Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
mercredi 27 mars 2024
-
Vol. 47 N° 47
Étude détaillée du projet de loi n° 51, Loi modernisant l’industrie de la construction
Aller directement au contenu du Journal des débats
11 h (version non révisée)
(Onze heures dix-sept minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie et du
travail ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 51, Loi modernisant l'industrie de la
construction.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Tremblay (Dubuc) est remplacé par Mme Mallette
(Huntingdon).
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Avant de débuter les remarques préliminaires, je dépose les mémoires reçus
depuis la fin des auditions, soit ceux du Comité d'experts sur la gestion des
résidus générés du secteur de la construction, de la rénovation et de la
démolition, de l'Association québécoise des entrepreneurs en infrastructures,
de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, de la
Commission de développement des ressources humaines des Premières Nations du
Québec.
Nous débutons avec les remarques
préliminaires. M. le ministre du Travail, vous disposez de 20 minutes. La
parole est à vous.
M. Boulet : Merci, Mme la Présidente.
Permettez-moi tout d'abord de saluer l'ensemble des collègues, tant du côté
gouvernemental que de l'opposition, qui sont ici aujourd'hui pour entamer l'étude
détaillée du projet de loi n° 51 visant à moderniser l'industrie de la
construction. Je sais qu'on arrive ici préparés. Je remercie évidemment tout le
monde de la rigueur qui... qui... qui fait l'objet de leur examen.
Ce projet de loi, vous le savez, va
permettre au secteur de la construction de réaliser des projets d'infrastructures
dont la population québécoise a besoin. Mais, comme je me plais à le dire, ce n'est
pas une finalité en soi, c'est un des éléments qui va nous permettre de s'améliorer
et de respecter chacun des partenaires de ce grand secteur. Mais, les écoles,
les logements, les hôpitaux, les routes, les projets industriels découlant de
la filière batterie de la filière énergie, les besoins sont immenses en matière
d'infrastructures. Les défis du travail sont énormes. C'est un marché qui est
en effervescence. C'est un marché qui a besoin de main-d'œuvre, qui a besoin d'accroître
aussi sa productivité. Certaines pratiques sont les mêmes depuis d'ailleurs des
dizaines d'années. Ce que nous proposons, Mme la Présidente, c'est de voir la
situation comme une opportunité de faire évoluer cette industrie pour qu'elle
soit plus adaptée aux réalités d'aujourd'hui et qu'elle soit prête à relever
les défis de demain. Le moment est bon pour...
M. Boulet : ...on va voir des
façons de faire et s'assurer que l'industrie fonctionne de manière plus souple
et plus efficace. Le projet de loi n° 51 est donc constitué de nouveaux
leviers pour permettre un accès plus facile à une nouvelle main-d'œuvre et
d'accroître la productivité.
• (11 h 20) •
Je tiens à préciser, Mme la Présidente, que
les propositions contenues dans le projet de loi proviennent des discussions
tenues auprès des acteurs clés de l'industrie. Évidemment, en amont, on essaie
toujours de dégager des consensus. Là où il n'y a pas de consensus, nous devons
prendre des décisions dans le meilleur intérêt d'abord et avant tout des
Québécois et des Québécoises.
D'ailleurs, au cours des dernières
semaines, on a eu le privilège d'entendre des représentants d'organisations
phares de l'industrie. Au total, nous aurons entendu 21 organisations,
dont les parties patronales et syndicales, des corporations de métiers,
l'Association de la construction du Québec, la Commission de la construction du
Québec, la Commission de développement des ressources humaines des Premières
Nations du Québec, le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au
travail. Donc, je les remercie. C'était quand même une étape de pédagogie, une
étape importante. Je remercie tous les groupes qui ont d'ailleurs présenté des
mémoires comprenant des réflexions raisonnées, intéressées. Et on fait bien sûr
l'analyse complète avec toute l'attention et la considération requise des
32 mémoires que nous avons reçues. Donc, l'étape que nous amorçons, soit
l'étude détaillée se déroulera, j'en suis convaincu, sur un ton constructif.
Il se dit présentement bien des choses sur
le projet de loi, j'aimerais ça revenir sur certains éléments. Donc, comme je
le mentionnais d'entrée de jeu, c'est un projet de loi qui fait partie d'un
plan beaucoup plus large pour soutenir l'industrie et favoriser l'entrée sur
les chantiers de personnes qui sont formées.
Le 30 octobre dernier, on a
d'ailleurs lancé l'offensive Formation en construction. Avec la CCQ, on a fait
les démarches pour que le règlement sur la délivrance des certificats de compétences
soit modifié pour la durée de cette opération. Et dès juin, ce que nous
anticipons, c'est qu'il y a déjà beaucoup de finissants qui obtiennent une
attestation d'études professionnelles pour exercer des métiers :
charpentier-menuisier, ferblantier, frigoriste, opérateur de pelle et
d'équipement lourd. Il y a aussi des bourses à la diplomation pour ceux qui
amorcent des parcours académiques menant à un diplôme d'études professionnelles
dans les métiers où il y a une forte demande et qui sont concernés par l'A.E.P.
De plus, il y avait des listes d'attente
en électricité puis en plomberie, on a accru nos capacités d'accueil autant en
électricité qu'en tuyauterie, et ça a donné d'excellents résultats, il y a des
centres de formation professionnelle où les listes d'attente se sont accrues de
façon assez considérable.
On a prévu aussi des investissements
supplémentaires de 111 millions pour ajouter des attestations d'études
professionnelles, mais le but, actuellement, c'est pour les charpentiers-menuisiers,
ce que nous avions déjà annoncé. Moi, je répéterai constamment que la voie à
privilégier, c'est l'obtention d'un diplôme d'études professionnelles et de
favoriser la formation initiale et la formation qui vise à perfectionner, à accompagner
nos travailleurs, travailleuses pour s'assurer de respecter leur
santé-sécurité, de faire les choses de manière compatible avec leurs
compétences et de sécuriser les Québécois aussi dans la qualité des travaux de
construction qui sont faits au Québec.
Mais outre le diplôme d'études
professionnelles et l'attestation d'études professionnelles de façon ponctuelle
pour répondre à des besoins pressants, on travaille beaucoup avec le ministère
de l'Éducation, la Commission de la construction du Québec et les acteurs de
l'industrie à déployer une offre de formation en alternance travail-études. Il
y a déjà des programmes qui ont été amorcés. Ça donne aussi des résultats
intéressants, mais il faut s'assurer d'accroître l'offre de formation en
alternance travail-études pour permettre l'intégration et la rétention de
personnes formées, mais aussi des jeunes qui sont en situation de NEEF, là, ni
en emploi ni aux études ni...
M. Boulet : ...en formation.
Il y a d'autres mesures. Mes collègues à l'Infrastructure, au Trésor, à
l'Économie... Il faut revoir les façons de réaliser les appels d'offres. Et il
y a 15 millions de dollars qui ont été investis pour favoriser
l'innovation, l'intégration des nouvelles technologies. Et ça, ça va avoir un
impact direct sur la productivité.
Parlant d'innovation et de productivité,
Mme la Présidente, j'aimerais préciser que l'industrie a la chance,
comparativement à d'autres secteurs, de pouvoir agir de manière immédiate non
seulement pour améliorer sa productivité, mais... on voit tellement des robots
qui permettent de faire des mouvements répétitifs, et donc de diminuer la
fréquence des lésions musculosquelettiques, que ce soit les tendinites, les
bursites ou les ténosynovites... et donc à l'avantage des travailleurs et
travailleuses, de leurs familles et de leurs proches.
C'est aussi dans ce même état d'esprit
qu'on a proposé dans le projet de loi une plus grande polyvalence des métiers.
Et ça, ça ne signifie pas un impact négatif sur les métiers ni sur les heures
travaillées. Mais la finalité, c'est d'éviter des arrêts de travail inutiles,
c'est de réduire les délais et, conséquemment, les coûts des travaux de
construction. Par exemple, pour préparer un mur... Puis je ne veux jamais
banaliser les métiers, mais il y a quand même un intervenant, le président de
la Corporation des entrepreneurs généraux, qui est venu nous expliquer qu'il y
avait eu un exemple vécu de changement de porte où ça avait requis sept métiers
et où il faisait référence à 13 changements de cadres de porte dans une
école et ça prenait 46 jours si on respectait les sept métiers requis,
alors que ça aurait pu être fait en 25 jours avec un charpentier-menuisier
puis, par exemple, un manœuvre. Mais, pour réparer un mur dans un logement, il
faut un charpentier-menuisier ou un poseur de système intérieur pour poser un
nouveau panneau mural de gypse puis un plâtrier ou un peintre pour remplir les
joints du nouveau panneau et, pour finir, un peintre pour peinturer le mur à
l'endroit de la réparation. C'est complexe, c'est lourd pour les entrepreneurs
et pas raisonnable souvent pour les travailleurs et travailleuses. Donc, si
l'un ou l'autre n'est pas disponible ou si ça a été prévu plus tard dans la
semaine, les travaux ne peuvent pas avancer, ils ne peuvent pas non plus se
développer et répondre à des besoins tellement importants. Donc, la polyvalence
permettrait que ces tâches puissent être faites en continu par un
charpentier-menuisier, ou un poseur de système intérieur, ou un plâtrier, ou un
peintre selon les disponibilités. Une plus grande polyvalence permettrait aussi
que le poseur de revêtement souple puisse préparer, conditionner la surface
avant de poser un sous-tapis et un tapis si un cimentier-applicateur n'était
pas disponible.
En d'autres mots, les travailleurs et
travailleuses pourraient réaliser des tâches de courte durée en lien avec
celles prévues à la définition de leur métier inscrite, évidemment, dans une
même séquence de travail pour permettre l'avancement, incluant les travaux, bien
sûr, de préparation et de finition. Je répète souvent et constamment, vous
allez m'entendre le répéter, ce n'est pas un... ce n'est pas un bar ouvert,
c'est fait toujours dans une quête d'avoir le meilleur équilibre possible entre
les compétences des travailleurs, la santé et sécurité et la qualité des
travaux. L'exécution des différentes tâches pourrait aussi permettre d'attirer
des nouveaux travailleurs, qui se voient enfermés dans des cadres parfois
beaucoup trop rigides. Donc, ils pourraient effectuer des tâches plus
dynamiques, dans une perspective de meilleure efficacité.
Donc, enfin, comme je le mentionnais,
meilleur équilibre entre les opérations, les délais et les coûts. Aussi, Mme la
Présidente, la qualité des travaux, la sécurité des personnes, et ça concerne
spécifiquement les personnes qui détiennent un certificat de compétence
compagnon et donc qui ont acquis les connaissances qui sont concernées. Le fait
que les entrepreneurs demeurent imputables des travaux, c'est aussi de quoi à
considérer, puis ça aussi, vous m'avez entendu le dire, la polyvalence, c'est
un incitatif à une meilleure planification de la part des entrepreneurs. De la
formation...
M. Boulet : ...en entreprise
est aussi disponible pour parfaire les compétences, et c'est déjà en vigueur et
mis en application avec le Comité de formation professionnelle de l'industrie
de la construction.
• (11 h 30) •
Il y a évidemment des métiers qui ont été
exclus du principe de polyvalence en raison des risques, notamment du travail inhérent
à l'électricité, à la tuyauterie, les mécaniciens d'ascenseur et les travaux
des grutiers. Donc, c'est important de respecter la... je ne dirais pas
«complexité», mais les impacts potentiels sur la santé et sécurité de
l'exercice de ces métiers-là. Donc, j'ai dit électriciens, tuyauteurs, mais il
y a aussi les mécaniciens en protection incendie, les frigoristes, qui sont
concernés par ces exclusions.
Parmi les autres facteurs qui peuvent
améliorer la diligence de l'exécution des travaux et la productivité, c'est
notamment la disponibilité. Et là je pense plus particulièrement à la mobilité.
Grâce à une plus grande mobilité, les salariés pourraient accompagner leur
employeur. Également, les salariés d'expérience pourraient augmenter leurs
heures d'employabilité en œuvrant sur d'autres chantiers, peu importe la
région. Les entrepreneurs vont devoir prioriser l'embauche locale des personnes
disponibles qui répondent à leurs besoins. Ça, c'est prévu à l'article 35
du règlement concernant la mobilité.
Puis actuellement, on regardait les
statistiques, puis, évidemment, je sais que notre collègue de Jean-Talon réfère
souvent à l'existence de données probantes, évidemment, quand on change des
façons de faire, on n'a pas des données probantes, surtout, on va les avoir
avec la mise en application puis le déploiement de la nouvelle loi, quand ce
sera le temps opportun, mais il y a quand même près de 80 %, puis ça, on a
des chiffres là-dessus, des heures de travail qui sont effectuées dans la
région. Donc, la très grande majorité des travailleurs effectue plus de
80 % des heures de travail dans la région habitée. Et les salariés du
Grand Montréal, parce que souvent on nous dit : Grand Montréal, ils vont
venir faire des heures dans les régions, mais ils effectuent 96,5 % de
leurs heures dans la région de... du Grand Montréal, et il manque encore de
travailleurs. On est en contexte de pénurie de main-d'œuvre. Donc, il est faux
de croire qu'ils vont monopoliser les heures effectuées dans les régions.
On a besoin de
17 000 travailleurs chaque année. Il y a des nombreux chantiers qui
vont devoir être réalisés, il y a des régions où il y a des ouvertures de
bassins de façon importante, et la plus grande mobilité va certainement
permettre aux employeurs et à l'industrie de la construction de répondre à des
besoins, tout en sachant que les frais de séjour, de déplacement vont continuer
de s'appliquer. Et ça représente 26 % des coûts de main-d'oeuvre des
entrepreneurs. Donc, il faudra être audacieux, mais c'est une nouvelle façon de
faire qui devrait être au bénéfice de l'industrie.
La paix industrielle, on va commencer par
ça. C'est important de réviser le processus de renouvellement des conventions
collectives, la négociation, la médiation. On devrait certainement avoir
l'opportunité d'en discuter ce matin. Les périodes allouées pour le maraudage,
la préparation des négociations, les mécanismes de médiation, de plainte, tout
ça vise un règlement plus rapide et plus harmonieux pour avoir des nouvelles
conventions collectives de travail sans conflit.
L'accès, l'inclusion, les femmes, les
personnes immigrantes, qu'on reconnaisse leur formation, leurs expériences. Les
personnes issues des minorités visibles, évidemment, les personnes en situation
de handicap et, bon, je pense que j'ai nommé... Premières Nations, minorités
visibles, personnes immigrantes et personnes en situation de handicap. On veut
donner des nouveaux outils, imprégner des nouvelles façons de faire dans
l'industrie, qui est tellement névralgique pour les Québécois, Québécoises et
notre économie. On agit sur plusieurs fronts : l'accès, l'inclusion, la
collaboration, la transparence. Et je suis convaincu que, tous ensemble, on va
permettre à cette industrie-là de... d'intégrer des nouvelles pratiques, de progresser.
Et il faut constamment avoir en tête l'importance que...
11 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...les 200 000
et plus travailleurs et travailleuses ont et constituent pour répondre aux
besoins fondamentaux dans les missions essentielles de l'État, des Québécoises
et des Québécois. Donc, j'ai hâte de commencer, Mme la Présidente. Et donc,
moi, je serais prêt à débuter au moment opportun. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à l'opposition officielle et
députée de Bourassa-Sauvé pour une durée de 20 minutes pour vos remarques
préliminaires. La parole est à vous.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Merci beaucoup, Mme la Présidente... Ah!
La Présidente (Mme D'Amours) : ...au
deuxième groupe. Et ensuite j'invite les gens qui veulent intervenir à lever la
main et je leur donnerai la parole. Je cède maintenant la parole à la députée
de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci beaucoup, Mme
la Présidente, et merci, donc, de nous rappeler à tous l'ordre des différentes
interventions qui vont nous permettre, donc, de poursuivre harmonieusement, de
débuter harmonieusement, donc, cette étude détaillée.
Donc, salutations, donc, à l'ensemble des
collègues. Très heureuse d'être avec vous pour que l'on puisse enfin, donc,
discuter du projet de loi n° 51 sur la modernisation dans l'industrie de
la construction.
La première question que je me suis posée,
Mme la Présidente, lorsque nous avions... lorsqu'on nous a déposés, donc,
lorsque le ministre a déposé ce projet de loi en Chambre, en février dernier,
portait sur l'enjeu de politiques publiques que l'on cherche à régler. Parce
que vous savez, donc, nous, comme législateurs, donc, lorsque nous décidons de
déposer des projets de loi, d'en débattre, de nous assurer, donc, d'arriver à
une meilleure... à une modernisation, donc, du sujet que l'on traite, c'est
parce que l'on a en tête, donc, une problématique claire, une problématique
sérieuse sur laquelle on veut agir. Puis c'est un peu... ça a été un peu mon
leitmotiv, donc, dans toutes les... dans les différents processus, donc, qui
ont précédé le début de l'étude détaillée aujourd'hui, c'est-à-dire de me
préoccuper, donc en lisant les propositions du ministre et en écoutant les
différents intervenants en commission parlementaire nous dire : Donc,
voilà donc pourquoi nous sommes ici aujourd'hui. J'en arrive, donc, à la... à
la conclusion où, donc, ce qui semble, donc, nous animer... quelle est la
lecture du problème que nous faisons, c'est qu'en fait, au Québec, donc, il
faut bâtir mieux, bâtir plus vite et bâtir à moindre coût. Pourquoi? Bien,
parce qu'il y a une crise de l'habitation qui sévit au Québec et aussi parce
que les Québécois, bien, ont besoin de différentes infrastructures publiques,
ils ont besoin d'infrastructures institutionnelles et qu'on a de la difficulté
à pouvoir faire lever différents projets, on a de la difficulté à accroître l'offre
non seulement, donc, dans le secteur, donc, du logement, de l'habitation, mais
de permettre aux Québécois, donc, de pouvoir recevoir les... les services dont
ils ont besoin et de permettre à l'État de pouvoir remplir ses services
essentiels, ses missions essentielles à travers les infrastructures publiques
qu'il détient.
On sait aussi, le ministre qui l'a évoqué,
donc le gouvernement actuel a différents plans aussi sur... sur la mappe, dont
celui de la filière batteries. Et Hydro-Québec nous a présenté aussi différents
projets ambitieux. Et ce qu'on comprend, c'est que, dans les conditions
actuelles, ce ne serait pas possible de pouvoir réaliser ces différents
engagements-là, donc il y a donc nécessité de réformer le... en fait, d'agir
sur cette... cette politique publique là, cette problématique de politiques
publiques. Et l'une des solutions est donc de moderniser l'industrie de la
construction. D'emblée, Mme la Présidente... le Parti libéral du Québec, donc,
nous faisons donc la même lecture de la problématique.
Ensuite, bon, puisqu'on se dit, donc, l'un
des enjeux pour pouvoir régler le fait qu'il faut bâtir plus, bâtir plus vite,
bâtir à moindre coût, bâtir mieux, le... les différents enjeux, certains des
différents enjeux qui ont été soulevés par le ministre sont d'une part, le
manque de productivité et d'efficacité dans l'industrie de la construction et,
d'autre part, tout ce qui concerne la main-d'œuvre, donc l'attractivité de la
main-d'œuvre, le recrutement de la main-d'œuvre en contexte de pénurie, la
formation et la diversité de la main-d'œuvre. Jusque là, donc, on suit aussi, Mme
la Présidente, donc... lorsqu'on fait, donc, une certaine... un diagnostic, on
pose un diagnostic sur les enjeux qui prévalent au sein de l'industrie de la
construction, on le fait aussi, oui, cette lecture-là.
L'enjeu ici, Mme la Présidente, et c'est
là que je pense que le travail de l'opposition officielle, donc, il sera
nécessaire dans le cadre de l'étude détaillée de ce projet de loi pour pouvoir
le bonifier, nous assurer qu'on réussisse véritablement à régler l'enjeu pour
lequel on est autour de la table, c'est-à-dire encore une fois...
Mme Cadet : ...bâtir mieux,
bâtir plus vite, bâtir à moindre coût. C'est que parfois, on a l'impression que
les mesures qui sont présentées par le gouvernement sont soit inadéquates, soit
insuffisantes. Et pas toutes, hein? Je pense que certaines d'entre elles, et le
ministre l'a mentionné, donc, il y a des discussions en amont, et certaines
d'entre elles, donc, font consensus et permettent, donc, une bonification de
l'industrie. Mais, à d'autres égards, je pense qu'on aura besoin, dans le cadre
de cette étude détaillée, donc, de conversations robustes, pour nous assurer
que l'on arrive, donc, à cet objectif-là, évidemment, donc, dans le respect des
acteurs et actrices — quoiqu'elles sont moins nombreuses — de
l'industrie de la construction.
• (11 h 40) •
C'est... Et c'est là aussi... et je l'ai
mentionné lors de l'adoption du principe du projet de loi, la semaine dernière,
au salon bleu, Mme la Présidente... c'est là que la première... je ne veux
pas... je ne voudrais pas dire «blâme», le premier blâme, parce que c'est... je
pense que le terme est peut-être un peu trop fort, mais les premières, donc,
réserves, donc, qu'on a, donc, face au processus. Et là je prends vraiment un
pas de recul, outre les différents éléments qui nous sont proposés aujourd'hui,
donc, à cette date-ci, en fonction des besoins imminents du secteur. Ce qu'on
se dit, c'est qu'étant donné les enjeux qu'on a on aurait pu... je pense que la
CAQ, en début de mandat, aurait très bien pu se dire : Voilà, donc, dans
quelques années, donc, on atteindra, donc, une certaine crise du logement,
donc, si on a besoin, donc, de faire des changements majeurs au sein de
l'industrie de la construction, asseyons-nous dès maintenant avec les acteurs
de l'industrie, et voyons comment nous pouvons mettre sur pied, donc, une
réforme qui soit substantielle. Je dis ça, Mme la Présidente, parce que, bien,
évidemment, on le sait, donc, d'une part, donc, la CAQ a nié la crise de
l'habitation pendant la majeure partie de son premier mandat, et donc on
arrive, donc, avec un certain sentiment d'urgence, aujourd'hui, où il faut
arriver avec, donc, certaines mesures, donc, précises, concrètes pour
moderniser un peu l'industrie, mais pas nécessairement pour donner un coup de
barre, si vous me permettez l'expression.
Et je... Et le ministre nous a présenté le
projet de loi en élevant les attentes, l'année dernière, donc, il y a près d'un
an, donc, un peu plus d'un an maintenant. Donc, on nous présentait, donc,
voilà, donc, un travail qui va être fait, donc, dans l'industrie de la
construction. On s'attendait à quelque chose, donc, de plus robuste, parce que,
bon, il l'évoque aussi, c'est la première fois qu'on rouvre la loi, outre pour
mettre fin au placement syndical en 2011, mais qu'on rouvre la loi sur
différentes dispositions depuis environ 30 ans. Donc, tant qu'à ouvrir la loi,
Mme la Présidente, bien, je pense qu'on aurait pu y aller, donc, d'une réforme
plus profonde. Ceci dit, donc, nous sommes où nous en sommes aujourd'hui. Donc
ce sont nos premières remarques... Dans l'état actuel des choses, donc, on
devra... je pense que les Québécois, donc, devront se contenter de ce qui nous
est présenté en termes de modernisation, aujourd'hui, pour être en mesure,
donc, d'obtenir, donc, les services dont ils ont besoin, les logements, les...
qu'ils recherchent, afin qu'au Québec on puisse bâtir mieux, bâtir plus vite,
bâtir à moindres coûts.
Et je dis ça, sachant que la crise de
l'habitation, elle est multifactorielle, que ces éléments, ils sont
multifactoriels. Et, le ministre le mentionne souvent, donc, ce n'est qu'une
pièce du casse-tête ici, mais je pense qu'il s'agit d'une pièce assez
importante, qui nous... sur laquelle, donc, on aurait pu, donc, agir plus tôt,
et donc pas, donc, se retrouver avec, donc, une... avec ce sentiment-là
d'urgence, cette urgence, donc, de vouloir, donc, mettre sur pied, donc, des
mesures qui ne sont pas aussi robustes qu'elles auraient pu l'être.
Donc, dans le cadre du projet de loi
n° 51, le ministre décide d'agir sur différents fronts, la mobilité, la
polyvalence, les relations de travail, la diversité de la main-d'œuvre, donc,
de façon générale, sur ces fronts-là. D'abord, sur... je commencerais, de mon
côté, sur la mobilité, Mme la Présidente. Donc, on le sait, hein, aujourd'hui,
dans l'industrie de la construction, le règlement sur l'embauche et la mobilité
des salariés dans l'industrie mentionne que les employeurs ne peuvent pas
déplacer un travailleur d'une région à une autre en fonction de leurs contrats
et selon...
Mme Cadet : ...leur convenance
avec, donc, certaines exceptions dans la loi. Donc, le ministre, donc,
viendrait permettre donc une certaine mobilité, donc, en permettant à ce que
des travailleurs ayant cumulé, donc, 750 heures plutôt que 1500, donc,
puissent se rendre dans différentes régions du Québec et pouvoir bâtir plus,
bâtir mieux et bâtir à moindre coût.
Là-dessus, donc, nous, au Parti libéral du
Québec, donc, on accueille cette mesure, mais ce qu'on dit aussi... Puis ça,
c'est vraiment après avoir entendu les différents intervenants en commission
parlementaire, de part et d'autre, donc, nous parler de leurs défis, donc, du
côté, donc, des entrepreneurs et nous dire : Bien, voilà, donc, parfois,
donc, ça... ça a certains enjeux. Donc, en fait, les enjeux en matière de...
les défis en matière de mobilité, dans la législation en matière de
construction, posent certains enjeux sur le développement économique régional,
posent certaines difficultés, donc, de pouvoir accepter, donc, des contrats,
mais parfois, donc, créent des incohérences aussi, là. On pense par exemple au
fait, donc, qu'on a, donc, différentes régions au CCQ qui ne sont pas les mêmes
que les régions administratives, Mme la Présidente, et qui, donc, parfois,
donc, empêchent donc certains entrepreneurs, donc, qui pourraient... et dont
dans le secteur résidentiel, donc, par exemple, qui pourraient donc accepter un
contrat, donc, juste à côté, même parfois donc à distance, donc, de leur propre
domicile, mais qui se retrouvent, donc, dans une région... dans une autre
région, mais parce qu'il y a une espèce, donc, de ligne imaginaire, donc, qui
leur empêche de pouvoir embaucher, donc, certains travailleurs d'une région
puis d'aller juste à côté.
On a aussi entendu les remarques, de
l'autre bord qui nous disait : Bien, il y a des craintes, puis des
craintes qu'on... qu'on entend, mais nous, ce qu'on dit, c'est... tant fait,
puisqu'il y a ces différentes incohérences là, il y a ces différents défis,
donc, en matière de mobilité, dans le respect, donc, de l'ensemble des parties,
donc, ce serait... nous, on pense que ce serait possible pour les employeurs de
moins de 25 salariés, donc, de pouvoir embaucher de la main-d'œuvre, donc,
dans une certaine région et de pouvoir accepter des contrats, notamment, donc,
dans ces régions qui sont limitrophes, là, Mme la Présidente. J'ai été sensible
aux arguments, donc, des groupes qui sont venus nous dire : Bien, parfois,
bien, nous, on a... bien, on a des... des entrepreneurs, donc, qui ont des
entreprises de petite taille, des PME, ce sont la majorité des membres, de
toute manière. Évidemment, Mme la Présidente, là, vous le savez, donc, la
grande partie des entreprises dans le secteur de la construction sont des
entreprises de cinq employés et moins, là, de toute manière... Ces
entreprises-là, dans le contexte actuel de pénurie de main-d'œuvre et dans le
contexte actuel de développement régional, mais ne viendraient pas créer des...
certaines turbulences dans d'autres régions qui verraient... donc, qui nous ont
communiqué, donc, leurs craintes. Mais on trouve qu'il y aurait là, donc, une
avancée intéressante qui ne pose aucun enjeu à qui que ce soit, mais qui, au
contraire, donc, permet donc à ces membres-là, donc, de pouvoir, à tout le
moins, donc bénéficier d'une...d'une mobilité totale.
Et cette proposition-là... et on entend
souvent, donc, le ministre nous dire : Il y a... tout ce qu'il met, donc,
sur... tout ce qu'il met de l'avant dans le cadre de la réforme du secteur de
la construction, bien, ces propositions ne sont pas... ne font pas un bar
ouvert, là. On nous mentionne souvent qu'il ne veut pas de bar ouvert. Bien, on
l'entend, ça, Mme la Présidente, et c'est pour ça qu'on se dit : Bien,
voilà, donc... voilà comment est-ce qu'on pourrait aider, donc, nos PME
québécoises à pouvoir croître, à pouvoir grandir, à pouvoir aider à bâtir
mieux, bâtir plus vite, bâtir à moindre coût, sans que ce soit, comme l'indique
le ministre, utilisant... en utilisant ses termes, donc, un bar ouvert. Donc,
on comprend ces préoccupations-là.
Ensuite, sur la polyvalence. Donc, on...
donc entendu le ministre, donc, nous arriver avec une proposition, donc, dans
le projet de loi, de polyvalence. On a... on a vu, donc, les groupes en
commission, en consultations particulières, parfois, nous évoquer certaines
réserves sur la manière dont la polyvalence est mise de l'avant, parfois des
plus grandes, parfois des plus petites, mais c'est certain, donc, qu'à cet
égard, donc, on s'assurera, donc, à l'opposition officielle de poser, donc, les
bonnes questions pour que la définition, finalement...
Mme Cadet : ...n'exclut pas,
sans que ce soit la volonté du législateur, certains types de travaux ou, à
l'inverse, là, donc, ne pose pas, donc, différents enjeux, là, de compréhension
entre les différentes parties. Donc, c'est certain qu'on posera toutes les
questions sur ce qui concerne la polyvalence.
• (11 h 50) •
Mais ce qui est certain, déjà, à ce
stade-ci, Mme la Présidente, en ayant entendu les groupes en consultations
particulières et en ayant lu les différents mémoires, c'est que, notamment,
donc, sur cet enjeu-là, peut-être qu'il y a un petit oubli au niveau des
occupations. Donc, vous comprendrez que nous serons là pour soulever ces
éléments.
En matière de relation de travail, il
mentionnait... donc, le ministre, donc, met de l'avant, donc, certaines
propositions. Et je pense qu'éminemment, donc, on aura l'occasion, donc, de
pouvoir les traiter dans le cadre de l'étude détaillée. C'est certain que la
question de la rétroactivité n'a pas nécessairement fait consensus, pour
utiliser encore une fois, donc, le terme du ministre... bien, parfois, donc, il
a mis de l'avant, donc, des propositions qui ne... qui ne faisaient pas
consensus, mais ce qui est certain, c'est que le fonds de rétroactivité, la
proposition du fonds de... de l'établissement d'un fonds de rétroactivité
n'a... en fait, a fait l'unanimité contre elle. Donc, aussi, donc, dans cet
esprit, Mme la Présidente, donc, on sera là, donc, pour pouvoir poser les
bonnes questions là-dessus, nous assurer que la démarche qui est mise de
l'avant... puis, le ministre, je le sais, il a des bonnes intentions, il est
toujours bien intentionné, mais nous assurer au moins que les... la mécanique
qui est présentée, la proposition qui est mise de l'avant ici soit véritablement
dans un... dans une perspective d'amélioration.
Enfin, un grand vide, Mme la Présidente,
dans le projet de loi, c'est la question de la formation. Puis je pense que le
ministre, il a entendu aussi, là. Tous les groupes qui sont venus en
commission, lors des consultations particulières, sont venus nous dire qu'il
fallait qu'on puisse traiter de formation de façon un petit peu plus robuste
dans le cadre du projet de loi. Je sais que le ministre, encore une fois, tu
sais, il l'a dit, que le projet de loi n° 51... puis il vient de le
répéter, donc, ce n'est pas l'ensemble de l'oeuvre. Il y a des travaux, des
démarches, là, qui sont entreprises par ses collègues sur la question, sur...
sur ces... la question de la... de la formation. Mais je vous rappellerais, la
loi R-20, bien, à la fin de la journée, bien, elle a aussi dans son titre
la formation professionnelle. Donc, je pense qu'il y a des leviers qui existent
dans le cadre de l'étude détaillée de ce projet de loi ci pour non seulement,
donc, soulever ces éléments aujourd'hui mais également pour nous assurer que
toutes les démarches qui entourent la formation professionnelle dans
l'industrie de la construction, même à l'extérieur du cadre de la
loi R-20, puissent être cohérentes, mais aussi favoriser non seulement
l'attractivité au sein de la... de la profession, mais surtout la rétention. On
le voit, il s'agit d'un enjeu absolument important.
Puis je le disais d'emblée, hein, l'un
des... voici, là, donc, les raisons pour lesquelles, donc, on s'attaque à ça,
donc, bon, crise de l'habitation, besoin d'infrastructures publiques. Mais l'un
des deux... les deux enjeux, dans le secteur de la construction, bien, ce sont,
d'une part, la... les défis de la productivité et d'efficacité puis, d'autre
part, tout ce qui concerne la main-d'œuvre. Puis autour des enjeux de
main-d'oeuvre, bien, la rétention, c'est un des enjeux primordiaux. Puis
j'entends le ministre, donc, qui a de nouveau parlé, donc, des
111 millions qui sont mis, qui ont été ajoutés, donc, dans l'enveloppe
budgétaire 2024-2025 pour ce qui est, donc, du programme lancé à l'automne
des attestations d'études professionnelles. Bien, sur... dans... dans le cadre
de ce programme-là, bien, d'une part, non seulement on ne règle pas la pénurie
de main-d'œuvre parce qu'évidemment, donc, on vient partiellement former, donc,
des travailleurs qui entraient déjà dans l'industrie à travers les bassins,
mais d'autre part, dans tous les cas, donc, il n'y a absolument aucun levier
pour favoriser la rétention de ces travailleurs. Donc, c'est certain que vous
m'entendrez, que vous nous entendrez, donc, parler, donc, ma collègue et moi,
parler, donc, énormément, donc, de rétention pour nous assurer que la question
de la pénurie de main-d'œuvre dans le secteur, le manque de bras qu'on a dans
le secteur... puis on puisse l'examiner sous tous les angles, incluant, donc,
ceux qui sont externes, donc, à l'étude détaillée de ce projet de loi.
Le temps file, Mme la Présidente. Donc,
on... Ce... L'étude détaillée de ce projet de loi, c'est aussi l'occasion de
pouvoir poser des questions, donc, oui, sur la formation et la rétention, je
l'ai mentionné, mais également l'innovation, la diversité, donc, dans... dont
l'inclusion et la rétention des femmes dans l'industrie...
Mme Cadet : ...de la
construction, la planification des travaux. Et j'en profite, donc, pour... en
conclusion, donc, pour remercier les 21 organisations qui ont été
entendues, qui sont venues en commissions... en consultations particulières et
aux nombreuses autres organisations qui ont offert des mémoires qui sont
étoffées, emplis de pédagogie, qui nous ont permis de mieux comprendre
l'industrie de la construction et qui vont nous permettre, à nous, comme
législateurs, donc, de faire un travail rigoureux dans un... dans un cadre
législatif qui n'est pas nécessairement facile à comprendre et pour lequel,
dans notre rôle, nous aurons toujours en tête également l'intérêt public, en
respect de l'ensemble des acteurs du milieu, mais surtout les besoins, les besoins
de la population qui souhaite encore que l'on bâtisse mieux, plus vite et à
moindre coût. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. J'invite maintenant le porte-parole du deuxième groupe
d'opposition et député d'Hochelaga-Maisonneuve à faire ses remarques
préliminaires pour une durée maximale de 20 minutes.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à tout le monde, heureux de vous retrouver en étude
détaillée. Un peu surpris d'être aussi rapidement arrivés en étude détaillée
quand même, Mme la Présidente. Ce n'est pas commun, qu'on finisse des audiences
un mardi et que, le mercredi suivant, donc, littéralement une semaine après la
fin de l'étude... des audiences, pardon, on avance, on commence l'étude
détaillée. Moi, je n'ai jamais vécu ça, à part des rares exceptions où il y
avait des accords de un, deux, trois, là, comme on appelle, où, dans le fond,
il n'y avait pas vraiment d'étude détaillée, on y allait rapidement. Il y a un
côté de moi... au début, quand j'ai appris la nouvelle, qui m'avait inquiété
parce que... Comme le ministre avait dit en public, il m'avait répété la même
chose en privé, il y avait de la place, son projet de loi était perfectible.
C'est le mot qu'il a employé. Bien, si le projet est perfectible, le fait qu'on
passe immédiatement en étude détaillée m'inquiétait en ce sens que ça ne
laissait pas entendre qu'il y avait beaucoup eu de temps pour réfléchir à des
amendements et surtout pas beaucoup de temps pour aller les faire valider au
Conseil des ministres, c'est comme ça que ça marche ici, surtout les
amendements qui ont une incidence pécuniaire, Mme la Présidente. Donc, le
Conseil des ministres est tantôt, à 13 heures. Alors, mathématiquement, ça
laissait soit le Conseil des ministres la semaine dernière, où il aurait eu le
temps de tout présenter ses choses... ça aurait été peut-être un peu rapide,
mais, à ma connaissance, à moins que je me trompe, ça n'a pas été fait. Sauf
qu'après ça on a eu... on a fait une autre demande, qui est une demande
classique de... en tout cas, du côté de la deuxième opposition, Mme la
Présidente, c'est d'avoir le plan de travail du ministre, le plan de travail du
ministre. Le ministre aime ça travailler par bloc, là. Il n'est pas seul, la
plupart des ministres qui ont un projet de loi un peu plus substantiel nous
proposent une séquence de travail, on l'a fait, on vient juste de le faire sur
le 42, là, sur le harcèlement sexuel, où, à la place de faire l'ordre
numérologique, on a le consentement... une dérogation pour faire un traitement
par bloc.
Et, ce faisant, il y a une certaine
logique parce qu'on reste sur le même thème quelques articles de suite puis,
après ça, on change de thème. Et nous, on est dans les oppositions, et, pour se
préparer, essayer de voir où est-ce qu'on s'en va, les amendements. Ce n'est
pas évident, surtout si on ne sait pas quel sera l'ordre de traitement demandé
par le ministre. Et, depuis quelques semaines, on essaie un peu de, je dirais,
serrer la vis à cet égard-là par rapport au gouvernement, parce que,
malheureusement, souvent on recevait cet ordre-là de traitement des articles le
jour d'avant ou des fois le jour même, et évidemment c'était peu de
considération par rapport à notre rôle d'opposition, nos rôles d'opposition.
Alors, j'ai demandé au ministre, et je veux le saluer, je veux le souligner, de
nous envoyer son ordre de traitement au moins 48 heures à l'avance. Il l'a
fait. Alors, je le souligne, je l'apprécie. On n'est pas toujours d'accord sur
tout, on est d'accord sur quelques affaires, mais, quand on est capables de se
respecter dans notre travail respectif, je pense que tout le monde y gagne.
Alors, nous avons reçu son plan de
traitement pour les articles. Et c'est là que j'ai constaté qu'on n'allait
pas... que tout n'était pas attaché, qu'il y avait donc quelques thèmes que
nous allions aborder aujourd'hui et demain, parce qu'on a juste une plage
horaire, on ne se revoit pas après les... nos caucus ou le Conseil des
ministres, ça aussi, c'est un peu inusité, je n'ai pas vu ça souvent, mais,
bon, c'est gouvernement qui gère ses travaux comme il l'entend. Dans tous les
cas, on ne touche que deux ou trois petits thèmes, ce qui me laisse croire que,
pour le reste du projet de loi, il y a encore de la place à la discussion, il y
a encore de la place à la négociation, et surtout il y a encore le temps pour
le ministre de retourner voir son Conseil des ministres et de faire des
amendements substantiels.
Ça m'amène à l'autre aspect, toujours de
la gestion des travaux le ministre du Travail a la bonne habitude, et je le
salue à chaque fois que je le peux, de nous déposer à l'avance l'ensemble de
ses amendements. Là, il y a deux aspects. On a comme convenu qu'on ne traitait
que de certains sujets aujourd'hui. Je ne sais pas s'il a des amendements de
prévus sur ces blocs-là. Je ne lui ai pas posé la question auparavant, donc je
la pose maintenant. Si c'est le cas...
M. Leduc : ...est-ce qu'il
pourra avoir l'amabilité de continuer sa bonne pratique et de les déposer, à
l'ouverture tantôt, l'ensemble de ses amendements, sur le bloc d'aujourd'hui?
Et si... si j'ai bien compris, il y en aurait d'autres, soit déjà prêts ou en
préparation. Est-ce qu'il va les déposer lorsque nous aborderons le reste des
blocs, j'imagine, au retour de la semaine de travail en circonscription, en
avril? Donc, mes questions sont posées, je... on y répondra tantôt, je n'en
doute pas.
• (12 heures) •
Sur le fond, Mme la Présidente, on en a
parlé en long et en large, cette réforme de la construction, elle est attendue
depuis longtemps. Moi, je suis content qu'on en parle. J'avais moi-même soumis
un projet de loi, il y a à peu près deux ans de cela, pour aller corriger deux
éléments. C'est un projet de loi beaucoup plus chirurgical, bien sûr, que la
pièce législative d'envergure que nous dépose le ministre et que nous traitons
en ce moment. J'avais voulu parler de l'enjeu de... de la rétroactivité, donc,
l'interdiction d'avoir de la rétroactivité et l'enjeu de la loi anti briseur de
grève, je trouvais que c'était deux irritants majeurs du régime de travail de
la construction, la fameuse loi R-20, qui est... qui est à peu près leur code
du travail à la construction. Je ne comprenais pas qu'en... qu'au XXIᵉ siècle,
on a encore ce genre d'héritage d'un siècle passé. Ça n'avait pas été retenu,
bien sûr, dans l'ordre de traitement des projets de loi, à l'époque, dans
l'ancienne législature. J'ai été triste de pas le retrouver, par contre, dans
le contenu du projet de loi. Je l'ai retrouvé, un des deux éléments, en partie,
hein, la question de la rétroactivité salariale. Il faut être d'une honnêteté
intellectuelle minimale, il y a de la matière là-dessus dans le projet de loi.
Ce n'est pas ce que moi, je souhaitais, mais il faut le reconnaître, il propose
quelque chose, le ministre. Par contre, ma collègue de l'opposition officielle
le disait à l'instant, je pense qu'il le reconnaîtra lui-même aussi, à peu près
personne n'est venu ici pour dire : Oui, nous voulons telle quelle la
solution proposée par le ministre en matière de rétroactivité salariale. Tout
le monde a salué l'effort. Nous, on a salué la volonté de trouver quelque chose
qui pourrait éventuellement fonctionner. Mais personne, force est de le
constater, et c'est à ça que ça sert, des audiences, n'est venu dire :
C'est parfait, vous avez mis le doigt dessus, on procède.
Donc, c'est sûr que moi, je m'attends,
dans l'étude détaillée qui commence aujourd'hui, Mme la Présidente, à ce qu'on
ait une deuxième mouture, une deuxième approche peut-être, plutôt, du ministre
en ce sens. Moi, je lui en ai soumis une. D'autres groupes, autant syndicaux
que patronaux, ont soumis la même chose, et c'est le fait de juste retirer
l'interdiction. Moi, je ne suis pas nécessairement un grand partisan de commencer
à venir jouer dans le contenu des conventions collectives ici, comme
législateurs, à part des fois pour émettre des grands principes en droit du
travail, sur la... sur le harcèlement par exemple, ou sur la question des
clauses d'amnistie. On est venu indirectement jouer dans le... dans le contenu
des conventions collectives avec les clauses d'amnistie, mais on établissait un
principe général. Mais là, encore une fois, sur la rétroactivité salariale,
moi, je ne suis pas... je ne suis pas le négociateur, ni du milieu patronal ni
du milieu syndical. J'ai un parcours personnel de négociateur syndical. J'aime
bien ça, négocier. Votre collègue, le leader parlementaire du gouvernement,
vous en dira quelques mots, mais ce n'est pas tellement ma tâche, en ce moment,
comme législateur, ici, dans cette commission, d'aller prédéfinir quel sera le
contenu des conventions collectives en construction.
Or, sur le dossier de la rétroactivité
salariale, je pense que la piste la plus simple, la moins engageante pour le
gouvernement, pour l'opposition, pour nous, comme législateurs, c'est de juste
retirer cette interdiction et de laisser les parties voir s'il juge ça opportun
et surtout de quelle manière il pourrait mettre en œuvre une rétroactivité
salariale. Pas plus compliqué que ça. On a juste à voir si les parties trouvent
que c'est une priorité. On a juste à voir s'ils ont une idée de comment ils
pourraient l'acheminer. On a juste à voir à quel point c'est important, pour la
partie syndicale, on l'imagine, qui le revendiquerait puis à quel point c'est
important de ne pas l'avoir pour la partie patronale. Laissons, comme tous les
autres sujets de négociation, la négociation avoir lieu. Moi, c'est vraiment
l'approche que je soumets au ministre sur ce point-là précis, parce que je
m'attends à ce qu'on ait du mouvement sur ce dossier-là. Parce que je serais
très triste que le ministre, face à ce qu'il a entendu, retire sa proposition,
mais ne fasse rien. Là, je pense qu'on aurait un recul important parce qu'on
n'aurait pas agi sur ce dossier-là. Alors, je m'attends à ce que le... ministre
bouge. S'il veut qu'on en discute en privé, bien sûr, il a mon numéro de
téléphone, ça me fera plaisir de le faire.
Sur le reste du dossier de... du régime du
travail, donc la loi R-20, c'est un des gros problèmes du régime de la
construction, Mme la Présidente. Moi aussi, je veux qu'on construise plus vite,
qu'on construise mieux. On parlera de différents aspects tantôt, mais je veux
surtout qu'on modernise ce régime-là. On ne peut pas se permettre de rouvrir la
loi et de ne pas venir corriger des anomalies...
12 h (version non révisée)
M. Leduc : ...dans le régime
du travail, parce que, pour des raisons étranges, ils n'ont pas le droit de
faire les mêmes choses que l'ensemble des autres salariés du Québec. Je viens
de parler de la rétroactivité salariale, c'est peut-être le cas le plus patent.
Il y a aussi la loi sur les travailleurs... les briseurs de grève, qu'on
appelle la «loi antiscab». Il y a une loi qui existe au Québec depuis 1978. Il
y a une loi, au fédéral, qui va être adoptée probablement cette session. Très,
très en retard, à mon avis, mais ça, c'est un autre débat. Ça veut dire qu'à la
fin de la session, quand la loi fédérale va être adoptée, la totalité des
salariés du Québec, à quelques virgules près, seront couverts par une loi
antiscab, sauf l'entièreté de l'industrie de la construction. Il faut le faire!
Et moi, je n'ai entendu aucun argument pertinent pour me dire qu'il fallait
continuer cet état de fait là, il fallait continuer de ne pas devoir donner
accès à la loi antiscab aux travailleurs de la construction.
Je souligne qu'il n'y a pas... Quand il y
a des grèves dans la construction, elles sont par définition assez courtes,
parce que personne ne peut se permettre un conflit prolongé en construction et
les retards que ça va générer dans tous les projets d'infrastructure et projets
résidentiels québécois, en particulier en ce moment, alors qu'on vit une crise
du logement. Il y a toutes sortes de choses qui se sont passées dans l'histoire
récente, il y a eu des lois spéciales, il y a eu une intervention de médiateurs.
Bref, tout le monde veut que ça se règle bien dans la construction. Et moi, je
pense que d'interdire la loi antiscab, ce n'est pas une bonne façon de procéder
quand on veut moderniser l'industrie. Je ne sais pas ce que ça voudrait dire,
«moderniser», si on ne fait pas ce genre de modernisation.
L'autre élément... Il y en aura d'autres
au fil de l'étude détaillée, Mme la Présidente. Mais l'autre élément que je me
voudrais de passer sous silence, c'est le droit au grief sur les salaires. C'est
une autre affaire un peu étrange, dans la loi R-20 on permet de faire des
griefs, mais pas sur certains thèmes, notamment la question du salaire. Alors
que tous les salariés du Québec peuvent le faire, on n'a pas le droit de faire
des griefs sur des salaires dans le milieu de la construction. Moi, je ne
savais pas ça, même malgré mon parcours syndical. C'est vaste, le monde du
travail, on ne touche pas à tout, évidemment. Je l'ai appris grâce aux
études... aux audiences qu'on a faites il y a deux semaines. Et je ne comprends
pas pourquoi ce n'était pas dans le projet de loi, je ne comprends pas pourquoi
on n'a pas profité de la réouverture de la loi R-20 pour moderniser cet
aspect-là aussi.
Je ferme le chapitre du régime de
négociations collectives. Comme je vous dis, il y a plein d'autres aspects,
dont peut-être certains... on va aborder aujourd'hui, mais c'étaient un peu les
trois gros sur lesquels je m'attends à voir du mouvement du côté du ministre.
On a parlé beaucoup aussi de la question
de la polyvalence. Là-dessus, Mme la Présidente, moi, j'ai des questions à
poser au ministre, je veux vraiment chercher à comprendre comment il pense que
cela va faire en sorte qu'il va se construire plus de maisons. Parce que c'est
une question que j'ai posée dans mes différentes rencontres avec des groupes
patronaux et syndicaux, des questions que j'ai posées ici même pendant les
audiences. Je leur disais : Pointez-moi dans la loi... dans le projet de
loi quels sont les articles qui vont faire en sorte que nous allons construire
plus de maisons l'année prochaine que nous en construisons en ce moment en
raison d'un article pointu. Personne ne me... Personne ne me disait : Oui,
oui, oui! La polyvalence va générer 10 % plus de maisons l'année
prochaine, ou : 5 000 unités supplémentaires l'année prochaine à
cause de l'article de la polyvalence. Personne ne m'a dit ça, ni de près ni de
loin.
Certaines personnes, malgré ça, disaient :
J'aimerais quand même qu'on aille plus vite dans la polyvalence. Mais ils
avaient évidemment un intérêt, je disais, corporatif, peut-être, ou patronal à
le faire, et c'est bien correct. Moi, je n'ai pas de problème avec ça, tout le
monde vient ici pour un peu présenter ses arguments, présenter... défendre ses
droits, défendre ses intérêts. Mais je vais être très, très critique... Ça sera
envers le ministre, ça sera envers mes collègues de l'opposition, si c'est ça
qu'ils disent, eux autres aussi, mais je vais être très critique quand on va vouloir
utiliser l'argument de : Oui, oui, ça va faire construire plus vite. Je
vais exiger des démonstrations pas mal plus éloquentes, pas mal plus pointues
que ce que j'ai entendu à ce jour sur le sujet, Mme la Présidente.
• (12 h 10) •
Il en va de même sur la question de la
mobilité interrégionale. Là-dessus, moi, je ne comprends pas pourquoi on bouge.
Je ne comprends pas en quoi il y avait urgence de baisser le quota... ou
baisser, plutôt, le nombre d'heures minimales pour pouvoir être
individuellement disponible partout au Québec. On semble là vouloir répondre en
partie aux demandes patronales. Moi, je suis inquiet. Je me rappelle très bien
de la fermeture des routes sur la Côte-Nord, je me rappelle très bien de la
frustration de plusieurs travailleurs dans les régions plus éloignées, qui
voyaient les gros contrats, les...
M. Leduc : ...gros chantier à
quelques kilomètres de chez eux être presque entièrement réalisé par des
travailleurs du corridor Québec-Montréal. Je voyais la frustration, je voyais
l'incompréhension, et ça avait mené à une certaine forme de désordre,
dirons-nous. Je ne souhaite pas revoir ça, Mme la Présidente. Et je crains, et
encore une fois, je n'ai pas entendu une démonstration contraire, je crains que
cette réduction du nombre d'heures génère de l'insatisfaction dans les régions
éloignées qui pourrait mener éventuellement, je ne le souhaite pas, hein, mais
je le crains, qui pourrait mener éventuellement à de nouveaux... à de nouveaux
désordres de ce genre-là. J'ai utilisé l'expression au salon bleu , je ne
souhaite pas que le gouvernement génère lui-même un contexte favorable à
l'émergence de nouveaux Rambo au Québec, ce n'est pas quelque chose que je
souhaite voir, ce n'est pas quelque chose dont on a besoin. Je l'ai dit, ce
n'est pas mon syndicaliste préféré, et j'ai la crainte que le ministre lui
passe une balle donnée en ce moment à Rambo Gauthier et à d'autres de sa trempe
en baissant ce seuil-là du nombre d'heures travaillées, et je l'invite
fortement à ne pas entendre... pas à ne pas entendre, mais ne pas répondre,
donc, aux demandes du milieu patronal et du Parti libéral du Québec d'abolir
complètement cette limite là, parce que là on va arriver dans une autre
catégorie de colère dans les régions et de colère des travailleurs,
travailleuses de la construction. Et si jamais il y allait dans ce sens là, je
crains que mes craintes se matérialisent encore plus vite et encore plus fortes
que dans la manière dont il propose en ce moment.
Peut-être, un dernier mot, Mme la Présidente,
sur la question de l'inclusion. Je pense que, là-dessus, tout le monde partage
l'objectif d'avoir davantage de femmes, d'avoir davantage de personnes
autochtones dans la construction, notamment, d'avoir davantage de main-d'œuvre
immigrante, dans le domaine de la construction. Mais au-delà du souhait, je ne
peux pas dire que j'ai vu de nombreux trucs dans le projet de loi pour y
arriver. Je réitère que nos collègues du CIAFT, conseil d'intervention femmes
travail, sont venus ici nous dire que ça fait des années qu'il propose quelque
chose qui est dans le fond une forme de quota. Quand l'État, qui est le
principal donneur d'ouvrage, là, à travers ses différents ministères, ses
différentes agences, donne des contrats publics, il pourrait très bien mettre
des clauses pour dire : J'exige que, dans ce contrôle-là, il y ait, je
donne un chiffre comme ça, là, mais mettons 5 %, 10 % de femmes qui y
travaillent. Au même titre qu'on peut mettre toutes sortes de clauses dans les
contrats d'appels d'offres publics, c'est tout à fait possible et
réglementaire. Je suis convaincu que beaucoup d'entreprises et de patrons ne
seront pas favorables à ça. J'ai posé la question à quelques patrons et, à part
émettre le souhait d'avoir plus de femmes, une fois qu'on mettait une
contrainte, ce n'était pas très positif comme accueil on va le dire de même.
Ils avaient un accueil sceptique. Puis c'est correct, mais je pense que si on
veut donner un coup de barre sérieux, il va falloir qu'on fasse ça, parce que
moi, ce que j'ai entendu, c'est que depuis la fin du placement syndical, on
peut tous avoir une opinion là-dessus, là, le fait, c'est que ça existe plus
dans la loi, un des effets pervers de la fin du placement syndical, c'est ça,
c'est la chute drastique du nombre d'heures travaillées des femmes. Parce qu'il
y a encore du monde, puis là-dessus la culture doit changer partout, hein, du
côté des travailleurs, du côté des patrons, mais il y a encore du monde qui
décide de ne pas embaucher de femmes dans leur entreprise ou dans leur chantier
pour des raisons sexistes, parce que soi-disant elles travaillent moins bien,
moins fortes, etc. Vous connaissez la chanson. Bien, si on a, à travers notre
intervention législative d'il y a une dizaine d'années, généré indirectement ce
problème-là, ça serait assez conséquent qu'on le corrige d'une autre manière.
Parce que je suis pas mal certain que le ministre ne va pas nous déposer un
amendement pour ramener le placement syndical. Là-dessus, on peut dormir
tranquille. Ce n'était pas dans son projet de loi, je parierais beaucoup
d'argent sur le fait que ça ne sera pas un amendement qu'il nous déposera la
semaine prochaine ou dans deux semaines plutôt.
Bien, maintenant qu'on a dit ça, à défaut
de revenir au placement syndical, qu'est ce qu'on va faire de concret pour
retenir les femmes, on se rappelle qu'une sur deux quitte après quelques
années, c'est énorme, et pour un attirer davantage? Oui, il y a la... il va
falloir qu'on travaille sur le changement de culture puis, là-dessus, le CIAFT
nous a fait un... une présentation éloquente, si on a une culture dans la
construction qui est très macho, très masculine, ce n'est pas facile d'y
évoluer, d'y rester, pour le moral, pour sa santé psychologique. Et là-dessus
il y a toutes sortes de choses. On a évoqué une formation obligatoire, je ne
sais pas si le ministre, c'est quelque chose qu'il va vouloir mettre de
l'avant. Mais là-dessus, encore une fois, j'insiste, le projet doit être assez
maigre sur des mesures concrètes...
M. Leduc : ...de changement
de culture, d'une part, de l'industrie, et là-dessus la faute est partagée,
j'insiste, entre les travailleurs et les patrons, là, il n'y a pas ni l'un ni
l'autre qui est tout seul de son bord, mais aussi sur une approche
structurelle. Et, encore une fois, j'espère que le ministre a considéré ou va
considérer la proposition du... sur les quotas dans les contrats publics. On
pourra très bien faire un ajout au projet de loi. Je suis convaincu que ce
genre d'ajout nécessiterait un appui de son Conseil des ministres, bien sûr.
Alors, je le laisserai nous revenir avec cette suggestion-là et, à défaut, moi,
je la ferai, bien sûr, en matière d'amendement.
Je vais conclure, là-dessus, Mme la
Présidente. Débutons nos travaux. J'ai bien hâte de discuter avec mes
collègues. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Y a-t-il d'autres membres qui souhaitent faire des remarques
préliminaires? Je vais céder la parole au député de Jean-Talon.
M. Paradis : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Salutations à tous les collègues et à toutes les personnes
ici présentes. Merci, encore une fois, de votre engagement dans les travaux de
cette commission qui va réfléchir à des questions pas mal importantes pour
l'industrie de la construction, de la construction et l'ensemble de l'économie
du Québec. Je voudrais, de nouveau, comme je l'ai fait au salon bleu lors de
mon allocution sur l'adoption du principe, saluer l'approche du ministre
jusqu'à maintenant, qui se dit ouvert aux discussions, ouvert à ce qu'on puisse
avoir des discussions vigoureuses, mais respectueuses et aussi qui tiennent
compte de ce qu'on a entendu dans les consultations particulières. Je dois dire
là-dessus que je suis plutôt d'accord avec mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve,
que je suis un peu surpris de la rapidité avec laquelle nous entamons l'étude
détaillée du projet de loi, compte tenu du fait que nous venons tout juste de
terminer les consultations particulières.
Et vu la qualité, le volume et l'intérêt
des propositions qui nous ont été faites, des commentaires que nous avons
reçus, je me disais : Bien, ça va prendre du temps à intégrer tout ça à la
réflexion et à voir dans quelle mesure ces contributions, vraiment appréciées
de l'ensemble des parties prenantes, pourraient... donc l'impact que ça
pourrait avoir sur le projet de loi. Et donc là, j'espère, et je le dis comme
ça, là, j'espère que ce n'est pas un indicateur qu'en réalité les positions
sont déjà campées, et qu'on ne sera pas en mesure, peut-être, de travailler
certaines dispositions pour les améliorer, pour voir s'il y a des angles qu'on
peut mieux couvrir, s'il y a des choses qu'on ne devrait pas faire et s'il y en
a d'autres, à l'inverse, qu'on devrait faire. Et là je vois, le ministre opine,
et je suis très heureux de le savoir. Mais c'est vrai qu'on aurait eu peut-être
besoin de temps et peut-être que l'équipe aussi du ministère aurait eu intérêt
à bien... bien intégrer tout ce qui nous a été présenté.
Cela étant dit, le ministre l'a mentionné
tout à l'heure dans son allocution d'ouverture, puis oui, je vais je reviens
là-dessus, pour moi, la question des données probantes et de ce dont nous
disposons comme portrait de la situation actuelle et sur l'impact des choix
qu'on va prendre comme législateurs, ça m'apparaît extrêmement important. Dans
une commission parlementaire récente, je félicitais le ministre et toute
l'équipe du fait qu'il y a un projet de loi qui a été présenté, le nommer, le
projet de loi n° 42 qu'on vient d'adopter, qui a été présenté sur la base d'une
étude très rigoureuse de la situation actuelle et de ce que pourraient donner
certaines mesures proposées au gouvernement. Ici, je me demande si nous avons
ça. Je suis d'accord, nous sommes d'accord que, compte tenu du fait qu'il y a une
certaine partie de la réglementation qui date... C'est sain de se poser des
questions. C'est sain d'envisager une modernisation. Et je pense qu'il y a
plusieurs personnes qui sont venues ici , sinon la majorité nous ont dit :
Bien oui, c'est une bonne chose de se poser des questions et de voir comment,
tous ensemble, on peut veiller au meilleur intérêt et au développement
économique du Québec.
• (12 h 20) •
Donc, oui, d'accord sur cette... sur cette
intention-là, mais on touche à quelque chose qui est important, qui est à la
base du tissu économique québécois, qui repose sur des ententes qui ont été
négociées, qui ont été travaillées au fil des ans et qui ont donné la situation
actuelle. Donc, ce n'est pas comme si c'était de la génération spontanée, là,
puis que tout le monde avait été forcé dans ce système-là. C'est un système qui
est quand même issu d'une réflexion, puis d'ententes, donc, au fil au fil des
ans, peut-être qu'elles ont besoin de...
M. Paradis : ...mais alors,
qu'est-ce qu'on a comme analyse rigoureuse de la situation actuelle? Je me le
demande. Moi, j'ai vu beaucoup de sondages très intéressants et très
importants, mais des réformes de cette ampleur et de cette importance ne se
font pas sur la base de sondages, elles s'effectuent sur la base d'analyses
scientifiques... (Interruption), pardon, rigoureuses. Alors, quelle est la
situation de la productivité actuelle dans le secteur de la construction au
Québec, de l'efficacité des mesures qui sont à la base du fonctionnement du secteur
de la construction ici? Quelles études comparatives on a avec nos voisins, par
exemple, canadiens ou américains, ou ailleurs dans le monde? Je comprends qu'il
y a des gens... on dise : Oui, il y a ça à tel endroit, puis c'est très
bien de s'inspirer des meilleures pratiques. Mais est-ce qu'on a... est-ce
qu'on a fait cette étude comparative? Donc, je comprends, le ministre disait
tout à l'heure : Bien, il y a des solutions qu'on va adopter, on va être
capables d'analyser plus tard l'impact qu'elles auront. Mais d'abord, quel est
le portrait de la situation actuelle? Parce qu'il y a des sondages qui ont été
effectués, on a entendu beaucoup de choses, mais il y a aussi d'autres études
récemment qui ont été publiées et qui ne disent pas la même chose, qui
comparent avantageusement l'efficacité et la productivité de notre secteur de
la construction par rapport à d'autres endroits dans le monde, y compris chez
nos voisins. Et là, donc, ce qu'on va faire, est-ce que ça pourrait avoir
l'effet contraire de ce qu'on vise? Est-ce que les raisons pour lesquelles on
touche à certains domaines qu'on a négociés, à certains arrangements qu'on a
négociés au Québec... est-ce que... Est-ce qu'on va faire la bonne chose? Moi,
je me pose sérieusement cette question-là puis je vais inviter le ministre à
nous parler, donc, de ce dont il dispose pour guider ses choix.
Et là, justement, sur la base des choix,
je vais revenir sur deux points principaux. Il y en a plusieurs, dans ce projet
de loi là, mais je vais revenir sur deux points. Donc, le projet de loi fait
l'équation que plus de polyvalence, c'est le décloisonnement des métiers, puis
on passe notamment par la modification de l'article 4.0.1 du Règlement sur
la formation professionnelle. Bien, je vais être intéressé d'en savoir plus
sur, justement, est-ce qu'on a analysé cette question-là, que décloisonnement,
ça fait nécessairement plus de polyvalence puis que ce type de polyvalence là
va générer plus d'efficacité, plus de productivité, que ça va rendre le secteur
plus attractif, que ça va favoriser le maintien de la main-d'oeuvre qualifiée,
son développement professionnel, pour avoir plus de qualité. Je ne suis pas sûr
actuellement que c'est clair, que ça ressort clairement que ça va être ça, les
impacts.
Même chose pour la mobilité. Donc là,
l'équation qui est faite, c'est... c'est un beau mot, là, c'est positif, hein,
on voit ça a... ça a une connotation positive. Mais là donc, la solution qui
est adoptée, c'est de dire : Bien, à partir de maintenant, les conventions
collectives ne pourront pas limiter la mobilité interrégionale à l'ensemble du
Québec. Puis là on dit : Bien, un employeur va pouvoir affecter tout
employé, partout au Québec, s'il a travaillé 750 heures ou un peu moins
d'heures pour certaines... certains types de personnes. Alors, sur la base de
quoi, là, on a déterminé cette frontière-là, outre que certaines personnes qui
disent : Ça prend ça? O.K. D'accord, mais, encore une fois, sur la base de
quel raisonnement? Est-ce qu'on a déterminé qu'on va avoir plus de construction
au Québec, qu'on va voir plus de qualité, que ça va aller plus vite, que ça va
coûter moins cher, que ça va vraiment générer de l'efficacité, de la
productivité, de l'attractivité, du maintien pour la main-d'oeuvre? Même
question. Pourquoi...
Ensuite, il y a certains... certains
enjeux vraiment pressants qui n'ont pas été abordés par le projet de loi. Donc,
c'est la même logique. Est-ce qu'on aurait pu commencer sous un autre angle?
Est-ce qu'on aurait pu envisager d'autres solutions? C'est intéressant. Je
pense que c'est hier ou aujourd'hui que la présidente de la Commission de la
construction du Québec, qui est venue témoigner ici, puis moi, j'ai trouvé que
c'est un témoignage extrêmement intéressant, avec un mémoire vraiment intéressant,
nous dit : Il y a un point de convergence de tout le monde — puis ça, je
pense que tout le monde l'a admis — c'est celui de la formation, à quel point
c'est central, c'est vraiment important. Puis, là-dessus, tout le monde
s'entend. Est-ce qu'on est allés au bout de ce qu'on pourrait faire pour
améliorer la formation, améliorer l'encadrement de la formation professionnelle
initiale, favoriser... que la très grande majorité, ou sinon la totalité, ou,
en tout cas, le plus grand nombre possible de travailleurs soit le plus formé
possible de manière initiale, la formation continue, de faire en sorte que ça
fonctionne bien, que nos travailleurs et travailleuses continuent de
s'améliorer constamment, l'accompagnant... l'accompagnement en matière de
formation des entrepreneurs du Québec, qui, on le dit, on l'a répété, sont
souvent, sont très souvent en grande majorité des...
M. Paradis : ...petits
entrepreneurs? Et là certains l'ont mentionné ici, si on améliore leur
formation aussi en matière de gestion de ressources humaines, en matière de
gestion de chantier, pour qu'on gagne des heures, pour qu'on élimine des
problèmes d'affectation de personnels qui sont parfois causés par cette...
cette difficulté qu'on des petits entrepreneurs à organiser tout ça, à gérer
tout ça, et c'est normal, est-ce qu'on est... Est-ce que ce n'est pas par là
qu'on aurait pu commencer? Donc, moi, je pose la question. Et, encore une fois,
la Commission de la construction nous dit : Cette question-là de la
formation, là, c'est la première, elle est centrale et elle est essentielle
aussi, encore une fois, pour favoriser qu'il y ait de plus en plus de gens qui
viennent dans le secteur, qui soient bien formés et qui restent dans le secteur
de la construction.
Un autre élément qui a vraiment, moi,
attiré mon attention, c'est celui du travail au noir. Comment il se fait qu'un
projet de loi qui dit qu'on veut moderniser le secteur de la construction puis
qu'on veut favoriser l'efficacité, la productivité, comment il se fait qu'on...
qu'on fait... qu'on ne semble pas considérer ce phénomène-là? Je suis intrigué.
Tout le monde s'entend au Québec sur le fait que c'est un enjeu vraiment très
important, particulièrement dans le secteur de la construction, que ça coûte
cher en réalité, que ça nous empêche souvent d'avoir des données probantes,
dont on parlait tout à l'heure, parce qu'il y a une partie de notre économie
qui est souterraine. Qu'est-ce qu'on gagnerait en efficacité et en productivité
si on ramenait toutes ces heures-là dans l'économie régulière? Qu'est-ce que
ça... Qu'est-ce qu'on aurait en gain sur l'efficacité de nos... des chantiers?
C'est énorme. Alors, pourquoi on ne s'est pas attardé à ça au lieu de commencer
sur la question d'interdire certaines clauses dans les conventions collectives?
Je me pose vraiment la question. C'est un phénomène vraiment important, là.
Puis on peut dire économie souterraine, travail au noir, tout ça, ça, c'est
bien... c'est des beaux mots, là, mais c'est une forme de corruption. Et tout
le monde le sait partout dans le monde que la corruption, ça n'aide pas
l'économie. Ça n'aide pas la... tous les thèmes qui sont centraux que le
ministre, là... les objectifs que le ministre veut atteindre, là. Ça nuit
énormément. Et je suis curieux de savoir pourquoi on ne s'est pas attaqué à ce
phénomène-là.
En bout de ligne, on a très hâte de
discuter avec tout le monde ici des dispositions particulières proposées par le
projet de loi. Quant à nous, on va être très attentifs à l'intérêt économique
des régions du Québec, à l'intérêt des petites et moyennes entreprises des
régions du Québec. On va se poser la question à chaque article, à chaque
discussion. Est-ce qu'ici, là, M. et Mme Tout-le-monde qui fait construire une
maison demain va trouver son intérêt, va être favorisé par l'adoption de telle
ou telle disposition? Est-ce que les PME du Québec, les gens qui ont besoin de
construire, de développer, est-ce que ça va être dans leur meilleur intérêt?
Est-ce que les Québécoises et les Québécois qui paient des impôts, qui paient
dans les taxes... des taxes vont vraiment voir une amélioration de la qualité
des grandes infrastructures qu'on doit construire au Québec, qu'on doit
maintenir et qu'on doit construire au Québec dans les années prochaines? Est-ce
qu'on va le faire, donc, de manière plus efficace, de manière plus rapide, de
manière qui va faire en sorte qu'on va conserver, au Québec, ou même qu'on va
améliorer une position concurrentielle avantageuse par rapport à tout le monde,
nos voisins, à l'échelle internationale, sur la qualité de nos infrastructures,
sur la l'efficacité et la productivité de notre secteur de la construction?
C'est ça qui va nous guider tout au long de nos discussions. Encore une fois,
au plaisir d'en discuter avec vous. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Huntingdon pour une
période de 20 minutes pour vos remarques préliminaires.
Mme Mallette : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais d'abord saluer l'ensemble des collègues aujourd'hui pour
l'étude détaillée du projet de loi n° 51 visant à moderniser l'industrie
de la construction. C'est un moment que j'attendais avec impatience. J'aimerais
aussi saluer l'ensemble des parties prenantes, qui sont fort nombreuses, qui
ont participé à ce projet de loi et en profiter pour les remercier de leur
contribution.
Comme vous le savez, je suis l'adjointe
gouvernementale du ministre du Travail et, à ce titre, j'ai eu l'opportunité de
participer aux travaux et à l'élaboration de ce projet de loi dès le début.
D'ailleurs, je tiens à remercier M. le ministre de sa très grande écoute, de sa
générosité et de sa confiance...
Mme Mallette : ...j'ai
beaucoup appris dans ce processus et surtout sur l'écosystème qu'est l'industrie
de la construction au Québec. Je peux témoigner que les partenaires ont été
impliqués à tous les niveaux pour arriver à ce qui a été déposé. On a largement
consulté l'industrie et moi-même j'ai participé à ces consultations-là, mais
particulièrement aux sous-comités professionnels de la CCQ qui sont paritaires.
On a assisté à l'ensemble des rencontres pour discuter de polyvalence. Donc,
j'ai été observatrice et je les ai entendus. On a pris vraiment beaucoup de
temps pour les écouter. Puis, sans reprendre les propos du ministre, je réitère
nos besoins qui sont grands en construction, pour réussir à bâtir, on a besoin
de plus de bras. Le projet de loi contient des mesures d'accès, d'inclusion qui
sont maintenant nécessaires pour augmenter la main-d'oeuvre.
• (12 h 30) •
Je m'attarde ici à ce qui concerne les
femmes. Ayant moi-même étudié et travaillé dans un domaine majoritairement
masculin en PME, je comprends les aspects qui affectent nos chantiers et
l'industrie. Sans succès... il est important et nécessaire que l'augmentation
de la productivité des femmes puisse se voir de plus en plus. Beaucoup de
travail a été fait, il en reste beaucoup à faire. La CCQ a lancé des travaux
qui ont pour objectif de faire le bilan du Programme d'accès à l'égalité des
femmes dans l'industrie de la construction, le PAEF, qui se termine en 2024 et
en vue de lancer une nouvelle mouture en 2025. À la lumière des constats qui en
seront tirés, un nouveau plan comprenant des mesures répondant aux enjeux
spécifiques et contemporains des femmes de l'industrie sera lancé. Notre
gouvernement suivra attentivement ses travaux. Donc, c'est ça qu'on parle, de
l'ensemble des mesures.
Donc, l'enjeu de la présence des femmes
dans l'industrie ainsi que d'autres groupes sous-représentés sont des éléments
qui doivent évoluer. Je suis heureuse que la commission mette les efforts afin
de rendre accessible la construction avec la collaboration de ses partenaires.
Les milieux de travail ont intérêt à être inclusifs et ouverts afin de refléter
la société et permettre à tous d'intégrer ce secteur névralgique. Nous
construisons l'avenir et c'est grâce à des pratiques concrètes que nous saurons
attirer et retenir les femmes dans l'industrie. En somme, ce que nous
proposons, Mme la Présidente, c'est un projet de loi qui sera évolutif et qui
pourra combler les besoins des années à venir. Et j'ai, je le réitère, très
hâte de travailler ce projet de loi avec vous. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la parole, pour les remarques
préliminaires d'une durée de 20 minutes, à la députée de Hull. La parole est à
vous.
Mme Tremblay : Merci, Mme la
Présidente. Alors, moi également, je suis très contente de me retrouver avec
vous, chers collègues, M. le ministre, pour un important projet de loi qui
était attendu puis nécessaire, puis je pense que vous l'avez souligné de part
et d'autre. Parce qu'on le sait, l'industrie de la construction, c'est... un
monde ici, au Québec, et on n'avait pas révisé cette loi-là depuis des
décennies. On a un contexte qui est particulier, un contexte actuel économique,
et c'est cette raison-là qui a amené les différentes réflexions du gouvernement
puis du ministre du Travail. C'est important de s'adapter aux réalités qui sont
celles que l'on connaît au Québec, parce que ma collègue l'a mentionné, on fait
face à un manque de logements. On doit construire des écoles également. Il y a
des... On parle aussi des garderies. On a de nombreux besoins en
infrastructures. On l'a vu, quand on parle d'infrastructures, quand on parle du
PQI à 153 milliards, donc on a besoin, au Québec, de construire. La collègue,
elle l'a dit, vite, mieux, à moindre coût.
Donc, c'est toutes des réflexions qui,
dans les derniers mois, ont guidé le gouvernement... le ministre qui, je pense
qu'il faut le dire puis il faut le souligner, a pris le temps d'écouter avant
le dépôt de son projet de loi, a amené des réflexions, des consultations, en
est venu à déposer le projet de loi que l'on a présentement. Il y a eu des
consultations, puis, oui, c'était important, la période de consultation, parce
que les groupes sont venus présenter leurs points de vue de ce projet de loi
là. Le ministre l'a dit qu'on va pouvoir bonifier, on l'a dit dit tous ensemble
aussi...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Tremblay : ...il y avait
des visions parfois qui étaient partagées, puis d'autres fois, des visions qui
étaient complètement différentes. Il y avait aussi des... quelques consensus,
mais c'est là le rôle des consultations. Puis on était... Je pense que le
ministre a bien compris, puis on prendra le temps d'apporter... de bonifier ce
projet de loi là pour répondre aux besoins puis au milieu de la construction.
C'est quand même... Il fallait le faire
puis c'était quand même audacieux d'aller dans... dans cette direction-là, avec
ce projet de loi là, pour rendre, augmenter la productivité dont on aura
grandement besoin dans les prochaines années, puis aussi dans un contexte
particulier qui est celui, là, de la pénurie de la main-d'oeuvre. Donc, quand
on parle d'augmenter la productivité, bien, on est aussi dans un contexte où il
manque de monde, on parle de plusieurs milliers de travailleurs. Donc, on pose
différents gestes, mais je pense que ce projet de loi là viendra aussi aider en
ce sens-là.
Vous dire que je me suis intéressée au
monde de la construction depuis un certain temps, parce que du fait que je suis
la députée de Hull et que je suis tout près de la région de l'Ontario, donc
très limitrophe avec cette région-là, ce qui a amené, chez nous, à rencontrer
différents acteurs, notamment des entrepreneurs, mais aussi l'ACQ. Puis on l'a
abordée. Il y en a qui l'ont souligné brièvement lors des consultations, l'APCHQ.
Donc, beaucoup de personnes sont venues me rencontrer pour me parler justement
de ce qui se passe, de la région limitrophe. Mais on a un contexte aussi qui...
Nous, on a parlé beaucoup de la mobilité. En Outaouais, on parle de la
mobilité, oui, mais on parle de la mobilité entre le Québec et l'Ontario. Parce
qu'il y a des travailleurs qui traversent de l'autre côté pour aller travailler
chaque jour, il y a des entrepreneurs aussi de l'autre côté qui viennent aussi
sur le territoire québécois. Donc, nous, en Outaouais, la mobilité
interprovinciale, elle est importante. Et c'est un enjeu qui a été brièvement
abordé, mais dont le ministre a été saisi parce qu'il a pris le temps aussi d'écouter
cette réalité-là. D'ailleurs, il y a une certaine... Il y a une mesure,
notamment, la reconnaissance des compétences puis la formation hors Québec, qui
vient répondre à certaines demandes. Et il y a aussi l'entente Ontario-Québec
qui existe. C'est elle qui... qui date de 2006, qui amènera aussi des
réflexions. Peut-être qu'il y aura des révisions aussi de ce côté-là. Mais je
pense que c'était important, je pense, de retourner toutes les pierres. Puis je
pense qu'il y a un travail colossal qui a été fait. Avec les consultations, ça
nous amènera des réflexions à travailler tout le monde ensemble, avec les
partis de l'opposition, parce que... Oui, on m'a parlé de... puis je le répète
parce qu'elle l'a dit, de construire, d'être plus productifs, on a parlé de la
polyvalence, on a parlé de la mobilité, mais je pense que ce que... l'idée
aussi des réflexions, c'est de ne jamais diminuer la qualité de la construction,
de jamais... de toujours garder ce... Tu sais, c'est important de prendre soin
des travailleurs aussi, des travailleuses. Donc, quand on parle de ça, on parle
de la santé puis de la sécurité des travailleuses puis des travailleurs, donc
ce qui a guidé la réflexion aussi de... du ministre puis du gouvernement, bien,
ce sont... ce sont aussi ces grands principes là.
Donc, je pense que ce qui va guider nos
travaux puis ce qui va être important dans... de garder, c'est que c'est ces 200 000...
près de 200 000 travailleurs, même plus de 200 000 travailleurs,
dans cette industrie, que l'étude détaillée va nous permettre de réfléchir, de
bonifier. Le ministre, puis je pense que ça a été mentionné par les partis de l'opposition
aussi, est à l'écoute. C'est un projet de loi que, le ministre aussi a dit, est
perfectible. Je pense qu'en travaillant ensemble, dans les prochaines semaines,
on va arriver à des résultats concrets, des résultats, qui va augmenter la
productivité, qui va servir les Québécois puis les Québécoises. Donc, je pense
que ça va être intéressant de pouvoir travailler ensemble dans les prochaines
semaines. Ça fait que je vous remercie.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il d'autres... Oui, M. le député de l'Abitibi-Ouest.
M. Dufour : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je pense qu'il y a un élément qui est important pour les gens
qui nous écoutent aujourd'hui. L'objectif du projet de loi n° 51, et je
pense que les gens de l'opposition l'ont mentionné aussi, perspective d'amélioration,
modernisation et un projet de loi évolutif, je pense que c'est ça qu'il faut
retenir aujourd'hui sur les différents aspects que le projet de loi n° 51
doit nous amener aujourd'hui. Et j'ai très confiance, avec le travail de notre
ministre du Travail, à cet effet-là. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
D'autres interventions, d'autres remarques préliminaires? Oui, Mme la députée
de... j'allais dire Mme...
Mme Dufour : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : De
Mille-Îles. J'allais... J'allais dire votre nom de famille.
• (12 h 40) •
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Alors, d'abord, je voudrais remercier, moi, également, les
collègues. Ça me fait plaisir d'être ici. J'ai eu l'occasion, Mme la Présidente,
de vous remplacer, une session, dans... durant les consultations particulières,
et j'ai pu écouter des groupes parler, là, de...
Mme Dufour : ...de la
situation, notamment dans le domaine de la construction, et... et donc c'est
avec un grand plaisir, là, que je suis ici ce matin. Je remercie également le
ministre, le ministre du Travail, là, pour nous donner l'occasion d'échanger
sur un domaine qui est quand même fort important. Et je pense que vous m'avez
déjà entendue parler allègrement dans le salon bleu en Chambre, donc, de
l'enjeu du logement, qui est un des dossiers, là, que... pour lequel je suis
porte-parole de l'opposition officielle. Et il y a... actuellement, il y a des
enjeux majeurs. Et d'autres députés l'ont mentionné juste avant moi, là, que
l'industrie, là, de la construction, on a besoin de logements et
définitivement, on a besoin de... de changements législatifs. D'ailleurs, j'ai
rencontré quand même plusieurs entreprises, groupes dans le domaine de la
construction, dans le domaine de l'habitation, dans la dernière année, et
c'était assez... je vous dirais, assez unanime, là, le fait qu'il fallait qu'il
y ait des... une réforme. J'avais même déjà posé une question à cet effet là.
On avait... on avait discuté du fait que, notamment, quand on compare avec
l'Ontario, le nombre de corps de métiers, par exemple, c'était un enjeu, donc.
Donc, je salue qu'on... qu'on ouvre...
qu'on ouvre ce chantier-là, qu'on fasse... qu'on propose des changements. Par
contre, je dois me fier, d'une certaine façon, aux experts qui sont dans le
domaine et qui nous disent que ça ne va pas assez loin pour ce qu'on a besoin
de faire. Et ma collègue de Bourassa-Sauvé l'a mentionné également, d'autres députés
aussi. Donc, il y aura... il faudra avoir une réflexion, là, à savoir comment
on peut encore mieux soutenir l'industrie de la construction. Et je vais vous
dire, j'ai le même... on a de notre côté le même... le même intérêt que le
député de Jean-Talon, qui a mentionné que, pour lui, pour son groupe
parlementaire, les PME en région et... et particulièrement, là, la construction
de logements allait... et pour la qualité, par exemple, des maisons qui
seraient construites en région, mais surtout, il a mis beaucoup d'emphase sur
les PME des régions. Bien, définitivement, c'est le même... c'est le même
intérêt, le même angle que nous avons. C'est avec cet même angle là que nous
avons regardé le projet de loi, surtout ma collègue de Bourassa-Sauvé, et c'est
exactement ça que nous aurons en tête lors de l'étude du projet de loi.
Et là... et là, d'ailleurs, j'en profite,
là, pour remercier aussi les groupes qui sont venus lors des consultations
particulières, parce qu'ils ont amené quand même une... des éléments, là, fort
pertinents, je pense, des points de vue, ils ont regardé chacun avec leur
expertise les... le projet de loi et ils ont proposé plusieurs amendements.
Donc, voilà. Je vais peut-être parler, là, donc, plus en détail de ce que le
projet de loi, là, prévoit, là. Donc, évidemment, ça... ça a pour objet de
moderniser l'industrie de la construction, ça, on le sait. Et là, il y a
différents éléments, on devance l'échéance des... de diverses étapes du
processus menant au renouvellement des conventions collectives. Il introduit la
possibilité pour les parties de négocier le versement d'un ajustement salarial
rétroactif pour les salariés, ce n'est pas exhaustif, là, je souligne certains
éléments, prévoit l'ajout... il prévoit, le projet de loi, l'ajout d'un recours
devant le Tribunal administratif du travail en cas de manquement par l'une ou
l'autre des parties aux négociations, un manquement à l'obligation de négocier
avec diligence et bonne foi. Je vous... il modifie certaines règles relatives à
la gouvernance de la commission de la construction du Québec. Ça, c'est
important. Il y a... il y avait plusieurs irritants, je crois, au niveau de la
CCQ, donc notamment le rôle et les responsabilités. Crée également un comité
des relations de travail dans l'industrie de la construction. Et là, on dit
qu'il est formé exclusivement de représentants des associations patronales et
des associations représentatives des salariés. Il introduit aussi un pouvoir
réglementaire pour la CCQ de déterminer des normes, ainsi qu'une procédure de
reconnaissance de la formation et des diplômes délivrés hors Québec. Ça, je
vais en reparler parce que c'est fort intéressant. Et évidemment, moi, ce qui
m'intéresse aussi particulièrement, c'est le fait qu'il modifie le règlement
sur la formation professionnelle de la main-d'œuvre de l'industrie de la
construction dans le but d'accroître la polyvalence dans l'organisation du
travail des travailleurs de certains métiers de la construction. Et il a
introduit dans... les conditions permettant... permettant la mise en œuvre de
ce principe de polyvalence, tout en précisant nommément les travaux et métiers
qui ne peuvent donner ouverture à une telle polyvalence. Et donc, là, dans le
fond, quand on regarde...
Mme Dufour : ...regarde
l'industrie de la construction, bien, on voit, on a une pénurie de logements,
c'est majeur, mais on a aussi une pénurie de main-d'oeuvre qui est très
importante. On a vu malheureusement, dans la dernière année, notre pire bilan
au niveau des mises en chantier. Ça a chuté en dessous des 30 000...
39 000 unités mises en chantier, puis ça, je parle évidemment de
logements, là. Il y a une industrie de la construction qui, elle, va très bien,
qui est celle de l'industrie, par exemple, industrielle. Mais, pour ce qui est
du résidentiel, ça va très mal. Et on a un enjeu, c'est que pour nos PME en
région, mais les entreprises, la filière batterie, par exemple, qu'on veut
accueillir, bien ça va prendre du logement pour tous ces travailleurs-là qu'il
y en a quand même une bonne portion qui vont venir de l'extérieur. Et
présentement, on est dans des taux faméliques, on est dans des moins de
1 % dans pratiquement toutes les régions du Québec. Il y a à peu près
juste la grande région Montréal qui... qui va un peu mieux au niveau du taux,
et ça va pourtant très, très mal dans la région de Montréal. Alors, c'est tout
dire la situation.
Puis d'ailleurs, il y avait un article ce
matin où on parlait des... des... de toute la... la, disons, la... le processus
qui a été suivi en Gaspésie pour attirer des travailleurs de la santé mais de
l'étranger pour les former, et... et donc des infirmières, des préposés aux
bénéficiaires, et le premier élément qui a fait en sorte que leur expérience
n'a pas été si positive que ça, malheureusement, de venir au Québec, c'était le
manque de logements. Donc, les gens arrivaient avec leurs familles, et il n'y
en avait pas. Il n'y avait pas possibilité de se loger ou ce qu'ils ont trouvé,
sont réussi à trouver, bien, ils n'étaient pas capables de se le payer avec la
bourse qu'ils recevaient. Donc, ça devient majeur, parce que le domaine... on
sait que, dans le domaine de la santé, on a eu des besoins, on l'a vu avec la
pandémie, on est allé chercher des ressources déjà à l'étranger. Mais là, si on
ne peut pas les accueillir, on ne peut pas les loger, mais comment vont-ils
rester? Donc ça devient vraiment, vraiment clé, majeur. Et malheureusement,
comme j'ai dit, on a vu les... une mise... un déclin, une baisse des mises en
chantier qui était la pire, historique comme baisse de mises en chantier, et
présentement les deux premiers mois de l'année ne montrent pas une embellie non
plus. Donc... donc, ça ne va pas très bien. Et juste pour mettre en
perspective, j'ai parlé qu'il y a eu moins de 39 000 logements l'année
passée. On... selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement, on
devrait en construire 150 000 si on voulait... par année si on voulait
ratteindre l'abordabilité.
Hier, j'ai eu des échanges avec le
ministre des Finances qui dit que peut-être leurs chiffres étaient un peu
gonflés. Mais peu importe, entre les deux, on est très loin du compte. On est
très loin du compte aussi de ce qui se fait ailleurs au Canada. Alors
présentement, eux, ils arrivent à contrer un peu, ils arrivent à se rattraper
alors que nous on continue à diminuer. C'est préoccupant. Et d'ailleurs la...
et là, il y a plein de conséquences à ça. Et le mémoire de la... l'Association,
là, des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec en a
fait fort... en fait part, puis c'est un mémoire que j'ai trouvé fort
intéressant, où ils parlent du fait qu'il y a une hausse du nombre de... bien,
le nombre de personnes en situation d'itinérance, puis ce qui est particulier,
ce qu'on a pu voir dans la... la littérature dans les dernières... les derniers
mois, c'est que pour la première fois, la première raison de l'itinérance, la
première cause de l'itinérance, au Québec, c'est le manque de logements. C'est
dramatique.
Dans le passé, les gens qu'on voyait dans
la rue, c'est des gens qui avaient des problèmes de santé mentale, des gens qui
avaient des problèmes de consommation d'alcool, de drogue, etc. Mais
aujourd'hui, ceux qu'on rencontre dans la rue, et il y a tous ceux qu'on ne
voit pas parce qu'ils sont peut être dans leur voiture, qui dorment dans la
voiture, et c'est leur première cause, ceux qui n'arrivent pas à trouver un
logement qu'ils peuvent se payer, c'est... c'est absolument dramatique et ça ne
va qu'en augmentant, puis c'est partout au Québec. Ce n'est pas seulement que
dans les régions urbaines qu'on voyait avant. J'étais à un sommet sur
l'itinérance, le maire de Roberval qui parlait du campement qu'il avait eu
dans... qu'il y avait dans sa ville, campement d'itinérants. Et c'est comme ça,
et on va le voir partout, partout. Cet été, ça va être encore pire parce qu'on
n'a pas construit assez de logements.
• (12 h 50) •
Et en parallèle, étant donné le jeu de
l'offre et de la demande, comme l'offre est... est famélique et en fait est
entrain de devenir presque négative dans certains... certains types
d'habitation, bien, la hausse des prix de l'immobilier ne cesse d'augmenter, ce
qui fait aussi qui met une pression à la hausse des loyers. Donc, de plus en
plus, les gens n'arrivent plus à se loger. Les taux de propriété chez les
jeunes, eux autres, ça diminue, et les coûts des maisons montent en flèche. On
est rendus à 475 000 $ par une maison moyenne. Le prix moyen d'une
propriété, dans la région métropolitaine, c'est 475 000$ juste pour donner une...
une perspective pour devenir...
Mme Dufour : ...propriétaire
dans le passé, on arrivait avec un... notre salaire, un salaire moyen, on
arrivait... à deux fois et demie notre salaire moyen, on arrivait à se payer le
prix de la propriété moyenne. On est rendu à 5,4 fois le revenu moyen
aujourd'hui, donc c'est... on le voit, là... Puis ça, c'est en... en quelques
années à peine, donc c'est deux fois plus difficile devenir... et probablement
même plus avec le fait que les taux d'intérêt ont... ont augmenté. Ce qui est
préoccupant, c'est que... Puis, tu sais, tout ça découle aussi qu'il y a eu des
hausses de coûts, des coûts... des hausses de coûts dans la construction,
notamment. On sait, les taux d'intérêt ont eu aussi un impact sur les mises en
chantier, mais ce n'est pas tout, comme je disais, les hausses de coûts de
construction, coûts de la main-d'œuvre. Et ce qui est inquiétant, c'est que...
c'est qu'on voit... Tu sais, il y a des chiffres, là, on peut le voir dans...
justement dans le mémoire de la... l'APCHQ, que 25 % des gens dans le
domaine de la construction seront à la retraite d'ici 10 ans. Ça, quand
j'ai vu ce chiffre-là, je vous avoue que j'ai... j'ai eu un choc parce qu'on
sait déjà qu'il manque... qu'il y a un manque de main-d'oeuvre actuellement
dans le domaine de la construction. Il y a aussi un manque de productivité, par
contre. On doit dire, là, qu'on pourrait en faire plus avec... avec les... la
main-d'œuvre qu'on a aujourd'hui. Le projet de loi va répondre à une portion de
ça, pas tout. Tu sais, quand on voit les moyennes, c'est... Actuellement la
moyenne d'heures québécoises, ça équivaut à peu près, dans l'ensemble des
régions du Québec, à 26,5 semaines de travail par année. C'est évident
qu'on pourrait construire plus... plus que ça dans l'année, puis qu'il
pourrait y avoir plus d'heures. Donc, il y a un enjeu de main-d'oeuvre. Puis
d'ailleurs on constate qu'à certains endroits, il manque de travailleurs, et,
dans d'autres régions, bien là, il y a des gens au chômage, donc ça, ce n'est pas
normal. Les régions... Souvent, justement, les régions les plus éloignées sont
celles qui sont souvent plus... le plus en... en ébullition. On peut penser à
la... toute la région qui va accueillir la filière batterie, votre région, M.
le ministre, la Mauricie, Trois-Rivières. J'avais rencontré votre maire...
l'année passée qui... qui m'a fait part à l'automne dernier de son inquiétude
par rapport à la filière batterie et comment les gens qui allaient arriver chez
lui, même si c'est à Bécancour que les entreprises s'installent, ils vont
surtout aller vivre à Trois-Rivières, et à Trois-Rivières, il manque déjà de
logement. Donc, il se demandait : Comment je vais arriver à avoir tous ces
gens-là?
Donc... Donc, voilà. Alors, ça démontre
qu'il y a un enjeu majeur. Et maintenant, si on... Et puis il y a
Rouyn-Noranda, qu'on parlait récemment, là, il y a eu tout le dossier des...
des femmes, les logements pour les femmes violentées. Il y a eu le dossier
d'une en particulier, puis hier, on pouvait lire... C'est à Rouyn-Noranda, puis
il y avait des particularités. C'est qu'il y a un manque de main-d'oeuvre à
Rouyn-Noranda dans ce domaine-là, ce qui fait hausser les coûts. Donc, ça a un
impact. Alors, effectivement, avec une plus grande mobilité des travailleurs, on
pourrait voir, au moins pour cet aspect-là, des coûts... Parce que les
matériaux de construction, ça, votre projet de loi n'y... n'y touchera pas.
Mais au moins, tu sais, si ça pouvait avoir apaisé un peu et faire en sorte
que... aussi que tout le monde puisse travailler, alors qu'il ne manque pas
d'emplois au Québec actuellement dans ce domaine-là. Il... On n'a pas le choix
de réagir avec 25 % de la main-d'oeuvre en construction, qui prendront
leur retraite. C'est majeur.
Ce qui m'a surpris aussi dans tous les
chiffres, c'est... c'est la faible part des femmes dans le domaine de la
construction, mais aussi la faible part d'immigrants, de gens issus de
l'immigration qui font partie du domaine. Et là, par rapport aux femmes, je
voudrais peut-être juste préciser une chose, parce que le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, tout à l'heure, a mentionné que, depuis l'abolition du
placement syndical en 2011, c'est quelque chose que le gouvernement du Parti
libéral du Québec avait fait, que le nombre de femmes avait diminué. Mais,
selon les statistiques que nous avons en main, c'est tout à fait le contraire,
là, ça n'a cessé que d'augmenter, en fait. Puis aujourd'hui, là, on est à deux
fois et demie... trois fois et demie plus de femmes dans le... l'industrie de
la construction qu'en 2011. Donc... Donc, ça ne semble pas avoir eu d'impact à
ce niveau-là, mais il n'y a toujours pas assez de femmes. À 3,5 %, ce
n'est vraiment pas suffisant, pourtant il y a des métiers, je pense... puis il
y a de l'intérêt. Elles entrent plus souvent dans le domaine résidentiel, hein,
ça, on les a entendues nous en parler. Elles sont un peu moins présentes dans
les autres types de construction d'ouvrage. Mais par rapport aux... à... aux
gens issus de l'immigration, quand on se compare, c'est...
Mme Dufour : ...quand même
étonnant, le chiffre, arce qu'on est à 9 %, selon une étude de Desjardins,
on est à 9 % de la proportion des immigrants et résidents non permanents
dans la construction. Et, quand on se compare avec le reste du Canada, le reste
du Canada est à 22 %. Chez nous... Et, si on se compare avec les voisins
américains, les États-Unis, 34 %. Alors, il y a une mine d'or ici de
travailleurs qui pourraient venir soutenir l'industrie. On en a besoin. On ne
peut pas se permettre d'exclure personne. Et, dans les événements... dans les
éléments qui sont soulignés, on mentionne que la non-maîtrise du français, la
difficulté, surtout, la difficulté de faire reconnaître ses compétences freine,
freine l'accès aux emplois, puis ça, on le voit dans toutes sortes d'autres
domaines que la difficulté de faire reconnaître les compétences est un frein.
Je ne dis pas, est-ce qu'on est si distinct que ça, le Québec par rapport au
reste du Canada ou par rapport aux États-Unis? Que si c'est des travailleurs
issus de l'étranger peuvent travailler aux États-Unis, pourquoi ils ne peuvent
pas travailler chez nous dans le domaine de la construction? Je ne crois pas
que la qualité soit moindre aux États-Unis ou en Ontario de la construction.
Donc, donc, je souligne quand même qu'il y
a une avancée dans le projet de loi là où on viendrait, là, diminuer le
droit... dans le fond, permettrait le droit de se déplacer d'une région à
l'autre après 400 heures de travail. Donc, ça, c'est une avancée. Mais je pose la
question : Est-ce que c'est suffisant? Parce qu'il faut quand même rentrer
à quelque part, donc... Puis le bassin des gens issus d'immigration,
généralement, vont vivre dans les grands centres, c'est une question d'avoir un
réseau, alors qu'actuellement, on le voit, il y a des des booms, là, de
construction ailleurs, puis d'ailleurs... ailleurs, plus loin en région.
D'ailleurs, c'est intéressant d'entendre,
c'était en janvier, le premier ministre François Legault, qui invitait les
travailleurs de la construction à déménager en région, hein, il disait :
On va avoir besoin plus de monde que jamais en région, alors que ceux qui sont
déjà là, ils vont avoir de l'ouvrage. Mais il va falloir convaincre du monde de
déménager en région parce qu'on va avoir beaucoup de travaux, puis là il
parlait des chantiers d'Hydro-Québec, notamment, ça, c'est énorme ce qui s'en
vient, mais aussi la filière batterie. Mais je veux bien, mais ce n'est pas
évident de déménager. Puis, en plus, là où il y a des booms actuellement, il
n'y a pas de logement. Donc, comment vont-ils arriver à s'établir là? C'est un
cercle vicieux. Je vois le ministre qui fait ça, bien, c'est ça, c'est un
cercle vicieux. Alors, il faut comme couper ça pour, finalement, parler
peut-être de plus de mobilité que même ce qui est prévu dans le projet de loi.
Il faudra y réfléchir, en tout cas, on va en discuter.
Et puis là je voyais un exemple d'un
travailleur d'Eastman, ça m'a fait... ça m'a m'a vraiment impressionnée de voir
qu'un travailleur d'Eastman, ça, c'était dans le rapport, justement, de l'APCHQ
qui mentionnait qu'il ne pouvait pas... il ne pouvait pas travailler à 30
minutes de chez lui, mais il pouvait travailler à deux heures de chez lui, par
exemple, hein, parce que lui, sa région, hein, sa région d'emploi faisait en
sorte qu'il était... Il pouvait aller dans la région à côté, celle de Montréal
métropolitain, mais Magog qui était dans celle des Cantons-de-l'Est, lui, dans
les Cantons-de-l'Est, bien là, ça, il ne pouvait pas y aller. C'est d'une autre
époque, je m'excuse, je vais être polie.
Un autre élément qui, puis là il ne me
reste pas beaucoup de temps, mais un autre élément qui m'inquiète
particulièrement, c'est la situation de l'Outaouais, l'Outaouais et surtout
quand on regarde Gatineau qui est connecté directement avec Ottawa. Moi, j'ai
rencontré des entrepreneurs en construction là-bas qui m'ont dit
carrément : Mais, nous, de un, on ne construit plus au Québec, on
construit en Ontario parce que c'est moins cher actuellement. Mais il y a aussi
un enjeu de main-d'oeuvre, et là il y a des Québécois qui s'en vont en Ontario,
qui vont travailler là-bas, mais l'inverse n'est pas possible. Alors, ça, c'est
un enjeu majeur. Puis même ils me faisaient part qu'il y avait environ 500
Québécois qui, actuellement, travaillent en Ontario, mais qui ne peuvent pas
revenir. C'est peut-être le délai, depuis combien de temps ils sont partis.
C'est 500 Québécois qui, peut-être, pourraient prêter main-forte à Gatineau,
dans ce secteur-là, en Outaouais, mais qui, actuellement...
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant.
Mme Dufour : Il me reste 30
secondes...
La Présidente (Mme D'Amours) : 22.
Mme Dufour : ...22. Donc,
actuellement, ils ne peuvent pas le faire. Donc, c'est... Donc, je pense qu'il
y a encore beaucoup de travail à faire, monsieur... Mme la Présidente, et puis
on sera là pour l'étude détaillée. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre collaboration. Compte tenu de l'heure, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures où elle poursuivra un autre
mandat. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 13 heures)