Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 29 octobre 2024
-
Vol. 47 N° 74
Étude détaillée du projet de loi n° 71, Loi visant à améliorer l’accompagnement des personnes et à simplifier le régime d’assistance sociale
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-neuf minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : Bonjour
tout le monde ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 71, Loi visant à
améliorer l'accompagnement des personnes et à simplifier le régime d'assistance
sociale.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Dufour (Abitibi-Est) est remplacé par Mme Poulet (Laporte); Mme
Malette (Huntingdon) est remplacée par Mme Blais (Abitibi-Ouest); Mme Tremblay
(Hull) est remplacée par Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice); Mme Cadet
(Bourassa-Sauvé) est remplacée par Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce); Mme
Lakhoyan Olivier de (Chomedey) est remplacée par Mme Prass (D'Arcy-McGee); et M.
Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est remplacé par Mme Labrie (Sherbrooke).
• (9 h 50) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Avant de débuter les remarques...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...les
remarques préliminaires, je dépose la mémoire et les documents reçus depuis la
fin des auditions.
Nous débutons avec les remarques
préliminaires. Mme la ministre responsable de la Solidarité sociale et de
l'Action communautaire, vous disposez de 20 minutes.
Mme Rouleau : Je vous
remercie beaucoup, Mme la Présidente, et je souhaite la bienvenue à toutes et à
tous à cette étude détaillée du projet de loi n° 71.
On arrive avec le début de cette étude détaillée.... en fait, nous arrivons
dans le vif du processus législatif qui entoure tous les efforts de
modernisation de l'assistance sociale. Nous sommes réunis autour d'une volonté
commune de moderniser l'assistance sociale et de le rendre plus conforme aux
réalités et aux enjeux actuels. Alors, nous voilà arrivés au moment de regarder
point par point les mesures qui sont proposées dans le cadre du projet de loi n° 71.
J'aimerais d'abord saluer les membres de
cette commission et les remercier pour leur engagement et tout le sérieux avec
lequel nous abordons nos échanges et nos travaux. Avec l'ensemble des
dispositions du projet de loi n° 71, il y a beaucoup de travail devant
nous pour mener à bien cette étape du processus législatif.
Je sais que toutes les députées et les
députés qui sont présents abordent ce travail avec l'idée d'en arriver aux
meilleurs résultats possibles, au bénéfice, bien sûr, des personnes qui
reçoivent le soutien à l'assistance sociale. C'est un travail des
parlementaires qui peut se réaliser grâce aux efforts de nombreuses autres
personnes, dont il faut également souligner la contribution.
D'abord, Mme la Présidente, je pense aux
personnes et aux organismes qui ont pris le temps de nous déposer un mémoire ou
encore venir nous rencontrer à l'étape des consultations. Je salue également
l'engagement qui transparaît de leurs propos et la volonté d'améliorer la
société dans laquelle on vit au-delà des divergences de certaines visions sur
certains points.
Je veux également saluer le travail de mon
collègue qui est assis à ma droite, M. Francis Gauthier, qui est sous-ministre
adjoint à la Solidarité sociale et à l'assurance parentale et, bien sûr, le
travail des équipes du secteur de la solidarité sociale et e l'assurance
parentale, de la Direction des affaires juridiques, des équipes du ministère,
avec qui j'ai eu le plaisir de travailler, ces derniers mois, pour cette...
élaborer cette proposition législative. Ce sont des professionnels dévoués qui
ont joué un rôle essentiel dans la préparation du projet de loi et ils continuent
de le faire tout au long du processus législatif.
Permettez-moi aussi, Mme la Présidente, de
saluer les équipes du ministère partout sur le territoire du Québec, des gens
qui travaillent au quotidien auprès des prestataires de l'assistance sociale et
que j'ai eu la chance de rencontrer au cours des tournées à travers le Québec
que j'ai pu faire. Leur grande humanité me touche, et je sais que certaines des
mesures que nous discutons aujourd'hui comptent beaucoup pour ces équipes parce
que nous nous sommes inspirés des nombreuses discussions que nous avons eues.
J'espère que ces... toutes les mesures sauront les mobiliser encore davantage
dans le soutien qu'elles donnent aux prestataires chaque jour.
J'aimerais aussi reconnaître le travail
effectué par mes prédécesseurs, plus particulièrement le professeur François
Blais, qui est un ancien ministre libéral et qui a su, par le passé, ajuster la
loi pour améliorer le sort des gens avec contraintes sévères en introduisant le
programme de revenu de base. Il a aussi su ajuster certains programmes d'aide
sociale en introduisant le programme Objectif Emploi, qui est certainement une
grande source d'inspiration pour l'approche de cette modernisation du régime
social.
Il y a eu un travail important des interventions
considérables au régime d'assistance sociale au cours des dernières années, et
nous voulons poursuivre sur ces bases... sur ces bases pour moderniser le
régime que propose le projet de loi n° 71.
J'aime aussi me rappeler que les mesures
qui constituent le régime sont interreliées. Elles doivent être lues non
seulement dans le contexte du régime lui-même, mais aussi dans le contexte plus
large des différents programmes gouvernementaux et du régime fiscal, entre
autres.
Je pense qu'il est utile de se rappeler
que le projet de loi fait partie de tout un travail qui se poursuit depuis deux
ans pour renouveler et améliorer l'action du gouvernement en matière de lutte
contre la pauvreté et l'exclusion sociale. C'est un travail qui a commencé par
l'écoute et la consultation, et au fil d'une tournée de toutes les régions du
Québec, j'ai eu l'occasion de discuter avec plus de 300 représentants
d'organismes communautaires à travers le Québec. J'ai aussi échangé avec
plusieurs partenaires des alliances pour la solidarité. J'ai discuté avec des
personnes vivant de prestations d'aide sociale et je les remercie d'avoir pris
le temps pour ces échanges. Et je pense à un certain...
Mme Rouleau : ...Michel, du
Bas-du-Fleuve, que je salue. Il était important pour moi d'avoir un portrait
clair des réalités et aussi celles qui... celles des personnes, les réalités
des personnes qui bénéficient du soutien au quotidien. Nos efforts visent à
bien cadrer et orienter nos actions. Le ministère de l'Emploi et de la
Solidarité sociale a également réalisé toute une série d'activités pour cerner
les enjeux et notamment pour préparer le plan de lutte contre la pauvreté et
l'exclusion sociale, que j'ai pu déposer au mois de juin dernier. Une
consultation publique en ligne avec une participation de
2 530 personnes, six ateliers thématiques avec plus de
50 intervenants, des entretiens avec 83 personnes sur la situation de
la pauvreté et l'exclusion sociale. Un processus où on a reçu
273 mémoires, 207 questionnaires thématiques qui ont été complétés.
Donc, des propositions qui ont été formulées en tenant compte... formulées par
notre gouvernement, pour... en tenant compte d'un très large dialogue et en
tenant compte, bien sûr, d'une série de contributions et de recommandations.
Le contenu du projet de loi s'inscrit donc
en cohérence avec les résultats de ces consultations et avec tout le travail
d'élaboration et de mise en œuvre du plan d'action gouvernemental visant à la
lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. L'action du gouvernement du
Québec dans ce domaine est prioritaire et comporte bien des facettes. Il
résulte de 71 actions portées par 21 ministères et organismes
gouvernementaux pour agir sur les causes de la pauvreté et de l'exclusion
sociale. Le caractère évolutif du plan a montre d'ailleurs que nous ne
souhaitons plus que l'action gouvernementale soit figée dans le temps pour cinq
ans et nous voulons continuer à cheminer et nous adapter à renforcer notre
action en actualisant le plan de lutte, en utilisant les bons leviers en temps
opportun.
Le plan d'action vise à intervenir de
manière structurante tant par la recherche et le développement. Au niveau, par
exemple, de la sécurité alimentaire, Mme la Présidente, c'est
140 millions de dollars qui seront investis et
3,5 milliards de dollars mis en œuvre en matière d'habitation et de
lutte à l'itinérance. On parle d'actions structurantes qui veulent répondre à
long terme à des problématiques qui ont gagné en importance au cours des
dernières années. Et le projet de loi n° 71 vient poser des jalons
supplémentaires dans ces efforts de lutte à la pauvreté et l'exclusion sociale.
Le projet de loi vient concrétiser la volonté du plan d'action à accompagner
plus de 50 000 prestataires de l'assistance sociale vers une démarche
vers l'emploi et d'autres formes de participation sociale en tenant compte de
leurs difficultés particulières. Les mesures proposées doivent être considérées
comme une part de tout cet ensemble de mesures et d'investissements publics. Et
nous comprenons bien les réalités auxquels font face un grand nombre de
Québécoises et de Québécois et nous agissons de façon à pouvoir y répondre.
Pour bien mettre en perspective les
éléments spécifiques sur lesquels nous allons nous pencher au cours des
prochaines heures et prochains jours, je veux d'abord rappeler les grandes
lignes et les principes de ce projet de loi. Les mesures qui sont proposées se
situent autour de quatre grands axes, améliorer l'accompagnement des personnes,
notamment en proposant des plans d'intervention individualisés ou en augmentant
la portée des programmes d'aide et d'accompagnement social, favoriser
l'intégration en emploi en ouvrant à un plus grand nombre de personnes l'accès
au programme Objectif emploi, mais aussi en accordant un supplément pour les
études menant à l'obtention d'un diplôme d'études secondaires et une prime à la
diplomation pour mieux outiller les personnes qui sont actuellement sans
diplôme. On veut humaniser l'assistance sociale en adoptant des approches plus
souples, en réponse à des enjeux spécifiques, et on veut simplifier les
modalités d'application des programmes, entre autres en fusionnant les
programmes d'aide sociale et de solidarité sociale.
• (10 heures) •
En nous penchant de façon détaillée sur
chacun des articles, notre but sera de considérer comment les propositions
s'alignent avec ces axes et ces objectifs. Je crois fermement, Mme la
Présidente, que les mesures proposées représentent des progrès à plusieurs
chapitres dans le soutien offert aux personnes qui se retrouvent à l'assistance
sociale. Je suis convaincue qu'il existe de grands bénéfices à la contrainte
santé — la nouvelle disposition, Mme la Présidente. Il y a beaucoup d'éléments
positifs qui apparaissent quand on vise à permettre une meilleure prise en
compte des enjeux auxquels les personnes peuvent faire face, et je pense
particulièrement aux processus de reconnaissance des contraintes, dont le but
est de mieux comprendre le profil des prestataires et leur profil spécifique,
leurs besoins spécifiques pour leur donner accès à des mesures et un soutien
adapté à leurs besoins. Ce sont des façons d'améliorer l'accompagnement et...
10 h (version non révisée)
Mme Rouleau : ...d'ouvrir de
nouvelles possibilités pour avancer, pour se mettre en mouvement. Je constate
également une reconnaissance très positive pour les autres mesures visant à
améliorer l'accompagnement des prestataires et à ajuster nos façons de faire en
réponse à leur réalité individuelle. Et à ce propos, je vais insister, encore
une fois, sur la volonté du projet de loi de lever certains obstacles qui
peuvent compliquer le cheminement des personnes quand elles veulent se mettre
en mouvement vers l'emploi ou accroître leur participation sociale.
Et ce que nous proposons, c'est justement
d'opter pour un versement individuel de la prestation, c'est de revoir les
mécanismes qui peuvent contribuer à des situations de surendettement, c'est d'abolir
la contribution parentale lorsque le jeune adulte n'habite pas chez ses
parents. Toutes ces mesures sont des améliorations très concrètes qui méritent
d'être mises en œuvre pour mieux soutenir les personnes aux prises avec des
situations difficiles et pour les aider dans leur mise en mouvement.
Mme la Présidente, à la lumière des
discussions que nous avons eues jusqu'à maintenant, notamment dans le cadre des
consultations particulières, j'ai toute l'ouverture d'entendre les propositions
de mes collègues. Je souhaite aussi proposer certains ajustements.
J'ajoute par ailleurs que les travaux de
la commission visent l'examen des dispositions législatives et c'est donc sur
ces dispositions que nous allons nous concentrer. Les changements réglementaires
qui complètent l'élaboration et l'application d'une loi sont un chantier en soi
et sont menés suivant les travaux parlementaires, en s'alignant avec la loi et
ses objectifs. Ces règlements et les composantes administratives qui s'y
rattachent seront ainsi élaborés en fonction de la nouvelle loi une fois que l'Assemblée
nationale aura complété son travail.
Dans le cadre de nos travaux, je me ferai
toutefois un plaisir de bien situer les articles et les mesures qui y sont liés
afin que le résultat souhaité de notre travail législatif soit aussi clair que
possible. Mais je peux clairement vous identifier que nous ne comptons
aucunement laisser tomber les personnes les plus vulnérables au Québec.
Les intentions réglementaires viseront
notamment la création d'ajustements et de prestations spéciales complémentaires
aux dispositions législatives proposées dans le projet de loi. Notamment, ces
ajustements permettront de mieux soutenir financièrement ou de manière
équivalente les personnes victimes de violence vivant en maison d'hébergement,
les proches aidants, les parents ayant un enfant handicapé. De plus, le fait d'être
enceinte d'au moins 20 semaines et jusqu'à la 18 ᵉ semaine suivant l'accouchement
donnerait le droit à une allocation pour contraintes de santé.
Mme la Présidente, je ne veux prendre...
je ne veux pas prendre plus de temps à cette étape, sachant tout le travail qui
nous attend pour mener à bien cette étude détaillée d'un projet de loi complexe
et aux multiples volets. De nouveau, merci infiniment aux collègues
parlementaires et aux équipes ministérielles qui travailleront tous très fort
dans ce dossier. Merci encore aux groupes qui ont participé en personne ou en
soumettant des mémoires, des mémoires qui rentrent encore.
Merci d'avoir participé à ces
consultations particulières. Je connais et j'apprécie grandement le sérieux
avec lequel cette commission travaille et je sais qu'elle nous permettra de
faire avancer le projet de loi de façon positive. Merci à mes collègues de ce
côté-ci que je salue. Et voilà, Mme la Présidente, nous pouvons... nous
pouvons démarrer.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. Je vous assure que vous avez fait un éloge d'un collègue qui n'est
pas de votre parti. C'est la première fois que j'en suis témoin. C'est tout à
votre honneur. Merci infiniment. C'est comme ça qu'on travaille à l'Assemblée
nationale, parfois en collégialité avec les anciens députés et les députés présents.
Mme la ministre, je vous remercie
de... de votre temps de parole. Maintenant, j'invite la... l'opposition
officielle, la députée de Notre-Dame-de-Grâce, pour faire ces remarques
préliminaires d'une durée de 20 minutes maximum. La parole est à vous.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Et d'ailleurs, je salue la ministre, son équipe du ministère, les
collègues de la banquette ministérielle, aussi les collègues de ce côté en
opposition, la députée de Sherbrooke, le député de Jean-Talon aussi qui ont
participé, à nos côtés, lors des consultations particulières ainsi qu'à l'adoption
du principe, et maintenant nous sommes à l'étude détaillée. Je veux aussi
saluer tout le travail du ministère et aussi le secrétariat de la commission
pour... pour leur appui précieux.
Je veux aussi saluer la ministre de bonne
foi...
Mme McGraw : ...je sais qu'on
n'a pas le droit de souligner l'absence des collègues, mais puis-je souligner
la présence des collègues? Et j'ai remarqué que la ministre était présente
pendant le débat complet sur l'adoption du principe. Ce n'est pas toujours le
cas. Alors, moi, je tiens à la souligner, l'écoute de la ministre, c'est très
apprécié, et je... C'est aussi apprécié d'entendre son ouverture à faire des...
bon, je pense qu'elle a dit des ajustements. Alors, je pense que c'est une
bonne chose. Parce qu'on veut... je pense qu'on veut tous et toutes s'assurer
que les bonnes intentions de la ministre et les bonnes intentions du projet de
loi se concrétisent et ne soient pas contredites par les impacts, ça fait qu'on
rassure les bonnes intentions pour les concrétiser dans ce projet de loi. Et je
pense qu'il y a de la bonne volonté, justement, dans ce sens-là.
Je voulais aussi souligner... Et j'entends
la ministre sur les règlements. On comprend qu'on ne peut pas présenter les
règlements tout de suite, j'ai bien écouté ce qu'elle avait dit. Je souligne
quand même que les intentions réglementaires, qui ne sont pas les règlements
eux-mêmes, auraient été appréciées, juste pour faire en sorte que, notre
travail de législateur, de législatrice, on ait plus d'informations pour bien
faire notre travail. C'est de notre devoir. Donc, je trouve que c'est dommage,
qu'on n'a pas les intentions, mais j'apprécie aussi le fait que la ministre
souligne le fait qu'on va être aussi claire que possible. Quand même, on aurait
bien aimé avoir les intentions, mais je pense qu'on l'a déjà souligné.
Donc, le contexte dans lequel on se trouve
pour aborder ce projet de loi, je pense que c'est... Il faudrait quand même
souligner plusieurs éléments. Premièrement, on a vu que le Bilan-Faim Québec
est sorti... qui vient de sortir, effectivement, en 2024, et il y a quand même
des constats importants. On constate, effectivement, que bien des Québécois vivent
une insécurité, même une précarité financière qui se traduit... qu'il y a
beaucoup d'enjeux, qui se traduit dans une... bien plus qu'une insécurité
alimentaire, mais une détresse, une vraie détresse alimentaire. On voit aussi
qu'il y a des nouveaux visages de la pauvreté. On voit dans les statistiques
les données qui sont présentées dans ce bilan. 940 et plus mille Québécois ont
été aidés à travers tous les services offerts par les banques alimentaires en
un mois. Depuis 2021, c'est une hausse de 53 %. Je sais que la ministre
connaît bien les données, mais je pense que... je tiens à les souligner parce
que c'est le contexte pour notre travail, parce qu'on ne peut pas juste être en
mode réaction. C'est sûr qu'il faut appuyer les banques alimentaires et répondre
à la demande. Mais on est là, vraiment. Le projet de loi n° 71, c'est une
opportunité en or pour proposer des mesures et des gestes structurants. On
souligne au fait que 2,9 millions de demandes d'aide alimentaire sont
répondues à chaque mois. C'est une hausse de 55 % depuis 2021 et de 13 000
depuis l'année passée. Il y a des familles, il y a... 35 % des
bénéficiaires sont des enfants, 43 000 sont des enfants de plus... de plus
qu'en 2021. Il y a des étudiants qui s'ajoutent et même il y a des personnes
qui ont des salaires, des emplois qui se présentent aussi. D'ailleurs,
20 % des ménages qui bénéficient du dépannage alimentaire ont un emploi
comme revenu principal... source d'emploi... source de revenus, pardon. Donc,
c'est quand même des faits qui sont choquants. Je pense qu'on est tous et
toutes d'accord qu'au Québec ce n'est pas cette réalité-là qu'on... que trop de
Québécois vivent et que la situation est vraiment urgente. Donc, c'est contexte
point numéro un.
Je voulais aussi souligner le fait qu'on
est en... Donc, c'est une belle opportunité de vraiment poser des mesures
structurantes pour s'attaquer à la source. On comprend qu'il y a d'autres
enjeux, logement et autres, qui ont une influence, évidemment, un impact direct
sur...
Mme McGraw : ...et des gens
qui se trouvent en cette situation-là, mais quand même, on peut poser des
gestes structurants avec ce projet de loi.
• (10 h 10) •
Je pense qu'on va aussi... on se doit de
le souligner aussi, le fait qu'il y a eu... on est dans un contexte budgétaire
déficitaire historique de 11 milliards de dollars, ce qui pourrait
limiter les possibilités pour le gouvernement. Mais on souligne qu'on ne peut
pas faire des économies sur le dos des groupes vulnérables. Ce n'est pas une
valeur québécoise. Alors, il faut trouver une voie de passage dans ce contexte
déficitaire pour ne pas pénaliser davantage les plus vulnérables.
On souligne aussi le fait que c'est une
somme... c'est... on voit une approche de somme nulle qui fait en sorte qu'il y
a des gagnants puis des perdants dans ce projet de loi là. Et pour certains
groupes vulnérables, c'est vraiment des pertes des acquis très importants, et
ça représente pour ces groupes-là des pertes, des reculs, bien que, pour le
gouvernement, c'est un exercice à coût nul, ce n'est pas pour la société un
coût nul, il y a des vrais coûts pour des vraies personnes et des personnes
vulnérables. Alors, avec certains changements clés qui sont amenés par ce
projet de loi, il y a des reculs importants.
Et... et je souligne... je dois le
souligner, on comprend aussi que le projet de loi n° 71
est en préparation quand même active depuis deux ans. Ça donne suite au
quatrième Plan d'action gouvernementale visant de lutter contre la pauvreté et
l'exclusion sociale. On comprend que ce plan a été lancé le 21 juin,
c'est-à-dire le vendredi avant la Saint-Jean, avant la fête nationale, ça fait
que je pense que c'est important d'en parler de ce plan-là qui donne... qui...
qui... qui s'approche des lois qui donnent suite à ce plan d'action-là. Mais on
trouve que les circonstances, justement, c'est... c'est des manques de
financement, c'est quatre fois moins de financement que les les plans et les
plans antérieurs, et sans prendre en considération même l'inflation. Alors ça,
on tient à le souligner.
J'ai parlé des groupes vulnérables, je
vais revenir là-dessus, mais ça dans ce groupe-là on compte les familles
monoparentales, on compte les proches aidants, les parents qui sont des proches
aidants pour des enfants qui ont... vivent avec des handicaps ou des
déficiences. Et ma collègue en a parlé davantage. On parle des victimes de
violence conjugale et aussi des proches, ce que j'appelle les proches aînés de
58 ans et... à 64 ans. Et dans tous ces groupes-là, les femmes sont
surreprésentées. Alors, je pense qu'il est important de faire une analyse basée
sur la différence entre les genres, l'impact de ce projet de loi sur les femmes
et les genres. Donc, cette analyse, je pense, s'impose parce que ces... les
femmes sont surreprésentées dans les groupes vulnérables qui se retrouvent avec
des reculs et des pertes d'acquis importantes. Donc, voilà pour un peu le
contexte.
On voit quand même qu'il y a cette l'idée
d'une triple crise socioéconomique donc au niveau de le coût de la vie, le
déficit mais aussi pénurie de main-d'oeuvre où, c'est ça qu'on veut, que les
gens... tous les gens qui ont la capacité de travailler — puis là on
fait la distinction entre la capacité et la volonté — alors tous ceux
qui ont la capacité de travailler sont d'accompagnés et appuyés pour s'insérer,
pour l'insertion, mais aussi le maintien au travail.
Alors, je pense quand même qu'il y a des
positifs dans ce projet de loi. On les a soulignés. Par contre, chaque élément
positif, il y a quand même des bémols. On on trouve que c'est une bonne chose
d'avoir créé des projets-pilotes. Et d'ailleurs la ministre a souligné la
participation de l'ancien ministre, de son... de son... de son prédécesseur,
pardon, François Blais, que, justement, il a proposé quatre projets-pilotes
très intéressants. On souligne aussi le fait qu'il y a des plans
individualisés...
Mme McGraw : ...pour la
participation sociale et l'insertion en emploi, pour les bénéficiaires qui le
demandent, on va revenir là-dessus pour s'assurer que ces plans sont vraiment
individualisés, personnalisés, mais surtout qu'on va rejoindre les personnes
qui pourraient bénéficier davantage. Et souvent, ces personnes qui, par
exemple, vivent l'itinérance, est-ce qu'ils vont vraiment demander ces plans
individualisés? Alors comment s'assurer que c'est offert à tous et à toutes et
qu'ils ont un droit de refuge sans se faire pénaliser, par exemple.
On prend note du fait qu'il y ait une
création de réseaux régionaux d'accompagnement de bénéficiaires. On trouve ça
intéressant. On sait qu'il y a des enjeux de composition, il y a des enjeux de
coordination, il y a... C'est plusieurs groupes qui ont soulevé d'éviter le
dédoublement, donc c'est à voir. On trouve aussi le fait de... des avancées sur
des dates à l'aide sociale, c'est des avancées. Le fait qu'on a pour la vie
maritale une personne, un chèque. Mais, bien que le montant ne change pas, on
avait demandé l'analyse de l'impact de, si le montant changerait, comme avec
les personnes qui ne sont pas mariées, quel serait l'impact et financier et
social parce que c'est important de prendre des données basées sur... les
décisions basées sur les données. Donc, on aimerait demander au gouvernement de
présenter et de faire cette analyse-là. Et on trouve aussi intéressant
d'étendre la période pour la grossesse de 20 semaines jusqu'à huit,
18 semaines après, après la naissance, mais pas au départ des enfants de
0,3 jusqu'à cinq ans non plus, qui... c'est... Ces jeunes familles là, il y en
a qui vont perdre des acquis. On trouve aussi que le supplément pour les études
est intéressant. On voudrait voir... encore élargir. On a entendu beaucoup de
groupes qui ont parlé d'élargir la reconnaissance.
Au niveau d'autres enjeux qui... qu'on
surveille de près, puis on va discuter, c'est... Comme je dis, côté plus
négatif, qu'on espère qu'on va pouvoir rectifier, c'est cette perte d'acquis
importants pour les populations vulnérables, je les ai déjà nommées, et que...
le fait que les femmes soient surreprésentées dans ces catégories. Il y a
aussi... qui est très, très, très important, c'est l'abolition de la notion de
contrainte à l'emploi qui est remplacée par une notion plus restreinte,
effectivement, de contraintes de santé, qui, selon les groupes qu'on a
entendus, ne tiennent pas nécessairement compte d'enjeux psychosociaux. Ça fait
que, si c'est l'intention, que ça tienne compte de ces enjeux-là, il faudrait
être très clair dans le projet de loi, là.
On a entendu aussi parler des enjeux
environnementaux. Je ne parle pas nécessairement de la nature, mais plutôt le
marché, l'économie, des enjeux ou des facteurs qui... dont les prestataires et
les personnes n'ont pas vraiment de contrôle. Et on a entendu dire que la
pauvreté est elle-même une contrainte, peut elle-même être une contrainte à
l'emploi. Parce qu'on a eu des témoignages vraiment extraordinaires des
personnes qui vivent ces réalités-là, puis moi, j'ai porté une attention, je ne
suis pas la seule, je pense qu'on a tous à porter une attention très
particulière aux témoignages des personnes avec de l'expérience vécue, puis on
a compris que... si on ne savait pas déjà, que les gens qui sont démunis avec
des situations précaires, financières précaires, ils passent plus de leur temps
à combler leurs besoins de base tels les aliments, les vêtements, le logement
que les autres où... dont les moyens sont... avec plus de moyens. Alors, je
souligne le fait que, oui, il y a plus de professionnels de santé qui vont
pouvoir faire une évaluation sur un ensemble, mais sur un ensemble de capacités
ou... pardon, de contraintes plus restreintes. Alors, c'est sûr qu'on va
revenir là-dessus.
Évidemment, il y a le fusionnement de
programmes, de Programme d'aide sociale et de Programme de solidarité sociale.
On... Les deux... ce que nous, on appelle les deux piliers des quatre
programmes présentement, c'est-à-dire le programme de revenu de base que le
gouvernement a introduit en janvier 2023 suite à... c'était une initiative du
ministre...
Mme McGraw : ...effectivement,
mais on salue encore le gouvernement d'avoir mis en œuvre ce programme. On
aurait voulu voir plus d'éléments de ce programme de revenu de base informer
les autres programmes en assistance sociale. Et on souligne aussi le fait que
l'objectif, le programme d'Objectif emploi, qui est aussi en 2016, a été une
initiative surprise sur un gouvernement libéral. On cherche à bonifier ce
programme-là.
• (10 h 20) •
Par contre, les deux autres programmes, un
peu entre les deux, on a un fusionnement du programme d'aide sociale et de
solidarité sociale. On a des préoccupations parce que, si on comprend
l'intention, c'est de simplifier le système. La question qui s'impose, c'est
simple, plus simple pour qui? Faut que ça soit plus simple pour les
prestataires et les bénéficiaires. Ça ne peut pas juste être un exercice
administratif pour simplifier la chose ou le régime pour le fonctionnariat. Et
je souligne cette tendance centralisatrice des gouvernements du gouvernement
caquiste qui ne va pas nécessairement améliorer ni la qualité, ni la... ni la
quantité des services.
Là, je parle dans d'autres domaines, Mme
la Présidente, mais il y a cette tendance -là qui nous préoccupe. Alors...
alors, voilà. Donc, fusionnement-là, on trouve ça dommage et on aimerait
revisiter car on n'a pas parlé de gains de travail. Il y a un 10 %, mais
les gains de travail, nous, on est... évidemment donc ce n'est pas vraiment
abordé. Il a été augmenté de 10 % par voie réglementaire. Mais nous, nous
avons demandé à ce que le programme de solidarité sociale permette aux
prestataires d'avoir des revenus de travail annuels équivalents à ceux qui...
aux prestataires du programme de revenu de base et que le calcul soit cumulatif
et annuel. Pourquoi pénaliser chez ces gens avec des contraintes sévères, temporaires
puis qui pourraient peut-être devenir permanentes? Après, on évalue après le
72 mois. Pourquoi les pénaliser pour aller s'ils sont la capacité d'aller
chercher un peu plus d'argent qu'un 200 $ par mois? C'est... c'est bon
pour la personne, pour leur... se valoriser aussi, pour gagner un peu plus
d'argent avec le coût de la vie très élevé. C'est bon pour l'économie, surtout
en pénurie de main-d'œuvre, et c'est excellent pour la société. Alors, est-ce
qu'on peut revoir? Alors, on pourrait voir.
On parle de déshumanisation...
déshumanisation — pardon, j'ai tout le temps des problèmes avec ce
mot — il manque d'accompagnement. Alors, on va vraiment s'assurer
qu'il y a un vrai accompagnement et qu'on accompagne aussi les petites et
moyennes entreprises à accompagner les gens en insertion, mais aussi en
maintien au travail. Ça, on a entendu la Fédération des chambres de commerce,
entre autres. Et il faut s'assurer qu'il y a vraiment... une vraie coordination
entre les trois secteurs : public, privé et communautaire, et éviter le
dédoublement. On va rentrer dans tous les détails pendant l'étude détaillée.
Ceci, c'est mes remarques préliminaires,
mais je me souviens qu'on avait... on allait justement appuyer l'adoption du
principe parce qu'on pense que c'est un projet de loi qui répond à un besoin
qui est important de réviser la loi sur l'aide aux personnes et aux familles.
C'est nécessaire pour la moderniser. On va travailler de bonne foi pour
bonifier le projet de loi, pour s'assurer que les bonnes intentions se
concrétisent dans les articles et ne soient pas contredites... contredites dans
les faits selon les expériences vécues, les témoignages des personnes qu'on a
entendus, et les groupes et les experts aussi. Alors, on va s'attarder à ces
sujets-là. Donc j'ai bien hâte de poursuivre notre travail ensemble, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, Mme la députée. J'invite maintenant la porte-parole du deuxième
groupe d'opposition et députée de Sherbrooke à faire ses remarques
préliminaires pour une durée de 20 minutes...
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je vais être plus brève, mais je veux quand même prendre quelques
minutes pour parler de toute l'importance que ça a pour moi le travail qu'on
fait ici en ce moment. Le régime d'assistance sociale, c'est le dernier filet,
hein? C'est le dernier filet, puis les gens qui s'y retrouvent en général ont
vécu des grosses difficultés dans leur vie. On peut penser à des personnes qui
ont eu, par exemple, des problèmes de dépendance qui ont mené à des pertes
d'emploi. Des fois, c'est suite à des séparations difficiles. On pense à des
gens qui se sont retrouvés parents d'enfants handicapés par exemple. J'ai
croisé des gens sur l'aide sociale qui avaient épuisé toutes leurs prestations,
toutes, d'assurance maladie...
Mme Labrie : ...qui
combattaient un cancer. Il y a des gens qui ont vraiment des parcours de vie
d'une grande difficulté qui se retrouvent sur l'aide sociale. Il y a des gens
qui n'ont pas réussi à trouver de place en service de garde, qui ont épuisé
toutes leurs économies, des familles monoparentales en particulier, des
personnes qui ont vécu un traumatisme important qui, à la fin des prestations
d'IVAC, se retrouvent sur l'aide sociale. Donc, c'est le dernier filet. Et
c'est pour ça que c'est très, très important, le travail qu'on fait ici, de
s'assurer qu'on va au moins rattraper ces personnes-là à la fin, dans le
contexte de grandes difficultés qu'ils vivent. Je trouve ça vraiment important
qu'on s'y penche.
Puis c'est sûr que la lutte à la pauvreté,
c'est la ministre qui en est responsable. Ce n'est pas juste dans sa cour à
elle, là, je dirais que c'est aussi le travail de ses collègues, de son... de
s'occuper de ça, notamment en matière de logement. Je regarde les chiffres que
j'ai sous les yeux, puis, les prestataires des programmes d'assistance sociale,
il y en a seulement 12 % qui vivent dans un HLM ou une coopérative
d'habitation, donc tous les autres n'ont pas accès à des logements de cette
nature-là. C'est sûr que ça, quand ils doivent être sur le marché privé
locatif... ça les rend beaucoup plus vulnérables et c'est des tarifs qui
viennent les appauvrir encore plus. Donc, ça, ce n'est pas seulement la
ministre qui est devant nous qui doit s'occuper de ça, c'est aussi sa collègue.
Je pense aux familles qui n'ont pas accès à une place en service de garde et
qui se retrouvent très précaires à cause de ça. Bien, ça, c'est la
responsabilité de la ministre de la Famille. Donc, tous les ministères ont un
rôle à jouer. Le ministre des Services sociaux également. Quand il n'y a pas
suffisamment d'aide pour une famille qui a un enfant avec des besoins... un
enfant ou même un enfant devenu adulte avec des besoins très particuliers, cette
personne-là devient extrêmement précaire à cause de l'absence de services. Vous
savez, j'ai rencontré des gens très qualifiés avec des formations
universitaires, mais qui n'avaient pas assez de soutien pour leur enfant
handicapé ou autiste, qui ne pouvaient pas travailler, là. Quand l'école vous
appelle quatre fois par semaine pour vous dire : Venez chercher votre
enfant, on n'est pas capable de s'en occuper, vous ne pouvez pas avoir un
emploi, là, même si vous avez un bac, là. Ça fait qu'il y a des gens qui sont
dans cette situation-là qui se retrouvent là à cause des lacunes qui relèvent
de différents autres ministères et qu'on doit réussir à attraper avec les
programmes d'assistance sociale.
Donc, c'est très important, pour moi, le
travail qu'on fait ici. Ce que je constate, c'est qu'au fil des décennies le
nombre de personnes prestataires des programmes d'assistance sociale a diminué
considérablement parce qu'il y a toujours eu des mesures qui ont été prises
pour faire diminuer le nombre de ces personnes-là, notamment en les ramenant
sur le marché du travail. Pour bon nombre de personnes, ça a de toute évidence
fonctionné. Mais je pense qu'on est rendus à un point où les personnes qui
sont... qui sont encore là sont dans une situation d'extrême précarité, pour
lesquelles ça va être très difficile de les ramener sur le marché du travail.
Puis l'ancien ministre François Blais est venu ici devant nous puis il en a
d'ailleurs parlé, à quel point, quand il avait créé le programme Objectif
Emploi, il avait pris la partie la plus facile, si on peut dire, là, de...
bien, je pense... en fait, c'était ça, ses mots, pour réintégrer des gens sur
le marché du travail. Parce que, là, ceux qui restent, c'est les gens les
plus... les plus poqués. On a eu des témoignages extrêmement pertinents de gens
qui sont venus nous dire à quel point c'est la précarité financière qui finit
par poquer les gens et les rendre de plus en plus incapables de retourner sur
le marché du travail, ou, en tout cas, pas à temps plein ou pas de manière
régulière, hein, parce qu'ils finissent par développer même des problèmes de
santé ou de santé mentale à force de vivre en mode survie. Donc, moi, j'ai ce
souci-là, qu'à travers le projet de loi on saisisse toutes les opportunités
possibles pour réduire la précarité dans laquelle vont se retrouver les
personnes qui, malheureusement, n'ont pas le choix d'aller chercher cette
aide-là. Personne ne va là avec plaisir, hein? C'est... Ils ont honte, ils
savent toute la vulnérabilité que ça va... que ça va créer dans leur situation
de vie. Donc, ayons au moins l'humanité de s'assurer qu'ils ne vont pas en
sortir plus amochés qu'ils y sont entrés, parce qu'ils y entrent déjà, pour la
plupart d'entre eux, en très mauvaise posture. Donc, c'est le souci que j'ai.
• (10 h 30) •
On va avoir beaucoup de propositions à
faire pour s'assurer qu'on mette en place les meilleures modalités. C'est sûr
qu'on a entendu beaucoup de gens plaider pour l'élargissement du revenu de
base, qui est un programme qui fait ses preuves. C'est une recommandation à
laquelle on adhère aussi. Moi, je pense que c'est la direction qu'on doit
prendre, hein? Ça fait quand même quelques décennies que c'est ça qui est
essayé tout le temps, là, de dire : on va appauvrir un peu plus les gens,
en diminuant les prestations, ça va les inciter à aller travailler. Bien, on
est peut-être rendus à essayer une autre stratégie, là, je vous dirais, là, de
donner le minimum nécessaire pour vivre à ces personnes-là pour peut-être leur
donner l'élan, la capacité de retourner travailler. Par ailleurs, si on veut
que ça reste attractif, le...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Labrie : ...marché du
travail, il faudra réfléchir à hausser le salaire minimum. Ça ne relève pas de
la ministre qui est devant nous, mais ça relève de ses collègues. Et puis j'espère
qu'il y a des pourparlers à cet effet là parce qu'on veut effectivement que ça
devienne intéressant de retourner travailler, puis il y a des gens pour qui, en
ce moment, le salaire minimum ne permet pas de vivre, hein?
Si on a un Québécois sur 10 qui a recours
aux banques alimentaires en ce moment en sachant qu'une proportion importante d'entre
eux est sur le marché du travail souvent à temps plein, ça veut dire que les
normes de salaire minimum ne sont pas suffisantes, là. Donc, gardons ça à l'esprit.
Donc, j'espère avoir de l'accueil positif pour mes propositions pour amener le
projet de loi. Moi, mon objectif, c'est vraiment qu'on sorte le plus de gens
possible de la précarité, et je pense que c'est en le faisant qu'on va leur
donner l'élan nécessaire à se remettre sur pied, puis éventuellement à se remettre
au travail. Puis, comme je l'ai dit, bien, c'est sûr qu'on aura beau peaufiner
au mieux ce programme-là, les leviers qu'on a pour réduire la pauvreté et l'éliminer
relèvent aussi de tous les autres ministères, donc on va faire de notre mieux
ici avec ce projet de loi là. Mais j'espère qu'il y a du travail qui se fait en
parallèle très sérieusement pour que les autres éléments qui normalement
devraient empêcher les gens de se retrouver dans ces programmes-là soient aussi
améliorés. Donc, je m'arrête ici, j'ai hâte de travailler avec mes collègues,
puis voilà.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Y a-t-il d'autres membres qui souhaiteraient faire
ces remarques préliminaires? Mme la députée de d'Arcy-McGee. La parole est à
vous.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Moi, je voudrais prendre la parole aujourd'hui, en particulier au
nom des personnes et des familles, des personnes qui vivent avec un handicap et
leurs familles. Je peux témoigner, moi-même en étant maman d'un petit garçon
sur le spectre de l'autisme, à quel point ça prend énormément d'énergie de la
part d'un parent, encore moins quand on est en situation monoparentale. On
pense constamment à notre enfant, on est sur des listes d'attente pour recevoir
des services. Difficile de faire... des fois de faire intégrer nos jeunes dans
les écoles, des bris de services. Donc, un parent qui a déjà la lourdeur
mentale, disons, de devoir s'occuper de leur enfant avec un handicap et là qui
se retrouve en situation où il doit quitter un emploi ou n'a pas le temps, les
moyens d'occuper un emploi et se retrouve avec leur enfant en situation de
précarité financière. Et là, dans ce qu'on propose entre autres, dans le projet
de loi, c'est qu'il ne soit plus admissible. Bien, en fait, on va mettre
annulation... on va annuler les primes pour les contraintes temporaires à l'emploi
que les parents d'enfants à handicap... handicapés reçoivent présentement.
Donc, encore une fois, parent d'enfant handicapé, parent monoparental, femme
victime de violences conjugales, au nom de toutes ces femmes, on demande à la
ministre de vraiment prendre en considération leur réalité et de leur tendre la
main parce que, plutôt que de les pénaliser pour... dans un calcul pour que la
réforme soit à coût nul, il faut davantage s'occuper de ces personnes qui
peuvent développer des enjeux de santé mentale, qui se sentent isolées, qui ne
savent pas vers qui se tourner. Comme je l'ai dit encore une fois, qui... qui
attendent sur des listes d'attente pour que leurs enfants reçoivent des
services. Et il y en a qui entre temps, en attendant ces services, bien,
voudront payer de leur poche pour aller avoir des services pour leurs enfants
mais n'ont pas les moyens, et là ils sont désavantagés d'autant plus.
Également, il y a une incohérence dans...
dans ce qui est proposé. La ministre, avec ce projet de loi, propose que 50 000 personnes
de plus qui se retrouvent sur la solidarité sociale se retrouvent sur le marché
du travail. Mais sa collègue de l'emploi, cet été, a annoncé une coupure de
5 % dans les CIT, les contrats d'intégration au travail qui sont
essentiels justement souvent pour qu'une personne avec un handicap intègre un
emploi. Donc, les contrats d'intégration au travail jusqu'à cet été, le
ministère de l'Emploi payait 45 % du salaire de la personne pour
encourager l'employeur à les recevoir comme employés. Là, on a coupé ce
programme de 5 %. Ça peut ne pas sembler comme beaucoup, mais pour des
entreprises qui eux, vont entreprendre cette responsabilité-là peut-être
doivent faire des accommodements pour une question d'accessibilité. Ils doivent
avoir un accompagnement pour cette personne-là, mais ça fait toute la
différence. Donc, d'un côté, avec ce que la ministre... le projet de loi qu'on
débat aujourd'hui, on veut trouver des moyens pour encourager ces personnes à
intégrer le marché du travail. Mais de l'autre côté, du côté de la ministre de
l'Emploi, en fait, on coupe dans le programme qui permet à ces personnes d'intégrer
un emploi. Donc, il y a une incohérence avec ces deux... avec la volonté de la
ministre et la mesure que sa collègue a...
Mme Prass : ...a coupé cet
été.
Également, le gouvernement... bien, en
fait, la Commission des droits de la personne et de la jeunesse a... l'année
passée, a publié son rapport pour la mise en œuvre de la Loi sur l'accès à
l'égalité un emploi dans les organismes publics. La raison pour laquelle je
mentionne ce rapport et je vais aller un petit peu en détail, ce n'est parce
que ce n'est pas juste la volonté de la personne à vouloir intégrer un emploi,
c'est la volonté aussi de l'employeur de vouloir avoir une certaine patience,
peut-être faire des accommodements côté accessibilité ou des accommodements par
rapport à la situation de la personne, et ce qui n'est pas toujours facile. Et
juste pour vous le démontrer, donc le gouvernement s'est donné comme but... une
cible plutôt, que 10,5 %... d'une représentation des personnes handicapées
dans le réseau des organismes du Québec, soit à 10 cinq... 10.5 %. Et
présentement, pour le rapport qui a été fait en 2019 et 2020, il y a un écart
de 9,5 %. Donc, il y a moins de 1 % de la population vivant avec un
handicap qui a un emploi au niveau des organismes publics au Québec, même s'il
y a une loi spécifiquement pour leur intégration et leur mise en œuvre. Et
je voudrais vous lire une citation : «Le taux de représentation des
personnes handicapées est passé de 1 % en 2019 à 0,9 % en 2022. Il
s'agit de la première fois depuis 2001 qu'un taux de représentation d'un groupe
visé est moindre que celui du précédent rapport triennal.»
Donc, encore une fois, la volonté de la
ministre d'intégrer ces personnes dans un emploi, le gouvernement, avec sa
propre loi, n'arrive même pas à atteindre ses cibles. Donc, comment est-ce
qu'on va faire pour aller rejoindre des employeurs qui sont prêts à comprendre
les réalités que ce soit une personne avec un enjeu de santé mentale, avec un
handicap physique, avec un handicap neurodivergent, qui sort d'une situation
d'itinérance et qui est encore en train de se... de se réadapter, disons, à
faire partie de la société? Ce n'est pas tous les employeurs qui auront le goût
d'ouvrir leurs portes à ces populations-là. Et quand on voit encore une fois
qu'il y a une loi de la part du gouvernement qui a été mise en place et que la
cible, il y a un écart de 9,5 % avec la cible qu'ils se sont donnée, on se
demande comment la ministre, avec ce projet de loi, va vraiment pouvoir
atteindre ses buts, parce que ce n'est pas juste d'accompagner les personnes
qui sont en train de... qui voudront intégrer ces emplois, mais c'est
d'accompagner les employeurs également.
Pour comprendre, par exemple, puis on a
entendu lors des consultations, une personne sur le spectre de l'autisme, par
exemple, ça se peut que les lumières fortes les dérangent. Ils ne peuvent pas
se concentrer, ils n'arrivent pas à travailler. Les... des sons qui sont forts,
chacun... et justement, quand on parle de plan individuel individualisé, c'est
parce que chacun surtout avec un handicap, que ça soit physique ou
neurodivergent, le vit de façon différente. Chacun est unique. Donc, il faut
prendre en considération toutes ces particularités, et il faut que l'employeur
les comprenne également et soit prêt à être patient et être accommodant pour
bien encadrer la personne dans l'environnement qu'il va... qu'il va intégrer.
On a parlé de contrainte, la notion de
contrainte à l'emploi à contrainte de santé. Moi, de mon côté, avec la Société
québécoise de la déficience intellectuelle, avec la Fédération d'autisme du
Québec, ça fait longtemps qu'ils demandent au gouvernement d'avoir une analyse
psychosociale plutôt que biomédicale justement pour prendre en compte... parce
que, comme on sait par exemple, la santé mentale, l'autisme, ce sont des maladies
qu'on appelle invisibles. Donc, quand on met l'emphase sur le biomédical, on
manque un petit peu le coup à comprendre c'est quoi les réalités et
particularités de ces différentes personnes là.
• (10 h 40) •
Et également moi j'ai parlé avec une maman
par exemple, justement il y a deux semaines, c'est la directrice générale
d'Autisme de l'est du Québec qui a un fils qui est sur le spectre d'autisme et
est en train de vivre ce processus présentement. Et elle, ce qu'elle m'a dit,
c'est qu'à chaque fois que son fils va aller voir, et c'est la raison pour
laquelle on l'a... on l'a amené lors des consultations, mais on va le ramener,
toute la question de formation particulière pour les gens qui vont... les
agents qui vont accompagner les prestataires, parce que donc, cette maman qui
m'a dit : Mais j'ai dû... j'ai dû quitter le travail, bien, j'ai dû sortir
du travail cette journée-là pour accompagner mon fils parce qu'il se faisait
questionner par son agent, puis clairement, lui ne comprenait pas la nature des
questions et elle ne comprenait pas... l'agente ou celle qui faisait...
Mme Prass : ...l'accompagnement
ne comprenait pas que lui ne comprenait pas la nature de ses questions. Il a
fallu que sa mère soit là pour lui expliquer dans une façon qu'il comprendrait
comment répondre aux questions qui lui étaient posées. Mais, à chaque fois,
cette maman doit quitter le travail. Parce qu'à chaque fois c'était un nouvel
agent, donc elle, elle doit quitter son emploi à chaque quelques semaines,
quelques mois pour accompagner son fils parce que les personnes qui posent des
questions à son fils, pour bien comprendre comment le positionner à l'intérieur
d'un emploi, ne comprennent même pas quelles sont ses difficultés à comprendre
les questions qui lui sont posées. Donc, c'est difficile comme début, si déjà
on... la personne qui lui pose des questions comprend qu'on n'a pas
nécessairement la capacité de comprendre leurs questions puis de nous
l'expliquer d'une certaine façon, parce qu'ils comprennent notre réalité, bien,
on part de loin dans ce cas-là. Puis c'est des personnes qui peuvent se
décourager, qui ont déjà de la difficulté côté social à s'intégrer, à être... à
se sentir inclus dans la société de façon large... plus quand c'est des
questions pointues, puis on se dit : Bien, si je ne réponds pas à la
question, bien, je vais être pénalisé, puis là on stresse, puis là on perd
contrôle de pouvoir à vraiment saisir l'exercice qui est devant nous.
Donc, je pense qu'au niveau de
l'accompagnement c'est vraiment nécessaire, que ça soit une personne avec des
enjeux... puis les situations sont toutes différentes, mais que ce soit une
personne avec un enjeu de santé mentale qui sort de l'itinérance, qui habite
dans la rue depuis des années et là a besoin de se réadapter pour vraiment
rejoindre la société de nouveau, que ça soit une personne qui est sur le
spectre de l'autisme ou avec une déficience intellectuelle, une personne avec
un handicap, une personne qui a des traumatismes parce qu'ils ont été victimes
de violences conjugales. Toutes ces réalités-là ne peuvent pas être amalgamées.
Ça ne peut pas être du copier-coller d'une personne à l'autre parce que
justement c'est des situations qui font en sorte que les capacités de la
personne diffèrent en raison de leur vécu. Donc, je pense que la formation...
Pour que l'accompagnement soit vraiment réussi, deux éléments essentiels, que
les gens qui vont... les agents qui vont faire l'accompagnement soient formés
et également qu'il y ait un agent attitré à la personne au long de leur
parcours, parce que devoir recommencer à chaque fois et à expliquer sa
situation, ça peut... c'est difficile, ça peut être traumatique pour la
personne, dépendamment de leur vécu. Donc... Et on perd, on perd cette
croyance-là qu'on est là pour nous aider parce qu'on nous traite un petit peu
comme... tu sais, on est un chiffre, puis là tu vas aller lui raconter ta
réalité, puis là tu vas rencontrer l'autre. Puis tu vas devoir recommencer à
chaque fois. C'est très difficile pour les individus, c'est très difficile pour
leur famille de devoir vivre cette réalité-là également.
Également, dans ce qui est proposé dans le
projet de loi, on dit que ces accompagnateurs-là vont être l'amalgame des
personnes qui travaillent présentement à la solidarité sociale puis pour le
dernier recours. Mais on remarque également que... on mentionne qu'aucune
nouvelle embauche n'est prévue pour mieux accompagner les prestataires. Encore
une fois, si c'est le cas, ce sont des gens qui ont besoin d'avoir une
formation, de comprendre la réalité des personnes qu'ils vont accompagner.
Parce qu'être assis dans un bureau avec un questionnaire avec des questions qui
sembleraient simples, qui doivent être répondues de la même façon par tout le
monde, ce n'est pas vraiment comprendre la réalité des personnes vulnérables.
Également, puis on a entendu lors des
consultations, surtout, encore une fois, personnes avec enjeux de santé
mentale, sur le spectre de l'autisme, une déficience intellectuelle, ce n'est
pas parce que... ils ne peuvent pas nécessairement intégrer un emploi à temps
plein. Donc, je pense qu'il faut qu'il y ait une certaine flexibilité encore en
faisant l'évaluation de la personne et leur capacité de comprendre, que, si
on... on les force à intégrer un emploi à temps plein puis ils n'ont pas la
capacité, bien, ce sera un échec depuis le début. Puis il y a beaucoup de
familles, justement, qui nous disent : Bien, on a peur que notre enfant
intègre un emploi parce que, si ça ne fonctionne pas, bien, là, ils vont devoir
recommencer à zéro et recommencer depuis le début.
Donc, encore une fois, je pense que, pour
que ça soit réussi, il faut vraiment prendre en considération les réalités des
différentes personnes. Et encore, pour revenir à la question des employeurs,
que ça soit un manque de connaissances, que ça soit de la discrimination envers
certaines personnes et situations qui peuvent vivre, je pense qu'il faut un
effort davantage de la part du gouvernement pour les sensibiliser et pour
qu'ils comprennent que...
Mme Prass : ...ça peut sembler
difficile ou du travail de plus de dire : Écoute, on va faire des
accommodements pour que cette personne, compte tenu de leur réalité, puisse
bien intégrer l'emploi, mais c'est quelque chose qui est nécessaire dans le sens
que ces personnes... Nous sommes en pénurie de main-d'œuvre. Chacun qui peut
devrait pouvoir contribuer de sa façon, mais de sa façon. Il ne faut pas mettre
les gens dans une boîte puis s'attendre à ce que chacun ait les mêmes capacités
et puissent entreprendre les mêmes responsabilités. Donc, on ne peut vraiment
pas faire du copier-coller quand on parle de populations vulnérables, puis
c'est justement de quoi on parle avec ce projet de loi.
Également, puis je l'ai mentionné un petit
peu plus tôt, pour la question de l'investissement, bien, on voit qu'il n'y a
aucun nouvel investissement dans ce projet de loi. Et même la mairesse de
Montréal est sortie hier avec un cri... excusez-moi, dimanche soir, à Tout le
monde en parle, pour demander au gouvernement du Québec de créer un vrai plan
de lutte nationale à la pauvreté. Je sais que celle de la ministre a été
publiée... est sortie cet été, mais clairement, avec aucun investissement, ce
n'est pas comme ça qu'on... il faut investir dans les gens pour pouvoir les
sortir de la pauvreté. Et ce qu'on fait avec ce projet de loi, c'est... on
pénalise certaines personnes pour en accueillir d'autres, puis ce n'est pas la
solution. Et, quand la mairesse de Montréal demande un plan de lutte nationale
à la pauvreté, c'est que, clairement, ce que la ministre a déposé cet été ne
répond pas aux réalités de... aux réalités des personnes qui se retrouvent en
situation de pauvreté pour pouvoir les faire sortir de cette situation. Puis,
comme ma collègue l'a mentionné, que ce soit avec la ministre du Logement, avec
le ministre des Services sociaux, avec la ministre de l'Emploi, je pense qu'il
faut vraiment avoir une concertation auprès du gouvernement, parce qu'on se
retrouve... Que ça soit la crise du logement, que ça soit l'inflation qu'on a
vécue dans les dernières années, sortir de la COVID, il y a énormément de
personnes qui se retrouvent dans des situations qui ne se seraient jamais
attendu à être. Les personnes aînées sont parmi les personnes les plus
vulnérables maintenant de se retrouver en situation d'itinérance en raison de
la crise du logement, en raison de leur revenu qui est fixe, en raison du coût
de la vie. Puis c'est vraiment pénible quand on voit une personne de
82 ans qui dit : Pour la première fois de ma vie, moi, je me retrouve
dans la rue puis je ne me serais jamais, jamais imaginé dans une situation
comme ça. Donc, il faut tout mettre en œuvre pour s'assurer, justement, que ces
personnes qui sont déjà vulnérables ne se voient pas désavantagées, d'autant plus
parce qu'elles sont dans une situation de précarité puis elles se sentent
délaissés, elles sentent qu'il n'y a pas de main tendue de la part du
gouvernement. Donc, réforme à coût nul, c'est vraiment... ça va dans le sens
contraire de ce qui devrait être la position du gouvernement. Parce que les
gens sont en situation de précarité plus qu'ils ne l'ont jamais été. Donc,
c'est maintenant, vraiment, qu'il faut investir pour s'assurer qu'ils ne se
retrouvent pas justement dans une situation, par exemple, d'itinérance.
Et, plus tôt, j'ai mentionné la volonté de
voir des évaluations psychosociales plutôt que biomédicales. Et je vais
mentionner l'exemple de... En juillet 2022, la ministre a fait un exercice avec
son ministère pour regarder la liste des diagnostics évidents, pour voir ce qui
pourrait être retiré. Il y a plus de 50 diagnostics qui ont été retirés, y
compris l'autisme. Et ce sont des évaluations qui... c'est un travail qui s'est
fait sur une base biomédicale et non sur une base psychosociale. Et, vous
comprendrez, oui, l'autisme est un spectre, oui, il y a des gens qui sont aptes
au travail, il y a des gens qui ne le sont pas. Moi... Je connais des gens qui
sont sur le spectre qui vont au cégep. Moi, mon fils n'ira jamais au cégep.
Moi, mon fils ne sera jamais apte au travail. Donc, je pense qu'une personne
aussi qui est apte au travail va préférer... bien, va préférer intégrer un
emploi puis avoir un salaire plutôt que de vivre sur quelques centaines de
dollars que le gouvernement leur offre par mois. Donc, je ne pense pas que
c'est réaliste de dire : Bien, toi, tu as l'autisme, mais... puis, comme
tu sais que c'est un diagnostic évident, bien, toi, tu vas profiter du
gouvernement pour être sur la solidarité sociale, mais tu as la capacité de
travailler. Je trouve que c'est vraiment une façon inverse à... une façon
inverse à laquelle il faut penser.
• (10 h 50) •
Puis la ministre m'a mentionné, par
exemple, qu'elle avait rencontré des gens À pas de géant à Montréal qui étaient
sur le spectre de l'autisme et qui avaient intégré un emploi là-bas. Bien,
j'aurais voulu que tous les emplois et tous les environnements pour les
personnes sur le spectre de l'autisme comme... soient comme Pas de géant. Mais
Pas de géant...
Mme Prass : ...eh bien, justement,
parce qu'ils œuvrent dans cette réalité-là, eux, ils comprennent la réalité des
personnes sur le spectre de l'autisme, donc ils vont les accompagner d'autant
que possible que ça soit, tu sais, à temps partiel ou dans un environnement qui
est tamisé, ou quoi que ce soit. Donc, je ne peux... je ne pense pas... et
encore une fois, on parle de préjugés et de discrimination. Un employeur qui
sait : Ah! bien, j'ai une personne sur le spectre de l'autisme qui s'en
vient travailler pour moi, pourrait avoir certains préjugés qui ferait en sorte
qu'il ne va pas vouloir que cette personne intègre un emploi chez lui, il ne va
pas vouloir lui faire des accommodements, il va dire écoute : C'est trop
de travail pour moi ou quoi que ce soit. Donc, encore le point que j'ai ramené
tantôt, il est très, très, très important de faire un travail auprès des
employeurs pour les sensibiliser, pour les accompagner, pour qu'eux ils
puissent vraiment construire un environnement, que ça soit physique ou avec les
personnes autour d'eux qui vont leur parler d'une certaine façon, qui vont leur
expliquer les choses d'une certaine façon. Il faut que toutes ces réalités
soient prises en considération pour vraiment que ça soit un succès, parce que
sinon, les gens sur le spectre de l'autisme qui ont de la difficulté justement
à comprendre des... des... de comment socialiser certaines fois, mais ils ne
vont pas comprendre qu'une personne ne prenne pas le temps de leur expliquer.
Ils vont recevoir une directive, ils ne vont pas nécessairement la comprendre,
ils ne vont pas nécessairement avoir la capacité de poser la question.
Donc je remercie pour mon temps, et tout
ça pour dire : Les personnes dont on parle aujourd'hui sont des personnes
qui se retrouvent dans différentes situations de vulnérabilité puis, notre
responsabilité, c'est de leur tendre la main, les essayer de...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci...
merci beaucoup, c'est tout le temps que nous avions.
Nous en sommes aux motions... aux motions
préliminaires.
Mme Rouleau : Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
Mme Rouleau : ...puis-je vous
demandez de... non. Ah!
La Présidente (Mme D'Amours) :
Il y a une motion...
Mme Rouleau : O.K.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que vous avez une motion préliminaire...
Mme Rouleau : Non.
La Présidente (Mme D'Amours) : Non.
Parfait. S'il n'y a pas de motion préliminaire, nous allons immédiatement
commencer l'étude article par article, et je suis prête à vous entendre
maintenant, Mme la ministre.
Mme Rouleau : Je voulais
simplement vous demander une suspension de quelques secondes pour que je puisse
m'adresser à mes collègues à micro fermé.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 52
)
(Reprise à 10 h 53
)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux et nous en sommes maintenant à l'étude des articles du
projet de loi. Mme la ministre. Veuillez, s'il vous plaît, faire la lecture de
l'article 1.
Mme Rouleau : Bien, merci,
Mme la Présidente. L'article 1. L'article trois de la Loi sur l'aide aux
personnes et aux familles (chapitre A-13.1.1) est modifié par le remplacement
de «d'aide financière établie en vertu du titre II» par «d'assistance
sociale établie en vertu du titre II et les programmes spécifiques établis
en vertu du titre II.1.
L'article 1 du projet de loi modifie
l'article 3 de la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles à des fins
de concordance avec les articles 17, 34 et 40 du projet de loi. En effet,
cette modification vise à tenir compte du remplacement de l'expression
«programme d'aide financière» par «programme d'assistance sociale «et du
déplacement des programmes spécifiques du titre II au titre II.1 de
la loi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a des commentaires? S'il n'y a pas de commentaire à
l'article 1, est-ce que l'article un est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme Prass : Moi, j'ai un
amendement...
La Présidente (Mme D'Amours) : Pardon?
Mme Prass : J'ai un
amendement à proposer pour l'article 1.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 55
)
11 h (version non révisée)
(Reprise à 11 h 01)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Et je cède maintenant la parole à la députée de D'Arcy-McGee
pour nous faire la lecture de son amendement, s'il vous plaît.
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente.
Donc, nous proposons pour l'article 1 de modifier l'article 1 du
projet de loi par le remplacement de «sociale» par «et d'accompagnement
social».
Donc, l'article modifié se lirait ainsi :
L'article 3 de la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles (chapitre A-13.1.1)
est modifié par le remplacement «d'aide financière établis en vertu du titre II»
par «d'assistance et d'accompagnement social établis en vertu du titre II
et les programmes spécifiques spécifiques établis en vertu du titre II.1».
Ce qu'on propose, et comme la ministre le
met de l'avant dans le projet de loi d'ailleurs, c'est qu'on veut... Au bout de
la ligne, on veut accompagner ces personnes-là à pouvoir sortir d'une situation
de pauvreté. Donc, plutôt qu'«assistance sociale», qui, premièrement, est un
terme que certaines personnes ont des préjugés puis leur font sentir d'une
certaine façon, parce que la connotation que peut avoir le terme «assistance
sociale»... bien, «assistance et accompagnement social», on pense que c'est
quelque chose qui, premièrement, est une meilleure réflexion de ce qui est
proposé dans le projet de loi parce qu'on met énormément d'emphase sur l'accompagnement
de la personne. Et également c'est une question de leur donner un petit peu
plus d'espoir aussi, qu'on... encore une fois, qu'on veut les accompagner à
sortir d'une situation de précarité financière. Donc, pour pouvoir montrer
une... premièrement, mieux décrire ce qui leur est offert, parce que ce n'est
pas juste de l'assistance, mais de l'accompagnement également, nous proposons
cette modification.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaires sur l'amendement de la... Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : Bien, déjà, l'assistance
inclut l'accompagnement. On parle beaucoup d'accompagnement, et c'est pourquoi
on parle d'accompagnement à l'intérieur de programmes. Mais maintenir
«assistance»... C'est pour éviter qu'il y ait... que ce soit trop complexe,
parce que, déjà, c'est «assistance» qui est utilisé par le gouvernement, les
gouvernements précédents. C'est un terme, disons, générique qui est plus
propice à la simplification des programmes, parce que, si on change le terme,
on complexifie le programme, il va y avoir des... on pourrait moins bien
comprendre d'autres programmes qui sont inclus, là, dans la loi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée.
Mme Prass : Oui. Bien, la
ministre vient de dire, elle-même : L'accompagnement fait partie de l'assistance
sociale. Donc, encore une fois, le but étant d'accompagner les personnes à
sortir d'une situation de précarité financière, pourquoi est-ce qu'on ne leur
donne pas justement cette explication-là dans le titre du programme? Parce qu'être
sur l'assistance sociale, ça peut être décourageant, on se dit : O.K.,
bien, tu sais, là, j'ai besoin de l'aide de l'État pour survivre, mais
«assistance et accompagnement», bien, au moins, ça donne à la personne l'idée
que, O.K., je ne serai pas seule là-dedans, je vais avoir quelqu'un qui va m'aider,
qui va m'aider à naviguer justement, de sortir de ma situation ou d'intégrer un
emploi, ou quoi que ce soit. Donc, pour nous, «assistance et accompagnement», c'est
donner plus à la personne, c'est leur donner plus d'espoir, disons, puis avoir
une meilleure perception d'être sur assistance et accompagnement social plutôt
que juste sur assistance sociale, qui peut avoir une connotation négative pour
certaines personnes.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres
commentaires? S'il n'y a pas d'autre commentaire, je vais mettre aux voix l'amendement.
Est-ce que l'amendement est adopté ou rejeté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Rejeté.
Nous revenons à l'article 1...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...est-ce
qu'il y a des commentaires sur l'article 1? S'il n'y a pas de commentaire,
est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : L'article 2,
Mme la ministre, s'il vous plaît!
Mme Rouleau : Mme la
Présidente. L'article 2 stipule que : L'article 8 de cette loi
est modifié par le remplacement, dans le premier alinéa, de «favorisant
l'insertion sociale et communautaire des personnes et des familles» par
«permettant l'insertion sociale, l'intégration en emploi et la participation
active dans la société des personnes».
L'article 2 du projet de loi modifie
l'article 8 de la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles afin de
préciser les matières sur lesquelles peuvent porter des projets-pilotes
réalisés par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale en vertu du
titre I de la loi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaires? Mme la députée.
Mme Prass : J'aurais un
amendement à proposer.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 06
)
(Reprise à 11 h 09
)
La Présidente (Mme D'Amours) : ...s'il
vous plaît. Nous reprenons nos travaux et, Mme la députée de D'Arcy-McGee,
pouvez-vous nous faire la lecture de votre amendement, s'il vous plaît?
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Donc, nous proposons de modifier l'article deux du projet de loi
par le remplacement, après le mot «permettant» de «l'insertion» par
«l'inclusion».
L'article modifié se lirait ainsi :
L'article 8 de cette loi est modifié par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «favorisant l'insertion sociale et communautaire des personnes et
des familles» par «permettant l'inclusion sociale, l'intégration en emploi ou
la participation active dans la société des personnes».
• (11 h 10) •
Donc, nous faisons cette proposition parce
que je pense que ce qu'on recherche tous dans notre société, c'est justement
l'inclusion de chaque personne puis surtout des personnes qui peuvent se sentir
marginalisées ou en situation de vulnérabilité...
Mme Prass : ...«insertion
sociale», ça veut juste dire mettre la personne dans une certaine situation,
mais «l'inclusion», c'est tout autre parce que c'est tout ce qui vient avec
l'inclusion : comprendre la situation de la personne, accommoder la
situation de la personne. Donc, pour nous, il y a quand même une nuance à faire
entre insertion qui... tu sais «insertion», tu rentres dans une salle, on ne
sait pas ce qui arrive par la suite, mais «inclusion» a une portée beaucoup
plus large pour des personnes en situation de vulnérabilité, et donc la raison
pour laquelle on fait cette proposition d'amendement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaires, Mme la ministre?
Mme Rouleau : J'attends
quelques informations.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
attendez quelques informations. Est-ce que d'autres collègues ont des
commentaires sur l'amendement? Je vais suspendre les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 11
)
(Reprise à 11 h 12)
Mme Rouleau : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Un
instant, Mme la ministre. Nous reprenons nos travaux. Mme la ministre,
commentaires sur l'amendement?
Mme Rouleau : Oui. En ajoutant
l'inclusion sociale, on élargit légèrement la portée des projets-pilotes qui
sont déjà inscrits dans la loi, mais il n'y a pas... il ne semble pas y avoir
d'enjeu particulier, donc nous acceptons.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
D'autres commentaires sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre commentaire, je
vais mettre aux voix l'amendement. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Maintenant, nous revenons à l'article 2 tel qu'amendé? Est-ce qu'il y a
des commentaires? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : J'aurais
également un amendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 13)
(Reprise à 11 h 18
)
La Présidente (Mme D'Amours) : Mesdames,
nous allons reprendre, s'il vous plaît. Nous reprenons nos travaux, et je vais
demander à la députée de Sherbrooke de bien vouloir nous lire son amendement,
s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Donc, l'article 2 du projet de loi est modifié ainsi :
1° un par le remplacement de «ou» par «,»;
2° par l'insertion, après «la société des
personnes» des mots...
Une voix : ...
Mme Labrie : ...«par la
participation active dans la société des personnes ou l'amélioration des
modalités des programmes d'assistance sociale».
Donc, l'article 2 du projet de loi tel
qu'amendé se lirait ainsi :
L'article 8 de cette loi est modifié par
le remplacement, dans le premier alinéa, de favoriser l'insertion sociale et
communautaire des personnes et des familles» — bon, là, entre temps,
ça a été modifié — par «permettant l'insertion sociale, l'intégration
en emploi, la participation active dans la société des personnes ou
l'amélioration des modalités des programmes d'assistance sociale».
L'objectif, c'est de permettre des
projets-pilotes qui serviraient, par exemple, à tester des nouvelles modalités.
On peut penser aux gains de travail, on peut penser aux enjeux de la vie
maritale et toute autre modalité en fait, pour lesquelles la ministre voudrait
tester des nouvelles façons de faire, voir l'impact que ça a. Je pense que
peut-être le projet-pilote serait une bonne manière de procéder et je pense
qu'on devrait permettre que la ministre dispose de cet outil-là. Moi, à la
lecture de ce qui est prévu, je n'ai pas l'impression que ça le permettait
déjà, en fait, là, de toucher aux modalités des programmes. Donc, c'est la
raison pour laquelle on se met un amendement, c'est vraiment pour rendre ça
possible.
• (11 h 20) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...Merci.
Mme la ministre, commentaires?
Mme Rouleau : Oui, un
commentaire, Mme la Présidente. En fait, les projets pilotes se retrouvent à
l'article 18 pour précisément permettre ce genre d'amélioration de
modalité. Alors, ici, c'est plutôt un article qui existe déjà dans la loi, et
qui permettait jusqu'à maintenant au secteur de l'emploi d'avoir des projets
pilotes, et qui n'était pas utilisé par la solidarité sociale, et là on permet
à la solidarité sociale d'exercer certains projets pilotes. Mais, à
l'article 18, c'est précisément sur les projets pilotes que nous allons
travailler. C'est pour ça que je proposais qu'on fonctionne par blocs.
Mme Labrie : Donc, si je
comprends la ministre, elle me répond qu'à l'article 18, en fait, ça va
être spécifié, que ça va être possible pour elle de faire des projets pilotes
sur différentes modalités.
Mme Rouleau : Oui. Donc, je
rejetterais cet amendement parce que ça existe déjà à l'article 18.
Mme Labrie : Ça me convient,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que vous retirez votre amendement, Mme la députée, ou si on... on le passe aux
voix?
Mme Labrie : Puisqu'on me
confirme que mon objectif est atteint ailleurs, je le retire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
le retirez. Est-ce que j'ai le... le consentement pour retirer l'amendement?
Mme Rouleau : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
avons le consentement. Donc, nous retirons l'amendement. Nous revenons à
l'article 2 tel qu'amendé. Est-ce que j'ai des commentaires? Si je n'ai
pas de commentaire, est-ce que l'article 2, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article 3. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : J'ai un... Ah!
pas tout de suite. Je lis d'abord l'article. À l'article 3, Mme la
Présidente : Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 8, du
suivant :
«8.1. Le ministre — ou la
ministre — mène des actions concertées ou y participe, en
collaboration avec les autres ministères et organismes concernés, afin d'offrir
des services continus et intégrés permettant de répondre aux besoins des
personnes.
«Avec le consentement de la personne
concernée, ces actions concertées peuvent être mises en œuvre notamment dans le
cadre d'un plan de services.»
L'article 3 du projet de loi
introduit l'article 8.1 à la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles.
Ce nouvel article permettra d'offrir, à la
clientèle de l'assistance sociale ainsi qu'à celle des services publics
d'emploi, des services plus intégrés avec ceux fournis par les autres
ministères et organismes. Cela favorisera une coordination des interventions et
une continuité des services entre les différents réseaux impliqués, par
exemple, les réseaux de la santé et des services sociaux ou de l'éducation.
De plus, ce nouvel article prévoit que ces
actions concertées pourront être mises en œuvre au moyen d'un plan de services.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Et vous avez un amendement.
Mme Rouleau : J'ai un
amendement à déposer.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
qu'il est sur Greffier?
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais suspendre les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 23)
(Reprise à 11 h 26)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Mme la ministre, si vous voulez bien nous faire la
lecture de votre amendement, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : Oui, Mme la
Présidente. À l'article 3, article 8.1 de la Loi sur l'aide aux personnes
et aux familles : Ajouter, à la fin de l'article 8.1 de la Loi sur
l'aide aux personnes et aux familles, proposé par l'article 3 du projet de
loi, l'alinéa suivant :
«Les ministères et organismes concernés
s'échangent les renseignements personnels nécessaires à la mise en œuvre de ce
plan.»
L'amendement vise à préciser que les
parties pourront s'échanger des renseignements personnels sur la personne visée
par le plan, ce qui devrait faciliter la mise en œuvre du plan de services
élaboré pour répondre aux besoins de celle-ci. Ces échanges seront évidemment
effectués dans le respect des dispositions de la Loi sur l'accès aux documents
des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaires sur l'amendement? S'il n'y a pas de commentaire... Mme la députée,
vous avez des commentaires?
Mme McGraw : Oui. Sur
l'ensemble de l'article ou sur...
La Présidente (Mme D'Amours) : Sur
l'amendement.
Mme McGraw : J'aimerais...
Est-ce que c'est possible de parler avec les collègues?
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
suspends les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 27)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 31
)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à
vous.
Mme McGraw : Mme la
Présidente. Alors, on avait plusieurs questions suite à cet ajout proposé par
la ministre. Alors donc, vraiment juste est-ce qu'on peut préciser les
ministères qui seraient concernés, dans ce cas-là, d'exemples de ministère qui
seraient...
Mme Rouleau : Bien, est-ce
que je réponds maintenant?
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
Mme la ministre, allez-y.
Mme Rouleau : Bien, on parle,
par exemple, des Services sociaux, on peut parler de l'Éducation, on peut
parler d'organismes comme l'OPHQ qui a déjà des plans de services. Alors, c'est
une... c'est pour avoir des services mieux intégrés, mieux coordonnés et c'est
de permettre soit d'initier ou soit de participer à ces plans de services de la
part de la Solidarité sociale.
Mme McGraw : Vous savez, vous
avez nommé un organisme. Est-ce qu'il y a d'autres exemples d'organismes qui
pourraient être concernés?
Mme Rouleau : Des organismes
qui...
Une voix : ...
Mme Rouleau : Des organismes
publics qui offrent des plans de services. C'est pour... Un plan de service va
permettre soit différentes activités. Ça peut être du transport, une personne
qui a besoin de transport, une personne qui est... qui... qui va avoir une
formation dans un service scolaire, donc le ministère de l'Éducation, des
Services sociaux qui peuvent avoir différents services. C'est vraiment une
question de mieux coordonner et de s'assurer une continuité dans ce plan de services,
qu'il n'y ait pas de... qu'il n'y ait pas de coupure.
Mme McGraw : Est-ce qu'on
parle donc bien d'organismes publics seulement? Est- ce que ça pourrait être
des organismes communautaires, par exemple, ou si c'est vraiment juste les
organismes publics?
Mme Rouleau : Si le plan de
services inclut des organismes communautaires, puis c'est pour revenir sur
quelque chose que vous avez mentionné dans votre... lors de l'ouverture, là, et
qui a été entendu aussi pendant les consultations, les gens qui doivent répéter
plusieurs fois leur histoire, ça, ça élimine cette partie-là. Les gens n'auraient
plus à répéter leur histoire d'une... d'un ministère à l'autre ou d'un
organisme à l'autre. Il y aurait des échanges d'informations sur cette
personne, sur son... sur son contexte, sur la personne, et évidemment en
fonction des lois qui... qui protègent les informations personnelles, là. Mais
l'échange d'information se ferait entre les différents ministères et organismes
sur la personne. Ça fait que ça vient aider la personne qui n'a plus... qui n'aura
plus à répéter son histoire.
Mme McGraw : Donc, juste pour
revenir, pour partager — oui, j'ai d'autres questions sur les
renseignements personnels — mais juste pour clarifier. Donc les
ministères, il y en a plusieurs qui seraient... Éducation, Services sociaux,
entre autres, et les organismes selon la personne...
Mme Rouleau : En fait, ce
sont les... c'est les services avec le réseau public, plans de services avec le
réseau public. Alors, les organismes communautaires ne sont pas nécessairement...
Une voix : ...
Mme Rouleau : Oui, c'est ça.
Là, on est dans le plan de services, puis il y aura plus tard... on pourra voir
plus tard les plans d'accompagnement. Alors là, les organismes seront
impliqués, mais ici, ce sont les... c'est les réseaux publics.
Mme McGraw : O.K. Peut-être que
ça vaudrait la peine de préciser parce que les organismes publics, évidemment
les ministères, sont sujets peut-être à d'autres contraintes par rapport à
partage de données, des lois qui vont protéger les informations. Donc, je me
demande si on sait déjà, pour les plans de services, que ça va vraiment être
des organismes publics. C'est peut-être quelque chose à réfléchir. On va peut-être
revenir là-dessus.
En parlant des informations, donc je
comprends que... donc, si je comprends bien, Mme la... Mme la Présidente, l'intention
de la ministre ou de cet... de cet ajout-là, c'est vraiment de... d'échanger
les renseignements personnels...
Mme McGraw : ...personnels
pour minimiser à ce que la personne répète des fois des histoires pénibles,
complexes, etc. Est-ce qu'on peut vous entendre... Parce que ça a été justement
amené, ça a été... on est revenu souvent là-dessus, je l'ai souligné, mais
c'est sûr qu'on a entendu beaucoup de groupes qui en ont parlé. Donc, quels
seraient, par exemple, les renseignements personnels qui seraient partagés?
Est-ce que c'est complètement ouvert? Est-ce qu'il y a des catégories? Est-ce
que... Comment est-ce qu'on va... Donc, la nature des renseignements qui
seraient partagés ou échangés.
Mme Rouleau : Mais c'est dans
le respect des dispositions de la Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnels. Donc, je ne peux...
Une voix : ...
Mme Rouleau : Oui, état de
santé, contraintes. Est-ce que la... est-ce que la personne a vécu un événement
particulier, un accident, une agression?
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée.
Mme McGraw : Est-ce qu'on
a... Oui? Merci. C'est je n'ai plus de temps?
La Présidente (Mme D'Amours) : Non,
non, allez-y.
Mme McGraw : Ah! O.K. Merci,
merci. Donc... donc est-ce qu'il faut clarifier que, justement, ça serait
assujetti ou est-ce que c'est...
Mme Rouleau : ...
Mme McGraw : Pardon?
Mme Rouleau : Bien, c'est
les...
Une voix : ...
Mme Rouleau : C'est clarifié?
Une voix : Oui.
Mme Rouleau : C'est dans
le...
Une voix : Oui.
Mme Rouleau : Oui, c'est déjà
clarifié.
Mme McGraw : Bien, c'est la
protection des informations. Moi, je ne suis pas experte dans cette matière-là
du tout, et peut-être la ministre, elle l'est ou pas, mais ça serait important
parce que c'est des renseignements personnels. Et je comprends que l'intention,
c'est de simplifier les choses pour les personnes, les prestataires, les
bénéficiaires, mais c'est quand même des renseignements personnels. Donc, il
faudrait juste clarifier ou s'assurer que c'est vraiment... ces échanges soient
vraiment assujettis aux lois pertinentes.
Mme Rouleau : On parle de
plan de services du réseau... des réseaux publics, et tous les organismes, tous
les ministères sont assujettis aux lois d'accès à l'information.
Mme McGraw : Et les
organismes, les organismes...
Mme Rouleau : Organismes
publics.
Mme McGraw : ...qu'on va
préciser...
Mme Rouleau : Organismes
publics, je parle de réseaux publics, d'organismes publics, je ne parle pas
d'organismes communautaires.
Mme McGraw : Et je ne sais
pas si les organismes communautaires qui, je comprends, ne sont pas impliqués
ici...
Mme Rouleau : Dans le plan de
services, ils ne sont pas impliqués dans le plan de services. Ce sont des... Ce
sont des plans de services qui sont offerts par le réseau public, ministères de
l'Éducation, Santé et Services sociaux, Solidarité sociale, l'OPHQ, par
exemple.
Mme McGraw : Donc si c'est
est... parce qu'on comprend que les organismes...
Mme Rouleau : Ça fait que
c'est au niveau... au niveau des ministères et organismes qu'a lieu cet échange
d'informations.
Mme McGraw : Et si je
comprends bien, puisque les organismes publics sont assujettis à des lois
pertinentes, mais pas nécessairement des organismes, par exemple,
communautaires, mais je comprends que ce n'est pas le... mais ça vaudrait
peut-être la peine de le préciser donc si c'est vraiment des organismes
publics. Parce qu'on parle de renseignements personnels, ça serait...
Mme Rouleau : Bien, on parle
les ministères et organismes concernés s'échangent les renseignements
personnels nécessaires à la mise en œuvre de ce plan, plan qui est issu du
réseau gouvernemental, réseau public.
Mme McGraw : C'est que je
lance ça comme ça parce qu'on on comprend l'intention que c'est vraiment les
organismes concernés sont de nature ou d'ordre public et donc ils sont
assujettis à ces... les lois... aux lois pertinentes. Mais ça vaudrait
peut-être la peine, parce qu'on parle de renseignements personnels, de vraiment
préciser que ça... et c'est vraiment des... les organismes concernés sont des
organismes publics. Je ne sais pas comment la ministre entrevoit...
Mme Rouleau : Votre
proposition est de préciser que c'est pour les ministères et organismes
publics.
Mme McGraw : Si les... si je
comprends bien, si je comprends bien la ministre, les organismes concernés sont
des organismes publics.
Mme Rouleau : Oui, ministères
et organismes.
Mme McGraw : Si c'est...
uniquement, uniquement public...
Mme Rouleau : Oui.
Mme McGraw : ...ils sont donc
assujettis aux lois pertinentes?
Mme Rouleau : Oui.
• (11 h 40) •
Mme McGraw : Si c'est le cas,
parce que je pense que d'organismes, par exemple, communautaires, ne sont pas
nécessairement assujettis, je ne suis pas experte, je ne sais pas, mais ça
serait peut-être plus prudent de souligner que ce sont des organismes publics.
Si c'est vraiment le cas, que ce soit vraiment des organismes concernés. Sinon,
il faudrait, je pense, préciser que...
Mme McGraw : ...tout, le tout
est assujetti aux lois, etc.
Mme Rouleau : Il est... il
est déjà... pensez inclus que ministères et organismes sont des organismes
publics qui sont assujettis à ces lois. C'est déjà... c'est comme... c'est
comme ça, c'est déjà comme ça que ça fonctionne, c'est un fait, une réalité.
Mme McGraw : En tout cas,
je... parce qu'on parle de renseignements personnels, et c'est... ça va être
des renseignements personnels privés, on va dire sensibles, de vraiment
s'assurer que... En tout cas, pour moi, ça serait utile de souligner le fait
que de façon explicite, que ce sont des organismes publics. On comprend que les
ministères le sont, mais les... organismes, c'est un mot assez large, et ce
n'est pas tous les organismes qui sont assujettis bien que je comprends que
c'est le cas, mais en tout cas, je lance ça comme ça, comme un...
Mme Rouleau : C'est une
expression consacrée, c'est dans la loi, c'est déjà dans de multiples lois.
Mme McGraw : O.K.
Mme Rouleau : On parle des
ministères et organismes, ça signifie que ce sont des organismes du réseau
public.
Mme McGraw : Et donc qui sont
nécessairement assujettis aux lois pertinentes.
Mme Rouleau : Nécessairement
assujettis.
Mme McGraw : Revenons donc
aux renseignements personnels, ça aurait l'air de quoi, ces renseignements
personnels qui seraient pertinents pour mettre en œuvre un plan? Par exemple.
Mme Rouleau : Bien, ça peut
être la personne... Par exemple, l'OPHQ a des plans de... des plans de
services. La personne a besoin d'un transport de par sa condition physique, a
besoin d'un transport, veut aller étudier dans tel ou tel ou tel niveau, le
ministère de l'Éducation sera impliqué. Ce sont des plans de services pour
répondre aux besoins de la personne qui a l'intention de réaliser quelque
chose. Alors, les plans de services existent déjà. Ce qu'on cherche à faire
ici, c'est, d'une part, simplifier les choses pour la personne, qu'elle n'ait
pas à répéter son histoire constamment auprès des différentes organisations
gouvernementales qui vont... qui font partie du plan de services et, d'autre
part, assurer une meilleure coordination de ces plans de services. Alors, le
ministère de la Solidarité sociale... Emploi, Solidarité sociale peut initier
un plan de services qui peut être inclus dans le plan de services. C'est ce que
ça mentionne ici.
Mme McGraw : Mais est-ce que
les renseignements personnels, je pourrais avoir des exemples très concrets, ça
serait le nom, le prénom, un numéro de carte d'assurance? Je veux dire quels
seraient les... je veux juste de savoir de façon plus concrète quels seraient
les renseignements personnels qui seraient nécessaires à mettre en œuvre
justement pour alléger...
Mme Rouleau : Par exemple, le
parcours scolaire.
Mme McGraw : Oui.
Mme Rouleau : Par exemple,
les contraintes de santé, par exemple, l'histoire de vie. Cette personne-là vit
quelque chose de particulier, sa situation personnelle. Pourquoi cette personne
souhaite avoir ce plan de service? Alors, des informations de ce type qui font
qu'elle n'aura pas à répéter. À chaque fois, elle répète. Elle n'aura pas à
répéter son histoire personnelle à chaque fois. On l'a bien entendu en
consultation, c'est un enjeu. Les gens ne... ne souhaitent pas à avoir à
répéter à chaque fois. Alors, c'est pour clarifier cette situation et permettre
l'échange d'informations entre les ministères et les organismes publics qui
sont impliqués dans le plan de services.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres
commentaires?
Mme McGraw : Oui, pardon,
j'ai... je vais...
Une voix : ...
Mme McGraw : Donc, quand
même, si je comprends bien, donc le parcours scolaire, évidemment des données
qui sont de base : le nom, la date de naissance, etc.
Mme Rouleau : Oui.
Mme McGraw : Parcours
scolaire, contraintes, histoire personnelle. Pourquoi ils veulent avoir accès à
ces services? Alors, c'est vraiment des informations de nature qualitative. Il
y en a qui sont comme très objectives, on va dire le nom, la date de naissance,
mais c'est surtout des informations qualitatives et l'information pour...
Mme McGraw : ...comment on va
obtenir ces informations-là? L'obtention, est-ce que c'est... ça va être qu'une
discussion avec un agent? Est-ce que ces personnes-là vont être formées? Je
veux juste obtenir et, ensuite, même avant l'échange de ces informations-là.
Mme Rouleau : Je vais...
C'est d'abord avec le consentement de la personne concernée. C'est de donner
les informations qui vont permettre d'obtenir le service. Quel est le service
qu'on tient à obtenir et de donner les informations qui sont pertinentes pour
ce plan de service?
Mme McGraw : Et est-ce que...
Mme Rouleau : Avec le
consentement, évidemment.
Mme McGraw : Bien sûr, à
ce... c'est important et c'est essentiel même. Donc, au niveau de... Est-ce
que... est-ce que vous... est-ce qu'on a déjà réfléchi à... à... comme la...
pas juste avec qui, mais le mode. Est-ce qu'il va y avoir comme un
questionnaire structuré, semi-structuré pour avoir une certaine, bon, structure
pour... pour le tout? Vous êtes... On n'est pas encore rendus là. Comment...
Mme Rouleau : Bien, pour poser
les bonnes questions, il y a déjà... il y a sûrement un questionnaire qui sera
adéquat. Mais déjà, dans les plans de service qui existent, par exemple avec
l'OPHQ, ils ont... ils ont un certain formulaire, et c'est une personne qui
pose les questions à la personne qui demande le plan de services.
Mme McGraw : O.K. Et est ce
qu'il y a des bonnes pratiques qui pourraient inspirer cet exercice-là, qui
pourrait... d'autres ministères ou même au sein du ministère, soit au
gouvernement, ou au sein du ministère, qui seraient peut-être envisageables
pour faire en sorte que c'est très efficace, c'est très humain. Je ne sais pas
s'il y a des bonnes pratiques qu'on regarde au sein du ministère ou ailleurs.
Mme Rouleau : L'OPHQ. L'OPHQ actuellement
a des projets pilotes justement pour faire en sorte d'utiliser les meilleures
pratiques dans... pour ces plans de services.
Mme McGraw : Au niveau des
données, juste pour revenir sur les renseignements pour la... pour garder ces
données, la continuité, est-ce qu'il y a des... j'imagine que c'est dans la
loi. Encore une fois, je ne suis pas experte, mais on prévoit garder ces
données-là. Est-ce qu'on pourrait faire des ajouts ou des ajustements selon,
évidemment, l'expérience vécue de la personne? Est-ce qu'on prévoit faire ça
dans une fréquence prévisible ou selon la personne? Est-ce que c'est axé sur la
personne et son expérience ou de façon systématique, à chaque année, on
entrevoit à faire des ajustements ou des mises à jour? Ou je ne sais pas si
c'est...
Mme Rouleau : Je comprends
mal la question.
Mme McGraw : Parfait.
J'essaie de...
Mme Rouleau : ...
Mme McGraw : Pour mettre à
jour le dossier des renseignements d'un prestataire...
Mme Rouleau : Oui.
Mme McGraw : ...est-ce que...
puis je ne suis pas familière avec les... C'est peut-être très clair dans la
tête de la ministre ou OPHQ, comment ça fonctionne exactement si on se base
là-dessus? Mais juste pour peut-être mettre ça très concret, pour obtenir, même
avant l'échange de ces informations-là, obtenir les renseignements, et je
comprends are ce que la ministre n'a pas nécessairement les réponses. Je sais
que c'est très... Je me rends dans le précis, mais je ne sais pas si on a des
réponses de savoir pour obtenir ces données pour... avant même les échanger,
est-ce qu'il y a des processus en place? Et aussi au niveau de la fréquence,
est-ce que c'est axé sur la personne s'il y a quelque chose, un changement dans
sa vie qui est majeur par exemple, ou est-ce que c'est donc à chaque année ou
ça...
Mme Rouleau : Non. Bien déjà,
si on se base sur l'OPHQ qui est notre modèle, c'est un modèle qui est qui
utilise les meilleures pratiques, là, en projet-pilote d'ailleurs, et s'il y a
une information nouvelle concernant la personne, bien, elle est... elle
vient... cette information permettra de modifier le portrait, là, de cette
personne.
Mme McGraw : Et?
Mme Rouleau : On peut
actualiser. Ce n'est pas...
Mme McGraw : O.K.
Mme Rouleau : ...ce n'est pas
canné pour... à l'infini, là, c'est... il peut y avoir certaines informations
qui peuvent être rajoutées.
Une voix : C'est centré sur
le besoin des personnes...
Mme Rouleau : Oui, oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres
commentaires?
• (11 h 50) •
Mme McGraw : Donc, si je
comprends bien, juste qu'à la lumière de ce qu'on vient de dire, c'est... le
plan étant vraiment en plan... en temps réel, c'est vraiment...
Mme McGraw : ...adapté ou...
adapté et puis mis à jour en temps réel si je comprends bien les...
Mme Rouleau : Ça dépend du
besoin de la personne.
Mme McGraw : O.K. Je pense
que ça me...
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Jusqu'à combien
de temps dans le passé vous allez... vous allez remonter jusqu'à combien de
temps dans le passé pour demander ces plans? Donc, par exemple, une personne
vient faire une demande, mais ça fait cinq ans qu'il y a un plan de service qui
a été développé pour eux dans un ministère. Est-ce que pour vous c'est toujours
à jour? Est-ce que c'est toujours pertinent de prendre ces informations-là
encore une fois, dépendamment de la situation de la personne?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Oui. On
répond... Par le plan de services, on répond aux besoins de la personne. Si
c'est un plan de services qui existe depuis cinq ans et que ça répond à la
personne, bien, ça répond aux besoins de la personne.
Mme Prass : Mais disons qui a
été rédigé il y a cinq ans, il n'a pas été mis à jour depuis, est-ce qu'il va y
avoir un exercice pour que, premièrement, la personne concernée, est-ce qu'ils
vont être renseignés que l'agent a possession de leur plan de services?
Mme Rouleau : Que l'agent n'a
pas...
Mme Prass : Non. Est-ce que
donc... donc...
Mme Rouleau : C'est avec le
consentement de la personne.
Mme Prass : O.K. C'est ça ma
première question.
Mme Rouleau : Oui.
Mme Prass : D'accord.
Mme Rouleau : Ce qui est
inscrit dans la loi.
Mme Prass : Et là, à ce
moment-là, est-ce que la personne peut dire justement : Bien, disons — je
sais que ma collègue a demandé une question similaire — mais ma
situation a évolué depuis, et en fait le plan de service que vous avez entre
les mains n'est plus à jour, donc il faut qu'on refasse l'exercice pour
répondre.
Mme Rouleau : C'est ce que
j'ai répondu à votre collègue.
Mme Prass : O.K.
Mme Rouleau : Oui.
Mme Prass : Et est-ce que les
agents qui vont... bien, qui vont recevoir ces rapports-là, est-ce qu'eux...
toutes ces informations-là, est-ce qu'eux, ils vont recevoir une formation pour
bien l'interpréter? Parce que si on n'est pas familier avec un plan de services
pour une personne sur le spectre de l'autisme, la santé mentale, ça peut être
difficile de... d'interpréter ce que ça veut dire de façon réelle sur le terrain.
Donc...
Mme Rouleau : La réponse est
oui.
Mme Prass : La réponse est
oui. Et est-ce que c'est indiqué dans le projet de loi que ces personnes vont
recevoir ces formations-là ou cette sensibilisation-là pour pouvoir bien
interpréter les renseignements qu'ils vont recevoir?
Mme Rouleau : Ce n'est pas
indiqué dans la loi. Ce sont des mesures administratives pour s'assurer que les
personnes soient bien formées évidemment, formées et informées.
Mme Prass : Est-ce que c'est
quelque chose que... Quand vous dites «mesures administratives», est-ce que
c'est quelque chose que vous mettrez dans le règlement qui va être vraiment
écrit noir sur blanc pour... pour ceux qui vont recevoir les informations?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Lorsque la
personne fait la demande d'un plan de services, on lui explique les tenants et
aboutissants, on lui explique de quelle façon on va procéder, que lorsqu'elle
donne des informations, ces informations, avec son consentement, pourront...
pourront circuler, être transmises aux autres ministères ou organismes qui sont
impliqués dans son plan de services. Et par les mesures administratives, on
s'assure, on s'assure que les personnes soient bien, bien formées et informées
des situations et de ce qu'il y a... de ce qu'il y a à faire pour qu'il n'y
ait... On veut offrir un plan de services pour rendre service à cette personne
qui a des besoins et des besoins particuliers. Alors, on veut s'assurer que...
En fait, par... par cet article, c'est vraiment s'assurer de la meilleure
coordination par les différents intervenants ministériels et organismes et un
continuum des services.
Mme Prass : Et j'imagine dans
le même sens qu'il y a un échange de renseignements. Si l'agent, la personne a
des questions, a davantage de questions, ils peuvent communiquer avec le
ministère ou l'organisme. Il peut avoir une conversation, disons : J'ai
besoin que vous m'éclaircissiez ce que vous voulez dire par là. Donc, ce n'est
pas juste un morceau de papier qui va être transmis, il y a quand même une
communication qui est ouverte.
Mme Rouleau : Il y a une
communication d'un agent à la personne pour expliquer quelles sont les...
Mme Rouleau : ...quelles sont
les possibilités? De quoi avons-nous besoin comme informations? Comment...
comment tout le processus va se... va se passer? Et les agents sont dûment
formés pour répondre adéquatement aux besoins.
Mme Prass : O.K. Et quand
vous dites il faut donner... la personne doit donner son consentement, encore
une fois on parle de certaines personnes qui ont certaines vulnérabilités, qui
n'ont pas toujours la capacité de donner un consentement. Donc, dans ces
cas-là, comment est-ce que vous voyez aller de l'avant...
Mme Rouleau : Bien...
Mme Prass : ...avoir leur...
avoir un consentement de leur part?
Mme Rouleau : Alors, par
procuration. Si la personne ne peut pas, ne peut absolument pas répondre aux
questions, par procuration, une autre personne pour répondre aux questions.
Mme Prass : Qui est donc la
personne qui est légalement...
Mme Rouleau : Qui sera la
personne qui... Ça peut être le parent. Ça peut être le proche aidant.
Mme Prass : D'accord. Parce
qu'on se comprend, surtout avec des renseignements personnels, il faut que ça
soit une décision éclairée...
Mme Rouleau : Tout à fait.
Mme Prass : ...qui est faite
par la personne, puis comprendre les conséquences.
Et j'imagine, les renseignements vont
faire partie du plan qui va être développé pour la personne, parce qu'il y a
certaines choses qui ne peuvent pas être mesurées, par exemple, attitude. Tu
sais, on parle, comme j'ai dit, d'enjeux de santé mentale. Par exemple, il y a
certaines choses qu'ils ne peuvent pas mettre... qui ne peuvent pas être
mesurées. Don, j'imagine que l'agent, ça, ça va être... ça va faire partie de
l'information qu'ils ont en main, mais ça ne se limite pas à ça. Ils vont quand
même, s'ils trouvent nécessaire, tu sais, avoir une conversation à la personne,
avoir une certaine évaluation surtout en espérant qu'ils auraient eu cette
formation-là. Donc, ça fait partie des éléments qui vont faire en sorte que le
plan de services va être fait de façon individuelle pour eux. Mais ça ne
s'arrête surtout pas à ce que... à ce qui leur ce qui va leur être fourni. Je
veux juste m'assurer que ce n'est pas. Ce n'est pas juste sur les
renseignements qu'ils vont recevoir des ministères et organismes. Ils vont quand
même regarder la personne puis voir s'il y a d'autres éléments à ajouter. Ce
n'est pas question de mettre le plan à jour, mais c'est question qu'on ne se
limite pas uniquement à regarder ce qui a été fait, ce qu'est le plan parce
que, comme j'ai dit, il y a des choses qui ne peuvent pas être mesurées. Donc,
quand tu rencontres ces personnes0là, tu sais, tu as une idée de c'est quoi
leurs capacités, c'est quoi leurs habilités. Donc moi, je veux juste m'assurer
que les agents ne vont pas uniquement regarder les renseignements qu'ils vont
recevoir et se baser sur ça, ils vont quand même regarder la personne devant
eux et la réalité de cette personne-là en considération quand ils vont
évoluer.... quand ils vont développer plutôt leur plan.
Mme Rouleau : Ça fait partie
de l'humanisation, mais c'est... les plans de services existent déjà. Ce
qu'on... ce qu'on ajoute, là, c'est de s'assurer que les actions soient
pleinement concertées, que... et pour le ministère soient d'initier, soient de
contribuer à un plan de services.
Mme Prass : Et est-ce que...
J'imagine, ça doit être déjà le cas dans d'autres... d'autres lois, et que cet
échange de renseignements se fait.
Mme Rouleau : C'est...
Pardon?
Mme Prass : J'imagine que ça existe
déjà dans d'autres programmes, projets de loi, que cet échange de
renseignements se fait entre les différents organismes.
Mme Rouleau : Oui.
Mme Prass : Oui. O.K. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres
commentaires sur l'amendement de la ministre? S'il n'y a pas d'autre
commentaire, est-ce que l'amendement est adopté ou rejeté? Adopté.
Nous revenons à l'article 3 tel
qu'amendé. Est-ce que j'ai des commentaires? Si je n'ai pas de commentaire,
est-ce que l'article 3, tel qu'amendé, est adopté? Mme la ministre?
Mme Rouleau : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Nous sommes maintenant à l'article 4 tel...
Mme McGraw : C'est parce que
j'avais demandé. Mme la Présidente, en tout respect, de parler de
l'article 3 dans son ensemble. On m'avait dit qu'il fallait se concentrer
sur l'amendement. Il faudrait revenir sur l'article 3 en général parce que
nous, on a des...
• (12 heures) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
je... je comprends votre commentaire, mais je pose la question et je vous
regarde, et il y a quelques secondes avant que je prenne une autre question en
disant : Est-ce que l'amendement à l'article, tel qu'amendé, est adopté?
Nous poursuivons nos travaux, et là vous, vous m'interpellez. Je vous regarde
toujours parce que c'est à vous que je m'adresse quand je pose cette question.
Alors, étant donné que j'ai posé la question deux fois, et que la ministre a
demandé... m'a dit que c'était...
12 h (version non révisée)
La Présidente (Mme D'Amours) : ...adopté.
Je demande à la ministre : Est-ce qu'on peut revenir en arrière et
discuter de l'article 3 tel qu'amendé pour le bénéfice de notre collègue
de Notre-Dame-de-Grâce?
Mme Rouleau : On peut.
La Présidente (Mme D'Amours) : On
peut. Alors, nous revenons sur nos pas. Mme la députée, c'est à vous la parole
sur l'article 3 tel qu'amendé.
Mme McGraw : Alors, on
avait... oui. Alors, on voulait. On entend beaucoup de groupes qui ont parlé justement
de l'article 3, et on avait nous-mêmes...
Une voix : ...
Mme McGraw : Alors, je pense
que ça vaut la peine de souligner des interventions des groupes lorsqu'on a
entendu par... pendant les consultations, parce qu'on a aussi nous-mêmes l'intention
de déposer un amendement par rapport à l'article 3.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
vous avez aussi l'amendement à déposer. Je suspends les travaux quelques
instants afin que la députée puisse déposer son amendement.
Mme McGraw : Oui.
(Suspension de la séance à 12 h 01
)
(Reprise à 12
h 11)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Et maintenant, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, si
vous voulez bien nous faire la lecture de votre amendement, s'il vous plaît.
Mme McGraw : Oui, tout à
fait. Avec plaisir. Alors, on propose d'insérer dans l'article 8.1 tel que
proposé par l'article 3 du projet de loi après «au besoin», et de deux, l'ajout
deux, «aide à la capacité».
Donc, cette loi est modifiée par
l'insertion après l'article huit du suivant :
«8.1. Le ministre mène des actions
concertées ou y participe, en collaboration avec les autres ministères ou
organismes concernés, afin d'offrir des services continus et intégrés
permettant de répondre aux besoins et à la capacité des personnes, etc.
La Présidente (Mme D'Amours) : Commentaires,
Mme la ministre?
Mme Rouleau : Bien, en fait,
ce que je comprends, là, c'est qu'on veut ajouter un mot, sauf que les besoins
de la personne, en fait les besoins, découlent de la capacité de la personne.
Alors, c'est déjà inclus, Mme la Présidente, dans le temps, dans la loi, une
loi qui sert à briser les silos, une loi qui sert à éviter les chevauchements,
à éviter les dédoublements. Alors, je pense que c'est rejeté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de D'Arcy-McGee.
Mme McGraw : Je suis
désaccord avec la... Je suis en désaccord avec la ministre, besoins et
capacités sont deux choses différentes. La capacité, c'est l'habilité de la
personne à pouvoir faire certaines choses, intégrer certaines.
Bien, en fait, je voudrais faire une
petite liste des différentes réalités qu'engendre le mot «capacité». Donc, il y
a la capacité de travailler... du travail qu'une personne peut accomplir. Il y
a la capacité physique — excusez-moi — de pouvoir
travailler un certain temps. Il y a la capacité d'une personne de pouvoir comprendre
ce qui leur est demandé. Il y a la capacité d'une personne de travailler dans
certains environnements. Il y a la capacité mentale d'accomplir certaines
tâches ou intégrer certains environnements. Et on l'a entendu énormément lors
des consultations, la question de la capacité des personnes, et c'est quelque
chose qui se discute tout le temps quand on parle dans les communautés, on
parle de personnes avec un handicap physique ou neurodivergent.
Capacité et besoin, moi, surtout en étant
la maman d'un petit garçon sur le spectre l'autisme, je ne vois pas du tout que
les que... que ces mots veulent dire la même chose. Mon fils a besoin que je
l'accompagne pour s'habiller le matin, mais ses capacités vont au-delà de juste
le simple exercice de faire une action physique.
Et comme je viens de vous énumérer un,
deux, trois, quatre, cinq, je vous ai énuméré fait cinq différentes réalités de
la capacité qui peuvent être mesurées, disons, de la capacité d'une personne.
Donc, moi, je ne suis pas d'accord que besoin... Moi, je pense que le besoin et
capacité, c'est une complémentarité qu'il se donne, mais je ne vois pas... je
ne les vois pas en tant que synonymes. Et comme je l'ai dit lors des
consultations, on a entendu énormément la question de la capacité, et encore
une fois chacun, surtout quand on est sur le spectre l'autisme ou une
déficience intellectuelle, les capacités de chacun doivent vraiment se faire
évaluer... évaluer de façon individuelle.
Donc, si on parle juste de besoin, moi,
j'ai peur qu'on manque une partie de la réalité de ces personnes-là. Et encore
une fois, si on veut qu'ils réussissent dans l'insertion dans le... de leur
emploi, d'un emploi, moi, je pense qu'il est primordial...
Mme Prass :... que le mot
«capacité» se retrouve là dedans parce qu'eux aussi, ils vont... Quand ils vont
voir le mot capacité, ils vont comprendre qu'on va prendre en considération
vraiment leur réalité plutôt que juste leurs besoins, encore une fois, qui ne
sont pas synonymes. Ils sont en complément l'un, l'autre.
Donc, moi, je pense que cet amendement est
d'autant plus important, comme j'ai dit, avec tout ce qu'on a lu dans les
mémoires et lors des... ce qu'on a entendu lors des consultations, et c'est en
général dans la communauté de personnes à handicap, c'est le mot dont on parle
de plus en plus, la capacité de la personne, pas l'inhabileté de la personne,
pas le handicap de la personne, mais la capacité de la personne qui encore une
fois, doit être déterminée, mesurée par une personne qui a une formation pour
comprendre justement quelles pourraient être les capacités d'une personne dans
une certaine situation. Donc. Moi je demanderais à la ministre de revoir sa
décision parce que je pense que ça serait très apprécié, puis ça ajouterait un
élément de compréhension pour la personne qui va dire : O.K. Moi, je
comprends, ils ne veulent pas seulement voir c'est quoi mes besoins, mais ils
veulent comprendre c'est quoi mes capacités. Donc moi, je vous encourage à y
penser de nouveau parce que je pense que ça démontre aussi une compréhension de
la réalité de certaines personnes vulnérables, et ça démontrerait une ouverture
de la part du gouvernement, de vouloir comprendre c'est quoi leur réalité et
leurs capacités dans cette situation-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Merci beaucoup,
Mme la députée, pour toutes ces... ces explications. Mais je demeure convaincue
que le plan de services vient répondre à des besoins. Il y aura le plan
d'accompagnement qui pourra tenir compte des capacités. Là, on est dans un plan
de services pour faire en sorte de répondre à des besoins. On n'est pas dans
la... on n'est pas dans la capacité, on est dans les besoins de cette personne.
Alors, on va avoir l'occasion de reparler des capacités dans des articles qui
viendront un peu plus tard, lorsqu'on parlera de plan d'accompagnement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Continuez,
madame.
Mme Prass : Encore une fois,
besoin ne peut pas être uniquement la façon dont on adresse les réalités d'une
personne. Il faut... et je comprends qu'il va y avoir le plan individualisé qui
va se faire par la suite. Mais déjà, depuis le début, pour un plan de services,
pour comprendre c'est quoi les besoins de la personne, on a besoin de
comprendre c'est quoi leurs capacités. Donc, je trouve que c'est un petit
peu... Tu sais, l'un ne va pas sans l'autre. Pour pouvoir vraiment évaluer et
comprendre les besoins, on a besoin de comprendre les capacités, donc quels
sont les besoins de cette personne-là. Et je peux comprendre que ça va venir
plus tard, mais moi, je pense que... moi, je pense qu'il serait important de
l'insérer ici également, parce que déjà depuis le début, ça vous... ça démontre
à la personne qu'on veut vraiment comprendre leur réalité et prendre leurs
capacités en considération en élaborant leur... leur plan. Donc moi, je vois
difficilement pourquoi il y aurait une hésitation à ajouter ce mot-là quand ça
montre que vraiment on veut répondre aux réalités de la personne et donc
évaluer leurs besoins en évaluant leurs capacités. Donc, j'ai de la difficulté
à comprendre l'hésitation pour ajouter ce mot qui démontre une ouverture envers
la personne et leur réalité.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Sherbrooke, commentaire?
Mme Labrie : Oui. Mais je
pense... Là, c'est sûr que, comme on ne fonctionne pas par bloc, peut-être ça
rend ça un peu plus compliqué. Mais pour le bénéfice de tout le monde, est-ce
que la ministre pourrait nous donner des exemples concrets de qu'est ce qui
figure dans un plan de services versus un plan d'intervention pour qu'on puisse
distinguer vraiment la différence entre les deux?
• (12 h 20) •
Mme Rouleau : Bon, d'abord,
les besoins découlent des capacités déjà en partant. Et à l'article 18
qu'on verra un peu plus tard où on parle des plans d'intervention, il est
établi... il était indiqué que d'évaluer la situation... C'est ici, là?
«D'évaluer la situation d'un prestataire afin que ce plan d'intervention
individualisé réponde adéquatement à ses besoins.» Dans le plan d'intervention,
on tient compte des... des... on tient compte des besoins de la personne pour
l'accompagner. Là, on n'est pas dans le... le... On n'est pas dans le... le
plan d'accompagnement, on est dans un plan de services pour...
Mme Rouleau : ...du transport
pour faciliter l'accession à une... à un plan de formation, là, en études
collégiales ou... Ce sont des plans de services plus, plus concrets pour
répondre aux besoins. On n'est pas dans la capacité, on est dans le besoin
évidemment qui... qui découle de ses capacités, mais il y a comme une
redondance, là, qui n'est pas nécessaire parce qu'on va reparler des capacités
à l'article 18.
Mme Labrie : Donc, dans un
plan de services, il y a des éléments comme l'inscription à un établissement
d'enseignement, le transport. Puis, dans un plan d'accompagnement, quel genre
de choses s'y trouve.
Mme Rouleau : Bien là, dans
l'accompagnement, on parle de l'aspect plus individuel de santé de la personne,
les enjeux de santé mentale, psychosociaux. La personne a des problèmes de
dépendance ou alors... et là, on va l'accompagner dans toute la démarche pour
l'aider à sortir de cette situation-là.
Mme Labrie : Bien, l'exemple
de la ministre est intéressant pour la dépendance, parce que moi, j'aurais eu
tendance à penser que c'était dans un plan de services, s'il y avait, par
exemple, à avoir des services de désintoxication. Ça fait que moi, là, ça crée
une confusion pour moi de savoir qu'est-ce qui va dans un plan d'intervention,
qu'est ce qui est dans un plan de services parce qu'il y a des ressources, par
exemple en santé mentale, en dépendance qui sont offertes par le système de
santé et de services sociaux. Ça fait que je suis... je suis...
Mme Rouleau : Le plan de
services, c'est de la logistique. C'est de permettre à la personne de se
déplacer, d'aller d'un endroit à l'autre, de... C'est vraiment de la logistique
entre plusieurs ministères et organisations. Le plan d'accompagnement, il aide
une personne qui est très éloignée, qui vit de l'isolement, la sortir de cette
situation-là par différents... différentes actions, différents programmes par...
par une... par un plan personnalisé. Elle a des... elle a des enjeux, puis
j'imagine que la personne qui a un plan d'accompagnement pourrait avoir un plan
de services.
Mme Labrie : Mais les deux ne
viennent pas nécessairement l'un avec l'autre.
Mme Rouleau : Pas
nécessairement.
Mme Labrie : O.K. Bien...
Mme Rouleau : Mais la même
personne pourrait avoir un plan d'accompagnement et un plan de services.
Mme Labrie : Oui, je
comprends. Bien, à ce moment-là, moi, je pense que ça reste pertinent d'ajouter
la notion de capacité parce que vous... la ministre a donné l'exemple du
transport, bon, bien, ça dépend justement des capacités d'une personne à se
déplacer. Donc, sur la base...
Mme Rouleau : Parce que les
besoins découlent, c'est déjà inclus, c'est...
Mme Labrie : Bien, si ça
l'inclut déjà, puis que pour elle ça constitue une répétition, à ce moment-là,
ce n'est pas contraire à sa volonté. Mais moi, je pense que ça vaut la peine de
le préciser, quitte à ce que pour certaines personnes, ça ait l'air d'une
répétition. À ce moment-là, ça ne vient pas en contradiction avec ce que la
ministre voulait son intention, mais ça vient clarifier certaines choses. Moi,
je pense que ça vaut la peine.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres commentaires? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Mais je... ma...
O.K. Oui...
Une voix : Pardon!
Mme McGraw : Donc oui, donc justement,
je suis avec ma collègue et mes collègues, ça n'enlève rien de le préciser,
puis je pense que c'est... le transport, c'est un exemple. Il y a peut-être un
besoin de transport, mais selon les capacités physiques et autres de la
personne, si on parle de logistique, les détails sont très importants, donc les
capacités vont informer le plan de services qu'on espère aussi va être
individualisé. Donc, si on prévoit un plan de services, pas juste un plan
d'accompagnement individualisé, mais plan de services individualisé, les
capacités, c'est... ce n'est pas identique, c'est complémentaire et ça ajoute
des informations très pertinentes. Sinon, c'est... on dirait que c'est comme
incomplet.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Notre... D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
Mme Prass : La ministre, lors
de son intervention pour le plan de services, a mentionné, par exemple, un
retour à l'école. S'il y a vraiment un enjeu ou une catégorie de services
qu'une personne, c'est selon leurs capacités, par exemple, c'est leur niveau
d'apprentissage de pouvoir aller à l'école, que ce soit au secondaire, au
cégep, à l'université et de devoir comprendre. Alors, encore une fois, ton
besoin, c'est de recevoir une éducation, mais quelles sont tes capacités pour
vraiment pouvoir le faire et dans quel environnement? Donc, je pense qu'avec
les exemples que vous avez donnés, puis même chose pour le transport, moi, mon
fils a besoin de transport, mais quand vous connaissez ses capacités, moi, mon
fils a besoin d'un transport où il y a une ceinture de sécurité spéciale. Ce
n'est pas juste du transport adapté, il faut... Encore une fois, c'est parce
que j'ai besoin de...
Mme Prass : ...retourner à
l'école pour mieux faire sur le marché du travail, mais je suis une personne
autiste qui n'arrive pas à prendre des notes, je suis une personne autiste qui
n'a pas la capacité de... mon prof parle trop vite, quoi que ce soit. Donc,
avec les exemples que vous avez mentionnés, qui vont se retrouver dans le plan
de services, et, comme vous avez dit vous-même, «capacité», dans le plan
d'intervention, ça se retrouve là, donc ce n'est pas question de confusion
ou... ni de dédoublement, c'est vraiment dire : Il faut prendre la réalité
de chacun en compte, parce que «besoin», c'est très général. O.K. J'ai faim,
j'ai besoin de manger, mais est-ce que j'ai des allergies, par exemple? Est-ce
que j'ai des enjeux? Donc, se limiter uniquement au mot «besoin», je trouve que
ça fait en sorte qu'il y a énormément d'autres réalités et éléments qui ne sont
pas pris en considération pour vraiment pouvoir bien répondre et offrir les
bons services à ces personnes.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres
commentaires sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre commentaire, je vais
mettre aux voix l'amendement de la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce que
l'amendement est adopté ou rejeté?
Des voix : Rejeté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Rejeté.
Donc, nous revenons à l'article 3. Oui, d'autres commentaires?
Mme McGraw : ...à proposer
pour l'article 3 avant de l'adopter.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je suspends les travaux une minute.
(Suspension de la séance à 12 h 27)
(Reprise à 12 h 28)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux pour signaler que nous remercions... que je vous remercie
pour votre contribution.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 25
)
La Présidente (Mme D'Amours) : La
Commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi n° 71, Loi visant à améliorer
l'accompagnement des personnes et à simplifier le régime d'assistance sociale.
Lors de notre suspension de nos travaux.
Nous avions une collègue, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, qui nous
faisait part d'un...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...d'un
amendement. Donc, nous en avons pris connaissance. Je vous demanderais, s'il
vous plaît, à ce moment-ci, de nous en faire la lecture.
Mme McGraw : Mais, merci, Mme
la Présidente. L'article 8.1, tel que proposé par l'article 3 du
projet de loi est... serait modifié : 1° par l'insertion dans le premier
alinéa, après «continus,» donc de «individualisés»;
2° par l'insertion à la deuxième alinéa,
après «de services» de «individualisés».
Et l'article modifié se lirait
ainsi :
Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 8, du suivant :
«8.1 Le ministre — le ministre
ou la ministre — mène des actions concertées ou y participent en
collaboration avec les autres ministères et organismes concernés, afin d'offrir
des services continus, individualisés et intégrés permettant de répondre aux
besoins des personnes.
«Avec le consentement de la personne
concernée, ces actions concertées peuvent être mises en œuvre notamment dans le
cadre d'un plan de services individualisé.»
La Présidente (Mme D'Amours) : Commentaires
sur l'amendement? Il n'y a pas de commentaire. Mme la ministre.
Mme Rouleau : Oui, je me
permettrai de dire qu'on est en train d'un peu de divaguer, là, de ce que doit
être... de ce qui est proposé dans cette... dans ce règlement. On parle d'un règlement
qui vise à mieux coordonner, qui vise à briser les silos, qui vise à éviter les
chevauchements, qui vise à ce que les... les personnes ne puissent... puissent
donner leurs informations une fois pour que l'ensemble des... des ministères et
organismes gouvernementaux puissent... en fait que la personne n'ait pas à se
répéter. Puis là, on s'en va dans... En fait, on sort du principe de la loi
qui... qui s'applique aux ménages parce que c'est... ça ne... c'est au-delà
d'un... ce n'est pas un service individualisé, c'est un plan de services pour
permettre évidemment à une personne qui fait partie d'un ménage, selon la loi,
à obtenir ce plan de service. On a beaucoup parlé d'individualisation,
d'individualiser l'accompagnement. Ça, on va voir ça un petit peu plus loin,
là, un peu plus tard, dans les... l'article 18, je pense.
Une voix : Oui.
Mme Rouleau : L'article 18.
Mais là, ici, c'est un plan de services qui, selon la loi... et on se base sur
la loi de l'OPHQ aussi, là, qui... qui offre ces... ce plan de services pour
parler de plein de services pour le ménage. Là, vous entrez dans une
spécification qui peut être... qui pourrait être mal interprétée. Alors...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée.
Mme McGraw : Pour bien
confirmer ma compréhension, est-ce que l'idée, c'est quand même que ces plans
de services seraient individualisés? Parce que c'était ma compréhension. Mais
est-ce que c'est bien le cas que ces plans de services seraient quand même...
individualisés?
Mme Rouleau : C'est pour une
personne, on s'adresse à une personne qui fait partie d'un ménage.
Mme McGraw : Donc,
l'intention du... de l'amendement, ça serait de concrétiser ou de faire... pour
être plus explicite, de décrire le... le caractère individualisé de ce plan.
C'est parce que, si je comprends bien, ça décrit de façon plus précise
l'approche individualisée. Puis, si je comprends bien, c'est une des... mais
c'est un des atouts du projet de loi. C'est quand même quelque chose que la
ministre a souvent souligné, c'est que cette approche est individualisée, alors
j'en profitais pour souligner de façon plus explicite la nature du plan de
services.
• (16 h 30) •
Mme Rouleau : Mais c'est fait
pour répondre aux besoins des personnes. Alors déjà, là, c'est pour la
personne.
Mme McGraw : Je... je...
Avant de céder la parole à ma collègue, si elle a des ajouts, je prends cette
opportunité juste souligner quelques points que...
16 h 30 (version non révisée)
Mme McGraw : ...qui ont été
quand même soulevés pendant les consultations, parce qu'on a entendu beaucoup
de groupes sur plusieurs articles et... dont l'article 3. Alors, ils ont
souligné le besoin... Et je ne sais pas, peut-être, Mme la Présidente, je vous
suis, mais j'aimerais quand même parler de... souligner quelques points qui ont
été soulevés. Je ne sais pas... Ce n'est pas nécessairement dans le contexte de
cet amendement, mais je veux m'assurer d'avoir la chance de...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...c'est
que, pour arriver à cet amendement-là... vous voulez soulever ce qui vous a
amenée à cet amendement. Donc, les commentaires peuvent être à propos même si
ça ne touche pas les mots exacts de votre amendement.
Mme McGraw : Bien, c'est... c'est
plus que je viens d'expliquer pourquoi ou j'ai essayé... j'ai tenté d'expliquer
pourquoi j'avais fait cet amendement-là, mais il y a quand même d'autres enjeux
liés à l'article 3, et je voulais juste m'assurer de pouvoir avoir l'opportunité...
les groupes qui sont venus nous voir, on a aussi rencontré des groupes, on a
aussi reçu des mémoires qui n'ont pas été présentés, pour trouver le bon
moment, Mme la Présidente, pour souligner quelques points.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
comprends. Donc, même si... étant donné que la ministre a eu l'amabilité d'accepter
de réouvrir l'article 3, moi, je vous suggère de terminer l'amendement,
et, si vous avez d'autres commentaires sur l'article 3, on est toujours en
travail sur cet article, donc je vous inviterais à terminer avec l'amendement,
et on pourra poursuivre la discussion sur l'article sans problème. Est-ce qu'il
y a des commentaires sur l'amendement? Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Oui. Je voudrais
juste un petit éclaircissement... quelque chose que la ministre a dit, parce
que, là, je comprends, de toute façon, les plans de services sont basés sur les
besoins, comme l'article précédent faisait mention aux besoins de la personne.
Donc, on comprend que leurs besoins sont évalués de façon individuelle. Donc,
leur plan de services est individualisé à leurs besoins. Et là la ministre a
dit que ça pourrait être mal traité si c'est le cas qu'on met le mot «individualisé».
Mme Rouleau : Interprété.
Mme Prass : Pardon?
Mme Rouleau : Interprété.
Mme Prass : Interprété. Bien,
c'est ça. Je voudrais juste savoir pourquoi vous pensez que ça pourrait être
interprété... mal interprété si... Parce qu'encore une fois, le plan de
services, comme le mentionne l'article précédent, est pour les services...
basé... les services dont la personne a besoin. Donc, on se comprend qu'on va
évaluer la situation de la personne pour comprendre, que ça soit le transport,
l'éducation ou quoi que ce soit, la meilleure façon de leur offrir les
services. Donc, je ne comprends pas pourquoi il y a tellement d'hésitation à
inclure le mot «individualisé» parce que le plan de services se fait basé sur
les besoins particuliers de cet individu-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Le plan de
services est fait pour répondre aux besoins, aux besoins de la personne,
personne qui peut avoir des enfants. C'est donc au niveau de... au niveau
des... du ménage que le service, le plan de services peut être offert. Alors,
il y a... on pourrait exclure des personnes si c'était... si on va un petit peu
trop centré, là, sur... si on veut utiliser un langage trop, comment dire...
Des voix : ...
Mme Rouleau : ...pointu,
restrictif.
Mme Prass : Donc, si je
comprends bien, les plans de services, on prend la personne en question, mais
on...
Mme Rouleau : Une loi qui
existe, là.
Mme Prass : Mais on regarde
leur situation familiale pour... Donc, l'offre... le plan de services peut
inclure des services au-delà de la personne elle-même, mais pour son entourage
aussi, c'est ça que je comprends? Parce que c'est ça que vous venez... c'est ça
que j'ai compris de votre explication.
Mme Rouleau : Si elle a un
enfant à charge, ça peut être... ça peut être inclus dans le plan de services.
Le... La... Les besoins sont évalués. La... Les... La personne donne toutes les
informations qu'il... qu'elle veut bien donner. Un plan de services est établi,
alors, en fonction de ses besoins et des... en fait, du ménage, si... si, par
exemple, la personne a un enfant à charge, un enfant à charge pour... bon, et
qui comporte certaines difficultés, donc...
Mme Prass : O.K. Donc, c'est...
le plan de services ne s'adresse pas nécessairement uniquement à l'individu en
question. Dépendamment de leur contexte familial, par exemple...
Mme Rouleau : Il peut y avoir
un contexte.
Mme Prass : ...ça s'étend
aussi aux différents membres de la famille. O.K. Mais, encore une fois... O.K.
Peut-être le mot...
Mme Prass : ...«individualiser»
n'est pas le bon ici, mais je pense que, comme j'ai dit l'article précédent et
comme vous venez de le mentionner, le plan de service est pour répondre aux
besoins de la personne et, dans certains cas, leur entourage. Donc, c'est
juste... Je pense, l'esprit de ce que ma collègue a voulu proposer, c'est qu'il
n'y ait pas de copié collé, qu'on prenne la situation de chaque personne, de
chaque famille en considération quand on élabore leur plan de service pour
répondre à leurs différents besoins. Ça fait que je pense que ce que ma
collègue a voulu faire en proposant cet amendement-là, c'est juste s'assurer
qu'encore une fois on prend la réalité de la personne en considération plutôt
que... plutôt qu'une offre de service de façon générale, disons.
Mme Rouleau : Je peux faire
une proposition?
La Présidente (Mme D'Amours) : Sur
l'amendement?
Mme Rouleau : Sur cet
amendement. Est-ce que ça se fait?
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais suspendre les travaux quelques minutes, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 56
)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux et, Mme la ministre, vous avez une proposition à faire.
Donc, après discussion avec vos collègues, pouvez-vous nous lire le
sous-amendement que vous déposez?
Mme Rouleau : À
l'article 3, dans l'amendement proposé à l'article 3 du projet de
loi, tel qu'amendé :
1° remplacer... le premier alinéa
«individualisés» par «adaptés»; et supprimer...
2° supprimer, dans le deuxième alinéa,
«individualisés».
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Est-ce qu'il y a des commentaires sur le sous-amendement de la ministre? S'il
n'y a pas de commentaire, est-ce que le sous-amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Mme Rouleau : Adopté
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
revenons à l'amendement tel que sous-amendé. Est-ce qu'il y a des commentaires?
Est-ce que l'amendement, tel que sous-amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Nous revenons à l'article 3 tel qu'amendé. Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Alors, on avait un autre amendement à déposer concernant
l'article 3, et ça concerne... je veux juste m'assurer d'avoir le bon.
Une voix : ...la formation.
Mme McGraw : Oui, c'est... ça
concerne la formation, pardon, la formation. Alors, justement. Bien, je... on
fait le tour, oui.
La Présidente (Mme D'Amours) :
...déposer l'amendement au Greffier... sur le... sur Greffier. Est-ce que ça a
été fait?
Une voix : On l'a envoyé.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Vous venez de l'envoyer. Je vais suspendre les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 58
)
17 h (version non révisée)
(Reprise à 17 h 01)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, et je demanderais à la députée de Notre-Dame-de-Grâce de
bien vouloir nous lire son amendement, s'il vous plaît.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Alors, on propose d'insérer, après l'article 8.1... bien, c'est-à-dire
d'introduire par l'article 3 du projet de loi, l'article suivant... donc
un 8.2 :
«Le ou la ministre est chargé de veiller à
ce que la formation continue proposée au sein des ministères et organismes soit
adaptée à la réalité et aux besoins des personnes visées par la présente loi.»
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Commentaire de votre amendement?
Mme McGraw : Oui, peut-être
pour donner un peu de contexte. On s'est inspirés du projet de loi n° 145
sur la...
Une voix : ...
Mme McGraw : ...pardon, pas
145, le projet de loi n° 45 sur le... sur la sécurité dans le sport, les
loisirs, plein air et où on a des camps de jour, par exemple, avec des
clientèles diversifiées, dont des enfants ou des personnes avec... qui vivent
avec des handicaps, ou des déficiences intellectuelles, ou autres. Alors, l'idée,
c'est que... Et, avec cette... ce projet de loi n° 45, on a... on a
proposé... on a créé ce protecteur de l'intégrité. L'idée, c'est vraiment de
bien répondre à une... à ces clientèles avec des besoins particuliers et que
les gens... c'est-à-dire que les... cette formation continue permettrait aux
gens, dans ce cas-là ça serait des prestataires, des bénéficiaires, de se
sentir compris, de se sentir en confiance, parce que, sinon, on peut avoir ces
populations plus vulnérables qui auraient peut-être tendance à abandonner... à
se décourager ou même abandonner. Donc, la formation continue qu'on propose au
sein des ministères et organismes, que ça soit vraiment adapté à la réalité et
aux besoins des personnes qui sont visées par la présente loi.
Puis on a entendu beaucoup de groupes qui
parlaient de : Il faut être très, très clair dans ce projet de loi. Il y a
plusieurs groupes, dont la Société québécoise pour les déficiences
intellectuelles, entre autres, qui ont vraiment souligné l'importance de bien
définir, de bien cibler... que les personnes ciblées, qu'on les définisse, que
ça soit très clair, mais aussi de s'adapter à leurs réalités pour justement
avoir ce lien de confiance et une approche plus humaine. Donc, c'est le... l'intention
derrière cet amendement qu'on propose.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre, commentaire sur l'amendement?
Mme Rouleau : Oui. Ce que je
comprends, c'est que cette... ce projet de loi n° 45 ou cette loi 45
s'adresse particulièrement à des organismes tiers, pas le gouvernement, et le
gouvernement s'assure de bien former ses employés. Et, si on a une loi et qu'on
fait en sorte qu'on veut humaniser cette loi et qu'on amène certains... une
modernisation, on veut évidemment s'assurer que les employés soient bien
formés. Il y a une formation continue au gouvernement, au ministère. Et, si on
veut atteindre nos objectifs, les employés, bien sûr, doivent être bien formés,
et c'est de nature éminemment administrative.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée? Oui, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Oui. Quand vous
parlez des formations continues...
Mme Prass : ...est-ce que
c'est des formations sur les programmes et sur l'offre de services du
gouvernement ou si c'est des formations pour sensibiliser les personnes, les
agents dans leur relation avec les prestataires?
Mme Rouleau : C'est une
formation continue sur les programmes qui sont mis en place, sur les clientèles
qu'on doit desservir, sur les besoins auxquels on doit répondre. Alors, il y a
une formation continue qui est... qui est donnée.
Mme Prass : Donc, pour une
personne avec un trouble de santé mentale, sur le spectre de l'autisme, une
déficience intellectuelle, c'est des choses qu'on ne peut pas généraliser.
Donc, de donner une formation... On va vous donner une formation sur des
personnes itinérantes, des personnes avec des troubles de santé mentale, des
personnes qui sont neurodivergentes, bien, premièrement, qui ou quelle est la
source de ces formations-là? L'information qui est justement donnée lors de ces
formations est tirée d'où et décidée par qui et proposée par... La formation
provient d'où?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Je vais répondre
très prochainement, là. Je connais... je ne les connais pas leur nom.
Une voix : ...
Mme Rouleau : C'est la loi
qui... la Loi favorisant le développement et la reconnaissance des compétences
de la main-d'œuvre qui lie... la loi lie le gouvernement, ses ministères et des
organismes mandataires de l'État, et il en est de même de l'Assemblée
nationale, d'un organisme dont celle-ci nomme les membres ou d'une personne
qu'elle désigne pour exercer une fonction. Et la présente loi a pour objet d'améliorer
la qualification et les compétences de la main-d'œuvre actuelle et future par
l'investissement dans la formation, par l'action concertée des partenaires
patronaux, syndicaux et communautaires et des milieux de l'enseignement, ainsi
que par le développement des modes de formation et la reconnaissance des
compétences des travailleurs en emploi. Elle...
Une voix : C'est la loi qui
s'occupe de ça.
Mme Rouleau : Alors, une loi
oblige à la... à donner la formation adéquate.
• (17 h 10) •
Mme Prass : Justement, on
parlait ce matin de la capacité de chaque individu, et je vous ramène de
l'expérience qui m'a été partagée d'une maman qui accompagne justement son fils
dans ce processus. Et quand ils ont rencontré l'agent, comme je l'ai dit, elle,
elle a dû l'accompagner parce que l'agent posait des questions à son fils, mais
son fils, clairement, ne comprenait pas la nature des questions. Alors, elle,
sa perception, c'était que l'agent qui était en train de travailler avec son
fils, le prestataire ne... n'avait pas les connaissances de comprendre que
poser une question... poser la question à son fils qui n'avait pas la capacité
de comprendre. Tu sais, quand on connaît une personne qui sur le spectre de
l'autisme, quand on connaît des personnes sur le spectre de l'autisme, par
exemple, on comprend c'est quoi encore... encore une fois, leurs capacités.
Est-ce qu'ils ont de la difficulté à comprendre certaines choses? Est-ce qu'il
faut leur expliquer les choses d'une certaine façon qui... qui rentre dans
leurs capacités, leur réalité de comprendre? Est-ce qu'il faut être patient
puis vraiment expliquer à la personne parce qu'aussi avec les personnes qui ont
une neurodivergence, bien, on entend beaucoup, tu sais, ils vont se faire
donner des directives ou des instructions, mais ils ne vont pas comprendre
comment vraiment mettre ça en œuvre donc, et on l'a entendu, comme ma collègue
l'a dit, lors des consultations des groupes concernés, qu'il y a une grande
crainte que, sans avoir une formation particulier. Une personne qui sort d'une
situation d'itinérance qui est dans la rue depuis des années, il y a une
question de réadaptation... réadaptation... réadaptation sociale qui doit se
faire. Et est-ce que la personne qui est assise à côté d'eux va comprendre tout
le vécu qu'ils ont pu avoir pour... Si tu... disons que tu as été en situation
d'itinérance pendant plusieurs années, tu peux perdre certaines capacités. Ce
n'est pas évident, du jour au lendemain, qu'on va pouvoir les reprendre. Donc,
c'est vraiment pour comprendre qu'il y a différentes situations. On parle de
différents groupes vulnérables, des femmes victimes de violence, des personnes
qui ont un handicap physique, neurodivergent, des personnes qui sortent de
l'itinérance, des personnes qui ont des troubles de santé mentale, et on ne
peut pas... on ne peut pas faire une formation pour toutes ces différentes
réalités là parce que chacun a ses...
Mme Prass : ...et pour bien
comprendre comment agir pour que ces personnes-là se sentent à l'aise et
puissent vraiment participer de leur propre gré au processus, il faut prendre
en considération leur réalité. Alors, comme j'ai dit, là, on parle de
différents groupes vulnérables, donc faire une formation pour tous ces
groupes-là, je ne pense pas que ça ferait en sorte de donner à l'agent les
capacités, cette fois à eux, de pouvoir vraiment comprendre et savoir comment
ils doivent agir avec la personne pour s'assurer que la personne participe et
comprenne plus que n'importe où, comprenne ce qui leur est demandé et comprenne
le processus. Donc, c'est ce qu'on vous demande avec cet amendement-là, c'est
vraiment de prendre en considération les réalités des différents groupes qui
pourraient passer comme prestataires puis avoir des agents qui sont formés
spécifiquement. Donc, c'est une personne que, bien, eux, toutes les personnes,
les prestataires qu.ils vont voir, c'est des gens qui ont des troubles de santé
mentale parce qu'ils ont été formés spécifiquement avec une formation en santé
mentale. Même chose pour personne qui sort de l'itinérance. Même chose pour
personne avec un handicap, donc je pense... et comme je... comme on a dit, on
l'a entendu puis on l'a lu dans plusieurs mémoires, qu'il y a une crainte qu'on
va avoir une formation un petit peu générale sur tous les états, mais les
agents n'auront pas les outils pour vraiment comprendre, comment faire pour
travailler avec cette personne-là, pour... pour qu'il soit vraiment inclus dans
le processus.
Comme je l'ai dit, la maman à qui j'ai
parlé, qui dit : Bien, écoute-moi, mon fils donc ne comprenait pas la
nature des questions, puis l'agent ne faisait rien que dire... bien, que
répéter la question de la même façon qu'ils ne sont arrivés nulle part. C'est
parce que la maman était là puis elle, elle comprend les réalités de son fils,
puis elle a pu lui expliquer les choses d'une certaine façon pour qu'il soit
impliqué dans le processus plutôt qu'avoir, tu sais, on mette la personne dans
une catégorie. Ah! bien, toi, tu fais partie d'une population vulnérable. J'ai
eu une sensibilisation pour les... une formation plutôt pour les... pour les
populations vulnérables, et donc c'est une formation un petit peu superficielle
dans ce sens-là, parce que c'est quasiment généralisé. Et nous, ce qu'on parle,
c'est vraiment les différents groupes vulnérables et comprendre leur réalité
pour pouvoir bien les accompagner dans la démarche. Donc, je pense que c'était
le sens de l'amendement de ma collègue, et ça fait écho à ce qu'on a entendu
plusieurs fois lors des consultations.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : C'est que des
formations sont données aux employés en santé mentale, en intervention, en
situation d'agressivité, de menaces d'intimidation, dépistage des situations de
violence conjugale. Introduction aux réalités autochtones. Offrir un
accompagnement adapté favorisant l'intégration en emploi d'une personne
handicapée. Ce sont des formations qui sont données. C'est une combinaison
d'enseignement théorique et d'enseignement pratique aux personnes pour qu'elles
puissent répondre adéquatement. Alors, la formation, elle existe, là, déjà.
Mme Prass : Excusez-moi, je
ne vous ai pas entendu parler de santé mentale? À moins que je ne l'aie
manquée.
Mme Rouleau : Oui, c'est la
première, santé mentale.
Mme Prass : Puis personnes
handicapées, encore une fois, on... je ne sais pas à quel point c'est... c'est
étoffé, mais un handicap physique puis un...
Mme Rouleau : ...
Mme Prass : Oui, je vous en
prie.
Mme Rouleau : Ce sont des
exemples des formations.
Mme Prass : Oui, non, je
comprends ça, mais je dis — excusez-moi — la formation pour
les personnes handicapées. Tu sais, il y a une grande distinction entre une
personne qui a un handicap physique par exemple, et une personne qui a un
handicap neurodivergent. Est-ce que les deux sont couverts? Puis ce que je
comprends, tu sais, c'est des capsules, ça peut se faire de façon générale.
Mais quand on parle de certaines clientèles vulnérables dont j'ai énuméré, qui
ont des spécificités à leur réalité, et je répète mon exemple du jeune homme
qui est sur le spectre de l'autisme, qui est allé voir son agent, qui ne
comprenait pas la nature des questions et l'agent ne faisait que répéter la
question, tandis que, comme je l'ai dit, sa maman a été là et elle a compris
comment lui expliquer. Donc, si ces formations existent déjà, puis là on a un
cas où un jeune homme sur le spectre de l'autisme est allé échanger avec son agent,
puis son agent lui a juste répété la même chose, mais clairement le jeune ne
comprenait pas, clairement cette personne n'avait pas une formation assez
pointue pour comprendre. Mais peut-être, s'il ne comprend pas, tu sais que je
repose la question d'une autre façon ou que je... tu sais, essayer de
comprendre leur réalité pour qu'il soit vraiment inclus dans le processus.
Donc, j'ai l'impression que c'est...
Mme Prass : ...plus une
formation générale, superficielle, si on touche à chaque groupe pendant un 30
minutes. Mais je vous dirai que les situations de... plusieurs de ces
situations sont très particulières, sont très spécifiques, que ça prend plus...
ça prendrait vraiment des agents qui sont formés pour répondre... comme par
exemple, un agent qui se fait former en santé mentale, disons, vraiment une
formation plus plus accrue. Donc, cette personne-là, quand il y a des
prestataires qui arrivent avec des enjeux de santé mentale, bien, c'est cette
personne-là qui leur est attribuée parce que cette personne-là aurait reçu une
formation plus poussée pour vraiment comprendre comment agir avec la personne,
pour qu'il soit vraiment inclus dans le processus, plutôt que... tu sais, quand
on ne comprend pas vraiment puis on sent de la pression parce que la question
nous est répétée et répétée, à un moment donné on va dire oui... pas
nécessairement comprendre ce que ça veut dire.
Mme Rouleau : Là, je ramène à
l'article... cet article 3, là, c'est pour le plan de... comment on
l'appelle, le plan de services. Plus tard, il y aura l'accompagnement,
éventuellement nous arriverons à l'accompagnement, où je pense que nous allons
répondre à toutes ces questions. Mais déjà, en partant, les employés ont une
formation en continu de...
Une voix : ...
Mme Rouleau : ...au départ,
une formation de six semaines et ensuite des formations qui s'ajoutent en santé
mentale, en intervention en situation d'agressivité, en violence conjugale,
avec l'intégration des... en emploi d'une personne handicapée, etc., là. Et ça,
ce sont des exemples.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme Rouleau : Là, on est dans
le plan de services toujours, là, pour partir d'un point A pour aller au point
B.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Donc, si je... On est encore au point A, le plan de services. Mais,
si je comprends bien, il y a déjà cette formation, effectivement, cette
formation continue. Donc, la suggestion, avec cet amendement-là, c'est de
souligner, effectivement, c'est de souligner ce qui... encore une fois, de
confirmer pas juste les intentions, mais les faits, puis aussi d'être plus
explicite. Ça serait pour bonifier cet article, puisque ça se fait déjà, si je
comprends bien.
Mme Rouleau : ...et, lorsque
les gens viennent travailler au ministère pour être agents en prestations
sociales, c'est-à-dire... c'est-à-dire agents d'aide financière, agents d'aide
à l'emploi, pour être admis, un candidat doit détenir un diplôme d'études
collégiales techniques dans le domaine des relations humaines, relations
d'aide, administratif, de la santé ou une autre spécialisation pertinente.
Alors, il y a une formation de base pour être agent et des formations qui
s'ajoutent. Ça fait déjà partie et c'est administratif. Alors, l'objet de la
loi, c'est de donner... donner les... évidemment, les grandes orientations,
mais, sur le plan administratif, c'est déjà en place.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée.
Mme McGraw : C'est ça. Donc,
oui, effectivement, on souligne parce qu'il y a beaucoup de... quand même
plusieurs groupes qui ont aussi souligné l'importance de la formation continue.
Si on comprend bien, c'est un fait, et on aurait bien aimé le souligner de
façon explicite, mais je ne sais pas si ma collègue a d'autres ajouts... faire
le tour de la question.
• (17 h 20) •
Mme Prass : Oui. Parce que,
là, O.K., vous avez dit : Il y a une formation de base et ensuite il y a
des formations un petit peu plus spécifiques. Moi, je vais vous faire une
comparaison. Quand quelqu'un rentre travailler au gouvernement n'importe où, en
TI par exemple, notre formation va être sur le programme avec lequel nous
allons travailler, ça ne va pas être une formation sur Java... tu sais, sur
tous les différents programmes puis faire le tour. On parle... Quand on va
travailler spécifiquement avec une population, dans ce cas-ci une population
vulnérable, on veut s'assurer que la formation est pointue et pas générale,
justement, pour prendre en considération leurs réalités et pour que les
personnes soient partie prenante et qu'on ne leur impose pas. Comme j'ai dit,
quand une personne ne comprend pas une question, qu'on leur répète la même
question, la même question, à un moment donné ils vont dire oui juste parce
qu'il veut s'en débarrasser. Donc, c'est quelque chose... c'est quasiment comme
si quelque chose...
Mme Prass : ...est imposé
parce qu'ils ne font pas vraiment partie du processus, parce qu'ils ne
comprennent pas. Eux, ils... ils fonctionnent d'une façon différente. Donc,
encore une fois, c'est juste pour préciser que chacun de ces groupes
vulnérables ont chacun leur réalité, ont chacun des façons de fonctionner, et
ce qu'on a entendu et ce qu'on... ce qu'on propose avec cet amendement, c'est
vraiment que chacun de ces groupes, chacune de ses clientèles, soit accueilli
par un agent qui comprend leurs réalités et comprend comment travailler avec
eux dans leurs capacités, plutôt que de dire : Bien, tu sais, tout le
monde est pareil, on a toutes les mêmes questions, on va tout vous poser des
questions de la même façon, on va tout le temps s'attendre à ce que vous
répondez de la même façon parce que c'est juste pas la réalité, d'autant plus
avec des populations qui ont des vulnérabilités.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres commentaires? S'il n'y a pas d'autre commentaire, je vais mettre aux
voix l'amendement. Est-ce que l'amendement est adopté ou rejeté? Rejeté.
Nous revenons à l'article 3 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
Mme McGraw : Sur
l'article 3?
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
Mme McGraw : Il y avait la...
Ah! O.K. C'est parce que je n'étais pas là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Pas
d'autre commentaire? Donc, l'article 3, tel qu'amendé, est-il adopté?
Des voix : Adopté
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article 4, Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : L'article 4,
Mme la Présidente, l'article 15 de cette loi est remplacé par le
suivant :
«Article 15. Le ministre peut, dans
les cas et aux conditions qu'il détermine, établir des programmes d'aide et
d'accompagnement social à l'égard des prestataires d'un programme d'assistance
sociale prévu au titre II qui, compte tenu de leur profil
socioprofessionnel, requiert un soutien et un accompagnement particulier.
«Dans le cadre de ses programmes d'aide et
d'accompagnement social, le ministre peut notamment : »
Premièrement... c'est bien ça, le
paragraphe?
Une voix : Oui.
Mme Rouleau : «1° aider les
personnes à atteindre un niveau d'autonomie socioprofessionnelle favorisant
leur transition vers une mesure d'aide à l'emploi afin d'améliorer leur accès
au marché du travail;
«2° contribuer à une participation plus
active des personnes qui présentent des contraintes sévères de santé en
facilitant leur accès aux études secondaires et en formation professionnelle
et/ou aux études postsecondaires;
«3° favoriser la participation sociale des
personnes par le développement d'habiletés sociales, relationnelles ou
cognitives afin, éventuellement, d'améliorer leurs perspectives d'insertion
sociale, de participation active à la société ou d'intégration en emploi.
«À cette fin, le ministre peut conclure
une entente avec un organisme pour qu'il l'offre, ce soutien et cet
accompagnement.»
L'article 4 du projet de loi remplace
l'article 15 de la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles concernant
les programmes d'aide et d'accompagnement social. La modification vise à
permettre au ministre d'établir un programme d'aide et d'accompagnement social
favorisant la participation sociale et à préciser les objectifs des programmes
d'aide et d'accompagnement social déjà existants. La modification vise
également à élargir l'aide l'admissibilité à un programme d'aide et
d'accompagnement social à tous les prestataires d'un programme d'assistance
sociale incluant ceux participant au programme Objectif Emploi, ce qui n'est
pas le cas actuellement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaires? Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. C'est davantage une question parce qu'on a eu de la discussion tout
à l'heure par rapport à la notion d'organisme puis, dans l'article qui
précédait, la notion d'organisme référait aux organismes publics.
Ici, dans le dernier alinéa, on lit :
«À cette fin le ministre conclure une entente avec un organisme pour qu'il offre
ce soutien cet accompagnement». Donc, j'aimerais savoir s'il est question
simplement d'organismes publics ou si on parle ici d'organismes communautaires
ou les deux.
Mme Rouleau : Organismes
communautaires, organismes sans but lucratif.
Mme Labrie : Donc, ça englobe
tous les types d'organismes.
Mme Rouleau : Oui, oui.
Mme Labrie : Pas
nécessairement les établissements... les organismes publics. Quand la ministre
parle d'entente avec les organismes, qu'est-ce qu'elle a en tête exactement
puis est-ce que, dans ces ententes du financement attaché?
Mme Rouleau : Actuellement,
il y a des ententes avec les organismes. Alors, on poursuit avec des ententes
entre le ministère et...
Mme Rouleau : ...et les
organismes. Et on ajoute... En fait, ici, on ajoute un troisième volet au PAAS,
là, au Programme d'aide et de...
Une voix : ...
Mme Rouleau : ...d'accompagnement
social, pardon. On ajoute un troisième volet qui est la participation sociale.
Mme Labrie : Donc, il n'est
pas question de nouveaux types d'ententes que ce qu'on connaît actuellement.
Simplement, on élargit ce type d'entente là pour d'autres personnes. Donc, on
parle d'ententes qui vont respecter l'autonomie des organismes.
Mme Rouleau : Oui.
Mme Labrie : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres commentaires? Oui, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Oui. Dans le
premier alinéa, comment est-ce que vous définissez un niveau d'autonomie
socioprofessionnelle? Parce qu'encore une fois, dépendamment de la clientèle
dont on parle, il peut y avoir différents... différentes définitions. Donc,
dans... pour vous, ce qui est écrit ici, ça se définit... on... ça se définit comment?
On atteint ça à quel point?
Mme Rouleau : C'est le PAAS
Action, qui existe déjà, qui permet... En fait, on sait qu'on a des personnes
qui sont éloignées du marché du travail, il y en a qui sont moins éloignées que
d'autres et qui ont besoin d'un coup de main pour une certaine intégration.
Alors, il y a le PAAS Action, il y a le PAAS Réussir. Et, pour les personnes
qui sont plus éloignées, on a maintenant le volet participation sociale.
Mme Prass : Oui, mais, comme
j'ai dit, pour...
Mme Rouleau : Bien,
l'autonomie...
Mme Prass : Socioprofessionnelle.
Mme Rouleau : Bien, c'est
de... ils vont faire partie d'un... ils vont venir contribuer, là, à... dans
une organisation, un organisme communautaire...
Mme Prass : Mais, par
exemple, est-ce que...
Mme Rouleau : ...avoir des
activités professionnelles, à un certain niveau, selon leurs capacités.
Voyez-vous?
Mme Prass : Donc, par
exemple, si quelqu'un intègre un emploi ou un poste comme vous venez de
définir, est-ce que c'est après une semaine? C'est après un mois? C'est après
six mois? Parce qu'on dit ici : «atteindre un niveau d'autonomie
socioprofessionnelle». Mais est-ce que c'est juste question que la personne
intègre un poste ou est-ce qu'on dit : Écoute... Parce que là, tu sais,
ils sont là depuis un mois, six mois, ça fait que là on sait qu'ils ont une
certaine autonomie, parce qu'on peut intégrer un emploi puis, après une
semaine, ça ne fonctionne pas. Donc, c'est pour ça, je pose la question :
C'est quoi, la définition? Parce que ce n'est pas juste d'intégrer un emploi,
c'est de le garder, de réussir, de... Donc, c'est pour ça que je demande ces
distinctions-là.
Mme Rouleau : ...permet à des
personnes qui sont plutôt éloignées du marché du travail de s'insérer dans un
milieu de travail, ce qui pourra leur permettre d'aller en emploi, d'aller dans
des mesures d'emploi. C'est de la pré pré-employabilité. Et le PAAS
Participation sociale, c'est pré pré pré-employabilité.
Mme Prass : Non, je comprends
ça. Mais je reviens à ma question originale. Parce que je comprends que ça,
c'est des outils pour permettre à la personne, tu sais, par la suite d'intégrer
quelque chose d'autre. Mais, quand on dit : «atteindre un niveau d'autonomie
socioprofessionnelle», encore une fois, est-ce que ça veut dire que... la
personne juste a un poste? Que la personne est en poste depuis un mois? Depuis
six mois? Parce que le mot «autonomie», là, est quand même assez important dans
le contexte de ce qu'on dit. Parce qu'encore une fois, tu sais, tu peux avoir
une personne qui est sur le spectre de l'autisme, qui intègre un emploi, puis,
après trois semaines, ça ne fonctionne plus, soit les conditions
environnementales, quoi que ce soit, il y a trop de bruit, il y a trop de
lumière. Donc, quel... à quel moment est-ce que la personne atteint un niveau
d'autonomie socioprofessionnelle? Ce n'est pas juste parce qu'ils ont intégré
un poste. Il faut, tu sais, qu'ils puissent démontrer que le jumelage est bon,
et là cette personne-là est dans ce poste pendant, comme j'ai dit, un mois, six
mois, quoi que ce soit. Parce que, je trouve, c'est un petit peu flou, parce
que, si la définition est uniquement : Bien, on intègre un poste, mais on
ne sait pas ce qui arrive par la suite, ça fait qu'on ne peut pas dire que la
personne a atteint un niveau d'autonomie.
• (17 h 30) •
Mme Rouleau : C'est d'aider
la personne à développer des habiletés qu'elle n'a pas nécessairement ou il y a
trop longtemps... parfois, c'est parce qu'il y a trop longtemps qu'elle a été
insérée, là, dans un... dans un milieu. C'est de l'aider à résoudre certains...
certains enjeux. Parfois, c'est de lui apprendre à mettre son réveil-matin, de
s'assurer qu'elle va se rendre au travail et, dans son milieu de travail, ne
pas être continuellement sur son téléphone mais bien faire le travail qu'on lui
demande de faire. C'est... Ça peut être de permettre de créer un réseau social
parce qu'on a des personnes qui sont... Tu sais, on veut briser l'isolement, on
veut lutter contre... contre cette... la...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Rouleau : ...contre l'isolement
social. Alors, c'est de permettre à la personne de pouvoir se créer un réseau,
c'est de l'amener à ça. Donc, c'est à ça que sert le programme, et on m'en dit
beaucoup de bien.
Mme Prass : Donc, pour vous,
c'est quand la personne a pu apprendre, disons, les bons outils pour pouvoir
ensuite passer à un emploi. C'est parce que, comme vous dites, s'ils sont loin
du marché du travail, donc...
Mme Rouleau : Lui permettre d'aller
vers des mesures d'emploi. Puis, des mesures d'emploi, on en a une panoplie
selon le... là où est la personne, selon son état. On en a... Il y a énormément
de mesures. Alors, le PAAS, c'est avant tout ça.
Mme Prass : Puis est-ce qu'il
y a une période minimale que la personne doit être impliquée dans ce rôle
avant...
Mme Rouleau : Bien, ça peut
aller... Le maximum, là, c'est cinq ans.
Mme Prass : Cinq ans, O.K. C'est
ça... C'était ça, la nature de ma question, pas : C'est quoi, le but? Je
comprends c'est quoi, le but de leur donner les outils, etc. Moi, ma question,
c'était vraiment : Quand on dit qu'une personne a atteint une autonomie
professionnelle, ça ne peut pas être simplement parce qu'ils sont dans un
programme. On ne sait pas s'ils vont réussir à rester dans ce programme-là. Ça
fait que, moi, c'était plus le sens de ma question, parce que, tu sais, c'est
facile de jumeler quelqu'un avec un organisme communautaire par exemple, mais
est-ce qu'après deux semaines ils ont toujours la capacité de continuer leur
participation? Donc, c'était plus : Quand on dit : Vous avez atteint
votre niveau d'autonomie, est-ce que... combien de temps est-ce que la personne
doit participer minimalement à ces programmes-là pour avoir atteint ce niveau d'autonomie?
Parce qu'encore une fois, je donne l'exemple, on peut intégrer un poste... une
participation sociale, mais on réalise qu'après quelques semaines ça ne
fonctionne plus. Donc, on ne peut pas dire que la personne a atteint une
autonomie socioprofessionnelle.
Mme Rouleau : On... Bien, en
fait, on veut amener les gens, tu sais, c'est là toute la notion d'accompagnement,
vers... pour s'intégrer dans la société et éventuellement possiblement vers un
emploi. Et c'est pour ça que même une personne qui est sur Objectif Emploi
pourra aller sur un programme PAAS parce qu'il y a certains enjeux, ce qui n'est
pas possible à l'heure actuelle. Alors, on élargit le programme pour y
accueillir le plus de gens possible.
Mme Prass : ...vous avez dit
que ça peut aller jusqu'à cinq ans. Est-ce qu'il y a un minimum de temps que la
personne doit participer?
Mme Rouleau : A-t-on un
minimum? La participation, selon l'article... Ça, c'est le document, là, c'est
le programme, là.
Une voix : ...
Mme Rouleau : C'est le guide
du PAAS. Alors : «La participation au PAAS Action est de 20 heures par
semaine. Si une intégration progressive est possible au cours des trois
premiers mois suivant le début de la participation... Pendant cette période un nombre
minimal de 10 heures par semaine doit être effectué en vue d'atteindre, après
trois mois, une participation de 20 heures. Exceptionnellement, la période de
progression pourrait être prolongée pour une courte durée si elle est justifiée
par une nette progression de la personne et que celle-ci est en voie d'atteindre
le rythme requis de 20 heures par semaine.» C'est ce qui est souhaité.
Mme Prass : ...ma question.
Le but... Donc, on atteint notre autonomie socioprofessionnelle quand on peut
intégrer 20 heures de travail par semaine, par exemple. O.K.
Mme Rouleau : Oui.
Mme Prass : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Donc, juste pour enchaîner sur les questions et les propos de ma
collègue, on se souvient que Centraide, entre autres, ils ont parlé du...
posture... posture d'accompagnement et ils ont souligné le milieu communautaire
«qui travaille au quotidien avec les personnes aux prises avec des enjeux
importants et multiples — et je cite leur mémoire — qui
caractérisent l'état de la pauvreté, qu'elles soient prestataires du régime
social ou non». Ils ont proposé justement que «l'expertise des organismes communautaires
nécessite un appui financier adéquat». Puis il faudrait vraiment, puisque c'est,
donc, dans l'accompagnement... beaucoup de groupes, dont Centraide... plusieurs
groupes, je devrais dire, ont souligné l'importance du secteur communautaire et
ils ont posé la...
Mme McGraw : ...question :
Qui va définir la posture, cette posture d'accompagnement? Là, je les
cite : Qui va définir cette posture? Qui va développer et offrir la
formation? Ça, on en a parlé avant, la formation. Mais qui va s'assurer que la
posture d'accompagnement est effectivement adéquate et cohérente entre les
différents organismes mandatés pour actualiser... actualiser cet accompagnement
et identifier aussi dans le plan de lutte. Donc là, je ramène un point qui a
été soulevé par Centraide. On aurait pu aussi parler comme plus tard dans le
projet de loi, mais je pense que c'est important de le souligner, cette posture
d'accompagnement, je ne sais pas si la ministre... Par la suite, on a un
amendement qu'on va proposer, mais je voulais juste enchaîner sur ma collègue
sur la notion d'accompagnement.
Mme Rouleau : Bien,
l'accompagnement, c'est ce qu'on va voir à l'article 18.
Mme McGraw : Oui.
Mme Rouleau : Dans les
réseaux... réseaux régionaux d'accompagnement. Alors, on verra à ce moment-là,
lorsqu'on s'y rendra, puisqu'on est article par article. Il aurait été
intéressant de pouvoir discuter bloc par bloc par thème, comme ça on aurait pu
avoir vraiment, là, l'essence et l'ensemble de la vision pour bien discuter.
Mais là, on va devoir aller un petit peu plus loin à l'article 18 pour en
discuter.
Et par ailleurs, vous connaissez sans
doute le Plan d'action gouvernemental en action communautaire, le PAGAC, qui
était attendu depuis au moins 15 ans par les organismes et que nous avons
mis en place en 2022, avec des montants assez importants de financement pour
les organismes communautaires. Alors, c'est quelque chose qui est très... qui
est très important pour nous, le financement à la mission, etc. Centraide est
au courant.
Mme McGraw : Oui, tout à
fait, j'imagine que c'est le cas. Je veux juste... En parlant des organismes
communautaires, la Table des regroupements provinciaux d'organismes
communautaires bénévoles, on voit, si je ne me trompe pas, pour la première
fois dans ce projet de loi, on mentionne «contraintes de santé». Donc, je crois
que c'est la première fois qu'on voit «contraintes sévères de santé» dans ce
projet de loi. Alors, on voulait souligner le fait qu'on... ce n'est pas
surprenant qu'on... que beaucoup de groupes... Je pense que tous les groupes, à
part des groupes qui se sont abstenus, mais tous les groupes qui ont parlé de
contraintes de santé, ce n'était pas favorable. Ils n'ont pas apprécié.
Mme Rouleau : ...
Mme McGraw : O.K. La plupart
des groupes, on va dire, n'étaient pas favorables à restreindre la notion de
«contrainte à l'emploi» par juste des contraintes de santé. On a entendu
beaucoup de groupes qui expliquaient qu'il y a des... d'autres vont être
contraintes, contraintes à l'emploi, qui ne sont pas d'ordre de santé. On a
parlé d'ailleurs de contraintes psychosociales et on a aussi parlé de
contraintes environnementales, environnementales. Et on ne parle pas là de la
nature, on parle du marché, de l'économie, c'est-à-dire des facteurs qui sont
hors contrôle des prestataires, des populations visées. Alors donc, l'idée,
c'est de revenir sur cette nouvelle définition de «contraintes de santé» et
introduire l'aspect très important psychosocial. Et si j'ai bien compris la
ministre, pendant les consultations, j'avais l'impression que, l'intention,
c'était de reconnaître les contraintes psychosociales. Mais encore une fois, on
aimerait proposer un amendement, je ne vais pas le présenter, mais un
amendement qui va dans ce sens-là, de faire... s'assurer que les bonnes
intentions sont explicites dans le projet de loi. Alors, sur ça, on aimerait
déposer notre amendement dans ce... en ce sens-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : L'amendement
est déjà sur greffier. Est -ce que vous en avez pris connaissance, chers
collègues? Je vais suspendre les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 40
)
(Reprise à 17 h 45)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Et je demanderais maintenant à la députée de
Notre-Dame-de-Grâce de bien vouloir nous lire son amendement... son amendement,
s'il vous plaît.
Mme McGraw : Alors, merci,
Mme la Présidente...
Mme McGraw : ...l'article
4 : Modifier l'article 15 du projet de loi, tel que proposé par l'article
4 du projet de loi, par l'insertion, dans le paragraphe 2° du deuxième alinéa,
après «sévère de santé» de «ou psychosociale».
Alors, l'article 15 de cette loi est
remplacé par le suivant :
«Le ministre - ou la ministre - peut,
dans les cas ou aux conditions qu'il détermine, établir des programmes d'aide
et d'accompagnement social à l'égard des prestataires... de prestataires d'un
programme d'assistance sociale prévu au titre II, qui, compte tenu de leur
profil socioprofessionnel, requièrent un soutien et un accompagnement particuliers.
«Dans le cadre des programmes d'aide et
d'accompagnement social, le ministre peut notamment :
«1° aider les personnes à atteindre un
niveau d'autonomie socioprofessionnelle favorisant leur transition vers une
mesure d'aide à l'emploi afin d'améliorer leur accès au marché du travail;
«2° contribuer à une participation plus
active des personnes qui présentent des contraintes de santé ou psychosociales,
en facilitant leur accès aux études secondaires en formation professionnelle...
aux études postsecondaires;
«3° favoriser la participation sociale des
personnes par le développement d'habiletés sociales, relationnelles ou
cognitives afin, éventuellement, d'améliorer leurs perspectives d'insertion
sociale, de participation active à la société ou d'intégration en emploi.
«À cette fin, la ministre peut conclure
une entente avec un organisme pour qu'il offre ce soutien et cet
accompagnement.»
La Présidente (Mme D'Amours) : Avant
de commencer avec vos commentaires, Mme la députée, vous avez dit «le ministre
ou la ministre», c'était «le ministre»
Mme McGraw : J'ai une
ministre devant moi, ça fait que c'est difficile un peu de dire «le ministre»,
mais c'était «le ministre», effectivement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mais
le texte de votre amendement est bien le texte que vous voulez qu'on travaille.
Mme McGraw : Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'accord.
Donc, vous pouvez commencer vos commentaires, s'il vous plaît.
Mme McGraw : Mais j'aimerais...
J'ai comme donné un peu de contexte. Il y a beaucoup de groupes qui ont parlé
de... qui ont fait cette recommandation, effectivement, de prendre en
considération tout ce qui est psychosocial. Aussi, il y avait des arguments
pour prendre en considération aussi des enjeux, des contraintes
environnementales, c'est-à-dire le marché du travail, l'économie, des facteurs
comme macros qui sont hors de leur contrôle. Et je pense que je vais citer,
parce que j'ai trouvé ça très pertinent, je vais commencer par citer
effectivement, et il faut que je revienne à...Oui, c'est ça. Il y a comme
beaucoup de groupes qui en ont parlé. Donc, j'ai trouvé ça... Pardon. C'est ça,
donc, le groupe, et ça, c'était... Oui, c'est ça, entre autres, et ma collègue
l'aurait souligné, mais l'Office des personnes handicapées du Québec.qui ont...
qui ont souligné cet enjeu-là, entre autres, la Société québécoise pour les
déficiences intellectuelles. Et, finalement, je... Pardon.
Alors donc, c'est ça, aussi, je pense que
j'ai souligné... bien, c'est ça la société. Alors, je cite leur mémoire :
«Le principal amendement suggéré est de renommer les contraintes sévères de
santé par contraintes sévères de santé et psychosociales.» C'est leur
troisième recommandation, Mme la Présidente. «Un tel libellé - ils ont expliqué
- un tel libellé nous semble également contradictoire avec la mesure 2.2.2.1 du
Plan d'action gouvernemental visant la lutte contre la pauvreté et l'exclusion
sociale visant à revoir la notion de contraintes à l'emploi. Cette mesure vise
à mieux comprendre... pardon, mieux répondre aux besoins des personnes dont les
limitations fonctionnelles sont liées à la santé mentale ou à des
problématiques complexes de nature psychosociale, sans diagnostic précis.»
• (17 h 50) •
Et là on cite le gouvernement du Québec,
effectivement, ce plan, la page 53 de ce plan : «Il y a donc lieu de
modeler ce libellé afin de prendre... de rendre explicites les dimensions
psychosociales pouvant représenter des obstacles à la participation...
Mme McGraw : ...ou sociale des
personnes. Ils ont aussi souligné de, encore une fois, «fonder la
reconnaissance des contraintes sévères sur un rapport psychosocial appuyé par
des diagnostics médicaux, rendre ce rapport...» Ça, c'est plus tard, je pense,
pardon.
Alors... Alors, c'est ça. Il y a... Je
pourrais continuer à citer des groupes, mais je pense que j'aimerais entendre
la ministre là-dessus, parce que, comme je dis, j'avais l'impression, peut-être
j'avais mal compris, qu'il y avait une ouverture ou que c'était quand même
l'intention du projet de loi, c'était de prendre en considération des
contraintes de santé et... mais aussi d'autres contraintes, dont d'ordre
psychosocial. Alors, je pourrais continuer à citer, mais j'aimerais entendre la
ministre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Rouleau : Merci beaucoup,
Mme la députée. Puis c'est fort... fort intéressant, parce que je pense qu'on
va avoir une belle discussion à l'article 25, qui traite justement des
contraintes, et que... Évidemment que j'ai beaucoup... beaucoup indiqué, dans
toutes les discussions que j'ai eues, qu'on faisait intervenir toute la
dimension psychosociale.
Donc, ce que je vous propose, si vous êtes
d'accord, c'est que nous aurons les discussions à l'article 25, et qu'on
adopte cet article 4 sur le PAAS, et, s'il y a lieu, évidemment, après que
nous aurons eu nos discussions sur l'article 25, bien, nous reviendrons
modifier l'article 4, évidemment, s'il y a lieu, en concordance.
Mme McGraw : Alors, si je
comprends bien, est-ce qu'on pourrait, Mme la Présidente, suspendre l'article?
Mme Rouleau : On l'adopte.
Mme McGraw : Peut-être,
est-ce que je pourrais prendre un moment de consulter?
Mme Rouleau : On l'adopte. On
l'adopte. Et, lorsqu'on aura la discussion sur l'article 25, si on doit
faire des modifications qui auront un impact sur l'article 4, bien, on
fera les modifications en concordance. Et je crois qu'il pourrait y avoir des
modifications.
Mme McGraw : C'est
prometteur.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce que je pourrais laisser la députée de Sherbrooke aussi intervenir sur
l'amendement?
Mme Labrie : Oui. Merci, Mme
la Présidente. C'est ça que je trouve dommage, en fait, du fait qu'on ne
procède pas par blocs, parce que cet article-là, qu'on étudie en ce moment, ce
n'est pas celui qui vise à changer la formulation de «contrainte à l'emploi»
vers «contrainte de santé». Moi, je suis d'accord qu'il faut changer cette
formulation-là. «Contrainte de santé» ne semble même pas refléter l'intention
de la ministre. Donc, j'ai hâte qu'on s'y penche. Mais il me semble que ça va
être très laborieux, là, si on le fait pour chaque article plutôt que de le
faire au bon endroit quand on y sera et de le modifier dans tout le projet de
loi, là, en un seul coup.
Donc, je réitère l'intérêt de travailler
par blocs puis je pense qu'effectivement on serait plus avisés de ne pas
discuter de ça ici, bien que c'est une conversation extrêmement pertinente, que
j'espère qu'on va avoir plus tard et sur laquelle j'ai hâte d'intervenir aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaires sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre commentaire, est-ce que
l'amendement est adopté ou rejeté? Rejeté?
Des voix : Rejeté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Rejeté.
Nous revenons à l'article 4. Est-ce que j'ai des commentaires sur
l'article 4? S'il n'y a pas de commentaire, je passe aux voix
l'article 4. Est-ce que l'article 4 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article 5. Mme la ministre, si vous voulez bien nous en faire la
lecture, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : Vous allez trop
vite pour moi, là. À l'article 5 : L'article 16 de cette
loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «une personne» par «un prestataire d'un programme d'assistance
sociale prévu au titre II»;
2° par la suppression, dans le deuxième
alinéa, de «s'il s'agit d'un prestataire du Programme d'aide sociale ou du
Programme de solidarité sociale».
L'article 5 du projet de loi modifie
l'article 16 de la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles afin de
permettre au ministre de verser, dans les cas et aux conditions qu'il détermine,
une allocation de soutien au prestataire d'un programme d'assistance...
Mme Rouleau : ...social qui
participe à un programme d'aide et d'accompagnement social. Il s'agit d'une
modification de concordance avec l'article quatre du projet de loi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaires sur l'article cinq? S'il n'y a pas de commentaire, je vais mettre
aux voix l'article cinq. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article six. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : Mme la
Présidente, à l'article six : L'article 17 de cette loi est modifié
par le remplacement, dans le premier alinéa de «du programme d'aide sociale ou
du programme de solidarité sociale» par «d'un programme d'assistance sociale
prévu au titre II».
L'article six du projet de loi modifie
l'article 17 de la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles afin que
le ministre puisse reconnaître une aide financière versée par un tiers à titre
d'allocations d'aide à l'emploi et de soutien à un prestataire d'un programme
d'assistance sociale. Il s'agit d'une modification de concordance avec les
articles quatre et cinq du projet de loi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Commentaires
sur l'article six? S'il n'y a pas de commentaire, l'article 6 est-il
adopté?
Mme Rouleau : Adopte.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article sept. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : L'article sept,
Mme la Présidente : L'article 18 de cette loi est modifié, premier
paragraphe, par l'insertion après «est exclu» de «ou considéré aux fins»;
2 : par le remplacement de «du
programme d'aide sociale ou du programme de solidarité sociale» par «d'un
programme d'assistance sociale prévu au titre II».
L'article sept du projet de loi modifie
l'article 18 de la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles afin
d'exclure du calcul de la prestation d'un programme d'assistance sociale
l'allocation d'aide à l'emploi ou une aide financière reconnue à ce titre ou à
titre d'allocation de soutien. Il s'agit d'une modification de concordance avec
les articles quatre à six du projet de loi. En ce qui concerne les
modifications visées au paragraphe un, celle-ci est d'ordre terminologique afin
de tenir compte de la façon dont le programme de revenu de base a été établi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaires? Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. J'ai une question ici sur le premier paragraphe, où il est question
d'ajouter dans l'article que certaines allocations pourraient être considérées
aux fins du calcul de la prestation. Donc, ce n'était pas le cas. C'était prévu
que c'était toujours exclu, puis là la ministre vient se permettre de le
considérer. Donc, j'aimerais savoir pourquoi. Parce que j'y vois un risque que
ça vienne diminuer finalement, là, la prestation d'une personne prestataire.
Mme Rouleau : La juriste va
me donner les explications pertinentes.
Des voix : ...
Mme Rouleau : Déjà, je
pourrai vous donner un élément de réponse, comptabiliser et considérer, c'est
la même chose.
Mme Labrie : C'est-à-dire
que, selon ce que je comprends, auparavant, c'était exclu, on... de la façon
dont ça se lisait, ça disait que l'allocation était exclue du calcul de la
prestation. Puis là on vient dire qu'elle va être exclue ou considérée. Donc,
ce n'est pas la même chose du tout. Si on peut la considérer aux fins du calcul
de la prestation, ça veut dire que ça risque de pénaliser la personne qui a
cette allocation.
Mme Rouleau : ...permettre à
la juriste... parce que c'est vraiment lié à des considérations, là,
juridiques, Me Valérie Vally.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que j'ai le consentement à ce que maître puisse nous répondre?
Mme Labrie : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Alors,
Maître, si vous voulez bien vous... baissez votre micro pour qu'on puisse bien
vous entendre, vous nommer, nommer votre titre et puis répondre à la question,
s'il vous plaît.
• (18 heures) •
Mme Valérie (Valluy) : Oui.
Bonjour, Mme la Présidente. Alors, Valérie Valluy, je suis avocate pour le
ministère de la Justice. Donc, ce qu'il faut comprendre, c'est que, dans les
programmes d'assistance sociale, le PRB a une logique différente des autres
programmes. Dans les autres programmes, la loi prévoit que tout est...
18 h (version non révisée)
Mme Valluy (Valérie) : ...stabilisé
dont... bien, tout... sauf ce qui est exclu par règlement. Et dans le cadre du
PRB, c'est l'inverse. Donc, tout est considéré sauf ce qui est... tout est
exclu sauf ce qui est considéré. Donc, on... c'est les deux termes pour viser
les deux façons dont les... les programmes ont été conçus.
Mme Labrie : Donc, est-ce qu'on
me confirme que ça n'aura aucune incidence pour les personnes qui ne sont pas
sur le programme de revenu de base?
Mme Valluy (Valérie) : Il n'y
aura pas d'incidence, non.
Mme Labrie : Ça ne va pas
faire diminuer leurs prestations en prenant en compte des allocations qu'ils
ont.
Mme Valluy (Valérie) : Non,
parce qu'on ajoute l'allocation de 130 $ et on vient de l'exclure dans le
règlement au montant de 130 $, puis on fait la même chose au PRB, là.
Mme Labrie : Parfait, je vous
remercie.
La Présidente (Mme D'Amours) : D'autres
commentaires sur l'article 7? Est-ce que l'article 7 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article 8, Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : À l'article 8.
L'article 22 de cette loi est modifié par l'ajout à la fin de l'alinéa
suivant :
«Il n'y a pas vie maritale, au sens du
paragraphe 3° du premier alinéa, lorsqu'une personne cohabite avec une autre
personne essentiellement dans le but de pallier ses limitations fonctionnelles
lorsque celles-ci l'empêchent de vivre seule ou nécessiterait qu'elle soit
hébergée dans un établissement ou auprès d'une ressource n'eût été la
cohabitation.»
L'article 22 de la Loi sur l'aide aux
personnes et aux familles définit les conjoints au sens de cette loi. Sont
notamment des conjoints, selon le paragraphe 3° du premier alinéa de l'article 22,
les personnes majeures de sexe différent ou de même sexe qui vivent
maritalement et qui, à un moment donné, ont cohabité pendant une période d'au
moins an.
L'article 8 du projet de loi modifie
l'article 22 de la loi afin de préciser qu'il n'y a pas vie maritale au
sens du paragraphe 3° du premier alinéa de cet article lorsque deux personnes
cohabitent essentiellement dans le but que l'une d'elles pallie les limitations
fonctionnelles qui empêchent l'autre de vivre seule.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : J'aurais un
amendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je suspends les travaux quelques minutes, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 18 h 03)
(Reprise à 18 h 12)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Et je demande maintenant à la députée de Sherbrooke de
bien vouloir nous lire son amendement, s'il vous plaît.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Donc, l'amendement consiste à remplacer l'article 8 du projet
de loi par le suivant :
L'article 22 de cette loi est modifié
par la suppression, à la fin, du paragraphe 3° du premier alinéa ainsi que
des deuxième et troisième alinéas.
L'article 22 de la loi, tel
qu'amendé, se lirait ainsi :
«22. Sont des conjoints :
«1° les personnes liées par un mariage ou
une union civile qui cohabitent;
«2° les personnes, de sexe différent ou de
même sexe, qui cohabitent et qui sont les parents d'un même enfant, sauf si
elles démontrent que leur cohabitation est temporaire et résulte de
circonstances exceptionnelles liées à un problème grave de santé de l'une
d'elles ou de l'un de leurs enfants.»
L'intention de la ministre, avec son
article ici, c'était de venir soustraire à la notion de vie maritale, là, les
personnes qui ont essentiellement un rôle de proche aidant. On adhère à ça. Par
contre, c'est trop limité comme réponse à tout l'enjeu de la vie maritale. Ce
que je propose ici avec mon amendement, c'est de simplement disposer, en fait,
de ce paragraphe qui fait en sorte de mettre en couple des gens qui ne le sont
pas nécessairement.
Quand, dernièrement, ici, on a réformé le
Code civil, il y a le ministre de la Justice qui a répété à des centaines de
reprises qu'il ne fallait pas marier les gens de force quand il était question,
là, de prévoir les différents droits, là, pour les gens qui étaient conjoints
de fait. Donc, je pense que c'est quelque chose dont on devrait s'inspirer et
ne pas mettre en situation maritale des gens de force.
Il y a beaucoup d'avantages pour des
personnes de pouvoir se mettre ensemble à une même adresse, notamment pour
partager un logement dans le contexte de la crise du logement. De forcer des
gens à être considérés comme ayant une vie maritale, ça vient poser des enjeux
très, très importants d'autonomie de ces personnes-là. Bien que, par ailleurs,
dans le projet de loi, on vient s'assurer qu'ils vont chacun avoir un chèque,
ce chèque-là, il est réduit. Donc, ça vient vraiment entraver finalement
l'autonomie financière de ces personnes-là.
Donc, je propose qu'on règle l'enjeu de la
vie maritale ici, tant qu'à s'y pencher, puis qu'on affranchisse les gens qui
ne sont pas en couple mais qui vivent ensemble de ce fardeau.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaire, Mme la ministre?
Mme Rouleau : Bien,
évidemment, vous touchez à quelque chose d'extrêmement sensible et qui touche
éminemment toutes les lois liées à la fiscalité. On a des définitions... On a
une définition du couple, c'est la cohabitation, cohabitation de 12 mois... de
plus de 12 mois consécutifs, le secours mutuel...
Mme Rouleau : ...et la commune
renommée d'être... d'être un couple. Là, ce qu'on vient faire ici, c'est de
faire... d'aider les personnes, aider... aidantes pour enlever une difficulté
pour ces gens-là, faire en sorte que lorsqu'une personne qui vit une situation
difficile, si elle n'est pas... si elle ne ne vit pas avec quelqu'un d'autre,
elle devra être... aller dans un... dans une ressource, un CHSLD, va exiger
encore plus de soins et être peut-être... peut-être isolée. Alors, c'est
cette... c'est ça qu'on veut régler.
Mme Labrie : Je comprends ce
que la ministre me dit, puis je lui dis : Je suis d'accord avec ça, sauf
que je pense qu'on peut aller plus loin. Il y a des personnes en ce moment qui
ne réussissent pas à se loger seules sur le marché locatif, qui ne réussissent
pas à se payer un appartement avec les prestations qu'elles reçoivent. Je vous
ai dit les chiffres tout à l'heure, là, il y a juste 12 personnes...
12 % des prestataires de l'assistance sociale qui ont accès à un HLM ou à
une coopérative. Tous les autres sont sur le marché privé et ça vient vraiment
entraver leur qualité de vie. Il y a des gens qui sont à risque de se retrouver
à la rue potentiellement ou qui y sont déjà parce qu'ils ne sont pas capables,
seuls, de payer un loyer et de subvenir à leurs besoins. Donc, pour bien des gens,
c'est une question de survie ou de dignité qu'on pourrait dire, là, pour éviter
de se retrouver à la rue, de se mettre en colocation par exemple avec quelqu'un
ou de louer une chambre dans l'appartement de quelqu'un. Donc, ça m'apparaît
assez important de permettre cette possibilité-là, pas seulement quand il est
question d'un proche aidant, mais pour donner plus d'options aux gens, pour
survivre, finalement, avec l'allocation qu'on leur donne sans venir les
peinturer dans le coin en considérant qu'ils sont en couple avec la personne
avec qui ils cohabitent.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : On est bien
conscients de l'enjeu du logement. C'est pour ça qu'on investit beaucoup pour
construire plus de logements. C'est pour ça aussi que dans le plan de lutte à
la pauvreté, on y inclut évidemment tout le plan d'habitation de ma collègue en
habitation, les PSL, les programmes de soutien au logement qui sont... qui
viennent aider les personnes qui ont de très bas salaires ou qui sont sur
l'aide de dernier recours. On... Alors, aujourd'hui, ce n'est pas de... en
fait, ce qu'on veut, c'est permettre aux personnes qui sont dans un réel
besoin, si elles n'ont pas quelqu'un pour les accompagner, elles vont devoir
quitter. Et là... et là, ça entraine d'énormes difficultés.
Mme Labrie : Je réitère que
je suis d'accord avec ça, mais je pense qu'on doit aller plus loin parce que
des gens qui vivent d'énormes difficultés, ce n'est pas toujours en lien avec
un handicap ou leur capacité. Parfois, c'est d'énormes difficultés financières
aussi. Là, les personnes qui sont prestataires des programmes d'aide sociale
ont moins de possibilités que les autres de se... de se débrouiller finalement
pour réduire leurs dépenses. Quelqu'un qui est par exemple sur l'aide
financière aux études ou qui a un faible revenu parce qu'il travaille au
salaire minimum, bien, il va peut-être pouvoir se trouver une colocation pour
partager les frais du logement sans être pénalisé sur son revenu, mais ce n'est
pas le cas pour une personne qui est prestataire d'assurance sociale. On vient
leur enlever des moyens de se débrouiller pour réduire leurs frais finalement.
Puis c'est-à-dire que, s'ils le font, ils
vont... ils vont être pénalisés sur leurs prestations, alors que ce n'est pas
le cas pour les autres personnes. Donc, il y a un traitement différent ici qui
mérite d'être corrigé. Puis la ministre vient corriger une fraction des
personnes qui étaient pénalisées par ces dispositions-là. Bien sûr qu'on est
d'accord, mais tant qu'à corriger ça, pourquoi pas le corriger, cette erreur
historique qui fait en sorte qu'on considère que, quand les gens vivent
ensemble... sont en couple? On n'est plus en 1950, là, il y a quand même
beaucoup de modalités de ménage, là. Tu sais, les gens qui vivent ensemble ne
sont pas nécessairement en couple.
• (18 h 20) •
Et je vous dirais que, depuis les
dernières années, notamment avec le contexte de la crise du logement, des gens
qui se sont rassemblés au sein d'un même lieu de domicile ont développé toutes
sortes de modèles pour justement partager un logement ou une habitation...
Mme Labrie : ...et c'est un
recours qui est largement utilisé, mais qui pénalise les personnes prestataires
d'assistance sociale si elles tentent d'y avoir... d'utiliser ce mécanisme-là.
Je trouve ça injuste, à vrai dire, qu'une personne sur l'aide sociale versus
une personne qui est sur l'aide financière aux études ou autre chose, elle va
être plus pénalisée en fait. On veut leur demander à ces gens-là de se sortir
de leur détresse financière, puis on vient mettre une entrave finalement aux
moyens qu'ils pourraient trouver pour se sortir de la pauvreté. Donc moi,
j'accueille positivement l'intention de la ministre, mais c'est juste une
microproportion du problème qui va être réglée ici. On va quand même continuer
de pénaliser des gens qui font preuve de débrouillardise, se trouvent quelqu'un
avec qui cohabiter puis, quand ils le font, bien, ils sont pénalisés dans leurs
prestations alors que d'autres personnes ne sont pas pénalisées dans leurs
prestations pour avoir décidé de partager un logement avec elles.
Mme Rouleau : Mais deux
prestataires peuvent être colocataires. C'est la notion de couple qui... qui
peut... qui peut peut être vous déranger, mais il y a une définition du couple,
et de nombreuses lois sont liées à cette notion de couple.
Mme Labrie : Comment se
fait-il qu'il y a des gens qui doivent démontrer qu'ils ne sont pas en couple
quand ils sont en colocation?
Mme Rouleau : Bien, tout le
régime... tout le régime fiscal... Bien, des étudiants qui... Qui sont ensemble
dans un appartement vont... ne sont pas nécessairement en couple.
Mme Labrie : Bien sûr.
Mme Rouleau : Il y en avoir
quelques-uns, puis par expérience, ils achètent tous leurs livres de beurre et
leurs livres, leurs trucs. Il n'y a pas nécessairement de partage dans le frigo
et parfois... En tout cas, on ne rentrera pas dans toutes ces histoires-là, là,
mais... alors que le couple, il est réputé de... d'avoir... de se devoir
secours mutuel, et, tu sais, c'est... c'est une facture d'épicerie, là,
finalement, si on ramène ça juste à l'épicerie.
Mme Labrie : Oui. Bien,
j'oserai répondre qu'avec le montant des prestations et le prix de la livre de
beurre, il ne doit pas y avoir beaucoup de prestataires d'aide sociale qui
achètent un livre de beurre, là. C'est rendu au moins 7 $, 8 $,
9 $.
Mme Rouleau : Ça peut être
autre chose que du beurre. Ça peut être de la margarine.
Mme Labrie : Mais disons
qu'on revient sur le... sur le sujet. Ces gens-là ne doivent pas manger du
beurre souvent sur leurs toasts.
Mais je comprends ce que la ministre dit.
Mais le fait est qu'il y a des gens, en ce moment, qui se mettent en couple et
qui doivent après ça essayer de se justifier puis d'expliquer qu'ils ne sont
pas un couple et alors qu'ils ne le sont pas, là. Je veux dire, la vérité,
c'est qu'ils ne le sont pas, mais qui décident de vivre ensemble pour notamment
partager le loyer, l'électricité, l'Internet, c'est des choses de base quand
même. Moi, je pense qu'on devrait considérer que ces personnes-là ne sont pas
un couple et arrêter de les matcher contre leur gré et puis qu'après ça, ils
aient à se justifier.
Mme Rouleau : Deux personnes
qui partageraient le même appartement et qui ne répondent pas aux trois
exigences, là, de cohabitation depuis 12 mois consécutifs de secours mutuels,
ce qui veut dire qu'il y a une notion d'entraide économique, morale et
affective, qui ne... qui ne sont pas de commune renommée un couple, peuvent
vivre dans le même appartement, peuvent partager le même appartement. Mais la
notion de couple, elle fait partie du régime fiscal. Elle fait partie de tout
ce qui touche les assurances automobile, ce qui touche les normes du travail,
ce qui touche le régime des rentes, ce qui touche la loi sur les accidents. Et
puis là, je n'ai pas... je ne suis pas capable de lire son écriture, là,
excusez-moi.
Une voix : Les accidents du
travail.
Mme Rouleau : Les accidents
du travail. Et puis ça, ici, c'est?
Une voix : La cohérence.
Mme Rouleau : Oui, c'est ça,
tous les enjeux de cohérence que ça peut exiger et qui... qui, en fin de
compte, ont une valeur économique extrêmement importante.
Mme Labrie : Quand les gens
sont en couple, ils sont en couple, c'est une chose.
Mme Rouleau : C'est ça.
Mme Labrie : Mais, si la
ministre juge nécessaire de venir préciser ici que, dans certaines circonstances,
ça ne doit pas être considéré comme de la vie maritale, c'est parce qu'il y a
des gens qui ne sont pas en couple et qui sont considérés, dans le système,
comme étant en couple à tort. Moi, ce que je lui dis, c'est qu'il n'y a pas
seulement des personnes qui ont un rôle de proches aidants auprès d'une autre
personne, qui sont... qui se retrouvent dans la situation où ils sont
considérés à tort comme un couple. Je suis à peu près certaine que la CNESST...
Mme Labrie : ...il ne va pas
verser des prestations à ce colocataire-là si jamais il y avait un enjeu, je
veux dire, c'est ça, la réalité. L'existence même de... l'article de la
ministre pour venir traiter différemment les proches aidants en... cet
article-là vient démontrer qu'il y a des personnes qui sont considérées à tort
comme conjoints et qui ne le sont pas, qui ne sont pas conjoints, puis ils sont
considérés comme tels, pareil, par le système. C'est pour ça que la ministre
arrive avec son article 8. Il n'y a pas juste les proches aidants qui sont dans
cette situation-là, malheureusement. Si c'était le cas, je dirais :
Parfait, on vient corriger la seule exception. Mais il y a d'autres personnes
qui sont considérées à tort comme en couple actuellement, et elles ne devraient
pas l'être.
Mme Rouleau : Ce qu'on fait
ici, c'est un assouplissement en cohérence... Il faut toujours être en
cohérence avec le régime fiscal, des lois fiscales. Alors là, on a un
assouplissement pour permettre à ces personnes qui, sinon, devraient quitter un
lieu qui leur est important.
Mme Labrie : Bien, c'est un
assouplissement qui est limité. Moi, j'ai défendu la position que je pense
qu'on devrait prendre pour traiter ces personnes-là sans leur imposer des
contraintes que les personnes qui ne sont pas sur l'aide sociale n'ont pas.
Après ça, si la ministre n'est pas prête à aller jusque-là maintenant, moi,
c'est ce que je comprends, j'espère que, par les projets pilotes dont on a
discuté plus tôt aujourd'hui et qu'on rediscutera plus tard, elle aura
l'occasion de s'y pencher. Mais je vais insister, là, la ministre fait
elle-même la démonstration, en arrivant avec cet article-là, qu'il y a des gens
qui sont considérés à tort comme étant conjoints, qui ne devraient pas l'être,
puis il n'y a pas juste les proches aidants là-dedans.
Donc, c'est un assouplissement limité par
rapport à l'ampleur du problème sur l'enjeu de la vie maritale. Il est
bienvenu, on est d'accord, mais c'est trop limité. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres commentaires sur l'amendement de la collègue? S'il n'y a pas d'autre
commentaire, est ce que l'amendement est adopté ou rejeté?
Une voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
un vote par appel nominal. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Alors, pour contre abstention. Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
: Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles)?
Mme Rouleau : Contre.
La Secrétaire
: Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire
: Mme Poulet
(Laporte)?
Mme Poulet : Contre.
La Secrétaire
: Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire
: Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
La Secrétaire
: Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Abstention.
La Secrétaire
: Mme D'Amours
(Mirabel)?
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
moi. Abstention. Donc, l'amendement est rejeté.
Nous revenons à l'article 8. Est-ce qu'il
y a d'autres commentaires? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Oui, justement,
on s'est abstenu pour plusieurs raisons. On aimerait avoir plus d'informations.
Donc, quand M. Blais est venu nous parler, en parlant des consultations
particulières, il avait dit que... de ne pas tenir compte du statut marital
pour des fins de prestation... ou d'individualiser les prestations, on ne parle
pas de juste de chèque, de deux chèques, on salue, ça va dans la bonne
direction, mais d'individualiser les prestations. Il dit que le principe est
bon, mais le défi est d'ordre politique.
• (18 h 30) •
Alors, on aimerait savoir, peut-être, on
ne sait pas ici, mais on aimerait savoir, est-ce qu'il y a une analyse qui a
été faite sur l'impact budgétaire de pas juste deux chèques, mais que les
montants soient individualisés? Entre autres, on comprend, selon les groupes
qui sont venus nous voir, beaucoup... la plupart des fausses déclarations qui
pourraient amener à des pénalités, c'est souvent lié à cet enjeu-là de vie
maritale. Est-ce que des analyses ont été faites sur l'impact budgétaire, les
coûts-bénéfices? Oui, pour donner suite à l'observation de monsieur...
18 h 30 (version non révisée)
Mme McGraw : ...c'était :
le défi n'était pas... le principe est bon, mais le défi est d'ordre politique,
puis c'est majeur. Donc, on aimerait comprendre un peu la... à quel point...
quelles sont les implications budgétaires. Donc, ça, c'est une question.
J'aimerais aussi... J'ai peut-être mal
compris, je veux juste très, très bien comprendre la notion de conjoints et non
colocataires et cohabitation, de vraiment mettre au clair comment on... le
gouvernement fait la distinction entre couple marié et couple. Peut-être juste
commencer avec ça, donc, en attendant les détails sur les... le budget ou la
possibilité d'avoir ces informations-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Oui. Bien, un
couple marié, il est lié... un couple marié est lié par le mariage ou par l'union
civile et cohabite. Le couple, il est... Pour déterminer ce qu'est la vie
maritale, il faut d'abord, selon la jurisprudence, là, voir à ce qu'il y ait
trois critères : la cohabitation, c'est donc qu'il doit y avoir 12 mois
consécutifs de cohabitation; le secours mutuel, qui se fonde principalement sur
la notion d'entraide économique, morale et affective du même type que des
époux; et la commune renommée, qui s'entend par la réputation de vie commune qu'ont
les conjoints pour ceux qui les connaissent. Alors, c'est la notion de couple,
la distinction entre un couple marié puis un couple.
Mme McGraw : O.K. Donc, il y
a ça. Ensuite, la collègue, elle avait dit qu'il y a des couples qui ne sont
comme pas vraiment des couples, à tort, qui sont considérés comme des couples
et se voient donc pénalisés, si on peut le dire, au niveau de leurs
prestations, même s'ils ne sont pas vraiment des couples, selon les définitions
que la ministre vient de... Est-ce que...
Mme Rouleau : ...existe
depuis un certain temps puis qui a été utilisée... qui existe toujours dans le
programme de revenu de base aussi, là, qui a été imaginé par notre ami commun.
Mme McGraw : On ne se questionne
pas sur la définition. Merci de l'avoir clarifiée et repris la définition. C'est
l'impact... C'est l'impact sur les prestations, c'est l'impact sur les
prestataires. Donc, on comprend qu'avec ce projet de loi, un pas de l'avant, c'est
de ne pas pénaliser... bien, ce n'est pas pénaliser, que les conjoints, les
personnes qui... où il y a une vie maritale vont recevoir les deux chèques,
bien qu'avant c'était un chèque, si je comprends bien.
Mme Rouleau : ...
Mme McGraw : Oui, je comprends,
mais tout est... tout est lié.
Mme Rouleau : Nous y
arriverons en temps et lieu.
Mme McGraw : On est... On est
dans les définitions. Alors, au niveau des... Juste pour revenir sur la
question budgétaire...
Mme Rouleau : Ce serait
simple, hein, si on était par... si on travaillait par blocs, plus facile, plus
simple pour les gens qui nous écoutent, comme dit Mme la Présidente, mais je
suis tout attentive.
Mme McGraw : Vraiment, on
vous attend puis... on vous entend puis on ne peut pas aujourd'hui, à cette
heure-là, parce qu'on s'est préparés pour article pour article. Donc, on vous
entend quand même, on a entendu les collègues.
Donc, juste au niveau budgétaire, est-ce
qu'on a fait l'analyse? Je comprends que ça peut venir plus tard, mais... ou
peut-être préparer, parce que, si on ne peut pas répondre à cette question ici,
à l'instant, peut-être on pourrait revoir ou avoir une réponse. Est-ce qu'une...
J'imagine qu'une analyse a été faite sur l'impact budgétaire de non seulement
deux chèques, mais des prestations... prestations individualisées qui ne
tiennent pas compte du statut du couple marital ou autre.
Mme Rouleau : Lorsqu'on prend
une orientation, qu'on prend une décision, c'est basé sur des informations,
évidemment, là. Tu sais, on juge de ce qui est... de ce qu'on peut... de ce qui
est... de ce qu'on peut faire, jusqu'où, comment on peut...
Mme Rouleau : ...avancer
les choses le mieux possible. Et certainement qu'il y a un coût très important.
Mme McGraw : Et
finalement, la collègue a parlé du fait que, oui, il y a, il y a des...
plusieurs raisons que les gens vivent ensemble, entre autres les finances,
parce que c'est un luxe, ça peut être un luxe de vivre ensemble en pleine crise
de logement, puis ce n'est pas nécessairement... Tout le monde ne peut pas se
permettre ce luxe de vivre seul. Alors, il y a des gens qui vivent ensemble
pour des raisons... plusieurs raisons, entre autres des raisons financières,
mais on... Si on comprend bien, il y a aussi des couples, des vrais couples,
qui ne vivent pas ensemble pour ne pas... pour ne pas être pénalisés parce
qu'ils vont être considérés comme des couples ou des conjoints. Est-ce que,
selon la ministre, les amendements, les... ce projet de loi s'attaque à cet
enjeu de couple? Donc, il y a couples, personnes qui ne sont pas des couples et
qui vivent ensemble pour des raisons financières ou autres, mais des vrais
couples qui ne vivent pas ensemble pour éviter d'être pénalisés. Je lance ça
comme ça. Est-ce que ce projet de loi s'attaque à cet enjeu et est-ce qu'on a
des informations, des données sur la magnitude du problème? Est-ce que c'est
assez commun? Est-ce qu'on a des... Est-ce qu'on a des chiffres? Est-ce qu'on a
des données?
Mme Rouleau : On a
certainement des données. Ici, on parle d'un article pour les aidants et aidés,
pour aider ces personnes-là parce qu'elles sont... elles sont pénalisées si
elles... si on ne va pas... si on... si on n'agit pas pour... pour ces gens-là.
L'impact de ce que vous proposez, ni plus ni moins, là, c'est l'élargissement,
par exemple, du programme de revenu de base ou quelque chose. Ou s'il fallait
aller dans cette direction-là, c'est au bas mot 1,5 milliard de
dollars par année.
Mme McGraw : Et juste
pour clarifier cette partie-là, ça, ça serait l'impact budgétaire de pas juste
deux chèques pour les conjoints, mais des prestations individualisées. Je veux
juste... Est-ce que c'est... Oui?
Mme Rouleau : C'est
l'élargissement du programme du revenu de base. Mais je dois vous mentionner
que le programme de revenu de base, son... Le grand intérêt du programme de
revenu de base, c'est qu'il vient aider des personnes qui sont... qui ont des
contraintes très sévères.
Mme McGraw : Et
permanentes.
Mme Rouleau : Et
persistantes, permanentes. Et on leur permet une véritable intégration dans la
société. On a augmenté de manière très importante, là, 57 % du revenu pour
ces gens-là, qui peuvent aussi travailler parce que c'est une situation qui ne
changera jamais pour ces gens-là. Avoir l'aide de dernier recours, c'est parce
qu'il s'est passé quelque chose, évidemment, dans les vies des gens. On veut
les aider. Et l'objet de l'ensemble de ce projet de loi, c'est de mieux les accompagner,
assurer un accompagnement pour mieux les intégrer, leur permettre une
intégration dans la société et d'atteindre le marché du travail. C'est ça,
l'objectif. C'est de permettre certaines dispositions qui améliorent la
condition. Mais ce n'est pas de faire en sorte de... d'immobiliser les gens. On
veut qu'ils soient en mouvement. C'est vraiment l'orientation qui est donnée.
Mme McGraw : Je
reviendrai peut-être sur certaines de ces questions-là dans les articles à
suivre. Pour l'instant, c'est les questions que j'ai.
• (18 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
correct. D'autres commentaires? S'il n'y a pas d'autre commentaire,
l'article 8 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Maintenant, nous sommes à l'article 9. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : À
l'article 9, Mme la Présidente : L'article 23 de cette loi est
modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant... pardon, suivant :
«Ce règlement peut limiter l'admissibilité...
Mme Rouleau : ...d'un enfant
mineur à certains programmes ou à certaines prestations ou allocations, ainsi
que déterminer la durée de cette admissibilité.
L'article neuf du projet de loi modifie
l'article 23 de la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles afin de
préciser que le pouvoir réglementaire prévu à cet article permet au
gouvernement de limiter l'admissibilité d'un enfant mineur à certains
programmes ou à certaines prestations ou allocations, de même que déterminer la
durée de cette admissibilité.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaires? Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais que la ministre nous explique davantage qu'est-ce
qu'elle souhaite limiter par son règlement. C'est quoi, l'objectif avec cet
article-là?
Mme Rouleau : C'est par
exemple un jeune de 17 ans et quelques, là, qui sort de la DPJ, à l'heure
actuelle, s'il va... s'il sort... bien, il va sortir et il peut se retrouver
avec aucune ressource parce qu'il faut avoir 18 ans et le jeune a
17 ans, ou peut-être... autour de ça, 16, ça peut être 16 ans. Alors,
c'est un pouvoir réglementaire. Par exemple, là, c'est un exemple, mais c'est
un pouvoir réglementaire qui permet que ce jeune puisse obtenir l'aide.
Mme Labrie : Mais pourquoi de
la façon dont on lit ça dit que ça peut limiter l'admissibilité plutôt que...
Dans le fond, moi, ce que je comprends de la ministre, c'est qu'elle veut
permettre l'admissibilité.
Mme Rouleau : C'est de...
Oui, bien, c'est... Je pense que c'est juridique, là, c'est... La...
Des voix : ...
Mme Rouleau : O.K. C'est
une... bien, le jeune a 17 ans et demi, on va lui permettre d'avoir accès
à une forme d'aide de dernier recours. Il n'aura pas encore accès à tout. C'est
pour ça qu'il y a une limite. Parce qu'à partir de 18 ans il pourra avoir
accès à l'ensemble.
Mme Labrie : Puis, bon, là,
on n'a pas eu les intentions réglementaires, mais est-ce que la ministre peut
quand même nous dire verbalement c'est quoi son intention par rapport aux
limites qu'elle veut apporter à un jeune, par exemple, dans la situation
qu'elle nous présente, là, qui sort de la DPJ puis qui va avoir accès un peu
avant 18 ans, peut-être 16, 17, à ces programmes-là. Qu'est-ce qu'elle...
à quoi il n'aura pas accès?
Mme Rouleau : Bien, il aura
accès à la prestation de base et aussitôt qu'il aura 18 ans, il aura...
là, il pourra avoir accès à l'ensemble des programmes. Mais là, c'est une aide
financière qu'il va avoir qu'il ne peut pas avoir aujourd'hui.
Mme Labrie : Est-ce qu'il
pourrait avoir accès à Objectif emploi par exemple?
Mme Rouleau : Pas tout de
suite, à 18 ans.
Mme Labrie : Pourquoi?
Mme Rouleau : On pourrait...
Des voix : ...
Mme Rouleau : Ça pourrait
être du cas par cas, parce que c'est vrai que c'est des situations
particulières, là, pour chacun de ces jeunes et pourraient, par le pouvoir
réglementaire, avoir accès à un programme ou peut-être deux. Ça dépend. Ça peut
dépendre du profil de la personne.
Mme Labrie : Donc, à ce
moment-là... Moi, c'est parce que j'essaie de comprendre pourquoi on phrase ça
comme ça ici. Parce qu'au final l'intention de la ministre à l'article neuf,
c'est de se donner la possibilité que quelqu'un qui n'a pas 18 ans puisse
avoir accès aux programmes. Ce qu'on lit, c'est : ce règlement peut
limiter l'admissibilité d'un enfant. Bon, je comprends que c'est du vocabulaire
législatif...
Mme Rouleau : Parce que...
n'a pas accès à tout.
Mme Labrie : Oui, mais il y
a-tu des choses en particulier qu'elle sait qu'elle ne veut pas donner accès.
Mme Rouleau : Non, pas...
non, ce n'est pas de ne pas vouloir donner accès, c'est de vouloir donner
accès, mais n'a pas accès à tout parce qu'il peut y avoir du cas par cas.
Mme Labrie : Mais ce n'est
pas un peu du cas par cas pour tous les prestataires? En vertu de quoi? Parce
qu'ils ne sont pas encore majeurs en soi, c'est un argument pour ne pas leur
donner accès à des choses.
Des voix : ...
Mme Labrie : Peut-être que la
personne qui conseille la ministre en ce moment pourrait prendre la parole puis
nous dire...
Mme Rouleau : Oui, M.
Gauthier, sous-ministre adjoint.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que...
Mme Labrie : Juste pour ne
pas qu'on perde en chemin des informations.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que j'ai le consentement pour...
Mme Labrie : Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...que
monsieur prenne la parole? Si vous voulez bien vous nommer, nommer votre titre
et ensuite répondre à la question, s'il vous plaît.
M. Gauthier (Francis) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, Francis Gauthier, sous-ministre adjoint à la
solidarité sociale et à l'assurance parentale au ministère d'Emploi, Solidarité
sociale. Donc, l'objectif, c'est une habilitation réglementaire générale qui
serait prise par le gouvernement. Ça fait que l'objectif, c'est de... donc de
prévoir des différents cas de figure où on pourrait baliser les... l'accès à
certains services en fonction du profil du jeune, en fonction du profil de la
personne. Lorsqu'on parle par exemple de jeunes qui sortent de la DPJ, ça peut
se faire dans une... pour une période donnée pour lui permettre de... de
s'intégrer à logement, par exemple, ça fait qu'on va venir le baliser. On va
peut-être considérer certains types de dépenses, peut-être moins d'autres, on
va venir... Ça va nous permettre d'adapter à la situation précise du jeune en
question. C'est vraiment ça, l'objectif, c'est donner la flexibilité de
l'adapter.
Mme Labrie : Mais, sachant
que la personne qui a été le moins longtemps sur l'aide sociale est la personne
qui risque le plus d'en sortir — ça, je pense que la ministre est
d'accord avec moi là-dessus — est-ce qu'on ne serait pas plutôt
gagnants de donner accès à tout ce qui est possible en fait à un jeune mineur
qui est suffisamment précaire dans sa situation pour qu'on considère qu'il
devrait avoir accès aux programmes? Est-ce qu'on ne devrait pas déployer tous
les outils, tous les moyens qui existent dans ces programmes-là pour l'aider
tout de suite?
M. Gauthier (Francis) : On
s'entend que le jeune qui va arriver puis qui va bénéficier de cette
perspective-là, ça devient comme un... un dernier recours, puisque normalement
ce qu'on souhaite, c'est que les jeunes poursuivent leur formation dans... au
sein du réseau scolaire et obtiennent... utilisent par exemple l'aide
financière aux études ou autres. Ça fait que c'est vraiment des cas de figure
très spécifiques où on veut... on intervient auprès d'un profil de personne en
particulier. Ça fait que c'est clair que l'objectif, c'est que les jeunes
soient... On souhaite leur donner accès au maximum de... de services puis de
types de... de mesures puis... Mais l'objectif, c'est ici de trouver une façon
de se donner un règlement qui puisse s'adapter aux différents contextes.
Mme Labrie : O.K. Bien,
j'entends qu'il y a quand même une intention de donner accès au maximum de
ressources. Je pense que c'est souhaitable, parce que ce jeune-là, plus on lui
donne d'outils tôt dans son parcours, plus il risque de... de s'épanouir
rapidement sans avoir besoin de ces programmes-là.
Mais je dois dire que ce n'est... ce n'est
pas clair pour moi pourquoi on vient l'écrire comme ça, là, dans la loi, si de
toute façon c'est ça, l'intention, de donner accès à un maximum de choses,
parce que la question de la durée, elle est déjà prévue ailleurs. Ça fait que
c'est comme s'il y a les deux, il y a limiter l'admissibilité à certains
programmes puis il y a aussi déterminer la durée de l'admissibilité. Ça fait
que là, on me répond surtout par rapport à la durée de cette aide-là. Moi, je
n'ai toujours pas compris pourquoi on refuserait l'accès à certains programmes,
sincèrement. On a tout à gagner, là, comme société, à donner tous les outils à
un jeune dans cette situation-là.
Puis, par ailleurs, l'exemple qui a été
donné, c'est un exemple de... bon, de la protection de la jeunesse, là, c'est
ce à quoi on pense en premier. Mais j'ai aussi en tête peut-être les... des
jeunes qui essaient de sortir de parcours en exploitation sexuelle, là. Dans la
Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs, il avait été
question notamment d'aider, bon, très souvent, ces jeunes filles-là — quoique
ça ne doit pas être seulement les jeunes filles, mais bon, plus souvent — à
avoir accès aussi à l'aide sociale pour pouvoir s'en sortir. Je ne sais pas si
elles sont toutes sous la protection de la jeunesse ou pas, mais je veux
m'assurer qu'elles vont aussi faire partie, là, des balises du règlement.
Mme Rouleau : Ça pourrait
être... Là, on a parlé d'un jeune, là, puis là, tu sais, dans ma tête, c'est un
jeune garçon de la DPJ qui a 17 ans et demi, là, mais ça peut être une jeune
fille aussi qui est... qui a besoin de... qui a besoin de... de l'aide
rapidement.
Mme Labrie : Donc ça pourrait
être une victime d'exploitation sexuelle? Donc, on va... on veut permettre ça
avec le règlement?
Mme Rouleau : Oui, oui, oui.
• (18 h 50) •
Mme Labrie : Parfait. Puis
peut-être que la ministre peut me revenir, là, sur ce que j'ai dit par rapport
au fait de pourquoi on vient prévoir la possibilité de limiter l'admissibilité.
Parce qu'on prévoit les deux, là, l'admissibilité aux programmes et à certaines
prestations puis la durée de ça. Pourquoi on se donne tous ces moyens,
finalement, de couper l'aide, alors qu'on devrait déployer toute l'aide possible
pour ces jeunes-là? On le sait, là, toutes, toutes, toutes les données sont
très claires, plus tôt on prend la personne, plus on va lui permettre de sortir
de l'aide sociale rapidement, puis c'est ce qu'on souhaite tous, là. ...
Mme Labrie : ...tous, là.
Mme Rouleau : Ça mérite
réflexion.
Mme Labrie : Voulez-vous
qu'on suspende cet article-là, peut-être?
Mme Rouleau : Qu'on suspende
cet article, puis je... on va... on va en rediscuter.
Mme Labrie : Parfait.
Mme Rouleau : O.K.
Mme Labrie : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
j'ai le consentement de suspendre cet article et d'aller à l'article suivant.
J'ai consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Consentement.
L'article 10, Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : L'article 10,
Mme la Présidente : L'article 26 de cette loi est modifié par
l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Le pouvoir réglementaire prévu au deuxième
alinéa est exercé par le ministre lorsqu'une durée à cette admissibilité est
déterminée.».
L'article 10 du projet de loi modifie
l'article 26 de la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles afin de
préciser que le pouvoir réglementaire prévu au deuxième alinéa de cet article
est exercé par le ministre lorsqu'une durée à l'admissibilité au régime
d'assistance sociale de certaines catégories de personnes non admissibles est
déterminée.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Là aussi, je vais avoir une question sur les intentions
réglementaires de la ministre, là. Bon, on sait tous ici à quel point l'enjeu
des demandeurs d'asile est délicat. Je pense qu'on a un consensus, probablement
ici, à l'Assemblée nationale, pour que les permis de travail du gouvernement
fédéral soient émis le plus tôt possible parce que la plupart des demandeurs
d'asile ne demandent qu'à travailler et à sortir des programmes d'aide sociale.
Mais je... je sais aussi que le gouvernement a plaidé souvent que ça représente
des coûts importants en fait qu'ils soient couverts actuellement, et c'est
un... c'est un fait incontestable. Donc, j'aimerais savoir c'est quoi,
l'intention réglementaire de la ministre avec ça? Quel genre de souplesse elle
veut venir chercher ici? Qu'est-ce qu'elle veut faire avec ça? Parce qu'on a
des gens qui ne font pas exprès, hein, bien, franchement, de se retrouver sur
ces programmes-là, là. Ce n'est pas leur choix. Ils ne demandent qu'à retourner
travailler, puis je... j'avoue avoir cette crainte-là qu'on cherche à limiter
l'aide qu'on leur apporte, alors que c'est des gens qui sont de bonne foi et
qui ne demandent qu'à travailler, puis ce n'est pas leur faute à eux s'ils ne
sont pas en mesure de le faire, là. Donc, de les pénaliser alors qu'ils n'ont
pas le contrôle finalement sur l'émission de leur permis de travail, je... j'ai
des inquiétudes importantes.
Mme Rouleau : Bien, l'exemple
ici, c'est la situation des Ukrainiens. On a... on a dû développer un programme
spécial particulier pour les Ukrainiens avec un visa de visiteur, puis... et
c'est extrêmement complexe dans son administration, puis dans son application.
Et là, c'est... compte tenu de la situation géopolitique, de se... de se donner
le pouvoir réglementaire de pouvoir... de... de mettre en place un programme
rapidement, parce que ça a été long aussi mettre en place ce programme, long,
complexe, ardu. Alors, c'est pour simplifier cette... cette situation-là.
Mme Labrie : Donc, est-ce que
la ministre nous confirme qu'elle n'a pas l'intention de venir limiter soit
dans les modalités, soit dans le temps, l'assistance qui est offerte aux
demandeurs d'asile actuellement?
Mme Rouleau : Bien, ce n'est
pas la... ce n'est pas exactement la même situation. Là, c'est on parle dans le
cas des Ukrainiens, il y a eu une situation, une crise, une crise, bon, qui
fait que les gens sont... sont... les Ukrainiens sont arrivés. Il fallait s'en
occuper rapidement, mais ça a été très complexe. Ça fait que c'est de pouvoir
mettre en place des programmes plus particuliers pour... pour des gens.
Mme Labrie : Je... je
comprends ça.
Mme Rouleau : Mais là, le
demandeur d'asile, c'est aussi une autre... Tu sais, quand on parle de
demandeurs d'asile, c'est plus complexe que de seulement dire demandeurs
d'asile.
Mme Labrie : Je comprends ça.
Sauf que la souplesse réglementaire qu'elle vient se donner ici pourrait aussi
lui permettre d'agir sur ce qui est offert aux demandeurs d'asile actuellement.
Puis je comprends que ça coûte cher. J'ai... j'ai hâte qu'ils trouvent une
façon de gérer le travail plus vite que ça au fédéral. Mais le fait est que ces
gens-là se retrouvent à la rue, ça va nous coûter plus cher autrement, là.
Donc, moi, j'ai cette inquiétude-là puis je voudrais être rassurée là-dessus.
Même si ce n'est pas... ce n'est pas écrit tel quel, elle vient se donner un
pouvoir réglementaire qui touche cette question-là. Donc, si elle me dit :
Ce n'est pas pour ça que je veux l'utiliser, ce n'est pas...
Mme Labrie : ...pensez
que ça va servir.
Mme Rouleau : Je n'ai
pas... En tant que ministre, je ne pourrais pas agir directement sur l'ensemble
des demandeurs d'asile. C'est le gouvernement qui peut agir s'il y a une action
à prendre, mais ce n'est pas par ce pouvoir réglementaire que je pourrais agir
sur l'ensemble des demandeurs d'asile. C'est pour des clientèles... des
clientèles, si je peux dire, m'exprimer ainsi, là. Ce n'est pas le... Ce n'est
pas le meilleur terme, mais l'exemple, c'est les Ukrainiens.
Mme Labrie : Donc, la
marge de manœuvre que la ministre vient de dégager ici, ça ne vise pas...
Mme Rouleau : Plus
d'agilité et rapidité dans un cas d'urgence.
Mme Labrie : Je
comprends. Et donc ça ne vise pas à réduire, par exemple, la prestation ou la
durée des prestations...
Mme Rouleau : Ça ne
touche pas...
Mme Labrie : ...pour
d'autres types de personnes.
Mme Rouleau : Non.
Mme Labrie : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres commentaires sur l'article 10? Est-ce que l'article 10 est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
L'article 11, Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : L'article 11.
L'article 30 de cette loi est modifié par le remplacement, dans le
deuxième alinéa, de «d'aide financière de dernier recours ou d'une demande
faite» par «faite dans le cadre du programme d'aide financière de dernier
recours ou».
L'article 11 du projet de loi modifie
l'article 30 de la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles à des fins
de concordance avec les modifications apportées aux articles 19 et 20 du
projet de loi puisque le programme d'aide financière de dernier recours
fusionne le programme d'aide sociale et le programme de solidarité sociale.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaires sur l'article 11? Est-ce que l'article 11 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Merci. L'article 12, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : L'article 12.
L'article 31 de cette loi est modifié :
1° par l'ajout, à la fin du premier
alinéa, de la phrase suivante : «Ce rapport doit être rédigé par un
professionnel de la santé ou des services sociaux désigné par règlement.»;
2° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «par le médecin», de «contraintes sévères à l'emploi ou si son état
physique ou mental l'empêche de réaliser une activité de préparation à l'emploi,
d'insertion ou de maintien en emploi» et de «rapport du médecin» par,
respectivement, «par le professionnel de la santé ou des services sociaux»,
«contraintes sévères de santé» et «rapport médical rédigé par le professionnel
de la santé ou des services sociaux».
L'article 12 du projet de loi modifie
l'article 31 de la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles afin,
premier paragraphe, d'introduire un pouvoir réglementaire permettant au
gouvernement de désigner les professionnels de la santé ou des services sociaux
pouvant rédiger le rapport médical requis par cet article. Ainsi, le rapport du
médecin qui est actuellement exigé est remplacé par un rapport médical pouvant
être rédigé par un professionnel de la santé ou des services sociaux et, paragraphe
2°, de remplacer la notion de contraintes sévères à l'emploi par celle de
contraintes sévères de santé à des fins de concordance avec l'article 25
du projet de loi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Commentaires
sur l'article 12, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît.
Mme McGraw : Oui.
Mme Rouleau : Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
Mme Rouleau : J'ai un
amendement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
avez un amendement à déposer?
Mme Rouleau : Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
qu'il est sur Greffier?
Mme Rouleau : L'est-il?
La Présidente (Mme D'Amours) : L'avons-nous
sur Greffier?
Mme Rouleau : Pas
encore.
La Présidente (Mme D'Amours) : Non.
Je vais suspendre les travaux quelques minutes, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 19 heures)
19 h (version non révisée)
(Reprise à 19 h 03)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Et nous étions rendus à l'amendement déposé par la
ministre. Mme la ministre, si vous voulez bien nous en faire la lecture, s'il
vous plaît.
Mme Rouleau : Oui, Mme la
Présidente. Alors, l'article 12 qui... Bon, on remplace l'article 12 du projet
de loi par le suivant :
L'article 12. L'article 31 de cette loi
est modifié :
1° dans le premier alinéa :
a) par le remplacement de «un rapport
médical» par «une évaluation médicale et, s'il y a lieu, psychosociale»;
b) par l'ajout, à la fin, de la phrase
suivante : «Une évaluation doit être rédigée par un professionnel de la
santé ou des services sociaux désigné par règlement.»;
2° par le remplacement du deuxième alinéa
par le suivant :
«La personne doit également, lorsque le
ministre l'estime approprié, se soumettre à une nouvelle évaluation médicale ou
psychosociale effectuée par le professionnel de la santé ou des services
sociaux qu'il désigne pour vérifier si elle présente des contraintes de santé
ou des contraintes sévères de santé. Lorsque la décision du ministre est
défavorable, elle doit être accompagnée de l'évaluation médicale ou
psychosociale rédigée par le professionnel de la santé ou des services sociaux
qu'il a ainsi désigné.».
L'amendement vise à remplacer les termes
«rapport médical» par «évaluation médicale et, s'il y a lieu, psychosociale»
dans le premier alinéa de l'article 31 de la Loi sur l'aide aux personnes et
aux familles. Il permet également au ministre de demander que la personne se
soumette à une nouvelle évaluation médicale ou psychosociale, selon le cas, si
l'évaluation soumise n'est pas concluante. Le ministre déterminera la forme que
prendra... que devra prendre ces évaluations.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Commentaires? Oui, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Cet article-là
est très, très important, et, par-dessus tous les autres, je pense que, s'il y
en a un sur lequel on devrait avoir l'intention réglementaire, c'est bien
celui-là, parce que ça a une incidence majeure sur la vie des gens. Donc, j'aimerais
que la ministre nous soumette, idéalement, une vraie intervention réglementaire
ou, au minimum, qu'elle élabore longuement sur ses intentions par rapport à ça,
quel type de professionnels, etc.
Mme Rouleau : En fait, on ne
peut pas déterminer encore précisément quels sont les professionnels. On pense
à des professionnels...
Mme Rouleau : ...mais il
faudra, par règlement, identifier les professionnels. Actuellement, il y a un
travail qui se fait, là, avec la loi... 67?
Une voix : Oui.
Mme Rouleau : ...la loi 67,
où ma collègue, la ministre... présidente du Conseil du trésor et...
Une voix : ...
Mme Rouleau : ...oui, Mme...
la ministre LeBel, est en train de travailler, là, sur les responsabilités qui
sont données à des professionnels de la santé. Alors, sur la base de ces
travaux puis qui vont se poursuivre, bien, on pourra déterminer quels sont les
professionnels de la santé.
Là, je peux donner des exemples de ce
qu'on souhaite, mais ce sera... il faudra déterminer ça par règlement, par
exemple des psychologues, par exemple, peut-être, les travailleurs sociaux ou
des conseillers en orientation qui pourront...
Mme Labrie : Est-ce qu'on
peut penser aux psychoéducateurs, par exemple?
Mme Rouleau : On peut penser,
on peut penser. Alors, ce sera à déterminer dans le... dans les règlements.
Mme Labrie : Puis, dans nos
échanges avec différents groupes communautaires, il a été mentionné que ça
pourrait être très pertinent que les professionnels de la santé et des services
sociaux qui oeuvrent en dehors du réseau et dans un organisme communautaire
puissent eux aussi être habilités, là, à remplir ce genre de documentation là.
Je trouverais ça particulièrement important parce que les listes d'attente pour
consulter un psychologue, un travailleur social, etc., dans le réseau public
sont à peu près aussi longues que pour voir un médecin, là, ce n'est pas
beaucoup plus simple. Donc, si on veut vraiment faciliter la vie des gens, on
gagnerait à permettre à ce que ceux qui sont dans des organismes communautaires
puissent le faire. Est-ce que c'est l'intention de la ministre?
Mme Rouleau : Bien, c'est un
travail à faire avec les ordres professionnels pour s'assurer que... qu'on
n'échappe rien, là, mais il faut travailler avec les ordres professionnels.
Mme Labrie : Oui, mais, dans
le cas où une personne est membre d'un ordre professionnel, est-ce que son
employeur deviendrait une limite à pouvoir exercer ce rôle-là ou on pourrait
lui reconnaître le droit de le faire quel que soit son employeur? Est-ce que...
Est-ce que ma question est claire ou...
Mme Rouleau : ...c'est
l'ordre professionnel, le Code de professions qui va déterminer ce qui est...
ce qu'il est possible de faire. Et le travail qui se fait à l'heure actuelle
par ma collègue est de cet ordre-là. Alors, on va poursuivre ce travail-là.
Mme Labrie : Je ne suis pas
sûre...
Mme Rouleau : ...avec des
ordres... avec les ordres professionnels pour s'assurer qu'on puisse assurer le
service.
Mme Labrie : Je ne suis pas
sûre de comprendre la réponse de la ministre, dans le sens où : Pourquoi
ce serait à un ordre professionnel de décider si une psychologue ou un
travailleur social qui travaille là ou là aurait le droit de remplir cette
documentation-là? C'est de la documentation qui est envoyée au ministère. Ça
devrait être la ministre qui décide si c'est recevable de la part de qui, là.
Mme Rouleau : Bien, ce n'est
pas parce que le professionnel de la santé travaille là ou là, c'est parce que
le professionnel de la santé a le mandat, la responsabilité de pouvoir faire ce
diagnostic...
Mme Labrie : Exact. Bien,
c'est ça que...
Mme Rouleau : ...de santé et
santé psychosociale, là, parce que j'ai beaucoup parlé des enjeux psychosociaux
déjà.
Mme Labrie : Oui. Bien, c'est
un peu ça que je dis, en fait. Du moment où on reconnaît qu'un psychologue, ou
un travailleur social, ou un conseiller en orientation est apte à remplir ce
type de document, du point de vue du ministère, quand il travaille dans un
CISSS ou dans un CIUSSS, il me semble que c'est à la ministre de décider si
elle accepte aussi de recevoir ce document s'il est signé d'un psychologue ou
d'un travailleur social qui travaille dans un organisme communautaire. Pourquoi
ce serait un ordre professionnel qui décide de ça? Si la personne est membre de
l'ordre professionnel, elle est reconnue déjà par son ordre, là. Ce n'est pas
l'ordre qui va décider s'il a le droit de signer un document ou pas, c'est la
personne qui reçoit le document signé, et ça, c'est le ministère.
Mme Rouleau : ...ça passe par
l'ordre professionnel. Il doit y avoir une entente avec l'ordre professionnel,
parce qu'à ce jour, là, en ce moment, aucun professionnel n'est autorisé par
règlement de l'ordre professionnel dont il est membre à exercer sa profession
au sein d'une... au sein d'une personne morale sans... il ne peut pas... sans
but lucratif?
• (19 h 10) •
Mme Labrie : Oui. Oui, je
comprends ça. Puis ça, c'est en train d'être modifié dans le projet de loi, là,
de la présidente du Conseil du trésor. Donc, quand ce sera modifié, là, ils
vont avoir le droit de travailler dans des organismes à but non lucratif. Moi,
ce que je veux savoir, c'est : Est-ce que, quand ils vont peut-être
travailler dans un organisme à but non lucratif, la ministre va...
Mme Labrie : ...dans son
règlement, qu'ils peuvent aussi signer ces documents-là.
Mme Rouleau : La question,
c'est à l'extérieur d'une organisation gouvernementale, comme un CIUSSS ou un
CISSS, est-ce que la personne qui est... qui fait...
Mme Labrie : ...qui est
psychologue à son compte, quelqu'un qui est psychologue dans un organisme
communautaire, est-ce qu'ils vont pouvoir aussi signer ces formulaires-là ou
pas? En fait, et je vous soumets qu'ils devraient, là, parce que les listes
d'attente, pour ces professionnels-là, sont très longues. Puis l'objectif,
c'était quand même de simplifier la vie des personnes prestataires pour la
reconnaissance d'une contrainte. Moi, c'est ce que j'avais compris comme
intention, c'est bien l'élargissement à d'autres professionnels que les
médecins. Mais c'est parce qu'on parle de plusieurs années d'attente, parfois,
pour un psychologue dans le réseau public.
Donc, moi, je voudrais m'assurer que, dans
le règlement, on va prévoir que, si la personne est membre de son ordre,
qu'elle soit en mesure de signer ces documents-là, pas juste si elle travaille
dans le réseau public.
Mme Rouleau : Alors, le
règlement va prévoir que l'ordre professionnel va... est intégré, là, puis on
va travailler avec l'ordre professionnel. Alors, dans cette optique, peu
importe où travaille le professionnel, ça peut être dans un une clinique
médicale communautaire, ça peut être, tu sais, ça peut... le professionnel
pourra émettre ce diagnostic.
Mme Labrie : O.K. Donc, ça,
c'est l'intention...
Mme Rouleau : L'intention.
Mme Labrie : ...de la
ministre. Bonne nouvelle. La deuxième question que j'ai par rapport à ça, il y
a aussi des organismes qui nous ont fait valoir que, dans leurs organisations,
puis c'est spécialement le cas, par exemple, pour les organismes en violence
conjugale, c'est dans l'itinérance aussi, ils n'ont pas nécessairement de gens
dans leurs ressources qui sont membres d'un ordre professionnel. Certains sont
des intervenants qui sont, parfois, des techniciens aussi, mais qui sont
hautement spécialisés dans leur domaine, notamment pour la violence conjugale.
Donc, ils nous faisaient valoir que ça les limiterait pour finalement... alors
qu'ils sont les mieux placés pour connaître le profil de la personne et sa
situation réelle, son histoire de vie, puis tout ça. Si c'est seulement les
membres d'ordres professionnels qui peuvent remplir cette documentation-là,
bien, ça va créer une entrave. Ça va forcer une personne qui est hautement
précarisée, notamment, une victime de violence conjugale, une personne en
situation d'itinérance ou on pourrait même penser à la dépendance, à aller
raconter encore son histoire à un ordre professionnel avec lequel elle n'a pas
de lien de confiance.
Donc, ils nous ont fait valoir que ça
pourrait être pertinent que des organismes qui sont reconnus par le
gouvernement, là, dans le cadre d'ententes, par exemple, le PSOC mais d'autres
types d'ententes, que ces organismes-là puissent, en tant qu'organismes aussi,
sur la base qu'on leur reconnaît, l'expertise, remplir aussi cette
documentation-là. Par exemple, la direction d'organismes pourrait être
habilitée à le faire suite à l'analyse, là, de son équipe...
Mme Rouleau : Ce qu'on a
reconnu, là, par exemple, pour les maisons d'hébergement de femmes victimes de
violence conjugale, qui sort de chez elle en toute urgence, s'en va en maison
d'hébergement et qui ne perd pas un sou, en passant, là. Je l'ai dit à quelques
reprises, mais je le répète, là, il n'y a pas de... On n'enlève absolument
rien. On va... on va jumeler ce qui était la prestation de la CTL, la
contrainte de l'emploi, et le montant qu'elle reçoit, la dame, parce qu'elle
est en hébergement, ce sera jumelé, c'est donc un seul formulaire. Puis ce
qu'on a déjà dit, ce qu'on prévoit, c'est que l'intervenante de la maison
d'hébergement est celle qui va confirmer la situation de cette dame.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions pour aujourd'hui. Donc, merci pour votre
collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci tout le monde.
(Fin de la séance à 19 h 15)