(Neuf heures trente minutes)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Bonjour. Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le
régime de santé et de sécurité du travail.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Bélanger (Orford) est remplacé par M. Lemieux
(Saint-Jean); Mme Boutin (Jean-Talon) est remplacée par M. Poulin
(Beauce-Sud); Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par Mme Picard
(Soulanges); et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par M. Gaudreault
(Jonquière).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Est-ce que vous désirez toujours poursuivre, lors des appels de mise aux
voix, par, justement, appel nominal? Est-ce que vous voulez poursuivre de cette
façon pour la journée aussi? Parfait. Merci.
Ce matin, nous poursuivons avec le sujet 5,
Prévention; 5.1, Mécanismes de prévention; 5.1.2, Application sur les chantiers
de construction, partie c, coordonnateur en santé et en sécurité. Lors de
l'ajournement de nos travaux, hier, nous en étions à l'étude de l'amendement
proposé par le ministre à l'article 226 du projet de loi. Je crois
comprendre, M. le ministre, que vous aimeriez une intervention rapidement.
M. Boulet : Oui, j'aimerais ça, avec
votre accord, suspendre pendant quelques minutes.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 32)
(Reprise à 9 h 44)
La Présidente (Mme IsaBelle) : M. le
ministre, à vous la parole. Je rappelle que nous sommes rendus à l'amendement
déposé par le ministre à l'article 226.
M. Boulet : Oui, merci. Bon, d'abord,
bonjour à tout le monde. Bon, en commençant, je me suis imposé un fardeau de
convaincre tous mes collègues des partis d'opposition sur la pertinence du 16 millions.
Je rappellerai qu'on était à 8 millions en 1979... en 1986, plutôt, puis
il faut trouver une façon d'indexer ou de normaliser. On était allés à 24 millions. Certains me disent qu'on aurait pu aller à 29 millions, si ça avait été un calcul purement économique. Suite aux consultations
particulières, on est allés à 16 millions.
Il faut savoir que c'est un seuil.
16 millions de valeur ou plus que 100, il y a une obligation d'avoir un
coordonnateur à temps plein avec un représentant en santé-sécurité à temps
plein. On verra, en bas de 16 millions, ce que ça implique, mais la
valeur, on s'appuie sur un certain nombre d'éléments, là, puis ne voyez pas ça
comme étant limitatif, là, c'est vraiment de façon générale. Mais, sur le site
du Local 58, parce que vous aviez fait état des calorifugeurs, on peut y
lire, sur ce site-là, une autre démonstration qu'on écoute bien, hein,
collègue de Jonquière, le taux horaire pour un compagnon en 1986, où on était à
8 millions, était de 18,17 $, puis, en 2020, 44,28 $. Donc,
force est de constater que le taux horaire a suivi notre valorisation. Puis
j'ai un lien, là, si jamais vous avez besoin de vous faire confirmer la donnée
que je viens de soumettre.
Deuxièmement, ce qu'on dit, c'est qu'on peut
forcément déduire qu'avec 8 millions en 1986 il y avait plus de travailleurs sur un chantier, donc plus
d'employeurs, plus d'interactions entre les sous-traitants du maître
d'oeuvre. D'où le besoin... à l'époque, on appelait ça un agent de sécurité,
maintenant, c'est un coordonnateur, d'où le besoin d'un coordonnateur, disons,
pour s'assurer du respect des consignes et des mesures de sécurité sur un
chantier.
Troisième élément, actuellement, un chantier de
8 millions peut équivaloir à la construction d'un bâtiment à un seul étage
regroupant une vingtaine de travailleurs, exemple, une bibliothèque municipale.
Puis ce n'est pas parce qu'on est là qu'il n'y a pas de mesure, là, parce que,
vous allez voir, il y a quand même un programme de prévention, il y a un comité
de chantier puis il y a un représentant en santé et sécurité à temps partiel.
On n'est pas démunis. On est, au contraire, nettement supérieurs, avec le
16 millions, qu'on était avec le 8 millions. Donc, je donne l'exemple
d'une bibliothèque municipale. Sur ce type de chantier, de par la présence
restreinte de travailleurs et d'activités simultanées, il s'avère forcément moins pertinent
qu'un coordonnateur supervise les activités à temps plein. Plus il y a une diversité d'activités, plus ça s'impose
d'avoir un coordonnateur à temps plein, d'où le 16 millions ou
100 travailleurs.
Il faut considérer aussi... On est allés voir
l'intention d'origine du législateur, qui était un parti qui nous a précédés,
qui était de couvrir les chantiers de 8 millions ou 150 travailleurs.
Puis là nous, on est à 100 travailleurs, soit des chantiers... à l'époque,
ils appelaient ça beaucoup des chantiers de grande envergure. Donc, quand c'est
des chantiers de grande envergure, c'est plate, mais il faut mettre la barre à quelque
part à un moment donné. On l'avait mise à 24 millions, avec une certaine
conviction. Aujourd'hui, un chantier d'une valeur de 16 millions regroupe environ
45 à 50 travailleurs. Bref, le projet de loi, c'est une amélioration que
j'oserais qualifier de substantielle, parce qu'un coordonnateur sera présent
sur les chantiers. Donc, un coordonnateur là où il y a 100 travailleurs,
ou d'une valeur de 16 millions, donc c'est environ 45 à
50 travailleurs.
Dans le projet de loi n° 59, je
rappellerai... là, on est 45 à 50, mais, mettons, notre projet de loi
n° 59, il y a quand même un programme de prévention qui va devoir se faire
après 10 travailleurs. Il y a un comité de chantier... puis on a vu, on a
adopté le contenu du programme de prévention, un comité de chantier après
20 travailleurs, puis on a vu en détail les fonctions, responsabilités du
comité de chantier, puis le règlement qui viendra plus loin pour le
représentant en santé-sécurité à temps partiel. 10 travailleurs et plus...
Je vous donne l'échelle, là, parce qu'on va l'adopter ultérieurement, mais
c'est particulièrement important de mentionner que, quand il y a un nombre de
travailleurs présents sur un chantier, quand c'est entre 10 et 24, c'est une
heure de libération par jour, entre 25 et 49, trois heures, entre 50 et 74,
quatre heures, 75 à 99, six heures, puis 100 et plus, bien, on l'a vu, 100 et
plus, c'est huit heures, là, mais c'est à temps plein, le représentant en santé
et sécurité à temps plein.
• (9 h 50) •
Tout ça pour dire, on va très loin pour
accroître de façon substantielle l'encadrement santé-sécurité sur les chantiers
de construction, puis je pense que le 16 millions, il est pertinent, il
est respectueux de la réalité des chantiers de cette envergure-là et aussi
compatible avec les objectifs que nous avons dans la loi, notamment de réduire
les accidents de travail, particulièrement les décès, là, dans le secteur de la
construction. Ça fait que je pense que c'est ce que je voulais présenter ce matin,
comment le 16 millions a été établi, pourquoi il est à 16 millions,
puis en quoi c'est pertinent de le mettre à 16 millions, et surtout de
vous convaincre, collègues, que ce n'est pas parce qu'on est en bas de 16 qu'il
n'y a rien. Au contraire, il y a des représentants en santé-sécurité qui
tiennent compte du nombre de travailleurs, puis les heures de libération sont
dans une structure escalier, et il y a un programme de prévention, le cas
échéant, puis un comité de chantier. Le programme, c'est en haut de 10, puis le
comité, en haut de 20, donc on considère que c'est un très bon équilibre. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci,
M. le ministre. Je crois que le député de Jonquière aimerait prendre la parole.
M. Gaudreault : Oui. Je veux d'abord
saluer tous les collègues qui sont ici présents, les équipes qui nous
accompagnent, et vous aussi, Mme la Présidente. J'aime bien l'entrée en la
matière du ministre. Quand il dit : Je me suis donné le fardeau de
convaincre les collègues, alors je prends ça avec légèreté, parce que c'est le
cas de le dire, je ne me considère pas comme un fardeau, mais je pense que ça
démontre à quel point on fait des démarches intéressantes et pertinentes, qu'on
a des arguments solides. Alors, nous sommes un fardeau que nous souhaitons
alléger pour le ministre, mais surtout pour les travailleurs, les travailleuses,
parce que c'est pour ça que nous sommes ici. C'est pour ça que nous sommes ici,
et, en ce qui nous concerne, il n'y a pas de compromis à faire sur la santé et
la sécurité des travailleurs et travailleuses de la construction.
Moi, je suis un tenant du statu quo à
8 millions et j'ai de la difficulté à embarquer dans un argumentaire
purement mathématique d'indexation depuis 1986, parce que, si on commence à
jouer cette game-là, de l'indexation, on va la jouer totalement. Oui, le
salaire horaire des calorifugeurs a augmenté, oui, il y avait plus de
travailleurs sur les chantiers de 8 millions en 1986, oui, un chantier de
8 millions peut représenter un immeuble d'un seul étage avec une vingtaine de travailleurs ou une bibliothèque
municipale, mais moi, je peux vous donner un exemple, là, que je suis
allé ressortir, un projet dont je suis extrêmement fier, qui a été inauguré en
2015, donc c'est récent, l'agrandissement, le réaménagement du centre de
formation professionnelle de Jonquière pour permettre aux étudiants d'avoir des
équipements plus à jour. Bien, c'est un projet de 14,4 millions, donc en
bas de 16 millions. Et j'invite le ministre à venir visiter ce merveilleux
centre de formation professionnelle, la prochaine fois qu'il passera au
Saguenay—Lac-Saint-Jean. C'est vraiment un superendroit, mais
beaucoup plus grand qu'un seul étage,
puis là on est dans le 14,4 millions. C'est un immense bâtiment avec des équipements très sophistiqués parce que
c'est un centre de formation
professionnelle qui forme justement des futurs travailleurs de la construction
en ébénisterie, en tuyauterie, en chauffage, etc.
Donc, il y a beaucoup de risques reliés sur la réalisation
d'un tel chantier. De mémoire, en tout cas, puis je touche du bois, puis on me
l'indiquera si je me trompe, mais il n'y a pas eu d'accident majeur — tant
mieux — sur
ce chantier-là, mais ce que je veux dire, c'est que les chantiers en bas de
16 millions ne sont pas que des petits chantiers d'un seul étage pour
faire un garage en arrière d'une résidence privée. C'est beaucoup plus complexe
que ça. Puis, si on veut vraiment aller dans
la comparaison, en termes d'indexation depuis une trentaine ou une
quarantaine d'années, bien, on va le faire également sur les marges de profit
des entrepreneurs généreux... généraux... généreux, oui, au fil du temps, donc
la valeur également de leurs projets. L'augmentation de leurs profits, de leurs
marges de profit sur leurs constructions est importante aussi.
Donc, on va mettre ça
dans la balance, mais on va surtout mettre dans la balance que les risques ont
changé également. Et moi, c'est sur cette
base-là que je veux qu'on fasse une réflexion, et non pas juste une base... pas
seulement sur la base d'une fluctuation, ou d'une
indexation, plutôt, qui est purement mathématique. La vie est plus compliquée
que ça. J'ai eu l'occasion de le mentionner hier, par exemple, les risques
reliés à l'amiante, les risques reliés à de la poussière qu'on sous-estimait en
1986. Puis on le sait qu'aujourd'hui il y a des chantiers en bas de
16 millions qui sont souvent de la rénovation ou qui sont souvent, par
exemple, de la reconversion de bâtiments plus anciens dans lesquels il y avait
de l'amiante, et aujourd'hui c'est extrêmement considéré, puis avec raison.
Alors, moi, je ne
veux pas qu'on envoie un signal de nivellement vers le bas dans une occasion
historique... et je le dis à dessein, c'est
une occasion historique. Cette loi n'a pas été révisée de façon majeure depuis
une quarantaine d'années. Quand ça arrive une fois aux 40 ans, on
peut commencer à parler d'historique, alors je ne veux pas que les
parlementaires envoient un signal de nivellement vers le bas où, au lieu de
faire en sorte que les normes pour les chantiers plus bas, on ferait l'inverse,
on ferait en sorte que les normes des chantiers actuellement en bas de 8 millions
seraient étendues jusqu'à 16 millions. Moi, c'est ce que j'appelle du
nivellement vers le bas.
Moi, je veux... je ne
sais pas si ça se dit, du nivellement vers le haut, mais je veux faire en sorte
que les conditions plus sévères des chantiers de 25 millions et plus s'appliquent
jusqu'aux chantiers à partir de 8 millions. C'est ça qu'on doit faire,
c'est de dire que jamais on ne donnera une possibilité d'accident sur des
chantiers entre 8 millions et 16 millions parce que nous n'aurons pas
mis la barre à la bonne place dans cette commission quand on a l'occasion de
l'ouvrir. Donc, moi, je suis ferme sur le 8 millions.
Je comprends les
arguments du ministre, mais je ne les partage pas, parce qu'il m'apparaît qu'il
y a plus de risques. On parle ici de... pour les chantiers de 8 millions à
16 millions, de milliers de travailleurs, de milliers de travailleurs, et donc ce n'est pas banal. Chaque
travailleur peut être soumis à des risques supplémentaires. Donc, moi,
j'en fais appel à notre sens des
responsabilités, et de bien évaluer, oui, les risques, mais ce que ça signifie,
je dirais, en aval.
• (10 heures) •
Si, par exemple, le
ministre puis les collègues me disent : O.K., on est prêts à aller à
8 millions, mais, problème, on manque de coordonnateurs, on a un problème de
main-d'oeuvre, c'est vrai aussi dans le bassin des coordonnateurs en
santé-sécurité, bien, on trouvera une façon. Puis il y en a plein. Moi, je me
suis fait suggérer par des gens de l'industrie en santé-sécurité au travail,
par exemple, de créer un genre d'escouade entre les chantiers, et ça, de façon
exceptionnelle. Autrement dit, il faudrait que le maître d'oeuvre ait d'abord
l'obligation de démontrer qu'il a fait diligence raisonnable de trouver des
coordonnateurs. S'il a la démonstration que, dans sa région, pour x, y raison,
pas capable d'en trouver, bien là, plan b permis par la loi, il pourrait avoir
accès à une forme d'escouade qui serait des conseillers en santé avec des
conditions différentes.
Mais ce que je veux
dire, c'est qu'il faut envoyer le signal qu'à partir de 8 millions il n'y
a pas de compromis sur la santé et sécurité. Après ça, on trouvera les
accommodements, je n'aime pas utiliser ce terme parce qu'il est
chargé, les accommodements pour faire en sorte qu'on va livrer la
marchandise, qu'on va livrer la marchandise. Alors, je sens que vous voulez
m'interpeler, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Bien, je voulais juste savoir si vous étiez pour terminer
bientôt parce que je vois qu'il y a le député de Nelligan qui lève sa main
aussi. Alors, je voulais juste savoir si vous laisseriez la parole très
bientôt.
M.
Gaudreault : Oui, bien, écoutez, moi, je suis motivé à mettre la barre
à 8 millions. Je dois vous dire, vous préannoncer, vous préaviser, en
toute transparence comme je le fais toujours, on a déjà un sous-amendement de
prêt pour changer le 16 millions, je regarde le tableau, là, en 8 millions.
Alors, je peux le
déposer tout de suite, puis qu'on le débatte. Je ne pense pas que ça va
empêcher le député de Nelligan de faire ses interventions, parce que, dans le
fond, le débat de fond, il est là-dessus, 8 à 16 millions, puis aussi bien
de le déposer. Alors, Mme la Présidente, moi, je le déposerais à ce moment-ci
si mon estimé collègue me dit qu'il est prêt.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : D'accord. Alors, vous allez l'acheminer au
secrétaire? Pendant ce temps-là...
Une voix :
...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Pendant ce temps-là... Non, je pense qu'il est prêt.
Alors, on va écouter le député de Nelligan.
M. Derraji :
Oui, mais, pour question d'efficacité, moi, je n'ai aucun problème à faire le
débat une seule fois, quand le
sous-amendement sera déposé, parce que j'ai beaucoup d'estime en mon collègue,
mais je ne partage pas le sous-amendement,
je l'annonce, parce que je sais où vous voulez atterrir. Mais je pense que,
pour question d'efficacité, une fois que le sous-amendement sera sur la
table, ça serait pertinent d'avoir les arguments pour et contre. Donc, je peux
réserver mon intervention au moment où le sous-amendement sera déposé. Je pense
qu'on va gagner du temps.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Excellent. Est-ce qu'il est déjà acheminé?
Pardon. D'accord.
Alors, nous allons
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
10 h 02)
(Reprise à 10 h 08)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous avons reçu un amendement du député de Jonquière. Je vous invite à
le lire et à l'expliquer, s'il y a lieu, là, mais je pense que... Oui.
M. Gaudreault : Oui. Alors, je
pense que c'est très simple, c'est un sous-amendement sur l'article 226
qui introduit l'article 215.1 de la Loi sur la santé et la sécurité du
travail : Remplacer dans le premier alinéa de l'article 215.1 de la Loi
sur la santé et la sécurité du travail proposé par l'article 226 du projet
de loi tel qu'amendé, «16 000 000 $» par
«8 000 000 $».
Alors, je ne vois pas, là, ce que je peux dire
de plus que ce que j'ai déjà dit préalablement. Alors, pour nous, c'est un
seuil qui est plus acceptable avec 8 millions, qui est plus sécuritaire
pour l'ensemble des travailleurs, travailleuses, qu'on estime autour de
10 millions... Ah! 10 millions... de 10 000 entre les seuils de
8 à 16 millions. Alors, c'est ma proposition, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. Y a-t-il des
interventions au sous-amendement? M. le ministre.
• (10 h 10) •
M. Boulet : Peut-être un bref
commentaire. À l'époque, 150 travailleurs, puis, en 2021,
16 millions, ça représente à peu près
40 à 50 travailleurs. Donc, c'est un pas gigantesque que nous avons fait.
Deuxièmement, il n'y avait pas de
représentant en santé et sécurité. Là, il y aura un représentant en santé et
sécurité, dans le cas 25 à 49, trois heures par jour. Donc, comité
de chantier, représentant en santé et sécurité, ça n'existe pas.
Dernier commentaire, puis, après ça, je pense
que je n'aurai plus à parler, là, mais il faut voir ça dans une perspective de globalité. Le coordonnateur,
qu'est-ce qu'il fait? Il coordonne, ça fait que c'est généralement quand il
y a plusieurs corps de métier sur un chantier. C'est pour ça qu'on parle de
chantier de plus grande envergure. Il n'y en a pas, de coordination à faire,
quand c'est un petit chantier qui a moins d'envergure. Et le représentant en
santé et sécurité, son rôle, c'est lui qui a à s'occuper du respect des mesures
de santé et sécurité, de l'application des mesures en matière de prévention,
puis qui fait le suivi, puis qui est membre aussi du comité de chantier. Ça
fait qu'on a en place des structures qui n'existaient pas avant, qui
améliorent.
Mais c'est important de considérer le rôle
fondamental, le coordonnateur... dans un chantier en bas de 16 millions,
il n'y en a pas, de coordination à faire, puis la protection des travailleurs
est assurée par un représentant en santé et sécurité à temps partiel, puis il
n'y en avait pas avant. Donc, ça va probablement clore mes commentaires sur le
sous-amendement de mon collègue de Jonquière, encore une fois, vous le savez,
avec respect.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions au sous-amendement déposé par le député
de Jonquière? Député de Nelligan.
M. Derraji : En fait, ce n'est pas
uniquement sur le sous-amendement du collègue, mais plus, je dirais, qu'on
essaie de revoir un peu la réflexion. C'est que nous sommes en train d'étudier
un projet de loi qui date depuis plusieurs années, qui n'a pas été touché. Et
surtout, je pense, le domaine de la construction, ça a été dit hier, c'est un
domaine qui est très important pour l'économie du Québec, très important pour
les régions du Québec, et on veut faire un pas vers la prévention et la
sécurité sur les chantiers. En fait, nous sommes tous motivés. Il n'y a
personne autour de cette table que sa motivation, c'est jouer avec les chiffres
pour inclure ou ne pas inclure des chantiers. Moi, je pense que l'élément
central qui doit nous guider tous, c'est améliorer la santé... la sécurité sur
les chantiers parce que c'est important et obligatoire.
Maintenant, si je suis le raisonnement du ministre,
je lui ai dit, si je suis le raisonnement du ministre par rapport à l'augmentation
de l'index des prix de matériaux de construction de 1990 à aujourd'hui, le
chiffre à mettre, c'est 29 millions. C'est 29 millions. C'est 3,14.
Donc, même mathématiquement, en tout respect à mon collègue, ce n'est pas vrai,
ce n'est pas une lecture mathématique que le ministre a faite, parce que, s'il
me dit que c'est une lecture mathématique, c'est 29 millions qu'on doit
voir. Je ne veux pas aller à 29 millions, il ne faut pas comprendre ça,
mais ce n'est pas une lecture mathématique, je suis désolé de le dire.
C'est 3,14, ça, c'est Statistique Canada. Merci
à mon estimé collègue. C'est que, si on se base sur une lecture purement
mathématique aujourd'hui, ce qu'on devrait avoir, dans l'amendement du ministre,
s'il me dit que c'est une lecture mathématique, c'est 29 millions.
L'indice des prix, je vais vous le lire : L'indice des prix des matériaux
de construction a augmenté, de la période de référence de 1990 à aujourd'hui de
3,14. La hausse des prix de construction représente environ 1,4 % dans le
non-résidentiel, alors que la hausse des prix des matériaux est d'environ...
mais l'augmentation des coûts, pardon, des matériaux annuelle est environ
de 2,5 % à 3 %. Donc, l'augmentation
des coûts est grandement tirée vers le haut par les matériaux et les salaires,
entre 2 % à 2,5 % par année.
Donc, clairement, et c'est là la question que je
pose au ministre, est-ce que... parce que, là, on se base plus sur une lecture
d'indexation du prix. Parce que, je pense, si on voulait garder la même logique
que 1990, le prix qu'on devrait avoir : 29 millions. Donc, en
incluant les chantiers de 16 millions, je pense qu'on inclut beaucoup plus
de chantiers. Et c'est là la question de mon collègue député de Jonquière, tout
à l'heure : Est-ce qu'on a fait une lecture de disponibilité de
main-d'oeuvre pour ces chantiers? Parce que, là, là il va y avoir un autre
enjeu, pour les chantiers de construction,
et je ne pense pas qu'aujourd'hui le législateur veut faire ça en mode
confrontation avec les employeurs,
mais plus en collaboration avec les employeurs pour assurer l'adhésion et
surtout, surtout, pas uniquement l'adhésion des employeurs, ou les
maîtres d'oeuvre, ou autres, mais plus assurer la sécurité sur les chantiers.
Donc, est-ce que,
premièrement, le fait de garder ça à 16 millions nous assure qu'on a les
compétences nécessaires et les formations? Parce qu'on en a parlé hier. Donc, à
la sanction du projet de loi, c'est des choses que les entrepreneurs doivent
s'y conformer le plus tôt possible. Donc, je ne veux pas déposer un amendement
et dire au ministre que la logique mathématique veut d'adopter
29 millions et non pas 16 millions. J'adhère à l'idée qu'il ne
peut pas faire... on ne peut pas faire de
négociation sur les chantiers, mais je pense que le 16 millions est un
chiffre qui répond à plusieurs questions, parce qu'on n'a pas toutes les
réponses nécessaires aujourd'hui. Moi, je ne sais pas comment le milieu va
réagir demain avec 16 millions. On les a vus, lors des consultations, la
plupart nous ont dit : Écoutez, il y a des pour et il y a des contre. Moi,
je parle avec beaucoup de gens de la construction. Je reçois, à l'instant même
où on parle, plusieurs e-mails où les gens nous disent : Faites attention
parce qu'il va y avoir des répercussions.
Mais je ne veux pas qu'aujourd'hui... prendre
une décision où ma motivation première, c'est la sécurité sur les chantiers.
Mais, encore une fois, est-ce que c'est le bon chiffre, 16 millions? Je
vous le dis, si je me base sur la même logique qu'hier, M. le ministre, ce n'est
pas 16 millions, c'est 29 millions, et c'est une méchante bonne
différence. Est-ce que je suis convaincu de 29 millions? Probablement non,
parce que je comprends l'argument du collègue qu'on ne peut pas faire de
concession par rapport à la sécurité sur les chantiers de construction, mais
soyons un peu... prenons l'équilibre dans ce
jeu. Parce qu'au bout de la ligne, s'il s'agit de la sécurité sur les
chantiers, mais aussi une responsabilité par rapport à des maîtres
d'oeuvre, à des employeurs qui sont aussi des acteurs importants dans le
domaine de la construction... Donc, c'est ça, le raisonnement que je ramène sur
la table, Mme la Présidente.
Mais j'aimerais bien... Le ministre, est-ce
qu'il a fait une concession par rapport à l'indice des prix des matériaux de
construction? Parce que le calcul que j'ai, ce n'est pas le bon calcul qu'on
m'a annoncé, hein? C'est juste... Je ne veux pas juste qu'on garde que c'est
une lecture mathématique de l'indice. Là, ce n'est pas une lecture
mathématique, purement mathématique, parce que, si je fais uniquement... et je
me base sur un calcul mathématique, c'est 29 millions et non pas
16 millions. Merci, Mme la Présidente.
M.
Boulet : Je comprends très
bien la mathématique pure. On s'est basé sur l'indice des prix à la
consommation puis, sur le terrain, sur le
plancher des chantiers de construction, on réalise qu'on améliore
substantiellement ce qui se faisait.
Si j'essayais de résumer simplement, là, c'est
qu'en haut de 16 millions tu as besoin d'un coordonnateur à temps plein.
En bas de 16 millions, tu n'auras pas besoin d'un coordonnateur à temps
plein, mais tu vas avoir un représentant en santé-sécurité à temps partiel. Puis c'est
assez clair que 16 millions, c'est à
peu près 40 à 50 travailleurs.
Puis c'est respectueux, quand tu regardes ça dans une perspective de globalité,
on couvre tout.
Puis le coordonnateur, je le répète, son rôle,
c'est de coordonner les différents corps de métier. C'est pour ça qu'à l'époque
ils disaient : Il faut que ça soit un chantier d'envergure, puis c'est
pour ça qu'ils ont abouti à 8 millions, puis ça aboutira à
29 millions. C'est sûr que, lors des consultations particulières, il y a
des groupes qui souhaitaient que ce soit plus bas puis il y a d'autres groupes,
je ne me souviens pas, là, mais ils auraient pu souhaiter que ça soit plus
haut...
Donc, ça, il y a des débats, puis il y a des
orientations, puis il y a des courants de pensée, mais je pense qu'on a atteint
un équilibre qui est intéressant. Mais 8 millions, c'est nettement en
faire plus que ce qui est requis dans un chantier où il n'y a pas de
coordination à faire. Ça fait que ça n'atteindra pas l'objectif qui est visé.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions sur le sous-amendement? Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (10 h 30) •
M. Leduc : Oui. Mme la Présidente,
je voulais évidemment souscrire à l'amendement déposé par mon collègue de
Jonquière. C'est des éléments que j'ai mentionnés hier, également, avant qu'on
se quitte. Moi, j'ai beaucoup de malaise avec cette idée-là avancée par le
ministre, cette philosophie, en quelque sorte, qu'il faille nécessairement
bouger l'aiguille à ce niveau-là et surtout, nécessairement, la bouger en
raison du fait qu'il aurait fallu qu'elle soit indexée au départ pour toutes
sortes de raisons.
D'une part, bien, visiblement, ce n'était pas la
volonté des législateurs à ces deux moments-là, là. Il fait référence à deux
dates, le ministre, en 1974, en 1986. À ces deux moments-là, il n'y avait pas
eu, dans la loi ou dans les discussions, à moins qu'on me dise le contraire,
une volonté de l'indexer. Il serait curieux de revoir les procès-verbaux de
cette époque-là pour voir si ça a été discuté, cette idée-là d'indexer, en
1986, par exemple, et, si oui, pourquoi ils ne l'ont pas fait. Alors, je ne
suis pas en mesure de vous donner la réponse, mais on pourrait s'amuser en
allant jouer dans ces procès-verbaux-là.
Mais, au-delà de ça, il y a quand même un
certain paradoxe, parce que le ministre du Travail a beaucoup d'autres
responsabilités en dehors de celles de la construction, de la santé-sécurité.
Il a la responsabilité, notamment, du salaire minimum. Bien, le salaire
minimum, lui, il n'est pas indexé. Le salaire minimum, lui, il est augmenté à
la mitaine à chaque année en fonction de toutes sortes...
M. Boulet : ...
M. Leduc : Non, mais il n'y a pas
d'indexation automatique.
M. Boulet : Non, il serait pas mal
moins haut.
M. Leduc : Il y a d'autres provinces,
par exemple, qui l'ont augmenté puis, après ça, l'ont indexé.
M.
Boulet : Il serait pas mal moins haut s'il n'était qu'indexé.
M. Leduc :
Oui, mais, s'il avait été indexé dès le départ, il n'aurait certainement pas
été aussi bas qu'il l'est en ce moment.
M. Boulet :
Je partage...
M. Leduc :
Il y a d'autres choses qui ne sont pas indexées qui sont de la responsabilité
du ministre, par exemple, les prestations d'aide sociale ou les montants pour
les revenus de travail, qui peuvent être exemptés. Le ministre a fait une
modification récemment pour les rehausser. Il y a plein... il y a une panoplie
de seuils comme ça, dans la Loi sur l'aide sociale et aux personnes, qui ne
sont pas indexés. Alors, il y a comme une forme de contradiction, je trouve,
dans le choix, un peu arbitraire, de décider que ce seuil-là, lui, sera indexé.
On n'indexera pas les seuils de libération, on n'indexera pas les seuils... Il
y a même d'autres seuils, dans cette loi-là, qui ne seront pas indexés, mais,
celui-là, il faut qu'il soit indexé.
Alors, je m'explique
mal cette volonté-là. Évidemment, je pense qu'elle est politique, je pense
qu'elle répond à des pressions du milieu patronal. Pas plus tard que ce matin,
il y avait une nouvelle lettre du directeur du Conseil du patronat du Québec
qui, d'ailleurs, pas plus tard qu'il y a une semaine ou deux, disait que ce
serait bien le fun si tout le monde pouvait bien vivre avec un bon salaire,
mais que ce n'était pas comme ça que ça fonctionnait, l'économie. Alors, ça m'a
bien fait rigoler, à défaut de me faire pleurer, cette citation-là, mais
passons par-dessus.
Il y a de la pression
pour le remonter, le... mon prédécesseur qui a pris la parole y faisait
référence également. Moi, je pense que c'est l'inverse qu'il faut faire, parce
que plus on augmente le seuil, plus on laisse des chantiers dans des
situations... Oui, on va l'améliorer un peu, vous l'avez dit, M. le ministre,
mais, au final, sur cette norme-là, on recule, on recule en rehaussant le
seuil. Parce qu'il y a des éléments qui se sont complexifiés avec les années,
les chantiers de construction, ce n'est pas les mêmes aujourd'hui que ça
l'était dans les années 80, 90, voire 2000. Les types de contaminants, les
types de solvants, les machines, les outils sont plus complexes, sont plus
dangereux. Il y a toute une culture d'un rythme de travail effréné, ce qu'on
appelle, dans le milieu, le «fast track», les demandes de chantiers clé en main
avec telle date. Beaucoup d'aspects de notre économie fonctionnent comme ça, de
toute manière, mais, en matière de construction, c'est particulièrement vrai.
Il faut absolument que ce soit livré, tel chantier, à telle date, nonobstant
les obstacles, mais ça met une pression sur le maître d'oeuvre, sur les
employeurs et donc sur les employés pour que ça roule plus vite. On se dépêche.
Et on commence aussi
à superposer des étapes de construction qui, normalement, ou, du moins, dans un
ancien régime, si je peux m'exprimer ainsi, y allaient de manière plus séparée.
Là, on peut le faire tout en même temps. Ça implique que différents types de
métiers cohabitent, ce qui n'était pas nécessairement le cas avant. Ça implique
des types de machineries qui cohabitent aussi, ce qui n'était pas nécessairement
le cas il y a plusieurs années. Donc, ça implique plus de risques en matière de
santé et sécurité au travail.
Alors, moi, je trouve
que cette complexification-là des chantiers, notamment due à la machinerie, à
la culture, de la date exacte du chantier et de... qui amène toute cette
complexification-là, bien, doit peser aussi dans la balance, doit peser dans la
balance de dire : Bien, peut-être qu'on devrait le laisser à
8 millions, le chantier, le seuil pour obtenir le coordonnateur. Ça serait
une bonne façon de reconnaître que le milieu de la construction est un milieu
dangereux. On le sait, il y a plusieurs personnes qui décèdent par année, qui
viennent du milieu de la construction. Ils sont largement surreprésentés, les
gens de la construction, dans les décès annuels dus au travail ou dans le
contexte du travail. Ce n'est pas normal qu'on prenne ça pour acquis, qu'on
n'ait pas nécessairement l'écoute de cette réalité-là pour... puis que ça se
transforme en conséquence, et qu'on s'assure de donner tous les outils
possibles et de maintenir les seuils les plus sévères, en quelque sorte, pour
prévenir cette tendance-là qui ne semble pas vouloir s'estomper à travers les
années.
M. Boulet :
Bien, écoutez, encore une fois, je vais me limiter à un commentaire. Tu sais,
je révisais... lors des consultations
particulières, il y a même des groupes qui souhaitaient que ça se limite à
100 travailleurs, qu'il n'y ait pas de montant. Imaginez, quand
même, à 16 millions, il y a 40 à 50 travailleurs, ce serait encore
beaucoup plus limitatif. Évidemment, on a une kyrielle d'opinions variables,
puis c'est la raison pour laquelle on avait mis ça à 24 millions. On
s'était dit : C'est quand même assez sécure. Puis, bon, ce que le collègue
de Nelligan apporte, c'est un commentaire qui est juste, qui est approprié.
À 16 millions,
parce qu'on a fait un amendement à 16 millions, je le répète, il faut voir
la structure qui est mise en place. On est dans un contexte où, en bas d'un ou
l'autre, il y a quand même un programme de prévention, il y a un comité de
chantier puis il y a un représentant en santé et sécurité qui est là. Ça fait
qu'il n'y ait pas... La seule différence, c'est qu'il n'y a pas de
coordonnateur, collègue, puis, s'il n'y a pas de coordonnateur, c'est que c'est
un chantier qui n'en requiert pas. En bas de 24 millions, ce n'est même
pas et peu fréquent qu'il y a une diversité de corps de métier qui cohabitent
ensemble sur un chantier de construction.
À 16 millions,
je pense qu'on colmate les brèches et les écueils potentiels, et on s'assure de
protéger tout le monde. Et ce n'est pas... Puis, encore une fois, je pense
qu'on fait encore un grand pas en avant. Puis moi, je suis extrêmement
confortable avec le 16 millions puis je sais qu'on partage tous le même
objectif dans le secteur de la construction, de faire tout ce qui s'impose pour
protéger les travailleurs.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, sur le sous-amendement, député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, merci, Mme la Présidente. Alors, j'ai bien entendu les interventions de
mes collègues ici. Évidemment, je partage l'intervention du député d'Hochelaga-Maisonneuve
qui a très bien exprimé ce que j'essayais moi-même d'exprimer.
Dans la situation actuelle, avec la loi
présentement en cours, on estime à combien d'agents de sécurité sur les chantiers de plus de 8 millions, donc de tous
les chantiers au-dessus de 8 millions? Est-ce qu'on a une idée du
nombre? Parce que, présentement, c'est des
agents de sécurité. Est-ce qu'on a une idée du nombre d'agents de sécurité
qu'il y a sur les chantiers de 8 millions et plus?
M. Boulet : Un instant, je vais vérifier.
Une voix :
...
M.
Boulet : ...questionner nos experts en construction de la CNESST, puis
je vais vous revenir avec une réponse.
M. Gaudreault : O.K. Parce que...
c'est important parce qu'on transforme les agents en nouveaux coordonnateurs,
et il faut qu'on voie... Autrement dit, ça va transformer quoi, concrètement,
sur les chantiers? Si on a... bien, on verra
le chiffre qu'ils vont nous donner, là, mais je ne sais pas, moi, si c'est
1 000 agents qui sont présentement sur les chantiers de
8 millions et plus, on va arriver à combien de coordonnateurs sur les
chantiers de 16 millions et plus avec la nouvelle loi? Autrement dit, ce
que je veux dire, c'est qu'il faut voir ce qu'on perd entre le huit et 16.
• (10 h 30) •
M.
Boulet : En fait, ça revient à demander : Est-ce qu'on a une
estimation? Puis là les associations patronales et les syndicats du
secteur de la construction auraient peut-être des réponses plus précises, là.
Mais il y a combien de chantiers, actuellement, qui sont en haut de huit, 100
et 150, parce que c'était 150, comparativement au nombre de chantiers en haut
de 16 ou 100 travailleurs? C'est quoi, l'écart? Il y en a... Puis je ne sais si
on va être capables d'obtenir cette estimation-là, là, mais on va poser la
question puis on va essayer de voir si on peut y répondre.
Mais probablement beaucoup plus, parce que,
comme j'ai dit tout à l'heure, tu sais, déjà, le 16... Tu sais, le collègue de
Nelligan dit : Le huit de l'époque, c'est à peu près 29 millions
aujourd'hui, puis on était à 24 millions. On est rendu à 16 millions
puis on passe de 150 à 100, puis, en plus, on a une structure
d'heures améliorée pour les représentants en santé et sécurité à temps partiel,
puis un programme de prévention, puis un comité de chantier. Ça fait que c'est
sûr que le nombre est plus important. Je vais voir si on est capable... Est-ce
qu'on a...
Une voix : ...
M. Boulet : Est-ce qu'on peut
suspendre une minute? Je vais juste regarder le chiffre puis je vais
revenir.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 31)
(Reprise à 10 h 34)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre, je crois que vous avez la réponse à la question.
M. Boulet : Bien, une partie de la
réponse. La seule information que nous avons, c'est qu'il y a actuellement
771 agents. Donc, combien il y aurait de coordonnateurs, c'est difficile à
évaluer, on n'est pas capable de...
M. Gaudreault : 771 agents pour...
M. Boulet : De sécurité.
M. Gaudreault : Oui, mais pour tous
les chantiers de...
M. Boulet : Au Québec, oui.
M. Gaudreault : ...8 millions
et plus.
M. Boulet : 8 millions ou 150.
Puis, tu sais, je pense qu'il peut y avoir un impact, puis le collègue de
Nelligan y faisait référence de façon un peu indirecte, mais il y a une pénurie
d'agents. Il faut s'assurer que la formation, puis on va en parler, adéquate soit
bien dispensée. Mais ce qui nous permet d'aller dans une direction comme celle
qu'on propose, c'est que 16 millions et moins, il n'y en a pas de... Tu
sais, l'agent, il coordonne les corps de métier et il y a le représentant en
santé et sécurité. C'est surtout ça qu'il faut mentionner, c'est que le volet
santé-sécurité n'est pas négligé. Au contraire, il est amélioré, avec le projet
de loi n° 59, dans le secteur de la construction. Ça
fait que, voilà, c'est 771.
M. Gaudreault :
O.K., bon, Mme la Présidente, là, le ministre nous dit : Il y a
771 agents de sécurité pour les chantiers de 8 millions et plus et de
150 travailleurs.
M. Boulet : Ou 150.
M. Gaudreault : Ou 150 travailleurs,
c'est ça.
M. Boulet : Donc, le 16 millions
ou 100, aujourd'hui, vous reconnaîtrez que c'est nettement mieux que le 8 millions,
150 de l'époque.
M. Gaudreault : Oui, mais moi, ce
que je veux savoir... Présentement, il y a 771 agents de sécurité qui
couvrent tous les chantiers à partir de 8 millions et plus ou 150 travailleurs.
En passant à des chantiers de 16 millions et plus, il y a forcément un
nombre d'agents de sécurité sur les 771 qui ne couvriront plus les chantiers
entre 8 millions et 16 millions.
M. Boulet : Ce n'est pas parce que
tu n'as pas une obligation que tu ne peux pas puis ce n'est pas parce que tu es
à 9 millions ou 14 millions que tu ne peux pas en avoir un, tu sais.
Si le maître d'oeuvre, tu sais... puis il y a un programme de prévention, il y
a un comité de chantier. C'est souhaitable parce que, de façon particulière, il
y a une diversité de corps de métier puis qu'il y a un besoin en coordination,
c'est possible qu'il y en ait. D'ailleurs, 771 agents, ça ne veut pas dire
qu'il y a 771 chantiers. Il y en a, des chantiers autres, où ils décident
d'avoir un agent ou ils peuvent décider d'avoir un coordonnateur. C'est des
seuils, puis ce n'est pas parce que tu es en bas... Si tu es mieux que les
seuils, tu sais... c'est un peu comme la Loi sur les normes du travail. Ce
n'est pas parce que tu es en haut du salaire minimum que tu es incorrect. Tu
sais, c'est des seuils, puis ça peut être supérieur à ce seuil-là. Donc, ça
peut être inférieur à 100 travailleurs, puis ça peut être inférieur à
8 millions.
M. Gaudreault : Oui, mais moi, ce
que je dis, c'est qu'il y a... Je comprends qu'on peut être mieux que la loi
sur les normes, on peut payer ses employés mieux que le salaire minimum, mais
il n'y a pas d'obligation ou d'automatisme, et ce n'est pas systématique de le
faire. Et moi, ce que je dis, c'est que, de passer le seuil de 8 millions à 16 millions... il y a
forcément des agents de sécurité parmi les 771 qui sont présentement sur des
chantiers entre 8 millions et
16 millions qui ne seront plus sur des chantiers entre 8 millions et
16 millions. Peut-être qu'ils y seront, mais il n'y aura pas d'obligation ou de nécessité d'être là. Et c'est là
que moi, je dis, déjà, avec ça, on augmente le risque.
Et l'autre affaire, c'est que, quand le ministre
me dit, nous dit : On n'a pas besoin de coordination sur les chantiers en bas de 16 millions, c'est comme
si j'entendais que, nécessairement, tous les chantiers en bas de
16 millions ne sont pas complexes. Et tantôt, le député
d'Hochelaga-Maisonneuve l'a bien dit, il y a des complexités différentes par
rapport à ce qui était en 1986, ou dans les années 80, ou même dans les années
90, 2000. La complexité des chantiers est différente.
Moi, je ne suis pas capable de me rentrer dans
la tête que, parce que c'est en bas de 16 millions, c'est comme si ce
n'était pas suffisamment complexe. Quand le ministre nous dit : Les
chantiers en bas de 16 millions, ils n'en ont pas besoin, de
coordonnateur, je veux dire, c'est basé sur quoi, ça, quand on dit ça? Est-ce
qu'il y a un observatoire des chantiers de construction qui nous dit :
Tous les chantiers en bas de... les chantiers
jusqu'à 15 999 999,99 $ sont simples, puis si, woups, il y
a un petit dépassement d'une cent, ça devient compliqué, ça devient complexe?
Puis moi, c'est cette logique-là que je ne
partage pas, et je ne comprends pas l'argument de dire : Bien, on n'a pas
besoin de coordonnateur de santé et sécurité en bas de 16 millions, alors
que les chantiers sont plus compliqués que ça.
• (10 h 40) •
M. Boulet : On n'a pas besoin d'imposer l'embauche d'un
coordonnateur à temps plein. Je ne dis pas qu'il y a absence de besoin
de coordination. Puis, là-dessus, je vais me rabattre sur les obligations du
maître d'oeuvre qui... lui, en fait, il s'assure de la coordination. Il y a un
programme de prévention puis il y a un comité de chantier, puis on réviserait,
là, toutes les fonctions et responsabilités, puis il s'assure de coordonner. Et
le but ultime, c'est d'avoir plus de santé et sécurité sur les chantiers, et c'est
ce que nous allons avoir. Puis, en plus, la ceinture et les bretelles, il y a
un représentant en santé et sécurité qui a un nombre d'heures de libération sur
une base quotidienne qui varie en fonction du nombre de travailleurs.
Je pense qu'il faut être pratique, puis, à
quelque part, ils ont mis la barre beaucoup plus haute que nous autres,
j'oserais dire, en 1979 et 1985, puis on la... C'est une hausse qui n'est pas
importante et qui est respectueuse de la réalité, je le répète. À l'époque, en
plus, c'étaient 150 travailleurs, puis, en 2021,
16 millions, c'est à peu près 40, 50 travailleurs. Puis il y en
a, je le répète, qui demandaient, en consultations particulières, qu'on n'ait
qu'un seuil de 100 travailleurs, qu'on oublie le 24 millions. Donc,
on aurait eu pas mal moins de chantiers, là, on aurait eu une couverture
beaucoup moins importante. Mais ce qui... ultimement, là, c'est la réalité qui
me préoccupe, qu'on s'assure de protéger les travailleurs. Merci.
M. Gaudreault : Bien, je vais faire
du pouce là-dessus, je veux juste rebondir puis je ne veux pas insister
inutilement, parce que je vois que le ministre n'a pas d'ouverture à mon
amendement, mais...
M. Boulet : ...
M. Gaudreault :
Ah oui! Ça, je sais. Ça, je sais. Il n'y a rien de personnel dans nos échanges.
M. Boulet : Non, c'est ça.
M. Gaudreault : C'est ça. Non, non,
je le conçois très bien. Présentement, là, de façon pratique, je veux dire, il
n'y a pas de catastrophe dans l'industrie, là. Ça fonctionne, avec les
chantiers, actuellement, là, à 8 millions et plus. On peut dire que ça
fonctionne. Là, le ministre veut changer les choses, mais on ne peut pas dire
que... tu sais, je veux dire, il n'y a pas un chantier, là, qui est arrêté, aujourd'hui,
là, à cause de ça, là. Je veux dire, ça fonctionne. Est-ce qu'il y a un manque
de main-d'oeuvre en santé-sécurité? Oui, puis ça, on l'a tous reconnu, donc si
on peut essayer de trouver des solutions... Mais à 8 millions, là... Moi, il
n'y a aucun entrepreneur en construction, ou aucun promoteur, ou aucun maître
d'oeuvre qui cogne à ma porte de député à Jonquière pour me dire : Bien, M.
le député, là, il faudrait monter ça à 16 millions, parce que je ne suis
pas capable de compléter mon chantier, ou c'est trop lourd, c'est trop
compliqué, à 8 millions. Présentement, ça marche. Moi, je ne... à moins que
le ministre ait une liste de chantiers stoppés, là.
Et savez-vous quoi, Mme la Présidente...
Des voix : ...
M. Gaudreault : Continuez. C'est parce
que je veux juste être sûr d'avoir la bonne oreille du ministre, là. Je sais qu'il est multitâches, là, mais, présentement, ça fonctionne, à 8 millions, et pourtant, et le ministre
lui-même l'a dit hier, on a eu 55 morts. On a eu 55 morts, à 8 millions,
avec les règles actuelles, puis il n'y a pas un chantier qui est arrêté.
Moi, là, c'est... j'ai l'impression qu'on...
Comment qu'on dit ça, là? C'est comme... on a un faux problème, on trouve une
solution à un faux problème. Les chantiers fonctionnent. Est-ce que ça pourrait
fonctionner mieux? Oui. Est-ce qu'on a un manque de main-d'oeuvre dans le personnel
de santé-sécurité au travail? Oui. Est-ce qu'on doit trouver des solutions à
ça? Oui, mais je pense que la solution qu'on propose n'est pas la bonne. Et,
malgré le système qu'on a à l'heure actuelle, à partir de 8 millions, on a
eu 55 morts, en 2019... 2020, je ne me souviens plus, là, le dernier
rapport que le ministre nous a nommé hier, 2018, peut-être. Moi, ça, ça me fait
réfléchir. C'est déjà beaucoup. Un mort, c'est un mort de trop. Là, on en a 55
avec un chantier à... avec des normes à partir de 8 millions.
Le ministre parle beaucoup de valeurs depuis le
début de ces travaux de commission parlementaire sur le projet de loi n° 59. La valeur profonde qui nous anime, c'est : non
négociable sur la santé-sécurité. Moi, je propose qu'on prenne le problème de
l'autre bord, qu'on maintienne la barre haute puis qu'on règle les problèmes en
aval, ceux qui sont de l'ordre de la disponibilité du personnel en
santé-sécurité. 55 morts, c'est trop. La valeur que nous partageons tous,
c'est celle de zéro mort, santé-sécurité au travail au max. Puis le problème,
je veux dire, il y a... Ça marche bien, présentement, avec 8 millions. Alors,
moi, c'est ce que je propose, et j'ai vu que le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve est d'accord avec moi. Et,
voilà, je ne vois pas ce que je peux ajouter de plus à ce stade-ci.
M. Boulet : Parfait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député de Nelligan.
M. Derraji : Je tiens juste à
ajouter à mon collègue député de Jonquière que moi aussi, je suis très d'accord
avec lui par rapport à la sécurité. La sécurité sur les chantiers, je pense que
tout le monde est d'accord sur ça. Donc, je ne pense pas qu'aujourd'hui on va
dire que...
M. Boulet : ...
M. Derraji : Oui, oui, c'est juste,
c'est un vrai débat de fond, et je ne vise en aucun cas ni le collègue
d'Hochelaga ni le collègue de Jonquière. C'est un vrai débat de fond. Sur la
sécurité, il n'y a personne, aujourd'hui, élu, qui va dire que... je vais tout
faire pour ne pas améliorer la sécurité sur nos chantiers.
Là, maintenant, c'est les moyens pour y arriver.
Et, sur les moyens pour y arriver, parce que j'écoutais le collègue député de
Jonquière et j'ai une question en tête que j'aimerais bien que le ministre nous
éclaire par rapport à ça, je ne sais pas que... dans votre cheminement, au
niveau du raisonnement, d'écouter les gens qui sont venus nous exprimer leurs inquiétudes
par rapport aux chiffres qu'on a mis dans la première version du projet de loi,
est-ce qu'il y a une étude d'impact d'un point de vue réglementaire ou
économique aussi?
Parce que si on arrive et... dire : Oui,
bon, voilà, il y a un impact à court, moyen terme... Je lisais encore une fois
les mémoires, et il y a des groupes qui nous ont sensibilisés par rapport aux
heures de formation. Il ne faut pas oublier qu'il y a un seul endroit, au
Québec, accrédité. Et, sur le comité consultatif, je l'ai vu, il y a trois
organismes : le programme qui a été transféré au collège
Ahuntsic, l'AECQ, l'ACRGTQ... désolé, Mme la Présidente, je n'ai pas le
nom, je sais que vous n'aimez pas ça, siègent autour du comité consultatif mis
en place à la suite de l'entente entre le collège Ahuntsic et la CNESST.
Donc, est-ce qu'on a une étude claire qui nous
démontre que, dès demain, à la sanction, même à 16 millions, il n'y aura
pas d'impact et que nos chantiers... J'ai entendu le collègue qui dit que,
malgré le contexte, on n'a pas entendu que sur un chantier il n'y a pas les
agents et les coordonnateurs. Mais juste qu'on soit très clair qu'à la sanction
il n'y aura déjà pas de problème à 16 millions, parce que, là, si je vois
un seul centre de formation accrédité par la CNESST, qui
est à Montréal, est-ce qu'on sera en mesure de remplir, déjà, le mandat à
16 millions et plus? Je ne parle même pas de 16 millions et moins.
M. Boulet : Bon, il y a plusieurs
volets. On en a discuté hier aussi, c'est sûr qu'il faut accroître l'offre de
formation. On va voir plus tard qu'on a haussé de 120 à 240 heures de
formation à Ahuntsic, tel que ça avait été demandé lors des consultations
particulières. Puis, oui, il y a une rareté de main-d'oeuvre, mais, en même
temps, la nouvelle structure va nous permettre de répondre à ça parce qu'en
haussant ça à 16 millions le nombre de chantiers va être forcément plus
bas et ça va être compensé par les comités de chantier et les représentants en
santé-sécurité. Les comités de chantier, c'était 25, là, on est à 20, et les
programmes de prévention, on est à 10. En fait, les comités de chantier, on est
à 10, et les représentants en santé-sécurité, c'est 10 travailleurs et
plus. Donc, ils vont s'assurer de respecter les mesures de prévention qui auront
été établies puis élaborées dans le programme de prévention et de mise en
application par le comité de chantier.
Et le coût d'implantation, oui, des mesures, des
nouveaux mécanismes de prévention et de participation des travailleurs dans le
secteur de la construction, c'est évalué de 20 millions à
30 millions, dans l'analyse d'impact, là, qui est disponible et dont vous
avez pris connaissance.
Et, quant aux consultations particulières, oui,
il y en a eu de... Évidemment, du côté patronal, il y avait un point de vue qui
était exprimé qui n'était pas le même, là, tu sais, parce qu'on ne souhaitait
pas nécessairement des représentants en santé et sécurité. Il y en a qui ont
demandé que ça se limite à 100 travailleurs puis qu'on élimine le seuil
tenant compte de la valeur des chantiers. Puis, du côté syndical, bien, c'est
le point de vue qui est exprimé par mon collègue de Jonquière et mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve,
même s'ils comprenaient la dynamique puis ils comprenaient aussi qu'on
améliorait les mécanismes actuels de prévention et de participation des
travailleurs. Mais, pour l'offre de formation, oui, on va travailler sûrement
en collaboration avec nos collègues à l'Éducation pour voir comment on peut
diversifier l'offre de formation, mais, pour le quantum des heures de
formation, ça, ça a été adapté avec un amendement.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Oui.
M. Derraji : Mais je ne parle
pas de l'adaptation des heures de formation. C'est qu'à la sanction il y aura
des effets à court terme. Moi, je dirais, en attendant que toute la machine
roule avec le réseau de l'éducation... chose que vous ne contrôlez pas, M. le
ministre, on sait que, pour monter un programme de formation avec le ministère
de l'Éducation, ça prend du temps. Ce n'est pas vrai que ça va se faire très
rapidement. Sur la table, maintenant, ce que j'ai, c'est uniquement une seule
formation à Ahuntsic. Et là on vient, on met 16 millions, qui aura un
impact direct sur la disponibilité de ces personnes. C'est là où ma demande...
Est-ce que, dans votre réflexion globale d'avoir le 16 millions, est-ce
que vous avez étudié l'impact de la présence de ces personnes, sachant que j'ai
un seul endroit où je peux avoir cette formation et il est à Montréal?
M. Boulet : Oui, mais
maintenant, c'est parce qu'il y a eu un nouveau développement, hein? Le collège
Ahuntsic rend maintenant cette formation-là disponible en ligne, et donc ça a
permis à des personnes un peu partout, peu
importe où elles se situent au Québec, de bénéficier de cette formation-là. Et
donc, ça, c'est une avancée considérable qui va permettre de contrer le
phénomène de rareté d'agents de sécurité qui vont devenir des coordonnateurs en
santé et sécurité, puis on va y revenir plus tard, puis ça va me faire plaisir
de nouveau de dire qu'on ne touche pas au nombre d'heures de formation. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions sur le sous-amendement déposé
par le député de Jonquière? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Est-ce que, dans l'étude... l'analyse d'impact réglementaire sur
la... je pense qu'on vient d'en parler un peu, mais sur un autre sujet, mais,
sur le passage du nombre de chantiers qui ne seraient plus assujettis, dans
l'analyse d'impact réglementaire, on parlait donc du relèvement du seuil de
8 millions à 25 millions, qu'il allait y avoir entre 289 et
361 chantiers de moins. Est-ce que ça, ça a été mis à jour en fonction de
votre nouveau chiffre de 16 millions?
M. Boulet : Est-ce que... Non,
je ne crois pas que ça ait été... Non.
Des voix :
...
M. Boulet : Non, je n'ai pas de
réponse précise, mais ça a été fait dans l'analyse d'impact à 24 millions.
Mais, pour le 16 millions, ça tenait compte de commentaires reçus lors des
consultations particulières, et je n'ai pas de données précises.
M. Leduc : Est-ce qu'on sait
c'est sur un total de combien de chantiers, quand on dit, mettons, entre 289 et
361, si on reprend, là, votre barème de 25 millions?
M. Boulet : Vous voulez dire le
nombre de chantiers de construction au Québec?
M. Leduc :
Oui, au total. Donc, quand on en réduisait, là, d'environ 300, pour l'arrondir,
mettons, là...
M. Boulet : À peu près
40 000 chantiers au Québec, puis là c'est tous les chantiers de
construction.
M. Leduc : Donc, il y aurait
40 000 chantiers au Québec.
M. Boulet : Oui, de
construction.
M. Leduc : Et là, en haussant
le seuil, on en perdait 300...
M. Boulet : Pas un nombre...
Bien oui, mais, en même temps...
M. Leduc : Mais combien sont
assujettis, donc, de ces 40 000 là en ce moment?
M. Boulet : En même temps, collègue,
tu sais, il faut dire que les chantiers de construction résidentielle, de... tu
sais, il y en a beaucoup, des chantiers de construction, là, d'envergure qui
sont... qui sont de moindre envergure, en termes de coût et de nombre de
travailleurs. Je me souviens du chiffre, qu'à peu près, si c'est encore le cas,
là, entre 80 % et 85 % des chantiers au Québec, il y a moins que cinq
travailleurs. Tu sais, c'est quand même significatif, là. C'est sur les chantiers
d'envergure qu'il y a généralement des lésions professionnelles avec des
blessures corporelles graves ou des décès. C'est véritablement là qu'il faut
mettre l'accent.
Puis je le répète, les chantiers d'envergure,
dans 16 millions, on est à peu près à 40 travailleurs. Tu sais, on
n'est pas dans un chantier d'envergure, on est nettement meilleurs... parce que
c'est le «ou», il ne faut jamais oublier le «ou», là. Je sais que vous mettez
beaucoup d'accent sur le montant, mais il y a «ou le nombre de travailleurs»,
puis le nombre de travailleurs, c'est 100, alors que c'était 150. C'est quand
même une amélioration d'un pourcentage significatif. Et ce que ça prévoit,
simplement, c'est une obligation de l'employeur d'embaucher un coordonnateur à
temps plein, là. Il n'y a pas de baisse, au contraire. Tu sais, dans le secteur
de la construction comme dans tous les établissements,
vous l'avez vu, là... tous les établissements vont être couverts, puis, dans le
secteur de la construction, il y a un
nombre plus important de chantiers de construction qui vont bénéficier des
mécanismes de prévention renforcés, si
je peux dire. Et voilà, à peu près 40 000 chantiers, là. Peut-être que je
vais au-delà de la question que vous me posez, là.
M. Leduc : Non, c'est très bien.
40 000 chantiers au total. Moi, ce que je voudrais savoir, c'est combien
étaient assujettis à 8 millions, en ce moment, là.
M. Boulet : Bien, on a dit tout à
l'heure qu'il y avait 771 agents, mais il y en a qui sont peut-être en bas
de 8 millions, puis on nommait un agent. Est-ce qu'il y a des chantiers de
très grande envergure où il y a plus d'agents de sécurité? C'est difficile à
établir, le nombre précis, là, parce qu'il y en a qu'il y a peut-être... qu'il
y a plus d'agents puis il y en a qui ne sont pas soumis à avoir un agent à
temps plein puis qui en ont un. Ça fait que c'est... je ne suis pas capable de répondre précisément, on n'a pas cette
information-là, mais peut-être que vous pouvez le vérifier.
M.
Leduc : Bien, c'est parce que, dans votre analyse d'impact, vous
écrivez ceci... Il y a deux scénarios, minimal et maximal. Je vais
prendre le minimal, scénario minimal : «289 chantiers de moins
seraient assujettis, ce nombre passant de
454 à 165.» Puis, après ça, dans le scénario maximal, vous dites : «361
chantiers de moins seraient assujettis, ce nombre passant de 583 à 222.»
Ça fait que, là, on se demande : C'est-tu parce qu'on n'est pas sûr il y a
combien de chantiers assujettis en ce moment? C'est entre 450 et 580?
M. Boulet : Ces deux chiffres-là
sont tout à fait corrects. C'est dans l'analyse d'impact, je me souviens de l'avoir lue, mais, tu sais, quand on fait une
analyse d'impact, c'est des estimations, c'est des évaluations
qui s'appuient sur les données et les informations statistiques qui sont
colligées à mon ministère ou qui sont obtenues de mon ministère à la Commission
de la construction du Québec. Mais c'est des chiffres qui sont justes.
M. Leduc : Bien, donc, ça veut dire
que, si je comprends bien puis qu'on fait une moyenne entre vos scénarios
minimal et maximal, il y a environ, sur 40 000 chantiers, 500 seulement
qui sont en haut de 8 millions.
M. Boulet : ...que je vous ai donné,
là. Puis j'en parle souvent, là, avec les acteurs de la construction, c'est
entre 80 %, 85 % où il y a moins de cinq salariés, puis donc probablement
95 % des chantiers au Québec, puis là je m'avance, et ce n'est pas des
chantiers d'envergure, là, ce n'est pas des chantiers de plusieurs millions.
M. Leduc : Oui, ça, je comprends.
M. Boulet : Ça fait que les chiffres
que vous donnez, c'est un reflet de la réalité, là.
M. Leduc : Ça, je comprends très
bien, mais c'est parce que, si je joue avec les moyennes, là, puis que j'ai donc environ, peut-être, 500 chantiers assujettis, en ce moment, au seuil de 8 millions, donc,
plus de 8 millions... 500 sur 40 000, c'est une très faible
fraction qui bénéficie de ce seuil de 8 millions.
M. Boulet :
Tout à fait. Absolument.
M. Leduc : Et là, si je prends aussi
votre scénario maximal de 25 millions, bien, la moyenne entre vos deux chiffres, on est à peu près à 300. Bien,
300 chantiers de retranchés de 500 chantiers, c'est quasiment
60 % de coupures, là.
M. Boulet : Un, c'était 24 millions.
M. Leduc : C'est 25 millions
ici.
M. Boulet : C'est sûr que c'est
moins, parce que c'est sûr que 8 millions, à l'époque, c'était... Tu sais,
il faudrait voir comment ça s'est décliné dans le temps. C'est sûr que le
40 ans d'inaction fait en sorte qu'il y a plus de chantiers, parce que le
montant est bas, tu sais. C'est comme monter le quantum d'une amende, c'est sûr
que... si tu ne touches pas pendant x années, c'est sûr que les gens...
l'impact n'est pas le même. Puis c'est sûr qu'en date d'aujourd'hui, parce
qu'on revalorise tout d'un coup de 8 millions à 24 millions... mais,
en fait, c'est de 8 millions à 16 millions, c'est sûr que le nombre
n'est pas... Le 8 millions, il y en a le nombre qui est estimé dans
l'analyse d'impact puis, à 16 millions, bien, il y en a forcément moins,
là.
M. Leduc : Bien, ça, je comprends,
mais c'est parce que vous nous avez dit tantôt, je pense que c'était dans
l'échange avec mon collègue de Jonquière, que plus le chantier est gros, c'est
là qu'il y a le plus de risques, puis c'est là qu'il y a potentiellement les
lésions les plus graves. Or, je vous ai demandé, pas plus tard que la semaine
dernière, si vous aviez des statistiques sur les lésions et les décès en lien
avec la grosseur des chantiers, et vous m'avez répondu que ce n'était pas
possible d'obtenir ces statistiques-là.
• (11 heures) •
M. Boulet : Bien, je ne l'avais pas,
la semaine passée, puis on ne l'a pas, cette statistique-là.
M. Leduc : Vous aviez même suspendu,
vous aviez vérifié, puis ça n'existait pas.
M. Boulet : Oui, oui. Puis madame en
arrière me confirme qu'on n'a pas cette statistique-là.
M. Leduc : Bon, bien, c'est parce
que moi, je me dis : Si...
M. Boulet : Mais, tu sais, collègue,
on sait très bien, puis ça, vous parlerez à vos connaissances dans le secteur
de la construction, ce n'est pas dans la construction résidentielle et la
rénovation qu'on reçoit nécessairement plus
de réclamations. Tu sais, il y a beaucoup moins de travailleurs. Il n'y a pas de diversité de corps de métier. Il y en
a. Tu peux construire une maison puis
avoir un décès, là, ultimement, mais généralement les décès qui sont documentés arrivent sur
des chantiers de grande envergure, là, généralement.
Puis je ne veux pas dire qu'il se fait moins...
puis il se fait beaucoup plus de prévention puis il s'en fait... Tout est
structuré avec des programmes de prévention puis des comités de chantier. On ne
peut pas tout éviter non plus, là, mais chaque décès est de trop, chaque lésion
professionnelle est de trop, surtout quand il y a des blessures corporelles
graves. Et c'est ça qu'on veut éviter en...
Puis n'oubliez pas que c'est toujours le montant
ou le nombre de travailleurs, puis on est passé de 150 à 100. C'est quand même
significatif. Puis on a quand même, en bas de 16, au-delà du programme puis du
comité... je me répète, là, mais c'est important pour moi que ce soit... qu'on
évite la confusion, il y a quand même des représentants en santé et sécurité.
Mais, à quelque part, il faut tracer la limite à
partir de laquelle il y a une obligation, il y a un impératif d'embaucher quelqu'un à temps plein qui est un
coordonnateur parce qu'il y a une exigence de coordination qui est plus évidente dans des chantiers de grande envergure.
C'est simplement de tracer la ligne à quelque part, puis on l'a tracée à
un endroit qui en plus est sécuritaire, sans
jeux de mots, là. On s'assure de faire la prévention puis de limiter les
accidents.
M. Leduc : Tu sais, les centrales
syndicales, et plus précisément les syndicats de la construction, n'ont pas des
ressources infinies également. C'est donc tout à fait normal qu'elles se
concentrent sur les gros chantiers. Alors, quand vous dites : Il y a
peut-être moins de lésions qui sont acheminées, des réclamations qui sont
acheminées à la CNESST, mais il y a peut-être une des explications aussi, c'est
le fait que les syndicats, bien, ils se concentrent évidemment sur les gros
chantiers, là où il y a plus de membres, mais ça ne veut pas dire qu'il ne se
passe rien sur les petits chantiers, ça ne veut pas dire qu'il ne faudrait pas
mettre un effort particulier sur les petits chantiers. Mais ça, on va y venir
plus tard.
Moi, ce qui
m'inquiète, c'est que, là, si je fais, encore une fois, des calculs très
sommaires, là, bien, si vous étiez en train de vouloir couper 60 % des
chantiers en passant de 8 millions à 25 millions, là, vous faites
comme la moitié du chemin, à la place de 8 millions à 25 millions,
8 millions à 16 millions. Alors, si je fais une règle rapidement, ça
donne quasiment la moitié, donc 30 %. Vous vouliez peut-être couper
30 % des chantiers qui seraient accessibles, là, pour l'obligation du
coordonnateur, mais vous ne m'avez pas fait la démonstration que ce 30 % là
que vous voulez retirer de l'obligation, ça se passe bien, ou qu'il y a moins
besoin d'un coordonnateur, ou que les lésions sont moins nombreuses ou moins
fréquentes, cette démonstration-là qui aurait pu être un argument, au-delà de
la simple statistique évolutive de l'indexation, qui aurait pu être un argument
pertinent à regarder : Il y a moins de décès, il y a
moins de lésions, on a moins besoin de ça dans ce bloc que je prévois
retrancher de l'obligation. Moi, j'aurais été intéressé à entendre cette argumentation-là,
j'aurais été sensible à cet argument-là. Mais ça n'a pas fait été fait, cette
argumentation-là, puis, en plus, vous nous dites, vous nous reconfirmez
aujourd'hui que ça n'existe pas, ces chiffres-là.
M. Boulet :
Je pense que j'ai fait tous mes commentaires, Mme la Présidente, sur le
sous-amendement présenté par le collègue de Jonquière. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions?
M. Leduc :
...que je pense qu'il faut adopter l'amendement du député de Jonquière, parce
que je pense que, malgré la posture de compromis que nous offre le ministre, de
passer à 16 plutôt qu'à 25, il n'a pas fait la démonstration que c'est une
mesure pertinente, au-delà du simple calcul comptable de l'indexation. Il ne
nous a pas démontré que cette tranche-là, ce presque 30 % de chantiers qui
seront retirés de cette obligation-là d'avoir un coordonnateur ont raison de
l'être parce qu'ils n'auraient plus besoin de le faire, parce qu'ils ont une
bonne couverture, un bon historique de lésion. Cette démonstration n'est pas
faite du tout.
Au contraire, moi, ça
m'inquiète. Je sais que les petits chantiers sont souvent négligés en matière
de santé et sécurité, ils font moins l'objet de visites par les ressources
réduites, bien sûr. Puis là on comprend qu'il y en a 40 000, alors on ne
peut pas tous les visiter. Alors, moi, plus on recule sur ce seuil-là, plus ça
m'inquiète. Alors, je vais évidemment appuyer l'amendement de mon collègue de
Jonquière.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui, bien, je veux dire, je suis à la même place que le
député d'Hochelaga-Maisonneuve. Il a fait une démonstration très éloquente.
C'est ce que j'ai essayé de savoir aussi parce que... de la part du ministre,
là. C'est que, moi aussi, je ne suis pas convaincu qu'en retranchant 30 %
ou en retranchant les chantiers entre 8 millions et 16 millions, que
ce sont nécessairement des chantiers qui n'ont pas besoin de l'ensemble des
mesures. Et c'est ce que j'ai voulu démontrer également. Je trouve que le
député d'Hochelaga-Maisonneuve a fait une démonstration tout à fait éloquente
puis je suis à la même place que lui, on n'a pas eu cette confirmation de la...
ou cette démonstration de la part du ministre. Et voilà, moi, je ne peux pas
ajouter autre chose que ça à ce stade-ci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention sur le
sous-amendement déposé par le député de Jonquière à l'article 226, nous
allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, le sous-amendement est rejeté.
Nous revenons à l'amendement déposé par le
ministre à l'article 226. Y a-t-il d'autres interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : On vous a acheminé un sous-amendement,
Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Est-ce qu'il a été reçu? Est-ce qu'il est déjà acheminé et reçu? Oui?
M. Leduc : Acheminé, oui, reçu, je
ne le sais pas.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Oui.
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 07)
(Reprise à 11 h 24 h)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, oui, bonjour. On vient de recevoir un amendement. Qui prend la parole?
M. le ministre?
M. Boulet : Oui, merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Boulet : Est-ce qu'on peut le
grossir un peu, s'il vous plaît? Oui. Alors donc, c'est un amendement :
Remplacer, dans le premier alinéa de l'article 215.1 de la Loi sur la
santé et la sécurité du travail proposé par l'article 226 du projet de
loi, «25 000 000 $» par «12 000 000 $».
Explication. Bien, ça vise à modifier le coût
relatif aux... des travaux à excéder de 25 à 12 millions.
C'est important pour moi aussi de faire le
commentaire qu'il y a un pas important qui est fait, de 8 à 12 millions,
et que le dernier alinéa de 215.1 prévoit que le coût des travaux prévu au
premier alinéa sera revalorisé tous les cinq ans, au 1er janvier de
l'année, selon la méthode prévue, là, dont à 119... de 119 à 123 de la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles. Donc, on se donne un
mécanisme pour éviter le statisme des 40 ans.
Je pense que c'est un pas en avant. Il faut s'assurer d'atteindre les objectifs
qui sont visés dans le projet de loi.
Puis effectivement les risques dans le secteur
de la construction sont particulièrement élevés. On a parlé, le collègue de Jonquière,
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, et ça a été raffermi par les propos du
collègue de Nelligan, en construction, il faut en faire plus. On en
fera plus. On en faisait déjà plus et on se donne un outil additionnel.
Je rappellerai que c'est soit le montant ou le nombre de travailleurs. Donc,
c'est un amendement que nous soumettons, Mme la Présidente. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Avant, est-ce que vous... Donc, on retire
l'amendement qui avait été déposé
précédemment, celui portant sur le 16 millions. C'est bien ça? Est-ce que
nous avons le consentement pour le
retirer? Excellent. Vous venez de nous lire le nouvel amendement, M. le
ministre, ainsi que... vous avez donné l'explication. Est-ce qu'il y a
des interventions sur le nouvel amendement? Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Donc, c'est un peu la direction vers laquelle on s'en allait comme tentative de
compromis, je pense. Moi, je veux dire deux choses, essentiellement. La
première, c'est que je reste convaincu que c'est à 8 millions, qu'il
n'aurait pas fallu le changer. Donc, je vais voter contre l'amendement. Je ne
suis pas d'accord non plus avec le mécanisme de mise à niveau d'indexation.
Cependant, je veux quand même saluer M. le
ministre qui est à l'écoute et qui bouge par rapport à ce qu'on lui met devant
ses yeux, nos arguments qu'on met devant ses yeux. Donc, je le salue par
rapport à son désir de bouger. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions?
S'il n'y a pas... Oui, député de Jonquière, et ensuite on va revenir
avec vous, député de Nelligan.
M.
Gaudreault : Oui. On a une belle preuve du travail parlementaire, de
commission parlementaire, qui, un peu comme un accordéon... tu sais, à un
moment donné, on l'étire comme ça, puis là ça fait un son, puis là, woups, on
le ramène, puis on le retire, puis... Tu sais, c'est comme un accordéon, une
commission parlementaire, on étire au max puis, à un
moment donné, on revient dans le centre. Ou un élastique, tu sais, chacun tire
de son bord, puis, à un moment donné, on le lâche, puis ça donne un résultat.
C'est sûr que moi, le
résultat souhaité entre les deux élastiques étirés, c'était 8 millions. Et
je pense qu'au-delà d'un calcul mathématique, ou purement d'indexation, ou quoi
que ce soit, il y a une complexité puis il y a une réalité des chantiers qui
fait en sorte que le 8 millions était approprié.
Bon,
le ministre, dans le fond, a fait deux pas parce que... par exemple, par
rapport à son projet de loi initial, qui était de 25 millions, il a fait un premier pas pour ramener ça à
12 millions. Là, je pense qu'ici et avec mon sous-amendement tantôt
on a plaidé fortement, puis on est à mi-chemin entre le 8 et le 16 qui nous
mène à 12 millions. C'est comme l'étape entre Québec et Saguenay, là,
c'est à mi-chemin. Ça fait que, là, on a trouvé l'étape. On va l'accepter puis
on va arrêter là pour le moment.
Et il y a une
indexation, là, ou une revalorisation... Je trouve ça drôle comme terme,
d'ailleurs. On pourra peut-être y revenir tout à l'heure sur l'article en soi,
là, «revaloriser». Je ne sais pas pourquoi on parle de revaloriser, mais enfin.
Il y a une indexation qui est prévue à partir du 1er janvier de l'année,
et ce, tous les cinq ans, là, et on pourra en rediscuter.
Alors, à ce stade-ci,
bon, à un moment donné, il faut qu'on ramasse nos billes, et on va accepter le 12 millions,
et je vais voter pour. Mais vous comprenez que mon... je suis à demi satisfait,
dans le sens que, pour moi, c'était vraiment la cible du 8 millions.
Alors, voilà, Mme la Présidente.
• (11 h 30) •
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Député de Nelligan.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je souscris dans ce que le collègue, le
député de Jonquière vient de dire sur le travail parlementaire, et... mais
moi-même, je ne me voyais pas dans la place du ministre. On tire chacun de son
côté avec des arguments.
Mais au bout de la
ligne, je tiens juste à dire que je n'étais pas convaincu des arguments que
j'ai entendus par rapport au 16 millions, mais je ne reste pas encore
convaincu avec les arguments au niveau du 12 millions. Parce qu'on reçoit
tous des informations, et on parle avec des groupes, et, quand je posais la question
par rapport à... est-ce que, sur les chantiers, nous sommes prêts à avoir tant
de personnes, est-ce que la formation est prête, vous m'avez répondu par
rapport à la formation à distance, et ce que des patrons de chantiers avec...
les personnes avec qui j'ai parlé, ils insistaient beaucoup que déjà, à 16 millions,
ils sont capables de vivre avec, de travailler, de commencer, sachant qu'on va
ajouter l'indexation. La démonstration n'a pas été faite au 12 millions.
La démonstration n'a pas été faite, je ne l'ai pas vue nulle part.
Je comprends que le ministre
veut faire un pas pour concilier les points de vue, à la fois les demandes des
groupes et trancher au milieu, mais moi, ce n'est pas ça, la question qui me
motive, et je l'ai dit, au début. C'est correct, mais je ne suis pas convaincu
qu'à 12 millions on répond à la question. Voilà. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Contre.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement déposé par le ministre à l'article 226 est
adopté. Nous poursuivons cette fois sur l'article 226 tel qu'amendé. Y
a-t-il d'autres interventions? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui. Il y aurait deux
éléments sur lesquels j'aimerais qu'on ait un échange, là. J'ai des questions,
en fait, à M. le ministre. Tout d'abord, à 215.2, dans les différentes
fonctions qu'on donne au coordonnateur en santé et sécurité, là, le projet de
loi en propose sept. Il me semble qu'il y en a une qui manque. Et c'est en
parlant des syndicats de la construction que nous est venue l'idée qu'on
pourrait en rajouter une huitième, potentiellement, à savoir l'idée de fournir
un rapport mensuel à la commission sur la situation du chantier en matière de santé
et sécurité. Parce que, là, il doit faire toutes sortes de choses, là, je ne
les nommerai pas toutes, mais les inspections, assurer que les travailleurs
connaissent les risques, accompagner l'inspecteur, recevoir des copies, etc.
Mais il me semble qu'il y a comme un petit bout
qui manque, un lien qui manque sur le fait que ce coordonnateur-là pourrait
informer la commission, avec ce rapport mensuel, de l'état de la santé et
sécurité. Ça n'a pas besoin d'être un rapport de 50 pages, bien sûr, mais
sur l'état de la santé et sécurité sur le chantier pour, d'une part, que ce
document-là soit, à quelque part, partagé, que l'information soit partagée,
mais aussi pour outiller l'inspecteur, lorsqu'il vient, et qu'il sache par où
commencer, en quelque sorte, son inspection ou sur quels éléments se concentrer
dans son inspection. Alors, est-ce que c'est quelque chose qui pourrait être
fait, M. le ministre?
M. Boulet : Je comprends le
commentaire du collègue, mais, en même temps, il ne faut pas bureaucratiser une
fonction qui se fait à temps plein. Puis, tu sais, il travaille à élaborer puis
mettre à jour des programmes de prévention, il surveille, il met en place les
mécanismes de coordination, il identifie les... il fait des inspections, il
s'assure que tout travailleur connaît les risques. Si on lui demande
constamment d'écrire ce qu'il fait, c'est comme de lui dire : Tu vas faire
un rapport mensuel, mais donc complète des feuilles de temps, à tous les jours,
de tes activités comme des personnes sont contraintes de faire.
Puis il accompagne... Ce qui est le plus
important, c'est qu'il accompagne l'inspecteur, puis les inspecteurs, ils font
des visites, sur demande ou de leur propre initiative, sur des chantiers. Puis
les inspecteurs, comme je mentionnais un peu plus tôt, ils ont les pouvoirs des
commissaires d'enquête, les pouvoirs dévolus en vertu de la loi sur les
commissaires d'enquête. Donc, ils peuvent consulter tout, tout, tout. Donc,
quand ils sont sur place, ils peuvent demander tout ce qui concerne l'exercice
des fonctions du coordonnateur, et bien au-delà.
Donc, ce serait, à mon avis, une partie
dédoublement puis une partie de ce que moi, je considérerais comme de la
bureaucratisation qui n'est pas véritablement nécessaire. Merci.
M. Leduc : Oui, bien, c'est ça, je
ne voudrais pas qu'il se mette à écrire une thèse à chaque mois, là. Le rapport
peut être fait en puces, comme on dit en bon français, en «point form», mais ça
permettrait d'identifier, là, c'est quoi, les enjeux du moment du chantier à
surveiller, de faire une forme de synthèse aussi, de garder des notes qui
peuvent être très utiles pour l'inspecteur, non? Parce que, sinon,
l'inspecteur, il débarque là puis il part d'où?
M. Boulet : Je pense que j'ai
répondu. Je n'ai pas d'autre commentaire à faire. Je comprends le point, là,
mais j'ai donné les éléments sur lesquels ma réponse s'appuie.
M. Leduc : Une autre question,
alors, sur le... toujours sur le 215.1 et 215.2, il n'y a pas une crainte...
parce que, quand on... Le coordonnateur, c'est une drôle de bibite, hein? Il
est un externe, souvent, il est embauché, il y a des firmes. D'ailleurs, on en
a rencontré pendant les audiences, si je me rappelle bien, ou, en tout cas, on
en a rencontré dans les... moi, j'en ai rencontré dans les discussions, là,
alentour du p.l. n° 59.
C'est des firmes, souvent, qui offrent des
services, qui sont embauchées, mais on dit qu'il devient un cadre, il devient
un cadre de l'entreprise lorsque le coordonnateur est en fonction. Mais on
s'est fait soulever l'enjeu qu'il y a peut-être une contradiction ou, du moins,
il y a quelque chose à préciser, à savoir que, le coordonnateur qui devient
cadre, est-il entendu qu'il ne fait que de la santé et sécurité, qu'il n'y a
pas mélange des genres, qu'il n'est pas un cadre
dédié à la santé et sécurité qui pourrait, par-ci, par-là, commencer à donner
des ordres ou des tâches complètement en dehors du mandant de la santé
et sécurité, comme : Non, ne fais pas cette tâche-ci, ne fais pas cette
tâche-là, ou commence par tels travaux, ou autres, quelque chose qui
n'aurait pas rapport avec la santé et sécurité?
M. Boulet : Si jamais il y a une
contradiction, on peut toujours faire venir un inspecteur. Parce que ce que le projet
de loi prévoit, c'est que c'est un cadre qui est sous la responsabilité du
maître d'oeuvre, puis il est affecté à plein temps. Puis, comme je mentionnais
un peu plus tôt, les fonctions sont nommément identifiées, puis il ne peut pas
faire de quoi qui est contradictoire, comme vous dites. Il peut faire de quoi
qui est connexe, c'est sûr que ce n'est pas dans le menu détail, mais, si c'est
rattaché à l'inspection des lieux de travail, si c'est connexe à ses fonctions,
ça ne m'apparaît pas problématique. Mais, si ce n'est pas connexe, je n'irai
pas même jusqu'à dire «contradictoire», je vous en dis
plus que ce que vous auriez peut-être anticipé, mais, s'il ne fait pas un
travail qui est compatible puis qui est connexe avec les fonctions qui sont là,
ça ne relève pas de lui.
Puis la loi est claire, tu sais, ce n'est pas
une description de fonctions qui est prévue dans un document administratif d'un
employeur avec une note infrapaginale de fonctions connexes. Ses fonctions sont
clairement prévues dans la loi, et, en plus, on dit dans la loi qu'il est
affecté à plein temps à faire ces fonctions-là, ça fait qu'il doit respecter ce
qui est dans la loi. Puis, à défaut, il y a une infraction. Puis, s'il fait de
quoi qui contredit, il est en infraction puis il aura à vivre avec un constat
d'infraction. Ça fait que je fais appel à la vigilance de tout le monde pour
s'assurer que ce soit respecté.
M. Leduc : Ce que je comprends de ce
que vous me dites, c'est qu'un coordonnateur qui commencerait à donner des
ordres à gauche, à droite, qui n'ont pas rapport avec son mandat de santé et
sécurité, se mettrait un peu en danger en quelque sorte.
• (11 h 40) •
M. Boulet : Bien, moi, je pense que,
s'il fait des affaires qui sont incompatibles ou non connexes, il se met dans
une situation où il viole... il peut violer cet article-là. Il est affecté à
temps plein, c'est des fonctions... c'est en santé et sécurité, puis, s'il fait
de quoi qui contredit ça, il faut qu'il se le... il faut qu'il vive avec les
conséquences.
M. Leduc : C'est ça, parce qu'un
cadre, normalement, on peut dire que c'est un donneur d'ouvrage. Il peut donner des sanctions disciplinaires, un cadre,
normalement, qui relève d'un employeur. Ça, c'est toutes des choses qui n'ont vraiment pas rapport avec son mandat de
santé et sécurité, donc, encore une fois, là, s'il va là, le
coordonnateur, il joue un jeu un peu dangereux, là.
M. Boulet : Il peut certainement... Bon, je présume, là, que
les coordonnateurs vont participer à des processus de décision disciplinaire, ils vont y collaborer. Tu
sais, par exemple, quelqu'un... On dit : Il s'assure que «tout
travailleur connaît les risques», ou il surveille «eu égard à la sécurité des
travailleurs», ou il fait des choses qui ne sont pas écoutées ou respectées par
les travailleurs... c'est sûr qu'il va participer à la prise de décision. Parce
que, quand on prend une décision de nature disciplinaire, on tient compte des
circonstances aggravantes puis des circonstances atténuantes, puis le coordonnateur aura certainement un rôle
prépondérant, je dirais, à jouer. Et ça, c'est pour le bénéfice du
travailleur, parce que le circonstanciel est tellement important dans le mérite
de la décision disciplinaire. Puis là c'est très hypothétique, là, mais je suis
d'accord avec vous qu'il ne peut pas faire de quoi qui est en contradiction
avec ce qui est écrit là.
M. Leduc : Parce que,
philosophiquement, ce qu'on espère ou, du moins, ce qu'on attend, c'est que le
coordonnateur garde une petite distance, quand même, une saine distance avec
l'employeur, même si, bien sûr, il en est un, employé contractuel, qu'il est un
cadre au sens de ce que vous écrivez. Mais on espère que le coordonnateur qui,
de toute façon, lui, il va faire d'autres contrats après, hein, il ne va pas
nécessairement toujours être pour le même employeur... on espère qu'il y a un
minimum de distance.
M. Boulet : Il le fait à temps
plein. Est-ce que je peux penser à une hypothèse de quelqu'un qui, au-delà de
son temps plein, fait d'autres activités pour un employeur? Tu sais, il est
coordonnateur à temps plein. Est-ce qu'il peut faire autre chose dans d'autres
heures ou d'autres... Ça, il n'y a rien d'impossible, là, mais ce qui est
important de souligner, c'est qu'il ne peut pas faire de quoi qui est
contradictoire avec ce qui est écrit dans la loi.
M. Leduc : Et, si c'est le cas, il
est... il pourrait y avoir une plainte à la... C'est à la CNESST que ça aurait
lieu, cette plainte-là?
M. Boulet : Bien oui, bien oui, bien
oui.
M. Leduc : Là, il pourrait avoir une
sanction, lui-même...
M.
Boulet : Oui, les
inspecteurs vont intervenir promptement puis ils vont faire ce qui... ils vont
faire un rapport d'intervention ou émettre un avis de correction, puis
ça va être suivi, le cas échéant, d'un constat d'infraction.
M.
Leduc : Parfait. Merci. Est-ce qu'il y avait d'autres personnes? Sinon, j'aurais peut-être un dernier commentaire.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Est-ce
qu'il y avait d'autres interventions sur le 226 tel qu'amendé?
M. Gaudreault : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, vous laissez la parole au député de Jonquière? Parfait.
M.
Gaudreault : Oui. Bon, maintenant que nous avons fixé le seuil à 12 millions,
si on reprend le premier alinéa, là, de 215.1, à partir du moment où «le coût
total des travaux excède 12 000 000 $, le maître d'oeuvre doit, dès le début des travaux, désigner un ou plusieurs
coordonnateurs en santé et sécurité», qu'en est-il du bassin de disponibilité
de ces futurs coordonnateurs? Et, considérant le nombre de chantiers, comment le
ministre envisage de pallier au problème de
manque de main-d'oeuvre potentiel de coordonnateurs? Est-ce qu'il peut y
arriver des chantiers qui est... le maître d'oeuvre ne sera pas capable
d'en trouver? Auquel cas, on fait quoi?
M. Boulet :
Bien, on va y pallier en partie parce qu'il va y avoir moins de chantiers. En
passant de 8 à 12 millions, il va y avoir forcément un nombre moins
important de chantiers de construction où il y a une obligation d'avoir le
minimum d'un coordonnateur. Donc, ça va aider. Je pense que c'est une question
qui est intéressante. Et je pense, au-delà de ça... bien, j'ai répondu à la
question du collègue de Nelligan, hier puis aujourd'hui, là, sur la formation,
mais je pense que ce qu'on vient d'adopter comme amendement va contribuer à
lutter en partie contre la rareté de main-d'oeuvre de personnes formées pour
être des coordonnateurs en santé et sécurité.
M.
Gaudreault : Présentement, bon, on a dit tantôt : On a
771 agents de sécurité. Est-ce qu'on est déjà dans des situations où il y
a des chantiers qui ont de la difficulté à recruter?
M. Boulet :
Ah! probablement, tu sais, mais c'est dans tous les secteurs, Sylvain, tu sais,
tous les secteurs d'activité puis toutes les régions. Puis je reviens toujours
aux causes, tu sais, qui sont de nature démographique et économique, là. La
population vieillit, les gens partent à la retraite, l'économie, surtout dans
le secteur de la construction, ça roule à plein régime.
Ça fait que, oui,
puis il faut... il y a un défi de recrutement, il y a un défi de rétention de
main-d'oeuvre. Et moi, je dis souvent, puis vous entendez le premier ministre,
c'est sûr que ça modifie le rapport de force des parties. Puis les employeurs,
bien, au-delà du défi de l'automatisation, bien, ils doivent investir dans
l'amélioration des conditions de travail. Puis ce n'est pas que les salaires,
là, parce que, vous le savez, les parties ont négocié, dans le secteur de la
construction, quatre conventions collectives de travail.
Mais c'est un secteur
dont on fait de plus en plus la promotion. Puis, à la Commission de la
construction du Québec, il y a des stratégies de promotion puis il y a un
intérêt grandissant, je vous dirais. Puis cet intérêt-là s'est accentué durant
la pandémie pour tout ce qui concerne la santé publique, mais aussi la
santé-sécurité dans les milieux de travail. Puis je pense qu'on contribue en
montant... ou en baissant ça de 8 à 12 millions, puis... Mais, oui, quand
même que je le nierais, là, je n'ai pas de chiffre précis sur le nombre de
postes vacants de conseillers, on pourrait les appeler des conseillers en santé-sécurité,
mais ça demeure, comme dans la santé, l'éducation, les technologies de
l'information, un défi de société, je vous dirais.
M.
Gaudreault : Mais il se passe quoi, présentement? S'il y a un maître
d'oeuvre qui n'est pas capable d'en trouver, là, présentement, là, au moment où
on se parle, ce matin, là, avec la loi actuelle qui est en vigueur, il n'est pas capable de se trouver un agent de sécurité,
mais il faut qu'il respecte la loi, il se passe quoi, présentement? Il
continue son chantier en ne respectant pas la loi? Parce que c'est une
situation qui doit se produire au moment où on se parle.
M. Boulet :
Bien, il doit respecter... tu sais, dans un contexte de même, il aurait
certainement un avis de correction avec un délai qui permet au maître d'oeuvre
de répondre à ses besoins. Puis c'est une obligation légale, puis il y a des
conséquences en cas de non-respect, puis il y a des conséquences encore plus
importantes, comme vous vous en doutez bien.
Si l'absence de coordonnateur a joué un rôle dans la survenance d'une lésion
professionnelle, que ce soit un accident de
travail ou une maladie professionnelle, la conséquence peut être encore plus
imposante. Puis c'est un défi, mais
qui n'est pas insurmontable. Puis c'est un défi qui, quand il y a un délai
approprié puis quand il y a de la bonne information, puis qu'il a la
bonne orientation, un maître d'oeuvre peut y répondre. Puis ça peut être fait
par des ressources externes, ça peut être fait par... mais il y a moyen d'y
répondre.
M.
Gaudreault : Est-ce qu'on pourrait envisager d'autres solutions pour
pallier à l'absence de coordonnateur?
Est-ce qu'il n'y a pas une autre fonction... le ministre a mentionné
conseiller, là, est-ce qu'il n'y a pas une autre fonction qui pourrait
être mise à contribution pour venir pallier au moins à...
M. Boulet :
Ah! bien, en fait, je pense qu'il y a beaucoup un travail d'équipe, hein? Comme
je disais, l'inspecteur, en émettant son avis de correction, va donner un délai
raisonnable, mais il y a une communication aussi et une interpellation du
comité de chantier. On a vu tous les représentants sur le comité de chantier,
puis il y a le représentant en santé
et sécurité. Ça fait que tous les intervenants dans le chantier s'assurent de compenser l'incapacité, si incapacité il y a, d'un maître d'oeuvre
d'embaucher un agent, là. Ça fait que je pense qu'il y a une contribution de tous les partenaires qui sont impliqués pour s'assurer que
les mesures de prévention soient bien appliquées et respectées.
M.
Gaudreault : Donc, le ministre me dit qu'on n'a pas de chiffre, au
moment où on se parle, sur le nombre de chantiers où les maîtres d'oeuvre
seraient incapables de se trouver des agents. Ça n'existe pas, ça?
M. Boulet :
Bien, je pourrais peut-être le vérifier, mais, à ma connaissance, on n'a pas de
chiffre précis. C'est en vérification, on pourra vous dire le nombre de
chantiers où il n'y a pas d'agent de sécurité actuellement. C'est ça, votre question?
M. Gaudreault : Oui, c'est ça. C'est
ça, la question. Si on n'a pas la réponse immédiate...
M. Boulet :
Mais votre question qui a suivi est extrêmement pertinente : Qu'est-ce
qu'on fait? Donc, on va donner un délai, on va accompagner pour s'assurer que
les bonnes ressources soient utilisées. Puis le comité de chantier qui est sur
place, le cas échéant, et le représentant en santé et sécurité vont s'assurer
de... Tu sais, parce que l'agent, son travail en est un essentiellement de
coordination, ça fait que la coordination, elle doit être assumée autrement. Parce que je présume que c'est le cas,
là, je savais qu'il y avait une pénurie, là, d'agents en santé et sécurité, ça fait qu'on trouve des
moyens alternatifs, je vous dirais, comme dans la vaste majorité des entreprises
au Québec, parce qu'on ne peut pas automatiser ce travail-là, bien sûr.
M. Gaudreault : Oui, parce que vous
comprenez qu'il m'apparaît intolérable qu'on tolère, ça a l'air drôle de le
dire, là, mais que la CNESST, ou que le gouvernement, ou que la société en général
tolère des infractions, au fond, à la loi. Donc, il faut absolument que ce soit
respecté.
M. Boulet : Je suis d'accord. Je
suis d'accord.
M. Gaudreault : O.K. Si j'ai
d'autres questions sur 226... Là, on est-tu dans... comme sous-paragraphe par
sous-paragraphe? 215.1...
M. Boulet : Non, c'est tout
l'article, c'est 226.
La Présidente (Mme IsaBelle) : On
est allés avec l'ensemble de l'article.
M. Gaudreault : L'ensemble, oui, c'est
ça.
M. Boulet : O.K., c'est complet.
• (11 h 50) •
M. Gaudreault : Bien, moi, j'ai
d'autres questions.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous voulez poursuivre ou on retourne au député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Gaudreault : Oui, il peut bien.
Oui, oui. Allez-y.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, poursuivez, député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui? O.K.
M. Boulet : Il vous restait un commentaire,
hein, vous disiez, Hochelaga-Maisonneuve? Mais, en tout cas, c'est ça. O.K.
M. Gaudreault : Je peux y aller avec
un petit commentaire vite fait, là, puis je vais en avoir d'autres après, là,
mais, bon, enfin, sur l'enjeu de l'indexation, là, «revalorisé tous les
cinq ans», c'est-tu le bon terme ça? Je l'air un peu téteux en disant ça,
là, mais c'est la première fois que je vois ça. «Le coût total des travaux
prévus au premier alinéa est revalorisé tous les cinq ans...» Pourquoi on
ne dit pas... pourquoi on ne dit pas «indexé», ou, à la limite, est-ce qu'on pourrait se retrouver dans une
situation où ça baisse, là? Je ne pense pas, mais, en tout cas, «revalorisé»,
c'est comme si on prenait pour acquis que c'est... ça va nécessairement...
comme si ce n'était pas valorisé présentement. En tout cas, je ne sais pas, là.
M. Boulet : Mais c'est le terme,
collègue, qui est utilisé dans la Loi sur les accidents de travail, maladies professionnelles,
à 119 à 123, puis ça a été validé en rédaction par nos conseillers en
législation et le Secrétariat à la législation, et c'était le terme, le bon
terme à utiliser.
Je vous avoue que moi, j'aime bien. On dit tout
le temps : «La revalorisation est faite en multipliant le montant à
revaloriser par le rapport entre l'indice des prix à la consommation de l'année
courante et celui de l'année précédente.» Non, je trouve que c'est un... mais
je comprends le commentaire. Moi non plus, je ne le vois pas souvent, mais ça existe dans nos lois et dans le
corpus législatif, là, puis c'est cohérent avec l'idée de monter le seuil
ici.
M. Gaudreault : O.K. Vous pouvez
passer à un autre collègue, mais je reviendrai plus tard.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, c'est quelque chose
qu'on a identifié, là, à 215.2, le septième paragraphe, «accompagner
l'inspecteur à l'occasion des visites d'inspection»é N'est-il pas juste que
plus tôt, à l'article 164, sur le représentant de la santé-sécurité,
j'avais proposé qu'on rajoute, à la demande du mémoire des directeurs de santé
publique, une référence à la Santé publique, donc, «accompagner l'inspecteur
et/ou la Santé publique à l'occasion des visites d'inspection», et vous l'aviez pris en délibéré. Vous aviez dit :
On va le suspendre puis on va y revenir à cette idée de rajouter Santé publique lors des visites d'inspection pour
le RSS. Ne serait-il donc pas logique de refaire la même chose pour le CSS dans
les mêmes dispositions?
M. Boulet : Je vais vous répéter le
même commentaire : On va y arriver aux articles, là, qui concernent le
réseau de la Santé publique...
Une voix : ...
M. Boulet : Pardon? Mais on... O.K.,
on va suspendre une minute, avec votre accord.
M. Leduc : Parfait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 54)
(Reprise à 12 h 02)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous poursuivons. M. le ministre.
M. Boulet : Donc, comme je
mentionnais, on aura l'opportunité d'en reparler. Ici, c'est les fonctions du
coordonnateur. Parmi les fonctions du coordonnateur, il y a celle d'accompagnement
de l'inspecteur à l'occasion des visites d'inspection. Puis, plus tard, on va
discuter des fonctions du représentant en santé et sécurité dans un chantier de
construction, puis on aura aussi cette discussion-là, puis on va voir le rôle
qu'il a à jouer quand il y a une visite d'inspection, et il pourra... il
accompagnera aussi l'inspecteur.
Puis 164, c'était le représentant en santé et
sécurité, les dispositions générales applicables dans les établissements. Et
ça, ça a été mis en suspension notamment pour les fonctions relatives aux paragraphes 2°
et 9°. Ça fait que, donc, je pense que ça répond aux préoccupations du collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui. Bien, très
rapidement, là, je ne veux pas m'étaler trop longtemps là-dessus, mais c'était dans une des recommandations, là, du mémoire des
directeurs de santé publique, là, précisément à 215.2, paragraphe 7°, de
dire : «accompagner l'inspecteur à l'occasion des visites d'inspection et
les intervenants en santé publique du réseau de santé publique et de santé du
travail lors de leurs visites». Ça fait que je suis d'accord puis je comprends
tout ce que le ministre dit par rapport à l'inspecteur, là, de la CNESST, puis
qu'il va être accompagné, puis ça, c'est beau, ce n'est pas de ça qu'on
discutait ou, du moins, que je voulais discuter. C'était, en plus, le volet
santé publique, pourquoi, eux, ils ne peuvent pas également être accompagnés.
Il me semble que, surtout, s'ils le réclament, c'est qu'ils le jugent utile. Ça
aurait été pertinent de le rajouter à ce moment-ci, je crois.
M. Boulet : ...discussion.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions sur l'article 226 tel qu'amendé?
Député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Alors, je
voudrais qu'on aille à 215.2 puis qu'on regarde un petit peu plus en détail
chacune des fonctions, là, qui sont précisées dans les sept picots, là, de
215.2. J'ai quelques questions.
«Le coordonnateur en santé et en sécurité a pour
fonctions :
«1° de participer à l'élaboration et à la mise à
jour du programme de prévention mis en application sur le chantier de construction;»
«Participer à
l'élaboration et la mise à jour du programme», je comprends que ça veut dire
qu'il va rédiger, il va... oui, à tout le moins, participer à la
rédaction des consignes de sécurité. C'est ça? Parce qu'on parle de «participer
à l'élaboration et la mise à jour du programme de prévention», mais il tient le
crayon aussi, là. C'est un peu ça?
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Absolument. Puis juste, peut-être que ça va répondre aux commentaires que vous
avez, sans aller dans tout le détail, là, mais les fonctions du coordonnateur,
elles sont vraiment similaires à celles qui sont actuellement attribuées à
l'agent, mais elles ont été bonifiées en fonction des exigences prévues dans le
projet de loi n° 59 pour les chantiers de construction.
Puis je vous résumerais en disant que les
fonctions du coordonnateur comprennent maintenant, puis là vous le soulignez
bien, la participation à l'élaboration et à la mise à jour du programme de
prévention spécifique au chantier; deux, la surveillance eu égard à la sécurité
des travailleurs, la mise en place et le fonctionnement des mécanismes de
coordination des activités des employeurs; puis troisièmement, l'accompagnement
de l'inspecteur à l'occasion des visites d'inspection.
Ça fait que les différences dans les fonctions du coordonnateur, par rapport à l'agent, ça reflète sa participation dans la gestion du
chantier, là, à titre de représentant du maître d'oeuvre, là.
M. Gaudreault : Le projet de loi
précise, à 215.1, que le coordonnateur est un cadre sous la responsabilité du
maître d'oeuvre. C'était la même chose avec l'agent, hein, il était aussi
considéré comme un cadre?
M. Boulet : Tout à fait.
M. Gaudreault : Ça, dans l'application
concrète, là, le fait qu'il soit cadre, ça signifie quoi?
M. Boulet : C'est un représentant de
l'employeur. Tu sais, un cadre, c'est défini dans nos lois du travail comme étant un représentant de l'employeur. Ça
peut être à différents niveaux, là, il y a des supérieurs,
intermédiaires et inférieurs, là, mais c'est...
M. Gaudreault : Donc, un genre de...
comment je pourrais dire, d'autorité sur l'ensemble des travailleurs qui sont
sur le chantier.
M. Boulet : Oui, puis c'est un bon point,
puis vous connaissez bien la responsabilité. Tu sais, il y a une question
d'imputabilité pour le maître d'oeuvre, donc c'est une personne qui relève de
lui, qui est un cadre. Donc, ça ajoute et ça confirme la responsabilité du
maître d'oeuvre.
M. Gaudreault : O.K. Au picot 2,
quand on dit «surveiller la mise en place, le fonctionnement des mécanismes de
coordination», on le dit, dans le fond, il coordonne les consignes et toutes
les mesures de sécurité sur le chantier, mais, au lieu de dire «coordonner»
directement, on dit «surveiller la mise en place, le fonctionnement des
mécanismes de coordination». Donc, je comprends qu'il a comme un oeil général,
là, sur la coordination des mesures de sécurité propres à ce chantier.
M. Boulet : Absolument, puis c'est
bien dit, parce que le maître d'oeuvre, c'est défini comme celui qui est
responsable de l'exécution de l'ensemble des travaux. Puis lui, le
coordonnateur, c'est lui qui est responsable du respect des mesures de
prévention sur l'ensemble du chantier.
M. Gaudreault : O.K.
Picot 3 : «identifier des situations qui peuvent être source de
danger pour les travailleurs de la construction». Donc, ça veut dire que, s'il
identifie des situations, à partir du moment où il identifie qu'il y a une
source de danger, je ne sais pas, moi, il y a une clôture qui est mal posée en
situation de hauteur, etc., il doit intervenir immédiatement.
M. Boulet : Absolument.
M. Gaudreault : O.K. Et, s'il arrive
un accident, là, à ce moment-là, son pouvoir d'enquête est couvert par le
picot 6.
M. Boulet : Oui, puis 5° aussi,
parce qu'il doit s'assurer que les travailleurs connaissent les risques liés à
leur travail. Puis le picot 6, effectivement, il reçoit les avis
d'accident puis il enquête sur les événements.
Je vous
dirais qu'en matière de prévention c'est un rôle vraiment fondamental,
d'enquêter, parce que ce que tu veux faire en enquêtant, c'est d'éviter
les récidives puis d'éliminer les risques ou les dangers. Et cette enquête-là,
elle est vraiment cruciale puis elle doit se
faire dès qu'il y a un accident, dès qu'il reçoit copie d'un avis d'accident.
Puis on va même un peu plus loin...
qui ont causé ou auraient été susceptibles de causer un accident, là. Ça fait
que, même les événements, dans la LATMP... même s'il n'y a pas d'absence
en raison de l'événement, il faut quand même que ce soit dénoncé.
• (12 h 10) •
M. Gaudreault : Est-ce qu'il a...
Puis là j'arrive au picot 4, «faire l'inspection des lieux de travail». Parce
que, s'il y a un inspecteur qui est mandaté en vertu de la Loi sur la santé et
sécurité du travail, il peut... cet inspecteur-là peut lui remettre un avis ou
un ordre de défectuosité d'un lieu, ou d'un site, ou d'un risque.
Donc, le fait de recevoir cet avis d'un
inspecteur en vertu de la loi, on le couvre comment pour le coordonnateur?
Est-ce que c'est par le picot 4 ou par le picot 6? Parce que le picot 6, on
parle des avis d'accident, mais moi, je vous dis : Si un inspecteur voit
qu'il y a un problème, on passe par quoi?
M. Boulet : Bien, vous pouvez passer
par quelques picots, mais, je vous dirais, le principal, c'est 7. Il accompagne
l'inspecteur à l'occasion des visites d'inspection, ça fait qu'il est le témoin
privilégié de la correction, de l'avis qui va être émis par l'inspecteur.
M. Gaudreault : O.K. Donc, vu qu'il
l'accompagne, l'inspecteur, si l'inspecteur constate qu'il y a un défaut x ou
y, il lui remet copie séance tenante.
M. Boulet : Ah oui! tout à fait.
Oui, il reçoit copie de l'avis de correction.
M.
Gaudreault : O.K. Puis ça, c'est vraiment «live», là? C'est vraiment
en temps réel, là, qu'il lui remet?
M. Boulet :
Oui, tout à fait. On va avoir un article, collègue, un peu plus tard,
d'ailleurs, qui prévoit que l'inspecteur doit remettre une copie de l'avis...
de son enquête, de l'avis de correction, de ses documents au comité de chantier
et au coordonnateur.
M.
Gaudreault : On nomme les deux?
M. Boulet :
Exact.
M.
Gaudreault : O.K. On s'en assurera rendu là. Je vous fais confiance.
Picot 5, «s'assurer que tout travailleur connaît les risques liés à son
travail», bon, moi, je trouve que, bon, c'est tout à fait normal, mais
«s'assurer que tout travailleur connaît les risques liés à son travail»,
concrètement, comment ça se fait, ça? Est-ce que c'est suffisant de lui donner
un... pas un formulaire, mais un dépliant ou une information large? Comment on
fait pour s'assurer que tout travailleur connaît les risques? Puis on sait
qu'en plus, sur un chantier, il y a beaucoup de roulement, là, d'emplois, tout
dépendant des corps de travail qui sont interpelés. Si le calorifugeur a fini
son travail puis il est remplacé par un tuyauteur, il faut que le nouveau qui
arrive, le nouveau tuyauteur, soit aussi informé.
M. Boulet :
Il y a une panoplie de moyens à sa disposition, là. Il peut faire des...
contribuer à ce qu'il y ait des activités de sensibilisation, il peut
contribuer à ce qu'il y ait des activités de formation, il peut faire de l'information,
il peut utiliser les guides de la CNESST, il peut demander l'intervention de quelqu'un
de la CNESST, mais il a une panoplie, là, le coordonnateur. C'est la raison
pour laquelle on dit bien : «Il doit s'assurer que tout travailleur
connaît les risques liés à son travail»
Il y a beaucoup de
réunions de chantier aussi, collègue, qui permettent de répondre... Souvent,
ils font des réunions puis ils disent, mettons : Vous êtes quatre ou huit
à faire le métier, sachez qu'il y a telle... puis ils échangent entre eux
autres, là. Ça fait que les réunions de chantier sont aussi assez privilégiées,
là, dans le secteur de la construction. En tout cas, on m'en parle souvent.
M.
Gaudreault : Privilégiées et courantes.
M. Boulet :
Oui.
M.
Gaudreault : Oui, O.K. Au picot 6... on achève, là, Mme la
Présidente, j'ai presque épuisé mes picots et j'espère de ne pas avoir épuisé
le ministre, au picot 6, «recevoir copie des avis d'accidents, d'enquêter
sur les événements», est-ce qu'on doit préciser aussi de recevoir les
recommandations, les procès-verbaux des comités, justement, de santé et
sécurité ou, vu que le coordonnateur y siège, c'est un automatisme?
M. Boulet :
...puis le comité, d'ailleurs, distribue les procès-verbaux, envoie les avis de
convocation, puis ils font des minutes, mais oui, il les obtient aussi.
M.
Gaudreault : Mais pas nécessairement via 6°, là. Ça va être par sa
présence, je dirais, générale, là.
M. Boulet :
Exact. Oui, oui, il siège au comité. Absolument.
M.
Gaudreault : O.K. Bon, il me restait «accompagner l'inspecteur à
l'occasion des visites d'inspection.» On en a pas mal parlé. Ça veut dire que,
comme on disait, quand il l'accompagne, il peut recevoir, de la part de
l'inspecteur, un avis d'infraction ou un avis d'inquiétude.
M. Boulet :
On va le voir dans le... comme j'ai dit, là, dans le...
M.
Gaudreault : C'est ça. O.K. Dernière chose, la reddition de comptes. À
moins que ce soit moi qu'il l'ait échappé, là, mais je... est-ce que, comme
cadre et comme coordonnateur, cette personne doit rédiger de façon quotidienne
des rapports, des activités, distribuer, s'assurer que le maître d'oeuvre l'a
entre ses mains avec un certain nombre de consignes, là, la date, les
observations, etc.?
M. Boulet :
Non. Il y a quand même une certaine discrétion quant à la façon dont il
exécute, là. Il n'y a pas deux coordonnateurs qui vont s'y prendre de la même
manière. L'important, c'est de s'assurer qu'ils remplissent bien leurs
fonctions et responsabilités, mais on ne dit pas : Tu dois avoir une
feuille de temps où tu dois écrire tout ce que tu fais. Moi, ce que j'en sais,
c'est qu'il y a des coordonnateurs qui prennent beaucoup de notes puis il y en
a d'autres qui sont plus visuels. Mais non, il n'y a pas d'obligation de faire
un rapport quotidien.
M.
Gaudreault : O.K. Alors, comment ça se rend au maître d'oeuvre du
chantier?
M. Boulet : Bien, il est un cadre et
donc il relève du maître d'oeuvre, et donc le maître d'oeuvre, c'est sa responsabilité
ultime. On a parlé d'imputabilité, et c'est le maître d'oeuvre qui est
responsable de l'exécution des fonctions du
coordonnateur, ça fait qu'il est redevable, puis il y a un lien de
subordination. Donc, il fait rapport, comme
tous les autres cadres, en tenant compte de l'exécution de leurs fonctions, là.
Ça fait que, si le maître d'oeuvre ne fait pas de suivi, c'est qu'il
n'est pas un bon employeur, là, selon moi.
M. Gaudreault : Oui, mais ça peut
arriver.
M. Boulet : Je n'en dis pas plus.
M. Gaudreault : C'est ça, mais ce
que je veux dire, c'est, tu sais, je ne voudrais pas me retrouver dans une situation
où le coordonnateur fait son travail, puis il le fait bien, puis, dans le fond,
le maître d'oeuvre, qui est un genre de compagnie-écran à numéro qui veut juste
faire son fameux bloc à condos, s'en fout un peu puis il n'en tient comme pas
compte, là. Il a nommé son coordonnateur, mais, tu sais...
M. Boulet : Ça, c'est des cas
exceptionnels. Puis je pense qu'en général, ce qu'on voit beaucoup dans les
chantiers, c'est que les coordonnateurs ou les agents, ils font des fiches
d'inspection, puis c'est comme ça que les maîtres
d'oeuvre font des suivis, mais... mis à part les cas de délinquance, là, qu'on
ne souhaite pas. O.K. C'est complet.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention à l'article 226 tel
qu'amendé, nous allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire : Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
Le Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire : M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 226, tel qu'amendé, est adopté.
Si vous vous rappelez, lorsque nous étions dans
la section précédente, il y avait l'article 264... ou l'étude de
l'article 264, que le ministre avait demandé de suspendre et de rapporter immédiatement
après l'article 226. Alors, est-ce que nous avons votre consentement pour
étudier l'article 264, que nous avions suspendu hier?
M. Derraji : 264?
La Présidente (Mme IsaBelle) : 264,
oui. Voulez-vous parler, M. le ministre?
M. Boulet : Oui, tout à fait. C'est
un article de concordance. C'est l'article de concordance. Donc, 264...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Est-ce que nous avons le consentement, là?
J'ai présumé que oui, là. Je ne l'ai pas entendu mais...
M. Boulet :
C'est juste pour retirer du code de sécurité ce qui concerne l'agent de
sécurité. Avec ce qu'on vient d'adopter, là, c'est la concordance que nous
devons faire.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait.
M. Boulet :
En fait, c'est l'agent bonifié, là, avec les fonctions améliorées qu'on vient
d'étudier.
264, donc :
«Le Code de sécurité
pour les travaux de construction est modifié par la suppression de
l'article 2.2.4 et de la sous-section 2.5 de la section II,
comprenant les articles 2.5.1 à 2.5.4.»
Explication. Donc,
c'est la concordance. On abroge, dans le code de sécurité, les dispositions qui
concernent le comité et l'agent, vu les modifications apportées à la loi et la
création du nouveau coordonnateur en santé et en sécurité qui remplace l'agent.
Donc, pure concordance. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. Y a-t-il des interventions à
l'article 264? Oui, député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Bon, là,
on joue dans plusieurs lois, puis dans plusieurs dispositions, puis dans
plusieurs codes. Je veux juste m'assurer, là, par rapport à la transition puis
aux mesures transitoires, là, tu sais... je l'ai déjà dit en d'autres matières,
là, mais je ne veux pas qu'on se retrouve avec des vides juridiques, là. Là, je
comprends que c'est de la concordance, puis il faut s'assurer d'avoir les bons
vocabulaires, mais là, on est-tu en plein dans des enjeux, là, de transition,
là, de dispositions transitoires?
• (12 h 20) •
M. Boulet :
...puis c'est important de redire que les lois sur les comités de chantier, tu
sais... les articles de la loi santé-sécurité qui n'ont jamais été promulgués,
bien, il y a un vide qui a été comblé en partie par le Code de sécurité pour
les travaux de construction. Et, avec ce qu'on vient d'adopter pour les comités
et le coordonnateur, ça rend ça inutile. C'est la raison pour laquelle on
abroge, là, mais ça n'a pas d'impact sur les dispositions transitoires, que
nous étudierons plus loin, là, dans le projet de loi, aucun impact.
M.
Gaudreault : O.K. Parce qu'au fond ce qu'on fait, c'est qu'on reprend
les dispositions du code à l'intérieur même de la loi, mais avec les
amendements puis les modifications qu'on a faits. Ça fait que c'est pour ça que
ça devient un peu obsolète de les garder dans le code.
M. Boulet :
Exact. C'est bien résumé. C'est parfaitement ça.
M.
Gaudreault : Bon, je pense que ça fait trop d'heures qu'on travaille
ensemble, je commence à lire dans la tête du ministre, là.
M. Boulet :
Ah! vous êtes bon.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est bon. Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions
à l'article 264? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Abstention.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 264 est adopté. Si nous poursuivons notre plan
de travail, M. le ministre, nous serions rendus à l'article 211.
M. Boulet : Oui, il y a quelques
articles, là, de concordance. On peut peut-être les commencer.
Des voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
correct, M. le ministre?
M. Boulet : Oui, c'est parce que
j'ai un impératif juste avant le... tu sais, vers et vingt-huit, là, il
faudrait peut-être suspendre, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord.
M. Boulet : Si ça vous convient.
Donc, 211 :
«L'article 181 de cette loi est
modifié :
1° par l'insertion, après «d'oeuvre», de «, le
coordonnateur en santé et en sécurité»;
2° par le remplacement, partout où ceci se
trouve, de «à la prévention» par «en santé et en sécurité».»
Explication. Donc, c'est une modification de
concordance concernant la nouvelle désignation du représentant en santé et en sécurité proposée à
l'article 1 et l'ajout du coordonnateur en santé et en sécurité dans la
liste des personnes avisées par l'inspecteur puisqu'il doit accompagner
ce dernier lors de l'inspection, tel que proposé au paragraphe 7° de
l'article 215.2. C'est tout. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il des interventions à
l'article 211? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix.
M. Leduc : Juste un instant.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Excusez.
M. Leduc : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 23)
(Reprise à 12 h 24)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous avez une intervention?
M.
Leduc : Oui, Mme la Présidente. Là, on fait, comme toujours, deux
catégories, là, le fonctionnement général... on fait deux catégories, le fonctionnement général puis le
fonctionnement pour la construction. Dans le fonctionnement général, on
fait référence aux associations accréditées, ou, du moins, à l'association
accréditée, mais, sur le chantier de construction, on ne le fait pas.
M. Boulet : ...qu'il se lirait? Ah
oui, moi, je l'ai : «L'article 181, tel que modifié, se lirait comme
suit...» Vous ne l'avez pas dans votre document?
M. Leduc : Oui, mais, pour le
général, vous faites référence à l'association accréditée, mais, après ça, à la
fin, «sur un chantier de construction, il avise le maître d'oeuvre, le
coordonnateur et le représentant», mais pas les associations accréditées.
M. Boulet :
Bien, c'était déjà là. Je ne comprends pas vraiment votre point, parce qu'on
dit que... «prendre les mesures raisonnables pour aviser l'employeur, l'association
accréditée et le représentant en santé et sécurité», sur un chantier de
construction, en plus. Tu sais, c'est comme ça qu'il faut l'interpréter. C'est
comme ça que c'est libellé en droit. Il avise le maître d'oeuvre, le
coordonnateur et le représentant en santé et sécurité.
M.
Leduc : Moi, je suis surpris
de votre interprétation, parce
que d'habitude, quand vous changez de
catégorie, vous ouvrez une nouvelle énumération. Ce n'est pas un rajout
nécessairement.
M. Boulet : Moi, c'est comme ça...
M. Leduc : Tout le projet de loi est
construit comme ça, là.
M. Boulet : C'est comme ça que je le
lis, là. Ce que vous dites, c'est que... l'appréhension que vous exprimez,
c'est que, sur un chantier, il n'avise pas l'association accréditée.
M.
Leduc : Bien oui, puis qu'en
plus vous reprenez le terme «représentant en santé et sécurité» dans les deux
endroits. Ça fait que, si c'est une
addition, après, ça ne marche pas, ça fait qu'il rajoute quelqu'un qui est déjà
nommé.
M. Boulet : O.K. On peut-tu
suspendre deux minutes?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Alors, nous allons suspendre.
M. Boulet : Est-ce qu'on peut
suspendre? Je vais vérifier.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Oui, c'est ce que j'allais suggérer,
probablement, là, puisqu'il est déjà 12 h 26.
Alors, nous allons suspendre et nous serons de
retour à 14 heures. Merci. Bon dîner. Bon appétit.
(Suspension de la séance à 12 h 26)
(Reprise à 14 h 11)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour à nouveau. Attention, s'il vous plaît! La Commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux.
Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de
sécurité du travail.
Lors de notre suspension de nos travaux, cet
avant-midi, nous en étions à l'étude de l'article 211. M. le ministre,
vous étiez à chercher une réponse.
M. Boulet : En fait, la
préoccupation... Mon Dieu... 211, effectivement. Ce que souhaitait que soit
précisé le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est que l'inspecteur prenne les
mesures pour informer... aviser, là, en fait, c'est le terme qui est utilisé,
le maître d'oeuvre, le coordonnateur et le représentant en santé et sécurité.
Puis il disait : Où est l'association accréditée? Et je comprends son
point. Bon, je me disais : Il y a peut-être une interprétation. Mais ce que je mentionnais au collègue,
c'est que ce n'est qu'une concordance dans le p.l. n° 59, qu'une concordance pour ajouter le coordonnateur et le
représentant pour qu'ils soient avisés. Donc, on ne changeait pas la substance
de 181. 181 ne prévoyait pas spécifiquement que l'association ou les associations
accréditées étaient informées.
Ce qu'on dit, c'est qu'à l'origine... c'est
qu'ils ne sont souvent pas présentes, puis il peut y en avoir plus qu'une sur
un chantier. Mais on a trouvé une réponse qui est encore plus intéressante,
c'est qu'à l'article suivant, donc 212, on réfère à 183, puis, à 183, l'inspecteur
a des devoirs de communication du résultat de son enquête ou de son inspection
à l'employeur puis, bon, à l'association accréditée, l'association
représentative au sens de la loi sur les relations de travail, formation,
gestion dans l'industrie de la construction, comité de chantier, comité... puis
là on rajoute aussi, bien sûr, coordonnateur et représentant. Ça fait que je
pense que ça répond bien à l'objectif que recherche le collègue, c'est-à-dire
que le syndicat soit bien informé par l'inspecteur. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, très rapidement.
Bien, merci pour les précisions puis d'avoir fait la recherche, là, M. le
ministre. C'est un élément qui nous a apparu, là, une petite incongruité dans
la structure. Je comprends que vous ne voulez pas nécessairement le modifier
parce que ce n'était pas le sens initial de l'amendement, donc on va y aller
avec ce que vous nous avez expliqué.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 211? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'article 211 est
adopté. M. le ministre, nous poursuivons avec l'article 212?
M. Boulet : Oui. L'article 183 de
cette loi est modifié :
1° par l'insertion, après «accréditée,», de «à
l'association représentative au sens de la loi sur les relations du travail, la
formation et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction
qui a des travailleurs affiliés présents sur le chantier de construction,»;
2° par le remplacement de «au représentant à la
prévention» par «au coordonnateur en santé et en sécurité, au maître d'oeuvre, au
représentant en santé et en sécurité».
Donc, c'est une modification de concordance. Ça
fait suite...
Des voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Chut!
Chut! Chut!
M. Boulet : Ça fait suite à nos
discussions, donc c'est de la concordance — je comprends quand c'est de
la concordance — puisqu'il
est proposé d'abroger 2.2.4 du Code de sécurité et d'intégrer à
l'article 183 toutes les personnes devant être informées du résultat de
l'enquête ou de l'inspection sur les chantiers de construction. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 212? S'il n'y
a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire : Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 212 est adopté. M. le ministre, nous
poursuivons avec l'article 213.
M. Boulet :
Oui. On poursuit avec les modifications de concordance. L'article 194 de
cette loi est modifié :
1° par l'insertion,
après le paragraphe 1°, du suivant :
«1.1°
"coordonnateur en santé et en sécurité" : une personne désignée
en vertu de l'article 215.1;»;
2° dans le paragraphe
3° :
a) par le
remplacement de «à la prévention» par «en santé et en sécurité»;
b) par l'insertion, à
la fin, de «ou de l'article 212.1»;
3° par le
remplacement, dans le paragraphe 4°, de «dans les cas déterminés par
règlement» par «qui effectue, sous la responsabilité d'un établissement
d'enseignement, un stage d'observation ou de travail».
Explications. Donc,
ça prévoit les différents acteurs sur un chantier de construction. On ajoute à
1.1 un nouvel acteur, soit le coordonnateur en santé et sécurité. Au paragraphe 3°,
le changement de désignation du représentant en santé et sécurité. Ça prévoit
également, à 4°, une modification de concordance avec les modifications proposées
à l'article 1 de la loi santé-sécurité qui confère le statut de
travailleur à un étudiant qui effectue un stage d'observation ou de travail
sous la responsabilité d'un établissement d'enseignement.
Là,
c'était une avancée... une des avancées que nous avions adoptée à l'unanimité.
Ça vise plus spécifiquement, là, à
leur reconnaître le statut de travailleur de la construction lorsque le stage
implique des travaux sur un chantier de construction. Donc, ça complète ce que nous avions déjà adopté. Donc, c'est
de la concordance. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Oui. Sur le volet stage, c'est en effet quelque chose qu'on avait tous soutenu,
quelque chose qu'on revendique depuis des années. Est-ce que — là,
on parle de l'assujettissement, dans le fond, à la santé-sécurité, au volet prévention — ça
ne vient donc pas influencer d'une quelconque nature la rémunération de ce
stage-là?
M. Boulet :
Non, absolument pas. C'était un des objectifs, d'ailleurs, parce que ce n'est
pas tous les stages d'observation qui font l'objet d'une rémunération. Mais
tous les stagiaires d'observation, indépendamment de leur rémunération, sont
susceptibles d'avoir un accident de travail ou une maladie professionnelle, et
le but, c'était véritablement de les couvrir
puis... Je salue les gens de l'UEQ et de la FECQ avec lesquels j'ai travaillé
pour ces articles-là. Et ils ont travaillé fort, puis je pense qu'ils
étaient très contents. Ils l'ont souligné, d'ailleurs, au dépôt du p.l. n° 59.
M. Leduc :
Est-ce qu'il y avait de la jurisprudence à ce niveau-là? Quelqu'un qui aurait
voulu se faire reconnaître puis qui avait monté dans la structure, là, de la
CNESST, puis qui s'était fait...
M. Boulet : Ce n'étaient pas des
travailleurs au sens de la loi. Moi, ma... Personnellement, je ne connais pas
de décision de jurisprudence, mais ils n'étaient pas, dans la définition,
couverts. Donc, c'était important d'avoir une définition claire et précise qui
vient les reconnaître.
• (14 h 20) •
M. Leduc : Donc, si un stagiaire...
M. Boulet : Bien, la problématique
qu'on avait avec les stagiaires d'observation, c'est que... qui était un
obstacle à leur droit de faire une réclamation suite à un accident de travail
ou maladie professionnelle, c'est qu'ils n'effectuaient pas de prestation de
travail. Tu sais, quand tu observes, tu ne fais pas... Mais tu observes, puis
il y a des risques pareil juste à côtoyer quelqu'un. C'était ça, la
problématique qui faisait qu'ils étaient exclus.
Puis est-ce qu'il y en a qui ont tenté et qui se
sont fait refuser en fonction de ça? Peut-être au premier niveau, mais je n'ai
pas, à ma connaissance, de décision du Tribunal administratif du travail à cet
effet-là. Mais c'était clair que, comme ils n'effectuaient pas de prestation de
travail, ils n'étaient pas couverts. Ça fait que c'est un... C'est tout.
M. Leduc : Mais là on parle bien du
volet réparation ici ou du volet prévention?
M. Boulet : Non, c'est le volet...
On est en prévention ici. C'est simplement une disposition miroir de ce que
nous avions déjà adopté.
M. Leduc : Dans le volet réparation?
M. Boulet : Exact. Ce que nous
avions adopté dans le volet réparation, effectivement.
M. Leduc : Oui. Mais donc
pouvez-vous m'expliquer un peu plus qu'est-ce que ça veut dire, maintenant, en
prévention? En quoi, un stagiaire en prévention... qu'est-ce que ça donne de
plus comme tel?
M. Boulet : Il faudrait que je
relise 213.
M. Leduc : Parce que, pour la
réparation, c'est d'une clarté sans aucun doute, là. Si on se casse une jambe,
on est couvert maintenant, là. C'est tant mieux, mais, en prévention, qu'est-ce
que ça vient changer?
M. Boulet : Bien, j'oserais vous
dire, comme on clarifie les obligations d'un employeur à l'égard de ses travailleurs,
bien, ses travailleurs, ça inclut aussi ces personnes-là qui sont visées par
les mesures de prévention, qui sont visées par les programmes de prévention,
puis que les comités de chantier s'intéressent aussi à ce que les stagiaires d'observation
font.
Puis aussi... puis là j'y vais assez largement,
mais aussi, quand on analyse, on identifie les risques, bien, on n'exclut par
les personnes qui ne font pas de prestation de travail. On inclut aussi les
stagiaires d'observation.
M. Leduc : Je comprends. Loin de moi
de vouloir minimiser tout ça, mais j'imagine que, de toute façon, quand on
évaluait les risques, volontairement, on n'excluait pas les stagiaires. On
devait pas mal couvrir...
M. Boulet : Au moins, là, c'est
clair.
M. Leduc : Oui, oui. Ça, il n'y a
pas de doute. Parfait.
M. Boulet : Puis c'est vraiment un
miroir. Puis ne pas l'avoir fait aurait été peut-être un faux pas.
M. Leduc : Oui, bien, c'est-à-dire
de l'avoir fait en réparation, mais pas en prévention, ça aurait été bizarre,
mais on s'entend que c'est surtout en réparation, là, que c'était le gros
changement.
Peut-être
pour clore la discussion, du moins, de ma perspective sur les stagiaires,
il reste beaucoup de choses à couvrir par rapport aux stagiaires, notamment les normes du travail, le code du travail. Est-ce
qu'on peut s'attendre à un projet de
loi peut-être cette session à ce niveau-là? Si d'aventure, on terminait le 59, est-ce qu'il y aurait d'autres choses au menu?
M. Boulet : Bien, vous le savez,
oui, il y a d'autres projets de loi, mais je ne peux pas, évidemment, parler de
la nature de ces projets de loi là. Mais on va travailler encore ensemble, ça,
j'en suis convaincu.
M. Derraji : ...
M. Boulet : Pardon?
M. Derraji : ...
M. Boulet :
Oui. Oui, oui.
M.
Leduc : Il y a une jurisprudence qui est sortie récemment sur ce qu'on peut faire ou ne pas faire par rapport à un projet de loi qui n'est
pas encore déposé. Vous irez lire ça, c'est intéressant.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions à l'article 213? C'est beau?
M. Leduc : Ça va, Mme la Présidente.
Merci.
M. Boulet : Non, mais, ceci dit, tu
sais, j'aime la commission parlementaire sur le 59. Je sais que certains
trouvent que c'est un peu long, mais on va à un rythme qui m'apparaît
raisonnable et respectueux de l'institution parlementaire. Puis, quand les collègues
ont besoin de précisions, on fait tous de notre mieux. Mais je pense qu'en bout de course on va livrer un projet de loi perfectible encore, mais le temps... Au moins, cette réforme-là, qui
s'impose, qui devait être faite, on va avoir contribué à la faire tout le monde
ensemble.
M. Leduc : ...en commission d'ici la
fin de l'année, peut-être sur les stagiaires. Vous ne m'avez pas dit non, mais,
en tout cas, on verra.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
beau. Alors...
M. Boulet : Oui. Oui, oui. Mais ça
va bien, là, quand même, on est avancés.Mais c'est parce qu'il veut savoir si
on va déposer un projet de loi sur les stagiaires. C'est ça, votre...
Une voix : ...
M. Boulet : C'est ça, puis sur
d'autres affaires aussi, hein, il me semble, dans le domaine de la
construction, puis sur les normes du travail, puis le Code du travail. Tu sais,
on me demande tout le temps...
Une voix : ...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Oui. Là, je pense, je vais être obligée,
là. Y a-t-il d'autres interventions à 2013?
M. Boulet : Merci, Monsef.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Sinon, nous procédons à la mise aux voix.
Une voix : ...
M. Boulet : Monsef, il me...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Nous
commençons la mise aux voix, M. le ministre.
M. Boulet : ...il me permet d'éviter
des...
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
beau? Ça vous a fait du bien? On y va. Mise aux voix, s'il vous plaît, de
l'article 213. Merci.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'article 213 est
adopté. Nous poursuivons avec l'article 227, M. le ministre. C'est
bien ça?
M. Boulet : Oui, merci. C'est le
dernier de concordance dans cette série-là. C'est : L'article 221 de
cette loi est modifié par le remplacement de «du représentant à la prévention,
des inspecteurs» par «du coordonnateur en santé et en sécurité, du représentant
en santé et en sécurité».
Explications. C'est une modification de
concordance en lien avec l'ajout, sur les chantiers, du coordonnateur et du représentant.
Et donc... Et on a discuté de leurs rôles, de leurs fonctions, puis c'est de la
concordance, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'article 227.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le
Secrétaire : M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Abstention. Donc, l'article 227 est adopté. Nous
poursuivons cette fois-ci avec une nouvelle section. C'est bien ça, M. le
ministre?
M. Boulet :
Oui. Et avec votre...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oui?
M.
Boulet : Oui. Avec votre
permission, on prendrait une petite suspension. Mais oui, c'est une nouvelle
section.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : D'accord. Alors... Et je la nommerai tantôt.
Donc, nous allons
suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à
14 h 27)
(Reprise à 14 h 31)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, nous commençons une nouvelle section, mais nous
sommes toujours dans le bloc Prévention, 5.1, Mécanismes de prévention; 5.1.2,
Application sur les chantiers de construction, section D, Représentants en
santé et en sécurité.
Nous débutons avec
l'article 222. M. le ministre.
M.
Boulet : Oui. Petite
remarque préliminaire, si vous me permettez. Là, on part d'un état de droit où
il n'y avait absolument rien, ni dans la loi ni dans le code. Il n'y
avait aucun représentant des travailleurs, donc, et c'est important de le
souligner, là, pour les collègues, il n'y avait pas de consensus au Comité
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Vous comprenez pourquoi il n'y
avait pas de consensus. Malgré le consensus, on est allés au-delà du consensus,
et je suis assez fier de présenter cette nouvelle section là, là, c'est des
représentants en santé et en sécurité du travail. On a entendu le secteur de la
construction.
222, donc :
L'article 209 de cette loi est remplacé par le suivant :
«Lorsqu'il est prévu
que les activités sur un chantier de construction occuperont simultanément au
moins 10 travailleurs de la construction à un moment des travaux, au moins
un représentant en santé et en sécurité doit être désigné, dès le début des travaux, à la majorité des travailleurs de la
construction présents sur le chantier de construction.
«À défaut,
l'association représentative ayant le plus de travailleurs de la construction
affiliés présents sur le chantier de construction désigne le représentant en
santé et en sécurité.»
Explication. Donc,
comme je viens de le dire, ça consacre le nouveau mécanisme de participation
des travailleurs, qui est obligatoire sur un chantier de construction. En
effet, un représentant en santé et en sécurité doit obligatoirement être
désigné lorsqu'il est prévu que les activités sur un chantier occuperont
simultanément au moins 10 travailleurs à un moment des travaux.
Et l'article prévoit
les modalités de désignation de ce représentant. Puisqu'il s'agit d'un
mécanisme de participation des travailleurs, la désignation se fait entre les travailleurs.
Cependant, si les travailleurs présents sur le chantier ne s'entendent pas sur
la désignation du représentant, l'association représentative ayant le plus de
travailleurs affiliés présents sur le chantier le désignera.
Alors, voilà, c'est
la création d'un nouveau mécanisme de participation et mode de désignation de
ce ou ces représentants en santé et en sécurité. C'est complet, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article 222?
Oui, député... On va commencer par le député de Nelligan qui a levé la
main en premier.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. C'est quoi, le raisonnement derrière l'ajout de cette
section, l'ajout de représentants? En quoi c'est nouveau et en quoi ça va
changer la donne sur les chantiers de construction? Et, si ça a été une demande
du milieu... ou bien c'est une demande de la CNESST, des constatations de la
CNESST? Et, si c'est oui, bien, est-ce qu'on peut les avoir, ces constats?
M. Boulet :
Bon, c'est une participation des travailleurs qui s'impose sur un chantier de
construction. On répète souvent que c'est un environnement de travail à risque
élevé. C'est là qu'il y a le plus de décès, à peu près le tiers des décès
surviennent dans les chantiers de construction. C'est extrêmement important que
les travailleurs soient représentés, et c'est une façon de permettre la participation.
Quand on a dit, dès le départ, qu'on voulait
s'assurer qu'il y ait des mécanismes de prévention partout et des mécanismes de
participation des travailleurs partout, ça implique aussi le secteur de la
construction. Et moi, je me souviens qu'ultimement, bon, il
n'y a pas eu de consensus au comité consultatif, mais les employeurs savaient
qu'on allait dans cette direction-là et que je devais faire l'arbitrage dans la
mesure où il n'y avait pas un consensus.
Et donc c'est essentiellement, fondamentalement,
permettre la participation des travailleurs, qui sont les premiers concernés
par l'identification des risques inhérents à l'exécution de leur prestation de
travail. C'est les premières personnes, puis je pense que, dans tous les
milieux de travail, quand on réfère, puis ça, c'est un principe
fondamental, à la prise en charge par les parties des risques de leur
milieu de travail, la prise en charge par les parties, bien, il n'y a pas que
les employeurs, il y a aussi les travailleurs puis, dans le secteur de la
construction, il y a les associations représentatives. Donc, c'est
essentiellement dans cette perspective-là, et ultimement pour réduire le nombre
et la gravité des accidents de travail dans le secteur de la construction.
Donc, c'est du droit nouveau, mais qui s'impose pour permettre la participation
des travailleurs.
M. Derraji : Oui, merci pour les
clarifications, mais vous avez dit que vous êtes obligé de faire l'arbitrage.
Donc, déjà, ça ne passe pas au niveau des employeurs, ça risque de... Qui vous
dit qu'au niveau des travailleurs c'est la chose à faire, ils veulent de ces
représentants? Pourquoi vous dites aujourd'hui qu'il n'y avait pas de consensus
au niveau du comité?
M. Boulet : Sur plein d'affaires, il
n'y a pas de consensus. C'est sûr que les syndicats, au comité consultatif,
veulent... Vous le savez, on a parlé du 8 millions versus le 24 puis le
12 millions, c'est très polarisé, parfois, en santé et sécurité. Puis l'objectif,
il a été dénoncé au départ, c'est que les mécanismes de participation des
travailleurs s'appliquent partout. Et je
suis... tu sais, moi, je pense que, sans participation des travailleurs, on
n'atteint pas nos objectifs de réduire, on n'atteint même pas nos objectifs
de bien faire de la prévention. Je pense que c'est un incontournable.
Puis j'ai plaidé assez souvent, collègue de
Nelligan, le respect du droit de gestion des employeurs. On a plaidé le retour
au travail précipité accompagné du processus de réadaptation pour éviter la
chronicisation des lésions. On a maintenu des articles en matière de partage
des coûts. Parfois, on fait des consensus ici, entre nous, entre
parlementaires, mais le mécanisme de participation des travailleurs, moi, pour
moi, c'était essentiel que ce soit présent là.
M.
Derraji : Sur le fond, je
suis d'accord que la participation des travailleurs va améliorer la sécurité
sur les chantiers.
M. Boulet : C'est juste ça, oui.
M. Derraji : Ça, là, je ne pense
même pas qu'il est question de dire qu'il y a quelqu'un qui n'est pas d'accord
qui siège sur cette commission. Là, maintenant, c'est les moyens qu'on utilise
pour y arriver, et c'est sur ces moyens où on doit faire attention pour ne pas
rendre la tâche beaucoup plus complexe. Et, vous savez, quand je dis
«complexe», c'est par rapport à quoi exactement, là? Vous ouvrez la porte à
d'autres considérations, là, et je vois l'interprétation que c'est en fonction
de la représentativité syndicale au niveau des chantiers. Est-ce que vous
n'ouvrez pas la porte à d'autres contestations par rapport aux nominations du
RSS?
M. Boulet : Non. Bien, un...
• (14 h 40) •
M. Derraji : C'est des questions...
bien, je veux juste terminer, c'est des questions qui sont soulevées par les
groupes. Parce qu'aujourd'hui vous dites : C'est du droit nouveau. C'est
nouveau aussi pour moi, mais la question est soulevée. Il y a des groupes qui
nous disent : Écoutez, est-ce que la nomination d'un RSS sur les chantiers
doit être uniquement déterminée par la représentativité syndicale sur les
chantiers? Est-ce qu'on s'y prend de la bonne manière pour parler de la
sécurité ou on ouvre la porte à d'autres considérations que ni vous ni moi, on
ne les contrôle aujourd'hui?
M. Boulet : Bon, il y a deux choses.
Un, il y a la création du représentant des travailleurs, donc la création d'un
mécanisme de participation. Je pense que, là-dessus, notre lit est clairement
fait.
Quant au mode de désignation, comme c'est un
représentant des travailleurs, il faut que ce soit déterminé entre eux. Puis,
comme il y a plusieurs types de métiers, comme il y a plusieurs travailleurs
sur des chantiers plus complexes où il peut y avoir plusieurs associations
représentatives, bon, on dit : C'est les travailleurs qui désignent, ça
leur appartient, c'est leur représentant. S'il n'y a pas possibilité de
s'entendre à la majorité des travailleurs, je pense que c'est
superdémocratique, bien là, à ce moment-là, ce sera l'association
représentative, celle qui a le plus de travailleurs affiliés présents sur le
chantier qui va désigner le représentant en santé et sécurité.
Nous, on a trouvé, après discussions, après
consultations... c'est sûr que ça ne fera pas unanimité, mais est-ce qu'il y a un mode de désignation plus simple, plus
efficace? Moi, ce qui est important, c'est que le mécanisme soit là, là.
M. Derraji : Mais j'essaie juste de
comprendre le raisonnement, hein, désolé, parce que cette question, c'est la
question qui risque soit, selon moi, mon interprétation, de nuire davantage à
la relation qu'on espère avoir de collaboration entre l'employeur et les
travailleurs... Dans ce modus operandi au niveau de la prévention, l'employeur,
il est où? L'employeur, il subit. Donc, les travailleurs, entre eux, vont
désigner un représentant.
D'ailleurs, je vous
pose la question : C'est quoi, la différence entre... Est-ce qu'il n'y
aura pas de confusion entre les rôles du délégué syndical et le représentant
RSS? Il faut clarifier cela. Et moi, je pense qu'il faut aller plus loin et le clarifier parce qu'on ne veut pas tomber que,
dans une guerre de pouvoir au niveau du chantier... où on va avoir une
confusion au niveau des rôles entre le délégué syndical, qui joue très bien son
rôle, je ne le... mon intervention ne vise pas ça, mais je ne veux juste pas
qu'avec le droit nouveau que nous sommes en train de créer ensemble, au bout de
la ligne, on laisse des fenêtres à des interprétations inutiles. Donc, le RSS, est-ce
qu'il doit provenir du chantier ou quelqu'un de l'extérieur, donc, qui ne fait
pas partie du chantier? Et c'est quoi, le mot... est-ce que le maître d'oeuvre
a un mot à dire sur le représentant RSS?
M. Boulet :
Bien, la réponse, c'est non. C'est un représentant des travailleurs, et il ne
faut pas mélanger les pommes et les tomates, là. Un délégué syndical, son rôle,
c'est de voir à l'application de la convention collective, à présenter des réclamations des travailleurs en cas
de violation de la convention collective, ou de mauvaise interprétation,
ou de mauvaise application, selon la prétention syndicale.
Ici, c'est un
représentant qui ne fait que de la santé-sécurité. Et, à l'article suivant,
comme on l'a fait depuis le début, là, avec les mécanismes de participation, on
a toutes les fonctions du représentant en santé-sécurité. Donc, c'est comme une
description de fonctions, là, dans toute entreprise. Maintenant, c'est inscrit
dans la loi. Et malheureusement, puis... ou heureusement, là, mais, tu sais, le
maître d'oeuvre, il nomme... le maître d'oeuvre, il nomme un coordonnateur en
santé-sécurité, puis les travailleurs, ils nomment un représentant en
santé-sécurité, qui vont siéger sur le comité de chantier.
Ça fait que moi, je
trouve que les blocs sont assez clairs, les risques de confusion sont minces,
mais ça prend, au comité de chantier, un représentant des travailleurs, et
c'est ce que nous adoptons avec l'article 222. Quant au mode de
désignation, s'il y a des propositions, moi, je suis prêt à les entendre, là.
Je trouvais que c'est un rôle qui doit être
assumé pour le bénéfice des travailleurs, pour le bénéfice d'une saine analyse
et identification des risques en milieu de travail. Puis moi... ceci dit, là, avec respect, le délégué syndical
a un rôle puis, le représentant en santé-sécurité, un autre.
M. Derraji :
Oui, je veux juste revenir à ça, et je ne parle pas des pommes, ni des pommes
de terre, ni des oranges. Ma question était très simple, et je vous ai posé une
question parce que ça a été soulevé avec les personnes avec qui on parle tous.
Et la question soulevée : Veillons à ce qu'il n'y a pas de confusion entre
les rôles du délégué syndical et le RSS.
M. Boulet :
Vous avez raison.
M. Derraji :
Bien, moi, là, je ne vous dis pas que je mélange le rôle du délégué syndical et
le RSS. Je le dis d'emblée, je comprends le rôle du délégué syndical. Là, maintenant,
on est en train de ramener un nouveau rôle sur le chantier joué par un représentant
des travailleurs. Soyons clairs et clarifions les choses parce que c'est du
droit nouveau qu'on doit mettre en perspective et qu'on doit expliquer pour
éviter toute autre interprétation du rôle de ce représentant. Ce n'est pas un
délégué syndical, c'est un rôle de RSS.
Est-ce que... D'une
manière plus pédagogique, est-ce qu'on peut s'attendre à avoir à la fois un
deux pour un, un représentant ou un délégué syndical, et il joue aussi le rôle
du RSS? C'est ça que je vous dis, là.
M. Boulet :
Je comprends. Non, puis je comprends très bien, puis je suis d'accord avec...
M. Derraji :
C'est du droit nouveau, attendez-vous à avoir tout genre de questions, parce
qu'on ne veut surtout pas que... quand le législateur va passer, va voter ces
articles, s'assurer de l'applicabilité sur le terrain pour éviter que... vous
l'avez très bien dit, aller à l'arbitrage, droit de gestion, vous l'avez
mentionné, de l'employeur.
Donc, le fait de se
poser ce genre de question aujourd'hui risque de clarifier la situation, ce qu'on
veut. Parce qu'au bout de la ligne vous ne voulez pas parler au délégué
syndical, vous voulez parler de la sécurité sur le chantier de travail, et
c'est ça qu'on doit clarifier aujourd'hui.
M. Boulet :
O.K. Puis c'est un excellent point, puis je suis d'accord avec vos propos du
début à la fin. Puis c'est pour ça qu'à l'article suivant on va bien définir
les fonctions du représentant en santé et sécurité. Puis, collègue, je veux juste rappeler que, là où il y a un
coordonnateur, donc ce qu'on a adopté ce matin, 12 millions ou 100, il va y
avoir un représentant en santé et sécurité à temps plein. Ça fait qu'il n'y
aura pas... ça va être assez clair, là, pour les 12 ou 100, c'est un représentant en santé et sécurité à temps plein, en plus
du coordonnateur. Et, pour en bas de 12, 100, bien là, il y a un
représentant en santé et sécurité à temps partiel, pour les
10 travailleurs et plus, pour les 10 travailleurs et plus. Puis, je
le répète, il n'y avait absolument rien avant. Et là, plus tard, on va adopter
les heures de libération de ce représentant-là à temps partiel en fonction du
nombre de travailleurs.
Je pense qu'au début
de notre réforme, dans le secteur de la construction, on avait tout à placer
les morceaux, les blocs. Je pense que tous les blocs, ils commencent à être pas
mal en place, mais oui, collègue, vous avez raison de le souligner. Mais, pour
les 12 et plus, délégué syndical, représentant, aucun risque de... mais dans
les... là où il y a des représentants en santé et sécurité à temps partiel, ça
va être aux travailleurs, là, de le déterminer, là.
Est-ce que... Ça
soulève une question intéressante : Est-ce que quelqu'un pourrait être à
la fois délégué syndical et représentant en santé et sécurité à temps partiel?
M. Derraji :
Voilà. Ça risque.
M. Boulet : Il
pourrait, bien oui. Si les travailleurs, je ne sais pas, tu sais, c'est
10 travailleurs et plus, il y a 22 travailleurs, il y a un délégué
syndical, puis il est super apprécié, il fait un excellent travail, puis on est
entre 10 et 24, c'est une heure par jour, puis que les travailleurs... Moi, je
respecterais ça, là, je respecterais ça totalement, puis je vois le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
exprimer un accord. Non, non, mais ça peut. Moi, je n'ai pas
l'intention... collègue de Nelligan, j'ai souvent dit : Je ne m'immiscerai
pas dans les droits de gestion de l'employeur puis je ne m'immiscerai pas non
plus dans la démocratie syndicale.
M. Derraji : C'est ce que vous êtes
en train de faire aujourd'hui, là. Avec un ajout d'un nouveau droit, vous êtes
en train d'établir les règles du jeu. Vous êtes un avocat, vous savez ce que
vous êtes en train de faire, M. le ministre. Ça, c'est le droit nouveau. Vous
êtes en train de donner des règles sur les chantiers. C'est une façon de réglementer.
Ce n'est pas vrai que vous ne faites rien, là.
Premièrement, vous n'allez pas aller choisir le
délégué, ça, c'est vrai. Il n'y a personne autour de la table qui va le faire,
mais, avec le droit nouveau, c'est ce que vous êtes en train de faire, c'est
réglementer des relations de sécurité sur les chantiers et des relations entre
les travailleurs et l'employeur. Je ne dis pas que c'est mauvais, je ne dis pas
ça, je dis : Au contraire, c'est une nouvelle façon de voir la
collaboration sur les chantiers pour le bénéfice du travailleur et diminuer les
risques.
Ce que je vous soulève, ce que je vous dis, ce
que je vous sensibilise maintenant, c'est que... évitons des situations où le
but que nous sommes en train d'avoir aujourd'hui risque de virer... Je ne dis
pas qu'un représentant, un délégué syndical ne va pas jouer son rôle en tant
que représentant de santé-sécurité sur le chantier. Au contraire, je dis :
Évitons des situations de conflit d'intérêts, de mauvaise interprétation, où,
au lieu de jouer son rôle de santé-sécurité, bien, on ne va plus savoir :
est-ce que c'est l'heure du délégué syndical ou l'heure de sécurité-santé au
travail? Je ne veux aucune concession sur la sécurité sur les chantiers, c'est
très clair, il y a du travail syndical, c'est très clair, mais je ne suis pas
convaincu que je peux jouer les deux rôles sur un chantier. Ça, c'est mon
interprétation.
• (14 h 50) •
M. Boulet : Et je comprends, je
respecte votre point de vue, et j'apprécie énormément que ce point de vue là
soit exprimé dans notre commission parlementaire, puis je vous salue pour
l'exprimer de la manière dont vous le faites. C'est très clair, ce que vous
dites, et je partage beaucoup le mérite de ce que vous mentionnez. Puis on
va... je pense que ça fait un message d'appel à la prudence dans la mise en
place d'un nouveau mécanisme de participation des travailleurs, puis c'est
extrêmement bien dit. Puis ceux qui nous écoutent...
M. Derraji : L'objectif, il est
louable. Faisons attention avec ce droit nouveau, mais je lève mes drapeaux, il
y aura des interprétations. Vous connaissez des gens sur le terrain, comme nous
tous, on a des relations sur le terrain. Je vous le dis, je vous sensibilise,
c'est du droit nouveau misant le maximum sur la sécurité et non pas sur autre
chose. Donc, c'est ce que j'essaie de dire.
M. Boulet : Très bien dit. Merci
beaucoup, collègue.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres
interventions? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je ne sais pas si c'est
très... si c'est inorthodoxe, mais j'aimerais poser des questions à mon
collègue de Nelligan.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Boulet : Est-ce que nous, on peut
suspendre 20 minutes?
M. Derraji : ...à mon avis, c'est de
travailler ensemble...
M. Leduc : Tout à fait, tout à fait.
Bien, des questions, c'est pour tout le monde, puis le ministre, bien sûr,
pourra sauter dans la mêlée, mais je suis sensible, étant moi-même un ancien
syndicaliste, à ce que vous soulevez, M. le député de Nelligan.
Puis j'essaie de comprendre, concrètement,
avez-vous des idées ou des exemples de situations où il serait particulièrement
problématique d'avoir une même personne qui est à la fois un délégué syndical
et à la fois un représentant en santé et sécurité, sachant que, et c'est
particulier à l'industrie de la construction, sauf erreur, M. le ministre, vous me corrigerez, 100 % des gens
qui sont dans l'industrie de la construction sont membres d'une
association? C'est un genre de prérequis, pour travailler dans l'industrie de
la construction, de devenir membre d'une association.
Ça fait qu'il n'y a pas un... Contrairement à un
endroit non syndiqué où il y a cohabitation, dans un même établissement,
potentiellement, de non-syndiqués et de syndiqués, en construction, c'est pas
mal tout du monde syndiqué, là. Peut-être qu'il y a des exceptions, mais ma
compréhension, c'est que c'est 100 % syndiqué. Alors, quel moment il y aurait
une contradiction? Dans quel... Qu'est-ce qui pose problème, concrètement?
M. Derraji : Je vais me permettre...
M. Boulet : C'est le fun, une
commission, hein, collègue? On va-tu prendre...
M. Derraji :
Du moment que j'ai annoncé un syndicaliste avec moi... probablement, il a plus
d'expérience que moi... moi, c'est que je ne le suis pas. Mais je comprends la
logique derrière, la plupart sont des personnes syndiquées, et je respecte le
rôle du délégué syndical, ce n'est pas le sujet de ma discussion.
La question que je soulève, c'est que, dans la
tête des travailleurs, moi, j'aimerais bien m'identifier à quelqu'un sur le
chantier qui s'attache... numéro un, c'est la sécurité sur le chantier.
Donc, il y a un réflexe... Le ministre parle, tout à l'heure, d'un droit
nouveau qui veut ramener... c'est des représentants de santé et sécurité sur le
chantier, mais évitons des situations de conflits d'intérêts, où la relation
que je développe avec mon représentant syndical — vous connaissez, vous êtes
plus expert que moi dans ce domaine, le délégué syndical — ce
n'est pas la même chose que je vais développer avec mon représentant santé et
sécurité sur le chantier. C'est deux choses. Tant mieux si la personne veut faire
les deux, mais c'est... pour moi, mon interprétation, en fonction de ce que je
vois dans l'introduction de ce nouveau droit, c'est deux choses complètement différentes.
Mon représentant, mon délégué syndical a des rôles, a des responsabilités, joue
son rôle, et mon représentant santé et sécurité joue son rôle, il va jouer son
rôle de santé et sécurité sur le chantier. Je ne vois pas comment les deux
peuvent être mariés dans la même... ou jumelés... mariés, jumelés pour la même
personne.
M. Leduc : Mais, dans beaucoup
d'établissements, en fait, un délégué peut être délégué à plusieurs niveaux. Il
peut écrire des griefs, il peut être celui qui prépare les procès-verbaux, il
peut être celui qui est en lien puis qui va au congrès de son association, il
peut être celui qui prépare aussi les tournées de santé et sécurité. Et c'est
assez fréquent qu'une même personne puisse bouger d'un rôle à l'autre ou
cumuler l'ensemble de ces rôles-là. D'ailleurs, les centrales syndicales ont
des formations sur tous les pans du travail de délégué syndical, incluant celui
de la santé et sécurité.
Donc, l'idée de peut-être... puis je ne veux pas
vous mettre des mots dans la bouche, mais de compartimenter le volet de
santé-sécurité du reste de la réalité syndicale m'apparaît un peu... bien, en
tout cas, pas collé à la réalité de défense des travailleurs, en particulier
dans un endroit qui est 100 % syndiqué. Je pense que votre critique serait
peut-être plus pertinente dans un endroit où il n'y avait pas nécessairement un
syndicat ou un mélange de syndiqués et de
non-syndiqués, mais là c'est 100 % syndiqué, peut-être entre différentes
associations, probablement entre différentes associations, considérant
que la... il y a quoi, cinq ou six syndicats dans la construction, mais, au
final, tout le monde est membre d'un syndicat.
M.
Derraji : Oui, je ne veux
pas que, vraiment, le débat soit sur le rôle, mais c'est juste sur le conflit
d'intérêts qui risque... encore une fois, je ne cible pas ni la compétence, ni
le rôle du délégué syndical, ni, et vous l'avez très bien mentionné, le cumul
des fonctions. Bon, si on applique la même logique, bien, le travailleur ou le
maître d'oeuvre peut aussi jouer le rôle et nommer un représentant sur le
chantier, mais on ne veut pas qu'il dédouble ce qu'il fait. Il nomme déjà un
coordonnateur, mais il ne peut pas nommer un représentant du travailleur. Bien,
c'est la même chose au niveau du travailleur, un représentant du travailleur
qui est délégué syndical. Il joue son rôle, mais, au bout de la ligne, on ne
veut pas la même logique appliquée, la même logique de cumul de fonctions par
rapport à la santé et sécurité, parce que le but ultime, c'est améliorer la
santé et sécurité sur les chantiers.
En tout cas, écoutez, le but, ce n'est pas dire
que j'ai raison, tu as raison. Moi, je pense que le but, c'est que... évitons
de se ramasser avec des conflits inutiles, qu'au bout de la ligne c'est la
sécurité et santé qui sera affectée, hein? Écoutez, le constat, il est clair,
le nombre de décès, le nombre de blessures sur les chantiers est énorme. Nous
sommes tous interpelés. Si le collègue est tant convaincu du cumul, je n'ai
aucun problème. Écoutez, c'est du droit nouveau, on va le voir. Le cumul ne
donne aucun problème. Au contraire, on a des gens qui peuvent jouer à la fois
le rôle du délégué syndical et à la fois le représentant en santé et sécurité.
On va l'essayer.
Mais, je vous le dis aujourd'hui et je ne peux
pas ne pas le faire à caméra ouverte ou devant tout le monde, notre but, depuis
le début dans ce projet de loi, c'est la sécurité, la santé, améliorer la
prévention. Si, sur les chantiers de construction où on a un énorme problème,
réel, par rapport à la santé-sécurité, ça passe par des représentants, des
travailleurs qui vont travailler sur ces comités, bien, tant mieux, mais, je
vous le dis, évitons juste des situations... ou le sous-entendu que le message
qu'on va envoyer à l'employeur ou à travers les personnes qui sont impliquées
dans nos chantiers soit... laisse, entre les lignes, un sentiment de conflit d'intérêts.
Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Boulet : ...excusez-moi, là, mais
une grande barrière de protection, c'est l'article qu'on a déjà adopté, où il y
aura un rapport de mise en application, au bout de cinq ans, de cette
vaste réforme là, puis ça va nous permettre de corriger les tirs là où on
n'aura pas atteint totalement nos objectifs. Mais ceci dit, moi, je le répète,
je comprends très bien ce que le collègue de Nelligan mentionne et de même que
le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. Excusez de vous avoir... je sais que vous
vouliez reparler, là.
M. Derraji : ...probablement, ce
qu'il a vécu, c'est ce que nous sommes en train de lui expliquer et...
M. Boulet : Ça ressemble pas mal à
ça. Ça ressemble pas mal à... Vous ressemblez pas mal à ce qui se disait au
Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, puis je vous laisse
deviner qui est qui.
• (15 heures) •
4dv Des
voix : ...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, y a-t-il d'autres interventions.
Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
...mots pour peut-être terminer sur cet échange-là fort original, je dirais.
Vraiment, je pense, le conflit d'intérêts, c'est correct de poser la question.
Moi, il me semble évident qu'on aurait voulu, par exemple, qu'un cadre... et ça avait été souligné, le plus
étonnamment du monde, par la FCEI, en audience, qu'on voudrait qu'un
cadre occupe les fonctions de représentant de santé-sécurité.
Là,
il y a... c'est évident qu'il y a un conflit d'intérêts. Le cadre, l'employeur,
lui, il ne veut pas nécessairement que ça coûte trop cher, il ne veut
pas nécessairement qu'il y ait des cotisations plus à payer à la CNESST. Ça ne
veut pas dire qu'il est mal intentionné, ce n'est pas là du tout le débat,
c'est que son intérêt n'est pas le même que celui du travailleur. Tandis qu'un
syndicat, qui a l'objectif de défendre les travailleurs, le représentant de
santé-sécurité qui veut aussi défendre les travailleurs... Je cherche et je
n'ai pas trouvé une situation particulière où on verrait un conflit d'intérêts
entre ces deux rôles-là. Moi, au contraire, je les trouve particulièrement bien
imbriqués l'un et l'autre, et c'est pour ça d'ailleurs, à ma connaissance, puis,
encore une fois, M. le ministre, vous me corrigerez si j'ai mal compris, c'est déjà ça qui se passe dans les
grands chantiers. C'est déjà cette façon-là de fonctionner, où les
syndicats ont des personnes qui s'occupent de santé et sécurité. Je ne sais pas
exactement le titre, là, est-ce que c'est des RSS, des RP ou autre, mais c'est déjà
comme ça qu'on fonctionne. Et vous reprenez un peu ce modèle-là, et vous
l'appliquez pour les plus petits chantiers, avec la nuance... puis là, ça va peut-être
faire le pont avec mes questions à votre sujet, M. le ministre, avec le flou entourant le rôle des associations
accréditées dans votre texte. Ils ne sont pas nommément précisés, vous laissez ça... bien, c'est-à-dire, à
défaut, l'association représentative... travailleurs. Mais pourquoi on
passe par là? Pourquoi ce n'est pas eux qui
nomment directement, comme c'est le cas dans la pratique actuelle dans les
grands chantiers?
Parce que la crainte
que j'ai, pour compléter ma question, c'est qu'on active, en quelque sorte, une
petite guerre intersyndicale, si on procède par une espèce d'élection grand
public. En quelque sorte, on n'est pas... Vous savez à quel point les maraudages,
dans la construction, c'est quelque chose d'impressionnant, là. Est-ce qu'on
n'est pas en train de reproduire ça à plus
petite échelle, à l'échelle d'un chantier, s'il faut qu'il y ait un vote,
nécessairement? Est-ce que le fait qu'il y
ait des gens qui sont déjà membres d'une association ne constitue pas en soi le
vote le plus important?
M. Boulet :
Bien, écoutez, il n'y a pas de mode de désignation parfait. Comme le
représentant en est un des travailleurs, pour siéger au comité de chantier, notamment,
puis pour faire des fonctions qu'on va voir à l'article qui suit, on voulait
s'assurer qu'il soit le véritable ambassadeur de ces travailleurs-là. Puis la
majorité des travailleurs, c'est une façon simple de calculer, parce qu'il y a
quand même une certaine mobilité de main-d'oeuvre puis il y a un remplacement
d'une association par une autre, là, dépendamment de l'évolution des travaux,
parce que ça change, hein, sur un chantier de construction, ça peut être une
association a qui est remplacée par une b.
Donc, je pense
qu'ultimement il faut faire confiance. Moi, je crois à cette démocratie-là, là,
des travailleurs qui s'expriment. Puis à défaut, l'association représentative
qui a le plus de travailleurs affiliés présents sur le chantier, puis là on se
place toujours dès le début des travaux, là, on se place au moment du début des
travaux, donc, c'est elle qui désignera le représentant en santé et en sécurité
puis...
M. Leduc :
Qu'est-ce que vous voulez dire, «à défaut»?
M. Boulet :
Bien, à défaut de désignation par la majorité des travailleurs présents sur le
chantier au début, dès le début des travaux.
M. Leduc :
Si ça n'a pas été fait? Si ça a été mal fait?
M. Boulet :
C'est une façon alternative. Si ce n'est pas fait ou si ça ne donne pas le
résultat anticipé, bien, l'alternative, c'est que l'association
représentative... la plus représentative désigne.
M. Leduc :
Qu'est-ce que ça veut dire, ça : si ça ne donne pas le résultat anticipé?
M. Boulet :
Bien, s'il n'y a pas... si les travailleurs ne s'entendent pas ou ne
réussissent pas à organiser la façon de s'exprimer, bien, à ce moment-là, c'est
l'association représentative qui va le faire. C'est les cas que je voyais, là, qu'on
voit.
M. Leduc :
Vous vous magasinez beaucoup de trouble, non, avec ça? C'est quand même assez
flou, là. Il faut qu'il se passe un genre de vote au début...
M. Boulet :
Bien, la majorité... Je pense la façon la plus simple d'élire un représentant,
comme on le fait en politique, comme on le fait dans bien des systèmes, puis
c'est la démocratie de base... je n'oserais pas dire uninominal à un tour, là,
mais c'est les travailleurs qui décident entre eux, puis ils se donnent, ils se
désignent un représentant. Puis ça se fait...
M. Leduc :
On serait dû pour une réforme du mode de scrutin, vous ne pensez pas, M. le
ministre?
M. Boulet :
Ça se fait... Vous le savez, quand il y a une requête en accréditation
syndicale, tu sais, il y a une façon de
computer les votes, là, 50 % et
plus. Puis, entre 35 % et 50 %, on fait un vote, puis donc, à chaque
fois, il y a un vote qui se tient, puis ça donne
généralement des bons résultats, entre 35 % et 50 %. Souvent, ça
excède le 50 %, puis l'accréditation est émise, mais c'est les
travailleurs qui décident. C'est surtout ça qui est important, puis la
majorité, bien, c'est 50 % plus un. Il me semble... En tout cas, on a
voulu ça le plus simple possible.
M. Leduc :
Je comprends votre intention, mais je doute fortement que vous arriviez au
résultat recherché. Au contraire, je trouve que vous générez des situations
potentiellement conflictuelles, intersyndicales. Ce n'est pas clair, comment ça
vote, exactement quand, qui fait le vote. C'est-tu l'employeur qui organise le
vote? C'est-tu la CNESST qui organise le vote? C'est un peu flou, ça aussi, là.
C'est-tu le DGE qui organise le vote? Bien, la question se pose, là. On est
dans le flou ici.
M. Boulet :
Il y a un autre cas auquel on pense, c'est s'il y a trois travailleurs qui se
présentent. Mais, tu sais, encore là, il y en a un des trois qui peut être élu
à la majorité puis, dans ce moment-là... mais il pourrait y avoir une impasse,
tu sais, s'il y en a trois puis il n'y a pas de vote, ou s'il n'y a pas... Mais
c'est les travailleurs qui vont s'assurer de s'exprimer puis qui vont désigner
un représentant entre eux. On n'est pas embarqué dans une mécanique... Il y en
a, des mécaniques de désignation, là, des travailleurs, mais on n'impose pas la
façon de le désigner. L'important, c'est qu'il soit désigné à la majorité des
travailleurs, là.
Puis ce n'est pas...
C'est un représentant en santé et sécurité. Je ne veux pas faire d'analogie,
là, mais ce n'est pas un vote qui est si complexe que ça, là. Il y a 22 travailleurs,
puis les 22 travailleurs se réunissent, puis ils décident : On veut que
ce soit toi, ou il y en a un qui dit : Moi, je veux, puis la majorité des travailleurs...
En fait, on ne se magasine pas des difficultés. Il faut garder ça simple, puis
la meilleure façon de garder ça simple, c'est de dire : Bon,
exprimez-vous, tu sais. Puis on parle des chantiers de 10 et plus. Les grands
chantiers sont tous organisés, puis ils en ont déjà, vous avez totalement
raison. Puis on s'inspire de cette mécanique-là. Les plus petits chantiers, là,
je le répète, là, qu'on soit 18 ou 29, c'est
assez aisé de réunir les gens, puis ils sont convoqués, puis ils désignent
entre eux.
M. Leduc :
Puis ils votent quand, mettons? Parce qu'ils vont-tu se faire libérer une heure
de leur journée pour aller voter? Ils vont-tu être là tous en même temps? Ça
va-tu être un vote différé? Il va-tu y avoir un vote par la poste, un vote...
M. Boulet :
Bien là, ça, là, c'est deux philosophies.
M. Leduc :
Vote par anticipation?
M. Boulet :
Moi, je dis : Gardons ça simple, puis là, vous, vous essayez de
complexifier ça. Gardons ça simple. On
dit : Dès le début des travaux, les travailleurs, ils vont se réunir puis
ils veulent en avoir un, un représentant, puis la loi l'impose. Ils
veulent avoir quelqu'un qui va siéger au comité de chantier.
C'est sûr qu'on est
dans un environnement purement humain. On va mettre les mécanismes en place
pour assurer la santé-sécurité des travailleurs, puis ça va se faire. Moi, j'ai
confiance à l'harmonie qui va régner dans la désignation d'un travailleur, puis
ce n'est que dans de rares cas où il n'y aura pas possibilité, où ça ne se fera
pas, par exemple. Si ça ne se fait pas, bien, l'association représentative va
le désigner, tu sais. Il y a plein de situations, toutes les situations
complexes que vous pouvez imaginer. On rentre dans... à défaut, par la majorité
des travailleurs, de désigner une personne, c'est l'association représentative
qui va faire la désignation. Je pense que c'est assez simple.
M. Leduc :
Dans un délai de...
M. Boulet :
Bien, c'est dès le début des travaux, parce que la santé-sécurité...
M. Leduc :
Oui, mais, à défaut, là, vous ouvrez, à défaut, à défaut... Puis c'est quand
que ça commence, ça, le «à défaut»? Un mois, deux mois, trois mois après le
chantier?
M. Boulet :
Bien, écoutez, encore une fois, il faut que ça se fasse dès qu'on commence à
travailler. Ça fait que c'est sûr que, dans les jours qui vont suivre... Puis
on n'a pas dit : Si vous ne le nommez pas dans les deux jours ou dans les
cinq jours... Est-ce que ça pourrait être à défaut de nomination dans un délai
de tant de jours? Moi, je n'ai pas trop de...
Tu sais, il y a deux volets. La création, je pense que ça
va, du représentant en santé et
sécurité. La façon de le désigner, moi, je ne suis pas fermé à ce que
vous m'aidiez à bonifier la façon dont c'est désigné, là. On est allé le plus
simplement possible, en s'assurant que la volonté des travailleurs soit
respectée, de la majorité des travailleurs.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Député d'Hochelaga-Maisonneuve, il y a aussi le député de
Jonquière qui a levé sa main. Est-ce que...
M. Leduc :
Je poserais peut-être une dernière question avant, si vous me permettez.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : D'accord.
• (15 h 10) •
M. Leduc : Merci. Qu'est-ce qui
arrive... Je vois 50 000 autres problèmes, là, pour être franc, M. le
ministre. Je pense que vous avez là une fausse bonne idée, en ce sens que je
comprends votre intention de simplicité, mais elle ouvre
une panoplie de situations inimaginables de complexité, de qu'est-ce qu'on
arrive... qu'est-ce qu'on... Je pense que ce serait beaucoup plus simple que ça
soit les associations qui nomment, fin de l'histoire.
M. Boulet : Donc là, là, vous
exprimez votre idée clairement, là. C'est parce que vous souhaitez que ce ne
soient pas les travailleurs mais le syndicat qui identifie le représentant.
Est-ce que c'est...
M. Leduc : Oui, c'est ça.
M. Boulet : C'est parce que je
n'étais pas sûr.
M. Leduc : L'autre problème,
c'est : qu'est-ce qui arrive si, mettons, dans votre scénario, les
travailleurs ont voté quelqu'un, ont élu quelqu'un et que l'employeur décide de
l'envoyer à un autre chantier? Il faut qu'ils refassent une élection?
M. Boulet : Absolument. Il faut
qu'il soit remplacé. C'est sûr que dans les chantiers, comme je disais tout à
l'heure, il y a beaucoup de rotation de travailleurs pris individuellement puis
d'associations représentatives. Ça, c'est clair,
parce que les corps de métier se succèdent, les besoins évoluent rapidement ou
moins rapidement, là, dépendamment de l'envergure du chantier. Mais oui,
si le représentant en santé-sécurité n'est pas là, il faut le remplacer.
M. Leduc : Donc, si le représentant
en santé-sécurité pose deux, trois questions un petit peu trop salées à son
employeur, il pourrait se faire gentiment demander d'aller dans un autre
chantier?
M.
Boulet : Non. Non, parce que, s'il est victime de mesures de
représailles, il est protégé, puis vous le savez.
M. Leduc : Mais comment ça se
démontre, ça?
M. Boulet : Bien, une mesure de
représailles, il y a un lien de causalité, puis ça se démontre. Mais c'est sûr
que, s'il est victime d'un congédiement, une sanction, une suspension, ou une
mesure quelle qu'elle soit, ou une mesure de représailles, puis qu'il est
capable de... Mais ça, c'est sûr qu'il y a toujours une démonstration à faire.
S'il s'en va sur un autre chantier, puis c'est justifié, l'employeur va avoir
gain de cause, mais, si le décideur en vient à la conclusion qu'il y a un lien
de causalité entre le déplacement dans un autre chantier puis l'exécution de la
fonction, ça va être cassé, ça va être annulé, puis il va être réintégré ou il
va être remis dans ses bottines dans lesquelles il était dans le chantier
précédent. Mais ça, il y a une protection, là, vous le savez. On les adopte, et
ça existe dans toutes nos lois du travail au Québec. On ne peut pas...
M. Leduc : Oui, mais le mal va être
fait, par exemple.
M. Boulet : À moins qu'il exerce...
Mais ça, là-dessus, là, tu sais, les employeurs sont de bonne foi puis ils
veulent s'assurer aussi qu'on diminue les accidents de travail. Ils ont les
mêmes objectifs que nous autres. Là, vous me parlez de l'hypothèse d'un
employeur malveillant, comme il y a des travailleurs malveillants. Mais
l'employeur malveillant qui dit : Tu m'as posé deux, trois questions
que je n'aime pas, puis je t'envoie sur un autre chantier, c'est sûr que je ne
dirai pas que ça n'existera pas, mais le travailleur, il est protégé.
Puis je sais que vous me posez ces questions-là
pour me le faire redire, mais c'est important pour moi que l'exercice des
fonctions qui sont prévues dans la loi santé-sécurité puisse être fait
correctement, puis, à moins d'abus ou de
déraisonnabilité, il est protégé. Il a une espèce d'immunité qui fait en sorte
que l'employeur ne peut pas y toucher indûment. Ça, c'est clair, pour
moi, mais j'ose croire, encore une fois, je ne vis pas... on ne vit pas,
personne, dans un monde de licornes, mais la
majorité des employeurs ne se laisseront pas aller... Puis je vous dirais, oui,
il y en a qui disent, des fois :
Tel représentant, ça n'a pas de bon sens, puis il fait ci, puis il fait ça. Je
pense que la vaste majorité de ceux qui vont faire le travail de représentant en santé-sécurité vont le faire de
manière sincère et authentique. C'est mon souhait le plus profond, et je
crois à cette volonté-là des travailleurs et des employeurs de bien assumer
leurs responsabilités.
M. Leduc : Peut-être une dernière
question. Ils vont pouvoir travailler avec quelle banque de libération, ces
représentants-là?
M. Boulet : On va le voir plus loin
dans le règlement sur les mécanismes de prévention, secteur construction, puis évidemment,
pour les 12 ou 100, c'est à temps plein. Puis pour ceux qui sont à temps
partiel, donc 10 travailleurs et plus, bien là, il y a une déclinaison,
puis c'est du temps de libération quotidien.
M. Leduc : Est-ce que vous pouvez
m'indiquer c'est quel article, ça?
M. Boulet : Je ne l'ai pas ici, mais
je peux vous les dire... entre 10 et 24 travailleurs, c'est une heure
par jour... J'en ai quatre à vous mentionner. Entre 25... bien, on va l'étudier
plus loin, mais de 25 à 49, c'est trois heures par jour; de 50 à 74, c'est
quatre heures; de 75 à 99, c'est six heures; puis 100 et plus, c'est
huit heures, parce que c'est à temps plein, puis il y a un coordonnateur
même si le chantier est d'une valeur inférieure à...
Des
voix : ...
M. Boulet : C'est 48, 49, introduits
par 239.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, nous y allons avec le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Bon, on a discuté de bon nombre de questions, là, sur
l'article 209 et le nouveau rôle du représentant en santé et sécurité.
C'est bien important de comprendre que, quand on
a eu la discussion, plus tôt, sur le seuil des chantiers
de 8, 12, 16, 25 millions, le ministre nous disait
toujours : Bien, pour les plus
petits chantiers, ne soyez pas inquiets, il va y avoir le représentant en santé
et sécurité. Bon, bien, on est là, là.
Alors, si c'est la garantie de mesures de
santé-sécurité sérieuses et solides pour contrebalancer le fait qu'on passe de
8 à 12 millions, bien, encore faut-il que ce représentant en
santé et sécurité soit capable de faire son travail, encore faut-il qu'il ait
les moyens, encore faut-il qu'il soit aussi, comment je pourrais dire, bien
outillé, qu'il ait un certain ascendant, je vais dire ça comme ça, sur
l'ensemble des... sans être condescendant puis sans être en confrontation, mais
avoir un certain ascendant pour qu'il soit écouté par ses camarades de travail
sur le chantier, concernant la santé-sécurité.
Moi, je veux revenir sur un point qui a été
abordé par mon collègue un petit peu plus tôt, c'est le mode de désignation des
représentants en santé et sécurité. On le sait, comment ça marche, sur un
chantier de construction, là, puis on l'a
dit à plusieurs reprises ici. Il y a des équipes qui peuvent rouler, il y a des
quarts de travail qui peuvent rouler, le maître d'oeuvre est responsable
du chantier, on est en bas de 12 millions, le seuil qu'on a fixé, on
commence avec l'excavation, on passe ensuite
à monter les fondations, les murs, la tuyauterie, etc., et là il y a beaucoup
de roulement. Donc, il pourrait arriver des scénarios où on a un
représentant en santé-sécurité qui est dans les excavateurs, après ça, on
arrive avec un représentant en santé et... puis là il s'en va, il a fini sa
job, on change, on a un autre représentant en santé-sécurité d'un autre corps
de métier, et ainsi de suite.
Donc, moi, je ne suis pas rassuré quant à ce
roulement ou à cette précarité dans la fonction de représentant en santé et
sécurité sur un chantier. Pour moi, il n'y a pas de continuité. Alors, comment
on peut garantir cette forme d'uniformité... ça ne se dit pas, là, mais en tout
cas, cette uniformité souhaitée sur un chantier?
M. Boulet : Oui, tout à fait. Dans
un premier temps, il faut dire que les 10 et plus, je vous rappellerai,
collègue, en plus, il y a un programme de prévention, d'une part, qui est
nouveau, il y a le comité de chantier. Avant, c'était 25, maintenant,
c'est obligatoire. Deux, c'est prévu dans la loi puis c'est 20 travailleurs.
En plus, il y a le représentant en santé-sécurité à temps plein. Il va bénéficier d'une formation
pour avoir tous les outils dont il a besoin.
Puis quant à ce que vous appelez peut-être la
rotation, le meilleur modèle, c'est les grands chantiers, les grands chantiers stratégiques.
Puis il y en a au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
comme il y en a dans la plupart des régions du Québec. Et, malgré le roulement,
il y a toujours un représentant qui peut être là, qui devra être désigné, qui
va jouer un rôle, parce que, maintenant, il y aura des comités de chantier là
où c'est prévu.
Et moi, je
n'ai pas de... Ce n'est pas parce que ça peut être difficile parfois qu'il faut
renoncer à ce qu'il y ait... Ce qu'on crée, là, ici, c'est simplement un
mécanisme pour permettre aux travailleurs de participer. Puis comment ils vont
travailler, bien, c'est par la voie d'un représentant, comme la population du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
comme de toutes les régions. Tu sais, la population élit des représentants qui
viennent ici. Puis moi, qu'il y ait un roulement, ça ne m'empêche pas de viser
l'objectif de représentation ou de participation des travailleurs et...
M. Gaudreault : Mais c'est quand
même une nouvelle dynamique, là, avec l'adoption du projet de loi n° 59, qui va s'implanter, là.
M. Boulet : Oui, puis ceci dit, là,
sans vouloir m'immiscer dans le débat, mais qui était souhaitée et revendiquée
par les parties syndicales. Il y a le mode de désignation, là, qui peut faire
l'objet d'une discussion, mais quant à la pertinence de créer un poste de
représentant des travailleurs en santé-sécurité membres du comité de chantier,
ça, ça ne fait pas de doute, là.
M. Gaudreault : Il va avoir combien
d'heures de formation, le représentant?
M. Boulet : On l'a-tu, le nombre
d'heures? On l'avait-tu précisé ou c'est dans le règlement?
Une voix : ...
M. Boulet : Ça sera dans le
règlement, mais il y a une formation obligatoire. Ça, c'est quel l'article?
• (15 h 20) •
Une voix : 50 du règlement.
M. Boulet : C'est 50 du règlement.
Il y a une formation obligatoire ici.
M. Gaudreault : Oui, il y a une
formation obligatoire, mais elle va être de quelles heures? Ça, vous me dites
que ça va être par règlement?
M. Boulet :
Oui, exact.
M.
Gaudreault : Mais le ministre
estime... parce que le règlement, on ne le décidera pas ici, là, c'est
combien d'heures qui sera inscrit dans le règlement?
M. Boulet : Bien, moi, je pense que
ça pourra être discuté aussi au comité de chantier, et c'est un minimum de
trois heures.
M. Gaudreault : Dans l'esprit du ministre,
c'est suffisant, trois heures?
M. Boulet : Ah non! Moi, je pense
que... puis je comprends tout le temps que c'est évolutif, il y a des mises à
jour, puis c'est des formations qui ne sont pas exclusives à la CNESST, mais il
y a aussi des associations autres qui peuvent contribuer à la formation des
représentants en santé-sécurité. Puis je pense que ça sera un des éléments clés
de la réussite de ce nouveau mécanisme de participation là des travailleurs,
c'est de s'assurer que le représentant, il sait bien quoi faire puis comment le
faire.
M. Gaudreault : O.K. Ça, on va s'en
assurer comment, au-delà de la formation de trois heures, si on n'est pas
convaincus que la formation de trois heures va être suffisante? Je veux
dire...
M. Boulet : Comment on va s'en...
Bien, la CNESST fait de la vigie, là, de ça, là, puis ça va être dénoncé, là,
par les associations représentatives. Nos représentants ont besoin de plus de
formation, puis on va s'assurer de répondre à la demande et aux besoins. Je
vous rappellerai que c'est un minimum, et ça peut être six, ça peut être huit,
ça peut être... Donc, c'est véritablement un seuil minimum.
M. Gaudreault : Est-ce que le ministre
est conscient que, sur des chantiers de construction, il peut y avoir, surtout
des petits chantiers de construction où c'est... parfois, il y a beaucoup de
pression, il y a beaucoup de changements de personnel, il y a beaucoup de
roulement, tout dépendant, encore une fois, des corps de métier qui sont
appelés.
Est-ce que le ministre est conscient qu'il
pourrait arriver des situations où c'est le maître d'oeuvre ou l'entrepreneur
général... puis, encore là, je ne veux pas faire de la généralisation, puis
moi, je présume de la bonne foi de tout le monde, là, mais ce n'est pas un
milieu qui est toujours facile, puis il pourrait y avoir de la pression de la
part du maître d'oeuvre sur des représentants en santé pour ne pas que... en
santé-sécurité, pour ne pas qu'ils soient trop insistants, trop insistants, et,
s'il s'avère que le représentant en santé-sécurité est trop insistant, bien,
c'est bien de valeur, mais il ne sera pas rappelé sur le prochain chantier, là?
M. Boulet : Ça, puis ça fait écho
aux commentaires du collègue d'Hochelaga-Maisonneuve... Il ne faut pas qu'il y ait d'entrave, il ne faut pas qu'il y ait
d'obstacle, surtout mis par le maître d'oeuvre. Le maître d'oeuvre... Il y
a qu'un qui s'appelle le coordonnateur en santé-sécurité là où c'est imposé. Le
représentant en santé-sécurité bénéficie d'une immunité. Il a le droit de faire
les fonctions qui lui sont dévolues en vertu de l'article qui va suivre puis il
est protégé par un article qui dit : Il ne peut pas être congédié,
suspendu...
M. Gaudreault : Pour l'exercice de
ses fonctions.
M. Boulet : Exact. Exactement. Ça
fait qu'il a une protection, puis, si un maître d'oeuvre met des obstacles
indus, il peut faire l'objet d'une plainte, ou, s'il utilise des mesures de
représailles contre le représentant, il peut faire l'objet d'une plainte, puis,
ultimement, il y a des constats d'infraction, puis il y a des amendes, puis il
est contraint de respecter la loi, là, tu sais. C'est un nouveau mécanisme pour
permettre aux travailleurs de participer puis...
M. Gaudreault : Le ministre, tantôt,
ouvrait la porte, je ne me souviens plus si c'était en discussion avec mon
collègue de Nelligan ou d'Hochelaga-Maisonneuve, ouvrait la porte à des
suggestions. Parce que, bon, moi, je suis particulièrement préoccupé par le
manque d'uniformité qui risque d'arriver dans les chantiers, pour les raisons
qu'on a énoncées tout à l'heure. Il y a beaucoup de roulement.
Je suis préoccupé, deuxièmement, par le fait que
le travailleur, malgré sa bonne foi, sa bonne volonté, risque de manquer
d'outils pour être vraiment efficace sur le terrain, autant au niveau de la
formation... Si c'est un jeune qui arrive, il n'aura peut-être pas l'ascendant
nécessaire pour parler à des collègues qui sont plus expérimentés. Donc,
uniformité, formation, je dirais, équilibre du rapport de force sur le
chantier.
Je suis préoccupé aussi par la précarité qui
pourrait arriver pour un travailleur qui subirait de la pression d'un employeur
ou d'un maître d'oeuvre qui dirait : Toi, là, si tu chiales encore sur la
façon d'attacher les travailleurs, c'est
bien de valeur, tu ne travailleras pas sur mon prochain chantier, tu sais. Moi,
là, je sais que ce genre de paroles là... puis là ajoutez trois, quatre blasphèmes à travers ça, Mme la
Présidente, là. Je suis sûr que ça arrive, sur des chantiers de construction. Alors, moi, je suis préoccupé par
ça, puis c'est des choses qu'il faut changer. Le ministre a ouvert la
porte, tout à l'heure, en disant :
Bien, moi, faites-moi-z-en, des suggestions, trouvez-moi-z-en, des idées, je ne
suis pas fermé à ça.
Il y a une idée qui pourrait être intéressante,
ce serait celle d'une forme d'escouade qui pourrait être appelée sur les
chantiers, formée par des associations syndicales, qui aurait un détachement
face aux employeurs puis qui serait appelée à aller sur les
lieux ou sur les chantiers qui connaissent des problèmes. Donc, s'il y a un
problème dans un chantier, un travailleur appelle son syndicat, qui fait
intervenir l'escouade et qui va surveiller le chantier. Est-ce que cette
formule-là a été envisagée, ou imaginée, ou évaluée, ou sous-pesée, trouvez le
mot que vous voulez, là, par le ministre?
M. Boulet : Non. Je réponds, des
fois, de façon sèche, là, mais on disait tout à l'heure qu'on s'est inspiré
beaucoup de ce qui se passe dans les grands chantiers stratégiques, où il y a
beaucoup de cette mobilité-là et où ça fonctionne très bien, le dossier
santé-sécurité, sauf des exceptions, là, il y en aura tout le temps, mais on
assume très bien la santé et sécurité sur les grands chantiers stratégiques. On
n'évitera jamais tous les risques d'accident de travail ou de maladie professionnelle.
Mais d'avoir des escouades ou des rotations...
Je pense qu'on crée de quoi de nouveau. On va le mettre en place, on va
l'évaluer puis on corrigera le tir, le cas échéant, tu sais. Vous avez vu la
position du collègue de Nelligan, la position du collègue d'Hochelaga-Maisonneuve.
Moi, je pense que nous devons garder ça le plus simple possible pour ne pas...
pour que ça se fasse dans la fluidité, là.
M. Gaudreault : Bien, je pense que
l'idée de l'escouade n'est pas trop compliquée, là. Je me demande si ce n'est
même pas plus simple que de nommer des représentants en santé-sécurité qui vont
alterner d'une fois à l'autre, selon l'évolution du chantier. L'escouade est
comme un genre de police d'assurances peut-être, à ce moment-là, qui peut être
appelée à intervenir dans les chantiers qui sont problématiques. En plus, on
envoie un signal pour dire : Fini, l'intimidation ou les manières de
procéder qui ne sont pas correctes sur les chantiers.
M. Boulet : Bien, collègue, il
faut... le principe de départ, c'est : il faut que la prise en charge soit
faite par les parties, dont les travailleurs. Il faut qu'il y ait un minimum de stabilité. Tu sais, c'est une
escouade, bien, il ne sait pas, il ne connaît pas le chantier, il ne
travaille pas nécessairement là. Puis, tu sais, il faut que ce soit quelqu'un
qui ait un minimum de stabilité, qui
connaisse les collègues de travail, qui connaisse les superviseurs puis
qui connaisse le chantier.
Moi, je pense que c'est souhaitable que ce soit
fait par les travailleurs qui soient là, pas par une escouade, des espèces de
personnes qui ont un rôle en santé-sécurité, qui sont déconnectées... qui
pourraient être déconnectées de la réalité. Et je le répète, ça fonctionne
relativement bien dans les grands chantiers stratégiques. Dans les plus petits
chantiers, raison additionnelle que ça puisse... Moi, je fais confiance
totalement à la façon... Puis le mode de désignation, c'est là-dessus que je
dis, bon : Nous, on est allés avec une formule simple, la majorité des travailleurs,
puis, si ça ne marche pas, bien, on va avec l'association représentative.
• (15 h 30) •
Si jamais il y a un enjeu, il y a toujours
possibilité de faire venir un inspecteur de la CNESST pour être accompagné dans
la façon de résoudre le conflit. Tu sais, même dans le télétravail, durant la
pandémie, c'est un bel exemple, c'était des nouvelles façons de faire, on recommandait...
en fait, la Santé publique recommandait le télétravail, l'a imposé par périodes
de temps, puis nos... Même si c'était dans le contexte de l'exercice d'un droit
de gestion de l'employeur, moi, j'ai tout le temps dit : Oui, on va
intervenir, oui, on va accompagner les parties. Puis il n'y avait rien, il n'y
avait même pas d'article comme celui-là. Puis il y avait des télétravailleurs
qui demandaient à l'inspecteur d'intervenir. Puis là on voyait le mérite du
télétravail, puis comment ça se faisait, puis... Donc, il ne faut pas négliger
cette option-là qui existe, c'est-à-dire d'appeler un inspecteur de la CNESST
et de demander une ressource pour accompagner les partis dans la désignation du
représentant en santé et sécurité.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de Jonquière, avez-vous terminé?
M. Gaudreault : Oui, bien, le
ministre dit : On implante une nouvelle formule ou une nouvelle façon de
fonctionner. Moi, je... Je ne me souviens plus c'était quel député qui disait tout
à l'heure : Il ne faut comparer les pommes avec les tomates. Les grands
chantiers d'envergure puis les petits chantiers, c'est pas mal des pommes et
des tomates. Tu sais, construire un Tim sur le coin de la rue puis construire
le REM, là, on s'entend que ce n'est pas la même chose. Là, je prends les deux
extrêmes, là, mais, tu sais, on le disait tout à l'heure, quand le ministre...
On parlait des seuils. Le ministre disait : Ah! une bibliothèque d'un
étage. Puis j'ai tout de suite été capable de comparer avec un CFP de trois,
quatre étages de 14 millions. Alors, c'est difficile de faire des
comparaisons. Moi, je veux juste qu'on se garde ici, à tout le moins, une
réserve quant à la... de dire : Ah! ça a marché dans les grands chantiers,
on va s'en inspirer pour les petits chantiers. C'est deux mondes
complètement différents.
Le ministre nous dit : On va l'évaluer — en
tout cas, je l'ai entendu dire ça, là — la nouvelle formule. Moi,
j'aimerais ça qu'on garde en esprit... puis je ne sais pas si le ministre
peut confier des mandats ou... on y reviendra éventuellement peut-être, mais
de documenter, peut-être avec le comité de la main-d'oeuvre ou avec d'autres à
la CNESST, les scénarios d'escouade qui pourraient être intéressants, puis
qu'on en tienne compte quand on fera une évaluation de ces nouvelles mesures là
que le ministre est en train d'implanter.
Et tantôt on parlait, à l'article sur les
seuils, là, qu'on va faire une évaluation aux cinq ans des seuils... bien,
pas une évaluation, mais une revalorisation. Alors, je pense qu'il faudrait
revaloriser les rôles des représentants en santé-sécurité au travail
minimalement au bout de cinq ans.
Alors, je ne sais pas c'est quoi, le processus
qu'on peut se donner, ou s'il y en a un, parce que, si on attend 35 ans
avant de rouvrir la loi, moi, je ne serai plus député dans 35 ans. Je vous
fais une annonce aujourd'hui, là, dans 35 ans, je ne serai plus député. Je
n'ai pas l'objectif de battre le record de François Gendron. Donc, dans
35 ans, je ne serai plus député. Alors, ce n'est pas
moi qui vais retravailler cette loi, si on la rouvre dans 35 ans.
Peut-être le député... le ministre sera encore là, lui, dans 35 ans. Ce
n'est pas... Il vient à peine d'être élu, lui, alors ce n'est pas impossible,
mais moi, je vous le dis tout de suite.
Alors, c'est important qu'on se donne une
manière de revoir les nouvelles formules qu'on se donne. Alors, je ne sais pas
si le ministre peut dire : Bien, au moins, on le réévaluera, là?
M. Boulet : Oui, bien, je saute sur
l'idée, moi. Tu sais, quand je parlais d'intervention des experts de la CNESST,
il ne faut pas exclure aucun scénario. Puis le scénario de l'escouade pour
permettre de faire fonctionner ce qui pourrait ne pas fonctionner... parce que
présumons que ça puisse bien fonctionner, mais n'excluons aucun scénario. Puis
je trouve que c'est une idée intelligente de dire : Il faut que la
CNESST... Puis je le dis à micro ouvert, là, parce que ça fera partie des
scénarios qui pourront être analysés et évalués par la commission.
M. Gaudreault : C'est bon. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Le député de Nelligan a demandé la parole, et ensuite il y aura
le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Derraji : Oui, j'ai des questions
pour précision, et je vais probablement déposer un amendement, Mme la
Présidente. Donc, j'informe juste le... J'ai juste une question par rapport
à... est-ce que le RSS n'est pas... n'a aucun lien d'emploi avec le maître
d'oeuvre? Est-ce qu'il sera nécessairement à l'emploi du maître d'oeuvre, ou
quelqu'un qui vient de l'extérieur pour jouer ce rôle sur le chantier du maître
d'oeuvre, ou bien est-ce qu'il y a une obligation de lien d'emploi entre le
maître d'oeuvre et le représentant RSS?
M. Boulet : Non. En fait, il est sur
un chantier puis il n'y a pas de lien d'emploi entre le maître d'oeuvre puis le
représentant en santé et sécurité. Le lien d'emploi, il existe entre un des
employeurs qui est sur le chantier et celui qui va exercer. C'est un
représentant des travailleurs, mais pas... Le maître d'oeuvre, lui, il est
responsable de l'exécution de l'ensemble des travaux, ça fait qu'il peut être
un maître d'oeuvre sur plus qu'un chantier. Puis là on parle de responsable des
travailleurs par chantier. Et donc le lien d'emploi, vous avez raison...
M. Derraji : Il n'y a pas de lien
d'emploi, oui.
M. Boulet : Il n'y a pas de lien
d'emploi.
M. Derraji : Juste tout à l'heure,
vous avez dit que... Je tiens juste à vous le dire, ce n'est pas tout le monde
qui est pour. Donc, vous le savez que l'Assocation de construction du Québec
sont... eux, ils se sont positionnés clairement. Le mémoire, je l'ai encore devant
moi. L'industrie ne souhaite pas la mise en place des RSS. Donc, je tiens juste
à le dire. Je sais, je sais...
M. Boulet : Bien, il faut le répéter
pour le bénéfice de nos collègues, là.
M. Derraji : Non, non, non, mais je
sais, je sais. Vous me posez toujours...
M. Boulet : Non, mais c'est très
bien, ce que vous dites.
M.
Derraji : Vous aimez ce
genre de débat. Écoute, moi et mon collègue, on aime ça, on se nourrit
ensemble. Donc, ne me poussez pas à dire... Écoute, moi, je tranche au milieu.
J'ai le côté Hochelaga, j'ai de l'autre côté Nelligan et j'ai aussi Jonquière.
M. Boulet : Donc, si vous tranchez
au milieu, il n'y aurait pas de RSS. C'est ce que vous proposez.
M.
Derraji : Non, non. Attendez, attendez. Je tiens juste à rectifier un
fait. Vous avez dit : C'est une demande du milieu. Je vous dis que
l'Association de la construction du Québec, eux...
M. Boulet : Je le sais, ils ne
souhaitent pas de RSS.
M. Derraji : Ah! oui, exactement.
Donc, c'est sur cette base... En fait, je ne fais que ramener un point de vue
d'un groupe que nous avons eu la chance de tous entendre parce que c'est très
important. C'est très important parce que c'est une association importante. Et
je ne suis pas là pour défendre les groupes, mais je tiens à ramener leur point
de vue parce que ce qu'on souhaite et ce qu'on aimerait, M. le ministre, c'est
l'applicabilité de cette mesure.
D'emblée, vous avez l'Association de la
construction du Québec qui vous dit qu'on ne souhaite pas la mise en place de
RSS. Vous avez tranché. C'est votre droit de trancher, c'est votre droit de
faire l'arbitrage et dire : J'impose le RSS, je l'ajoute comme droit
nouveau. Donc, nous... Vous êtes majoritaires. Vous pouvez l'appliquer et... ou
même pas... le droit de nous écouter. Mais ce n'est pas votre façon de
travailler. Et c'est ce que j'apprécie dans ce projet de loi, vous écoutez les
points de vue de tout le monde, on arrive à bonifier ce projet de loi.
Pourquoi, tout à l'heure,
j'ai levé des drapeaux? On ne peut pas ramener du droit nouveau, si on n'assure
pas de l'applicabilité, de son applicabilité, mais aussi de l'adhésion des
employeurs. C'est pour cela que je vous ai posé la question par rapport au
maître d'oeuvre. Là, vous me dites : Le maître d'oeuvre, il y a des
employeurs sur les chantiers, eux, il va y avoir un représentant des
travailleurs, etc. Et c'est très bon, O.K., c'est excellent, mais, je vous le
dis encore une fois, regardez l'Association de la construction du Québec, eux,
complètement, sont en désaccord avec le RSS. Donc, on peut faire un bout de
chemin. Déjà, j'ai un groupe qui ne veut pas de RSS.
Là, tout à l'heure, le collègue d'Hochelaga vous
a posé des questions extrêmement pertinentes sur l'applicabilité sur le
terrain. Ce n'est pas vrai, de laisser ça dans le champ des syndicats, on va le
régler. Et il a posé d'autres questions excellentes par rapport au mode de
choix. Est-ce qu'on va impliquer le DGE... Q? C'est ça? J'ai oublié le... du Québec.
Est-ce qu'on va... Comment ça va être opérationnalisé? Bien, si on veut
s'assurer du succès, je pense que c'est le rôle du législateur de voir et de
mettre des balises, le pourquoi des balises, parce que justement c'est du droit
nouveau. Il ne doit pas être sujet à interprétation. Je ne vous apprends rien,
vous êtes l'expert en matière. Je n'ai pas vos années en droit du travail. J'ai
d'autres expertises, mais pas ce droit, pas cette expertise.
Donc, si vous êtes aujourd'hui sûr que le RSS,
l'introduction de ce droit nouveau va augmenter plus la sécurité que les
chicanes employeur-travailleurs sur le rôle et les nominations de RSS, que les
représentants syndicaux, entre eux, il va y avoir un problème, qui sera nommé
RSS, bien, donnez-nous les garanties que ça ne va pas être le cas. Ça, c'est
mon premier point.
Deuxième point, je ne sais pas si ça a été
envoyé, l'amendement, mais je sais que...
M. Boulet : On va recevoir...
M.
Derraji : Question
d'économie de temps, et votre temps, il est précieux, comme l'ensemble des
membres, moi, j'aimerais bien qu'on parle de cet amendement, s'il vous plaît.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Donc, nous allons suspendre quelques instants, Dominic? Le temps de nous...
oui? D'accord. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 39)
(Reprise à 15 h 53)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous avons reçu un amendement de la part du député de Nelligan. Je vous
invite à le lire, s'il vous plaît.
M. Derraji : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Donc, l'article 209 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, tel que modifié par l'article 222 du
projet de loi, est modifié par l'ajout, à la fin du second alinéa, de l'alinéa
suivant :
«Le
représentant en santé et en sécurité ne peut pas cumuler plusieurs rôles de
représentation des travailleurs.»
Donc, merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Oui, tout à fait,
mais...
M. Derraji : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
vous voulez l'expliquer?
M. Derraji : Brièvement, l'essence
même de cela, c'est que je partage la volonté du ministre mais l'ensemble des collègues
d'avoir un représentant RSS sur les chantiers, mais évitons juste les situations
où le cumul peut amener à des situations de conflit. Et, quand je dis «le
cumul», le cumul est le pluriel parce qu'il y a plusieurs types de
représentations sur les chantiers, pas uniquement en tant que délégué syndical,
mais d'autres fonctions aussi. Mais on veut que le représentant qui va parler
de la santé et sécurité joue son rôle pleinement en parlant de la santé et
sécurité avec l'ensemble des personnes qui interviennent au niveau du chantier.
Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Oui, puis je trouvais ça
intéressant, de la manière dont le député de Nelligan le proposait. C'est éviter, par exemple, que le délégué cumule ses
fonctions de délégué et celle de représentant en santé et sécurité du
travail.
Ceci dit, moi, l'opinion que j'exprimais, c'est
que ce n'est pas mon intention de m'immiscer dans la désignation du
représentant des travailleurs, mais en travaillant en équipe avec nos avocates,
parce que c'est des femmes, essentiellement, qui sont avec nous, comme
avocates, qui travaillent...
M. Derraji : ...depuis le début,
oui, absolument.
M.
Boulet : ...qui travaillent ardemment puis qui sont des véritables
spécialistes de nos deux lois, accidents de travail puis santé et sécurité, et
d'autres lois, parce que, là, je vais vous donner une réponse qui normalement
devrait répondre à vos préoccupations. Puis je ne connaissais pas l'article,
parce que la Loi R-20, je ne suis pas... Je n'ai pas d'expertise particulière
en construction, mais, à l'article 86 de la loi sur les relations de
travail dans l'industrie de la construction, ce qu'on appelle la R-20, notre
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve la connaît bien, à l'article 86, sur les
fonctions... et il y a une sous-section, là, les fonctions du délégué de
chantier, il est prévu que, sur un chantier, un délégué... le délégué doit se
limiter à l'exécution de son travail, donc, pour l'employeur et de ses fonctions
de délégué de chantier prévues par la loi. Donc, il a comme une exclusivité. Ma
compréhension de cet article-là, c'est qu'il ne pourrait pas cumuler, là.
L'appréhension que vous exprimez, c'est qu'il cumule, puis ici, dans le cas
d'un délégué de chantier, ça ne serait pas possible, là, quand on lit le
libellé de ce sous-paragraphe-là de l'alinéa trois de l'article 86.
M. Derraji :
Cet alinéa répond aussi au collègue d'Hochelaga sur son intervention de tout à
l'heure sur...
M. Boulet :
Ça répond aussi au collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. Je n'ai pas lu son
amendement au complet, mais...
M.
Derraji : Non, non, non, ce
n'est pas... Je ne parle pas de l'amendement, de la discussion de tout à
l'heure...
M. Boulet :
Oui, tout à fait, absolument.
M. Derraji :
...parce que nous avons eu une discussion philosophique sur le rôle qu'un
travailleur peut jouer à la fois et que, vous-même, vous avez dit :
Écoute, tant mieux, il peut jouer les deux rôles, mais donc, vis-à-vis de la
loi, l'interprétation...
M. Boulet :
Absolument.
M. Derraji :
Parce que c'est très important, l'interprétation que vous donnez maintenant à
cet article, notamment à l'AECQ et aux groupes qui nous ont dit : Écoutez,
sur le chantier, est-ce que le travailleur peut accumuler plus d'une fonction, que ce soit délégué syndical ou autre
représentant? Donc, ce que vous dites aujourd'hui, le RSS peut être...
jouer uniquement son rôle en tant que RSS sur les chantiers.
M. Boulet :
Bien, je m'exprime par rapport au délégué de chantier. Est-ce qu'il a d'autres
fonctions? Mais, pour le délégué de chantier, il faut que ça se limite à
l'exécution de son travail pour l'employeur et de ses fonctions de délégué de
chantier qui sont prévues par la loi. Pour moi, c'est assez clair qu'il n'y a
pas de risque que le délégué de chantier soit aussi représentant en santé et
sécurité. C'est ma compréhension.
M. Derraji :
Donc, entre autres, en d'autres mots beaucoup plus simples, il ne peut pas
cumuler plusieurs rôles de représentation des travailleurs sur les chantiers à
part être délégué.
M. Boulet :
Exact.
M. Derraji :
Donc, il ne peut pas être un RSS.
M. Boulet :
Exact.
M. Derraji :
Et, dans ce cas, on doit trouver un autre RSS qui n'est pas délégué du
chantier.
M. Boulet :
Exact.
M.
Derraji : Merci, Mme la Présidente. Ça répond à ma question. Et, si ça peut aider
le fonctionnement de la...
M. Boulet :
Donc, est-ce qu'on... vous retirez l'amendement ou on le vote?
M. Derraji :
Oui, oui, si ça fait...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est ça? Qu'est-ce qu'on fait?
M. Boulet :
Vous retirez l'amendement?
M. Derraji :
Oui, si ça fait l'affaire de tout le monde, moi, je peux retirer mon amendement.
Ça répond à... L'amendement... la loi...
l'article qui a été soulevé... L'interprétation de l'article répond
adéquatement à l'amendement que j'ai proposé. Donc, écoutez, pour moi,
je peux retirer mon amendement, aucun problème. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Maintenant, vous venez de le mentionner. Est-ce
que nous avons le consentement que le député puisse retirer son amendement?
Des voix : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Donc, l'amendement déposé par le député de Nelligan est retiré.
Nous poursuivons. Y a-t-il d'autres interventions? Alors, le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, oui.
M. Leduc : Oui. Mme la Présidente,
on vous avait acheminé un amendement. Je pense qu'il a été reçu...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Nous
l'avons reçu.
M. Leduc : ...et qu'il est sur le
Greffier également. Je ne sais pas si le ministre a pris le temps de le prendre
en considération. Dans tous les cas, je vais le lire ou préfériez-vous attendre
qu'on l'affiche à l'écran?
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Vous
ne l'avez pas. Est-ce qu'il sera bientôt... Il est là maintenant? Parfait.
Donc, vous pouvez commencer à le lire lentement.
M. Leduc : Oui, alors...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parce
que le ministre a déjà une copie.
• (16 heures) •
M. Leduc : Il a déjà une copie.
Parfait. L'article 222 est modifié :
1° par le remplacement de l'article par le
suivant :
«209. Lorsqu'il est prévu que les activités sur
un chantier de construction occuperont simultanément au moins
10 travailleurs de la construction à un moment » donné des... à un
moment des travaux, c'est vrai, on ne peut plus dire «donné», ce qu'on a appris
hier, «à un moment des travaux, au moins un représentant en santé et en
sécurité doit être assigné, dès le début des travaux.
«Le représentant en santé et en sécurité est
réputé être au travail lorsqu'il exerce les fonctions qui lui sont dévolues.
«Les associations représentatives désigneront le
représentant en santé et en sécurité qui sera affecté aux chantiers en fonction des régions administratives
de la commission, au prorata de la représentation qu'ils représentent.
La commission assumera la libération des représentants en santé et en sécurité
selon le règlement prévu à cet effet.
«Le
représentant en sécurité affecté à plusieurs chantiers organisera son temps
entre ces chantiers selon les besoins.»
Donc, ça vient répondre à plusieurs objections
ou plusieurs craintes que j'ai formulées, également des craintes formulées par
le collègue de Jonquière, à savoir, la sécurité d'emploi, la libération, le
mode de sélection. On s'inspire beaucoup de ce qui se fait un peu déjà, dans le
fond, dans les gros chantiers. Dans les gros chantiers, il y a une procédure qui est prévue, que, dans le fond,
dans le cadre du programme de prévention, que la CNESST demande au maître d'oeuvre, il y a souvent
l'imposition, en quelque sorte, d'un RSS ou de plusieurs RSS, et c'est déjà les
associations représentatives qui se divisent, en quelque sorte, qui négocient
entre elles pour déterminer qui, quand et comment, là... va assumer quelle
portion, là, de représentativité pour les grands chantiers.
Maintenant,
on ne peut pas, donc, copier-coller nécessairement ça pour les petits chantiers, étant donné qu'il y en a des milliers, là. Je ne me rappelle plus du chiffre
qu'on a dit ce matin, c'était-tu... 40 000 petits chantiers au Québec ou 40 000 chantiers au complet.
Ça fait que, j'imagine, la majorité sont des petits chantiers. Il ne peut pas y
avoir 40 000 fois ce processus-là, donc ce qu'on propose de faire
pour reprendre l'esprit de ce qui fonctionne déjà plutôt bien dans les grands
chantiers, c'est d'y aller par région. Donc, on reprend l'idée, donc, que, dans
une région donnée, il y aura une équipe, en
quelque sorte, qui pourra se promener, aller d'un chantier à l'autre, qui va
être désignée par les associations
syndicales. Donc, pas de danger de se faire déplacer d'un endroit à l'autre et
de devoir recommencer un processus.
Comme il est désigné, justement, par
l'association syndicale, il y a une forme de sécurité d'emploi qui est attachée
à ça. C'est beaucoup plus stable en matière de formation aussi que s'il faut
recommencer à chaque fois qu'il y a un départ. Parce que, tantôt, j'ai utilisé
l'expression... pas l'expression, mais l'image peut-être un peu extrême d'un
employeur qui n'aurait pas aimé que son représentant lui pose trois, quatre
questions, mais, des fois, ça peut être aussi banal que : la tâche de cet
employé-là est terminée sur le chantier x, mais que le chantier, lui, continue,
mais lui, il n'a plus d'affaire là parce que sa tâche est rendue sur l'autre
chantier d'après. Bien, est-ce qu'il faut recommencer
un nouveau processus de nomination pour le chantier? C'est beaucoup de... c'est
très complexe, je trouve.
Encore une fois, c'est peut-être une fausse
bonne idée d'avoir permis une espèce d'élection sur chacun de ces milieux-là.
Ça va causer beaucoup d'instabilité, je trouve, et Dieu sait que l'industrie de
la construction a besoin de stabilité. Il me semble que cette approche-là,
donc, y aller par région, où les associations syndicales se parlent entre
elles, déterminent qui occupe quelle portion, quel rôle occupe chaque
association, va nous éviter beaucoup de petits tracas qui, je le crains, vont
se multiplier avec la méthode que le ministre nous propose.
Puis
en terminant, donc, sur les libérations, on propose d'y aller plutôt par une
banque, dans le fond, régionale ou assumée par la commission, parce que,
vu que ça ne serait plus un RSS local par petit chantier mais bien un RSS plus régional, ce ne serait
pas logique que le RSS choisi, mettons, d'un chantier x, mais qui s'occupe
d'une cinquantaine de chantiers, c'est seulement l'employeur du chantier
x qui paie ses libérations. Ça n'aurait pas vraiment de sens. Alors, dans le
fond, individuellement, les employeurs n'auraient pas à subir de frais
personnels de libération de leurs RSS, mais ça serait assumé activement par les
employeurs d'une région donnée, ça... Donc, individuellement, ça serait probablement
un peu moins gros comme frais, ça fait que je pense que ça serait à l'avantage
des employeurs comme façon de fonctionner.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Merci. M. le ministre.
M. Boulet :
Bien, je vais y aller avec quelques éléments de réflexion. On a pris le mode de
désignation le plus simple. Pourquoi complexifier ce qui peut se faire simplement?
Même les délégués de chantier, c'est la même affaire, c'est une majorité puis
c'est par scrutin secret. Tu sais, c'est sûr que ça peut se faire par scrutin
secret. Mais on n'élit pas quelqu'un qui... un rôle fondamental, soit, mais il
ne faut pas non plus faire d'un processus de désignation une montagne pour les
travailleurs, surtout que ça s'applique à 10 travailleurs et plus, bon.
Votre premier paragraphe,
il reproduit essentiellement ce que nous avons, sauf la possibilité, pour la majorité
des travailleurs, de s'exprimer. Puis, pour moi, c'est vraiment fondamental.
Le deuxième paragraphe,
«qui est réputé être au travail», oui, ça, c'est prévu, par ailleurs, que les
représentants, quand ils exercent leur travail, puis on va le voir dans les
heures de libération, ils sont réputés être au travail. Donc, ça, ce n'est pas problématique.
«Les associations
représentatives désigneront le représentant qui sera affecté au chantier au
prorata de la...» c'est compliqué, bien plus que le modèle que nous avons,
surtout dans le contexte de mouvement sur les chantiers de construction. Moi,
ça m'apparaît être une façon de complexifier pour permettre au syndicat de le
désigner. C'est quoi, la différence que ce soit désigné par les syndicats
plutôt que par les travailleurs? C'est les travailleurs qui veulent s'exprimer
au comité de chantier sécurité.
Après ça, quand vous
dites : «La commission assumera la libération des représentants», je ne
sais pas si vous voulez dire que la commission va assumer le coût des heures de
libération des représentants, mais les cotisations à la CNESST sont assumées à
100 % par les employeurs. C'est une façon détournée de dire qu'en
cotisations on va payer plus cher. Il est réputé être au travail, mais là on
dit : Il va assumer la libération des représentants en santé-sécurité,
donc il va avoir des frais d'administration.
Je ne vois pas c'est
quoi, l'intérêt, à moins que vous dites «assurera la libération». C'était-tu
plus comme ça que vous le présentez? En tout cas, vous aurez à le préciser.
Mais ensuite vous dites : «Le représentant en sécurité affecté à plusieurs
chantiers organisera son temps entre ses chantiers selon les besoins.» Ça, je
trouvais que l'approche du collègue de Jonquière était... j'ai dit
intelligente, là, puis je le redis, là. C'est un scénario qui sera envisagé, tu sais, dans l'inventaire des scénarios
à évaluer. C'était le mot qu'utilisait le collègue de Jonquière,
ou analyser.
La CNESST, il faut
qu'elle le considère, qu'il y ait la possibilité d'une rotation, mais là, de le
prévoir dans la loi, le représentant affecté à plusieurs chantiers, il va
décider comment il va organiser son temps entre les chantiers selon les besoins. Qui va contrôler ça puis
comment ça... Tu sais, vous me parlez souvent de risque d'abus de la part des employeurs. Qui va mesurer, puis est-ce que le représentant va tenir des feuilles de temps? Comment il va... Je comprends ce que vous me dites, mais, tu sais, je trouve
ça... Je ne veux juste pas qu'on complique ce qui peut se faire simplement.
Puis le délégué de
chantier, bien, les modes de nomination... Puis c'est autre chose, là, le
délégué de chantier. Je veux juste rappeler qu'en vertu de la loi R-20 il ne faut pas oublier qu'il y a déjà des
représentants des associations représentatives qui se déplacent de chantier en chantier puis qui sont
des représentants syndicaux. Puis le représentant syndical, là, en vertu
de la loi R-20, il a libre accès à tous les chantiers durant les heures de
travail puis il peut discuter de toute question puis régler toute question,
puis notamment relativement à la convention collective mais aussi à la
santé-sécurité et toute autre question d'intérêt des salariés, puis il
représente les travailleurs.
Puis, outre le
représentant syndical, il peut également y avoir, sur certains chantiers pour
lesquels le nombre le permet, un délégué de chantier. Puis le délégué de
chantier, bien, c'est... tout syndicat, il a le droit d'être représenté par un
délégué de chantier sur un chantier où un employeur emploie au moins sept
salariés ou plus. Puis le salarié doit être élu, là, ici, c'est à la majorité
des membres du syndicat, ce n'est pas par le syndicat. Ce qu'on prévoit, c'est à la majorité des membres du
syndicat, puis ils sont tous syndiqués. Ça fait qu'on a déjà cette
mécanique-là, qui concerne aussi notamment la santé-sécurité.
Ce que nous, on
propose, dans le projet de loi, Mme la Présidente, c'est un concept nouveau,
des RSS, c'est favoriser la prise en charge de la santé-sécurité, de la
prévention par le milieu de travail, ici, par les travailleurs, en instaurant ce mécanisme de participation. Puis on
évite aussi, là, avec les explications qu'on a données, la duplication
des rôles entre le RSS, le représentant syndical et le délégué de chantier.
Puis les RSS, ils représentent les travailleurs dans l'application de la loi
santé et sécurité, les représentants syndicaux, pour tout, puis les délégués de
chantiers, à tout ce qui concerne... à tout ce qui est d'intérêt pour les
travailleurs, notamment la santé-sécurité.
Ça fait que je ne
pense pas que... je pense que ça fait partie des scénarios ou de l'inventaire
des scénarios à évaluer, si ce que nous avons dans le projet de loi ne
fonctionne pas ou n'est pas assez simple. Selon moi, ça va super bien
fonctionner. 22 travailleurs ou 12 travailleurs, ils vont bien
s'assumer puis ils vont dire qui est intéressé. Puis ça se fait comme ça, ils
font une réunion. Qui est intéressé? Moi, ça m'intéresse. S'il y en a deux qui
sont intéressés, ils vont dire : On
vote à main levée ou... Moi, je ne voulais pas imposer le scrutin secret, là,
c'est simplement : Les gars, on... Puis je vous dirais que, dans la
majorité des endroits, des chantiers, ils vont s'entendre, parce qu'il y a
beaucoup de collégialité entre les travailleurs. Peut-être que vous en doutez,
là, mais moi, j'y crois. Mais ça ne veut pas dire que parce que j'y crois, que
ça va...
Puis la CNESST peut être
là pour accompagner. À une question du collègue de Jonquière, les inspecteurs
sont là puis ils vont aider. Il y a-tu... On ne sait pas comment le faire, on
ne sait pas quand le faire. Bien, ils vont être guidés puis ils vont le faire,
simplement. Puis c'est l'approche de garder ça simple, en anglais, c'est
l'expression qu'on utilise aussi en français. Gardons donc le mode de
désignation le plus simple possible.
• (16 h 10) •
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bon, évidemment, il y a
plusieurs à chose à dire. Pour commencer, peut-être, vous faisiez référence, M. le ministre, à peut-être une vision
plus... différente, en tout cas, de mon collègue de Jonquière,
mais moi, je l'invite, si ça l'intéresse, à sous-amender, là, ce que
j'ai mis sur la table. Tant mieux si ça pourra faire avancer la discussion et
vous convaincre, M. le ministre. Alors, l'invitation est lancée.
Vous dites : La majorité vont s'entendre.
Moi, je pense que c'est de la pensée magique, là. Puis, surtout, vous
dites : La CNESST vont les accompagner. Il y en a 40 000, des
chantiers. Ils vont accompagner les 40 000 chantiers? Ça ne se peut
pas, là, on n'est pas dans une expectative réaliste, aussi bonne la CNESST peut
être, d'aller penser qu'elle va réussir à superviser une instance de vote sur
40 000 chantiers.
M. Boulet : Est-ce que vous
permettez juste un commentaire? Si tu me permets, Alexandre, 85 % des
chantiers, ils ont moins de cinq travailleurs. Ça fait qu'on n'est pas là,
là. Il y en a peut-être 10 % ou 8 % qui ont plus que
10 travailleurs, ça fait qu'on est loin, loin, loin du 40 000, là.
M. Leduc : Ça fait combien, donc?
M. Boulet : C'est peut-être
3 000, 4 000 chantiers, puis la majorité des travailleurs vont
s'exprimer, il y en a 18, 22, puis
c'est juste dans les cas où il y a une problématique. Puis, tu sais, on reçoit
102 000 ou 105 000 réclamations pour lésions professionnelles puis on les traite. Si, dans les
3 000, 4 000 chantiers où ce n'est pas... la technique
simple ne fonctionne pas, il y a l'intervention d'un inspecteur, on va être en
mesure en masse de répondre au besoin, là. En tout cas, je voulais juste faire
ce commentaire-là.
M. Leduc : Oui. Je suis convaincu
que vous mettriez n'importe quel syndicaliste ici, puis il vous dirait :
Obtenir la présence d'un inspecteur de la CNESST, que ce soit dans un chantier
ou dans un établissement, ce n'est pas facile. Ce n'est pas la chose la plus
compliquée au monde non plus, mais ça ne se fait pas en criant... C'est quoi,
l'expression, «ciseau», c'est-tu ça? Ce n'est pas en criant «ciseau»... puis je
ne voulais pas inventer une nouvelle expression, des fois, j'ai cette
tendance-là. Ce n'est pas en criant «ciseau» que ça arrive. Donc, même si on
est à 3 000, c'est majeur,
3 000 chantiers à superviser une élection, ce n'est pas banal. La
CNESST, ce n'est pas le DGE, là, ils...
M. Boulet : Non, mais 3 000, ça
va bien fonctionner, là. La majorité des 18 travailleurs vont s'entendre.
Ce n'est pas tous les 3 000 qu'un inspecteur va devoir intervenir. C'est
dans la dizaine, ou la vingtaine, ou la centaine de chantiers où ils ne sont
pas capables de désigner, mais ça, c'est dans le pire scénario, là.
M. Leduc : Dans le pire scénario, on
a juste 20 où ça ne va pas bien aller sur 3 000?
M. Boulet : Ah! moi, j'ai une
conviction profonde.
M. Leduc : En tout respect, M. le
ministre, je pense que, là, vous êtes beaucoup trop positif.
M. Boulet : Puis des équipes
rotatives... on les a avec les délégués de chantier.
M. Leduc : Oui, mais vous venez de
dire qu'ils ne peuvent pas faire le même job que le RSS.
M. Boulet : C'est la loi R-20, mais
c'est prévu que... toute question d'intérêt relative à la convention, à la santé-sécurité, puis toute question d'intérêt pour
les salariés qu'il représente. En fait, ça, c'est les représentants
syndicaux qui se déplacent de chantier en chantier. Les délégués de chantier,
eux autres, c'est pour l'application de la loi R-20.
M. Leduc : Les gros, gros chantiers,
là, mettons, le CHUM, qu'on a bien connu à Montréal, est-ce qu'il y a des votes
pour déterminer les RSS en ce moment?
M. Boulet : Ça doit varier d'un
chantier à l'autre, là. Je peux peut-être...
M. Leduc :
On peut peut-être suspendre un peu, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui, c'est ça. Aimeriez-vous une suspension?
Nous allons
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 15)
(Reprise à 16 h 17)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre, oui.
M. Boulet : Actuellement, pour les
chantiers de 500 et plus, la commission exige un ou des représentants en santé-sécurité, et c'est les associations syndicales qui les nomment. Là, on passe à un
régime où, entre 10 et 100, c'est les représentants en santé-sécurité,
au moins 10, qui sont à temps partiel, parce que, vous vous souvenez, maintenant,
c'est le 12 millions ou 100. Et il y a un article, plus loin, où on va
prévoir qu'en haut de 100, alors que c'est 500 aujourd'hui, le représentant en santé-sécurité
va être nommé par les syndicats, par les associations représentatives. C'est
entre 10 et 100 que là c'est une mécanique simplifiée, c'est la majorité des travailleurs.
Ça fait que je pense que c'est une nuance qu'il fallait faire.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Boulet : Donc, je pense que ça
répond peut-être à une partie de vos préoccupations, là.
M. Leduc : Moi, j'y vois une
contradiction importante dans votre argument, M. le ministre, parce que, par rapport
à ce qui me semble assez simple pour les gros chantiers, là, vous baissez la
barre à 100, tant mieux, moi, je trouve que vous la complexifiez passablement,
la procédure actuelle, qui fonctionne relativement bien, dans les grands
chantiers. Il ne vous viendrait pas à l'idée d'organiser un vote des travailleurs
du chantier de La Romaine, par exemple. Ce serait complètement illusoire de
penser ça.
M. Boulet : ...le représentant en
santé-sécurité qui est à temps partiel, donc qui... peut n'avoir qu'à faire une
heure ou deux heures, dépendamment du nombre de travailleurs, par jour. Ça fait
que c'est normal que la mécanique soit beaucoup plus simple puis que ce ne soit
pas complexe. Je pense que j'ai dit pas mal tout ce que... je n'ai plus d'autre
commentaire à faire, là.
M. Leduc : Ce système-là...
M. Boulet : Mais il y a un article
qui va suivre aussi pour les nominations par les syndicats.
M. Leduc : Pour les gros chantiers,
ça, j'ai bien compris.
M. Boulet : 100 et plus.
M. Leduc : Pardon?
M. Boulet : 100 et plus.
• (16 h 20) •
M. Leduc : C'est ça. C'est ce que
vous venez de dire. Ça, il n'y a pas de souci, là.
Moi, ce que je trouve contradictoire, c'est ce
qui va exister pour les plus de 100 puis ce que vous mettez en place pour les
moins de 100. Parce qu'il y a une volonté que je sais sincère chez vous, de
faire de la véritable prévention, mais une personne libérée à une fraction
d'heures par semaine, qui est susceptible de changer de chantier souvent, qui
n'a pas de sécurité d'emploi, qui fait l'objet d'une nomination compliquée,
parce qu'on ne sait pas trop quand, ni comment, ni pourquoi qu'elle va être
choisie, pourquoi ce n'est pas la même affaire qui fonctionne déjà bien?
Pourquoi on ne regroupe pas ça à l'intérieur d'une région, où un RSS pourrait
avoir une expertise, sur le moyen, long terme qui se développerait, et pas quelque
chose patenté à la mitaine, là, selon qui qui peut le faire aujourd'hui ou la
semaine prochaine... ce n'est plus moi parce que je suis rendu sur un
autre chantier.
Ça, c'est une forme de chaos, ce n'est pas quelque
chose qui est fonctionnel. On ne peut pas espérer avoir des résultats, si c'est
ça, l'objectif, avec ce mode de fonctionnalité là qui va être tellement
éphémère, tellement intangible. Tandis que, si on regroupe ça à l'échelle d'une
région, que c'est nommé par les syndicats de la construction dans un contexte
100 % syndiqué, rappelons-le, comme c'est le cas pour les gros chantiers,
vous allez avoir de la stabilité, vous allez
avoir de la sécurité d'emploi puis vous allez avoir un mode de nomination
extrêmement simple, contrairement au flou qui est devant nous actuellement avec
votre proposition.
M. Boulet : Bon, ceci dit, avec
respect, pour moi, ce n'est pas de le faire à la mitaine puis ça ne sera pas
chaotique, puis, le cas échéant, il va y avoir un accompagnement de quelqu'un
de la CNESST qui s'y connaît en semblable
matière. Puis j'adhère beaucoup plus à la solution de compromis du collègue
de Jonquière, qui dit : Ça fera partie de
l'inventaire des scénarios qui permettront de déterminer si on doit changer la
façon simple, mais, pour moi... Puis les
délégués de chantier, c'est la même affaire, c'est les membres des syndicats,
puis c'est une façon simple, sauf que c'est à scrutin secret. Mais là,
ici, on parle d'un RSS à temps partiel qui consacre un nombre d'heures limité,
là, en fonction du nombre de travailleurs, et moi, je suis convaincu que ça va
bien marcher avec un accompagnement approprié.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Encore une fois, la solution dite simple, elle est simple parce qu'elle est
floue. Vous dites : La CNESST va accompagner, mais, dans votre article,
vous dites : «À défaut, l'association représentative ayant le plus de
travailleurs de la construction présents sur le chantier désigne le
représentant.» Est-ce que le «à défaut» arrive avant la... après la CNESST?
Elle a-tu une chance, deux chances, la CNESST, de régler la situation? C'est
flou.
M. Boulet : Moi, je fais
véritablement confiance aux travailleurs. S'ils sont dans une impasse, on va
dans le «à défaut», une impasse pour les raisons que j'ai mentionnées, mais les
travailleurs sont capables de se prendre en main, de décider de façon
majoritaire qui va jouer le rôle de RSS.
M. Leduc : Mais ils le font déjà,
ils sont déjà membres d'une association, puis ils doivent renouveler ça à
chaque trois ans. Je ne me trompe pas, le maraudage de la construction, c'est
aux trois ans?
M. Boulet : C'est un rôle à temps
partiel. Je n'ai plus d'autre commentaire à faire, là.
M. Leduc : Je veux juste... Je ne me
trompe pas, le maraudage en construction, c'est bien aux trois ans?
M. Boulet : C'est aux dates... c'est
dans des délais précis, là. Il y a des délais de maraudage, de tel jour à tel
jour. Oui, c'est des dates précises, oui.
M. Leduc : Mais il me semble, en
tout cas, c'est à peu près aux trois ans, de mémoire, ils ont à renouveler leur
adhésion. Je vous rappelle qu'ils sont à 100 % syndiqués dans la
construction. Ce n'est pas comme s'ils avaient à choisir une fois aux 40 ans, là. Ils choisissent aux trois ans
leur affiliation syndicale. Ça fait qu'on peut assumer que le choix qui
a été fait là va être refait dans le chantier. Puis, si un chantier se
multiplie d'une fois à l'autre, puis s'il y a deux,
puis trois, puis quatre chantiers dans une même année, ça devient compliqué,
vous voyez, M. le ministre, parce que...
M. Boulet : Oui, votre mécanique,
elle l'est, compliquée, oui.
M. Leduc : Non, non, je parle de la
vôtre, là. Je parle de la vôtre, parce que moi, s'il y a un représentant
régional, peu importe le nombre de chantiers, bien, il va les visiter, il va
tous les visiter, il va faire le tour.
C'est aux quatre ans, c'est ça, Verbmaraudage de
la construction?
M. Boulet : Oui, c'est... on l'a eu
cette année. On l'a eu cette année, là, il s'est terminé à la fin du mois de
juin, et c'est des conventions qui sont systématiquement renouvelées à chaque
période de quatre ans.
M. Leduc : Bien sûr. Bien, à moins
que mon...
M. Boulet : Mais je comprends, collègue,
là, très bien, ce que vous dites, là, mais en haut de 100, ce sera bien les associations
représentatives. On a souhaité qu'en bas, entre 10 et 100... Puis, encore une
fois, il n'y avait rien avant, il faut dire qu'il n'y avait rien. On veut
s'assurer que les travailleurs, ça puisse se faire simplement, puis la rotation
est un élément qui favorise que ça soit pris en main par les travailleurs.
M. Leduc : J'ai peut-être un dernier
commentaire, Mme la Présidente. Les syndicats nous l'ont dit, dans la
construction, beaucoup d'efforts, évidemment, sont mis de la part des syndicats
sur les grands chantiers, pour des raisons évidentes, et c'est les plus petits
chantiers qu'ils ont de la misère à aller atteindre, c'est les plus petits
chantiers qu'ils ont de la misère à aller visiter, rencontrer... développer des
connaissances, développer des réseaux de contacts pour faire le travail de
prévention.
Alors, si c'est des votes à gauche, à droite,
qui doivent se faire, puis que c'est quelque chose qui est complètement
désincarné du mouvement de prévention, qui est évidemment encadré alentour de
l'action syndicale, j'ai de la misère à croire qu'on va atteindre des résultats
à la hauteur de ceux qu'on recherche.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Bien,
merci. Y a-t-il d'autres interventions à l'amendement déposé par le député
d'Hochelaga-Maisonneuve? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire : M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire : Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
Le
Secrétaire : Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Abstention.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Abstention. Donc, l'amendement déposé à l'article 222
est rejeté.
Nous poursuivons
cette fois-ci avec l'article 222 même. Y a-t-il d'autres interventions sur
l'article 222? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la
mise aux voix.
M. Leduc :
Dernière question, Mme la Présidente. Est-ce que, M. le ministre, à défaut
d'avoir changé, là, la méthode, d'avoir adopté la méthode que je vous
proposais, vraiment, là, puis c'est peut-être ma dernière tentative pour
essayer de réduire ce que je perçois comme un potentiel chaos, là, alentour de
l'article, est-ce qu'on ne pourrait pas, vraiment, mettre une date limite pour
votre «à défaut», là? C'est comme la porte de sortie, là, «à défaut,
l'association représentative nomme». Il faut que ça se passe rapidement, il
faut qu'on mette... ça ne peut pas être ad vitam aeternam. On ne pourrait pas
mettre une référence, en termes de mois, un trois mois, un six mois à partir du
début du chantier, et, s'il ne s'est rien passé, là, on procède, là?
M.
Boulet : Mais c'est écrit, collègue, c'est dès le début des travaux.
Puis moi, je fais confiance aux processus établis par les travailleurs,
puis il y aura un accompagnement par l'inspecteur de la CNESST. Je ne veux pas,
encore une fois, embarquer, là, dans des modalités complexes, mais merci, là,
puis ça me permet de faire le commentaire que, quand ce ne sera pas diligent,
on va être dans le «à défaut». C'est beau.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait, merci. Donc, y a-t-il d'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention à l'article 222, nous allons procéder
à la mise aux voix.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Contre.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'article 222 est
adopté. M. le ministre, nous poursuivons avec l'article 223.
M. Boulet : Merci. L'article 210 de
cette loi est modifié :
1° par
le remplacement, dans ce qui précède le paragraphe 1°, de «à la prévention» par
«en santé et en sécurité»;
2° par le remplacement du paragraphe 4° par
le suivant :
«4° de faire les recommandations qu'il juge
opportunes, incluant celles concernant les risques psychosociaux liés au
travail, au comité de chantier ou, à défaut, aux travailleurs de la
construction ou à leur association représentative, à l'employeur et au
coordonnateur en santé et en sécurité ou au maître d'oeuvre;».
C'est complet. Ça vise à compléter ce qu'on a
adopté précédemment. C'est une disposition qui remplace le représentant à la
prévention par représentant en santé et sécurité. Et, de plus, au paragraphe
4°, on met l'accent sur la fonction de
représentant en santé-sécurité de faire les recommandations opportunes
concernant les risques psychosociaux liés au travail, là, comme on a
discuté aussi. Alors, c'est complet, merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions à l'article
223? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire : Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
• (16 h 30) •
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'article 223 est adopté. M. le
ministre, nous poursuivons
avec l'article 224, et, si je ne me trompe pas, il y a un amendement.
M. Boulet : Il y aura un amendement,
mais que je n'ai pas copie papier, là, on n'a pas... mais qu'on va voir à
l'écran.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Vous
allez le mettre à l'écran? C'est tout simplement le nombre, hein, je pense, qui
change. C'est bien ça, hein, c'est le nombre?
M. Boulet : Oui. O.K., donc :
224. Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 212, du
suivant :
«212.1. Malgré les articles 209 et 212, lorsqu'il
est prévu que les activités sur un chantier de construction occuperont
simultanément au moins 100 travailleurs de la construction à un moment des
travaux ou que le coût total des travaux excédera 25 000 000 $,
un ou plusieurs représentants en santé et en sécurité affectés à plein temps
sur un chantier de construction doivent être désignés par l'ensemble des
associations représentatives.
«Le nombre minimal de représentants en santé et
en sécurité affectés à plein temps sur un chantier de construction est
déterminé par règlement.
«Le coût lié à l'exécution des fonctions prévues
à l'article 210 est assumé par le maître d'oeuvre.
«Le coût total des travaux prévu au premier
alinéa est revalorisé tous les cinq ans, au 1er janvier de l'année, selon la méthode prévue aux articles 119 à
123 de la Loi sur les accidents de travail et les maladies
professionnelles.»
Explications. Bien là, c'est la catégorie de
représentants en santé et sécurité sur un chantier à temps plein. C'est cette
catégorie-là que ça crée. Sur un chantier de plus grande envergure,
c'est-à-dire quand il est prévu que les activités occuperont au moins
100 travailleurs à un moment des travaux ou d'un coût total, bon, avec
l'amendement, c'est 12 millions. La désignation du représentant ainsi que
le temps nécessaire sont différents des règles générales prévues aux
articles 209 et 212. Plutôt que d'être désigné à la majorité des
travailleurs de la construction présents sur le chantier, il est désigné par
les associations représentatives.
Aussi, il doit être affecté à temps plein... à
plein temps à ses fonctions sur le chantier de construction et non à temps
partiel, comme les autres représentants, puisqu'il est le pendant du
coordonnateur en santé et sécurité qui est aussi présent à plein temps sur les
chantiers de construction de plus grande envergure. Donc, coordonnateur désigné
par le maître d'oeuvre et représentant à temps plein désigné par les
associations représentatives. Finalement, bien, il y a le coût qui est
revalorisé à tous les cinq ans.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Est-ce que vous voulez lire l'amendement immédiatement?
M. Boulet : Oui. Je ne l'ai pas avec
moi, là, mais je vais le lire.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
est déjà affiché, vous pouvez le voir sur l'écran.
M. Boulet : Il y a un autre commentaire
que je ferai, là. Donc : Remplacer, dans le premier alinéa de
l'article 212.1 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail proposé
par l'article 224 du projet de loi, «25 000 000 $» par «12 000 000 $».
Donc, l'explication, vous la connaissez.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Effectivement,
c'est un amendement qui a été déposé, d'ailleurs, ce matin et adopté. Est-ce
qu'il y a des interventions sur l'actuel amendement à l'article 224? Oui,
député de Jonquière.
M. Gaudreault : Je ne sais pas si le
ministre serait ouvert à le mettre à 8 millions.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Boulet : Ah! non, merci. O.K.
Merci...
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, s'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
Le Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
Le Secrétaire : M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement déposé à l'article 224 est adopté. Nous
revenons à l'article 224 tel qu'amendé. Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Question pour le ministre.
Donc, on fait référence à un règlement, dans le deuxième paragraphe. «Le nombre
minimal de représentants en santé et sécurité affecté à plein temps sur un
chantier de construction est déterminé par règlement.» Un peu la même question
que j'ai posée la semaine dernière : Est-ce que ce règlement-là est suspendu,
pas suspendu, C.A., pas C.A.?
M. Boulet : Non, on va le... Non, tu
sais, quand on parle du règlement général, C.A., CNESST, c'est pour tous les
mécanismes généraux. Pour la construction, on va l'adopter et on va le voir
plus loin, parce que, dans la construction,
en raison du niveau de risque et en raison de l'impératif et des attentes dans
le secteur de la construction, les mécanismes et les heures de
libération, on va les voir plus tard, mais ça, ça ne va pas dans le règlement
général.
M. Leduc : On le tranche tout de
suite.
M. Boulet : Exact. À moins qu'on
décide autrement, là, mais on a une proposition de règlement qui est vraiment
bien élaborée, là, selon moi, là.
M. Leduc : Puis là, ça, vous allez
nous soumettre ça rendu là, ou d'avance, ou...
M. Boulet : Plus tard. C'est à quel
article?
Une voix : ...
M. Boulet : On va tomber sur le
règlement après, tout de suite après.
M. Leduc : Après la section
présente?
M.
Boulet : Oui, après la section présente. Est-ce que c'est la
prochaine? Il me semble qu'il y avait trois définitions, il me semble
qu'il y avait trois articles, selon ma mémoire, du plan de travail. Il y a un
autre trois articles. On a fini construction
puis, après ça, on arrive dans le règlement de construction. Alors, on me dit
«exactement», ça fait qu'on y arrive.
M. Leduc : O.K. J'ai une question
sur le sens d'un mot dans le un, deux, trois, quatrième paragraphe, là :
«Le coût total des travaux prévu au premier alinéa est revalorisé tous les cinq
ans.» C'est le même mot que vous avez utilisé plus tôt,
là, pour les seuils de chantier. Est-ce que... Moi, je n'ai pas vu ça souvent,
là, «revalorisé», surtout pas dans un texte de loi. Est-ce que ça implique
nécessairement un montant à la hausse?
M. Boulet : «Revalorisé», oui,
forcément. Si vous allez voir 119, je pense, de la LATMP, on réfère à l'indice
des prix à la consommation, ça fait que présumons qu'il y a une augmentation.
Puis le terme «revalorisé», il est utilisé dans la Loi sur les accidents de
travail, maladies professionnelles, et c'est le terme à utiliser selon nos
conseillers en législation. Puis ça a été vérifié aussi avec le Secrétariat à
la législation qui nous a demandé d'utiliser toujours ce mot-là. Alors, voilà.
M. Leduc : O.K. Mais donc il
pourrait...
M.
Boulet : Puis le collègue de Jonquière avait eu la même préoccupation
qu'il a partagée avec nous ce matin.
M.
Leduc : Dans un contexte
malheureux de crise économique ou de chute brutale des prix des matériaux — on sait
à quel point, par exemple, le bois d'oeuvre, ça peut fluctuer — est-ce
qu'il ne serait pas imaginable qu'on baisse la valeur avec le mot «revalorisé»?
M. Boulet : Non, parce que
«relavorisé», c'est donner une nouvelle valeur. Ça fait que, tu sais, ça va
tenir compte de l'indice des prix à la consommation.
M. Leduc : Mais la nouvelle valeur
pourrait être à la baisse.
M. Boulet : Ce n'est pas parce
que... je ne pense pas que le mot «revalorisé» signifie nécessairement une
augmentation. Ça pourrait rester le même puis, à la limite, ça pourrait...
Une voix : ...
M. Boulet : Parce que c'est rare,
mais, tu sais, s'il y avait, effectivement, un IPC négatif, ça pourrait être
dans une nouvelle valeur où, dans une revalorisation, ça pourrait baisser.
M. Leduc : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excellent. Y a-t-il d'autres interventions à l'article 224 tel qu'amendé?
S'il n'y a pas d'autre... Oui, député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, bien, j'avais
un peu les mêmes questions que le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve sur
«déterminé par règlement», là. Donc, je comprends qu'on va en discuter bientôt.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
M. Gaudreault : L'autre
élément : «Le coût lié à l'exécution des fonctions prévues à
l'article 210 est assumé par le maître d'oeuvre.» Est-ce qu'on a une idée
de ce que ça représente? Et, par rapport à la situation actuelle, ça change
quoi, pour le maître d'oeuvre, de couvrir les coûts?
M. Boulet : Bien, je pense que c'est
une question d'équité, parce que le coordonnateur est le pendant du représentant.
Le coordonnateur est désigné par le maître d'oeuvre, il est son représentant,
il en assume les coûts, et c'est normal que ce soit lui qui assume les coûts du
représentant en santé-sécurité plutôt que l'employeur qui emploie le représentant.
Ça fait que c'était vraiment par souci d'équité.
M. Gaudreault : Et, par rapport à la
situation actuelle, est-ce qu'il y a... ça représente quels changements?
M. Boulet : Bien, il n'y en a pas...
rien dans la loi, là, c'est complètement nouveau. Il y avait une exigence pour
les 500 et plus, mais il n'y avait absolument rien dans la loi. Ça fait que ça,
c'est vraiment du droit nouveau.
M. Gaudreault : Ça veut dire que le
maître d'oeuvre aura à inclure ça dans ses projets ou dans ses estimés, dans
ses soumissions?
• (16 h 40) •
M. Boulet : Totalement. Absolument,
vous avez raison.
M. Gaudreault : Est-ce que le
ministère, ou la CNESST, ou d'autres instances ont fait des estimés sur ce que
ça pourrait représenter?
M. Boulet : Ah! dans les... Oui,
bien, je pense que le coût total de mise en application des mécanismes de
prévention, participation, c'était entre 20 et 30 millions puis c'est
inclus là-dedans.
M.
Gaudreault : 20 et 30 millions, ça, c'est pour l'ensemble du
gâteau, là?
M. Boulet :
Exact, du gâteau construction, ou galette, là, parce que c'était...
M.
Gaudreault : Construction, on parle de gâteau. O.K. Alors, c'est bien.
C'est bien, c'est bien, c'est bien. Bien, c'est bien, c'est...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est bien?
M.
Gaudreault : Oui, c'est correct.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'article 224 tel qu'amendé.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
M. Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Abstention.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 224, tel qu'amendé, est adopté.
Nous poursuivons, M. le ministre, avec l'article 225.
M. Boulet :
Oui, un article de concordance. Donc : L'article 213 de cette loi est
modifié :
1° par la suppression
de «, 95»;
2° par le
remplacement de «à la prévention» par «en santé et en sécurité».
Explication. Donc,
concordance avec l'abrogation de 95 et le remplacement du représentant à la
prévention par le représentant en santé et en sécurité. Il n'y a pas d'amendement. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas d'intervention à l'article 225, nous
allons procéder à la mise aux voix.
M. Leduc :
C'est juste de la concordance encore une fois?
M. Boulet :
Oui.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M.
Boulet : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'article 225 est adopté.
M. le ministre, nous commençons... nous continuons toujours dans le bloc
Prévention, 5.1, Mécanismes de prévention. Cette fois, nous allons à la sous-section 5.1.3, Protection des... stagiaires, pardon. Est-ce que vous voulez... Est-ce
que vous êtes prêt à lire l'article 128?
M. Boulet :
Oui, oui. On va y aller, puis il y a des amendements, il y a un amendement
sur...
M. Leduc :
Quel article?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : 128. On arriverait à 128.
M. Boulet :
C'est où que c'est écrit 128?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Est-ce que vous aimeriez une légère suspension?
M. Leduc :
...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oui, hein? Alors, nous allons prendre une légère
suspension.
(Suspension de la séance à
16 h 43)
(Reprise à 16 h 55)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous recommençons les travaux. Nous en sommes à l'article 128.
M. le ministre, je vous invite
à le lire. Et je sais qu'après ça nous aurons un amendement, mais commençons
par lire l'article, s'il vous plaît. Merci.
M.
Boulet : Oui, merci. L'article 1, c'est des... en fait, c'est des
définitions, là. L'article 1 de la Loi sur la santé et la sécurité
du travail est modifié :
1° par la suppression
de la définition de «agence»;
2° par l'insertion, selon
l'ordre alphabétique, des définitions suivantes :
«"bâtiment" : une construction
utilisée pour abriter ou recevoir des personnes ou des choses, incluant les
installations qu'elle contient;
«"centre
intégré de santé et de services sociaux" : un centre intégré de santé
et de services sociaux constitué par la Loi
modifiant l'organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des
services sociaux notamment par l'abolition des agences régionales, les
établissements et la régie régionale visés, selon le cas, aux parties IV.1
et IV.2 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux et le
Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie-James institué en
vertu de la Loi sur les services de santé et les services sociaux pour les
autochtones cris (chapitre S-5);
«"représentant
en santé et en sécurité" : une personne désignée en vertu des
articles 87, 87.1, 88 ou 88.1»;
3° par l'insertion,
dans la définition de «comité de santé et de sécurité» et après «68,», de
«68.1,»;
4° par le
remplacement, dans la définition de «employeur», de «, dans les cas où, en
vertu d'un règlement, l'étudiant» par «qui»;
5° par la suppression
de la définition de «représentant à la prévention»;
6° par le
remplacement, dans ce qui précède le paragraphe 1° de la définition de
«travailleur», de «dans les cas déterminés par règlement» par «qui effectue,
sous la responsabilité d'un établissement d'enseignement, un stage d'observation
ou de travail».
Explications. Bon,
définitions d'«agence» et «centre intégré», bon, c'est le remplacement de la
définition d'«agence», c'est une modification de concordance avec la loi
modifiant l'organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux par l'abolition des agences, etc.
Bon, je pense que vous êtes tous assez à l'aise avec ça.
Définition de
«bâtiment». On avait donné une définition... On a un amendement, là, notamment là-dessus,
là, que je lirai après. On avait mis une
définition de «bâtiment» qui se retrouve, notamment, dans une définition
de «chantier de construction», mais, bon, parce que ça avait soulevé, en
consultations particulières, beaucoup d'opposition, on a retiré cette
définition-là dans l'amendement. Ça fait que je ne m'éterniserai pas là-dessus.
«Comité de santé et
sécurité», c'est une modification de concordance.
«Employeur», c'est
pour assurer la concordance avec la modification proposée par... à la
définition de «travailleur», simplement, puis
ça confirme le statut d'employeur de l'établissement d'enseignement à l'égard de l'étudiant qui
effectue un stage d'observation ou travaille sous sa responsabilité.
«RP», c'est un
changement de désignation.
«Travailleur», ça
confère le statut de travailleur à l'étudiant, même celui qui fait un stage
d'observation. Voilà, en gros.
Si j'ai l'amendement,
je le lirais tout de suite, Mme la Présidente. À l'article 128 de la
loi :
1° dans le paragraphe
2° :
a) supprimer la
définition de «bâtiment»;
b) insérer, après la
définition de «centre intégré de santé et de services sociaux», la définition
suivante — et
ça, c'est nouveau :
«"intervenant en
santé au travail" : un médecin chargé de la santé au travail, une
infirmière, un ergonome, un hygiéniste du
travail ou toute autre personne exerçant une fonction en santé au travail dans
le cadre de l'offre de services élaborée par un centre intégré de santé
et de services sociaux en vertu de l'article 109.1;»;
2° remplacer le
paragraphe 3° par les suivants :
2.1°
par la suppression des définitions de «centre hospitalier» et de «centre local
de services communautaires»;
3° par le
remplacement, dans la définition de «comité de santé et de sécurité» de «69»
par «68.1, 68.2»;
3° insérer, après le
paragraphe 4°, le suivant :
4.1° par l'insertion,
dans la définition de «matière dangereuse» et après «physique», de «ou
psychique».
Explications.
Bon, on supprime la définition de «bâtiment». On supprime les définitions de
«centre hospitalier» et de «centre local de services communautaires»
pour être compatible avec les amendements puis les expressions qui ne seront, bien
sûr, plus utilisées dans la loi.
On
introduit la définition d'un «intervenant en santé au travail», puis c'était nécessaire
de créer cette définition-là puisque les amendements proposés au projet
de loi font en sorte que cette expression est utilisée à différents endroits dans la loi santé et sécurité. Donc, il fallait la
définir. Une partie du contenu de cette définition est reprise de
l'article 116.1 de la loi en santé et sécurité proposé par 177 du projet
de loi, mais la définition est précisée, là, pour une meilleure compréhension.
Ensuite, l'amendement
proposé à la définition de «comité», c'est concordant avec l'amendement... avec
un autre amendement, là, visant l'article 69 de la loi proposé
par 152 du projet de loi.
Puis finalement cet
amendement ajoute, dans la définition de «matières dangereuses», la notion de
psychique à celle d'intégrité physique, concordant ainsi avec l'ajout du terme
«psychique» à la notion d'intégrité proposée par l'amendement à
l'article 229 du projet de loi.
Excusez, des fois,
les explications sont longues, là, mais je pense que c'est relativement clair.
• (17 heures) •
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Merci, M. le ministre. Y a-t-il des
interventions sur l'amendement déposé par le ministre à l'article 128?
Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Oui, deux petits commentaires. Bien, d'abord, le rajout d'intervenants en santé
du travail, c'était d'ailleurs une réclamation, là, des directeurs de santé
publique dans leur mémoire. Donc, bien joué là-dessus.
M. Boulet :
Tout à fait. Tout à fait.
M. Leduc : Je vois que vous
introduisez toute la notion des CISSS en rajoutant une définition. Si on vote
contre ce rajout, est-ce que ça annule la réforme Barrette?
M. Boulet :
Pas de commentaire. Est-ce que le collègue de Nelligan a bien compris votre
commentaire? Je pense qu'il l'a bien compris.
M. Derraji : Je pense que c'est la
présidente qui va nous ramener à l'ordre de parler du projet de loi n° 59
et non pas d'un autre projet de loi. En tout respect, ni vous ni moi, ni vous
et moi ne sommes habilités à répondre au collègue, qui a le droit de dire ce
qu'il veut en toute légitimité, mais Mme la présidente va nous... insister
sur l'étude du projet de loi n° 59.
M. Boulet : Donc, il nous démontre
qu'il a bien compris, hein?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
M. Gaudreault : Moi, j'ajouterais,
si vous permettez, pour ne pas nommer un parlementaire par son nom, donc c'est
la réforme du Parti libéral.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Ah!
c'est bien, c'est bien.
M. Boulet : Député de La Prairie... La
Pinière. Excuse.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Effectivement. Alors, on y va directement sur l'amendement à
l'article 128. Est-ce qu'il y a des interventions? Alors, s'il n'y a pas
d'intervention...
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Alors, s'il n'y a pas... Oui? Député...
M. Derraji : ...le ministre l'a déjà
entendu, c'est que... souvenez-vous du commentaire de Dr Patry et
Dre Baillargeon sur la différence entre le risque et danger. Et leur
constat a été qu'aucune définition n'est proposée pour les termes «danger» et
«risque». Les notions fondamentales de danger et de risque n'ont pas été
définies dans la loi, or... leur définition en hygiène du travail. Et, dans la
jurisprudence, ils sont à l'opposé l'une de l'autre.
Ceci est une source de confusion, et ayant
moi-même... je navigue encore dans la santé publique, je peux vous le confirmer
que c'est... il faut être beaucoup plus clair et explicite. Et ce qu'ils
recommandent, hein, c'est ce que j'ai noté, définir les termes «danger» et
«risque» et utiliser les définitions retrouvées dans les manuels d'hygiène et
de médecine du travail. Donc, je vous le soumets parce que ça a été mentionné.
C'est un des commentaires que... à part les autres commentaires, où je pense
que vous avez pas mal répondu avec l'amendement...
M. Boulet : Oui, absolument.
M. Derraji : ...mais je vous soumets
le commentaire parce que je ne le trouve pas dans l'amendement, à moins... si
vous souhaitez le clarifier parce que c'est important.
M. Boulet : O.K. Non, ce n'est pas
un souhait. Les termes sont utilisés peut-être parfois dans des contextes
différents, mais le dictionnaire répond bien, par sa définition, à
l'interprétation qu'en font les tribunaux. Puis il n'y a pas eu d'enjeu, là,
outre que soulevé par le Dr Patry, là. Mais je me souviens... Mais, non, on
n'embarquera pas dans des définitions de ce manuel-là, qui risquent d'engendrer
des nouveaux problèmes d'interprétation ou d'application.
M. Derraji : Mais je comprends. Je
ne veux pas qu'on aille très large. Mais est-ce que, par rapport à l'hygiène
et... désolé, est-ce que, par rapport aux dangers et risques, le législateur
doit se référer à la définition qui est dans le manuel d'hygiène... de médecine
du travail?
M. Boulet : Absolument. Ah oui! tout
à fait. C'est un manuel interprétatif, puis oui...
M. Derraji : Donc, vous le
confirmez.
M. Boulet : Absolument.
M. Derraji : Donc, si jamais, en cas
de conflit, si on veut se référer aux termes «danger» et «risque», on se réfère
aux manuels d'hygiène, de médecine du travail?
M. Boulet : En matière d'hygiène,
absolument.
M. Derraji : O.K. C'est bon.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
tout? Parfait. Député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, merci. Bon, là, on est dans un bloc toujours... bien, toujours dans le
bloc Prévention, mais, dans le volet Protection des stagiaires.
Je comprends qu'on fait des amendements assez
techniques, définitions de CIUSSS, bon, et ainsi de suite, là, mais est-ce que
le ministre pourrait, pour le bénéfice du Journal des débats puis de
l'histoire, là, nous expliquer un petit peu ce que ça change concrètement pour
les stagiaires? Peut-être juste faire un petit survol de quelques minutes, là.
Parce que, je veux dire, quand on regarde ça de même, là, de dire : Bon,
bien, on change «agence» ou on change «centre hospitalier» puis «CLSC», O.K.,
ça veut dire quoi, là?
M. Boulet : Mais, pour les
stagiaires, c'est un gain que je qualifierais de très important. Puis, quand
j'ai été assermenté, rapidement, j'ai rencontré les représentants de l'UEQ et
de la FECQ, l'union étudiante puis la fédération des étudiants, et c'était une
demande qui était fondamentale, que les stagiaires... puis il y a d'autres
sujets, là, qui vont venir, que souhaite
aussi mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve puis certainement vous, que les stagiaires
soient protégés. Ils ne l'étaient pas. Ils
ne faisaient pas de prestation de travail puis particulièrement les stagiaires
d'observation. Donc, c'est une des avancées importantes de notre réforme en
santé et sécurité.
Puis rappelez-moi donc combien il y en a, des
stagiaires d'observation. C'était-tu...
Une voix : ...
M. Boulet : C'était à peu près
10 000 au Québec. Donc, victime d'un événement imprévu et soudain pendant
un stage d'observation, zéro, aucune possibilité de réclamation, aucune forme
d'indemnité, puis même affaire pour les maladies professionnelles, zéro. Et
donc, maintenant, c'est des travailleurs au sens de la loi. Puis les
employeurs, c'est... on prévoit même les institutions d'enseignement. On a eu
beaucoup de consultations à faire, hein? Vous pouvez vous imaginer, là, avec
les établissements d'enseignement, les collèges, les universités, mais c'est fait
puis c'est 10 000. Puis je tiens à souligner au collègue de Jonquière que
c'est à forte prépondérance féminine.
Ça fait que je pense que c'est un cadeau
parlementaire qu'on fait aux stagiaires en leur disant : Vous autres aussi, vous êtes protégés. Vous autres aussi, vous
pouvez faire des réclamations. Puis, vous autres aussi, vous êtes des
bénéficiaires des mesures de prévention puis de l'encadrement en santé et
sécurité dans les environnements. C'est une réponse brève. Je pourrais en
parler longtemps, là, mais je pense que c'est...
M. Gaudreault : O.K. Puis il faut
que le stagiaire soit reconnu, j'imagine, dans un contexte de... je veux dire,
académique, là, donc stagiaire du Barreau, par exemple, ou stagiaire du Collège
des médecins, ou un stagiaire...
M. Boulet : Oui, oui, oui, il faut
que ça soit reconnu. En même temps, le stagiaire du Barreau, il fait une
prestation. Mais, oui, si c'était... parce qu'il y en a, des avocats, que
c'était juste de l'observation pas rémunérée. Je me souviens qu'à une certaine
époque où il y avait la demande... où l'offre était plus restreinte puis la
demande était imposante, j'en ai vu, moi, qui ont fait des stages non
rémunérés.
M. Gaudreault : Oui, moi aussi.
M. Boulet : Ça fait que ces
personnes-là, oui, elles seraient couvertes.
M. Gaudreault : O.K. donc c'est les
stages non rémunérés, les stages d'observation parfois qui s'inscrivent dans un parcours scolaire, des fois, en deuxième
année au cégep, un premier stage d'observation. C'est ces étudiants-là
qu'on pense.
M. Boulet : Mais ici, c'est sous la
responsabilité d'un établissement d'enseignement. Ça fait que... Mais, oui, ces
personnes-là seraient aussi couvertes.
M. Gaudreault : O.K. Ça va.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excellent. Y a-t-il d'autres interventions à l'amendement déposé par le
ministre à l'article 128? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
Le Secrétaire : Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
Le
Secrétaire : M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
• (17 h 10) •
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement déposé par le ministre à l'article 128
est adopté.
Nous poursuivons,
cette fois-ci, avec l'article 128 tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions?
S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 128
tel qu'amendé.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 128, tel qu'amendé, est adopté. M. le ministre,
nous poursuivons avec l'article 239? C'est bien cela?
M. Boulet : Oui, tout à fait, mais
239, là, c'est le Règlement sur les mécanismes de prévention qui va être élaboré par le conseil d'administration de la
CNESST, duquel on a extrait le règlement simplement pour la prévention dans le secteur
construction.
Et je lirais l'amendement, et l'amendement
remplace 239 du projet de loi par les alinéas qui concernent la prévention en
matière de construction. Et, avec le consentement, on pourrait l'adopter en
bloc, et ça permettrait de faire d'avance, dans le secteur de la construction,
ce qui sera fait par le C.A. de la CNESST dans le délai de trois ans que
nous avons déjà discuté.
Ça fait que moi, c'est la perspective que je soumettais, qu'on fasse la
construction, qu'il y ait, dans ce secteur-là, des mécanismes de
prévention et de participation qui soient pleinement, je dirais, effectifs dès
la sanction. Puis on va discuter, dans le
transitoire, parce que je sais que les collègues de Nelligan,
Jonquière et d'Hochelaga-Maisonneuve
vont en parler, mais on discutera, dans le
transitoire, d'un régime intérimaire d'ici à l'adoption finale du règlement général.
Ça fait que je lirais l'amendement, et on pourra
procéder sur l'amendement. Mais c'est quand même assez...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Assez
long, là, oui. Attendez. Deux choses. Moi, j'ai besoin d'avoir le consentement.
Est-ce qu'on a le consentement qu'il lise l'amendement? Et est-ce que vous avez
reçu l'amendement? Est-ce que vous l'avez? Tout le monde, vous l'avez? Parce
que c'est assez long, merci.
M. Gaudreault : 239, oui, on l'a.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
239, vous l'avez. Donc, est-ce qu'on a le consentement que M. le ministre ne
lise que l'amendement?
M. Leduc : ...l'article original.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
ça, tout à fait, parce que je pense qu'il y a beaucoup de changements, hein,
c'est ça?
M. Boulet : Oui.
M. Gaudreault : Je voudrais peut-être
en profiter pour dire peut-être un petit mot, là. Une fois qu'il aura lu l'amendement...
Moi, je n'ai pas de problème à ce qu'il fasse la lecture de l'amendement. Puis
je comprends qu'on va faire une discussion sur l'ensemble, au fond... bien, sur
l'amendement, mais ça va concerner aussi l'ensemble de l'article. C'est ça?
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
ça, mais on va voter quand même.
M. Boulet : Ce qu'on fait, collègue,
là, c'est que le règlement initial, où il y avait les niveaux de risque, et
tout, on le remplace, on le met de côté, puis on donne mandat au C.A. de la
CNESST de faire un règlement, qui est le forum approprié, comme j'ai souvent
dit, mais on a extrait de ce règlement-là les alinéas 38 à 54 qui étaient
spécifiques à la construction, et c'est ce qui est dans notre amendement, pour
que ça, on puisse l'adopter en amont pour démontrer l'importance particulière
qu'on accorde à la santé, sécurité. Et ça aurait pu être dans le règlement général, mais je soumettais, puis je pense
que c'est le souhait de tous les partis d'opposition, que, pour la
construction, on puisse adopter les articles pertinents en matière de
prévention puis de participation. C'est l'amendement, et je lirais l'amendement
dans sa totalité.
M. Gaudreault : D'accord, mais
après, moi, je vais souhaiter qu'on ait une suspension pour qu'on ait le temps
de digérer le morceau, là. Tu sais, on dit : Un éléphant, ça se mange un
morceau à la fois. Puis là...
M. Boulet : Oui, parce que... puis
je pense qu'en bloc, là... Puis d'ici demain matin, si vous avez un point... je
sais qu'il y a un collègue qui a dit : Il y a un point dans le... ou des
points à soulever. Ça fait que vous pourriez les soulever, puis on pourrait
faire la discussion demain matin pour nous permettre d'adopter l'article 239.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Gaudreault : Qu'on dorme
là-dessus.
M. Boulet : Oui, oui. Puis je suis
d'accord, là, mais que j'aie fini de lire, on demandera une suspension...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Non,
non, il ne sera quand même pas rendu...
M. Boulet :
...puis on va filer dans le temps, là. J'ai l'impression qu'on va finir avec
ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors donc, j'ai le consentement. M. le ministre, vous pouvez donc
lire l'amendement que vous déposez à l'article 239.
M. Boulet : Oui. Bon, si je vais
vite, vous m'excusez, hein, parce que ce n'est pas dans ma façon de faire.
Remplacer l'article 239 du projet de loi par le
suivant :
«239. Le Règlement sur les mécanismes de
prévention propres à un chantier de construction, dont le texte apparaît
ci-après, est édicté.
«Règlement sur les mécanismes de prévention
propres à un chantier de construction.
«Chapitre I.
«Champ d'application.
«1. Aux fins d'application de la Loi sur la
santé et la sécurité du travail, le présent règlement détermine les règles
applicables sur un chantier de construction relativement au comité de chantier,
au représentant en santé et en sécurité et au coordonnateur en santé et en
sécurité.
«Chapitre II.
«Comité de chantier.
«Section I.
«Composition du comité de chantier et
désignation des membres.
«2. Le nombre maximal de représentants des
employeurs au sein du comité de chantier est égal au nombre de représentants en santé et en sécurité et de
représentants de chacune des associations représentatives membres du
comité.
«Si le nombre
d'employeurs présents sur le chantier de construction excède le nombre maximal
de représentants prévu au premier
alinéa, les représentants des employeurs au sein du comité sont respectivement
ceux des employeurs qui emploient le plus grand nombre de travailleurs
présents sur le chantier de construction.
«3. Lorsque plusieurs représentants en
santé et en sécurité ou plusieurs coordonnateurs en santé et en sécurité sont
désignés sur un chantier de construction, le nombre de représentants ou de
coordonnateurs membres du comité est égal au nombre minimal prévu aux articles
13 et 16 selon la catégorie de chantier de construction.
«4. Les représentants en santé et en
sécurité membres du comité de chantier sont désignés par l'ensemble des
associations représentatives.
«À défaut,
ils sont désignés à la majorité des travailleurs de la construction présents
sur le chantier de construction.
«Section II.
«Règles de fonctionnement du comité de chantier.
«5. Le comité de chantier tient sa première
réunion dans les 14 jours suivant la date du début des travaux.
«6. Malgré la fréquence minimale des
réunions prévue au premier alinéa de l'article 207 de la loi, le comité de
chantier d'un chantier de construction groupant 100 travailleurs et plus
se réunit au moins une fois par semaine.
«7. L'ordre du jour d'une réunion du comité
de chantier est déterminé par le maître d'oeuvre.
«Tout membre du comité peut, au début de la
réunion et avec l'accord des autres membres, proposer des modifications à
l'ordre du jour.
«8. Le quorum d'une réunion est d'au moins
un représentant du maître d'oeuvre, au moins un représentant des employeurs et
au moins la moitié des membres visés aux paragraphes 3° et 4° de l'article
205 de la loi qui représentent les travailleurs.
«9. Toute vacance au sein du comité de
chantier doit être comblée au plus tard 14 jours après que le comité en a
été avisé si le chantier de construction groupe au moins 20 travailleurs
ou au plus tard 7 jours si le chantier de construction groupe au moins 100
travailleurs.
«Elle est comblée suivant le mode de désignation
prescrit pour la désignation du membre à remplacer, le cas échéant.
«10. Le maître d'oeuvre doit rédiger le
procès-verbal des réunions du comité de chantier.
«À chacune des réunions, le comité adopte le
procès-verbal de sa réunion précédente. Les procès-verbaux ainsi adoptés sont
conservés par le maître d'oeuvre, dans un registre prévu à cette fin, pendant
une période d'au moins un an suivant la date de la fin des travaux.
«Les membres
du comité peuvent, sur demande du maître d'oeuvre, obtenir copie des
procès-verbaux du comité.
«Section III.
«Formation des membres du comité de chantier.
«11. Le [...] comité de chantier doit obtenir
une attestation de formation théorique d'une durée minimale d'une heure
délivrée par la commission ou par un organisme reconnu par elle.
«La formation doit notamment porter sur les
sujets suivants :
«1° les mécanismes de prévention applicables sur
un chantier de construction;
«2° le rôle du comité de chantier et ses règles
de fonctionnement;
«3° le suivi du programme de prévention;
«4° l'analyse et le suivi des avis d'accidents;
«5° le suivi des suggestions et des plaintes
relatives à la santé et à la sécurité du travail reçues des travailleurs de la
construction, des associations représentatives, de l'association sectorielle
paritaire de la construction visée à l'article 99 de la loi, des employeurs
et du maître d'oeuvre;
«6° le suivi des rapports d'inspection effectuée
sur le chantier de construction.
«Le
membre qui détient une attestation de formation de coordonnateur en santé et en
sécurité ou une attestation de
formation de représentant en santé et en sécurité conformément à
l'article 15 est dispensé de suivre cette formation.
«Chapitre III.
«Représentant en santé et sécurité.
«12. Le temps minimal que le représentant en
santé et en sécurité peut consacrer, par jour, à l'exercice de ses fonctions, à
l'exception de celles visées aux paragraphes 2°, 6° et 7° de l'article 210
de la loi, est, selon le nombre de travailleurs présents sur le chantier de
construction, le suivant :
«1° de 10 à 24 travailleurs :
1 heure;
«2° de 25 à 49 [...] : 3 heures;
«3° de 50 à 74 [...] : 4 heures;
«4° de 75 à 99 [...] : 6 heures;
«5° de 100 travailleurs et plus :
8 heures.
• (17 h 20) •
«13. Le nombre minimal de représentants en santé
et en sécurité désignés conformément à l'article 212.1 de la loi est, selon le
nombre de travailleurs présents sur le chantier de construction, le
suivant :
«1° de 100 à 299 : 1;
«2° de 300 à 599 travailleurs : 2;
«3° de 600 à 899 travailleurs : 3;
«4° de 900 à 1 199 travailleurs : 4;
«5° de 1 200 et plus : 5.
«14. Le représentant en santé et en sécurité
désigné conformément à l'article 209 de la loi doit obtenir une attestation de formation théorique d'une durée
minimale de trois heures délivrée par la commission ou par un organisme
reconnu par elle.
«La formation doit notamment porter sur les
sujets suivants :
«1° les mécanismes de prévention applicables sur
un chantier de construction;
«2° le rôle, les fonctions et les
responsabilités du représentant;
«3° l'inspection des lieux de travail;
«4° l'assistance aux travailleurs dans
l'exercice des droits qui leur sont reconnus par la loi et les règlements;
«5° le rôle du représentant lors de la visite
d'un inspecteur;
«6° l'enquête d'accident et l'analyse des
incidents rapportés.
«15. Le représentant en santé et en sécurité
désigné conformément à l'article 212.1 de la loi doit obtenir une
attestation de formation théorique d'une durée minimale de 40 heures délivrée
par la commission ou par un organisme reconnu par elle.
«Outre les éléments visés au deuxième alinéa de
l'article 14, la formation doit porter sur le programme de prévention et
le fonctionnement d'un comité de chantier.
«Chapitre IV. Coordonnateur en santé et
sécurité.
«16. Le nombre minimal de coordonnateurs en
santé et en sécurité désignés conformément à l'article 215.1 de la loi
est, selon le nombre de travailleurs présents sur le chantier de construction,
le suivant :
«1° de 100 à 299 travailleurs : 1;
«2° de 300 à 599 travailleurs : 2;
«3° de 600 à 899 travailleurs : 3;
«4° de 900 à 1 199 travailleurs : 4;
«5° de 1 200 travailleurs et plus : 5.
«17. Le coordonnateur en santé et en sécurité
doit obtenir une attestation de formation théorique d'une durée minimale de
240 heures délivrée par la commission ou par un organisme reconnu par elle.
«La formation doit notamment porter sur les
sujets suivants :
«1° le cadre
législatif et réglementaire en santé et en sécurité du travail applicable à un
chantier de construction;
«2° les mécanismes de prévention applicables sur
un chantier de construction;
«3° le rôle et les fonctions générales du
coordonnateur, incluant la coordination d'un comité de chantier;
«4° l'élaboration et la mise à jour d'un
programme de prévention propre à un chantier de construction;
«5° le rôle du coordonnateur lors de la visite
d'un inspecteur sur un chantier de construction;
«6° les principales mesures de sécurité
applicables sur un chantier de construction, en tenant compte des priorités
d'action établies par la commission;
«7° les principales règles en santé du travail
applicables sur un chantier de construction;
«8° l'audit de gestion en santé et en sécurité
du travail;
«9° l'inspection des lieux de travail;
«10° l'enquête d'accident et l'analyse des
incidents rapportés;
«11° l'élaboration des consignes de travail
propres à un chantier de construction.
«Chapitre V.
«Disposition transitoire.
«La personne qui, le 31 décembre 2022, est
titulaire d'une attestation d'agent de sécurité délivrée par la commission en
application du sous-paragraphe c du paragraphe 2 de l'article 2.5.4
du Code de sécurité pour les travaux de
construction et qui est désignée représentant en santé et en sécurité ou
coordonnateur en santé et en sécurité est dispensée d'obtenir les
attestations de formation requises en vertu des articles 15 et 17.»
Explications.
Cet amendement remplace le Règlement sur les mécanismes de prévention par le Règlement
sur les mécanismes de prévention propres à un chantier de construction, en
conservant les articles 38 à 54 du Règlement sur les mécanismes de prévention
proposé par 239.
Bon, l'amendement
vise également à exiger, à l'article 17 du règlement, que le coordonnateur
obtienne une attestation de formation, la
durée minimale de 240 heures, on en a parlé abondamment, et non plus, tel
qu'initialement proposé, d'une durée minimale de 120 heures.
Puis l'amendement
concorde aussi avec celui prévu à 293 qui prévoit que les dispositions qui
concernent les mécanismes de prévention propres à un chantier entrent en
vigueur le 1er janvier 2023. Donc, il vise donc à modifier la date du
1er janvier 2022 pour celle du 31 décembre en ce qui a trait à
la date à laquelle la personne est titulaire d'une attestation d'agent de
sécurité délivrée par la commission en application du sous-paragraphe... et qui
est désignée représentant en santé et en sécurité ou coordonnateur en santé et
sécurité dispensée... donc, est dispensée d'obtenir les nouvelles attestations
de formation requises pour exercer ses fonctions.
Voilà, ça complète
les explications, puis je pense que ça permet de mettre les tentacules
d'application des mécanismes de prévention puis de participation qu'on a
adoptés précédemment dans le secteur de la construction. Ça permet de mettre ça
en lumière, de mettre ça sur le plancher des vaches et de bien comprendre les
modalités ou les tenants et aboutissants. Puis je pense que ce serait une
avancée considérable que, dans le secteur de la construction, on reconnaissance
que, bon, les parlementaires se sont entendus pour que ça puisse être mis en
application avant l'adoption du règlement général par le C.A. de la CNESST.
Merci.
M.
Gaudreault : Si vous permettez, Mme la Présidente, je veux remercier
le ministre pour avoir lu tout ça, là. Je ne lui demanderai pas de le refaire,
mais je voulais savoir... ça veut dire que, pour cette portion-là, la CNESST
n'y retouchera plus, à moins que... dans son processus réglementaire habituel.
M. Boulet :
À moins qu'il bonifie. Exact.
M.
Gaudreault : Mais, je veux dire, ça veut dire que le jour de
l'adoption de la loi, pouf, cette portion-là...
M. Boulet :
Tout à fait.
M.
Gaudreault : ...est applicable, puis on a fait la job de la CNESST.
Elle en a déjà en masse à faire avec le reste des autres règlements qu'elle
aura adoptés.
M. Boulet :
Pour les autres. Exactement. Je pense que vous l'exprimez très, très bien
puis...
M.
Gaudreault : Non, non, mais c'est important parce qu'il y a du monde
qui nous écoute, puis là ils se disent : Oh! la CNESST va-tu repasser
là-dessus subito presto?
M. Boulet :
Non. On l'adopte, c'est dans la loi.
M.
Gaudreault : Exact.
M. Boulet :
À la sanction, c'est effectif, puis ça nous permet d'exprimer l'importance
qu'on associe à ce secteur-là, où il y a un nombre important de décès.
M.
Gaudreault : Qui peut le plus peut le moins.
M. Boulet :
Exact.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Donc, il n'y aura pas une disposition transitoire qui va venir plus tard, qui
va venir nous dire que ça, ça s'applique six mois, un an après l'adoption,
là.
M. Boulet :
On va le voir dans les dates d'entrée en vigueur, mais non, il n'y aura pas
de... non, ça, ça va être adopté tel quel, puis c'est les articles 38
à 54, qui étaient dans le règlement général de 239, dont on se
départit, là, à cause des niveaux de risque.
M. Leduc :
Oui, oui, ça, je comprends, mais est-ce qu'on a... Les nouveaux chiffres, là,
peu importent les chiffres, là, qui sont
renumérotés, ça... Dans le fond, dans... ma question, c'est : Pouvez-vous
nous annoncer maintenant ça va être quoi, la date d'application?
M.
Boulet : Bien, le délai
d'implantation, ça, on va le discuter dans les articles, des dates d'entrée en
vigueur, là, oui, dans les dispositions.
M. Leduc : On parle de quoi, là, un
an, six mois, trois mois?
M.
Boulet : Bien, on pourra en rediscuter, là. Moi, j'ai une hypothèse,
là, mais j'aimerais d'abord consulter, là. Mais on va en... Ça, ça va être plus
tard, dans les articles d'adoption.
M. Leduc :
O.K. Bien, je trouvais ça important de le savoir quand même maintenant parce
que ça peut un peu influencer comment on le gère, cet article-là. Tu sais, si
vous me dites...
M. Boulet :
Est-ce qu'on peut suspendre deux minutes? Parce que je pourrais donner peut-être
l'information tout de suite.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Nous allons suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à
17 h 29)
(Reprise à 17 h 43)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oui. Alors, attention! M. le ministre, à vous la parole. Je
pense que vous vouliez faire quelques commentaires généraux.
M. Boulet :
Oui, bien, en fait, un commentaire suite à une interrogation soumise par le
collègue qui voulait avoir une idée du délai d'implantation des mesures de
prévention, des nouveaux mécanismes de prévention puis de participation dans le
secteur de la construction. Évidemment, la discussion sera ouverte lors de l'étude
détaillée des dispositions transitoires.
Mon
objectif, c'est d'avoir un calendrier de dates d'entrée en vigueur de différentes dispositions, de différentes sections de notre projet
de loi pour s'assurer de la faisabilité puis de la cohésion de ces dates-là,
mais, pour le bloc Prévention, participation, construction, ce que nous
envisageons, c'est le 1er janvier 2023, donc c'est l'année 2022, pour
que ce soit fait de manière ordonnée. Puis il faut soutenir les employeurs qui
auront des besoins, il y aura de la formation puis il y aura de la sensibilisation
puis de l'information.
C'est le délai qui
est anticipé. Je sais que certains... puis moi, je mets de la pression pour que
ce soit le plus rapidement possible, mais je sais qu'il y en a qui ont besoin
de plus de délais. Ça fait que c'est ce qui est anticipé, mais, encore une fois,
quand on va discuter des dates dans une perspective de globalité, ça pourra
changer, là.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Nous avons reçu un sous-amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Alors, je vous invite à le lire, s'il vous plaît.
M. Leduc :
Bien, si vous me permettez, Mme la Présidente, peut-être un commentaire rapide
sur ce qui vient d'être annoncé, là, par M. le ministre.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oui, allez-y.
M. Leduc :
Merci d'avoir pris le temps de vérifier, d'ailleurs. C'est sûr que moi, c'est
un... plus les délais sont longs, en termes d'application des nouvelles
mesures, plus ça me désole, parce qu'on travaille très fort ici pour attacher
quelque chose qui se tient puis qui a du sens. Ça fait quand même plusieurs
mois que ça, c'est public. Je veux dire, votre première... même votre première
version du règlement, mettons, plus précisément, qui est à l'étude en ce
moment, sur la construction, ça a été déposé en décembre l'année passée. Donc,
ça va faire bientôt un an. Donc, il n'y a pas des grandes surprises, là, on ne
s'en va pas dans des directions qui sont complètement nouvelles ou
surprenantes.
Donc, si le délai,
c'est pour que les gens se fassent à l'idée puis qu'ils s'attendent... non,
non, tout le monde l'a bien lu, le projet de loi, tout le monde sait où est-ce
que vous vous en allez. À part des modifications qu'on réussit à attacher çà et
là, il n'y a pas de grosse surprise. Ça fait que moi, des délais, là,
j'espérerais le plus possible qu'on réduise ça au maximum. Ça peut-tu être
trois mois? Ça peut-tu être six mois? Il en faut quand même un, délai, là. Je
comprends que ce n'est pas le lendemain matin de la sanction de la loi que tout
ça commence à s'appliquer, mais, quand on
commence à parler à des délais plus longs que ça, des un an, un an et des
poussières, je trouve ça un peu long.
Donc, je comprends
que le ministre me dit qu'on va en reparler plus tard, aux dispositions
transitoires. Ça sera l'occasion de peut-être un débat plus global sur
l'ensemble des délais, rendu là.
M.
Boulet : Oui. Puis je suis assez d'accord avec vous, hein, moi, ça
serait... le plus tôt serait le mieux. Puis on dit souvent qu'on ne veut
pas faire de compromis en matière de santé-sécurité, particulièrement dans le
secteur de la construction, mais il faut
trouver un équilibre pour bien le faire. Puis, quand je dis «information,
formation, sensibilisation», ça va
être des éléments clés pour que ça puisse être fait convenablement, mais on va
en rediscuter. Puis je suis pas mal... on est pas mal des alliés
là-dedans, tous les quatre. On va vouloir que ça soit fait dans les meilleurs
délais possibles.
M. Leduc :
Parfait. Alors, je vais donc procéder avec la lecture de mon sous-amendement.
Ça va comme suit : L'article 13 du
règlement proposé par l'amendement à l'article 239 du projet de loi est
modifié par le remplacement de ses paragraphes 1° à 5° par les suivants :
«1° de 100 à
199 travailleurs : 1;
«2° de 200 à 299 travailleurs : 2;
«3° de 300 à 399 travailleurs : 3;
«4° de 400 à 499 travailleurs : 4;
«5° de 500 travailleurs et plus : 5.»
Dans le fond, c'est très simple, Mme la
Présidente, dans la mouture originale, là, du projet de loi, le ministre avait
proposé, dans le fond, cinq catégories qui donnaient accès de un à cinq
représentants en santé-sécurité sur un chantier donné. Nous, on reprend, dans
le fond, la même gradation, d'un à cinq, mais on s'y rend un peu plus rapidement. Comme, par exemple, le premier palier
du ministre, de un à 300, je vais l'arrondir, nous, on propose d'y aller plus rapidement,
de un à 200. Puis, après ça, c'était de 300 à 600, bien, nous, on passe de 200
à 300.
Ça fait en sorte qu'assez rapidement, quand le
chantier, là, devient un peu plus gros, ça ne prend pas des pas de géant, j'oserais
dire, pour atteindre un nombre plus substantiel de représentants en santé-sécurité.
C'est quelque chose qui était recommandé par pas mal tous les intervenants
syndicaux, là, de... de la construction, là, notamment le Syndicat québécois de
la construction, la FTQ‑Construction. Je pense qu'il y en avait d'autres aussi,
là, syndicats de la construction qui avaient déposé des variations sur le même
thème d'un accès plus rapide à des représentants de santé-sécurité. Moi, je
pense que ça serait quelque chose de pertinent, là, à étudier. Je ne sais pas
si le ministre a pris le temps de le regarder un peu pendant la pause.
M. Boulet : Oui, bien sûr.
M. Leduc : Mais l'idée d'atteindre
plus rapidement un nombre intéressant de représentants, ça ne peut qu'être
bénéfique pour l'objectif qui nous rejoint, qui est celui d'avoir une
prévention efficace sur le terrain.
La Présidente (Mme IsaBelle) : M. le
ministre.
M. Boulet : Oui, on va avoir besoin
d'une suspension pour s'assurer de l'incidence, là, du sous-amendement présenté
par Québec solidaire, bien présenté par le collègue et que je comprends bien.
Ça fait que... Est-ce qu'on peut au moins suspendre quelques minutes? Après ça,
je pourrai faire une réaction préliminaire.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 50)
(Reprise à 17 h 58)
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Alors, M. le ministre, vous voulez intervenir?
M. Boulet : Simplement pour vous
dire que je n'ai pas complété la réflexion qu'on avait amorcée, là. J'ai eu une
discussion avec le collègue de Nelligan. Et donc, demain matin, au début de la
reprise de nos travaux, je pourrai faire une réaction au sous-amendement soumis
par notre député d'Hochelaga-Maisonneuve.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci,
M. le ministre.
Alors, effectivement, compte tenu de l'heure,
bien, nous ajournons les travaux à jeudi 2 septembre, à 9 h 30. Alors, je vous souhaite tous et toutes une bonne
soirée. Merci. Merci pour votre bon travail et votre belle collaboration.
(Fin de la séance à 17 h 59)