Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 4 mai 2023
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Vol. 47 N° 12
Étude des crédits budgétaires du ministère du Travail
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14 h 30 (version non révisée)
(Quatorze heures trente et une minutes)
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Alors,
ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie
et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du portefeuille de Travail pour l'exercice financier 2023-2024. Une
enveloppe de 1 h 45 min a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Madame Boutin, Jean Talon, est remplacée par madame Mallette,
Huntington; madame D'Amours, Mirabel, est remplacée par madame Bogemans,
Iberville; et Monsieur Dufour, Abitibi-Est, est remplacé par madame Poulet,
Laporte.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons procéder à une discussion d'ordre général par bloc
d'échange incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces
crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit cet
après-midi, vers 16 h 15.
Puisque nous avons débuté nos travaux à 14
h 16 et qu'une période de 1 h 45 doit être consacrée à l'étude de ces crédits,
y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de cette heure, jusqu'à
16 h 16? Consentement. Merci beaucoup.
Alors, je suis maintenant prête à
reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour un
premier bloc d'échange. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à vous.
Mme Cadet : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Bonjour, chers collègues. Bonjour, M. le ministre. Et merci à
toute l'équipe et ainsi qu'aux gens du ministère, donc, d'être présents aujourd'hui
pour cet exercice de crédits. M. le ministre, donc, je commencerais cette
première période d'échange en vous posant quelques questions sur la situation
des travailleurs étrangers temporaires et l'encadrement du marché du travail, l'encadrement
des conditions de travail les concernant.
Tout d'abord, je comprends que l'employeur
qui embauche un travailleur étranger temporaire doit en informer la CNESST en
remplissant une déclaration d'embauche de travailleurs étrangers temporaires,
si les informations devaient être conservées pour une période d'au moins 3 ans
dans le système d'enregistrement et de registre de l'entreprise... Ayant ce
mécanisme en place, d'emblée, je vous demanderais, M. le ministre, combien de
déclarations d'embauche sont présentement en vigueur?
M. Boulet : Bien, merci pour
la question. Salutations à tous les collègues. Heureux d'être ici. Je veux
simplement, avant de donner une réponse très mathématique, vous dire qu'on est
très heureux d'avoir adopté un règlement, le 1ᵉʳ janvier 2020, pour s'assurer
que les travailleurs étrangers temporaires soient bien accueillis, que les
agences de placement et de recrutement de travailleurs étrangers temporaires
détiennent un permis de la CNESST, fassent des déclarations d'embauche et n'aient
pas le droit de confisquer des documents, d'exiger des frais, et faire
connaître aux travailleurs étrangers temporaires leurs droits et obligations.
Quant aux déclarations d'embauche, 41 973 en 2022, collègue.
Mme Cadet : Oui, 2022, oui.
Merci, M. le ministre. Donc, la déclaration d'embauche, c'est une obligation
qui s'étend aux agences de recrutement. Donc, les 787 titulaires de permis
d'agence, en ce moment, donc, c'est...
M. Boulet : Oui, c'est bien,
ça.
Mme Cadet : Parfait. L'agence
de recrutement de travailleurs étrangers temporaires ou l'employeur qui
embauche directement une travailleuse ou un travailleur étranger temporaire
doit lui remettre un document qui décrit ses conditions de travail ainsi qu'un
dépliant sur ce que le travailleur doit connaître en matière de travail fourni
par la CNESST. J'ai eu l'occasion de consulter le formulaire, donc, c'est assez
complet. Donc, le document explique les droits des travailleurs et les
obligations des employeurs en matière de travail. Comment la CNESST est-elle en
mesure de valider si ces documents sont remis aux travailleurs?
M. Boulet : Par des campagnes
de sensibilisation, d'information, de formation, le site Web de l'accompagnement
personnalisé dans les langues requises, pour s'assurer d'une juste
compréhension. Et on a mis en place une escouade prévention où il y a des
personnes qui sont spécialisées dans l'accueil et l'accompagnement des
travailleurs étrangers temporaires. Donc, on s'assure que non seulement ces
personnes-là soient conscients de leurs droits, mais qu'elles puissent les
exercer.
Mme Cadet : Je vous entends, M.
le ministre, mais, ici, si je comprends votre réponse, c'est qu'en fait il n'y
a pas de mécanisme qui permet à la CNESST de valider si les documents qui...
donc, qui font l'objet, donc, d'une obligation de la part de l'agence de
recrutement ou de l'employeur. Il n'y a pas de mesure pour pouvoir valider si c'est
bel et bien remis au travailleur.
M. Boulet : Oui, il y a des
façons de faire. Bien sûr, sur réception d'une plainte, d'une dénonciation
ou...
M. Boulet : ...on fait des
interventions sans plainte ni dénonciation. On a fait des blitz, souvenez-vous,
notamment dans certaines régions. Maintenant, comme notre escouade est devenue
permanente, on le fait dans tous les secteurs. Donc, on s'assure, par ces
interventions-là, du respect de ce qui est prévu dans le règlement sur les
agences de recrutement des TET et de bien informer les travailleurs étrangers
temporaires. Puis il y a une vérification qui est faite à chaque... À chaque
fois, on fait les vérifications qui s'imposent pour s'assurer du respect du
règlement et de la Loi sur les normes du travail. Parce que, rappelez-vous,
collègue, le 12 juin 2018 était entrée en vigueur une révision quand même
assez importante de la Loi sur les normes du travail, et le règlement en est un
d'application d'un des articles, 41, je crois, là, de la Loi sur les normes du
travail. Et donc il y a des vérifications qui se font. Et on s'assure du
respect du règlement et de la loi.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Vous avez parlé de... de l'escouade de prévention qui est bel et bien devenue
permanente dorénavant. Combien d'ateliers en entreprise à l'intention des
travailleurs étrangers ont été livrés en 2022-2023?
M. Boulet : Je vais obtenir
le chiffre, mais je veux aussi profiter de l'occasion qu'il y a aussi beaucoup
de travail d'information qui se fait auprès des employeurs. Maintenant, on fait
un service d'aide personnalisé pour les employeurs pour bien les informer de ce
que requiert l'accueil et de ce qu'impose le respect des droits et obligations.
Maintenant, quant au nombre, il y a eu 136 ateliers.
Mme Cadet : Et le service
d'aide aux employeurs, donc, c'est les... c'est l'employeur qui doit en faire
la demande?
M. Boulet : Oui, mais on
l'offre aussi quand on se déplace, quand on fait des interventions, on propose
à l'employeur de le rencontrer et de lui expliquer ce que ça... ce que le
règlement demande de faire.
Mme Cadet : Et ça, combien
d'ateliers de service d'aide personnalisée, là, on...
M. Boulet : 484. On est bon
dans les chiffres, hein?
Une voix :...
M. Boulet : Il me semble
qu'on étudie les crédits, collègue d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Cadet : C'est... c'est
l'objectif avec les crédits, on est dans les chiffres, M. le ministre. Il y a
eu quelques cas malheureux mentionnés dans l'actualité récente, et puis, bon,
vous le mentionnez, donc, vous avez fait une annonce à ce sujet le... le
1er mars dernier. On sait que les plaintes relatives aux normes du travail
ont augmenté, dans les dernières années, chez les travailleurs temporaires,
passant de 16, en 2019, à 477 l'an dernier. Si la tendance se maintient, en
2023, on verra aussi l'atteinte d'un nouveau record parce qu'il y a déjà
197 plaintes qui ont été déposées seulement pour les trois premiers mois
de l'année. Pour les plaintes qui ont été déposées en 2022, quel a été le suivi
de celles-ci?
• (14 h 40) •
M. Boulet : Bien, mon Dieu!
Quand il y a des... C'est intéressant parce que vous référez à un article,
rappelez-vous, il y a L'actualité puis il y a le Devoir. Moi, s'il y a des
plaintes, c'est signe qu'on informe bien des droits puis de la... l'obligation
des employeurs de respecter ces droits-là. Et ce qu'on a réalisé, c'est qu'en
2022, par rapport à 2021, il y avait eu plus de réclamations, une augmentation
importante de réclamations pour accidents de travail ou maladies
professionnelles des TET mais une augmentation moins importante que
l'augmentation du nombre de TET, comme les réclamations, il y a eu une
augmentation de 14 %, alors que le nombre a crû de 27 %.
Donc, les plaintes, quand il y a une
plainte, bien, vous le savez, on a la même formation préalable, puis le
collègue Hochelaga-Maisonneuve le sait. Évidemment, on dépêche des personnes,
on fait une enquête, on vérifie, on a les pouvoirs des commissaires d'enquête,
donc on peut requérir des documents, on peut vérifier, on peut s'assurer que
tout est compatible, on peut demander des livres de paie, on peut faire des...
des rencontres avec des personnes pour s'assurer qu'elles répondent bien à nos
questions, mais c'est : vérification, enquête, après ça on détermine le
suivi à apporter. Et ça peut aller ultimement à un avis de correction et, après
ça, à des constats d'infraction, des amendes et tout ce que le processus nous
permet de faire.
Mme Cadet : M. le ministre,
donc, vous avez dit que nous étions dans les chiffres, et puis vous avez
raison, et je fais bel et bien référence à un article du Devoir de la semaine
dernière sur l'augmentation du nombre de plaintes, mais, au niveau du nombre de
lésions...
Mme Cadet : ...professionnel.
Moi, ce que je vois, là, c'est qu'il y a eu cinq fois plus de... en fait, que
les travailleurs étrangers temporaires ont été cinq fois plus nombreux à se
blesser au travail et à contracter des maladies professionnelles qu'il y a six
ans, alors que leur augmentation, comme vous l'avez dit, autour de 27 %,
donc ils sont trois fois plus nombreux, je pense qu'on s'accorde sur ce
chiffre-là...
M. Boulet : Les pourcentages
que je vous donnais, c'est si on fait la soustraction des cas découlant de la
COVID, parce qu'il y en a beaucoup qui ont contracté la COVID, mais, si on les
met de côté, l'augmentation des réclamations est moins importante que
l'augmentation du nombre. Puis encore une fois, puis j'ai lu l'article, puis
elle le soulignait, la CNESST, on a annoncé une bonification des mesures de
prévention et la permanentisation de l'escouade de prévention et des services
additionnels pour les protéger. Puis, vous le savez, puis, si vous embarquez
dans des cas particuliers, il y a des circonstances qui sont inadmissibles puis
il faut s'assurer qu'au Québec, on a un environnement dans les entreprises qui
est compatible avec la dignité de ce que nous impose l'intégration des
travailleurs étrangers temporaires.
Mme Cadet : Merci, M. le
ministre. Vous parlez, donc, de la bonification des mesures dont vous avez parlé,
dont l'article fait état aussi. Donc en 2022, la province a accueilli
38 500 travailleurs étrangers temporaires, il y a quand même une hausse
assez fulgurante, là, depuis 2019. Vous me disiez plus tôt qu'il y a 41 973 déclarations
d'embauche en vigueur. Donc on est encore en croissance. Est-ce que vous pensez
que le ratio d'agents de plus qui a été annoncé pour l'escouade prévention est
suffisant pour répondre à la demande?
M. Boulet : Actuellement,
oui, mais madame... qui est ici pourrait me confirmer, mais moi, je veux
m'assurer qu'on réponde aux besoins. Il y a des ressources qui peuvent être
requises, additionnelles. On a... Au-delà de nos agents de prévention qui font
partie de l'escouade, on a autour de 300 enquêteurs qui peuvent faire des
interventions, qui peuvent supporter nos conseillers, qui sont spécialisés et
qui font partie de l'escouade de prévention pour les travailleurs étrangers
temporaires. Et je n'aurais pas de crainte de demander des ressources
additionnelles si on n'était pas capable de répondre aux besoins.
Mme Cadet : Merci... lors de
votre annonce en mars dernier, vous annonciez aussi, donc, une... bon, on a
parlé du ratio actuel de plus annoncé, que pendant la période estivale, donc il
y aura aussi, donc, une dizaine d'agents de prévention qui s'ajouteront. Est-ce
que vous avez déjà trouvé ces agents-là pour la période estivale?
M. Boulet : Oui, ils sont
formés puis ils seront prêts à intervenir. Puis, vous savez, dans les
prochaines semaines, on va accueillir des travailleurs étrangers temporaires,
particulièrement dans le secteur agricole, et j'ai l'intention de faire une
nouvelle intervention pour rappeler à tout le monde le type de Québec que nous
voulons avoir en matière d'accueil des travailleurs étrangers temporaires.
Mme Cadet : Merci. Vous venez
de parler, là, des 291 inspecteurs en santé-sécurité. Donc... parce qu'en
fait dans votre annonce, là, vous disiez qu'ils... que ces inspecteurs-là et
ceux... et les 241 en normes du travail, donc, seraient ajoutés sur le terrain.
Encore une fois donc, est-ce que ces effectifs sont déjà en place?
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Mme Cadet : O.K. Et vous avez
dit qu'ils ont été formés? C'est... quelle est la formation qui leur a été donnée?
M. Boulet : Ah! Mon Dieu!
C'est des formations très variées, hein? Évidemment, il y a ceux en
santé-sécurité qui souvent ont un bagage dans des champs d'activités humaines
très variés, hein, il y en a qui sont formés en économie, en droit, en
psychologie, en travail social, parce qu'on fait des interventions qui sont
transversales. Et en matière de normes du travail, c'est le même phénomène
aussi, là, c'est des formations académiques qui sont très variées. Il y a des
ingénieurs aussi parce que, quand on émet des avis de correction, vous savez
qu'ultimement, ils peuvent émettre des scellés puis provoquer la fermeture
d'une entreprise qui est vraiment dans un état qui met à risque de façon
importante la santé-sécurité, intégrité physique des travailleurs. Donc, on
s'assure que nos inspecteurs aient le bagage requis par la nature de l'enquête
et de l'intervention.
Mme Cadet : Merci. Vous avez
parlé des vérifications systématiques des agences de main-d'œuvre, des agences
de placement, puis notamment pour débusquer celles qui n'ont pas de permis et
qui ne respectent pas les pratiques légales, ça, vous l'avez évoqué. Pour ce
qui est de celles qui n'ont pas de permis, est-ce...
Mme Cadet : ...on sait combien
d'agences qui n'ont pas de permis sont en opération?
M. Boulet : La vaste
majorité, il y a des demandes de permis qui ont été refusées. Vous avez vu nos
statistiques. Mais, si tu n'as pas de permis, tu n'as pas le droit. Donc, tu ne
peux pas embaucher des travailleurs étrangers temporaires, tu es dans
l'illégalité et tu t'exposes à avoir un constat et payer l'amende qui est
prévue dans le règlement.
Mme Cadet : Mais est-ce que
vous êtes en mesure...
M. Boulet : Et... Oui?
Mme Cadet : ...donc, au fond,
que l'opération, donc, servait à les débusquer. Donc, vous êtes en mesure de
les débusquer, donc de les trouver. Comment cette opération-là fonctionne?
M. Boulet : Bien, on fait des
interventions, on fait des vérifications, sur plainte, sur dénonciation.
Parfois, ça peut être via les médias, hein? Souvent, ça joue un rôle qui est
pertinent. Parfois, ça peut venir des partis d'opposition aussi. C'est parce
que là je veux faire plaisir à notre collègue d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Cadet : Parfait. Je me
tourne vers l'augmentation de la violence en milieu de travail. Le nombre de
blessures et de maladies causées par la violence au travail a bondi de plus de
25 % entre 2018 et 2021. Vous avez eu l'occasion de commenter ce
dossier-là il y a quelques semaines. On sait que, malheureusement, dans la
majorité des cas, ce sont les femmes qui sont victimes de ces cas-là. Bon, on
parle de bousculades, de coups de pied, de volées de coups, de coups d'ongles,
et vous avanciez, dans votre entrevue du 24 février, M. le ministre, que la
cause de cette hausse de violence est multifactorielle et que la pandémie et la
pénurie de main-d'oeuvre ont certainement joué un rôle. Est-ce que vous pouvez
élaborer?
M. Boulet : Rappeler d'abord
que la violence en milieu de travail, elle est inadmissible, intolérable.
Rappeler qu'avec l'article 81.19, si c'est de la violence qui découle d'un
harcèlement psychologique ou à caractère sexuel, les employeurs ont une
obligation de prévention, donc de mettre en place une politique avec un
mécanisme de plainte et respect de la confidentialité, aussi une obligation de
corriger s'il y a une situation de harcèlement qui est portée à leur
connaissance.
La pandémie, il ne faut pas que ça serve
de prétexte, hein? Je pense que ça a accentué plusieurs phénomènes humains, puis
dans les milieux de travail, plus d'anxiété, de fatigue. Et donc ça peut...
quand je dis multifactoriel, ça peut être un des facteurs qui explique.
Mais ceci dit, les réclamations, quand
elles sont légitimes, elles sont acceptées. Quand les personnes ont besoin
d'une indemnité de remplacement de revenu, elles l'obtiennent, quand elles ont
besoin d'un conseiller ou d'une conseillère pour les accompagner en matière de
réadaptation sociale, physique, ou professionnelle, ou psychologique, la CNESST
est présente pour les accompagner.
• (14 h 50) •
Mme Cadet : Merci. J'insiste,
ceci dit, M. le ministre, sur la question des femmes, parce que, quand on
creuse, on constate que les femmes, donc, les milieux de travail
majoritairement féminins, donc, bien souvent n'ont pratiquement jamais eu accès
aux mécanismes de prévention dans les secteurs où elles œuvrent en majorité.
Donc, on peut émettre, à mon sens, le postulat que cette lacune peut avoir
entraîné des répercussions néfastes pour la connaissance et la reconnaissance
des lésions professionnelles liées aux métiers féminins. On a parlé un peu,
donc, des risques psychosociaux dans les secteurs de l'éducation et de la santé
dans l'actualité récente, mais on peut aussi penser, en ce qui a trait, donc, aux
milieux de travail... où les femmes, donc, oeuvrent en majorité, qu'il existe,
donc, des positions contraignantes, par exemple, donc, pour les femmes de
chambre ou pour les préposées, où elles peuvent être exposées à des produits
chimiques utilisés pour faire le nettoyage. Donc, il peut... Ce sont des... des
contextes qui sont peu explorés, peu documentés.
Dans cette perspective, lors du dépôt du
projet de loi n° 59, je pense que le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve était là,
vous étiez là, moi, je n'y étais pas, mais, de ce que je comprends, vous avez
initialement proposé une modulation en utilisant les données lésionnelles de la
CNESST, ce qui reproduisait le biais historique. Vous avez donc proposé que la
CNESST soit responsable, donc, d'élaborer le règlement dont vous avez parlé
pour prévoir l'accès aux mécanismes de prévention qui reflètent les réalités
propres aux hommes et aux femmes. Donc, on a parlé du règlement, donc, en ce
qui a trait, donc, à la disparité hommes-femmes, j'aimerais vous entendre sur
cet élément.
M. Boulet : Bon. C'est une
excellente question. Je pourrais en parler pendant 15 minutes, Mme la
Présidente, j'ai combien de temps? Mais là c'est parce que je veux rappeler des
souvenirs au collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. C'est important ce dont on
parle, parce qu'en 1979 et...
M. Boulet : ...25,
c'était des secteurs où il y avait surtout des hommes, la foresterie, les
mines, la métallurgie, qui étaient considérés comme des secteurs prioritaires
où il y avait des mécanismes de prévention et de participation des travailleurs
pour diminuer les accidents de travail. L'économie s'est tertiarisée. Vous en
faites état. Il y a beaucoup plus de femmes. D'ailleurs, on a le deuxième taux
d'emploi le plus élevé chez les femmes au monde, en raison notamment de notre
RQAP, les contributions réduites aux services de garde. Et les risques ont
évolué. Il y a eu une mutation des risques plus à connotation physique vers des
risques de nature psychologique ou psychosociale. Et on l'a reconnu dans notre
projet de loi, dans la loi modernisant maintenant le régime de santé et
sécurité. Et il y a une obligation des employeurs d'identifier ces risques-là
dans leur milieu de travail pour mieux les contrôler et éventuellement les
éliminer.
Et donc, dans tous les secteurs,
100 % des travailleurs bénéficient maintenant des mécanismes de
prévention, alors que ce n'était que 25 % avant la modernisation. Puis la
violence familiale, conjugale ou autre, qui a un... qui s'exprime et qui a un
impact au travail, c'est intéressant. Parce que j'en parlais avec certains
collègues, cette loi-là a permis à une entreprise de services professionnels
d'obtenir une injonction pour protéger une femme qui était travailleuse,
victime de violence familiale de la part de son fils. Là, vous trouvez que je
parle trop longtemps, mais pour.
La Présidente (Mme Boivin
Roy) : Oui.
M. Boulet : O.K.
La Présidente (Mme Boivin
Roy) : M. le ministre, on va vous inviter à conclure.
M. Boulet : Donc, si ça
finit là, ça me va. Mais je vais juste vous dire que c'est un sujet qui me
fascine.
La Présidente (Mme Boivin
Roy) : Merci... terminé. Manifestement, on aura l'occasion...
M. Boulet : Mais on a
tout mis en place...
La Présidente (Mme Boivin
Roy) : Merci, M. le ministre. Merci beaucoup.
M. Boulet : Merci.
La Présidente (Mme Boivin
Roy) : Mme la députée, il vous reste 45 secondes.
Mme Cadet : Merci. Donc,
je veux vous poser une question, donc, sur les pompiers. En fait, qu'est ce
qu'on attend pour reconnaître autant de cancers qu'en Ontario en ce qui a
trait, donc, à cette espèce de groupe? Allez-y.
M. Boulet : Une réponse
rapide.
Mme Cadet : Oui.
M. Boulet : Il n'y avait
aucun cancer des pompiers qui était reconnu dans la loi avant notre nouvelle
loi. Maintenant, il y en a neuf qui font consensus dans la littérature médicale
internationale et qui bénéficient donc de la présomption, qui sont dans le
Règlement sur les maladies professionnelles présumées. Le comité scientifique
va avoir mandat d'en étudier d'autres et d'en rajouter. Ceci dit, ça peut être
un cancer qui n'est pas dans les neuf et qui peut être reconnu sans bénéficier
de la présomption.
La Présidente (Mme Boivin
Roy) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, j'invite...
M. Boulet : Merci.
La Présidente (Mme Boivin
Roy) : Merci. Je suis maintenant prête à reconnaître une première
intervention du deuxième groupe d'opposition pour un premier bloc d'échange.
Alors, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, la parole est à vous.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Salutations au ministre, à toute son équipe, tous les collègues. Et
une salutation à vous, Mme la Présidente. Si j'ai bien compris, c'est votre
première présidence aujourd'hui, notre collègue d'Anjou-Louis-Riel avec qui on
apprend à travailler, j'apprécie beaucoup, sur le dossier de l'Assomption-Sud,
d'ailleurs, un gros dossier. Alors, bonne... bonne présidence. M. le ministre,
j'aimerais commencer avec le projet de loi no 19 qui est en ce moment
entre deux étapes. Là, on a terminé les audiences. On devrait, bien, dès la
semaine prochaine, retourner au Salon bleu pour l'adoption de principe. Je le
sais que vous êtes en train de travailler sur des amendements. C'est... C'est
la logique des choses. La semaine dernière, j'ai fait une proposition de
compromis dans l'espace public, à savoir de permettre une exemption plus large
pour la notion de famille pour les entreprises dans le milieu agricole, mais en
échange de garder à 10 employés et moins l'exemption pour les entreprises dites
familiales. Parce que, là, si on monte à 15, 20 ou 30, la notion d'extension de
la famille perd du sens. Est-ce que c'est un compromis qui vous semble
intéressant?
M. Boulet : Bon, évidemment,
les consultations particulières se sont bien déroulées. Il y avait d'excellents
mémoires, mais pour répondre rapidement, c'est une piste qu'il faut analyser.
Je suis sensible à la réalité présentée par l'Union des producteurs agricoles
et je suis encore à un examen de nos options. Mais je reviens au projet de loi.
J'ai la conviction intime que c'est un projet qui est équilibré. Il y a des
groupes qui sont venus demander des exceptions additionnelles à l'interdiction
de travailler en bas de 14 ans. D'autres voulaient moins d'exceptions, mais on
est à compléter l'analyse, mais... Puis vous me connaissez, j'aurai
certainement des discussions avec vous puis notre collègue du Parti libéral
pour voir si c'est opportun de faire des amendements.
M. Leduc : ...mauvaise
nouvelle, là, sur le rehaussement des exemptions à 10 et plus, là. Ça ne va pas
être 15, ça ne va pas être 20 ans. On va garder ça à 10?
M. Boulet : Pour
l'instant, je réitère que le projet de loi est équilibré.
M. Leduc : Parfait.
M. Boulet : Puis dans le
projet de loi, c'est moins...
M. Boulet : ...de 10.
M. Leduc : Donc, s'il est
équilibré puis qu'on en rajoute, l'équilibre...
M. Boulet : Vous pouvez
supputer sur nos intentions, mais je le redis, puis...
M. Leduc : Parfait. Je le
fais, je le fais.
M. Boulet : Non, non,
absolument.
M. Leduc : Parfait, merci. Je
bascule sur une décision qui est sortie cette semaine, qui m'a fait de la
peine, pour être bien franc avec vous, sur le dossier de la notion
d'établissement pour les scabs, les travailleurs illégaux de remplacement, en
bon français. Vous le savez, j'ai déposé un projet de loi, dans la dernière
législature, le no 992, qui visait à modifier le Code du travail afin
d'actualiser la notion d'établissement dans le cadre de l'application des
dispositions relatives aux briseurs de grève. À l'époque, vous vous êtes
opposé, vous n'avez pas retenu l'idée de ce projet de loi là, en disant :
Il y a déjà une décision sur le dossier CRH à Joliette, qui, à partir d'une
lecture... une nouvelle jurisprudence, dans le fond, élargissait la notion
d'établissement. C'était une bonne nouvelle, mais moi, je disais : Il faut
le sceller, ça, il faut faire un projet de loi pour arrêter ça. Vous avez
dit : Non, non, les tribunaux, ça va être correct. Mais là, ils viennent
de perdre, en fait, en Cour supérieure. La Cour supérieure a cassé ce
jugement-là. Est-ce que vous regrettez un peu de ne pas avoir agi? Ça aurait pu
régler ce dossier-là. Et êtes-vous, donc, intéressé à ce qu'on revienne avec un
projet de loi pour sceller cette question-là?
M. Boulet : Je vais donner la
réponse la plus claire possible. Je ne regrette pas, à ce stade-ci, parce que
la décision de la Cour supérieure, du juge Collin, que j'ai lue, a été portée
en appel. Et mon opinion demeure celle que j'avais exprimée suite à la décision
du Tribunal administratif du travail, là, le juge juge Morand. Moi, j'avais lu
cette décision-là, puis il actualisait la notion d'établissement en tenant
compte de l'accroissement du télétravail. Et j'avais exprimé un accord, même
si... j'avais exprimé un accord avec la motivation de la décision du TAT.
J'ai été, j'avoue, un peu étonné de la
décision de la Cour supérieure, mais satisfait qu'elle soit portée en appel.
C'est le plus loin où je pourrais aller, parce que je vais respecter le
processus judiciaire, la Cour d'appel aura à s'exprimer. Puis vous savez que
c'était un processus en révision judiciaire, puis il y a deux concepts
là : est ce que la décision du temps était raisonnable ou correcte? Ils
ont utilisé le test de la décision raisonnable plutôt que le test de la
décision correcte, et ça m'a encore plus étonné qu'on en vienne à la conclusion
que c'est déraisonnable, puis... Je ne sais pas, vous avez lu la décision?
M. Leduc : Mais, M. le
ministre, on va-tu attendre d'aller jusqu'en Cour suprême? Parce qu'après ça il
y a la Cour d'appel, puis après la Cour d'appel, il y a la Cour suprême, on
peut se magasiner un autre six, sept ans, là, de procédures judiciaires, tandis
que si on adoptait un projet de loi très clair qui, sur le fond, reprend exactement
l'accord que vous aviez donné à la décision précédente, on pourrait régler ça
en deux temps, trois mouvements, là.
M. Boulet : C'est une option,
puis moi, je n'exclus rien à ce stade-ci. Ceci dit, je le répète, mon opinion,
je l'avais déjà exprimée. Là, je vais faire preuve de réserve, là, parce que la
décision de la Cour supérieure est portée en appel, mais, pour moi, dans le
contexte des dispositions de 109.1 et suivants du Code du travail qui prohibent
l'utilisation de travailleurs de remplacement ou de briseurs de grève, le
télétravail ou la télétravailleuse devrait faire partie.
M. Leduc : Tout à fait. Ça
qu'on pourrait même, dans le cadre du projet de loi n° 19, rajouter une petite
référence à ça.
M. Boulet : Non, parce que ce
n'est pas l'objet du projet de loi.
M. Leduc : Avec le
consentement, tout est possible, M. le ministre.
M. Boulet : Mais il n'y aura
pas de consentement.
M. Leduc : On l'a déjà fait
dans le passé sur d'autres sujets.
M. Boulet : On a des
objectifs complètement différents. C'est un projet de loi qui s'intéresse à la
sécurité des enfants et à la réussite éducative...
M. Leduc : Oui, bien sûr.
M. Boulet : ...mais je
comprends très bien.
M. Leduc : Donc, pas dans le
projet 19.
• (15 heures) •
M. Boulet : Mais je n'exclus
rien.
M. Leduc : O.K.. Je vais le
prendre.
M. Boulet : Mais pas dans le
cadre du projet de loi n° 19. À côté.
M. Leduc : Non, c'est ça. Ça,
vous aviez été très clair. Parfait.
M. Boulet : Guillaume, on se
comprend.
M. Leduc : Passons à un autre
sujet, M. le ministre. Vous savez, je vous ai écrit une lettre parce que
j'étais soucieux de ce qui se passait dans les entrepôts d'Amazon, notamment à
Montréal. Vous m'avez d'ailleurs répondu, je vous remercie. Vous m'avez dit,
là, notamment : Soyez assuré que la CNESST continue son travail sur le
terrain et prend les mesures nécessaires pour veiller à l'application des lois et
aux règlements dont elle a charge.
Sauf que, justement, dans le projet de loi n° 59,
dont on faisait référence tantôt, qui est devenu la loi 27, on a adopté un
article, l'article 15, je crois, qui disait ceci : «Lorsque les
travailleurs d'un établissement ne sont représentés par aucune association
accréditée — c'est le cas à l'échéant — les représentants
des travailleurs au sein du comité sont désignés par scrutin lors d'une
assemblée convoquée à cette fin par un travailleur de l'établissement.» Et là
ce qu'on vous a souligné, puis nous, on a mis la main sur un rapport
d'enquêteurs de la CNESST, c'est qu'il y a des comités, mais des comités bidons
de gens nommés par l'employeur, préexistants à la loi, souvent, qui ne font
rien. Et ce qui est troublant, M. le ministre, c'est que, dans le rapport de
l'enquêteur de la CNESST dont on a mis... on a eu vent, en fait, on n'a pas de
copie, on a eu vent, c'est qu'il se contente de dire, bien, qu'à l'avenir
l'entreprise devrait se conformer à la loi, mais il n'y a...
15 h (version non révisée)
M. Leduc : ...forme d'intervention
de prévue, il n'y a aucune forme de serrage de vis, si vous me permettez l'expression,
on fait confiance à l'employeur pour éventuellement faire une assemblée, alors
que visiblement ça ne respecte pas la loi en ce moment. Est-ce que ce n'est pas
quelque chose qui vous inquiète?
M. Boulet : Oui, si ce que
vous dites est juste, oui. Parce qu'on ne fera pas un rapport d'enquête pour
dire : Il devrait ou... faire une déclaration de la nature de celle que
vous soumettez. Mais je rappellerai que, dans Amazon, on a fait des
interventions diligentes. Il y a eu quand même une vingtaine de plaintes. Puis,
le 31 mars, le Comité des travailleurs et travailleuses d'Amazon, via le
Centre des travailleurs, travailleuses immigrants, ont rencontré la direction d'Amazon
en rapport avec la situation qui avait été dénoncée par Radio-Canada. Mais,
quand on fait une enquête, ce n'est pas juste dire : Il y a eu ça puis ça.
Il faut que les lois soient respectées. Si on fait une enquête... Puis, encore
une fois, dans la mesure où ce que vous dites est juste, moi, je pense que la
CNESST étant présente, notamment par le biais de sa présidente-directrice
générale, va s'assurer de faire les nuances qui s'imposent, mais, s'il y a des
suivis...
M. Leduc : Si on vous
communique le dossier... Si on vous communique le dossier, on peut s'attendre à
ce qu'il y ait de l'action?
M. Boulet : Absolument.
M. Leduc : Parfait. On fera
ça.
M. Boulet : Parce que la prévention,
là, des accidents de travail, ça s'applique à tous les travailleurs. Puis les
mécanismes de participation, c'est le même raisonnement.
M. Leduc : Tout à fait. C'était
une avancée du projet de loi que j'avais salué, d'ailleurs. Combien de temps, Mme
la Présidente?
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Il
vous reste deux minutes.
M. Leduc : Deux minutes. J'aimerais
rester sur le thème mais peut-être m'adresser à Madame Oudar, si vous me le
permettez, M. le ministre, en lien avec l'application, donc, du nouveau
règlement de prévention sur les lieux non syndiqués. Je reçois des échos de
gens, notamment dans le milieu du travail, qui s'inquiètent de l'application de
ça ou de la potentielle non-application ou à peu près non-application de ça. Il
n'y a pas de collecte de données à notre connaissance qui est faite, en ce
moment, de la part de la CNESST. Vous me corrigerez si ce n'est pas le cas,
madame Oudar. Et ça nous inquiète, ça m'inquiète parce que, dans le projet de
loi, on avait décidé de faire un bilan, hein, après cinq ans d'exercice. Et là
on se pose la question, là, ça fait déjà à peu près un an et des poussières qu'on
roule avec ça. Comment on va faire le bilan de l'application dans le milieu non
syndiqué si on ne collecte pas des données au moment où on se parle? J'aimerais
ça si vous pouviez un peu nous éclairer, Mme Oudar.
M. Boulet : Moi, je consens à
ce que Mme Oudar réponde à ça spécifiquement, parce qu'il y en a de la collecte
de données.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci,
M. le ministre.
M. Boulet : Mais je vais
laisser Mme Oudar compléter ce que je viens de dire.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci
beaucoup. Est-ce que les membres consentent à ce que Madame prenne la parole?
Des voix : ...
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci
beaucoup. Alors, s'il vous plaît, vous identifier.
Mme Oudar (Manuelle) : Bonjour.
Manuelle Oudar, P.D.G. de la CNESST. Effectivement, un article dans la loi, l'article 167.3,
au regard des travailleurs non représentés, comme le couvre effectivement la
question, bien, la nouvelle loi, la loi 59, prévoit des mesures de soutien
pour les travailleurs non représentés par une association accréditée. Alors,
nous, on a fait certaines interventions. On a un programme aussi qu'on a déjà
parti, là, au niveau d'intervention. On a fait certaines interventions pour
rejoindre ces travailleurs de façon plus spécifique. Et on a, bon, beaucoup d'informations
aussi sur notre site web, là, qui est quand même très visité.
M. Boulet : ...demande si on
collecte des données pour le rapport de mise en application dans cinq ans.
Mme Oudar (Manuelle) : C'est
certain qu'on a une... une autre obligation que dans la loi, qu'on travaille aussi
avec le ministère du Travail sur le rapport quinquennal, si votre question pose
aussi l'élément pour dans cinq ans, le rapport quinquennal qui sera déposé à l'Assemblée.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci
beaucoup. Merci. Alors, je suis maintenant prête à reconnaître une deuxième
intervention de l'opposition officielle pour un deuxième bloc d'échanges.
Alors, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à vous.
Mme Cadet : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. M. le ministre, donc, j'aimerais revenir sur la situation des
pompiers. Je... Bon, je comprends, donc, le comité scientifique sur les
maladies professionnelles, donc, doit se former, mais... Et je vous entends
aussi, là, quand vous dites que, bon, précédemment, donc, aucune de ces
maladies professionnelles n'était reconnue, qu'il y a une ouverture à au moins,
donc, s'approcher, donc, des 19 que l'on reconnaît en Ontario. Qu'est-ce que
vous répondez, donc, aux pompiers, aux familles de pompiers qui attendent, qui
attendent, donc, depuis plusieurs années puis qui se disent qu'il y a une
disparité qui subsiste malgré les dernières avancées, parce qu'elles... elles
sentent... elles sentent la disparité avec l'Ontario?
M. Boulet : Je réponds qu'on
a fait une avancée majeure, parce que, pendant 40 ans, il n'y avait aucun
cancer pour les pompiers combattants, alors que, dorénavant, nous avons neuf
cancers associés au travail des pompiers combattants. Puis je profite de l'occasion
pour dire que c'est des...
M. Boulet : ...personnes qui
rendent un service tellement fondamental pour assurer la sécurité de notre
population, et ça, moi, je les remercie constamment. Quand je parle avec des
pompiers, je leur mentionne... ce que je dis, c'est que l'avantage, en plus
d'avoir un règlement, c'est qu'il est évolutif. Il va s'adapter à l'évolution
des connaissances. On a mis les neuf, mais avec une ouverture à en rajouter en
tenant compte du consensus scientifique international.
Dernier commentaire si vous me le
permettez, ce n'est pas parce que ce n'est pas dans la liste des maladies
professionnelles présumées qu'un pompier ne peut pas faire une réclamation
parce qu'il a contracté un cancer. S'il est en mesure avec un expert de faire
la preuve d'un lien de causalité entre la nature de son travail et le
diagnostic posé, il va avoir une réclamation acceptée et bénéficier des
indemnités de remplacement de revenu versées par la CNESST. C'est comme ça que
je réagis. On s'est donné, au-delà des neuf, des outils permettant de s'adapter
et d'évoluer.
Mme Cadet : Vous conviendrez
avec moi que le processus que vous venez décrire est beaucoup plus lourd pour
le pompier et pour ses proches. Donc, on est quand même dans une situation
aussi... S'il s'agissait donc d'une maladie présumée, donc ce serait beaucoup
plus facile, donc, pour le pour le pompier d'être en mesure, donc, de faire, de
faire reconnaître la maladie professionnelle.
Et en ce qui a trait donc au comité, donc,
quand est ce qu'il va commencer à se rencontrer?
M. Boulet : Excusez-moi, je
n'ai pas compris la fin de votre question.
Mme Cadet : Bien, d'une part,
donc je le disais, donc, vous conviendrez avec moi que le processus que vous
venez de décrire est beaucoup plus lourd, donc, quand on n'est pas reconnu,
donc il doit faire la preuve. Donc, il y a quand même, donc, un fardeau
financier pour le pompier, pour sa famille.
M. Boulet : C'est
intéressant. Si vous aviez bénéficié de notre commission parlementaire, une
autre addition à notre loi santé, sécurité, c'est qu'on a créé un Comité des
maladies professionnelles oncologiques qui est sur la voie d'être effectif et
qui va pouvoir accompagner les pompiers qui, par exemple, ont un cancer qui
n'est pas dans la liste des neuf maladies professionnelles présumées. Donc, on
a une structure dans la loi qui va nous permettre de répondre aux besoins des
pompiers, tant au plan humain que juridique.
Mme Cadet : Merci. Quand
est-ce que le comité scientifique sur les maladies professionnelles va
commencer à se réunir?
M. Boulet : D'ici les
prochains mois. C'est un travail intense de recruter les bonnes personnes pour
s'assurer que notre règlement soit respectueux de l'évolution de la science
médicale, mais d'ici quelques mois, je vous assure.
Mme Cadet : Merci, M. le
ministre. L'actualité récente fait aussi état de telles situations qui sont
absolument tragiques, donc, soit les hommes, les accidents et surtout les décès
des signaleurs routiers. Je comprends que c'est transversal et que ça ne
concerne pas que vous, M. le ministre, mais on voit quand même que les
statistiques d'accidents qui impliquent des signaleurs routiers, donc, ne
cessent d'augmenter, et on en avait plus de 200 en 2022, il y a eu 19 accidents
de signaleurs, si je... pardon, neuf décès de signaleurs, si je ne me trompe
pas. Comment est-ce que vous comptez renforcer la protection des signaleurs
routiers à court terme?
• (15 h 10) •
M. Boulet : C'est une
excellente question. Encore une fois, souvenez-vous, les signaleurs routiers
nous ont demandé d'être considérés comme étant exclus du décret des agents de
sécurité parce que c'est devenu une profession en soi d'être un signaleur
routier. Puis, encore une fois, je profite de l'occasion pour les remercier de
leur travail, puis je sais qu'ils mettent à risque leur santé et leur sécurité
et on est allé dans cette direction-là. J'ai travaillé beaucoup avec les
signaleurs routiers, puis avec M. Lemieux du Syndicat des Métallos qui le
souhaitait ardemment. On a fait un suivi, et le décret concernant les
signaleurs routiers, bon, j'ai fait des entrevues il y a peut être un mois et
demi, deux mois, mais il a été adopté, et ça va permettre la
professionnalisation de ce travail-là et de s'assurer que les parties avec un
comité paritaire, là, parce que c'est un décret de convention collective,
permettent qu'on identifie les risques qui sont vraiment inhérents et
spécifiques à ce travail-là de signaleur routier.
Mme Cadet : Merci. Je reviendrai,
à mon tour, sur le projet de loi n° 19. Donc, vous conviendrez que vous
également à titre de porte-parole jeunesse, il y a certains aspects que nous
avons élaborés, là, lors de leur des consultations particulières donc qui
m'interpellent. Lors des consultations, donc, entre plusieurs intervenants ont
souligné l'importance d'offrir de la formation aux jeunes...
Mme Cadet : ...matière de
droit du travail, on a parlé des initiatives de l'Escouade de prévention
jeunesse et Kinga qui font partie, donc, de la... du Plan d'action de la
jeunesse. M. le ministre, vous avez vous-même vanté à plusieurs reprises, donc,
les mérites de ce programme. Le rapport annuel de la CNESST indique qu'en 2021,
donc, 447 écoles avaient participé au programme et 124 703 jeunes
avaient été sensibilisés, on est manifestement toujours sur la thématique des
chiffres, donc pour Kinga, on a ces chiffres-là, mais pour l'Escouade de
prévention jeunesse, il n'y a aucune information qui a pu nous être transmise, donc
est-ce que vous êtes en mesure, donc, d'élaborer là-dessus, puis nous dire,
donc, quelles étaient les cibles pour l'année 2022, et si elles ont été
atteintes?
M. Boulet : Oui. Bon, pour le
programme éducatif Prévention jeunesse, Il y a eu plus de 2 000 inscriptions
puis dans près de 600 écoles primaires et secondaires. Donc, c'est les
chiffres que je peux vous donner. Mais c'est intéressant ce que vous dites,
hein, les 124 000 puis les 447 écoles, il faut travailler beaucoup la
formation en amont, tu sais, ce n'est pas... ce n'est pas quand tu commences à
travailler, ce n'est pas quand tu avances dans ton cheminement académique que
tu dois être informé de tes droits puis de ce que le marché de l'emploi offre.
Les normes, la santé-sécurité, c'est important, puis on aura en commission
parlementaire quand on fera l'étude détaillée, article par article, on aura
l'opportunité de discuter de tout ce que la CNESST déploie pour sensibiliser,
informer puis former parce que ça, c'est fondamental.
Mme Cadet : Définitivement,
on en a... on en aura l'occasion, puis vous m'avez manifestement entendu
abondamment parler de formation lorsqu'on a rencontré les intervenants lors des
consultations particulières, donc on a... on en aura l'occasion. Pour ce qui
est des mesures, donc, est-ce qu'il y a des mécanismes de vérification de
l'efficacité de ces programmes de prévention qui sont en place?
M. Boulet : Mon Dieu, à ce
stade-ci, je ne suis pas en mesure de m'exprimer sur l'efficacité, mais je suis
quand même convaincu qu'un jeune bien informé, soucieux de l'importance de se
protéger, parce que souvenez-vous que l'article 49, qui est le pendant de
l'article 51 de la Loi santé, sécurité, demande aux travailleurs de
s'assurer d'être dans un environnement de travail qui est sécuritaire et de
prendre les mesures qui s'imposent pour le dire puis porter les équipements de
protection individuelle. Oui, je suis convaincue qu'au-delà de l'aspect légal,
il y a un impact qui est positif. Je suis quand même fortement inquiété par
l'augmentation du nombre de lésions professionnelles, tu sais, c'est
680 %, là, quand on considère 2022. Quand on a soumis le projet de loi,
c'était 540 %, mais de 2017 à 2022, c'est 640 %. Puis chez les
16 ans et moins, c'est 80 %, c'est quand même majeur, ça fait que ça,
ça me préoccupe, ça, ça remet l'accent sur l'importance, puis vous le dites
bien, de s'assurer que l'on comprenne bien nos droits puis nos bénéfices en
matière de santé-sécurité, puis c'est ce qu'on a fait d'ailleurs pour les programmes
de prévention puis les plans d'action, les employeurs vont devoir identifier
les risques puis les représentants en santé-sécurité puis pour les plus petites
entreprises, les agents de liaison vont pouvoir faire des recommandations sur
des tâches qui sont incompatibles avec le développement socioaffectif ou le...
La Présidente (Mme Boivin Roy) : En
terminant, M. le ministre.
M. Boulet : ...les capacités
morales et physiques des jeunes. Merci. Excusez-moi.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci.
Mme Cadet : Merci. C'est
effectivement une préoccupation partagée autour de cette table. Est-ce qu'il y
a des rapports de reddition de comptes qui ont été déposés auprès du ministère
par la CNESST sur les initiatives jeunesse?
M. Boulet : Oui, il y a
des... Tout à fait, je peux...
Mme Cadet : Est-ce que c'est
possible de les déposer en commission?
M. Boulet : Vous voulez dire
des rapports sur les campagnes sur les initiatives jeunesse? Moi, je pense qu'on
peut vous transmettre, oui, puis on pourrait les déposer, un inventaire des
initiatives et de ce que... des résultats. Les chiffres oui, on pourra déposer
ça.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Alors,
M. le ministre, vous vous engagez à transmettre l'information qui est demandée
au secrétariat de la Commission?
M. Boulet : Oui, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci
beaucoup.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Toujours au niveau du volet jeunesse, le chapeau jeunesse, je
remarque que la CNESST a payé 38 227 $ pour une consultation des
utilisateurs sur l'appréciation du site Web volet jeunesse, il y a eu aussi
donc des post-tests de la...
Mme Cadet : ...la campagne
ciblant la clientèle jeunesse. Est-ce qu'on peut déposer les résultats de ces
sondages-là aussi en commission?
M. Boulet : Tout à fait, Mme
la Présidente, on pourra déposer les résultats du sondage.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Alors donc, l'information demandée sera déposée au
secrétariat de la commission.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Je pense que ça nous permettra également d'avoir une appréciation,
parce que, bon, si on fait une petite parenthèse, là, sur le projet de loi n°
19, on a également, donc, parlé, donc, du fait de faciliter le processus de
plainte, là, chez les jeunes travailleurs, donc avoir une idée de leur
appréciation de ce qui se fait précisément à leur endroit devrait nous être
utile.
Encore une fois, sous le chapeau jeunesse,
au niveau de la gouvernance, la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État
permet à la CNESST d'échapper à la norme de nomination d'au moins un jeune
membre de moins de 35 ans, de 35 ans et moins, plutôt, sur ses instances. Mais
cependant, on vient de nommer, on le nomme abondamment également, donc, dans le
cadre du projet de loi n° 19. Donc, la CNESST, donc, prend des décisions qui
ont des répercussions sur les jeunes travailleurs. Donc, comment est-ce que
vous justifiez l'exclusion de la CNESST à cette législation?
M. Boulet : Dans le Comité
consultatif sur les normes du travail, on a une personne en bas de 35 ans. Sur
le C.A., non, mais c'est un objectif que je partage avec vous qu'il y ait
éventuellement, puis dans les meilleurs délais possible, une personne en bas de
35 ans pour refléter, pour représenter les sensibilités puis les préoccupations
des jeunes. C'est un excellent point.
Mme Cadet : Est-ce que vous
vous engagez, donc, à ce que... à assujettir la CNESST à l'article 3.6 de la
Loi sur la gouvernance des sociétés d'État?
M. Boulet : Non, je ne
m'engage à rien. Je m'engage à reconnaître la légitimité d'un objectif et à
faire ce que je viens de vous mentionner, qu'on essaie d'identifier une
personne de moins de 35 ans et qu'on puisse la nommer, idéalement dans les
meilleurs délais.
Mme Cadet : Merci. En août
2022, la Loi visant à assurer la protection des stagiaires en milieu de travail
est entrée en vigueur, donc vous comprendrez qu'on est toujours sous le chapeau
jeunesse, bon. Vous savez mieux que moi, donc, que la loi, donc, vise à
accorder, donc, certains droits aux stagiaires et leur octroie la possibilité
de bénéficier de certains recours. Combien de plaintes pour pratique interdite
ou harcèlement ont été déposées à la CNESST depuis l'entrée en vigueur de la
loi?
M. Boulet : Excusez-moi, je
n'ai pas compris la fin.
Mme Cadet : Oui... variations
sur le même thème, M. le ministre, on est toujours dans les chiffres. Donc,
j'aimerais...
M. Boulet : Combien il y en
a?
Mme Cadet : Voilà. Des
plaintes ont été déposées.
M. Boulet : Le nombre de
plaintes ou le nombre de personnes couvertes par la loi?
Mme Cadet : Bien, je vais
prendre les deux réponses, M. le ministre.
M. Boulet : O.K. En 2022,
cinq plaintes, en 2023, deux plaintes. Et quand on a présenté la loi, ça
concernait à peu près 195 000 stagiaires dans tous les secteurs : santé,
éducation, services sociaux. Des stages qui sont sous la supervision
d'établissements d'enseignement universitaires, collégiaux, secondaires. Et,
encore une fois, c'était une avancée que je pense que tous avaient considérée
comme étant considérable, et ça confère des droits de... des droits à des
congés, à certaines normes du travail, même des absences de plus longue durée,
un devoir d'accommodement des employeurs, une protection contre le harcèlement
psychologique ou sexuel. Puis, dans les plaintes, je n'irai pas dans les détails,
là, mais il y en a qui peuvent concerner le harcèlement aussi.
• (15 h 20) •
Mme Cadet : Et donc ces
plaintes ont été jugées recevables?
M. Boulet : Je ne sais pas à
quel stade elles sont, les plaintes, les cinq puis les deux, là, je ne sais pas
si je peux avoir l'information rapidement.
Une voix : ...
M. Boulet : Donc, il y en a
trois qui sont fermées et il y a eu un règlement.
Mme Cadet : Merci. Et juste
rapidement aussi, donc... bien comprendre l'application de la loi et voir
comment elle est mise en œuvre, en fait, dans la réalité, donc, on sait que la
plainte peut être déposée au nom du stagiaire qui consent par un OBNL de
défense des droits des étudiants ou une association. Donc, est-ce que vous avez
une idée, donc, des plaintes qui ont été déposées par ces associations versus
par les étudiants eux-mêmes?
M. Boulet : Ces sept
plaintes-là... Un instant.
Des voix : ...
M. Boulet : Je n'ai pas
l'information qui est considérée et...
M. Boulet : ...confidentiel à
ce stade-ci, là.
Mme Cadet : Parfait. Merci.
Aucun problème, M. le ministre.
M. Boulet : Et c'est demandé
par les plaignants ou plaignantes.
Mme Cadet : Parfait. Merci.
Il n'y a aucun problème, M. le ministre. Je me tournerais vers l'enjeu de
main-d'œuvre. Dans le rapport de la Commission des partenaires du marché du
travail, donc on le sait, on dit que les difficultés de recrutement, hormis le
manque de main-d'œuvre, y compris au sein de professions qui sont en équilibre
du marché du travail, donc peuvent être liées aux conditions de travail. Vous
étiez, donc, titulaire du poste, donc j'imagine que vous avez pleinement
conscience de ce dont je parle ici. Donc, est-ce que cet enjeu des conditions
de travail, comme frein au recrutement, est une préoccupation pour vous?
M. Boulet : Oui, je l'ai
répété à plusieurs reprises et encore aujourd'hui. Les conditions de travail...
puis il n'y a pas que le salaire.
Mme Cadet : Exactement. Il y
a les conditions salariales et les conditions.
M. Boulet : Il y a les
avantages sociaux, régimes de retraite, assurances collectives, le bien-être
général au travail, la conciliation travail-famille, le télétravail peuvent
être des atouts pour permettre de recruter et de retenir aussi, parce qu'il n'y
a pas que le recrutement, et toute la littérature, pas qu'au Québec, mais
ailleurs, le confirme. Puis il y a eu des sondages, même ici, au Québec, et
76 %, je pense, des employeurs reconnaissaient que les conditions de
travail, encore une fois, pas que le salaire, étaient un atout pour le
recrutement, particulièrement des jeunes travailleurs et travailleuses. Et ça,
j'y crois sincèrement.
Mme Cadet : Au niveau
maintenant du recrutement dans le secteur de la construction, on le sait, donc
elle fait face à d'énormes défis, là, puis fait partie de l'Opération
main-d'œuvre dont vous avez parlé ce matin en période de questions. En novembre
2021, vous vous êtes donné cinq ans pour atteindre le chiffre de 55 000
nouveaux travailleurs dans le secteur. Quel est l'état de progression de ce
chiffre?
M. Boulet : Ça va superbien.
Bon, je suis en contact assez fréquent avec la Commission de la construction du
Québec et on atteint nos cibles de 11 000 par année de nouvelles entrées dans
le marché de la construction et on met un accent aussi particulier sur les
femmes, les personnes immigrantes et les personnes issues des communautés
autochtones et inuites. Et les femmes, puisque vous m'en avez parlé tout à
l'heure, souvenez-vous qu'un rapport de la Commission démontrait que 53 %
des femmes abandonnaient ce secteur-là au cours d'une période de cinq ans. On a
à peu près 3,6 % des travailleuses, bon, comme je mentionnais un peu plus
tôt, qui sont des femmes. Les personnes immigrantes, même quand on se compare,
il faut travailler à la reconnaissance des compétences pour permettre au
charpentier menuisier de la Tunisie ou à la peintre de la Colombie ou
l'Ukrainien ou l'Ukrainienne qui vient au Québec et qui a une expérience dans
le secteur de la construction d'être reconnue et qu'on puisse les accompagner
dans leur intégration. Puis donc on atteint nos cibles puis on fait des
activités de perfectionnement, là, quand les personnes n'ont pas les
certificats de compétence, là. Mais on s'assure que la formation soit requise
pour assurer la qualité de la construction et la sécurité des personnes aussi.
Mme Cadet : Et au niveau de
l'entente Québec-France sur la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles, combien d'autorisations légales d'exercées ont été délivrées
au 31 décembre 2022 dans le secteur des métiers de la construction, là?
M. Boulet : Je pourrais
obtenir l'information puis la transmettre. Je ne suis pas en mesure de
répondre.
Mme Cadet : Parce qu'on sait
que dans les années... dans les quatre années précédentes, il n'y a pas eu
énormément de chiffres à ce niveau-là pour l'ensemble des travailleurs, là, qui
ont été reçus par le biais de cette entente là. Il y a énormément de
professions couvertes, là, mais pour ce qui est des métiers de la construction,
c'est très peu, là, considérant le fait que c'est un secteur névralgique qui
fait partie de l'Opération main-d'œuvre. Je vous demandais pourquoi cet
outil-là n'avait pas été utilisé dans les années précédentes. J'ai les chiffres
au 31 décembre 2021, mais pas pour le dernier exercice.
M. Boulet : Mais en même
temps, avec le ministère de l'Immigration, on fait des missions de recrutement
international. On appelle ça les Journées Québec en France. J'ai eu
l'opportunité, à ma deuxième année du premier mandat, d'y être et il y avait
des applications, parce que le Québec est extrêmement attrayant pour les
Français. Et là on a un projet pilote avec la Commission de la construction du
Québec, ce n'est pas la France, mais avec le Maroc. Il y a 70 travailleurs
qui ont déjà été recrutés, auxquels on devrait remettre un certificat de
compétence apprenti dans les prochaines semaines. Donc, on est très actif sur
le recrutement à l'échelle internationale. Mais combien de certificats de
reconnaissance pour des travailleurs, travailleuses...
M. Boulet : ...travailleuses
provenant de la France, ça, il faudrait vérifier avec le ministère de l'Immigration
puis obtenir la réponse, là. Je serais... Je ne suis pas en mesure de répondre
à ça.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci,
M. le ministre. Alors, Mme la députée, est-ce que vous souhaitez avoir
l'information demandée?
Mme Cadet : Oui, je souhaite
avoir l'information demandée, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Parfait.
Alors, M. le ministre, est-ce que vous vous engagez à déposer l'information
demandée au secrétariat de la commission?
M. Boulet : Sous la réserve
de l'existence de cette information-là, j'aimerais ça qu'on demande au MIFI,
et, si cette information-là existe... parce que, là, je comprends qu'il y a le
MIFI, la Commission de la construction du Québec. Et, parfois, on n'a pas tous
les chiffres, là, puis on n'a peut-être pas les outils pour obtenir
l'information, mais, sous réserve de l'existence de l'information, oui, je
m'engage très bien.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Très
bien. Merci beaucoup. Mme la députée, votre temps est écoulé. Alors, je suis
maintenant prête à reconnaître pour une deuxième intervention, la deuxième
opposition pour un deuxième bloc d'échange. Alors, M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, la parole est à vous.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. M. le ministre, je vous ramène sur le PL 19 avec un angle
complètement différent cette fois-ci. Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion
de jeter un coup d'oeil sur le mémoire de l'UTTAM qui vous ont envoyé dans le
cadre du projet de loi n° 19 sur l'encadrement des enfants. Puis je vais
vous en lire une section pour qu'on ait tous à l'esprit, là, de quoi il
s'agit : «L'article 80 de la LATMP prévoit... Pour les travailleurs
et travailleuses inscrits à temps plein dans un établissement d'enseignement et
qui sont âgés de moins de 18 ans... une indemnité de remplacement du
revenu établie non pas sur la base d'un revenu brut annuel d'emploi ou du
salaire minimum en vigueur, mais fixé arbitrairement à 50 $ par semaine en
dollars de 1985. En 2023, cela correspond à un montant de 121 $ par
semaine.
«L'article 80 prévoit la possibilité
de retenir une indemnité plus élevée si l'enfant démontre avoir gagné au cours
des 12 mois qui précèdent son incapacité de travail, un revenu brut annuel
d'emploi le justifiant. Or beaucoup d'enfants, qui débutent un emploi, n'ont
pas une expérience de travail d'un an avant la survenance d'une lésion...
«Cette disposition, fixant l'indemnité
hebdomadaire à 121 $, s'applique d'office à toutes les travailleurs et
travailleuses assujettis à la fréquentation scolaire obligatoire au moment de
leur lésion. Elle s'applique aussi aux travailleurs, travailleuses de 16 ou de
17 ans inscrits aux études à temps plein. Jusqu'à ce qu'elles atteignent
l'âge de 18 ans, ces victimes de lésions professionnelles qui demeurent
incapables de travailler ne toucheront que ce montant de 121 $ par semaine
d'incapacité de travail.
«Un enfant fréquentant l'école à temps
plein et travaillant à 17 heures par semaine en période scolaire, tel que
prévu par le projet de loi n° 19, percevrait minimalement un salaire brut
de 259,25 $ par semaine, 17 fois 15,25 $ — le nouveau salaire
minimum. Une indemnité de remplacement de revenu correspondant à 90 % de
ce revenu net s'élèverait à 219,62 $ par semaine, soit près du double du
montant prévu par l'article 80.»
Est-ce qu'il n'y a pas lieu, là, de faire
une correction importante dans le projet de loi n° 19? Avez-vous pris
connaissance du mémoire de l'UTTAM?
M. Boulet : Je connais ce
point-là. Oui, on a pris connaissance du mémoire de l'UTTAM, et c'est dans
l'application de la LATMP, ce n'est pas dans le projet de loi n° 19 qu'on
va venir modifier la méthode de calcul de l'IRR. Mais, si ce que vous me
soumettez, puis si j'ai bien compris, parce qu'on aura en reparler, est
appliqué par automatisme, vous dites, c'est : 121 $ systématiquement
quand ils vont à l'école, moi, ça ne m'apparaît pas compatible avec le libellé
nécessairement de l'article 80. Mais je vais vérifier comment c'est
appliqué.
M. Leduc : Il semblerait que
c'est même sur le site de la CNESST, M. le ministre.
• (15 h 30) •
M. Leduc : ...vérifier puis
on...
M. Leduc : Puis, de toute
façon, on peut toujours rajouter des éléments dans un projet de loi, surtout si
ça touche la question des enfants, le consentement bien sûr.
M. Boulet : Bien, ce qui est
important pour moi, c'est qu'on respecte la loi telle quelle. Ce n'est pas
qu'on donne un montant systématiquement parce qu'il est à l'école, sous réserve
encore une fois du libellé. Parce que ce que je lis, et vous l'avez
mentionné : L'enfant peut démontrer à la CNESST qu'il a gagné, pendant les
12 mois qui précèdent la date de son incapacité, un revenu brut d'emploi,
justifiant une indemnité plus élevée. Donc, le projet de loi ne modifie pas
l'article 80. Et, s'il justifie un droit à une IRR plus élevée que le 121,
la CNESST ne peut pas décider de sa propre initiative de lui verser un montant
automatique.
M. Leduc : Bon. Alors, on
prépara peut-être un amendement puis on en discutera en étude détaillée. Je
vous amène sur un autre sujet complètement. Sur la question de la construction,
je m'inquiète du carnet de référence. Vous savez, c'est ça qui était supposé
être la solution au placement syndical. Il y a beaucoup de gens, là, dans le
milieu du travail qui l'accusent de sexisme systémique, ce carnet de référence
là. Les employeurs ne l'utilisent presque pas. Et on m'indique que la CCQ a un
système informatique complètement désuet au point où il ne serait même pas
capable de donner des informations de base aux acteurs du milieu. Et on le
sait, que la CCQ procède actuellement, au moment où on se parle, à une
modernisation de son système informatique, un sujet qui fait couler beaucoup
d'encre dans d'autres domaines gouvernementaux, vous en conviendrez. Je
voudrais savoir : Est-ce qu'on est en mesure de me dire quel est le coût
de la réforme du système...
15 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : ...et avec quelle
firme on fait affaire à la CCQ?
M. Boulet : Bien là, on a
demandé... oui, j'ai les coûts, là, mais... détaillés, là, mais il y a deux
choses. Pour le carnet de référence, on a un chantier où on travaille... la CCQ
travaille avec les employeurs et les syndicats pour voir à améliorer la façon
dont on utilise le carnet de références. Et pour les coûts de... c'est le
système Mistral qui vise à transformer de façon plus globale et de numériser
les opérations internes et externes de la CCQ. Je pense que j'ai... le contrat
au fournisseur qui est Gestion Deloitte, pour le... jusqu'au 1ᵉʳ janvier
2024 pour la phase deux, bien, il y a une valeur de 85 222 457,50 $. Puis,
de ce montant-là, il y a 30 330 772,17 $ qui a déjà été
dépensé.
M. Leduc : O.K. Vous allez
pouvoir nous le ventiler, peut-être par...
M. Boulet : Oui, ça peut être
ventilé.
M. Leduc : ...communication.
Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Alors,
juste un instant, M. le ministre, donc vous vous engagez à transmettre l'information
demandée au secrétariat de la Commission?
M. Boulet : Oui, on s'engage.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci
à vous.
M. Leduc : On se pose
beaucoup la question à savoir pourquoi il n'y a pas davantage d'efforts faits
dans la lutte au travail au noir. Parce que dans le milieu de la construction,
c'est quand même endémique. Puis on n'a pas l'impression que le gouvernement,
ou en tout cas, à la CCQ, on met beaucoup d'efforts là-dessus.
M. Boulet : Ah! Oui, au
contraire, il y a un comité tactique stratégique avec notamment Revenu Québec
et avec les autres organismes d'enquête. Je pense que la Sûreté du Québec...
mais il y a énormément d'énergie et de temps qui est consacré à la lutte au
travail au noir. Et la CCQ est maîtresse de ce chantier-là. Et c'est important
de rappeler que quand tu es un citoyen, puis tu es témoin d'un travail
effectué, mettons, sans licence, il va y avoir des enquêtes, là, mais... La
Régie du bâtiment en fait partie aussi, là, de ce comité-là, qu'on appelle
Accès actions concertés pour contrer les économies souterraines dans le secteur
de la construction. Les ministères sont là, la CCQ, la CNESST, le DPCP, le
ministère des Finances, le MTESS, la Régie du bâtiment puis Revenu Québec.
Donc, il y a beaucoup d'actions de sensibilisation et des interventions aussi.
M. Leduc : Sur le dossier du
télétravail. Télésurveillance. Cette semaine, on a vu la conclusion d'une
entente importante entre les fonctionnaires fédéraux et le gouvernement
fédéral. La question du télétravail était centrale dans le conflit et on
assiste aussi à une forme de... moi, ça me surprend, là, une contre-offensive
patronale sur le télétravail. La Chambre de commerce de Montréal qui dit :
Ça suffit, il ne faut pas que ça soit mis partout, puis il voulait que le
gouvernement fédéral résiste. Je suis surpris parce que vous et moi, on était d'accord
sur le principe qu'il fallait qu'il y ait de l'ouverture là-dessus. On n'était
pas d'accord sur le fait qu'il fallait l'encadrer ou pas. Là, ce qu'on va
constater de plus en plus, c'est qu'il y a certains travailleurs qui
bénéficient d'une protection syndicale et de l'outil syndical, qui sont capables
de l'obtenir. Et ceux qui ne l'auront pas, la protection syndicale, ils ne l'obtiendront
probablement pas parce que ce n'est pas dans les normes du travail. Il n'y a
pas lieu là de faire un chantier de réflexion, d'intégrer le télétravail dans
les normes du travail?
M. Boulet : Non, parce que ça
varie d'une organisation à l'autre. Pour moi, le télétravail, c'est un des
attributs essentiels du droit de direction d'un employeur. Mais comme vous le
savez, un droit de direction doit être exercé de façon raisonnable, sans abus,
sans discrimination puis de manière équitable. Moi, j'ai toujours encouragé les
employeurs à mettre en place une politique de télétravail, mais pas en vase
clos, après avoir dialogué avec les syndicats ou avec les travailleurs et
travailleuses en milieux non syndiqués.
Ce qui a été conclu avec Ottawa, puis je n'ai
pas lu la lettre d'intention, là, ou la lettre d'entente, c'est que ce sera
analysé. L'employeur va exercer son droit de direction après avoir discuté avec
la personne qui, si elle est insatisfaite, pourra présenter un grief. Et ça
revient à dire : Le droit de direction n'a pas été exercé de manière
raisonnable, et donc l'arbitre aura à décider si, en application de la
convention collective, c'est correct ou non.
M. Leduc : Sur, M. le
ministre, les clauses d'amnistie, c'est un sujet qui est très d'actualité, là,
les associations étudiantes parlent beaucoup de ça. Je pense que vous allez
être d'accord avec moi que c'est un dossier important, là, dans le dossier des
violences à caractère sexuel, notamment dans les campus. Je pense que vous
allez me rejoindre sur le fait qu'il faudrait que tout le monde se parle. Ça ne
peut pas se gérer au cas par cas...
M. Leduc : ...qu'il faut qu'il
y ait une orientation collective de concertation patronale et syndicale. J'ai
soumis un mandat d'initiative... une demande de mandat d'initiative pour
générer cette concertation-là. On devrait la traiter dans une semaine ou deux,
j'imagine. Est-ce qu'on peut compter sur votre ouverture et votre appui pour
qu'on procède avec ce mandat d'initiative?
M. Boulet : Je l'ai fait. Ma
collègue à l'Enseignement supérieur l'a fait. On en a discuté, ma collègue et
moi, puis les clauses d'amnistie... Moi, je considère qu'en matière d'agression
sexuelle ou de harcèlement sexuel en milieu de travail, particulièrement...
bien, je dis les universités... pas particulièrement, partout. Les clauses
d'amnistie, ça ne m'apparaît pas acceptable dans des cas...
M. Leduc : Donc, le mandat
d'initiative, il y a de l'ouverture?
M. Boulet : Bien, moi, je
dis : Il faut que... Non, je ne parle pas de mandat d'initiative.
M. Leduc : Mais moi, je vous
parle de ça, par exemple.
M. Boulet : Je pense que je
condamne. Il faut considérer inadmissibles ces clauses d'amnistie là.
Simplement rappeler que l'amnistie, c'est qu'on pardonne. Au-delà d'un certain
nombre d'années, dans le processus de gradation des sanctions disciplinaires,
on ne peut pas en tenir compte, mais ça...
M. Leduc : On fait ça à la
pièce? On ne fait pas une discussion concertée, tout le monde, là-dessus?
M. Boulet : Je ne me prononce
pas sur le mandat d'initiative. Puis ça a été soumis à l'attention de ma
collègue à l'Enseignement supérieur. Puis, par déférence, je la laisse donner
suite.
M. Leduc : Avec le temps qui
me reste, M. le ministre, pouvez-vous me parler un peu de l'avancement des
négociations sur le règlement permanent de la CNESST sur la prévention?
M. Boulet : Ça avance. Ce
n'est pas simple, on l'avait anticipé, mais tout se fait de manière raisonnée.
Et on a une leader au C.A., que nous avons nommée, qui est Louise Otis, qui
fait un travail exceptionnel, puis on a des personnes qui travaillent dans son
périmètre d'action et des personnes, dont le VP à la prévention, on a madame
Oudar, on a une personne qui est responsable d'un chantier...
La Présidente (Mme Boivin Roy) : En
terminant, M. le ministre.
M. Boulet : ...d'un comité
sur l'application de la loi modernisant le régime de santé et sécurité. Ça
avance et ça va se faire en temps opportun.
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci
beaucoup. Alors, M. le député, votre temps est écoulé. Nous aurions besoin de
prendre une suspension de cinq minutes. Alors, est-ce qu'on a le consentement
de tous pour une suspension de cinq minutes? Et, à ce moment-là, on imputerait
le temps sur le temps du gouvernement. Sinon, on va poursuivre les travaux pour
un cinq minutes.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Il
y a un consentement? Donc, il y a un consentement pour prendre une suspension
de cinq minutes? Merci. Alors, le temps sera imputé sur le temps du
gouvernement. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 39)
(Reprise à 15 h 44)
La Présidente (Mme Boivin
Roy) : ...M. le ministre... vous asseoir. Nous allons reprendre les
travaux... reconnaître une troisième intervention de l'opposition officielle
pour un troisième et dernier bloc d'échange. Alors, Mme la députée de Sauvé, la
parole est à vous pour 20 min 54 s
Mme Cadet : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, un dernier échange. Donc, j'aimerais
poursuivre, M. le Ministre, sur la question du secteur de la construction.
M. Boulet : ...
Mme Cadet : Comment?
M. Boulet : Le dernier
aujourd'hui.
Mme Cadet : Le
dernier... Exactement, le dernier échange aujourd'hui. Donc, dans le... Dans le
secteur, donc, évidemment, nous... Nous plaisantions hors micro avant le début
de ces périodes d'échange que nous allons avoir un automne très chargé parce
que vous allez nous faire travailler avec la réforme que vous nous avez
annoncée dans les médias et dans vos conférences. Donc vous avez abondamment
parlé de la polyvalence, là, du travail en construction, donc, de la
flexibilité et du décloisonnement des métiers. Et vous... Vous m'excuserez,
donc, si... si j'ai... j'ai peu pris connaissance, donc, d'un autre aspect,
mais j'aimerais peut-être plus vous entendre au niveau de la mobilité des
travailleurs en construction. Je vous ai peu entendu à ce sujet-là. Donc, au
niveau de la réforme qui s'en vient, donc, outre le décloisonnement, donc, à
l'intérieur de certaines familles de métiers que vous avez avancés sur la place
publique, comment vous percevez la problématique actuelle ou, donc, disons, au
niveau de la mobilité interrégionale des travailleurs en construction?
M. Boulet : C'est une
bonne question. Bon, comme vous le savez, j'étais à la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain puis j'étais content qu'une chambre de commerce serve de
forum pour discuter de modernisation du secteur de la construction. Puis il y
avait des représentants syndicaux ou des représentants patronaux, il y avait
beaucoup de personnes intéressées, mais il y a plusieurs thématiques. Puis j'ai
parlé de polyvalence qui donnerait plus de flexibilité, donc une réduction des
délais, une meilleure aussi employabilité pour les travailleurs, une diversité
de tâches puis qui engendrerait aussi des gains de productivité. J'ai parlé
aussi d'accès à l'industrie pour les femmes, les personnes immigrantes puis les
travailleurs/travailleuses issus des communautés autochtones, d'intégration de
nouvelles technologies, là, parce qu'il y a des entreprises qui utilisent des
robots quadrupèdes, des robots collaboratifs pour améliorer les... les façons
de faire, mais sans jamais oublier la formation qui est un incontournable.
Parce que j'ai mentionné que... Puis je...
M. Boulet : ...un article
assez extensif, là, dans la revue d'affaires de l'Université Harvard, puis les
entreprises qui intègrent des nouvelles technologies puis qui ne pensent pas à
rehausser les compétences des travailleurs, ils manquent leur coup. Puis même
un robot, ça a besoin d'être reprogrammé, ou réparé, ou supervisé, donc c'est
important.
La mobilité, je n'en ai pas parlé pour une
raison, c'est que c'est devant les tribunaux. Et donc, par respect pour le
processus judiciaire, je ne suis pas embarqué là-dedans. Mais c'est sûr que, et
vous connaissez peut-être la problématique, là, tu ne peux pas aller
travailler, partir de Trois-Rivières puis aller à Saint-Hyacinthe à moins
d'avoir fait 1 500 heures, à moins d'être considéré comme un
travailleur ou une travailleuse préférentielle, c'est sûr que ça me préoccupe.
Mais je suis attentif à ce qui se passe devant les tribunaux, ce qui
n'empêcherait pas... Parce que, vous le savez, en consultant les parties, on
peut trouver un terrain d'entente puis mettre fin aux procédures judiciaires
devant les tribunaux. Mais là, je suis ambitieux de dire ça, là. Mais, au
moins, on va en parler.
Mme Cadet : D'accord. Merci
beaucoup, M. le ministre. Puis au niveau... Vous venez, là, d'évoquer l'accès à
l'industrie, donc, pour des groupes qui sont sous-représentés dans le secteur.
De ce que je comprends, la CCQ ne collige pas elle-même, donc, les données en
matière de diversité, elle utilise les données de Statistique Canada à cet
effet. Donc, est-ce que, donc, à travers la réforme, puisqu'il y a un objectif
nommé d'attraction et de rétention des travailleurs sous-représentés, donc,
est-ce qu'il y aurait un arrimage avec la collection de données?
M. Boulet : Avec Statistique
Canada?
Mme Cadet : Bien, dans le
fond, là, en ce moment, donc, je comprends que, pour être en mesure de voir
quels sont les groupes, là, qui composent le secteur de la construction, donc,
il n'y a pas de collection de données qui est faite par la CCQ, c'est vraiment
à partir de données de Statistique Canada, donc, que le travail est fait. Donc,
est-ce qu'il y aurait un objectif de rapatrier cet élément-là à l'interne pour
mieux suivre la progression de l'objectif que vous nommez d'accès à
l'industrie?
M. Boulet : Comme je
mentionnais un peu plus tôt, on ne devait pas avoir des questions sur la
Commission de la construction du Québec. Ceci dit, si... dans l'hypothèse où il
n'y a pas de données pour faire un suivi puis qu'on se fie à ce que Statistique
Canada collige comme informations, je pense que la CCQ, avec le nouveau système
Mistral, va être en mesure de faire un suivi. Mais ils ont quand même soumis un
rapport sur... dans le contexte du programme d'accès à l'égalité des femmes, et
moi, ma compréhension, c'est qu'il y a un suivi du nombre et du pourcentage de
femmes qui intègrent l'industrie de la construction, puis les communautés
autochtones aussi, j'ai soumis un pourcentage, les personnes immigrantes, les
communautés visibles, là, les gens issus de la.... Et ça, je pense que la CCQ a
ces informations-là.
Maintenant, comment la CCQ les collige ou
les obtient? Ça, je ne suis pas en mesure de répondre adéquatement à ma...
Mme Cadet : Merci, M. le
ministre. De ce que je comprends en fait des réponses, celles qui ont été soumises
par votre ministère, là, c'est que les systèmes d'identification de la CCQ ne
permettent pas d'obtenir, donc...
M. Boulet : O.K.
• (15 h 50) •
Mme Cadet : ...cette
information. Donc, elles guident leurs actions en matière de diversité de la
main-d'oeuvre en utilisant les données gouvernementales, là, notamment celles
de Statistique Canada, donc.
M. Boulet : O.K.
Mme Cadet : C'est ce qui
alimentait, là, ma question, là, c'est ce qui était sous-jacent, donc, à ma
réflexion sur la collection de données.
M. Boulet : Mais oui, tout à
fait.
Mme Cadet : Maintenant, au
niveau de la Régie du bâtiment, on le sait, il manque d'inspecteurs. Il y a
plusieurs articles de presse qui nomment cette situation-là. Notamment, ça...
quand on compare les données québécoises avec celles des autres provinces,
nommément l'Alberta et l'Ontario, on voit qu'en Alberta, avec une population
qui est deux fois moindre, il y a cinq fois plus d'inspecteurs que le Québec
dans le domaine électrique, particulièrement, et en Ontario il y a
120 fois plus d'inspections qu'au Québec. Le chiffre exact, là, je l'ai
ici, là : 485 000 Inspections en Ontario; au Québec, 4 055,
donc, dans le domaine électrique. Comment est-ce que vous justifiez qu'il y ait
si peu d'inspections au Québec comparativement aux juridictions avoisinantes?
M. Boulet : Bon. Je
n'entrerai pas dans le contexte de la pénurie de main-d'oeuvre, mais il y a
beaucoup d'acteurs qui sont impliqués dans le système d'inspection au
Québec : il y a les villes, il y a la Régie du bâtiment... Est-ce que
construction... garantie de construction résidentielle... Les villes,
particulièrement, qui adoptent des codes de sécurité ou... pour l'inspection
des bâtiments ont des inspecteurs, des vérificateurs. Ça fait que c'est sûr
que, si on additionne les inspections faites par tous les partenaires...
M. Boulet : ...au Québec. Je
ne sais pas le chiffre auquel on arriverait. Ceci dit, vous m'avez entendu au
salon bleu ce matin, j'ai rencontré le président de l'Ordre des architectes, la
présidente de l'Ordre des ingénieurs. Je parle beaucoup avec la RBQ. Il faut
certainement revoir le modèle d'inspection au Québec. Puis ce n'est pas tout le
temps la RBQ qui a le mandat d'inspecter, la RBQ émet des licences pour les
entrepreneurs, elle a une mission particulière. Mais je suis préoccupé par les
missions parallèles de tous les inspecteurs. Puis la CCQ a des inspecteurs, la
commission de la CNESST a des inspecteurs. Ça fait qu'il faudrait additionner
l'ensemble des inspections, mais surtout de coordonner la façon dont on fait
des inspections. Puis moi, j'anticipe une politique-cadre éventuellement
d'inspection au Québec. Puis j'ai donné un mandat clair, d'ailleurs, à la Régie
du bâtiment, qui travaille beaucoup avec la Corporation des maîtres
électriciens puis la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie, ce
qu'on appelle les tuyauteurs pour s'assurer qu'il y a des inspections à des
étapes charnières de la construction puis faire intervenir, bien sûr, les
inspecteurs avant la fermeture des murs.
La Présidente (Mme Boivin Roy) :
En terminant, M. le ministre.
M. Boulet : Donc, il y a déjà
un dialogue qui est constructif puis qui va mener à une révision du modèle
d'inspection au Québec.
Mme Cadet : Merci, M. le
ministre. Justement, vous venez de nommer la Corporation des maîtres
électriciens du Québec. Elle indique vouloir devenir le chien de garde des
travaux dans son champ de compétence. Et selon le CMEQ, donc, ça lui
permettrait de faire passer de 4 055 à 38 749 — décidément,
on est vraiment dans les chiffres aujourd'hui, là — le nombre
d'inspections annuelles dans ce secteur-là. Donc, comment est-ce que vous
recevez la proposition de la CMEQ?
M. Boulet : Bien, c'est
certainement une proposition qui mérite d'être analysée. Mais il y a eu
d'ailleurs des échanges, tu sais, en novembre, en décembre, puis ça se
poursuit. Il y a une dizaine de partenaires, dont eux. Puis la définition des
objectifs puis les pistes de solutions, ce n'est pas encore complété. Mais moi,
j'anticipe, collègue, puis vous me connaissez quand même un peu, que ça puisse
se faire dans les meilleurs délais possibles, mais c'est quand même un chantier
d'envergure. Il ne serait-ce que par le nombre d'intervenants que par l'impact
que ça peut avoir sur la qualité des constructions au Québec et la sécurité des
personnes. On l'a vu dans Boisbriand puis dans le centre... dans le
Vieux-Montréal aussi récemment.
Mme Cadet : Merci. Toujours
dans le contexte de la RBQ, il y a, bon, des articles de presse, là, dont un
qui date quand même, mais qui rapportait donc un entrepreneur avec des
mauvaises créances a réussi à fermer boutique sans payer ses fournisseurs pour
ensuite partir une nouvelle compagnie en toute impunité. Donc, ici... donc
l'histoire de cet électricien qui a perdu 34 000 $ et un plombier qui
a perdu 60 000 $. L'article de journal titrait : Donc, un
entrepreneur se moque de la Régie du bâtiment. Ici, comment est-ce que...
qu'est-ce qui a été entrepris pour corriger ce type de situation là depuis la
parution de ces articles?
M. Boulet : Je ne connais pas
ce cas spécifique là, mais c'est sûr qu'un entrepreneur qui ferme boutique, ce
qu'on appelle un «fly by night», qui ne paie pas ses fournisseurs puis qui
réussit à ravoir une licence d'entrepreneur, puis se repartir, c'est de la
fraude. Est-ce que je le... Je sais que ce cas-là a été rapporté à la Régie du
bâtiment du Québec. Maintenant, le suivi, c'est qu'il y a eu, bon,
dénonciation, et là c'est un travail d'équipe qui a amorcé un processus
d'enquête et ça amènera éventuellement à des constats d'infraction, là.
Mme Cadet : Mais outre les...
donc l'enquête, donc, par rapport au cas spécifique, mais au niveau d'une
politique plus structurante pour s'assurer, là, que ça ne puisse pas se
reproduire.
M. Boulet : Bien, la RBQ fait
partie du comité tactique, là, auquel j'ai fait référence tout à l'heure pour
lutter contre l'évasion fiscale puis le travail au noir. Et c'est sûr qu'il y
en a, des fraudes, il y en a, des stratégies visant à camoufler des opérations
puis à voler ultimement, là, parce que c'est voler des fournisseurs. Il faut
les débusquer, il faut les dénoncer, il faut faire des plaintes. Évidemment, la
personne ou les personnes ne seront pas jugées avant enquête, mais après que le
processus d'enquête est terminé, il faut qu'il y ait de l'action.
Mme Cadet : Il y a aussi
quelques articles de presse, là, qui ont rapporté que des faux inspecteurs en
bâtiment, donc, tentent d'arnaquer la...
Mme Cadet : ...population
évidemment. Je sais que l'Office de la protection du consommateur est sur le
dossier, mais, à tout le moins un cas précis qui a été rapporté. Le présumé inspecteur,
donc, indique, là, avoir des partenariats avec la Régie du bâtiment. Donc,
est-ce qu'il y a une certaine préoccupation? En fait, j'imagine qu'il y a
certaines préoccupations par rapport à ce type de situation là au sein de la
régie.
M. Boulet : Ah! tout à fait,
oui.
Mme Cadet : Puis qu'est-ce
qui est fait? Bien, en fait, comment est-ce que la régie compte informer la
population de ces enjeux-là? Je sais que, bon, les médias, donc, permettent une
certaine information, là, mais est-ce qu'il y a... bon, je comprends que la
sensibilité, elle est là, mais est-ce qu'il y a des gestes qui seront posés
pour informer la population?
M. Boulet : Bon. Il y a
différentes phases, là, mais... Je pourrais vous détailler les actions de la
Régie du bâtiment, mais, pour informer la population, il y a quand même une
stratégie de communication, sensibilisation, information. La mission de la
Régie du bâtiment du Québec... Il y a eu des cas, là, documentés, là, le
Mont-Sainte-Anne, puis il y en a eu d'autres, là, qui ont été documentés sur
le...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Boivin Roy) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui. Ça va, oui?
Donc, de la sensibilisation à l'importance de détenir la licence, mais, tu
sais, chaque cas est particulier, là. Tu sais, le Mont-Sainte-Anne, il y avait
une responsabilité de l'exploitant puis du propriétaire de s'assurer d'avoir
des équipements totalement sécuritaires, mais il y a eu des interventions
diligentes, il y a eu des fermetures qui ont été ordonnées par la Régie du
bâtiment, des avis de non-conformité, il y a eu des corrections puis, après ça,
il y a eu réouverture. Mais ça, je pense que ces cas-là contribuent aussi à
informer la population sur le champ d'action de la RBQ.
Mme Cadet : Merci. Je me
tourne vers un conflit tout à fait délicat, dont vous êtes tout à fait au
courant, donc, le conflit au cimetière Notre-Dame-des-Neiges. On sait, donc,
qu'il y a des familles endeuillées en ce moment qui n'arrivent pas à enterrer
leurs proches ou qui n'arrivent pas à aller voir leurs proches une fois sous
terre. Elles sont au milieu d'un conflit absolument épouvantable qui paralyse
le cimetière parce qu'elles ne peuvent pas vivre leur deuil. Ici... Puis je
sais, là, que vous êtes sensible à cette situation-là. Comment est-ce que vous
voyez le conflit?
M. Boulet : Bon. Ça me
préoccupe énormément. J'ai d'ailleurs fait un tweet encore aujourd'hui. Tu
sais, il y en a qui me disaient : Ça devrait être considéré comme un
service essentiel. Puis, comme vous savez, dans notre premier mandat, on a
amendé le Code du travail pour dépolitiser la détermination de ce qu'est un
service essentiel. Maintenant, plutôt que de se faire par décret, c'est le
Tribunal administratif du travail qui doit déterminer si, en l'absence d'un
service, il y a une atteinte potentielle à la santé et sécurité de la
population.
• (16 heures) •
Et, dans le cas du cimetière, il y a eu
une décision en 2020, si je ne m'abuse, puis le tribunal a jugé que ce n'était
pas un service public et a aussi dit qu'en l'absence de service il n'y avait
pas d'atteinte à la santé et sécurité de la population. Ça, c'est des
considérations juridiques. Maintenant, les familles endeuillées ont des droits.
Les corps humains, les êtres humains ont droit d'être traités avec dignité,
même après la mort. C'est, bon, peut-être un peu philosophique, ce que je dis,
là, mais que des personnes... Tu sais, Patrick Lagacé avait documenté le cas
d'une mère qui est allée avec ses deux filles puis qui n'a pas pu aller se
recueillir dans le cimetière sur... puis c'était son autre petite fille qui
était décédée. Mais je trouvais ça, au plan humain, complètement inadmissible,
puis ça m'affectait, puis j'en ai parlé, d'ailleurs, j'ai fait une entrevue avec
M. Lagacé là-dessus. Là, ça a été réouvert à cause du verglas, puis il est
tombé des branches. Ils ne peuvent pas aller se recueillir, les familles
endeuillées ne peuvent pas aller se recueillir. Et puis, comme ils n'enlèvent
pas les branches, bien, il y a des enjeux de sécurité, mais l'accumulation
des...
Je n'aime pas parler de ce dossier-là,
mais là j'ai nommé, il y a deux semaines, un... notre conciliateur-médiateur en
chef et j'anticipe que les deux conciliateurs-médiateurs qui sont là vont
mettre une pression, respectueuse de la volonté des parties, mais je rappelle
tout le temps aux parties qu'elles ont une obligation de négocier de bonne foi
et avec diligence. Et il faut mettre un terme, parce que, dans le cas des
employés de bureau, la convention est expirée depuis 2017...
16 h (version non révisée)
M. Boulet : ...puis, dans le
cas des mécaniciens, fossoyeurs et autres, depuis 2018. On s'entend tous ici
pour dire : Assez, c'est assez. Là, il faut trouver des solutions. Il faut
trouver un terrain d'entente. Puis j'invite les parties à accélérer les
pourparlers puis régler ça le plus... tu sais, au plus sacrant, là.
Mme Cadet : Quel est votre...
J'allais vous demander quel est votre seuil de tolérance par rapport au
conflit, mais je pense que vous venez de l'énoncer. Je me tournerais vers la
documentation demandée. Je reviens un petit peu, donc, sur les éléments
jeunesse. J'ai été étonnée de constater l'abandon des stagiaires par le
ministère du Travail. En 2021-2022, le ministère a accueilli 60 stagiaires, alors
qu'en 2022-2023 il y en a eu zéro, selon la documentation reçue. Est-ce qu'on
peut nous expliquer cet écart?
Des voix : ...
Mme Cadet : Ou est-ce que c'est
une erreur dans les chiffres?
M. Boulet : C'est parce
que... Oui, c'est probablement une... On...
Une voix : ...
M. Boulet : Ah! c'est les
chiffres du ministère du Travail, Emploi, Solidarité sociale, puis les
stagiaires devaient être soit à la Solidarité sociale ou à l'Emploi, mais, au
Travail, on n'avait pas de stagiaire.
Mme Cadet : Bien, est-ce que
vous comptez obtenir... recevoir des stagiaires au Travail?
M. Boulet : Bien, si besoin
en est. On va évaluer les besoins. Puis je pense que les gens qui sont dans mon
ministère sont tout à fait favorables à l'accueil de stagiaires pour répondre à
des besoins particuliers. D'ailleurs, ma sous-ministre qui est à ma gauche
était avec moi quand on a adopté et quand on a fait la commission parlementaire
sur la protection des stagiaires.
Mme Cadet : Merci.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Mme
la députée, il vous reste deux minutes pour votre dernière intervention.
Mme Cadet : Merci. Le rapport
Rebâtir la confiance, ici... Donc, quand est-ce que vous allez rendre public le
rapport?
M. Boulet : On va le rendre
public demain. Puis vous connaissez les trois expertes, hein? Rachel Cox, qui
nous avait inspirés dans la loi modernisant le régime de santé et sécurité pour
reconnaître l'impact de la violence familiale, conjugale et autres dans les
milieux de travail. Il y a Anne-Marie Laflamme, qui est doyenne de la faculté
de droit, puis il y a Dalia Fecteau, qui était à l'UQAM, qui est maintenant à l'Université
de Montréal. Un rapport extrêmement intéressant qui fait une analyse
approfondie de la cohésion et de l'efficacité des recours suite à du
harcèlement ou des agressions à caractère sexuel dans les milieux de travail.
Donc, je suis convaincu que vous allez être extrêmement intéressée par la
lecture de ce rapport-là puis les recommandations qui sont faites.
Mme Cadet : Merci, M. le
ministre. Et dernière question. Donc, il y avait 28 conciliateurs-médiateurs en
2021-2022. Donc, on a des chiffres à peu près similaires, mais les crédits
dédiés en 2021-2022 représentaient un peu plus de 4 millions, cette année, un
peu plus de 3,6 millions. Donc, qu'est-ce qui explique cette baisse?
M. Boulet : Bien, c'est sûr
que ça dépend du nombre de conflits de travail, des journées d'intervention
pour régler...
Une voix : ...
M. Boulet : ...les frais de
déplacement et tout ce que ça implique. Mais je vous dirais, il y a une...
industrielle relativement bonne au Québec. Ça fait qu'il n'y a pas... on n'est
pas dans une période d'ascension du nombre de conflits de travail, alors qu'on
aurait pu appréhender...
La Présidente (Mme Boivin Roy) : En
terminant.
M. Boulet : ...qu'il y en
avait plus, mais ce n'est pas le cas.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
M. le ministre.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci
beaucoup, M. le ministre.
M. Boulet : Merci.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Alors,
Mme la députée, votre temps est écoulé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Nous
allons maintenant écouter et reconnaître une première intervention, une seule,
en fait, intervention d'un membre du gouvernement. Alors, Mme la députée de
Huntingdon, la parole est à vous.
Mme Mallette : Merci, Mme la
Présidente. Bien, je suis heureuse de participer à l'étude des crédits de la
Commission de l'économie et du travail. J'en profite pour remercier le premier
ministre de m'avoir nommée adjointe gouvernementale au ministre du Travail. Je
remercie aussi ce dernier de m'avoir confié les responsabilités en lien avec la
modernisation de l'industrie de la construction. C'est pourquoi j'aimerais vous
poser une question en lien avec les acteurs et les actions qui expliquent la
progression des femmes dans les différents métiers de la construction.
Comme vous le savez, dans le cadre de mes
fonctions, j'ai eu la chance de faire des rencontres très intéressantes. À
travers celles-ci, on m'a fait part d'enjeux et préoccupations sur le travail
des femmes au sein de l'industrie de la construction. De façon constante,
depuis les premières enquêtes réalisées au milieu des années 1990 sur la
situation des femmes dans l'industrie de la construction, les données
recueillies...
Mme Mallette : ...par la
Commission de la construction du Québec, la CCQ démontre que ces dernières sont
fortement sous représentées dans la main-d'œuvre du secteur et qu'elles sont
surreprésentées parmi les travailleuses qui quittent l'industrie. La
discrimination et le harcèlement sexiste et sexuel constituent les deux
principaux motifs invoqués par les travailleuses. Les données compilées
annuellement par la CCQ démontrent que le problème des abandons freine
considérablement la croissance du taux de représentativité des femmes dans
l'industrie, malgré la croissance de leur proportion parmi les nouvelles
entrées de travailleuses et travailleurs.
En 2022, des 27 139 entreprises de la
construction, seulement 16 % de ces dernières ont engagé au moins une
femme, ce qui est malgré tout une augmentation de 11 % par rapport à 2021.
Selon les données de 2022, on constate une hausse de la présence des femmes
exerçant un métier ou une occupation dans l'industrie de la construction. En
effet, en 2015, il n'y avait que 1,3 % de femmes actives sur les
chantiers. En 2018, soit au moment de l'arrivée du gouvernement caquiste, nous
en étions à 2,14 %. En 2022, nous en sommes maintenant à 3,65 %.
C'est une augmentation de 16 % depuis l'année précédente. Autre élément
intéressant, les femmes représentent aujourd'hui 9,3 % de l'ensemble de la
nouvelle main-d'œuvre. Ce que je trouve encourageant, c'est qu'il y a aussi 20 %
de plus de compagnons femmes en 2022 qu'en 2021. Malgré ces résultats
encourageants, le maintien des femmes dans l'industrie de la construction est
plus difficile que celui des hommes. 53 % des femmes entrées comme
apprenti ou en y ayant une occupation ont quitté l'industrie après cinq ans.
C'est signe qu'il reste du travail à faire pour retenir les femmes dans
l'industrie. Ma question est la suivante : Quels sont les acteurs et les
actions qui expliquent la progression des femmes dans les différents métiers de
la construction depuis 2016?
M. Boulet : Merci. C'est une
excellente question. Je vais profiter de l'occasion pour remercier ma collègue
de Huntingdon qui joue un rôle extrêmement important puis intéressant. Tu sais,
le premier ministre nous a confié le mandat de travailler à la modernisation du
secteur de la construction, puis, dès les premiers contacts que j'ai eus avec
ma collègue, elle s'est montrée d'emblée intéressée puis elle a participé déjà
à des activités puis elle joue un rôle actif. Puis, je peux vous assurer que
les personnes qui vous connaissent vous estiment déjà, et je pense que votre
contribution va être extrêmement intéressante pour ce que nous avons comme
mandat. Puis merci beaucoup, puis vous étiez là, même, on a parlé de la
Chambre de commerce du Montréal métropolitain, merci énormément de vous
préoccuper aussi de la présence des femmes.
Il y a un contexte, hein, aussi, puis il y
a des acteurs. Puis, si on veut intégrer plus de femmes, ça prend des
entrepreneurs qui les embauchent, qui sont ouverts. Et ce qu'on a mis en place
avec la Commission de la construction du Québec est positif. Le programme
d'accès à l'égalité, il y a de la sensibilisation, de l'information et je pense
que les entrepreneurs sont beaucoup plus soucieux de ça. Puis, souvenez-vous,
collègue, qu'il y avait eu l'année dernière... Je pense que c'est dans un
journal, Le Journal de Montréal, où ils parlaient d'un chantier résidentiel où
plus que 25 % des travailleurs ou travailleuses étaient des femmes. Puis
c'était le chantier où le taux d'efficacité était le plus élevé. Puis il y
avait beaucoup de travail de finition. Puis les femmes sont meilleures que les
hommes dans bien des métiers de la construction. Puis ce n'est pas que moi qui
le dis. Ça fait qu'il faut faire le message, il faut continuer. Mais je le dis
en respect parce que les syndicats participent à ça, puis ils ont mis en place
des mécanismes pour prévenir, aussi, ils ont contribué avec les employeurs à ce
qu'il y ait des politiques de prévention puis des mécanismes de plaintes. Puis
on ne peut plus tolérer que les femmes abandonnent parce qu'ils se font écœurer
sur un chantier de construction, puis que ce soit de l'intimidation ou du
harcèlement, on ne peut pas accepter ça. Puis, moi-même, j'ai rencontré des
femmes qui me disaient : Ça n'a pas de bon sens, je ne suis pas capable de
travailler dans un esprit de collaboration. Je me fais écœurer puis je me fais
faire... dire des commentaires qui portent atteinte à ma dignité puis qui
créent pour moi un milieu de travail qui est nocif. Ça fait que les femmes
quittent. Ça fait que je pense, collègue...
M. Boulet : ...il faut
continuer à travailler avec tous les partenaires : la CCQ, avec son
programme d'accès à l'égalité, les entrepreneurs, les syndicats, puis laisser
savoir aux travailleuses qu'elles sont les bienvenues et qu'elles peuvent avoir
accès à tout ce dont elles aspirent faire. Merci beaucoup.
Mme Mallette : Merci.
La Présidente (Mme Boivin Roy) :
Alors, je comprends qu'il y aura une deuxième question. Mme la députée de
Laporte.
• (16 h 10) •
Mme Poulet : Oui. Merci,
beaucoup Mme la Présidente. M. le ministre, j'aimerais vous ramener sur le
terrain de la loi... du projet de loi n° 19, Loi sur l'encadrement du
travail des jeunes. J'ai eu l'opportunité de participer aux consultations
particulières que j'ai grandement appréciées, c'était très enrichissant et
c'était vraiment enrichissant d'entendre tous ces intervenants.
Le p. l. 19 a deux objectifs :
réduire les accidents de travail et favoriser la réussite éducative de nos
jeunes. Les dernières modifications législatives datent de 25 ans, et la
pénurie de main-d'œuvre incite le recrutement le recrutement de nos jeunes. Je
cite M. Blackburn, le président du Conseil du patronat : Il ne faut
pas voir sur le dos de nos jeunes la solution pour pallier la pénurie de
main-d'œuvre. Il importe donc que nos travailleurs, nos jeunes travailleurs
aient un environnement de travail sain, sécuritaire et respectueux.
À titre de ministre du Travail, j'ai trois
questions qui se recoupent, alors : Est-ce qu'on est en train de
sensibiliser les jeunes à leur sécurité et à leur santé dans leur milieu de
travail? Est-ce que vous pensez qu'à long terme le taux d'accidents à la CNESST
va baisser? Est-ce que pour la prochaine génération des jeunes, on est en train
de les conscientiser quant à leurs droits, recours, réflexes de santé et
sécurité?
M. Boulet : Oui. Aussi, c'est
une excellente question, puis je veux aussi louer le travail puis la
contribution remarquable de ma collègue de Laporte. Et elle est entrée à deux
pieds joints dans notre ministère, s'est intéressée à l'équité salariale, au
travail des enfants. Elle est en constante communication avec des gens de mon
équipe, de mon cabinet, puis je la remercie beaucoup, j'apprécie énormément ce
que vous faites. Puis le projet de loi sur le travail des enfants, c'est vrai
que c'était le fun, les consultations particulières, pis j'ai vu que vous étiez
très attentive, puis vous avez un esprit d'analyse qui va nous aider beaucoup
aussi.
Pour la... Je vais traiter deux aspects.
Là, la sensibilisation, bien, vous le savez, les 124 000 étudiants et
étudiantes du primaire et du secondaire qui ont participé à des ateliers pour
être sensibilisés à l'importance du respect des normes et à la protection en
matière de santé et sécurité du travail, et on va continuer, et je suis
convaincu, collègue... Parce que c'est une belle question ça : Est-ce que
ça va avoir un impact, ce projet de loi là? Inévitablement parce que la
meilleure façon de diminuer le nombre d'accidents de travail, c'est par la
prévention. Ça fait qu'il faut développer, ce que nous faisons actuellement,
une culture de la prévention dans tous les milieux de travail, mais une culture
de prévention aussi spécifique pour les risques inhérents à des personnes qui
sont en plein développement puis qui n'ont pas les mêmes capacités physiques,
qui n'ont pas les mêmes capacités morales.
Puis, tu sais, même un jeune qui a un
certain âge, qui interagit avec un adulte, il y a un impact, il y a une
pression quand l'adulte exprime un désaccord ou une insatisfaction. Ce n'est
pas facile pour tous les jeunes de gérer la relation humaine, ça fait qu'il
faut tenir compte de cette réalité-là et de la nature des fonctions. C'est la
raison pour laquelle, dans le projet de loi, on demande d'identifier les
risques spécifiques aux jeunes de 16 ans et moins, parce qu'on sait qu'au
Québec l'obligation d'aller à l'école jusqu'à 16 ans. Et les représentants
santé et sécurité vont devoir demeurer vigilants et s'assurer qu'il y ait une
pleine compatibilité entre l'exercice d'un travail et le niveau de
développement du jeune ou sa capacité. Et ça, je suis convaincu qu'après un
certain nombre d'années on va, au Québec, s'être donné un coffre à outils qui respecte
non seulement la sécurité des jeunes et des enfants, mais qui permet une
meilleure réussite éducative parce qu'il faut arrêter de lire des enquêtes sur
la santé psychologique des jeunes de secondaire I et II où il y a une
majorité de jeunes filles...
M. Boulet : ...et qui vivent
de la détresse, de l'anxiété. Puis ce n'est pas qu'ils décrochent tout le
temps, c'est que leurs notes ne sont pas les mêmes, ils ne développent pas le
même intérêt. Au-delà de l'anxiété, ils ont aussi des troubles de sommeil qui
les empêchent de se concentrer convenablement et d'apprendre. Leur métier
premier, c'est d'abord d'être élève, puis la prospérité du Québec réside dans
la réussite éducative de nos jeunes, puis c'est comme ça qu'on doit penser,
puis c'est la raison qui nous incite à aller de l'avant avec ce projet de loi
là qui, je le répète, je pense, est totalement équilibré. On me dit qu'il me
reste peu de temps, mais j'aimerais ça, si vous me permettez, Mme la
Présidente, remercier...
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Il
vous reste 45 secondes.
M. Boulet : Cinq?
La Présidente (Mme Boivin Roy) : 45 secondes.
M. Boulet : O.K. Merci. Ma
sous-ministre, Anne Racine, Marie-Claude Verreault qui est la directrice de mon
cabinet, Joey qui est mon conseillé, Manuelle Oudar, Michel Beaudoin, Manuelle
est la P.D.G. de la CNESST, Michel de la Régie du bâtiment, toutes leurs
équipes, ils ont fait un travail... vous le savez, les études de crédits, là,
c'est énormément de temps de préparation. Mais hier, je faisais la réflexion
avec des gens, c'est un exercice qui est utile, qui est pertinent, qui s'impose
pour permettre une certaine transparence puis une certaine reddition de
comptes. Il y a Lucie Nadeau aussi qui est du Tribunal administratif du
travail, qui est présidente, que vous connaissez aussi.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : En
terminant.
M. Boulet : Puis les collègues
des partis d'opposition avec qui je veux continuer d'alimenter une bonne et
saine coopération. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Merci,
M. le ministre. Alors, le temps alloué à l'étude des crédits budgétaires du
portefeuille Travail étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la
mise aux voix des crédits. Alors le programme un intitulé Travail est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Adopté
sur division. Finalement, l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille
Travail pour l'exercice financier 2023-2024 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme Boivin Roy) : Adopté
sur division. Alors, en terminant, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition. Et compte tenu de l'heure, la commission ayant
accompli son mandat ajourne ces travaux sine die. Merci à tous.
(Fin de la séance à 16 h 19)