Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
vendredi 21 mars 2025
-
Vol. 47 N° 92
Interpellation de la députée de Bourassa-Sauvé à la ministre de l’Emploi sur
le sujet suivant : Fin d’emploi : l’impact des coupures caquistes en
employabilité
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9 h 30 (version non révisée)
(Dix heures)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission de l'économie
et du travail ouverte. Je demande à tous et à toutes de prendre quelques
secondes pour éteindre la sonnerie de vos appareils électroniques. Je vais
faire de même d'ailleurs.
Alors, la commission est réunie afin de
procéder à l'interpellation de la députée de Bourassa-Sauvé à la ministre de l'Emploi
sur le sujet suivant : Fin d'emploi : l'impact des coupures caquistes
en employabilité.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Dufour (Abitibi-Est) est remplacé par M. Montigny
(René-Lévesque).
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la secrétaire. Alors, je désire vous informer que, pour l'interpellation d'aujourd'hui,
chaque série d'interventions commencera par l'opposition officielle et sera
suivie d'une intervention de la ministre et d'un député du groupe parlementaire
formant le gouvernement.
Alors, on va débuter avec les déclarations
d'ouverture. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, je vous cède la parole pour 10
minutes.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, chers députés de la partie
gouvernementale. Merci de vous libérer en ce vendredi, certes, pluvieux, mais,
quand même, c'est une journée où vous pourriez être en circonscription, et vous
prenez le temps, donc, d'être ici pour nos échanges et nos débats
parlementaires, donc, je l'apprécie. Un grand merci également à vous, M. le
Président.
M. le Président, j'ai demandé cette
interpellation, il y a quelques semaines, afin que l'on puisse discuter, donc,
d'un sujet absolument important dans le contexte économique dans lequel le
Québec se situe aujourd'hui, soit, donc, les coupures dans le secteur de l'emploi
et différentes mesures. On aura l'occasion d'élaborer, c'est le propre d'un
échange. Je prendrai acte, bien évidemment, des réponses que la ministre m'octroiera
au cours de cet échange.
Fin d'emploi, l'impact des coupures
caquistes en employabilité. Je vous restitue, M. le Président, vous n'êtes pas
sans savoir qu'en ce moment, évidemment, je l'ai dit, donc, on a un contexte
économique qui est tout à fait particulier depuis l'élection de Donald Trump à
la tête des États-Unis. Nous avons entendu le premier ministre et la ministre
de l'Emploi réagir. Nous leur avons posé plusieurs questions au cours des
dernières semaines, lors de la période de questions, afin de bien saisir quelle
était l'étendue de leurs plans. Je vous avouerais, M. le Président, que je
demeure un peu sur ma faim, et ce n'est pas... Et là, donc, je salue la
ministre d'être, en fait... donc, d'être sortie, d'avoir organisé, le 11
février dernier ou le 13 février dernier, ce colloque, cet échange avec les
acteurs du milieu de l'emploi. Il me semble que nous en sommes à la croisée Le
premier ministre, et même d'autres ministres du gouvernement, et l'ensemble des
commentateurs politiques et économiques, donc, les acteurs crédibles et sérieux
qui relatent la situation, dans laquelle nous nous trouvons, nous le disent.
Nous sommes dans une ère où il faut être en mesure de changer de paradigme et
de voir comment le Québec peut s'ajuster beaucoup plus largement.
Donc, oui, il faut des mesures à très
court terme d'aide, donc, des mesures de requalification. Je sais que la
ministre, depuis le début de son mandat et même depuis le début du mandat de
son prédécesseur à ce rôle en 2018, se targue, donc, de mettre l'accent sur la
requalification. Mais ce ne sont que les programmes à court terme. On vient
mettre un ruban adhésif sur un problème qui est beaucoup plus large que ça. Ça
fait plusieurs années que les acteurs du milieu de l'emploi le disent,
notamment, donc, en ce qui a trait à nos services publics d'emploi, il faut qu'on
soit en mesure, donc, de redéfinir quels sont les besoins du Québec en date d'aujourd'hui.
Parfois, à la blague, quand je leur parle ou quand je les entends, en fait, me
présenter des doléances, ce que je comprends, c'est qu'on est un petit peu en
1999, hein, on a une certaine idée de ce que devraient être nos services
publics d'emploi, de quels devraient être les besoins de la population, et on
se dit : Ah! bien, puisque notre économie n'est plus celle-là, on le sait,
la dernière fois que nous étions ici ensemble, en novembre 2023, donc ,nous
parlions énormément de pénurie de main-d'oeuvre, hein, qui s'est atténuée,
certes, mais qui fait toujours partie de notre paysage.
Donc, ce que j'entends de ces groupes, c'est,
bon, on a l'impression qu'on se dit : Bien, il n'y en a plus, d'enjeu, ou
que ces enjeux-là sont moindres, et qu'on peut se permettre un certain
désinvestissement...
10 h (version non révisée)
Mme Cadet : ...dans nos
services publics d'emploi, qu'on peut se permettre ces... de ne pas appuyer
proprement la population, de ne pas appuyer adéquatement ceux qui requièrent
ces services. Parce que, manifestement, ils ne sont plus les mêmes, en fait, ou
ils ne sont plus aussi nombreux.
En fait, ce qu'on constate, c'est que pour
certaines parties, oui, de la population, la situation, donc, elle a changé. Et
tant mieux, hein, qu'entre 2003 et 2012, par exemple, que la situation des
Québécois se soit améliorée au niveau de l'emploi. Mais ce que l'on constate
aujourd'hui, en 2024, en 2025, c'est qu'il... c'est que, bon, pour plusieurs,
donc, de ces Québécois-là, leur situation, donc, économique, donc, a changé, et
ceux-ci lèvent toujours la main pour avoir accès, donc, à ces différents
services.
Donc, oui, soulignons ces avancées, M. le
Président, soulignons, donc, ce qui a été fait au cours des 20, 25 dernières
années, mais regardons aussi la situation en face. Regardons aussi comment nous
pouvons faire ce changement de paradigme là au ministère de l'Emploi. Et déjà,
lors des dernières études de crédit ou même les précédentes, c'était quelque
chose que j'évoquais auprès de la ministre. On parlait, elle va s'en souvenir,
de... bon, de clientèles qui, par exemple, n'avaient pas accès à certains
services spécialisés en employabilité. Et on se demandait quelle la cohérence,
donc, dans ces décisions-ci. Aujourd'hui, depuis le 20 janvier 2025...
oui, depuis le 20 janvier 2025, bien, ce qu'on constate aussi, c'est qu'il
y a donc un avant et un après 20 janvier, et que les décisions d'aujourd'hui,
que le contexte d'aujourd'hui doit nous mener à revoir, donc, ces
problématiques-là, donc, doit nous amener à revoir ces paradigmes-là, qui sont
restés, donc, qui continuent de stagner, et de ne pas répondre en 2024 aux
besoins de la population.
En janvier, donc, dans les jours suivant l'inauguration
de M. Trump, donc, le premier ministre publiquement évaluait les potentielles
pertes d'emploi à 100 000. Aujourd'hui, depuis quelques semaines, un
chiffre, donc, qui circule, donc, librement dans l'espace public est plutôt
celui de 160 000 potentielles pertes d'emploi. C'est dans ce
cadre-là, M. le Président, que je demande à la ministre de... quelle est...
bon, quelle est sa vision, donc, dans ce cadre-là. Parce qu'on l'a vue, celle à
court terme. On a... Je sais qu'elle va nous parler, donc, du programme qui a
été annoncé au cours des dernières semaines et qui a été accueilli. Mais, ce
que je veux savoir, c'est comment, comme parlementaires... et surtout comment
le gouvernement se penche sérieusement, profondément et à plus long terme sur
les manières, donc, de revoir son écosystème d'employabilité pour mieux épauler
la population, non seulement pour passer à travers une crise, parce que, oui,
donc, il y a une crise aiguë en ce moment qui demande à ce que des actions très
précises soient posées, mais surtout quel est le pas de recul qui est fait de
façon parallèle afin de rebrasser les cartes.
Je ne suis pas la seule à le demander, M.
le Président. Je vous le disais, donc, je suis en contact avec le milieu, on le
sent. Et d'ailleurs, le 1er mars dernier, ça fait à peine donc une
vingtaine de jours, il y a un collectif de signataires, donc, qui a transmis
une lettre, et je suis certaine que la ministre en a pris connaissance, qui
demandait, donc : M. le premier ministre, le Québec est-il prêt à
affronter la prochaine crise de l'emploi? Parce qu'encore une fois il y a celle
que l'on vit aujourd'hui, mais on ne peut pas tout simplement se dire : O.K.,
on va y aller avec une mesure, donc, d'urgence et être, donc, dans cet état-là,
donc, d'euphorie, mais ne pas se préparer pour la prochaine, ne pas comprendre
comment le Québec... quel est le rôle que nous souhaitons que le Québec joue en
matière d'emploi au cours des 10, au cours des 20 prochaines années. Parce
que c'est dans ce sens-là que nous sommes censés gouverner.
Donc, le 1er mars, donc, ce
collectif, et je les nomme, donc, ceux qui ont signé cette lettre, celle-ci, il
s'agit de Nicolas Bourgeois, le directeur du collectif autonome des carrefours
jeunesse-emploi du Québec, M. Richard Gravel, directeur général du Collectif
des entreprises d'insertion du Québec. M. Rudy Humbert, directeur général du
Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec. M. Steve Juteau, directeur
général du Réseau canadien des entreprises d'entraînement, Mme Laurence Martin,
directrice générale du regroupement des organismes spécialisés pour l'emploi
des personnes handicapées, et Mme Valérie Roy, directrice générale d'Axtra, l'Alliance
des centres-conseils en emploi. Et ceux-ci demandaient... en fait, ils nous
disaient : «Le Québec a la chance de pouvoir compter sur un vaste réseau
regroupant près de 400 organismes spécialisés dans les services d'intégration
et de maintien à l'emploi. Sa mission, assurer la participation active au
marché du travail de toutes les personnes et soutenir le développement de leurs
compétences afin qu'elles participent elles aussi au développement économique
de la province. Comment se fait-il que ces services publics...
Mme Cadet : ...variés,
personnalisés et structurants ayant fait leurs preuves durant la pandémie,
soient maintenant confrontés à une décroissance de leurs budgets d'intervention
et que leurs accès soient de plus en plus limités. Si 100 000 emplois étaient
perdus, et je... en aparté, M. le Président, donc 100 000, mais je vous l'ai
dit, le chiffre qui circule aujourd'hui est plutôt celui de 160 000 pertes
d'emploi, donc, si ces emplois étaient perdus, comment ces personnes
seraient-elles accompagnées dans leurs recherches pour se retrouver du travail?
De quelle manière leur requalification, donc, un mot qui est cher à la
ministre, ou leur réorientation dans des secteurs qui ont besoin de
main-d'oeuvre se réaliseraient-elle?
Vous comprendrez, M. le Président, et je
l'ai dit en Chambre, je me suis levée pour dire, là : La crise qu'on vit
actuellement... parce que le premier ministre nous a dit : Ah! pas de
problème, on en a besoin, de main-d'oeuvre sur les chantiers d'Hydro-Québec.
Donc, 100 000 emplois, 160 000 pertes d'emplois, on va les amener sur la
Baie-James, c'est correct. Non seulement, ça m'apparaît loufoque, comme idée,
sens dessus dessous, comme présentation, mais même s'il fallait que toutes ces
personnes-là soient requalifiées dans ce secteur-là, bien, bien, encore
faudrait-il avoir recours à des services spécialisés qui tiennent compte du
profil de chaque individu et soient en mesure de bien les accompagner dans
cette requalification-là et dans cette réorientation dans des secteurs autres que
celui de la construction qui ont besoin de main-d'œuvre, qui auront besoin de
main-d'œuvre.
Donc, je demande à la ministre :
Qu'est-ce qu'elle répond à ces organismes qui ont signé cette lettre ouverte et
quelle est sa vision à plus long terme?
• (10 h 10) •
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la députée de Bourassa-Sauvé. On enchaîne avec la ministre. La parole est à
vous.
Mme Champagne Jourdain : Merci,
M. le Président. D'abord, vous allez me permettre de saluer les collègues qui sont
ici avec nous, des collègues que j'estime beaucoup. Je pense, évidemment, à
Karine Boivin Roy, qui est la députée d'Anjou-Louis-Riel, que j'ai la chance
d'avoir comme adjointe gouvernementale. Bonjour. Et mon cher collègue de la
Côte-Nord, député de Duplessis, Yves Montigny, bonjour. Merci d'être là avec
nous, ce matin, pour parler d'emploi, surtout dans le contexte actuel. Moi, je
trouve qu'on n'en parle pas assez d'emploi, dans ce salon-ci, et je suis
contente qu'on puisse le faire pendant une durée de deux heures aujourd'hui.
Évidemment, dans le mot d'ouverture de ma
collègue, j'aurais aimé l'entendre parler des coupures de 145 millions de
dollars du gouvernement libéral au fédéral, j'aurais aimé l'entendre décrier
ces coupures-là quand elles sont survenues, mais je suis quand même bien
contente qu'on puisse en parler aujourd'hui. Parce que c'est quelque chose qui
nous a amenés à faire des choix, mais malgré les choix qu'on a dû faire à cause
de ces coupures libérales là, on a quand même de beaux résultats, et je vais
avoir la chance d'en parler aujourd'hui, M. le Président.
Maintenant, je pense qu'il faut asseoir
comme il faut la situation du marché du travail si on veut parler
d'employabilité. Et je veux commencer par faire le point sur l'état actuel du
marché du travail, qui vit encore un contexte difficile, hein, on en a parlé
tout à l'heure. Moi, quand je suis arrivée en place, on était en pleine pénurie
de main-d'oeuvre, il y a de ça environ deux ans et demi, et le contexte est
différent aujourd'hui. On vit un contexte d'incertitude économique qui entoure
toute la situation des tarifs, là, américains, la situation tarifaire. Et,
malgré ce contexte-là, je tiens à dire que la situation de l'emploi a été
stable en février. Et, malgré qu'on ait connu une légère baisse de l'emploi, le
taux de chômage a diminué de 0,1 %, pour se situer maintenant à 5,3 %, ce qui
est quand même, historiquement, très bas.
Et, en comparaison, on va placer ça parce
que c'est important de le faire, le taux de chômage est de 6,6 % au Canada et
de 7,3 % en Ontario. Le taux de chômage, au Québec, il est le plus bas au
Canada, M. le Président, et ce taux de chômage là est bas dans presque toutes
les régions du Québec. On demeure aussi au premier rang au Canada pour le taux d'emploi
des 15 à 64 ans, qui se place à 77,5 %. C'est 74,5 %, au Canada, et 72,8 % en
Ontario pour le taux d'emploi des 15 à 64 ans. Depuis plus d'un an, il y a plus
de 80 000 emplois qui ont été créés au Québec, dont environ 67 000 à temps
plein. Ce sont des chiffres positifs. Et ça, M. le Président, ce n'est pas
étranger à toutes les mesures qu'on a mises en place et à tout le travail qui
s'est fait depuis les sept dernières années. Alors, je tenais à brosser un
tableau pour qu'on parte ensemble, là...
Mme Champagne Jourdain : ...de
ce tableau-là pour parler d'employabilité au Québec. C'est important de
commencer sur des bases communes puis d'expliquer qu'est-ce que c'est, les
services d'emploi au Québec. Et on a deux grandes catégories de mesures, qui
vont comme suit. On a des mesures pour les individus, mais on a aussi des
mesures pour les entreprises. Et la logique derrière tout ça, c'est,
évidemment, d'avoir la bonne mesure, au bon moment, pour la bonne personne.
Et quand je pense à employabilité,
évidemment que je ne peux pas faire autrement que de penser aux services d'aide
à l'emploi qui sont donnés par les organismes spécialisés en employabilité, des
organismes que j'ai beaucoup visités, que je continue de visiter et que je vais
continuer d'aller voir sur place, sur le terrain. Ces services-là, ça vise à
aider des personnes... ça vise à aider les personnes, mais surtout, à préciser
leurs besoins en matière d'emploi et de formation. Ils sont à la première
ligne, c'est ce que je dis souvent, là, au niveau des chercheurs d'emploi. Il
faut comprendre que toutes nos interventions sont guidées par ces principes-là,
c'est-à-dire de trouver... de trouver la bonne solution pour la bonne personne.
Et c'est clair qu'on veut fournir aux personnes qui n'ont pas d'emploi des
outils et un accompagnement pour soutenir leurs démarches de recherche qui va
les mener vers un emploi. C'est notre but, puis c'est ça qu'on fait.
Alors, ces services-là, ce qu'ils
comprennent, M. le Président, c'est des services de validation de choix
professionnels, de bilan de compétences, d'évaluation de l'autonomie. Ça, c'est
extrêmement important, je vais avoir la chance d'en parler un petit peu plus
loin. De l'information sur le marché du travail, des méthodes de recherche d'emploi,
des maillages et du placement par les entreprises. De l'intervention
psychosociale en employabilité et du counseling d'emploi. Du maintien en
emploi, parce que c'est une chose de les amener vers le marché du travail, de
les outiller pour pouvoir intégrer le marché du travail, mais il faut parfois
soutenir encore pour s'assurer du maintien en emploi, et ça comprend aussi des
stages d'observation et d'exploration. Alors, M. le Président, on s'assure de
répondre aux besoins sur le terrain.
Pour les personnes plus éloignées du
marché du travail, on a d'ailleurs des projets de préparation à l'emploi, et ce
sont aussi des programmes qui sont donnés par les organismes spécialisés en
employabilité. Et ce qu'on veut développer avec ça, ce sont des compétences de
base pour être capables... pour que les chercheurs d'emploi qui font affaire
avec ces organismes spécialisés en employabilité là puissent être capables
d'aller sur le marché du travail. Et cette mesure-là, bien, ça va passer
parfois, aussi, par des entreprises d'insertion.
On a aussi plusieurs autres mesures
phares, sur lesquelles je veux attirer votre attention. D'entrée de jeu, la
première, c'est la mesure de formation de la main-d'oeuvre pour les individus.
L'objectif de cette mesure-là, c'est d'aider les personnes à intégrer le marché
du travail puis à s'y maintenir, par le biais de formations qui vont leur
permettre d'acquérir des compétences, des compétences qui sont en demande sur
le marché du travail. On veut les aider, on veut aider, précisément, les
personnes pour qui la formation est un obstacle, justement, à intégrer le
marché du travail puis à s'y maintenir, et c'est le but de cette mesure-là.
Elle est très généreuse, cette mesure-là. On parle d'une allocation d'aide à
l'emploi qui peut aller jusqu'à 475 $ par semaine, pour des formations qui
peuvent aller jusqu'à 48 mois. L'an dernier, M. le Président, cette mesure-là a
permis d'aider 30 000 personnes, et on a investi, dans la formation de ces
personnes-là et dans cette mesure-là, plus de 410 millions de dollars.
Je veux aussi vous parler de plusieurs
subventions salariales, là, qui sont mises en place pour favoriser, justement,
l'intégration en emploi ou l'acquisition d'une expérience de travail
significative, et une de celles-là, bien, c'est le programme d'apprentissage,
là, en milieu de travail. On vise les personnes éloignées du marché du travail,
avec cette mesure-là, pour qui l'expérience de formation générale dans un
établissement d'enseignement ne convient pas. Alors, ce programme-là offre une
subvention aux entreprises pour embaucher ces personnes-là, pour les former
dans le cadre d'un programme, là, d'apprentissage en milieu de travail. C'est
une mesure qui peut durer 52 semaines. Ce qu'on me dit, c'est que c'est une
approche qui est très appréciée. Quand je suis sur le terrain, c'est les
commentaires qu'on m'en fait. Et ça a permis d'intégrer des personnes en
situation de handicap dans un emploi, de façon novatrice.
Et je veux en profiter, de cette
tribune-là, pour rappeler que DuoEmploi, les inscriptions sont commencées.
C'est du jumelage pour...
Mme Champagne Jourdain : ...les
personnes en situation de handicap, elles peuvent aller faire un stage en
entreprise, et c'est le temps de s'inscrire jusqu'au 3 mai.
Maintenant, je veux vous parler d'un
exemple concret que j'ai... dont j'ai eu connaissance quand j'étais sur le
terrain. Parce que nos mesures, elles sont bien développées, elles sont bien
adaptées aux clientèles qui ont recours à ces mesures-là. Et je veux vous parler
d'un exemple qui m'a particulièrement touchée et qui me dit, qui me confirme
qu'on est sur la bonne voie avec ce qu'on fait. En novembre, j'ai visité un
milieu de travail où une personne avait été intégrée dans le cadre d'un
programme que j'ai lancé. Cette personne-là était autrefois
charpentier-menuisier. Et, suite à un accident de moto, elle a suivi... elle a
subi... elle a subi, dans le fond, des blessures majeures qui font en sorte
qu'elle est maintenant en situation d'handicap. Et, grâce à notre mesure, elle
a appris un nouveau métier. Et je suis allée la visiter dans son... dans son
milieu de travail. Et elle a réussi à se replacer non seulement grâce à ce
programme-là mais c'est aussi toute son équipe qui bénéficie de son talent.
Alors, moi, ça me témoigne de notre volonté constante de donner la bonne mesure
à la bonne personne au bon moment.
Je pourrais continuer encore longtemps de
parler de toutes ces mesures-là, M. le Président, qui existent grâce à l'argent
qu'on investit. Mais on achève, la déclaration d'ouverture est terminée, ça va
me faire plaisir de continuer dans les autres interventions et de pouvoir
aborder aussi les autres sujets, là, que ma collègue a soulevés dans
l'introduction. Merci beaucoup.
• (10 h 20) •
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, Mme la ministre. Alors, on débute la première série d'interventions.
Mme la députée de Bourassa-Sauvé, oui, c'est à vous. Allez-y.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
M. le Président. Je n'étais pas certaine si c'était à moi ou si c'était un
député ministériel pour le... pour le moment.
Je suis un peu... Je vous avouerais, M. le
Président, que je suis un petit peu déçue de la réponse de la ministre ici. Je
comprends que c'est une déclaration d'ouverture, mais j'ai quand même pris le
temps de cadrer la mienne, donc, de cadrer ma déclaration en cherchant à
obtenir une réponse. Mme la ministre l'a dit, donc, nous avons, donc, une
séance, donc, de deux heures ici. L'objectif n'est pas nécessairement, donc,
d'énumérer les programmes qui existent au ministère de l'Emploi. Avec beaucoup
d'égard, je les connais, je sais que ses collègues d'Anjou et de Duplessis
connaissent également ces programmes. Ce n'est pas l'objectif de l'exercice que
nous menons aujourd'hui.
L'objectif, c'est d'amener des réponses à
la population, qui se pose des questions. Je vous l'ai... J'ai expressément
parlé du collectif de signataires, de la lettre qui a été formulée au premier
ministre, et je sais que le cabinet de la ministre de l'Emploi a également reçu
cette communication, qui demande à des partenaires du gouvernement, dans le
contexte tarifaire, dans le... dans le contexte économique dans lequel nous
nous situons. Je n'ai eu obtenu aucune réponse à cette interrogation-ci dans la
déclaration d'ouverture de la ministre.
Ceci dit, la ministre nous a dit :
L'important pour elle, c'est d'adopter la bonne mesure au bon moment et à la
bonne personne. Bien, justement, il y a des organismes ici qui font exactement
ça, M. le Président, qui nous disent : Bien, voici le travail que nous
faisons, nous sommes en première ligne, de mettre en place des programmes, de
mettre en oeuvre, donc, les programmes du gouvernement, d'offrir du soutien à
la population selon leurs besoins spécifiques, selon leurs besoins précis. Et,
plus on fait face à des Québécois qui sont éloignés, des travailleurs qui
éloignés, donc, du marché de l'emploi, bien, plus ils ont besoin, donc, de cet
accompagnement.
Je le répète, donc, dans la communication,
donc, on nous dit : Comment ça se fait que ces services publics variés,
personnalisés et structurants, qui ont fait leurs preuves, sont maintenant
confrontés à une décroissance de leur budget d'intervention et que leur accès
soit de plus en plus limité? La ministre m'a parlé du 145 millions, là, ce
n'est pas de ça dont il est question, ici, là, précisément. Puis on aura
l'occasion d'y revenir. Mais on a un contexte où on a
160 000 personnes qui sont à risque de perdre leur emploi, la
ministre n'en a pas parlé dans son allocution d'ouverture, et qui auront besoin
de ce soutien-ci réel en matière de requalification et de réorientation. Mais,
pendant ce temps-là, pendant qu'on nous présente des mesures qui nous sont
présentées comme bien développées et bien adaptées, je n'ai pas l'impression
que cette opinion est partagée par ces acteurs-là, qui sont sur le terrain,
sans les appeler... pas nécessairement nommément, là, M. le Président, là, je
ne veux pas leur mettre des mots dans la bouche, mais par bien des acteurs qui
sont sur le terrain, qui dirigent, donc, ce type d'organismes spécialisés en
employabilité là, qui...
Mme Cadet : ...ont à être en
interaction aussi avec ces organismes, avec le gouvernement ou avec Services
Québec, bien, je n'ai pas l'impression qu'elles sont d'accord avec
l'affirmation que vient de faire ma ministre que ce que son ministère met de
l'avant, bien, c'est toujours, donc, bien développé et bien adapté. Si
l'important, pour la ministre, c'est d'avoir des bonnes mesures au bon moment
et à la bonne personne, comment ça se fait que Services Québec, le 1er mars
dernier, là, au début du mois de mars dernier, ait décidé de ne pas renouveler
des ententes avec 13 organismes spécialisés en employabilité? Des organismes
qui sont... qui offrent, donc, ces services précis là à la population, dans
leurs milieux de vie. Et je répète le terme «milieu de vie», M. le Président,
parce que, pour bien des gens qui sont, donc, très éloignés, donc, ils ont
besoin, donc, de ce soutien-là, on l'a dit, structurant et pour lequel... lorsqu'elles
cognent à la porte d'un organisme, bien, si elles n'obtiennent pas le service à
ce moment-là, on ne les reverra pas. Ce sera très difficile pour ces gens-là
d'intégrer le réseau et de faire du maintien à l'emploi.
Parce que la ministre, elle a la raison de
parler de maintien à l'emploi, c'est exactement la raison pour laquelle ces
organismes-là existent. Et, quand la ministre décide de ne pas renouveler,
quand Services Québec décide de ne pas renouveler des ententes avec 13 de
ceux-ci... et là c'est juste ceux pour lesquels je suis au courant, là, M. le
Président, on parle du 3 mars dernier, on est le 21 mars, il y en a
certainement d'autres, là, les ententes, elles se terminent au 30 juin
prochain, bien, moi, la question que j'ai pour la ministre, c'est :
Est-ce qu'elle a vraiment l'impression de déployer la bonne mesure au bon
moment et à la bonne personne quand il y a non-renouvellement de ces ententes
entre Services Québec et des organismes spécialisés en employabilité qui sont
sur le terrain pendant des années et qui ont des listes d'attentes, pour
lesquels les gens cognent à leurs portes? Merci.
Le Président (M. Allaire) : ...
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup, M. le Président. Écoutez, moi, je veux rassurer ma collègue, là, le
plan concernant la situation, là, le contexte tarifaire qu'on vit, notre plan,
il est très clair. Et soyez assurée qu'on va en discuter aujourd'hui, que je
vais faire une présentation de ce plan-là à travers nos interventions. Et on va
certainement revenir aussi sur tout ce qu'on fait, là, avec les organismes
spécialisés en employabilité.
Maintenant, je pense que, dans le contexte
où on me demande où est-ce qu'on s'en va et qu'est-ce qu'on va faire, bien,
c'est important aussi de camper mes priorités, mes priorités qui guident à tous
les jours les actions puis les décisions qu'on prend à l'Emploi. On va... je le
disais tout à l'heure, là, on va avoir le temps de pouvoir aborder les autres
sujets, mais certaines de mes priorités sont... c'est nécessaire qu'on puisse
en parler aujourd'hui, ce matin.
Et je parle de celle qui est de faciliter
l'intégration des personnes plus éloignées du marché du travail. On a eu la
chance d'en parler. C'est une priorité depuis le début de mon mandat, sur
laquelle je travaille et sur laquelle je vais continuer de travailler. Il n'y a
pas de meilleur contexte que celui qu'on vit actuellement, même encore
aujourd'hui, pour faciliter, là, l'intégration des personnes plus éloignées du
marché du travail, et il faut travailler, et j'y travaille avec plusieurs
autres collègues, à augmenter la productivité des entreprises. Et moi, comment
je le fais, comment j'interviens à l'emploi, c'est par le développement des
compétences, et je travaille là-dessus depuis le début de mon mandat, et je le
disais, c'est ce qui guide mes actions, M. le Président.
Alors, au niveau des personnes plus
éloignées du marché du travail, par rapport au reste du Canada, le Québec fait
bonne figure quant à la participation, là, sur le marché du travail de ces
groupes traditionnellement sous-représentés. Il y a encore aujourd'hui des gens
qui peuvent prendre leur place et qui sont disponibles pour les employeurs qui
sont prêts à les accueillir dans leur milieu puis à aménager... à faire les
aménagements nécessaires pour que les conditions de travail, là, soient
optimales pour leur intégration. Et je le répète, je pense aux groupes qui sont
les suivants : les Québécois qui vivent une situation de handicap, les
membres des Premières Nations et Inuit, les travailleurs expérimentés, encore
aujourd'hui, les personnes judiciarisées, personnes immigrantes admises aussi
depuis cinq ans et moins, qui sont souvent les premiers à subir les variations,
là, du taux de chômage, à subir les conséquences de l'augmentation du taux de
chômage, avec les jeunes. Alors, on doit continuer de travailler là-dessus, et
c'est ce qu'on fait.
Et je le répète, ces talents-là, ils sont
disponibles ici, au Québec, pour contribuer à la vitalité puis au dynamisme, là
de l'économie du...
Mme Champagne Jourdain : ...du
Québec, et il faut tout mettre en place pour faire en sorte qu'ils intègrent le
marché du travail. Depuis mon arrivée comme ministre, on a annoncé de
nombreuses mesures qui favorisent l'intégration, là, leur intégration sur le
marché du travail. Je pense à l'apprentissage en milieu de... l'apprentissage
pratique, pardon, en milieu de travail, qui est un nouveau programme de soutien
aux personnes handicapées pour les aider à intégrer le marché du travail. C'est
124 millions sur trois ans aussi qu'on a investis pour financer les carrefours
jeunesse-emploi, M. le Président.
L'augmentation de la productivité, on en a
parlé souvent durant les dernières années, et je pense que le contexte qu'on
vit actuellement nous rappelle que c'est important d'en faire une priorité,
parce que le Québec, encore aujourd'hui, accuse un certain retard en matière de
productivité par rapport aux autres pays. C'est pour ça qu'on intervient,
notamment via la loi du 1 %, pour développer les compétences des travailleurs.
La productivité, elle continue tout de
même de s'accroître, alors qu'elle ralentit dans le reste du Canada. Alors, il
faut quand même tabler sur les avancements, mais on a du travail à poursuivre
dans ce dossier-là, il faut accélérer le rythme, et je pense entre autres à
soutenir les entreprises, là, pour pouvoir travailler sur la réorganisation, la
numérisation, la robotisation, les technologies de l'information,
l'intelligence artificielle ou la recherche et le développement. Ce sont des
améliorations qu'on soutient via le MEIE, et moi, que je soutiens aussi versus
l'aide à la formation sur des nouvelles technologies dans mon ministère.
Et, bien sûr, j'ai eu la chance de parler
souvent de l'Opération main-d'oeuvre. C'est une vaste opération qui nous permet
de qualifier et d'intégrer des gens sur le marché du travail. Et c'est
important pour moi de parler de ça...
• (10 h 30) •
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Parfait. Merci, Mme la ministre. On poursuit avec la partie gouvernementale.
Mme la députée d'Anjou Louis-Riel, la parole est à vous pour cinq minutes.
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président. Alors, tout d'abord, j'aimerais aussi offrir mes salutations à Mme
la ministre. Alors, c'est non seulement un privilège, mais un plaisir d'avoir
le bonheur de travailler avec vous à chaque semaine. Je constate votre
contribution pertinente pour le dossier de l'emploi, mais également votre
dévouement sans faille auprès des Québécois, Québécoises. Alors, merci à vous.
Également, salutations à ma collègue de Bourassa-Sauvé, avec qui j'ai le
bonheur aussi de partager différents dossiers sur la scène montréalaise, et
aussi mon collègue le député de René-Lévesque. Alors, aujourd'hui, comme vous
le dites, vendredi matin pluvieux, mais je peux vous dire que c'est plus
sympathique qu'un certain vendredi matin enneigé où mon collègue et moi avions
participé à l'interpellation, et je m'étais cassé le poignet.
Alors, sur ce, M. le Président, je souhaite
profiter du temps qui m'est alloué dans ce premier bloc pour parler des
services qui sont offerts aux jeunes. La jeunesse nous tient à cœur. et
l'employabilité des jeunes, c'est fondamental pour notre gouvernement. Alors,
je sais également que c'est une préoccupation et une priorité pour ma collègue
la ministre de l'Emploi, dont je suis l'adjointe gouvernementale.
Alors, chaque année, des millions de
jeunes entrent sur le marché du travail avec des rêves et une grande
motivation. Mais cette transition vers l'emploi peut être difficile parfois, M.
le Président. C'est pourquoi il peut être essentiel d'intervenir auprès d'eux
pour qu'ils puissent commencer leur carrière du bon pied, et c'est pour ça que
je salue les actions de notre gouvernement en la matière. Un jeune qui ne
trouve pas d'emploi rapidement risque de perdre espoir et de tomber dans une
dynamique de perte de confiance. Certains jeunes cumulent des difficultés et
des contraintes à l'emploi, ils n'ont pas encore développé de réseau, certains
manquent de formation, ils n'ont par définition pas encore ou peu d'expérience
de travail.
Alors, notre société et notre économie ont
besoin des jeunes, leur apport est indispensable à l'innovation et la
compétitivité. Investir dans l'insertion professionnelle des jeunes, eh bien,
c'est renforcer notre économie pour aujourd'hui, mais aussi pour l'avenir. Ce
sont les raisons pour lesquelles nous intervenons auprès des jeunes par, entre
autres, la formation, l'orientation et l'accompagnement. Alors, le ministère de
ma collègue offre toute une panoplie de services pour les jeunes, et c'est
important d'en parler aujourd'hui et de les énumérer, parce que les jeunes ont
accès à la grande majorité des mesures et services du ministère, et certaines
mesures les visent plus particulièrement.
Près de 400 organismes spécialisés en
employabilité à travers le Québec sont partenaires avec le ministère pour
accompagner les personnes dans leurs démarches de recherche, d'intégration et
de maintien en emploi. La plupart de ces organismes offrent des services aux
jeunes, notamment les carrefours jeunesse emploi, sur lesquels je reviendrai
tantôt, et je fais miennes les salutations que notre collègue de Bourassa-Sauvé
a faites à M. Rudy Humbert et compagnie.
Alors, j'en parlais avec Mme la ministre,
et les données sont impressionnantes...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Boivin Roy : ...Alors, j'en
parlais avec Mme la ministre, et les données sont impressionnantes, M. le
Président. D'année en année, les jeunes représentent environ 20 % des
participants aux mesures d'emploi. Depuis le début de l'année financière, il y
a déjà eu plus de 30 000 participants de moins de 25 ans aux
mesures d'emploi, et près de 78 000 participants de 35 ans et
moins. Il s'agit d'une augmentation par rapport à la moyenne des cinq dernières
années pour les chiffres du mois de février.
Notre gouvernement est vraiment présent.
Je pense entre autres au financement annuel pour le Comité consultatif jeunes
qui donne des avis sur la situation de l'emploi des jeunes au Québec. Alors,
pour des exemples des impacts de ce financement, le comité a publié dans les
dernières années des rapports sur la situation des jeunes qui se trouvent ni en
emploi, ni aux études, ni en formation, et sur leurs compétences pour l'avenir.
Ces rapports aident le ministère, quand vient le temps de cibler les
interventions, et aident aussi à orienter les activités de la Commission des
partenaires du marché du travail, la CPMT, avec qui le ministère et moi avons
établi des liens étroits et pertinents depuis le début du mandat.
Maintenant, je reviens sur les carrefours
jeunesse en emploi. L'importance que le gouvernement accorde à la jeunesse et
au travail de ces carrefours se reflète dans l'effort collectif qu'on fait pour
les soutenir. Quand on regarde l'ensemble des ministères et des organismes qui
soutiennent les carrefours jeunesse-emploi, on se rend compte qu'on le fait à
la hauteur de quelque 140 millions de dollars par année. C'est à peu près
le double des sommes qui étaient accordées au début des années 2010. Et,
comme l'a souligné la ministre, le ministère a annoncé au printemps dernier que
le financement des carrefours allait être renouvelé à la hauteur de 124 millions
sur trois ans. Alors, les sommes sont réparties entre l'ensemble des organismes
concernés en fonction, notamment, du nombre des jeunes présents sur le
territoire. C'est un financement à la mission qui est précieux. Les carrefours
jeunesse-emploi sont les seuls organismes spécialisés en employabilité qui
profitent d'un tel support pour leur mission de base. C'est une preuve
supplémentaire de l'engagement de notre gouvernement envers eux. Et vous
comprendrez, M. le Président, que c'est un engagement qui va se poursuivre.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la députée d'Anjou-Louis-Riel. Alors, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, je
reviens vers vous. Cinq minutes. La parole est à vous.
Mme Cadet : Merci. D'abord,
je m'excuse au collègue de René-Lévesque. Je pense avoir effectué un lapsus en
nommant, donc... en l'appelant député de Duplessis. Bien évidemment, la députée
de Duplessis est assise devant moi.
Maintenant, M. le Président, mon Dieu! Il
y a tant à dire. D'abord, je ne peux pas m'empêcher de réagir sur l'exposé que
nous venons d'entendre sur les jeunes. Parce que, d'une part, donc, je l'ai dit,
M. Humbert, M. Bourgeois, donc, le Collectif autonome... tant le collectif
autonome que le Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec, ont interpelé
la ministre et le premier ministre le 1er mars dernier pour nous dire :
Pensez à nous. Mais ils ne l'ont pas seulement fait à cette occasion-là. Le
Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec, le 7 février dernier, a
envoyé une correspondance à la ministre, je sais qu'elle en a pris
connaissance... je suis certaine, en fait, qu'elle en a pris connaissance, pour
exposer exactement ce même fait en disant : «La crise des tarifs douaniers
imposés par les États-Unis met le Québec face à une nouvelle réalité
économique. Mais cette crise peut aussi devenir une opportunité, à condition d'investir
dans la jeunesse et de miser sur nos forces locales.»
Quand on lit le mémoire prébudgétaire
aussi, du Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec, je n'ai pas l'impression
qu'ils font la même lecture que ce que vient nous exposer la députée d'Anjou-Louis-Riel.
On nous parle, donc, des impacts prévisibles de cette crise sur la hausse du
chômage chez les jeunes, d'un accompagnement insuffisant. Donc, nous dit :
«Les services publics d'emploi sont inadaptés et peinent à absorber la hausse
des demandes, excluant déjà des milliers de jeunes des services d'accompagnement.»
Ça va être quoi avec une perte de 160 000 emplois à travers le
Québec, quand déjà on nous dit que les services publics d'emploi sont inadaptés
et excluent des milliers de jeunes des services d'accompagnement?
Ce n'est pas tout à fait ce que je viens d'entendre
de la part de la députée d'Anjou-Louis-Riel, M. le Président. On nous parle d'augmentation
de la pauvreté et d'exclusion sociale et on nous dit : «Face à ces défis,
les jeunes du Québec ne sont pas un problème à régler, mais une solution à
mobiliser.» J'aimerais entendre la ministre là-dessus un peu plus tard.
Mais au-delà de la jeunesse, que vous
savez que c'est un autre dossier que j'ai, sachant que bien des jeunes qui
effectuent des stages ne sont pas rémunérés, il fallait que j'efface l'aparté,
M. le Président, ce qui m'a aussi interpelée dans ce que la ministre a
mentionné précédemment, elle a nommé un peu les groupes éloignés du marché du
travail. Je suis contente qu'elle le fasse parce qu'effectivement c'est une de
ses priorités. Je me rappelle, c'est la première question que je lui avais
posée lors de notre toute première étude de crédit, pour laquelle, donc, c'était...
en fait, c'était ma première et sa première à la fois. Puis elle avait nommé,
donc, voici, donc, qui sont les groupes prioritaires pour elle. Là, ce qu'elle
vient de nous énumérer, c'est ce qu'on retrouve effectivement comme clientèles
prioritaires dans le plan d'action 2024-2025 des services publics d'emploi.
Mais ce qu'on voit...
Mme Cadet : ...c'est qu'elle
ne nous a pas parlé de femmes, M. le Président. Je m'en suis inquiétée hier en
comparant le plan d'action des services publics d'emploi 2024-2025, avec le
précédent, le 2023-2024, puis même avec celui 2022-202, donc, de son
prédécesseur, qui mentionnait bien explicitement les femmes, donc les femmes
sous-scolarisées dans celui de l'an dernier, et des mesures qui devaient être
faites au niveau du MESS quant au déploiement de la stratégie gouvernementale
pour l'égalité entre les femmes et les hommes 2022-2027. Dans cette
stratégie-là, il y avait une orientation qui avait pour titre Égalité en
emploi, égalité économique entre les femmes et les hommes. Il y avait même un
objectif qui disait réaliser des actions visant à réduire les obstacles à
l'intégration et en maintien en emploi de la main-d'oeuvre féminine. Donc, il y
a toute une stratégie déployée par le gouvernement actuel pour s'assurer du
maintien à l'emploi... de l'intégration et du maintien à l'emploi des femmes
sur le marché du travail. Et pour une raison qui m'échappe et à laquelle la
ministre va certainement répondre, on ne retrouve pas cette particularité dans
le Plan d'action des services publics d'emploi 2024-2025. Je ne suis pas la
seule à l'avoir noté, M. le Président, ce matin, Montréal, le 21 mars
2025, le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail a transmis
une correspondance à la ministre. Ils disent, donc : «Mme la ministre,
vous le savez, le Québec pourrait bientôt traverser une crise majeure. Et donc,
dans cette perspective, le conseil vous interpelle aujourd'hui sur les effets
inquiétants du retrait des femmes des listes de clientèle prioritaire du
gouvernement. Cette décision, non seulement compromet l'accès de milliers de
femmes à des services essentiels, mais menace également l'existence même des
organismes spécialisés en développement de la main-d'oeuvre féminine. Vous
comprendrez, M. le Président, que ce que j'ai lu et pour lequel... Tu sais,
moi, je m'étais dit : Je vais formuler cette inquiétude-là à la ministre,
mais ce qu'on voit dans cette correspondance...
• (10 h 40) •
Le Président (M. Allaire) : Mme
la députée, les documents qu'on peut montrer, c'est des tableaux didactiques,
ce n'est pas...
Mme Cadet : Ah! comme en
période de questions, M. le Président?
Le Président (M. Allaire) : Oui.
Exactement. Oui.
Mme Cadet : On n'est pas
comme en commission?
Le Président (M. Allaire) : Non,
non, on ne peut pas. C'est... C'est seulement des tableaux didactiques qu'on
peut montrer, qu'on... C'est... C'est comme ça ici, au salon rouge, c'est comme
ça en commission également.
Mme Cadet : Bien, je vais
prendre mes 10 secondes, M. le Président, vu que vous m'avez interrompue?
Le Président (M. Allaire) : Non,
votre temps, il continue. Il vous restait 4 secondes.
Mme Cadet : O.K. Bien, alors,
Mme la... Donc, Mme la ministre, donc, qu'est-ce que vous répondez au Conseil
d'intervention pour l'accès à des femmes au travail qui vous a interpelée ce
matin?
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, Mme la députée. Donc, on enchaîne. On est toujours dans la deuxième
série d'interventions. Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci,
M. le Président. Écoutez, je vais revenir sur quelque chose, là, qui... sur
quelque chose dont elle a parlé dans sa première... dans le premier bout de
sa... de son intervention, en fait, celle du financement des organismes
spécialisés en employabilité. Là, on faisait référence aux carrefours
jeunesse-emploi. Mais de manière générale, on m'interpelle dans la convocation
que j'ai aujourd'hui sur le financement des organismes spécialisés en
employabilité, puis sous le thème de coupures. Mais, ce qu'on oublie de dire,
c'est que ce sont des coupures du gouvernement libéral à Ottawa, M. le
Président. J'aurais aimé que ma collègue commence avec ça, qu'elle commence
avec les faits. J'aurais aimé ça aussi qu'elle joigne sa voix à la mienne, à la
nôtre, à celle des partenaires du marché du travail, quand c'était le temps de
dénoncer ces coupures-là, M. le Président.
Vous savez, je vais le réitérer ici,
l'emploi, la formation de la main-d'œuvre, c'est une compétence du Québec. Et,
l'an dernier, on a subi des coupures majeures unilatérales de 145 millions
de transferts gouvernementaux fédéraux pour financer des services
d'employabilité. C'est l'équivalent, M. le Président, de 16 % de toutes
les sommes de transfert.
À de nombreuses reprises, j'ai interpelé
le gouvernement fédéral, j'ai des collègues qui l'ont fait aussi à d'autres
niveaux, avec aussi... quand j'ai fait... quand j'ai interpelé le gouvernement
fédéral, je l'ai fait aussi avec d'autres provinces et territoires qui
dénonçaient ces coupures unilatérales là du gouvernement fédéral. Et
malheureusement, il n'a pas répondu à ces appels, ce qui a eu l'impact... ce
qui a eu des impacts importants sur nos activités cette année. Et, ça, c'est
important de le camper. Parce qu'ils auraient pu intervenir. Le Parti libéral
du Québec aurait pu intervenir auprès de son grand frère. Il ne l'a pas fait.
Je veux vous parler des actions qu'on a
faites pour s'assurer... pour être en mesure d'intervenir puis...
Mme Champagne Jourdain : ...faire
en sorte qu'il n'y ait pas ces coupures-là et qu'on n'ait pas... qu'on ne soit
pas placés devant des choix difficiles.
Et je vais prendre un moment pour
illustrer, là, la séquence, dans le fond, des interventions qui ont été faites
de la part de mon gouvernement pour s'assurer, là, qu'on ait la chance de
discuter avec tous les collègues libéraux, qu'on ait la chance... pour
s'assurer, dans la dernière année, qu'on ait la chance, là, de discuter avec
les collègues, là, de cette situation-là.
Vous savez, ça a commencé avec... en août
2023, où j'ai envoyé une lettre à mon homologue de l'époque, M. Randy
Boissonnault, une lettre qui avait pour but d'énoncer... de le presser
d'annoncer ses intentions, en fait, pour le financement, là, des ententes de
transfert du marché du travail pour 2024-2025. Ensuite de ça, il y a eu de
nombreuses correspondances, il y a une lettre qui a été envoyée du co-président
provincial territorial du Forum des ministres du marché du travail au nom de
tous les collègues, pour pouvoir réitérer l'importance d'assurer la
prévisibilité, là, de ce nouveau financement là. Vous savez, les organismes
spécialisés nous demandent de la prévisibilité. Nous aussi, on en demande, là,
au fédéral. Alors, pour pouvoir la donner, il faut la recevoir. Alors, il y a des
correspondances qui se sont faites en ce sens-là.
Et ça a continué comme ça tout au long de
l'année 2023-2024. Je me suis même rendue à Winnipeg pour rencontrer les
ministres lors d'un forum des ministres du marché du travail, et on a réitéré
d'une voie commune, là, au ministre fédéral nos préoccupations par rapport à
ça. Et on faisait face à une réduction imminente, là, du financement
additionnel des ententes de transfert, là, du marché du travail, et encore
toute l'année 2024, on a fait des interventions. Ça a été la même chose, M. le
Président, cette année, avec mes nouveaux interlocuteurs, et, après tous les
mouvements qu'il y a eu au fédéral, on a quand même continué nos
représentations au Québec pour être en mesure d'aller sensibiliser le nouveau ministre.
Alors, aujourd'hui, le gouvernement
libéral m'interpelle sur le financement des services publics d'emploi sur
l'employabilité. Et, depuis le temps que j'en parle, je ne les ai jamais
entendus interpeler le gouvernement libéral fédéral. J'aurais aimé ça, que ma
collègue députée de Bourassa-Sauvé puisse joindre sa voix à la mienne. Ça n'a
pas été le cas. Et, vous savez, on fait tout notre possible pour diminuer cet
impact-là sur les services causés par les coupures des libéraux fédéraux.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la ministre. On poursuit avec le député de René-Lévesque. Cinq minutes, la
parole est à vous.
M. Montigny : Alors, merci,
M. le Président. Ça fait plaisir aujourd'hui d'intervenir ici, en cette
Chambre. D'abord, merci, chère collègue ministre de la Côte-Nord, collègue, on
est deux députés de la Côte-Nord seulement, on est ici tous les deux, la
Côte-Nord est là. Évidemment, l'emploi, c'est vraiment un enjeu très aussi
nord-côtier, même si c'est le cas pour tout le Québec.
Alors, Mme la députée de Duplessis et
ministre de l'Emploi, ça me fait plaisir de vous remercier pour cette
confiance. Collègue d'Anjou-Louis-Riel aussi, effectivement, on se souvient
bien de notre dernière présence ici, et puis Mme la collègue de Bourassa Sauvé,
que je côtoie aussi dans d'autres contextes où je préside des travaux, ça me
fait plaisir de discuter avec vous, là, d'un sujet aussi important que
l'emploi, ce matin.
Alors, très rapidement, je voudrais parler
clairement d'autres groupes aussi sur lesquels on intervient, notre
gouvernement. Ici même, en Chambre, de l'autre côté, parce que je suis assis
juste en face de moi, présentement, clairement... où je prenais la parole pour
parler de l'association des personnes avec difficultés visuelles de la
Manicouagan pour expliquer comment c'est important, c'était le 24 février
dernier, j'ai tenu à souligner l'impact positif des services offerts pour les
personnes vivant avec des difficultés visuelles, ici, en cette Chambre.
Et je veux revenir sur des éléments
importants pour les personnes sur le marché du travail que sont les Québécois
qui vivent avec un handicap. Et c'est important d'en parler aujourd'hui, chers
collègues, parce que toutes les formations politiques confondues, bien évidemment,
ça en préoccupe. Mais clairement, on a énormément mis en place de mesures. Ma
collègue en a parlé tout à l'heure, évidemment, de mesures qui fonctionnent
bien, mais je veux vous dire que, clairement, sur le terrain... Puis, dans les
six dernières semaines, j'ai fait trois rencontres sur le terrain avec des
personnes, évidemment, qui sont en emploi et qui sont aussi des personnes
vivant avec un handicap, et on le voit très clairement, les impacts que ça peut
faire...
M. Montigny : ...sur le terrain.
Depuis le début de l'année financière, plus de 23 000 personnes
handicapées ont profité de services d'aide à l'emploi, M. le Président. C'est
une augmentation de 6 % par rapport à la moyenne des cinq dernières
années. Clairement, ces données nous parlent, M. le Président. Mais ça
correspond, c'est spécial, mais ça correspond à nos années de gouvernement.
Alors, clairement, on les voit, les augmentations, très clairement, dans nos
années, M. le Président, de ce côté-ci de la Chambre, dans nos actions
gouvernementales.
Maintenant, j'aimerais ça revenir sur un
élément, évidemment, d'intégration des personnes vivant avec un handicap. Je
vous parlais de rencontres que j'ai eues dans les dernières semaines.
J'aimerais ça vous parler du groupe SEMO Côte-Nord très rapidement, mais c'est
important. Souvent, ici, en Chambre, on cite des témoignages de citoyens, et
Mme Vézina et Murray, évidemment, qui sont propriétaires d'une entreprise qui
fait appel à l'intégration de personnes vivant avec un handicap... nous disent
que c'est des personnes extraordinaires. On dit : Naturellement, ils
aiment aider les autres et, en offrant un emploi à des personnes en situation
de handicap, ils permettent à celles-ci de combler leurs besoins et de... de
s'épanouir, en fait. Clairement, on le voit, là, les mesures qu'on met en place
ont un impact considérable sur la productivité des entreprises, mais aussi sur
la vie des personnes qui y travaillent.
Une des deux plus importantes, c'est des
mesures, en fait, du contrat d'intégration au travail qui facilitent l'embauche
et le maintien en emploi des personnes handicapées dans le milieu de travail
standard. Notre gouvernement est très, très... oui, vous avez une... oh oui,
merci, est très, très attaché à ces mesures. En effet, les personnes
handicapées peuvent avoir des besoins précis dans leur milieu de travail,
des... C'est clair que... L'environnement de travail doit donc être adapté, et
c'est pour ça que notre gouvernement s'en préoccupe, M. le Président.
L'aide financière peut prendre plusieurs
formes dont la couverture de certaines dépenses supplémentaires, par exemple,
rendre accessible le lieu de travail adapté, le poste de travail de la personne
embauchée et bénéficier de services à l'entrepreneuriat. Il y a plein de choses
que je pourrais dire, ma collègue en a parlé très bien, le Programme DuoEmploi,
qui est vraiment essentiel.
Mais, en conclusion, M. le Président,
j'aimerais bien dire qu'on peut vraiment dire que notre gouvernement est
présent pour l'emploi des personnes handicapées dans toutes les régions du
Québec, et je le constate sur le terrain.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député de René-Lévesque. Simplement en complément d'information, Mme la
députée de Bourassa-Sauvé, effectivement, tantôt, le document, vous ne pouviez
pas le montrer. Par contre, si vous souhaitez que l'ensemble des parlementaires
sous cette commission le consulte, vous pouvez l'envoyer au secrétariat, puis
ça va me faire plaisir, là, de leur faire parvenir. La parole est à vous, cinq
minutes.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
M. le Président, merci de ces précisions. Je ne pense pas que j'aurai besoin de
transmettre au secrétariat de la commission la lettre transmise, donc, ce
matin, je le répète, le 21 mars 2025, puisqu'elle a été nommément adressée
à la ministre, que je sais que cette correspondance lui a été transmise. Et je
pense que les adjoints parlementaires, adjoints gouvernementaux ont également
eu la chance de recevoir cette lettre. Si ce n'est pas le cas, je pourrai leur
transmettre par d'autres mécanismes, mais j'apprécie la précision. On apprend
les dispositions parlementaires, nous les apprenons tous, M. le Président.
Justement, donc, parlant de cette lettre,
j'espère que j'aurai une réponse à ma question, en fait... je dis moi, mais en
fait, c'est plutôt, donc, les groupes, hein, je le disais, c'est le Conseil
d'intervention pour l'accès des femmes au travail qui a posé une question à la
ministre aujourd'hui, ce sont d'autres groupes spécialisés en employabilité qui
ont... qui ont soulevé ces questions-là et qui interpellent la ministre,
donc... On a cette occasion-là, donc on a ce forum d'échange pour permettre à
la ministre de répondre. Parce que peut-être que c'est un malentendu, ça se peut,
mais je pense que c'est l'occasion, ce matin, pour la ministre, d'offrir une
réponse raisonnée à des groupes qui se posent une question légitime ici, que
j'ai soulevée, puisque, effectivement, j'ai moi-même fait ces vérifications-là,
le plan d'action des services publics d'emploi 2024-2025 n'utilise pas la même
nomenclature que les deux plans d'action des services publics d'emploi
précédents. Donc, je pense que c'est légitime de se poser ces questions-ci, et
on aura peut-être l'occasion d'y revenir, dépendamment de la réponse de la
ministre là-dessus.
Mais puisque, M. le Président, donc, le
député de René-Lévesque vient de nous mettre sur la piste des services publics
d'emploi...
Mme Cadet : ...en fait, donc,
des mesures qui concernent les travailleurs en situation de handicap.
Je me dois de répondre également, avec
égard, au député de René-Lévesque. Donc, oui, nous avons entendu ce que la
ministre a exprimé quant au programme DuoEmploi, et tant mieux, là. Elle
parlait plus tôt, donc, d'un charpentier-menuisier, donc, qui... dans... par
l'entremise d'un accident de travail, donc, a dû se replacer et se requalifier,
que c'est une belle histoire. Tant mieux. Mais, M. le Président, il en faut
plus, des belles histoires de même, et particulièrement quant aux contrats
d'intégration au travail, parce qu'on le sait donc, ces contrats-là, donc,
favorisent l'embauche et le maintien des personnes handicapées dans un milieu
de travail régulier, donc des personnes qui subissent un handicap, donc, à long
terme. Et la mesure... le volet, plutôt, le plus important de cette mesure-là,
bien, c'est le soutien au salaire. Mais l'ensemble des taux de soutien au
salaire a diminué de 5 % pour les renouvellements compris entre le 1er août 2024
et le 31 juillet 2025.
Donc, j'ai entendu le député de
René-Lévesque nous dire que ce programme-là, il était important. Bien, si le
programme est important pour la ministre, bien, j'aimerais ça, donc, l'entendre
sur le choix qui a été fait ici, qui... dont j'ai été interpelée plus tôt, là,
sur le 145 millions. Évidemment, nous aurons à le dénoncer, M. le
Président, là. Je comprends que la ministre, donc, elle n'a pas le choix, donc,
de nous... de mettre de l'avant ce laïus-là, là, plutôt politique. Mais je ne
crois pas que ce soit l'espace, parce qu'il y a des groupes ici aujourd'hui,
qui nous écoutent puis qui veulent obtenir des réponses à leurs questions.
Évidemment, tout le monde le dénonce, cette coupure-là du 145 millions,
mais la ministre ne peut pas juste se cacher derrière ça. C'est ce qu'on a vu
en septembre dernier, quand la ministre, elle répondait au réseau TVA
Nouvelles, sur la question des contrats d'intégration au travail. Bien, elle
nous a encore... elle a lancé, donc, dans l'espace public : Bien là, il y
a 145 millions, on n'a pas le choix de faire des choix.
Mais ce que je dénonce, moi, aujourd'hui,
ce n'est pas tant... Donc, oui, bien, ça, tout le monde... je veux dire, c'est
unanime, mais c'est les choix que la ministre décide de faire, alors qu'on a ce
145 millions là qui n'est plus déployé. Pourquoi ce sont les personnes les
plus vulnérables qui doivent écoper? Pourquoi le taux de soutien au salaire a
diminué de 5 %? Selon moi, M. le Président, donc, on fait face à une
incohérence. On le sait, quand sa collègue à la Solidarité sociale a déposé le
projet de loi n° 71, sa réforme de la solidarité sociale, elle a dit
qu'elle voulait aider 50 000 personnes éloignées intégrer le marché du
travail, y compris celles en situation de handicap. Mais, aujourd'hui, on a des
groupes... Il y a M. Martin Morin, de l'Association des usagers du transport
adapté de Longueuil, l'AUTAL, qui, je sais aussi, a interpelé la ministre en
septembre dernier, qu'il disait : C'est un coup de massue pour les
entreprises et les organismes qui comptent des personnes handicapées au sein de
leur personnel, il y aurait une potentielle diminution de salaire, diminution
du nombre d'heures travaillées, voire des ruptures de contrat ou des fins
d'emploi, on appréhende des refus d'embauche.
Donc, M. le Président, face à ces
témoignages-là qu'on entend qu'est-ce que la ministre leur répond?
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup, M. le Président. Écoutez, c'est certain que je veux revenir sur
l'intervention que ma collègue a faite au niveau des services qui sont offerts
aux femmes. C'est certain que je suis concernée par ça, étant moi-même,
effectivement, une femme, mais je veux que les femmes reçoivent les services
auxquels elles ont droit, et c'est le cas, et ce sera le cas, M. le Président.
On priorise les personnes qui ont des obstacles face au marché du travail, et
les femmes peuvent, oui, certainement avoir des obstacles face au marché du
travail, et nos services, que ce soient des services publics d'emploi ou que ce
soient les services d'aide à l'emploi, vont continuer de desservir et de
répondre aux besoins des femmes et de leur donner l'accompagnement dont elles
ont besoin.
Je voudrais revenir sur le contexte
général, plus général des services publics d'emploi. Ma collègue en a fait
référence, là, y a fait référence tout à l'heure, puis il y avait plusieurs
questions, plusieurs sujets dans son introduction, alors vous allez me
permettre de revenir là-dessus, parce que la situation a beaucoup évolué, et
elle a évolué positivement depuis la mise en place des services publics en
1998. À ce moment-là, à cette époque-là, on faisait face à une population
d'environ 400 000 chômeurs, pour une population générale de
5,8 millions de personnes au Québec, ce qui donnait le ratio d'environ une
personne sur 14 en âge de travailler, au Québec, qui était au chômage.
Aujourd'hui, on compte environ 260 000 chômeurs, M. le Président, environ
une personne sur 29 qui est en âge de travailler qui est au chômage. Alors, le
ratio, il a diminué de moitié avec…
Mme Champagne Jourdain : ...les
années, et c'est toute une transformation. Le marché du travail est en
constante transformation durant les dernières années et de façon profonde. Mais
on est passé d'une situation où on voulait d'abord et avant tout créer de
l'emploi à une situation où la main-d'oeuvre se fait de plus en plus rare, et
ça nous amène à nous adapter... ça nous amène, en fait, à adapter certaines de
façon de faire en emploi. Et je veux peut-être parler un peu de la façon dont
on s'adapte. L'an dernier, on en a parlé... on a un chantier de modernisation,
là, que j'ai lancé, des services publics d'emploi, c'est un sujet très important,
et je suis certaine que vous attendez des résultats avec impatience. Je veux
partager avec vous certaines avancées aujourd'hui. Depuis 2022, on a implanté
un nouveau service d'aide en emploi, soit le maintien en emploi avec les
organismes spécialisés en employabilité. Et, en parlant de personnes qui ont le
plus besoin d'accompagnement, on parlait des personnes en situation de
handicap, on parlait tout à l'heure des femmes, on a aussi ajouté un service
d'accompagnement pour les personnes handicapées par les organismes spécialisés
en employabilité dans les entreprises. Le rôle de ces... bien, en fait, ce sont
des agents d'intégration et de maintien consolidé qui sont directement dans les
entreprises et ça s'ajoute à une mesure d'apprentissage, là, pratique en milieu
de travail, dont on a pu... j'ai pu brièvement parler tout à l'heure. Alors, on
s'adapte aux réalités d'aujourd'hui.
Je veux aussi dire que cette solution-là,
elle était nécessaire, puis c'est une manière... c'est la manière dont on
s'adapte à ce niveau-là, mais on a aussi, dans toutes les régions du Québec,
des agents d'aide à l'emploi qui sont en contact direct avec les chercheurs
d'emploi. Et on a récemment aussi terminé de les former pour qu'ils soient
prêts à déployer cette nouvelle... une nouvelle approche qui est celle, là, du
dialogue motivationnel. Alors, on s'adapte aux réalités d'aujourd'hui. On veut
aider, favoriser la mobilisation des personnes qui sont éloignées du marché du
travail et qui sont parfois plus difficiles à mettre en mouvement parce que,
souvent, ils ont été longtemps en dehors du marché du travail. On travaille
aussi sur l'augmentation de la productivité. On offre maintenant, là, davantage
de services-conseils pour mieux accompagner les entreprises, et ça, c'est important,
ça a des impacts aussi sur l'emploi. Et, dans ces apprentissages-là, on parle
évidemment de la gestion du changement. Alors, ça aussi, c'est extrêmement
important. Et ce sont là quelques-unes des choses, je vois le temps qui passe,
là, qu'on a mises en place avec le chantier de modernisation des services
publics d'emplois, M. le Président. Et, pour développer tout ça, on s'appuie
sur le réseau des partenaires du marché du travail qui, je le rappelle, inclut
les employeurs, les représentants des travailleurs, le réseau de formation au
Québec et le milieu communautaire. On développe ça avec nos yeux et nos
oreilles sur le terrain.
• (11 heures) •
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la ministre. On enchaîne avec le député de René-Lévesque. La parole est à
vous, 5 minutes.
M. Montigny : Merci beaucoup,
M. le Président. À ce stade-ci, pour enchaîner toujours sur le dossier des
personnes qui sont des fois plus éloignées du marché du travail, j'aimerais
prendre le temps d'aborder le sujet des personnes... l'employabilité des
personnes qui sont judiciarisées, en fait. On en parle peu, mais, en même
temps, c'est un enjeu important. Ce sont, en bref, des personnes qui ont un
casier judiciaire. Le comité consultatif pour la clientèle judiciarisée adulte,
qui est le comité consultatif de la Commission des partenaires du marché du
travail en matière d'emploi pour ces personnes, estime qu'il y a plus de
950 000 personnes avec un casier judiciaire au Québec. Ce comité a
accès à un financement de 173 400 $ pour soutenir son fonctionnement
et réaliser son plan d'action. 950 000 personnes, c'est 14 % de la
population de 18 ans et plus. Ça représente aussi, M. le Président, un
homme sur cinq et c'est 34 000 personnes qui utilisent l'aide
financière de ce dernier recours lors d'une étude réalisée récemment. Alors, la
réinsertion en emploi, c'est important. Une fois qu'elles ont purgé leur dette
envers la société, les personnes judiciarisées doivent pouvoir réintégrer la
société et l'emploi. Puis c'est une façon importante de le faire, ce qu'on fait
ici, M. le Président. C'est un des meilleurs moyens d'assurer une meilleure
insertion sociale et de diminuer les risques de récidive. M. le Président, ça
met les personnes dans une situation plus stable où elles sont en mesure de
subvenir à leurs besoins de base et de mettre en...
11 h (version non révisée)
M. Montigny : ...en permanence
dans... de les mettre eux-mêmes en permanence dans une situation qui risque de
les faire améliorer leur situation au lieu de les faire basculer de façon
permanente dans une situation où il pourrait malheureusement y avoir des
activités criminelles. Ça met aussi ces personnes-là dans une situation où
elles peuvent tisser des liens, socialiser, favoriser des liens d'intégration,
avec des modèles aussi, sur qui ils peuvent compter. D'ailleurs, trouver un
emploi, c'est souvent une obligation de la libération, clairement.
Les obstacles à la réinsertion en emploi
sont importants. Il y a des barrières qui sont grandes, effectivement, mais on
met en œuvre des mesures pour y répondre, clairement, notre gouvernement. Un
sondage révélait il y a quelques années, l'an 2021, que seulement 28 %
des employeurs accepteraient d'embaucher une personne judiciarisée. Bref, les
obstacles à réinsertion professionnelle sont nombreux. Mais je voudrais citer
un exemple, un exemple dans ma circonscription, clairement, la régie de gestion
des matières résiduelles, qui accepte, évidemment, notamment aussi par... de
soutien, clairement, de ces personnes judiciarisées qui travaillent clairement
dans notre communauté. Alors, c'est des exemples comme ça qui sont importants,
puis c'est à cause des programmes qu'on met en place par, évidemment, ma
collègue la ministre de l'Emploi qu'on peut avoir des organismes aussi
importants qui emploient ce type de personnes.
Alors, qu'est-ce que la ministre et ma collègue
fait pour la réinsertion des personnes judiciarisées? Plusieurs choses,
évidemment, que ma collègue fait. Il est important d'agir plus tôt... le plus
tôt possible pour maximiser les chances de succès de ces... dans ces
interventions, M. le Président. Et c'est pour ça que la ministre de l'Emploi et
de la Solidarité sociale a une entente avec le ministre de la Sécurité publique
pour permettre l'intervention de services publics en emploie auprès des
personnes incarcérées dans les établissements de détention du Québec pour
favoriser leur réinsertion sociale et professionnelle.
Dans la dernière entente avec les
organismes spécialisés en employabilité, le ministère a conclu 16 ententes
de soutien financier avec des organismes spécialisés en employabilité pour des
services d'aide à l'emploi offerts aux personnes incarcérées dans les
établissements de détention. Ces ententes-là, M. le Président, représentent un
engagement financier de 1,5 million. C'est une cible de plus de 1 500 participations.
Ensuite, dès leur libération, les personnes qui étaient incarcérées ont accès à
l'ensemble des mesures et des services d'emploi offerts par le ministère d'Emploi
et de Solidarité. C'est 50 millions par année, M. le Président, de
services réguliers pour 20 000 personnes.
Alors, en conclusion, M. le Président,
clairement, on le voit bien, que notre gouvernement est mobilisé pour rendre
des services d'employabilité à tous les profils de personnes ayant des besoins.
Puis je me réjouis de pouvoir mettre ça de l'avant aujourd'hui. Ça mérite d'être
souligné, M. le Président. Puis, très clairement, notre gouvernement est
engagé. La ministre fait un bon travail, on va continuer à l'appuyer, M. le
Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci
beaucoup, M. le député de René-Lévesque. On enchaîne avec la députée de
Bourassa-Sauvé. La parole est à vous.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. On a entendu beaucoup de choses. D'une part, donc, j'aimerais
revenir sur ce que la ministre, donc, a dit au sujet des femmes. J'espère que
la ministre aura l'occasion de s'asseoir avec les différents groupes qui
offrent des services spécialisés en développement de la main-d'oeuvre féminine,
comme il a été demandé par le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au
travail, afin de clarifier le tout. Parce que, là, la ministre nous dit :
Bien sûr qu'il y a des femmes avec... qui sont en situation de vulnérabilité
qui vont recevoir ces services-là. Mais ce que moi, j'entends sur le terrain...
Ce que la ministre se dit, avec ses yeux et les oreilles sur le terrain :
Tout va bien — avec ses yeux et ses oreilles sur le terrain. Les programmes que
le gouvernement développe, bien, ça fonctionne, les gens sont satisfaits. Mais
vous comprendrez qu'il y a une certaine crainte quand les plans d'action des
services publics d'emploi précédents mentionnaient, donc, directement...
parlaient directement, donc, des femmes, parlaient de la mise en oeuvre de la
stratégie... de la stratégie égalité entre... l'égalité entre les hommes et les
femmes 2022-2027 du gouvernement et que plus on avance dans les années, plus ça
semble s'étioler. Comme j'ai dit un peu plus tôt, peut-être que c'est tout
simplement une mise au point qui doit être faite, peut-être qu'il n'y a pas
moins de budgets ou moins d'accessibilité pour les programmes dédiés pour les
femmes qui existent en ce moment, mais vous comprendrez qu'il y a une crainte
sur le terrain. Et ce que moi, j'espère, c'est que la ministre va pouvoir s'asseoir
avec les groupes pour pouvoir dissiper cette crainte. Tant mieux, tant mieux
si, sur ce plan-là, il n'y en a pas, de changements...
Mme Cadet : ...rapport au plan
d'action précédent. C'est ce que je souhaite, M. le Président. Je ne souhaite
pas que la ministre, donc, au contraire, donc, se dise : Non, non, non, tu
sais, ça ne fonctionne pas du tout. Si ce qu'elle nous a répondu, c'est tout
simplement le cas, bien, d'une part, bien, elle pourrait tout simplement, donc,
réintégrer le libellé, j'imagine... donc, de travailler sur les prochains plans
d'action, donc d'y réfléchir promptement parce que c'est... les acteurs sur le
terrain, bien, certainement, donc, observent ceci, discutent, hein, avec...
interagissent avec le ministère, avec Services Québec, et se posent des
questions. Donc, si c'est tout simplement un malentendu, bien, que la ministre,
donc, réintègre ce libellé. J'aimerais l'entendre sur ce sujet-là.
Maintenant, le député de René-Lévesque a
aussi parlé des personnes judiciarisées. Effectivement, donc, c'est un sujet
dont on entend très peu parler. Puis là, ici, je vais faire un lien avec le
chantier de modernisation dont a parlé la ministre, parce que, là, elle nous a
dit : Bien oui, regardez, là... Finalement, là, j'ai eu un début de
réponse à mon allocution d'ouverture, il y a peut-être une heure, maintenant,
déjà, où je posais, donc, cette question sur, O.K., où est-ce qu'on s'en va
avec les services publics d'emploi, particulièrement dans ce contexte de crise
économique, dans ce contexte où il faut rassembler tous les acteurs et voir,
donc, comment est-ce qu'on peut moderniser le tout sur le long terme. Bien,
ici, donc, en nous parlant, donc de la modernisation, bien, particulièrement en
ce qui a trait aux personnes judiciarisées, bien, ce qu'on voit, c'est qu'il y
a beaucoup d'anglomores dans les services publics d'emploi qui sont dédiés aux
personnes judiciarisées, puis que le chantier, bien, devait justement
reconnaître leur mission d'employabilité.
Et, à date, là, puis ça fait deux ans, là,
que c'est commencé... depuis deux ans qu'il n'y a aucun changement là-dessus.
Donc, oui, vous avez raison, le député de René-Lévesque, de nous parler des
personnes judiciarisées et des autres clientèles qui sont éloignées du marché
du travail, mais, quand le terrain, quand les yeux et les oreilles sur le
terrain, que nous aussi nous avons, bien, nous disent : Bien, ça fait deux
ans qu'on est en train, qu'on nous parle d'un chantier de modernisation puis
qu'on n'en voit pas, de modernisation quant au rôle que nous, on joue, bien, ça
devient difficile d'accepter ce que vous nous transmettez comme message quant à
ces clientèles-là qui sont éloignées.
Puis ce qu'on entend, nous, sur le
chantier, donc, toujours, c'est que, depuis deux ans, bien, la modernisation,
ce sont des coupures. La modernisation, ce sont des fermetures. Puis je n'ai
pas entendu la ministre, un peu plus tôt, là, sur les ententes non renouvelées
avec 13 organismes spécialisés en employabilité. Je disais 13, mais c'est
peut-être plus parce que ça, c'est ceux pour lesquels je suis au courant. À ce
stade-ci, les ententes sont en pleine période de renouvellement ou de
non-renouvellement. Mais on me dit : Comment ça se fait qu'il n'y a aucune
proactivité à adapter les services pour reconnaître le travail global de ces organisations?
Il reste peu de temps, M. le Président,
donc ma question que je vais avoir pour ce bloc-ci, bien, ça va être celle-là,
mais peut-être qu'on va entendre la députée D'Anjou ou le député de Duplessis
nous parler d'autres groupes éloignés du marché du travail... de René-Lévesque,
pour lesquels, bien, il y a également des insatisfactions, parce qu'on les voit
nous livrer des lettres ouvertes puis nous parler de leur...
• (11 h 10) •
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Mme la ministre, cinq minutes.
Mme Champagne Jourdain : Merci,
M. le Président. Écoutez, on couvre beaucoup de choses. On m'a convoquée ici
pour discuter des niveaux de financement, mais on va dans plusieurs directions,
là, des niveaux de financement de services en employabilité. Alors, je veux
certainement m'assurer de répondre à tout, mais cinq minutes, ce n'est pas long
pour répondre à des sujets si importants que sont ceux-là, qu'évoquent ma
collègue.
Alors, je pense que ce serait une bonne
idée de parler de véritables chiffres, puisque ma collègue nous a accusés à
tort quelque fois, là, de couper. Moi, je vais vous démontrer qu'on a des
résultats et je considère qu'il n'y a pas mieux que les résultats et les
chiffres pour illustrer l'impact de nos interventions, là, au niveau, là, du
marché de l'emploi. Alors, j'ai quelques chiffres pour illustrer combien de
personnes on a aidées entre le 1er avril 2024 et le 18 février 2025 et faire la
comparaison, là, avec la même période de temps pour la moyenne des cinq
dernières années? Ce sont des chiffres pour des nouvelles participations.
Alors, je mets ça... je mets la table, là, pour que vous puissiez comprendre ce
que je vais vous présenter. Je veux aussi noter qu'on parle ici, simplement,
là, des interventions réalisées grâce au Fonds de développement du marché du
travail. Ça n'inclut donc pas tout ce qu'on fait via le fonds de développement,
là, et de reconnaissance des compétences de...
Mme Champagne Jourdain : ...main-d'oeuvre
de la Commission des partenaires du marché du travail. Alors, on est là
seulement sur les interventions que nous permet le FDMT dans notre jargon, là,
à nous.
Dans l'ensemble, on a rendu des services
publics d'emploi à 159 535 nouveaux participants cette année. La
moyenne des cinq dernières années était de 156 102 nouveaux
participants, M. le Président. On est donc dans une hausse de 2,2 % par
rapport à la moyenne. On a aussi rendu des services publics d'emploi à
30 489 personnes de moins de 25 ans cette année. La moyenne des
cinq dernières... des cinq dernières années était de 30 280 personnes
de moins de 25 ans aidées. C'est donc une hausse de 0,7 % par rapport
à la moyenne. Au niveau des 35 ans et moins cette année, on a rendu des
services publics à 77 867 personnes. La moyenne au cours des cinq
dernières années était de 75 246 personnes, et c'est une hausse... on
comprend que c'est une hausse de 3,5 % par rapport à la moyenne. Au niveau
des 45 ans et plus, on a rendu cette année, jusqu'à maintenant, des
services publics à 50 653 personnes de 45 ans et plus. La
moyenne des dernières années : 50 218 personnes qui ont reçu des
services, une hausse de 0,9 % par rapport à cette moyenne-là. Et on a
rendu aussi des services publics d'emploi à 23 104 personnes
handicapées cette année, jusqu'à maintenant. Et la moyenne des dernières années
était de 21 677. C'est une hausse appréciable de 6,6 % par rapport à
la moyenne. On a rendu des services publics d'emploi à
40 209 personnes nées à l'extérieur du Canada cette année. La moyenne
des cinq dernières années était de 30 441 personnes aidées qui sont
nées à l'extérieur du Canada. La hausse ici... C'est la hausse ici la plus
importante, on parle de 32,1 % d'augmentation des services pour les
personnes nées à l'extérieur du Canada par rapport à la moyenne.
On voit bien, M. le Président, que ma
collègue essaie de dire, là, qu'on aide moins de personnes que dans les
dernières années, mais je suis désolée, là, avec la démonstration que je viens
de faire, c'est évident qu'il y a une augmentation, et ce, malgré le contexte
difficile des coupures fédérales libérales. On s'assure de livrer les services,
je m'en assure, et on a une démonstration qu'on continue d'aider toujours plus
de chercheurs d'emploi.
Maintenant, je veux vous dire qu'aussi...
je veux vous parler de Services Québec. On a un réseau qui est déployé sur
l'ensemble du Québec. C'est ça aussi qui nous permet de rendre les bons
services à la bonne personne. Partout, de Montréal à Sept-Îles,
Saint-Georges-de-Beauce, on est là. Et je veux vous dire que, quand je suis sur
le terrain, que je visite des entreprises qui ont à faire pour recruter ou des
gens qui ont des services, les commentaires sont toujours positifs sur le
terrain par rapport à nos services. Les gens sont très satisfaits, et on va
continuer de s'assurer que ça soit... que ce soit le cas. Alors, je veux
souligner aussi leur travail dans tout ça. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la ministre. Mme la députée d'Anjou-Louis-Riel, cinq minutes. Allez-y.
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président. Alors, permettez-moi tout de suite d'entrer dans le vif du sujet sur
ce que nous faisons pour favoriser l'intégration des personnes plus éloignées
du marché du travail, alors, notamment pour les personnes issues de
l'immigration qui rencontrent des défis importants lors de leur arrivée sur le
marché du travail. C'est pour cela que nous agissons en matière
d'employabilité. La situation s'est d'ailleurs beaucoup améliorée dans les
dernières années. On le voit clairement si on compare les chiffres les plus
récents, ceux de février 2025 à ceux de février 2014. Alors, je vous invite à
les consulter. On voit donc, M. le Président, que la situation s'est grandement
améliorée dans les dernières années, et c'est une excellente nouvelle. Ce n'est
certainement pas étranger à toutes les mesures en employabilité qu'on a mises
en place.
En plus de bénéficier de la grande
majorité des mesures actives d'emploi, les personnes immigrantes ont aussi une
mesure qui leur est réservée, la mesure PRIIME. Alors, en effet, il existe un
programme de subventions salariales pour l'aide à l'intégration des immigrants
et des minorités visibles en emploi. Ce programme vise à soutenir l'intégration
dans un premier emploi qui permet, à terme, la rétention, dans leurs domaines
de compétence, des personnes immigrantes ou issues d'une minorité visible.
Alors, on sait que la reconnaissance des compétences est souvent un frein
important pour l'intégration dans un emploi de qualité des personnes issues de
l'immigration. C'est donc à cela que cette mesure vient répondre. Ça permet
d'appuyer les employeurs pour donner une expérience de travail à une personne
qui n'a pas d'expérience québécoise dans son domaine et l'aider à s'adapter ici...
Mme Boivin Roy : ...Par
exemple, une personne qui travaillait sur des chantiers de construction à
l'étranger pourrait avoir l'ambition de le faire ici aussi, mais elle ne sait
pas nécessairement comment ce milieu de travail fonctionne au Québec. Alors, il
peut aussi y avoir des différences dans les outils utilisés, les règles,
l'organisation du travail, etc. Alors, ces différences-là, c'est normal, et
elles rendent la personne moins productive que si elle connaissait tous ces
détails et elle travaillait au Québec depuis des années. Alors, il faut donc
une première expérience de travail québécoise.
Pour faciliter ce maillage, M. le
Président, on offre de la formation aux personnes. C'est là que la mesure vient
agir. Le ministère verse une subvention salariale directement à l'employeur
pour soutenir l'accueil et l'intégration d'une personne immigrante pour un
premier emploi nord-américain significatif dans son domaine de compétence. La
subvention va couvrir une partie du salaire versé à la personne participante et
elle peut couvrir aussi certaines dépenses. La subvention peut être utilisée
jusqu'à 40 semaines, ce qui est quand même considérable. L'objectif est que les
personnes puissent profiter de cette expérience pour s'adapter au marché du travail
au Québec et gagner en productivité. À la fin de cette subvention, les
personnes devraient être en mesure de continuer dans leur milieu de travail
sans que l'employeur ait une aide gouvernementale. Pour l'année 2023-2024, ce
sont 1 104 personnes qui ont pu profiter de la mesure, pour un
investissement total de plus de 7,8 millions.
D'autres actions, M. le Président. En plus
de la subvention salariale, les personnes immigrantes ont aussi accès à la
panoplie de mesures du ministère. L'année dernière, ce sont près de 50 000
personnes issues de l'immigration qui ont été aidées par le ministère, pour des
investissements totaux de près de 250 millions.
Le ministère travaille aussi avec deux
excellents organismes spécialisés dans les services pour les personnes
immigrantes, alors, à savoir le Centre d'appui aux communautés immigrantes, et
aussi INICI, qui offre des parcours d'employabilité aux demandeurs d'asile qui
se concentrent dans la région de Montréal. D'ailleurs, INICI organisait ce
lundi de cette semaine un salon de l'emploi des demandeurs d'asile, qui a,
encore été une fois, supporté financièrement par notre gouvernement. J'y étais
présente, M. le Président, une quatrième édition de ce salon, et, en fait, un
deuxième salon dans une même année, ce qui démontre la nécessité et la
pertinence de ce salon. Alors, lundi, c'était plus de 4 000 personnes
participantes, 67 employeurs et 19 partenaires réunis pour l'emploi. Alors,
bien plus qu'un simple espace de rencontre entre candidats et employeurs, le
salon s'avère une plateforme pour promouvoir la solidarité économique et mettre
en valeur l'importance de l'inclusion et de l'intégration de nouveaux talents
dans l'économie québécoise.
Clairement, ce que nous a dit, tout à
l'heure, la ministre, la bonne mesure, au bon moment, pour la bonne personne.
Alors, cette expression a trouvé toute sa résonance avant, pendant et après le
Salon de l'emploi et de l'intégration sociale des personnes demandant l'asile.
Merci.
• (11 h 20) •
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel. On continue avec la cinquième série
d'interventions. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à vous.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Ça va trop vite, donc on n'a pas l'occasion, donc, d'aborder, donc,
tous les aspects. Je sais que la ministre a dit que ça va de tous bords tous
côtés, mais, effectivement, donc, j'ai un plan de match, mais c'est sûr que,
lorsque le matin même, donc, on reçoit des communications, bien, je pense que
ça fait aussi partie de notre mandat de parlementaires de s'assurer que la
ministre, donc, puisse profiter d'une tribune, parce que c'est ce que c'est
aujourd'hui, puisse profiter de cette tribune-là pour pouvoir répondre. Et on
se comprend, là, l'objectif, l'objet de cette interpellation, oui, donc, c'est
parler, donc, des coupures passées, mais aussi de parler, donc, des coupures
potentielles ou appréhendées par le milieu.
La ministre, aussi, dans sa dernière
intervention, m'a énoncé que je l'accusais à tort et à travers. Mais, avec
égard, M. le Président, vous m'avez vu... tellement, en fait, que vous m'avez
interpelée là-dessus, en me disant que je ne pouvais pas brandir moi-même,
donc, de la documentation, donc on l'a appris, vous et moi, en même temps. Donc,
vous m'avez vu, donc, lire des extraits de documentation, de lettres ouvertes,
de mémoires prébudgétaires, de correspondances qui ont été transmises
directement à la ministre qui faisaient état, donc, de ces coupures-là. Ce ne
sont pas mes mots, madame la... M. le Président, ce ne sont pas... ce ne sont
pas des accusations, là, qui descendent du ciel, là. Ce sont véritablement,
donc, ce que les acteurs transmettent comme communications et comme messages
sur le terrain, et qu'ils se disent insatisfaits.
Je n'ai aussi pas eu l'occasion
d'entendre... parce que la ministre disait, donc... ou on essaie, donc, de
répondre à tout...
Mme Cadet : ...mais je veux
m'assurer que, sur la question des personnes en situation de handicap, qu'on
ait une meilleure réponse aussi de la part de la ministre, parce que vous
l'avez dit, il reste juste deux interventions, il n'y en a pas beaucoup.
Je l'ai dit, donc, dans une lettre ouverte
signée par Mme Pascale Dussault, directrice générale du Regroupement des
aveugles et amblyopes du Montréal Métropolitain, et de M. Martin Morin,
directeur général de l'Association des usagers du transport adapté de
Longueuil, ils nous disaient, en septembre : «C'est un coup de massue pour
les entreprises et les organismes qui comptent des personnes handicapées au
sein de leur personnel.» Je sais que le 9 septembre dernier,
M. Morin, il a écrit à la ministre. Nous, on l'a rencontré, M. Morin,
on le sait que l'AUTAL, l'Association des usagers du transport adapté de
Longueuil, compte actuellement deux CIT qui permettront jusqu'au 31 mars,
donc, sous peu, là, de rembourser 50 % des frais liés à un soutien au
salaire. Et donc, avec la mesure, donc, ça représente une baisse de
4 734 $ et ça obligera à diminuer les heures de travail ou l'augmentation...
en fait, ça obligera, donc, à ne pas, donc, augmenter les salaires des
employés. Donc, vous comprendrez qu'on place des directions d'organisme dans
des situations pas possibles. Donc, c'est pour ça que je veux entendre la
ministre sur la question des CIT. Puis oui, je le sais, là, qu'elle va me
répondre qu'il y a eu 145 millions du fédéral ici, on l'a dénoncé, puis
que, comme je le dis, à TVA Nouvelles, nous disait : Bien, il a fallu
faire des choix, on fait des choix difficiles. Mais gouverner, M. le Président,
c'est choisir. Je ne suis pas en train de dire que la ministre ne devrait pas
faire des choix, c'est son travail. Mais ce qu'on dit, c'est que ce choix-là,
mais nous, on le dénonce. Et je ne le fais pas à travers mon chapeau, je lui
cite des lettres ouvertes, de la documentation, des entrevues qui émanent du
terrain et qui, eux-mêmes, utilisent la nomenclature «coupures».
Rapidement, parce qu'on pourra le faire un
peu plus tard aussi, M. le Président, c'est que la ministre, aussi, dans sa dernière
intervention, j'ai noté qu'elle disait : «Ah, bien, Services Québec, on
est déployé sur l'ensemble du territoire québécois, qu'on est très fiers.»
C'est certainement qu'il y a des bureaux de Services Québec un peu partout.
Mais j'ai interpellé la ministre, elle s'en souviendra, sur la situation en
Outaouais. En Outaouais, donc le 29 novembre dernier, donc les acteurs de
la Direction générale de Services Québec, donc on... comme les partenaires,
donc ont reçu une lettre sur le regroupement des Directions générales de
Services Québec de l'Outaouais et d'Abitibi-Témiscamingue. Comment ça se fait
qu'alors qu'il y ait plusieurs insatisfactions, puis inquiétez-vous pas, M. le
Président, donc, je mets la table, mais j'y reviendrai, donc, lors de ma
prochaine intervention, comment ça se fait qu'alors même que plusieurs
personnes dénoncent l'inefficacité des services rendus par Services Québec sur
le territoire de la Vallée-de-la-Gatineau, qu'on leur annonce ça pour ajouter
l'insulte à l'injure, qu'il y a regroupement des directions générales de
Services Québec de l'Outaouais et de l'Abitibi. Je le dénonce, M. le Président.
La conférence des préfets de l'Outaouais l'a dénoncée. Évidemment, la MRC de la
Vallée de la Gatineau, mais aussi la FQM.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la députée. On enchaîne avec Mme la ministre, la parole est à vous,
5 minutes.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup, M. le Président. Je dois dire que je n'ai jamais entendu autant ma
collègue dénoncer les coupures fédérales libérales, du moins en parler
qu'aujourd'hui. Alors, je tenais à le souligner. Puis je vais prendre ça pour
rebondir sur mon dernier bloc d'intervention, parce qu'un moyen de faire face à
ces coupures fédérales libérales là, c'est certainement d'intervenir sur
toutes... tout ce qui est, dans le fond, allègements administratifs pour les
organismes spécialisés en employabilité.
Vous savez, moi, je suis souvent sur le
terrain, très souvent sur le terrain, et je discute avec les intervenants, avec
les dirigeants, là, de ces organismes spécialisés en employabilité là et c'est
eux qui dispensent les services d'emplois en bonne marge. Alors, on finance ces
organismes-là avec de l'argent public. C'est tout à fait normal qu'il y ait de
la reddition de comptes qui leur soit demandé, et on veut s'assurer que les
fonds publics soient bien utilisés. Ceci étant dit, quand je les visite, je les
écoute, je les entends, et on m'a souvent dit, je pense qu'on ne manque pas...
on n'a pas manqué une visite pour me le dire, qu'il y a beaucoup de temps qui
est passé par les intervenants à remplir des documents pour faire de la
reddition de comptes. Les intervenants, ce qu'ils me disent, c'est qu'ils
comprennent que c'est nécessaire, ça n'en prend, mais que ce n'est pas pour
cette raison-là qu'ils se sont investis dans ce métier. Et ça, je le comprends
bien. Si...
Mme Champagne Jourdain : ...on
a... si on réussit à libérer des intervenants de tâches de reddition de
comptes, bien, on les libère pour faire de l'intervention, et c'est d'abord et
avant tout de l'intervention qu'on veut financer. Alors, c'est un moyen pour
nous de rebondir sur ces coupures fédérales là et de leur permettre de faire ce
qu'ils veulent faire, intervenir auprès des gens. Alors, on s'est assis avec
les regroupements nationaux d'organismes spécialisés en employabilité pour
trouver des solutions. Et on a identifié trois grandes catégories
d'amélioration potentielle, le suivi des ententes et la production des
rapports, le premier... la première catégorie d'amélioration, deux, le
partenariat régional et les communications et les technologies de
l'information. Alors, on a travaillé en se basant là-dessus pour, dans le fond,
trouver des pistes de solution. On a déjà mis plusieurs mesures en place, je
pense, entre autres, au... au processus qu'on a allégé de référencement et de
recrutement. On a financé une base de données pour chacune... chacun des
organismes au coût de 1,5 million de dollars annuellement. Ça va faciliter
la production automatisée de rapports d'étape trimestriels. On a... J'ai une
liste, là, de simplifications qui ont déjà été mises en place.
Mais je profite de la tribune
d'aujourd'hui pour annoncer que tout ce qu'on a déjà fait pour l'allègement
administratif, là, ça ne va pas s'arrêter là, on va aller encore plus loin. Dès
cette année, pour les ententes qui vont commencer le 1er juillet, cet été,
là, j'ai le plaisir de vous annoncer en primeur qu'on va réduire le nombre de
rapports à produire et à transmettre par année de cinq à quatre. Et, l'année
prochaine, on va vouloir encore aller plus loin, et faire passer ce nombre-là
de rapports à transmettre à trois. On va aussi réduire le nombre d'indicateurs
prévus aux ententes de près de moitié. Il y a plus d'une trentaine d'indicateurs
qui ont été identifiés et analysés, et seuls ceux qui sont pertinents et à
valeur ajoutée vont être maintenus. On va aussi mettre à jour le guide des
utilisateurs pour notre application informatique de reddition de comptes. On va
pouvoir aussi mettre en place une formation qui est adaptée sur cette nouvelle
application, sur les changements qui auront été apportés pour les utilisateurs.
Et on va mettre en place une ligne directrice entre les organismes spécialisés
en employabilité et les agents d'aide à l'emploi dans tous les bureaux de
Service Québec afin de faciliter les communications au quotidien. Alors, on
continue d'améliorer nos manières de faire.
Et, si on libère les intervenants sur le
terrain, si on leur donne plus de temps, si on facilite, si on allège la
reddition de comptes, bien, on va avoir encore plus de services aussi rendus à
tous les gens qui ont des obstacles face au marché du travail, M. le Président.
Alors, c'est important pour moi de camper ça aujourd'hui, parce que je l'ai dit
dans... je l'ai démontré dans une autre intervention, on aide toujours plus de
gens, malgré le contexte difficile des coupures fédérales libérales, puis on
continue de trouver des solutions pour être capables de répondre à tous les
besoins des chercheurs d'emploi au Québec. Merci beaucoup.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, Mme la ministre, Mme la députée d'Anjou-Louis-Riel, la parole est à
vous.
Mme Boivin Roy : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, puisque c'est ma dernière intervention, je
souhaiterais aussi souligner tout le travail de l'équipe de Mme la ministre.
Alors, c'est un plaisir aussi de travailler avec vous et aussi d'avoir été en
mesure de préparer notre journée d'aujourd'hui. Et, permettez-moi, M. le Président,
de parler, dans ce dernier bloc, de Services Nunavik. Alors, un sujet qui nous
tient à cœur, soit l'intégration aussi par le biais de Services Nunavik des
Premières Nations et Inuit en emploi. Alors, Services Nunavik, c'est une
priorité pour ma collègue, Mme la ministre, et ses actions depuis le début du
mandat en témoignent.
En octobre 2024, j'ai eu le privilège
d'annoncer avec celle-ci et également le ministre des Relations avec les
Premières Nations et Inuit la création de Services Nunavik en personne à
Kuujjuaq, en collaboration avec l'administration régionale Kativik. Alors, un
moment important pour nous. Et, quand on parle d'employabilité, il est clair
que la création de Services Nunavik a été très éloquente. Alors, on vient
rendre dans ce contexte encore plus accessibles les services gouvernementaux
auxquels la population dans les villages ont droit. On vient augmenter les
compétences de ceux et celles qui sont en poste pour répondre à ceux et celles
qui sont dans le besoin. Alors, c'est un exemple frappant, M. le Président, de
tout ce qu'on réussit à faire en employabilité.
Maintenant, permettez-moi de rappeler
certaines mesures au budget. Dans le dernier budget, tout particulièrement,
nous avons aussi accordé plus de 17 millions pour mettre en œuvre des
actions visant à favoriser..
11 h 30 (version non révisée)
Mme Boivin Roy : ...favoriser
l'intégration en emploi des personnes des Premières Nations et Inuit. On a
aussi prévu près de 200 000 $ par année pour les activités du Comité
consultatif des Premières Nations et des Inuit relatif au marché du travail,
qui rend des avis sur la situation des membres qu'ils représentent. Alors qu'on
se compare très bien au reste du Canada, il reste encore des obstacles à l'emploi,
M. le Président, pour les membres des Premières Nations et Inuit. Et c'est pour
ça que notre gouvernement met en mesures en place et en mesures des... des
mesures pour les aider.
Alors, parlons d'ailleurs des agents de
liaison, puisqu'on parle d'employabilité. On ne peut pas passer sous silence
cette initiative majeure qui a des impacts incroyables. Alors, c'est leur
déploiement dans les communautés. Ma collègue a donné le feu vert pour financer
l'ajout d'une vingtaine d'agents de liaison au développement de la main-d'oeuvre
déployée dans des communautés autochtones dans plusieurs régions du Québec. Ces
agents ont un grand apport pour les communautés de par leur rôle en tant que
facilitateurs, médiateurs et motivateurs, sans oublier le volet connaissance du
terrain et de la communauté. On facilite la concertation et la collaboration
entre les communautés locales, les employeurs et l'ensemble des partenaires du
marché du travail. Leur mandat est d'appuyer les initiatives de la communauté
et des différents partenaires sur le territoire, d'encourager la concertation
et la collaboration pour développer des formations, des compétences et l'employabilité
de la main-d'oeuvre, et de collaborer activement à la mise en œuvre d'initiatives
réalisées en concertation entre les partenaires du marché du travail, l'objectif
ultime, bien sûr, étant de répondre aux besoins spécifiques de la communauté
concernée. Alors, jusqu'à maintenant, M. le Président, leur travail est très
apprécié. Et c'est une initiative porteuse pour l'avenir.
En terminant, je pense que vous êtes à
même de constater de bonne foi tout ce qu'on met de l'avant, tout ce qu'on a
investi, mais aussi surtout tout l'impact positif palpable que cela a. Il y a
eu des améliorations importantes dans les dernières années. On se démarque
avantageusement par rapport au reste du Canada en termes d'employabilité. Mais
je peux vous dire qu'on ne s'assoit pas sur nos lauriers, la ministre en
premier chef, et qu'on continue de travailler.
Je vais me permettre de conclure en
revenant sur la question des personnes éloignées du marché du travail, et ce dans
un sens plus large, dont moi et mes collègues avons parlé pendant cette
interpellation. De tout temps, c'est important de faire des efforts pour
intégrer ces personnes, pour renforcer notre économie mais aussi pour des
raisons humaines. Alors, avec la période d'incertitude économique dans laquelle
nous sommes présentement, c'est encore plus important de nous investir dans
cette avenue parce que les personnes éloignées du marché du travail sont
souvent celles qui perdent leur emploi en premier quand il y a un
ralentissement économique. Nous avons fait des gains importants, M. Président,
dans les dernières années et on va tout faire pour protéger ces avancées. Avec
tout ce qui a été exposé aujourd'hui, je pense que nous sommes bien placés pour
le faire. Et je pense que notre collègue de Bourassa-Sauvé également est en
mesure de le constater. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, Mme la députée d'Anjou-Louis-Riel. Mme la députée de Bourassa-Sauvé,
pour la sixième intervention, vous êtes la seule à intervenir. Vous avez deux
minutes.
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Donc, pour ma dernière intervention, je me concentrerai sur les
services de Services Québec en Outaouais.
M. le Président, je me suis levée en
Chambre à quelques reprises, nous avons également eu un débat de fin de séance
sur la question de l'inaccessibilité, de l'inefficacité de ces services-là en
Outaouais. Ça fait un moment déjà que Mme Chantal Lamarche, la préfète de la
MRC de la Vallée-de-la-Gatineau - je le précise, on parle d'un territoire qui
représente 40 % du territoire de l'Outaouais, qui est une MRC dévitalisée
- lève le drapeau rouge. En Outaouais, on lève le drapeau rouge parce qu'on se
dit : Aïe! On n'est pas en mesure de recevoir les services auxquels la
population a droit. Il y a des gens qui se font revirer de bord, pour utiliser
les termes qui m'ont été transmis, lorsqu'ils cognent à la porte de Services
Québec, tellement, là, qu'il y a des gens qui se retrouvent vers le carrefour
jeunesse-emploi, alors qu'ils ne sont pas, donc, des clientèles, techniquement,
qui seraient admissibles aux services du carrefour jeunesse-emploi, lui-même,
en Outaouais, donc le CJE de Maniwaki, qui n'est pas financé à la hauteur de ce
dont il aurait besoin pour répondre aux besoins de la clientèle admissible. Ce
qu'on voit, là, ce qu'on nous dit, c'est que les organismes savent que Services
Québec n'est plus à la hauteur de ce défi ni de sa mission d'emploi.
M. le Président, la MRC de la Gatineau se
bat pour deux choses : d'abord, pour être en mesure de mettre en œuvre sa
stratégie main-d'oeuvre...
Mme Cadet : ...main-d'oeuvre
et ruralité puis aussi pour dénoncer le fait qu'il y a eu fusion des directions
générales de Services Québec, Outaouais et Abitibi-Témiscamingue. Ils ont leur
résolution, celles des préfets de la MRC, et deux résolutions de la Fédération
québécoise des municipalités. Qu'est-ce qu'elles répondent quand l'ensemble des
municipalités du Québec disent qu'il faut aider la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau?
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci. On est déjà rendus aux dernières interventions. Mme la ministre, vous
avez 10 minutes pour votre conclusion.
• (11 h 40) •
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup, M. le Président. Écoutez, je vais répondre certainement à ma collègue
avant de rentrer dans ma conclusion. Dans ma conclusion, je ne veux... je ne
veux pas manquer l'occasion de lui parler du plan qu'on a pour faire face aux
menaces tarifaires, mais je vais prendre un instant pour lui répondre par
rapport au rapport de la MRC, là, de la Vallée-de-la-Gatineau. Vous savez, j'ai
répondu à certaines de ses demandes dans ce rapport-là, mais je dois vous dire
qu'on a sondé les utilisateurs des services de Services Québec dans cette
région-là. Et il y a 94 % des utilisateurs qui sont satisfaits des
services qu'ils reçoivent dans ce bureau-là. Alors, je tenais à le dire, bien
que j'ai répondu à certaines des demandes qui... du rapport de la MRC,
ultimement, M. le Président, je travaille pour les utilisateurs, pour ceux qui
reçoivent ces services-là. Dans les bureaux de Services Québec et dans ce
coin-là, ils sont à 94 % satisfaits des services qu'on donne. Merci.
Alors, je veux rentrer dans la partie
conclusion de cette interpellation-là. Et je vais, évidemment, remercier tous
les élus qui sont présents ici, tout le personnel, vous-même, M. le Président,
ainsi que Catherine et Yves, mes chers collègues qui m'accompagnent. C'est
important qu'on ait ces échanges-là et ça nous permet de souligner les bons
coups, ça nous permet de faire le point sur les dossiers importants, mais ça
nous remet... ça nous permet aussi surtout de remettre les pendules à l'heure,
et ça, c'est important. Aujourd'hui, j'ai voulu aborder le contexte des
dernières années qui a grandement évolué, le contexte de l'emploi qui a
beaucoup évolué, et tout ce qu'on a mis en place pour s'y adapter. Je veux...
J'ai aussi parlé des succès qu'on a connus grâce à ça, à notre adaptabilité
puis agilité. J'ai aussi tenu à parler des impacts, des coupures du
gouvernement libéral au fédéral et de ce qu'on a fait pour s'y adapter, pour
s'assurer que ça ait le moins de répercussions chez les chercheurs d'emploi. Je
pense entre autres aux allègements administratifs qui vont entrer en vigueur
pour les organismes spécialisés en employabilité. On coupe dans la paperasse,
ça, ça va se traduire en plus d'interventions sur le terrain pour les Québécois
et les Québécoises. Et on va toujours être là pour soutenir l'intégration en emploi
de tout le monde. C'est une de mes priorités et nos actions et nos résultats le
démontrent. On va continuer dans la bonne voie.
Maintenant, on fait face à une situation
qui est particulière, qui cause beaucoup d'incertitudes, celle des tarifs
douaniers. Et je veux absolument aborder ça avant qu'on se laisse, puisque...
C'est l'éléphant dans la pièce, mais il faut l'adresser, la menace tarifaire
américaine. On sait qu'on vit énormément d'incertitudes depuis l'élection du
président Trump. Comme gouvernement, on est vraiment en action, et les
dernières semaines l'ont démontré, là, pour faire face à cette menace tarifaire
là. Et on a mis beaucoup, beaucoup de choses en place. Je vais... Je
commencerai en disant qu'on a tout mis en œuvre, là, pour se mobiliser, pour
tenter de faire en sorte que ces tarifs-là ne soient pas mis en place, et on ne
démarre pas... Le premier ministre a mis en place un comité ministériel sur la
question. On a aussi mobilisé notre réseau de représentation diplomatique pour
échanger avec nos partenaires aux États-Unis et ailleurs dans le monde aussi.
Et toute l'équipe ministérielle a travaillé et continue de travailler pour
minimiser, là, la possibilité d'impact potentiel de la mise en place de tarifs.
Notre plan, il est très clair. Trois
étapes pour faire face à la menace tarifaire : première étape consiste à
protéger nos emplois, la deuxième étape consiste à diversifier les marchés pour
les entreprises québécoises et la troisième étape consiste à requalifier les
travailleurs qui pourraient perdre leur emploi. Et je veux certainement parler
d'une grande étape, là, dans le développement de ce plan qui a eu lieu, là, en
février dernier. Le 13 février dernier, c'était le forum spécial sur
l'emploi, où j'ai rassemblé environ 200 partenaires, là, du marché du
travail au Québec. En pleine tempête de neige, ils se sont déplacés, ils
étaient présents. Je les remercie aussi pour...
Mme Champagne Jourdain : ...des
enjeux et des pistes de solution auxquels... des enjeux auxquels on fait face
et des pistes de solution qu'on pourrait... qu'on pouvait mettre de l'avant.
Les partenaires ont insisté sur plusieurs
points, et je veux vous en rapporter quelques-uns : l'importance d'avoir
une économie résiliente, moins vulnérable aux aléas du marché américain, pour
qu'on évite de se retrouver dans cette situation-là à répétition. Ils ont
insisté sur l'importance de la formation, et même dans le contexte actuel,
c'est le meilleur moment, je le disais tout à l'heure, pour utiliser les
leviers à notre disposition, pour rehausser les compétences des travailleurs.
Puis, ultimement, ça va nous aider à augmenter notre productivité, qui est une
des réponses à cette crise-là aussi. Aussi, le fait qu'on peut tabler sur ce
qui existe déjà en bonifiant des mesures en place, qu'on sait comment
administrer et déployer rapidement. On a une connaissance, on le connaît, notre
marché du travail, on connaît nos mesures, c'est une compétence, au Québec,
alors on peut tabler sur ce qui existe en s'ajustant. Et ils ont aussi incité
sur le fait qu'il faut travailler par secteur, par région, pour avoir la
meilleure réponse possible aux enjeux particuliers des menaces tarifaires. Et
la force, j'insiste là-dessus, de l'approche collective des partenaires du
marché du travail... en mettant nos expertises, là, en commun, c'est certain
qu'on est capables de développer des projets qui sont innovants puis qui vont
vraiment permettre de répondre, là, aux besoins des secteurs et des régions
dans ce contexte-là.
Je veux revenir, certainement, au plan.
Là, j'ai mis ça en contexte, là, on s'est inspirés de ce forum-là, entre
autres, pour mettre en place un plan. Au niveau de la protection... de l'étape
un, de la protection des emplois, on a déjà annoncé quelques mesures. Je pense au
programme Frontière, pour offrir des liquidités aux entreprises qui en ont
besoin dans le contexte actuel, au programme Essor, 10 millions pour aider les
entreprises à augmenter leur productivité. Et, de mon côté, le programme FORCE,
pour... c'est un 20 millions que j'ai annoncé pour aider les entreprises dans
les secteurs les plus touchés par cette menace tarifaire ou ces tarifs-là, donc
les secteurs primaires, celui des ressources naturelles, le secteur
manufacturier et celui du transport logistique, là, pour leur permettre
d'offrir de la formation pour rehausser leur productivité. Alors, il y a déjà
pas mal d'intérêt pour ça.
Au niveau de la deuxième étape, celle de
diversifier les marchés, on a aussi créé des mesures pour développer des
nouveaux marchés. On a entendu parler de la mesure panorama de ma collègue,
celle de la Caisse de dépôt et de placement aussi, pour un programme d'aide aux
entreprises québécoises qui souhaitent rehausser leur productivité ou opérer un
pivot stratégique vers d'autres marchés, et, de mon côté, de la mesure... qui
permet de la formation sur mesure pour les PME qui désirent diversifier leurs
marchés, que ce soit à l'international mais aussi via les autres provinces.
C'est une mesure qui permet d'aider les entreprises à acquérir des compétences,
de la formation pour aller vers de nouveaux marchés. C'est ce qu'on me dit
souvent sur le terrain : Je voudrais bien, mais je n'ai pas les
compétences dans ma petite équipe. Alors, on vient répondre à une demande par
ce programme-là.
Alors, je voulais certainement vous
exprimer très clairement quel était notre plan. C'était important pour moi de
terminer en parlant de ça. Ça témoigne encore une fois de ce qu'on fait pour
répondre aux besoins sur le terrain. Les mesures, les interventions, là, qu'on
déploie vont se faire dans les entreprises et vont permettre de développer,
encore une fois, les compétences des travailleurs, s'ils devaient perdre leur
emploi, bien, ils vont emporter avec eux cette expertise-là et ils vont l'avoir
dans leur coffre à outils. Alors, on vient donc améliorer leur employabilité
dans un contexte d'incertitude économique, c'est toujours important, mais
encore plus dans le contexte dans lequel on est actuellement. Alors, c'était
important pour moi de terminer...
Peut-être revenir sur la mesure...
peut-être revenir sur la mesure... que j'ai lancée dernièrement et dont j'ai
parlé brièvement ici. C'est vraiment une mesure, là, dans laquelle on vient
répondre une fois de plus, au gouvernement, aux besoins des entreprises...
pardon, indépendantes et par laquelle nous, on démontre encore une fois notre
productivité. Alors, on va aider, là, des entreprises, et à développer leurs
compétences pour aller sur de nouveaux marchés. On va couvrir jusqu'à 75 % des
dépenses admissibles, et ça, ça inclut le salaire des employés. J'avais passé
vite, tout à l'heure, sur cette mesure-là, c'était important pour moi de vous
ramener quelques détails...
Mme Champagne Jourdain : ...alors,
je vais vous céder maintenant la parole pour une dernière fois dans le cadre de
cette interpellation. J'en profite encore pour remercier les collègues pour
leur participation. Je veux aussi remercier les équipes de l'Assemblée
nationale qui nous permettent de faire notre travail, d'avoir ces échanges-là.
Je remercie les gens qui nous écoutent. Je sais qu'il y a certainement des gens
des organismes spécialisés en employabilité qui nous écoutent. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, Mme la ministre. Alors, à votre tour de faire votre conclusion, Mme la
députée de Bourassa-Sauvé. Vous avez 10 minutes, la parole est à vous.
• (11 h 50) •
Mme Cadet : Merci, M. le
Président. Je vais commencer, donc, cet échange, donc, de conclusion avec le
dernier sujet que j'ai abordé, parce que, dans les 10 minutes de la
ministre, je n'ai obtenu aucune réponse, absolument rien sur ce qui se passe en
Outaouais. D'abord, elle nous a parlé, donc, d'un sondage, là, c'est ce qu'elle
nous avait répondu en Chambre l'autre fois, puis j'avais été un petit peu
estomaquée de la réponse, puis c'est pour ça que je suis allée faire des
recherches. Puis ce qu'on comprend, c'est que ce sondage-là... il y a
86 individus qui ont répondu au sondage téléphonique de Léger Marketing,
qui s'est tenu, donc, du 18 septembre au 9 octobre 2023, sondage qui
a tenté de répondre... tous les individus qui se sont présentés au comptoir de
Services Québec de Maniwaki entre le 1er juillet 2022 et le 31 août
2023, là, en plein été, là.
Vous comprendrez que, comme échantillon,
non seulement ça nous semble insuffisant et la période dans laquelle ce
sondage-là s'est déroulé alors que le... il y avait tout un bassin qui était
disponible pour élargir l'échantillonnage, bien, vous comprendrez que non
seulement, moi, je suis insatisfaite de la réponse que nous donne la ministre
aussi, mais que les acteurs locaux sont insatisfaits de ce qu'ils entendent de
la part de la ministre. Parce qu'ils disent : Mon Dieu, ils auraient pu
aller sonder des milliers de travailleurs qui ont, un jour ou l'autre, utilisé
les services d'emploi, les milliers de personnes sans chèque qui ont, un jour,
utilisé les services d'emploi, les personnes refusées, les nombreuses personnes
refusées à une mesure ou à un programme de Services Québec. Donc, je trouve ça
présomptueux qu'on nous dise : Mon Dieu, 95 % des gens sont
satisfaits. Il y en a 86 personnes, là, donc 85 % des
86 personnes qu'on a sondées, là, alors qu'on a tenté de les rejoindre en
plein été, bien, ces gens-là nous ont dit : Il n'y en a pas de problème,
Mme la Marquise, on est vraiment très heureux de ce qu'on reçoit de l'apport de
Services Québec.
La ministre nous a aussi dit qu'en
Outaouais, bien, qu'elle avait répondu aux demandes posées par Mme... aux
questions posées par Mme Chantal Lamarche quant à sa stratégie
main-d'oeuvre et ruralité. Puis je le sais qu'elle a répondu à la ministre...
que la ministre a répondu à Mme Lamarche, mais, en mai 2024, quand ils ont
reçu la documentation du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, en
disant : Bon, bien, Mme la préfète, regardez, on s'intéresse à ce que vous
nous dites. Bien, on va vous confirmer, on a fait des travaux de peinture au
bureau de Services Québec de Maniwaki. Donc, manifestement, bien, il n'y en a
pas de problème. On est très, très, très présents, on vous entend. Pendant ce
temps-là, la ministre nous dit que, dans le cadre... dans le contexte dans
lequel nous nous trouvons aujourd'hui, qu'on a besoin d'aller cogner à la porte
des acteurs sur le terrain et d'aller chercher des solutions.
Bien, eux, ça fait longtemps qu'ils nous
en parlent, qu'ils lèvent des drapeaux rouges sur la situation puis qu'ils nous
présentent des solutions à coût nul pour le gouvernement. Ils nous
disent : Bien, nous, on veut tout simplement, là... on veut pouvoir se
réunir entre acteurs, d'avoir notre propre commission locale, là, des
partenaires du marché du travail, avec la stratégie main-d'oeuvre et ruralité,
puis de pouvoir nous concerter. C'était déjà pertinent quand ça avait été demandé,
mais c'est encore plus pertinent aujourd'hui dans le contexte de la menace
tarifaire où on se dit : Bien, il faut qu'on aille chercher, donc, les
solutions qui émanent du terrain, les gens qui se disent : Bien, comment
est-ce que nous on peut se concerter pour préserver nos emplois locaux, pour
les maintenir puis d'être capable d'être une région qui est attrayante alors
qu'on parle ici encore une fois, donc, d'une MRC dévitalisée qui représente
40 % du territoire de l'Outaouais?
Donc, je vais déposer le document Voir et
faire autrement des services de proximité de bonne qualité en quantité
suffisante de la MRC de la Vallée de la Gatineau. Je vais le présenter à la
ministre au cas où, ça fait quand même un moment qu'elle l'a reçu. Donc, on
pourra lui déposer la Stratégie main-d'oeuvre et ruralité, qui est, comme je
l'ai dit, toujours pertinente, parce que juste le 21 janvier dernier, la
MRC de la Vallée de la Gatineau, dans sa séance ordinaire du conseil, donc
adoptait la résolution suivante et nous disait : «Considérant que malgré
la présence de direction régionale et locale, les services directs aux citoyens
s'en trouvent déficients, quasi inexistants, laissant les citoyens à eux-mêmes
en situation de détresse, il est alors illogique de croire que la structure de
regroupement proposée offrira une prestation de services adéquate et répondant
aux besoins de la clientèle...
Mme Cadet : ...visée, elle
demande donc, tant que la ministre revoit la Stratégie main-d'oeuvre et
ruralité, que la décision de fusionner les deux directions générales de
Services Québec. Si c'était juste la MRC de la Vallée de la Gatineau, bien, on
dirait : Bien, c'est juste une demande locale, ce n'est pas un problème,
ils sont les seuls à penser ça. Mais, M. le Président, la Conférence des
préfets de l'Outaouais, le 27 janvier dernier, demandait aussi à la ministre de
l'Emploi le maintien d'une direction régionale propre à l'Outaouais, distincte
de celle de l'Abitibi-Témiscamingue, afin de mieux répondre aux besoins
spécifiques de la région, et la mise en oeuvre rapide de la Stratégie
main-d'oeuvre et ruralité élaborée par les partenaires régionaux sous la
coordination de la MRC de la Vallée de la Gatineau.
M. le Président, si c'était juste la
région, bien, on se dirait : Évidemment, l'Outaouais prêche pour sa
paroisse. Mais la Fédération québécoise des municipalités, le 25 février
dernier, à Québec, ici même, ont adopté deux résolutions, une qui disait :
«Considérant le déploiement inéquitable des services gouvernementaux dans les
régions du Québec, considérant que des MRC se voient même dépouillées de
certains services gouvernementaux privant leurs citoyens de services auxquels
ils ont droit, considérant que les citoyens des régions dévitalisées et
éloignées sont désavantagés par rapport à l'accès aux services gouvernementaux,
on a besoin de mettre en oeuvre la Stratégie main-d'oeuvre et ruralité.»
L'ensemble des élus de la Fédération
québécoise des municipalités, M. le Président, la même journée, ils nous ont
aussi dit : «Considérant la gouvernance locale, en particulier la prise de
décision adaptée aux réalités et aux besoins des territoires, est essentielle
pour garantir une offre de services proche des préoccupations des citoyens, et
considérant que, malgré la présence de direction régionale et locale, les
services directs aux citoyens s'en trouvent déjà déficients sur ces
territoires, bien, il va falloir, donc, un moratoire sur la mise en place d'une
structure adéquate en concertation avec les élus municipaux.» Ils dénoncent la
décision unilatérale du ministère de l'Emploi de regrouper les deux directions
générales de Services Québec.
Donc, M. le Président, vous comprendrez
que les acteurs, là, qui sont... qui dénoncent le ministère de l'Emploi sur le
terrain, ils sont multiples et ils sont à travers le Québec. Il y a ceux que je
viens de vous nommer, mais il y a tous ceux pour lesquels je n'ai pas obtenu de
réponse au cours des deux dernières heures sur les préoccupations qui ont été
énoncées. Il y a le RSSMO, le Réseau des services spécialisés de main-d'oeuvre,
qui nous a parlé aussi de la lourdeur administrative. Vous avez raison, donc,
madame... Mme la Présidente, donc, il y a des... il y a des gens, donc, qui
entendent, donc, ce que vous nous dites, tantôt, et clairement, donc, ils
prendront acte de ce que vous nous avez annoncé. Mais c'est un chantier qui
dure depuis beaucoup trop longtemps. On comprend qu'il y a, donc, énormément de
travail qui est demandé par ces organismes-là sur le terrain et sur la
reddition de comptes. Donc, c'est un sujet que je voulais aussi aborder
aujourd'hui.
Vous comprendrez aussi, M. le Président,
que, donc, cet organisme, comme tous les autres, ceux que j'ai nommés qui ont
signé, donc, cette lettre ouverte et qui nous disent... comme l'Outaouais, elle
a fait, en disant : Regardez, là, nous, on peut répondre, on peut se
concerter, on peut innover, on a parlé d'innovation tantôt, on peut innover
pour répondre à cette guerre tarifaire là en se concertant. Bien, ils nous ont
dit : Bien, nous, on offre des services. La ministre, là, tantôt, quand on
nous a parlé du chantier de modernisation, là, on n'a pas compris que le
soutien de ces organismes-là serait bonifié. Elle n'a jamais répondu sur la
question des ententes non renouvelées avec des organismes spécialisés en
employabilité qui sont sur le terrain et qui demandent d'être entendus, et qui
se disent : Bien, nous, on y répond déjà à ces besoins-là.
Je lui ai demandé, sur les femmes, est-ce
qu'elle va rencontrer les organismes visés. Est-ce qu'elle va rencontrer le
RSSMO? Est-ce qu'elle va rencontrer le CIHR? Est-ce qu'elle va rencontrer,
donc, ceux qui se questionnent sur les enjeux de la question des femmes et de
savoir : Est-ce qu'on va retrouver, donc, ce terme-là, dans le libellé,
dans le prochain plan d'action des services publics d'emploi? Vous comprendrez
que je le lirai, M. le Président. Sur le 145 millions, évidemment qu'on va le
dénoncer... qu'on l'a dénoncé. Puis je comprends, la ministre, elle a besoin de
faire cette manoeuvre politique là, je l'entends. Mais, maintenant, c'est quoi,
sa stratégie pour aller chercher ces sommes-là au fédéral? Les groupes qui sont
sur le terrain, qui nous entendent, ceux qui ont besoin de réponses, ils ne
veulent pas savoir ce que, moi, j'ai fait à l'opposition là-dessus, je veux
dire, ils m'entendent, ils me voient, et on se parle. Ce qu'ils veulent savoir,
c'est : Est-ce que la ministre qui est assise dans cette chaise-là, qui
est imputable d'aller chercher ces sommes pour l'ensemble de la population du
Québec, qu'est-ce qu'elle fait? Qu'est-ce qu'elle va continuer de se faire...
Qu'est-ce qu'elle va continuer de faire? C'est quoi, sa stratégie pour
l'avenir?
Ce n'est même pas moi qui pose la
question, c'est les gens sur le terrain, Mme la ministre, qui se posent cette
question-là...
Mme Cadet : ...sur la question
des personnes en situation de handicap, j'aurais aimé recevoir donc une réponse
plus complète sur les démarches qui ont été faites pour permettre... pour que
les personnes en situation de handicap ne soient pas aussi touchées par les
choix... parce que oui, gouverner, c'est choisir et faire des choix difficiles,
mais par les choix que la ministre a faits au cours de la dernière année.
Donc, M. le Président, j'ai bien hâte que
la ministre, et moi, et l'ensemble des parlementaires de la partie
gouvernementale, on se retrouve en étude des crédits budgétaires pour la suite.
Merci pour présence...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci, tout le monde. Puis je vous lève mon chapeau, en ce sens où les échanges
se sont faits de façon respectueuse ce matin. Bravo!
Alors, compte tenu de l'heure, je lève la
séance de la commission... ayant accompli son mandat ajourne au
mardi 25 mars 2025, à 9 h 45, où elle poursuivra un autre
mandat. Bon week-end, tout le monde.
(Fin de la séance à 12 heures)