(Onze heures quarante et une
minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
bonjour. Bonjour à toutes et à tous. Bonjour, M. le ministre. Bonjour, les
membres de la commission. Ayant constaté le quorum, nous déclarons la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Économie des crédits budgétaires du portefeuille Économie et
Innovation pour l'exercice financier 2022‑2023 pour une période de
quatre heures.
Alors, M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Boutin (Jean-Talon) est remplacée par M. Chassin (Saint-Jérôme); Mme Dansereau (Verchères)
est remplacée par Mme Proulx (Côte-du-Sud); Mme Jeannotte (Labelle)
est remplacée par Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac); Mme Lavallée
(Repentigny) est remplacée par M. Reid (Beauharnois); M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve) est remplacé par Mme Ghazal (Mercier); et Mme Richard
(Duplessis) est remplacée par Mme Perry Mélançon (Gaspé).
Économie
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ
20 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de
ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué, soit cet
après-midi, vers 16 h 30. Alors, compte tenu que nous avons commencé
avec quelques minutes de retard, je comprends que ces minutes seront amputées
ou déduites, là, si vous voulez, sur le temps de parole du gouvernement. C'est
bien ce qui a été convenu? Oui. Parfait. Merci pour votre consentement.
Discussion générale
Nous sommes maintenant prêts et prêtes à
commencer. Je comprends que le bloc de... l'opposition officielle a
trois blocs, trois blocs de parole ce matin, la deuxième opposition
et la troisième, vous avez un seul bloc, ainsi que le gouvernement. C'est bien
ça pour ce matin? Parfait. Alors, nous commençons. Nous débutons immédiatement
avec le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'économie, le
député de LaFontaine.
M. Tanguay : Merci, Mme la
Présidente. Je pense, c'est pour 16 min 12 s, quelque chose
comme ça, hein?
La Présidente (Mme IsaBelle) : 16 min 12 s,
effectivement.
M. Tanguay : Parfait. Merci. Heureux
de vous retrouver, Mme la Présidente. Bonjour. Bonjour au ministre, bonjour aux
personnes également qui l'accompagnent, aux collègues de la banquette
ministérielle et aux collègues des autres oppositions.
J'aimerais
revenir, M. le ministre, sur un sujet qu'on a abordé mardi, lors des crédits,
sur le manque de logements, la crise de logement pour les entreprises.
J'avais soulevé, à ce moment-là, vous vous
rappellerez, l'article de journal en Estrie, à Coaticook, sous la plume de
Daniel Campeau, 23 février... du mercredi 23 février 2022, et le titre
était Faute de logement, Cabico achète deux résidences pour ses
travailleurs. C'est une entreprise d'armoires, qui existe depuis
35 ans à Coaticook, et le carnet de commandes est plein. C'est des
extraits que je vous lis, là, de l'article. «Le carnet de commandes est plein,
sauf que présentement "notre capacité est affectée et on ne peut pas
livrer la marchandise — entre
guillemets —
faute de personnel et d'endroit pour loger nos nouveaux employés", admet M.
Michel Plante directeur chez Cabico.»
Et, un peu plus loin dans l'article, on peut
lire : «...se loger à Coaticook, demeure presque impossible tellement les logements sont rares.» Plus bas, on a une
autre citation : «Si on avait pu faire autrement on l'aurait fait, mais il
n'y a pas assez de logements présentement pour suffire à la demande,
donc nous n'avons pas vraiment eu le choix...» Le choix, fin de la citation,
c'était d'acheter deux résidences puis de faire des appartements à
l'intérieur de ces deux résidences-là.
Et on peut
lire, à la toute fin de l'article : «Une chose est certaine, il faut
trouver des solutions et assez rapidement, car oui, il n'y a pas de
logement de libre dans un rayon de 50 kilomètres dans la MRC mais il n'y a
pas non plus de maisons à vendre.» Alors, fin de la citation. Ça, c'était
Cabico, Coaticook, article du 22... 23 février dernier. On en avait parlé.
Et hier, pas plus tard qu'hier, je suis allé
voir... j'ai mis la main sur un article qui, selon les indications que j'ai, a été publié hier dans le journal... la
publication Les Affaires, sous la plume de Marie-Eve Shaffer, Pénurie
de main-d'oeuvre et crise du logement : un double défi pour
les entreprises. Puis là c'était un cas appliqué à Gaspé. «Le Chantier
naval Forillon, qui se trouve entre le port de Gaspé et
la pointe de sable de Sandy Beach, fait travailler 72 personnes. Elles
conçoivent de a à z des embarcations destinées aux activités de pêche et au
transport de marchandises ou de passagers. L'équipe pourrait toutefois être
plus nombreuse.» Et je cite, là, Frédéric Demers, qui est directeur des
ressources humaines : «On a une capacité de production de
trois navires, mais présentement, on rushe [pour] deux navires.» Fin
de la citation.
Et, plus bas, il dit : «L'an dernier,
quatre travailleurs tunisiens ont ainsi gonflé les rangs du Chantier naval
Forillon. À leur arrivée, ils ont dû habiter à l'hôtel avec leur famille, aux
frais de l'entreprise...» Et, plus bas, on dit : «Il précise que son
équipe a réussi à leur dénicher des toits parce qu'elle était sur place et que
"tout le monde se connaît à Gaspé".» Fin de la citation.
Hier, on a eu
l'occasion d'en discuter... pas hier, mardi, avec le ministre. J'aimerais
savoir... Et le ministre a reconnu, je
le cite, là : «L'aspect logement est souvent le point important.» Fin de
la citation. Quand vous parlez des projets structurants de croissance
d'entreprises, j'aimerais ça vous entendre, parce qu'on l'a fait bien, bien,
bien vite, ce point-là, là, sur cet impact-là qui est tangible, puis qui est réel,
puis que vous avez reconnu, là. J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Fitzgibbon : Bon, premièrement,
bonjour, tout le monde. Bonjour, mes collègues, bonjour, collègues de
l'opposition. Effectivement, je pense qu'il faut reconnaître que, que ce soit
garderie, que ce soit main-d'oeuvre, que ce soit logement, c'est des
composantes importantes pour nos entrepreneurs, importantes aussi pour les
entreprises internationales qui regardent le Québec. Quand on regarde, au MEI,
tous les projets qu'on reçoit, évidemment, une garderie, un logement n'est pas
dans les dépenses qu'on appelle admissibles, dans lesquelles nous regardons une
assistance particulière.
Néanmoins, s'il s'avérait que, dans des cas
particuliers, nous voudrions s'impliquer dans quelque chose qui n'est pas
normé, nous pourrions le faire, mais par décret. Et la politique qu'on a prise
à date, on n'a pas financé de logement
formel, à ma connaissance, mais peut-être qu'on l'a fait puis je ne m'en
rappelle pas, là. Mais si on... s'il y avait un projet structurant dans lequel l'entrepreneur ou la compagnie nous
dirait : Il faut investir x millions dans des logements, on le
regarderait probablement, puis de dire : Incluons l'investissement dans le
projet et regardons si on peut travailler, d'une part, avec nos collègues de
d'autres ministères, ou, sinon, on peut-tu aller dans le privé? Est-ce qu'il y
a du privé qui sont prêts... parce que, souvent, le privé va construire des
logements s'il pense qu'il y a une demande. Puis, je pense, dans certains cas,
nous pourrions vouloir jouer un rôle, donc... Mais, par contre, si on fait ça,
il faut aller en décret, parce que les programmes... le programme Essor, qui
est la fondation ou la colonne vertébrale du MEI, ne permet pas techniquement
de financer de l'immobilier.
M. Tanguay : O.K. Et vous dites...
Est-ce qu'on peut... Pourriez-vous vérifier puis, le cas échéant, transmettre
l'information au secrétariat, s'il vous plaît? Vous dites... à votre
connaissance, on n'a pas fait de ça, là, mais vérifiez voir si c'est
effectivement le cas, puis, s'il y en a, des cas, peut-être nous le dire.
M. Fitzgibbon : Oui, on va
vérifier.
M. Tanguay : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...vous
allez vous engager à bien nous le remettre à la commission?
M. Fitzgibbon : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Que ça soit oui ou non, là. Parfait. Merci.
M. Tanguay : Merci. La réponse,
c'est ça. Vous dites, par décret, vous pourriez vous le faire. Donc, vous,
comme ministre du MEI, vous pourriez le faire par décret. Quelle est la
procédure, là? Parce que... Puis j'imagine que, si vous savez la réponse, puis
des fois on n'a pas tout le temps la réponse... parce que vous vous êtes
informé de comment vous pourriez faire ça. Autrement dit, c'est peut-être
imminent, là, je ne sais pas, là...
• (11 h 50) •
M. Fitzgibbon : Oui, oui.Bien,
de toute façon, de toute façon simpliste, c'est qu'on a un programme qui
s'appelle Essor. Donc, Essor, c'est la fondation du programme d'aide aux
entreprises, d'ailleurs, qu'on a modifié récemment. Alors, si on fait un
programme d'Essor, bien, il n'y a pas de décret, ça rentre dans le programme,
il y a des niveaux, là, d'approbation. Quand le projet ne respecte pas les
normes d'Essor, donc, par exemple, si on veut financer des portions non
admissibles qui incluent l'immobilier, bien, il faudrait aller en décret. Donc,
il faudrait que je me présente au Conseil des ministres puis dire : Bien,
on va aider l'entreprise X, on va lui prêter 50 % des projets
immobiliers. Et, au Conseil des ministres, il y aurait approbation, il y aurait
un décret qui sera publié par après.
Donc, c'est pour ça qu'on va aller voir... qui a
été publié, là. À ma connaissance, il n'y en a pas eu, mais par... Je vais vous
donner un exemple, là. On a eu l'exemple de LM Wind Power à Gaspé. C'est un
projet où ça prenait une route. Alors, au début, on a considéré... Bien, la
route, si personne ne veut la financer, parce que le maire de Gaspé n'avait pas
d'argent pour le faire... On a dit : On va la faire. Puis finalement, le
MAMH... ou le MTQ l'a fait. Alors, on est arrivé, le MEI, on a dit : Ce
projet-là est un projet structurant pour le Québec. On a besoin d'une route, la
ville n'a pas les fonds, donc qui va payer pour? Alors, on a dit : On va
le prendre. Puis finalement, avec discussions, interministériellement, on a
convenu avec le MTQ, dans ce cas-là... C'est le MTQ?
Une voix :
MAMH.
M. Fitzgibbon : MAMH, excusez, le
MAMH. On a dit : On va le prendre.
Donc, il y a beaucoup de cas comme ça où, je
pense, il va falloir y aller avec des cas par cas. Mais techniquement, pour
répondre à la question, un projet structurant, le ministère de l'Économie,
d'emblée, va regarder ce qui est important... se matérialise et de voir s'il
n'y a pas des pistes de solution pour y arriver.
M. Tanguay : Oui, parce que la
conversation qu'on a est excessivement importante, parce que, vous le savez,
ils nous parlent, les entrepreneurs, pénurie de main-d'oeuvre, puis souvent,
souvent... Puis c'est assez... Moi, j'ai été surpris, là, quand j'ai commencé
mes tournées en janvier, février, le logement venait tout de suite, tout de
suite. Puis tu te dis : O.K., bien, je pensais qu'ils allaient me
parler... Non, non, c'est logement, logement. Puis vous avez raison de dire
que... Là, on avait l'exemple à Gaspé, là. Ils pourraient faire
trois navires, mais ils en font deux, oui, à cause de la pénurie de
main-d'oeuvre, mais, même là, il n'y aurait pas les logements. Ça, ma perception,
puis je ne sais pas si vous êtes d'accord avec ça, c'est plus qu'hier, moins
que demain, là, parce que, je veux dire, si on comble la pénurie de
main-d'oeuvre, on va encore augmenter le besoin de logements.
Alors, voyez-vous d'un bon oeil, donc, que ce
soit formalisé puis qu'on le mette... Parce qu'ici on parle de quoi? On parle
de faire des blocs appartements ou des résidences, des résidences privées,
unifamiliales ou sous différents modèles. J'aimerais vous entendre là-dessus,
sur le fait que c'est plus qu'hier, moins que demain, puis... puis qu'on
pourrait peut-être formaliser ça, là.
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
à ce moment-ci, tu sais... Prenez l'exemple du programme Essor. Le programme
Essor, c'est notre fameuse colonne vertébrale. On modifie Essor pour permettre
d'éviter trop d'exceptions. Donc, si, dans Essor, à un moment donné, il y a
plusieurs demandes qui ne sont pas normées, bien là, finalement, on va changer
Essor, le rendre normé, sinon le Conseil des ministres ne va pas pouvoir approuver
tous les projets.
Dans le cas du logement, à ce moment-ci, je n'ai
pas vu beaucoup de projets structurants. Le monde ont dit : Nous ne le
faisons pas parce qu'il n'y a pas de logement. Mais, si ça s'avérait quelque
chose qui était pour être récurrent et à un nombre important, on pourrait...
définitivement, on aurait une discussion sérieuse avec le MAMH pour voir qui
devrait faire ça, si on devrait le faire. Est-ce qu'on aura, un jour, Investissement
Québec qui fera de l'immobilier? Je ne pense pas, parce que ce n'est pas la
mission d'Investissement Québec, mais il est clair que, si je vois qu'il y a un
frein au développement économique qui est
causé par des logements qui ne sont pas financés par le privé, il va falloir
agir.
Dernier point, vous devez comprendre aussi que,
s'il y a une demande de logements dans une région particulière, le privé,
probablement, va être intéressé à le faire aussi, hein? Si l'entreprise
dit : Moi, j'ai cinq... j'ai 10 employés qui veulent des
appartements, on va payer le loyer. Souvent, les entreprises vont payer le
loyer. Bien, généralement, on va voir les
entrepreneurs immobiliers de la région dire : Aïe! on va le faire, nous
autres. Puis là est-ce que nous... il faut agir ou non? On verra.
Alors, je pense que... Réponse longue, là, mais
aujourd'hui ce n'est pas dans les normes d'augmenter Essor pour l'inclure. Mais
on va rester flexible, si jamais il y a des problèmes majeurs sur des projets
économiques.
M. Tanguay : O.K. Je pense que c'est une bonne discussion qu'on a.
Vous dites «projets structurants». Qu'est-ce que vous entendez par «projets structurants»? Parce qu'il pourrait y
avoir des projets, projets structurants, donc, qui ont un certain
volume, qui ont une certaine grandeur, grosseur, mais il pourrait y avoir des
projets un peu plus modestes mais qui requerraient quand même du logement.
M. Fitzgibbon : Bien, le
ministère de l'Économie, nous, on est dans le côté plus économique, évidemment,
alors on a des critères, on a notre fameux calcul des retombées économiques,
des retombées fiscales directes et indirectes induites. Chaque projet, on a
notre boîte noire où on regarde quelles sont les retombées économiques. Et évidemment,
quand on regarde l'assistance que le gouvernement va donner, l'assistance doit
être inférieure aux retombées économiques, cinq à 10 ans, dépendant des
critères, dépendant des secteurs. Donc, c'est assez régimenté ou... en fait,
plutôt, c'est assez rigoureusement contenu. Alors, si un projet ne crée pas de
retombées économiques, c'est clair qu'on ne sera pas intéressés, au niveau du
MEI, de supporter un financement immobilier. Ça, ce n'est même pas à discuter.
S'il y a des raisons sociales pourquoi on devrait le faire, bien, ça va être
d'autres ministères qui vont prendre ça en charge. Mais nous, on va focaliser
principalement sur la création de richesse pour le Québec.
M. Tanguay : Parce que, dans la
discussion importante qu'on a, il y a aussi l'aspect de dire que, si
l'entreprise le met dans son projet, il y a, là aussi, un levier économique que
vous n'avez pas nécessairement, si c'est une petite famille qui veut accéder à
la propriété, puis qui va voir un constructeur général, puis dit : Bâtissez-moi
une maison unifamiliale. S'il y a une entreprise qui est capable de participer
dans... pour faire lever le logement, que ce soit sous appartement ou sous maison unifamiliale, qui pourrait même être
partenaire jusqu'à un certain point avec le constructeur, évidemment, la propriété demeurerait aux
résidents. Par contre, pour de l'appartement à louer, du locatif, l'entreprise
pourrait...
Mon point, c'est que les règles du marché, on le
voit, ne semblent pas pouvoir combler... les constructeurs aussi sont débordés. Je veux dire, eux aussi, ils
refusent des projets, là, ils pourraient en construire plus, mais une
pénurie de main-d'oeuvre, tout le monde est... Y voyez-vous, là aussi, un
avantage pour les entreprises de dire : Bien, on va participer puis on va aider à faire lever la
bâtisse parce qu'on va participer dans le financement, dans le montage, si on
est propriétaire du locatif ou si on aide le constructeur avec un volume à
pouvoir, oui, contracter avec nos employés, là?
M. Fitzgibbon : Oui.
Bien, d'ailleurs, c'est pas mal ce qu'on voit déjà au niveau des minières puis
des papetières, hein? On le voit dans des... beaucoup de minières. On voit
Fermont. C'est assez évident à Fermont, mais quand même, à Fermont, par
exemple, bien, les logements appartiennent à l'entreprise, sont financés par
l'entreprise. Ils ne nous ont jamais demandé directement de s'impliquer, parce
qu'on s'implique ailleurs avec eux autres. Prenez Minerai de fer Québec, par
exemple. Bien, c'est des vases communicants.
Il est clair
que, pour une entreprise, quand ils regardent un projet, la... ceux qui doivent
avoir surtout des «fly-in/fly-out», mais ceux qui doivent
avoir des résidences pour les employés, ils vont l'inclure dans le projet,
eux-mêmes, puis ils vont regarder le retour, puis là ils vont dire au
gouvernement : Aidez-nous. On tend généralement à vouloir aider le côté
plus traditionnel de l'équipement et du CAPEX de l'usine, mais c'est... on va
voir l'évolution. Puis ce n'est pas impossible qu'on puisse, comme j'ai dit
tantôt, inclure l'immobilier, mais...
M. Tanguay : Parce qu'ils l'incluent
déjà. C'est comme Cabico, ils l'incluent déjà dans leurs coûts de
fonctionnement. C'est carrément, là, c'est rendu... c'est rendu une dépense.
Alors, c'est ce qu'on constate.
Vous aviez dit, donc, mardi, vous aviez dit, et
je vous cite : Il y en a un qui me vient en tête et que je ne nommerai
pas, il n'est pas encore passé. Bien, j'ai dit à l'entrepreneur : Mets ton
logement, ton prix de logement dans le projet, puis on va regarder avec les
ministères des Affaires municipales comment qu'on va peut-être se partager ça.
Donc, de façon tangible, vous avez un cas très tangible, là, présentement sur
la table.
M. Fitzgibbon : Absolument, puis
c'est un cas aussi... parce que j'ai dit à l'entrepreneur : Prends ton
projet au complet — dans
ce cas-là, c'est de rénover un édifice qui peut être converti en logements — incluant
ton CAPEX, là, ton projet de capital, on va regarder ce qu'on va faire et on va
t'offrir un financement. Bon, peut-être qu'on va t'offrir assez de financement
pour ton projet de base, qui va faire en sorte que tu vas payer toi-même pour
l'immobilier, ou, s'il en manque, bien là, à ce moment-là, bien, il va falloir
aller en décret, comme mon exemple de tantôt.
Donc, je ne peux pas faire le projet normé parce
qu'on dépasse les normes, mais peut-être qu'on va décider, avec l'équipe du ministère, que les retombées
économiques justifient qu'on puisse supporter la rénovation du logement.
Ce n'est pas normé, ce n'est pas standard, mais il faut... Moi, je pense qu'on
va garder toujours cette flexibilité-là.
M.
Tanguay : Parce que ça doit être quand même assez
substantiel comme coûts, ça aussi, là, par rapport au projet.
M. Fitzgibbon : Bien, dans ce
cas-là, là, j'y vais de mémoire, évidemment, je n'ai pas les chiffres, là, je
pense qu'on parlait de 2 millions pour la rénovation. On parle d'un projet
de 8 millions ou 10 millions pour l'usine. C'est quand même... ça représente
2/12, disons, là, ça fait que, tu sais... Puis, en même temps, il ne faut pas
oublier que les entreprises en mettent, de l'équité, eux-mêmes, aussi dans les
projets. Ça fait que, tu sais, on pourrait financer plus du CAPEX, puis
l'entrepreneur fait... Alors, tu sais, l'entrepreneur, il ne regardera pas les
particules du financement, il va regarder l'ensemble de l'oeuvre. Donc, dans
cet exemple-là, si le programme normé d'Essor n'est pas suffisant pour ses vues
sur le reste qu'il doit financer... puis nous, on décide : Bien là, il y a
des retombées, on veut faire quand même le projet, là, on va déroger des normes
puis on va aller en décret ministériel.
M. Tanguay : Puis dans
l'aspect... mon questionnement... Puis, si on déborde, Mme la Présidente, s'il
vous plaît, on pourrait peut-être amputer, si ça vous va...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Comme,
là, il vous reste 40 secondes, mais je vais vous laisser aller.
M. Tanguay : Oui, mais si on
peut amputer, parce qu'on va vider ce sujet-là, puis je vais partir sur
d'autres choses, on va discuter d'autres
choses tantôt. Donc, vous disiez, juste pour donner un ordre de grandeur, le
projet, le CAPEX, comme vous dites, est à peu près à 8 millions,
et, à côté, le logement est 2 ou, dans le 8, il y a un 2 qui est le logement?
M. Fitzgibbon : Rendons ça simple. Disons que c'est 2 puis 8, ça
fait donc 2/10, c'est 20 %. Disons que c'est 20 %.
M. Tanguay : 20 %, donc 2
sur 10, qui est quand même... 20 %, c'est quand même quelque chose de
très, très, très substantiel. Et donc, ça, ce projet-là, il est en train de
cheminer?
• (12 heures) •
M. Fitzgibbon : Oui, puis on va
aller plus loin. Alors, quand j'ai su ça, on a appelé la mairesse, parce que
les maires aiment ça, hein, voir des... la mairesse. Peut-être la ville
pourrait aider dans ce cas-là. La ville a dit : Ah! on va le regarder.
J'ai la mairesse : Appelez donc M. Entrepreneur en immobilier, lui
aussi peut aider. Ça fait que, tu sais, à un moment donné, c'est la roue, ça.
Ça fait que, tu sais, je ne pense pas que c'est au gouvernement à tout faire.
Mais, je pense, dans ce cas précis là, c'est nous qui avons reçu la demande, ça
fait qu'on a activé le reste de l'écosystème dans la région pour le faire.
M. Tanguay : Oui, oui, oui.
C'est peut-être un cas type, dans le fond, parce que... Est-ce qu'il y en a
d'autres comme ça ou c'est pas mal le seul que vous avez?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
il faudrait demander... vous pouvez demander à mon... Bien, en tout cas, il y a
beaucoup de projets. Il arrive à mon bureau, là, il a passé par plusieurs...
Une voix : ...
M. Fitzgibbon : Oui, on m'explique
que Lebel-sur-Quévillon, l'usine de pâte, là, qu'on... l'usine de pâte
Lebel-sur-Quévillon qu'on a réouverte, on a fait ça il y a à peu près
deux ans. On est... Dans ce cas-là, l'entreprise a payé pour les
logements, mais on a peut-être augmenté un peu plus le support de prêt qu'on a
fait, là, le projet.
Alors, M. Filion, dans cet exemple-là, tu
sais, mathématiquement, il dirait : Ça ne marche pas, là, il faut que je
fasse mes logements, mais on n'a pas... c'est quoi, le chiffre, là? Le projet,
c'est 100 millions, ça fait qu'on a probablement été... bien, on a été
peut-être un peu plus généreux dans le projet pour lui permettre de faire les
logements. C'est souvent ce qui se fait aussi.
M. Tanguay : Et c'était un
projet de 100 millions, ça? Puis il y avait donc du logement à côté pour
loger les employés, là, dans le fond.
M. Fitzgibbon : Exact.
M. Tanguay : Et c'était dans
quel programme, ça? C'était-tu Essor?
M. Fitzgibbon : Ça, non, lui,
c'est un décret parce que c'était un programme... Lebel-sur-Quévillon, c'est
une usine de pâte qu'on avait fermée et que j'avais fermée en 2015, quand
j'étais dans mon ancienne vie, puis qu'on a réouvert, qui avait été regardée,
votre gouvernement, à l'époque, puis qu'on a complété quand on est arrivés en
poste. Alors, c'est un projet qui était tellement important qu'on a passé par
un décret ministériel.
M. Tanguay : O.K. Puis le
décret... Pourriez-vous nous communiquer le décret, le cas échéant? On pourrait
chercher, là, mais s'il vous plaît.
M. Fitzgibbon : Oui, oui.
M. Tanguay : O.K. Parfait. On pourrait le communiquer au
secrétariat, si vous me permettez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
M. Tanguay : Et vous dites,
donc, qu'il a été considéré dans le processus décisionnel à quelque part, ce
qui exigeait le décret, parce que ça a été considéré, le logement, puis que ce
n'était pas dans la norme, là.
M. Fitzgibbon : Bien, il y
avait des décrets pour deux... Le décret principal n'était pas à cause du
logement, le décret était à cause du projet qui demandait 100 millions...
je n'ai même pas besoin du chiffre, là, c'est un chiffre important, donc ce
projet-là demandait un décret de toute façon.
Mais le point que je veux faire, c'est que,
considérant l'investissement qui devait être fait par le propriétaire pour les
logements, nous avons considéré qu'on était peut-être plus généreux, entre
guillemets, de prêt, ce n'est pas une subvention, ça, de prêt, parce qu'on
dit : Bien, ça va alléger les déboursés quand l'entrepreneur aura à faire
pour des logements, qui sont, eux, en... au projet comme tel.
M. Tanguay : O.K. Puis, à part
cet autre exemple là, en avez-vous un autre?
M. Fitzgibbon : Oui, dans les
mines, il y en a sûrement, là, en Abitibi puis la Côte-Nord, mais on va... On
peut vérifier, là, mais...
M. Tanguay : O.K.
Si vous pouvez vérifier, s'il vous plaît. Puis là, pour terminer là-dessus, donc,
le projet pour lequel vous avez
appelé la mairesse, puis tout ça, pour vérifier, il est en cours d'évaluation
pour ce qui est du programme normé usuel. Puis, par ailleurs, il y a
d'autres discussions autour qui se font pour voir comment ça pourrait...
M. Fitzgibbon : Et puis plus
que ça, l'entrepreneur regarde peut-être de relocaliser ailleurs. Le projet, il
veut le faire, nous, on veut le faire, puis là il dit : Bien là, le
logement, il faut... j'aimerais ça être là, ce serait intéressant, mais sinon,
je vais aller ailleurs. Alors, ça, ça se passe aussi. Les entrepreneurs vont
regarder autant main-d'oeuvre que logement, que garderie, même, en fait. Ça
prend les trois ingrédients en place pour que le projet fasse du sens.
Alors, on voit ça beaucoup plus, là, présentement, puis ce qui est positif dans
un certain sens. Et donc ça met beaucoup de pression sur les régions aussi, sur
les maires, sur les municipalités, de dire : Comment on s'organise? Puis
là, nous, avec le MAMH, il faut s'organiser aussi pour les aider, là. La roue,
elle tourne pas mal.
M. Tanguay : O.K. C'est bon.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
bon?
M. Tanguay : Oui.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, je veux juste m'assurer, vous allez bien soumettre
le décret, hein, qui a... d'un prêt, là, pour un projet XX et vous allez
voir s'il y a eu d'autres projets de cette nature. Parfait.
Alors, nous poursuivons, cette fois-ci, avec la
porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière d'économie, avec la
députée de Mercier. Vous disposez de 12 min 9 s.
Mme Ghazal : Oui.
12 minutes pour avoir du plaisir, c'est beaucoup trop court. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, chers collègues. Bonjour à toutes les
équipes. Bonjour, M. le ministre.
Demain, vous allez annoncer, avec le premier
ministre et d'autres, le ministre... et le premier ministre, je pense, aussi,
du Canada, l'installation d'une usine de Moderna dans la grande région de Montréal.
Il y a, je ne m'en rappelle pas si c'était l'année passée ou l'autre d'avant...
il y a eu un moment mémorable où, à mon collègue le député de Rosemont, vous
aviez dit que vendre les données aux pharmas, c'est «winner».
Est-ce que demain, lors de l'annonce de
l'installation de l'usine de Moderna... est-ce que cette annonce-là comprend
aussi l'enjeu de la vente de données en santé des Québécois?
M. Fitzgibbon : Bien,
premièrement, vous allez comprendre que je ne divulguerai pas ce qu'on va annoncer
demain. Il ne faut pas toujours croire les journaux, hein, en passant, alors...
Mme Ghazal : C'est pour ça que
je vous pose des questions à vous.
M. Fitzgibbon : Alors, je ne
répondrai pas à la question directement, vous allez comprendre pourquoi.
Maintenant, on regarde plusieurs projets présentement, au niveau de la santé,
parce que la santé demeure, selon moi, un
secteur important de croissance économique pour le Québec. Et d'ailleurs mon
collègue le ministre de la Santé a un projet
de loi, j'oublie le numéro, là, pour les données en santé, parce que c'est
important qu'on utilise les données de la bonne façon, parce que ça va être notre avantage comparatif. Alors, le
MEI, quand on travaille des projets, puis on en a plusieurs sur la table à dessin, dans le projet,
n'inclut pas les données. Les données sont gérées par le ministère de la
Santé.
Mme Ghazal : Donc, demain, il
n'en sera pas question, mais ce que je comprends du ministre, c'est que la
vente des données des Québécois en santé, ça va continuer?
M. Fitzgibbon : Je
n'ai pas dit ça. Attendez à demain, vous aurez votre réponse demain, là. On ne
spéculera pas.
Mme Ghazal : Donc, demain, vous
allez parler de la vente de...
M. Fitzgibbon : Demain, je fais
trois ou... deux annonces, en fait. On se reparlera lundi.
Mme Ghazal : O.K. Mais parmi
les trois... deux, trois annonces, ça se peut que cette question-là, l'enjeu
des données en santé des Québécois, données aux pharmaceutiques ou vendues aux
pharmaceutiques, en fasse partie?
M. Fitzgibbon : C'est votre
spéculation.
Mme Ghazal : O.K. Donc, c'est
non, ça ne sera pas ça? Vous ne pouvez pas le dire?
M. Fitzgibbon : Je ne
commenterai pas sur ce que je vais dire demain parce que...
Mme Ghazal : O.K., mais, de
façon générale...
M. Fitzgibbon : ...je n'ai même pas
décidé ce que je dirai demain, encore.
Mme Ghazal : Au-delà de demain, on
s'en fout de demain, est-ce que cet enjeu-là qui tient à coeur au ministre,
est-ce que c'est... C'est rendu où?
M. Fitzgibbon : Reposez la
question, je ne suis pas sûr de bien comprendre.
Mme Ghazal : Par rapport à la
question des données en santé, des Québécois aux pharmaceutiques, est-ce que ce projet-là qui tient à coeur au ministre...
est-ce que... Il est rendu où, ce projet-là? C'est juste... Il y a eu le projet
de loi...
M. Fitzgibbon : Bien,
il n'est rendu part parce que le ministère de la Santé est responsable de
regarder comment les données vont être utilisées à bon escient. Alors,
vous poserez la question au ministère de la Santé.
Mme Ghazal : O.K. Donc, je
comprends. Est-ce que c'est la même chose, par exemple, par rapport à Google
qui veut les données du dossier santé? Ça concerne uniquement le ministère de
la Santé, ça ne concerne aucunement le MEI, cet enjeu-là aussi des données à
Google?
M. Fitzgibbon : Exact.
Mme Ghazal :
Donc, le ministre n'a pas été, de près ou de loin, touché sur ça?
M. Fitzgibbon :
Exact.
Mme Ghazal :
O.K. Donc, je ne poserai pas de question là-dessus. Je voudrais poser des
questions sur le développement de la filière
batterie. Il y a eu une annonce des minéraux... pour les minéraux stratégiques,
d'une stratégie de gouvernement, il y a un an. C'était à peu près au
mois d'octobre dernier. Le ministre, vous disiez que ça allait... qu'on allait
mettre de l'argent public, de 2 à 3 milliards, pour soutenir les
investisseurs privés dans la filière batterie.
Est-ce que vous avez
une information sur l'argent public, plus précise que 2 milliards,
3 milliards? Est-ce que maintenant vous êtes rendus à un chiffre un peu
plus précis de combien d'argent public il faudra mettre dans cette industrie
pour encourager les investisseurs privés à investir dans cette filière au
Québec?
M. Fitzgibbon :
La réponse est non parce que chaque projet requiert un montage financier.
Les projets que nous avons annoncés, à date, c'est Nemaska, l'usine d'hydroxyde
de lithium à Bécancour, Nouveau Monde Graphite qui va faire le graphite enrobé
sphérique à Bécancour, BASF qui va faire l'usine de cathodes, GM-POSCO qui fait
l'usine de cathodes, Solus, à Granby, qui va faire le... «copper», en
français...
Une voix :
...
M.
Fitzgibbon : ...le
cuivre pour aller sur l'anode. Ces projets-là combinés ensemble représentent
probablement 4 à 5 milliards. C'est majeur. Chacun des projets va requérir
un support du gouvernement, qu'on négocie présentement. BASF, entre autres, et
POSCO, j'avais mentionné qu'on est en train de finaliser. Il n'y a pas eu de
décret qui est passé encore, qu'on a annoncé, parce que l'entreprise voulait
l'annoncer. Alors, quand on... chaque projet qui va être annoncé, clairement,
on va divulguer à la population quel est le programme d'assistance du
gouvernement.
Mme Ghazal :
Donc, le 2 milliards, 3 milliards d'argent public était annoncé
en lien avec ces projets-là ou peut-être d'autres projets futurs?
M. Fitzgibbon :
Exact.
Mme Ghazal :
C'est à terme que ça sera de 2, 3 milliards ou 2, 3 milliards
avec les projets qui seront... que vous venez de nommer puis ceux qui sont...
M.
Fitzgibbon : Oui, c'est une grosse estimation. Moi, j'avais dit, au
début, qu'il y aurait probablement 7 milliards d'investissements dans les
batteries.
Mme Ghazal : À
terme?
M. Fitzgibbon :
À terme, puis je me suis...
Mme Ghazal : Du
public? Du public?
M.
Fitzgibbon : Bien non, projet total. Alors, je me suis trompé, ça va
être plus que ça. Ça va être...
Mme Ghazal : Pardon?
M. Fitzgibbon :
Je me suis trompé, ça va être
plus que ça. Ça va très, très, très bien. Alors, on va probablement...
Mme Ghazal : Non,
mais moi, je parle...
M.
Fitzgibbon : Non, mais laissez-moi répondre, là, vous m'interrompez,
là. J'ai dit, il y a quelques mois, le 7 milliards,
c'était ce que j'anticipais comme projets totaux. Je pense que ça va être plus
dans le bout de 10. Alors, on peut présumer que, si c'est
10 milliards d'investissements du privé, bien, ça n'arrive pas comme ça,
hein, les gouvernements doivent s'impliquer. Alors, si on dit 2,
3 milliards, ça veut dire entre 20 % à 30 %, puis ce n'est pas
un mauvais «range», pour nous.
• (12 h 10) •
Mme Ghazal : Donc,
ce serait à peu près ça. Bien, justement, c'est vrai que le public doit
s'investir dans cette filière d'avenir, parce que, souvent, il y a eu une
logique, au Québec... On donne de l'argent pour créer de l'emploi. Là,
aujourd'hui, on est en pénurie... en fait, en pénurie de main-d'oeuvre, donc on
ne peut pas en créer. Donc, l'idée, c'est de pouvoir aussi garder des profits,
qu'ils restent ici, et c'est ça qui est important. Donc, c'est pour ça qu'à
Québec solidaire, par exemple, on demande ça. C'est plus pour les industries
minières, d'avoir une part majoritaire dans des entreprises ici pour ne pas que
les profits aillent ailleurs.
Est-ce qu'il y a une
réflexion, de la part du gouvernement, dans ce sens-là, d'avoir un actionnariat
majoritaire pour ne pas dire : On ne pouvait pas décider, ils sont partis,
ou qu'on puisse avoir mainmise sur les décisions qui sont prises dans cette
filière importante?
M.
Fitzgibbon : Je pense qu'il faut adresser l'enjeu sous différents
chapitres. Le premier chapitre, c'est que, dans la filière des batteries, ce
que je trouve superintéressant pour le Québec, c'est qu'on prend nos minerais
et on les convertit en aval. Par exemple, si on fait une cathode, qui
représente plus de la moitié de la composante d'une cellule, bien, toute la
valeur ajoutée crée ici, au Québec, des emplois, des usines, et ainsi de suite.
Donc, on a créé quelque chose qu'on n'a jamais vu, contrairement aux diamants,
par exemple, ou à l'or qu'on extraie puis qu'on envoie.
Deuxièmement, la
question de la détention de l'actionnariat, si on a pour 10 milliards de
projets, je vous confirme aujourd'hui que nous n'avons pas les moyens de le
faire nous-mêmes, et deuxièmement on a besoin d'expertise internationale. Faire
une cathode, là, au Québec, personne n'en a fait. Alors, on a besoin
d'investisseurs étrangers qui vont venir nous aider stratégiquement, aider à
prendre une partie du fardeau financier. Mais toutes les sociétés en question
vont payer leurs impôts ici, au Québec. Donc, je pense que les retombées
économiques que nous calculons avec le ministère de l'Économie, quand on a des
projets comme ça, vont donner des bénéfices, au Québec, qui sont très
importants.
Mme Ghazal : Donc,
c'est quoi, les critères pour dire : O.K., on investit ou pas? C'est quoi
qui va dire : Ah! on va mettre de l'argent? Surtout qu'on n'aura pas l'actionnariat
majoritaire, donc ces entreprises peuvent partir, puis ce ne sera pas à long
terme.
M.
Fitzgibbon : Les retombées économiques... Bien, ce ne sera pas à long
terme... BASF va construire une usine, ils vont être 100 % propriétaires.
Dans ce cas-là, on va les aider sur un prêt pardon quelconque qu'on négocie.
L'usine, elle ne partira pas, l'usine va rester à Bécancour, là, quand même.
BASF ne partira pas avec l'usine, puis ils vont la mettre en Caroline. Donc, il
faut aussi regarder le contexte du projet qu'on finance.
Maintenant,
la question que vous posez, c'est : Quelle est la hauteur du financement
ou du support du gouvernement? Ça, c'est en fonction des retombées
économiques, qui n'ont pas rapport avec l'actionnariat de l'entreprise. Ça a
rapport aux salaires qui sont payés, les impôts, les fournisseurs, hein? On
regarde où? Les fournisseurs locaux qui vont participer à ça. Quand on a un
projet, on demande : Où vous allez prendre vos matériaux? Donc, on regarde
toutes les retombées directes et induites puis on calcule les retombées avec le
gouvernement, et ces retombées-là, une partie, on est prêts à les donner à
l'entreprise, puis une partie, on les garde.
Mme Ghazal : Donc,
jamais ça ne va être par un actionnaire? Je comprends que ce n'est pas pour
tout le monde, on ne va pas prendre part de l'actionnariat, jamais, ou c'est
quelque chose de possible?
M. Fitzgibbon :
Non, je ne dirais pas «jamais».
Nemaska, nous avons 50 % de l'entreprise. Donc, il y a des
situations où on veut être actionnaires,
parce que, dans le cas de Nemaska, nous voulions, au Québec, contrôler,
justement pour éviter ce qu'on avait
vu dans le passé, où... Sayona... NAL, plutôt, je m'excuse, North American
Lithium, on prenait le spodumène puis on l'envoyait en Chine. On ne veut
plus voir ça. Donc, on a pris position dans Nemaska pour, justement, contrôler
ça. Par contre, BASF n'a pas besoin du gouvernement comme actionnaire. Donc, on
dit : Ils sont 100 % propriétaires.
Mme Ghazal : En
fait, vous parlez des retombées économiques de façon générale, parce que ce qui
est important, c'est que l'argent public qu'on met, bien, que les Québécois en
aient pour leur argent.
Je voudrais aller sur
un autre sujet, l'intelligence artificielle. Dans les années 80, il y a eu
une grosse mode, c'était la biotechnologie. Dans les années 2000, c'était
les nanotechnologies. Et puis aujourd'hui, la mode, c'est l'intelligence
artificielle. Et ce qu'on comprend, c'est que c'est beaucoup des entreprises
qui bénéficient énormément, énormément des subventions de l'État. C'est un
échec. Ce n'est pas Québec solidaire qui le dit, il y a eu une étude de l'IREC qui l'a dit, donc l'Institut de recherche
en économie contemporaine, parce que ce qu'elle conclut, là, c'est qu'en
ce moment, la façon qu'on fonctionne avec l'intelligence artificielle, ce sont
les sociétés étrangères qui en profitent. Ça, ça ne fait pas très nationalisme
économique. Est-ce que le ministre reconnaît le même constat d'échec que les
experts qui regardent ça?
M. Fitzgibbon :
Je pense l'inverse, parce que vos experts, vous devriez vérifier, là, parce
qu'il y a un rapport qui est sorti par... indépendamment de nous autres, par
Forum IA, Marie-Paule Jeansonne, qui est la présidente, qui a été nommée il y a
à peu près un an, un an et demi, a commandé des études de Pricewaterhouse, KPMG
et de Tortoise, et c'est l'inverse que ce que vous venez de dire. Le Québec est
reconnu mondialement comme étant quatrième, cinquième, septième, là, en termes
de puissance de savoir au niveau de l'IA.
Maintenant, quand on
regarde l'IA, il faut bien analyser les différents morceaux de l'IA.
Premièrement, la recherche fondamentale, Dr Yoshua Bengio nous permet d'être
notoires au niveau international. L'enjeu, c'est : Comment est-ce qu'on
prend l'intelligence artificielle et on la rend accessible à nos PME? C'est ça,
l'enjeu, et ça, c'est un chemin qui est très complexe. Nous avons... très peu
de temps après notre arrivée en poste, on a identifié 329 millions de
projets qu'on a faits pour pouvoir...
Mme Ghazal :
Il nous reste très peu temps...
M. Fitzgibbon :
Oui, allez-y, allez-y.
Mme Ghazal : Je comprends qu'on
est reconnus, puis c'est normal, on a tellement, tellement donné d'argent, donc c'est facile, les gens viennent, puis on leur
donne. Mais on a des objectifs et des cibles, et les cibles du
gouvernement, par exemple, pour la création... Même, la
création d'emplois, ça a été atteint partiellement. Je vous donne un exemple
concret, Element AI. Ça a été perçu comme le meilleur, dans la stratégie
québécoise, mais ça a été acheté par une compagnie étrangère. On a investi
1,17 milliard, de 2016 à 2020, dans l'intelligence artificielle, mais
qu'est-ce que ça donne aujourd'hui, quand c'est des entreprises étrangères qui
en bénéficient? Parce qu'on donne de l'argent, on est reconnus à
l'international, mais c'est quoi, les retombées qui restent au Québec
maintenant? Est-ce que je comprends que vous voulez continuer dans cette
stratégie, ne pas la remettre en question aucunement?
M. Fitzgibbon : Absolument. Je
pense... je veux être respectueux envers vous, là, je pense que vous devriez analyser plus en profondeur le domaine de l'IA.
C'est un secteur très important, pour lequel le Québec performe très
bien.
Mme Ghazal : Mais est-ce qu'on
investit bien? En fait, est-ce qu'on investit bien? Je ne dis pas qu'il faut
arrêter puis ne rien faire. Est-ce qu'il faudrait remettre en question nos
sites, peut-être?
M. Fitzgibbon : Écoutez, il y a
clairement une reddition de comptes qui est importante, et vous avez raison. Et
je regarde ce que le Parti libéral a investi avant qu'on arrive, et ce que
nous, on a investi, on est rendus à peu près... ou les gouvernements, depuis
2017, là — je
vais y aller, là, tu me corrigeras, là — on est pas mal rendus à 500,
600 millions d'investissements. Il y a plusieurs segments à ça. Element
AI, là, sur 500 millions, c'est des pinottes, c'est minuscule. Est-ce que
c'était un succès? Non. Ça a été acheté par une compagnie américaine qui
s'appelle ServiceNow. Par contre, il ne faut pas oublier, eux autres ont
augmenté le nombre d'employés ici, au Québec. Pourquoi? Parce qu'ils ont
réalisé qu'il y avait du talent qui est ici, au Québec. Alors, moi, je pense
qu'il faut faire attention quand on dit : C'est un échec. C'est un succès.
Mme Ghazal : On a augmenté ou
on a déplacé? Moi, ce que je comprends, c'est la même chose aussi pour le
secteur multimédia. En ce moment, on ne peut pas faire comme dans le passé, en
disant : On veut créer plus d'emplois. On est en pénurie de main-d'oeuvre.
Donc, ce qui arrive, c'est qu'on déplace les employés bien payés, et tout ça,
d'un secteur à un autre. Donc, c'est de la concurrence à l'interne pour ces emplois-là
qu'on fait.
M. Fitzgibbon : Qui est une
très bonne nouvelle. Est-ce qu'on peut blâmer des jeunes qui veulent s'éduquer
en IA, puis s'en aller travailler chez ServiceNow, puis gagner
100 000 $ par année? Il faut être satisfait de ça. Et on a de la
chance, aujourd'hui, dans des secteurs comme l'IA, d'avoir des jeunes qui
disent : On veut travailler là-dedans. Alors, c'est un succès énorme, ce
qui s'est passé.
Maintenant, ce qu'on doit faire, sur votre point
de tantôt, on doit s'assurer que ces ressources-là puissent aider des
compagnies québécoises, les PME.
Mme Ghazal : Parce que, là, ce
n'est pas le cas, maintenant, ça ne favorise pas les...
M. Fitzgibbon : Bien, c'est
difficile...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Vous
savez que votre temps est écoulé, là?
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
oui, oui. Alors, écoutez, je vous laisse... Je trouvais ça intéressant, là,
mais vous pouvez... on pourra récupérer le temps, si vous voulez, dans le
deuxième bloc de cet après-midi, là. Ça va? C'est beau? Parfait. Alors, nous
poursuivons, cette fois-ci, avec la porte-parole du troisième groupe
d'opposition officielle en matière d'économie et de relance, la députée de
Gaspé.
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Ah!
oui, vous avez bien raison, on retourne à vous. Je m'excuse. Non, non,
excusez-moi, députée de Gaspé, nous revenons avec... Merci, député de
LaFontaine. Alors, c'est à vous, avec un bloc, effectivement, de
16 min 12 s. Vous avez eu peur?
M. Tanguay : Je ne veux pas
être inélégant, mais, je pense, ça fait l'affaire aux deux. Merci.
J'aimerais, M. le ministre, avoir la même
conversation avec vous par rapport à l'autre aspect, qui est les services de
garde, les garderies. Je suis allé visiter, vous les connaissez bien, là, la
Laiterie de Coaticook, je suis allé visiter, je pense, ça fait trois semaines.
J'ai rencontré, entre autres, Roxanne Provencher, qui, elle, est en charge du
projet service de garde. Qu'est-ce qui arrive avec la Laiterie Coaticook? C'est
un article, là, de février 2022, là, par Vincent Cliche, qui nous annonçait
que, «cinq années après son plus récent agrandissement, la Laiterie de
Coaticook manque encore d'espace. Voilà pourquoi ses dirigeants planchent une fois
de plus sur un nouveau projet qui viendra augmenter sa capacité d'entreposage.»
Donc, Coaticook, ça va bien. Ils ont besoin de plus d'entreposage, puis la
production va très, très bien, les clients sont là. Il n'y a pas de problème.
Mais à côté de ça, donc, 17 mars 2022, puis
je vais me baser sur cet article-là, mais pour l'avoir rencontré...
17 mars 2022, toujours sous la plume de Vincent Cliche, Le projet de
garderie de la laiterie de Coaticook chemine. Et on
peut y lire : «La Laiterie de Coaticook installera sa nouvelle garderie
dans l'ancien local des Témoins de Jéhovah, situé à proximité de ses
installations sur la rue Child.» Roxanne Provencher est citée, je la
cite : «On est rendus à cette étape et on croit bien être en mesure de
faire les rénovations pour transformer nos espaces au cours des prochaines
semaines.» Fin de la citation.
La demande qui est faite, c'est un
29 places, puis je vais terminer, là, mes citations, là : cinq pour
les poupons de moins de... donc, 29 places, dont cinq pour les poupons, à
savoir moins de 18 mois. Et là on la cite : «Nos besoins tournent
autour d'une quinzaine de places parmi nos employés. On travaille présentement
à établir un ordre pour attribuer les places restantes. On privilégiera d'abord
les éducatrices que nous embaucherons. Après, nous allons voir si on offre ces places aux résidents de Coaticook
ou encore aux travailleurs d'ici.» Puis dernière citation : «On y
travaille depuis 2018. Le processus d'achat de la bâtisse a pris deux ans.»
Alors, même chose, est-ce que ça, vous entendez
parler, vous, également, de ça, ce défi-là?
M. Fitzgibbon : Oui, c'est sûr. Je
l'ai dit tantôt, je pense que main-d'oeuvre, garderies et logements, c'est
trois éléments importants pour la prise de décision des entrepreneurs.
Maintenant, évidemment, vous allez comprendre que ce n'est pas mon champ
d'expérience ni d'expertise, mais que notre ministre de la Famille est
conscient, parce qu'on a quand même beaucoup de discussions sur certaines
régions, certains secteurs, certains projets, même... Quand une entreprise
privée veut s'impliquer, ce n'est pas un enjeu d'argent ici, c'est un enjeu,
évidemment, que les normes soient respectées et qui ont été établies par le
ministère de la Famille. Mais je pense qu'on a des discussions constantes.
Quand il y a des projets importants qui demandent une intervention, on essaie
de l'adresser le mieux qu'on peut.
• (12 h 20) •
M. Tanguay : Au même titre que la
conversation, là, qu'on a eue par rapport au logement, est-ce que vous en
voyez, donc, des projets... est-ce que vous avez commencé à en voir, des
projets où ils disent : Bon, bien, justement, il est structurant? Puis,
vous le savez, les employés, c'est la qualité de vie, puis c'est bien correct,
là, il n'y a pas juste le salaire. Mais j'ai une famille puis où est-ce que mes
enfants vont aller à la garderie, y a-tu de la place, ça vient tout de suite,
tout de suite après où est-ce qu'on va se loger. Commencez-vous à en voir, des
projets où gravitent autour l'enjeu puis le financement de lever une garderie?
M. Fitzgibbon : Je vous dirais que
c'est l'exception, parce que le premier enjeu qu'on a, souvent, c'est la
main-d'oeuvre. Et moi, j'étais un grand promoteur du système dual, qu'on a en
Allemagne, d'avoir une adéquation entre l'enseignement supérieur et les
entreprises. Donc, on me parle beaucoup de ça, beaucoup de projets, on met en
coopération les gens de l'institution du savoir. Deuxième, c'est le logement,
on en a parlé tantôt.
Garderie, je
dois avouer, là, que oui, on en parle, là, mais c'est anecdotique. Je n'ai pas
eu, à date, personne qui m'a dit :
Tel projet, je ne le fais pas parce que n'ai pas de garderie. Je pense qu'il y
a un mécanisme de collaboration ou de... pas de collaboration, c'est le mauvais mot, de discussions avec le ministère
de la Famille qui se fait, sans même que je sois au courant, là. Je
pense que les gens ne viendront pas naturellement. Tu sais, un logement, ils
peuvent venir naturellement au MEI. La main-d'oeuvre, ils vont venir au MEI
indirectement, parce qu'ils savent qu'on est près du transport. Les garderies,
je dois avouer, c'est un peu séparé, quand même.
M. Tanguay : O.K. Puis je suis
content d'avoir la conversation avec vous, parce que j'étais porte-parole pour
la famille, avec la ministre de la Famille, puis on est respectueux envers
notre collègue ministre de la Famille, mais je voyais, de la manière dont...
Bien, d'ailleurs, c'est lui qui a dit, puis je ne suis pas dérogatoire en
disant... Tu sais, quand le premier ministre avait dit : C'est une maison
de fous, le ministère de la Famille... Puis je le cite, là, c'est mot à mot,
puis il l'a dit l'automne passé. Fin de la citation. La manière dont sont
développées les places, là, honnêtement, c'est un capharnaüm, là.
Et vous connaissez la distinction... parce que
le ministère de la Famille accorde des places dans une région donnée, selon le
taux de couverture. Puis ce qui est considéré, puis je ne veux pas être trop
technique, c'est les places subventionnées à 8,70 $, mais aussi les places
non subventionnées, qui peuvent monter à 50 $, 60 $ par jour. Pour
une entreprise qui veut, comme Coaticook, avoir des places pour ses employés,
elle n'a pas le choix que de faire le projet sur une base privée et elle n'a
pas le choix de faire en sorte... Ça ne sera jamais subventionné, parce que, si
c'est subventionné, c'est l'État qui va attribuer les places. Eux, sur le 29,
puis c'est bien correct, je veux dire, ils respectent les règles, ils vont se
garder une quinzaine de places pour leurs employés. C'est pour ça qu'ils le
font. Je veux dire, ils ne sont pas dans la business de faire des services de
garde. Business appliquée aux services de gardes privées non subventionnées...
ce sont des entreprises.
Alors, vous voyez la distinction, où là le
ministère va pouvoir, parce que tout est dans tout, puis c'est des vases communicants,
dire : Bien là, à Coaticook, il y a un 29 places, mais qui va naître
du besoin de l'entreprise à elle, qui va y répondre, puis il va en rester x
nombre de places à la population, mais assurément ça ne sera pas du
subventionné. Vous comprenez le défi que ça représente?
Puis, pour Coaticook, encore une fois, ils ne
sont pas dans cette industrie-là, là. Est-ce que vous auriez la même, le cas
échéant, si ça se tient, ouverture à dire : Bien, on va le considérer?
Vous allez créer, je dis n'importe quoi, là... c'est un investissement de
10 millions, vous allez créer 100 emplois. D'accord, ça va vous
prendre au moins 29 places. Trouvez-vous que la même logique pourrait
s'appliquer là aussi?
M. Fitzgibbon : Oui, sauf qu'il faut
juste faire attention, parce que, dans le cas... tu sais, dans le cas d'un
logement, d'une route, c'est assez... pour le ministère de l'Économie, de
rentrer ça dans un projet, parce que faire une route, bon... faire une route, il y a des normes,
faire un logement, il y a le code du bâtiment. On rentre dans les
garderies, là, on est pas mal dans... en santé, là, il faut faire
attention, je pense, les normes gouvernementales sur qu'est-ce qui doit être
offert à la population priment sur le côté économique.
Mais je vais répondre différemment. Si un
entrepreneur vient me voir puis il me dit : Moi, j'ai un projet de
50 millions pour bâtir telle affaire puis «by the way», si je n'ai pas de
garderie... il dit : Je n'ai pas 50 places en garderie, je ne fais pas
le projet. Je peux vous dire que je vais aller voir le ministre de la Famille
puis je vais dire : Qu'est-ce qu'on peut faire? Fort probablement que ma
contribution va être nulle, en termes de ce que le MEI peut faire, autre que
financer, peut-être, un privé, mais il faut que le ministère de la Famille
prenne ça en charge. Puis je peux vous dire, la discussion aurait lieu, c'est
sûr.
M. Tanguay : O.K. Parce que j'ai ici
un autre exemple, que vous avez sûrement vu, très, très tangible, là, article
du Journal de Montréal sous la plume de Louis Cloutier, du 10 mars
2022. Puis on a le temps, je vais en lire quelques extraits. Ça s'appelle Trois-Rivières :
un projet de CPE en milieu industriel est refusé. Puis mon point, ce n'est
pas dire : Ah! le ministère de la Famille a mal fait, il a refusé. Le
ministère de la Famille applique ses... mais on voit la relation très intime
entre des projets, l'économie puis la présence de services de garde. Ça fait
que ce n'est pas un audit, là, du ministère de la Famille, là.
La Famille a refusé, le ministère de la Famille,
«la création d'un centre, un CPE, de 80 places dans la zone industrielle nord de Trois-Rivières, en Mauricie.
La décision a semé beaucoup de désappointement et de questionnements.
«Le ministère a principalement justifié son
refus par le fait que ce projet de CPE était situé à l'extérieur du périmètre
d'implantation déterminé pour Trois-Rivières.»
Le Groupe Bellemare, que j'ai visité aussi, s'en
était fait le promoteur. «Le Groupe Bellemare s'en était fait le promoteur non seulement pour ses besoins internes,
mais aussi pour ceux de l'ensemble des PME actives dans ce secteur.»
L'entreprise AAR qui entretient des aéronefs
tout près de la zone aéroportuaire de Trois-Rivières, comptait sur ce service
pour faciliter son recrutement et retenir son personnel. Puis on cite Stéphane
Rochette d'AAR Corporation : «C'est un des bénéfices qui est très en
demande pour nos employés que celui de l'accès aux services de garde.» Puis,
donc, fin de la citation.
Alors dans le tissu économique, c'était majeur.
Là, CPE, ce n'est pas du privé non subventionné, c'est étatique, donc c'est
levé par des fonds publics. Mais voyant le refus pour x raisons, on risque plus
qu'hier, encore une fois, et moins que demain, se retrouver vers un plan B où
ils vont se mettre ensemble puis ils vont dire : Écoutez, on va aller de
l'avant. Donc, dans un tel cas aussi, j'imagine, pour maintenir... parce qu'on
parle de création, mais pour le maintien des emplois aussi, j'imagine, votre
ouverture n'est pas à zéro, là. Elle est là?
M. Fitzgibbon : Non, c'est clair,
puis vous parliez... puis je pensais à ma situation, où j'ai déjà été exécutif
à la Banque Nationale, 600 de La Gauchetière. On avait une garderie, puis
j'essaie de penser, je ne me rappelle même pas, on avait une garderie pour nos
employés, et ce n'était pas un CPE. Je suis pas mal sûr que la Banque
Nationale, on finançait beaucoup là-dedans.
Alors, je pense que ce modèle-là doit être
considéré. Et on a déjà eu des discussions avec le ministère de la Famille,
mais finalement la clé, c'est l'offre des services qui doivent être offerts. Je
ne pense pas qu'on va laisser au privé le soin de gérer une garderie. Je pense
que ce serait une erreur. Mais il faut quand même être ouverts que, si le privé
est prêt à financer une partie puis c'est conforme à ce qu'on définit comme
étant les services qu'on peut offrir à la population, pourquoi pas? Mais...
M. Tanguay : Vous seriez ouverts,
donc, c'est ça?
M. Fitzgibbon : Oui, pas pour le
financer au MEI, je suis ouvert à...
M. Tanguay : Pardon?
M. Fitzgibbon : Pas pour le financer
directement comme ça, mais je suis ouvert, définitivement, à aller m'asseoir
avec le ministre de la Famille, dire : On a un projet majeur ici, il faut...
ce serait le fun de trouver une solution. C'est clair, je pense.
M. Tanguay : Puis, encore une fois,
parce qu'on est... pas pieds et poings liés, mais on doit travailler avec...
Bien, il y a deux réalités. C'est que, oui, la garderie privée non
subventionnée, elle va être détenue par le privé, alors, à la limite, ça
pourrait être une compagnie à numéro ou ça pourrait être... c'est une
entreprise privée, personne morale. Et le deuxième aspect, c'est qu'elle ne
pourra pas, si vous le faites, évidemment... Vous parlez des employés à
l'époque, pour vos employés, vous voulez décider : Bien, je me garde
15 places sur le 29, elle ne sera jamais à 8,70 $ par jour, elle ne
sera pas subventionnée. Ça va être, à ce moment-là, 50 $, 60 $ par
jour. Alors, c'est cette logique-là aussi qui est à considérer.
J'aimerais parler d'un aspect... On parlait, un
peu plus tôt, du cas de Gaspé, pénurie de main-d'oeuvre et de logement. Dans l'article du journal Les
Affaires d'hier, sous la plume de Marie-Eve Shaffer, on parlait, entre
autres, qu'ils avaient réussi à trouver, bon, pour les familles de
nouveaux arrivants au Québec, de l'hôtel puis,après ça, du logement. Des
Tunisiens et des Marocains d'origine... «Un programme de parrainage a également
été mis en place pour aider les nouvelles recrues à s'intégrer à l'équipe de
travail de quelque 130 travailleurs, mais également à découvrir la
région.» Mon point, l'intégration, puis je suis certain
que vous participez de cette logique-là, là, il n'y a pas meilleur... ou un des
facteurs très, très intéressants et qui permet d'avoir une intégration réussie,
c'est l'intégration par l'emploi, par le travail. Puis tu fais partie d'une
équipe de travail, puis ils t'aident, puis l'entreprise connaissent la réalité.
Dans la proposition... puis je ne veux pas... je
ne m'attends pas à ce que vous disiez que la charte des régions proposée par le
Parti libéral du Québec, c'est excellent, mais j'aimerais quand même savoir,
sous un aspect, quand on parle, à la page 20, assurer une immigration qui
répond mieux aux besoins... Pour la période 2019‑2022, le nombre
d'immigrants que le Québec reçoit annuellement a été, donc, diminué. Mais ce
n'est pas ça, mon point. Mon point : «Conclure des ententes avec
l'ensemble des régions du Québec afin qu'elles déterminent leurs propres
besoins d'immigration pour tenir compte réellement de leurs besoins dans le
secteur de leur capacité d'accueil», nous nous assurions aussi, une fois qu'on
a considéré ça, avec les acteurs du milieu concernés qui ont les ressources et
la flexibilité nécessaire pour bien accueillir...
Sur le principe, là, je ne suis pas en train de
dire que vous allez voter pour ça, là, mais sur le principe de dire : On va mettre dans le coup les régions qui, elles,
vont être en lien avec les entrepreneurs sur le terrain, puis ils vont
dire : Bien oui, moi, ça m'en prend des
Marocains, des Tunisiens, des Philippins... Puis sachez que, oui, puis on fait
un lien avec tout ce qu'on dit, ils vont être capables d'être proactifs
sur le logement, sur les services de garde, ainsi de suite, de dire : Bien
oui, nous, on est capables, il y aurait une acceptation, évidemment, du niveau
qu'ils ont de besoin dans la région, parce que ça serait fait par et pour la
région. Comment vous voyez ça, cette logique-là qui serait une nouvelle façon
de faire?
• (12 h 30) •
17
897
M. Fitzgibbon :
Bien, écoutez, humblement, je pense que nous l'adressons. Je pense que mon
collègue ministre du Travail et Solidarité sociale a eu des sommes importantes,
dans la mise à jour du mois de novembre 2021, 2,9 milliards. On en parlait
il y a deux jours. Le focus de l'intégration de l'immigration en région est au
rendez-vous. Je peux vous dire que le développement régional qui est fait par
Investissement Québec régional, par les gens chez AEQ, beaucoup de sondage est
fait, beaucoup de rétributions sont faites de ces gens-là au ministère de
l'Emploi, qui est maintenant aussi responsable de l'immigration.
Alors, la
forme qu'on utilise pour arriver aux fins peut varier. Nous, on a notre façon
de procéder. Emploi-Québec est très actif sur le terrain. On a des
missions internationales de recrutement organisées par Québec International,
organisé par Monde International et Investissement Québec International, et
toutes ces missions-là de recrutement sont faites dans un contexte très
particulier de postes vacants et de besoins à combler dans les régions. Donc,
je pense qu'on y arrive par un autre chemin.
11
789
M. Tanguay : Par
contre, puis je ne suis pas en train... Ce que je veux dire, je ne le dirai pas
par la négative, je vais le dire par la positive : ce sont tous des pas
dans la bonne direction, mais moi aussi, humblement, je vous dirais que ça
semble insuffisant. On parlait... votre collègue a fait une annonce, donc,
17 missions, je pense, c'était en début de cette semaine, 17 missions
à l'étranger, virtuelles, pour recruter 3 000 travailleurs, ainsi de
suite. Et je cite notre... votre collègue, notre collègue, là, Travail, Emploi
et Solidarité : «On anticipe que, de 2021 à 2030, il y aura à peu près
1,4 million de postes à combler.»
Alors, mon point, ce serait de penser à
réellement du 2.0, en mettant dans le coup les élus locaux, les acteurs locaux,
en leur disant : Vous avez besoin, dans un monde idéal, de combien
d'employés — pénurie
de main-d'oeuvre — dans
quels secteurs, ainsi de suite, et là partir de leurs chiffres pour revenir à
la hauteur puis dire : Bon, bien, dans les 17 régions administratives
du Québec, ils ont besoin de x, x, x, on additionne puis on voit l'immigration
sous cet angle-là, plutôt que, de Québec, de dire : Bien, on met ça à
50 000, ou peu importe le chiffre, vous comprenez?
Et mon deuxième point, une fois que ça, on
travaille ensemble, bien là, eux aussi vont être proactifs pour trouver quoi?
Du logement, des services de garde, et ainsi de suite. Vous comprenez?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez, on
a... il y a deux choses. Il y a le... oublions le 50 000,
30 secondes, parlons de la demande. Je pense, c'est ça qui est important.
Est-ce que le gouvernement aujourd'hui comprend, dans les régions, quels sont
les besoins en main-d'oeuvre? Je pense que, la réponse, c'est oui. On a fait
tellement d'efforts pour décentraliser au niveau économique dans les régions,
via AEQ et via investissement impact général, on a le pouls sur les besoins.
Après ça, c'est comment on va combler ces besoins-là. Évidemment, on parle du
50 000 parce que c'est, de la bouche de notre premier ministre, ce qu'on
considère le maximum qu'on peut intégrer aujourd'hui, chiffre qui va pouvoir
monter quand on va être mieux habilités à intégrer.
Et d'autre part, on est aussi des immigrants
économiques temporaires, et c'est là que les missions deviennent importantes.
Et je vais donner une anecdote. J'étais à Israël, il y a quelques semaines, et
tout le monde se bat pour avoir des ingénieurs, incluant nous. Puis j'aurais pu,
là, j'aurais recruté des ingénieurs, je les aurais ramenés avec moi dans mes
valises, là, mais, bon, ils sont allés ailleurs. Alors, on a un enjeu important
dans le monde où le monde est... en cherche, tous les systèmes. Alors, je pense
que d'identifier les besoins, c'est une chose, le mécanisme pour y arriver,
c'est une autre chose. Puis je pense que, les besoins, on les connaît.
M. Tanguay : Puis je trouve ça
intéressant, on a une bonne discussion, avec ce que je vous ai présenté, partir
des régions, remonter ça à Québec. Vous avez dit, donc : Notre premier
ministre a décrété, donc, que l'intégration, c'était 50 000. Basé sur
quoi, ça?
M. Fitzgibbon : Bien, sur la
capacité du ministère de l'Immigration, les cours de français. Je pense que
c'est important pour nous que la culture
soit maintenue, que les gens parlent le français. Alors, je pense, il y a tout
un mécanisme, puis
ce n'est pas mon expertise, là. J'écoute mes collègues. Mon collègue,
maintenant, qui est responsable de l'Immigration et de l'Emploi aussi considère que 50 000... on était à 40 000
au début, on est à 50 000, on augmente nos investissements. Je n'ai
pas les chiffres. L'investissement fait par le MIFI sur l'intégration des
francophones est important, là. On a monté les seuils... pas les seuils, mais
les sommes investies. La clé, c'est plus vite on va pouvoir intégrer ou mieux
on va intégrer, plus on va pouvoir remonter les seuils, parce qu'il n'y a
personne qui... Le 50 000, ce n'est pas un chiffre, là, qui est sorti de nulle
part. C'est qu'on considère, à tort ou à raison, c'est le maximum qu'on peut
intégrer. Le jour où on va être capables de faire mieux, on remontera les
seuils.
M. Tanguay : Mais vous, parce que
c'est... comme ministre de l'Économie et de l'Innovation, c'est votre pain puis
votre beurre, ça, la... Vous, vous... je ne veux pas dire contentez, de façon
dérogatoire, là, mais vous vous déclarez satisfait, de dire : Bien, il y a
un mécanisme, puis c'est 50 000, puis c'est ça. Puis, à un moment donné,
quelqu'un va venir m'informer, moi, ministre de l'Économie : Bien,
finalement, ça peut monter à 70 000, 60 000, 80 000. Il me
semble que ce serait... vu que c'est votre pain puis votre beurre, puis c'est
le pain puis le beurre de tous les entrepreneurs au Québec, il me semble que je
serais un peu plus... je cornaillerais un peu plus, là.
M. Fitzgibbon : Oui, mais il faut
comprendre aussi qu'il y a du «backlog», hein? On a... en 2020‑2021, là,
indépendamment des seuils, là, le monde ne se promenait pas bien, bien, hein,
avec la pandémie. Ça fait qu'on a du rattrapage à faire. Donc, je pense
qu'aujourd'hui notre capacité à avoir les permis, hein, c'est complexe avec le
fédéral, avoir les permis, les intégrer. Je pense qu'on n'a pas d'enjeu. Quand
même qu'on aurait ramené ça à 300 000, on est limités de toute façon. Ça
fait que moi, je pense qu'aujourd'hui, l'enjeu, c'est vraiment qu'on investisse
au niveau du MIFI sur l'intégration. On veut tous ça, on sait tous que la
démographie du Québec est négative. On le réalise tous que l'immigration est
une partie de la solution, avec l'institution du savoir qui doit être mieux
adaptée aux besoins des entreprises, là. C'est un autre sujet.
Moi, je pense
qu'aujourd'hui, moi, je suis satisfait. Le jour où je sens qu'on peut plus
intégrer puis qu'on pourrait augmenter
les seuils, on aura la discussion avec les gens concernés, mais aujourd'hui, ce
n'est pas une discussion qui est finie.
M. Tanguay : Puis ça me fait penser,
puis je le dis en souriant, je me rappelle, je ne sais pas si vous avez vu ça à
l'époque, quand Bernard Landry... Ils demandaient : Quand est-ce qu'il va
y avoir un référendum? Dans la campagne électorale en 2003... Puis Bernard
Landry, il disait : Quand j'aurai la conviction intime que c'est le
moment. Mais là ils disent : Mais vous allez savoir ça comment, où, quand,
comment, cette conviction intime là que le peuple est prêt pour la souveraineté
du Québec, puis vous allez faire un référendum? Il a dit : Quand ce sera
le cas, je le saurai.
Donc, est-ce que je dois appliquer ça, vous
également, à ce que vous dites, quand on va partir du seuil de
50 000 immigrants puis qu'on peut monter à 70 000, 80 000
et plus, comme Bernard Landry sur le référendum, vous vous levez un matin puis
vous allez dire : O.K., là, je le sens, je le sais, on peut y aller?
M. Fitzgibbon : Bien, je vais
répondre différemment. Je pense, la question importante, c'est les immigrants
en région. Un des problèmes qu'on a, c'est de les garder en région. Donc,
évidemment, quand on recrute des immigrants du Maghreb, ou des Français, ou
d'autres juridictions où ils parlent français, c'est plus facile. Je pense
qu'il faut trouver le moyen de recruter des gens qui ne sont pas nécessairement
des francophones, de les établir en région. Puis on voit ça à Chibougamau.
Chibougamau, c'est vraiment spécial, ce qui se passe là, je l'ai vu de mes
yeux.
Alors, je pense qu'il y a un modèle, là, qu'il
faut regarder, puis je pense que, comme gouvernement, on est sensibles à ça.
Puis si on peut intégrer des allophones dans les régions, puis qu'ils
apprennent le français sur une base temporaire pendant un permis temporaire
puis ils deviennent des familles après, moi, je pense que c'est là que le
succès va arriver. Mais c'est un travail qui n'est pas facile. Il faut le faire
avec le privé, puis je pense que c'est un travail que nous, on est prêts à
regarder.
M. Tanguay : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Merci. Alors, maintenant, nous y allons avec la porte-parole du troisième
groupe d'opposition en matière d'économie et de relance. Députée de Gaspé, à
vous la parole.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme la
Présidente. Rebonjour, en fait, on s'est vus en début de semaine des crédits.
Bien, pour rapidement continuer sur le sujet qu'a lancé mon collègue, sur la
régionalisation de l'immigration, quand vous dites : On est prêts à faire
notre part pour encore plus en faire — je sais que les taux que vous
aviez en tête n'ont pas pu être respectés, là, les cibles — donc
comment on fait ça, avec les entreprises, pour attirer, pour qu'ils n'aient pas
à passer à Montréal avant? Parce que c'est ça, là, l'enjeu, c'est pour ça
qu'ils retournent vers là. S'ils se sont fait un réseau puis qu'on essaie après
de les localiser plus en région, bien là, on perd notre temps, c'est vrai.
Donc, moi,
j'ai déjà parlé de grille qui donne des incitatifs, un meilleur pointage, quand
on décide ou quand on a une offre
d'achat en région. Donc, ça, peut-être rapidement nous dire qu'est-ce que le ministre de l'Économie fait en ce sens-là.
• (12 h 40) •
M. Fitzgibbon : Bien, premièrement,
vous comprenez, ce n'est pas mon secteur, comme tel, sauf que j'ai toujours dit
que recruter des immigrants, le travail incombe aussi aux entreprises. Ce n'est
pas au gouvernement de convaincre les gens, hein, tu vas aller travailler chez
LM Wind Power. Ça, LM Wind Power, dans votre exemple, vous connaissez bien...
de faire le travail.
Mme
Perry Mélançon : Qui fait déjà un bon travail, oui.
M.
Fitzgibbon : Non, mais c'est important, je pense, de... Il faut que le
gouvernement... Puis on le fait avec Investissement Québec International...
missions de recrutement, ils en font, ils amènent des entreprises. Alors, moi,
je pense qu'il faut intégrer encore plus les entreprises pour pouvoir
convaincre les immigrants qu'on va aller les chercher puis qu'ils vont aller
travailler directement à Gaspé, ils ne vont pas passer par Montréal. Alors, on
est d'accord avec ça. C'est peut-être souvent plus difficile à faire qu'à dire.
Mme Perry
Mélançon : Oui. Je vais aller directement dans un sujet qui concerne
le ministère de l'Économie et de l'Innovation, pour vous entendre, justement,
plus en profondeur sur certains sujets. J'attends impatiemment, moi, des
annonces en ce qui concerne les zones d'innovation. Il y en a eu seulement deux
d'annoncées, beaucoup de régions attendent
là-dessus. C'était quand même, pour plusieurs, une belle façon de développer
certains secteurs, d'aller chercher
de l'investissement privé, avoir plus de recherche, plus... bon, bref,
d'incitatifs. On connaît l'idée derrière ça. Mais je voulais
savoir : On en visait combien, de zones d'innovation, au départ, puis où
est-ce qu'on en est, présentement, là, avec ça?
M. Fitzgibbon :
Bien, premièrement, comme vous avez bien dit, les zones d'innovation, ça se
veut un projet où on va regrouper l'institution du savoir, les grandes
entreprises, des start-up, du capital, de la formation, de la recherche
fondamentale appliquée.
Alors,
évidemment, une zone d'innovation, on a toujours dit que ça prenait une
thématique où le Québec pourrait être reconnu au niveau international.
On est 8,5 millions de personnes, on est bons dans plusieurs segments.
Alors, moi, je pense, si j'avais aujourd'hui à évaluer, puis c'est mon
évaluation, puis d'ailleurs la personne qui est devant moi, ici, travaille avec
moi sur ça, je m'attends à avoir huit, 10 zones d'innovation, de façon
réaliste, dans les prochains trois, quatre ans. Ce n'est pas une course. Les
zones d'innovation, ça va rester pour plusieurs générations. On en a deux
d'annoncées, il y en a trois, quatre autres qui sont pas mal avancées aussi,
là. Je suis très confortable.
Ceci étant dit, donc,
la réponse... c'est triste, là, il y a 120 MRC, au Québec, là, donc il y a
possiblement 120 zones d'innovation, puis on en a seulement huit ou 10. Ce
qu'on a fait à Rivière-du-Loup, je vais vous donner le contexte, on va jumeler aux zones d'innovation des projets d'innovation.
Rivière-du-Loup est arrivée avec un projet qui s'appelle HIFA, emballage innovant. Il y a Rio Tinto,
Cascades, Premier Tech, CCTT, l'Université
du Québec à Chicoutimi, à Rimouski.
On a créé un projet. Ce n'est pas une zone d'innovation par définition, mais on
a quand même mis de l'argent là-dedans. Alors, moi, je pense que
l'approche du gouvernement, c'est de faire des projets et des zones
d'innovation.
Mme Perry
Mélançon : Mais quand vous dites : On a créé un projet, comment
se passe le processus? Parce que moi, j'ai essayé
de suivre un petit peu, là, toute la question des dépôts de projets. Et comment
s'est passé le processus formel, là?
Est-ce que c'est terminé? Est-ce qu'il y a encore des projets qui peuvent se
déposer? C'est un petit peu ma question.
M. Fitzgibbon :
La personne qui est juste devant
vous avec des lunettes, elle s'appelle... c'est le sous-ministre adjoint
qui s'occupe uniquement... pas uniquement, mais qui s'occupe de l'innovation.
Alors, tous les projets passent par son
sous-ministère, parce que c'est un sous-ministre adjoint. Il y a une équipe
dédiée à ça. Il y a un processus, il y a une couple d'années, qui a été
fait, on avait... J'ai la liste ici, je pense qu'il y en a une trentaine, je
n'ai pas mes lunettes, là, il y a peut-être...
Mme Perry
Mélançon : Donc, il y avait une trentaine de projets de déposés, à peu
près?
M.
Fitzgibbon : À peu près, qu'on a reçus. Et ce qu'on a décidé de faire,
c'est que, dans les 30 projets qu'on a reçus, il y en a qui vont être des
zones formellement, il y en a qui vont être rejetés parce qu'ils ne sont pas
bons, puis d'autres, comme le projet de Rivière-du-Loup, qui n'est pas une
zone, mais c'est assez percutant au niveau innovation, on va le faire quand
même, parce que, tu sais, qu'on appelle ça une zone, une zonette, un projet, ce
n'est pas important. La région a...
Mme Perry
Mélançon : Une zonette?
M.
Fitzgibbon : Oui. Non, mais c'est ça, on m'a dit de ne pas dire ça,
là. Mais un projet d'innovation, disons, projet d'innovation qui, dans le cas
de Rivière-du-Loup, qui est très, très... Les gens de Rivière-du-Loup sont
super contents. Ce n'est pas appelé une zone d'innovation, parce que dans...
l'emballage innovant, pour l'instant, n'est pas un chantier international. Ça
va-tu le devenir? Peut-être. Ce sera une zone à ce moment-là. Mais pour le
gouvernement, notre rôle, dans ce cas-là, c'est d'être le trait d'union entre
les institutions du savoir. Moi, je crois beaucoup, beaucoup qu'il faut avoir
nos collèges techniques, il faut avoir nos universités d'impliquées.
Mme Perry Mélançon : Oui, c'est sûr. Puis est-ce qu'on a une idée de... Pour nous donner une
idée de grandeur, en fait, là, les projets varient de combien? Tu sais,
les investissements du gouvernement, là, vraiment, sont de... disons, de quelle
échelle?
M.
Fitzgibbon : Dans le cas de Sherbrooke et de Bromont, qui ont été
annoncés, là, je vais y aller de mémoire, là, si je... je pense, c'est
110 millions, là. Bon, j'ai la réponse ici. On a mis
131 millions dans le cas de Sherbrooke pour le quantique...
Mme Perry
Mélançon : ...
M. Fitzgibbon : 131, puis on a mis
25 à date dans celle de Bromont. Maintenant, il y a des relations entre
les deux, par exemple, IBM... En tout cas,
bien, disons que dans les deux cas, là, on a mis 150 millions pour les
deux zones d'innovation.
Je vous dirais que la façon qu'on regarde ça,
c'est que moi, j'ai toujours dit que l'infrastructure devrait être faite par le
gouvernement, parce que c'est moins intéressant pour des entreprises privées, à
condition que le privé ait des projets structurants. Dans le cas de Sherbrooke,
c'est arrivé avec le quantique. IBM, il dit : On est intéressés. Le
premier ordi quantique, on aimerait que vous le financiez. J'ai dit :
Parfait, on va le financer, mais vous allez donner la contribution pour les
entreprises qui vont être... Si j'avais à donner un pourcentage, là, je dirais,
probablement 20 à 30 % serait la contribution du gouvernement. Puis on va
aller plus que ça, s'il le faut, si on est convaincus que la thématique fait du
sens, là.
Mme Perry Mélançon : Donc, ce qui
explique un peu l'écart entre le 25 millions puis le 130, c'est parce qu'on est dans les projets d'infrastructures
aussi, là, donc que ça peut varier parce que les... Mais on est dans le 20-30 %
de participation.
M. Fitzgibbon : D'une part, puis
Bromont n'est pas terminé encore. Il y a des projets qui n'ont pas été
annoncés. Parce qu'on a annoncé la zone, là, avec M. Bourbonnais, du C2MI,
parce que c'est un champion, là. Puis on a voulu annoncer ça avec Teledyne puis
d'autres, mais il y a d'autres compagnies qui s'en viennent. Ça fait qu'on va
voir monter le 25, mais on a annoncé 25 parce qu'il y avait juste le privé en
conséquence...
Mme Perry Mélançon : O.K. Puis...
parce que je sais, là, de discussions un peu comme ça qu'il y a un projet qui
est dans le domaine des mines. Je pense qu'il est de beaucoup plus grande
ampleur.
M. Fitzgibbon : Oui.
Mme Perry Mélançon : Donc, ça,
est-ce qu'on a déjà des nouvelles? Ça a-tu été annoncé ou pas encore?
M. Fitzgibbon : Non. Mines...
Effectivement, il y a des... Ce n'est pas par chez vous, par exemple, là,
mais...
Mme Perry Mélançon : Non, mais c'est
ça.
M. Fitzgibbon : Mais effectivement,
il y a un projet qui a été déposé. Il y en a un en aluminium, il y en a un en aéronautique. Alors, on peut présumer... les
chantiers, on est déjà champions, ce serait très logique qu'on en fasse,
alors...
Mme Perry Mélançon : Puis ça, ça
pourrait aller jusqu'à combien d'investissements? Ce serait quoi, le maximum
que le gouvernement donne pour un projet comme ça, une participation?
M. Fitzgibbon : Bien, je vais vous
répondre indirectement. Il y a beaucoup de projets où il y a des projets
industriels qu'on va pouvoir aider. Mais la zone d'innovation, c'est quoi?
C'est un lieu, c'est un écosystème où il va y avoir des gens qui vont être
transversaux. Les mines... toutes les grandes minières ont beaucoup d'argent
dans leurs projets, mais on n'écrit pas ça là-dedans. Mais est-ce qu'il y a une
thématique pour les mines qui va faire en sorte qu'ils veulent travailler
ensemble pour une même cause, par exemple, là, les véhicules autonomes, dans le
fond des mines, électriques, peu importe comment on va les appeler? C'est ça
qui va créer la zone. Tu sais, je ne mettrai pas deux minières ensemble pour
dire : Ah! une zone d'innovation. Il faut qu'il y ait une thématique.
Alors, cette thématique-là, l'organisation, ce
n'est pas des argents... ce n'est pas 1 milliard, là. Un building de 25
millions, quelques personnes, frais de fonctionnement, nous, on va financer ça
à condition que les entreprises... un peu ce qu'on fait au Mila dans
l'intelligence artificielle puis Ivado. On s'en va vers Mile-Ex, là, puis on
voit ce qui se passe là, là. Google est là, Apple est là, tout le monde est là,
là. Alors, c'est un projet, d'ailleurs... tantôt, je pense, c'est un gros
succès. On a un projet où les gens sont là puis gravitent alentour de
l'investissement qui a été fait.
Mme Perry
Mélançon : O.K. Vous avez
dit, justement, qu'il y avait des projets déjà pas retenus à ce stade-ci,
qu'on a une trentaine de projets, en tout et partout, qui ont été déposés.
Est-ce que ça, c'est des données qu'on est en mesure d'avoir, une liste des
projets qui ont été déposés?
M. Fitzgibbon : Je dirais que non
pour l'instant, mais pas parce que je ne veux pas le donner. C'est que, quand
on a dit non, on a dit non, puis on dit pourquoi c'est non. Puis quand on dit
pourquoi c'est non, bien, il y en a qui disent : Bien, on veut revenir.
O.K., revenez.
Alors, en fait, c'est pour ça qu'on a créé les
projets comme le projet de Rivière-du-Loup. Parce qu'il y a beaucoup de projets, on ne dit pas non parce que
ce n'est pas intéressant, on dit non parce qu'on ne pense pas qu'il y a
une possibilité qu'on soit des champions mondiaux, mais qu'on peut le devenir
aussi. Alors, Rivière-du-Loup, c'est un très bon exemple. La réponse,
c'était : Non, vous ne serez pas une zone d'innovation, ce n'est pas assez
structurant. Mais on a des projets pareil, puis c'est M. Vézina qui avait
piloté ça, puis on s'est ramassé avec un projet où les gens...
Alors, je vous dirais que,
dans tous les cas, il n'y a personne qui est arrivé avec quelque chose qui
n'avait pas de bon sens, mais il y avait des
choses qui n'étaient pas attachées, qui n'étaient pas bien montées, parce que
c'est un nouveau concept. Alors,
l'équipe qui est avec M. le sous-ministre ici, c'est une équipe qui accompagne
les gens parce que... puis on est allés plus loin que ça. On a des chefs
de projets qu'on va identifier, qu'on va mettre dans des projets pour permettre
de se concerter avec l'environnement, avec la région pour pouvoir arriver avec
un projet qui est plus structuré.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
reste deux minutes à l'échange.
Mme Perry Mélançon : Oui. Bien,
en fait, si, justement, il manque une infrastructure, si, dans le projet... tu
sais, j'essaie de voir, est-ce que c'est ça qui disqualifie un projet, ou
est-ce que vous participez à financer, ou à développer cette infrastructure-là?
J'ai même un exemple en tête d'un projet qui a été déposé pour ma région puis
je pense que vous connaissez le dossier de
la grue-portique. Je ne veux pas nécessairement rentrer dans le détail au
niveau local, là, mais est-ce que
c'est ce genre d'infrastructure là qui pourrait se greffer à un projet de zone
d'innovation, par exemple?
M. Fitzgibbon : Oui, mais...
Parlons de votre région, on va en parler. En même temps, je pense qu'il y
aurait une logique de regarder votre région largement définie pour avoir une
zone halieutique, produits de la mer. Je pense que ce serait logique, là. On ne
fera pas ça à Terrebonne, là.
Mme Perry Mélançon : Ce serait
très logique. On a hâte de voir ça aboutir.
• (12 h 50) •
M. Fitzgibbon : À Terrebonne,
ils aimeraient ça l'avoir, mais ça n'arrivera pas. Donc, mais comment on met ça
en place? Plusieurs MRC... on a Merinov, on a des choses. Alors, c'est un
exemple où on travaille avec la région. Puis vous savez probablement, on
travaille avec eux autres pour trouver une façon, puis on travaille activement,
on est proactifs. On en veut une. Moi, j'aimerais ça avoir un projet
d'innovation. C'est-tu une zone d'innovation? Je ne le sais pas, mais ça va
être un projet d'innovation. On veut travailler avec eux autres. Alors, on est
tellement convaincus qu'on va les aider à structurer, parce que souvent, dans
les régions, bien, tu n'as pas les ressources au niveau du développement
économique d'une MRC pour le faire. Puis dans ce cas-là, où... je pense que
c'est ce cas-là aussi, on a nommé des chefs de projets, on a financé, au MEI,
des gens, ça, c'est en dehors du AEQ, qui vont travailler avec les intervenants
de la région, autant au niveau éducationnel qu'au niveau des entreprises, pour
dire : Comment est-ce qu'on structure ça pour arriver avec un projet?
Mme Perry Mélançon : Puis
rapidement...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Merci.
Mme Perry Mélançon : Il ne
reste pas de temps?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
vous reste 20 secondes.
Mme Perry Mélançon : Bien,
est-ce que... Comment on fait rayonner toute une région avec cette zone-là?
Parce que c'est très niché, quand même, ça va être des zones assez bien
délimitées. C'est quoi, le rôle de ministre, pour que tout le monde puisse en
bénéficier de ce projet-là?
M. Fitzgibbon : Bien,
l'Institut quantique à Sherbrooke, par exemple, qu'on a annoncé, quand je suis
arrivé à Israël, le monde savait qu'on avait annoncé, hein? On a quand même
bien communiqué. Puis on est arrivés à Israël, qui sont les champions de la
numérisation, ils ont fait : Aïe! vous avez zone d'innovation quantique,
parlez-nous-en...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Vous pourrez continuer cet après-midi. Merci. C'est parce que, si nous voulons
terminer à 1 heure... Alors, nous poursuivons avec le troisième bloc, avec
l'opposition officielle, député de LaFontaine. Il est plus bref, hein, votre
bloc est de cinq minutes.
M. Tanguay : Oui, tout à fait.
J'aimerais savoir quand ont été vos premières conversations avec Daniel
Labrecque, président et chef de la direction de DNA Capital, quant à une
éventuelle participation du gouvernement dans cette entreprise privée, dans ce
fonds privé.
M. Fitzgibbon : Je ne pourrais
pas vous répondre. Il faudrait que je regarde mon agenda.
M. Tanguay : Mais ça remontait
à quand, cette idée-là? Parce que ça s'est fait récemment, ça?
M. Fitzgibbon :
Écoutez, ça remonte probablement au début de la pandémie parce que, dans le
projet de développement économique qu'on a mis en place en arrivant en poste,
moi, j'ai identifié très rapidement que, dans la chaîne des capitaux, il y
avait une carence. Il y avait des places dans la chaîne des capitaux, puis on
parle d'amorçage jusqu'à la grande entreprise, il y avait des trous, il y avait
des... Alors, j'avais annoncé publiquement qu'on avait, je pense, identifié 600 millions de dollars
qu'on avait réservés, des fonds publics, pour financer des fonds
d'investissement. J'avais été public sur ça. Alors, il y
a un paquet de monde qui ont levé la main. D'ailleurs, on a fait beaucoup de
fonds, on a fait énormément de fonds depuis ce temps-là. Alors, cette
conversation-là avec M. Labrecque a commencé au même moment qu'on a
annoncé ça au début de la pandémie. Surtout, en pandémie, c'est encore plus
important d'avoir des fonds. Hier, on en parlait avant-hier, sur comment on
aide les entreprises. Alors, ça a commencé probablement dans ce temps-là. Je
peux donner la date exacte, là, première rencontre.
M. Tanguay :
O.K. Et ça, ça a été une discussion où vous... Est-ce que c'est vous qui
avez piloté ça avec lui, avec Daniel Labrecque?
M. Fitzgibbon :
Non. Moi, je suis juste ministre, là. Alors, le ministre...
M. Tanguay :
C'est déjà quand même pas pire.
M. Fitzgibbon :
Hein?
M. Tanguay :
C'est déjà pas pire.
M. Fitzgibbon :
Oui, c'est pas pire, mais on ne pilote pas les dossiers. Alors, il y a
l'équipe, en fait, sous le sous-ministre qui n'est pas... Il est-tu ici? Oui,
il est là-bas, le deuxième, là-bas, monsieur... son nom, M. Gervais, qui
est sous-ministre à l'Innovation. Lui, il pilote tous les dossiers de fonds. Il
y a une équipe qui fait ça aussi, puis il y a Investissement Québec, il y a des
gens aussi, parce qu'on fait beaucoup de «fund-to-fund» là aussi... a une
équipe de, je ne sais pas, sept, huit, neuf personnes qui ne font que ça. Il y
a beaucoup de demandes de fonds, dont celui-là.
M. Tanguay :
O.K. Vous dites donc qu'il y avait initialement... il y a une enveloppe de
600 millions qui a été distribuée, c'est ça?
M.
Fitzgibbon : Bien oui, je veux dire, on va...
Des voix :
...
M.
Fitzgibbon : O.K. On a un 600 là, puis, dans le budget original de
2019, il y avait d'autres argents. Alors, on a mis, disons, 1 milliard.
M. Tanguay : Est-ce
qu'on pourrait avoir, justement, la ventilation pour le premier, 2019,
600 millions, puis pour le deuxième?
M.
Fitzgibbon : Oui.C'est dans les livres budgétaires. C'est dans
les livres de M. Girard, là, c'est là-dedans. Alors, on va vous le trouver.
M. Tanguay : O.K.
Parce qu'on regardait, fonds DNA, dans tous les documents que vous avez
fournis, il n'était pas là. Alors, il est probablement ailleurs. Et ça, ce
600 millions-là, ça participe d'un programme normé? Ça vient d'où, le
600 millions?
M.
Fitzgibbon : Non, c'est un... En fait, ce qu'on fait, c'est que c'est Investissement
Québec qui est responsable pour avoir les relations avec les fonds. Puis j'ai
la liste à quelque part, là, mais on a un nombre de fonds importants, et chaque fonds qui est fait, on fait
un décret ministériel. Dans le cas de DNA, que vous parlez, bien, il y a
eu un décret ministériel. Il y a eu un décret ministériel pour Boreal. Il y en
a un pour... Donc, tous les fonds passent par un processus. Ce n'est pas normé,
mais ça passe par décret.
M. Tanguay : Et
le 75 millions qui est donné dans le cas... parce que j'ai devant moi,
évidemment, l'article de Michel Girard, du 24 février dernier, qui avait
beaucoup, beaucoup de questions pour ce 75 millions-là, par exemple. Il
est donné à un fonds privé qui va l'investir comme bon lui semble. Est-ce qu'il
y a une reddition de comptes qui est faite au gouvernement? Comment c'est fait?
M.
Fitzgibbon : Premièrement, j'aimerais corriger, si vous permettez,
«donner». On ne donne pas d'argent, on investit avec le privé, hein?
M. Tanguay : Ça
fait que vous avez pris une participation dans l'actionnariat?
M.
Fitzgibbon : Exact. Un fonds, c'est sur une base LP, «limited
partnership». En tout cas, bien, on... Il y a toujours un gestionnaire. Le
gestionnaire est responsable de faire les projets d'investissement. Ce n'est
pas nous, Investissement Québec ou le ministère de l'Économie, qui leur dit
quoi faire. Donc, on co-investi avec ce qu'on appelle les GP, puis il y a
autres privés qui sont là.
Dans le cas du fonds
auquel vous mentionnez, l'exigence, c'était que le privé non institutionnel, je
ne parle pas de la Caisse de dépôt, je ne parle pas de Fonds de solidarité,
soit au moins égal à notre montant d'argent. Donc, on veut
faire un appariement. Donc, il y avait des... le «general partner», le
management, et il y avait des fonds privés. Et c'est important pour le
gouvernement, parce qu'il n'y a aucun fonds où nous sommes majoritaires, à
moins qu'on soit en amorçage où la prise de risque est très difficile à
prendre. Donc, dans l'exemple que vous donnez, c'était un l'appariement avec le
privé, privé étant les «family office» ou d'autres investisseurs privés qui
voulaient investir.
M. Tanguay : Et
l'objectif, c'est évidemment de faire fructifier ces investissements-là. Et
est-ce que la mission du fonds, donc... parce que Michel Girard questionnait le
fait : Pourquoi Investissement Québec n'aurait pas pu le faire? Pourquoi
on a dû mettre ça là, là?
M.
Fitzgibbon : Parce qu'au Québec il y a 250 000 entreprises,
évidemment, on peut en exclure un grand paquet, là, mais, disons, il y a
peut-être un... si j'avais à dire les entreprises, là, qu'on veut... qui font
partie du tissu industriel, tissu économique important, il y en a probablement
100 000, disons. Il est impossible pour Investissement Québec de suivre
autant d'entreprises. Investissement Québec, l'année passée, on verra, là, il y
a les crédits avec Investissement Québec la semaine prochaine, je pense c'est
2 000 clients qu'ils ont, là, 2 000 entreprises.
Alors, la beauté des
fonds, c'est que tu fais l'effet levier. Donc, Investissement Québec met de
l'argent dans un fonds... Moi, je pense l'inverse de M. Girard, là. On investit
dans un fonds. Ce fonds-là a ses relations. Alors, plus... voir de fonds, plus
on va ratisser large. Et dans les cas où les entreprises ont besoin d'argent,
on va être présents. Alors, ce serait impossible économiquement qu'Investissement
Québec fasse tout le travail tout seul.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Alors, c'est tout le temps... Vous allez... vous vous êtes engagé à
remettre aussi la ventilation de certains fonds. Ça va être fait? Parfait.
Merci. Nous poursuivons cette fois-ci avec le bloc du gouvernement, avec le
député d'Orford. Il vous reste trois minutes max, max.
M. Bélanger :
Trois minutes. Merci, Mme la Présidente. Je vais essayer de faire ça en
trois minutes. Écoutez, Mme la Présidente, hier, on a effleuré un petit peu le
sujet d'Internet en région. Puis, suite à mon intervention, le ministre m'a
demandé d'être plus précis au niveau des chiffres, entre autres le
190 000 foyers qui restaient à brancher. Moi, j'ai mentionné que
90 % de l'ouvrage était fait, donc les demandes de permis, puis tout ça.
Je veux préciser que la cadence des branchements va monter à 30 000 par
mois à partir de ce mois-ci. Donc, on va arriver à date et tous les foyers vont
avoir accès à Internet haute vitesse.
Il
y a une autre demande que le ministre m'a fait aussi, parce qu'il voulait
savoir c'était quoi, l'impact économique au niveau régional, parce que c'est important, c'est dans son portfolio,
puis le ministre a travaillé beaucoup sur ce dossier-là. Et j'ai reçu,
ce matin, une étude de KPMG, qui est l'Étude sur l'impact économique des
mesures gouvernementales mises en place afin de déployer l'Internet haut débit
au Québec. Donc, en après-midi, là, si j'ai le temps de parole, je vais pouvoir
préciser tous ces éléments-là. Puis, par la suite, c'est certain qu'il y a
d'autres sujets, comme l'aérospatiale, que je vais vouloir toucher, le secteur
batteries et aussi aluminium vert. Donc, c'est le menu pour l'après-midi.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Donc, vous vous arrêtez là?
M. Bélanger :
Bien, j'espère que je vais avoir, à la fin de la journée, répondu à toutes
les questions de notre ministre de l'Économie. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est parfait. On pourra vraiment, donc, pouvoir terminer
à 1 heure.
Écoutez, compte tenu
de l'heure, la commission suspend ses travaux, effectivement, jusqu'à
14 heures. Nous nous retrouvons donc ici encore, à la salle Marois. Merci.
Bon dîner à tous et à toutes.
(Suspension de la séance à
12 h 59)
(Reprise à 14 h 02)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, rebonjour à tous et à toutes. Nous allons reprendre
nos travaux.
Je vous rappelle que
la commission est réunie afin de poursuivre l'étude du volet Économie des
crédits budgétaires du portefeuille Économie et Innovation pour l'exercice
financier 2022‑2023.
Alors, nous
poursuivons immédiatement avec le député de LaFontaine. La parole est à vous,
l'opposition officielle, pour un premier bloc de cet après-midi, sur quatre,
avec 20 min 33 s.
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, vous me permettrez de poursuivre la
discussion que j'avais avec le ministre sur
le fonds privé DNA. Si j'ai bien compris, donc, 2019, 600 millions avaient
été consacrés sur... pour des
investissements à de tels fonds privés, et ça a été renouvelé, donc, dans le
dernier budget du 22 mars. C'est ça?
M.
Fitzgibbon : Les montants, je n'ai pas eu le temps de les regarder, là,
j'ai mangé à midi, mais il y a des sommes qui avaient été divulguées dans le
budget quand on est arrivés en poste, puis on a renouvelé un autre montant
qu'on... on vous donnera les montants exacts, là, mais assumons 500 millions,
600 millions, là.
M. Tanguay : O.K.
Et là on avait déjà l'engagement, Mme la Présidente, donc, que vous nous
communiquiez, donc, la ventilation de ces
deux... sous votre règne ou votre régime, je ne sais pas quel mot employer, là,
des investissements sur les fonds
privés. Pour répondre, entre autres, à Michel Girard et à nos questions,
vous disiez donc que cette expertise-là, Investissement Québec ne pourrait pas l'avoir. C'est une question
d'expertise et/ou de temps et de ressources humaines?
M. Fitzgibbon : C'est le mélange des
deux. Je dirais que c'est plus le côté ressources humaines. Comme je
l'expliquais, il y a possiblement 100 000 sociétés au Québec qui
pourraient bénéficier d'aide, comme on fait chez Investissement Québec, alors qu'Investissement Québec, en 2021, on verra
les chiffres la semaine prochaine, là, peut-être 2 000,
2 500 projets qu'ils ont. Alors, de vouloir avoir des ressources
humaines à l'intérieur d'Investissement Québec pour servir tout le marché qu'on
veut pénétrer aurait été non réaliste. Alors, c'est pas mal deux tiers de la
réponse, et l'autre tiers, c'est qu'il y a des fonds spécialisés, par exemple,
faire un redressement, faire un changement de modèle d'affaires, il y a des
biotechs, il y a toutes sortes de choses. Donc, je pense que ce serait
malencontreux de vouloir tout avoir la ressource à l'interne, alors il faut
profiter de ce que j'appelle l'effet de levier avec des ressources externes.
M. Tanguay : Et qu'est-ce qui a
guidé le gouvernement, justement, dans la fixation de la nature des fonds qui
allaient être... dans lesquels le gouvernement du Québec allait investir?
M. Fitzgibbon : Bien, on a déterminé
au début où était la carence dans les fonds, dans quels segments de la chaîne
des capitaux où il y avait des manques, parce que de... pas de toute évidence,
mais la position que nous prenons, au gouvernement, c'est de dire : Si le
privé est là, on n'a pas besoin d'être là. Donc, par exemple, ce que la Caisse
de dépôt fait très bien et d'autres fonds, «the family office», là, qui est la
nouvelle nomenclature, s'ils jouent dans des territoires géographiques
sectoriels où le capital est disponible, le gouvernement n'a pas à investir.
Donc, on investit dans les carences. Donc, nous avons fait, à l'époque, un
«mapping» de ce qui manquait et on a déterminé qu'il y avait des fonds qui
devaient être créés, et ça a été exacerbé avec la pandémie.
M. Tanguay : Ça a été...
excusez-moi.
M. Fitzgibbon : Exacerbé avec la
pandémie. La pandémie a...
M. Tanguay : Oui, c'est ça, est-ce
que le «mapping» a changé?
M. Fitzgibbon : Bien, on a augmenté.
Il y avait encore un plus grand besoin pour aider les sociétés. Ce n'était pas
juste de... il faut comprendre, ce n'était pas juste de suffire aux besoins de
liquidités, il y a des entreprises qui devaient changer leur modèle d'affaires,
là. Donc, ça prenait... on a trouvé approprié d'avoir des fonds qui étaient
pour être là pour aider les entrepreneurs à changer comment ils voyaient leur
business.
M. Tanguay : Et vous ne pouvez pas
me dire le montant de façon plus précise que de dire 500, là? Vous dites
qu'il a été augmenté très substantiellement. Je ne sais pas si quelqu'un autour
de vous...
M. Fitzgibbon : ...trouver, on va
trouver d'ici la fin de la journée.
M. Tanguay : ...a l'information, on
est passé, en 2019, de combien à combien dans le dernier budget.
M. Fitzgibbon : Bien, ça n'a pas
d'importance parce que...
M. Tanguay : Bien, c'est quand même
important.
M. Fitzgibbon : Non, parce que, s'il
en manque, on va en mettre d'autre.
M. Tanguay :
Sky is the limit.
M. Fitzgibbon : Exactement.
Exactement.
M. Tanguay : Ah oui! Mais là les
Québécois qui se font taxer et imposer, eux, leur «sky» a une limite, là.
M. Fitzgibbon : Pour des bons
projets d'investissement, il n'y a pas de limite.
M. Tanguay : Sans limite.
M. Fitzgibbon : Exact. C'est le fun, hein?
M. Tanguay :
All in.
M. Fitzgibbon : All in.
M. Tanguay :
Ça va bien. Mais, non, non, non, on va vouloir avoir les montants, parce qu'à
un moment donné votre collègue au Conseil du trésor, elle va vous poser des
questions, là. Alors, on trouvera le montant, si vous pouvez nous le
communiquer dès que vous l'aurez, là, avec vos gens. Et vous dites que le
«mapping», donc, n'aurait pas changé. Mais c'est les sommes qui ont augmenté ou
il y a d'autres domaines, d'autres qui se sont ajoutés?
M. Fitzgibbon : ...ça change à tous
les mois, hein? Le ministère de l'Économie est un ministère flexible, alors on
s'ajuste selon les besoins du marché.
M. Tanguay : O.K. Et quelle est la
reddition de comptes qui est faite par rapport à ça?
M. Fitzgibbon : Bien, Investissement
Québec, qui est l'unité qui est responsable de gérer, évidemment, leurs propres
investissements, ils ont les investissements en fonds propres, puis ils ont les
investissements du Fonds du développement économique, qui sont les fonds du
ministère, et gèrent tous les... ce qu'on appelle «the fund to fund». Donc, eux
investissent, eux, dans des fonds. Tous ces fonds-là que vous parlez, c'est
Investissement Québec qui gère la relation. Investissement Québec devient un...
on l'appelle un LP, un «limited partner», et il y a une reddition de comptes
qui est faite à tous les mois, tous les trimestres. Les états financiers sont
là. Les comités d'investissement... généralement, on est sur les comités
d'investissement. Quand on est à hauteur de 25 %, 30 %, 40 %, on
va être sur le comité. Donc, on voit ce qui se passe, où l'argent est investi.
On n'a pas de veto, nécessairement, parce qu'on laisse les gestionnaires gérer,
mais toute l'information sur les investissements est disponible. D'ailleurs, il
y a une reddition de comptes qui se fait par Investissement Québec dans le
rapport annuel.
M. Tanguay : Vous aviez... Ah! je
pensais qu'on vous donnait le montant. Non, ce n'est pas ça.
M. Fitzgibbon : Non.
M. Tanguay : Et est-ce qu'il est
assez facile pour, justement, Investissement Québec ou le gouvernement de
prendre la décision de dire : Bon, bien, ce fonds-là, finalement, on se
retire? Est-ce que... Comment ça fonctionne?
M. Fitzgibbon : Bien, c'est
difficile, parce qu'un fonds, généralement, de la manière que ça fonctionne,
c'est que... disons, un fonds de 50 millions où le gouvernement va se
commettre pour 25 millions, généralement, un fonds a une durée... une
duration de cinq à sept ans pour investir les sommes d'argent. C'est des
appels de capital, donc, ils n'envoient pas 25 millions, nécessairement,
dans le fonds, tout de suite. On se commet 25, le privé se commet 25, et on tire sur le capital au fur et à mesure que les
investissements sont faits. De se retirer en plein milieu d'un fonds, ça
prend une force majeure, s'il arrivait une fraude, s'il arrivait quelque chose,
mais règle générale, là, on ne sort pas des fonds.
M. Tanguay : O.K. Quelle assurance
vous avez que chaque dollar investi, ultimement, là, qui vient de la poche des
Québécoises, Québécois, donc de l'argent public, quelle assurance avez-vous
qu'il est maximisé, notamment sous différents critères qui sont les classiques,
là : création d'emplois, maintien d'emplois, sièges sociaux aussi? Il y a
plusieurs critères qui démontrent la force de l'économie québécoise, là. Quelle
assurance avez-vous? Et elle vient d'où, cette assurance-là que c'est un bon
investissement, une bonne façon d'investir?
• (14 h 10) •
M. Fitzgibbon : Bien, il y a le
cadre dans lequel ils vont investir puis il y a l'investissement comme tel.
Dans le cadre d'investissement, quand un fonds est créé, étant donné que,
généralement, on va mettre une somme de 25 % à 50 % du fonds, là, ça
peut dépendre, la nomenclature, le balisage du marché dans lequel ils vont
investir. On travaille dessus, là. On va écrire un devis qui va expliquer quel
est l'objectif du fonds. On va même souvent indiquer la forme de
l'investissement, on va indiquer le montant maximum d'investissement. Donc, le
cadre est établi par le MEI/Investissement Québec. Après ça, les gestionnaires
vont investir. On est souvent sur le comité d'investissement, donc on revoit
les investissements, mais c'est le gestionnaire qui est responsable de faire
son investissement. La reddition de comptes est là. Et généralement, ce qu'on
voit, on l'a vu dans plusieurs fonds, bien, il va y avoir une deuxième, troisième ou quatrième mouture qui va se
faire, dépendant des rendements qui ont été donnés aux investisseurs.
Donc, si un fonds ne performe pas, bien, fort probablement que la deuxième
mouture, nous ne serons pas là.
M. Tanguay : O.K. Puis j'ai hâte
qu'on ait les chiffres, là. J'imagine que c'est en route, parce que ça ne se
peut pas qu'on n'ait pas ça sur le bout des doigts, là. Je ne sais pas si...
mais c'est parce qu'il y a plus que...
M. Fitzgibbon : On va l'avoir en
temps et lieu.
La Présidente (Mme IsaBelle) : O.K.,
c'est beau.
M. Tanguay : C'est parce
qu'en temps et lieu, c'est maintenant, là. Je ne veux pas être désagréable,
parce que c'est l'analyse des crédits, puis je pense que c'est une donnée
fondamentale. En tout cas, si on peut l'avoir d'ici 16 h 30, ce
serait intéressant.
Dans un contexte postpandémie, postpandémique,
augmentation dont on ne sait pas encore le nombre, mais qu'on saura
incessamment, avez-vous eu une analyse particulière quant aux facteurs de
risque accrus?
M.
Fitzgibbon : On parle des fonds ou on parle...
M. Tanguay :
Des fonds, de l'utilisation des fonds, des pertes, le cas échéant.
M.
Fitzgibbon : Non, parce que... Bien, en fait, il faut faire attention,
parce qu'on ne peut pas évaluer un fonds, généralement, avant trois, quatre,
cinq ans, parce que, quand on fait de l'investissement dans des fonds privés,
des compagnies privées, on ne mesure pas la valeur marchande tous les mois.
C'est très difficile à évaluer. Ça fait qu'on le voit sur une base annuelle,
semi-annuelle. Généralement, les fonds, ce qu'ils vont faire, c'est qu'ils vont
prendre un évaluateur externe. La Caisse de dépôt fait ça, par exemple, elle
prend un évaluateur externe qui va aller voir, à tous les ans, la valeur
marchande des investissements par rapport au coût, puis il y a une reddition
qui est faite. D'ailleurs, on fait ça au gouvernement aussi. On a vu, par
exemple, la dévaluation de Bombardier, du CSeries, par exemple. On a des
processus internes ici qui font le travail, puis la VG statue sur ça. Donc, il
y a un mécanisme annuel. Sinon, bien, c'est une base relationnelle entre les
gestionnaires du fonds et l'investisseur.
M. Tanguay : C'est
bon. Alors, si vous avez les données, prière de nous les... durant une
conversation qu'on pourrait avoir cet après-midi, de nous les communiquer. Ce
serait apprécié et important.
On
est le 28 avril aujourd'hui. Hier, le 27 avril, j'écoutais
Gérald Fillion qui... suite aux données démographiques, qui
disait : Le défi démographique est un défi économique. Je suis convaincu
que le ministre également est de cet avis. On a vu que Statistique Canada fait
en sorte qu'au Québec, bien, on est parmi... je pense, ex aequo, avec une
autre province, là, la population ayant... la plus grande population, portion
de population de 65 ans ou plus, qui est à 20,6 %. Et on parle d'un
travailleur sur cinq qui a entre 55 et 64 ans. Vous, puis j'écoutais ce
matin votre entrevue, là, à Paul Arcand, vous, qu'est-ce qui vous anime?
Qu'est-ce que vous faites pour, justement, accélérer le retour au marché du
travail ou les incitatifs pour les travailleurs expérimentés? Parce qu'on parle
de plusieurs, plusieurs, plusieurs milliers. Trouvez-vous qu'on pourrait être,
comme gouvernement, plus proactifs là-dessus puis en faire plus?
M.
Fitzgibbon : C'est une discussion que nous avons, mon collègue au
Travail et mon collègue aux Finances... Il y a présentement un programme fiscal
qui existe pour aider les entreprises à avoir une charge moins élevée pour les
travailleurs d'expérience, qui devrait permettre aux employeurs d'être plus,
peut-être, généreux pour embaucher. On évalue présentement la pertinence de ce
programme-là. On pense qu'il fonctionne. Et évidemment, étant donné qu'on a
probablement accès à 80 000 personnes de plus, si on regarde le taux
d'emploi des gens d'expérience en Ontario, là, c'est toujours le «marker» qu'on
a, puis on prend le même taux, ici, c'est 80 000 personnes de plus.
Donc, c'est sûr qu'on va aller piger dans ce taux-là.
D'ailleurs, ce matin,
après l'entrevue avec M. Arcand, j'ai eu deux courriels de gens de mon âge
qui ont dit : Aidez-nous à revenir au travail. Parce que ce n'est pas
juste l'argent, souvent, hein? L'argent, ce n'est pas la seule motivation.
Alors, c'est clair que c'est un secteur qu'on prend au sérieux, parce que, si
on va chercher 50 % de ce que l'Ontario a fait, bien, c'est
40 000 employés de plus sur 240 000 postes vacants. Ça va
aider beaucoup.
M. Tanguay : Vous
l'évaluez à combien? Vous avez dit 80 000, donc, les...
M.
Fitzgibbon : À peu près, quand tu prends le pourcentage, le taux
d'activité... Puis je le regarde d'une autre façon aussi, le taux d'activité de
l'emploi, donc les gens... population active, excuse, le taux d'activité, donc,
population active par rapport à population qui peut travailler, 15 à 64, on est
1 % en arrière de l'Ontario. Ça fait que, quand tu regardes ça, 1 %,
ça donne 70 000. Ça fait que le chiffre, là, des travailleurs
expérimentés, c'est probablement eux qui causent la plus grande des raisons du
taux d'activité. Alors, on peut assumer que c'est 70 000,
80 000 personnes de disponibles, alors c'est sûr que c'est un bassin
intéressant pour nous.
M. Tanguay : Comment
recevez-vous... parce qu'on avait proposé, nous, deux choses bien, bien
tangibles, là, fin de la cotisation RRQ pour les travailleurs de 62 ans,
parce qu'on sait que dans les faits, en moyenne, selon les statistiques, les
travailleuses, travailleurs prendront leur retraite à 62 ans, donc un
congé... fin de cotisation RRQ à 62 ans comme incitatif. Vous avez raison,
ce n'est pas juste une question financière, mais, à un moment donné, quand on se
fait dire : Écoute, moi, je ne veux pas payer pour travailler, ça, c'est
un élément. Fin de cotisation RRQ à 62 ans, et on avait proposé, pour
cette fois-ci, les 65 ans et plus, exemption d'impôt, la faire monter de
17 825 $ à 30 000 $. Ça, c'est réellement un incitatif.
Puis vous serez
d'accord avec moi que, oui, le manque à gagner de retenue à la source nous
sera... nous reviendra dans les coffres de
l'État sous différentes formes, notamment taxe sur les entreprises puis la
force économique. Alors, ça, est-ce que c'est une avenue que vous
pourriez considérer ou soumettre?
M.
Fitzgibbon : Écoutez, il y a plusieurs mécanismes financiers pour
encourager les employeurs, d'une part, à vouloir engager des travailleurs
d'expérience, d'autre part, travailleur d'expérience, financer afin d'aller
travailler. Ce que vous mentionnez est un des éléments sur un menu. On peut
aussi couper d'autres taxes. C'est une discussion qu'on a régulièrement. Et ce
qu'on a décidé de faire, c'est de mesurer, justement, le taux d'emploi de ces
gens-là. Et, si jamais on voit qu'il n'y a pas un progrès qui est fait,
notoire, dans les prochains mois, bien, on va s'ajuster. Puis M. Girard...
le ministre des Finances et le ministre de l'Emploi sont parfaitement alignés
avec ça aussi.
M. Tanguay : Parce
que je le sais que vous êtes en contact avec les entrepreneurs, et une pénurie
de main-d'oeuvre... c'est la crise, c'est très tangible, et ça, ce n'est pas
très complexe à appliquer, ça ne prend pas énormément de temps. Alors, je le resouligne,
excessivement important de le faire, surtout que, là, on a appris également,
quand on se compare, là, le taux de postes vacants au Canada, à 238 000,
j'arrondis, Québec est à 6 %, puis l'Ontario est à 5,2 %. Alors,
quand on se compare beaucoup avec l'Ontario, il est à 5,2 %, taux de
postes inoccupés, puis nous, on est à 6 %. C'est un autre drapeau rouge,
ça, n'est-ce pas?
M. Fitzgibbon : Oui, mais qu'est-ce
qui a causé ça, vous pensez?
M. Tanguay : Vous allez me le dire.
M.
Fitzgibbon : Oui, l'économie du Québec va tellement bien...
Bien, vous le dites... mais c'est ça. La croissance du Québec était de
2 % supérieure à l'Ontario l'année passée. Donc, conséquemment, il y a
beaucoup plus d'emplois. Alors, ceci étant dit, ce n'est pas le passé qui va
faire qu'on va s'asseoir puis on ne fera rien, mais il faut comprendre la cause
des enjeux qu'on fait face. Et je soumets une autre chose aussi qu'il faut
faire attention, le niveau de diplomation, diplomatie du Québec est inférieur à
l'Ontario. Je ne vous apprends rien, sûrement, là-dedans. Alors, évidemment, quand on parle de travailleurs
d'expérience, bien, dépendamment du travail qu'ils font, il y a des gens
qui ne peuvent pas... Le travailleur dans la mine de sel, aux
Îles-de-la-Madeleine, à 65 ans, il n'a plus le goût de travailler là.
Celui qui fait des modèles Excel, l'avocat, comptable... travailler. Alors, il
faut regarder aussi la... malheureusement, qu'est-ce qui se passe dans
l'écosystème de nos emplois.
Et un des éléments importants, dans les cohortes
qui vont venir dans les prochaines années, on a une meilleure chance d'avoir un
plus haut taux d'emploi, travailleurs d'expérience, plus il va y avoir une
diplomation. Alors, évidemment, ce ne sera pas à court terme, je vous
l'accorde, mais il y a plusieurs conséquences à ça ou plusieurs causes à ça, plutôt. Mais néanmoins, comme j'ai dit
tantôt, nous travaillons étroitement à s'assurer, Finances, Emploi,
Économie, qu'on va faire tout ce qui est possible pour ramener le plus de monde
possible, des travailleurs d'expérience.
M. Tanguay : Parce qu'on venait de
dire, justement : Quand on se compare à l'Ontario, que les travailleurs expérimentés sont plus présents en Ontario qu'au
Québec, toutes proportions gardées. Alors, c'est en travaillant là-dessus
également... tu sais, au-delà du fait de la performance économique générale du
Québec, il y a un manque à gagner, là aussi, sur lequel on pourrait tirer, là.
Août 2018, le premier ministre du Québec
disait, et je le cite, en août 2018, c'était en campagne électorale :
«Quand on me dit que le plus grand défi économique est la pénurie d'employés,
je ne suis pas d'accord.» Fin de la citation. Puis lui, il parlait, à ce
moment-là, du niveau des salaires. Il se comparait à l'Ontario, qui était à un
peu plus de 56 000 $. Êtes-vous toujours d'accord avec cette
affirmation-là ou il faut, aujourd'hui, la relativiser?
• (14 h 20) •
M. Fitzgibbon : Bien, clairement...
je ne vois pas tout le contexte, je m'excuse, j'ai peut-être mal compris, mais
je vais répondre ce que je pense avoir compris. L'enjeu numéro un, c'est qu'il
faut augmenter, évidemment, la richesse collective. On mesure le PIB par habitant,
et un des facteurs, c'est qu'on veut augmenter les salaires.
Alors, par
exemple, là, il y avait une époque, au MEI, on avait, dans nos critères de
sélection pour aider une entreprise, le
critère numéro un : création d'emplois. On se rappelle, hein, la création
d'emplois, c'était important. On ne parle plus de ça. J'irais même plus loin, il y a des projets,
maintenant, qu'on va favoriser où on baisse les emplois. Si on peut
automatiser, baisser les emplois, on va être encore plus excités que de créer des
emplois à 40 000 $ par année, d'une part.
D'autre part, on regarde aussi, on note, quand
on numérise ou on automatise les entreprises, les postes existants ont tendance
à monter, le salaire, je parle, parce qu'on peut faire plus avec moins ou faire
plus avec égal. Alors, je disais que les critères, donc, le contexte de 2018,
aujourd'hui, étaient que, si on a un projet où on augmente la masse salariale
par personne, par employé, on va être très favorable à ça, et, je pense, c'est
l'élément le plus important. Et je pense aussi que ça va nous permettre de
garder aussi, indirectement, plus de monde sur le marché du travail plus
longtemps, parce que ces emplois-là sont généralement moins durs physiquement
qu'un emploi plus traditionnel.
M. Tanguay : Puis ce que vous venez
de dire, êtes-vous d'accord avec le fait que c'est justement basé sur cette
logique-là qu'il faut relativiser, justement, la fameuse statistique du taux de
chômage, considérant tout ça?
M. Fitzgibbon : Absolument. Le taux
de chômage, pour moi, écoutez, on n'ira pas en bas de 3 %, là. On est à
4 %, 4,1 %, là, dans ce bout-là.
M. Tanguay : ...4 %, c'est le
plein-emploi.
M. Fitzgibbon : On va peut-être
aller à 3 %, là, mais on n'ira pas à 2 % puis à 0 %, c'est sûr.
M. Tanguay : Alors, la statistique
du taux de chômage, il faut relativiser ça, quand vous dites même que, sur des
projets, ce n'est plus tellement le sacro-saint... la sacro-sainte statistique
de dire : Combien d'emplois vous allez créer? Ce n'est plus ça, là, puis
vous le dites bien. Il va peut-être même y avoir une valeur ajoutée en
disant : Bien, vous allez pouvoir produire puis participer au PIB de façon
équivalente, mais avec moins de nécessité d'avoir une... de ressources
humaines. Bien, ça, c'est la nouvelle réalité aujourd'hui, vous êtes d'accord
avec moi.
M.
Fitzgibbon : Oui. La réponse, c'est oui.
M. Tanguay : Donc,
cette affirmation-là : Les plus grandes pénuries... est celle des emplois
payants... la plus grande pénurie est celle des emplois payants, il faut
relativiser ça, aujourd'hui, n'est-ce pas?
M.
Fitzgibbon : Non, ça, j'ai dit tantôt, je pense qu'aujourd'hui, si on
peut... dans une entreprise donnée avec un projet d'investissement, on
maintient les emplois, on produit plus, va permettre aux entrepreneurs de payer
plus. Parce qu'il y a toute une question d'offre et demande. Et moi, je pense
que le rehaussement des salaires est très important pour créer de la richesse
collective.
M. Tanguay : Je
vais continuer sur cette lancée-là, si ça vous va, pas pour trop longtemps.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...effectivement.
M. Tanguay :
Mais êtes-vous d'accord avec moi, je vais le dire de même, l'éducatrice qui
gagne 42 000 $ est aussi, sinon plus importante pour l'économie du
Québec, si elle vient garder six tout-petits à des femmes et des hommes ingénieurs, médecins, et ainsi de suite, là, qui,
eux, peuvent faire du 150 000 $, 200 000 $,
300 000 $, 400 000 $? Êtes-vous d'accord avec moi que son poste, que vous et moi, on ne
va pas... on ne va pas être éducateurs demain matin, là, ça n'arrivera pas, son
poste à 42 000 $, il est clé, là? C'est comme une équipe championne
de la coupe Stanley, ça prend une équipe complète, puis chacun a un rôle
majeur, sinon, la chaîne de bicycle, elle débarque, là.
M. Fitzgibbon :
Vous avez raison, mais ça, ce n'est pas en porte-à-faux de dire qu'en
économie les entreprises qui font partie de l'écosystème, on veut qu'à
l'intérieur des entreprises les salaires augmentent, de parler dans ce
thème-là, et ma responsabilité, comme ministre de l'Économie, c'est que l'économie
du Québec aille bien. Pourquoi? On crée de la richesse collective qu'on va
réinvestir dans les services sociaux et dans les services essentiels. Alors, un
n'est pas en porte-à-faux avec l'autre. De vouloir, comme ministre de
l'Économie, augmenter la masse salariale de nos employés, par personne, ne met
pas en porte-à-faux de dire qu'il faut avoir des éducatrices, il faut avoir des
infirmières. Je pense que les deux peuvent cohabiter très bien.
M. Tanguay : Mais l'affirmation,
encore une fois, du premier ministre qui disait : Quand je rentre un
immigrant qui gagne moins de
56 000 $, j'augmente mon problème, est-ce qu'elle aussi, il faut la
relativiser, cette affirmation-là?
M. Fitzgibbon :
Bien, je pense que le contexte du premier ministre, c'est parce qu'en
août 2018... Moi, j'ai pris ma décision de venir en politique en
juillet 2018, là, un mois avant qu'il ait dit ça, puis on a passé des
heures ensemble pour s'assurer qu'on...
M. Tanguay :
...l'automne passé.
M. Fitzgibbon :
O.K. Mais... le même discours avant. Je pense que la création de richesse
au Québec est l'enjeu numéro un. Nous sommes pauvres, parce qu'on est
sous-diplômé, et nos salaires sont trop bas. Ça ne veut pas dire que, parce
qu'il faut corriger ça, qu'on n'aura plus d'infirmières puis on n'a plus
d'éducatrices. Alors, il n'y a pas de porte-à-faux entre les deux. Je pense
qu'on se doit... Il y a beaucoup de besoins sociaux au Québec. Puis, comme
gouvernement, on en est très conscients, on veut les favoriser, puis il faut
créer... il faut les payer, il faut créer de la richesse. Alors, moi, je pense que l'objectif économique d'avoir des
entreprises qui vont mieux rémunérer leurs employés, c'est très porteur
pour créer de la richesse pour après s'assurer que nos services sociaux soient
appropriés.
M. Tanguay : Dernière question, juste
pour compléter, Mme la Présidente, avec votre permission, cet
échange-là. Êtes-vous d'accord avec moi que si, demain matin... Le besoin, sur
cinq ans, d'éducatrices, c'est 17 000. Si, demain matin, il y avait
17 000 femmes... je dis femmes, parce qu'à 98 % c'est des femmes
qui sont éducatrices en services de garde.
S'il y avait 17 000 femmes qui disaient : Oui, on vient combler
les postes pour les cinq prochaines années, puis en moyenne, ils vont
gagner, quoi, du 42 000 $, du 44 000 $, ils ne gagneront
pas 56 000 $, ça viendrait baisser vos statistiques, mais ce serait
une bonne nouvelle pour le Québec? Êtes-vous d'accord avec moi?
M. Fitzgibbon :
Peut-être... bien, oui, mais un n'empêche pas l'autre. Où je ne vous suis
pas du tout, là, mais... je ne peux pas vous suivre, c'est que moi, je gère
l'économie du Québec, les entreprises. On peut rehausser la masse salariale
sans impacter le reste. Puis de toute façon, ce qui va arriver, là, c'est que
nos jeunes, là, vont vouloir faire des... avoir des emplois, certains vont
focaliser sur le salaire, d'autres non. Alors, il faut laisser les gens
choisir, mais il y a beaucoup de gens,
aujourd'hui, qui laissent des métiers moins rémunérés pour prendre des métiers
mieux rémunérés. Est-ce qu'on va être contre ça? La réponse, c'est non.
Alors, moi, je pense qu'il ne faut pas mettre en porte-à-faux les deux. Puis je
suis totalement en accord que, s'il n'y a pas de services sociaux au Québec, ça
va être un environnement qui va être très désagréable à vivre. Ça, je suis
entièrement d'accord avec vous, mais je pense...
M. Tanguay :
...le Québec, on va fermer le Québec.
M. Fitzgibbon : Je suis
d'accord, mais je ne pense pas que c'est ça qui est l'enjeu.
M. Tanguay :
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Alors, nous poursuivons avec le deuxième groupe d'opposition, avec la
députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Combien de temps?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Vous avez 18 min 30 s.
Mme Ghazal :
Très bien, merci beaucoup. J'ai plusieurs sujets à traiter avec le
ministre, mais je veux juste sauter sur ce qu'il venait de dire, c'est-à-dire
que l'objectif, c'est d'augmenter les salaires de la majorité des gens qui
travaillent au Québec. Mais on s'entend que tous les petits salariés, les
employés, par exemple, les préposés aux bénéficiaires, les emballeurs à
l'épicerie, toutes ces personnes-là, qui va faire ce genre de travail-là?
C'est-à-dire que ces gens-là, on ne les voyait pas, on les a beaucoup vus
pendant la pandémie, puis ils ont été remerciés par le ministre à plusieurs
reprises lors des points de presse, au début, là, de la première vague, on s'en
rappelle. Qui va occuper ces emplois-là qui vont continuer, la caissière, par
exemple?
M. Fitzgibbon :
Bien, je pense que... Plusieurs choses, on revient à l'autre point. On va
voir, en passant, ces salaires-là augmenter aussi. Les salaires des gens auxquels
vous référez vont augmenter aussi, parce que c'est une question de demande et
d'offre. Alors, les gens qui gèrent une épicerie n'auront pas le choix, à un
moment donné, de payer plus cher, s'ils veulent avoir des gens. Et ça, ça va
être le bénéfice collectif.
Mme Ghazal :
Donc, augmenter le salaire minimum, ce serait une bonne chose?
M. Fitzgibbon :
On va laisser les entreprises décider. Ce n'est pas au gouvernement de
décider les salaires. Moi, je pense, le salaire minimum, il en faut un pour...
un niveau de pauvreté, là. En tout cas, on a une vue différente.
Alors, pour revenir à
votre question, je pense qu'il est important de créer un environnement où on va
créer de la richesse, parce qu'il faut réinvestir dans les enjeux sociaux. Deuxièmement,
on parle d'automatisation. Je ne sais pas vous, là, mais moi, depuis... ça fait
un bout de temps que, quand j'entre à l'épicerie, là, je ne vais pas voir la
caissière, je vais voir la machine puis je passe mon... mes marchandises
là-dedans. Alors, je pense qu'il va falloir aussi accepter qu'il y a beaucoup
de travaux qui vont devenir robotisés et automatisés. Et tant mieux. Pourquoi?
Parce que nos jeunes qui vont graduer vont dire : Peut-être, on va faire
des travaux qui vont être rémunérés différemment, ou peut-être pas. Les gens
vont choisir. Alors, ce n'est pas au gouvernement à décider ça.
Mme Ghazal :
Donc, l'automatisation partout va faire qu'il y a des... on va avoir besoin
de moins d'emplois. Ça, c'est bon, parce qu'on est en pénurie de main-d'oeuvre?
M. Fitzgibbon :
C'est bon, parce que c'est des emplois que les gens veulent probablement améliorer.
Il y a des gens qui préféreraient faire d'autres choses que les travaux qu'ils
font présentement. Alors, si on peut, dans un contexte de pénurie d'emplois,
là... Regardez ce qui s'est passé aux États-Unis, là, il y a beaucoup qui a été
écrit sur ça, beaucoup de gens ont quitté des emplois moins bien rémunérés
parce qu'il y avait des opportunités d'augmenter leur sort. Alors, il faut
encourager ça. Alors, conséquemment, les emplois moins bien rémunérés, si on
peut les automatiser, tant mieux. Puis nous, comme gouvernement, on va
encourager ça.
Mme Ghazal : Mais tous les emplois,
par exemple, de soins des gens, ça, comment est-ce qu'on va automatiser
ça?
M. Fitzgibbon :
Les salaires vont augmenter. Je suis d'accord avec vous, ce n'est pas
tout...
• (14 h 30) •
Mme Ghazal :
...oui, c'est ça.
M. Fitzgibbon :
...ce n'est pas tout. Évidemment, là, on est très démagogues, là, mais il y
a beaucoup des emplois qui peuvent être automatisés. Ceux qui ne peuvent pas
l'être, bien, les salaires vont augmenter, l'eau du lac va augmenter, parce
qu'on crée de la richesse au Québec puis on va pouvoir se permettre de payer
des salaires. Alors, moi, je pense, c'est une bonne chose.
Mme Ghazal :
Puis il n'y aura plus personne qui vivra dans la pauvreté.
M. Fitzgibbon :
Pardon?
Mme Ghazal :
Il n'y aura plus personne qui vivra dans la pauvreté, comme les gens qui...
M. Fitzgibbon :
Bien, c'est l'objectif...
Mme Ghazal : ...des
travailleurs, je parle des travailleurs, par exemple, étrangers qui viennent
dans des... qui vivent dans des
conditions très, très difficiles parce qu'ils n'ont pas beaucoup d'autres
choix. Ça, ça n'existera plus, en automatisant.
M. Fitzgibbon :
C'est l'objectif. J'ai annoncé, il y a quelques mois, un robot qui cueille
des brocolis. C'était phénoménal. Est-ce qu'on peut concevoir qu'un jour des
robots vont cueillir dans nos champs? Bien, j'espère que oui. Bon, ça
n'arrivera pas, peut-être, de mon vivant que tout va être collecté, là, les
fraises, les framboises, ça va prendre du temps. Mais moi, je pense qu'on est
dans une économie... on a un gouvernement qui est proactif au niveau des
nouvelles techniques d'innovation. Je pense qu'on peut arriver à ça, effectivement.
Il va toujours demeurer, évidemment, des gens
qui vont devoir s'occuper des gens malades, s'occuper de nos aînés, c'est sûr.
Mais je pense qu'on peut réussir, si on met l'effort, si on promouvoit
l'innovation, de robotiser ou d'automatiser des postes qui sont moins bien
rémunérés et permettre à ces gens-là d'avoir un meilleur train de vie puis,
éventuellement, ne plus avoir de pauvreté. C'est l'objectif ultime, c'est sûr,
de tout gouvernement.
Mme Ghazal : Mon Dieu, c'est
trop beau. C'est magnifique. J'ai envie de vivre dans ce monde-là un jour.
Une voix : ...
Mme Ghazal : Oui, c'est ça,
oui, le monde de... comment on dit ça, de licornes? Je vous le renvoie.
Par rapport à l'intelligence artificielle, quand
on en parlait tout à l'heure, vous disiez que c'est vrai que l'argent qu'on a
investi là-dedans a fait en sorte que c'est des entreprises étrangères qui en
ont bénéficié et non pas les entreprises québécoises. Donc, c'est ce que vous
disiez. Qu'est-ce que vous êtes... Est-ce que vous avez... Qu'est-ce que vous
avez l'intention de faire pour changer ça, puisque les investissements publics
ont bénéficié à des entreprises étrangères en intelligence artificielle?
M. Fitzgibbon : Je
pense que... Une chose, je veux vous mettre en garde, vous donnez l'exemple
d'Element AI, là, vous donnez
l'exemple d'Element AI, et vous avez raison, c'est un exemple où on a...
de Mila, on a créé cette entité-là qui se voulait une entité qui était
pour rendre plus accessibles des produits IA pour les entreprises. Bon, 200 personnes, le modèle d'affaires n'a pas
fonctionné, ServiceNow a acheté, mais, comme j'ai dit tantôt, ces
employés-là travaillent encore ici, et ServiceNow avait une technologie, avait
une approche de marché différente. Donc, on va en bénéficier...
Mme Ghazal : ...californienne,
c'est ça?
M. Fitzgibbon : Oui. On va en
bénéficier, mais c'est sûr que la détention n'est plus ici. Alors, il faut corriger
ça, entièrement d'accord, et on regarde aujourd'hui... Et là où je ne suis pas
d'accord avec vous, c'est qu'on regarde aujourd'hui soit Imagia, Brainbox, il y
a plusieurs entités qui ont réussi, des Québécoises, qui ont réussi à profiter
de la recherche fondamentale de Dr Bengio et de pouvoir l'appliquer en
entreprise. Est-ce qu'on est au rythme où on voudrait avoir? La réponse, c'est
non. Il faut aller beaucoup plus rapidement, mais c'est une industrie qui est
quand même nouvelle. Quand on regarde les pays dans le monde, j'arrive
d'Israël, où ils sont un peu en avance sur nous autres. Ce n'est pas le Pérou
non plus, là, tu sais. Je pense qu'il faut apprendre de nos erreurs.
Mme Ghazal : Mais comment...
Qu'est-ce que c'est... Quelles mesures vous allez mettre en place ou... pour
corriger le tir pour ne pas que ça arrive d'autres fois?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
on va probablement en parler la semaine prochaine... la zone des projets
d'innovation. On a créé le poste d'innovateur en chef. Au Québec, on était
reconnus et on est reconnus pour la recherche fondamentale. M. Quirion
gère trois fonds de recherche, ce que vous savez probablement, et la recherche
publique, elle est très forte. Investissement Québec, la Caisse de dépôt, Fonds
de solidarité font un bon travail dans les entreprises.
Ce qui manquait, c'est, entre les deux, l'innovation, comment qu'on transcende
l'innovation, du fondamental à l'appliqué. On avait des problèmes, au
Québec, on a des problèmes depuis 15, 20 ans. On a créé le poste
d'innovateur en chef, Luc Sirois a été nommé, j'ai créé le Conseil de
l'innovation du Québec avec Sophie D'Amours, qui est la présidente du conseil.
Et l'idée, c'est de prendre ces gens-là et de faire le trait d'union entre la
recherche publique, les entreprises, mais on commence. Alors, je ne dirai pas
aujourd'hui qu'on a réussi, mais, au moins, je pense qu'on met les mécanismes
en place pour que l'innovation, que c'est... IA, c'est l'innovation, qu'on
puisse avoir une bonne façon de le financer et d'avoir des ressources
humaines...
Mme Ghazal : Mais, en attendant que
ça, ça arrive, l'argent public qu'on met, il n'y a pas de... ce n'est pas
assorti de... O.K., mais il faut que ça reste au Québec, là. Il n'y a pas de
critère comme ça ou d'indicateur pour s'assurer que ça n'arrive pas, puisque
j'ai mis de l'argent public... c'est-à-dire que vous, par exemple, le ministre,
vous avez mis de l'argent public. Donc là, il ne faut pas que ça arrive, ou
non, on met l'argent, puis on va s'assurer que ça reste ici, mais, qu'est-ce
que vous voulez, on n'a pas encore... on n'est pas assez avancés pour que ça
reste ici, puis, tant pis, c'est l'argent public, on le perd aujourd'hui?
M.
Fitzgibbon : Je vais faire attention, encore une fois, parce
que... L'intelligence artificielle, il y a deux montants d'argent. Il y
a un montant d'argent de la recherche fondamentale. Le Parti libéral avait
commencé en 2017, on a continué, on a probablement investi 400,
500 millions là-dedans. Ça, c'est des chercheurs fondamentaux qui résident
au Québec. Dr Bengio, Valérie Pisano, il y a un paquet de monde qui sont
là-dedans, donc on a un écosystème de Québécois qui sont là-dedans. Alors, ça,
ce n'est pas de l'argent qui part.
Les investissements sont
faits aussi dans des entreprises, Élément AI, c'en est un. On a perdu, je vais
dire, 20, 30 millions, je ne sais pas le montant d'argent, c'est relativement
minime par rapport aux autres. Il y a plusieurs autres entreprises dans
lesquelles on a investi, dont Imagia qui a été un succès. Ça fait que, tu sais,
il faut relativiser. Alors, dans nos investissements...
Mme Ghazal : ...pour le moment, il
faut que ça reste pour toujours.
M. Fitzgibbon : Oui, évidemment.
Évidemment, c'est ça qu'on essaie, mais, tu sais, il va y avoir des échecs,
hein, à un moment donné.
Mme
Ghazal : Parce que c'est quand même, oui,
1,7 milliard, de 2016 à 2020, qui a été investi par le gouvernement
dans l'intelligence... dans ce type d'entreprise là. Donc là, ce que je
comprends, c'est qu'on va en mettre encore plus. Ça fait qu'il faut qu'on en
ait...
M. Fitzgibbon : Il faut faire
attention, là, de lancer des chiffres, le 1,7 milliard... Je n'ai pas le
chiffre exact, là... demander qu'ils le trouvent. On a perdu 20 millions
dans Élément AI. Il faut faire attention, là.
Mme Ghazal : Puis ça, c'est un
exemple... O.K.
M. Fitzgibbon : Oui, bien, il n'y en
a pas d'autres. Il n'y en a pas d'autres, ça fait qu'il faut faire attention.
Mais vous avez raison qu'on veut que l'avantage Québec soit maintenu sur
l'investissement qu'on fait, mais il faut accepter, quand on fait de
l'investissement, on perd, puis les pays qui réussissent bien, là, ils
valorisent l'échec, il faut savoir... Journal de Montréal, demain, ça,
là, ce que je viens de dire, là, mais, c'est vrai, il faut valoriser l'échec,
parce que, si on veut seulement faire des investissements qui vont réussir, on
ne prend pas les bons risques. Puis, quand on parle d'investissements...
L'intelligence artificielle, on parle... on est en amont, on parle des gens qui
sortent des universités. Il faut encourager les jeunes, puis il y en a qui vont
avoir des échecs, puis ce n'est pas grave. Ce n'est pas grave, mais il faut
que, la somme de tout l'agrégat de ce qu'on fait, on sort positifs, c'est sûr.
Mme Ghazal : Bien, je vous en
parlais, tout à l'heure, le numérique, par exemple, Ubisoft, même dans mon
comté il y a Ubisoft, je connais des gens qui travaillent dans ces
entreprises-là. Puis, comme on dit, ces entreprises-là sont les bienvenues au
Québec, mais ce qui est important, c'est de revoir, des fois, la façon qu'on
donne de l'argent, de façon très, très ciblée. Il y a 25 ans, c'était une
bonne chose de le faire, mais maintenant, en ce moment, le fait qu'on donne un
crédit d'impôt remboursable, ça veut dire... même une entreprise qui ne paie
pas d'impôt au Québec puisse bénéficier des crédits d'impôt, est-ce que c'est
toujours justifié aujourd'hui? Est-ce qu'une entreprise comme Ubisoft, au
Québec, a encore toujours besoin de notre argent pour financer les salaires?
M. Fitzgibbon : J'aimerais corriger
une erreur que j'ai faite tantôt. Je m'excuse, je fais des erreurs, des fois.
Élément AI, là, on a perdu zéro, zéro. On a investi puis on a reçu l'argent. Je
me suis trompé.
Mme Ghazal : ...l'entreprise ne nous
appartient plus.
M. Fitzgibbon : Ce n'est pas grave.
Il y a 250 personnes qui gagnent 100 000 $ qui travaillent là.
C'est un succès. C'est un succès.
Mme Ghazal : O.K. Mais est-ce que
vous êtes d'accord avec l'objectif que ce qu'on veut, c'est qu'elles restent au
Québec? Mais ils n'ont pas juste regardé, bien, il y a combien, ils paient
combien d'impôt, tout ça, mais que ça reste au Québec, que ça reste notre...
comment on dit? Ça veut dire que ça nous appartienne, là, cette technologie-là,
puis ces connaissances-là, que ça reste ici, au Québec, et non pas à
l'étranger. Vous êtes d'accord que c'est mieux?
M. Fitzgibbon : Tous... c'est clair,
mais tous les employés d'Élément AI sont encore au Québec, mais le point étant, je suis d'accord avec vous. Non, non, je
veux juste corriger, parce qu'il faut faire attention, dire 1,7 milliard,
Élément AI, là, c'est... 20 millions d'investis, on a repris l'argent.
Bon, l'autre question que vous avez posée, je m'excuse, je l'ai oubliée.
Mme Ghazal : ...c'est pour Ubisoft.
Est-ce qu'ils ont toujours besoin de crédits d'impôt non remboursables...
remboursables?
M. Fitzgibbon : Oui. Bon, le crédit
d'impôt, bonne question. Alors, l'enjeu, c'est que... Puis vous allez voir, là,
au mois de mai, je vais annoncer la nouvelle stratégie québécoise de la
recherche et de l'innovation, SQRI, qui est le moteur du développement
économique du Québec avec notre hydroélectricité. Et là ce qu'on doit faire,
c'est encourager les créations d'entreprises au Québec, à détention québécoise.
Je vous l'accorde, c'est un objectif.
Maintenant, les crédits d'impôt, c'est un
mécanisme comme les fonds d'investissement. Tantôt, on parlait des fonds
d'investissement, c'est un des mécanismes. Alors, les crédits d'impôt ont été
créés pour le multimédia en 1994 par le gouvernement, par M. Landry. Et
aujourd'hui, je constate que c'est un excellent programme. Pourquoi? Parce qu'on a réussi à créer un écosystème de talents, dans le
multimédia, qui sert à d'autres fins, par exemple, CAE Santé. Parce que CAE, on
les connaît pour faire des... d'avion, là. Ils sont dans la santé maintenant.
Ils vont faire des chirurgies avec des... Beaucoup de gens d'Ubisoft
travaillent là maintenant. Alors, on a créé un écosystème. Moi, je pense
qu'aujourd'hui le crédit d'impôt... en isolation qui coûte 30 %...
Mme Ghazal : Oui, oui, allez-y.
C'est juste parce que j'ai de moins en moins de temps.
M. Fitzgibbon : Non, j'ai
dit... je pense qu'Ubisoft regarde les ramifications, au Québec, d'employés qui
ne sont pas sous crédits d'impôt. Je pense que c'est net positif. C'est un
très, très bon citoyen corporatif.
• (14 h 40) •
Mme Ghazal : O.K.C'est-à-dire
que vous n'avez pas l'intention ou vous êtes en train de me dire que, lorsque
vous allez annoncer la stratégie... de quand même revoir ça ou pas du tout,
vous... ça va rester pareil?
M. Fitzgibbon : Dans la
stratégie, on va... On a identifié, et le ministre des Finances est d'accord
avec moi, on va... il faut revoir les
crédits d'impôt qui coûtent de l'argent au Québec. Ça coûte de l'argent, puis
je pense que c'est de l'argent bien investi. Il faut se demander, par
contre, est-ce qu'on doit moduler les crédits d'impôt remboursables...
Mme Ghazal : ...plus ciblé.
M. Fitzgibbon : Oui,
exactement.
Mme Ghazal : Donc, vous le
dites que ça va être revu. Puis moi, je ne suis pas en train de dire de... il
faut couper zéro... à zéro, là. Je n'ai pas de proposition. Je voulais juste
savoir si vous allez revoir ça, surtout que, comme je disais, là aussi, il y a
des déplacements, des fois, de... Il y a des entrepreneurs ici qui veulent
avoir de la connaissance. C'est aussi notre richesse. Les entreprises peuvent
venir de l'étranger, pas uniquement parce qu'il y a des crédits d'impôt puis de
l'argent qu'on leur donne, mais des fois ils veulent venir. Puis c'est ça qu'on
veut, qu'ils soient attirés par les... notre intelligence humaine, si je veux
dire, les gens qui sortent des universités. Ce serait encore plus intéressant
que juste des crédits d'impôt.
M. Fitzgibbon : Je veux juste
être clair, par exemple, je ne veux pas que vous pensiez, là, qu'on va couper
les crédits d'impôt, là. Ce que je dis,
c'est que, dans la stratégie québécoise de recherche et d'innovation, le
montant d'argent qui est donné en
crédits d'impôt, on doit, avec le ministère des Finances et des personnes de
l'extérieur, Mme D'Amours qui siège au CIQ... de revoir : C'est-tu
la meilleure façon d'utiliser nos crédits impôt? Peut-être, la réponse va
dire : On ne change pas, mais on va le regarder. Je pense que ça...
Mme Ghazal : ...mais, très
bien, on va surveiller ça. Au moins, vous y réfléchissez. Ça, c'est
superimportant. Le Panier bleu, quand est-ce que je peux aller acheter?
Qu'est-ce que je vais acheter? Des choses, je ne suis pas une très grande
consommatrice, là, mais disons des... Ah! oui, il faut que je... une cafetière,
là, espresso que je voudrais, aller sur le site du Panier bleu, puis l'acheter,
puis la recevoir chez moi.
M. Fitzgibbon : Alors,
premièrement, ma collègue ministre déléguée à l'Économie a annoncé, la semaine
dernière, la nomenclature des produits du Québec. Là, on a... L'identification
était la première chose qu'il fallait faire. Et c'est un projet qui est très
porteur et qui a reçu beaucoup de support. Maintenant, on va être capable
d'annoncer, avant la fin de la session parlementaire, la création du Panier
bleu transactionnel, que nous avions promis, et ça va être une belle annonce.
Et donc je ne sais pas s'il va y avoir des cafetières, parce que Le Panier
bleu...
Mme Ghazal : ...
M. Fitzgibbon : Le panier... Bien,
c'est ça.
Mme Ghazal : Par une compagnie
au Québec?
M. Fitzgibbon : Le Panier bleu
se veut... Il demeure un site transactionnel.
Des voix : ...
M. Fitzgibbon : En fait, la
question est bonne, parce que Le Panier bleu, ça se veut un site
transactionnel. Les gens y achèteront ce
qu'ils voudront. Ce qui est important, c'est que le produit soit identifié.
Alors, je prends l'exemple...
Mme Ghazal : Parfait. Puis on a
mis 4,1 millions de dollars. Est-ce que... Combien le gouvernement va
mettre de plus pour qu'au mois de juin ça devienne transactionnel ?
M. Fitzgibbon : Ah! J'aimerais
attendre l'annonce, là, pour vous le confirmer, là. Ce ne serait pas approprié
que je le dise tout de suite.
Mme Ghazal : Il
va y en avoir plus, donc.
M. Fitzgibbon : Il va y en
avoir plus, c'est sûr, mais il va y en avoir du privé aussi.
Mme Ghazal : Oui, parce que je
vous ai entendu dire que non, non, non, ça ne marche pas quand c'est le
public, c'est bien mieux de le faire en privé. Je sais que vous le faisiez en
boutade, est-ce... mais, des fois, est-ce qu'il y avait un fond de vérité?
M. Fitzgibbon : ...vérité.
Quand le gouvernement gère quelque chose, ça ne marche pas. Alors, il faut le
faire...
Mme Ghazal : Est-ce que...
Attendez, M. Fitzgibbon...
M. Fitzgibbon : Votre collègue,
il...
Mme Ghazal : Est-ce que vous
êtes au gouvernement ?
M. Fitzgibbon : Le député,
votre collègue, il n'a pas compris, je pense.
Mme Ghazal : Oui, oui, répétez.
M. Fitzgibbon : Alors, le
gouvernement ne veut pas gérer des entreprises, impossible. Dans Le Panier
bleu, le gouvernement ne sera pas majoritaire.
Mme Ghazal : Il ne sera pas
majoritaire, mais je ne suis pas en train de dire qu'il faut nationaliser Le
Panier bleu. Je voulais juste savoir... on ne veut pas tout nationaliser, pas
Le Panier bleu, mais je voulais savoir... Donc, vous dites que ça va être
privé. Puis les gens qui sont... qui vont investir là-dedans, et tout ça, puis
qui vont faire de la grosse argent, on va savoir c'est qui ?
M. Fitzgibbon : Oui,
absolument.
Mme Ghazal : C'est qui ?
M. Fitzgibbon : Bien, vous le
saurez en temps et lieu.
Mme Ghazal : ...
M. Fitzgibbon : ...vous le saurez en
temps et lieu.
Mme Ghazal : J'ai hâte
d'acheter ma cafetière québécoise.
M. Fitzgibbon : Et vous pourriez...
vous pourrez ne pas acheter, hein?
Mme Ghazal : Oui, c'est ça.
M. Fitzgibbon : Je ne vous forcerai
pas d'acheter votre cafetière là.
Mme Ghazal : Ce qu'il faut, c'est
réduire à la source, donc moins consommer. Voter, c'est moins consommer. Le
Fonds DNA puis... c'est quoi, le bénéfice qu'il ne soit pas entre les mains
d'Investissement Québec? Vous disiez qu'on n'a pas l'expertise, bien, mettons
l'expertise à Investissement Québec pour qu'il puisse le gérer. En quoi, les
Québécois, là, on va être mieux servis par un fonds privé pour gérer, là,
les... aider les PME, et tout ça?
M. Fitzgibbon : Parce que c'est le
principe du levier. On a la chance, au Québec, d'avoir maintenant des
entrepreneurs qui sont... qui ont vendu leur entreprise, qui sont rendus qu'ils
veulent aider. Donc, on a un paquet de bassins d'entrepreneurs qui veulent aider,
ils ne veulent pas travailler chez Investissement Québec, nécessairement. Donc,
ces gens-là, ce qu'on fait, c'est qu'on crée des fonds. Puis il y en a
plusieurs, on a une liste, là, de... infinie, là.
Mme
Ghazal : C'est la cinquantaine de personnes qu'on ne
connaît pas, là, non? Cinquantaine d'investisseurs...
M. Fitzgibbon : ...
Mme Ghazal : Non, O.K., allez-y.
M. Fitzgibbon : Je ne sais pas trop
de quoi vous parlez, là...
• (14 h 50) •
Mme
Ghazal : Bien, allez-y.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il ne reste qu'une minute à l'échange.
Mme Ghazal : Une
minute. Allez-y, je vous laisse...
M.
Fitzgibbon : Alors donc, ce qu'on fait, c'est que le gouvernement
co-investit avec du privé dans des fonds, qui eux vont investir dans les
entreprises. Si on internise ça... on fait ça à l'interne, chez Investissement
Québec, on ne pourrait pas avoir juste ce monde-là, il faudrait embaucher
2 000 personnes. On veut se servir... Investissement Québec dessert
2 000 clients. Je dis 2 000, là, depuis tantôt, peut-être
3 000, là, mais c'est 2 000, 3 000. On a peut-être une
cinquantaine d'entreprises qu'on veut aider. Donc, il faut avoir le
rayonnement, il faut avoir la synergie. Donc, plus on prend... on investit dans
des fonds, on crée des petits, puis ces gens-là vont investir avec nous. Alors,
moi, je pense, c'est un modèle qui est approprié pour l'objectif du
gouvernement.
Mme Ghazal : Donc,
c'est à cause dela quantité d'entreprises qu'on veut aider...
M.
Fitzgibbon : Principalement, oui.
Mme Ghazal : ...que,
là, on va vers le privé et non pas parce qu'on veut s'assurer que certaines
personnes puissent faire de l'argent en investissant avec l'aide du
gouvernement.
M.
Fitzgibbon : Non, absolument. Nous, on en fait aussi.
Mme Ghazal : Combien
on va en faire avec ça?
M.
Fitzgibbon : Bien, on espère faire des rendements entre 10 %,
15 %, 20 %.
Mme Ghazal : Mais
on ne le sait pas, ça n'a pas été estimé.
M.
Fitzgibbon : Non, dans... Bien oui, on l'a estimé, mais...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Merci pour le bel échange. Alors, nous revenons
avec l'opposition officielle, avec le député de LaFontaine. Vous disposez de
20 min 33 s.
M. Tanguay : Parfait.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, M. le ministre, je ne peux pas passer
sous silence la dernière affirmation quant à l'administration publique :
Quand le gouvernement gère, ça ne marche pas. Ma question : Est-ce que ça,
ça s'arrête aux directions régionales ou ça peut se rendre jusqu'au ministre?
M.
Fitzgibbon : Non, ça se rend jusqu'au ministre. Il n'y a personne, au
gouvernement, qui gère des entreprises, et ça n'arrivera pas pendant qu'on va
être là.
M. Tanguay : Puis
donc vous vous mettez dans le lot, là?
M.
Fitzgibbon : Absolument, absolument.
M. Tanguay : Mais
c'est quand même... au-delà de la boutade, il y a quand même une philosophie
intéressante, là, qui... Puis on n'est pas en période de questions, là, j'ai
30 secondes, vous avez 45 secondes, là. J'aimerais vous entendre
là-dessus, parce que je pense que vous... fondamentalement, vous le croyez, là.
M.
Fitzgibbon : Absolument.
M. Tanguay : Et
pouvez-vous étayer votre...
M.
Fitzgibbon : Bien, étayer, écoutez, je pense, le rôle... on parle
d'économie, là. Évidemment, là, je ne gère pas le Transport puis les Familles,
là.
M. Tanguay : ...ministère
de la Famille, on pourra en reparler, là.
M.
Fitzgibbon : Oui, mais ce n'est pas mon niveau de compétence... parle
d'économie, je suis plus à l'aise de parler d'économie. Écoutez, le jour où le
gouvernement... on parlait du Panier bleu, le jour où le gouvernement va être
actionnaire majoritaire d'une entreprise et va le gérer, ça ne marchera pas,
là, parce que, si c'est ça... puis si le privé n'est pas intéressé à investir,
peut-être qu'il y a une raison que nous ne connaissons pas. Alors, jamais, sous
notre gouverne, le gouvernement va être dans les opérations d'une entreprise.
Ça n'arrivera pas.
M. Tanguay :
Est-ce que ça pourrait s'appliquer... On est sur le point de vue philosophique,
là. Puis est-ce que ça pourrait s'appliquer au système de santé, ça, cette
affirmation-là que vous faites?
M. Fitzgibbon : Je n'irais pas
jusque-là, parce que c'est en dehors de mon champ de compétence, encore une fois, mais je pense que les services essentiels
sociaux importants qu'on ne peut pas laisser au privé... Dans le côté
économique des entreprises, je pense, ce n'est même pas une question qu'on doit
se poser. Je ne me suis jamais posé la question. Je ne suis pas venu en
politique, comme ministre de l'Économie, pour gérer des business. Sinon, je
serais resté dans le privé. C'est contre toute nature, toute idée que je
pourrais avoir, philosophie, vision, que le... Investissement Québec, le MEI
soient impliqués dans les opérations d'une entreprise. Ce serait contraire à
tout ce que je crois.
• (15 heures) •
M. Tanguay : Puis sur l'aspect
philosophique... parce que je pense que l'intention, puis ça, ce n'est pas...
je veux dire, c'est notoire puis c'est discuté, de peut-être faire une part
plus grande... Puis on n'est pas dans les crédits de la santé, je le sais,
mais, quand même, on parle d'entreprises qui pourraient oeuvrer dans le domaine
de la santé puis qui pourraient davantage graviter autour du système de santé.
Est-ce que, vous, vous avez des...
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez, je
peux en parler un peu, parce que la stratégie des sciences de la vie, c'est
nous qui la faisons, le MEI. Par contre, celle qu'on va annoncer très bientôt,
je l'ai faite en concomitance avec le ministre de la Santé, parce que je crois
aujourd'hui, fortement, qu'il y a des services qui peuvent être faits par le
privé, certains services, mais ça prend un cadre de référence. Alors, le
ministre de l'Économie... le ministre de la Santé, évidemment, vient du domaine
des affaires, je pense que c'est approprié, présentement. Chacun des cycles
demandera différents types de personnes pour gérer le ministère de la Santé
Mais aujourd'hui je pense que, considérant les
sommes qui ont été investies là-dedans, il y a un mérite de regarder,
d'analyser qu'est-ce que le privé pourrait faire, mais il faut faire attention.
Alors, le débat a déjà eu lieu, là, puis je vais laisser M. Dubé en parler. Ce
n'est pas à moi à parler de ça, mais moi, je suis à la... au service du MSSS
comme je suis au service de l'Environnement, du ministère de l'Environnement.
Alors, il faut regarder les choses. On regarde la télémédecine, tu sais, c'est
public, là, il y a des compagnies, qui donnent des services de télémédecine,
qui sont privées. Tant mieux.
M. Tanguay : Vous le dites, donc,
que vous allez annoncer une nouvelle mouture de la stratégie des sciences de la
vie. Ce serait autour de quel mois, quel...
M. Fitzgibbon : Bien, au mois de
mai, avant qu'on parte en vacances, là.
M. Tanguay : Au mois de... O.K. Et
ça, il y a eu... En vacances, oui, «we wish». Là, vous
m'avez fait perdre... vous avez dit le mot «vacances», puis là je suis parti.
C'est parce que ça n'existe plus, je pense, depuis deux ans. Sciences de la
vie, au mois de mai... Quand vous avez parlé de vacances, vous m'avez vraiment
fait décrocher, là, c'était... c'est parce que c'est quelque chose qui... dont
on n'espère plus, mais, en tout cas, on ne va pas se plaindre ici. Mais on ne
tombera pas en vacances en mai, ça, je peux vous le dire, et je peux vous dire
également qu'on ne tombera pas en vacances le 4 octobre non plus.
Alors, ceci étant dit, est-ce que je dois...
est-ce qu'on doit comprendre aussi... Donc, il y a eu une considération, bien
évidemment, parce que vous n'êtes pas en vase clos, vous n'êtes pas en silo,
dans la stratégie nationale des sciences de la santé, de, justement, ce qui
était l'intention du ministre de la Santé quant à faire une place plus grande
du privé en santé. Donc, dans cette stratégie-là, il faut qu'il y ait un
nécessaire arrimage, là, puis de... Est-ce que j'ai raison de croire, donc, que
ces conversations-là ont eu lieu entre vous deux?
M. Fitzgibbon : En fait, il faut
comprendre que les sciences de la vie ont toujours été une stratégie qui a été
responsabilisée par le ministère de l'Économie, là. Ce n'est pas nouveau avec
mon arrivée. La mouture présente finissait en 2022, donc c'était 2017‑2022. Là,
on fait 2022‑2025, ça fait trois ans, je pense, ou quatre ans. Alors, on
prend... Évidemment, la raison principale de cette stratégie-là, c'est de
pouvoir permettre aux entreprises du secteur de pouvoir croître. Et je pense
que le secteur de la santé, sciences de la vie, au Québec, c'est un avantage
comparatif que nous avons. On l'a perdu, depuis plusieurs années, je dois
avouer, mais on peut le reprendre à cause de l'intelligence artificielle puis à
cause de la médecine de précision.
Alors, ce qu'on a fait, c'est qu'on a sondé
l'industrie, autant les thérapeutes, les universités, les pharmas aussi, les
biotechs. Et, quand on a commencé à recevoir des mémoires, j'ai consulté le
ministre de la Santé, j'ai dit : J'aimerais ça qu'on fasse cette
annonce-là ensemble. Donc, lui et moi, on va faire une annonce ensemble, mais
la base même de la stratégie, c'est pour les entreprises québécoises, qu'elles
puissent avoir une croissance. C'est sûr que, s'ils peuvent donner les services
au ministère de la Santé, tant mieux, mais ce n'est pas l'essence même de la
stratégie.
M. Tanguay : Puis est-ce qu'il y
aurait un volet, justement, de professionnels qui donnent des services aux
patients dans cette stratégie-là?
M.
Fitzgibbon : On n'est pas... on n'a pas granulé à ce niveau-là. On va
avoir des thématiques, puis une des thématiques, c'est les services de santé,
là, télémédecine, et ainsi de suite, mais là, après ça, la stratégie va être là
pendant plusieurs années. Et effectivement, il y a des secteurs où peut-être le
ministère de la Santé va dire : Nous voulons nous
approprier le contrôle... pas le contrôle, le vrai mot, mais la... comment on
va moduler l'investissement qui va être
alloué dans certains sous-secteurs. Et je pense que... si je me rappelle bien,
il y en a deux sur cinq que le ministre de la Santé a dit :
J'aimerais ça m'impliquer comme leader. Parfait. Nous, on est là, le ministère
de l'Économie est là...
M. Tanguay : Excusez-moi,
je n'ai pas compris. Il y a deux sur cinq quoi?
M.
Fitzgibbon : J'ai dit : Il y a... je pense qu'il y a cinq
thématiques, là, puis j'y vais de mémoire, là, mais j'en fais deux en même
temps, là. Il y a cinq chantiers, puis il y en a deux, des chantiers, où le
ministre de la Santé a dit : Je vais m'en occuper, c'est important pour
mon ministère, j'aimerais ça qu'on puisse avoir... Moi, j'ai dit :
Parfait.
M. Tanguay : O.K.
Puis vous allez faire l'annonce ensemble, donc, prévue en mai. Parce que, quand
on parle... Puis, encore une fois, sur
l'aspect philosophique, quand le gouvernement gère, ça ne marche pas. On est
ici à la limite de deux eaux. Il y a
des cliniques privées qui offrent des services de soins de santé et qui ont
leur propre administration interne, leur
gestion. Sur une base philosophique, vous, vous pourriez peut-être considérer
que c'est ce aussi vers quoi le gouvernement pourrait tendre, le cas
échéant, là. Quand on parle de l'administration de la chose publique qu'est le
système de santé, puis les défis, entre autres, que certains disent, de
lourdeur administrative, et tout ça, versus des cliniques privées, je voudrais
savoir, vous, quelle est votre vision par rapport à l'opportunité, peut-être,
d'élargir là-dessus.
M.
Fitzgibbon : Bien, je n'irai pas trop loin là-dedans, parce
qu'honnêtement il faut que je laisse... c'est le ministre de la Santé qui va être
responsable de ça. Puis je veux reformuler, parce que je sais que ça va sortir
demain, avec les tweets, puis tout ça, là, le gouvernement ne peut pas gérer
les entreprises. Ça, c'est non négociable. Il y a des services essentiels, il y
a des services sociétaux qui sont très importants, où, peut-être, une
efficience est requise pour avoir un service qui va être adéquat. Alors, je
veux juste être sûr que je sois bien compris. Jamais je ne vais vouloir
prétendre que la santé devrait être privée complètement, ce n'est pas ça que je
dis, ou les familles... les garderies, je pense qu'il y a une raison pourquoi
ça prend un cadre de référence pour s'occuper de nos enfants. On ne peut pas
laisser le privé seul à faire ça. Alors, je pense, il faut distinguer les deux.
Alors, quand on parle
de cliniques privées, de soins de santé, je préférerais m'abstenir de
commenter, parce que M. Dubé, le ministre de la Santé, va pouvoir prendre ses
propres décisions, et, le ministère de l'Économie, on va aider, comme on aide
l'Environnement. Si M. Dubé décide : Je veux avoir certains services par
le privé, bien, nous, on va s'occuper de nos entreprises puis on va les aider à
pouvoir servir le ministre. Ce n'est pas l'inverse.
M. Tanguay : Puis,
pour terminer là-dessus, dans les cinq volets de la fameuse stratégie qui va
sortir, est-ce qu'il y en a un qui pourrait être la tête de chapitre où le...
où un tel débat aurait lieu, autrement dit, services directs à la population?
M.
Fitzgibbon : Bien, écoutez, on a... je les ai devant moi, là, je ne
vais pas les lire, parce que c'est ce qui va sortir bientôt, là, mais on parle
de...
M. Tanguay : On
est à huis clos ici, de toute façon, il n'y a personne qui écoute.
M.
Fitzgibbon : On parle beaucoup de capital humain.
M. Tanguay : Pardon?
M.
Fitzgibbon : On parle beaucoup de capital humain. Ça fait
qu'indirectement je réponds à votre question, parce que je pense que c'est
clair qu'aujourd'hui les services doivent être ajustés selon les carences du
système puis selon les nouveaux besoins. On
parle des thérapies, là, on parle beaucoup de cellules... médecine de
précision, plutôt. Alors, c'est sûr qu'on doit s'adapter aux changements
sociétaux, là, puis le capital humain va être au centre de la stratégie.
M. Tanguay : Puis
il y a probablement aussi un aspect d'équipement de fine pointe, par ailleurs,
pour rendre le service, j'imagine.
M.
Fitzgibbon : Oui, il n'est pas identifié directement, mais... en fait,
l'innovation est au coeur de tout, hein, puis le ministère de l'Économie, c'est
ça qu'on essaie de... le ministère de l'Économie et de l'Innovation, là, on va
mettre l'Innovation avant, même, des fois, là, alors c'est sûr que l'innovation
doit être là.
M. Tanguay : O.K.
J'aimerais revenir sur le défi de la main-d'oeuvre, comment... Puis honnêtement
ce sont des acteurs clés pour votre ministère. Là, on parle de la Fédération
des chambres de commerce du Québec, la FCCQ, qui disait, le 22 mars :
«Des mesures insuffisantes en main-d'oeuvre, il y aurait eu lieu — puis je
cite le communiqué de presse — d'aller
plus loin pour répondre aux besoins des entreprises, notamment pour répondre
aux enjeux de main-d'oeuvre.» Ça, c'est une chose. Également, la FCEI
disait : «Pénurie de main-d'oeuvre — ça, c'est en février — sabote
la reprise économique...» puis ça, c'est suite et fin, là, du sujet, là,
pénurie de main-d'oeuvre. Et le 22 mars, donc au même moment du budget,
même journée, même chose que pour la FCCQ qui disait «mesures insuffisantes»,
la FCEI, Fédération canadienne des entreprises indépendantes, disait : «Le
gouvernement ne répond pas aux enjeux majeurs qui freinent les PME, qui sont la
crise de la pénurie de main-d'oeuvre.»
Alors, vous, comme
ministre de l'Économie, ça a dû, j'imagine, vous... ça n'a pas dû vous plaire,
ça, ces commentaires-là. Y accordez-vous foi? Êtes-vous d'accord?
M. Fitzgibbon : Bien, on a eu la
discussion tantôt, clairement, le plafond de verre, ce serait d'avoir les bons
emplois. Ce n'est pas juste les employés, il faut avoir les bons emplois. Quand
on regarde la composition de l'écart, entre l'Ontario et le Québec, sur le PIB
par habitant, qui est une des mesures d'évaluation de notre pauvreté
collective, et on regarde quelles sont les causes de cet écart-là, on conclut
assez rapidement que 75 % de l'écart est causé par la sous-productivité et
25 % par la main-d'oeuvre. Conséquemment, quand on a fait ce
diagnostic-là, bien, il y a deux chantiers importants, celui de ministère de
l'Économie pour l'innovation et celui du ministère du Travail et de l'Immigration
pour l'emploi.
Alors, l'emploi, c'est clair, c'est un enjeu.
C'était 25 % de notre écart de richesse, et il faut donc faire plusieurs
choses. Le programme, je pense que... ou les sommes d'argent que le ministre de
l'Emploi a reçues à la mise à jour de 2,9 milliards, là... hier, il y a
plusieurs initiatives. Il y en a 80, initiatives, puis je ne me rappelle pas
des 80, évidemment, mais il y a beaucoup d'initiatives là-dedans pour la
formation de la main-d'oeuvre, la formation en entreprise pour avoir, moi, ce
que j'appelle la meilleure adéquation entre les besoins futurs des entreprises
et nos gradués. Quand on réalise que 50 % des emplois que nos enfants vont
avoir, quand ils sont au primaire... aujourd'hui, n'existent pas aujourd'hui,
alors il y a tout un phénomène d'anticipation qu'il faut faire. Alors, la
relation entreprise-éducation devient très, très importante. L'immigration, on
en a parlé, il faut avoir une immigration ciblée. Puis là on a parlé du
troisième volet, c'est de prendre les gens d'expérience, les gens de mon âge,
puis de les ramener au travail.
Puis j'exclus les fameux... le fameux
200 000, le chiffre n'est pas fixe, là... ce qu'on appelle les NEEF, là,
qui ne sont ni employés ni en formation, là, il y a du monde, là aussi, santé
mentale légère, par exemple. Tantôt, on parlait des magasins d'alimentation, on
voit maintenant des gens qui travaillent qu'on n'aurait pas vus voilà
10 ans. Alors, moi, je pense qu'il y a un bassin. On parle des Premières
Nations. Alors, il y a quand même un... il y a quand même plusieurs volets.
Puis, quand on parle de 240 000 emplois qui
manquent, ce n'est pas un chiffre, là, qui est... qui sort... Tu sais, ça
s'adresse, ça, là... On a 200 000 chômeurs, on a
200 000 NEEF, on a 75 000 travailleurs d'expérience qui
devraient travailler puis qui ne travaillent pas. Bien, on regarde tout ça
ensemble, puis là, si on forme les gens... Puis surtout que les besoins en
main-d'oeuvre, le 240 000, là, je n'ai pas eu les statistiques récentes,
là, le trois quarts, ce n'est pas des bacs universitaires qu'on a besoin, là,
c'est des collèges techniques, là. Alors, tu sais, ce n'est pas comme si...
M. Tanguay : ...puis ça revient
à ce qu'on disait tantôt, quand je parlais de mes 17 000 éducatrices,
là, c'est collégial. Puis peut-être qu'on aurait lieu, socialement, puis je ne
pointe pas du doigt, là, mais de revaloriser à juste titre, de... Puis mon
point tantôt, puis je ne veux pas être mesquin, je ne veux pas être méchant,
là, mais je vais le dire, là, puis c'est tout à fait respectueux, puis je ne
lance pas la pierre, mais, quand le premier ministre dit, c'est ça, mon point,
l'automne passé, au Conseil du patronat : Quand je rentre un immigrant
puis qu'il gagne moins de 56 000 $ par année, j'augmente mon
problème, on ne valorise pas les... des métiers qui demandent un diplôme
d'études collégiales ou qui demandent, tantôt, une formation professionnelle,
indirectement, c'est dévalorisant.
M. Fitzgibbon : Peut-être,
mais, par contre, il faut accepter la noblesse de l'objectif. Le premier
ministre, son... C'est pour ça que je fais de la politique. Le premier
ministre, il veut une chose, qu'on crée de la richesse pour la redistribuer.
Parce que créer de la richesse, ce n'est pas une fin en soi, c'est... on s'entend.
Puis les gens comme nous autres qui viennent en politique, c'est pourquoi?
C'est pour s'enrichir, évidemment, pas... On vient ici pour une cause, puis la
cause, moi, qui m'a allumé, c'est de dire : On va créer de la richesse...
M. Legault s'exprime comme ça, puis on va le réinvestir dans l'éducation,
qui est pas mal le seul ministère qui compte au gouvernement, en passant. Bien,
moi, je pense, c'est noble.
Bon, comment on y arrive? Puis, pendant ce
temps-là, il ne faut pas que les gens se sentent rejetés, je suis d'accord avec
vous, mais il faut quand même, au niveau de l'économique, là, quand on... On se
parle tous les deux, là, l'eau du lac, là, il faut la monter de façon
importante, puis on va créer de la richesse. Parce que, les besoins sociétaux,
c'est beau d'avoir des objectifs nobles, mais il faut quand même les payer, là.
On n'est pas... L'argent ne pousse pas dans les arbres, là.
M. Tanguay : Mais il y a ça
aussi, puis c'est là-dessus que j'aimerais ça qu'on puisse s'entendre. Vous
pouvez avoir Wayne Gretzky, puis Mario Lemieux, puis Patrick Roy dans les buts,
s'ils sont juste trois, ils ne gagneront jamais rien, et ça prend de toutes
sortes de monde pour faire l'équipe. Alors, effectivement, monter l'eau du lac,
mais ça prend un fond dans le lac. Alors, ça prend des gens qui vont faire
moins de 56 000 $. Puis, au départ, si vous ne les avez pas,
l'économie va s'atrophier, l'économie du Québec.
Savez-vous, je vais vous le dire, moi, ce qui me
turlupine, là, c'est qu'à un moment donné cette pénurie-là n'attaque pas juste
les entreprises privées, mais les services fondamentaux. Là, on est comme dans
une bulle qui fait en sorte qu'on va être capable d'équilibrer le budget du
Québec, les revenus sont au rendez-vous, mais, à un moment donné, si on n'y
voit pas, ça va s'atrophier, cette économie-là. Et là, population
vieillissante, ça va être la totale, vous comprenez, le coût puis l'entrée...
M. Fitzgibbon :
Mais j'ai un point que j'aimerais amener, par contre, c'est que je suis
d'accord que le risque, dans une communauté, une société, c'est qu'on crée un
écart de richesse trop grand. Ça, c'est péché mortel, mais moi, j'assume... pas j'assume, je prétends que, si on réussit à
monter l'eau du lac pour les salaires moyens, tout va suivre. Moi, dans ma
tête, on n'augmente pas les salaires de nos jeunes qui vont graduer... puis je
prends l'exemple d'Alouette Aluminerie, où il n'y a plus de personnes qui se
promènent le dos courbé avec les cuves. C'est fait par un joystick, par un
jeune qui est en haut dans une cabane, là, puis qui fait 75 000 $ par
année. C'est ça qu'on veut pour nos jeunes, ces jobs-là, parce qu'ils vont travailler pas mal plus vieux que leurs
parents qui ont arrêté à 55 ans parce qu'ils n'étaient plus
capables de se promener. Mais, si on monte ces salaires-là, bien, nos
infirmières, nos éducatrices vont monter aussi.
Moi, je crois que,
comme société, il faut avoir un mouvement à la hausse, puis on va commencer par
les emplois bien rémunérés, tout en gardant à l'esprit qu'il ne faut pas
cliver, sociétalement, le marché. Il ne faut pas que les gens se sentent :
Bien, moi, si je ne travaille pas dans l'IA, bien, je suis un loser. On ne veut
pas ça, c'est clair, mais je pense qu'on peut arriver à faire les deux en même temps.
M. Tanguay :
Oui, mais je trouve, puis je le dis, puis c'est intéressant, le débat que
l'on a, ce n'est pas que philosophique, que c'est beaucoup mettre sur la
vocation ou... de la hausse des salaires, qui va faire en sorte que ça va tirer
vers le haut ceux qui, dans la chaîne, gagnent moins, qui ont des salaires
inférieurs, notamment à 56 000 $. Je pense que c'est mettre
beaucoup... Oui, c'est un facteur, je suis d'accord avec vous, mais il me
semble que le focus est mis beaucoup, beaucoup, presque exclusivement,
là-dessus, puis c'est le... c'est comme la donnée cardinale, ça, qui est... un
peu comme le film, le film, là : «Build it and they will come». Je ne suis
pas sûr qu'ils viennent, là, même si tous les salaires montent. Je pense qu'au contraire,
si on n'y voit pas, parce qu'il faut les intéresser pour aller remplir ces
postes-là, l'édifice risque de s'écrouler.
17
897
M. Fitzgibbon : Je
pense que les Québécois, en général, là... pour conclure, moi, je pense que les
Québécois, en général, sont des gens généreux. Moi, je pense que... si on
remonte la richesse collective des Québécois, moi, je pense que les Québécois
vont réaliser qu'il faut en redonner, il faut être socialement... sociétalement
responsable. C'est un peu naïf, peut-être, un peu jovialiste, mais...
11
789
M. Tanguay : Non,
non, je suis d'accord avec vous, mais les gens ne seront pas nécessairement là.
Je veux dire, si vous ne les avez pas intéressés à... tantôt éducatrice,
infirmière, menuisier, couturière, tous des métiers, là, pour lesquels, entre
autres, il n'y a pas nécessairement d'école de formation, ou si peu, dans une
région donnée... Il y a des gens, vous le savez, il y a des gens qui, dans des
entreprises, sont retournés... des propriétaires d'entreprise qui sont
retournés dans l'usine... pénurie de main-d'oeuvre, là.
17
897
M. Fitzgibbon : Bien,
puis, en même temps, c'est... Notre ministre de la Santé, je peux vous dire,
quand il cogne à la porte du ministère des Finances, qu'il a besoin d'argent
pour payer les infirmières, des primes, il l'a tout de suite, l'argent, là. Ça
fait qu'on est quand même conscients qu'il ne faut pas cliver le marché, il ne
faut pas dévaloriser des emplois qui sont importants au niveau social, je
pense. Je pense qu'on est capables de faire les deux, puis il faut juste
ajuster le langage, il faut ajuster nos programmes, mais moi, dans mon... moi,
ce que je contrôle, là, ou ce que je dirige, plutôt, moi, je veux que ça monte,
là.
11
789
M. Tanguay : Je
ne sais pas si vous avez écouté le débat, puis si, Mme la Présidente, vous me
permettez, on pourra déborder sur... Je ne sais pas si vous avez écouté le
débat. Moi, j'ai écouté ça, la présidentielle française, là, Macron, Le Pen,
puis Macron disait à Marine Le Pen : Vous n'allez pas dicter les salaires
au privé, parce qu'elle disait : Les salaires vont augmenter de 10 %,
puis tout ça. Il pouvait déterminer les bonis, mais pas les salaires. Quand
vous dites : Oui, quand le ministre de la Santé cogne à la porte des
Finances, il l'a, l'argent, l'impact direct n'aura pas lieu avec les
entreprises privées, nos PME, etc.
17
897
M. Fitzgibbon : Bien
là, là, je ne suis pas sûr de suivre la...
11
789
M. Tanguay : Parce
que vous avez dit : les salaires vont... les Québécois sont généreux, les
salaires vont augmenter.
17
897
M. Fitzgibbon : Ah
oui! O.K., oui. Non, mais...
11
789
M. Tanguay : Oui,vous contrôlez les salaires de la masse salariale des 500 000...
publics et parapublics, mais, dans l'entreprise privée, vous ne contrôlez pas
ça, là, puis il faut que la PME aussi puisse suivre. Puis là je vous ferai grâce des statistiques de la FCEI qui dit :
Écoutez, les propriétaires de PME s'arrachent les cheveux de sur la tête. Il y
en a qui travaillent encore plus, qui augmentent leurs prix, puis il y a du
désespoir là-dedans. À un moment donné...
17
897
M. Fitzgibbon : Oui,
mais, tu sais, je pense que les Québécois... Prenons la restauration. Je fais
beaucoup de travail là-dedans, là. On a annoncé un collectif, là, pour le
terroir québécois. Les prix dans les restaurants, ça a monté pas mal. Il y a-tu
beaucoup de monde qui se plaint ?
Non...
11
789
M. Tanguay : Bien,
les... Oui, les restaurateurs vont vous dire, puis ça, c'est la... Écoutez,
tout est dans tout. En France, justement, c'est... les prix montent, mais, à un
moment donné, les prix montent tellement qu'ils se disent : On va l'enlever du menu parce que les gens ne
paieront pas 25 € pour un steak ou pour un... hein? Alors, il y a ça
aussi, là.
17
897
M. Fitzgibbon : Bien,
ça amène un autre point, là. Bien, on déroge à votre question, mais j'ai lancé
un collectif, cette semaine, avec Félix-Antoine Joli-Coeur, puis une chose
qu'on a notée, c'est que l'autoapprovisionnement québécois du terroir va
permettre, justement, d'empêcher de l'importation de produits qui sont trop
chers. Donc, il y a un élément Panier bleu à ça qui est intéressant aussi.
Le point que je veux faire, c'est que les
Québécois acceptent aujourd'hui que, pour être un plongeur dans un restaurant
ou un... serveur, ce n'est pas le cas, là, mais d'autres métiers, il faut que
les restaurateurs paient plus parce que les jeunes veulent faire d'autres
choses, on peut dire.
11
789
M. Tanguay : Bien,
on...
17
897
M. Fitzgibbon : Non,
mais je pense que ça, il va arriver deux choses : ou on va robotiser les
plongeurs, ce qui serait l'idéal, évidemment, ou on augmente les salaires. Puis
je pense que, si on réussit à créer... Puis moi, je suis très heureux de voir
l'attraction du Québec présentement à l'international. Les gens viennent malgré
le fait que... la pénurie de main-d'oeuvre. Évidemment, ils vont-tu avoir des
employés... mais c'est de même un peu partout dans le monde aussi. Ces gens-là
viennent, on augmente les salaires.
Demain, on
fait une annonce, là. Ça va être déjà pour 100 000 $, là. Bien là,
ils sont où, les gens ? Ils ne sont
pas là, mais on va les former, par
exemple, nos universités... on va en former des gens. Alors là, on monte ce
taux-là, là. Alors, l'impact, ça va être les jeunes... les jeunes vont
dire : Aïe! Je ne veux pas être plongeur, à moins d'être un étudiant.
C'est correct. Il y en aura moins, de restaurants, puis on les paiera plus. Je
pense que, comme société, il va falloir...
11
789
M. Tanguay : Bien,
c'est ça qui va arriver, M. le ministre, il va y en avoir moins, de
restaurants, parce qu'à un moment donné, vous avez beau augmenter vos salaires,
il n'y en a pas... Il n'y en a pas, dans la ville, des plongeurs. Il n'y en a
pas qui sont intéressés.
17
897
M. Fitzgibbon : Mais,
si ces plongeurs-là sont rendus... ils font de l'IA chez ServiceNow à
70 000 $ par année, «be it». Il y en a moins de restaurants, c'est
tout.
11
789
M. Tanguay : On
se rejoint sur la fin, il va y avoir moins de restaurants puis il y en a...
17
897
M. Fitzgibbon : Le chemin pour s'y rendre, il ne faut pas qu'ils
trouvent ça trop laborieux. Je suis d'accord avec vous.
M. Tanguay : Non, mais, à la
fin, et la conséquence, c'est qu'il y en a qui vont fermer, là. Puis vous allez
me dire que c'est l'élimination naturelle?
M. Fitzgibbon : Bien, je l'ai dit
hier. En fait, moi, je suis un peu cynique. Les programmes qu'on a mis en
place, du PACTE et du PAUPME, ont tellement réussi qu'on a moins de fermetures
que nous avions. On en a parlé avant-hier. Moi, je peux être cynique,
dire : C'est-tu des bons programmes? Est-ce qu'on a maintenu en vie des
gens qui n'auraient pas dû vivre? Bien, je ne le sais pas. Je n'ai pas cette
intelligence-là, mais le fait demeure qu'il y a moins de sociétés fermées qu'il
y en avait avant la pandémie. Mais ça, ce n'est pas grave.
M.
Tanguay : Mais auriez-vous vu... parce que je veux
comprendre votre point. Vous n'auriez pas nécessairement vu d'un mauvais
oeil qu'il y en ait plus qui ferment?
M. Fitzgibbon : Bien, en fait, c'est
qu'il y a un niveau annuel de fermetures, et, durant la pandémie...
M. Tanguay : Qui n'a pas été
atteint.
M. Fitzgibbon : Exact. Bon, on peut
être cynique, là, puis dire : Il y a des compagnies qui ont été maintenues
en vie qui auraient dû fermer.
M. Tanguay : Mais ça, cette
réflexion, vous la faites?
M. Fitzgibbon : Bien, j'y réfléchis
le soir, quand je me couche, là, mais je n'ai pas la réponse, là, parce qu'il y
a 250 000 compagnies au Québec, là. Je n'ai pas la capacité de
répondre à cette question-là, mais la question se pose. La question se pose.
M. Tanguay : Non, non, non, mais que
vous faites la réflexion, c'est révélateur, là. Que vous faites cette
réflexion-là, c'est révélateur sur... je reviens là-dessus, sur le fait que
nécessairement, dans une économie, il y en a qui vont fermer leurs portes.
M. Fitzgibbon : Ça, c'est clair. Ça,
c'est clair.
• (15 h 10) •
M. Tanguay : Et ça, vous l'assumez,
jusqu'à un certain point, dans vos mesures. Je vais aider les plus performants,
puis les moins performants...
M. Fitzgibbon : Dans
un contexte où la main-d'oeuvre est recyclée, je pense que c'est acceptable. Si
on ferme des restaurants puis que les plongeurs ou les serveurs, peu importe,
vont faire d'autres métiers mieux rémunérés, je n'ai pas de problème avec ça.
M. Tanguay : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Alors nous poursuivons avec le premier groupe du gouvernement, avec le député
d'Orford. Vous disposez de 11 minutes.
M.
Bélanger : Bien, merci, Mme la Présidente. Je vais terminer
mon point sur Internet, sur l'impact économique, puis, après ça, on
pourra aborder le secteur aérospatial, aéronautique.
Ça fait que c'est quand même tout frais, le
rapport de KPMG. L'apport gouvernemental de 681 millions se traduit en des
investissements totaux de 1,7 milliard. Ça, c'est au niveau du projet
d'Internet en région. Ainsi, chaque dollar mis à contribution de la part de
Québec mène à une dépense totale de 2,47 milliards. Ça, ça inclut les
investissements du privé, parce que, comme le ministre dit, c'est important que
le privé soit... contribue, et ainsi la contribution du gouvernement fédéral,
qui s'est joint par la suite au projet.
Les résultats sur la connectivité, en termes...
à terme, les programmes permettront de rejoindre environ 71 % des foyers
qui, en 2016, n'avaient pas accès à Internet haut débit. Il est également
estimé qu'environ 22 000 entreprises se situant sur les territoires visés
seront rejointes par les programmes gouvernementaux.
Les retombées statiques. Contribution de
1 milliard au PIB en dépenses d'investissements pour la période de 2018 à
2022. Plus de 9 000 emplois soutenus sur la période.
Les retombées statiques récurrentes.
Contribution annuelle de 139 millions au PIB, des dépenses d'opération
réalisées par les fournisseurs de services Internet, pour répondre à la
demande, et les dépenses en capital de maintien qui assureront la pérennité du
réseau à partir de 2023, plus de 845 emplois soutenus annuellement.
Les retombées dynamiques récurrentes, je
finis bientôt. Retombées annuelles estimées entre 5 milliards et
5,8 milliards, plus ou moins 1 % du PIB nominal du Québec, une fois
que les réseaux sont complétés et que les effets se font sentir à travers
l'économie, effets sur les ménages, les entreprises et les gouvernements.
Source : KPMG, étude sur l'impact
économique des mesures gouvernementales. Donc, c'est significatif. Je crois
qu'Internet va aider beaucoup au niveau de l'économie des régions.
Et maintenant je voudrais aborder
l'aéronautique, aérospatiale. Puis là je vais vous démontrer que j'ai un certain
âge, parce que, quand j'ai commencé ma carrière, j'étais en redressement
d'entreprise, en automatisation, et un de mes premiers clients s'appelait
Canadair. Tantôt, on parlait de l'expertise de l'État à gérer des entreprises.
Bien, je vous dirais que Canadair, c'était un bon exemple de mauvaise gestion
d'entreprise au niveau aéronautique. J'avais un autre client aussi, qui
s'appelait Bombardier. Et donc j'ai participé, au début, à l'acquisition de
Canadair par Bombardier, en faisant
l'évaluation des actifs, etc., mais je peux vous dire que le secteur
d'aéronautique, à ce moment-là, était extrêmement faible. Les revenus se
comptaient en centaines de milliers de dollars, et c'était surtout, au niveau
aéronautique, un endroit où on pouvait prendre une préretraite. Il y avait
beaucoup de niveaux de vice-présidence. Et le Québec, dans le fond, le secteur
aéronautique au Québec a démarré avec Canadair. Par la suite, Bombardier, il y
a eu Learjet à Wichita, il y a eu De Havilland à Toronto, il y a eu, en Irlande,
à Belfast, avec... Fokker. Et puis, donc, c'est devenu... le Québec a réussi à
créer une masse critique, j'appelle ça du «knowledge capital», mais, en tout
cas, de l'intelligence... Il doit y avoir un terme français pour ça.
Et ma question au ministre, c'est que, bon, on a
le «know-how», on a bâti un capital. Il y a eu un virage au niveau... Comme
toute entreprise, à un moment donné, après plusieurs décennies, le marché
change. Aujourd'hui, je pense qu'il y a
encore quand même pas mal de revenus, mais quelle est l'opinion du ministre au
niveau de ce secteur-là? Est-ce qu'il y a un risque de perdre les
ressources? Est-ce qu'on va être capables de suivre un peu le changement au
niveau du marché? C'est un peu ma première question.
M. Fitzgibbon : Bien,
effectivement, c'est une très bonne question, parce que l'aéronautique a été,
pour le Québec, un secteur porteur depuis moult décennies, et Bombardier a été
responsable de ce succès-là. On a une situation qui moi... était préoccupante
il y a un an, quand on a vu la baisse marquée de l'activité au niveau des
compagnies aériennes, entre autres, et le fait que moins d'argent pouvait être
généré par les sociétés, donc moins de recherche et développement, parce que
cette industrie-là, le succès est tributaire des argents investis en
recherche-développement.
On a... Aujourd'hui, moi, je regarde ce qui se
passe dans le monde, là, il y a trois avions qui sont les avions les plus
performants. Il y a le Boeing 787, c'est Boeing, il y a le A220, qui est
le CSeries, puis il y a Global 7 500. Sur les trois avions les plus
performants au monde, deux ont été inventés ici, au Québec, par Bombardier. Si
on arrête d'investir en recherche-développement, bien, les prochains aéronefs
performants ne seront pas d'ici. Alors, heureusement, on a réussi à sauver la
production d'aéronefs avec l'investissement dans Airbus... à Mirabel.
Je pense,
c'est un programme qui va avoir un grand succès, parce que le A220 est un avion
performant, mais là ce n'est pas suffisant. Il faut investir en amont,
et la stratégie qu'on a mise en place, la Stratégie de développement de l'aéronautique qu'on a annoncée... On l'a-tu
annoncée? Oui, on l'a annoncée. Alors, on l'a annoncée. Alors, demain,
je fais une annonce avec ça, avec Aéro
Montréal, pour d'autres... des projets spécifiques. On a mis de l'argent, le
gouvernement, pour la recherche-innovation, donc, très en amont, et ça va être
important de créer un levier avec cet argent-là.
Et heureusement, ce qu'on voit en sortie de
pandémie, c'est que le secteur aéronautique va relativement bien. Je regarde ce
qui se passe chez Airbus, je regarde ce qui se passe chez... chez Pratt, chez
Bombardier aussi, d'ailleurs, qui... la profitabilité. Alors, c'est le rôle du gouvernement d'activer
des projets d'innovation qui, eux, vont nourrir les avions de demain, qui vont être des avions électriques,
hydrogènes, des avions à différentes aérostructures, plus
aérodynamiques, qui vont, à tout le moins, réduire la consommation d'essence.
Alors, on est chanceux d'avoir l'industrie, mais il faut être très vigilant
parce que, si on ne met pas les sommes d'argent appropriées en
recherche-innovation dans les prochains deux ans, on va payer pour dans cinq
ans, puis il va être trop tard.
M. Bélanger : ...est-ce qu'il y
a eu une baisse d'investissements au niveau recherche et développement dans le
secteur?
M. Fitzgibbon : Absolument. Absolument,
parce que tous les... Airbus, Boeing... on va regarder Boeing, avec le problème
du MAX, Boeing, Airbus, Embraer, Bombardier... Bombardier, jusqu'à voilà un an,
et aujourd'hui... se battait pour sa survie. Toutes les compagnies aériennes se
battent pour leur survie. Donc, quand les compagnies aériennes n'investissent
pas... puis, en plus, au Canada, on est un peu déficients parce que notre
défense nationale n'est pas trop, trop sur la coche pour encourager les
compagnies canadiennes. Donc, on n'a pas le bénéfice que les Américains et les
Français ont, d'avoir le gouvernement qui investit en défense. Donc, nous, on
est pris un peu entre nous autres, là. Alors, non... Il y a eu un manque
d'investissement majeur, et ça, ça m'a beaucoup inquiété.
D'ailleurs, la stratégie nationale
d'aéronautique qu'on a mise en place, on a mis des sommes pas mal plus
importantes puis on est allé voir le fédéral, on a dit au fédéral :
Aidez-nous, là, parce que... Autant le fédéral a aidé l'industrie automobile,
en Ontario, à juste titre, d'ailleurs, autant il faut qu'il nous aide ici, puis
je suis content de dire que M. Champagne a été réceptif à l'idée de nous
aider, là.
M. Bélanger : C'est quoi, le
salaire moyen dans le secteur de l'aéronautique? Parce qu'on parlait tantôt de
56 000 $, mais c'est... Est-ce qu'on a des chiffres?
M. Fitzgibbon : On les a sur...
M. Bélanger : C'est sûrement en
haut de 100 000 $.
M. Fitzgibbon : Oui, je ne sais
pas par coeur... Bien, c'est ça, il y a des segments parce que... bien, c'est
en haut de la moyenne, évidemment, là. Je vais vous revenir, je ne l'ai pas par
coeur, le chiffre, mais c'est un montant important, c'est sûr... beaucoup
d'ingénieurs, là.
M. Bélanger : Un autre point, c'est
peut-être un peu sur l'avenir, là. Je sais que Bombardier fonctionne, ça
fonctionne quand même bien, au niveau du Global, puis c'est une bonne niche,
mais c'est quand même assez niché. C'est quoi, le potentiel au niveau de la
batterie, justement, électrique dans... Bien, il y a l'hydrogène aussi, mais, à
un moment donné, ce que j'ai appris, c'est que l'hydrogène, il y a une certaine
durée, là, puis, sur des longs vols, des longs courriers, on va trop perdre
d'hydrogène. Mais, au niveau de la batterie, où on se positionne?
M. Fitzgibbon : Quand je parle... Je
ne parle pas à Boeing, là, je parle plutôt à Airbus, avec qui on est très proches, puis Bombardier, qui sont deux gros
joueurs, ils passent autant de temps sur des pièces des avions
d'aérostructure plus légère, plus aérodynamique, pour réduire la consommation
de fossile... d'essence, et, dans les deux cas, alors, on parle de réduction...
20, 30, 40 %. Donc, pour eux autres, c'est plus court terme de penser à ça
qu'un avion électrique qui, de toute évidence, va exister pour, peut-être,
Sept-Îles, Baie-Comeau.
Alors, je pense que c'est clair que l'avion
électrique, la problématique, évidemment, c'est celle des batteries.
L'hydrogène, tu as raison, l'hydrogène, c'est un rêve, là. Tout le monde parle
de l'hydrogène, aujourd'hui, comme si c'était la révélation. Un, c'est pesant,
un avion qui traverserait l'Atlantique en hydrogène, il y aurait... ce serait
un 747 avec 20 passagers, là...
M. Bélanger : ...hydrogène.
M. Fitzgibbon : Exact. Exact, tu as
raison. Tu as raison. Alors, il y a un enjeu, évidemment, de poids, puis il y a
une sécurité aussi. Le problème avec l'hydrogène, là... c'est une petite bombe
qu'il y a dans... Alors, je pense que l'hydrogène, pour les avions, là, on n'est
pas là, on va le voir plus sur les transports lourds terrestres. Je pense que,
pour les avions... je ne suis pas un expert d'avions, mais je pense qu'on va
voir plus... aérodynamique différente, moins de consommation d'essence, petit
porteur, hélicoptère, peut-être... propulsion.
M. Bélanger : Avez-vous des craintes
au niveau de d'autres pertes de main-d'oeuvre ou... parce qu'il y a eu de la
perte de main-d'oeuvre. Je ne sais pas si elle s'est requalifiée dans d'autres
secteurs de l'industrie.
• (15 h 20) •
M. Fitzgibbon : Vous avez réveillé
le député de LaFontaine, il parle de main-d'oeuvre. Non, mais ma crainte, dans
l'aéronautique, ma grosse, grosse crainte, c'est que... ne s'est pas avérée
réalité. J'avais peur qu'on perde les gens qui transféraient d'industrie. Et,
si on avait perdu des ingénieurs aéronautiques qui avaient été travailler dans
l'IA ou dans d'autres choses, je pense que ça aurait été néfaste, parce que ça
a pris 40, 50 ans, au Québec, comme les barrages électriques... au Québec. Tu
bâtis une expertise, puis si, à un moment donné, pendant... tu as une carence
de projets, puis ces gens-là font d'autres choses...
c'est correct qu'ils se trouvent une job ailleurs, mais, quand tu veux rebâtir
ton industrie, elle n'est plus là.
Bombardier a
perdu beaucoup d'emplois, Bombardier est partie de 15 000 à quoi, à
9 000 employés, maintenant, donc
on a perdu des gens. Certains, la plupart, sont relocalisés dans le secteur,
heureusement. Puis il ne faut pas oublier aussi le côté spatial... avec,
tu es au courant, tu connais le projet autant que moi... satellitaire permet de
recycler des gens dans ce segment-là, qui est un segment d'avenir aussi.
M. Bélanger : Est-ce que
l'aérospatiale a...
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...poursuivre
puis on amputera plus tard?
M. Bélanger : Il reste combien de
temps?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il ne
vous en reste plus.
M. Bélanger : O.K. On continuera
plus tard parce que j'ai d'autres...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Alors, nous poursuivons avec le troisième bloc de l'opposition officielle, avec
le député de LaFontaine, avec un autre 20 min 33 s.
M. Tanguay : Oui, merci beaucoup,
madame...
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
oui, il y aura un autre bloc.
M. Tanguay : Il y aura un autre
bloc. Bien, vous pouvez y aller, si vous l'avez déjà, la réponse, si ce n'est
pas trop long.
M.
Fitzgibbon : 1,3 milliard. 1,3 milliard pour des fonds
d'investissement, duquel 530 millions ont été investis.
M. Tanguay : O.K. C'était la
question... ma réponse en plus. Ça fait que j'ai été payant d'être bon prince.
Je pensais que c'était la réponse à sa
question. O.K. Ça fait que, O.K., là, je vais écouter la
réponse. Pouvez-vous la répéter?
M. Fitzgibbon : Il y a eu deux
passes, là, mais on a 1,3 milliard de disponible pour investir dans des fonds,
duquel on a utilisé 530 millions.
M. Tanguay : O.K. Et le
1,3 milliard est la somme de l'investissement de 2019 et celui de 2022?
M. Fitzgibbon : Exact.
M. Tanguay : Et comment il se
subdivise, le 1,3... en tout cas, c'est 1,3, mais c'est parce que ce qu'on
voulait vérifier, c'était à quel point vous l'avez haussé, là. C'était ça,
le...
M. Fitzgibbon : On a mis 600 dans le
dernier budget, donc 1,3... il y en avait 700 avant.
M. Tanguay : Ça fait qu'on a
diminué.
M.
Fitzgibbon : Oui, mais j'en ai en masse, là. 530... il nous
reste 700 millions à investir... 600 millions à investir.
M. Tanguay : Oui, mais vous nous
aviez dit que, de 2019 à là, on a augmenté, on en a remis encore plus.
M. Fitzgibbon : Bien, c'est parce
que ça, c'est l'argent de disponible, du ministère des Finances, pour qu'on
fasse des fonds. Quand on regarde les fonds qu'on a faits depuis 2018 à 2021...
M. Tanguay : Le fait d'en rajouter,
ça augmente la marge.
M. Fitzgibbon : Exact.
M. Tanguay : Je comprends. Je
trouvais ça intéressant, la conversation, puis on va... ça va être suite et fin
de cette conversation-là que l'on avait, là, quand on parlait, là... puis ce
n'est pas méchant, là, mais c'est la... ce que je pourrais qualifier de
sélection naturelle économique, là.
À la lumière de la
conversation qu'on avait avec AERAM et PAUPME, je vous dirais... puis aussi on
fait un lien, puis c'est intéressant les conversations qu'on a, puis c'est
ça, l'avantage des crédits, on a le temps de se parler puis
de se comprendre, là... vous rappeler, mardi, quand on parlait, vous
disiez : Les fermetures, les fermetures, mais ce qui vous préoccupait, à
ce moment-là, c'était la LACC, la loi sur les arrangements avec les créanciers
et la loi sur les faillites, fermetures. Moi, je vous disais : Oui, mais
faites attention, il y a fermeture de celles et ceux qui cessent leurs
activités parce qu'ils ne sont pas capables d'arriver.
Quand on disait
tantôt que la FCEI disait que, pour les PME, la façon de conjuguer la pénurie
de main-d'oeuvre, c'est de travailler encore plus, encore plus, encore plus...
À un moment donné, monsieur et madame qui ont une entreprise, une toute, toute
petite entreprise, ils sont deux, ils ont peut-être un, deux, trois employés,
ils ne peuvent plus, là, alors ils cessent leurs activités. Ça, le fait qu'ils
cessent leurs activités, puis je ne vous mets pas des mots dans la bouche, vous
aviez, donc, dit : Bien, si ce n'est pas une fermeture, faillite et LACC,
qu'ils décident de faire autre chose, ce n'est pas mauvais, en soi. Vous aviez
même utilisé le mot, c'est «bienvenu».
Je vous soumettrais,
point de vue philosophique... mais là peut-être que vous allez dire : Moi,
tu sais, député de LaFontaine, je ne suis pas dans la préparation des
retraites, là, je suis dans le développement économique puis la force
économique du Québec, mais, quand même, ne trouvez-vous pas que ça serait faire
un peu... trop peu de cas des toutes, toutes petites entreprises, qui sont
vues, par leurs propriétaires, comme étant leurs fonds de pension et que le
fait d'arrêter de travailler prématurément... ils avaient peut-être prévus, je
ne sais pas, 65 ans, ils ont 57, 56... bien, que c'est un gros manque à
gagner puis ce n'est pas une bonne nouvelle pour eux autres?
M.
Fitzgibbon : Bien, écoutez, c'est sûr que... Bon, je veux juste
revenir sur les chiffres, là. Il faut les relativiser. Quand je parle des
fermetures, faillites ou propositions, là, ce qu'on appelle la LACC, là, les
chiffres, là, c'est qu'on était à peu près à 2 000 par année, là. Tu sais,
il faut relativiser, ce n'est pas 50 000, 2 000 par année, on a
baissé à 1 500, en gros, là. Donc, moi, je dis, c'est une bonne nouvelle.
Ça prouve, je pense, que les programmes qu'on a mis en place ont servi à
empêcher des fermetures drastiques.
Maintenant, quand on
regarde les gens qui ont choisi de fermer puis qui ne sont pas sur les listes,
parce qu'effectivement ils n'ont pas fait faillite, bien là, il faut... il y a
vraiment deux segments, là. Il y a des segments de gens qui ont dit : On
va faire d'autres choses, peut-être, qui va être mieux rémunéré. Je dis :
Tant mieux, si c'est le cas, et d'autres qui ont peut-être dit : Bien là,
j'ai 58 ans, je prends ma retraite, j'ai amassé un peu de capital, je fais
d'autres choses. Ça, c'est malheureux.
Puis peut-être que
ces gens-là, on va les reprendre dans notre discussion de tantôt, mais, tu
sais, quand on... Il faut relativiser, parce que M. Bahan, mon
sous-ministre, m'a donné d'autres chiffres, qui viennent de Statistique Canada,
sur votre point, puis ce qu'on voit, dans des entreprises nouvellement fermées,
mais on remonte à 2015... les chiffres sont à Statistique Canada, là, ils sont
disponibles, on était à 6 600, 7 000, 6 800. On est monté à
9 000, en 2020, puis on est redescendu à 6 900 en 2021. Quand on
regarde ces chiffres-là, il n'y a rien de dramatique qui sort, là. Tu sais,
on... Peut-être qu'on a... En 2020, il y en a eu 9 000, donc 9 000
par rapport à la moyenne, avant, qui était peut-être de... les chiffes, j'y
vais de mémoire, à 7 000, 2 000 de plus. Puis là on est retombé à 7 000,
ça fait que je pense... je ne vois pas, dans ces statistiques-là, des choses
alarmantes, en termes de tendances.
La question,
c'est : Est-ce qu'on veut que les 6 000... les
7 000 entreprises qui ont fermé, dont 2 000 qui ont fermé... ou 1 500 qui ont fermé à cause des
faillites, les autres qui décident de fermer, est-ce qu'on veut que ce chiffre-là
baisse? Je pense que... Tu sais, je ne peux
pas répondre à la question parce que c'est très difficile, puis je n'ai pas la
granulation, sauf que je pense que le programme de... on va en parler la
semaine prochaine, la SQRI, promouvoir l'innovation...
J'arrive d'Israël,
parce que je voulais comprendre comment Israël, ils réussissent mieux que nous
autres à créer des start-up, parce qu'on n'a pas assez de start-up, au Québec.
Ça fait que je me dis, bon, on en ferme 9 000, mais si on part
2 000 start-up, ça va compenser, là. Ça fait que je pense que... Puis
moi, je fais des vases communicants, et mon constat, à date, c'est que je ne
suis pas alarmé par ce que je vois. Est-ce que le 7 000... 6 992 qui
a fermé en 2021 est de trop? Peut-être. Peut-être qu'on va essayer de trouver
un moyen d'en avoir 1 000 de moins, là, mais je ne pense pas que,
matériellement, ça fait un impact...
Une voix :
...
M.
Fitzgibbon : 2015, on était au même... bien, en fait, on est au même
niveau que 2015. Bon, on peut argumenter que c'est trop. Je n'ai pas
d'objection à prendre ce commentaire-là, mais je pense qu'il faut regarder, à
la base, d'avoir des compagnies innovantes qui ont peut-être une meilleure
chance d'avoir une pérennité, puis peut-être que celles qui ferment, peut-être,
bien, c'est des restaurants.
M. Tanguay :
Est-ce que... Je ne dirai pas... puis je ne suis pas sur l'aspect humain
puis les décès de la pandémie, tout ça, je suis sur l'aspect turbulences, puis
ça, c'est un euphémisme, là, économiques, pandémie... aura favorisé une
certaine sélection naturelle ou aurait pu favoriser davantage une certaine
sélection naturelle que vous auriez saluée à un plus haut niveau? Parce que, si
on se compare à avant la pandémie, il y a peut-être eu un manque d'opportunités
de dire : Aïe! Là, il faut prendre le virage innovant, le virage ci, le
virage ça.
M. Fitzgibbon :
Oui. Bien, écoutez, encore une fois, si on relativise, il y a
250 000 entreprises au Québec. Il faut faire attention, il y en a
probablement... il y en a plusieurs qui n'ont pas d'employé ou il y en a
plusieurs qui ont un employé. Donc, c'est probablement 150 000, qui est
important, puis on parle de 6 000 qui ont fermé. Encore une fois, je
reviens au point, tantôt, je ne pense pas que c'est alarmant.
La question, c'est... la question, c'est celle
que j'ai dite tantôt : Est-ce que les programmes PAUPME et PACTE ont
allongé la survie de gens qui, soit devaient changer de modèle d'affaires, qui
ne l'ont pas changé parce qu'ils ont eu les incitatifs...
ou ils étaient pour mourir de toute façon? On va le savoir dans deux ans, ça,
parce que, dans le PACTE puis dans le
PAUPME, à date, les gens qui ont fermé, là, c'est plus faible que les banques
nous font, là. Donc, ça ne marche
pas, là. Ils vont fermer plus tard, peut-être, là, parce que ce n'est pas vrai
que les 15 000 entreprises qu'on a sauvées vont toutes
survivre. On n'est pas capable. Même si le critère de base du PACTE puis du
PAUPME, c'est de dire : Il faut que la
compagnie puisse avoir un chemin de retour à la rentabilité, c'est impossible
qu'on ait une marque de 100 %.
M. Tanguay : Bien,
c'est intéressant, la conversation qu'on a, parce que ça complète la réponse,
puis la discussion que nous avions, puis les réponses que vous me
donniez. J'essayais de comprendre pourquoi vous n'avez pas fait un
PAUPME 2.0. Là, je viens de tout comprendre.
• (15 h 30) •
M. Fitzgibbon : Oui, en partie.
Bien, il y a plus que ça. C'est que je pense que les programmes de base... Je
pense que les programmes de base d'Investissement Québec et du Essor — on
parle d'Essor, puis il y a des ajustements qui vont se faire dans Essor — on a
le loisir de pouvoir intervenir s'il y a des enjeux de liquidités.
M. Tanguay : Pour ceux qui, à
vos yeux, le méritent.
M. Fitzgibbon : Exact. Exact,
mais PAUPME aussi, «by the way». PAUPME a des critères.
M. Tanguay : Oui, oui, oui. Je
ne suis pas en train de dire qu'il n'y a pas eu un rapport de la VG le
21 novembre dernier, là.
M. Fitzgibbon : Non,
non, mais je veux dire... Ce n'est pas ça que je veux dire. Je veux dire, dans
le PAUPME, le critère... si on pensait que, dans le PAUPME, la société
ne pouvait pas survivre, on ne l'aidait pas. C'est ça, mon point.
M. Tanguay : Oui, oui, quoique
j'ai entendu des restaurateurs qui disaient : On m'a dit : Tu ne
pourras pas survivre, mais... ça faisait 10, 15, 20 ans que j'étais en
affaires, puis on m'a dit : Tu ne pourras pas survivre. Ça fait que, là,
il y a eu... mais on ne retombera pas là-dessus, là.
M. Fitzgibbon : ...des gens
qui...
M. Tanguay : Qui avaient des...
Puis on voyait, dans les 102 MRC, il y en a qui donnaient à 97 %,
d'autres à 65 %, là. Alors, diriez-vous, donc, à ce stade-là, jusqu'à un
certain point, les effets peut-être disruptifs de la PCU auraient peut-être été
assimilables à ceux, peut-être, disruptifs, jusqu'à un certain point, là, on
relativise, de PAUPME?
M. Fitzgibbon : Vous voulez
dire que trop d'argent a été mis?
M. Tanguay : Oui, oui.
M. Fitzgibbon : Je n'irais pas
jusque-là, parce que la PCU, c'est un filet social. Je ne rentrerai pas
là-dedans, c'est le programme du fédéral. En fait, le programme fédéral a
permis à nous de faire le PAUPME. Parce que moi, j'ai utilisé beaucoup le fait
qu'on avait le filet social du fédéral pour dire : Focalisons sur les
entreprises.
Bon, la question, est-ce qu'on a été trop
généreux dans le PAUPME?, c'est votre question, bien là, si on se remet au mois
de mars 2020, quand on a fermé les lumières du Québec, là, et... Votre
collègue, à l'époque, était à l'économie, là, était préoccupé parce que le
gouvernement de la CAQ n'était pas sensible aux entrepreneurs. Bien, tu sais,
on a... je pense qu'on a bien joué dans le film. On verra, on va le savoir dans
trois, quatre ans. Ça va prendre du temps, là. Dans trois, quatre ans, on va
savoir, sur le, quoi, 1,6 milliard qu'on a donné d'accords, les deux
ensemble, combien le gouvernement va avoir récupéré. Bien, j'ai dit... pardon,
300 millions... le 1,3 qui reste, là, combien qu'on va recevoir, c'est là
qu'on va le savoir. Si on reçoit 1,3 milliard, on va dire que le
gouvernement a été fantastique. On n'aura pas 1,3 milliard, c'est sûr, on
va en avoir moins.
M. Tanguay : Vous parlez des
prêts, là?
M. Fitzgibbon : Oui.
M. Tanguay : Puis le
1,3 milliard, il considère l'AERAM, là, c'est après AERAM?
M. Fitzgibbon : C'est 1,6 de
prêts, mais il y a 300 millions de pardon. Ça fait... on dit, tu sais, 1,3
qui reste, qui est à recevoir. Les entreprises nous doivent 1,3 milliard
aujourd'hui.
M. Tanguay : Vous vous
aligneriez vers, probablement, là... puis je ne veux pas déduire quelque chose,
là, mais vous allez annoncer, donc, la fin puis les modalités de fin de ces
programmes-là, mais là vous parliez d'un trois, cinq ans, qui pourrait être la
période d'échéance de remboursement.
M. Fitzgibbon : Le gros point qu'il
faut annoncer, c'est le repaiement, la période de repaiement.
M.
Tanguay : Là, est-ce que je viens de vous tirer un ver du nez? Non?
M.
Fitzgibbon : Non, non.
M. Tanguay : Trois
à cinq ans?
M.
Fitzgibbon : C'est ça qui va arriver.
M. Tanguay : C'est
ça, ça va être ça. Je veux juste revenir... Tantôt, on avait une conversation
sur sciences de la santé puis, bien, on
apprend, dans les crédits, là... Donc, la première mouture, en mars 2016, mars
2017, plan économique du Québec, c'était «impacts financiers de la
stratégie des sciences de la vie», donc, sciences de la vie. Quand on totalise
mars 2016, mars 2017, qui est la première mouture, il y avait des fonds, là,
ventilés, entre 2016‑2017 et en 2021‑2022, qui ont totalisé 151 millions.
Là, on aurait pu le lire dans le budget du 22 mars, mais on va le savoir
en mai, combien sera réinvesti. Avez-vous... Donc, on n'a pas le chiffre. Moi,
je ne le vois pas, le chiffre, dans le budget. Ce sera annoncé en mai, c'est
ça?
M.
Fitzgibbon : La stratégie, effectivement, va être annoncée dans
quelques semaines, là, pour les prochains trois ans, et il y a des nouveaux
crédits qui ont été accordés puis il y avait des crédits existants. Dans les
budgets, la manière que ça fonctionne, c'est qu'il y a toujours des sommes qui
sont étalées dans le temps, en baisse, puis là on renouvelle un programme, on
l'ajoute dessus. Ça fait qu'on va annoncer les investissements des prochains
trois ans qui vont inclure un peu du passé qu'il reste et le nouveau budget.
Ça, on divulgue ça dans deux semaines.
M. Tanguay : Le
passé qui reste, avez-vous l'information? Non, l'information, vous l'avez
maintenant, puis elle est publique, là? Vous ne l'avez pas? Si on peut se la
faire communiquer...
M.
Fitzgibbon : On va vous revenir.
M. Tanguay : Et
c'était sur trois... cinq ans, 151 millions, mais, dépendamment du passé
qu'il reste, ça va être sur trois ans. Est-ce que vous allez passer à la
vitesse grand V ou ça va être essentiellement la même chose?
M.
Fitzgibbon : C'est ça, dans les sciences de la vie, ça, il n'y aura
pas un gros changement, parce que le programme costaud qui va avoir un effet
sur la santé, c'est la SQRI. Le programme qui va être l'ancre, la fondation du
développement économique du Québec dans les prochains cinq ans, c'est la SQRI,
donc, c'est ça, la stratégie québécoise de la recherche et d'innovation, qui
englobe pas mal tous les secteurs. Alors, la... et sciences de la vie, c'est un
sous-secteur qu'on annonce séparément parce que, traditionnellement, on l'a
toujours eu séparé, mais on va avoir des sommes très importantes dans la SQRI,
qui vont être pas mal supérieures à ce qu'on avait dans le passé, dans
lesquelles on va pouvoir utiliser ça pour des secteurs industriels porteurs.
M. Tanguay : Et
est-ce que les sommes SQRI... Quand seront-elles divulguées?
Des
voix : ...
M.
Tanguay : SQRI.
Des
voix : ...
M. Tanguay : Le
12, c'est la stratégie de sciences de la vie.
M.
Fitzgibbon : Exact, le 19, à moins qu'il change d'idée, mais ça va se
faire en mai.
M. Tanguay : Bien,
si le ministre dit qu'on ne change pas d'idée, il n'y a personne qui va changer
d'idée, mais il y a toujours un premier ministre, puis un cabinet, et les gens
de communication, alors qu'en année électorale, des fois, il y a un timing,
mais c'est correct. O.K., parfait, je comprends.
L'inflation sur...
L'impact de l'inflation sur nos entreprises, Québec rejoint le Canada. Si
Québec est à 5,4 %, puis Canada, 5,7 % en février, là, c'est
6,7 %, les deux, en mars... Encore une fois, je vous écoutais ce matin à
Arcand, vous disiez : L'inflation, encore 12-18 mois... C'est votre
perspective, c'est votre enjeu. Est-ce que l'inflation, à l'heure où on se
parle... est-ce que je vous décode bien si... vous n'avez pas réellement de
crainte et que ça va rester de façon, somme toute, raisonnable, puis il n'y
aurait pas lieu d'avoir des programmes spéciaux, le cas échéant, pour nos
entreprises, pour faire face à l'inflation?
M.
Fitzgibbon : Bien, je pense qu'il faut... regardons l'impact de
l'inflation. Puis là je ne suis pas économiste, là, mais je lis beaucoup sur ce
que les gens disent puis je suis d'accord avec ce que je lis en général. C'est
que je pense qu'on a une situation où la Banque du Canada a été très claire que
la cible numéro un, c'est l'inflation, de la ramener à 2 % en 2024. On est
à 6,7 %. 1,3 % de ça, c'est pas mal artificiel à cause de l'énergie
et de la crise en Ukraine. Ça devrait se résorber, mais ça va rester quand même
à 5 %. On est loin du 2 %.
Conséquemment, il y a une
façon de régler ça, taux d'intérêt, parce qu'on est rendus au taux de 1 %,
de 1,5 %, 2 %, 2,5 %. Plus ils arrivent à 2,5 %, s'ils vont
jusque-là, plus l'impact de ralentissement économique va être important.
Je ne pense pas qu'on est rendus à parler de
récession. Je pense qu'en 2022 on avoir une croissance économique, mais qui va
être moindre qu'en 2021. L'impact de ça, évidemment, sur les sociétés va être
un impact de retarder des projets parce que les coûts des projets coûtent plus
cher. Les enjeux de liquidités, s'il y en a, bien, c'est là qu'on aura notre
programme qu'on va avoir de disponible pour... qu'on a disponible pour aider
les liquidités. Je ne vois pas, à ce moment-ci, un programme pour l'inflation
pure, de subventions, comme on fait pour les particuliers. Notre souci, comme
gouvernement, c'était pour les particuliers. Le ministre Girard a été généreux
à la mise à jour avec 200 $ pour les personnes aînées, 500 $ pour les
gens... 6,4 millions de personnes. On va devoir intervenir au niveau des
citoyens, et ça, c'est M. Girard qui va regarder ça. Moi, au niveau des
entreprises, à ce moment-ci, on n'a pas, dans les cartons, de donner des
subventions pour l'inflation...
M. Tanguay : ...les
particuliers, là.
M. Fitzgibbon : ...autres que
les liquidités, autres que de prêter de l'argent pour...
M. Tanguay : Essor, éventuellement.
M. Fitzgibbon : Exemple, oui.
M. Tanguay : Vous êtes
conscient que cette inflation-là, dans votre scénario, là, 12-18 mois,
risque aussi, à l'inverse, suite à la conversation qu'on a eue, là,
d'accélérer, dans plusieurs cas, des fermetures, là. Je parle des petits
joueurs, les plus petits joueurs, là.
M. Fitzgibbon : Encore une
fois, peut-être, possiblement, mais, si la fermeture est causée par des
problèmes temporaires de liquidité, nous allons intervenir.
M. Tanguay : ...le déterminer?
Ça va prendre un programme, ça va prendre quelque chose de spécial.
• (15 h 40) •
M. Fitzgibbon : Non. Bien,
c'est qu'on a des gens chez Investissement Québec, on a des gens dans les fonds
locaux d'investissement qui ont géré le
PAUPME, qui ont pris pas mal d'expérience depuis deux ans,
malheureusement, pour faire des programmes de liquidités. Alors, on a des gens
sur le terrain qui sont capables d'identifier la cause des problèmes de liquidités parce que, tout ça, c'est
la même chose. Si les problèmes de liquidités sont temporaires parce que tu
exportes en Russie, tu n'exportes plus, c'est facile à déterminer. Si c'est
l'inflation, bien là, on peut voir, à travers les coûts... Je pense que
quelqu'un qui a un bon sens des affaires comme prêteur va pouvoir identifier
rapidement si c'est temporaire ou non. Si c'est temporaire, c'est sûr qu'on va
s'impliquer.
M. Tanguay : ...ça dans la
catégorie... Je le sais que c'est 50 000 immigrants... Bernard Landry, je
le saurai, quand est-ce faire mon référendum. Vous, quand ça va être le temps,
je vais le savoir qu'il y a un enjeu de liquidités.
M. Fitzgibbon : Premièrement,
il faut comprendre qu'un entrepreneur qui a des problèmes de liquidités
n'attendra pas qu'on aille le voir. Il va aller voir son banquier, il va à
Investissement Québec ou le MEI, mais Investissement Québec... Donc, je ne suis
pas inquiet, les gens vont lever la main. La question, c'est la rapidité à
laquelle on peut intervenir. Que le programme soit normé ou non, il demeure
toujours une implication individuelle de revoir le dossier. On a traité
15 000 dossiers PAUPME. Donc, c'est beaucoup de dossiers. Alors, on le
fait puis on verra si on a réussi, mais je pense qu'on a réussi. Alors, je pense
qu'on a des gens sur le terrain qui sont capables de recevoir les appels puis
déterminer rapidement, en l'espace d'une semaine, si la cause est l'inflation,
et, si oui, on va intervenir, puis sinon, bien, peut-être qu'ils vont fermer.
M. Tanguay : C'est beau pour
l'instant. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Il nous reste trois blocs d'échange d'ici la fin de la séance. Alors, il nous reste... avec le troisième groupe
d'opposition, un autre avec l'opposition officielle et un autre avec le
gouvernement. Donc, nous poursuivons avec le troisième groupe d'opposition avec
la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Très bien.
Merci, Mme la Présidente. Je vais nous amener sur un tout autre sujet. Je ne
sais pas si le ministre s'est ennuyé de nos échanges sur les équipements de
protection individuelle. En première année de pandémie, justement, le
gouvernement du Québec avait dû suspendre des contrats avec une entreprise qui
faisait affaire avec la Malaisie parce qu'il y avait des conditions de travail
exécrables, et on est dans le domaine, là, du gant de nitrile, puis le
gouvernement du Québec avait investi des gros millions de dollars, là, dans
l'achat d'équipement de protection individuelle.
Puis je l'avais questionné, justement, c'est
quand, la première fois, je pense que j'en ai parlé le 20 mars 2021, donc,
ça date quand même, sur la question d'avoir potentiellement une usine de
fabrication de gants de nitrile directement au Québec. Il y avait déjà des
discussions en ce sens-là, même un terrain qui avait été ciblé dans le secteur de Shawinigan, qui avait tout pour se qualifier, là, pour
implanter son usine là. Et tout ce qu'on attendait pour Medicom, c'était
d'avoir un engagement pas juste en termes d'investissement, mais en termes de
contrat. Et il y avait un autre gouvernement intéressé, qui semble avoir été
peut-être un peu plus agressif dans son offre, parce qu'on apprenait ce matin
que l'usine va finalement être fabriquée à London, en Ontario. Donc, j'imagine
que vous avez vu ça passer comme nous. J'imagine que vous avez même eu des
discussions avec Medicom. Qu'est-ce qui est arrivé?
M. Fitzgibbon : Bien, premièrement,
Medicom a déjà une usine ici. Medicom, on les a aidés et on a des contrats avec
eux. Alors, on est très satisfaits des contrats. Que chaque province veuille
avoir sa fabrication de masques, c'est correct. Alors, je n'ai pas eu de
problématique avec ça.
Quand vous parlez des gants de nitrile, nous
avons décidé, pour l'instant, de ne pas regarder cette avenue-là pour différentes raisons. La première raison,
c'est que le nitrile, c'est un produit qui vient du pétrole, qu'on ne produit
pas ici. Donc, on est dépendants de la Corée
principalement. Alors, de bâtir une usine de gants de nitrile où on est dépendants
de la chaîne d'appro qui vient de la Corée... Bien, on n'a pas réglé l'enjeu de
la chaîne d'approvisionnement, d'une part. D'autre part, le ministère de la Santé, qui est ultimement
l'acheteur des gants de nitrile, nous a dit : On n'a pas d'enjeu pour
les gants de nitrile. On a des contrats d'approvisionnement dans différentes
géographies. Donc, on a éliminé ce projet-là.
Mme Perry Mélançon : ...les ententes
de gants de nitrile.
M. Fitzgibbon : On a accès...
Mme Perry Mélançon : Il n'y a pas de
gants de nitrile présentement. Donc, j'imagine que non.
M. Fitzgibbon : Il n'y a aucun enjeu
présentement, les gants de nitrile. Alors...
Mme Perry Mélançon : Donc, de ce que
je comprends, le gouvernement du Québec n'a absolument pas l'intention de
privilégier des équipements qui sont produits au Québec puis qu'il va continuer
à favoriser des ententes au plus bas soumissionnaire, comme on en a déjà
discuté auparavant, puis ne voyait pas une occasion d'affaires là, dans une région
comme Shawinigan, qui aurait pu créer de l'emploi, qui était proche de
l'université de Trois-Rivières, pour pouvoir même étudier des avenues
possibles, comment récupérer le gant de nitrile, comment, justement, le
recycler, tout ce qui était, finalement, intéressant de ce projet-là en termes
de développement régional, finalement, aussi. Donc, je comprends qu'on a écarté
cette avenue-là, que ça n'a jamais vraiment été dans les intérêts du ministre.
M. Fitzgibbon : Ça a été écarté,
vous avez absolument raison. On a des projets beaucoup plus porteurs. Demain,
vous surveillerez les annonces qui vont être faites. Et il faut choisir, comme
communauté... Est-ce que le Québec, à 8,5 millions de personnes, peut être
autosuffisant dans tous les produits de santé et d'équipement de protection? La
réponse, c'est non. Alors, il faut choisir, et le gant de nitrile, comme j'ai
expliqué, étant donné que le substrat, étant donné que l'intrant vient des
produits pétroliers de la Corée, quand même qu'on bâtirait une usine de gants
de nitrile n'importe où, à Terrebonne, la valeur économique du projet n'était
jamais un grand projet intéressant. Nous
l'avons regardé pour une raison, c'est que, si le ministère de la Santé nous
avait dit : Nous avons besoin d'avoir un...
Comme les masques médicaux, on a une usine à
Montréal. En Ontario, ils en ont une. Tant mieux. Nous, on en a une, on est
autosuffisants. Dans le gant de nitrile, le ministère de la Santé a décidé que
ce n'était pas un souci pour eux. Conséquemment, étant donné que c'était un
projet qui n'avait pas de valeur ajoutée pour l'économie du Québec, on fait
d'autres choses. Alors, Shawinigan, on va rester attentifs dans les prochains
mois. Il risque d'y avoir des projets pas
mal plus intéressants que celui-là. Et par contre, demain, on va annoncer
peut-être un projet dans d'autres équipements qui vont peut-être être
aussi révélateurs que... On a choisi peut-être les bons créneaux.
Mme Perry Mélançon : Donc, le
gouvernement ontarien, lui, il était capable d'avoir une entente aussi étoffée
que d'acheter la moitié de la production annuelle de l'usine, 500 millions
de gants, puis le ministère de la Santé du Québec, lui, il n'avait aucun
intérêt à acheter ce produit-là qui aurait pu être confectionné, là, au Québec.
M. Fitzgibbon : On fait les masques.
Mme Perry Mélançon : Mais pourquoi
on ne pourrait pas avoir une vision d'ensemble puis que l'équipement de
protection individuelle...
M. Fitzgibbon : On ira acheter des
gants de nitrile en Ontario. Ils vont pouvoir nous en vendre. Moi, je pense que
c'est important, pour une politique comme celle-là, d'avoir une politique
nationale canadienne, sujet que j'ai abordé à plusieurs reprises avec le
ministre Champagne. On ne pourra pas, au Québec, être autosuffisants dans tout,
surtout dans des équipements qui n'ont pas de valeur ajoutée.
Alors, moi, je pense qu'il faut comme,
géopolitiquement, être autosuffisants en Amérique du Nord, au Canada et le plus
possible au Québec, mais de penser qu'on va faire au Québec tous les
équipements de protection, ça n'a pas de valeur ajoutée pour le Québec.
Mme Perry
Mélançon : L'épinglette, là, du Québec que porte le ministre,
finalement, c'est juste une apparence?
M.
Fitzgibbon : Il faut analyser chaque projet, là. On va faire des
masques, là, l'Ontario fait des gants de nitrile. C'est parfait. Demain, on va
lancer un projet. Vous allez voir, c'est pas mal plus porteur que faire des
gants.
Mme Perry
Mélançon : ...pour ce secteur-là qui, finalement, n'a pas été retenu?
M.
Fitzgibbon : Je répète, nous ne pourrons pas. Autant nationaliste vous
pouvez être, autant séparatiste vous pouvez être, il est impossible...
Mme Perry
Mélançon : Souverainiste.
M. Fitzgibbon :
...souverainiste, je m'excuse, il est impossible, au Québec, de tout faire
les produits d'équipement. Ce serait impensable. J'aimerais beaucoup que le
Québec fasse les téléphones cellulaires. J'aimerais beaucoup que le Québec fasse les iPad. Mais, à un moment donné, il faut
se limiter à des choses où on peut être champions.
Dans le cas des EPI,
des produits d'équipement de protection, c'est une réaction pandémique qu'on a
eue. Moi, j'étais là quand les masques, c'était problématique. On l'a réglé, ça
n'a pas pris bien du temps, Medicom, usine de masques...
je n'ai pas le pourcentage, mais autant important. On ne peut pas tous les
faire. On ne veut pas tous les faire. Ce n'est pas intéressant pour le
Québec. Il faut créer de la richesse, puis la richesse, ça ne se créera pas
avec des gants.
• (15 h 50) •
Mme Perry
Mélançon : Encore faut-il acheter tous les autres équipements de
protection individuelle puis offrir des gros contrats parce que, bon, on sait,
les masques à visière, notamment, qui avaient été boudés au Québec, qui ont été
achetés en Chine et qui, finalement, n'étaient pas du tout adéquats, et qui ont
été mis dans un local, et pas utilisés, notamment dans les services de garde...
Donc, je pense que le
Québec, encore une fois, pourrait avoir beaucoup plus de vision et surtout
pourrait se doter de politiques d'achat local clairement plus visionnaires, là,
pour nos entreprises du Québec qui travaillent sur des produits de qualité et
non pas sur des produits qu'on peut vendre massivement, à prix réduit. Donc,
j'invite encore une fois le ministre à être sensible à la cause de ces
entreprises-là qui, justement, ont levé la main pour aider le Québec à se
sortir, là, de crise et du manque d'EPI qu'on avait en début de pandémie.
J'aimerais entendre
le ministre nous parler d'économie sociale parce que, là, il y a plusieurs
sujets, puis on n'a pas toujours le temps d'aller creuser tous les sujets en
économie. Chez nous, en région, on est dotés de beaucoup d'entreprises
d'économie sociale qui sont bien implantées, bien connues, qui offrent
d'excellents services, notamment à la population aînée qui a bien besoin de
services à domicile pour être autonome et vivre dignement dans leur maison.
Chez nous, il y a des grosses problématiques, des enjeux financiers, notamment,
dans nos entreprises d'économie sociale, et je voulais savoir, donc, quel est
le montant, finalement, dans le budget qui est gardé pour l'économie sociale,
pour nos entreprises d'économie sociale.
M.
Fitzgibbon : ...sortir le montant, mais effectivement, écoutez,
l'économie sociale est une partie importante de notre programme. D'ailleurs, ma
collègue la ministre déléguée à l'Économie est responsable de l'économie
sociale et du programme d'entrepreneuriat. Nous avons établi des programmes
avec le Chantier de l'économie sociale. On est en constant dialogue avec eux
autres. Dans le budget... Je vais sortir le montant, là, je ne l'ai pas à
portée de la main, mais, dans le budget, nous avons des sommes qui ont été
accordées pour l'économie sociale. On va continuer à supporter ce segment-là.
Et je suis d'accord avec vous que ça a un impact important sur la diversité qui
est requise au niveau régional du développement économique. Il n'y a aucun
doute pour moi que ça va devenir une partie importante de notre programme.
Alors, ce qu'on a accordé dans le budget, c'est 137 millions sur cinq ans.
Mme Perry
Mélançon : 137 millions sur cinq ans. Donc, là-dessus, il y a
combien d'entreprises qui vont en bénéficier, au Québec, là-dessus?
M.
Fitzgibbon : Je n'ai pas le chiffre exact. On parlait de 11 000
entreprises, de mémoire. On va vous revenir... Je n'ai pas le nombre
d'entreprises directement ici.
Mme Perry
Mélançon : Parce que, quand on parlait de virage pour les soins à
domicile, qu'il fallait vraiment augmenter les enveloppes considérablement, et
que les entreprises d'économie sociale, pour nous, au Parti québécois, ont ce
rôle à jouer, ont déjà l'expertise, déjà, le contact humain avec nos aînés...
ont seulement besoin de pouvoir augmenter leurs salaires comme partout ailleurs
puis d'offrir la même qualité de soins. Et on sait qu'il manque de soutien
psychosocial à nos aînés, donc, ils finissent par jouer un rôle qui est
beaucoup plus large que leur mission initiale. Pourquoi on n'a pas répondu à
leur demande, finalement, de rehaussement majeur dans leur... pour le budget
des entreprises d'économie sociale?
M.
Fitzgibbon : Bien, deux choses. Premièrement, il ne faut pas oublier
que le 137 millions auquel j'ai référé, c'est un programme existant qui
dure sur cinq ans, mais chaque ministère... parce que l'économie sociale, on
parle de structure aussi de... corporative. Le ministère de la Santé peut
encourager des projets à l'intérieur d'un budget. Donc, il ne faut pas voir
toutes les entreprises d'économie sociale qui sont uniquement financées par le
MEI. Le ministère du Travail et de Solidarité sociale en a aussi. Je n'ai pas
les chiffres, là. Là, je donne les chiffres de chez nous, du MEI.
Alors, probablement
que ce qu'il faudrait avoir comme renseignements, c'est plus les programmes
totaux, incluant le MTESS puis incluant probablement des sommes qui viennent du
ministère de la Santé, alors le point étant que... Je
pense que, tantôt, on en a parlé avec... Les entreprises qui vont donner les
services... L'économie sociale est rendue très large, là. Ce n'est plus juste
un segment. Ce n'est plus juste le Chantier de l'économie sociale. Je pense
qu'on le voit dans les OBNL qui sont financés par d'autres ministères. On
trouvait qu'il faudrait que je vous donne... qu'on ramasse l'information
colligée pour avoir un meilleur...
Mme Perry
Mélançon : En termes de développement régional, on n'a pas vraiment de
plan, de plan clair, là, de comment on voit
le rôle des entreprises d'économie sociale dans une perspective de
développement socioéconomique régional, là.
M. Fitzgibbon :
Ce n'est pas ça. Le
138 millions qui existe, le programme sur cinq ans, on le divise par cinq,
là, 25, 30 millions par année. Ce n'est quand même pas non significatif.
Je pense qu'on a une stratégie. Mme Lecours, la ministre déléguée, travaille
étroitement là-dedans avec les intervenants du milieu. D'ailleurs, ça aurait
été le fun qu'elle puisse être ici, mais on n'a pas permis de l'amener, là.
Alors, moi, je pense qu'on est capables de faire des choses, mais ce que je dis, c'est que d'autres ministères
aussi financent les organismes. Alors, il faut voir l'ensemble de
l'oeuvre en termes de financement.
Mme Perry
Mélançon : Je vais poursuivre sur un autre dossier parce que je n'ai
pas eu toutes les réponses à mes questions
sur le modèle de coopérative dans le transport aérien. Donc, j'aimerais qu'on
revienne sur TREQ. Il y a encore eu des articles... Il y a encore des
groupes chez nous... justement, Solidarité Gaspésie, qui s'est positionné en
faveur d'un appui formel du gouvernement du Québec, le 4 millions qui est
demandé. Je ne dis pas qu'on ne doit pas aider financièrement, par exemple,
l'industrie aéronautique, Airbus, tout ça. Je sais que c'est pas mal plus les
champs d'intérêt du ministre, mais, quand on a déjà une coopérative qui veut
offrir des billets pas mal moins chers que le 500 $ aller-retour qui est
déjà convenu et qu'il y aurait des appareils de 78 places plutôt que les
espèces d'appareils-cigares qu'on a présentement, là, dans d'autres compagnies,
je me demande encore une fois, là, si le ministre est sérieux quand il dit
qu'il va analyser le dossier. Où on en est? Vous avez parlé que le projet, dans
sa forme actuelle, ne vous convenait pas. Est-ce que vous avez eu des
discussions depuis avec l'entreprise... la coopérative pour...
M.
Fitzgibbon : Il n'y a pas eu de discussion formelle depuis que
M. Bonnardel, le ministre des Transports... son programme, la semaine
dernière. On va être cohérents avec ce que j'avais dit. C'est que moi, j'avais
toujours dit que le rôle du ministère de l'Économie, c'est de parler aux
entreprises de tous secteurs confondus, de les aider dans le cas où il y a besoin
d'aide, et que, dans ce cas-ci, je voulais attendre que le programme soit
annoncé, du ministre du Transport, ce qu'il a fait.
Mme Perry
Mélançon : ...pas pu être fait dans le plan? Ça aurait envoyé, il me
semble, un signal beaucoup plus favorable à ce genre d'initiative là.
M.
Fitzgibbon : Ça aurait été prématuré parce que, les choses, il faut
les faire dans l'ordre. Alors, avant de financer
une entreprise, il faut comprendre l'écosystème dans lequel il va fonctionner.
Donc, on a annoncé un programme, 500 $. Il y a des compagnies qui
sont venues nous voir déjà, dire : Avec ce programme-là, on avait besoin
d'aide pour acheter des avions... On va regarder toutes les compagnies
aériennes et on ne choisira pas... On va...
Mme Perry Mélançon : On est prêts à donner
encore plus d'argent à d'autres compagnies aériennes déjà implantées,
mais pas nécessairement à offrir une concurrence, ce qu'on essaie... ce qu'on
souhaite vraiment en région, là, une concurrence
dans le domaine aérien pour pouvoir bénéficier de tarifs réduits puis qu'un
jour l'État commence à... qu'il n'aura plus
besoin de financer, puis qu'on aura un modèle qui fonctionne sans intervention
de l'État. Je pense que c'est ce qui est souhaitable aussi de votre côté. Donc, pourquoi 4 millions, pour
vous, sur un plan de 261 millions, c'était trop, ce n'était pas
souhaitable?
M.
Fitzgibbon : On parle de choses qui n'ont pas rapport. La chose que
j'ai dite, c'est que le programme que M. Bonnardel a lancé, c'est un programme
pour permettre aux individus qui voyagent d'avoir une subvention. Après ça, les
gens dans l'écosystème qui donnent les services, à la lecture du programme, qui
va durer pour trois, quatre ans, on ne sait pas combien de temps exact, j'ai
oublié la durée, trois ans, là, il y a une plateforme qui est connue. Alors,
chaque entreprise va regarder son plan d'affaires, va déterminer si elle a
besoin de l'État ou non de participer et va agir en conséquence.
Alors, ce que j'ai
dit, c'est que TREQ, comme toutes les autres, on n'a aidé personne durant la
pandémie au niveau aérien, sauf un programme de PACTE. Il y en a un qui a eu un
PACTE, là, pour des raisons de survie, mais il n'y a pas eu de programme
structuré. On voulait attendre que ça se passe. Maintenant que ça, c'est là,
toutes les sociétés qui ont un projet pour augmenter la fréquence des vols,
pour augmenter leur efficacité opérationnelle, qui viennent nous voir, on va
les supporter comme TREQ. TREQ, quand ils étaient venus nous voir, j'avais dit
publiquement que la structure proposée n'était pas appropriée. Elle ne l'est
pas encore aujourd'hui. Alors, s'ils changent la structure et si le partage de
risque se fait avec le privé, on va le considérer. On n'a absolument rien
contre TREQ.
Mme Perry
Mélançon : Donc, pour le ministre de l'Économie, le plan qui offre un
tarif réduit, qui s'adresse surtout pour les touristes, là, québécois ou de
l'étranger, c'est un plan qui est complet et visionnaire pour l'industrie
aérienne au Québec?
M. Fitzgibbon : C'est
ce qu'il fallait mettre en place, effectivement. M. Bonnardel a mis un
très bon programme en place, et je commande son programme.
Mme Perry Mélançon : Est-ce
qu'on avait besoin d'un an et demi pour mettre ça en place? C'est quoi qui a
pris tout ce temps-là?
M. Fitzgibbon : Il
n'y a pas grand monde qui était à l'aéroport de Gaspé, durant la pandémie, qui
voulait voyager...
Mme Perry Mélançon : Il n'y a
pas grand monde quoi...
M. Fitzgibbon : Il n'y avait
pas grand monde à l'aéroport de Gaspé qui attendait un avion.
Mme Perry
Mélançon : Ah! moi, j'étais là à chaque semaine puis je veux
que vous dire que ce n'était pas facile.
M. Fitzgibbon : Oui, mais je
peux vous dire que le trafic aérien n'a pas été...
• (16 heures) •
Mme Perry Mélançon : Oui, mais
ceux qui voyagent régulièrement, les entrepreneurs qui ne sont même pas... qui
sont écartés, là, du programme présentement, les petits entrepreneurs qui le
font à chaque semaine, comme moi, que je croise à toutes les semaines,
malheureusement, ils ne retrouvent rien dans ce plan-là qui leur bénéficie, la
même chose pour moi, même chose pour plusieurs cadres, fonctionnaires qui se
retrouvent complètement écartés parce que le prix, ce n'était pas ça, l'enjeu pour...
comme tel. C'était toute la question de la fréquence, la question de la qualité
de service, de l'horaire des vols.
Donc, est-ce que vous avez été consulté par...
Est-ce que les entrepreneurs vous ont parlé de ces enjeux-là?
M. Fitzgibbon : C'est sûr,
mais, encore une fois, durant la pandémie, ce n'était pas le temps de mettre
des programmes en place. Là, en
postpandémie, l'activité reprend. On a mis le programme en place. Selon moi,
c'est un bon programme. Si vous avez des questions sur le programme
comme tel, je vous invite à poser vos questions au ministère des Transports.
Maintenant,
nous, au ministère de l'Économie, notre rôle, c'est de s'assurer que les
joueurs qui veulent participer à ce système-là, qui ont besoin d'aide,
viennent nous voir, parce que j'ai dit : TREQ, s'il y a un plan d'affaires
qui, selon nos évaluations, tient la route en termes de partage de risque...
Puis je n'irai pas dans le détail parce que c'est de l'information
confidentielle, mais le partage de risque, c'est important, parce que j'ai dit
tantôt à M. le député de LaFontaine que, quand le gouvernement est le
pourvoyeur majoritaire d'un projet d'entreprise, ça ne marche pas. Alors, ici
n'est pas l'exception. Alors, il faut que le privé prenne des risques.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
vous reste 1 min 20 s.
Mme Perry
Mélançon : Donc, on parle d'un plan qui est structurant pour
le développement régional, selon vous?
M. Fitzgibbon : Vous référez à
quoi?
Mme Perry Mélançon : Le plan
aérien en transport aérien régional.
M. Fitzgibbon : Allez
voir le ministère des Transports. Moi, je dis que c'est un plan... 500 $,
le prix minimum...
Mme Perry Mélançon : Pour
l'économie du Québec, je pense qu'il y a quelque chose là-dedans qui vous...
M. Fitzgibbon : Bien, pour...
d'offrir des billets à 500 $, moi, je pense que c'est un bon programme.
Mme Perry Mélançon : O.K. Et je
vais terminer rapidement pour revenir sur le PACTE. Bon, on le sait, la
Vérificatrice générale s'en est... s'est intéressée à ça et nous a sorti
10 prêts qui ont été autorisés... en fait, qui étaient refusés d'emblée puis, finalement, qui ont été
revus selon des critères qui semblent encore un peu nébuleux. Est-ce
qu'il y a d'autres entreprises qui ont eu ces prêts-là que les
10 analysées par la Vérificatrice générale?
M. Fitzgibbon : J'aimerais
corriger ce que vous avez dit, qui est faux. Des prêts qui ont été refusés et
qui ont été approuvés après, c'est faux. Tous les prêts qui ont été faits,
tous, sans exception...
Mme Perry Mélançon : Donc, les
critères du PACTE initiaux...
M. Fitzgibbon : Est-ce que je
peux finir la réponse? Je peux-tu finir la réponse?
Mme Perry Mélançon : Bien, ça
avait l'air terminé, votre réponse.
M. Fitzgibbon : Je m'excuse...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : 12 secondes, là.
M. Fitzgibbon : Combien?
La Présidente (Mme IsaBelle) : 12
secondes... neuf.
M. Fitzgibbon : J'ai-tu du
temps à moi? Je vais prendre le temps de... Je peux-tu faire ça?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Vous
pouvez le faire, allez-y.
M. Fitzgibbon : O.K.,
parce que c'est important. Alors, aucun des prêts n'a été
décidé par le bureau du ministre. Tous les prêts, sans exception,
sont...
Mme Perry Mélançon : Ont passé
le test des premiers critères, je veux dire, des critères normaux du PACTE.
M. Fitzgibbon : Tous les prêts
ont été recommandés par Investissement Québec, tous, sans exception, mais...
Mme Perry Mélançon : Mais on
parle de 10 ou de plus?
M. Fitzgibbon : Peu importe. Il
y en a eu combien dans le PACTE, de prêts, là? 15 000, disons, à
1 000, là. Tous les 1 000... Je dis 1 000, c'est peut-être
1 200, là. Tous les...
Une voix : ...
M. Fitzgibbon : 1 562. Tous,
sans exception, ont été commandés par Investissement Québec. Maintenant, ce que
la VG fait référence, c'est la chose suivante : Il y avait, sur le site
web d'Investissement Québec, un cadre pour donner les balises aux entreprises.
Quand les prêts n'étaient pas dans le cadre parfait, mais étaient dans le cadre
normé, parce qu'on a eu un décret ministériel, quand ils n'étaient pas dans le
cadre sur le site Internet, mais ils étaient dans le cadre normé, ils passaient
par le bureau du ministre. Tous les projets qui sont passés au bureau du
ministre, tous les projets, étaient dans le cadre normé. Il n'y a aucun projet
qui n'était pas normé, parce qu,e si nous avions fait un PACTE non normé, il y
aurait eu un décret ministériel. Il n'y a eu aucun décret ministériel qui a été
fait. Ça veut dire que tous les prêts, t-o-u-s, ont été dans le cadre normé.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Ça
vous va, monsieur...
M. Fitzgibbon : On en reparlera
après.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Alors, nous poursuivons cette fois-ci avec... ou nous... oui, avec le dernier
bloc de l'opposition officielle, avec le député de LaFontaine, et il vous reste
14 min 39 s.
M. Tanguay : Oui.
Ça ne sera pas long, M. le ministre, ça achève. J'ai passé mon enfance à
Saint-Ferréol-les-Neiges. Vous savez de quel dossier je vais vous
parler. Qu'en est-il?
M. Fitzgibbon : Écoutez, c'est
un dossier qui me tient à coeur. Je suis un skieur, moi aussi. Je suis un
skieur, moi aussi, et je suis un de ceux qui croient que la plus belle montagne
du Québec, c'est le mont Sainte-Anne. Mes amis de Tremblant ne sont pas
d'accord quand je dis ça.
M. Tanguay : ...plusieurs amis
au Québec.
M. Fitzgibbon : Hein?
M. Tanguay : Vous venez de vous
faire plusieurs amis, là.
M. Fitzgibbon : Non, mais je le
crois. Alors, évidemment, c'est un projet... C'est un dossier qui est très,
très médiatisé et très... Non, non, très émotif, je devrais dire. Puis je
partage l'opinion des gens qui disent que cette montagne-là mérite d'avoir des
investissements qu'elle n'a pas eus. Clairement, chalet, enneigement, les
pistes, les remontées mécaniques, il y a beaucoup d'argent. J'ai le chiffre,
là, puis ce n'est pas de nature publique. Il y a un montant d'argent important
à mettre.
La question, c'est comment on va faire ça?
Alors, le propriétaire du mont Sainte-Anne l'a acheté, le mont Sainte-Anne,
puis le contrat, je soumets, j'admets que c'est un contrat qui n'a pas été bien
attaché. Vous êtes un avocat. Alors, aujourd'hui, on a un propriétaire qui
respecte ses engagements. Donc, comme gouvernement, on a deux choix. On va
exproprier quelqu'un ou on va travailler avec lui, avec eux, pour pouvoir
réinvestir. Moi, je ne suis pas un expropriateur. Moi, ma job, c'est de
développer l'économie du Québec, et, pour développer l'économie du Québec, il
faut avoir des gens qui viennent investir ici, qui sont contents d'investir.
Alors, moi, la... On m'a donné le mandat, avec la
personne qui est à ma gauche, de regarder qu'est-ce qu'on pourrait faire pour
travailler avec les propriétaires de la montagne pour réinvestir et on est en
processus... J'ai été public sur ça parce que des amis de la montagne sont
venus me voir, beaucoup de gens sont venus me voir, et je corrobore tout ce qui
est dit. Je corrobore tout ce qui a été dit, parce que je pense que cette
montagne-là a besoin d'investissements.
M. Tanguay : Votre philosophie,
vous venez de l'affirmer de façon très, très ferme, n'est pas d'exproprier.
Est-ce à dire, donc, que cette option-là, pour vous, n'est pas valable?
M. Fitzgibbon : Pour moi, comme
ministre de l'Économie.
M. Tanguay : Donc, qu'elle ne
sera pas mise en application parce que, s'il fallait le faire, il y a un
processus législatif qui va se terminer le 10 juin.
M. Fitzgibbon : ...peut-être
que le gouvernement décidera. Moi, je ne suis pas le gouvernement. Moi, je suis
au ministère de l'Économie, là.
M. Tanguay : Mais votre opinion,
vous, personnelle, c'est que ce n'est pas la... Ce n'est pas la voie à
emprunter.
M. Fitzgibbon : Absolument pas,
non.
M. Tanguay : O.K. Les
discussions ont lieu depuis combien de mois avec vous... entre vous et... parce
que vous êtes le pilote du dossier, là, vous et le monsieur à votre gauche.
M. Fitzgibbon : Avec mon
collègue, ici, on est deux sur le dossier. Oui, je dirais que ça fait quelques
mois, là. Ça va faire quoi, deux, trois mois.
M. Tanguay : Puis comment ça
avance, là?
M. Fitzgibbon : Depuis
février...
M. Tanguay : Comment ça avance?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
des transactions, tu sais, vous en avez fait, vous aussi, dans votre carrière.
Comment je pourrais dire? La personne qui détient la montagne est en accord
avec le sous-investissement. Ça fait qu'au moins on est... tu sais, on négocie
à deux, là. Ils sont d'accord qu'il faudrait mettre de l'argent. Vous le savez
comme moi, probablement, là. Je ne sais pas comment proche vous êtes des
montagnes de ski. Moi, je n'étais pas proche de ça dans ma carrière avant. Ce
n'est pas le plus bel investissement. Ce n'est pas... On ne fait pas beaucoup
d'argent avec des montagnes de ski, là. Ça fait qu'il faut comprendre que...
Puis on regarde l'histoire. D'ailleurs, votre gouvernement avait, à juste
titre, supporté des projets. On parle d'Owl's Head, on parle d'Orford. Puis
allez voir vos notes, là, puis, à juste titre, le gouvernement doit être
impliqué dans ces projets-là parce qu'économiquement ça n'avait pas de sens
de... Ce n'est pas que ça n'avait pas de sens, mais ce n'est pas économiquement
intéressant.
Donc, c'est sûr qu'il y a un niveau
d'intervention du gouvernement qui est assez important. Alors, il faut décider,
nous, comme gouvernement, quel rôle on est prêt à jouer là-dedans, parce
qu'ultimement je pense qu'on est tous sur la même... à la même place, on
aimerait voir des investissements au mont Sainte-Anne.
M. Tanguay : Pour la prochaine
saison?
M. Fitzgibbon : En fait,
j'aimerais ça faire ça — on
en parlait justement tantôt, là, au lunch, là — dans les prochains mois. Oui,
j'aimerais ça.C'est un projet que je considère une priorité.
M. Tanguay : Que vous
considériez...
M. Fitzgibbon : Une priorité.
M. Tanguay : Une priorité. O.K.
On est, quoi, on est jeudi. Ça fait déjà deux jours. On a eu une passe d'armes
en... qui l'eut cru, à la période de questions, par rapport aux faillites au
Québec. On en a parlé un peu tantôt, mais je n'ai pas sauté là-dessus parce
qu'on était sur une autre discussion. Et vous aviez cité, durant la période de
questions, mais je veux juste fermer une parenthèse, vous aviez cité le Bureau
du surintendant des institutions financières. C'est réellement le Bureau du
surintendant des faillites que vous vouliez citer, hein, c'est ça?
M. Fitzgibbon : Non, c'est le
bureau du secrétaire des institutions financières, le BSIF, l'OSFI, qu'on
appelle en anglais.
• (16 h 10) •
M. Tanguay :
Ah! O.K. Et lui, en quoi il a des statistiques plus précises que le Bureau
du surintendant des faillites? Parce qu'ils n'ont pas le même mandat.
M. Fitzgibbon :
Je ne sais pas. Je n'ai pas la réponse à cette question.
M. Tanguay :
Bien, pourriez-vous nous communiquer...
M. Fitzgibbon :
Oui. Bien, je vais vous donner les chiffres. À part de ça, après ce que
vous avez dit...
M. Tanguay :
Mais je que c'est une erreur. Mais si vous pourriez, du Bureau du
Surintendant des institutions financières, nous envoyer le document duquel vous
tiriez vos statistiques sur les deux dernières années... C'est parce que je
pense que ce n'est pas son mandat. Puis j'essayais de voir où est-ce que vous
alliez chercher ça, parce qu'on ne s'entendait pas sur les statistiques. Puis,
si vous en avez du Surintendant des institutions financières, qui a pour mandat
de veiller aux institutions financières, compagnies d'assurances et ainsi de
suite... Et je vous réfère, moi, à ce à quoi... Puis j'aimerais vous entendre
là-dessus. Puis ce n'est pas pour dire : Ah! J'avais raison puis...
Février 2022, Bureau
du surintendant des faillites, un document, Statistiques sur l'insolvabilité
au Canada, en page 3. Mon point, là, vous l'avez dit tantôt, Québec,
pour le 28 février 2022, 1 588 faillites. En termes absolus, on
est sur la même planète que ce qui se faisait avant, mais au niveau d'une
tendance que l'on voit peut-être poindre, à la lumière de tout ce qu'on a
discuté, on peut voir que l'Ontario, il y a une réduction durant la période
d'une année, de février à février 2020 à... c'est-à-dire 2021 à 2022, une
réduction de 6.9 %, puis au Québec, il y a une hausse de 10 %.
Comment vous voyez cette tendance-là?
M. Fitzgibbon :
Bien, premièrement, mes chiffres sont complètement différents des vôtres.
Je vais vous les donner, là. Mes chiffres à
moi, c'est qu'on avait à peu près... On avait 2 126 fermetures, faillites,
propositions combinées en 2019, 1 599 en 2020, 1 530 en 2021,
et on en a 282 en 2022 pour deux mois, janvier et février. On n'a pas les
chiffres de mars et avril. Donc, quand on fait l'annualisation de ça, bien, on
a une moyenne de 1 500 à 1 550 par rapport à 2 100. Ça fait,
grosso modo, 2 000 à 1 500, 25 % de diminution, 25 % à 30 %.
M. Tanguay : O.K. J'avais déposé, de
toute façon, suite à la période de questions, le document, là, du
Surintendant des faillites. Vous pourrez le constater, mais lui, c'est très
clair, là, c'est une hausse du Québec, dans la dernière année, de 10 %,
puis en Ontario, une baisse de 6,9 %. Puis je comprends qu'on ne s'entend
pas sur les chiffres, mais on va se passer nos choses puis on aura peut-être
l'occasion de s'en reparler parce que sur cette... Donc, vous, dans la mesure
où vous dites que je n'ai pas les bons chiffres, vous niez cette tendance-là.
Donc, vous n'allez pas la commenter, c'est ça, ou... parce que c'est assez
clair pour moi, là, dans ce document-là, que je vous brandis, là.
M. Fitzgibbon :
Bien, écoutez, les chiffres sont tellement bas par rapport à ce qu'il y avait à
2019, 2018. Le principe, là, ce n'est pas... Le principe, c'est post et
prépandémie. C'est ça qui est important. Prépandémie, les chiffres que j'ai, le
niveau de faillites puis de LACC par rapport postpandémie, donc depuis le mois
de mars 2020 à mars 2022... les chiffres de février 2022, il y a une baisse au
Québec de 25 % à 30 %.
Alors, pour moi, ça,
c'est l'indication que les programmes fonctionnent. Si la baisse s'avérait être
18 % au lieu de 25 % parce qu'on a les mauvais chiffres, ce qu'on va
voir, O.K., on sera en erreur, on aura 18 %. Mais moi, je persiste à dire
que les programmes qu'on a mis en place ont fonctionné.
M. Tanguay :
O.K. En tout respect, puis je pense que j'ai les bons chiffres, là, puis on
pourra vous... On pourra se... Puis j'ai bien hâte, surtout que vous me dites
que votre source, c'est les institutions financières, le surintendant, c'est... ce n'est comme pas l'arbitre, ce n'est
comme pas son mandat de gérer ça. Bien, j'avais d'ailleurs sorti... Vous
m'avez forcé, hier soir, bien tard, à aller
voir c'est qui, cette affaire-là, qu'est-ce qu'il mange en hiver? Institutions
financières, régimes de retraite fédéraux, bureau de poste... En tout
cas, c'est... En tout respect, je pense qu'on devra s'ajuster là-dessus.
Autre chose qui nous
a fait poursuivre la passe d'armes, là. J'ai dit : Ah! Il n'a pas les bons
chiffres. C'est la deuxième statistique, Baromètre des affaires,
31 mars 2022, indice de confiance, trois mois, 12 mois, FCEI. Mon
point, c'est que... parce que j'avais une citation du premier ministre qui
disait, il y a un an : Au niveau de l'indice de confiance, on est les
meilleurs au Québec. Je pense que le Québec était à 10 %, puis le reste du
Canada était à 17 %. Là... Mais c'était une autre façon de calculer.
L'indice à long terme, Québec est huitième.
Alors,
je vous invite aussi... je ne veux pas faire un gros débat là-dessus, surtout
qu'il me reste à peine cinq minutes, mais Baromètre des affaires,
l'indice de confiance sur 12 mois, Québec est huitième. Puis on n'est pas
à des points de pourcentage minimes, là. En Ontario, c'est plus 67 %, puis
Québec, c'est 57 %, le long terme étant 12 mois. Selon moi, c'est pas
mal du court terme, là, le 12 mois, mais ça, on aura la... Je voulais juste
faire le pont, le lien, avec la suite des choses. Il est de coutume, à la fin
des crédits, d'y aller en rafale. Alors, je vais vous poser des questions en
rafale. J'en ai quatre puis je pense, Mme la Présidente, que j'aurai le temps
de...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Il reste 4 min 30 s.
M. Tanguay :
Alors, 4 min 30 s pour changer le monde. J'aimerais vous
référer... Renseignements généraux, question 44. Pas besoin d'y aller, je
vais vous le dire, firme de sondage SOM, contrat de gré à gré,
95 000 $ pour, et je cite, des sondages pour des besoins sporadiques.
Qu'est-ce que c'est ça?
M. Fitzgibbon :
Aucune idée. On va voir la page. Aucune idée.
M. Tanguay :
Vous allez nous communiquer le...
M. Fitzgibbon :
Je peux-tu laisser le sous-ministre répondre?
M. Tanguay :
Oui, s'il est rapide. Oui, s'il est rapide.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Consentement? Oui, rapidement. Consentement?
M. Tanguay :
Oui.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait, allez-y. Présentez-vous quand même
rapidement.
M. Bahan
(David) : David Bahan, sous-ministre au ministère de l'Économie et de
l'Innovation. C'est qu'on fait des sondages auprès des entreprises qui
utilisent les programmes pour s'assurer de l'efficacité. Donc, pour certains
programmes dans l'année, on a besoin de faire des sondages pour faire des
évaluations de programme.
M. Tanguay : ...financier, il y a
trois ans. Donc, avant pandémie, est-ce que vous l'aviez, ce poste budgétaire
là?
M. Bahan
(David) : Oui, on fait... À chaque année, on fait ça.
M. Tanguay :
O.K. Avec la même somme, 95 000 $?
M. Bahan
(David) : Ah! ça peut changer, ça peut évoluer. C'est qu'on est
obligés, par le Conseil du trésor, de faire un plan d'évaluation de programme
puis on a besoin de faire affaire avec des firmes externes.
M. Tanguay : Question : Est-ce
possible, M. le ministre, d'avoir l'engagement d'avoir le fruit de ces
sondages-là? Autrement dit, le sujet, les questions qui ont été posées, les
résultats des sondages, sur ce 95 000 $
là. Est-ce qu'on pourrait avoir la ventilation quant à l'utilisation du
95 000 $? Quelles questions ont été posées, quels résultats des sondages?
On peut-tu y avoir accès, nous autres aussi?
M. Bahan
(David) : Oui, c'est déjà public. C'est déjà public. C'est sur SEAO.
Quand on fait un contrat, c'est publié. Ça fait qu'on peut vous faire la
compilation, là.
M. Tanguay :
Pouvez-vous nous l'envoyer, au secrétariat, s'il vous plaît?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...envoyer au secrétariat, ici. Parfait.
M. Tanguay :
Oui, parfait. Autre petite question en rafale. Question, renseignements
généraux, question 16 : Le
5 juillet 2021, 25 000 $, travaux de réfection de la suite du
cabinet à Montréal, c'est quoi ça, la suite du cabinet à Montréal?
M. Fitzgibbon :
Ma toilette...
M. Tanguay :
Ce n'est pas les toilettes de Pauline Marois, en 1999, les toilettes silencieuses?
M. Fitzgibbon :
C'est mon bureau.
M. Tanguay :
Pardon?
M. Fitzgibbon :
Tapis et peinture de mon bureau.
M. Tanguay :
Ah! tapis et peinture dans votre bureau, 25 000 $?
M. Fitzgibbon :
C'est tout le bureau.
M. Tanguay :
Ah! O.K., pas juste votre bureau.
M. Fitzgibbon :
Non, non, il est trop petit, mon bureau.
M. Tanguay :
O.K. Tapis et peinture. Est-ce qu'il est possible d'avoir le détail de ça,
des factures du...
M. Fitzgibbon :
Ah oui! Venez voir mon bureau.
M. Tanguay : Pardon?
M. Fitzgibbon :
Vous viendrez au bureau.
M. Tanguay :
Mais là les travaux... Les travaux, est-ce qu'ils sont finis?
M. Fitzgibbon :
Je pense que oui. C'est rare que j'y vais, là.
M. Tanguay :
Ah oui? Vous faites du télétravail?
M. Fitzgibbon :
Oui. Je suis les règles de la Santé publique.
M. Tanguay :
Mais pourquoi avoir changé le tapis, d'abord, si vous faites du
télétravail?
M. Fitzgibbon :
D'autres vont me remplacer un jour.
M. Tanguay :
Ah! Vous le faites par charité chrétienne, pour les autres.
M. Fitzgibbon :
C'est ma nature.
M. Tanguay :
Bien oui, c'est ça. Vous êtes trop généreux. Mais si on peut avoir la
ventilation du 25 727 $,
comme engagement...
M. Bahan
(David) : On va voir ce qu'on peut vous donner, là.
M. Tanguay :
O.K. Également, j'aimerais savoir, ça m'a interloqué un peu...
Question 23, puis peut-être vous allez répondre à mes questions, là, quand
on parle, liste des abonnements aux journaux que vous avez, une revue, Global
Trade Analytics Enterprise, IHS Markit Canada ULC, c'est un abonnement qui
coûte annuellement 54 000 $. Est-ce qu'il est à Investissement Québec,
l'abonnement, ou il est au cabinet du ministre?
M. Bahan
(David) : C'est au ministère.
M. Tanguay :
Au ministère. C'est le ministère qu'il l'a?
M. Bahan
(David) : Oui.
M. Tanguay :
O.K. Est-ce que c'est la même chose pour 29 500 $, le Trade Data
Monitor?
M. Bahan
(David) : Bien, toute la liste que vous avez, c'est le ministère.
M. Tanguay :
O.K. Bien, parce qu'il faut le préciser, c'est pour ça qu'on pose la
question, parce que ça inclut le cabinet.Parce que l'information... Je
vous explique pourquoi je pose la question. Vous avez l'air interloqué. C'est
parce que la question à laquelle vous avez répondu incluait tout Investissement
Québec, le ministère, le cabinet du ministre. Là, le tapis, on vient
d'apprendre que c'est dans le bureau du cabinet du ministre, mais vous me dites
que l'abonnement, il n'est pas au-dessus du tapis du ministre. C'est ça que
vous me dites?
M. Bahan
(David) : Pour Investissement Québec, ils ont leurs propres questions
avec l'information. Donc, ici, c'est pour le ministère, globalement, là, puis
c'est clair que c'est...
M. Tanguay :
Mais ce n'est pas pour le cabinet du ministre.
M. Bahan
(David) : Non, ce n'est pas pour le cabinet.
M. Tanguay :
O.K. C'était ça, ma question. Parfait, Mme la Présidente, ça complète pour
l'instant. On aura d'autres occasions de croiser le ministre et de parler des
philosophies économiques qui ont certaines divergences, mais c'était quand même
intéressant.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Un bel échange, effectivement. Nous
poursuivons, et ça sera le dernier bloc avec la partie gouvernementale, avec le
député d'Orford. Il vous reste à peu près neuf minutes.
M. Bélanger :
Neuf minutes.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Max, max, max.
• (16 h 20) •
M. Bélanger :
Bon, bien, j'ai deux questions, en neuf minutes. Filière batteries, ça va
être quoi, notre «edge»? Où ça va être... Où allons-nous être forts? Puis là je
prends toute la chaîne d'approvisionnement, là, de la mine jusqu'à
l'installation, à la ligne de montage.
M. Fitzgibbon :
Bien, c'est clair que c'est une chaîne qui est très longue. Et nous, on a
toujours favorisé, avec l'équipe du ministère et l'équipe d'Investissement
Québec, que je préférais avoir des maillons solides que d'avoir tous les
maillons puis d'en avoir un faible.
Et deuxièmement, je
pense qu'un des enjeux qu'on a, au Québec, depuis des générations, c'est qu'on
n'a pas été bien, bien bons pour prendre nos minerais et les convertir. Donc,
on a une chance, je pense, unique de prendre ces minerais-là... on parle évidemment du lithium, du graphite et du nickel, le
cobalt, ça vient d'Afrique, principalement. On a une chance de
bâtir la conversion de ce minerai-là le plus loin possible.
Alors, ce qu'on a
annoncé, avec Nemaska, c'est de faire de l'hydroxyde de lithium. On va pouvoir
faire du carbonate, possiblement, avec North American Lithium et Sayona. Dans
le cas du graphite, on va faire du graphite sphérique enrobé à Bécancour. Donc,
on est rendus à la deuxième transformation. Le fait que nous ayons ça comme plan de développement a fait en sorte que l'étape
suivante, qui est de faire la cathode et l'anode, on a attiré des joueurs.
Donc, on a eu BASF, qui dit : O.K. J'ai mon lithium hydroxyde, j'ai du
sulfate de nickel, qu'on n'a pas annoncé encore, mais sur lequel on travaille.
Donc, nous, on est prêts à venir se joindre à cette chaîne et créer le maillon
pour produire les cathodes. Nouveau-Monde Graphite, avec des projets de Soluce
à Granby, est capable de produire des matériaux qui vont faire les anodes.
Donc, on a anode, cathode, et ça, ça représente à peu près le deux tiers de la
valeur d'une cellule.
Donc, je pense
qu'aujourd'hui il faut exécuter, maintenant. Je pense qu'aujourd'hui,
quand on va avoir fini la production ou la construction, je devrais dire, des
usines en question, je pense qu'on pourra dire avec une très grande confiance que nous sommes les producteurs... En
fait, on est le premier producteur de cathodes qui va exister en Amérique
du Nord. Il va y en avoir d'autres. Alors, je pense qu'on est rendus qu'on peut
prétendre être des champions dans ça.
L'étape suivante,
c'est les cellules. Alors, évidemment, on aimerait aussi avoir un cellulier.
C'est de nature publique qu'on parle à Northvolt, Northvolt, StromVolt, «bigger
volt», tout ce qui est volt. Et, pour l'instant, on n'a pas encore signé de
cellulier, et une des raisons, c'est que les celluliers, règle générale,
veulent être près des producteurs de voitures. On l'a vu en Ontario, il y a un
gros projet qui a été annoncé, qui va être adjacent à l'usine de production de
voitures. Donc, techniquement, les producteurs de voitures se disent : Je
veux mon cellulier près de l'assemblage. Mais les celluliers ont accepté que de
prendre des cathodes, des anodes de Bécancour, les envoyer en Ontario ou les
envoyer aux États-Unis, à Détroit ou en Georgie, où ils font des voitures, là
aussi, ça marche.
Donc, je pense qu'on
est capables de dire aujourd'hui qu'on est rendus là. J'aimerais penser qu'on
est capables d'avoir un cellulier à un moment donné pour au moins
approvisionner les cellules de notre industrie québécoise. Et, au Québec, on
a... Moi, j'ai concédé que nous ne serions pas des producteurs de voitures.
Certains m'ont dit que j'étais défaitiste, mais je veux être réaliste. Donc,
oublions les voitures. Autobus électriques scolaires, autobus urbains, ambulances, trains, tout ce qui est électrique
commercial, je pense qu'il y a un bassin intéressant là-dedans. On a
annoncé Prévost Car, Lion, évidemment, et
Lion a même annoncé une usine d'assemblage de cellules. Parce qu'un coup que tu
as la cathode, anode, tu fais une cellule. Puis la cellule, bien, c'est comme
une cellule, alors il faut qu'elle soit assemblée.
Alors, le bout de
cellule, j'espère être capable, d'ici un an ou deux, de pouvoir trouver une
cellulier qui va produire des cellules pour le marché commercial québécois,
peut-être même comme «backup» en Ontario ou comme «backup»... Quand je parlais
à GM, je disais : Pourquoi ne pas avoir un cellulier au Québec qui va vous
approvisionner, même en Ontario, comme «backup»? Parce qu'à un moment donné, on
ne veut pas avoir une dépendance. Pourquoi Elon
Musk, avec Tesla, veut faire ses propres cellules? C'est parce qu'il ne veut
pas être dépendant de Panasonic. Puis quand on visite... Moi, j'ai visité l'usine de «battery pack» de Tesla , à
Reno au Nevada, puis c'est particulier, là — cinq terrains de football — où
ils font les cellules Panasonic. Il y a un petit trou, ils rentrent la cellule,
ils pognent la cellule, ils font le «battery pack». Donc, Tesla est indépendant
de Panasonic.
Là,
on voit toute la chaîne se... Puis les producteurs assembleurs de voitures
n'aiment pas avoir, géopolitiquement, une dépendance aux Asiatiques,
n'aiment pas avoir une dépendance à un fabricant. Donc, aujourd'hui, pour les
cellules, c'est plus difficile pour nous autres, mais on est capables de se
rendre à ce que je considère très important, les cathodes et anodes. Et je
pense qu'on va se rendre aux cellules, mais il va falloir peut-être être
patients un petit peu.
M. Bélanger :
Il reste combien de temps?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : 4 min 50 s.
M. Bélanger :
Donc, quatre minutes. Ma dernière question, vous n'êtes pas obligé de répondre,
c'est peut-être le ministre de l'Énergie, mais au Québec, je crois, puis ça
c'est personnel, que l'énergie, l'énergie hydroélectrique, l'énergie
renouvelable va être un levier incroyable pour notre croissance économique dans
les prochaines années. Puis on fait de l'aluminium qui est vert. La production
mondiale est très grise, de l'aluminium, mais au Québec, elle est verte. Le
data qui va croître dans le monde, 90 % du data, il est gris puis il est
en Virginie. Puis il y a beaucoup d'autres filières, puis on exporte
l'électricité vers New York. Bon, il y avait le Maine.
Je me pose la
question : c'est-tu plus stratégique de... Ça ne serait pas plus
stratégique de ne pas l'exporter, mais de la transformer ici en aluminium vert,
d'avoir du stockage de data plus vert? Parce que ça va quand même plus vite, le
data, à se promener que les... En tout cas, ça coûte moins cher, je pense, de
promener de data. Puis il y a d'autres filières. Transformer des entreprises
avec de l'énergie... Donc, il y a diverses filières, puis ça, ça veut
dire : Est-ce qu'il faut faire plus de barrages? Est-ce qu'il faut...
Mais, comme je vous dis, M. le ministre, vous n'êtes pas obligé de répondre,
là, parce que ce n'est pas une question piège, là, mais c'est une question...
M. Fitzgibbon : Bien, ce matin,
on me posait la question. J'étais avec M. Arcand. Puis la bonne nouvelle, c'est qu'aujourd'hui... Écoutez, jusqu'à voilà
peut-être quelques années, Hydro-Québec avait des surplus. Hydro-Québec
gérait pas mal en isolation comment allouer l'offre
d'hydroélectricité dans les entreprises, parce qu'il en avait en masse. Ça fait
qu'il leur faisait des tarifs, puis nous, au ministère de l'Économie, on était
bien contents, on avait de l'électricité, on continuait.
Aujourd'hui, on n'est plus là. Aujourd'hui, on
est dans une situation où, à cause de la demande accrue de notre électricité
renouvelable et à bas coût, on l'a vu avec le Massachusetts puis New York, New
York a été confirmé, la demande est exponentielle, à un point qu'aujourd'hui,
si on met la demande de tous les projets qu'on reçoit au gouvernement, qui
rentrent au ministère de l'Énergie ou qui rentrent chez nous ou chez
Hydro-Québec, et on se parle, les trois ensembles, la demande excède de
beaucoup notre capacité de produire.
Conséquemment, il faut déterminer un filtre pour
choisir les projets qu'on va vouloir supporter, arriver avec un nombre des
mégawatts, voir Hydro-Québec, dire : Voici nos besoins, voici ce que vous
avez comme offre, il en manque. Qu'est-ce qu'on fait? On «tweak» les turbines?
Mme Brochu a été très claire sur ça.Même au niveau de l'offre, les
mégawatts additionnels, on «tweak» les turbines, parce que les turbines sont
vieilles, elles datent de l'époque de M. Bourassa. Donc, on «tweak» les
turbines, on fait de l'éolien, peut-être du solaire, si le prix baisse. Alors,
l'offre va pouvoir augmenter. Est-ce qu'elle va être suffisante pour les
projets?
L'autre bord de l'équation, le gouvernement,
largement défini, qui inclut le bureau du premier ministre, qui inclut le
ministère de l'Environnement... le ministère de l'Énergie, je m'excuse, et le
MEI, on a une boîte puis on va dire c'est
quoi, les retombées. Puis là on va regarder ce qui va rester en bas puis on va
devoir faire des choix. Puis il y a peut-être des industries qu'on va
dire : Nous ne participerons pas à votre expansion parce qu'on a un
meilleur projet. C'est très difficile. Là, on n'est pas rendus là, là, mais on
commence à bâtir. Le sous-ministre, ici, M. Bahan et son équipe, M. Gignac,
travaillent sur ça, là, comment est-ce qu'on va faire ce filtre-là. Et là il y
a deux choix : ou on va dire non à des projets; ou on va dire :
l'offre, il faut l'augmenter, la pimper, de façon substantielle. Et là il y a
d'autres enjeux. Comment faire ça?
M. Bélanger : C'est
passionnant. Merci de votre transparence.
Adoption des crédits
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci,
effectivement.
Alors, le temps alloué à l'étude du volet
Économie des crédits budgétaires du portefeuille Économie et Innovation étant
presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Le programme 1, intitulé Direction et administration, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Adopté
sur division. Parfait.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Alors, je vous remercie, M. le ministre. Merci à
vous, tous et toutes, pour les échanges cordiaux et très enrichissants.
Compte tenu
de l'heure, la commission ajourne ses travaux au mardi 3 mai où elle
entreprendra l'étude du volet Travail
des crédits budgétaires et les portefeuilles Travail, Économie et Solidarité
sociale... C'est Travail et Emploi, je me suis trompée. Merci. Bonne fin
de semaine à tous.
(Fin de la séance à 16 h 29)