des coûts d'opération, et
le désir de développer d'autres services qui pourraient
empêcher ou retarder le placement en foyer de personnes, nous avons
songé à la nécessité éventuelle de
crédits dans l'avenir, à cette fin-là. Je veux demander au
sous-ministre et au directeur de la planification et de la recherche, M.
Beausoleil, qu'on développe un critère aussi objectif que
possible pour la révision du programme. Le critère qui a
été développé est le suivant: on a pris par
comté, par région, et on a débordé les lignes de
comté parce que, bien souvent, les pôles d'attraction ne se font
pas selon des lignes de comté.
Le critère a été que l'on prévoie pour les
besoins dans les régions, sans définir plus
précisément quelles sont les régions, des ressources d'un
lit par dix personnes, âgées de 65 ans et plus, dans ce type
d'institutions. A partir des données existantes, le nombre de places a
été déterminé et on a comparé, d'une part,
les ressources existantes, tenant compte du fait que, dans certains cas, les
ressources sont désuètes comme vous l'avez
mentionné, certaines institutions ne sont plus adéquates, pour
diverses raisons, au point de vue sécuritaire, par exemple et
c'est l'écart qu'il s'agissait de combler entre la norme établie
et les ressources qui existaient. On a introduit le programme pour faire la
comparaison. Dans certains cas, on s'est rendu compte que cette norme
était amplement dépassée. Dans certains de ces cas on nous
a dit d'ailleurs que les foyers n'étaient pas remplis, même
qu'à certains endroits, une certaine forme de recrutement se faisait
pour que les foyers soient remplis.
La norme a semblé assez juste. On a tenu compte aussi, dans bien
des cas, de la distance entre les localités et on n'a donc pas
utilisé cette norme de façon trop rigide, de telle sorte que,
dans les cas où les distances étaient trop grandes, on ne
pénalise pas, par l'application d'une norme rigide, une population
quelque peu isolée. Enfin dans les cas où, selon les
donnés qua nous avions, selon les dossiers disponibles, la construction
va commencer et compte tenu du fait qu'il pouvait y avoir eu des contributions
au niveau des communautés locales, que des terrains avaient pu
être achetés ou donnés, nous n'avons pas voulu
arrêter les constructions. Nous avons toutefois demandé à
un groupe de fonctionnaires du ministère d'aller rencontrer les
responsables des corporations lorsque les normes établies semblaient
être dépassées par une assez bonne marge, afin qu 'ils
discutent avec les membres de ces corporations d'orientations possibles
différentes pour Ces institutions. Cette mission n'est pas tellement
avancée dans son travail, si je comprends bien. La dernière fois
que j'ai demandé s'il y avait des résultats concrets qui en
ressortaient, la réponse a été négative. On n'avait
pas encore pu amorcer ou poursuivre des discussions suffisamment loin pour nous
dire si, dans certains cas, les projets pourraient être
réaffectés à d'autres fins, par exemple, pour des besoins
dans le domaine de l'enfance, peut-être au plan d'ateliers
protégés, ou encore au niveau des malades chroniques, des
convalescents, etc.
De façon générale, c'est ainsi que nous avons
procédé. J'ai discuté chacun des cas avec les
fonctionnaires du ministère et, dans chacun des cas où des
décisions ont été prises, s'il y avait eu des objections
formulées de la part des fonctionnaires, je les aurais
écoutées. Tous les cas qui ont été discutés,
l'ont été collectivement, c'est-à-dire en présence
du groupe qui a travaillé à ces dossiers. Il y a eu
unanimité dans toutes les décisions qui ont été
prises.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a parlé d'un comité
spécial chargé d'étudier chacun des projets de cette
mission qui ira rencontrer toutes les corporations pour discuter du changement
de vocation possible d'une institution, là où il semble bien que
le projet dépasse les normes. La mission est actuellement au
début de ses travaux, elle n'a pas fait de rapport définitif,
mais je crois qu'il y a là réellement un travail d'approche
extrêmement délicat, extrêmement important de la part de
cette mission. Le ministre le sait, il l'a dit d'ailleurs dans sa
correspondance qu'il adresse au président des corporations où il
mentionne le fait qu'il y a une participation locale extrêmement
importante et qui traduit véritablement le dynamisme des gens du
milieu.
Il ne faudrait pas tarir cette source de participation. Il est
extrêmement important dans un domaine où la population a pris une
partie des responsabilités du point de vue financier. L'effort qui est
demandé aux communautés locales est important, compte tenu de
l'économie de la région, compte tenu des possibilités des
gens de souscrire.
Il y a aussi ce bénévolat de la part des gens, des
corporations, qui prennent un projet au tout début et qui le
mènent à son terme en sacrifiant bien des heures pour poursuivre
toutes les étapes et pour parachever les programmes. C'est un
élément dont il faut tenir compte et on retrouve ce même
élément de dynamisme dans le secteur de l'enfance où les
corporations et aussi les gens du milieu prennent conscience des besoins et
s'attaquent à la besogne de réaliser des programmes.
Il y a là, réellement, un élément
extrêmement important et je sais que le ministère, que le ministre
et ses fonctionnaires en tiendront compte, dans cet examen de chacun des
projets de cette dimension spéciale.
M. CASTONGUAY: Sur ce commentaire du député de Montmagny,
je dois ajouter justement que j'ai fait bien attention, lorsque cette
idée d'une mission qu'il avait discutée avec les membres de
diverses corporations a été précisée, que son but
n'était pas d'aller rencontrer les corporations et de leur imposer une
nouvelle orientation, mais plutôt de discuter avec eux. J'espère
que l'on pourra atteindre certains résultats. Par contre, si on ne veut
pas changer la mission, l'orientation originale, qu'on y tient fortement,
malgré l'existence d'autres besoins qui seraient beaucoup plus urgents,
je crois que, selon surtout le stade de construction assez avancée de
certains projets, on devra se plier à ces désirs de ceux qui ont
participé à leur élaboration.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la mission va aussi rencontrer des
corporations qui s'occupent de projets qui sont déjà en
construction, pour en changer la vocation?
M. CASTONGUAY: C'étaient plutôt des projets
déjà en construction.
M. CLOUTIER (Montmagny): Déjà en construction. J'avais mal
interprété les paroles du ministre. Je croyais que c'était
pour les 64 projets de construction qui avaient été
reportés.
M. CASTONGUAY: Dans le cas des 64 projets qui ont été
reportés, nous avions tenu pour acquis, au moment où ces
décisions avaient été prises, que dans aucun de ces cas,
des contributions avaient pu être faites ou encore des terrains
donnés. Est-ce qu'il s'agit là du type de relations
établies entre le ministère de la Famille et du Bien-Etre et la
Société d'habitation du Québec? De la façon dont
les dossiers étaient tenus au ministère, nous avons appris, par
la suite, que dans certains cas des dépenses avaient été
effectuées, des contributions avaient été versées.
Dans ces cas, nous réévaluons ces questions. Au moment où
les décisions ont été prises, au sujet des 64 projets, on
m'a dit que dans aucun de ces cas, il n'y a eu don de terrains ou contributions
en argent ou dépenses effectuées. Est-ce dû au type de
relations avec la Société d'habitation du Québec qui ne
permettait pas que ces renseignements soient disponibles pour nous, ou la tenue
des dossiers au ministère? Je n'ai pas examiné la question. A
mesure qu'on nous a fait part que, dans certains projets, tel n'était
pas le cas, j'ai demandé que l'on rouvre l'étude de ces
dossiers.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les renseignements qu'a obtenus le ministre par
la suite sont bien exacts. Au sujet de ces 64 projets reportés, il y a
effectivement des projets qui ont franchi plusieurs étapes. Le ministre
a mentionné l'achat de terrains. Il y a eu des étapes
préliminaires, formation de corporations et ainsi de suite.
Il y a eu achat de terrains, il y a des souscriptions qui sont
complétées. En feuilletant la liste, il me revient à
l'idée certains projets où je sais pertinemment que la
corporation a effectué toute la souscription requise et je pourrais
citer un cas dans une paroisse, que je connais bien, où, dans un
après-midi, on a fait souscrire $33,000 en vue d'un projet pour
personnes âgées. La majorité de ces fonds est entrée
dans les coffres de la corporation.
Le terrain a été visité. La Société
d'habitation du Québec l'a accepté. Avant que le ministre ne
prenne une décision définitive sur tous ces 64 projets et
je reviens à l'argumentation de tout à l'heure je crois
bien qu'il est important, étant donné qu'il y a une participation
importante des gens du milieu, que cette opération ne retarde pas. Je
pense qu'il y a là une priorité. Il ne faut pas indisposer ces
gens qui, dans ce secteur comme dans d'autres secteurs, sont disposés
à apporter une contribution au règlement des problèmes
sociaux. On pourrait reprendre ce n'est pas mon intention ce soir
des cas particuliers dans les comtés voisins et qui me sont
peut-être un peu plus familiers. Je prends donc un exemple, en tête
de liste, celui du Foyer de Saint-Charles-de-Bellechasse le
député de Bellechasse est ici. C'est un projet très
avancé et qui en est rendu à la phase presque terminale. On
était arrivé au moment des soumissions ou presque; or, il est sur
la liste des projets reportés. C'est un exemple que je donne pour bien
prouver au ministre que, réellement, cela crée un problème
extrêment difficile chez les gens du milieu, qui, à ce
moment-là, remettent en cause toute leur participation à des
politiques gouvernementales. Ils ont l'impression que leur contribution n'est
pas appréciée, que les étapes qu'ils ont franchies l'ont
peut-être été prématurément ou ne l'ont pas
été de la bonne façon. C'est l'argumentation à
laquelle je voudrais sensibiliser le ministre ce soir, afin que cette mission
se penche en priorité sur chacun de ces cas pour obtenir d'abord un
dossier complet. Quant aux gestes qui ont été posés, aux
étapes qui ont été franchies, à la contribution qui
a été versée, je crois bien que le ministre devrait le
plus tôt possible faire une autre déclaration sur la politique
globale d'implantation.
M. CASTONGUAY: La dernière fois, lorsque j'ai appris que les
dossiers du ministère ne contenaient pas l'information suffisante qui
aurait permis de tout évaluer c'est le cas, avec ces nouvelles
données sur les contributions qui avaient pu être faites
j'en ai parlé au sous-ministre. Je crois que c'est la semaine
dernière ou il y a deux semaines. Il m'a dit qu'un questionnaire avait
été rédigé en collaboration avec les officiers de
la Société d'habitation du Québec et que ce questionnaire
devait être envoyé aux diverses corporations de telle sorte que
l'on ait les données nécessaires pour pren-
dre les décisions qui s'imposent, données que nous ne
possédons pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je m'excuse, M. le Président,
j'achève mes remarques là-dessus. Il est compréhensible
que les dossiers du ministère ne contiennent pas tous les renseignements
au sujet de la souscription, parce que, normalement, la souscription peut se
faire à l'étape terminale, car, en fait, c'est pour financer
l'ameublement et l'équipement. C'est pour cela que le ministre a raison
de mentionner que peut-être les dossiers du ministère ne sont pas
complets, étant donné que ce n'est pas une étape
préliminaire.
M. CASTONGUAY: M. Marier pourrait peut-être ajouter quelques mots
sur la question de l'envoi des questionnaires.
M. MARIER: M. le Président, des mesures ont été
prises de façon à compléter les renseignements qui
n'apparaissaient pas aux dossiers. Le docteur Mailhot ne m'a cependant pas
encore fait parvenir le résultat de ces compilations de questionnaires
et je dois vous rapporter progrès.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Vous allez m'excuser, mais il y a
déjà deux députés qui attendent depuis longtemps.
Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, relativement au coût de
la pension, qui a doublé, il y a tout de même des
éléments qui m'ont toujours surpris. Nous avons tous
constaté que les pensionnaires, les personnes âgées sont
considérés comme des personnes inaptes, du moins, à
prendre une part active à la vie de la maison où ils habitent.
Beaucoup de ces vieillards sont considérés comme étant
capables de prendre soin de leur propre personne, mais on considère de
fait chacun des pensionnaires comme étant absolument impuissant à
aider à la régie interne de ces maisons.
Il y a beaucoup de gens âgés de 65 ans et plus, qui
pourraient très facilement collaborer à l'entretien des
bâtisses, qui pourraient facilement aider à la cuisine, à
l'entretien extérieur des parterres, il y a beaucoup de ces
pensionnés qui, de toute leur vie, ont travaillé dans le domaine
de la construction, qui pourraient faire des travaux d'entretien, de plomberie,
de peinture, etc. Et je me demande comment il se fait que l'on ne fasse pas
appel à la collaboration des pensionnés, d'autant plus que,
humainement parlant, j'ai bien l'impression qu'il est tout à fait
pénible pour ces gens qui ont été sans doute très
actifs, de se voir réduits à une vie passive. Ils ont beau
regarder la télévision, jouer aux cartes ou essayer d'occuper
leur temps d'une façon ou d'une autre, ils se sentent humainement
diminués.
Je me suis toujours demandé pour quelle raison on ne pouvait pas
occuper ces personnes, un minimum d'heures par jour, et même si on devait
les rémunérer, elles pourraient du même coup, diminuer leur
coût de pension, elles seraient plus humainement traitées et plus
heureuses parce qu'elles se sentiraient valorisées. Beaucoup de ces
personnes ont conservé toutes leurs possibilités et leurs
facultés intellectuellles. Elles pourraient même participer
à la régie de ces maisons. Ce qui, par le fait même,
concourrait à la décentralisation de l'administration et j'ai
bien l'impression que cela pourrait diminuer, d'une façon très
considérable, les coûts de pension. Je me demande si le
ministère a pensé à cette politique et si on
considère que cette politique pourrait réduire les coûts
d'administration de ces maisons.
M. CASTONGUAY: Il y a un commentaire que je voudrais faire, M. Marier,
le sous-ministre, pourrait peut-être compléter. C'est une
idée qui est extrêmement intéressante non pas seulement au
plan des coûts, mais également, au plan du comportement des
individus en cause. On peut, d'après la formule actuelle de financement
et de charges qui sont faites aux patients, voire certains problèmes,
étant donné que lorsqu'une personne a des revenus elle paie sa
pleine pension et que si elle n'en a pas, sa pension est payée à
même les prestations d'assistance et là, il y a toutes les
répartitions possibles entre les deux. Il ne faudrait pas non plus qu'il
s'exerce des formes de discrimination à l'intérieur de ces
foyers, mais, c'est une question de modalités. Comme principe ou comme
idée générale, c'est une idée qui m'apparaît
intéressante et qui mérite d'être analysée.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, il y a une chose que je voudrais
mentionner sans vouloir déplaire. Il semble assez difficile d'obtenir la
parole. Il est peut-être possible que dans le passé, le
député de Saint-Sauveur, l'ancien député, ait pu
parlé ou en Chambre ou lors des commissions. Cependant, cela est un peu
changé maintenant et j'apprécierais pouvoir dire quelque chose ou
trouver l'occasion de poser une question.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je voudrais rappeler au
député de Saint-Sauveur que je n'ai aucun
préjugé...
M. BOIS: Non, je comprends.
M. LE PRESIDENT (Bossé): ... pour la bonne raison que je
n'étais pas là moi-même.
M. BOIS: Moi non plus d'ailleurs. Je n'aime pas interrompre un orateur,
mais, quand je
demande la parole, une fois de temps à autre,
j'apprécierais l'avoir.
Il y a une chose que je voudrais demander à l'honorable ministre
de la Santé. Dans la construction des foyers pour personnes
âgées établissez-vous une allocation qui est basée
sur le coût, y compris les terrains, ou si vous faites une allocation per
annum, après, en tenant compte de l'administration interne de ces
foyers-là?
M. CASTONGUAY: Le per diem qui est établi en gros et si
vous voulez qu'on aille plus loin dans le détail, je pourrai demander
à un des officiers du ministère de vous donner plus de
détails tient compte de tous les frais de fonctionnement. Comme
ces foyers sont financés généralement par voie
d'hypothèques remboursables, il y a des frais d'opération
couvrant le personnel, l'équipement, l'alimentation, etc., plus les
frais inhérents à l'édifice même.
Et c'est à partir de ces frais que le per diem est établi,
c'est à partir de la capacité financière des individus que
les montants que, eux, paient, soit en totalité ou une partie, de ce per
diem, ou, s'ils n'ont aucun moyen, aucun paiement. Alors, on me dit ici, que
pour un per diem de $8, la répartition sera à peu près la
suivante: le service de la dette, le remboursement de l'hypothèque plus
ses intérêts, environ 25 p.c; l'alimentation, environ 12.5 p.c.
comme répartition.
M. BOIS: Une question additionnelle, M. le ministre, dans un cas comme
celui-là, on mentionnait le cas d'un foyer près de Québec
où on demandait à un club social et à diverses
organisations charitables de fournir tout l'ameublement à
l'intérieur. Alors, est-il exact que votre ministère ne fournisse
aucune allocation spécifique pour ce qui concerne l'ameublement?
M. CASTONGUAY: C'est dans la capitalisation du projet. Je ne crois pas
que cela soit une politique. Ce serait nouveau pour moi de l'apprendre. Si un
club le fournit, évidemment cela réduit les coûts. Je vais
demander, pour plus de précisions, soit au sous-ministre, soit à
un des officiers du ministère de donner plus de détails.
M. MARIER: M. le Président, si c'est un programme qui a fait
appel à la responsabilité des communautés locales, au tout
début de son organisation, nous avions du crédit
hypothécaire disponible pour inclure 90 p.c. de la valeur de la maison.
Il restait à la corporation à payer, en plus de ce 10 p.c, un
certain nombre de frais, y compris l'ameublement. Depuis l'organisation de la
Société d'habitation, les prêts hypothécaires ont
été prolongés dans leur relation avec la valeur de la
maison, jusqu'à 100 p.c, de sorte qu'il reste à payer
l'ameublement. C'est la contribution que l'on sollicite des corporations
locales, la sorte de participation que l'on demande en plus du
bénévolat des corporations aux communautés
locales.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Est-ce que cela répond à
votre question? Au tour du député de Bellechasse.
M. LOUBIER: M. le Président, je tiens tout d'abord, sans aucune
animosité, à dire au député de Saint-Sauveur actuel
que son prédécesseur était un député qui a
laissé la marque d'un homme de devoir, d'un homme dévoué,
et d'un homme extrêmement intègre. Ce n'était
peut-être pas le plus grand "placoteux" de la Chambre, mais
c'était un homme qui, par sa gentilhommerie, etc. a laissé un
souvenir inoubliable. Je souhaite qu'à la fin de sa carrière il
puisse laisser le même souvenir que son prédécesseur. Ceci
étant dit, M. le Président...
M. BOIS: Je ne l'ai pas accusé au point de vue moral, monsieur,
je m'excuse.
M. LOUBIER: M. le Président, ceci étant dit, j'aurais deux
questions précises à poser au ministre de la Santé
concernant, d'abord, au sujet du foyer qui a été mentionné
tout à l'heure par le député de Montmagny, et une autre,
au sujet de celui de Saint-Vallier.
En ce qui concerne celui de Saint-Charles, j'en ai déjà
dit un mot au ministre de la Santé qui a manifesté de la
compréhension. Il m'a également fait part qu'il ne
possédait pas certains renseignements que je lui avais donnés, ce
qui expliquait peut-être l'attitude un peu radicale qui avait
été prise au lendemain du jour dont le ministre se souvient d'une
façon glorieuse. Quant au Foyer de Saint-Charles, en particulier, la
souscription est faite depuis au-delà d'un an, la localisation du
terrain, il y a eu également des négociations pour l'acquisition
d'un terrain additionnel, les plans ont été tracés par
l'architecte, les soumissions ont été demandées, et
n'eussent été certains inconvénients ou certaines
contradictions entre les plans et le prix des soumissions, ce qui a fait
qu'à ce moment là, on hésitait à le donner,
étant donné le surplus que cela représentait le
Foyer serait déjà réalisé.
Ce que je voudrais savoir, pour ce foyer et pour celui de Saint-Vallier,
où toutes les procédures préliminaires et toutes les
conditions préalables ont été également
respectées, c'est, d'une façon plus précise, quand les
questionnaires leur seront parvenus.
Je dis, en toute déférence, et sans vouloir lancer une
flèche à qui que ce soit, que j'ai été surpris tout
à l'heure d'entendre un fonctionnaire dire que ces questionnaires
étaient aux fins d'avoir certains détails qui semblaient manquer
et qui devenaient essentiels. M. le
Président, dans le cas du foyer Saint-Charles, je me demande
quels détails essentiels cela prend, puisqu'on en était rendu aux
soumissions, puisque tout avait été ratifié et
accepté à toutes les phases de la procédure tant par les
fonctionnaires du ministère que par les représentants du
ministère des Affaires municipales, ceux de la Société
centrale d'hypothèques et de logement, etc.
Dans ce cas, je n'impute aucune mauvaise foi au ministre, étant
donné que, lorsque je lui en ai parlé, à la
première occasion, il m'a dit: Je ne possédais pas ces
renseignements et je fais faire une étude sur les cas cités. Or,
dans les deux cas, quand ces gens pourraient-ils savoir exactement s'ils
peuvent oui ou non continuer? Surtout dans le cas de Saint-Charles, cela
devient drôlement alarmant, puisque cela fait un an et demi que tout est
en marche. Dans le cas de Saint-Vallier, c'est un peu le même
phénomène, même si c'était moins avancé.
M. CASTONGUAY: Quant au problème du manque d'information dans les
dossiers au niveau du ministère, je demanderais à M. Marier de
commenter cette question. Il s'agit d'un fait qui ne provient pas du
présent gouvernement, mais d'une situation qui existait avant, je n'ai
aucun renseignement autre que ceux que j'ai transmis sur cette question.
Quant à l'étude de ces divers dossiers par les
fonctionnaires avant la formation du présent gouvernement et de leur
participation aux décisions, au développement de normes, il
serait peut-être bon aussi que M. Marier commente cette question,
étant donné que je ne peux commenter des faits antérieurs
à la formation du présent gouvernement.
Je voudrais simplement donner ici un exemple étant
donné qu'on cite un cas précis, celui des foyers de Saint-Charles
et Saint-Vallier de la difficulté du problème. Pour
l'ensemble de la province, le nombre de lits par mille personnes de 65 ans et
plus est de 45, 45 lits pour l'ensemble de la province. Pour la région
de Québec, dans laquelle on englobe le comté de Bellechasse, ce
nombre est de 73 lits par mille personnes de 65 ans et plus. J'ai
mentionné, tout à l'heure, que la norme que nous avions
utilisée était de 10 par mille ou un pour cent.
Dans le cas plus spécifique du comté de Bellechasse, selon
les données du ministère, il y aurait 219 lits, donc trois fois
plus que pour l'ensemble de la région de Québec, avant la
réalisation du foyer d'Armagh, qui prévoyait 35 lits, celui de
Saint-Vallier, 35, et celui de Saint-Charles, 44. Donc, si on additionne tous
ces lits, on en arriverait à un nombre total, d'après le document
que j'ai ici, d'environ 290. Vous voyez ce que nous avons essayé de
faire dans les décisions que nous avons prises. Je vous ai
mentionné qu'au moment où elles ont été prises,
c'était en se basant sur le fait que, dans un cas comme Saint-Charles,
il n'y avait aucune contribution de la localité. Il nous apparaissait
bien évident qu'il nous fallait déplacer l'accent, non pas de ce
comté ou de cette région, où on dépassait par
à peu près trois fois les ressources pour l'ensemble de la
région, mais sur d'autres régions.
Je vois ici, par exemple, certains cas on a 29 lits par mille personnes
de 65 ans et plus, alors que, dans le cas de Bellechasse, on est rendu à
219, selon les donnés ici. C'est ce genre d'équilibre que nous
avons voulu viser. Je mentionne ces chiffres pour indiquer la difficulté
des décisions que nous avons eues à prendre et la
nécessité d'établir un certain équilibre.
Quant aux deux autres questions, je vais demander à M. Marier de
les commenter s'il lui plaît.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Avant de procéder pourrait-on
permettre au député de Montmagny de parler sur le même
sujet?
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant que M. Marier n'ajoute quelque chose sur
les deux autres sujets, je voudrais faire un commentaire sur les observations
que vient de faire le ministre. Dans les statistiques qui nous sont
données, évidemment, il faut faire attention à un point
particulier que j'ai constaté souvent, c'est qu'on tient compte des
institutions existantes. Et il arrive que, pour le comté de Bellechasse,
dans ces statistiques que l'on donne, on compte le foyer Saint-Bernard à
Saint-Damien. C'est une vieille institution, une institution
désuète et dangereuse. C'est une institution, si mon souvenir est
fidèle, de 185 lits, ou enfin c'est un chiffre assez important. Alors il
faut tenir compte de ça. J'ai constaté également, dans
l'analyse de ces statistiques que je faisais régulièrement,
qu'à certains moments il y a des institutions privées qui sont
comptées dans les rapports que l'on nous donne comme hébergeant
des personnes âgées, alors qu'elles ont été
converties déjà en foyers pour des anciens patients
psychiatriques. Alors c'est le cas à Saint-Vallier-de-Bellechasse
où il y a une maison qui est comptabilisée dans les rapports du
ministère comme hébergeant des personnes âgées alors
qu'il y a là des anciens patients psychiatriques, ce sont des petits
foyers. Il faut en tenir compte. Je ne sais pas jusqu'à quel point on en
a tenu compte dans les statistiques globales, mais dans l'analyse comté
par comté, étant donné que c'est un comté qui est
voisin et que je connais bien, je connais ces faits qui nous aident à
porter un jugement plus exact sur la situation.
Et ça se reproduit à bien des endroits dans le
Québec. Parce qu'il y a eu ces dernières années
l'ouverture de plusieurs foyers pour dégager les grands hôpitaux
psychiatriques. Des institutions qui détiennent des permis du
ministère de la Famille et du Bien-être pour loger des personnes
âgées ont été converties pour les anciens
patients psychiatriques. Il faut aussi tenir compte évidemment
des institutions qui sont absolument désuètes. Quant il y avait
accord de principe concernant l'acceptation des institutions nouvelles, on
regardait toujours dans quelles conditions était l'institution
existante. Alors, dans certains cas, il est préférable de faire
le transfert pour toutes sortes de raisons et surtout étant donné
que l'on connaît la situation dangereuse que peuvent offrir certaines
maisons. Ce sont les remarques que je voulais faire avant que M. Marier
n'intervienne.
M. CASTONGUAY: Si vous le permettez, voici juste un petit commentaire.
Lors de la révision nous avons les fonctionnaires du
ministère, entre autres M. Hébert qui a visité un grand
nombre de ces institutions, étaient présents on a tenu
compte des institutions, des ressources actuelles et chaque fois, si les
renseignements étaient disponibles, chaque fois l'état de ces
ressources était mentionné, à savoir si c'étaient
des ressources adéquates, satisfaisantes oui ou non. Je ne dis pas qu'on
n'a pas erré dans certains cas mais c'était une des dimensions de
la question dont nous avons voulu tenir compte tout au long de cette
révision. J'avoue que peut-être on a pu faire erreur dans certains
cas.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Nous allons maintenant permettre au
sous-ministre Marier de répondre.
M. MARIER: M. le Président, peut-être que j'ai mal compris
la question. M. le député de Bellechasse m'a semblé dire:
Comment ces renseignements-là avaient-ils pu ne pas être au
dossier? Alors il faut vous dire que les dossiers du service des personnes
âgées, section du développement des ressources,
étaient divisés en deux: une partie du dossier dans les services
et une partie du dossier au cabinet du ministre. Au moment du transfert des
pouvoirs d'un gouvernement à l'autre, il a été difficile
de réunir l'ensemble des dossiers et l'ensemble des renseignements; et
il est possible que les dossiers aient été incomplets ou que nous
ayons été dans l'impossibilité de donner les
renseignements qui pouvaient être au dossier mais pas recueillables
facilement. Est-ce que j'ai répondu à la question?
M. LE PRESIDENT (Bossé): Est-ce que cette réponse
satisfait à la question du député de Bellechasse?
M. LOUBIER: A demi, M. le Président. Ma question allait un peu
plus loin que ça dans sa précision. Je signalais le cas de
Saint-Charles où c'était rendu à la construction, au
béton. Or, à ce moment-là, ça voulait dire que
souscriptions, terrain, plans, demandes de soumissions, tout avait
été complété.
Je sais que les fonctionnaires de quelque ministère que ce soit
ont rempli leur devoir très honnêtement, à tous les paliers
et je présume que toutes les conditions ont été remplies
une à une dans l'acheminement de ce dossier de A à Z,
c'était rendu à la construction en pierre.
Vous comprendrez un peu ma surprise de me faire répondre qu'il
manquait certains renseignements, quand c'est rendu au béton. Je suppose
que toutes les conditions avaient été respectées. Dans le
cas de Saint-Vallier, je le disais au ministre, j'admets que le dossier
était moins avancé; mais dans celui de Saint-Charles, les bras
m'en tombent quand on me dit qu'il manquait certains renseignements, alors que
tout était complété et comme je l'ai dit tout à
l'heure, n'eussent été certains embêtements techniques ou
autres, cela serait déjà construit.
M. CASTONGUAY: Pourriez-vous commenter cela?
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de Montcalm
avait demandé la parole.
M. LOUBIER: J'aimerais qu'on réponde à ma question, vous
me demandez si j'étais satisfait. J'ai dit à demi. Je voudrais
être complètement satisfait.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a peut-être d'autres renseignements
que je voudrais ajouter. Evidemment, il s'agissait d'un programme qui
était partagé entre deux ministères: la
Société d'habitation qui relève du ministère des
Affaires municipales et qui s'occupe de la partie technique; et une autre
partie qui relève du ministère de la Famille: l'acceptation du
principe, la reconnaissance du besoin et évidemment une surveillance
moins directe sur la construction elle-même, puisque ça relevait
de la Société d'habitation, et une surveillance plus directe sur
l'effort des communautés locales.
Il a pu arriver dans certains dossiers que la souscription n'ait
été effectuée qu'en dernier. Et au moment où la
corporation nous demande une subvention, au ministère de la Famille,
pour compléter l'effort du milieu nous examinons qu'elle est
l'importance de la contribution qui est faite dans le milieu local. Si la
contribution ne nous apparaissait pas avoir répondu à toutes les
exigences ou si on ne semblait pas avoir fourni tout l'effort que l'on pouvait
fournir dans la localité et parmi les gens du milieu, on redemandait un
effort supplémentaire.
Il a pu arriver et il arrive dans certains cas c'est pour
ça que j'ai mentionné au ministre tout à l'heure et le
député de Bellechasse revient sur cette question que les
projets qui ont été reportés aient été
très avancés. A première vue, on a décelé
des cas comme ça et on pourrait en mentionner d'autres. Il y a des
députés qui sont ici, qui pourraient mentionner
des cas particuliers dans chacun des comtés, où il semble
bien que le projet était très avancé, que la souscription
était en partie complétée ou en voie de l'être.
Certains de ces projets, comme celui dont on parle, celui de Saint-Charles et
d'autres, peut-être dans les 64 projets qui ont été
reportés, en étaient à la phase finale de l'acceptation
des plans ou de la demande de soumissions. C'est pour ça que j'ai
mentionné au ministre qu'il serait extrêmement important que
priorité soit donnée à la revision de cette liste de
projets reportés, afin qu'il n'y ait pas d'injustice de commise à
l'endroit de la population. D'abord parce qu'il y a des besoins à
satisfaire et, ensuite, parce qu'il y a un effort extrêmement important
fourni par les gens du milieu.
Je crois que c'est le sentiment général qui se
dégage de cette discussion, à l'effet qu'on ne tienne pas pour
acquis, pour ces 64 projets, qu'il y a une décision définitive de
rendue, mais que les corporations soient averties, que l'on complète,
que l'on s'occupe de compléter le plus rapidement possible les dossiers,
les renseignements nécessaires afin de porter un autre jugement.
Cela m'amène à une autre considération. C'est que,
dans la première liste, celle dont les projets ont été
acceptés et se continuent, il y en a 72 il arrive aussi
qu'il y a des institutions qui sont terminées, qui sont sur le point
d'ouvrir. Je voudrais également que le ministre revise cette
liste-là. A ce moment-là, il y a des institutions qui se
demandent à quel moment elles vont pouvoir ouvrir, s'il y a des
discussions d'engagées, à savoir si l'on va changer la vocation
de l'institution.
J'ai ici une copie de lettre que le ministre a envoyée au
président une lettre type de la corporation, dans laquelle
il mentionne la possibilité d'étudier une vocation nouvelle pour
l'institution. L'institution est prête à fonctionner. Dans ces
cas-là comme dans les cas mentionnés précédemment,
il ne faudrait pas qu'il y ait de retard ; il y a une sélection qui
devrait être faite des projets qui sont terminés, des institutions
qui sont prêtes à ouvrir afin qu'il n'y ait pas vis-à-vis
de la population de retard d'ouverture. On se pose des questions, on se demande
pourquoi un édifice qui est prêt à fonctionner n'ouvre pas
ses portes. Il y a des demandes et il y a des retards apportés au
fonctionnement de cette institution.
Ce sont des points que je voulais mentionner. Il y a un autre point que
je voudrais souligner, soit une explication possible sur le manque de
renseignements. C'est que, dans le service des personnes âgées, il
y a eu des départs chez les principaux hauts fonctionnaires du
ministère et eux aussi avaient des dossiers et des renseignements. Il y
a eu M. Ramsay qui était directeur adjoint de la section des personnes
âgées, qui a accepté une fonction dans l'entreprise
privée dans le domaine des personnes âgées et aussi des
institutions. Il y a M. Levasseur qui était le sous-ministre responsable
de l'équipement au ministère de la Famille et de la Santé,
qui a pris sa retraite. Cela explique que des dossiers étaient
dispersés. Des représentations étant faites, quand il y
avait des difficultés au sujet de la réalisation des foyers
à quelqu'é-tape que ce soit, même les étapes qui
relevaient de la société d'habitation, le député,
à ce moment-là, à quelque parti qu'il appartienne, de
quelque côté de la Chambre qu'il ait siégé,
s'adressait au ministre. C'est pour ça que le ministre forcément,
avec son personnel, a été obligé de ramasser beaucoup de
documents et de suivre de beaucoup plus près l'exécution de ces
programmes.
C'est ce qui explique la dispersion des renseignements qui a pu se
produire à certains moments. Je sais que les fonctionnaires peuvent
assez facilement ramasser tous les renseignements, revoir en priorité
tous les programmes et donner une nouvelle version là où il
faudra qu'il y ait des corrections qui soient apportées.
M. LE PRESIDENT (Bossé): En réponse à la question
du député de Bellechasse, je crois que le député de
Louis-Hébert a quelque chose à ajouter.
M. CASTONGUAY: J'ai simplement un dernier détail à
ajouter. Le document de base qui est constitué à partir des
dossiers des fonctionnaires de la direction, indiquait ici que, dans le cas du
foyer de Saint-Charles, on en était à l'étape de la
soumission publique.
M. LOUBIER: C'est exactement ce que je disais.
M. CASTONGUAY: La construction n'était pas commencée.
M. LOUBIER: On avait demandé des soumissions publiques. On en
était rendu à la phase du béton. C'est ce que j'ai dit
tout à l'heure.
M. CASTONGUAY: J'ai compris, quand vous parliez du béton...
M. LOUBIER: Exclusivement en non inclusivement.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Nous en étions à la phase
de la soumission du béton.
M. CASTONGUAY: Vous avez aussi posé une autre question au sujet
de la participation des fonctionnaires aux décisions prises quant
à la construction des foyers.
Etant donné que l'on a déjà mentionné que
les mêmes fonctionnaires avaient participé aux décisions
avant et après, ceci peut les placer dans une situation un peu
étrange. Je ne dis pas
que vous l'avez dit vous-même, mais la question que vous avez
posée est reliée à ce même genre de commentaires qui
ont été écrits dans les journaux. Je demanderais à
M. Marier de commenter cette question. Encore là, il s'agit de faits sur
lesquels je n'ai aucun contrôle. Je n'y étais pas.
M. MARIER: M. le Président, les fonctionnaires ne prennent pas de
décisions sans l'approbation de leur ministre. Leur rôle est de
produire des dossiers, de produire des critères, de faire des
hypothèses, de soumettre des schémas à l'approbation du
ministre et des gouvernements, et ensuite, sous l'autorité du ministre
responsable, de donner suite à ces décisions. Je crois que nous
avons rempli ce rôle sous le ministre Cloutier comme nous tentons de le
remplir maintenant sous le ministre Castonguay.
M. LOUBIER: M. le Président, si j'ai bien entendu, le
sous-ministre a affirmé qu'il ne prenait pas de décisions, mais
qu'il appartenait au titulaire de prendre les décisions. Or, le ministre
actuel semblait un peu surpris tantôt lorsqu'il disait: Moi-même,
je trouve étrange de constater que les fonctionnaires auraient pu
prendre une décision antérieurement à mon arrivée.
Aujourd'hui, je demande à M. Marier d'expliquer cela.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse. Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que
vous aviez posé une question quant à la participation des
fonctionnaires aux décisions relatives au programme, avant le changement
de gouvernement. J'ai mentionné qu'il m'apparaissait important que cette
question soit clarifiée comme vient de le faire M. Marier. J'ai vu
également, dans certains journaux, qu'on rapportait qu'il avait
été dit: Comment se fait-il que des fonctionnaires qui ont pris
des décisions sous un gouvernement ont pris d'autres décisions,
au sujet des mêmes cas, sous le nouveau gouvernement? Je crois que la
réponse de M. Marier a clarifié la situation. Eux
préparent les dossiers et la décision repose entre les mains du
ministre. C'est cela que je voulais faire clarifier et je crois que la
réponse de M. Marier a permis de le faire.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Bellechasse.
M. LOUBIER: Je voudrais dire, en terminant, qu'actuellement, en ce qui
concerne Saint-Charles, il appartient strictement au ministre de décider
si, oui ou non, cela va se continuer.
M. CASTONGUAY: Plus tôt, dans la soirée, on a
discuté de cette question et j'ai fait état des normes qui ont
été préparées par le ministère pour faire
l'évaluation. J'ai mentionné, qu'à partir de ces normes,
l'étude de tous les cadres a été faite. Quant aux cas qui
sont dans la liste des "cas reportés", j'ai demandé qu'on
recueille toutes les informations qui pouvaient être disponibles en
dehors du ministère, et lorsque ces informations seront disponibles,
lorsque nous aurons tous les renseignements disponibles, je vais faire une
nouvelle réévaluation des cas.
M. LOUBIER: Et ce sera quand, à peu près, la
décision du ministre?
M. CASTONGUAY: Je vais demander à M. Marier quand, selon lui, les
renseignements permettant de réévaluer cette liste seront
disponibles?
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. le sous-ministre Marier, si vous
voulez bien répondre.
M. MARIER: M. le Président, c'est le temps des vacances. Le
travail ne va pas aussi vite, cependant je crois bien que dans trois semaines
cette opération-là devrait être conclue. S'il faut mettre
des effectifs additionnels à la mission pour compléter
l'opération, nous les mettrons.
M. LOUBIER: Cela veut dire que, d'ici trois semaines, les foyers
concernés recevront le questionnaire en question; "en question" dans
tous le sens du mot, n'est-ce pas?
M. CASTONGUAY: M. le Président, selon mes renseignements,
déjà les demandes de renseignements ont été
formulées aux foyers. Je n'ai pas signé cette requête
moi-même, et j'ai dit que je n'étais pas en mesure, en raison de
l'absence du docteur Mailhot, de faire rapport sur le nombre d'institutions au
sujet desquelles nous avons reçu les renseignements.
M. LOUBIER: M. le Président, je ne veux pas être
désagréable pour qui que ce soit, mais voici deux cas: un, entre
autres, le plus frappant, celui de Saint-Charles, où tout est
complété depuis longtemps, on est rendu aux soumissions et, sous
prétexte qu'il y a un changement de gouvernement, du jour au lendemain,
toutes les normes, toutes les conditions ayant été remplies, les
montants d'argent, souscriptions, etc. Il me semble qu'il y a là un
droit acquis au moins. On arrive, à ce moment-là, et on dit: On
va reprocéder à des questionnaires. Questionnaires sur quoi?
Quand toutes les conditions ont été respectées, quand dans
l'acheminement de tout le dossier de A à Z, tout a été
fait selon les normes, selon les conditions exigées... Je me demande sur
quoi on se base pour en venir à la conclusion qu'il faut étudier
de nouveau ce dossier-là.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je crois qu'on a répondu à
la question. Je prends note de votre désenchantement.
M. LOUBIER: Je pense qu'à ce moment-là, c'est exercer un
degré de discrétion qui devient un peu effarant, M. le
Président.
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, M. le Président, mais je crois que
j'ai donné, depuis le début de l'analyse du poste 10, tous les
renseignements sur l'opération que nous avons effectuée. Il n'y a
eu aucune décision à caractère arbitraire dans tous les
cas, à partir des renseignements qui m'étaient disponibles au
moment où j'ai pris ces décisions. Pour reviser ces
décisions il ne s'agit pas seulement de cas individuels
j'ai pris soin d'indiquer que les dépenses d'opération de ces
foyers ont doublé au cours de la dernière année, elles ont
passé de $18 millions à $37,745,000 pour l'exercice en cours, et
que, dès que j'aurais les renseignements et soumis les cas qui ont
été rapportés, les renseignements pour permettre une autre
évaluation, compte tenu des incidences sur les frais d'opération
futurs, je ferais la revision du dossier. Je ne crois pas que ce retard puisse
être considéré comme étant un désir de ma
part de faire prendre des décisions ayant un caractère
arbitraire.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, est-ce que le ministre
me permettrait une suggestion? Il y a beaucoup de députés qui ont
des cas particuliers à souligner au ministre, peut-être même
des renseignements que ne possède pas le ministre. Je sais qu'il a
reçu, de façon très sympathique, une demande du
député de Bellechasse à l'effet de revoir ce dossier. Le
ministre pourrait inviter tous les députés, qui ont des
commentaires à faire sur des projets particuliers, à lui
écrire, à lui mentionner certains aspects du projet, de sorte
que, je pense, cela facilitera l'étude de chacun de ces dossiers, de
chacun de ces cas, et le ministre pourra apporter une solution plus rapide.
M. CASTONGUAY: Je l'apprécierais énormément,
d'autant plus que, lorsque le député de Bellechasse m'a
souligné ce cas, dès le jour même ou le lendemain matin, je
l'ai mentionné au sous-ministre. J'apprécierais que ce soit fait
par écrit. Je ne me fie pas à ma mémoire et un cas peut
être oublié.
M. LOUBIER: C'est ce qui m'a désarçonné, M. le
Président. Le ministre a été tellement gentil et
agréable que je me suis dit: II y a peut-être anguille sous roche,
encore une fois.
M. LE PRESIDENT (Bossé): C'est une habitude, lorsque le climat a
été serein toute la journée.
M. MASSE (Montcalm): Je ne sais pas si le comité va ajourner
à 11 h. Avant l'adoption, j'aimerais également faire une
remarque. Je peux la faire demain, si vous voulez.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Alors, allez-y!
M. CASTONGUAY: Si on pouvait finir l'étude des
crédits...
M. MASSE (Montcalm): Etant donné que cela touche cette question,
indépendamment de la suggestion très positive de mon
collègue de Montmagny, j'aimerais ici attirer l'attention du ministre
sur un cas particulier. On est surpris par la décision rendue, compte
tenu d'un certain nombre de ces critères qui avaient été
avancés par le ministre concernant le coût, concernant le nombre
de lits par région, les diverses étapes qui auraient pu
être entreprises au sujet de la construction. Je pense que ces choses
avaient été faites, en particulier dans ma région, plus
particulièrement à Saint-Esprit. Et le Parlement avait même
adopté une loi spéciale pour permettre l'acquisition par la
corporation d'un couvent qui, par testament, était voué à
une vocation particulière, soit l'enseignement. Le législateur a
permis d'aller à l'encontre des désirs de l'ancien
propriétaire et de vouer désormais cette institution à une
autre vocation, celle de ces foyers pour personnes âgées.
Donc, cette loi a été passée, ce qui a permis
à la corporation de devenir propriétaire de ce couvent, de le
détruire puisqu'elle avait toutes les autorisations voulues pour le
faire. La participation des citoyens était également
intéressante puisqu'en plus d'avoir veillé à l'animation
des gens de la région concernant ce projet, elle avait amené la
municipalité à fournir des fonds. Et les gens se posent
maintenant des questions, comme ailleurs. Le projet était à
l'étape de la soumission il n'était peut-être pas
aussi avancé que celui du député de Bellechasse
mais les demandes de soumissions devaient avoir lieu dans les premiers jours du
mois de mai. Les gens se retrouvent maintenant, la corporation se retrouve
Gros-Jean comme devant avec sur les bras un terrain, un couvent
désormais démoli, et une population déçue qui avait
manifesté son intérêt par sa participation. Ils ont
reçu comme les autres, du ministre une lettre disant que c'était
à l'étude et quelques jours plus tard une autre lettre disant que
les critères du ministère amenaient non plus la suspension mais
l'abandon du projet.
Je suis intéressé par les critères qui ont
été mis de l'avant par le ministre. Je crois bien que la
quasi-totalité ou la totalité de ces critères
s'appliqueraient dans ce cas particulier. Surtout si l'on tient compte que
désormais ladite corporation se voit prise avec un terrain qui est
situé en plein centre de la municipalité, avec un couvent dont la
démolition est terminée. Parce qu'il ne faut tout de même
pas laisser cela en plan dans le milieu du village, cela poserait un
problème de sécurité, et voilà que les gens ne
savent pas où s'adresser.
Je suis heureux d'apprendre qu'ils recevront un questionnaire mais
j'aimerais, en leur nom,
savoir où ils pourraient s'adresser. Je sais bien qu'on peut
toujours faire une demande d'audience au ministre, mais c'est une chose qui
peut facilement être reportée au niveau des fonctionnaires. Est-ce
qu'un fonctionnaire est attitré pour recevoir les doléances de
ces gens ou pour les rencontrer, même personnellement, pour qu'ils
puissent exprimer leur point de vue sur cette affaire et avoir, cette fois-ci,
une réponse positive, compte tenu que des informations pouvaient
peut-être manquer au ministre, lorsque sa première décision
a été prise?
M. CASTONGUAY: Vous voulez parler, je suppose, du foyer de Rawdon,
est-ce que c'est de cela qu'il s'agit?
M. MASSE (Montcalm): Non, le foyer de Rawdon n'était pas
très avancé...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est dans le comté de Joliette?
M. MASSE (Montcalm): Je m'excuse, quant à moi, Rawdon est encore
dans le comté de Montcalm. Mais ce n'est pas ce foyer-là; il
n'avait franchi que quelques étapes...
M. CASTONGUAY: Mais Saint-Esprit, c'est dans quel comté?
M. MASSE (Montcalm): C'est celui de Saint-Esprit, dans le comté
de Montcalm.
M. LOUBIER: C'est le seul Saint-Esprit qu'il y ait dans ce
comté-là!
M. MASSE (Montcalm): Le projet était en soi très
avancé, on devait demander des soumissions...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que Saint-Esprit est dans le
comté de Montcalm ou dans le comté de Joliette?
M. MASSE (Montcalm): Saint-Esprit est dans le comté de Montcalm
et Rawdon également.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce que, sur nos listes, on a inscrit
Joliette.
M. MASSE (Montcalm): II y a eu la même erreur dans les listes. Je
comprends qu'il va peut-être y avoir erreur dans d'autres parties du
dossier; c'est pour ça que j'aimerais attirer l'attention du ministre
sur leurs problèmes particuliers. Je crois en effet que les choses sont
assez avancées pour permettre de porter un nouveau jugement à la
connaissance de nouvelles données. J'aimerais savoir quand même,
pour en finir, où ils pourraient s'adresser, à part de s'adresser
directement au ministre.
M. CASTONGUAY: J'ai demandé à tous ceux qui m'ont
posé ce genre de questions de s'adresser soit au bureau du Dr Claude
Mailhot ou à celui de M. Allard. Le directeur est le Dr Claude Mailhot.
Si vous adressez tout renseignement à son intention...
M. MASSE (Montcalm): Est-ce que, dans l'esprit du ministre, les faits
qui viennent d'être portés à son attention peuvent
être catalogués dans la catégorie des faits nouveaux?
M. CASTONGUAY: Ah! Je dois prendre la parole du député,
mais je ne prends jamais de décision hâtive. J'aime toujours
pouvoir analyser un dossier quand il est complet. J'aimerais donc avoir les
autres renseignements qui pourront être transmis avant de prendre une
décision.
M. MASSE (Montcalm): Je suis parfaitement d'accord avec le fait que le
ministre doive prendre sa décision sur des dossiers ; je note son
ouverture d'esprit et, au nom de ces gens, je l'en remercie.
M. BOIS: Je ne voudrais pas prolonger la discussion. J'aurais seulement
quelques commentaires à faire à la fin de l'étude du
budget. Je remarque qu'après l'analyse totale des chiffres j'ai
scruté un peu tous ces articles, afin d'en séparer
l'administration ainsi que les frais d'application sur les lieux,
l'administration dans l'application des bénéfices eux-mêmes
ainsi que les allocations je constate que, dans l'ensemble, on peut dire
que l'administration représente environ 10.9 p.c. et l'administration
des bénéfices sur les lieux environ 0.77 p.c, ce qui donnerait un
total d'environ 11.67 p.c. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu,
malgré la sagacité, la perspicacité des administrateurs du
ministère de réduire un tel budget, de réduire
l'administration générale. Il y en a certainement une partie que
l'on ne peut pas enlever, parce qu'il y a 0.77 p.c. qui s'applique sur les
lieux, ce sont des employés payés dans les instituts, etc., mais,
quant au reste, je me demande s'il n'y aurait pas moyen de baisser un peu plus
bas que 10.9 p.c.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous terminons à toutes fins pratiques
l'étude des prévisions budgétaires. Avant d'adopter les
autres articles...
M. LAURIN: Au sujet des personnes âgées, un dernier mot. La
suggestion du député de Jacques-Cartier peut paraître
séduisante à première vue. Mais j'aimerais quand
même rappeler au ministre que l'expérience du passé, en ce
qui concerne le travail des patients dans les institutions, a souvent
donné lieu à beaucoup d'abus, des abus qui, au début, se
sont glissés insidieusement et qui, ensuite, ont progressé au
point qu'en fin de compte, on pouvait se demander si
les patients étaient là pour l'institution ou si
l'institution était là pour les patients.
Dans le domaine de l'assistance psychiatrique, on s'est rendu compte que
le seul travail qui soit véritablement acceptable pour les patients dans
une institution, c'est un travail qui est appelé occupation
thérapeutique, c'est-à-dire celui où la motivation du
patient est personnelle, et souvent pour des travaux qui l'intéressent
personnellement et dont il retire lui-même le gain. Autrement, je
craindrais beaucoup que, sous le prétexte d'une idée
séduisante, on fasse comme si l'expérience du passé
n'existait pas et on retombe dans les mêmes difficultés. Je ne
veux pas préjuger de la solution que vous apporterez à ce
problème, mais je voulais simplement montrer l'autre côté
de la médaille.
M. CASTONGUAY: Je vous remercie, d'autant plus que, dans mon esprit, la
suggestion du député de Jacques-Cartier avait trait aux personnes
bien portantes, complètement aptes, et simplement en ce qui concerne
l'entretien interne d'une institution ou la participation aux activités
qui peuvent contribuer à donner aux pensionnaires un cadre de vie un peu
plus normal. Mais, comme je l'ai dit, avant de faire quoi que ce soit dans ce
domaine d'ailleurs j'ai déjà souligné une
première difficulté que j'y voyais il faudrait y penser et
essayer d'analyser toutes les dimensions de cette question.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de Joliette.
M. VINCENT: Je peux quand même ajouter, sur la question
soulevée par le député de Jacques-Cartier qu'il a
donné, comme âge, un âge réellement favorable en
disant 65 ans. Puisque la moyenne d'âge des foyers que l'on a
visités est d'environ 77 ans. Dans la peinture et dans ces
choses-là ils sont moins bons rendus à 77 ans.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il n'y a pas d'autres questions des membres
de la commission, je voudrais, au sujet des personnes âgées, pour
terminer l'étude de cette question, je voudrais attirer l'attention du
ministre sur un autre cas particulier qui m'a été
mentionné. C'est le foyer de Windsor dans le comté de Richmond,
dont le principe a été mis en cause. Je voudrais attirer
l'attention du ministre et des fonctionnaires sur l'étude de ce dossier.
C'est une question qui m'avait été posée par le
député de Wolfe.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Peut-on considérer que le poste
10 est adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, M. le Président, et je serais
prêt, pour ma part, étant donné qu'au cours de
l'après-midi, nous avons traité de la Commission des allocations
sociales et nous avons parlé du Conseil supérieur de la famille.
Je serais prêt, pour ma part, à adopter les postes 11, 12 et 13.
Quitte à réserver, comme on le fait ordinairement pour les autres
crédits, un article pour la Chambre au cas où il y aurait
d'autres discussions. Je ne sais pas si les membres de la commission seraient
d'accord pour adopter ces postes? S'ils sont d'accord, M. le Président,
je voudrais en terminant...
Conseil supérieur de la famille
M. LAURIN: J'aurais, cependant, une toute dernière question
à poser sur le Conseil supérieur de la famille. Je ne connais pas
la composition actuelle du Conseil supérieur de la famille. Est-ce qu'on
pourrait me donner rapidement les catégories de professions qui sont
représentées au Conseil de la famille?
M. CASTONGUAY: Je peux vous donner les noms. Il y a M. Philippe Carigue
qui en est le président, je crois que son activité principale,
bien qu'il soit bien actif, est celui de professeur de l'université,
doyen de faculté; M. Irénée Bonnier,
Fédération des caisses populaires Desjardins; M. Léo
Cormier, Services familiaux de la Petite Bourgogne; M. André Desmartis,
secrétaire de la Fédération de la famille de
Québec; Mme Howlett, vice-présidente du Montreal Council of
Social Agencies, Mme Gertrude Langlois, Fédération des unions de
familles.
Il y a aussi M. Jean-Guy Quirion, Commission scolaire des Mille-Iles;
Mme Yvette Rousseau, conseillère en économie familiale, Union
régionale des Caisses populaires de Sherbrooke; M. Gérald
Sylvestre, président de la Fédération des services sociaux
à la famille et M. Hector Charland, secrétaire, qui est un
fonctionnaire du ministère.
M. LAURIN: Le but de ma question était simplement de
suggérer au ministre que l'on ajoute ou qu'on remplace, lorsque le
moment sera venu, certains de ses membres par des membres venant
nommément de la profession ouvrière. Je sais bien qu'il peut s'en
trouver indirectement...
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a M. Cormier.
M. LAURIN: M. Cormier, simplement à titre de suggestion.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, en terminant, je
voudrais remercier le ministre d'avoir répondu objectivement et
complètement aux questions qui ont été posées.
Evidemment, cette année, nous avons procédé assez
rapidement à l'étude des prévisions budgé-
taires du ministère de la Famille et du Bien-Etre. Nous avons
tenu compte que le ministre a été sur la sellette depuis
plusieurs jours au sujet de législations importantes et nous savons
également que nous sommes au terme de cette session.
Je me souviens, pour ma part, de ma première expérience
comme ministre. J'avais dû défendre les crédits de la
Santé pendant quinze jours et ceux de la Famille et du Bien-Etre social
pendant une semaine. De toute façon, le ministre est un homme chanceux.
Il y aura d'autres études dans les prochaines années. Nous
entrerons alors dans plus de détails. Je comprends que, physiquement,
c'était impossible pour le ministre de prendre entièrement
connaissance du budget qui avait été préparé. Il
aura le temps et l'expérience, il préparera l'autre budget. Les
années prochaines nous permettront peut-être d'aller plus au fond
des problèmes, malgré que nous ayons fait une discussion
intéressante, cet après-midi, au sujet des problèmes
généraux. Nous avons fait une revue du ministère.
C'était intéressant pour les membres de la commission et
c'était intéressant également pour les fonctionnaires qui
étaient ici. Cela leur a permis eux aussi de faire un tour d'horizon du
ministère pour lequel ils travaillent. Je dois souligner ici en toute
objectivité leur loyale collaboration aux différents titulaires
qui se sont succédé et la compétence des officiers du
ministère de la Famille. On sait que c'est un ministère qui, il y
a quelques années, essayait de recruter des fonctionnaires des cadres
supérieurs, des fonctionnaires de formation un peu plus complète.
L'opération a été réussie. Le ministère de
la Famille et du Bien-Etre peut se comparer avantageusement, au point de vue
des cadres professionnels, avec les autres ministères du gouvernement.
Je veux, en terminant, au nom des membres de la commission, remercier le
ministre et ses fonctionnaires d'avoir participé à cette
opération de revue du ministère, de ses objectifs et de sa
philosophie.
M. BOIS: Je m'associe à ces remerciements.
M. LE PRESIDENT (Bossé): La séance est levée.
(Fin de la séance: 23 h 13)