(Onze heures vingt-quatre minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
bonjour à toutes et à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 14, Loi visant à assurer la
protection des stagiaires en milieu de travail.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Dansereau (Verchères) est remplacée par Mme Grondin (Argenteuil); M. Rousselle (Vimont), par M. Polo
(Laval-des-Rapides); et Mme Richard (Duplessis), par M. Gaudreault
(Jonquière).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Alors, lors de la suspension de nos travaux, hier, nous en étions rendus à
l'étude de l'article 19. Il y avait déjà eu quelques échanges. Est-ce
qu'il y a encore des interventions à l'article 19? Député de Viau.
M.
Benjamin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Donc, bonjour aux
membres de cette commission. Donc, vous permettez, Mme la Présidente, que je
puisse saluer de manière particulière mon collègue le député de
Laval-des-Rapides, qui s'est joint à nous à cette belle discussion, et
je sais qu'il va pouvoir nous apporter beaucoup d'ingrédients, beaucoup
d'éléments puisque c'est... je sais qu'il aime beaucoup accueillir les
stagiaires. Il a accueilli plusieurs stagiaires, donc, par expérience, il sait
comment ça marche, et donc je le remercie pour sa présence.
Hier, nous étions effectivement dans les
échanges. À la question, donc, c'était... j'échangeais avec le... je discutais
avec le ministre sur ce qu'il entendait par «les moyens raisonnables» à
l'article 19. C'était ça, la question.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
M. le ministre.
M. Boulet : Bon. Oui, merci. Donc,
il y a une obligation qui existait avant 2018 et après 2018 de prévenir et de corriger. C'est deux obligations. Les moyens
raisonnables pour respecter ces obligations-là de la part de l'employeur,
c'est notamment d'adopter — maintenant,
c'est obligatoire, depuis le 12 juin 2018 — une politique en
matière de prévention du harcèlement. Dans une politique en matière de
prévention, il y a un mécanisme de plainte, il y a une obligation de respecter
la confidentialité de ceux qui vont être interrogés lors de l'enquête. Il y a
une personne, soit à l'interne ou à l'externe, qui est mandatée pour faire le
processus d'enquête. Et après ça il y a des mesures que doit prendre
l'employeur, là, ça peut être une réaffectation, ça peut être une mesure
disciplinaire, ça peut être une terminaison d'emploi, ça peut être de payer des
frais de consultation d'un psychologue, bon, et c'est ce qui est prévu dans une
politique. Et l'obligation de corriger, c'est : quand c'est porté à ta
connaissance, bien, tu as une obligation de faire cesser le harcèlement.
Ce que prévoit simplement l'article 19,
puis c'est, pour l'essentiel, le libellé de l'article 81.19 de la Loi sur les normes du travail, c'est d'établir le droit du
stagiaire à un milieu de travail, là, qui est harmonieux, qui est sain, mais
qui est surtout exempt de harcèlement
psychologique. Et les moyens raisonnables, les obligations, là, sont de la
nature de ce que je viens de vous expliquer.
Pour l'employeur, je reprends un peu ce que j'ai
mentionné hier, ça peut être aussi d'accueillir le stagiaire pour une période
plus longue. Pour les établissements, ça peut être de permettre des
alternatives aux stages, des travaux dirigés d'assimilation, ou autres. C'est
ça, bien, c'est l'ensemble des moyens raisonnables que j'ai expliqué hier, là. Je ne les reprendrai pas, là, mais je
pense que c'était la discussion que nous avions amorcée et que je complète
ce matin. Merci, collègue.
Puis bonjour à tout le monde, puis bienvenue au
collègue de Laval-des-Rapides. Toujours un plaisir de vous côtoyer. Merci.
M.
Benjamin : Merci, M. le ministre. Merci, Mme la Présidente.
En fait, quand on regarde l'article 19, Mme la Présidente, les deux ou trois paragraphes, en
fait, il y a un paragraphe... en fait, le paragraphe où on dit : «L'employeur
et, selon le cas, l'établissement d'enseignement», on semble indiquer ce
qu'il... des attentes. Donc, il y a des attentes qui sont formulées. Mais, dans
le deuxième paragraphe... dans le dernier paragraphe, dans le cas de
l'employeur en particulier, l'attente est clairement indiquée en quoi ça
consiste pour l'employeur. J'ai l'impression que c'est un article qui s'adresse
davantage à l'employeur ici. Et je ne sais pas si le ministre a cette
impression aussi.
M. Boulet : Ah!
bien, de façon prépondérante, comme j'ai mentionné hier, oui, parce que
l'employeur, c'est le milieu ou
l'environnement de travail où le stagiaire effectue sa prestation. Ça fait que
la prévention du harcèlement s'effectue particulièrement dans le milieu
de travail, ce qui ne soustrait pas... C'est pour ça qu'il faut mentionner
l'établissement d'enseignement ou l'ordre professionnel. Lors des
consultations, c'est ce qu'on avait aussi... On voulait s'assurer que l'établissement d'enseignement prépare l'étudiant
à son stage et lui... l'informe, là, de ses droits. Puis, bon, là, à
l'article 4, là, mais c'en fait partie, là, ou ça peut... mais de façon...
Pour répondre clairement à votre question, oui, de façon prépondérante, c'est
l'employeur.
M. Benjamin : Je me demandais, Mme
la Présidente : Est-ce qu'il y a un endroit, est-ce qu'il y a un article
où on va préciser, par exemple, comme on le fait ici pour l'employeur, des
attentes aussi claires pour, par exemple, un établissement d'enseignement?
Est-ce qu'il y a quelque part...
M.
Boulet : Il est ici : «L'employeur et, selon le cas,
l'établissement d'enseignement ou l'ordre professionnel». Donc, chacun,
à l'intérieur de sa mission spécifique, a un rôle à jouer et doit prendre les
moyens raisonnables pour prévenir le harcèlement. C'est exactement le même
libellé que la Loi sur les normes du travail.
• (11 h 30) •
M. Benjamin : Donc, est-ce que je
comprends qu'en fait c'est par économie qu'on n'a pas rajouté :
«L'employeur, selon le cas, l'établissement d'enseignement doit rendre
disponible à tout stagiaire»? Parce qu'il me semble
que cette responsabilité-là, dans le dernier paragraphe, incombe à l'employeur.
Est-ce que l'établissement d'enseignement
doit aussi rendre disponible à tout stagiaire qu'il accueille... à tout
stagiaire, la politique de prévention du harcèlement aussi? C'est parce
que...
M.
Boulet : Non, c'est l'employeur, c'est le milieu où la
stagiaire effectue sa prestation qui lui remet la politique.
M. Benjamin : O.K. C'est parce que
vous comprenez, Mme la Présidente... En fait, moi, ma question, c'est parce
qu'on a toujours, dès le début de nos travaux, que ce soit en consultations
particulières et dans nos échanges lors... on a toujours parlé de cette
importance d'avoir cet équilibre. Et, pour moi, l'équilibre vient avec, aussi,
en fait, une responsabilité partagée. Vous
comprenez? Or, je vois ici très bien, c'est très clair, la responsabilité de
l'employeur, mais je ne vois pas la responsabilité...
M. Boulet : Mais, mais, mais,
collègue, ceci dit, avec respect, c'est une loi qui vise à assurer la
protection des stagiaires en milieu de travail, ce n'est pas une loi qui vise à
imposer à des établissements d'enseignement puis des ordres professionnels
d'adopter des politiques, de prendre des moyens raisonnables pour assurer la
réalisation d'un stage, comme on a déjà discuté, mais ici on est en matière de
harcèlement. Et je reviens toujours au titre, à l'objet, à l'essence de ce
projet de loi là, c'est d'assurer la protection des stagiaires dans les milieux
de travail et c'est dans les milieux de travail qu'ils font l'objet de
harcèlement psychologique ou sexuel.
M. Benjamin : J'apprécie toujours le
ton de nos échanges avec le ministre. En fait, j'espère que ce ton-là... on va
maintenir ce ton-là...
M. Boulet : J'ai déjà... oui, je
pense que j'ai vécu d'autres types d'échanges et j'essaie de maintenir le ton.
Je pense que le respect, c'est ce qui devrait tous nous guider. Puis le
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve se pose des questions, vous avez vu, vous avez
assisté à beaucoup d'échanges, hein, Mme la Présidente. Mais on est ici pour
échanger. Soyez assuré de mon respect le plus total.
M. Benjamin : Parfait. Merci. Mme la
Présidente, je voulais savoir, en fait la question que j'adresse au
ministre : Quel est le rôle de l'établissement d'enseignement dans la
prévention du harcèlement psychologique en milieu de travail? Est-ce que, pour
lui... est-ce que, pour le ministre, l'établissement d'enseignement a un rôle
dans la prévention du harcèlement psychologique en milieu de travail, par
rapport aux stagiaires? Et, si oui, si oui, quel est ce rôle?
M. Boulet : C'est certain que
l'établissement d'enseignement, puis là je ne veux pas me mettre dans les
bottines de tous les établissements d'enseignement, ils font de la prévention
en amont, puis ils s'assurent... Par exemple, si quelqu'un... puis là je peux y
aller avec bien des hypothèses, mais quelqu'un est victime de harcèlement, il
est retiré du milieu de stage, il faudrait certainement que l'établissement
d'enseignement, dans ses obligations d'assurer de bonnes conditions de
réalisation du stage, puisse, si c'est possible, permettre que le stage soit
repris à une autre date ou prévoir une période plus longue de stage ou... Son
objectif, à l'établissement, c'est de s'assurer que la réussite du stage ne
soit pas compromise en raison de ce qui s'est passé. Ça peut être aussi, quand
une conduite de cette nature-là est portée à sa connaissance, bien, puisse
porter assistance, puisse informer l'étudiant stagiaire de ses droits puis de ce qu'il peut faire. Puis je pense
que c'est une mécanique de consultation qui va permettre à l'établissement
d'intervenir, mais pas de façon aussi
prépondérante. C'est l'employeur, tu sais. Ce qu'on fait, nous, c'est, ici,
d'assurer la protection du stagiaire dans son milieu de travail.
Mais, pour
les établissements d'enseignement... Puis ça peut être, à la limite, de retirer
le stagiaire de son stage, de lui donner... tu sais, s'il y a une grosse
enquête de harcèlement, puis là je vais dans les cas limite, là, mais le stagiaire est victime de
harcèlement, puis il ne faut plus qu'il se présente au travail, le harceleur
est là. Puis l'établissement d'enseignement
devrait certainement, dans ses moyens raisonnables, permettre au stagiaire de
faire des... puis là j'y vais avec plein d'hypothèses, là, mais de faire
des travaux dirigés, ou de faire du téléstage, ou du télétravail, ou de faire
des activités de simulation, lui expliquer qu'il va peut-être pouvoir reprendre
ou compléter son stage à une session ultérieure. Je pense que... dans les
autres moyens raisonnables, tu sais, la Pre Fecteau le mentionnait, reconnaître
les compétences acquises, là, si le stage est assez avancé. Ça peut être aussi
ultimement, collègue de Viau... puis, encore une fois, c'est très, très factuel
et circonstanciel, mais ça pourrait être d'accompagner le stagiaire pour qu'il
se trouve un autre milieu de stage, parce que les établissements, ils ont
souvent un panier de différents milieux de stage, là. Mais c'est des questions
hypothétiques, là, mais que j'essaie de répondre avec différents scénarios.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Y a-t-il d'autres interventions à l'article 19? Oui, pardon. Alors, député
de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci. Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je salue également le ministre puis les collègues présents, bien
sûr mon collègue député de Viau. En effet, j'ai, depuis maintenant... C'est mon
deuxième mandat, Mme la Présidente, et ça va bientôt faire huit ans, en avril,
depuis maintenant presque huit ans, j'ai eu l'occasion d'avoir au-delà d'une
dizaine de stagiaires, que ce soit de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant ou
que ce soient des stagiaires... En fait, j'ai surtout beaucoup collaboré avec
des étudiants finissants soit à la maîtrise ou dans des programmes
universitaires de premier cycle de l'Université de Montréal, qui, pour
compléter, donc, leur programme de formation, se devaient de faire un stage sur
le terrain, si on peut dire, un stage en emploi. Et très rapidement je me suis
convaincu non seulement de l'utilité pour eux, mais pour moi, des membres de
mon équipe, puis également de leur offrir le meilleur encadrement, les
meilleures ressources, et également de leur offrir une opportunité de bien
profiter de ce stage-là. Une des choses que j'ai faite après mes premières
expériences, carrément, c'était de les employer. Donc, malgré qu'ils
terminaient leurs stages, c'était aussi de leur donner des conditions d'emploi
qui leur permettraient donc d'avoir aussi une utilité pécuniaire, financière,
bien sûr, donc de ne pas seulement sentir qu'ils avaient une rémunération... je
veux dire, une expérience terrain, mais qu'ils avaient également une
rémunération, là, pour leur travail. Donc, ça, c'est une question de respect.
Le ministre parlait de respect. C'est une question de respect pour cette
première expérience de travail, qui, dans beaucoup de cas, dans leur domaine spécifique,
représente une première expérience de travail à ce niveau-là.
On parle, ici, donc, à l'article 19, le
chapitre IV, là, de harcèlement psychologique. Effectivement, comme
employeur, comme premier employeur, comme première expérience de travail significative,
pour la plupart d'entre eux, bien souvent, c'est des nouveaux apprentissages,
c'est des nouvelles expériences, c'est de mettre en application leurs
connaissances, c'est de s'adapter à un environnement de travail, à des nouveaux
collègues, à des façons de faire, à un tout nouvel environnement. Et je salue,
bien sûr, l'étude et la présentation de ce projet de loi là pour venir
encadrer, venir offrir des outils, mieux outiller. Le ministre en parlait,
effectivement, de s'assurer que les ressources, l'encadrement est mis à
disposition des stagiaires dans un environnement de travail pour prévenir le
harcèlement psychologique, pour offrir des
outils, l'accompagnement, le soutien, donc de venir réglementer du mieux que
possible cet univers-là, ce nouvel univers là, Mme la Présidente.
• (11 h 40) •
Mais, comme
mon collègue de Viau, de par ses questions, est venu apporter un élément
intéressant, je ne veux pas lui imputer, là, des propos, mais moi, je
l'ai interprété de cette façon-là, il y a une double responsabilité. Il y a une
responsabilité de l'employeur, en effet, comme le ministre le mentionne, c'est
une responsabilité importante de l'employeur, donc d'offrir accès à ces
ressources-là. Mais je pense que le programme ou l'institution d'où provient le
stagiaire a aussi une responsabilité à ce
niveau-là. Elle a une responsabilité non seulement de bien préparer le
stagiaire de par sa formation
académique, mais si, dans le... bien sûr, dans la conclusion de son programme
de formation, que ce soit de premier cycle, deuxième cycle, ou autres,
il y a des prérequis...
Je vais vous dire, j'ai eu une employée qui a
fait également son... qui a terminé son stage pour le Barreau à mon emploi, également, pour laquelle on a pu,
justement, identifier une maître de stage. Elle m'a accompagné, et j'étais
même ici, le projet de loi n° 34, elle
m'a accompagné ici. Son sujet de... en fait, qui a été validé par le Barreau,
c'était, justement, de m'accompagner dans l'élaboration, l'analyse, les
travaux parlementaires sur le projet de loi n° 34.
Mais je pense que ça incombe aussi... je pense
que c'est ça, ce que mon collègue de Viau essayait d'amener comme point, comment est-ce que... soit
l'institution académique, soit, par exemple, le Barreau, ou autres, quels
outils peuvent-ils mettre à disposition de ces stagiaires, de ces futurs
stagiaires pour mieux les préparer à savoir gérer, savoir, d'une certaine
façon, se débrouiller, savoir comment agir, savoir comment se comporter dans
des situations où ils ont à vivre... ou peuvent
vivre malheureusement, des situations de harcèlement psychologique? Et je pense
que c'est une... comme mon collègue de Viau l'a mentionné, c'est une
double responsabilité. Rappelons-nous, c'est une première expérience de travail
dans beaucoup... et, quand je dis... significative, là, parce que ces jeunes
peuvent avoir travaillé au McDo, au Tim Hortons, ou ailleurs, surveillants de
parc, etc., sauveteurs l'été, etc., mais, pour beaucoup d'entre eux, c'est une première expérience de travail significative. Et
je pense qu'on ne pourra jamais trop les outiller alors qu'aujourd'hui,
partout dans notre société, on cherche à dénoncer ce genre de comportement là,
ce genre de situation là, ce genre de
contexte de travail, là. On est de plus en plus conscient qu'il faut dénoncer
ce genre d'espaces qui peuvent, comme
vous le savez, Mme la Présidente, comme vous pouvez vous l'imaginer... Un
contexte de harcèlement psychologique peut générer
d'autres problèmes par la suite : le stress, l'anxiété, et bien d'autres. Et,
par la suite, bien, on connaît la suite des choses, là, arrêt de travail, etc.
Donc, les propos, les questions de mon collègue
de Viau sont importantes, et je me permets donc de relancer le ministre à ce niveau-là. Comment il voit cette
double responsabilité, non pas seulement de l'employeur, mais également
de l'institution d'où provient le stagiaire en question? Et quels sont... selon
lui, quels seraient des outils potentiels à développer, à mieux outiller, à
mieux préparer, à mieux former le jeune ou la jeune avant de débuter son stage
pour qu'il soit encore mieux outillé à faire face à ce genre de situation là?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Alors, M. le ministre.
M. Boulet : Bien, Mme la
Présidente, j'ai répondu ce matin. L'important, l'essence de ce projet de loi
là, c'est évidemment d'assurer la protection du stagiaire dans son milieu de
travail. La relation tripartite fait en sorte que l'établissement
d'enseignement puis l'ordre professionnel ont aussi des obligations
d'information, de prendre les moyens qui s'imposent. D'ailleurs, c'est un
libellé qui est identique à ce qui est dans la Loi sur les normes du travail,
qui a fait l'objet d'une réforme en profondeur, qui est entrée en vigueur le
12 juin 2018. Mais il y a des activités, certainement... Puis là c'est
tellement variable, hein? Je regrette de devoir le reprendre, là, mais, tu
sais, il y a des centres de formation
professionnelle, il y a des stages qui durent trois semaines, il y a des écoles
de bureautique, il y a des collèges,
il y a des universités, il y a des écoles professionnelles. Un stage, on a
adopté la définition, c'est très varié, là, ça s'inscrit dans le
contexte d'un programme académique.
Mais, dans
les moyens raisonnables, certainement de bien informer les stagiaires dans
leurs droits, certainement de faire
les interventions qui s'imposent, si quelqu'un est victime de harcèlement, pour
le faire cesser, et certainement de prendre les mesures qui s'imposent
pour permettre la réussite du stage et la complétion, là, la terminaison du
programme de formation du stagiaire. Et donc, évidemment, il y a des collèges,
il y a la Fédération des collèges... Il y a
des établissements qui ont aussi des politiques en matière de harcèlement et
qui font des activités de formation, de sensibilisation, d'information. Mais ici c'est véritablement l'employeur
qui a la politique de harcèlement qui doit s'assurer de son application.
Et je sais que, dans toutes les politiques de harcèlement, il y a aussi des
activités d'information, de formation et de
sensibilisation. Puis, les stagiaires, comme tu es l'employeur, bien, tu dois
non seulement l'informer de ses
droits, mais l'informer qu'il est couvert. Puis ça, on l'a vu déjà, le stagiaire,
il est couvert, il est intégré automatiquement dans l'application de la
politique pour prévenir le harcèlement psychologique et sexuel.
Mais il y a des cas, il y a une foule de cas
d'espèce qui peuvent intervenir. Puis on a entendu, lors des consultations
particulières, les collèges, la fédération, le Conseil interprofessionnel, le
CPQ qui, évidemment, font appel aussi à la flexibilité, à la capacité
d'adaptation. C'est tellement variable, là, puis...
M. Polo : Je comprends, mais,
Mme la Présidente, puis c'est peut-être ma dernière question dans ce sens-là,
mais ce que je crois entendre de la part du ministre... puis, bon, il fait
référence à des institutions, des commissions scolaires, etc., qui, de façon...
à leur façon, vont offrir soit de l'information soit de la documentation, soit
les former, mais ce que je décèle là, c'est que le ministre prend pour acquis
que le stagiaire ou la stagiaire est déjà outillé avant même de commencer un stage, ou est-ce qu'il laisse cette
responsabilité-là aux institutions qui réfèrent le stagiaire sans
nécessairement essayer de peut-être à, travers ce projet de loi là... puis
regardez, là, j'arrive ce matin, je lis comme... j'essaie de me mettre à jour
dans ce projet de loi là. Mais est-ce qu'il prend pour acquis qu'il est déjà
bien outillé? Ou est-ce qu'il voit... En tout cas, moi, c'est ce que j'essaie
d'amener comme discussion, là...
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Puis...
M. Polo : Est-ce qu'on voit,
là, une opportunité de peut-être mieux encadrer, mieux juste adresser...
adresser l'importance de peut-être
uniformiser ces outils-là qui peuvent être offerts en amont, donc, aux
stagiaires, avant même qu'ils débutent leurs stages, de façon à ce
qu'ils soient mieux préparés. Donc, c'est là où j'ai encore des questions à ce
sujet-là, Mme la Présidente.
M. Boulet : Ah! puis je vous
comprends puis je partage ça. Je pense qu'on ne permettra jamais... et on ne
s'assurera jamais de façon complète et entière qu'il n'y ait plus de
harcèlement dans aucun milieu de stage.
Ceci dit, on part avec une prémisse que c'est
des personnes qui sont vulnérables. Puis, vous le dites bien, là, collègue,
souvent des premières expériences de travail, c'est des jeunes. Imaginez-vous,
il n'y avait rien dans leur coffre. Il n'y avait aucun outil. Là, on a un
projet de loi qui constitue un seuil, parce que, comme on expliquait depuis le
début de la commission, il y en a qui vont bénéficier d'ententes individuelles,
il y en a qui ont des... qui vont bénéficier de conventions de stage, notamment
dans les secteurs de la santé, de l'éducation, il y en a qui ont des
ententes-cadres, qui en bénéficient. Mais là on a un solage qui est solide, qui
va permettre aux stagiaires d'être protégés, puis de s'assurer qu'ils puissent réaliser
et compléter leur formation académique et leur apprentissage.
Ça ne sera pas parfait. Je pense que ce que ça
met en relief, le propos du collègue de Laval-des-Rapides, c'est qu'on ne fera jamais assez d'information.
Puis la CNESST, on en a discuté hier, va développer des outils qui vont
être à la disposition des établissements
d'enseignement, des ordres professionnels. Mais même le Conseil
interprofessionnel, il nous disait qu'eux autres aussi, ils
développaient des outils, et les établissements d'enseignement.
Bon, on a eu M. Tremblay, de la Fédération
des collèges, mais, oui, il va falloir constamment... Puis ça... Et là je sors
de notre projet de loi. Le harcèlement psychologique et sexuel, comme la
violence conjugale, on n'arrêtera pas d'en parler. Puis
plus on en parlera, plus on sensibilisera. Puis il faut malheureusement que les
gens lèvent la main. Je pense qu'on en parlait au salon bleu ce matin, il faut
que les gens dénoncent, il faut qu'ils lèvent la main. Il y a des ressources.
Puis un stagiaire qui est victime de harcèlement, il va savoir, à tout le
moins, qu'il y a une politique qui le
protège, qu'il peut lever la main, puis il peut faire sa dénonciation de
manière totalement confidentielle et bénéficier de tout le mécanisme de
plainte, d'enquête, et de reddition de comptes, puis de décision appropriée, en
tenant compte évidemment des circonstances.
Parce que,
souvent, les enquêtes en viennent à une conclusion. Puis, mon collègue le sait,
des fois, le harcèlement n'est pas fondé. La définition du harcèlement
qu'on a adoptée hier, elle est super bien encadrée en jurisprudence. Elle
s'appuie sur cinq critères, là, très, très spécifiques.
Donc, c'est ce que je peux vous dire, là. On ne
vivra jamais dans un monde parfait, mais le projet de loi, je le souhaite ardemment, va être un véhicule qui va
nous permettre de faire la promotion puis... Moi, là, le harcèlement, là,
c'est ce qui m'a motivé le plus. Quand je rencontrais les représentants de
l'UEQ puis de la FEQ, là, puis que des jeunes filles, là, elles finissaient des
stages, puis elles s'en allaient en détresse, pleines d'anxiété, puis elles
étaient victimes de harcèlement sexuel, puis qu'elles ne finissaient pas leur
programme à cause de ça, puis qu'ils ne savaient pas quoi faire, puis qu'elles n'étaient pas protégées en vertu de la Loi
sur les normes du travail, ça, c'est extrêmement irritant au plan humain
et social.
• (11 h 50) •
M. Polo : En effet, en effet.
Bien, regardez, je ne peux pas... je ne peux pas dire le contraire de ce que le
ministre vient de dire. Effectivement, je
pense que c'est un combat commun. On partage cette même vision, ce même
souhait.
Vraiment une dernière question à ce moment-là,
M. le ministre. Si à l'article 19, comme vous le dites, là, c'est vraiment destiné aux employeurs, est-ce que...
les propos de mon collègue de Viau, quand il parle d'une responsabilité
partagée entre l'employeur et, donc, l'institution qui réfère le stagiaire, où
est-ce que, selon vous... regardez, puis là c'est vraiment une question très,
très, très, ouverte, où est-ce que, selon vous, on pourrait appliquer cette
notion-là de double responsabilité de façon à bien outiller, bien encadrer le stagiaire?
M. Boulet : Je vous dirais que j'ai
l'intime conviction que le libellé qui prévoit que l'établissement ou l'ordre
professionnel, selon le cas, doit prendre les moyens raisonnables...
Évidemment, c'est très asymétrique. Oui, j'ai totalement confiance que les
établissements d'enseignement qui sont des institutions publiques vont assumer
leurs responsabilités puis seront bien informés de cette obligation-là de
prendre les moyens raisonnables. Puis ça va varier d'un établissement à l'autre
puis d'un type de stage à l'autre, mais, oui, j'ai totalement confiance.
M. Polo : Je sais. Regardez, on va
poursuivre, Mme la Présidente. Je comprends la confiance du ministre, c'est
juste que, malheureusement, des fois, cette latitude-là ou cette marge de
manoeuvre là est appliquée de façon très inégale d'une institution à l'autre.
Et c'est la raison pour laquelle, comme parlementaires, des fois, il faut
absolument être très précis dans les mots, dans l'élaboration des articles d'un
projet de loi. Et c'est juste là où je sens que, peut-être, ce souhait commun,
peut-être, arrive un peu à court, et des questions comme celles posées par mon
collègue de Viau sont très pertinentes, de s'assurer que ça va être... on
souhaite tous que ce soit appliqué de façon la plus égale, mais on comprend,
quand on parle de confiance... je sais, on essaie de faire confiance aux
institutions, mais malheureusement, l'interprétation, peut-être, des normes ou
des projets de loi, ou etc., des articles ne sont pas appliqués de la même
façon.
C'est plus à ce niveau-là que, des fois, on se
dit, nous, on se pose la question : Comment pouvons-nous assurer qu'on met
la ceinture, les bretelles et qu'on attache bien les choses pour s'assurer que
ça soit appliqué de la même façon à travers les différentes institutions?
M. Boulet : Et c'est ça, la
problématique. Ça ne peut pas être appliqué de la même façon. Puis je reviens
toujours à l'essence du projet de loi, c'est de protéger le stagiaire dans son
milieu de travail. Et ça sortirait de mon périmètre d'action, de toute façon,
d'imposer des obligations spécifiques de cette nature-là à des établissements
d'enseignement. Je serais hors de ma juridiction. Mais je comprends très bien
votre propos, collègue.
M. Polo : Merci. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
bien. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 19? Alors, est-ce que
l'article 19 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Adopté.
Alors, M. le ministre, nous poursuivons à V, Recours, Section I, Recours à
l'encontre d'une pratique interdite, avec l'article 20, s'il vous plaît.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
«Il est
interdit à un employeur et, selon le cas, à un établissement d'enseignement ou
à un ordre professionnel, ainsi qu'à leurs agents de mettre fin à un stage, de
congédier, de suspendre ou de déplacer un stagiaire, d'exercer à son
endroit des mesures discriminatoires ou des représailles ou de lui imposer
toute autre sanction :
«1° à cause de l'exercice
par la stagiaire d'un droit qui lui résulte de la présente loi;
«2° en raison d'une enquête effectuée par la
commission en vertu de la présente loi;
«3° pour le motif que le stagiaire a fourni des
renseignements à la commission ou à l'un de ses représentants sur l'application
de la présente loi ou a témoigné dans une poursuite s'y rapportant;
«4° dans le but d'éluder l'application de la
présente loi;
«5° pour l'un des motifs prévus aux
paragraphes 4°, 6°, 7° et 10° à 19° du premier alinéa de
l'article 122 de la Loi sur les normes du travail, avec les adaptations
nécessaires.
«Le deuxième
alinéa de l'article 122 de la Loi sur les normes du travail s'applique
avec les adaptations nécessaires.»
Commentaire. Donc, ça crée l'interdiction de...
C'est, en fait, ce qu'on appelle... c'est la prohibition des pratiques
interdites, là, qui concernent l'employeur. Et, selon le cas, là, c'est le même
libellé que l'article précédent, l'établissement ou l'ordre, ils ne peuvent pas
exercer des mesures discriminatoires, de représailles, des sanctions, ou autres, là, pour l'un des motifs. Bien, ça
s'inspire effectivement du libellé de l'article 122 de la Loi sur les
normes du travail.
Puis le paragraphe 5°, peut-être pour
donner une explication additionnelle, là, sur les articles, ça réfère à la grossesse, le refus de travailler au-delà des
heures habituelles, la dénonciation d'un acte répréhensible, l'assignation à
titre de jury, et autres, là. Voilà. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il des interventions? Alors, on va y
aller avec le député de Viau, et ensuite ce sera le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. En fait, j'aimerais peut-être que le ministre m'explique, parce qu'en écho avec la conversation que nous venons
d'avoir il y a quelques minutes sur ces responsabilités, sur cet équilibre,
je reviens encore à l'importante notion
d'équilibre, donc, des parties prenantes, donc, quel... J'aimerais qu'il
m'explique, en fait, surtout le premier paragraphe, c'est : «...interdit
à un employeur [...] un établissement d'enseignement ou un ordre professionnel». Est-ce que, dans la
pratique, comme... J'aimerais ça l'entendre, là-dessus, qu'il m'explique. Parce
que je comprends facilement pour un employeur, mais «établissement
d'enseignement»... J'essaie de comprendre cet article-là.
M. Boulet : Bien, c'est la même
chose que j'ai expliquée, là, tu sais. En fait, le meilleur raisonnement, si
j'étais un professeur dans une faculté, je dirais : Il faut partir de la
sanction. Si un stagiaire croit qu'il est victime d'une sanction, d'une mesure de représailles, ou d'une terminaison de
stage, ou d'une suspension, ou de quoi que ce soit, et que c'est contemporain à l'exercice d'un droit
qui est prévu dans la loi, dans le projet de loi actuel, il peut présenter
une plainte. Et ce que l'article interdit — c'est
l'article... un des articles importants de la Loi sur les normes,
l'article 122 — c'est,
un employeur, d'imposer quelque sanction que
ce soit à cause de l'exercice d'un droit. Puis, tu sais, on revient toujours
à l'essence du projet de loi, c'est protéger le stagiaire dans son milieu de
stage... puis s'assurer que, parce qu'il exerce un droit, il soit pénalisé.
Puis j'en reviens à ce que je disais au collègue
de Laval-des-Rapides. Avant, une loi comme ça, ça pouvait arriver, dans les
milieux de stage, collègue, qu'un stagiaire pouvait aller à un décès, à des
funérailles ou prendre un congé ou exercer un droit sans qu'il puisse en
bénéficier, puis il pouvait faire l'objet d'une terminaison de stage ou il
pouvait faire l'objet d'une sanction ou d'une suspension. Donc, ça, je vous
dirais que c'est le bouclier légal. C'est ce qui
protège le stagiaire : on te donne des droits et, si tu les exerces, tu es
protégé. Donc, c'est essentiellement le message ou le but de cet
article-là.
M. Benjamin : Et ici, quand on
dit, toujours dans le premier paragraphe : «Ainsi qu'à leurs agents», ça
fait référence à quels agents? À qui?
M. Boulet : À qui?
M. Benjamin : Oui, les... quand
on dit «à leurs agents», les agents de qui?
M. Boulet : Ah! bien, ceux qui
sont... «Ainsi qu'à leurs agents», là, c'est les personnes qui agissent au nom de l'employeur, ou de l'établissement, ou de
l'ordre, là. C'est un terme qui est utilisé dans la Loi sur les normes du
travail.
M. Benjamin : Ah! d'accord.
Donc, c'est un calque de la Loi sur les normes du travail.
M. Boulet : Exact. Ça, oui.
M. Benjamin : O.K. Parce que,
souvent, comme j'ai eu par le passé à regarder d'autres projets de loi, en
fait, quand on nommait une instance, donc, c'était implicite que toutes les
personnes travaillant pour cette instance-là, donc, tombaient sous le coup de
la loi, donc. Mais vous me dites que, donc, ici, on trouve important de nommer
les agents à part de nommer les instances.
• (12 heures) •
M. Boulet : Oui. Puis, dans
notre cas, je vous dirais que la définition la plus classique que je vous
donnerais, c'est le superviseur de stage, qui est l'agent de l'employeur. Puis
c'est «agent» pris au sens large du terme. Ce n'est pas défini dans la loi,
donc on revient à la définition qui est dans le dictionnaire. Donc, un agent,
c'est quelqu'un qui, au nom d'un autre, fait quelque
chose. Donc, c'est la définition littéraire. Mais je vous dirais que le cas
classique, là, en ce qui concerne un stagiaire, c'est le superviseur.
M. Benjamin :
Je vais avancer une hypothèse, M. le ministre, vous me dites si ce n'est
pas ça. Je soupçonne aussi que le fait
d'ajouter le mot «agent», c'est peut être pour donner un peu plus de poigne,
pardonnez-moi, passez-moi l'expression, à la loi pour permettre de
cibler les gens qui seraient... qui se rendraient coupables à l'intérieur de...
Est-ce que c'est bien pour ça?
M. Boulet :
J'adhère à ça. Je suis d'accord avec vous. En fait, c'est certainement un empêchement
à un employeur de faire des choses par l'intermédiaire de quelqu'un d'autre. Je
suis d'accord avec vous. Je pense que ça n'a jamais fait l'objet d'un débat
devant les tribunaux. Je ne me souviens pas d'avoir vu une problématique
d'application ou d'interprétation de ce concept-là.
M. Benjamin :
Mais il pourrait y avoir des situations aussi où... c'est-à-dire, on
s'entend, pas des situations prévues dans l'article qui est devant nous, des situations
dans lesquelles un ou une stagiaire se retrouve où l'alternative... il faudra trouver une alternative, à ce moment-là, soit
parmi celles que vous avez évoquées tout à l'heure, déplacer, changer de
stage, mais même, parfois, mettre fin à un stage. Ça pourrait arriver.
M. Boulet :
Tout à fait. C'est prévu spécifiquement, on le réfère, mettre fin à un stage,
oui, tout à fait.
M. Benjamin :
Mais sauf que, dans l'article 20 que nous avons devant nous, c'est
plutôt... c'est la rubrique des pratiques interdites. Donc, moi, ce que je vous
dis, je suis d'accord avec la rubrique des pratiques interdites, mais il
pourrait arriver aussi, dans certaines situations, qu'une stagiaire aux prises
avec des enjeux de harcèlement en particulier...
que la seule solution, à ce moment-là, c'est de changer la personne de stage,
de lieu de stage, ou, du moins, c'est de mettre fin au stage. Ça
pourrait arriver.
M. Boulet :
Vous revenez aux articles précédents, là. Ça, c'est les politiques en matière
de prévention puis de correction. Là, ici, c'est véritablement, vous le dites
bien, les pratiques interdites. En fait, comme je l'ai dit tout à l'heure,
c'est un article qui constitue un bouclier qui protège le stagiaire qui exerce
des droits en vertu de la loi. S'il exercice des droits, il est protégé contre
quelque mesure que ce soit. C'est uniquement le but de cet article-là.
M. Benjamin :
Mme la Présidente, nous sommes en train de faire... C'est un projet de loi très
important. Puis je suis très, très, très content de pouvoir oeuvrer avec les
collègues sur ce projet de loi là, et je ne sais pas dans combien de temps encore une législation, une
législation, pas celle-ci, en tout cas pas la 42e, aura la chance,
l'opportunité de se pencher sur une
loi visant la protection des stagiaires, donc, et je crois qu'il est de nos
responsabilités de prévoir... pas de tout prévoir, mais de prévoir certaines
choses qui pourraient arriver. Donc, en ce sens, j'annonce que... pas
d'amendement ici, à l'article 20, M. le ministre, mais j'annonce un 20.1.
Si vous souhaitez qu'on puisse suspendre, qu'on puisse en discuter, donc, je
suis ouvert aussi.
M. Boulet :
Tout à fait.
M. Benjamin :
D'accord.
M. Boulet :
Puis, sur l'importance du projet de loi, je pense que je me suis exprimé
souvent, il n'y avait rien, puis c'est une
avancée importante. Les associations étudiantes, aux consultations
particulières, je pense que tout le monde adhérait à ce que nous faisons, là, mais, s'il y a de quoi de différent
que vous souhaitez faire, moi, je vais vous écouter. On peut peut-être
suspendre, puis je vais aller le rencontrer.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
12 h 06)
(Reprise à 12 h 14)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, nous reprenons. M. le ministre, est-ce que vous
voulez intervenir suite à votre échange avec le député de Viau?
M. Boulet : Bien,
ce qui est important, c'est de reprendre un peu ce que je mentionnais un peu
plus tôt, là, puis, à un autre article, là,
l'établissement d'enseignement pourrait prendre... Puis je ne veux pas
embarquer dans le périmètre d'action, là, des établissements
d'enseignement. Je me fie... En même temps, c'est important pour moi de
préciser qu'ils doivent quand même prendre
les moyens raisonnables, puis ça peut impliquer d'interrompre... ça peut
impliquer de déplacer un stagiaire, ça peut impliquer de trouver un
autre milieu de stage. Donc, toutes les hypothèses qui sont compatibles avec la
situation factuelle du droit qui est exercé peuvent amener l'établissement
d'enseignement à faire une intervention, là, qui sera adaptée, puis tenir
compte de la réalité.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Y a-t-il d'autres interventions à
l'article 20? Député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Est-ce que, quelque part dans l'article 20, ça fait référence
aussi que, pour... En fait, il y a un motif en particulier, c'est le motif, par
exemple, dans le cas d'une stagiaire qui vivrait des choses particulières, qui
aurait eu la collaboration d'une organisation autre que la commission, par
exemple une organisation étudiante, par exemple, pour l'appuyer. Est-ce que,
dans l'article 20, ça pourrait devenir un motif aussi à la... pour
interdire à l'employeur de la déplacer, d'exercer toute forme de représailles
contre cette stagiaire-là?
M. Boulet : O.K., je ne comprends
pas vraiment la question.
M. Benjamin : Parce qu'en fait, dans
les recours, les pratiques interdites, il y a plusieurs éléments, plusieurs motifs qu'on donne. Par exemple, on ne peut pas
exercer de mesure discriminatoire ou de représailles contre un stagiaire
ou une stagiaire parce que... en raison d'une enquête effectuée par la
commission, par exemple, en vertu de la présente
loi. On ne pourrait pas exercer des représailles non plus parce que... pour le
motif que le stagiaire ait fourni des renseignements à la commission ou
l'un de ses représentants. Est-ce que, dans le cas d'une stagiaire qui
bénéficierait de l'appui, du support d'une
organisation étudiante, par exemple, dans sa défense, d'une association de
défense... est-ce que cette personne-là pourrait être l'objet de mesures de
représailles aussi? Est-ce que c'est une pratique interdite aussi?
M.
Boulet : Écoute, je ne vois pas la situation... Vous
dites : La stagiaire qui bénéficie de la... Je ne comprends pas la
question, désolé, hein, c'est peut-être moi qui...
M. Benjamin : Une stagiaire qui
décide... qui est membre d'une association étudiante, par exemple, et l'association étudiante décide de prendre son cas,
donc, alors elle communique l'information à l'association étudiante, et
l'association étudiante décide de la défendre, donc... de l'accompagner, pas de
la défendre mais de l'accompagner, est-ce que ce cas-là, puisque... on ne
devrait pas l'interdire aussi comme pratique interdite, c'est-à-dire... Non?
M. Boulet : Donc, vous me
dites : Si le stagiaire donne le renseignement, qu'elle est représentée,
puis on va le voir plus tard, là, par une association étudiante... Bien, je ne
vois pas de lien de causalité potentiel entre donner un renseignement à l'effet
que tu es membre d'une association étudiante et la mesure de sanction ou de
représailles imposée par un employeur, mais... Non, je...
M. Benjamin : Bien, moi, je pense
qu'il pourrait arriver un cas où un stagiaire... il pourrait arriver un ou des
cas, si vous voulez, on peut le mettre au pluriel aussi, où des stagiaires
pourraient dire : Écoutez, moi, j'ai peut-être beaucoup plus confiance
dans une organisation étudiante parce que j'en suis membre déjà, je suis un
membre actif, j'en suis membre, je fais confiance à cette organisation-là pour
m'accompagner.
M. Boulet : Peut-être que je vous
suis, là, mais c'est sûr que ça ferait partie des renseignements. Tu sais, si
j'essaie de comprendre, là, même si, en pratique, je n'ai jamais vu ça, là,
mais tu dis : Je vais être représenté par une association étudiante, puis
tu réalises que l'employeur te pénalise à cause de ça, bien, c'est sûr,
c'est... Il exerce un droit qui est prévu dans la loi. On va le voir plus tard.
Et, si c'est ce qui a engendré la sanction, bien sûr, bien sûr que c'est couvert, mais... Ça m'apparaît un peu
invraisemblable, mais, bon, mettons que cette hypothèse-là surviendrait, oui...
M. Benjamin : En fait, c'est parce
que l'impression que j'ai, c'est que cet article-là, c'est un article par
rapport aux gestes reliés à la commission seulement. Or, c'est comme si vous me
dites, sans l'écrire, qu'en dehors de la commission il ne pourrait pas y avoir
d'autres instances d'accompagnement. Non?
M. Boulet : Bien, en fait... Puis
j'ai de la misère à me figurer, là, ce à quoi vous voulez faire référence.
C'est un libellé qui est établi depuis longtemps, longtemps, qui n'a jamais
fait l'objet de problèmes d'interprétation ou d'application. La commission, si
elle obtient des informations qui permettent de... Non, en fait, je ne vois pas...
mais il n'y a pas d'impact, selon moi, là. Mais, si je reviens au scénario que
je pense comprendre de votre exemple, si la commission... si le stagiaire donne
une information sur l'association étudiante puis que...
M. Benjamin : Plutôt à une
association étudiante...
M. Boulet : Il n'y a aucun enjeu. Il
n'y a aucun enjeu.
M. Benjamin : Donc, il ne pourrait
pas... Donc, la stagiaire en question ne pourrait pas être pénalisée,
suspendue, déplacée parce qu'elle aurait donné une information à une
organisation étudiante?
M. Boulet : Non, je ne vois pas de
situation de cette nature-là. C'est sûr qu'il y a des articles, dans le Code
civil du Québec... Tu sais, peut-être que le stagiaire, il va signer une
entente de confidentialité pour les secrets commerciaux. C'est sûr qu'il ne
peut pas dévoiler des informations confidentielles qu'il apprend à l'intérieur
de son stage, mais ça, ce n'est vraiment pas dans le contexte de notre loi.
Mais, nous, c'est vraiment la CNESST qui voit à l'application de la loi, là.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Y
a-t-il d'autres interventions à l'article 20? S'il n'y a pas d'autre
intervention, c'est parfait. Alors, est-ce que l'article 20 est
adopté?
Des voix :
Adopté.
• (12 h 20) •
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Excellent. Nous poursuivons, M. le ministre, avec
l'article 21.
M. Boulet : Merci.
«21. Un stagiaire qui
croit avoir été victime d'une pratique interdite en vertu de l'article 20
et qui désire faire valoir ses droits peut le faire, par écrit, auprès de la
commission dans les 45 jours de la pratique dont il se plaint.
«Si la plainte est
soumise dans ce délai au Tribunal administratif du travail, le défaut de
l'avoir soumise à la commission ne peut être opposé au plaignant.»
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Vous avez un amendement, je crois.
M. Boulet : Oui,
j'ai un amendement, que j'avais déjà annoncé.
Donc, l'amendement se
lirait comme suit : «Une telle plainte peut aussi être adressée, pour le
compte d'un stagiaire qui y consent par écrit, par un organisme sans but
lucratif de défense des droits des étudiants ou une association ou un
regroupement d'associations d'élèves ou d'étudiants.»
Donc,
évidemment, pour l'article initial, ça reprenait, là, l'essence du libellé de
l'article 123. Là, c'est le même délai. Ici, évidemment, ce qu'on
rajoute, c'est un amendement, puis ça, ça fait suite aux consultations particulières
puis aux échanges qu'on a eus avec les
collègues de Jonquière, Hochelaga-Maisonneuve et Viau, donc, pour permettre
qu'un organisme sans but lucratif de défense des droits des étudiants ou une
association puisse le faire. Donc, ça leur permet de déposer une plainte à la
CNESST au nom d'un stagiaire.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Y a-t-il...
M. Boulet : Puis je veux juste vous donner, parce que,
peut-être, la question me serait venue, là, je présume... l'expression
«association ou regroupement d'associations d'élèves ou d'étudiants», c'est
tiré de l'article 3... on l'a trouvé dans l'article 3 de la
Loi sur l'accréditation et le financement des associations d'élèves ou
d'étudiants. Donc, on s'est inspirés de ça. Puis, selon l'Office québécois de
la langue française, «élève», c'est un terme général qui désigne tout enfant,
adolescent ou adulte qui suit des cours, alors que l'étudiant, c'est la
personne qui fait des études supérieures, enseignement collégial et
universitaire. C'est la raison pour laquelle... C'est ce qui nous a inspirés,
là, dans les libellés actuels, donc, Loi sur l'accréditation et le financement
des associations d'élèves ou d'étudiants ainsi que l'Office québécois de la
langue française. Donc, ça complète, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve, oui.
M. Leduc : Question technique, mais qui est néanmoins
vraiment importante... D'abord, je salue l'amendement. Sur le fond, je
suis bien content. Sur la forme, je veux une précision, là, importante. Moi,
quand j'étais très impliqué dans les assos étudiantes, pendant mon parcours
universitaire, il y avait tout un débat alentour de l'accréditation des
associations étudiantes. Puis vous venez de faire référence, si je ne me trompe
pas, à la loi n° 32. Vous avez dit : On a pris
une définition dans la... Je ne me souviens plus du titre exact, là, mais c'est
une vieille loi, qui date de plusieurs décennies, qui visait à permettre
l'accréditation étudiante et non la rendre obligatoire.
Il y a plusieurs
campus, en partie les campus universitaires, où il y a une panoplie de plus
petites associations étudiantes de départements, parce qu'il y a plusieurs
départements, et il y a des universités comme la mienne, où je suis allé, à
l'UQAM, où la plupart des associations ne sont pas accréditées en vertu de la
fameuse loi n° 32, sont accréditées par une politique
interne de l'université. Et je pense qu'il y a même, probablement, des
universités où est-ce qu'il y a des associations qui ne sont pas accréditées du
tout, ni par la loi n° 32 ni par une politique
interne. Ils existent. Ils ont quand même un compte en banque, une
reconnaissance de facto.
Ça fait que je veux
juste m'assurer... puis le ministre pourra répondre verbalement, ça sera
enregistré dans le procès-verbal de l'étude détaillée, je veux juste m'assurer
que, quand on écrit ça, «ou une association ou un regroupement d'associations d'élèves ou d'étudiants», on n'est pas en
train de sous-entendre que seules les associations accréditées en vertu
de la loi n° 32 seraient habilitées à faire une telle
démarche.
M. Boulet : Et
c'est la raison pour laquelle on n'a pas écrit «accréditées» puis c'est la
raison pour laquelle on ne s'immisce pas
dans le champ d'application d'une autre loi, mais on s'est juste inspirés du
libellé. Donc, je suis, sur le fond, totalement d'accord avec le
collègue.
M. Leduc : Merci.
Une autre question d'application encore... Donc, ça, c'est clarifié, c'est tant
mieux. Quand vous dites : «Organisme sans but lucratif de défense de
droits des étudiants», qu'est-ce que vous avez en tête? Qu'est-ce que ça peut
être de différent que l'association étudiante qu'on définit juste après?
M. Boulet : On
l'a rajouté comme ça, là. Moi, je trouvais que c'était un libellé qui était le
plus large possible, mais c'est... peu importe la... Tu sais, ça peut ne
pas être une association d'élèves ou d'étudiants, mais ça peut être un organisme sans but lucratif, comme le Juripop, par exemple.
C'est externe, ce n'est pas une association étudiante, mais ça peut être un
organisme... Bien, Juripop est peut-être le plus classique, là, que vous
connaissez.
M. Leduc : Bien, c'est un bon
exemple. J'avais d'autres exemples en tête, par exemple Au bas de l'échelle,
pour la défense de droits également.
M. Boulet : Au bas de l'échelle.
M. Leduc : Mais là le fait que vous
écriviez «de défense de droits des étudiants», ça peut laisser entendre qu'il
faut que ça soit la mission de l'organisme de se dédier aux étudiants, ce qui
n'est pas le cas, par exemple, de Juripop, ce qui n'est pas le cas d'Au bas de
l'échelle non plus.
M. Boulet : Vous avez raison. Je
suis d'accord, mais ça n'a pas à être exclusivement à la défense. Puis on ne
l'a pas écrit, là, que c'est... leur mission, c'est de défendre exclusivement
les droits des étudiants, là, mais c'est un organisme qui, dans le cadre de sa
mission, le fait aussi.
M. Leduc : Mais vous ne pensez pas
qu'on devrait, donc, retirer... quand on dit : «Défense de droits des
étudiants», on devrait juste retirer «des étudiants», «un organisme sans but
lucratif de défense de droits», point? Ça clarifierait que ça peut être quelque
chose qu'il a dans sa mission de la défense de droits de manière générale, puis
notamment les étudiants, mais pas nécessairement les étudiants.
M. Boulet : Oui, bien, pour moi...
Oui, moi, je le voyais comme étant des organismes qui défendaient les droits
des étudiants, pas de façon exclusive, mais qu'ils le faisaient aussi. Je ne
veux pas que ce soit non plus des «fly-by-night», là, tu sais. Je ne veux pas
que ce soient des organismes de tout acabit qui décident, parce qu'il y a une
possibilité... Puis je ne veux pas qu'un étudiant soit manipulé ou soit aux
prises avec un organisme qui n'a pas l'expertise ou dont ça ne fait pas partie
de sa mission. Moi, je comprends ce que vous me dites, mais je trouve ça
beaucoup plus sécurisant de dire que c'est des organismes qui défendent les
droits des étudiants.
M. Leduc : Mais on n'en a nommé
aucun. Là, vous dites Juripop, mais la mission de Juripop, ce n'est pas de
défendre les droits des étudiants. Ils font 150 000 choses,
notamment...
M. Boulet : Ils le font, mais, comme
vous dites, ça peut être Au bas de l'échelle, mais on ne fera pas la liste
des... Je pense que le concept, il faut qu'il soit le plus large possible. Puis
je pense que le collègue sera d'accord avec moi, quand on dit : «Un
organisme de défense des droits des étudiants», c'est... le corridor est large,
tu sais. Puis on n'a pas marqué ni «accrédité», on n'a pas marqué ni
«exclusivement», on a marqué «si tu le fais», mais il faut que tu le fasses quand même. Ça ne peut pas être un
organisme qui est totalement autre, là, dont la mission est complètement
étrangère à la défense des droits des étudiants, c'est ça que j'aurais peur...
M.
Leduc : Non, je comprends. Je comprends. Bien, c'est
juste que la façon dont je le vois, comme c'est écrit, au-delà de vos explications, qui sont, en effet,
plus larges... dans le sens que, moi, ce que j'ai lu, de prime abord, d'où
ma question...
M. Boulet : Je comprends.
M. Leduc : C'est que j'ai
l'impression qu'on pourrait... quelqu'un voudrait... pourrait s'y opposer pour
dire : Cet organisme... je refuse, M. le juge, que cet organisme défende
cette personne, il ne répond pas à la définition d'un organisme sans but
lucratif de défense de droits des étudiants. On pourrait plaider que Juripop ne
répond pas à la définition de défense de
droits des étudiants. Ça se plaiderait. Vous êtes d'accord avec moi que ça se
plaiderait. Est-ce que ça convaincrait le juge?
M. Boulet : Oui, moi, là-dessus, là,
puis je le dis avec respect, à la limite, ça ne me dérangerait même pas que ça ne soit pas écrit, «des étudiants», mais,
moi, ça me rassurerait plus, quand on pense aux stagiaires, de s'assurer qu'ils
soient représentés par quelqu'un dont la mission, c'est, entre autres, de
défendre les droits des étudiants. Moi, ça m'apparaît plus sécurisant,
puis plus rassurant, puis ce n'est pas limitatif. Puis la CNESST, s'il faut que
je le dise, là, en étude détaillée, elle ne
refusera pas un organisme en invoquant telle ou telle raison, là, ils ne feront
pas une enquête pour déterminer : Avez-vous l'habileté, avez-vous
le... mais est-ce que vous en faites, de la défense des droits des étudiants?
Puis oui, puis ça va aller de l'avant, là, moi, j'ai... je veux vous rassurer
là-dessus.
M. Leduc : Bien, je vais vous donner
un autre exemple. Pendant longtemps, j'étais impliqué sur l'exécutif d'un
syndicat d'auxiliaires à l'université. Un syndicat, ça fait la défense de
salariés, mais, par définition, tous nos membres étaient des étudiants. On
était le syndicat des auxiliaires de l'UQAM. Ça fait qu'est-ce qu'on aurait pu,
selon cette définition-là, accompagner un stagiaire? Parce que la mission d'un
syndicat d'auxiliaires, ce n'est pas de faire la défense de stagiaires ou
d'étudiants, c'est de faire la défense de salariés. Vous comprenez où est-ce
que je veux aller?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Mais pourtant ça ne
représente que des étudiants. Ça pourrait certainement s'intéresser, advenant qu'il y a une association, dans un département,
qui est moribonde ou qui est dissoute... Ça existe, j'ai déjà assisté à ça,
des dissolutions d'associations.
M. Boulet : Donc, ils font la
défense des droits des étudiants, et là ce que vous me demandez, c'est :
Est-ce qu'ils pourraient, hypothétiquement, représenter un stagiaire? Moi, je
n'ai pas d'enjeu avec ça, ce n'est pas limitatif.
• (12 h 30) •
M. Leduc : Puis vous n'avez pas la
crainte qu'en ayant écrit «des étudiants» dans «après OSBL» ça vienne
éventuellement limiter la portée de ça?
M. Boulet : Non.
M. Leduc : Bon, souhaitons que vous
ayez raison.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
beau?
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Alors, on a le député de Viau, et je reviendrai avec vous, député de Jonquière.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Bien, en fait, j'écoutais l'échange entre le ministre et le député
d'Hochelaga, et je voulais... Je tentais de soumettre... Je vais tenter de
soumettre un exemple que je connais bien dans ma circonscription. Dans ma
circonscription, il y a une clinique qui est la Clinique juridique de
Saint-Michel. C'est une clinique qui réunit des étudiants... des jeunes
avocats, des étudiants en droit, donc des gens qui connaissent la
problématique, justement, des étudiants. Ils sont eux ou elles-mêmes des
étudiants en droit, mais sauf que ce n'est pas une organisation étudiante, ce
n'est pas une organisation de défense des droits des étudiants. Donc, je
comprends très bien ce que le ministre nous dit, mais sauf que, dans
l'application de la loi, il y aura un agent ou une agente qui aura à décider
comment l'appliquer, quand l'appliquer, qui pourrait dire : Bien, écoutez,
la Clinique juridique de Saint-Michel, non, ne peut pas vous accompagner comme
stagiaire parce que... comme plaignant parce que ce n'est pas une organisation
de défense des droits des étudiants, et pourtant c'est une organisation de
défense des droits.
M. Boulet : ...et, collègue, il
n'y a aucune limitation. Puis la clinique juridique, là, dans la mesure où ils
font de la défense des droits des étudiants... où ils font de la défense de
droits, oui, je veux dire, ils pourraient le faire. Il ne faut pas voir, dans un libellé, qui, par ailleurs, a été salué par
les associations étudiantes, une volonté du législateur de limiter cet exercice-là de représentation, et
c'est bien simplement dans le cas du droit à la représentation par avocat,
que ce soit un avocat, ou un conseiller, ou... n'importe qui ici pourrait
donner le mandat à n'importe quel autre de le représenter
devant la CNESST. On peut décider de se faire représenter par qui on veut, là,
que ce soit un psychologue, ou un médecin, ou... Tu sais, il n'y a
pas... pour moi, il n'y a pas de limitation puis il n'y a pas d'enjeu. Puis la
CNESST ne se mettra pas à faire enquête pour déterminer si c'est un... mais un
organisme sans but lucratif, c'est hyperlarge,
puis l'association d'élèves ou d'étudiants, c'est hyperlarge aussi, ça comprend
tout, tout. En même temps, il faut
faire attention, comme je disais au collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, pour ne
pas que ce soient des manipulateurs qui représentent des stagiaires. On
a dit que c'était une clientèle vulnérable, tu sais, puis...
Une voix : ...
M. Boulet : Non, je sais, puis,
peut-être, c'est un peu trop... Je suis d'accord, là, mais il faut quand même s'assurer qu'il soit conscient... Puis c'était
comme ça qu'il était demandé, de toute façon, par les fédérations étudiantes.
Je ne veux pas aller plus loin là-dessus, là, mais n'ayez pas d'inquiétudes, je
ne pense pas que ça soit... Ce n'est pas du tout limitatif. Ce n'est vraiment
pas mon intention.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres
interventions à l'amendement? Donc, on a le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci, Mme
la Présidente. Bien, simplement pour dire que je veux quand même saluer le fait
que le ministre arrive avec cet amendement, parce que c'était un élément qui
avait été soulevé à plusieurs reprises pendant les auditions, là, pour
s'assurer qu'il peut y avoir un tiers, je dirais, là, neutre ou indépendant qui
puisse venir soutenir les stagiaires dans leurs démarches pour déposer une
plainte.
J'avais les mêmes questions que le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Quand on dit : «Défense des droits des
étudiants», il ne faut pas que ça soit limitatif. C'est comme s'il fallait
dire : «Par un organisme sans but lucratif de défense, entre autres des
droits des étudiants». Tu sais, là, là, déjà, tu sais, comme, chez nous, on a
LASTUSE, par exemple, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, et avec qui je travaille
régulièrement, qui est un organisme sans but lucratif qui
défend les droits des personnes sur l'aide sociale devant des tribunaux, des
accidentés du travail, aussi, puis des accidentés
de la route. Donc, il pourrait prendre ce mandat parce qu'il défendrait, entre
autres, les droits des étudiants, mais pas de façon exclusive.
Alors, je pense que la nuance est importante,
puis c'est dans cet esprit-là que moi, je l'entends. Le ministre a répondu à
plusieurs reprises autant au député de Viau qu'au député
d'Hochelaga-Maisonneuve : Oui, oui, ce n'est pas un organisme sans but
lucratif de défense des droits exclusivement sur les droits des étudiants.
Mais, pour moi, c'est dans l'esprit, justement, du «entre autres des droits des
étudiants». Puis je suis quand même sensible au fait qu'il faut que ça soit une
organisation sérieuse, qui est reconnue ou qui a une expérience, parce que moi,
j'en ai vu aussi, des personnes qui s'improvisent un peu des avocats, entre
guillemets, sans l'être, là, puis qui profitent de la vulnérabilité de
certaines personnes devant des instances quasi judiciaires, et ce n'est pas
toujours joli à voir.
Donc, je suis
favorable à cet amendement-là, et évidemment dans l'esprit, là, de défense,
entre autres, des droits des étudiants. Voilà, merci.
M. Boulet : J'apprécie encore,
hein? Puis, c'est vrai, j'aurais même été ouvert, collègue de Jonquière, à
dire : Un organisme sans but lucratif visant notamment la défense des
droits des étudiants. J'étais même d'accord, comme j'ai dit au collège
d'Hochelaga-Maisonneuve, de laisser le libellé tel qu'il est puis enlever «des
étudiants», mais je pense que les précisions que j'ai données sont suffisamment
claires pour dire que ce n'est pas limitatif puis que ça vise notamment... puis
il n'y a pas d'exclusivité puis il n'y a pas d'accréditation. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Bien.
Alors, nous poursuivons avec le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la Présidente.
Le masque, donc, c'est toujours... À mon tour, j'ai omis de le faire tantôt et
j'aurais dû le faire, cet... je voulais saluer cet amendement, puisque nous en
avions un aussi qui va dans le même sens. Alors donc, je salue cet
amendement-là. La question que j'aimerais vous poser, M. le ministre :
Est-ce qu'il pourrait y avoir des cas où, en lieu et place de... qu'un
établissement pourrait décider... un établissement d'enseignement pourrait décider d'accompagner un étudiant, un stagiaire
dans le dépôt d'une plainte? Est-ce que c'est un cas de figure qui est
dans votre radar? Est-ce que ça pourrait...
M. Boulet : Non, ce n'est pas dans
mon radar.
M. Benjamin : Non? Parce que c'était
une question que... Je me demandais, par exemple, dans certains cas, est-ce que, quand il y a une situation flagrante
d'abus, de harcèlement, l'établissement d'enseignement pourrait décider
de dire : Bien, écoutez, on va vous accompagner dans le dépôt d'une
plainte.
M.
Boulet : Non, ce n'est pas dans mon radar. Ce n'est pas ce
qui est revendiqué par les étudiants, les fédérations étudiantes. C'est
la réponse la plus simple que je peux donner. Merci.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Alors, y a-t-il d'autres interventions à l'amendement déposé par le ministre à
l'article 21? Alors, est-ce que l'amendement à l'article 21 est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 21 tel qu'amendé? Oui,
député de Viau.
M. Benjamin : Les plaintes par
écrit, madame... M. le ministre... et je suis vraiment désolé, M. le ministre,
parce que j'ai beaucoup de questions, parce que c'est un projet de loi trop
important. Il faut nous assurer de...
M. Boulet : C'est le même libellé
que dans la loi, là, c'est une plainte par écrit, oui.
M. Benjamin : Je n'ai pas encore
eu... Je n'ai jamais porté plainte à la Commission des normes. Donc, est-ce que
je peux... par exemple, le citoyen peut porter plainte par courriel?
M. Boulet : Oui.
M. Benjamin : O.K., par courriel,
c'est possible, O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Alors, y a-t-il d'autres interventions à l'article 21 tel qu'amendé? Oui,
député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci, Mme la Présidente.
Bien, c'est une question... Le commentaire de mon collègue de Viau est intéressant. Est-ce que... Au-delà d'une plainte
par écrit ou par courriel, quelles sont les autres formes... Puis, excusez-moi, aidez-moi à mieux comprendre le processus de
plainte. Quelles sont les autres formes qu'un plaignant peut utiliser pour
dénoncer une situation?
• (12 h 40) •
M. Boulet : Mon Dieu, tous les moyens électroniques, là. Il y
a les lois, là, qui s'appliquent, là, en matière de preuve. Il y a le
Code de procédure civile, là. Mais, par courriel... tous les moyens de
communication modernes peuvent être utilisés.
M. Polo : Ah
oui? Parfait, réseaux sociaux...
M. Boulet : Absolument.
M. Polo : Absolument?
Parfait. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Y a-t-il d'autres interventions? Alors, est-ce que
l'article 21, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Adopté. Parfait. Nous poursuivons, M. le ministre,
avec l'article 22.
M. Boulet : Merci.
«La commission peut, avec l'accord du stagiaire, de l'employeur et, selon le
cas, de l'établissement d'enseignement ou de l'ordre professionnel, nommer une
personne pour tenter de régler la plainte à la satisfaction des parties.
«Seule une personne
n'ayant pas déjà agi dans ce dossier à un autre titre peut être nommée à cette
fin par la commission.
«Toute
information, verbale ou écrite, recueillie par la personne visée au premier
alinéa doit demeurer confidentielle. Cette personne ne peut être contrainte de
divulguer ce qui lui a été révélé ou ce dont elle a eu connaissance dans
l'exercice de ses fonctions ni de produire
un document fait ou obtenu dans cet exercice devant un tribunal ou devant un
organisme ou une personne exerçant des fonctions judiciaires ou quasi
judiciaires, sauf en matière pénale, lorsque le tribunal estime cette preuve
nécessaire pour assurer une défense pleine et entière. Malgré l'article 9
de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels, nul n'a droit d'accès à un tel document.»
Commentaire. Bon, ça
circonscrit les règles applicables lorsque les parties souhaitent — puis
là je le reprécise, là, «souhaitent» — régler la plainte à
l'amiable. Puis évidemment ça confère un caractère confidentiel au processus, et notamment en ce qui
concerne la personne qui est chargée du règlement de la plainte. Puis c'est une
inspiration... c'est l'article 123.3 de la Loi sur les normes du
travail. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Y a-t-il des interventions à l'article 22? Est-ce que l'article 22
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Nous poursuivons, M. le ministre, avec
l'article 23.
M. Boulet : Merci. «Si aucun règlement n'intervient à la suite
de la réception de la plainte par la commission, cette dernière la
défère sans délai au Tribunal administratif du travail.»
Donc,
l'article prévoit qu'en l'absence de règlement la CNESST a dès lors
l'obligation de transférer la plainte au Tribunal administratif du travail.
Donc, ça, c'est 123.4 de la Loi sur les normes du travail. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Y a- t-il des interventions à l'article 23? Député de
Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Quand
on... C'est quoi, les... J'aimerais savoir c'est quoi, les délais, actuellement, les délais moyens lorsqu'on porte
plainte à la Commission des normes, les délais de traitement des plaintes.
M. Boulet : Mon
Dieu, c'est-tu... Il faudrait que je le vérifie, là, parce que c'est évolutif,
puis c'est dans le plan d'action... On va le
voir à l'étude de crédits, dans le plan d'action stratégique du Tribunal
administratif du travail, de diminuer
les délais moyens. Est-ce que, là, vous référez aux délais moyens de reddition
de la décision ou les délais d'audience, le délai avant qu'on soit
entendu?
M. Benjamin :
Le délai avant qu'on soit entendu.
M. Boulet : Mon
Dieu, des mois, mais il y a des cas qui sont entendus d'urgence, là, qui sont
prioritaires, là, mais il faudrait que je vérifie. Je pourrai éventuellement
vous donner la réponse.
M.
Benjamin : Bien, vous comprendrez, M. le ministre, que la
question... Dans le cas des stagiaires, la question du délai se pose, et c'est une question
essentielle si nous voulons nous assurer que cette loi-là ait des dents, puisse
être une bonne
loi pour viser à protéger effectivement les stagiaires. Alors, moi, ma
question, c'est vraiment comment vous comptez aborder l'enjeu des... la
question des délais dans ce cas-là, dans ce type de cas là.
M.
Boulet : Vous aurez l'occasion de poser la question à la
présidente du tribunal... bien, c'est ça, Mme Nadeau, mais, oui, il y a
un plan d'action pour réduire les délais, puis on pourra peut-être en parler
demain, là, même si c'est à l'extérieur du projet de loi, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Tout
à fait, tout à fait.C'est beau.
Alors, écoutez, compte tenu de l'heure, la
commission ajourne ses travaux sine die. Je vous souhaite à toutes et à tous un
bon dîner et une bonne soirée, déjà. Merci. Bonne fin de journée. On se
retrouve demain.
(Fin de la séance à 12 h 46)