Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 25 février 2025
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Vol. 47 N° 87
Étude détaillée du projet de loi n° 85, Loi modifiant diverses dispositions principalement aux fins d’allègement du fardeau réglementaire et administratif
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-sept minutes)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte. Désolé pour ma voix, qui a
porté un peu plus, là, il faut s'habituer au micro.
Donc, la commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 85, Loi modifiant diverses dispositions
principalement aux fins d'allègement du fardeau réglementaire et administratif.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Cadet (Bourassa-Sauvé) est remplacée par M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys); Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey) est remplacée par MmeRotiroti (Jeanne-Mance—Viger); et M. Fontecilla
(Laurier-Dorion) est remplacé par Mme Zaga Mendez (Verdun).
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la secrétaire. Alors, avant de débuter les remarques préliminaires, je
dépose les mémoires reçus depuis la fin des auditions.
Alors, on débute avec les remarques
préliminaires. M. le ministre, vous disposez de 20 minutes. La parole est à
vous.
M. Skeete : Bonjour, M. le
Président, et bonjour, chers collègues. Merci beaucoup d'être ici ce matin, c'est
vraiment apprécié. Permettez-moi aussi de dire merci à l'équipe qui m'entoure.
On est nombreux, on est nombreux, mais ça témoigne de la grande portée du
projet de loi qui nous occupe aujourd'hui. Salutations particulières à mes
collègues de la partie gouvernementale, que j'apprécie beaucoup et que je
salue, d'ailleurs.
Écoutez, M. le Président, je ne vais pas m'éterniser,
on a beaucoup de travail à faire. C'est un projet de loi qui est important. L'allègement
réglementaire, c'est important. Ce n'est pas sexy, mais c'est important de le
faire, puis c'est souvent le bout qui a été oublié par le passé. La bonne
nouvelle, c'est qu'on s'est donné comme mandat d'avoir un projet de loi par
année pour, justement, réduire le fardeau administratif de nos entreprises,
puis je pense que c'est la chose à faire, M. le Président, dans le contexte
actuel, de faciliter les échanges et le commerce avec nos entreprises. Donc,
ravi d'être ici aujourd'hui, ravi de retrouver mes collègues, avec qui j'ai
très hâte de poursuivre nos travaux. Et, sur ce, M. le Président, je cède ma
parole. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, M. le ministre. Sympathique rappel de prendre le temps d'éteindre la
sonnerie de vos appareils électroniques, s'il vous plaît. On est plusieurs. Je
cède maintenant la parole au porte-parole officiel de l'opposition officielle
pour ses remarques préliminaires. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, vous
avez 20 minutes.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à tous, là, d'être ici ce matin. Si je peux
juste me permettre, je trouve que la banquette gouvernementale est extrêmement
rajeunie ce matin. Donc, c'est le fun de voir tout le nouveau sang qui pousse
derrière l'équipe gouvernementale, c'est bien de voir ça.
Écoutez, je pense que c'est important
aussi de remercier tous ceux qui sont venus présenter leurs demandes durant le
processus parlementaire qui nous amène jusqu'où on est rendus aussi aujourd'hui.
On va avoir des questions à poser sur plusieurs enjeux. On peut penser aux
timbres, aux heures d'ouverture, à la sous-traitance de livraison, à la
production. On a aussi, évidemment, plus généralement, des questions sur le
projet de loi du ministre, sur l'approche du gouvernement de la Coalition
avenir Québec pour diminuer le fardeau administratif de nos PME.
• (9 h 50) •
Un petit rappel des faits, là. Il faut
quand même se rappeler qu'on a 270 000 et plus PME au Québec, qui sont
réparties dans les 17 régions économiques du Québec. Elles ont toutes besoin,
évidemment, d'être plus compétitives, elles ont toutes besoin de tirer leur épingle
du jeu, elles ont besoin d'un gouvernement qui est là pour les écouter, pour
faire en sorte qu'on puisse, de la façon qu'un gouvernement peut le faire, être
à leur écoute et aider plus que jamais, surtout qu'évidemment avec ce qui se
passe, géopolitiquement parlant, au sud de la frontière, le président américain
qui nous menace... notre économie, là, avec des tarifs. Il a réitéré ça hier.
Évidemment, il faut diversifier nos marchés de commerce extérieur, autant
besoin, aussi, de resserrer nos liens avec l'Union européenne, l'Asie, en
faisant tomber les barrières qui sont superflues au commerce autant
interprovincial, là, qu'à l'extérieur, souvent, à plusieurs égards. Mais
évidemment on doit faire diminuer... la diminution du fardeau administratif une
priorité pour toutes nos PME.
C'est le quatrième projet de loi en
allègement réglementaire, là, du ministre présenté, là, par la Coalition avenir
Québec, un projet de loi qui, donc, avec les trois autres qui ont précédé,
était stipulé par le ministre avec un objectif de réduction totale de 200
millions de dollars ou l'équivalent de 200 millions de dollars en termes de
fardeau administratif. Dans l'ensemble de notre économie, quand on regarde tout
ce que le produit intérieur brut du Québec représente, c'est dur de considérer
ça comme significatif parce que, malheureusement, M. le Président, on parle ici
de plusieurs petites mesures sans vraiment avoir une vision sur l'ensemble de l'économie.
Pour moi, je trouve ça extrêmement important qu'on souligne ce point-là...
M. Beauchemin : ...depuis
2018, le fardeau administratif réglementaire est devenu de plus en plus lourd.
La situation aurait dû s'améliorer. On a un projet de loi omnibus, des petites
mesures, mais on ne voit pas vraiment quel... qu'est-ce qu'on va cibler de
façon macro pour qu'on puisse avoir un engrenage vers la déréglementation,
malheureusement.
En 2017, le coût de la réglementation au
Québec, pour tous, c'est important de se le rappeler, était de l'ordre de 8,5
milliards de dollars, tandis qu'aujourd'hui, bien, à la fin de décembre 2024,
selon le FCEI, l'étude qui a été démontrée, démontrait une augmentation, une
augmentation de 28 % du fardeau administratif, ce qui représente 10,9 milliards
de dollars. Donc 2,4 milliards de dollars de plus que représente le fardeau
administratif au Québec sous le gouvernement de la Coalition avenir Québec.
Puis l'objectif de l'ensemble des quatre projets de loi du ministre à date a
comme objectif 200 millions.
Ça fait qu'on comprendra, là, qu'on n'est
pas du tout dans... sur le même terrain de jeu. 735 heures qui sont perdues par
les entreprises au Québec à cause de la bureaucratie, c'est quand même
beaucoup, là. Il y a seulement 11 % des entrepreneurs qui croient que le
gouvernement comprend leurs défis, puis je peux les comprendre dans le contexte
actuel. Il y a seulement 7 % qui voient que c'est vraiment un réel objectif de
la part du gouvernement de réduire la bureaucratie. Quand je viens de donner
les chiffres que je viens de donner, on peut comprendre d'où vient ce... cette
vision de la part de nos entrepreneurs.
On a consulté nos juristes, M. le
Président, puis évidemment, quand on a ouvert le projet de loi, on est tombés
en bas de notre chaise quand on a vu que... Tu sais, c'est de rendre nos
entreprises plus productives qui aurait été l'objectif, c'est de réorienter nos
ressources vers les activités axées vers la croissance pour améliorer notre
perspective économique. On ne réinvente pas la roue, là, en vous disant qu'il
faut absolument évaluer la nécessité de tous ces nouveaux règlements là et
prévoir son réexamen. Donc, c'est important, là, qu'on puisse dire : O.K.,
on met en place des trucs, là, comment qu'on quantifie le succès, puis est-ce
qu'il y a une date de préemption à cette affaire-là ou pas? Parce qu'on doit
s'assurer, là, que l'objectif à long terme, ce n'est pas juste d'en ajouter une
couche puis d'en ajouter une couche, on doit faire l'inverse.
Puis évidemment le Conseil du patronat a
parlé du principe, là, du 1 pour 1 dans la réglementation ou la
déréglementation. Puis, si on regarde en termes de simplicité du processus, M.
le Président, moi, je me mets dans la peau d'un entrepreneur qui regarde la
loi, là, puis on arrive, on parle des articles... puis juste pour vous donner
un chiffre, puis là tous ici, vous allez comprendre ce que je veux dire, on
parle d'un... par exemple, l'article 24.1.0.2. Ça fait que, là, on a fait comme
la quatrième dérivée de l'idée initiale, pour vous donner une idée comment
c'est rendu complexe. Ça fait que c'est certain que, pour les entrepreneurs,
quand ils regardent ça, ils se disent : Quel capharnaüm, tout ça! Comment
peut-on simplifier le tout?
On ne vient pas vraiment d'abolir la
réglementation en tant que telle dans le projet de loi, ici. Ce qu'on fait,
c'est qu'on en remplace une par une autre, on vient ajouter des précisions, on
augmente des... etc. Le bon coup des projets de loi, comme l'obligation de
marquage de bière, ce n'est pas de l'innovation pour alléger le fardeau
réglementaire en tant que tel. En passant, c'est une demande qui a été faite en
2018. On rate l'objectif de simplifier le processus administratif,
malheureusement. Puis, vous savez, quand on parle de ce que ce projet de loi
là, spécifiquement, représente en termes d'économie, notre analyse a démontré,
là, c'est 19,8 millions de dollars sur une économie du Québec, juste pour le
rappeler, là, un produit intérieur brut de 567 milliards de dollars. Donc, on
est vraiment dans un arrondissement, là, c'est incroyable.
Avant la publication du projet de loi, la
Fédération des chambres de commerce du Québec avait remis un document de
propositions multisectorielles de 17 pages, qui avait été qualifié par les
équipes du gouvernement comme très constructif. Or, dans le mémoire du projet
de loi n° 85, ils nous disent qu'une seule des recommandations a été retenue,
et ce, partiellement dans l'omnibus actuel. Dans le projet de loi, aucune
mention de la zone d'entreprise, par exemple. Pourtant, on sait qu'un guichet
unique serait vraiment bien accueilli, ce serait simple, pour permettre
justement d'obtenir des permis, des formulaires, etc., histoire de faire en
sorte que, pour les entrepreneurs, il y ait une place facile à aller. On n'a
pas abordé ça. Comme nous l'a exposé la FCCQ, plusieurs ministères n'y ont pas
encore eux-mêmes adhéré.
Le vrai problème, là, c'est le
dédoublement des procédures, la difficulté de se conformer, l'absence de
guichet unique, etc., c'est ça qui est l'enjeu, M. le Président. Mais le
ministre fait un projet de loi avec des mesures petites qui ne bougent pas
l'aiguille quand on regarde ça de façon globale. Il y a...
M. Beauchemin : ...loi
habilitante qu'il vient modifier dans son projet de loi, le ministre, il y a
une douzaine qui sont modifiées simplement pour abolir un article qui vient
mettre le ministre responsable de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie
responsable de l'application de cette même loi. Donc, c'est comme une
concentration du pouvoir à l'intérieur de la machine du ministère de l'Économie
et de l'Innovation. Il n'y a pas vraiment de bénéfice pour les entrepreneurs,
malheureusement.
Ensuite, on voit, on vient donner au
ministre de l'Économie la mission de l'achat local. Moi, j'essaie de comprendre
ça, en tant que tel, qu'est-ce que ça fait pour vraiment aider au niveau de la
déréglementation. Honnêtement, je ne le vois pas. On va saisir l'opportunité
qu'on a devant nous, évidemment, pour essayer d'aller plus loin, mais, vous
savez, moi, ce que je veux, là, c'est vraiment qu'on puisse bouger l'aiguille
pour que ce soit significatif, parce que 20 millions de dollars sur 570
milliards de dollars de produit intérieur brut, au Québec, là, on ne touche,
mais vraiment pas au problème.
Je vais vous donner l'exemple, par
exemple, du timbre. Rien de plus concret, là, qu'un exemple parfait. Beaucoup
de nos producteurs artisanaux, en plus de développer d'excellentes recettes
pour nous offrir des produits de qualité, évidemment, doivent apposer
manuellement des petits autocollants, identifier des bouteilles, marquer des
bouteilles selon leur lieu de consommation prévue, etc. Même la Société des
alcools, une société d'État, utilise encore le marquage manuel. C'était déjà un
système considéré dépassé, démodé, archaïque, inefficace, en 2018, imaginez
encore aujourd'hui.
En tant qu'on est considérés, là,
concernés, nous, les libéraux, on avait mis en place un projet de loi pour
abolir le timbre. On a écouté nos PME et on a agi, toutes les étapes vers
l'abolition du timbre avaient été franchies sous le gouvernement libéral. 2010,
là, pour vous donner une chronologie des événements, il y a eu l'introduction
des modèles d'enregistrement des ventes, les MEV, dans les restaurants et les
bars. En 2014, il y avait l'harmonisation des taxes sur l'alcool, O.K.? Ça...
avec ces deux mesures-là, on venait de simplement de régler les deux enjeux qui
justifiaient l'existence du timbre, là, en 1971, quand ça a été introduit, la
traçabilité et la taxation. Avec Martin Coiteux et Carlos Leitao, là, on a donc
fait adopter à l'unanimité le projet de loi no 170, qui prévoyait l'abolition
du timbre, avec une entrée en vigueur le 12 juin.
Voici ce que la CAQ a dit dans le dossier
à l'époque : «Si on est capable d'extrapoler le nombre de cannes de sirop
vendues par une cabane à sucre au moyen du MEV, je pense qu'on est capable
d'extrapoler aussi au moyen du MEV les débits de boisson ou les brasseries qui
vendent de la boisson. Je pense que ce serait un moyen pas mal plus de nos
jours, pas mal plus moderne, qui est aussi... qui empêcherait nos policiers de
faire de la vérification et qui, bien souvent, est inutile car il y a une perte
de temps. Je pense que nous sommes rendus là.» Ça, ça a été la conclusion du
ministère, du gouvernement, à l'époque. Nos microbrasseries et tenanciers de
bars, évidemment, veulent qu'on... auraient cru que c'était rendu le bon
moment, mais malheureusement le gouvernement de la CAQ a refusé de tenir son
engagement, pour lequel il a voté, parce que c'était unanime, le projet de loi
no 170.
On a parlé de la raison pandémique qui
pourrait être la raison pour laquelle on repousse l'engagement, mais même si on
leur donne le bénéfice du doute, là, maintenant, la pandémie est derrière nous,
puis il n'y a aucun effort qui a été vraiment fait pour y aller vraiment
complètement de l'avant, comme le projet de loi avait été fait.
• (10 heures) •
Je veux parler aussi des heures
d'ouverture. Avec les modifications au niveau des heures d'ouverture et
l'introduction de projets pilotes, on risque de faire vraiment, littéralement,
là, une passe potentielle sur des multinationales étrangères, comme Walmart de
ce monde, au détriment de nos PME, de nos dépanneurs, qui, eux, ont lancé un
cri du coeur. Si le gouvernement ne les entend pas, nous, de notre côté, on les
a clairement entendus. Les dépanneurs, c'est une fierté québécoise. Le nom le
dit, ils sont là pour nous dépanner lorsqu'on a un besoin. On n'a pas besoin
d'aller à l'épicerie de grande surface, ils sont là pour être à côté de nous,
dans nos villes, dans tous nos villages à travers le Québec. Il y en a un à
chaque coin de rue. Les dépanneurs, là, ils font partie de notre tissu social.
En 2006, tous les parties prenantes ont pu trouver un terrain d'entente, à
l'époque, grâce au leadership, là, de Raymond Bachand, qui avait statué sur une
politique actuelle, c'est-à-dire un maximum de quatre employés pour tenir une
épicerie ou une pharmacie après 21 heures, et 20 heures la fin de semaine, avec
des conditions additionnelles, évidemment.
D'une part, l'abolition des
restrictions... en... les restrictions, on risque de créer encore plus de
compétition avec les multinationales, qui, elles, ont les moyens de le faire.
Je comprends que le ministre nous a dit que ce n'était pas le cas,
actuellement, mais il n'y a rien qui empêche de faire un autre projet pilote
par la suite, d'ouvrir la porte. Puis là ce qu'on fait, c'est que, vraiment,
là, on fait une craque dans le système pour permettre, éventuellement, l'entrée
de multinationales américaines. Puis, dans le contexte actuel, on s'entendra,
là, moi, faire une passe à Walmart, là, c'est la dernière chose que je veux
faire.
Qu'est-ce qui empêcherait une
multinationale, plus tard, d'être considérée? Je ne sais pas, là, on ne le voit
pas. Il n'y a aucune balise qui a été mise en place pour empêcher...
10 h (version non révisée)
M. Beauchemin : ...puis
justement que l'expérience, l'expérimentation aille plus loin dans ce sens-là.
On fait juste parler, de façon très obtuse, de ce qui se passe actuellement,
sans considérer ce qui s'est passé au sud de la frontière depuis le dernier
mois. Puis vraiment, là, on doit se poser la question : Est-ce que c'est
vraiment ça qu'on veut, au Québec, là, des épiceries qui sont ouvertes, 24 sur
24? Honnêtement, là, je me demande qui a demandé ça au ministre et au
gouvernement. Est-ce que c'est, justement, les Walmart de ce monde? Première
étape à suivre, la prochaine étape, ça va être ça? C'est une question qu'on
peut se poser, mais c'est clair que ce n'est pas nos dépanneurs. C'est clair
que ce n'est pas une question qu'eux autres, là, ont soulevée au ministre, c'est
certain.
On peut parler aussi évidemment de l'impact
que la conciliation travail-famille aura pour les jeunes étudiants qui, eux,
sont ceux qui font ces heures-là, les heures pénibles le soir. La santé
mentale, comme le soulève l'Association des détaillants en alimentation, pour
eux autres, ils l'ont noté, c'est un enjeu.
Je voudrais citer un certain ex-député de
Rousseau, aujourd'hui premier ministre du Québec, qui disait en 2006, lors du
débat, qui a mené au statu quo actuel : «Je pense que l'équilibre entre
les consommateurs et la conciliation de travail-famille ne se retrouve pas dans
ce projet de loi là.» Mais est-ce qu'on peut dire que ça se retrouve ici? La
réponse, c'est non, M. le Président. Donc, c'est ça qui est l'enjeu.
Comme conclusion, on est prêt évidemment à
parler de productivité en termes de bilan en la matière. Je veux juste parler
au fait qu'à la page D6, là, du dernier budget du gouvernement actuel, il
y avait zéro gain en productivité au Québec depuis cinq ans. Zéro. Pendant ce
temps-là, on a alourdi le fardeau réglementaire sur nos PME. Comme j'ai
mentionné les chiffres de la FCEI tout à l'heure, on parle de 2,4 milliards
de plus de coûts, 765 heures pour chaque PME. Évidemment, c'est un fardeau
énorme pour des plus petites entreprises que pour des plus grosses. C'est
inconcevable, le fardeau administratif de nos PME. Malheureusement, c'est le
principal frein à leur croissance. Puis aujourd'hui plus que n'importe quand
dans notre histoire, on a besoin d'être à leur écoute puis on a besoin d'y
aller de l'avant avec des vrais articles de loi, des vraies mesures, des vrais
plans de match pour réduire notre fardeau administratif. Vous savez, c'est
simple, là, s'ils ne sont pas productifs, c'est moins de revenus pour eux
autres. C'est moins de revenus pour eux autres, c'est moins de revenus pour l'État.
C'est moins de revenus pour l'État, c'est nos services qui vont être moins
financés, donc moins d'éducation, moins de santé. C'est énorme comme
conséquence. Donc, on a besoin d'un vrai allègement réglementaire. Puis on peut
penser, par exemple, à un autre exemple qui serait facile à considérer, là, c'est
la fameuse loi n° 25. Moi, je ne compte plus le nombre de personnes qui m'ont
dit comme quoi que la loi n° 25 c'est un problème majeur pour leur
entreprise, puisque c'est extrêmement compliqué s'y conformer. Pendant l'étude,
on a eu... on a hâte de parler à... différentes mesures du projet de loi pour
alléger le fardeau des entreprises. On va en faire des propositions.
De ce côté-ci de la Chambre, M. le
Président, vous comprendrez, notre priorité, c'est nos PME. On espère que le
gouvernement va partager la même opinion. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. On enchaîne avec la porte-parole
du deuxième groupe de l'opposition, Mme la députée de Verdun. Vous avez 20 minutes
pour vos remarques préliminaires.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Merci, M. le Président. À mon tour de saluer M. le ministre, M. et Mme les
députés qui sont présents, tous les membres des équipes ministérielles qui sont
là pour nous aider, avec qui je pense qu'on va avoir de beaux échanges et, j'espère,
des bonifications, voire des changements dans le projet de loi. Je vais aller
plus au fond. Je salue également mes collègues de l'opposition officielle. Je
suis contente d'être ici aussi parce que c'est la première fois que je vais me
pencher sur un projet de loi en économie avec mes nouvelles fonctions. Un
projet de loi qui, tout à coup... tout à l'heure, j'entendais mon collègue, le
collègue de Marguerite-Bourgeoys, nous dire que c'est le principe de l'omnibus,
parce qu'il y en a certaines dispositions avec lesquelles je pense qu'ils sont
extrêmement attendus. Le milieu a travaillé là-dessus depuis des années, j'en
reviendrai, mais il y en a d'autres avec lesquelles on était très surpris de
voir dans le projet de loi. Puis je pense même qu'on n'a pas eu la chance de se
pencher en profondeur et en écoutant divers acteurs, c'est bien sûr les
dispositions concernant la déréglementation des heures d'ouverture et l'ouverture
pour des projets pilotes.
Donc, j'ai... d'entrée de jeu, nous sommes
d'accord que c'est un bon moment de réduire les fardeaux réglementaires, c'est
le bon moment de se pencher sur une bonne partie des propositions qui sont ici,
parce qu'on le voit de plus en plus avec les menaces tarifaires, avec l'insécurité
économique, qu'on doit être capables d'encourager nos économies locales, nos
producteurs locaux, nos artisans...
Mme Zaga Mendez : ...les gens
qui veulent juste avoir plus d'opportunités, peut-être un fardeau moindre, puis
puis leur permettre de sauver, de créer une résilience, de développer un marché
ici, au Québec, c'est le moment de le faire. Et, d'abord, je souhaite saluer un
des acteurs qui a travaillé très fort, depuis des années, pour certains
changements qui sont là dans ce projet de loi, puis c'est nos microbrasseurs.
Les microbrasseurs du Québec qui sont mobilisés, comme je disais, depuis des
années. Depuis que j'ai commencé mon mandat, je porte aussi le dossier de
l'alimentation, je porte aussi le dossier de l'agriculture. Donc, à plusieurs
reprises, j'ai eu la chance de les rencontrer. Je pense que des collègues ici,
autour de la table, ont déjà eu la chance d'aller les voir. À chaque année, ils
nous reçoivent, à nous faire... ils nous délectent aussi avec leurs produits
locaux. Et, moi, je vois là une ténacité, ils ont continué, ils nous ont
rencontrés à plusieurs reprises pour nous sensibiliser à leur réalité, et je
pense qu'il faut saluer ce travail-là, il faut saluer ce travail de
sensibilisation, il faut saluer le travail qui se reflète maintenant dans des
changements qui sont dans la loi. On parle de, bien sûr, du développement
économique depuis plusieurs années. Je veux saluer aussi... puis je pense aux
titulaires des permis de production artisanale qui doivent naviguer dans des
processus complexes de fabrication et de livraison de leurs produits. Je pense
que, là aussi, on va être capable de se pencher pour faciliter leur vie, pour
leur permettre d'aller plus loin, comme n'importe quel entrepreneur ici qui
veut mettre en valeur nos produits, notre savoir-faire.
Et comme je disais, bien, le projet de loi
n'est pas parfait, mais je veux quand même commencer par souligner les gains,
donc avec lesquels nous sommes d'accord : l'abolition du marquage pour les
contenants de bière qui est fabriqué par un titulaire d'un permis de brasseur
dont le volume n'excède pas 15 000 litres de bière. C'est une
proposition que nous allons bien sûr appuyer, et ça va ouvrir... Puis j'ai le
goût, puis je pense j'ai hâte... qu'on a tous hâte d'avoir ces débats-là,
d'avoir une réflexion plus large sur le marquage, la pertinence, comment il est
utilisé. On s'apprête à donner des dispositions qui vont enlever le marquage
pour les brasseurs avec un volume x. Mais est-ce qu'on a une vision à long
terme pour le marquage? Est-ce qu'on est capable de penser pour d'autres
produits? Dans ce sens, autant l'UPA, la MBQ, la CTPAQ, plusieurs acteurs sont
venus nous voir pour dire : Est-ce que c'est peut-être le temps, pour la
production artisanale, les boissons alcoolisées, de faire abolir ou de changer
ce système de marquage qui est revenu dans le cadre des consultations
publiques? On a eu beaucoup, beaucoup de groupes qui nous ont interpellés dans
ce sens.
Je nous rappelle qu'en 2018, à la suite
déjà des consultations tenues dans le cadre d'un autre projet de loi, qui était
le projet de loi n° 170, il a été proposé d'abolir le système de timbrage au
complet, ce qui n'a pas été fait dans le projet de loi n° 17 qui a suivi, puis
ce n'est pas là que nous en sommes. Donc, je vais vraiment pousser cette
réflexion-là, puis je pense que les collègues de l'opposition... Et j'entendais
des gens nous dire que c'est un enjeu que c'est le moment d'aller creuser plus
loin, parce qu'on l'a entendu, ça touche les bières, mais ça touche aussi les
cidres, ça touche d'autres types d'alcool, des productions artisanales, des
distilleries. Donc, oui, le projet de loi n° 85 vient enfin répondre aux
demandes des microbrasseurs, mais on n'inclut pas les titulaires, par exemple,
de production artisanale qui proviennent de l'industrie de cidre et de vin,
puis je crois qu'eux aussi on doit leur donner la chance puis les opportunités
de mettre en valeur leurs produits puis d'avoir accès à d'autres marchés,
surtout dans la restauration. On va pouvoir aller, comme je dis, plus en
détail, sur la possibilité d'ajouter les titulaires de permis de production
artisanale de cidre ainsi que de vin aux exceptions qui sont dans le cadre du
projet de loi.
• (10 h 10) •
D'autres gains ou d'avancements
importants, c'est l'assouplissement des dispositions relatives aux permis de
production de boissons alcoolisées, notamment en autorisant la sous-traitance
de la fabrication, l'embouteillage, le transport et la livraison des titulaires
des permis de production artisanale. Comme je le disais, ça ne peut qu'aider à
développer de nouveaux marchés et nous saluons ceci. Il y a des sujets que nous
aimerons aborder pour lesquels on a été sensibilisés, entre autres par les
microbrasseurs, mais pas seulement, l'UPA nous en parlait également, c'est
l'accès aux marchés publics. Vous savez, les marchés publics ont été développés,
qui ont reçu des subventions quand même intéressantes dans les dernières
années. Pendant la pandémie, on s'est beaucoup penché sur l'achat puis le
commerce local. Donc là-dessus, je pense que notre... le projet de loi qui est
devant nous peut être cette opportunité de discuter comment on fait en sorte
que des nouveaux produits...
Mme Zaga Mendez : ...peut être
cette opportunité de discuter comment on fait en sorte que des nouveaux
produits comme nos micros... comme les produits des micro-brasseurs puissent
avoir accès aux marchés publics. Ça, c'est une grande préoccupation. C'est la
deuxième phase, je pense, de cet allégement-là qu'on aimerait le voir. Puis
l'objectif, c'est encore une fois donner plus d'une grande part de marché, mais
surtout créer cette résilience en termes d'achat local, en termes de circuits
courts, des vitalités de nos régions, puis le renforcement des liens
économiques et des développements régionales qui peuvent se faire en ayant plus
d'accès aux marchés publics.
J'essayais de respecter les temps. J'avais
beaucoup, beaucoup d'idées à amener. Nous avons reçu également les producteurs
de cidres du Québec qui nous sont sensibilisés au fait qu'un titulaire de
permis de production artisanal devrait fabriquer ses cidres avec des pommes qui
sont... qui proviennent 100 % du Québec. Et comment on fait en sorte de
s'assurer de ça? Il est essentiel que le projet de loi prévoie aussi, pour les
titulaires d'un permis de production artisanal de cidre, l'achat de matières premières
pour la fabrication de leurs produits. Je pense que ce serait une bonne idée de
voir comment on peut répondre à cette demande-là. Bien sûr, il y a des aspects
dans la loi, puis je vais aller au cœur du sujet que je pense qui...
j'entendais le premier groupe d'opposition... pardon, l'opposition officielle,
nous le dire., là, il y a des dispositions que... avec lesquelles on n'a pas...
je pense qu'on ne s'est pas encore penché, on n'a pas encore écouté l'ensemble
d'acteurs concernés. Puis c'est bien sûr ce qui concerne la dérèglementation
des heures d'ouverture, les changements qui sont dans la section 2,
l'article 81 à 87. Et on a eu quelques groupes qui nous ont exprimé des
craintes quant aux dispositions concernant les heures d'ouverture.
Nous avons tous et toutes entendu le
plaidoyer des représentants de TUAC et la FTQ concernant l'effet sur les
travailleurs, mais il y en a, des groupes qu'on n'a pas entendus. Et ça, c'est
une de mes grandes déceptions. On n'a pas entendu l'association des détaillants
alimentaires du Québec. Ils ne sont pas venus en commission. Ils nous ont
envoyé un très bon mémoire que je pense qu'on a tous eu la chance, en tout cas,
si ce n'est pas déjà fait, de les lire, de l'évaluer. Et c'est une déception de
notre côté parce que les détaillants alimentaires vont être directement touchés
par cette réforme-là. Alors, nous étions très surpris de ne pas les voir autour
de la table.
C'est la même chose pour les associations
qui représentent nos dépanneurs. C'est les dépanneurs qui ont levé les drapeaux
rouges en disant : Lorsqu'on change les heures d'ouverture, il y a un
effet direct sur 6 000,
on parle des 6 000 dépanneurs
un peu partout au Québec, mais encore une fois on n'a pas entendu les
représentants des dépanneurs.
Et les groupes qui ont pu s'exprimer, soit
en commission, seulement à la FTQ et par mémoire, l'ADA ou à l'AMDEQ, ils nous
disent... ils nous posent toutes les questions concernant les craintes des
heures d'ouverture puis les effets. Parce que la réglementation actuelle
favorise ce qu'on appelle une complémentarité entre l'ensemble des détaillants
en alimentation au Québec. Et c'est ça qui est préconisé par le milieu.
Lorsqu'il y a eu auparavant... lorsqu'il y a eu des changements, les
gouvernements passés, ils ont assis tout le monde autour de la table.
Une autre chose qui nous a surpris puis
qui nous déçoit, c'est de ne pas avoir vu un exercice semblable dans lequel on
assoit tous les acteurs concernés autour de la table et qu'il y a une vraie
consultation qui discute des effets du projet pilote, par exemple, des effets
de réglementer et changer le nombre des travailleurs permis à partir d'une
certaine heure. Ça n'a pas été fait. C'est ça que les acteurs nous le disent.
Et ceci vient en... contre l'objectif de cette loi-là, qui est d'avoir un
équilibre entre, oui, les besoins des consommateurs, mais surtout les besoins
puis les considérations des commerçants, des détaillants, des dépanneurs, des
travailleurs. Et on se pose la même question : Pourquoi le gouvernement a
décidé de légiférer sur un système qui, en ce moment, fonctionne très bien? Il
y a un équilibre qui a été établi, on a... je pense qu'il n'y a personne... en
tout cas de mon côté, je porte les dossiers de l'alimentation, comme je vous
disais, depuis trois ans, personne qui est venu nous voir en nous disant que
c'est un besoin. Pourtant, j'ai rencontré des épiciers. Il n'y a personne du
milieu, là, qui est touché, au niveau de l'épicerie puis des détaillants, qui
le demande. On se demande aussi qui se trouve derrière ces demandes, sachant
qu'ils ne sont pas les détaillants d'alimentation qui prônent ces
changements-là. Et il y a un point...
Mme Zaga Mendez : ...il
était soulevé par les travailleurs qui représentent près de milliers des
personnes qui sont nos... des employés dans les IGA, dans les Provigo, dans les
Métro et les Loblaw's, dans les plus grandes épiceries, c'est le fait qu'il y a
une incohérence avec le projet de loi no° 19, le projet de loi no° 19
qui a été discuté puis adopté l'année passée, avec comme objectif... a comme
objectif toujours, cette loi-là, de protéger le travail des enfants. Puis vous
allez me dire : Bien, c'est quoi le lien entre la protection du travail
des enfants puis la déréglementation des heures d'ouverture? Ce qui arrive dans
les milieux de travail, dans les épiceries, c'est normal, c'est des... c'est
que ce sont des étudiants, des jeunes qui vont être appelés à travailler à des
heures qui sont plus atypiques. C'est normal qu'on ne demande pas à une
personne qui a des enfants ou qui travaille à temps plein d'avoir un horaire de
soir ou de fin de semaine parce que ces personnes-là peut-être sont plus
anciennes et c'est le droit du travail, on applique... ils appliquent
l'ancienneté et c'est correct.
Mais ce sont les jeunes qui vont vivre
cette pression-là de faire des clauses plus tard, comme on dit, de sortir de
l'épicerie pas à 8 ou 9 heures, mais peut-être à 11 heures ou à
minuit. Et ces jeunes-là peuvent se retrouver dans des situations déjà de
précarité. Et ce ne sont pas tous les jeunes qui ont le privilège de dire à
leur employeur : Je ne peux pas rentrer ce soir ou je ne suis pas
disponible. Parce qu'ils doivent combler des besoins économiques, parce que
malheureusement ils sont dans une situation que s'ils ne travaillent pas, bien,
ils ne peuvent pas payer leurs études plus tard. Certains d'entre eux, ils ont
17 ans, et eux, ils sont parfois, mais en majorité, soit en train de finir
leur cinquième secondaire, soit en train de se préparer au cégep. Donc, ça crée
une pression énorme sur ces jeunes-là, et ceci va avoir une incidence sur leur
réussite scolaire.
Et c'est ça qu'on n'a pas eu la chance, je
crois, de penser encore plus avec le milieu puis les détaillants qui partagent
cette vision-là. Moi, je l'ai lu dans le mémoire des détaillants qui
disait : Bien, on a une inquiétude concernant l'équilibre entre le
travail, vie de famille, études, santé mentale des jeunes. Il existe là des
risques, et c'est pour ça que, nous, on trouve que la réforme qui est proposée
dans le projet de loi concernant le règlement des heures d'ouverture va à
l'encontre de cet équilibre-là. Il n'a pas été demandé par le milieu. Et, pour
nous, ça devrait être retiré, ça va devrait être retiré ou mis sur pause, le
temps qu'une consultation avec tous les acteurs du milieu doive être faite puis
se pencher sur cette question-là, pour mettre la lumière et qu'on puisse
délibérer ici.
Je vous disais le risque pour la
conciliation travail et vie personnelle, si les nouveaux quarts de travail de
soir ne sont pas attribués aux jeunes, ils vont être assumés par d'autres
travailleurs et travailleuses à temps plein, notamment des parents ou des proches
aidants pour qui la flexibilité des horaires est un enjeu crucial. Ça, ce n'est
pas seulement les travailleurs qui nous le disent, c'est aussi les détaillants
qui se questionnent sur comment cette déréglementation en termes de nombre
d'employés dans les épiceries va les affecter.
Une voix : ...
Mme Zaga Mendez : Oui.
Dans les temps qu'il me reste, M. le Président, il y a des articles concernant
l'achat local pour lesquels j'aimerais qu'on aille un peu plus loin. On nous
parle, devant les tarifs de Trump, d'être plus résilient, de donner plus de
poids aussi à nos commerces à acheter québécois. J'entendais la ministre de
l'Économie nous dire qu'il faut aller acheter québécois quand on peut. Le gouvernement
souhaite promouvoir et stimuler l'achat local, mais avec les dispositions qui
sont là concernant les heures d'ouverture, il vient plutôt nuire aux petites
entreprises, aux petits commerces de quartier. Pour nous, une... une
libéralisation, pardon, des heures d'ouverture favorise les magasins des
grandes surfaces au détriment des détaillants indépendants qui, eux, ne peuvent
pas se permettre de faire compétition aux multinationales étrangères. Et ça, ça
va être une grande perte pour notre économie.
• (10 h 20) •
C'est une grande perte. En fait, ça
affaiblit notre résilience lorsqu'on fait des dispositions qui ne vont pas
permettre à ces petits détaillants, des commerces indépendants, des dépanneurs
de quartier, de survivre puis de rester là et pour lesquels, dans certaines
zones, bien, ils sont responsables de cette vitalité économique. Donc, c'est
ça, un des problèmes qu'on voit avec la disposition. Et nous, on espère que le
ministre va être ouvert à reconsidérer les articles concernant les heures
d'ouverture des établissements commerciaux, parce qu'il y a des plus à la
demande des groupes. On espère et on souhaite que le ministre mettre en place
des politiques claires pour qu'aussi le ministère institue un organisme public,
fasse plus d'efforts et que... Bien, nous, on va un peu...
Mme Zaga Mendez : ...plus
loin, qu'on demande des exigences en ce qui concerne l'acquisition puis l'achat
de matériaux et des biens au Québec. J'entendais qu'il... avoir un appel, puis
je sais que ce n'est pas le ministre délégué à l'Économie qui est directement
responsable, ça va être sa collègue du Conseil du trésor, il y a un appel, je
pense que c'est ce matin ou hier, à faire en sorte que des achats en ligne,
bien, ils ne sont pas faits auprès d'Amazon, et c'est tant mieux. Mais je sens
qu'avec le contexte actuel on doit aller plus loin, puis aller plus loin, c'est
avoir des quotas d'achat local pour s'approvisionner des biens et des services
au Québec.
C'est de faire en sorte que, dans le
projet de loi n° 85, on veille à que'il n'y ait pas de réglementation qui
va toucher nos petits commerces indépendants, nos dépanneurs, sur lesquels
reposent la vitalité de plusieurs quartiers, même villages, et aussi voir
toutes des dispositions, comme je le disais, en ce qui concerne les marchés
publics afin d'encourager l'achat et la mise en marché de nos produits
québécois. Je vais m'arrêter là, M. le Président. Puis je veux juste annoncer
que nous avons déjà deux motions préliminaires pour faire en sorte que'on
écoute la voix des acteurs, deux en particulier, qui n'ont pas passé en
commission parlementaire. Je pense que c'est essentiel qu'on les écoute pour
qu'on puisse avoir un débat complet puis qu'on puisse avoir une vue d'ensemble
des effets des articles 81 à 87 concernant la déréglementation des heures
d'ouverture. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, Mme la députée de Verdun, pour vos remarques préliminaires. Est-ce
qu'il y a d'autres membres de cette commission qui souhaitent faire des
remarques préliminaires? Non. Donc, on va passer à l'autre étape. On enchaîne
avec les motions préliminaires. Est-ce qu'il y a des membres de cette
commission qui souhaitent déposer une motion préliminaire? Comme vous avez dit,
vous êtes conséquente, Mme la députée de Verdun. Je vous laisse en faire la
lecture. À titre de rappel, c'est une intervention de 30 minutes par la
personne qui dépose la motion préliminaire. C'est une intervention en continu.
Droit de réplique de 10 minutes en continu, toujours, sans droit de
réplique. Donc, Mme la députée de Verdun, la parole est à vous.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Donc, je vais lire la motion préliminaire : «Que,
conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée nationale, la
Commission de l'économie et du travail, avant d'entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi n° 85, Loi modifiant diverses dispositions,
principalement aux fins d'allègement du fardeau réglementaire administratif,
tienne des consultations particulières, et qu'à cette fin, elle entende
l'Association des détaillants et en alimentation du Québec, ADA.»
Le Président (M. Allaire) : Est-ce
que vous souhaitez apporter des explications? Vous avez 30 minutes.
Allez-y, continuez.
Mme Zaga Mendez : Oui. Merci,
M. le Président, je l'ai dit un peu tout à l'heure dans mes remarques
préliminaires, il y a des acteurs extrêmement importants que nous n'avons pas
eu la chance d'entendre ici, en commission parlementaire. On parle d'une série
d'articles, de l'article 81 à 86, qui vont changer les dispositions
concernant les heures d'ouverture des établissements commerciaux, qui viennent
changer la loi sur les heures et les jours d'admission dans les établissements
commerciaux. Puis nous n'avons pas eu la chance, on n'a pas eu l'opportunité
d'entendre ceux qui sont directement touchés par ça, puis c'est nos détaillants
alimentaires. On a eu, oui, la chance de lire leur mémoire, un mémoire
extrêmement intéressant, puis ça va me faire plaisir de lire et de citer des
bouts de leur mémoire dans ma présentation. Mais nous ne les avons pas
entendus, puis on n'a pas eu ce dialogue-là qui est nécessaire afin de
comprendre l'ensemble de faits de ces dispositions, de voir comment on doit ou
pas dérèglementer. Je pense que, comme commission, nous avons l'intérêt à
asseoir l'ensemble des acteurs qui sont touchés par ça. On a entendu les
syndicats, puis on était très contents, puis je pense que même le ministre
était très content d'entendre un acteur essentiel. On parle des travailleurs
dans les... les détaillants alimentaires, des gros... grandes surfaces. Mais ce
sont des dépanneurs, c'est des commerces indépendants.
Puis je vais juste vous dire c'est qui,
qui représente l'Association des détaillants en alimentation du Québec. C'est
une association qui représente 1 000 détaillants
d'épicerie, des petites... surtout des petites surfaces et des grandes
surfaces, des dépanneurs, on parle de boucheries, on parle de boulangeries, de
fromageries, et d'autres détaillants qui sont les premiers témoins des enjeux
administratifs que ces entreprises vont subir au quotidien. Donc, on parle de
nos boucheries du coin, nos boulangers, tous nos détaillants qui vont être
touchés par ces dispositions-là, qui vont avoir le choix, si la loi passe, de
changer leurs heures d'ouverture ou pas, mais ce n'est pas eux qui ont demandé
ces changements-là. Puis je pense qu'ils ont des choses extrêmement importantes
à nous dire, parce que c'est eux qui connaissent la réalité du terrain...
Mme Zaga Mendez : ...puis
pourquoi je vous dis que c'est important? C'est que j'ai lu une déclaration de
l'ADA dernièrement qui nous dit d'avoir été, ou s'être sentie écartée des
consultations parlementaires. Et ça, pour moi, je trouve ça problématique. Je
lis une déclaration sur les réseaux sociaux qui dit qu'ils ont été écartés des
consultations parlementaires. Puis je me demande pourquoi. Puis avec cette
mention-là, ce qu'on cherche, c'est de remédier à cette situation. Ce qu'on
cherche avec cette motion, puis j'espère que tous les partis autour de la table
vont l'appuyer, c'est de remédier à cette situation-là. Pourquoi ils ont été écartés?
Est-ce qu'ils ont été écartés? C'est eux, je le répète, nos boucheries, nos
boulangeries, nos fromageries, nos dépanneurs qui vont être directement
touchés. C'est eux qui vont faire les choix sur le plancher, s'ils vont en
avoir quatre ou plus, c'est eux qui vont devoir annoncer aux personnes... Moi,
j'ai travaillé dans des boulangeries pendant quatre ans, puis dans une
épicerie, là, puis on le sait, là, la proximité qu'il peut avoir avec son
détaillant... Puis la plupart du temps, c'est des familles, c'est des familles,
c'est des PME, alors, dans certains cas, qui gèrent ces commerces-là et qui
vont être touchés et qui vont avoir... devoir faire des choix. Puis moi, je
pense surtout aux petits joueurs qui n'ont pas les mêmes capacités que les grandes
surfaces, par exemple, ou les Walmart de ce monde, de considérer ces options-là
ou voir...
Puis, je veux commencer par nous parler
d'une histoire. Je pense que tout le monde a lu cet article dans LaPresse
de M. André Forget, qui s'implique à l'association des détaillants
alimentaires, propriétaire de neuf dépanneurs Beau-soir dans la grande région
de Montréal, il a même une succursale à Mercier-Ouest, puis qui nous dit que
quand les marchés ferment le soir, bien, les clients ont besoin de quelques articles
puis qu'ils se dirigent généralement vers les dépanneurs de quartier. C'est cet
afflux de clientèle qui profite à ces petits commerçants. Mais ça, c'est la
crainte et la crainte de M. Forget, ça pourrait être bientôt être écrémé
suite à l'adoption du projet loi no° 85. Il nous rappelle qu'il y a un
équilibre entre les supermarchés et les dépanneurs, une complémentarité entre
les deux. Et là on a un risque d'être bousillé. Moi, j'aurais voulu entendre
M. Forget, ici, en commission parlementaire. J'aurais voulu entendre, et
comprendre, et poser des questions. Pourquoi? C'est quoi votre réalité?
Comment ça se fait qu'on n'a pas entendu
cette voix-là, ici? Ils nous proposent des changements qui vont à l'encontre
d'un équilibre qui a été fait en mettant tout le monde autour de la table. Il y
a près de 15 ans, là, quand il y a eu des changements, ça a été fait en
écoutant l'ADA, en écoutant ces personnes-là. Puis là nous n'avons pas eu ces
acteurs en commission parlementaire. Il nous dit qu'actuellement il y a un,
comme je disais, un équilibre. Mais un projet de loi comme celui-là va
favoriser les grandes surfaces, tout particulièrement les magasins corporatifs
qui vont pouvoir mettre plus d'employés et ouvrir le soir. Le gouvernement
n'arrête pas de parler de petits entrepreneurs, de petits entrepreneurs à
protéger, mais ce projet de loi va faire exactement le contraire pour les
petits entrepreneurs et les petits commerces. C'est ça que les dépanneurs nous
disent. Je vois mon collègue hocher de la tête parce qu'eux aussi ont entendu
la voix de nos dépanneurs. On a un risque de faire disparaître, et on parle des
6 000 dépanneurs, 6 000 détaillants qui vont être touchés
par ça. Donc, je le rappelle, notre objectif avec cette motion-là, c'est qu'on
peut se pencher là dessus.
• (10 h 30) •
Mais, comme je ne suis pas certaine que la
CAQ, que l'autre côté va appuyer notre motion, je vais profiter du temps que
j'ai pour ramener tous les arguments que les détaillants nous ont commencés
déjà à partager. Ils ont dû passer par deux moyens, par, bien sûr, un mémoire
et par la voie publique, par les articles par les journaux. Parce qu'ils n'ont
pas été invités, ils ont dû utiliser des moyens de relations publiques, c'est
très bien, pour nous raconter des histoires, des histoires qui sont vraies, là,
des histoires qui touchent nos commerçants locaux pour nous sensibiliser parce
que, justement, on n'a pas eu la chance de les entendre en commission. Donc,
qu'est ce que nous dit l'Association des détaillants en alimentation? Ils
insistent sur la nécessité de prendre en compte les répercussions des
changements réglementaires sur ces détaillants, et ce, indépendamment des
orientations idéologiques du gouvernement. Donc, qu'est ce qu'ils nous disent,
là? C'est de nous dire, peu importe la couleur du gouvernement, il va falloir
s'asseoir avec eux, avec ces détails-là, et comprendre puis entendre leur
réalité. Ils sont d'accord...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Zaga Mendez : ...avec les
objectifs du projet de loi no 85, avec les orientations générales, avec cette
intention de diminuer la lourdeur administrative des PME québécoises et salue
même les différentes initiatives qui sont mises en place, donc, tout comme nous
puis, je pense, les collègues du Parti libéral. Parfait, faisons en sorte qu'on
a plus d'allègement pour nos PME.
Cependant, et c'est là où je pense que la
CAQ n'a pas entendu le message, c'est qu'il faut considérer l'allègement réglementaire
dans son ensemble. La... nous souligne que les allègements réglementaires
doivent être considérés dans une perspective plus globale, aussi en tenant
compte des effets d'entraînement sur l'ensemble des acteurs économiques. Ainsi,
ils insistent aussi sur l'importance d'assurer une réciprocité entre les
différents acteurs afin de préserver un équilibre compétitif. Puis c'est ça, l'enjeu.
Ce n'est pas tout le monde qui va avoir les moyens d'ouvrir plus tard, et il
semble que cet équilibre qui a été... permet l'existence des détaillants de
toutes tailles un peu partout au Québec, il va être bousillé par le projet de
loi.
Pour nous, le nationalisme économique doit
être le dominateur commun de chaque changement proposé, spécialement dans le
contexte actuel visant à préserver l'intérêt économique du Québec. Donc, la...
réitère que la... économique repose sur une collaboration durable entre
entrepreneurs et instances gouvernementales et s'engage à poursuivre le
dialogue dans ce sens. Donc, on a là une grande ouverture à venir en commission
parlementaire, à nous rencontrer, à nous parler de leur réalité. Moi, je ne
vois là qu'une bonne façon de faire les choses.
Concernant les heures d'ouverture, on
parle bien des articles 81 à 87, bien que l'association des détaillants appuie
les mesures d'allègement réglementaires aux entreprises québécoises, ils sont
préoccupés par les dispositions relatives aux heures d'ouverture des commerces
d'alimentation dans un contexte où les détaillants d'alimentation souhaitent
offrir des meilleures conditions de travail. On parle de conciliation travail
et vie personnelle à leurs employés. La réglementation actuelle un consensus de
l'industrie. Donc, pourquoi changer un système qui fonctionne? Vous le voyez,
ce n'est pas seulement les syndicats qui nous parlent de conciliation travail
et vie personnelle, c'est les détaillants eux-mêmes. Pour une fois qu'on a,
justement, un consensus, un système qui fonctionne, dans lequel l'employeur
puis l'employé sont d'accord. En ce moment, les dispositions actuelles font en
sorte que les détaillants peuvent à avoir cet équilibre-là à leurs employés, de
conciliation entre le travail, leur vie personnelle, les études, ne pas faire
porter ce fardeau aux jeunes. Ils partagent les mêmes inquiétudes.
Ils nous rappellent qu'en 2006 les
détaillants en alimentation ont eu à s'adapter déjà et faire des concessions
dans le cadre du projet de loi no 57, qui visait à prolonger la période où de
tels établissements pouvaient avoir plus de quatre personnes pour s'assurer
leur fonctionnement, soit le samedi et le dimanche, de 17 à 20 heures. Donc, c'est-à-dire
que, déjà, on a traversé une vague de changements, puis c'est... moment-là,
bien, les détaillants, ils étaient autour de la table, ils ont été consultés,
on est arrivé à un nouveau consensus, mais, malgré tout, ils ont passé quand
même une période d'adaptation. Et, à l'époque, ils nous le rappellent, et je
vais me permettre de le reciter, que «le premier ministre François Legault
lançait déjà au ministre Raymond Bachand que donner plus d'heures aux grandes
surfaces et rien en échange aux petites surfaces allait tuer des milliers de
petits commerçants au Québec». De plus, ils éprouvaient des réticences quant à
la possibilité d'une conciliation travail-famille quant à ces mesures. Les
petites entreprises sont donc surprises, en ce moment, des mesures qu'impose le
p.l. no 85 quant au prolongement des heures d'ouverture et l'abrogation de la
limite de quatre employés pour les épiciers et pharmacies après 21 heures la
semaine et après 20 heures la fin de semaine.
L'Association des détaillants en
alimentation déplore le fait de ne pas avoir été consultée en amont du projet
de loi et est surprise des mesures dans leur ensemble, considérant le contexte
économique actuel. Et ça, pour moi, c'est extrêmement problématique, le fait qu'ils
n'ont pas été consultés convenablement en amont du projet de loi, le fait qu'on
ne les a pas entendus ici, en commission parlementaire. Le fait qu'ils le
disent : Dans le contexte économique actuel, pourquoi est-ce qu'on est en
train de changer ce cadre-là qui fonctionne. Et ils nous rappelaient, puis tout
à l'heure... je pense que j'ai la citation complète...
Mme Zaga Mendez : ...qu'est-ce
qui a changé pour le premier ministre? Parce qu'en 2006 il a défendu la
dynamique qui faisait en sorte que les grandes surfaces allaient profiter de
tous ces changements-là au détriment des milliers de petits commerçants au
Québec. Pour nous, c'est extrêmement surprenant qu'on revienne à la charge avec
ça, avec une réglementation que personne n'a demandée. Ce qu'ils nous
demandent, c'est le maintien de la réglementation actuelle sur les heures
d'ouverture. Il faut préconiser le maintien du statu quo, au niveau de la
réglementation actuelle, qui répond davantage à la réalité de l'ensemble des
détaillants en alimentation. Les supermarchés en service concentrent
l'expertise de leur personnel sur les heures achalandées en répondant
adéquatement aux tendances de consommation qui ont changé depuis la pandémie.
Les heures d'ouverture, généralement à la baisse... à la baisse la fin de
semaine, permettent d'affecter les ressources là où il y a de l'achalandage.
Pour leur part, les commerces de proximité ainsi que les dépanneurs complètent
l'offre en soirée et lors des journées fériées. Donc, la réglementation
actuelle favorise une complémentarité entre l'ensemble des détaillants en
alimentation au Québec. Pour nous, il semble assez clair qu'il existe un
équilibre et une complémentarité. Ces personnes-là, des détaillants en
alimentation, on aurait dû entendre. Moi, je voulais savoir plus d'exemples
parce que c'est extrêmement clair ici, là, sur comment on... une gestion de
l'expertise du personnel sur les heures achalandées pour répondre aux tendances
de consommation et versus les heures d'ouverture la fin de semaine qui permet
d'avoir un équilibre pour mieux affecter des ressources. Je suis déçue qu'on
n'ait pas pu entendre ces voix-là autour de la table et je rappelle c'est
important qu'on se penche plus là-dessus et qu'on crée un... en fait, on
revient avec la réglementation actuelle qui permet la sauvegarde de cette
complémentarité. Merci.
Concernant la mise en œuvre des
projets-pilotes qui est dans l'article 86, l'Association des détaillants d'alimentation
prend acte des dispositions qui permettent la mise en place des projets-pilotes
visant à évaluer les conséquences de la modification des heures et des jours
d'admission applicables à certains établissements commerciaux sur leurs
activités, sur leur compétitivité. Toutefois, elle considère que ce type de
pouvoir doit être rigoureusement encadré afin de tenir compte des
particularités propres aux industries concernées. Puis dans le cas du secteur
du détail alimentaire, l'ADA souhaite être consultée en amont de toute mise en
place de projets-pilotes afin de s'assurer que les conditions d'affaires de
tous les types de détaillants soient prises en compte. Une telle situation
garantirait que ces initiatives ne viennent pas perturber l'équilibre économique
actuel ni compromettre la viabilité des commerces indépendants. Encore une
autre raison pour laquelle on aurait dû recevoir, l'Association des détaillants
en alimentation. Moi, je vais vous le dire de notre côté, nous, on se
positionne contre l'article 86. Mais, bien sûr, je vois là des sujets qui
valent la peine d'être creusés, d'être débattus ici en commission
parlementaire.
• (10 h 40) •
Pour peut-être résumer pourquoi il faut
les entendre en commission, parce qu'il y a des conséquences du p. l. 85 sur la
main-d'oeuvre. Les modifications proposées concernant les heures d'ouverture
pourraient avoir des effets inverses à l'allègement réglementaire favorisant
plutôt les désengagements d'employés essentiels dans un contexte de rareté de
la main-d'oeuvre. Donc, pour nous, ça, c'est une raison très, très importante
pour entendre l'Association des détaillants en alimentation en commission.
Deuxième aspect qu'on devrait aborder,
c'est la question de la réussite des jeunes parce que l'ADA s'interroge sur la réussite
des jeunes de plus de 17 ans qui seraient sujets à des heures de travail
prolongées alors que le gouvernement a légiféré pour encadrer le travail des
enfants de moins de 16 ans en 2023. Donc, le projet dans le projet de loi no°19 dont on parlait tout à l'heure, la Loi sur l'encadrement
du travail des enfants. La majorité des employés disponibles pour les quarts de
travail de soir, on le sait que ce sont des jeunes pour la majorité encore aux
études. Et cette préoccupation là, bien, c'est autant les détaillants que les
travailleurs, et je veux juste ramener que le FTQ nous l'a déjà dit en
commission parlementaire, que les recherches démontrent qu'au-delà d'une
quinzaine d'heures de travail hebdomadaire, le travail nuit aux performances
scolaires des jeunes et accroît les risques de décrochage. Et c'est ça le lien
qui est établi entre une déréglementation, une pression pour que les jeunes
travaillent plus dans des horaires irréguliers qui peut avoir un effet direct
sur leur performance scolaire et qui peut même pousser au décrochage.
Une autre raison, c'est la conciliation
travail-famille. L'ADA nous parlait de François Legault qui... M. le premier
ministre, je m'excuse, je citais le mémoire, je m'excuse, M. le premier
ministre, lorsqu'il était député de Rousseau, en 2006, il affirmait que...
Mme Zaga Mendez : ...nous
parler de François Legault... de M. le premier ministre, je m'excuse. J'ai cité
le mémoire, je m'excuse, M. le premier ministre, lorsqu'il était député de
Rousseau en 2006, qui affirmait que l'équilibre entre les consommateurs et la
conciliation travail-famille ne se retrouve pas... ne se trouvait pas à ce
moment-là, parlant dans le projet de loi n° 57, 57. Puis il y a eu un
article là-dessus. Puis je pense que ça vaudrait la peine que tous les
parlementaires ici présents, puis je pense que le collègue du Parti libéral l'a
fait aussi, c'est d'écouter cette vidéo, écouter la vidéo, lorsque M. le
premier ministre, il était député de Rousseau, et qu'il pose la question à ce
moment-là à M. Bachand, ancien ministre de l'Économie, en 2006. Parce qu'il...
M. le premier ministre, il est déjà, déjà fermement opposé à lever la limite
d'employés des épiceries le soir pour éviter qu'elle ne coupe l'herbe sous le
pied aux petits commerces. Son gouvernement s'apprête pourtant à le faire en ce
moment au grand damne des dépanneurs. C'est ce qu'on disait tout à l'heure.
Nous, on se questionne, qu'est-ce qui a changé dans le discours de la CAQ,
qu'est-ce qui a changé dans le discours du premier ministre.
Puis je vais citer la question qui a été
posée en 2006, qui était... les mots qui ont été prononcés par le premier
ministre à l'époque : «Est-ce que le ministre du Développement économique
réalise qu'en donnant plus d'heures aux grandes surfaces et rien en échange aux
petites surfaces, il va, et je pèse mes mots, tuer des milliards de petits
commerces au Québec.» C'est la citation textuelle. Là, on voyait en 2006 qu'il
reprochait à son adversaire de permettre aux épiciers d'avoir un nombre
d'employés illimité jusqu'à 20 h, plutôt qu'à 17 h la fin de semaine
puis de demeurer ouvert indéfiniment avec quatre employés. Puis, avec cette
approche, il jugeait que le gouvernement libéral risquait à ce moment-là de
laisser les grandes surfaces tuer tous nos petits détaillants.
Puis, on le cite : «Les employés ont
également besoin d'une certaine conciliation travail-famille.» C'est ça qu.il
clamait, le premier ministre, ici, en Chambre. Et c'est ça que, nous, ça nous
pose vraiment des questions de... Il y a une contradiction dans le discours. Il
n'y a pas une cohérence avec qu'est-ce qui a déjà été énoncé par le premier
ministre dans le temps, dans le débat, en 2006, et aujourd'hui, en plus qu'on
ne sait pas... on n'a pas eu la chance d'entendre les détaillants ici, autour
de la table.
Ce discours-là, on va se le dire, détonne
avec le discours que j'entends de la part du ministre délégué à l'Économie.
J'ai eu la chance de lui poser une question en Chambre il y a peut-être deux
semaines, et le ministre délégué à l'Économie nous disait qu'il n'y avait pas
de problème, que les jeunes qui sentaient la pression, ils pouvaient juste dire
non à leur employeur. Il nous disait qu'on doit avoir la liberté de choisir
quand on va fermer... quand un détaillant veut ouvrir ou fermer.
Mais là, on a un mémoire de l'Association
des détaillants en alimentation du Québec qui représente, je vous dis, là, des
milliers de détaillants propriétaires, de dépanneurs, de boucheries, de
fromageries, épiceries... et supermarchés qui nous disent : On a un
problème avec ça. Même les employeurs, ils ont un problème avec ça.
Alors, ça ne vient pas... ça ne vient pas
des détaillants. Je ne sais pas pourquoi le ministre délégué à l'Économie nous
amène là avec cet allègement réglementaire, parce que cette mesure va nuire
notamment aux dépanneurs vers lesquels les consommateurs se tournent une fois
que les magasins d'alimentation sont fermés.
Comme de temps qu'il me reste, M. le
Président?
Le Président (M. Allaire) : Huit
minutes.
Mme Zaga Mendez : Huit
minutes. Je pourrais, dans ces huit minutes là, continuer à vous parler de la
viabilité des détaillants indépendants, de la question de production, et tout.
Mais je m'apprête à conclure parce que j'aimerais ça entendre le ministre
délégué à l'Économie sur ma... sur cette proposition qui est sur la table,
c'est-à-dire d'entendre en commission parlementaire pour... avant... avant de
se pencher dans l'étude détaillée et article par article, l'Association des
détaillants en alimentation. Donc, je souhaite sincèrement que tout le monde
ici, autour de la table, va voter pour cette motion-là parce que c'est une
étape cruciale pour qu'on puisse avancer.
En 2006, dans le temps, il y a eu une
procédure qui a été faite, c'est-à-dire d'asseoir tous les acteurs autour de la
table et se mettre d'accord sur un consensus. On n'est pas du tout à la même
place. Puis l'ADA nous a même dit d'avoir été déçue d'être écartée des
consultations. Alors, c'est la moindre des choses aujourd'hui d'appuyer et de
les amener en commission parlementaire. Un 45 minutes de plus, ici, de
travail en commission, là, c'est ce qui va nous permettre, je pense, d'avancer
puis de créer encore une fois un nouveau consensus...
Mme Zaga Mendez : ...sur la
réglementation des heures d'ouverture. C'est notre devoir aux parlementaires
d'entendre ces acteurs-là, de... notre devoir de consultation est important
parce que des changements comme ça vont avoir un grand impact sur notre
économie, surtout dans un contexte, puis je répète, d'instabilité économique,
un contexte dans lequel il va falloir protéger nos commerçants et nos
détaillants ici, au Québec. Et c'est ça qui va nous permettre aussi ici de
travailler mieux comme commission pour avancer dans l'étude détaillée, avoir un
débat plus large sur cette question, que je vous dis, il a passé un peu sous le
radar, avec tout ce qui se passe en ce moment dans les nouvelles, là. C'est une
question que moi, je vous... je salue le travail, entre autres, des
détaillants, des syndicats, qu'ils ont amené cette question-là sur la place
publique, parce que sinon ça passait sous le radar qu'il y a des changements
qui allaient affecter pas seulement nos détaillants, nos commerces locaux, mais
également nos travailleurs et travailleuses. Donc, je m'arrête là pour cette
présentation, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la députée de Verdun. Est-ce qu'il y a d'autres interventions concernant
cette motion préliminaire? Mme la députée de Jeanne-Mance-Viger, vous avez
10 minutes.
Mme Rotiroti : Oui. Merci.
Merci, M. le Président. Et bonjour à tous. Dans le fond, je suis contente que
la députée ma collègue amène cette motion-là, parce qu'effectivement, entre
autres, on... elle a parlé de l'association des détaillants, mais aussi des
dépanneurs. Puis je souligne que c'est quand même une bataille que mon collègue
de Marguerite-Bourgeoys a faite pendant les consultations. C'est une
préoccupation que nous avons. Alors, j'imagine que ça... Je présume que cette deuxième
motion va porter là-dessus, par rapport à les dépanneurs.
Ceci dit, moi, qu'est-ce qui me frappe par
rapport à l'Association des détaillants, oui, ils ont soumis un mémoire qui est
assez étoffé, qui explique un petit peu les... leurs enjeux avec certains
éléments du projet de loi. Je vais... Si vous permettez, M. le Président, je
vais vous lire juste un petit extrait qui m'a quand même... que je pense
important pour mettre les... pour vraiment se situer et de... pour les gens qui
nous écoutent, là, pour savoir de... de quoi qu'on fait référence. Ça fait
qu'ils disent que «les modifications aux périodes d'admission du public dans
les établissements d'alimentation suscitent des vives inquiétudes chez les
détaillants en alimentation. À titre d'association représentant plus de 1 000 détaillants
propriétaires, nous sommes surpris de ne pas avoir été consultés en amont». Ça,
on l'entend souvent par des groupes quand on parle d'allègement fiscal,
réglementaire, de dire que... puis, je vous rappelle, là, on parle du quatrième
projet de loi de ce gouvernement-là, qui est plein de... mais qui ne vient pas
nécessairement venir alléger le fardeau réglementaire, puis encore moins le
fardeau fiscal.
• (10 h 50) •
Alors, je... À la lumière de la... le
mémoire que l'association détaillants a soumis, qui est assez détaillé, qui est
assez costaud, je pense, ce serait important qu'on aurait l'opportunité de les
questionner. Là, c'est bien beau, je pense que tout le monde a fait leur
devoir... ici, comme élu, on a lu, on est bien conscient de qu'est-ce que...
les recommandations qu'ils font, parce qu'ils ont quand même des
recommandations qui sont assez étoffées et détaillées, mais on n'a pas eu
l'occasion d'échanger avec eux. Ils ont plusieurs points où est-ce qu'il y a
des... vraiment des réelles préoccupations suite à les changements que le
ministre tente de faire avec ce projet de loi là. Et je pense qu'on n'est
pas... on n'est pas pressé, dans le sens qu'on parle d'un groupe, deux groupes,
qui, dans le fond, ont pris le temps de vraiment étudier le projet de loi, de
voir c'est quoi, les répercussions pour eux, qu'est-ce que ça implique, et ils
ont des choses à dire.
Alors, je pense que c'est tout à fait
logique que, si on veut bien faire notre travail, comme législateurs, on espère
que... Malgré que... tu sais, je trouve qu'on est... on aurait pu être un peu
plus ambitieux avec le projet de loi n° 45. C'est parfait, c'est la façon
que le gouvernement travaille, des petits... des petites mesurettes à gauche et
à droite, que... puis, je réitère que, dans le fond, ne vient pas régler les
vrais enjeux que nos PME à travers le Québec ont par rapport à toute la
réglementation et l'allègement fiscal. Ceci dit, mais je pense que ce serait
important qu'à tout moins que nous, si on veut bien faire notre travail comme
législateurs, on aura... on aurait l'occasion de les entendre et d'échanger
surtout avec eux et de voir si on fait ces modifications-là ou jusqu'où on
pourrait aller pour vraiment, vraiment alléger leur fardeau et les aider dans
leur productivité pour le futur. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. D'autres interventions? M. le député de Marguerite-Bourgeoys, puisque
vous êtes le représentant de votre chef...
Le Président (M. Allaire) : ...pas
10, mais 30 minutes. La parole est à vous.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Bien, j'apprécie beaucoup, évidemment, ma collègue,
qui fait un bon résumé de la situation, avec une perspective un peu historique.
Merci aussi à ma collègue du deuxième groupe d'opposition, qui a amené cette
motion préliminaire. Je veux peut-être juste mettre dans le contexte, qu'en
2008, lorsque cet exercice avait été fait pour parler des heures ça avait été
fait avec un consensus, vraiment, là, une acceptabilité sociale, peut-on dire,
parce que même, évidemment, le... l'ex-député, là, de Rousseau avait été quand
même en faveur du projet de loi et avait été, donc, un supporteur de l'idée
d'écouter tout le monde, puis c'est là où est-ce que je veux en venir, M. le
Président.
Vous savez, là, on est en train de faire
quelque chose qui va modifier la vie de beaucoup de personnes. Juste
l'industrie des dépanneurs au Québec, on parle de 6 000, et plus,
établissements, des détaillants en alimentation du Québec, c'est un plus gros
nombre. Donc, quand on regarde tout ça, là, on modifie la vie de propriétaires,
d'employés, de membres de leur famille. Il va y voir des séquelles personnelles
pour tout ce monde-là, là. Donc, je n'ai pas les chiffres, je ne sais pas
exactement c'est combien, mais, tu sais, si ça donne 10 000 personnes qui
vont être directement impliquées, le deuxième niveau d'implication, la famille,
le conjoint, la conjointe, les enfants, ça fait beaucoup de monde qui vont
avoir à ajuster, là... à... qui vont avoir à vivre avec des obligations de
remplacement, parce que mon frère, ma sœur, mon père, ma mère n'est pas là,
donc je dois compenser, je dois faire de la surveillance pour mon petit frère
ou ma petite soeur, peu importe. Les ramifications sont significatives.
Quand on a mis en place, là, en 2008, ce
projet de loi pour modifier, justement, les heures et le nombre minimum,
maximum d'employés, il y avait eu consensus, il y avait eu, en fait, écoute.
Donc, il y avait eu plusieurs groupes qui sont venus s'exprimer à ce sujet là.
C'était peut-être plus... comment pourrais-je dire... une nouvelle médiatique à
l'époque, parce que c'était vraiment... on partait de vraiment pas aucune
ouverture, à avoir une certaine ouverture. Donc, il y avait eu quand même, là,
plusieurs personnes qui s'étaient manifestées. Puis moi, je me rappelle de ça
comme si c'était... pas hier, là, mais c'était 2008... je me rappelle du débat
de société que ça avait créé. À l'époque, j'étais dans une autre industrie que
dans... que le gouvernement et puis, évidemment, je portais des lentilles, en
me disant : Bon, bien, O.K., qu'est-ce que ça va faire pour moi, le
consommateur, au quotidien, qu'est-ce que ça va me permettre de faire? Bien,
personnellement, j'y voyais peut-être un certain avantage pour pouvoir, disons,
aller faire son épicerie à des heures légèrement différentes, mais,
sérieusement, passé 8 heures le soir, je n'y voyais pas l'utilité. Peut-être
qu'il y a des gens pour qui... des gens qui sont plus des oiseaux de nuit, ça a
des effets plus directs, là, disons, c'est peut-être possible que ce soit le
cas, mais la grande, grande, très grande, très grande majorité des Québécois,
pour eux, ça... cette époque là, en 2008, ça a été un changement. Puis là, ici,
on est en train de vouloir dire qu'on va faire quelque chose qui être encore
plus grand parce que là, il n'y aura pas de limite de temps. Donc, c'est
certain, M. le Président, qu'il va y avoir des individus qui vont être
affectés.
Le point de ma collègue à propos de qui
qui, normalement, dans l'échelle de séniorité, va être affecté, elle a
totalement raison. C'est souvent, et plus souvent qu'autrement, les jeunes
étudiants. Notre objectif à nous, comme société, ce qu'on veut, c'est qu'on
veut qu'ils soient quoi? Éduqués. On veut qu'ils soient plus aptes à être
productifs dans la société. C'est certain qu'il y en ait qui ont des
restrictions financières, c'est certain. Même moi, j'étais emballeur dans une
épicerie à cette époque-là, donc j'avais des... j'avais des besoins, il fallait
que je puisse subvenir à ces besoins-là. J'avais donc un essentiel besoin de
faire des sous. Mais là, maintenant, on est en train de dire qu'on permettrait
ça 24 heures sur 24. C'est certain que les études vont payer le prix, là,
quelque part, à un moment donné.
Je comprends que le ministre dit : On
est tous libres de dire non, là. O.K., mais la réalité, c'est que ces gens-là,
il y en a pour qui, à un moment donné, là, ça va devenir une obligation, parce
qu'on ne le sait pas comment ça va être présenté, là, on n'a aucune...
M. Beauchemin : ...c'est quoi
les balises, qui va comme s'assurer le libre choix de l'individu? Tu ne veux
pas faire les heures, bien là, malheureusement, je vais m'embaucher quelqu'un
qui va les faire. Ah! soudainement, bien, on se sent obligé de les faire, les
heures. Ça fait que c'est tout ça qui devrait être clarifié, qui... clairement,
on n'a pas aucune idée, ici, actuellement, de l'ampleur, où est-ce qu'on va
aller avec ça.
Notre collègue du deuxième groupe
d'opposition a fait mention que ce serait important d'avoir des balises pour
comprendre les bonnes intentions du ministre, pour s'assurer qu'elles vont être
capables de passer le test du temps. C'est un peu ça qui est l'enjeu, M. le Président.
C'est parce que, vous savez, actuellement, ce qu'on met en place, c'est quelque
chose qu'on porte avec des lentilles... puis je pourrais même juste dire «pré
Donald Trump», dans le sens que, là, aujourd'hui, on regarde ça puis on se dit,
bon, bien, O.K., dans un contexte québécois, on ne voit pas vraiment pourquoi
que ça pourrait être tel autre genre de magasin de surface qui pourrait venir,
mais il n'y a aucun langage, dans ce qui est proposé, il n'y a aucune mention
des limites. Parce que je peux bien faire confiance, là, au ministre,
aujourd'hui, mais qui sait, la personne qui va s'asseoir dans ses souliers,
dans la prochaine législature, qui peut dire, en fait, qui va remplacer le
ministre dans... un jour, éventuellement, là, quel genre de gouvernement qu'on
va avoir en place, quelles vont être les pressions qu'on va recevoir du Sud
pour pouvoir faire en sorte qu'on plie le genou face à l'impérialisme, là, qui
se passe au sud de la frontière?
Donc, on n'a comme pas le choix de mettre
en place plus que juste des belles intentions, là, il faut qu'on mette en place
aussi... C'est notre rôle, de prévoir les pots cassés, c'est notre rôle, de
s'assurer que, justement, O.K., ce qu'on met en place, c'est quelque chose qui
va tenir le test du temps. Puis, comme je faisais mention tout à l'heure, dans
mes remarques préliminaires, 24.1.0.2.1, je veux dire, on comprend, là, ici, M.
le Président, là, qu'on est rendu, là, au troisième dérivé de l'intention
initiale. Ça fait que moi, je me pose la question : Quand on en arrive là,
là... c'est que ça devient un capharnaüm, on peut s'y perdre. Ça devient donc
une priorité, là, essentielle d'avoir des balises absolument claires, à savoir
jusqu'où on veut se rendre.
• (11 heures) •
Quand on parle de l'Association des
détaillants en alimentation du Québec, on parle de gens qui vivent ici, au
Québec, qui... leur quotidien, là, c'est de s'assurer qu'ils ont sur leurs
étagères, le quotidien... qu'ils ont une bonne relation avec leurs
fournisseurs, qu'ils sont capables de payer leurs hypothèques et leurs prêts,
payer leur financement aux banques, qu'ils sont capables d'engager les gens à
travailler, tout ça. Et puis là je ne parle pas, là, de la réglementation
qu'eux ont à remplir, là, le 735 heures que je mentionnais tout à l'heure, en
entrée de jeu, là, qui, eux, ont à remplir... Et souvent c'est une personne qui
doit le faire. Ça fait qu'imaginez, là, dans le cas où est-ce que, bon... par
exemple, petit propriétaire d'un petit dépanneur ou un petit détaillant en alimentation,
là, O.K., qui tient ça à bout de bras, là. Là, on lui garroche un 700 quelques
heures de plus de paperasse à remplir puis, en même temps, on est en train de
tester un projet, un test pilote qui peut potentiellement éteindre tous ses
espoirs d'une retraite éventuelle après avoir travaillé un nombre d'années
que... on ne sait pas, ça peut être cinq, 10, 15, 20, 30, 40 ans.
Ces gens-là, là, sont, actuellement, là,
extrêmement nerveux de ce que le gouvernement est en train de faire parce qu'on
dirait que c'est la remise en question de leur raison d'être. C'est la remise
en question de leur modèle d'affaires, les bases sur lesquelles ils se sont
installés il y a un certain temps, que ce soit 10, 15, 20 ans, 30 ans. Ils sont
allés voir le banquier ou ils sont allés voir de la famille : Peux-tu
m'aider? On va se partir ça en business, on va faire ça, c'est local, c'est
notre coin, c'est pour notre quartier, etc.
Ces gens-là, ils se sont exposés juste...
simplement, là, aux risques associés à un modèle d'affaires. Et là, depuis ce
temps-là, on leur rajoute des couches, et des couches, et des couches de
fardeau administratif puis là on est en train de vouloir tester,
potentiellement, un modèle qui pourrait mettre fin à leur existence. Ça fait
que, vous comprenez, M. le Président, c'est l'essence même de l'entrepreneuriat
québécois qu'on est en train de vouloir tester, puis tester de façon négative
parce qu'on le menace. Je comprends que, dans...
11 h (version non révisée)
M. Beauchemin : ...il faut
qu'on avance, il faut qu'on évolue, il faut qu'on soit plus productif. On fait
venir un paquet d'experts qui vont nous dire, etc., voici ce que tu dois faire
pour améliorer ton modèle d'affaires, etc. Mais là on est en train de comme menacer
un pan complet du secteur alimentaire au Québec. Donc... Puis pour qui, pour quoi?
Qui va en bénéficier? Je comprends que le ministre nous a dit : Non, non,
ce n'est pas Walmart. Puis on ne fait pas une passe sur la palette, tout ça.
Mais moi, je le vois comme la porte est grande ouverte pour qu'éventuellement
ça puisse devenir le cas. Donc, j'entends ma collègue du deuxième groupe
d'opposition et puis je suis d'accord avec elle qu'on doit absolument s'assurer
de mettre en place des balises pour que... autant pour que des jeunes qui vont
avoir à payer le prix de ces erreurs-là puissent être accompagnés, on veut
qu'ils réussissent à l'école parce que l'objectif à long terme, c'est de
s'assurer que justement on investit dans la jeunesse pour qu'elle aille étudier,
pour qu'on puisse avoir une meilleure société, hein, qu'on puisse tous savoir
lire, écrire et même beaucoup plus, étudier les outils de l'intelligence
artificielle. Mais on doit considérer les inquiétudes et les ramifications que
ça peut avoir pour l'Association des détaillants en alimentation au Québec.
Vous savez, ce n'est pas un automatique, en
passant, là, que les grandes chaînes s'alimentent avec des produits qui ont été
conçus, fabriqués, qui ont poussé au Québec, là. Ce n'est pas un automatique
que Walmart va éventuellement un jour avoir un ticket «Ça, c'est fait vraiment
au Québec», là. Ce n'est même pas le cas. Donc, les ramifications vont au-delà
des détaillants. On parle aussi de la chaîne en dessous, les fournisseurs de
services et fournisseurs de biens et services qui, eux aussi, vont avoir donc à
se retourner de bord puis à dire : Bon, bien, maintenant, moi, je ne peux
plus livrer au dépanneur du coin. Il faut que j'aille livrer à une plus grande
surface. Puis là, elle, maintenant, a un plus gros pouvoir d'achat. Puis là,
maintenant, elle va peut-être me «squeezer», excusez-moi l'anglicisme, là, à un
point tel que je n'aurai peut-être plus de marge de manœuvre.
Ça fait qu'on ne fait pas seulement mal à
l'Association des détaillants en alimentation du Québec, on fait mal à toute la
chaîne, tout l'écosystème qui va en dessous de nos détaillants en alimentation
du Québec. Ces gens-là, ils sont inquiets parce que là, c'est aussi leur
existence. Ils vont peut-être être capables de s'adapter, ils vont peut-être
être capables de se retourner de bord puis vendre leurs produits, biens et
services à une plus grosse plateforme comme Walmart ou peu importe. Mais c'est
clair qu'on va jouer dans leur marge. C'est clair qu'on va les rendre sujets à
se faire à la baisse. Ça fait que je comprends que l'objectif, ici, c'est de
vouloir, peut-être vouloir tester un modèle purement économique qui peut amener
à des efficacités, etc., mais j'en doute, si je peux me permettre, M. le
Président, parce que quand c'est rendu qu'on fait exprès pour ne pas considérer
les ramifications de l'ensemble des... Quand je suis la première personne qui
en parle sur la place publique, c'est à se demander est-ce que ça a été une
question qui a été soulevée à l'intérieur au gouvernement?
Vous savez, c'est important, là, pour que
tout le monde le comprenne, ce que, ça, ça va avoir comme ramifications dans le
quotidien de plusieurs personnes au Québec. C'est important de considérer aussi
les ramifications que ça va avoir dans notre défense face à ce qui se passe
actuellement aux États-Unis. Parce que là, si on se met à affaiblir un paquet
de monde qui n'auront donc plus les sous et les moyens d'avoir de quoi à pouvoir
se mettre dans les poches, là, O.K., ces gens-là vont s'affaiblir. On va
devenir de plus en plus faibles. Donc, on devrait au contraire aider nos
entreprises à se trouver une façon d'améliorer leur modèle d'affaires au lieu
de les mettre sujets à élimination. Vous savez, c'est important d'écouter, que
ce soit l'association des détaillants, ma collègue du deuxième groupe
d'opposition a parlé, là, des dépanneurs. Moi, dans tout ça, là, je sais que l'ADA
a déposé un mémoire. La motion, ici, c'est de vouloir qu'on prenne le temps de
les écouter. Je ne sais pas s'il y a une ouverture de la part du gouvernement à
faire de la sorte, mais ces gens-là ont déposé...
M. Beauchemin : ...un
document, là, étoffé avec des explications puis voici c'est quoi les
conséquences. Puis je comprends qu'ils ont déposé le mémoire dans le principe.
Puis peut-être qu'ils auraient dû le faire avant puis ils auraient peut-être dû
lever leur main. Mais gardons à l'esprit, là, qu'en 2008, quand on a fait ces
changements-là, O.K., les portes étaient ouvertes à tous, O.K. Puis ce n'est
pas donné à tous d'être tout le temps, là, sur la coche : O.K.,
aujourd'hui, là, le gouvernement du Québec parle, ils vont déposer un projet de
loi, aïe, je dois être attentif à ça, je dois m'associer... m'assurer que mon
association est prête, «let's go» tout le monde, on se met ensemble puis on
dépose notre mémoire. Tu sais, ce n'est pas tout le monde qui sont capables
d'être prêts, là, prêts à tirer sur la gâchette tout de suite, là. Il y en a
pour qui ça peut prendre plus de temps.
Puis, vous savez, M. le Président, quand
on parle d'Association des détaillants en alimentation du Québec, on parle à du
monde, là, qui travaille bien plus que 40, 50 heures par semaine. C'est du
monde qui en ont, de la broue dans le toupet, là, plein, ça fait que c'est
peut-être normal qu'ils l'aient comme un peu échappé en termes de timing. Qu'on
soit ouverts d'esprit à les écouter, qu'on puisse écouter leurs inquiétudes,
discuter avec eux autres, on va peut-être arriver à une conclusion unanime
entre nous tous ici. On va peut-être en arriver à une conclusion unanime. Et,
si c'est le cas, bien, tant mieux. Mais ils ont le droit d'être écoutés. Ils
ont le droit de venir ici puis de pouvoir s'exprimer puis de nous dire :
Bien, vous savez, notre point de vue à nous, on pense qu'on est à risque, notre
point de vue à nous, on pense que notre main-d'oeuvre est affectée, notre point
de vue à nous, on pense que c'est notre modèle d'affaires qui va être
potentiellement à mettre en survie ici. Puis ils vont nous expliquer pourquoi
puis ils vont nous donner des exemples. Puis ça va nous faire comprendre la
réalité. Puis il n'y a rien de mal à faire ça. Au contraire, M. le Président,
c'est ça la démocratie. On se doit d'absolument prendre le temps de les
écouter. Puis il faut qu'on ait une ouverture, il faut qu'on ait une certaine
générosité à le faire pour la simple et unique raison que, vous savez, M. le
Président, comme je disais tantôt, ce n'est pas donné à tous d'être sur la
gâchette puis être prêt à tirer, là, quand c'était le temps de tirer, là. C'est
comme il y en a, là, pour qui, là, leur vie, c'est beau s'ils ont... c'est beau
s'ils ont le temps de voir leurs enfants puis d'avoir du temps de fin de
semaine avec eux, là. Donc, juste pour ça, là, ayons une ouverture d'esprit,
assurons-nous qu'on est capables de pouvoir avoir ces gens-là qui viennent nous
parler de leur réalité puis... qui parlent de leur réalité...
(Interruption) ...merci... puis qui
peuvent nous parler de leur réalité dans le quotidien. Parce que c'est
important qu'on puisse se faire une tête complète. On a parlé de faire ce
projet pilote avec une vision qu'on se disait rassembleuse, on voulait avoir
comme objectif ultime l'acceptabilité sociale. Pour qu'elles fonctionnent, là,
les semences en dessous de l'acceptabilité sociale, là, c'est d'écouter tout le
monde. Pour que ça fonctionne, là, pour qu'on ait justement cette fameuse
acceptabilité sociale là, il faut entendre tout le monde. Il faut qu'ils aient
tous la chance de pouvoir s'exprimer. Ce qui n'a pas été le cas.
• (11 h 10) •
Donc, moi je pense que pour qu'on puisse
avoir un projet de loi qui peut être coché comme disant : O.K., a été
accepté socialement, là, je ne vous parle pas du fait qu'on parle de quelque
chose qui va donner 19,8 millions de dollars de réduction de
règlements, de réglementations, de paperasse, etc. Je ne parlais pas de ça. Je
parle juste au niveau de l'acceptabilité sociale, ça va prendre ça au minimum,
là.
Puis, vous savez, si on est capables de
bien faire ça, bien, ce serait de bon augure pour la suite des choses. Parce
que, pour la suite des choses, on doit faire plus, beaucoup, de façon
extrêmement significative, beaucoup plus que juste 20 millions de
dollars. On doit faire beaucoup plus que le plan de match pour le mandat au
grand complet du gouvernement, depuis 2018, de faire 200 millions de
dollars de réductions en coûts associés à la réglementation. Un allègement
réglementaire, là, qui pourrait être significatif devrait se chiffrer dans les
milliards de dollars, M. le Président. Quand c'est rendu que ça nous en coûte
10,8 milliards juste au Québec, qu'en moyenne c'est 760 heures par
année que nos entrepreneurs ont à faire, pour des petits entrepreneurs comme
les détaillants...
M. Beauchemin : ...en
alimentation du Québec. Pour eux autres, là, c'est... c'est leurs fins de
semaine qui y passent, là, c'est leurs vacances qui passent. C'est énorme pour
eux autres, là. Donc, quand on écoute tout ça, M. le Président, on doit au
minimum mettre en place les conditions gagnantes pour que la suite des choses
puisse être au rendez-vous historique auquel on fait face aujourd'hui. On a
besoin de réinventer notre économie. On se doit d'avoir des changements majeurs
dans notre fardeau administratif, fardeau réglementaire.
Je ne parlerai pas de la fiscalité, on va
réserver ça pour un autre moment, là, mais ça fait partie du mixte, puis c'est
extrêmement important. Ça fait que, pour qu'on puisse avoir les conditions
gagnantes pour que ça puisse être établi un jour, qu'on puisse avoir l'honneur
et le privilège ensemble, ici tous, de pouvoir en discuter. Pour que ça puisse
fonctionner, on doit avoir une certaine acceptabilité sociale, que les gens
disent : Oui, c'est ça qu'on a de besoin, là. Les Américains sont
extrêmement menaçants envers notre économie aujourd'hui, là, oui, je veux que le
gouvernement du Québec aborde le concept de réglementation du fardeau
réglementaire puis qu'il le réduise de façon significative parce que moi,
aujourd'hui, je pense que l'économie du Québec, là, est menacée, là, donc, on
en a besoin de ça. Mais pour qu'on puisse avoir des conditions gagnantes, c'est
plus que d'avoir un bolide au bord de qui est en train de pousser. Il faut que
le Québec, en tant que tel, soit du bon côté de l'équation. Il faut que les
Québécois veulent avoir ça pour que les Québécois ensemble, sentent qu'on est
tous écoutés, bien, il faut écouter tout le monde. Moi, je pense que
l'Association des détaillants en alimentation du Québec font partie de ceux qui
devraient être écoutés.
Ma collègue du deuxième groupe
d'opposition a définitivement déposé une une... une très bonne motion
préliminaire. Moi, je considère que c'est dans l'ordre des choses qu'on doit y
aller de l'avant en écoutant de façon positive la recommandation de notre
collègue. Puis vous savez, pour moi, M. le Président, ce qui compte, c'est
qu'en bout de piste on gagne. Je ne parle pas du Parti libéral, là, je parle du
Québec puis, quand je dis ça, là, je suis sincère quand je dis ça. Moi, je suis
venu en politique pour une seule chose, c'est de s'assurer qu'on envoie le bateau
dans la bonne direction pour tous les Québécois. Puis, si on n'est pas capable
d'avoir une économie qui est au rendez-vous, si on n'est pas capable d'avoir
une réglementation ou une déréglementation du fardeau administratif qui est au
rendez-vous, mais le bateau ne s'en va pas dans la bonne direction.
Ça fait que le but ultime, oui, c'est
d'écouter l'Association des détaillants, mais le but ultime, c'est de vraiment
faire un impact significatif parce que, si ça coûte 10,8 milliards de
dollars, là, imaginez, M. le Président, si on était capables de couper ça de
moitié. Et couper ça de moitié, M. le Président, ça pourrait aller en
éducation, ce qui ferait en sorte que nos jeunes pourraient être capables, eux,
d'être plus équipés pour un avenir, être plus compétitif, avoir les meilleurs
instruments. On pourrait investir cet argent-là en recherche et développement,
trouver des pistes innovantes pour l'avenir de notre économie. On pourrait
donc, en étant sérieux au niveau de l'allègement réglementaire, amener ça à un
autre niveau juste économiquement, prendre de ces ressources-là qu'on gaspille,
là, on brûle cet argent-là, prendre cet argent-là, puis le mettre dans quelque
chose qui va faire en sorte que vraiment on met les outils en place pour que
Québec puisse gagner, et pour moi, c'est ça le but ultime.
Je sais que je pars de très loin, là, pour
arriver avec une grosse image, là, mais c'est parce que chaque brique compte
quand on veut bâtir la Maison du Québec, puis cette brique-là, là,
l'Association des détaillants en alimentation du Québec fait partie des briques
essentielles. Elle représente, comme je disais d'entrée de jeu, là, plus de
6 000 personnes et plus si on considère la chaîne... la «supply
chain», la chaîne de fournisseurs en arrière, puis si on compte les frères et
sœurs, enfants, filles, fils, conjoints, conjoints et tout ça, c'est des
dizaines de milliers d'individus, là, qui vont être affectés. Donc, ces gens-là
ont besoin d'être écoutés. Ces gens-là ont le besoin d'être représentés, puis je
pense que le gouvernement a la responsabilité de s'assurer que justement ces
gens-là puissent émettre leur opinion plus que juste déposer leur mémoire, là,
qu'on puisse avoir un dialogue avec eux autres pour les questionner. Dans le
but ultime de quoi, M. le Président? Faire en sorte qu'on puisse, nous autres,
dire : On a fait tout ce qu'il y avait à faire. On a retourné toutes les
pierres. On a vraiment regardé comme il le faut, puis même si on va se
concentrer sur le p. l. 85, puis c'est correct, là. Le p. l. 85, c'est une
étape. Moi, ce que je souhaite par-dessus tout, M. le Président, c'est que
d'est le Québec qui avance. Pour que le Québec doive avancer, on doit avoir
vraiment, on doit faire une chirurgie, là, drastique sur le fardeau
administratif, puis chaque étape pour s'y rendre sous-entend une acceptabilité
sociale, parce que ça nous a pris des années pour se rendre...
M. Beauchemin : ...drastique
sur le fardeau administratif. Puis chaque étape pour s'y rendre sous-entend une
acceptabilité sociale. Parce que ça nous a pris des années pour se rendre à où
est-ce qu'on est rendu, là on fait face à une menace sérieuse, actuellement
aux... face aux États-Unis, ce qui se passe, on doit avoir un changement de
culture. On doit sérieusement se remettre en question puis se dire : Pour
nous, ce qui compte, là, c'est de s'assurer qu'on met en place les conditions
gagnantes pour l'avenir de nos petites entreprises, les associations de
détaillants en alimentation du Québec et tous leurs fournisseurs, les
maraîchers du Québec qui leur... qui les aident, les éleveurs de porcs, de
poulets, de tout, de tout ce qui est en arrière de tout ce monde-là, là. Ils
ont besoin d'avoir ce réseau de distribution là pour qu'on puisse alimenter les
Québécois. Bien, selon nous, qu'on les écoute, c'est extrêmement, extrêmement
important. Puis c'est avec une ouverture, de vouloir prendre le temps d'écouter
l'Association des détaillants d'alimentation du Québec qu'on va être capable de
démontrer cette ouverture-là vers la... l'écoute, qui va nous permettre d'avoir
cette acceptabilité sociale, qui va faire en sorte que les gens vont
dire : O.K., culturellement, le gouvernement est à la bonne place.
Le gouvernement veut aller dans la bonne
direction pour entendre tout le monde, pour faire en sorte qu'on puisse faire
le prochain projet de loi, là, pas... je ne parle pas du projet de loi n° 85,
mais je parle du prochain projet de loi où est-ce que ça va être des vraies
mesures significatives, pas 20 millions ou 200 millions sur une économie de 570
milliards, là, quelque chose, là, de significatif. L'ordre de grandeur, là, on
le sait, c'est quoi, on parle de 10,8 milliards. Je pense qu'il faut qu'il en
reste, de la réglementation, c'est sûr et certain, là. Je ne dis pas de tout
éliminer, mais on peut-tu se donner un objectif de, je ne sais pas moi, la
moitié, le tiers, le quart? On peut-tu avoir des objectifs qui sont
substantiels? On peut-tu vraiment se dire que ce qui compte pour nous
aujourd'hui, c'est de s'assurer, là, que nos entreprises puissent tirer leur
épingle du jeu, puissent être capables de compétitionner à l'échelle mondiale,
puissent être un exemple, un autre... un autre Couche-Tard? On peut-tu penser
qu'on va avoir d'autres Couche-Tard à quelque part dans le Québec, là, qui fait
partie d'associations des détaillants en alimentation du Québec?
Si c'est le cas, on se doit de les
écouter, parce que ça va être grâce à eux qu'on va être capables de se rendre à
la prochaine étape. Puis, vous savez, les quatre prochaines années qu'on a
devant nous, là, se... ne seront pas faciles. On doit utiliser tous les
leviers. Puis nous, au gouvernement, là, on n'est pas dans la business de faire
des entreprises, on n'est pas dans la business de générer des sous en tant que
tels, là. Nous, on est dans la business de mettre en place des conditions
gagnantes pour que tous puissent avoir une chance de gagner, mais, pour qu'on
puisse avoir des chances de gagner, au Québec, il faut que notre économie soit
au rendez-vous, puis que pour notre économie soit au rendez-vous, on a de
besoin d'un allègement réglementaire substantiel. Puis, pour qu'un allègement
réglementaire substantiel puisse être accepté socialement, il faut que tous les
Québécois sentent que, oui, on peut y mettre notre grain de sel là-dedans, puis
le gouvernement est à notre écoute. Puis ça, ça va fonctionner puis c'est ce
qui va donner raison, donc, aux changements puis aux modifications, qui va
faire en sorte qu'on va pouvoir avoir définitivement un projet loi qui va être
plus costaud. Puis on aura les ambitions et les moyens de nos ambitions pour
s'y rendre.
• (11 h 20) •
Ça fait que, M. le Président, la motion de
ma collègue du deuxième groupe d'opposition est une très bonne motion.
L'Association des détaillants en alimentation du Québec doivent être écoutés.
Moi, j'ai beaucoup de temps pour les écouter. Je pense qu'on a tous du temps,
si on veut, pour les écouter. Je ne vois pas qu'est-ce qui pourrait nous
empêcher de prendre le 45 minutes ou l'heure additionnelle que ça prendrait.
Parce que ce qu'on veut faire en bout de piste, c'est de s'assurer que le
Québec gagne, puis ça, ça fait partie des ingrédients qui vont permettre au
Québec de gagner, d'écouter l'Association des détaillants en alimentation du
Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. D'autres interventions concernant
la motion? M. le ministre, vous avez aussi 30 minutes comme représentant de
votre... La parole est à vous.
M. Skeete : Ça ne prendra pas
30 minutes, M. le Président. Simplement pour dire au collègue, je suis assez
surpris, là, je suis surpris, parce que les collègues le savent très bien, que
les discussions sur qui on va inviter dans les commissions parlementaires se
font de concert. En fait, c'est beau à voir, M. le Président, quand les leaders
des différents partis se réunissent pour déterminer les meilleures personnes à
inviter en commission parlementaire puis pour venir s'exprimer sur les projets
de loi.
Ce qui est drôle, puis je dis ça un peu à
contresens, là, mais ce qui est drôle, c'est que nous...
M. Skeete : ...on a proposé
d'inviter l'ADA, mais les collègues de l'opposition n'ont pas cru bon de les
inclure dans leur liste. C'était tellement grave, que mon chef de cabinet, ici
présent, a appelé l'ADA pour leur dire : Écoutez, essayez de convaincre
les oppositions, parce que nous, vous êtes sur notre liste, mais ça prend un
consensus des autres. Puis, malgré ça, malheureusement, avec le nombre limité
de gens qu'on peut entendre, ils n'étaient pas inclus dans la liste des
oppositions. Puis là, ici, nous voilà, une heure plus tard, encore à discuter
de l'inclusion de ces gens-là.
Par contre, on a lu le mémoire, M. le
Président. On était très sensible à ce que l'ADA nous... avait à dire. On a
pris le temps de lire le mémoire, qui était très important. Aussi, très
surpris, très surpris d'entendre un peu un éparpillement, là, sur les heures
d'ouverture. Le collègue de Marguerite-Bourgeoys nous parlait de gens... on va
impacter la vie familiale. Écoutez, M. le Président, non, on fait simplement se
retirer de la discussion. Juste rappeler aux collègues qu'on n'oblige personne
à ouvrir, on n'oblige personne à avoir x nombre d'employés. Dans le projet de
loi, justement, on vient dire que ces gens-là vont avoir le choix de faire ce
qu'ils veulent. Puis je pense que ça vaut la peine de le rappeler, ces gens-là
ont déjà le droit d'être ouverts 24 heures. C'est déjà dans la loi qu'ils ont
le droit d'être ouverts 24 heures. Et la preuve qu'ils n'ouvrent pas 24 heures,
c'est le fait qu'ils ont le droit, actuellement, et ils ne le font pas.
Donc, il y a beaucoup de choses que ce
projet de loi là fait, surtout pour réduire le fardeau administratif, mais une chose
qu'il ne fait pas, c'est qu'il n'oblige personne à faire rien. Donc, j'ai très
hâte de poursuivre nos travaux, M. le Président, et en espérant qu'on va
pouvoir rapidement passer aux articles, mais j'ai très hâte de discuter avec
mes collègues à ce niveau-là.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de cette motion
préliminaire déposée par la députée de Verdun. Est-ce que cette motion est
adoptée? Je comprends qu'on y va par appel nominal. Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Zaga Mendez (Verdun)?
Mme Zaga Mendez : Pour.
La Secrétaire : M. Skeete
(Sainte-Rose)?
M. Skeete : Contre.
La Secrétaire : Mme Malette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
La Secrétaire : M. Dufour
(Abitibi-Est)?
M. Dufour : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou-Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Pour.
La Secrétaire
: Mme
Rotiroti (Jeanne-Mance-Viger)?
Mme Rotiroti : Pour.
La Secrétaire : Et M. Allaire
Maskinongé?
Le Président (M. Allaire) : Abstention.
Donc, la motion, elle est rejetée. On poursuit donc. Est-ce qu'il y a d'autres
motions préliminaires que les collègues souhaitent déposer? Donc, la députée de
Verdun souhaite déposer une autre motion préliminaire. Donc, je vous cède la
parole. Même principe que tantôt, vous avez 30 minutes. Allez-y.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, la motion préliminaire se lit comme
suit :
«Que conformément à l'article 244 du
Règlement de l'Assemblée nationale, la Commission de l'économie et du travail,
avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi no 85, Loi modifiant
diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire administratif, tienne des consultations particulières et qu'à
cette fin elle entende l'Association des marchands dépanneurs et épiciers du
Québec, l'AMDEQ.»
Donc, c'est... c'est notre prochaine
motion. Puis, tout à l'heure, moi, j'entendais le M. le ministre nous
dire : Ah! certains groupes ne se retrouvaient pas dans la liste, puis ça
peut arriver, hein, moi, je pense... J'ai le goût de nous dire, collectivement,
que ça peut arriver qu'au tout début, quand on se penche sur le projet de loi,
on a des angles morts, et il faut qu'on soit capable de se rattraper. C'est
pour ça qu'on a l'option de déposer des motions préliminaires pour se rattraper
sur des angles morts lorsqu'on nous sensibilise à certaines questions,
lorsqu'on entend parler des histoires puis des vécus.
Puis là j'ai le goût de vous parler avec
beaucoup plus de détails sur nos dépanneurs au Québec. Une histoire qui m'avait
aussi touchée... je vous ai parlé tantôt de M. Forget, mais il y en avait une
autre dans les nouvelles, dans la dernière semaine, semaine et demie, c'est
celle de M. Li Xin, qui a un dépanneur à Rosemont, dans la rue Dandurand. Et
les titres de l'article, c'est quand même... ça nous parle beaucoup des effets
que ce projet de loi là risque d'avoir : «Les dépanneurs sont en furie
contre Québec parce que les allègements réglementaires inscrits au feuilleton
vont faire mal à 6000 petites et moyennes entreprises». C'est, encore une fois,
extrêmement grave. On a l'histoire de M. Li Xin, qui est d'origine chinoise,
que ça fait à peu près 12 ans, si je me souviens bien, il est au Québec. Il a
parti ce petit dépanneur de quartier, là, comme ceux qu'on retrouve un peu
partout dans nos villes, dans nos centres, dans nos quartiers, même en dehors
des grands centres...
Mme Zaga Mendez : ...familles.
Puis moi, je suis députée d'une circonscription à Montréal. On le sait que
souvent c'est des familles immigrantes qui arrivent puis qui trouvent là une
opportunité de s'établir, de se développer économiquement, qui prennent un
fardeau énorme parce que c'est des petites PME, elles soutenues par une ou deux
personnes, la famille elle-même, fardeau économique énorme, puis dans
l'objectif de garder une vitalité territoriale, une vitalité économique des
quartiers. Ça fait que, déjà, cette vie-là de dépanneur est extrêmement dure.
Avec les allègements qui se trouvent ici, on... vont nuire à
6 000 dépanneurs en permettant aux épiceries de faire travailler plus
de quatre employés le soir.
Tout à l'heure, M. le ministre le disait,
on ne va obliger personne. Lorsqu'on déréglemente, on donne des opportunités.
Puis on sait très bien, puis, je pense, on a tous ici des connaissances
d'économie, de microéconomie en termes de ce qu'on appelle les économies
d'échelle, lorsqu'on a une plus grande entreprise, bien, on est capable de
mieux absorber les coûts de production. C'est des petites entreprises comme ça
qui sont touchées, puis les dépanneurs plus particulièrement. C'est parce qu'il
existe un équilibre dans les heures d'ouverture des commerces qui fait en sorte
que des dépanneurs vient, comme le mot le dit, dépanner, être complémentaires à
une offre alimentaire, être complémentaires dans des quartiers puis qui gardent
cette vitalité.
Il nous dit, M. Li Xin, si vous n'avez pas
lu l'article : «Quatre employés? Moi, je fais ça tout le temps, la job de
quatre tout seul», et il rigole. C'est un être très, très aimé dans son
quartier, dans le quartier de Rosemont, puis il nous dit, tu sais : «Ce
n'est pas une job facile. Ça fait au moins huit dépanneurs qui ferment dans le
quartier depuis qu'on est là.» Ça parle beaucoup déjà de la réalité des
dépanneurs de quartier qui sont exposés à toutes sortes de situations, mais
qu'on voit disparaître de plus en plus. On parle de huit déjà qui ont fermé
dans son coin, dans Rosemont. Donc, l'allègement qu'on a devant nous n'annonce
rien de bon, vraiment, pour ce commerçant de la rue Dandurand parce que les
épiceries vont avoir... vont marcher sur ses plates-bandes à leur guise. Puis
il nous rappelle, là, puis même histoire que tout à l'heure, que les gens
viennent un peu plus après 21 h. C'est... Ça, c'est l'achalandage dont ils ont
besoin pour arriver. Et ce flux de clients tardifs risque de disparaître avec
les allègements réglementaires.
• (11 h 30) •
Puis c'est des histoires comme ça qu'on
n'a pas eu la chance d'entendre en commission parlementaire. Puis je sens que
même... puis peut-être ici, les collègues, on a eu des angles morts. Certains
n'ont pas été invités tout à l'heure. Je pense qu'on n'a pas à s'enfarger
là-dessus. On est rendus au fait qu'on entend des histoires comme ça dans les
nouvelles, qu'on a... l'alarme a été sonnée par les groupes. C'est pour ça
qu'on peut déposer des motions comme celle-ci, que je nous invite, encore une
fois, d'appuyer, encourager pour qu'on puisse faire notre travail. C'est l'objectif
ici, là, avant de présenter certains arguments, pas de ralentir les travaux,
c'est de mieux faire nos travaux parlementaires. Parce que, si on n'écoute pas
tout le monde qui est touché et concerné par ces changements-là, comme
législateurs, on n'est pas en train de faire notre travail comme il faut. Et ce
consensus-là, qui était à l'œuvre entre 2006 et 2008 et qui est en vigueur en
ce moment, bien, il a été fait en prenant le temps, en prenant le temps
d'écouter, consulter et asseoir ces différents acteurs et évaluer l'ensemble
des faits. Et c'est de rendre compte, puis c'est ça, notre objectif, je crois,
que le consensus puis l'équilibre actuels marchent, que les acteurs concernés,
qu'ils soient nos dépanneurs, nos détaillants, tout à l'heure, nos petites
épiceries, ce ne sont pas eux et elles qui l'ont demandé.
Alors, pourquoi on doit entendre
l'Association des marchands dépanneurs et épiciers du Québec? D'abord, il faut
savoir qui sont représentés par cette association, qui a été fondée en 1983, qui
représente plus de 1 200 détaillants indépendants qui contrôlent
entièrement les opérations de leurs commerces. Comme je vous disais, on parle
de commerces qui sont souvent des entreprises familiales qui font face déjà à
une forte concurrence... Je vous demanderais, M. le Président, il y a des fois
un peu de bruit. Désolée, je vais recommencer. Ces commerçants sont souvent des
entreprises familiales qui font face à une forte concurrence des grandes
chaînes et qui doivent jongler avec des enjeux de rentabilité, de rareté de la
main-d'œuvre et d'adaptation aux nouvelles réglementations. Donc, on est dans
les mêmes... mêmes personnes, mêmes détaillants... pardon, dans ce cas-là des
épiciers puis des dépanneurs qui sont touchés par pas seulement la réglementation
mais qui vivent déjà toutes les pressions en termes de rentabilité et de
main-d'oeuvre, adaptation aux nouvelles réglementations. Puis j'ai rencontré
des commerces indépendants, j'ai rencontré des...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Zaga Mendez : ...dans mon
quartier à Verdun. Puis j'ajouterais dans le terme de pression. On sait qu'on
vit une hausse de l'abordabilité dans... à Montréal, dans les grands centres, en
termes de loyers pour les personnes dans les cas de résidentiel, mais il y a le
même... le même effet dans le non résidentiel, donc dans les... dans ce qu'on
appelle les locaux commerciaux. Et le... Je me permets une petite parenthèse. On
n'a aucune réglementation qui cadre la hausse des loyers commerciaux, qui est
aussi une grande, grande pression pour des petits commerçants puis des épiciers
qui, d'habitude, ne sont pas toujours propriétaires de la bâtisse où qu'ils
louent des espaces commerciaux sur des artères principales. Ça fait qu'il y a
tout ça, la rareté de la main-d'œuvre, l'adaptation aux nouvelles
réglementations, aux coûts qui explosent en termes de location, de maintien du
bail, de renouvellement, le fait qu'ils peuvent se faire foutre dehors du jour
au lendemain. Moi, j'en ai vu, à la rue Wellington, des commerces passer. Je
les ai rencontrés. Puis on le voit, là, toute la pression économique. Mais, en
plus de ça, on va déréglementer, et que ça va créer des effets pervers et ça va
venir nuire à nos détaillants indépendants, surtout ceux et celles qui contrôlent...
leurs opérations puis leur commerce. On ne parle pas ici des grandes surfaces.
Donc, les détaillants épiciers indépendants
sont souvent des entreprises familiales, je vous le disais, c'est l'ancrage qu'ils
ont dans leurs communautés. On parle... puis je vais le répéter, puis, je pense,
on ne le fait pas pour... pour nuire aux travaux qu'on répète des choses, c'est
parce que c'est extrêmement important. C'est notre objectif face aux menaces au
Trump... de Trump, face à une instabilité économique : acheter québécois,
garder nos communautés vivantes en ce qui concerne l'économie à travers le
Québec, contribuer au développement économique dans les régions, offrir des
biens et services essentiels pour nous, je pense qu'on devrait tous et toutes
ici se battre pour ça. C'est un consensus. Et c'est ces personnes-là, c'est ces
1 200 détaillants indépendants qui représentent ces intérêts-là, puis
qu'on n'a pas entendus. Puis on parle particulièrement dans les petites
communautés où les grandes franchises sont moins présentes. Et ça, c'est quand
même important de le dire, puis moi, ça m'a beaucoup sensibilisé. Puis on voit
des gens qui sont dans des régions éloignées, ce n'est pas partout qu'on a
accès à des grands... à des grandes franchises qui sont moins présentes. Des fois,
c'est des petits dépanneurs ou des petits épiciers qui sont dans nos villages du...
au Québec et que c'est eux qui offrent des services d'alimentation parce que...
par des moments où on ne peut pas faire la route longtemps suite à une tempête
de neige, on a... puis il faut garder cette vitalité-là et qui... sur laquelle
repose aussi notre développement régional.
Je vais me permettre, j'ai encore un peu
le temps, de ramener des idées qui se trouvaient... qui se trouvent encore dans
le mémoire de l'AMDEQ, lesquelles on aurait dû débattre, on aurait dû entendre,
poser des questions pour approfondir notre compréhension des effets du projet
de loi n° 85. D'abord, puis tout comme les détaillants, il y a un appui
général aux objectifs du projet de loi n° 85. L'AMDEQ nous l'a dit, dans
son mémoire, ils accueillent favorablement le projet de loi qui témoigne d'une
volonté sincère de simplifier les procédures administratives et d'alléger les
contraintes réglementaires pour les entreprises du Québec. Donc, là, encore une
fois, comme tout le monde, on salue les principes du projet de loi.
En ce qui concerne les heures d'ouverture,
donc, on fait toujours référence ici aux articles 81 à 87. L'AMDEQ soulève
toutefois des préoccupations quant aux dispositions visant à modifier les
heures d'ouverture des établissements commerciaux. Ils prônent, tout comme l'ADA,
le maintien de la réglementation actuelle sur les heures d'ouverture, au même
titre que l'ADA, l'AMDEQ préconise de maintenir le statu quo, puisque les
dépanneurs et épiciers du Québec se sont adaptés aux règles en vigueur depuis
2006 en ajustant leur gestion des ressources humaines et leur modèle d'affaires.
Ils nous font le même constat des PME qui sont déjà passées par une vague de
transition, elles ont juste ajusté leur gestion des ressources humaines et leur
modèle d'affaires. Et le cadre actuel fonctionne bien et permet d'assurer l'équilibre
concurrentiel entre les grands détaillants et les plus petits. Tout à l'heure,
le ministre disait : On va ne forcer personne à lever la... le nombre des
quatre employés, ils vont voir s'ils sont capables de le faire. Dans le
principe de la concurrentialité, quand on a un joueur qui est capable d'assumer
ses coûts de production, d'embaucher plus de monde, qui... pour lesquels j'embauche
une ou deux personnes de plus et... pardon, même si on ne voit pas de
changement en termes de revenus, c'est parce qu'ils ont la capacité d'absorber
la hausse dans leurs coûts de production. Un petit détaillant...
Mme Zaga Mendez : ...un plus
petit commerçant, un dépanneur, n'ont pas cette capacité-là. Eux vont voir
qu'ailleurs on va avoir plus de monde embauché, ça va attirer des gens. Ils
vont se sentir forcés de faire la même chose, mais ils ne vont pas arriver.
Puis, si on l'ouvre, c'est ça qui va arriver. Puis ça, ça va créer un
environnement dans lequel les petits détaillants vont se voir pénalisés par
cette concurrence-là, par cette pression-là. Et qu'est-ce qu'ils vont faire?
Soit ils vont vouloir suivre et, en suivant, bien, ils vont se mettre devant
une situation économique extrêmement précaire, une situation qui est déjà assez
précaire, avec tous les facteurs dont je mentionnais tantôt... puis ils
risquent de disparaître.
Puis, tout à l'heure, M. le ministre nous
disait : Mais on ne va obliger personne. Bien, justement, libéraliser,
déréglementer ouvre ces opportunités-là dans lesquelles ceux qui vont être
capables de les saisir puis les intégrer, ce sont nos grandes surfaces, versus
les petits commerçants, des petits détaillants qui, eux, ne pourront pas
suivre. Et on connaît très bien la chanson, ils vont finir par être écartés,
voir leurs revenus baisser, voir leur compétitivité ne pas être... ne pas être
aussi compétitives, ne pas avoir les mêmes offres, et ils vont disparaître. Et
c'est pourquoi nous, on doit les entendre ici, en commission parlementaire. On
doit aller plus loin sur les effets qu'il va y avoir sur ces dépanneurs et sur
ces épiciers.
Puis ils posent encore et toujours la même
question : Pourquoi est-ce qu'on est en train de faire ça? Pourquoi est-ce
que le gouvernement est en train d'ouvrir et de changer ce consensus si les
détaillants alimentaires ne sont pas d'accord, si les dépanneurs non plus? Ils
n'ont pas été consultés, à moins que le ministre me dise qu'il a eu la chance
de rencontrer l'AMDEQ, bien, tant mieux, en aval, je ne le sais pas, j'aimerais
ça l'entendre lors de sa réponse puis je sens que la seule fois qu'on a parlé
des détaillants, en fait... puis leurs effets, alentour de la table, en
commission parlementaire, c'étaient les grandes surfaces. C'est les seuls qui
se sont... ou ravis de cette nouvelle-là, on l'a entendu autour de la table, mais
aussi dans les nouvelles. Les seuls à avoir salué cette réforme-là, c'est les
Walmart de ce monde.
Le ministre va nous le dire, puis il me
l'a dit en Chambre : Bien non, ça ne va pas appliquer à Walmart, mais
comment ça se fait que Walmart est aussi content si ça va... appliquer à eux
autres? Bien sûr, ce n'est pas des épiciers, ce n'est pas la partie des quatre
employés qui s'appliquent, mais c'est l'autre partie, qui est le projet pilote.
Walmart va avoir la capacité de lever la main puis dire : Je veux
participer au projet pilote du ministre, et ils vont avoir le modèle pour y
arriver parce c'est un modèle qui existe ailleurs, c'est un modèle américain.
C'est un modèle qui est un peu partout aux États-Unis et qui a fait des
dommages pour l'économie locale. Il y a des études qui montrent, lorsqu'un
Walmart s'installe, il déréglemente puis il absorbe tout ce qu'il y a autour.
On ne veut pas que ça, ça arrive au Québec.
• (11 h 40) •
J'ajoute, dans le mémoire de
l'AMDEQ : «Les nouvelles mesures proposées quant au nombre d'employés
permis en dehors des heures légales risquent de fragiliser les petits
détaillants qui sont déjà confrontés avec des défis importants, notamment en ce
qui a trait à la rareté de la main-d'œuvre. Le statu quo de mesures concernant
les heures d'ouverture permet une complémentarité efficace entre les
supermarchés et les commerces de proximité, qui répondent ensemble aux besoins
de consommation à différents moments de la semaine.»
Donc, ce qu'ils nous demandent, puis je
pense... je suis très d'accord avec eux, c'est le retrait des dispositions
relatives aux heures d'ouverture afin de préserver l'équilibre actuel. Ils nous
recommandent ainsi de retirer les dispositions relatives qui se trouvent entre
l'article 81 et 87 pour maintenir le consensus puis l'équilibre...
Je vais conclure, parce que mon objectif,
je vous le dis, ce n'est pas qu'on... radoter, faire tout mon temps là-dessus.
Je ne le souhaite pas, je souhaite vraiment et sincèrement qu'on puisse amener
ces acteurs-là autour de la table, parce que l'AMDEQ nous réitère que... son
opposition aux modifications proposées par le projet de loi concernant les
heures d'ouverture des commerces de proximité. Ils nous jugent... ils jugent
aussi ce changement préjudiciable aux petits détaillants qui ont su déjà
s'adapter aux règles actuelles. Donc, je suis d'accord avec ces
recommandations-là. Ces recommandations, on aurait dû les débattre pour
maintenir le statu quo, le retrait des dispositions. Et ils nous l'ont demandé
déjà par voie de rapport, mais je pense que tout le monde ici, on a un devoir
de se pencher là-dessus.
On vient de refuser la motion pour
entendre les détaillants en alimentation du Québec. Je suis extrêmement déçue
parce que ça montre une fermeture, je trouve. Comme je le disais, là,
peut-être, au tout début, quand on a reçu le projet de loi, on a eu des angles
morts. C'est correct, on est capable d'avouer nos erreurs, mais là on est rendu
qu'on a une disposition, donc, nos motions préliminaires, qui nous permet de
corriger cette situation ensemble ici puis appeler ces groupes-là à être
entendus. Parce que le message...
Mme Zaga Mendez : ...le
message qui va êre envoyé lorsqu'on... Si, de l'autre côté de la chambre, on
refuse cette motion-là, c'est qu'on ne veut pas entendre les joueurs qui vont
être touchés par cette réforme. C'est ça, le message qu'on est en train
d'envoyer. Puis moi, je trouve ça très déplorable, puis je pense qu'on a
l'obligation de les entendre. Et je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, Mme la députée de Verdun. On poursuit les échanges. Mme la députée de
Jeanne-Mance–Viger, la parole est à vous pour 10 minutes.
Mme Rotiroti : Merci, M. le
Président. Alors, écoutez, on fait face encore à une motion, à une très bonne
motion qui est déposée par ma collègue du deuxième groupe de l'opposition qui
vient, dans le fond, de... à la lumière, je vous dirais, de la commission
parlementaire, qu'on a... on a eu les consultations. Ces gens-là ont quand même
déposé. Que ce soit l'ADA, les dépanneurs, les épiceries, ils ont quand même
déposé, ils ont pris la peine de regarder ce projet de loi là et de soumettre
les mémoires qui... j'avoue, là, je suis en train de le relire, celui qui
touche entre autres les dépanneurs, qui n'est pas très long, je vous dirais,
pas aussi long que l'ADA, qui était de... au-delà de huit pages, mais celui-là,
il est très précis dans certains secteurs où est-ce qu'ils voudraient qu'on
touche dans le projet de loi mais qu'ils voudraient qu'on aille porter une
attention particulière. Je pense, c'est... Évidemment, on ne répétera pas
qu'est-ce qu'on a dit tout à l'heure avec l'ADA, c'est... l'importance
d'échanger avec ces groupes-là, qui sont en plus... C'est des gens qui sont
touchés en première ligne des modifications qu'on vient... qu'on va faire dans
ces... dans ce projet de loi là.
Je vais vous dire, le ministre... et on
a... on n'a pas à douter de sa sincérité, là, je connais assez le ministre, de
le croire quand il dit que les heures d'ouverture n'affecteront pas les petits
commerçants, etc., j'avoue que... Je vais vous lire juste un petit extrait de
qu'est-ce qui est dans le mémoire des dépanneurs, qui dit : «Les nouvelles
mesures proposées quant au nombre d'employés permis en dehors des heures
légales risque de fragiliser les petits détails, qui sont déjà confrontés à des
défis importants, notamment en ce qui a trait de la rareté de la main-d'œuvre.»
Alors, parfait, on prend pour... Ah! Puis je sais que mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys sourit parce que c'était un de ses points qu'il a fait en
commission parlementaire lors des discussions qu'on avait avec le ministre. Et
je réitère, on a... on ne remet pas en doute qu'est-ce que le ministre dit. Par
contre, si les petits détaillants ont cette crainte-là, ça doit être réel parce
qu'à quelque part eux, ils voient cette possibilité-là. Et je n'irai pas dans
le fait que c'est des dépanneurs dans... qui existent à travers le Québec, dans
nos régions, c'est souvent des... je vous dirais, des commerces de proximité,
hein? Tu rentres dans ton dépanneur local, la plupart du temps, le propriétaire
vous connaît. Alors, il y a cette proximité-là que ces gens-là ont avec les
gens des différentes régions qu'on n'a pas nécessairement dans les gros
détaillants quand on va magasiner dans les Walmart de ce monde. Alors, je me
dis, si eux, ils prennent la peine de soulever qu'il y a cette inquiétude-là,
ça veut dire que l'inquiétude doit être réelle, doit être quelque chose qu'on
devrait peut-être prendre le temps de vraiment voir avec eux pourquoi qu'ils
ont cette crainte-là.
Ça veut dire que le ministre n'a pas été
si rassurant que ça. Eux, ils voient que, dans les changements législatifs
qu'on va apporter, bien, on peut ouvrir la porte à ça, on peut ouvrir la porte
à les fragilisés, jusqu'à point à peut-être reconsidérer est-ce que ça vaut la
peine d'être ouvert tard le soir, est-ce que je fais assez de profits pour être
capable de rester en vie, versus ces grands détaillants qui vont... qui ont...
On peut, là, ce n'est pas un enjeu du tout, du tout, du tout. Alors, je pense
que cette crainte-là, elle est réelle, je pense que... Il y a une assurance. Je
pense que le ministre doit rassurer ces gens-là et je pense que, comme
législateur, si la loi n'est pas claire à cet effet-là, si eux autres, ils
prennent la peine de souligner, c'est parce que, de toute évidence, il va
falloir qu'on modifie... ou apporter des modifications à certains articles de
ce projet de loi là pour justement s'assurer qu'il n'y ait pas de cette
interprétation-là. Parce qu'au moment qu'on se parle, je... ces gens-là
interprètent la loi de cette façon-là. Alors, je pense qu'il y a cette
rassurance-là que le ministre doit apporter, et non juste pas juste verbalement
quand on lui parle, mais dans la loi.
Aussi, il traite plusieurs choses. Il y a
la vente de boissons alcoolisées mixtes, les zones Entreprise...
Mme Rotiroti : ...je...
l'exemption par rapport à les PME puis la taxe sur la masse salariale. Alors, ils
vont... ce n'est pas un gros projet... mémoire, mais ils vont assez en détail
par rapport à qu'est-ce qu'eux ils s'attendaient de voir dans... Puis je
répète, c'est quatrième projet de loi posément sur l'allègement réglementaire
et fiscal. Il n'y a rien au niveau de la fiscalité, là, c'est minime.
Réglementaire, écoutez, on parle de mesurettes à gauche et à droite. On est
loin du un pour un, c'est-à-dire de mettre une mesure en place puis enlever une
autre pour ne pas se dédoubler et surtout d'alléger vraiment le fardeau de
paperasse.
Il parle de guichet unique, M. le
Président, je trouve que c'est un élément important parce que ça a été soulevé
par plusieurs groupes, entre autres... Conseil du patronat du Québec. Il y a
tellement, il y a tellement, il y a tellement de programmes qui existent, il y
a sûrement des doublons là-dedans, là. C'est pour ça qu'on dit qu'on aurait dû
peut-être faire un peu de ménage aussi, profiter de ce projet de loi, de faire
ce ménage-là. Mais ce guichet unique là, qui est demandé par les PME, c'est
d'avoir... d'aller chercher à une place précise tout ce qui disponible pour eux
par rapport à que ce soit l'allègement fiscal ou l'allègement réglementaire, au
lieu d'être éparpillés partout. Ça aussi, ça aussi, c'est une demande qui a été
faite par plusieurs groupes qui pourraient venir, dans le fond, là, les aider,
les aider à aller chercher des programmes ou des... qui pourraient pour qui...
qui pourraient augmenter leur productivité, qui pourraient s'assurer que ces
gens-là dépensent moins de temps, parce qu'écoutez, là, le nombre de temps
qu'une petite PME passe pour remplir des papiers, puis on aura l'occasion de
voir, là, dans certains articles du projet de loi, qu'est-ce que ça représente
concrètement. On va vous montrer c'est quoi la lourdeur réglementaire que ces
PME subissent. Et on s'est dit : Mais à la lumière de qu'est-ce qu'on
voit, à la lumière de qu'est-ce qu'on peut faire avec ce projet de loi là,
pourquoi ne pas être un peu plus audace? Pourquoi qu'aller pas un petit peu
plus loin? Je sais que le ministre, il a des bonnes intentions, je sais qu'il
veut... et puis je le crois sincèrement quand il dit qu'il veut aider les PME,
je le crois, mais je pense que pourquoi ne pas se saisir de cette
opportunité-là, M. le ministre, hein? On est devant un projet loi qui, dans le
fond... vous pouvez aller beaucoup plus loin de qu'est-ce que... de qu'est-ce
que vous faites dans ce projet de loi là. Puis vous avez des appuis, parce que
les groupes sont venus, de dire : Ça prend un petit peu plus d'être
audace, ça prend un petit peu plus. On peut aller un petit peu plus loin, mais
on refuse de le faire, M. le Président. Puis je pense que, dans le contexte
aujourd'hui qu'on est, qui n'était pas le cas... D'ailleurs, je vous fais remarquer,
là, quand on a... on a décidé d'aller de l'avant avec ce projet de loi là, avec
les mémoires, et tout ça, on n'avait pas la menace des États-Unis. On n'avait
pas encore eu les élections. Trump n'était pas élu encore. Alors là, la
situation économique a changé énormément, et je pense qu'il faudrait prendre ça
en considération. Je ne vois pas c'est quoi... Oui, on veut aller rapidement,
j'en conviens, mais il faut être prudent aussi. Il faut le faire correctement
et il faut s'assurer que si, pour la quatrième fois, quatrième projet de loi,
que celle-là, peut-être, elle va être, je ne dirais pas la bonne, parce que
je... sincèrement, on aurait pu aller beaucoup, beaucoup, beaucoup plus loin
pour aider nos PME à travers le Québec, mais, à tout le moins, de faire un pas
un petit peu plus grand de qu'est-ce qu'on a fait lors des trois projets de loi
qui ont déjà été étudiés sur l'allègement réglementaire et fiscal. Merci, M. le
Président.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. On enchaîne avec la députée de Marguerite-Bourgeoys. La parole est à
vous pour 30 minutes.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Encore une fois, merci à ma collègue pour ses bons
mots dès le début de notre... de notre temps alloué au Parti libéral du Québec.
Merci à ma collègue du deuxième groupe d'opposition d'avoir déposé cette
motion. Écoutez, je la comprends, à la lumière, en fait, là, du fait qu'après
les consultations particulières, les mémoires ont été déposées, et à la lumière
de la lecture de ces mémoires-là, les questions sont définitivement légitimes.
Ma collègue, ici, parlait d'angles morts. Et effectivement c'est le processus
parlementaire dans lequel on est de, justement, essayer de s'assurer, là, qu'on
couvre bien les angles morts. Puis les processus de motion préliminaire, ça
nous amène, justement, à essayer de couvrir ces angles morts là. Quand on...
M. Beauchemin : ...de
l'Association des marchands dépanneurs et épiciers du Québec, ils sont sortis
hauts et forts après le début de l'étude... bien, en fait, des motions...
voyons, de la période initiale du processus...
Le Président (M. Allaire) :
...
M. Beauchemin : ...les
consultations particulières. Merci, M. le Président. Ils sont sortis hauts et forts
après le début des consultations particulières et c'est là que les alarmes ont
commencé à sonner. Ils ont écrit leurs trucs, on... leur mémoire, on en a pris
conscience. Vous savez, c'est extrêmement important de... justement, quand on
parle... tout à l'heure, je parlais de l'acceptabilité sociale, O.K., ça fait
partie de ce processus-là, de s'assurer justement qu'on ne laisse rien, là, non
analysé, non discuté et qu'on s'assure que tous aient eu la chance de pouvoir
s'exprimer.
Donc, moi, dans ce contexte-là, j'essaie
juste de revenir un petit peu au modèle économique, me dire : Bon, O.K.,
qu'est-ce qu'on fait ici puis qu'est-ce qu'on est en train de, comme, négocier?
Puis qu'est-ce qui va arriver en bout de piste si supposons qu'on va de l'avant?
Puis qu'est-ce qui va arriver avec, par exemple, les dépanneurs? Bien, je sais
que ce n'est pas exactement ce que le ministre dit, je sais qu'on fait un
exemple, mais il n'y a aucune balise actuellement, là, sur les projets pilotes.
Ça fait qu'il n'y a rien qui empêcherait un jour éventuellement qu'un projet
pilote avec, par exemple, Walmart arrive. Puis là, vous le savez, M. le
Président, comment ça fonctionne, O.K.? C'est l'équivalent, dans le commerce du
détail, du dumping quand on à faire affaire à un joueur gros comme, par
exemple, Walmart, qui, pour eux autres, peuvent avoir l'équivalent de plusieurs
millions de dollars à risque juste parce que leur objectif ultime, ce n'est pas
tant de faire de l'argent sur l'ouverture du magasin «overnight», là, pendant
la nuit, leur objectif ultime, c'est de s'assurer que la compétition ne passe
pas le test.
Donc, ils vont faire ça à perte le temps
que ça prendra pour qu'on ferme boutique alentour. C'est un peu ça,
l'équivalent dans le commerce de détail dans les marchés de dépanneurs,
détaillants d'alimentation. C'est un petit peu l'équivalent du dumping qu'on
peut voir dans des certaines plus grosses commodités à l'échelle mondiale.
L'approche commerciale d'un mastodonte, comme Walmart, par exemple, aura donc
comme conséquence de faire forcer, si vous voulez, d'une certaine façon, la
main à nos petites PME à nous.
Vous savez, j'entendais le ministre tout à
l'heure dire que le choix du travail pour les heures de travail, etc., c'est un
choix des gens, on ne les force pas, etc. Je le comprends, mais peut être que
moi, j'ai vécu une adolescence différente que celle du ministre, mais moi, je
n'avais comme pas le choix que de faire un peu de sous pour pouvoir en arriver
à mes fins. Donc, c'est un peu la raison qui m'a forcé, mais j'en connaissais
qui, eux, étaient encore plus sujets à avoir à travailler des heures encore
plus longues s'ils avaient pu en avoir. Au détriment de quoi? De leurs études?
Parenthèse, je la ferme, juste pour qu'on soit clairs, je ne donne pas des
mauvaises intentions au ministre, mais je veux juste qu'on se rende compte
d'une chose, c'est qu'il y en a qui ont des réalités tout à fait autres dans
leur quotidien qui, malheureusement, dans le projet actuel, là, on ne semble
pas vraiment prendre en conscience de ça.
Revenons à ce que je disais tout à
l'heure. C'est important d'avoir... en négociation, de comprendre c'est quoi,
l'agenda de l'autre. O.K.? Quand on négocie, on veut comprendre qui va gagner
quoi, quel est l'horizon de temps, c'est quoi, tous les paramètres. Bon, bien,
en faisant... en ouvrant... c'est en créant cette craque-là, si on peut dire,
dans le projet de loi ici, qu'on ouvre le jeu à faire en sorte que, justement,
quelqu'un qui a plus les moyens puisse se servir de tous ces outils, tous ces
leviers, dans le but à long terme de vouloir faire de l'argent. C'est sûr et
certain que l'objectif à long terme des commerçants, ça va être de faire de
l'argent, qu'ils soient petits ou qu'ils soient gros. Mais évidemment, quand on
a beaucoup plus les moyens qu'un petit, on peut se permettre d'avoir une
stratégie initiale temporaire qui va être autre que de faire des sous. Ça va
être peut-être de vouloir prendre des parts de marché. Hein,
marketing 101, là, on le sait tous que c'est comme ça que ça fonctionne.
Ça fait qu'ils vont avoir à utiliser tous les leviers possibles pour augmenter
leur part de marché. Ça se peut que ça soit la stratégie. Au détriment de quoi?
Au détriment de milliers de petites familles québécoises qui sont toutes partout
dans les 17 régions économiques du Québec, dans tous les villages...
M. Beauchemin : ...dans toutes
les villes, dans tous les coins de rue au Québec. Comme ma collègue disait
tantôt, c'est des lieux de rassemblement, c'est là où est-ce que les gens...
c'est des commerces de proximité, c'est là où est-ce que les gens
s'identifient. Oui, effectivement, quand on rentre... Moi, quand j'étais jeune,
il y avait un Perrette qui... Je rentrais là, puis le monsieur qui était là me
connaissait par mon prénom, puis j'étais un petit «kid» de rien du tout, là,
mais il me connaissait par mon prénom. C'est ça, la beauté des petits
commerçants. C'est important de les avoir parce que c'est le tissu social de la
société qu'on parle ici, M. le Président.
Donc, vous savez, je parle du Perrette
puis je viens d'avoir un flash, je veux dire, c'est clair qu'Alain Bouchard,
propriétaire de Couche-Tard, n'aurait probablement pas regardé le projet de loi
no 85 avec les mêmes lentilles que le gouvernement regarde actuellement. À
l'époque, là, à ses tout débuts, avant d'être rendu au septième Perrette, là,
O.K., il est allé au numéro un, numéro deux, là. Être rendu au numéro un,
numéro deux puis avoir eu cette jambette-là qui serait arrivée, où est-ce que,
là, soudainement, on menace le modèle d'affaires, peut-être que M. Bouchard se
serait réinventé, il aurait peut-être été ailleurs, il aurait peut-être fait un
autre genre de commerce. La fibre, de toute évidence, entrepreneuriale que M.
Bouchard a en lui est forte, puis on lui souhaite tout le succès du monde, puis
tant mieux pour lui si ça a fonctionné. Puis c'est bon pour le Québec parce que
ça... comme je disais tout à l'heure, c'est un fleuron, on en est fiers, mais
je ne suis pas certain, moi, qu'avoir eu un projet loi qui ouvre la porte à
faire en sorte qu'on teste, de façon pilote, là, l'idée de peut-être
potentiellement faire en sorte que votre modèle d'affaires va être menacé...
pas certain, moi, que M. Bouchard aurait trouvé ça palpitant, disons. Il aurait
probablement eu des questions, lui aussi, il aurait peut-être probablement été
celui qui aurait cogné à la porte d'une association de marchands de dépanneurs
pour dire : Aïe! Il faut qu'on se ramasse, là, on va se faire rentrer
dedans, là, c'est important.
Ça fait que ces gens-là, ici, c'est ces
gens-là qui, eux, vont avoir... les gens des dépanneurs, là, les premiers
effets néfastes de ce projet pilote là, les effets néfastes de modifier les
heures... les effets néfastes d'avoir des compétiteurs avec des volumes puis
des reins beaucoup plus solides tout juste à côté d'eux, qui vont pouvoir
compétitionner sur leur terrain de jeu. Puis, vous savez, M. le Président, ces
gens-là, leur chiffre d'affaires se fait effectivement en partie, là, après les
heures d'ouverture normales. Donc, pour eux autres, là, soudainement, ils ont
une plus grosse affluence, que, là, on va retirer, ça fait que c'est certain
que ce qu'on fait, c'est qu'on est en train d'un petit peu couper l'air du
service que les dépanneurs nous offrent en agissant de la sorte.
• (12 heures) •
On parlait d'allègement réglementaire. Ces
gens-là ont sûrement leur mot à dire aussi spécifiquement à propos de
l'allègement réglementaire. Quel est le nombre d'heures que ces gens-là ont à
passer... vous avez mentionné les chiffres tout à l'heure, avec l'autre groupe,
on parlait de 750, 735, 765 heures par année. Ce serait intéressant de les
entendre, ces gens-là, qui gèrent un dépanneur de très très longues heures,
sept jours sur sept : Quand est-ce que vous trouvez le temps de remplir
cette paperasse? Quand est-ce que vous trouvez le temps de, justement, remplir
vos obligations réglementaires? Puis les dépanneurs qui ont 20, 30 ans
d'expérience vont vous dire que ça a été exponentiel, le nombre d'heures, par
rapport à ce que c'était jadis. Donc, ce serait intéressant d'entendre ça,
parce que ce qu'on veut, en bout de piste, comme je disais tout à l'heure,
c'est que tous puissent avoir une chance de profiter du Québec, de pouvoir
avoir une chance de faire des sous, de pouvoir gagner... Là, actuellement,
malheureusement, ce qu'on voit, c'est qu'ils ont un fardeau réglementaire
additionnel.
Puis, quand on les compare à ce qui se
passe ailleurs au Canada, on doit se poser la question : Comment se
fait-il qu'au Québec on a autant de réglementation par rapport à d'autres
juridictions, nos voisins ontariens, par exemple? Donc, est-ce qu'on a manqué
un peu la marque avec le projet de loi no 85? Je comprends, là, c'est dans la
lignée de ce que le gouvernement a fait. Je comprends qu'on essaie d'atteindre
notre objectif ultime, là, avant la fin du mandat, d'avoir proposé 200 millions
de réduction des coûts en allègement réglementaire, mais, somme toute, on
n'atteint pas vraiment l'un pour un de façon... Juste l'image, oui, il est
atteint, peut-être, mais en absolu, on ne l'atteint pas parce qu'on a
clairement rajouté quelque chose de beaucoup plus pesant pour retirer quelque
chose de beaucoup plus petit. Quand on parle d'un pour un, là, ce n'est pas
juste un article de loi, ce serait... ce devrait être...
12 h (version non révisée)
M. Beauchemin : ...plutôt un
étant comme le nombre de mots quasiment dans les projets de loi, qu'un retrait
pourrait représenter par rapport à ce qu'on ajoute comme législation de l'autre
côté. Et, si on faisait du un pour un comme ça, là, j'enlève 100 mots ici pour
en rajouter 100 mots là, je pense que là on aurait déjà quelque chose de plus
significatif. Je vais avoir des exemples plus tard, on pourra en discuter. J'ai
vraiment pris quelques petits trucs intéressants que tous ici vont pouvoir
apprécier. Ça devient un peu, juste, drôle de voir comment on n'est pas
vraiment en train de viser l'objectif ultime d'alléger le fardeau administratif
de nos PME. Mais l'Association des marchands de dépanneurs et épiciers du
Québec, c'est des gens qui nous rendent une fière chandelle, qui sont là pour s'assurer
que justement on puisse être capable d'avoir ce qu'on cherche à avoir, des
fois, une fin de semaine, à 11 heures le soir. Ça peut paraître simple comme
ça, M. le Président, mais c'est tout ça qui vient avec le service qui est
offert.
Je veux peut-être réitérer l'exemple que j'avais
mentionné pour l'autre groupe, l'ADA. Ce n'est pas que juste les marchands
dépanneurs et épiciers du Québec qui vont être affectés, c'est évidemment
conjoints, conjointes, frères, sœurs, employés, leurs conjoints et aussi toute
la chaîne d'approvisionnement en dessous, qui va faire en sorte que ces
dépanneurs-là puis ces épiciers du Québec puissent être capables d'opérer.
Parce que, si on ferme ce canal-là de distribution, on leur ferme à eux aussi
le service de soutien en dessous, on leur ferme une façon de pouvoir vendre
leurs produits. Puis, comme je disais tantôt, on va se retourner de bord pour
faire quoi? Bien, on va se retourner de bord pour avoir les plus grosses
plateformes qui ont un plus gros pouvoir d'achat. Puis le modèle Walmart va s'appliquer,
que ce soit Walmart ou quelqu'un d'autre, là, le modèle de faire en sorte que,
bien, moi, j'ai un pouvoir d'achat beaucoup plus gros. Ça fait que, si tu
demandes à moi, mais voici où est-ce que, moi, j'achète de toi.
Donc, les marges de tout notre écosystème
québécois sous-jacent, mais il va être affecté. C'est inévitable, M. le
Président, surtout si, justement, il y a une stratégie de gain de part de
marché qui va être l'objectif ultime des plus gros joueurs. C'est certain que,
si ces joueurs-là, c'est ça, leur mentalité, mais ils vont... L'ordre d'exécution,
là, va descendre dans l'opérationnel, dans ces gros joueurs-là, puis ça va
aller jusqu'à la personne en charge des fournitures, des fournisseurs, puis
dire : O.K. Moi, je veux m'assurer, là, qu'il n'y a pas une cent que tu
laisses sur la table. Puis je veux vraiment que tu squeezes tout le monde, là.
Ça fait que là non seulement c'est les marchands, dépanneurs et épiciers du
Québec et leurs familles, et les employés, et toute leur communauté qui est
affectée, mais c'est tous les autres fournisseurs sous-jacents qui vont être
affectés. Puis ça, M. le Président, on parle de... Encore une fois, ici, c'est
une autre multidizaine de milliers de personnes qui est affecté.
Ça fait que je comprends l'idée en arrière
de ce que le ministre propose, mais il y avait, encore une fois, une
opportunité. Il y a une opportunité, encore, en ce moment, de pouvoir faire en
sorte que, si on veut aller de l'avant avec ce projet de loi là, que ce soit
unanime, que tous puissent être d'accord avec le projet de loi, mais c'est d'écouter
tout le monde. Puis je pense qu'écouter l'Association des marchands dépanneurs
et épiciers du Québec va faire en sorte que les gens vont sentir qu'on est à
leur écoute puis qu'au moins ils vont pouvoir avoir... verbaliser. Est-ce qu'on
va s'entendre sur tout? Est-ce qu'on va être unanime sur tout? Probablement
pas, probablement pas, mais, au moins, ça va être entendu sur la place
publique. Ils vont pouvoir verbaliser leurs doléances, puis on pourra, à ce
moment-là, mieux essayer de quantifier. Puis peut-être que ça va nous
apporter des modifications au projet de loi, qui va faire en sorte qu'en bout de
piste, pour leur objectif, petit soit-il, de 20 millions de réductions de
paperasse, de fardeau réglementaire actuel, en plus, faire une genèse qui va
alimenter un vrai projet de loi, là, beaucoup plus robuste où est-ce qu'il y
aura des vraies réductions du fardeau réglementaire de façon significative, où
est-ce qu'on ne sera pas en train de parler de juste 20 millions sur une
économie, comme je disais tantôt, de 560 milliards de dollars, mais plutôt
quelque chose qui va être... ressembler peut-être à un plus gros pourcentage du
10,8 milliards, dois-je le répéter, que ça coûte à chaque année à toutes nos
PME au Québec le fardeau administratif. L'argent qu'on ne peut pas mettre
ailleurs, ça ne va pas en éducation, ça ne va pas en santé, ça ne va pas pour
protéger l'environnement. Ça ne va nulle part, ça va juste pour...
M. Beauchemin : ...bouger du
papier. Puis des gens qui bougent du papier, bien, c'est correct, là, on en a
de besoin peut-être, là, mais je ne sais pas si on en a de besoin pour 10,8
milliards de dollars, M. le Président.
Donc, si notre objectif ultime, c'est de
vraiment faire un allègement réglementaire digne de ce nom, on doit avoir un
changement de culture au Québec qui va nous permettre à tous de se dire :
O.K., on veut que ce gouvernement-là gagne, on veut vraiment, là, que ce
gouvernement-là puisse aller de l'avant de façon significative. Puis, si on est
capables de faire ça, bien, ça veut dire qu'on va avoir réussi à faire quoi, M.
le Président? Qu'on va avoir réussi à écouter tout le monde, surtout à la
lumière des mémoires qui ont été déposés après les consultations particulières,
là, on va avoir la capacité d'avoir entendu tout le monde, puis là tout le
monde va avoir été capable de s'exprimer, puis les Québécois qui nous écoutent
en ce moment pourront dire : Bien, O.K., je pense que la job a été faite
de façon complète, puis on a été capables de... on va pouvoir conclure qu'on a
une certaine acceptabilité sociale d'aller de l'avant avec ça.
Vous savez, dans leur mémoire, ils parlent
d'un aspect très, très spécifique, c'est le guichet unique. C'est criant
comment que c'est important, là. Karl Blackburn en a parlé au Conseil du
patronat la semaine dernière, quand on était en consultations particulières.
Puis, vous savez, moi qui viens du monde des affaires, j'arrive ici, puis je
vois, puis je commence à comprendre, là, toutes les couches de
déréglementation, puis je me pose des questions. Comment se fait-il que c'est
rendu gros comme ça? Puis, tantôt, je faisais à la blague... je décrivais un
article, 24.1.0.2.1, à la blague, mais quelqu'un qui le voit de l'extérieur,
c'est les 12 travaux d'Astérix, là, c'est impossible de se faire une tête puis
de naviguer à travers tout ça. Donc, je peux comprendre. Donc, quand on...
quand on regarde ça de l'extérieur puis on dit : O.K., correct, ce qu'on
veut, nous autres, c'est s'assurer qu'on met des conditions gagnantes pour que
tous puissent avoir une chance de gagner, bien, ça fait partie de l'ensemble.
Ça fait que le but ultime ici, dans
l'amendement de... la motion préliminaire de notre collègue, oui, c'est
d'écouter les gens des dépanneurs et épiciers du Québec, puis moi, oui, aussi,
je veux absolument les entendre, puis ils ont des points extrêmement
importants, mais je veux... je veux qu'on parle aussi du guichet unique, je
veux qu'on parle vraiment de la réduction réglementaire du fardeau
administratif pour faire en sorte qu'on puisse avoir des conditions gagnantes
pour que le Québec puisse gagner.
Puis deux petites secondes sur notre
voisin du sud encore une fois. Eux, là, sont en train, là, d'y aller de façon
un petit peu plus draconienne que nous, là. On a tous vu les images du propriétaire
de la compagnie Tesla avec une chaîne mécanique, avec l'image répétée, là, du
président de l'Argentine pour démontrer comme quoi qu'il est en train de couper
dans le fardeau administratif puis la machine gouvernementale. Ce n'est pas ça
qu'on souhaite, nous.
• (12 h 10) •
Nous, ce qu'on souhaite, c'est qu'on
s'entende, qu'on puisse avoir un consensus où est-ce que tout le monde aura été
capable de dire ce qu'ils veulent sur l'allègement réglementaire, sur comment
ça les affecte dans leur quotidien à eux. Donc, on est vraiment loin de
l'approche américaine. Mais juste pour vous donner une idée, ce qui se passe
aux États-Unis, ce qui va se passer en Argentine, ce qui va se passer en
Allemagne, bien, c'est une tendance de fond, une tendance de fond de quoi?
D'allègement réglementaire. Et donc ce que moi, je souhaite, c'est qu'on puisse
en faire un, mais à la Québécoise, puis «à la Québécoise», ça veut dire avec
une acceptabilité sociale de tous. Puis ça, ça passe par l'écoute puis
s'assurer qu'on puisse avoir ces gens-là qui viennent s'exprimer puis nous dire
exactement ce qu'il en est pour eux. Puis on va gagner, on va gagner à les
écouter parce qu'ils ont des points qui sont solides, ils ont des points qui
reflètent un équilibre.
On est un marché qui est différent du
reste du Canada, le Québec. Le Canada est un marché différent des États-Unis.
On a des spécificités, mais toute cette belle expression que je viens de donner
là peut être totalement écrasée du jour au lendemain s'il y a du dumping. Là,
je le mets entre parenthèses pour qu'on ne fasse pas référence au vrai... la
vraie définition, là, mais plutôt dans le dumping que j'ai écrit... décrit tout
à l'heure. Si on fait du dumping contre nos commerçants parce qu'on veut
juste... simplement gagner des parts de marché pour, par la suite, être le
joueur dominant au Québec, on peut perdre, on peut perdre cette spécificité-là
qui est la nôtre. Je pense que ça avait été reconnu en 2008. On n'avait pas les
mêmes conditions de marché, là, en 2008, là. Puis, juste pour remettre les
choses en perspective, là, il y avait quand même la crise financière, là,
qui...
M. Beauchemin : ...stressait
beaucoup de monde. Puis il y avait une adaptation, une mentalité : On doit
s'adapter pour s'améliorer parce que l'argent bouge tellement rapidement qu'il
y a des flots d'argent qui peuvent étouffer l'économie, puis ça a été... ça a
été démontré. Mais c'est important de déréglementer de façon à ce qu'on puisse,
justement, continuer à garder un modèle qui nous représente. Puis on va évoluer
dans le temps, puis c'est sûr que nos représentations, dans le temps, vont
évoluer, c'est sûr et certain. Mais on ne peut pas, du jour au lendemain, juste
ouvrir la base... faire une passe sur la palette d'un gros joueur qui va
arriver ici puis qui va simplement un peu pas mal détruire notre écosystème.
Ça fait que, pour moi, M. le Président,
c'est important, à la lumière des mémoires qui ont été déposés par
l'Association des détaillants au préalable, puis maintenant l'Association des
marchands dépanneurs et épiciers du Québec, qui a été fait, donc, de façon un
peu par la suite des choses. Puis, je réexpliquerais deux secondes, leur
quotidien est totalement différent du nôtre, là. Ils ont vraiment, là, des
horaires extrêmement chargés. Ça fait qu'on peut leur excuser de ne pas avoir
participé, peut-être, là, dans les consultations particulières, mais on peut
quand même maintenant leur permettre de venir nous parler. Puis moi, je pense
que, dans ce contexte-là, avec le but ultime de faire en sorte que notre
économie soit la plus performante possible, avec les meilleurs instruments, les
meilleures réglementations, la... de façon la plus légère possible, avec la
fiscalité, que... ma collègue raison, on n'en parle pas, là, mais c'est un
enjeu essentiel pour notre compétitivité. C'est important qu'on puisse écouter
ce que l'Association des marchands dépanneurs et épiciers du Québec a à nous
dire. Ils vont nous suggérer... Ils pourraient nous suggérer des balises pour
le projet pilote. Ils pourraient nous dire : Voici ce qu'on pense, que
nous, ça va nous affecter, cette façon-là. Il y a-tu moyen de le faire de cette
autre façon là? Il y a-tu... Ils ont sûrement des idées. Je pense que c'est
important parce que... Eux travaillent des heures incroyables, leurs employés
travaillent des heures incroyables. Si leurs enfants participent dans
l'entreprise, ils ont des heures incroyables, eux autres aussi, à faire. On
veut essayer de trouver quand même un équilibre avec ce qu'on appelle la conciliation
travail-famille.
Donc, dans tout ça, moi, M. le Président,
je trouve que ce que notre collègue du deuxième groupe d'opposition a déposé
comme motion préliminaire, je trouve, ça tient la route, ce n'est pas une
grosse demande. Puis je pense que... je ne m'attends pas à ce que le ministre
acquiesce dans ce sens, mais je pense qu'il est d'accord avec nous qu'en
démocratie on doit écouter tout le monde. Puis écouter tout le monde, ça fait
partie... un geste comme celui... ferait partie des choses gagnantes pour
s'assurer que, justement, tous les Québécois qui nous écoutent sentent que le
gouvernement est à l'attention, est à l'écoute de tout le monde puis qu'on va
être capables de pouvoir dire de façon constructive que ce qu'on a mis
ensemble, c'est quelque chose qu'on a vraiment bien réfléchi, qui fait en sorte
qu'on envoie le bateau dans la bonne direction pour l'économie du futur,
considérant les menaces qui arrivent au sud de la frontière et puis... et ces
menaces-là qui vont exiger, de notre part, d'être beaucoup plus compétitifs, de
beaucoup, beaucoup, beaucoup plus qu'avant. Puis je pense que, là,
actuellement, les conditions de la société font en sorte qu'on a une ouverture.
Donc, additionnons, hein, en politique,
c'est ce qu'on doit faire, on doit additionner, additionnons des conditions
gagnantes pour faire en sorte qu'on puisse aller le plus loin possible à la
prochaine mouture de ce projet de loi là du ministre. Puis, comme ça, de cette
façon-là, on pourrait dire que, plus tard, bien, nos enfants pourront regarder
ça puis dire : Hein, vous savez, la gang de 2025-2026, les allègements
réglementaires, ils ont vraiment été... ils ont vraiment été sur la coche puis
ils ont été capables de faire en sorte que maintenant, aujourd'hui, on est
compétitifs, on est capables de gagner nos parts de marché. Pour moi, c'est ça,
c'est ça qui compte. En bout de piste, ce que je veux, c'est qu'on gagne tous.
Puis je pense que d'écouter des marchands dépanneurs et épiciers du Québec,
comme le groupe au préalable qu'on mentionnait, ça fait partie de... justement,
les étapes qui vont nous permettre de gagner ensemble au Québec.
Puis, M. le Président, je pense que je
vais supporter ce que ma collègue du deuxième groupe d'opposition a proposé
comme motion préliminaire puis je vais terminer avec ça. Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, M. le député de Marguerite-Bourgeoy. Es- ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Merci, M. le Président.
Mais, encore une fois, il y a un groupe parlementaire qui souhaitait recevoir
l'AMDEQ et c'est nous, mais, fruit des négociations, M. le Président, avec les
leaders des différents partis, mes collègues n'ont pas cru bon de les recevoir.
Donc, ça aurait été bien de les recevoir...
M. Skeete : ...moment
opportun. Malheureusement, le bateau a quitté le quai. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix la motion préliminaire
déposée par la députée de Verdun. Est-ce que la motion est adoptée?
Mme Zaga Mendez : Par appel
nominal.
Le Président (M. Allaire) : Par
appel nominal, Mme la secrétaire. La parole est à vous.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Zaga Mendez (Verdun)?
Mme Zaga Mendez : Pour.
La Secrétaire
: M. Skeete
(Sainte-Rose)?
M. Skeete : Contre.
La Secrétaire
: Mme Mallette
(Huntingdon)?
Mme Mallette : Contre.
La Secrétaire
: M. Dufour
(Abitibi-Est)?
M. Dufour : Contre.
La Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire
: M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
:
Contre.
La Secrétaire
: M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Pour.
La Secrétaire : M. Allaire
(Maskinongé)?
Le Président (M. Allaire) : Abstention.
Donc, la motion préliminaire est rejetée. On est toujours dans la rubrique des
motions préliminaires. Est-ce que d'autres collègues souhaitent déposer des
motions préliminaires? M. le député de Marguerite-Bourgeoys, la parole est à
vous.
M. Beauchemin : Donc, nous
avons déposé une motion préliminaire que mon collègue va me faire lire tout de
suite. Est-ce qu'on pourrait avoir juste une petite seconde?
Le Président (M. Allaire) : Nous
allons l'afficher. Ce ne sera pas très long. Elle est là. Donc, vous pouvez la lire
et débuter votre argumentaire.
M. Beauchemin : O.K.
Conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée nationale, je
fais motion afin que la Commission de l'économie et du travail entende, dans le
cadre de l'étude du projet de loi n° 85, Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif, le Conseil canadien de l'industrie des
dépanneurs.
Donc, on vient de parler au préalable de
l'industrie des dépanneurs au Québec, O.K.? Là, ici, ce que j'amène, c'est
justement le Conseil canadien de l'industrie du dépanneur... des dépanneurs.
Puis je vais vous expliquer pourquoi. La raison est relativement simple, M. le
Président, on fait face à une situation qu'on regarde sans se donner comme
référence ou, si on peut dire, des points d'évaluation, des ancrages
comparatifs, là, O.K., on fait face à une situation sans se donner ces
balises-là comparatives. Qu'est-ce qui a été fait à l'extérieur du Québec, ici
même, là, au Canada qui aurait pu donc être expliqué par le Conseil canadien de
l'industrie des dépanneurs, qu'est-ce qui se passe ailleurs, comment ça a été
affecté, quels genres de ramifications ça a eu dans le quotidien de ces gens-là
ailleurs au Canada? Et la raison pour laquelle on en parle, c'est parce qu'on a
sûrement beaucoup à gagner de ça. Peut-être que ça va être des réponses
comme : Bien, nous, on s'est adapté puis notre petit coin à nous a été
capable de survivre, puis tout ça. Mais moi, ce que je veux entendre d'eux,
c'est l'historique. Avant d'en arriver à avoir justement cette liberté des
heures au grand complet, qu'en était-il? Comment avez-vous été capable
d'adapter votre modèle? Comment avez-vous évolué dans le temps? Puis comment
est-ce que ça, ça a affecté votre quotidien maintenant, aujourd'hui, puis
comment vous le voyez?
• (12 h 20) •
Donc, pour moi, ça avait été important
qu'on puisse les entendre, parce que ces gens-là vont être capables de nous
parler aussi, comment que leurs employés vont s'adapter ou se sont adaptés à
des heures nocturnes exigeantes, comment... Peut-être qu'ils vont être capables
de nous présenter des angles morts que nous, on n'a pas pensé, là. Vous savez,
c'est un peu ça qui est le fun quand on peut être capable de capitaliser sur
l'expérience des autres. Comment est-ce qu'on est capable de pouvoir voir la
différence? Comment se fait-il qu'on est capable de dire : Bon, O.K.,
correct? On a ici maintenant, là, quelqu'un qui a vécu ça. Ça a eu ça, et ça,
et ça comme conséquence. Avec tout le respect que j'ai pour le ministre, c'est
quand même une valeur ajoutée dans le processus, là. Ça nous permet, nous
autres, de pouvoir dire : Bon, O.K., correct, on a fait le tour de roue,
on a été capables d'aller chercher l'information additionnelle puis on peut
être capables de peut-être mettre des balises au projet pilote qu'on n'aurait
peut-être pas pensé au préalable si on n'avait pas été capable de pouvoir
discuter de ça avec des gens qui ont vécu l'expérience ailleurs au Québec.
Puis, vous savez, moi, j'ai souvent ce
réflexe-là de vouloir essayer de quantifier une initiative du gouvernement.
J'ai eu souvent ce réflexe-là de me dire : O.K., pour moi, c'est important
qu'on définisse l'atteinte des objectifs puis comment qu'on va dire :
Voici comment on définit le succès. Pour moi, c'est essentiel qu'on le fasse,
parce qu'on dépense des ressources...
M. Beauchemin : ...qui
appartiennent à tous les Québécois pour faire quelque chose qui... Là, en ce
moment, on a peut-être oublié certains aspects. Puis, je vous dis, en toute
sincérité, c'est important, là, est-ce qu'on... Est-ce qu'on est certain qu'on
n'a rien oublié? Ça fait qu'avant de dépenser des sous, avant d'aller de
l'avant, avant de faire en sorte que, ça, on met un risque, donc, que ce soient
les dépanneurs, ou les petites épiceries, ou les détaillants, on peut-tu juste
écouter d'autres gens, comme le premier ministre semble vouloir toujours faire,
qui viennent de l'Ontario, par exemple? On a souvent ces points de référence
là, que je mentionne et que moi... Pour moi, c'est extrêmement important. Bien,
c'est important dans la saine gestion de notre économie, dans la saine gestion
de nos finances publiques, dans la saine gestion de l'appareil gouvernemental,
qu'on puisse avoir des ancrages de références qui vont nous permettre de
quantifier si on a réussi ou pas.
Puis je pense que, si on est capables de
se comparer, comme le premier ministre veut le faire à plusieurs égards lors
des débats qu'on a ici, en cette Chambre, pourquoi pas le faire dans le projet
de loi n° 85, en écoutant des gens qui ont une expérience autre que la
nôtre ici, au Québec, qui sont au Canada? C'est nos frères et soeurs qui sont
au Canada. On doit quand même avoir une certaine ouverture, surtout dans le
contexte actuel. Puis peut-être qu'ils vont être capables de justement nous
dire, dans le contexte actuel, comment eux, ils réagissent face à la menace
tarifaire et... ou à l'entrée de potentiels joueurs. Et comment ont-ils réagi.
Puis comment ces joueurs-là se sont comportés? Est-ce qu'ils ont voulu faire
du... encore une fois, entre parenthèses, du dumping, ont-ils voulu y aller de
l'avant avec des stratégies de gains de parts de marché? Est-ce qu'ils ont été
capables, parce qu'ils sont extrêmement diversifiés, extrêmement gros, d'aller
de l'avant puis dire : Dans tel, ou tel, ou tel secteur, là, de l'Ontario
ou d'autres provinces canadiennes, pour nous, ce n'était pas important de faire
de l'argent parce que nous, ce qu'on voulait, c'est d'être capable d'éliminer
la compétition pour s'assurer qu'on puisse par la suite être capable d'être
dominant dans le marché? Est-ce qu'ils vont être capables de nous dire si ça,
c'est quelque chose qu'ils ont été capables d'observer? Parce que ce serait
extrêmement important, parce que ça l'amènerait de l'eau au moulin au ministre,
il pourrait le voir. Parce qu'on ne peut pas parler de faire ce genre de
modifications là sans penser que cette possibilité-là n'existe pas. Elle est
plus que présente, elle est la raison fondamentale en arrière du modèle
d'affaires de ces grandes plateformes là américaines. Vous savez, M. le
Président, on le voit de façon quotidienne depuis le dernier mois. Ils ont un
seul objectif en tête. Leur objectif, c'est de prendre notre économie,
d'essayer de faire en sorte d'enlever tous les... tous les fruits de notre
arbre pour les prendre eux-mêmes. On a... On est vraiment en... face à une
menace qui est existentielle.
Donc, économiquement parlant, avant
d'aller de l'avant avec des projets, qui peuvent être intéressants, peut-on au
moins s'assurer qu'on prend l'intelligence de tous, qui sont disponibles pour
nous rendre service, que ce soit ici même, à l'intérieur du Québec ou à
l'extérieur, mais dans le Canada, puis essayer de prendre dans ça, ces points-là,
et les additionner dans notre rationnel pour en arriver à faire une proposition
qui tient la route?
Donc, pour moi, c'est important, qu'on
puisse écouter le Conseil canadien de l'industrie des dépanneurs, parce qu'ils
vont avoir de quoi à nous parler. Eux parlent du guichet unique qui est... Vous
savez, M. le Président, le guichet unique qu'on discute, là, ça, c'est quelque
chose qui va être extrêmement important pour des petits entrepreneurs qui ont à
faire le 765 heures par année, là, de paperasse. Bien, peut-être qu'eux
autres vont être capables de nous l'exprimer, là, dans leurs mots à eux,
qu'est-ce qu'eux autres veulent obtenir d'un guichet unique. Je pense que Karl
Blackburn, la semaine passée, a été capable de pouvoir en exprimer beaucoup sur
le sujet, je pense que ça, ça l'a fait en sorte que la conversation sur le
guichet unique est devenue intéressante pour tous. Ça serait intéressant,
surtout si l'industrie des dépanneurs a pris la balle au bond et puis, dans
leur mémoire, bien, ils en parlent de façon vraiment positive, comme quoi ce
serait quelque chose qui pourrait permettre un vrai allègement réglementaire
ou, en tout cas, une belle piste de solution pour en arriver aux fins que le
ministère souhaite avoir.
Donc, moi, à la lumière de ce qu'on a lu
dans le mémoire du Conseil canadien de l'industrie des dépanneurs, à la lumière
de ce qu'on a vu dans le mémoire du groupe qui a précédé, je trouve, c'est
important d'écouter tout le monde. Je vais...
M. Beauchemin : ...l'exemple
de... qu'en démocratie tous puissent avoir une chance de s'exprimer. Ils ont
déposé leur mémoire, certes, ils l'ont déposé après qu'on puisse avoir eu la
chance, là, de les écouter dans le processus normal des choses. Ça s'est fait
de par le passé. Il y a déjà eu des situations où, dans des motions
préliminaires, justement, on demande de réécouter un groupe, et puis les
gouvernements ont acquiescé en ce sens.
Donc, étant donné la situation économique
dans laquelle on fait face, étant donné qu'ici ce qu'on veut, c'est qu'on veut
un vrai... une vraie réduction d'allègement... une vraie réduction du fardeau
réglementaire, un vrai allègement réglementaire pour toute l'économie
québécoise et on veut, pour que ça, ça fonctionne, qu'il y ait un genre de
momentum social accepté par tous au Québec que c'est la bonne chose à faire...
Parce que vous le savez autant que moi, là, qu'il peut y avoir du sable dans
l'engrenage, là, puis que les gens disent : Non, non, moi, je n'en veux
pas, on est beaux, nous autres, on a notre petite chasse gardée ici, là, on ne
veut pas avancer, on... On la connaît, celle-là, M. le Président, là. Je pense
que c'est important que, justement, on puisse donner des chances au momentum
qui est en train de se créer à cause que, justement, on est menacés par nos
voisins du Sud, on devrait donner toutes les chances possibles pour faire en
sorte qu'on puisse aller de l'avant avec une acceptabilité sociale qui va
permettre, justement, de mettre en place un vrai allègement réglementaire digne
de ce nom, qui va faire en sorte qu'au lieu d'économiser... au lieu de dépenser
10,8 milliards de dollars là-dessus, on va dépenser des montants vraiment
moindres, qui va permettre à tous nos services de l'État d'avoir un peu plus
d'air pour être capables d'être livrés aux citoyens.
Donc, évidemment, c'est notre motion,
évidemment, vous comprendrez que je suis en faveur de cette motion. Je vois le
temps qui coule. Il est bientôt 12 h 30. Je crois que ça se termine à
12 h 30, M. le Président. Donc, je vais arrêter ici, mais je trouve
que ce serait essentiel pour la suite de nos travaux que le Conseil canadien de
l'industrie des dépanneurs puisse être entendu. Puis, en ce qui me concerne,
c'est extrêmement à valeur ajoutée pour nous tous ici d'avoir des gens qui vont
pouvoir venir nous voir, en parler avec nous, discuter de leur point de vue à
eux puis faire en sorte de nous proposer des trucs qui vont être constructifs
pour faire en sorte que ce projet de loi là puisse être bien étoffé puis qu'il
va pouvoir passer le test du temps. Parce que, malheureusement, quand on
regarde ça sur une longue échéance, je ne suis pas certain qu'on va se souvenir
du projet de loi n° 85 comme ayant été vraiment apte à faire en sorte que nos
commerçants ont été accompagnés pour la transition face à des menaces
administratives qu'on voit de la part du gouvernement américain. Je vous
remercie beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. M. le ministre, on pourra entendre votre
intervention au retour.
Donc, compte tenu de l'heure, merci pour
votre belle collaboration ce matin, donc, la commission suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 12 h 30)