Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 23 avril 2024
-
Vol. 47 N° 55
Étude des crédits budgétaires du ministère de l'Emploi et et de la Solidarité sociale, volet Emploi
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures vingt-neuf minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet emploi des crédits budgétaires du portefeuille Emploi et
solidarité sociale pour l'exercice financier 2024-2025. Une enveloppe de 3 h a
été allouée... allouée, pardon, pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Non, Mme la
Présidente. Aucun remplacement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'échange
incluant les questions et réponses. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit vers 18 h 30.
Je suis maintenant prête à reconnaître une
première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange.
Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à vous.
Mme Cadet : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Salutations à l'ensemble des collègues ici présents. Bonjour, Mme
la ministre. Merci beaucoup d'être avec nous en commission pour cet exercice.
Merci également, donc, à toute l'équipe du ministère de l'Emploi, sous-ministre
et cabinet, donc, qui êtes là donc avec nous, pour parler donc d'un sujet
crucial pour le développement économique, mais également pour le développement
des compétences professionnelles des différents individus.
• (15 h 30) •
Et c'est justement sur ce dernier point
que j'ai envie de commencer à vous interpeler, au niveau, donc, du développement
des compétences, donc, des personnes, et donc de commencer avec la notion des
services publics d'emploi. Donc, l'une des missions du ministère de l'Emploi,
comme vous le savez, est d'offrir donc des services publics d'emploi. L'an
dernier, lors de l'étude des crédits, je vous ai questionnée à ce sujet, Mme la
ministre, et à l'automne, lors de notre interpellation, donc, aussi, donc, nous
avons abordé ces sujets.
Au Québec, donc, une bonne partie des
services publics d'emploi sont assurés par les organismes spécialisés en
employabilité. Donc, ceux-ci, donc, signent des ententes de services avec
Services Québec, des ententes annuelles, donc du 1er juillet au 30 juin, des
ententes dont ils peuvent négocier le contenu à l'intérieur, donc, d'un certain
cadre défini. Les mesures actives d'emploi sont financées par le Fonds de
développement du marché du travail. Elles doivent atteindre des cibles... donc,
ces organismes-là, plutôt, doivent atteindre des cibles, donc, qui concernent à
la fois le type de clientèle desservie selon leur admissibilité et les types de
services offerts.
Je commence donc avec l'enjeu de l'admissibilité
aux services spécialisés en employabilité. Donc, lorsqu'on regarde, donc, le
Guide des mesures et des services d'emploi, donc on comprend, donc, les
clientèles qui sont généralement admissibles, donc, à ces services, donc, sont
souvent, donc, les prestataires d'aide de dernier recours et les participants
au programme de l'assurance-emploi. Et donc, et on... Et par la suite, on a donc
une série d'exclusions.
La première question ici, parce qu'on n'a
pas eu l'occasion, donc, d'y revenir souvent, Mme la ministre, est-ce que vous
pouvez nous nommer, donc, le contexte économique du Québec qui prévalait en
matière d'employabilité et de taux de chômage quand ces critères d'admissibilité
là donc ont été définis?
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup. «Kuei, kuei», Mme la Présidente. Vous allez me permettre à mon tour
de saluer la députée de Bourassa-Sauvé, de la remercier pour son implication.
Je sais qu'elle en fait beaucoup cette année. Alors, je vous remercie.
Salutations aussi au député d'Hochelaga-Maisonneuve, avec qui c'est aussi
agréable d'échanger. Je veux saluer mes collègues qui sont ici présents qui,
eux aussi, en font beaucoup actuellement. Alors, je salue particulièrement la
députée d'Anjou-Louis-Riel, qui est également mon adjointe gouvernementale, qui
est une femme très impliquée dans son comté, mais aussi dans notre ministère.
Et je veux saluer tous les autres collègues qui sont présents. Et je vais, bien
sûr, saluer les équipes du ministère qui sont avec nous, qui travaillent aussi
depuis des semaines, voire des mois, à l'élaboration, là, des réponses que vous
avez demandées, bien évidemment. Et voilà, je les remercie pour rendre possible
ces crédits-là...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Champagne Jourdain : ...
Alors, à votre première question, vous savez, je vais me permettre une petite
introduction. On a reçu, nous, la confirmation, et bien sûr le gouvernement
fédéral n'en a pas fait l'annonce en grande pompe, mais nous avons reçu la
confirmation que le 145 millions que nous attendions relativement aux
ententes, là, du FDMT ne sera pas reconduit par le Parti libéral du Canada.
Alors, il y a un choix qui a été fait. Je comprends bien que les services d'emploi...
la pénurie de main-d'oeuvre n'est pas une priorité pour le gouvernement
fédéral. Alors, je tenais à le dire d'entrée de jeu, parce que ça va sûrement
tenter... teinter la nature des échanges qu'on va avoir aujourd'hui
relativement aux différentes questions d'emploi, services d'emploi.
Alors, vous me posiez la question sur les
services d'emploi et le contexte, dans le fond, de... Vous me disiez le... Vous
voulez savoir le contexte?
Mme Cadet : Le contexte,
donc, de création, donc, des critères d'admissibilité aux services spécialisés
d'employabilité.
Mme Champagne Jourdain : Tout
à fait. Je m'excuse, je veux juste revenir à... Pas bien long. Parfait.
Alors je veux certainement vous parler des
services d'emploi qu'on offre. Toutes les clientèles sont bien sûr desservies.
C'est important pour moi de bien camper ça, parce qu'il peut y avoir... il peut
y avoir eu des interventions qui ont mis en doute ça. Alors, toutes les
clientèles sont desservies par nos différents services d'emploi, et ce, dans l'ensemble
des régions du Québec, dans l'ensemble des MRC. Mon objectif à titre de
ministre, c'est bien sûr de m'assurer que la bonne mesure soit disponible pour
la personne qui en a besoin et au bon moment, nécessairement, et je vais vous
parler un petit peu plus du contexte. En 2024, on constate qu'il y a des
variations à la hausse des services externalisés qui sont offerts par les
organismes spécialisés en employabilité et des baisses pour les autres services
aux individus en entreprise, nécessairement.
Je veux aussi vous parler de la hausse des
nouveaux participants pour la mesure SAE, qui est de 14,13 %. Alors, ça, c'est
important. Il y a une variation, là, on est à 89 000, puis là on est rendu à
78 000, et cette variation fait en sorte que le nombre de nouveaux participants
total aux interventions des services publics d'emploi est en hausse par rapport
à la même période l'an dernier. Alors, quand on a établi les critères, c'est
dans ce contexte-là qu'on se situait. On a 148 387 nouveaux
participants comparativement à l'année... l'année d'avant, qui était... où le
nombre de participants, dans le fond, était de 136 760, ce qui représente
en fait une hausse de 8,5 %.
Mme Cadet : D'accord. Merci,
Mme la ministre. Donc, vous avez dit beaucoup d'éléments. D'abord, donc, en
effet, donc, au niveau de la participation du fédéral, nous y reviendrons, et
vous-même, donc, vous constatez donc une hausse de nouveaux participants. Donc,
ça m'incite donc à poursuivre, donc, sur la question que je vous posais donc
initialement, donc à savoir... Donc, évidemment, donc, ça fait un moment donc
que les critères d'admissibilité aux services spécialisés en employabilité,
donc, ont été définis, à un moment où les taux de chômage au Québec étaient
beaucoup plus élevés. Aujourd'hui, quand vous regardez, donc, la situation
actuelle, et on a beaucoup parlé de pénurie de main-d'oeuvre, donc, dans les
trois, quatre dernières années, est-ce que vous trouvez que le contexte qui
prévalait lorsque, collectivement, comme société, et à juste titre à l'époque,
donc, nous avons donc établi, donc, qui devraient être les personnes
admissibles à des services spécialisés en employabilité... Parce qu'effectivement,
donc, vous l'avez dit, donc, tout le monde a accès aux services universels,
mais les services, donc, spécialisés viennent desservir, donc, des clientèles
qui sont vulnérables. Est-ce que vous trouvez que le contexte de l'époque est
toujours d'actualité aujourd'hui?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
le contexte a définitivement changé. Vous savez, on est en pénurie de main-d'oeuvre,
on l'a dit, dans... Ça touche plusieurs secteurs, plusieurs régions. C'est plus
facile pour des chercheurs d'emploi d'être capables d'intégrer le marché du
travail, les chercheurs d'emploi qui sont proches du marché du travail. Ceci
étant dit, il faut en faire davantage pour les clientèles qui sont dites plus
éloignées du marché du travail, et c'est pour ça que j'en ai fait une de mes
priorités, parce que dans le contexte actuel il faut donner davantage de
moyens, s'assurer qu'on accompagne convenablement dans les services d'emploi,
que ce soit au niveau de l'intégration, du maintien, mais de la formation
aussi...
Mme Champagne Jourdain : ...de
l'accompagnement, il faut être en mesure d'accompagner ces clientèles éloignées
du marché du travail. Alors, vous comprendrez que, dans le contexte économique
actuel, celui où on fait face à des coupures de 145 millions de dollars de
la part du gouvernement fédéral, mais on va se concentrer aussi davantage vers
ces clientèles-là qui ont besoin de notre soutien plus que celles qui sont
proches du marché du travail.
Mme Cadet : Je vous entends
là-dessus, Mme la ministre. Selon vous, quel est le rôle des services
spécialisés en employabilité?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
c'est certainement de faire en sorte que les Québécois et les Québécoises qui
le désirent intègrent le marché du travail et qui ont besoin de soutien, parce
que ce n'est pas le cas nécessairement de tout, de l'ensemble des gens qui sont
en recherche d'emploi, d'avoir besoin d'un soutien, d'un suivi,
d'accompagnement. Alors, c'est certainement de faire en sorte qu'on offre le
bon service à la bonne personne au bon moment dans la bonne région.
Mme Cadet : Est-ce que vous
trouvez, dans ce cas-ci, puis je pense que cette définition-ci, donc, elle est
assez limpide, est-ce que vous trouvez que le cadre actuel permet à nos
organismes spécialisés en employabilité de bien jouer ce rôle?
Mme Champagne Jourdain : Mais,
vous savez, le marché de l'emploi évolue. Donc, il est clair que nos services
doivent évoluer aussi en même temps, c'est bien évident, c'est bien évident.
Vous l'avez me, vous l'avez dit tout à l'heure. Quand ces services... quand les
services d'employabilité, là... services publics d'emploi ont été développés,
ça... on était totalement dans une autre époque où le taux de chômage était
très élevé. Il y avait environ 1 million de chômeurs au Québec. Alors, les
finalités des services qu'on offrait étaient différentes. Maintenant, on est
actuellement dans un chantier de modernisation à travers... pour tous les
services d'emploi. Et quand je dis pour tous les services d'emploi, je veux
bien sûr parler des travaux qui sont en cours avec les organismes spécialisés
en employabilité, mais je veux aussi parler des services qu'on offre à travers
les outils les bureaux de Services Québec. Vous savez, on offre des services
aux individus, mais aussi aux entreprises. Alors, on est dans ce grand chantier
de modernisation là qui va nous permettre, à terme, de mieux répondre aux
nouveaux besoins du marché du travail.
• (15 h 40) •
Mme Cadet : Bien, d'ailleurs,
Mme la ministre, donc, vous me permettez de bifurquer vers la question, donc,
du chantier, parce que, justement, l'an dernier, au lendemain de l'étude des
crédits budgétaires, vous aviez promis, donc, ce chantier de modernisation des
services publics d'emploi. Ce qu'on entend, c'est que les organismes, ils
attendent toujours, donc, un retour, donc une avancée. Donc, pouvez-vous, donc,
leur dire, donc, comment, donc, le chantier a évolué depuis l'an dernier?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais que le chantier évolue bien. Le plus rapide est toujours le
mieux, hein, c'est bien évident, là, on ne s'obstinera pas là-dessus, vous et
moi. Ceci étant dit, je dois dire que les représentants des organismes
spécialisés en employabilité m'ont demandé, au courant de la dernière année, un
délai de six mois que j'ai respecté. Alors, on a quand même des visées, hein,
parce que même s'il y a un délai, il faut savoir où est-ce qu'on s'en va avec
tout ça. Je veux peut-être un peu vous faire la distinction entre le chantier
de modernisation, puis les travaux qu'on a actuellement en cours avec les
organismes spécialisés en employabilité. J'échange souvent avec eux, je tiens à
vous le dire, je fais beaucoup de terrain. Alors, je suis souvent en visite à
travers ces différents organismes là. C'est plus de 400, au niveau du Québec,
là, qui donnent des services d'employabilité.
Et ce qu'on travaille actuellement avec...
principalement, avec les organismes spécialisés en employabilité, c'est la
grille tarifaire. On est soucieux au ministère de rémunérer le juste prix pour
les services rendus. C'est quelque chose que j'ai entendu souvent au cours des
premiers mois de mon arrivée en poste, que le coût client n'était peut-être pas
au bon niveau. Alors, on s'est dit : On va travailler là-dessus. Et la
grille tarifaire révisée, elle est attendue pour l'année 2025-2026. Vous
comprendrez qu'avec le délai de six mois, moi, j'avais bien l'ambition de
pouvoir, à ce moment-ci, utiliser la nouvelle grille tarifaire, c'est-à-dire
pour les ententes qui vont se signer et qui vont débuter le 1er juillet. Mais,
avec le délai, là, on a dû reporter ça à l'an prochain. Alors, notre... on vise
vraiment le but, là, d'application pour cette nouvelle grille tarifaire là, en
2025-2026.
Je veux aussi vous parler du chantier de
modernisation qu'on fait... Pardon. Je vous parler de la grille tarifaire, je
ne veux pas finir sans vous parler de l'allègement des processus
administratifs, parce que, ça aussi...
Mme Cadet : ...Mme la
ministre, c'était ma prochaine question.
Mme Champagne Jourdain : ...c'est
extrêmement important, c'est extrêmement... On est là pour les bonnes affaires,
hein, ensemble, je vous comprends. Alors, l'allègement des processus
administratifs, il y a des travaux qui sont en cours actuellement...
Mme Champagne Jourdain : ...actuellement
pour identifier les lourdeurs administratives et voir à des allègements, là,
avec eux, on va de... on va s'entendre là-dessus, au besoin, et ce qu'on vise,
c'est d'être capable d'apporter ces allègements-là d'ici
l'automne 2020-2024. Alors, on a quand même, là, comme visée d'avoir, là,
des avancements dès cette année pour ce chantier... pour les travaux qui sont
en cours avec les hausses. Je veux vous parler du chantier de modernisation
parce qu'on...
Mme Cadet : Et peut-être
juste là-dessus...
Mme Champagne Jourdain : Oui.
Mme Cadet : ...sur
l'allègement parce que... bon, évidemment, la consultation sur la lourdeur
administrative a été réalisée à l'hiver. Donc, quelle... Là, vous venez de nous
donner un échéancier, merci beaucoup, pour l'automne 2024. Quelles mesures
concrètes qui... découlant de cette consultation comptez-vous mettre en place?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
on est actuellement en échange, hein, avec les organismes spécialisés en
emploi... en employabilité, et c'est naturellement avec eux qu'on va définir
quelles vont être ces mesures concrètes là. Je le sais, entre autres, pour ce
qui est de la lourdeur administrative, qu'on nous identifiait le fait que ces
organismes-là doivent doit faire des redditions de comptes pour trois, quatre
ministères. Alors, comment on peut faire, nous, comme gouvernement, pour faire
en sorte que ce soit plus simple, que les intervenants ne passent pas 30 %
à 40 % de leur temps à faire de la reddition de comptes? Ce qu'on veut, ce
que je veux en tant que ministre, c'est que ces gens-là soient sur le terrain à
faire de l'intervention avec les citoyens qui ont besoin de recevoir
l'accompagnement nécessaire pour intégrer le marché du travail.
Mme Cadet : C'est une bonne
nouvelle, ça, Mme la ministre. Votre collègue ministre délégué à l'économie,
député de Sainte-Rose, donc, a promis le dépôt d'un prochain projet de loi, un
projet annuel, le projet de loi sur l'allègement réglementaire. Donc, est-ce
qu'on peut s'attendre à ce que des mesures d'allègement qui couvrent les
services publics d'emplois, là, donc, les ententes, donc, avec les organismes
spécialisés en employabilité se retrouvent dans ce prochain projet de loi là?
Mme Champagne Jourdain : Vous
parlez du projet de loi n° 17, bien évidemment?
Mme Cadet : Mais ça, c'était
le dernier. Donc, il s'est engagé à en faire un chaque année.
Mme Champagne Jourdain : ...
Mme Cadet : Donc, évidemment,
l'année dernière, donc, il y en avait un sur l'allègement réglementaire, il y
en aura un autre.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
écoutez, je pense que c'est un peu trop tôt à l'heure actuelle, aujourd'hui,
là, le 23 avril, pour vous dire qu'il y aura, dans ce projet de loi là,
des mesures. On est en discussion avec les organismes spécialisés en
employabilité. Mais on vise certainement l'automne 2024 pour définir
quelles seront ces mesures-là qui vont permettre d'alléger la reddition de
comptes pour les organismes spécialisés en employabilité.
Mme Cadet : Merci. Je reviens
aux exclusions. Donc, vous nous dites : Le bon service au bon moment. Je
pense que c'est un principe qui est valable. Je vous donne des exemples, donc,
de personnes qui se sont vu refuser l'accès à des services spécialisés en
employabilités. Par exemple, les personnes détenant une formation datant de
plus de 25 ans, sans expérience de travail dans ce domaine, ayant
travaillé plus de 15 ans dans un autre secteur d'activité qui se font dire
de retourner dans le secteur où elles ont été formées malgré leur formation
désuète et sans valider leurs capacités. Est-ce que vous trouvez que ce motif
de refus d'accès à des services spécialisés en employabilité est raisonnable?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
écoutez... Là, vous me donnez quelques éléments sur un cas qu'on a certainement
besoin d'explorer un peu plus pour porter un jugement. Moi, je ne veux pas non
plus ici, à l'étude de crédits, commenter des cas particuliers sans avoir
l'ensemble de la grande image, je vais le dire comme ça, en bon français.
Voilà. Alors, je ne commenterai pas des cas particuliers, mais je peux vous
dire que ma responsabilité, c'est de m'assurer que la bonne personne reçoive le
bon service au bon moment. Et, oui, on a des critères, certainement, dans les
services qu'on donne en emploi et c'est... et on va devoir aussi s'enligner
vers nos priorités. Je le répète encore, le 145 millions qu'on a de
coupures du gouvernement libéral au Canada, ça va faire en sorte qu'on va
devoir s'enligner davantage vers les priorités qu'on a identifiées et aider les
gens qui sont plus éloignés du marché du travail, qui ont besoin d'un
accompagnement plus complet pour intégrer le marché du travail.
Mme Cadet : Avec... et on
reviendra, donc, à cet élément-ci, mais, avec également, Mme la ministre, dans
le cadre budgétaire du gouvernement du Québec, donc, il y a aussi, donc,
certaines baisses, donc pas seulement, donc, au niveau, donc, des budgets
découlant, donc, du gouvernement fédéral, mais également les vôtres. Mais je
sais que j'ai très peu de temps, mais je vais continuer sur la question, donc,
des exclusions parce que le... l'enjeu, donc, d'offrir des bons services au bon
moment. Un autre exemple ici, donc des exemples qui sont quand même assez
concrets, donc, une jeune qui a entamé des démarches avec un organisme et qui
reçoit un appel de Services Québec pour lui dire qu'elle est refusée, et
donc... donc, par chance, on est passé d'un dossier qui s'est bien terminé,
mais le motif de refus était qu'elle travaillait à temps partiel dans une
station-service. Vous avez mentionné le contexte qui est évolutif au Québec du
marché de l'emploi qui est différent. Est-ce que vous... vous pensez qu'une
personne dans cette situation-là recevrait un service au bon moment...
Mme Cadet : ...et au bon
endroit... de bénéficier des services spécialisés en employabilité.
Mme Champagne Jourdain : Mais
je vous dirais...
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avions pour ce premier échange. Gardez votre réponse
pour le prochain... le prochain échange. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
la parole est à vous.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour à toute l'équipe qui
l'accompagne. J'aurai aussi des questions tantôt sur le financement des
groupes, mais ma collègue a bien parti le bal. J'y reviendrai dans mes autres
échanges. Je voudrais me concentrer d'abord sur la question, notamment des
demandeurs d'asile. Ça a fait couler beaucoup d'encre. Y en a-t-il trop? Si
oui, combien? Le ministre... nos chefs respectifs se lancent des questions à ce
niveau au salon bleu.
Moi, je veux vous entendre, Mme la
ministre, sur une suggestion, parce que le premier ministre nous reproche
souvent à Québec solidaire de ne pas faire de suggestion. Que propose Québec
solidaire?, dit souvent le premier ministre à la fin de ses réponses à mon
collègue. Et on en a fait une, proposition justement sur le dossier des
demandeurs d'asile. Vous savez que la plupart des demandeurs d'asile ont de la
misère à obtenir leur permis de travail. Ils doivent donc soit être sur l'aide
sociale, soit travailler au noir, et donc être dans l'illégalité. Et il y a des
délais très, très longs au gouvernement du fédéral... au gouvernement fédéral,
pardon, pour la délivrance de ces permis de travail. Nous avons suggéré que le
gouvernement du Québec, et, en plus, vous, vous faites partie d'un gouvernement
qui se réclame de l'autonomie, qui se réclame de l'élargissement des pouvoirs
du Québec, on en est, notamment sur l'immigration, mais on vous a dit :
Pourquoi vous n'autorisez pas vous-mêmes, à travers une certification
québécoise, à inventer, à rédiger sur nos propres bases ici, au Québec, des
permis de travail valides au Québec, ici, pour accélérer l'arrivée sur le
marché du travail des demandeurs d'asile, qui ne demandent que ça?
• (15 h 50) •
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais que... je vais quand même me permettre de sortir un peu du point
précis de votre question. Je veux vous dire qu'on a certainement à cœur le sort
aussi des demandeurs d'asile à l'emploi. On a... on a mis de l'avant deux
projets pilotes qui permettent aux demandeurs d'asile qui possèdent un permis
de travail de pouvoir intégrer, à travers un processus, soit le secteur
touristique ou le secteur de la santé. Alors, c'est quelque chose qui est en
train de se mettre en place. C'est la première fois qu'on fait ça, alors on
avance là-dedans. Mais c'est... ce sont des projets pilotes qui sont très bien
reçus de la part de ces secteurs-là, mais aussi de la part des demandeurs
d'asile.
Et, vous savez, on a demandé souvent
d'avoir le... d'avoir au gouvernement du Québec une plus grande part des
responsabilités, justement pour pouvoir être en mesure de... pouvoir être en
mesure de... de placer, oui... de prendre les décisions en fonction de nos
besoins, de notre... de notre marché du travail, hein? On a demandé d'avoir une
plus grande... de plus grandes responsabilités. Je laisse nécessairement tout
le travail, là, et le crédit, bien sûr, à ma collègue, là, de l'Immigration,
mais je sais... je sais qu'elle est affairée à cette question-là, à faire en
sorte qu'on puisse avancer à ce niveau-là. Ce serait bénéfique pour le Québec.
Ça serait bénéfique aussi pour les demandeurs d'asile qui sont ici.
M. Leduc : Bien, vous
m'ouvrez la porte sur les deux projets pilotes. C'est quoi, le délai
d'obtention du permis de travail fédéral dans vos deux projets pilotes?
Mme Champagne Jourdain : Je
vous dirais que les projets pilotes s'adressent aux demandeurs d'asile qui ont
déjà un permis.
M. Leduc : Qui ont déjà un
permis de travail.
Mme Champagne Jourdain : Oui,
tout à fait.
M. Leduc : Et est-ce que vous
avez comblé toutes les places rapidement?
Mme Champagne Jourdain : Je
vous dirais que non. Actuellement, il y a beaucoup de gens qui sont avancés. Je
vais vous sortir les chiffres. Si vous voulez avoir des chiffres, ça pourrait
être intéressant pour vous...
Des voix : ...
Mme Champagne Jourdain : Ce
ne sera pas bien long. On avait tout préparé ça pour vous.
M. Leduc : Bien oui, vous me
voyez venir. Je suis prévisible à ce point-là, Mme la ministre? Je suis
quasiment déçu.
Des voix : ...
M. Leduc : Bien, peut-être
pendant qu'on cherche les chiffres, Mme la ministre, je peux continuer, c'est
parce que vous...
Mme Champagne Jourdain : Voilà.
M. Leduc : Vous les avez. Je
vous écoute.
Mme Champagne Jourdain : Voilà,
voilà, voilà. Alors, pour vous donner un petit peu, là, les chiffres, là, au
niveau des demandeurs d'asile, de manière générale... projets pilotes. On a
280 demandeurs d'asile en participation, là, avec... actuellement avec les
organismes spécialisés en emploi. On a...
Mme Champagne Jourdain : ...192
demandeurs d'asile qui sont inscrits sur la plateforme du réseau de la santé et
des services sociaux, pour pouvoir être invités éventuellement à passer des
entrevues avec les employeurs, donc via le projet pilote. De ça, on a... bien,
pas de ça, mais on a... oui, de ça... pas de ça, non, on a 32 demandeurs
d'asile qui sont en processus d'entrevue, on a 14 demandeurs d'asile qui sont
retenus à la suite d'une entrevue, dont deux ont été embauchés et trois en attente
de confirmation. Alors, ces projets-là se déploient.
Et comme je le disais tout à l'heure,
c'est la première fois qu'on tente quelque chose comme ça. Il faut comprendre
aussi que, pour un demandeur d'asile, là, on est dans le secteur de la santé. Et
pour un... Je vous reviens avec les chiffres, là, de la santé, pour un
demandeur d'asile, ce n'est pas simple, nécessairement, non plus, de faire
toute cette démarche-là. Des fois, ils... ça arrive qu'ils font cette
démarche-là, qu'ils n'ont pas de logement, qu'ils doivent...
M. Leduc : Je comprends.
Mme Champagne Jourdain : ...qu'ils
doivent être affairés à gérer beaucoup de choses dans leur vie. Et on est en
train de faire en sorte que ces demandeurs d'asile là puissent intégrer le secteur
de la santé. Au niveau...
M. Leduc : Si vous permettez,
Mme la ministre....
Mme Champagne Jourdain : Oui.
Voulez-vous que je poursuive avec tourisme?
M. Leduc : Le temps file.
Peut-être si vous pouvez, rapidement, me donner des chiffres pour le tourisme
aussi.
Mme Champagne Jourdain : Oui,
ça ne sera pas bien long. Je n'ai pas eu les bons chiffres, je vous reviens
avec les...
M. Leduc : Bon. Pendant qu'on
les cherche, Mme la ministre, merci pour les chiffres, mais je constate, donc,
32 entrevues, 280 personnes, là, au début de l'entonnoir, si on veut, sur le
nombre beaucoup plus impressionnant de demandeurs d'asile qui sont sur le
territoire en ce moment. Je comprends que c'est un projet pilote...
Mme Champagne Jourdain : On a
un but de 1500 sur trois ans. Je veux vous mettre ça en perspective, c'est 1500
de demandeurs d'asile qu'on veut intégrer dans le secteur de la santé, sur
trois ans. On est en rodage, là, de notre système.
M. Leduc : Puis on a fait 30
entrevues?
Mme Champagne Jourdain : Oui,
on a 32 qui sont en... qui se sont qualifiés.
M. Leduc : Il va falloir
accélérer.
Mme Champagne Jourdain : Parce
que, vous savez, là, c'est comme n'importe quoi, il faut valider, là, il faut
valider leur compétence, tout ça, leur expérience. Alors, on a 32 demandeurs
d'asile qui sont en processus d'entrevue, actuellement.
M. Leduc : Sur la masse de
personnes qui sont en ce moment sur le territoire du Québec, demandeurs
d'asile, plusieurs ne peuvent pas travailler, voudraient travailler, en ce
moment, dans toutes sortes de secteurs. Vos projets pilotes, je veux dire, on
verra si ça fonctionne suffisamment, mais ils voudraient travailler. Ils sont
freinés dans leur élan par la non-capacité, la capacité insuffisante du
gouvernement fédéral de délivrer les permis de travail. Pourquoi on ne peut...
pas capable de faire ça nous-mêmes, sur nos propres bases? Est-ce qu'on a les
compétences, au ministère de l'Emploi, notamment, de créer et administrer un
permis de travail valide pour le Québec?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
vous savez, la délivrance de permis de travail, ce n'est pas chez nous qu'on
fait...
M. Leduc : Je sais, mais je
vous pose la question : Est-ce qu'on pourrait le faire? Est-ce qu'on
aurait les compétences de le faire, au ministère du Travail... de l'Emploi,
pardon?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais qu'a priori, non, ça ne relève pas de nous. Est-ce qu'on peut
creuser la question? Mais mon premier réflexe, ce serait de vous dire que nous,
ce qu'on fait, c'est de s'assurer, là, de faire en sorte que les besoins du
marché du travail, on y réponde avec les bonnes mesures, et c'est là qu'on est.
On n'est pas dans la délivrance de permis de travail, mais on peut se poser la
question, qui le ferait, là, au gouvernement, à travers les différents
ministères.
M. Leduc : Parce
qu'historiquement on ne pouvait pas percevoir d'impôt non plus, ce n'était pas
dans nos compétences, puis, un moment donné, on l'a fait, puis, depuis ce
temps-là, on continue de le faire. Alors, ça serait tout à fait possible, puis
il y a des gens qui se sont positionnés là-dessus, des professeurs
d'université, pour dire que ça serait possible de le faire. Moi, je vous
invite, en effet, à creuser cette réflexion-là.
Mme Champagne Jourdain : Ça
mérite d'être creusé.
M. Leduc : Parce que ça
libérerait une force de travail importante au Québec en ce moment, qui pourrait
aider dans plusieurs domaines.
Mme Champagne Jourdain : Vous
avez raison.
M. Leduc : Dans le temps
qu'il me reste pour ce bloc-là, Mme la ministre, un peu dans un sujet connexe,
vous connaissez la pénurie de main-d'oeuvre dans le dossier de la construction.
Il y a un projet de loi en cours, en ce moment, avec votre collègue le ministre
du Travail. On a fait une autre suggestion. Je vous disais qu'on voulait faire
des suggestions constructives pour permettre la délivrance, cette fois-ci, de
notre certificat de sélection du Québec. Celui-ci est complètement dans notre
champ de compétence, on le possède déjà, plus rapidement à des personnes
immigrantes temporaires qui décideraient de s'engager dans le domaine de la
construction. Il y a déjà des projets pilotes qui existent pour les préposés
aux bénéficiaires, pour les technologies de l'information, pour la
transformation alimentaire, et là on vous dit : Créez-en un aussi pour la
construction. Ça pourrait permettre d'accélérer les mises en chantier. On sait
qu'on traîne la patte beaucoup, dans le domaine, c'est à peine 3 % des
forces de travail en construction qui est de la main-d'oeuvre immigrante.
Mon collègue de Saint-Henri-Sainte-Anne a
posé la question à votre collègue la semaine passée en crédits. Elle semblait
ouverte. Je vous pose la même question : Est-ce que cette idée-là, de
rajouter un projet pilote en construction pour accélérer l'arrivée des
personnes immigrantes temporaires dans le domaine de la construction via une
délivrance plus rapide du certificat de sélection du Québec, vous semble une
bonne idée?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais que la voie rapide que vous me proposez, elle existe déjà grâce
à notre réforme du Programme de sélection des travailleurs qualifiés qui va
rentrer en vigueur...
Mme Champagne Jourdain : ...à
l'automne. Alors, bonne nouvelle. La construction, ça fait nécessairement
partie des secteurs qui sont ciblés dans notre mission de recrutement, là, à
l'étranger, ça fait partie aussi, là, d'une mesure, là, de l'Opération
main-d'œuvre, ce recrutement-là à l'étranger. Et c'est un secteur qui est
priorisé aussi pour les personnes immigrantes qui sont déjà sur le territoire.
Moi, si je peux vous lancer une invitation, c'est de joindre votre voix à la
nôtre pour exiger que le fédéral prenne ses responsabilités en immigration pour
nous aider à régler les problèmes qu'il a lui-même causés, notamment au niveau
de la crise du logement. Plus on est capables de bâtir. Nous, on y travaille
aussi à l'Emploi par les formations qu'on fait. Mieux on va être capable
d'accueillir et plus ces gens-là vont participer à la force d'emploi du Québec.
M. Leduc : On ne fera pas un
débat sur le logement ici, Mme la ministre, on a des opinions probablement pas
tout à fait concordantes à ce niveau-là. Cela dit, oui, on veut rapatrier tous
les pouvoirs en immigration. Vous le savez, à Québec solidaire nous voulons
tous les pouvoirs, nous voulons l'indépendance du Québec.
Cela étant dit, sur la construction, je
sens une ouverture, mais je n'ai pas senti nécessairement une affirmation
concrète de dire : Oui, nous sommes en train d'étudier un projet pilote
pour délivrance de ces certificats de sélection du Québec plus rapidement pour
des personnes qui décideraient d'aller en construction, des personnes issues de
l'immigration.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais que mon collègue traite de la question à travers son projet de
loi qui va moderniser, là, le secteur de la construction. Et comme je vous
disais tout à l'heure, nous, cette solution-là, la solution de la voie rapide,
elle existe déjà, là, à travers justement ce programme-là de sélection des
travailleurs qualifiés, qui va rentrer en vigueur à l'automne, mais ce qu'on
veut, c'est que, oui, nécessairement, on puisse avoir accès à ces travailleurs
là, puis les intégrer le plus rapidement possible sur le marché du travail, par
tous les moyens, là, qui seraient possibles de le faire.
M. Leduc : Combien de temps,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) : 27 secondes.
M. Leduc : Donc, je reviens
rapidement sur les demandeurs d'asile, les permis de travail. J'ai bien compris
tantôt que vous m'avez dit : Vous étiez ouverts à étudier ça. Est ce que
c'est bien ça que vous allez faire, vous allez étudier ça au ministère?
• (16 heures) •
Mme Champagne Jourdain : Bien,
écoutez, moi, je vais creuser la question avec mes collègues, là. Vous avez
donné un bon exemple avec les impôts. Alors, on est là aussi pour réfléchir à
d'autres, de nouvelles solutions. Alors, certainement qu'on aura des échanges,
là, en ce sens-là.
M. Leduc : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Nous revenons maintenant avec la députée
de Bourassa-Sauvé. La parole est à vous.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je vous posais une question un peu plus tôt, donc, madame,
Mme la ministre, donc, sur recevoir, donc, les bons services au bon moment.
Donc, je ne répéterai pas l'exemple, étant donné le temps qui nous est imparti.
Donc, est ce que vous trouvez que dans ce cas-ci, donc, une personne, donc, qui
travaille, donc, à temps partiel, donc, par exemple, ici, dans une
station-service, donc devrait être inadmissible à des services spécialisés en
employabilité?
Mme Champagne Jourdain : C'est
une bonne question que vous me poser, parce que c'est un échange que j'ai eu
aussi avec mes équipes, hein, on est toujours en recherche de... de solutions.
Vous savez, dans le... dans le contexte du travail, du marché du travail au
Québec, mais aussi du contexte économique qui est cyclique, changeant de plus
en plus rapidement aussi, on se doit d'être agiles et flexibles. Et on a
certainement entamé cette réflexion-là, de pouvoir élargir ces services-là à
des gens qui sont peut-être dans des emplois du secteur primaire, par exemple,
et qui voudraient donner une... se donner, en fait, une deuxième chance ou
une... peut-être une formation qui leur permette d'occuper un emploi qui... qui
les anime, je vais le dire comme ça. Alors, on est dans... actuellement dans
cette réflexion-là, et ça fait partie de tout, de tout ce chantier de
modernisation là. Vous savez, quand on veut regarder l'ensemble des services,
là, qu'on donne et voir si justement ça correspond encore aux besoins, bien,
ça, c'est une des questions qui en fait partie.
Mme Cadet : Merci. Là, vous
venez de parler, donc, du chantier de modernisation, ce que... je veux
m'assurer d'avoir bien saisi la première fois. Ce que vous disiez, donc,
2025-2026, donc, la grille tarifaire, donc, elle ne sera pas prête pour les
prochaines ententes, elle sera prête pour la suivante, mais la grille
tarifaire, donc, n'équivaut pas aux chantiers de modernisation en tant que tel,
là, c'est une condition préalable à l'établissement du chantier.
Mme Champagne Jourdain : Le
chantier de modernisation, ça concerne l'ensemble des services publics
d'emplois. Dans les services publics d'emplois, il y en a qui sont dispensés
par le ministère via Services Québec et il y a des services publics d'emplois
qui sont dispensés aussi par nos partenaires, qui sont les 400 organismes
spécialisés en emploi. Alors, ce chantier de modernisation, là, oui, il
concerne les services qu'on offre à, bien sûr, à Services Québec, mais plus
particulièrement au niveau des organismes spécialisés en employabilité, on
vient travailler sur la grille tarifaire, ça nous a été identifié comme un
enjeu qui est primordial et qu'il faut adresser dans les meilleurs délais.
Alors, nous, on ne fait pas de financement à la mission...
16 h (version non révisée)
Mme Champagne Jourdain : ...au
ministère de l'Emploi, on achète des services dans ces 400 organismes
spécialisés là en employabilité. Alors, on nous disait qu'il y avait un enjeu,
que le coût client par service devait être revu naturellement à la hausse pour
refléter vraiment le marché actuel. Alors, on travaille là-dessus. Et il y a eu
ce délai de six mois, là, qui a été demandé par les représentants des
organismes spécialisés en employabilité, qu'on respecte, ce qui fait en sorte
qu'on veut travailler avec cette nouvelle grille tarifaire là pour les ententes
de l'année... de l'été prochain. En fait, pas cet... pas cet été, mais l'autre,
2025‑2026.
Mme Cadet : Et là, donc, vous
confirmez aussi que le chantier en tant que tel, donc la modernisation, donc
qui... donc qui porte donc sur différents éléments, donc, le tout sera prêt
pour les nouvelles ententes, pas simplement la grille tarifaire. Donc, pour les
ententes 2025‑2026.
Mme Champagne Jourdain : Pouvez-vous
me répéter ça? Pardon.
Mme Cadet : Oui, bien sûr.
Donc, ce que vous êtes en train de confirmer, c'est qu'outre la grille
tarifaire, donc, qui sera en vigueur pour les ententes 2025‑2026, les
autres éléments, donc, à revoir dans le chantier de modernisation, donc, ils seront
complétés. Donc, votre... votre réflexion sur la modernisation des services
publics d'emploi, elle sera donc prête pour que les conditions donc des
nouvelles ententes reflètent ces éléments-là aussi, pas simplement la grille
tarifaire.
Mme Champagne Jourdain : Pour
la cible de 2025‑2026, ça concerne la grille tarifaire.
Mme Cadet : Uniquement, O.K.
Mme Champagne Jourdain : Maintenant,
on a plus d'une vingtaine d'actions qui sont identifiées pour moderniser nos
services d'emploi. On a déjà des... des actions qui ont été mises en place pour
débuter ou... débuter ce chantier de modernisation là. Je pense entre autres
aux agents d'intégration. On a ajouté un service, puis je vais vous donner
quelques exemples, là. On a ajouté un service pour l'accompagnement des
personnes handicapées dans les entreprises par les organismes spécialisés en
employabilité. Alors ça, ça touche nos organismes spécialisés en employabilité.
Il y a aussi... Je vous parlais, là, des
projets-pilotes, alors, ça, ça fait partie aussi des nouveaux services qu'on
offre en employabilité, et on veut nécessairement améliorer le service qui est
offert aux entreprises et bien positionner effectivement l'expertise, là, du
personnel des services aux entreprises du ministère de l'Emploi. Parce que
si... il y a aussi la perception que le ministère de l'Emploi aide les
chercheurs d'emploi. Mais actuellement, on est en train de changer pas
totalement de cap, mais d'élargir l'ensemble des services, parce que,
maintenant, ce qu'on comprend sur le terrain aussi, c'est qu'il faut
accompagner davantage les entreprises parce qu'on veut qu'ils accueillent des
clients... des personnes qui sont éloignées du marché du travail, que ce soit
des personnes en situation de handicap, des personnes issues des Premières
Nations ou autochtones, des personnes judiciarisées, des travailleurs
expérimentés. J'espère qu'on va avoir la chance de parler ce beau dossier-là.
Mme Cadet : Tout à fait. Tout
à fait.
Mme Champagne Jourdain : Alors,
il faut accompagner. Les entreprises veulent bien. Elles sont elles-mêmes
prises par la pénurie de main-d'oeuvre. Souvent, les chefs d'entreprises, les
gens des ressources humaines ont plusieurs chapeaux et elles ont besoin d'accompagnement
pour pouvoir accueillir ces... ces gens là qui sont de différentes... là, de
différents horizons, là.
Mme Cadet : Merci. Donc, j'entends
donc l'élargissement des différentes clientèles — c'est parce que je
vous ai donné quelques exemples et j'en aurais eu d'autres — donc des
personnes, donc, avec des profils qui se voient refuser, donc des services d'employabilité.
Donc, dans votre chantier de modernisation, vous êtes en train donc, de
réfléchir à ces éléments-ci. Est-ce qu'un échéancier pour le reste? La grille
tarifaire, c'est très clair. Donc, c'est entendu pour l'an prochain. Est-ce qu'il
a un échéancier de mise en œuvre des modifications aux services publics d'emploi,
modernisation?
Mme Champagne Jourdain : Mais
je vous dirais qu'on va dire qu'on va être dans un continuum, hein? Ce... On a
entamé ce service de... ce chantier de modernisation là, et c'est quelque chose
qui va se déployer au fil du temps. On a des... on a identifié, oui, des buts
précis pour répondre, parce que les OSE, les... les... ce qu'on appelle les
OSE, les organismes spécialisés en employabilité nous demandent de la
prévisibilité, la prévisibilité qu'on n'a pas, nous, malheureusement, du
gouvernement fédéral. Mais on veut s'assurer d'être en mesure, là, de pouvoir caper
ces changements-là, que ce soit au niveau de la grille tarifaire dans le temps,
2025‑2026. Et l'autre... l'autre changement pour 2024, qui est bien évidemment,
là, l'allègement des processus administratifs.
Mme Cadet : Parfait. Merci
pour l'automne 2024. Vous... donc vous mentionnez donc cet
élargissement-là. Donc, si je comprends bien, puisque vous voyez donc... il y a
donc une préoccupation donc qui est très légitime de voir, donc, des citoyens,
donc, qui souhaitent devenir plus productifs, donc, d'être donc des actifs,
donc pour la société, donc qui se prennent en main, qui vont vers les
organismes spécialisés en employabilité, qui essuient des refus pour toutes
sortes de dédales bureaucratiques et qui ne semblent pas correspondre donc à la
réalité terrain d'aujourd'hui. Dans... puis évidemment...
Mme Cadet : ...dans... puis
évidemment, donc, dans votre opération main-d'œuvre, donc, vous parlez beaucoup
de requalification. Donc, je veux juste comprendre ici, parce que vous montrez,
donc, une certaine ouverture, comment est-ce que vous réconciliez le fait que,
d'une part, on... donc, vous avez, donc, un objectif, donc, maintes fois
confirmé, de requalifier, donc, les travailleurs, et comment vous réconciliez
ça avec la politique actuelle d'accessibilité aux services spécialisés en
employabilité. Est-ce que vous voyez là une incohérence?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais qu'on réfléchit... on a beaucoup réfléchi, puis on continue de
réfléchir à la façon dont on pourrait moderniser l'ensemble des services
publics d'emploi. Et ça m'amène à répondre à votre question. Je vous le disais
tout à l'heure, malheureusement, dans le contexte de coupures massives du
gouvernement fédéral, il faut revoir nos plans, hein, en toute honnêteté, il
faut revoir nos plans, et nous, on va concentrer nos efforts à, bien sûr,
évaluer la pertinence des programmes, des mesures et des services actuels. Je
pense que, l'année passée, on avait une discussion sur faire plus de ce qui
fonctionne mieux, faire moins ou pas de ce qui ne fonctionne pas, là, ou
apporter des... apporter des changements. On va aussi nécessairement considérer
les besoins, là, qui ont évolué des différentes personnes qui utilisent les
services publics d'emploi, il faut rester flexible là-dedans, encore une fois,
notamment celles qui sont sous-représentées sur le marché du travail. Et je
veux certainement que nos actions tiennent davantage compte des défis qui
sont... puis ça, c'est important, parce que, oui, on répond... je me suis
coupée, là, mais oui, on répond aux besoins qu'ont les Québécois et Québécoises
qui veulent recevoir des services d'emploi et intégrer le marché du travail,
mais il faut aussi tenir compte dans cette réflexion-là des défis qui sont
associés aux changements climatiques puis à l'émergence de nouvelles
technologies, comme l'intelligence artificielle, et tout ça. Il faut... Il faut
avoir cette réflexion-là aussi dans le continuum de l'augmentation de la
productivité pour les travailleurs et les entreprises. Alors, c'est tout ça
qu'il faut tenir en compte dans cette réflexion-là qu'on est actuellement en
train de faire pour orienter les nouveaux services publics d'emploi.
• (16 h 10) •
Mme Cadet : Merci. Donc, tout
simplement pour dissiper quelques craintes, Mme la ministre, donc, dans le
cadre du renouvellement 2024-2025, donc, une directive régionale circule à
l'effet que les personnes prestataires de l'assurance-emploi ne seraient plus
considérées comme prioritaires pour les services publics d'emploi. Est-ce que
vous pouvez confirmer cette directive?
Mme Champagne Jourdain : Je
vous... Je vais vous revenir avec ça, mais...
Mme Cadet : Mais à l'inverse,
donc, là, ça semble vous surprendre. Donc, est-ce que vous pouvez confirmer que
les personnes prestataires de l'assurance-emploi...
Mme Champagne Jourdain : ...j'allais
vous... j'allais vous donner quelques pistes.
Mme Cadet : Oui, allez-y.
Mme Champagne Jourdain : Je
veux juste m'assurer que la directive, là, ce soit clair. Mais ce que je veux
vous dire, c'est que, dans le contexte actuel, là, on n'a plus le 145 millions,
qui est absolument nécessaire dans un contexte où le marché du travail est très
serré, mais qu'on est en pénurie de main-d'œuvre puis qu'on doit travailler à
l'augmentation de la productivité, c'est-à-dire augmenter les compétences des
travailleurs qui sont en poste dans le contexte où on doit fonctionner avec un
145 millions en moins. Et là vous allez me dire : Bien là, c'est cette
année qu'ils ont annoncé ça, vous l'avez eu pour l'année passée, mais nous, on
a déjà dû faire le travail de restreindre et prioriser dès l'année passée,
parce qu'au ministère de l'Emploi, les services qu'on donne à travers les
services publics d'emploi se... s'étalent des fois sur plusieurs années
financières. Alors, quand on anticipe ou qu'on reçoit des messages qui nous
laissent comprendre que le fédéral ne reconduira pas, malgré nos interventions
répétées, les nôtres, mais celles des provinces et territoires aussi... ne
reconduira pas des sommes, eh bien, nous, il faut déjà commencer à travailler
et à resserrer et... pour s'assurer de donner les services aux clientèles qui
sont prioritaires et qui en ont besoin. Alors, les gens, dans ce contexte-là, qui
sont sur le régime d'assurance-emploi, ont un revenu, étaient en emploi il n'y
a pas si longtemps que ça, donc considérés comme en mesure de se replacer
aussi.
Mme Cadet : Donc, vous êtes
en train de confirmer que les personnes prestataires de l'assurance-emploi ne
seront plus considérées prioritaires par les services publics d'emploi.
Mme Champagne Jourdain : Je
ne suis pas en train de confirmer ça. Je vous reviens...
Mme Cadet : Mais c'est une
réflexion que vous avez en ce moment... Vous confirmez la réflexion.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
dans... Ce que je peux vous dire, c'est que, dans un cadre resserré, dans un
cadre financier resserré par des coupures, on réfléchit à toutes les solutions
qui vont nous permettre de donner les services d'emploi aux clientèles qui
ont... qui en ont le plus besoin. Alors, on va devoir prioriser. Et je ne suis
pas en train de vous confirmer que les gens qui sont...
Mme Champagne Jourdain : ...prestataires
d'assurance-emploi auront... n'auront plus accès à nos services. Ce n'est pas
ça que je vous dis... démontrent actuellement, mais celles qui démontrent des
difficultés importantes à réintégrer le marché du travail vont être soutenues
assurément.
Mme Cadet : Est-ce qu'il
y a une directive nationale qui va être soumise aux directions régionales à cet
effet pour ce qui est des prestataires?
Mme Champagne Jourdain : Non.
Mme Cadet : Non. Donc,
il n'y en aura pas là-dessus.
Mme Champagne Jourdain : On
va prioriser selon les profils.
Mme Cadet : Et l'un des
éléments, je vous dirais, donc, qui est une crainte actuelle, c'est au niveau
du financement des services d'orientation. Je vous attends sur le cadre
budgétaire actuel. Donc, parmi les autres scénarios qui semblent être évalués,
donc, il y a non seulement, donc, le fait de ne plus considérer comme
prioritaires les personnes prestataires de l'assurance-emploi, mais également
en termes donc de services, donc de type, donc de services offerts, des
services d'orientation. Est-ce qu'il y aura toujours ce financement pour ces
services d'orientation?
Mme Champagne Jourdain : Je
vous dirais que, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, les personnes qui
démontrent plus de difficultés que les autres, là, à se retrouver un emploi ou
à réintégrer le marché du travail, vont être... vont être accompagnées. Et
c'est important pour moi de spécifier, là, quand on parle de priorisation, là,
pour moi, ça ne veut pas dire exclusion. On priorise. Et je veux vous... vous
spécifier aussi qu'on achète des services en fonction des besoins des
clientèles. Alors, quand on... quand on évalue, là, quand on fait, on évalue en
début d'année, là, l'achat de service qui va être fait, bien, on le fait selon
les besoins des régions, des secteurs, des clientèles, des MRC qui sont
dévitalisées ou pas. C'est comme ça qu'on établit, là, l'achat, là, de
services.
Mme Cadet : Oui, mais,
Mme la ministre, donc, vous parlez souvent, donc, de... donc, de cette somme,
donc, de 145 millions, donc, du fédéral. Donc, ces montants, donc, sont
venus avec la pandémie, ou juste un peu, donc, avant la pandémie. Donc, par le
passé, il n'y avait pas ces transferts additionnels, donc, aussi importants, et
les prestataires de l'assurance-emploi étaient quand même priorisés. Donc,
j'essaie de comprendre l'amalgame, là, en fait, que vous faites, donc, entre
ces sommes-ci puis c'est une... c'est une baisse qui est bien réelle et le,
donc, le scénario, donc, de ne plus prioriser, donc, des clientèles qu'ils
étaient déjà, donc, bien avant la bonification des sommes... des transferts
fédéraux.
Mme Champagne Jourdain : Vous
avez dit au début 2017, vous faisiez référence à 2017 pour?
Mme Cadet : En fait, je
disais, donc, au niveau de la bonification des transferts fédéraux, donc, la
somme additionnelle venant du fédéral, donc, il y a une bonification, mais
avant la bonification, donc, les clientèles dont je viens de faire mention,
donc, les prestataires d'assurance-emploi étaient tout de même des clientèles
priorisées, je l'ai dit au début de mon intervention précédente. Donc, j'essaie
de comprendre l'adéquation, donc, entre la baisse de cette bonification-là et
le scénario que vous envisagez et auquel vous réfléchissez.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je dois vous dire... Je dois vous dire... Vous avez dit, là, que ces
bonifications-là sont arrivées, là, au début de la COVID. Ces bonifications-là
sont arrivées en 2017.
Mme Cadet : Bien, ce qui
veut dire un peu avant la pandémie, je n'avais pas l'année exacte mais 2017,
mais peu importe.
Mme Champagne Jourdain : Oui,
avant la pandémie, c'est ça. Alors, il faut comprendre qu'en 2024-2025 on va
recevoir moins d'argent qu'en 2016 avec plus de besoins. Les coûts des services
ont augmenté, vous comprenez? Alors, c'est pour ça qu'on doit s'enligner vers
une priorisation, là, des services, des clientèles selon les profils, selon les
besoins des gens qui se présentent dans nos différents organismes ou au bureau
de service Québec pour recevoir des services d'emplois.
Mme Cadet : Au niveau du
145 millions, donc, quelle est... Quelles revendications, donc, avez-vous
faites auprès de votre homologue ministre fédéral de l'Emploi?
Mme Champagne Jourdain : Les
revendications, il y en a eu plusieurs. Vous savez, j'ai fait... J'ai eu
plusieurs échanges, en fait, avec sa prédécesseure, là, son homologue, là, qui
était Mme Cualtro. Je dois vous dire que j'ai eu plusieurs échanges
verbales, rencontres avec le ministre Boissonneault depuis son entrée en poste.
En tout cas, je peux vous faire un historique de ça. Au mois d'août 2023, dès
son entrée en poste, il y a eu une lettre qui a été envoyée, là, de mon chef,
là, pour le presser, et ça, c'est important, là, d'annoncer ses intentions par
rapport au financement des... Au mois d'août, il y a eu une lettre du
coprésident provincial du Forum provincial territorial des ministres du marché
du travail au nouveau ministre Boissonneault à ce moment-là, justement pour
réitérer l'importance d'assurer la prévisibilité, là, des nouveaux financements
des ETMT pour 2024-2025. Au mois de septembre de la même année, en 2023, il y a
une rencontre bilatérale entre...
Mme Champagne Jourdain : ...avec...
entre moi et le ministre, là, fédéral, encore une fois, au cours de laquelle
j'ai réitéré que les priorités du Québec relatives au marché du travail, là...
dans lesquelles je lui ai rappelé dans... nos priorités, là, du marché du
travail. Au mois de décembre, il y a eu une rencontre... Je veux vous le dire
parce que c'est important, là. Vous voulez savoir qu'est-ce qu'on a fait, on en
a fait, des choses. Au mois de décembre, 2023, il y a eu une rencontre
fédérale, provinciale, territoriale des ministres des Finances où...
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avons pour ce bloc d'échange.
Mme Champagne Jourdain : Et
ça continue comme ça.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
me tourne vers la députée d'Anjou-Louis-Riel. La parole est à vous.
Mme Boivin Roy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, salutations à vous, salutations aux
collègues des deux côtés des banquettes, le gouvernement et les oppositions,
salutations à la ministre et, bien sûr, l'équipe qui travaille très fort avec
vous depuis le début du mandat. Alors, merci à tous d'être présents
aujourd'hui. Évidemment, on parle de pénurie de main-d'oeuvre. Aujourd'hui,
c'est un des sujets qui nous occupe et je suis certaine, Mme la Présidente, que
c'est aussi le sujet qui préoccupe le plus la ministre et qui occupe aussi le
plus de son temps. Alors, c'est certainement le sujet sur lequel elle se fait
interpeller le plus souvent.
Nous le savons tous, c'est un contexte qui
est occasionné par multiples facteurs. C'est une situation aux nombreux défis
qui touche toutes les régions, comme vous l'avez si bien dit, Mme la ministre,
et qui met aussi de la pression sur les finances publiques, sur les services de
santé, sur les services d'hébergement et, bien évidemment, sur le marché du
travail aussi. On parle souvent de vieillissement de la population. Les
personnes qui arrivent en âge de travailler ne sont pas assez nombreuses pour
remplacer les départs à la retraite, d'une part, et, d'autre part, pour remplir
les nouveaux emplois créés par la croissance économique. Alors, je sais que
plusieurs mesures ont été mises en place autant en requalification qu'en
formation ou encore sur le plan fiscal pour encourager les travailleurs
d'expérience à demeurer sur le marché du travail. C'est une participation qui
est bénéfique pour les plus jeunes travailleurs en début de carrière, en
profitant de l'expérience de leurs collègues. L'implication supplémentaire de
ces travailleurs d'expérience aide grandement à tenir le fort le temps que les
nouveaux travailleurs terminent la formation. Alors, c'est une partie de ce qui
explique la situation de la pénurie de la main-d'œuvre à laquelle fait
présentement face notre économie québécoise.
• (16 h 20) •
Notre collègue le ministre des Finances
appuie constamment les initiatives en emploi pour freiner ce déficit sur le
marché du travail. Mme la Présidente, je dois le souligner et le remercier, par
le biais de nos travaux sur les crédits budgétaires en emploi. Les changements
démographiques s'échelonnent sur plusieurs années. Nous avons mis en place
plusieurs mesures pour y remédier, mais, on comprend tous, l'effet est
évidemment à long terme. Le gouvernement a pris acte de ce manque à gagner
démographique dès 2018, mais encore plus à la suite de la pandémie de COVID-19
qui a mis le marché de l'emploi à rude épreuve. Alors, vous l'avez dit, Mme la
ministre, il n'y a pas de solution magique, il n'y a pas non plus une seule et
unique solution, il faut travailler en même temps sur plusieurs fronts. Évidemment,
ça paraît aujourd'hui de nos nombreux échanges sur le sujet. La première phase
de ces mesures a été mise en place et a été mis de l'avant pour venir en aide
au secteur public, justement, avec des formations en santé, des formations en
éducation, des formations en services de garde éducatifs à l'enfance. Alors,
une enveloppe de 615 millions a été annoncée dans le budget de 2023-2024.
Mme la Présidente, je reviens d'ailleurs
sur une interpellation du vendredi que la ministre a eue en novembre dernier
sur la pénurie de main-d'œuvre. Mes collègues intervenants évoquaient
l'importance de bonifier de nombreux programmes de formation qui ciblent ces
secteurs clés de même que le travail effectué à l'international pour attirer de
la main-d'œuvre, le tout afin de pallier à la pénurie de la main-d'œuvre. Je
pense aussi aux travaux du ministère de l'Immigration, de la Francisation et de
l'Intégration en collaboration avec ces partenaires qui organisent des missions
de recrutement international intitulées Journées Québec qui permettent de
recruter des personnes candidates. On comprend que le but est de pourvoir les
postes n'ayant pas été comblés localement. Ces journées permettent aux
employeurs de tenir des entretiens d'embauche avec des travailleurs étrangers
présélectionnés selon la profession visée. C'est une belle mesure de la part de
notre ministère pour assister, Mme la ministre, dans ses objectifs. Le MIFI...
Mme Boivin Roy : ...sélectionne
les zones de recrutement à l'étranger en se basant sur plusieurs critères, tels
que la maîtrise du français, la disponibilité de main-d'œuvre dans les secteurs
d'emploi recherchés, le niveau de scolarité, etc. Il collabore avec des équipes
internationales pour établir des partenariats visant à faciliter la venue de travailleurs
étrangers au Québec. Alors, depuis 2018, les efforts de recrutement se sont
intensifiés dans les territoires francophones et francotropes afin de permettre
d'attirer des candidats qui pourront être plus facilement intégrés au Québec,
et ce, en français.
Puisque notre ministre et son équipe
travaillent de manière transversale avec certains autres ministères, vous me
permettrez, Mme la Présidente, de prendre aussi quelques instants pour
souligner le travail de la ministre responsable de la Solidarité sociale et de
l'Action communautaire, qui a également mis en place plusieurs mesures de
subvention salariale qui s'adressent spécifiquement aux personnes immigrantes
pour les soutenir durant leur parcours d'intégration au travail. Alors, une des
solutions pour la pénurie de la main-d'oeuvre dans tous ces secteurs, c'est
d'avoir plus de personnes sur le marché du travail, comme vous vous affairez à
nous l'expliquer depuis tout à l'heure, Mme la ministre.
Alors, pour faire cela, une des solutions
est d'aller chercher plus de personnes qui sont traditionnellement plus
éloignées du marché du travail, ces personnes n'étant pas en mesure auparavant
d'intégrer facilement le marché du travail dans une période où la situation de
l'emploi était différente. Je pense aux personnes immigrantes, aux personnes
handicapées, aux jeunes, aux travailleurs expérimentés, aux membres des
Premières Nations et aux personnes judiciarisées.
Alors, je souligne d'ailleurs au passage
le travail exceptionnel des entreprises d'insertion qui oeuvrent partout au
Québec auprès de ces clientèles. Je sais, Mme la ministre, que vous avez visité
plusieurs de ces organismes. Ce sont des personnes de cœur, des personnes
passionnées, des partenaires essentiels dans l'atteinte de nos objectifs pour
combler la pénurie de main-d'oeuvre.
Alors, Mme la ministre, avec cette
prémisse en tête, j'ai trois questions pour vous. Je suis ouverte à ce que vous
combiniez les questions deux et trois dans une même réponse. Alors, je vais
vous défiler mes trois questions d'un premier chef.
Alors, première question, nous aimerions
vous entendre sur ce qui a été mis en place pour faire face à la pénurie de
main-d'œuvre depuis 2018. Et ensuite, questions deux et trois, qu'est-ce que
notre gouvernement fait depuis 2018 pour éviter d'amplifier l'enjeu de la
pénurie de main-d'œuvre? Et vous nous avez aussi parlé de priorisation, en
question trois, notamment dans le contexte des coupures fédérales, mais
également dans le contexte d'amplifier... justement, de ne pas amplifier cet
enjeu de pénurie de main-d'oeuvre, que fait-on et comment fait-on pour
prioriser et s'assurer qu'on agit là où il le faut? Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...minute
30 secondes.
Mme Champagne Jourdain : Si
vous me permettez, je vais simplement rapidement finir. Juste pour vous...
juste pour vous dire, il y a eu une rencontre le 15 décembre, je veux
absolument vous répondre, fédérale-provinciale-territoriale, là, des ministres
des Finances, et ils ont identifié la pérennité des transferts en emploi comme
une des deux priorités. Il y avait ça et les infrastructures.
En janvier, on a eu un forum physique, là,
à Winnipeg, et le Québec a fait en sorte, là de faire insérer à l'ordre du jour
le sujet des transferts, des ETMT, dans le fonds, et ce n'était pas prévu au
départ. On s'est assuré aussi de faire en sorte que les provinces et
territoires soient derrière nous avec ça. Ça a été le cas aussi.
En mars, on a eu un échange de lettres,
qui a été signé par tous les partis, et qui permettent le transfert de faire du
145 millions, 2023-2024. Alors, sans... sans... sans avoir à mettre un genou à
terre pour les conditions qu'on nous imposait, ce que les autres provinces ont
dû faire... nous, on ne l'a pas fait, on a tenu notre bout, c'est notre champ
de compétence. Et, en avril 2024, bien, il y a une lettre qui a été signée sur
l'ensemble... par l'ensemble des partenaires du marché du travail pour rappeler
le gouvernement du fédéral à l'ordre. Maintenant... donc, c'est pour vous dire
qu'on a multiplié les actions pour rappeler l'importance, là, de ces
transferts-là.
Par rapport à la pénurie de main-d'œuvre,
bien évidemment, on devait recoller les morceaux, et notre gouvernement a agi,
évidemment. On s'est attaqué de front à ce grand défi là qu'est la pénurie de
main-d'œuvre en lançant l'Opération main-d'oeuvre. L'Opération main-d'oeuvre,
c'est une initiative sans précédent qui... j'ai eu la chance de dire, et je le
répète, parce que c'est important, vise l'ajout de 170 000 travailleurs en
santé, dans les services sociaux, en éducation, dans les services de garde...
Mme Champagne Jourdain : ...éducatifs
à l'enfance et ainsi que dans trois secteurs économiques stratégiques pour le
Québec, soit les technologies de l'information, la construction et le génie.
L'opération main-d'œuvre, c'est 80 mesures, programmes incitatifs qui
visent à attirer, former et requalifier de la main-d'œuvre, et dans lesquels on
a investi plus de 3,9 milliards de dollars sur cinq ans. On continue
à investir dans l'ADN... dans l'économie parce que c'est l'ADN de notre
gouvernement. Il y a une belle vidéo qui circule à ce niveau-là pour rappeler
aujourd'hui... qui a été lancée aujourd'hui, pour rappeler que c'est l'ADN de
notre gouvernement.
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avons pour ce bloc d'échange. Je me tourne maintenant
vers la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à vous.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Inquiétez-vous pas, Mme la ministre, on aura l'occasion,
donc, de poursuivre sur l'opération main-d'œuvre, mais juste avant, le
18 avril dernier, mes collègues, donc, mon chef intérimaire, député de
Lafontaine, ma collègue responsable de la Métropole, députée de Jeanne-Mance-Viger
et moi-même, nous avons écrit une lettre au niveau, donc, de la coupure du
service d'accompagnement en recherche d'emploi offert par PME Montréal. Vous
avez parlé donc des services offerts aux individus. Donc, je vous ai longuement
questionné là-dessus, mais vous avez... vous l'avez mentionné vous-même, donc,
Services... Québec, donc, accompagne également donc, le service aux
entreprises. Est-ce que vous pouvez, dans le fond, donc nous expliquer, donc,
la décision, donc, de mettre fin aux services de placement assisté de PME à
Montréal, après 10 ans de prestation de services?
Mme Champagne Jourdain : Oui,
merci. Je vous l'expliquais, hein? On a... on devait se préparer, on devait
anticiper puisqu'on n'avait aucun signal clair du gouvernement fédéral, cette
coupure-là des transferts de 145 millions, et une coupure qui représente
16 % de la valeur des... des transferts, c'est phénoménal. On se rend
compte encore une fois que ce n'est pas une priorité pour le gouvernement
fédéral, les mesures d'emploi.
• (16 h 30) •
Alors, devant ça, bien, il y a un travail
qui a dû se faire d'analyse. Et je veux vous... je veux certainement vous dire
que, dans le contexte, on n'a pas le choix de faire des choix responsables,
mais des choix qui sont difficiles, même s'ils sont responsables, pour
opérer... de notre budget. PME Montréal, c'est d'abord et avant tout un
organisme qui offre des services aux entreprises. Et, dans les dernières
années, PME à Montréal a élargi son offre de services pour couvrir l'employabilité
sur le marché du travail. De manière générale, elle offre des services, elles
offrent, elles sont six sur le territoire, des services aux personnes qui sont
plus proches, plus près du marché du travail. Et, dans ce contexte-là, à
travers les choix qu'on avait à faire, bien, cette mission-là n'était plus
nécessairement priorisée puisqu'on doit soutenir davantage les gens qui sont
éloignés du marché du travail.
Ce que je veux vous dire, puisque la
discussion ne s'arrête pas là avec PME Montréal, c'est qu'on a des rencontres
qui sont à venir avec le réseau, justement, des PME Montréal dans les
prochaines semaines. C'est important pour moi de poursuivre cette discussion-là
sur les prochaines étapes du dossier. Je ne ferme aucune porte. Je veux
certainement explorer les possibilités, là, pour faire un meilleur arrimage
entre les individus, oui, qui recherchent de l'emploi et pour lesquels notre
réseau actuel des organismes spécialisés en employabilité sont déjà au nombre
de 108 sur l'île de Montréal... plus 16 bureaux de Services Québec. Alors,
il y a du service pour les gens. Et je veux faire l'arrimage entre les
individus et les services aux entreprises de PME... de PME Montréal, puisque
c'est leur ADN premier, c'est leur... c'est leur ADN. Alors, on adapte nos
services pour mieux répondre aux nouvelles réalités du marché du travail. Et ce
qui est important aussi pour moi dans ce dossier-là, c'est que les gens qui
recevaient ou qui étaient en cours de parcours avec PME Montréal puissent
continuer d'être accompagnés, même si elles étaient plus proches du marché du
travail, celles qui sont actuellement dans une démarche, dans un parcours vont
être prises en charge par un autre... un autre organisme spécialisé en
employabilité.
Mme Cadet : Ces gens-là, donc,
seront... ils ne seront plus... ils ne seront pas nécessairement laissés à
eux-mêmes. Donc, leur dossier, donc, va être suivi et transféré. C'est exact,
merci.
Mme Champagne Jourdain : Effectivement.
Mme Cadet : Donc, opération
main-d'oeuvre, Mme la ministre, vous venez de le mentionner, donc, l'annonce
d'une... 2021, donc, visait à attirer près de 170 000 travailleurs dans
les six secteurs névralgiques que vous avez nommés. Et on... Donc, c'est une
opération, donc, qui a fait couler beaucoup d'encre, notamment sur l'aspect de
sa gouvernance, l'aspect de la reddition de comptes et de voir si ces
programmes fonctionnent. Dans l'article de Francis...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Cadet : ...Halin, daté du
30 novembre 2023, donc, qui est intitulé Québec incapable de mesurer l'efficacité
de ses programmes de 294 millions de dollars. Votre cabinet a
mentionné ce qui suit : «La ministre a demandé que les collectes de
données permettent maintenant de mesurer non seulement le retour en emploi,
mais aussi d'identifier la proportion de personnes qui travaillent dans le
domaine d'études.
«Cette nouvelle collecte de données est d'ailleurs
en cours depuis juin dernier et les résultats seront disponibles en 2024.» Fin
de la citation.
Nous sommes en 2024. Mme la ministre,
est-ce que nous avons ces données?
Mme Champagne Jourdain : Merci.
Je me rappelle très bien de votre question. Vous savez, on a... le ministère de
l'Emploi s'appuie sur un mécanisme de suivi des résultats du retour en emploi
pour les personnes aidées afin de s'assurer que ce qu'on déploie, bien, on
obtienne les résultats qui sont à désirer. Depuis 2022, depuis l'année 2022,
on... le ministère de l'Emploi a consacré des efforts importants à bonifier ces
mécanismes-là. Il y a toujours place à l'amélioration. Alors, on veut s'assurer
d'être en mesure de connaître les professions occupées, les secteurs d'activité
des personnes qui ont atteint leur objectif, là, de retour en emploi.
Et voilà. Je veux... Je veux vous remettre
dans le contexte où ce qu'on fait aussi, c'est sans précédent avec l'Opération
main-d'oeuvre. C'est nouveau. On déploie 80 mesures. C'est un chantier d'envergure
et les... tous les effectifs, là, du ministère de l'Emploi sont affairés à ça
et on améliore aussi tous les processus de suivi en continu. Alors, des
premiers résultats qui sont disponibles, là, pour le retour en emploi, qui ont
été enregistrés en 2023-2024, au... dans le fond, on a des chiffres au 26 janvier
2024, avant ça, on n'a pas de résultats. Et je vous le confirme, moi, j'ai
demandé aux équipes qu'on soit plus serrés sur le suivi, qu'on développe de
meilleurs mécanismes de suivi et... voilà. Alors, les suivis qu'on a pour l'année 2023-2024,
au 26 janvier... Bien, je veux... je veux revenir certainement pour vous
parler aussi des résultats antérieurs. Ceux qu'on n'a pas, c'est notamment ceux
pour le PARAF qui s'est terminé en 2021. Je vous disais que, depuis 2022, on
améliore nos mécanismes et les... on n'a pas non plus les résultats, là, de
suivi pour les premières années de mise en œuvre du PRATIC qui ont été lancés
en 2021.
Alors, sur les individus qui ont effectué
un retour à l'emploi suite à la formation dans un secteur de l'OPMO pour l'année 2023-2024,
on parle de 4 670 individus. Et là je veux vous dire qu'il y a 4 670 individus
qui ont... qui ont fait une formation et intégré le marché du travail, mais on
en a beaucoup plus qui sont actuellement en formation, on en a d'autres, par
exemple, dans le secteur de la construction qui sont rentrés sans formation par
l'ouverture des bassins. Alors, de ceux, ces 4 670-là, qui ont effectué un
retour en emploi, il y en a 66 % actuellement, qui occupent un emploi dans
le secteur de la formation qu'ils ont suivie. En construction, on a 77 %
des personnes qui ont effectué un retour en emploi à la suite d'une formation
et qui occupent justement un emploi dans le secteur, là, pour lesquels ils ont
été formés. En santé, on a 59 % des personnes qui ont effectué un retour
en emploi à la suite justement d'une formation dans ce secteur-là, on a 72 personnes
qui ont effectué un retour en emploi à la suite de la formation d'assistance à
la personne en établissement et à domicile ou en santé et assistance de soins
infirmiers qui occupent un emploi en santé, et on a 63 % de ces derniers
qui occupent un emploi de préposé aux bénéficiaires et 33 % qui occupent
un emploi d'infirmière auxiliaire. Dans les services de garde, on a 80 %
des personnes qui ont effectué un retour à l'emploi à la suite d'une formation
dans ce secteur-là qui occupe un emploi d'éducatrice ou d'aide-éducatrice à la
petite enfance. Au niveau des technologies de l'information, ce qui vous
intéressait particulièrement aussi, PARAF... pour le PRATIC, pardon, c'est
53 % des personnes qui ont effectué un retour en emploi à la suite d'une
formation PRATIC et qui occupent un emploi dans le secteur des TI et, parmi
ceux-ci, ça va vous intéresser, on a 4 % de gens qui sont dans les postes
de gestionnaires des systèmes informatiques, on a 55 % de postes de niveau
professionnel que les gens occupent et 40 % de postes niveau technique.
Alors...
Mme Champagne Jourdain : ...il
y a encore actuellement, là, des personnes qui sont, à l'heure actuelle, où on
se parle, en formation. Et il faut aussi comprendre que le secteur des
technologies de l'information, vous l'avez vu, vous suivez très bien
l'actualité, est actuellement dans un ralentissement. Il y a eu beaucoup de
mises à pied, je pense à Ubisoft, je pense à GCI, tout ça. Et on anticipe, bien
sûr, une reprise à venir, le secteur des technologies de l'information en est
un qui est très sensible à l'économie et qui est cyclique. Mais les
perspectives demeurent très bonnes dans le futur pour les gens qui ont suivi
ces formations-là.
Mme Cadet : Merci, merci, Mme
la ministre... un dépôt, en commission, des différentes données qui ont été
présentées, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que, Mme la ministre, vous vous engagez à déposer...
Mme Champagne Jourdain : On
va vous transmettre ces informations-là.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
le transmettez à la commission, s'il vous plaît, pour qu'on puisse partager ça
à tous les collègues.
Mme Champagne Jourdain : Parfait.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour ces données, Mme la ministre. Donc, je comprends, donc,
ces données, donc, concernent l'année 2023-2024. Donc, si j'ai bien saisi tout
ce que vous m'avez dit et que j'ai noté, donc le programme PARAF, donc ayant
pris fin préalablement, donc, à l'intégration de ces données, elles ne sont pas
comprises, là. Donc, ceux qui ont poursuivi le programme PARAF, donc, ces
données-là ne sont pas comptabilisées dans ce que vous venez de me mentionner?
Mme Champagne Jourdain : Non.
Mme Cadet : Merci.
Pouvez-vous préciser? Allez-y, oui.
Mme Champagne Jourdain : Les
gens qui ont terminé le PARAF, là, on n'a pas comptabilisé puisque ça s'est
terminé en 2021.
Mme Cadet : D'accord. Donc,
ce que vous êtes en train de nous dire, c'est qu'on ne saura jamais si le
programme PARAF a fonctionné?
• (16 h 40) •
Mme Champagne Jourdain : On
a... C'est ça, exactement. Pour ce qui est du PARAF, les données des gens qui
ont suivi la formation, là, on a les données sur le retour en emploi, ce qu'on
n'a pas, c'est si elles travaillent directement dans ce secteur d'emploi là. Et
je l'expliquais l'année passée, on travaille avec des humains, hein, en 2024,
on travaille toujours encore avec des humains. Et il peut y arriver que,
naturellement, ces personnes suivent des formations et, finalement, au bout de
six mois, trois mois, un an, changent de domaine. Alors, on s'est assuré, là,
dans les prochaines récoltes de données, celles à partir de 2023, d'avoir un
meilleur suivi auprès des gens.
Mme Cadet : Merci. Oui,
effectivement, à la suite de ma demande de l'an dernier, vous avez modifié vos
mécanismes de reddition de compte pour prendre en considération ces
éléments-ci. Mais je comprends que nous n'avons pas les données pour le
programme PARAF puisqu'il s'est complété préalablement, donc, aux modifications
à la collecte de données.
Mme Champagne Jourdain : Je
peux peut-être apporter une précision qui va vous intéresser, là. Au 23 janvier
2024, la proportion des participants qui ont occupé un emploi après la fin de
leur dernière participation complétée au PARAF, bien, il y a 85,4 %, soit
16 449 participants, là, qui sont à l'emploi.
Mme Cadet : Qui étaient à
l'emploi. Oui, effectivement, parce que, l'année dernière, j'avais demandé les
données, vous ne les aviez pas encore. Je les ai reçues au mois d'août 2023,
j'en ai pris connaissance, je les ai revues récemment. Ce sont bel et bien des
données pour le retour à l'emploi. Mais vous comprenez bien qu'en pénurie de
main-d'œuvre, particulièrement pour les années, donc, 2022-2023, vous l'avez
mentionné plus tôt, donc l'accès, pas nécessairement le maintien, mais l'accès
à l'emploi était facilité. Mais nous ne saurons jamais si le programme PARAF a
permis aux gens de se placer dans leur domaine d'études. Ça, c'est... Vous avez
parlé, donc, des mécanismes... le mécanisme, donc, de collecte d'information.
Donc, hormis cette donnée-là, cet indicateur-là que vous venez de mentionner,
est-ce qu'il y en a d'autres qui se sont rajoutés pour les autres programmes?
Mme Champagne Jourdain : ...
concernant l'opération main-d'œuvre?
Mme Cadet : Oui, c'est ça,
exactement, concernant l'opération main-d'oeuvre. Vous avez parlé des
mécanismes mis en place par le ministère, vous en aviez parlé également dans
l'article de M. Alain à l'automne 2023.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
on s'assure de faire un suivi, c'est certain, avec tous les participants, là,
qui suivent des mesures de formation pour s'assurer justement d'avoir la bonne
donnée, ce qu'on n'avait pas nécessairement avant, je le répète, tout à
l'heure, tout à l'heure, je l'ai dit. L'opération main-d'œuvre, on l'a
construite et il faut construire... il fallait aussi construire les bons
mécanismes de suivi. Alors, c'est ce qu'on s'affaire de faire. On a, par
exemple, là, des suivis qui sont faits, au lieu de faire seulement un seul
suivi avec les gens qui suivent des formations, bien, on y va un suivi, par
exemple, aux trois mois, pendant la première année. Ce genre de chose là est faite
pour... pour avoir une meilleure connaissance, là, des résultats de cette
opération main-d'œuvre là.
Mme Cadet : ...l'an dernier,
vous aviez le président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du
Québec, M. Christian Daigle, qui disait que, donc, qu'à l'interne, le
PARAF et le PRATIC étaient, donc, comparés par les fonctionnaires, donc, du
ministère de l'Emploi même à un véritable bar ouvert. Qu'est-ce que vous leur
répondez?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais que, quand le PARAF a été élaboré et mis en place, on était
aussi en contexte pandémique, alors il fallait s'assurer... il y avait des
pertes d'emploi massives, le taux de chômage était extrêmement élevé, alors il
fallait s'assurer aussi de pouvoir soutenir les gens qui se voyaient remerciés
ou qui perdaient leur emploi vers des nouvelles formations. Et ça peut arriver
qu'on bâtisse des mesures dans des contextes extrêmes, de manière rapide et
qu'il y ait des améliorations qui soient apportées par la suite, notamment ici,
entre autres, dans le suivi qui a été... qui devait être fait sur le PARAF. On
s'assure maintenant d'avoir de meilleurs processus de suivi par rapport, là, à
nos programmes.
Mme Cadet : Merci. Donc,
4 670, donc, dans vos données 2023-2024. Évidemment, donc, il y a
toujours, dans certains secteurs d'activité, notamment dans nos services
publics, ceux qui remplissent nos missions essentielles, donc, des pénuries de
main-d'œuvre. Je pense aux secteurs de la santé et des services sociaux. Quand
on regarde le bilan du marché du travail de 2023, 43 000 postes
vacants, donc un chiffre qui est en augmentation face aux données du bilan du
marché du travail 2022. Donc, avec les chiffres que vous nous avez
transmis, donc quel est... au-delà de l'opération main-d'œuvre des objectifs,
donc, ciblés, donc, en 2021, donc, comment est-ce que vous suivez les besoins
dans les secteurs ciblés?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
vous savez, premièrement, nous on élabore à chaque année, là, l'état... Je
m'excuse, je vais juste revenir au bon... je vais vous donner les bonnes
informations. Je reviens. Merci. Parfait. Merci. Bon, j'y arrive. Bon, au
niveau de la santé, pour vous donner un peu plus de perspective, là, sur les
actions du ministère dans le cadre de la pénurie de main-d'œuvre pour la santé,
dans les actions qu'on a mises en œuvre dans le cadre de l'opération
main-d'œuvre, il y a le versement, là, d'une allocation d'aide à l'emploi de
475 $ par semaine pour la formation dans les domaines de la santé. Le
programme d'apprentissage aussi qu'on a mis en place pour les profs... la
profession de préposés d'aide à domicile. On a une panoplie d'actions comme ça
qui ont été mises en place en collaboration avec d'autres ministères, je pense
aux bourses incitatives, il y a des primes salariales aussi qu'on a mis de
l'avant pour les retraités du réseau de la santé qu'on veut voir revenir. Il y
a aussi tout le renforcement qu'on a fait au niveau des équipes de santé
mentale aussi, la protection de la jeunesse, en embauchant des bacheliers qui
étaient non admissibles à un ordre professionnel dans des disciplines de la
santé mentale en renfort, nécessairement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Je passe maintenant la parole au député de
Jean-Talon. La parole est à vous.
M. Paradis : Merci. Bonjour à
toutes et à tous. En début février, nous avons eu des données commentées par
l'Institut du Québec sur la base de données de Statistique Canada, qui nous
parlent du fait que, sur 49 000 chômeurs qui se sont ajoutés au
Québec dans la dernière année, 27 000 étaient des immigrants permanents,
13 000 des immigrants temporaires et 9 000 des personnes nées au
Canada. Et la première question que j'aurais pour la ministre est de savoir si
elle confirme ces chiffres, si elle a ces chiffres-là avec elle.
Mme Champagne Jourdain : Je
vais vous demander un peu de temps pour ça, je vais demander aux équipes de
confirmer, puis si vous avez une autre question, on peut passer à celle-là en
attendant.
M. Paradis : Très bien. Je
pense que ce qu'on veut, évidemment, en matière d'immigration, c'est que
l'expérience québécoise, l'aventure québécoise des nouveaux arrivants soit
réussie. Ça implique un logement, ça implique un accès aux services...
M. Paradis : ...de base, ça
implique de la francisation, un accueil en français, ça implique, bien sûr, un
emploi qui correspond à l'expérience des personnes, des personnes en question.
Et j'aimerais savoir... j'aimerais
continuer sur cette question-là, j'aimerais savoir, donc, si la ministre
dispose de données particulières sur l'évolution du taux de chômage des
personnes nées au Canada par rapport à l'évolution du taux de chômage des
personnes immigrantes permanentes et des personnes immigrantes temporaires.
Mme Champagne Jourdain : On
va demander aux équipes aussi de vous donner ces chiffres-là, particulièrement.
Sous la main, je ne les ai pas, là, là.
M. Paradis : Très bien.
Est-ce que j'aurais un engagement de la ministre à fournir ces données-là? Je
comprends qu'elle ne les a pas aujourd'hui.
Mme Champagne Jourdain : Oui,
je vais... on va valider ce qu'on a actuellement puis on va vous revenir avec
ces données-là, voir si on les confirme ou pas, pour la première question puis
votre deuxième question.
M. Paradis : Est-ce que la
ministre pourrait aussi s'engager, à moins... j'aimerais qu'elle ait les
données ici, là, mais à nous faire part de ses prévisions sur le nombre de
personnes au chômage par 100 000 habitants dans les prochains mois, dans les
prochaines... dans les prochains trimestres, selon les personnes nées au
Canada, immigrantes permanentes et immigrantes temporaires, y compris par leur
date d'arrivée au Québec?
Mme Champagne Jourdain : Alors,
j'ai quelques données pour vous, là. Entre 2013 et 2023, la population, là,
immigrante de 15 ans et plus a augmenté de 39 % au Québec. Le nombre de
personnes en emploi a augmenté, lui, de 57,3 %, ce qui fait passer de
514600 à 852000 personnes en emploi issues de l'immigration. Le taux d'emploi,
lui, est passé de 57,3 % à 64,9 %, ce qui est une augmentation de
7,16 %. Le taux de chômage, lui, a diminué, de 11,9 % à 6,5 %,
ce qui est une diminution de 5,4 %.
• (16 h 50) •
Et pour vous mettre ça en perspective, en
2023, le taux de chômage des différents groupes, là, s'établissait à 6,5 %
chez les personnes immigrantes, comme je le disais tout à l'heure, de 15 ans et
plus. On avait... on a eu 9,4 % chez les personnes immigrantes
nouvellement arrivées, donc depuis cinq ans ou moins, 7,2 % chez les
immigrants récents, de cinq à 10 ans, et 5,5 % chez les immigrants admis
de longue date, de plus de 10 ans.
M. Paradis : Très bien. Donc,
je comprends que la ministre va nous communiquer tous ces chiffres-là. Est-ce
que vous avez des prévisions?
Mme Champagne Jourdain : On
n'a pas de... on n'a pas des... on n'a pas ces prévisions-là.
M. Paradis : Est-ce que vous
avez des impacts particularisés... des études particularisées sur les impacts,
donc, du taux de chômage sur les populations immigrantes au Québec? Est-ce que
vous avez des études, des analyses particulières là-dessus?
Mme Champagne Jourdain : On
vérifie ça, je vous reviens.
M. Paradis : Très bien.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...vous
avez confirmé que vous déposeriez les chiffres?
Mme Champagne Jourdain : Oui,
ces chiffres-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous demanderais de les déposer à la commission pour qu'on puisse partager ça à
nos collègues. Merci.
M. Paradis : Dans des
articles parus pas plus tard qu'hier, on a des cas, encore, d'immigrants
temporaires qui arrivent liés par un contrat de travail, qui perdent leur
emploi et qui se retrouvent le bec à l'eau, qui ne se retrouvent devant rien.
J'aimerais savoir de la ministre si elle a des données sur ce phénomène, donc,
des travailleurs temporaires qui arrivent par contrat de travail et qui perdent
leur emploi.
Mme Champagne Jourdain : Je
vous dirais qu'au niveau des données on va valider si on a ces données-là. Par
contre, ce qu'il est important pour moi d'apporter en complément d'information
à la question que vous posez, c'est qu'on est en action sur ce dossier-là. Je
pense à ma collègue la ministre de l'Immigration, qui a donné un mandat à la
Commission des partenaires du marché du travail pour réfléchir aux permis
fermés dans le cadre, là, du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
C'est un rapport qui est attendu à la fin du mois d'avril, et les livrables,
là, suivants sont souhaités dans le cadre de ce rapport-là. On veut un portrait
des enjeux qui sont liés aux permis de travail fermés. On veut certainement
l'identification des zones d'amélioration de ce régime, là, selon les
paramètres du Programme de travailleurs étrangers temporaires, et on veut
certainement une analyse des modalités possibles pour la délivrance des permis
de travail sectoriels, qui sont, entre autres, limités à une région spécifique.
M. Paradis : Ce qui
m'intéresse particulièrement, donc, ce sont ces travailleurs temporaires qui
arrivent et qui perdent leur emploi. Est-ce que la ministre a un plan
là-dessus? Est-ce que le gouvernement a un plan? Qu'est-ce qui arrive avec ces
gens-là? Est-ce qu'on leur dit : Tournez-vous vers l'aide sociale,
retournez chez vous? Est-ce que le gouvernement agit...
M. Paradis : ...est-ce que le
gouvernement parle notamment avec les représentants de... des entreprises
privées? Est-ce que ça serait aux entreprises privées d'avoir plus
d'obligations par rapport à ces travailleurs-là? Est-ce que c'est au
gouvernement d'agir? Donc, qu'est-ce que la ministre répond, là, par rapport à
ce phénomène-là qui arrive actuellement? Puis tout le monde connaît les
statistiques sur les travailleurs temporaires, sur leur augmentation, mais là
il y en a qui perdent leur emploi. Qu'est-ce qu'on fait avec ces gens-là? C'est
quoi, le plan de la ministre?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
vous savez, nous, à l'Emploi, on travaille avec les gens qui ont des permis de
travail, hein, on offre des services d'emploi à ces gens-là. Pour ce qui est en
amont de ça... et ça ne m'empêche pas de travailler en collégialité avec mes
collègues, mais, pour ce genre de questions là que vous avez aujourd'hui, moi,
je pense que vous devriez les adresser à mon collègue au Travail ou à la
collègue, là, de l'Immigration.
M. Paradis : Bien, c'est
quand même un enjeu d'emploi, là. C'est pour ça que je vous questionne, que je
questionne la ministre à ce sujet-là.
Mme Champagne Jourdain : C'est
des relations de travail, ça relève du Travail, entre un employeur et un
employé.
M. Paradis : Bon...
Mme Champagne Jourdain : Moi,
je peux vous parler des projets pilotes qu'on a faits pour les demandeurs
d'asile. Je peux vous parler des programmes qu'on met de l'avant, des mesures.
Mais les relations de travail, c'est le ministre du Travail qui a la
responsabilité de ça.
M. Paradis : Il y a une
question de relations de travail, mais je demandais à la ministre quel est son
plan globalement sur ce phénomène, donc, des travailleurs temporaires qui
perdent leur emploi. Je pense que c'est une question d'emploi qui nécessite une
stratégie particularisée. Mais là je comprends que la ministre dit...
Mme Champagne Jourdain : Bien,
vous savez, les travailleurs temporaires, là, puis on l'a vu, là, dans le
dossier d'Olymel entre autres, le ministère de l'Emploi est là pour les
soutenir aussi, hein? Vous savez, on a offert des services, dans le cadre du...
des licenciements qui ont eu lieu, pour s'assurer de ne pas les laisser tomber,
ces gens-là, de ne pas... de ne pas les échapper entre deux chaises, puisqu'ils
étaient ici, chez nous. Alors, à travers les services qu'on offre dans les
comités d'aide au reclassement, que ce soit de l'aide pour leur situation
particulière, les replacer dans un autre milieu de travail, de l'aide
psychologique, du soutien, nous, on offre ce genre de services là quand ils
perdent leur emploi ici. En tout cas, on l'a fait dans le dossier d'Olymel.
M. Paradis : Oui. Pour nous,
en tout cas, je pense que c'est une question... c'est holistique, c'est une
question de solidarité sociale aussi. C'est une question de satisfaire à la
promesse qu'on fait aux personnes immigrantes qui vient chez nous... qui
viennent chez nous en matière d'emploi.
Allons-y justement sous l'angle de la
solidarité sociale. Donc, dans un... dans des données parues en janvier de
cette année, on apprend, donc, qu'il y a une hausse importante des demandes
d'aide sociale par les demandeurs d'asile, mais aussi donc par les personnes...
les immigrants temporaires qui arrivent, donc, avec des permis de travail.
Est-ce que vous confirmez ces chiffres-là? Est-ce que vous avez des chiffres là-dessus,
sur les demandes d'aide sociale qui proviennent de ces catégories de personnes?
Est-ce que vous avez une analyse, aussi, d'impact?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
vous le savez, nous, on est... il y a deux... il y a deux ministres, là, je
veux dire, il y a... moi, je suis ministre de l'Emploi, et j'ai ma collègue qui
est ministre déléguée à la Solidarité sociale. Alors, la ministre pourra
répondre à ces questions-là au niveau des données des demandes qu'elle a aux
demandeurs... par rapport aux demandeurs d'asile qui font, entre autres, de
l'aide de dernier recours.
Moi, ce que je peux vous dire, parce qu'on
les accueille dans les bureaux de Services Québec, c'est qu'on a mis en place
une panoplie de mesures pour faire en sorte qu'ils soient mieux accueillis,
notamment au bureau de Services Québec de la rue Notre-Dame, qui a fait les
manchettes. On a installé... On a aménagé pour que ce soit plus accueillant
pour eux.
Et je tiens à spécifier, puisqu'il y a
peut-être des gens qui nous écoutent aujourd'hui qui sont dans cette
situation-là, que les demandeurs d'asile sont... seront bien accueillis et
recevront des services dans tous les bureaux de Services Québec. Alors, ça,
c'est important pour moi de le souligner. Il y a peut-être une croyance, là,
que le bureau, là, de la rue Notre-Dame est spécialisé, mais les gens peuvent
recevoir ces services-là sur l'ensemble du territoire.
M. Paradis : Très bien. Donc,
on voit quand même qu'il y a un contexte où il y a des enjeux d'emploi pour les
personnes immigrantes. Malgré ça, le ministère, le gouvernement continue de
financer des missions de recrutement à l'étranger. Est-ce qu'il y a une
logique?
Mme Champagne Jourdain : Là,
je pense qu'on est en train de mélanger des dossiers, là. Là, vous me parlez de
demandeurs d'asile. Quand on fait des missions de recrutement, et ma collègue à
l'Immigration pourra vous en parler...
M. Paradis : Non, non, je ne
parle pas de demandeurs...
M. Paradis : ...je parle
de... de travailleurs, on parle d'emploi, il y a des missions de recrutement de
travailleurs à l'étranger, et là, ce qu'on vient de voir, c'est qu'il y a des
données sur le taux de chômage de ces personnes-là, donc sur l'employabilité,
puis là on continue de financer des missions à l'étranger. Je voudrais savoir
quelle est la logique entre les deux.
Mme Champagne Jourdain : Mais
vous savez, ça fait partie, ça, des mesures qu'on a dans l'opération
main-d'oeuvre. Hein, on fait des missions de recrutement à l'étranger, et ces
missions-là, elles sont ciblées pour des secteurs ciblés. Alors, quand les gens
arrivent ici, on s'assure nécessairement, quand ils arrivent ici, c'est parce
qu'ils... ils vont assurément occuper un emploi. On va chercher selon les
besoins qu'on a au Québec. Et dans le contexte de l'opération...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
C'est tout le temps que nous avions. Maintenant, je vais céder la parole à la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. C'est... Juste revenir, Mme la ministre, donc, sur ce que vous
venez de dire. Je veux m'assurer d'avoir bien saisi. Donc, vous dites donc les
demandeurs d'asile, donc ont accès au service universel, donc de Services... de
Services Québec, pas les spécialisés, là, ça, c'est... c'est compris. Mais
vous...
Mme Champagne Jourdain : Mois,
ce que je voulais exprimer tout à l'heure, c'est qu'ils seront reçus, et on
leur donnera les services auxquels ils ont droit dans l'ensemble des bureaux de
Services Québec, parce qu'actuellement on a vu des files se créer, des fois
avant l'ouverture du bureau aussi, il faut le dire, là, avant l'ouverture du
bureau, là, Notre-Dame des heures avant. Alors, il y a probablement une
croyance que c'est là et seulement là qu'on traite le cas... les questions pour
les demandeurs d'asile, mais ce n'est pas le cas dans l'ensemble des sites des
15 autres bureaux de Services Québec à Montréal, les gens sont en mesure
de pouvoir donner les services auxquels ils ont droit, ces demandeurs d'asile.
Et voilà, je voulais m'assurer que les gens ne sont pas obligés de se rendre...
ne se sentent pas obligés de se rendre seulement à ce bureau-là.
• (17 heures) •
Mme Cadet : Merci. C'est très
clair. Je reviens donc à l'opération main-d'oeuvre dans ce cas-ci. Donc, nous
mentionnions différents programmes. Juste revalider un élément parce que vous
avez nommé donc quelques pourcentages. Pour les services de garde, donc les
éducatrices en service de garde qui ont été formées, quel est le... quel est le
chiffre que nous avions, pour la dernière année, du nombre d'éducatrices
formées?
Mme Champagne Jourdain : Au
niveau du nombre...
Mme Cadet : Je sais que vous
avez dit 80 %.
Mme Champagne Jourdain : Oui.
Mme Cadet : Donc, dans la
dernière année, les éducatrices donc travaillent.
Mme Champagne Jourdain : Oui,
on avait 80 personnes. Ce que je vous ai dit tantôt, c'est qu'on avait
80 personnes.
Mme Cadet : Personnes, O.K.
pas pour 180 personnes.
Mme Champagne Jourdain : Pour
cent... excusez, 80 % de personnes qui ont effectué un retour en emploi à
la suite d'une formation dans ce secteur-là et qui travaillent.
Mme Cadet : Donc, le nombre
de personnes. C'était ça, ma question ici, là.
Mme Champagne Jourdain : Au
niveau, là, des services de garde, là, éducatifs à l'enfance, je vous dirais
qu'en date d'aujourd'hui, on a 4 637 personnes qui ont intégré le
marché du travail suite à des mesures de l'opération main-d'œuvre.
Mme Cadet : O.K. Différentes
mesures évidemment, donc para et autres. Et votre objectif de 2021 était d'en
former 25 000. Est-ce que vous trouvez qu'avec le chiffre de 4 000, vous
êtes sur la bonne route? On est un peu plus... un peu plus qu'à mi-chemin, là,
de l'opération main-d'œuvre. C'était l'objectif 2026.
Mme Champagne Jourdain : Mais
ce qu'il faut comprendre avec l'opération main-d'œuvre, c'est qu'on a
différentes mesures, hein? Je pense entre autres aux couches, je pense aux
bourses Perspective, toutes ces choses-là.
Mme Cadet : Oui.
Mme Champagne Jourdain : Mais
on a des résultats qui rentrent actuellement, et ce ne sera pas en continu,
toujours au même degré de résultat à chaque six mois, à chaque fois qu'on fait
une reddition de compte. Il va y avoir des bourrasques de résultats. Je vais le
dire comme ça. Il y a des formations qui prennent plus de temps à réaliser. Il
y a des... il y a, je pense entre autres aux COUD aussi. Ça dépend, là, du
rythme des... des personnes qui font ces formations-là.
Alors, l'opération main-d'œuvre, ça
s'étale sur une durée de cinq ans. On a eu des résultats dans les deux
premières années. On va avoir des résultats dans les trois dernières années. On
va avoir des résultats aussi à la suite de la fin de l'opération main-d'œuvre,
puisqu'il y a des gens qui vont avoir démarré des... des mesures, des
programmes de formation, qui vont avoir démarré ça dans l'année 3 ou 4 de
l'opération main-d'œuvre. Alors, on va continuer de sentir les effets de cette
opération main-d'œuvre là à la suite. On met et on ne lésine... on ne ménage
aucun effort pour faire en sorte qu'on puisse atteindre les cibles. Est-ce
qu'elles vont être atteignables à 100 % dans tous les secteurs? Non. Ce
sont des cibles. Mais on veut certainement avoir des... des résultats qui sont
satisfaisants et qui vont nous permettre de répondre, là, à nos ambitions...
17 h (version non révisée)
Mme Champagne Jourdain : ...ambitions
à travers l'opération main-d'œuvre. Vous savez, c'est 295 millions qu'on
va mettre d'ici 2025-2026 pour seulement le secteur de l'éducation à la petite
enfance pour, je vous l'avais dit tout à l'heure, requalifier ou former 25 000 éducatrices
ou éducateurs, là, de la petite enfance. Alors, on progresse. La bonne
nouvelle, c'est qu'on progresse, et je suis convaincue qu'il va y avoir des
années où on va... on va voir des résultats arriver, là, encore plus... de
manière encore plus significative.
Mme Cadet : Oui, bien sûr que
les résultats, donc, sur le plan trimestriel ne seront pas réguliers. Donc, ça,
ça se comprend, mais le chiffre, donc, d'un peu plus de 4000 que vous avez
nommé, il est cumulatif depuis le début de l'opération main-d'œuvre?
Mme Champagne Jourdain : Oui.
Mme Cadet : Donc, est-ce que…
puisque nous sommes à plus... qu'à mi-chemin, là, donc, de l'opération main-d'œuvre,
vous l'avez dit, donc, ce sont des chiffres sur cinq ans, nous sommes en 2024.
L'opération a été lancée en 2021. L'objectif de 25 000 a été pour 2026. Est-ce
que nous sommes sur la bonne voie pour atteindre l'objectif en matière, donc,
de personnes à former pour les services de garde à la petite enfance?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais qu'on est sur la bonne voie. On a 4600 personnes qui se
sont ajoutées grâce à l'opération main-d'œuvre. Alors, sur une cible de 25 000,
on en a, oui, 4600. On fait connaître aussi nos programmes. On soutient à
travers les services de garde aussi les employeurs qui veulent libérer des gens
pour faire des formations de courte durée qui sont en alternance travail
études. Alors, on continue de travailler à faire connaître toutes ces
mesures-là.
Je pense qu'aussi, si on fait des efforts
au... au ministère de l'Emploi, il y a des efforts qui sont faits dans d'autres
ministères, notamment avec... avec ce qui est fait pour valoriser, là, la
profession. Il y a eu une augmentation substantielle, là, du salaire, là, au
courant de la dernière année ou l'autre pour les techniciennes, et on avance à
ce niveau-là. On... Ce qu'il y a de beau aussi avec l'opération main-d'œuvre, c'est
calé sur cinq ans. Je rencontre mes collègues, je les ai rencontrés, là, l'année
passée. On se rencontre, on fait le point. Ça nous prend... Nous, on fait la
reddition de comptes, c'est-à-dire qu'on collige l'information pour faire le
suivi deux fois par année, avec les périodes, là, de diplomation. Et, au
printemps, on rencontre les collègues pour faire le suivi avec eux des mesures,
parce qu'il y a 10 mesures qui reviennent au ministère de l'Emploi, dans
les 80 mesures qui sont dans l'opération main-d'œuvre, et on s'assure de
faire le suivi avec les autres collègues pour les mesures qui les concernent.
Mme Cadet : Merci. Donc, ici,
votre gouvernement a tout de même, donc, promis la création de nouvelles
places. On sait qu'il y a des ratios d'éducatrices qui doivent être respectés.
Avec le chiffre que vous mettez de l'avant... et vous-même, vous l'avez dit, en
fait, vous l'avez admis il y a quelques minutes, que, dans les différents...
les différents secteurs ciblés par l'opération main-d'œuvre, que vous n'atteindrez
pas toujours, donc, les objectifs. Donc, est-ce que vous pensez pouvoir
atteindre l'objectif de 25 000 personnes à former ou requalifier dans les
services de garde et ainsi pouvoir répondre à votre promesse de créer des
nouvelles places?
Mme Champagne Jourdain : On
travaille dans l'atteinte de ces cibles-là. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
on travaille avec des humains aussi qui vont s'engager dans des formations, qui
vont changer d'idée, qui vont avoir été diplômés, qui vont peut-être changer d'idée
en cours de route aussi. Alors, nous, on met tous... on met les... Les mesures
qui sont déployées le sont pour qu'on puisse atteindre nos cibles. On travaille
dans ce... dans cette optique-là... dans cette optique-là.
Et le ministère de la Famille constate
aussi les améliorations, que les améliorations qui ont été faites, notamment au
niveau des conditions de travail puis des activités de la valorisation du
métier, ont des effets positifs, encourageants sur le recrutement. Et ça, c'est
extrêmement important. Ça vient nous aider, nous, dans les efforts qu'on
déploie dans l'opération main-d'œuvre. Alors, c'est un travail qu'on doit faire
ensemble. Il y a plusieurs ministères qui sont affairés à faire de cette
opération de main-d'œuvre là une réussite. Les impacts de... mes collègues ont
un impact dans l'opération main-d'œuvre et viennent soutenir, là, notre désir d'atteindre
les cibles qu'on a... qu'on a de former 170 000 travailleurs dans les six
secteurs qui sont priorisés dans l'opération main-d'œuvre.
Mme Cadet : Merci. Vous l'avez
dit, on travaille avec des humains. Et vous avez aussi parlé, donc, des bourses
perspectives. Ça, c'est donc l'un des éléments où on constate, donc, à travers
une série d'articles de Fannie Bussières McNicoll, donc, Radio-Canada...
Mme Cadet : ...que des
recteurs d'université, dont celui de l'Université de Montréal, Daniel Jutras,
dont la Fédération des cégeps, présidée par M. Bernard Tremblay, qui nous
disent : «Les bourses pour contrer la pénurie de main-d'œuvre n'ont pas eu
l'effet wow espéré, les chiffres ne sont pas concluants. Il s'agit d'un
programme coûteux, et on était avide de voir un effet majeur, ça ne semble pas
être le cas». On nous dit aussi : «Si un des objectifs du programme est
d'attirer des étudiants dans ces disciplines, force est de constater qu'à la
lumière des statistiques des demandes d'admission pour les trimestres d'automne
des dernières années, il ne va pas de soi que cet objectif est atteint».
Qu'est-ce que vous leur répondez?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous amènerais un autre exemple, il y a aussi l'Université Laval qui disait,
dans un article, je crois que c'est l'automne passé, qu'il y avait une hausse
de 20 % des inscriptions en enseignement et que ce n'était pas étranger
non plus à la mise en place des Bourses Perspective. Alors, je pense que ça démontre
qu'il y a des variations sur lesquelles on doit se pencher. On peut extraire
une donnée d'une place dans un certain secteur, dans un... dans une région,
dans un cégep, dans une université, puis avoir une donnée qui... qui est
différente dans un autre endroit, dans une autre institution, dans une autre
région. Je pense que ça nous amène au constat qu'il est beaucoup trop tôt pour
pouvoir, là, tirer des conclusions sur la réussite ou non de la mise en place
de ces bourses Perspective là.
Mme Cadet : Avec égards, Mme
la ministre, donc on ne parle pas d'extraire des données, donc, dans un
établissement précis, surtout au niveau des cégeps, c'est le P.D.G. de la
Fédération, donc, des cégeps qui couvre l'ensemble du territoire qui s'est
exprimé à ce sujet pour ces différentes institutions. Donc, on parle, donc,
d'un exemple plutôt... donc, de situations plutôt répandues ici. Et pour
revenir, donc, à l'exemple , donc, de l'Université de Montréal, à celui-ci,
donc, on a observé une baisse, donc, de... de de 19 %, donc, entre 2021,
donc, avant l'arrivée du programme et 2024, de même qu'une diminution de
14 % dans la dernière année. Donc, il y a quand même des éléments assez,
donc, alarmants, donc, dans ces chiffres là. Je comprends bien qu'ils peuvent
varier sur le territoire au niveau des étudiants universitaires, mais lorsque
l'on constate ces chiffres, est-ce que vous n'y voyez pas une... une
opportunité de réévaluer le programme? Il y a quand même des sommes des fonds
publics qui ont été engloutis dans ces programmes-là. L'objectif, c'est qu'il
fonctionne. On veut tous qu'il fonctionne. On parle souvent de pénurie de
main-d'œuvre, et il faut la résorber. Donc, est-ce que vous vous engagez à
réévaluer la manière dont le programme Perspective fonctionne afin qu'il puisse
produire des résultats escomptés?
• (17 h 10) •
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous parlais tout à l'heure, là, des rencontres de suivi qu'on fait, là,
avec les ministres, les différents ministères, là, mais mes collègues les ministres
qui sont impliqués dans l'Opération main-d'œuvre, ça sert à ça, ça sert à voir
si on est vraiment bien enlignés. Alors, dans le contexte actuel, je sais que
ma collègue procède à une analyse de tout ça. Elle a eu la chance de
s'exprimer, la ministre de l'Enseignement supérieur a eu la chance de
s'exprimer, entre autres dans ses crédits sur cette question-là. Elle a aussi,
et je le répète encore une fois, affirmé qu'il était trop tôt pour tirer des
conclusions sur la réussite ou non de ces bourses-là. Ceci étant dit, elle
évalue, elle est en train d'évaluer, là, la pertinence de... de tout ça.
Maintenant, on peut se poser plein de
questions, là, est-ce que la situation aurait été pire sans les bourses? Ça
aussi, il faut réfléchir à ça. Il y a ces bourses-là dans les... dans certains
programmes, on a vu une amélioration, entre autres à l'Université Laval, comme
je le disais tout à l'heure. À ça aussi on... il y a un travail qui doive
être... qui doit être fait pour faire connaître ces bourses-là, elles le sont
de plus en plus, de mieux en mieux, mais on doit continuer à faire connaître
l'existence de ces bourses-là, c'est une... c'est un des facteurs de réussite.
Et on doit aussi travailler à faire connaître les bourses qui sont disponibles
aux diplômés aussi dans certains secteurs. Alors, ça, c'est... c'est
extrêmement important. Alors, on va prendre le temps d'analyser ça,
certainement.
Mme Cadet : Merci, Mme la
ministre. Et pour clore sur ce sujet-là, donc, juste, je comprends que vous citez
la... le fait, donc, que les bourses soient vues d'un bon œil par l'Université
Laval, mais simplement vous citez, donc, dans ce même article, si on regarde
les données transmises à Radio-Canada, on observe tout de même des baisses du
nombre de demandes d'admission plus grandes dans les programmes admissibles aux
bourses que dans les... les baccalauréats non admissibles à celle-ci, à
l'Université Laval. Fin de cette parenthèse-ci. Construction.
Mme Champagne Jourdain : ...juste
ajouter quelque chose. Il faut comprendre aussi qu'on a une...
Mme Champagne Jourdain : ...démographique
qui fait qu'il y a de moins en moins d'inscriptions aussi dans les programmes,
ça aussi, ça joue. Et je veux réitérer le fait...
Mme Cadet : Oui. Tout à fait,
Mme la ministre. Il y a moins de...
Mme Champagne Jourdain : ...je
veux réitérer le fait qu'on est... on est à l'année 2 de l'opération
main-d'oeuvre. Il faut laisser le temps aux mesures d'avoir leur plein effet,
ça, c'est extrêmement important. Merci.
Mme Cadet : Bien... Bien, Mme
la ministre, donc, vous avez ouvert la parenthèse ici, donc, juste pour que ce
soit clair, évidemment qu'il y a des baisses d'inscriptions au niveau des... en
raison, donc, des effets démographiques, mais on constate, selon les chiffres,
des baisses du nombre... du nombre de demandes d'admission plus grande dans les
programmes admissibles aux bourses Perspective que dans les baccalauréats qui
sont non admissibles à ces bourses.
Construction, on a souvent parlé des
attestations d'études professionnelles, des différents écueils que l'on
rencontre dans la façon dont ces programmes ont été créés, mais également sur
le fait, donc, qu'il y a peu de conditions. Quand vous regardez... Quand vous
regardez, donc, la mise sur pied, donc, des AEP, donc, pourquoi vous trouvez
que c'est impossible, donc, de faire signer un engagement à ceux qui
poursuivent ces programmes, d'intégrer le secteur de la construction? Je
comprends qu'on ne peut pas faire comme les préposés aux bénéficiaires, là.
C'est ce que vous allez me répondre. La formule exacte ne peut pas être
répliquée, mais un engagement donc à intégrer le secteur par la suite.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais, quand on connaît le fonctionnement du secteur de la
construction, les entreprises qui vont embaucher ces futurs diplômés là jouent
eux aussi beaucoup avec la main-d'œuvre qu'ils embauchent, hein? Quand ils ont
de grands chantiers, de grands besoins, ils engagent beaucoup et ils relâchent
ces travailleurs-là qui vont travailler pour d'autres entreprises, qui vont
travailler pour d'autres projets, des fois dans d'autres régions, qui suivent
leur nouvel employeur dans d'autres régions. Alors, le contexte n'est pas du
tout le même. La mobilité physique des employés de la construction est
extrêmement complexe comparativement à celle des préposés aux bénéficiaires.
Maintenant, vous savez, actuellement...
puis la Commission de la construction du Québec s'engage à faire un suivi serré
auprès de ces futurs travailleurs là, qu'on forme à travers les AEP en
construction. Il s'assure de faire un suivi sur cette main-d'œuvre-là. Donc, il
y a un engagement qui a été pris. Il y a quelqu'un qui va s'assurer qu'on sache
où ces gens-là travaillent, s'ils travaillent dans le secteur de la
construction suite à leur diplomation.
Maintenant, au Québec, on a des avantages
qu'il n'y a pas ailleurs. J'ai eu la chance d'en parler, entre autres, des
fonds de pension qui sont avantageux et des régimes d'assurance qui sont plus
avantageux aussi qu'ailleurs. Actuellement, on travaille aussi déjà à des
maillages en centres... dans les centres professionnels, et tout ça. Il y a
déjà des maillages qui sont faits, parce que, oui, on a beaucoup parlé de la
main-d'œuvre, là, qui est reluquée, là, par des gens... des gens de l'Ontario,
par exemple, mais il faut comprendre que nos entrepreneurs aussi sont... sont
très alertes là-dessus et qu'ils ont manifesté leur besoin, leur grand besoin,
là, auprès des cohortes qui sont en formation actuellement. Et on a déjà des
maillages qui sont en train de se faire et il y a déjà des embauches qui se
seraient réalisées, de la préembauche actuellement, parce qu'il faut que les
gens, bien sûr, soient diplômés. Alors, c'est quelque chose que je vais suivre
avec attention. J'ai demandé au ministère de pouvoir avoir des données sur ces
embauches-là dès que ce sera possible, mais il faut comprendre que tout ça doit
se concrétiser pour avoir les chiffres. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve. La
parole est à vous.
M. Leduc : Merci, Mme la
ministre. Il en reste encore un bout. Il en reste encore un bout, au moins une
heure et des poussières. C'est un long bloc, 3 heures au total, donc je
salue votre résilience, Mme la ministre. Parlons des carrefours jeunesse, il y
en a un beau dans mon quartier, que j'aime beaucoup.
Mme Champagne Jourdain : Ils
sont tous beaux.
M. Leduc : Ils sont tous
beaux. Vous les avez tous vus, j'imagine.
Mme Champagne Jourdain : Pas
encore tous, là...
M. Leduc : Non? Une bonne
partie.
Mme Champagne Jourdain : ...mais
ils sont tous spécials à leur manière puis accueillants.
M. Leduc : Je suis convaincu
de ça. J'imagine, Mme la ministre, que vous n'aimez pas la bureaucratie.
Mme Champagne Jourdain : Ah!
c'est une question, ce n'était pas un début de question. C'est bon. C'est bon.
Bien, le moins possible, comme tout le monde, tu sais.
M. Leduc : O.K. Est-ce que
vous êtes en mesure de me fournir le nombre de pages qui est exigé par votre
ministère en matière de reddition de comptes aux CJE par année, par exemple?
Mme Champagne Jourdain : Je
vais vous revenir avec le nombre de pages. Je n'ai pas cette donnée-là, mais
moi, je peux vous dire que, quand je suis sur le terrain et que les
intervenants me disent qu'ils passent...
Mme Champagne Jourdain : ...30
à 40 % de leur temps à faire de la reddition de comptes, ça, ça fait du
grincement dans mes oreilles. Puis c'est certain que j'ai demandé au ministère
de faire en sorte qu'on puisse améliorer ça, alléger ça, parce que ce qu'on
veut, hein, ce qu'on veut, c'est que ces gens-là interviennent sur le terrain
et qu'ils donnent de l'accompagnement aux gens qui viennent cogner à leur
porte, là.
M. Leduc : ...30, 40 %
là... ce chiffre-là m'est familier, je l'ai entendu aussi. C'est... vous me
dites si je me trompe, mais c'est complètement dans la cour de votre ministère,
là, il n'y a pas d'autre palier de reddition de comptes aussi. Il y a-tu du
fédéral là-dedans aussi?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
les CJE reçoivent aussi du financement de plusieurs ministères. Donc, dans leur
cas, ça doit être particulièrement... plus particulièrement lourd que d'autres
organismes spécialisés en emploi qui n'auraient affaire seulement qu'avec nous
ou le ministère de la Solidarité sociale. Je le sais, qu'eux reçoivent du
ministère, disons, un financement que beaucoup d'autres organismes spécialisés
en employabilité ou organismes communautaires pourraient trouver enviable. Ils
sont bien financés, mais ils ont beaucoup de reddition de comptes à faire en
lien avec ça.
M. Leduc : ...parties qui...
envers votre ministère doivent être substantielles dans la reddition de
comptes.
Mme Champagne Jourdain : Je
n'ai pas, si vous voulez, le nombre de pages, comme vous l'avez demandé, je
n'ai pas cette donnée-là. Je vais m'assurer, là, d'avoir... de l'avoir.
M. Leduc : J'apprécie. Je
comprends néanmoins que vous partagez avec moi l'objectif de réduire la
bureaucratie et la reddition de comptes. C'est important, la reddition de
comptes, on n'est pas en train de dire qu'on n'en veut plus, mais il y a tout...
Mme Champagne Jourdain : Ça
en prend. Ça en prend.
M. Leduc : Il y a une juste
mesure, exactement. Donc, je vous poserais la question suivante : L'année
prochaine, à la même date, à notre prochain exercice d'étude des crédits,
qu'est-ce que vous aimeriez être capable de me dire, comme réalisation que vous
auriez eu le temps de faire en matière de réduction de bureaucratie pour les
CJE?
• (17 h 20) •
Mme Champagne Jourdain : Bien,
écoutez, on... vous avez eu la chance de m'entendre tout à l'heure, là, sur les
chantiers qu'on avait mis en place, notamment, là, on s'occupe de la grille
tarifaire avec les organismes spécialisés en employabilité. Et ça concerne les
CJE, ça aussi. Et, au niveau des allègements, là, des processus administratifs,
c'est-à-dire, ici, la reddition de comptes, moi, je me suis engagée, là, à ce
qu'il y ait des allègements proposés d'ici l'automne 2024.
Ce que j'aimerais vous dire, l'an
prochain, c'est qu'on a augmenté substantiellement le pourcentage de temps qui
était alloué à de la reddition de comptes. On l'a augmenté... on l'a réduit,
pas augmenté, hein, je vais faire attention, qu'on l'a réduit et qu'on a été
capable d'augmenter le temps qu'on passait en intervention, là, en
accompagnement avec les personnes qui viennent chercher des services dans les
CJE.
M. Leduc : Donc, l'an
prochain, à la même date, vous allez être en mesure de me dire : Il y a eu
réduction de la masse de papier, de reddition de comptes pour les CJE?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je travaille pour être en mesure de vous dire ça l'an prochain.
M. Leduc : Parce que vous
imaginez que, l'année prochaine, je vais peut-être questionner la ministre, qui
est vous l'année prochaine aussi, puis elle va pouvoir se référer à ce qu'elle
a dit aujourd'hui.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
vous savez, je vais être... je vais être... Moi, je leur parle, aux gens, aux
intervenants qui sont dans les CJE. Ils n'ont pas... ils ne se sont pas engagés
pour faire de la paperasse, ils me le disent, puis je les comprends. Je les
comprends. Ce qu'ils veulent, c'est aider les gens. Alors, je vais être la
première heureuse de pouvoir leur dire, bien, par exemple, l'année... en 2024,
bien, on a réussi à alléger de 15 de 20 % la tâche, bon. Je vais être la
première à être contente de pouvoir annoncer ça à tous les gens qui travaillent
dans nos organismes spécialisés en employabilité.
M. Leduc : Puis il y aura
comme deux exercices à faire, à savoir celui de votre propre ministère, mais
est -ce que vous allez aussi prendre le bâton du pèlerin et aller cogner à la
porte des autres ministères pour leur demander de faire un exercice similaire?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
on est engagé... vous savez, on a pris cet engagement-là auprès des
entreprises, hein, de faire de l'allègement administratif, mais on le fait
aussi à travers... on a cette réflexion-là, là, à travers tout ce qui est
organisme communautaire ou, chez moi, organismes spécialisés en employabilité, qui
sont aussi des organismes communautaires. Et je pense à, dernièrement, là, une
belle... une belle avancée qui a été faite de la part de ma collègue, Chantal
Rouleau, qui a fait passer le seuil de... 125000 à 500000. C'est-à-dire que les
gens maintenant qui ont un roulement ou des activités en dessous de
500 000 $, annuellement, ne sont plus...
Mme Champagne Jourdain : ...elles
ne sont plus assujetties, là, aux déclarations, là... En fait, on a fait passer
à plus haut, là, le montant, là, qui faisait en sorte qu'il devait y avoir une
reddition de comptes plus... plus...
Une voix : ...
Mme Champagne Jourdain : ...pour
les états financiers, oui, plus élevés. Je vais le dire comme ça.
M. Leduc : Pour clore
sur la bureaucratie, la situation de bureaucratie, je vous dirais que j'ai hâte
de voir le chiffre que vous allez me faire acheminer sur le nombre de pages que
les CJE doivent fournir en matière de reddition de comptes à votre ministère et
à l'ensemble des ministères de votre gouvernement, de notre gouvernement.
Mme Champagne Jourdain : Je
sais que, des fois, ils doivent le faire pour deux ou trois ministères de
manière annuelle, de manière trimestrielle.
M. Leduc : Là où je
voulais atterrir, Mme la ministre, c'est que c'est sûr d'être intéressant parce
que, l'an prochain, je vais vous demander où c'est qu'on est rendu, le nouveau
chiffre.
Mme Champagne Jourdain : Pardon?
M. Leduc : Le chiffre
que vous allez me fournir va être important parce que l'an prochain, à la même
date, je vais vous demander où on est rendus dans ça, dans ce chiffre-là aussi.
Ça fait que je vous annonce déjà une question pour l'année prochaine.
Mme Champagne Jourdain : Mais
je pense que... Oui, mais je pense qu'on va... On va être réaliste, là, je veux
dire, on va sûrement avoir un nombre de pages diminué, mais on va y aller sur
la charge de travail... sur la charge de travail, je veux dire, on ne comptera
pas ça page par page, là, mais c'est sûr qu'il va y avoir... Si on réduit la
charge de 50 %, 40 %, il va y avoir une diminution sur le nombre de
pages, là, c'est un lien qu'on peut faire, direct.
M. Leduc : On s'entend
que ce n'est pas une mesure scientifique parfaite. C'en est une par contre,
factuelle, et on pourra s'y référer l'an prochain. Donc, c'est à suivre.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...vous
engagez à le déposer au secrétariat pour qu'on puisse le partager à tous les...
Mme Champagne Jourdain : Bien,
le nombre de pages, c'est parce que ça peut varier aussi, là, d'une place à
l'autre selon ce qui est... ce qu'ils répondent aussi là-dedans. Ça fait que je
ne m'engagerai pas à déposer un nombre de pages, mais je le sais parce que je
rencontre les gens sur le terrain, que c'est entre 30 % et 40 % de
leur charge de reddition de comptes, ce qui est... ce qui est... ce qui est
grand. Oui, je l'avoue. Et on veut travailler, là, à faire en sorte que ce soit
allégé.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
M. Leduc : Là, par
contre, vous venez de revenir sur votre engagement. Vous ne fournissez plus le
nombre de pages? Vous venez de dire l'inverse il y a quelques minutes.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
moi, ce que je vous ai dit tout à l'heure, c'est... Je vais regarder si on a
cette information-là. Si on ne l'a pas, bien, vous comprendrez que j'aime mieux
que mes effectifs travaillent à faire du suivi, à élaborer des mesures que
calculer nombre de pages que les autres peuvent nous envoyer.
M. Leduc : Bien, dans ce
cas-là, Mme la ministre, envoyez-moi les données brutes, le nombre de documents
que vous leur demandez, puis combien de pages contiennent ces documents-là.
Puis nous, on fera de l'alchimie...
Mme Champagne Jourdain : Parfait.
M. Leduc : ...de calcul
scientifique des moyennes, puis tout, là. Mais si on a au moins les données
brutes, on pourra avoir un... une façon de travailler pour faire... pour voir
l'évolution du travail que vous allez faire en matière de réduction de
bureaucratie. Parce que je comprends, et je le répète que nous partageons cet
objectif.
Mme Champagne Jourdain : On
peut... C'est ce qu'on fera. On vous donnera, là, les... ce qui est demandé à
l'heure actuelle et ce qui sera dans la prochaine... ce sur quoi on se sera entendus
avec eux à l'automne 2024.
M. Leduc : Donc,
rendez-vous l'an prochain pour un suivi. Toujours sur les CJE, il y a des...
des données qui nous ont été amenées par le Réseau des carrefours jeunesse
emploi du Québec, le RCJEQ, qui nous dit qu'il y aurait plus ou moins de
10 000 jeunes qui n'ont plus accès à des services publics d'emplois
depuis juillet dernier. Puis là ils nous donnent quatre catégories : les
jeunes en situation de sous-emploi qui travaillent, par exemple, quelques
heures dans un dépanneur; une jeune mère monoparentale qui veut changer
d'emploi pour un meilleur salaire et faire face à la hausse du coût de la vie;
un étudiant ou une étudiante qui veut continuer ses études avec son travail et
veut ainsi sortir de l'emploi précaire et alimentaire; ou, la dernière
catégorie, un demandeur d'asile qualifié qui veut intégrer le marché du
travail. Pourquoi avoir modifié des critères et avoir fait en sorte de ne plus
pouvoir, sur papier parce que, dans le réel, on comprend qu'ils reçoivent quand
même souvent du service, puis c'est rare qu'on refuse et qu'on expulse
quelqu'un à la porte qui rentre dans un CJE. Mais pourquoi ne plus avoir
considéré ces personnes-là dans votre... dans votre livraison de services?
Mme Champagne Jourdain : Je
vous le disais, je l'expliquais tout à l'heure, là, quand on donne des services
d'emplois ou quand on fait la prévision, là, des achats qu'on va faire de
services, de ce qu'on a besoin d'aller chercher comme services dans les
organismes spécialisés en employabilité, quand on fait cette prévision-là, on
le fait et elle s'étale sur plusieurs années parce qu'il y a des parcours qui
vont être... qui vont être à cheval sur deux années, des fois trois années
financières, je vais le dire comme ça. Alors, nous, on n'avait aucun signal.
Écoutez, ça a été jusqu'à la dernière minute pour qu'on ait une entente, qu'on
signe l'entente pour reconduire la bonification de 145 millions avec le
fédéral pour l'année 2023-2024. On a signé ça pratiquement à l'aube, là,
de notre budget à nous, là. Alors, on avait déjà, nous, engagé ces sommes-là.
Ces sommes-là, on les avait engagées, et ça a pris un an avant qu'on ait la
certitude, noir sur blanc, qu'on obtiendrait la reconduction pour
l'année 2023-2024 des bonifications des ETMT.
Alors, nous, on travaille depuis l'an
passé dans la réduction de ces services-là sur plusieurs années, parce qu'on
veut amoindrir l'effet...
Mme Champagne Jourdain : ...le
choc. On ne veut pas non plus précipiter, là, la fin des services qui sont
jugés encore nécessaires, on veut que les choses puissent se faire en douceur,
malgré le contexte qui est difficile. Alors, ça va avoir un impact, là. Le fait
que le gouvernement libéral du Canada ait décidé de ne pas prioriser les
services d'emplois, de ne pas faire de la pénurie de main-d'œuvre une des
priorités, alors que tous les ministres de l'Emploi au pays allaient dans la
même voie et disaient qu'il fallait continuer, là, ces transferts-là et ces
bonifications-là, ça va avoir un impact majeur. Alors, le gouvernement fédéral
a pris cette décision-là de ne pas prioriser l'emploi ni la pénurie de
main-d'œuvre, alors que les ministres des Finances ont mis ça dans leur top
deux priorités, ça va avoir des impacts, et ça, écoutez, ça va faire en sorte
qu'on va devoir prioriser des services. Moi, là, je... on travaille, je
travaille comme ministre avec 145 millions de moins.
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avions. Je passe maintenant la parole à la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci. Retour à
la construction, Mme la ministre. Je vous lis un extrait de l'article de
Sébastien Desrosiers de Radio-Canada du 31 janvier 2024. «On a des élèves
qui sont déjà à la retraite, qui ont zéro intention de travailler dans
l'industrie de la construction par la suite. Ils veulent plutôt acquérir des
compétences pour être capables d'entretenir leur maison, rénover leur chalet,
faire des patios, construire des cabanons. Moi, ça me dérange beaucoup comme
citoyen, pas juste comme enseignant». Est-ce que vous, ça vous dérange, Mme la
ministre?
• (17 h 30) •
Mme Champagne Jourdain : Parfait.
Bien, je vous dirais que moi, j'ai bonne confiance que les gens qui sont
engagés dans ces formations-là vont le faire dans une optique d'intégrer le
marché du travail de la construction. Ça commence à prendre beaucoup de temps,
là, pour faire des rénovations de chalets, là, investir six mois de sa vie, là,
je vais vous le dire, là. Moi, j'ai visité physiquement aussi des cohortes,
j'ai vu des gens qui étaient motivés, des gens qui enfin pouvaient accéder à
une formation. Parce que je dois vous dire que la moyenne d'âge que j'observais
sur le terrain, c'est environ début trentaine en moyenne, là, entre 30 et
35 ans de ces cohortes là. Il y a des exceptions d'un bout à l'autre, mais
ce que je voyais beaucoup et ce que j'ai vu sur le terrain, c'est que ce sont
des gens qui ont enfin la chance de pouvoir réaliser ce rêve-là et de pouvoir
le faire l'esprit tranquille, sans non plus avoir des inquiétudes à porter sur
comment je vais faire pour nourrir mes enfants, comment je vais faire pour
payer mon loyer. Moi, je veux être en mesure, là, de me réorienter, mais j'ai
besoin de soutien. Et dans le contexte actuel du marché de l'emploi, bien, on
voit ça arriver non seulement dans ce programme-là, mais on soutient aussi dans
d'autres programmes des gens qui suivent des formations pour qu'ils soient
complètement concentrés à leur formation et qu'ils puissent intégrer dans les
meilleurs délais les marchés du travail ou les secteurs pour lesquels on les
forme.
Alors, je le disais tout à l'heure aussi,
dans les AEP, il y a actuellement des mariages qui sont en cours pour s'assurer
que ces gens-là aient un emploi. Il y a des embauches qui sont en train de se
faire actuellement. Il y a un engouement de la part des entreprises. Moi, j'ai
une grande confiance que ces gens-là vont pouvoir travailler dans le domaine
qu'ils étudient, dans lequel ils étudient, là, à la suite de leur diplomation.
Mme Cadet : Merci, Mme la
ministre. Juste vous rappeler aussi, vous avez dit donc s'investir... on se
rappellera que ce sont six mois qui sont rémunérés. Je vais vous donner
l'exemple du Centre de services scolaire de Sherbrooke. Ce que nous dites, donc,
sur le terrain. Donc, vous avez fait quelques estimations. Pouvez-vous me dire,
donc, combien de personnes sont âgées de 50 ans et plus au niveau des
personnes inscrites au Centre de services scolaire de Sherbrooke?
Mme Champagne Jourdain : Je
vous dirais que cette donnée-là est au ministère de l'Éducation, je vais
vérifier si nous, on l'a. Mais je me rappelle l'avoir vu passer, c'était quand
même anecdotique, là. Vous voulez dire à partir de l'âge de plus de, vous avez
dit?
Mme Cadet : 50 ans.
Mme Champagne Jourdain : 50 ans.
Je vais vous revenir, là, le ministère de l'Éducation aurait cette donnée-là.
Mme Cadet : D'accord. Et
effectivement, de mon côté, moi, j'ai fait une demande d'accès à l'information
là-dessus, au niveau des différents centres de services scolaires, pour obtenir
la moyenne d'âge ou des inscriptions. Donc, à ce centre de service scolaire,
là, donc, il y a 220 étudiants qui sont inscrits parmi, donc, les
personnes ayant formulé une demande d'admission. On nous a répondu que
100 personnes...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Cadet : ...qui était âgé
de 50 ans et plus, dans ce programme-là... dans ce centre de services scolaire
là, pour les AEP en construction. Est-ce que vous trouvez ce chiffre-là
raisonnable?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
moi, je vous dirais, là, les travailleurs expérimentés, là, ça fait partie de
mes priorités, de faire en sorte qu'on puisse étirer leur rapport au marché du
travail le plus longtemps possible. Vous savez, travailleur expérimenté, ça
commence à 45 ans, hein, moi, j'y arrive bientôt. Alors, moi, je ne tomberai
pas dans l'âgisme, je pense que... quand quelqu'un a les dispositions physiques
à 50 ans de suivre une formation de quatre à six mois puis qu'il peut intégrer
le marché du travail, je considère qu'il est en mesure d'avoir un apport
significatif sur le marché du travail.
Mme Cadet : On parle quand
même, donc, de... selon cette demande-là, donc, au total, donc... on a donné
cet exemple-ci : la formation payée 750 $ par semaine, ça représente,
pour 369 étudiants inscrits à ces AEP en construction qui sont expérimentés,
6,8 millions de dollars. Est-ce que vous, vous trouvez, donc, que ce sont,
donc, des sommes qui sont judicieusement investies?
Mme Champagne Jourdain : Moi,
je vais vous dire, toutes les sommes qu'on investit pour former des gens, entre
autres, dans le secteur de la construction, sont des sommes qui sont bien
investies. Vous savez, à chaque semaine, à la période de questions, j'entends
parler des écoles qui ont besoin d'être rénovées, des hôpitaux qui ont besoin d'être
rénovés, j'entends parler de nouvelles écoles aussi, qu'on doit bâtir, les
besoins sont là, j'entends parler du logement, logement, il faut bâtir plus de
logements. Donc, vous savez, ça, là, ça ne se fera pas sans effort, par magie.
Il y a un besoin de main-d'oeuvre qui est grand dans le secteur de la
construction.
On a donné un coup d'envoi dans la
première année de l'Opération main-d'œuvre, par l'ouverture des bassins, mais
vous savez, quand on envoie beaucoup de gens qui ne sont pas formés dans le
secteur de la construction, ça peut avoir un effet qui est celui de ralentir la
productivité. Alors, nous, ce qu'on... ce qu'on a fait, c'est qu'on a écouté
les gens aussi qui nous disent : Oui, on a besoin de gens, mais on a besoin
de gens formés et on en a besoin rapidement si on veut augmenter la
productivité de nos chantiers de construction, si on veut voir nos écoles
lever, si on veut faire en sorte aussi d'améliorer les conditions, là, du
marché et de ne pas faire en sorte qu'il y ait une surchauffe. S'il faut amener
de la disponibilité, et c'est sur ça qu'on travaille, alors c'était important
pour nous d'envoyer... de faire en sorte qu'il y ait entre 4000et 500 personnes
qui sont formées avec une bonne base.
Et je tiens à spécifier que l'AEP ne
remplacera jamais le DEP, mais... oui, on s'entend là-dessus, là, je ne suis
pas en train de vous dire que ça remplace, mais je vais vous dire, entre quelqu'un
qui arrive avec zéro expérience sur un chantier de construction et quelqu'un
qui arrive avec six mois de formation, bien, il y a une marge, là, cette
personne-là, elle est autonome dans son... dès son jour un, elle est capable de
prendre des mesures, capable de scier, elle a quand même une idée de ce que c'est,
l'emploi, et elle continue son apprentissage, son perfectionnement, je vais le
dire comme ça, sur les lieux de travail.
Et on a choisi de réinvestir, au dernier
budget, 111 millions pour poursuivre des formations en AEP au niveau des
charpentiers, menuisiers et au niveau des monteurs, monteuses de ligne aussi,
parce qu'on sait que c'est un besoin qui va être très important, là, au niveau,
notamment, d'Hydro-Québec.
Mme Cadet : Travers éloignés
du marché du travail, donc, vous l'aviez mentionné l'an dernier quand je vous
ai questionnée là-dessus, c'est l'une de vos priorités. On va commencer avec l'un
des 8 groupes, donc, mentionnés par la députée d'Anjou-Louis-Riel, un peu plus
tôt, donc, soit les jeunes. Je vous ramène donc à une citation de votre
prédécesseur, en 2021, qui disait, donc, que les jeunes représentent l'avenir
du Québec, évidemment : «C'est pourquoi nous assurons le maintien du
Service spécialisé jeunes pour les aider à trouver leur place sur le marché du
travail de façon durable. Investir dans la jeunesse nous permettra de contrer
le phénomène de la rareté de main-d'oeuvre au Québec, et nous devons nous
assurer de tout mettre en place pour leur permettre de développer leurs
talents, de se mobiliser et d'être partie prenante du marché du travail.» Depuis,
et ce, sans avoir évalué l'initiative, le ministère de l'Emploi a mis fin au
projet... donc, ni en emploi ni à l'étude... ni aux études, pardon, ni en
formation, au projet JME, Jeunes en mouvement vers l'emploi, donc, qui est
celui, donc, qui a été, donc... le financement a été réduit pour celui-ci, et,
en partie, donc, la... L'état d'équilibre du marché du travail l'indique, là, c'est
près de...
Mme Cadet : ...des emplois...
des nouveaux emplois d'ici 2031 qui devront être pourvus par les jeunes.
Comment est-ce que vous conciliez ce que l'état d'équilibre du marché du
travail, donc fourni par la CPMT, la Commission des partenaires du marché du
travail, vous indique comme données, donc, pour cette clientèle-là, qui viendra
pourvoir, donc, la plupart, donc, des postes qui seront vacants, donc, d'ici la
prochaine décennie et le fait, donc, d'abolir, donc, des mesures spécifiques
aux jeunes?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
écoutez, je pense qu'il y a quelques précisions que je peux apporter
certainement. Moi, ce que je voudrais vous dire, là, c'est que le programme
NEEF a été remplacé, entre autres, par le programme, là, jeunesse en mouvement
vers l'emploi, dans lequel on a investi quand même 18 millions de
dollars. Je veux vous dire aussi que les jeunes, là... les jeunes ont accès à
l'ensemble de nos services pour les jeunes dans... qui sont dispensés que ce
soit dans les bureaux de Services Québec ou dans les organismes spécialisés en
employabilité, ils ont accès à l'ensemble de nos services, et on a investi plus
de 230 millions l'an dernier dans ces services-là. On a aussi l'initiative
régionale qui permet de répondre aux enjeux identifiés, là, dans les régions,
là, je pense notamment à la scolarisation, l'accompagnement. Bref, on a des services,
on continue d'investir dans les... dans les services d'emploi aux jeunes, et ça
va... Vous savez, des fois, les programmes se terminent, mais ils sont
remplacés par d'autres programmes. Alors, c'est ce qui est arrivé dans ce
cas-ci.
Et je veux vous dire qu'en 2023-2024, on a
aidé plus de 40 300 participants actifs âgés de moins de 25 ans
à travers les services d'emploi, les services... les services en employabilité,
pour des engagements, là, qui s'élevaient, là, à, comme je le disais tout à
l'heure, 230 millions. Alors, on est là pour les jeunes. C'est important
de continuer à les soutenir. Les programmes changent, mais on vient quand même
répondre, là, à leurs besoins.
• (17 h 40) •
Mme Cadet : Donc, cette
enveloppe de 230 millions, donc, c'est une enveloppe générale pour des
services en employabilité ou c'est une enveloppe... Ce n'est pas une enveloppe
pour les jeunes, là, c'est vraiment une enveloppe collective?
Mme Champagne Jourdain : C'est
une enveloppe qui est dédiée, là, aux participants qui sont âgés de moins de
25 ans, les jeunes. Puis ça, c'est ce qu'on appelle les NEEF, là, sans...
qui sont ni aux études, ni en emploi, ni.... Eux, ils font partie, là, de, bien
sûr, là, cette catégorie-là d'âge, là.
Mme Cadet : O.K. Parfait. Il
y a le Collectif autonome des Carrefours jeunesse emploi qui vous a envoyé une
lettre, il y a quelques mois, au sujet des sommes versées par Emploi et
Développement social Canada dans le cadre de la Stratégie emploi compétence
jeunesse. En 2023-2024, donc, ces fonds représentaient une somme de
16,3 millions de dollars. Donc, ils soutiennent, donc... ces fonds
soutiennent les organismes qui épaulent les jeunes dans leurs... dans leurs
démarches d'employabilité. Donc, en vertu, donc, d'une entente Canada-Québec
signée en 2019, Services Québec, donc, gère ces... cette enveloppe destinée aux
jeunes. Et donc c'était une enveloppe, donc, de cinq ans, une attente, donc, de
cinq ans qui vient à échéance à la fin de cette année financière, donc 2024-2025.
D'abord, est-ce que cette entente-là va être renouvelée?
Une voix : ...
Mme Champagne Jourdain : C'est
actuellement... On me dit que c'est actuellement en négociation.
Mme Cadet : O.K. Donc, c'est
en négociation. Donc, vous allez tout mettre en œuvre pour que l'entente soit
renouvelée.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
écoutez, nous, on veut... on veut certainement assurer un service, comme je
vous le disais, là, aux personnes qui en ont le plus besoin, et je pense que
les jeunes en font partie. Il y a un bon nombre de catégories de jeunes aussi
qu'on peut cibler, là, je pense entre autres à ceux aussi qui sortent des...
du... des services de la DPJ, entre autres, qui ont besoin de ces services-là,
et on est là pour eux, mais je pense entre autres aussi à ceux qui sont chez
leurs parents, sans emploi, sans formation, qui ont besoin de soutien,
d'orientation. Alors, on est actuellement en négociation pour la reconduction,
là, de cette entente-là.
Mme Cadet : Parfait. Et,
pendant la durée de cette entente-ci, donc 2019-2024, donc, comme j'ai
mentionné plus tôt, donc, il y a certains programmes destinés aux jeunes, donc,
des services spécialisés jeunes, donc, qui ont été, donc, soit abolis ou dont
le financement, donc, a été réduit. J'essaie, donc, de bien saisir. Donc, le...
Donc, le fédéral, donc, octroyait, donc, à travers la Stratégie emploi
compétence jeunesse, du financement directement pour les organismes jeunesse.
Services Québec, donc, a géré, donc, l'enveloppe pendant la durée de l'entente
actuelle. Est-ce que vous pouvez confirmer que les sommes qui vous ont été
transférées dans le but de rejoindre les jeunes ont bel et bien été allouées à
des initiatives jeunesse?
Mme Champagne Jourdain : Oui.
Mme Cadet : Parfait.
Mme Champagne Jourdain : Je
confirme.
Mme Cadet : Vous confirmez.
Donc, à quel... Donc, dans quelles enveloppes ou à quels endroits...
Mme Cadet : ...particulièrement,
ces sommes ont été allouées.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je pourrais vous revenir, là, avec l'information, mais certainement jeunes...
jeunesse en mouvement vers l'emploi.
Mme Cadet : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
allez le déposer au...
Mme Champagne Jourdain : C'est
la réponse, là, c'est Jeunesse en mouvement vers l'emploi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Mme Cadet : Donc, vous avez
parlé des jeunes NEEF. Donc, ce n'est pas un état qui... donc, qui est, donc,
unique, isolé, donc court et ponctuel, mais, bon, au contraire une phase qui
peut être plus ou moins longue. Souvent, donc, on... ce qu'on réalise, c'est
que les jeunes, donc, NEEF, vont généralement... peu recours de manière
directe, donc, aux services publics d'emplois afin d'être soutenus dans leur
demande d'aide. On voit donc des jeunes qui sont considérés comme inadaptés ou
dont le profil donc est insuffisant pour y avoir recours. Donc, qu'est-ce que
vous répondez aux jeunes NEEF qui... qui trouvent donc le système un peu trop
rigide? Est-ce que ça va faire partie du chantier de modernisation aussi?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais qu'en fait on est... on est dans l'évaluation de la pertinence
de nos services, hein, on... Je reviens encore à ce qu'on disait tout à
l'heure, le bon service à la bonne personne au bon moment. Alors, c'est certain
que, dans cette réflexion-là, cette analyse-là, on va aussi adresser la
question, là, des services qu'on donne aux jeunes. Ça a toujours été important
qu'on puisse le faire, que ce soit via Services Québec ou via les CJE, et on va
s'assurer, là, d'être... d'être là pour les besoins de nos jeunes qui ont...
qui veulent être accompagnés pour intégrer le marché du travail, suivre une
formation, être orientés. Ça va être... ça va être important.
Mme Cadet : La directrice
générale de l'Ordre des CRHA, Mme Poirier, donc, a mis dans l'espace public...
donc, estimait que l'intention des jeunes de changer d'emploi dans les cinq
prochaines années, donc, parfois peut être déconcertante, mais ça ne devrait
pas freiner les employeurs à financer la formation de leurs travailleurs. Donc,
elle estime que, toutes catégories d'âge confondues, c'est près de 40 %
des travailleurs qui jugent que leur formation ne les avait pas bien préparés
au marché du travail. Elle souhaite que le gouvernement du Québec facilite
encore plus l'alternance travail études, encourage les programmes de stages.
Vous, donc, comment est-ce que vous recevez cette proposition de Mme Poirier?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je pense que, tu sais, on a plusieurs programmes Coude, entre autres pour
parler de ceux-là au ministère, et c'est... c'est un programme qui est en
alternance travail études. Ça, pour moi, c'est un... c'est un programme qui a
du succès, parce qu'on expérimente l'emploi en même temps qu'on est en train
d'aller chercher la qualification pour le faire. Alors, on est... Et c'est
d'ailleurs le programme qui se rapproche le plus du modèle... dual, là, pardon,
le modèle allemand dual qu'on adore beaucoup ici, au Québec, qui est celui, là,
d'apprendre tout en réalisant aussi directement sur le marché du travail.
Alors, ce genre de programme là peut être un succès et l'ai, là, auprès de
certains jeunes.
Alors, on veut continuer de mieux
accompagner, que ce soient les gens qui participent à nos mesures, mais que ce
soient aussi les employeurs qui reçoivent aussi, qui peuvent recevoir des aides
pour former les personnes sur le marché du travail. Il y a même des subventions
salariales qui peuvent aller jusqu'à 65 % pour soutenir les entrepreneurs
ou les entreprises qui veulent former, que ce soient des jeunes ou d'autres
aussi catégories, là, de travailleurs. Alors, on poursuit dans cette... dans
cette optique-là. Il y a aussi... Il y a aussi, et on le constate, c'est
quelque chose que j'ai... que j'aurais... que j'ai réalisé en échangeant avec
les gens sur le terrain, les gens qui donnent des services d'employabilité aux
jeunes, il y a un besoin plus grand aussi d'accompagnement dans le maintien en
emploi. C'est quelque chose qui grandit. On a... on voit un besoin, notamment
avec les clientèles qui sont... bien, avec les personnes qui sont éloignées du
marché du travail. Il faut faire un accompagnement plus tôt et plus tard...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...pour
cet échange...
Mme Champagne Jourdain : ...à
ce niveau-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Maintenant,
je cède la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve. La parole est à vous.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Juste faire un petit lien avec la discussion précédente sur la
bureaucratie, la reddition de comptes. J'ai oublié de mentionner que je suis
allé visiter dans une tournée l'atelier, centre de travail adapté à Sorel et
que son directeur, Mario Fortin, puis sa... Lemaire avaient eu des commentaires
similaires. Ce n'était pas un CJE, donc, c'est un autre type d'entreprise,
mais...
M. Leduc : ...ils avaient des
commentaires similaires sur la lourde reddition de comptes et la lourde
bureaucratie qui est exigée par le ministère de l'Emploi. Alors, je voulais
juste le mentionner. Il faut que ça serve à quelque chose, faire des tournées,
rencontrer des gens, qu'on fasse des suivis par la suite.
Sinon, j'aimerais ça vous amener sur le
dossier des travailleurs et travailleuses ayant des déficiences
intellectuelles. Je parle entre autres ici du dossier des plateaux de travail.
On a eu des discussions avec la SQDI, la Société québécoise de la déficience
intellectuelle, notamment sur les plateaux de travail, mais entre autres aussi
sur la Stratégie nationale pour l'intégration et le maintien en emploi des
personnes handicapées, qui est arrivée à échéance, cette stratégie-là, et, à
moins qu'on ait fait une erreur, vous nous corrigerez, mais il n'y a pas de
nouveau montant inscrit pour le budget 2024-2025. Qu'en est-il?
Mme Champagne Jourdain : Laissez-moi
quelques instants.
M. Leduc : Pendant que vous
cherchez. Il y a quand même plusieurs institutions importantes qui se sont
positionnées récemment sur le dossier des plateaux de travail pas toujours avec
des commentaires éloquents, je le dirais comme ça, notamment, le Vérificateur
général du Québec... des personnes handicapées du Québec, le rapporteur spécial
de l'ONU sur les formes contemporaines d'esclavages, le terme, il est peut-être
intense pour la situation du plateau de travail, mais néanmoins ça a été
identifié que... Le Canada était blâmé dans le rapporteur... le rapport du
Rapporteur spécial pour ce... ont recours au plateau de travail. Mais revenons
donc à la stratégie nationale. Qu'est-ce que vous pouvez me dire là-dessus?
Mme Champagne Jourdain : Je
vous dirais que... Peut-être vous donner un petit peu, là, de contexte, là.
Cette stratégie-là qu'on a lancée en 2019, là, oui, se terminait en 2024. Les
investissements qui étaient prévus s'élevaient à 238,5 millions. Alors,
c'est des investissements importants au niveau, là, de la stratégie, de la
stratégie, là, pour les personnes, là... nationale pour les personnes
handicapées. Bon. Voilà. Merci. Alors, il y a un bilan de mi-parcours qui avait
été produit puis, oui, diffusé en juin, et actuellement ce que je veux vous
dire, c'est que cette stratégie-là, elle a été prolongée d'un an. Alors, on est
dans la prolongation de cette stratégie-là pour nous donner le temps de
réaliser des consultations qui vont mener à l'élaboration, là, d'une nouvelle
stratégie. Alors, on travaille pour pouvoir avoir une autre stratégie. Et on a
fait en sorte de prolonger pour ne pas qu'il y ait de vide et qu'on ne soit pas
en mesure, là, de soutenir les gens. Parce que ça fait aussi partie des... des
personnes qui sont éloignées du marché du travail qu'on veut voir intégrer
davantage le marché du travail et ça fait partie de mes priorités.
• (17 h 50) •
M. Leduc : Est-ce que, donc,
dans les réflexions... J'assume que vous allez consulter les organismes du
milieu, mais est-ce que, dans vos réflexions des solutions... vous êtes à la
recherche de solutions innovantes par rapport aux plateaux de travail?
Mme Champagne Jourdain : Les
plateaux de travail relèvent des... de la... du ministère de la Santé et des
Services sociaux. Alors, j'aurai une discussion, c'est clair, là, avec mon
collègue à cet effet-là pour encore une fois faire en sorte, là, qu'on ait
les... les meilleures mesures pour les personnes en situation, là, de handicap.
M. Leduc : Est-ce que ça a
été un choc pour vous de voir le Canada blâmé dans le rapport, le rapport du
Rapporteur spécial de l'ONU sur les formes contemporaines d'esclavages?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais que on... c'est juste... Je veux dire, ce n'est pas... ce n'est
pas le genre de réputation qu'on veut avoir. Et, au Québec, on travaille pour
faire en sorte, dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre, d'intégrer le
plus de personnes, je l'ai dit, éloignées du marché du travail mais aussi des
travailleurs étrangers temporaires. On veut que ces gens-là puissent intégrer
le marché du travail dans les meilleures conditions.
M. Leduc : Parce que ma
compréhension des échanges que j'ai eus toujours avec la SQDI, ce n'est pas
qu'ils sont en croisade pour abolir les plateaux de travail, je pense que
personne n'avait de mauvaises intentions avec ça puis personne n'a de mauvaises
intentions avec ça, toujours est-il que, si on... je dirais, si on... si on
tombe dans une espèce de répétition éternelle du plateau de travail puis que ce
n'est pas un tremplin...
M. Leduc : ...on est peut-être
en train d'échouer dans ce modèle. Donc, est-ce que, encore une fois, vous êtes
ouverte à aller voir vers une réforme des plateaux de travail pour en faire des
espaces de transition, dans le fond?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
les plateaux de travail, ça relève du ministère de la Santé et des Services
sociaux. Alors, je vais avoir les échanges, là, avec mon collègue, là, à ce
niveau-là.
M. Leduc : O.K. Mais...
Mme Champagne Jourdain : ...des
questions qui pourront lui être adressées aussi directement.
M. Leduc : Bien, ça a été
fait plus tôt cette semaine par mon collègue de Saint-Henri-Sainte-Anne, à
votre collègue de la Santé. Mais on assume que le ministère de l'Emploi a son
mot à dire quand même, vu son expertise, là. Ce n'est quelque chose qui est
complètement détaché de votre ministère. J'ai de la misère à croire ça.
Mme Champagne Jourdain : Vous
savez ce que je constate sur le terrain aussi, c'est que... puis là, on va
peut-être sortir des plateaux de travail, là, parce que je vais... je vais...
je vais aller... il y a des organismes aussi qui sont des organismes adaptés,
il y a... il y a des... il y a des... Ça dépend aussi de la situation des gens.
Ce qu'on veut, c'est que les gens se réalisent aussi, ultimement. On ne veut
pas utiliser les gens. On veut faire en sorte que les gens qui le désirent
puissent avoir accès à des services pour intégrer éventuellement le marché du
travail. Certains vont le faire, vont passer par une entreprise adaptée puis
être capables d'intégrer un... le... une entreprise qui n'est pas adaptée en
fonction de l'accueil et que pourra lui faire, là... que pourra lui faire, dans
le fond, son employeur, l'accueil, mais tout l'aménagement aussi, là, du milieu
de travail. Mais il y a des gens aussi pour qui les entreprises adaptées vont
demeurer la seule option pour leur carrière aussi. Ça, il faut tenir compte de
ça. Il y a des gens qu'on va être capables d'amener sur le marché du travail
régulier, d'autres, non. Mais on veut certainement travailler à ce que ces
entreprises-là... Puis celles que je visite, je vois des gens qui sont heureux,
là, qui sont... qui s'épanouissent à travers les défis que... qu'ils relèvent
dans ces entreprises-là, mais qu'ils puissent le faire dans les meilleures
conditions. C'est mon... C'est mon avis, à titre de ministre de l'Emploi.
M. Leduc : Donc, on a une
lecture peut-être commune, à savoir il y a mille et une situations, mille et un
cas particuliers, mais je comprends que l'idéal, dans la mesure du possible,
c'est d'amener une personne en déficience intellectuelle à occuper un emploi
dit régulier.
Mme Champagne Jourdain : Pouvez-vous
répéter? Je m'excuse.
M. Leduc : Alors, il y a
mille et une situations, mille et un cas particuliers, mais on partage
l'objectif que, dans l'idéal, l'objectif, c'est d'amener une personne en
situation de déficience à occuper un emploi dit régulier.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
ça dépend des situations. Il y a des gens qui vont être capables de le faire.
C'est du cas par cas. Et il y a des gens qui...
M. Leduc : Bien, ça serait...
idéalement, c'est ce qu'on ferait, quand c'est possible.
Mme Champagne Jourdain : Quand
c'est possible. Mais ça dépend des situations, ça dépend de... du degré aussi
de handicap des gens.
M. Leduc : Tout à fait.
Mme Champagne Jourdain : Ça
dépend du secteur dans lequel il veut... tu sais, on veut le voir œuvrer, ça...
Il y a un paquet de facteurs qu'on doit tenir en compte.
M. Leduc : Je comprends. Là
où je voulais atterrir, Mme la ministre, puis avoir votre avis, c'est est-ce
que vous considérez que le système actuel fait tout en son possible pour
pousser vers cet idéal-là?
Mme Champagne Jourdain : Moi,
je vais vous dire, il y a toujours place à l'amélioration. Puis c'est ça qu'on
est en train de faire aussi actuellement dans... je vous parlais tantôt du
chantier de modernisation, c'est aussi ça qu'on va vouloir revoir. Le bon
service à la bonne place pour la bonne personne, bien, ça fait en sorte aussi,
ultimement, quand on adresse ça comme ça, qu'on va... qu'on va être meilleurs
dans l'intégration de n'importe quel des... n'importe quel... dans n'importe
quel... pas secteur, mais dans... peu importe la clientèle qui vient nous voir,
si on adresse d'une meilleure manière nos services qui seront plus adaptés au
marché du travail actuel, de la clientèle qui vient nous voir, des besoins des
entreprises, on va être en mesure de... d'avoir de meilleurs résultats,
notamment avec les personnes en situation de handicap.
M. Leduc : Combien de temps,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) : Deux
minutes.
M. Leduc : Merci. Une
dernière question, peut-être, ou presque, Mme la ministre. Toujours avec la
SQDI. Ils publiaient une recherche sur leur site web qui soulignait
l'importance des organismes communautaires dans le... ce qu'on pourrait appeler
le parcours vers l'emploi des personnes autistes ou ayant une déficience
intellectuelle. Par contre, ce qu'ils constataient et ce qu'on peut voir dans
l'étude, c'est que le... la plupart du financement gouvernemental en la matière
est destiné à des entreprises, ce qui n'est pas en soi une mauvaise chose, bien
au contraire, mais ils soulignaient que les organismes communautaires
mériteraient...
M. Leduc : ...une meilleure
reconnaissance dans leur contribution. Dans le fond, ils voudraient élargir la
tarte, hein? Ils ne voudraient pas voler la part de leurs voisins, ils
voudraient élargir la tarte. Est-ce que c'est quelque chose qui serait
envisageable de permettre aux entreprises qui font déjà de l'insertion de
continuer à le faire, mais de donner aussi un encouragement aux organismes communautaires
qui visiblement ont un résultat intéressant aussi?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
on va certainement adresser ça dans les réflexions qu'on est en train de faire,
là, par rapport au... à la modernisation des services publics d'emploi. Ceci
étant dit, malheureusement, dans le contexte où on se voit couper
145 millions du gouvernement fédéral pour les services d'emploi, pour des
mesures d'emploi en contexte de pénurie de main-d'oeuvre, bien, je ne peux rien
promettre à ce niveau-là. Alors, nous, on a entamé un travail l'année passée.
On va... on va poursuivre ce travail-là parce qu'on veut que, bien sûr,
l'impact de cette coupure de 145 millions là, du gouvernement libéral, là,
du Canada se fasse le moins possible ressentir, mais elle va se faire
ressentir. C'est clair. Alors, on va devoir faire des choix, des choix qui vont
être difficiles.
M. Leduc : Une dernière
question peut-être. Le gouvernement Legault avait chargé la Commission des
partenaires du marché du travail d'évaluer l'impact du permis de travail dit
fermé. On en est rendu où dans les travaux?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
il y a un mandat que...
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avions. Désolée.
Mme Champagne Jourdain : Avril.
M. Leduc : Avril.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
je passe la parole de Bourassa-Sauvé. La parole est à vous, madame.
Mme Cadet : Merci, Mme la
ministre... Mme la Présidente. Mme la ministre, peut-être que vous pouvez
répondre à cette question? Oui.
Mme Champagne Jourdain : Alors,
le rapport de la Commission des partenaires du marché du travail, là, qui a été
demandé sur les permis fermés, devrait être remis à la ministre, là, au maximum
30 avril 2024.
• (18 heures) •
Mme Cadet : Ah! dans quelques
jours. Donc, on aura... Donc, il vous sera remis. Est-ce qu'il sera rendu
public?
Mme Champagne Jourdain : À la
ministre. C'est la ministre de l'Immigration, là, qui a fait la demande.
Mme Cadet : À la ministre de
l'Immigration qui avait fait la demande et la demande, effectivement.
Mme Champagne Jourdain : Alors,
c'est elle qui va l'avoir à la fin du mois.
Mme Cadet : D'accord. Merci.
Je reviens, de mon côté, au niveau donc des personnes éloignées du marché du
travail. Donc, nous complétions l'angle jeunesse, une dernière question
là-dessus. À la demande de renseignements particuliers, donc, de l'opposition
officielle que vous avez formulée, donc à la question 4, on voit que,
parmi les recherches des rapports commandés en a34 par le ministère, il y a une
évaluation des effets du programme Jeunes en mouvement vers l'emploi, là, le
JME dont vous avez parlé un peu plus tôt. Donc, vous nous avez dit plus tôt,
donc, la stratégie emploi... stratégie emploi, compétence jeunesse, donc ces
fonds-là qui, en vertu de l'entente, sont gérés par Services Québec, donc sont
acheminés vers JME, donc, à des services spécialisés pour des jeunes. Donc, ce
qui était l'objet de ma question. Sachant que ce programme, donc, a été évalué
ici, donc, est-ce qu'il y a une possibilité d'avoir disparaître ce
programme-là?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
actuellement, ce programme-là, il se poursuit, là, jusqu'à l'an prochain. C'est
ça. Encore une fois, dans ce programme-là, on est en discussion, là, pour voir,
là, dans quelles conditions il peut être reconduit.
Mme Cadet : O.K.
Mme Champagne Jourdain : Mais
il se termine l'an prochain. On est actuellement encore dans ce... dans... dans...
à l'intérieur de ce programme-là, et on discute là avec le fédéral pour voir
comment on peut... on peut poursuivre ça.
Mme Cadet : Est-ce que
l'étude interne qui est réalisée par le ministère de l'Emploi sur JME, est-ce
que l'étude est complétée?
Mme Champagne Jourdain : Est-ce
que l'étude interne...
Mme Cadet : Est-ce que
l'étude est complétée? Est-ce qu'elle est réalisée ou vous êtes... elle est
encore en cours de réalisation? De ce que je vois, la recherche a été
commandée, mais je ne sais pas si elle est complétée.
Mme Champagne Jourdain : On
avait... Je peux peut-être, si vous me le permettez... si vous me le permettez,
je passerais, là, la parole à mon sous-ministre adjoint, M. Tremblay.
Mme Cadet : Consentement.
Mme Champagne Jourdain : Je
n'en ai pas abusé, alors...
Mme Cadet : Consentement.
Mme Champagne Jourdain : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
qu'il y a consentement pour que monsieur prenne la parole?
Mme Cadet : Consentement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Consentement.
Monsieur, veuillez vous présenter et répondre à la question, s'il vous plaît.
M. Tremblay (Roger) : Merci.
Roger Tremblay, sous-ministre associé à l'Emploi et secrétaire général de la
Commission des partenaires du marché du travail. Donc, à votre question, oui,
il y a une démarche d'évaluation qui a été réalisée, dans les derniers mois,
par la Direction de l'évaluation du ministère sur les projets Jeunes en
mouvement vers l'emploi, là, qui sont rattachés à la stratégie jeunesse. Nous
sommes à compléter les... ces analyses-là du côté, là, de la Direction de
l'évaluation. Donc, dans les prochains mois, on va en savoir un peu plus, là,
sur la finalité des projets. C'est vraiment une évaluation des projets qui ont
été financés puisque, dans le cadre de la stratégie, ce n'était pas un
financement de la mission globale par entente de service, c'était vraiment un
financement de projets par appel à projets, donc. Alors, c'est des projets...
il y a eu près d'une centaine de projets qui ont été financés, là, depuis
2019...
18 h (version non révisée)
M. Tremblay (Roger) : ...dans
le cadre de JME, c'est ces projets-là qui ont fait l'objet d'une évaluation et
qui vont constituer le rapport d'évaluation, et on va pouvoir s'appuyer sur sur
ce rapport-là pour établir les bases de la négociation avec le fédéral, là,
pour une reconduction de l'entente.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Merci. Donc, dans ce cas-ci, Mme la ministre, une fois que ce sera fait, donc,
on aura... une fois que ce sera complété, est-ce que le rapport pourrait être
déposé à la commission, s'il vous plaît?
M. Tremblay (Roger) : Je peux
y aller?
Mme Champagne Jourdain : Oui,
allez-y.
M. Tremblay (Roger) : Bien,
oui, mais, en fait, il y a toute une séquence d'approbation notamment... En
fait, il faut que le rapport soit d'abord déposé du côté du Conseil du trésor
avant qu'on puisse le rendre public.
Mme Cadet : D'accord. Merci
beaucoup. Donc, je continue avec les autres... Les travailleurs éloignés du
marché du travail, les travailleurs expérimentés, on en a parlé, très
important, et je vous amène, donc, un article, donc, de Marc-André Gagnon du
Journal de Montréal, donc, qui nous disait, donc, que, dans votre tout premier
budget, donc, vous aviez annoncé, don, un allègement fiscal pour 34 000 PME,
pour inciter, donc, les travailleurs d'expérience à demeurer ou à retourner sur
le marché du travail. La mesure avait été saluée par l'ensemble des milieux
économiques à l'époque.
Et je cite donc le P.D.G. du Conseil du
patronat qui disait : «Dans le contexte actuel de rareté de main-d'oeuvre,
nous ne pouvons pas nous permettre d'échapper personne et nous devons tout
mettre en œuvre pour favoriser l'intégration des bassins de population
sous-représentés sur le marché du travail.» Je pense que c'est un objectif que
nous partageons tous. Dans le dernier budget, nous le savons, je vous ai
questionnée là-dessus, Mme la ministre, donc, ce soutien aux PME, donc, vous
avez aboli, donc, ce crédit d'impôt aux entreprises visant à favoriser le
maintien en emploi des travailleurs de 60 ans et plus. Avant, donc, de décider
de couper cette aide aux PME, est-ce que vous avez consulté les groupes
économiques?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais que c'est une question... J'ai des éléments de réponse pour
vous, là, je ne veux pas vous relayer directement à mon collègue des Finances,
mais c'est une décision, les crédits d'impôt, là, qui relèvent du ministère des
Finances. Et ce qui a été démontré, c'est que la croissance de la présence des
travailleurs expérimentés dans les entreprises qui bénéficiaient de ce crédit d'impôt
là n'était pas supérieure à celles qui n'en profitaient pas durant les
dernières années. Alors, le marché du travail, on l'a dit tout à l'heure, il a
évolué vers le contexte de pénurie de main-d'œuvre, et ça a provoqué, dans le
fond, la perte de cet incitatif-là, puisque les employeurs, actuellement, sont
disposés à embaucher des travailleurs d'expérience ou plus disposés ou toujours
plus disposés à embaucher des travailleurs d'expérience, même sans incitatif
fiscal.
Ce qui est important de souligner aussi, c'est
qu'on a maintenu cependant le crédit qui s'adresse aux travailleurs
expérimentés et c'est un crédit qu'on avait même bonifié.
Alors, l'enjeu qu'on a, ce n'est pas, en
grande partie, le fait d'accueillir des travailleurs expérimentés, mais c'est
de stimuler, motiver, intéresser les travailleurs expérimentés à demeurer en
emploi ou à revenir sur le marché du travail. Et c'est là qu'on a mis les
efforts. Quand je vous disais tout à l'heure, puis l'an passé faire plus de ce
qui fonctionne mieux, puis moins ou pas de ce qui ne fonctionne pas, on en a un
exemple flagrant ici. On a on a décidé de conserver, d'améliorer le crédit qui
s'adresse aux travailleurs. Et plus que ça même, je dirais, on a décidé, là, d'apporter
des modifications au régime des rentes du Québec, ce qu'on appelle communément
le RRQ, qui sont applicables depuis janvier 2024. Je pense notamment, là, à la
cotisation qui est rendue optionnelle à partir de 65 ans. Je pense, entre
autres, aussi à l'âge, là, où on peut se prévaloir de notre rente qui est
passée de 70 à 72 ans, ce qui fait en sorte qu'on cotise deux ans de plus ou qu'on
a une rente plus grande quand on... quand on choisit, là, d'y avoir accès.
Et je pense aussi à les faibles revenus
qui, à partir de 65 ans, ne sont plus tenus en compte pour comptabiliser la
rente. On sait qu'à partir de 65 ans, qui est souvent l'âge de la retraite, on
travaille moins, des fois, dans des emplois qui sont moins demandants, alors
ces revenus-là ne sont plus tenus en compte pour calculer la rente...
Mme Cadet : ...vous avez fait
une annonce, avec les milieux économiques, peu avant le budget. Est-ce que vous
étiez au courant de ce qui s'en venait dans le budget, quand vous avez fait
cette annonce-là avec eux, sur les travailleurs expérimentés, là? Vous a fait
une annonce avec eux.
Mme Champagne Jourdain : Est-ce
que vous pouvez mettre plus de perspective dans votre question?
Mme Cadet : Oui. Bien, vous
vous souvenez, donc, vous avez fait une annonce avec le Conseil du patronat du
Québec, là, deux semaines avant... quelques... en tout cas, une à deux
semaines, donc, avant le budget, donc, sur le maintien des travailleurs
expérimentés à l'emploi. Donc, est-ce que vous étiez au courant, là, donc, de
la fin de ce crédit d'impôt aux PME quand vous avez fait cette annonce?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
je vous dirais que ça, c'est des discussions qu'on a au Conseil des ministres,
qu'on a ou qu'on n'a pas, parce que je ne répondrai pas à cette question-là
directement. Mais ce que je peux vous dire, c'est que c'est important pour moi
de continuer à développer des mesures qui vont permettre, oui, d'attirer des
travailleurs expérimentés dans nos milieux de travail, mais qui vont permettre
aussi d'accompagner les entreprises dans leur volonté d'accueillir et de mieux
accueillir les travailleurs expérimentés, et c'est ce que ce programme-là,
cette annonce-là, permet de faire.
On sort complètement du mur-à-mur, on
offre un accompagnement qui est personnalisé aux entreprises. Il y a déjà
plus... je parlais avec M. Blackburn il y a environ une dizaine de jours... on
est autour d'une cinquantaine d'entreprises qui se sont inscrites pour avoir de
l'accompagnement personnalisé, et c'est avec ce genre de mesure là qu'on va
avoir du succès, là, dans notre volonté à faire en sorte que cette expertise-là
que nos travailleurs expérimentés ont demeure sur le marché du travail, et le
plus longtemps possible, et qu'elle profite aux plus jeunes travailleurs.
• (18 h 10) •
Mme Cadet : Vous venez de
mentionner, donc, le... ce programme, donc, d'accompagnement là. Quelles
mesures particulières sont mises en place pour faire connaître les différentes
mesures? Parce que je pense à ce crédit d'impôt. Donc, quand on regarde ce que
vous... votre... bien, en fait, ce que le gouvernement, donc, a révélé, on nous
disait, bon, la mesure était peu réclamée, mais qu'on... Mais, souvent, donc,
c'est tout ce qu'on entend sur le terrain. Puis d'ailleurs il y a une de vos
mesures budgétaires, donc, qui veut mettre l'avant le fait de mieux faire
connaître, donc, les mesures qui existent, parce qu'elles sont multiples et
elles sont, parfois, peu connues. Est-ce que vous avez une idée, donc, du taux
de connaissance, donc, de cette mesure-là, par... bien, autant la mesure
précédente, là, celle qui a été abolie, que la nouvelle? Donc, jusqu'à quel
point, donc, les gens sont mis au courant qu'ils sont... que ces programmes-là
sont bien publicisés?
Mme Champagne Jourdain : On a
beaucoup de programmes, dans plusieurs ministères. Moi, ça a été quelque chose
qui m'a frappée en rentrant en poste, parce que j'ai aussi dirigé des
entreprises, et je ne pouvais pas dire que je connaissais tout ce que le
gouvernement du Québec faisait pour les entreprises, faisait pour les
travailleurs. Alors, maintenant, ceci étant dit, on a toujours la possibilité
de s'améliorer, aussi, pour faire connaître les différents programmes, la
multitude de programmes qu'on a dans nos ministères.
Moi, j'ai fait d'une de mes priorités du
printemps le fait de déboulonner, entre autres, les mythes par rapport, là, à
l'environnement fiscal, qui ne serait pas avantageux pour les travailleurs
expérimentés. Avec tout ce qu'on a apporté depuis notre arrivée en poste, mais
aussi dernièrement, les mesures qui ont été apportées aux RRQ, bien, ça devient
avantageux de revenir, d'effectuer un retour en emploi ou d'y rester.
Maintenant, moi, je passe le mot dans tous les... je suis extrêmement active
sur le terrain, je vais dans des salons de l'emploi. On a fait l'annonce avec
le Conseil du patronat, où j'ai rappelé ça, et on a... oui, on a fait cette
annonce là, où j'ai rappelé ça, et je... On a mis en ligne, aussi, un
calculateur, parce que le mythe qui persiste, c'est que les gens sont payés
pour travailler, ce qui n'est pas le cas, ce qui est... avec tout ce qu'on a
apporté, ce n'est pas le cas. On a un calculateur, aussi, en ligne, et j'invite
les gens à l'utiliser. Il y a cinq questions simples qui sont demandées
quand... pour pouvoir faire une évaluation de ce que ça aurait comme impact,
là, sur notre situation financière, de travailler.
Et je veux inviter... C'est important...
Parce qu'on peut diffuser partout, sur tous les canaux, pour atteindre le plus
de gens possible, mais le réflexe des entreprises et des gens, ce doit être
aussi Services Québec. Il faut que les gens prennent soit le téléphone ou
qu'ils regardent en ligne, mais il va y avoir des agents, soit des agents qui
sont là pour l'aide aux entreprises ou l'aide aux individus, qui vont être en
mesure d'aider les gens pour leur faire connaître ce qui peut s'appliquer à
eux, les solutions qui sont là, là, qui sont bonnes pour leur situation.
Mme Cadet : Merci. Donc,
autre groupe sous-représenté, donc, personnes immigrantes. Donc, un des enjeux,
c'est beaucoup, là, celui, donc, de la surqualification. Donc, les données que
j'ai devant moi nous donnent, donc, un tour, donc, dans la population, donc,
générale, donc, de surqualification d'emploi de 36,4 %...
Mme Cadet : ...au Québec en
général, mais de 48,6 % chez les personnes immigrantes, de 51 % pour
les gens issus des minorités visibles. Je sais que pour vous donc, la question,
donc, des travailleurs éloignés du marché du travail est importante. Cette
donnée-là, donc, est-ce que c'est une donnée que vous avez sous votre radar ou
des données semblables, là? Est-ce que la question, donc, de la
surqualification fait partie de vos priorités?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
c'est une question qui... qui est complexe en soi parce que ça fait beaucoup
appel aussi à des ordres professionnels. Vous savez, nous, on a de l'emprise
sur nos mesures, sur... sur... sur les facteurs qu'on peut changer. Maintenant,
il y a tout un travail qui doit être fait aussi du côté des ordres
professionnels pour pouvoir nous... nous aider à ce niveau-là. Je le dirais
comme ça.
Mme Cadet : Est-ce que vous
avez poursuivi vos conversations avec les ordres professionnels là-dessus?
Mme Champagne Jourdain : Moi,
je n'ai pas eu de discussion directement, là, avec les ordres professionnels à
ce niveau-là, là. On parle du ministre du Travail, là, qui est concerné
davantage, là, par cette question-là.
Mme Cadet : Personnes en
situation de handicap. Le Fonds d'intégration pour les personnes handicapées,
donc, encore une fois, donc, un fonds fédéral. ...donc l'entente Canada-Québec
a été renouvelée pour la période... donc, jusqu'en 2027, mais très peu
d'informations sur la façon dont Québec va utiliser... en fait, utilise cette
enveloppe. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus?
Mme Champagne Jourdain : Oui,
ça ne sera pas bien long. Je veux...
Mme Cadet : Oui. Bien, peut-être...
Mme Champagne Jourdain : Je
veux vous revenir avec le détail, là.
Mme Cadet : Parfait. Je vais
peut-être...
Mme Champagne Jourdain : Peut-être
que vous avez une autre question en attendant.
Mme Cadet : Bien, merci. Dans
une lettre ouverte publiée récemment dans le Journal de Québec, donc, des
associations qui œuvrent, donc, pour l'intégration des personnes handicapées,
donc, vous ont interpellé, donc, au sujet de la stratégie nationale pour
l'intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées. Donc... Donc,
celle-ci va venir à échéance... Donc, la stratégie, donc, québécoise va venir
échéance à la fin de l'année. Ce n'est pas clair, donc, s'il y a une nouvelle
stratégie qui est en train d'être écrite. Donc, sur le terrain, donc, les
acteurs nous disent qu'il faut une nouvelle stratégie ambitieuse et le
Vérificateur général, donc, il avait, donc, critiqué, donc, la situation, donc,
des personnes, des jeunes personnes handicapées en 2020. Est-ce que vous pouvez
rassurer les organismes communautaires et confirmer que vous travaillez à
l'écriture d'une nouvelle stratégie pour l'intégration et le maintien en emploi
des personnes handicapées?
Mme Champagne Jourdain : Oui,
ça fait partie de mes priorités, puis je le confirme.
Mme Cadet : Merci. Est-ce que
vous allez les rassurer aussi, les informer sur comment sera utilisé
l'enveloppe... Bien là, je reviens, donc, sur le fonds d'intégration. Comment
va être utilisée l'enveloppe fédérale dédiée à l'employabilité des personnes en
situation de handicap? Est-ce que vous avez les... la réponse?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
on a, entre autres, une enveloppe de 8 millions, là, qui est notamment
allouée au financement de l'organisme SPHERE qui intervient, là, auprès de
cette clientèle-là. On a fait aussi des annonces, là, sur des programmes qui...
On a fait des annonces pour des mesures qui concernaient aussi les... les gens
avec un trouble du spectre de l'autisme. Alors, c'est ce genre, là, d'initiative
là qu'on fait avec...
Mme Cadet : Avec cette
enveloppe.
Mme Champagne Jourdain : ...via
cette entente-là.
Mme Cadet : O.K. Donc ,via
cette entente-là. Merci. Donc, vous...
Mme Champagne Jourdain : Et,
je le rappelle, on est toujours en négociation avec le fédéral pour le
renouvellement.
Mme Cadet : Parfait. Donc, je
pense que les organismes vont être contents de l'entendre. Et aussi j'entends
votre disponibilité aussi, donc, à les informer, là, à la suite, donc, de la
lettre ouverte que ceux-ci ont publiée. Parfait.
Mme Champagne Jourdain : Ça
fait partie de mes priorités.
Mme Cadet : Merci. Loi du
1 %, l'an dernier... Justement, parlant de priorités, l'an dernier, vous
nous disiez, donc, dans vos... vos éléments, donc, comme nouvelle ministre de
l'Emploi, donc, il y avait, oui, donc, des travailleurs éloignés du marché du
travail, l'opération main-d'oeuvre. Le troisième point que vous nous aviez
mentionné, loi du 1 %, qu'est-ce qui a changé entre l'année passée puis
cette année sur ce chantier-là?
Mme Champagne Jourdain : Bon,
au niveau de la loi, là... Quand je suis arrivée en poste, bien évidemment,
on... j'avais la volonté, là, de revoir, là, ce... ce... ce mécanisme-là. Ce
qui est arrivé, là, depuis le moment où on s'est parlé, c'est, bien évidemment,
le rapport quinquennal, là, qui a été déposé l'automne dernier. C'est un
rapport, là, qui est, bien sûr, élaboré en concertation avec les partenaires de
la... avec les partenaires de la Commission des partenaires du marché du
travail, et le rapport a traduit bien sûr plusieurs consensus, le premier étant
que la loi est pertinente et qu'elle doit être maintenue. Alors moi, je suis
très contente de lire ça. L'identification aussi des...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...c'est
tout le temps que nous avions pour cette période d'échanges.
Mme Champagne Jourdain : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Maintenant,
la parole est à la députée de Hull.
Mme Tremblay : Merci...
Mme Tremblay : Merci, Mme la
Présidente, Mme la ministre. Alors, moi, je vais revenir sur certains sujets
qui ont été traités aujourd'hui, j'en ai deux. On verra le temps qu'on aura
ensemble.
Alors, évidemment, la pénurie de
main-d'œuvre, pénurie de main-d'œuvre qui, on le sait, ça fait des années qu'on
sait qu'éventuellement on allait arriver à une pénurie de main-d'œuvre, bien
avant l'élection de notre gouvernement. Alors, on a mis des offensives
importantes qui touchent des secteurs prioritaires, hein. On n'a pas attendu,
on a décidé qu'il fallait être dans l'action, et je pense qu'on l'a fait, puis
on l'a bien fait dans différents secteurs stratégiques, vous les avez déjà
nommés aujourd'hui.
Moi, je vais revenir sur un secteur plus particulièrement,
parce que le 30 octobre dernier j'étais présente à une annonce importante,
annonce que vous avez faite avec le premier ministre, le ministre de
l'Éducation, le ministre du Travail également. Vous aurez compris que je veux
revenir sur le secteur de la construction puis de l'offensive de formation en
construction que nous avons lancée, parce que je pense qu'il y a encore des
choses à dire, en terminant. Donc, je pense, on a des grandes ambitions.
C'était essentiel de mettre ces formations-là de courte durée en place pour
répondre à un besoin important. On le sait, les services publics... bon,
l'infrastructure au niveau des services publics, on a des hôpitaux à
construire, on a mis en place la construction-rénovation de nombreuses écoles
au Québec, de garderies, on parle aussi de maisons des aînés, sans oublier les
routes de transport en commun, les bâtiments municipaux, les infrastructures
sportives et la construction de logements. Je pense qu'on le sait, hein, on
peut juste regarder le programme des infrastructures, hein, on l'a augmenté de
façon importante, puis pour ça il fallait se donner les moyens d'amener des
gens de différentes façons dans l'industrie de la construction.
• (18 h 20) •
Il y a quatre formations, hein, de courte
durée qui sont... qui ont été ciblées : charpentiers-menuisiers,
opérateurs de pelle, opérateurs d'équipement lourd, ferblantiers,
«fergoristes»... frigoristes, excusez, hein. Alors, ça se déroule dans toutes
les régions du Québec. Ça, c'est important de le mentionner, hein, parce que
les besoins sont grands partout, dans les grands centres, mais également dans
les régions en périphérie, ça fait que donc on s'est assuré de mettre les
formations partout au Québec. Je pense que la réponse, elle a été bonne, hein, 47 000 demandes
d'admission - donc, ça, c'est des chiffres qui sont importants - 4 500,
autour, là, plus ou moins, là, puis là, Mme la ministre, vous pourrez me
corriger, là, plus ou moins proche, près de 4 500 travailleurs qui
sont en formation à l'heure... au moment où on se parle. Je pense que c'est
important aussi de souligner le travail des centres de services scolaires, qui
ont mis en place ces formations-là dans un court délai, donc, pour... avec vous
en travaillant avec le ministère, le ministère de l'Éducation, les différents
ministères, mais c'est eux ultimement qui ont dû mettre ces formations-là en
place. Donc, je pense que c'est important de souligner le travail qu'ils ont
fait. Donc, c'est beaucoup de renforts qui vont arriver, là, dans nos chantiers
à l'été 2024, dans les prochaines semaines.
Et moi, les questions que j'ai pour vous,
Mme la ministre, c'est : Comment vous qualifiez cette grande offensive?
Donc, ce que vous n'avez pas dit aujourd'hui, c'est maintenant le temps de le
dire et aussi de dire... Est-ce qu'il y a d'autres initiatives? C'est quoi, la
suite des choses au niveau de la construction? Est ce qu'il y en a, d'autres
initiatives? Puis qu'est-ce qu'on va mettre en place? C'est quoi, le futur?
Parce que ça ne s'arrête pas là, les besoins, il y en a encore qui sont
énormes. Donc, la parole est à vous.
Mme Champagne Jourdain : Je
vous remercie beaucoup. Je vous remercie beaucoup, collègue. Alors, c'est une
bonne question, une belle question, puis je vais commencer avec un commentaire
que vous avez fait.
Je veux certainement souligner le travail
des centres de services scolaires, ça a été colossal. Quand on a élaboré ces
formations-là l'été passé, c'était presque inimaginable qu'on soit capables de
les livrer au moment où on a voulu le faire, au début 2024, et, si on a été
capables de le faire là, c'est qu'on a travaillé en concertation, plusieurs
ministères, mais que les gens sur le terrain ont fait en sorte que ce soit
possible, et ça, ça m'impressionne... ça m'impressionne beaucoup, et je tiens à
souligner, là, leur collaboration au succès de ces formations-là.
Alors, moi, je suis très fière de ce qu'on
a mis en place, et, vous savez, quand je suis allée au forum des ministres du
Travail à Winnipeg en janvier dernier, mes collègues ministres de l'Emploi des
provinces et territoires avaient beaucoup de questions là-dessus, étaient
extrêmement intéressés par...
Mme Champagne Jourdain : ...par
cette initiative-là, là, qu'on mettait de l'avant. Et, voilà, c'est pour vous
dire qu'encore une fois le Québec se place bien, innove, est un précurseur dans
le domaine de l'emploi.
Et, oui, évidemment, évidemment, merci
beaucoup pour le rappel, je vais souligner le travail des équipes de Services
Québec aussi, à ce niveau-là, et du secteur de l'emploi, qui a coordonné, qui
m'a aidé à coordonner... tous les gens qui m'ont aidé à coordonner la mise en
place des formations, là, de courte durée. Comment aurais-je pu oublier?
Alors, ça vient répondre à un besoin qui
est très important, parce que, je l'expliquais tout à l'heure, dans le milieu
de la construction, il y a un mécanisme qui s'appelle... qu'on appelle
communément l'ouverture des bassins et par lequel on fait appel à des personnes
qui sont sans formation spécifique sur les chantiers. Il y a eu un nombre
important de ces travailleurs-là qui sont arrivés sur les chantiers. Et
entendez-moi bien, on a besoin d'eux sur les chantiers de construction pour
répondre aux besoins de l'industrie, mais il faut aussi avoir en bonne proportion
des gens qui sont formés dans les différents métiers de la construction.
Et la proportion, là, des nouveaux
salariés non diplômés qui accèdent à l'industrie par l'ouverture des bassins
était de 41 % en 2015 et elle est passée de 78 % en 2022. Alors, on
comprend que ça a eu un impact sur la productivité parce qu'on envoie beaucoup
de gens sur nos chantiers, mais qui n'ont pas nécessairement, au jour un, la
formation nécessaire. Et on dit que ça a un impact à la baisse sur la
productivité, bien... et non seulement sur le taux de la productivité, mais sur
le taux de rétention dans l'industrie. On constate qu'il y a un taux d'abandon
après cinq ans qui est significativement plus élevé chez les non-diplômés,
environ 40 %, au bout de cinq ans, des non diplômés qui sont remplis sur
les chantiers de construction quittent le secteur, alors que, chez les
diplômés, on évalue ça à 24 %.
Alors, avec l'offensive, on vient ajouter
4000 personnes au moins... bien, en fait, on vient rouvrir 4600 places, à
l'heure actuelle, là, dans les programmes de formation pour s'assurer que les
gens ont une bonne base. Et, je dirai, ça ne prendra pas la place des DEP, les
gens qui suivent un DEP ont des avantages à suivre le DEP, notamment l'accès au
statut de compagnon qui arrive beaucoup plus vite, donc l'accès à un meilleur
salaire qui arrive plus vite, mais le fait d'avoir des gens qui ont une bonne
base dans le secteur de la construction, ça va contribuer à l'augmentation de
la productivité sur nos chantiers et à un taux de rétention, j'en suis très
confiante, plus élevé des nouveaux travailleurs qui intègrent le secteur de la
construction. Alors, on donne un blitz pour donner un coup de main rapidement
aux entreprises qui ont besoin de cette main-d'oeuvre là. Merci.
Mme Tremblay : ...de temps?
La Présidente (Mme D'Amours) : Deux
minutes.
Mme Tremblay : Deux minutes.
Bien, je vais y aller rapidement parce que je veux parler aussi des jeunes qui
sont à réfléchir à leur emploi futur, donc, parce que vous avez cette
préoccupation-là aussi, parce qu'on veut aussi les amener dans les secteurs
stratégiques, mais on veut aussi qu'ils choisissent le métier qui va répondre à
leurs aspirations puis à leurs passions. Ça fait que je sais que vous avez fait
différentes campagnes, différentes façons, différents outils. Donc, vous avez
appelé ça Une passion, une foule d'options. La parole est à vous, quelles sont
ces options? Qu'est-ce que vous avez fait pour ces jeunes-là?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
c'est important de les intéresser. Puis on a eu la chance d'en discuter,
c'était déjà un enjeu à mon époque, moi, de choisir le bon métier. Même que,
d'ailleurs, aujourd'hui, peut-être que j'aurais refait une formation
différente, je me connais plus, hein, on vit tous ça, tu sais, mais... Je suis
très heureuse de la formation que j'ai faite, ça m'a amenée à un excellent
endroit, ultimement, mais on veut certainement faire en sorte que les jeunes
connaissent leurs options, connaissent leurs options, et on veut les amener à
connaître les beaux métiers qu'on priorise à travers l'Opération main-d'œuvre,
parce qu'on veut qu'ils nous aident aussi à répondre à cette pénurie de
main-d'œuvre là, à nos ambitions, aussi, au Québec.
Et on a fait, exactement, cette belle
campagne là, qui revient aussi, Une passion, une foule d'options, dans le but
d'amener des jeunes à faire des choix professionnels qui répondent à leurs
aspirations, mais aux besoins du marché du travail, comme je le disais. Alors,
c'était très dynamique. Moi, je suis allée dans les cinémas, j'ai eu la chance
de la voir, on a vu ça passer sur le Web, à la télé. Alors, on visait des
secteurs qui sont jugés prioritaires. Je pense aux technologies de
l'information, au génie et à la construction.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Le temps alloué...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...à
l'étude des crédits budgétaires du volet Emploi, du portefeuille Emploi et
Solidarité sociale étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la
mise aux voix des crédits.
Le programme 1, intitulé Gouvernance,
administration et services à la clientèle, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Mme Cadet : Sur division.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division. Le programme 3, intitulé Emploi, est-il adopté?
Mme Cadet : Sur division.
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté
sur division. En terminant, je dépose la réponse aux demandes de renseignements
de l'opposition.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux jusqu'au jeudi 25 avril 2024 à 11 h 30,
où elle entreprendra l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Tourisme.
Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 18 h 29)