Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 19 mars 2024
-
Vol. 47 N° 45
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 51, Loi modernisant l’industrie de la construction
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-six minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'économie et du travail ouverte. Je vous souhaite la bienvenue
et je vous demande, à toutes les personnes dans la salle, de bien vouloir
éteindre la sonnerie de votre appareil électronique. La commission est réunie
afin de poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur
le projet de loi no 51, Loi modernisant l'industrie de la construction.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Tremblay (Dubuc) est remplacé par Mme Bogemans (d'Iberville) et Mme
Tremblay (Hull) est remplacée par Mme Malette (Huntingdon).
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Nous entendrons ce matin les témoins suivants, soit : la Corporation des
entrepreneurs généraux du Québec, le Conseil du patronat du Québec et l'Association
des employeurs en mécanique industrielle du Québec.
Je souhaite maintenant la bienvenue à la
Corporation des entrepreneurs généraux du Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes, 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à
la période d'échange. Je vous invite donc à vous présenter et à nous donner
votre exposé.
M. Côté (Eric) : Merci, Mme
la Présidente. M. le ministre, Mmes, MM. les députés, bonjour. Mon nom est Éric
Côté, je suis président-directeur général de la Corporation des entrepreneurs
généraux du Québec, communément appelée la CEGQ. Aujourd'hui, je suis
accompagné de Lucien... Julien Lessard, excusez, oui, président du conseil d'administration
de la CEGQ, qui est aussi vice-président exécutif de l'entreprise Beaudoin
Canada, de Mme Mélissa Robitaille, présidente sortante du conseil d'administration
et P.D.G. de... une entreprise de construction. Je suis accompagné, finalement,
de M. David Dinelle, directeur des affaires publiques et des relations
gouvernementales de la CEGQ.
Nous tenons à vous remercier pour l'invitation...
M. Côté (Eric) : ...à
participer à cette consultation particulière et, d'entrée de jeu, j'aimerais
préciser avec vous que la CEGQ accueille favorablement la volonté exprimée dans
la modernisation de l'industrie de la construction derrière le projet de loi no
51.
La CEGQ est fondée en 1996. Elle a pour
mission de défendre les intérêts des entrepreneurs généraux et de l'industrie
de la construction par sa contribution au développement du Québec, notamment au
niveau économique et durable. Elle est la seule association vouée exclusivement
à la promotion des intérêts collectifs des entrepreneurs généraux. Ses membres,
ensemble, réalisent 85 % des projets dans les secteurs institutionnel,
commercial et industriel. Avant d'aller plus loin, vous me permettrez, Mme la
Présidente, de permettre à notre président du conseil, M. Lessard, un entrepreneur
général, de vous expliquer les rôles et responsabilités d'un entrepreneur
général dans le secteur de la construction.
M. T.-Lessard (Julien) : Merci,
Eric. Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, comme
entrepreneurs généraux, nous sommes les chefs d'orchestre sur les chantiers.
Nous sommes responsables de la gestion des projets de construction, nous
planifions l'ensemble des travaux, nous engageons et nous gérons les
entrepreneurs spécialisés, nous veillons au respect de l'échéancier et du
budget. Nous assurons que les projets respectent les normes et réglementations
et nous assurons la maîtrise d'oeuvre en santé et sécurité au travail sur les
chantiers. Nous veillons à la satisfaction de toutes les parties prenantes en
ayant une vision globale du projet.
Malgré ce qui précède, les entrepreneurs
généraux ne sont pas exclusivement représentés dans les discussions
officielles, alors que la loi R-20 leur accorde un statut différent en leur
exigeant notamment l'obligation solidaire en matière salariale en vertu de
l'article 54 de la loi R-20. Puisque les entrepreneurs généraux portent la
responsabilité de la planification et de la productivité des chantiers et
qu'elle apporte une vision globale qui viendra bonifier la concertation des acteurs
de l'industrie, la CEGQ souhaite une reconnaissance officielle comme
association d'entrepreneurs, en vertu de l'alinéa 1-c de l'article 1 de la loi
R-20. Je repasse maintenant la parole à M. Côté.
• (9 h 50) •
M. Côté (Eric) : En matière
de polyvalence, le Québec se distingue en comptant le plus grand nombre de
métiers dans l'industrie de la construction, avec pas moins de 26 métiers
reconnus. En comparaison, le régime d'apprentissage exige six métiers, en
Ontario, neuf, en Alberta, et cinq au Nouveau-Brunswick. La CEGQ est d'avis que
la polyvalence de la main-d'œuvre constitue un élément essentiel pour une
productivité accrue, et c'est pourquoi nous saluons l'ouverture du projet de
loi à cet effet. La présente modernisation doit effectivement favoriser une
plus grande flexibilité de la main-d'œuvre tout en assurant la qualité, et j'y
tiens, et je le mentionne, permettant à chaque travailleur d'accomplir un
éventail élargi de tâches, surtout dans un contexte de gestion de déficience à
la fin des chantiers où il y a plusieurs métiers qui se succèdent.
Plusieurs d'entre vous avez entendu parler
des fameux cadres de porte. Alors, on se dévoile, on vous le dit, c'est un
entrepreneur de la CEGQ qui a évoqué cette problématique-là. Il aurait aimé
être avec nous, mais, pour des raisons de confidentialité, de difficultés pour
son entreprise, il a choisi de laisser son association lui expliquer la
situation. Vous avez entendu, il y a un entrepreneur qui avait, sur une... dans
un chantier d'une commission scolaire, a dû changer des cadres de porte parce
que les plans prévoyaient 24 pouces, alors qu'il fallait finalement mettre 30.
Il a fallu sept métiers pour changer le cadre de porte. Dans notre mémoire, on
vous fait la liste, la nomenclature. Alors, tout ça, finalement, nous croyons
qu'avec le projet de loi, ça ne serait malheureusement qu'une petite économie
qui serait possible. En appliquant la nouvelle définition de la polyvalence
proposée dans le projet loi no 51, rien ne précise que l'entrepreneur aurait eu
besoin de moins de métiers. Les tâches semblent reliées, mais il est difficile
de le confirmer, même si elles tendent à s'inscrire dans une même séquence de
travail. Leur réalisation, toutefois, s'effectuerait sur plus d'une journée.
Afin d'encadrer la polyvalence, elle
propose... la CEGQ propose un partage des compétences à travers les familles de
métiers. Qu'est-ce que c'est, les familles de métiers? C'est un rapport qui
existe depuis 2013, produit par la CCQ, qui vient introduire une approche selon
laquelle les 26 métiers seraient répartis selon cinq grandes familles à
l'intérieur desquelles les travailleurs pourraient évoluer et partager
certaines tâches. Donc, ce n'est pas quelque chose de laissé au hasard, qu'on a
inventé, c'est un document qui date depuis 2013, à cet effet-là. Donc,
favoriser un apprentissage et un partage de compétences à l'intérieur de
familles cohérentes et... pour favoriser l'apprentissage de ces compétences.
Afin d'évaluer les différentes
relatives... délais ou coûts, dans l'exécution des travaux concernant les
changements des cadres de porte, nous avons procédé à une évaluation. Alors,
tout simplement, on a essayé de voir si l'entrepreneur, avec les familles de
métiers, aurait réalisé une économie. Selon nos termes, et on peut vous dire,
les travaux pour changer les 13 cadres de porte dans l'école ont pris 45 jours
parce qu'il y a des métiers qui se succédaient, il y avait des délais, pour un
coût d'environ 25 000 $. On parle d'un vrai chantier, ici, ce n'est pas
une analyse qui était faite sur la base, donc...
M. Côté (Eric) : ...en
appliquant le concept lié aux familles, seuls deux métiers auraient été
nécessaires, un charpentier... et un peintre. Pour les mêmes modifications,
l'entrepreneur estime que les tâches auraient... seraient tombées à 26 jours,
ce qui représente une amélioration dans le temps de 42 %.
Toutefois, ce qu'on se rend compte, c'est
que la gestion des juridictions de métier est quelque chose de complexe. Et,
avec l'arrivée d'une nouvelle loi, peu importe comment le gouvernement ou
l'Assemblée en décidera, il est nécessaire de mettre en place un mécanisme de
préapprobation pour que les entrepreneurs qui sont de bonne foi, qui veulent
faire les choses comme il faut dans la polyvalence, ne se trompent pas, ne
soient pas pénalisés. Et on aimerait que la CCQ puisse offrir un service de
validation avant le début des travaux. Donc, un entrepreneur pourrait faire
vérifier si la méthode ou quelque chose comme ça pourrait être préautorisé, au
lieu de prendre une chance d'avoir une contravention et de se retrouver en
situation, comment dire, un peu dommageable et qui aurait un impact au niveau
juridique. Alors, afin d'éviter justement des combats d'interprétation
juridique, il semble important de mettre en place ce mécanisme d'approbation.
Et nous savons que, dans le passé, la Commission de la construction du Québec
le faisait dans certains cas, et on pense que ça serait quelque chose de
louable pour l'industrie, au lieu d'avoir une police, un accompagnement, un peu
comme on le fait de plus en plus du côté de la CNESST, avec l'introduction du
projet de loi n° 59 qui a été faite il y a quelques années.
Sur la question de la mobilité, la CEGQ
est d'avis qu'il faut... qu'il n'y a plus de raison valable d'entraver la
mobilité des travailleurs et des travailleuses devant... et demande l'abolition
de toutes les restrictions à cet égard. Mais toutefois, et il y a un frein à la
mobilité, c'est le budget, d'amener des gens de notre équipe sur un autre
chantier, ça implique qu'on va devoir couvrir les frais de déplacement et de
séjour. Alors, ça ne se fait pas à n'importe quel prix. Et je rassure le
ministre là-dessus, ça ne peut pas être un bar ouvert. Il y a des limites parce
que, dans un contexte de plus bas soumissionnaire, si on met toute notre équipe
avec tous les pleins prix, on risque de ne pas être compétitif.
Je laisserais... je vais continuer. Je
voulais changer tout de suite, hein? Je voulais vous parler enfin de la
rétroactivité. Avant même de parler de la création d'un fonds de rétroactivité,
il faudrait faire un débat de fond sur la rétroactivité et d'expliquer pourquoi
elle est impraticable dans le secteur de la construction. Premier point, à
moins d'une disposition contractuelle... ne le prévoit, il est impossible pour
un entrepreneur de rétroactivement solliciter son client pour une somme qu'il a
oublié de prévoir dans son projet. Ce projet, c'est... est vaste, et cette
clause est étendue dans les contrats publics, les contrats privés. Elle est
même inscrite au Code civil du Québec à l'article 2109.
Autre élément qui laisse, dans le fond,
aux parties de regarder la situation, en 2014 et en 2017, à cause d'un conflit
de travail, le gouvernement a dû statuer sur les conditions salariales des
travailleurs, et, à ce moment-là, n'a pas appliqué le principe de la
rétroactivité. Par contre, le gouvernement dans sa sagesse et... a appliqué une
correction dans l'augmentation pour justement tenir compte de la période qu'il
y a eu entre l'échéance et la fin du conflit. Donc, de ce côté-là, l'histoire
nous montre qu'il y a une possibilité de faire les choses à cet effet-là, et
nous souhaitons, donc, à cet effet-là, de retirer tous les éléments sur la
question de la rétroactivité. Mélissa.
La Présidente (Mme D'Amours) : Il
vous reste une minute.
Mme Robitaille (Mélissa) : Merci,
Éric. Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, les femmes dans
l'industrie de la construction ne représentent que 3,7 % de la main
d'œuvre. Après cinq... cinq ans, 54 % d'entre elles quittent le milieu,
comparativement à 35 % chez les hommes. Le climat de travail, associé
malheureusement à des comportements inappropriés à certains moments, est
certainement responsable de cette situation. Afin de soutenir la rétention des
femmes dans l'industrie de la construction, il est crucial de renforcer la
sensibilisation. C'est pourquoi la CEGQ soutient, comme le suggère le Conseil
d'intervention pour l'accès des femmes au travail, le CIAFT, la mise en place
d'une formation obligatoire contre le harcèlement à intégrer au régime
d'apprentissage. Cette formation serait une étape essentielle pour créer un
environnement de travail plus respectueux et inclusif.
J'aimerais aussi ajouter aux propos de mon
collègue Julien que la liste des associations reconnues par la loi n'a pas
guère changé depuis 50 ans. Malgré tout, depuis la CEGQ s'est établie par
son professionnalisme et sa pertinence au sein de l'industrie. Comme mes
collègues viennent d'aborder la question de la polyvalence et de la mobilité,
celles-ci se planifient en amont des projets de construction par l'entrepreneur
général, d'où... d'où l'importance d'être reconnu par la loi R-20 et
d'être autour de la table. En conclusion, d'autres recommandations se trouvent
dans notre mémoire et nous demeurons disponibles pour vos questions.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons débuter maintenant la
période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Oui, merci, Mme
la Présidente. D'abord, un grand merci pour la qualité de votre mémoire, pour
la recherche que vous avez faite afin de nous présenter des recommandations qui
sont bien articulées, qui sont clairement exprimées. M. Côté...
M. Boulet : ...M. Côté et
toute votre équipe. Donc, bravo! Ceci dit, comme je l'ai fait à d'autres
groupes, si je résumais très, très sommairement votre mémoire, c'est plus de
polyvalence, plus de mobilité que ce qui est dans le projet de loi, pas de
rétroactivité puis, quant à l'accès, d'un accès particulièrement pour augmenter
la représentativité des femmes.
Puis peut-être revenir à la polyvalence.
Puis effectivement c'est un exemple qui a fait du bruit sur la place publique,
que le changement d'une porte dans une école, où ça requiert l'intervention de
sept personnes, et, effectivement, les 13 cadres de porte qui prennent
45 jours à des coûts particulièrement élevés... Et c'est le but visé par
la polyvalence. Ceci dit, vous l'avez mentionné, M. Côté, il ne faut pas que la
polyvalence devienne non plus un bar ouvert. Il ne faut pas que ça ait un
impact négatif sur la qualité des travaux et que ce soit aussi incompatible
avec les compétences des travailleurs. C'est pour ça que la polyvalence, elle
est relativement prudente. Mais, je vous entends bien, il faut que ça ait un
impact. Et, si la polyvalence est bien encadrée par l'entrepreneur, elle
devient, cette polyvalence-là, un incitatif à la planification. Puis plus tu
planifies, plus tu peux bénéficier de la polyvalence quant à la diminution des
délais et, conséquemment, la réduction des coûts. Puis, effectivement, quand on
se compare, on réalise qu'il y a beaucoup plus de rigidité entre les métiers,
qui sont par ailleurs beaucoup plus nombreux au Québec que dans le reste du
Canada.
• (10 heures) •
S'il y avait, quant à la polyvalence, un
élément spécifique de l'article 72... je comprends que vous faites
référence à la notion de famille et activités pour des raisons de cohésion...
Puis on a fait une réflexion là-dessus. Puis vous vous étiez informé, l'année
passée, quand même des consultations qui ont été faites avec les sous-comités
professionnels, qui relèvent de la CCQ, sur le concept d'activités, le partage
des activités, puis, au bout de plusieurs mois, même avec ces sous-comités
professionnels là, qui sont complètement paritaires, il n'y a pas eu une
activité qui a fait l'objet d'un consensus. C'est là qu'on voit par ailleurs
les limites du paritarisme. Mais vous vous souvenez qu'il y a un certain nombre
d'années il y avait eu un projet de réforme du régime d'apprentissage et de
gestion de la main-d'oeuvre, vous appeliez ça à l'époque, je sais que vous le
connaissez parce que vous avez des références historiques en construction, M.
Côté, le PRAGM. Et ça avait été analysé, mais il n'y avait pas eu de consensus.
C'est pour ça qu'on est revenu à la notion de polyvalence, mais avec des
conditions, avec des balises. Et ma question sur la polyvalence : S'il y
avait un élément prépondérant dans la définition de polyvalence qui nous
permettrait de l'élargir et que vous pourriez nous conseiller de faire lors de
l'étude détaillée, ce serait quoi spécifiquement?
M. Côté (Eric) : Mais merci.
Ce qu'on proposait, c'est d'avoir un modèle, pas de... de ne pas, justement, laisser
ça librement puis que tout le monde puisse faire n'importe quoi. On ne veut pas
que les électriciens se mettent à faire de la plomberie et vice versa. Il y a
des choses importantes. Les familles de métiers donnaient des balises justement
de ce côté-là. On comprend que ces démarches-là ont eu lieu à une époque où,
dans le contexte de paix industrielle, c'était différent puis... Il faut le
reconnaître, là, que la juridiction des métiers a aussi un impact sur
l'organisation des entreprises dans le secteur de la construction, je pense que
vous allez entendre la Régie du bâtiment, qui est dans un projet de réforme
avec l'annexe trois, ça l'a un impact sur l'organisation des entreprises si on
a des métiers plus polyvalents. Et je pense que... Puis vous parlez de
références historiques, mais je pense qu'à cette époque-là la résistance au
changement est venue du secteur des entreprises, n'est pas venu du secteur
syndical le plus fort à cet égard-là. Alors, je pense que... Ce qu'on recherche
aussi, ultimement, c'est des entreprises qui sont plus polyvalentes, qui
peuvent faire plus de choses. Pourquoi on est obligés d'avoir une entreprise en
peinture, une entreprise en plâtrage, une entreprise... alors qu'il pourrait y
avoir, des entreprises... Il en existe, en ce moment, et ces entreprises-là
tirent leur épingle du jeu. Donc, la polyvalence fait, aide à la croissance des
entreprises.
Alors, à cet effet-là, je pense que la
proposition de faire dans des familles de métiers, ultimement, va faire en
sorte qu'on pourrait être peut-être plus proche du modèle ontarien, où on en
voit des avantages.
M. Boulet : O.K., mais...
10 h (version non révisée)
M. Boulet : ...je reviens à
ma question, puis je vous comprends bien, en deux mots, s'il y avait un élément
de la définition balisé, actuel qu'on retrouve à l'article 72 du projet de loi
n° 51, est-ce qu'il y a un élément qui retiendrait votre attention plus
particulièrement, ou il ne peut ne pas y en avoir, là?
M. Côté (Eric) : Je vous
dirais que l'élément qui est sur une seule journée, peut-être, plus... est plus
limitatif. Je pense que, dans certains cas, on pourrait l'élargir sur une plus
longue période, pas sur l'ensemble du chantier, mais... Si on avait... une
journée, on pourrait peut-être faire des gains sur nos...
M. Boulet : C'est une bonne
réponse. Mais, maintenant, la mobilité... Non, mais c'est une réponse claire.
M. Côté (Eric) : ...on s'est
préparé.
M. Boulet : La mobilité, donc
aucune entrave à la mobilité. On voit, parce que vous êtes présents dans l'institutionnel,
commercial, industriel, que dans ces deux secteurs-là, parce que l'industriel
est un secteur, puis l'institutionnel, commercial, mais 13 des 26 métiers... ou
des 25 métiers parfois, je pense, c'est plus 25, parce qu'il y en a un 26e, là,
qui a été comme réglé, mais ils bénéficient de la totale mobilité. Il ne semble
pas y avoir eu d'effet négatif. La mobilité, je pense que, dans un contexte d'effervescence
de l'industrie de la construction, ça va être bénéfique. Cependant, on entend
des groupes venir nous faire des représentations sur l'impact négatif de la mobilité,
sur l'employabilité des travailleurs, puis la possibilité de faire une réelle
conciliation travail-famille. Je vous demanderais de me dire en deux mots qu'est-ce
que vous répondez à ceux qui plaident de cette manière-là.
M. Côté (Eric) : Je vous
dirais que la première chose qui s'implique dans la modernisation, c'est un
tout. La question de la polyvalence puis de l'amélioration des compétences des
travailleurs aussi va améliorer et, je pense, va amoindrir l'effet de la
mobilité. Si on a des gens en région qui ont plus de polyvalence, on va avoir
plus d'emplois en région. Alors, ça, c'est un élément que je considérerais.
Puis sur la question du, comme on dit, du
bar ouvert, là, il faut payer ces gens-là quand on les amène dans une autre
région, et c'est des coûts. Et ultimement, là, quand on est en plus bas
soumissionnaire, on ne peut pas prévoir qu'on va amener tout notre monde parce
qu'on ne gagnera pas... Alors, il faut trouver un équilibre et ce côté-là. Et,
je pense, c'est une question d'applicabilité, justement, qu'on dit la pleine
mobilité, parce que d'appliquer que ça, c'est tant d'heures, et tout ça, ça
peut devenir complexe. Alors, si on le fait sur une base uniforme mais qu'on le
fait sur des bases, balises et qu'il y a des balises avec la compétence qui s'ajoutent
à ça, il y a quelque chose d'intéressant et il y a une applicabilité plus
facile si on la met, la pleine mobilité.
M. Boulet : Et il y a un
autre élément qui doit être partagé aussi, c'est que la mobilité, c'est une faculté,
ce n'est pas une obligation qui peut, si tu veux être mobile, tu sais, je le
dis dans le contexte de la conciliation travail-famille, et tu peux ne pas
vouloir être mobile, et ça, ça s'applique, tant du côté des entrepreneurs qu'à
des salariés pris individuellement. Vous avez vu que l'avenue qu'on a
empruntée, c'est de diminuer de 50 % le seuil pour être un travailleur
préférentiel, donc qui peut être mobile auprès du même employeur et, pour les
femmes, ça a baissé de 500 à 400. Puis on rend accessible ce traitement-là de
travailleurs, travailleuses préférentiels aux groupes issus de la diversité,
les minorités visibles, les personnes immigrantes, les personnes en situation
de handicap, puis les personnes issues des communautés autochtones. Puis pour
la pleine mobilité, bien, il y a quand même un seuil à 15 000 heures
travaillées, ce qui permet de se déplacer d'un employeur à l'autre, encore une
fois, en tenant compte de ta volonté et du besoin de l'employeur de bénéficier
des services de cette personne-là qui est généralement un peu plus
expérimentée.
Mais l'article 35 de la Loi sur le
règlement sur la formation professionnelle demeure encore en vigueur et, s'il y
a une nécessité d'embauche, il y a une priorité d'embauche pour les travailleurs
locaux et régionaux. Par ailleurs, c'est des heures additionnelles, vous l'avez
bien mentionné, c'est les projets à Hydro-Québec, c'est les projets
industriels, c'est toutes les filières stratégiques au Québec. Les 10
prochaines années, on va avoir besoin de travailleurs puis on va avoir besoin
de diminuer les coûts et les délais pour construire plus, et c'est le but
fondamental du projet de loi. Sans négliger la possibilité aussi des
entrepreneurs...
M. Boulet : ...des
travailleurs, travailleuses de régions d'aller travailler de Saint-Hyacinthe à
Québec ou de La Tuque à Trois-Rivières, puis, peu importe, là, dépendamment du
découpage des régions.
Autre élément, M. Côté, la rétroactivité.
Il y avait un article, comme vous savez, qui interdit aux parties, dans la loi
actuelle, de négocier une forme de rétroactivité salariale. Vous êtes contre
puis vous avez parlé d'un... qu'il y aurait peut-être un débat de fond à faire.
Je pense qu'on fait ce débat-là depuis des années, puis des années, puis des années.
Il y en a qui disent oui puis il y en a qui disent non. Nous, on a pensé que
l'instauration d'un fonds de rétroactivité salariale allait permettre, en
raison des changements de chantier, des changements d'entrepreneurs puis de la
mobilité interne des travailleurs, que ça puisse assurer à tous les
travailleurs, travailleuses visés par un règlement de convention collective
après la date d'expiration, de... une forme de rétroactivité salariale. Mais
vous parlez... vous ouvrez la porte à ce qui avait été fait par le législateur,
une correction. Qu'est-ce que vous pensez si c'était une compensation ou un
montant forfaitaire? Est-ce qu'il y a d'autres options créatives que vous nous
soumettriez pour fins d'analyse lors de l'étude détaillée?
M. Côté (Eric) : Je pense que
l'élément du fonds, c'est que les gens contribueraient au fonds, les
entreprises, dans le fond, cotiseraient le fonds et devraient, à ce moment-là,
majorer leurs soumissions en fonction de ces coûts-là qui s'ajoutent. Il y a un
élément que ça... qui nous préoccupait. Quand un entrepreneur doit faire un
projet qui s'échelonne sur deux périodes de convention collective, il anticipe
l'augmentation salariale à venir, et la majore, et il prévoit son budget pour
sa masse salariale. Donc, on sait que... si, après le 1er mai, le projet
continue, on sait que les salaires vont augmenter, ça fait qu'on prévoit une
contingence de ce côté-là, et, quand on fait la soumission, on prévoit ce
coût-là.
• (10 h 10) •
Dans ce cas-ci, si on cotise au fonds, on
cotise dès le début des projets, et tous nos clients sont soumis à une
majoration de 3 %, même si leurs projets n'arrivent pas à... après
l'échéance. Donc, les gens vont... On va avoir des prix de soumissions qui vont
inclure les 3 %, par exemple, qu'on dit exemplaires, et ils vont devoir,
après ça, payer plus cher, alors que leur projet n'ira pas au-delà de la date
de convention collective. Alors, on chercherait un moyen équitable, puis nos
clients vont sûrement... puis vous les entendrez, vous leur poserez la
question, ils vont être là tout l'après-midi, aujourd'hui, le Conseil du
patronat et la Fédération des chambres de commerce, pour ne pas les nommer.
Mais ces gens-là, est-ce qu'ils sont intéressés à cotiser un 3 % de plus
sur la valeur des projets, alors qu'en ce moment on nous met beaucoup de
pression pour réduire le coût des projets puis le temps des projets? Alors,
cette mesure-là, à notre avis...
La mesure de correction, elle fonctionne
et elle peut être appliquée. Ce qui nous préoccupe aussi, j'en ai peu parlé,
mais, par expérience, c'est le rapport de force aussi, que, si on étale la
période de négociation parce qu'on sait qu'il y a un fonds qui est disponible,
est-ce que les parties vont être aussi motivées à travailler de ce côté-là?
C'est un élément qui nous préoccupe, pour l'avoir vécu.
Mme Robitaille (Mélissa) : Si
je peux me permettre aussi, une suggestion qu'on a partagée, en tout cas, que
j'ai partagée, c'est bien de prévoir ce qui vient après, mais, si on peut avoir
des mécanismes dans la loi qui obligent les parties à s'entendre en amont, avec
des obligations de résultat, sur une entente à date fixe, ça réglerait... ça
passerait tout le monde à faire son travail avant d'arriver à une date butoir.
Donc, après ça, on continue le fil quotidien de nos chantiers.
M. Boulet : On s'entend
totalement. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle on a devancé d'un an la
période de maraudage, le dépôt obligatoire d'offres et de propositions, la
médiation obligatoire. Plus on commence en amont, meilleures sont nos chances
de régler. Puis ça, évidemment, c'est l'objectif que partagent tant les
syndicats que les associations d'employeurs, qu'il n'y ait pas... on n'ait pas
à attendre le 30 avril, à la date d'expiration des conventions collectives. On
est vraiment sur la même longueur d'onde. Surtout que le Québec, les Québécois,
les Québécoises ont besoin de notre industrie, dans toutes les missions
essentielles de l'État, là, je le répète souvent.
Et donc ce que vous dites, la
rétroactivité, est-ce que vous seriez... Vous dites : Il pourrait y avoir
un impact sur le rapport de force, donc donnant un peu plus de pouvoir de
négociation aux syndicats. S'il n'y a pas d'entente le 30 avril, de toute
manière, on va avoir une rétroactivité. C'est un peu votre point, hein?
M. Côté (Eric) : Le chèque va
rentrer le 3 avril, la paie va être majorée puis... Mais il y a un élément,
c'est... puis je vais vous dire, moi, je fais beaucoup confiance à la
modernisation du régime de...
M. Côté (Eric) : ...de
négociation pour y avoir été, pour avoir vécu, pour avoir été assis à une table
de négociation pendant 100 jours, à attendre que les syndicats viennent,
la question de la bonne foi est là puis la question du rapport de force. On
n'était pas pressés. On savait qu'on arrivait à l'échéance puis qu'on s'en
allait en médiation. C'est important cet élément-là de ne pas être à la table
et d'attendre l'autre partie qu'elle se décide parce qu'elle sait qu'elle va
avoir un meilleur rapport de force au mois d'avril qu'au mois de novembre.
Donc ça, c'est vraiment important. Puis
vous venez corriger dans votre projet de loi, justement, M. le ministre, cette
question-là, et ça nous amène, je... moi, je... Puis peut-être... c'est peut
être plus théorique pour des gens, mais quand on... dans ces tables-là, dans
ces salles-là, on voit l'effet de ces modifications-là, et moi, je fais
confiance en tout cas, que ces éléments-là vont faire une différence et inciter
les parties à s'entendre avant. C'est ça l'objectif. Dans le cas de certains
secteurs, le secteur du... s'entendait toujours avant le secteur... puis ce
n'était pas une question de rétroactivité. C'était une question de discuter.
Après ça il y a eu des prises en otage d'un secteur ou l'autre, ça, c'est
quelque chose qui devrait justement ne pas se faire, et s'il y a des parties
qui peuvent s'entendre, on puisse y aller, selon moi, en tout cas. Et j'ai
espoir, là, que le régime de négociations... puis je n'ai pas neuf négociations
comme mon collègue à l'ACRGTQ, j'en ai seulement deux et demi, alors j'ai...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions.
M. Boulet : Merci beaucoup,
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais maintenant céder la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci d'être avec nous cet avant-midi. Au-delà des
différents éléments du projet de loi, productivité, mobilité dont on a
abondamment parlé, mon attention, donc, s'est portée, donc, sur une autre
demande que vous avez, donc, dans votre mémoire, donc, soit la demande de
reconnaissance officielle, puis vous l'avez mentionné dans votre présentation
initiale de 10 minutes. Donc, vous souhaitez être reconnue officiellement
comme une association d'entrepreneurs sans exiger une présence directement aux
tables de négociation. Ma première question pour vous, donc : Ça serait
quoi le plus gros impact anticipé de cette demande de reconnaissance
officielle...
M. T.-Lessard (Julien) : Je
peux y aller. C'est au niveau là... Justement, on mentionne que la
planification des travaux peut être améliorée puis on croit bien le faire. Mais
il y a toujours place à l'amélioration, puis c'est quelque chose qui se discute
aussi en amont avec les travailleuses et les travailleurs. ...c'est vraiment au
niveau de l'organisation des travaux qu'on croit qu'il y a des gains puis qu'on
peut apporter aussi, parce que, comme je l'expliquais un peu, en entrée de jeu,
on a une vision globale du chantier puis on veut assurer la satisfaction de
tout le monde dans un projet aussi, là.
Mme Cadet : Donc,
M. Lessard, vous répondez un peu à ma sous-question, parce que c'était la
prochaine. Je me disais : est-ce que je vous ai entendu en introduction
parler de planification des travaux, puis on en a beaucoup parlé dans cette
commission dans les derniers jours. Donc, tout le monde nous dit... Beaucoup
d'intervenants, en fait, sont venus nous dire que la planification était
vectrice, donc, de productivité. Donc, comment, donc, l'améliorer? Vous, vous
dites que cette préoccupation-là, qui a été entendue, pourrait être
partiellement répondue par votre présence autour des différentes tables de
gouvernance. C'est bien ça?
M. T.-Lessard (Julien) : Absolument.
Quand qu'on parle de polyvalence, de mobilité, c'est quelque chose qui se
planifie dans les projets. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut faire sur le
spot, disons, pendant un chantier. C'est quelque chose qu'on doit discuter
avant, qu'on doit organiser aussi. Donc, c'est un peu pour ça, on parle de
planification aussi.
Mme Cadet : Merci. Je vais
revenir sur la question de polyvalence. Donc, dans votre mémoire, donc,
essentiellement, ce que vous nous dites, c'est que la notion de polyvalence est
insuffisamment définie. Avec le ministre, donc, vous avez parlé, donc, de
certains éléments qui pourraient, donc, nous outiller, à nous, comme
législateurs. Mais vous dites aussi que cette lacune-là, selon vous, donc...
donc... risque de litige. Vous souhaitez rendre accessible un mécanisme de
préapprobation centralisé par la CCQ pour éviter des différends sur les tâches
que pourraient réaliser les salariés de la construction en vertu de la nouvelle
définition de polyvalence. Dans... Bien, en fait, dans... Je me questionne.
Donc, comment ça... comment fonctionnerait un tel mécanisme, selon vous, à ce
que la CCQ, donc, créerait les ressources pour mettre en œuvre?
M. Côté (Eric) : Sur cet
effet-là, c'est... c'est... Au lieu que l'entrepreneur... En fait, l'entreprise
a la possibilité de contacter son association sectorielle qui peut lui donner
une interprétation mais qui n'a pas force de loi, alors... et qui a quand même
ses limites. Mais la Commission de la construction du Québec, quand elle...
elle peut le faire sous forme d'une lettre, de dire que tels travaux, si
l'entrepreneur propose une modification... et la CCQ pourrait à ce moment-là
approuver ou pas la méthode, ou dire qu'elle n'est pas conforme. Mais s'il y a
conflit par la suite sur le chantier, bien, la lettre aura force, au moins,
puis donnera un appui à l'entrepreneur de faire les choses comme il faut, au
lieu de prendre une chance puis de se retrouver avec un ticket, au moins de
faire un mécanisme. Mais ces choses-là... il y a plein de choses qui se
discutent. Les conventions collectives prévoient des... des conférences
d'assignations. Il y a des choses comme ça. Il y a plein de choses dans les
conventions collectives qu'on n'utilise pas. Mais encore une fois, comme
entrepreneur général, je pense qu'on peut contribuer justement à cette
partie-là. Chaque jour, on parle à des donneurs d'ouvrage sur leur
planification des travaux qu'ils... à faire avec la Société québécoise
d'infrastructure, avec le ministère de l'Éducation, avec les villes...
M. Côté (Eric) : ...donc on
est tous les jours dans ces questions-là, de planification, de séquencement de
travaux, alors je pense qu'on peut contribuer. On est déjà là-dedans, de toute
façon, ça fait qu'on pourrait justement participer à un forum à cet égard-là.
Mme Cadet : Sur la question
des familles des métiers, vous répondez quoi, donc, aux groupes qui nous disent
que cette formule là, donc, n'octroie pas la flexibilité nécessaire sur les chantiers
puis brime l'innovation?
M. Côté (Eric) : Bien, je
pense qu'on est déjà dans un carcan. Juste de le sortir, de déjà annoncer qu'il
va y avoir des limites, je ne pense pas... je pense qu'il faut faire graduel.
La sagesse du ministre, dans son projet, c'est justement d'y aller... pas
d'ouvrir complètement, mais d'ouvrir graduellement. Nous, ce qu'on dit,
c'est : Ouvrons juste un peu plus grand pour, justement, permettre quelque
chose de plus facilement applicable que d'une journée.
On l'a vécu, pendant la pandémie, il
fallait mettre le masque après 15 minutes. On s'est rendu compte, comme
entrepreneurs généraux, que ce n'était pas... impossible de compter 15 minutes
sur un chantier, un travailleur, on a dit : Mettez le masque tout de
suite, puis ne vous contaminez pas. Ça a été un peu contre-courant de toutes
les associations, quand on l'a fait, mais savez-vous quoi? Ça a fait une
différence puis ça a été appliqué par la Santé publique deux semaines après,
puis ça a même été salué par le ministre à cette époque-là.
Mme Cadet : Dans votre
mémoire, vous parlez aussi du cumul de compétences par la formation. Donc, je
comprends que, pour vous aussi, comme bien des groupes, la formation... donc de
rétention. En parlant, donc, du cumul de compétences, je m'interrogeais, donc,
sur les propositions qui ont été... bien, en fait, de votre position sur les
propositions qui ont été entendues à l'effet que des détenteurs de cartes de
compétence occupation puissent être éligibles à la détention des cartes de
compétence apprenti sans devoir renoncer à leur carte. Est-ce que vous avez eu
une prise de position là-dessus?
• (10 h 20) •
M. Côté (Eric) : Sur la
question des occupations, pas spécifiquement, mais, de manière générale, un
travailleur qui veut occuper ou avoir d'autres compétences est limité et va
retomber comme apprenti. Il faut trouver un mécanisme pour favoriser les gens
d'avoir plusieurs compétences. Et c'est beaucoup plus pratique d'avoir des gens
avec plusieurs compétences que d'avoir quelqu'un qui a seulement une carte à
qui on demande de faire plusieurs choses, selon moi.
Mme Cadet : Vous souhaitez
qu'une formation sur le harcèlement soit obligatoire pour les titulaires de
cartes de compétences, vous l'avez mentionné. Pour vous, donc, ça devrait être
quoi... de vos membres en la matière?
Mme Robitaille (Mélissa) : En
fait, nos membres, comme entrepreneurs généraux, ont déjà des obligations de
formation. On a les formations qui sont accréditées par la RDQ sur le
harcèlement qui est donné par la CEGQ. Donc, on est en mesure de pouvoir former
les entrepreneurs généraux. Là où on veut aller plus loin, c'est de former
chacun des travailleurs sur le chantier. J'ai la chance de le répéter depuis
quatre ans à M. Boulet, la formation en soi, que ce soit en santé et sécurité,
que ce soit en savoir être, savoir vivre, sur les chantiers, c'est essentiel.
Ça passe par... Plus que les gens vont avoir des connaissances, ça va aider.
C'est sûr que ça ne réglera pas tout, mais ça va amener un vent de changement.
Puie des formations aussi sur le courage, parce que, souvent, l'intégration des
gens sur le chantier, ça prend une ou deux personnes qui se lèvent puis qui
disent : Ça suffit, on arrête. Ça devrait être une condition essentielle
dans les formations, qui est récurrente d'année en année, pour qu'un vent de
changement s'inscrive puis qu'on voie des personnes avec des compétences sur
les chantiers, et non plus des hommes, des femmes, des minorités ou autres.
Mme Cadet : Merci. Vous
l'avez mentionné, vous avez mentionné l'exemple, donc, des sept corps de
métiers pour changer un cadre de porte. Il y a des groupes qui sont en
désaccord avec cette affirmation-là, qui nous disent : Non, ce n'est pas
tout à fait le cas. Vous leur répondez quoi?
M. Côté (Eric) : C'est un
vrai chantier dans une vraie école, ce n'est pas un exemple. Il y avait des
sous-traitants aussi. La réalité, c'est qu'il y avait plusieurs sous-traitants.
Ça fait qu'un employé d'un sous-traitant ne peut pas aller faire l'autre
travail, il y a des contrats qui sont donnés. Ça montre la rigidité de la
chose. Ce qui est déplorable, c'est qu'on a été obligé de changer des portes
qu'ils avaient déjà installées, qui n'étaient pas de la bonne grandeur. La
qualité des plans est là, mais ça, il faut aller à l'origine de ça, mais c'est
un vrai cas, c'est vraiment vécu. Et je réitère, j'aimerais beaucoup que
l'entrepreneur qui l'a vécu puisse vous l'expliquer, parce qu'il voulait être
polyvalent puis il s'est rendu compte que ça n'avait pas de bon sens. Et, en
tout cas, si les gens pensent que ce n'est pas vrai, on est... on a donné
beaucoup d'information à cet égard-là puis on a détaillé les choses, là, qui
sont, en ce moment, confidentielles, mais on peut s'engager auprès de la commission
pour vous fournir de l'information qui ne nuira pas à l'entrepreneur, là.
Mme Cadet : Sur la question
de la rétroactivité, donc, vous avez évoqué, donc, votre position. Il y a deux
éléments. Donc, évidemment, donc, il y a la rétroactivité, en tant que telle,
et il y a la question, donc, du fonds. Beaucoup de groupes sont venus nous dire
que le fonds de rétroactivité, donc, était d'une grande complexité. Donc, le
ministre vous a demandé un peu, donc, quels seraient, donc, les autres
mécanismes, mais, à la base, est-ce que vous pensez que de mettre de l'avant,
donc, des clauses permettant la négociation de la rétroactivité dans les
conventions collectives peut se faire sans la mise sur pied d'un tel fonds?
Est-ce que ce sont des dispositions qui sont indissociables l'une de l'autre?
M. Côté (Eric) : Bien, tous
les gens qui signent des contrats en... puis qui signent, puis qui veulent
respecter le Code civil, l'article...
M. Côté (Eric) : ...2109 qui
a dit que, quand vous avez un forfait, c'est ça puis vous ne l'avez pas prévu,
on ne peut pas rajouter puis revenir voir le client pour dire : Ah! bien,
j'ai oublié de mettre la rétroactivité, je te rajoute une facture. Dans une
chaîne de sous-traitance, ça veut dire que tous les sous-traitants rajouteraient
la rétroactivité et la donneraient à l'employeur général qui la donnerait à son
client. Je ne veux même pas assister à une séance de négociation sur cet
élément-là, ça va être assez difficile.
Mme Cadet : Enfin, sur le...
on... on sait, donc, l'un des objectifs du projet de loi, donc, c'est
d'améliorer la productivité dans le secteur de la construction. De la manière
dont le projet de loi est libellé aujourd'hui, est-ce que vous pensez que cet
objectif est atteint?
M. Côté (Eric) : Je vous
dirais qu'il ouvre des portes sur des éléments qu'on n'avait pas avant. La
question de la polyvalence n'était pas abordée. La glace est brisée, on peut...
Je pense qu'il y a un lieu de discussion. La question de parler de la
rétroactivité même, ça donne une opportunité de chercher des solutions de ce
côté-là. La réforme dans l'industrie de la construction date quand même de
plusieurs années, elle a pris du temps, puis on a... on finit d'absorber ce
qu'on a vécu. Je pense que... Je pense que le... C'est un pas dans la bonne
direction. On a des suggestions pour l'améliorer. On va suivre, du côté
détaillé... l'analyse détaillée, pour voir si justement nos suggestions peuvent
être retenues.
La Présidente (Mme D'Amours) : 20 secondes,
Mme la députée.
Mme Cadet : Merci. Puis
peut-être ma dernière question, donc, sur l'impact sur les travailleurs. Donc,
pour vous, donc, les... vos propositions, donc, quel impact elles auraient sur
les travailleurs?
M. Côté (Eric) : Une
meilleure planification. J'ai entendu toutes les associations syndicales
représentatives le demander, une meilleure planification. Ce que les
entrepreneurs généraux se targuent à tous les jours, c'est de faire de la
planification. Si on peut travailler en collaboration justement avec les
syndicats dans les instances, on va le faire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions avec la députée. Maintenant, je cède la
parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve. La parole est à vous.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous quatre. Content de vous voir ici. D'abord, bravo
pour votre appui à la recommandation du... sur la formation obligatoire contre
le harcèlement. Je pense que c'est quelque chose d'important, puis votre appui
à ce niveau-là pourrait influencer peut-être le ministre à aller dans ce
sens-là.
J'aimerais parler un peu de mobilité parce que
vous n'êtes pas la première association patronale à réclamer l'abolition totale
de la mobilité. Puis j'avoue qu'il y a quelque chose qui me choque un peu
là-dedans, dans le sens où je regarde la loi, puis, dans la loi... puis vous me
dites si je me suis trompé, on fait référence à la possibilité d'avoir de la
mobilité dans les conventions collectives, mais il n'y a pas... il n'y a aucun
barème. Il n'y a pas de clause dans la loi sur la mobilité. Les clauses, si je
ne me trompe pas, sont dans vos conventions collectives, pas dans toutes
d'ailleurs, dans certaines. Parce que vous nous demandez de faire, dans le
fond, c'est de venir jouer dans vos conventions collectives que vous avez
négociées, que vous avez signées, donc vous étiez d'accord avec le contenu des
conventions collectives. Pourquoi nous demander, nous, comme législateur, de
venir changer le contenu d'un contrat librement signé entre vous et vos
employés?
M. Côté (Eric) : Bien, d'une
part, on n'a pas négocié ces conventions collectives là. Nous ne sommes pas
pris à partie dans le processus. Ça, c'est la première chose. Donc, nous, on
rencontre nos clients, on leur explique des clauses et, comme association, on
n'est pas en mesure de dire : Bien, c'est nous qui avons négocié ces
éléments-là. Il y a des associations qui existent, et on n'est pas formellement
consultés dans ce processus-là. Alors, ça, c'est la première chose qu'on doit
établir.
Sur la question de la mobilité, il y a un
frein économique d'amener tous ces travailleurs dans une autre région. Je sais
que c'est dans les... prévu dans les conventions collectives, mais, à notre
avis, pour une praticabilité. Et on pense toujours, là, les chantiers de
Montréal à la Côte-Nord. Mais quand on parle d'un chantier de Sherbrooke à
Granby ou de Mont-Tremblant à Boucherville, c'est là que... où il y a des bâts
qui blessent, où la conciliation travail-famille est peut-être facilement, plus
facilement organisée, des choses comme ça. Il y a des déplacements qui sont
juste assez importants, qui traversent des régions, et ça, bien, en ce moment,
la mobilité l'empêche.
M. Leduc : Vous dites dans
votre mémoire... vous donnez l'exemple, là, d'un... d'une compensation pour les
travailleurs qui se déplacent, là. Il dit : Par exemple, en 2023, pour
tout travailleur qui résidait à plus de 120 kilomètres du chantier, le
salarié recevait un montant de 137,50 $ par jour en frais de chambre et de
pension. Est-ce que ça, si dans le projet de loi, on avait décidé, nous, comme
législateur, de venir modifier ce montant-là à la hausse ou... par exemple, ça
vous aurait... fait votre affaire qu'on commence à jouer sur des conditions de
travail dans le contenu des conventions collectives?
M. Côté (Eric) : Historiquement,
les gouvernements ont tellement légiféré sur les conditions des travailleurs.
On est dans un régime où on commence à faire confiance aux parties de négocier
des ententes.... Mais sur l'élément de la mobilité, ce n'est pas la même chose
d'un secteur à l'autre, et c'est pour ça qu'on souhaitait une mobilité plus
facilement applicable. En ce moment, ça veut dire qu'il faudrait qu'on
redessine les régions... L'idée d'une pleine mobilité est plus facile que de...
les cartes de régions du Québec, là.
M. Leduc : On imagine qu'à la
table de négo, si une partie syndicale souhaite appliquer des nouvelles clauses
de mobilité ou les renforcer, il va mettre un effort là-dessus puis il va
renoncer peut-être à d'autres éléments de négociation qui est sur la table en
échange de convaincre sa partie patronale d'accepter des clauses de mobilité.
Mais là, si, comme législateur, on vient abolir les clauses de mobilité, je
suis pas mal certain que la...
M. Leduc : ...qui avait été
mise sur la table, qui avait été retirée, elle ne sera pas mise dans la
convention collective, dans le projet de loi. Il y a quelque chose d'injuste
là- dedans.
La Présidente (Mme D'Amours) : 15
secondes.
M. Côté (Eric) : Je vous
dirais que c'est la proposition qu'on fait, justement, d'abolir. On tient cette
position-là.
M. Leduc : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député de Jean-Talon pour deux minutes, 38
secondes.
M. Paradis : Merci beaucoup
pour votre présence et pour votre mémoire. J'aurais deux lignes de questions
avec les deux minutes qui vous restera pour répondre. La première chose, ça a
attiré mon attention, le modèle allemand, dont vous nous parlez, pour la
création d'un front commun de formation puis ensuite la formation obligatoire.
Vous dites : Il faudrait travailler là-dessus, mais c'est la partie
peut-être un peu la plus courte de votre mémoire. J'aimerais ça que vous nous
disiez un petit peu, là, comment vous pensez que ces propositions-là vont faire
en sorte que, pour des nouvelles tâches, là, des nouvelles compétences, on
aurait un programme de formation initiale ou continue qui permettrait d'en assurer
la qualité.
Deuxièmement, comme mon collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, j'étais un petit peu surpris de lire la phrase :
Il n'y a plus de raison valable d'entraver la mobilité provinciale. Et je
comprends, là, qu'il y a beaucoup d'arguments en cette faveur-là, mais est-ce
que vraiment tous vos entrepreneurs, y compris les plus petits entrepreneurs en
région, c'est ça qu'ils vous disent, là, qu'il n'y a vraiment aucune raison
de... d'avoir encore une protection régionale sur les travaux? J'aimerais vous
entendre là-dessus.
M. Côté (Eric) : Bien, je
vais revenir sur la question de la mobilité. Un entrepreneur qui est dans une
région, qui veut sortir de sa région, parce que son entreprise grandit puis
qu'il veut faire plus de contrats, ne pourra pas amener son équipe à
l'extérieur de la région en ce moment. Alors, la région devient, excusez
l'expression, mais un endroit où il est confiné, s'il veut sortir, la marge
pour sortir de la région est plus difficile. Alors, un entrepreneur qui est
dans le sud des Laurentides, bien, s'il veut aller dans une autre région, il
est coincé puis il ne pourra pas sortir. Ça, c'est un élément.
• (10 h 30) •
Sur la question de la formation en
Allemagne, je vous remercie de la question. Enfin, il y a une formation qui existe
en Allemagne où on vient chercher plusieurs compétences, elle est plus langue.
Ça va un peu à l'encontre de la tendance des formations rapides, mais je pense
que d'avoir des gens qui viennent chercher plusieurs compétences, une espèce de
tronc commun, qui vont chercher... ça m'apparaît un choix intéressant. Par
contre, pour les travailleurs qui sont déjà en industrie, d'avoir des
formations qui sont déjà... qu'on peut financer avec le fonds de formation
pour, justement, venir parfaire des compétences ou en ajouter, à mon avis...
Moi j'ai toujours l'exemple du carreleur qui a passé 20 ans à genoux, il a
peut-être le goût de se lever puis de travailler autrement, puis de faire
d'autres choses. Puis ça, bien, il faut lui offrir une opportunité. Puis cette personne-là,
elle va vivre un enfer, parce qu'elle va recommencer comme apprentie dans son
métier. C'est injuste, ça n'a pas de bon sens. Il faut favoriser l'acquision de
plusieurs compétences.
La Présidente (Mme D'Amours) : 20
secondes.
M. Paradis : Est-ce que vous
avez plus d'informations sur ce modèle-là, vous-même, vous avez des analyses
puis ce que ça a comme impact sur la qualité des travaux? Parce que, si c'est
le cas, en tout cas, vous pouvez... n'hésitez pas à le demander.
M. Côté (Eric) : Plus les
gens sont formés, plus les... Bien, écoutez, je vais déposer le cas de
l'Allemagne, là, c'est une étude de cas qu'on nous a partagée. Puis, sur la
question de la formation, je pense que, plus il y a de formation, plus les gens
sont compétents, et la qualité, à ce moment-là, est au rendez-vous.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vous invite à le déposer au secrétariat. On pourra en faire transférer
l'information aux membres de la commission.
Donc, je vous remercie pour votre
contribution à nos travaux.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de préparer la visioconférence pour nos prochains invités. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 31)
10 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 10 h
34)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, et je souhaite maintenant la bienvenue au Conseil du
patronat du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, puis nous procéderons à une période d'échange avec les membres de
la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre
exposé, s'il vous plaît.
M. Blackburn (Karl) : Merci, Mme
la Présidente. M. le ministre et Mmes et MM. les députés. D'abord, je suis Karl
Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec
et je suis accompagné aujourd'hui de Line Laperrière, directrice Relations de
travail et santé, sécurité, travail, santé, sécurité et affaires juridiques au
Conseil du patronat.
Comme vous le savez, le CPQ regroupe des
entreprises et des associations sectorielles oeuvrant dans tous les secteurs d'activité
et toutes les régions du Québec et représente directement et indirectement les
intérêts de plus de 70 000 employeurs de toutes tailles, tant du secteur privé
que parapublic. Le CPQ représente les plus importantes associations du secteur
de la construction et plusieurs parties prenantes entourant ce secteur. Nous
vous présentons aujourd'hui un consensus patronal qui vise à répondre aux
besoins des employeurs confrontés aux défis de productivité sans disposer des
outils nécessaires pour les relever.
D'entrée de jeu, je tiens à souligner,
avec le manque de 13 000 à 15 000 travailleurs et travailleuses
dans le secteur de la construction, par année d'ici 2025, les employeurs font
beaucoup d'espoir dans la réforme du secteur de la construction. On doit se
donner tous les moyens pour être plus productifs, plus flexibles et plus
innovants. C'est très fort, mais la clé pour faire sortir plus de logements de
terre en moins de temps, construire rapidement les infrastructures énergétiques
dont nous avons grandement besoin, rénover nos écoles dans des temps
raisonnables, et j'en passe. Québec n'a pas le droit à l'erreur. On doit
réussir à tout prix cette réforme. Le projet de loi, dans sa forme actuelle,
manque la cible pour nous permettre de vraiment y arriver.
Dans notre mémoire, nous proposons
plusieurs recommandations que je vais vous présenter aujourd'hui même. Tout d'abord,
le principe de polyvalence instauré au projet de loi est salué. Toutefois, le
CPQ soutient qu'il doit être étendu afin de faire en sorte que les définitions
réglementaires n'entravent pas la capacité des employeurs à organiser et à
diriger le travail de manière efficace. Selon le CPQ, il est essentiel que les
travailleurs puissent accomplir les tâches variées pour assurer la continuité
du travail, peu importe leur statut ou leur certificat de compétence. La
polyvalence est précieuse pour corriger les déficiences, résoudre les problèmes
rapidement et garantir le bon déroulement des projets.
Recommandation 1 : Le CPQ
recommande de favoriser un principe de polyvalence des métiers et des titres
occupationnels afin de permettre la gestion des affectations dans la façon la
plus flexible et souple possible. Le CPQ estime que pour offrir une meilleure
application du concept de travaux de structures qu'une définition soit intégrée
au projet de loi. Ces travaux, selon le CPQ, doivent avoir un niveau de
dangerosité élevé pour les infrastructures, les travailleurs et la population.
La mobilité accrue des travailleurs
maintenant. Par la suite, le CPQ salue l'ouverture à la mobilité interrégionale
introduite par le projet de loi, ce qui pourrait atténuer la pénurie de main-d'œuvre
dans certaines régions du Québec de façon plus durable. Cependant, cette
mobilité est réservée aux métiers sans que les occupations puissent en
bénéficier. Le CPQ estime que cela aura peu ou pas d'impact sur la productivité
des entreprises et l'utilisation optimale de la main-d'œuvre. Les
allègrements... les allègements, pardon, prévus au projet de loi permettraient
d'atteindre un taux de mobilité de 73 % actuellement. Le CPQ estime qu'une
mobilité totale à 100 % est nécessaire afin d'accroître véritablement la
productivité des entreprises et l'utilisation optimale de la main-d'œuvre. Par
ailleurs, le CPQ estime important de souligner que, tel qu'illustré dans l'étude
réalisée par Lab Eco mandaté par l'ACQ, en août 2023 : Il est faux de
prétendre que les travailleurs des grands centres urbains vont venir voler les
emplois en région. Le lieu de résidence...
M. Blackburn (Karl) : ...résidence
ne doit donc plus être un critère de sélection à l'embauche ni une limite aux
opportunités d'emploi des travailleurs. Une telle limitation entrave la
capacité de gains financiers des travailleurs ainsi que les gains possibles en
productivité et en compétence des entreprises, puisqu'elles les confirment à un
carcan freinant leur efficience. Par ailleurs, la liberté de travailler est un
droit constitutionnel fondamental, et des décisions judiciaires ont confirmé la
présence ou la préséance de ce droit sur des clauses limitant le lieu de
résidence pour les travailleurs. Un travailleur qualifié et spécialisé doit
pouvoir bénéficier personnellement de ses qualités et avoir la possibilité de
les mettre au profit de tout le Québec. Le CPQ soutient qu'il faut étendre la
mobilité des salariés non seulement aux métiers, mais aux... mais aux
occupations aussi.
Au niveau de la rétroactivité salariale,
le principe de rétroactivité salariale constitue une entrave substantielle au
processus de négociation. Le CPQ est très préoccupé par l'intégration d'un tel
principe dans le projet de loi. Il est crucial que les conditions de travail
restent négociées équitablement sans qu'un principe de rétroactivité salariale
et un fonds dédié ne viennent déséquilibrer le rapport de force déjà fragile
dans l'industrie. Introduire une telle taxe sur la masse salariale augmenterait
les charges des entrepreneurs et impacterait considérablement les coûts des
travaux, en plus d'affecter les cotisations à la CNESST. Le CPQ propose
d'abroger le principe de la rétroactivité salariale et l'instauration d'un
fonds.
• (10 h 40) •
Au niveau de l'attractivité et le maintien
en emploi au niveau de la main-d'oeuvre, nous saluons d'abord les mesures
visant à intégrer les personnes issues des groupes sous-représentés dans le
secteur de la construction, puisqu'elles permettront, nous l'espérons,
d'intégrer des gens déjà qualifiés dans l'industrie, mais encore faut-il les
attirer, les former et les garder. Le CPQ aurait souhaité voir davantage de
mesures incluses dans le projet de loi à ce sujet. En voici quelques-unes. Le
CPQ recommande que, pour rendre l'industrie davantage représentative de la
population québécoise, il serait important de mettre en œuvre davantage
d'actions portant sur les trois facettes : attraction, intégration et
maintien, et qui impliquent, bien évidemment, autant que possible une pluralité
d'acteurs : les employeurs, les travailleurs, leurs représentants, bien
évidemment, la CCQ et organismes communautaires. Le CPQ est d'avis qu'en
investissant dans la formation sur les conditions d'un environnement de travail
exempt de discrimination, le bien-être au travail et les conditions de travail
en général, les entreprises pourront assurer leur pérennité et leur succès à
long terme.
Maintenant, au niveau de la formation de
la main-d'œuvre, la formation de la main-d'œuvre joue un rôle crucial dans
l'augmentation de la productivité, et son rôle est d'autant plus crucial dans
un contexte de polyvalence. Or, le CPQ aurait souhaité que ce sujet soit
adressé par le projet de loi. Entre autres, nous sommes d'avis que de nouvelles
avenues doivent être considérées, comme le développement de programmes en
alternance travail-études permettrait de répondre rapidement aux besoins de
l'industrie en termes de disponibilité de la main-d'œuvre qualifiée, favorisant
la productivité et la polyvalence. Ainsi, le CPQ recommande qu'une mise à jour
des programmes de formation soit faite, que des stages en entreprise soient
permis et que des journées d'apprentissage de type laboratoire soient
organisées.
Au niveau des infractions de la loi R-20
maintenant, mieux accompagner les entrepreneurs dans l'application de la loi
R-20 en offrant un service d'accompagnement bonifié. Par ailleurs, le CPQ
recommande de ne pas aller de l'avant avec l'augmentation du montant des
amendes, tel que prévu dans le projet de loi.
Au niveau de la formation et de la
recherche, du développement et de l'innovation, instaurer une culture de
l'innovation au sein de l'industrie de la construction en encourageant la
collaboration entre les entreprises, les organismes de recherche et les
universités, comme par la mise en place de programmes de soutien financier en
recherche et en développement.
En conclusion, Mme la Présidente, j'espère
que ces recommandations vous permettront, en tant que législateurs, de prendre
les bonnes décisions dans l'intérêt de notre société. Selon le CPQ, il ne faut
pas manquer l'occasion d'être ambitieux dans cette réforme de l'industrie de la
construction. Après tout, nos grands défis à venir auront grandement besoin
d'une industrie de la construction productive, flexible et innovante. En vous
remerciant pour votre attention, nous sommes à votre disposition, Mme la
Présidente, pour échanger avec les membres de la commission. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Maintenant, nous allons...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...commencer
la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Oui. Merci,
Mme la Présidente. M. Blackburn, Mme Laperrière, merci pour la
qualité de votre mémoire, pour la clarté, M. Blackburn, de votre
présentation. Et je résume souvent un mémoire en disant, en ce qui vous
concerne, c'est plus de polyvalence, plus de mobilité, pas de rétroactivité,
plus d'accès et de la formation. Évidemment, je vais y aller un après l'autre.
La polyvalence, c'est sûr qu'il faut être à la quête d'un équilibre, hein,
M. Blackburn. Il faut respecter la qualité de la construction, la santé,
sécurité des travailleurs et la compatibilité avec les compétences des
travailleurs. Puis c'est sûr que la polyvalence, je le répète, c'est un
incitatif à une meilleure planification pour les... les entrepreneurs. Plus tu
planifies, plus tu vas bénéficier de la polyvalence, mais ce n'est pas un bar ouvert.
Ça, je le répète constamment. Ça ne peut pas être un bar ouvert. Il y a
cependant beaucoup plus de métiers au Québec que dans les autres provinces du
Canada. Il faut s'assurer que la polyvalence soit respectueuse des capacités de
l'un et de l'autre.
Puis revenir sur le grand chantier de
modernisation, le projet de loi no 51 n'est pas une finalité. Vous le
savez, hein, on travaille sur plusieurs chantiers, l'intégration des
technologies, la numérisation des entreprises, la formation. Et donc il ne faut
pas voir ce projet de loi comme étant le seul élément qui va nous permettre
d'avoir plus de main-d'oeuvre et d'améliorer notre productivité. Mais je vous
ai bien entendu sur la polyvalence. Vous souhaitez notamment qu'elle bénéficie,
notamment, aux détenteurs de certificats compétences occupation. Et est-ce que
vous souhaitiez aussi que ça, ça bénéficie aux détenteurs de certificat
compétences apprentis? Juste me répondre oui ou non. Vous dites oui,
Mme Laperrière. O.K. Donc, la polyvalence à tous les détenteurs de
certificats compétences, que ce soit apprentis, compagnons ou occupations.
M. Blackburn (Karl) : Si
je peux me permettre, M. le ministre, d'abord, avant de céder la parole à Lyne,
parce Lyne détient une expertise qui est extrêmement importante. Mais
j'apprécie grandement les propos que vous avez tenus par rapport à la clarté de
notre mémoire. Sachez que je dis souvent, ou les gens me disent souvent que je
suis subtil comme un deux-par-quatre. Alors, comme vous le voyez bien...
M. Boulet : ...
M. Blackburn (Karl) : ...on
souhaite vraiment avoir l'occasion, étant donné qu'on est de la construction,
on est aussi bien de s'en servir, mais on veut surtout saisir l'occasion qui
nous est offerte aujourd'hui, mais qui est offerte également au gouvernement,
de moderniser cet outil qui est extrêmement important pour permettre de
relancer l'industrie de la construction. J'en conviens, ce n'est pas le seul
élément. Il y a plusieurs autres facteurs qui peuvent être déterminants dans la
bonification ou l'amélioration de notre système de construction au Québec, mais
il n'en demeure pas moins que, derrière la présentation qu'on vient de vous
faire aujourd'hui, les recommandations qui ont été longuement réfléchies et
longuement mûries avec l'ensemble des acteurs du secteur de la construction,
nous croyons bien humblement que ce qui vous est proposé, ça permet d'atteindre
les objectifs que vous poursuiviez, M. le ministre, lorsque vous avez lancé
cette volonté de revoir la loi R-20 pour la rendre plus productive, plus
attractive et également pour s'assurer qu'on puisse répondre aux besoins de
demain. Et dans ce contexte, bien humblement, c'est ce qu'on vous présente
aujourd'hui.
M. Boulet : C'est très
clair, M. Blackburn. J'irais à la mobilité, parce qu'on a un temps quand
même assez limité.
M. Blackburn (Karl) : Oui.
M. Boulet : Mobilité, et
je répète aussi qu'il ne faut pas que ce soit un bar ouvert, il y a quand même
des entraves, des limites qui varient d'un secteur à l'autre, qui varient d'une
convention collective de travail à l'autre. Et je comprends votre élément sur
l'importance constitutionnelle du lieu de résidence. Et la mobilité, c'est une
faculté, ce n'est pas une obligation, c'est une possibilité qui vise à répondre
à des besoins. Puis on me rappelait récemment qu'il y a des entreprises qui
sont spécialisées dans certains secteurs de la construction, qui sont dans des
régions et qui pourraient, grâce à la mobilité, faire des contrats de
construction dans d'autres régions et même dans des milieux urbains. Ça, on ne
le dit pas assez souvent, mais je trouvais que votre propos me permettait de le
rappeler. Il y a quand même des opposants qui mentionnent que ça pourrait
engendrer des répercussions sur l'employabilité et la conciliation
travail-famille. En deux mots, qu'est ce que vous répondez à ça?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
d'abord, vous le savez, M. le ministre, je suis un fervent régionaliste. Et
pour moi, le succès du Québec va être dans la vigueur de cette...
M. Blackburn (Karl) : ...régions
du Québec. On va se baser sur des faits, sur des données, et je pense que ces
données vont rassurer ceux qui peuvent avoir une certaine crainte relativement,
justement, à cette mobilité. À titre d'exemple, dans la région de Montréal, 96 %
des salariés locaux y travaillent. Ils ont donc peu d'intérêt à aller ailleurs
au Québec. Ils ont de la difficulté même à répondre aux besoins des banlieues,
imaginez-vous dans la région de Montréal.
On va prendre la région du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, 77 % des salariés locaux y
travaillent et répondent à 90 % des heures travaillées dans leur région.
Donc, dans le Bas-Saint-Laurent et Gaspésie, il manque de travailleurs.
Je vais vous donner un autre exemple d'une
autre région qu'on entend parler souvent, celle de la Côte-Nord. Sur la
Côte-Nord, 90 % des salariés locaux y travaillent et répondent à 44 %
des besoins ou des heures travaillées dans la région. Il en manque encore plus
dans la région de la Côte-Nord.
Alors cette mobilité, d'abord, permet aux
travailleurs de pouvoir gagner sa vie partout où ils le souhaitent. Donc, cette
mobilité va permettre justement à chaque travailleur d'aller chercher le
travail là où il se trouve. Mais les données qu'on vient de partager démontrent
que c'est faux de prétendre que les travailleurs de Montréal vont aller voler
les emplois dans les régions du Québec. Basons-nous sur des données sur des
faits, et on dit souvent que les faits donc sont têtus, bien, c'est ce qu'on
vous présente ce matin.
M. Boulet : Merci, M.
Blackburn. L'accès, ça aussi, c'est important. Évidemment, on a besoin d'une
main-d'œuvre accrue. Il y a la représentativité des femmes, des groupes issus
de la diversité. Il y a un nombre considérablement moindre de personnes immigrantes,
de personnes issues des minorités visibles ou des personnes issues des
communautés autochtones dans nos chantiers de construction. Vous avez vu les
statistiques de l'Institut du Québec récemment. Il faut donc avoir des normes
claires de reconnaissance des expériences et des heures de formation à
l'extérieur de l'industrie de la construction et à l'extérieur du Québec. Je
pense qu'on se rejoint.
• (10 h 50) •
M. Blackburn (Karl) : Oui.
M. Boulet : N'oublions pas,
quand vous parlez d'intégration, attraction, maintien ou rétention, qu'il y a
la Loi sur les normes du travail, parce que vous avez fait référence à la
discrimination.
M. Blackburn (Karl) : Oui.
M. Boulet : Et le projet de
loi n° 42 qui va nous permettre de faire des pas en avant. Sachez que,
selon Léger, il y avait 79 %, dans le secteur de la construction, qui
voyaient, subissaient ou étaient témoins de discrimination, harcèlement qui ne
signalaient pas. Là, on vient protéger ces personnes-là.
M. Blackburn (Karl) : Exact.
M. Boulet : Et intégrer une
culture de signalement, puis... une culture de protection des liens d'emploi et
à l'encontre des formations de représailles.
Formation, M. Blackburn, vous le savez,
hein, ça aussi, il y a des chantiers avec le ministère de l'Éducation et la
Commission de la construction du Québec pour accroître l'offre de formation en
alternance travail-études.
M. Blackburn (Karl) : Oui.
M. Boulet : Moi, j'y crois.
Mais je vais juste vous rappeler que, depuis deux ans, on a fait un allègement
réglementaire, et allez rencontrer des étudiants, étudiantes dans des centres
de formation professionnelle au Québec, et ils peuvent dorénavant aller
travailler pendant les périodes de congé, de relâche et pendant les vacances
estivales dans les chantiers, et ça, ça donne des résultats phénoménaux. Ça
répond à des besoins et ça permet aux jeunes, pendant leurs études, de
bénéficier d'une expérience de travail. Et les heures de travail sont
transformées en équivalent d'une 1,5 heure. En fait, les heures de
formation...
M. Blackburn (Karl) : De
formation.
M. Boulet : ...équivalent à
1,5 heure dans le régime d'apprentissage. Donc ça, ça donne des résultats.
Mais je vous comprends très bien que la formation, c'est un élément clé, mais
ce n'est pas un des leviers qui appartient nécessairement à un projet... à une
loi qui concerne les relations de travail.
La machinerie de production, ça serait ma
dernière question. Après ça, je laisserais ma collègue d'Iberville intervenir.
La machinerie de production, on nous en parle — en fait, c'est une
discussion un peu plus récente — que ce soit à ce sujet. Qu'est-ce
que vous auriez à me faire comme commentaire, M. Blackburn, sur ce sujet-là?
M. Blackburn (Karl) : D'abord,
brièvement, je vais revenir sur la formation, M. le ministre, si nous sommes en
mesure de déployer l'outil de formation, comme vous l'avez mentionné, à travers
toutes les régions du Québec, et de le déployer de façon large, bien sûr, on va
faire une rétention plus grande et on va s'assurer que les jeunes qui sont dans
cette formation puissent, dès... dès... dès le départ, savoir s'ils aiment ou
non leur métier, et ça, je pense que c'est important de se fier là-dessus.
Par rapport à l'assujettissement des... de
la machinerie de production, ce n'est pas dans le projet de loi. Bien
évidemment, on y a pensé, on en a parlé, mais comme ce n'était pas...
M. Blackburn (Karl) : ...ce
n'était pas dans le projet de loi, on ne l'a pas adressé dans notre mémoire.
Mais je voudrais qu'on profite de l'expérience de ma collègue Lyne Laperrière
pour vous en parler brièvement, parce qu'elle a l'occasion de travailler avec
les membres du CPQ sur cet aspect-là. Et Lyne, si ça te plaît, je te céderais
la parole sur ce point-là.
Mme Laperrière (Lyne) : Merci,
M. Karl Blackburn. Bien sûr, M. le ministre, pour répondre à votre question, en
fait, la machinerie de production, jadis, le CPQ s'était positionné de façon à
ne pas rendre assujettis les travaux de machinerie de production autour des
années 2011. Or, il semblerait que, dans les dernières années, le temps a fait
son œuvre et le marché aurait évolué, faisant en sorte que les conditions ont
vraiment fait augmenter de façon considérable les coûts de main-d'oeuvre. Et
les conditions, notamment au niveau du placement de main-d'oeuvre, ne sont pas
les mêmes que celles qui sont régies de l'industrie de la construction. Or, les
associations d'entrepreneurs spécialisés en mécanique industrielle que nous
avons eu la chance de côtoyer dans les derniers jours, voire les dernières
heures, au même titre que les donneurs d'ouvrage, s'entendent pour dire qu'il y
a une problématique.
Cependant, ce n'est pas le projet de loi
n° 51 qui est l'opportunité de régler tous les problèmes dans l'industrie de la
construction pour la bonne et simple raison que ce n'est pas tout le monde qui
est invité à la table des consultations. Or, nous, ce qu'on vous propose, c'est
de se donner rendez-vous avec les parties prenantes, incluant les donneurs
d'ordre, pour s'entendre et discuter spécifiquement sur ce projet de
réglementation là et qui nous permettra, nous l'espérons, pouvoir porter des
recommandations qui vont faire l'unanimité de tous les joueurs confondus.
M. Boulet : C'est une très
bonne réponse, Lyne Laperrière. Merci. Avec votre assentiment, Mme la
Présidente, je laisserais ma collègue d'Iberville intervenir avec le Conseil du
patronat du Québec.
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Je cède maintenant la parole à la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci. J'ai
combien de temps?
La Présidente (Mme D'Amours) : Quatre
minutes, 40 secondes.
Mme Bogemans : Parfait. On
vient juste d'aborder, entre autres, l'alternance travail-études comme étant un
moyen de tester l'intérêt, là, des jeunes qui commencent. Puis le groupe,
justement avant, on parlait de la polyvalence de la main-d'oeuvre. Comment vous
voulez justement l'appliquer aux gens qui sont déjà dans la construction, dans
les occupations, entre autres, ou dans même les métiers, qui voudraient avoir
plus qu'une corde à leur arc?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
moi je pense qu'on ne peut pas se priver de l'expertise et de l'expérience de
ma collègue Lyne. Alors, Lyne, s'il te plaît.
Mme Laperrière (Lyne) : Évidemment
qu'au niveau de la polyvalence ce que le projet de loi actuellement proposait,
c'est une polyvalence étendue par rapport uniquement qu'aux compagnons. Or, les
apprentis de métier sont capables de faire des tâches qui ne sont pas
uniquement réservées à un titre que compagnon. Nous, on croit que les
compétences sont transférables et utilisables au même titre que les
occupations. Et là ce qui est important de retenir, ce n'est pas une fusion des
métiers qu'on veut, ce n'est pas un bar ouvert, comme le dit si bien le
ministre, c'est important de faire confiance aux droits de gestion des
employeurs. Ils sont capables d'organiser, diriger les travaux avec le
jugement, en considérant, bien sûr, les risques reliés à l'exécution des
travaux. On ne va pas confier des risques élevés à des gens qui n'ont pas les
compétences au même titre que dans tous les autres secteurs de l'économie. C'est
la seule industrie qui est tellement légiférée, qui nous empêche d'avoir cette
flexibilité-là de répondre aux exigences de façon impromptue sur les imprévus,
mais surtout en raison de la pénurie de main-d'œuvre, c'est de pouvoir offrir
un vaste réservoir de talents, plus vaste que celui qu'il est actuellement. Si
on prend juste les apprentis, les occupations, c'est plus de 95 000
travailleurs supplémentaires qui s'ajoutent à ceux des compagnons qui sont
autour de 100 000.
Mme Bogemans : Super! Puis
dans les mesures un petit peu plus particulières, dans, vraiment, le même ordre
d'idées, là, au niveau de la reconnaissance des acquis des nouveaux arrivants,
avez-vous des suggestions pour pouvoir les inclure dans votre domaine?
Mme Laperrière (Lyne) : Évidemment...
Bien, je m'excuse, Karl...
M. Blackburn (Karl) : Allez-y.
Mme Laperrière (Lyne) : ...je
suis allée directement. Au niveau des gens issus de la diversité comme des
immigrants, ils ont une expertise vraiment spécifique, ils sont capables
d'exécuter, exemple, des travaux de peinture ou de couverture ailleurs dans
leur pays. Il s'agit évidemment de faire un règlement qui nous permet justement
de les reconnaître et de les intégrer directement dans l'industrie. Évidemment
qu'on ne peut pas le faire sans nécessairement valider leurs compétences. Donc,
il sera peut-être nécessaire d'ajouter des procédures pour pouvoir les
reconnaître, exemple, un examen de qualification, ne serait-ce que pour les
intégrer. J'ai vu passer un décret, justement, là-dessus dans les dernières
heures.
Mais au niveau des écoles de métiers, ce
serait intéressant d'ajouter des nouvelles initiatives pour permettre à ces
gens-là d'intégrer des formations spécifiques, mais de pouvoir les mettre tout
de suite sur les chantiers pour venir corroborer puis s'infuser, comme on dit,
de la réalité des chantiers au Québec, ce qui n'est pas la même que dans leur
pays nécessairement. Les mœurs et coutumes, les règles sont complètement
différentes.
M. Blackburn (Karl) : Si je
peux me permettre d'ajouter, quelle meilleure façon d'intégrer des nouveaux
arrivants dans notre société que par...
M. Blackburn (Karl) : ...le
travail? Et un bon nombre de ceux-ci veulent contribuer, peuvent contribuer,
ont des compétences qui restent simplement à valider dans certains cas et
pourraient rapidement contribuer à la prospérité puis à la croissance économique
de notre société. Tout le monde serait gagnant. Alors, je pense que ce que Lyne
vient de mentionner comme étant certains éléments à considérer par rapport à la
façon dont on peut accueillir ces gens sur notre territoire, bien, la meilleure
façon de les intégrer, c'est bien sûr via le travail.
Mme Bogemans : Exactement.
Puis, en fait, dans le même ordre d'idées — je pense qu'il me reste
une seule minute — tantôt, vous disiez la vigueur régionale.
Encore... Est-ce que vous voyez, au niveau de la formation ou de l'inclusion
des gens de la diversité ou des femmes, au niveau régional, des initiatives qui
pourraient faire une différence majeure?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
bien évidemment. Si on est capable d'avoir cette polyvalence, entre autres au
niveau de la mobilité — c'est une chose importante — de
trouver par des exemples concrets des mesures qui vont permettre une plus
grande intégration des femmes sur le milieu du travail déjà en situation de
handicap dans certains cas, des gens des Premières Nations... Les gens des
Premières Nations veulent contribuer également à la prospérité du Québec.
Alors, on a tous les outils entre les mains pour être capables d'y arriver. Il
s'agit de se décloisonner, je dirais, légèrement pour tenir compte de la réalité
dans laquelle nous sommes en 2024, le marché du travail et la pression qui est
exercée sur le marché du travail, et je pense qu'on se doit d'être ambitieux,
et on rejoint la volonté du ministre lorsqu'il mentionnait qu'il voulait être
ambitieux pour la réforme dans laquelle on s'inscrit. Bien, je vous invite à
demeurer vigilants, à aller jusqu'au bout et de faire de cette réforme de la
loi R-20 vraiment un projet ambitieux qui va nous permettre de lever plus
d'écoles plus rapidement, qui va nous permettre de rencontrer davantage de
construction au niveau énergétique et de relancer l'industrie de la
construction.
• (11 heures) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions avec la députée. Maintenant, je cède la parole
à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci. Merci, M.
Blackburn, Mme Laperrière, merci d'être avec nous et votre mémoire,
effectivement, donc, très clair. Ma première question, donc, concerne votre
première proposition, sur la polyvalence des métiers. Deux choses ici, donc,
dans... Votre proposition, donc, à la fois, donc, traite donc du droit de
gestion de l'employeur... Donc, vous demandez donc... permettre par ailleurs à
tous les employeurs d'exercer leur droit de gestion dans l'assignation du
travail à accomplir. Mme Laperrière, vous... avez fait référence un peu, donc,
en répondant aux questions précédentes. J'aimerais vous entendre plus
longuement là-dessus et sur des propositions peut-être concrètes pour nous,
comme législateurs, de répondre à cette demande et de voir donc quels seraient
les risques aussi de ne pas y répondre. Et la deuxième partie, pour ce qui est
donc de la définition, donc, de la polyvalence, dont vous vous intéressez à la
question des travaux de structures, vous nous proposez donc une certaine
définition. Donc, je veux... je suis curieuse de vous entendre sur ces
éléments-là.
M. Blackburn (Karl) : Alors,
Lyne.
Mme Laperrière (Lyne) : Merci.
Donc, pour répondre à votre question, je vais essayer d'être brève, parce
qu'elle est quand même longue et a plusieurs aspects.
Au niveau du droit de gestion des
employeurs, les employeurs connaissent quand même leur main-d'œuvre et leur
capacité de réaliser des travaux. Si on utilise les talents à bon escient, dans
la mesure où ils sont capables de faire les travaux, l'employeur est capable
d'assigner des tâches de façon supervisée, de façon contrôlée pour qu'ils
soient capables de faire face aux imprévus, surtout, et aux déficiences.
Considérant que les temps perdus à répondre à ces enjeux-là, à être obligé
de... exemple, d'embaucher un travailleur supplémentaire pour venir compléter
un travail qui est d'une durée quand même assez rapide et courte sans
compromettre les niveaux de dangerosité, ça permettrait de réduire les coûts
et, évidemment, d'être plus efficace et plus efficient dans le travail.
Je prends l'exemple des travaux de
structures. Au sens large de ce qui est proposé au projet de loi n° 51,
«travaux de structures» serait limité, ne permettrait pas d'appliquer la
polyvalence. Or, si je prends l'exemple d'un cimentier applicateur qui se voit
confier la tâche de lisser le béton sur un morceau de coffrage de bâtiment, le
coffrage étant... pouvant être interprété comme étant des travaux de
structures. Or, lisser le béton n'a aucunement de lien de dangerosité, c'est
plutôt un travail de finition. C'est pour cette raison-là que nous suggérons de
ne pas se limiter à ce qui est prévu dans le projet de loi, de bien définir la
portée pour considérer les éléments de risques élevés de travaux au même titre,
exemple, que la Régie du bâtiment le fait pour la qualification des
entrepreneurs ou encore le Code des travaux de construction, qui stipule les
travaux qui ont un niveau de dangerosité plus élevé.
Mme Cadet : Merci, Mme
Laferrière. Donc, c'est très clair au niveau des travaux de structures. Pour ce
qui est du droit de gestion, là, on a beaucoup entendu des intervenants nous
parler de la notion d'équilibre dans le projet de loi. Est-ce que ce que vous
mettez de l'avant, donc, nous permet de préserver cette notion d'équilibre,
tout de même?
Mme Laperrière (Lyne) : Pour
poursuivre en fait dans la même lignée, si je prends l'exemple d'un apprenti
maçon, bien, il est certainement capable de faire des tâches, même s'il n'a pas
encore les compétences de niveau compagnon. Donc, c'est dans cette optique...
11 h (version non révisée)
Mme Laperrière (Lyne) : ...là
que l'employeur est capable d'assigner des tâches à un niveau d'apprentissage
sans nécessairement porter préjudice dans l'exécution ni dans la qualité des
travaux.
Mme Cadet : Mais d'ailleurs,
donc... donc vous parlez ici, donc, des apprentis. Donc, je reviens sur la
question du ministre un peu plus tôt. Donc, vous avez... vous nous avez dit,
donc, la polyvalence, donc, c'est confirmé, donc vous voudriez donc l'étendre,
donc, aux occupations, aux apprentis. La mobilité aussi? On ne vous a pas
entendu là-dessus, la mobilité puis aussi sur le cumul occupation-métier.
Mme Laperrière (Lyne) : ..que
je poursuive, Karl?
Mme Cadet : Oui, vous pouvez
poursuivre, Mme Laperrière.
M. Blackburn (Karl) : ...oui,
vas-y, Lyne.
Mme Laperrière (Lyne) : En
fait, c'est qu'au niveau de la mobilité, ce qui est important de connaître, c'est
qu'on veut offrir un vaste réservoir de talents, qui est plus élevé que ceux
qui seraient disponibles localement. Si on étend la polyvalence à l'ensemble de
l'industrie, ça va nous permettre nécessairement de répondre aux besoins
ponctuels, de s'adapter aux marchés qui évoluent actuellement, de... d'améliorer
évidemment la compétitivité des entreprises, tant au niveau local qu'au niveau
national.
Mme Cadet : Merci. Dans votre
mémoire, vous...
M. Blackburn (Karl) : Si je
peux me...
Mme Cadet : Oui, allez-y, M.
Blackburn.
M. Blackburn (Karl) : ...si
je peux me permettre, Mme la députée, quand on regarde les objectifs qui sont
poursuivis dans le projet de loi, avec que ce qui est mis en place, on augmente
à 73 % la... cette mobilité qui est importante. Nous, ce qu'on se dit,
dans le contexte actuel, avec les défis énormes qui sont devant nous, faisons
le petit pas supplémentaire pour nous rendre à 100 %. Et c'est dans ce
contexte qu'on vous a fait ces présentations qui nous permettraient à tout le
moins d'atteindre cette mobilité qui est extrêmement importante pour l'économie,
pour les employeurs, mais les travailleurs également.
Mme Cadet : Dans votre
mémoire, vous indiquez : «Le CPQ regrette l'absence de solutions concrètes
d'attractivité, d'intégration et de maintien en emploi.» Je vous ai entendus,
donc, sur l'attractivité. Sur le maintien en emploi, quelles mesures vous
auriez voulu voir dans le projet de loi, à cet égard, concrètes?
M. Blackburn
(Karl) :
Lyne.
Mme
Laperrière (Lyne) : En fait, on ne s'est jamais vraiment attardés
actuellement, dans l'industrie de la construction, pour connaître les raisons
qui fait en sorte que les gens quittent l'industrie. Donc, ce qu'on recommande,
c'est qu'il y ait une enquête qui soit effectuée pour nous permettre de déceler
les lacunes mais surtout de proposer des solutions qui viendraient contrer ces
phénomènes-là. On a parlé de la formation, évidemment, on a parlé de la
polyvalence. La polyvalence est également un élément important, un attrait pour
la nouvelle relève, qui, elle, cherche un travail diversifié. Ils ne veulent
pas passer leurs journées à faire une tâche récurrente pour le reste de leur...
de leur carrière. Ils veulent qu'ils aient une carrière dans l'industrie, et le
développement des compétences fait nécessairement un lien pour développer les
talents et surtout la prochaine génération de travailleurs de l'industrie.
M. Blackburn (Karl) : Et, si
je peux me permettre d'ajouter un élément qui est essentiel, selon moi, vous,
comme législateurs, comme députés de comté par exemple, vous avez eu des cas
qui vous ont été présentés. Je suis certain qu'il y a des citoyens qui sont
allés vous présenter leur cas, leur situation, des fois catastrophiques, ou
tristes, ou malheureuses. Et nous, ce qu'on... ce qu'on pense, c'est que cette
étude va permettre justement d'aller chercher exactement le bobo là où il est
et de quelle façon on peut remédier à ce bobo. Et, quand Aline fait référence à
ce que les jeunes aspirent pouvoir faire dans un contexte d'industrie de la
construction, par exemple, où la technologie prend de plus en plus de place,
bien, on doit être capables de leur démontrer que ce métier, qui est
extrêmement important, va leur permettre de grandir d'abord comme individus,
comme travailleurs, mais de grandir dans le secteur de la construction dans
lequel ils vont avoir choisi de s'investir. Alors, c'est pour ça que cette
étude nous apparaît essentielle pour être capables de voir où on est, doit par
pour nous aider à mieux cibler où on veut aller.
Mme Cadet : Merci, M.
Blackburn. Puis, effectivement, donc, vous parlez de la formation, donc, j'ai
moi-même, donc, déploré qu'on... qu'on ne s'y attardait pas assez dans... dans
le projet de loi. Parce qu'il y a un consensus qu'on a entendu, que c'est
effectivement, donc, un vecteur de rétention.
M. Blackburn (Karl) : Tout à
fait.
Mme Cadet : Au niveau de la
planification de la main-d'oeuvre, donc, il y a beaucoup d'intervenants qui
sont venus nous dire qu'il fallait aussi, donc, agir en ce sens. Évidemment, c'est
un peu complexe, hein? Donc, est-ce que vous avez des recommandations pour
nous, comme législateurs, pour nous pencher sur la question cruciale de la
planification pour augmenter la productivité dans le secteur?
M. Blackburn (Karl) : Alors,
Lyne.
Mme Laperrière (Lyne) : La
planification des travaux sous-tend nécessairement la meilleure coordination,
de travailler de façon coercitive à l'aide de... des joueurs, des joueurs clés,
ne serait-ce que ce soient les ingénieurs, les architectes, que les
entrepreneurs puissent travailler en amont avec eux pour être capables de mieux
planifier et coordonner les besoins spécifiques, notamment au niveau de la
main-d'œuvre, mais également au niveau de tout ce qui comprend la logistique de
la main-d'œuvre, le matériel, les équipements, la machinerie, il faudrait
nécessairement faire des cohésions par rapport à ça. Si on améliore évidemment
la meilleure planification des travaux, on va être en mesure également de mieux
planifier les besoins de main-d'œuvre, de reconnaître leurs talents nécessaires
pour exécuter les...
Mme Laperrière (Lyne) : ...Bravo!
Puis pour ajouter dans les... dans les éléments pour attirer la main-d'oeuvre,
bien, c'est là qu'on va être capables de faire la meilleure promotion pour
attirer exactement ce dont on a besoin en fonction des grands projets
notamment. Puis à cet... à cet égard, la promotion de l'industrie de la
construction mérite qu'on s'y attarde, qu'il y ait une cohésion simultanée de
tous les acteurs concernés de l'industrie pour finalement rejoindre les gens
qu'on veut rejoindre, c'est-à-dire les personnes immigrantes, les personnes
issues des communautés autochtones ou des Premières Nations. Donc tous les
nouveaux publics cibles que l'industrie veut accueillir, bien, il faut être
capables de les rejoindre dans leur culture, dans leur langue également. Donc,
il ne faut pas l'oublier.
M. Blackburn (Karl) : Et
on sait que dans ces... dans ces groupes spécifiques de gens qui sont un peu
plus éloignés du marché du travail, bien, que si on arrivait avec... à mettre
en place les bonnes mesures, les bons programmes, les bons outils, bien, on va
augmenter le taux de participation de ces gens-là et ainsi probablement être
dans la tête de peloton des pays de l'OCDE, ce qui n'est pas le cas
actuellement. Alors, c'est pour ça que le secteur de la construction peut
générer des... de réelles opportunités pour le Québec, pour nos entreprises,
pour les travailleurs. Et la modernisation dans laquelle on se réunit
aujourd'hui, bien, ça vise à atteindre ces objectifs. Et je nous invite, moi, à
ne pas oser. Je vous invite, vous les législateurs, à ne pas avoir peur d'aller
au-delà, des fois, de ce que... qui peut être proposé. Pourquoi? Bien, parce
que le marché l'exige. La réalité, aujourd'hui, l'exige. Et le défi auquel nous
sommes confrontés exige qu'on prenne des fois des décisions qui peuvent
paraître, des fois, courageuses, mais qui m'apparaissent essentielles.
• (11 h 10) •
Mme Cadet : Merci.
Dernière question, ici, pour la suggestion que la rétroactivité en raison du
temps imparti. Donc, vous nous avez donc bien exposé votre position. Pour vous,
est-ce que c'est possible de mettre de l'avant la rétroactivité sans fonds?
M. Blackburn (Karl) : Non.
La Présidente (Mme D'Amours) : En
20 secondes.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
en fait... Bien, le principe de rétroactivité, comme je l'ai mentionné, c'est
comme si c'était une nouvelle taxe sur la masse salariale. Et pour nous, ce
n'est pas possible d'aller de l'avant dans une modernisation avec un tel
principe, sachant pertinemment que les outils de négociation sont déjà sur la
table pour permettre d'avoir une certaine équité dans le pouvoir de
négociation, tant des travailleurs que des employeurs.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
infiniment. Je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve pour
3 min 28 s
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. D'abord, M. Blackburn...
M. Blackburn
(Karl) :
Bonjour.
M. Leduc : Est-ce que
c'est une épinglette de la Franco-Ontarie que je vois à votre boutonnière?
M. Blackburn (Karl) : Tout
à fait. Vous avez le sens de l'observation important. Je suis à Toronto ce
matin, M. le député, pour parler de francophonie économique...
M. Leduc : Très bien.
M. Blackburn (Karl) : ...dans
une province anglophone, et on va faire une allocution tout à l'heure devant
350 gens d'affaires francophones qui veulent faire de notre... de notre
unicité, c'est-à-dire de ce qui nous unit, notre langue, un vecteur de
croissance économique et de prospérité. Alors, c'est ce que je vais m'assurer
de partager comme information. Et je suis accompagné de notre ambassadrice de
la Francophonie économique du CPQ, Mme Danièle Henkel.
M. Leduc : Vous les
saluerez de notre part. On les aime beaucoup...
M. Blackburn (Karl) : Tout
à fait.
M. Leduc : ...les
Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes. Sur la question de la mobilité, là,
vous avez peut-être entendu mon échange avec le groupe précédent, sinon je vous
le résume. Moi, je suis un peu surpris de l'approche de plusieurs groupes
patronaux et donc du vôtre aussi aujourd'hui, de venir nous demander, à nous
les législateurs, de venir modifier le contenu de conventions collectives.
D'habitude, au contraire, c'est l'inverse qu'on entend dans les différents
projets de loi, où est-ce qu'on se fait reprocher, les législateurs, de vouloir
trop modifier les normes du travail, le Code du travail? On nous dit :
Non, non, non. Laissez-nous négocier, laissez-nous négocier. C'est souvent la
posture même du ministre sur d'autres sujets : Laissez-les négocier,
laissez-les négocier. Mais là vous nous dites : Non, non, non. Ces
clauses-là que nous avons librement signées, réitérées d'une convention à
l'autre, qui ne sont pas d'ailleurs dans toutes les conventions, qui sont dans
certaines conventions, vous venez nous demander de les abolir. Vous venez
demander, même plus, de venir négocier à votre place. C'est particulier, non?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
en fait, on doit négocier dans le cadre qui a été instauré il y a déjà
plusieurs années, dans un autre contexte, totalement différent de ce qu'il est
aujourd'hui. Nous, ce qu'on vous demande aujourd'hui, c'est d'enlever des
barrières, d'enlever des mécanismes qui vont freiner la croissance de
l'industrie de la construction et ainsi le développement de cette industrie
dans l'ensemble des régions du Québec. Si vous enlevez ce principe-là et que
vous permettez la libre circulation ou la mobilité telle qu'on la décrit dans
le projet de loi, je suis convaincu que l'ensemble de nos entreprises,
l'ensemble de nos travailleurs vont sortir gagnants. Et on doit vous demander
cela parce que c'est une loi qui nous empêche de le faire. Ce n'est pas trois
choses. Alors, on ne vous demande pas de négocier à notre place, mais on vous
demande de nous permettre de faire en sorte que cette mobilité soit exclue ou
cet empêchement de mobilité soit exclu par la suite pour permettre justement à
l'industrie de se doter des meilleures pratiques dignes du XXIᵉ siècle
dans lequel on se trouve actuellement.
M. Leduc : ...la loi,
elle dit qu'on peut négocier des clauses en mobilité. Elle ne vous impose pas
de le faire. C'est vous, après ça...
M. Blackburn (Karl) : Oui.
M. Leduc : ...qui, dans
une table de négo, dans un jeu de «give and take», comme on dit, vous acceptez
de faire ça. Parce moi, je m'en viens à me poser la question : Coudon, il
y a-tu d'autres affaires dans la convention collective qu'on pourrait retirer,
qui feraient votre affaire aussi, tu sais, qui tant qu'à être en train de
discuter, il y a-tu d'autres éléments comme ça qui pourraient faire votre
plaisir, là?
M. Blackburn (Karl) : Je
vois Lyne qui sourit et trépigne d'envie de vous répondre. Alors, Lyne.
Mme Laperrière (Lyne) : Oui,
effectivement. Pour corriger un peu les informations, quand...
Mme Laperrière (Lyne) : ...a
mis à votre connaissance, c'est qu'effectivement il y a des clauses prévues aux
conventions collectives en regard de la mobilité pour les occupations, parce
qu'elles n'ont pas été incluses dans le règlement sur la mobilité qui concerne
les métiers. D'ailleurs, c'est la même chose pour la définition de tâches des
occupations. Elle n'est pas incluse à la loi R-20, au niveau de l'annexe
A, donc ça a été un oubli. Ça fait que finalement ils l'ont mis dans les
conventions collectives, tout simplement, pour ne pas créer de vide. Mais ce
qu'on veut, en fait...
M. Leduc : ...
Mme Laperrière (Lyne) : Pardon?
M. Leduc : Ils l'ont mis avec
votre accord dans les conventions collectives.
Mme Lapointe (Linda) : Bien,
c'est les parties impliquées aux négos, là...
M. Leduc : Oui, c'est ça.
Mme Laperrière (Lyne) : ...on
se comprend, les associations patronales, syndicales. Mais je vous dirais que
ce qu'on veut retenir, c'est d'offrir une flexibilité de choix, le choix pour
les travailleurs de travailler dans des régions différentes, de ne pas être
restreints de travailler de façon unique en fonction de leur lieu de travail...
de leur lieu de domicile, pardon. Ils ne peuvent pas non plus aller travailler
dans les zones limitrophes, qui étaient peut-être à 20 kilomètres de leur
lieu de travail, exemple à Trois-Rivières ou en Mauricie...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme Laperrière (Lyne) : ...ce
qui leur empêche d'avoir des revenus. La même chose pour les entrepreneurs.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme Laperrière.
Mme Laperrière (Lyne) : Ils
ne peuvent pas continuer de travailler ailleurs.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Maintenant, je cède la parole au député de
Jean-Talon pour deux minutes, 38 secondes.
M. Paradis : Merci beaucoup,
Mme Laperrière et M. Blackburn pour votre mémoire et votre
témoignage. Alors, d'un côté, il y a ce désir de modernisation, d'amélioration
du secteur de la construction et, de l'autre, il y a aussi une telle chose que
la paix industrielle qui existe dans le secteur de la construction actuellement.
Et nous, comme parlementaires, notre devoir, c'est de faire la bonne chose.
Vous nous proposez le décloisonnement complet des métiers occupation pour tous
les salariés, la mobilité sans restriction dans tout le Québec, pas de limite
au pouvoir de gestion des employeurs, pas de rétroactivité salariale, pas
d'amende augmentée en cas d'infraction, plus d'investissements destinés aux
entreprises. Ma question est vraiment ouverte, parce que j'aimerais ça vous
entendre là-dessus. Alors, si on faisait tout ça dans le projet de loi, est-ce
que vous pourriez me décrire l'ambiance dans les chantiers de construction du
Québec au lendemain de l'adoption de la loi?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
je vous retournerais peut-être la question, M. le député. Si on fait ça, est-ce
que vous êtes certain que ça va être la catastrophe dans l'industrie de la
construction et que le climat de travail va être tellement mauvais qu'on va
reculer comme société? Moi, je suis convaincu que non. Nous avons atteint cette
maturité qui est extrêmement importante au Québec. Et, lorsqu'on regarde le
défi devant lequel nous sommes confrontés, pensez-y, là, au dernier trimestre
de 2023, 175 000 postes étaient disponibles. Nos écoles, dans
certains cas, tombent en ruine. Nos hôpitaux ont besoin d'avoir des
investissements importants. L'industrie de la construction, compte tenu de la
conjoncture économique actuelle, hausse des taux d'intérêt, spirale
inflationniste sur les coûts d'approvisionnement, est à l'arrêt.
Alors, le choix que nous avons, le choix
que vous avez comme législateurs, c'est de dire : On ne prend pas de
décision parce qu'on pense que ça peut créer des problèmes ou de dire :
Faisons-nous confiance. Allons de l'avant avec une modernisation importante
parce que le marché du travail l'exige. Et dans 10 ans ou dans
15 ans, si la situation évolue ou change, on verra ce qu'on fera... ce
moment-là. Mais il est clair qu'il est impératif aujourd'hui de modifier cette
loi pour nous donner tous les outils nécessaires pour y arriver puis gagner,
tant pour les employeurs comme pour les travailleurs. Parce que la mobilité de
la main-d'œuvre, M. le député, n'oublions pas que ça permet à un travailleur
qui a des compétences extraordinaires de pouvoir les partager partout, là où il
veut, et monnayer cette compétence.
M. Paradis : Mais vous
pensez, M. Blackburn, que la proposition aussi tient compte de beaucoup de
considérations sur la sécurité des chantiers, sur la qualité de travaux, sur
l'intérêt des régions, sur la formation des travailleurs. Vous pensez que ça en
tient compte.
M. Blackburn (Karl) : Tout à
fait. Penser le contraire, ce serait nous inculquer de faux motifs. Et ce qu'on
vous propose, ce n'est pas par pur... pur... Ce n'est pas de la religion qu'on
est en train de prôner. C'est vraiment des démarches importantes qui ont été
menées avec l'ensemble des acteurs de la construction. Et nous, on pense que
nous sommes mûrs pour faire ces changements-là, qui sont importants et
nécessaires pour notre industrie. Lorsqu'on se compare aux autres, je suis en
Ontario ce matin, votre collègue l'a... l'a souligné, on le voit bien qu'il y a
une différence de productivité importante. Les propositions, qu'on pense, ne
viendront pas annuler la paix industrielle, mais elles vont surtout permettre à
notre industrie de pouvoir prospérer et grandir.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme Laperrière,
M. Blackburn, merci infiniment pour votre contribution à la commission.
J'ajourne... je suspends, pardon, les travaux quelques instants afin de recevoir
nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 11 h 18)
(Reprise à 11 h 22)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Et je souhaite maintenant la bienvenue à l'Association
des employeurs en mécanique industrielle du Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour nous donner votre exposé. Je vous demande de
vous présenter et de commencer votre exposé, s'il vous plaît.
M. Thibaudeau (Éric) : Mme la
Présidente, M. le ministre, Mme les députés, messieurs les députés, merci de
nous recevoir, merci de nous accorder votre précieux temps dans le cadre de
cette commission. Tout d'abord, j'aimerais vous présenter les gens qui
m'accompagnent, M. Sébastien Larivée, qui est le trésorier de notre association
et également président de Ganotec, un fier fleuron québécois qui appartient
maintenant à une multinationale américaine, Kiewit. Je suis également, à ma
gauche, accompagné de M. Daniel Sirois, président de Mécanique CNC, une autre
importante entreprise de construction en mécanique industrielle basée à
Boucherville, avec des activités un peu partout à travers le Québec, qui est
membre de notre association. Et je suis accompagné de M. Michel Fournier...
M. Thibaudeau (Éric) : ...qui
est directeur des relations de travail chez Kiewit et Ganotec, mais on l'a
forcé à venir avec nous parce qu'il a aussi un passé de président de la CSD
Construction pendant de nombreuses années. On pensait vous offrir l'opportunité
d'entendre quelqu'un qui a vu tous les côtés de la médaille, si jamais vous
avez des questions. Moi, Éric Thibaudeau, je suis avocat chez BCF, mais je suis
aussi le secrétaire corporatif de l'association et j'ai le bonheur de vous
entretenir aujourd'hui de la demande que nous présentons à cette commission et
au ministre.
L'AEMIQ, c'est quoi? Bien, c'est un
regroupement d'employeurs qui font de la mécanique industrielle. Je vois sur
vos visages confondus : mécanique industrielle, quid, qu'est-ce? Alors, de
la mécanique industrielle, si je lisais la définition dans le règlement, c'est
tout ce qui n'est pas de la mécanique de bâtiment. Je ne pense pas que ça vous
aide beaucoup, alors je vais vous le définir comme suit : de la mécanique
industrielle de production, de la machinerie de production, pensez à n'importe
quelle ligne de production, machinerie industrielle qui produit quelque chose.
Des exemples : les turbines dans les barrages d'Hydro-Québec produisent de
l'électricité. Pensez à... dans le secteur batterie que nous sommes en train de
développer avec fierté au Québec, bien, ce qu'il y a entre les quatre murs et
le plafond, là, la ligne de production, c'est de la machinerie de production.
Pensez à la transformation du minerai dans les usines qui accompagnent les
mines dans le Grand Nord du Québec, par exemple, c'est de la machinerie de
production. Donc, c'est un secteur, là... si on regarde les chiffres des
différents organismes gouvernementaux, CCQ, et tout, là, de 2020 à 2030, on
parle d'environ 55 milliards de dollars en travaux dans l'industriel, dans
le secteur industriel de la construction.
Le problème pour nous, pour notre
association est le suivant, c'est qu'au courant des années 2000, donc de 2000 à
2007, est survenue une succession de décisions rendues par le commissaire de
l'industrie de la construction... qui a changé de nom à de multiples reprises
depuis, mais un tribunal administratif spécialisé dans la loi R-20 et qui est
venu désassujettir de la loi R-20 les travaux de machinerie de production
sur... et je lance une opinion gentille que je pourrai expliquer en long, mais
sur des... de la terminologie de deux mots, essentiellement, qui ont été
interprétés et qui sont venus vider de son sens le règlement d'application de
la loi R-20, qui est le règlement pour les élus qui porte sur la machinerie de
production et la machinerie de bâtiment.
C'est donc... Vous êtes en train de
travailler depuis de nombreux mois, depuis de nombreuses semaines, depuis un
an, probablement, et plus, M. le ministre, sur un projet de loi que l'AEMIQ
endosse. Nous sommes d'accord avec les recommandations et les avancées de ce
projet de loi là sur à peu près tous les sujets. La problématique, pour nous,
c'est que, si ce merveilleux train part de la gare, nous, on va rester sur le
quai parce qu'on n'est pas assujettis à la loi. Notre association et nos
employeurs souhaitent bénéficier des avancées qui sont proposées dans le projet
de loi, et, pour ce faire, il doit y avoir une correction, un ajout
réglementaire pour faire en sorte que nos membres puissent exécuter ces
travaux-là sous l'égide de la loi R-20 à nouveau.
Pourquoi est-ce que l'AEMIQ est pour les
mesures mises de l'avant dans le p.l. 51? La polyvalence des métiers,
extrêmement important pour nous. Pourquoi? Pénurie de main-d'œuvre, et le
secteur industriel est un secteur dans lequel il est difficile... c'est
difficile, c'est un secteur qui n'est pas toujours facile à travailler. Ce
n'est pas des cloisons sèches dans une maison résidentielle. Donc, d'avoir de la
main-d'œuvre qui est en mesure d'exécuter plus de tâches, c'est important pour
nous, dans le respect, évidemment, des règles de santé et sécurité et de la
qualification requise. L'efficience et la productivité est important et aussi
l'accès à la main-d'œuvre, l'accès à une main-d'œuvre variée, plus de femmes,
plus de minorités visibles, plus de gens issus des communautés autochtones. Ça,
c'est quelque chose qui est important pour notre association.
Donc, on endosse le projet de loi, mais,
comme je vous l'ai présenté, Mme la Présidente, M. le ministre, sans votre
aide, on n'est pas assujettis à tous ces beaux projets là. Et ça fait surtout
quoi? ...bon, bien, vous, c'est bien, l'AEMIQ, mais encore? Bien, ça fait qu'on
a pour 30 à 50 milliards de projets industriels de machinerie de production,
prévus dans les 10, 15 prochaines années, qui ne seront pas assujettis à toutes
les belles avancées que vous êtes en train de mettre sur papier et faire des
avancées. Et je m'adresse vraiment à tous les partis politiques, aux
législateurs, quand je vous dis cela.
Notre solution est la suivante... Et je le
dis d'emblée, M. le ministre, je n'utiliserai pas le mot «réassujettissement»,
ça fait peur, ça fait peur à des gens, notamment les donneurs d'ouvrage, qui
pensent qu'on veut repartir de vieux débats qu'on a entendus dans les années
1990-2000. Nous, ce n'est pas ce qu'on souhaite. Ce qu'on souhaite, c'est de
rétablir...
M. Thibaudeau (Éric) : ...la
portée initiale, l'intention initiale du législateur en 1970 est de... Puis
j'aimerais ça rappeler l'intention du législateur de 1970. Ce n'était pas de
faire plaisir au patronat, c'était de protéger les travailleurs de la
construction lorsqu'ils exécutaient les travaux de machinerie de production
pour leur permettre de demeurer assujettis au régime de la loi R-20,
bénéficier des avantages sociaux, du régime de retraite, des vacances qui sont
payées par l'OCQ, dans le temps, devenu la CCQ, la commission de la
construction depuis. C'est une solution. Vous pourrez le regarder dans le texte
réglementaire, dans notre mémoire, qui est simple, on ne fait pas un nouveau
règlement, on modifie deux, trois mots. Il y a une définition de salarié de la
construction, on ne l'a pas inventée, on l'a copié collée de la loi. C'est
aussi simple que ça.
Et c'est une solution qui est
rassembleuse, respectueuse des droits de tous. Les donneurs d'ouvrage vont
pouvoir continuer à opter pour faire du... construction avec nous, des
travailleurs de la CCQ, nous qui utilisons une main-d'œuvre exclusivement
détentrice de certificats de compétence ou faire affaire avec des entreprises,
comme mentionnait Mme Laperrière du Conseil du patronat, qui utilisent une
main-d'œuvre hors construction, qui n'est pas détentrice de certificat, puis
qui a d'autres types de qualité, je présume. Ce n'est pas eux que je
représente, mais c'est un projet qui est respectueux de ces entreprises, de
celles que nous représentons, des travailleurs également. Il ne faut pas
oublier... j'ai écouté avec grande attention une question du député de Québec
solidaire, un petit peu plus tôt, et nous sommes la seule industrie de la
construction en Amérique du Nord où la syndicalisation est obligatoire. Alors,
il n'est pas question pour moi d'enlever des droits à des travailleurs syndiqués
dans les entreprises que nous représentons, notre association, pour les lancer
dans le vide. Non, ils sont déjà syndiqués avec les syndicats de la
construction, et ça, c'est important de le mentionner.
• (11 h 30) •
Je ne pensais jamais que je dirais ça un
jour à une commission parlementaire, mais j'y vais. Je vais traduire en
français ce qui suit : Si ça ressemble à un canard, si ça nage comme un
canard et si ça cacane comme un canard, c'est un canard. Nous sommes des
entreprises de construction. Nous exécutons également des travaux régis par la
loi R-20, donc pas exclusivement de la machinerie de production. On fait
aussi des heures qui sont assujetties à l'industrie. Nous utilisons une
main-d'œuvre des salariés détenteurs de certificats de compétence, et ce,
exclusivement. On n'en a pas d'autres que ceux-là. On contribue au régime
d'avantages sociaux, on contribue aux régimes de retraite, on verse les
vacances à la CCQ qui les redonne aux travailleurs. Et c'est souvent le fait
qu'on applique les conditions R-20, une exigence des donneurs d'ouvrage.
Mais tout ça, on le fait sur une base volontaire et il y a des problématiques
qui viennent avec ça, notamment celles découlant de l'application de la loi sur
les normes et du Code du travail qui, je le rappelle, aux députés, on a décidé,
pas ici, ici, mais ici, en 1937, que ces deux lois-là n'étaient pas appropriées
à l'industrie de la construction. Puis on a envoyé le régime de relation de
travail vers la Loi sur les décrets de conventions collectives et, dans les
années 60, décidé de faire notre propre loi sur les relations de travail
de la construction, la loi R-20. Donc, nous sommes des entrepreneurs en
construction, nous utilisons une main-d'œuvre construction. Nous demandons
qu'un amendement soit fait au projet de loi afin que nous puissions bénéficier
des belles avancées qui sont mises de l'avant dans le projet de loi n° 51.
C'est tout.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Nous allons procéder à la période d'échange. M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Boulet : Oui. Merci. Me
Thibaudeau, merci à votre équipe. C'est un très bon mémoire. La présentation,
elle est aussi limpide. Puis je pense que ça va bénéficier à l'ensemble des
parlementaires. Il y a des éléments de pédagogie, là, vous nous ramenez à des
étapes charnières, 1937, 1968, vous dites 1970, là, mais à cette période-là, et
les interprétations des tribunaux, là. Tu sais, vous référez à des décisions au
début des années 2000, notamment... et autres. Je pense qu'on connait la
dynamique. J'ai des questions précises, mais avant je veux que ce soit clair,
là, quand vous dites : La machinerie de production, vous utilisez
l'exemple d'une turbine. Et vous référez plus spécifiquement à
l'installation...
11 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...à l'installation,
l'entretien et la réparation. Je reviens au projet de loi. Dans les métiers qui
concernent la mécanique industrielle, pouvez-vous nous donner, peut-être qu'il
est dans le mémoire, mais un exemple spécifique de la valeur ajoutée de la
polyvalence que nous avons dans le p. l. 51?
M. Thibaudeau (Éric) : Oui.
Je réfléchis à un exemple concret et précis. Dans le domaine industriel
environ, là, ça varie d'employeur à employeur, mais ce qu'on appelle les
métiers mécaniques représentent, à peu près, là, 85 % des heures sur un
chantier. Ces métiers mécaniques là, c'est quoi? Des tuyauteurs, des
chaudronniers, des mécaniciens de chantier et des chaudronniers. Alors, ce sont
les quatre... Il y a d'autres métiers, mais c'est eux qui sont là en
prédominance. Ce sont des métiers qui ont leurs spécialités et qui ont vraiment
des travaux différents l'un de l'autre, mais qui ont aussi des intersections
quand même importantes. Par exemple, au niveau de certains travaux de soudure, de
certains travaux de tuyauterie, puis là je ne veux pas... on pourrait remplir
la salle, M. le ministre, cette jurisprudence qui vient couper au couteau, qui
appartient à quel métier. Mais cette polyvalence-là, dans le projet de loi qui
permettrait clairement un... permettez-moi l'anglicisme, un «overlap», une
intersection commune sur certaines tâches de ces métiers-là, pourrait
certainement être bénéfique aux entreprises qui oeuvrent dans notre secteur.
M. Boulet : Sans affecter la
qualité, sans être incompatible avec les compétences des travailleurs,
travailleuses et évidemment avec une incidence qui est favorable sur les délais
et les coûts. Je pense que c'est ce qui est fondamentalement visé. Est-ce
que... Si je vous demandais un exemple de mobilité, la mobilité, évidemment, ça
non plus, ce n'est pas un bar ouvert. Est-ce que la mobilité c'est un atout, en
tenant compte de ce qui est dans le projet de loi n° 51, pour votre
secteur, en fait plus spécifique de mécanique industrielle?
M. Thibaudeau (Éric) : En
fait, je pense que ça pourrait répondre à des appréhensions que plusieurs
acteurs de l'industrie sont venus vous expliquer, puisque, dans notre
convention collective, il n'y a pas de concept de mobilité de main-d'œuvre. C'est
certain, c'est l'employeur qui s'adresse aux syndicats qui lui réfèrent la
main-d'œuvre. Je ne connais pas les critères internes qui sont utilisés. Mais
dans la convention comme telle, il n'y a pas de critère de mobilité. On ne dit
pas : Bien, il faut travailler par région, etc.
Je peux également affirmer que ça fait l'objet
de discussions collaboratives, je tiens à le souligner, régulières entre les
employeurs et le syndicat, de trouver des travailleurs qui ne résident pas trop
loin. Vous avez entendu un intervenant, je pense que c'était la Corporation des
entrepreneurs généraux ce matin qui disait : Écoutez, les frais de
chambres et pensions sont un frein eux-mêmes à avoir un certain nombre X et Y
de travailleurs en région, parce qu'évidemment il y a un coût important, là,
qui vient avec. Selon les secteurs, on parle entre 137 $ et 159 $ de
frais de chambre et pension, par jour, pour un travailleur qui est à plus de
120 kilomètres de chez lui. Donc, je pense que le réglementaire sur la
mobilité de main-d'oeuvre était important à une certaine époque où les
travailleurs c'était 600, 700 heures par année. On a vu ça il n'y a pas si
longtemps que ça. Maintenant, on est au plein emploi puis on... on peine à
trouver des travailleurs. En tout cas, nous dans notre convention-cadre, là,
type, chez chacun des employeurs, on n'a pas cette règle-là de mobilité, puis
ça n'a pas, à ma connaissance, à tout le moins, et on me corrigera, les gens
qui sont avec moi, si je me trompe, ça n'a pas créé aucun chaos.
M. Boulet : Bien, vous le
dites bien, on est dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre qu'on anticipe d'ailleurs
pendant des années, tenant compte des projets. Puis vous allez être impliqués,
bien sûr, dans des projets industriels un peu partout au Québec, dans les filières
stratégiques de développement social et économique, et pour répondre à des
besoins dans tous les secteurs d'activité humaine. Rappelez-moi, dans le nombre
d'heures de travail que ça peut représenter, sur une année, fait par les
membres de votre association.
M. Thibaudeau (Éric) : Alors,
ça varie beaucoup d'une année à l'autre.
M. Boulet : Oui.
M. Thibaudeau (Éric) : Les
projets étant importants, on comprend qu'un bon contrat avec de nombreux
travailleurs fait exploser le nombre d'heures exécutées d'une année à l'autre.
Là, mais bon an mal an, sur les trois dernières années, nos membres employeurs
ont exécuté environ entre 3 et 4 millions d'heures travaillées déclarées
sur une base volontaire, à la CCQ, et ça...
M. Thibaudeau (Éric) : ...CCQ,
et ça représente, si on se fie... et là on fait du croisement de données, si on
se fie aux données de la CCQ et aux données de l'Association de la construction
du Québec, qui est l'association qui est chargée de négocier les... et
appliquer avec la partie syndicale les conditions de travail du secteur
industriel, là, ça représenterait nos membres environ entre 30 % et
40 % des heures travaillées dans le secteur. Mais c'est pour ça, comme je
vous dis, je suis prudent sur les chiffres parce que ça varie beaucoup, là,
d'année en année, mais on... entre 30 % et 40 %.
M. Boulet : Quand vous
référez au secteur de la construction, où il y a effectivement une adhésion
syndicale obligatoire, comme vous n'êtes pas assujettis, ce que vous devez expliquer,
pour le bénéfice des parlementaires : Pourquoi? Est-ce que ce n'est qu'en
raison des exigences des donneurs d'ouvrage que vous contribuez, que vous...
les heures, que vous vous assurez que les travailleurs bénéficient des
avantages sociaux du régime de retraite? Comment ça marche au plan pratique?
Parce que le fait de ne pas être assujetti peut ouvrir la porte à ce que des
travailleurs ne soient pas nécessairement membres de syndicats. Mais ce que
vous expliquez, c'est qu'ils sont tous membres de syndicats. J'aimerais ça que
vous nous expliquiez le pourquoi du comment.
• (11 h 40) •
M. Thibaudeau (Éric) : Je
vais tenter de faire ça simplement, étant donné le temps qui nous est alloué.
Suite aux décisions qui ont été rendues dans les années 2000, ça l'a créé,
sur les chantiers, pas trop de changement immédiat, mais ça l'a créé un vide
juridique, c'est-à-dire qu'on avait des associations représentatives syndicales
de la construction qui avaient une main-d'œuvre compétente en nombre important,
notamment au conseil provincial des métiers de la construction, qui sont très
représentatifs dans les milieux de la mécanique industrielle... Et donc il y
avait une main-d'œuvre qualifiée. Nos membres ont continué à faire affaire avec
ces syndicats-là, mais leur existence était sous l'existence de la
loi R-20, n'est-ce pas, donc ça a amené à la création d'un... notamment,
pour ce qui est de nos membres, d'un syndicat Code du travail, un syndicat
boutique, si je peux l'appeler ainsi, dans les termes juridiques de droit du
travail, qui est appelé l'Association des métiers mécaniques du Québec. Et
cette association-là, en 2019-2020, a entrepris une tournée de syndicalisation
chez l'ensemble des employeurs qui constituent notre association. C'est avec
eux qu'on s'assoit, qu'on négocie les conditions de travail. Donc, ça, c'est
l'historique d'où vient notre convention collective et avec quel syndicat on
fait affaire. Il n'y en a qu'un seul et c'est l'AMMQ.
M. Boulet : O.K., je
comprends. Et donc, quand on a discuté ici, au parlement, de l'établissement
d'un service de référence pour remplacer l'époque où il y avait ce qu'on
appelait le placement syndical, est-ce que... Qui fait le référencement de la
main-d'oeuvre qui est requise ou pour répondre aux besoins de vos
entrepreneurs?
M. Thibaudeau (Éric) : Comme
c'est un document public, je vais vous... je vais vous donner la réponse brève,
mais je vous invite à consulter la... une des conventions collectives, c'est
public sur Corail, du ministère du Travail. Mais essentiellement c'est un
mécanisme par lequel l'employeur, lorsqu'il a des besoins de main-d'œuvre, va
communiquer avec le syndicat en lui disant : Bien, voici, j'ai besoin de
tant de travailleurs, de tant de métiers, de telle expérience ou telle spécialité.
Et c'est le syndicat qui va se charger de trouver les travailleurs, les
salariés et de les envoyer à l'employeur.
M. Boulet : D'accord. Vous
soumettez un mémoire qui met l'accent sur les avantages de ce que vous
recommandez, c'est-à-dire, même si vous n'aimez pas ce mot-là, assujettir.
Est-ce que vous êtes capable de vous exprimer sur les inconvénients de faire ce
que vous nous proposez de faire?
M. Thibaudeau (Éric) : C'est
peut-être un petit peu prétentieux de vous dire ça, M. le ministre, mais je
n'en vois pas vraiment. Et je m'explique. Les donneurs d'ouvrage, les grandes
entreprises que l'on sollicite au niveau provincial, national et international
ont besoin d'une certaine certitude dans l'exécution de leur projet. Qu'il y
ait un...
M. Thibaudeau (Éric) : ...de
relations de travail qui s'applique puis qui est prévisible, notamment au
niveau des dates de grève, par exemple, c'est important pour eux. Quand un
donneur d'ouvrage, j'en ai dans mes clients qui ne sont pas membres de l'association,
planifie un projet, bien, de savoir qu'il y a une expiration de date de
convention collective en mai 2025 dans la construction, il y a un calcul de
risque qui est fait dans l'exécution du projet. Mais là la situation, avec deux
régimes parallèles, est la suivante, c'est que vous avez un risque de grève en
mais 2025, vous avez un risque de grève à l'expiration de nos conventions
collectives, en décembre 2025, vous avez... et là c'est pour ceux qu'on a comme
signataires de conventions collectives, d'autres entreprises pourraient avoir
d'autres échéances. Donc, ça crée une incertitude. Ça, c'est pour les donneurs
d'ouvrage, un régime plus attrayant, on sait à quoi s'en tenir.
Pour les entrepreneurs que nous sommes, ça
permet également d'exécuter les travaux en étant synchronisés. Mes clients ne
sont pas les seuls, sur un chantier de construction, il y a les entrepreneurs
qui font la bâtisse, qui font les murs, qui font les travaux assujettis. Puia,
si on n'a pas les mêmes conditions de travail aux mêmes dates, qui finissent au
même moment, et les mêmes augmentations, ça crée des problèmes.
Pour ce qui est des travailleurs, je n'y
vois pas d'inconvénient. Je m'explique. Les travailleurs membres de l'AMMQ avec
qui nous faisons affaire sont tous détenteurs d'une carte de compétence CCQ,
exclusivement, c'est tout ce qu'on utilise comme main-d'œuvre. Donc, si les
travaux que nous vous demandons d'assujettir à la loi R-20 le sont, ces
salariés-là vont continuer à être représentés par les syndicats, notamment le
conseil provincial, comme je vous le mentionnais.
M. Boulet : Donc, selon vos
prétentions, c'est bonnet blanc, blanc bonnet, ou c'est du pareil au même,
assujetti, non assujetti?
M. Thibaudeau (Éric) : En
fait, là où il y a... ça crée une problématique, le non-assujetti, c'est
l'incertitude pour les donneurs d'ouvrage.
M. Boulet : Je comprends.
M. Thibaudeau (Éric) : C'est
l'incertitude... en fait, l'incertitude des donneurs d'ouvrage est la même pour
les travailleurs. Donc, vous vous imaginez un salarié qui doit faire,
potentiellement, des négociations ou la grève en mai 2025, pour quand il fait
des travaux assujettis, puis, six mois plus tard, quand il va négocier avec un
des employeurs ici, pourrait se retrouver en grève une deuxième fois dans la
même année. Donc, il y a ça.
Et, également, dans les désavantages pour
nous, comme employeurs, et je fais attention aux termes que j'utilise, mais...
parce qu'on comprend comment la mécanique du Code du travail fonctionne, et
c'est pour ça que je parlais de 1937 et de se rappeler d'où on vient, notre
histoire, il y a un déséquilibre au niveau de la négociation de la convention
collective, en ce que c'est important d'avoir des conditions de travail qui
sont relativement uniformes, mais, nous, on représente juste 30 % de
l'industrie, là.
M. Boulet : Vous avez utilisé
le mot «syndicat de boutique», mais ce n'est pas véritablement des syndicats de
boutique, dans la mesure où ils sont détenteurs d'une accréditation syndicale
en vertu du Code du travail. Donc, il y a les périodes ouvertes puis il y a les
périodes où on peut exercer un droit de grève ou de lock-out, le cas échéant.
O.K., je comprends bien.
Et donc, si je vous demande de vous mettre
dans les bottines d'un donneur d'ouvrage, vous référez à la stabilité, la
possibilité de ne pas être exposé deux fois à des risques de conflits de
travail, comme étant des avantages que les grands donneurs d'ouvrage pourraient
mettre de l'avant pour appuyer votre recommandation. Donc, est-ce que ce serait
faux de prétendre que ce que vous nous recommandez fait... à peu près, parce
qu'il n'y a jamais d'unanimité, dans le monde des relations de travail, en tout
cas, je ne l'ai jamais vu ou aperçu, mais il y aurait un fort consensus des acteurs
patronaux et syndicaux derrière la recommandation que vous nous soumettez?
M. Thibaudeau (Éric) : Effectivement,
je me permets de dire ce qui suit : Dans l'industrie de la construction,
du côté syndical, vous avez entendu, lu les mémoires de la FTQ-Construction,
qui demande un assujettissement plus large, plus contraignant que le nôtre,
peut-être moins bienvenu de la part des donneurs d'ouvrage, mais qui recommande
de réassujettir certains travaux. Le Syndicat québécois de la construction fait
de même dans son mémoire. Si vous consultez ou posez des questions à la CSD et
à la CSN, ils vont vous dire qu'ils sont d'accord avec notre proposition, et
j'ai compris, en écoutant attentivement la commission parlementaire mardi
dernier, que vous avez posé la question vous-même au Conseil provincial des
métiers de la...
M. Thibaudeau (Éric) : ...construction,
qui vous a répondu positivement en faveur d'un assujettissement, donc du côté
syndical construction. Du côté patronal construction, l'ACRGTQ l'a écrit dans
son mémoire, l'ACQ appuie notre position. La CEGQ, que vous avez entendue ce
matin, également, est du côté des donneurs d'ouvrage. Nous, ceux qu'on
consulte... On a discuté avec le Conseil du patronat. Vous avez entendu leur
réponse, contrairement à historiquement, où ils s'objectaient, là, ils vous
disent : consultons, il y a du bon là-dedans, nous sommes rendus ailleurs.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci, c'est tout le temps que nous avions.
M. Thibaudeau (Éric) : Merci,
Mme la Présidente.
M. Boulet : Merci à toute
votre équipe, maître.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
cède maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Me Thibaudeau, et à vous tous, donc, d'être présents
aujourd'hui.
Donc, Me Thibaudeau, je vous entendais,
donc, vous disiez... vous nous avez expliqué que vos membres, donc, contribuent
aux régimes d'avantages sociaux, emploient exclusivement des salariés de la
construction qui sont détenteurs de certificats de compétence émis par la CCQ,
ils déclarent des heures travaillées à la CCQ mais les travaux qu'ils réalisent
ne sont pas assujettis à la R-20. Vous nous avez dit, donc, que les heures qui
sont exécutées par vos membres pour les travaux d'installation, réparation,
entretien, de machinerie de production représentent... je pense que vous
avez... vous avez dit un peu plus tôt de 30 % à 40 % des heures de
l'industrie. Donc, ça voudrait dire que vous n'êtes pas... donc, vos membres,
donc, ne sont pas les seuls dans le secteur industriel dans la situation, là,
que je viens de décrire, que vous avez décrite, précédemment. Est-ce que vous
pouvez confirmer que votre proposition de modification réglementaire, quand...
quand on la lit dans le mémoire, elle ne... elle ne toucherait pas que vos
membres, mais l'ensemble des employeurs dans cette situation-là?
• (11 h 50) •
M. Thibaudeau (Éric) : Il y a
effectivement un... une balance, si je peux l'appeler ainsi, importante
d'employeurs de 60 % à 70 % des heures qui sont presque dans la même
situation que nous, c'est-à-dire qu'ils continuent à utiliser une main-d'œuvre
exclusivement détentrice de certificats de compétence et occupation de la CCQ,
qui continuent à contribuer aux régimes sur une base volontaire, qui trouvent
leur main-d'œuvre auprès des syndicats de l'industrie de la construction. La
différence, c'est qu'eux, au moment où on se parle, à tout le moins, à ma
connaissance, à part les membres de notre association, eux n'ont pas fait
l'objet d'une campagne de syndicalisation de la part d'un syndicat.
Mme Cadet : Donc, dans...
M. Thibaudeau (Éric) : Donc,
ils sont dans une zone... Si vous me permettez, je m'excuse de vous
interrompre. Ils sont dans une zone de flottement. On fait comme si on était la
CCQ, on ne l'est pas, comme si on était assujettis. On continue à faire comme
tel, mais juridiquement parlant, ils sont dans... elles sont, ces
entreprises-là, dans un vide.
Mme Cadet : Mais puisque
votre proposition les toucherait tout de même, donc ces employeurs-là, donc,
ils pensent quoi de la demande? On a parlé du fort consensus donneurs
d'ouvrage-syndicats, donc associations patronales, mais les autres employeurs
qui sont touchés, là... qui seraient touchés par votre proposition de
modification réglementaire, ils en pensent quoi?
M. Thibaudeau (Éric) : Comme
ces entreprises-là sont membres de l'Association de la construction du Québec
et que l'ACQ appuie notre demande, je prends pour acquis qu'ils seraient pour
notre demande. La problématique, c'est que ces entreprises-là ne sont membres
d'aucune association de travaux non assujettis, comme celle que nous, on s'est
créée. Donc, je ne fais que présumer.
Mme Cadet : Vous avez dit
plus tôt que l'intention du législateur, en... bon, en 1979-1978, était de
protéger le travailleur avec l'assujettissement initial, là. Vous avez parlé,
donc, de la... dans la réglementation, de l'alinéa quatre, là, vous en faites
référence dans votre mémoire, donc, concrètement, aujourd'hui, votre demande,
elle va changer quoi pour le travailleur?
M. Thibaudeau (Éric) : Au
lieu d'être... La seule différence, en ce qui nous concerne, c'est qu'au lieu
d'être membres de l'AMMQ, qui est un syndicat qui a été... dont les dirigeants
sont également des dirigeants de locaux syndicaux, la... de l'international,
excusez-moi, le Conseil provincial des métiers de la construction, au lieu
d'être membres de l'AMMQ, ils vont être membres soit du Conseil provincial dans
la construction ou un des quatre autres syndicats de la construction auxquels
ils ont droit de choisir à chaque période de maraudage, aux quatre ans.
Mme Cadet : Vous l'avez
mentionné, donc, la R-20 ne s'applique pas, vous avez votre propre convention
collective. Puis vous l'avez évoqué un peu, donc, dans votre échange avec le
ministre, justement, donc, du libellé, donc, de conventions collectives, donc,
qui est public. Je vous amène donc à la page... à la page 12, à la
section 6.1, sur la référence de salarié. On dit : «Lorsque des
salariés sont requis, l'employeur procédera comme suit : l'employeur
communiquera avec le syndicat chaque fois que des salariés seront requis et
motivera clairement sa demande de main-d'oeuvre.» Et à l'alinéa e, «en aucun
cas l'employeur ne peut passer outre au bureau de placement du syndicat.» Je
veux m'assurer d'avoir bien compris. Ici, donc... n'ont pas la liberté dans le
choix de la main-d'oeuvre?
M. Thibaudeau (Éric) : Vous
m'excuserez, je ne m'attendais pas à ces questions-là. Je suis en train de
récupérer une copie de la convention collective et de me rendre à l'article...
M. Thibaudeau (Éric) : ...écoutez,
ce sont... ce sont vos mots, madame la députée, mais effectivement le processus
est très clair à 6.1. Je me permets d'en lire un petit bout: «Un employeur
communiquera avec le syndicat chaque fois que des salariés seront requis et
motivera clairement sa demande de main-d'œuvre en indiquant», et là, «nature
des travaux, expertise recherchée», donc qu'est-ce qu'on peut mettre comme
information. Et c'est écrit, à b: «En fonction des critères formulés par un
employeur, le responsable du syndicat s'efforcera, au meilleur de ses
connaissances, de fournir des salariés correspondant au profil recherché.
L'employeur peut soumettre au syndicat le nom de personnes non membres pour
fins de référencement éventuel ou d'embauche immédiate en cas de pénurie, sous
réserve d'une évaluation positive, tant par l'employeur que le syndicat, des
compétences et qualifications.» Et, à e, bien, on indique qu'«en aucun cas
l'employeur ne peut passer outre au bureau de placement du syndicat».
Donc, l'employeur formule la demande, le
syndicat trouve la main-d'œuvre. Et comme le dit e, je ne peux pas décider
d'aller vous embaucher, Mme la ministre, je ne suis pas sûre que ça vous
intéresserait, mais je ne peux pas aller décider de vous embaucher sans avoir
l'aval du syndicat, effectivement.
Mme Cadet : Donc, vous devez
exclusivement passer par le syndicat pour le référencement de la main-d'œuvre.
M. Thibaudeau (Éric) : Oui.
Mme Cadet : Donc, vous
confirmez que le mécanisme qui est prévu au chapitre 9.1 de la loi R-20, il
n'est pas répliqué dans vos conventions.
M. Thibaudeau (Éric) : 9.1
étant le placement... Bien, effectivement, on n'est pas assujetti à la loi
R-20, donc le placement syndical n'est pas interdit.
Mme Cadet : Merci. Dans votre
mémoire, vous indiquez aussi qu'«opérer à l'extérieur du cadre R-20, ça ne
permet pas aux entreprises de demeurer concurrentielles, productives et
efficaces». Vous énumérez des exemples de notions qui sont issues du cadre
normatif du Code du travail, de la Loi sur les normes du travail de la LATMP,
qui n'ont pas cours dans l'industrie, mais qui s'appliquent à vos membres, bien
évidemment. Est-ce que vous avez des exemples tirés, cette fois-ci, du cadre de
négociation des conventions qui viendraient affecter vos coûts de production?
M. Thibaudeau (Éric) : Oui.
Si vous me permettez, je veux juste reculer sur les exigences, parce que, moi,
je pense, c'est important. Le fondement même de ce qu'on vous demande, c'est de
réaliser que le Code du travail, la Loi sur les normes ne sont pas adaptés aux
réalités de notre industrie, pour toutes sortes de raisons, on en énumère dans
notre mémoire. Et on apprécierait vraiment si les gens qui participent à la
commission prenaient le temps de lire ces inconvénients-là, parce que vous
allez voir que ce sont des exigences de la loi qui sont difficilement
compatibles avec des travaux de construction. Et je vous donne un exemple bien
simple. Dans la construction, on peut sous-traiter, il n'y a aucune... aucun
empêchement de sous-traiter. Pourquoi? Bien, parce que tout le monde a les
mêmes conditions de travail, c'est la même convention collective qui
s'applique, provincialement parlant.
Donc, que ce soit A ou B qui fasse les
travaux, c'est les mêmes conditions de travail. Donc, on y va vraiment par
spécialité d'entreprise puis on s'adresse à la meilleure entreprise pour faire
les meilleurs travaux possible avec l'efficience et productivité. Alors que,
dans le Code du travail, il est interdit, vous le savez, quand une main-d'œuvre
est visée par un certificat d'accréditation, de sous-traiter, à moins que la
convention collective le permette. Vous avez copie la convention collective, de
toute évidence, vous irez voir à la fin, il y a une annexe. C'est compliqué de
prévoir les noms d'entreprises, il y en a tellement. Ça limite la flexibilité,
à ce niveau-là, de l'exécution des travaux. Je m'excuse. C'est important pour
moi de donner ces exemples-là parce que le syndicat n'a rien exigé de ça, là.
Nous, on n'a rien exigé de ça. Ce sont des exigences de la Loi sur les normes
et du Code du travail, mais qui, pardonnez-moi l'anglicisme... mal avec les
réalités de notre industrie.
Pour ce qui est de ce qui découle de la
convention collective comme telle, bien, les travailleurs, les salariés
s'attendent nécessairement à ce qu'on maintienne minimalement les conditions de
travail qu'ils ont déjà dans l'industrie de la construction. Donc, la base de
négociation, c'est la convention collective, l'industrie de la construction et
donc nécessairement tout ce qui va en résulter ou découler, suivant les
demandes syndicales qui vont être faites, même si on est les plus chiches et
féroces négociateurs possible, sera nécessairement des écarts à la hausse entre
notre convention collective et ce qui existe dans l'industrie de la
construction.
Mme Cadet : Donc, par
exemple, dans la convention renouvellement, en ce moment, donc, qu'est-ce que
ça signifie en termes d'écart?
M. Thibaudeau (Éric) : Ce
n'est pas que je n'ai pas la réponse, je fais attention, mais je tiens à le
dire: Nous avons conclu une entente de principe à la fin janvier, et le
syndicat est en tournée de ratification présentement, donc la semaine dernière.
Il reste une assemblée ce soir, je crois. Donc, je vais faire attention à
comment je m'avance dans les propos. Je peux dire qu'il y a une augmentation de
salaire, dans les deux prochaines années, qui est substantiellement plus élevée
que celle de la construction. Ça, c'est un exemple que je peux donner. Je peux
donner un exemple... j'en ai...
M. Thibaudeau (Éric) : ...énuméré
quelques-uns dans notre mémoire, là, mais essentiellement, on pourrait aussi
parler... Oui, bien, en fait, je regarde la plus pertinente dans la liste qu'on
vous a... je vous invite à la lire, mais c'est sûr que l'interdiction totale de
recruter de la main-d'œuvre dont on vient de parler un petit peu plus tôt,
bien, peut-être qu'on pourrait aider le syndicat à recruter ailleurs,
autrement, de diverses manières, ça manque un peu de flexibilité. Vous verrez
dans le même article que vous m'avez souligné, en , l'article suivant, le 6.2, que
le droit de transférer de la main-d'œuvre à un... d'un chantier à un autre est
possible, mais limité à un certain nombre de travailleurs. Donc, ça fait en
sorte que, dans les nouveaux travailleurs qui arrivent à un autre chantier, il
faut refaire les périodes de formation en santé-sécurité, par exemple. Donc,
ça, ça représente des coûts dans les millions de dollars de la formation
initiale en chantier pour les entreprises que nous représentons. Ce sont des...
ce sont des exemples.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Maintenant, je cède la parole au député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous quatre.
M. Thibaudeau (Éric) : Bonjour.
M. Leduc : Plusieurs
associations patronales viennent ici nous parler pour nous demander de venir
modifier le contenu des conventions collectives. Vous, vous prenez un chemin un
peu différent. Vous dites : Nous avons un contenu de convention collective
qui nous déplaît. En tout cas, à la page sept, vous en nommez, là, cinq, puis
on en a... on vient d'évoquer l'interdiction de recruter la main-d'œuvre, mais
j'avoue que je suis un peu surpris de votre démarche, parce qu'en plus, ce
n'est pas un secteur qui est syndiqué depuis des décennies, là, où on pourrait
essayer de plaider : Bien, nous, on arrive, puis là il y a comme un truc
qui est là depuis tout le temps. Vous, c'est nouveau ces conventions
collectives là, ou du moins relativement nouveau. Mais tout ça, ça... ce n'est
pas le Saint-Esprit qui vous a imposé ça, là. Vous avez vous-mêmes négocié ça,
vous avez signé, vous avez négocié. Pourquoi nous, on viendrait, comme
législateurs, commencer à jouer dans le contenu des conventions collectives que
vous avez négociées?
• (12 heures) •
M. Thibaudeau (Éric) : Premièrement,
si vous permettez de rectifier le tir sur une chose, notre position, c'est
qu'on appuie le projet de loi tel quel. Je n'ai pas dit que j'appuyais le
Conseil du patronat puis que je voulais que ce soit encore plus large, plus
loin. Donc, nous, c'est le projet de loi «as is» que nous appuyons avec la
demande que nous, on vous fait. Donc, cet équilibre précaire là, que vous
manifestez, là, dans vos questions aux divers intervenants, on est sensibles à ça,
puis on le comprend et on ne demande pas au ministre, dans ces sujets-là,
d'aller plus loin que ce qu'il propose dans le projet de loi.
M. Leduc : Est-ce que, dans
les conventions que vous avez signées, librement, toujours, il y a des clauses
de réactivité... rétroactivité salariale?
M. Thibaudeau (Éric) : Non.
M. Leduc : Aucune?
M. Thibaudeau (Éric) : Non.
M. Leduc : Donc, le fait
d'avoir la possibilité de le faire dans le Code du travail n'est pas un
automatisme, que ça s'applique dans toutes les conventions du Québec, ça se
négocie. Donc, ça veut dire que ça soit pas été abordé à votre table de négo ou
soit que ça a été abordé, mais retiré en échange de quelque chose d'autre.
M. Thibaudeau (Éric) : Dans
l'ancienne, la première convention collective, celle qui est publiée, ça n'a
pas été question. Dans celle qui a été en négociation, là, ça a été question
de, mais ce n'est pas prévu, effectivement, dans l'entente de principe.
M. Leduc : Si on...
M. Thibaudeau (Éric) : Cependant,
je tiens à vous dire...
M. Leduc : Allez-y.
M. Thibaudeau (Éric) : ...quelque
chose, peut-être pour éclaircir tout le monde, si vous permettez, je prends la
balle au bond.
M. Leduc : Rapidement, parce
que j'ai une autre question.
M. Thibaudeau (Éric) : Oui.
Si vous prenez la convention collective, que vous avez... qui est publiée, là,
publique, celle qui vient d'échoir, là, en décembre, puis que vous prenez la
convention collective du secteur industriel de la construction, là, à part le
référencement dont on vient de parler à 6.1, là, ça ressemble beaucoup à
l'industrie de la construction.
M. Leduc : Je regarde les
salaires, les pensions, les repas, les vacances. Ce qui a été négocié dans vos
conventions collectives, c'est toujours un peu meilleur que ce qu'il y a dans
la CCQ. Donc, je ne peux pas m'empêcher de voir qu'il y a là une espèce
d'intérêt pécunier, bien sûr, en étant assujetti à la construction, d'avoir
moins de dépenses dans un futur assez proche. Je ne peux pas m'empêcher aussi
de constater que, si vous faites ce move-là, ils n'auront plus accès à la loi
anti-scab, ils n'auront plus le droit de faire des griefs sur les salaires.
Donc, je vois... je vois mal comment c'était un avantage pour les travailleurs
et travailleuses. Puis vous faites souvent une comparaison avec le reste des
secteurs industriels... de la construction, pardon, mais vous n'êtes pas en
compétition directe non plus avec... c'est comme des industries assez
différentes, non?
M. Thibaudeau (Éric) : Non,
on est en compétition directe avec eux, en compétition directe avec le groupe
de l'Aespiq, qui est non syndiqué puis qui coûte environ 9$, 10 $ de
l'heure moins cher que nos membres ici, première chose. Deuxième chose, je suis
en désaccord avec l'affirmation que vous faites que, quand je regarde les frais
de chambre, les pensions versus la construction, c'est moins cher. C'est vrai
pour le secteur industriel qui applique l'ACQ, c'est faux pour le secteur génie
civil dans lequel il y a aussi la machinerie de production, qui sont rendus
bientôt à 159 $. Donc, c'est faux.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
c'est tout le temps que nous avions. Je cède maintenant la parole au député de
Jean-Talon.
M. Paradis : Merci beaucoup
d'être avec nous aujourd'hui. Merci pour votre mémoire. L'article 1 b) du
règlement, j'ai consulté la jurisprudence que vous citez à la note de bas de
page deux de votre mémoire, et il est à l'effet que, quand...
12 h (version non révisée)
M. Paradis : ...quand on
analyse la preuve, dans certains cas, cet article-là ne trouve pas application.
Dans d'autres, il trouve application. Est-ce que, dans le fond, ce que vous
nous demandez, ce n'est pas de modifier ou d'intervenir pour corriger un
courant jurisprudentiel avec lequel vous n'êtes pas d'accord? Premièrement. Et
deuxièmement, je sais qu'on a peu de temps, mais en conclusion, vous dites...
Dans votre mémoire, vous dites que ce que vous suggérez, ça ne fait perdre
aucun droit aux salariés. Je comprends que vous avez répondu à ma collègue de
Bourassa-Sauvé que, bon, c'est une question d'appartenance syndicale, mais en
réalité, vous, vous dites : Les conditions de travail, ça va avoir un
impact sur les conditions de travail. Donc, est-ce que vous êtes capables de
nous dire quelles conséquences vous voyez que ça peut avoir sur les conditions
de travail? Parce que, vous, vous y voyez un avantage, est-ce que, donc, il y a
un désavantage pour les employés concernés?
M. Thibaudeau (Éric) : Bien,
je vais commencer par votre deuxième question. C'est la plus simple à répondre.
Qu'il soit membre dans l'AEMIQ ou membre de... dans la construction de l'Inter,
de la FTQ, ou peu importe, il y a une table de négociation. Ils peuvent
demander à obtenir ce qu'ils veulent. O.K.? Ça fait que... Que ça soit avec
nous, le Code du travail ou que ça soit R-20, ils peuvent négocier et obtenir
les conventions qu'ils veulent. Ça, c'est 1. 2, sur votre question sur le
règlement, il y a deux mots qui sont problématiques, la notion d'employeur
professionnel. Et ce que les jugements sont venus dire au début de l'année 2000,
c'est de dire : Bien, la machinerie de production, ça ne comptera jamais
dans le mot «professionnel».
Ça fait que, là, c'est comme un, vous me
permettrez l'expression, un chien qui court après sa queue. Je fais des... Je
fais des travaux CCQ avec des travailleurs CCQ, mais parce que les heures que
je fais en machinerie de production ne comptent jamais dans mon statut d'employeur
professionnel, je ne suis jamais employeur professionnel. Donc ça fait en sorte
que le règlement ne s'applique jamais. Et les salariés principalement issus de
la construction, bien, vous lirez la jurisprudence, il y a un décideur qui a
décidé que je ferais un «snapshot» de l'industrie complète du Québec, il y a,
je ne me souviens plus les chiffres, là, mais il y a 700 chaudronniers
dans la construction et il y en a 3 500 selon le ministère du Travail. Ce
n'est pas une expertise issue principalement de l'industrie de la construction,
alors que l'objectif du législateur, à l'époque, c'était de dire : Quand j'utilise
une main-d'œuvre CCQ, là, issue de la CCQ, elle va être traitée CCQ, c'est
aussi simple que ça. Alors, la proposition qu'on fait, elle est simple, dans un
texte simple qui rétablit cet équilibre-là, qui a toujours été voulu par tout
le monde, donneurs d'ouvrage, travailleurs, syndicats de la construction. Vous
n'avez pas entendu un syndicat de la construction venir vous dire qu'il était
en désaccord avec ce qu'on demande là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Donc, je vous remercie pour votre
contribution à nos travaux de la commission. La commission suspend ses travaux
jusqu'à... jusqu'après les avis touchant les travaux de la Commission vers 15 h 15.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 06)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 15)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'économie
et du travail reprend ses travaux, et je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi no 51, Loi
modernisant l'industrie de la construction. Cet après-midi, nous entendrons les
témoins suivants, soit : la Commission de la construction du Québec, la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la Fédération des chambres
de commerce du Québec et le... et la Régie, pardon, du bâtiment du Québec.
Je souhaite maintenant la bienvenue à la
Commission de la construction du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10
minutes pour votre exposé, et, par la suite, nous procéderons à la période d'échange.
Alors, je vous invite à vous présenter et à commencer votre exposé, s'il vous
plaît.
Mme Murray (Audrey) :Merci, Mme la Présidente. Merci à vous et aux membres, là,
de la commission d'avoir invité la Commission de la construction du Québec. Je
suis Audrey Murray, la présidente-directrice générale de la commission de la
construction. Je suis accompagnée d'Isabelle Blais, secrétaire général de la
commission, Pierre-Luc Désilets, vice-président par intérim, service à la
clientèle et aux partenaires, et Mélanie Malenfant, vice-présidente par intérim
communications, stratégies et innovation.
Donc, Mme la Présidente, mon intervention
de cet après-midi sera portée par le grand respect que la CCQ porte aux
représentants qui... aux représentations qui ont été faites au cours des
derniers jours par les participantes et participants à vos travaux, car, parmi
ceux-ci, se trouvent plusieurs administrateurs et membres des comités
paritaires de la commission qui, à titre d'associations et de leaders du
secteur de la construction, sont venus vous voir afin de mettre au jeu une
lecture et des propositions parfois divergentes concernant le projet de loi no
51. Comme vous le savez peut-être déjà, au terme de vos travaux, suivant la
sagesse des parlementaires, l'organisation que je dirige sera responsable de
mettre en œuvre le projet de loi no 51, qui sera devenu loi. Et, afin de bien
faire notre travail, la CCQ devra miser sur la confiance et la mobilisation de
tous et de toutes. C'est pourquoi, aujourd'hui, je souhaite mettre au jeu avec
mon équipe des informations stratégiques pour alimenter vos réflexions et qui
permettront d'éclairer vos travaux, sans pour autant nous prononcer sur le
projet de loi no 51. Je souhaite d'abord... Je vais vous présenter deux grands
moteurs de transformation qui, à mon avis, doivent être tenus compte dans vos
réflexions, mais, avant tout, je vais vous présenter la Commission de la
construction du Québec.
D'abord, vous dire que c'est une grande
organisation qui est au service de la prospérité, bien sûr, de l'industrie de
la construction, mais aussi du Québec. Se rappeler que cette industrie
représente 6,6 % du PIB de notre économie et un emploi sur 15 au Québec.
Elle est financée de manière privée, par un prélèvement à même la masse
salariale et un soutien ponctuel du gouvernement pour la lutte au travail au
noir. Qui est la Commission? C'est près de 1 million de contacts clients par
année au service des 200 000 travailleurs, travailleuses et 27 000 entreprises
qui oeuvrent sur les chantiers du Québec. En matière de qualifications et de
formation, c'est un ordre professionnel, en quelque sorte, donc, chaque année,
on émet plus de 35 000 certificats de compétences, permis de travail. On
accompagne dans leur apprentissage les travailleurs et travailleuses et on
offre également du perfectionnement. Donc, l'année...
Mme Murray
(Audrey) :...année record,
25 000 personnes ont pu bénéficier de formations continues dans
l'industrie de la construction. On est aussi une compagnie d'assurances, donc,
à l'échelle du Canada, je crois qu'on est la deuxième en importance. On dessert
plus de 150 000 assurés. On offre également un service à nos
100 000 retraités, donc ça représente près d'un milliard de déboursés
par année. La Commission est également responsable d'assurer la conformité sur
les chantiers. À cet égard, on visite plus de 50 000 chantiers par
année, on rencontre près de 100 000 travailleurs, travailleuses et
plusieurs dizaines de milliers d'entreprises. Et évidemment on exerce les
recours appropriés. Et finalement elle est fiduciaire de neuf fonds pour une
valeur de 33 milliards. Et à cet égard, elle est quatrième déposante à la
Caisse de dépôt pour le régime de retraite des travailleurs, travailleuses.
Elle peut compter sur une équipe de 1 300 personnes à travers le
Québec. Elle travaille, bien sûr, cette mission en concertation avec les
grandes associations qui composent le secteur de la construction et,
évidemment, les joueurs clés gouvernementaux et privés.
Donc, maintenant les deux constats, deux
grands moteurs dont je voulais vous faire part pour alimenter votre réflexion.
Le premier, c'est... quand on regarde la situation économique actuelle, malgré
le fait qu'elle est incertaine et difficile pour certains secteurs, ce qu'on
observe, c'est que l'industrie est dans un cycle de croissance qui devrait se
maintenir à court et moyen terme. Donc, en 2024, on a annoncé une baisse de
3 %, mais globalement, quand on regarde d'ici 2028, notre équipe
d'économistes prévoit qu'on va dépasser le sommet de 2021, donc atteindre
jusqu'à 210 millions d'heures travaillées. C'est un sommet historique au
Québec depuis qu'on cumule les données. Bien sûr, il faut faire des nuances. Le
secteur du génie civil, actuellement, est déjà dans un sommet. Le secteur
industriel est porté par la nouvelle impulsion de la filière batterie, donc
accuse aussi une augmentation importante des heures. Toutefois, le secteur
institutionnel, commercial et résidentiel vivent un soubresaut dû à la
situation économique. Du côté des régions, on observe aussi une croissance qui
va permettre à toutes les régions de bénéficier de cette situation-là bien que
cette année, dû aux soubresauts du côté résidentiel, commercial et
institutionnel, les deux grandes régions métropolitaines, Montréal et Québec,
subissent une diminution significative, notamment à Montréal.
• (15 h 20) •
Donc, tout en tenant compte de ces
nuances, on trouvait important aujourd'hui de vous faire part du fait que, tu
sais, les besoins sont importants dans les prochaines années. Et donc ce cycle
de croissance économique là va poser des défis importants pour notre secteur,
notamment au regard de la mission de la commission et en regard des besoins de
main-d'œuvre.
Et bien sûr on parle de main-d'œuvre
compétente, et c'est le deuxième élément que je voulais mettre au jeu
aujourd'hui. Donc, la commission prévoit qu'au cours des cinq prochaines
années, elle estime que les besoins de main-d'œuvre donc seront... pour
répondre à la demande de main-d'œuvre compétente en nombre suffisant, on aura
besoin de 17 000 personnes par année d'ici 2028. Quand vous faites le
compte, c'est près de 70 000 personnes nouvelles qui vont devoir nous
choisir pour répondre au roulement de la main-d'oeuvre, mais aussi à la
croissance économique à laquelle on fait face. Or, on sait très bien que le
Québec est traversé par une grande transition démographique et que la chasse
aux talents est ouverte dans tous les secteurs d'activités, que la capacité
d'attrait de nos formations professionnelles a diminué, a fluctué dans les
dernières années, que, comme industrie, on a des grands défis. On vous en a
parlé. On a un enjeu d'abandon quand même important de nos travailleurs,
travailleuses. Et dans les dernières années, on a assisté aussi à des entrées
de nouvelles mains-d'oeuvre non diplômées. Et évidemment, comme tous les
secteurs économiques, il faut s'assurer qu'on offre des conditions
intéressantes pour séduire les jeunes, pour qu'ils nous choisissent.
Donc, c'est certain que la commission a la
responsabilité, avec ses partenaires, de regarder cette situation-là, de
poursuivre le travail qu'on a à faire d'attraction, de rétention, de
développement de la main-d'oeuvre, travailler bien sûr sur l'amélioration du
climat de travail et être plus inclusif. Et donc ce grand défi, on doit
maintenant l'envisager au niveau de la main-d'oeuvre, non seulement d'un point
de vue qualitatif, mais d'un point de vue... non seulement d'un point de vue
quantitatif, mais aussi d'un point de vue qualitatif, car, quand on parle de
productivité, de notre côté, on doit miser sur la compétence pour être capable
d'y arriver.
Donc, comment faire pour relever ce grand
défi? La commission comprend que le projet de loi met au jeu plusieurs
propositions et que, depuis le début de vos travaux, bien sûr, il y a eu
d'autres propositions qui vous ont été suggérées. Donc, à notre niveau et en
regard de nos responsabilités, à l'écoute de ce que les gens vous ont dit, bien
sûr, on a l'intention de poursuivre certaines initiatives qui sont déjà en
marche, que je voulais vous partager parce qu'elles sont apparues comme étant
convergentes, à mon avis, de la part des gens qui sont venus vous voir.
D'abord, un engagement ferme de la
commission en faveur de l'accueil de davantage de femmes. Également, ouvrir la
porte aux Premières Nations, aux groupes sous représentés pour être une
industrie plus inclusive...
Mme Murray
(Audrey) :...un engagement aussi sans
compromis pour la compétence au cœur de nos priorités, une lutte constante
contre le travail non déclaré et assurer la conformité sur nos chantiers et,
bien sûr, un engagement sans faille de notre part en faveur de la concertation
et de la collaboration comme un moyen de trouver des solutions rassembleuses.
Donc, en conclusion, Mme la Présidente, la
commission souhaite bien sûr être une alliée des leaders syndicaux, patronaux,
des entreprises, de la main-d'œuvre, de l'industrie de la construction et des
joueurs clés qui œuvrent avec notre secteur d'activité. Notre objectif, c'est bien
sûr générer la confiance, créer de la valeur, et, bien sûr, notre engagement à
mettre en œuvre ce que l'Assemblée nationale décidera sur ce projet de loi est
total. À notre avis, c'est un moment historique pour notre industrie de
livrer... de livrer des choses importantes. La société s'y attend. On manque de
logements, on a besoin d'entretien, de développer nos infrastructures,
également les hôpitaux, les écoles, les garderies, et bien sûr contribuer à la
transition énergétique du Québec. Donc, la commission sera au rendez-vous avec
ses partenaires, puis il nous fera plaisir de répondre à vos questions
aujourd'hui à cet égard.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous remercie pour votre exposé. Nous allons débuter maintenant la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, vous remercier pour votre présence puis pour la belle
présentation, Mme Murray, puis à toute votre équipe. Puis je profite de
l'opportunité pour féliciter la CCQ pour son engagement à faire en sorte qu'une
industrie tellement fondamentale soit non seulement effervescente, mais
inclusive, diversifiée et prospère. Et vous le mentionniez, Mme Murray, les
besoins sont cruciaux au Québec dans toutes les missions essentielles de
l'État, là, le logement, les infrastructures, les projets industriels, les
hôpitaux, les écoles, et tout ce qui découle de la filière batterie, la filière
énergie, et tout ce qui est associé à la transition énergétique, vous le
mentionnez très bien, d'où l'importance d'un projet de loi, je répète souvent,
Mme Murray, qui n'est pas une finalité, qui est un des éléments d'un grand
casse-tête qui va faire en sorte qu'on soit respectueux de nos entrepreneurs,
de nos syndicats et de nos travailleurs, travailleuses. Puis je sais à quel
point la Commission de la construction du Québec doit être en quête constante
d'un équilibre entre les parties, c'est ce qu'on appelle le paritarisme, et
j'ai beaucoup de... d'estime pour votre position de ne pas vous immiscer dans
le mérite du projet de loi. Je vous avoue qu'on a un peu le même défi, comme
législateurs, hein, puis je me plais à répéter que, quand on travaille à écrire
un projet de loi, on est aussi soucieux de l'importance d'être modéré,
équilibré, puis de redire constamment qu'un projet de loi, il est aussi
perfectible.
Les besoins, aussi, en main-d'œuvre, bon,
vous référiez aux 17 000 par année d'ici 2028, je pense qu'on a des
objectifs communs, puis les syndicats qu'on a entendus ont aussi des objectifs
communs, je vois des représentants syndicaux qui sont avec nous, qui ont
témoigné au début des consultations particulières, puis moi, je me plais à le
rappeler. Et, quand on parle d'équilibre, c'est respecter les compétences,
c'est s'assurer d'une bonne qualité et, au-delà de tout ça, la santé et
sécurité de tous ceux qui oeuvrent dans l'industrie de la construction.
Il y a quelques points, puis je vais poser
des questions assez rapides, Mme Murray, à l'égard desquels j'aimerais avoir
vos commentaires. D'abord, l'inclusion des femmes. Vous avez parlé... puis je
pense qu'on est rendu à 3,8 % de représentativité. Si on revient en 2015,
on était pas mal en arrière. Il y a eu un programme d'accès à l'égalité pour
les femmes. J'aimerais ça savoir de vous quel est l'état de ce programme
d'accès et qu'est-ce qui est anticipé pour faire suite au programme actuel
d'accès pour améliorer la représentativité des femmes.
Mme Murray
(Audrey) :Merci, M. le ministre, de cette
question. Mme la Présidente, en fait, effectivement, depuis 2015, il y a un
programme d'accès à l'égalité qui a été mis de l'avant par la Commission de la
construction du Québec, qui était ambitieux, qui visait une cible,
effectivement, de 3,5 %, qu'on a atteinte, et on est à un moment crucial
où on doit refaire nos devoirs pour proposer un...
Mme Murray
(Audrey) :...vos programmes d'accès des
femmes. Donc, je pense que vous le constatez, la... la marche est longue pour
les femmes dans l'industrie de la construction. Bien sûr qu'il faut se réjouir
du fait qu'on se rapproche au moins de la moyenne canadienne, donc on n'est pas
la seule province où c'est difficile d'accueillir des femmes de métier sur les
chantiers. La moyenne canadienne est à 3,9 %. Le Québec a réduit l'écart
du départ de 2015, donc on est rendu à 3,8 %. Mais avec les besoins de
main-d'œuvre qu'on a, bien sûr, je pense qu'il faut qu'on fasse un vrai examen
de conscience pour voir quelles mesures on va relancer, qu'est ce qu'on va
mettre au jeu pour être capable d'ouvrir davantage la porte et surtout les
retenir davantage. Parce que je faisais évaluer par mon équipe si on avait eu
le même taux de roulement qu'on a pour les hommes, pour les femmes aujourd'hui,
on a 7 400 femmes sur nos chantiers de construction qui bâtissent le
Québec, on en aurait 8 500. Donc, bien sûr qu'il faudra travailler dans ce
programme d'accès là à revoir comment on les... on les... on sollicite
l'intérêt des femmes pour nos métiers. Mais c'est toujours délicat de
solliciter l'intérêt si on n'est pas capable d'offrir un milieu de travail qui
soit adéquat. Donc, il faudra travailler, bien sûr, en même temps, avec les
centres de formation professionnelle, je vous dirais, ça commence là, on veut
davantage de femmes dans les programmes de formation, les des DEP, qu'on
appelle, de nos métiers, bien sûr, dans l'industrie de la construction. On va
demander la sollicité... la complicité des centres de formation pour travailler
avec nous, s'assurer que ce premier milieu non traditionnel dans lequel les
femmes se retrouvent, hein, parce que c'est majoritairement aussi des hommes
qui sont dans nos programmes de formation, soit adéquats. Et, bien sûr, on va
se questionner sur qu'est ce qui a bien marché, moins bien marché dans leur
intégration, leur maintien.
• (15 h 30) •
On a lancé, cette semaine, un sondage
auprès des 7 400 femmes actives et des femmes qui ont quitté
l'industrie depuis cinq ans pour aller leur demander : Qu'est-ce qui a
bien fonctionné dans les mesures qu'on a mises en place? Qu'est-ce qui a moins
bien fonctionné? Qu'est-ce qu'on pourrait faire de plus, de mieux? Et
évidemment, ça interpelle la commission, mais ça interpelle tout le monde.
C'est une responsabilité collective parce que c'est un changement de culture
qu'il y a derrière cet enjeu d'accueillir davantage et mieux les femmes qui
choisissent nos métiers, et c'est un changement de culture qui va être à
l'avantage du groupe en fait parce qu'on parle d'améliorer. On connaît les
facteurs d'abandon, là. Donc, nos trois facteurs principaux d'abandon, hein,
c'est... c'est le climat de travail, c'est la conciliation travail-famille et
la difficulté d'exercice du métier. Donc, si on travaille ces éléments-là, on
peut penser que ça va être bénéfique pour l'ensemble du groupe. Donc, il y a
beaucoup à faire, et c'est certain que, mon espoir, c'est que le donneur
d'ouvrage principal, qui est le donneur d'ouvrage public au Québec, soit aussi
avec nous dans le fait de mettre au jeu des mesures qui pourraient nous
permettre d'accueillir davantage de femmes sur nos chantiers.
M. Boulet : Tout à fait, et
sur nos chantiers et dans les programmes de formation, notamment, qui mènent à
un diplôme d'études professionnelles, c'est ce qu'on constat, notamment au
ministère de l'Éducation, que le nombre de femmes est en augmentation. Je me
référais à l'exemple de la cohorte en électricité à Trois-Rivières, où il y
avait 11 filles et 11 garçons, ce qui est aussi bénéfique pour
l'apprentissage et pour une intégration réussie qui mène à une meilleure rétention
et ultimement. J'aimerais vous entendre de la même manière pour un programme
d'accès pour les Premières Nations et Inuits. Quel est l'état de la situation
et qu'est ce que vous anticipez?
Mme Murray
(Audrey) :Merci, M. le ministre. Donc,
Mme la Présidente, effectivement, là, la commission a mis en place, là, des
démarches de concertation, de cocréation. On l'a fait pour les femmes, mais on
l'a aussi fait, dans les dernières années, avec les Premières Nations, Inuits
et Cris justement pour bâtir un plan de match collectif aussi avec les
intervenants gouvernementaux pour... pour se donner une cible ambitieuse. On
annoncera, dans les prochaines semaines, prochains mois, là, ledit programme et
donc on l'appelle le pacte PNI pour vous amener un peu dans nos... dans nos
acronymes. Donc effectivement, on a aussi fait un examen fin des enjeux propres
aux Premières Nations qui freinent leur arrivée donc sur les chantiers et on a
identifié les mesures qui pouvaient aider à les accueillir davantage dans des
parcours de formation, toujours en misant sur la compétence, mais bien sûr
aussi en accompagnant les entreprises et en accompagnant les différentes
cohortes dans leur parcours pour qu'ils puissent et elles puissent s'y
retrouver et... et s'épanouir. Parce que, en fait, la difficulté, quand on
parle des groupes sous-représentés, il y a toujours une hésitation de nommer
des enjeux, hein, puis de donner l'impression que ce n'est pas possible de
s'épanouir, donc en même temps de ne pas inciter ni les femmes ni les Premières
Nations à nous... à se joindre, dans le fond, à la main-d'œuvre dans
l'industrie. Donc, je veux dire que quand même, on a près de 1 % de
notre...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Murray (Audrey) :...de notre main-d'œuvre déjà qui est issue des Premières
Nations, des Inuit et des Cris. Et il y a un grand intérêt de la part de ces
communautés-là à se joindre à la commission.
M. Boulet : Totalement. Dans
certaines régions...
Mme Murray (Audrey) :Pas la commission, au chantier, désolée.
M. Boulet : ...de façon plus
particulière. Et je ne ferai pas le tour de tous les groupes issus de la
diversité, mais vous avez remarqué que, dans le projet de loi, on veut s'assurer
que les mesures d'inclusion et de diversité soient applicables à tous les
groupes issus de la diversité, donc aussi les minorités visibles, les personnes
en situation de handicap puis les personnes immigrantes. Souvent, on s'est fait
dire au fil des années que les normes de reconnaissance des acquis, des
compétences... que la formation et de l'expérience étaient encore à établir. Ça
fait que c'est certain que le projet de loi vise à ce qu'on aille de l'avant.
Je sais qu'on est limité dans le temps, mais vous parlez beaucoup des
compétences.
Et évidemment on n'a pas tous les leviers,
dans une loi qui concerne essentiellement les relations de travail, la gestion
de la main-d'oeuvre, mais je sais que vous êtes à pied d'œuvre. Notamment, on
se plaît à dire que la voie à privilégier, c'est le diplôme d'études
professionnelles. Mais, comme il y a une forte pénurie de main-d'œuvre, ce
déficit-là impose des impératifs de trouver des façons alternatives pour
accroître les compétences des personnes qui intègrent l'industrie de la
construction. Puis on a mis en place les attestations d'études
professionnelles. Mais il y a une offre de formation, notamment, à laquelle on
réfère constamment, c'est l'alternance travail-études. On sait qu'il y a près
de 200 000 jeunes, au Québec, qui ne sont ni en emploi, ni aux
études, ni en formation. Puis, quand vous parlez d'attractivité, c'est un
potentiel humain immense. Et l'alternance travail-études, dans la mesure où ça
confère une capacité de soutenir des besoins financiers et que ça consacre
aussi la symbiose, l'essentiel entre le travail puis les études, c'est une voie
certainement à développer. Puis vous savez que, depuis les derniers allègements
réglementaires, même les étudiants dans le parcours D.E.P. peuvent travailler
durant l'été, les périodes de congés puis les périodes de relâche, puis ça
aussi, ça donne des bons résultats.
Mais j'aimerais ça que vous nous parliez
de ce qu'on appelle le Comité de formation professionnelle dans l'industrie de
la construction. Quel est son rôle? Quel est l'état de la situation aussi à l'égard
de l'augmentation de l'offre de formation en alternance travail-études? Parce
qu'on ne fera pas ça, malheureusement, dans le projet de loi. On se fie
beaucoup... Puis moi, j'aime beaucoup la formation qui est assumée par ceux qui
peuvent la faire, qui ont le potentiel pour le faire. Donc, je veux vous
entendre là-dessus, Mme Murray, sur les compétences, donc ça réfère à la
formation.
Mme Murray (Audrey) :Parfait. Donc, merci, M. le ministre. Donc, Mme la
Présidente, effectivement, à la commission, il y a un comité qu'on appelle le
CFPIC, un acronyme de plus, qui est notre comité dédié à la formation... à la
formation dans l'industrie de la construction, qui réunit des représentants
désignés par les associations patronales et syndicales. Il y a également un
représentant du ministère de l'Éducation qui est présent et il incarne
parfaitement, là, les discussions et, bien sûr, là, les stratégies qu'on peut
se donner au sein de la commission avec le conseil d'administration sur
certains aspects des responsabilités en matière de formation. Donc,
sommairement, c'est un comité, hein, qui nous aide autant au niveau de notre
prévision quantitative que sur les enjeux qualitatives... qualitatifs qui
peuvent toucher la formation professionnelle. Et peut-être, à cet égard, vous
donner des éléments de travaux, là, qui sont en cours ou à débuter. Bien sûr,
la commission, je le disais d'entrée de jeu, a la responsabilité avec le
comité, avec le CFPIC, et ses comités... sous-comités professionnels, j'aurais
dû en parler. Donc, dans notre arborescence, on peut en plus bénéficier de
sous-comités de métiers, de sous-comités régionaux, donc, qui ont chacun leur
expertise et qui viennent dans notre écosystème, donc, alimenter cette
intelligence collective qu'on met de l'avant pour faire évoluer les choses.
Mais dire que, dans les travaux qu'on a entamés... qu'on a à faire ou qu'on a à
mieux faire ensemble... Bon, d'abord, ça commence par notre estimation de
besoins de main-d'œuvre, hein? Bien sûr, on a un modèle assez robuste, mais on
voit qu'on a des opportunités peut-être de s'améliorer, notamment en se
connectant davantage avec les donneurs d'ouvrage publics, la commission, pour
mieux comprendre ce qui s'en vient en termes de travaux, ça va se passer quand,
on va besoin de quel profil de main-d'œuvre, où ça va se passer sur le
territoire. Donc, il y a des travaux d'amélioration qu'on peut faire au niveau
de la prévision des besoins de main-d'œuvre. Et également, une fois qu'on a
estimé, je le disais tout à l'heure, en termes de...
Mme Murray
(Audrey) :...de nombre, il faut qu'on
regarde d'où vont provenir ces personnes. À ce moment-ci, notre modèle prévoit
que c'est 100 % de diplômés qu'on cherche, quand on estime les besoins de
main-d'œuvre, mais là on voit bien qu'on a de la difficulté à ne répondre que
par des diplômés, alors on a un travail d'industrie... moi, je vais travailler
avec mes partenaires cette question-là, on n'a pas encore la réponse, mais il
faudra qu'on soit capable d'aller plus loin sur nos stratégies, en termes
d'aller chercher la main-d'œuvre dont on a besoin.
Et effectivement les partenaires au sein
de la commission et du CFPIC, donc, se sont mis d'accord pour qu'on ouvre un
chantier d'accélération de l'alternance travail-études dans nos métiers de la
construction, comme étant un levier potentiel d'attrait pour les jeunes et
également, donc, une façon, hein, d'amener rapidement les jeunes et les moins jeunes
qui nous choisissent à vivre une expérience en chantier et à l'école. Et, ce
faisant, on augmentera peut-être aussi le nombre de diplômés qui choisissent de
venir chercher un certificat de compétence par la suite, hein, bien sûr, qui
donne accès à la réalité du chantier puis qui pourrait nous faire espérer aller
chercher davantage de gens diplômés pour qu'ils viennent chercher un certificat
de compétence.
Donc, c'est un chantier qui est très
important pour mes partenaires patronaux et syndicaux, il y a une réelle
volonté dans ce chantier qu'on ouvre, il faut comprendre, on doit y réunir
plusieurs joueurs. Donc, on a les centres de formation professionnelle, on a le
ministère de l'Éducation dont on a besoin, on a besoin, bien sûr, des
représentants des entreprises et du côté syndical. On doit comprendre ensemble
le cycle de l'alternance travail-études, ça veut dire quoi, dans l'industrie de
la construction, qui est responsable de quoi, et comment on fait pour résoudre
les nœuds, s'il y en a, bien sûr, et également pour que chacun puisse jouer son
rôle pour augmenter... augmenter le recours à ce modèle-là, je dirais, de
formation.
• (15 h 40) •
M. Boulet : C'est important
de rappeler, pour que chacun puisse jouer son rôle et que ce soit fait dans la
meilleure concertation possible. Moi, je respecte beaucoup ces instances, puis,
encore une fois, la fondation, c'est le paritarisme, que les parties dialoguent
et en viennent à la formule la plus attrayante possible. Et ça, ça va être
bénéfique pour la main-d'oeuvre, ça va être bénéfique pour la qualité, pour le
respect des compétences, la santé et sécurité. Je pense qu'il y a des retombées
qui sont extrêmement importantes, puis le taux de rétention, ultimement. Ça
fait que...
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant.
M. Boulet : ...est-ce qu'il
reste une minute?
La Présidente (Mme D'Amours) : Cinq
secondes.
M. Boulet : Cinq secondes.
Merci énormément. J'avais d'autres sujets à aborder. Merci. On se reparle
bientôt, de toute façon.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup, mesdames, M., donc, d'avoir accepté notre
invitation, d'être présents cet après-midi. Mme Murray, donc, je commencerai de
la même manière que le ministre, moi aussi, ce qui m'avait, donc, beaucoup
accroché de votre mémoire, donc, c'est la question, donc, des femmes, de la
présence des femmes dans l'industrie, mais également de leur rétention. Nous
l'avions noté, mais vous l'avez mentionné également, donc, vous venez de
lancer... vous avez mandaté la firme Léger pour évaluer la satisfaction des
femmes dans l'industrie à l'égard du Programme d'accès à l'égalité. Vous avez
dit, donc, les trois facteurs, donc, déjà, pour vous, c'est déjà documenté,
c'est : le climat de travail, la conciliation famille-travail, les
difficultés d'exercice du métier. Nous, comme législateurs, en regard de ce que
vous avez vu dans le projet de loi sur ces questions-ci, comment, vous pensez
que nous devrions, donc, être outillés pour bonifier les... ces enjeux, donc,
de représentativité des femmes dans l'industrie?
Mme Murray
(Audrey) :Oui, bien, en fait, comme je
l'ai dit, hein, on est en train de faire un examen approfondi, là, bien sûr, du
diagnostic, en allant chercher la voix des femmes, mais aussi celle des
entreprises. Alors, c'est un peu tôt dans notre processus, actuellement, pour
vous recommander de bonifier, je dirais, le projet de loi, surtout qu'on a pris
une posture, aujourd'hui, je vous l'ai dit d'entrée de jeu, là, très
respectueuse d'éléments qui ont peut-être, par ailleurs, été suggérés par les
partis qui sont venus vous voir.
Mais je dirais, assurément, on sait qu'on
peut modifier une culture d'industrie et d'entreprise, hein, quand on bascule à
30 % dans la diversité ou dans le... Alors, c'est certain qu'on cherche un
effet... un effet de nombre aussi, tout en préservant la qualité puis en
offrant un bon milieu de travail. Alors, le projet de loi propose des mesures
incitatives pour d'autres groupes dans l'industrie, donc aborde la question de
la diversité, d'ouvrir la porte aussi davantage, là, aux Premières Nations, ça
fait que je pense que ça additionne les éléments dont on a besoin pour mener,
avec nos partenaires clés, ce changement de culture, là, qui va être bénéfique
pour tout le monde.
Mme Cadet : Merci.
Effectivement, donc, ma question additionnelle, donc...
Mme Cadet : ...sur les autres
groupes sous-représentés, que... que vous venez nommer aussi dans votre
mémoire, donc vous dites vouloir des actions concrètes pour faciliter l'accès à
la construction pour les personnes immigrantes. Donc, il faut qu'elles soient
donc arrimées aux changements, donc, proposés dans... dans le projet de loi.
Est-ce que vous voulez, donc, élaborer, donc, sur... sur les mesures, donc,
quand vous dites, donc, vouloir des actions concrètes?
Mme Murray
(Audrey) :Bien, en fait, ce que... ce
qu'on comprend que le projet de loi vous propose, en fait, c'est de donner à la
commission la possibilité d'élargir les outils dont elle dispose pour
reconnaître, par exemple, l'expérience d'une personne immigrante, sa formation,
ses diplômes. Donc, en fait, déjà, la commission a la possibilité, a des outils
pour essayer de traduire en termes d'expérience les gens qui peuvent choisir de
venir vivre au Québec, là, et de travailler sur les chantiers. Mais je dirais,
ma compréhension, c'est que le projet de loi vous propose d'ajouter des
leviers, là, à la commission pour qu'on soit capables de faire le travail.
Mme Cadet : Je vous écoutais
un peu plus tôt, puis vous parliez des travaux de prévision des besoins de
main-d'oeuvre. Dans votre mémoire, vous... donc, vous... et vous l'avez
mentionné, donc, également, donc, les grands besoins de main-d'œuvre qui
existent dans l'industrie, qui sont documentés. À travers ces travaux de
prévision, est-ce que vous... en fait, vous êtes en mesure donc de mettre de
l'avant la répartition régionale ou si c'est un élément, donc, qui va venir par
la suite à travers ce que vous développez en ce moment?
Mme Murray
(Audrey) :Oui, tout à fait. On est
capables de décliner, je dirais, là, la prévision de besoins de main-d'oeuvre
sous l'angle des métiers et régional pour avoir une meilleure vue et raffiner
nos stratégies de recrutement par la suite, oui.
Mme Cadet : Et donc en ce
moment, donc, est-ce que vous êtes en mesure de nous dire à quoi ressemblent
donc les besoins de main-d'œuvre de grands centres versus les régions
éloignées? Parce que je sais que dans le mémoire, vous parlez donc des besoins
de façon générale, puis vous l'avez mentionné aussi.
Mme Murray
(Audrey) :Non. En fait, je crois qu'on va
rendre public prochainement le détail. Je ne l'ai pas avec moi, là. Donc, c'est
une des activités annuelles de la Commission, là, de rendre publique
l'actualisation des besoins de main-d'œuvre. Et là je n'ai pas l'information,
mais je pourrai donner l'information à la Présidente dès qu'on l'aura, là. Oui,
dans les prochaines semaines.
Mme Cadet : Ah! bien oui,
certainement que ça va nous intéresser à ce moment-là. Vous avez entendu...
j'imagine que vous avez suivi avec attention les différents intervenants qui
sont venus nous voir. Certaines organisations, donc, ont des recommandations,
notamment, donc, par exemple, donc, sur le savoir-être, donc de... donc de
mettre en œuvre différentes formations à cet égard, sur la prévention du
harcèlement, des violences, des inconduites, de la discrimination ou d'autres
comportements inappropriés. Comment vous... puis sans vous prononcer, parce que
je comprends très bien votre approche, sans vous prononcer sur les mesures
précises qui ont été portées par... par différents intervenants, comment est-ce
que vous recevez ce type de recommandation là? Puisque vous auriez les
ressources nécessaires pour les mettre en application? Donc, nous, comme
législateurs, avec la responsabilité, donc, de devoir mettre, donc, des...
bien, de mettre en œuvre des recommandations qui soient applicables, donc
comment est-ce que vous pensez avoir les ressources pour ce faire?
Mme Murray
(Audrey) :Bien, je pense que dans toutes
les études, là, qui traitent des plans d'accès à l'égalité ou des enjeux
rencontrés dans des milieux non traditionnels, la question de la formation des
équipes de travail, des dirigeants, elle est essentielle pour occasionner le
changement de culture. Donc, évidemment, à ce moment-ci, je ne veux pas me
prononcer sur devrait-il y avoir des obligations. Mais certainement... Et
d'ailleurs la Commission, dans le programme d'accès qui se termine, a prévu une
offre de formation en perfectionnement sur la mixité, qui était... est
accompagnée d'incitatifs financiers, mais qui permet de réunir dans la
formation les collègues de travail avec le contremaître, le dirigeant pour être
capables d'avoir une approche qui intègre l'équipe au complet, finalement.
Donc, je pense qu'à cet égard les études... Parce qu'il y en a des secteurs qui
ont réussi cette transition à ne plus être non traditionnels, donc à accueillir
de la mixité, et on a bien documenté ça au Québec. Donc, c'est un facteur de
succès important, mais qui concerne l'ensemble de l'équipe de travail.
Bien sûr, il y a une difficulté
particulière dans la construction, vous le savez, parce qu'il y a des relations
multiemployeurs, le milieu de travail est... bien sûr, est... fluctue. Donc, il
y a des contacts entre les travailleurs, travailleuses de différentes
entreprises, donc il y a... il y a une certaine particularité. Mais donc, c'est
pour ça, je pense qu'il faut approcher cette question0là comme une
responsabilité partagée, parce qu'on a besoin que tout le monde avance en même
temps. C'est plus complexe que quand on décide de faire un changement de
culture dans une entreprise avec les mêmes employés, dans le fond, qui sont...
qui y sont réunis, là.
Mme Cadet : Vous... On a
aussi abondamment parlé, lors des échanges, de la question de la rétroactivité.
Puis, dans le projet de loi, donc, on vous impute donc le mandat de...
Mme Cadet : ...gérer le fonds
de rétroactivité. Comment est-ce que vous envisagez cette responsabilité-là?
Mme Murray
(Audrey) :Bien, en fait, peut-être vous
dire, là, je l'ai présenté... introduction, bien sûr, la commission, elle gère
déjà 9 fonds. Elle est fiduciaire de 9 fonds, là, pour l'industrie de
la construction. Donc, on a bien sûr une expertise pour administrer des fonds.
Maintenant, ce fonds en particulier, là, vous comprenez qu'avec respect, là, je
vais... Je pense qu'il y a beaucoup d'informations qui vous a été déposé, là,
par les parties prenantes qui sont venues vous voir. C'est certain qu'il est
très près, là, d'un enjeu de négociation. Et si vous me posiez la
question : Est-ce que ça va être facile à mettre en place au niveau des
modalités? Bien, la réponse, c'est non, ça ne sera pas facile. Mais bien sûr,
aujourd'hui, là, je ne souhaite pas prendre parti sur cette question-là.
Mme Cadet : Merci. Dans le
projet de loi, l'article 81, , donc, on touche le règlement sur le service
de référence de main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. Je sais que
vous n'allez pas vous prononcer sur les articles précis du projet de loi en
raison de votre posture, mais d'emblée, donc, comment... comment est-ce que ça
que ça se passe? Parce qu'évidemment, donc, la situation, donc, s'est assainie
dans les dernières années. Est-ce que vous diriez qu'il y a... qu'il existe
encore, donc, du placement syndical dans le secteur, puis est-ce que vous trouvez
qu'il faut continuer, donc, d'aller de l'avant avec des mesures législatives
pour moduler la relation entre les parties à cet égard, au niveau du
référencement?
• (15 h 50) •
Mme Murray
(Audrey) :Bien, en fait, bon, vous le
savez, là, le carnet... est né d'une réforme législative d'il y a quelques
années. Bien sûr, la commission, là, elle a eu la mission de mettre ça en
place, puis il y a des outils qui ont été donnés pour être capables de, comment
dire, accompagner l'industrie dans ce changement de culture. Donc, à ce
moment-ci, là, c'est certain que, je pense, la proposition qui est faite dans
le projet de loi est issue de conversations préalables, de consultations, là,
qui ont eu lieu. Alors, la commission, on n'a pas de... on n'a pas de posture à
vous... à vous faire part, là. Le carnet, bien sûr, a maintenant, je ne sais
pas combien d'années, quel âge il a, là. C'était en... il y a 11 ans.
C'est ça, exactement, donc.... donc voilà.
Mme Cadet : Donc, vous dites,
donc, ça évolue, ça évolue quand même bien, donc, il n'y a pas... Je sais que,
bon, il y a des amendes qui ont été livrées à cet égard, là, lorsqu'il y avait
des incidents de placement direct, mais ça va bien. C'est ce que vous nous
dites avec l'instauration du carnet.
Mme Murray (Audrey) :Bien, en fait, tu sais, en termes d'utilisation, tu sais,
ce n'est pas un outil, là, qu'on constate, qui est beaucoup utilisé, là. Dans
le fond, le recours au carnet pour trouver de la main-d'œuvre a décliné dans le
temps. Donc, c'est sûr que les entreprises, bien sûr, ont des noyaux durs,
hein, connaissent des gens. Il y a des réseaux qui se développent, alors... et,
on vous l'a dit, on a entré quand même beaucoup de nouvelles mains-d'œuvre,
malheureusement non diplômées, là, par la mécanique des bassins, là, de
main-d'œuvre. Mais donc le carnet existe, il va bien, mais il n'est pas tant
utilisé pour le référencement.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme Cadet : Merci. Vous avez
aussi la responsabilité des enquêtes sur le chantier. On touche... Est-ce que
vous pensez que le projet de loi va toucher la gestion des chantiers? La
résolution des réclamations, ça va se complexifier? Peut être un petit
commentaire là-dessus rapidement.
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
terminé.
Mme Cadet : C'est terminé. Ma
question était 30 secondes, elle était longue.
La Présidente (Mme D'Amours) : On
n'a plus de temps. 10 secondes, c'est quasiment juste le temps de dire
merci.
Mme Cadet : Merci.
Une voix : ...
Mme Cadet : Ah! j'ai entendu
30 secondes, pardon.
La Présidente (Mme D'Amours) : 10 secondes,
pardon.
Mme Cadet : 10 secondes,
pardon. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois... à vous quatre, pardon. Bonsoir à vous
quatre. ...il y a quatre personnes finalement, oui, quatre personnes. Vous
avez... Si j'ai bien compris, vous venez de répondre à ma collègue que, sur la
question de la rétroactivité, vous vous gardiez une certaine réserve. Puis je
comprends, ça a débattu très fort, c'est très politique. Mais au-delà d'une
appréciation, je dirais, de... de fond sur le dossier, moi, je cherche à
comprendre les défis alentour de l'application ou la non-application d'une
rétro, ou d'une forme ou d'une autre, là, au-delà de ce qui est proposé, puis
de tout un chacun qui a sa vision. Qu'est-ce qui fait en sorte dans cette
industrie-là puis de la façon qu'elle a été construite à travers les époques
qui nous mène à penser que c'est quand même difficile à appliquer la
rétroactivité?
Mme Murray
(Audrey) :Bien, en fait, je pense que
plusieurs vous ont informé, là, du modèle, hein... on a un code... un code du
travail construction au Québec, là, tu sais. Puis je dirais, dans pratiquement
toutes les juridictions, même si la portée n'est pas la même, il y a eu lieu de
développer des lois du travail spécifiques pour le secteur de la construction.
Je vous en parlais tout à l'heure, à savoir il y a... il n'y a pas de lien
d'emploi permanent. Il y a une mobilité au niveau des chantiers. Il y a une
mobilité au niveau des employeurs, mobilité potentielle régionale. Donc, on
comprend que... et il y a une fluctuation, bon, de moins en moins saisonnière,
mais il y a quand même une fluctuation dans le niveau d'activités. Donc, c'est
certain qu'il y a...
Mme Murray
(Audrey) :...tout le temps des normes du
travail qui sont adaptées. Donc, en regard de la rétroactivité, sincèrement, je
n'ai pas... comment dire, Je ne peux pas vous expliquer, sur le plan de
l'évolution de la loi, pourquoi on en est là aujourd'hui. Puis je trouve ça
aussi délicat, parce que ça m'amène sur la question de la pertinence, ce sur
quoi je ne veux pas... la commission, elle ne veut pas se prononcer
aujourd'hui. Donc, c'est plus le volet mécanique où là, comme je l'ai dit, bien
sûr, on a l'expertise parce qu'on fait ça dans la vie à la commission. Il y a
eu beaucoup de mutualisation des protections sociales dans l'industrie de la
construction. C'est un des legs positifs de ce régime-là. Donc, on est capable,
malgré le lien d'emploi qui bouge, etc., d'offrir des assurances, d'offrir de
la retraite. Donc, on a mutualisé beaucoup de choses.
Alors, c'est plus au niveau de la
mécanique, je pense, où là j'ai exprimé le fait qu'il pouvait y avoir des
difficultés et que c'est un fonds qui est très près du rôle de négociation. Il
faut comprendre que la commission, les matières négociables ne sont pas... ne
font pas partie de nos échanges dans nos instances. Moi, le conseil
d'administration n'a pas à, idéalement, se prononcer ou avancer sur des
questions qui appartiennent à la négo, exactement.
M. Leduc : Je vous amènerais
sur un autre sujet avec le temps qui me reste. Vous êtes une des rares
organisations qui nous parle du travail non déclaré, dans votre mémoire, le
travail au noir, la conformité sur les chantiers. Est-ce que c'est un dossier
qu'on ne soulève peut-être pas assez dans les débats sur la construction, le
travail au noir? Ce serait un oublié, il me semble, alors que c'est un gros
morceau.
Mme Murray
(Audrey) :Bien, en fait, c'est un secteur
comme la restauration, là, et le tabac, à une certaine époque, dans toutes les
juridictions, qui est sujet, hein, à faire l'objet de malversation, de travail
non déclaré. Donc, je pense qu'au Québec on a notre histoire. On a eu une
commission qui a été importante, qui a assaini, bien sûr, la situation, mais il
faut toujours rester vigilant. On est dans un moment d'activité économique
jamais vu, là. Donc...
M. Leduc : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avions. Je cède maintenant la parole au député de
Jean-Talon.
M. Paradis : Merci pour votre
témoignage d'une grande limpidité pour votre mémoire. Vous nous dites, vous ne
voulez pas prendre position, mais vous nous dites des choses très
importantes : Pour la commission et l'ensemble des partenaires, la
compétence est au sommet des priorités. Et ensuite, vous nous dites qu'il faut
envisager la pénurie de main-d'oeuvre sous un angle davantage qualitatif, alors
que les compétences apparaissent comme un facteur de rétention sur les
chantiers, mais également comme un facteur de productivité. Et, après ça, vous
nous parlez des difficultés de recrutement, de taux d'abandon dans l'industrie,
et là vous nous parlez d'un inversement de la courbe sur le taux de personnes
qui entrent dans l'industrie avec un diplôme, sans diplôme. La courbe s'inverse
à partir de 2017-2018. Que s'est-il passé à partir de ce moment-là? Et quels
sont les enseignements sur lesquels vous voudriez attirer notre attention pour
faire la bonne chose, nous, sur cette question-là comme parlementaires?
Mme Murray
(Audrey) :En fait, c'est la forte demande
de main-d'œuvre liée à la croissance économique qui est corrélée dans le temps
avec l'arrivée de non-diplômés. Je dirais que vous voyez aussi, dans les
graphiques qu'on a présentés, qu'il y a une courbe du nombre de personnes qui
s'inscrivent dans les programmes de formation. Donc, en fait, il y a
probablement plusieurs causes qui se sont additionnés en même temps. Mais ce
qui est certain, c'est qu'on voit qu'il y a une mécanique qui se veut une
mécanique d'exception, dans le fond, dans les règlements de la commission, qui
est l'ouverture de bassin de main-d'oeuvre, qui est devenu la soupape qui nous
a permis de vivre la croissance économique. Et là c'est certain qu'on est à la
croisée où, je pense, l'industrie le souhaite, le demande, il faut qu'on mette
au jeu... Je parlais d'alternance travail-études. On veut aussi avoir une
conversation sur la question du maintien. Donc, on veut regarder nos stratégies
par rapport au bassin de main-d'oeuvre. Donc, on a une conversation à avoir sur
ces éléments-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : 40
secondes.
M. Paradis : Très bien.
J'aimerais continuer sur la question qui vient de vous être posée sur le
travail au noir. Vous dites que vous avez un nouveau chantier vous-mêmes là-dessus,
est-ce qu'il y a quelque chose qu'on pourrait faire à l'intérieur de ce projet
de loi qui aiderait sur ce... sur ce point de vue là?
Mme Murray
(Audrey) :Bien, en fait, on n'avait pas
d'élément à vous proposer, sinon vous dire que, du fait qu'il y a un fort
niveau d'activité, on a des nouvelles entreprises, beaucoup de nouveaux
travailleurs, travailleuses qui ne sont pas nécessairement formés. Donc, on a
mis en place une approche de prévention pour favoriser l'autocorrection, depuis
quelques mois, qui va s'intensifier. Donc, on a une responsabilité de bien
informer les gens des droits et obligations qu'ils ont sur nos chantiers, là,
on doit accélérer tout ça.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Donc, je vous remercie pour votre
contribution à nos travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre à nos prochains invités de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 58)
(Reprise à 16 h 01)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux et je souhaite maintenant la bienvenue à la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour vous donner la chance de... pour nous présenter, pardon,
votre exposé et puis nous procéderons à la période d'échange. Je vous invite
donc à vous présenter et à commencer votre exposé, s'il vous plaît.
M. Vincent (François) : Merci.
Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, bonjour. Je suis
François Vincent. Je suis vice-président pour le Québec de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Je suis accompagné de mon bras droit
qui est à gauche Francis Bérubé, directeur des affaires provinciales. La FCEI,
Mme la Présidente, c'est 21 000 dirigeants de PME au Québec, dont 2000 qui
oeuvrent en construction, qui sont membres de notre organisation, partout au
Québec, dans toutes les régions administratives.
Nous vous remercions beaucoup de nous
recevoir aujourd'hui dans le cadre du projet de loi n° 51. Ce projet de
loi nous tient à cœur. Pourquoi? Parce que le secteur de la construction bat au
rythme des petites entreprises. C'est près de 80 % des entreprises du
secteur qui ont moins de cinq employés. En comparaison, la moyenne, au Québec,
c'est de 53 %. Puis comment se portent les petites entreprises au Québec
et celles de la construction? C'est dur, c'est dur actuellement. Selon les
compilations annuelles des données du Baromètre des affaires de la FCEI,
l'année 2023 a été la pire en 15 ans d'indicateurs économiques, de
notre indicateur économique, à l'exception de... de 2020. Mais là, on a fermé
l'économie. Le niveau de confiance des PME s'est établi en 2023 à 47,8, pour la
construction, le niveau est encore plus bas, à 44,4. Pour donner un ordre de
grandeur, pour que l'économie roule à plein régime, notre indicateur doit
atteindre 65. On voit que l'écart est grand. Puis les...
16 h (version non révisée)
M. Vincent (François) : ...qui
expliquent cette situation sont nombreux. Il y a l'augmentation des coûts, qui
font très mal, augmentation des coûts d'emprunt, augmentation des coûts d'assurance,
augmentation des coûts d'énergie, augmentation des coûts des matériaux, etc. Il
y a aussi l'impact de la pénurie de main-d'œuvre qui affecte particulièrement
le secteur de la construction au Québec. On a réalisé une étude, à la FCEI, sur
les pertes économiques subies par les PME en raison du manque d'employés, et le
secteur de la construction trônait en tête de liste avec des pertes économiques
de l'ordre de 2,2 milliards en 2021.
Il est donc urgent que le gouvernement
agisse pour aider les petites entreprises de ce secteur, surtout que les
barrières sont plus grandes, car elles évoluent dans l'environnement fiscal et
réglementaire le plus lourd du pays. D'abord, le Québec est la seule province
qui ne donne pas accès à ses plus petites entreprises du secteur de la
construction, celles qui ont moins de trois employés, au taux d'impôt réduit.
Les employeurs de la construction assujettis à la R-20, il y en a 18511 sur
27 219 qui ont trois employés ou moins. Le ministre des Finances avait une
belle opportunité de régler cette injustice fiscale là, la semaine passée, puis
améliorer du même fait la productivité de ses entreprises visées, mais,
malheureusement, il ne l'a pas fait. Puis à cela s'ajoutent aussi des taxes sur
la masse salariale plus élevées, de 30 % de plus qu'en Ontario, puis ça, c'est
sans prendre en considération les ponctions supplémentaires du secteur
québécois de la construction.
Ce n'est pas fini. Il y a aussi la
paperasse, puis le Québec est où l'environnement réglementaire est le plus
lourd, et de loin, du pays. Mme la Présidente, vous pourriez me dire :
Bien, ça fait quoi, c'est quoi... ça change quoi, dans la pratique, cette
paperasse-là? Eh bien, le coût annuel de la réglementation et de la
paperasserie pour les entreprises de moins de cinq employés au Canada s'élève à
7 023 $ par employé, comparativement à 1237$ pour les entreprises de 100
employés et plus. C'est donc cinq fois plus lourd pour les entreprises plus
petites, puis le secteur de la construction est un qui est composé de très
petites entreprises.
C'est ici que le projet de loi fait bien.
Il propose de simplifier la vie des dirigeants d'entreprises pour réaliser des
travaux et pour trouver la main-d'oeuvre nécessaire au projet. Cela répond
directement aux enjeux des petites entreprises, et nous saluons le ministre d'agir
pour moderniser l'industrie et pour réduire l'écart de productivité avec l'Ontario.
Cette modernisation arrive à point, surtout pour aider à accélérer la cadence
sur la construction des logements et la livraison des projets économiques.
Cette modernisation est nécessaire, Mme la Présidente. Cette modernisation est
urgente. Cette modernisation est attendue.
En effet, les résultats préliminaires d'un
sondage que nous menons actuellement démontrent que c'est 81 % des PME au
Québec qui estiment que la modernisation du secteur de la construction est
nécessaire. Pour les entrepreneurs du secteur, ils sont 88 % à appuyer la
proposition du projet de loi pour assurer une meilleure polyvalence, ils sont
69 % qui approuvent les mesures proposées concernant la mobilité de la
main-d'oeuvre. C'est une démonstration d'un fort appui, certes, mais c'est
aussi une expression que le statu quo ne tient tout simplement plus et que tout
changement est le bienvenu. En effet, les dirigeants de PME de la construction
voudraient aussi que le projet de loi aille plus loin. Ils sont 78 % qui
croient que le Québec devrait viser un environnement réglementaire du secteur
de la construction similaire au reste du Canada. Le message a pour mérite d'être
clair.
Donc, pour la FCEI, il faut bouger sur les
mesures proposées sur la polyvalence et la mobilité. Ça représente le gros
minimum. Parlons des deux mesures plus en détail. D'abord, sur la question de
la polyvalence, avec 3,5 fois plus de métiers qu'en Ontario ça crée plus de
paperasse, plus de délais, des coûts supplémentaires pour les entreprises, pour
les clients et, en bout de ligne, pour les Québécoises et les Québécois. Cette
rigidité ne date pas d'hier. C'est en 1970, deux ans après l'adoption du Bill
290, que le gouvernement du Québec a fait le ménage dans les nombreux métiers
et occupations des décrets régionaux. On est passé de 575 pour arriver à 24
métiers, en 1971. 53 ans plus tard, c'est peut-être le temps de s'ouvrir à plus
de flexibilité. Mais nous ne pouvons cacher notre crainte que les dispositions
actuelles du projet de loi soient contestées, que cela ralentisse les effets
souhaités. Un vrai ménage pourrait être de mise pour sortir du...
M. Vincent (François) : ...des
métiers qui défient toute logique. Oui, ça défie toute logique. Prenons
l'exemple de ce commentaire, demande de la FCEI dans notre sondage, et je
cite : «J'ai fait poser une serrure électrique sur la porte d'entrée du
bureau. J'aurais pu le faire moi-même, mais j'ai dû appeler un serrurier qui
lui a aussi fait venir un électricien pour faire passer un fil et un menuisier
pour agrandir le trou de la porte. Le menuisier est venu avec son apprenti.
Vous pouvez imaginer la facture. Dans la pratique, je n'ai même pas le droit de
faire une réparation mineure sur le bâtiment qui m'appartient.» Fin de la
citation.
Parlons maintenant de la mobilité de la
main-d'œuvre et de la proposition du ministre, avec laquelle... qui apporte
beaucoup de craintes et avec laquelle, je cite, «on va détruire les régions
avec ça. Nos mères, nos pères de famille, ils vont faire quoi?» fin de la
citation. C'est la citation d'un syndicat de la construction dans le Journal de
Montréal du 2 février. Mais, Mme la Présidente, une petite entreprise ne va pas
faire venir des employés d'une autre région par plaisir. Elle va employer les
personnes proches du chantier, proches de son entreprise, point. Et rappelons
que le secteur de la... de la construction est très majoritairement composé de
très petites entreprises. Cette rigidité n'existe pas dans les autres provinces
et le ratio de la grandeur des entreprises et du traitement des employés est
similaire. Et, à ce que je sache, Mme la Présidente, les petites municipalités
existent toujours dans le reste du Canada. Ici aussi, nous demandons aux
parlementaires de minimalement adopter des articles permettant une plus grande
mobilité. Mais nous vous invitons fortement à aller plus loin en... en
abolissant tout simplement ce concept de frontières géographiques
contre-productif, tant pour les employeurs que pour les employés.
• (16 h 10) •
Maintenant, passons au concept de la
rétroactivité. Cela risque d'engendrer des coûts énormes qui ne sont pas
analysés, d'ailleurs, dans l'analyse d'impact réglementaire, et d'allonger les
conflits de travail. Pour la FCEI, les syndicats ont déjà le gros bout du bâton
avec la syndicalisation obligatoire, ils gardent l'essentiel des... des
concepts de protectionnisme territorial et de cloisonnement des métiers du
secteur dans le projet de loi actuel. Nous demandons donc le retrait de ces
articles. Comme vous voyez, nous appuyons plusieurs modifications, mais nous
aimerions voir plus de mordant. C'est pourquoi nous proposons l'ajout, dans les
dispositions transitoires et finales, d'une clause d'analyse des répercussions
du projet de loi, qui serait réalisée par les ministères du Travail et de
l'Économie, six ans suivant son adoption.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
M. Vincent (François) : Bien,
nous demandons d'élargir les travaux de rénovation, l'élargir, l'exclusion aux
travaux de rénovation. On aimerait ça en parler durant la période d'échange,
puis on vous remercie de votre écoute et on est prêts à passer aux questions.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci pour votre exposé. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. Vincent, M. Bérubé, la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante, pour votre participation, votre contribution à ces
consultations particulières. Puis, vous le mentionnez bien, M. Vincent, c'est
une industrie qui est fondamentale pour le Québec. Évidemment, si je vous
résumais, c'est encore plus de polyvalence que dans le projet de loi, c'est
encore plus de mobilité, en fait, aucun obstacle à la mobilité. C'est l'absence
de rétroactivité salariale et un désassujettissement. Puis je vais vous donner
l'opportunité de vous exprimer sur le travail de rénovation et de réparation.
Mais simplement pour vous redire, sur la mobilité, il ne faut pas non plus que
ce soit un bar ouvert. Ce qu'on veut, c'est que les travailleurs préférentiels
puissent suivre leur employeur de manière plus fluide que dans l'état actuel de
la loi et que des travailleurs un peu plus expérimentés puissent suivre
l'employeur, peu importe son identité, parce qu'il y a des besoins, on le
répète, mais, dans les projets industriels, il y a le logement, bien sûr, là,
mais il y a la filière énergie, la filière batteries, les écoles, les hôpitaux.
Il y en a, des besoins, partout, partout au Québec, et il y a un profond déficit
de main-d'oeuvre. Mais rapidement, votre position sur la mobilité, si on
dit : Pleine mobilité, comme ça existe dans les autres secteurs d'activité
du domaine privé...
M. Boulet : ...qu'est-ce que
vous pensez de la réaction que ça pourrait engendrer sur l'employabilité puis
la conciliation travail-famille? Juste vous entendre une petite minute sur ce
sujet-là.
M. Vincent (François) : Juste
une minute?
M. Boulet : Oui, parce...
M. Vincent (François) : Bien,
à la fin, oon en pense pas qu'il va y avoir d'impact puis que les régions, ils
vont disparaître, là. Ça, c'est de la grosse démagogie. Si je prends
Trois-Rivières, par exemple, comme exemple, je pense que vous connaissez bien
la ville de Trois-Rivières. Il y a 4 881 entreprises dans
Trois-Rivières et il y en a 525 de la construction, ça fait un ratio de
12 %. Le ratio d'entreprises en construction dans les villes est à peu
près à 10,9 % au Canada. Je prends une ville similaire en termes de nombre
d'entreprises. Là, on va prendre Chilliwack, 4 045 entreprises au total.
711 en construction. Il y a un ratio de 18 % en Colombie-Britannique. Il y
a Lethbridge en Alberta, 4 893 entreprises au total, 552 en construction,
11 % du total des entreprises. Thunder Bay et 3 736 entreprises,
451 de la construction avec employés, là, ça, c'est... je veux préciser que
c'est avec employés, 12 %. Donc, tu sais, ces villes-là, je n'ai pas
vraiment l'intention des visiteurs à court terme, mais si j'y... j'y visitais,
bien, je veux dire, elles sont bien présentes, puis la mobilité, là, il n'y a
pas de restrictions régionales. Ça fait que je ne pense pas qu'il faut partir
en peur puis dire, du jour au lendemain : Oh! My God, là, c'est fini, on
n'embauchera plus des personnes à Trois-Rivières. Ce n'est pas vrai.
Je veux dire aussi que ça serait bon pour
les employés. Je donnais un exemple par rapport à ça, puis il y a d'autres
associations avant nous qui sont venues en parler, qui avaient... proche de
Montréal ou certaines régions, tu habites proche comme employé, tu ne peux même
pas aller travailler proche de chez toi. Mais ce qui est justifié pour un
employé, admettons un peintre de Terrebonne d'aller... de ne pas pouvoir aller
travailler à Granby, un tuyauteur à Valleyfield, avec les fils de pas pouvoir
exercer son métier à Repentigny. Les seules contraintes devraient être le
trafic du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine ou du pont de
l'Île-aux-Tourtes.
M. Boulet : O.K. Merci. Sur
les juridictions de métiers, M. Vincent, je pense que c'est important pour moi
de clarifier un élément. Tu sais, ce que vous souhaiteriez, c'est qu'on
fusionne des métiers ou qu'on diminue le nombre de métiers, mais c'est une
option qui a déjà été analysée par les parties puis qu'il faut redire que
l'industrie de la construction repose sur la concertation entre les parties
patronales et les syndicats. Il n'est pas de l'intention du législateur
d'arriver puis de tout bulldozer non plus. Et je pense qu'il faut respecter les
compétences acquises dans les métiers, il faut respecter une certaine
juridiction dans les métiers et fusionner des métiers, imaginez, ça implique
de... d'entreprendre une vaste réforme, une révolution des formations qui sont
dispensées dans les centres de formation professionnelle pour s'adapter aux
nouveaux métiers issus des fusions hypothétiques, et ça, ça ne répond pas à
l'impératif d'agir dans les meilleurs délais possibles, ça ne répond pas à
l'impératif de rendre ça simple. Et la façon la plus efficace et la plus
diligente, c'était d'aller vers la polyvalence et encore là, sur la
polyvalence, il ne faut pas que ça soit à tout crin, il faut que ce soit
mesuré, respectueux de la santé, sécurité, des compétences des travailleurs,
travailleuses, et de la qualité des travaux. C'est l'avenue qui a été empruntée
après des consultations sur le concept de tâches partagées qui n'a pas donné de
résultats tangibles, et c'est la raison pour laquelle on est allés dans cette
direction-là. Vous, je ne vous limiterai pas dans le temps, sur la polyvalence,
vous dites : On devrait quand même regrouper des métiers.
M. Vincent (François) : Bien.
Nous, on recommande minimalement l'adoption des articles qui sont proposés. On
pense qu'il faut aller de l'avant. Maintenant, on... ce n'est pas la première
fois qu'on utilise ça. Plusieurs fois même le législateur a essayé de pousser,
de voir comment il pouvait diminuer le nombre de métiers. Il y a même eu un
rapport de la CCQ en 2013 qui démontrait, là, justement l'écart entre le Québec
d'avec le reste du Canada, ou même certaines juridictions en Europe. On ne peut
pas croire que ce n'est pas possible de... d'améliorer justement cette...
cette... cette polyvalence-là ou de voir comment on est capable de regrouper
des métiers pour faire ça le plus simple possible. Puis c'est quand même
78 % des PME du secteur qui disent : Ça serait bien de...
M. Vincent (François) : ...vient
de tendre à aller vers un régime qui est semblable à celui au Canada. Donc,
on... je sais que votre gouvernement se compare beaucoup à l'Ontario, bien,
comment ils font, eux, pour avoir sept métiers? Est-ce que c'est possible
d'arriver à faire sept métiers? Maintenant, on pense qu'il faudrait aller là,
mais on est quand même satisfaits de la recommandation qui est sur la table
parce que ça va quand même apporter certaines modifications.
M. Boulet : Je comprends.
M. Vincent (François) :
Maintenant, c'est là que notre recommandation d'analyse de l'effet de la loi
peut être intéressant, tant pour nous... Ah! vous voulez revenir dans une autre
question ou...
M. Boulet : Non, non, non,
j'ai bien compris.
M. Vincent (François) : O.K.
Tant pour nous que pour la partie syndicale, parce qu'ils émettent des
craintes. Si vous arrivez avec votre projet de loi, puis, dans six ans, les craintes,
elles ne sont pas... elles ne sont pas démontrées, bien là, on peut voir ou
aller plus loin. Si elles sont démontrées, bien là, ça permet au législateur
d'apporter les correctifs nécessaires ou aux membres qui sont directement
impliqués dans l'industrie de pouvoir prendre part à l'amélioration de
l'industrie.
• (16 h 20) •
M. Boulet : J'apprécie vos
commentaires sur la paperasse, la simplification de la vie des entrepreneurs,
puis, on le sait, c'est un peu au-delà de 80 % des entrepreneurs dans le
secteur de la construction qui ont moins de cinq employés, et votre sondage qui
démontre que cette modernisation-là, elle est nécessaire, attendue et urgente.
Et les pourcentages, moi, je les ai appris, là, je ne connaissais pas tous les
détails du sondage, là, mais 81 %, modernisation nécessaire, 88 %,
qui sont dans le secteur de la construction confirment, 69 %, pour la
mobilité, puis 78 %, qu'on pourrait même aller plus loin. C'est quand même
des chiffres qui révèlent un état d'esprit, là, pour les membres de la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.
Et vous souhaitiez aborder le
désassujettissement de tout travail de rénovation et de réparation, puis vous
souhaitiez vous exprimer là-dessus, M. Vincent.
M. Vincent (François) : Bien,
les parlementaires, vous allez avoir des discussions par rapport au projet de
loi, vous pouvez analyser certains éléments. On pense que de regarder pour voir
comment on peut exclure plus de... d'avoir plus d'exclusions dans les travaux
de rénovation et de réparation. Là, vous ouvrez une porte de plus avec les
offices d'habitation, mais pourquoi c'est bon pour elles puis pourquoi ça ne le
serait pas pour une petite propriétaire d'un salon de coiffure, par exemple, un
petit détaillant, également, ou le membre qui est ingénieur qui a fait changer
sa porte de bureau puis qui a eu affaire à plusieurs métiers? Donc, ces
entrepreneurs-là... ces petits commerçants là vont pouvoir faire affaire avec
des entrepreneurs, comme les propriétaires résidentiels, mais ils ne seront pas
assujettis à la R-20, ces entrepreneurs-là, qui ont quand même des obligations
par rapport à la Régie des bâtiments pour assurer la qualité des travaux et des
très bons employés qui vont pouvoir réaliser ces travaux-là.
Puis, tu sais, je pousserais l'analyse
peut-être un petit peu plus loin. Tu sais, dans certains cas, il y a peut-être
même des petits détaillants, admettons, un petit salon de coiffure en Abitibi
qui peut être propriétaire de son commerce, commerce de détail, qui va avoir
des revenus moins grands que, admettons, un médecin spécialiste de la même
région, mais un va pouvoir avoir des travaux désassujettis, mais pas le petit
commerçant, parce que c'est une entreprise, et donc elle est assujettie à la
R-20. Je pense que, là, l'ouverture pour les offices d'habitation ouvre la
place à une discussion plus large.
Puis, dans le passé, bien, il y a même eu
le désassujettissement total du secteur résidentiel, en 1992, je pense, ou
1993, qui est revenu réassujetti en 1995. Donc, ça s'est fait, dans le passé,
d'apporter des désassujettissements, donc ça serait peut-être intéressant de
voir comment on peut mieux répondre à la réalité des petits commerces qui, des
fois, vivent des situations similaires à un citoyen.
M. Boulet : Je pense que ça
me donne l'occasion, puis j'en ai peu parlé depuis le début des consultations
particulières... les offices d'habitation du Québec, ils sont... c'est des
organismes à but non lucratif qui s'occupent de logements sociaux et/ou
abordables, et, évidemment, ces logements-là doivent être disponibles le plus
rapidement possible...
M. Boulet : ...quand la
personne quitte ou à la fin d'un bail pour des personnes au Québec qui ont des
besoins de logements sociaux, et c'est l'entretien, la réparation, et c'est
avec des salariés permanents de ces offices d'habitation là qu'on permet...
c'est à peu près l'équivalent de 200 000 heures de travail par année,
là, mais c'est véritablement pour des raisons de nature sociale, pour s'assurer
que les logements soient accessibles le plus rapidement possible. À défaut, les
offices doivent faire des appels d'offres, obtenir des soumissions et faire
exécuter les travaux sous l'empire, effectivement, de la loi sur les relations
de travail, la loi R-20. Et ça, ça provoquait des enjeux de délais et
éventuellement de coûts, et avec les impacts humains et sociaux que ça pouvait
engendrer. Mais la rénovation résidentielle, tout n'est pas assujetti non plus,
là, il y a des exemples que vous donniez où la loi R-20 n'a pas de juridiction.
Maintenant, peut-être, dernier sujet, la
rétroactivité salariale. Vous semblez dire... Actuellement, dans la loi, il y a
une interdiction aux parties de négocier une rétroactivité salariale. Pour
plusieurs, c'est un accroc à la liberté contractuelle, c'est-à-dire de négocier
à une table de négociation quand on renouvelle une convention collective de
travail par secteur. Bon, le point de vue qui est exprimé dans la... le projet
de loi n° 51, c'est qu'on abroge cet article-là, puis on permet aux parties de
négocier une rétroactivité salariale, puis, pour s'assurer que ce soit appliqué
de la manière la plus équitable possible... parce qu'il y a beaucoup de
mouvance, Mme Murray en faisait de nouveau état, c'est d'un chantier à l'autre,
d'un entrepreneur à l'autre, donc le suivi des heures et des employeurs après
la date d'expiration des conventions collectives étant complexe, bien, qu'on
crée un fonds de rétroactivité salariale qui puisse payer, le cas échéant. Mais
c'est sous la réserve de la volonté de négocier et de convenir une
rétroactivité salariale. C'est ce qui s'applique après la date d'expiration
pour assurer un rapport de force peut-être plus équilibré, là, je dis bien
«peut-être plus équilibré». Là-dessus, vous semblez exprimer un point de vue
que l'article actuel, qui interdit de négocier une rétroactivité salariale,
devrait rester suivant son libellé actuel ou vous proposez qu'il soit abrogé et
que les parties conviennent ce qu'elles décident à la table de négociation?
M. Vincent (François) : Trois
choses à dire. D'abord, sur le rapport de force, on croit qu'il est déjà
disproportionné, le rapport de force. Il n'y a aucun autre secteur d'activité
au Québec... obligation de syndicalisation. Il n'y a aucun autre secteur de la
construction qui a l'obligation de syndicalisation. Donc, le rapport de force
est déjà en faveur des syndicats, selon la FCEI. Puis on fait juste regarder
l'histoire des relations de travail, là, je veux dire, c'est des mélodrames à
chaque négociation de convention collective, puis ça a des impacts sur... Tu
sais, ils disent : Oui, il y a eu moins de conflits par rapport au reste
du Canada, mais là, je veux dire, vous gelez l'industrie de la construction au
complet, puis ça a des impacts sur l'ensemble des autres industries pour... Là,
on a... on a mis les chiffres qu'il y avait dans l'analyse d'impact
réglementaire au dollar d'aujourd'hui, c'est 54 millions, je pense,
d'impact par jour de conflit. Donc, pour nous, c'est déjà un rapport de force
qui est en faveur de la partie syndicale.
Deuxièmement, vous avez parlé du
paritarisme, de l'importance du paritarisme, notamment pour vos dispositions
sur la polyvalence puis la mobilité, en disant que votre modernisation, ce
n'était pas une révolution puis il fallait écouter les parties prenantes pour
prendre la décision. Je pense que la partie patronale a été assez unanime sur
la question qu'ils n'en voulaient pas. Donc, dans votre même volonté de ne pas
faire de révolution, il faudrait peut-être voir comment on est capable de
rapprocher les deux parties sur cette proposition-là.
Puis troisièmement...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...c'est
tout le temps que nous avions.
M. Vincent (François) : O.K.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
dois maintenant donner la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme... Mme
la Présidente. Merci, messieurs. M. Vincent, je vous écoutais, puis j'ai lu
votre mémoire, puis j'entends, comme le ministre le mentionnait, que, pour
vous, donc, à différents égards, donc...
Mme Cadet : ...souhaitez
que le projet de loi aille plus loin, tant en matière donc de mobilité et de
polyvalence et... et bon, donc, même au niveau, donc, de la notion de
rétroactivité qui est introduite au projet de loi.
L'un des objectifs nommés par le
gouvernement étant justement l'augmentation de la productivité, est-ce que,
selon vous, tel que libellé, le projet de loi répond à cet objectif-là dans le
secteur de la construction, ou selon vous est-ce qu'on rebrasse les cartes avec
différents aménagements mais qu'au final on a un rééquilibrage, mais qu'on est
au même niveau de productivité qu'avant le projet de loi? On sera au même
niveau de productivité qu'avant le dépôt du projet de loi.
M. Vincent (François) : Pour
bien répondre à cette question-là, j'aimerais ça que vous me réinvitiez dans
six ans, après avoir adopté la recommandation 5 de notre mémoire parce
que, là, on va vraiment être capables de voir quels ont été les impacts. On le
voit dans l'analyse d'impact réglementaire qu'il y a une différence de
productivité avec le reste... avec l'Ontario. Mais j'irais même plus loin.
Nous, on a fait une analyse sur l'automatisation des PME en décembre dernier,
puis on a vu une... une tangente assez importante, c'est-à-dire plus les
entreprises se retrouvent en situation de pénurie de main-d'œuvre, plus elles
ont tendance à adopter l'automatisation. Par contre, quand on regarde le
tableau des différents secteurs d'activité économique, la construction tire de
la patte. Puis nous, on avait demandé aussi de regarder pourquoi le secteur de
la construction? Y a-t-il des raisons, au niveau du fardeau administratif et
réglementaire, qui nuisent davantage à l'adoption de pratiques en
automatisation?
• (16 h 30) •
Donc, pour... C'est sûr qu'il faut
améliorer la polyvalence. Il faut améliorer la mobilité. Maintenant, l'impact
concret sur... sur l'atteinte des objectifs, je n'ai pas de boule de cristal,
mais c'est important de l'analyser, puis ensuite de ça, de maintenir une... maintenir
une pression sur l'amélioration du secteur, puis après ça permettre au
législateur puis au ministre de pouvoir agir sur... sur les impacts qui ont été
créés dans ce projet de loi, puis même, je dirais, mobiliser les gens de
l'industrie.
Mme Cadet : Merci. On a
abordé un peu cette question-là, donc celle donc de la réduction du nombre de
métiers. J'avais une question similaire à celle du ministre, un peu. Je me
demandais, donc, si pour vous, donc, c'est réaliste comme... comme proposition,
donc, en matière, donc, des aménagements que ça demanderait, mais peut-être
aussi vous entendre sur les questions de santé, et sécurité au travail, et de
qualité, donc, ce que ça amènerait, là, cette proposition-là de réduction du
nombre de métiers.
M. Vincent (François) : Pouvez-vous
préciser votre question?
Mme Cadet : Oui, des...
des conséquences, donc, sur la santé et sécurité au travail, sur la qualité de
la construction.
M. Vincent (François) : Bien,
je ne pense pas qu'il va y avoir quelconque impact négatif que ce soit.
Mme Cadet : Donc, il n'y
a tout simplement pas... Il n'y en a tout simplement pas.
M. Vincent (François) :
Tu sais, il n'y a aucun entrepreneur qui veut faire des travaux qui est botché,
qui ne soit pas bien, là. Puis, je veux dire, quand on regarde dans les autres
provinces, il y a des belles constructions, il y a des grandes constructions
qui n'ont pas les mêmes contraintes que nous. Puis les buildings tiennent
encore. La tour du CN est toujours là.
Mme Cadet : Est-ce que
ça aurait des conséquences sur le modèle d'affaires des entrepreneurs
spécialisés?
M. Vincent (François) : Non,
je ne pense pas. Il faudrait... Si je dis : Il y a des entrepreneurs
spécialisés dans les autres provinces aussi, puis il n'y a pas des contraintes
davantage par rapport à ça, même... Puis je pense même qu'il pourrait avoir des
impacts positifs pour les employés. J'ai donné cet exemple-là, mais même dans
le rapport de... dans le rapport de la Commission de la construction du Québec,
on notait même que la... le cloisonnement nuit à l'emploi des...
l'employabilité et à l'atteinte d'un revenu décent pour les travailleurs. Ça
fait que ça pourrait même avoir un impact positif pour les employés au Québec.
Mme Cadet : Merci. En
Suisse, en matière de mobilité, donc, pour vous, donc, la... votre... votre
recommandation, c'est une mobilité complète. Évidemment, donc, nous comme
législateurs, donc, on aura à faire ces arbitrages dans un avenir rapproché.
Donc, ma question pour vous, donc, à défaut, donc, en regard de ce qui...
au-delà de ce qui est déjà proposé dans le projet de loi aujourd'hui, est ce
que vous avez des... des conseils pour nous, comme législateurs, donc, de façon
subsidiaire, là. Donc, si nous n'adoptions pas, donc, la pleine mobilité que
vous recommandez, est-ce qu'il y a une autre proposition qui permettrait
d'améliorer, donc, les aménagements en matière de productivité sous cet
angle-là?
M. Vincent (François) : Bien,
je veux préciser, nous, on recommande l'adoption des articles, mais on invite
le législateur à aller plus loin. Là, je pense... Tu sais, j'ai rarement vu un
ministre déposer un projet de loi, puis revirer de 180 degrés sur
qu'est-ce qu'il proposait. Donc... Puis nos membres disent à 88 % qu'ils
sont satisfaits de cette recommandation-là... Non, pas nos membres parce qu'il
y avait des non-membres qui ont répondu...
16 h 30 (version non révisée)
M. Vincent (François) : ...puis,
sur le sondage, là, on demande... on proposait spécifiquement qu'est-ce qui
était dans le projet de loi. Il y avait un - excusez-moi l'anglicisme - un
pop-up, puis après ça il y avait un résumé assez grand de ce que la recommandation
faisait, parce que c'était assez complexe, là, mais les entrepreneurs pouvaient
vraiment voir ce qui était proposé. Mais, comme je l'ai dit dans mon
allocution, ils veulent aussi avoir un système qui ressemble au reste du
Canada. Donc, on vous... tu sais, si le ministre a été convaincu des
prestations de... d'autres groupes patronaux qui demandent plus de polyvalence,
puis décide d'aller plus simple puis de donner un objectif à la CCQ dans deux
ans d'arriver au même nombre de métiers qu'en Ontario, on va être contents.
Maintenant, peut-être que ça peut être intéressant d'évaluer certains éléments
comme ça. D'ailleurs, on demande, et on a vu qu'il y avait certaines
associations qui demandaient, à ouvrir complètement l'embauche d'employés. Ça
fait qu'on dit : Bien, mandatez une firme externe puis regardez c'est
quoi, les avantages puis c'est quoi, les inconvénients. Allons chercher l'information
pour vous permettre d'agir ou de ne pas agir sur certaines questions qui sont
soulevées par les entreprises, par l'industrie pour améliorer justement la
productivité des entreprises puis l'impact positif sur l'économie. Puis la
construction de notre besoin, là, ça va... Tu sais, je l'ai dit, là, il y a des
impacts... Tu sais, nos données économiques sont toutes au rouge. J'aimerais
bien ça, dire que ça va bien, là, mais ce qu'on voit puis ce qu'on entend, c'est
que c'est toffe pour les entreprises. Mais, si on veut une reprise économique,
bien, la construction est névralgique. Dans le passé, il y a déjà eu des
Corvée-habitation, il y a déjà eu... la construction a déjà été... il y a eu
RénoVert pour stimuler la rénovation, pour stimuler l'économie. Donc, si on a
une construction qui va bien, ça va aller... ça va aider l'ensemble de l'économie
du Québec.
Mme Cadet : Vous venez de
parler de Corvée-habitation et tout, puis ça me fait penser... Parce que l'un
des autres objectifs du projet de loi, donc, c'est vraiment, donc, de résorber
la crise de l'habitation. Avec ce qui nous est présenté, est-ce que vous
trouvez que le projet de loi va dans ce sens-là? Je n'ai pas vu ces
résultats-là dans votre sondage.
M. Vincent (François) : Bien,
c'est une... c'est un élément qui va aider, là. Mais c'est... ça prend beaucoup
plus, là, pour améliorer, là, la construction de logements au Québec, là. Puis,
la Fédération des chambres de commerce est sortie hier, probablement ils vont
en parler tantôt, là, ils demandent une politique de l'habitation, je pense,
puis le taux d'inoccupation est dramatique dans plein de régions du Québec. Il
y a plein, plein, plein de mesures qui doivent être prises, musclées, pour
améliorer justement cette question-là. Dans le passé, il y avait eu aussi
plusieurs groupes, puis on en faisait partie, qui avaient déposé des
recommandations - je pense, ça fait deux ans de ça - pour justement améliorer
la construction de logements. Mais c'est sûr que, si on améliore l'environnement
réglementaire des entreprises, c'est une pièce qui va aider. Ça ne va pas
régler la crise du logement, mais ça représente un des éléments qu'il faut
faire.
Mme Cadet : On a aussi
beaucoup parlé de planification des travaux comme facteur de productivité. J'aimerais
vous entendre sur cet élément-là. Puis quelles recommandations vous nous faites
à nous, aux législateurs, sur la question de la planification des travaux?
M. Vincent (François) : Oui,
il faut le faire. Puis je... C'était... On en parlait dans les années 90 ou 80,
là, de l'amélioration de la planification des travaux, si ce n'est pas avant,
là. Ça fait longtemps qu'on le propose puis qu'il faut le faire. C'est clair et
net que ça peut aider, là. Si tu lances tous les projets en même temps, c'est
sûr que tu crées une surchauffe, là.
Mme Cadet : Ensuite, donc — on
en a peu parlé — donc, vous, donc, dans votre mémoire, vous demandez
l'introduction d'un ombudsman, que selon votre sondage, donc, il y a un
entrepreneur de la construction sur cinq qui croit que cette mesure manque et
qu'il s'agirait d'une nette amélioration du projet de loi actuel. Je vous
laisserais peut-être élaborer sur cet élément-là de vos propositions et nous
expliquer ce que ça apporterait de plus au milieu de nommer un ombudsman.
M. Bérubé (Francis) : Si je
peux me permettre, c'est ça, en fait, on a quand même plusieurs commentaires de
nos membres, de façon récurrente, à chaque année, qui nous arrivent avec des
situations où ils jugent qu'ils sont traités de façon peut-être inéquitable de
la part de la CCQ. On avait fait un sondage en 2018 qui démontrait qu'à peu
près la moitié, un entrepreneur sur deux, en fait, juge que les inspecteurs
font preuve d'une certaine partialité. Donc, on s'est dit : Pour peut-être
améliorer la confiance dans l'organisation qu'est la CCQ, pour offrir aux
entrepreneurs aussi une voie s'ils se jugent lésés, d'avoir accès à un
ombudsman comme ça, pour cette organisation-là, ça pourrait être quelque chose
de bien, en fait ce qui est juste positif. On le voit dans plusieurs
organisations, on le voit à la ville de Montréal, au niveau du gouvernement,
dans plusieurs organismes gouvernementaux, les ombudsmans existent. Donc...
M. Bérubé (Francis) : ...on
s'est dit, quand la moitié des entrepreneurs nous disent qu'ils jugent qu'il y
a une forme de partialité, on s'est dit qu'il y a un enjeu de confiance. Est-ce
qu'on est dans la perception? Est-ce que, dans certains cas, c'est fondé? Si
c'est fondé, avoir quelqu'un qui peut enquêter, faire des recommandations
aussi, ce qui permettrait peut-être d'améliorer la gouvernance.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Je cède maintenant la parole au député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Toujours un plaisir de vous voir en
commission. Dossier fort important de la construction. J'ai lu votre mémoire,
je ne peux pas m'empêcher de voir qu'il y a quand même un thème récurrent à
travers les différentes propositions que vous faites. C'est souvent... on
comprend ou on perçoit que, selon vous, en tout cas, les membres de votre
organisation, le problème c'est les syndicats dans la construction. Est-ce que
je me trompe? Il y a une perception très négative, syndicale dans ce que je lis
à travers la mémoire.
M. Vincent (François) : Vous
pouvez avoir l'interprétation que vous voulez de notre mémoire.
M. Leduc : Donc, est-ce que
je constate que vous considérez que les syndicats sont une partie pertinente à
l'industrie de la construction, ont une contribution pertinente à l'industrie
de la construction?
M. Vincent (François) : Oui,
elle a une partie est pertinente, mais est-ce que le fait d'avoir l'obligation
de la syndicalisation, c'est quelque chose qui est bien pour le Québec? Je n'ai
pas vu d'autres provinces de secteur dire : Hé! On va faire... On va donner
la syndicalisation obligatoire partout. Je n'ai pas vu non plus d'autres
secteurs d'activité économique le demander. Est-ce que vous pensez qu'on
devrait avoir un taux de syndicalisation de 100 % dans tous les secteurs
d'activité économique?
• (16 h 40) •
M. Leduc : Moi, si vous posez
la question à moi, vous connaissez la réponse, je pense, mais ce n'est pas
tellement la question... la réponse pertinente à cette commission. Je veux vous
amener sur la question des bassins. Vous êtes une des rares organisations qui
s'oppose à l'embauche par bassin, en tout cas, c'est une de vos
recommandations, de sortir de ça ou de faire un comité d'étude pour évaluer
l'embauche par bassin. J'étais un peu surpris, parce d'habitude l'embauche par
bassin, c'est un peu, on va le dire, l'embauche classique, je le dis, entre
parenthèses arbitraires, où est-ce qu'on connaît quelqu'un puis on le fait
rentrer par bassin plutôt qu'à travers une formation. Ça fait que là vous
dites : Ce n'est pas tellement le bon chemin par bassin, mais si ce n'est
pas par bassin, c'est par formation. J'essaie de comprendre où vous atterrissez
par rapport à ça, comment on devrait entrer dans l'industrie de la
construction.
M. Vincent (François) : Non,
mais juste de pouvoir embaucher qui on veut, comme dans les autres secteurs
d'activité économique. Si une entreprise veut embaucher quelqu'un, elle peut...
pas embaucher, le CV qui fait son affaire par rapport aux compétences de la
personne. On a vu que c'était une recommandation qui avait été faite, donc pas
de bassin. Je t'embauche quand tu as besoin, puis that's it, là. Mais on n'a
pas... Notre recommandation, c'est : Bien, peut-être que ça va avoir des
impacts négatifs, bien, analysons-les, puis faisons les pour, faisons les contre,
mais, au moins, ayons l'information pertinente là-dessus. Puis c'est ça qu'on
demande aux législateurs.
Mais, pour répondre... pour donner la
bonne référence sur la question précédente, sur l'instauration du mécanisme de
planification des travaux, c'était la commission Cliche qui le recommandait
dans les années 70. Donc, ce n'est pas d'hier qu'on demande puis qu'on essaie
d'améliorer la planification de...
M. Leduc : ...selon vous, ça?
Pourquoi ça n'a pas été fait, à ce jour, selon vous, peu importe les
gouvernements, qui...
M. Vincent (François) : Je ne
le sais pas. C'est comme la place des femmes dans l'industrie de la
construction. En 1993, le gouvernement avait mandaté... Il y avait un projet de
loi n° 46, je pense, qu'il avait mandaté la Commission de la construction de
faire quelque chose là-dessus. Puis notre taux, il est plus bas que dans le
reste du Canada. Je reviens à votre... tu sais, on a le taux de...
syndicalisation à 100 %, puis c'est des organisations progressistes, ça devrait
être plus élevé.
M. Leduc : Vous savez qu'on a
retiré le placement syndical obligatoire, puis on peut avoir un long débat
là-dessus. Il y a eu une baisse de référencement de femmes, objective, les
chiffres sont là. Est-ce que vous seriez ouverts à la suggestion de l'ATF, de
dire qu'on devrait avoir des quotas d'embauche de femmes dans les contrats
publics...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions.
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
cède maintenant la parole au député de Jean-Talon.
M. Paradis : Merci beaucoup
de votre présence. Merci aussi pour le mémoire. J'ai trouvé ça particulièrement
intéressant que vous mettiez les détails du sondage réalisé auprès de vos membres,
puis des témoignages, parce que ça met des mots clairs sur le vécu de plusieurs
de vos membres. Et c'est justement sur cette question-là que j'aimerais
m'attarder avec vous, on a peu de temps, mais outre les sondages, quelles sont
les données probantes, dont on bénéficie, nous, pour bien faire notre travail,
comme parlementaires, qui démontrent certaines des affirmations que vous
faites, par exemple, de l'impact des mesures actuelles sur le manque de
mobilité, sur le manque de polyvalence, puis des exemples probants d'ailleurs
qui viennent nous dire : Bien, quand tu changes les règles, ça a un effet
positif? Parce qu'on a beaucoup de sondages réalisés auprès des entrepreneurs,
mais les données probantes, qui dit scientifiquement telle ou telle chose, est-ce
qu'il y en a à la base des affirmations?
M. Vincent (François) : Bien
oui, mais...
M. Vincent (François) : ...juste
sur les villes où... la présence des entreprises, avec employés. Je peux
déposer le document en commission. C'est des données de Statistique Canada qui
sont disponibles. La part des entreprises de la construction, c'est des données
de Statistique Canada aussi. Le salaire, le traitement des employés, qui n'est
pas significativement différent dans les autres provinces, c'est des données de
Statistique Canada également. Les données du baromètre des affaires, c'est des
indicateurs économiques aussi, qui est regardé par la...
M. Paradis : ...sont des
données économiques, mais des données sur l'impact des mesures dont vous demandez
le retrait ou des nouvelles mesures que vous proposez, est-ce qu'il y en a?
Parce que, vous savez, au moment où on commençait nos travaux, il y a eu des
analyses économiques qui ont été présentées, puis qui disaient autres choses de
celles qu'on avait jusqu'à maintenant, qui disent que, finalement, les coûts de
production ne sont pas si élevés au Québec, puis que, finalement ça coûte moins
cher, même, à Montréal, par exemple, qu'à Toronto, quand on compare, là. Est-ce
qu'il y a des données probantes sur l'impact des mesures que vous proposez?
M. Vincent (François) : Bien,
je vous inciterais à regarder l'analyse d'impact réglementaire, qui est une
obligation du gouvernement du Québec d'analyser les impacts. Il y a des
analyses qui ont été faites là-dessus. La seule chose qui n'a pas été analysée,
puis qui devrait l'être, c'est sur la recommandation de la rétroactivité. Puis,
selon le gouvernement, ils sont supposés, selon l'article 19, alinéa b, je...
d... oui, bien, d'analyser les coûts pour les entreprises, puis la mesure qui
pourrait avoir le plus de coûts pour les entreprises n'est pas analysée par le
projet de loi. Ça, je n'ai pas eu le temps de le dire quand c'était mon... dans
l'échange avec le ministre, mais, selon nous, avant de mettre cette disposition-là
en place, il faudrait qu'il y ait une analyse de faite. On le dit dans
l'analyse d'impact réglementaire, oui, mais on va le faire pendant le
règlement. Bien là, à ce moment-là, on va dire : Bien, la loi, elle a été
adoptée, ça fait qu'on va aller de l'avant quand même avec cette
recommandation-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avions. Je vous remercie pour votre contribution à nos
travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre aux prochains invités de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 46)
(Reprise à 16 h 49)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Et je souhaite maintenant la bienvenue à la Fédération
des chambres de commerce du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période
d'échange. Je vous invite donc à vous présenter et à nous... à commencer votre
exposé, s'il vous plaît.
(Visioconférence)
M. Milliard (Charles) : Alors,
merci, Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes et MM. les députés, bonjour.
Merci de nous accueillir pour échanger sur l'important projet de loi
n° 51, loi modernisant l'industrie de la construction. Alors, je me
présente, Charles Milliard, je suis P.D.G. de la Fédération des chambres de
commerce du Québec. Je suis accompagné de mes collègues, donc Alexandre Gagnon,
qui est vice-président, Travail et capital humain, et Audrey Langlois, qui est
conseillère principale, Main-d'œuvre et affaires publiques.
• (16 h 50) •
Alors, je suis désolé de ne pas être avec
vous physiquement aujourd'hui, mais j'ai une excellente raison. J'ai le
privilège en ce moment d'être au Nunavik, à Kuujjuaq, pour un sommet économique
avec nos concitoyens inuits, sommet d'ailleurs qui abordera, ce soir, demain et
jeudi, les conditions d'un meilleur développement économique ici, dont fait
partie justement le secteur de la construction, ainsi que la contribution des
Inuits à la main-d'œuvre dans plusieurs secteurs d'activité, dont le secteur de
la construction. Alors, les hasards de la vie font parfois bien les choses et
ont certainement nourri nos réflexions, alors qu'on s'adresse à vous
aujourd'hui en commission.
Alors, pour fin de mémoire, la FCCQ est un
organisme qui regroupe près de 1 200 chambres de commerce et près de
1 000 membres corporatifs. Nous représentons, vous le savez, plus de
45 000 entreprises. Partout au Québec, les membres de la Fédération
exercent leurs activités dans tous les secteurs et évidemment sur l'ensemble du
territoire. Étant le plus important réseau de gens d'affaires et d'entreprises
au Québec, la FCCQ agit aussi comme chambre de commerce provincial, mettant de
l'avant l'intérêt de ses membres en matière de politiques publiques.
Alors, aujourd'hui, on vous présente nos
réflexions et recommandations pour assurer le succès de ce grand chantier,
celui de moderniser l'industrie de la... de la construction. Une réforme de
cette ampleur, évidemment, on en conviendra, est historique. Il est de la responsabilité
de tous d'en faire un succès et d'imaginer les règles qui encadreront la
construction au Québec pour les prochaines années.
Pour la communauté d'affaires, l'industrie
de la construction est au cœur du développement économique des régions, développement
économique des régions qui est le moteur premier de notre action, à la FCCQ.
Alors, que ce soit pour le maintien des actifs en transport, la construction de
tours de bureaux, d'hôpitaux, d'écoles, de garderies, de logements, le milieu
de la construction, il est indissociable de l'activité économique du Québec.
Et pourtant, cette industrie névralgique
est confrontée à deux défis immensément importants : évidemment, celui de
la pénurie de main-d'œuvre, mais aussi ce qui nous concerne aujourd'hui, son
incroyable et son incontestable complexité réglementaire.
Bien que cette industrie subit lourdement
les enjeux démographiques qui découlent du vieillissement de la population, des
solutions sont évidemment à portée de main. D'ailleurs, on reconnaît que le
projet de loi n° 51, sans aller nécessairement aussi loin qu'on le désire,
s'attaque clairement aux bons enjeux. Alors, si je peux imager la chose, le
diagnostic est le bon, mais permettez-nous de vous suggérer quelques
traitements supplémentaires pour soigner notre industrie le plus rapidement
possible.
Alors, dans un premier temps, l'importance
de la polyvalence, la mobilité de la main-d'oeuvre. Alors, pour la FCCQ, et je
crois comprendre, d'après les auditions des derniers jours, nous ne sommes pas
les seuls, la modernisation de cette industrie ne peut être possible qu'en
valorisant la polyvalence des travailleurs et en favorisant la mobilité de la
main-d'oeuvre dans l'ensemble des régions du Québec. Par conséquent, nous
recommandons que vous vous inspiriez du rapport de la Commission de la
construction du Québec, dont faisait état M. Vincent tout à l'heure, qui date
de 2013, et que vous réduisiez considérablement le nombre de métiers
réglementés en visant l'identification de 5 à 7 métiers plutôt que 26.
Nous recommandons pour ce faire l'ajout d'une...
M. Milliard (Charles) : ...mesure
transitoire qui obligerait la CCQ à faire adopter un règlement pour ce faire
d'ici les cinq prochaines années, à défaut de quoi, le ministre du Travail
pourrait procéder à cette adoption dans l'année suivante. Notons que ce type de
mesures transitoires a fait ses preuves dans la récente modernisation du régime
de santé-sécurité au travail qui, évidemment, a été sous l'impulsion du même
ministre et du même ministère.
Pour ce qui est de la formation, il est
impératif de lancer le message au ministère de l'Éducation, évidemment, c'est
important de le préciser, afin qu'il intègre davantage de contenus aux
formations menant à un DEP visant l'acquisition de compétences en lien avec la
numératie, la littératie numérique, afin de favoriser l'implantation de
davantage d'innovations sur nos chantiers. L'innovation, c'est bon dans tous
les secteurs d'activités.
Nous proposons également de s'inspirer de
travaux effectués en lien avec les emplois saisonniers afin d'encourager, voire
même contraindre les travailleurs de l'industrie ayant fréquemment recours à
l'assurance emploi à participer à des formations qui visent l'acquisition de
métiers supplémentaires en construction et donc ainsi d'augmenter leurs heures
annuelles de travail tout en augmentant la polyvalence sur les chantiers.
Sur la question de la priorité régionale
d'embauche, nous saluons évidemment les avancées qui sont proposées par le
ministre. En revanche, vous ne serez peut-être pas surpris, nous sommes d'avis
que toute notion visant à limiter la mobilité de la main-d'œuvre devrait être
abolie. Les modifications proposées permettraient à 73 % des détenteurs de
certificats compagnon de se déplacer librement. Est-ce qu'on ne pourrait pas
être un peu plus ambitieux ici sans nécessairement viser le total bar ouvert
que j'ai entendu à quelques reprises dans les derniers jours? Respectueusement,
selon nous, les freins à la mobilité nous semblent être des reliquats du passé
qu'il convient d'adresser dans un forum aussi crucial que celui-ci.
Parlons maintenant de relations de
travail. Alors, sur un autre sujet tout aussi important, donc on tient à saluer
plusieurs améliorations dans les pratiques de relations de travail dans le
projet de loi. Les nombreux conflits de travail au cours des dernières
décennies nous ont démontré qu'il fallait faire des changements importants dans
nos façons de faire. Le Québec, autant économiquement que socialement, ne peut
pas se permettre des arrêts de travail dans cette industrie névralgique, tout
simplement. Les différents changements proposés, dont le devancement de la
période de maraudage, l'instauration de la notion de bonne foi lors des
négociations ainsi que le dépôt des cahiers de demandes sont des pas évidemment
dans la bonne direction.
En revanche, on estime que certaines
autres améliorations seraient nécessaires. Dans un premier temps, on estime
qu'il serait fondamental d'inclure un président indépendant nommé par le ministre
du Travail au sein du Comité des relations de travail dans l'industrie de la
construction afin d'optimiser les chances de succès de cette nouvelle entité,
qu'on salue. Nous acceptons la volonté du gouvernement de permettre la
négociation d'une rétroactivité, mais l'instauration du fonds de rétroactivité
salariale nous inquiète quant au coût qu'il annonce et qui semble évident, mais
également quant à la complexité d'appliquer la mesure proposée.
Finalement, afin de permettre... afin de
reconnaître, pardon, l'importance de cette industrie pour les parties
prenantes, mais surtout sur l'ensemble du Québec, il nous semble essentiel
d'instaurer le recours à un arbitrage obligatoire lorsque le conciliateur
désigné vient au constat que la conciliation, justement, n'est pas parvenue à
faire émerger une entente entre les deux parties. L'échec d'une négociation ne
devrait plus être une option, et le recours systématique à une loi spéciale ne
nous semble plus la voie à suivre en 2024.
Sur la question de l'enjeu de la
reconnaissance et des acquis de compétences, le parcours d'un travailleur
provenant de l'extérieur du Québec pour faire reconnaître ses formations et
diplômes constitue l'une des plus importantes barrières à l'entrée dans le
milieu de la construction. C'est un réel parcours du combattant à bien des
égards. Alors, quant à la contribution des personnes immigrantes à l'essor du
secteur de la construction, écoutez, vous le savez, cette contribution-là, en
ce moment, elle est famélique et elle mérite qu'on s'y attarde aujourd'hui. À
cet effet, la FCCQ exige que... ou propose que la Commission de la construction
du Québec adopte le règlement visant à déterminer la procédure ainsi que les
normes qui seront utilisées pour simplifier cette reconnaissance-là de la
formation et des diplômes délivrés dans un délai de 24 mois suivant la
sanction de ce projet de loi.
Alors, en conclusion, nous estimons que le
projet de loi n° 51 propose des avancées importantes qui méritent le
respect, et je tiens à le souligner dans le cadre de la commission aujourd'hui.
En revanche, nous croyons qu'on peut aller encore un peu plus loin pour assurer
que toutes nos ambitions de construction, grandes ou petites, puissent être
réalisées. La vitalité économique de l'ensemble des régions du Québec en
dépend. Et, par un autre hasard de la vie, on tenait hier à la fédération une
conférence de presse...
M. Milliard (Charles) : ...avec
notre réseau de chambres pour rappeler l'urgence d'agir au Québec pour enrayer
la crise du logement qui plombe nos ambitions collectives vers le bas. Pour
nous, il est évident qu'un secteur de la construction réformé est plus
efficace. C'est le plus bel outil qu'on peut se donner pour atteindre nos
objectifs le plus efficacement possible. Merci pour votre temps, et au plaisir
d'échanger ensemble.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
pour... Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la
période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Oui, merci, Mme
la Présidente. Merci à vous trois. Merci à la Fédération des chambres de
commerce du Québec pour sa contribution, pour son engagement au développement
économique du Québec, et la qualité de sa présentation aussi. M, Milliard,
félicitations pour ce que vous faites actuellement. Vous êtes au Nunavik, et je
ne peux pas m'empêcher de faire un clin d'oeil à l'Administration régionale
Kativik. Hein, comme vous savez, dans le projet de loi, on rend accessible les
mesures d'inclusion et de diversité qu'on a mises en place à la CCQ pour les
femmes, aux personnes issues des Premières Nations, Inuits et Cris, et puis il
y a des administrations qui ont des ententes intergouvernementales, dont
l'Administration régionale Kativik, qui vont pouvoir bénéficier de permis de
référencement de main-d'oeuvre tellement important pour leur réintégration.
Puis moi, j'ai eu beaucoup de témoignages de travailleurs, travailleuses et de
personnes impliquées dans les associations syndicales qui référaient au
potentiel immense, et il faut continuer de travailler dans cette direction- là.
Et je vous prierais de saluer les acteurs, les partenaires que vous allez
rencontrer lors de vos assises, lors de vos échanges dans la région du Nunavik.
• (17 heures) •
Vous avez bien exprimé les enjeux
main-d'œuvre, il y a productivité aussi parce qu'il y a des écarts qui nous
séparent de l'Ontario et du reste du Canada. La main-d'oeuvre, bien sûr, c'est
vécu partout. La complexité réglementaire, il y a effectivement une espèce
d'opacité, hein, puis l'Institut du Québec révélait récemment que, dans notre
industrie de la construction, c'était impossible d'y arriver quand on est une
personne immigrante. Puis quand on constate le faible taux de représentativité
des travailleurs étrangers temporaires par rapport aux autres secteurs ou dans
la population active du Québec, c'est à peu près du simple au double. Donc, il
faut véritablement faire un effort, puis j'ai bien compris, mais on va dans
cette direction-là, dans le p. l. 51, qu'il y ait des normes de reconnaissance
non seulement du travail effectué à l'étranger, mais aussi des heures de
formation et des diplômes, et ça, c'est un impératif qui fait partie de ce
projet de loi-là.
Sur la mobilité, je comprends votre point
de vue. En même temps, moi j'ai une conviction profonde, M. Milliard, qu'il
faille y aller de manière à contrôler qu'il n'y ait pas d'abus, qu'il n'y ait
pas d'excès. Je comprends qu'on est dans un système d'économie de marché, mais
la mobilité, on pense quand même d'un seuil qui baisse de moitié pour les
hommes et qui baisse d'un pourcentage important pour les femmes et les autres
groupes issus de la diversité. Et je ne dis pas qu'il faille y aller par
étapes, mais la mobilité, ça doit être vécu, ça doit être expérimenté puis ça
doit être fait dans le respect du paritarisme qui guide les travaux de la
Commission de la construction du Québec. Mais je l'ai répété, la mobilité, il
n'y a pas d'obstacles à la mobilité dans d'autres secteurs de l'économie du
Québec, et là, ici, je comprends bien cette recommandation-là.
Pour la polyvalence, bien, rappelez-vous,
puis c'est... bon, on appelle ça un sondage, ou une étude, ou un rapport, il y
a certainement des impacts sur les heures, sur les coûts et donc ultimement sur
la productivité. De fusionner des métiers, je ne sais pas si vous m'avez
entendu, tout à l'heure, avec notamment la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante, j'ai fait le commentaire à d'autres groupes, c'est
une option, mais l'impact d'une fusion des métiers sur les tenants et
aboutissants de la formation dispensée dans les centres de formation
professionnelle qui donnent des diplômes d'études professionnelles serait
magistral, un chantier...
17 h (version non révisée)
M. Boulet : ...un chantier
énorme, et ça, ça aurait été une révolution. Puis je pense qu'on a des besoins,
ça a été exprimé dans les sondages, d'une modernisation la plus rapide
possible. On a des besoins immédiats pour répondre à des missions essentielles
de l'État. Vous l'avez mentionné aussi, là, il n'y a pas que les logements, il
y a les hôpitaux, les écoles, les projets industriels. Et je ne veux pas...
Parce qu'on dit : Est-ce que ça va régler la crise du logement? Il ne faut
pas le présenter de cette manière-là. Je pense qu'il y a plusieurs éléments
dans la modernisation de l'industrie de la construction. Le p.l. 51, ce n'est
pas une finalité, c'est un des éléments de l'ensemble du processus de
modernisation qui a été amorcé. Puis on a parlé de planification des travaux,
puis ça, ça relève d'une autre loi sur les contrats des organismes publics. Il
y a le ministère de l'Éducation sur l'augmentation de l'offre de formation,
notamment en alternance travail-études. Vous avez vu l'allègement réglementaire
qui a été fait il y a deux ans pour permettre aux étudiants d'aller travailler
pendant les périodes de relâche ou de congés. Donc, c'est véritablement une
collégialité, une mobilisation de tous ceux qui sont engagés dans la
modernisation, puis il faut le faire dans le respect. Puis votre propos puis
votre mémoire me fait réaliser à quel point notre quête d'un équilibre puis d'une
modération, elle est, je pense, bien assumée.
Les relations de travail, bon, évidemment,
on parle d'un comité qui est paritaire. Vous, vous dites : Il devrait y
avoir un président indépendant. Est-ce que vous pouvez juste me donner une
motivation additionnelle à ce qu'il y ait un... Parce que le comité paritaire,
c'est comme dans les comités de relations de travail qu'il y a dans les
organisations privées, publiques, parapubliques. Mais je me questionne encore
sur ajouter un président indépendant. Je vous écoute, M. Milliard.
M. Gagnon (Alexandre) :Oui, je peux peut-être y aller, oui, si ça vous va.
Bonjour, M. le ministre. Bonjour, tout le monde. Dans l'ensemble des grandes
instances qui font du dialogue social, il y a toujours quelqu'un qui va animer
les discussions, qui va amener les sujets de conversation, qui va documenter
les décisions à prendre. Ce comité qui est proposé de créer a des obligations
ou a une mission très large, très importante. On voit tous les succès entourant
la médiation, la conciliation exercée par le ministère du Travail dans des...
dans des milieux complexes, dans des milieux où les relations de travail ne
sont pas simples. D'ailleurs, la construction nous semble toute désignée de
prévoir que la création même de ce comité de relations de travail là prévoie la
présence d'un conciliateur, d'un médiateur qui permettra d'animer les
discussions, qui permettra d'assurer que le tout se fasse de façon cordiale
puis de... se fasse dans... le plus efficacement possible. Donc, on comprend
que, dans les relations de travail, c'est toujours bipartite, mais, dans ce
cas-là particulier, il nous faut un facilitateur, il y a un rôle primordial à
mettre en place.
M. Boulet : Évidemment, il y
a les services de conciliation, médiation du ministère du Travail, là, mais...
je me questionnais sur la pertinence d'avoir un président indépendant un peu
permanent, là. Mais j'aime bien que vous souligniez la volonté que nous avions
de rendre les relations de travail les plus harmonieuses possible, là. Le
devancement de la période de maraudage, vous savez l'impact que ça peut avoir,
l'obligation de négocier de bonne foi puis l'obligation de déposer, là, les
offres, les demandes, les propositions ou les contre-propositions.
Il y a... L'arbitrage obligatoire, je
comprends, là, mais c'est une recommandation que vous faites en cas d'impasse,
en cas de conflit, que le ministre nomme un arbitre de différends. Dans le Code
du travail, on sait que, pour une première convention, c'est à la demande d'une
partie, dans le cas d'un renouvellement de convention, ça prend le consentement
des deux parties. Là, ce que vous recommandez, c'est que le ministre puisse le
faire sans qu'il y ait de demande, mais, en cas d'échec, comme M. Milliard le
mentionnait, de la médiation, qui est obligatoire dans le projet de loi, moi,
ma préoccupation, là, M. Gagnon, vous me voyez venir, là, c'est eu égard à
la...
M. Boulet : ...décision de la
Cour suprême de 2015 en Saskatchewan et toutes les décisions qui ont suivi, le
droit de grève a été constitutionnalisé, fait partie intégrante de la liberté
d'association, donc il y aurait un enjeu. Évidemment, ce que vous vous dites,
si on nomme un arbitre, ça permet d'éviter une loi imposant le retour au
travail, loi qui, en 2017, a été adoptée par nos prédécesseurs, qui a été
déclarée inconstitutionnelle l'année dernière ou l'année précédente, je pense
que de nommer un arbitre aurait éventuellement le même effet, là. Mais je ne
veux pas embarquer dans ces détails-là.
Mais je ne peux pas m'empêcher de vous
poser la question qui va probablement être posée par mes collègues
parlementaires. La rétroactivité, si je vous comprends bien, bon, dans la loi
actuelle, on empêche aux parties de négocier une rétroactivité, et vous,
vous... vous êtes d'accord à ce que nous abrogions cet article-là et qu'on
laisse aux parties le soin de déterminer s'il y a ou non rétroactivité et
comment elle se verse. Parce que, le fonds, nous, on voulait simplifier ça pour
les employeurs, la simplification administrative, et s'assurer que les salariés
puissent recevoir la rétroactivité. Vous, vous vous dites... vous nous dites :
pas de fonds, mais possibilité de négocier une rétro. Est-ce que j'ai bien
compris, M. Gagnon ou... ou Charles, là?
• (17 h 10) •
M. Gagnon
(Alexandre) :Oui, vous avez bien compris,
c'est exactement ça. Est-ce que ça fait... on pense que c'est très positif,
d'éliminer la rétroactivité? Peut-être pas, mais, dans le... dans un contexte
de recherche de consensus et de trouver un... une entente de principe, ça nous
semble une belle piste de réflexion et on est quand même ouverts à cette
perspective-là. Évidemment, ça amènera des complexités dans la rédaction
contractuelle des contrats dans l'industrie de la construction pour prévoir
ces... ces... ces éventuelles hausses, qui ne seront pas nécessairement
identifiées au départ, lors de la signature des contrats de...
d'infrastructures, notamment.
Quant au fonds, on comprend l'esprit, on
comprend la mécanique qui est proposée jusqu'à un certain point. Mais on a
l'impression que ce serait une négociation avant la négociation qui se ferait à
la Commission de la construction du Québec plutôt qu'à la table de négociation,
afin de cibler et de voir à quel... comment on va construire ce fonds-là. Donc,
plutôt que d'imposer un mécanisme, invitons les parties à la table de
négociation de s'entendre comment ils vont financer cette rétroactivité-là, le
cas échéant, où ils négocient le fait qu'il y en ait une. Donc, le fait de...
de négocier ne dit pas qu'il y en aura une, automatiquement. On se comprend.
M. Boulet : Est-ce que vous
ne pensez pas qu'il y aurait un enjeu de gestion de versement de la
rétroactivité? Parce qu'on comprend qu'il y a des tables de négociation
sectorielles lors des renouvellements de conventions collectives. Et, si une
entente sur une rétroactivité qui doit être versée employeur par employeur, on
réalise que, dans l'industrie de la construction, il y a beaucoup, beaucoup de
déplacements, de modifications de l'identité de l'employeur, de déplacements
d'un chantier à l'autre, est-ce que vous, ce que vous nous soumettez :
laissons les parties déterminer comment?
M. Gagnon
(Alexandre) :Exactement. Ce n'est pas...
vous l'avez bien précisé, c'est un enjeu complexe, ça serait difficile à
administrer, mais ça nous semble tout de même malgré tout plus simple que la
constitution d'un fonds de rétroactivité et de sa gestion.
M. Boulet : Vous allez rendre
certains de mes collègues heureux, quand même, et c'est une belle recherche de
consensus. J'ai beaucoup de respect pour ça et... Mais, si vous aviez... Est-ce
que vous avez pensé à un... une façon pratique de le faire, tenant compte des
réalités du... de l'industrie actuelle?
M. Gagnon
(Alexandre) :L'une des choses qu'on
présente devant vous aujourd'hui, là, c'est qu'on n'est pas les spécialistes de
l'industrie de la construction puis on ne veut pas se mettre à la place des
associations de la construction ou des syndicats pour y arriver. On est là pour
mentionner, entre autres, qu'on est là pour représenter l'ensemble des parties
prenantes en dehors de l'industrie de la construction, qui sont impactées par
cette... par cette industrie-là, par les règles, mais également de doter les
parties prenantes des bons outils pour en arriver à des consensus. Donc,
laissons ces... les bonnes personnes décider, s'entendre, discuter, donnons-leur
les bons outils pour y arriver. C'est... c'est... c'est notre message central
aujourd'hui.
M. Boulet : Super. Moi, ça
répond bien à mes interrogations. Puis je veux repartager votre commentaire...
M. Boulet : ...sur le fait que
c'est presque un parcours du combattant pour une personne qui veut intégrer. Il
y a des personnes qui arrivaient de l'Ukraine ou de plusieurs pays étrangers et
qui me témoignaient, parce que j'ai eu l'opportunité d'en rencontrer
plusieurs... puis des centres qui s'intéressent à l'accueil, puis à
l'intégration, puis je me préoccupe toujours de l'équité aussi dans la
représentativité dans les secteurs. Je sais qu'on a des réserves, parfois, mais
on a déterminé qu'il y avait des secteurs névralgiques au Québec : la santé,
l'éducation, les services de garde à l'enfance, le génie, les technologies de
l'information et la construction. Et ça a fait l'objet d'une... d'un article
détaillé, là, de Francis... récemment, là, le... ce que l'Institut du Québec a
démontré, c'est 3 % dans l'industrie de la construction par rapport à
6 %, et beaucoup ont témoigné qu'elles avaient une expérience en
charpenterie-menuiserie, ou peu importe le métier, et qu'elles n'étaient pas en
mesure. Et la CCQ, avec ce projet de loi là, va permettre non seulement
d'ouvrir les valves, mais de nous permettre de répondre à des besoins de
main-d'œuvre partout au Québec. Alors, merci beaucoup, Charles. Bon séjour au
Nunavik. Alexandre, Audrey, au plaisir de vous rencontrer de nouveau. Merci.
Des voix : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Maintenant,
je cède la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. M. Milliard, M. Gagnon, Mme Langlois, merci d'être avec
nous cet après-midi, puis merci pour votre mémoire également, donc, très
étoffé. J'espère, M. Milliard, que vous appréciez votre séjour au Nunavik.
Donc, j'ai pris connaissance de vos
différentes recommandations, et on va y aller dans l'ordre. La première, donc,
étant de retirer les notions visant à limiter la mobilité de la main-d'œuvre.
On en a parlé abondamment dans le cadre de ces différentes consultations. Je
saisis bien le fond de votre recommandation ici. Ma question, donc, nous, comme
législateurs, évidemment, donc, on aura à faire, donc, certains arbitrages. Je
comprends que, pour vous, ce qui est proposé par... ce qui nous est proposé par
le ministre, vous le voyez de façon positive, mais vous souhaitez aller plus
loin. Subsidiairement, est-ce que vous auriez une autre proposition? Et
notamment peut-être vous entendre, donc, sur les travailleurs, donc, qui sont à
l'extérieur des grands centres. Est-ce que vous verriez, donc, d'autres...
(Panne de son) ...de mobilité distincts pour ceux-là? Donc, je veux... je veux
vous entendre élaborer sur cette recommandation-ci.
M. Milliard (Charles) : Peut-être
juste un petit commentaire avant de laisser mes collègues répondre.
Effectivement que la réforme peut se faire ou devrait se faire de façon
progressive. Je comprends qu'on est en accord parce qu'il y a une amélioration
sensible de la mobilité de la main-d'œuvre. Je vous parlais de 73 %. Par
contre, je vous... je rétorquerais à ça qu'on ne fait pas une réforme à
toutes... à toutes les années, ni à tous les cinq ans. On fait une réforme pas
très souvent. Alors, c'est important d'avoir le plus de mesures qui vont
permettre de débloquer cette question-là de la mobilité. Et je compléterais en
disant qu'à l'époque il y avait aussi des régions qui ne vous... qui avaient un
certain intérêt à avoir ces contraintes-là, et ce n'est pas vraiment ce qu'on
observe maintenant. Puis je dirais même que c'est le... c'est le... c'est
l'inverse, parce qu'on a maintenant des travailleurs en région qui voudraient
peut-être pouvoir aller travailler aussi dans des grands centres, avec les
différents projets, que ce soient les projets du PQI, d'Hydro-Québec, on peut
tous les nommer. Donc, cette réticence-là régionale, qu'il y avait auparavant
et qui a mené le législateur probablement à ça à l'époque, n'a pas la même...
n'a plus la même valeur en ce moment. Donc, c'est pour ça qu'on aimerait
dépasser l'image que je donnais de 73 %. Et je laisserais peut-être
Alexandre compléter.
M. Gagnon
(Alexandre) :Oui, effectivement, ça ne
nous semble à première vue pas très adapté à un milieu de la construction puis
à l'état du marché du travail d'aujourd'hui, mais aussi de ce qui est perçu
pour les prochaines années puis même pour les prochaines décennies avec le
vieillissement de la population puis les grands plans gouvernementaux,
notamment au niveau de la construction. Donc, dans ces circonstances-là, et
puisque nulle part ailleurs on n'a ce genre de limite régionale là, où on
pouvait le voir auparavant, dans l'industrie... dans la santé, dans
l'éducation. On sait tous les débats qu'il y a eu afin d'obtenir davantage de
régionalisation, davantage de mobilité. On pense que vous avez une belle
opportunité aujourd'hui de régler cette situation-là, de venir se mettre au
même niveau que les autres industries, les autres secteurs d'activité. Ne
manquons pas le bateau et allons-y pour l'avenir et pour... pour assurer une
certaine mobilité de la main-d'œuvre autant que possible.
Mme Cadet : J'ai bien
compris...
Mme Cadet : ...votre deuxième
recommandation, donc, porte sur la notion de polyvalence, donc vous nous dites
que la définition proposée laisse beaucoup de place à l'interprétation et
devrait inévitablement être précisée devant les tribunaux. Donc, peut-être vous
entendre là-dessus. Puis, d'autre part... bien, en fait, votre recommandation
précise que... ça, c'est dans les paragraphes introductifs, mais dans votre
recommandation, donc, vous nous dites, donc, d'indiquer, à l'article 4.0.1 du
règlement, que l'employeur aurait l'autorité de déterminer la répartition des
tâches octroyées. Donc, quelles seraient les conséquences ou les risques de ne
pas prendre en considération cette recommandation-là sur le droit de gestion?
M. Gagnon
(Alexandre) :En fait, le message qu'on a
aujourd'hui, c'est beaucoup de dire, considérant que... On comprend qu'il n'y a
pas eu de consensus... lorsqu'il y a pu avoir des discussions au préalable
avant le dépôt du projet de loi. Ça a amené à une définition qui est quand même
assez, assez vague de qu'est-ce que va être la polyvalence qui va être
acceptée. Dans ces circonstances-là, on veut qu'il y ait un message clair que
la volonté du législateur, la volonté du projet de loi, c'est que cette
interprétation-là soit vue très largement. L'objectif, c'est de... que... qu'il
y ait un message clair qui soit envoyé, parce que... Évidemment, il y aura des
conflits, il y aura des litiges éventuellement. On veut qu'aujourd'hui qu'il
soit exprimé clairement que la volonté était que ce soit interprété le plus
largement possible.
• (17 h 20) •
Mme Cadet : ...donc, votre
recommandation au législateur, c'est qu'on laisse, donc, cette définition-là de
polyvalence telle quelle, puis ensuite, donc, ça se précisera. Mais, pour vous,
c'est un continuum normal, régulier, donc vous préférez qu'on ne touche pas,
qu'on ne précise pas, à l'heure actuelle, la définition qui nous est soumise.
C'est bien ça?
M. Gagnon
(Alexandre) :Bien, ça va... à notre autre
recommandation qui suit, là, en lien avec le nombre de métiers. Si vous... si
vous réduisez le nombre de métiers qui sont réglementés au Québec, hein, les
faire passer de 26 à cinq ou à sept, évidemment, le besoin de polyvalence,
qu'ils soient réglementés par cette définition-là, sera moins important. Mais
tant et aussi longtemps qu'on n'a pas obtenu une certaine normalité dans les
métiers qui sont réglementés, dans la flexibilité des tâches qui seront
effectuées, on aura besoin d'une grande flexibilité dans l'interprétation des
clauses qui nous sont présentées dans la définition.
Mme Cadet : D'accord. Puis
juste...
M. Gagnon
(Alexandre) :On pourra en reparler...
Mme Cadet : Oui, c'est ça.
Puis juste pour être bien certaine, pour le deuxième volet de ma question, qui
était sur le droit de gestion, là, je comprends bien ce que vous dites, donc,
l'interprétation plus... assez large, avec une intention très claire du
législateur au règlement, donc, permettrait, donc, d'éviter différents... des
différends en la matière. Je vous vois hocher de la tête, donc c'est bien ça.
Bien, vous avez fait vous-même, donc, la
transition vers votre prochaine recommandation, sur la réduction du nombre de
métiers progressive. Vous l'amenez sous l'angle de la pénurie de main-d'œuvre,
ce qui n'est pas nécessairement ce qu'on a vu précédemment, en fait, par le
biais de vos prédécesseurs ici. Donc, vous, donc, en quoi cette proposition-là,
donc, viendrait, donc, amoindrir, donc, la pénurie de main-d'œuvre dans un
secteur où on sait que la main-d'œuvre va être amenée à croître dans les
prochaines années, avec l'augmentation des besoins?
M. Gagnon
(Alexandre) :C'est une réalité qui est
davantage dans les plus petits secteurs, les plus petits chantiers, dans les
plus petits chantiers, où quelqu'un est limité dans certaines tâches. Il y a
beaucoup de temps de va-et-vient et de temps improductif dans le travail d'une
personne, puisqu'il ne peut pas... faire les... il est obligé d'attendre que
l'autre spécialiste passe, et que l'autre entrepreneur passe pour faire...
continuer les travaux. Donc, en ayant autant de métiers, ça nécessite beaucoup
de va-et-vient, beaucoup de temps improductif, de temps d'arrêt de chacun des
entrepreneurs. Et il nous semble important, pour maximiser le temps travaillé,
le temps de présence, que cette personne-là ait le maximum de flexibilité, pour
faire le maximum de tâches, et qu'il puisse ainsi être beaucoup plus productif
sur les chantiers et donc requérir moins d'embauches d'autres travailleurs.
Donc, on peut engager plus de travailleurs ou on peut rendre nos travailleurs actuels
beaucoup plus productifs. Les deux façons de faire, il faut y travailler pour
les... il faut les rendre possibles.
Mme Cadet : Parfait, je
comprends. C'est un continuum, donc ils interagissent l'un avec l'autre, comme
critère. Évidemment, donc, moi aussi, donc, j'irais vers la question de la
négociation de la rétroactivité. En effet, donc, vous arrivez avec une
proposition mitoyenne. Ici, donc, vous nous proposez que le... donc, on a...
donc, d'enlever le fonds, de laisser ça pleinement aux parties. Est-ce que...
Donc, je comprends que, pour vous, donc, il n'y a pas de nécessité de mettre en
œuvre un mécanisme pour accompagner la permission, là, de pouvoir négocier la
rétroactivité dans les conventions collectives? Donc, j'ai souvent posé cette
question-là, donc, si ces deux propositions là sont un peu indissociables. Le
ministre a parlé, donc, des... difficultés...
Mme Cadet : ...donc qui
viendrait avec le fait d'avoir la rétroactivité seule en fait, de vous entendre
là-dessus, je comprends que c'est... que vous laisserez ça libre, mais est-ce
que vous verriez un autre type de mécanisme, par exemple, qui ne serait pas
aussi contraignant que... contraignant que le fond, mais qui pourrait être
applicable pour pouvoir répondre à certaines des interrogations que le
législateur pourrait avoir?
M. Gagnon
(Alexandre) :On pourrait inventer tout
type de mécanisme. On pourrait proposer plein de choses. On pourrait par
exemple dire que la rétroactivité, puis quantifier, serait perçue à partir de
cotisations dans l'avenir pour payer ces cotisations- là. Mais ne prenez pas ma
recommandation... ne prenez pas notre recommandation aujourd'hui parmi ça. On
n'est pas les intervenants pour ça. Il faut mettre les bons acteurs autour de
la table pour négocier ça. C'est eux qui vont déterminer les meilleurs moyens.
Puis nous, ce qu'on veut, c'est que vous leur donniez la... l'ensemble des
outils à disposition pour les négocier, les possibilités potentielles, là.
Mme Cadet : Merci. Donc, je
biffe les notes que j'ai prises, vous me dites de ne pas tenir ça en
considération, à la blague. Donc, je rétropédalage un peu, là, sur la
recommandation plus... plutôt curieuse, donc d'inciter, si nécessaire,
contraindre des travailleurs de l'industrie de la construction ayant
fréquemment recours à l'assurance-emploi à participer à des programmes de
formation visant l'acquisition des métiers supplémentaires. Est-ce que ce
serait applicable, ça, comme... comme proposition? Comment vous voyez ça?
M. Gagnon (Alexandre) :Oui. Je vais laisser ma collègue Audrey répondre.
Mme Langlois
(Audrey) :Parfait. Donc, bonjour. Alors,
oui, on sait, l'industrie de la construction, c'est quand même un secteur où
est-ce que ça peut être saisonnier, où ça peut être cyclique, ça peut dépendre
également des régions et du niveau d'activité. Donc, ce qu'on a remarqué,
notamment avec l'étude d'impact réglementaire que le gouvernement a fournie en
amont de la présentation du projet loi 51, c'est qu'il y a quand même
certaines professions qui ont une moyenne annuelle d'heures travaillées en deçà
de 1 000 heures de travail. Donc, on voulait justement proposer que
ces travailleurs-là puissent développer de nouvelles compétences, acquérir
peut-être des nouvelles cartes de...
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
suis désolée, Mme, je suis désolée, c'est tout le temps que nous avions. Je...
Une voix : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je dois passer la parole maintenant au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois. Toujours un plaisir de vous voir en
commission. Je fais un peu de millage sur la question de ma prédécesseure, en
lien avec la rétroactivité. Moi, je... j'ai honnêtement été surpris de votre
proposition, là, de dire qu'on devrait permettre aux parties de la négocier. Et
je dis «surpris», pas tant en fonction de votre organisme que elle détonne de
l'ensemble des autres organisations, du côté patronal, on va dire, qui sont
passées aujourd'hui. Donc, je me réjouis que vous ameniez un peu cette note de
nuance, j'oserais dire, dans ce débat-là. Parce qu'à mon avis c'est une forme,
je dirais, de... presque de discrimination d'un secteur économique, qu'on ait
décidé qu'il n'y ait pas de possibilité. Après ça, est-ce qu'il va
nécessairement y en avoir une? Moi, je ne suis pas en train de dire qu'il faut
qu'il y en ait obligatoirement une. C'est pour ça que la solution du ministre,
moi, ne me convenait pas tout à fait. Puis, là-dessus, on se rejoint
visiblement. Je la trouvais un peu compliquée. Je pensais qu'elle avait...
j'étais convaincu qu'il avait une bonne intention, mais je la trouvais un peu
compliquée. Bref, donc, salut, bravo pour votre recommandation à ce niveau-là.
Je pense qu'avec un peu d'espoir, c'est peut-être vers là qu'on s'enligne
tranquillement. On verra bien l'étude détaillée dans les prochaines semaines.
Je voudrais vous amener sur le dossier de
la... de la présence des femmes dans l'industrie la construction. Plusieurs groupes
en ont parlé. Il y a, entre autres, Action travail des femmes qui a fait la
recommandation d'avoir des espèces de quotas, là, des programmes ouverts ou, je
ne me souviens plus du terme technique, là, mais un nombre minimal de présence
de femmes dans les contrats publics. Puis on sait bien que c'est l'État qui est
le principal donneur d'ouvrage dans beaucoup de domaines. Est-ce que c'est une
notion pour vous qui est dans la... dans le domaine de la raisonnabilité, de
mettre ce genre de quotas là pour, dans les faits, aller un peu plus vite en
matière de présence de femmes dans l'industrie?
M. Gagnon
(Alexandre) :Le gros défi dans
l'industrie de la construction pour attirer les femmes vient avec le marketing
de la profession d'attirer ces femmes-là, mais aussi de les retenir. On... Il y
a... il y a eu d'énormes... vous avez participé d'ailleurs à plusieurs
discussions récemment, notamment avec le projet de loi n° 42, avec le projet de
loi n° 59 en santé et sécurité, qui a... qui a mis de l'avant certaines
cultures parfois un peu difficiles, un peu passées date, jusqu'à un certain
point, de la façon qu'on... que... que... que c'est géré parfois dans
l'industrie de la construction, il y a des belles mesures qui ont été
proposées, quant à de la formation, quant à prévenir, à identifier les
situations de harcèlement puis de... de... en milieu de travail. Donc, il y a
tout un cycle pour s'assurer que c'est une industrie qui va être plus attirante
pour attirer des candidatures, pour attirer des femmes et intégrer l'industrie
de la construction. Si aujourd'hui on intégrait un quota dans certains
contrats, ça ne serait pas par la mauvaise volonté des parties prenantes...
M. Gagnon
(Alexandre) :...des parties prenantes que
ça ne serait pas acquis, ce serait par la difficulté de cette industrie à
attirer les femmes à venir travailler dans l'industrie. Il faut travailler par
rapport à cet enjeu-là avant même de penser à mettre en place des quotas qui
seraient hors de contrôle des personnes de... de venir à les intégrer et à les
respecter éventuellement. Donc, il y a un travail préalable bien important à
faire auparavant.
M. Leduc : Pardon?
La Présidente (Mme D'Amours) : 20
secondes.
M. Leduc : 20 secondes. Vous
faites... raison de parler de la culture, mais il y a aussi, des fois, les
patrons qui peuvent dire : J'ai entendu des histoires, moi, je n'embauche
pas ça, des femmes. Ça fait que comment on traite ça autrement que par des
quotas comme ça?
Mme Langlois
(Audrey) :Si je peux me permettre, assez
rapidement, on a quand même un comité infrastructure construction à la CCQ.
Notre président de comité est une femme, et moi, j'ai remarqué qu'on avait
beaucoup de femmes...
La Présidente (Mme D'Amours) : Ça
tombe sur vous. Je suis désolée, madame, ça tombe sur vous. On a peu de temps,
désolée. Je cède maintenant la parole au député de Jean-Talon.
M. Paradis : Merci beaucoup
pour votre mémoire et votre présence parmi nous aujourd'hui. Vous... Sur la
question du nombre de métiers, vous proposez donc que la Commission de la
construction soit chargée, d'ici cinq ans, de réduire le nombre de métiers, et
qu'à défaut le ministre le fasse. De manière intéressante, la commission est
venue témoigner aujourd'hui, puis elle nous rappelle qu'il y a quatre piliers,
là, vraiment importants dans tout ça, et qu'il y en a un que c'est la
concertation. Ça fait partie du modèle québécois, puis le ministre, je pense, a
beaucoup insisté là-dessus aussi, et c'est pour ça que, sur cette question-là,
il s'en remet un petit peu, je pense, au Comité des... des relations de
travail. Il va dire : On va envoyer, puis les gens vont discuter. Quel est
l'effet, selon vous, de ce que vous proposez, justement, sur cette partie du
modèle québécois, qui semble être une de nos forces, la concertation?
• (17 h 30) •
M. Gagnon
(Alexandre) :On est dans le cœur de
cette... de cette force-là du modèle québécois, la concertation. On veut passer
par cette concertation-là. On veut que les gens, autour de la table de
négociation, autour de la table de la Commission de la construction du Québec,
que les comités qui sont constitués par la Commission de la construction du
Québec travaillent ensemble à arriver à ce résultat-là. Cependant, le passé
nous a démontré que, sans une certaine pression utile, un certain délai, sans
un objectif devant eux, puis c'est commun à n'importe quelle table de
négociation, entendons-nous, c'est difficile d'en arriver à un consensus puis à
arriver au résultat. Donc, il faut leur donner un délai. Ça a... On a eu des
bons résultats, par le passé, en amenant des délais précis pour amener cette
pression et amener les gens à travailler sérieusement à l'atteinte de ce
résultat-là.
M. Paradis : Très bien. Sur
la question de la mobilité, il y a une phrase de la page 4 de votre mémoire,
là, qui dit que, bien, les limitations à la mobilité ne peuvent plus être
motivées par un objectif de protéger la main-d'œuvre régionale. J'aurais aimé
vous entendre aussi, là, sur cette question là de l'intérêt des régions face à
votre proposition.
La Présidente (Mme D'Amours) : En
35 secondes.
M. Gagnon
(Alexandre) :Oui. Audrey, est-ce que tu
veux y aller? Oui?
Mme Langlois
(Audrey) :Je peux aller assez rapidement.
Ce qu'on a observé, c'est, quand même, plusieurs régions où est-ce que les
bassins de main-d'œuvre sont souvent ouverts. Donc, il y a quand même un besoin
de main-d'œuvre un peu partout au Québec. On a un taux de postes vacants qui
demeure quand même relativement élevé en construction. Et, autrement dit, la
mobilité de la... la mobilité régionale, là, il faut la regarder d'un point de
vue d'un travailleur. Est-ce que ça veut dire qu'un travailleur qui est à
Montréal va aller travailler nécessairement en Beauce? Pas obligatoirement,
mais il peut y avoir des chantiers qui peuvent devenir très, très intéressants
et qui peuvent inciter à se déplacer.
Donc, pour nous, cette restriction là,
aujourd'hui, n'a plus sa raison d'être, dans un contexte où est-ce qu'on a des
projets d'infrastructure de plus en plus importants. On a d'autres grands
projets qui arrivent bientôt avec Hydro-Québec, où est-ce qu'on va avoir besoin
de 35 000 travailleurs. Et ça, c'est une notion que je vais vous marteler
aujourd'hui, c'est important de prendre en considération, les besoins sont
grandissants, et les travailleurs qui souhaitent se déplacer d'une région à une
autre devraient pouvoir le faire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
je suis désolée. Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux de la
commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin que nos prochains invités prennent place.
(Suspension de la séance à 17 h 33)
17 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 37)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite maintenant la bienvenue à la Régie du
bâtiment du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, puis nous procéderons à une période d'échange. Je vous invite donc à
vous présenter et à nous donner votre exposé, s'il vous plaît.
M. Beaudoin (Michel) : Merci,
Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes et MM. les députés, c'est avec grand
plaisir que je m'adresse à vous dans le cadre de la consultation particulière
sur le projet de loi no 51. Pour l'occasion, je suis accompagné de Mme Sylvia
Garcia, vice-présidente à la réglementation et à l'innovation. M. Stéphane
Petit, vice-président aux relations à la clientèle, et Jean-François Paquette,
vice-président aux enquêtes. Je suis Michel Beaudoin, président-directeur
général de la Régie du bâtiment du Québec.
D'emblée, je tiens tout d'abord à préciser
que la RBQ est favorable aux objectifs poursuivis par le projet de loi de
modernisation de l'industrie de la construction, notamment en ce qui a trait à
la mise en place du principe de polyvalence dans l'organisation du travail.
Nous aurons d'ailleurs l'occasion d'y revenir. La RBQ n'est bien sûr pas
directement visée par le projet de loi no 51. Toutefois, à titre d'acteur clé
de l'industrie, la RBQ contribue à améliorer la productivité dans l'industrie
de la construction au Québec.
Ce projet de loi comporte des dispositions
relatives à la mobilité et à la polyvalence des travailleurs de construction.
Rappelons que les employeurs...
M. Beaudoin (Michel) : ...travailleurs
doivent être titulaires d'une licence d'entrepreneur permettant la réalisation
des travaux de construction. Par conséquent, toute modification apportée aux
règlements applicables aux travailleurs de la construction peut avoir un effet
sur l'entrepreneur de construction. À cet égard, notez que la RBQ a déjà... et
est déjà en processus de modernisation. Nous vous exposerons aujourd'hui les
principaux projets et, bien sûr, ses réalisations.
D'entrée de jeu, permettez-nous de vous
présenter la RBQ en quelques mots. La RBQ a pour mission de surveiller
l'application de la Loi sur le bâtiment, notamment en vue d'assurer la
protection du public. Elle veille à la qualité des travaux de construction et à
la sécurité des personnes en adoptant et en appliquant notamment le code de
construction et le code de sécurité dans 11 domaines d'intervention. La
RBQ encadre aussi la qualification professionnelle des entrepreneurs de même
que leur probité. Au Québec, on compte près de 53 000 entrepreneurs
détenteurs d'une licence, incluant ceux dont la qualification professionnelle
relève de la Corporation des maîtres électriciens ou de la Corporation des
maîtres tuyauteurs. Par ses actions, la RBQ joue un rôle clé pour assurer la
qualité des travaux de construction et de sécurité du public. Cette
responsabilité est toutefois partagée par l'ensemble des acteurs de
l'industrie. Nous pensons, entre autres, aux concepteurs, tels que les
architectes, les ingénieurs, les technologues, ou aux entrepreneurs, mais aussi
aux travailleurs et aux propriétaires. Tous ont un rôle à jouer pour assurer la
qualité des travaux de construction et la sécurité du public. La Régie du
bâtiment n'est pas seule.
• (17 h 40) •
Le projet de loi n° 51 est un pas
supplémentaire vers la modernisation de l'industrie de la construction. La RBQ
contribue aussi à cette modernisation grâce à des projets importants en cours,
entre autres en matière de réglementation et de qualification. La RBQ est
responsable de faire évoluer le code de construction et le code de sécurité
dans ces domaines d'intervention. Ces codes évoluent en fonction des normes les
plus à jour et des nouvelles technologies. La RBQ siège sur près de
80 comités nationaux où on élabore les normes techniques applicables à
l'industrie de la construction. En 2020, la régie... le Québec a signé un
accord de conciliation qui vise à harmoniser les codes de construction
applicables dans les différentes provinces et des territoires. Cette
harmonisation permettra de faciliter la mobilité de main-d'œuvre et le commerce
et de réduire les coûts pour les entreprises qui exercent leurs activités dans
plusieurs provinces et territoires. De plus, l'accord prévoit de réduire les
délais d'adoption pour avoir les normes les plus récentes. Déjà, depuis la
signature de l'accord, nous avons réduit de deux ans les délais d'adoption par
le Québec, qui étaient initialement de cinq ans. D'ailleurs, des projets de
règlement visant l'adoption des codes visés par cet accord ont été publiés en
décembre 2023 et en février 2024 pour obtenir les commentaires des publics.
La RBQ joue un rôle important dans les
travaux d'harmonisation. Ses actions répondent aux objectifs de productivité
sur les chantiers et de mobilité de main-d'œuvre. De plus, la Régie du bâtiment
travaille à faire en sorte que les mêmes normes de construction soient
applicables à l'ensemble des municipalités du Québec. En effet, la Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif, c'est-à-dire le projet de loi n° 17, a été
sanctionnée le 27 octobre dernier, qui octroie à la RBQ les pouvoirs requis
pour atteindre cet objectif. Il sera alors plus facile pour un entrepreneur et
ses travailleurs de construire des bâtiments, puisqu'ils devront respecter les
mêmes normes sans égard aux municipalités. Cela réduira le risque d'erreur et
améliorera la qualité de la construction, étant donné... les plus hauts
standards s'appliqueront, que les bâtiments soient construits à Gaspé ou à
Montréal. Cette simplification des règles applicables est un moyen concret pour
favoriser la qualité de la construction et la productivité.
La qualité des travaux et la sécurité du
public doivent également reposer sur la qualification adéquate des
entrepreneurs. C'est pourquoi la RBQ poursuit ses travaux afin de moderniser
son système de qualification. La RBQ évalue les compétences professionnelles
des entrepreneurs dans plusieurs volets, soit l'administration, la gestion de
sécurité sur les chantiers de construction, la gestion des projets de chantier
et...
M. Beaudoin (Michel) : ...bien
sûr, l'exécution de travaux de construction. Pour obtenir une licence de
répondant, l'entreprise doit démontrer à la... à la RBQ qu'il détient les
compétences dans ces domaines.
Depuis 2022, de nouvelles obligations de
formation continue s'appliquent au répondant en exécution de travaux de
certaines sous-catégories. Ces nouvelles obligations répondent aux demandes de
l'industrie et ont été élaborées en partenariat avec la CMEQ et la CMMTQ. Ces
corporations sont d'ailleurs venues en commission vous parler de cette
obligation. La formation continue obligatoire vise à maintenir les compétences
des répondants, notamment par la connaissance des règles de l'art, des codes et
des normes les plus à jour.
Ce projet est attendu depuis plusieurs
années. Il s'agit d'un changement de culture important dans l'industrie de la
construction. Pour la RBQ, il s'agit d'une première phase qui servira d'assise
pour des élargissements éventuels dans cette obligation à d'autres répondants.
La première période de référence se termine d'ailleurs le 31 mars
prochain.
La RBQ salue aussi la modification
apportée par le projet de loi n° 51 qui vise à accroître la polyvalence
dans certains métiers. Ce principe est en cohérence avec la notion de travaux
connexes utilisée par le règlement sur la qualification professionnelle des entrepreneurs
de construction pour un constructeur propriétaire établi par la RBQ. En effet,
la notion de travaux connexes permet à une... une certaine flexibilité, je
m'excuse, en prévoyant que le titulaire d'une licence peut exécuter certains
travaux connexes à ceux compris dans les sous-catégories qui le détiennent.
Nous souhaitons rassurer les parlementaires sur le fait que la RBQ verra à
arrimer ces deux notions, et ce, afin d'assurer une cohérence entre la
réglementation de la Commission de la construction du Québec et celle de la
RBQ. Nous sommes d'avis que cette polyvalence doit répondre aux exigences de
santé et sécurité autant pour les travailleurs que les occupants des bâtiments.
Nous sommes heureux de constater que le principe de polyvalence est bien défini
et encadré par le projet de loi n° 51.
En conclusion, nous tenons à souligner à
nouveau l'appui de la RBQ au projet de loi n° 51. Comme le ministre l'a
mentionné en commission parlementaire, ce projet de loi est un jalon dans les
travaux de modernisation dans l'industrie de la construction. La RBQ collabore
aux initiatives visant à cette modernisation. En plus des réalisations
concrètes exposées par la RBQ, celle-ci travaille en collaboration avec ses
partenaires afin de mettre en place un nouveau modèle d'inspection et de
surveillance et assure la qualité des travaux et la sécurité du public. La RBQ
aide aussi à mettre en œuvre également de nouveaux encadrements des inspecteurs
en bâtiment et en habitation. De plus, il continue à faire progresser sa réglementation
et ses pratiques. Soyez assurés que tout le personnel de la RBQ et même que les
membres du Conseil d'administration sont investis et mobilisés et déterminés à
réaliser ces mandats.
La RBQ remercie les parlementaires pour
leur travail sur cet important projet de loi. Nous sommes disponibles pour vos
questions.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous remercie pour votre exposé. Nous allons débuter notre période d'échange.
M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. Beaudoin, à vous et votre équipe, pour votre
contribution, pour la préparation du mémoire puis pour la livraison que vous
venez de faire. Évidemment, vous êtes un acteur éminemment intéressé par les
objectifs du projet de loi. Je comprends que vous ne pouvez pas vous exprimer
sur le mérite, mais en même temps, vous jouez un rôle. Puis j'aime bien le mot
que vous utilisez, le projet de loi est un «jalon» parmi bien d'autres.
Ça fait que je vais y aller plus avec des
questions de précision ou des commentaires que je pourrais faire. Mais vous
émettez combien de licences d'entrepreneurs par année? Est-ce que c'est...
M. Beaudoin (Michel) : 53 000
licences.
M. Boulet : 53 000?
M. Beaudoin (Michel) : Incluant
ceux de la CMEQ et de la CMMTQ.
M. Boulet : O.K., les maîtres
électriciens et les maîtres tuyauteurs?
M. Beaudoin (Michel) : Tout à
fait.
M. Boulet : Et il y a combien
de ces licences-là qui réfèrent à la notion de travaux connexes? On nous parlait,
un groupe qui est venu ici, de 4 %, 5 % des licences. Ou quand on
définissait les tenants et aboutissants de ce à quoi l'entrepreneur était
autorisé, on utilisait...
M. Beaudoin (Michel) : La
notion de travaux connexes peut être utilisée dans tout domaine, principalement
dans le domaine des licences touchant...
M. Beaudoin (Michel) : ...le
domaine du... des licences générales ou, si jamais il y avait une proposition
de faite où la licence... les spécialisés pourraient être interpellés, ça touche
particulièrement ceux des... bien, j'allais dire à peu près l'équivalent... Je
n'ai pas le nombre exact avec moi, mais peut-être Jean-François peut m'aider,
là.
M. Paquet (Jean-François) : Oui,
si vous voulez, bien, la notion de connexité peut s'appliquer à la majorité des
entrepreneurs qui ont des... différentes sous-catégories. Dans le fond, c'est
un principe qui permet justement d'avoir une flexibilité dans les travaux qui
sont reliés ou qui sont nécessaires à l'exécution de leur contrat principal.
M. Boulet : O.K. Vous
mentionnez aussi... on nous a parlé de l'importance de sensibiliser les
détenteurs de licence à la diversité. On va commencer par la diversité. Après
ça, il y a la prévention du harcèlement. Puis je sais que vous avez mis en
place des obligations de formation continue pour ce que vous appelez les
répondants en exécution de travaux, comme une première phase. Je pense que ça,
c'est une réglementation qui date de 2022. Ma question : C'est quoi, la
formation pour s'assurer que les entrepreneurs intègrent bien des concepts
d'inclusion et de diversité dans l'industrie de la construction? Est-ce qu'il y
a des notions, dans votre formation, qui réfèrent à l'inclusion et à la
diversité?
• (17 h 50) •
M. Beaudoin (Michel) : Dans
la notion qui touche la formation continue, on inclut des obligations de
formation qui touchent, en principe... Puis là je vais être plus général. Pour
les répondants techniques, 18 heures aux deux ans. Sur les 18 heures,
il y a huit heures qui sont... touchent les normes. Et pour ce qui est du
deuxième huit heures potentielles, ces huit heures-là sont desservies pour,
entre autres, toucher l'inclusion, avoir de la formation touchant, entre
autres, le harcèlement psychologique, ou des choses comme ça. Généralement,
c'est aux... ces heures-là sont transférées chez nous et permettent,
éventuellement, aux entrepreneurs d'être mieux formés, hein? Vous le savez, les
normes évoluent rapidement. Et quand on parle d'inclusion, chez nous, inclusion
des femmes, il y a tout près de 10 % des répondants techniques qui sont
des femmes chez nous, dans les entreprises et dans les détenteurs de licence,
alors c'est important que ces gens-là soient inclus.
On essaie aussi de se rapprocher... On est
allés, dernièrement, voir les autorités, avec la CCQ, pour être capables de
travailler et rapprocher la formation, pour que les gens et les Autochtones
soient aussi impliqués. On veut rapprocher la régie des milieux en région aussi
pour permettre d'avoir un plus grand accès à la licence d'entrepreneur. Alors,
cette inclusion-là se fait par la formation, par la porte d'entrée
éventuellement, qui est une licence d'entrepreneur et qui nous permet
éventuellement d'avoir des gens un peu... un peu partout, qui peut aller se
chercher une licence d'entrepreneur. Alors, l'inclusivité se fait à partir de
l'entrepreneuriat d'une personne, que tu sois un Autochtone, un Québécois, une
femme. Les gens sont de plus en plus intéressés à devenir entrepreneurs au
Québec. Et, quand on regarde les chiffres, en 2024, il y avait tout près de
28 000 entrepreneurs. Aujourd'hui, on a tout près de
53 000 entrepreneurs. Donc ,il y a beaucoup, de plus en plus
d'intérêt aux gens de devenir entrepreneurs au Québec.
M. Boulet : ...ce n'est pas
la mission primaire de la Régie du bâtiment que de former nécessairement sur
des concepts comme la diversité ou la prévention du harcèlement. Votre mandat,
c'est de voir à l'application de la Loi sur le bâtiment, de vous assurer que
les licences sont émises à des entrepreneurs qui ont les qualités puis les
compétences pour bien construire le Québec et... Mais quand même, c'est devenu
un enjeu tellement important, pas que dans l'industrie de la construction. Mais
tenant compte de votre rôle, tenant compte des obligations de formation
continue pour les répondants et tenant compte qu'il y a une nouvelle phase à
venir, vous vous exprimez bien sur la diversité. La diversité, c'est les
groupes qui sont reconnus et qui nous interpellent dans le projet de loi. Il y
a les communautés autochtones. Au-delà des femmes, il y a les personnes
immigrantes et les personnes des minorités visibles. J'imagine... Ce que vous
me mentionnez, c'est qu'il y a 10 % des détenteurs de licence qui sont des
femmes.
M. Beaudoin (Michel) : Des
répondants techniques.
M. Boulet : O.K.
M. Beaudoin (Michel) : Vous
avez quatre...
M. Boulet : Oui, allez-y.
M. Beaudoin (Michel) : Vous
avez quatre répondants techniques dans le... pour avoir l'acquisition d'une
licence, d'être propriétaire d'une licence ou d'être entrepreneur ou détenteur
d'une licence de la Régie du bâtiment, et on a tout près de 10 % qui sont
des femmes, qui sont répondantes dans des entreprises. Vous avez aussi des
groupes qui se sont mis en place...
M. Beaudoin (Michel) : ...les
Elles de la construction, je pense que vous en avez parlé d'ailleurs un peu,
qui permettent à elles aussi d'aider à faire grandir l'industrie et à
intéresser les femmes à venir dans l'industrie. Je vous parlerai qu'on a
participé au Cercle économique régional des Premières Nations pour aider à
intéresser et à rapprocher les Premières Nations à venir... à être détenteurs
de licence. Il y a des entreprises qui ont aussi... des entreprises autochtones
qui sont très proactives dans le Nord. Alors, cette ouverture-là est toujours
très grande, et oui, il y a tout près de 10 % des femmes qui sont
répondantes.
M. Boulet : Vous connaissez
les Elles de la construction...
M. Beaudoin (Michel) : Très
bien.
M. Boulet : ...vous savez que
je les ai rencontrées au centre-ville de Montréal il y a deux semaines. Ils
sont à construire une clinique de fertilité au centre-ville de Montréal. Puis
effectivement j'ai rencontré une tuyauteuse, mais elle était la seule sur les
20 salariés ou travailleurs, travailleuses de la construction dans la
construction de ce projet-là. Mais j'ai rencontré les membres de leur conseil
puis les salariés présents sur le chantier. C'était vraiment intéressant, puis
on a parlé beaucoup d'intégration des femmes.
Je veux aussi qu'on parle d'un sujet qu'on
n'a pas tant abordé, c'est le travail au noir puis l'évasion fiscale.
Évidemment, je vais me servir un peu de votre présence pour faire un peu de
pédagogie, parce que le collègue de Jean-Talon en a fait référence, il y a des
subventions qui sont consenties par Québec et il y a du travail en
collaboration qui se fait par la CNESST, la CCQ et la RBQ. Donc, c'est des
montants spécifiques à chacun. Puis, vous savez, parce que vous travaillez en
collaboration avec les deux autres partenaires dont j'ai parlé, mais la CCQ,
puis Mme Murray ne l'a pas détaillé, là, mais il y a des contrevenants
chroniques. Et il y a des interventions qui se font, il y en a à peu près 200
par année. Il y a des... à peu près 5 000 visites de chantier puis il y a des
ressources qui sont dédiées à ce qu'il y ait le moins d'évasion fiscale, puis
on n'est malheureusement pas un secteur qui est à l'abri de l'évasion fiscale
ou du travail au noir.
Il y a la CNESST qui fait des informations
avec les ministères, puis avec la sécurité publique, puis des interventions.
Mais la RBQ, je voyais, puis j'aimerais ça que vous m'en parliez, mais il y a à
peu près 10,5 millions, en tout cas, il y a autour de 10 millions par année qui
sont consentis par Québec à ces trois organismes-là pour lutter contre
l'évasion fiscale. Mais je voyais à peu près 15 000 vérifications que vous
faites, j'imagine, avant d'émettre des licences pour entrepreneur, faites des
vérifications d'antécédents judiciaires et des suivis personnalisés de
sécurité. Est-ce que vous pouvez nous en parler, puis je suis convaincu que ça
intéresse tout le monde?
M. Beaudoin (Michel) : Grand
plaisir. C'est pour ça que je me fais accompagner de mon vice-président... à
la... aux enquêtes. Alors, allez-y, M. Paquet.
M. Paquet (Jean-François) : Oui,
Mme la Présidente. Pour ce qui est des vérifications d'antécédents criminels
qu'on effectue en collaboration avec la Sûreté du Québec, on a un mandat de
surveiller la probité, bien sûr, des entrepreneurs. Donc, s'ils ont été
reconnus coupables dans les dernières années de, par exemple, de fraude ou de
collusion, à ce moment-là, c'est des actes criminels qui empêchent d'avoir une
licence. Donc, on fait des vérifications préalables avant la délivrance d'une
licence, d'une part, et des suivis personnalisés de sécurité... Après la
vérification, on a un automatisme, dans le fond, qui permet de s'assurer que,
s'il y a des condamnations ultérieures après la délivrance de la licence, à ce
moment-là, on peut reconvoquer l'entrepreneur devant les régisseurs de la régie
pour soit suspendre ou annuler, le cas échéant, tout dépendamment des
condamnations qui auraient fait l'objet pour s'assurer d'un suivi de la probité
en continu des conditions de maintien de la licence, en somme.
M. Boulet : Ça va. Et vous
faites à peu près 15 000 vérifications.
M. Paquet (Jean-François) : Oui,
dans le fond, il y a des vérifications, comme vous avez mentionné, pour tout ce
qui est antécédent, la probité, les suivis personnalisés, mais il y a aussi
toutes les dénonciations qu'on reçoit des partenaires, les plaintes de la
clientèle, mais on fait aussi, bien sûr, nos propres vérifications terrain,
notamment dans le domaine de la construction résidentielle. Vous avez parlé
d'accès construction, à juste titre, justement, avec nos partenaires, on a mis
en place cette année, en 2023-2024, pour la Régie du bâtiment, une unité dédiée
particulièrement d'inspecteurs en conformité réglementaire, qui s'adressent...
qui font des vérifications seulement pour le domaine résidentiel. Donc, on est
rendu à près de 1 700 chantiers vérifiés au 31 décembre et plus de 2 000
entrepreneurs... 2800 entrepreneurs...
M. Paquet (Jean-François) : ...qui
ont été vérifier sur les chantiers dans le... avec une priorisation pour le
secteur résidentiel, incluant la rénovation.
M. Boulet : Super. Puis,
quand vous dites : Accès construction, accès, c'est l'acronyme qui réfère
à Action concertée pour contrer les économies souterraines. C'est bien ça?
M. Paquet (Jean-François) : Tout
à fait.
M. Boulet : En plus, vous
feriez à peu près 2000 interventions sur les chantiers. Ça, vous faites
des interventions pour s'assurer de la conformité à la loi sur le bâtiment,
puis vous... vous faites une vérification, j'imagine, de certains aspects de
probité puis de...
M. Beaudoin (Michel) : Accès
Construction est surtout axé sur la collaboration entre la CCQ, la CNESST, le
ministère du Revenu, même la police, même l'UPAC, d'être capables ensemble de
faire des échanges d'informations qui nous permettent d'agir adéquatement dans
les chantiers.
M. Boulet : C'est tellement
important, ne pas travailler en silos. Et là, je finissais avec ça, il y a à
peu près 2000 interventions sur les chantiers, mais il y a
39 journées, ce que vous appelez des interventions concertées. Donc, la
Régie du bâtiment, avec la commission de la construction, la CNESST et Revenu
Québec, qui est concernée au premier plan.
M. Beaudoin (Michel) : Tout à
fait.
M. Boulet : Et ça, comment ça
fonctionne, ces journées-là d'interventions concertées?
• (18 heures) •
M. Beaudoin (Michel) : Je
vais peut-être laisser Jean-François.
M. Paquet (Jean-François) : Oui,
et effectivement, donc, à chaque mois, on a des journées dédiées avec nos
partenaires pour intervenir, dans le fond, dans certaines régions, pour faire
des vérifications. Ça nous permet à ce moment-là de partager de l'information
et d'agir en commun justement par la suite dans... dans nos organisations
respectives, on peut agir, faire de la récupération fiscale pour Revenu Québec
ou encore pour CNESST, s'assurer de... que les salariés sont tous déclarés,
sont dans les bonnes unités d'accréditation. Et, pour nous, on s'assure,
évidemment, qu'ils sont conformes au niveau des répondants des catégories de
licence. Et bien sûr que tout est en règle au niveau des personnes impliquées
dans l'entreprise.
M. Beaudoin (Michel) : Je me
permettrais d'ajouter, M. le ministre, je pense que ce qui est important, c'est
surtout l'échange d'informations et la collaboration, elle est en amont, mais
aussi le citoyen qui intervient dans ces domaines-là et qui nous aide aussi à
dénoncer certaines situations. Et d'ailleurs, on porte beaucoup d'actions en
disant qu'un travail fait souterrain ou un travail au noir, ce n'est pas une
garantie de qualité. Alors, pour nous, on insiste sur le fait d'être... d'aller
de l'avant et de dénoncer ces situations-là, s'il y avait des choses
particulières.
M. Boulet : Il y a un impact
sur les ressources fiscales au bénéfice des Québécois, Québécoises. Puis le
ministère des Finances a toujours considéré qu'Accès construction avait un
bénéfice pour le maintien de l'équilibre des finances publiques. Puis ça, c'est
dans notre secteur.
M. Beaudoin (Michel) : On
parle de 5 milliards d'évasion fiscale.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Quand même. Et je veux simplement souligner en terminant le travail que vous
faites puis l'engagement de la RBQ à continuer dans cette direction-là, puis ce
que vous faites pour l'harmonisation des codes, pour la réduction des délais de
construction, les coûts, ça aussi, ça joue un rôle qui est vital, là, dans le
vaste chantier de modernisation de la construction. Et c'est tout à fait
compatible avec ce que nous faisons dans le projet de loi n° 51. Ça fait qu'il
y a une symbiose, il y a une concordance qui va nous aider, qui va faire du
Québec non seulement un pionnier, mais un environnement où la construction est
un secteur qui est inclusif, qui est diversifié, qui est performant puis qui
fonctionne de la manière la plus harmonieuse possible. C'est sûr qu'on sera
toujours perfectibles, c'est sûr qu'on aura constamment à s'analyser puis à se
faire des plans pour nous permettre d'atteindre nos objectifs. Mais nos objectifs
sont ceux des Québécois puis des Québécoises. Alors, merci de votre présence,
merci de votre engagement. Puis transmettez nos remerciements à toute l'équipe
de la Régie du bâtiment du Québec.
M. Beaudoin (Michel) : Oui,
ils sont tous là, M. le ministre, pour vous.
M. Boulet : Ils sont tous là.
Oui, j'en vois... j'en vois quelques-uns. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Donc, maintenant, je cède la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci beaucoup, donc, à l'équipe de la Régie du bâtiment
d'être avec nous cet après-midi. Donc, le dernier groupe, mais non le moindre.
Donc, on termine avec les différentes notions que vous abordez dans votre
mémoire et votre présentation. Le premier élément que j'ai en tête, c'est la
question de la formation continue. Et évidemment, vous avez... bien, vous
l'avez nommée, puis vous l'indiquez également, là, dans le document, là, que
vous nous avez transmis, donc, vous avez... vous les...
18 h (version non révisée)
Mme Cadet : ...entrepreneurs
ont certaines obligations en matière de formation continue, notamment des
répondants. J'en comprends par là que vous avez une certaine expertise dans le
domaine de la formation continue. Vous avez suivi des travaux, vous avez vu que
plusieurs groupes sont venus, en fait, nous dire : Donc, on pourrait s'inspirer
de ce qui se fait du côté de la RBQ en matière de formation continue et exiger
le même type d'obligations du côté des travailleurs, notamment, bon, on l'a vu,
donc, par exemple, qu'en matière, donc, de prévention, de harcèlement, etc.
Advenant le cas que nous, comme
législateurs, donc, on adopterait, donc, ce type de proposition là, de
dispositions législatives là, comment la RBQ pourrait être une ressource pour
inspirer la CCQ? Donc, comment est-ce que vous pourriez déployer votre
expertise pour que ce type de recommandation là soit mis sur pied de façon
adéquate?
M. Beaudoin (Michel) : D'entrée
de jeu, je veux juste quand même faire un historique sur la formation continue
qui date de quelques années, et qu'on a fini par faire aboutir en 2019-2020.
Merci, M. le ministre, parce que ça a permis d'aller de l'avant et faire en
sorte qu'on ait des entrepreneurs, hein, parce que ça évolue rapidement les
codes, et les codes changent, et pendant quelques années, pendant des années,
on demandait de la formation continue pour nos répondants.
Je veux juste dire que la majorité des
répondants sont des travailleurs dans la propre... dans leur propre industrie.
Quand on parle de répondants, c'est des travailleurs qui sont sur le chantier
et qui doivent... bien sûr, là, il y a 27 000 qui sont assujettis, c'est
la première phase, et on veut à grandir ça à l'ensemble des répondants, et c'est
les orientations qu'on peut prendre.
C'est sûr que s'il y avait des choix, pour
nous, il y a des... des dispensionnaires, c'est Mme Garcia qui en est
responsable puis qui pourrait vous en parler, mais pour nous, ce qui est
important, il faut que l'entrepreneur, il faut que les répondants de l'entreprise
soient au fait des normes des plus récentes pour qu'on soit capables ensemble
de faire évoluer l'industrie de la construction rapidement. Il y a des
nouvelles données qui rentrent, on parle du BIM, on parle des normes qui vont
passer de cinq à trois à 18 mois, on a l'harmonisation des codes, alors
tout évolue aussi rapidement et c'est certain que toute disposition qui peut
aider à faire en sorte que les gens comprennent plus adéquatement, nous, on va
être ouverts.
À cette heure, ma spécialité, c'est le
domaine de l'entrepreneuriat, c'est les entreprises et les répondants. Et c'est
sûr que notre expertise pourrait servir éventuellement à échanger avec nos
collègues, ce qu'on fait déjà, et je pense que, dans ce contexte-là, il y a un
beau travail qui se réalise.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Sur une autre lancée, la question du cloisonnement, puis évidemment, ça, je
comprends que vous ne vous prononcerez pas donc sur précisément sur les
propositions qui ont été mises de l'avant par les groupes. Donc, puisque vous
êtes du côté des entrepreneurs, peut-être de façon plus générale peut-être nous
expliquer, donc, comment, le... en raison, donc, de l'historique qu'on a que le
modèle d'affaires des entrepreneurs spécialisés s'est créé ou s'est adapté à
notre législation, donc, en matière, donc, de cloisonnement des métiers. Et
advenant, donc, le cas qu'il y ait des modifications, donc, à cet effet,
évidemment on parle de polyvalence dans le projet de loi tel que libellé, mais
on discute, on en... on verra où est-ce qu'on ira, donc, du côté de l'étude
détaillée. Peut-être, vous entendre, donc, sur cet élément là, je pense que ça
pourrait nous outiller, nous, comme législateurs.
M. Beaudoin (Michel) : Il
est... il est un peu difficile pour moi de m'expliquer sur le cloisonnement, j'ai
moins de spécialistes et de spécialités dans ce domaine-là, mais quand on parle
de polyvalence, on sent une volonté des gens et des entrepreneurs de voir à
faire en sorte qu'on puisse être plus polyvalents au Québec, et ça, c'est des
demandes qui sont faites.
Pour moi, la notion de cloisonnement, je
ne suis pas très spécialisé, j'aimerais mieux ne pas m'impliquer dans ce
domaine-là et je vais m'en tenir bien sûr à la notion d'entrepreneur et de
répondants techniques là-dessus.
Mme Cadet : Merci. Qualité
des travaux. Évidemment, donc un peu plus votre spécialité ici. Nous comme
législateurs, est ce que vous auriez des conseils, mais en fait ce qu'il ne
faudrait pas faire, là? Pas nécessairement vous prononcer sur les dispositions
du projet de loi, mais étant donné votre expertise, s'il y avait donc une
avenue. Vous dites : Non, il ne faudrait pas que le législateur, donc, se
dirige là parce que ça, ça pourrait affecter la qualité des travaux. Ce serait
quoi vos conseils pour nous?
M. Beaudoin (Michel) : Je m'alimente
beaucoup de ce qui s'est discuté durant la... cette consultation-là et je pense
que ça revient souvent : les planifications fonctionnelles et techniques, de
faire respecter les choix et de grandir adéquatement là-dedans. Je pense que,
quand il y a des modifications qui sont faites en cours de chantier, ça peut
être plus difficile aussi, autant pour les travailleurs que les entrepreneurs.
Encore là, je vais me restreindre un peu plus dans... Ma bonne... ma bonne
connaissance des licences et de la formation est de s'assurer que les normes
évoluent adéquatement au Québec...
Mme Cadet : ...je me
demandais aussi comment le projet de loi ou, en fait, l'essence donc de
travailler sur la productivité et l'efficacité des travaux, quel impact, donc,
ça pourrait avoir, donc, pour éviter des situations, là, comme celles qu'on a
vues dans... dans le faubourg Boisbriand? Est-ce que vous avez une opinion
là-dessus?
M. Beaudoin (Michel) : Dans
un faubourg Boisbriand, c'est à peu près voilà 15 ans, c'est quand même...
L'industrie a évolué depuis ce temps-là. Je pense que la responsabilité des
entrepreneurs a aussi grandi. On parle de responsabilité partagée, autant des
concepteurs. Il y a la notion qui touche aussi de la... du rôle des ingénieurs,
du rôle du concepteur, de suivre les plans adéquatement. Alors, quand... Je
pense que tout a évolué. Et vous allez éviter un peu, parce que c'est quand
même un conflit qui est... qui est quand même là. La régie n'est pas
nécessairement impliquée dans cette démarche-là. Je suis très empathique à ce
qui se passe dans Boisbriand. Je ne trouve pas ça agréable parce que c'est
encore une fois l'industrie qui paie. Mais en même temps on verra les
résultats. Mais je le répète, les entreprises de construction au Québec, c'est
des gens qui sont dévoués à leur industrie. Les travailleurs, ils sont dévoués
aussi. Il n'y a pas personne qui rentre sur un chantier en voulant faire de la mauvaise
construction. Et si c'était le cas, bien, on a des vice-présidents enquête puis
on a des organisations qui travaillent à régulariser les situations qui
pourraient être délicates ou au détriment d'un citoyen.
• (18 h 10) •
Mme Cadet : Donc, l'industrie
a évolué, donc, dans les 15 dernières années, vous l'avez bien mentionné
que c'est exact. Est-ce que vous pensez... Parce qu'évidemment, dans
l'intervalle, on n'a pas ouvert la loi R-20. Donc, ma question, ici, c'est
est-ce que, dans... en ouvrant la loi R-20, est-ce qu'il aurait des
dispositions qui pourraient nous permettre, donc, d'améliorer encore plus,
donc, le travail qui s'est fait dans la dernière décennie et demie à cet égard?
M. Beaudoin (Michel) : Je
comprends ce que vous dites. C'est un peu difficile pour moi de parler R-20,
mais quand j'entends parler de R-20 et que j'entends parler de... des enjeux de
mobilité, ou des enjeux de polyvalence, ou les travaux connexes, l'importance
d'avoir un code unique aussi au Québec, c'est ça qui évolue, hein? Je veux
revenir sur cette notion-là, hein? On construisait avec un code totalement
différent et moi... L'année dernière, on a réussi enfin à avoir la notion de
code unique acceptée dans un projet de loi quand, pendant 20 ou 25 ans, il
y avait des... des municipalités qui construisaient dans des normes datant de
1985, ce qui n'était tout à fait pas normal.
Alors, c'est dans ce rôle-là que la régie
veut faire en sorte que, lorsque les façons vont être claires, la façon de
travailler, avec des codes uniques, des actions concertées, une qualification
adéquate, je pense que, dans ce contexte-là, on va améliorer l'industrie. Et
l'industrie quand même... Il y a des beaux travaux qui se font au Québec, il y
a des gens dévoués, il y a des entreprises dévouées. 80 % sont des PME,
des petites entreprises. Il faut les appuyer et il faut être capables aussi de
les faire grandir avec les normes qui changent aussi rapidement qu'on vit
aujourd'hui, là.
Mme Cadet : Certains
intervenants sont venus nous parler, donc, de réduction du nombre de métiers.
Vous avez donc la polyvalence. Donc, pour vous, donc, c'est... c'est un
élément, donc, c'est un principe que vous appuyez ici. Ces types de
propositions là, donc, d'aller dans un modèle similaire à celui l'Ontario,
est-ce que le pendant, pour vous, ça amènerait plus d'inspections.
M. Beaudoin (Michel) : De
un, notre système québécois est analysé par les autres provinces. Je suis
co-président d'un comité national, et les sous-ministres des autres provinces sont
intéressés à voir des façons dont on travaille au Québec. On est la seule
province qui a une qualification professionnelle de nos entrepreneurs. On nous
pose des questions ailleurs et on nous dit ça nous intéresse. Les façons sont
différentes à travailler dans d'autres provinces, mais en résumé, pour moi,
c'est de continuer à faire évoluer la qualification de nos entrepreneurs. Et
bien sûr, les entreprises et les travailleurs vont être intéressés à aller... à
travailler avec des entrepreneurs compétents. Alors, c'est dans ce contexte-là
qu'il faut continuer à construire, vraiment.
Mme Cadet : Et s'il
fallait, puis indépendamment des différentes propositions, là, mises de l'avant
par les groupes, là, s'il fallait que les aménagements que nous, comme
législateurs, donc, on... qu'on veut adopter, donc, nous mènent à... en fait,
comme résultat, qu'il y aurait plus d'inspections, est-ce que la RBQ aurait la
capacité de pouvoir soutenir un nombre accru d'inspections?
La Présidente (Mme D'Amours) : ...en
30 secondes.
M. Beaudoin (Michel) : Bien,
je pense que vous êtes consciente qu'on travaille à revoir le processus
d'inspection au Québec. On a d'ailleurs eu un mandat du gouvernement actuel
pour aller de l'avant et voir comment on peut mieux faire ensemble. La Régie du
bâtiment est un joueur. Le vice-président aux enquêtes... aux enquêtes, à
l'inspection et services client travaille à revoir le processus d'inspection.
Et c'est clair qu'il faut voir... On a des gens à la CCQ, il y a des gens de la
CNESST, il y a des inspecteurs municipaux, il y a l'AGCR qui intervient. Alors,
c'est d'être capable ensemble d'agir adéquatement dans l'intérêt de
l'industrie...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous quatre. On a parlé beaucoup de surspécialisation des
entreprises, dans le cadre de ces audiences, que ça faisait, des fois, des
multiples degrés de sous-traitance, des fois, jusqu'à trois, quatre, cinq
degrés de sous-traitance. Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour traiter cet
enjeu-là, qu'il y ait moins de sous-traitance à l'infini puis que ça vienne
retarder, notamment, les travaux, parfois?
M. Beaudoin (Michel) : J'ai
entendu ce que vous avez dit. J'ai entendu ce que les gens vous ont dit. La
fibre entrepreneuriale, au Québec... quand un entrepreneur voit une occasion
d'affaires pour aller de l'avant et voir comment il peut ajouter à son
entreprise, et créer un revenu supplémentaire, et engager des gens
supplémentaires... Il est difficile pour moi de laisser... comment je pourrais
dire ça, d'annuler la fibre entrepreneuriale des gens au Québec et dire :
Bien, si, toi, tu veux te spécialiser dans tel domaine ou aller dans tel
domaine, je vais te bloquer. Je pense que ce serait mal vu. Je connais beaucoup
de jeunes qui grandissent qui ont de la difficulté à l'école, et qui ont quand
même intérêt à devenir des bons entrepreneurs au Québec, et qui réussissent
très bien en affaires. Mais, pour ça, ils sont capables d'être
multidisciplinaires et être capables d'agir. À cette heure, il faut s'assurer,
nous, en tant que législateurs, qu'on soit capables... de législateurs, je
m'excuse, en tant que... d'organisme de réglementation...
M. Leduc : De l'État, oui.
M. Beaudoin (Michel) : ...d'être
capable d'agir adéquatement et s'assurer que le travail soit bien fait. Et on
compte sur les gens pour les dénoncer quand les travaux ne seront pas bien
faits.
M. Leduc : Deux courtes
questions, puis je vous laisse aller... le temps file vite. Est-ce qu'on forme
assez les employeurs, au Québec? On parle beaucoup de formation des
travailleurs, mais est-ce qu'on forme assez les employeurs? Qu'est-ce qu'on
peut faire pour lutter contre l'espèce de taux de roulement des entreprises
qui, parfois, ferment, réouvrent sous un autre nom, mais que c'est à peu près
la même personne? Il y a-tu quelque chose à faire à votre niveau par rapport à
ce phénomène-là?
M. Beaudoin (Michel) : Je
peux vous dire que ça fait quand même quelques années que je suis à la Régie du
bâtiment du Québec, et ceux qui font ça aujourd'hui sont plus suivis, et les
informations sont beaucoup plus à jour. On a un vice-président enquête et...
d'une équipe d'enquête qui est fort bien dévouée, et les informations qui sont
faites avec nos collaborateurs, les gens, les polices, les services de police,
la CCQ, nous permettent de mieux agir quand il y a de ces enjeux-là au Québec.
Mais il y a un travail efficace, il y a des lumières rouges qui s'ouvraient, la
technologie a changé, il y a des méthodes d'enquête qui ont changé, et, pour
nous, c'est important de les suivre adéquatement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Une
minute.
M. Leduc : Une minute? Mon
Dieu! Il reste du temps. On y va, un y va.
M. Beaudoin (Michel) : C'est
parce que vous êtes fatigués?
M. Leduc : Je suis habitué
que vous complétiez mes réponses, mais là...
M. Beaudoin (Michel) : Je
suis le dernier à passer, vous êtes tous fatigués.
M. Leduc : Bien, je vous
posais la question...
M. Beaudoin (Michel) : ...
M. Leduc : Non, non, au
contraire.
M. Beaudoin (Michel) : Je
vous agace.
M. Leduc : Je vous posais la
question sur la formation, est-ce que les employeurs, les gens qui ont des
licences RBQ... Parce qu'on a parlé beaucoup de formation des travailleurs,
etc., on a eu des débats sur les D.E.P. versus les formations courtes, versus
l'alternance, mais les employeurs, les...
M. Beaudoin (Michel) : Bien,
pour nous, ce qui est important, on parle de formation continue, et c'est
totalement dévoué aux entrepreneurs de construction, ces formations-là sont
faites par des organisations. On veut d'ailleurs... on a eu des discussions à
élargir éventuellement aux autres répondants. L'employeur, 80 %, c'est
lui-même qui se fait former en tant que répondant d'entreprise. Alors, dans
l'objectif où on veut que les normes aillent plus rapidement, que ça change
rapidement, il est clair que le 18 heures par deux ans nous aide,
éventuellement, à avoir une meilleure formation et un meilleur suivi sur
l'évolution des codes au Québec, et au Canada, bien sûr. Et...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
M. Beaudoin (Michel) : J'ai
fini en même temps que vous.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
cède maintenant la parole au député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bonjour. Merci
pour le mémoire. Merci pour votre présence. Vous dites, au début du mémoire,
que la régie est favorable aux objectifs poursuivis par le projet de loi. Puis,
à la fin, vous dites que... vous parlez de l'appui de la régie au projet de loi
no 51. Est-ce que vous appuyez les intentions ou vous appuyez les mesures,
toutes les mesures qui sont dans le projet de loi?
M. Beaudoin (Michel) : Je
dois vous avouer que tout ce qui peut aider et qui peut aider à l'évolution de
l'industrie de la construction, on l'a eu. On a un répondant en santé et
sécurité. Quand le ministre a fait son projet de loi sur la santé et sécurité,
on a suivi ce qui s'est passé dans ces domaines-là, et ça a un impact sur le
répondant technique, quand il y a des activités comme celle-là, et nous, on
collabore efficacement. Pour nous, les intentions du projet de loi, on les
suit. S'il y avait des modifications, on va aussi les suivre.
On veut être un acteur important. On
travaille en collaboration avec les industries, avec les associations pour être
capables de faire grandir notre industrie. Donc, dans ce contexte-là, nous, on
est en appui sur la démarche de faire une modification, là, à cette loi.
M. Paradis : Je regardais
l'article 111 de la Loi sur le bâtiment, là, qui énumère vos fonctions, puis
vous les résumez, c'est la qualité des travaux, la sécurité. C'est quoi, les
mesures, dans le projet de loi, là, qui, selon vous, contribuent à la qualité
des travaux puis à améliorer la sécurité?
M. Beaudoin (Michel) : Bien,
je pense qu'en ayant chez nous...
M. Beaudoin (Michel) : ...permettre
une meilleure polyvalence en ayant des gens qui travaillent en compétences
aussi, c'est dire que, quand je suis le projet de loi, pour moi, c'est d'être
capable d'évoluer adéquatement avec l'industrie, faire grandir la loi quand on
a des discussions parce qu'on est conseillés et consultés, lorsqu'il y a des
discussions comme celle-là, et c'est sûr que, dans un cas comme ceux-là, on
regarde une loi d'un collègue ou d'un organisme parallèle qui travaille avec
nous, bien nous, pour nous, c'est d'être capable de travailler en collaboration
ensemble.
M. Paradis : Vous êtes une
institution publique, puis là, je vais reposer une question, je suis revenu
souvent là-dedans, moi...
M. Beaudoin (Michel) : Bien,
allez-y.
M. Paradis : ...sur les
données probantes, puis les études, parce que, là, vous êtes la Régie du
bâtiment.
M. Beaudoin (Michel) : Tout à
fait.
M. Paradis : Donc, est-ce que
vous avez des données sur lesquelles vous vous basez pour dire : Bien,
nous, ce qu'on voit dans le projet de loi, on pense que ça va améliorer la
qualité des travaux puis la sécurité sur les chantiers?
M. Beaudoin (Michel) : Quand
on a vu la notion de... de polyvalence, c'est que, chez nous, on parle de
travaux connexes, là était notre intérêt de se jumeler avec cette démarche-là
pour être capable d'assurer que les gens puissent faire le travail adéquat et
qu'on puisse jumeler avec un travail. Quand on est un organisme gouvernemental
et qu'on travaille avec d'autres organismes gouvernementals et qu'on veut faire
évoluer, pour nous, c'est important de faire grandir les organisations et voir
ce qui impacte chez nous. Alors, dans un contexte comme celui-là, c'est pour ça
qu'on proposait de jumeler et de voir comment on pourrait faire... annexer la
notion de polyvalence avec la notion de travaux connexes chez nous.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Avant de conclure les auditions, je procède au dépôt des mémoires des
personnes et des organismes qui n'ont pas été entendus lors des auditions
publiques. Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux, chers
invités.
La commission ajourne ses travaux jusqu'à
demain, après les avis touchant les travaux des commissions, où elle
entreprendra un autre mandat. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 20)