Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 21 septembre 2023
-
Vol. 47 N° 22
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 17, Loi modifiant diverses dispositions principalement aux fins d’allègement du fardeau réglementaire et administratif
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11 h (version non révisée)
(Onze heures dix-neuf minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'économie et du travail ouverte. Je vous souhaite la bienvenue
et je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n°
17, Loi modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du
fardeau réglementaire et administratif.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel) est remplacée par M. Sainte-Croix
(Gaspé), et M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est remplacé par M. Bouazzi
(Maurice-Richard).
• (11 h 20) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Ce matin, nous entendrons les témoins suivants : l'Union des producteurs
agricoles du Québec, en visioconférence, et l'Association québécoise de la
quincaillerie et des matériaux de construction. Je souhaite maintenant la
bienvenue à l'Union des producteurs agricoles du Québec. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à commencer votre exposé, s'il vous plaît.
M. Caron (Martin) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente, MM. et Mmes les députés. Bien, tout d'abord, mon
nom est Martin Caron, je suis président général de l'Union des producteurs
agricoles et je suis aussi producteur laitier, de céréales et, en plus, d'orge
brassicole à Louiseville, en Mauricie. Avec moi aujourd'hui, bien, il y a
Marc-Antoine Lasnier, qui est président des Producteurs de cidre du Québec, il
y a M. René Bougie, président de l'Association des producteurs d'hydromels et d'alcools
de miel du Québec, et Mme...
M. Caron (Martin) : ...Gombart,
conseillère à la mise en marché de l'UPA. Merci de nous permettre d'exposer le
point de vue des productrices et producteurs agricoles concernant le projet de
loi n° 17.
En juin 2023, le Québec comptait plus de
400 titulaires de permis de production artisanale, un chiffre qui a
presque doublé en cinq ans. Rappelons que derrière chacun de ces permis, il y a
des PME portées par des agricultrices et des agriculteurs qui produisent
eux-mêmes la matière première qu'ils vont ensuite transformer pour élaborer des
vins, des cidres, des hydromels, des acerums et d'autres types de boisson
alcoolique. Ils mettent en valeur la richesse de l'agriculture québécoise et un
savoir-faire non délocalisable qui contribue au développement économique dans
toutes les régions du Québec.
Dans un contexte de pénurie de
main-d'œuvre, ces agriculteurs ont plus que jamais besoin d'une action forte du
gouvernement pour simplifier leur quotidien et leur permettre de se concentrer
sur le cœur de leur métier, mettre en valeur les matières premières québécoises
et faire rayonner les alcools d'ici dans notre province et au-delà.
Nous saluons le premier pas dans cette
direction avec le PL 17, mais nous vous proposons d'aller plus loin pour
développer cette filière pleine d'avenir grâce à des mesures simples et peu
coûteuses.
En tant que représentant des productrices
et producteurs agricoles, j'aimerais aborder le point des matières premières.
Le fondement du permis de production artisanale repose sur la culture des
matières premières qui doivent être intégralement produites sur les
exploitations des titulaires de permis, avec une exception pour les vins. Nous
saluons d'ailleurs la proposition de rendre les nouvelles matières premières
accessibles.
Cela amène à aborder la limitation qui...
Vive les productrices et producteurs cultivant diverses matières premières en
différents lieux. Actuellement, chaque permis de production artisanale est
rattaché à un lieu où se font la culture et la transformation de la matière
précise. Les productrices et producteurs cultivant plusieurs matières premières
dans différents lieux ont ainsi contrainte de demander plusieurs permis.
Au-delà de la lourdeur administrative, cela empêche de mutualiser l'usage de
leurs équipements de transformation, puisque ces équipements sont situés
dans... sur un site auquel un permis est rattaché. Dans un souci d'équité et...
entre les différents producteurs, nous demandons au gouvernement de mener une
réflexion avec l'industrie pour faire évoluer le régime des permis de
production artisanale afin d'inclure plusieurs matières premières autorisées
dans un même permis.
Toujours dans un souci d'équité, nous
demandons également de permettre l'achat partiel de matières premières
québécoises pour tous les titulaires de permis de production artisanale, selon
les conditions et les... et dans une limite à définir conjointement avec
l'industrie.
Je vais maintenant inviter Marc-Antoine
Lasnier à présenter nos demandes concernant le timbrage et la déclaration
administrative.
(Visioconférence)
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Merci,
M. Caron. En 2018, le projet de loi n° 170 a été adopté. Dans cette
loi, l'abolition des timbres devait entrer en vigueur dès juin 2020. Et encore
aujourd'hui, les producteurs de boissons alcooliques doivent apposer des
timbres comme celui que je vous montre à l'écran, manuellement, sur chacune des
bouteilles, des canettes qui sont vendues en restauration ou en bar. On
constate aussi qu'en France le timbre a été aboli en 2019. Donc, notre demande
est très claire : on demande au gouvernement de poursuivre les démarches
d'abolition du timbre, comme annoncées en 2018.
Dans le même objectif d'optimiser notre
temps, on salue la mesure de réduire la fréquence de rapports rendus à la RACJ.
Par contre, on croit, autant pour les producteurs que pour l'appareil
gouvernemental... On aurait tout intérêt à regrouper les types de rapport.
Puis, de plus, bien, on propose que ce qui a trait aux rapports soit inclus
dans un règlement plutôt que dans la loi pour faciliter les modifications
futures.
Ça conclut sur mon point. J'invite
M. Bougie à nous présenter nos demandes concernant la livraison par un
tiers et la commercialisation.
(Visioconférence)
M. Bougie (René) : Merci
beaucoup. Donc, c'est ça, de nos jours, il est rendu très simple de commander
divers produits et d'avoir plusieurs options de livraison, même pour des
produits qui sont...
M. Bougie (René) : ...plus
sensible, comme le cannabis. Comment justifier que les productrices et les
producteurs artisanaux de boissons alcooliques ne puissent pas faire appel à
des services de livraison pour desservir leur clientèle, alors que d'autres
titulaires de permis le peuvent? Nous demandons au gouvernement d'autoriser les
titulaires de permis de production artisanale à faire livrer leurs produits par
un tiers sans complexifier la gestion administrative de cette délégation de
tâches, afin que les productrices et les producteurs puissent se consacrer à la
croissance de leur entreprise, à faire ce qu'ils sont bons à faire.
Donc, à ce jour, selon les types de
boissons alcooliques produites, un producteur titulaire d'un permis artisanal
n'a pas toujours la possibilité de vendre directement ses produits aux
épiceries, aux bars et aux restaurants. Dans une logique d'équité entre les
divers produits artisanaux, nous encourageons le gouvernement à mener une
réflexion concertée avec l'industrie pour harmoniser les possibilités de vente
et de livraison des diverses boissons alcooliques artisanales. Cela permettrait
notamment aux productrices et aux producteurs artisanaux élaborant leurs spiritueux
à base de leurs propres matières premières de commercialiser leurs produits
directement aux titulaires de permis de bars et restaurants, comme le font
leurs confrères produisant d'autres types de boissons alcooliques artisanales,
et ce, dans... pour le bénéfice du développement de chacune des régions. Alors,
je vous remercie beaucoup pour votre écoute.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Donc, nous sommes maintenant rendus à la période d'échange, où c'est
Mme... je vous avais vu aller... presser pareil comme si vous vouliez ouvrir
votre micro. C'est pour ça que j'attendais. Donc, nous sommes à la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Bonjour. Merci
beaucoup de votre présence en commission ici, ça me fait plaisir d'entendre
l'UPA. Vous... j'ai lu votre mémoire puis je voudrais juste clarifier certaines
choses. Quand vous dites ici, là, dans vos demandes, de permettre aux
producteurs artisanaux de boissons alcooliques de sous-traiter à un prestataire
de services de leur choix. Pouvez-vous me donner un peu plus d'information par
rapport à ce que vous voulez dire exactement? L'entreposage, la livraison pour
les produits aussi, là. Dans le fond, vous voulez ouvrir à la sous-traitance?
Donnez-moi un peu plus de viande autour, ce que vous voulez dire précisément,
là.
M. Caron (Martin) : C'est
bien. Bien, je vais je me laisser aller René par rapport... au niveau de ça.
M. Bourget (Rémi) : Excellent.
Donc, c'est ça, pour la livraison en ce moment, lorsqu'on parle des producteurs
artisanaux, bien, pour l'instant, on est obligé de faire toute notre livraison
par nous-mêmes, que ce soit pour aller livrer directement à nos divers points
de vente, telles les épiceries spécialisées, les dépanneurs, mais également
pour livrer à nos clients. Il faut vraiment faire tout par nous-mêmes, en plus
de toutes les autres tâches qu'on a à faire. En ce moment, ce qu'on demande,
c'est de pouvoir faire appel à des.. soit des compagnies qui sont spécialisées
dans ce domaine là, que ce soit également la poste, potentiellement. Donc,
nous, c'est ce que l'on demande, en fin de compte, de pouvoir déléguer cette
chose-là qui n'est pas directement liée à nos compétences de fabricant
artisanal d'alcool.
M. Skeete : O.K., je voulais
juste être sûr de comprendre parce que je ne sais pas si vous avez remarqué
dans le projet de loi, mais dans le projet de loi, il y a une ouverture à la
sous-traitance. C'est sûr que ça nous permet par la suite au gouvernement
d'édicter le règlement qui va vous permettre de faire ce que vous demandez.
Vous, ce que vous dites aujourd'hui, c'est : C'est fantastique, mais il
faut vraiment s'assurer que ça se retrouve là, cette notion de sous-traitance
par un tiers, là.
M. Bougie (René) : C'est tout
à fait ça. C'est exactement le point qu'on voulait souligner pour être sûr et
certain que ça ne passe pas entre les craques, puis qu'on oublie de parler des
éléments du transport et de l'entreposage lorsqu'on parle d'éléments qu'on peut
faire sous-traiter, là.
M. Skeete : Puis un des
contre-arguments qu'on reçoit lorsqu'on parle de sous-traitante, c'est cette
grande inquiétude là de responsabilité. Si jamais on fait affaire avec un
tiers, c'est qui, qui est responsable? Selon vous, qui devrait être responsable
en cas de sous-traitante, le sous-traiteur ou la personne qui a... à qui on a
contracté la sous-traitance?
• (11 h 30) •
M. Bougie (René) : Mais je
pense qu'en ce moment, il y a déjà d'autres organismes qui font ce type de
choses là, qu'on pense à la SAQ, qu'on pense à la SQDC. Je pense qu'il y a des
normes qui sont établies, puis, tu sais, nous, on n'a rien contre le fait que
les éléments soient encadrés, soient réglementés. Mais ce qu'on veut, c'est
qu'on puisse le faire puis qu'on puisse réellement être en mesure de se
décharger de cet enjeu qui ne relève pas de nos compétences de producteur
agricole et de fabricant d'alcool.
M. Skeete : C'est ce qu'on
souhaite faire avec cette ouverture-là, justement la sous-traitante. Mais ma
question est : Est-ce que vous êtes prêts à vivre dans un monde où, une
fois que vous sous-traiter cette partie-là de votre affaire, votre business,
que de l'autre côté vous demeurez responsable quand même, pour qu'est-ce qui se
passe avec votre choix de fournisseur?
M. Caron (Martin) : Oui, il y
a Marc-Antoine qui veut intervenir...
11 h 30 (version non révisée)
M. Lasnier (Marc-Antoine) : ...si
je puis me permettre, les industriels, ils ont déjà accès au transport par un
tiers, en fait, puis c'est les détenteurs du permis industriel qui sont les
responsables de leur propre permis. Ça fait que je vois juste une harmonisation
à travers tout ça, là.
M. Caron (Martin) : Oui,
puis, si je peux me permettre, M. le ministre, c'est sûr que les gens sont
responsables parce qu'il y a des consommateurs citoyens qui ont déjà goûté ces
produits-là, et qui appellent, et qui veulent juste de se faire livrer ces
produits-là. Ça fait que la responsabilité, quand nos producteurs reçoivent ces
commandes-là, ils ont quand même une responsabilité. Ça fait que la
responsabilité, comme Marc-Antoine vient de mentionner, reste aux producteurs
puis à ceux qui détiennent les permis, entre autres, là. Je pense, c'est plus
clair comme réponse, là, à votre question.
M. Skeete : J'ai... Merci,
oui, ça m'éclaircit beaucoup. Je pose cette question à pas mal tout le monde
qui passe : elle est où, la ligne entre un industriel puis un artisanal?
Parce que je vais vous faire une confidence, je reçois énormément de pression d'artisans
qui me disent : Bien, M. le ministre, il faut ouvrir, il faut ouvrir, il
faut ouvrir. Puis à quel point ça devient industriel? Puis je serais curieux d'entendre
le point de vue de l'UPA à ce niveau-là parce que, dans le fond, le régime
artisanal a été là... a été créé pour protéger les gens qui sont des
agriculteurs, des gens qui sont du terroir et qui sont en région, qui sont nos
agro... pas nos agrotouristiques, là, mais...
Une voix : ...
M. Skeete : Oui, les
entrepreneurs dans l'agrotourisme, merci. Donc, ça a été fait pour eux. Là, ce
que vous dites, c'est : oui, mais ça ne nous aide plus tout à fait, mais
on doit aussi considérer que, si on donne trop de privilèges, vous devenez,
dans le fond, des industriels. Elle est où, la ligne? Pouvez-vous donner des...
nous guider dans cette réflexion-là?
M. Caron (Martin) : Bien, la
première chose qui est simple par rapport à ça, c'est : il faut être
reconnu producteur agricole. Ça fait qu'avant d'avoir un permis artisanal il
faut que tu sois reconnu producteur agricole. Et c'est la base de tout, ça fait
que, pour nous, si tu es reconnu producteur agricole, c'est-à-dire que tu fais
un produit ou tu fais la culture chez vous et tu la transformes, c'est la base
de tout. Et ça, là-dessus, nos choses qu'on demande, nous, c'est juste d'adapter
à la situation qu'on vit présentement, puis à la demande... Parce que, depuis
la pandémie, il y a eu vraiment une effervescence de consommation de proximité
puis d'achat local, et donc c'est mieux d'adapter. Mais la base, c'est :
est-ce que c'est un producteur agricole qui fait puis qui se sert de ces
produits pour transformer au bout? Pour nous, je ne sais pas s'il y a d'autres
éléments que mes consoeurs et confrères voulaient rajouter. Marc-Antoine.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
M. Skeete, si vous posez la question : la nuance entre un producteur
artisanal ou un producteur industriel. Dans la filière des cidres, en fait, on
a même la chance de pouvoir détenir les deux permis, donc, être un industriel
et être est un artisan. Mon objectif, ce n'est pas de vous mêler plus à travers
mon intervention.
Mais le point étant que la demande de M.
Bougie de requérir à la livraison par un tiers, c'est tout simplement que, moi,
à mon sens, ce n'est pas notre métier puis ce n'est pas ce sur quoi on a une
valeur ajoutée d'aller livrer nos propres bouteilles puis notre propre liquide
dans les points de vente. Si on veut que les producteurs artisanaux soient des
professionnels dans ce qu'ils font, bien, il faut leur laisser un maximum de
temps à cultiver la terre, à transformer leurs produits, puis... Ça fait que,
tu sais, oui, on ajoute des privilèges au permis artisan, mais, en même temps,
c'est pour le laisser le plus possible dans leur champ de compétences.
M. Skeete : Puis je suis
content que vous avez dit que vous ne voulez pas trop nous mêler, parce que,
dès qu'on rouvre le livre d'alcool, c'est facilement mêlant, ça, j'ai appris ça
dans mes premiers briefings, oui. Mais je vais vous poser une question très
terre à terre, dans le sens que... Mettons, on est d'accord avec ce que vous
dites, là, puis j'ai tendance à être d'accord, c'est une des raisons pourquoi
qu'on veut permettre la sous-traitance. Moi, je veux que vous vous concentrez
sur votre métier. Mais que faisons-nous avec, mettons, les cheptels?
Techniquement, pour être reconnu comme un agriculteur, bien, on doit avoir le
troupeau de vaches chez nous. Mais là c'est-tu ça, la première... la matière
première, ou c'est le lactosérum? Ça fait que où est ce que ça débute, cette
chaîne-là d'agriculteurs? Alors, moi, je pourrais procéder du lactosérum mais
sans être reconnu agriculteur, donc je ne pourrais pas avoir un permis
artisanal. Donc, votre... Tu sais, comment qu'on fait, quand qu'on rentre dans
le détail de...
M. Skeete : ...de faire ce
qu'on veut faire avec nos agriculteurs, les protéger, leur permettre
d'exploiter leurs terres comme il faut, d'un autre côté, sans verser dans
l'industriel, là?
M. Caron (Martin) : Oui,
Marc-Antoine?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
moi, je pense qu'il y a comme... le premier point que M. Caron positionnait
tantôt, il faut, de toute façon, avoir un permis de producteur agricole, il
faut déjà détenir, dans le fond, et cultiver notre matière première. Ça, c'est
un point. Puis, de toute façon, le MAPAQ vient le régir, ce côté-là. Puis il y
a aussi l'autre volet, qui est le volet, de toute façon, de la taxation, de la
taxe spécifique. Si on regarde dans le formulaire VDZ-498 — encore
une fois, je ne veux pas vous mêler — bien, dans ce formulaire-là, on
doit produire principalement notre matière première pour avoir accès à des
exemptions de taxes qui sont majeures. Donc, par défaut, il faut être
producteur agricole. Donc...
M. Skeete : Bien, merci
beaucoup. Ah! Mme, oui?
Mme Gombart (Clémentine) : Oui,
je renchérirais sur sur ce que disait Marc-Antoine. C'est qu'aujourd'hui la
définition, donc, de la RACJ, en termes de permis de production artisanale, est
très claire, c'est des boissons produites à partir des matières premières de
l'exploitation du titulaire. Mais, évidemment, on n'est pas contre la vertu, on
n'est pas contre l'idée qu'il y ait des petits transformateurs de fromage qui
puissent élaborer des spiritueux à base de lactosérum, mais, pourquoi pas, dans
une logique d'équité, en utilisant un permis de fabricant, hein, comme le font,
actuellement, les permis de distillateur, qui permettent l'achat de grains à
l'extérieur ou l'achat d'alcools neutres. C'est ce même permis qu'ils utilisent
aujourd'hui et qui devrait, en toute logique, faire le parallèle avec des
possibilités d'acheter du lactosérum à des petits producteurs fromagers.
M. Skeete : Bien, c'est
important ce que vous venez de dire. Donc, pour vous, premièrement, la matière
première, qui est le lactosérum, tu sais, il ne faut pas... Si on fait des
règles qui sont trop encadrantes, bien, dans le fond, on rend caduc le désir
d'ouvrir et de vous permettre d'exploiter votre terre adéquatement. Ça fait
qu'il faut être prudents quand on fait ça.
Mme Gombart (Clémentine) : Tout
à fait.
M. Skeete : Parfait.
Mme Gombart (Clémentine) : Je
ne sais pas si M. Caron...
M. Caron (Martin) : Bien,
tout à fait, puis je pense que c'est clair, c'est qu'il y a un permis qu'on va
aller chercher comme artisan, puis il y a un permis qu'on peut aller chercher
comme fabricant. Ça fait que le côté artisan, c'est produire... Ça fait qu'on a
des producteurs de fromages, des petits fromagers, entre autres, qui ont ce
produit-là et qui peuvent le transformer, mais s'ils veulent en acheter à
l'extérieur, en plus grandes quantités, bien là ça prendrait un permis, entre
autres, des fabricants, comme Mme Gombart vient de mentionner, entre autres,
là. Il y a déjà cette possibilité-là, là.
M. Skeete : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vais laisser la parole au député d'Abitibi-Est.
M. Dufour : Oui, bonjour,
merci de votre présence. Moi, je regardais, sur le point numéro deux, votre
deuxième demande... Donc, l'UPA demande au gouvernement du Québec de faire
entrer en vigueur l'abolition du timbrage et des autres systèmes de marquage.
Est-ce que vous voulez dire par là qu'il n'y aurait plus aucun système de
repérage, ou de marquage, ou quelconque forme... Parce qu'hier, on a eu un peu
cette discussion-là, encore une fois, sur cet aspect-là, mais ce que nous
présentaient d'autres personnes, c'est qu'il y avait peut-être des manières de
faire aujourd'hui qui pourraient peut-être être plus sophistiquées que de
travailler avec un timbrage. Donc, j'aimerais bien comprendre la manière que
vous l'amenez, parce que vous, vous semblez dire qu'on élimine totalement tout,
en fin de compte.
M. Caron (Martin) : Ce n'est
pas tout à fait ça. Bien, on va répondre, je vais laisser Marc-Antoine
répondre. Mais merci de la question, ça va permettre de clarifier cet
aspect-là.
M. Dufour : Merci.
• (11 h 40) •
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
sans donner une recommandation ferme sur la nouvelle... le nouveau type
d'usage, là, de traçabilité, là, notre première demande est, très clairement, à
retirer le timbre. Pour vous donner l'exemple dans notre filière, dans le Sud,
les fabricants n'ont pas à timbrer, on est... Puis, depuis des années, nos
cidres sont vendus en restaurant, en bar, sans timbre, puis, jusqu'à
maintenant, dans le fond, il n'y a pas de... ça n'a pas créé de commotion à
aucun niveau, d'aucune façon.
Par contre, là, après, vous avez comme une
sous-question, au niveau de la mesure de remplacement, les MEV. Est-ce qu'il y
a une autre solution qui pourrait être mise en place pour avoir une certaine
traçabilité, là, auprès des détaillants, des bars, des restaurants? Ça, c'est à
voir. On n'a pas nécessairement la solution, là, dans le fond, à proposer, là,
mais on ne voit vraiment pas...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : ...la
plus-value, à l'heure actuelle, d'avoir ce fameux timbre là, qui est très lourd
sur le poids des artisans.
M. Caron (Martin) : Mais on
est d'accord... à la question, on est d'accord, quand même, d'avoir ce
suivi-là, et c'est pour ça, dans nos recommandations, qu'on mentionne de
s'asseoir, entre autres, avec les gens, puis en concertation, puis de trouver
l'outil qui permet de répondre, entre autres, aux indicateurs ou à reddition de
comptes, là. Mais d'avoir quelque chose de simple parce que c'est... ça fait
quand même longtemps. On a vu le 170 qui était là, qui était supposé d'arriver
en 2020, puis là on est rendus en 2023. Puis là malheureusement, s'il y a des
timbres qui manquent sur les bouteilles, bien, il y a un risque d'avoir des
pénalités, des sanctions qui ne sont pas trop connues. Ça fait que je pense
qu'il faut travailler ensemble. Puis c'est dans le but d'être compétitifs.
Puis, en même temps, tu sais, là, on parle de plus en plus de pénurie de
main-d'œuvre. Mais, c'est ça, trouvons une façon de faire à ce qu'on s'attend,
tout le monde, puis de rendre ça plus accessible pour tout le monde puis de...
qu'il y ait une reddition de comptes qui soit faite mais pas une lourdeur
administrative.
M. Dufour : Par contre, comme
le précédent interlocuteur disait, vous n'avez pas de solution, vous, à amener
jusqu'à présent par rapport à ça. Donc, vous laisseriez ça dans les mains, ici
même, du gouvernement.
M. Caron (Martin) : Bien,
donc on dit : En concertation, mais il y a déjà des exemples, là, puis je
vois René puis Clémentine, peut-être, qui pourraient rajouter, parce qu'il y a
d'autres pays, il y a d'autres endroits où est-ce qu'ils ont déjà des... Oui,
René.
M. Bougie (René) : Oui, bien,
en fin de compte, tu sais, nous, on croit qu'actuellement déjà, avec les
diverses factures que les gens vont être en mesure de fournir, avec les... qui
sont là pour enregistrer les diverses transactions, il y a moyen en fin de compte
de faire des vérifications pour être sûr et certain que... Comment dire, qu'il
n'y a pas des gens de mauvaise foi qui utiliserait de l'alcool qui ne
proviendrait pas d'un producteur accrédité, tu sais, mais, tu sais, nous, on
trouve souvent que, tu sais, la conséquence est tellement grosse pour les
producteurs... tu sais, des fois, je vous donne un exemple concret, là, des
fois, un producteur qui a mis un timbre sur sa bouteille, là, finalement, avec
l'effet du chaud-froid, le timbre décolle, il reste collé dans la boîte. Là,
finalement, il y a un inspecteur qui arrive, là, le restaurant est mis à
l'amende, le producteur, après ça, il se fait... il a plein de problèmes avec
la RACJ juste parce que le timbre n'était pas... a décollé, puis que, là, ça a
mis tout le monde, comment dire, aux abois. Tu sais, ça fait que c'est là que,
des fois... que ça devient un peu problématique, tout ce système-là, puis tout
qu'est-ce que ça peut impliquer par la suite de façon concrète chez les
producteurs puis chez les détenteurs de... les titulaires de permis de bar et
de restaurants, là.
M. Dufour : Bien, merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je cède maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, chers collègues, bonjour, M. Caron, ravie de vous revoir.
Bonjour à toute l'équipe. Je vais moi aussi, donc, commencer ma période
d'échange, donc, sur la question, donc, du système de marquage des bouteilles.
Donc, au niveau.... donc, vos deuxièmes recommandations. Je pense qu'un peu
plus tôt, je pense que c'était M. Lasnier, dans votre présentation, donc, vous
parliez de l'abolition du système de marquage en France en 2019, si je ne
m'abuse. Donc, peut-être... parce que, là, dans votre réponse à mon collègue,
donc, vous mentionniez qu'il y avait des... donc différentes, donc,
juridictions, donc, qui avaient aboli ce système, donc peut-être mieux nous
détailler celle-là, puis bien comprendre pourquoi vous en faites référence.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Si
vous me permettez, je... vous allez voir à travers son accent que Clémentine,
elle a une très bonne connaissance du système français.
Mme Cadet : Parfait. Alors,
allez-y, Mme Gombart.
Mme Gombart (Clémentine) : Bonjour,
Mme la députée. En effet, en France, depuis 2019, on a aboli le timbrage, la
célèbre Marianne qui existait depuis plus de 60 ans dans l'industrie des
alcools, qui était vraiment jugé très archaïque par de nombreux producteurs et
également par les acheteurs de boissons alcooliques. Puis on est passé, bien,
dans une totale dématérialisation. Ça a été fait même au niveau européen. Donc,
maintenant, toute la documentation se fait en ligne via ce qu'on appelle un
DAE, document d'accompagnement électronique. C'est un petit peu, si on doit
faire un parallèle, comme une chaîne de blocs en informatique, c'est-à-dire que
c'est vraiment comme une perle supplémentaire qui se rattacherait sur le
collier au fur et à mesure que le produit avance dans la chaîne, entre le moment
où il est produit et le moment où il est livré à un consommateur final.
Donc, par exemple, un producteur, dans son
logiciel de gestion commerciale, il va générer sa facture, il va générer ce
document d'accompagnement dans lequel il y aura les références du fournisseur,
ses éventuels numéros d'accises selon le statut qu'il a, le lieu d'expédition,
la manière dont le produit va être transporté, où est-ce qu'il va être livré,
le détail précis en termes d'alcool, de quantité, de contenants, tout le... c'est
vraiment la carte d'identité du produit qui va être délivré. Et puis ça, ça va
être déposé sur le portail des douanes. Donc, au niveau européen, si le produit
sort des frontières ou juste au niveau des douanes françaises, s'il reste sur
le territoire, mais tout se fait de façon électronique...
Mme Gombart (Clémentine) : ...Et
ça, c'est rendu maintenant pour tous les produits, en fait, soumis à accise,
que ce soient le carburant, le tabac, l'alcool, c'est régi comme ça, en fait,
au niveau européen. Et ça... C'est vraiment une méthode qui est jugée comme
quasi inviolable, en fait, en termes de sécurité, parce que ça fonctionne
justement à la manière d'une chaîne de blocs.
Mme Cadet : ...que ça
permet de répondre, donc, aux besoins de traçabilité, là, qui est l'un des
objectifs, donc, du système de timbrage manuel, donc, aujourd'hui, mais qui est
essentiellement... C'est un timbrage mais modernisé, donc dématérialisé, donc.
Et vous dites, donc, que ce système, donc, fonctionne, donc, très bien, donc, à
l'échelle européenne. Donc, est-ce qu'il y a eu, donc, des... bien, pas
nécessairement tout à fait des études, là, je pense que c'est peut-être trop
demandé, mais des... différentes analyses, donc, qui ont permis de vérifier,
donc, la validité du système qui fait en sorte que toutes les parties sont très
à l'aise avec cette modernisation du processus de traçabilité?
Mme Gombart (Clémentine) : Bien,
écoutez, ça a certainement... Comme à chaque fois qu'il y a du changement, ça a
certainement eu un petit temps de mise en place, mais aujourd'hui, il n'y a pas
un acteur du monde des boissons alcooliques en France qui voudrait retourner en
arrière et remplir des formulaires papier et apposer des capsules sur chacune
de ses bouteilles.
Mme Cadet : Puis je
reviendrais peut-être à M. Lasnier, M. Caron ou peut-être, en fait,
même vous, Mme Gombart. Donc, vous nous parlez, donc, du document
d'accompagnement, donc, sans vouloir nécessairement, donc, faire un... Dans la
volonté de modernisation du timbrage, est-ce qu'au Québec, donc, on a les
technologies nécessaires pour faire une transition qui nous permettrait de
conserver autant les objectifs, donc, de fiscalité et ce que fait le MEV, mais
aussi de traçabilité? Essentiellement, ma question c'est : est-ce qu'on
est... Est-ce qu'on a tout ce qui nous permet, donc, de conserver, donc, cet
objectif-là, donc, tout en éliminant le timbrage, donc on a tout ce qu'il faut
au niveau technologique au Québec pour ce faire?
M. Caron (Martin) : Oui.
Vas-y, Marc-Antoine, je vais y aller ensuite.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Ça
va être difficile pour moi de me prononcer au niveau de l'appareil
gouvernemental, là, parce que la proposition que Mme Gombart faisait est
associée à travers une solution gouvernementale.
Par contre, au niveau fardeau au
producteur, là, c'est la portion que je peux parler, on doit, de toute façon,
lier des factures, donc tout le pedigree qui est nommé par Mme Gombart,
à... au numéro de timbre via un registre. Puis là, présentement, il est
malheureusement fait manuellement. Puis moi, en 20 ans de carrière, on ne
m'a jamais demandé ce fameux rapport là. Ça fait qu'on le remplit, mais il n'y
a pas de suivi. Ça fait qu'à partir du moment où il serait informatisé, il
pourrait, à mon sens, être consulté pas mal plus facilement.
M. Caron (Martin) : Moi,
je rajouterais peut-être un élément. Dans toutes les productions agricoles,
présentement, on a tous des systèmes de traçabilité puis qu'on met en place
puis qui est adapté par rapport aux besoins. Puis, comme Marc-Antoine vient de
mentionner, pour nous, c'est important, c'est que cet outil-là va servir en
temps à nos producteurs, qui a une reddition de comptes ou une traçabilité au
bout. Ça fait que c'est pour ça qu'on a demandé de s'asseoir tout le monde
ensemble pour avoir quelque chose, vraiment, qui soit convivial, mais qui
réponde. Mais déjà là, en tant que producteur agricole, on a déjà des systèmes
qui sont là, ça fait que c'est juste de faire le maillage, là... Pourrait être
ça. Mais l'objectif, c'est d'arriver rapidement à ça, parce que, de la façon
qu'on fonctionne présentement, c'est beaucoup de temps puis, tu sais, là, comme
Marc-Antoine vient de mentionner, tu sais, ça, à qui ça sert, là?
Mme Cadet : Non, tout à
fait. Donc, il y a clairement, donc, une certaine désuétude, donc, dans le
système qui est présentement en vigueur. Il y a des intervenants hier qui nous
disaient, donc, M. Lasnier, que les producteurs de cidre n'étaient pas
soumis au timbrage. Peut-être juste nous confirmer puis voir un peu d'où...
comment est-ce que vous fonctionnez dans ce cas-là?
• (11 h 50) •
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
en fait, c'est probablement les microbrasseurs qui vous ont parlé du point
hier. On n'est pas soumis au timbrage, en fait. De mon côté, je livre des
produits, il y a une pièce justificative qui est la facture, mais il n'y a
aucun timbre. Souvent, les corps policiers qui font des saisies où il y a des
bouteilles sans timbre, les saisissent d'emblée. Ça crée même de la confusion à
plusieurs niveaux parce que, bien, ensuite de ça, on envoie une lettre qui nous
a été émise par la Régie des alcools aux corps policiers, puis ils comprennent
que c'est légal ça fait que... Mais grosso modo, là, dans le fond, il y a zéro
traçabilité qui est présentement faite sur... autre que la facture elle-même,
là.
Mme Cadet : Merci. Je...
Mme Cadet : ...peut-être à la
section sur l'achat des matières premières, donc, dans la section 4, donc, vous
nous mentionnez, donc, qu'il serait judicieux que tous les détenteurs de permis
de production artisanale puissent se procurer des matières premières à
l'extérieur de l'exploitation, à condition qu'elles proviennent du Québec et à
hauteur d'une certaine limite de volume. Donc, comment est-ce que ça se passe
sur le terrain en ce moment?
M. Caron (Martin) : Je ne
sais pas, soit René, ou Clémentine, ou Marc-Antoine...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
si vous pouvez me permettre, les vignerons ont accès à acheter l'équivalent de
leurs matières premières, donc de doubler la quantité de matières premières
qu'ils sont en mesure de cultiver. Par contre, les vignerons sont les seuls à
pouvoir le faire, ça fait que, notre demande, dans le fond, est très claire,
c'est de pouvoir créer une équité à travers les permis, donc que les
producteurs de cidre, en fait, entre autres, et ça peut être la même chose avec
l'érable, puissent être en mesure d'acheter la même quantité dans le fond,
qu'ils produisent. Ça fait que c'est la demande.
Puis, concrètement, comment ça se vit,
bien, parfois, bien, on n'a pas telle variété, il peut y avoir un dégât dans
une parcelle, une année, puis on a un manque, puis il faut... on a des recettes
à suivre pour nos produits puis on devient décalé par rapport à tout ça. Puis
l'expansion de marché n'est pas toujours parfaitement liée en fonction de
l'expansion de nos terres, ça fait que, pour être capable de venir la calibrer
aussi à travers le temps, ce serait crucial, en fait, pour le développement de
notre filière.
Mme Cadet : O.K., je
comprends. Donc, ce que vous nous dites, c'est qu'en ce moment, avec, donc,
cette iniquité qui existe dans le marché, mais surtout, donc, cette disposition
réglementaire, donc, ça vous... ça limite, donc, l'expansion de la production
de l'exploitation?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Exactement.
Mme Cadet : O.K., je
comprends. Puis vous nous dites, donc, à la hauteur d'une certaine limite de
volume, donc, de votre expérience puis des défis particuliers qui sont causés
par cette limite, quelle serait, donc, votre recommandation de limite de
volume?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
en fait, il en existe déjà une dans le domaine du vin. Ce qu'on propose, c'est
juste de la calquer sur tous les permis.
M. Caron (Martin) : C'était
50 %, exactement.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Exactement.
M. Caron (Martin) : Ça fait
qu'on se dit... Quand Marc-Antoine parle d'une équité, c'est de ramener à cette
même chose-là, là.
Mme Cadet : O.K.
M. Caron (Martin) : Mais c'est
important, quand même, de cadrer pour dire : Le permis artisanal est là,
c'est la base, il faut que tu sois producteur puis il faut que tu utilises, ça
fait que, pour nous, c'est important, mais c'est juste d'amener cette équité-là
par rapport aux autres productions, présentement, qui se font. Comme le vin a
le droit, bien, on disait qu'on pourrait l'amener au niveau des autres
produits, là, le même style.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : De
toute façon, pour bonifier au niveau... aller à plus de 50 %, on tomberait
encore une fois... j'ai parlé de taxes, un peu plus tôt, on tomberait à
découvert au niveau de cette taxe-là, ça fait que c'est important de rester
majoritairement à partir de la matière première du producteur. Ça fait qu'à
50 %, dans le fond... en fait, à 49 %, on devient légal, en fait,
aussi au niveau de la taxe.
Mme Cadet : Puis j'imagine
aussi, parce que... Dans le fond, ce que vous dites, c'est que, bon, en ce
moment, donc, dans la proposition du p.l. 17, donc, l'ouverture serait quand
même, donc, restreinte uniquement, donc, aux cas de force majeure. Donc, il y a
quand même une volonté, donc, de réformer, de créer une certaine collégialité
au sein de l'écosystème aussi, donc, de modifier un peu, donc, les modèles
d'affaires qui... autour de l'écosystème de production.
M. Caron (Martin) : Exact.
Exact. Le modèle d'affaires évolue puis... mais essaie en même temps de mettre
ça sur des bases bien précises, là.
Mme Cadet : Puis encore
sur...
La Présidente (Mme D'Amours) : 30
secondes, Mme.
Mme Cadet : Ah! ça passe très
vite. Bien, peut-être sur l'élargissement des listes des matières premières
autorisées, donc, je comprends, donc, la question, donc, différentes parcelles
géographiquement éloignées. Donc, ça c'est une problématique, peut-être juste
détailler en 30 secondes.
M. Bougie (René) : Peut-être
que je peux y aller par rapport à cet élément-là. Tu sais, des fois, la réalité
fait en sorte que l'ensemble de nos productions, bien, ne sont pas toutes
collées directement à notre lieu où est-ce qu'on fermente puis qu'on distille
nos alcools, tu sais. Par exemple, je prends l'exemple de moi, par exemple,
comme producteur de miel, des fois, si je veux louer une parcelle pour faire un
peu de... tu sais, j'aimerais faire de la framboise ou encore avoir un...
M. Bougie (René) : ...bien, tu
sais, ce n'est pas tout le temps possible d'avoir une érablière en arrière dans
sa cour, là. Donc...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. Bougie (René) : ...nous,
on trouve que....
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je dois maintenant passer la parole au député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Ça va me faire un plaisir de vous relancer sur votre
question juste après. Mais, en fait, depuis le début de cette commission, on a,
comme, lancé un genre d'énigme, une charade. On cherche des gens qui aiment le
timbre et à date on n'a toujours pas trouvé. Ça fait qu'on a la chance d'avoir
deux profils devant nous, bon, un profil dont on a maintenant l'habitude, ce
sont tous les gens qui nous disent à quel point ça ne sert à rien pour eux et
qu'ils ne voient pas trop à quoi ça sert, et on a un profil, donc, pour les
cidres, qui n'a pas cette obligation-là. Ça fait que peut-être ma première
question pour les producteurs de cidre : Est-ce que vous avez envie
d'avoir un timbre?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Non.
Je n'ai pas d'autre réponse que ça, là, oui.
M. Bouazzi : Non, mais parce
que je vous avouerai que c'est... Moi, je suis un jeune parlementaire et puis
je suis devant un ministre qui a dit tout son amour pour se débarrasser de
toutes sortes de paperasse. Et puis ça fait beaucoup de petits papiers collés
sur chacune des bouteilles et des bières qui sont produites au Québec, mais
vraiment beaucoup, et beaucoup d'heures de travail avec une pénurie de
main-d'oeuvre qui n'améliore rien, et puis avec toutes sortes de stress pour
toutes sortes de gens qui pourraient se retrouver sans le timbre, qui tombe,
ou, etc. Et donc malheureusement je pense qu'on va continuer l'enquête. On aura
peut-être une réponse avant la fin de la commission pour trouver enfin
quelqu'un qui défend l'existence de ce fameux timbre.
Peut-être pour faire du pouce... Je
comprends... Sur la question de ma collègue, je comprends qu'il y a des
revendications que vous avez, qu'on a déjà entendues hier, sur l'élargissement
des matières premières en entrant, sur plus de flexibilité sur l'emplacement
des terres que vous exploitez, sur, évidemment, aussi ouvrir la possibilité
d'avoir un certain pourcentage, vous avez parlé de 49 %. Est-ce que vous
avez des exemples de législations où ça se passe bien? Je sais que le
gouvernement aime beaucoup se comparer avec l'Ontario. Est-ce que c'est des choses
qu'on retrouve justement à l'extérieur du Québec?
M. Lasnier
(Marc-Antoine) : Je pourrais difficilement parler pour les autres
provinces, mais je reviens juste avec le point que je positionnais un petit peu
plus tôt, c'est à l'intérieur même des permis, ici, au Québec, il y aurait
moyen d'avoir de l'équité, puis ça fonctionne bien, présentement, dans le vin.
Les vignerons peuvent s'approvisionner en raisins d'un producteur de raisins
qui est leur voisin, qui est ailleurs au Québec, mais qui provient aussi du
Québec, qui met en valeur les fruits du Québec, puis ça fonctionne bien. Puis
ça leur permet d'avoir accès à des marchés différents, à des variétés
différentes, ça fonctionne.
M. Bouazzi : Je n'ai vraiment
pas beaucoup de temps, ça fait que...
M. Caron (Martin) : Il y a
Clémentine...
M. Bouazzi : Ah! oui, il y
avait deux autres réactions.
M. Caron (Martin) : Oui,
Clémentine...
M. Bouazzi : Allez-y.
Allez-y.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
Mme Gombart (Clémentine) : ...rapidement,
alors ce n'est pas l'exemple de l'Ontario, mais c'est l'exemple de la France
pour l'industrie viticole. Aujourd'hui, un producteur qui a ses installations
de transformation, ses cuveries, son matériel pour plusieurs millions d'euros
d'investissement peut louer une parcelle et récolter du raisin à
15 kilomètres de chez lui, même dans une autre appellation, et utiliser ce
moyen de production... ramener son raisin et utiliser ces moyens de production
pour faire sa vinification.
M. Bouazzi : Excellent. Merci
beaucoup. Donc, en conclusion, on a une absence de timbre pour les cidres, et
ça marche bien.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député.
M. Bouazzi : Pourquoi ne pas
le faire pour tout le monde?
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Donc, je vous remercie pour votre
contribution, chers invités, aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre aux prochains invités de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 00)
12 h (version non révisée)
(Reprise à 12 h 06)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux, et je souhaite maintenant la bienvenue à l'Association
québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...invite
donc à vous présenter et à commencer votre exposé, s'il vous plaît.
M. Darveau (Richard) : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre. Mesdames et Messieurs les députés
parlementaires. Mon nom est Richard Darveau, je suis président de l'Association
québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction. J'avais
demandé à être reçu autour de midi parce que je croyais qu'on aurait eu un
lunch. Alors, je suis un petit peu... je suis un petit peu surpris et déçu,
mais, bon, je vais faire avec le verre d'eau.
On existe depuis 1940. Moi, je suis né un
petit peu après. Et, depuis le début, notre organisation a la particularité de
représenter pas mal tout l'écosystème si on oublie, disons, les clients,
c'est-à-dire le consommateur et puis l'entrepreneur en construction. Donc sont
membres chez nous autant la scierie, les transformateurs de matériaux, les
grands distributeurs et traders, là, sur les marchés publics de commodités et
puis l'ensemble des marchands, alors allez-y avec la bannière que vous
préférez, ici, à Québec, Canac est très fort, mais que ce soit Rona, les Home
Hardware, les BMR, et tout ça, sont membres de notre organisation. Alors, au
total, c'est 1 000 entreprises qui représentent 15 millions de
pieds carrés commerciaux, 12 milliards de dollars en chiffre
d'affaires et 34 000 employés. Peut-être qu'on en a perdu quelques-uns,
là, avec la pénurie des dernières années.
On a cinq raisons d'exister à
l'association, mais je vais me concentrer sur une seule qui est de promouvoir
tout ce qui est dans l'intérêt des membres que je viens de vous citer par ses
relations avec le public, avec les gouvernements, avec les médias, avec les
autres associations dans le but de corriger ou de combattre tout abus qui
pourrait se présenter dans le commerce de la quincaillerie et des matériaux de
construction. Et, dans ce sens-là, bien, on est superheureux d'être avec vous
aujourd'hui. On pense que c'est un projet de loi qui est à l'auge de
l'efficience et de la cohérence que recherchent les PME, notamment les
quincailliers, les fournisseurs.
On pense que l'État québécois doit
contribuer à aider notre société à s'adapter aux nouvelles réalités imposées
par les perturbations géopolitiques pouvant entraver les chaînes
d'approvisionnement, aussi par les changements climatiques dont la fréquence et
la force risquent de s'accentuer, puis aussi par la pression croissante des
citoyens et puis des travailleurs. À la clé doit absolument poindre, selon
nous, un vivre ensemble plus sobre en dépenses d'énergie, plus sécuritaire pour
notre santé, plus compétitif sur le plan économique. C'est dans une perspective
comme celle-là qu'il nous semble nécessaire de revoir plusieurs pans du cadre
réglementaire et administratif du Québec. C'est un travail qui est continu, qui
est de longue haleine et que nous considérons qui est bien entamé dans le cadre
du projet de loi qui est à l'étude, mais tout autant par d'autres efforts,
notamment celui qui est... l'effort qui est promis par le ministre du Travail,
eu égard au décloisonnement souhaité des corps de métiers dans la construction,
et puis tout autant qu'aux travaux amorcés par le ministre de la Justice visant
à favoriser la durabilité, la réparabilité, quoique ça n'existe pas dans le
dictionnaire, j'ai regardé, mais en tout cas, et l'entretien des biens de
consommation.
• (12 h 10) •
Alors, l'AQMAT salue l'intention du
législateur derrière l'omnibus du projet de loi n° 17 et considère qu'une
de ces dispositions en particulier s'attaque à l'un des principaux irritants de
l'écosystème de la rénovation et de la construction, et j'ai nommé l'actuelle
absence d'harmonie des codes de construction et de sécurité des bâtiments
appliqués par les municipalités. Donc, mon propos va se concentrer que ça.
J'aurais eu à dire sur le cidre aussi, j'aime bien, sur le vin, tout ça, mais
je vais laisser à d'autres. Donc, nous apprécions que le ministre délégué à
l'économie accepte de mettre à l'étude un texte de loi qui propose le
nivellement par le haut de cinq conséquences du fait que chaque administration
municipale ou MRC, au gré des connaissances et des motivations des élus locaux,
il faut le dire, au gré ou à la force des lobbies qui pèsent sur eux
localement, pose problème : l'inefficacité des chantiers de construction,
le danger pour la santé des travailleurs et des bénéficiaires des travaux,
l'inefficacité énergétique, le non-encouragement à l'innovation
entrepreneuriale et la porte ouverte, donc, aux importations de mauvaise
qualité et puis l'iniquité entre tous les citoyens du Québec.
D'abord, juste un petit peu d'histoire. Il
faut se rappeler que le Code du bâtiment, c'est juste un modèle, ça ne s'impose
pas en soi tant qu'une juridiction ne l'adopte pas. Donc, c'est juste une belle
pensée. Ça définit...
M. Darveau (Richard) : ...des
exigences relatives à la conception et à la construction des bâtiments, des
nouvelles constructions surtout, qui doivent répondre à des normes minimales de
santé, de sécurité, de performance. Mais tant qu'il n'y ait pas un gouvernement
compétent qui, finalement, l'adopte, ça reste juste un exemple.
Et, dans le cas du Code national du bâtiment,
national dans le sens canadien, ici, je précise, bien, c'est un code qui est
voté à tous... en fait, qui est modifié à tous les cinq six ans, sept ans, et
les provinces arrivent un peu en retard pour regarder le code national, et puis
les municipalités arrivent très en retard, quand elles arrivent, puisqu'il y a
encore en ce moment une cinquantaine de municipalités du Québec qui n'ont même
aucun code de construction. Alors, le code national est en avance, mais, selon
d'autres critères, européens, notamment, il n'est déjà, lui-même, pas super en
avance. Et donc, quand nous, ça nous prend des années, donc, Canada, c'est
2020, ici, c'est 2015, puis qu'il y a des villes qui appliquent la version de
1995, vous comprenez que ça crée des situations vraiment particulières dans
l'environnement de la construction.
Alors, pour nous, il s'agit d'en finir
avec la géométrie variable. Le projet de loi no 17 prévoit une offensive
directe là-dessus, avec l'application d'un seul code de construction, d'un seul
code de sécurité harmonisé par tout le monde, sans doute avec un délai
d'application, on y reviendra tout à l'heure, mais le plus tôt sera le mieux
selon, selon nous.
Je parlais de cinq gains, je vais y aller
un par un. Bien, l'inefficacité des chantiers de construction, écoutez, on est
dans les 12 travaux d'Astérix, dans l'oeuvre de Franz Kafka, dans le labyrinthe
de l'ingénieur bien nommé, Dédale, dans la tour de Babel, choisissez l'image
que vous voulez, c'est l'enfer quand, comme ma fille qui est architecte, et
plein d'amis qui sont contracteurs, excusez l'anglicisme, et puis les
fonctionnaires qui... n'arrivent souvent même pas eux-mêmes à savoir quelle est
la version qu'on applique. Ah! de tel côté de la rue, on tombe dans un autre
arrondissement. Je le vis, sur le Plateau, à Montréal, et chaque mairie a sa
propre vision des choses, plus ou moins progressiste, en fonction du parti au
pouvoir ou de ses propres valeurs. Alors, c'est absolument fou. Alors, quel
code on utilise? Bien, ici, je pense que c'est 2005. Oui, mais, attends, de
l'autre côté, c'est 1990. Il s'ensuit des pertes de temps et d'argent
incroyables.
La question qu'on doit se poser, c'est
pourquoi les villes résistent? Bien, il y a des élus locaux qui se proclament
ouvertement climatosceptiques. Parce qu'à chaque fois qu'il y a une nouvelle
génération de code, il y a plus d'exigences, notamment sur le plan
environnemental. Alors, il ne faut pas soupeser la résistance, disons, de
valeurs. Mais il y en a beaucoup pour qui ça fait leur affaire. Acheter une
maison à Belœil coûte moins cher qu'acheter une maison à Boucherville parce
qu'ils n'appliquent pas le même code. Je pourrais parler de Mirabel, mais je
vais me laisser une petite gêne, vu le profil de Mme D'Amours, mais il y a
quand même toutes sortes de situations qui sont... qui font que, finalement, le
consommateur se dit : Ah, c'est moins cher à Beloeil qu'à Boucherville, je
vais acheter ma maison là. Le contracteur le sait, mais la vraie raison, c'est
que la construction sera de moindre qualité parce qu'on exige moins de
l'entrepreneur, de l'architecte, de tout le monde. Est-ce que c'est une bonne
raison de continuer comme ça? Moi, je pense que non, poser la question, il me
semble, on vient d'y répondre.
Alors, notre première recommandation,
c'est d'imposer un seul code de construction à toutes les villes, à toutes les
municipalités, d'ouvrir le dialogue avec elles pour qu'elles puissent compter
sur les ressources adéquates à ce passage à niveau et à son application. Parce
que, bien sûr, on sait d'avance, elles vont vous le dire plus tard, aujourd'hui
et demain, elles n'ont pas l'argent pour faire ça. Un seul code mettra-t-il fin
à la valse des cônes orange dont le Québec devient la risée mondiale? Je me
cite moi-même, je la trouvais drôle. Non, je ne pense pas, je pense qu'on va
continuer de faire rire de nous, mais j'ai l'impression, on a l'impression que
les chantiers démarreront un peu plus au jour promis et se termineront un peu
plus au jour prévu si tout le monde a le même code, et puis les enveloppes
budgétaires seront mieux respectées.
Le deuxième élément, je vais aller plus
vite sur celui-là, c'est la santé des travailleurs qui font les travaux et
surtout des gens qui sont dans les bâtiments, les bâtiments résidentiels. Je
pense que la meilleure façon, c'est de vous donner deux mots-clés :
l'amiante et le radon. L'amiante est encore permis par des versions du code qui
sont encore appliquées sur le territoire municipal. C'est fou. Le radon est
encore permis, c'est la deuxième cause de décès au Canada du cancer, un cancer
de poumon. Mais alors, si tout le monde applique...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...
M. Darveau (Richard) : Pardon?
La Présidente (Mme D'Amours) : En...
La Présidente
(Mme D'Amours) : ...il vous reste quatre secondes.
M. Darveau (Richard) : Pas
quatre secondes?
La Présidente
(Mme D'Amours) : Oui. Oui, continuez. M. le ministre donne de son
temps.
M. Darveau (Richard) : O.K.
Alors, je passe au troisième, qui est l'efficacité énergétique, qui est... En
fait, les bâtiments représentent à peu près 12 % du... des émissions de
gaz à effet de serre. Votre gouvernement a mis sur pied le plan pour une
économie verte. On pense qu'en appliquant un seul code le plus vite possible ça
va drôlement contribuer à l'atteinte des objectifs qui sont dans ce plan. C'est
notre troisième recommandation.
La quatrième, c'est sur l'innovation
entrepreneuriale. Compte tenu que, par défaut, les villes laissent des
matériaux de moins bonne qualité se produire et se vendre sur leur territoire,
bien, le marchand est mal venu de ne pas en avoir un inventaire, mais ces
matériaux viennent souvent de pays d'Asie et sont de moindre qualité que les
produits qui sont faits au Québec et dans les autres provinces du Canada. Donc,
on nuit énormément au véritable achat local.
Et puis enfin le dernier point, c'est
l'iniquité. Est-ce qu'il est normal que quelqu'un de la Côte-Nord ne puisse pas
avoir accès aux mêmes normes que quelqu'un qui est à Québec ou ailleurs? Bien,
la réponse, c'est non. Ça nous apparaît urgent d'uniformiser. Puis notre
dernière recommandation, cependant, accorderait un délai de 18 mois pour
l'entrée en vigueur de ce volet de l'omnibus pour permettre à toutes les villes
et municipalités d'avoir le temps de s'ajuster. Voilà, merci.
La Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. Darveau, pour votre exposé. Nous
allons maintenant commencer la période d'échanges. M. le ministre, la parole
est à vous.
M. Skeete : Merci pour
l'exposé. Ça fait que vous, vous dites que c'est bien, là, l'harmonisation du
code, mais on pourrait aller plus loin.
M. Darveau (Richard) : ...vous
n'avez pas lu déjà mon mémoire, je l'ai envoyé tardivement.
M. Skeete : Bien, on
vient juste de le recevoir.
M. Darveau (Richard) : Bien,
non, c'est ça.
M. Skeete : Je suis bon,
mais pas à ce point-là.
M. Darveau (Richard) : Vous
avez failli m'impressionner. Non, vous m'impressionnez quand même, je ne veux
pas vous manquer de respect. Tout est enregistré ici? O.K. D'accord, O.K.
M. Skeete : Ça va vivre
à la postérité, ça.
M. Darveau (Richard) : En
fait, on n'est pas à coche, hein, on n'est pas à coche. Si on se compare à la
Colombie-Britannique puis à l'Ontario, parce que c'est vrai qu'on aime se
comparer à eux autres, bien, on n'est vraiment pas dedans. Là, je parle, là, du
code actuellement en vigueur, qui n'est même pas appliqué par toutes les
municipalités. Donc, pour les architectes, les designers, s'ils viennent en
audience, ils vont vous le dire : Pas compliqué, là, être à coche avec le
Code de construction du Québec, c'est déjà comme ordinaire. Ça fait que, là, on
n'arrive même pas être à l'ordinaire, on permet à des élus, pour des raisons
qui leur sont propres, d'être vraiment en dessous de ça.
Alors, vous me direz, dans mon mémoire,
des exemples de codes de construction beaucoup plus progressistes qui vont dans
le sens de... surtout, là, de l'étanchéité, de l'isolation des bâtiments.
Essentiellement, c'est là-dessus qu'on est ordinaire. Alors, nous, on demande à
ce que... est-ce que c'est possible que... d'amener toutes les municipalités au
moins à l'ordinaire, mais quand même que votre gouvernement regarde ce qui se
fait dans les autres législations provinciales? Parce qu'on n'est pas dans le
peloton de tête.
M. Skeete : Je prends
bonne note de vos suggestions. Avec cette même pensée là du code de bâtiment,
avez-vous des idées sur des allègements? Tu sais, là, on peut parler de
bonification du code, ça, je comprends, mais avez-vous, dans votre quotidien,
des choses qui vous semblent éclatantes, là, qu'on pourrait regarder, ne
serait-ce que peut-être pas pour celui-là mais pour le prochain, là, à toutes
les années, on s'était engagé de faire un projet de loi sur l'allègement réglementaire,
des suggestions sur tout où est-ce qu'on devrait regarder pour des allègements
pour rendre plus efficace, plus efficient la construction ou votre vie à
l'AQMAT?
• (12 h 20) •
M. Darveau (Richard) : Bien,
il y a des choses généralistes que les gens de la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante pourront dire mieux que moi, mais si on parle puis on
focalise sur notre industrie, on en revient à la complexité d'appliquer des
codes changeants à la tête du fonctionnaire, à la tête de l'élu. Et il y a
plein de cas de villes où, dès que l'élu a changé puis parce qu'il n'y croit
pas à l'efficacité énergétique et parce qu'il se dit que ça va coûter trop cher
à tout le monde, donc il recule puis il se met à dire à la ville : On va
maintenant adopter... adapter... adopter la... une version ancienne. Donc, pour
nous, l'efficacité, en fait l'allègement réglementaire, c'est cette espèce de
moule unique.
Et, vous savez, il n'y a rien qui empêche
une ville d'être plus exigeante que ce que vous adopterez. Ça, ce n'est pas un
problème si c'est bien... c'est bien communiqué. Bien, c'est parce que, sinon,
la question de l'allègement réglementaire, par rapport à la plupart de mes
collègues du monde patronal, j'ai une réserve, je veux dire, en général, je
pense que les fonctionnaires ont mis des règlements pour... pour une raison. Et
je pense que ça tient la...
M. Darveau (Richard) : ...c'est
simplement qu'on les laisse appliquer la version qu'ils veulent. Pour moi,
c'est le seul problème auquel s'attaquer, qui est majeur.
M. Skeete : Comment vous
recevez les changements entre le projet de loi no 44 qui a été déposé par ma
prédécesseur et le projet de loi no 17?
M. Darveau (Richard) : Vous
touchez à la question des heures d'ouverture, notamment.
M. Skeete : ...
M. Darveau (Richard) : Bien,
en ce qui me concerne, c'est qu'il y avait eu cette idée de confier aux villes
la gestion des heures d'ouverture sur leurs territoires respectifs. On s'y
était opposé, on est content que ça ne revienne pas dans ce projet de loi.
Nous, vous m'avez sans doute déjà entendu sur la question, on pense qu'on est
en train vraiment de détruire le petit marchand local par différentes... sans
que ça soit volontaire, bien sûr. Je pourrais vous parler de la piétonnisation
dans les villes aussi, qui est un autre problème par rapport à des commerces
comme les quincailleries, qui sont boudées dès que la rue devient piétonnière,
mais je ne veux pas m'éloigner. Juste la question, là, du volume d'heures
d'ouverture, il y a quand même un lobby important pour que les commerces au
Québec ouvrent 24 heures, sept jours. Et ces gens-là, ce sont des très grandes
corporations puis ils n'ont pas à cœur le marchand qui appartient à maman et
papa, comme on dit en anglais, le commerce local, l'entreprise qui est de
troisième, quatrième, cinquième génération et qui n'a pas les moyens, qui n'a
pas l'intérêt, surtout, d'ouvrir trop d'heures.
Alors, on a démontré, durant la pandémie,
que les quincailleries étaient tout aussi essentielles, presque, en tout cas,
que les pharmacies ou les épiceries, mais c'est vrai, puis on a besoin de
conseillers qui soient bien formés, qui soient très intéressés par votre projet
ou votre problème de construction ou de rénovation. Et ça, ça suppose de leur
permettre, à ces employés-là d'avoir un régime de vie normal. Et, si on ouvre
toujours, tous les soirs, tous les week-ends, ce n'est pas possible d'avoir ces
experts, et, à ce moment-là, on perd notre seul avantage concurrentiel face à
Amazon et consorts, puisqu'ils ont gagné la bataille de l'inventaire, ils ont
gagné les heures d'ouverture, ils sont toujours ouverts, mais ce qu'ils ne
peuvent pas gagner, c'est le vrai conseiller dans votre magasin de vélo, dans
votre magasin d'informatique, dans votre quincaillerie, qui en connaît plus que
vous, qui est aussi passionné que vous par le projet. Et, pour nous, c'était à
pourfendre, cette idée de laisser à chacun ses propres heures.
Là où on a un problème, en ce moment,
c'est que la loi sur la concurrence, qui est de niveau fédéral, donc je vais
faire ça vite, en 30 secondes, mais je suis entendu bientôt en audience à
Ottawa sur la question, ne permet pas à des commerces de se parler. Parce qu'on
suppose que, dès que deux entrepreneurs se parlent, c'est parce qu'ils sont des
méchants qui veulent faire dans la collusion, alors qu'en réalité, nous, ce
qu'on demande, c'est que deux... un Rona, et un BMR, et un Canac se parlent
pour convenir du plus grand nombre d'heures possible pour que les consommateurs
puissent accéder à une quincaillerie dans une région donnée, mais pas
nécessairement que tous les magasins ouvrent en même temps.
Alors, ce sont des points qui nous
apparaissent de gros bon sens, qui ne sont pas touchés par votre projet de loi,
mais on va s'attaquer au fédéral, en fait, on s'attaque au fédéral sur cette
question-là, beaucoup.
M. Skeete : Merci. C'est beau
pour moi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vais donner la parole au député d'Abitibi-Est.
M. Dufour : Oui, bonjour.
Donc, j'aimerais ça, revenir un peu sur votre recommandation 3, donc, qui parle
de compter sur une meilleure contribution du bâtiment dans l'atteinte des
objectifs du plan gouvernemental pour une économie verte grâce à l'implication
de tous... par tous de la plus récente version du Code de construction, qui
est, environnementalement parlant, plus exigeant. Vous saviez qu'en 2020, à
titre de ministre, j'avais déposé la Politique d'intégration du bois, de la construction,
particulièrement. C'est sûr que la pandémie a peut-être fait aussi... a
peut-être eu un jeu dans toute cette dynamique-là, mais j'aimerais ça un petit
peu vous entendre sur cet aspect-là parce que c'est quand même quelque chose...
un peu comme vous semblez le faire signifier, que, pour la Régie du bâtiment,
c'est, des fois, peut-être, vu comme un frein, mais qu'il peut y avoir un gain,
vraiment, économique et aussi environnemental si on irait plus loin dans la
dynamique. Puis, quand vous parlez de compter sur une meilleure contribution du
bâtiment, je suppose que vous dites... que vous voulez parler de la Régie du
bâtiment?
M. Darveau (Richard) : Non,
bien, en fait du bâtiment par rapport au transport, puisqu'on focalise beaucoup
sur le transport, puis on a raison, c'est la principale source d'émissions,
mais le bâtiment, au Québec, on est moins pire que dans le reste du Canada pour
différentes raisons, mais, quand même, c'est de l'ordre, selon les sources, là,
de 10 à 12 %, bon.
On a une approche pragmatique, en ce
moment, avec des programmes comme Réno Climat, puis Hydro-Québec, avec
Novoclimat. Donc, ça, «patche»...
M. Darveau (Richard) : ...mais
le meilleur programme, c'est celui qui serait en amont quant à la conception du
matériau et à sa possibilité d'être vendu sur un territoire, puis d'être
appliqué, donc, dans des projets de rénovation et de construction. Si on
intervient au départ, on vient vraiment de régler un gros problème, plutôt que
d'attendre que ce soit mal construit, puis qu'on se dit : Si on peut te
donner une subvention, si tu veux avoir des fenêtres plus écoénergétiques. Le
mal est déjà fait. Si, pour les prochaines constructions puis les prochaines
rénovations, on nivelait par le haut, comme le propose la dernière version du
Code de construction, on aurait moins de réparations à faire puis peut-être
qu'on n'aurait plus besoin de Rénoclimat et de Novoclimat.
Vous avez parlé du bois, si vous me
permettez, pour nous, le bois devrait être un bien commun, et c'est un... On
prépare un gros dossier là-dessus. On trouve anormal que nos cours à bois, nos
centres de rénovation et donc, par à-coups, les... les propriétaires
résidentiels et puis les entrepreneurs en construction, manquent de bois, parce
qu'on permet aux bois de qualité de première qualité de se retrouver sur les
marchés américains, «fast track». Et, en même temps, si je demande à mes amis
qui opèrent des scieries, qu'est-ce que ça demande comme conditions pour vendre
plus au Québec, plus aux Québécois qu'aux Américains, bien, ça prend un nouveau
contrat social dans lequel le gouvernement devrait faire partie. Le bois, au
Québec, devrait être traité comme il l'est en Norvège, comme il l'est en
Autriche, comme un bien, comment dire, d'une importance différente des autres.
C'est... En fait, moi, je viens d'Abitibi, je viens d'Evain, et j'ai grandi
avec tout ça. Alors, je suis sensible à ça.
Alors, on est en train de travailler nos
dossiers, de regarder les autres États ou pays qui qui ont légiféré là-dessus.
Puis l'idée, en bout de ligne, ce n'est pas de nuire aux scieries, mais c'est
de faire en sorte qu'ils aient le même volume de business, mais prioritairement
avec les gens d'ici, avant que ça parte sur des... de façon non transformée,
sur des comme on appelle ça, là, je vais dire le mot pitoune, mais j'imagine
que c'est un mot qu'on n'a pas le droit d'employer ici, les fartiers, les
fartiers...
M. Dufour : Les fardiers.
M. Darveau (Richard) : Les
fardiers, voilà. Alors, est-ce qu'il y a moyen de garder notre bois un peu plus
au Québec? On va vous revenir avec des suggestions là-dessus.
M. Dufour : Vous savez, par
contre, très bien que plus de 50 % du bois reste quand même au Québec.
M. Darveau (Richard) : Oui.
M. Dufour : Et on a des
ententes commerciales, puis il y a même à certains endroits, où ce qu'on
exporte et on importe...
M. Darveau (Richard) : Oui,
je vais vous révéler quand même quelque chose, puis je ne veux pas que ce
soit... comment dire, contre moi, mais je vais quand même le dire. Quand vous
êtes en business puis vous avez deux marchés, un marché domestique puis un
marché à l'export, puis que vous avez des produits de première qualité, puis de
deuxième, puis de troisième qualité, ce qui est le cas du bois, pensez-vous que
vous allez envoyer votre produit de deuxième, troisième qualité sur les marchés
d'export, quand on sait le chiard que ça crée, le retour de marchandises? Vous
allez toujours leur donner les meilleurs produits, parce que vous ne voulez pas
de retour de marchandises... avec tout ça. Pardon.
Et donc est-ce que je suis en train de
dire qu'on a accès à du bois de moins bonne qualité? Plusieurs de mes membres
disent oui. Je ne vais pas endosser cela. Mais c'est sûr que, s'il y avait un
match, un contrat social entre les scieries, les centres de rénovation
pourraient être considérés comme prioritaires, sans doute qu'on aurait du
premium, pour employer leur langage, de façon plus régulière.
M. Dufour : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je passe maintenant la parole à la députée de Hull. Vous n'aviez pas de
questions? Non. Il restait quelques minutes. Parfait. Nous allons passer à Mme
la députée de Bourassa-Sauvé.
• (12 h 30) •
Mme Cadet : Merci, merci, Mme
la Présidente. Merci , M. Darveau, pour votre exposé. J.ai eu le temps de
feuilleter un peu, donc, le mémoire que vous nous avez déposé tout de suite
avant cette présentation. Donc, je le dis, donc, clairement, c'est vous qui
l'avez rédigé, on y reconnaît un peu votre humour à quelques égards.
Donc, si je comprends bien, donc, les
échanges qu'on a eus dans les dernières minutes et aussi, donc, votre
présentation initiale, bien, d'une part, donc, ce qu'on voit, c'est que, bon,
oui, il y a plusieurs recommandations, mais, essentiellement, donc, qu'il y ait
des recommandations, donc, principales, donc, qui est le socle du message que
vous voulez nous transmettre, à nous, comme législateurs. Puis vous déclinez
cette recommandation-là, donc, en cinq bénéfices potentiels sur la sécurité,
sur l'approvisionnement, sur l'environnement et sur, donc, les différentes
modalités de mise en œuvre de celles-ci.
Vous nous dites, donc, que le code, en ce
moment, est essentiellement un gabarit, donc, qui ne peut, donc, être imposé,
donc, aux...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Cadet : ...puis je
veux m'assurer que d'abord, donc, que j'ai... que j'ai bien saisi. Donc, avec
ce qui est présenté en ce moment, donc, dans le projet de loi, donc, il y
aurait donc une harmonisation. Mais ça n'empêcherait pas donc les villes et
municipalités de... Donc, voilà, donc d'y aller avec la tour de Babel, là, que
vous avez mentionnée, donc de pouvoir par la suite
M. Darveau (Richard) : Être
plus exigeant. Oui.
Mme Cadet : Voilà! Donc,
d'être plus exigeante d'un côté ou... d'un côté ou de l'autre. Donc, ça... ça
reviendrait au même finalement. Donc, on aurait donc une meilleure...
M. Darveau (Richard) : On
aurait encore une géométrie variable, mais au moins on serait dans la visée de
l'excellence.
Mme Cadet : Voilà.
M. Darveau (Richard) : Mais
vous avez raison, j'ai hésité avant de mettre ça dans le document, vous avez
bien lu, parce qu'au fond on veut niveler, mais en même temps, on se dit :
Oui, mais quelqu'un qui veut aller plus loin, il y en a des élus progressistes
de plus en plus, il ne faudrait pas qu'il soit empêché. Puis alors, je n'aimerais
pas que le projet de loi final, que la loi finale dise : Vous devez
appliquer le code puis vous ne pouvez pas faire mieux. Donc... Alors, vous ne
pouvez pas faire moins bien, mais vous pouvez faire mieux. Donc, on laisserait
cette latitude. Voilà.
Mme Cadet : Ah! D'accord.
Donc, merci de cette précision-là. Donc, c'est... Donc, ce que vous nous dites,
donc les élus, nous, on pourrait faire mieux, juste pas faire moins.
M. Darveau (Richard) : Oui.
Mme Cadet : Donc, ça, c'est
la façon....
M. Darveau (Richard) : Exact.
Mme Cadet : Puis... Mais
dans cette perspective, puis je vous entends, j'essaie juste donc de bien
comprendre aussi. Donc l'association que vous représentez et puis le bénéfice,
oui, pour la population, mais également, donc, pour les différents donc
entrepreneurs dans le milieu, donc, pour eux, donc, vous avez parlé de votre
fille qui est architecte, donc, on aurait quand même le même type de casse-tête,
mais au moins la population serait mieux protégée. C'est ce que...
M. Darveau (Richard) : Absolument,
parce qu'en général, les gens qui gagnent leur vie dans la construction vont
préférer travailler avec les meilleurs matériaux, appliquer les meilleures
technologies. Alors, c'est à leur corps défendant qu'ils vont dire : O.K.
Bon, là, on va... On sait que ça existe, mais vous ne nous permettez pas...
Vous savez, tout relève encore de la loi du plus bas... de la règle du plus bas
soumissionnaire. On en revient toujours à cette fameuse règle du plus bas
soumissionnaire, qui a été un peu corrigée avec des politiques-cadres en
architecture. Mais il reste que dans chaque ville, au moment de décider, on
regarde le prix. Alors, s'il y a une obligation de faire que tous les projets
sur le territoire de toutes les villes doivent au moins être au niveau du code
de construction, de la dernière version en vigueur, telle que réglementée par
la Régie du bâtiment, on a déjà un socle super solide. Maintenant, si la ville
dit : Nous, chez nous, à Victo ou ailleurs, on veut aller plus loin, on
veut se démarquer de façon concurrentielle en allant plus loin sur le plan soit
de l'efficacité énergétique, soit de la sécurité, bien oui, que la loi le permette.
Mais c'est déjà écrit d'ailleurs. C'est déjà dans ce sens-là que le projet de
loi no 17 est formulé.
Mme Cadet : Oui. Puis
donc... Et puisque si, donc, on a liberté d'allègement réglementaire, donc, on
serait quand même... De manière dont c'est formulé, donc on irait quand même
dans ce sens-là parce que, quand bien même, donc, les municipalités, donc,
pourraient faire mieux, c'est certain qu'on n'aurait pas un cadre réglementaire
aussi bigarré qu'on l'a en ce moment, là.
M. Darveau (Richard) : Oui,
mais je pense qu'il n'y en aura pas beaucoup, là, quand même, hein, qui vont
vouloir faire plus. Parce qu'il faut comprendre, là, le retard, là. Tu sais,
les chiffres sont importants, là. C'est des... Sur à peu près 1 000 villes,
là, il y en a seulement une poignée qui applique la toute dernière cuvée, là,
qui est applicable depuis juillet 2023, là. C'est une... Elles ne sont pas
nombreuses. Donc, la plupart prennent du temps. Pourquoi? Parce qu'on leur
donne la possibilité de prendre leur temps.
Mme Cadet : Puis est-ce
que... Si je comprends bien, donc, dans ce que vous nous proposez, donc, vous
prenez, donc, le Code du bâtiment, donc, actuel, qui est la plus récente
version du Code de construction et de code de sécurité, donc, soit applicable.
Donc, que ça ne soit plus un gabarit, mais soit applicable. Mais vous avez
aussi dit dans votre présentation qu'on n'est pas... En fait, on... Donc, on
est où?
M. Darveau (Richard) : On
est... On est... Non, on est... On est... on est bons, mais on pourrait être
meilleurs. Puis là on va arrêter de se parler de la Scandinavie, ça nous énerve
tous, mais... mais juste tout, tout près, là. Les... Par exemple, en
Colombie-Britannique, vous savez, nous, on va donner des points à ce qu'on
appelle les bâtiments LEED. Plusieurs d'entre vous êtes familiers avec au moins
les mots, le mot, mais là-bas, c'est... c'est la base. Il faut que tu sois au
moins LEED. Nous, là, quand il y a une construction LEED, là, ça fait la page
couverture du journal Les Affaires. Wow! Il y a eu à Québec, à Montréal, un
bâtiment qui est LEED. On est tout content. Là-bas, c'est comme... Non, non,
non, ce n'est pas de quoi être un héros, là, c'est juste... Il faut que tu sois
LEED ou mieux. Donc, on a du travail à faire.
Mme Cadet : D'accord.
Puis vous avez nommé la Colombie-Britannique. Donc, est-ce que c'est la
juridiction modèle selon vous pour le Québec?
M. Darveau (Richard) : Absolument.
Oui.
Mme Cadet : C'est là qu'on
devrait aller? Donc, le...
M. Darveau (Richard) : Oui,
mais il pleut beaucoup par contre...
M. Darveau (Richard) : ...il
pleut beaucoup, par contre. Chacun a ses problèmes.
Mme Cadet : Je vais peut-être
revenir sur l'approvisionnement. Donc, votre recommandation 4, vous
dites : «Que le gouvernement du Québec s'inspire donc de nos
revendications au palier fédéral pour faire appliquer un seul code de
construction et revoir ses propres normes d'approvisionnement afin de
complètement favoriser nos manufacturiers face à la mauvaise qualité des
produits qui circulent sur le territoire.»
M. Darveau (Richard) : Oui.
Bien... Là, depuis en fait Obama, et ça s'est poursuivi sous Trump, puis ça n'a
pas changé sous Biden, les Américains font preuve d'un nationalisme économique
incroyable. Mais, à chaque fois qu'on parle à la fonction publique québécoise
ou canadienne, on dit : Oui, mais nous, on ne peut pas faire ça. Nous, on
ne peut pas protéger notre industrie, à part les artistes, les livres et tout.
Mais, sur le plan de la production industrielle, on ne peut pas faire ça, puis
ça va à l'encontre du libre-échange. Mais ce n'est pas vrai. Alors, dans mon
mémoire, j'en parle un peu plus, mais on a d'autres documents très étayés qui
montrent que et le Mexique et le Canada, donc, par à-coups... le Québec
pourrait, tout en étant un superbon libre-échangiste, protéger et promouvoir
pour le marché domestique beaucoup plus ses industries. Mais, en ce moment, il
y a peu de choses. Je ne veux pas recommencer sur le panier bleu, il y a des
gens ici autour de la table qui connaissent déjà ma position sur le panier bleu
pâle. Mais il reste que les États-Unis se permettent des choses, comme
partenaire, puis je pense qu'on peut aller, à notre hauteur, s'inspirer, parce
que, si c'est bon pour ce minou, c'est peut-être bon pour notre pitou aussi.
Mme Cadet : Merci. Puis le
délai maximal que vous recommandez... Donc, j'imagine que ce serait par voie
réglementaire...
M. Darveau (Richard) : Oui.
Mme Cadet : ...que l'on
mettrait en application. Puis pourquoi 18 mois? Est-ce que vous pensez que
c'est un délai qui serait applicable?
M. Darveau (Richard) : Sincèrement,
on dirait que c'est souvent ce que le gouvernement propose. Alors, je n'ai pas
cherché à réinventer le bouton à quatre trous. Tiens! J'ai vu je ne sais pas
combien de fois 18 mois. Alors, c'est vous qui m'avez donné la réponse.
Mme Cadet : Vous avez été
inspiré. Puis peut-être que je profiterais des dernières minutes, parce que
vous avez... vous en avez parlé dans votre introduction puis vous l'avez
mentionné dans votre mémoire, donc, «il nous semble nécessaire de revoir
certains pans du cadre réglementaire et administratif, notamment, donc, les
efforts promis par le ministre du Travail eu égard au décloisonnement souhaité
des corps de métiers.» Pendant qu'on vous a ici, donc, dans les corps de
métiers dans le secteur de la construction, pour...
M. Darveau (Richard) : Bien
oui. Alors, bien, je pense que c'est un secret de polichinelle, on le sait très
bien. À chaque fois qu'on est chez nous, dans nos maisons, puis que le
plâtrier, il dit : Mais je ne peux pas donner un coup de «primer», puisque
je ne suis pas peintre, puis le peintre qui est en train de finir dit : Ça
va prendre juste un autre petit joint à tirer là, mais je ne peux pas le faire,
donc cet exemple nous dit tout, là. Je veux dire, à un moment donné, il faut
qu'on attache nos culottes. Je sais que le ministre est en train de s'attaquer
à cela, c'est absolument nécessaire.
Qu'est-ce qui fait qu'on est dans cette
situation? Bon. Il y a des corps de métier qui résistent à ces changements,
mais il y a aussi du côté patronal un intérêt de cotisations, pour avoir le
plus de membres possible. Mais, en réalité, encore là, l'intérêt commun n'est
pas bien servi. Alors, il faut essayer de s'élever puis se dire : Bon.
Pourquoi on est les seuls à faire ça? Dans l'univers, il n'y a personne qui est
aussi carré que ça. On n'est pas en train de dire qu'un plâtrier va devenir
un... qu'un peintre va devenir un tireur de joints. Mais, quand il arrive un
cas exceptionnel, il faut que la règle puisse permettre des exceptions. C'est
ça, la beauté des règles ou des lois. Et là, il n'y a rien qui est possible,
c'est-à-dire, si tu le fais, tu risques de te faire prendre, donc tu ne le fais
pas, ou bien tu encourages le travail au noir.
• (12 h 40) •
Alors, c'est pour ça que je dis que c'est
nécessaire. On a combien de logements qui nous manquent, là? La SCHL nous
envoie des chiffres de plus en plus gros, d'ici 2030, on voit la question non
seulement des sans-abris, mais des mal-logés qui devient plus importante.
D'autres gens d'autres commissions s'y penchent. Bon. En quelque part, il faut
être plus efficace. La question d'uniformiser le code de construction, c'est un
élément; la question de décoincer un peu les métiers de la construction, c'en
est un autre.
Moi, je pense qu'un vrai sondage auprès
des consommateurs vous donnerait la couleur du temps. Garantie construction
résidentielle, GCR, a fait un sondage sur la question du code de construction,
de l'uniformité des codes de construction, et les consommateurs, c'est à
hauteur de plus de 90 % qu'ils ont dit : Bien oui, ça prend un seul
code. Donc, je pense que, si on allait du côté des utilisateurs finaux, là, les
citoyens, les voteurs, j'ai l'impression qu'ils diraient...
M. Darveau (Richard) : ...j'ai
l'impression qu'il dirait : Oui, il faut décoincer les métiers de la
construction puis, oui, il faut un seul code de construction. J'en suis
absolument convaincu.
Mme Cadet : Merci. Puis, pour
ce qui est du décloisonnement des métiers, est-ce qu'il y a... l'impact, au
niveau, au niveau de l'AQMAT, est-ce que vous avez, donc, ces données-là aussi?
M. Darveau (Richard) : Bien
oui, les chantiers, les chantiers sont au ralenti. Et puis on sait très bien,
dans chaque quincaillerie, le coût de travail en dessous de la table est
encouragé. Parce que, si tu es pour être pris pour avoir cinq personnes qui
rentrent chez vous au lieu d'en avoir deux, comme en Ontario, tu dis :
Oui, ça va me coûter la totale. Donc, finalement, ça prête... tu prêtes
l'oreille à dire : Écoute, mon beau-frère pourrait le faire. Puis là,
bien, lui ne se met pas un danger, il n'a pas de licence de construction, donc,
il est avocat ou il est géomètre, alors, il va le faire. Il n'est pas supposé,
mais il va le faire. Mais les travailleurs de la construction, surtout quand tu
travailles avec des entrepreneurs licenciés, ils ne vont pas s'embarquer
là-dedans. Et puis donc, c'est... pour moi, la lutte à l'évasion fiscale, la
lutte au travail au noir puis la lutte contre la mauvaise qualité... Parce que
c'est sûr que le besogneux ne fera pas une aussi bonne job. Donc, c'est tout ça
qui est en jeu. Alors, j'espère qu'en temps et lieu on pourra être entendu sur
ces effets pervers là de la compartimentation trop loin, là, des métiers de la
construction, propre au Québec.
Mme Cadet : C'est bon. Merci.
Donc, Mme la Présidente, donc, je vais laisser mon collègue de Maurice Richard,
donc, demander si vous êtes la licorne, donc, qui... pour le timbre,
finalement. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci beaucoup, c'était vraiment passionnant. Chaque mot
était passionnant, surtout qu'évidemment, nous, à Québec solidaire, ça fait
longtemps qu'on propose des normes de construction plus uniformes, je dirais
même depuis notre plateforme de 2018. C'était aussi dans notre vision de 2030,
effectivement.
Je ne vous poserai pas la question si vous
voulez absolument garder le timbre sur les bières et les alcools, parce que ça
ne vous touche pas, et donc l'énigme continue. M. le ministre, on n'a toujours
pas trouvé qui aime les timbres. Sur les nomme la construction, ce que vous
dites est très. Très important parce que les enjeux sont immenses, et il faut
absolument prendre des actions courageuses, rapides sur la question de la
qualité des nouveaux bâtiments. C'est quand même incroyable qu'on continue à
construire des...
Ça fait que, peut-être, j'aurais deux
questions. Je n'ai pas beaucoup de temps, ça fait que je vais ler poser en même
temps, puis vous développerez comme vous voudrez. Est-ce que... Vous avez parlé
de la question du plus bas soumissionnaire. Est-ce que les entrepreneurs en
bâtiment, les quincailleries sont prêtes à être partie prenante de ce
changement-là ou est-ce qu'il y a une partie d'entre elles, d'entre eux qui
vont, pour toutes sortes de raisons, montrer de la résistance? Et là je ne
parle pas spécialement de l'uniformisation, parce que je comprends que ça, par
contre, il doit y avoir, quand même, pour des raisons objectives, un consensus,
mais plus pour améliorer les normes de construction.
Et ma deuxième question, c'est qu'il y a
actuellement déjà un certain nombre de normes qui ne sont pas obligées dans la
loi, mais... Vous avez parlé des projets Lean, mais ce n'est pas les seuls. À
quel point, en fait, c'est compliqué, juste de dire : bien, en fait, on
sait déjà le faire, il serait bien temps de mettre dans... enchâsser tout ça
dans la loi plutôt qu'applaudir les quelques moins que 1% de bâtiments qui se
construisent avec des normes beaucoup plus strictes?
M. Darveau (Richard) : Absolument.
Bon, pour la première question, j'ai vu, Mme la Présidente, qu'il y a plusieurs
associations d'entrepreneurs qui vont prendre la parole tout à l'heure, à 14
heures quelque, ce soir, donc je vais leur laisser parler au nom de leurs
membres. Je l'ai dit dès le départ, je ne représente pas les entrepreneurs en
construction. Commentaire personnel, je pense qu'ils vont être... ils sont
d'accord, dans la mesure où ils ne perdent pas de contrat puis que les règles
sont transparentes. Alors, si on dit à tout le monde : On veut du R-24,
O.K., pour tel projet, bien, si c'est la même règle pour tous les
soumissionnaires, ils n'ont aucun problème, puisqu'eux, pour acheter du R-24 ou
du R-18, c'est blanc bonnet, bonnet blanc, il faut juste que les règles soient
transparentes.
Vous savez, j'ai parlé aussi de l'autre...
des travaux du ministre de la Justice sur la durabilité des matériaux. C'est en
lien direct avec ce dont on est en train de parler. Parce que, je vous le dis,
dans les manufactures de matériaux pour la maison, tu sais, ceux qui fabriquent
de la peinture au Québec...
M. Darveau (Richard) : ...ils
fabriquent des feuilles de gypse puis des différents morceaux de bois, puis
etc., je n'en connais pas qui font du cheap, ça ne veut pas dire que ce n'est
pas abordable, c'est souvent abordable sous l'angle qu'on regarde une voiture
électrique, c'est-à-dire, à l'achat, c'est... mais, si on regarde sur 10, ou
15, ou 20 ans, puis, dans un cas de bâtiment, on doit regarder avec une
aussi longue échéance, les produits tiennent la route, mais vraiment bien.
J'étais, la semaine dernière, à Yamachiche, chez la compagnie Duchesne, il m'a
fait une démonstration. Il n'y a rien qui ressemble à un clou qu'un autre clou,
mais, à l'aveugle, on a pris plusieurs fois, hein, un clou qui, finalement,
s'avérait être de Chine et l'autre qui était fait localement. Et puis, pour moi
qui est un amateur, très amateur, quand même, je cogne correct, et... mais il
pliait à tout coup, là, le clou asiatique, et l'autre, il ne pliait pas, il était
tac, tac, tac. Je n'étais pas meilleur ou pire pour cogner sur un que sur
l'autre.
Juste avant, la semaine d'avant, ce n'est
pas au Québec, mais c'est dans la francophonie, Richibouctou... C'est où,
Richibouctou? Quelqu'un le sait? Non, c'est au Nouveau-Brunswick, en Acadie,
dans le pays de la Sagouine. Là-bas, il y a une entreprise qui s'appelle
Impérial, et puis ils arrivent à faire des produits de meilleure qualité et
moins chers que les pays asiatiques. Et pourtant c'est de la basse technologie,
c'est des petites grilles qui permettent à l'air de passer dans les systèmes
d'aération et de chauffage, mais ils arrivent à un meilleur prix en prenant de
l'acier québécois, en ayant des travailleurs locaux, bon, parce qu'il y a toute
une ingénierie, là. Je ne... pas, mais allez-y.
M. Bouazzi : Je vais me
permettre, parce que je sais qu'il me reste juste quelques secondes, mais de
ce... je comprends de ce que vous dites, c'est qu'en plus ça aiderait une
économie locale et des PME...
M. Darveau (Richard) : Tellement.
M. Bouazzi : ...en améliorant
nos objectifs de lutte contre les...
M. Darveau (Richard) : Oui,
oui, oui. Puis toute l'autre notion de réparabilité, ça rentre à l'intérieur de
ça. Parce qu'on a perdu cette culture, on est moins manuels. Puis trouvez-moi
une quincaillerie où vous pouvez faire réparer vos trucs. Il n'y en a pas. Je
leur dis à mes membres : Réveillez-vous, là, parce qu'il y a des
consommateurs, c'est une frange petite mais croissante, qui vont vouloir revenir
avec leurs produits pour lui donner une vie plus longue.
M. Bouazzi : Je comprends
aussi pour l'obsolescence, c'est que... Puis moi, j'ai travaillé sur des gros
projets informatiques, ça n'a rien à voir, mais les coûts de maintenance
finissent toujours par, en fait, carrément dépasser le coût de projets qui sont
déjà exorbitants. Ça fait que c'est vraiment une visée à très, très court terme
de se dire : On isolera plus tard en démolissant les murs avec un
programme de rénovation. C'est toujours plus économique de faire les choses
bien dès le début.
M. Darveau (Richard) : Voilà.
M. Bouazzi : Je n'ai pas
d'autre question, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Donc, je vous remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
13 h 30, où elle se réunira en séance de travail. Nos consultations
particulières reprendront à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 49)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 01)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'économie
et du travail reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi no 17, Loi modifiant
diverses dispositions, principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif.
Cet après-midi, nous entendrons les
témoins suivants, soit la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec, la
Fédération québécoise des municipalités et l'Association des professionnels de
la construction et de l'habitation du Québec. Je souhaite maintenant la
bienvenue à la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange. Je vous invite donc à vous présenter et à
commencer votre exposé, s'il vous plaît.
Mme Robitaille (Mélissa) : Merci.
Mme la Présidente, M. le ministre. Mmes, MM. les députés, bonjour. Mon nom et
Mélissa Robitaille, je suis présidente du conseil d'administration de la
Corporation des entrepreneurs généraux du Québec, la CEGQ. Je suis aussi la
présidente-directrice générale de l'entreprise... Aujourd'hui, je suis
accompagnée de M. Éric Côté, président-directeur général de la CEGQ, et David
Dinelle, directeur des affaires publiques et des relations gouvernementales.
Fondée en 1996, la CEGQ est la seule
association vouée exclusivement à la promotion des intérêts collectifs des
entrepreneurs généraux. Nos membres réalisent près de 85 % des projets de
construction dans le secteur industriel, commercial et... institutionnel,
pardon. La mission de la CEGQ, c'est de défendre les intérêts des entrepreneurs
généraux et de l'industrie de la construction par sa contribution au
développement du Québec, notamment au niveau économique et durable. Sa vision,
quant à elle, est de soutenir de manière proactive les entrepreneurs généraux
dans la réalisation d'ouvrages de qualité, d'amélioration de leur performance
et de leur productivité.
La CEGQ, qui tient à vous remercier de l'invitation
à participer à cette consultation particulière, et, d'entrée de jeu, j'aimerais
préciser que la CEGQ accueille favorablement la volonté du gouvernement d'alléger
le fardeau administratif des entreprises de construction par le projet de loi
no 17. Tous les allègements proposés sont une bouffée d'air frais qui permet à
l'industrie de pouvoir se concentrer à la réalisation de projets de
construction.
J'aimerais en particulier saluer les
modifications proposées au niveau du Code de construction afin d'uniformiser à
travers toutes les municipalités. Trop souvent, les entrepreneurs en
construction sont confrontés à des codes de construction différents d'une
municipalité à l'autre. Dorénavant, les municipalités ne pourront qu'adopter
des normes supérieures par rapport au Code de construction en vigueur. Il s'agit
d'une avancée importante et demandée depuis longtemps par notre industrie. Nous
souhaitons toutefois formuler un certain nombre d'observations et porter d'autres
recommandations à l'attention des parlementaires afin de bonifier le projet de
loi et d'avoir un impact plus grand sur le fardeau administratif des
entreprises de construction au Québec. Je cède la parole maintenant à notre
président-directeur général, M. Éric Côté.
M. Côté (Eric) : Bonjour, Mme
la Présidente. J'enchaînerais rapidement sur la question du code minimal. C'est
une solution qui était souhaitée par l'industrie, et nous sommes très heureux
que le gouvernement l'ait inclus dans son projet de loi. Toutefois, ce qu'on
voudrait apporter comme notion, et je pense que le projet de loi le précise, on
souhaiterait que toutes les bonifications soient soumises à une autorité pour s'assurer
que, malgré l'autonomie municipale, qu'on souhaite, évidemment, qu'il y ait
quand même un certain contrôle afin d'éviter que des municipalités aillent en
deçà du code ou par leur... par certaines mesures. Donc, on souhaite que, par
exemple, la Régie du bâtiment puisse émettre des avis. Le projet de loi propose
que ça soit volontaire par les municipalités, on souhaite que ce soit, d'une
manière plus systématique, fait par la Régie du bâtiment à cet égard-là.
En matière de vérification, il incombe...
vous savez, avec l'attestation de Revenu Québec, notamment, et les obligations,
il incombe aux entrepreneurs généraux de s'assurer que leurs sous-traitants,
les entreprises qu'ils embauchent pour faire les travaux spécialisés, soient en
conformité, notamment avec Revenu Québec, la Commission de la construction du
Québec, la CNESST et l'Autorité des marchés publics. Chaque paiement qui est
fait par les entreprises de construction auprès de leurs sous-traitants doit
être validé afin de s'assurer que cet argent-là n'est pas destiné aux coffres
du gouvernement s'il y a des dates qui sont faites.
C'est un travail qui demande beaucoup d'efforts.
Nous souhaitons la mise en place d'un guichet unique à cet effet...
M. Côté (Eric) : ...tout
simplement dans le but de simplifier et de centraliser tout le processus. Dans
l'industrie de la construction, on a un service qui s'appelle Info Excavation.
Quand on veut creuser un trou, on appelle et on identifie tous les
propriétaires d'infrastructure souterraine, et, en simple coup de téléphone, le
travail est fait de près de tous les organismes publics, les organismes privés
qui sont là. Ce qu'on aimerait, c'est d'avoir un système info attestation où on
appelle à un organisme centralisé qui valide toute l'information, et donc on a,
dans un seul document ou sur un portail, l'information pour nous dire qu'on
peut ou pas payer ce sous-traitant-là, s'il doit de l'argent à la Commission de
la construction du Québec ou à Revenu Québec. Donc, quelque chose de simple,
plus simple de ce côté-là.
Évidemment, c'est un fardeau pour... de
tout faire ces démarches-là. On comprend, ça permet au Trésor public d'aller
chercher de l'argent qui lui est dû. Ce qu'on souhaite, à tout le moins, à
défaut de pouvoir l'abolir, c'est de le simplifier et de le rendre plus facile.
Juste au niveau de l'attestation de Revenu Québec, c'est fait de manière
électronique, ça pourrait être fait avec les autres organismes aussi. Donc,
info excavation, info attestation. Je vous dirais qu'à cet égard là, nous ne
sommes pas seuls dans l'industrie à réclamer ça et je crois que vous avez des
témoins qui vont passer un peu plus tard. J'invite les gens de l'APCHQ, je
crois qu'ils sont tout à fait d'accord avec nous à cet égard-là.
Recommandations numéros quatre et cinq,
c'est concernant le Bureau des soumissions déposées, un organisme que peu de
gens connaissent, qui a été mis en place grâce à la loi des maîtres
électriciens et des maîtres tuyauteurs, les chapitres M4 et M5 de la loi. Un...
général doit absolument signer une lettre d'engagement auprès de cet organisme
s'il veut réaliser des contrats publics. Ce qu'on souhaite, c'est que les gens
qui font des contrats privés ne soient pas assujettis à cette règle-là. Et,
considérant ces règles d'attribution, souvent, sauf exception, c'est toujours
le plus bas soumissionnaire dans les contrats publics, alors que la réalité
dans le secteur privé est tout autre. Et ce qu'on souhaiterait, c'est de
pouvoir avoir une liberté contractuelle pour les entrepreneurs qui font des
contrats privés. Donc, on laisse le libre choix aux clients d'appliquer ou pas
cette règle-là. Donc, je rappelle que cette introduction du Bureau des
soumissions déposées est permise grâce à deux lois, et on souhaiterait que le
gouvernement encadre mieux ça et laisse, dans le fond, le libre choix aux
clients privés de ce côté-là. Ce qu'on rend compte aussi, c'est que les
entrepreneurs qui font des contrats publics doivent être assujettis aux règles
du BSDQ. Ceux qui ne le sont pas, parce qu'ils ne font que des contrats privés
et qu'ils ne signent pas les engagements, sont pénalisés. Donc, il y a un
écart, ça ne fait pas une bonne compétition pour les entrepreneurs. Ce qu'on
souhaite, c'est que ce soit plus clair de ce côté-là.
À cet égard-là aussi, au niveau du libre
choix, je pense que nous aurons d'autres recommandations. Je laisse la parole à
mon ami et collègue, David Dinelle, notre directeur de relations
gouvernementales.
M. Dinelle (David) : Merci,
M. Côté, Mme la Présidente, M. le ministre, Mesdames, Messieurs les députés.
Sans liquidité, il est difficile pour un entrepreneur ou une entrepreneure en
construction de soumissionner à nouveau sur des contrats et de réaliser des
nouveaux projets. C'est pourquoi la question des délais de paiement devient une
question fondamentale pour l'industrie de la construction. Tout au long de la
chaîne contractuelle, un retard de paiement du donneur d'ouvrage vis-à-vis
l'entrepreneur général affecte directement la relation entre ces derniers et
ses sous-traitants. Une étude réalisée par Raymond Chabot Grant Thornton, en
2014, pour le compte de la Coalition contre le retard des paiements, où la CEGQ
est d'ailleurs membre fondatrice, quantifiait l'impact à 1 milliard de
dollars. Les travaux menés par la Coalition depuis de nombreuses années ont
permis de faire avancer la question de manière appréciable. Ces efforts ont
d'ailleurs abouti à la mise en place d'un projet pilote où les résultats auront
été fort positifs. Nous attendons d'ailleurs la publication imminente d'un
règlement final sur les paiements rapides qui visera les organismes assujettis
à la Loi sur les contrats et les organismes publics.
• (14 h 10) •
Cependant, un nombre important de contrats
publics demeureront non couverts par le règlement malgré les bons résultats, on
parle ici des contrats accordés par le secteur municipal, alors que les délais
de paiement sont l'un des principaux facteurs du désintérêt des entrepreneurs
pour les contrats publics. La CEGQ recommande donc d'assujettir les municipalités
aux conditions résultant du projet pilote afin qu'un règlement de gestion
contractuelle inclue les dispositions relatives au paiement rapide au même
titre que l'ensemble des organismes gouvernementaux.
Je cède la parole, pour la fin, à mon
collègue, M. Côté.
M. Côté (Eric) : Nous avions
d'autres recommandations dans notre mémoire, mais, pour prendre le temps des
questions des parlementaires, Mme la Présidente, donc, on laisse les... si les
parlementaires ont des questions sur les autres éléments, nous sommes
disponibles. Et évidemment nous avons... nous nous sommes limités, il y a
beaucoup d'éléments qui touchent l'industrie de la construction tout particulièrement.
Alors, je vous dirais que c'est une entrée en matière, c'est la première fois
que le CEGQ la manière... le fait de manière officielle, mais nous avons une
liste...
M. Côté (Eric) : ...beaucoup
plus complète que nous nous réservons de vous soumettre éventuellement. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci beaucoup. Donc, nous commençons la période d'échanges. M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Skeete : Bonjour.
Bienvenue. Merci aussi de vous déplacer. C'est toujours le fun de recevoir nos
invités en personne. On s'est vus il n'y a pas longtemps, puis on a eu la
chance d'échanger. J'aimerais commencer premièrement, avant d'arriver sur les
enjeux, plus du côté des... qui touche le projet de loi, là, sur vos recommandations
en général. Parlez-moi du fardeau administratif des attestations.
M. Côté (Eric) : Le
fardeau administratif des attestations, il est... il a été simplifié parce
que... avec la question électronique, mais ça fait en sorte que, dans
l'exécution d'un contrat qu'on doit payer un sous-traitant, qu'on découvre
qu'il, en cours de route, doit de l'argent à un organisme gouvernemental, bien,
ça nous empêche de le verser à cette entreprise-là. Donc, on la prive de
pouvoir continuer à travailler sur notre chantier. C'est littéralement couper
les vivres à une entreprise avec qui on a un contrat et qui, elle, doit
exécuter les choses. Donc, au niveau du fonctionnement, dans un chantier de
construction, ne pas pouvoir payer quelqu'un, c'est un mécanisme... c'est une
situation qui est très difficile. Alors, c'est pour ça que ça vient, dans
l'exécution d'un chantier, vraiment être problématique d'un mois à l'autre.
M. Skeete : Moi, je
suis... Je suis un entrepreneur en construction, je fais de la sous-traitance
pour vous, je dois de l'argent au fisc. Puis là on n'émet pas une attestation.
Donc, vous, vous n'avez pas le droit de me payer. Donc, je ne peux pas
travailler. Donc, je ne peux pas payer le fisc. Ça fait que, vous, vous dites
que ça, c'est une aberration.
M. Côté (Eric) : Oui.
Bien, si on avait au préalable l'information, qu'on savait que... Si une
entreprise est dans un moment de mauvaise posture, bien, c'est plus facile de
savoir... de décider si on veut contracter avec elle. Mais si en cours d'exécution
on découvre qu'elle doit de l'argent au fisc, bien, on est... En même temps, on
la prive de sa liquidité. Et ça cause des problèmes.
M. Skeete : O.K. Dans
votre recommandation 4, vous avez passé dessus assez rapidement, mais je
voulais vous laisser plus de temps à parler de tout ça, le fameux BSDQ. Vous,
ce que vous dites, c'est que ça a peut-être sa raison d'être dans les contrats
publics-privés. Ça, vous n'êtes pas à contester ça, mais vous questionnez
l'utilité de devoir passer par cette entité-là pour contracter du privé à
privé?
M. Côté (Eric) : Le
choix du client est important. Le gouvernement du Québec le demande dans les
appels d'offres, que les entrepreneurs passent par le BSDQ. C'est un choix du
gouvernement qui est assumé. Il y a même... On vous a mis en recommandation...
Le gouvernement s'est penché sur cette question-là, ce n'est pas parfait, la
BSDQ. Même la commission Charbonneau a fait des recommandations et un comité
ministériel a ajouté des éléments à fonctionner. Toutefois, le secteur privé,
par l'introduction de la création du BSDQ, assujettit le secteur privé. Nous,
ce qu'on dit, c'est que, laissons le secteur privé qui n'est pas au plus bas
soumissionnaire tout le temps, qui sont dans des formules compétitives avec des
propositions qui sont variables, non comparatives avec le plus bas prix.
Essentiellement, le BSDQ, DQ, c'est toujours le plus bas prix. Ce qu'on
souhaite, c'est d'avoir cette liberté-là, de ne pas être obligé d'aller
toujours aux plus bas prix. Peut-être, étudier la meilleure proposition.
M. Skeete : C'est
important ce que vous dites parce que même si ça serait en théorie un outil qui
vous sauverait de l'argent, vous, ce que vous dites, c'est : Moi, je
regarde d'autres facteurs. Je ne veux pas être assujetti à ça, même si, entre
guillemets, c'est pour mon bien.
Mme Robitaille (Mélissa) : En
fait, le prix, c'est un item dans un octroi d'un contrat de construction. Oui,
ça peut être avantageux d'avoir un meilleur prix, mais ne pas avoir les
ressources nécessaires pour effectuer le projet... Si un projet, au lieu, je
donne un exemple, au lieu de durer quatre semaines, en dure... en prend huit
semaines, même si j'ai un meilleur prix à l'octroi, j'expansionne mon projet à
beaucoup plus longtemps, ce qui occasionne d'autres coûts. Le fait de passer
par le BSDQ nous oblige à prendre la personne qui est la moins chère, alors que
ce n'est pas nécessairement l'entreprise qui est la mieux placée pour exécuter
le projet.
M. Skeete : Puis est-ce
que vous êtes toujours soumis au BSDQ ou est-ce que vous... Il y a... C'est
quoi, les critères qui font en sorte que vous devez passer là?
M. Côté (Eric) : C'est...
C'est... Si vous voulez faire des contrats publics, vous devez signer
l'engagement du BSDQ parce que le gouvernement l'exige, de passer par le BSDQ.
Toutefois, si vous décidez d'aller faire des contrats privés, vous ne l'êtes
plus. Vous avez signé votre lettre d'engagement auprès du PQ. C'est un contrat.
Vous ne pouvez pas vous libérer de cette obligation-là quand vous faites des
contrats privés. Ce qu'on dit, c'est : Si on veut faire des contrats
publics, d'accord, mais qu'on ne soit pas obligés de respecter cet engagement
là quand on fait des contrats privés. Alors, à l'inverse des gens qui ne font
que des contrats privés, qui ont décidé de ne pas faire de contrats publics,
eux peuvent échapper à cette règle-là. Donc, il n'y a pas une saine compétition
entre les entrepreneurs généraux qui ont signé l'engagement et ceux qui ne
l'ont pas signé.
M. Skeete : Ça fait que,
dans le fond, si on veut jouer dans la cour des grands, des contrats publics,
on doit s'engager à passer par le BSDQ, mais tu sais, si les contrats
publics...
M. Skeete : ...ils
représentent 100 % de notre chiffre d'affaires, mais là on doit passer
pour l'autre 50 %, quand même, en... Vous, ce que vous dites, c'est :
Je vais me conformer. C'est votre droit d'avoir le BSDQ pour des contrats
publics, mais en quoi ça a un impact? En quoi ça devrait m'obliger à passer par
là pour des contrats privés et privés?
M. Dinelle (David) : Si je
peux me permettre d'ajouter rapidement, si j'ai signé le BSDQ, puis je suis
allé dans le marché privé, je reste avec, mais je ne peux pas retourner... En
fait, je peux aller au marché public, mais si je n'ai pas signé le BSDQ, parce
que... pour plusieurs raisons, entre autres, de vouloir faire que du privé,
mais je ne pourrai pas aller signer aux contrats publics. Donc, le public, ça
empêche d'aller chercher des entreprises en construction qui n'ont pas signé
l'engagement, parce qu'ils ne veulent pas la signer pour être pris avec,
lorsqu'ils sont 100 % au privé.
M. Skeete : Ça fait que, dans
la quête d'avoir le plus bas prix, on limite un peu la compétition, ce qui nous
amènerait à un plus bas prix.
M. Côté (Eric) : À l'image du
gouvernement du Québec qui regarde les modes alternatifs de réalisation, ça ne
passe pas par le BSDQ dans bien des cas. Même le gouvernement trouve des moyens
de ne pas passer par le BSDQ, de choisir des meilleures propositions au lieu de
juste la plus basse.
M. Skeete : Merci d'avoir
partagé ça avec nous. Quand vous vous parlez des délais de paiement, puis vous avez
chiffré à 1 milliard le fardeau des délais de paiement, c'est quoi, les termes
moyens, c'est quoi, les termes moyens de paiement? Le gouvernement va... Tu
sais, une municipalité, par exemple, et les villes vont vous rembourser à...
C'est quoi, le temps que ça prend pour se faire rembourser... payer plutôt, pas
rembourser, payer?
M. Côté (Eric) : Oui. La
plupart des contrats de construction sont à 30 jours. Donc, le contrat
dit : C'est 30 jours.
M. Skeete : Oui, mais la
réalité...
M. Côté (Eric) : On est passé
de 110 à 120 jours, selon l'étude qui a été faite par Raymond Chabot pour le
compte des associations.
M. Skeete : Donc, vous
financez sur 90 jours, d'abord, les municipalités.
M. Côté (Eric) : Et le
gouvernement du Québec encore.
M. Skeete : Puis, de votre
côté, est-ce que vous chargez de l'intérêt, vous êtes gagnants dans cette
formule-là, ou le contrat ne prévoit pas que vous chargez de l'intérêt, donc
vous êtes perdants?
M. Côté (Eric) : Bien, je
vous dirais que, par expérience, les entrepreneurs ne peuvent pas charger des
intérêts parce qu'ils ont soumissionné à forfait. Donc, les frais additionnels
ne s'appliqueront pas, sauf s'il y a une... si ça va devant les tribunaux, que
c'est payé vraiment quelques années plus tard. Donc, la plupart du temps, ce
moment-là qui, essentiellement, ce n'est pas la vitesse pour imprimer un
chèque, c'est la précision de dire : O.K. On peut payer cette
entreprise-là. La beauté de la chose, c'est qu'on a eu des projets pilotes. Le
projet de loi n° 66 a ajouté, en plus des 50 projets, 180 projets. Ça se passe
bien, les gens sont contents, et le rapport du Conseil du trésor dit que c'est
concluant. Moi, je suis d'accord avec cette conclusion.
M. Skeete : Ça fait que ça avance
dans la bonne direction, mais votre crainte première, c'est les municipalités
qui, eux, n'emboîtent pas le pas.
M. Côté (Eric) : Bien, on a
un engagement qui a été pris par la présidente du Conseil du trésor à cet
effet-là. Le travail en comité ad hoc avec les gens des marchés publics avance
bien. Mais on sait que le secteur municipal ne sera pas assujetti, on pense que
ça pourrait même créer un déséquilibre, et que le secteur municipal pourrait
devenir un secteur moins attrayant face au secteur des contrats publics. Ça
pourrait créer un déséquilibre et je pense que ça ne va pas rendre service aux
municipalités. Alors, il y a quand même une partie. Chaque ville pourrait
adopter, elle-même, ses propres règlements, mais on pourrait faire la suggestion
de le mettre dans... pour qu'il y ait des dispositions à cet égard-là. Ça
existe au Canada et ça existe dans toutes les provinces, à travers le Canada
aussi.
M. Skeete : Puis pouvez-vous
me donner un peu plus de détails sur les critères, là, que vous voulez qu'on
rajoute sur le RBQ. Vous vous dites : Dans le projet de loi, on vient
harmoniser le code de construction, puis là, après ça, on donne la permission
aux villes...
M. Côté (Eric) : De bonifier.
M. Skeete : ...de bonifier,
c'est cette partie-là qui vous inquiète, vous dites : Oui, mais, s'il n'y
a pas quelqu'un qui va surveiller cette bonification-là, on risque de se
retrouver dans la même position qu'avant.
• (14 h 20) •
M. Côté (Eric) : On pourrait
faire une démarche à reculons ou faire une démarche qui serait peut-être
contraire à l'esprit du code, et on se demande qui va surveiller si une
municipalité a agi dans le bon sens. L'article de loi dit que des dispositions
qui seraient contraires au code seraient nulles. Mais rien dans la loi ne
précise s'il y a quelqu'un qui va le faire de manière systématique, c'est une
volonté de la municipalité de demander si elle veut l'amender, si elle est
conforme. Mais il n'y a pas personne qui a obligation de soumettre à la RBQ.
M. Skeete : Nous, les
municipalités nous ont dit que leur plus grosse crainte, c'est par rapport à la
sécurité publique, notamment les services d'incendie, là, qui se disent :
Nous, dans notre ville, c'est différent pour ça, donc on a besoin cette
flexibilité-là. Vous dites quoi à cette demande-là des villes par rapport à
cette section-là?
M. Côté (Eric) : Nos
entrepreneurs construisent des bâtiments dans toutes les villes, et il y a des
exigences qui sont suivies. C'est ça, la difficulté, c'est d'avoir un même
code. Imaginez un bâtiment identique, mais qu'on le construit dans une autre
ville, il ne sera pas pareil parce que le code est là. Ça fait que le code
minimal...
M. Côté (Eric) : ...vient assurer
ça, puis il y a une confusion, là. Si on est dans une ville et qu'elle n'a pas
le code le plus récent versus une ville qui est à jour puis qui a toutes ces
informations-là, bien, il y a un décalage qui se fait. Ce qu'on souhaite,
justement, c'est d'avoir une base commune, un dénominateur commun, mais,
toutefois, on n'est pas contre la bonification, puis il y a déjà des villes qui
ont été bonifiées, mais il faut regarder les solutions pour justement...
Soudainement, si des gens commencent à être créatifs, ça... ils pourraient
peut-être essayer de réécrire le code à l'envers, puis de revenir à des choses
qui étaient avant, puis peut-être mettre des situations de risque d'incendie,
qu'on voit, là, dans le cas d'incendies, là, mais c'est ça.
M. Skeete : Vous êtes le
deuxième à toucher ce sujet-là, je veux juste être bien sûr de comprendre.
Quand que vous dites : Les codes sont disparates, puis la même bâtisse
dans une autre ville ne sera pas pareille, O.K., puis vous dites : Ça
prendrait un code minimal, là, j'essaie de comprendre, ça fait que je vais
poser une question qui peut être, peut-être, niaiseuse, là, mais le code
minimal, ce n'est pas, en fait, le code le plus vieux avec lequel vous avez
travaillé. Si, mettons, vous travaillez dans six villes, celui qui date de
1980, 1985, 1990, 1995, bien, c'est celui de 1985, le code minimal, dans ce
cas-là, est-ce que je me trompe en disant ça?
Mme Robitaille (Mélissa) : En
fait, actuellement, le code en vigueur, c'est celui de 2015, puis la majorité
des municipalités utilise celui de 2010. Dans les prochains mois, semaines,
années, elles vont graduellement adopter le nouveau code en place. Puis, quand
vient cette transition-là, c'est là qu'on a des disparités, ça fait
qu'idéalement à partir du moment où est-ce que le code rentre en vigueur, est
adopté, il pourrait y avoir un... une date butoir à laquelle les municipalités
devraient avoir adopté, puis mettre en application ces codes-là.
M. Skeete : Puis dans le
comportement de vos membres, mettons, je le sais, là, que villes X, elle a le
2010, puis là, le 2015 s'en vient, il y a-tu un avantage concurrentiel à soit
attendre le 2015 ou de rapidement construire avant qu'on adopte le 2015? Il y
a-tu un avantage ou c'est... est-ce que ça réduit les coûts, est-ce que ça
augmente les coûts? Est-ce que ça rend les choses plus complexes, tu sais? Il
est où, le désavantage, de ce que vous dites?
Mme Robitaille (Mélissa) : En
fait, ça crée une uniformité. Il n'y a pas de... je ne crois pas qu'il y a d'augmentation
ou de diminution en coûts. Le fait d'y aller plus rapidement ou moins
rapidement, ça va être en lien en fonction de quand va débuter le projet. Mais
le code évolue en fonction de s'assurer de la sécurité des gens. Ça fait qu'une
fois qu'il est en vigueur, il n'y a pas de raison de dire : on attend pour
passer au suivant, si tout le monde est à la même place.
M. Skeete : C'est beau pour
moi, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vais céder la parole à Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Oui. Bonjour.
On m'a dit de ne pas toucher au micro moi-même, donc j'attendais. Pas toucher à
mes boutons, je me suis fait avertir. Alors, bonjour.
Moi, je vais aller à la page 14, sur
le... revoir les modalités de renouvellement de l'attestation de Revenu Québec.
Donc, vous dites, bon, ça se renouvelle, là, sur... à chaque période de trois
mois. Vous devez vérifier, l'entrepreneur doit vérifier si ses sous-traitants ont
renouvelé cette attestation-là. Et, bon, ici, ce que j'aimerais savoir, bien,
vous voulez que ça soit passé à un an, donc... Puis là, vous dites, bon, il
pourrait y avoir deux types de population, là, donc ceux qui sont exemplaires
et ceux qui ne font pas preuve... D'exemplarité, excusez-moi. Alors, est-ce
qu'il y en a plusieurs qui... Pourquoi le ramener à un an? J'imagine que c'est
beaucoup de documents à remplir, mais au-delà de ça, est-ce qu'il y en a
plusieurs qui ne font pas... Qui ont des difficultés de ce côté-là, qui ont...
qui ne Sont pas exemplaires?
Et puis mon autre question, parce qu'il y
a 70 % des membres qui expriment le souhait que la durée de validité de
l'attestation soit prolongée, donc il y en a qui aiment aux trois mois, ça fait
leur affaire?
M. Côté (Eric) : Je vous
dirais que la question de la validité, c'est que c'est des démarches
administratives qui se répètent d'une fois à l'autre. Quand on engage une
entreprise, on veut être sûr que, dans le fond, elle soit... C'est comme une enquête
de crédit, qu'elle soit solvable et qu'elle puisse s'exécuter, puis qu'elle ne
va pas nous quitter en cours de route parce qu'elle a manqué d'argent, parce
qu'elle n'a pas fait les bonnes choses qu'elle devait faire avant.
Comme nous, on travaille avec des
sous-traitants, donc ces sous-traitants-là, comme on passe souvent par le BSDQ,
on ne les choisit pas, c'est le plus bas. Puis on espère qu'il n'y a rien qui
est dû à ces organismes publics là. D'augmenter la durée pour les entreprises
qui ont un bon dossier, ça m'apparaît une bonne gestion de risques. Ça va
permettre aussi au gouvernement... Le gouvernement a l'information, là, on
comprend, on respecte le secret fiscal, mais je pense que le gouvernement a
l'information sur ces entreprises-là, il y a des entreprises qui n'ont jamais
eu rien dans leur dossier, pourquoi on exige que ces renouvellements-là soient
valides trois mois? Je pense qu'on pourrait le faire pour plus longtemps. Ça,
c'est une étape qu'on souhaite.
L'autre chose, le tableau indicateur aussi
nous aiderait à cet effet-là, de concilier cette information-là. Si c'était
fait aussi électroniquement, ça serait un autre élément aussi, là.
Mme Tremblay : Parfait.
Est-ce qu'il me reste encore du temps?
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
allez-y...
Mme Tremblay : ...puis si...
Bon, là, vous avez fait part de certaines priorités. Est-ce que vous avez
d'autres choses que vous désirez nous expliquer puis, en même temps, nous
amener, si... dans un futur projet de loi, d'autres priorités que vous auriez
qu'on n'a pas touchés?
M. Côté (Eric) : Bien, on a
abordé, dans notre mémoire, la question de l'impact aussi, là, de la politique
du un pour un. On aimerait vraiment ça que ce processus-là soit dans la loi
pour qu'on puisse avoir vraiment un mécanisme pour évaluer l'impact et qu'on
puisse le compenser aussi. On a, juste avant l'adoption de la politique, eu un
projet de loi qui a été adopté, le projet de loi n° 59, qui est venu
modifier la Loi sur la santé et sécurité. Une des mesures avait un impact
additionnel sur les entreprises de construction par année de
136 millions de dollars. Aucun mécanisme n'a été mis en place pour
être compensé, donc les entreprises doivent maintenant assumer
136 millions de dollars en charges additionnelles à cause de cette
mesure-là. Donc, on est, évidemment, pour l'amélioration de la santé et
sécurité, mais ça représente quand même un fardeau important qui s'ajoute et
qui va automatiquement aller dans l'augmentation des coûts de construction.
Alors, on se dit que, dans le fond, on veut trouver des moyens pour limiter ces
choses-là.
Dans l'industrie de la construction, on
est particulièrement réglementés, parce qu'il y a beaucoup de détails, beaucoup
de choses. Ce qu'on souhaiterait, c'est qu'on puisse avoir une opportunité où
on tient un tableau, une ardoise où, justement, on trouve des moyens pour
compenser et on trouve des moyens pour alléger. Le guichet unique, c'est un
moyen simple, c'est quand même complexe au niveau informatique, peut-être, mais
ça pourrait juste être centralisé... Info Excavation, là, ça existe depuis de
nombreuses années au Québec. N'importe qui qui creuse un trou le sait qu'il
faut qu'il appelle Hydro-Québec, qu'il appelle Gaz Métro, qu'il appelle les
compagnies de pipelines, qu'il appelle la compagnie de Vidéotron. Imaginez, là,
si on devait faire ça à chaque fois qu'on creuse, on a un service qui existe.
Bien, Info excavation, ce n'est pas très long, ça pourrait se faire aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Nous passons maintenant à l'opposition officielle. Je cède la parole
à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Merci beaucoup pour votre exposé, pour tout ce que vous
avez évoqué dans votre mémoire. Donc, mes premières interventions, donc,
iraient... en fait, donc, je... donc, j'aimerais, donc, obtenir, donc, plus de
renseignements quant à votre première recommandation. Le ministre, donc, vous a
questionné sur, donc, les modifications au code de construction que... en fait,
donc, l'établissement, donc, d'un code minimal que vous recommandez ici. Donc,
si je comprends bien, donc, ce que vous nous dites, c'est qu'ici le code
minimal qui est proposé dans le projet de loi, donc, est insuffisant, il
faudrait que ce soit un code minimal et maximal à la fois, c'est bien ça, donc
qu'on ait qu'une seule...
M. Côté (Eric) : Ce qu'on
voulait, ce qu'on ait un dénominateur commun pour que tous les gens puissent
suivre les mêmes règles. Ce qu'on souhaite, c'est que si... Évidemment, il y a
des municipalités qui ont une conscience en termes de développement durable,
qui vont venir donner des bonifications. Je pense qu'on n'est pas contre ça, au
contraire, mais l'idée, c'est que toute bonification soit soumise à un
processus de vérification pour ne pas que ça soit, justement, autre chose
qu'une bonification. C'est ça qui nous préoccupe, on n'est pas... on ne veut
pas juger des bonifications, mais il est très possible... puis le processus
n'est pas clair à savoir est-ce que c'est l'entrepreneur qui doit appeler la
Régie du bâtiment, se plaindre au niveau de la municipalité, si on voit qu'il y
a quelque chose qui aurait été faite qui on essayerait de ramener ça au code de
2015 ou de 2010, par exemple, en réécrivant le code au niveau municipal.
Mme Cadet : D'accord. Merci
de cette précision. Donc, ça clarifie beaucoup, donc, ce que j'ai compris dans
le libellé de votre mémoire là-dessus. Donc, essentiellement, donc, les
municipalités, donc, pourraient, donc, procéder, donc, à des bonifications,
mais vous préféreriez, donc, qu'elles puissent le faire, donc, à travers, donc,
un processus centralisé et non pas à travers, donc, des conseils, des conseils
de ville, des conseils municipaux, où est-ce qu'il y a des réglementations qui
sont adoptées de façon indépendante, que ce soit soumis, quoi, à la Régie du
bâtiment?
• (14 h 30) •
M. Côté (Eric) : Bien, le
code unique va être élaboré avec... dans la collaboration de la Régie du
bâtiment. Ça fait qu'on souhaiterait juste que ce soit le même intervenant qui
puisse être du même processus. On comprend la liberté, mais la volonté des élus
locaux, c'est une chose, mais, la conformité puis la sécurité du public, on ne
peut pas aller contre ça, là, puis, je pense, c'est dans ce sens-là qu'on
souhaite que la Régie ou, en tout cas, un organisme... que ça soit confié au
ministère des Affaires municipales, là, l'idée... mais qu'il y ait un mécanisme
pour surveiller que, dans le fond, si une ville est au courant, peut-être qu'on
pourrait informer le conseil municipal qu'ils ne sont pas en conformité. Puis
le conseil, à ce moment-là, pourra lui-même être avisé, ça sera rendu public
auprès des citoyens, puis il y aura un processus démocratique qui pourra avoir
lieu. C'est un mécanisme qui ne viendra pas limiter l'autonomie municipale mais
qui va au moins aviser la population qu'ils ne sont pas au seuil minimal.
Mme Cadet : Il y a un autre
intervenant qui est venu nous parler, donc, du défi qui est vécu dans l'industrie...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Cadet : ...au niveau,
donc, du manque d'harmonisation, donc, entre les différents codes municipaux.
Donc, vous plaidez tous les deux pour cette standardisation. Plutôt... Donc, ce
qu'on nous recommandait, c'était d'utiliser... donc la dernière version, donc,
des codes du bâtiment, des codes de construction, donc, en vigueur, et puis,
donc, qu'une fois, donc, que ces codes là, donc, seraient mis à jour, qu'on
soit toujours un peu, donc, dans cette perspective. Donc, ici, est-ce que,
donc, vous souhaiteriez que la dernière version, donc, soit celle qui soit,
donc, la base ou le code de 2010 de 2015?
Mme Robitaille (Mélissa) : À
partir du moment où est-ce que le nouveau code entre en vigueur, ce qui est
plus facile, c'est de se coller à celui-là. Donc, dès que le code est mis à
jour, bien, il devient le code en vigueur. C'est sûr qu'il y a probablement un
délai d'adaptation qui pourrait être plus court, là, je ne sais pas, de 0 à 6 mois
pour les villes, pour l'adopter, donc avec une date butoir, un petit peu comme
il a été fait au niveau du code de l'énergie, dire : Il est rentré en
vigueur à partir de telle date. Après cette date-là, bien, on utilise la
dernière version.
Mme Cadet : Jusqu'à quel
point c'est bigarré? Parce que, plus tôt, en répondant à une des questions,
vous avez dit que la grande majorité des municipalités utilisent le code de
2010, mais j'imagine que c'est quand même un peu pêle-mêle, tout de même. Donc,
on n'est pas dans une situation où il y a certaines municipalités qui se sont
conformées à 2015, mais il y en a d'autres qui sont en 2010, il y en a d'autres
qui sont du code de 90. Donc, à quoi ça ressemble, donc, sur le terrain, là?
Comment est-ce que vous...
Mme Robitaille (Mélissa) : Actuellement,
ils sont presque tous à 2010. Bien, à ma connaissance, ils le sont presque
tous. Mais graduellement, certaines vont passer en 2015, puis là on va
commencer à avoir un décalage, tout dépendamment de leur processus d'adoption
au niveau des nouveaux codes. Puis c'est similaire à chacune des fois que le
code est mis à jour. Tandis que, s'il y avait une date butoir pour se
conformer, au moins, ce serait beaucoup plus uniforme dans le processus.
Mme Cadet : D'accord. Puis
dans le processus d'harmonisation... ce qui est déjà proposé ici puis que vous
soutenez, il y aurait donc... supposons qu'il y a une date butoir, donc, il y
aurait, donc, un certain moment pour que les municipalités, donc, puissent se
conformer au fur et à mesure que le code du bâtiment, que le code de la construction,
donc, national, donc, est mis à jour lui-même.
M. Côté (Eric) : Je pense que
l'idée de base, c'est d'avoir une prévisibilité des changements pour tout le
monde. Alors, quelqu'un qui travaille sur des plans et devis, il sait que ça va
rentrer en vigueur, donc il va préparer un projet en fonction de... il ne dira
pas : Ah! bien, je l'ai soumis plus vite pour pas qu'on soit en vigueur.
Tu sais, tout le monde va être fixé sur les mêmes règles aussi.
Mme Cadet : Puis en termes de
coûts pour ce que ces modalités-là, donc, puissent entrer en vigueur, donc en
termes de coûts pour les municipalités, quel délai est réaliste, selon vous,
pour que cette transition-là puisse se faire puis pour que l'industrie aussi
puisse s'adapter? Vous avez parlé de la prévisibilité de ce côté juste à l'instant.
Donc, ça prend... Donc, une fois qu'il y aurait un nouveau code, donc, en
vigueur, donc, ça devrait prendre combien de temps pour que les municipalités,
donc, puissent se mettre à jour?
M. Côté (Eric) : On a parlé d'un
délai de six mois, mais à titre indicatif, mais je pense qu'il faut voir le
besoin des municipalités de former leurs équipes. L'expertise dans le monde
municipal, c'est une chose qui nous préoccupe dans l'exécution des contrats publics.
Je pense qu'on va donner le temps nécessaire puis surtout que c'est une
première mise à jour où tout le monde va être aux mêmes normes minimales. Je
pense qu'il faut se donner le temps.Puis je suis sûr, de toute façon, que l'expertise...
développer l'expertise des fonctionnaires municipaux, c'est une priorité pour
tout le monde, de toute façon.
Mme Cadet : Je vais peut-être
y aller avec les délais de paiement. Donc, c'est un gros problème. Donc, vous n'êtes
pas... vous êtes peut-être les premiers aujourd'hui à nous en parler, mais dans
les conversations sur le terrain, c'est évidemment, donc, une énorme
problématique. Vous nous parlez ici, donc, du projet pilote qui a été fait puis
de l'assujettissement, donc, des municipalités, donc, au paiement rapide. Je
vous laisserais peut-être développer ici.
M. Côté (Eric) : Depuis
maintenant... depuis 2014 que les associations de construction se mobilisent
pour la question des paiements. Donc, c'est plusieurs fois 1 milliard par
année et c'est toujours en vigueur, là. Mais je vous dirais que ça s'améliore,
et le paiement rapide, ce n'est pas juste de faire des chèques, il y a aussi un
processus d'adjudication, d'un processus d'arbitrage intérimaire qui vient s'introduire
là-dedans, c'est qu'on règle les conflits rapidement sur un chantier. Au lieu d'attendre
deux ans, trois ans, quatre ans d'aller devant les Trudeau en un mois, il y a
quelqu'un qui peut trancher et on continue. En Angleterre, l'expérience nous
apprend que ces décisions là, prises par les arbitres intérimaires, ont été
renforcées et reconnues par les tribunaux à 95 %. Donc, c'est un mécanisme
pour que les gens se parlent, règlent les choses rapidement et l'expérience des
projets pilotes l'a montré que ça a été utile. Alors, ce qu'on se dit, c'est
que le monde municipal pourrait en profiter. Évidemment, à cause du
fonctionnement, puis des budgets municipaux, puis du fonctionnement
démocratique des municipalités, il faut quand même faire certains, je vous
dirais, accommodements pour permettre que ça puisse s'appliquer, mais...
M. Côté (Eric) : ...s'applique
dans tous les contrats du gouvernement du Canada depuis... depuis quelque
temps. Ça s'applique en Angleterre depuis 25 ans. Et toutes les provinces
à travers le Canada ont réussi à adopter ce règlement-là. Il s'applique. Alors,
nous, ce qu'on dit, c'est que le monde municipal va en profiter aussi et c'est
un des phénomènes les plus importants qui vient garder l'attractivité des
contrats publics. Et les municipalités n'en ont pas et sont... en font les
frais aussi. Ils ont moins que soumissionnaires au fil du temps à cause de ça.
Mme Cadet : Est-ce que
vous êtes en train de nous dire qu'on est la seule juridiction au Canada, donc,
qui n'en est pas encore là?
M. Côté (Eric) : On
était dans les premiers à commencer puis on va être dans les derniers à rentrer
dans les rangs. Mais on fait les choses comme il faut. On a fait des projets
pilotes, ce qui n'a pas été fait au Canada. On a adopté une loi puis on l'a
mise en application. Mais il y a déjà... Vous savez, là, c'est 1 milliard
par année d'argent qui n'est pas dans la bonne poche de la bonne personne à qui
l'argent est dû, là. Donc, les gens qui ont fait des travaux de qualité... On
n'en parle pas des gens qui n'ont pas fait les choses comme il faut, mais les
gens qui ont fait les travaux en bonne... de bonne manière et tout ça, dont
l'argent leur est dû, doivent financer un autre palier de sous-traitance et
tout ça, mais la loi nous oblige à payer les employés à toutes les semaines.
Donc, il y a quelqu'un qui... Il y a un gérant de banque à quelque part, qui...
qui profite de cette situation-là. Et ce n'est pas le public qui en profite.
Mais là, écoutez, on est confiant. On a travaillé très fort, on a fait
plusieurs recommandations, là, puis on... Je pense qu'on est sur le point. Puis
le monde municipal commence à s'éveiller à cette question-là. Une étude récente
de l'UMQ montrait que c'était un des éléments qui convainquait les
entrepreneurs de moins faire de contrats municipaux. Alors, il y a un éveil qui
se fait du monde municipal. Alors, ce qu'on dit, c'est que je pense que le
gouvernement du Québec peut donner un appui à cette démarche-là pour aider les
municipalités à le mettre en place.
Mme Cadet : Présentement,
si le risque, il est porté par les entrepreneurs généraux, à ce moment-là,
c'est que, là, il n'y a pas de... Les paiements, donc, sont reçus de la part du
donneur d'ouvrage puis donc sont... la loi à payer les sous-traitants. Et vous
dites, donc, en fait, c'est difficile pour un entrepreneur en construction de
soumissionner sur plusieurs contrats publics à la fois. Donc, il est... La
possibilité de pouvoir recevoir des liquidités pour pouvoir répondre à ses
autres obligations est extrêmement limitée par ce...
M. Côté (Eric) : C'est
encore un élément de prévisibilité encore une fois. On sait qu'on va être payés
le 30 ᵉ jour du mois et on sait, quand on fait les travaux qu'il n'y aura pas,
là, quelqu'un qui va faire des démarches pour bloquer ça quand tout est fait
comme il faut.
Mme Cadet : Je reviens
aussi sur le Bureau des soumissions déposées du Québec. Je pense que vous avez
bien expliqué au ministre tantôt la procédure, donc comment est ce que ça se
passe. Donc, c'était très éclairant là-dessus. Votre recommandation... Donc,
vous nous dites donc que le donneur d'ouvrage... Donc, les donneurs d'ouvrage
privés devraient avoir la liberté de choisir si l'entrepreneur général doit
passer ou non par le bureau pour le choix de ses sous-traitants. Mais essentiellement,
donc, ce que je comprends de vos explications, c'est que le défi n'est pas
juste au niveau des sous-traitants. Il faudrait utiliser... En fait, il
faudrait utiliser cette... cette liberté là de façon beaucoup plus large, hein?
M. Côté (Eric) : Oui.
Bien, c'est la... C'est la loi. C'est le chapitre N-3 et le
chapitre N-4 qui donne ce pouvoir-là par le gouvernement... par des lois,
de mettre en place le BSDQ, mais le gouvernement pourrait encadrer et tout
simplement dire que ça pourrait être au choix du client. Il y a d'autres
recommandations qu'on demande aussi au BSDQ. Ça, c'en est une, mais on pense
que le secteur privé serait celui qui pourrait bénéficier le plus simplement,
le plus rapidement de cette liberté-là puis laisser dans le fond le
gouvernement et les contrats publics intervenir sur cette question-là avec
toutes les recommandations du comité ministériel, que nous avons redéposé pour
le bénéfice de tous les parlementaires.
Mme Cadet : D'accord.
Merci. Et puis...
La Présidente (Mme D'Amours) : 40 secondes,
Mme la députée.
• (14 h 40) •
Mme Cadet : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Le guichet unique, vous l'avez mentionné un peu
plus tôt, donc, ce serait complexe au niveau informatique, vous dites. Est-ce
qu'on a d'autres juridictions où est ce qu'il y a ce guichet unique qui est
implanté?
M. Côté (Eric) : Malheureusement...
Oui.
M. Dinelle (David) : ...je
pense que l'exemple... voyons, d'Info-excavation est le meilleur... meilleure
chose. Un entrepreneur général est capable de savoir en un coup de fil s'il
peut creuser à cet endroit là puis... Ça fait que je pense qu'on serait capable
de faire la même chose avec ça. Puis je prendrais même l'exemple du changement
d'adresse. Tu sais, on envoie... Quand on décide de changer d'adresse, on
envoie son adresse, sa nouvelle adresse à un seul endroit, puis notre adresse
est changée à plusieurs endroits au Québec.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci infiniment. Donc, je cède maintenant la parole au député de
Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. On a une «inside» ici depuis qu'on a commencé la
commission. C'est d'essayer de trouver quelqu'un qui aime les timbres pour
l'alcool. Ça ne vous regarde pas. Je comprends que vous n'avez aucune... Donc,
M. le ministre, on va continuer à chercher quelqu'un qui veut ces timbres.
Plusieurs informations très... très, très intéressantes que nous... vous nous
avez données. Merci beaucoup...
M. Bouazzi : ...merci beaucoup
de votre contribution. Concernant, justement, les différentes normes du
bâtiment, on comprend que, si on a une homogénéité, et c'est ce qu'on apporte
ici, il va y avoir quand même... on va élever vers le haut un certain nombre
des propositions. Ma première question, c'est : est-ce que vos membres
aiment, quand on élève vers le haut, les différentes normes de construction?
Mme Robitaille (Mélissa) : Bien,
oui, tout à fait.
M. Bouazzi : Est-ce que vous
pensez que même les normes actuelles sont suffisantes sur où s'en va
l'industrie? J'imagine que vous avez une idée sur les questions de lutte contre
la crise climatique, et puis, dans le cas précis, pour avoir des normes pour
mieux consommer notre énergie au Québec, et donc avoir des meilleures normes...?
M. Côté (Eric) : Je pense
qu'à cet égard là on souscrit à tous les éléments du développement durable. Les
éléments durables, ça touche évidemment la question des changements
climatiques, ça touche aussi les populations les plus démunies. Alors, on a
toujours le dilemme, quand on veut choisir de construire une école, de la
construire selon les meilleurs standards, mais si on a quatre écoles à
construire, on a un dilemme, on doit... C'est pas nécessairement
l'entrepreneur, c'est souvent le client, le gouvernement qui doit prendre cette
décision-là de choisir la meilleure école avec le plus long cycle de vie, mais
il faut quatre écoles, il ne faut pas juste une école. Alors, ça, c'est un
choix qui appartient aux décideurs publics, à savoir : est ce qu'on... Et
de ce côté là, ça, c'est un élément sur lequel nous, comme entrepreneurs, on
est... du choix du gouvernement. Alors, on va réaliser selon les exécutions,
mais s'il faut bâtir une seule école et qu'il y a des populations défavorisées
qui ont besoin d'une nouvelle école parce qu'à l'école est en déficit
d'entretien, bien, c'est un choix qui appartient à l'État. Et ça, là-dessus, on
souscrit entièrement à ces questions-là. On ne veut pas juste construire pour
le durable, on construit dans toutes les dimensions du développement durable.
M. Bouazzi : Excellent. Donc,
je comprends qu'il faut des volontés politiques et des meilleures normes et que
vous, vous seriez prêts à évidemment répondre. Et surtout que je comprends que
l'industrie commence à avoir plus d'oxygène et, dans les 18 prochains
mois, les mises en chantier diminuent. Donc, c'est peut-être un bon moment de faire
appel à l'espace que vous allez avoir dans les prochains mois pour les
constructions dans le public.
Peut-être une réaction sur le portail que
vous demandez. Pour avoir travaillé 15 ans sur les questions
technologiques, je ne pense pas que ça soit si compliqué si on a des
fonctionnaires qui sont embauchés et pas des postes vides pour pouvoir répondre
à ça. Et ça, ça dépend aussi de la négociation du secteur public qui s'en
vient, M. le ministre, et j'espère qu'on aura des bonnes conditions qui vont
nous permettre de répondre et d'accélérer les services de l'État pour pouvoir
répondre aux gens de demandes que vous apportez. Parce qu'enlever de la
paperasse, c'est une chose, mais aussi accélérer la paperasse existante avec du
numérique, c'est ce que vous demandez dans une de vos recommandations et on
pense qu'elle est très importante.
M. Côté (Eric) : Le réflexe,
c'est d'aller vers le numérique, mais ça pourrait être une lettre qui est
imprimée. Moi, ça ne me dérange pas. Mais on a déjà un portail pour Revenu
Québec et il y a encore des lettres papier qui sont faites à la CCQ qu'il faut
payer 15 $. Il y a des frais. Il y a, à mon avis... En fait, vous savez,
le gouvernement a déjà mis en place un comité accès de tous ces organismes là
où ils échangent de l'information. Alors, quelque part, je ne sais pas s'il y a
une banque de données, mais il y a un échange d'informations. Tout ce qu'on
dit, nous, c'est que, quand on peut consulter cet organisme-là pour
savoir : est-ce qu'on peut faire affaire avec cette entreprise-là au
niveau de sa probité, son intégrité de son arrimage avec Revenu Québec, je
pense que tout le monde va gagner et les trésors publics vont être garnis avec
l'argent qui leur est dû.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Donc, je vous remercie pour votre
contribution aux travaux de la commission. Je suspends les travaux quelques
instants afin de permettre aux prochains invités de prendre place.
(Suspension de la séance à 14 h 45)
(Reprise à 14 h 48)
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
souhaite maintenant la bienvenue à la Fédération québécoise des municipalités.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé, s'il vous plaît.
M. St-Pierre (Guy) : Bonjour,
tout le monde et Bienvenue... «Bienvenue»... Bienvenue à nous, ici! Excusez.
Donc, je m'appelle Guy St-Pierre. Je suis maire de Manseau, dans la MRC de
Bécancour, et je siège aussi à l'exécutif de la Fédération québécoise des
municipalités. Et je suis accompagné de... Vous connaissez tous probablement
M. Pierre Châteauvert, qui est directeur des politiques à la Fédération.
Donc, la FQM remercie les membres de la
Commission pour leur invitation à présenter nos recommandations concernant le
projet de loi n° 17. Et nous... La FQM se présente devant vous au nom de
ses 1040 municipalités et MRC membres de la Fédération et est, à ce titre,
la porte-parole des régions.
Le projet de loi n° 17 aborde
plusieurs questions et propose de modifier plusieurs lois, et vous comprendrez
que nous nous réserverons nos... Que nous réserverons nos commentaires aux
seuls éléments qui touchent les municipalités locales et régionales ainsi que
les régions.
Aussi, nous tenons à féliciter le ministre
de s'attaquer à cet énorme chantier qu'est l'allègement réglementaire et
administratif, une tâche qui est pour plusieurs infinie et qui ne s'arrêtera probablement
jamais, mais qui doit commencer.
• (14 h 50) •
Les municipalités en savent quelque chose
en ce domaine. En fait, le gouvernement du Québec avait publié en 2015 ce qu'on
appelle le rapport Perreault, qui proposait une série d'allègements pour le
fonctionnement des municipalités et des municipalités régionales de comté.
Intitulé Faire confiance, ce rapport annonçait un cadre plus souple et léger,
un nouveau contexte s'appuyant sur les capacités du monde municipal à prendre
ses responsabilités, à livrer ses services de qualité répondant aux besoins des
citoyens en respectant leur capacité à les financer.
Le premier ministre feu Bernard Landry
aurait sûrement évoqué les plaines verdoyantes dans le... Pour parler des
propositions de ce rapport, mais force est de constater que huit ans plus tard,
c'est plutôt l'inverse qui est survenu. On est peut-être dans un chemin pavé de
barbelés ou dans un champ de mines qui fait en sorte qu'on est de plus en plus
face à des redditions de comptes et des obligations épouvantables.
Les impacts sont importants sur nos
membres : complexification des tâches, nombre d'heures accrues pour
répondre aux obligations...
M. St-Pierre (Guy) : ...par
les ministères et roulement important de personnel. Ce travail d'allègement
semble donc un perpétuel chantier qu'il nous faut continuellement relancer. La
FQM placera d'ailleurs cette question en tête de liste de ses priorités,
appuyée par l'Association des directeurs municipaux du Québec. Le chantier
lancé par le ministre avec le dépôt de ce projet de loi est donc pour nous très
bienvenu. Il y aura d'ailleurs, au Congrès, un atelier qui portera sur le
sujet, et on a une résolution assez costaude et importante que je vais parler
un peu tantôt, qui va énumérer l'ensemble des redditions de comptes et des
obligations qui nous sont imposées.
Dans un premier temps, permettre la vente
de bières de microbrasseries locales dans les marchés publics locaux. Vous
devez vous demander pourquoi le monde municipal s'intéresse à ça. C'est que la
FQM est le porte-parole des régions et nous sommes très actifs en matière de
développement local. D'ailleurs, nous venons de lancer une initiative des plus
intéressantes en matière de relève entrepreneuriale avec le support du ministre
délégué à l'économie, et les premiers résultats sont prometteurs. Les
microbrasseries, les producteurs artisans et indépendants de produits
alcoolisés sont une richesse pour nos régions. En effet, en plus de créer des
emplois et de mettre en valeur les produits locaux, ces entreprises, les
microbrasseries en particulier, opèrent souvent des commerces et restaurants
qui deviennent des lieux de rassemblement essentiels et... à la communauté et
aussi à l'industrie touristique.
Aussi, nous pensons qu'il y a lieu de mettre
à jour le régime légal et réglementaire de leurs produits pour l'adapter à la
réalité d'aujourd'hui afin de mieux les supporter. Nous constatons la volonté
du gouvernement d'alléger l'encadrement de cette industrie, mais, à notre avis,
il faut aller encore plus loin, il faut aller au-delà des réticences des
organismes réglementaires qui freinent trop souvent les initiatives de nos
entrepreneurs. Plusieurs de nos membres supportent leurs marchés locaux, leurs
marchés publics pour offrir des débouchés supplémentaires aux producteurs pour
la vente de leurs produits, notamment en investissant de plus en plus dans les
infrastructures et les opérations des marchés publics. Ces marchés constituent
souvent un coup de pouce appréciable pour les... pour assurer la rentabilité de
ces entreprises.
Aussi, à l'instar de nombreux pays, nous
suggérons au gouvernement d'autoriser la vente de toute boisson alcoolisée
produite localement, principalement à partir de produits locaux dans les
marchés publics. Il ne s'agit pas là de promouvoir la consommation de boissons
alcoolisées, quoiqu'à l'occasion c'est agréable, mais de favoriser la vente de
produits de qualité d'artisans, privilégiant l'utilisation de ressources de la
région. Des artisans peuvent déjà profiter de marchés locaux pour vendre leurs
produits, et nous ne comprenons pas l'interdiction imposée à des producteurs
comme les microbrasseries de nos régions. S'il le faut, nous suggérons au
gouvernement d'ajouter un nouveau type de permis pour distinguer les développeurs
locaux par rapport aux grands joueurs nationaux pour limiter cet accès. Ainsi,
le gouvernement offrirait à nos producteurs locaux des débouchés
supplémentaires pour la vente de leurs produits, ce qui aide à dynamiser nos
régions.
Les normes de construction et de sécurité
des bâtiments. Le projet de loi aborde la question des normes de construction
et de sécurité et de leur application. On indique, dans la partie publique du
mémoire, au Conseil des ministres que différents intervenants sont d'avis que
les disparités dans les normes et les façons de les appliquer soulèvent des
difficultés. La FQM reconnaît cet état de fait, mais souligne également que les
moyens qui seront choisis pour régler les problèmes peuvent également provoquer
davantage d'obstacles.
Le mémoire au Conseil des ministres résume
les propositions du projet de loi à ce sujet comme suit : permettre
d'appliquer à l'échelle du Québec un contenu réglementaire commun défini et
adopté par la RBQ, soit le Code de construction en ce qui a trait à la qualité
de la construction et le Code de la sécurité en ce qui a trait à la sécurité du
public, référant aux éditions les plus récentes des codes nationaux, sous
réserve des normes spécifiques ou plus exigeantes que certaines municipalités
pourraient adopter; permettre aux municipalités qui ne sont pas visées par
l'obligation réglementaire de vérifier l'application de ces codes sur leur
territoire et de le faire de façon volontaire.
La FQM est d'accord avec ces orientations
relatives au contenu des codes, mais nous nous interrogeons quant aux modalités
à venir pour l'application de celles-ci. Le mémoire précise que la vérification
des codes par les municipalités se fera de façon volontaire, mais la
suppression proposée dans le projet de loi n° 17, au paragraphe quatre de
l'article 111 et de l'article 132 de la Loi sur le bâtiment décrivant les
modalités de délégation de la Régie du bâtiment envers les municipalités
suscite beaucoup de questions. En effet, s'il est adopté, le projet de loi
permettra le transfert de l'application, mais selon les conditions qui sont
aujourd'hui encore inconnues. Ce sera donc à la RBQ de prévoir par règlement
les modalités d'un éventuel transfert.
Nous tenons...
M. St-Pierre (Guy) : ...à
rappeler aux membres de la commission qu'une idée intéressante en premier
regard peut s'avérer difficile une fois mise en application. En effet,
plusieurs ministères et organismes se tournent présentement vers les
municipalités pour l'application de leurs normes et règlements, incapables de
remplir leurs obligations dans ce domaine en raison de contraintes budgétaires
et de problématiques de main-d'œuvre.
De plus, des ministères comme celui de
l'Environnement complexifient davantage la tâche des inspecteurs municipaux
avec la révision de la réglementation. Ce ministère a publié à lui seul des
centaines de pages de règlement révisées, ces dernières années, sans période
suffisante pour la formation ou la préparation, rendant quasi impossible leur
application sur plusieurs territoires.
Les municipalités locales et régionales
connaissent également d'importantes difficultés avec leur système d'inspection,
le recrutement et la formation de la main-d'œuvre venant amplifier ces
problématiques. En effet, les municipalités et les MRC vivent les mêmes
problèmes que tout le monde dans ce domaine. Ainsi, la démarche de la Régie du
bâtiment peut paraître louable au premier chef, mais nous inquiète
sérieusement. Des rencontres de travail ont été tenues sans que les assurances
suffisantes soient fournies pour la suite des choses.
La RBQ désire collaborer, mais nous
demandons un engagement formel du gouvernement sur les modalités de tout
éventuel transfert avant de procéder. En outre, nous demandons d'être consultés
préalablement à la rédaction des éventuels règlements afin de garantir le
caractère volontaire de l'opération et de prévoir les ressources qui devront
accompagner.
Les dispositions liées directement aux
affaires municipales, globalement, nous tenons à indiquer notre accord avec les
dispositions prévues au projet de loi concernant le fonctionnement des
municipalités et des MRC. En ce qui concerne le délai qui sera accordé aux MRC
en année d'élections pour l'adoption de leur budget, cet allègement constituera
peut-être une contrainte additionnelle sur le processus d'adoption des budgets
des municipalités locales, mais il sera utile. Actuellement, un nouveau maire
doit voter sur un projet de budget, alors que ça ne fait que trois semaines
qu'il vient d'être élu au conseil, mais en ajoutant un mot de plus à la... pour
l'adoption du budget de la MRC, bien, ça donnera le temps de pouvoir avoir des
échanges un peu plus structurés avec l'ensemble des élus de la MRC. Et c'est
sûr que ça posera peut-être problème pour l'adoption du budget de la municipalité,
mais en année d'élections, on sait que le budget d'une municipalité peut être
adopté au 31 janvier de l'année qui suit.
Nous sommes conscients de l'impact sur le
processus, je l'ai dit. Il est également de même avec la proposition de modification
de la Loi sur la fiscalité municipale, inscrite à l'article 152 du projet de
loi. Comme vous le savez, la FQM est un pôle de services important en matière
d'évaluation municipale, travaillant avec 27 organismes municipaux responsables
de l'évaluation des MRC en grande majorité, desservant plus de 300
municipalités.
Finalement, la FQM est également d'accord
avec les propositions contenues aux articles 153 à 161 en matière de contrôle
relatif à l'amélioration du rendement énergétique. Les propositions contenues
dans ces articles s'inscrivent dans l'obligation faite à toute administration
responsable d'explorer tout mode pour améliorer l'efficacité énergétique de ses
installations et équipements.
Nous remercions les membres de la
commission pour leur écoute et nous sommes disponibles à répondre à vos
questions.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période d'échange. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Merci, Mme la Présidente.
Bienvenue à la FQM. Encore une fois, merci de vous être présentés ici parmi
nous. J'aimerais commencer par la fin de votre intervention. Vous avez dit que
vous êtes d'accord avec les articles 153 à 161 en matière de contrats relatifs
à l'amélioration du rendement énergétique. Pour vous et vos municipalités, là,
une disposition comme ça, ça veut dire quoi, exactement, comme bénéfices?
• (15 heures) •
M. St-Pierre (Guy) : C'est
une question de flexibilité dans le... qu'ils vont nous donner le pouvoir
d'agir plus facilement. Je ne sais pas si, Pierre, tu veux rajouter là-dessus.
M. Châteauvert
(Pierre) :Bien, en fait, ça s'inspire
aussi de ce qu'on voit à l'étranger. Il y a plusieurs autres pays, puis tout
ça... Donc, effectivement, lorsqu'on arrive puis on... une municipalité peut
développer un projet pour entretenir des liens. En fait, le financement, c'est
souvent difficile. Lorsqu'on arrive puis il y a des gros travaux, d'explorer
d'autres formes de financement, ça apporte une flexibilité qui va permettre à
une municipalité de réaliser ce genre de travaux là. Donc, c'est pour ça que,
nous, on est franchement très, très, très contents de cette proposition-là au
projet de loi.
M. Skeete : Puis ces
dispositions-là donnent à la fois un pouvoir à la ville de faire quelque chose,
à la municipalité, et à la FQM, hein, ça fait qu'il y a... à ces deux
niveaux-là, vous êtes capable d'augmenter votre capacité d'emprunt en misant
sur les retombées...
15 h (version non révisée)
M. Skeete : ...énergétiques
futures, n'est-ce pas?
M. St-Pierre (Guy) : ...la
FQM n'a pas de règlement d'emprunt comme tel au niveau de l'intervention. Mais
pour ce qui est des municipalités, ça va simplifier la tâche et la suite des événements.
M. Châteauvert (Pierre) :C'est certain que le système qui va être mis en place, la
flexibilité qui vient avec, va permettre de... les municipalités de réaliser
bien des projets.
M. Skeete : Bien, je vous
annonce que la FQM peut jouer un rôle en fait pour aider les municipalités
justement à les accompagner dans ces emprunts-là. Si jamais la municipalité...
Parce qu'on a pensé aux municipalités qui étaient en régions, plus petites,
puis on s'est dit, peut-être, ils ne voudront pas assumer ça. Ils ont le droit
de déléguer cette tâche-là à la FQM, donc, ça aussi, c'est une avancée.
Je voudrais vous entendre... On a parlé
tantôt de la richesse des microbrasseries, puis l'agrotourisme, puis tout ça.
Pouvez-vous nous donner, un peu rapidement, là, l'impact que ces PME là ont
dans vos régions respectives?
M. St-Pierre (Guy) : Je n'ai
pas de chiffre pour chiffrer l'impact, mettons, la retombée économique de cette
industrie-là, mais on voit la multiplicité de ces microbrasseries. On voit qu'habituellement
ça amène une certaine... un certain dynamisme dans le milieu, qui est appuyé
par le monde municipal, qui est appuyé par les citoyens. Puis aussi, bien, on
voit à plusieurs endroits des routes, des routes gourmandes et, etc. où on
associe aussi les microbrasseries dans ces routes-là. Je pense que c'est un
élément de développement important au niveau du tourisme à peu près à la
grandeur du Québec, là. Un peu partout, il y en a... pas un peu partout,
partout, il y a des microbrasseries, et ils font tous des... ça devient presque
tous des sites touristiques, où tu peux aller manger, visiter, aller voir, c'est
quoi, la production et de quelle façon qu'ils fonctionnent.
Donc, c'est un élément important, et de
leur permettre dans nos marchés publics de pouvoir vendre leurs produits, et
là, on ne parle pas de vente pour la consommation sur place, là, mais c'est un
peu comme les vignobles qui ont droit de vendre dans les marchés publics, mais
les microbrasseries, ça leur est interdit.
Donc, on pense que de pouvoir le mettre
dans les marchés publics, des marchés de proximité dans les régions, que ça
va... que permette un meilleur rendement dans... de ces entreprises-là.
M. Skeete : ...vous allez
plus loin même, hein? Vous dites qu'à la limite faire un nouveau permis pour
reconnaître ceux qu'on veut encourager puis ceux qu'on ne veut pas... Je ne
veux pas le dire comme ça, là, mais il y a deux types de... C'est quoi que vous
avez en tête quand vous dites ça?
M. St-Pierre (Guy) : Bien, c'est
qu'on veut que nos producteurs locaux puissent bénéficier de ça, mais on ne
veut pas que Molson s'installe dans les marchés publics. Tu sais, c'est
réellement pour les produits régionaux, pour les produits qui sont transformés
ou qui sont fabriqués dans nos régions, qu'ils puissent s'installer dans les
marchés publics des régions.
M. Skeete : Bien, ce que vous
dites, c'est très pertinent. J'ai posé la question hier à l'Association des
microbrasseries. Je leur ai dit : Vous avez un permis industriel, ça fait
que si on vous permet d'aller dans les marchés publics, il n'y a rien qui
empêche Labatt puis Molson de venir faire la même chose. Puis ils nous ont dit
qu'ils n'étaient pas trop inquiets par ça, mais vous, vous dites : Ça ne
serait peut-être pas une bonne idée, là.
M. St-Pierre (Guy) : Bien, c'est
une bonne idée de permettre qu'à nos microbrasseries de se présenter dans nos
marchés publics, mais que les grosses brasseries soient présentes, bien... où
ils ont la chance de pouvoir vendre à d'autres niveaux que nos microbrasseries,
ils sont mieux de rester dans leur marché, et qu'on puisse plus s'accaparer des
marchés de nos marchés publics.
M. Châteauvert (Pierre) :On peut comprendre aussi que les gens veulent garder des
bonnes relations avec leurs concurrents, des... ce genre de réponse là, mais
nous, on pense franchement qu'il faut mettre l'accent sur la mise en marché des
produits locaux.
M. Skeete : ...créer une
hiérarchie entre les gros, commercial, industriel, puis ceux qui sont plus du
terroir.
M. Châteauvert (Pierre) :Ce n'est pas simple entre les catégories.
M. Skeete : Je vous le
confirme que ce n'est pas simple.
M. Châteauvert (Pierre) :Ce n'est pas simple, mais nous, notre objectif, ce qu'on
vous dit, c'est de permettre... Parce qu'on n'a pas la solution, là, on n'a pas
parti... on n'a pas fait appel à des spécialistes là-dedans, là, mais c'est ce
que notre monde nous dit, là. Tu sais, ça n'a pas de sens qu'on ne puisse pas
aller vendre des produits locaux, ce type de produit là, alors qu'Hydromel est
là, alors que... puis pourquoi on ne peut pas... Ça, ça n'a pas de bon sens.
Mais comment distinguer... Ça, on admet qu'il y a une difficulté là, mais comme
à l'État, il y a beaucoup de personnes, beaucoup de ressources, beaucoup de
compétences, je suis certain que vous allez trouver.
M. Skeete : ...comme je vous
dis, je vous confirme que c'est compliqué, mais vous avez raison, ce n'est pas
à vous de faire ça. C'est à nous ici de le faire, puis on entend la même chose.
C'est pour ça que je pose des questions un peu... pour, justement, aller
chercher... Les gens sont très clairs dans ce qu'ils...
M. Skeete : ...dire comme
objectif. Nous, on a le devoir de commencer par en arrière, puis de dire :
Bien là, comment qu'on fait pour définir un programme? C'est pour ça que, des
fois, je pose des questions qui peuvent sembler un peu prises de nulle part,
mais ça nous aide vraiment à savoir ce que les gens veulent, parce que notre
priorité, c'est vraiment de donner aux Québécois ce qu'ils ont le goût d'avoir,
hein?
M. Châteauvert
(Pierre) :Bien, il y a une multitude de
microbrasseries sur le territoire, il y a beaucoup de monde. On le voit, là,
dans une épicerie, on arrive... c'est étourdissant, c'est difficile. Donc, pour
eux, c'est extrêmement difficile de se démarquer. Ça, c'est clair et net. Mais
on voit l'effet d'une microbrasserie, avec restaurant, et tout, dans un milieu,
là, on a juste à se promener puis on le voit, là, l'effet, c'est assez... c'est
très intéressant. Il faut favoriser... donc, il faut leur donner tous les
moyens pour leur permettre de mettre en marché de façon distincte, et puis
c'est par le marché local. Parce qu'on sait qu'il y en a qui sont en
difficulté. Ça, bien, de toute façon, on a juste à regarder les journaux, là,
étant donné le grand nombre. Bien, à ce moment-là, le marché local peut
peut-être garantir... donner le coup de pouce essentiel pour que l'activité...
Parce que, pour l'industrie... pour le lieu de rassemblement, c'est important,
tout le monde le... mais aussi l'industrie touristique locale. C'est devenu
quelque chose d'important.
M. Skeete : Et je suis
totalement d'accord avec vous que c'est des piliers dans leur communauté. Il
faut trouver une manière de les aider. La réalité, c'est... on l'a entendu dans
la dernière... avec d'autres intervenants, il y a eu une croissance fulgurante
du nombre de permis qu'on a émis, là. Alors, je pense qu'on est rendus à
300 membres, maintenant, qui ont des permis artisanaux. Puis les grands
brasseurs contrôlent 90 % du marché, ça fait que ça veut dire que tous ces
nouveaux joueurs là se battent pour 10 %. C'est sûr que ce n'est pas
facile pour eux, puis on est, justement, à voir comment on peut les aider
davantage. C'est la raison pourquoi qu'on fait certaines avancées dans le
projet de loi actuellement.
Vous avez parlé tantôt... Puis c'est
important, parce que l'UMQ a dit quelque chose de différent de vous, là. J'ai
posé la question à l'UMQ, à savoir pourquoi... s'ils étaient d'accord avec le
fait qu'on donnait un 30 jours supplémentaire, les années électorales,
pour finir le budget. Ils ont dit : Il ne faut pas faire ça, parce que,
sinon, nous autres, on est pognés avec des retards, puis ça ne finit plus de
finir. Là, vous, vous dites : C'est important, ça, ça vient nous aider.
Puis, tu sais, ce n'est pas normal de demander à quelqu'un qui vient juste
d'être élu de produire un budget qui est cohérent dans les 30 jours, là.
M. St-Pierre (Guy) : C'est
juste que, quand tu arrives comme élu municipal, comme maire, bien, c'est sûr
que la plupart des maires arrivent avec un certain bagage de conseiller
municipal, qu'ils ont vécu avant, mais tu en as d'autres qui arrivent sans
expérience municipale, peut-être avec des expériences politiques, par contre.
Mais d'arriver... Parce qu'on est élus début novembre, et l'adoption du budget
d'une MRC, c'est le dernier mercredi de novembre. Donc, habituellement, la
préparation des budgets dans une MRC... Nous, on commence au mois de septembre.
Donc, septembre, octobre, arrive l'élection. Même si on ne fait pas trop de
politique durant le temps des mises en candidature et des élections, bien, il y
a quand même du travail qui se fait, là, par notre personnel, pour préparer le
budget, etc., mais quand tu arrives pour le défendre, le budget, tu arrives
avec des nouveaux, qui n'ont pas, peut-être, vécu jamais ce que c'est,
l'adoption du budget au niveau MRC, et, avec l'ensemble des services qui sont
offerts, bien, de démystifier l'ensemble de l'oeuvre, ça devient... ça peut
devenir complexe, surtout qu'on a de plus en plus de responsabilités qui nous
arrivent du gouvernement.
Donc, c'est, comme je disais, complexe. De
donner un mois de plus... Je ne pense pas qu'on demande que ce soit
obligatoirement un mois de plus, mais ça pourrait servir à mettre en place une
dynamique un peu plus intéressante pour les nouveaux arrivés.
• (15 h 10) •
M. Châteauvert
(Pierre) :C'est aux quatre ans.
M. St-Pierre (Guy) : C'est
ça, c'est aux quatre ans...
M. Châteauvert
(Pierre) :Ce n'est pas la fin du monde.
Effectivement, comme M. St-Pierre vient de le dire, trois semaines, des
fois, c'est des budgets de plusieurs dizaines de millions de dollars, puis il
faut que tu l'intègres, puis tu... c'est... Déjà, le délai. À un moment donné,
les gens... En fait, il y a eu, souvenez-vous, un mouvement pour déplacer les
élections municipales au printemps, et il y a beaucoup de monde qui se sont
ouverts à ça, de dire que c'était ça, la solution, pour avoir plus de temps.
Mais ça s'est arrêté parce que 2019, avec les inondations, les élections
auraient été... ça n'aurait pas été possible de les tenir dans plus de 300
quelques municipalités. Je ne me souviens pas du chiffre, mais ça dépasse 300. Puis
là le monde s'est dit : Bien là, peut-être que ce n'est pas une bonne
idée. Donc, on a gardé ça comme ça. Mais là... sauf que trois semaines pour des
budgets qui sont rendus à 50, 60 ou même plus, on trouve qu'aux quatre ans ce
n'est pas une mesure excessive.
M. Skeete : ...je
voulais dire : C'est un point de vue qui me rallie. L'UMQ avait fait
l'argument que les D.G. étaient déjà en place, mais moi, je pense aux petites
municipalités, qui n'ont pas nécessairement les grandes équipes pour le faire.
Je pense que votre...
M. Skeete : ...Mme la
Présidente, je vais céder le restant de mon temps à mes collègues.
Une voix : ...
M. Skeete : Ah! bien...
M. St-Pierre (Guy) : Les
budgets sont faits par les élus... par les D.G. mais adoptés par les élus.
Donc, les élus doivent le comprendre quand ils l'adoptent. Je pense que vous
allez être d'accord avec moi.
M. Skeete : Je pense que ça a
valu la peine que vous preniez le dernier mot, vous avez raison, effectivement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vais céder la parole à la députée de Hull. Il reste trois minutes
40 secondes.
Mme Tremblay : Je vais faire
ça rapidement. Alors, bon, ici, j'ai le rapport, là, de l'UMQ, puis eux autres,
ils ont parlé de plusieurs autres allègements réglementaires tout le temps en
lien avec la reddition de comptes. Donc, je me demandais si vous... voir est-ce
qu'il y a d'autres suggestions que vous pouvez nous faire au niveau des
allègements, là, tout comme l'UMQ l'a fait.
M. St-Pierre (Guy) : Vous
avez... je ne sais pas si vous avez vu le rapport Perrault qui s'appelle, comme
je le disais tantôt, là, Faire confiance, ça, c'est ce qu'on a... c'est ce qui
a été véhiculé durant le travail de M. Perrault, là, la confiance doit exister
entre le gouvernement et le monde municipal. Comme je le disais tantôt, ça
allait être une des priorités de la FQM de travailler à ce dossier-là. Puis,
quand on nous parle d'allègement, ça nous fait toujours plaisir, mais il faut
avoir le résultat. On a un atelier, à la FQM, qui parle... qui va parler de ça
et on a une résolution qui va être passée aussi au conseil... à l'assemblée
générale. Et je vais dans la résolution qu'il y a eu l'édiction d'au moins
47 projets de loi et 68 règlements, ajoutant approximativement
90 obligations et redditions de comptes aux municipalités. J'en ai une
liste plus une autre liste et j'ai rajouté à la main ce qu'il n'y avait pas...
parce que...
Mais, vous savez, seulement que dans l'eau
potable, on a à faire un rapport sur la stratégie d'économie d'eau potable, on
a à faire un rapport sur la déclaration de prélèvement d'eau et on a à faire un
rapport sur la qualité de l'eau potable. À l'assainissement des eaux, on a une
attestation d'assainissement des eaux, on a le bilan mensuel et annuel à faire.
Et là, dans le bilan annuel, si on n'a pas avisé le ministre lorsqu'il y a eu
un débordement d'assainissement des eaux, on est passible d'une sanction
financière. Donc, il y a ça, ça, c'est juste au niveau de l'assainissement des
eaux, mais, si on prend le contrôle des chiens, le contrôle des piscines,
l'ensemble de tout ce qui touche la réglementation au niveau des permis de
construction, etc., si on touche à la politique sur la langue française, sur...
rajoutons-en, rajoutons-en, là, je pourrais vous fournir la liste en annexe...
M. Châteauvert
(Pierre) :Si une municipalité veut
acheter pour plus de 5 000 $ de bois dans une quincaillerie, ça lui
prend un certificat maintenant. C'est nouveau.
Mme Tremblay : Il me
restait... Bon, bien, Mme la Présidente, j'aimerais ça leur demander si c'est
possible de déposer, là, il l'a suggéré, là, sa liste pour... à la Commission.
M. St-Pierre (Guy) : ...une
fois adoptée par nos membres, vous la fournir.
M. Skeete : Tout à fait.
M. Châteauvert
(Pierre) :C'est dans 10 jours, c'est
dans 10 jours.
M. St-Pierre (Guy) : Le
congrès est la semaine prochaine.
Mme Tremblay : Oui, O.K.,
parfait, mais vous aviez l'air de l'avoir, là, tout feu tout flamme devant
vous.
M. St-Pierre (Guy) : Mais
soyez assurée que la résolution s'adresse... ça va s'adresser au gouvernement.
M. Châteauvert
(Pierre) :Pour votre information, un des
cosignataires du rapport Perrault s'appelle Jacques Demers, il est président de
la FMQ, ce qui fait que c'est quelque chose d'important.
Mme Tremblay : Je n'aurai pas
d'autre question.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ce
que j'en comprends, c'est que, lorsque vos membres auront voté, vous pourrez
déposer... transmettre, en fait, au secrétariat pour qu'on puisse le partager
avec nos collègues. Merci. Donc, je suis maintenant prête à entendre Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la Présidente.
Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui. Je vais commencer par me pencher
par vos premières recommandations quant à la permission de vente de bières de
microbrasseries locales dans les marchés publics locaux. On en a parlé, donc,
c'est public, donc, on a rencontré, donc, l'association qui est venue témoigner
hier, qui nous a parlé de l'essor fulgurant de l'industrie. Donc, c'est une
industrie qui est jeune, qui contribue à l'occupation du territoire, qui a des
perspectives de croissance extrêmement importantes avec une multiplication des
permis, qui est présente dans... de mémoire, dans 106 ou 109 localités,
donc... en fait, de circonscriptions, donc, puis un nombre beaucoup plus élevé
de localités. Donc, elles sont importantes sur le plan du développement
économique.
Pour vous, comme municipalités, selon
vous, donc, c'est quoi, le plus grand frein au développement local que crée le
régime actuel qui...
Mme Cadet : ...qui empêcherait
donc à cette industrie-là de pouvoir bien prendre son envol sur vos différentes
municipalités et sur vos territoires?
M. St-Pierre (Guy) : Pour ce
qui est de l'installation ou de la mise en place d'une microbrasserie sur un
territoire, je ne pense pas qu'il y ait de contraintes. C'est épouvantable, là,
il faut qu'ils répondent fort probablement au ministère de l'Environnement ou
au ministère des Finances, au ministère... à la réglementation municipale, à
l'ARBQ, etc. Il y a aussi, fort... je ne sais pas s'ils vous ont parlé
d'allègements, hier, à leur niveau d'obligations qu'ils ont à remplir avant de
commencer. Mais au niveau de la... au niveau de l'importance dans notre milieu,
bien, c'est en leur permettant d'avoir plus d'endroits où ils peuvent vendre,
les revenus sont meilleurs et leur industrie, leur entreprise risque de vivre
plus longtemps. Pas parce qu'il y en a nécessairement qui doivent mourir, là,
mais c'est de leur permettre d'être présent, actif sur le territoire.
Mme Cadet : Ils nous ont
parlé, hier, qu'ils sont essentiellement des vecteurs d'agrotourisme, puis...
M. St-Pierre (Guy) : ...tu
sais, ils font de la bière, ils font de la restauration. Donc, quand tu passes
là, ce n'est pas un dîner à tous les midis, mais il y en a que ce sera le cas,
mais quand tu passes dans une région où il y en a, bien, si tu es un amateur,
tu vas arrêter et tu vas effectivement dépenser de l'argent à cet endroit-là,
ça amène des retombées économiques sur l'ensemble, là, et dans d'autres
secteurs aussi, là.
M. Châteauvert
(Pierre) :On remarque aussi qu'avec ces
nouvelles... ces restaurants-là qui accompagnent la microbrasserie, il y a une
augmentation de la qualité... de la qualité de l'offre de restauration en
général, et ça, pour le tourisme local, c'est fondamental.
M. St-Pierre (Guy) : Et ils
vont aussi habituellement servir des repas faits avec des produits régionaux.
Donc, ça a un effet d'entraînement sur les producteurs, sur l'économie
régionale.
Mme Cadet : ...donc elles
font partie de l'écosystème local. Donc, en ce moment, donc, si elles ne sont
pas en mesure d'avoir accès, donc, à des points de distribution, donc
importants pour rejoindre la clientèle, donc ça fait en sorte qu'il y a une
barrière qui leur permet d'être encore plus intégrés à l'écosystème local.
C'est ce que vous êtes en train de nous dire.
M. St-Pierre (Guy) : Puis, en
même temps, en pouvant vendre dans les marchés publics, dans les marchés
locaux, là, qu'on retrouve sur le territoire, bien, ça leur a permis de faire
de la promotion qui... ils ne sont peut-être pas situés dans la municipalité,
directement où se tient le marché public, mais s'ils sont dans la municipalité
voisine ou un peu plus loin, bien, si tu aimes les produits, tu risques d'aller
dans leur municipalité et de faire le tour du territoire...
M. Châteauvert
(Pierre) :Et, si vous permettez aussi,
tout ce qui attire des gens dans nos marchés publics, bien, c'est parfait,
parce qu'il y a les autres, pour l'ensemble du marché lui-même. Nous, c'est...
les marchés publics, c'est devenu... c'est important, mais avec la pandémie, ça
s'est accéléré et on a même eu des allègements qui ont été avec les affaires
municipales, la possibilité... parce qu'avant c'était difficile pour une
municipalité de s'impliquer directement. Là, ça a été allégé, ça a été clarifié
cette question-là. Il y a un engouement, mais je pense qu'il faut l'alimenter.
Mme Cadet : ...il y a un
engouement, donc ça devient un incitatif supplémentaire à consommer local.
Donc, avec tout ce qu'on a vu...
Une voix : Oui, oui, c'est
ça, c'est ça.
Mme Cadet : ...dans les
dernières années, là, on voit, vous avez parlé, donc, des journaux, là, que cet
engouement, il s'est essoufflé un peu avec la hausse du coût de la vie, donc
dans les dernières années. Donc, il y a une nécessité, là, de pouvoir faciliter
l'accès à des biens de consommation locaux, dont ceux qui font partie de
l'agrotourisme puis qui permettent de le faire rayonner.
M. St-Pierre (Guy) : ...de
l'agriculture favorise aussi les circuits courts entre le producteur puis le
consommateur pour que ce soit le plus court possible, moins d'intermédiaires.
Mme Cadet : Est-ce que vous
êtes... parce que vous avez parlé des retombées économiques plus tôt. Est-ce
que vous avez une approximation de ce que ça signifie financièrement pour vous?
• (15 h 20) •
M. Châteauvert
(Pierre) :Non, on n'a pas... Nous, on
travaille beaucoup dans le développement local, justement, avec le ministère de
l'Économie, tout ça, on est plus sur l'accompagnement, le soutien, on... les
fonds locaux d'investissement, les fonds locaux de solidarité, des programmes.
On était hyperactif sur... dans... avec les programmes d'aide aux entreprises
durant la pandémie. Ça s'est très, très bien passé. Puis, bon, là, on voit des
papiers sur... Effectivement, c'est difficile, là, pour plusieurs entreprises,
mais le remboursement se passe bien parce que nous, ce n'était pas automatique,
les prêts, là, c'était... on... Il y avait un comité d'investissement qui
jugeait si l'entreprise pouvait être soutenue ou pas, et donc... tandis que
l'aide fédérale était directe, ce qui a amplifié le problème dans bien des cas.
On est là-dedans, nous, mais c'est certain
qu'on observe et ça, c'est une observation qu'on fait, mais on ne l'a pas
quantifié. Mais on est profondément convaincu que c'est vrai, que... c'est
parce qu'on le voit. Comment voulez-vous, pour une microbrasserie, arriver dans
un grand supermarché, se distinguer à travers toutes... elles sont belles, les
cannettes, mais essayez de vous... Moi, je ne me retrouve pas.
Mme Cadet : Donc, ce n'est
pas le moins de distribution le...
M. Châteauvert
(Pierre) :C'est ça. Donc, si on est
capable de leur trouver des niches pour se distinguer, pour vendre, puis local,
en plus de la fierté locale qui vient, on le voit, c'est une intuition, mais on
est profondément convaincu...
M. Châteauvert
(Pierre) :...convaincus de la véracité de
cette intuition-là..
M. St-Pierre (Guy) : Puis,
dans les MRC, ils ont tous des services d'accompagnement en développement
économique, et je sais que chez nous, là, ça a été... il y a deux
microbrasseries et trois vignobles qui ont été accompagnés.
Mme Cadet : O.K. ce sont des
bénéficiaires de ces...
M. St-Pierre (Guy) : Oui,
oui.
Mme Cadet : ...ces mesures
d'accompagnement là, et...
M. St-Pierre (Guy) : Oui, des
mesures. Bien, les accompagnements... l'accompagnement ne va pas nécessairement
jusqu'à donner de l'argent, là. L'accompagnement va être, regarde, dans toutes
les démarches qui doivent être faites, conseiller les entrepreneurs dans leurs
démarches, puis ne pas oublier qui doivent consulter, contacter, etc., là,
c'est de l'accompagnement dans la mise en place du...
M. Châteauvert
(Pierre) :Souvent, nos services du
développement, ils ont... c'est ça, le service, comme M. St-Pierre vient de le
dire, ils ont des experts, mais aussi des... souvent des groupes de mentors. On
l'a vu beaucoup. Il y a des endroits où est-ce que, pendant la pandémie, il n'y
a pas beaucoup de prêts qui se sont faits. Mais il y avait des groupes de
mentors qui allaient accompagner l'entreprise puis qui l'aidaient à se
restructurer puis à passer au travers. Il y a beaucoup de ça qui se fait dans
ce domaine-là parce qu'on n'était pas là avant la pandémie. Depuis, on est
beaucoup là. On a eu... il y a vraiment eu une explosion, puis avec tout
l'Accès Entreprises Québec, toute la démarche qu'on fait avec le gouvernement,
nous autres, la FQM, avec le ministère, il y a comme une explosion, puis un accompagnement,
puis il y a un dynamisme qui est clair et évident, là,
Mme Cadet : Puis, dans votre
mémoire, donc, puis avec la conversation qu'on a eue, donc, ceux que vous
voulez encourager, ce sont vraiment les artisans. Vous savez, on vient d'avoir
la conversation un peu où vous le disiez. Donc, ce n'est pas simple, puis que
ce n'est pas à vous, mais à nous donc d'être capable de débroussailler le tout
comme législateur.
Mais au-delà, donc, de ces... bon, ces
difficultés donc plus administratives, donc, vous, c'est lesquelles que vous
souhaitez encourager? Là, on a bien eu un exemple qui, bon, ça ne peut pas
être, bon, les Labatt et Molson de ce monde, là. Ce n'est pas à ceux-là que
vous voudriez donc permettre donc la vente dans les marchés locaux. Mais
comment est-ce que vous distingueriez donc ces deux catégories-là de
producteurs?
M. St-Pierre (Guy) : Quand le
produit final arrive de produits régionaux.
Mme Cadet : O.K. Pour vous,
c'est vraiment le seul critère.
M. St-Pierre (Guy) : Tu sais,
s'ils n'ont pas fait venir d'ailleurs, c'est sûr que tu peux avoir des...
certaines... certains ingrédients qui peuvent venir d'ailleurs. Mais quand
c'est fait avec des produits régionaux qu'on ne retrouve peut-être pas au
niveau des grandes, grandes entreprises, là, qui vont être plus des... une
autre formule. Mais quand c'est fait à partir de produits régionaux, on voit,
mettons, dans les cidres, bien, c'est fait avec les pommes qui sont là et tout
ça. Mais la bière, quand c'est fait avec des produits régionaux parce qu'il y
en a de toutes sortes, donc, pour nous autres, c'est un des critères qui
devrait être pris en compte pour définir le marchand.
Mme Cadet : D'accord, ça,
c'est clair. Je vais y aller avec les normes de construction et de sécurité des
bâtiments. Bien qu'on... je veux bien saisir ici, donc, pour vous, c'est quoi
la plus grande difficulté de mise en œuvre? Parce que vous nous mettons en
garde contre des bonnes intentions, mais que ça peut être difficile pour vous, donc
de bien saisir votre enjeu.
M. St-Pierre (Guy) : Nous,
nos règlements de construction sont appliqués par nos inspecteurs en bâtiment
et nous n'appliquons pas chez nous la... on est... voyons! On ne fait pas
appliquer... on ne surveille pas les normes de RBQ. C'est aux promoteurs, c'est
aux propriétaires à s'occuper, à répondre aux normes.
Est-ce qu'il y a des municipalités, des
MRC qui voudraient l'appliquer? Peut-être, mais en même temps, on sait que ça
peut être complexe. Le suivi des constructions, bien, il faut que ça se fasse
au fur et à mesure que la construction avance. Pour nous, ça va nous amener du
personnel supplémentaire, de la formation supplémentaire et des contraintes
supplémentaires, je dirais, aux citoyens, pas parce qu'ils ont dit qu'ils ne
doivent pas suivre le Code du bâtiment, là. C'est important qu'ils le suivent.
Mais pour nous, ça sera une contrainte supplémentaire bien entendu. Et on a dit
si jamais... dans le mémoire, on dit : Si jamais on va plus loin, on veut
faire partie des discussions, mais il faut toujours... il faudra toujours que
ça reste volontaire dans l'application par les municipalités.
M. Châteauvert
(Pierre) :On n'est pas surpris de ce qui
est dans la loi, là, pas du tout, et ça se discute, et d'ailleurs c'est indiqué
qu'on était d'accord avec le fait que la multiplicité, et tout ça, on en
convient. Le problème, il est, comme on l'écrit, c'est complexe, ce n'est pas
vraiment. Je ne sais pas s'il y a quelqu'un d'entre vous qui aimerait être
inspecteur municipal. Ce n'est pas quelque chose de facile. Ce n'est pas une
job facile. Et nous, on s'occupe de la formation. On a une entente avec la
COMBEQ qui représente ces gens-là, puis...
M. Châteauvert
(Pierre) :...c'est nous qui faisons
l'information, c'est d'une complexité et ça change continuellement. C'est
complètement fou. Le ministère de l'Environnement... et ce n'est pas une... il
faut mettre ça à jour, là. Ce n'est pas, là... ce n'est pas des roches que je
leur lance, c'est que c'est la réalité. Mais c'est des centaines de pages de
règlements, qui... Dans les deux dernières années, qui ont été adoptées, puis
qu'il y a quelqu'un, qui, localement, qu'il faut qui l'intègre. Et ça a été
adopté. Puis on a dit : pourriez-vous nous donner... Mais là, je veux dire,
on ne peut pas dire : O.K., ça entre en vigueur dans trois mois, là, ce
n'est pas de même. Bien, ça ne fonctionne pas.
Mme Cadet : Ça fait
qu'il faudrait que ce soit arrimé et adapté à vos réalités pour que ça puisse
vraiment...
M. Châteauvert
(Pierre) :C'est d'une... On est déjà dans
un immense problème de qualité puis d'application des règlements, venir en
ajouter une grosse couche qui serait le Code du bâtiment... La RBQ, on en a
jasé, ils sont ouverts. La réaction : tout le monde était là dans le monde
municipal, on a tous eu le même message : Là, la bouchée, là, est
peut-être trop grosse, on peut-tu réfléchir, et tout? Mais on comprend leur
problème aussi. On comprend le problème, là, puis on n'est pas fermés du tout à
la... à étudier la possibilité, à discuter avec le gouvernement. On dit :
il va falloir le moyen, la façon de faire, la négocier et en discuter, puis les
ressources qui viennent avec.
Mme Cadet : C'est ça,
donc avec les ressources nécessaires.
M. Châteauvert
(Pierre) :Et peut-être que ça va
amener... Parce que, comme là, là, il y a beaucoup de MRC... Comme chez vous,
hein?, vous avez regroupé l'inspection au niveau de la MRC, mais encore là, ce
n'est pas simple, le nombre de sujets qui viennent s'ajouter, là. L'Assemblée
nationale a adopté la loi sur les chiens, là, ça a causé des problèmes sur le
territoire.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions.
M. Châteauvert
(Pierre) :Bon, en tout cas, c'est
complexe.
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, Mme
la Présidente. Il y a maintenant un rituel, n'est-ce pas, de notre côté, sur
des questions de timbre. Je vais aller très vite. Vous avez déclaré votre
affection, je dirais, envers les microbrasseries. C'est une affection qu'on
partage. Ils sont venus ici pour nous dire à quel point ils voulaient se
débarrasser d'un timbre qu'ils sont obligés de coller sur chacune de leurs
bières quand ils vendent dans les restaurants. Vous, vous n'y tenez pas
particulièrement, à ce timbre?
M. Châteauvert
(Pierre) :Non.
M. Bouazzi : Bon.
M. Châteauvert
(Pierre) :...avec ça, en plus, on n'y
tient pas.
M. St-Pierre (Guy) : On
n'y tient pas.
M. Bouazzi : Bien,
techniquement, c'est ça, le pire, c'est qu'il n'y a personne qui fait des sous
avec ça, parce que c'est la même taxe, quelque soit... ça fait quelque temps
qu'il n'y a plus... on cherche encore la personne qui tient à ce timbre. Il y
en a peut-être, malheureusement, on ne va pas les voir peut-être dans cette
commission.
Sur la question des normes de
construction, on comprend effectivement que dans des structures comme les
vôtres, bien, ça peut apporter toutes les complexités que vous avez décrites.
Ceci étant dit, évidemment, je suis sûr que vous êtes d'accord pour dire que,
dans les prochaines années, dans une logique d'efficacité énergétique, de lutte
contre la crise climatique, et cetera, il y a toutes sortes de modifications et
d'harmonisation de la construction qui doivent se faire à travers le Québec.
Est-ce que vous pouvez peut-être faire un peu de millage sur ce qui a été dit
avant et puis nous dire en gros qu'est-ce que ça prend pour que ça soit juste une
magnifique épopée vers plus de réussite dans cette transition-là, sans que ça
devienne un casse-tête terrible de votre côté? Vous avez parlé de ressources,
de centralisation au niveau des MRC, est-ce que c'est peut-être des ressources
qui viennent directement du ministère aussi peut-être? Je ne sais pas.
Qu'est-ce...
• (15 h 30) •
M. St-Pierre (Guy) : Ça
sera quelque chose à discuter. Parce que vous savez que nos inspecteurs en
bâtiment, qui émettent les permis de construction, ils doivent vérifier au
ministère de l'Environnement, à la CPTAQ, ministère de l'Agriculture, etc.,
l'ensemble de la réglementation à respecter, et ces ministères-là nous envoient
des obligations aussi, comme les distances séparatrices au niveau des odeurs
avec les productions porcines, les productions de poulet... porcine et poulet.
Et, tu sais, là, on a déjà à faire avec une série de normes qu'il faut regarder
avant d'émettre les permis de construction. De nous rajouter l'inspection du
RBQ, ça devrait... Ça va nous occasionner du personnel supplémentaire, des
frais supplémentaires. Si l'ensemble de l'oeuvre est supporté parce que le
ministère nous finance en conséquence, ça pourra être regardé, mais la pénurie
de personnel... Nous, ça fait un an qu'on se cherche un inspecteur en bâtiment
supplémentaire et on ne l'a pas encore trouvé.
M. Châteauvert
(Pierre) :Et l'idéal, ce serait aussi que
les gens des ministères se parlent. M. St-Pierre a oublié de dire que le
ministère de la Sécurité publique nous oblige maintenant, en milieu rural,
d'aller inspecter les élevages. Avec les normes sanitaires, c'est complètement
fou. Chaque ministère agit en silo...
15 h 30 (version non révisée)
M. Châteauvert
(Pierre) :...et là c'est des exemples
ruraux, mais nous, on a des villes aussi... Ils vivent la même chose dans le
milieu urbain. Effectivement, ce que vous dites, vous avez totalement raison,
mépris pour la RBQ. Mais là, nous, on les regarde tous, en haut, là, il y a la
RBQ, l'Environnement... ils sont tous là, mais il n'y en a pas un qui se parle
puis il n'y a aucune action coordonnée. Là, ça descend tout puis... sur la tête
en même temps. Il est là, le problème.
M. St-Pierre (Guy) : L'exemple
qu'il donnait à propos des élevages, c'est au niveau de la sécurité publique, l'obligation
de l'inspection des bâtiments agricoles, pour... par le service d'incendie. On
sait que, quand on va visiter des porcheries ou des fermes, bien, il faut que
tu te changes. Quand tu arrives, quand tu rentres, quand tu sors, il faut que
tu te changes de vêtements, il ne faut pas que tu... Il faut que tu aies un
temps entre les deux visites que tu fasses, ça... Les fermes, là, sont toutes
inspectées par les compagnies d'assurance, présentement. Pourquoi ces
compagnies d'assurance... ne pourraient pas...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...désolée
de vous couper. C'est tout le temps que nous avions. Donc, je vous remercie
pour votre contribution à nos travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre aux prochains invités de prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 32)
(Reprise à 15 h 34)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux, et je souhaite maintenant la bienvenue à l'Association
des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé, s'il vous plaît.
Mme Demers (Isabelle) : Très
bien. Bonjour. Merci. Merci, Mme la Présidente. Merci de nous recevoir aujourd'hui.
Mon nom est Isabelle Demers, je suis vice-présidente développement stratégique,
affaires publiques, innovation pour l'APCHQ, l'Association des professionnels
de la construction et de l'habitation du Québec. Je suis accompagnée de
Jean-Sébastien Tremblay, qui est un membre chez nous, mais qui est aussi
surtout un entrepreneur et qui va pouvoir vous donner des exemples très
concrets sur le sujet qui nous importe aujourd'hui, ainsi que François Bernier,
qui est conseiller senior à l'industrie chez nous.
Alors, l'APCHQ a pour mission d'être un
acteur de changement rassembleur au bénéfice de la société québécoise en
représentant et soutenant les professionnels de l'industrie de la construction
résidentielle et de la rénovation. Et, compte tenu de notre rôle auprès de nos
membres, de la position dans le secteur de l'habitation, on est très, très
heureux de prendre part aux consultations sur le projet de loi no 17, Loi qui
modifie les diverses dispositions, principalement aux fins d'allègement du
fardeau réglementaire et administratif. C'est quelque chose qui nous préoccupe
principalement, étant donné que, dans le contexte de crise de logement, dans le
contexte où les procédures et les délais nuisent considérablement à la
concrétisation de projets d'habitation un peu partout à travers le Québec, l'allègement
réglementaire et administratif, pour nous, c'est plus que souhaitable. Pour
nous, ça nous amène une plus grande agilité collective et nous permet de
contribuer en apportant justement notre expertise, de faire... de construire
des...
Mme Demers (Isabelle) : ...des
habitations. Pour la petite histoire, selon une étude qu'on a faite, nos
entrepreneurs passeraient jusqu'à 25 % de leur temps, donc une journée...
plus qu'une journée par semaine sur des tâches administratives et
réglementaires.
Dans ce contexte-là, on a lu, évidemment,
le projet de loi et on a apporté certaines recommandations qu'on voudrait vous
partager à l'instant. Alors, je cède la parole à mon collègue François. Merci.
M. Bernier (François) : Merci.
Bonjour, Mme la Présidente. Bonjour à tous et toutes. Je ne vous vois pas au
complet, mais je vous salue. Alors, merci de cette occasion de vous parler du
projet de loi n° 17.
On a déjà participé à des consultations
sur l'allègement réglementaire dans une vague passée, on était arrivés avec
quand même une assez longue liste d'épicerie de choses à faire. Il y a eu des
changements déjà d'apportés. Aujourd'hui, avec le projet de loi n° 17, on va en
avoir d'autres, éléments de suivi, et, en même temps, il y en a qui n'ont
toujours pas eu de suivi. Je pense, c'est quand même notre devoir de revenir
sur certaines... certains changements qui étaient attendus puis qui n'ont pas
encore eu lieu, en tout cas dans la mesure où on pense que c'est encore
pertinent, certains des changements qu'on anticipait, d'y revenir et puis de
vous en reparler. Dans ce contexte-là, on va être... on va se concentrer
là-dessus, on va se concentrer là-dessus et être assez minimalistes au niveau
d'apporter une nouvelle liste d'épicerie. Une grande liste d'épicerie, ce n'est
pas notre intention aujourd'hui. On va rester sur des éléments de base, mais ça
n'empêche pas... on ne peut pas y résister, il y a quelques idées qu'on va
avancer pour continuer d'alléger le fardeau des entreprises.
Le premier élément qu'on voulait souligner
dans le projet de loi, c'est évidemment la réduction, la diminution des
pénalités à la CCQ en cas d'offense, au fond, assez mineure, là. Il y avait
quelque chose qui ne faisait pas de sens, à un moment donné, pour des
infractions relativement mineures, les peines étaient sévères. Ça a été
repensé. Les modalités qui sont avancées font du sens. On les supporte. Et donc
on recommande l'adoption des modifications qui sont proposées dans le projet de
loi pour alléger les pénalités à la CCQ. Très bien.
Les codes de construction, l'harmonisation
des codes et des normes, c'est un autre sujet qui est une avancée, au fond,
amenée par le projet de loi et c'est une demande traditionnelle de l'industrie.
Donc, on est bien contents qu'on puisse aller de l'avant avec l'harmonisation
des codes et des normes. On comprend tout le désagrément que ça pouvait
représenter de passer d'une municipalité à l'autre et de changer de norme et de
code, là. C'est donc important qu'on fasse cette évolution-là.
Maintenant, on est totalement conscients
que, maintenant, on se situe dans un environnement où, des changements, il va
en falloir dans notre industrie comme dans les autres. On est tous un peu
sensibles à l'idée qu'il faut évoluer vers une carboneutralité, hein, et puis
il va falloir que les codes continuent de changer. Des changements, on en a et
on en aura d'autres. Alors, on est conscients de ça et, en même temps, on voit
un enjeu qui s'en vient, c'est : Comment allons-nous faire pour bien
administrer tout ça, tous ces changements-là? Comment allons-nous faire pour
inspecter, au fond, vérifier la conformité à tous ces changements-là au fil du
temps? C'est un souci qu'on a. On est un petit peu plus loin dans le film, mais
il faut avoir conscience qu'on a un enjeu pour s'assurer de bien appliquer les
changements qui vont se succéder. Alors, c'est pour ça qu'on a un petit peu
poussé la réflexion puis qu'on se dit : Oui, mais qu'est-ce qu'on a, au
fait, comme système pour bien se renseigner sur les projets de construction et
bien les suivre? Puis il y a beaucoup d'yeux qui regardent l'industrie, là,
mais franchement on a un système où on lève des permis municipaux, ensuite
c'est envoyé à la Régie du bâtiment, qui partage ça avec d'autre monde. Ce
n'est nécessairement pas conforme, il y a des délais, ce n'est pas l'idéal.
• (15 h 40) •
Alors, au fond, on se dit : Il y
aurait lieu d'avoir peut-être une évolution vers... on va appeler ça, là, un
prépermis de construction, et on en a parlé beaucoup autour de nous dans l'industrie
déjà, là, quelque chose qui nous permettrait d'aller faire une demande avec
quelques renseignements de base dans un lieu unique et centralisé, les mêmes
données qu'on donne à tout le monde sur les permis de construction partout au
Québec, les quelque cinq, six, sept, huit données qu'on donne à tout le monde,
de le faire une fois dans un lieu unique. Et évidemment ensuite ces données-là
donneraient le signal à tous les... à toutes les organisations qui regardent
l'industrie, que ce soit la CCQ, RBQ ou n'importe qui d'autre, au fond, pour
l'existence, pour l'émergence d'un chantier qu'on pourrait mieux suivre et,
justement, inspecter et surveiller.
Bon, l'important dans tout ça, c'est que
ça prend un support informatique. Ça prend que, les mêmes données, on n'ait pas
à les répéter à la ville, donc qu'il y ait transmission à la ville de ces
données de base là. Il faut même que ça soit bidirectionnel, au fond, là, dans
un monde idéal. Donc, nous, ça fait du sens si c'est pour... Ce n'est pas de
l'alourdissement qu'on prône. C'est qu'il faut que ça soit fait une fois puis
que ça serve à d'autres ensuite. Maintenant, du côté de la municipalité,
imaginez, là ils seraient soulagés de l'obligation...
M. Bernier (François) : ...de
transmettre à la Régie du bâtiment des renseignements à propos des permis, ça,
c'est de l'allègement. Et, bon, revenant à l'idée de base d'un prépermis, c'est
qu'il n'y a pas grand-chose de plus simple qu'on peut imaginer pour administrer
les éventuelles obligations qu'on voit bien poindre en matière d'inspection des
bâtiments. Donc, c'est pour ça qu'on est peut-être un petit peu plus loin dans
le film, mais on pense qu'il n'y a pas juste l'harmonisation des codes dont il
faut se soucier mais éventuellement cette administration-là, d'où cette
suggestion-là qu'on vous demande d'étudier, d'étudier, de faire étudier et de
voir ce que ça implique en termes de développement informatique.
Ensuite, il y a quelque chose qu'on aurait
pu espérer de retrouver dans le projet de loi, mais ce n'est pas le cas. Les
attestations de Revenu Québec, il y en a déjà été question. Vous savez un peu
ce que c'est, là, si on demande à nos sous-traitants de nous envoyer une
documentation qui prouve qu'ils sont conformes fiscalement, c'est très bien, mais
ça fait longtemps que ça existe. Les entreprises, au fond, qui ont un
historique impeccable là-dessus puis qui répète ça d'année en année, en année,
et on répète avec les gens, puis on va vérifier la conformité, on avait espéré,
là, qu'à un moment donné il y aurait assez d'évidence, là, qu'il y a des gens
qui ont un historique impeccable et qui pourraient se mériter un autre régime.
C'est simplement l'idée d'annualiser l'attestation de conformité. Une fois par
année, moi, le 1er janvier, je regarde tous mes sous-traitants, puis je
m'assure qu'ils sont conformes, je mets ça au dossier, on passe l'année à
construire plutôt que de s'échanger des papiers.
Alors, l'idée de l'annualisation, elle a
fait du chemin. Et Revenu Québec a vraiment porté une écoute à tout ça, mais la
réponse de Revenu Québec, pour l'instant, c'est plus : on va faire des
développements informatiques puis simplifier des choses. Très bien, mais ces
choses-là, on comprend, prendront du temps. On va peut-être avoir des écueils,
donc il faut voir qu'est-ce qu'on peut réussir. En attendant, en attendant,
notre recommandation, c'est d'aller de l'avant avec l'annualisation de
l'attestation. Et, au fond, on pourra, un jour, quand le système sera prêt...
on sera les premiers à vous dire qu'il est temps qu'on aille vers autre chose.
Dans le même esprit, gardons encore, là,
qu'on avait déjà parlé des différents formulaires du gouvernement qu'on doit
remplir à répétition avec beaucoup de redondance. C'est encore une fois la même
idée qui nous repasse par la tête, c'est de dire : Il faut travailler sur
une forme de plateforme, de portail, où on pourra aller enfin remplir avec le
moins de répétitions possible les différents formulaires qu'on a au
gouvernement. Alors, il y a trois exemples ou trois avenues qu'on vient de
nommer qui ne sont fondamentalement pas de l'allègement réglementaire, on ne
retire pas d'obligation, mais ce qu'on vous dit, c'est qu'on est rendu
peut-être à avoir besoin de davantage d'outils, souvent informatiques, pour
nous permettre d'administrer les choses plus simplement. Donc, on voulait
porter ces éléments-là de réflexion, et seulement ceux-là, souvent des outils,
au fond, dont on aurait besoin pour aller plus loin avant d'essayer de couper
autres choses.
Dernier point, les licences d'entreprises
de construction qu'on voulait renouvelez aux deux ans, c'était supposé s'en
venir, ce n'est toujours pas le cas. On vous dit simplement... Ce n'est pas une
critique, on vous dit maintenant que c'est d'autant plus pertinent qu'on a adopté
un régime de formation continue obligatoire dans l'industrie, puis qu'au fond,
aux deux ans, on doit montrer qu'on a rencontré un certain nombre de crédits de
formation, sous peine de quoi on perd notre licence. Alors, vous voyez qu'il y
a bien un environnement qui est très naturel, qui nous amène à renouveler nos
licences aux deux ans en lien avec la formation continue, ça fait qu'on se
dit : C'est d'autant plus pertinent maintenant, et puis tant mieux si on
peut réussir dans un seul geste à montrer notre conformité en termes
administratifs mais aussi de formation et renouveler leur licence comme ça aux
deux ans. Donc, on vous recommande de maintenir cette orientation-là et de
s'assurer qu'elle voit le jour.
Donc, voilà nos remarques sur le projet de
loi. Vos questions sont bienvenues.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Nous allons commencer notre période d'échanges. M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Skeete : Merci beaucoup.
J'ai beaucoup apprécié votre intervention. Puis je vous avoue, j'ai fixé sur
les attestations. J'aimerais vous jaser un peu de tout ça, mais avant je vais
aller sur un autre que j'avais... une autre question que j'avais. Quand vous
parlez, dans la recommandation, de créer un prépermis de construction, ça veut
dire quoi... c'est quoi... ça veut dire quoi, ça, au juste dans le quotidien?
M. Tremblay (Jean-Sébastien) : Je
peux peut-être en parler un peu, mais nous, quand qu'on fait de la
construction, on a des... on a une demande de permis à faire à la ville, on a
une ouverture à faire chez JCR, on a une ouverture avec la CNESST, puis il y a
beaucoup de données qu'on fournit que les divers organismes nous demandent,
puis, par la suite, souvent, on a des avis pour des inspections de la part de
la Régie du bâtiment également, ça fait qu'on nous demande tout le temps des
informations qui sont similaires d'une organisation à l'autre, évidemment. Ça
fait qu'on...
M. Tremblay (Jean-Sébastien) : ...on
se disait que, si on pouvait avoir une espèce d'endroit où est-ce qu'on a un
guichet unique, qu'on fournit de l'information, bien, l'information
transiterait avec les divers organismes, puis ça nous éviterait d'avoir à
répliquer l'information puis à remplir une multitude de formulaires, dans le
fond, là.
M. Skeete : Puis ça, ce
serait au niveau provincial, municipal?
M. Bernier (François) : Oui,
oui, nécessairement. Puis là on a tendance à pointer la Régie du bâtiment parce
qu'on est dans un... tu sais, on en est là, mais ça peut être ailleurs, comme
je le disais, un autre portail, là. L'important, c'est que, dans un seul geste,
au fond, il y ait quelque chose qui soit un déclencheur vers les différentes
organisations qui nous regardent, et, ensuite, qu'elles importent cette
information-là, au lieu de nous demander de la répliquer à chaque fois, et
qu'elles nous demandent le complément d'information dont elles ont besoin. Ça
fait que, ça, ça nous éviterait, cette répétition-là... Et, en plus, encore une
fois, le bénéfice, là, c'est que tout le monde qui a un mandat de surveillance
de l'industrie n'arrive pas en retard, n'arrive pas en deuxième période, dans
la partie, là. Quand on veut faire de l'inspection de bâtiments, il faut voir
les fondations, il ne faut pas arriver trop tard. Ça fait qu'on a besoin de ce
signal-là de bonne heure, puis, présentement, on n'est pas très bien équipés.
M. Skeete : O.K., merci. Là,
vous parlez d'annualiser l'attestation. Vous êtes les deuxièmes à nous proposer
ça. Comment vous voyez ça, l'attestation? Parce que l'attestation existe pour
assurer la conformité des taxes payées au fisc dans des secteurs jugés, entre
guillemets, plus à risques. Alors, si on veut mettre ça sur un an, comment on
fait pour assurer le mandat premier de la raison d'être de l'attestation?
Comment vous voyez ce monde-là où est-ce que l'attestation, c'est annuel versus
mensuel?
M. Bernier (François) : Bon.
Écoutez, vous êtes un sous-traitant, là, puis ça fait 54 fois que vous envoyez
l'attestation à votre partenaire, là, M. Tremblay, là, ici, là, puis à toutes
les fois, c'est conforme. Lui, ça fait 54 fois qu'il la vérifie, là. Là, je
pense que c'est suffisant. Vous êtes un partenaire respectable, là, puis,
maintenant, on va ajouter un A, on va ajouter un A sur votre attestation. Ça
fait que vous allez lui envoyer ça, puis elle est bonne maintenant pour 12
mois, elle est bonne maintenant pour 12 mois, cette attestation-là. Lui, il
voit ce A là, il dit : Je n'ai plus besoin de lui redemander pour tous les
nouveaux contrats que je lui donnerai en 2024. C'est réglé une seule fois.
Alors, ce n'est pas majeur, il me semble,
d'avoir une trace de l'historique, évidemment, de tous ces sous-traitants là
qui ont toujours été conformes, de leur ajouter cette notion-là. L'entrepreneur
va rechercher ces gens-là avec un A, il les aime, il les classe au dossier,
puis on passe à autre chose.
M. Skeete : Ça arrive à quel
intervalle que vous faites affaire avec des gens, puis lorsque vous leur
demandez l'attestation, bien, ils ne sont pas capables de la produire parce
que... bien là, on déduit qu'ils ont des problèmes, là? Ça arrive-tu souvent
dans votre quotidien?
M. Tremblay (Jean-Sébastien) : Ça
ne nous arrive presque jamais. C'est très, très peu. J'ai déjà eu quelques cas,
mais c'était très rare, là.
M. Skeete : O.K.
M. Bernier (François) : On
parle d'une centaine de sous-traitants, là, ici, d'une centaine de
sous-traitants à travers les années.
M. Tremblay (Jean-Sébastien) : Bien,
pas au travers des années. Annuellement, moi, c'est une centaine de
sous-traitants qu'on utilise, donc c'est la centaine qu'il faut faire à
répétition dans l'année, au lieu que ce soit une seule fois, là.
M. Skeete : Puis, quand vous
dites, dans votre demande, de conserver l'attestation, vous devez garder une
version papier. Décrivez-moi ce processus-là, là, du moment où est-ce que vous
demandez l'attestation au fournisseur, puis c'est quoi, là, l'obligation de
conservation, là, ça ressemble à quoi, ça?
• (15 h 50) •
M. Bernier (François) : Bien,
c'est-à-dire, je pense que, là, il y a quelque chose à préciser, là, ce n'est
pas une obligation de conserver du papier, mais c'est souvent une tendance que
les gens vont avoir, là, tu sais, ils vont avoir tendance à imprimer puis à garder,
là. Mais je pense qu'on peut conserver sur des registres électroniques, là,
mais on est tenu, on est tenu de garder des preuves de nos vérifications durant
un certain nombre d'années. On est sujet à des inspections qui peuvent être, de
mémoire, trois ans plus tard. Alors, il faut être bien équipé pour répondre à
ces demandes de vérification là.
C'est lourd, alors qu'on aurait souhaité
que, quand on fait la vérification en ligne, là, la trace de cette
vérification-là, là, soit suffisante, soit vraiment suffisante. Mais ça... Dans
le système, là, qui avait été élaboré au début, on ne nous garantissait pas que
la trace était suffisante puis on disait aux gens : Gardez vos preuves.
Alors, une des propriétés qu'on attend du futur système, là, électronique qui
est promis, là, c'est que, justement, les traces de vérification dégagent,
dégagent...
M. Bernier (François) : ...les
gens de tenir des registres parallèles.
M. Skeete : Je suis assez
d'accord que les futures itérations doivent comprendre cette traçabilité-là.
Mais j'essaie de comprendre vraiment l'impact du fardeau, là, parce que j'ai
déjà traité avec des attestations, je conviens que c'est ardu, surtout la 54ᵉ
fois. Là, tu sais... ça fait que je comprends l'enjeu. Mais une fois qu'on l'a,
si on le met dans notre Google Drive, là, puis il reste là, puis... En quoi
c'est un fardeau de le garder? Je comprends que l'idéal, ce serait de ne pas le
garder, là, mais en quoi ça rajoute à votre travail de le mettre dans le
dossier de votre fournisseur, puis de le laisser là? J'essaie de comprendre.
M. Tremblay (Jean-Sébastien) : Bien,
ce n'est pas tellement ça, c'est vraiment plus le... tu sais, on... Oui, on a
l'attestation de Revenu Québec. On a également des attestations à aller
chercher, CNESST, CCQ. Pour vous donner une idée, moi, j'ai une employée à
temps plein qui travaille sur ces dossiers-là pour aller chercher toutes les
attestations pour qu'on les ait tout le temps lorsqu'on fait les paiements,
puis on se sert de nos paiements pour être certain qu'on les obtienne, là. Mais
ce n'est pas le fait de le "storer" qui est... de le mettre dans
notre serveur qui est tant exigeant, c'est juste que si vous faites des
modifications, éventuellement la plateforme, si ça pourrait être évité, ça
éviterait de classer des documents pour rien, là.
M. Skeete : O.K.
Mme Demers (Isabelle) : Si je
peux me permettre, ce n'est pas tant de garder les documents que le fardeau
d'aller chercher la documentation à chaque fois, la quantité de documents, de formulaires
qui sont semblables ou quasi semblables et qui se répètent, par fois le nombre
de fournisseurs ou de sous-traitants par année, fois chaque année. C'est plus
cet élément-là que... sur lequel on demande un allègement, là, et une
simplification, là, clairement.
M. Skeete : Je comprends.
M. Bernier (François) : Si je
peux en rajouter une couche, là, c'est que l'attestation, elle est bonne à un
moment précis. Puis, quand on donne un contrat, il faut précisément avoir
vérifié, tu sais, à ce moment-là, qu'il était conforme, dans une fenêtre de
temps. Ça fait que tout l'effort de classement, là... on s'imagine, on est
trois ans plus tard, là, quelqu'un vient t'inspecter puis il dit : Tel
contrat que tu as donné à telle date, je vais voir tes attestations, si tu les
as toutes obtenues dans la période... bonne période de référence, puis on va
tout vérifier ça ensemble, si, mettons, tu es sujet à des pénalités, donc il y
a quand même une logistique de classement, là, qui fait peur un peu. On a... on
ne veut pas passer à côté d'avoir classé... au fond de chaque contrat qu'on a
donné, la pile des attestations qui rendaient les gens conformes pour exécuter
ce contrat-là, là, tu sais, à chaque fois. Alors, c'est un peu cette lourdeur
là qui fait peur à un tas de petites entreprises de construction qui ne veulent
pas cette visite-là dans trois ans, puis aller commencer à fouiner ça, là.
M. Skeete : Donc, le délai de
surveillance est un enjeu, pas le stockage. Et l'épée de Damoclès de le garder
x nombre de temps sans savoir quand est-ce qu'elle va vous le demander, de
rendre compte, c'est ça qui est inquiétant pour vos membres dans le fond. Ça
fait que, si on avait une attestation, mettons, qui était annuelle, puis la
période de validité ou de stockage était réduite, ça réduirait votre fardeau
administratif, ça réduirait votre stress aussi.
M. Bernier (François) : Certainement.
C'est deux bonnes avenues d'amélioration.
M. Skeete : Je comprends, je
comprends votre intention. Puis, pour...
Mme Demers (Isabelle) : ...j'allais
dire... Oh! Excusez-moi, allez-y.
M. Skeete : Bien, ça me fait
plaisir. On est ici pour vous écouter.
M. Tremblay (Jean-Sébastien) : Bien,
j'allais dire simplement qu'encore une fois, c'est vrai pour les petits qui
n'ont peut-être pas la structure, mais c'est vrai aussi pour les plus grands...
les plus grands entrepreneurs, qui ont peut-être une structure, mais qui ont
aussi plus de projets. Et donc, ça veut dire aussi le même fardeau qui est
dupliqué par le nombre de projets et qui fait en sorte, entre autres, dans le
cas de M. Tremblay ici, d'avoir une ressource qui est dédiée à temps plein,
presque pour ça. Donc, c'est cet élément-là aussi qui nous préoccupe. Pour les
petits qui ne sont pas structurés et qu'on doit aider à se structurer, mais
pour les grands pour lesquels le volume devient trop important.
M. Skeete : Je comprends.
Merci. Pour moi, Mme la Présidente, c'est beau.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vais céder la parole à la députée de Hull.
Mme Tremblay : Oui. Alors,
bonjour, et moi, je reviens au début. En fait, à votre introduction, vous dites
que, bon, c'est un travail en continu, finalement, tu sais, des allègements
réglementaires, c'est important pour vous. Vous mentionnez que c'est jusqu'à
25 % du temps des tâches administratives, tu sais, de vos entrepreneurs
dans le monde de la construction. Là, c'est le temps que ça prend. Donc, là, je
comprends que vous êtes en accord avec la majorité des changements qu'on
apporte cette fois-ci. Puis vous parlez aussi que... mais pour rester à l'affût
des nouveaux défis, moi, j'aimerais ça vous entendre, c'est quoi, tous ces
nouveaux défis là rencontrés par les entrepreneurs sur le terrain? Et
comment... Qu'est-ce...
Mme Tremblay : ...que
vous prioriseriez dans le futur pour continuer de vous aider dans les
allègements réglementaires?
M. Bernier (François) : Bien,
écoutez, je ne sais pas si ça va être un bon élément de réponse, mais je me
trouve à répéter un peu... Au fond, on sent une bonne pression sur notre
industrie pour améliorer, je vais dire ça, notre produit. Notre produit, là,
l'habitation, là, on veut que ça soit un produit meilleur, de meilleure
qualité, meilleure qualité pour l'environnement, meilleure qualité, tout court.
On sent ça, alors on a continué d'évoluer là-dedans. On est même conscients que
ça peut se traduire en nouvelles exigences dans ce domaine-là. Ce qu'on
cherche, c'est qu'on puisse administrer ça le plus simplement possible au fur
et à mesure qu'on avance. Ce qu'on aimerait, dans un monde idéal, c'est quand
même de pouvoir alléger d'autres obligations qui sont plus périphériques, là,
qui ont moins rapport, puis là, on peut aller très large là-dedans, mais
allons-y, là. Tu sais, le monde municipal pour faire accepter des projets, là,
c'est très lourd et pénible, ça. Ça fait que c'est sûr que c'est dans ces
améliorations-là qui concernent plus le processus d'autorisation des projets,
et tout ça, qu'on espère faire des gains, par l'amélioration de ça, en même
temps que, bon, ramener à ça... à notre industrie. On comprend qu'on aura quand
même des efforts à faire, là, des éléments de lourdeurs administratives pour
lesquelles on a l'impression que c'est plus les outils qui nous manquent, les
outils informatiques, comme ceux que je mentionnais.
Mme Demers (Isabelle) : Jean-Sébastien,
tu voulais y aller? Sinon, je peux y aller aussi.
M. Tremblay
(Jean-Sébastien) : Oui, tu peux y aller.
Mme Demers (Isabelle) : Bien,
ce que j'allais dire... Merci de la question, c'est une excellente question.
Mais nos entrepreneurs vivent dans le même contexte que le Québec, c'est-à-dire
dans un contexte aussi de pénurie de main-d'oeuvre, dans un contexte aussi de
limites au niveau de l'approvisionnement, d'enjeux d'approvisionnement, d'un
souci d'une construction durable et qui est bien faite, dans un souci où
l'attraction, la rétention, c'est un défi. C'est un défi partout. C'est un défi
qui est très important en construction.
C'est sûr que, si on a un entrepreneur qui
se retrouve à faire le quart de son temps à faire de... puis, pour reprendre
les mots, là, d'un entrepreneur dans une conférence qui avait dit : Je
n'avais jamais réalisé à quel point il y avait de la papeterie à faire, c'est le
mot qu'il avait utilisé, de la papeterie, donc, si un entrepreneur se trouve à
utiliser le quart de son temps à faire de la papeterie, bien, forcément, il
n'est pas en train de travailler à former son monde, à travailler, à être sur
le terrain, à développer des projets, à trouver des solutions, à développer ce
pour quoi il est là, comme un entrepreneur, comme un promoteur en construction,
à... Et, dans notre cas, on défend le secteur résidentiel à construire des
logements dans un contexte de pénurie de logements.
Donc ça, c'est les défis dans lesquels on
se retrouve, pour lesquels... Bien, qui sont aussi un peu les mêmes que l'on
retrouve ailleurs, mais qui sont... qui Font partie d'une crise actuelle qui
est importante.
Jean-Sébastien?
M. Tremblay (Jean-Sébastien) :
Oui. Je peux rajouter. Bien, tu sais, juste le 25 % qu'on peut
passer... Puis, tu sais, dans mon entreprise, c'est un peu la même affaire,
sauf que c'est des personnes dédiées qui travaillent à chacun des dossiers.
Mais, pendant ce temps-là, surtout pour les plus petits entrepreneurs, c'est un
peu plus vrai, ils ne sont pas en train justement de vérifier la qualité sur
leurs chantiers davantage pour avoir des meilleures constructions. Ça fait que,
si on peut réduire ce temps-là, ça va aider énormément à divers niveaux, puis
surtout à la gestion du chantier lui-même, qui est important, là.
Mme Tremblay : Parfait.
Merci. Je n'ai pas d'autre question.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Nous allons maintenant passer la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
• (16 heures) •
Mme Cadet : Merci, Mme
la Présidente. Merci, Mme Demers, M. Tremblay, M. Bernier,
d'être avec nous virtuellement cet après-midi. Je salue ma collègue de Hull
parce que c'est exactement la question que j'avais pour vous. J'ai aussi
accroché sur l'introduction, sur les... cette Donnée du 25 %.
Donc, vous venez un peu de parler de la
papeterie, peut-être continuer sur la même lancée pour qu'on puisse bien
prendre la mesure de ce que ça signifie pour vous. Donc, si vous avez, donc,
d'autres... Des exemples, tu sais, quand vous dites que ces procédures et
délais nuisent considérablement à la concrétisation des projets d'habitation,
vous étiez sur cette lancée, Mme Demers, là, peut-être vous laisser poursuivre.
Mme Demers (Isabelle) : Bien,
merci beaucoup. Bien, c'est dans un... un Exemple qui nous a été rapporté
aujourd'hui, par exemple, où un projet a été déposé dans un... Par exemple,
dans une municipalité. Et le promoteur a dû revenir encore une fois le
présenter parce que la couleur des fleurs ne convenait pas, par exemple. Donc,
c'est un exemple de procédure, et donc c'est de reremplir des papiers...
16 h (version non révisée)
Mme Demers (Isabelle) : ...les
redéposer encore une fois. C'est du temps, c'est du temps qu'ils n'ont pas et
est ce que c'est un temps qui est à bon escient? Bien, on peut se poser la
question parfois, alors que ce qu'on souhaite, c'est qu'il y ait un contrôle de
qualité sur les chantiers qui soit fait, qu'on soit en mesure de bien prendre
en charge l'avancement des travaux. C'est un exemple qui est peut-être un peu
farfelu, mais il est arrivé sur... il nous a été partagé aujourd'hui.
Jean-Sébastien aurait certainement des exemples à vous donner sur la quantité
de projets qu'il gère et pour lesquels la procédure et les demandes, la
papeterie, fait en sorte que son temps n'est pas nécessairement mis là où il
souhaiterait le mettre.
M. Tremblay (Jean-Sébastien) :
Oui, bien, évidemment, dans... Tu sais, François parlait... M. Bernier
parlait, tu sais, d'harmoniser un peu les choses dans divers... que ce soit un
peu pareil partout, comme pour le code de construction, mais c'est un petit peu
la même chose au niveau des demandes de permis. Je travaille avec une dizaine
de villes différentes puis j'ai 10 formulaires qui peuvent varier entre
une page et, mettons 10 pages, peux être entre une et huit, là, dans ces
eaux-là. Après ça, on a une multitude de documents à leur donner. Dans
certaines villes, c'est très simple, on a trois documents autres à leur donner,
comme le plan, l'implantation puis des fois aménagements paysagers. Il y a des
villes que ça ne finit plus la quantité de documents qu'on doit donner. Puis
ils refont... ils donnent le fardeau à l'architecte ou à l'ingénieur d'être
conforme puis ils refont la vérification également en plus. Dans un contexte où
on manque de main-d'œuvre, je ne comprends pas pourquoi qu'on fait faire le
travail en double, mais bon.
Puis, tu sais, le fait que ce n'est pas
tout pareil partout, bien, c'est très, très lourd, là. Ça fait en sorte qu'on
est obligé de réapprendre. Dès qu'on commence à travailler dans une
municipalité, on réapprend à faire une demande de permis. Ça fait que c'est une
nouvelle procédure mise en place juste pour cette ville-là.
Mme Cadet : Merci. On a fait
donc un ricochet vers vos préoccupations en matière d'harmonisation des normes
applicables au Québec, en matière de construction de sécurité du bâtiment, donc
l'article 109. Puis, plus tôt, donc, le ministre vous interrogeait, donc,
sur le prix permis, puis sur le fait, donc, de préserver le formulaire. Mais de
ce que je comprends de votre intervention, l'intervention que vous venez de
faire, c'est que c'est plus que de garder le même fichier sur le drive, là c'est
qu'à chaque fois c'est que c'est complètement différent. Donc, ce n'est même
pas une question, donc, de temps, d'en arriver à la 54 ᵉ fois, de refaire
le même formulaire, c'est que ce n'est pas le même formulaire.
M. Tremblay (Jean-Sébastien) : Bien,
ça, c'est vrai pour les villes. Dans le cas d'attestations, c'est toujours le
même formulaire, évidemment.
Mme Cadet : Allez-y,
continuez. Oui, M. Tremblay.
M. Tremblay (Jean-Sébastien) : Oui.
Bien, non, mais c'est ça. Effectivement, c'est lourd parce que c'est tout le
temps différent. Mais on vit ça dans tout. Que ce soit pour le permis, que ce
soit pour les demandes PIA ou CCU, c'est tout... Dans les villes, tout est...
Tu sais, si on pouvait réussir un jour à arriver que c'est la même chose que je
bâtisse à Laval, ou que bâtisse à Québec, ou que je bâtisse à Val-David, qui
est plus petit comme ville, bien, ça serait beaucoup plus simple, là, pour tout
le monde. On saurait comment qu'on doit le faire, les documents qu'on doit
fournir, parce qu'il y a certains endroits que c'est très, très difficile, là.
Mme Demers (Isabelle) : Dans
le contexte, si je peux me permettre, de ce projet de loi là, bien, pour... de
façon spécifique, c'est de voir annualisé, par exemple, des attestations, qui
fait en sorte qu'au moins s'il n'y a pas... il y a peut être un seul
formulaire, donc on n'a pas besoin de le répéter 100 fois dans une année,
par exemple, donc d'être en mesure d'annualiser certains formulaires et de
faire en sorte aussi que les renouvellements puissent aussi se faire sur une
plus longue période, donc encore suffisamment fréquemment pour s'assurer de la
probité de chacun. Parce qu'on est tous pour ça, évidemment, mais sans mettre
une lourdeur supplémentaire qui fait en sorte qu'on est obligé de revenir à la
charge à chaque fois, donc, par exemple, une fois sur une durée de deux ans,
par exemple, sur un cycle de deux ans qui nous permettrait de limiter le nombre
de demandes. Donc, ça fait partie des choses dans le contexte de ce projet-là
spécifique que nous recommandons aussi.
Mme Cadet : Merci... dans une
de vos recommandations plus spécifiques... sur l'annualisation de l'attestation
de Revenu Québec, puis on a eu l'échange...
Mme Demers (Isabelle) : ...tout
à fait.
Mme Cadet : Recommandait
d'intégrer le numéro RBQ comme identifiant dans le système de demande et de
vérification de l'authenticité et de l'attestation. Qu'est-ce que ça représente
comme impact, ça, pour vous?
M. Bernier (François) : Bien,
écoutez, quand vous demandez une attestation de conformité à quelqu'un, là, et,
au fond, vous demandez précisément selon son nom d'entreprise puis vous devez
aller valider ça selon son nom d'entreprise, puis trompez-vous pas quand vous
tapez, là. Alors, tu sais, c'est sûr que depuis le début, la chose la plus
simple était juste de référer au numéro de licence de la RBQ puis on aurait eu
un système un petit peu plus facile à administrer. Bien, au fond, c'est
simplement mentionné parce qu'il ne faut pas l'oublier, ça. Il ne faut pas
l'oublier, que, grâce à cette clé-là, le numéro de licence RBQ, on vient saisir
facilement toutes les données qui présentent l'entreprise. Alors... puis c'est
vraiment une façon de simplifier l'administration de l'attestation. À ne pas
oublier à mesure qu'on va... Lorsqu'on va se diriger vers le système informatisé.
Mme Cadet : Peut-être,
mon autre question ici, tu sais, avec les différentes recommandations que vous
nous mettez de l'avant, donc, pour vous, donc, laquelle est la plus cruciale
pour permettre de véritablement, donc, soulager, sur le plan administratif, vos
membres?
M. Bernier (François) : Bonne
question. La plus cruciale, dans ce qu'on a nommé, c'est probablement
l'attestation de Revenu Québec, là, comme changement qui est matériel, qui est
intéressant, parce que, bon, l'harmonisation des codes du... je n'ai pas
d'autre chose à demander que le prépermis, là, par rapport à ça, là, qui est
une évolution informatique, là. Mais la plus cruciale dans le sens d'effet
immédiat, là, d'effet qui va paraître, là, immédiatement, là, ce serait ça.
Mme Demers (Isabelle) : Si
je peux me permettre, le portail unique aussi, qui regroupe toutes les
formalités, là, pour les différents ministères et organismes, sera aussi
quelque chose qui va être... Qui sera certainement aidant pour ceux qui... pour
qui c'est moins facile d'aller rechercher l'information, ça fait quelque chose
d'assez simple à faire.
Mme Cadet : Parfait.
Puis sinon, à la fin de votre mémoire, donc, vous nous parlez des prochaines
étapes. Donc, encore une fois, donc là, vous... donc, on... pardon, que la
démarche de modernisation de la loi R-20 est peut-être... Très rapidement
là-dessus, parce qu'on est quand même dans l'esprit de l'allègement ici.
Peut-être vous entendre un peu, donc, sur ce sujet-là, donc, d'élaborer, donc,
comment est-ce que vous voyez les procédures de modernisation qui sont à venir.
Mme Demers (Isabelle) : Bien,
effectivement, mais merci de poser la question. C'est sûr que la démarche
parallèle qui se fait, là, à cette commission-ci sur les... bien, les prix,
consultations qui sont faites par votre collègue M. Boulet pour la
loi R-20, bien, évidemment, c'est quelque chose qui nous préoccupe et pour
lequel on est très, très, très heureux, en fait, de pouvoir participer. Parce
que c'est une loi qui n'a pas été modernisée depuis très longtemps, une époque
où le mode de fonctionnement du travail était certainement très différent
d'aujourd'hui. Et, dans ce contexte-là, bien, on espère que la loi de la
modernisation va permettre de toucher à la fois l'organisation du travail mais
aussi la structure du travail, donc va toucher différents éléments, que ce soit
au niveau, là, d'amener une plus grande flexibilité, c'est ce qu'on souhaite
pour nos entrepreneurs, de leur permettre plus de flexibilité dans le travail,
une plus grande, peut-être, polyvalence, de favoriser l'accès à l'industrie, on
veut être en mesure de mettre de l'avant l'importance de la formation pour être
capables d'avoir des gens qui vont vouloir rester dans l'industrie, on veut
être en mesure de bien représenter le secteur aussi. Donc...
• (16 h 10) •
Et il y a certains éléments là-dedans qui,
forcément, bien, touchent la réglementation, et on ne voudrait pas que ça amène
une couche supplémentaire de difficultés pour nos entrepreneurs. On se rappelle
qu'il y a un nombre très, très grand de métiers et de professions dans
l'industrie de la construction ici, beaucoup plus qu'ailleurs au Canada, et que
juste la gestion de la paie de ça, c'est un élément qui est très, très, très,
complexe. Donc, on ne voudrait pas que... bien, en fait, ce n'est pas qu'on ne
voudrait pas, c'est qu'on souhaite que la modernisation de la loi nous permette
de travailler sur... aider la gestion de la main-d'œuvre, aider nos
entrepreneurs à faire en sorte qu'ils soient en mesure de faire leur travail et
dans notre cas, bien, de construire du logement.
Donc, c'est ce que l'on souhaite. Et puis
on collabore complètement avec... Dans cette démarche-là, pour laquelle on est
très contents de pouvoir apporter nos recommandations, là, effectivement.
Mme Cadet : Merci
beaucoup. Ce sera tout pour moi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, Mme
la Présidente. Je ne vais pas...
M. Bouazzi : ...à vous poser
deux questions sur le timbre de l'alcool parce que ça ferait beaucoup. Écoutez,
moi j'aimerais revenir sur une... D'abord, merci beaucoup de participer à cet
exercice démocratique, vraiment, il y a beaucoup d'informations, je pense, qui
sont très, très utiles à nous comme législateurs... bien documenté, vous
maîtrisez évidemment très, très bien tout l'aspect administratif. Dans le point
cinq, l'harmonisation des normes applicables au Québec en matière de
construction et de sécurité du bâtiment, nous, c'est sûr que... à Québec
solidaire, on est des fervents défenseurs d'une amélioration des critères de
construction et des normes de construction, évidemment, entre autres sur des
questions d'efficacité énergétique, de résilience, etc., etc. Votre proposition
est très intéressante, je pense, et j'aimerais juste être sûr de bien la
comprendre, concernant le pré permis parce qu'on a eu... d'un côté, c'est sûr
qu'il y a la question de la centralisation et la question de la
décentralisation qui sont comme deux problèmes à résoudre et on a l'impression
que votre solution vient justement régler les deux problèmes à la fois, ou en
tout cas en partie, étant donné que le pré permis, lui, serait centralisé et que,
par-dessus ça, l'aspect du permis, lui, reviendrait plus à décentraliser cette
partie en sus, est-ce que vous pouvez la développer?
M. Bernier (François) : ...si
je peux me permettre. Premièrement, je suis content que tout le monde ait une
petite réaction, une petite curiosité sur l'idée du pré permis. Hein, on
dit : Wow, est-ce qu'il y a quelque chose là-dedans? Puis c'est... je suis
content de voir qu'on se pose la question.
Ça fait que oui, effectivement, d'une
part, là, même si M. Tremblay disait qu'il y a plein de variabilité dans
les permis demandés un peu partout, il y a certainement un tronc commun de
données qu'on a, qu'on offre à chaque municipalité. Ça fait que si on est en
mesure de le faire juste une fois à un endroit spécifique, il y a un gain. Et,
encore une fois, il y a un gain immense quand on peut partager cette
information-là de base qui nous permet de détecter des chantiers puis partager
à tous ceux qui doivent surveiller l'activité de construction. Donc, vous
l'avez... tu sais, il faut voir à la qualité de nos bâtiments, là, ça fait que
donc il est temps qu'on prenne davantage de moyens pour faire de l'inspection
et la faire en temps opportun. Donc, si on n'est pas informés au début, là, ça
n'arrivera pas si on n'est pas informés. Ça fait qu'il n'y a pas grand-chose
qu'on pourrait imaginer de plus simple que le pré permis pour donner le signal
et envoyer les ressources d'inspection au travail. C'est pour ça qu'on...
M. Bouazzi : Et ça, pour être
sûr, c'est au niveau provincial où l'initiative devrait avoir lieu, c'est ça
que vous disiez tout à l'heure?
M. Bernier (François) : Oui,
en quelque part, au niveau provincial, ça permet de rediffuser à toutes les
autres agences, souvent provinciales, qui ont le devoir à faire en matière
d'inspection, de surveillance, là, soit de la main-d'oeuvre, soit de la qualité
de la construction, et tout ça. Alors, il y a certainement là-dedans un gain
qu'on perçoit si on veut prendre au sérieux, là, la question de la surveillance
de la qualité des travaux... se doter d'un système.
M. Bouazzi : Et on s'entend
que ça viendrait beaucoup simplifier le travail des municipalités, surtout les
plus petites, sachant que c'est des normes qui vont être amenées à évoluer au
fur et à mesure des années et que là on aurait juste un point de contrôle, on
aurait à mettre à jour tout ça, plutôt que d'avoir à demander à des centaines,
voire des milliers de groupes de s'assurer de comprendre les nouveaux processus
au fur et à mesure, pour la partie qui fait partie du pré permis, évidemment.
M. Bernier (François) : On
n'a pas du tout entendu ce que les municipalités avaient à dire là-dessus, mais
on devine. On devine, là, que l'idée de devoir inspecter, cette charge, cette
responsabilité qu'elles auraient, là, d'inspecter, là, la construction, là, ça
leur fait un peu peur, sinon ils disent : Je n'ai pas les ressources, ou
quoi que ce soit. On comprend leur souci. Alors, nous, on anticipe beaucoup
plus que ça sera un mandat que l'industrie devra prendre en charge par
elle-même. On ne va pas transportation ça sur le dos des municipalités, là, on
devra assumer nos responsabilités d'inspection nous-mêmes. Alors, c'est pour ça
que ça nous prend le système pour...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci, chers invités. C'est tout le temps que nous avions.
Donc, avant de conclure les auditions, je
procède au dépôt des mémoires des personnes et des organismes qui n'ont pas été
entendues lors des auditions publiques.
Je vous remercie pour votre contribution à
nos travaux. La commission ajourne ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 16)