Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 25 avril 2024
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Vol. 47 N° 57
Étude des crédits budgétaires du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, volet Solidarité sociale et action communautaire autonome
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14 h (version non révisée)
(Quatorze heures)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'économie et du travail ouverte. La commission est réunie afin
de procéder à l'étude du volet Solidarité sociale et action communautaire
autonome des crédits budgétaires du portefeuille Emploi et solidarité sociale
pour l'exercice financier 2024-2025. Une enveloppe de 2 heures a été
allouée pour cette étude... pour l'étude de ces crédits. Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements, s'il vous plaît?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M.... excusez-moi, j'avais noté un remplacement qui vient de
changer. M. Tremblay, Dubuc, est remplacé par Mme Tardif,
Laviolette-Saint-Maurice, Mme Cadet. Bourassa-Sauvé est remplacé par Mme
McGraw, Notre-Dame-de-Grâce, M. Leduc, Hochelaga-Maisonneuve, est... est
remplacé par Mme Labrie, Sherbrooke.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'échange
incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la fin du temps qui leur est allouée, soit vers 16 h. Je suis
maintenant prête à reconnaître une première intervention de l'opposition
officielle pour un premier bloc d'échange. Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Je veux tout d'abord saluer, évidemment, la ministre responsable de
la Solidarité sociale et de l'action communautaire, ainsi que la banquette
ministérielle, les collègues de l'opposition. Aussi, reconnaître les
fonctionnaires qui ont... qui nous ont assistés... assistés dans cet
exercice-là, et les groupes qui sont avec nous aujourd'hui, de près, mais aussi
de loin en virtuel.
C'est vraiment un plaisir pour moi de
pouvoir prendre part pour la première fois à l'étude de crédits budgétaires,
volet solidarité sociale et action communautaire. Parce que, pour moi, c'est un
nouveau dossier depuis cette année, depuis janvier et c'est un dossier qu'on...
qu'on prend une grande importance pour moi aussi, pour tout le Québec. On
comprend que le visage de la pauvreté change au Québec et ce gouvernement a un
devoir de soutien à la participation de la population, des entreprises, des
organismes communautaires et aussi des communautés au développement et à la
prospérité du Québec. Alors, sur ce, je vais passer tout de suite aux questions
pour la ministre, via la Présidente, alors, est-ce que la ministre considère
que la pauvreté a reculé au Québec?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Alors, oui.
Alors, merci beaucoup, Mme la députée, puis heureuse de faire ces 2 heures
en votre compagnie, ainsi qu'en... accompagnée de notre collègue de la deuxième
opposition. Permettez-moi d'abord de remercier les gens qui sont avec moi, la
sous-ministre de la Solidarité sociale et de l'action communautaire et, en
fait, Emploi et solidarité sociale, Annick Laberge, le sous-ministre adjoint
Francis Gauthier, toute l'équipe de fonctionnaires qui sont ici, les directeurs,
directrices qui sont avec nous, mon directeur de cabinet, Simon Langelier. Puis
je veux remercier aussi mes deux adjointes gouvernementales qui sont ici avec
nous, là, la députée d'Abitibi-Ouest et la députée de Laviolette-Saint-Maurice.
Et puis salutations à tous et à toutes. Est-ce que la pauvreté a reculé au
Québec? C'est votre question.
Mme McGraw : Selon vous ainsi
que votre gouvernement.
Mme Rouleau : Alors, la
réponse est oui. Si on compare le taux de personnes qui étaient sur l'aide
sociale, il y a une vingtaine d'années, on avait 10 à 12 % de la
population qui était sur l'aide sociale. Aujourd'hui, on a moins de 5 % de
la population qui est sur l'aide sociale. On serait autour de 5,67 %...
4,67 %, n'eût été l'affluence importante des demandeurs d'asile qui
viennent sur le régime d'assistance sociale. Différents programmes ont fait en
sorte que la pauvreté a pu reculer. Puis, un des éléments très importants, c'est
le programme de revenu de base qu'on a mis en place le 1ᵉʳ janvier 2023.
Mme McGraw : ...parce que ça
a été... On est content de voir que le gouvernement l'a mis en place, parce que
ça a... ça a été une idée, une initiative libérale, et on est contents que ça
avance. Mais je voudrais juste...
Mme McGraw : ...revenir à la
question. Vous avez parlé d'une durée de temps, de plus de 10 ans, mais
sous votre gouvernement, depuis 2018, les statistiques qui parlent de la
pauvreté, les gens qui sortent de la pauvreté.
Mme Rouleau : Bien, on a,
depuis 2018, 160... attendez un petit peu, là, j'ai un chiffre ici,
141 000 personnes qui sont sorties de l'aide sociale pour aller vers
l'emploi. Parce que ce qu'on cherche à avoir, c'est... ce qu'on veut, c'est
éviter que les gens se retrouvent sur cette aide de dernier recours parce que
c'est une aide de dernier recours et leur permettre d'aller vers l'emploi le
mieux possible, le mieux accompagné possible, le plus rapidement possible.
Parce que c'est par l'emploi qu'on retrouve... qu'on peut avoir un salaire et
qu'on retrouve toute la dignité et qu'on peut contribuer à la société à la
hauteur de ses moyens. Alors, on a différents programmes qui permettent
d'intégrer des gens qui sont sur l'aide sociale vers l'emploi.
Mme McGraw : Et j'aimerais...
On va revenir sur les programmes un peu plus tard, si vous me permettez, Mme la
ministre. Alors, quel est l'objectif... vous avez parlé de 141 000.
J'aurais bien aimé entendre sur les pourcentages, parce qu'on parle de
pourcentages, pour vraiment pouvoir comparer, mais quel est l'objectif de la
ministre en matière de pauvreté?
Mme Rouleau : C'est de
réduire la pauvreté, c'est de...
Mme McGraw : Est-ce que vous
avez des chiffres qui...
Mme Rouleau : Bien, en fait,
les taux de réduction se retrouvent dans le plan de lutte. Alors, il y a le
troisième plan de lutte, là, que vous connaissez, le PAGIEPS, ce que j'ai
prolongé d'un an pour nous donner le temps de bâtir le quatrième plan de lutte,
parce que vous savez que la loi oblige le gouvernement à avoir un plan de
lutte.
Mme McGraw : D'ailleurs,
est-ce que la ministre s'engage... parce que c'est quand même attendu, selon la
loi, est-ce que la ministre s'engage à déposer le quatrième plan pour lutter
contre la pauvreté d'ici la fin de la session parlementaire, c'est-à-dire le
7 juin?
Mme Rouleau : En fait, la loi
dit qu'il faut déposer le prochain plan d'ici le 30 juin prochain. Alors,
c'est sûr que c'est un engagement que j'ai de déposer le plan de lutte, et
c'est là-dessus que je travaille. C'est pour ça que, lorsque je suis arrivée en
poste, j'ai voulu prolonger d'une année le troisième plan pour qu'il n'y ait
pas aucun bris de service, qu'on puisse maintenir toutes les mesures pour
toujours lutter contre la pauvreté et se donner le temps de bâtir ce quatrième
plan. Et pour ce faire, bien, j'ai fait le tour du Québec, on a fait une large
consultation — j'aurai l'occasion de vous en parler très certainement — mais
donc pour bâtir ce quatrième plan. Et je tiens à vous rappeler que nous
sommes... en termes de ce qu'on peut appeler le filet social, en deuxième, nous
sommes... nous avons le plus bas taux de... comment on dit ça, le plus bas taux
de... voyons...
Des voix : ...
Mme Rouleau : ...le plus...
c'est ça, le plus bas taux de faible revenu au Québec, si on se compare, de
toutes les... à travers toutes les provinces du Canada, donc le plus bas taux
de faible revenu au Québec si on se compare. Si on se compare encore, Banque
alimentaire Canada nous a donné... nous a nommé comme étant vraiment excellents
pour... en termes d'aide envers les personnes qui sont en situation de
précarité. On a eu la meilleure note à travers l'ensemble des provinces et
territoires du Canada.
Mme McGraw : Là, Mme la
ministre...
Mme Rouleau : On ne veut pas
être... on ne veut pas nécessairement... L'idée, ce n'est pas d'être toujours
les meilleurs, mais, en fait, si on dit qu'on est les meilleurs, c'est qu'on
offre les meilleurs services, on a les meilleurs programmes, on a les meilleurs
taux de réussite pour réduire la pauvreté et aider les gens qui sont en
situation de précarité.
Mme McGraw : Mme la ministre,
elle aborde beaucoup de sujets très intéressants, on va y revenir, mais j'aimerais
juste insister peut-être... J'essaie de poser des questions courtes et claires.
J'aimerais, juste au niveau de la proportionnalité, de prendre en
considération... Il y a beaucoup de questions, on voudrait passer au travers,
mais je veux juste revenir à la question. Vous dites que la loi permet au
gouvernement d'aller jusqu'au 30 juin prochain, le prochain 30 juin.
Je veux juste confirmer, est-ce que la ministre s'engage à déposer le quatrième
plan pendant la...
Mme McGraw : ...session
parlementaire, c'est-à-dire d'ici le 7 juin 2024.
• (14 h 10) •
Mme Rouleau : Je vais
respecter la loi et faire en sorte que nous ayons un plan, un quatrième plan,
dans les limites qui nous sont accordées. On continue à travailler sur ce
quatrième plan. Et puis, dès que ce sera possible, je le déposerai avec un
énorme plaisir.
Mme McGraw : Est-ce
que... Quelles mesures concernant la pauvreté la ministre a mis en place depuis
sa nomination au Conseil des ministres en octobre 2022? Donc, les mesures pour
combattre la pauvreté depuis... À part de la loi et le plan qui est en
développement, est-ce que la ministre pourrait partager quelles sont les
mesures qu'elle... les structurantes qui ont été mises en place?
Mme Rouleau : Bien, je
peux vous donner quelques exemples de choses qu'on a mises en place. Bon,
d'abord, ça a été de reconduire le troisième plan pour poursuivre le travail
des alliances, là. C'est quelque chose qui est assez important. On a... On a,
par exemple, créé le Carrefour d'innovation bioalimentaire de l'Est. On a...
Puis ça, c'est un... c'est une... c'est une organisation, là, avec plusieurs
organismes qui... et un financement tripartite qui permet de donner, d'offrir
aux organismes communautaires qui sont dans le domaine de la sécurité
alimentaire l'opportunité d'avoir accès à de la recherche et développement, ce
qui n'existait pas pour des organismes communautaires. Alors ça, c'est une...
Parce que la sécurité alimentaire, c'est quelque chose sur lesquels je
travaille très, très fort pour qu'on puisse sortir de cette situation
d'urgence, là, qu'on a connue. Alors, c'est un exemple.
Mme McGraw : Et on
comprend... Donc, c'est ça, la question portait plutôt sur des mesures
structurantes, mais je pense qu'on est d'accord pour dire que, parmi les
mesures structurantes, c'est éviter effectivement que les gens aient besoin
d'aller visiter les banques alimentaires. Et on voit que le visage de la
pauvreté change au Québec. Alors, qu'est-ce que compte faire la ministre de
plus pour venir en aide à ces personnes qui sont démunies, et de plus en plus,
dû à la hausse ou même la crise du coût de la vie?
Mme Rouleau : Bien,
c'est ça, c'est qu'il y a eu une pandémie qui a changé nos vies complètement et
qui a... une pandémie qui a exacerbé certaines situations qu'on voyait peu ou
pas assez auparavant, et là qui ont vraiment pris beaucoup d'ampleur.
S'ajoutent à ça des taux d'intérêt, une hausse, là, du coût de la vie que
personne n'avait imaginé, coût du loyer, coût de la nourriture, etc. Alors, ça
vient affecter des gens. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a, par exemple en 2023,
investi 177 millions de dollars en sécurité alimentaire par différentes
mesures, permettre à des enfants d'avoir des petits déjeuners et des dîners,
avoir des... des aînés, des repas qui sont livrés chez eux, de s'assurer que,
dans les banques alimentaires, les comptoirs alimentaires, il y ait de la
nourriture en quantité et en qualité pour les gens. Parce que vous l'avez dit,
le profil a changé. Il y a quelque chose qui s'est passé. Alors, on est là pour
vraiment s'assurer de répondre le plus rapidement possible, le plus
adéquatement possible, mais pas seulement que dans l'urgence. Alors, c'est là
que le quatrième plan, il est important, puis il faut parler... C'est qu'il
faut voir la situation à court, moyen et long terme.
Mme McGraw : D'ailleurs,
la ministre, elle a cité la loi, qu'on veut respecter la loi. Et je voudrais
citer l'article 21 de la loi qui stipule que la ministre ou le ministre
doit annuellement présenter au gouvernement un rapport d'activités réalisées
dans le cadre du plan d'action gouvernemental. Or, le seul rapport d'activités
qui a été produit dans le cadre du troisième plan d'action... Il y a juste eu
un seul rapport. Est-ce que la ministre s'engage à l'avenir à respecter la loi
et à produire annuellement un rapport d'activités?
Mme Rouleau : Bien, je
suis très consciente que ça fait partie de la loi puis qu'on souhaiterait avoir
un rapport annuel, mais des circonstances, là, ont fait que c'est plus
difficile d'obtenir un rapport annuel avec des données probantes. Les données
peuvent prendre un petit peu plus de temps. Alors, c'est quelque chose sur
lequel on travaille pour s'assurer d'avoir des rapports qui vont donner le portrait
juste et...
Mme Rouleau : ...de manière...
de manière ordonnée et rigoureuse. Parce que, de toute façon, je pense qu'il
n'y a pas d'autres gouvernements qui ont respecté cette règle-là, notamment le
Parti libéral.
Mme McGraw : Encore, je fais
référence à la loi. Donc, l'article quatre envisage une stratégie nationale de
lutte contre la pauvreté et, je cite, «à amener le Québec au nombre de nations
industrialisées comptant le moins de personnes pauvres.» Alors, comment la
ministre responsable de l'application de la stratégie nationale de lutte contre
la pauvreté prévoit... comment prévoit-on atteindre cet objectif?
Mme Rouleau : Oui. C'est un
objectif qui était prévu pour 2013? 2013. Ça, c'était dans les... le plan
précédent. C'était ce qui était souhaité en 2013.
Mme McGraw : Mais est-ce que
ça demeure quand même pertinent comme objectif en 2024?
Mme Rouleau : Bien, d'être...
de réduire... L'objectif est très certainement de continuer à réduire le
niveau... le taux de pauvreté. Et, comme je vous dis, on est passés de
10 %, 12 % de la population à 4,8 % à l'heure actuelle. Parce
que, puis je dois le dire, on a des demandeurs... Vous le savez, là, il y a...
il y a beaucoup de demandeurs d'asile qui arrivent au Québec. Parmi ces
demandeurs d'asile, il y en a une proportion qui viennent rapidement sur l'aide
de dernier recours, parce qu'on les accueille rapidement. Lorsqu'ils arrivent,
ils sont complètement démunis, bien, on veut les aider, mais ça fait augmenter
le taux. Honnêtement, n'eût été les demandeurs d'asile, bien qu'on comprend,
là, qu'ils viennent, puis on a toutes les... toutes les discussions qu'il se
doit avec le gouvernement fédéral là-dessus, n'eût été cette proportion de
demandeurs d'asile, on aurait réduit le nombre de personnes sur l'aide sociale
en 2023.
Mme McGraw : Mais est-ce que
je peux comprendre, par la réponse de la ministre, que le Québec ne vise plus
à... ne vise plus être parmi les nations industrialisées qui comptent le moins
de personnes pauvres?
Mme Rouleau : Je ne pense pas
avoir dit ça, là, d'aucune façon.
Mme McGraw : C'est...
C'est... Je veux juste comprendre donc.
Mme Rouleau : O.K., mais là,
ne me prêtez pas d'intentions.
Mme McGraw : Bien, c'est une
question, c'est une question.
Mme Rouleau : O.K. Non,
l'objectif, c'est évidemment de continuer à réduire le nombre de personnes, les
gens qui sont en situation de précarité. Le profil change. Et ce qu'il faut
dorénavant, c'est beaucoup plus d'accompagnement vers... accompagner les gens
vers l'emploi. C'est... C'est... Et c'est là la clé. C'est vraiment là que ça
se passe. Et de continuer à réduire. Par exemple, avec le programme de revenu
de base que nous avons mis en place le 1er janvier 2023, c'est
84 000 personnes qui sont sorties de l'état de... des personnes qui
ont des contraintes sévères à l'emploi.
Mme McGraw : Oui, absolument,
absolument.
Mme Rouleau : Et dans un
programme qui permet certains assouplissements et qui permet, là, par exemple,
d'augmenter les revenus disponibles de ces personnes-là, leur permettre de
travailler, etc.
Mme McGraw : Je crois qu'il
me reste le temps pour une question, mais là vous avez parlé de... la ministre,
elle a parlé du programme de revenu de base, et bravo et félicitations de
l'avoir mis en place. C'est une bonne chose pour le Québec, et on espère aller
plus loin dans cette direction-là. Au niveau justement des programmes, les
personnes prestataires d'assistance sociale, encore une fois, je cite la loi,
l'article 14 : «Le gouvernement doit fixer des cibles d'amélioration
du revenu pour les personnes prestataires ainsi que pour les personnes qui
occupent un emploi à temps plein ou de manière soutenue, qui, malgré... demeurent
en situation de pauvreté.» Est-ce que la ministre prévoit fixer des cibles
selon cet article de la loi?
Mme Rouleau : Bien, en fait,
dans le prochain plan, il y aura certainement des cibles. Dans le plan
précédent, il y avait une cible, là, de sortir 100 000 personnes de
la pauvreté. On a déjà 141 000 personnes qui sont sorties de l'aide
sociale pour aller vers le travail, dont 84 000 personnes qui sont
sur le programme de revenu de base.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions pour cette période d'échange. Je cède
maintenant la parole au député de Jean-Talon. La parole est à vous.
• (14 h 20) •
M. Paradis : Merci. Bonjour.
Mme la ministre, j'aimerais qu'on parle des demandes d'aide financière de
dernier recours pour les demandeurs d'asile. Le 24 février dernier, vous
avez participé à une conférence de presse avec quatre de vos collègues, dans
laquelle vous avez dénoncé la hausse de l'immigration temporaire. Et ce qu'on
sait, c'est qu'au cours de la.
M. Paradis : ...de la
dernière année, il y a eu une augmentation fulgurante des demandeurs d'asile
sur le territoire ici au Québec, 65 555 en 2023.
Dans les cahiers de crédits, on voit que,
du 1ᵉʳ avril 2023 au 31 décembre 2023, il y a eu 22 937 demandes
d'aide financière de dernier recours par des demandeurs d'asile, dont 21 704
ont été acceptées. L'année d'avant, on a des chiffres du 1ᵉʳ avril 2022 au
31 janvier 2023, là, c'est 28 785 demandes, dont 27 271 ont été acceptées,
toujours par les demandeurs d'asile. On ne peut pas comparer les chiffres. On
veut voir l'évolution entre les deux. Est-ce que vous pourriez nous donner...
est-ce que vous avez les chiffres sur la même période de 12 mois pour 2022‑2023
2023‑2024?
Mme Rouleau : Les chiffres...
M. Paradis : Il y en a un qui
est sur une période de 12 mois puis l'autre est sur une période de neuf
mois.
Mme Rouleau : Les chiffres,
là...
M. Paradis : Bien, ou... ou
dit autrement...
Mme Rouleau : ...ce qu'on
voit, là, certainement, c'est qu'il y a une augmentation — là, on va
sortir des chiffres — mais il y a une augmentation des demandeurs
d'asile au Québec, ça, c'est certain. On a plus de 50 %, 54 % des
demandeurs d'asile à travers le Canada qui viennent au Québec. On a 165
000 demandeurs d'asile reconnus au Québec. Il y en a 65 000 qui sont
entrés juste en 2023. Et en février 2024, il y avait près de 50 000 demandeurs
d'asile qui étaient sur l'aide sociale.
M. Paradis : Est-ce que vous
pourriez vous engager à nous donner les chiffres de demande d'aide financière
de dernier recours par les demandeurs d'asile sur la même période de temps de
12 mois pour 2022‑2023, 2023‑2024.
Mme Rouleau : À partir du
tableau de bord.
M. Paradis : Est-ce que vous
avez une idée du pourcentage de variation entre les deux aujourd'hui?
Mme Rouleau : Bien, entre
2023... c'est 36... oui, 36 % de plus.
M. Paradis : Est-ce que vous
avez une planification pour la prochaine année? C'est quoi votre planification,
là? Parce qu'évidemment on parle d'immigration...
Mme Rouleau : Là, en ce
moment, il y a des négociations avec le gouvernement...
M. Paradis : Oui
Mme Rouleau : ...fédéral
pour... pour stopper. Ce qu'on demande au gouvernement fédéral, c'est de mieux
répartir à travers le Canada, parce qu'actuellement il y a le Québec puis
l'Ontario qui reçoivent des... des demandeurs d'asile, mais...
M. Paradis : Alors, si...
Mme Rouleau : ...c'est grand,
le Canada. Alors, il doit y avoir une meilleure... répartition et se faire
rembourser les sommes qui sont... qui sont dues.
M. Paradis : Puis je
comprends que vous étiez à cette conférence de presse.
Mme Rouleau : Oui, oui.
M. Paradis : Mais là vous,
vous êtes dans un ministère qui doit faire des planifications pour la prochaine
année. J'imagine que vous avez des prévisions. C'est quoi vos prévisions sur le
nombre de demandes d'aide financière de dernier recours des demandeurs d'asile
pour l'année prochaine, puis la variation?
Mme Rouleau : Bien, c'est
difficile de répondre exactement. Bien, oui, O.K., on peut. C'est trop petit,
là. Répondre de manière claire et précise à une prévision de demandeurs d'asile
pour la prochaine année, comment peut-on faire cette prévision alors que,
lorsqu'il y a eu des représentations qui ont été faites par ma collègue la
ministre de l'Immigration, on a... on a stoppé le... le chemin Roxham, on s'est
retrouvé avec une nouvelle population de demandeurs d'asile à l'aéroport,
d'origine mexicaine. On a fait des représentations pour que les visas soient
établis. Mais là, il y a de nouvelles communautés qui rentrent.
M. Paradis : Est-ce que...
est-ce que vous avez...
Mme Rouleau : Mais ce n'est
pas toujours le même chiffre.
M. Paradis : Est-ce que vous
avez une planification pour l'année qui vient?
Mme Rouleau : Bien, ça, c'est
les...
Des voix : ...
Mme Rouleau : Alors, en
février... Bien ça... ça, c'est une... J'ai une progression, là, février 2022,
10 838 demandeurs d'asile sur l'aide sociale, février 2023, 37 769 demandeurs
d'asile sur l'aide sociale, février 2024, 49 576 demandeurs d'asile.
M. Paradis : Est-ce que je comprends...
est-ce que je comprends qu'il n'y a pas de planification pour le prochain
exercice quant aux demandeurs d'aide financière de dernier recours, qui sont
des demandeurs d'asile?
Mme Rouleau : C'est à dire
qu'on a des... on a une planification d'aide financière d'aide dernier recours
pour l'ensemble... pour les Québécois, pour l'ensemble des Québécois. Et là il
y a une situation...
M. Paradis : Qu'est ce que
vous avez prévu dans votre case...
Mme Rouleau : ...Vous...
M. Paradis : ...demandeurs
d'asile?
Mme Rouleau : Vous
conviendrez avec moi, M. le député, qu'il y a une situation bien particulière à
l'heure actuelle où il y a une affluence qu'on ne pouvait imaginer. Alors, il y
a une influence importante, trop importante parce que ça a aussi des impacts
sur les services. Par exemple, cette semaine, j'étais avec la ministre de
l'Immigration, je donnais... j'annonçais 5 400 000 $ pour des
organismes communautaires qui viennent en aide aux nouveaux... nouveaux
arrivants. C'est une aide d'urgence. Alors, il y a une situation d'urgence.
Est-ce qu'on peut planifier une situation d'urgence sur les cinq prochaines
années? Je ne pense pas que ce soit ça, la planification, mais qu'on soit prêt
à... à agir et à réagir, ça, c'est... oui, c'est de notre ressort.
M. Paradis : Très bien. J'ai
parlé avec votre collègue la ministre de l'Emploi et avec votre collègue le
ministre du Travail, du phénomène des travailleurs étrangers temporaires, qui
arrivent avec un contrat de travail, qui perdent leur emploi, qui sont
congédiés et qui se retrouvent sans rien devant eux, démunis et dont plusieurs
disent : La seule solution, c'est l'aide financière de dernier recours.
Est-ce que vous avez des chiffres sur ce phénomène-là, vous de votre côté?
L'ampleur du phénomène, il y en a combien?
Mme Rouleau : Aujourd'hui,
non, mais ce que je peux vous dire, c'est que, lorsqu'une personne vient à
l'aide... demande l'aide financière de dernier recours, il y a des critères, il
y a... C'est un programme auquel les gens doivent répondre. Alors, ils
doivent... Est-ce qu'ils habitent au Québec? Est-ce que... Tu sais, ils ont...
il y a certaines... certains critères auxquels ils doivent répondre.
M. Paradis : Mais donc je
comprends que vous avez... vous n'avez pas de données sur l'ampleur du
phénomène, donc il y a combien de personnes qui sont des travailleurs
temporaires qui...
Mme Rouleau : Bien, c'est un
permis fermé, qui est lié à un employeur, les... les... les immigrants
temporaires.
M. Paradis : Mais alors là,
est-ce que vous êtes... est-ce que vous pensez... J'ai posé aussi la même
question à vos collègues : Est-ce que vous pensez donc que les
employeurs...
Mme Rouleau : Bien, vous
voulez savoir quoi au juste, là, M. le député? C'est quoi la question
exactement?
M. Paradis : Bien, les
questions, c'est... Exactement, celle que je vous pose, là... On parle
d'immigration presque à tous les jours et la question, c'est de savoir :
Quelle est la planification... de notre gouvernement? Quelles données... De
quelles données dispose-t-il pour établir ses positions?
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avions pour cette... ce bloc d'échanges. Avant de
poursuivre, j'ai besoin du consentement pour permettre à la députée
d'Abitibi-Ouest de remplacer le député d'Abitibi-Est. Est-ce que j'ai le
consentement?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Consentement.
Merci. Maintenant, je cède la parole à la députée de l'opposition officielle.
Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. Alors, on va revenir sur le plan, le quatrième plan qu'on... si
attendu. Alors, chacun des trois premiers plans contenait une mesure
structurante de lutte contre la pauvreté : soutien aux enfants, crédit
d'impôt pour solidarité, programme de revenu de base. Est-ce que le quatrième
plan, lui aussi, va contenir une mesure structurante, une ou même plus? Et si
oui, où se trouvent les sommes prévues à cet effet? Parce que ce n'est pas
clair, selon le budget, s'il va y avoir vraiment des... les ressources requises
pour avoir un... un plan robuste.
Mme Rouleau : Bien, c'est
pour ça qu'il serait intéressant d'avoir le quatrième plan, et puis que je
serai très heureuse de vous le présenter en temps et lieu, avec les mesures qui
vont... qui seront appropriées pour faire en sorte de réduire la pauvreté.
L'objectif toujours de ce... de ce plan-là, c'est de réduire la pauvreté, c'est
de réduire l'exclusion sociale. Alors, il y aura largement dans ce plan de
quoi, je pense, répondre aux besoins. J'ai... J'ai fait une très large
consultation. Je suis allée dans toutes les régions du Québec, autant en milieu
urbain qu'en milieu rural. J'ai fait les quelque 100 kilomètres de plus
pour aller voir ce qui se passait derrière. J'ai rencontré des... des... des
centaines et des centaines d'organismes de... J'ai rencontré les maires, des
mandataires des alliances. J'ai été voir ce qui se passait, quels étaient les
besoins et comment on pouvait y répondre le mieux possible dans le cadre de ce
quatrième plan.
Mme Garceau : D'ailleurs, Mme
la ministre... Quels renseignements la ministre... enseignements, je devrais
dire, Mme la ministre, elle a tiré de ces tournées dans différentes régions...
deux... peut-être les tops deux, trois?
Mme Rouleau : Enseignements,
une énorme solidarité...
Mme Garceau : Donc, une...
Mme Rouleau : ...énorme
solidarité.
Mme Garceau : Parfait. Et
est-ce que le ministre s'engage à nous fournir...
Une voix : ...
• (14 h 30) •
Mme Garceau : ...la ministre,
pardon. Est-ce que la ministre s'engage à nous fournir les documents concernant
l'accès aux mémoires et aux documents dans ces consultations-là? Parce qu'on
n'a pas accès...
14 h 30 (version non révisée)
Mme McGraw : ...c'est quand
même des consultations publiques.
Mme Rouleau : Les mémoires
appartiennent aux organismes, c'est pour cette raison qu'ils ne sont pas
nécessairement publics. Alors...
Mme McGraw : Parce que d'autres
ministères...
Mme Rouleau : ...si on n'a
pas le consentement des organismes, on ne peut pas les rendre publics.
Mme McGraw : On a quand même
reçu les documents d'autres ministères, mais...
Mme Rouleau : Mais ça
appartient à l'organisme, ce n'est pas par manque de volonté, là, croyez-moi.
Mme McGraw : Pourquoi ne pas
vouloir mener une grande consultation avec les partis d'opposition sur la
pauvreté, tel que nous l'avons demandé lors d'un mandat d'initiative, une
grande, une vraie grande consultation, une commission même?
Mme Rouleau : Je pense qu'une
consultation publique qui touche 2500 personnes, 273 mémoires, des
consultations, une consultation en ligne, une consultation auprès des personnes
qui sont en situation de pauvreté ou qui considèrent être en situation de
pauvreté, qui représentent l'ensemble des régions du Québec de toutes... enfin,
qui représentent largement le Québec, des tables sectorielles sur des enjeux
particuliers comme la sécurité alimentaire, comme l'éducation, la formation, la
main-d'œuvre, l'environnement, la santé, etc., avec des participants qui
étaient heureux de participer à ces rencontres-là, une consultation qui a duré
toute une année, je pense que c'est largement... Ça nous permet, là, d'avoir
toute l'information nécessaire pour bâtir ce plan, considérant les 17 belles
grandes régions du Québec qui ont été visitées. Puis je vous dis, ce n'était
pas juste des petites visites éclair, là, c'était... on passait du temps, on
rencontrait les gens, on avait du temps de discussion.
Mme McGraw : Selon le tableau
de bord de la ministre, quelles régions seraient prioritaires et pourquoi?
Mme Rouleau : Bien, ce que j'ai
pu constater, c'est que, dans chacune des régions, il y avait des
particularités. Il y avait aussi des situations... Bon, la question de l'itinérance,
à certains endroits où je suis allée, les gens me disaient : Bien, on n'a
jamais connu ça, puis là... on connaissait Jos, mais on ne savait pas qu'il
pouvait y avoir une famille, là. Alors, c'est... la hausse du coût de la vie,
la question du logement qui touche toute l'Amérique du Nord et l'Europe aussi,
ça touche tout le monde, là, ce n'est pas unique au Québec. Ce n'est pas
seulement ici que ça se passe, ça se passe partout, ça se passe dans les autres
provinces, à travers le Canada aussi. Mais ce que j'ai pu constater, c'est que
la situation, là, au niveau des centres-villes, par exemple, c'est là où les
gens vont aller pour avoir... obtenir des services. Parce que j'ai aussi visité
à peu près tous nos bureaux de Services Québec à travers les régions, rencontré
nos employés aussi. J'ai passé du temps avec eux pour voir... parce que ce sont
nos, je dirais, nos premiers répondants. Quand les gens ont besoin d'aide, c'est
là qu'ils vont, c'est à ces gens-là qu'ils s'adressent.
Alors, on a vu des enjeux, par exemple, la
Côte-Nord, un enjeu de transport, alors on en discute beaucoup. J'ai vu
Gatineau. J'ai vu Saguenay. Bon, à Montréal, on voit la situation aussi, c'est difficile
à l'heure actuelle. Dans certains quartiers, c'est très, très difficile.
Mme McGraw : On est d'accord
pour dire que la pauvreté et la lutte contre la pauvreté, c'est un enjeu
transversal, évidemment, et le logement joue un rôle primordial. Alors, la
question, c'est au niveau du gouvernement. Je ne doute pas moi-même de la
sincérité de l'engagement de la ministre, pas du tout, mais je me pose des
questions sur l'engagement de son gouvernement. Est-ce que la ministre, elle a
l'appui du premier ministre et des autres ministres au sein du conseil, parce
que ce n'est pas clair selon le budget?
Mme Rouleau : Bien, écoutez,
la ministre, vous voulez dire, moi, là?
Mme McGraw : Oui, la ministre
responsable.
Mme Rouleau : D'accord. Et de
mon... de notre gouvernement?
Mme McGraw : Votre
gouvernement.
Mme Rouleau : O.K. Oui, oui,
l'appui du gouvernement. Je travaille...
Mme Rouleau : ...main dans la
main avec le ministre de l'Habitation, main dans la main avec le ministre des
Services sociaux, main dans la main avec la ministre des Aînés, main dans la
main avec le ministre de l'Éducation. Et je pourrais tous les nommer...
Mme McGraw : Quels sont les
résultats de ces...
Mme Rouleau : 177 millions en
sécurité alimentaire en 2023 pour permettre aux enfants d'avoir des petits
déjeuners, d'avoir des dîners avec, bon, les petits déjeuners le matin, avec le
club des petits déjeuners avec le... avec cantine pour tous, montrer aux jeunes
comment faire la cuisine parce qu'on ne sait plus comment faire la cuisine. Et,
tu sais, vous connaissez peut-être des ... des personnes, là, des couples plus
âgés, là, où tout à coup M. se retrouve seul et il ne sait pas comment faire
bouillir de l'eau. Ça arrive, là. Alors, il faut... il faut montrer, montrer
aux jeunes... et revenir à certaines notions, là, d'autonomie alimentaire.
Mme McGraw : Mais je veux
revenir sur l'engagement de ce gouvernement parce que selon le budget qui est
presque muet, ce n'est pas clair que c'est un vrai... c'est une priorité pour
ce gouvernement. Pourtant, c'est une vraie crise. C'est un enjeu majeur pour
beaucoup de Québécois, il n'est pas clair, selon les faits, que ce gouvernement
s'engage à vraiment lutter contre la pauvreté.
Mme Rouleau : Alors, il y a
des mesures dans le budget qui permettent... qui sont... qui montrent notre...
notre volonté. Puis il y a un quatrième plan qui s'en vient, qui va confirmer,
confirmer cette... cette volonté. Il y a certaines mesures. Il y a 850 millions
pour... encore là, pour la sécurité alimentaire, il y a des mesures pour le
transport des personnes handicapées, il y a... en situation de handicap, il y a
des mesures pour le logement, il y a.... Parce que tout ça, ça fait partie
de... c'est un tout. Alors...
Mme McGraw : À part des
banques alimentaires, le 40 millions, et le transport, quelles demandes
ont été retenues et quelles demandes ont été rejetées, demandes de la ministre
vis-à-vis ce... le ministre des Finances? Qu'est-ce qui a été retenu, à part
des exemples que vous avez donnés... que la ministre a donnés? Et qu'est-ce qui
a été rejeté? Qu'est-ce qu'on a proposé qui a été rejeté?
Mme Rouleau : En fait, on
s'en va vers un quatrième plan de lutte à la pauvreté. Et... et je pense que
c'est là qu'on va trouver les réponses à vos questions, parce que, bon,
qu'est-ce que... qu'est-ce... tu sais, on peut vouloir la lune et la petite
clôture autour, puis peut-être qu'on n'aura ni la clôture ni l'accès à la lune,
mais... mais on peut avoir des mesures. Je vais vous donner un exemple, là, ce
n'est pas toujours une question d'argent, c'est une question de comment on fait
les choses. Je vais... Je vous donne un exemple, là, c'est le... il y a deux
semaines, là, il y a deux ou trois semaines, je faisais une annonce pour de
l'allègement réglementaire pour les organismes communautaires dans la reddition
de comptes, où j'ai annoncé que, dorénavant, le seuil pour l'audit... les
audits comptables passait de 150 000
à 500 000. Cette
mesure-là vient aider plus de 2000 organismes communautaires,
financièrement et en termes de ressources humaines, parce qu'avant, lorsqu'ils
étaient à 150 000 $,
devaient faire un audit qui est la reddition de comptes la plus rigoureuse,
importante et imposante qu'on exigeait, et qui faisait en sorte qu'ils devaient
consacrer énormément de ressources humaines et financières pour faire cet
audit-là, avec une firme comptable qui... à qui on demandait d'aller passer des
jours, et des jours, et des jours dans cet organisme. Dorénavant, on n'a plus
besoin de faire ça. Il y a encore de la reddition, mais c'est beaucoup plus
allégé. C'est une mission d'examen, ce qui est beaucoup plus simple. Et ça, là,
Mme la députée, ça vaut des centaines de milliers de dollars, et ça ne coûte
rien. Alors, ça, c'est un exemple de ce qu'on peut faire avec un... avec de
l'allègement, en réfléchissant comme il faut à des façons de faire qui ne
coûtent rien, mais qui changent la vie des gens réellement.
Mme McGraw : O.K. Tout à fait
d'accord que ce n'est pas juste une question d'argent, mais on comprend qu'un
budget ça démontre clairement les priorités d'un gouvernement. Alors, est-ce
que... est-ce qu'il y a d'autres sommes qui sont envisagées en lien avec le
quatrième plan, peut-être cachées?
• (14 h 40) •
Mme Rouleau : Revenons sur
ce... Non, ce n'est pas ça, c'est...
Mme Rouleau : ...sur ce
budget qui est mis sur l'éducation et la santé. Est-ce que l'éducation et la
santé ne sont pas la base même de la lutte à la pauvreté? N'est-ce pas?
Mme McGraw : Ça joue un
rôle primordial.
Mme Rouleau : Bon.
Alors, le budget...
Mme McGraw : Nécessaire,
mais non suffisant.
Mme Rouleau : Bien, il y
a d'autres mesures. Il y a d'autres mesures qui sont dans ce budget que nous
serons appelés, que vous serez appelés à découvrir et qui... qui vont être...
Tu sais, il y a des choses qu'on voit dans le budget. Tout n'est pas là. Je
vous le dis, tout n'est pas là. Bon.
Mme McGraw : ...
Mme Rouleau : Vous me
permettrez de prendre le temps de déposer le plan de lutte.
Mme McGraw : Parfait. On
attend ça d'ici le 30, le 30 juin, impatiemment. Est-ce qu'on peut donc...
Juste pour reposer la question, mais de la façon contraire, est-ce que vous...
Est-ce que la ministre pourrait nous confirmer qu'il n'y aura pas de coupures
au sein de son ministère? Donc, on comprend qu'il n'y a pas de...
Mme Rouleau : De
coupures?
Mme McGraw : Parce qu'il
y a un exercice d'optimisation. Est-ce que le ministère a été... le ministère a
été consulté? Est-ce que... Est-ce que le ministère a reçu une demande
d'optimisation au sein de son... de la part du Conseil du trésor?
Mme Rouleau : Oui, c'est
ça, on améliore notre façon de faire, on améliore nos processus. Ça peut
vouloir dire que ça nous permet de réduire les coûts quelque part. Ça peut être
tel ou tel type de travail qui se faisait n'est plus... n'a plus à être fait,
mais pourra servir à autre chose, mais ce n'est pas... Il n'y a pas de... Il
n'y a pas de coupure. On veut bien gérer chaque dollar. On veut s'assurer que
ce ministère, qui est quand même assez imposant, qui a un énorme budget, mais
énorme budget qui sert principalement aux prestations. C'est 97 % du
budget qui sert aux prestations. Alors, dans le... Puis on a autour de
7 000 employés dans ce... dans ce ministère, c'est beaucoup de monde
parce que c'est un service direct à la population.
Mme McGraw : Je vais
revenir à une question antérieure. Est-ce que la ministre a demandé quelque
chose à son collègue le ministre des Finances, justement pour démontrer que le
gouvernement soutient cette lutte contre la pauvreté, que c'est vraiment une
priorité? Est-ce qu'il y a eu des demandes qui n'ont pas été reçues, ou qui ont
été rejetées, ou tout a été accepté? Tout ce qui est reflété dans le budget,
c'est... ça démontre les demandes, toutes les demandes du ministère.
Mme Rouleau : Si je vous
disais oui, je manquerais d'ambition. Alors, il y a des choses que j'aurais
certainement souhaité avoir, mais que je ne peux pas avoir là, pas de cette
façon-là. Alors, on s'y prend autrement.
Mme McGraw : Merci. Je
veux revenir sur l'insécurité alimentaire pour embaucher la discussion. La
ministre a affirmé à plusieurs reprises que le quatrième plan présenterait un
plan de match pour résoudre l'insécurité alimentaire. On parle même de détresse
alimentaire. Quel sera le plan de match? Est-ce que ça va consister à augmenter
le revenu des personnes pour qu'elles puissent elles-mêmes se procurer leur
nourriture de leur choix? Ou est-ce que c'est seulement augmenter le
financement des réseaux des banques alimentaires du Québec?
Mme Rouleau : Là, il a
fallu qu'on travaille de manière urgente à répondre à un besoin urgent auquel
nous n'avions jamais été confrontés comme gouvernement, c'est-à-dire faire
l'achat de nourriture. Les banques alimentaires se faisaient donner la
nourriture, puis là le contexte économique, le contexte technologique, etc., a
fait que les dons ont été moins importants. Et le coût de la vie, le coût du
panier d'épicerie, etc., a augmenté. Donc, les gens... Il y a eu un
accroissement, là. Banque alimentaire Québec nous dit 30 % de plus de
gens. Et on a répondu. On a commencé en 2022, puis en 2023. 2023, c'est
26 millions qu'on a donnés. Là, c'est... Dans le présent... Dans le
présent budget, c'est 40 millions pour l'achat. Mais on ne peut pas être
dans l'urgence tout le temps. Alors, il faut trouver les façons avec les partenaires.
Comment on fait pour s'assurer d'une certaine autonomie? Qu'est-ce qui manque
dans ce panier? Parce que... Puis à l'heure actuelle, là, il n'y a pas de
nourriture qui manque dans les banques alimentaires quand je parle, là, quand
moi ou mes... les gens de mon cabinet, là, on parle aux organismes, là. Et en
ce moment, là, il n'en manque pas. Ce qu'il manque... Ce qu'il manque, c'est
plus des...
Mme Rouleau : ...des aliments
frais, des... des fruits et légumes. Alors là, il faut trouver la façon de...
pour s'assurer d'une... d'une meilleure... s'assurer de... de bien compléter
le... le panier qui est... qui est remis aux gens qui en ont besoin. Alors,
c'est pour ça qu'on travaille, puis c'est une mesure que vous allez retrouver,
là, dans... dans le budget, là, par exemple avec AU/LAB. Je ne sais pas si vous
vous connaissez AU/LAB, c'est un organisme, ce sont des chercheurs qui ont
développé des... une connaissance très fine de l'agriculture urbaine et qui
sont des... des chercheurs québécois reconnus ailleurs dans le monde. Puis moi,
j'aime bien quand nos chercheurs sont reconnus chez nous aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...Maintenant,
je vais céder la parole à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, tout le monde. J'écoutais la ministre tout à l'heure
répondre à ma collègue qu'il y avait une diminution de la pauvreté au Québec,
mais je l'ai aussi entendu dire qu'elle avait constaté de... de ses yeux une
augmentation de l'itinérance, une augmentation de la demande dans les banques
alimentaires. Donc, de toute évidence, il y a assurément des gens qui sont plus
pauvres qu'avant. Les gens qui sont pauvres sont de plus en plus pauvres. Je
pense qu'on le constate à travers le Québec. Donc, ça veut dire qu'on a un
problème avec notre filet social.
L'an dernier, la ministre avait dit
qu'elle voulait mettre à jour la Loi sur l'aide aux personnes et aux familles.
C'est une mise à jour qui est plus urgente parce qu'en ce moment, les règles
font en sorte que c'est un aller simple vers la pauvreté extrême, de se
retrouver sur ces programmes-là. Donc, j'aimerais savoir quand est-ce qu'on
peut attendre ce projet de loi.
Mme Rouleau : Bientôt. Bien,
c'est quelque chose sur lequel je travaille, et je l'ai dit, je l'ai annoncé,
j'ai... c'est une grande, énorme préoccupation pour moi, c'est une priorité, la
modernisation de la loi, autant le... le plan de lutte à la pauvreté que la
modernisation de... de la loi, une loi qui n'a pas été réellement vue et corrigée
depuis une bonne vingtaine d'années. Alors, il y a un travail immense qui a été
effectué par... par les équipes, puis on a tâché de soulever chacune des
pierres pour voir qu'est-ce... sur quoi on pouvait agir, comment on pouvait le
faire et de manière... C'est un travail très, très rigoureux qui a été fait.
Alors, prochainement...
Mme Labrie : Est ce qu'on va
pouvoir voir...
Mme Rouleau : J'espère bien.
Mme Labrie : Est ce qu'on va
le voir, ce projet de loi là, avant le dépôt du plan de lutte à la pauvreté?
Mme Rouleau : Bien là, je ne
peux pas vous donner de date parce que je n'en ai pas de date, alors...
Mme Labrie : ...je demande si
ça peut être avant le dépôt du plan de lutte.
Mme Rouleau : J'ai hâte de
pouvoir faire avancer et de pouvoir vous présenter ces... ce projet-là.
Mme Labrie : Est ce que ça
pourrait être avant la fin de l'année 2024?
Mme Rouleau : Ah, mon Dieu.
Mme Labrie : Parce qu'il est
très attendu...
Mme Rouleau : Il est très
attendu.
Mme Labrie : Il y a des
problèmes importants dans...
Mme Rouleau : Puis je peux
vous dire qu'on y travaille très ardemment.
Mme Labrie : O.K. Bon, la
ministre me dit qu'elle a retourné toutes... toutes les pierres, en tout cas,
beaucoup de pierres. Mon collègue député de Laurier-Dorion a déposé il y a
quelques semaines une pétition concernant la notion de la vie maritale pour les
prestataires d'aide sociale. En ce moment, les personnes qui... qui cohabitent,
qui sont considérées comme un couple, vont s'appauvrir parce qu'elles vont
recevoir une seule prestation pour deux personnes. Je vais vous laisser
imaginer toutes les conséquences que ça peut avoir pour les femmes qui sont
prises dans une situation de violence, par exemple, toute la précarisation que
ça engendre pour une femme qui ne reçoit pas sa propre prestation, qu'elle peut
déposer de son côté dans ses affaires à elle, et toutes les entraves à
l'autonomie que ça génère. Donc, j'aimerais ça savoir est-ce qu'on va voir des
changements prochainement à ça.
Mme Rouleau : Bien, quand je
vous dis qu'on soulève toutes les pierres, ça... ça fait partie des... des
réflexions, évidemment, parce qu'on a déjà commencé à le faire avec le programme
de revenu de base, avec des prestations individualisées et, tu sais, il y a
plein de choses dans ce programme-là qu'on a fait, mais évidemment qui... qui
s'adresse à des personnes qui sont en situation de... voyons, comment on
appelle ça?
Une voix : ...
Mme Rouleau : Non, pas de
dépendance, mais...
Une voix : ...
Mme Rouleau : Non, non, elles
sont en...
Mme Labrie : En colocation?
Mme Rouleau : Non, ce n'est
pas ça. Ces personnes-là sur le PRB ont des...
Des voix : Contraintes
sévères.
Mme Rouleau : ...contraintes
sévères. Bon. Merci. À la gang, finalement, on y arrive. Merci beaucoup.
Alors...
Mme Labrie : Contraintes
sévères ou pas, Mme la ministre, moi, ce que je vous demande, c'est que chaque
personne puisse recevoir sa propre prestation, là, qu'elle soit en couple ou
pas, là.
• (14 h 50) •
Mme Rouleau : Alors, c'est...
c'est une de ses pierres qu'on a... qu'on a soulevée, qu'on a regardée de tous
les côtés puis... et puis on arrivera avec un...
Mme Rouleau : ...Je ne peux
pas dire quand exactement. J'ai hâte, là, j'ai très, très, très, hâte. Puis on
travaille très, très fort à ce que ça puisse avancer le plus rapidement
possible et puis de pouvoir répondre à votre question.
Mme Labrie : Je comprends que
la ministre ne peut pas divulguer le contenu d'un projet de loi, mais est-ce
qu'on peut s'attendre à ce qu'il y ait des solutions à cet enjeu-là dans le
projet de loi qu'elle va déposer?
Mme Rouleau : Je veux que
vous sachiez que je suis extrêmement consciente des différents enjeux, et qu'on
cherche à faire avancer le mieux possible pour que la situation... Puis la
situation des femmes m'interpelle beaucoup aussi, là, parce que je sais que
c'est une.... c'est un enjeu très important. Alors, on avance. Mais je ne peux
rien avancer de plus aujourd'hui que de vous dire qu'on avance.
Mme Labrie : O.K. Je vais
vous amener sur une autre pierre, la question des gains de travail.
Mme Rouleau : ...pas.
Mme Labrie : Non. La question
des gains de travail. Je vous ai entendue tout à l'heure dire que, des fois, ce
n'est pas une question d'argent, c'est une question de comment on fait les
choses. Je suis tout à fait d'accord avec vous. Et je pense que c'en est un
excellent exemple, parce que ça, c'est une mesure qui ne coûterait rien à l'État,
de modifier les gains de travail que les gens peuvent gagner, là. En ce moment,
les personnes qui sont sur l'aide sociale touchent 807 $ par mois, elles
ont le droit d'aller chercher un revenu d'appoint, mais pas plus que
200 $, parce qu'autrement on leur enlève tout ce qui... tout ce qui reste.
Donc, clairement, ce n'est pas un incitatif à se chercher du travail ou bien
c'est un incitatif à travailler au noir, là. On peut le voir de différentes
manières. Mais clairement, moi, je ne comprends pas la logique, là. Puis je ne
comprends pas pourquoi une personne qui est considérée avec des contraintes
sévères à l'emploi, permanentes, donc qui touche le revenu de base, on lui
permet d'aller gagner jusqu'à autour de 15 000 $ par année, alors
qu'on sait qu'elle a des contraintes sévères à emploi, mais une personne qui
est considérée apte à travailler, on l'empêche de gagner plus que 200 $
par mois. En pleine crise de pénurie de main-d'œuvre, je ne vois pas la
cohérence à ça. Donc, j'aimerais savoir pourquoi c'est ainsi.
Mme Rouleau : Bien, cet... ce
200 $ m'a interpelée. Aussitôt que je suis arrivée au ministère, ça a été
la première question que j'ai posée. Puis savoir que c'est depuis 1990, je
pense, là.
Une voix : ...
Mme Rouleau : ...1999 que ça
existe. Bon. Et puis dans la consultation que j'ai faite, dans ma tournée à
travers le Québec, j'ai largement... on en a... on en a discuté beaucoup. Alors
là, c'est de trouver la meilleure... Meilleure solution à ça. Il y a...
Quand... Puis il faut savoir que, quand on bouge quelque chose, ça a un impact
ailleurs dans l'ensemble de notre... de notre système fiscal. Ça fait que c'est
là qu'il faut trouver la bonne formule pour avancer le mieux possible. Mais
encore là, c'est quelque chose... c'est quelque chose qui nous interpelle
beaucoup...
Mme Labrie : ...Mme la
ministre. Parce que, quand on regarde dans les autres provinces, là...
Mme Rouleau : Il y a
différents... Il y a différentes façons de fonctionner dans les différents... dans
les provinces.
Mme Labrie : Oui, mais des
gains de travail permis sont d'un tout autre ordre, de 18 000 $ en
Colombie-Britannique, en Alberta, 15 000 $, en Ontario. On est
vraiment dans un autre ordre de grandeur par année, là.
Mme Rouleau : On l'a fait
dans... On l'a fait dans le programme de revenu de base. Puis, bon, vous
dites...
Mme Labrie : Exact. Donc,
moi, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ce n'est pas la même exemption.
Mme Rouleau : Bien, parce que
des personnes qui ont des contraintes sévères à l'emploi, puis qu'on... qui
seraient... qu'on n'embaucherait pas nécessairement facilement, pour qui c'est
plus difficile d'avoir un emploi, de leur permettre... tu sais, ça permet, là,
puis on le voit, ça leur permet d'aller chercher des revenus supplémentaires
parce qu'ils peuvent s'intégrer dans un... dans un emploi à mi-temps ou...
Mme Labrie : Exact. Puis
c'est exactement la raison pour laquelle...
Mme Rouleau : Mais une
personne qui est apte à l'emploi, c'est différent, c'est différent.
Mme Labrie : La ministre
connaît quand même...
Mme Rouleau : Alors, il y
a... Il y a d'autres programmes, là. Il y a Objectif emploi, par exemple,
permet...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme Rouleau : Je peux, Mme la
Présidente?
Mme Labrie : Bien, je vais
poser ma question.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais prendre deux secondes pour vous dire d'arrêter de vous interpeler parce
que c'est très difficile à suivre à la régie puis pour nous puis pour ceux qui
nous suivent. Ça fait que, donc, s'il vous plaît, attendre... la réponse soit
terminée, et réponses... questions courtes, réponses courtes, s'il vous plaît.
Mme la ministre.
Mme Rouleau : Oui. D'accord.
Mme Labrie : Oui. Donc là...
Mme Rouleau : Désolée, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme Labrie : Moi, ce que
j'essaie de faire valoir à la ministre, c'est précisément... Elle connaît le
profil des personnes qui touchent l'aide sociale en ce moment, là. Les
personnes qui touchent 800 $ par mois en ce moment, là, c'est des
personnes qui sont très éloignées du marché du travail. Je pense que c'est
assez clair, là, sur le terrain. Elle a fait la tournée des... de Services
Québec, elle a dû se le faire dire. Ces personnes-là, ça peut être une manière
de les réintégrer progressivement en emploi, de leur permettre d'aller
travailler une couple d'heures par semaine. Je pense que les employeurs
seraient ravis d'avoir quelqu'un qui serait capable de...
Mme Labrie : ...faire un peu
plus d'heures par semaine que ce qui permet d'atteindre 200 $. Donc, moi,
je ne m'explique pas pourquoi on ne favorise pas une mesure comme celle-là, dans
la mesure où ça ne coûterait rien à l'État et ça permettrait sans doute de
diminuer les files dans les banques alimentaires, de l'autre côté, parce que
c'est impossible, dans aucune ville au Québec actuellement, de vivre avec
807 $ par mois.
Mme Rouleau : Oui, bien, je
vous rejoins. C'est... Les... Ce sont des personnes qui ont un profil
différent aujourd'hui, qui sont plus éloignées du marché du travail, qui ont
besoin d'accompagnement. Et je pense qu'il faut beaucoup miser sur
l'accompagnement pour réintégrer pour qu'elles... que ces personnes-là puissent
entrer sur le marché du travail, puissent contribuer à la hauteur de leurs
moyens, de leurs capacités. C'est ça, l'objectif. Alors, c'est vers ça qu'on
s'en va. C'est... C'est ce qu'on veut faire.
Puis là il y avait un autre...
Mme Labrie : ...est-ce qu'on
peut s'attendre que cette pierre soit retournée dans le projet de loi qui va
être déposé prochainement?
Mme Rouleau : On retourne
beaucoup de pierres. Ne m'en jetez pas trop après, par exemple.
Mme Labrie : Vous aurez
remarqué que je n'en jette aucune. Je propose des solutions pour diminuer la
pauvreté au Québec.
Mme Rouleau : Oui. Je vous en
remercie infiniment.
Mme Labrie : Je vais vous en
proposer une autre, solution, dans les quelques minutes qui me restent. Le
programme de revenu de base, justement, que je salue aussi, en ce moment, une
personne qui est reconnue officiellement pour avoir une contrainte sévère à
l'emploi doit attendre cinq ans et demi avant d'avoir accès au revenu de base.
C'est énorme. Il y a un écart de 400 $ par mois entre les deux programmes.
Donc, on impose cinq ans et demi de précarité à des personnes dont on sait
qu'elles ont des contraintes sévères à l'emploi. Donc, pourquoi attendre aussi
longtemps? Est-ce qu'on peut réduire ce délai-là?
Mme Rouleau : Bien, très
honnêtement, c'est un... c'est une période qui a été déterminée... En fait, les
gens qui peuvent avoir une contrainte sévère entrent à la solidarité sociale,
contrainte sévère qui n'est pas déterminée immédiatement comme persistante,
permanente. La permanence, selon... En fait, ce qu'on a pu identifier, là, et
c'est scientifique, là, ça s'est fait à partir de recherches, de données, etc.,
c'est dans le... Parce que c'est 66 mois sur 72, c'est bien ça? Alors, c'est
dans cette période-là, là, de 66, que les gens ne ressortent pas. Parce que les
gens qui sont sur la solidarité sociale à cause d'une contrainte sévère peuvent
sortir lorsque la contrainte... La contrainte...
Mme Labrie : ...sur le revenu
de base, on ne peut pas ressortir?
Mme Rouleau : Pardon?
Mme Labrie : Sur le revenu de
base, vous me dites qu'on ne peut pas ressortir, on ne peut pas quitter ce
programme-là?
Mme Rouleau : Il n'y a pas
beaucoup de sorties. Il y en a moins, de sorties, sur le revenu de base. Il y a
moins...
Mme Labrie : Mais est-ce que
ce serait grave?
Mme Rouleau : Il y a moins de
sorties parce que la contrainte, elle est permanente.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...merci.
C'est tout le temps que nous avions. Je me tourne maintenant vers l'opposition
officielle. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Je suis très contente de cette discussion parce que, justement, en
mars, j'ai déposé un projet de loi, 693, justement pour répondre à ces enjeux,
justement pour faire en sorte que le programme de revenu de base... que les
mêmes principes de calcul cumulatif, et pas mensuel, et plus élevé que
200 $ par mois jusqu'à un 15 000 $ et plus soient adoptés... les
mêmes principes... programme Solidarité sociale parce que c'est la même clientèle.
Est-ce qu'on est d'accord pour dire que c'est la même clientèle, dans le sens
que c'est des gens avec des contraintes sévères à l'emploi?
Alors, à la... la première question que
j'ai pour la ministre, c'est : Pourquoi ne pas appeler mon projet loi 693,
justement pour répondre à ces enjeux, pour permettre à ces individus de
faire... travailler selon leurs capacités, selon leur... selon leurs capacités
pour faire réussir la société et eux-mêmes en même temps?
Mme Rouleau : Mais vous savez
que je suis en train de travailler sur la modernisation de la loi. Alors, on va
d'abord travailler sur la modernisation de la loi, puis...
Mme McGraw : ...principes que
vous trouverez intéressants, de défendre, effectivement, le principe de revenu
de base au programme de solidarité sociale pour les mêmes personnes qui ont...
qui ont des contraintes sévères à l'emploi?
Mme Rouleau : Mais c'est que
votre prémisse est de dire que ça ne... ça n'a pas d'impact financier.
Mme McGraw : Est-ce que c'est
un exercice financier ou c'est un exercice socioéconomique?
Mme Rouleau : Mais votre
prémisse est que ça n'a pas d'impact, mais ça a un impact. Ça a un impact sur
l'assiette... Ça a des gros... Alors, il faut voir quels sont les... ces
impacts qui peuvent être...
• (15 heures) •
Mme McGraw : Bien, de façon
plus large, on comprend que l'impact économique, socioéconomique, c'est positif
parce que ça permet à ces personnes-là de contribuer à l'économie en pleine
période de pénurie de main-d'oeuvre et aussi d'aider la...
15 h (version non révisée)
Mme McGraw : ...les
entreprises et eux-mêmes, donc, oui, il y a des impacts économiques. Au niveau
financier, est-ce que l'idée, c'est qu'on ne veut pas émettre plus de
prestations? Est-ce que c'est ça, l'enjeu? Je veux juste comprendre.
Mme Rouleau : Non, ce qu'on
veut, c'est que les gens sortent... puissent sortir de l'aide sociale et
puissent aller travailler. Puis, pour ça, ils ont besoin d'accompagnement.
Le... Aujourd'hui, c'est... les gens sont plus éloignés, puis, selon le... une
bonne partie, là, plus éloignée du marché du travail, et il faut les
accompagner vers... vers l'emploi.
Mme McGraw : Et justement,
avec 200 par mois, ça... ça pénalise les gens qui ont la possibilité d'aller
chercher un peu plus d'argent, un peu plus de travail, ça les... ça a un effet
contraire. Et c'est pour ça qu'on propose ce projet de loi, c'est justement
pour encourager les gens qui ont la possibilité de travailler un peu plus de
contribuer selon leurs possibilités et leurs capacités, et ils se font
pénaliser après 200 $ par mois, donc. On a le même... On a le même
objectif, je crois, mais peut-être pas la même approche. On a avec nous aujourd'hui
la Fédération québécoise de l'autisme. On a des représentants avec nous aujourd'hui.
On va parler de personnes qui ont des contraintes sévères à l'emploi,
effectivement, entre autres. Et, en 2022, votre ministère a modifié la liste
des diagnostics évidents pour des personnes... puissent... pour des personnes
qui puissent automatiquement recevoir la solidarité sociale, en tant qu'adultes,
en retirant plus de 50 diagnostics, y compris l'autisme, la bipolarité et
la schizophrénie, en déduisant que ces personnes sont aptes au travail. La
première question : Qui sont les professionnels que votre ministère avait
mandaté de contribuer au travail pour modifier la liste des diagnostics
évidents? Quelles étaient leurs formations et pourquoi le ministère n'a pas
mandaté l'expertise de l'INESSS, l'Institut national d'excellence en santé et
services sociaux?
Mme Rouleau : C'est un comité
qui est formé de professionnels, de médecins, de psychiatres, psychologues,
des... des gens qui... j'ai une liste, là. Donc, des professionnels, médecins
du centre de services d'évaluation médicale et socioprofessionnelle,
conseillers en socioprofessionnel, médecins de service de révision médicale,
des gens que j'ai rencontrés aussi, qui ont fait une révision de cette liste
qui est... qui est... dont la dernière mise à jour datait de 1999.
Mme McGraw : Et pourquoi pas
l'INESSS, qui normalement s'occupe justement... Pourquoi pas l'institut, qui...
qui... qui est justement...
Mme Rouleau : Bien là, l'INESSS...
qui a été... Les médecins spécialistes ont été consultés aussi dans cette...
dans ce... qui ont fait partie de ce comité. En fait, des médecins, des
spécialistes, des gens qui sont dans le... des spécialistes
socioprofessionnels, donc, qui sont capables de voir... Cette liste-là qui a
été modifiée, ce n'est pas pour ostraciser des gens, ce n'est pas pour... Au
contraire, c'est parce qu'il y avait, dans cette liste-là, des maladies qui n'existent
plus aujourd'hui, soit qu'elles n'existent plus aujourd'hui ou soit qu'elles
sont contrôlées aujourd'hui, qui ne sont pas des maladies qui, de manière... de
manière directe, là, tu as maladie-là, tu ne peux plus jamais travailler de ta
vie, ce n'est pas vrai. Puis, dans le cas de l'autisme, on parle du spectre de
l'autisme. Alors, un spectre, c'est que ça peut être assez large. Et puis on
voit de plus en plus, puis j'en suis témoin, des gens qui, il y a une époque,
auraient été bannis à cause de l'autisme. Aujourd'hui, ils sont totalement
intégrés dans la... dans la société, des gens qui travaillent, des gens qui étudient,
alors... Et, quand une personne est... a des... une maladie, elle est... elle
est vraiment, là, inapte, elle ne peut pas travailler. On ne lui dit pas :
Bien non, tu ne fais pas partie de la liste, ça fait qu'on ne s'occupe pas de
toi. Ce n'est pas vrai, ça. La liste, c'est un guide, mais on va bien au-delà
de ça. Et, quand on parle de l'autisme, étant donné que c'est un spectre et
que... puis... Tu sais, peut-être avons-nous des gens qui... qui souffrent...
Mme Rouleau : ...d'autisme
aussi, ici, là, dans la salle, là, on ne le sait pas, là. Alors, on ne le sait,
justement, pas, mais... Je dis ça comme ça, là, mais... parce qu'on... c'est
maintenant une maladie qui peut soit être contrôlée, soit que la personne peut
être intégrée. Tu sais, vous connaissez les écoles... Giant Steps, par exemple,
là, bon, où les enfants, dès le bas âge, sont scolarisés puis peuvent, à la
fin, travailler. Alors, est-ce qu'il faut dire que l'autisme fait partie de
cette liste-là? Absolument. Alors que la situation a changé, notre société
évolue. Il y avait une liste en 1999. On a une liste qui date de 2022 puis qui,
peut-être, changera dans 10 ans ou dans 15 ans, parce que la science évolue
aussi.
Mme McGraw : ...Mme la
ministre, selon les documents fournis par votre ministère, lors de l'étude des
crédits, l'année passée, on a appris que deux tiers, 65 %... 64 % des
demandes de prestations en raison de contraintes sévères à l'emploi sont
rejetées par le comité d'évaluation médicale. Alors, on se préoccupe. Est-ce
que cet exercice-là... C'est quoi, la motivation de procéder à cet exercice?
Est-ce que c'était pour faire des économies à l'État au nom des plus
vulnérables de notre société?
Mme Rouleau : Non, ce n'est
pas, certainement pas de toucher les plus vulnérables de notre société, parce
que ne pas être dans la liste ne veut pas dire qu'on ne reconnaît pas la
contrainte, loin de là.
Mme McGraw : ...que ce comité
a mis en place pour prendre ses décisions, qui ont des impacts sur la vie des personnes,
souvent, très vulnérables? Et quand est-ce que le rapport de... que ces travaux
sera rendu public?
Mme Rouleau : Il y a des
maladies qui étaient dans cette liste-là qui n'existent plus aujourd'hui, qui
n'existent plus.
Mme McGraw : On parle des
maladies qui existent présentement. Je comprends qu'il y a un certain élément
de... mais là on... parlons des maladies qui existent. Quels sont les critères?
Et est-ce qu'on va rendre publics les rapports de leurs travaux?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Ah! c'est à moi
à répondre?
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
Mme Rouleau : O.K. Je voyais
son micro allumé, c'est pour ça. La liste, elle est révisée aux cinq ans.
Alors, s'il y a des... d'autres modifications à faire, il y aura d'autres
modifications. Mais les modifications qui ont été faites ont été faites parce
que... Puis, concernant l'autisme, à cause de cette... de ce spectre, il n'y a
pas de spécificité à tel type d'autisme ou...
Mme McGraw : Juste, par
exemple... On parle, le spectre de l'autisme, mais je regarde aussi... Aveugle
des deux yeux, ça a été enlevé comme contrainte sévère, ça a été enlevé, et on
comprend que, pour ces personnes là, souvent, de se faire évaluer, souvent, des
personnes qui vivent une précarité financière, de devoir débourser plus de
2 000 $... Parce que ça n'existe pas au public, pour des adultes, ces
évaluations-là. Pour recevoir un... diagnostiqué, en tant qu'adulte, comme je
dis, le réseau public ne l'offre pas, donc c'est un 2 000 $ pour des
gens, déjà, qui vivent de la précarité financière. Est-ce que c'est juste, les
implications de ce processus-là, les impacts?
Mme Rouleau : Mais le
processus, c'est de réviser cette liste aux cinq ans, et de ne pas avoir une
maladie dans la liste ne fait pas en sorte que la personne malade sera refusée,
là, on lui refusera l'accessibilité aux prestations. Puis ce que ça permet, ce
que ça a permis, là... Parce que ce qu'il faut reconnaître, c'est que le temps
d'attente était extrêmement long, extrêmement long. Alors, comment
pouvions-nous... Un des objectifs de ce... de cette analyse-là, c'est comment
on peut réduire le temps d'attente, puis on est maintenant à quelque 24 à 48
heures d'attente, alors qu'on était à plusieurs semaines.
• (15 h 10) •
Mme McGraw : D'ailleurs...
Mais je voudrais souligner quand même, Mme la ministre, qu'il y a une tendance
qui est très préoccupante, et c'est qu'alors que le nombre de personnes ayant des
incapacités ça augmente au Québec, les plus récentes statistiques sur le
recours à l'aide...
Mme McGraw : ...sociale pour
les personnes ayant des contraintes sévères à l'emploi révèlent une diminution
constante du nombre de prestataires au programme de solidarité sociale et
programme de revenu de base. Donc, c'est ça, des personnes avec des contraintes
sévères à l'emploi qui ont accès à ces programmes-là, c'est... se voient
refusées de plus en plus, malgré que le nombre avec des incapacités augmente au
Québec. Donc, ça va vraiment dans la mauvaise direction.
Mme Rouleau : Puis, pour être
reconnu, de toute façon, il faut être reconnu par le médecin. Il y a une liste,
puis il faut...
Mme McGraw : Bien, si vous le
connaissez... Je veux juste...
Mme Rouleau : Si la... Si ce
n'est pas sur la liste, c'est... la personne est reconnue par un médecin. Et
puis là, ce qu'on vise...
Une voix : ...
Mme Rouleau : Est-ce que
c'est à mon tour ou...
Une voix : ...
Mme Rouleau : O.K. Ce qu'on
vise, c'est... Il y a le médecin, mais on veut élargir aux professionnels de la
santé aussi, ce qui va permettre d'améliorer les... accélérer les diagnostics.
Mme McGraw : Merci. Mais là,
je parle de tendance générale. Donc, ça va dans la mauvaise direction, les
prestations, l'accès à des prestations, donc... Mais est-ce que la ministre,
elle est consciente de ce fait qu'il y a moins de... les gens... de plus en
plus de gens se font refuser, les gens qui se sont fait refuser, malgré qu'il y
a plus de personnes avec des incapacités au Québec, ça, ça va en augmentant, et
on diminue... diminution constante du nombre de prestataires à ces deux
programmes pour les personnes avec contraintes sévères? Est-ce que la ministre
est consciente de cette tendance?
Mme Rouleau : O.K. Bien,
c'est probablement lié au vieillissement de la population, la diminution du
nombre de...
Mme McGraw : Probablement.
Est-ce qu'on peut le confirmer, que cette diminution, c'est...
Mme Rouleau : C'est ce qu'on
me confirme.
Mme McGraw : O.K. Parce qu'on
aimerait revenir là-dessus.
Est-ce que la ministre pense que c'est
acceptable de demander à des personnes neurodivergentes, vulnérables et
financièrement précaires de payer pour un diagnostic privé et de comprendre...
même de comprendre le processus pour avoir accès à des fonds qui peuvent faire
la différence entre eux et le fait de devenir sans-abri? Est-ce qu'au moins le
ministère pourrait s'engager à ce que ces frais de 2 000 $ ou le... pour
les diagnostics privés soient assumés par l'État, par le public?
Mme Rouleau : Lorsque ces
gens font appel à nous, on les accompagne dans leur demande pour faire en sorte
que ce soit le plus simple possible, puis parfois, oui, on fait face à des
personnes qui peuvent avoir certaines difficultés, là, à comprendre tout le
processus puis répondre aux questions. Alors, on les accompagne et puis, dans
les travaux qu'on mène, on veut simplifier le plus possible pour les prestataires,
pour les fonctionnaires, faire en sorte que ce soit le plus fluide, le plus
simple possible. Parce qu'on voit qu'il y a des endroits où c'est un petit peu
complexe. Alors, on veut améliorer le...
Mme McGraw : À part de la...
Est-ce qu'il y aurait un accompagnement financier? Un 2 000 $, c'est
beaucoup pour n'importe qui, mais une personne qui par définition vit la
précarité financière, est-ce que c'est quelque chose... est-ce que le
gouvernement serait ouvert, la ministre serait ouverte à regarder ces frais-là,
là, 2 000 $, ou à peu près, pour avoir un diagnostiqué pour un
adulte?
Mme Rouleau : Bien là, vous
parlez de quelqu'un qui va chercher...
Mme McGraw : Parce que, là,
ils ne sont plus sur la liste. Donc, ils ne sont plus... ils ne sont pas sur la
liste, donc ils doivent avoir un diagnostiqué, et pour un adulte ça coûte
2 000 $, à peu près. Est-ce qu'il y aurait une ouverture...
Mme Rouleau : Alors, si on
peut simplifier les procédures, on va le faire.
Mme McGraw : Est-ce que la
ministre s'engage à les simplifier?
Mme Rouleau : Bien, c'est
l'objectif que j'ai.
Mme McGraw : Alors, peut-être
une dernière question. Comment le gouvernement compte-t-il surmonter les défis
financiers et mettre en œuvre efficacement la réforme de l'aide financière...
de l'aide sociale, pour revenir sur les questions de ma collègue, étant donné
que les ressources budgétaires semblent être très limitées? Alors, comment,
même si... Cette année, cette année, comment on va mettre en œuvre une vraie
réforme de l'aide sociale, avec le budget? Est-ce qu'il y a d'autres ressources
qui vont être mises sur la table pour vraiment appuyer une vraie réforme de
l'aide sociale?
Mme Rouleau : Vous parlez
de...
Mme Rouleau : ...budget, là,
de... bon. Là, ce que je vous ai dit déjà, c'est... ce qu'on cherche à faire,
c'est... bon, c'est une modernisation de ce régime de l'assistance sociale. On
essaie de voir comment on peut améliorer les choses, faciliter l'accès pour les
gens, faciliter aussi pour nos fonctionnaires, qu'il y ait un certain
allègement bureaucratique, si on peut. Et en termes financiers, bien, de
manière régulière, il y a des indexations, on procède à l'indexation... oui, à
l'indexation des prestations chaque année. L'année dernière, c'était
6,44 %, cette année...
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avions pour cet échange. Je cède maintenant la parole à
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. On va rester sur le sujet de l'indexation, mais plutôt par
rapport au financement du milieu communautaire. En général, dans tous les
milieux, pour être capable de maintenir les services d'une année à l'autre, il
faut indexer le financement. C'est comme ça qu'on fait dans nos écoles, dans
nos hôpitaux, dans tous les milieux. Dans les organismes communautaires, il
faut aussi qu'ils augmentent leurs dépenses à chaque année, ne serait-ce que
pour tenir compte des augmentations de salaire. Mais malheureusement, il y a
plusieurs programmes de financement à la mission des organismes communautaires
qui ne sont pas indexés. Donc, j'aimerais comprendre pourquoi certains le sont
et certains ne le sont pas.
Mme Rouleau : Bien, ce qui
est important de savoir, c'est qu'en 2022 on a mis en place le programme... le
Plan d'action gouvernemental en actions communautaires, qui permet de financer
à la mission 80 % du financement. C'est 1,1 milliard sur cinq ans,
80 % rehaussement du financement à la mission, puis 20 % pour
améliorer les conditions de travail au sein des organismes communautaires par
toutes sortes de mesures d'une valeur de 200 millions de dollars.
Puis certaines mesures, comme je l'ai dit tantôt, ne coûtent rien, puis
viennent permettre un allègement très important et de gagner des sous.
Je vais juste vous montrer un petit
tableau sur le milieu communautaire et le financement. Ce qu'on voit ici, là,
c'est à partir de l'année... à partir de 2000. On a une ligne pratiquement
horizontale de financement, les différents gouvernements qui nous ont précédés,
là, depuis l'an 2000 jusqu'en 2018, où là, finalement, oups, il y a une...
la ligne monte. On appelle ça une figure face de singe, selon mon sous-ministre
adjoint. C'est une... Et là, ça grimpe. Le financement, depuis 2018, pour les
organismes communautaires a monté de manière extrêmement importante, c'est plus
de 2,2 milliards qu'on a investis dans le milieu communautaire pour
justement...
Mme Labrie : Quand les
montants sont investis dans le milieu communautaire, la plupart du temps, ils
sont investis dans des programmes qui vont durer un an, deux ans, trois ans,
ils ne sont pas investis dans le financement à la mission. Donc, la ministre
sait très bien, parce qu'elle a dû se le faire dire des milliers de fois depuis
qu'elle est députée, que ça ne permet pas aux organismes de pérenniser les
postes, de faire des embauches parce qu'ils ne savent pas si le financement va
revenir. Donc, c'est pour ça que moi, je pose ma question sur l'indexation du
financement à la mission globale des organismes. Parce qu'on a beau augmenter
le financement en général des organismes, si ce n'est pas le financement à la
mission qu'on augmente, les organismes ne peuvent pas faire grand-chose avec ça
pour structurer leur service à long terme.
Mme Rouleau : Je vous
remontre le tableau qui indique le financement global à la mission. Alors...
Mme Labrie : ...juste pour le
financement global à la mission?
Mme Rouleau : Financement global
à la mission. Alors, on voit la ligne presque horizontale à partir de
l'an 2000 jusqu'en 2018. Puis à partir de 2018, ça monte en flèche. Et
puis, pour la première fois dans l'histoire du gouvernement du Québec, il y a
une ministre responsable de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire.
On n'a jamais... aucun gouvernement précédent n'a mis l'action communautaire
vraiment en lumière de cette façon-là. Ça fait que ce n'est pas juste un à
côté, c'est une ministre de l'Action communautaire.
• (15 h 20) •
Mme Labrie : C'est tant
mieux, parce que là on a une vraie personne en titre capable de répondre aux
questions précises sur le milieu communautaire. Donc, j'aimerais ça avoir des
réponses sur l'indice des coûts de fonctionnement du communautaire qui a été
développé dans le milieu. J'imagine que la ministre en a...
Mme Labrie : ...entendu
parler. Le milieu communautaire s'est associé à une équipe de recherche de
l'École des sciences de la gestion de l'UQAM. Ils ont audité les états
financiers de 500 organismes sur trois ans pour développer un indice qui permet
d'évaluer vraiment le taux d'indexation nécessaire que ça prendrait pour suivre
l'augmentation des coûts de fonctionnement, basé sur le fait que le deux tiers
de leurs dépenses, c'est des salaires, entre autres choses. Donc, j'aimerais
savoir ce que le ministre pensait de l'indice qui a été développé puis si elle
compte l'utiliser.
Mme Rouleau : On a reçu ça il
y a quelques mois, là. On étudie, on regarde cet indice dont on n'avait pas
entendu parler précédemment. Mais ce qu'on... c'est la conviction, je pense
qu'on le démontre très bien.
Mme Labrie : Les rares
organismes qui sont indexés actuellement le sont avec les l'IPC, sauf que ces
organismes-là, leurs dépenses, ce n'est pas l'épicerie, là, c'est des salaires.
C'est pour ça qu'ils ont développé un indice qui est spécifique à leur
situation. Donc, j'aimerais savoir si le ministère va en tenir compte.
Mme Rouleau : C'est pour ça
que dans le plan d'action gouvernemental en action communautaire, le PAGAC, il
y a un montant substantiel qui est dédié au rehaussement du financement à la
mission et des mesures d'une valeur de 200 millions, dont certaines ne coûtent
rien, qui permettent d'améliorer les conditions de travail, de donner accès à
des régimes de retraite, à des assurances collectives, de faire en sorte que
les recherches des antécédents judiciaires qui revenaient aux organismes
auparavant, maintenant, c'est le gouvernement qui assume cette recherche-là qui
est fort importante pour pour les organismes. La reddition de comptes, dont
j'ai parlé, qui fait en sorte que c'est des... c'est réellement des centaines
de milliers de dollars, là, qui sont économisés par ce changement de reddition.
Ça fait qu'améliorer les conditions des
organismes communautaires pour leur permettre de véritablement travailler sur
leur mission et rendre les services qui font partie de leurs objectifs. C'est
ce qu'on veut, c'est ce qu'on cherche et on travaille avec eux. On est en...
constante relation avec les organismes communautaires. On a des tables où ils
sont... Comment s'appelle la table des organismes? On a une table... mais, en
tout cas, on a une table avec le ministère, les organismes, les députés, avec
le RQAK notamment, puis... et de chercher les meilleures solutions. Puis ce
n'est pas toujours, tu sais, on aimerait ça plus d'argent, tout le monde
aimerait plus d'argent, mais ce n'est pas toujours possible. Est-ce qu'on peut
trouver des façons de faire...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme Labrie : Moi, je suis
bien contente de savoir que la ministre s'assoit à cette table le plus
régulièrement possible, j'espère. Mais des solutions, elles ont été quand même
identifiées sur le terrain, il y a notamment l'indice qui a été présenté, dans
les derniers mois, à la ministre et notamment les seuils planchers aussi, dont
on pourra parler, j'espère. Mais, avant de terminer sur l'indice, j'aimerais
savoir si la ministre reconnaît que l'indexation du financement à la mission,
ce serait un minimum pour assurer la viabilité des services dans nos
organismes.
Mme Rouleau : Bien, c'est
quelque chose dont on aura, sans doute, à discuter. Ça va sûrement faire partie
de discussions, de réflexions, comment on peut y arriver. Puis j'aimerais... Et
je l'ai dit souvent, j'ai trois grandes priorités, c'est le plan de lutte,
c'est la modernisation de la loi, puis c'est d'avancer vers une loi-cadre en
action communautaire. Alors, dans le cadre de cette... de ces travaux-là, je
pense qu'on va... on va en parler d'indexation, puis c'est... quel chemin
peut-on prendre pour arriver à ça, parce que c'est... Si ça n'a pas été fait
par aucun gouvernement précédent et que, nous, on a réussi à mettre en place un
plan qui était attendu, depuis 15 ans, par les organismes communautaires, on
peut peut-être continuer à avancer, mais je ne peux pas prendre d'engagement
aujourd'hui, certainement pas.
Mme Labrie : J'espère qu'on
peut continuer à avancer. J'aimerais ça qu'on prenne l'engagement de continuer
à avancer. Mais, sur les seuils planchers, des organismes ont fait des calculs
pour établir ce qui leur permettrait de répondre au principe du cadre de
référence en matière d'action communautaire, soit que chaque organisme devrait
avoir un financement couvrant, au moins, les frais liés à la réalisation de sa
mission globale, ressources humaines...
Mme Labrie : ...humaines,
administration, équipements, etc. Et en ce moment, les estimations dans le
milieu, c'est qu'il y a 91 % des organismes qui ne reçoivent pas le seuil
plancher de financement que ça leur prendrait. Ça fait partie des raisons pour
lesquelles ils ne sont pas capables de desservir l'ensemble du territoire, par
exemple quand ils ont une mission régionale. Ça fait partie des raisons pour
lesquelles ils doivent avoir des listes d'attente dans plein de champs
d'action. Écoutez, je pourrais les énumérer tous parce que c'est le cas de tous
les organismes, mais il y a plein de situations, à travers le Québec, pour
lesquelles l'État ne peut pas tout faire. L'État a besoin du milieu
communautaire pour répondre à certains besoins, et le milieu communautaire ne
réussit pas, en ce moment, à répondre à cette demande-là parce que les
organismes n'ont pas un seuil plancher de financement, puis il y a aussi des
inéquités d'une région à l'autre. Donc, j'aimerais savoir si la ministre est
ouverte à établir des seuils plancher de financement pour les organismes.
Mme Rouleau : Bien, je vais
vous ressortir mon petit tableau.
Mme Labrie : Est-ce que les
seuils plancher sont sur le tableau? Parce qu'en ce moment il y a des inéquités
régionales.
Mme Rouleau : Il y a surtout
une grande volonté du gouvernement de la Coalition avenir Québec de faire
évoluer, progresser le milieu communautaire comme jamais ça n'a été fait
auparavant. Jamais. Alors, il y a une démonstration ici assez claire que... et
ça... il y a quelques milliards de dollars là-dedans, là. C'est assez clair
qu'on veut, mais répondre à votre question très précise, c'est... ça demeure
hypothétique parce qu'il y a de nombreuses discussions, il y a de la réflexion
à faire. Chaque fois qu'on prend une décision, ça a un impact sur autre chose,
ça fait qu'il faut toujours, toujours voir comment...
Mme Labrie : ...justement,
chaque fois qu'on prend une décision, ça a un impact sur autre chose, puis
c'est précisément pour ça, moi, que je vous inviterais à établir des seuils
planchers, puis à vous assurer d'un financement adéquat du milieu
communautaire, parce que, quand on ne le fait pas, ça a un impact sur tout le
reste des missions de l'État. Puis ce n'est pas pour rien que c'était parmi les
premières recommandations, avant même le dépôt du rapport Laurent, de financer
à la hauteur de leurs besoins les organismes communautaires famille par
exemple, parce que ça, c'est de la prévention qui nous évite d'avoir des listes
d'attente phénoménales pour le traitement des signalements à la DPJ. On agit en
prévention parce qu'on a des organismes qui sont là sur le terrain, puis c'est
vrai dans toutes les sphères d'action. Je vous donne un exemple précis, là,
concernant la protection de la jeunesse, mais on pourrait parler de décrochage
scolaire. Les organismes qui oeuvrent en prévention là-dedans ne sont pas
suffisamment financés en ce moment. Ça fait qu'on se retrouve à avoir ce
problème-là dans nos écoles en ce moment. Quand on... quand on dit justement
que ça a un impact sur tout le reste, là, chaque geste qu'on pose, bien, le
fait de ne pas financer à la hauteur de leurs besoins les organismes
communautaires, ça, ça a un impact sur tous les collègues de la ministre dans
tous leurs autres ministères qui se retrouvent à gérer des problèmes qui
pourraient être évités en amont si on laissait les acteurs du milieu
communautaire agir.
Mme Rouleau : Mais je suis
d'accord avec vous, c'est pour ça que je vais vous remontrer ce tableau, parce
que dans...
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avions pour cet échange. Maintenant, je vais céder la
parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce. La parole est à vous.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Alors, on comprend... Juste pour enchaîner effectivement sur ma
collègue, on comprend que les organismes... le secteur communautaire,
effectivement, c'est vraiment des miracles, avec très peu de ressources
humaines et financiers, mais quand même qui réussissent à faire des miracles.
Mais au niveau... Partout au Québec, on vit la pénurie de la main-d'oeuvre, et
ça a un impact particulier sur le secteur communautaire. Je me suis.... Depuis
que je suis en rôle, je... je rencontre beaucoup de... dans les régions, mais
aussi à Montréal, et c'est les mêmes enjeux qui reviennent : financement à
la mission, recrutement et rétention du... du personnel, des espaces qui ont de
l'allure. Au niveau du personnel, il y a un écart salarial de 33 % entre
le communautaire et la moyenne québécoise. Alors, les 33 %, est-ce que la
ministre, premièrement, elle est consciente de cet écart de 33 % d'écart
salarial entre le secteur communautaire dont elle est la ministre responsable
et la moyenne québécoise? Est-ce qu'elle est consciente? Première question.
Mme Rouleau : Bien,
travailler en milieu communautaire, c'est... c'est sûr que c'est un engagement.
J'ai travaillé en milieu communautaire, c'est un engagement, c'est un
engagement. Puis j'ai pu constater d'ailleurs que... J'ai rencontré des gens
qui... qui travaillaient en milieu communautaire, qui sont allés travailler
dans d'autres secteurs, notamment dans des CIUSSS ou des choses semblables, et
puis qui sont revenus, qui sont revenus travailler dans les organismes parce
qu'il y a quelque chose de plus qu'on va chercher.
Mme McGraw : ...
Mme Rouleau : Bien là, c'est
à mon tour.
Mme McGraw : Mais j'essaie
de...
• (15 h 30) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Non,
non, continuez, Mme la ministre.
Mme McGraw : Avec la
permission de la présidente...
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
prenez du temps, vous prenez du temps.
Mme Rouleau : O.K.
Mme McGraw : ...je pose...
j'essaie de poser des questions...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Garceau : ...questions
courtes.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée, s'il vous plaît, j'ai été tolérante quand vous avez demandé à la
ministre de répondre court... des réponses courtes. Je... En tout respect, c'est
mon travail. Je vous ai laissé aller aussi quand vous avez prêté des intentions
en posant une question. Vous ne vous... Vous ne pouvez pas faire... Ce que vous
êtes capable de faire directement, vous ne pouvez pas le faire indirectement.
Vous avez aussi pris un terme du budget qu'on... on aurait caché, que vous avez
parlé à la ministre. C'est un mot... que vous ne... que vous ne pouvez pas
faire. Alors, laissez-moi faire mon travail. Je ne vous ai pas arrêté parce que
votre temps est précieux, mais là, je pense que vous exagérez.
Alors, Mme la députée, je vais vous
demander maintenant de vous adresser à la présidence, et je vais vous donner la
parole. Là, la parole est à la ministre. Mme la ministre, veuillez répondre à
la question rapidement, s'il vous plaît.
Mme Rouleau : Oui,
rapidement. Je dirais... Bon, j'étais dans une histoire. Je ne vous raconterai
pas toute l'histoire, mais en fait, dans un organisme communautaire, c'est
aussi le conseil d'administration qui détermine les salaires. Alors, il y a...
il y a une... Ce sont des organismes qui sont autonomes et qui prennent des
décisions. Et encore là je peux... je dois vous... vous redire une fois de plus
que ça faisait 15 ans que les organismes attendaient le plan d'action
gouvernemental en action communautaire et que, quand on est arrivés, on a fait
monter en flèche le financement dédié à la mission des organismes, ce qui n'avait
jamais été fait par aucun gouvernement précédent.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Rouleau : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je crois que... Si je comprends bien la... la ministre, elle
est consciente de cet écart salarial de 33 % entre le secteur
communautaire et la moyenne québécoise, et c'est... c'est, si je comprends
bien, ce n'est pas une question de volonté, de mauvaise volonté de la part des
C.A, c'est un manque de financement de la part... pour les... le secteur
communautaire. On... On voit un taux moyen de postes vacants, Mme la
Présidente, dans les organismes communautaires... était de 22 %, tandis
que la moyenne au Québec, c'est 5,8 %, une grande différence. Donc,
pénurie de main-d'oeuvre, c'est.... c'est... c'est à un autre niveau dans le
secteur communautaire, et on comprend très bien... et je vais juste me
permettre. Ayant moi-même milité et travaillé dans le secteur communautaire, on
comprend que ce sont des gens engagés, mais ça ne paie pas. Je veux dire, ces
gens-là ont... ont... ont droit à une... à avoir la dignité et avoir un
salaire qui... qui a de l'allure.
Alors la question : Comment le
gouvernement compte-t-il s'assurer que les investissements dans les missions
essentielles, qui sont bien accueillies dans le domaine de l'éducation et
santé, ne font pas compétition avec le secteur communautaire, en particulier?
Parce que c'est eux autres... quand ça... ça échappe au filet social. Comment
faire en sorte qu'il n'y a pas cette compétition qui va faire exacerber le
problème de pénurie de main-d'oeuvre, de recrutement et de rétention du personnel
dans le secteur communautaire?
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Rouleau : Bien, Mme la
Présidente, c'est notamment... en améliorant les conditions de travail des...
au sein des organismes communautaires. C'est en donnant accès aux régimes de
retraite, en donnant accès aux assurances collectives. C'est par de la
formation. C'est en mettant en place des... des mesures qui réduisent les...
par exemple la reddition de comptes, parce qu'on sait bien que les organismes
doivent aller chercher constamment de l'argent auprès de différents donneurs...
donneurs d'ordre, là, si je peux me permettre l'expression, bien, différentes
organisations. Et plus le montant est petit, plus la reddition de comptes est
importante. Alors, c'est en... en réduisant cette... la... la lourdeur
administrative au sein des organismes aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Garceau : Alors, quels
sont les résultats... et je vais courte et précise, Mme la Présidente. Quels
sont les résultats ou les progrès observés environ deux ans après le dépôt du
plan d'action gouvernemental en matière d'action communautaire?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Bien, les
résultats, en deux mots, c'est ça, ici, là. C'est qu'à partir des années 2000
jusqu'en 2018 il y a... il n'y avait pratiquement pas de financement, de
haussement du financement à la mission. À partir de 2018, puis en 2022 avec le
PAGAC, ça a monté en flèche. Et... Et la... le... le travail se poursuit parce
que, de ce 1,1 milliard sur cinq ans, bien, il y a pour... autour de 200 millions
de mesures pour aider les organismes à mieux s'équiper à l'intérieur pour
garder justement...
Mme Rouleau : ...leurs
employés, améliorer les conditions de travail. C'est là-dessus qu'on travaille.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée.
Mme McGraw : Alors, compte
tenu des retombées sociales et économiques importants du mouvement
communautaire et du rôle central qu'il joue dans le filet social, est-ce que la
ministre s'engage de corriger le tir? Parce qu'il y a investissement, il y a
résultat. On peut faire des investissements, et ce que le secteur communautaire
dit haut et fort, c'est qu'on est... c'est insuffisant, l'investissement.
Considérant la ministre a commencé à parler de la COVID, et juste, au tout
début, on a parlé que tout a changé depuis COVID, on est d'accord là-dessus, la
demande... les demandes qui sont faites au... vis-à-vis le secteur
communautaire sont sans précédent, donc, considérant la demande mais aussi les
retombées socioéconomiques, est-ce que la ministre s'engage à un plan de
relance courageux de son soutien de... financier à la mission globale pour
permettre de réduire les écarts entre le secteur communautaire et la moyenne
québécoise?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Bien, je pense,
Mme la Présidente, qu'on démontre largement tout le support qu'on veut donner
aux organismes communautaires. Contrairement au gouvernement libéral, par
exemple, qui a coupé le financement des CJE. Ils ont coupé le financement à la
mission des CJE, et on a rétabli le financement à la mission des CJE. Et non
seulement, on a aussi, avec le plan d'action gouvernemental en actions
communautaires, rehaussé le financement à la mission des organisations, par
exemple, les corporations de développement communautaire qui ont vu leur
financement rehaussé de manière importante. Alors, c'est un travail constant.
Il y a des organismes qui en demandent plus, soit, mais il y a des organismes
qui sont quand même très satisfaits et qui sont heureux de cette... de cette
décision qui a été prise. Et je rappelle que ça faisait 15 ans, Mme la Présidente,
que les organismes communautaires attendaient, et aucun gouvernement ni le
gouvernement libéral ni le gouvernement du Parti québécois n'avait levé le
petit doigt. Au contraire, le Parti libéral a coupé les organismes
communautaires.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée.
Mme McGraw : Mais les faits
sont là, Mme... Mme la Présidente. Que la ministre constate le taux de
roulement, le taux de postes vacants, c'est un extrême comparé à la moyenne
québécoise. Est-ce que la ministre, elle est au courant? Et qu'est-ce qu'elle
va faire pour s'engager? Question précise : Est-ce qu'elle nous confirme
aujourd'hui qu'elle travaille avec ses collègues pour instaurer une indexation
annuelle? Il y a le rehaussement, ça, c'est un enjeu important, mais aussi
instaurer une indexation annuelle des subventions à la mission globale pour
l'ensemble des organismes. Est-ce qu'elle prend un engagement aujourd'hui?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Mme la
Présidente, si le Parti libéral n'avait pas coupé les organismes
communautaires, on n'aurait pas à procéder à ce rehaussement et à ces
investissements aussi importants aujourd'hui, et on aurait pu peut-être
améliorer d'autres conditions. Mais il faut qu'on reprenne les choses là où ça
a été coupé dramatiquement. Il a fallu rajouter de l'argent pour rétablir les
choses pour les jeunes. Alors, on travaille pour améliorer les conditions de
travail des organismes communautaires. On rehausse le financement à la mission
des organismes communautaires. On met en place des mesures pour faciliter le
travail, permettre la rétention des employés, faire en sorte que ce soit aussi
attrayant dans un organisme communautaire que dans un autre type d'emploi,
sachant qu'en milieu communautaire il y a quelque chose de particulier, il y a
cette mission particulière de l'organisme qui fait qu'il y a cet engagement
personnel aussi. Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme McGraw : Je suis contente
de... que la ministre parle de rehaussement. Et la question que je repose est
courte et claire, j'espère : Est-ce que la ministre s'engage? Et là on
parle d'instaurer une indexation annuelle des subventions à la mission globale
pour l'ensemble des organismes dans le secteur communautaire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Alors, j'ai
mentionné tantôt qu'il y a des travaux à venir pour une loi-cadre en action
communautaire. Il y aura des discussions, il y aura des réflexions très, très
poussées qui seront faites à ce niveau-là. Il y aura des consultations qui
seront faites. Et c'est dans ce cadre qu'on pourra avancer dans cette... avec
des... différentes propositions. S'agira-t-il d'indexation ou autre, on
verra...
Mme Rouleau : ...on verra, ce
sera dans les discussions avec les organismes communautaires.
• (15 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme McGraw : Qu'est-ce que la
ministre s'engage à... à reformuler la loi-cadre en action communautaire
avant... avant 2026?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Bien, c'est...
il est difficile pour moi de donner des dates précises. Je vous dis quels sont
mes priorités, mes objectifs. Et puis on a un calendrier, un calendrier
législatif. Alors, je ne peux pas donner de date précise, mais mon objectif,
les... j'ai trois grandes priorités et c'est dans ce sens que je travaille.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée.
Mme McGraw : Et, si je
comprends bien, la ministre ne s'engage pas dans ce mandat de ce gouvernement
qui est au pouvoir pendant... depuis déjà six ans, ne s'engage pas dans cette
direction pour s'assurer dans la loi-cadre que... qu'on... que vraiment combler
et respecter le secteur communautaire qui est vraiment en crise. Donc, je parle
des statistiques, c'est vraiment une crise. Et c'est surtout... et je sais que
la ministre s'est... elle se préoccupe de ça parce que je sais que les femmes,
ça lui tient à cœur, et c'est surtout des femmes qui travaillent dans ce
secteur. Lorsqu'on dit que... le fait que ça soit une mission, que ça nous
tient à cœur, ce n'est pas assez, c'est un manque de respect pour les femmes,
ces femmes surtout qui travaillent au sein de cet... elles se voient
sous-payées. Je ne vous dis pas que la ministre a un manque de respect, au
contraire, mais cette approche, cette approche, c'est inéquitable.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : J'abonde dans
votre sens. Ce que le gouvernement libéral a fait, c'est inéquitable. Et nous,
on a rétabli la chose avec le plan d'action gouvernemental en action
communautaire 2022-2027, parce que le gouvernement libéral n'a pas financé
les organismes communautaires, le gouvernement libéral a coupé les organismes
communautaires, n'a pas tenu compte du travail des femmes dans les organismes
communautaires. Aujourd'hui, on le fait. Aujourd'hui, bien, on le démontre. Je
vais vous montrer encore mon petit tableau. C'est depuis 2018 que cette courbe
a grimpé. Jamais auparavant, jamais, regardez, là, c'est une petite ligne
horizontale qui ne bouge presque pas, alors qu'en 2018 le financement a grimpé,
puis que maintenant on a une ministre de l'Action communautaire. Alors, on
continue à travailler. Puis je veux... je veux bien que vous ayez des... vous
vouliez... des engagements, mais il aurait fallu que vous en preniez des
engagements vous-mêmes, ça faciliterait le travail aujourd'hui.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Mais évidemment, la CAQ est au pouvoir depuis six ans. Donc, il
faut prendre ses responsabilités. Et chaque fois qu'un ministre se lève avec
son tableau de bord et avec ses chiffres, on parle d'investissements sans
précédent. Pour moi, c'est un... c'est admettre un certain échec, parce que, si
les investissements n'ont pas des résultats souhaités, et on voit, selon les
statistiques que je viens de citer, un écart de 33 % des postes vacants à
22 %, comparé à la moyenne de 5,8 %. C'est des faits, ça, pour moi,
c'est des faits qui démontrent un certain... malgré des... les investissements,
un échec. En tout cas, observation.
Je veux revenir sur une question très
précise. Une des suggestions qui a été faite, et j'aimerais entendre la
ministre là-dessus, qui a été faite, c'est... c'est établir au sein de son
quatrième plan, un comité de suivi et d'évaluation, avec la participation et la
délibération des personnes qui vivent la pauvreté. Donc, est-ce que la ministre
serait ouverte à un comité de suivi d'évaluation qui pourrait inclure des
personnes avec une expérience vécue et s'assurer que ces personnes-là ne sont
pas pénalisées pour leur participation, lorsqu'ils sont compensés, pénalisés au
niveau de leur... leur prestation?
Mme Rouleau : Ce comité
existe déjà, il est en fonction, il fait partie de la loi. C'est le Comité
consultatif de lutte à la pauvreté et à l'exclusion sociale. Et parfois, il y a
des gens qui doivent quitter, puis je nomme les personnes qui viennent
remplacer. Alors, c'est un comité qui est complet et qui fait un travail très,
très, très apprécié. Alors, c'est déjà fait, Mme la... mme la députée.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée.
Mme McGraw : Excellente
nouvelle, Mme la ministre. Peut-être une dernière question, si vous me
permettez, Mme la Présidente. Est-ce que vous...
Mme McGraw : ...nous
expliquer comment le gouvernement compte utiliser les 10 millions de
dollars alloués pour introduire un supplément de revenu de travail pour les
prestations de programmes d'aide sociale et de solidarité sociale, étant donné
que certains estiment que ce montant est insuffisant, nettement insuffisant
pour répondre aux besoins.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Rouleau : Bien, oui,
on parlait du 200 $ par mois, là, puis qui ne fonctionne pas. Et alors là
on a un premier pas dans ce que vous voyez, dans ce... dans ce budget pour...
pour améliorer. Puis il y aura la présentation et le dépôt du plan de lutte à
la pauvreté qui permettra de faire tous les... tous les liens. Puis c'est un
premier pas important parce que ça n'avait pas été touché depuis 1999.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée, il vous reste une minute.
Mme McGraw : Une
question très précise, courte. Je ne pouvais pas m'empêcher de faire l'étude
des cahiers d'études de crédits. On observe qu'à la ligne, donc, RG-07,
annexe 1, c'est les demandes de renseignements généraux de l'opposition, à
la ligne 32, on parle de connaître... On a payé 15... 14 000 et plus
dollars pour un contrat pour connaître, et je cite, connaître ses talents et
ceux des collègues, découvrir nos complémentarités et maximiser la synergie
d'équipe. Alors, on veut comprendre comment on dépense plus de
14 000 $ sur une initiative comme cela.
Une voix : Est-ce qu'elle
peut déposer la question?
Mme McGraw : Est-ce
que... On va peut-être déposer la question à Mme la ministre si on manque de
temps pour la réponse.
La Présidente (Mme D'Amours) : On
va le prendre en note. Et c'est tout le temps que nous...
Mme Rouleau : Est-ce que
c'est, là, plus précisément, pour...
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avions pour ce bloc d'échange. Ce que je comprends,
c'est que vous allez répondre. Donc, votre réponse peut-elle être déposée sur
greffier, s'il vous plaît?
Une voix : Oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme Rouleau : Ce sera
déposé.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Donc, je cède maintenant la parole à la partie gouvernementale, à la députée de
Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif : Mme la
Présidente, merci beaucoup. Bonjour, chers collègues. Bonjour à vous toutes,
devant, sur les côtés, derrière. Merci, tout le monde. C'est un bel exercice
qu'on fait, je trouve. C'est un exercice quand même qui est important. Et ce
que j'entends et ce que je retiens des échanges, je trouve ça très positif
parce que je constate qu'on travaille, toutes et tous, en tant que députés,
dans le même sens et que nous reconnaissons aussi l'importance des organismes
communautaires, l'importance de l'entreprise, toutes ces entreprises d'économie
sociale, l'importance de ces dossiers qui font qu'au niveau de la solidarité
sociale et de l'aide de l'action communautaire, c'est vraiment la base.
Et comme le disait ma collègue en face,
c'est la base aussi et ça irradie, ça irradie au niveau de la santé, ça irradie
au niveau de l'éducation, ça irradie. Et je dis ça parce que, entre nous, on en
parle, et on en parle abondamment. Et je peux vous donner l'assurance que s'il
y a quelqu'un qui défend ces dossiers-là, c'est bien la ministre. Et à plus
d'une reprise, j'ai participé avec elle, j'ai eu le privilège d'aller faire
plusieurs consultations à travers la province. Et nous avons écouté avec... Je
n'allais pas dire avec amour, mais je pense que c'est ça. C'est comme ça que ça
se passe dans les organismes communautaires, avec attention, avec respect, avec
patience. Et, oui, nous les comprenons. Et, oui, nous voulons avoir plus
d'argent. Et, oui, nous défendons ça auprès du gouvernement. Et, oui, nous
faisons avancer les dossiers avec eux, pour eux, pour les gens, pour les gens
dans le besoin parce que la majorité des gens qui sont sur cette coupole, je
dirais, sont des gens qui ont besoin encore plus de nous.
Et donc chapeau! à vous, Mme la ministre.
Chapeau! à toute l'équipe. Puis je fais une grande diversion, mais je pense que
c'est important de le dire et de vous faire comprendre que la ministre, elle
est vraiment là. Elle ne peut pas tout vous dire, on a des petits secrets, mais
elle travaille fort en mosus, par exemple, puis son équipe aussi.
• (15 h 50) •
Je reviens parce que la semaine dernière,
encore, c'était... Et mon mot «encore», je ne sais pas pourquoi je dis
«encore», là, mais avec raison, c'est une semaine de reconnaissance des...
Mme Tardif : ...Et nous avons
tous eu probablement, là, des soirées pour reconnaître l'action bénévole de
ces... de ces centaines, de ces milliers de bénévoles qui font nettement la
différence au niveau du tissu social. Mais j'avais une... Je lisais une enquête
sociale, qui est l'enquête sociale générale canadienne. On constate qu'en 2018,
il y a 32.5 % de la population québécoise, 32.5 % de la population
âgée entre 15... 15 ans et plus, ça représente quand même
2.3 millions de personnes, 2.3 millions de personnes qui font du
bénévolat. Bon, dans Laviolette—Saint-Maurice, on en a probablement plus de
1 000. Et veux veux pas, les gens sont à majorité d'âge avancé, je dirais,
d'un certain âge, mais on en a quand même. On a quand même de la relève, là,
c'est très beau de voir ça. Le gouvernement a grandement besoin d'eux. Par contre,
qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce que le gouvernement fait... et là, c'est
peut-être la question qui tue, là, mais qu'est-ce que le gouvernement fait au
niveau du recrutement, au niveau de la rétention de ces bénévoles-là, qui sont
si importants pour nos enjeux communautaires?
Mme Rouleau : Bien, merci
beaucoup pour tous vos bons mots, Mme la députée. Vous parlez des bénévoles,
puis c'est effectivement tellement important dans notre tissu social, le
bénévolat, les bénévoles, qui représentent autour de 2 millions de
personnes, vous l'avez dit, au Québec. C'est beaucoup de monde. Ce sont des
gens qui s'engagent pour parfois 1 h par semaine, parfois trois jours par
semaine, ou font partie de... d'organisation. Et j'en rencontre plein. Et puis,
oui, il est important de s'assurer qu'ils... qu'ils restent, qu'ils continuent
à faire... à donner de leur temps. Ils donnent de leur temps, ils donnent de
leur expertise, donnent de leur amour, c'est beaucoup d'amour.
Et on a un petit enjeu. Il faut aller
chercher plus de jeunes. Il faut aller chercher plus de jeunes, là, parce que
la population vieillit puis... Alors, et c'est pour ça qu'on a, au Québec,
instauré le prix Hommage Québec... comment on appelle ça, Bénévolat Québec?
Des voix : ...
Mme Rouleau : Le prix hommage
Bénévolat Québec, qui est la plus haute distinction du gouvernement du Québec
envers des bénévoles. Et c'est pour ça qu'à chaque année on vous interpelle,
vous, les députés, pour que vous sollicitez vos organismes, là, pour découvrir
les bénévoles en or, là, qui mériteraient d'être reconnus. Cette année encore,
c'est autour de 220 personnes, 220 propositions qui ont été retenues,
qui ont été évaluées par un autre comité de bénévoles pour identifier une
quarantaine de personnes qui ont reçu ce prix Bénévolat Québec. À cette
occasion-là, on amène les gens ici. Ils sont de partout à travers le Québec,
dans chacune des régions. On les amène ici, à l'Assemblée nationale. Ils
viennent visiter, ils viennent... Il y a quelques... Il y a des activités, puis
ça se clôture par un souper au Parlementaire avec une soirée festive de
reconnaissance où ces gens-là sont tellement, mais tellement heureux de
recevoir cette reconnaissance parce qu'ils ne s'y attendent pas. Quand on est
bénévole, c'est un don de soi, et ce n'est pas pour... ce n'est pas pour
recevoir... ce n'est pas pour recevoir un prix, loin de là. Cette semaine-là,
lorsqu'on fait ce souper où on rend hommage aux bénévoles, c'est dans la
Semaine des bénévoles. Puis je suis allée rencontrer des bénévoles dans des
organismes. Je suis allée dans un centre d'action bénévole, et puis il y a des
gens qui avaient pratiquement la larme à l'oeil en parlant de... du bien qu'ils
font aux autres. Puis là, c'était une clinique d'impôt, imaginez-vous, ce n'est
pas ce qu'il y a de plus sexy, là, la clinique d'impôt, mais...
Mme Rouleau : ...le
monsieur... je pense qu'il s'appelait M. Pagé, je ne suis pas sûre, là, je ne
veux pas mêler les choses, mais il me semble... qui me disait : Mais c'est
incroyable, le bien qu'on fait. Parce que, quand les gens... Puis là j'en
profite pour inviter tout le monde à faire leur rapport d'impôt, et,
particulièrement quand on est en situation de précarité, il faut faire son
rapport d'impôt. Parce que là, lui me disait : c'est incroyable, le bien
qu'on fait. Parce que, quand les gens viennent... puis, des fois, ça fait cinq,
six ans qu'ils ne l'ont pas fait, leur rapport d'impôt... puis ils arrivent
avec une boîte, il faut faire... il faut démêler tout ça, et les gens
ressortent avec, pratiquement, des trésors, parce que là, bien, tel crédit n'a
pas été... n'avait pas été réclamé, le 500 $ du bouclier anti-inflation,
le... Toutes les mesures qui sont mises en place pour aider les gens n'avaient
pas été réclamées, puis là, finalement, les gens ressortent avec... On vient de
leur rendre un énorme service. Et tout ça vient du bénévolat. Alors, c'est...
Ce dont on a discuté aussi avec le
directeur de cette organisation-là, c'est l'importance de la rétention. Parce
que vous en avez parlé, Mme la députée, comment retenir les gens. Parce que tu
peux venir une fois, deux fois, puis, si ce n'est pas agréable comme
environnement, si tu n'es pas bien reçu, si tu n'es pas bien encadré aussi,
parce qu'il faut un certain encadrement, bien, le bénévole risque de partir. Et
cette organisation-là, le centre d'action bénévole de... comment ça... de...
Les p'tits bonheurs, a, justement, gagné un prix, parce que des organismes qui
retiennent... qui... pas «qui retiennent», mais qui travaillent bien avec les
bénévoles sont aussi reconnus. Alors, lui parlait de comment ils font pour
s'assurer de la rétention de ces... des gens, puis c'est sûr que c'est
toujours... ça revient toujours à comment va l'organisme, comment se sent
l'organisme, comment il peut bien accueillir ces gens qui viennent donner de
leur temps, de leur énergie, de leur savoir.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais : Merci, Mme la Présidente.
Il me reste combien de temps? Quatre minutes?
La Présidente (Mme D'Amours) : Trois
minutes. Trois.
Mme Blais : Bon. Alors, Mme
la ministre et votre équipe, bonjour, très heureuse d'être avec vous
aujourd'hui. Moi, je vais vous parler des organismes communautaires, qui sont
tellement importants dans notre milieu, et je vous dirais même, qui sont vitaux
à certains endroits. On sait que la demande quant à l'offre des services du
milieu communautaire est de plus en plus grandissante. Ce phénomène fut exerbé
par la pandémie et par, aussi, la hausse récente du coût de la vie. Les
organismes veulent être entendus quant à leurs demandes, autant
administratives, opérationnelles ou financières. Quels sont les leviers que
nous pouvons offrir à nos organismes communautaires?
Mme Rouleau : Mme la députée,
je pense qu'on en a parlé pas mal, mais puis-je me permettre de vous montrer
mon fameux graphique? En fait, comment améliorer les choses, bien, tu sais, je
crois que... La première chose que j'ai dite lorsque j'ai rencontré les
organismes communautaires, en arrivant en poste, c'est : Écoutez, c'est la
première fois qu'il y a une ministre responsable de l'Action communautaire,
alors profitons-en, il faut que... Ça signifie qu'il y a une réelle volonté du
gouvernement envers les organismes. On a mis en place le plan d'action
gouvernemental, avec du financement à la mission, avec des mesures pour
améliorer les conditions de travail au sein de ces organismes-là. Il y a une
reconnaissance qui est certaine. On a de multiples tables de travail, on a des
tables nationales, et plusieurs rencontres qui se font avec les organismes
communautaires, pour entendre, pour écouter, dans les... pour les décisions
qu'on a à prendre. Alors, ils sont parties prenantes, puis je pense que cette
écoute-là, elle est importante envers les organismes.
• (16 heures) •
Parce qu'il est arrivé déjà — puis
j'ai connu ça, moi, personnellement, là — de voir des gouvernements
qui... Non, on n'a pas besoin de toi, là, on n'a pas besoin de... non. On
cognait à la porte, on avait besoin de parler au ministre ou aux députés. Non,
non, non, pas...
Mme Rouleau : ...ce n'est pas
nécessaire, on sait ce qu'on fait, alors que nous, ce n'est pas comme ça qu'on
fonctionne. On est très à l'écoute puis on cherche les meilleures solutions.
Puis c'est comme ça qu'on peut avancer avec les organismes communautaires.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : L'été
passé, vous avez fait une tournée régionale, une tournée provinciale. Quel a
été votre coup de coeur? Avez-vous des organismes qui vous ont marqué par des
gestes, par du bénévolat? On sait qu'ils sont toujours présents. Alors, quel a
été votre coup de coeur?
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avions.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Ah!
je ne le saurai pas.
Mme Rouleau : Ah! j'allais
dire Abitibi-Ouest.
La Présidente (Mme D'Amours) : Le
temps alloué à l'étude des crédits budgétaires du volet Solidarité sociale et
Action communautaire autonome du portefeuille Emploi et Solidarité sociale
étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des
crédits.
Le programme II, intitulé Solidarité
sociale et Action communautaire est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division. Finalement, l'ensemble des crédits budgétaires du
portefeuille Emploi et Solidarité sociale pour l'exercice
financier 2024-2025 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division.
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
La Commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux au mardi 30 avril 2024, à 9 h 45, où
elle poursuivra un autre mandat. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 16 h 01)