(Neuf heures cinquante minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour à toutes et à tous. Ayant constaté le quorum, nous déclarons la
séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 14, Loi visant à assurer la
protection des stagiaires en milieu de travail.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Dansereau (Verchères) est remplacée par M. Thouin (Rousseau);
Mme Lavallée (Repentigny), par Mme Grondin
(Argenteuil); et Mme Richard (Duplessis), par M. Gaudreault (Jonquière).
Mémoires déposés
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Avant de débuter, je dépose les mémoires reçus depuis la fin des
consultations particulières des groupes suivants : le Collège des médecins
du Québec, le Barreau du Québec, le Commissaire à l'admission aux professions et
le Jeune Barreau de Montréal.
Remarques préliminaires
Alors, nous débutons avec les remarques
préliminaires. M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale, vous disposez de 20 minutes.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, tout le monde. Je tiens évidemment à saluer l'ensemble des
parlementaires qui sont réunis ici aujourd'hui.
Nous avons adopté, comme vous le savez bien, le
principe du projet de loi n° 14 le 8 février dernier, puis la semaine
précédente on avait entendu huit groupes lors des consultations
particulières : l'Union étudiante du Québec, la Fédération étudiante
collégiale du Québec, la Fédération des cégeps, le Regroupement des jeunes
chambres de commerce du Québec, Force Jeunesse, le Conseil interprofessionnel
du Québec, Me Dalia Gesualdi-Fecteau et, finalement, le Conseil du
patronat du Québec.
Évidemment,
vous le savez, quand on dépose un projet de loi, les consultations
particulières, pour moi, jouent un rôle fondamental. Il faut écouter. Chaque projet de loi est perfectible. Il
faut aussi faire des constats suite à ces consultations-là.
Évidemment, tous ont salué le projet de loi
n° 14. Les droits et protections octroyés aux stagiaires ont été
accueillis favorablement. Il faut aussi mentionner que c'est des dispositions
d'ordre public, c'est un seuil, donc une convention collective ou une entente
individuelle pourrait permettre de couvrir ou de donner des droits ou des
protections qui sont supérieurs à ce qui est contenu dans le projet de loi
n° 14.
Et j'étais content aussi de constater que les
représentants des acteurs visés, c'est-à-dire le Conseil du patronat, le
Conseil interprofessionnel puis la fédération des collèges ne s'opposent pas
aux obligations. Parce qu'il y a des droits, il y a des protections, mais
l'équivalent, en retour, c'est des obligations qui sont imposées à ceux qui
reçoivent les stagiaires et ceux qui encadrent les stages.
Bon, bien sûr, j'ai entendu les associations
étudiantes, notamment, qui réclament certains amendements, mais évidemment qui
appellent à l'adoption du projet de loi n° 14.
L'étude détaillée que nous entamons, c'est
important. On va, je l'anticipe, avoir des échanges qui sont constructifs. Je
vous le dis d'emblée, là, pour éviter à avoir à faire des préparations qui sont
peut-être trop importantes, mais, dans les amendements qu'on va déposer au fur
et à mesure, évidemment on va voir le projet de loi article par article, mais
on va soumettre un amendement pour définir la notion de conjoint, que nous
retrouvons notamment à la Loi sur les normes du travail, pour s'assurer que
cette notion-là, qui est utilisée à certains articles du projet de loi
n° 14, soit compatible avec ce que nous avons dans la Loi sur les normes
du travail.
Il y a aussi un constat qui avait été fait par
certains groupes lors des consultations particulières : Qu'est-ce qui va
arriver avec les congés de plus longue durée? Ce que j'ai retenu des
consultations, notamment le CPQ, la fédération des collèges, le Conseil
interprofessionnel, c'est qu'il y avait une ouverture à ce que ces absences de
plus longue durée là soient associées à des obligations pour les milieux de
stage, les ordres professionnels puis les établissements d'avoir une obligation
d'identifier des moyens raisonnables pour assurer un accommodement raisonnable
aux stagiaires. Donc, on aura un amendement qui reprend un certain nombre
d'absences de plus longue durée et les obligations auxquelles seront
assujetties les trois parties que je viens de mentionner.
Il y aura aussi un
amendement sur la possibilité qu'un stagiaire puisse être représenté, dans sa
défense ou pour lui permettre de déposer une plainte, par une association ou un
regroupement d'associations d'élèves ou d'étudiants, là, parce que c'est deux
concepts qui sont utilisés de façon distincte.
Il y aura aussi un amendement — bon,
ça, c'est le même, là — que
plusieurs stagiaires, aussi, peuvent être représentés, là, par un organisme
sans but lucratif de défense des droits des étudiants et des étudiantes.
Et enfin il y aura un amendement sur le rapport
de mise en application — ça
a été soulevé, là, par les partis, notamment — donc, qu'il y ait un rapport
de mise en application au bout d'une période de cinq ans qui soit déposé à
l'Assemblée nationale pour, bien sûr, déterminer les impacts, les incidences,
les conséquences qu'auront eues ce projet de loi là.
Donc, pour clore, je pense qu'on a tous le même
objectif, c'est d'accroître la protection qui est conférée dans une loi pour les 195 000 stagiaires. Je
reprends que, dans la Loi sur les normes du travail, ils ne sont pas visés,
puis ceux qui le sont, bien, ils n'ont pas l'ensemble des droits. Donc,
ça, c'est une loi qui s'applique à tout le monde, qui est un seuil qui est
vraiment intéressant.
Et, bon,
écoutez, moi, je remercie aussi les collègues du gouvernement qui
m'accompagnent, c'est toujours des partenaires incontournables qui
s'intéressent à nos projets de loi, puis, bien sûr, les collègues des partis
d'opposition et vous, Mme la Présidente.
Alors, merci, je pense que ça complète mes
remarques préliminaires. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre.
Alors, nous allons poursuivre, maintenant, avec
le porte-parole de l'opposition officielle en matière du travail, le député de
Viau, à faire ses remarques préliminaires. Vous disposez de 20 minutes
maximum.
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente.
Donc, je salue tous les collègues présents ici
ce matin pour cette commission, pour l'étude détaillée, donc, de ce projet de
loi, projet de loi, rappelons le titre, la loi visant la protection des
stagiaires en milieu de travail.
Et, parlant de protection, vous allez me
permettre, Mme la Présidente, de faire un rappel, et vous comprendrez
l'importance de ce projet de loi là pour des stagiaires, pour des milliers de
stagiaires partout au Québec, lorsqu'on sait que des personnes qui sont des
salariées, actuellement, malheureusement, hélas, ne sont pas protégées
correctement. Et j'en veux pour preuve cet article paru le 10 février
dernier dans le journal le 24 heures sur la situation de salariés au CLSC de Montréal-Nord, des salariés qui se font
injurier à tour de bras, et jusqu'à présent leur employeur n'a pas été
en mesure de les protéger. Et au Québec
toute personne, peu importe son sexe, son orientation sexuelle, son origine
ethnique ou nationale, sa religion... ne peuvent pas être des motifs à discrimination.
Et ce sont les salariés qui se font injurier,
je le rappelle, donc qui ne sont pas protégés par leur employeur, malgré
l'intervention du syndicat. Et en plus ce sont des personnes qui sont syndiquées, en plus, qui ne sont pas protégées, qui
vivent une situation de harcèlement psychologique raciste, des femmes et
des hommes qui se font traiter le mot en «n» en tentant de prodiguer des soins
et des services.
Donc, vous comprendrez pourquoi, comment ce
matin, pour moi, aujourd'hui, quand j'ai lu cet article sous la plume de
Anne-Lovely Etienne dans le journal 24 heures, j'ai cru bon de
partager cette information avec vous et de demander que rapidement une
intervention soit faite dans ce dossier-là, parce que c'est inacceptable, c'est
inacceptable, c'est intolérable.
Une loi visant la protection des stagiaires en
milieu de travail, c'est une loi importante. J'ai eu le grand plaisir,
d'ailleurs, avec le ministre et d'autres collègues, de participer aux
consultations préliminaires où nous avons pu écouter, Mme la Présidente,
partager, échanger, discuter avec plusieurs représentants d'organismes
étudiants, bien sûr, mais d'organismes
patronaux aussi et d'établissements, aussi, d'enseignement, je pense entre
autres à la Fédération des cégeps.
C'est un projet de loi, je l'ai dit à quelques reprises, je le réitère encore,
qui était fort attendu, notamment par beaucoup d'étudiants. Et je salue
le travail, d'ailleurs, qui a été fait par les organismes étudiants ou encore
par des instances, des organisations comme Force Jeunesse, donc, dans ce
travail-là.
• (10 heures) •
Et je fais miens, d'ailleurs, les propos de
Force Jeunesse dans un communiqué paru ce matin où Force Jeunesse réitère
l'importance de rehausser les conditions de travail des stagiaires à l'occasion
du début de cette étude détaillée du projet
de loi. C'est important pour nous, dans un contexte, aussi, de pénurie de la main-d'oeuvre,
où nous avons des enjeux vraiment
importants au Québec. Je crois aussi, comme Force Jeunesse, qu'il y a des
changements qu'il faut... sur lesquels
on doit se pencher, notamment au niveau de la compensation financière. Il faut
réfléchir sur ces enjeux-là aussi.
J'ai entendu M. le ministre qui nous a parlé de
plusieurs amendements. Je pense que c'est fort à propos, et ça tombe bien que
ces amendements-là, nous allons les regarder avec beaucoup de curiosité. Nous
avons aussi quelques amendements que nous souhaitons apporter aussi à ce projet
de loi là.
Et il y a deux ou trois aspects, je crois, qui
sont importants pour moi et sur lesquels je souhaiterais peut-être pouvoir
échanger avec le ministre dans le cadre de cette étude détaillée. Évidemment,
tous les aspects sont importants, mais deux aspects en particulier que je tiens
à vous souligner, Mme la Présidente, donc, toutes les questions, toutes les
actions qui seront mises en oeuvre suite à l'étude détaillée de ce projet de
loi là et son adoption, éventuellement, espérons-le, en lien avec le
harcèlement psychologique. Pour moi, c'est quelque chose de très important.
C'est une loi visant la protection des
stagiaires, et cet aspect-là, c'est un aspect très important, et aussi au
niveau des congés. D'ailleurs, j'ai entendu que... les amendements qui
seront apportés, donc nous avons très hâte de les voir.
Et un élément important
aussi, c'est le soutien dont les stagiaires ont et auront besoin dans leur
cheminement — et
j'ai bien dit «dans leur cheminement», Mme la Présidente — que
ce soit en termes d'accès à l'information, que ce soit aussi dans le cadre d'un
accompagnement lorsqu'il y a une plainte. Donc, j'ai aussi entendu que le
ministre avait des amendements en ce sens, donc on est... on sera très heureux
de pouvoir en discuter avec lui.
Donc, il n'est pas normal, Mme la Présidente, il
n'est pas normal qu'une classe de personnes, en l'occurrence les stagiaires, ne puisse pas bénéficier d'une
certaine protection ou de la même protection que les autres personnes qui
sont dans le marché... sur le marché du travail. Et je pense que ça va être
l'opportunité pour nous de discuter de plusieurs aspects que nous pensons qui
pourraient compléter cette orientation, cette volonté du ministre exprimée à
travers ce projet de loi, pour qu'on puisse, espérons-le, aller plus loin dans
le sens de la justice sociale pour les stagiaires.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le député de Viau.
Alors, nous poursuivons, cette fois-ci, avec le
porte-parole du deuxième groupe de l'opposition en matière de travail, le
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente.
D'abord, salutations à tout le monde ici
présent, salutations, évidemment, à tous les gens qui sont venus nous voir en
auditions.
Je dois me donner la permission de faire un
commentaire, quand même, parce que, tranquillement, la législature s'achève, il
nous reste quelques mois à peine, et ça a été — je pense que le mot est
mesuré, quand même — quand
même assez pénible à chaque audition, et mes collègues des autres dossiers, là,
de mon caucus me disent la même chose. Il fallait se battre à chaque fois comme
des diables dans l'eau bénite pour faire rajouter des personnes qui allaient
venir aux audiences. Que ça soit un petit ou un gros projet de loi, c'était
toujours une posture, du point de vue gouvernemental, qui était hyperconcentrée
pour... comme pour aller vite, vite puis sauter le plus vite possible cette
étape-là des audiences parlementaires. Or, elles sont tellement importantes
pour la démocratie, d'une part, pour que les groupes de la société civile se
fassent entendre et se sentent entendus — c'est superimportant, ça
maintient un climat social appréciable — et, d'autre part, pour que
nous, les oppositions, on puisse bien saisir les critiques et les commentaires
faits par les différents groupes et nous aider à préparer potentiellement des
amendements et des questions lors de l'étude détaillée. Et l'étude du projet de
loi n° 14 n'a pas fait exception, malheureusement, il a fallu se battre
pour attirer... pas attirer, pardon, mais réussir à arracher quelques invités
supplémentaires à la partie gouvernementale. C'est un peu harassant, un peu
gossant, pour utiliser un terme populaire. Espérons que ça ne sera plus le cas
pour la suite.
Le projet de loi n° 14 est une promesse qui
date depuis quand même longtemps. Moi, je me rappelle, dès que je suis arrivé
en fonction, si je ne me trompe pas, les premières études de crédits que j'ai
eues avec le ministre, je lui posais déjà la question : Quand est-ce que
viendra un projet de loi pour l'encadrement des stagiaires? C'est un sujet qui
avait fait couler beaucoup d'encre dans la précédente législature. Les
associations étudiantes avaient même déposé un projet de loi qui s'inscrivait
dans les normes du travail, on y reviendra, avaient déposé un projet de loi
qu'ils avaient rédigé, et ça faisait couler
beaucoup d'encre. Il y avait même eu des tentatives de grève dans les campus
sur ce sujet-là. Bref, le sujet était fort. Tout le monde avait réussi
à... Ils avaient réussi à le mettre au centre de l'actualité et au centre de la
conversation démocratique québécoise, et tous les partis avaient quelque chose
à dire là-dessus.
Donc, on l'attendait, on l'attendait. Bon, il y
a eu d'autres projets de loi entre-temps, dont une petite réforme de la santé
et sécurité au Québec. Je dis «petite» avec beaucoup d'ironie, Mme la
Présidente, parce que j'ai quand même
contribué à ce qu'elle prenne un certain moment à digérer. Mais, voilà, elle
arrive très tard et elle place le mouvement étudiant, d'une part, et
nous aussi, les oppositions, d'autre part, dans un dilemme impossible, à savoir
ce qu'il nous soumet, le projet de faire un régime parallèle, comporte une
tonne d'inconvénients. Je faisais référence, il y a quelques instants, au fait
d'être inscrit dans les normes du travail. C'est là où on s'attendait à
atterrir, à peu près, tout le monde. Tout le monde voulait être intégré aux
normes du travail, c'était la revendication étudiante. Ça nous semblait, là,
l'option la plus évidente. Et là le dépôt du projet de loi du ministre, qu'il a
fait en novembre suite, notamment, à une motion qu'on avait fait adopter, je
pense, en septembre ou octobre, là, pour l'enjoindre à le faire, choisit un
régime complètement parallèle qu'il crée de toutes pièces.
Or, le droit du travail québécois est déjà très
morcelé, ce qui... déjà, ça comporte toutes sortes de défis en soi, notamment
des défis d'interprétation, des défis de connaissance, pour les justiciables,
du droit. C'est des... L'effectivité du droit, vous le savez, Mme la
Présidente, j'en ai parlé dans à peu près toutes les commissions qu'on a eues
ensemble, c'est un principe qui me tient à coeur. Et, si on crée un autre
régime parallèle, qui, en plus, va devoir composer avec le régime actuel de la LNT — ça va être dans mes questions, dans les
premiers articles qu'on va ouvrir, tantôt — comment ça va
fonctionner? Le ministre aura certainement une opinion, puis elle aura son
pesant d'or, si jamais il y a des contestations judiciaires, mais c'est
précisément ça qu'il aurait fallu éviter, un régime un peu compliqué qui se
marie potentiellement mal avec le régime actuel et qui pourrait générer des
complications judiciaires, parce que, vous le savez,
un stagiaire est dans une situation tellement précaire, tellement délicate. Là,
on va donner le droit, potentiellement, à des tiers de gérer une
plainte, on verra les détails de l'amendement du ministre, c'est une bonne
chose. C'était réclamé par plusieurs groupes, par moi-même aussi, mais il
aurait fallu régler ça en amont, avec une intégration pleine et entière aux
normes du travail.
Donc,
moi, je me désole que ça n'a pas été le choix du gouvernement. Je me désole que
le fait de déposer aussi tardivement dans le mandat ce projet de loi là met les
associations étudiantes devant un dilemme impossible, parce que, si les
associations étudiantes avaient voulu garder, en quelque sorte, la cohérence de
leurs demandes, à savoir l'intégration pleine et entière dans les normes du
travail, bien, ils savaient très bien qu'en réclamant ça, ça allait faire
tomber le projet de loi et qu'il n'y en aurait pas d'autre qui serait déposé
avant la fin de la législature, et, comme on s'en va en élection, vous le savez
bien, Mme la Présidente, ça voulait dire que ce dossier-là des stages aurait
été reporté aux calendes grecques parce
qu'on ne sait pas ce qui va arriver aux élections, on ne sait pas quel parti va
être élu. Est-ce que ça va être sur
le haut de la pile? On peut certainement en douter. Alors, ils étaient placés
devant un dilemme impossible : soit
on prend, à la limite, cette demi-mesure ou soit on n'a rien, potentiellement.
Alors, face à ce dilemme impossible, je pense qu'avec beaucoup de sagesse ils ont choisi de prendre ce qui est
sur la table, puis on va essayer de le bonifier. C'est l'engagement que j'ai pris pendant le discours,
là, de première lecture au salon bleu, et on va aller au bout de cette
logique.
• (10 h 10) •
Peut-être un extrait
pour fermer la parenthèse LNT, là, un des groupes qu'il a fallu se battre, là,
pour les entendre, justement, les professeurs de l'université, dont
Me Dalia Gesualdi-Fecteau, dans leur super mémoire, à la page 17, je
vous lis juste un petit paragraphe rapidement : «Si le p.l. n° 14
bonifie les protections conférées aux personnes effectuant un stage
d'observation, il en est autrement pour d'autres types de stages. Comme
mentionné, certains stages d'acquisition ou de mise en oeuvre de compétences
sont de longue durée, rémunérés et impliquent un lien de subordination
substantiel entre la personne effectuant le stage et le milieu de stage. Ces
stagiaires sont susceptibles d'être reconnu-e-s comme des personnes salariées
au sens de la LNT. Même si le p.l. n° 14 prévoit
qu'"une disposition [...] d'une autre loi peut avoir pour effet d'accorder
à un stagiaire une condition de réalisation de stage plus avantageuse qu'une
norme prévue [à] la présente loi" — fin de la citation — il
reste que le p.l. n° 14 introduit de la confusion en
visant indistinctement tous les stagiaires.»
Alors, je ne sais pas
si ça va être quelque chose qu'on va être capables de clarifier avec l'étude
détaillée. Je le souhaite, mais ça résume un peu la pensée que je vous tenais,
là, il y a quelques instants, à savoir : Pourquoi avoir créé un régime
parallèle? Ça fait de la confusion. Un stagiaire va-t-il devoir se demander
s'il peut cadrer dans les normes ou pas? Est-ce à lui de décider ça? Je trouve
qu'on s'est magasiné beaucoup de problèmes pour pas grand-chose, alors qu'on
avait une solution très simple, qui était d'inclure les stagiaires dans les
normes du travail, ce qui était leur revendication originale.
Outre ça, Mme la
Présidente, comme je le disais, il y aura beaucoup d'autres éléments. Là, le
ministre a nommé rapidement les différents amendements qu'il veut placer, je
n'ai eu pas le temps de tous les noter. Peut-être que, tantôt, à l'article 1,
on pourra en rediscuter pour être bien sûr que j'ai compris où il s'en allait.
Parce que j'aime bien ça... puis là-dessus je le salue, le ministre, là, c'est
un des rares ministres de ce gouvernement qui a eu la bonne habitude de déposer
ses amendements en ouverture. Ça nous aide beaucoup, les oppositions, à bien
comprendre où on s'en va, à en préparer ou pas, hein? Nous, en prévoyance de ce
qui s'en vient, à la place de préparer un amendement, des fois on prépare un
sous-amendement ou, s'il n'y a rien, justement, bien là, on en prépare un vrai.
Alors, ça, c'est vraiment une belle pratique, et je salue le ministre pour
avoir tenu cette ligne-là depuis le début qu'on travaille ensemble. Je pense
que c'est notre sixième... cinquième ou sixième projet de loi ensemble. Six,
vous les avez comptés? Sixième et dernier, peut-être? On ne sait pas trop. On
ne sait pas trop s'il y aura un nouveau projet de loi, d'ici la fin de la
législature, déposé par le ministre du Travail, ce sera à suivre.
Ce qui est certain,
donc, c'est qu'on aura des amendements intéressants à discuter, des sujets
intéressants, aussi, à discuter. On parle des faux stages, on parle de
l'intégration... pas de certains droits de la LNT qui ont... qui sont laissés
dans la LNT, mais qui ne sont pas ramenés dans le projet de loi du ministre,
et, certainement, à travers tout ça aussi, une conversation plus générale sur
la rémunération de l'ensemble des stages, c'est l'angle mort. Le ministre
l'assumait, en déposant son projet de loi, que ce n'était pas ça qu'il allait
régler. On comprend bien que c'est un truc beaucoup plus large et complexe, là,
que le projet de loi n° 14. Cela dit, ça faisait évidemment partie des
revendications étudiantes, la rémunération de tous les stages. Force est de
constater que ça sera... que ça n'aura pas été traité de manière frontale par
le présent gouvernement, malgré ses quatre ans. J'espère qu'à travers le projet
de loi on aura lieu d'échanger un peu sur la
vision du ministre. Qu'est-ce qu'il entend faire, potentiellement, dans le
futur avec ce sujet-là? Qu'est-ce qu'il nous suggère de faire? Un
éventuel gouvernement solidaire, par exemple, pourrait bénéficier de ses
lumières sur l'encadrement des stages... de la rémunération des stages, pardon,
pour les prochaines années.
Alors,
voilà, Mme la Présidente. Comme je le disais, c'est peut-être notre dernière
étude détaillée, on ne le sait pas. Si c'est le cas, on aura beaucoup
travaillé ensemble. Je prends l'engagement de ne pas passer 193 heures sur le
p.l. n° 14 comme on l'a fait sur le p.l. n° 59. Ce sera ma promesse du jour, Mme la Présidente, et
je vous laisse là-dessus. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Alors, nous
poursuivons avec le député, cette fois-ci, du troisième groupe de l'opposition
et porte-parole en matière de l'éducation... du travail, pardon, le député de
Jonquière. À vous la parole.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Pour combien de...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : 20 minutes.
M. Gaudreault :
O.K. Merci, Mme la Présidente.
Je veux saluer, à mon tour, les collègues qui
sont ici, des différents partis, vous saluer également, Mme la Présidente,
saluer les personnes qui nous accompagnent de tous les côtés.
C'est effectivement un projet de loi très, très
important, très attendu, qui manifeste une avancée certaine pour la protection
des droits, dans ce cas-ci, des stagiaires. C'est ce que je trouve intéressant
dans notre travail, c'est quand on est capables d'avoir des projets qui
marquent vraiment une avancée sociale, qui ne sont pas juste, disons, des
changements à la marge, ou une mise à jour, ou une modernisation. Là, on a un
élément nouveau dans le corpus législatif pour faire avancer les droits.
Ceci étant, ça peut sembler être des fleurs à
l'égard du gouvernement, mais, vous me connaissez, Mme la Présidente, il y a
toujours un pot pas loin, là. Donc, je reconnais cette avancée, je reconnais
qu'il y a du droit nouveau pour la
protection des stagiaires, mais ça manque d'ambition. On aurait pu aller plus
loin à plusieurs égards, je vais y revenir tout à l'heure.
J'ai bien entendu les commentaires du ministre
sur trois projets d'amendement que nous aurons à discuter, notamment les congés
de longue durée. Les procédures de plainte, moi, ça, ça me préoccupait
énormément, là, les procédures pour faire acheminer des plaintes, surtout dans
un contexte où il y a quand même une relation hiérarchique entre un employeur,
disons, et le stagiaire. Et j'entends également une proposition d'amendement
éventuel du ministre sur un rapport de mise en oeuvre du projet de loi... de la
loi. Je sais que c'était un combat mené par le collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, que je partage. Ce n'est pas le collègue que je
partage, mais c'est le combat que je partage, du collègue, sur les rapports de
mise en oeuvre. Il y a plusieurs lois qui contiennent ce type de rapport de
mise en oeuvre, notamment la loi sur les véhicules zéro émission, qui contenait
un rapport de mise en oeuvre, et le rapport est extrêmement éclairant pour la
suite des choses.
Donc, j'entends très bien ces trois projets
d'amendement. Évidemment, nous jugerons l'arbre à ses fruits. Nous verrons la
nature, le libellé précis des amendements, mais il reste, je dirais, des
questions, et que nous aurons à discuter minimalement, voire peut-être à
amender également, notamment la question... le fameux dilemme, là, un peu
cornélien entre la Loi sur les normes du travail et ce régime à part pour les
stagiaires. Je vous avoue que, d'emblée, moi, mon réflexe dans pareilles
circonstances, c'est de couvrir par un régime général comme la Loi sur les
normes du travail, qui est bien connu, bien reconnu, bien appliqué au Québec...
de couvrir les stagiaires. Moi, je veux entendre, vraiment, le ministre là-dessus
quand on va arriver dans ces articles-là pour voir quelle est sa véritable
analyse là-dessus. Il nous a dit, déjà : Ah! c'est pour plus de
flexibilité. Bon, «flexibilité», c'est devenu un peu un «buzzword» qu'on
utilise à plein d'égards, alors il va falloir qu'il nous explique en quoi c'est
vraiment plus flexible pour les stagiaires d'avoir une loi à part plutôt que
d'être intégré dans la Loi sur les normes du travail, puis là on verra comment
on se positionnera précisément là-dessus.
Moi, j'ai également appris en vieillissant, puis
ma mère me disait ça souvent aussi : Un tiens vaut mieux que deux tu
l'auras. Donc là, on a une avancée importante pour les stagiaires avec le
projet de loi. On peut ramasser nos billes, quitte à dire : Bien, il est
imparfait, parce que, comme le disait le député de Hochelaga-Maisonneuve, on
est en fin de législature, alors on n'a pas l'économie... on n'a pas la chance
ou l'opportunité... je ne sais pas si c'est une chance, mais, en tout cas, on
n'a pas l'opportunité de dire : Bien, on va attendre après l'été, on va
commencer à étudier le projet de loi, puis on pourra le reporter à la prochaine
session. Là, on est un peu le couteau ici parce qu'il y a un délai qui tombe
qui est la fin de la session parlementaire, ce printemps. C'est pour ça que je
vous dis : Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras.
Donc, est-ce qu'on ramasse nos billes pour la
protection des stagiaires, minimalement, quitte à dire : Bien, ça aurait
été préférable de les mettre sous la Loi sur les normes du travail? Mais là
est-ce qu'on mène cette bataille-là, quitte à prolonger l'étude du projet de
loi, puis qu'on ne soit pas capable de l'adopter? C'est tout ça qu'on doit
mettre... Moi, en tout cas, j'ai une approche très pragmatique pour ce type de
débat là. Alors, il faudra faire le débat puis il faudra voir aussi... parce
qu'il y a déjà des stagiaires qui sont couverts par la Loi sur les normes du
travail, alors il va arriver quoi, là, avec eux? Avec l'adoption de la nouvelle
loi, il ne faut pas qu'ils tombent dans un vide juridique ou entre deux
chaises.
Bon, deuxièmement, dans les questions pendantes,
il y a l'enjeu des compensations, des revenus ou des salaires des stagiaires.
Je viens de lire encore le communiqué de presse conjoint qui a été émis par
Force Jeunesse, mais également avec l'Union
étudiante du Québec et la Fédération étudiante collégiale du Québec, où ils
insistent particulièrement sur sur l'enjeu des compensations ou des
rémunérations des stagiaires, surtout dans un contexte, comme ils disent, de
pénurie de main-d'oeuvre. Alors, il ne faut pas que ça devienne du «cheap
labor».
• (10 h 20) •
Puis l'autre enjeu, moi, qui vient me chercher
profondément, c'est la question, encore une fois, des iniquités entre... dans
le genre, là, entre les hommes et les femmes. Les stagiaires... Les stages à
prédominance féminine dans les métiers à prédominance féminine sont encore plus
souvent sous-traités ou sous-rémunérés que les stages à prédominance masculine.
Je veux dire, juste le dire, là, puis, je trouve, c'est inacceptable qu'on soit
obligés de dire ça en 2021. J'en rencontre moi-même, là, des stagiaires, dans
ma circonscription ou ailleurs, dans mon entourage, quand c'est dans des secteurs à prédominance féminine,
bien, ah! ils ne sont pas payés, puis, dans la prédominance masculine...
Je ne vous dis pas qu'ils sont tous payés,
dans les stages à prédominance masculine, mais il y en a plus qui sont payés.
Donc, moi, je veux qu'on agisse en amont pour éviter de répéter, dans le milieu
des stages, des iniquités qui existent au niveau social ou au niveau global,
puis, si on veut changer ça, bien, il faut agir dès le stage.
Alors, est-ce que la compensation peut être une
façon de corriger ça? Bien, l'Union étudiante, la Fédération étudiante
collégiale et Force Jeunesse disent que oui. Est-ce qu'il y a moyen de regarder
pour des programmes qui viennent soutenir les
entreprises, comme les PME, par exemple, qui ont peut-être un peu moins de
moyens ou les organismes communautaires? Parce que, par exemple, en travail
social, les stagiaires sont souvent dans des organismes communautaires, mais,
forcément, les organismes communautaires ont moins de moyens que les organismes
privés, disons, ou les entreprises privées. Alors, il y a ça aussi, hein? C'est
un système, là, qui fait en sorte que les milieux où il y a moins de rémunération sont les milieux plus à prédominance
féminine, qui sont aussi des milieux plus communautaires. Ça fait qu'on
reste dans la même poutine, là. Il faudrait qu'on casse ce cercle vicieux pour
faire en sorte de soutenir les stagiaires, au final.
Une autre question, également, qui n'a pas été
abordée — en
tout cas, je ne l'ai pas entendue, là, ce matin, dans les remarques
préliminaires — c'est
les conventions de stage. Il y a déjà des guides qui existent par le ministère
de l'Enseignement supérieur, et, pour moi, la question de la convention des stages
m'apparaît importante. On va voir, ce n'est pas exclu qu'on présente un
amendement là-dessus pour obliger les conventions de stage via le projet de loi
n° 14. Et là-dessus j'invite le ministre à s'inspirer du modèle français.
Nous, en tout cas, on l'a consulté, là, puis les Français sont très en avance
sur la question de la protection des stagiaires, puis il y a des modèles de...
En tout cas, ils prévoient obligatoirement,
là, des conventions de stage, alors on pourra regarder ça, dans le modèle français.
Puis il y a d'autres — là, je m'entends en écho, alors j'ai
l'impression d'être dans une quatrième dimension — éléments qui peuvent
nous inspirer, également, dans le modèle français, entre autres, justement, sur
les compensations et les salaires, là, des stagiaires.
L'autre enjeu, je ne me souviens plus si c'est
le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve ou de Viau qui en a parlé, c'est sur la
question des faux stages. Alors, ça, c'est important, également, d'au moins
poser la question sur les faux stages, donc, des stages, mais qui ne sont pas
associés à l'accession à un ordre professionnel ou un cheminement académique,
mais qui sont néanmoins stagiaires, c'est comme hybride. Alors, on fait quoi
avec ce régime-là? Je pense qu'il faut poser la question, minimalement, puis
avoir des réponses.
En gros, c'est pas mal ça, Mme la Présidente.
Alors, nous... Je pense que le ministre a peut-être moins d'expérience avec moi
qu'avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve, là, dans l'adoption des projets de
loi ou dans l'étude des projets de loi, mais je vais le... je peux l'assurer de
ma collaboration et du fait que nous voulons vraiment nous assurer, là, d'avoir
un régime qui va permettre, à tout le moins, de commencer une protection plus
forte des stagiaires au Québec. J'ai été stagiaire, il a été stagiaire,
plusieurs personnes ici ont été stagiaires, et on sait à quel point c'est
important dans la formation d'attitudes professionnelles, dans la compréhension
des différents enjeux dans des milieux de travail, dans les développements
d'attitudes professionnelles, de pratiques, de comment s'insérer, par exemple,
dans un milieu de travail.
Voilà, je pense qu'on a fait un bon tour de la
situation. Alors, moi, à ce stade-ci, bien, je vais être prêt, avec les
collègues, évidemment, à entamer l'étude du projet de loi. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci, député de Jonquière.
Oui, député de Viau, vous aimeriez...
M. Benjamin : Bien, écoutez,
j'aimerais tout simplement rappeler... conformément à l'article 245 de notre
règlement, donc, je demanderais que ce projet de loi soit étudié article par
article, alinéa par alinéa, paragraphe par paragraphe, voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Je me demandais ce que vous vouliez. Parfait, ce sera ça.
Avant ça, je veux savoir est-ce qu'il y a
d'autres députés qui aimeraient faire des remarques préliminaires. Il n'y a pas
d'autres députés? Merci.
Avant de débuter, justement, l'étude article par
article, y a-t-il des motions préliminaires? Il n'y en a pas.
Étude détaillée
Alors, nous avons bien entendu le député de
Viau, nous allons respecter cette procédure.
M. le
ministre, vous êtes prêt à prendre en considération l'article 1, mais je crois
que le député d'Hochelaga-Maisonneuve avait souhaité, peut-être, que
vous répétiez les cinq amendements que vous avez préparés. Ça vous convient?
M. Boulet : Oui, tout à fait,
avec plaisir.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci.
M. Boulet : Donc, à l'article
1, évidemment, il y a les définitions des concepts qui sont utilisés dans le
projet de loi, puis il y en a un qui est utilisé dans certains articles, c'est
la notion de conjoint et... on rajoute la notion de conjoint, et je vais la
définir après... je vais l'amender, soumettre mon amendement tout à l'heure, et
c'est exactement la même définition qu'on retrouve à la Loi sur les normes du
travail. Ça, c'est le premier amendement.
Le deuxième, c'est pour... bon, on réfère
souvent à la relation tripartite, là, mais pour s'assurer que l'établissement
d'enseignement ou l'ordre professionnel puis l'employeur, évidemment, là où se
fait le stage, ait aussi l'obligation de prendre les moyens raisonnables pour
accommoder un stagiaire qui doit s'absenter... Et là j'ai identifié les congés
de longue durée qui sont dans la Loi sur les normes du travail à des fins
pédagogiques et pour s'assurer du respect de cette obligation-là et du respect
aussi des droits qu'auront les stagiaires.
Le
troisième amendement, c'est la possibilité qu'une plainte puisse être adressée
pour le compte d'un stagiaire par un organisme sans but lucratif de défense des
droits des étudiants, bon, on en a parlé.
Le quatrième, je
pense que c'est un pendant... une plainte peut aussi être adressée, mais pour
le compte d'un ou de plusieurs stagiaires,
donc, c'est le quatrième amendement, mais qui est de même nature, par un
organisme sans but lucratif de
défense des droits des étudiants, ou une association, ou un regroupement d'associations
d'élèves ou d'étudiants.
Puis enfin le
dernier, c'est l'obligation pour le ministre de faire au gouvernement un
rapport de mise en application après cinq ans, dans les 30 jours, là,
évidemment, là, vous connaissez...
Donc, ça couvrirait
les amendements suite aux consultations particulières.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Député d'Hochelaga.
M. Leduc :
Pour bien comprendre le quatrième, dans le domaine des plaintes, là, il y en
avait deux, le fait qu'un stagiaire puisse se faire appuyer pour le dépôt d'une
plainte par une association, après ça, l'autre sur la plainte, est-ce que j'ai
compris que c'est un genre de plainte collective?
M. Boulet :
Bien, pour le compte d'un ou de plusieurs stagiaires, oui, comme ça avait été
évoqué, notamment, lors des consultations particulières.
M. Leduc :
Puis comment ça serait traité par le TAT, une plainte collective? Est-ce que ça
serait comme plusieurs plaintes individuelles, des dossiers individuels?
M. Boulet :
Bien, c'est des plaintes de même nature, là. Si tu as quatre stagiaires qui
sont dans un même milieu de travail puis qui veulent obtenir un redressement ou
dont les stages ont été affectés par l'exercice de droits, bien là, ils peuvent
faire une plainte, puis l'organisme les représente.
M. Leduc :
Puis peut-être c'est moi qui est moins familier, mais est-ce que, dans le fond,
dans les normes actuelles, la CNESST peut
faire ça pour, je ne sais pas, moi, un mauvais paiement? S'il y a quatre
personnes, quatre salariés qui sont mal payés puis qui font une plainte
aux normes, est-ce que la CNESST dépose une plainte collective, dépose quatre
plaintes distinctes, puis le TAT, après ça, va...
M. Boulet :
C'est les quatre plaintes. Ceci dit, il n'y a rien qui empêcherait, tu sais,
dans une rencontre de conciliation, médiation, préaudience au TAT, aux
personnes de se regrouper puis de faire une rencontre de médiation commune,
mais les droits s'exercent de façon individuelle. Là, on n'est pas dans un contexte
de rapport collectif.
M. Gaudreault :
Mme la Présidente, je veux juste... Là, on est où, là?
M. Boulet :
Bien, c'étaient juste des explications préliminaires des amendements à venir
que...
M. Gaudreault :
Oui, mais moi, je ne les vois pas, les amendements, là. Ça fait que, si on
commence la discussion sur les amendements, on va le faire correctement, là.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : D'accord, d'accord.
M. Boulet :
Je suis d'accord, mais c'était pour donner des explications additionnelles au
collègue.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est ça, c'est qu'il avait expliqué, tout à
fait. Alors, ça vous va, député d'Hochelaga-Maisonneuve? On va plutôt commencer
article par article.
M. Leduc :
Oui, il n'y a pas de problème. Peut-être une dernière question d'intendance,
est-ce qu'on... à défaut d'avoir le libellé des amendements, est-ce qu'on peut
savoir où est-ce qu'ils viennent, exactement?
M. Boulet :
Oui, bien, le premier vient à l'article 1...
M. Leduc :
Ça, j'avais compris, oui, dans la définition.
M. Boulet :
...la définition de «conjoint»; le deuxième, pour les moyens raisonnables, pour
l'accommodement, c'est l'article 4;
ensuite, la représentation d'un stagiaire, articles 21 et 26; puis le
rapport de mise en application, c'est 38.1.
M. Leduc :
Les dispositions finales.
M. Boulet :
Oui, exactement.
M. Leduc :
Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : C'est bien. Alors, merci. Merci, M.
le ministre. Est-ce que vous êtes prêt à faire la lecture de l'article 1?
M. Boulet :
Oui, bien sûr.
Donc,
l'article 1 du projet de loi n° 14 visant à assurer la protection des
stagiaires en milieu de travail :
«Dans la présente
loi, à moins que le contexte n'indique un sens différent, on entend par :
"commission" :
la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du
travail;
"convention" :
un contrat individuel de travail, une convention collective au sens du
paragraphe d de l'article 1 du Code du travail ou toute autre entente
relative à des conditions de travail ou à des conditions de réalisation de
stages, y compris un règlement qui donne effet à une telle entente;
"employeur" :
toute personne, toute société ou toute autre entité qui, dans le cadre de ses
activités, accueille un stagiaire aux fins de la réalisation d'un stage;
"stage" :
toute activité d'observation, d'acquisition ou de mise en oeuvre des
compétences requise pour l'obtention d'un permis d'exercice délivré par
un ordre professionnel ou s'inscrivant dans le cadre d'un programme d'études ou
de formation de niveau secondaire, professionnel, collégial ou universitaire,
qui est offert par un établissement d'enseignement et qui mène à l'obtention
d'un diplôme, d'un certificat ou d'une attestation d'études;
"stagiaire" :
toute personne, salariée ou non, qui réalise un stage auprès de son employeur.»
Commentaires :
Cet article, bon, comme je l'ai mentionné, vise à définir certains termes qu'on
retrouve dans la loi. Ces définitions visent non seulement à clarifier
certaines notions prévues dans cette loi, mais également à délimiter en partie
le champ d'application de celle-ci.
Et j'ai un
amendement. Est-ce qu'on... je peux soumettre tout de suite?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui, allez-y. On va le mettre en ligne avant.
Attendez qu'on soit... qu'on puisse le mettre à l'écran.
M. Boulet :
...au bureau du greffier.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Vous aimeriez...
D'accord, on va
suspendre quelques instants, dans ce cas-là.
(Suspension de la séance à 10
h 33)
(Reprise à 10 h 39)
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
M. le ministre, nous nous sommes prêts. Vous lisez votre amendement,
s'il vous plaît, à l'article 1.
M. Boulet :
Oui, bien sûr. Puis peut-être, juste avant de débuter, informer les
collègues que j'ai déposé tous les amendements dont j'ai fait état, donc ils
sont tous au bureau du greffier.
Donc, l'amendement à
l'article 1, Mme la Présidente... excusez-moi :
À l'article 1 du
projet de loi :
1° insérer, selon
l'ordre alphabétique, la définition suivante :
«"conjoint":
les personnes :
«a) qui sont liées
par un mariage ou une union civile et qui cohabitent;
«b) de sexe différent
ou de même sexe, qui vivent maritalement et sont les père et mère d'un même
enfant;
«c) de sexe différent
ou de même sexe, qui vivent maritalement depuis au moins un an.»;
2° ajouter, à la fin,
l'alinéa suivant :
«Les personnes visées
par la définition de conjoint du premier alinéa continuent de cohabiter malgré
l'absence temporaire de l'une d'elles. Il en
va de même si l'une d'elles est tenue de loger en permanence dans un autre lieu
en raison de son état de santé ou de
son incarcération, sauf si le stagiaire cohabite avec un autre conjoint au sens
de cette définition.»
Commentaires :
Bon, ça vise à définir, comme je l'ai mentionné plus tôt, la notion de
conjoint, laquelle est utilisée aux articles 11 à 14 de la loi sous étude, puis
c'est calqué, bien sûr, sur le paragraphe 3° puis au dernier alinéa de
l'article 1 de la Loi sur les normes du travail. Merci, Mme la Présidente.
• (10 h 40) •
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Y a-t-il des interventions? Député de
Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente.
Donc, sur
l'amendement, en fait, quelques, peut-être, précisions que je demanderais au
ministre. Donc, est-ce que la notion de conjoints de fait... Éclairez-moi,
donc, on ne parle pas de conjoints de fait, là-dedans, donc on ne parle que des
conjoints mariés ou en union civile?
M. Boulet :
Oui, c'est exactement la même définition que dans la Loi sur les normes du
travail. Donc, ils sont liés par un mariage, oui, ils peuvent être de sexe
différent ou de même sexe et ils vivent maritalement. Donc, ça comprend aussi
de sexe différent ou de même sexe.
Je
ne comprends pas, vous voulez dire une union de fait?
M. Benjamin :
Bien, en fait, je...
M. Boulet :
À c, on le dit clairement, là, «qui vivent maritalement depuis au moins un an».
Donc, ça n'a pas besoin d'être dans un contexte de mariage ou d'union civile,
ça peut être des conjoints de fait.
M. Benjamin :
Donc, ça peut être des conjoints de fait. Parfait.
L'autre question que
je soumets au ministre, dans un contexte où la société évolue, donc les lois
aussi doivent évoluer, est-ce que... quand on parle des sexes, des personnes,
dans l'amendement qu'on a devant nous, on dit «de sexe différent ou de même
sexe, qui vivent maritalement», voilà, est-ce que cette définition-là, pour vous,
pour vous, M. le ministre, inclut tous les statuts, toutes les identités
sexuelles?
M. Boulet :
Ma compréhension, oui.
M. Benjamin :
D'accord.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est beau?
M. Benjamin :
Merci. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Y
a-t-il d'autres interventions à l'amendement? Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Bien, peut-être nous rappeler pourquoi on avait choisi une définition
différente, à l'origine, plutôt que celle, si j'ai bien compris, qu'on
reproduit dans les normes du travail.
M. Boulet :
Il n'y en avait pas, il n'y en avait pas. On n'en avait pas, de définition
de conjoint à l'article 1. Mais, comme ce concept-là est utilisé aux articles
11 à 14, on a cru bon de le définir clairement. Donc, c'est un ajout.
M. Leduc :
Mais c'était, à l'origine... Je vais reformuler ma question, dans ce
cas-là. Est-ce que c'était un oubli ou c'était volontaire que ce n'était pas
là?
M. Boulet :
C'est vraiment une omission.
M. Leduc :
O.K. Parfait.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Y a-t-il d'autres interventions? Député
de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, merci, Mme la Présidente.
Bien, je comprends
qu'on veut faire du copier-coller sur la définition de conjoint avec ce qui est
dans la Loi sur les normes du travail pour ne pas se casser la tête, là, mais,
très franchement, je ne sais plus pourquoi on amène la notion de sexe différent
ou de même sexe. Je veux dire, c'est deux personnes qui vivent maritalement,
ils sont les père et mère d'un même enfant ou qui vivent maritalement depuis au
moins un an. Je veux dire, ça n'a plus de rapport, là, de dire «de sexe»... «de
même sexe ou de sexe différent», là, c'est...
Puis là, en plus, ça
risque d'être remodifié par le projet de loi je ne sais plus quoi, là, du
collègue... du ministre, c'est le projet de loi... pas 1... 2, le projet de loi
n° 2. Je ne sais pas s'il va y avoir des impacts avec
le projet de loi n° 2, là, sur l'identité de genre,
et tout. Parce que probablement que, là, on importe de la Loi sur les normes du
travail une modification qui a été faite je ne sais plus en quelle année pour
s'assurer de couvrir des conjoints de même sexe, mais c'est comme un
reliquat... c'est comme un reliquat, là, on n'a plus besoin de préciser ça. Tu
sais, à partir du moment où on dit «deux personnes qui vivent maritalement», on
n'a pas à préciser dans la loi qu'ils sont de même sexe ou qu'ils ne sont pas
de même sexe, c'est deux personnes puis c'est correct, là.
En tout cas, je ne
ferai pas une bataille là-dessus, là, je veux juste faire relever le fait que,
de mentionner «de même sexe ou de sexe
différent», je trouve ça obsolète, d'une certaine manière. Je ne pense pas que
ça change grand-chose. Dans le fond, la vraie nuance entre b et c, c'est
qu'ils sont les père et mère d'un même enfant ou qu'ils vivent maritalement
depuis au moins un an. C'est ça, la vraie différence, là. Le fait qu'ils soient
de même sexe ou pas, on s'en fout, là, tu
sais. C'est deux personnes, tu sais, deux personnes. Puis, à la limite, ça sert
à quoi, aujourd'hui, d'indiquer qu'on est de tel sexe ou de tel autre?
En tout cas, voilà, c'est une réflexion philosophique, là, que je vous partage.
M. Boulet : Non, mais que je comprends totalement, là. C'est sûr que les libellés
de textes de loi sont imparfaits, mais, pour assurer une pleine cohésion
avec cette définition-là, qui n'est pas reprise seulement dans la Loi sur les
normes du travail, là, dans plusieurs lois québécoises, là, certainement dans
les lois en matière de travail et de droit social au Québec, mais c'est tout le
temps des définitions un peu imparfaites... Mais je pense que le législateur ou
ceux qui ont contribué à l'élaboration de cette définition-là ont voulu
s'assurer que personne n'était exclu, que tout le monde était inclus. Et ça
pourrait être, un jour, certainement revu, là, évidemment. Puis il y a la
réforme du droit de la famille, là, à laquelle vous faisiez état, là, où il y
aura des incidences, éventuellement.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente.
Donc, enfin, je pense que... Je remercie le
collègue de Jonquière. Donc, ma question, ma première question, justement,
pointait en cette direction. Et j'ai encore devant moi le mémoire de la
Fédération étudiante collégiale du Québec, qui nous a... et je me rappelle
encore, lors de leur comparution au sein de la commission, lors des
consultations particulières, ils nous ont rappelé l'importance d'être sensibles
aux questions de genre, aux questions de genre.
Donc, c'est un projet de loi que nous sommes en
train de faire pour des stagiaires, majoritairement des jeunes stagiaires.
Donc, je me demandais, en fait... c'est une question toute tout amicale que je
soumets au ministre, et, s'il n'y voit pas
une opportunité, justement, à ce stade-ci, d'innover et de pouvoir y donner
suite, notamment aux commentaires émis par mon collègue le député de
Jonquière.
M. Boulet : Bien, écoutez, comme le collègue de Jonquière le
mentionnait aussi, là, on peut faire une discussion sémantique, ce n'est
pas le but, ce n'est pas l'objectif du projet de loi, c'est d'assurer, quant
aux définitions, une cohésion. Puis évidemment il y a des définitions qui sont
nouvelles aussi, là, notamment la notion de stage et la notion de stagiaire,
mais, pour celle de conjoint, je pense que ce n'est pas un débat qui appartient
à notre forum. Notre forum vise essentiellement à s'assurer d'une cohésion dans
l'application d'une loi qui est spécifique à une relation tripartite et qui est
appropriée, là, aux concepts que nous étudions.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Y a-t-il d'autres interventions?
Alors, est-ce que l'amendement déposé par le
ministre à l'article 1 est adopté? Est-ce que l'amendement déposé par le
ministre à l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Adopté. Parfait.
Nous revenons maintenant à l'article 1 tel
qu'amendé. Y a-t-il des commentaires sur l'article 1? Oui, député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
Donc, ma première question, en fait, c'est à la
rubrique de la définition d'employeur. Donc, on dit que c'est «toute personne,
toute société ou toute autre entité». En fait, c'est le «toute autre entité»,
je ne sais pas si M. le ministre peut nous donner un exemple. Parce qu'il me
semble que «toute personne», donc, ça fait référence : personne physique,
personne morale, «toute société», donc, il me semble que ça embrasse assez
large. J'essayais de voir un exemple pour qu'est-ce qui pourrait être «toute
autre entité». Donc, si M. le ministre, peut-être, peut nous éclairer.
• (10 h 50) •
M. Boulet : Ce qui est
important de retenir, c'est qu'on n'est pas dans un contexte de relation
employeur-salarié traditionnel, où c'est une relation qui est bipartite. Là,
ici, on réfère à des responsabilités qui sont partagées, et je veux que ce soit
clair que ce soit analysé sous l'angle d'une relation employeur-employé, mais
bien en relation avec la responsabilité d'accueillir, au sein de ton
établissement ou de ton milieu de travail, un stagiaire aux fins de la
réalisation de son stage, ça fait que ça peut être une autre entité.
Ce concept-là, même si je ne peux pas le définir
de façon tout le temps concrète, là, mais ça peut être... peu importe la nature
de l'entité, ou de l'organisation, ou de l'entreprise, ça peut être une
personne, par exemple, un travailleur autonome, puis ça peut être une société
civile au sens du Code civil ou une autre entité, ça peut être une personne
morale, indépendamment de la nature de la personne morale, ça peut être,
ultimement, une société en commandite, ou une personne, ou une entreprise
incorporée, là, mais c'est peu importe la nature de ton organisation.
M. Benjamin : C'est parce que,
Mme la Présidente, dans la définition qu'on a devant nous, «toute personne»,
évidemment, fait référence à «toute personne physique ou morale», donc ça peut
être un travailleur autonome, donc ça rentrait dans la définition de «toute
personne». Donc, une compagnie, donc, une corporation, ça rentrait dans cette
définition-là. «Toute société», on comprend, mais «toute autre entité», est-ce
que ça fait référence à des... à des entités à l'intérieur d'une entreprise, à
l'intérieur de la même entreprise ou, du moins, ça fait référence à une autre
entité, à une autre personnalité morale ou publique au sens de la loi sur la
publicité légale?
M. Boulet : Je pense que le cas
classique, c'est la fiducie, qui est une autre entité, puis évidemment il y a
des entités d'autres natures qui peuvent être utilisées. L'important, c'était
de s'assurer de couvrir tout. Mais je pense que l'exemple le plus concret que
je peux vous donner, c'est celle d'une fiducie.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions à l'article... Oui, excusez-moi, député de
Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
Sur la deuxième définition, la définition de
stage, je sais que le collègue de... le député d'Hochelaga en a parlé tout à
l'heure, mais je lis la définition qu'on a devant nous, et là j'aimerais
aborder les questions de faux stages avec le ministre. Et je me... je fais...
je soumets au ministre cette définition qui nous a été apportée par les
Pres Marie-Ève Bernier, Stéphanie Bernstein,
maître... Prs Dalia Gesualdi-Fecteau, Gilles Trudeau et Guylaine Vallée, dans
leur mémoire qui nous a été présenté lors des consultations particulières, où
il y a une définition du faux stage très claire. Le faux stage... et, pour le
bénéfice des gens qui nous écoutent, cette définition-là, c'est «un stage non
rémunéré axé sur la réalisation de tâches et qui est effectué à l'initiative du
chercheur d'emploi dans l'objectif d'acquérir de l'expérience de travail. Ce
stage — et
je poursuis, c'est toujours cette même définition là — se
déroule dans une entreprise ou dans un organisme et il n'est pas encadré par un
programme de formation ou un établissement d'enseignement. Le faux stage s'apparente
[...] à une prestation de travail, mais qui n'est pas rémunérée ou rémunérée
sous le salaire minimum. Le faux stage est en quelque sorte une période de
travail préalable à l'embauche ou une forme de préemploi utilisée par un
employeur qui souhaite valider son intérêt pour l'embauche du faux stagiaire.»
Alors, à la lumière de cette définition qu'on a
du faux stage, j'aimerais comprendre en quoi cette définition que le ministre
nous amène pour ce qui est du stage vient répondre, vient endiguer, vient
baliser pour s'assurer au maximum, dans ce projet de loi-là, que les faux
stages ne soient pas inclus.
M. Boulet : Il y a toujours des
débats potentiels, hein, sur la définition d'un stage. Je comprends ce que peut
être un faux stage. Pour moi, ce n'est pas rémunéré, là. Vous disiez que ça
pouvait être rémunéré ou non rémunéré. Si c'est rémunéré, ça peut s'inscrire
dans le contexte d'une relation employeur-salarié, mais il n'y a pas de
relation tripartite. Ce qu'on vise dans notre projet de loi, c'est
véritablement de protéger les stagiaires, ceux qui font des activités
d'apprentissage dans la perspective d'avoir un certificat, ou un diplôme, ou...
et c'est vraiment cette perspective-là, là. Quand on réfère aux 195 000
stagiaires au Québec, c'est ceux qui sont chapeautés ou supervisés par des
centres de formation professionnelle, par des collèges, par des universités,
puis il y a des ordres professionnels.
La définition est extrêmement large, mais...
C'est sûr qu'il y a ce qu'on appelle les faux stages, là. J'ai entendu les
commentaires lors des consultations particulières. C'est sûr qu'il y a des
types de relations qui sont vraiment, pas intuitus personae, là, mais ad hoc ou
particulières qui tiennent compte de réalités qui ne sont pas nécessairement
visées par notre définition, et moi, je la relis, là : «Toute activité
d'observation, d'acquisition ou de mise en oeuvre des compétences pour
l'obtention d'un permis d'exercice délivré par un ordre professionnel ou
s'inscrivant dans le cadre d'un programme d'études ou de formation de niveau
secondaire, professionnel, collégial ou universitaire, qui est offert par un
établissement d'enseignement et qui mène à l'obtention d'un diplôme, d'un
certificat ou d'une attestation d'études.» Donc, oui, il y a peut-être des
types de relations un peu plus obscures ou plus différentes qui ne sont pas nécessairement visées, là, mais c'est un peu flou,
là, comme notion, dans mon esprit, là, ce concept-là de faux stages, là.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente.
Je comprends ce que le ministre vient de nous
dire, mais, encore une fois, je me réfère à ce mémoire très bien fouillé, très
bien documenté des professeurs que j'ai énumérés tout à l'heure, qui, au
contraire du ministre, parle plutôt de
l'ambiguïté du terme «stage» dans le langage courant, qui permet à un employeur
de se soustraire aux normes applicables aux conditions de travail. À cela... Et tandis que la définition qu'ils
nous apportent du faux stage, pour moi, est très claire.
Donc, comment le ministre, comme ministre de
l'Emploi et du Travail, peut... Comment vous, M. le ministre... comment
pouvez-vous vous assurer, par exemple... Est-ce que, selon vous, ça peut
exister, des faux stagiaires?
M. Boulet : Bon, si c'est des
faux stagiaires... Bon, s'il y a une rémunération, ça s'inscrit dans le
contexte d'une relation bipartite employeur-salarié. D'ailleurs, les
associations étudiantes n'ont pas soulevé... en tout cas, ils n'ont pas eu de
recommandation à faire sur la définition de «stage». On a essayé d'avoir une
définition la plus large possible, et le reste, c'est du cas par cas,
j'avouerais au collègue, c'est vraiment du cas par cas, là. Parce que, dans la
définition de «faux stage», que vous définissez tout à l'heure, il y a beaucoup
d'hypothèses, là. Est-ce qu'il est rémunéré ou non? C'est quoi, la nature de
l'entente? Est-ce que c'est dans un milieu syndiqué? Est-ce que c'est dans un
milieu non syndiqué? Je l'ai vu dans des milieux syndiqués ou dans des milieux
non syndiqués. Mais ce n'est pas ce qui est visé ici, c'est vraiment au niveau
professionnel, collégial ou universitaire, c'est ce que tu fais comme activité
d'apprentissage pour avoir un permis d'exercer délivré par un ordre
professionnel ou pour avoir une attestation ou un certificat. C'est ça, le
corridor que nous couvrons dans le projet de loi. Mais d'autres types de
relations, c'est vraiment attaché aux faits et aux circonstances de chacune de
ces relations-là, puis je ne peux pas donner une opinion juridique, là, avec
une définition qui est aussi floue puis large que ça, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ça va? Parfait.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Je comprends le cadre dans lequel le ministre inscrit son argument,
donc, par rapport à la définition de stage, mais j'aimerais peut-être soumettre
au ministre, si vous permettez, Mme la Présidente, qu'il y a, au Québec, actuellement,
toutes sortes de cas de figure qui puissent exister et il y a différents cas de
figure qui peuvent relever aussi de ce qu'on appelle les faux stages, donc,
c'est-à-dire des situations... Comment... Quelles sont les mesures... Par
exemple, est-ce que vous... est-ce que vous avez des actions, au niveau de
votre ministère, que vous portez pour contrer les faux stages?
• (11 heures) •
M. Boulet : Bon, moi, je...
Bon, là, je me rassois dans un bureau d'avocats puis j'ai à donner un conseil
juridique, c'est sûr que j'articulerais ma réponse autour de 122 de la loi. Tu
sais, quelqu'un qui fait faire un faux stage, qui
fait faire une prestation effective de travail, mettons, sans rémunération ou
pour soustraire la personne de l'application d'une loi comme la Loi sur
les normes du travail, bien, il pourrait faire une plainte en vertu de 122
parce qu'il y a un employeur qui essaie de faire
travailler quelqu'un sans le rémunérer, et donc il essaie d'éviter
l'application de droits que la personne aurait normalement eus. Cette
personne-là, si elle a droit à une rémunération, s'il y a un lien de
subordination, puis qu'elle est soumise aux instructions d'un véritable
employeur, puis c'est une relation qui devrait normalement être visée par la Loi
sur les normes du travail, la personne peut faire une plainte, absolument. Puis
ça peut arriver, puis il y a probablement des arrêts de jurisprudence qui le
confirment, puis il y a des articles de la Loi sur les normes du travail,
quelqu'un en période de formation... Tu sais, tu ne peux pas utiliser un
faux... Puis là c'est... il n'y a pas d'établissement d'enseignement, ce que
vous me dites, il n'y a pas d'ordre professionnel, c'est vraiment une relation
entre deux personnes, et il faut la faire définir par un tribunal, dans
certains cas, pour réaliser que celui qui fait travailler le fait de manière à
contourner l'application d'une loi. Moi, je dirais, il y a possibilité de faire
une plainte. Mais, encore une fois, c'est très, très factuel et c'est des
relations vraiment particulières.
M. Benjamin : Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 1 tel
qu'amendé? Alors, on y va avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve, et
ensuite ça sera Jonquière... député de Jonquière, pardon.
M. Leduc : Dans votre définition de «convention», vous
faites référence à un règlement, «y compris un règlement qui donne effet
à une telle entente». Ça serait un règlement qui accompagnerait la loi? Est-ce
qu'on parle du même règlement, ici?
M. Boulet : Ça peut être un
règlement en vertu de la... En fait, on dit «un contrat individuel[...], une
convention collective [...] ou toute autre entente relative à des conditions de
travail ou à des conditions de réalisation [d'un stage], y compris un
règlement». mais ça peut être un règlement en vertu de cette loi-là ou autre,
là, mais je ne vois pas...
M. Leduc : Ou autre? Comme un
règlement, mettons, d'un cégep?
M. Boulet : Oui, par exemple.
M. Leduc : Ou d'une université?
M. Boulet : Oui, ça pourrait
être le cas.
M. Leduc : Donc, un règlement
d'un établissement?
M. Boulet : Bien, un règlement
qui donne effet à une entente.
M. Leduc : Mais est-ce que le
règlement de la loi va donner effet à une entente?
M. Boulet : Non, non, ce n'est
pas le but de ce projet de loi là. C'est un règlement autre qui donne effet
soit à une entente individuelle ou... ce n'est pas dans le cas d'une convention
collective, mais une entente relative à des conditions de travail ou à des
conditions de réalisation de stages.
M. Leduc : Ça ne serait pas
mieux, peut-être, de suspendre, de clarifier, éventuellement de le préciser,
là? Peut-être une suspension, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 03)
(Reprise à 11 h 14)
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
M. le ministre, à vous la parole.
M. Boulet : Donc,
l'explication, je l'ai partagée avec le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve et
pour le bénéfice de tout le monde. Il n'y a pas d'application claire, dans mon
esprit, tu sais. D'ailleurs, dans la Loi sur les normes du travail, on dit tout
le temps «règlement du gouvernement». Ici, on n'a pas mis «du gouvernement»
parce qu'il n'y a pas de pouvoir réglementaire dans le projet de loi n°14, il n'y a pas d'habilitation spécifique.
Donc, les seuls exemples auxquels je peux
référer, c'est... Bon, c'est «une entente — de toute façon — relative
à des conditions de travail ou à des conditions de réalisation de stages, y
compris — puis
je pense que c'est plus large — un règlement qui donne effet à une telle
entente». Est-ce que ça peut être un règlement d'un ordre professionnel? Est-ce
que ça peut être un règlement d'un établissement d'enseignement?
Potentiellement.
Mais ce que je partageais avec le collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, de toute façon, c'est repris, ce n'est pas nouveau, et
ça ne fait que conforter parce que, si c'est un règlement qui doit être fait de
manière à entériner une entente relative à des conditions
de travail ou des conditions de réalisation de stages, je pense, c'est une
protection. Un peu trop fort ne casse pas, je pense que c'est une ceinture et
les bretelles, là, le cas échéant, là, mais c'est la seule explication que je
peux donner. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, bien, je suis
content d'avoir posé la question, on a une clarification intéressante. Moi, je
veux quand même bien comprendre, là, c'est... donc, l'intention du ministre,
puis c'est ce qu'on découvre à travers le projet de loi, c'est de ne pas donner
d'habilitation réglementaire. Or, vous me corrigerez si j'ai une mauvaise
perception, mais j'ai l'impression que la norme est plutôt l'inverse. La
plupart du temps, quand on a une loi, surtout une loi de cette nature-là, on a
un règlement qui l'accompagne. C'est le cas de la LNT, c'est le cas de la santé
et sécurité. On en a jasé en long et en large, des règlements de la santé et
sécurité. Pourquoi avoir fait le choix, dans ce régime parallèle aux normes, de
ne pas le doter également d'un règlement?
M. Boulet : Bien, parce qu'il
n'y avait pas d'habilitation spécifique qui nous venait requérant la
possibilité d'adopter des règlements, là, en vertu de la Loi sur les normes du
travail. Je pense que le cas, l'exemple le plus clair que je peux donner :
le salaire minimum est dans le règlement d'application. Ici, il n'y avait pas
nécessité d'avoir un tel pouvoir réglementaire.
M. Leduc : Donc, s'il y avait,
d'aventure, un nouveau projet déposé par le ministre sur la question de la
rémunération des stages, comme je le disais en ouverture, ne pourrait-il pas y
avoir une application de la rémunération des stages qui pourrait être
intéressante à venir glisser dans un règlement qui accompagnerait son nouveau
régime?
M. Boulet : C'est un autre
débat qui n'appartient pas à notre forum. La rémunération, encore une fois, ce
n'est pas le sujet du projet de loi. C'est
un projet de loi qui confère des droits, qui confère des protections, notamment
à l'égard de l'exercice de droits, qui confère des recours et qui permet
aux stagiaires d'être protégés aussi par des politiques en matière de
harcèlement psychologique et sexuel, et... voilà.
Essentiellement, la rémunération... Puis c'est
un chantier qui est complètement autre, là, parce qu'il y a des stages... la
vaste majorité des stages ne sont pas rémunérés. Puis là ça requerrait,
évidemment, la contribution des ordres professionnels, des employeurs, de mes
collègues à l'Enseignement supérieur puis à l'Éducation. Ça fait que, non, ça
ne serait pas par un pouvoir réglementaire, ça serait, je présume, par un
projet de loi distinct.
M. Leduc : La raison pour
laquelle je vous pose toutes ces questions-là, c'est qu'il y a un choix qui est
fait, puis j'essaie de faire un peu de prospective dans l'avenir s'il n'y a pas
des conséquences... bon, «néfastes», c'est trop fort, comme mot, là, mais
malheureuses de ce choix-là. Dans ce sens que ça veut dire que, si on n'a pas
de règlement, toutes sortes de modifications à ce régime-là... ou de précisions,
devrais je dire, à ce régime-là devront nécessairement passer par un projet de
loi. Puis, on le sait, un projet de loi, c'est beaucoup plus lourd, comme
procédure, qu'une modification réglementaire... qui peuvent être faites plus
rapidement par un décret, là.
Alors, c'est juste que je veux être certain
que... Là, le ministre crée son régime parallèle. Je l'ai critiqué tantôt,
parce qu'il ne s'intégrait pas aux normes. Mais là il se refuse l'outil d'un
règlement qui pourrait venir préciser des choses. Est-ce qu'on a bien réfléchi,
là, à ce qu'on renonce... ce à quoi on renonce, ici?
M. Boulet : Mon approche, moi,
c'est que, quand, dans une loi, on est capable de bien définir des droits, on
n'a pas besoin d'habilitation réglementaire. Et on a toujours un peu lutté
contre l'utilisation parfois un peu trop grande du pouvoir réglementaire, qui
se substitue à ce que nous retrouvons dans une loi, puis ça m'étonne de votre
part. Mais, ceci dit, si on réalise, lors de l'étude détaillée, que des droits
sont mal définis et que vous nous proposez qu'on intègre dans le projet de loi
des habilitations réglementaires, moi, je serai attentif.
• (11 h 20) •
M. Leduc : Je suis étonné de vos commentaires sur le
règlement, au regard de toutes nos discussions sur le p.l. n° 59, mais, voilà, on ne refera pas ces 193 heures de
débat...
M. Boulet : Quand c'est
nécessaire, quand c'est utile et nécessaire, oui.
M. Leduc : Parfait. J'ai bien
compris, donc, votre analyse là-dessus.
J'ai une autre question, peut-être, avant que
mon collègue de Jonquière puisse prendre le relais, sur la question des conventions. À moins que j'aie mal lu, là,
puis vous m'indiquez si je me trompe, et vous ne l'avez pas
nécessairement évoqué dans vos idées d'amendement, vous ne reprenez pas, là, la
demande de rendre les conventions de stage obligatoires,
parce que, si c'était le cas, j'imagine qu'il y aurait eu, peut-être, un peu de
changement de texte ici, dans la définition, là. Vous vous rappelez, les
associations étudiantes, là, elles demandaient que les conventions de stage
soient obligatoires, que ça ne soit pas une option, que ça soit appliqué de
manière systématique. Alors, est-ce que c'est ma compréhension, qu'au-delà de
cette demande-là et de leurs arguments vous n'allez pas là, dans le fond?
M. Boulet : Je pense que c'est
dans la définition puis dans la détermination des tenants et aboutissants des
droits qu'on va voir au fur et à mesure du projet de loi où il y aura
possibilité d'avoir une discussion, là, sur cette notion-là
de convention de stage. Mais les conventions de stage varient tellement d'un
secteur à l'autre, d'un milieu de travail à
l'autre. Il n'y en a pas partout, il y en a plus là où ça vise à obtenir un
permis d'exercice d'un ordre professionnel, mais c'est très, très
asymétrique. Mais ce n'est pas parce que ce n'est pas là qu'on n'en discutera
pas plus tard.
M. Leduc : Je veux bien
discuter, mais je veux bien comprendre, aussi, votre... Au moment où on se
parle, donc, si vous n'avez pas déposé
d'amendement, c'est que vous êtes... vous ne voulez pas aller là. Mais là
est-ce que vous ouvrez une porte pour peut-être y aller? Est-ce qu'on
devrait écrire un amendement ou pas?
M. Boulet : Je n'ouvre pas de
porte. Les conventions de stage, je le répète, c'est très asymétrique, ça
dépend d'un milieu à l'autre. Puis, tu sais, je reprends toujours les propos du
Conseil du patronat, puis de la fédération des collèges, puis du Conseil
interprofessionnel, il y a tellement de variétés de stages, tu sais, si on veut
trop imposer d'obligations d'avoir des
conventions, on vient contredire la flexibilité que le Conseil du patronat
évoquait constamment puis M. Tremblay, aussi, de la fédération des
collèges. Il y en a que c'est compatible avec la nature du stage ou la nature
de l'apprentissage, d'avoir une convention de stage, il y a en a que c'est
devenu une norme, dépendamment des ordres professionnels, mais ce n'est pas
partout qu'il y a des conventions de stage. Il faut s'assurer que notre projet
de loi permet de protéger, de couvrir, de donner des droits, mais pas d'imposer
des nouvelles obligations qui ne sont pas nécessairement concordantes avec le
profil puis, bon, l'environnement d'apprentissage.
M. Leduc : On va peut-être en
rédiger un, finalement, un amendement, Mme la Présidente, on va voir. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci.
Merci beaucoup.
Moi aussi, je voulais intervenir sur la question
des conventions de stage obligatoires ou pas. J'essaie de bien comprendre les
paraboles du ministre. Il n'ouvre pas la porte, mais on dirait qu'il ne la
ferme pas non plus, tu sais, c'est comme... c'est une porte à demi ouverte ou à
demi fermée, je ne sais pas trop, parce que... Bon, je comprends qu'il parle de
flexibilité puis qu'il y a tellement de diversité. Moi, je ne nie pas ça. Un
stage en travail social, ce n'est pas même chose qu'un stage du Barreau puis ce
n'est pas la même chose qu'un stage en soins infirmiers, ou peu importe. Mais
ce n'est pas de ça qu'on parle, ce qu'on dit, c'est que, peu importe le
secteur, il pourrait y avoir, nécessairement, une convention de stage adaptée à
la réalité du secteur.
Bien, en tout cas, première question
là-dessus : Est-ce que le ministre a la même compréhension que moi qu'il
peut y avoir... bien, pas qu'il peut y avoir, qu'il y a effectivement une
grande diversité de milieux de stage, mais que, nécessairement, dans chacune
des relations stagiaires... tripartites stagiaires-employeurs-institutions
d'enseignement, il doit y avoir une convention de stage? Est-ce qu'il est
d'accord avec ça?
M. Boulet : Non, je ne suis pas
d'accord que la convention de stage est compatible avec tous les milieux où
oeuvrent les stagiaires. Je dis, cependant : Là où il y a des conventions
de stage... puis là je ne suis pas un spécialiste des contenus des conventions
de stage, mais, s'il y a un contenu qui confère des conditions supérieures, ce
contenu-là va avoir un effet obligatoire. Mais je pense que... la réponse que
j'essaie de donner clairement : Je ne veux pas qu'on se serve du projet de
loi pour imposer des obligations additionnelles aux employeurs et leur
dire : Il doit y avoir systématiquement une convention de stage.
N'oublions pas que nous, on est familiers, puis
le collègue de Jonquière et moi-même, on est familiers avec des stages beaucoup
plus encadrés du Barreau du Québec, puis les comptables agréés, c'est la même
affaire. Et, dans un contexte comme celui-là, le stagiaire du Barreau, il est
un salarié. Mais, dans la vaste majorité des cas, ils ne sont pas des salariés,
ils ne sont pas rémunérés, puis c'est souvent des stages de deux semaines, de
quatre semaines, d'un mois et demi. Et donc ce n'est certainement pas mon
intention d'imposer à tous les milieux, indépendamment de la nature de
l'apprentissage, l'obligation d'avoir des conventions de stage.
M. Gaudreault : Donc, le
ministre nous dit : Il y a des milieux où il n'y a pas de convention de
stage, c'est un peu une relation de bonne foi, une entreprise qui accepte de
prendre un stagiaire, mais ils ne signent pas de convention. Ça, ça existe?
M. Boulet : Ah mon Dieu! À mon
avis, oui. Puis, encore une fois, sur le terrain puis... Si on prend un centre
de formation professionnelle, à Jonquière, qui reçoit... ça peut être en
alternance travail-études, mais qui reçoit quelqu'un qui apprend un métier x
pour un stage de deux semaines ou de trois semaines, il n'y a pas de convention
écrite. Puis il y en a, des fois, c'est des stagiaires pour devenir une commis
comptable ou une secrétaire administrative, il n'y a pas de convention, mais il
y en a qui ont des ententes.
Ce que je dirais au collègue, c'est que ce qu'il
y a probablement, aussi, c'est des ententes-cadres. Tu sais, mettons, le centre
de formation professionnelle, à Jonquière, il y a peut-être une entente-cadre,
puis tous les stagiaires, mettons, en mécanique ou en soudure, bien, ils sont
soumis à cette entente-cadre-là, mais il n'y a pas des conditions de travail,
nécessairement, mais ça réfère beaucoup plus aux conditions de réalisation de
stages puis les niveaux d'apprentissage. Ça, ces ententes-cadres-là, il y en a
certainement aussi au niveau collégial puis au niveau universitaire. Même
qu'avec les ordres professionnels...
Une voix : ...
M. Boulet : Puis les
stagiaires, oui, dans le milieu de la santé, effectivement. Il y en a beaucoup
que c'est des ententes-cadres, là, mais il n'y a pas de convention individuelle
de stage.
M. Gaudreault : O.K.
Je comprends ça, mais moi, je demeure quand même sur mes gardes, là, entre
guillemets, parce qu'il peut y avoir des ententes-cadres, mais est-ce qu'on
doit leur donner le statut de convention, question de protéger les stagiaires?
Une convention obligatoire, on n'est pas obligé d'être... une thèse de
doctorat, là, tu sais, je veux dire, ça peut être quelque chose de simple, là,
pour les stages de courte durée, de deux, trois semaines peut-être, mais
néanmoins ça prend quand même un minimum, là, d'encadrement.
C'est pour ça, moi... En tout cas, c'est parce
qu'on revient... Tu sais, j'ai regardé le projet de loi, là, puis c'est sûr
qu'on va reparler plus loin... Par exemple, à l'article 6, on parle des
«conditions de réalisation de stages contenues dans la loi», «une disposition
d'une convention ou d'un décret qui déroge à une norme relative est nulle de
nullité absolue», au deuxième alinéa, toujours à l'article 6, on parle
d'une disposition d'une convention, etc., bien, c'est sûr qu'on va reparler de
la question des conventions de stage. Je vois le ministre qui hoche de la tête.
En tout cas, puis je ne veux pas être un
empêcheur de tourner en rond, mais je ne sais pas si on ne devrait pas attendre
un petit peu avant de boucler l'article 1, tu sais, de bien traiter la
question des conventions, parce que, si jamais on a besoin de revenir à la
définition de «convention», tu sais, ça ne nous empêche pas d'avancer, mais...
Parce que, là, il y a une définition qui est mise là, à l'article 1, puis
on pourrait peut-être, tout dépendant de ce qu'on discutera aux autres
articles, se garder une petite réserve pour revenir éventuellement à
l'article 1 sur la définition, entre autres, de «convention». Je ne sais
pas si c'est quelque chose qu'on peut envisager.
• (11 h 30) •
M. Boulet : Bien, c'est une
définition qui est large. À l'article 6, on réfère à la convention telle
que définie à l'article 1. Pour moi, c'est large. Ça ne nous empêche pas
de faire une discussion sur la notion de convention de stage. Et je rappellerai
à mon collègue que c'est défini exactement de la même manière à l'article... à
1.4° de la Loi sur les normes
du travail, tu sais, c'est «un contrat individuel de travail», c'est «une
convention collective ou tout autre — toute autre — entente
relative à des conditions de travail». Pour moi, là, collègue, là, puis on a la
même formation juridique, on limiterait ça à «toute entente relative à des
conditions de travail», ça fait la job.
Puis, dans la Loi sur les normes, on dit «y
compris un règlement du gouvernement». Ici, comme il n'y a pas d'habilitation
réglementaire, on l'a enlevé, mais c'est un concept qui est reconnu, puis, pour
moi, c'est essentiellement tout écrit, que ce soit écrit ou verbal, où il y a des
conditions de travail. Ça fait que, pour moi, ça m'apparaît... Moi, ceci dit
avec réserve, là, je pense qu'on doit adopter cette définition-là, puis après
ça, à l'article 6, on pourra avoir d'autres discussions complémentaires.
M. Gaudreault : Moi, en tout
cas, un peu comme le député d'Hochelaga-Maisonneuve, là, je n'exclus pas de
présenter une motion d'amendement, éventuellement, pour prévoir une convention
de stage obligatoire. Je ne veux pas détailler le contenu de cette convention
de stage, mais je pense que de l'inscrire dans la loi, ça ne serait pas
mauvais.
Deuxième chose sur laquelle je veux intervenir,
c'est dans la définition de «stage», la question de faux stage. Le député de
Viau a commencé à parler de ça. Puis honnêtement je me pose plein de questions
sur ce que c'est, un faux stage. Puis là nous, on a trouvé une offre chez
Pepsi. Bon, on s'entend que Pepsi, là, tu sais, ce n'est pas une binerie, là,
hein, Pepsi, c'est gros. Bon, alors là, on pourra vous le mettre en lien en
ligne, si vous voulez, Mme la Présidente, pour le mettre sur le Greffier, là,
comme document déposé : Stagiaire en ventes chez PepsiCo. Alors, la description de l'emploi : «Intéressé-e à
découvrir d'innombrables possibilités? N'attendez pas! Posez votre
candidature maintenant! PepsiCo Canada Aliments est présentement à la recherche
d'étudiants pour un stage aux ventes. Cette opportunité unique donne aux
étudiants universitaires la possibilité de développer leurs compétences en gestion et en ventes. Au cours du stage, les
participants seront appelés à démontrer leur leadership ainsi qu'une
performance soutenue afin d'assurer leur continuité chez PepsiCo ainsi que le
développement maximal de leurs compétences.»
Bon, ensuite on tombe dans la description :
«Stage — Acquisition
de compétences clés en affaires», blabla, je vous ne fais pas part de tout le
détail, là.
«La première partie de votre mandat consiste à
acquérir des connaissances sur nos activités de première ligne en occupant un
poste de représentant-e des ventes sur la route. Vous serez notamment
responsable de : exécuter les stratégies de vente et le marchandisage,
monter des présentoirs, gérer les stocks et prendre des commandes; utiliser des
compétences de vente fondées sur des faits pour accroître le volume et la
satisfaction des clients; responsable du service à la clientèle pour la route
assignée en exécutant les priorités hebdomadaires et en accroissant l'espace
[des magasins]; selon la route assignée, vous pourriez être appelé-e à faire la
livraison des produits dans un camion de la compagnie — quand
même; faire de la gestion de documents de façon quotidienne; travailler en
équipe avec un responsable.» Bon, ça, c'était la première partie.
La deuxième partie du stage, «vous serez
exposé-e à différents postes de gestion, serez appelé-e à participer dans des projets reliés aux ventes. Le tout avec
l'objectif de parfaire votre développement personnel et votre
compréhension des affaires.
«Qualifications requises — O.K.,
je suis toujours chez Pepsi, là : avoir complété sa première année
d'études en administration ou tout autre domaine connexe.» Moi, je connais des
programmes en administration, entre autres à l'Université du Québec à
Chicoutimi, on pourrait revérifier, là, mais il n'y a pas de stage obligatoire.
De toute façon, quand on dit «tout autre domaine connexe», il peut y avoir
plein de programmes où il n'y a pas de stage.
Bon,
après ça : «Titulaire d'un permis de conduire; compréhension de l'anglais
requise; excellentes compétences en communication et relations
interpersonnelles», blablabla. «Capacité à soulever des charges d'un minimum de
25 livres», c'est dans les compétences
requises. Je pourrais appliquer, je pense, je suis capable de lever
25 livres. Mais, quand même, ça
veut dire qu'il y a une dimension physique importante qui peuvent conduire,
peut-être, à des accidents de travail.
Bon, et type d'emploi, à la fin :
stagiaire. Nulle part — puis
je l'ai lu plusieurs fois — il
n'est fait mention de rémunération puis nulle part il n'est fait mention d'une
relation obligatoire avec une institution d'enseignement, sauf la place où on
dit qu'un des critères c'est d'avoir complété sa première année d'études en
administration. Mais, comme je vous dis, ce n'est pas une obligation
nécessairement dans tous les programmes d'administration de faire un stage. De
toute façon, entre parenthèses, Pepsi nous dit «ou tout autre domaine connexe».
Bon, là, c'est large, «tout autre domaine connexe», ça ne veut pas dire non
plus qu'il y a des stages obligatoires.
Puis moi, je ne suis pas ici, Mme la Présidente,
pour accuser Pepsi, O.K., vraiment pas. J'en bois, du Pepsi, puis je ne suis
pas là-dedans. Mais moi, je trouve qu'il y a apparence de faux stage, puis je
le dis en tout respect pour Pepsi. Je ne suis pas... On n'a pas été plus loin
que ce qui est décrit là, mais il n'y a pas... la rémunération n'est pas
indiquée. Il n'y a pas une relation tripartite avec une institution
d'enseignement. Est-ce que la chose que je viens de décrire — puis
on est prêts à le mettre sur le site du Greffier — ça correspond à la
définition de stage?
M. Boulet : Non, la réponse est
claire. Ce qui nous intéresse dans le projet de loi n° 14, c'est
l'acquisition d'habiletés ou de compétences pour obtenir un permis d'exercice
ou pour obtenir un certificat, donc c'est dans le contexte d'un programme
académique. Ce que vous nous définissez, là... Puis vous le savez aussi bien
que moi, ils auraient pu marquer «président-directeur général», ils auraient pu
marquer «avocat», ils auraient pu marquer «technicien», le titre n'a aucune
importance, dans mon esprit. Ce qui est décrit dans l'appel de candidatures,
c'est clairement un salarié. On lui dit : Tu vas bénéficier d'une période
de probation ou d'une période de formation puis, vous le savez, qui est réputée
être au travail. Donc, il jouit d'une rémunération, c'est un salarié au sens de
la Loi sur les normes du travail. Si c'est un salarié parce qu'il y a un
employeur qui est Pepsi, il y a un lien de subordination, puis c'est un
salarié, il a droit à une rémunération, minimalement le salaire minimum, qui
est dans le règlement d'application de la Loi sur les normes du travail.
Ça fait que, pour moi, ce n'est pas un faux
stage, c'est simplement qu'on n'est pas dans le contexte de notre projet de
loi. Nous, c'est ceux qui étudient pour obtenir des diplômes, c'est ceux qui
veulent compléter un programme académique.
Puis toutes ces relations-là, puis je disais à notre collègue tout à l'heure,
les faux stages, c'est tellement flou comme concept, puis ça fait
référence à une multitude d'autres types de relations qui sont bipartites.
Nous, ce qui nous concerne, encore une fois,
c'est : il y a un ordre professionnel, il y a
un établissement d'enseignement puis il
y a un milieu de travail, puis
c'est ça qui nous concerne, et c'est ça que les associations étudiantes
anticipaient de notre projet de loi.
Mais le Pepsi... puis moi non plus, je ne ferais
pas du... je ne veux pas attaquer Pepsi, là, mais disons que ce dont vous
faites état, je dirais, si j'étais, encore une fois, dans un bureau d'avocats,
c'est une mauvaise utilisation du terme «stagiaire». Et, s'il y a une volonté
de contourner l'application de lois, bien, il y a des recours, puis il n'y a
pas... en tout cas, ce n'est pas un stagiaire, manifestement pas...
M. Gaudreault : Oui, mais moi,
je n'aime pas ça qu'ils utilisent...
M. Boulet : ...puis ce n'est
pas un P.D.G., puis ce n'est pas un technicien.
M. Gaudreault : Non, puis ce
n'est pas un livreur, puis ce n'est pas...
M. Boulet : Non, non.
M. Gaudreault : Mais moi, je
n'aime pas ça qu'ils utilisent le mot «stagiaire».
M. Boulet : Non.
• (11 h 40) •
M. Gaudreault : Je n'aime pas
ça. Je veux dire, je ne sais pas s'il y a moyen de contrôler ça en amont. Puis
je rappelle au ministre, puis il faudrait vérifier, je ne sais pas si Pepsi
nous écoute, mais... puis nulle part ils parlent de rémunération, nulle part.
Tu sais, il devrait y avoir au moins un picot qui dit «salaire minimum», ou
«salaire selon la convention», ou peu importe, puis là, là, je serais plus
d'accord avec le ministre en disant : C'est clairement... tu sais, il y a
une dimension salariale, mais là il n'y a même... ce n'est pas nommé dans l'offre,
c'est quand même curieux.
M. Boulet : Mais, collègue, si
ça répond à la définition de «salarié» qui est prévue dans la loi, la personne
peut bénéficier de... La Loi sur les normes du travail, c'est un seuil, c'est
un minimum qui s'applique, puis c'est une loi d'ordre
public, donc elle s'applique de façon impérative à tout le monde. Ça fait que
ce que les décisions des tribunaux nous enseignent constamment : ne
regardons pas le titre d'un contrat, ne regardons pas le titre en matière
contractuelle, peu importe. Même si on dit : C'est une convention de bail,
mais si ce qui est décrit, c'est de l'emphytéose, ou c'est de la propriété, ou un démembrement du droit de
propriété, il faut lire puis mettre la définition qui s'impose en vertu de la
loi.
Ici, quand on réfère à la notion de stagiaire,
tu ne peux pas prendre ce concept-là puis le détacher de la réalité
contractuelle qui est proposée par Pepsi, et la réalité contractuelle qui est
proposée dans ce que vous me dites, ce n'est pas celle d'un stagiaire, c'est
celle d'un salarié puis... ou c'est un stagiaire salarié, mais il y a une
obligation de payer la rémunération puis il y a une
obligation de respecter les obligations qui sont prévues dans une loi
québécoise sur les normes minimales de travail.
Mais c'est intéressant, c'est la première fois
qu'on me rapporte ce cas-là. Puis je le dis en tout respect pour la compagnie
Pepsi, je trouve curieux, curieux, l'utilisation du concept de stagiaire.
M. Gaudreault : Oui, oui, puis
en plus, là, c'est le titre, hein, de... quand on tombe sur l'offre d'emploi,
là, «stagiaire en ventes». «Stagiaire en ventes, emplacement : à Québec.»
Donc, c'est ici, à Québec. Stagiaire en ventes. Ça fait que, tu sais, c'est
quand même particulier.
Puis j'ai trouvé deux autres choses, mais là
c'est sur le site Québec emploi, là, du gouvernement. Bon, appellation
d'emploi : réceptionniste d'hôtel, à Baie-Saint-Paul. Là, par exemple,
c'est clairement indiqué : salaire minimum... salaire minimal, 17 $,
c'est-à-dire, pas salaire minimum, salaire minimal, 17 $; base salariale,
sur horaire; nombre d'heures, 35, blabla; expérience, un atout; publié le
14 février — c'était
hier; type... puis là on arrive : durée d'emploi,
saisonnier; type d'offre, stage. Pourquoi «stage»? Je veux dire, dans le fond,
c'est un emploi, c'est un emploi comme réceptionniste d'hôtel, mais il
n'y a pas de lien avec les... une institution d'enseignement, que ce soit, par
exemple, l'ITHQ ou quoi que ce soit, là, qui pourrait offrir des trucs en
hôtellerie.
Puis là j'en ai un autre aussi sur le site du
ministère, pour Emploi-Québec... Québec emploi, c'est-à-dire, appellation
d'emploi : technicien radio — puis ça, je connais bien ça parce que
j'ai enseigné, moi, en ATM qui forme des techniciens en radio — pour
la Radio communautaire de Châteauguay, à Châteauguay. Et on arrive à la fin,
bon : salaire minimal, 15,40 $; base salariale, horaire; nombre
d'heures, 40; expérience, un atout. Condition d'admissibilité : La personne intéressée par le poste doit faire
évaluer son admissibilité à la subvention salariale, volet Expérience de
travail, à son centre Services Québec. Donc, c'est parce que c'est une radio
communautaire, ils veulent être admissibles à la subvention salariale, donc là il
y a des critères. Et on arrive à la fin, et, encore là : type d'offre,
stage.
Ça fait que c'est-tu un stage ou ce n'est pas un
stage? Parce que moi, j'ai enseigné, là — en fait, je suis encore
enseignant, je suis libéré de mon emploi le temps que je suis député — en
ATM, puis les techniciens radio, ils ont des stages obligatoires en vertu du
programme d'Art et technologie des médias, si je prends ça. Mais là ce n'est
pas clair, là, il faut que la personne fasse évaluer son admissibilité à la
subvention salariale du volet Expérience de travail.
Ce que je veux dire, Mme la Présidente, là — puis
je ne suis pas là, moi, pour coincer le ministre, ce n'est pas ça, mon
objectif, je veux juste qu'on soit clairs dans ce qu'on fait — c'est-tu
un stage ou ce n'est pas un stage?
M. Boulet : Si, puis je vais y
aller bien, bien simplement, collègue : si c'est dans le contexte d'un
programme académique ou dans le contexte pour obtenir un permis d'exercice,
c'est un stage. C'est drôle, je vous écoutais, puis ça me faisait penser, vous
connaissez aussi toutes les décisions de jurisprudence qui ont été rendues au
Québec pour déterminer si la personne est un véritable travailleur autonome ou
un salarié, puis là on essaie de définir qui contrôle l'exécution quotidienne
du travail, c'est le critère prépondérant. Mais il y a plein d'ententes où
c'est écrit «travailleur autonome» pour les sortir, par exemple, de
l'accréditation syndicale ou pour les considérer comme des travailleurs
indépendants, mais c'est la réalité factuelle qui compte. Puis même au-delà du
type, tu as beau dire : La personne doit faire a, b, c, si elle fait d, e,
f, c'est d, e, f qui va compter devant un tribunal, c'est la preuve des faits.
Donc, dans les cas que vous m'invoquez, bon,
Pepsi, je pense que j'ai été assez clair là-dessus, pour moi, ce n'est pas un
stage, puis, dans l'autre cas, c'est un petit peu plus ambigu, là. Si c'est
dans le contexte d'Art et technologie des médias, le fameux programme donné au
cégep de Jonquière, ça serait... ce serait un stage, sous réserve d'assurer
l'exactitude de ce que vous me lisez, oui.
M. Gaudreault : En fait, ce
n'est pas mentionné dans ce que je vous ai lu, ce n'est pas mentionné, c'est
moi qui dis, en fait : Ça pourrait correspondre à un stage d'ATM, mais ce
n'est pas mentionné là-dedans.
M. Boulet : Tout à fait, ça
pourrait, mais ça pourrait correspondre à un stage dans la mesure où ça
s'inscrit dans ce qu'on donne au cégep de Jonquière, absolument. Mais c'est
pour ça que je dis : Au-delà de ce qui est reconnu, il peut y avoir une
multitude d'utilisations abusives du concept de stagiaire ou du concept de
stage, mais je pense qu'on sait très bien qu'on peut lever le voile ou on peut
débusquer ça. Puis moi, je répète souvent — puis il y en a beaucoup, des
plaintes, en vertu de 122, puis il y en a, une plainte, aussi, qui peut être
faite en vertu de la loi sur la protection des stagiaires : Si quelqu'un
fait de quoi pour éviter l'application de la loi, il y a un recours, puis c'est
notamment une des raisons qui nous incitent à faire un projet de loi de cette
nature-là.
M. Gaudreault : O.K. Donc, je
comprends, Mme la Présidente, que, dans les cas flous, on va appeler ça de
même, comme ceux que je viens d'évoquer — puis là ça n'a pas été long,
là, c'est... d'ailleurs, c'est ma stagiaire qui a trouvé ça — donc,
dans les cas flous qu'on a là, le ministre préfère s'en remettre au droit du
travail, la jurisprudence, aux procédures déjà existantes pour dire, mettons,
dans le cas de Pepsi : Bien là, visiblement... bien, il nous manque une
information qu'on n'a pas, c'est le niveau de rémunération, mais si je prends
juste l'offre qui est là, là, ce n'est pas mentionné, bon. Mais ce que le
ministre dit, c'est : On n'a pas besoin de définir dans la loi plus loin
que ce qui est déjà prévu pour exclure les autres flous, il préfère s'en
remettre à la jurisprudence ou aux décisions qui existent déjà sur la relation
d'employeur-employé, sur la relation de travail, etc.
M. Boulet : Je pense que notre
définition, si je pouvais la comparer à un parapluie qui est extrêmement
large... tu sais, mettons, si je fais une comparaison avec le milieu
communautaire, c'est un Centraide qui aide ceux qui aident, et la définition est extrêmement large, là, parce
qu'on réfère à l'observation, l'acquisition, la mise en oeuvre de
compétences pour deux raisons : permis d'exercice ou diplôme, puis un
diplôme, ça peut être une attestation, un certificat, ou autre.
Parallèlement à ça, il peut y avoir d'autres
types de relations, mais qui ne sont pas couvertes ici, là. Véritablement, les
195 000 stagiaires auxquels on fait référence, c'est ceux qui
prennent le chemin académique ou le chemin les menant à l'obtention d'un permis
d'exercice délivré par une corporation professionnelle. Et, oui, je pense
que... Je ne me fie pas à la jurisprudence. Je ne suis pas quelqu'un qui court
après des lois qui sont ambiguës pour donner du travail d'interprétation ou
d'application. Je pense que notre loi est claire. Mais ceux qui ne s'inscrivent
pas dans le contexte qui est visé par la loi, bien, c'est des relations
particulières puis, à mon avis, soit qui cachent une autre réalité ou soit
qu'il y a des buts visés qui ne sont pas compatibles avec ceux de la loi.
M. Gaudreault : Et qui sont
traités, par ailleurs, par d'autres dispositions législatives ou d'autres
décisions judiciaires.
M. Boulet : Absolument,
absolument.
M. Gaudreault : O.K. Dernière
question pour l'instant, puis je pense que mes collègues vont... en tout cas,
c'est à eux de voir, là, mais...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...de Jonquière, vos offres, là, vos offres d'emploi, vous avez exprimé le
désir, peut-être, de les acheminer juste pour les membres ici ou les rendre
publiques aussi?
M. Gaudreault : Bon, ça peut être...
bien, c'est déjà public, là, mais je veux dire, si les collègues veulent les
consulter, on va les faire parvenir dans... comme documents déposés, là, je ne
sais pas c'est quoi, la formule, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Et ça restera pour nous, effectivement, parce qu'ils sont déjà
publics. Excellent. Merci.
• (11 h 50) •
M. Boulet : Juste pour
compléter. Pepsi, pour moi, ce n'est pas un stage. L'autre cas, c'est un stage
sous réserve de l'exactitude de ce que vous...
M. Gaudreault : Par rapport à
ATM?
M. Boulet : Oui, oui. Bien oui,
tout à fait, c'est clairement... pour moi, ça en est un.
M. Gaudreault : Oui, mais en
même temps il y a la... un des critères, c'est il faut qu'il se qualifie à la
subvention salariale. Pas sûr qu'un étudiant en ATM va se qualifier à la
subvention salariale.
M. Boulet : Il faudrait gratter
ça, là, je ne sais pas à quoi ça réfère, là.
M. Gaudreault : Oui. Mais ce
que je n'aime pas, O.K., globalement, là, au-delà de tout ça, là, ce que je
n'aime pas, c'est le fait que c'est une utilisation floue de «stage», tu sais.
Pepsi, là, c'est «stagiaire en ventes». C'est ça, le titre, en caractères gras,
là, point 18, tu sais, «stagiaire en ventes». Ça fait que c'est-tu un
stage ou ça n'en est pas un? Tu sais, c'est présenté comme ça. Je n'aime pas
ça. Que ça soit représentant en ventes à temps partiel, mettons, tu sais, bien,
en tout cas...
M. Boulet : Je suis totalement
d'accord avec vous. Je n'en dirai pas plus, mais je partage vos commentaires.
M. Gaudreault : O.K. Autre
question, Mme la Présidente, puis j'avais posé la question à la Fédération des
cégeps quand on les a rencontrés ici, la définition de stage qui est inscrite
là couvre les stages en coopération internationale? Comme par exemple, nous, au
cégep de Jonquière — encore
une fois, je ne veux pas avoir l'air chauvin, mais c'est les exemples que je
connais le mieux — il
y a un programme en sciences humaines, Ouverture sur le monde, où, pour
compléter le diplôme, il y a un stage en coopération... bien là, depuis deux
ans, à cause de la pandémie, ils n'ont pas pu le faire, là, mais il y a un
stage en coopération internationale dans un pays d'Afrique ou d'Amérique
latine. Donc, je comprends que ça s'inscrit dans une activité d'observation,
d'acquisition ou de mise en oeuvre des compétences, dans le cadre d'un
programme d'études, dans ce cas-là c'est sciences humaines, ou de formation de
niveau collégial, ce dont je parle, qui est offert par un établissement
d'enseignement, puis pour obtenir son diplôme, bien, il faut avoir fait le
stage. Donc, un stagiaire, c'est-à-dire un étudiant en sciences humaines,
Ouverture sur le monde, cégep de Jonquière, qui fait un stage en coopération
internationale en Afrique, nécessaire à l'obtention de son diplôme, se qualifie
comme stage au sens de la loi n° 14.
M. Boulet : Oui, c'est ma
compréhension, là, sous réserve de vérifier la portée extraterritoriale, là, de
la loi, mais il me semble que oui. Si vous me donnez une minute, je vais juste
le confirmer.
Des voix : ...
M. Boulet : C'est pareil comme tous les autres, oui, facteurs
de rattachement fait en sorte que, oui, c'est couvert. La réponse, c'est
oui.
M. Gaudreault : O.K. Donc, le stagiaire, dans ce contexte-là, qui
va faire un séjour de six semaines au Burkina Faso est couvert
par...
M. Boulet : C'est une
excellente question, hein, parce que, de plus en plus, dans les écoles, même
secondaires, collégiales et universitaires, il y a des stages qui se font à
l'échelle internationale pour permettre le développement d'habiletés
particulières, et la réponse, c'est oui.
M. Gaudreault : O.K. Je vais
arrêter ici pour l'instant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, député de Viau... Oh!
M. Boulet : Puis je comprends,
collègue, qu'il faut évidemment que l'employeur soit au Québec, là, tu sais,
que l'employeur est ici, l'établissement...
M. Gaudreault : Bien,
l'employeur...
M. Boulet : Tu sais, la seule
réserve que j'ai, c'est que, s'il y a un employeur qui est à l'international,
je ne pourrai pas, avec la limitation territoriale, aller lui imposer des
obligations, mais généralement les milieux de stage, ces stages-là sont
supervisés par du monde du Québec.
M. Gaudreault : Oui, mais je ne
suis pas sûr qu'on peut dire... Est-ce qu'il y a un employeur? Tu sais, comme
par exemple, moi, les stages que je connais bien, au cégep de Jonquière, en
Ouverture sur le monde, il y a le cégep, il y
a les étudiants qui participent, et, disons, au Burkina Faso ou au Sénégal, il
y en a eu au Pérou aussi, c'est des organismes communautaires là-bas qui
reçoivent les stagiaires, mais ils n'ont pas une relation d'employeur.
M. Boulet : Mais, dans la
mesure où il y a une responsabilité partagée, là, la relation tripartite, il y
a le milieu de stage, il y a la corporation professionnelle puis il y a
l'établissement d'enseignement, ils sont ici, au Québec, donc, oui, le
stagiaire bénéficie de la protection qui est prévue dans le projet de loi.
M. Gaudreault : Mais il n'y a
pas de... Ce que je veux dire, c'est que dans le tripartisme...
M. Boulet : C'est juste qu'on
ne pourrait pas, avec un projet de loi, avec une loi québécoise, imposer des
obligations s'il y a une relation contractuelle à l'étranger. Mais on peut, et
ça, c'est clair dans la loi, imposer des obligations à l'établissement
d'enseignement, par exemple le cégep de Jonquière, ou à la corporation
professionnelle, le cas échéant. Ça fait que la loi serait effective dans un
cas de stage de coopération internationale.
M. Gaudreault : O.K. Mais la
seule chose que je veux dire, c'est qu'il n'y a pas nécessairement de
corporation professionnelle d'impliquée là-dedans, tu sais, dans le cas des
étudiants en...
M. Boulet : Non, mais il y a un
établissement d'enseignement.
M. Gaudreault : Oui.
M. Boulet : Exact. On se
rejoint.
M. Gaudreault : Et il y a des
étudiants, forcément.
M. Boulet : Exact.
M. Gaudreault : Puis la
troisième partie, ça peut être un organisme communautaire en Afrique...
M. Boulet : Absolument.
M. Gaudreault : ...qui fait la
répartition des stagiaires dans des familles, etc., mais qui n'a pas... Je veux
dire, ce que vous dites, c'est que la loi ne s'appliquera pas à ce partenaire
africain, disons.
M. Boulet : Exact, mais elle va
s'appliquer à l'établissement d'enseignement, qui, lui, a un protocole
d'entente avec l'organisme communautaire africain, puis il va s'assurer que les
conditions de réalisation de stage respectent, respectent, bien sûr, la loi n° 14. Puis on va le voir, d'ailleurs, dans le champ d'application
à l'article 2.
M. Gaudreault : O.K. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est bien. Merci.
Alors, la parole est au député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente.
Bien, écoutez, à la lumière des dernières
interventions, notamment du collègue de Jonquière, donc, sur le cas Pepsi, moi,
ce qui m'apparaît de plus en plus clair, c'est qu'on peut clairement dire ce
qu'est un faux stage, c'est... Ce qui est, par contre, de plus en plus flou, en
fait, en termes d'interprétation de la part de beaucoup d'entreprises, c'est
qu'est-ce que c'est qu'un stagiaire. C'est ça qui est flou, donc, de la part de
différentes entreprises, ce n'est pas le faux stage. Parce que des exemples, on
en a plein. Par exemple, on pourrait aller partout, et partout au Québec... par
exemple, sur le site de l'Union des municipalités du Québec, quand on regarde
beaucoup de ce qui m'apparaît des offres d'emploi qu'on présente comme des
stagiaires, c'est un enjeu véritable.
Donc, ma première question au ministre sur cet
enjeu-là, il me semble... il me semble qu'à la lumière des dernières
discussions qu'on a eues, qu'on a ici sur cette question-là, est-ce que la Commission
des normes, de l'équité, de la santé et de
la sécurité du travail... il me
semble qu'ils devraient avoir un rôle, un rôle de proactivité à ce niveau-là.
Est-ce qu'il y a des interventions qui sont faites en amont? Parce que vous
avez parlé des interventions qui sont faites en termes de plaintes qui peuvent
être portées, mais vous comprenez que, quand on porte plainte, c'est quand on
subit les effets, les effets ou les méfaits, mais en amont, il me semble qu'il
y a des choses qui devraient être faites. Est-ce que la commission intervient, pose
des gestes auprès de ces entreprises-là, donc, pour débusquer ce qui m'apparaît
être visiblement, sur le cas de Pepsi encore, les faux stages?
M. Boulet : Bien, oui, la
Commission des normes, si elle reçoit une dénonciation sous forme de plainte,
elle va faire enquête, puis, oui... En fait,
le cas Pepsi, pris isolément, il ne donnera pas nécessairement matière à
contestation, mais, si quelqu'un est préjudicié, il peut... Par exemple, si
dans le cas de Pepsi, il ne reçoit pas de rémunération, il peut demander une
rémunération si la personne applique. Mais les pouvoirs d'enquête de la CNESST
sont présents puis ils peuvent s'exercer par la voie des inspecteurs.
Puis, sur la notion de stage, moi, ceci dit,
avec respect, je trouve que c'est une définition qui est extrêmement
englobante, puis le stagiaire, c'est «toute personne, salariée ou non, qui
réalise un stage auprès d'un employeur». Donc, c'est des définitions
extrêmement englobantes.
Puis c'est sûr qu'il y a des conventions
collectives — puis
probablement que mes collègues le savent — qui utilisent «stagiaire»,
mais... ou pour dire, par exemple, que la personne va faire une probation. Il y
a des conventions où j'ai vu... c'étaient des périodes d'initiation ou d'essai,
des périodes d'entraînement, des périodes d'adaptation. Très, très peu utilisent le terme «stage», mais ça peut
être utilisé. Mais ce que je disais, d'ailleurs, à notre collègue tout à
l'heure, il faut aller derrière le mot pour déterminer quelle est la réalité
factuelle. Et, dans le cas présent, on se demande d'abord si c'est un stage, ça fait que c'est une activité
d'apprentissage pour obtenir un permis d'exercice ou pour obtenir un
certificat d'une institution ou d'un établissement d'enseignement. Pour moi,
c'est simple, puis c'est une relation tripartite.
Et ce qu'il y a de grand dans ce projet de loi
là, c'est qu'on impose une responsabilité à la corporation, à l'établissement
d'enseignement puis au milieu de travail pour permettre au stagiaire de
réaliser un stage qui est complet et qui vise la fin d'un stage, c'est-à-dire
qu'il apprenne puis qu'il se développe de façon correcte, de façon harmonieuse
avec ses objectifs et qu'il puisse exercer des droits, puis qu'il puisse être
protégé par des politiques en matière de harcèlement, qu'il puisse être
considéré comme quelqu'un qui n'a pas le même niveau de vulnérabilité qu'on lui
connaissait avant le dépôt d'un projet de loi de cette nature-là. Ça fait
qu'essentiellement c'est ce que... C'est parce que je ne veux pas non plus
qu'on s'attarde à un cas... Tu sais, on s'attarde au cas Pepsi, mais on
pourrait s'attarder à une multitude de cas qui sont en marge, je vous dirais.
C'est vraiment des cas marginaux.
• (12 heures) •
M. Benjamin : Je suis d'accord,
Mme la Présidente, avec le ministre sur le fait qu'il faut aller,
effectivement, derrière le mot, derrière son utilisation pour voir quels sont
les impacts dans la vie des personnes qui, probablement, subissent ces...
l'effet, l'utilisation, la mauvaise utilisation, et je le souligne, du terme
«stagiaire», et c'est pour ça que je crois que, lorsqu'on sait ce que ça peut
avoir comme impact... Et je réitère encore, bien sûr, les gens peuvent porter
plainte, mais il me semble qu'il y a une autre démarche plus proactive à faire,
c'est-à-dire, en termes d'information, en termes d'information pour dire aux
entreprises, à toutes les entreprises, incluant celles qui ne comptent pas
solliciter de vrais stagiaires, ce que c'est qu'un stagiaire, ce qui n'est pas
un stage. Et c'est en ce sens que je vous dis encore... je vous repose ma
question : Est-ce que la Commission des normes a des actions, a entrepris
des actions en ce sens?
M. Boulet : Totalement, puis
c'est un élément névralgique, parce que ne pas avoir de droits, c'est parfois
catastrophique. Avoir des droits, il ne faut pas se limiter à dire : Nul
n'est censé ignorer la loi, il faut faire de la formation, de l'information et
de la sensibilisation. Et, oui, il y aura des activités de formation,
d'information et de sensibilisation par l'Enseignement supérieur, par
l'Éducation, par la CNESST, par les associations patronales. Il y a des droits
qui viennent d'être confirmés par un législateur, je réfère... quand on
adoptera cette loi-là, et il s'agira de les faire connaître.
Mais l'absence de droits, c'est ça qui faisait
que les stagiaires au Québec étaient non protégés, vulnérables et faisaient
l'objet, parfois, de terminaisons de stage ou de conditions de réalisation de
stage non acceptables, où ils ne pouvaient pas exercer des droits à des congés,
par exemple, ou qu'ils n'étaient pas protégés totalement par des politiques en
matière de harcèlement psychologique et sexuel. Mais, oui, il y aura... Mais,
tu sais, c'est sûr que... Puis des fois il y a des activités d'enquête, vous l'avez
vu durant la période de pandémie, ce n'est pas que nécessairement quelqu'un se lève la main, mais déjà les associations
étudiantes vont aussi, éventuellement — puis ça, elles me le
mentionnaient — contribuer
à faire la promotion de la connaissance de ces droits-là qui sont dans une loi,
encore une fois, qui est d'ordre public. Mais vous avez totalement raison,
c'est un point important. Je le résumerais en disant : formation,
information puis sensibilisation.
M. Benjamin : Lors des
consultations particulières, Mme la Présidente, le ministre nous a donné des
chiffres qui m'apparaissaient très intéressants en termes de portrait des
stagiaires au Québec. Je me demandais, est-ce qu'il existe, à son ministère, un document qui présente un peu le portrait des
entreprises qui accueillent des stagiaires? Est-ce que ce sont des
informations dont vous disposez?
M. Boulet : Il faudrait que je
vérifie auprès des autres ministères, mais, bon, vous avez vu, au Conseil du patronat du Québec, ils ont fait référence au fait
qu'il y avait une immense diversité. Je pense que, que ce soit une
petite, moyenne ou grande entreprise, dans le secteur privé notamment, il y en
a énormément qui ont des liens avec des centres de formation professionnelle,
parce que les CFP, où tu apprends à faire de la mécanique puis où tu veux
devenir manutentionnaire, ou de la soudure, oui, ils ont des ententes avec des
milieux de travail. Mais est-ce que... Vous voulez savoir il y en a combien,
puis... je ne sais pas si je peux avoir cette information-là, on vérifiera,
mais c'est difficile à colliger, là, toutes les ententes qui peuvent exister
entre la compagnie X, qui est une PME située à Val-d'Or, puis le centre de
formation professionnelle qui est là-bas, là, mais je vais faire la vérification.
M. Benjamin : Bien, en fait, ce
que je cherchais, Mme la Présidente, ce n'est pas des détails, mais c'est
plutôt un genre de portrait général, parce que le ministre a évoqué, tout à
l'heure, les ententes-cadres qui existent, qui peuvent exister, par exemple, entre les établissements d'enseignement et des
grandes institutions, des grandes entreprises, des grandes entités. Moi,
je voulais savoir, en fait, quel serait, par exemple, le pourcentage de
stagiaires qui seraient accueillis en vertu des ententes-cadres.
Parce que vous savez, Mme la Présidente, j'ai
eu... moi-même, j'ai fait l'expérience, personnellement, d'accueillir des
stagiaires à plusieurs reprises, dans le cadre de différentes fonctions que
j'ai occupées par le passé, et des stagiaires à la fois du niveau collégial
qu'universitaire, et je peux vous affirmer, Mme la Présidente, lorsqu'il y a
une convention de stage, on est ailleurs. Donc, je suis un tantinet inquiet par
rapport à la réponse que le ministre a donnée tout à l'heure au collègue sur
cet enjeu-là, donc.
Et je sais qu'on aura à parler de conventions de
stage, mais j'aimerais peut-être tout de suite qu'on mette la table. Moi, pour
moi, j'aimerais avoir une idée. Lorsqu'il y a des entreprises pour lesquelles
des... des établissements d'enseignement dans lesquels il y a des
ententes-cadres, alors, dans les ententes-cadres, effectivement, alors, il est prévu plusieurs choses, notamment sur l'accueil,
sur le traitement, sur l'accompagnement, le soutien, etc., des stagiaires.
Lorsqu'il y a des conventions de stage, c'est pareil aussi. Mais, lorsqu'il n'y
a pas de convention de stage, c'est... on peut parfois être dans
l'improvisation totale.
Donc, oui, je suis sensible. L'argument que le
ministre a présenté, c'est l'argument de... qu'il ne veut pas alourdir le
fardeau des entreprises. Moi aussi, je suis de ceux qui ne souhaitent pas
alourdir le fardeau des entreprises, mais je suis surtout de ceux qui
souhaitent que nous protégions les stagiaires, véritablement, en milieu de
travail. Donc, j'aimerais que le ministre me dise où est-ce qu'il se loge par
rapport à cet enjeu de conventions de stage obligatoires, pas obligatoires, où
est-ce qu'il se situe.
M. Boulet : Bon, deux éléments
de réponse. Où je me situe, je pense que je l'ai mentionné clairement :
qu'il n'y ait pas d'obligation pour les milieux de travail. On n'impose pas une
convention de stage pour des raisons de flexibilité, pour des raisons de
diversité des milieux de stages et d'apprentissage.
Deuxième élément de réponse : c'est ce
qu'on fait. Le projet de loi, il vise à assurer une protection des stagiaires
en milieu de travail. Actuellement, il n'y en a pas, donc tout ce qu'on a dans
le projet de loi vise à conférer des droits, des protections puis des recours.
Donc, c'est ce que nous faisons. Par la suite, il va falloir en faire la
promotion pour que ça puisse être mis en application dans tous les milieux de
travail.
Mais, pour les conventions de stage, non. Comme
on a entendu certains interlocuteurs, il ne faut pas nuire à la flexibilité
puis il ne faut pas imposer un fardeau qui nuirait à la possibilité que des
personnes puissent faire un stage. Puis
notre loi, je le répète, hein, ce n'est souvent pas toujours compris de la même
manière, mais ça s'applique qu'il y ait ou non une convention de stage.
C'est une loi minimale. C'est une loi de même nature que la Loi sur les normes
du travail. Ça s'applique en milieu syndiqué ou non syndiqué et ça constitue un
solage de droits qui protège les stagiaires. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, député de Viau.
M. Benjamin : Oui. En fait,
c'est une question que j'avais à poser sur la situation des stagiaires...
attendez, attendez, c'est une question que j'avais notée. Je voulais savoir, M.
le ministre, est-ce que les stagiaires qui sont rémunérés tombent dans la
formule du Rand, donc paient des cotisations syndicales, lorsqu'il y a un
syndicat?
M. Boulet : Ah mon Dieu! Est-ce
qu'ils paient des cotisations syndicales? Est-ce que je peux me risquer à
donner une opinion juridique? Normalement, à moins d'une exclusion spécifique
négociée et convenue entre un syndicat puis un employeur, les stagiaires, dans
la... Tu sais, une accréditation syndicale... je vais utiliser encore le terme «parapluie», une accréditation syndicale, ça couvre
des fonctions, pas des individus, et, si les stagiaires font les fonctions
visées par l'accréditation syndicale, normalement, ils sont des syndiqués puis...
Mais après ça il y a le paiement des cotisations syndicales qui peut être
retardé à la fin de la période de probation ou l'exercice de certains droits,
mais il faut faire attention à ce que le Code du travail prescrit dans des
circonstances comme ça.
Donc, nous,
ça n'a pas d'impact, là, à cet égard. Ici, la loi est un seuil minimal, comme
la Loi sur les normes du travail. Tu
ne peux pas, même en milieu syndiqué, avoir une convention collective qui va en
dessous de ce que prescrit la Loi sur
les normes du travail. Comme, ici, un stagiaire, par exemple, qui est dans un
milieu syndiqué puis qui est syndiqué ne pourrait pas ne pas bénéficier
du minimum qui est prévu dans le projet de loi n° 14.
C'est le même raisonnement.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il d'autres interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (12 h 10) •
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente.
Alors qu'on s'apprête à fermer, là, l'article
sur les définitions, je voulais juste faire référence au mémoire des
professeurs de l'université... entre autres, de l'UQAM mais TELUQ aussi, et
l'Université de Montréal, qui étaient venus ici, là, Mes Gesualdi-Fecteau
et Bernstein, une de leurs recommandations — je vais la relire puis
j'aimerais ça entendre M. le ministre, voir s'il l'a considérée et pourquoi,
finalement, il ne l'a pas retenue — elle disait ceci :
«Qu'en lieu et place de l'exclusion visant l'étudiant qui travaille au cours de
l'année scolaire dans un établissement choisi par un établissement
d'enseignement et en vertu d'un programme d'initiation au travail, approuvé par
le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport ou par le ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie,
soit modifié l'article 3.5° de la Loi sur les normes du travail afin que
l'exclusion qu'il établit ne vise que les stages d'observation, tout en
conférant à ces stagiaires certains droits prévus à la LNT.»
M. Boulet : Oui, je l'ai
considérée, mais ça fait référence à pourquoi ne pas amender la Loi sur les
normes et pourquoi faire un régime distinct. Je pense que je l'ai mentionné
souvent, c'était plus approprié d'avoir une loi distincte. Je sais que ça
engendre un certain morcellement, puis, je le sais, il y a des avantages puis
des inconvénients d'emprunter une avenue ou l'autre. Mais, pour gérer la
relation tripartite puis pour imposer des obligations nouvelles, c'était, et de
loin, plus confortable au plan législatif de le faire de cette manière-là.
Et, dans la Loi sur les normes du travail, le
coeur de la LNT, c'est la notion de salarié. Et nous, on vise le stagiaire, qu'il soit ou non salarié. Donc, tout
le monde est visé. Si c'est un stagiaire qui est salarié, par exemple, qui
fait le stage du Barreau du Québec ou de
l'Ordre des comptables professionnels agréés, il peut bénéficier de la Loi sur
les normes du travail, mais il est
même exclu de certaines dispositions, notamment les congés annuels puis le
salaire minimum, donc il n'a pas accès à certains bénéfices qui sont
dans la LNT. Tous les autres stagiaires, par l'application de 3.5°,
là, puis Mme Fecteau était d'accord
avec moi, il n'y a pas de décision de jurisprudence, mais, dans le cas des
stagiaires étudiants, ils ne sont pas visés par la Loi sur les normes du
travail, d'où la pertinence, selon moi, d'avoir un projet de loi distinct.
Mais... puis je comprends le collègue, puis on a
déjà eu des discussions là-dessus, le droit du travail québécois, il est plus
fragmenté que le code canadien. Les juristes et les conseillers en relations de
travail qui font du droit fédéral trouvent ça parfois beaucoup plus complexe de
s'y retrouver, alors que, là, on a une thématique particulière.
M. Leduc : Est-ce qu'à votre avis... Parce que, des choses
qu'elle soulevait, c'est que, vu que vous refusez d'aller jouer dans la
Loi des normes et vous provoquez du droit parallèle, est-ce que vous êtes
certain et convaincu que ça va bien se marier?
M. Boulet : Tout à fait.
M. Leduc : Puis c'est un peu ça qu'elle propose ici, là,
elle dit, là : Vous seriez mieux d'aller préciser qu'est-ce qui
s'applique aux normes, qu'est-ce qui s'applique à votre loi parallèle.
M. Boulet : Non. Tous les
195 000 stagiaires vont bénéficier des droits et protections du
projet de loi n° 14. Si tu es un stagiaire qui répond à la définition de
«salarié», tu bénéficies de la Loi sur les normes du travail. Il n'y a rien
d'inconséquent, il n'y a rien de contradictoire, c'est deux blocs qui
protègent. Mais la LNT, c'est le salarié; le projet de loi n° 14, c'est
l'ensemble des stagiaires.
M. Leduc : Est-ce qu'un
stagiaire qui aurait pu bénéficier de la Loi des normes, mais qui ne le sait
pas, qui, là, va voir dans la loi ou va entendre parler qu'il y a maintenant
une loi sur les stagiaires, va se diriger vers la loi sur les stagiaires puis
ne va pas, en quelque part, manquer le bateau d'une meilleure loi qui aurait pu
le protéger?
M. Boulet : Bien, c'est à peu
près comme toutes les lois du Québec, hein, c'est sûr que tu vas consulter un
avocat ou un conseiller, puis il va t'indiquer la bonne voie à emprunter pour
que tes droits soient bien sanctionnés, mais c'est vraiment du cas par cas.
Mais, non, je n'ai pas l'impression qu'il va perdre des droits parce qu'il y a
une loi sur la protection des stagiaires, il va savoir que... au contraire, ça
va l'allumer. Si moi, je suis un stagiaire salarié, bien, je suis couvert par
la Loi sur les normes du travail. Sauf qu'il n'est pas couvert sur tout, tu
sais, c'était la grande... tu sais, il n'est pas couvert sur le salaire minimum
puis il n'est pas couvert sur les congés annuels.
M. Leduc :
Peut-être, dernière question, là : Est-ce que ce mariage-là ou cette
tentative, là, de faire que ces deux lois-là coexistent va faire partie d'une
campagne d'information quelconque? De toute façon, j'imagine que, pour faire
connaître cette nouvelle loi là, il y aura des ressources qui vont être dédiées
à la CNESST, aux établissements d'enseignement pour, je ne sais pas, moi, faire
de l'affichage, des courriels ou quelque chose. Est-ce qu'il y a de la
publicité qui va être achetée dans les journaux étudiants, par exemple, sur les
campus par soit le ministère soit la commission afin de faire connaître cette
nouvelle loi-là et aussi, donc, par le fait même, et là ma question en lien
avec ce que je vous posais précédemment... et son mariage avec la Loi des
normes actuelle?
M. Boulet : Tout à fait, puis
je pense qu'on va en traiter, notamment, à l'article 6, là, mais pour
assurer le bon arrimage, le stagiaire, il va être guidé par la CNESST pour
déterminer si c'est en vertu du projet de loi n° 14 ou en vertu de la Loi
sur les normes du travail qu'il doit se guider, là, pour déterminer l'avenue
qu'il va devoir emprunter.
M. Leduc : Ma question, ce
n'était pas ça. Ça, je comprends qu'il va falloir que quelqu'un se mobilise
pour faire une plainte, il se fait guider, ça, c'est parfait. Ma question,
c'est : Est-ce que le gouvernement et/ou la CNESST va faire une campagne
d'information alentour de ce nouveau droit là?
M. Boulet : Ah! oui, je le
souhaite, puis je vais même m'assurer qu'il y ait des activités de
communication, d'information, puis je vais le faire avec le ministère, mes
collègues aussi. Mais la CNESST va absolument le faire, comme on le fait,
d'ailleurs, pour la loi n° 27, là, avant le
projet de loi n° 59. Il y en a beaucoup, beaucoup, d'activités de
formation. Comme vous le savez, le régime intérimaire va entrer en vigueur au
mois d'avril, là, je pense, le 6 avril prochain. Et, pour le projet de loi
n° 14, oui, on va en faire la promotion, puis je suis convaincu que vous
allez contribuer à des activités d'information aussi pour s'assurer que ce soit
bien connu.
M. Leduc : Puis, quand vous
disiez «avec mes collègues ministres», on fait référence explicitement,
j'imagine, au ministère de l'Enseignement supérieur, ici, ou...
M. Boulet : Bien, il y a
Éducation puis Enseignement supérieur, là, c'est les deux principaux
ministères, là.
M. Leduc : C'est bon, Mme la
Présidente. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de Jonquière.
M. Gaudreault : J'écoutais bien
l'échange entre le député d'Hochelaga-Maisonneuve et le ministre. Bon, par
rapport au fameux débat Loi sur les normes du travail, projet de loi
n° 14, est-ce que j'interprète bien le ministre si on dit : Un stagiaire ou une stagiaire rémunéré
va profiter des protections de la Loi sur les normes du travail et de la
loi n° 14, mais un ou une stagiaire non rémunéré
ne va disposer que des protections de la loi n° 14?
M. Boulet : Bon, l'ensemble des
stagiaires vont bénéficier du p.l. n° 14...
M. Gaudreault : Rémunéré ou
pas?
M. Boulet : S'il y a des droits
autres qui sont conférés au rémunéré qui est un salarié, là, il faut qu'il
réponde à la définition de «salarié», il pourrait bénéficier de la LNT. Mais il
y a deux exemples qui me sont constamment donnés, puis les seuls qu'on connaît,
c'est Barreau puis CPA, où ça répond totalement à la définition de «salarié».
Mais, encore une fois, il y a un article du règlement d'application de la LNT
qui les soustrait au droit, notamment, du salaire minimum, donc ils n'ont pas
droit à ça. Puis il y a un autre article qui les soustrait, 77 de la LNT,
qu'ils n'ont pas droit aux congés annuels, donc, le stagiaire du Barreau et
celui de l'ordre des CPA.
• (12 h 20) •
M. Gaudreault : O.K. Donc, ces stagiaires-là profitent des autres
conditions de la LNT, plus le projet de loi n° 14, mais il y a des
stagiaires qui ne profiteront que du projet de loi n° 14 et pas de la LNT?
M. Boulet : Absolument. En
fait, moi, je le résumerais plus simplement, collègue : les... mettons
qu'il y en a 195 000, là, stagiaires, ils bénéficient tous et toutes du
projet de loi n° 14. Il y a cependant une infime minorité, comme on a vu
avec les statistiques, qui sont des salariés au sens de la LNT. Et, s'ils ont
accès à des droits qui sont autres ou supérieurs au p.l. n° 14,
notamment des absences de longue durée, ils pourraient s'inspirer de la LNT,
mais avec les conséquences que ça peut engendrer. Donc, c'est deux régimes qui
sont totalement... qui s'arriment bien, qui s'imbriquent bien, puis on a
vraiment le seuil qui s'applique à tout le monde dans le p.l. n° 14.
M. Gaudreault : Donc, dans
l'esprit du ministre, il n'y a pas de stagiaires qui, une fois le projet de loi
n° 14 adopté, s'il est adopté, vont
tomber entre deux chaises ou vont perdre des droits qu'ils ont déjà, par
ailleurs, dans la LNT?
M. Boulet : Absolument pas.
C'est une excellente question. C'est : absolument pas.
M. Gaudreault : Ça va pour
l'instant, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : C'est beau. Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 1 tel qu'amendé?
Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'article 1, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Adopté. Parfait.
M. le ministre, nous
pouvons poursuivre avec l'article 2.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente.
«2. La présente loi
s'applique au stagiaire, quel que soit l'endroit où il effectue son stage en
milieu de travail. Elle s'applique aussi :
«1° au stagiaire qui
effectue, à la fois au Québec et hors du Québec, un stage auprès d'un employeur
dont la résidence, le domicile, l'entreprise, le siège ou le bureau se trouve
au Québec;
«2° au stagiaire,
domicilié ou résidant au Québec, qui effectue un stage hors du Québec auprès
d'un employeur visé au paragraphe 1°.»
Commentaires :
Donc, ça définit le champ d'application de la loi, permet aux stagiaires
appelés à réaliser un stage au Québec et à l'extérieur du Québec de profiter
des avantages de la loi, à condition que la résidence, le domicile,
l'entreprise, le siège ou le bureau de l'employeur se trouve au Québec.
Donc, ça reprend
essentiellement le libellé du premier alinéa de l'article 2 de la Loi sur
les normes, donc ça s'applique au stagiaire,
peu importe l'endroit où il effectue son stage. Évidemment, si le stage est
uniquement au Québec, ça s'applique à
tous les employeurs, puis, s'il se déroule à la fois au Québec et à
l'extérieur, ça s'applique aussi. Puis voilà.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Alors, y a-t-il des interventions? Député
de Viau.
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente.
En fait, j'aimerais
peut-être entendre le ministre sur... au niveau des entreprises hors Québec,
donc, que ce soit ailleurs au Québec, donc, au Canada ou à l'extérieur, les
enjeux. Donc, est-ce que je comprends que, par cet article... est-ce que c'est
l'affirmation d'une préséance de la législation québécoise ou bien s'il y a...
Qu'en est-il, par exemple, s'il s'agit d'un stage hors Québec sur un
territoire, un pays ou une autre province où il y a une législation qui
s'applique aussi? En termes de préséance législative, qu'est-ce qui s'applique,
à ce moment-là?
M. Boulet :
S'il y a une contradiction entre une loi étrangère et...
M. Benjamin :
Bien, en fait, l'exemple que je pourrais vous donner, bien, si en Ontario...
prenons l'exemple... un exemple intercanadien, en Ontario, et s'il y a une
législation... je ne sais pas, s'il y a une législation en ce sens, s'il y a une législation provinciale en ce sens, donc,
la stagiaire qui ferait son stage en Ontario porte plainte, à ce moment-là,
est-ce que c'est la législation québécoise qui s'applique ou la législation
ontarienne qui s'applique?
M. Boulet :
Si l'employeur est au Québec, c'est la législation québécoise, ce n'est pas la
législation ontarienne.
M. Benjamin :
D'accord.
M. Boulet :
Et c'est du droit international privé, là, encore une fois, il y aurait du cas
par cas, là. Mais à la question générale que vous me posez, c'est la réponse
que je peux donner.
M. Benjamin :
D'accord. Est-ce qu'on pourrait se ramasser dans un cas de figure
suivant : le ou la stagiaire est résidente ou résident du Québec, va faire
son stage à l'étranger mais auprès d'une entreprise qui n'a pas de siège social
au Québec, qui n'a pas de résidents au Québec, c'est-à-dire que l'entreprise
qui l'a accueilli a agi plutôt comme un genre d'entremetteur entre
l'établissement d'enseignement et l'entreprise qui est à l'étranger?
M. Boulet :
Donc, ce que vous me dites, c'est que l'employeur est à l'étranger...
M. Benjamin :
L'employeur est à l'étranger.
M. Boulet : ...là la loi de ce pays-là pourrait s'appliquer, là, selon... si c'est
strictement comme vous le décrivez.
M. Benjamin :
O.K. Dans ce cas-là, c'est la loi du pays qui s'appliquerait?
M. Boulet :
Oui.
M. Benjamin :
D'accord. Comment...
M. Boulet :
...hein, exactement le même champ d'application que la Loi sur les normes du
travail. Comme j'ai mentionné, c'est un libellé identique à l'article 2,
donc il n'y a pas de restriction ni d'ouverture au champ d'application, c'est
la même, même affaire.
M. Benjamin :
D'accord. Donc, si c'est la même chose, à ce moment-là, peut-être que... est-ce
que le ministre pourrait peut-être nous illustrer le tout par un exemple?
Comment ça s'applique, de manière générale, lorsqu'il y a ce genre... Comment
on applique la loi? Quelles sont les procédures lorsque l'entreprise... lorsque
le tout se passe hors Québec mais que l'entreprise a un siège social ou, du
moins, un propriétaire qui est au Québec?
M. Boulet :
Bien, c'est un peu la même dynamique, là, si on veut faire sanctionner une loi
puis faire comprendre à un employeur qu'il y a des obligations qui lui
incombent en vertu d'une loi, bien, il doit les respecter. Puis, si quelqu'un
est à l'étranger puis qu'il ne bénéficie pas de la protection, bien, il peut
lever la main, puis il peut parler à quelqu'un de la CNESST, puis il va être
informé de ses droits, puis il va être guidé dans la conduite d'un recours, si
un recours s'impose.
M. Benjamin :
Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est bien? Y a-t-il d'autres interventions à
l'article 2? Député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, merci, Mme la Présidente.
Donc, je comprends
qu'à l'article 2, ici... dans le fond, ce dont on discutait tout à l'heure
par rapport aux stages de coopération internationale, notamment dans les
cégeps, c'est le premier alinéa qui s'applique : «La présente loi
s'applique au stagiaire, quel que soit l'endroit où il effectue son stage en
milieu de travail.» Bien là, en disant ça... parce que ce n'est pas vraiment en
milieu de travail parce que, encore une fois, il n'y a pas une relation
tripartite avec un employeur. Alors, je veux juste savoir pour ce qu'on a
discuté tout à l'heure, là.
M. Boulet :
Oui, on va le voir à l'article 4. Dans un cas comme celui-là, il y a
l'article 4 qui prévoit que «l'employeur et, selon le cas, l'établissement
d'enseignement ou l'ordre professionnel doivent prendre les moyens raisonnables
à leur disposition pour s'assurer», bon, etc., là.
M. Gaudreault :
O.K. Mais l'article 2... parce que je veux bien être sûr, là,
l'article 2 n'exclut pas les stages dont on parle, là, de coopération
internationale?
M. Boulet :
Bien, les stages de coopération internationale n'empêcheraient pas... ne
soustrairaient pas les établissements d'enseignement et les corporations
professionnelles, le cas échéant, de prendre les moyens, ce qui est prévu à
l'article 4.
M. Gaudreault :
O.K. Ce que je veux dire, c'est que l'article 2 n'est pas exclusif, qu'un
stagiaire peut se qualifier, même s'il n'est pas... peut se qualifier au sens
de la loi, même s'il n'est pas nécessairement couvert par les critères de
l'article 2. Parce que, dans le cas dont je parle, là...
M. Boulet :
En fait, il peut bénéficier de la protection et des moyens raisonnables pour
s'assurer que les conditions de réalisation de stage soient comme il est décrit
à l'article 4.
M. Gaudreault : O.K. Mais c'est parce qu'à l'article 4 on parle... l'employeur et
l'établissement d'enseignement ou l'ordre professionnel, selon le cas.
M. Boulet :
Oui, donc, c'est une responsabilité partagée, qui est partagée par les trois,
c'est pour ça qu'on appelait ça la relation tripartite. Il y a le milieu de
travail, il y a l'établissement d'enseignement puis il y a la corporation
professionnelle, le cas échéant.
M. Gaudreault :
O.K. Mais je reviens... le ministre va me trouver fatigant, là, c'est peut-être
moi qui comprends mal, mais, dans le cas des stages de coopération
internationale, il n'y a pas de milieu de travail. Ce n'est pas un milieu de
travail, c'est un milieu d'accueil de stage. Mais est-ce qu'on l'assimile à un
milieu de travail? Quand c'est l'organisme communautaire qui reçoit, au Burkina
Faso, puis qui redistribue les stagiaires dans des familles...
M. Boulet :
Bien, il faudrait que je voie la réalité contractuelle, là, mais, si c'est un
stage tel que défini dans l'article 1, il est visé par la loi, là.
M. Gaudreault :
O.K. Mais c'est pour ça que je vous dis... je voulais savoir si
l'article 2 est exclusif, parce que rédigé comme ça, il a l'air à exclure
les stagiaires dont je parle parce qu'il n'y a pas de milieu de travail.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, écoutez, c'est l'heure du dîner, vous
pourrez penser à tout ça.
Mais, compte tenu de
l'heure, alors, nous suspendons les travaux. Merci. Je vous souhaite un bon
dîner à toutes et à tous.
(Suspension de la séance à 12
h 30)
(Reprise
à 15 h 40)
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, bonjour à tous et à toutes.
Des
voix : ...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, votre attention, s'il vous
plaît! La Commission de l'économie et du travail reprend ses travaux.
Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 14,
Loi visant à assurer la protection des stagiaires en milieu de
travail.
Lors de la suspension de nos travaux cet avant-midi,
nous en étions à l'étude de l'article 2. L'article avait déjà été lu, donc
nous en étions dans un échange. Est-ce qu'il y avait encore des interventions?
Oui, alors, député de Viau.
M. Benjamin :
Merci. Merci, Mme la Présidente.
Donc, alors, oui,
donc, nous étions effectivement à l'article 2, dans cet échange autour de
certains éléments, donc, de cet article. Une
question : dans la foulée des échanges que le ministre avait avec le
collègue de Jonquière, notamment sur
les stages à l'étranger, est-ce que vous envisagez... M. le ministre,
pourriez-vous envisager, tenant compte du caractère particulier des
stages à l'étranger, de pouvoir, aux fins, notamment, d'application de la loi,
pouvoir, peut-être, exiger une convention de stage dans les stages à
l'étranger?
M. Boulet :
Non, c'est la même approche, Mme la Présidente, que ce matin. Ce n'est vraiment
pas notre intention d'exiger des conventions de stage de quelque manière que ce
soit, mais de respecter la réalité des milieux, qui sont très variables, là,
parce que, je le répète souvent, il y a les établissements d'enseignement, il y
a les corporations professionnelles, il y a des milieux de stage. Il y en a qui
ont des conventions de stage, il y en a qui ont des ententes individuelles, il
y en a qui ont des ententes-cadres, il y en a que ça se fait verbalement. Ça
fait que ce n'est pas notre but, là, d'imposer une formalité particulière.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente.
Et celle-là, c'est
une très facile, M. le ministre, vous allez voir. Sur la notion de résident du
Québec... parce que des fois, vous savez, d'un programme à l'autre, cette
notion de résidence varie, quelle est votre définition, dans cet article-là, de
la notion de résident du Québec?
M. Boulet :
Je référerais à la notion du dictionnaire, puis la résidence, c'est un endroit
où la personne vit, fait ses activités quotidiennes, vaque à ses affaires
personnelles. Mais, de façon plus littéraire, là, je vous... je lirais la
définition du dictionnaire Robert ou du dictionnaire Larousse,
là. Il n'y a pas de... on ne s'est pas inspirés d'une définition, c'est
exactement le même libellé que dans la Loi sur les normes du travail. Puis, si
vous me demandez ma définition à moi de «résident», c'est celle du
dictionnaire.
M. Benjamin :
Bien, en fait, je comprends, je connais la définition du dictionnaire, mais,
vous savez, M. le ministre, Mme la
Présidente, par exemple, aux fins du régime... de l'application du régime de
l'assurance maladie, il y a un nombre de temps qu'il faut avoir habité
au Québec ou résidé à l'extérieur; d'autres programmes, c'est différent, ça varie d'un programme à un autre. Donc, est-ce que,
par exemple... tiens, un étudiant, ça fait 90 jours, ça fait six mois,
ça fait un an qu'elle habite à l'extérieur, dans une autre province, est-ce
qu'elle est considérée comme étant une résidente ou un résident du Québec?
M. Boulet :
...de limitation temporelle, il n'y a pas d'obligation. Que ce soit la
résidence depuis quelque période de temps que ce soit, c'est au moment du
stage. Et là je regarde la définition, c'est «le fait de demeurer
habituellement en un lieu». Donc, si l'employeur demeure habituellement au
Québec, s'il a son établissement... bien, dans le fait... dans le cas d'un
travailleur autonome, ce n'est plus associé à la résidence, mais c'est le
domicile, l'entreprise, le siège social ou le bureau, mais c'est au moment où
le stage s'effectue.
M. Benjamin :
Prenons un cas de figure, prenons un cas de figure : une étudiante qui a
résidé au Québec toute... qui a vécu au Québec toute sa vie, mais qui a quitté
le Québec ça fait deux ans et qui vit dans une autre province ou dans un autre
pays, et, au terme de sa formation, elle se cherche un stage, elle est encore à
l'étranger. Elle trouve le stage d'un employeur au Québec, mais elle réside à
l'étranger, est-ce qu'elle est considérée... ça fait deux ans, est-ce qu'elle est
considérée comme une résidente du Québec après deux ans?
M. Boulet :
C'est toujours avec les mêmes réserves, les mêmes tempéraments. Si la personne
qui est à l'extérieur est en train d'effectuer un programme académique ou fait
une activité de stage pour l'obtention d'un permis d'exercice et qu'elle fait
un stage à l'étranger auprès d'un employeur dont... à ce moment-là, où son
siège social ou son entreprise se trouve au Québec, c'est ce que le premier
alinéa prévoit, à ce moment-là.
M. Benjamin :
Les personnes...
M. Boulet : Donc, elle est
couverte.
M. Benjamin :
D'accord. Donc, à ce moment-là — on parle toujours de la personne, du
plaignant ou de la plaignante — est-ce que cette personne-là doit avoir
un lien d'attache avec le Québec, ou le seul lien que vous demandez, c'est le
lien avec l'employeur?
M. Boulet : Bien, le
stagiaire... au deuxième alinéa, on réfère quand même au «stagiaire, domicilié
ou résidant au Québec, qui effectue un stage hors du Québec», donc encore
faut-il que le stagiaire... tu sais, il ne faut pas que ça soit quelqu'un qui
vit en Alberta, ou qui vit à Londres, ou qui vit à Singapour, c'est quand même
un Québécois, une Québécoise qui fait un stage à l'international. Puis,
l'employeur, à 1, on réfère à l'employeur auprès de qui le stagiaire effectue son stage, puis, au deuxième alinéa, on
réfère à la condition relative au stagiaire, mais ce n'est pas un stagiaire
qui vit à l'étranger, qui a sa résidence à
l'étranger ou son domicile, il faut que la personne ait une résidence ou un
domicile ici.
M. Benjamin : Et c'est là,
effectivement, donc, quand on regarde les lois, les programmes, c'est ce que je
tente de vous expliquer, M. le ministre, Mme
la Présidente, que souvent cette notion de résidence varie d'un
programme à un autre, et d'où l'importance de bien pouvoir le définir, la
notion de résidence.
M. Boulet : Ah! tout à fait.
Non, je le comprends, puis, je le répète, c'est la portée territoriale de
l'application d'une loi du Québec, là, puis c'est la raison pour laquelle on
reprend le même libellé que dans la Loi sur les normes du travail, et donc la
condition à remplir. Puis il n'y a pas de période de temps avant ou après le
stage, il n'y a pas une obligation de demeurer ou une obligation de demeurer
habituellement en un lieu spécifique pendant une période de temps, c'est au
moment de l'exécution du stage.
M. Benjamin : Merci.
M. Boulet : Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Y a-t-il d'autres interventions? Alors, la parole est au député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente.
Vous me permettrez une petite digression très
rapide, puis, vu qu'on est au salon bleu, je trouvais que c'était peut-être le
bon endroit pour le faire, mais, tout comme en septembre, là, dans le cadre de
l'étude du projet de loi n° 59, on avait, le ministre et moi, pris un
petit moment pour saluer le décès de la Pre Katherine Lippel, je voulais
prendre un petit moment aujourd'hui, pas très long, Mme la Présidente, je le
promets, pour saluer le départ de la Pre Lucie Lemonde, à l'UQAM, qui a eu
une contribution majeure, au sens juridique, pas nécessairement sur le sujet
qui nous touche, mais qui a été une professeure très importante, qui a
travaillé sur toutes sortes de dossiers, qui a été très active à la Ligue des
droits et libertés, notamment. Alors, je tenais à saluer cette femme
remarquable et sa contribution au droit et au monde du travail au sens large.
J'aimerais faire la même chose avec le Pr
Jean-Marc Piotte, qui est décédé la semaine dernière, professeur de sciences
politiques à l'UQAM, un militant, un intellectuel majeur qui a théorisé toute
la question du syndicalisme de combat, qui a été impliqué dans son syndicat de
professeurs à l'Université du Québec à Montréal, à la FNEEQ, à la CSN, qui a
écrit de nombreux livres sur la gauche, le mouvement syndical en général.
Donc, deux personnes qui nous ont quittés la
semaine dernière qui ont eu une contribution très importante pour le Québec au
sens large, mais évidemment pour la question du droit social et du droit du
travail en manière plus particulière, donc je tenais à prendre un petit moment
pour saluer le départ de ces deux personnes. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, il y a-t-il d'autres interventions à l'article 2? Est-ce
que l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Adopté. Parfait.
M. le ministre, nous poursuivons avec
l'article 3.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. «3. La présente loi lie l'État.»
Commentaires : Cet article précise que la
loi lie effectivement l'État, donc les dispositions de la loi sont applicables
aux ministères et aux organismes du gouvernement qui accueilleront des
stagiaires au sein de leur organisation. Merci.
• (15 h 50) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je veux faire la
distinction. Est-ce que c'est le genre d'article qui fait en sorte qu'on peut
dire que cette loi est d'ordre public ou c'est autre chose?
M. Boulet : Non, tu sais, c'est en rapport, collègue, avec le
premier alinéa de l'article 42 de la Loi d'interprétation, qui
consacre l'un des privilèges de l'État. Tu sais, on codifie le principe selon
lequel les lois lui sont inopposables. On dit, à
42 : «Nulle loi n'a d'effet sur les droits de l'État, à moins qu'ils n'y soient
expressément compris.» C'est la raison pour laquelle il faut le prévoir
clairement. Tu... Est-ce qu'on...
M. Leduc : Bien, parce que ce
n'est pas d'emblée le cas, que toutes les lois lient l'État?
M. Boulet : Non, non. C'est
comme un privilège de l'État, les lois ne lui sont pas opposables, à moins que
ce soit expressément prévu, et c'est la raison pour laquelle on le précise
clairement.
M. Leduc : Ah! c'est-à-dire que
l'état de fait normal, c'est que l'État peut décider de ne pas respecter les
lois, sauf si on le précise dans chacune des lois?
M. Boulet : Je relis le premier
alinéa de l'article 42, là, c'est la Loi d'interprétation, c'est la loi
qu'on utilise pour interpréter l'ensemble du corpus législatif québécois. On ne
l'utilise pas tant. Je me souviens de l'avoir lue, là, mais... et de le plaider
à l'occasion, mais on dit, à 42... en fait, ça consacre l'un des privilèges de
l'État à l'effet que les lois lui sont inopposables. Et je lis l'article 42,
premier alinéa : «Nulle loi n'a d'effet sur les droits de l'État, à moins
qu'ils n'y soient expressément compris.» Donc, on le prévoit expressément, puis
là c'est clair que ça s'applique aux ministères et aux organismes du
gouvernement.
M. Leduc : Qui pourraient
offrir des stages, là, on parle de ça, exactement, et là...
M. Boulet : Exact, en santé, en
services sociaux, en éducation et autres.
M. Leduc : Autrement, il y
aurait eu potentiellement un petit flou. Mais là tous les stages qui seront
offerts par l'État et ses agences, j'assume?
M. Boulet : Tout à fait, on
vise tous les stagiaires.
M. Leduc : O.K. Les centres de
services scolaires, tout le bataclan. O.K. Parfait.
M. Boulet : Tout à fait,
absolument, tout ce que vous appelez le bataclan, là, mais c'est l'État.
M. Leduc : Est-ce que c'est un mot parlementaire? On dirait
qu'au salon bleu on est plus gênés, tout d'un coup.
M. Boulet : En fait, c'est
l'État et ses ramifications.
M. Leduc : Ah! c'est bien, ça,
c'est bien.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il d'autres interventions à l'article 2? Oui, député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
C'est un article très clair, en quatre mots,
mais j'aurais besoin d'avoir quelques précisions du ministre. Quelle est la
situation actuelle au niveau des stages et au niveau des ministères ou des
organismes? Est-ce qu'il y a des ententes-cadres, majoritairement? Comment ça
fonctionne?
M. Boulet : C'est une question
intéressante, là, mais c'est très, très variable, là. Si vous discutiez avec
mes collègues à l'Éducation puis à l'Enseignement supérieur, puis comme on a
entendu aux consultations particulières avec la fédération des collèges, le
Conseil interprofessionnel, ça dépend. Puis ce n'est pas la même situation pour
tous les collèges parce que... ou pour toutes les universités parce que ça
dépend aussi des ententes-cadres, souvent, des corporations professionnelles.
Il y en a qui en ont, il y en a qui n'en ont pas, il y en a d'autres qui ont
des ententes individuelles, il y en a d'autres qui ont des conventions de
stage, mais c'est très, très, très variable, puis ça peut évoluer d'une année à
l'autre. Et, en Santé, en Éducation, en Services sociaux, on a à peu près tout
ce que vous pouvez imaginer.
M. Benjamin : Merci. Je sais
qu'en matière de ressources humaines, de gestion des ressources humaines, le
Secrétariat au Conseil du trésor joue un très grand rôle, un rôle-conseil
auprès de différents ministères et organismes. Est-ce que le Secrétariat au
Conseil du trésor joue un certain rôle pour ce que sont les stagiaires?
M. Boulet : Mon Dieu! Présumons
que le Conseil du trésor joue un rôle. Est-ce qu'il a un rôle actif dans
l'élaboration, dans les tenants et aboutissants des ententes-cadres? J'oserais
dire que ça relève presque essentiellement du
ministère de l'Enseignement supérieur et de l'Éducation, vraisemblablement en
collaboration avec le Conseil du
trésor, là, particulièrement là où il y a des stages qui sont rémunérés. Je
pense que c'est ce qui est, à ma connaissance, collègue.
M. Benjamin : Excluons le
réseau de l'éducation, excluons le réseau de la santé et des services sociaux,
je parle particulièrement pour les ministères et les organismes du gouvernement
du Québec. Est-ce que le Secrétariat au Conseil du trésor joue un certain rôle?
M. Boulet :
Vraisemblablement, là, parce qu'il y a des personnes qui viennent faire un
stage dans un ministère, et donc le ministère, pour faire entériner son
enveloppe budgétaire, doit aussi en discuter avec le Conseil du trésor puis
avec le ministère des Finances. Ça fait que, oui, il y a une collaboration, je
vous dirais, là, en respectant la mission du Conseil du trésor, du ministère
des Finances, puis chacun des ministères, là. Il y a des ministères où il n'y a
peut-être pas de stagiaires, mais je présume qu'il y en a dans la plupart des
ministères, et ce n'est que ce que prévoit cet article-là, que ça s'applique à
tous les ministères aussi.
M. Benjamin : Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Y a-t-il d'autres interventions à l'article 3? Alors, est-ce que
l'article loi est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, l'article 3 est adopté.
Nous poursuivons, M. le ministre, avec l'article
4, s'il vous plaît.
M. Boulet : Donc, est-ce que
vous me permettez de juste compléter un point au collègue de Viau? Dans le
réseau de la santé et l'éducation, il y a des ententes-cadres, puis le Secrétariat
du Conseil du trésor s'implique pour les stages dans la fonction publique. Ça
fait que je pense que c'est pas mal ce que j'avais mentionné.
Donc, l'article 4, Mme la Présidente :
«Au cours de la réalisation d'un stage, l'employeur et, selon le cas,
l'établissement d'enseignement ou l'ordre professionnel doivent prendre les
moyens raisonnables à leur disposition pour s'assurer que la réussite des
études ou de la formation du stagiaire ou l'obtention, par ce dernier, d'un
permis pour exercer une profession ne soit pas compromise en raison de
l'exercice d'un droit qui résulte de la présente loi.»
Commentaires : Bon, ça introduit, là, une
obligation qui est bien importante pour l'employeur et, selon le cas,
l'établissement d'enseignement ou l'ordre professionnel. Donc, lors de la
réalisation d'un stage en milieu de travail, ils vont devoir prendre les moyens
raisonnables pour s'assurer que l'exercice d'un droit... l'exercice d'un droit
prévu par cette loi n'aura pas pour effet de compromettre la réussite des
études, ou de la formation du stagiaire, ou l'obtention d'un permis pour
exercer une profession. Alors, voilà, c'est complet.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions? Oui, député de Viau.
M. Benjamin : Merci.
Des voix : ...
M. Boulet : Désolé. Je vais
lire l'amendement tout de suite, parce que ça va accélérer.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On va... Oui, est-ce qu'on peut afficher l'amendement, s'il vous plaît?
M. Boulet : Oui. Donc :
Ajouter, à la fin de l'article 4 du projet de loi, l'alinéa suivant :
«L'employeur et, selon le cas, l'établissement
d'enseignement ou l'ordre professionnel ont également l'obligation de prendre
les moyens raisonnables à leur disposition pour accommoder un stagiaire qui
doit s'absenter de son stage pour un motif, visé à l'article 79.1, lié à la
maladie, à un don d'organe ou de tissus, à un accident, à de la violence
conjugale, à de la violence à caractère sexuel ou à un acte criminel, ou
encore, pour des raisons familiales ou parentales visées aux articles 79.8 à
79.12, 79.15, 81.2, 81.4 à 81.5.2, 81.10 et 81.11 de la Loi sur les normes du
travail, et ce, pour les durées et les périodes qui sont prévues à ces
articles.»
Commentaires : Cet amendement oblige
l'employeur ainsi que l'établissement d'enseignement ou l'ordre professionnel,
selon le cas, à accommoder un stagiaire qui doit s'absenter pour les motifs et
les périodes prévues aux articles de la Loi sur les normes du travail. Voilà.
Et ça, ça fait suite, bien sûr, aux consultations particulières, et c'est compatible avec les expressions soumises par la
fédération des collèges, le Conseil du patronat, le Conseil
interprofessionnel et les associations étudiantes aussi. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il des interventions? Je vais... Le député de... Ça va? Alors,
on va y aller avec le député de Viau. Sur l'amendement, n'est-ce pas?
M. Benjamin : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excellent.
• (16 heures) •
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
Donc, sur l'amendement, j'aimerais peut-être que
le ministre puisse nous préciser. Il y avait des demandes clairement formulées
par rapport à cette liste-là, je veux m'assurer que c'est complet. Par exemple,
dans le cadre d'une démarche relative, vous savez, à la fertilité, à la
grossesse, est-ce que c'est prévu, M. le ministre? Par exemple, quelqu'un qui
doit aller, deux ou trois visites, dans une clinique de fertilité, par exemple,
donc, est-ce que c'est prévu?
M. Boulet :
Les congés de maternité sont prévus, les congés de maternité spéciaux, les
interruptions de grossesse, les congés parentaux, les congés de paternité, en
fait, les maladies, les dons d'organes, la proche aidance, il y en a plusieurs.
C'est intéressant, parce que je me souviens, quand on a rédigé le projet de loi
puis les consultations qu'on avait faites, tu sais, puis même les déclarations
que j'avais faites aussi aux associations étudiantes, c'est qu'on allait se
limiter aux congés de courte durée, puis, bon, c'était comme acquis, c'était
déjà une grande avancée.
Puis je l'ai réalisé, là, ceci dit, là, ça
démontre à quel point les consultations particulières ont de la valeur, j'ai
réalisé qu'il y avait quand même de l'accommodement, puis ce concept-là
d'accommodement-là qui découle de l'application de la Charte des droits et
libertés de la personne, particulièrement en rapport avec une maladie ou le
handicap, bien, que ça s'appliquait, puis que les institutions... puis la
professeure de l'UQAM l'a aussi mentionné, que l'Université du Québec à
Montréal faisait de l'accommodement, tu sais, parce que je lui ai posé la
question, puis elle m'a dit : Ça va être du cas par cas, mais on va
chercher à accommoder la personne. Parce que moi, j'essayais d'établir un
parallèle entre une session académique régulière et un stage, puis à chaque
fois ça ne me revenait pas, puis cette professeure m'a allumé à cette
réalité-là, mais ça a été aussi confirmé par M. Tremblay, de la fédération
des collèges, puis le Conseil
interprofessionnel. Évidemment, le CPQ parlait beaucoup de flexibilité, là,
parce que, dans les milieux de stage du secteur privé, ce n'est pas
toujours facile, là. Mais je pense qu'en s'en tenant à la notion... ou en
adhérant à l'accommodement raisonnable, je
pense qu'on atteint notre objectif pleinement, et ça répond bien aux attentes,
collègue.
M. Benjamin : Alors, je
comprends, en fait, dans l'amendement que nous propose le ministre, il fait une
liste d'exemptions, donc, «lié à la maladie, à un don d'organes ou de tissus, à
un accident, à de la violence conjugale, à de la violence à caractère sexuel ou
à un acte criminel», puis c'est très bien. En fait, ma question, Mme la
Présidente : Est-ce qu'une visite dans une clinique pour... in vitro de
fertilité, est-ce que ça en fait partie, selon lui, de ces exemptions-là? Ou du
moins est-ce que... comme il nous parle d'accommodements, est-ce que ça
relèverait d'un cas discrétionnaire ou ce serait l'application de la discrétion
de...
M. Boulet : Ah! c'est une
excellente question. Au-delà des congés qui y sont prévus, oui, il y a une
possibilité d'accommoder la personne. Ça va dépendre de la réalité, c'est du
cas par cas.
Puis je voulais juste redire au collègue que
l'amendement répond aux revendications des associations étudiantes, de Force
Jeunesse puis de Mme Fecteau pour les absences de longue durée. Ça assure
aussi une équité entre, je dirais, les stagiaires, la vaste majorité des stagiaires,
qui ne sont pas des salariés et ceux qui sont des salariés. Puis enfin, bien, c'est ce que j'ai mentionné, là,
ça formalise et ça enracine dans la loi les pratiques d'accommodement
qui sont actuellement en vigueur dans les
établissements d'enseignement, puis ça, c'est Mme Fecteau qui l'a
particulièrement bien prévu, là, mais en respectant la nature et la durée des
absences prévues dans la Loi sur les normes du travail.
M. Benjamin : Bien, alors, Mme
la Présidente, il est vrai que l'amendement présenté par le ministre répond,
mais, je dirais tout de suite, répond en partie aux demandes formulées par les
organismes étudiants.
Une autre question que j'aimerais bien poser au
ministre : Est-ce que, par exemple... Vous savez, quand on est dans une
démarche d'adoption, il se pourrait qu'on doive avoir des rendez-vous avec...
en consultation psychosociale. Est-ce que ces genres de congés sont prévus dans
l'amendement que vous apportez?
M. Boulet : ...de l'objet puis
de la nature des congés. C'est sûr qu'éventuellement, un jour, la Loi sur les
normes du travail sera révisée, là, mais ça ne va pas au-delà de la nature puis
de la durée des absences que nous avons identifiées, qui sont les plus importantes,
qui sont prévues dans la Loi sur les normes du travail.
M. Benjamin : Donc, moi, quand
je regarde, ici, les mémoires de plusieurs organismes qui ont comparu devant
nous, donc, il y a des types d'absences, malheureusement, que je ne vois pas. Donc,
c'est une bonne avancée, mais c'est une avancée, je dirais, qui ne répond pas
complètement aux demandes formulées par les organismes étudiants. Donc, alors,
voilà, donc, ce sont mes premiers commentaires.
M. Boulet : J'aimerais juste
réitérer le point à l'effet qu'au-delà de ça, bon, c'est déjà une avancée
considérable, le projet de loi initial est une avancée importante. L'amendement
est une autre avancée. Puis, au-delà de ça, il n'y a rien qui empêche un
établissement d'enseignement de s'adapter. Et on a les cinq jours de naissance
ou d'adoption, là, ça, c'est prévu à l'article 15, on va le voir un petit
peu plus tard. Mais il n'y a pas toutes les situations qu'on ne peut pas
imaginer, là, mais l'article 15 va revenir, là, si vous vous intéressez
particulièrement à la naissance et l'adoption, l'article 15 du projet de
loi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Député d'Hochelaga-Maisonneuve, est-ce que vous avez une intervention?
M. Leduc : Oui. C'est ça, je
veux bien comprendre, là, la volonté du ministre. Donc, tu sais, à la place de
mettre nommément le droit tel quel, on passe par le chemin du devoir
d'accommodement. Donc, ce n'est plus un droit absolu, en quelque sorte, là,
nominal, c'est un devoir d'accommodement que le maître de stage ou
l'institution peut refuser en fonction de x, y paramètres, ce qui ne serait pas
le cas si c'était un droit tel que précisé dans les normes du travail, par
exemple?
M. Boulet : ...que je comprends
bien la question.
M. Leduc :
Je me répète. Mettons, les congés auxquels on fait référence dans l'amendement,
là, ils ne sont pas sujets au devoir d'accommodement, normalement, pour un
salarié, il peut les avoir tels quels, s'il les réclame. Là, vous, vous
dites : Ces types de congés là, je les ramène dans mon projet de loi, donc
je les intègre dans mon régime parallèle, mais pas tels quels, je les intègre à
travers le prisme d'analyse du devoir d'accommodement, qui est mieux que rien,
on s'entend, mais qui n'est pas la même chose que ce qu'ils auraient droit
s'ils étaient dans les normes.
M. Boulet : Oui, mais ce qui
était important pour nous autres, c'est de couvrir tous les motifs d'absence
qui sont prévus dans la Loi sur les normes du travail de même que la durée des
absences et de cristalliser des façons de faire dans les établissements qui
sont... Parce que ce n'est pas les établissements qui le font, là,
comprenons-nous bien, là, collègue, là.
Nous, on s'était limités aux congés de courte durée parce que les congés de
longue durée sont incompatibles avec une multitude de stages où ça prend
un nombre d'heures de prestations effectives, où le stage doit être limité dans
une période de temps. Mais donc, pour les
stages de longue durée, ça impose une nouvelle obligation aux
établissements de prendre les moyens raisonnables qui s'imposent pour
accommoder le salarié. Est-ce qu'on se comprend bien?
M. Leduc : On s'entend
là-dessus. Moi, ce que je veux vraiment comprendre, c'est : Ces droits-là,
là, ces différents congés-là, en temps régulier, pour un salarié qui passe à
travers les normes du travail, ce n'est pas une option; s'il a droit à un
congé, il y a droit, point.
M. Boulet : Si c'est un
salarié, il y a droit, tout à fait.
M. Leduc : C'est ça. Alors,
quand vous dites que vous ramenez le sujet des congés dans la loi, je ne vous
discute pas ça. Ce que je veux clarifier, c'est que vous faites un choix en les
ramenant, vous ne les ramenez pas tels quels, vous les ramenez à travers le
prisme du devoir d'accommodement.
M. Boulet : Oui, tout à fait,
tout à fait, pour respecter la réalité des stages qui ne sont pas de même
nature qu'une session académique régulière. Mais, vous avez raison, je pense
qu'on se comprend bien.
M. Leduc : C'est ça. Alors, le
devoir d'accommodement... la réponse à un test du devoir d'accommodement, ça
peut être non.
M. Boulet : Non, tu as un
devoir d'accommodement, tu prends les moyens raisonnables pour accommoder, tu
ne peux pas dire non, parce qu'il peut y avoir une contestation, puis ça sera
ultimement à un tiers impartial de déterminer si l'établissement a pris les
moyens raisonnables pour accommoder. Ça fait que ça dépend. Il y a une variété
de situations particulières, et ça va dépendre des faits.
Mais moi, je prends pour acquis que, quand on va
faire la formation, l'information puis la sensibilisation nécessaires, les établissements vont comprendre
cette réalité-là. Et j'ai senti des propos de tout le monde en
consultations particulières non seulement une volonté de pouvoir bénéficier de
ça, mais une volonté de la part de ceux qui vont être requis de prendre les
moyens raisonnables pour accommoder de respecter cette obligation-là.
• (16 h 10) •
M. Leduc : On s'entend que le
devoir d'accommodement, il y a toute une série, en effet, de tests puis qu'on
s'expose éventuellement à une poursuite. Mais je voulais clairement clarifier
avec vous...
M. Boulet : Ah! je comprends.
M. Leduc : ...puis vous semblez
me donner raison, que ce n'est pas la même chose qu'un droit clairement inscrit
dans les normes du travail, qui n'est pas sujet... c'est-à-dire, dans les
normes du travail, je peux vouloir exercer mon droit puis me faire dire non. Là
aussi, tu t'exposes à une poursuite au tribunal puis avec la commission, mais
ce n'est pas négociable, au même titre qu'un devoir d'accommodement de
l'employeur ou, du moins, dans ce cas-là, maître de stage, qui peut commencer à
twister un peu plus.
M. Boulet : Je pense qu'on se
comprend.
M. Leduc : Parfait. Je voulais
également faire du renforcement positif, Mme la Présidente. En ouverture, j'ai
mentionné que j'appréciais quand le ministre déposait ses amendements d'avance.
Il a repris en partie son bon procédé, ce qui m'a permis, pendant l'heure du
dîner, de faire quelques appels en fonction de cet amendement, et la réception
est plutôt positive, dans ma compréhension, du côté des associations
étudiantes. Ce n'est pas parfait, comme d'habitude, le projet de loi n'est pas
parfait, mais ce qui est soumis là, l'avancée est jugée suffisamment
intéressante pour qu'on procède, ce qui aurait été difficile de faire si on
l'avait appris séance tenante, où là on n'aurait pas pu se revirer de bord,
puis... Bon, alors, encore une fois, salutations pour le bon procédé du
ministre là-dessus.
M. Boulet : J'apprécie. Puis on
se connaît tellement, puis on est capables de se partager du crédit, et cet
amendement-là, il ne vient pas que de moi, il vient de nous tous, il vient de
vous, notamment. Puis effectivement on a reçu des félicitations pour cet
amendement-là, puis je veux que nous en profitions tous, parce que c'est un
amendement qui est un corollaire direct de la bonne collaboration que nous
avons.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Bien, merci. Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement déposé par le ministre à l'article 4?
Alors, est-ce que l'amendement déposé à
l'article 4 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Adopté. Parfait.
Nous revenons, cette fois-ci, à l'article 4
tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions? Député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente.
Justement, ma première question, donc : M.
le ministre, quand, dans l'article 4, vous dites «prendre des moyens
raisonnables», qu'est-ce que vous entendez?
M. Boulet : Eh mon Dieu! Les
moyens raisonnables, évidemment, ça dépend tellement des circonstances
particulières de chaque cas, mais... Tu sais, on nous enseignait, il y a un
certain nombre d'années, comment interpréter le
concept du bon père de famille. Donc, l'établissement doit prendre les moyens
raisonnables, là, rien qui pourrait être considéré comme étant excessif, où, si c'est une contrainte excessive,
si ça impose à un établissement d'aller au-delà des règles, des façons de faire, des conventions
collectives... donc, c'est de prendre les moyens raisonnables pour
accommoder.
Et je vais vous donner des exemples. Pour
l'employeur, ça pourrait être d'accueillir un stagiaire pour une période plus
longue que celle initialement prévue à la suite d'un congé, prendre les moyens
raisonnables pour s'assurer que la réussite des études ou de la formation du
stagiaire ne soit pas compromise en raison de l'exercice d'un droit, prendre
des moyens raisonnables pour prévenir le harcèlement psychologique et sexuel
quand une conduite est portée à sa connaissance.
Moyens raisonnables pour les établissements
d'enseignement, peut-être plus spécifiques : retirer le stagiaire du
milieu de stage, permettre des alternatives au stage, par exemple des travaux
dirigés, des activités de simulation, du télétravail, entre guillemets,
permettre à l'étudiant de reprendre son stage à une session ultérieure — je
pense que Mme Fecteau en avait parlé — sans mention d'échec,
reconnaître les compétences acquises depuis le début du stage, je pense qu'aux consultations particulières on
nous disait : C'est sûr que, si ça fait deux jours qu'il a commencé le
stage, ce n'est pas la même réalité, mais... aider le stagiaire à se trouver un
milieu alternatif de stage quand on n'est plus capable de le faire pour des
impératifs x, y ou z, là. Mais il y a beaucoup, là...
Puis j'ai... les moyens raisonnables pour les
ordres professionnels, c'est : permettre d'interrompre le stage, de le
modifier, de changer de superviseur, de changer de milieu de stage, trouver un
nouveau maître de stage, réprouver le comportement d'un maître de stage en lui
imposant une mesure disciplinaire, offrir une formation, permettre qu'un stage
se fasse sur une plus longue période, reconnaître les compétences acquises.
Ça fait qu'il y a autant de moyens raisonnables
que de situations. Mais, très bonne question, ça m'a permis de le préciser.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le ministre.
Mme la Présidente, donc, sur ce... et
effectivement j'écoutais le ministre avec beaucoup d'attention, parce que je
crois... et je vais dans le même sens que lui, donc, sur les moyens
raisonnables qui... et dont nous devons viser avant tout la protection des stagiaires,
je vais, à ce stade-ci, déposer un amendement qui nous permettrait peut-être de
poursuivre la discussion, si vous permettez.
Si on peut suspendre quelques instants, le temps
de faire parvenir l'amendement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 16)
(Reprise à 16 h 19)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre, je vous donne la parole.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
C'est bien important pour moi que ce projet de
loi là permette de ne pas compromettre une période de stage en raison de
l'exercice d'un droit prévu dans ce projet de loi là. Ici, pour les congés de
longue durée, il y a une obligation de prendre les moyens raisonnables pour
accommoder, puis j'ai donné plusieurs exemples. Puis, bon, le collègue de Viau voulait déposer un amendement, mais je vais
le reprendre pour dire que, dans la multitude des moyens raisonnables
pour accommoder, il faut véritablement coller à la réalité de chaque situation
particulière, puis ça pourrait notamment, dans ces moyens raisonnables là,
faire en sorte qu'un stagiaire, dont la durée des absences a un impact sur la
réussite des études ou l'obtention de son permis d'exercice, pourrait... on pourrait
lui permettre de reprendre ces journées de stage en tenant compte, bien sûr,
des exigences de l'établissement, ou de la corporation, ou de l'ordre
professionnel en tenant compte de la
disponibilité, de la faisabilité. Ça fait que c'est vraiment du cas par cas.
Puis, des moyens raisonnables, bien, j'en ai donné sept, huit, tout à
l'heure, mais ça, ça en fait partie.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait, merci. Député de Viau.
M. Benjamin :
Si vous permettez, Mme la Présidente, je veux remercier M. le ministre, dans un
premier temps, pour ses commentaires. Et, comme l'amendement est déjà déposé,
donc, je vais en donner lecture, si vous permettez, et peut-être argumenter
aussi.
• (16 h 20) •
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Un instant...
M. Benjamin :
Non, il n'est pas encore déposé.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Il n'est pas... En fait, c'est-à-dire est-ce
qu'on va l'étudier ou pas?
M. Boulet :
Non, on ne l'étudie pas, en fait, non.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Donc, on ne l'étudiera pas.
M. Benjamin :
Non, on ne l'étudie pas, on en discutera.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Donc, faites juste en discuter, de l'amendement
que vous auriez aimé déposer, mais on ne prend pas pour acquis qu'on
dépose l'amendement.
M. Benjamin :
Exactement. Parfait.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Faites juste en discuter, il n'y aura pas de
lecture.
M. Benjamin :
Merci. Alors, je remercie le ministre pour ses commentaires, donc. Et, en
introduction, le ministre nous a parlé de l'importance... Et là-dessus je suis
d'accord avec lui, parce que ça faisait partie de mon argumentaire aussi, lors
de mon intervention sur l'étude... sur le principe de ce projet de loi là, sur
la nécessité d'avoir un équilibre, en fait, sur la nécessité d'avoir à vue,
dans un premier temps, la protection des stagiaires, mais aussi cet équilibre à
avoir pour s'assurer aussi de ne pas alourdir le fardeau, trop alourdir le
fardeau des entreprises.
Et, dans le mémoire
de... et j'ai trouvé ça très intéressant, dans le mémoire du Conseil du
patronat du Québec, donc, dans le mémoire du Conseil du patronat du Québec, le
Conseil du patronat du Québec nous soumet, c'est à la page 6 de leur
mémoire, Mme la Présidente, et ça, c'est important de le souligner, cet apport,
cette contribution du Conseil du patronat du Québec, il nous soumet que cette commission...
à cette commission que le projet de loi n° 14 devrait
inclure une disposition précise à l'effet... afin que l'exercice d'un droit qui
résulte de la loi ne puisse pas mettre en péril la validité et la conformité du
stage, donc.
Et c'est là que,
donc, j'aimerais peut-être entendre encore le ministre, sur les moyens
raisonnables dont il a évoqué tantôt pour nous... Et la question que je lui
soumets : Ne croit-il pas nécessaire de s'assurer aussi... de pouvoir nous
dire, peut-être, explicitement, à travers cet article 4, que l'exercice,
cet exercice-là, comme le souhaite le Conseil du patronat du Québec, ne mette
pas en péril la validité ou la conformité d'un stage?
M. Boulet :
Oui, puis j'ai bien entendu le Conseil du patronat, mais ils ne voulaient pas
que ça puisse nuire à leur flexibilité opérationnelle. Mais, à la question
soumise par le CPQ, le libellé de l'article 4 est assez... va dans cette
direction-là, «[doit] prendre les moyens raisonnables [...] pour s'assurer [de]
la réussite des études ou de la formation», avant l'amendement, là. Puis on dit
que la réussite des études ou de la formation ou l'obtention de son permis
d'exercer, ça ne peut pas être compromis «en raison de l'exercice d'un droit
qui résulte de la présente loi».
Puis, comme j'ai
précisé tout à l'heure au libellé d'amendement du collègue de Viau, évidemment
il ne faut pas que ça constitue une contrainte excessive, puis la possibilité
de poursuivre un stage à une période ultérieure, ça fait partie des moyens
raisonnables pour accommoder. Évidemment, ça dépend toujours de la capacité
organisationnelle, des coûts puis de la faisabilité, là, il ne faut pas que ça
soit une contrainte excessive.
Mais, les moyens
raisonnables, bon, j'en ai mentionné, bon, pour les employeurs, j'en ai
mentionné pour les établissements d'enseignement. Je vous dirais que les principaux,
pour l'employeur, c'est : accueillir, si c'est possible, pour une période plus longue que celle
initialement prévue, prendre les moyens pour, bon, prévenir... bien, ça...
évidemment, le harcèlement psychologique et sexuel. Pour les établissements
d'enseignement, c'est : retirer le stagiaire, permettre... Moi, j'aime
beaucoup les alternatives comme les travaux dirigés, les activités de
simulation ou le téléstage, là, si je peux m'exprimer ainsi, dans la mesure où
c'est possible de le faire, permettre de reprendre à une session ultérieure,
reconnaissance des compétences acquises, l'interruption, la modification du
stage, son adaptation, réprobation du comportement du maître de stage. Je pense
qu'on en a beaucoup, là, de types de moyens raisonnables.
Je ne veux pas
allonger inutilement, là, mais ça répond bien à l'observation qui a été faite
par le Conseil du patronat du Québec. Et ce
qui est intéressant de ce témoignage-là du Conseil du patronat, c'est qu'ils
n'ont pas exprimé de fermeture à un
accommodement puis ils n'ont pas exprimé de fermeture à ce que ce soit le
concept de moyen raisonnable. Et c'est ça que je trouve intéressant,
parce qu'on finit par tous se rejoindre au bout de l'entonnoir. Les
huit groupes qui sont venus en consultations particulières, je pense, sur
le fond, adhéreraient au libellé de 4 et de son amendement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Oui, député de Viau.
M. Benjamin :
Oui, merci. M. le ministre a raison de préciser sur le libellé du 4, mais, sur
le projet de loi, je pense que nous avons, lui et moi, entendu que plusieurs
groupes auraient souhaité ou avaient même proposé d'autres pistes pour arriver
à protéger de manière plus forte les stagiaires.
Mais, ceci étant dit, dans l'article 4, Mme
la Présidente, lorsque... dans la première phrase, «au cours de la réalisation d'un stage, l'employeur et, selon le
cas, l'établissement d'enseignement», j'aimerais peut-être qu'on... peut-être...
Ah! bien, le ministre étant lui-même un homme de loi, donc un avocat, donc, il
pourra peut-être m'expliquer «selon le cas», ça exprime quoi, ici, dans le
texte?
M. Boulet : Ça dépend du rôle
et des responsabilités de chacun et ça varie, encore une fois, c'est pour ça
que je ne peux pas aller dans les aspects pratiques, là, qui varient d'un stage
à l'autre, là. Mais des fois le milieu de stage au sein de l'entreprise, par
exemple, joue un rôle prépondérant dans l'utilisation des moyens raisonnables
pour adopter, ou dans le respect des droits, dans le cas de l'assurance donnée
au stagiaire que sa formation, ou son stage, ou la délivrance de son permis ne
seront pas compromis par l'exercice d'un droit.
Parfois, la corporation professionnelle... Mais
vous l'avez entendu, le Conseil interprofessionnel, il dit : Ça varie
aussi d'une corporation professionnelle à une autre, là, mais il y a des... il
y a un rôle puis une responsabilité qui dépend de la mission de chacun dans la
réussite du stage ou dans l'octroi du permis d'exercice. Pour les stages, par
exemple, d'admission à la profession, c'est plus l'ordre qui joue un rôle, mais
même, encore là, des fois, c'est le milieu de stage. Pour les stages étudiants,
c'est manifestement l'établissement d'enseignement qui joue le rôle
prépondérant.
Mais je pense qu'il faut, encore une fois,
adopter une loi qui soit pragmatique et compatible avec le rôle et les
responsabilités joués par chacun des intervenants. Et c'est ce qui est de beau,
aussi, de ce projet de loi là, là, sans m'attribuer
seulement la paternité, là, mais c'est qu'on impose des obligations à «autres»,
tu sais, ce n'est pas un bipartisme, ce n'est pas un employeur puis un
salarié, c'est un stagiaire puis tous les intervenants, pour s'assurer de la
réussite.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 4 tel
qu'amendé?
Alors est-ce que l'article 4, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Boulet : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Adopté. Parfait.
M. le ministre, nous allons donc à l'article 5.
Oui?
M. Leduc : ...à déposer, s'il
vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Pardon?
M. Leduc : J'aurais un 4.1 à
déposer.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, un nouvel article? Parfait
M. Leduc : Vous l'avez déjà
dans le Greffier.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il est déjà...
M. Leduc : En fait, on vous l'a
envoyé. Je ne sais pas s'il est dans le Greffier, mais on vous l'avait envoyé.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Est-ce qu'on est en mesure de l'afficher immédiatement? Oui? Parfait.
Je vous invite donc à le lire, si on
est prêts, tout le monde. On pourrait... Oui, je vous invite à le lire, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente.
«4.1. Le ministre peut, par règlement,
déterminer quels stages doivent obligatoirement faire l'objet d'une convention
de stage entre les parties, et en fixer les paramètres.»
Alors, je tenais quand même à le faire.
J'imagine que ça ne sera pas accepté, mais ça a été repris par plusieurs groupes, le fait de rendre les conventions de
stage obligatoires. On a eu un débat ce matin, là, sur les pouvoirs
réglementaires ou pas, et ça serait un élément qui donnerait une habilitation
réglementaire. Puis je tenais, donc, à le déposer pour avoir minimalement
quelques traces, dans nos archives, que nous avons tenu ce débat. Voilà.
M. Boulet : Merci. Mes
commentaires seront brefs, Mme la Présidente. Je ne crois pas que le ministre
aurait l'autorité, la capacité, la compétence, même avec toutes les ressources
à sa disposition, pour se substituer à des établissements d'enseignement, ou
des ordres professionnels, ou des milieux de travail. Je pense que ce ne serait
pas une avenue qui serait souhaitable. Je pense qu'il faut respecter les
ententes-cadres, les ententes individuelles puis les conventions de stage en
fonction des particularités de chaque milieu. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions?
• (16 h 30) •
M. Leduc :
Rapide, Mme la Présidente. On sait à quel point... puis on l'a évoqué tantôt,
mes collègues aussi en parlaient, on le sait, à quel point une convention de
stage vient sécuriser l'environnement de stage. On est dans un contexte de
crise de santé mentale, on veut absolument éviter des expériences désastreuses
pour des stagiaires, qui pourraient les faire dévier, d'ailleurs, de leur
parcours d'études, les faire renoncer à un parcours d'études. Alors, cette
convention de stage pourrait s'appliquer. On avait imaginé un libellé qui était
assez large, qui n'était pas mur à mur, contrairement, même, à ce qui était
l'ambition, donc, des groupes qui sont venus nous présenter des mémoires.
Alors, on a essayé cette voie de passage là, je constate qu'elle n'a pas été
suffisante. Merci.
M. Boulet :
En même temps, collègue, je pense que vous me connaissez bien, je vais
certainement... parce que ça aussi, c'est une matière qui relève de mon
collègue à l'Éducation, je vais certainement lui transmettre l'idée. S'il
souhaite en faire la promotion ou s'il décide que c'est une idée, là, tenant
compte des particularités de certains milieux de stage, qu'il en soit ainsi.
Merci, collègue.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Alors, député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente.
En fait, simplement
pour souligner notre appui à cet amendement. Donc, vous m'avez entendu, un peu
plus tôt, Mme la Présidente, évoquer des fois quelques particularités et
l'importance... et j'ai même... et j'ai même fait cas de mon expérience
personnelle, donc, en accueil de stagiaires, et expliquant le bien-fondé
d'avoir des conventions de stage. Et, particulièrement, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention mon collègue le député de Jonquière dans les échanges
qu'il avait avec le ministre, notamment sur les enjeux de stages à l'étranger,
stages en coopération internationale. Moi, je pense que ça ferait, pour moi,
partie, selon moi, des types de stages qu'il faudrait nécessairement baliser
avec des conventions de stage, puisque, dans certains cas, ce sont des stages
qui vont se faire parfois dans des pays où on ne peut pas garantir qu'il y a
une législation qui puisse réellement protéger les stagiaires, et moi, je crois
que c'est très important que ces stages-là, entre autres, soient balisés.
Et une convention de
stage, aussi, a le mérite et le bienfait, Mme la Présidente, que ça envoie un
message, un message qui va dans le sens,
justement, de cette volonté de protéger les stagiaires. Ça envoie un message,
lorsqu'il y a une convention de stage. Et l'absence totale de convention
de stage, remettre ça à la discrétion des partenaires d'avoir une convention de
stage, dans tous les cas, pour moi, n'est pas nécessairement la bonne avenue.
Donc, je pense que,
dans certains cas, le ministre devrait prendre le temps, selon moi, d'analyser
cet amendement-là pour voir comment il pourrait y donner suite correctement,
donc, ultérieurement. Donc, ce que je soumets amicalement au ministre, c'est
peut-être de pouvoir regarder quelle portée qu'un amendement pareil pourrait
avoir et voir l'opportunité d'une certaine application dans certains secteurs.
M. Boulet :
Bien que ça ne soit pas obligatoire, moi, je pense que la convention de stage,
c'est une bonne pratique qui est déjà mise de l'avant par le ministère de
l'Éducation puis le ministère de l'Enseignement supérieur. Puis on me confirme
qu'il y a eu un guide d'accompagnement destiné aux établissements
d'enseignement en vue de la rédaction d'une convention de stage, puis ça a été
publié en 2020, donc c'est encouragé.
Ceci dit, le choix de
ne pas la rendre obligatoire, évidemment, il y a plusieurs raisons, là, puis je
les ai mentionnées et je vais les reprendre. Ça offre plus de souplesse aux
établissements d'enseignement, qui ont déjà des façons de faire puis qui ont
déjà des procédures, puis c'est souvent fait en partenariat avec les milieux de
stage. Puis les établissements de la santé, comme je l'avais mentionné, ils ont
déjà des ententes-cadres qui couvrent plusieurs milliers de stagiaires.
Autre élément,
c'est... les rendre obligatoires, ça nécessiterait, pour plusieurs
établissements, donc, de revoir leurs façons de faire, ça serait vu comme une
contrainte, puis même pour les milieux de travail auxquels référait le Conseil du patronat dans le secteur privé, puis pour les petites
entreprises, pour les milieux communautaires. Il y a des milieux de stage qui
pourraient, en conséquence, être tentés de revoir leur offre de stages à la
baisse, là. Ça pourrait avoir un effet de découragement de certains milieux.
Puis ça a été signalé lors des consultations préalables au dépôt du projet de
loi, ça m'avait été dit, que la convention de stage n'était pas utilisée dans
le cadre des stages de formation professionnelle, entre autres, parce que ce
n'est pas un outil qui est adapté à leur situation, là.
Ça fait que guide
d'accompagnement, convention de stage, moi, je me fie beaucoup à ce qui est
fait dans le cadre des missions du ministère de l'Éducation et du ministère de
l'Enseignement supérieur. Et donc je pense que je démontre ma sensibilité, mais
qu'on ne peut pas la rendre obligatoire. Merci, collègue.
M. Benjamin :
Merci. Merci. Merci, M. le ministre. Merci, Mme la Présidente.
Le ministre nous a
parlé d'un guide d'accompagnement. Est-ce qu'il pourrait nous déposer, donc, ce
guide-là, donc, aux fins de la discussion?
M. Boulet :
Oui. C'est sur Internet, là, mais, oui, je pourrai m'assurer que ça vous
soit...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Vous allez déposer?
M. Boulet :
...que ce soit déposé, le guide d'accompagnement qui a été publié en 2020, oui,
on va vérifier.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : À moins que vous vouliez juste qu'il
vous l'achemine à vous, le lien Web, parce que je comprends qu'il est... c'est
un lien Web.
M. Boulet :
Oui.
M. Benjamin :
Bien, je pense que ce serait bien... peut-être bien de le déposer.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : O.K. C'est un lien Web, donc vous pouvez...
Voulez-vous le rendre aussi public complètement ou juste entre nous?
M. Boulet :
...trouver le lien puis on va le transmettre à la secrétaire.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : O.K. Puis là, bien, il faudra en faire un
document. Parfait.
M. Benjamin :
Merci.
M. Boulet :
Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement
déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve introduisant un nouvel
article 4.1?
Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à... ou... non, pardon. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Une voix :
Non.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Rejeté? Parfait. Alors, l'amendement introduisant
le nouvel article 4.1 est rejeté.
Nous poursuivons, M.
le ministre, avec l'article 5.
M. Boulet :
Merci. «5. L'employeur, l'établissement d'enseignement et l'ordre professionnel
doivent informer tout stagiaire des droits prévus par la présente loi.»
Commentaires :
Donc, c'est une obligation pour les employeurs, les établissements, les ordres
d'informer les stagiaires de leurs droits. Si je pouvais donner un commentaire
additionnel, évidemment, ça s'ajoute aussi à l'obligation de la CNESST
d'informer, renseigner.
Évidemment, c'est
important, puis, je pense, le collègue de Viau, collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
et aussi de Jonquière, on l'a soulevé lors des consultations particulières, une
telle obligation, là, elle a une pertinence totale en raison de la
vulnérabilité des stagiaires puis, souvent, de leur incapacité de s'informer.
Donc, c'est une obligation, puis j'étais bien... C'est un petit article, là,
mais je pense qu'il faut être fiers de ça, puis il va falloir s'assurer que
tous les acteurs concernés soient sensibilisés à l'importance de bien informer.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il des interventions? Député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente.
Je ne veux pas
anticiper sur les prochains, sur les prochains articles qu'on aura à étudier,
mais je pense qu'un peu plus loin... je pense avoir lu, un peu plus loin... le
ministre en faisait état tout à l'heure, de la responsabilité de la Commission des normes, aussi, à informer et à
renseigner les stagiaires. Pourquoi, à ce moment-là, dans l'article 5, a-t-il
choisi de ne pas parler de la commission, de l'employeur, de l'établissement
d'enseignement et l'ordre professionnel, qui doivent informer tout stagiaire
des droits prévus à cette présente loi?
• (16 h 40) •
M. Boulet :
Bien, deux choses. Bon, on ne dit pas, dans la loi : La CNESST doit faire
ci ou ça, mais... la CNESST, je le dis, là, mais doit développer des outils
d'information, non seulement les développer, mais les rendre disponibles et les
publier sur son site, et ça, ça se superpose, comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, aux obligations des milieux de stage, des établissements puis des
ordres d'informer les stagiaires.
Ça fait qu'ils vont
pouvoir, même, les milieux de stage... si je prends l'exemple d'une petite
entreprise, qui ne pourra pas dire : Je ne peux pas l'informer, je ne sais
pas comment, non, il va y avoir des outils développés par la CNESST qui vont pouvoir être utilisés par les
petites entreprises où, indépendamment de... celui qui joue le rôle
prépondérant dans la réussite du stage, il va pouvoir utiliser ces outils-là
pour bien informer les stagiaires de leurs droits.
M. Benjamin :
Si nous en sommes, aujourd'hui, à l'étude détaillée de ce projet de loi
n° 14, nous le devons beaucoup aux organismes étudiants, donc, qui n'ont
pas arrêté, donc, avec raison, d'ailleurs, de nous demander d'agir en ce sens.
Je comprends qu'ici on parle, aux fins de la présente loi, des devoirs, mais
j'aimerais entendre le ministre sur quel rôle qu'il entend faire jouer les
organismes étudiants dans tout ce qui concerne l'information à transmettre aux
stagiaires par rapport à cette présente loi.
M. Boulet : Ah mon Dieu! Loin
de moi la prétention de leur enseigner comment faire. Je pense que les
associations étudiantes sont extrêmement compétentes en la matière. Ils ont,
évidemment, des tentacules partout, ils ont des yeux, ils
ont des oreilles, ils ont la capacité, même eux, de développer des outils
simples pour permettre aux stagiaires d'être bien informés de leurs droits. Tu
sais, ce n'est pas parce que cet article-là impose une obligation d'informer
aux établissements, employeurs et ordres que ça exclut les autres, là. Puis on
ne mettra pas, évidemment, dans une loi, une obligation aux associations
étudiantes, là, mais elles sont très créatives, puis je suis convaincu que la
fierté d'avoir ce type de projet de loi là va les contraindre ou va leur
imposer un devoir d'encore plus en faire la promotion, si j'ose dire.
M. Benjamin : Alors, loin de
moi de prétendre que... Je ne parlais pas de contrainte, donc, et je prenais le
soin d'indiquer, effectivement, que ce devoir-là s'applique aux acteurs
nommément évoqués dans l'article ci-joint, mais je parlais plutôt pour la suite des choses. J'y vois des partenariats
nécessaires à créer avec les organismes étudiants. J'y vois des
partenariats importants à créer avec eux. Et je voulais savoir, en fait, pour
la suite des choses, quel genre d'action, quel genre d'initiative que vous
comptez mettre en place, M. le ministre, pour, justement, susciter ce type de
partenariat là sur un enjeu si important pour les organismes étudiants.
M. Boulet : Certainement, et ça
me donne l'occasion d'encourager la CNESST de développer des liens particuliers
avec les associations, l'UEQ et la FECQ notamment, pour s'assurer qu'ils
disposent de tous les outils promotionnels, de tous les sites nécessaires pour
leur permettre de bien diffuser, informer puis former les milieux étudiants,
là, où on retrouve la vaste majorité des stagiaires.
M. Benjamin : L'employeur...
L'article 5 nous dit que «l'employeur, l'établissement d'enseignement et
l'ordre professionnel doivent informer tout stagiaire des droits prévus par la
présente loi», alors je comprends que cet article-là
fait référence au cas où... quand le stagiaire devient... est considéré comme
étant un stagiaire, mais qu'en est-il des informations, des préalables,
avant qu'on arrive?
M. Boulet : Ah! bien, mon Dieu,
en amont, quand tu as une obligation d'information, là, il ne faut pas que
l'établissement d'enseignement se déresponsabilise, c'est pour ça qu'on a
laissé les trois. Les trois, de façon séquentielle
dans le temps, ils doivent informer les stagiaires de leurs droits. Ça fait
que, si tu commences un cours dans un secteur x et que tu anticipes
faire un stage, l'établissement d'enseignement doit informer le stagiaire de
ses droits, puis le milieu de travail doit... Moi, je n'ai pas... Je ne veux
pas que chacun se déresponsabilise : Je pensais que c'était toi. Chacun a un rôle à jouer, selon moi. Puis
c'est superimportant pour un établissement d'enseignement qui... dans le
cadre d'un stage qui vise à obtenir un
certificat ou une attestation, informe les stagiaires de leurs droits. C'est la
vulnérabilité de ces personnes-là qui nous impose un devoir d'information qui
est constant puis qui s'applique aussi aux ordres professionnels. Puis, bon, on
a vu que le Conseil interprofessionnel... Bon, je pense que c'est ce qui va
permettre aux stagiaires de faire un stage en ayant la liberté d'apprendre puis
en ayant un environnement de travail qui soit sain puis surtout respectueux de
leur réalité et de leur dignité humaine.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci. Bien, j'avais
des questions sur la place des associations, parce qu'on va faire référence,
plus tard, tel qu'annoncé par le ministre, à... le droit de pouvoir représenter
des stagiaires qui vont être reconnus à des associations
ou des OSBL. Est-ce qu'il n'y aurait pas un amendement de concordance à
intégrer aussi, ici, sur le devoir d'informer?
M. Boulet : Non, non, non,
vraiment pas, puis je ne veux pas l'alourdir indûment. Puis je pense que c'est
dans la mission des associations étudiantes de faire la promotion d'une
nouvelle loi qui protège les stagiaires, mais je suis pas mal convaincu que
vous vouliez me le faire dire, mais, oui, tout à fait.
M. Leduc : Puis je réitère ma
question que je vous ai posée ce matin, à savoir : Est-ce qu'il y aura une
forme de financement qui va être attachée à ça? Parce que... qui dit «doivent
informer», comment on va s'y prendre, là? Pas juste avec un onglet sur une page
Internet, j'imagine, là, il va y avoir de quoi, de l'affichage, des annonces.
Est-ce qu'on a réfléchi un peu, là, à qu'est-ce que ça implique? Puis est-ce
que le gouvernement va mettre un peu de ressources sur la table pour y arriver?
M. Boulet : Bien, on va mettre
les ressources par la voie de la CNESST. Donc, il y aura un budget qui sera
consacré à des activités de communication et de formation, comme on le fait
avec la loi n° 27, sans imposer un budget, là, mais
ça va faire partie du périmètre comptable de la CNESST.
M. Leduc : Quand vous dites
«loi n° 27», c'est l'ancien p.l. n° 59,
c'est ça?
M. Boulet : Oui, c'est
maintenant la loi n° 27.
M. Leduc : Je ne savais pas que
c'était rendu la loi n° 27.
M. Boulet :
Il n'y a plus de «p.l.», maintenant.
M. Leduc : J'aime mieux appeler
ça «p.l. n° 59», ça rappelle des bons souvenirs.
M.
Boulet : Ah! moi, j'aime la
«loi n° 27». La loi n° 27, quand même, c'est
un beau compromis, Alexandre, non?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il d'autres interventions?
M. Leduc : Ça va. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention à l'article 5, est-ce que
l'article 5 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Adopté. Parfait.
Nous poursuivons, M. le ministre, avec
l'article 6.
M. Boulet : Merci. «6. Les
normes relatives aux conditions de réalisation des stages contenues dans la
présente loi sont d'ordre public. Une disposition d'une convention ou d'un
décret qui déroge à une norme relative à une condition de réalisation de stage
est nulle de nullité absolue.
«Malgré
l'alinéa précédent, une disposition d'une convention, d'un décret ou d'une
autre loi peut avoir pour effet d'accorder
à un stagiaire une condition de réalisation de stage plus avantageuse qu'une
norme prévue par la présente loi.
«Pour l'application du présent article, on
entend par "décret" un décret adopté en vertu de la Loi sur les
décrets de convention collective.»
Commentaires : Bon, c'est un article dont
le libellé est standard, mais qui confirme le caractère d'ordre public. Pour
les personnes moins à l'aise avec cette notion-là, «ordre public», ça veut dire
que c'est une loi obligatoire, c'est une loi impérative, tu ne peux pas... ça
veut dire que tu ne peux pas y déroger de quelque manière que ce soit. Puis là,
ici, on dit clairement que les normes sont
d'ordre public et que nul ne peut y déroger, à moins que ce soient des
conditions plus avantageuses. Alors, voilà, je pense que c'est... comme la Loi
sur les normes du travail, d'ailleurs. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le député de Viau, à vous la parole.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
Donc, en fait, moi, j'aimerais savoir,
peut-être, quand on parle de «réalisation de stage est nulle de nullité
absolue», ça veut dire quoi, précisément, dans le latin...
• (16 h 50) •
M. Boulet : Bien, par exemple,
le cas classique, on fait une entente de stage avec toi, mais on dit que, dans
l'entente de stage, tu vas devoir faire tant de jours consécutifs puis tu
n'auras pas le droit de t'absenter, ou que tu n'auras pas le droit de
bénéficier de la politique de harcèlement, ou que... Tout ce qui est contraire,
tout ce qui peut déroger est nul de nullité absolue, ça veut dire ça n'a aucune
valeur juridique. Puis c'est important comme question parce que ça arrive
encore, malheureusement, au Québec, qu'il y a des ententes qui dérogent à la
Loi sur les normes, et c'est nul, puis une entente... Tu sais, ou le cas
classique, collègue de Viau, tu sais, un employeur qui convient de payer tant
d'heures puis que ça donne un taux horaire qui est inférieur au salaire
minimum, ça ne se peut pas. Le salaire minimum, c'est d'ordre public, puis tu
ne peux pas payer un salaire qui est inférieur. Puis, si la personne a droit à
un congé x, tu ne peux pas dire qu'elle n'y a pas droit. Voilà.
M. Benjamin : À moins que la
condition soit plus avantageuse.
M. Boulet : Tout à fait, tout à
fait. Là, tu peux donner plus, tu peux dire... tu peux donner plus, effectivement.
M. Benjamin : O.K. Parfait.
Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 6? Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Une petite question
triviale, là, mais pour bien comprendre l'origine d'une expression. Quand on
dit «nulle de nullité absolue», il n'y a pas une forme de pléonasme? Parce que
«nulle»... Ça peut-tu être nullité de nullité... elle peut-tu être nulle à
moitié?
M. Boulet : Là, Guillaume est
là, là.
Une voix : Nullité relative.
M. Leduc : Nullité relative?
Comment ça... Pourquoi on dit ça, «nullité absolue»?
M. Boulet :
«Nullité absolue», ça veut dire que ça n'a aucune valeur.
M. Leduc : Oui, oui, ça, je
sais, mais juste «nulle», ce n'est pas suffisant?
M. Boulet : Mais «nulle de
nullité absolue», ça réfère à une nullité ab initio, là, tu sais, c'est un
terme latin, là, mais à son origine, dès la mise en application, elle est nulle.
C'est comme si c'était complètement effacé.
M. Leduc : On rejoue dans le
passé, dans le fond, en rajoutant «de nullité absolue».
M. Boulet : Oui, oui. Puis j'ai
vu que votre collègue, en arrière, hochait de la tête, là, ça fait qu'on a fait
des cours qui sont similaires.
M. Leduc : On n'est pas tous
avocats ici, dans cette Chambre, hein, M. le député... M. le ministre.
M. Boulet : Non, je sais.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il d'autres interventions à l'article 6? Député de Viau.
M. Benjamin : Est-ce qu'il y
a... Il y a des entreprises de compétence provinciale, il y a des entreprises
de compétence fédérale. Il y a une loi qui existe au niveau du fédéral. Est-ce
qu'il y a... Est-ce qu'il pourrait y avoir une catégorie, M. le ministre, de
stagiaires qui tombent dans un certain flou? Est-ce que ça pourrait exister?
M. Boulet : Non.
M. Benjamin : Non? Ça ne peut
pas exister. O.K., donc tout le monde est couvert, serait couvert soit par
l'éventuelle loi qu'on a devant nous ou la loi fédérale qui existe déjà.
M. Boulet : Tout à fait.
M. Benjamin : O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. D'autres interventions à l'article 6?
Alors, est-ce que l'article 6 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Adopté. Parfait. Merci.
Nous poursuivons avec l'article 7. M. le
ministre.
M. Boulet : Oui, merci.
«7. La commission surveille la mise en oeuvre et
l'application des normes relatives aux conditions de réalisation des stages
prévues par la présente loi. À cet égard, elle exerce notamment les fonctions
suivantes :
«1° informer et renseigner la population en ce
qui a trait aux normes relatives aux conditions de réalisation des stages
prévues par la présente loi;
«2° informer et renseigner les stagiaires, les
employeurs, les établissements d'enseignement et les ordres professionnels sur
leurs droits et leurs obligations prévus par la présente loi;
«3° surveiller l'application des normes
relatives aux conditions de réalisation des stages prévues par la présente loi
et, s'il y a lieu, transmettre ses recommandations au ministre;
«4° recevoir les plaintes des stagiaires visés
par la présente loi;
«5° tenter d'amener les stagiaires, les
employeurs, les établissements d'enseignement et les ordres professionnels à
s'entendre quant à leurs mésententes relatives à l'application de la présente
loi.»
Commentaires :
Bon, ça énonce, là — ça
aussi, c'est assez standard, là — que la CNESST est l'organisme qui surveille
la mise en oeuvre puis l'application de la
présente loi, puis on établit les principales fonctions qu'elle exerce à cet
égard.
Je vous rappelle tout le temps... on dit tout le
temps «à cet égard, elle exerce notamment les fonctions suivantes», donc ce
n'est pas limitatif. Puis évidemment, dans la pratique, parce que vous allez me
poser la question, la CNESST va développer
et rendre disponibles des outils d'information. Elle va être la porte d'entrée
pour les demandes d'information puis les plaintes des stagiaires,
salariés ou non, puis elle va offrir des services de médiation aux stagiaires
et aux acteurs concernés. C'est tout. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
Donc, j'aimerais entendre le ministre sur
comment la CNESST, la commission va s'assurer de la mise en oeuvre et de
l'application de ces normes. Comment elle va faire ça?
M. Boulet :
Bien, c'est sa compétence exclusive, hein? Puis je rappellerai qu'il y a
maintenant quatre ans ou cinq ans... la CNESST est issue de la fusion de la
Commission sur l'équité salariale, la Commission des normes et la Commission
santé et sécurité du travail, il y a énormément d'expertise. Il y a quelques
milliers de personnes qui travaillent à la CNESST. Ils appliquent aussi la Loi
sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels, accidents de travail,
maladies professionnelles, santé et sécurité. Donc, il y a des conseillers, il
y a des agents, il y a des médiateurs spécialisés, et ils savent comment
communiquer, comment analyser, accepter ou rejeter des plaintes, faire de la
médiation, faire des enquêtes. En fait, il y a tout. C'est une organisation qui
est extrêmement sophistiquée et qui a, encore une fois, tous les talents puis
les habiletés nécessaires pour mettre en application une loi de cette
nature-là. Je ne vous dis pas que c'est un gros pan des activités de la CNESST,
mais ça fait partie intégrante des fonctions qui sont vraiment liées de façon
intime à la mission de la CNESST.
M. Benjamin : En fait, parce
que... je reviens avec la question parce qu'on l'a vu un peu plus tôt et à
travers des exemples qui ont été donnés, par rapport à la question... quand on
abordait le sujet des faux stages et la définition de stage, et ici on nous dit
que la CNESST aurait la responsabilité de l'application des normes relatives
aux conditions de réalisation de stages. Donc, je ne parle pas tellement de
l'aspect plainte, qui est plutôt en aval, mais je suis plutôt en amont, je suis
plutôt en amont. Comment la CNESST entend... Comment est-ce que vous, comme
ministre, vous entendez faire pour qu'en amont, justement, quand on parle des
normes de conditions de réalisation des stages, ces normes-là soient,
effectivement, réellement appliquées?
M.
Boulet : Bien, je vous
dirais — puis il
faut introduire un nouveau concept, là, celui de l'accompagnement — je pense que le stagiaire qui va
frapper à la porte de la CNESST va bénéficier d'un accompagnateur qui va
analyser, qui va enquêter puis qui va s'assurer que l'environnement du
stagiaire, que les conditions de réalisation de son stage soient respectueuses
des droits qui sont prévus dans le projet de loi n° 14. Ça fait qu'en
pratique ça se fait. Puis je rassurerais le collègue de Viau en lui disant que
c'est exactement la même approche pour l'exercice des droits prévus dans toutes
les lois qui sont sous la gouverne de la CNESST. Je n'ai pas vraiment... je
n'ai pas d'inquiétude à cet égard-là.
M. Benjamin : Si on va au
segment où on parle d'informer et renseigner les stagiaires, les employeurs,
les établissements d'enseignement sur leurs droits et leurs obligations prévus
par la présente loi, donc, j'aimerais entendre... Parce que, là, c'est la première
fois qu'on introduit le concept d'obligation, et j'aime bien le concept
d'obligation, parce que, si elle doit, c'est que, nécessairement, il y a une
obligation. Mais le concept d'obligation, c'est la première fois qu'on en parle
ici, dans ce projet de loi là. Qu'en est-il... Comment... J'aimerais entendre
le ministre, avec les ordres professionnels, notamment, et les employeurs,
comment il prévoit que ce rôle-là de la CNESST, qu'il veut confier à la CNESST,
sera effectif, sera véritablement appliqué, surtout sur l'aspect des
obligations.
M. Boulet : Bien, parce que la
meilleure façon de s'assurer qu'une loi soit effective, c'est qu'il y ait des recours, et on va les voir plus tard, puis il y a
des recours qui peuvent être exercés, et il y a un tribunal administratif du travail qui est
le décideur ultime et qui, lui, peut ordonner, peut imposer. Et je reviens au
concept de droits et obligations, c'est la nature de toute loi d'imposer des
droits mais aussi des obligations. Les stagiaires ont des droits, puis
notamment les milieux de stage, les ordres professionnels puis les
établissements d'enseignement ont des obligations, notamment de respecter les
droits, puis je pense que l'un est le corollaire de l'autre. Mais je pense que
votre question, si je la comprends bien, c'est qu'ultimement il y a un tribunal
qui rend une décision, puis sa décision, elle est exécutoire.
• (17 heures) •
M. Benjamin : Qui dit confier
de nouvelles responsabilités à toute entité gouvernementale, toute instance, dit
aussi parler de ressources. Lorsqu'on sait, Mme la Présidente, qu'il y a
actuellement près de 39 200 réclamations au niveau de la CNESST, est-ce que
le ministre prévoit ajouter des ressources, donc, aux fins
d'application, éventuellement, de cette loi, si adoptée? Et quelles sont
les... quel genre de ressources qu'il compte ajouter?
M. Boulet : Ça, moi, je le
demande à chaque fois à la CNESST quand il est question de mettre en
application une nouvelle loi, de s'assurer d'avoir le nombre suffisant
d'employés à temps complet pour s'assurer d'une pleine application de la loi. Puis on le verra à l'étude des crédits, là, mais
le budget de la CNESST, moi, je n'ai pas eu de chiffres.
Une voix : ...
M. Boulet : Donc, ça va être...
on me confirme que ça doit être assumé à même leurs ressources actuelles, là.
Les dépenses engagées par la CNESST et le TAT pour l'application de la nouvelle
loi, ça va être assumé par les cotisations des employeurs. Parce que vous savez
que les cotisations sont assumées par les employeurs, puis c'est perçu en
application d'un chapitre x, là, de la Loi sur les normes du travail. Mais, à
ce stade-ci, il n'est pas question... il n'est pas question d'un impact sur les
cotisations, il n'est pas question d'un impact sur le nombre de ressources puis
il n'est pas question d'un impact sur le budget, c'est à même ce que nous avons
actuellement.
M. Benjamin : ...aux fins
d'application de cette... de ce projet de loi-là, si adopté. Donc, aux fins
d'application, donc il n'y a aucune demande, la CNESST n'a fait aucune demande
additionnelle de ressources?
M. Boulet : ...budget actuel.
M. Boulet :
C'est à même le budget actuel.
M. Boulet : Oui.
M. Benjamin : O.K. Un peu plus
loin, M. le ministre, dans le quatrième... «4° recevoir les plaintes des
stagiaires visés par la présente loi», j'aimerais peut-être vous entendre sur
le mécanisme de traitement de plaintes, pour le bénéfice des gens qui nous
écoutent. Comment ça va se passer? Comment ça va se passer pour un stagiaire ou
une stagiaire qui aurait à se plaindre?
M. Boulet : ...on en discute
plus à fond plus tard, parce que j'ai l'impression que je vais me répéter,
mais, en gros, là, il y a des formulaires de plainte qui sont disponibles à la
CNESST. Mais ce n'est pas un formulaire qui doit nécessairement être pris par
le stagiaire, mais le stagiaire peut envoyer une lettre, peut envoyer... Mais
on pourra discuter plus... de façon plus pratique plus tard.
M. Benjamin : Bien, il n'y a
pas de problème. C'est parce que vous avez introduit, tout à l'heure, un mot
que j'aime bien, le mot «accompagnement», et j'aimerais comprendre en quoi et
comment, notamment pour les plaignants ou les plaignantes, la CNESST sera... se
comportera en organisme accompagnateur. Mais, si vous souhaitez qu'on puisse en
discuter plus tard...
M. Boulet : Plus tard, bien
oui, tout à fait.
M. Benjamin : ...donc il n'y a
pas de souci. Donc...
M. Boulet : Tout à fait. Merci.
M. Benjamin : Et ma dernière
question, Mme la Présidente, donc, à la toute fin, «tenter d'amener les stagiaires, les employeurs, les établissements
d'enseignement à s'entendre quant à leur mésentente relative à
l'application de la présente loi», est-ce que je dois comprendre que le rôle de
la CNESST, ce sera un rôle de médiation, ce sera un rôle de médiateur?
M. Boulet : Parmi les rôles que
la CNESST joue, elle s'assure de proposer un service de médiation, puis c'est
des médiateurs qui sont formés, qui sont qualifiés. Évidemment, pour faire de
la médiation, ça prend le consentement des parties, et, oui, ça fait partie des
activités professionnelles et d'expertise qui sont proposées par la CNESST
avant d'aller plaider, avant d'aller devant un tribunal, qui est celui qu'on
appelle le Tribunal administratif du travail. Puis de la médiation, comme vous
savez, collègue, bien, c'est une personne qui aide les parties à cheminer vers
la recherche d'une solution à l'amiable pour éviter d'aller devant un tribunal.
M. Benjamin : Vous savez, il y
a un mot, un groupe de mots... tout à l'heure, j'ai questionné le ministre sur
la portée de ce mot-là dans un article précédent, dans l'article 4, c'était le
fameux «selon le cas». J'aurais peut-être cru voir, ici... tenter d'amener
«selon le cas», donc, les stagiaires, parce que je pense que ce n'est pas tous
les cas... ce n'est pas dans tous les cas qu'il faudra parler de médiation, il
y a des cas qui pourraient arriver où il n'y a pas de... qui sera devant nous
où il ne pourrait pas y avoir de médiation, c'est d'autres types.
Donc, à ce stade-ci, si vous permettez, M. le
ministre...
M. Boulet : ...offrent des
services de médiation, oui, tout à fait.
M. Benjamin : Moi, je vais
peut-être... je vais, à ce stade-ci, vous soumettre un mot... on pourrait
s'entendre, une formule de «gentlemen's agreement», donc qu'on puisse
s'entendre sur le «tenter, selon le cas, d'amener les stagiaires, les
employeurs et les ordres professionnels à s'entendre quant à leurs mésententes
relatives».
M. Boulet : «Tenter
d'amener»... je vais le préciser plutôt que de faire un amendement. «Tenter
d'amener», là, c'est dans une perspective d'accompagnement, c'est... «Tenter»,
c'est faire un essai pour amener les parties à s'entendre, puis c'est dans ce
contexte-là que ces mots-là ont été utilisés. «Tenter d'amener», donc on fait
une tentative d'amener les parties à s'entendre, je pense que c'est le propre,
c'est l'essence même d'une médiation, puis c'est le rôle que joue la CNESST,
puis c'est utilisé comme ça dans d'autres lois aussi, là, ça fait que... Mais
je pense que c'était important de préciser ce que vous me proposez de faire.
M. Benjamin : Alors, ce que je
pense, je pense que ce n'est pas dans tous les cas qu'une instance de médiation
ait une portée. Il y a des cas où... qui pourraient arriver, et, visiblement, à
la face même de ce cas-là, il n'y a pas de médiation possible, donc...
M. Boulet : Non, non, non, puis
vous avez totalement raison. Puis, tu sais, on peut tenter d'amener... Puis, tu
sais, en matière familiale, c'est la même chose, si les deux parties sont
extrêmement polarisées, tu vas tenter de les amener, mais, si la tentative
n'est pas fructueuse, ça s'arrête là, là, c'est une tentative.
M. Benjamin :
Et une des choses, et je sais que vous vous l'avez abordée à quelques reprises,
M. le ministre, nous l'avions abordé, c'est que nous voulons mettre les
stagiaires, espérons-le, à l'abri, c'est les questions de harcèlement, c'est
les questions de harcèlement. Il pourrait y avoir des cas de harcèlement, M. le
ministre, où la question de la médiation ne serait tout simplement pas une
avenue, donc, et c'est pour cette raison que je dis : Pourquoi ne pas se
donner cette fenêtre-là, cette opportunité de dire «tenter, selon le cas,
d'amener les stagiaires, les employeurs, les établissements à s'entendre»?
M. Boulet :
Mais, pour moi, puis je le précise, là, puis ça va être appliqué comme ça, là,
c'est explicite et c'est implicite. Puis, pour faire de la médiation, ça prend
l'accord des parties, c'est une réalité qui est incontournable.
C'est intéressant que
vous m'ameniez sur le harcèlement, hein, parce que vous savez que, maintenant,
bon, la politique de harcèlement dans le milieu de travail va devoir inclure
les stagiaires, puis il y a souvent des mécanismes de plainte avec des devoirs
de confidentialité dans ces politiques-là, puis ils vont pouvoir même aussi
s'inspirer des politiques internes sans nécessairement faire de plainte à la
CNESST. Évidemment, c'est un choix. Ils peuvent le faire aussi, mais ils
peuvent faire une plainte à l'interne. Il y a souvent une personne à l'interne
qui est responsable de l'application de la politique en matière de harcèlement,
et le stagiaire va bénéficier des mêmes droits que n'importe quel autre
travailleur ou salarié du milieu de stage.
• (17 h 10) •
M. Benjamin : D'accord. Donc, je pourrais peut-être... je suis tenté de
vous parler d'expériences connues — pas vécues,
connues — dans
d'autres univers de médiation, où parfois on sent qu'on peut avoir le sentiment
qu'on nous incite... que le plaignant
ou la plaignante est incité à aller vers la médiation pendant que ce n'est pas
ce qu'il ou qu'elle recherche. Et, dans tous les cas, M. le
ministre, nous devons avoir, par rapport à ce projet de loi là, la protection
des stagiaires.
M. Boulet :
Absolument.
M. Benjamin : Et c'est là que je vous soumets que, oui, effectivement, la médiation
est une bonne chose, mais ne fonctionne
pas à tout coup, et c'est là que je crois que, si on aurait un amendement qui
pourrait dire «tenter, selon le cas»...
M. Boulet :
Mais, collègue, ce que je vous mentionne, c'est que, sans égard à un
amendement, je vous dis comment... quelle est l'intention du législateur, puis
je l'exprime très clairement. Quand on dit «tenter d'amener», c'est forcément
avec l'accord des parties, on ne force pas. Puis, si on force quelqu'un à faire
de la médiation, c'est inacceptable. Ça fait que ça ne se fera pas comme ça.
Puis, s'il y a un cas de cette nature-là, bien, ça doit être dénoncé. Mais ce
n'est pas le sens parce que c'est écrit, comme ça, là, c'est un libellé qui est
commun. On tente d'amener les parties à s'entendre, puis c'est purement
volontaire. C'est dans l'essence, dans l'esprit de ce paragraphe-là de ne pas
contraindre, mais de s'assurer du consentement plein de la volonté des parties,
je vous rassure là-dessus.
M. Benjamin :
Je sais, M. le ministre, vous nous avez suggéré qu'on ait cette discussion sur
le mécanisme de plainte un peu plus loin, mais là je suis comme un peu tenté de
vous dire... et j'aimerais peut-être vous entendre un peu plus sur le mécanisme
de plainte, c'est-à-dire...
M. Boulet :
Eh mon Dieu!
M. Benjamin :
...parce que la question de la médiation, pour moi, je veux bien comprendre, je
veux bien m'assurer que, dans le processus... j'aimerais bien savoir où se
situe... l'élément médiation arrive quand et comment.
M. Boulet :
Bien, mon Dieu! Normalement, il y a une plainte qui est déposée par un
travailleur, ou par un stagiaire, ou par un salarié, là il y a un agent qui
intervient dans le dossier, qui fait enquête, qui obtient les observations, qui
fait des observations écrites et qui propose aux parties de les rencontrer pour
essayer de voir s'il n'y a pas une solution à l'amiable qui peut intervenir. Et
ça, c'est offert d'emblée, dès le début du processus. Puis, si une décision
doit être rendue, qu'elle est nécessaire, bien, la décision est rendue et elle
a une force exécutoire. Puis une des parties peut demander au Tribunal
administratif du travail de se saisir de la question, et là il y a une preuve,
avec des témoins, des argumentations, des contre-interrogatoires, des
plaidoiries, des conseillers ou des procureurs, puis là il y a une décision,
qui est finale et sans appel, rendue par le Tribunal administratif du travail.
Mais, avant d'aller
dans une audience pleine et entière comme ça, il y a un service de médiation
encore plus formel qui est proposé aux parties pour les aider, les accompagner.
Puis là cette personne-là, qui est formée, qui a les qualifications, elle
envoie un avis de convocation aux personnes qui sont concernées. Elle les
rencontre d'abord en personne, tout le monde ensemble. Après ça, elle fait des
rencontres ex parte, elle étudie un éventail d'options puis après ça elle fait
des propositions aux parties en faisant des allers-retours. Puis, si jamais il
y a une entente de règlement à l'amiable, elle s'assure que tout le monde est
d'accord, que les représentants sont d'accord, qu'il y a une entente écrite qui
est faite, qui est signée par tout le monde, puis après ça cette entente-là est
entérinée par le Tribunal administratif du travail, ce qui permet d'éviter
d'avoir à faire une présentation de témoins et d'argumentation. Mais on va le
voir de façon plus pratique plus tard, là, mais, en gros, c'est ça.
M. Benjamin :
Merci.
M. Boulet : Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : C'est bien? Député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous n'avez pas
d'interventions à l'article 7? Non. Parfait, parfait. C'est beau.
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention,
est-ce que l'article 7 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
Nous poursuivons avec l'article 8.
M. Boulet : Oui. «8. La
commission peut désigner parmi les membres de son personnel les personnes
chargées de l'application de la présente loi.»
Commentaires : Bien, ça aussi, c'est un
article standard, là, ça autorise la commission à déléguer l'exercice des fonctions prévues à la présente loi aux
membres de son personnel. C'est exactement le même libellé que l'article
147 de la Loi sur les normes du travail. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il des interventions à l'article 8? Député de Viau.
M. Benjamin : En fait, la
question, en fait, que je voulais poser au ministre sur le... En fait, on
s'entend que ce n'est pas sur les membres du personnel. Vous permettez, Mme la
Présidente, que je pose cette question-là? Sous les membres du... Est-ce qu'il
y a... Le conseil d'administration de la CNESST, est-ce qu'il y a des jeunes
qui siègent?
M. Boulet : Mon Dieu! Oui.
Est-ce qu'il y a des personnes... On a tout révisé la gouvernance, là, dans le
contexte du projet de loi n° 59, qui est devenu la loi n° 27.
C'est un conseil d'administration qui est totalement paritaire, où il y a
division du poste de président du C.A. et présidente-directrice générale de la
CNESST, il y a les comités d'éthique, de vérification, de ressources humaines.
Est-ce qu'il y a une personne en bas de 35 ans? Est-ce que c'est la
question que vous me demandez?
M. Benjamin : C'est la
question, oui.
M. Boulet : Il semble que oui.
M. Benjamin : Donc, il y a des
jeunes?
M. Boulet : Mais c'est à
vérifier, mais on avait tout revu la gouvernance, avec votre collègue de
Nelligan, d'ailleurs, qui était avec nous pour la révision de la gouvernance.
M. Benjamin : Voilà. Donc, si
c'est possible, M. le ministre, donc, si vous pouvez peut-être revenir avec
cette réponse pour nous, savoir combien de jeunes.
M. Boulet : Mais ce n'est pas
dans le contexte, là, de l'article.
M. Benjamin : Absolument. Je
comprends très bien.
M. Boulet : C'est juste une
information au-delà de...
M. Benjamin : Absolument. C'est
juste une information, voilà.
M. Boulet : O.K. C'est bon.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excellent. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 8?
S'il n'y a pas d'autre intervention à l'article
8, est-ce que l'article 8 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
Nous sommes rendus, donc, au chapitre III,
«Absences et congés», section I, «Jours fériés».
M. le ministre, je vous invite à lire l'article
9.
M. Boulet : Oui, merci.
Évidemment, là, il y a beaucoup d'articles qui vont reprendre des libellés que
tout le monde connaît, là :
«9. Un stagiaire peut s'absenter de son stage
les jours suivants :
«1° le 1er janvier;
«2° le Vendredi saint ou
le lundi de Pâques, au choix de l'employeur;
«3° le lundi qui précède le 25 mai;
«4° le 1er juillet ou, si cette date tombe un
dimanche, le 2 juillet;
«5° le premier lundi de septembre;
«6° le deuxième lundi d'octobre;
«7° le 25 décembre.
«Lorsque le stagiaire est tenu de participer à
son stage l'un des jours indiqués au premier alinéa, il a droit à un congé compensatoire d'une journée qui doit être
pris au cours de la période de stage réalisé auprès d'un même
employeur.»
Commentaires : Donc, ça énumère les jours
fériés au cours desquels un stagiaire a le droit de s'absenter. Puis, quand il
doit participer à son stage l'un de ces jours, bien, il a droit à un congé
compensatoire qui pourra être pris pendant sa période de stage. Donc, ça
s'inspire, là, des articles 60 et 63 de la Loi sur les normes du travail en
faisant les adaptations pour les stagiaires. Donc, voilà. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il des interventions à l'article 9? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Ça, c'est exactement
le genre d'article sur lequel je mettais en garde le ministre, là, avec son
régime parallèle. Là, je comprends que la liste, elle est reprise tel quel de
celle de la Loi des normes du travail?
M. Boulet : Oui, mais le congé
compensatoire, lui, ce n'est pas la même durée. Le congé compensatoire, il doit
être pris pendant la durée du stage, là. Donc, il y a des adaptations qui sont
faites en tenant compte de la réalité des stagiaires.
M. Leduc : Ah! non, non, je
comprends ça, c'est juste que le nombre de congés, lui, pourrait être
susceptible d'évoluer dans le futur.
M. Boulet : Ah! tout à fait.
M. Leduc : Alors, si on
modifiait les normes du travail pour ajouter un nouveau congé, il faudrait
modifier cette liste-là aussi. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de mettre une
clause qui dirait qu'automatiquement elle bonifie cette liste en fonction de
celle des normes de travail?
M. Boulet : Je ne pense pas
qu'on... On ne peut pas mettre une clause remorque dans une loi puis
dire : Si telle autre est amendée, la nôtre va l'être, mais je comprends
le point. Puis, je vous dirais, sur le fond, là, parce que je pense qu'on est
assez transparents, l'un et l'autre, là, mais, si dans x années il y avait
ajout de congés fériés ou certains pourraient demander de réduire le nombre de
congés fériés, certains, certains, certains...
M. Leduc : Comme qui, par exemple?
On veut des noms, Mme la Présidente, on veut des noms.
M. Boulet : Je vois Guillaume
sourire.
M. Leduc : On veut des noms. Le
ministre fait une accusation grave en cette Chambre.
M. Boulet : Non, mais, s'il y avait des amendements, je pense
que, pour la cohésion de ces deux lois-là, celle sur les stagiaires
serait amendée. Mais je ne veux pas rendre ça obligatoire, je ne veux pas qu'il
y ait une clause remorque.
Si vous me permettez, collègue d'Hochelaga...
Oui?
M. Leduc : Allez-y, allez-y.
M. Boulet : Au C.A. de la CNESST, collègue de Viau, il y a
six femmes, huit hommes, puis il y a quatre membres, là, âgés entre 35
et 50 ans.
Une voix : ...
M. Boulet : Ce n'est pas
l'information que j'ai.
Une voix : D'accord.
M. Leduc : Mais j'insiste
sur... Je reviens sur la question de la clause remorque. Vous dites : Je
ne veux pas mettre une clause remorque. Ça veut dire que, pour vous, ce serait
envisageable qu'il y ait un nouveau congé aux normes du travail puis qu'on ne
le mette pas dans votre nouveau régime?
M. Boulet : Dans l'état actuel
des choses sociales, économiques, ça ne m'apparaît pas anticipable qu'il y ait
ajout de congés fériés dans la Loi sur les normes du travail.
• (17 h 20) •
M. Leduc :
Mais ce n'est pas ça, la question. La question, c'est... Vous dites : Je
ne veux pas mettre de clause remorque. Moi,
je vous pose la question. C'est que, si on rajoute éventuellement un congé,
qu'on soit d'accord ou pas, là, mais,
si d'aventure on rajoutait un congé dans les normes puis que, là, il n'y a pas
de clause remorque, vous, est-ce que, théoriquement,
vous seriez à l'aise qu'on rajoute un congé aux normes, mais qu'on ne le
rajoute pas dans votre nouveau régime?
M. Boulet :
Si, théoriquement, je serais à l'aise? Comme je vous ai...
M. Leduc :
On va prendre un exemple concret, le 1er mai. Le 1er mai, plusieurs
personnes, moi le premier, revendiquent qu'il soit un congé férié, qu'on le
rajoute, le numéro 8°, le 1er mai, dans les normes de
travail. On a même déposé des amendements dans différents projets de loi qui
avaient été jugés recevables ou pas, selon l'humeur du moment. Si d'aventure on
le rajoutait aux normes, est-ce que vous, vous voyez un scénario... Est-ce que
ça vous semble possible et envisageable qu'on puisse rajouter un congé aux
normes, le 1er mai, mais qu'on ne le rajouterait pas dans votre régime
pour les stagiaires?
M. Boulet :
Bien, il n'y a rien d'impossible, mais, comme je vous ai mentionné, je pense
que le principe de cohésion aurait un effet incitatif important sur le
législateur pour qu'il s'assure que ce soient les mêmes jours fériés. À moins
qu'il y ait une logique ou un rationnel qui justifierait de ne pas le faire,
mais, si vous me demandez une opinion bien théorique, là, comme vous le dites,
moi, je vous dirais, il faudrait s'assurer qu'il y ait cohésion.
M. Leduc :
Mais, dans ce cas-là, pourquoi s'opposer à l'idée d'une clause remorque?
M. Boulet :
Bien, parce qu'il pourrait y avoir une logique ou un rationnel qui justifierait
un législateur de ne pas le faire. Il pourrait y avoir une logique ou un
rationnel à ajouter un congé férié pour les salariés, mais pas nécessairement
pour les stagiaires. Puis je n'ai pas d'idée en tête, là, mais vous me posez
une question qui est académique, qui est purement théorique, mais je ne peux
pas certainement embarquer dans une idée où, si c'est amendé, si l'autre loi
est amendée, il faut amender celle-là.
M. Leduc :
Parce que, moi, dans le fond, ce j'essaie de faire, là, en ce moment, c'est de
venir corriger ce que j'estime être les lacunes du fait de prendre un chemin
différent que les normes du travail. Je l'ai dit ad nauseam, j'aurais préféré
qu'on soit à l'intérieur des normes, ça aurait été plus clair pour tout le
monde.
Là, vous avez fait un
chemin différent, et selon, notamment, les professeurs qui nous ont présenté
leur mémoire, les chemins différents multiplient les interventions, multiplient
les potentielles contradictions. Et moi, je ne voudrais même pas, à la limite, qu'on envisage de donner un congé supplémentaire
aux salariés, mais pas aux stagiaires, il y aurait quelque chose d'un
peu absurde là-dessus... et l'idée de mettre une clause remorque très simple
qui dirait «tout nouveau congé rajouté aux normes du travail fait partie
intégrante de cette liste».
M. Boulet :
Mais, encore une fois, je ne peux pas me mettre dans bottines du législateur, à
ce moment-là, qui pourrait, lui, considérer que, pour une raison x, y ou z, ce
n'est pas opportun.
Encore une fois,
c'est une avancée considérable pour les stagiaires, on le sait, on le reconnaît
tous, mais je ne veux pas anticiper puis je ne veux pas, à une question qui est
théorique ou académique, puis pour des raisons qui pourraient exister dans x
années que je ne peux pas anticiper, que je ne peux pas envisager, que je ne
peux pas imaginer... Mais je comprends votre point puis je respecte votre
opinion, vous le savez, mais...
M. Leduc :
Mais pourtant, Mme la ministre, dans l'amendement qu'on vient de faire, tantôt,
sur l'article 4, de la façon que vous l'écriviez, vous disiez «ont droit à des
congés de type», puis là vous référiez, dans votre libellé, à la LNT. Pourquoi
ne pas avoir utilisé la même écriture ici, en disant «un stagiaire peut
s'absenter de son stage les jours qui sont prévus à la LNT»?
M. Boulet :
Parce qu'il faut les préciser. Puis, je vous dirais, je pense qu'au plan
pratique ce qui se ferait, collègue, si, par exemple, dans six ans, le
législateur décidait d'amender la Loi sur les normes du travail puis ajouter un
congé férié, la loi... mettons, le projet de loi n° 14, bien, il n'y
aurait pas... on ne peut pas avoir une clause remorque, mais il y aurait un
amendement de concordance. Tu sais, dans la Loi sur les normes du travail, si
on rajoute un congé férié, il y aurait un amendement de concordance pour
permettre que le p.l. n° 14 ou la loi qui
portera tel numéro soit amendée en conséquence. Moi, je le verrais comme ça, un
amendement de concordance, encore une fois, sous réserve du pouvoir puis de
l'autorité du législateur de l'époque, là.
M. Leduc :
Vous convenez quand même, là, que, là, vous avez deux méthodes très
différentes, là. La méthode que vous venez d'emprunter à votre propre
amendement à l'article 4, vous n'avez pas réécrit à la mitaine chacun des
droits de la LNT, vous avez fait référence à la LNT. Vous avez créé du lien
entre les lois...
M. Boulet :
Je comprends. Je comprends.
M. Leduc :
...ce qui est une bonne chose, puis ce que je salue, parce que ça vient
colliger les potentielles erreurs de... tu sais. Là, ce que je vous propose,
c'est : On peut-tu faire la même affaire, puis faire référence à la LNT,
puis s'éviter soit un potentiel oubli...
M. Boulet :
Non. Ce n'est pas que...
M. Leduc : ...soit une
potentielle mauvaise écriture?
M. Boulet : Non, mais je ne
veux pas qu'à chaque fois qu'on utilise un mot qui est dans la LNT qu'on fasse
référence à la LNT, il faut le dire. Il ne faut pas négliger la répercussion
pédagogique que ça peut avoir de l'écrire, pas de simplement référer. D'écrire
les congés, cette loi-là, qui va être dans la poche ou dans un document d'un
stagiaire, va avoir une portée beaucoup plus importante, va avoir un impact de
sensibilisation, d'information beaucoup plus massif si les dates sont là.
Puis, deuxièmement, il faut aussi mentionner
que, pour le congé de compensation, ce n'est pas la même affaire, là, ça fait
qu'il faudrait dire : On réfère à l'article x de la LNT, tu sais,
n'importe... il n'y a personne qui saurait ce serait quoi, à moins de
bénéficier de la Loi sur les normes. Mais cependant, pour le congé
compensatoire, il faut que ce soit... Je pense que c'est plus complet, c'est
plus intégral, c'est plus facile de le réécrire dans un contexte comme
celui-là, c'est ma thèse. Mais je comprends ce que vous me dites.
M. Leduc : Je la comprends,
votre thèse, c'est juste qu'elle est profondément contradictoire avec
l'approche que vous avez utilisée il y a à peine quelques minutes avec votre
amendement de l'article 4.
M. Boulet : C'est votre point
de vue.
M. Leduc : Je dirais... Tu
sais, vous dites «l'argument pédagogique»... M. le ministre, il n'y a pas
grand monde qui va traîner le projet de loi n° 14
dans sa poche lorsqu'il va se rendre à son milieu de stage, là, soyons
honnêtes. Peut-être que vous et moi, nous sommes un peu des «geeks» du droit du
travail puis nous traînons une copie du code en tout temps et en tout lieu,
même que, maintenant, elle est dématérialisée...
M. Boulet : Non, mais tu vas
sur Google, puis tu vois l'article, puis tu vas voir les articles de la loi.
Moi, c'est ce que je fais systématiquement si je veux voir tel article de la
loi x.
M. Leduc : Oui, mais, M. le
ministre, vous êtes un avocat, là, vous savez comment ça fonctionne. Qui fait
ça, là, aller...
M. Boulet : Bien, une raison
additionnelle, parce que, si moi, je voyais un article du p.l. n° 14
qui réfère à la LNT, j'irais voir l'article de la LNT, mais c'est une démarche
additionnelle.
M. Leduc : Qu'on vient de faire
sur les congés de longue durée.
M. Boulet : Bien, pour les
congés de longue durée, parce que c'est soumis à l'obligation de prendre les
moyens raisonnables pour accommoder. Mais, bon, je comprends ce que vous me
dites. Si vous y voyez une contradiction, j'en suis désolé.
M. Leduc : En terminant, Mme la
Présidente, et, vous le savez, il y a plusieurs revendications dans la société
civile pour rajouter des congés, donc, moi, je pense que cette liste-là, elle
est très susceptible d'évoluer dans un futur pas trop éloigné, souhaitons-le.
J'ai fait référence au 1er mai, la journée internationale des travailleurs
et travailleuses, qui est férié dans beaucoup d'endroits dans le monde, en
fait, beaucoup en Europe, mais pas ici. J'ai fait... On peut faire référence
aussi au 8 mars, la Journée internationale de droits des femmes. On peut
faire référence au 21 juin, la Journée nationale des peuples autochtones.
Je sais que le premier ministre avait émis des grandes réserves à rajouter ce
congé dans les normes du travail, ça avait fait la manchette, évidemment,
l'année passée. Mais, bref, c'est un sujet, donc, qui est revenu à l'ordre du
jour. Je pense que ça aurait été beaucoup plus simple, beaucoup plus efficace
de faire référence à la Loi des normes. Ça aurait continué la bonne logique qui
avait commencé avec l'amendement du ministre.
Là, j'avoue que je ne sais pas trop, là, dans le
reste du p.l., si on va jouer d'une logique à une autre, là, on va... Est-ce
qu'on va faire du yoyo comme ça? On verra bien en temps et lieu, mais, bref, je
vais m'arrêter là-dessus.
M. Boulet : Je me fie à votre
grande débrouillardise, là. Ça fait cinq, six commissions parlementaires qu'on
fait ensemble, puis vous êtes devenu très habile, ça fait que je n'ai pas
d'inquiétude là-dessus.
M. Leduc : Non, je ne suis pas
inquiet pour moi. Bien, merci de vous inquiéter pour moi, mais je ne
m'inquiétais pas pour moi, je m'inquiétais pour les gens qui vont avoir à jouer
avec ça. Mais, bref, je...
M. Boulet : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, y a-t-il d'autres interventions à l'article 9?
Alors, l'article 9 est adopté?
• (17 h 30) •
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Adopté. Parfait. M. le ministre,
l'article 10.
M. Boulet : «10. Le stagiaire
peut s'absenter de son stage le 24 juin, jour de la fête nationale.
«Toutefois,
lorsque cette date tombe un dimanche et que cette journée n'est normalement pas
un jour de stage pour le stagiaire, celui-ci peut s'absenter le 25 juin
et les alinéas qui suivent doivent se lire en substituant ce jour au 24 juin.
«Dans un établissement ou un service d'un
employeur où, en raison de la nature des activités, le travail n'est pas interrompu
le 24 juin et que le stagiaire est tenu de participer à son stage, celui-ci a
droit à un congé compensatoire d'une journée qui doit être pris le jour
ouvrable précédant ou suivant le 24 juin.
«Lorsque le 24 juin tombe un jour qui n'est pas
normalement un jour de stage, le stagiaire a droit à un congé compensatoire
d'une journée qui doit être pris au cours de la période du stage réalisé auprès
du même employeur.»
Commentaires : Donc, ça reprend les règles
applicables, là, spécifiquement, comme vous le savez, pour le 24 juin, il
y a une loi particulière, la Loi sur la fête nationale. Donc, c'est
essentiellement une reproduction des articles 2 et 5 de la Loi sur la fête
nationale, je vous le rappellerai, qui est aussi une loi d'ordre public, mais
qui ne s'applique qu'aux salariés. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il des interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Question de
curiosité : Est-ce que le ministre est au courant... peut-être qu'il y a
des gens dans son ministère qui étaient là à l'époque, mais pourquoi... lors de
la dernière modification de la LNT, c'est 2017 ou 2018, si je ne me trompe pas,
pourquoi on n'avait pas carrément intégré ça, la loi sur le 24 juin, dans
les normes du travail? C'est un peu étrange, là, comme écriture législative.
M. Boulet : Je ne peux pas
donner une réponse. En 2017‑2018... puis c'était le parti qui nous a précédés,
d'ailleurs, c'est le parti du collègue de Viau qui a fait une réforme quand
même assez en profondeur de la Loi sur les normes, là, qui est entrée en
vigueur le 12 juin, mais je ne suis pas capable de répondre.
M. Leduc : Vous ne le savez
pas?
M. Boulet : Non.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 10? Oui, député de
Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
Donc, comme il s'agit d'un calque, en fait,
simple question, M. le ministre : Pourquoi est-ce que, dans
l'article 10, vous n'avez pas choisi de nommer l'article «la Loi sur la
fête nationale»?
M. Boulet : Pour les mêmes
raisons que j'ai mentionnées un peu plus tôt. Je pense que, dans le cas de ces
congés-là puis des conditions de prise de congé, c'est important de l'écrire,
pour des raisons de pédagogie. Tu sais, on a souvent fait référence au
caractère un peu plus vulnérable des stagiaires, donc, que ce soit reproduit
plutôt que de faire référence à la Loi sur la fête nationale, je pense que ça
fait un tout qui est beaucoup plus clair, beaucoup plus précis puis qui permet
un meilleur exercice de ce droit-là, simplement, aussi simple que ça. Merci.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 10? Non.
Alors, est-ce que l'article 10 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Nous arrivons donc à la section II, «Absences pour cause de
maladie ou pour raisons familiales ou parentales».
M. le ministre, je vous invite à lire
l'article 11.
M. Boulet : Merci. «11. Un
stagiaire peut s'absenter de son stage pendant 10 journées par année pour cause
de maladie, pour remplir des obligations reliées à la garde, à la santé ou à
l'éducation de son enfant ou de l'enfant de son conjoint ou en raison de l'état
de santé d'un parent ou d'une personne pour laquelle le stagiaire agit comme
proche aidant, tel qu'attesté par un professionnel oeuvrant dans le milieu de
la santé et des services sociaux régi par le Code des professions.
«Ce congé peut être fractionné en journées et,
si l'employeur y consent, chacune des journées peut aussi être fractionnée.
«Le stagiaire doit aviser l'employeur de son
absence le plus tôt possible et prendre les moyens raisonnables à sa
disposition pour limiter la durée de l'absence.
«L'employeur peut demander au stagiaire, si les
circonstances le justifient eu égard notamment à la durée de l'absence, de lui
fournir un document attestant des motifs de cette absence.
«Pour l'application du
présent article, le mot "parent" a le sens que lui donne
l'article 79.6.1 de la Loi sur les normes du travail.»
Commentaires : Bon, ça accorde au stagiaire
le droit de s'absenter, là, c'est les 10 jours par année, pour cause de
maladie ou pour remplir certaines obligations familiales ou parentales. Donc,
voilà. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il des interventions? Député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
Est-ce qu'ici...
Je reviens encore avec ma question de tout à l'heure. Est-ce que les démarches
d'adoption, M. le ministre, font partie de ces congés-là?
M. Boulet : L'adoption, non, il me semble que c'est un autre
article. Ce ne sera pas long, je vais juste le vérifier.
M. Benjamin : D'accord.
M. Boulet : Non, c'est
l'article 15, on va le voir plus tard, là, les cinq journées à l'occasion
de la naissance de son enfant, de l'adoption ou lorsque survient une
interruption de grossesse. Donc, c'est un article plus loin. Ici, 11, ça
regroupe les congés qui sont prévus à 79.1 puis 79.7, là. 79.1, c'est les
maladies, puis 79.7, c'est les obligations familiales ou parentales.
M. Benjamin : En fait, ma
question, Mme la Présidente, n'est pas tant sur l'adoption, mais sur les
démarches d'adoption.
M. Boulet : Non, il y a une loi, au Québec, sur l'adoption,
et, dans la Loi sur l'adoption du Québec, il y a toutes les démarches
qui doivent être suivies pour quelqu'un qui veut faire une adoption.
M. Benjamin : Bon, en fait, ce
que je voulais savoir, en fait, c'est ma question, M. le ministre : Est-ce
que, dans le cadre des démarches d'adoption... Et je l'ai évoqué tout à
l'heure, il y a des parents, donc, qui doivent aller voir un intervenant en
psychosocial, il y a des rencontres... plusieurs rencontres préalables à
l'adoption en tant que telle, donc ces rencontres-là sont importantes et sont
incontournables pour aboutir à l'adoption. Alors, est-ce que, justement... Et
c'est ce que j'appelle... c'est ce qu'on appelle les démarches d'adoption.
Alors, est-ce que ces démarches d'adoption là sont couvertes par ces
10 journées de...
M. Boulet : Oui, bien, c'est
dans l'article 15, là, puis c'est pendant cinq journées à l'occasion de l'adoption
d'un enfant, puis ça peut même être fractionné à la demande du stagiaire, puis,
oui, ça peut inclure les démarches, là, mais, oui, un nombre de jours qui est
prévu dans la Loi sur les normes du travail pour les salariés, et on les
reprend avec la même nature de congé puis la même durée de congé pour les
stagiaires.
M. Benjamin : Sans anticiper
sur la discussion à venir sur l'article 15, l'article 15, je pense, fait
référence à cinq journées à l'occasion de la naissance, à l'occasion de l'adoption,
donc, c'est-à-dire une fois qu'on adopte, l'arrivée de l'enfant à la maison,
etc., mais je ne pense pas que ça couvre les démarches d'adoption, à moins que
vous ayez, dans votre équipe de légistes, quelqu'un qui puisse me le confirmer
ou l'infirmer.
M. Boulet : Mais il n'y a
pas... Puis peut-être que ça a été débattu, là, je n'étais pas là, à la
commission parlementaire, quand le Parti libéral a réformé la Loi sur les
normes du travail, il y a peut-être eu des débats là-dessus, là, mais, dans la
Loi sur les normes du travail, il n'y a pas, non plus dans notre projet de loi
n° 14, des articles qui donnent des congés pour faire des démarches
d'adoption. Il n'y a pas ça.
M. Benjamin : D'accord. Alors donc, je reviens à ma question.
Donc, vous me confirmez que, dans les 10 journées prévues à l'article 11
que nous débattons actuellement, donc, ça exclut, donc, les démarches
d'adoption.
M. Boulet : Oui, je vous
réponds... Pour répondre clairement, ça les exclut parce que c'est véritablement
pour des obligations reliées à la garde, la santé puis l'éducation de ton
enfant ou l'enfant de ton conjoint, puis ça n'inclut pas les démarches ou les
rencontres. Mais, ceci dit, collègue, même si ce n'est pas un droit, c'est
discuté avec un employeur. Que ce soit un
salarié ou un stagiaire, c'est discuté avec un employeur, puis, si tu dois
t'absenter deux heures pour faire une démarche particulière, il n'y aura
pas d'enjeu.
M. Benjamin : Nous le
souhaitons, vous et moi. Je souhaite... Nous le souhaitons fortement, qu'il n'y
ait pas d'enjeu. Donc, c'est un souhait que nous faisons. Donc, j'imagine la
même chose aussi, M. le ministre, pour des démarches par rapport à la fertilité
aussi, donc, c'est-à-dire que ces 10 journées qu'on a ici, donc, par
année, dans l'article 11, ne couvrent pas... Est-ce que ça couvre, en fait,
c'est la question, les démarches, par exemple, par rapport à une fécondation in
vitro?
M. Boulet : Non.
M. Benjamin :
Non plus?
M. Boulet : Non. Je présume,
collègue, que ça a dû être discuté à la commission parlementaire lors de la
réforme ou la refonte de la Loi sur les normes du travail, mais ce n'est pas
dans la loi, actuellement.
M. Benjamin : D'accord,
parfait. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 11?
Alors, est-ce que l'article 11 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Adopté. Parfait.
M. le ministre, nous poursuivons avec l'article 12.
• (17 h 40) •
M. Boulet : Merci. «12. Un
stagiaire peut s'absenter de son stage pendant cinq journées à l'occasion du
décès ou des funérailles de son conjoint, de son enfant ou de l'enfant de son
conjoint, de son père, de sa mère, d'un frère ou d'une soeur.»
Commentaires : Bon, c'est le congé de cinq
jours qui est conféré au stagiaire à l'occasion, là, du décès ou des funérailles, là, tel que précisé, puis c'est
compatible avec le libellé de l'article 80 de la Loi sur les normes du travail.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il des interventions à l'article 12?
Donc, est-ce que l'article 12 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
Nous poursuivons, M. le ministre, avec l'article
13.
M. Boulet : Merci. «13. Un
stagiaire peut s'absenter de son stage pendant une journée à l'occasion du
décès ou des funérailles d'un gendre, d'une bru, de l'un de ses grands-parents
ou de l'un de ses petits-enfants de même que du père, de la mère, d'un frère ou
d'une soeur de son conjoint.»
Commentaires :
Bon, c'est le congé d'une journée dans les occasions qui y sont précisées, puis
c'est l'article 80.1 de la Loi sur les normes du travail. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 13?
Est-ce que l'article 13 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
L'article 14. M. le ministre.
M. Boulet : Merci. «14. Un
stagiaire peut s'absenter de son stage pendant une journée le jour de son
mariage ou de son union civile.
«Un stagiaire peut aussi s'absenter de son stage
le jour du mariage ou de l'union civile de l'un de ses enfants, de son père, de
sa mère, d'un frère, d'une soeur ou d'un enfant de son conjoint.»
Commentaires : C'est le congé d'une journée
lors des circonstances qui y sont mentionnées et c'est compatible avec le
libellé de l'article 81 de la Loi sur les normes du travail. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des commentaires à l'article 14? Pas d'intervention.
Alors, est-ce que l'article 14 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
L'article 15. M. le ministre.
M. Boulet : «15. Un stagiaire
peut s'absenter du travail pendant cinq journées à l'occasion de la naissance
de son enfant, de l'adoption d'un enfant ou lorsque survient une interruption
de grossesse à compter de la vingtième semaine de grossesse.
«Ce congé
peut être fractionné en journées à la demande du stagiaire. Il ne peut être
pris après l'expiration des 15 jours qui suivent l'arrivée de l'enfant à
la résidence de son père ou de sa mère ou, le cas échéant, l'interruption de
grossesse.»
Commentaires : Donc, le stagiaire, il a
droit à un congé de cinq jours, naissance, adoption, interruption... établit
les modalités du congé. Bon, c'est 81.1 de la Loi sur les normes du travail,
adapté, puis je pense qu'on vient d'avoir la discussion sur le fond. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Alors, y a-t-il des interventions à
l'article 15? Député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, M. le ministre, peut-être pour m'éclairer, dans le cas, par
exemple, d'une interruption de grossesse, donc, est-ce que je comprends que ce
congé peut être fractionné, mais il ne peut être pris... Est-ce que ce congé-là
peut être pris... 15 jours qui suivent, mais dans le fractionnement? Je ne sais
pas si vous me suivez.
M. Boulet : Non, il peut être fractionné en journées, mais il
ne peut pas être pris après l'expiration des 15 jours. Donc, le
fractionnement ne te permet pas d'aller au-delà des 15 jours.
M. Benjamin : Après
l'expiration. Donc, ça ne permet pas d'aller au-delà des 15 jours.
D'accord. Et ça, c'est la même chose qu'on retrouve dans la loi.
M. Boulet : Dans la loi, oui.
M. Benjamin : O.K. Merci.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions à l'article 15?
Alors, est-ce que l'article 15 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
L'article 16. M. le ministre.
M. Boulet : Merci. «16. Le
stagiaire doit aviser l'employeur de son absence le plus tôt possible, sauf
dans le cas visant l'article 14 où il doit aviser l'employeur de son
absence au moins une semaine à l'avance.»
Commentaires : Bien, c'est l'obligation
d'aviser de son absence le plus tôt possible ou, dans le cas d'un mariage ou
d'une union civile, une semaine à l'avance. Donc, ça reprend essentiellement
les modalités prévues à la Loi sur les normes du travail. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 16?
S'il n'y a pas d'intervention, alors, est-ce que
l'article 16 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous poursuivons, M. le ministre, avec l'article 17.
M. Boulet : Merci. «17. [Un]
stagiaire peut s'absenter de son stage pour un examen médical relié à sa
grossesse ou pour un examen relié à sa grossesse et effectué par une
sage-femme.
«[Le] stagiaire avise l'employeur le plus tôt
possible du moment où elle devra s'absenter — la stagiaire, effectivement.»
Donc, le commentaire, c'est le droit à une
stagiaire de s'absenter pour un examen médical, et c'est compatible avec 81.3
de la Loi sur les normes du travail. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Député de Viau, et ensuite ce sera le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
Donc, j'aimerais tout de suite annoncer que je
vais déposer un amendement, ici, et cet amendement fait suite à une demande que
nous avions reçue, une demande conjointe de l'Ordre des sages-femmes du Québec,
de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec et du Collège des médecins
du Québec, à l'effet, tout simplement... donc, ils nous proposent une
formulation qui serait beaucoup plus respectueuse de l'esprit dans lequel ces
entités-là travaillent pour dire «un stagiaire peut s'absenter de son stage
pour un examen relié à sa grossesse lorsqu'effectué par un professionnel de la
santé habilité». Je pense que, là, c'est un... et donc c'est remplacer le mot
«sage-femme». Donc, c'est une demande conjointe que nous avons reçue. Donc, je
vais... On peut suspendre, donc...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Oui, alors... mais, pendant que vous allez préparer cet amendement,
est-ce que le député d'Hochelaga-Maisonneuve aimerait intervenir? Vous
pouvez intervenir, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : J'avais deux, trois
questions, parce que, là, on va clore, avec la fin de cet article-là, un
chapitre puis on va passer, après ça, au harcèlement psychologique.
Le mémoire, notamment, de l'UEQ réclamait, là — trois
recommandations — d'inclure
des droits prévus aux normes dans le régime parallèle qui ne l'étaient pas dans
le projet de loi. Je fais référence à 59.0.1 de la LNT, le refus de travailler, les articles 78 et 79 pour les repos et
les articles 85, 85.1, 85.2 pour les tenues vestimentaires particulières,
l'utilisation de matériel, d'équipement et de marchandise et concernant les
frais de déplacement et de formation obligatoire. Est-ce que j'assume, par
l'absence d'amendements sur ces trois sujets, sur ces trois thèmes, que le
ministre n'a pas voulu reprendre la logique, là, de l'effet miroir qu'il nous
présentait dans les, quoi, quatre, cinq derniers articles, là, qui reprennent
essentiellement l'essence, parfois même mot par mot, de ce qu'il y a dans la
LNT? Est-ce que, donc, sur ces trois sujets-là, c'est un refus du ministre de
faire cet exercice-là?
M. Boulet : Effectivement, pour
une raison de compatibilité puis pour une raison de difficulté d'application,
là, dans le contexte d'un stage.
M. Leduc : O.K. Bien, écoutez,
allons-y un petit peu plus, quand même, dans le détail, là. Le refus de
travailler, je suis allé le relire vite, vite tantôt, c'est les... plus de deux
heures au-delà des heures habituelles, au-delà de 50 heures de travail,
etc., donc ça vient limiter...
M. Boulet : Est-ce que vous
pouvez me les reprendre? Je vais juste...
M. Leduc : Alors, c'est la
page 4 du mémoire de l'UEQ, recommandation n° 3,
que le projet de loi n° 14 visant à assurer la protection des
stagiaires...
M. Boulet : Donc, refus de
travail. Les autres, c'est quoi, collègue?
M. Leduc : Alors, 59.0.1, 78,
79...
M. Boulet : 78, c'est quoi?
M. Leduc : 78, c'est les repos.
M. Boulet : Les repas?
M. Leduc : Les repos.
M. Boulet : Repos. Ensuite...
M. Leduc : Et 85, 85.1, 85.2,
tenue vestimentaire, utilisation de matériel, d'équipement, marchandise, frais
de déplacement, formation obligatoire. Peut-être qu'on peut prendre une
suspension le temps, de toute façon, de recevoir...
M. Boulet : Donc, c'est essentiellement
les refus de travail, les repos puis la tenue vestimentaire.
M. Leduc : Grosso modo, oui.
M. Boulet : O.K., parfait.
C'est bon.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Si vous êtes d'accord...
M. Boulet : Je vais juste les
revoir, là, puis vous donner une explication plus...
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Au lieu de suspendre, M. le ministre, est-ce que vous êtes prêt à entendre
l'amendement déposé par le Parti libéral... excusez-moi, par le député de Viau?
M. Boulet : Oui, je peux
l'entendre.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. C'est un peu ce qu'il a annoncé tantôt. Alors, nous avons reçu un
amendement à l'article 17 du député de Viau. Je vous invite à le lire, s'il
vous plaît. Est-ce qu'il peut être affiché?
• (17 h 50) •
M. Benjamin : En fait,
l'amendement dit ceci, Mme la Présidente : Modifier l'article 17 du
projet de loi par le remplacement, dans le
premier alinéa, des mots «une sage-femme» par les mots «un professionnel de la
santé habilité».
Si vous permettez,
Mme la Présidente, donc, je prendrai quelques instants, donc, pour soutenir,
donc, pourquoi j'amène cet amendement, ici. Donc, comme je l'ai souligné tout à
l'heure, c'est suite à une demande que nous avions reçu, donc, une lettre que nous avions reçue de l'Ordre des sages-femmes
du Québec... une lettre conjointe de l'Ordre des sages-femmes du Québec, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec
et du Collège des médecins du Québec. Alors, dans cette lettre, on nous
dit... on nous félicite... on souhaite féliciter le ministre pour la
reconnaissance de la profession de sage-femme comme professionnelle habilitée à
effectuer des suivis de grossesse. Or, au Québec, trois professionnels sont habilités légalement à effectuer les suivis de
grossesse de façon autonome, à savoir les médecins, les sages-femmes et les infirmières praticiennes spécialisées. De
plus, les infirmières sont aussi habilitées à contribuer aux suivis de
grossesse.
Donc, la proposition,
donc, alors, ils nous proposent de nous inspirer de la formulation du projet de
loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de
sécurité du travail, et d'utiliser plutôt le terme «professionnel de la santé
qui effectue le suivi de grossesse» dans le libellé de l'article, donc, d'où la
formulation que nous proposons ici, dans l'amendement, Mme la Présidente :
«Un stagiaire peut s'absenter de son stage pour un examen relié à sa grossesse
lorsqu'effectué par un professionnel de la santé habilité.» Voilà.
M. Boulet :
Est-ce qu'on peut demander un ajournement? Parce que je trouve ça intéressant
comme amendement, et, dans la mesure de sa faisabilité, on pourrait l'accepter.
Ça fait que j'aimerais mieux ajourner, puis j'ai demandé de faire une
vérification.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est-à-dire nous allons suspendre, pas
ajourner, parce que nous terminons à 18 h 30.
M. Boulet :
Suspendre, excusez-moi, suspendre.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui, oui, hein, on ne finit pas la journée. Ça
aurait été agréable, là, mais...
Alors, nous allons
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17
h 52)
(Reprise à 18 h 06)
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, M. le ministre, vous avez une réponse à
l'amendement reçu par le député de Viau...
Des voix :
...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Attention, s'il vous plaît!
M. Boulet :
Merci. Donc, à l'amendement du collègue de Viau, on serait prêts, dans la
mesure où j'inviterais le collègue de Viau à mettre... donc, on remplacerait
les mots «sage-femme» par «un professionnel de la santé habilité à cette fin».
Si vous rajoutez «à cette fin», que vous déposez votre amendement, on pourrait
l'adopter de cette manière-là, et ça clôturerait, de votre côté.
Puis, pour le
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, je vais vous donner les réponses un peu...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...minute. D'abord, il ne peut pas juste ajouter
ça comme ça. Comme c'est un amendement qui a été déposé comme cela, là, comme
il est, il faut qu'il le retire.
Alors, est-ce que
j'ai votre consentement pour que le député de Viau retire l'amendement qu'il
vient de nous déposer?
M. Benjamin :
Et je le dépose.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Et que vous nous en redéposiez un autre, c'est
bien ça. D'accord?
M. Benjamin :
Parfait. Absolument.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, on peut, là, si vous voulez, poursuivre
les échanges, M. le ministre, avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve pendant le
temps qu'il va préparer son amendement.
Mais est-ce que j'ai
votre consentement pour le retrait de cet amendement? J'ai votre consentement?
Parfait.
Alors, pendant ce
temps-là, je vous invite à le rédiger de nouveau, puis on va continuer.
M. Benjamin :
...qu'on puisse revenir là-dessus par la suite.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui, tout à fait, tout à fait. Dès que vous êtes
prêt, vous me faites signe.
M. Benjamin :
Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : M. le ministre, ça vous va?
M. Boulet :
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Boulet :
Donc, au collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, bon, essentiellement, ce que je vous
dirais, c'est que, le but puis les consultations qu'on avait eues avant le
dépôt du projet de loi, on voulait se concentrer sur les congés de courte durée
puis les protections en matière de harcèlement psychologique et sexuel puis
accorder, bien sûr, des protections aux stagiaires puis les recours adaptés.
Puis ça n'a jamais été l'intention de s'immiscer
dans l'organisation du stage, l'organisation des milieux de travail, notamment
l'établissement de l'horaire, parce qu'il y a des stages, c'est vraiment à
temps partiel, c'est un nombre limité d'heures par jour, un nombre limité
d'heures par semaine, puis on n'a pas un portrait assez détaillé de l'ensemble
des conditions de réalisation des stages pour déterminer aussi si les normes
concernent les périodes de repas, les périodes de repos, les repos
hebdomadaires puis les autres normes, comme la tenue vestimentaire. Tu sais,
c'était vraiment de cibler des règles d'ordre public qui étaient claires,
d'application facilement compréhensible pour les stagiaires, puis on ne voulait
pas complexifier ça outre mesure.
Puis je
rappellerai, puis mon collègue le sait bien, les pauses ne sont pas
obligatoires, mais, quand il les accorde, il est tenu de les rémunérer. Qu'est-ce qu'on ferait avec la vaste majorité
des stagiaires qui ne sont pas rémunérés? Il y aurait comme une
incompatibilité. Les repas, c'est une période de repas de 30 minutes,
mais, vous savez, dans certaines circonstances, une personne est contrainte de
rester sur son lieu de travail, et là il doit être rémunéré pendant cette
période-là. Ça fait que ça devenait d'une complexité, là, quand même assez
particulière de s'embarquer dans le paiement des heures supplémentaires.
Mais c'était essentiellement pour ça, dans les
discussions qu'on avait eues, on se concentrait véritablement dans les congés de courte durée, le harcèlement,
les protections puis les recours. C'est la raison pour laquelle ça a été
exclu.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ça va? Oui? Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve, oui.
M. Leduc : Je reviendrais, tu
sais, évidemment, pour notifier un désaccord, bien sûr, avec le... Merci des
explications. Évidemment, je ne suis pas nécessairement d'accord, mais je ne
veux pas m'étaler sur tout, je veux particulièrement
revenir sur la question des tenues vestimentaires. Il me semble qu'il n'y a là
pas beaucoup de complexité par rapport
aux périodes de repos payées, non payées, etc. S'il faut fournir une tenue
vestimentaire à un stagiaire, pourquoi on...
• (18 h 10) •
M. Boulet : Non, mais c'est
essentiellement temporaire, là, la durée d'un stage, puis, ça aussi, on le
considérait. Puis ça ne m'a jamais, jamais, jamais été demandé par... Les
stagiaires, si c'est trois semaines, si c'est un mois, si c'est... ils ne
sont pas dans le même environnement puis ils ne sont pas dans le même
encadrement vestimentaire que les salariés réguliers, là, ou les salariés qui
ont complété un stage ou qui ne sont pas en stage, là.
M. Leduc : Mais, quand vous
dites : Ça ne m'a pas été réclamé par les stagiaires... mais là je vous ai
lu le mémoire, là, de l'UEQ, là.
M. Boulet : Non, non, je le
comprends, mais je vous dis : Nous, on s'est vraiment concentrés, puis
c'est ce qu'on avait annoncé et dénoncé,
c'est les congés de courte durée, puis le harcèlement, puis les recours, puis
les protections.
M. Leduc : Parce que déjà que
la norme originale n'est pas terrible, hein? 85 des normes du travail, ça
dit : «Lorsqu'un employeur rend obligatoire le port d'un vêtement
particulier, il doit le fournir gratuitement au salarié payé au salaire
minimum.» Là, il y a toute une mécanique complexe, là, que je me rappelle avoir
étudiée dans mes cours. «Dans le cas d'un
salarié visé à l'un des articles», dont le salaire minimum avec pourboires,
bref, ça adonne que c'est moins... c'est compliqué. Mais ce n'est déjà
pas terrible, ça, puis là vous dites que, pour le stagiaire, il n'a même pas
droit à ça.
M. Boulet : Non, non, bien, il
n'est pas rémunéré, le stagiaire, il est... tu sais, ça, c'est pour éviter,
notamment... Je pense, un des buts visés par le législateur, à l'époque, c'est
d'éviter que le coût des vêtements fasse en sorte qu'il est payé moins que le
salaire minimum.
M. Leduc : Donc, en d'autres
mots, un employeur pourrait forcer un stagiaire à payer son équipement?
M. Boulet : Écoute, il n'y a
pas de stagiaire qui est contraint, mais, tu sais... Non, on n'a pas voulu
s'immiscer...
M. Leduc : Mais non, non
pourquoi?
M. Boulet : ...dans cette
organisation-là, du travail. Puis les stagiaires, ils ne vivent pas dans un
encadrement vestimentaire de même nature, tu sais, c'est un apprentissage, un
développement de compétences, puis c'est la raison pour laquelle on n'est pas
allés là non plus. Là, les... tu sais, c'est ça.
M. Leduc : «85.1. Lorsqu'un
employeur — ça, c'est
les normes — rend obligatoire
l'utilisation de matériel, d'équipement, de matières premières ou de
marchandises pour l'exécution du contrat, il doit les fournir gratuitement au
salarié payé au salaire minimum.» Le stagiaire, lui, peut se faire obliger un
remboursement de ces affaires-là?
M. Boulet : Bien, les
stagiaires, on ne leur demande pas de porter une tenue vestimentaire
particulière, là. Je ne sais pas si vous avez des cas, des exemples ou...
M. Leduc :
Bien, vous plaidez vous-même la vaste... la vaste réalité de stages. Ça fait
que, non, je n'ai pas un exemple au bout des doigts. J'assume que, si on nous
propose...
M. Boulet : Non, c'est un
apprentissage.
M. Leduc : ...à l'UEQ, c'est
qu'ils ont peut-être pensé à deux, trois cas de figure, là. Mais c'est parce
que le message que vous envoyez, en n'incluant pas ça ou une version amendée
pour le régime parallèle, c'est que c'est correct de demander que le stagiaire
fournisse ou paie de l'équipement.
M. Boulet : Est-ce qu'il y a
des exemples? Je n'en ai pas en tête. Oui?
M. Benjamin : ...exemple. Les
apprentis dans les garages, par exemple.
M. Boulet : Parce que, si c'est
pour rassurer leur santé et sécurité, si c'est des équipements de protection
individuelle, c'est déjà couvert par l'article 51 de la Loi sur les
accidents de travail et maladies professionnelles. L'employeur doit le fournir
gratuitement, c'est ce qui est prévu, les équipements de protection
individuelle qui sont requis par les personnes qui sont dans l'environnement de
travail, puis ça, c'est une obligation. Mais je ne vois pas d'uniforme pour un
stagiaire, en tout cas, je n'ai pas... Les équipements de protection
individuelle, santé et sécurité, oui, mais ça, c'est déjà couvert.
M. Leduc : Mais tout ce qui
serait, mettons, uniforme ou une espèce de... un bleu de travail, qu'on peut
appeler parfois, là.
M. Boulet : Un bleu de travail?
M. Leduc : Une espèce... pas
une jaquette, mais une chemise aux couleurs de l'entreprise ou des choses comme
ça, là.
Écoutez, M. le ministre, je trouve juste que
vous avez passé vite sur cet aspect-là qui était revendiqué par les assos
étudiantes, qui peuvent impliquer des sommes, en disant : C'est complexe.
Bien, justement, parce que c'est complexe, on devrait y passer davantage de
temps puis voir qu'est-ce qu'on pourrait reprendre. Parce que vous dites :
Ah! bien, ça fait référence au statut de salarié, donc pas tous les stagiaires
le sont. Ça souligne à grands traits le fait qu'on n'a toujours pas réglé la
question de la rémunération de tous les stages, mais, en attendant ce débat-là,
il y a certainement quelque chose à écrire pour résumer qu'être un stagiaire ne
fait pas en sorte que vous allez devoir potentiellement payer de l'équipement,
du matériel, etc.
M. Boulet : Comme je vous ai
dit, on s'est vraiment concentrés sur les congés de courte durée, le
harcèlement, les normes, les protections,
puis on n'est pas embarqués dans l'organisation de travail, dans l'horaire de
travail. Puis, tu sais, s'il y a des
cas... puis peut-être... puis c'est très hypothétique, des cas où un employeur
exige un uniforme à un stagiaire, puis il
lui impose de le payer sans le rémunérer, moi, je pense que ça doit se convenir
entre eux autres, là, puis ce n'est certainement pas un élément qui
facilite ou qui assure des conditions de réalisation de stage qui sont bien,
qui sont bénéfiques.
Ça fait que
c'est le commentaire que j'aurais à faire. Pour moi, c'est une hypothèse qui
m'apparaît invraisemblable, qu'un employeur oblige un stagiaire non
rémunéré à porter telle tenue vestimentaire. Bon, c'est le commentaire que je
pourrais faire.
M. Leduc : Bien, c'est parce
que, si on l'a mis dans les normes, c'est que ça existe pour des salariés au
salaire minimum ou presque, alors d'écarter la possibilité que ça puisse
exister ou que ça existe en ce moment, ça me semble un peu aventureux. Mais je
vais conclure là-dessus, Mme la Présidente, c'est un autre exemple de pourquoi
ce n'était pas nécessairement une bonne idée de faire un régime parallèle,
c'est que, là, on a choisi à la pièce des éléments des normes du travail qui
nous intéressaient, d'autres qui ne nous intéressaient pas. Là, au moins, on a
pu avoir le débat, c'est toujours ça de gagné. Là, on a compris qu'il allait y
avoir une révision de la loi dans cinq ans, c'est aussi ça de gagné. On peut
assumer que cette révision-là prendra en compte cet aspect-là que nous venons
de discuter. Merci.
M. Boulet : Merci, collègue.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Alors, nous allons revenir...
M. Boulet : Est-ce que
l'amendement est...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous avons reçu l'amendement du député de Viau à l'article 17. Je vous
invite à le lire, s'il vous plaît.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
Donc, alors, il s'agit de modifier
l'article 17 du projet de loi par le remplacement, dans le premier alinéa,
des mots «une sage-femme» par les mots «un professionnel de la santé habilité à
cette fin».
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait.
Des
voix : ...
M. Boulet :
O.K. On va y aller comme ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est beau? Alors, il n'y a donc pas
d'interventions, c'est ce que je comprends? Nous allons donc procéder
tout de suite...
M. Benjamin :
Si vous permettez, Mme la Présidente...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Ah! oui.
M. Benjamin :
Si vous permettez, en fait, j'aimerais remercier le ministre pour son
ouverture, donc. Et c'est un amendement qui
fait écho, justement, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, à une demande
formulée par trois ordres professionnels concertés. Et permettez, Mme la
Présidente, que je fasse appel à ma mémoire un peu, je pense que c'est à la fin
des années 90, début des années 2000, au Québec, suite à... qu'on a
vu... voir le jour l'Ordre des sages-femmes du
Québec, après plusieurs années, justement, d'engagement, de militance, de
revendications, donc, de beaucoup de femmes partout au Québec. Et donc
on est très contents, d'ailleurs, que cet amendement-là puisse être accepté,
accueilli par le gouvernement, donc, pour
pouvoir nommer les personnes habilitées comme elles le demandent. Merci. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci.
M. Boulet :
Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, y a-t-il d'autres interventions à
l'amendement déposé par le député de Viau à l'article 17? Non?
Alors, est-ce que
l'amendement déposé à l'article 17 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Excellent. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 17 tel qu'amendé?
S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'article 17, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
• (18 h 20) •
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Excellent.
Alors, nous
poursuivons avec le chapitre IV, «Harcèlement psychologique», M. le
ministre, avec l'article 18.
M. Boulet :
Merci. «18. Pour l'application de la présente loi, on entend par
"harcèlement psychologique" une conduite vexatoire se manifestant
soit par des comportements, des paroles, des actes ou des gestes répétés, qui
sont hostiles ou non désirés, laquelle porte atteinte à la dignité ou à
l'intégrité psychologique ou physique du stagiaire et qui entraîne, pour
celui-ci, un milieu de travail néfaste. Pour plus de précision, le harcèlement
psychologique comprend une telle conduite lorsqu'elle se manifeste par de
telles paroles, de tels actes ou de tels gestes à caractère sexuel.
«Une seule conduite
grave peut aussi constituer du harcèlement psychologique si elle porte une
telle atteinte et produit un effet nocif continu pour le stagiaire.»
Commentaires :
Donc, c'est une définition de «harcèlement psychologique», c'est 81.18 de la
loi, puis ça inclut, bien sûr, la référence à une conduite qui constituerait
une forme de harcèlement sexuel. Puis c'est maintenant assez bien précisé, là,
cette définition-là est bien établie en jurisprudence. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il des interventions à
l'article 18? Député de Viau.
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente.
Donc, c'est un
article très important, je crois. Et le ministre nous dit que... Est-ce que
c'est la définition telle qu'elle est dans la loi sur le harcèlement?
M. Boulet :
Oui.
M. Benjamin :
La question que j'aimerais... en fait, la réflexion à laquelle j'aimerais
peut-être inviter le ministre, c'est autour
des enjeux... il y a des enjeux qu'on appelle, pardonnez-moi l'anglicisme,
«crossed discrimination», double discrimination. Donc, des femmes, par
exemple, qui peuvent être objets... qui peuvent faire l'objet de sexisme et
d'homophobie, par exemple. Bon, est-ce que... J'aimerais savoir, est-ce que...
Parce que la charte est très claire, la Charte des droits et libertés de la
personne est très claire. J'aimerais savoir, est-ce que vous pensez, M. le
ministre, qu'il faille aussi souligner aussi l'importance de ces éléments de la
charte aussi dans ce débat?
M. Boulet :
Non, c'est deux réalités juridiques distinctes. Le harcèlement, bon, ça a été
défini de cette manière-là dans la Loi sur les normes du travail. Ça a été
révisé, ce libellé-là a été maintenu, puis on a rajouté le harcèlement sexuel
dans la réforme qui est entrée en vigueur le 12 juin 2018. Et il y a cinq
critères d'application, là, qui sont bien définis, là, par la jurisprudence,
là, c'est la conduite vexatoire, c'est des gestes répétitifs puis c'est
l'atteinte à l'intégrité psychologique. Mais il y a cinq critères, puis c'est
bien établi, c'est bien, bien compris, là. Mais le harcèlement, c'est indépendamment des sexes, indépendamment des
personnes puis indépendamment de tout. Puis, il y a aussi des concepts
de «mobbing», là, tu sais, des personnes qui se lient ensemble pour harceler
une autre. Il y a beaucoup, maintenant, de différents types de harcèlement,
mais ils sont tous compris dans cette définition-là.
Puis une seule conduite... parce que souvent...
on dit tout le temps : Du harcèlement, c'est répétitif, mais une seule
conduite, si elle est grave puis qu'il y a un effet nocif continu, c'est du
harcèlement. Tu sais, la personne, c'est de quoi d'assez violent, puis elle
doit consulter un psychologue, puis elle a des préjudices psychologiques, puis
elle doit s'absenter du travail, c'est du harcèlement, même si ce n'est pas
répétitif.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions à l'article 18?
Alors, est-ce que l'article 18 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excellent.
Nous poursuivons, M. le ministre, avec
l'article 19.
M. Boulet : Merci. «19. Tout
stagiaire a droit à un milieu de stage exempt de harcèlement psychologique.
«L'employeur et, selon le cas, l'établissement
d'enseignement ou l'ordre professionnel doivent prendre les moyens raisonnables
à leur disposition pour prévenir le harcèlement psychologique et, lorsqu'une
telle conduite est portée à leur connaissance, pour protéger le stagiaire et
pour la faire cesser.
«L'employeur doit notamment rendre disponible, à
tout stagiaire qu'il accueille, la politique de prévention du harcèlement
psychologique et de traitement des plaintes adoptée conformément à
l'article 81.19 de la Loi sur les normes du travail, laquelle politique
s'applique au stagiaire, avec les adaptations nécessaires.»
Commentaires : C'est une des pierres
angulaires de notre projet de loi, là, c'est rendre les politiques
obligatoirement applicables, puis ça fait écho à la dernière réforme, où on
parle non seulement de prévention, mais de correction, quand il y a du
harcèlement qui est porté à notre connaissance. Et donc ça énonce clairement
les obligations de l'employeur, de l'établissement et de l'ordre. C'est tout.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, la parole est au député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
Je vais m'attarder un peu, si vous permettez,
Mme la Présidente, à la section commentaires du ministre. Dans la section
commentaires, M. le ministre, il le dit, «cette disposition énonce les
obligations de l'employeur, de l'établissement
d'enseignement et de l'ordre professionnel». Donc, j'aimerais peut-être
demander au ministre et... Ici, dans l'article 19,
quelles sont les obligations, donc, qui sont énoncées? Alors, j'essaie de voir
les obligations énoncées de l'article 19.
M. Boulet : Politique,
politique, politique. C'est une politique en matière de harcèlement, pour
prévenir et pour corriger. Puis, dans la politique, on définit le harcèlement,
comme on l'a vu tout à l'heure, et on dit à quelqu'un qui vit du harcèlement
qu'il peut rencontrer la personne Y qui est responsable de l'application de la
politique, et là se déclenche un mécanisme d'enquête, soit par une personne
interne ou une personne externe, et là il y a une série de mesures qui peut
être imposée, soit des déplacements, ou soit des mesures disciplinaires, ou
soit des terminaisons d'emploi. C'est ce que les politiques... puis une
politique standard qui est publiée par la CNESST, mais maintenant c'est une
obligation d'avoir une politique pour prévenir ou pour faire cesser le harcèlement.
M. Benjamin : Ah! d'accord.
Parce que, moi, comme j'ai vu «énonce les obligations», en fait, j'essayais de
voir une liste d'obligations. En fait, je n'en vois qu'une, c'est-à-dire dans
cet article-ci.
M. Boulet : Oh mon Dieu! Mais
il y a des obligations diverses, là, qui découlent de la politique. Mais, dans
la politique, il y a aussi des activités de formation, d'information sur le
contenu de la politique de harcèlement, comme on a eu ici là, mais il y a
plusieurs obligations : obligation de mettre en place un mécanisme
d'enquête, obligation d'avoir une personne responsable de l'enquête, obligation
de prendre les mesures qui s'imposent. Mais tout ça, c'est dans la politique.
M. Benjamin : D'accord. Parce
que, si on parle d'obligations, ici, M. le ministre... Je suis d'accord avec
vous, je suis d'accord avec tout ce que vous dites, mais, dans
l'article 19 que nous avons devant nous, je n'ai qu'une obligation, et la
seule obligation que j'ai, de l'employeur... c'est celle de l'employeur, ce
n'est pas mentionné «l'établissement d'enseignement» non plus. L'obligation de
l'employeur, c'est de «rendre disponible, à tout stagiaire qu'il
accueille, la politique de prévention du harcèlement psychologique», donc, d'où
ma question. C'est parce que, comme, dans le commentaire, vous faites
allusion... vous parlez d'énoncer des obligations...
M. Boulet : Mais c'est parce
qu'il y en a plusieurs, obligations, là, tu sais, c'est des obligations de
prendre, notamment, les moyens raisonnables pour s'assurer que la réussite
académique ou professionnelle ne soit pas compromise en raison du harcèlement,
de prendre aussi des moyens raisonnables pour prévenir le harcèlement, prendre
les moyens raisonnables, quand une conduite est portée à ta connaissance, pour
la faire cesser. Il y a l'obligation aussi d'informer tous les stagiaires des
droits prévus au projet de loi, là. Dans les commentaires, on réfère à toutes
ces obligations-là, là.
M. Benjamin : Dans
l'article 19, au deuxième paragraphe, en fait, c'est clair, pour ce qui
est d'une obligation précise de l'employeur, c'est-à-dire l'employeur, il
aurait cette obligation-là de «rendre disponible, à tout stagiaire qu'il
accueille, la politique de prévention du harcèlement psychologique et du
traitement des plaintes», etc.
Bon, maintenant, dans le premier paragraphe, si
je me rapporte au premier paragraphe, là, on parle de l'employeur, de
l'établissement d'enseignement, de l'ordre professionnel, donc c'est un peu
plus vague. Ça me parle de moyens raisonnables. Quelle serait l'obligation...
Ma question, Mme la Présidente : Quelle serait l'obligation, dans
l'article 19... quelle obligation l'établissement d'enseignement aurait à
cette fin?
M. Boulet : Ah! bien là... Bon,
on s'inspire du libellé de 81.19 de la Loi sur les normes. Et, dans certains
stages, l'établissement d'enseignement a un rôle à jouer, puis c'est pour ça
qu'on dit qu'elle est obligée de prévenir ou de corriger, dans la mesure où c'est
porté à sa connaissance, mais ça peut varier d'un stage à l'autre, là.
M. Benjamin : D'accord, mais...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...merci. Alors, écoutez, merci de votre belle collaboration. Compte tenu de
l'heure... Et, oui, bel échange, hein mais on continuera ça demain.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die.
Alors, bonne soirée à toutes et à tous. Bon
souper et bonne soirée. Merci pour votre bon travail.
(Fin de la séance à 18 h 30)