Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
vendredi 27 octobre 2023
-
Vol. 47 N° 29
Interpellation du député de Maurice-Richard au ministre de l’Économie, de
l’Innovation et de l’Énergie, sur le sujet suivant : Le manque de transparence
du gouvernement caquiste dans le dossier de la filière batterie
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9 h 30 (version non révisée)
(Dix heures)
La Présidente (Mme Haytayan) : Bonjour
à toutes et à tous. À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la
Commission de l'économie...
10 h (version non révisée)
La Présidente (Mme Haytayan) : ...et
du travail ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
à l'interpellation du député de Maurice-Richard au ministre responsable de l'Économie,
de l'Innovation et de l'Énergie sur le sujet suivant : le manque de
transparence du gouvernement caquiste dans le dossier de la filière batterie.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel) est remplacée par Mme Haytayan...
(Laval-des-Rapides), pardon; M. Dufour (Abitibi-Est) est remplacé par M. Caron
(Portneuf); Mme Cadet (Bourassa-Sauvé) est remplacée par Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce);
et M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est remplacé par M. Bouazzi
(Maurice-Richard).
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci.
Conformément à l'entente prévue pour la 43e législature, le groupe d'opposition
officiel interviendra lors des deuxième, quatrième et sixième séries d'interventions.
Nous allons donc débuter avec les
déclarations d'ouverture. M. le député de Maurice-Richard, vous avez la parole
pour 10 minutes.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Très heureux d'être ici en ce vendredi matin. Nous allons donc
parler de batteries, et trois axes vont sous-tendre nos échanges, je l'espère :
la question de la transparence, la question de la planification et la question
du sérieux qui entoure toutes les annonces qui ont été faites concernant la
filière batterie et plus largement la transition énergétique.
Plusieurs sujets s'offrent à nous. Il y a
le sujet économique, étant donné les milliards de dollars qui sont mis en jeu.
Il y a le sujet écologique. Parmi elles, la question de la baisse des gaz à
effet de serre, les GES, mais aussi la question de l'évaluation de l'impact
environnemental de ces énormes compagnies. Il y a la question énergétique.
Parmi elles, le tarif d'électricité qui est fait à ces compagnies, mais aussi
la production de l'électricité qui sera consommée par cette filière. Ensuite,
il y a la question de la transition énergétique en tant que telle et du sérieux
qui entoure les politiques publiques pour pouvoir réussir cette transition
énergétique en matière de consommation principalement et de vision économique
aussi. Et enfin, il y a le coût de tous ces investissements et cette transition
et qui, en fin de compte, va l'assumer.
Donc, commençons par la question
économique. Pour rappeler un peu dans quel cadre et avant d'arriver à l'énorme
annonce qui entoure le projet Northvolt, commençons par les autres projets qui
ont été avancés et l'argent public qui a été donné soit en subventions, soit en
prêts par le fédéral et le provincial. Donc, il y a le projet Ford à Bécancour,
644 millions de dollars pour 345 emplois; GM Posco à Bécancour
aussi, 150 millions pour 200 emplois; Volta, 150 millions; Lion,
100 millions, Taiga, 40 millions; Recyclage Lithion, 30 millions;
sans parler des 425 millions d'investissement dans Nemaska Lithium et les
55 millions dans Vale. C'est déjà énormément d'argent public, et la
question de rendre des comptes, évidemment, pour cet argent public est une des
priorités qu'on se donne à Québec solidaire et que le gouvernement devrait se
donner.
Là-dessus vient s'ajouter 7,3 milliards de
dollars de fonds publics pour Northvolt, qui se divise en plusieurs phases :
2,7 milliards pour la construction, 4,6 milliards pour la production des
cellules. 7,3 milliards de dollars sur 8 millions d'habitants, c'est
en moyenne 900 $ par personne au Québec qui a été octroyé à cette unique
compagnie, à cette jeune pousse qui a actuellement une seule usine qui carbure
à plein régime dans le monde. Un ordre de grandeur : actuellement, alors
qu'il y a plus d'un Québécois sur 10 qui fait la file dans les banques
alimentaires, le gouvernement a déboursé 6 millions, qui a été déjà
déboursé, 6 millions, et on demande 18 millions pour les banques alimentaires,
ce qui est jusqu'à maintenant...
M. Bouazzi : ...refuser. On
parle de moins de 1$ par Québécois pour les banques alimentaires. Alors,
évidemment, je suis bien placé pour savoir que ce n'est pas les mêmes poches,
mais quand même, c'est une question de priorité. Et, actuellement, cet
argent-là qui est mis, on nous dit : Pas de problème, il va y avoir des
retombées économiques à la hauteur. Croyez-nous sur parole. C'est... On a parlé
des 900$ par Québécois, mais c'est 1,5 million par job, 1,5 million par job. Je
ne sais pas combien ces compagnies vont payer d'impôts. Parmi celles que j'ai
citées, il y en a même qui ont leur siège fiscal dans des paradis fiscaux. Je
ne sais pas combien elles vont payer d'impôts. Combien ces Québécoises et Québécois
qui vont travailler là... C'est ce qu'a dit hier le premier ministre, s'il y a
des jobs à 100 000$, ils vont payer de l'impôt. D'abord, ces personnes, qui
travaillent déjà, car on est en plein emploi, travaillent pour des PME. Il y a
des PME qui vont probablement, aux alentours, donc, de Saint-Basile-le-Grand et
ailleurs... qui vont pâtir de ce manque de main-d'oeuvre. Et donc ils paient
déjà des impôts, ça fait que c'est vraiment juste le différentiel qui compte.
Et on a beau faire les calculs pour se rendre à 1,5 million de retour, on
a du mal à voir le calcul du gouvernement.
Ça fait que peut-être que la première
question à laquelle devrait répondre le ministre ici présent, c'est :
Pourquoi ne pas rendre publiques les simulations qui nous permettent de penser
que c'est un revenu viable? Et je rappelle ici qu'il y a d'autres manières
d'investir. Nous, on a des bras économiques, au Québec, il y a la Caisse de
dépôt, par exemple, qui investit de l'argent, mais investir de l'argent, et je
reprends, entre autres, ce que le défunt Parizeau avait mis de l'avant dans un
certain nombre de ces approches, c'est aussi prendre contrôle d'une partie de
cette compagnie. Sur les 7 milliards de dollars, il y a moins d'un
demi-milliard, donc moins de 500 millions, qui servent à prendre des parts dans
cette compagnie. Prendre des parts d'une compagnie, ça permet deux choses, et,
pour nous, c'est ça qui était le plus important dans cette filière-là, c'est,
un, assurer des revenus associés aux risques qu'on prend quand on met autant
d'argent public, mais aussi assurer du contrôle pour pouvoir s'assurer qu'une
partie de ces batteries-là vont rester au Québec et vont servir à baisser les
GES. Ça fait qu'actuellement, sans la transparence, il est fort possible, même
probable... par les informations qu'on a actuellement, c'est que le
gouvernement prend tous les risques, la multinationale étrangère prend tous les
revenus, et que ces batteries-là servent, par exemple, à diminuer les GES en
Californie, et pas au Québec.
Rappelons que nos obligations, comme
celles de la Californie, d'ailleurs, par rapport aux accords de Paris,
dépendent des GES qu'on diminue dans notre propre territoire. Et donc vendre
des voitures électriques à l'extérieur du Québec ne permet pas d'atteindre nos
objectifs, de GES, qui devraient pourtant être une obsession de tous les
gouvernements, y compris celui du Québec.
Alors, pour ajouter encore plus à ça, au
nom de cette verdure, de ces batteries, où, encore une fois, on n'a aucune
preuve que ça va servir à diminuer nos GES, et j'y reviendrai plus tard,
j'aimerais bien savoir du ministre ici présent quelle quantité de GES cette
filière-là va diminuer ou augmenter, rendu là. En plus de ça, c'est le plus
gros investissement privé que le gouvernement... dans le gouvernement... le
plus gros investissement privé, une énorme surface proche de l'eau potable du
Richelieu, où il y a des municipalités qui puisent leur eau potable. Et le
gouvernement, quelques mois... quelques mois, curieux hasard, avant de signer
ce contrat, des normes environnementales ont été changées. Juste assez, juste
assez pour éviter à cette compagnie d'avoir à passer par un BAPE. Juste assez
pour avoir à passer... La plus grosse usine de l'histoire moderne du Québec ne
va pas avoir un BAPE, au nom de la verdure, de leurs batteries.
• (10 h 10) •
Les citoyens sont inquiets, à juste titre.
Encore une fois, il n'y a aucune transparence, même pas les protocoles qui sont
prévus, les contre-pouvoirs qui sont prévus, qui nous permettraient d'avoir la
moindre idée des conséquences écologiques d'une telle implantation autour,
encore une fois, d'eau potable, de milieux humides et...
M. Bouazzi : ...une population
qui est autour et qui va pâtir des milliers de tonnes de produits qui vont
sortir. Ça fait qu'après les simulations économiques qui ne sont pas publiques,
après les simulations de baisse de GES, qui ne sont pas publiques, on invite le
gouvernement de faire le minimum et donner le pouvoir aux citoyennes et aux
citoyens et d'accepter de tenir un BAPE. Il ne tient qu'au gouvernement de le
demander tout simplement pour qu'il y ait l'espace pour les citoyennes et
citoyens, qu'ils puissent s'exprimer. Pour les spécialistes, pour qu'ils...
s'exprimer et pour qu'il y ait une véritable transparence et une confiance dans
la suite des choses, car, cette transition énergétique, nous ne la réussirons
pas sans la confiance et l'aval de nos citoyennes et citoyens. J'ai évidemment
d'autres questions, mais j'ai bien hâte d'entendre les réponses du ministre.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au ministre. Vous disposez également
de 10 minutes.
M. Skeete : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Très heureux de partager la scène avec vous aujourd'hui. Ça
me fait plaisir de vous voir. Salutation aux collègues de l'opposition, très
heureux d'être avec vous aujourd'hui.
Bien, on parle de transparence, ça me fait
plaisir d'être ici justement pour parler de la filière batterie et une des
fiertés de ce gouvernement. Vous savez, j'ai eu la chance dans la dernière
année d'avoir des entretiens avec des gens de l'international, plus récemment,
une ministre de Développement économique d'un État en Allemagne. J'ai eu la
chance de jaser avec un ministre du Développement économique de l'État de Nuevo
León, au Mexique. J'ai aussi eu la chance de rencontrer des gens aux
États-Unis, que ce soit la ville de New York qui souhaite augmenter sa flotte
d'autos pour qu'elle soit plus verte et aussi les gens qui sont dans la banque
import-export... Puis, ce qui est drôle, puis le collègue va trouver ça
ironique, j'en suis sûr, j'ai aussi rencontré, lors d'une mission à Houston, le
hub de tout ce qui est la filière pétrolière du monde. Puis, quand j'ai
rencontré les dirigeants de la Chambre de commerce, même là, ça parle de
décarboner, l'importance de décarboner.
Le ministre de l'Énergie, en 2019, à
l'époque, il était ministre de l'Économie, a eu une vision. On se posait la
question ici, au gouvernement, qu'est-ce qu'on va faire avec nos ressources et
nos ressources stratégiques, nos minerais critiques? Puis, en même temps, ces
gens-là, ils peinaient à trouver des issues pour la transformation. Et nous,
depuis des générations au Québec, on se demande qu'est-ce qu'on va faire avec
notre minerai. Puis la réponse a toujours été : Bien, on va le vendre puis
on va le transformer ailleurs. Puis arrive le collègue, député de Terrebonne,
ministre de l'Économie, puis il part avec son sous-ministre en Asie pour une
mission. Puis, un mois plus tard, il revient avec ce qui est essentiellement la
vision de la filière batterie, filière batterie, en parlant de transparence,
Mme la Présidente, qu'on a publiée sur Internet, sur le site web du
gouvernement. Et, dans la stratégie batterie, on s'est dit deux choses :
Comment on fait pour mieux contrôler nos ressources naturelles, les transformer
localement, mais aussi, bien, j'ose le dire, changer le monde? Et c'est là est
venus la naissance de la filière batterie, qui, essentiellement, nous dit que
de la mine au recyclage, le Québec va s'insérer dans la chaîne de la valeur des
voitures électriques de l'avenir.
Et ce n'est pas rien, ça, Mme la
Présidente, parce qu'on le sait dans les années 2000, fin 1990, on a
perdu l'usine GM. Ça a été l'arrêt de mort pour le secteur automobile au
Québec. Et là, on arrive avec la filière batterie, puis on se réinsère, là,
puis on jamme, là, puis on rentre, puis ils n'auront pas le choix de faire
affaire avec nous pour plusieurs raisons. Une des raisons, c'est que le Québec
aujourd'hui, grâce à cette filière batterie là, va être en mesure de créer la
batterie la plus verte au monde. Je vais le répéter, parce qu'on le prend pour
acquis au Québec, Mme...
M. Skeete : ...Mme la
Présidente, la batterie la plus verte au monde. Quand j'ai rencontré les grands
donneurs d'ordres, justement, de l'État de Nuevo León, il y a un engouement fou
là-bas, Mme la Présidente, puis à cause de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique,
la nouvelle version de l'ALENA 2.0, on anticipe que dans les 10,
15 prochaines années, on va avoir pour 45 milliards de qu'est-ce
qu'on appelle du «reshoring», ce qui va revenir de l'Asie puis va être fait
dans le corridor de l'Amérique du Nord, et les grands donneurs d'ordres commencent
à exiger de leurs fournisseurs que les composantes soient faites de manière
verte. Stratégiquement, Mme la Présidente, le Québec est très bien positionné,
parce qu'on est capable ici, grâce à l'aluminium vert, grâce à l'électricité
verte, de produire ces composantes-là qui vont verdir les voitures en général,
puis le coeur de ça, ça va être la batterie. Et, il faut le dire, la plus
grosse dépense d'une voiture électrique, c'est la batterie. Alors, non
seulement on s'est insérés dans la chaîne de valeur des voitures, mais on vient
occuper le moteur. Et je pense que c'est une position enviable pour l'avenir.
Le collègue fait état des grands
investissements qui sont nécessaires pour justement s'insérer dans ça.
Effectivement, c'est les grands investissements qui sont nécessaires, mais on
s'insère dans une filière qui est à ses débuts et qui va avoir une durée de vie
sur une génération, alors c'est un investissement qu'on fait dans l'avenir.
Parce que Mme la Présidente, aujourd'hui, on parle de batteries électriques
pour les voitures, mais demain ça va être le stockage pour l'éolienne, ça va
être le stockage pour le solaire. Puis qui qu'ils vont venir voir, ces
entreprises-là, Mme la Présidente? Bien, ils vont dire : On a déjà
l'infrastructure au Québec, on a déjà l'expertise au Québec puis on a de
l'énergie verte pour les faire au Québec, mais on serait fou de ne pas miser
encore une fois sur le Québec.
Quand je parlais tantôt du
45 milliards de «reshoring» qu'on va avoir, ça, c'est juste dans le
secteur automobile, Mme la Présidente. Imaginez les retombées pour les grands
donneurs d'ordre qui cherchent par tous les moyens à verdir leur processus. Et
c'est la raison pour laquelle, depuis les dernières années, on parle beaucoup
d'énergie au Québec. Parce qu'encore une fois, notre gouvernement a eu la
sagesse en 2022, de fusionner le ministère de l'Économie avec le ministère de
l'Énergie. Ce faisant, chaque fois qu'on prend des décisions économiques, on
doit penser aux impacts énergétiques parce que la planète entière se rue vers
l'énergie verte, et le Québec, ça fait 50 ans qu'on l'a. Donc, le Québec a
un grand intérêt pour tous ces grands donneurs d'ordre là, le Québec est bien
positionné pour l'avenir et, nous, on veut capitaliser sur cela. Mais Mme la
Présidente, je n'invente pas ça ici, là, je ne suis pas juste un bon orateur,
là, tout ça, c'est écrit, c'est dans la stratégie batterie qui est publique et
qui est publique depuis plusieurs années maintenant. Et c'est vers cette
direction-là qu'on s'en va.
Alors, pour répondre aux questions du
collègue, oui, ça nécessite des investissements massifs, mais on n'est pas tout
seul dans le monde, Mme la Présidente, ça, c'est comme les gaz à effet de
serre, hein, on peut bien être à zéro en production des gaz à effet de serre,
mais si nos voisins continuent à polluer, on ne s'aidera pas et on n'aidera pas
la planète. C'est un peu la même réponse que je donnerai aux collègues pour ce
qui est des investissements massifs qu'on met dans cette filière-là. Vous
savez, aux États-Unis, en ce moment, ils injectent des milliards, et quand je
dis «des milliards», pas deux, trois, là, 400 milliards que les États-Unis ont
investi dans ce qu'ils appellent le «Inflation Reduction Act» et, dans cette
filière-là, ils injectent des sommes astronomiques pour aller attirer ces
investissements-là parce que c'est les jobs de demain. Ils ne sont pas fous,
ils le savent que c'est les emplois de qualité de demain et eux aussi veulent
se positionner pour ce secteur-là pour l'avenir. Et aussi, je dois le dire,
puis c'est important, collègue, surtout avec la récente... le récent conflit
dans le Moyen-Orient, le récent conflit qu'on voit aussi entre la Russie et
l'Ukraine, sécuriser notre approvisionnement de minéraux critiques et
d'éléments critiques. On va être bien positionnés pour le faire, mais on est en
compétition mondiale pour non seulement l'énergie verte, mais aussi pour ces
minéraux critiques qu'on a, mais les subventions aussi qui viennent. Comme je
vous dis, les États-Unis, notre voisin...
M. Skeete : ...est très
agressif et, si on veut attirer ces entreprises-là, on doit être compétitif.
C'est la base de l'économie.
• (10 h 20) •
Par contre, par contre, on ne fait pas
toutes les batailles. On a été très délibérés dans les choix qu'on a faits,
puis les choix qu'on a faits, je les ai évoqués tantôt, c'est pour nous amener
à être autosuffisants dans la chaîne de valeur des batteries pour être capable
de faire de la mine jusqu'au recyclage. Et ça, le collègue va être content de
l'apprendre, ça veut dire que les batteries qu'on va produire, les plus vertes,
ici, vont aussi être recyclées ici pour créer des nouvelles batteries encore
vertes dans l'économie circulaire.
Donc, Mme la Présidente, moi je considère
qu'on est très bien positionnés pour l'avenir. Je considère que la ministre de
l'Économie de 2019 et la ministre de l'Économie de 2019 et le ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie d'aujourd'hui a fait un travail
colossal. Et, aujourd'hui, on commence à voir le grand potentiel de ces
décisions-là qu'on a prises il y a quelques années.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le ministre. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. M. le
député de Maurice-Richard, vous avez la parole pour cinq minutes. Merci.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Le ministre nous a parlé du Mexique, des États-Unis, de l'Europe,
de l'Asie, de toutes ces multinationales qu'il a lui-même appelées comme grands
donneurs d'ordre. Je rappelle ici qu'on est au service du Québec, et c'est la
seule chose qui nous intéresse.
Le ministre a parlé de révolution
écologique, de... je ne sais plus quel mot il a utilisé, que les baisses de gaz
à effet de serre sont importantes, évidemment, d'approvisionnement. Ici, bien,
d'abord, nous, on avait deux questions claires. On a eu zéro réponse. Quelle
simulation il y a de la rentabilité de tout cet argent public qu'on va mettre?
Et je suis heureux qu'il aborde
effectivement les chaînes d'approvisionnement. Car quelle garantie on a que ces
batteries, ou, du moins, une partie, vont être au Québec? Il n'y en a aucune,
Mme la Présidente, aucune. C'est-à-dire que nous prenons tous les risques, tous
les risques, en mettant cet argent-là sur la table, et il est tout à fait
possible que la multinationale prenne tous les revenus pour que les États-Unis
prennent toutes les baisses de gaz à effet de serre.
Alors, étant donné le manque de
transparence, on a fait une demande d'accès à l'information, Mme la Présidente,
et on a demandé au ministère de l'Économie et de l'Énergie tout document ou
courriel touchant à des cibles ou tout autre objectif de réduction de GES
spécifiquement relié à l'implantation de la filière des batteries au Québec. Le
moindre courriel, le moindre document qui parlerait ne serait-ce qu'un peu de
la baisse de gaz à effet de serre au Québec. Et la réponse, c'était : Nous
vous informons que le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie
ne détient aucun document quant à l'objet de votre requête. Imaginez-vous, Mme
la Présidente, imaginez-vous. Ma question... J'ai la réponse à ma
question : il n'y a pas le moindre objectif, le moindre courriel d'échange
sur des objectifs de baisse de gaz à effet de serre.
Donc, je comprends que ça fait plaisir aux
donneurs d'ordres que le ministre a rencontrés aux États-Unis, au Mexique et en
Asie, mais il serait quand même important d'être transparent, peut-être, et
dire aux Québécoises et aux Québécois qu'il n'y a pas le moindre objectif de
baisse de GBS associé à cette filière, ce qui, en 2023, est absolument
incroyable. Le ministre a donné l'exemple de GM, qui est parti. Rappelons-nous
c'est quoi, comme exemple. Nous avons donné des prêts sans intérêt à cette
compagnie-là. Elle est partie, elle a mis des milliers de Québécoises et de
Québécois à la porte, elle n'a pas rendu l'argent avant plus d'une décennie. On
a perdu des centaines de millions en intérêts, en cadeaux. Ces
multinationales-là ne sont pas là pour faire le bien, elles sont là pour faire
du cash, sur le dos des Québécoises et des Québécois, s'il le faut. Une bonne
partie sont des voyous qui ne paient pas leurs impôts, qui cachent leur argent
dans des paradis fiscaux.
Je vois le ministre dire : Wow! Si
c'est moi qui lui apprends qu'il y a de l'argent dans les paradis fiscaux, de
ces multinationales... Il y en a même une dont le siège est dans un paradis
fiscal, à qui on a donné de l'argent. Le minimum serait de s'assurer qu'il va y
avoir des retombées économiques pour les Québécoises et les Québécois, il n'y a
pas la moindre preuve de cela, et qu'il va y avoir des baisses de GES. Non
seulement il n'y a pas la preuve, mais il n'y a pas le moindre...
M. Bouazzi : ...échange au
ministère au complet d'un seul courriel qui parlerait de baisse de gaz à effet de
serre associé à cette filière. Et on n'est même pas rendus à l'étape de parler
à quel prix vont payer ces compagnies leur électricité. Les contrats ne sont
pas publics. On a entendu, aujourd'hui, à Radio-Canada, on a lu à Radio-Canada
qu'en fin de compte tous ces investissements, qui sont si importants pour la
transition énergétique, ne sont pas pour la transition énergétique, bien sûr,
parce qu'il faudrait qu'on électrifier d'abord ce qu'on a déjà, ce qui ne
semble pas être un objectif. Mais attirer ces compagnies va vraisemblablement
mathématiquement augmenter le coût de l'électricité pour toutes les Québécoises
et les Québécois.
Et je serai très heureux, Mme la
Présidente, de revenir sur la stratégie de production d'énergie au Québec et
sur toutes les déclarations qui ont été faites dans ma prochaine intervention.
Je demande, évidemment, de déposer ce document.
La Présidente (Mme Haytayan) : Ce
sera déposé. Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au ministre.
Vous avez la parole pour cinq minutes également. Merci.
M. Skeete : Merci, Mme la
Présidente. Bien sûr, les gens qui s'y connaissent en économie comprennent que,
quand qu'on dit «donneurs d'ordres», on ne parle pas du Politburo, on parle des
entreprises, des tier-one, des tier-two, des OIM. Quand que ces gens-là
disent... comme Stellantis, comme GM, comme les autres grands joueurs,
disent : Bien, nous, on veut que des composantes soient ESG, hein, bien,
ça veut dire qu'ils veulent la traçabilité pour être sûrs que les composantes
sont des composantes qui ont été extraites et produites de manière éthique, Mme
la Présidente, c'est ça qu'on veut dire par les grands donneurs d'ordres.
Collègue dit qu'il n'y a pas un courriel
qui mentionne... En fait, Mme la Présidente, je vais répondre, c'est le gros
bon sens, là. Un, l'objectif du Québec, c'est, d'ici 2030, d'avoir
2 millions de voitures électriques sur nos routes. Alors, voilà une façon
évidente qu'on va réduire nos GES. Le collègue néglige de dire que, pendant
qu'ici, au Québec, on a les mines et un procédé le plus exemplaire sur terre,
avec des politiques claires sur l'acceptabilité sociale pour les mines, on a la
propriété à 50 % à peu près de nos mines. On a les procédés comme le BAPE,
comme l'acceptabilité sociale, comme j'ai dit, on a de l'électricité verte.
Bien sûr, Mme la Présidente, notre batterie est la plus verte au monde. Puis ça
va de soi que, dès qu'on la met dans une voiture, elle est plus verte.
J'ajouterais aussi que, si on ne faisait
rien puis qu'on ne faisait pas affaire avec ces voyous, terme que je trouve
ironique pour un parti qui veut donner et taxer ces entreprises-là pour,
justement, créer son paradis, bien, je me demande, si ces voyous-là sachent ce
que pense le collègue, s'ils vont investir dans son Québec si jamais son parti
gagnerait une élection. J'ajouterais pour dire qu'en ce moment 80 % des
batteries du monde se font en Chine par des procédés qui sont plus ou moins
douteux, qui sont dictés par un parti peu soucieux de l'environnement et des peuples
qui vont l'extraire, produits par des centrales de charbon. Alors, moi, si
j'avais le choix entre une batterie québécoise puis une batterie chinoise, je
prendrais la batterie québécoise. Si je prendrais les investissements et les
procédés de créer une batterie purement verte, la plus verte possible, je
prendrais cette option-là. Et c'est au Québec que ça se passe, cette
batterie-là.
• (10 h 30) •
Vous savez, quand qu'on parle de ces
personnes-là qui, aujourd'hui, se demandent où est-ce qu'ils vont trouver à
leurs batteries, ces gens-là, ils s'intéressent au Québec plus que jamais. Le
ministre de l'Économie l'a dit souvent. Quand qu'on est rentrés au pouvoir en
2018, on a posé la question, à l'époque, à Hydro-Québec : on a-tu assez
d'énergie? Ah! on est un surplus. Ah oui? Ouf! 20 ans au moins. Mais, dans
les 20 dernières années, il y avait juste eu un projet de plus de
50 mégawatts. Là, aujourd'hui, grâce au démarchage d'Investissement Québec
International, grâce au démarchage du ministre de l'Économie, grâce à la
réorientation des bureaux et les maisons du Québec partout dans le monde, c'est
plus de 70 qu'on a en étude, actuellement, de projets. Parce que la planète
entière a compris que, si on veut avoir un partenaire économique...
10 h 30 (version non révisée)
M. Skeete : ...fiable, avec
des procédés éthiques, avec une conscience environnementale, avec des gens qui
peuvent développer des batteries avec le «cutting edge» du génie mondial, c'est
ici que ça se passe. Puis moi, je ne vais certainement pas dénigrer ces
entreprises-là qui, eux aussi, prennent un risque financier pour investir au
Québec, qui sont porteurs d'un avenir qui pourrait être équivalent ou même
surpasser l'époque des barrages de Jean Lesage. Pour moi, ça vaut le coup pour
l'opportunité de donner à nos enfants, nos enfants, cette stabilité-là en
termes d'approvisionnement, non seulement d'un élément critique comme des
batteries, qui est porteur d'avenir, mais aussi de nous insérer économiquement
et viablement dans un produit d'avenir.
Alors, moi, je ne partage pas l'opinion du
collègue, puis je trouve ses commentaires envers les entreprises qui font ces
investissements-là puis les employés qui les représentent méprisants.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Portneuf. Vous avez
la parole pour cinq minutes également. Merci.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. À mon tour, bien entendu, de saluer l'ensemble des participants ce
matin, des personnes présentes, bien entendu, mon collègue ministre, le
collègue de Maurice-Richard, mon collègue de Nicolet-Bécancour, un collègue
dont on est bien fiers, qu'on jalouse même parfois, mais qu'on jalouse à bon
escient parce qu'il s'est démarqué avec le temps de par sa détermination, son
esprit visionnaire, et aujourd'hui on est fiers de voir ce qu'il a réalisé dans
sa circonscription au point de vue technologique et innovation. Donc, c'est
toujours plaisant de côtoyer, au sein de notre formation politique, des gens
aussi ambitieux.
Et, à propos d'ambition, lorsqu'on parle
de la filière batterie. Vous savez, Portneuf, c'est juste à côté de la capitale
nationale. C'est finalement... c'est dans la capitale nationale, pardon, juste
à côté de Québec, intramuros, mais pas si loin de toutes ces circonscriptions
qui s'illustrent par le fait qu'on y accorde à la fois beaucoup d'intérêt, mais
aussi des investissements pour les propulser vers demain. Et, chez moi, j'entends
parler souvent de cette fierté, notamment depuis qu'on évoque la filière
batterie, parce qu'au Québec on est ambitieux, on aime ça, les projets
ambitieux, on aime ça être aussi les précurseurs. Et le ministre le disait très
bien, tout à l'heure, on aime s'illustrer au travers le monde et d'être un
leader. Eh bien, c'est ce dont les Québécois ont besoin, finalement, au
lendemain d'une pandémie comme celle qu'on vient de traverser, ce sentiment de
fierté nous habite.
Et donc moi, c'est avec grand intérêt que
j'interviens ce matin, et je remercie d'ailleurs le député de Maurice-Richard
de nous permettre de parler d'une annonce que plusieurs qualifient finalement d'historique.
Je me suis justement demandé qu'en avaient dit les médias.
Et, si vous le permettez, Mme la
Présidente, je vais me permettre de citer Gérald Filion pour Radio-Canada, qui,
le 29 septembre, écrivait un article qui était intitulé Filière batterie,
un geste tout simplement historique. Alors, si je cite le journaliste : « Le projet de Northvolt...
vient d'annoncer sur la rive sud de Montréal, place le Québec parmi les grands
développeurs de la filière batterie du monde. L'investissement public, souvent
critiqué, est absolument nécessaire si on veut être un acteur de premier plan
dans ce secteur, il faut impérativement et rapidement injecter des milliards de
dollars. » J'ajoute une
autre de ses citations : « Finalement,
il faut investir judicieusement l'argent public et il faut le faire en s'assurant
de la neutralité carbone des projets, voire en misant sur des projets qui vont
permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Northvolt est
certainement sur la bonne voie ici. »
Il poursuit : « Maintenant,
s'il y a une entreprise qu'on souhaite voir arriver au Québec, c'est bien la
Suédoise Northvolt, fondée en 2016. La société a promis de fabriquer une
batterie à empreinte carbone presque nulle en réduisant de 90 % les
émissions de carbone par unité. »
Le patron de Northvolt en Amérique du Nord
affirmait aussi que c'est très difficile d'aller au zéro. On aimerait tous y
parvenir, malheureusement, on sait que c'est compliqué, mais aujourd'hui, une
batterie moyenne produite en Asie nécessite à peu près 100 kilogrammes de
CO2 en émission, de la mine jusqu'au produit fini...
M. Caron : ...pour chaque
kilowattheure de batteries produites. Ce qu'on va faire, chez Northvolt, en
Suède, et ce qu'on a l'intention de répliquer ici, au Canada, c'est 50
kilogrammes de CO2 grâce à notre travail sur la chaîne d'approvisionnement et
sur l'énergie, à la décarbonation de nos processus de production. Donc, on est
déjà à la moitié. Mme la Présidente, et, d'ici 2030, l'objectif est de
descendre à 10 kilogrammes pour chaque kilowattheure de batteries produites.
Il s'agit donc d'une excellente nouvelle
qu'il est déjà dans sa forme initiale, bien entendu, mais qu'il le sera encore
plus à longue échéance, plus les technologies vont s'améliorer, et, bien
entendu, plus la production va évoluer, et plus les incidences vont se
diminuer. D'ailleurs, le processus s'inscrit dans la Stratégie québécoise de
développement de la filière batterie. J'aurai l'occasion, si vous me le
permettez, Mme la Présidente, d'intervenir sur cette stratégie dans le prochain
bloc. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le député. Nous allons débuter la deuxième série d'interventions. Je cède
maintenant la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour cinq minutes.
Merci.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Alors, on comprend que le Québec a investi massivement dans une
nouvelle industrie qui contribuera à la nouvelle économie, une industrie qui
aidera à décarboniser l'économie mondiale, même si on comprend que ça ne va pas
décarboniser l'économie québécoise, en produisant des batteries qui
alimenteront les véhicules électriques. On comprend très bien que les
changements climatiques représentent un enjeu mondial et on comprend très bien
que la transition énergétique vers la carboneutralité représente l'enjeu du XXIᵉ
siècle.
Dans ce contexte-là, on veut absolument
que cette nouvelle industrie réussisse au Québec. Par contre, ce n'est pas
évident que la CAQ met en place toutes les conditions gagnantes pour s'assurer
la réussite, et ça, selon trois axes où, justement, ça rejoint le concept de
développement durable ou bien le triple bilan de l'économie, de la société, de
l'écologie.
Commençons avec la première usine de cette
nouvelle industrie qui s'installe au Québec, Northvolt. Si on est pour investir
des milliards de dollars, il faut bien faire les choses, Mme la Présidente, le
résultat ne peut en être que meilleur. C'est le moment d'établir un précédent
positif pour l'environnement, et pas juste pour l'environnement, mais pour
cette nouvelle industrie qui s'installe au Québec. Le site, grand comme 318
terrains de football, se situera entre Saint-Basile-le-Grand et McMasterville,
ne coche pas les critères pour être automatiquement soumis au processus
d'évaluation du BAPE. Le règlement qui établit si la méga-usine devrait être
assujettie au processus a été modifié quelques mois avant l'annonce, les
règlements ont été... Et d'ailleurs le seuil qui détermine la fabrication des
cathodes est passé de 50000 à 60000 tonnes, alors que le projet de Northvolt en
prévoit 56 000. Le gouvernement caquiste a donc choisi de court-circuiter le
processus. Il a fait des règles sur mesure pour Northvolt, et ce n'est pas moi
qui le dis, Mme la Présidente, c'est le ministre de l'Énergie lui-même qui l'a
dit, et je le cite : «Les règles ont été ajustées pour une industrie qui
n'existait pas.»
• (10 h 40) •
Et, justement, l'installation d'une
nouvelle industrie représente une des raisons clés pour que le ministre de
l'Environnement exerce son pouvoir et lance un BAPE. Des citoyens et des
experts appellent le Québec à plus de prudence et de transparence, Mme la
Présidente. Selon une lettre publiée dans les pages du journal Le Devoir,
cosignée par des anciens présidents du BAPE et des juristes, le gouvernement
jette le discrédit sur un processus qui permet pourtant d'identifier les
potentiels impacts d'un projet sur la population et l'environnement et aussi de
trouver des façons d'y remédier. Un BAPE, c'est une occasion en or pour
démontrer la responsabilité, tant environnementale que sociale. Un BAPE, c'est
une occasion de faire acte de transparence, de faire... de rassembler...
Mme McGraw : ...citoyens et de
répondre à leurs inquiétudes. Et là je parle, Mme la Présidente, au nom des
citoyens du Québec et surtout des résidents de la région, une région qui a été
déjà bouleversée par des tragédies écologiques. On se rappelle, Mme la
Présidente, qu'en 1988 un entrepôt de BPC avait forcé l'évacuation de
3 000 habitants de la région. Je parle aussi au nom de la
biodiversité et des espèces qui ne peuvent... qui n'ont aucune voix.
L'entreprise Northvolt dit avoir fait un
inventaire complet des espaces... espèces, pardon, menacées qui se trouvent sur
le site de sa future usine et elle confirme la présence d'espèces fauniques en
péril, mais elle refuse toujours de transmettre les rapports qui auraient été
rédigés, et même réponse du côté du gouvernement du Québec, qui n'a toujours
pas accepté de soumettre le projet à l'évaluation environnementale qui serait
normalement imposée sur des projets industriels majeurs. Alors, le gouvernement
comprend très bien que, si un projet aussi grand que le BAPE...
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
Mme la débutée. C'est tout le temps qu'on avait. Merci. Je cède donc maintenant
la parole au ministre, merci, pour cinq minutes également.
M. Skeete : Merci, Mme la
Présidente. Pour moi, la fierté de la filière batterie, c'est surtout une
fierté écologique. Quand qu'on va créer cette nouvelle filière localement, non
seulement on va sécuriser en approvisionnement de batteries pour les prochaines
générations puis on va développer une expertise mondialement reconnue, et
voulue, et recherchée, mais ça va nous permettre localement de créer, comme
j'ai dit tantôt, la batterie la plus verte. Puis, pour moi, c'est le genre de
leadership que le Québec doit avoir.
Je l'ai dit tantôt, même si nos GES
étaient à zéro, ça n'empêche pas que nos voisins, eux autres, s'ils continuent
à polluer, bien, nos efforts ne servent à rien. Tous les efforts qu'on pourrait
mettre, 100 % même, on pourrait tous les prendre puis on serait quand même
une goutte dans l'océan.
Par contre, où est-ce que le Québec peut
être utile dans la lutte aux changements climatiques, c'est d'être un
partenaire de choix pour ces personnes, ces entreprises qui veulent avoir une
batterie plus verte, produite plus verte. Et ça, je pense que là, on commence à
avoir un impact plus grand que la taille de notre population. C'est là qu'on
commence à avoir un rayonnement international qui est vraiment... Qui rendrait
d'autres personnes jalouses. Bien, en fait, il en rend jaloux, parce que je
vais le... vous rappeler, le premier ministre était à New York puis il a
rencontré Al Gore, puis il louangeait le Québec et sa vision. La collègue parle
de la notion, là, connue internationalement comme le ESG, hein?, «environment,
social and governance», dans le fond, je pense que maintenant, les grandes
entreprises sont toutes rendues là. Ils ne voient pas comment ils peuvent faire
des affaires comme avant, les actionnaires exigent qu'ils font différent, les
clients exigent qu'ils font différent, et donc, dans le but de satisfaire ces
impératifs- là, ils cherchent des moyens de faire différent.
Et quand on permet à une entreprise comme
Northvolt de s'établir au Québec, bien, on se donne la chance d'être un acteur
clé dans ce domaine-là. Et je rappelle à la collègue, le Québec fait déjà
l'envie du monde entier par rapport à ses critères environnementaux pour
l'exploitation industrielle, là. On est déjà parmi les mieux en termes
d'acceptabilité sociale, en termes de règlements et de critères
environnementaux avant et pendant et après la construction. On a un souci, il y
a un suivi, il y a une gouvernance qui est hors pair et reconnue mondialement,
même recherchée internationalement.
Par contre, c'est clair qu'on doit aussi...
Moi, je suis responsable de l'allègement réglementaire, je parle souvent qu'il
faut faire le ménage des vieilles lois, mais il faut aussi créer des nouvelles
lois pour la nouvelle réalité. Aujourd'hui, dans le processus de... Que la
collègue évoque, bien, on a inventé une nouvelle filière, ça ne se faisait pas,
des batteries, avant, au Québec, Mme la Présidente, on ne pouvait pas prendre
des critères de choses qu'on ne faisait auparavant. On a créé un processus
rigoureux, à l'image du Québec, sur les critères environnementaux pour faire
les batteries. Il fallait se donner ces règles-là, si on veut aussi satisfaire
encore une fois...
M. Skeete : ...ces
entreprises-là recherchent premièrement. Si on faisait un compromis là-dessus,
mais on serait moins attractif. Donc, on n'a même pas une bonne raison
économique de faire ça. Alors, on a introduit un processus de suivi qui va
permettre... un suivi environnemental de tout ce qui est les processus, les
procédés. Puis ça n'existait pas avant, alors, oui, Mme la Présidente, il
fallait l'écrire. On l'a écrit parce que ça n'existait pas, ces critères-là,
avant. Puis là, avec ces critères-là, on se donne une cartographie pour la
suite. Là, maintenant, on sait comment gérer la création de nouvelles usines, comment
on fait pour gérer le stock de ces produits-là, parce que c'est des produits
chimiques, Mme la Présidente, il faut être soucieux de ça puis il faut bien les
gérer.
On se positionne pour l'avenir en créant
des processus modernes qui vont nous permettre de non seulement nous décarboner
puis qui va nous permettre d'arriver à notre objectif de 2 millions de voitures
électriques au Québec en 2030, 2035, de bannir la vente de véhicules à
combustion interne, puis, en 2050, d'être carboneutre. Je pense que, si on
peut, aujourd'hui, construire des entreprises, cette capacité-là, comme
Northvolt, mais on se prépare pour l'avenir, Mme la Présidente. Puis moi, je
pense que c'est de bon aloi puis je pense qu'on est très bien positionnés pour
l'avenir, si on peut continuer comme ça.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Nicolet-Bécancour,
pour cinq minutes, s'il vous plait. Merci.
M. Martel : Merci, Mme la
Présidente. Bien, d'abord, je vous salue. Je veux saluer aussi mes collègues,
le personnel qui l'accompagne et collègues de l'opposition. J'allais dire, je
suis très content d'être ici. Moi aussi, le vendredi, j'aime beaucoup ça, être
dans ma circonscription. Mais les interpellations, ça fait partie de notre
processus démocratique puis parler de la filière batterie, bien, je me sens un
peu comme la maman ourse qui veut défendre ses petits. Ça fait que je suis très
content d'être ici.
J'ai de la difficulté à suivre Québec
solidaire par rapport à... Quand les gens de Québec solidaire sont venus chez
nous ou à Trois-Rivières, bien, on les sent très positifs par rapport à la
filière batterie, quand ils sont à Québec, beaucoup moins. Pourquoi? C'est
évident que Québec solidaire, ils ont beaucoup de difficultés au niveau de la
création de la richesse, tu sais, pour dépenser de l'argent pour... il n'y a
vraiment pas de problème, on est très très imaginatifs. Mais jamais, à part des
taxes, à part de taxer... ou les ultrariches, de taxer les ultrariches, c'est
rare qu'on entend parler de création de richesse. Moi, mes notions économiques,
là, si on veut distribuer de la richesse, c'est important de la créer, puis je
trouve qu'on a une opportunité extraordinaire avec la filière batterie.
Chez nous, je compare ça souvent, moi, je
viens de la Mauricie, je compare ça souvent aux pâtes et papiers. Mon
grand-père a travaillé toute sa vie dans une usine de pâtes et papiers, mon
père aussi. Les pâtes et papiers, pour la région de la Mauricie, ça a créé des emplois
absolument en abondance, puis tous les emplois secondaires aussi rattachés à
ça. Moi, je pense que, pour la région de Nicolet-Bécancour, la région de la
Mauricie, je le compare souvent, je pense que la filière batterie va avoir un
peu ces mêmes répercussions là. On va créer des emplois, des emplois
secondaires par centaines, par milliers pour des générations futures.
Moi, depuis que je suis en politique,
depuis 2012, je n'ai jamais accepté que la région Mauricie-Centre-du-Québec
soit une des régions les plus pauvres au Québec. Quand on pense à tout le
potentiel qu'on a, les autoroutes, on est à mi-chemin entre Montréal et Québec,
on a des paysages extraordinaires, on a la voie ferrée, on a le fleuve
Saint-Laurent. Il n'y a pas de raison qu'on ne soit pas plus riche que ça.
Mais, pour y arriver, mais il faut créer des emplois payants, puis je pense,
sincèrement, que la stratégie du développement de la filière batterie, c'est un
élément très positif par rapport à ça. Comment on en est venu à arriver à ce
potentiel économique là de filière batterie? Bien, mon collègue ministre l'a
mentionné tantôt, premièrement, on a dit : Transformer nos ressources
naturelles, ça doit devenir une obsession.
• (10 h 50) •
Trop longtemps, au Québec, même si on a
toujours... Je me souviens mes cours de géographie, quand j'étais plus jeune,
on parlait de l'abondance des ressources naturelles au Québec, mais on n'avait
pas le réflexe de les transformer. Notre gouvernement, on a dit : On va
avoir une obsession par rapport à ça. Le parc industriel de Bécancour...
M. Martel : ...puis c'est là
que je voulais faire allusion au recherchiste de l'opposition officielle, il
doit être tanné de m'entendre parler de ça, mais parc industriel de Bécancour,
c'est le seul parc industriel qui appartient au gouvernement du Québec. Puis je
l'ai dit, il a 60 ans d'existence, puis avant notre arrivée, dans les 15
dernières années, on avait perdu plus d'emplois dans le parc industriel qu'on
en avait créé, malgré le potentiel incroyable qu'il y a.
Au niveau... premièrement, c'est tout
dézoné. Au niveau de la grandeur, on peut accueillir la grande entreprise. Il y
a une autoroute 30 qui passe directement dans le parc, il y a un port en eau
profonde, il y a la voie ferrée. Et on ne mettait pas ce parc industriel là de
l'avant. Moi, une des premières choses que j'ai faites quand on est arrivé au
pouvoir, j'ai invité le ministre de l'Économie à faire une visite, puis
dire : Voici le potentiel qu'on a. Ensuite de ça, le ministre, il avait
aussi l'idée, avec le livre de M. Legault sur les zones d'innovation, de
développer des zones d'innovation, puis il voyait un bon potentiel à
l'intérieur du parc industriel de Bécancour. Et on a invité aussi
Investissement Québec parce qu'Investissement Québec... là, j'essaie
d'accélérer, mais ça avait beaucoup de missions. J'ai été dans le développement
économique une vingtaine d'années, c'était beaucoup une banque, ils faisaient
bien les choses, mais c'était beaucoup une mentalité de banque. On a transformé
le mandat pour devenir beaucoup plus des gens qui vont...
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le député. C'est le tout le temps qu'on avait. Donc, nous allons débuter de
suite la troisième série d'interventions. Je cède maintenant la parole au
député de Maurice-Richard pour cinq minutes. Merci.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Toujours intéressant d'échanger économie, j'imagine que les
personnes ici sont au courant que j'ai passé 15 ans dans une institution
financière de développement, et toujours impressionnant aussi de voir à quel
point est-ce que ce gouvernement aime défendre des multinationales. Il avait
l'air mal à l'aise avec le fait que je dénonce l'aspect voyou de ceux qui ne
paient pas leurs impôts et leur juste part ou ceux, comme GM, qui sont partis
avec l'argent des Québécoises et des Québécois avant de mettre à la porte des
milliers de travailleuses et travailleurs. Je rappelle, par exemple, que la
compagnie Volta, qui a reçu 150 millions, est au Luxembourg, que Nemaska
Lithium a des relations avec l'île Caïmans, ou... qui a été mise à jour pendant
les «paradise papers». Je ne sais pas ce qui est respectable là-dedans. Nous,
on appelle ça voyou, le gouvernement appelle ça des partenaires d'affaires.
Le gouvernement a parlé de sécuriser
l'approvisionnement en batterie. Jusqu'à maintenant... Moi, j'aimerais bien
avoir la preuve de ça parce que c'est justement ça, la différence entre nous et
la CAQ. Nous, on pense qu'il fallait justement mettre de l'argent dans cette
filière, mais mettre autant d'argent, ça vient avec deux choses dans le
développement économique, ça vient avec du contrôle et des revenus. On n'a
aucune preuve du revenu et on n'a aucun contrôle. Est-ce que ces batteries-là
vont être au Québec? Est-ce qu'elles vont permettre aux Québécoises et des
Québécois d'avoir des véhicules électriques moins chers? Le gouvernement avait
même comparé ce projet-là à la Baie James, la Baie James, alors que c'est une
infrastructure qui nous appartient, c'est un savoir-faire qui nous appartient.
Il n'y a pas le moindre groupe de recherche associé à Northvolt qui va
s'installer au Québec. Et c'est un projet noble, qui est d'avoir de
l'électricité moins chère, le moins cher possible pour les Québécoises et les
Québécois. Qu'en est-il de Northvolt? Il n'y a rien en ce sens.
Le gouvernement nous parle des 2 millions
de voitures électriques qu'il espère voir. Concrètement, est-ce qu'il y a le
moindre projet pour diminuer ne serait-ce qu'un litre d'essence? Ça fait cinq
ans qu'il est au pouvoir. Combien de litres d'essence avons-nous diminués, dans
notre consommation, des voitures? C'est irresponsable, Mme la Présidente, c'est
irresponsable. Et on parle des voitures des particuliers, mais dans le
transport des marchandises, c'est pire, ça n'a fait qu'augmenter depuis qu'ils
sont arrivés au pouvoir. Il est où, le bilan, cinq ans plus tard? Et ils nous
demandent de les croire sur parole. Le même parti du troisième, un jour, on le
fait, un jour, on ne le fait pas, sans étude, sans rien, sans aucune
transparence, sans le moindre échange sur les baisses de GES.
Parlons maintenant d'énergie.
Actuellement, il n'y a rien qui prouve, parce que les contrats, encore une
fois, sont secrets, que ces compagnies-là ne vont pas utiliser l'électricité
pendant la pointe hivernale. Or, pendant cette pointe, ça coûte à Hydro-Québec,
de s'approvisionner, 1,20$ le kilowattheure. Les contrats industriels sont
autour de 0,05$ le kilowattheure quand ils sont publics. Quand ils sont privés,
c'est encore moins. Qui va...
M. Bouazzi : ...payer la
différence, si ce n'est pas Northvolt, c'est les PME, les citoyennes et les
citoyens. Et là, parce qu'on aime bien dire qu'ils vont venir utiliser notre
électricité et que c'est la manière avec laquelle on va faire du développement
économique à la manière des années 70, 80, là, on voulait que les
investissements viennent de l'étranger. Aujourd'hui, ils viennent de l'étranger
avec notre propre argent, c'est une innovation, alors qu'il faudrait
électrifier ce qu'on a déjà.
Le gouvernement nous dit : Il va
falloir avoir un deuxième Hydro-Québec, un deuxième Hydro-Québec. Je me
demande, j'ai du mal à comprendre, et ça doit être... Actuellement, là,
Hydro-Québec, c'est 210, 220 térawattheures par an de production. La
Romaine, là, c'est 8,5 térawattheures annuels. Un deuxième Hydro-Québec,
c'est 25 Romaine. La Romaine, c'est quatre barrages. On parle de
l'équivalent de 100 barrages et on continue à nous dire : Ne vous
inquiétez pas, ce qu'on a donné maintenant, c'est du surplus. Mais de quel
surplus on parle? On a 50 % de notre énergie qu'on consomme, qui est
aujourd'hui à essence, qu'il va falloir électrifier, basé sur quoi vous allez
le faire? C'est ça l'économie du 23e siècle? C'est nous l'économie du
23e siècle, vous êtes bloqués dans le siècle dernier, et c'est désolant.
Maintenant, il faudrait de la
transparence. Combien de GES vous allez demander? Combien les Québécois vont
payer en électricité? Quelles sont les retombées économiques? C'est ça que nous
avons besoin, pas des comptes à rendre aux multinationales et aux donneurs
d'ordre. Au Québec, M. le ministre. Merci.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au ministre pour cinq minutes.
Merci.
M. Skeete : Merci, Mme la
Présidente. Je ne sais pas où débuter. Je pense que je vais parler... bien, en
fait, suite à l'intervention de ce collègue, je suis inspiré à revenir sur ce
que le premier ministre a dit cette semaine. Le premier ministre a été très
clair, Mme la Présidente, les Québécois n'ont pas à s'inquiéter de manquer de
l'électricité, là, il n'y a pas personne ici qui va ouvrir son chauffage puis
ça ne marchera pas, là. C'est des blocs d'énergie qui sont divisés par
résidentiel, commercial, industriel. Et ici on parle de projets industriels.
Mais le collègue a raison de dire que ça va tellement bien qu'il y a beaucoup
de projets puis il va falloir choisir lesquels qui sont les plus stratégiques
et ceux qui sont les plus porteurs. Puis il a raison, c'est un défi énorme.
C'est un défi énorme. On s'est donné des critères pour analyser les projets,
pour être sûr qu'on puisse être transparents avec les gens, pour dire :
Voici où on s'en va au Québec par rapport à notre stratégie batterie, par
rapport à notre utilisation d'énergie. Parce que, je l'ai dit, il y a un engouement
mondial pour notre électricité. Mme la Présidente, c'est rare, un État qui peut
avoir 99,5 % d'énergie verte, c'est rare et, je vais aller plus loin,
c'est précieux. Alors, la planète entière parle de Bécancour. La planète
entière parle du Québec comme une solution de rechange et une façon de copier.
Alors, c'est une bonne nouvelle, Mme la Présidente, le positionnement que le
Québec a pris ces dernières années.
Le collègue, il dit qu'il était pour les
batteries, mais en fait il n'y avait pas de programme au... chez Québec
solidaire qui parlait de ça en 2018 ni en 2022. Québec solidaire est très, très
bon pour dire : Il ne faut pas qu'on... il faut arrêter de croître puis il
faut enlever des choses. Mais ils ne disent pas comment. Alors, nous, on dit qu'on
a un objectif de 2 millions de voitures électriques sur des routes. Puis
nous, on pense que ça passe, entre autres, par cette capacité-là de filière
batterie qui va nous permettre d'avoir le moteur des voitures à l'intérieur de
notre juridiction. Puis nous, on pense que ça prend les entreprises privées
pour créer l'essor économique, pour carburer tout ce que les Québécois
aiment : les services sociaux, des frais de garde à prix modiques, des
frais universitaires à prix modique. Ça, c'est qu'est-ce qu'on veut faire au
Québec. C'est ça la vision du premier ministre, c'est ça la vision de mon
collègue ministre de l'Économie, c'est de dire : Comment on fait pour
créer un environnement économique qui est plus prospère qui va nous permettre
d'aller au bout de notre potentiel en éducation, en santé, et tout? Ce n'est
pas une fin en soi, comme le dit toujours le premier ministre, ça rend
possibles toutes nos ambitions.
• (11 heures) •
Alors, où est-ce que je rejoins Québec
solidaire, c'est dans le grand rêve de dire : Les Québécois, ils méritent
les meilleurs services au monde. Je pense qu'on serait d'accord, moi et le
collègue, là-dessus. Bien, moi, c'est parce que je pense à les payer, c'est
juste ça, la différence.
J'ajouterais pour le collègue, encore une
fois, s'il veut parler d'énergie, puis il évoque les tarifs...
11 h (version non révisée)
M. Skeete : ...puis les pics.
Il est vrai, l'hiver, quand il fait froid, les Québécois chauffent. L'été, on
chauffe moins. C'est la raison pour laquelle on a fait une entente avec l'Ontario.
Puis ça, c'est une entente, là, gagnant gagnant. Durant... bien, en fait, l'Ontario,
eux, leur pique, c'est l'été. Eux autres, c'est l'air climatisé. Les gens, ils
ouvrent l'air climatisé, puis leur pic à eux, c'est l'été. Puis nous, notre
pic, c'est l'hiver. Ça fait qu'on a fait une entente avec l'Ontario. Quand on
est un surplus, on vous le donne. Quand vous êtes en surplus, vous nous le
donnez. Ça, ça fait un scénario gagnant-gagnant qui ne coûte pas plus cher aux
Québécois parce qu'on travaille de manière intelligente avec notre partenaire
qui est, dans ce cas-ci, l'Ontario.
Mais Mme la Présidente, je pense qu'on
arrive à un point où est-ce qu'il va falloir qu'on regarde l'environnement
énergétique au-delà de nos frontières. Le Québec a besoin de l'Ontario comme l'Ontario
a besoin du Québec. Le Québec a besoin de Terre-Neuve comme Terre-Neuve a
besoin du Québec. Et ensemble, si on travaille ensemble, je pense qu'on est
capable de faire des grandes choses, des choses vertes et écologiques pour l'avenir.
Mais je pense qu'il faut aussi penser outre les vieilles façons de faire. Le
collègue dit qu'il va... qu'il faut avoir un demi hydro, et il a raison. Si on
veut décarboner le Québec en 2050, ça va prendre de l'énergie, alors on ne peut
pas être contre le développement d'énergie, Mme la Présidente, je pense qu'il
faut être cohérent.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Portneuf pour cinq
minutes également.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Comme je vous le disais précédemment, j'aimerais vous partager
notre vision quant à la filière batterie. La stratégie québécoise de
développement de la filière batterie est évolutive et comprend trois volets :
exploiter et transformer les minéraux du territoire québécois pour fabriquer
des composantes de batteries comme des anodes et des cathodes, produire des
véhicules commerciaux électriques et développer le recyclage de batteries grâce
aux technologies québécoises d'avant-garde. J'entendais le collègue de Québec
solidaire tout à l'heure dire que nous étions bloqués dans le siècle dernier,
que nous étions quasiment irresponsables. Moi, je dirais, au contraire, Mme la
Présidente, qu'on s'inscrit justement dans les siècles prochains, qu'on s'inscrit
dans l'histoire. Le Québec a vraiment tout ce qu'il faut pour produire la
batterie la plus verte au monde et ça, c'est absolument remarquable, Mme la
Présidente, c'est remarquable.
Bien entendu, on regarde ce qu'on veut
léguer à nos enfants, on regarde ce qu'on veut léguer aux générations futures.
On est souvent cité en exemple. Et moi, je suis tellement fière que notre
nation, qui n'est finalement pas si grande, eh bien, s'illustre déjà de par le
monde. On nous cite en exemple et on va continuer à aller... continuer d'aller
dans ce sens.
Au Québec, en plus, Mme la Présidente, on
possède tous les atouts nécessaires pour que l'on puisse se démarquer à toutes
les étapes, finalement, de l'écosystème. On a de l'électricité renouvelable,
vous le savez bien. On a des talents, des talents extraordinaires au Québec qu'il
faut exploiter, qu'il faut continuer de mettre de l'avant. On a des
infrastructures logistiques qui sont elles aussi remarquables. On a accès au
marché. Notre positionnement géographique fait en sorte que nous pouvons en
effet devenir des leaders et devenir la référence en matière de batteries
vertes et un écosystème d'innovation qui est toujours en effervescence, qui va
faire en sorte que, finalement, j'ai presque envie de dire que l'équation Mme
la Présidente, est rêvée.
D'ailleurs, cette stratégie concorde avec
deux autres politiques clés de notre gouvernement qui sont le Plan québécois
pour la valorisation des minéraux critiques et stratégique 2020-2025 et le Plan
pour une économie plus verte 2030, dont on a eu l'occasion de parler déjà ici
ce matin.
Mme la Présidente, on dirait que l'opposition
refuse de réaliser l'ampleur de cette annonce, l'ampleur des conséquences qu'elle
aura finalement pour les générations futures, mais aussi pour l'économie
québécoise, parce que ça fait partie de notre ADN, vous le savez, Mme la
Présidente, au sein de notre formation politique, beaucoup de chefs d'entreprise
essaient d'influencer les décisions pour que l'on puisse se positionner de
manière exemplaire de par tous les acteurs économiques en Amérique du Nord,
mais même les acteurs économiques de la planète entière. L'implantation de la
filière batterie en Amérique du Nord constitue une occasion en or pour le
Québec...
M. Caron : ...une occasion en
or pour le Québec afin de se positionner comme leader au sein de l'industrie
stratégique d'avenir, comme je le disais tout à l'heure. La filière batterie,
ce n'est pas juste un investissement comme celui qu'on a annoncé assez
récemment avec Northvolt, ce sont aussi des investissements dans sept autres
projets, Mme la Présidente, pour une valeur totale de presque
11 milliards de dollars, qui ont été annoncés. Dans notre stratégie,
pour les mois à venir, on souhaite aussi consolider ce qui a déjà été annoncé,
c'est-à-dire l'ajout de capacités de production. On le sait, on a bien hâte
d'entendre le président d'Hydro-Québec nous annoncer quels seront les mégawatts
qui seront à disposition pour pouvoir finalement aller de l'avant pour
accompagner de gros projets ambitieux qui sont sur la table de travail de notre
ministre. Au chapitre dont je parlais, le gouvernement est présentement en
discussion avec plusieurs entreprises, et c'est une fierté, Mme la Présidente,
de voir à quel point beaucoup d'entreprises lèvent actuellement la main pour obtenir
l'accompagnement de notre gouvernement dans leur progression, dans leur volonté
d'aller plus loin et de devenir plus prospères encore.
Je vois que le temps s'écoule rapidement,
Mme la Présidente. J'aurai le plaisir d'intervenir une troisième fois d'ici
quelques minutes. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le député. Nous allons maintenant débuter la quatrième série
d'interventions. Je cède maintenant la parole à la députée de Notre-Dame-de-
Grâce pour cinq minutes. Merci.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Alors, lorsqu'on pense à une industrie au Québec, telle la filière
batterie, on pense souvent en premier à la production et à ses effets, et il ne
faut surtout pas oublier l'extraction des minerais ainsi qu'à la récupération
et le recyclage. Lorsqu'on parle de stratégie, tous ces éléments doivent être
pris en considération. Alors, comme producteurs de batteries, nous avons non
seulement une responsabilité sociale et environnementale, mais aussi un intérêt
économique à s'assurer qu'on maximise son utilité, sa durée de vie et qu'on
minimise le gaspillage. C'est aussi une... Pardon. Selon Sarah Houde,
Propulsion Québec, une batterie usagée est un déchet de grande valeur qui
contient des métaux stratégiques moins coûteux à recycler qu'à extraire. Les
batteries utilisées dans les véhicules électriques fonctionnent principalement
au lithium, un minerai stratégique identifié parmi plusieurs pour lesquels la
demande sera multipliée par 10 d'ici 2030. Selon l'Agence internationale de
l'énergie, la croissance de la demande est telle qu'il faudrait
50 nouvelles mines de lithium et 60 de nickel d'ici 2030.
Alors qu'il n'était pas rentable de
recycler autrefois le lithium, ce sera bientôt une nécessité, considérant l'augmentation
des véhicules électriques sur nos routes. Selon les projections de Propulsion
Québec, le premier pic devrait être atteint en 2030. Entre 58 000 et 88 000
batteries arriveront en fin de vie cette année-là dans la province... la grappe
industrielle des transports électriques et intelligents. Alors, cela
représente, Mme la Présidente, entre 17 500 tonnes et 26 400 tonnes de
plastique et de métaux stratégiques à recycler, comme le nickel, le lithium, le
cobalt et... ou le graphite.
C'est aussi une occasion de mettre en
branle le marché québécois... ces technologies et ces entreprises. Par exemple,
la compagnie Recyclage Lithion a développé une méthode qui utiliserait 99...
pardon, 90 % moins d'eau et qui émettrait 75 % moins de GES que l'extraction
minière. En effet, même de grandes entreprises américaines investissent dans
cette unique compagnie québécoise oeuvrant dans le recyclage des batteries.
Alors, c'est très prometteur. En investissant dans le secteur du recyclage,
nous contribuerons à la rendre économique... à rendre l'économie québécoise
plus circulaire en optant pour une stratégie plus durable. D'ailleurs, à
Radio-Canada, le ministre de l'Économie et de l'Innovation a déjà souligné
l'importance du recyclage durant le développement de la filière, et je le
cite : «Le recyclage devient extrêmement important. Dans 15 à 20 ans,
peut-être avant, on n'irait plus extraire ces minerais, les minerais, on va
tous les recycler.»
• (11 h 10) •
Alors, concrètement, que propose le
gouvernement du Québec pour assurer une production responsable et durable...
Mme McGraw : ...une production
responsable et durable de batteries qui comprend leur récupération et aussi
leur recyclage. Je profite, Mme la Présidente, pour revenir sur le BAPE.
Rappelons que la CAQ a adopté cinq positions, suite à l'annonce de Northvolt,
cinq positions différentes à l'intérieur de cinq jours. Je viens d'entendre le
ministre ajouter une sixième position : il a souligné dans son
intervention que le BAPE est un élément clé pour la responsabilité
environnementale des entreprises. Alors, est-ce que le ministre aujourd'hui...
est-ce qu'il confirme aujourd'hui qu'il va y avoir un BAPE sur Northvolt? Il a
aussi cité Al Gore, que je connais depuis 30 ans, c'est mon mentor, j'ai fondé la
version canadienne de son projet réalité ici, au Canada. Alors, je permets de
dire que, si on félicite Al Gore, c'est à cause... en viennent... en
environnement ici, au Québec, c'est à cause des décisions structurantes des
gouvernements libéraux, c'est-à-dire l'hydroélectricité et le marché du
carbone. Et je tiens à le souligner.
Alors, est-ce qu'il va y avoir un BAPE?
Parce que je viens d'entendre le ministre adopter une sixième position, qui est
très, très bienvenue, qui dit que le BAPE, c'est essentiel à la responsabilité
sociale des entreprises? Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
Mme la députée. Jecède maintenant la parole au ministre pour cinq minutes.
Merci.
M. Skeete : Merci, Mme la
Présidente. Une des premières fois que j'ai rencontré la collègue, on a fait
une étude détaillée d'un projet de loi qui portait sur une ligne
d'interconnexion vers les États-Unis, puis il y avait un point de litige,
c'était si, oui ou non, il allait y avoir un BAPE puis qu'est-ce que le BAPE
disait. Alors, c'est clair. Mme la Présidente, je l'ai dit à plusieurs
reprises, au Québec, on vit dans un État de droit et on est un des États les
plus rigoureux en matière d'environnement. Alors, moi, ce que je peux confirmer
à la collègue, comme on l'a fait à plusieurs reprises, on va suivre les lois et
les règles du Québec, Mme la Présidente, ça va de soi. C'est une des raisons
que les gens veulent investir au Québec.
Alors, moi, je ne vois pas... en tout cas,
je ne vois pas où est-ce qu'elle veut m'amener, mais je vais le dire
clairement, je suis fier du fait qu'au Québec on fait les choses bien. Et
avant, là, c'était une pénalité qu'on payait, Mme la Présidente, de faire ça.
Je donne souvent l'exemple, quand je parle à des gens dans l'industrie, je leur
dis : Tu sais, il y a 20 ans, là, dans le creux, là, de l'économie puis
quand ça allait moins bien au Québec, on avait des processus rigoureux,
environnementalement rigoureux, puis on payait le prix un peu pour ça, en
termes d'économie, là, tu sais. Il y avait des entreprises qui ne voulaient pas
investir ici, c'était trop compliqué, ce n'est pas assez facile, mais on a tenu
notre bout. Puis, aujourd'hui, ça, c'est une valeur ajoutée. Les gens sont
prêts à payer plus pour venir au Québec puis de faire affaire avec nous. Alors,
on a eu raison d'être rigoureux. L'histoire nous donne raison d'avoir été si
rigoureux avec nos processus. Puis on ne va pas changer, c'est la carte de
visite que le Québec a quand on fait des rencontres avec les entreprises qui
veulent investir au Québec. Donc, voilà.
Très content que la collègue évoque le
recyclage, parce que le recyclage, là, c'est important. Tantôt, quand je
disais : De la mine au recyclage, c'est ce que je voulais dire, c'est que,
là, on extrait notre lithium, on produit des batteries vertes avec, mais, un
jour, il va falloir gérer les déchets. Mais on pense déjà à ça. Dans la
stratégie batterie du gouvernement du Québec, on pense déjà à ça. On a financé
Lithium. La collègue a évoqué cette compagnie-là. On est déjà en affaires avec
eux parce qu'on pense que le recyclage, ça va être important. Puis non
seulement ça, ça nous permet de minimiser le risque géostratégique de dépendre
de pays qui sont moins sûrs pour nous approvisionner en matériaux, en minerais
critiques. Donc, on règle toutes sortes de problèmes, un problème
environnemental, un problème géopolitique.
Puis aussi on crée des emplois de qualité
chez nous et on développe une expertise de pointe, une expertise qui va faire
des petits, là, Mme la Présidente. On le sait, hein, quand on crée un nouveau
secteur... là, au début, c'est vrai, ce que le collègue de Maurice-Richard dit,
c'est vrai, il y a des gens de l'étranger qui vont venir investir ici. On est
quand même propriétaire de nos minerais, puis on est quand même impliqué, puis
on a des parts dans ces entreprises-là, là, Mme la Présidente. Mais il a
raison, c'est une connaissance qu'on n'a pas encore, mais, un jour, là, dans
ces pousses-là, dans les 5000 emplois de qualité qu'on crée, là, avec notre
filière, puis les plus qui vont venir...
M. Skeete : ...En deuxième et
en troisième transformation plus tard, ces gens-là, là, il va y en avoir un,
deux, peut-être 10, 15 qui vont de dire : Aïe, moi, là, je me lance en
affaire. Puis ça, on appelle ça de l'innovation, Mme la Présidente. C'est des
gens qui regardent, ils apprennent puis là, ils vont se dire : moi, là, je
vais me partir en affaires, basé sur ce que j'ai vu ici, je suis capable de
faire mieux, puis mon boss ne me donne pas la latitude de le faire, et cetera.
Puis là, c'est de même qu'on crée des entrepreneurs.
Puis moi, je suis convaincue que dans
20 ans, le petit investissement relatif pour le... qu'est-ce que ça
pourrait devenir, d'aujourd'hui, va sembler... On va rire du fait qu'il y avait
des gens qui ne pensaient pas que ça allait marcher. Je souhaite ça pour le
Québec. Je souhaite que, comme Jean Lesage se faisait dire : Bien, voyons
donc, tu t'en vas dans le nord construire des affaires, il fait froid l'hiver,
comment tu vas faire ça? Puis on riait de lui. Il y avait des gens, là, comme
nous ici, là, qui venaient ici, dans ce parlement, lui dire qu'il était dans le
champ puis il n'avait pas raison de le faire. Puis moi, je souhaite dans
20 ans de pouvoir dire : Bien, on nous a dit ça, nous autres aussi,
Mme la Présidente, mais on y a cru puis aujourd'hui, regarde ce que ça a donné.
Oui, c'est sûr que quand qu'on veut
s'insérer dans une chaîne de valeur d'un nouveau secteur, ça coûte cher, mais
moi, je suis convaincu, je suis convaincu que ça va faire des petits puis qu'on
va avoir énormément d'innovation là-dedans, ne serait-ce que pour nous
préparer, comme je le disais dans mon introduction, pour la suite, qui va être
le stockage de courant et d'électricité pour les batteries éoliennes et les
batteries solaires. Alors, moi, j'y crois beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Nicolet-Bécancour
pour cinq minutes aussi.
M. Martel : Merci, Mme la
Présidente. Déjà, la filière batterie, on a investi à peu près... On a fait des
annonces à peu près de 2 milliards dans le parc industriel de Bécancour.
C'est sûr qu'on ne pourra jamais être d'accord, moi puis le député de Québec
solidaire, quand qu'il parle d'un siècle passé, de notre vision, alors
qu'aujourd'hui on parle du développement de la filière batterie. C'est sûr
qu'on ne peut pas s'entendre. On a annoncé déjà 2 milliards à peu près, je
pense que d'ici un an à Bécancour, on devrait annoncer encore un autre 2
milliards. Je ne serais pas étonné.
Entre-temps, la semaine passée...
Peut-être la semaine passée, on a annoncé 75 millions à l'ABI. L'ABI,
c'est une entreprise que 1 100 travailleurs. On sait que c'est une
industrie qui est importante pour le Québec. En annonçant 75 millions, on
garantit, là, pour plusieurs années la survie de cette usine-là.
Cette semaine, je ne sais pas si le
collègue l'a vue, mais il y avait une annonce, Air Liquide, qui dit qu'il veut
investir 200 milliards dans le parc industriel de Bécancour. Juste
rappeler, Air Liquide, ils produisent l'hydrogène. Le plus gros électrolyseur
au monde, il est à Bécancour, il appartient à Air Liquide. Ce n'est pas moi qui
le dis, là. Dans le communiqué, il dit : «"Le Québec est aux
avant-postes de la transition énergétique, développant activement un écosystème
industriel dynamique autour des composantes de la batterie, de l'hydrogène et
des énergies renouvelables", indique le directeur général du pôle
Amériques Air Liquide, Matthieu Giard, par voie de communiqué. "Le marché
des batteries pour véhicules électriques est en expansion rapide et offre de
nombreuses opportunités qui donnent lieu à l'émergence d'écosystèmes dédiés à
son soutien et à son développement. La région présente de nombreux atouts,
notamment ses ressources hydroélectriques, une main-d'œuvre qualifiée, un
écosystème d'innovation dynamique", fait-il valoir, rappelant qu'Air
Liquide est à Bécancour depuis plus de 35 ans.» Ce n'est pas moi qui dis
ça. Je sais qu'il n'aime pas beaucoup ça, les compagnies internationales, mais
quand même, nous autres, on est fiers de l'avoir.
• (11 h 20) •
Je suis certain que le collègue a lu
l'excellent papier d'Alec Castonguay. C'est paru dans la revue L'Actualité
dernièrement. Encore là, ce n'est pas moi qui le dis, là. Et lui, il base son
texte sur trois choses, trois vertus pourquoi les développements de la filière
batterie : la première, c'est de protéger notre marché le plus important,
qui est le marché des États-Unis, la deuxième, c'est... Là on parle de la
batterie pour les voitures, mais éventuellement, les batteries, ça va être dans
les maisons, et troisièmement, ce n'est pas tous les hommes et les femmes qui
vont aller à l'université, c'est important de préserver des emplois de cols
bleus. Là, ce n'est pas moi qui le dis, mais je veux quand même le citer puis
je vais essayer de faire ça le plus rapidement possible, là. Mais quand qu'il
parle de... Du marché, c'est important de protéger le marché américain,
«l'avenir de l'industrie automobile étant électrique, toutes les composantes
qui traverseront la frontière chaque jour de part et d'autre seront...
M. Martel : ...autant
d'arguments pour garder ce robinet économique ouvert. C'est important qu'on ait
un développement industriel qui puisse toujours, toujours rentrer dans le
marché américain. Par rapport à la maison, ce que je trouve vraiment
intéressant, c'est qu'il dit : «La création d'une grappe industrielle de
la batterie au Canada et au Québec va permettre de développer une expertise,
des talents et tout un réseau de PME, qui vont non seulement alimenter
l'industrie automobile, mais aussi les batteries pour maisons et commerces afin
d'accélérer le virage vers les grilles intelligentes et bidirectionnelles
d'électricité. Ce sera bon pour les citoyens, les entreprises, les villes et
Hydro-Québec.
D'ailleurs, le recyclage, on en parlait
tantôt des batteries, sera l'un des champs d'expertise de la filière batteries
au Québec, parce qu'on a ça en tête aussi.» Et, par rapport aux emplois que je
veux absolument mentionner, la sortie de terre de la filière batterie en
Amérique du Nord ne résoudra pas à elle seule les maux de notre époque, mais
les emplois qui seront créés par milliers, dans les prochaines années, seront
des emplois de mécanicien, de soudeur, de machiniste, de manœuvre
d'électricien, de plombier, de préposé d'entrepôt, des bons emplois pour la
classe ouvrière dans un domaine, l'énergie de demain, qui... qui inspire
confiance.
La Présidente (Mme Haytayan) : Conclusion.
M. Martel : Oui. Donc, je
voulais... il n'y a pas juste la CAQ qui dit que c'est bon, le développement de
la filière batterie au Québec, il y a des entreprises de l'extérieur puis il y
a des chroniqueurs chevronnés ici. Merci.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le député. Nous allons débuter la cinquième série d'interventions. Je cède
maintenant la parole au député de Maurice-Richard, pour cinq minutes. Merci.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Le ministre nous a dit que nous, on n'avait pas ça, la
planification de la batterie, et que son ministre de l'Économie de l'époque, en
2019, avait pensé à cette vision, à cet horizon sur la filière batterie en
2018. En fait, nous avions la stratégie sur la filière batterie que,
d'ailleurs, je vais déposer avec l'accord de mes collègues, évidemment, en 2022
aussi. Nous avions ça dans notre plateforme et nous allons aussi la déposer.
Je comprends que les multinationales
étrangères parlent avec énormément d'engouement de notre électricité, cher
collègue, c'est juste évident. Vous savez, la Caisse de dépôt, actuellement,
quand elle investit dans une compagnie, elle s'assure que cette compagnie-là
paie sa juste part de finance mondialement. Quelle assurance le ministre a que
ces compagnies... On est rendu à ce qu'une caisse, dont ce n'est pas
l'objectif, mais pour des questions de responsabilité sociale, s'assure que les
compagnies paient leur juste part, et ici, des compagnies qui sont inscrites
dans des paradis fiscaux ne seraient pas des voyous. On leur donne des
milliards sans même avoir le contrôle, c'est-à-dire qu'on ne prend pas des
parts suffisantes pour avoir le contrôle. Le ministre nous parle de s'assurer
l'approvisionnement des batteries. Est-ce qu'il y a ça dans le contrat? Est-ce
qu'il s'engage à nous dire que, dans le contrat, il y a des batteries qui vont
rester au Québec? Évidemment, les multinationales se frottent les mains en
vente d'électricité, qu'en fait on n'a pas encore aujourd'hui.
Les prochains développements d'éoliennes
et de barrages vont être autour de 11 sous le kilowattheure. On leur vend à
cinq. Qui va payer la différence? On nous parle de création d'emplois. Bien
sûr, nous sommes pour la création d'emplois, mais elle est où, la limite, on
met 100 000 $, 200 000 $ d'emplois, on est rendu à 1 million et demi par
emploi. Il y a bien des PME au Québec et des industries ici, localement, qui
prendraient le million et demi pour créer des choses de qualité. La question,
c'est de dire : Bien sûr, la filière batterie, mais à quel prix? Et, sans
contrôle, sans s'assurer que ces batteries-là vont, effectivement, participer à
notre transition énergétique, à rester au Québec, et sans part, sans s'assurer
que cet argent-là ne va pas aller dans des paradis fiscaux et comprendre quel
est le montage économique qui nous permet d'affirmer qu'il va y avoir des
retours. On a que la parole du gouvernement, le même qui voulait faire le
troisième lien... ou qui le veut encore, on n'a pas vraiment compris.
Maintenant, sur la question de la
transition, il y a aussi la question du sérieux, parce qu'on veut bien croire
sur parole un gouvernement, mais on peut aussi le juger sur son bilan. Qu'a
fait le gouvernement pour qu'on commence à économiser de l'énergie, justement,
pour en dégager pour nos industries? Ça fait cinq ans qu'ils sont au pouvoir.
Le Code du bâtiment, il s'est-tu amélioré? On continue aujourd'hui, à présent,
à l'heure où on se parle, cinq ans après l'arrivée de la CAQ au pouvoir, à
construire des passoires...
M. Bouazzi : ...énergétique au
Québec, on continue à vouloir ploguer des nouveaux bâtiments tout neufs à des
infrastructures de gaz naturel. Je rappelle ici que le temps d'amortissement,
et c'est ce que fait payer Énergir, d'un tube de gaz est de 40 ans,
minimum 30 ans. On est en 2023. Vous comprenez qu'on dépasse 2050. C'est
ou eux ils ne savent pas compter, ou on compte sur le fait qu'on ne va jamais
atteindre les objectifs de GES. C'est irresponsable, c'est choquant.
Où est le programme de rénovation des
bâtiments pour consommer moins d'énergie? À part demander... actuellement,
Hydro-Québec fait le tour des municipalités pour leur dire : S'il vous
plaît, ploguez du gaz naturel parce qu'on n'est pas capable de vous donner de
l'électricité pour électrifier. Bien, isolons les... combien de maisons ont été
isolées depuis que la CAQ est au pouvoir? 10 000, 5 000, 200? Elle est où, l'annonce? Combien de
litres d'essence avons-nous diminué dans la consommation du transport? Combien?
1 million de litres? 100 000 litres? 10 litres? Zéro? A-t-on
augmenté? On a augmenté, Mme la Présidente. Et ils veulent qu'on nous croie sur
parole pour nous dire : C'est extraordinaire, c'est vert. Rendez publiques
les analyses économiques, les baisses de GES, le coût que ça va coûter
d'électricité aux Québécoises et aux Québécois, et ensuite, effectivement, on
vous croira.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au ministre pour cinq minutes.
Merci.
M. Skeete : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Le collègue tantôt évoquait son expertise et son expérience
dans le domaine économique. Je pense qu'il travaillait à la DEC, c'est-tu ça,
la DEC? Développement économique Canada? C'est ça. Je me demande si ces patrons
au DEC auraient été de bonne humeur s'ils avaient fait une conférence de presse
pour annoncer les contrats qu'ils travaillaient avec les entreprises. Je ne
pense pas, Mme la Présidente. Il le sait, dans le domaine des affaires, quand
on fait du financement avec des entreprises, on ne peut pas donner les chiffres
à tout le monde, ne serait-ce que pour protéger la compétitivité entre les
entreprises, on se doit d'être neutre. Il le sait, ça, Mme la Présidente, mais
il dit qu'on n'est pas transparent parce qu'on ne le partage pas.
Je veux revenir sur quelques sorties qu'a
faites le collègue, notamment en lien avec l'économie d'énergie. Je trouve que
la question est superbonne, parce qu'effectivement, plus les Québécois vont
économiser leur énergie, bien, plus d'énergie qu'on va avoir pour donner à ces
gens-là qui veulent investir au Québec. Donc, c'est clair. Puis... mais, en
même temps, les Québécois sont propriétaires de cette électricité-là, hein? Ça
fait qu'il ne faut jamais l'oublier ça. Puis le collègue a raison de dire qu'il
faut toujours, et le premier ministre l'a dit, il faut toujours s'assurer que
les Québécois aient leur électricité à un prix raisonnable puis c'est ça qu'ils
méritent, les Québécois, puis on est entièrement d'accord avec ça.
Du côté d'économie d'énergie, je veux
parler de deux investissements qu'on a faits, parce que je suis
particulièrement fier de ceux-là, la première s'appelle Brain Box. Brain Box,
c'est une entreprise qui... mais ça, ça coche plein de cases, Mme la
Présidente, ça coche la case de technologie, de TI, d'intelligence
artificielle, d'innovation québécoise, puis, en même temps, ça réduit les GES
puis ça nous aide à économiser de l'électricité. Brain Box, c'est un procédé
dans le fond où est-ce qu'ils aident les entreprises à sauver de l'énergie en
utilisant une intelligence artificielle qui va dire : Bien là, il faut
diminuer la température dans cette pièce-ci, il faut diminuer les lumières dans
cette pièce-là, ainsi... puis ainsi de suite. Puis ce qui est intéressant avec
ça, c'est que le modèle d'affaires de Brain Box, c'est : il ne charge pas
pour ça, Mme la Présidente, ils prennent un pourcentage des économies que ça va
générer. Ils sont à ce point confiants que leur technologie est bonne, qu'ils
prennent une part des économies. Donc, tout le monde est gagnant. Ça, c'est
quelque chose qu'on a fièrement financé au gouvernement du Québec.
• (11 h 30) •
Puis il y a une entreprise à Laval que je
suis allé faire une visite récemment. J'y retourne parce qu'on investit à
nouveau bientôt. Je ne peux pas vous dire le nom, mais eux, ce qu'ils font,
c'est qu'encore une fois, en utilisant la technologie d'information, ils
prennent... avec l'intelligence artificielle, ils gèrent le "output",
de l'énergie dans une bâtisse. Ça fait que, mettons, là, on a un transformateur
qui a été conçu pour une autre époque, parce que, souvent, on habite dans des
bâtisses qui ont plus de 20 ans, 30 ans, 40 ans. Puis
l'intelligence artificielle va venir baliser l'utilisation de l'énergie dans
cette bâtisse-là pour être sûr qu'on ne fait pas sauter le disjoncteur. Puis ça
nous assure aussi de pouvoir maximiser les connexions parce que de plus en plus
les gens ont des voitures...
11 h 30 (version non révisée)
M. Skeete : ...etc. Alors, c'est
le genre de chose qu'on doit faire. Mais mon collègue aussi a évoqué quelque
chose d'autre qu'on doit penser. On doit aussi assurer la bidirectionnalité du
courant, parce que, quand on parle de 2 millions de voitures électriques, bien,
c'est 2 millions de batteries ambulantes, ça aussi. Ça fait qu'il faut changer
totalement notre paradigme, quand on regarde l'avenir par rapport à
l'utilisation de l'énergie, et de voir les opportunités que ce changement de paradigme
là va nous amener.
Je veux terminer la dernière minute qu'il
me reste, Mme la Présidente, pour dire... bien, en fait, corriger quelque chose
que le collègue a dit. Le collègue a dit qu'on vend de l'électricité qu'on n'a
pas. Mme la Présidente, je veux rassurer les Québécois et les Québécoises, un,
il ne manquera pas d'électricité au Québec, et, deux, on ne vend pas de manière
cavalière l'électricité qu'on n'a pas, Mme la Présidente, voyons donc! Le
Québec est un État de droit, on va honorer nos engagements, ça va de soi, mais
je pense que c'est important de le dire pour corriger des choses qu'il
véhicule, des fois aussi dans le public, mais ici aussi.
L'opportunité qu'on a, Mme la Présidente,
avec l'énergie, ce n'est pas... C'est clair qu'on en utilise plus qu'avant,
parce que je vous ai dit, là, il y a un engouement vers le Québec. Alors là, on
a des choix intéressants. Ce n'est pas des choix de dire : Oui, mais là
est-ce qu'on veut, tu sais... qu'est-ce qu'on veut faire avec l'énergie, bien
là, tu sais, ça ne va pas bien, il y a un surplus, on ne sait pas quoi faire
avec. Non. On est dans la mentalité de dire : O.K., quel projet porteur
est plus à notre image? Puis ça, c'est un changement aussi de paradigme, Mme la
Présidente. On n'est pas où est-ce qu'on était avant, on a de l'électricité
propre, les gens le veulent, les Québécois veulent qu'on l'exploite parce qu'ils
veulent qu'on aide à décarboner nos voisins.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Portneuf pour cinq
minutes. Merci.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Le député essaie de nous dépeindre, depuis tout à l'heure, comme
des gens qui ne sommes pas capables de faire la démonstration des économies d'énergie
qui sont faites, qui ont déjà été faites et qui vont être faites dans l'avenir
grâce aux actions qu'on prend.
Moi, je sais une chose, Mme la Présidente,
c'est que le statu quo ne permettra, bien entendu, d'économiser aucun litre d'essence.
Donc, on va continuer d'aller de l'avant, à la fois dans beaucoup de dossiers,
mais dans la filière batterie, vous l'aurez compris, qui nous anime tellement
ce matin, Mme la Présidente.
Tout à l'heure, je vous parlais de nos
investissements dans la filière batteries et j'aimerais poursuivre dans ce sens
et aborder aussi l'enjeu de la transparence. Le ministre l'a abordé il y a
quelques instants. Tout le monde sait, tous les gens qui ont touché de près ou
de loin le monde des affaires savent qu'il est primordial de conserver une
certaine confidentialité dans les dossiers, dans les échanges qui sont entamés
de part et d'autre, de part et d'autre des négociations avec les entreprises.
Et tous ceux qui appartiennent ou qui, encore une fois, ont touché de près ou
de loin le monde des affaires sont en mesure de comprendre ce concept.
Dans le cadre de nos négociations, Mme la
Présidente, le gouvernement a, bien entendu, accès à des informations qui sont
parfois stratégiques, de natures financière, commerciale, technologique, qui ne
peuvent pas être divulguées aussi simplement que ça, donc. Et on sait bien que
si on avait accès à certaines formes de divulgation de cette nature, eh bien,
on pourrait tout simplement mettre en péril des projets, parce qu'on pourrait
mettre en doute leur compétitivité ou finalement permettre à toutes sortes d'intervenants
de pouvoir aller décortiquer et d'essayer de se positionner à la dernière
minute.
On joue sur un échiquier qui est mondial, Mme
la Présidente, donc c'est important, dans ce contexte de concurrence
internationale, de protéger la divulgation de l'information sur les entreprises
avec qui le gouvernement est en discussion, sur les aides financières qui sont
possibles, les aides financières qui sont envisagées, et il ne faut absolument
pas nuire à la capacité du Québec d'attirer des projets d'envergure. Parce que,
je le disais tout à l'heure, et tous ici le disions, de ce côté-ci de la
Chambre, à quel point nous croyons en cette filière batteries et à quel point
nous sommes ambitieux pour l'économie du Québec.
Mme la Présidente, le ministère et...
M. Caron : ...Investissement
Québec s'assure de dévoiler les informations essentielles et pertinentes en
temps et lieu sur les projets de la filière batterie. Il faut choisir les
moments opportuns lorsque les projets sont finalement suffisamment avancés.
Il y a des enjeux, bien entendu, et on ne
prétend pas ici, ce matin, que tout est facile. Il y a, bien entendu, cette
question de pénurie d'emplois. Ces grands projets vont nécessiter la création
d'emplois. Bien entendu, j'ai moi aussi entendu à quelques reprises que
certains dénoncent le fait que nous aurons de la difficulté à trouver des
travailleurs. Mme la Présidente, bien entendu, on prend aussi cet enjeu à
bras-le-corps et on essaie de trouver des solutions. Plusieurs programmes sont
offerts et vont pouvoir former les futurs employés à la filière batterie, qui
est quand même quelque chose, sur le plan de la technologie, qui est très
pointu. Je parle notamment du DEP en opération d'équipement de production,
l'AEC en opération et contrôle de procédés chimiques, ou encore le bac en génie
chimique. Donc, et on le voit, Mme la Présidente, déjà plusieurs établissements
lèvent la main pour être en mesure de former de futurs employés.
Donc, il y a cet enjeu de formation qui,
bien entendu, surgit, mais vous pouvez avoir l'assurance, Mme la Présidente,
qu'on va continuer d'accompagner tous les acteurs de l'enseignement pour
faciliter à la fois l'enseignement, le recrutement et la mise à disposition,
finalement, de ces travailleurs qui vont venir prêter main forte dans ce projet
tellement ambitieux que l'on a hâte de continuer de voir progresser. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le député. Nous allons débuter la sixième série d'interventions. Je cède
maintenant la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour trois minutes.
Merci.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. On comprend très bien que la filière batterie va exiger des
quantités phénoménales d'énergie. Il faut s'assurer de ne pas mettre tous les
œuvres dans le même panier. En effet, il faut s'assurer que nos villes puissent
continuer à se développer et que nos PME, qui sont vitales à notre économie
québécoise, puissent aussi avoir droit à leurs besoins énergétiques. Et on ne
parle même pas des engagements à l'international. On comprend qu'en privé des
partenaires à l'international aux États-Unis se préoccupent de la situation. Il y a même, et je cite Bloomberg : «The region that produces
North America's cheapest power faces a threat that seemed impossible just a few
years ago, running short of electricity.» Donc, on porte beaucoup
attention à comment gère ce gouvernement nos besoins énergétiques ici, à
l'étranger.
Revenons à nos villes. Notre attention est
retenue par ce qui se passe à Gatineau, où Hydro-Québec est venue dire que des
projets résidentiels devraient être retardés, Mme la Présidente, en raison de
la capacité non suffisante du réseau dans la région. Rappelons-nous qu'Hydro-Québec
a le devoir de desservir tous les citoyens. C'est dans la loi. À cause de ces
cas comme ci, les entreprises en région... Donc, tout ça dans un contexte de
crise de logement, ont craint de ne même pas avoir... pouvoir fournir
l'électricité. Pourtant, c'est surprenant, étant donné qu'à l'émission Tout
le monde en parle, le ministre a dit, et je cite, qu'«on ne manquera jamais
d'électricité pour le résidentiel et le commercial». Alors, comment concilier
ce que le ministre a dit et ce qu'Hydro-Québec dit? C'est vraiment préoccupant.
Allons maintenant à Avantage Canada, où un
investissement de 1,6 milliard de dollars échappe au Québec, faute
d'électricité. La compagnie doit maintenant renoncer à son expansion au Québec
et va aller ailleurs au Canada. Alors, c'est vraiment une opportunité ratée,
Mme la Présidente. Et, finalement, les PME qui demandent des critères d'octroi
d'électricité plus transparents. L'UMQ aussi, qui aimerait bien connaître
comment est évaluée la portion liée au développement régional. À cause de cas
comme ça, les entreprises en région ont de plus en plus l'impression que le
ministre, il priorise les grandes entreprises aux PME québécoises qui sont
implantées dans la région et qui veulent aussi contribuer, Mme la Présidente,
au développement durable, économique du Québec.
En terminant, je voudrais conclure en
disant que toute cette mauvaise planification de la CAQ entraîne des
conséquences néfastes et sème de l'inquiétude au niveau économique, au niveau
de la population et au niveau de nos partenaires à l'international. Merci, Mme
la Présidente...
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
Mme...
La Présidente (Mme Haytayan) : ...la
députée. Nous en sommes maintenant aux dernières interventions. M. le ministre,
vous avez la parole pour 10 minutes. Merci.
M. Skeete : Merci, Mme la
Présidente. Je vais prendre quelques minutes pour réagir à l'intervention de la
collègue. La planète entière a un défi énergétique, Mme la Présidente, d'où la
sagesse du premier ministre d'avoir fait du ministre de l'Économie aussi
ministre de l'Énergie. J'ai croisé... Je vous parlais tantôt du responsable du
développement économique de Nuevo León, puis je lui ai posé la question, j'ai
dit : Aïe, les 45 milliards, là, que vous voyez... Puis là, il me
parlait de 45 milliards juste dans le secteur automobile. Il me disait que
dans les cinq prochaines années... ou c'était 10 prochaines années, il
pensait que la Ville de Monterey allait doubler en termes de population. Puis
en ce moment, Nuevo León s'alimente à 60 % gaz. J'ai dit : Tu vas
prendre le courant où? Puis le regard qu'il m'a donné, Mme la Présidente, me
faisait réaliser à quel point il y a beaucoup de gens qui ne réalisent pas les
défis énergétiques qu'on a. Heureusement, heureusement, le premier ministre du
Québec le voit venir et le voyait venir. C'est la raison pour laquelle on prend
des décisions en lien avec l'économie, avec un regard toujours et persistant
sur les besoins énergétiques.
Alors, ce n'est pas surprenant que
Bloomberg parle de ça, parce qu'on était effectivement en surplus d'électricité
verte. C'est comme dire on avait un surplus de diamants. C'est clair que, quand
les gens apprennent ça, ils vont vouloir les diamants. Alors là, on est
ailleurs. On doit gérer la croissance du Québec, la croissance énergétique du
Québec avec un regard de l'arrimage entre l'économie et l'énergie. Mais je le
répète, Mme la Présidente, il n'y a pas personne ici qui parle de manquer
d'électricité pour M. et Mme Tout-le-monde, les PME du Québec, là. On est à
gérer la croissance du Québec, Mme la Présidente. Alors, je tenais à vous le
rassurer, là, c'est très important, parce que, tu sais, il y a des choses qui
circulent. Puis je comprends la joute politique, là, mais on n'est pas à gérer
si oui ou non les gens vont ouvrir leur électricité puis il n'y en aura pas,
là. Bon.
Ceci étant, sur l'énergie, je veux revenir
globalement sur quelque chose d'autre. Il y a comme un mythe qui circule comme
de quoi les Québécois, avec leur tarif résidentiel, bien, ils subventionnent
les projets qu'on fait actuellement. Bien, c'est faux, Mme la Présidente. C'est
faux. En fait, Mme la Présidente, c'est les grandes entreprises commerciales et
industrielles qui subventionnent le tarif résidentiel. Puis c'est correct, ça,
c'est normal, c'est normal dans un état où est-ce qu'on est fiers d'avoir notre
électricité, elle est verte, que, oui, on se permet d'avoir une petite cote par
citoyen, puis que ça soit les entreprises qui paient un peu plus cher pour
l'avoir. C'est normal, ça, Mme la Présidente.
Alors, ça aussi, c'est un mythe qui
circule comme de quoi cette grande ambition que notre gouvernement a, bien,
vient avec un coût pour les citoyens, un coût en termes de sacrifice
énergétique, là. Ce qu'on fait, Mme la Présidente, c'est on investit dans
l'avenir. Tantôt le collègue évoquait, c'était 900 $ par Québécois qu'on
investissait. J'ai répondu en disant : Quand qu'on regarde les États-Unis
avec leurs 400 milliards, c'est 1000 $ par habitant. Ça serait naïf
de penser que si le Québec n'investissait pas pour attirer ces grandes
entreprises là, qu'on les aurait à cause de nos beaux yeux. Ce n'est pas vrai,
Mme la Présidente. Ils veulent notre électricité verte, ils veulent venir ici,
mais il faut être au moins comparables à ce qui s'offre ailleurs. C'est la base
de l'économie, c'est la base d'être en affaires.
On s'est fait convoquer ici en ce beau
vendredi, je regarde mon collègue de Nicolet-Bécancour, et on parlait de
transparence. La transparence, c'est important pour ce gouvernement. C'est la
raison pour laquelle, depuis 2019, on parle de la filière batterie, puis c'est
la raison pour laquelle, dès qu'on a vu un enjeu avec l'énergie, on a avisé les
Québécois. On répond à toutes les questions qui viennent en matière d'énergie
quand qu'on nous les pose. Puis prochainement, au mois de novembre prochain ou
très prochainement, on va avoir le rapport final d'Hydro-Québec, on a déjà
invité les oppositions. Le thème sur lequel on s'est fait convoquer ici
aujourd'hui, c'était le manque de transparence...
M. Skeete : ...on a fait une
consultation avec des experts, tous les experts, là, du Québec en matière
d'énergie. On les a réunis dans une salle pendant deux jours pour discuter
d'énergie, puis qu'est-ce qu'on peut faire, puis qu'est-ce qui est bon, puis
qu'est-ce qui n'est pas bon, puis qu'est-ce qui marche puis qu'est-ce qui ne
marche pas, puis où est-ce qu'on peut faire mieux, puis où est-ce qu'on est
mauvais, puis où est-ce qu'on est bon, justement, pour avoir ces bonnes
réponses là. Là, ça, ça circule chez Hydro-Québec, puis ça... on le mâche, là,
on est après travailler là-dessus.
Puis, la prochaine étape, avec la nomination
du nouveau P.D.G. d'Hydro-Québec, c'est de voir l'horizon d'où est-ce qu'on
est, où est-ce qu'on s'en va, puis de venir le présenter aux élus de
l'Assemblée nationale. Manque de transparence sur un dossier sur lequel on
parle depuis 2019, qu'on annonce avec des... avec des médias qui viennent nous
questionner sur la raison pourquoi on fait ça, avec des questions qu'on dirige
à la période de questions, avec des journalistes qui sont présents à la tribune
de la presse à tous les jours pour nous poser des questions là-dessus, pour un
programme qui est public, qui est connu, qui est su. Personnellement, Mme la
Présidente, je le vois pas, le manque de transparence. Mais il y a une chose
que je peux dire, je souhaite que l'exercice d'aujourd'hui a permis à des
oppositions d'avoir réponse à leurs questions.
Mais surtout, ce que je souhaite, je ne
pense pas qu'on va être d'accord, je ne suis pas naïf, mais ce que je souhaite
surtout, c'est qu'ils réalisent la grande opportunité qu'on a et imaginez si on
pouvait le faire ensemble. Je parle de tout le monde, là, ici, à l'enceinte de
l'Assemblée nationale. Si on était capable de faire ça ensemble, il me semble
qu'on irait plus loin. Et l'opportunité qu'on a, Mme la Présidente, c'est ni
plus ni moins que de verdir l'Amérique du Nord et aussi d'avoir des
technologies de pointe porteuses d'emplois de qualité, qui vont assurer l'essor
du Québec pour des générations. C'est ça, l'opportunité qu'on a.
Là, je ne veux pas être dans les grands
discours. Je ne veux pas... tu sais, je veux... C'est ça, l'opportunité qu'on
a, si on réalise ce défi ensemble puis on rame tous, là, tous les Québécois,
dans la même direction, là, on va parler un jour de la filière batterie comme
on parle de la filière aéronautique. On va dire : Bien, c'est sûr que
l'aéronautique, là, Québec est connu pour ça. C'est sûr, ça va de soi. Mais à
un moment donné il y a quelqu'un qui y a pensé, là, puis ce n'était pas
toujours ça. C'est ça parce qu'on l'a travaillé.
L'opportunité qu'on a ici, c'est peut-être
un rendez-vous historique, d'être du bon bord de l'histoire, puis de
dire : Bien nous, on l'a toujours appuyé ce projet-là puis on a toujours
contribué. C'est ça, l'invitation que je fais aux collègues parce que je vous
le dis, là, puis ça me ferait plaisir de vous amener avec moi quand on va
rencontrer ces entreprises-là, que ce soient les gouvernements étrangers, que
ce soient les États voisins, que ce soient ces entreprises-là, ces gens-là
adorent ce que fait le Québec, pas juste parce qu'ils veulent faire du cash,
Mme la Présidente, c'est sûr que c'est ça. Il y a... les entreprises veulent
faire de l'argent, c'est normal. Puis nous, quand on fait le calcul, on veut
s'assurer que les Québécois en ont pour leur argent aussi.
Mais, au-delà de tout ça, je l'ai évoqué
dans mon ouverture, il y a un mouvement manifeste, même de certaines industries
qui ont pris du temps à cheminer, qu'il faut se mettre à combattre le carbone.
Et on va combattre le carbone en travaillant dans le sens de la filière batterie,
dans le sens où est-ce qu'on dit : On devrait avoir des batteries qui sont
vertes, qui sont produites par des gens qui ne sont pas contraints à travailler
dans des mines, avec pas de lois pour protéger les droits des travailleurs,
avec des peuples qui sont... qui ne partagent pas les mêmes valeurs que le
Québec ou qui ne sont pas capables d'assurer une traçabilité en phase avec les
normes environnementales de classe mondiale. Le Québec figure d'une façon
enviable par rapport à tous ces dossiers-là. Et la prochaine étape, là,
c'est... après le ISJ, là, comment on parlait tantôt, Mme la Présidente, c'est
la traçabilité. Mais encore là, le Québec est bon. Puis imaginez si ensemble on
pouvait construire ça. Je pense qu'on... il n'y a rien qui pourrait nous
arrêter puis je pense qu'il y a assez de talent ici, dans ce Parlement, dans ce
gouvernement, dans notre société pour y arriver.
• (11 h 50) •
Alors, le message que je lancerais,
c'est : je comprends qu'il y a des questions, c'est normal qu'on doive être
imputables puis répondre à vos questions. On va continuer de le faire, mais
embarquez dans le train, là, parce qu'il y a des belles opportunités puis on a
besoin de vous. On a besoin de vous, de vos idées aussi, parce que c'est un
grand défi de taille...
M. Skeete : ...parce que c'est
un grand défi de taille, comment on va faire pour énergiser cette belle
opportunité-là qu'on a pour l'avenir. Alors, c'est une main tendue que je lance
aux oppositions aujourd'hui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le ministre. Je précise ici que les documents mentionnés précédemment par M.
le député de Maurice-Richard au micro seront déposés. Je cède maintenant la
parole au député de Maurice-Richard également pour une période de
10 minutes. Merci.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Le ministre nous a dit qu'il a répondu au besoin de transparence.
On a mis 7 milliards pour une seule compagnie, M. le ministre, et, si on
fait la somme des 30 milliards dont parle M. Fitzgibbon, on parle de plus
de 3 750 $ par Québécoise et Québécois qui sont octroyés à ces
multinationales étrangères, donc bien plus que le ratio qui se passe aux
États-Unis. Mais il nous dit : Attention! On a beau mettre 1,5 million
par job créée, on s'assure avec notre petite calculatrice d'avoir les revenus
dont le Québec a besoin.
Est-ce qu'il y a eu un chiffre, le moindre
chiffre du ministre, actuellement, des retombées pour chacun de ces milliards,
juste un chiffre, une date à partir de laquelle c'est rentable? Aucun chiffre,
et c'est ça que le ministre appelle de la transparence. Il nous dit : Mais
attention, c'est vert, c'est vert, ça participe à révolutionner l'écologie,
etc. Ce n'est pas juste le ministre qui ne nous a donné aucun chiffre de baisse
de gaz à effet de serre, c'est... Quand on demande le moindre courriel, dans le
ministère au complet, qui parlerait, peut-être même dans une phrase,
d'objectifs de baisse de GES de tous ces milliards investis dans la filière
batterie, il n'y a pas le moindre PowerPoint, le moindre document, le moindre
PDF, le moindre courriel, et aujourd'hui, évidemment, il n'y a pas le moindre
chiffre. Est-ce que c'est ça, la transparence dont parle le ministre?
Il me dit : Ne vous inquiétez pas,
venez avec moi rencontrer ces compagnies. Mais, moi, c'est devant le peuple du
Québec que j'ai des comptes à rendre, c'est devant la caméra qui est devant
moi, ce n'est pas devant les multinationales. Bien sûr, on les rencontre, mais
c'est ici qu'il faut être transparent.
Il nous dit : Ne vous inquiétez pas,
nous avons assez d'énergie, elles ne paient pas... Vous le savez, M. le député
de Maurice Richard, vous qui avez été 15 ans dans une institution
financière, on ne rend pas ces choses-là publiques. Actuellement, la majorité
des contrats industriels, la majorité des contrats de type L, parce qu'il faut
les nommer, sont publics, M. le ministre. C'est des gens qui ne comprennent
rien à l'économie? Ils sont déjà publics. Actuellement, il y a des compagnies,
on nous dit, on le sait, qu'elles s'effacent pendant le pic. C'est public, M.
le ministre. Pourquoi est-ce qu'on ne nous dit pas... Si on ne nous dit pas que
cette compagnie... si on n'est pas fier de nous dire que ces compagnies
s'effacent pendant le pic de consommation, en plein hiver, on peut bien se
douter qu'elles vont en consommer, de l'électricité, pendant ce pic. Alors
qu'on achète... Hydro-Québec achète l'électricité à ce moment-là à 1,24 $
le kilowattheure et que donc on va le revendre au mieux à 0,05 $ le
kilowattheure, et probablement en dessous, qui va payer la différence?
L'argent, il n'apparaît pas comme ça. Et c'est ça, la transparence dont
parle...
Il nous dit : Attention! On ne va pas
manquer d'électricité. Rappelons-nous qu'il y a cinq ans, c'est un gouvernement
qui n'avait aucun plan pour lutter contre la transition... la crise écologique.
Entre-temps, il l'a découverte, et aujourd'hui il nous dit : Ne vous
inquiétez pas, c'étaient des surplus. 50 % de l'énergie consommée au
Québec, 50 %, c'est de l'énergie fossile, 50 %. Il va falloir au
complet la transformer en énergie électrique. S'il continue, le gouvernement, à
ne faire aucun effort pour ce qui est de l'efficacité énergétique... C'est un
demi-Hydro-Québec juste pour ça, pas pour amener des multinationales
étrangères, juste pour électrifier ce qu'on a comme économie actuellement.
C'est ça, les surplus? De quels surplus on parle? C'est des surplus sur deux
ans, quand c'est des infrastructures qui prennent 10, 15, 20 ans à être
construites. C'est ça, les chiffres. Où sont les... Où est le plan?
Le ministre a parlé du BAPE auquel,
effectivement, nous avons eu accès à l'époque où on était sur le projet de loi
de raccordement avec les États-Unis. Qu'est-ce qu'il disait, ce BAPE-là? Il
disait qu'il n'y avait pas de plan du gouvernement et qu'on ne pouvait pas
savoir si ce contrat était bon. C'est ça qui était écrit dans ce BAPE, et c'est
probablement une des raisons pourquoi on ne déclenche pas un BAPE le plus vite
possible. C'est ça, la transparence? On nous dit : Ne vous inquiétez pas,
c'est une nouvelle... on va respecter la loi. Mais on a changé la loi trois
mois avant même que cette compagnie arrive. C'est fortuit, c'est par hasard?
...
M. Bouazzi : ...c'est fortuit,
c'est par hasard? Est-ce qu'il y a eu des échanges avec cette compagnie-là
avant que la loi change pour savoir combien de tonnes elle allait produire?
C'est par hasard. La limite était à 50 000 tonnes, elle est passée à 60 000
tonnes, c'est par hasard. C'est la plus grosse compagnie chimique de l'histoire
du Québec, et il n'y aura pas de BAPE. Et effectivement nous avons été, le
ministre et moi, sur un BAPE où il y avait 50 kilomètres d'une ligne électrique
sous terre, où on a fait un BAPE, mais la plus grosse compagnie de l'histoire
du Québec, chimique, parce que c'est de la chimie, ces batteries-là, il n'y
aura pas de BAPE. Et on nous dit : On va respecter la loi, alors qu'on l'a
changée quelques mois avant. C'est de la transparence, ça, M. le ministre.
C'est justement la transparence qu'il faut, et un BAPE permettrait d'avoir
cette transparence.
Le ministre nous parle de ces
multinationales qui sont très heureuses de venir chez nous. Je les comprends.
Je les comprends, quand il n'y a aucune planification, quand on vend les
kilowattheures aussi peu cher, alors qu'ils vont nous coûter une fortune à être
construits, car il va falloir construire. Je vois le ministre rigoler. Je
rappelle que les nouvelles infrastructures de production sont à 0,11$, voire
0,12$ le kilowattheure, qu'on le vend à 0,05$ et que les Québécoises et les
Québécois savent compter. Et, s'il y a des calculs secrets qui nous disent
l'inverse et que ce n'est pas eux et elles qui vont payer, qu'ils les rendent
publics, qu'ils les rendent publics. Et ils nous parlent de transparence.
Ces multinationales se frottent les mains,
bien sûr, bien sûr, parce qu'on est prêt à faire n'importe quoi pour s'assurer
de leur venue, et elles vont faire fortune, il n'y a pas de problème, ça, il
n'y a pas de problème. Quand on garroche autant de milliards d'argent public
sans exiger de retour, bien sûr, elles vont faire fortune. Bien sûr, elles vont
faire fortune. Il nous dit : Ne vous inquiétez pas, c'est sur une
génération. Si c'est sur une génération, on n'a pas le temps de faire un BAPE?
On va s'assurer d'approvisionnements, qu'ils nous rendent juste cette clause-là
publique s'il y a le moindre approvisionnement qui est assuré pour les
Québécoises et les Québécois. Il n'y a aucune preuve de cela. On peut se
retrouver dans une situation, et on est dans une situation, jusqu'à preuve du
contraire, où on envoie de l'argent public à une multinationale qui vient ici.
On change les normes environnementales pour qu'elle puisse éviter un BAPE et on
se retrouve à vendre ces batteries-là à l'étranger pour que d'autres pays, et
tant mieux pour eux, atteignent leurs objectifs de baisse de gaz à effet de
serre.
À Québec solidaire, on sait compter, M. le
ministre, on sait compter. Et on est capable de faire la différence entre 1,20$
le kilowattheure et 0,05$ le kilowattheure et de savoir que c'est quelqu'un
d'autre qui va payer. On est capable de comprendre que, si vous n'avez pas le
contrôle sur une compagnie, vous ne pouvez pas décider de l'approvisionnement
du Québec, que les voitures électriques vont continuer d'être beaucoup trop
chères pour le bas de la classe moyenne et évidemment inabordables pour les
autres. On est capable de se rendre compte qu'il n'y a pas un litre d'essence
qui va diminuer au Québec de par cette filière batterie.
Et, en 2023, c'est irresponsable, Mme la
Présidente, c'est irresponsable que toutes ces questions, toutes ces questions
restent sans réponse. C'est vrai que j'ai passé 15 ans dans une institution de
développement économique, mais on ne vient pas du même monde, on vient... La
vérité, c'est qu'à Québec solidaire on ne vient pas du même monde. Il y a un
monde où les deals se font en jouant au golf, où la transparence se fait en
chassant le faisan et...
M. Skeete : Mme la
Présidente... d'intention, j'aimerais ramener le collègue à l'ordre.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le ministre. On demeure respectueux envers tous les collègues. Merci.
M. Bouazzi : Mme la
Présidente, évidemment, le ministre sait qu'il y a bien des deals qui se font
autour des golfs, et moi je ne fais pas...
Une voix : ...
M. Bouazzi : Mme la
Présidente, est-ce qu'on peut invoquer... il n'y a pas d'intention là, Mme.
La Présidente (Mme Haytayan) : Demeurons
respectueux envers... merci.
• (12 heures) •
M. Bouazzi : Et, moi, je
viens d'un monde de transparence économique et de développement, où il y a deux
objectifs, c'est de s'assurer du bien-être des Québécoises et des Québécois, du
prix de l'électricité des Québécoises et des Québécois et des baisses de gaz à
effet de serre au Québec. Et c'est malheureux, c'est malheureux que ça ne soit
pas ceux du gouvernement, et c'est malheureux qu'on a l'impression qu'ils
traitent de l'argent public comme si c'était de l'argent...
12 h (version non révisée)
M. Bouazzi : ...Le ministre a
parlé des rencontres qu'il a eues pendant 24 h. Les spécialistes qui
étaient là se sont plaints justement de tous les programmes qui ne fonctionnent
pas actuellement. Et il ferait bien d'écouter les spécialistes et de s'assurer
qu'on va arriver à nos objectifs. Jusqu'à présent, c'est tout l'inverse. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Haytayan) : Merci,
M. le député.
Compte tenu de l'heure, je lève la séance.
Et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
Merci et bonne fin de semaine.
(Fin de la séance à 12 h 01)