(Neuf heures trente et une minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Bonjour. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de
l'économie et du travail ouverte. Je vous souhaite la bienvenue, et je demande
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder aux consultations
particulières et aux auditions publiques sur le projet de loi n° 100, Loi
sur l'hébergement touristique.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Bélanger (Orford) est remplacé par M. Poulin
(Beauce-Sud); M. Derraji (Nelligan) est remplacé par Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger); M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve) est remplacé par M. Fontecilla (Laurier-Dorion); et Mme Richard
(Duplessis) est remplacée par Mme Perry Mélançon (Gaspé).
Auditions (suite)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, écoutez, je crois... Est-ce que nous avons le consentement
pour... ça a été discuté, là, hors d'ondes, mais j'ai besoin d'avoir votre consentement
en ondes. Est-ce que j'ai votre consentement pour que le temps non utilisé du gouvernement
soit réparti de façon proportionnelle, hein, c'est à la demande de la ministre, est-ce
que vous êtes d'accord
avec cette procédure? Oui, parfait. Alors, nous allons fonctionner comme ça.
Nous
entendons ce matin, alors, les représentants de la Fédération canadienne de...
l'entreprise, pardon, indépendante, alors, M. François Vincent et
Mme Clémence Joly. Avant de commencer votre exposé de 10 minutes, je vous invite à bien vous présenter, et, tout de
suite après, vous pouvez commencer. Alors, M. Vincent, à vous la parole.
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI)
M. Vincent (François) : Merci, Mme
la Présidente. Mme la ministre, Mmes et MM. les députés, bonjour. Je me présente, François Vincent, je suis
vice-président pour la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante pour
le Québec. Je suis accompagné de Clémence Joly, analyste des politiques et la
personne qui a rédigé le mémoire. D'ailleurs, je tiens à souligner son
excellente analyse et rédaction, puis je suis persuadé que ça va contribuer à
la présente réflexion.
La FCEI est
le plus grand regroupement de PME au pays. On compte 95 000 membres
au Canada et 20 000 au Québec, représentant tous les secteurs
d'activité économique et toutes les régions du Québec.
D'emblée, on tient à remercier la Commission de
l'économie et du travail de l'opportunité que vous nous donnez de présenter les
commentaires de notre organisation. On salue aussi la volonté de la ministre
d'élaborer un projet de loi... qui a élaboré un projet de loi sur l'hébergement
et qui propose un nouveau cadre législatif qui porte une attention particulière
aux enjeux des PME du secteur. Cela fait preuve de leadership, et nous vous
remercions de vous mettre à l'écoute du milieu et surtout pour la volonté
d'action qui est concrétisée.
Tout d'abord, la FCEI remarque que les objectifs
visés par le projet de loi visent à réduire le fardeau administratif et
réglementaire des entrepreneurs, à faciliter l'encadrement et à soutenir
l'innovation. C'est à noter parce que la
paperasserie, c'est la préoccupation majeure des PME québécoises. Son fardeau
pèse lourd sur le dos de nos petits
entrepreneurs. En effet, pour les PME, le coût du fardeau administratif annuel
au Québec est de 8,2 milliards de dollars.
Nous voulons vous remercier, Mme la ministre, de
votre implication pour changer les choses positivement pour les petites entreprises du secteur en matière d'allègements
réglementaires. Puis je note que le projet de loi répond au plan
d'action 2020‑2025 en la matière, du gouvernement du Québec. La FCEI
appuie donc ce projet de loi et en recommande son adoption. Nous apporterons
certaines questions et interrogations, comme vous pourrez le constater à la
lecture de notre mémoire, et des pistes d'amélioration pour alimenter les
parlementaires dans leurs travaux.
Avant de rentrer dans les détails, j'invite
Clémence Joly à présenter brièvement la situation des PME québécoises. C'est
quand même important de prendre ça en considération, selon nous, dans la
réflexion du présent projet de loi n° 100.
Mme Joly (Clémence) : Merci,
François. Donc, effectivement, il apparaît essentiel de prendre en compte
l'environnement d'affaires et le contexte dans lequel les entreprises et les
PME évoluent. Selon nos résultats de sondage en date du 19 août, 80 %
des PME québécoises sont ouvertes, 51 % fonctionnent avec un personnel
égal ou supérieur à la normale, et seulement 49 % génèrent des revenus
égaux ou supérieurs à la normale. Ce sont donc des PME
qui sont fragilisées, qui ont été fragilisées et qui le sont encore, donc, par
les restrictions économiques et les nombreuses répercussions de la COVID-19.
Elles sont aussi endettées. Selon nos
estimations, les PME du Québec ont cumulé une dette de près de
100 000 $, et nos récentes recherches FCEI révèlent également que,
pour le secteur de l'hébergement et de la restauration, il faudra plus de
29 mois à ces entreprises pour retrouver un niveau d'activité normal. Et
une autre de nos études dévoile que 33 % des entreprises du milieu sont à
risque de fermer, comparativement à une moyenne canadienne de 17 %. Donc,
on voit bien que l'action gouvernementale est de mise pour aider le milieu des
affaires à faire face à de nombreux défis, et elle soutiendra, donc, cette
action gouvernementale, les entreprises dans la relance économique du Québec.
La FCEI soutient donc les objectifs du p.l. n° 100
qui viennent appuyer cette industrie durement affectée et, dans ces conditions,
elle souhaite profiter de cette tribune pour rappeler l'importance de maintenir
l'appui du secteur, notamment en adoptant un plan restant ouvert et en adoptant
des mesures supplémentaires en cas de nouvelles restrictions économiques.
François, je te rends la parole.
M. Vincent (François) : Merci,
Clémence. Ce projet de loi n° 100 représente le pas à
prendre pour le secteur. Je vais commencer
par la diminution administrative et réglementaire. C'est un enjeu
qui est important, comme je le mentionnais, à cause du coût
mais également au niveau de la relance économique, puis là je fais un lien avec
les données de fragilité du secteur. Une des actions que le gouvernement peut
faire pour aider justement ces PME-là à se relever, c'est de diminuer la
paperasse. Puis c'est quand même assez important, parce que ce sont 75 %
des PME, au Québec, qui mentionnent l'accélération de la diminution de la
paperasserie comme une mesure phare pour privilégier la relance économique du Québec.
Donc, la FCEI appuie la mesure soutenant... qui ne soumettrait plus
l'exploitant au guide de classification et à ses innombrables critères d'évaluation.
On ne peut pas cacher cependant que la
distribution... la disparition du régime obligatoire d'attestation de classification,
unique en Amérique du Nord — puis
je le répète, unique en Amérique du Nord — ne plaît pas à tous. D'un côté, il y en a plusieurs qui disent que son remplacement par un enregistrement en ligne annuel est un soulagement. Ça impose une
gestion lourde et complexe puis, des fois, ça ne représente même pas la réalité
de ce que fait le lieu d'hébergement ou ce que recherche la clientèle.
De l'autre, son abolition est synonyme d'inquiétude pour certains, parce que ça permet un niveau de standard dans l'industrie,
par rapport aux plateformes qui peuvent exister, et que le
vote des clients peut avoir une perception négative sur les entreprises.
Maintenant, on ne voit pas pourquoi on
imposerait un régime obligatoire unique au Québec qui augmenterait la paperasserie des petites entreprises du secteur, paperasse qui est inversement
proportionnelle à la grandeur de l'entreprise. Le coût de la paperasse est
cinq fois plus lourd pour les entreprises de moins de cinq employés
comparativement aux entreprises de 100 employés et plus.
Quant aux
craintes exprimées par certains établissements, bien, la FCEI est rassurée des
dispositions qu'assurent une collaboration et une écoute très grande de
l'industrie puis, même à un certain point, une délégation de pouvoirs. Donc, ça, on voit ça d'un bon oeil. Maintenant, il
va falloir faire attention pour, justement, que cette délégation-là n'ait
pas pour impact de recréer des formalités administratives, un régime parallèle
qui, à terme, ne va pas nécessairement diminuer la paperasserie des petites
entreprises du secteur.
• (9 h 40) •
À cet égard, le projet de loi sera suivi de
règlements qui vont préciser le projet de loi. Pour s'assurer de bien comprendre le régime puis de certifier sa
simplicité réelle, la FCEI vous suggère de déposer les intentions
réglementaires lors de l'étude détaillée du projet de loi. C'est déjà
fait dans d'autres commissions parlementaires puis ça permettrait, nous
pensons, d'améliorer les travaux et de certifier, justement, les grandes
avancées qui vont être permises pour le secteur. Nous en faisons la
recommandation.
La FCEI tient également à souligner les
dispositions qui visent à contrôler l'hébergement illégal. C'est fait d'une
bonne façon pour permettre justement aux établissements hôteliers de
compétitionner à armes plus égales d'une forme de compétition qui pouvait
paraître être déloyale. Donc, on vous remercie des dispositions qui sont
présentées dans ce projet de loi là.
Maintenant, on a certains questionnements qu'on
vous présente, puis que vous pourrez peut-être étudier lors de l'étude
détaillée. D'abord, c'est quant aux refus, suspension et annulation de
l'enregistrement, plus précisément la portée de l'alinéa 2° de
l'article 9 sur la responsabilité, culpabilité de l'exploitant. Alors, on
voudrait qu'il y ait des questions ou des exemples qui soient donnés, parce que
c'est possible qu'il y ait une erreur de bonne foi d'une personne qui achète un
établissement, puis que le précédent n'a pas nécessairement répondu à des
obligations sur l'OPC ou avec la Loi sur l'environnement, etc., puis on ne
voudrait pas nécessairement, bien, que l'exploitant se voie défavorisé. Donc,
on voudrait avoir des précisions, justement, sur la portée de ces articles-là.
Maintenant, on recommande aussi, sur la section,
de retirer une certification, on sait que c'est que c'est quelque chose de
nouveau qu'il n'y avait pas dans l'industrie, on recommande quand même
d'ajouter un certain délai, là. Déjà, dans
les articles 13 et 17, il y a un délai de 10 jours qui est donné pour, d'une certaine façon, faire
valoir son point de vue puis, après ça, des jours pour aller devant le Tribunal
administratif. On demande à ce qu'un 10 jours supplémentaires soit rajouté
au début pour qu'il y ait une correspondance qui soit envoyée avec une demande
de conformité, puis, ensuite de ça, après ce délai-là, les délais qui sont
prévus courraient. Il y a des dispositions qui ont été prises, similaires,
notamment avec...
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...
M. Vincent
(François) : Est-ce que je dépasse mon temps actuellement?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oh!
Oui, mais non, mais il vous reste trois secondes.
M. Vincent (François) : Bon, bien,
je vais être content d'aller plus en détail. Puis juste les trois secondes, bien, on veut qu'il y ait un maintien d'une
obligation de résultat aux municipalités, parce que là on voit que ça pourrait
justement ne pas permettre d'atteindre l'objectif fixé par ce projet de loi là
de retirer le délai de 45 jours. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Là, vous avez dépassé, mais ça va. Alors...
M. Vincent (François) : Désolé.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : ...nous commençons maintenant la période
d'échanges avec Mme la ministre.
Mme Proulx (Berthier) : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, Mme la Présidente. Bonjour aux collègues, M. Vincent, Mme Joly. Bah! Vous n'avez
pas dépassé votre temps tant que ça, là, puis il n'y a pas de faute,
croyez-moi, il n'y a pas de faute.
Votre exposé était extrêmement intéressant. Merci, Mme Joly de l'avoir
rédigé de façon aussi rigoureuse et de le présenter, aujourd'hui, en
commission parlementaire. C'est très apprécié.
Les petites entreprises, c'est le principal
tissu de l'industrie touristique, des PPME particulièrement, hein? Vous faisiez référence où des entreprises de moins
de cinq employés vous témoignaient, à la FCEI, combien la lourdeur
administrative, ajoutée à un contexte de COVID, additionnée à une certaine
indisponibilité de main-d'oeuvre sur le marché du travail, devenait
extrêmement lourde pour ces hommes et ces femmes. Dans l'industrie touristique,
on est pas mal à cinq à 10 employés, là, de façon générale. Et puis, dans
votre communiqué de presse, M. Vincent, vous avez indiqué que le secteur
de l'hébergement, de la restauration, entre autres, là, c'est celui dont le
taux d'entreprises risquait le plus de fermer en raison évidemment de la
pandémie mondiale, et c'est le plus élevé, à 33 %.
Les premières hypothèses, les premières
estimations qui ont été compilées... D'ailleurs, je salue au passage ma sous-ministre, Mme Laberge et l'équipe du
ministère. Donc, les premières hypothèses et les premières estimations du
ministère du Tourisme, les dispositions législatives qui sont proposées
dans le p.l. n° 100 devraient réduire de façon considérable, considérable,
les fameuses formalités administratives, mieux connues sous le nom de
«paperasse», tout comme les coûts pour les exploitants d'hébergement. Est-ce
que... Et là, les chiffres qu'on a, là, on passe, là, avec le projet de loi,
là, avec les p.l., on estime une réduction du temps alloué au processus à
17 000 heures, donc une économie en
temps qui monterait à peu près à 58 000 heures, et on parle, en
chiffres, là, en dollars sonnants, de 3 millions de dollars. Est-ce
que vous pensez que ces dispositions-là tombent à point dans un contexte,
évidemment, de COVID, et qui frappe durement l'industrie touristique?
M. Vincent (François) :
Certainement, oui. Puis là-dessus je mentionnerais peut-être deux éléments. D'abord, je l'ai mentionné dans mon discours, là,
le coût qui est inversement proportionnel à la grandeur de l'entreprise, mais c'est également vrai pour le temps
que je vais passer en tant qu'entrepreneur — ou mes employés — pour me conformer aux exigences
réglementaires. Ça, il faut comprendre, là, je veux dire, si les entreprises
ont... plus elles sont petites, bien, moins il va y avoir de chances d'avoir une
direction de ressources humaines, des employés dédiés par rapport à ça. Donc,
souvent, le propriétaire va être directement investi dans la productivité de
son entreprise. Là, admettons, il y a
plusieurs entrepreneurs du secteur qui sont sur leur gîte, qui sont investis,
qui travaillent directement. Ensuite de ça, s'ils ont des coûts avec les
comptables, bien, ça va être plus gros qu'une plus grande entreprise. Donc, les
allègements réglementaires, ça a un impact qui est grand pour ces dirigeants
d'entreprises là.
Puis là-dessus, deuxième élément, je veux citer
l'analyse d'impact réglementaire puis je veux vous remercier pour le travail
rigoureux qui a été fait à cet égard-là. On a vu d'autres analyses d'impact
réglementaire qui ont passé, pour d'autres projets de loi, puis elles n'ont pas
toujours été sur la coche comme la vôtre, si vous me permettez l'expression. Puis en tant que coprésident du
comité conseil de l'allègement réglementaire, l'application de la politique
d'allègement réglementaire puis des analyses, c'est vraiment quelque chose qui
est super important pour moi puis notre organisation, puis c'était vraiment
très, très, très... une très bonne analyse. Puis on mentionne notamment que le
ratio moyen des 10 dernières années, on passait de 3,8 unités à 1,6
par établissement, donc on voit que le secteur même est composé de petites
entreprises.
Je vais finir là-dessus, parce que je ne veux
pas parler trop longtemps, là, la COVID, on a vu aussi... puis ça, on ne l'a pas mis dans notre mémoire, mais il y a
eu une augmentation sur le stress des entreprises, sur les heures travaillées,
qui étaient plus longtemps, sur les maladies, la fatigue psychologique. Donc,
donner plus de temps à l'entrepreneur, de ne
pas remplir un guide de 152 pages, bien, ils vont pouvoir passer plus de
temps à s'occuper de relever leur entreprise puis de la faire
développer.
Mme Proulx (Berthier) : Pourtant, il
y en a certains qui disent, au sujet de l'allègement réglementaire et des gains, là, tant en temps et en argent, qu'au final
ce n'est pas suffisant, que 3 millions de dollars, ce n'est pas suffisant,
et que 17 000 heures, ce n'est pas suffisant. Vous répondez quoi à
ça?
M. Vincent
(François) : Bien, je suis
d'accord que c'est... on peut toujours faire plus. Mais maintenant
3 millions pour un secteur qui
est durement touché, c'est un 3 millions qui va être bon pour l'industrie.
Des heures supplémentaires, pour les
entrepreneurs, c'est quelque chose qui va être bon pour l'industrie. Puis
enlever un régime qui est spécifique seulement au Québec puis qui n'est pas
imposé aux petits entrepreneurs d'établissement en Ontario, au Manitoba, en
Colombie-Britannique, c'est quelque chose qui va être favorable aussi.
Maintenant, le
gouvernement a tout à gagner à continuer, à poursuivre les allègements
réglementaires, trouver une façon d'atteindre ses objectifs de réguler, parce
que la réglementation, c'est important, là. À la FCEI, on parle beaucoup de diminuer la paperasse puis la
réglementation, mais la réglementation, c'est quelque chose de nécessaire.
Maintenant, on peut mieux réglementer.
Puis, là-dessus, je
veux conclure sur vos projets pilotes, qui est un élément assez majeur qui peut
permettre à l'industrie d'adapter sa réglementation, d'être agile pour
l'innovation, puis ça, c'est un autre élément, je pense, digne de mention pour
votre projet de loi.
• (9 h 50) •
Mme
Proulx (Berthier) : Oui, parce que les modèles d'affaires, on le voit,
là, depuis les 10 dernières années, là, ça éclate complètement. Le type
d'hébergements ou d'offres d'hébergement touristique s'éclate complètement
au Québec grâce, entre autres, à des entrepreneurs, hommes et femmes,
extrêmement ingénieux.
La CITQ était en commission
hier, M. Vincent, devant nous. Évidemment, elle propose de conserver la
classification obligatoire à toutes les entreprises, mais elle souhaite retirer
l'approbation gouvernementale des critères d'évaluation. Est-ce que vous pensez
que cette proposition-là, selon vous, permettrait un cadre plus souple, plus
agile aux entreprises? Donc, classif obligatoire pour les entreprises, retirer
l'approbation gouvernementale des critères d'évaluation, vous en pensez quoi?
M. Vincent
(François) : Bien, c'est sûr que quand on retire quelque chose à une
organisation, l'organisation ne va pas nécessairement voir ça positivement.
Dans le travail qu'on a fait pour l'analyse du projet de loi, j'ai demandé à mes collègues des autres provinces,
bien, s'ils avaient des régimes similaires, puis on a regardé s'il y avait des
entrepreneurs, dans les autres provinces, qui ont demandé la création d'un
guide obligatoire. Il n'y a pas d'entrepreneurs qui ont demandé d'avoir
plus de formalités administratives.
Maintenant, sur l'article,
l'article... je pense que c'est l'article 24, là — je ne
veux pas dire n'importe quoi, là — donne une option à l'industrie — oui,
c'est ça — l'industrie
de prendre part à son développement. Donc, vous aussi vous n'arrivez pas avec une volonté de dire : Bon, bien, on
enlève tout ce qui se faisait d'une façon relativement bien pour
certains puis, bon, bien, on rapatrie ça tout au complet. Donc, nous, on sent
qu'il y a vraiment une belle volonté de la part de la ministre et du ministère
de permettre à l'industrie de s'y impliquer, mais on ne pense pas que maintenir
un régime obligatoire fait partie des orientations que le gouvernement devrait
prendre.
Puis finalement,
bien, c'est un peu normal que le ministère veuille se garder une certaine
gestion de la responsabilité qui lui est conférée par le Conseil des ministres
puis par l'État. Donc, nous, on est confortables avec les dispositions que vous
présentez dans le projet de loi.
Mme Proulx
(Berthier) : Revenons sur maintenir le régime obligatoire, tel que
demandé par la CITQ, est-ce que vous croyez qu'à l'intérieur d'un guide... parce
qu'on en a parlé, de l'innovation, vous y avez fait référence, M. Vincent,
moi aussi, est-ce que vous pensez que le caractère innovant des entreprises, ça
peut bien être reflété à l'intérieur d'un guide?
M. Vincent
(François) : Bien, un guide de 152 pages qui définit la grandeur
d'une table de travail, des tables de chevet, une grandeur d'une salle de bain,
bon, je pense que juste passer à travers le guide, ça démontre que c'est peut-être
des contraintes qui n'aident pas à répondre aux besoins changeants de la
clientèle.
Maintenant, sur un
guide, on a eu des membres qui se sont exprimés sur les nouvelles plateformes
qui existent puis qui donnent des notes, puis qui disent : Bien, moi, il y
a un consommateur qui ne peut pas être satisfait même si je donne un bon
service, puis sa note va avoir un impact négatif sur la réputation de mon entreprise,
puis donc en ayant un régime de
classification québécois, ça me permet de me baser sur quelque chose qui va protéger d'une certaine façon mon entreprise. Mais maintenant,
même si on met en place un régime obligatoire, ces plateformes-là vont
continuer d'exister, vont être là, puis les consommateurs vont de plus en plus
aller vers l'opinion de leurs... bien, des pairs, des autres consommateurs dans
leurs choix de consommation.
Puis vous ne fermez
pas la porte à avoir un guide. Maintenant, ça pourrait être un guide volontaire
et qui pourrait même aller chercher une certaine spécificité québécoise dans l'évaluation
qui est donnée, s'orienter dans une campagne de communication pour que les gens
aillent vers cette certification-là pour orienter leur décision. Mais ce n'est
pas en obligeant les entrepreneurs à remplir certains critères...
Puis on a même
eu — puis
je vais finir là-dessus — des
cas où il y a des entreprises qui ont fait des investissements pour changer
leur note puis ils ne l'ont pas reçue, là. Donc, soyons agiles et diminuons la
paperasse, de grâce.
Mme Proulx
(Berthier) : Vous êtes, M. Vincent, le représentant de la FCEI
ici, au Québec. J'imagine que, sur une base régulière, vous avez des
discussions avec vos homologues des autres provinces. Est-ce que vous avez
discuté... Et ils pensent quoi du modèle obligatoire de classification ici au
Québec? Parce qu'on le rappelle, là, il n'existe
pas... oui, il n'existe dans aucune autre province, sauf celle du Québec, et ça
franchit le territoire canadien, là, en Amérique.
M.
Vincent (François) : Bien, on
a des réunions, les responsables des provinces, à peu près à chaque deux semaines, puis, bon, bien, j'ai amené ça
comme point de discussion. Là, je leur ai parlé du système québécois, puis là,
après ça, il y a eu un silence, que je l'ai réexpliqué une deuxième fois, puis
non, je n'ai pas senti un enthousiasme débordant par rapport à ça.
Puis
maintenant, tu sais, on fait juste regarder les priorités des PME, c'est-à-dire
le poids du fardeau administratif réglementaire, puis un des éléments
qu'on demande, nous, comme organisation nationale, c'est d'assurer d'avoir une
certaine concordance avec qu'est-ce qui est imposé dans les différents secteurs
pour les mêmes industries. Donc, si on voit
qu'on fait cavalier seul, bien, je vois mal comment moi, je viendrais ici avec
des mandats assez forts des membres de
diminuer les formalités administratives, avec des orientations assez claires
pour améliorer le commerce interprovincial et d'assurer une meilleure
uniformité dans les régimes qui encadrent les industries, avoir une perception
différente de l'établissement du régime unique puis ne pas voir positivement ce
que vous proposez. Est-ce que j'étais clair?
Mme Proulx (Berthier) : Oui, oui,
vous étiez très, très clair. Mais ça fait un peu la démonstration, chez vos
homologues de l'ensemble du pays, où la fameuse classification étatique n'est
pas connue du tout, puis on parle quand même de présidents de divisions, de
fédérations d'entreprises indépendantes, et le tissu touristique qui n'est pas
moindre, certainement pas, en Alberta, dans les Maritimes et en
Colombie-Britannique. Donc, je voulais juste faire un peu de pouce...
M. Vincent (François) : Si vous me
permettez, Mme la ministre, juste...
Mme Proulx (Berthier) : Oui?
M. Vincent (François) : Oui, mais je
vous dirais même que ce n'est peut-être pas connu tant que ça de la population
québécoise.
Mme Proulx (Berthier) : Ah! bien,
ça, j'en conviens, mais quand on parle peut-être de gens qui sont au sein d'une
fédération de l'entreprise indépendante, vous m'en voyez d'autant plus
surprise, étonnée. Surtout que, tu sais, il n'y en a pas, de guide comme ça
pour... Oui, il y a des normes en restauration qui sont établies par la CNESST
et par le MAPAQ, évidemment, mais il n'y en a pas pour les croisières, des
guides comme ceux-là, de classification, il n'y
en a pas pour les attraits touristiques, il n'y en a pas pour la
restauration... La location de voitures, c'est quand même un véhicule
roulant, là, hein, où il y a des risques inhérents pour la sécurité des gens
qui veulent faire la location d'un véhicule, ce type de guide là n'existe pas.
Donc, on se pose la question de façon étatique. Alors, pourquoi, de façon
étatique, est-ce qu'il devrait, en conclusion, M. Vincent, exister ou
continuer d'exister au Québec?
M. Vincent (François) : Bien, je
recommande fortement aux parlementaires d'adopter les dispositions qui sont
présentées pour pouvoir avoir un cadre plus agile, plus représentatif de
qu'est-ce qui se passe dans le reste du pays puis même en Amérique du Nord, et
d'impliquer l'industrie dans la recherche de solutions qui cadrent mieux à
répondre aux besoins des clients et à l'industrie de tirer son épingle du jeu.
Puis on le sait que vous avez été capables de le faire. Il y a eu des belles
campagnes qui ont été faites pour encourager le tourisme local, ça, c'est un
élément qui a sauvé beaucoup d'entreprises du secteur aussi. Donc, nous, on est
très positifs quant à l'avenir du nouveau cadre légal que vous présentez.
Mme Proulx (Berthier) : Merci,
Mme Joly pour la rédaction de ce mémoire-là déposé à la commission. Merci
infiniment. M. Vincent, également merci du travail que vous avez accompli,
vous et vos équipes, pour votre présence aujourd'hui... pardon, à cette
commission. Merci à vous deux.
M. Vincent (François) : Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci pour l'échange. Nous poursuivons cette fois-ci avec la députée
de Jeanne-Mance—Viger.
• (10 heures) •
Mme
Rotiroti : Merci,
Mme la Présidente. Et bon matin à tous. Alors, merci, M. Vincent,
Mme Joly, pour être parmi nous ce
matin. Alors, d'entrée de jeu, je voulais vous dire, là, un grand merci pour la
qualité de votre mémoire. J'ai eu la chance de passer à travers hier
soir, très tard.
Alors, vous abordez plusieurs éléments. Alors,
j'aurais... je prendrais un petit peu la balle au bond. Quand vous parlez de
tout le fardeau administratif, alléger la paperasse, je pense qu'on est tous
d'accord avec ça, et je pense que le projet de loi, quand on parle de
paperasse, et tout ça, on parle plutôt du volet classification et la lourdeur
de remplir ce formulaire-là, etc., par rapport à l'autre question, et tout ça,
toute la question, aussi, si c'est désuet ou pas désuet. Vous avez dit que vous
avez consulté, évidemment, vos membres. Au niveau de la classification, est-ce
que l'objection de certains de vos membres, c'était par rapport à la lourdeur
de cet exercice-là ou c'est par rapport à la classification en tant que telle,
la pertinence de la classification?
M. Vincent (François) : O.K. Merci,
c'est une très bonne question. Mais, juste avant, on a envoyé le mémoire vraiment...
On ne vous a pas laissé beaucoup de temps à le lire, là. On vous remercie beaucoup
d'avoir pris le temps de le faire. On a eu plein, plein
d'urgences qui nous ont explosées dessus à la dernière minute, puis on est
contents que vous ayez pris le temps. Puis ça n'a pas simplifié le travail des
parlementaires, mais je voulais le dire.
Sur la classification, là, il y a un élément,
là, qui ressortait beaucoup, c'est d'avoir une certaine classification neutre, qui ne va pas avoir un client pas content,
qui va avoir un impact de diminuer, d'une certaine façon, les standards. Donc, il y avait...
pour les membres qui trouvaient le régime intéressant ou qui trouvent
que, tu sais, l'établissement
d'un régime volontaire ou non volontaire... bien, tu sais, c'est de s'assurer
d'avoir un sceau de qualité. Donc, ça, c'est un élément à prendre en considération,
mais ça ne veut pas dire que ce n'est pas possible de le faire dans les
nouvelles dispositions du projet de loi et avec l'implication des secteurs
d'activité économique.
Maintenant, tous les éléments sur le fardeau
administratif et réglementaire, ça fait 10 ans qu'on en fait une priorité.
Ça a toujours été, là, dans les 10 dernières années, dans les deux
priorités des membres à travers le pays dans tous les secteurs d'activité
économique, donc, partout où on peut être capables de trouver une manière de
diminuer les formalités administratives et réglementaires, qui sont
disproportionnées plus l'entreprise est petite. Passer à travers un guide comme
ça quand j'ai cinq employés, bien, ça va être plus lourd que si j'ai une grande
entreprise avec... que je peux avoir plus qu'un employé ou des employés dédiés,
spécialisés là-dedans. Ça, c'est quelque
chose qui est dit aussi dans l'ensemble des industries de trouver des manières,
justement, à amener à une meilleure réglementation.
Puis
peut-être dernier élément que je pourrais mentionner, c'est que ce projet de
loi là aussi suit la recommandation du
rapport Lavoie qui avait été déposé par le... qui avait été commandé par le
ministère de l'Économie du gouvernement précédent. Et c'était une des recommandations qui était émise,
justement, pour permettre à l'industrie de mieux naviguer dans le cadre
de l'économie collaborative.
Mme
Rotiroti : Merci,
M. Vincent. En effet, je pense qu'on est tous d'accord que la taille de l'entreprise...
faut être pris en considération puis l'allègement de la paperasse. De toute
évidence, si on est une entreprise de trois à cinq employés, on ne peut pas
demander d'avoir les mêmes ressources d'une entreprise qui a 100 employés,
qui a un département de ressources humaines, et tout ça, ça va de soi.
Et je pense
que vous êtes une industrie... l'industrie touristique est aussi frappée avec la pénurie de main-d'oeuvre, qui fait en sorte
que non seulement on fait face à la lourdeur de paperasse puis les ressources qu'on
a, mais là on fait face à une pénurie de main-d'oeuvre où est-ce qu'on se
retrouve dans une situation où est-ce qu'on n'a même pas suffisamment
d'employés pour faire le travail qu'on faisait avant. Alors, ça, en soi, c'est
un enjeu majeur pour la relance économique, la pénurie de main-d'oeuvre. Alors,
là-dessus, je pense que c'est très clair puis, je pense, votre bataille depuis, je dirais, depuis toujours, mais,
au moins, depuis les 10 dernières années, c'est l'allègement de paperasse,
alors c'est très bien noté.
Je veux juste finir sur la classification avant
qu'on embarque sur d'autres recommandations que vous faites. Vous faites
référence au comité Lavoie. En effet, on a eu quelques interactions hier avec
certains groupes. Je vous dirais que, d'entrée de jeu, il y a certains groupes
qui trouvent qu'abolir la classification, ça n'a jamais été discuté, qu'on
s'est retrouvé devant un projet de loi qui, dans le fond, abolit la
classification avec aucun consensus qui émanait de l'industrie. Vous, vous
n'êtes pas pour la classification obligatoire, de qu'est-ce que je comprends,
mais, si c'est une base volontaire, s'il y a une réforme dans la façon qu'on va
uniformiser ou standardiser la manière qu'on va qualifier nos institutions
touristiques, vous serez d'accord, oui ou non?
M. Vincent
(François) : Bien oui, on
est d'accord à ce que l'industrie soit impliquée dans
la redéfinition de ce qu'ils vont faire pour la classification. On le dit bien
dans notre mémoire aussi, on ne veut pas recréer une réglementation parallèle ou réaugmenter le
fardeau administratif réglementaire, là, changer une piastre pour quatre
trente-sous, ça, ce n'est pas quelque chose qu'on voit positivement. Puis, bon,
c'est sûr que quand je fais des changements comme ça, tu sais, c'est... le
consensus, c'est peut-être difficile d'être atteint, mais le fait qu'il y ait
des voix qui s'élèvent va faire en sorte de vous permettre d'adopter le
meilleur régime possible. Il y a toujours place à l'amélioration.
Maintenant, tu sais, je peux peut-être donner un
exemple sur la classification. Tu sais, avoir la grandeur d'une table de
travail va avoir un impact sur la notation. Bien, je peux vous certifier, Mme
la députée, que, quand je m'en vais dans un
hôtel, je n'amène pas mon «tape» à mesurer pour calculer si la table a les
mètres définis, parce que, si j'ai une table avec mon portable qui
rentre dessus, une planche à repasser puis un lit, je suis bien heureux, là.
Mme
Rotiroti :
Parfait. On a compris que, de toute façon, la... Je pense que tout le monde est
d'accord que le système de classification est un peu désuet, qu'il doit être
modernisé, qu'il devra être agile, flexible, et peut-être, je dirais, moins lourd pour... parce qu'il y a trop de questions. Je pense que, ça, ça a été adressé puis, je
pense, vous étiez assez clair là-dessus.
Vous dites... Vous parlez du maintien des résultats
aux municipalités, vous parlez du délai de 45 jours dans votre mémoire, puis vous dites qu'on devrait... La
recommandation, c'est : «La mise en place d'un délai maximal imposé
aux municipalités ou une obligation de résultat dans le projet de loi ou dans
ses règlements.»
Dans le délai de 45 jours, est-ce que vous
êtes... Vous voulez, si j'ai bien compris, l'abolir, ou réduire le délai de
45 jours, ou le maintien du 45 jours?
M. Vincent (François) : Bien, je
vais... Tu sais, on a émis la recommandation assez large pour vous permettre de
trouver la meilleure formulation, parce que, dans certains cas, tu sais, on
s'est fait dire que, bien, il pouvait y avoir
une délivrance en 10 jours, mais, dans d'autres, s'il faut changer le
zonage, bien, ça peut être plus long. Mais il y a
une possibilité de rédiger un article, tu sais. Quand je parlais de ça, je
disais : Mettez le délai à 10 jours, puis, s'il y a possibilité de dire : Tout en respect des dispositions prévues par la Loi sur les cités et les villes, là. Dans le fond, tu sais, il y a un délai parce
qu'il faut que je fasse un conseil municipal, il faut que je fasse un
changement réglementaire, tu sais, ça, on comprend ça.
Maintenant, les municipalités
ne sont pas... je vais dire ça... je vais essayer d'être diplomatique, là... En
termes d'allègement réglementaire puis d'obligation de résultat, le
gouvernement fédéral puis le gouvernement provincial ont fait beaucoup. Ils se
sont donné des plans d'action, ils se sont donné des politiques, ils se sont
donné des obligations de résultat, et dans tous les ministères aussi, mais les
municipalités, il n'y en a pas beaucoup qui ont adopté de telles obligations
envers elles-mêmes. Donc, si on retire un délai de 45 jours, bien, nous,
on sent que ça va diminuer l'intérêt de la municipalité de livrer. Puis la
volonté, c'est de passer... tu sais, de mieux faire la chaîne, là, pour aller chercher justement sa certification.
Mais maintenant, là, s'il y a une municipalité qui délivre très lentement ses permis, bien, peut-être que l'État québécois va
faire vite, mais ça ne va quand même pas favoriser le développement des
entreprises du secteur. Donc, on vous invite fortement à prendre en compte cet
élément-là dans le projet de loi.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il reste 40 secondes.
Mme
Rotiroti :
En 40 secondes, merci beaucoup, M. Vincent, Mme Joly, d'être
parmi nous. Ça nous éclaire sur plusieurs volets. Alors, merci beaucoup pour
votre temps.
• (10 h 10) •
M. Vincent
(François) : Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Nous poursuivons l'échange, cette
fois-ci, avec la députée de Gaspé.
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Vincent,
Mme Joly. Je connais déjà votre position sur toute la question de la
paperasse. On s'en est parlé à quelques reprises, justement, avec la question
des programmes d'aide, là, aux entreprises en temps de COVID, l'AERAM, on a eu
à en discuter en long et en large. Donc, je
comprends... Je ne m'éterniserai pas sur le volet classification, parce que
j'en comprends que vous êtes pour le maintien
d'un certain sceau de qualité, mais la formule, comme telle, de classification,
là, on n'y tient pas particulièrement ou, du moins, vos membres n'ont
pas d'attachement à ce système.
Donc, j'aimerais, par
contre, vous entendre sur l'accompagnement des entreprises. On le dit souvent,
qu'elles ont moins de ressources, et tout ça. Donc, c'est quand même toute une
transition. Elles vont devoir se réapproprier un peu, là, toute la façon que
leurs consommateurs, leurs clientèles les découvrent, les choisissent aussi.
C'est quand même une tâche qui est ardue. Et là ils n'ont comme pas ce
système-là pour, quand même, pouvoir avoir une certaine... en tout cas, un modèle de comparaison fiable, objectif,
disons-le comme ça, fiable, là, bon, les critères, on n'est pas certain que c'était si fiable. Mais est-ce
qu'il y a une nécessité que le gouvernement accompagne vos membres dans
toute la question d'une utilisation des réseaux sociaux, formation en ligne, et
tout ça?
M. Vincent (François) :
Bien, avant de répondre à... Oui, l'accompagnement, c'est une des clés de la
conformité réglementaire, ça, on l'a toujours dit, là. Ce n'est pas
nécessairement tout le temps en baissant la réglementation, mais en aidant les
entrepreneurs dans le processus. Et, oui, ça peut être intéressant
d'accompagner les entreprises, justement,
pour bien utiliser les réseaux sociaux, etc. Ça, ça peut faire part d'une
stratégie ministérielle ou une stratégie de développement du territoire,
du tourisme, etc. Puis je pense que le gouvernement du Québec a bien fait, sur
cet élément-là, avec ses... Il y avait aussi une politique de bons-rabais, etc.
Bon, tu sais, il y a eu des actions. Donc,
oui, on pense que l'investissement de l'État, pour faire valoir et outiller nos
entrepreneurs, est intéressant puis peut s'arrimer dans... On est quand
même confiants par rapport à ça, surtout avec les dispositions qui mettent de l'avant la collaboration avec l'industrie. Puis,
là-dessus, on a eu une recommandation aussi qui demande de maintenir une
communication forte aussi puis d'intégrer les municipalités, parce que les
municipalités sont partie intégrante de l'équation
là-dedans, puis on est persuadés que ça va aider à établir des critères, des
mesures pour favoriser le système.
Quant au fait, là,
que, bon, il va y avoir, tu sais, pas de système, avoir un système, etc., je
pense que je suis... on est assez confiants. Tu sais, quand, actuellement,
on... Il y a beaucoup de citoyens qui ont visité le Canada aussi durant le
confinement, là, puis je ne pense pas que le fait qu'il n'y ait pas de régime
obligatoire a diminué significativement leurs possibilités de trouver le bon
établissement qui répondait à leurs besoins comme clients.
Mme Perry
Mélançon : Merci. Vous avez salué, en fait, là, la nouvelle
réglementation pour mieux encadrer l'hébergement collaboratif, entre autres,
qui sont des concurrents de certaines entreprises, d'hôteliers, tout ça. Est-ce
que vous voyez tout de même... Par rapport à l'inspection, est-ce que c'est
suffisant, pour vous, de la façon qu'est élaboré
le projet de loi? Est-ce qu'on couvre largement la question? Est-ce que vous
voyez des choses qu'on devrait... des éléments qu'on devrait bonifier par
rapport à s'assurer que l'inspection, qui est le nerf de la guerre, finalement,
soit mise en place, là, pour s'assurer que ces dispositions pénales là soient
appliquées dans la mesure où il y a de l'hébergement illégal?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : 30 secondes, je vous laisse 30 secondes.
M. Vincent (François) : Ah! bien, on
n'est pas allés jusque-là dans l'analyse de notre mémoire puis nos
recommandations, mais d'établir un meilleur cadre plus clair, c'est sûr que ça
va aider aux inspections. Puis je pense que ça fait 30 secondes.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, merci, M. Vincent, merci,
Mme Joly, pour votre collaboration.
Alors,
nous allons maintenant suspendre quelques instants, le temps d'accueillir le
prochain groupe. Merci encore de votre contribution.
M. Vincent
(François) : Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
10 h 15)
(Reprise à 10 h 31)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, le problème de son est réglé, nous continuons maintenant
avec M. Tessier, président-directeur général de Camping Québec.
M. Tessier, bienvenue. Je vous invite à bien vous présenter avant de
commencer votre exposé de 10 minutes. Alors, à vous la parole.
Camping
Québec
M. Tessier (Simon) : Bonjour. Simon Tessier, président-directeur
général de Camping Québec,
l'Association des terrains de camping du Québec, représentant des membres du secteur privé et public, donc un total de
800 membres au Québec.
Mme la ministre du
Tourisme, Mme la Présidente, membres de cette commission parlementaire,
bonjour. J'aimerais tout d'abord vous remercier, au nom des membres et du conseil d'administration de
Camping Québec, de nous donner aujourd'hui l'opportunité
de nous exprimer sur le projet de loi n° 100. Depuis
l'annonce du projet de loi, voire depuis le
début des travaux ayant mené à son dépôt, les projecteurs ont été principalement braqués sur la réalité des hôteliers. Or, le secteur du camping et
également celui des pourvoiries sont tout aussi concernés par ces changements
majeurs. Nous prenons la parole aujourd'hui pour vous faire part du point de
vue de l'industrie du camping, et nous n'avons bien sûr pas la prétention de
parler au nom des autres secteurs.
D'entrée de jeu,
précisons que, depuis 1962, Camping Québec a pour mission de promouvoir et
de favoriser la croissance et le développement de l'industrie du camping de
même que la pratique de cette activité au Québec. Avec plus de 800 membres
provenant des secteurs privé et public, elle représente plus de 90 % de
l'offre en termes d'emplacements de camping au Québec. Ajoutons que Camping
Québec est également mandataire du ministère du Tourisme en ce qui a trait à la classification des terrains de camping.
L'association estime être bien placée pour fournir un éclairage
pertinent aux réflexions de cette commission.
Camping Québec a
toujours été convaincue de la nécessité du programme de classification appuyé
par la Loi sur les établissements
d'hébergement touristique. C'est pourquoi, en 2013, afin de rapatrier le
mandat de classification, l'association a fait l'acquisition du Conseil
de développement de camping au Québec, alors l'organisme mandataire de la classification sous l'égide du ministère du
Tourisme. Camping Québec a de plus assumé des déficits cumulés de plus de 165 000 $ depuis 2013 pour
assurer la réalisation du programme parce qu'elle croit fermement à ses
bénéfices pour l'industrie et sa clientèle.
En
effet, la classification obligatoire instaurée en 2004 a été bénéfique
pour notre industrie à plusieurs niveaux, notamment en ce qui a trait à l'amélioration globale de la qualité de
nos établissements et à l'accompagnement de nos entrepreneurs en ce sens. Il faut savoir qu'un des premiers gestes de
tout nouveau gestionnaire, propriétaire ou développeur de terrain de camping est de s'informer quant au
moyen d'augmenter le pointage de son établissement, sinon son niveau de classification. Afin de rehausser la qualité de
leurs infrastructures et ainsi de répondre aux exigences du programme, les entrepreneurs investissent des dizaines, voire
des centaines de milliers de dollars année après année. Ainsi, les dépenses
d'immobilisation effectuées annuellement par
les terrains de camping québécois totalisent plus de 200 millions de
dollars. La classification est un
outil de planification du développement de leur offre de services et de leurs
infrastructures qui favorise
l'amélioration de la qualité au bénéfice des consommateurs et qui rejaillit sur
l'image de l'industrie touristique québécoise.
À titre d'exemple, mentionnons qu'en 2004 les terrains de camping de niveaux
quatre et cinq étoiles comptaient 11 %
des établissements, alors qu'ils représentent maintenant 26 % du nombre
total. Si on inclut également les établissements
affichés en trois étoiles, on constate que la barre est passée de
41 %, en 2004, à 61 % des établissements qui affichent
aujourd'hui trois étoiles ou plus.
Sans
une classification obligatoire réalisée sur le terrain, nous n'aurions pas
obtenu de tels résultats dans un délai aussi
court. Par ailleurs, l'argument des détracteurs de l'obligation de classification
voulant que le système de classification soit devenu lourd, qu'il peine à évoluer à la vitesse des tendances du
marché et que sa grille d'évaluation soit désuète ne s'applique pas au secteur du camping. En effet, le
programme de classification a été révisé et mis à jour régulièrement au fil des ans par un comité d'experts du milieu
sous approbation du ministère, que ce soit en 2008, 2011, 2014, 2016 ou
2020. Vous comprendrez que la
refonte 2020 n'a pas pu être mise en application étant donné les
circonstances qu'on connaît.
La
classification actuelle bénéficie d'une belle notoriété auprès de la clientèle
des campings, laquelle, rappelons-le, est
presque exclusivement intra-Québec. Par ailleurs, les campings figurent très
peu sur les sites d'avis en ligne.
En l'absence d'un
système unique appuyé par la loi, Camping Québec craint une multiplication des
systèmes de classification et autres labels
de qualité, comme c'est le cas ailleurs au Canada, aux États-Unis et en Europe.
La facture payée par les terrains de
camping serait alors multipliée, et il n'est pas certain que le consommateur
s'y retrouverait.
Camping
Québec soumet à votre attention que l'article 24 du projet de loi semble
ouvrir la porte à la reconnaissance de plusieurs organismes d'évaluation
de la qualité de l'offre. Il nous apparaît souhaitable de préserver une
exclusivité par secteur afin d'éviter les incohérences et
la confusion. Une exclusivité accordée à une organisation possédant une expertise du secteur assurera également une
évolution du programme d'évaluation au rythme de celle de son industrie.
L'offre du secteur camping est dynamique et... (panne de son) ...et, par
conséquent, elle évolue constamment.
Dans un autre ordre
d'idées, la validité des données touristiques a toujours été garantie par les
visites de classification. Il va de soi que les informations recueillies sur
place rendent un portrait fiable pour le consommateur puisqu'elles sont
recensées, validées et qualifiées.
La base de données de
classification est d'une importance capitale pour Camping Québec non seulement
aux fins de promotion, mais également,
surtout, pour la connaissance pointue de notre secteur, l'expertise sectorielle
qu'elle nous a permis de développer
au fil des années et notre indépendance. Nous souhaitons donc que des
mécanismes soient prévus dans la loi afin que le retrait de la
classification n'entraîne pas, avec le temps, une dégradation de la qualité de
l'information.
Pour
toutes les raisons que je viens de vous exprimer, Camping Québec compte
maintenir en place son programme d'évaluation
de la qualité de l'offre actuelle — la
classification étoilée — sur
une base volontaire, même s'il risque d'être moins représentatif de
l'entièreté de son secteur.
Il faut savoir que
l'obligation de classification permettait des économies sur les déplacements et
une certaine prévisibilité, entraînant le
maintien des coûts abordables pour nos entreprises, allant de 287 $ pour le plus petit terrain de camping à 743 $ annuellement. Camping
Québec souhaite que son programme volontaire demeure accessible pour
tous les établissements qui veulent y participer, peu importe leur taille ou
leur région. Un petit camping de 20 sites aux Îles-de-la-Madeleine devrait
pouvoir y participer au même titre qu'un camping de 600 sites en
Montérégie. Pour que nous y parvenions, il est impératif que les tarifs
d'enregistrement annoncés dans l'analyse d'impact menée par le ministère soient
mis en application et que ces sommes puissent en partie être affectées à la
réalisation de notre programme volontaire,
la rendant viable sans entraîner de coûts supplémentaires aux entreprises,
voire maintenir les coûts actuels, peut-être même les diminuer.
Tel qu'exprimé
précédemment, nous croyons que le projet de loi doit prévoir la reconnaissance
d'un seul organisme d'évaluation de la qualité de l'offre par secteur. Nous
sommes aussi d'avis que cette reconnaissance de la part du ministère devrait notamment prendre la forme d'incitatifs à y
participer à l'intention des exploitants ou même, pourquoi pas, d'une contribution financière à la
réalisation des visites, considérant leur valeur pour la validation des données
touristiques et la préservation de l'expertise sectorielle.
En conclusion, en
terminant, bien que nous aurions préféré le maintien de l'amélioration du
programme de classification obligatoire dont les rouages sont bien rodés,
plutôt que son abolition, nous sommes conscients que les intentions du gouvernement sont fermes et
que le projet de loi sera adopté, quels que soient les points de vue
exprimés au cours de cette commission.
Nous souhaitons
toutefois obtenir votre collaboration, considérant les particularités du
secteur camping qui diffèrent fortement de la réalité des hôteliers, et nous nous
considérons un peu comme un dommage collatéral dans cette décision. Ainsi, nous
proposons que les premiers projets pilotes prévus à l'article 23 du projet
de loi soient dédiés à soutenir les
mandataires sectoriels tels que nous, qui souhaitent opérer une transition du
modèle de classification obligatoire
vers une offre de service d'évaluation de la qualité volontaire. Nous
souhaitons également que Camping Québec demeure l'interlocuteur
privilégié pour l'industrie du camping auprès du ministère du Tourisme.
Nous
vous remercions, Mme la ministre et membres de la commission, pour la
considération que vous voudrez bien porter à nos commentaires, et souhaitons
pouvoir demeurer l'interlocuteur privilégié en la matière. Merci.
• (10 h 40) •
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci, M. Tessier, pour votre exposé. Je vous invite
à ne pas oublier votre micro. Merci de
l'avoir fermé et de ne pas oublier de l'ouvrir. Alors, maintenant,
nous cédons la parole, pour la période d'échange, à Mme la ministre.
Mme Proulx
(Berthier) : Merci, Mme la Présidente. M. Tessier, Simon, très
heureuse de vous voir avec nous aujourd'hui, et merci de la présentation, toujours
un plaisir de collaborer avec l'équipe de Camping Québec.
Si vous le permettez,
M. Tessier, on va commencer par le fameux sondage de la firme Léger qui a été
commandé par l'Alliance de l'industrie touristique du Québec, vous savez que
c'est le mandataire, évidemment, du ministère pour faire la promo à l'intra et
à l'international, en temps de COVID à l'intra, là, qui démontre que le système
de classification, les fameuses étoiles, M. Tessier, auxquelles vous
faites référence, c'est un critère de choix important pour 32 % des
Québécois lors de la réservation d'un établissement de camping ici, au Québec.
Il y a juste 14 % des Québécois et 7 % des 18-34, donc la tranche des
jeunes, qui ont indiqué que cette classif-là, c'était un critère important pour
eux.
À
la lumière de ces résultats-là, M. Tessier, est-ce que vous ne croyez pas
que les exploitants devraient avoir le choix
de classifier ou non, puis est-ce que ça ne montre pas aussi que le système de
classif obligatoire est complètement délaissé par un bassin qui va être
une clientèle de plus en plus présente chez vous dans les années à venir?
M. Tessier (Simon) : Bien, merci de votre question, Mme la ministre. Écoutez, je suis mal à
l'aise à commenter les résultats de l'alliance, du sondage omnibus. Je
peux par contre vous faire part d'une enquête auprès des campeurs et campeuses québécois, réalisée en 2017, avec
la firme Raymond Chabot Grant Thornton, où on interrogeait vraiment des clients des terrains de camping, et ce
sondage-là nous a révélé que 91 % des clients connaissaient la
classification et 86 % d'entre eux l'utilisaient pour faire leur
choix de terrain de camping.
Donc, de
notre côté, la validité, dans notre secteur, elle ne faisait aucun doute, et
elle n'en fait toujours aucun. On aurait aimé mettre ces données-là à
jour en 2020, mais vous comprendrez qu'on a eu d'autres priorités sur la table et, considérant qu'on voyait la décision comme une
fatalité, on n'a pas trouvé bon de mettre à jour. Mais, 2017, écoutez, si on se laisse sur une marge d'erreur,
je crois que, dans le secteur du camping, justement à cause des mises à jour
qu'on a faites constamment du système de
classification, le système était beaucoup plus... beaucoup plus, excusez-moi
l'anglicisme, là, «relevant» pour les clients camping qu'il ne l'était
peut-être pour les clients hôteliers.
Mme Proulx
(Berthier) : Mais pourquoi vous ne voulez pas commenter — je reprends vos mots, là — vous avez un malaise avec l'alliance,
le sondage mené par l'alliance?
M. Tessier
(Simon) : Bien, c'est un
sondage de type omnibus, là, de ce que je peux en comprendre, donc on n'a pas
eu le temps de poser beaucoup de questions dans ce sondage-là. C'est
pourquoi... Et je n'ai pas eu les données, de la façon dont laquelle les
données ont été amassées, alors que notre étude, de notre côté, était beaucoup
plus exhaustive. Là, on ne parle pas d'un sondage
omnibus, on parle d'une recherche sur la pratique du camping au Québec
en 2017. Alors, nos chiffres ne correspondent pas du tout à ceux de
l'alliance. Et je ne veux pas minimiser leur travail, mais je crois qu'il y a
peut-être un biais au niveau de la perception de ceux qui ont été interrogés,
alors que nous, on a interrogé vraiment la clientèle terrain de camping.
Mme Proulx (Berthier) : Merci de la
précision, M. Tessier. On va revenir sur une des déclarations que vous avez faites. D'entrée de jeu, vous dites que les
campings investissent, hein, M. Tessier, des centaines de milliers de
dollars annuellement dans leurs
infras, partout, sur les 800 membres que vous représentés au Québec. C'est
plus de 200 millions de dollars en dépenses d'immobilisations,
c'est bien ça?
M. Tessier (Simon) : Par année. Par
année, oui.
Mme Proulx (Berthier) : Le nombre de
campings dans la catégorie trois, quatre et cinq étoiles, M. Tessier,
ça n'a pas augmenté beaucoup, là. Dans les faits, on parle de 0,2 % des
campings, depuis les 10 dernières années, qui sont allés chercher trois,
quatre, cinq étoiles. Est-ce que, là, on n'a pas un peu une preuve que les
étoiles ne représentent pas les investissements que vous avez faits, vous, pour
rehausser l'offre et la qualité de l'offre en camping? Parce que la CITQ nous
dit : S'il n'y a plus d'étoile, on va arrêter d'investir, puis c'est
dangereux. Vous, vous avez investi beaucoup dans vos campings. Et c'est 0,2 %,
dans les 10 dernières années, le nombre de campings dans la catégorie
trois, quatre, cinq étoiles.
M. Tessier (Simon) : Et je ne
veux pas faire une bataille de chiffres avec vous. Moi, les chiffres que j'ai,
c'est que, les établissements de terrains de camping, en 2004, il y avait
11 % des établissements qui étaient quatre ou cinq étoiles, et, en
date d'aujourd'hui, on en compte 26 % du parc de terrains de camping.
Donc, moi, les chiffres que j'ai sont probants.
D'ailleurs, j'aimerais soumettre à votre
observation qu'en 2020 nous avons soumis au ministère du Tourisme une
refonte de la classification qui visait à intégrer les niveaux de demi-étoiles.
Donc, on allait instaurer les étoiles trois et demie, quatre et demie et deux
et demie parce que le niveau quatre étoiles devenait problématique parce
qu'il y avait énormément de terrains de camping qui avaient accédé au niveau
quatre étoiles.
Mais ça me
fera plaisir de préciser les chiffres en termes de nombre de terrains de
camping plutôt qu'en pourcentage et de les déposer à la commission avec
plaisir.
Mme Proulx (Berthier) : Oui,
c'est ça, parce qu'on a un petit décalage, là, entre 2012 puis 2021.
On va revenir à 2017, parce qu'en 2017, là,
M. Tessier, vous aviez fait parvenir au ministère du Tourisme une demande
de hausse de frais d'attestation de classification. Je cite la première phrase
du document, M. Tessier. Vous dites : «La classification, c'est un
exercice déficitaire pour Camping Québec. L'acceptation par le ministère du
Tourisme d'échelonner le calendrier des visites sur trois ans plutôt que deux
aurait pu permettre de régulariser la situation dans d'autres circonstances,
mais ça ne s'est pas produit. Pour combler ce déficit, les visites se font dorénavant tous les trois ans pour les
campings, et une augmentation des frais a été nécessaire.» Vous avez sollicité
une aide publique de
70 000 $ pour couvrir des déficits qui ont été engendrés par la
classification pour les exercices 2017‑2018 et 2018‑2019. Est-ce que vous pensez que...
d'échelonner, pardon, le calendrier des visites sur trois ans au lieu de
deux, ça servirait bien les intérêts
de l'industrie et du consommateur? Est-ce que ça vous permettrait surtout
d'éviter... de ne pas générer d'autres déficits, M. Tessier?
M. Tessier (Simon) : Merci de
la question. En fait, lors de la dernière hausse de frais qui a été accordée
par votre ministère, je crois que c'est en 2019, là, juste avant la
pandémie, bien, cette dernière hausse de frais a réglé nos problèmes
financiers. Et, pour ce qui est de passer de deux ans à trois ans, il
y a beaucoup d'évaluations dans... Il y a beaucoup
de changements dans l'industrie du camping. C'est une préoccupation pour nous.
Parce qu'il faut comprendre qu'un établissement hôtelier, une fois que
c'est construit, c'est difficile d'ajouter des annexes, alors qu'un terrain de camping il y a beaucoup de superficie de terrain
pour ajouter des éléments, qu'on devra pondérer. Et, lorsque c'est le cas,
les terrains de camping demandent des
visites intérimaires. Et on peut y aller, et même qu'on évalue la possibilité
d'un changement d'étoiles pour le camping avant même de se déplacer,
pour ne pas y aller pour rien et que le camping doit payer ces frais-là. Mais,
si c'est le cas, on se déplace et on y va. Si un camping le souhaite, il
pourrait être visité à toutes les années. Donc, avec les visites intérimaires,
c'est possible de faire ça.
Mme Proulx (Berthier) :
Mais, avec un modèle volontaire, est-ce que vous n'auriez pas... vous pourriez
contrôler les critères, M. Tessier, et vous pourriez contrôler les
coûts comme vous le souhaitiez... comme vous le souhaiteriez?
M. Tessier
(Simon) : Tout va se passer
selon les frais qui vont être chargés au niveau de la collecte d'information.
Donc, ce que vous aviez avancé comme
tarification annuelle, pour les campings et autres établissements, se situait
autour de 150 $. Alors, vous
comprenez que cette base-là nous permet de maintenir nos services et nos frais
fixes et va permettre d'effectuer la classification sensiblement au même
coût qu'on le fait présentement. La seule différence pourrait se situer au
niveau de la facturation, c'est-à-dire que l'établissement va se voir facturer
sa visite l'automne précédent plutôt que de payer annuellement son frais de
classification.
• (10 h 50) •
Mme Proulx
(Berthier) : O.K. Je ne sais
pas si vous avez eu l'occasion, M. Tessier, d'entendre Eve Paré hier,
qui est la P.D.G. de l'association des
hôteliers du Grand Montréal, qui, lors de sa présence en commission
hier... que de... que, pour ne pas
freiner l'innovation, pour ne pas freiner l'innovation et ne pas offrir de
l'hébergement dit standardisé... que la grille... et je la cite, là,
Eve, Mme Paré, pardon : «La grille devrait être à l'avant-garde», «y
aller plus de façon innovante», qu'on doit quasiment repartir à zéro avec la grille.
S'il faut revoir la grille au complet,
M. Tessier, il y a une question de coût qui ne revient jamais. On peut peut-être
supposer que ce comité d'experts là coûterait cher. À titre d'exemple, le ministère
du Tourisme a versé jusqu'à 53 000 $ en fonds publics en 2016 à
Camping Québec, juste pour pouvoir établir la grille des prêt-à-camper. Donc, M. Tessier, qui paierait? Dans le fond,
c'est un peu ça, ma question : Qui paierait, sous un modèle de
classification obligatoire, pour une
refonte complète des grilles d'évaluation pour toutes les catégories? Est-ce
que ce ne seraient pas les contribuables qui paieraient?
M. Tessier
(Simon) : Pas dans le cas
des terrains de camping. Comme je
vous l'ai mentionné précédemment, nous, notre grille, elle a besoin d'évoluer,
on ne le nie pas, mais on n'est pas au même point que les hôteliers et les
autres secteurs. Si je peux parler uniquement pour mon secteur, je vous dirais
que la révision de la grille actuelle se ferait à coût nul pour le
contribuable et pourrait être assumé à 100 % par Camping Québec, si ce
n'est qu'en toute transparence vous dire qu'à travers le programme ATS, qui
soutient le développement de l'offre touristique... donc certaines de ces
sommes-là pourraient servir à la refonte de la grille de classification, tel
que c'est prévu à la convention.
Mme Proulx (Berthier) : Il y a
aussi... vous disiez aussi, un peu plus loin dans ce document, que les causes
de l'échec de la... collaboration, pardon, entre Camping Québec et la CITQ, qui
a tenté de réaliser les visites d'établissements de camping en 2014, c'est
justement leur sous-estimation de l'exigence de l'évaluation en termes de durée
et d'étendue à couvrir. La CITQ nous disait hier, M. Tessier, que ça leur
prend environ une heure, 1 h 30 min
aux deux ans pour inspecter les lieux rigoureusement, celui d'un hôtel de
50 chambres, et offrir, donc, une information, selon eux, qui était
complète et un portrait totalement précis aux consommateurs. La durée d'une
visite en camping de petite taille versus de grande taille s'estime en combien
de temps?
M. Tessier (Simon) : Ça peut varier.
Je vous dirais que, les petits terrains de camping, on peut passer
1 h 30 min, donc ce qui est la moyenne du côté des hôteliers,
alors que, dans de grands terrains de camping, on peut y aller jusqu'à presque
une journée complète, à cause de l'étendue du territoire. Aussi, on a nos parcs
provinciaux de la SEPAQ, qui sont de très grandes superficies à couvrir, et
c'est pourquoi la CITQ, en 2014, a eu de la difficulté à remplir le mandat
et se sont retirés. Nous, on a une certaine expertise. Le défi n'est pas au
temps de la visite, donc ce n'est pas le
temps comme le déplacement qui joue. Mais normalement, en une demi-journée, on
va pouvoir faire la plupart des terrains de camping, ça pourrait étirer,
mais, en comptant le déplacement, ça peut déborder.
Mme Proulx (Berthier) : Les équipes
au cabinet ont fait une petite recherche, M. Tessier, pour chacun des
hébergements insolites inscrits sur le site officiel Bonjour Québec. On est
allés chercher la cote Google pour chacun d'entre eux.
Donc, Aire
Nature Grandes-Piles, réserve biodiversité du lac Clair. Dans Grandes-Piles, le type d'hébergement
insolite, classification de la CITQ,
zéro étoile, classification Google, 4,8 sur cinq. L'Auberge du changement
d'ère, de Coaticook,
deux étoiles, 4,9 sur des étoiles Google. Au Diable Vert — ça,
c'est une station en montagne que vous connaissez bien du côté de Sutton — deux étoiles
de la CITQ, 4,3 étoiles du côté de Google. Et, un dernier, Canopée Lit,
Sacré-Coeur, deux étoiles de la CITQ et 4,5 du côté de Google.
Pour ces établissements-là, viser les critères de la grille de Camping Québec
équivaudraient peut-être à offrir une expérience complètement différente,
beaucoup plus standardisée que ce qui les distingue ou semble plaire aux
consommateurs. Est-ce que ce n'est pas ce qu'on souhaite, d'ailleurs, au Québec?
M. Tessier (Simon) : Je pense que ce
qu'on souhaite, c'est d'avoir un maximum d'information, et que la
classification est un élément qui s'ajoute. Et ce qu'on classifie, ce n'est pas
l'expérience, on ne classifie pas le service
à la clientèle, mais on classifie des éléments tangibles et de la qualité de
ces éléments-là. Donc, ça devient une offre
complémentaire. Pour nous, c'est une information qui est validée sur le terrain. Et on ne nie pas
que TripAdvisor, avis Google, ces plateformes-là ont une utilité, mais,
pour moi, il y a moyen de cohabiter et d'avoir un «mix» de ces avis et cette
classification-là.
Mme
Proulx (Berthier) : La CITQ propose, M. Tessier, comme vous le
savez, de conserver la classification obligatoire
évidemment, en retirant, par contre, l'approbation des
critères par la ministre du Tourisme, mais en laissant toute l'imputabilité à
la ministre. Il m'apparaît que la proposition qui est déposée par la CITQ
engendrerait, de façon pas mal inévitable, un contrôle puis une implication
étatique dans le système de classification. Conserver la classif obligatoire, mais
en retirant l'approbation des critères à la ministre pour que l'industrie soit
plus agile, qu'elle puisse s'autoréguler, avoir les coudées franches,
croyez-vous que ça passe par cette proposition-là de la CITQ?
M. Tessier (Simon) : Bien, écoutez, de notre côté, ce qu'on aurait préféré,
c'est que le système actuel demeure. Maintenant, on constate
que ce ne sera pas le cas. Alors, on est d'avis qu'on va continuer avec le programme
de classification sur une base volontaire en ayant les coudées franches pour y
mettre les critères qu'on va souhaiter mettre de l'avant. Donc, ça va être
notre leitmotiv. Donc, quand on nous donne des citrons à Camping Québec, on fait de la limonade. Alors, on ne va pas aller
contre le projet de loi, on sait qu'il va être adopté. La proposition de
la CITQ, il faut comprendre qu'eux leur mandat unique, c'est la
classification des établissements, alors je peux comprendre que, de leur côté, leur position se situe à ce
niveau-là, je la respecte. Du côté de notre secteur, on n'a pas comme unique
mission de classifier les terrains de camping, on est une association
également, alors c'est pourquoi que ça fait partie de notre
portefeuille, de notre portfolio, mais ce n'est pas l'élément principal.
Mme Proulx
(Berthier) : Merci beaucoup, M. Tessier, de votre présence.
Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci, nous poursuivons cette fois-ci avec la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme
Rotiroti :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Tessier.
M. Tessier (Simon) :
Bonjour.
Mme
Rotiroti :
Bien contente de vous voir ce matin. Alors, d'entrée de jeu, je voulais vous
féliciter parce que je suis allée sur votre
site Internet et on retrouve une page entièrement dédiée au système de
classification obligatoire. Alors, je vois que les informations que vous donnez
sont très, très claires, et je vous dirais même pertinentes. J'ai même
vu que vous avez même dénombré des terrains de camping par chaque catégorie.
Alors, on voit que... le nombre de campings selon les étoiles. Alors, vous avez
comme fait votre propre classification, si on peut dire ça comme ça.
D'entrée de jeu, je
vais juste, pour clarifier votre position, parce que j'ai le sentiment que vous
étiez pris un peu par surprise, le fait que, dans le projet de loi, vous
trouvez l'abolition de la classification... Vous, vous serez d'accord... De
qu'est-ce que je comprends, vous êtes soumis à votre propre grille de
classification... Vous faites partie de la grille des hôteliers, la grille
faite par la CITQ ou vous avez votre propre grille de classification?
M. Tessier
(Simon) : C'est notre propre grille, c'est nous qui l'avons
développée. Sur... Les changements qu'on y fait chaque année ou chaque moment
de révision sont soumis à un comité indépendant et sont soumis à la ministre du
Tourisme, qui doit approuver les modifications. Donc, il y a quelques années,
on a inclus des éléments de développement durable dans le système d'évaluation.
On l'a mise à jour constamment, mais c'est notre grille d'évaluation, ça n'a rien
à voir avec la grille de la CITQ ou de tout autre secteur d'hébergement.
Mme
Rotiroti :
Alors, votre grille est vraiment adaptée à votre industrie, à l'association des
campeurs. Les besoins pour... Quand vous changez votre grille, vous faites des
mises à jour assez régulièrement, de qu'est-ce que je comprends, mais tous les
changements que vous apportez à la grille doivent être soumis à la ministre
pour approbation, vrai?
• (11 heures) •
M. Tessier
(Simon) : Exactement, et, pour ce qui est des changements à la grille,
Camping Québec traite l'entièreté des plaintes reçues. Donc, les plaintes que
le ministère du Tourisme reçoit nous sont acheminées, et c'est nous qui les
traitons avec les exploitants. Donc, ça nous donne en même temps un portrait de
la réalité sur le terrain. Ce n'est pas le
seul élément qu'on prend en considération. Donc, on réussit à faire une mise à
jour de la grille selon les commentaires
qu'on reçoit à la fois des entrepreneurs et à la fois des consommateurs, et
c'est pourquoi Camping Québec n'est pas du tout dans la même
situation que les hôteliers dont on parle depuis le début du dépôt du projet de
loi.
Mme Rotiroti :
Alors, si je prends votre exemple, ce serait possible de revoir parce que,
quand on parle de classification faite par l'industrie hôtelière à la CITQ, on
parle de la lourdeur de cette classification-là, le fait que c'est loin
d'être... c'est très compliqué. La mise à jour ne se fait pas sur une base
instantanée régulièrement, mais sur une base
de deux ans. Alors, tous ces enjeux-là, vous, pour vous, vous n'êtes pas soumis
à ça. Vous, vous êtes l'exemple parfait qu'on est capable de moderniser ce
volet-là, c'est-à-dire on est capable de modifier la classification, faire en sorte que ça devienne pertinent, une
information utile, et toujours en tenant compte de l'évolution de l'industrie.
M. Tessier
(Simon) : Vous avez très bien compris. Et j'aurais bien aimé pouvoir
siéger au comité Lavoie et éventuellement siéger sur une table de
modernisation, mais on est ici aujourd'hui avec une autre décision.
Mme Rotiroti :
D'ailleurs, je vais vous référer à votre propre communiqué que vous avez soumis
le 17 juin 2021. Vous abordez plusieurs éléments, incluant votre
mécontentement du fait que vous n'étiez pas sollicités pour
faire part de ce comité, le comité qui a été mis en place par la ministre. Mais
aussi, à mon étonnement, vous faites
référence, avec beaucoup de courage, du fait que le ministère vous a dit, à
l'époque : Bien, ce n'est pas nécessaire que vous faites partie
parce que, de toute façon, vous n'êtes pas touchés de la classification, puis
on ne s'en allait pas dans la direction de l'abolition. Alors, je tiens à vous
féliciter parce que, sincèrement, ça prend du courage d'être capable de dire
que vous avez offert votre aide puis finalement ça n'a pas été... c'était fin
de non-recevoir.
Il y a toute la notion de classification, sur la
classification, le système des étoiles, on a parlé des différentes plateformes émergentes, puis la préoccupation a
été soulevée de dire : Dans certaines plateformes, que ce soit TripAdvisor,
Booking.com, l'information fautive, le fait
que certains groupes pourraient prendre otage d'un certain emplacement et
écrire des commentaires, parfois... tu sais, inonder de commentaires positifs
mais également négatifs qui pourraient avoir un effet collatéral sur l'établissement.
Vous en faites mention dans le communiqué en disant : Comment qu'on peut faire distinction-là, entre un vrai commentaire, si je peux dire ça comme ça, et un commentaire fautif d'une personne qui, dans le fond, n'a jamais
fréquenté l'établissement, mais décide, pour une question de marketing,
d'inonder le Web avec des commentaires négatifs? Alors, vous, vous partagez
cette... vous le faite mention, parce que c'est une préoccupation que vous
avez. Pensez-vous que le système de classification vient un peu pallier à
contrebalancer ces commentaires fautifs ou négatifs là?
M. Tessier
(Simon) : Effectivement, je crois qu'il vient donner un autre point de vue, un point de vue objectif. Vous savez, on a plusieurs entrepreneurs qui ont la
double classification, c'est-à-dire qu'ils ont un établissement de terrain de
camping et ils ont soit un établissement hôtelier, une résidence de tourisme ou
même une pourvoirie, et ce qu'ils nous disent, c'est exactement ça, c'est que
les sites de commentaires, c'est très... c'est subjectif. Et parfois c'est bien fait, d'autres fois, on peut assister à
des vendettas contre une mauvaise expérience qui peut arriver, tandis que
le système de classification, lui, demeure et n'est pas
influencé au gré des humeurs d'un client, alors... mais on ne nie pas
que le système de pondération des clients est tout de même important, surtout
en 2021.
Mme
Rotiroti :
Parfait. Vous dites que vous traitez, dans la grille, toujours dans la
classification, les plaintes qui sont
faites, vous les traitez... c'est l'association qui traite les plaintes pour
l'ensemble de l'industrie de camping ou c'est chaque établissement qui a
un mot à dire, comment que... c'est quoi, le fonctionnement?
M. Tessier (Simon) : Elles
transitent, les plaintes transitent par nous, et on les achemine aux
exploitants qui y répondent. Évidemment, quand c'est des plaintes qui
s'adressent à la classification, on en a très peu, on y répond nous-mêmes, mais on accompagne nos entrepreneurs à répondre à ces plaintes-là et on fait le travail d'accompagnement.
Parce que ce qu'il faut savoir, et là je peux me tromper, peut-être que Mme la
ministre pourra me corriger, mais je crois que les plaintes qui sont acheminées
au ministère, pour plusieurs organisations, sont traitées par un organisme tiers. À l'époque, c'était l'AQIT, je crois que
c'est maintenant l'alliance qui fait ça. Et nous, on se refusait
de faire ça, on voulait le faire de
notre propre chef pour avoir un bon son de cloche du terrain. On a même
instauré pour nos membres une révision totalement gratuite, un sondage
courriel, qu'on a fait avec la firme SOM, qui va nous permettre d'avoir un
sondage de la clientèle une fois qu'ils quittent le terrain de camping, et nos
terrains de camping vont avoir accès à ces
données-là, et nous, on va avoir accès à l'ensemble des données de tous les
terrains de camping qui vont participer à ce programme-là. Alors, ça va nous donner un excellent portrait de
l'industrie du camping aux yeux du consommateur, et c'est l'élément
qu'on a ajouté cette année.
Mme Proulx (Berthier) :
...effectivement qui gère les plaintes.
Mme
Rotiroti : Vous avez raison, M. Tessier. Puis j'imagine
aussi que le fait que vous traitez les plaintes aide aussi quand vous
allez changer votre grille, ça en fait partie, de la consultation que vous
faites, pour toujours être en mode amélioration, toujours donner un service
hors pair à votre clientèle, n'est-ce pas?
M. Tessier (Simon) : Ça a pour seul
et unique but de s'améliorer parce que, traiter des plaintes, là, c'est du négatif. Moi, j'aimerais faire autre chose dans la
vie que faire ça, là, puis la personne qui s'occupe de ça à nos bureaux,
ce n'est pas l'élément préféré qu'elle a dans ses tâches, mais ça nous fait
progresser de façon extraordinaire.
Et le système de classification, là, il n'est
pas parfait. Il n'y a aucun système de classification qui va être parfait, il va toujours se trouver un campeur
pour dire : Je suis allé à tel endroit, puis c'était inférieur à un autre
endroit mieux classifié. C'est la réalité, ça, mais je pense que, de
façon objective, en très grande majorité, le système répond actuellement aux
besoins de la clientèle.
Mme
Rotiroti : Le
temps file, M. Tessier, il me reste juste une minute. Écoutez, je voulais
simplement... dans votre... au niveau de la
classification, remplir, mettons, le questionnaire, tout ça, dans vos membres,
est-ce que ça serait juste de dire que la majorité souhaite maintenir la
classification? Est-ce que ça serait juste de dire qu'au niveau de la paperasse, et tout ça, vous avez allégé tout
ça pour faire en sorte que ça soit le plus efficace possible ou est-ce que
vous avez des membres qui disent le contraire?
M. Tessier (Simon) : Écoutez, je
n'ai pas la prétention d'avoir l'unanimité dans ce dossier-là. C'est certain qu'il y a des campings qui sont insatisfaits de
leur classification, ne participeront pas au programme volontaire, ce sera
leur choix, mais je pense qu'on va avoir un nombre critique d'entreprises qui
vont y participer.
Au niveau de la paperasse
et de l'argent, là, ce n'est pas un enjeu dans notre secteur, là, surtout qu'on
les accompagne quand vient le temps de remplir leur déclaration parce qu'on a
également le mandat associatif. Donc, nous,
on ne peut pas se permettre de traiter nos entrepreneurs comme de simples
numéros, donc il faut les accompagner. Et on verra, avec le programme
volontaire, combien de participants on aura.
Mme
Rotiroti :
Parfait. Merci beaucoup pour votre disponibilité, M. Tessier.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous poursuivons l'échange avec, maintenant, la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Bonjour, M. Tessier. Plusieurs questions déjà bien répondues, là, avec les
collègues. J'aimerais savoir, en fait, pour
ce qui est de l'abolition du système de classification, il y a eu des gens consultés, je voulais savoir
si Camping Québecavait fait partie de cette consultation-là au préalable.
• (11 h 10) •
M. Tessier (Simon) : Bien, tel
que je l'ai mentionné plus tôt, on n'était pas au comité Lavoie, qui avait une
forte orientation pour l'abolition de la classification. Par contre, par la
suite, je dois saluer le ministère, là, qui nous a toujours considérés comme un
interlocuteur privilégié, on a eu des discussions autant avec le politique
que les fonctionnaires, puis
on n'a pas été mis de côté, on a fait valoir notre point de vue. Et d'ailleurs
ils ont quand même autorisé à ce qu'on soit en commission parlementaire
aujourd'hui, et c'était important pour nous parce qu'on n'a eu aucune voix
depuis le comité Lavoie, les terrains de camping et les pourvoiries. Alors, on
est heureux de pouvoir être ici aujourd'hui. Et, comme je vous l'ai dit, là,
j'ai entendu les rires, mais on nous donne des citrons, on va faire de la limonade, puis on va essayer de faire un bon
programme de classification volontaire, et on va aller de l'avant avec ça.
Mme Perry Mélançon : Donc, vous
semblez quand même être résignés, même si je comprends que vos arguments sont
différents du système qui est établi par... le système pour les hôteliers. Les
critères ne sont pas les mêmes selon votre grille, il y a moins
d'insatisfaction, donc je ne comprends pas nécessairement la nécessité d'abolir
ce système-là. Je ne sais pas exactement pourquoi le vôtre aussi fait partie
des abolitions visées par le projet de loi.
M. Tessier
(Simon) : Écoutez, je ne
saurais pas vous répondre, il faudrait peut-être demander aux législateurs.
Peut-être qu'au niveau légal, c'était impossible de faire des exclusions pour
les pourvoiries et les terrains de camping. Parce que je crois,
honnêtement, que... du côté du ministère du Tourisme, je pense qu'on est en
mesure d'acquiescer au fait que la
classification des campings est différente de celle des autres résidences de
tourisme et hôteliers, et je crois que
leur intention au départ était effectivement véridique de ne pas nous toucher,
de... pourquoi le refus au comité Lavoie. Je pense que leurs intentions étaient véridiques. Maintenant, pourquoi
ils ont décidé d'aller de l'avant avec ça? Il faudrait leur poser la
question.
Mme Perry Mélançon : On
regardera ça en étude détaillée, s'il n'est pas trop tard pour faire quelque
chose aussi, parce que, je veux dire, s'il
n'y a pas d'incompréhension dans le milieu ou de... Je veux dire, dans le sens
que s'il n'y a pas d'insatisfaction
au même titre puis que vos arguments me semblent assez solides... Bref, on
pourra revenir à ça.
Mais j'aurais une dernière question sur la
question des projets pilotes. Avez-vous des craintes par rapport au fait que des particuliers pourraient s'improviser
des campings durant les événements comme Saint-Tite avec... qui sont
plus proches du lieu de l'événement? Là, vos sites seraient un peu boudés. Il
n'y a pas quelque chose là-dedans qui pourrait être une problématique pour
vous?
M. Tessier
(Simon) : Bien, sans cibler... merci
pour la question, sans cibler Saint-Tite comme tel, disons que le
camping hors camping, c'est une préoccupation pour nous, surtout que, depuis
2020, il y en a eu beaucoup, de sites hors
camping, qui ont poussé. Maintenant, on se demande, avec l'ouverture des frontières
en 2022, est-ce qu'on va se trouver
avec beaucoup de sites de disponibles par rapport à la demande. Alors, effectivement, c'est une préoccupation.
J'ai bon espoir que le ministère du Tourisme
privilégie, au niveau des projets pilotes, les gens de l'industrie, mais, vous
voyez, le côté des festivals, on souhaite déposer des projets pilotes à ce
niveau-là, Camping Québec, pour faciliter l'enregistrement et faciliter
certaines choses, faciliter aussi de combler les sites de camping aux alentours
avant les sites des festivals. Alors, il y a plusieurs choses qu'on a en tête
et qu'on aimerait amener de l'avant dans les projets pilotes.
Mme Perry Mélançon : Puis les
terrains qui ne sont pas des campings à proprement parler, comme vous dites,
puis qu'on voit que c'est une tendance, là, est-ce qu'il y aurait une façon de
réglementer davantage à l'intérieur même de ce projet de loi là, ou on est ailleurs,
là?
M. Tessier (Simon) : Bien, on
aimerait bien. Ce qui est difficile avec les terrains de camping... nous, on
entend les hôteliers parler d'Airbnb et des autres plateformes d'économie de
partage ou collaborative, là, je déteste les
deux termes, là, mais nous, les terrains de camping, la compétition à laquelle
on doit faire face, c'est de la gratuité. Donc, ce n'est pas du tarif moins cher, c'est de la gratuité et un
non-respect de toutes les réglementations. Il faut savoir qu'un terrain de
camping doit faire affaire avec pratiquement sept, huit ministères,
plusieurs lois, pour se conformer. Alors,
effectivement, on aimerait, si ce n'est pas dans le cadre de la
loi actuelle, que dans les projets pilotes, on puisse
se soucier de la réalité des terrains de camping lorsqu'un projet va être
déposé.
Mme Perry
Mélançon : Merci. On va prendre tout ça en note pour la suite.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci, M. Tessier, c'est tout le temps que nous avons. Puis je
tiens également à vous remercier pour votre
bonne gestion du micro parce que, pour nous, ça nous a facilité, ici, le son.
Alors, merci encore, M. Tessier.
Nous allons suspendre quelques instants pour
donner la chance au prochain groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 14)
(Reprise à 11 h 18)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Bonjour. Alors, nous accueillons M. Soucy et M. Constantin, de la
Fédération québécoise des
municipalités. Alors, je vous invite à vous présenter et, ensuite, à commencer
votre exposé de 10 minutes.
Fédération québécoise des municipalités (FQM)
M. Soucy (Yvon) :
Oui. Bonjour, Mme la Présidente. Je me présente, Yvon Soucy, je suis le
préfet de la MRC de Kamouraska puis également le premier vice-président de la
Fédération québécoise des municipalités.
M. Constantin (François) : Bonjour,
Mme la Présidente. Je m'appelle François Constantin, je suis conseiller à
la direction des politiques à la FQM.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, qui commence l'exposé? Oui, M. Soucy.
M. Soucy (Yvon) :
On peut y aller?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
allez-y.
• (11 h 20) •
M. Soucy (Yvon) :
Merci beaucoup. Donc, Mme la Présidente, Mmes et MM. les
députés, Mme la ministre, bonjour. Merci beaucoup de nous recevoir. Je
tiens à vous exprimer nos remerciements de nous avoir invités à cette
consultation très importante pour nos membres.
Donc, je me suis déjà présenté, mais vous me
permettrez d'excuser notre président, Jacques Demers, qui est à l'extérieur du
Québec actuellement, qui ne pouvait malheureusement pas participer à la commission,
mais c'est un sujet, là, qui l'intéresse vraiment, là. Je peux vous assurer
qu'il aurait été présent si ça avait été possible pour lui.
Depuis sa fondation, en 1944, la Fédération
québécoise des municipalités fait entendre la voix des régions du Québec. Convaincue que la force du nombre peut
faire la différence, la FQM réunit plus de 1 000 membres, répartis
sur l'ensemble du territoire québécois. Elle leur accorde une priorité
absolue et défend avec détermination leurs intérêts politiques et économiques. Elle favorise l'autonomie municipale,
travaille activement à accroître la vitalité des régions et offre un
large éventail de services aux municipalités et aux municipalités régionales de
comté.
En tant que porte-parole des régions du Québec,
nous soulignons aujourd'hui plusieurs dispositions de ce projet de loi, des dispositions qui, selon nous, respectent l'autonomie municipale,
augmentent les opportunités d'innovation pour les municipalités et
appuieront les gouvernements de proximité dans l'application de leur
réglementation.
Nous nous sommes principalement intéressés, Mme la
Présidente, aux mesures de ce projet de loi qui visent à appuyer les municipalités dans l'encadrement de l'hébergement
touristique. En effet, le projet de
loi sur l'hébergement
touristique vient modifier le système actuel bien au-delà des compétences du
monde municipal. Nous laisserons donc aux organisations directement touchées
par les autres modifications le soin de commenter.
Le premier point que nous devons souligner,
Mme la Présidente, c'est la préservation des compétences municipales. Ce projet
de loi, rappelons-le, fait suite au projet de loi n° 67 où la mobilisation
sans précédent de plus de 800 municipalités et municipalités régionales de
comté a permis de trouver une solution intéressante au problème que posait le
retrait d'un pouvoir de zonage important pour les municipalités. Suite à notre
intervention et aux modifications par le gouvernement du projet de loi, les
compétences municipales en matière de gestion du territoire inscrites dans la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme ont été maintenues, et le droit des
citoyens de s'exprimer a été préservé.
Selon les modifications apportées, un règlement
déjà en vigueur ayant pour effet d'interdire la location à court terme d'une résidence principale demeurera
en vigueur pour une période de deux ans suivant l'adoption de la loi. Pour que
le règlement demeure en vigueur, celui-ci devra être soumis à la consultation
des citoyens selon les étapes prévues
aux lois applicables, une procédure bien connue des citoyens. Pour les
municipalités qui n'auraient pas adopté une telle réglementation, il
leur sera possible de le faire à la condition de mener une consultation
préalable de la population des zones visées par l'interdiction de location des
résidences principales selon les mêmes obligations de consultation établies
pour ce type de règlement. De plus, le nombre de signatures au registre
nécessaires à la tenue d'un référendum sur
un projet de règlement interdisant la location à court terme d'une résidence
principale a été diminué de moitié. Mme la Présidente, il est primordial
que le projet de loi n° 100, à la fin de son étude par cette Assemblée,
reconfirme la solution élaborée lors du projet de loi n° 67.
Le
respect de l'autonomie municipale n'est cependant pas suffisant. Il est
essentiel que les gouvernements de proximité aient tous les outils nécessaires
pour assurer la quiétude des citoyens et gérer les problèmes qui découlent trop
souvent de la location à court terme. Au cours des dernières années, plusieurs
municipalités ont dû interdire la location à court terme en raison d'événements
déplorables qui se sont déroulés dans des résidences louées souvent pour une seule journée. Plusieurs de nos membres
ont vécu des épisodes difficiles. Les élus municipaux étant facilement accessibles, nombreux d'entre eux ont été
interpellés lors de conflits entre voisins en raison d'un locataire qui ne
respectait pas le milieu. Nous appuyons donc très favorablement l'ajout
d'outils supplémentaires tels que la mesure permettant de retirer le permis à
tout exploitant qui ne respecte pas la réglementation de la municipalité dans
ce projet de loi. Ce nouveau pouvoir de la
ministre du Tourisme aidera sans aucun doute les municipalités à encadrer
l'hébergement collaboratif sur leurs territoires.
Nous voyons également
d'un bon oeil les mesures de soutien à l'innovation et les mesures d'allègement
administratif annoncées dans le projet de loi. Sous l'ancienne réglementation,
les différents paliers gouvernementaux étaient
souvent en retard sur les nouvelles offres d'hébergement touristique. Les
nouvelles méthodes d'enregistrement et l'obligation, pour les
exploitants, d'effectuer une vérification auprès de la municipalité dès le
début du processus devraient faciliter le
suivi de l'offre réelle sur le terrain. De plus, en permettant entre autres la
mise en place de projets pilotes, la
nouvelle réglementation permettra au gouvernement et à l'industrie touristique
d'améliorer les services à la population. Étant donné leur proximité,
les municipalités sont les mieux placées pour assurer la quiétude et la qualité
de vie des citoyens. Il est donc primordial
que ces projets soient faits dans le respect des compétences municipales et en
partenariat avec les gouvernements de proximité.
J'aimerais également
vous rappeler qu'il sera particulièrement important de regarder l'application
concrète de ces mesures sur le terrain. En effet, plusieurs de nos membres
manquent de recours pour appliquer les différentes mesures déjà en place. Il
sera donc important, lors de l'étude de ce projet de loi, mais également dans
les mois qui suivront, de faciliter l'application de ces mesures sur le terrain
et d'être à l'écoute de ce que vivent les différents partenaires impliqués.
En terminant, je
tiens à remercier encore une fois la ministre, les porte-parole des partis
d'opposition ainsi que l'ensemble des
membres de cette commission. En tant que porte-parole de l'ensemble des
régions, nous continuerons de travailler avec cette Assemblée afin de
consolider le rôle des municipalités et de nous assurer que celles-ci ont les
moyens de protéger la quiétude des citoyens et les quartiers où ils ont élu
domicile. Nous sommes maintenant prêts, Mme la Présidente, à répondre aux
questions des parlementaires.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci, M. Soucy. Nous allons donc,
effectivement, commencer la période d'échange avec Mme la ministre.
Mme Proulx
(Berthier) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. Soucy, plaisir
de vous revoir, M. Constantin, merci
du travail que vous avez effectué pour le privilège des collègues de la
commission ici aujourd'hui en marge du projet de loi n° 100.
Évidemment
que les municipalités doivent être impliquées dans ce processus-là. Vous êtes
un élément clé. Et, puisque vous êtes
à la FQM, on parlait du fameux article 12 pour dénoncer des établissements
d'hébergement touristique reconnus coupables, hein, vous en avez fait
référence, M. Soucy, à des infractions à tout règlement municipal en
matière de nuisance, entre autres, de bruit exagéré, de salubrité ou de
sécurité. L'article 12 vous rassure, là-dedans, pour donner aux
municipalités tous les outils nécessaires pour que ces éléments-là ne se
reproduisent plus au Québec en termes de nuisance, de salubrité puis de
sécurité?
M. Soucy (Yvon) : Oui, absolument, Mme la ministre. Donc, ça répond
à nos attentes, aux attentes également de
nos membres. Là-dessus, je vous dirais, bon, par contre... puis je le disais
dans mon allocution, les prochains mois, on verra également dans l'application concrète, là, comment ces
mesures-là seront efficaces. Puis, bien, je vous dirais que ça dépendra certainement aussi des ressources
que le ministère voudra bien mettre, là, à l'application de ces mesures-là.
Mais, effectivement, là, si une municipalité
constate une infraction à certains règlements municipaux, souvent, ce sont
les règlements de nuisance, là, dans ces cas-là, bien, de pouvoir agir, là,
auprès de la ministre, là, pour demander la suspension ou la révocation du permis,
là, ça répond à nos attentes.
Mme
Proulx (Berthier) : L'élargissement des pouvoirs de refus, de
suspension, d'annulation, d'enregistrement, d'autres types de résidence que la résidence principale, là, on comprend
bien que la résidence, elle opère uniquement, présentement, sous un
numéro d'enregistrement, il n'y a pas de visite, évidemment, de classificateurs
et de la CITQ, ça va clairement mieux outiller les municipalités pour les
nuisances également, là?
M.
Soucy (Yvon) : Oui, effectivement, puis, bien, je laisserais
peut-être... Parce qu'en fait c'est un volet sur lequel je me suis moins
penché, là. Comme je vous le disais au départ, j'ai accepté de remplacer mon
collègue. Je laisserais peut-être François, là, répondre à cette question-là si
vous le permettez, Mme la Présidente.
M. Constantin
(François) : Oui, donc, évidemment, c'est quelque chose qui est très
positif pour nous et nos membres. Comme M. Soucy l'a dit dans son
allocution d'ouverture, on a souvent manqué de recours. C'étaient des processus
compliqués. Maintenant, c'est une bonne nouvelle d'avoir un nouveau pouvoir, un
élargissement qui va pouvoir faciliter, là, le suivi des dossiers, mais
également, là, de faire avancer les dossiers des municipalités sans... disons,
avec un processus bien établi, là. Donc, ça, c'est très positif pour nous.
Mme Proulx
(Berthier) : Revenons sur le fameux 45 jours. Je ne sais pas si
je m'adresse à vous, M. Soucy ou à M. Constantin, mais sachez que les
deux, là, vous pouvez évidemment répondre, ou si vous savez des éléments
complémentaires à ajouter à l'autre, n'hésitez surtout pas. Le projet de loi
propose évidemment de simplifier tout le processus, là, d'émission
d'enregistrements pour la municipalité, entre autres, en retirant le 45 jours.
La Ville de Québec jugeait que le 45 jours étaient tout à fait possible
pour elle, que ça lui convenait, qu'il n'avait pas lieu de le changer. Par
contre, je demandais à la Ville de Québec si des municipalités qui ont moins de
ressources, on le comprend, là, que la Ville de Québec... c'est peut-être plus
difficile pour eux de répondre dans une période de 45 jours. Est-ce que
vous êtes à l'aise avec la proposition dans le projet de loi n° 100 de
voir, d'abord et avant tout, si la municipalité consent un permis
d'exploitation, puis qu'après ça, bien, ça rentre au ministère du Tourisme et
qu'on procède, plutôt que de faire l'inverse, là?
• (11 h 30) •
M. Soucy (Yvon) :
Écoutez, nous on voit ça vraiment d'un bon oeil. Ça peut faire en sorte,
également, d'éviter des situations qui pourraient être conflictuelles. Lorsque
tout est clair au départ, lorsque le citoyen qui a un projet, bon, s'assure
auprès de la municipalité que c'est conforme à la réglementation municipale,
nous on voit ça vraiment d'un bon oeil. Puis, pour ce qui est de l'abolition du
délai de 45 jours, on n'a pas de problème avec ça. Je vous dirais même, écoutez,
on a l'habitude, là. Nos services d'inspection ont l'habitude de répondre, ça
fait partie de leur quotidien, à des demandes de citoyens, bon, pour toutes
sortes de conformités à la réglementation municipale. On le fait toujours de
façon diligente. Moi, je peux vous dire ici, à la MRC de Kamouraska, nous
avons, bon, pour ramener ça à une échelle que je connais davantage, un service
regroupé en inspection, puis, écoutez, nos inspecteurs répondent, là, de façon
diligente, aux demandes. Donc, on ne voit pas de problème avec ça, Mme la
ministre.
Mme Proulx (Berthier) : Merci,
M. Soucy. Également, lors de sa présence à la commission hier, la ville de
Québec a laissé sous-entendre que, s'il y avait des infractions municipales,
que la ville aimerait peut-être pouvoir contempler
la possibilité d'appliquer les dispositions pénales prévues dans le projet de
loi. Est-ce que des municipalités, on va prendre Kamouraska, là, puisque
vous y faites référence, est-ce que Kamouraska serait bien outillée pour faire
appliquer des dispositions pénales, selon vous?
M. Soucy (Yvon) :
Bien, nous, on n'avait pas de problème avec ce qui est prévu dans le projet de
loi, là. Pour les pouvoirs d'inspection à Revenu Québec, là, ça nous allait,
là. Donc, à moins que François veuille rajouter quelque chose, mais, selon moi,
là, on n'avait pas de revendication à ce niveau-là.
M. Constantin (François) : Non.
Comme M. Soucy vient de le dire, on est très à l'aise avec la façon de
centraliser le pouvoir à Revenu Québec pour beaucoup de nos membres, mais nos
membres, évidemment, ils n'ont pas les ressources que la ville de Québec a.
Donc, pour nous, évidemment, c'est une bonne solution, là.
Mme Proulx (Berthier) : Rappelez
juste, pour les besoins de la commission, combien de municipalités vous
représentez et quel est le volume de population pour, justement, là, le
fameux... Allez-y.
M. Soucy (Yvon) :
Oui. Eh bien, on représente 1 000 municipalités, municipalités
régionales de comté, là, de diverses tailles, mais on représente principalement
les petites et moyennes municipalités, l'ensemble des MRC du Québec également.
Puis, pour la population, bien, écoutez, ça dépend un peu des calculs qu'on
fait. Vous comprenez qu'il y a plusieurs municipalités qui sont membres des
deux associations, mais c'est environ peut-être 4 millions, là, je ne sais
pas si j'ai encore le chiffre exact, mais on représente quand même une bonne
partie de la population.
Mme Proulx (Berthier) : Donc,
pour... je ne veux pas généraliser non plus, là, mais pour bon nombre de
municipalités que vous représentez au sein de la FQM, ça serait difficile pour
eux et elles de faire appliquer des dispositions pénales, tel que le souhaite
la ville de Québec. Je comprends bien ça?
M. Soucy (Yvon) :
Oui, absolument, là, pour... Je comprends que la ville de Québec a peut-être, en
fait, des attentes très différentes en vertu de moyens qu'ils ont qui ne sont
pas les mêmes que les nôtres, mais effectivement, pour la taille de nos
municipalités, là, que ce soit Revenu Québec, ça nous convient.
Mme Proulx (Berthier) : Est-ce que
l'ensemble du projet de loi, ça vient, pour vous, améliorer, faciliter
l'encadrement d'hébergement touristique pour les municipalités? Puis est-ce que
ça lui donne surtout des outils supplémentaires
pour combattre l'hébergement illégal? Vous en avez fait mention rapidement,
M. Soucy, d'entrée de jeu.
M. Soucy (Yvon) :
Bien oui, certainement, là. C'est une grande avancée par rapport à ce qui était
prévu ou n'était pas prévu au projet de loi n° 67, donc on est très
satisfaits à ce niveau-là. Puis, bien, écoutez, en ce qui concerne est-ce que
ça va aider à prévenir l'hébergement illégal, bon, comme je l'ai mentionné dans
mon allocution, comme je l'ai dit également en réponse à vos questions,
vraiment, on va le voir à l'usage, mais nous, on est quand même confiants, le processus est simplifié. C'est
quand même assez simple, là, pour les gens qui voudraient s'y inscrire
de le faire. On apprécie beaucoup, également, là, d'avoir accès à la plateforme
et aux données en temps réel, là, donc, je pense, c'est une bonne façon, pour les
municipalités, également, de s'assurer que tout est conforme. Donc, oui, Mme la
ministre, on voit ça d'un bon oeil.
Mme
Proulx (Berthier) : Dernière question pour vous, messieurs. Vous en
avez rapidement mentionné dans votre mot
d'introduction, M. Soucy, l'article 23, là, qui permettrait à la
ministre d'élaborer et de mettre en oeuvre des projets pilotes pour étudier, améliorer, définir des nouvelles formes,
d'innover. Je fais pas mal la tournée des régions, là, depuis trois ans,
j'y retourne encore en fin de semaine. Il y a certaines municipalités au
Québec, qui ont des enjeux de disponibilité et d'hébergement touristique, puis
évidemment qui souhaitent accueillir non seulement les meilleurs touristes au monde, c'est-à-dire des Québécois,
mais également des touristes internationaux quand le temps sera venu,
c'est-à-dire le 7 septembre prochain.
Est-ce que cette...
Est-ce que les municipalités, selon vous, seraient tentées de proposer des
projets comme ceux-là, des projets pilotes comme ceux-là, M. Soucy?
M.
Soucy (Yvon) : Bien, moi, je pense que oui, là. Puis, bon, il y
a des municipalités où... qui ont certaines réalités,
avec des événements majeurs qui se déroulent, par exemple, sur une très courte
période. Donc, ça peut être une très belle alternative, là. Puis sans
avoir, là, d'exemple précis, moi, je suis convaincu, là, que nos membres, là,
vont être partants pour des projets pilotes.
Puis, comme on le disait également dans la lecture du mémoire, bien, on
aimerait évidemment être impliqués, là, à ces projets pilotes là,
puis... Donc, oui.
Mme
Proulx (Berthier) : Merci beaucoup, M. Soucy, M. Constantin.
C'est tout pour moi, Mme la Présidente. Alors, s'il reste du temps, tel
que discuté, on pourra le consentir aux collègues.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, nous poursuivons l'échange
avec la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme
Rotiroti : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Soucy. Bonjour,
M. Constantin. Bienvenue à la commission. Merci d'être là.
Écoutez, je pense que
vous avez répondu à plusieurs questions de la ministre concernant le volet qui
touche, entre autres, les municipalités. Mais j'aimerais ça, pour la compréhension de tous, là, pouvoir être
capable de vous poser certaines questions sur la réglementation sur l'hébergement
collaboratif, et tout ça.
Alors, dans le projet
de loi, si on saisit bien l'enjeu, là, si une municipalité s'est dotée d'une réglementation
sur l'hébergement collaboratif avant 2021, y est compris des dispositions qui
interdisent dans certains quartiers ou au-delà d'un certain nombre d'unités,
cette réglementation locale cesserait d'être en vigueur en 2023, évidemment, avec l'adoption de la loi, pour être remplacée par une réglementation provinciale, uniforme, qui serait moins contraignante. Est-ce
que vous avez cette compréhension-là?
M.
Soucy (Yvon) : Oui, mais, si je comprends bien, également, avec
la possibilité, pour une municipalité, suite
à un processus de consultation auprès des citoyens puis au processus
référendaire, de continuer à l'interdire. Donc, c'est bien ça. Je ne
sais pas si François veut rajouter, là, mais c'est ma compréhension.
Mme
Rotiroti :
Permettez, M. Soucy, la façon que... ma compréhension de ça, c'est que
ceux qui ont eu, dans leur aménagement, leur zonage, qui ont un plan
d'urbanisme qui comprend le volet d'hébergement collaboratif avant 2021, seraient... une fois que la loi est adoptée,
à ce moment-là, ça serait juridiction provinciale à ce moment-là. Si, dans le cas où est-ce
qu'une municipalité n'aurait pas un schéma ou n'aurait pas cette,
comment on peut dire, réglementation-là d'ici 2023, il
pourrait l'obtenir avec la voie d'un référendum.
M.
Soucy (Yvon) : C'est ce que je comprends. Mais oui, François,
vas-y.
M. Constantin (François) : Donc, oui. Nous, la solution qui a été trouvée
dans le 67, que vous êtes en train de discuter,
qui a été reproduite intégralement, on était favorables. Ça a été même, en
partie, une de nos recommandations, là, durant
l'étude du projet de loi n° 67, d'impliquer les citoyens par un référendum
pour s'assurer que les réglementations en place, mais également celles qui
voudraient être mises en place, puissent être mises en place. Donc, c'est quelque
chose qu'on est favorables.
Évidemment,
ça ne doit pas être... Ce qui a été entendu lors du projet de loi n° 67 ne doit pas être modifié ou changé lors
de l'étude du projet de loi n° 100, selon nous.
Mme
Rotiroti : Ça fait que vous trouvez que qu'est-ce
que nous avons discuté, adopté, dans
le p.l. n° 67, est bien reflété dans les mesures
proposées par la ministre dans le projet de loi?
M. Constantin
(François) : C'est une copie exacte de ce qui avait été mis dans le projet
de loi n° 67. Et, si ce n'est pas le cas, on va devoir se rasseoir, mais, selon notre
compréhension, c'est exactement ce qui était dans le projet de loi n° 67.
• (11 h 40) •
Mme
Rotiroti :
Parfait. Merci. Pour suspendre ou annuler un enregistrement, on voit très bien
que la municipalité, elle, au
niveau de sa juridiction auprès de la ministre, ça serait des enjeux de salubrité et sécurité,
mais pas pour... C'est les deux
facteurs principaux où est-ce que la municipalité aurait un mot à dire. Est-ce que
vous trouvez que c'est suffisant? Est-ce qu'il y a quelque chose que
vous voudriez rajouter dans ces critères-là? Et est-ce que ça répond bien aux préoccupations
et les demandes que vous avez par rapport à vos membres?
M.
Constantin (François) : Oui.
Bien, écoutez, souvent, là, les plaintes qu'on va entendre, là,
ce sont des plaintes relatives au règlement de nuisance, bon, principalement du bruit. Puis
donc d'avoir la possibilité, lorsque l'on constate une infraction à une réglementation municipale puis, bon, vous l'avez dit, salubrité,
nuisance, mais c'est souvent des nuisances, de pouvoir s'adresser à la ministre
puis de demander, là, que, bon, le processus prévu à l'article 12
s'applique, là, pour nous, c'est... ça nous convient parfaitement.
Mme
Rotiroti : O.K. Est-ce
que j'ai bien compris que vous serez d'accord avec l'abolition du
45 jours?
M. Constantin (François) : Oui. On
n'a pas de problème avec l'abolition du 45 jours. On voit d'un bon oeil,
comme je le disais tantôt, également, là, qu'en amont, là, que les municipalités
soient saisies en premier lieu, là, de la demande, qu'on puisse attester de la
conformité, bon. Sur la façon de le faire, là, on est ouverts à toutes les propositions
que le gouvernement, là, pourra amener, là, je pense. Ça, là-dessus, on a de
l'ouverture.
Puis, bon, sur la diligence, là, on n'a pas de
problème, également, là. Comme je le disais, ce sont... nos services
d'inspection répondent quotidiennement à de nombreuses questions, là, sur la
conformité d'un projet au règlement de l'urbanisme, aux règlements municipaux,
ainsi de suite. Donc, on ne voit pas de problème avec ça.
Mme
Rotiroti : O.K.
Merci. La ministre faisait référence, dans ses questions par rapport à la ville
de Québec, concernant tout le volet des amendes, en voulant garder cet
aspect-là... de gérer cet aspect-là. Vous, vous semblez dire que vos... parce
que vous représentez majoritairement des municipalités un petit peu plus
petites, de taille plus petite, que vous êtes d'accord que ça soit géré par Revenu
Québec, que vous n'avez pas d'enjeu avec ça. Pensez-vous qu'on pourrait
regarder d'une manière différente, c'est-à-dire... de tout l'aspect des
amendes, et tout ça? Si les petites villes auraient la gestion de ça, ça ne
leur amènerait pas plus de revenus à la fin de tout ça ou c'est parce qu'ils
n'ont pas la main-d'oeuvre pour être capables d'assumer cette charge-là?
M. Soucy (Yvon) : Écoutez, je peux comprendre que la ville de Québec ait des
revendications par rapport à ça, là, pour des raisons qui lui appartiennent. En
ce qui nous concerne, là, bon, on n'a pas été interpellés par nos membres. En
fait, nos membres n'avaient pas d'objection, là. Puis, pour nous, que ce soit Revenu
Québec qui le fasse, là, on n'avait pas de
problème avec ça. Est-ce que... Bon, est-ce que la seule raison est la taille
de la municipalité? Je n'en suis pas sûr, là, mais il n'y avait pas de
problème. Ça n'a pas été soulevé, disons, dans nos débats entre nous, là.
Mme
Rotiroti :
Parfait. Pour moi, ça fait le tour, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. Nous poursuivons l'échange, la période d'échange, avec la députée
de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. le préfet, M. Constantin. C'est un plaisir de
vous rencontrer. J'ai justement plusieurs petites, moyennes municipalités dans
mon comté, comme vous le savez. Et je me
demandais si, parmi vos membres, les municipalités sont plus en faveur,
favorables ou défavorables, finalement, au développement de
l'hébergement collaboratif, et surtout pour ce qui est des résidences
secondaires.
M. Soucy (Yvon) :
Bien, écoutez, je pense que les municipalités ne sont pas contre, tout en
autant, là, qu'elles aient les moyens, là, de... Bon, vous le savez, je le
disais dans la présentation, on est les élus qui sont souvent, là, les premiers interpellés par les citoyens. Les conflits
d'usage, là, ou de voisinage, on les connaît. On le sait, lorsqu'un
projet est amené dans une municipalité, bon, souvent, là, on a une bonne
impression, est-ce que ça va créer un conflit de voisinage. Donc, on est
souvent les mieux placés, là, pour juger.
Donc, si on a
le moyen, là, toujours, de contrôler, sur notre territoire, par un zonage
adéquat les projets d'hébergement
collaboratif, nous, on est en faveur. Puis d'ailleurs c'est ce qu'on a fait
dans le passé. Pour les résidences principales, donc c'est l'inquiétude qu'on
avait, de perdre le contrôle. Vous savez, on a des citoyens qui vont
s'installer, pour leur retraite ou, peu importe, là, près d'un cours d'eau,
puis qui ont imaginé, là, une vie paisible, puis c'est leur résidence
principale. Puis, tout d'un coup, bien, leur voisin, qui avait également une
résidence principale, commence à la louer.
Puis, bon, il y a des fêtes qui ont lieu, des choses comme ça. Puis finalement
il n'y en a plus, de tranquillité, puis
de quiétude dans le voisinage. Donc, c'était l'inquiétude qu'on avait, lors du
dépôt du p.l. n° 67, puis
ça a très bien été entendu, puis ça a été très bien été répondu
actuellement.
Donc, moi, je pense que les municipalités doivent
garder le moyen de contrôler les usages sur leur territoire. Puis, de cette
façon-là, actuellement, on prévient beaucoup les conflits.
Mme Perry
Mélançon : Donc, pas nécessairement besoin de renforcer, dans la loi,
là, la question de résidence secondaire
commerciale, là. C'est moins un enjeu pour les petites municipalités, quoique
certaines qui sont plus touristiques vivent, là, une hausse des prix des
maisons. Ils tentent d'avoir des gens qui sont établis à l'année. Bon, je pense
à Percé, qui a déjà passé son règlement,
justement. Donc là, on n'est pas nécessairement dans une demande, là, de... On
veut qu'il y ait une certaine autonomie puis que les municipalités puissent le
faire.
Puis, pour ce
qui est de l'abolition... de l'interdiction, en fait, de le permettre à des
résidences principales, je crois, là,
dans le... il faudrait que je refouille ça, mais ça, vous êtes corrects aussi
avec l'interdiction de l'interdire, finalement, dans une résidence
principale.
M. Soucy (Yvon) : Avec ce qui est amené
actuellement, puis, si ça demeure jusqu'à la fin, ça répond à nos attentes. Puis vous venez de le dire, là, les
municipalités — bon,
Percé est un exemple, là — les municipalités où il y a des problèmes ont la possibilité de réglementer, puis elles le font.
Donc, nous, c'est effectivement de préserver l'autonomie municipale
puis, dans ce cas-là, ça va bien, là.
Mme Perry
Mélançon : Pour ce qui est de la question du zonage, si, par exemple,
là, une ville modifie le zonage, est-ce que
ça permet, justement... Est-ce qu'une entreprise ou un établissement
d'hébergement touristique perd son droit directement? Est-ce que tout
ça, c'est bien expliqué dans la loi? Pour vous, c'est clair?
M.
Soucy (Yvon) : Je vais laisser... C'est quand même plus
technique, là, je vais laisser mon collègue répondre, s'il peut, là.
M. Constantin (François) : De la façon que ça a été amené dans le projet de
loi puis dans le projet de loi n° 67, ça a été vraiment de... D'un
côté, on trouve que ça a été une solution intéressante, ça
répond à nos besoins. Est-ce qu'on peut toujours clarifier les choses?
Certainement. Mais, pour nous, comment c'est écrit, comment ça a été... la solution qui a été trouvée dans le 67 nous
convient parfaitement, là. C'est ce qui a été présenté à nos membres, et on est
d'accord avec le gouvernement là-dessus.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...
Mme Perry
Mélançon : Trois secondes?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Minutes.
Une voix :
...
Mme
Perry Mélançon : C'est
gentil. Bien, pour ce qui est du... On a parlé de toutes les procédures administratives, puis je pense que ça a
été, quand même, bien répondu avec ma collègue de Jeanne-Mance—Viger. Que
ce soit fait... D'abord, vous êtes... vous
êtes concernés d'abord, et non pas ensuite, là, quand la demande est faite pour
un nouveau... une nouvelle
déclaration d'établissement touristique. Donc, tout ça, vous êtes à l'aise avec
le processus qui est proposé?
M. Soucy (Yvon) : Oui, absolument, absolument. Puis, comme je le
disais, ça peut éviter des situations conflictuelles,
de la frustration, même, de certains propriétaires. Donc, c'est clair au
départ, puis il n'y a pas de fausses attentes qui sont créées. Donc,
oui, c'est une bonne chose pour nous.
Mme
Perry Mélançon : Puis là je
pense que ça a déjà été répondu, mais j'étais peut-être
un peu déconcentrée. Tout ce qui est
de la question des inspections, que ce soit fait par Revenu Québec, tout ça, que ce ne soit pas, là,
géré par les deux paliers, c'est ce que vous souhaitez?
M. Soucy (Yvon) : Bien, en fait, ça nous convient, là. Comme je le
disais, il n'y avait pas d'attentes particulières, par rapport à nos
membres là-dessus, pour Revenu Québec. Pour nous, ça allait, là. On peut
comprendre que, pour d'autres, ça soit différent, mais, pour nous, ça
convenait.
Mme Perry
Mélançon : Très bien. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. Merci, M. Soucy, M. Constantin. C'est tout le temps que
nous avons avec vous. Alors, merci encore de votre collaboration et de
votre contribution à la commission.
Alors, nous
ajournons... Non. Nous suspendons les travaux jusqu'à 14 heures. Alors, je
vous souhaite un bon appétit.
(Suspension de la séance à
11 h 50)
(Reprise à 13 h 58)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour. La Commission de
l'économie et du travail reprend ses
travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 100, Loi sur l'hébergement touristique. Cet après-midi, nous entendrons les organismes
suivants : l'Alliance de l'industrie touristique du Québec et
l'Association Hôtellerie Québec.
Alors,
nous avons déjà le premier groupe avec nous. De l'Alliance de
l'industrie touristique du Québec, nous avons M. Soucy et
M. Dubé. Alors, je vous invite à vous présenter et, ensuite, à commencer
immédiatement votre exposé de 10 minutes.
Alliance de l'industrie
touristique du Québec (AITQ)
M. Soucy (Martin) : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je me présente, Martin Soucy, président-directeur général
de l'Alliance de l'industrie touristique du Québec. Je suis accompagné de
M. Dubé, qui est directeur principal de l'engagement de l'industrie et communications à l'alliance. Alors,
membres de la commission, Mme la
ministre, nous vous saluons et nous
vous remercions sincèrement de nous accueillir aujourd'hui pour les travaux
que vous réalisez.
Permettez-moi
de présenter l'alliance d'entrée de jeu. Depuis maintenant cinq ans, elle est
le porte-voix provincial de
10 000 entreprises réunies au sein de 40 associations
touristiques. Son conseil
d'administration est élu
démocratiquement par l'industrie,
tous secteurs confondus, et est majoritairement composé d'entrepreneurs de
notre secteur économique. Notre regroupement d'affaires fonde son action
sur les intérêts collectifs de l'industrie dans un engagement ferme à faire
évoluer les façons de faire au bénéfice des entreprises, travailleurs et
communautés du Québec. Depuis 2016, l'alliance est également mandataire du ministère
du Tourisme pour assurer la mise en marché de la destination sur les marchés québécois,
canadiens et internationaux dans le cadre d'un partenariat novateur.
• (14 heures) •
Alors, d'entrée de jeu, nous constatons que le projet
de loi propose des allègements réglementaires et des simplifications
administratives. L'alliance exprime aujourd'hui son soutien aux propositions du
projet de loi n° 100, notamment en ce qui concerne, donc, les allègements
réglementaires pour les entreprises et les simplifications administratives, ce que nous avions recommandé
historiquement, ainsi que l'encadrement des activités d'hébergement par
l'enregistrement obligatoire et ses diverses dispositions pour freiner
l'hébergement illégal et supporter les municipalités.
D'autre part, le projet de loi mettrait un terme
à l'obligation légale pour une entreprise d'hébergement touristique d'être classifiée. C'est l'élément du projet de loi n° 100 qui attise le plus les passions, comme on a pu
l'écouter nous-mêmes dans les derniers jours. Alors, vous constaterez,
d'ailleurs, à la lecture de notre mémoire, que l'alliance présente une position qui est nuancée et ouverte
sur cette question. Il faut admettre que nos membres sont actuellement
partagés. Bien que nous n'avons pas participé aux travaux du comité sur la
modernisation et la classification, nous souhaitons tout de même émettre un
éclairage qui sera, nous l'espérons, contributif.
Revenons d'abord sur les perspectives relatives
au tourisme dans les prochaines années. Nous évoluons dans un environnement hautement concurrentiel qui le
sera encore plus au sortir de la pandémie. Pour continuer à contribuer à l'économie des villes et des régions, il est
impératif que le Québec consolide et développe sa position concurrentielle.
Nous devrons continuer d'innover dans le
développement durable d'expériences, offrir l'assurance aux voyageurs que
notre offre de services est sécuritaire dans le contexte et à assurer la
qualité tout au long du parcours du voyageur.
À cet égard,
et pour y contribuer, je souligne au passage la vision inspirante proposée par
la ministre Caroline Proulx de faire du Québec un chef de file en matière de
tourisme durable et responsable. C'est un positionnement important pour
l'avenir.
Le tourisme sera en constante évolution et les
voyageurs d'ici et d'ailleurs dans le monde continueront à chercher les
expériences les plus marquantes possible. Ces consommateurs sont plus
exigeants, il faut le savoir, que jamais, et plus expérimentés, et ils sont
informés.
De la promesse que nous... dans notre promotion
collective et individuelle, de la qualité de l'information que nous diffusons
aux voyageurs lors de la préparation de son séjour à la livraison concrète de
cette promesse par les prestations de services des entreprises lors de la
visite et puis la gestion des commentaires suite à leur séjour, nous partageons
tous, au sein de notre industrie, une responsabilité à ces égards. Pour
plusieurs motifs, les programmes de classification, s'ils sont pertinents,
adaptés et agiles, donc performants, peuvent constituer des outils contribuant
à soutenir l'industrie à relever ses défis,
tant en termes d'information des clientèles que de soutien à la gestion de la
qualité et au développement de l'offre.
Au Québec, le système de classification
obligatoire de l'hébergement a permis d'établir ces fondations dans les dernières années. Aujourd'hui, il comporte des
lacunes, tout particulièrement en hôtellerie, et le gouvernement propose
d'adopter une autre approche. Pour nous, la
question n'est pas de savoir si nous devons ou pas maintenir les programmes
de classification, la question est de savoir
comment nous devons les administrer dans l'avenir pour soutenir la position
concurrentielle du Québec.
Pour contribuer à la réflexion, notre mémoire
s'appuie sur un sondage visant à apprécier la perspective des voyageurs, qui
sont au centre de toutes les réflexions que nous avons réalisées depuis la
création de l'alliance, sur un étalonnage comparatif pour mieux comprendre le
fonctionnement des systèmes de classification et un échange avec certains
partenaires de l'alliance qui sont touchés par les modifications proposées.
Alors, comme
mon collègue Frédéric a supervisé les étapes des bases de notre mémoire, je lui
cède la parole afin qu'il vous résume les constats qui se dégagent.
M. Dubé (Frédéric) : Merci, Martin.
Mme la Présidente, membres de la commission, bonjour. En ce qui concerne
nos recherches pour comprendre ce qui se fait ailleurs, certaines provinces
canadiennes et plusieurs autres pays dans le
monde ont mis en place un système de classification qui vise à assurer des standards de qualité dans
leurs établissements d'hébergement touristique. Les caractéristiques peuvent
varier, certes, mais la base demeure similaire, c'est-à-dire qu'elle mesure la
présence ou l'absence d'éléments, la qualité des éléments, la propreté et la
qualité de certains services.
Vous l'avez
entendu dans les deux derniers jours, et c'est ce qui se dégage de nos
échanges avec les membres et
partenaires, le programme gouvernemental de classification obligatoire concurrence difficilement avec l'instantanéité des plateformes
numériques, l'abondance de l'information qui en découle et l'évolution rapide
des tendances dans le milieu de l'hébergement.
Aussi, et sans
surprise, les membres de l'industrie qui appuient les modifications proposées
au système de classification obligatoire, au regard d'une réduction des tâches
administratives et d'une réduction des coûts liés à la classification, considèrent également qu'un programme volontaire sous
gestion privée pourrait permettre plus d'agilité et une meilleure adaptation aux tendances touristiques. Toutefois,
certaines appréhensions provenant du milieu s'appuient sur la crainte de
perte d'une norme objective d'évaluation, du risque de perte de reconnaissance
ou de crédibilité, du risque de dégradation de la qualité et de l'offre
d'hébergement touristique et l'appréhension de voir se multiplier les systèmes
alternatifs volontaires. Ces éléments seront donc importants à considérer pour
la suite.
Cela dit, et pour
recentrer notre intervention dans la perspective du client, voici certaines
observations que nous avons pu tirer d'un sondage omnibus, mené auprès d'un
échantillon représentatif de la population québécoise, que nous avons commandé
de la firme Léger. Les principaux constats qui se dégagent sont les suivants.
Tout d'abord, le
sondage nous révèle qu'une importante partie de la population ne connaît pas
bien l'objectif du programme de classification actuel, alors que plus de
80 % de ceux-ci croient que le système vise d'abord et avant tout l'évaluation de la qualité des services
offerts plutôt que la diversité de ceux-ci. Reconnaissons toutefois
l'universalité d'une gradation d'une à cinq étoiles, qui représente
une référence simple à interpréter pour la population, et donc un gage de ce
qui est mieux.
Aussi,
au moment de faire une réservation, ceux qui utilisent le système de
classification, soit 62 % des répondants, considèrent qu'il s'agit
d'un critère de choix important lorsqu'ils procèdent à la réservation d'un
hôtel, à 79 %, d'une résidence de tourisme, à 61 %. Par contre, il
est moins important pour la réservation en pourvoirie, à 36 %, ou pour un
terrain de camping, à 32 %.
Par ailleurs, lorsque
ce même groupe est interrogé quant au critère de choix le plus important
lorsqu'il effectue une réservation, toutes
catégories d'hébergement confondues, ce sont les avis et commentaires en ligne
des autres voyageurs, à 72 %, suivi des avis et commentaires de parents et
amis, à 48 %, qui ressortent, alors que le programme de
classification arrive en troisième, à 41 %.
Ceci étant dit, et
lorsqu'on s'attarde plus spécifiquement au groupe des 18-34 ans, il est
intéressant de constater que c'est 87 % de ceux-ci qui se concentrent
d'abord et avant tout sur les avis et commentaires en ligne des autres
voyageurs tout en étant tout de même plus du tiers à considérer le système de
classification.
En résumé, il est
possible d'en dégager que le programme de classification, bien que mécompris,
demeure utilisé par les Québécois qui le
connaissent, mais qu'aujourd'hui il n'est pas le facteur principal lié à la
prise de décision lorsqu'il est temps
de réserver, ce qui est d'autant plus vrai pour nos clientèles actuellement en
développement. Sur ce, Martin, je te recède la parole.
M. Soucy
(Martin) : Merci, Frédéric. Dans un contexte de grande compétitivité
des marchés et l'évolution constante des préférences des consommateurs, nous
avons l'opportunité de travailler ensemble à offrir davantage de clarté pour le voyageur, plus de capacité
d'innovation pour les entreprises, et ce, sans remettre en question la qualité
de l'offre d'hébergement au Québec. Revenons à nos fondements et plaçons
le voyageur au coeur de cette réflexion.
Bien que le projet de
loi propose en quelque sorte l'abolition de l'obligation légale de la
classification de l'hébergement touristique, nous soulignons qu'il permet
également de mettre en oeuvre les projets pilotes dans le but d'étudier, d'améliorer et de définir des normes
applicables en matière d'hébergement touristique ou pour expérimenter et innover en cette matière. Il conférera...
également, il conférerait à la ministre le pouvoir de reconnaître des
organismes offrant un service
d'évaluation de la qualité de l'offre d'hébergement, un élément que nous
jugeons essentiel au succès de la démarche en cours.
À
ce stade, les intentions sont là, la suite n'est pas encore concrète car elle
n'a pas été imaginée. Nous soulignons toutefois
au passage qu'il n'est pas souhaitable de remettre notre sort exclusivement
entre les mains des seuls commentaires des voyageurs. Nous portons,
comme industrie, une responsabilité à cet égard, tout est une question
d'équilibre.
Sur la base de nos
réflexions et après avoir analysé quelques modèles de classification des
établissements d'hébergement, à titre
d'exemple, nous portons à votre attention la classification Qualmark utilisée
en Nouvelle-Zélande. Cette approche
peut servir d'inspiration pour le développement d'un modèle innovant s'appuyant
sur une vision d'avenir qui prend en compte les avis des consommateurs
et préserve les normes de qualité reconnues et partagées. C'est à savoir que
c'est un programme volontaire. Il ne s'agit pas de copier ce programme, mais
bien de s'en inspirer et de retenir ce que
nous faisons de bien au Québec, parce qu'il y a des choses qu'on fait bien dans
les programmes actuels, et d'appeler les joueurs clés à la réflexion,
sur la base de notre capacité d'innovation maintes fois reconnue par le monde. Le succès de cette démarche reposerait
alors sur la capacité de convaincre les entreprises touristique que l'adhésion
volontaire est une bonne affaire... est une bonne chose pour leurs affaires,
c'est-à-dire générer du revenu.
Nous
devrions également être plus performants dans la promotion de ce que représente
ce programme innovant auprès des consommateurs pour créer une véritable
valeur pour les consommateurs. Il pourrait venir en complément des autres sources d'information et continuer à
soutenir la qualité de l'offre pour offrir des repères aux entreprises, et ce,
à un coût raisonnable pour elles, peu importe où elles se situent sur le
territoire Québécois.
Nous
avons réussi, comme industrie, et en collaboration avec le gouvernement, à
revoir le modèle de la promotion du Québec, il y a cinq ans, pour le
rendre plus performant. Nous pouvons très certainement réussir à relever
d'autres défis, donc ce défi, dans la question qui nous occupe.
Le statu quo,
pour nous, n'est pas une option aux termes des travaux de cette commission, et,
quelle qu'en soit l'issue, l'alliance doit être activement impliquée. Notre expertise
nous amène une compréhension globale
de l'industrie et
du comportement du consommateur et de la promotion que nous souhaitons mettre à
profit dans le développement de la position concurrentielle du Québec
afin que nous puissions générer des revenus et de l'économie dans l'ensemble
des régions.
Mme la Présidente, Mme la ministre, chers membres de cette commission,
nous vous remercions de votre écoute et de l'attention portée au contenu
de notre mémoire.
• (14 h 10) •
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci pour votre exposé. Nous allons commencer la période d'échange avec Mme la ministre.
Mme
Proulx (Berthier) : Merci, Mme la Présidente. M. Soucy,
M. Dubé, Martin, Fred, un plaisir de vous revoir. Merci pour le
travail de qualité que vous nous avez présenté.
Martin,
je vais commencer avec vous. Vous avez plus de 20 ans d'expérience dans
l'industrie touristique, de façon complimenteuse,
vous êtes un vieux routier — ça se veut un compliment. Parlez-moi de
l'évolution des comportements d'achat,
mettons, dans les 20 dernières années, Martin. Comment est-ce que ça a
changé? Et vous êtes un observateur à l'international,
là, vous êtes... vous faites la promotion du Québec à l'inter, donc il y a
nécessairement des observations que
vous faites également à l'inter pour s'assurer que la promotion du Québec soit
aussi forte, et sinon meilleure, que ceux à l'étranger. C'est quoi,
l'évolution des comportements d'achat dans les 20 dernières années?
M. Soucy (Martin) : Bien, l'élément le plus majeur, Mme la ministre, c'est naturellement
l'avènement du numérique et des
sources d'information dans le parcours d'un voyageur. À une certaine époque, la
publicité traditionnelle nous a aidés, puis c'était le moyen qui était
disponible. Aujourd'hui, le consommateur va entrer en contact de façon
numérique, que ce soit avec les entreprises, les sites de destination ou les
plateformes qu'on utilise dans tous les jours,
mais comme, par exemple Google et autres, entre en contact, de façon nombreuse,
plus de 920 contacts, là, selon les analyses que nous avons, tout au long
du parcours, ce qui fait qu'il est exposé à une forte source d'information.
Ça, c'est le premier élément.
Le deuxième, c'est
qu'on parlait, moi, à l'époque... merci d'avoir dit que je suis un vieux
routier, mais, à l'époque, moi, j'ai fait mes études en marketing, on était
dans la segmentation où on regroupait des consommateurs, alors qu'aujourd'hui
chaque consommateur est un segment, et il veut se faire parler selon ses
propres intérêts. Et ça, ça a changé énormément. Et, à cet égard-là, il utilise
des sources d'information pour l'aider dans le choix de la destination, que ce
soit parents et amis, que ce soit ce qui est... les commentaires, ou encore,
effectivement, dans une certaine proportion, il oriente son choix avec les
systèmes d'étoiles pour se donner une référence, mais c'est une référence qui
est nombreuse.
Donc, c'est les
principaux éléments qui ont pu changer à travers le temps dans la façon du
comportement du consommateur, mais ce qu'il faut retenir, qu'il est exposé à
une très grande source d'information.
Mme Proulx
(Berthier) : La place du numérique, selon vous, dans les cinq, 10,
15 prochaines années, pour le choix du voyageur, va... selon vos
évaluations, va se situer où?
M. Soucy
(Martin) : Écoutez, c'est majoritairement par le numérique que ça va
passer pour tous les types de clientèle. Le
Québec, jusqu'en 2016, avait une orientation de publicité plus
traditionnelle. Avec l'arrivée de l'alliance, en collaboration avec l'ensemble de l'industrie et du gouvernement, on a
ramené à... l'ensemble des promotions, 100 % numérique sur les marchés
internationaux. Et on considère qu'également au Québec, ça va rester très
majoritairement, c'est la tendance.
Et les contacts se multiplient, ça devient de plus en plus complexe,
d'ailleurs, dans cet environnement-là, parce que le consommateur est
bombardé d'information de l'ensemble des destinations qui cherchent à tirer son
épingle du jeu, il faut être très performant à cet égard-là.
Mme
Proulx (Berthier) : O.K. Bon
point. Hier, on avait, en commission
parlementaire, évidemment,
Paul Arseneault, que vous connaissez,
Martin et Frédéric, il est prof à l'UQAM, qui est un expert, lui aussi, en
tourisme, qui soulignait à grands traits que le modèle obligatoire de classification
a vraiment vu le jour à une époque où le cadre de référence, pour les touristes
étrangers, là, et vous venez de l'exposer, vous aussi, Martin, dans la prise de
décision, le modèle était complètement différent.
Vous, vous êtes un expert du ministère du Tourisme pour la promotion du
Québec, pour la commercialisation du Québec, la destination du Québec à
l'intra, depuis deux ans, d'ailleurs, je vous en remercie, mais, à
l'international, on a hâte que vous repreniez votre mandat. Est-ce que vous
pensez que les touristes étrangers considèrent le système de classification de
panonceaux étoilés, d'étoiles au Québec avant de faire une réservation chez
nous?
M. Soucy
(Martin) : Vous avez remarqué, notre étude se concentre sur la
clientèle québécoise, mais, sur la clientèle internationale, la réponse, c'est
non, parce qu'il ne le connaît pas en grande majorité. Il y a une référence qui est reconnue, les étoiles, c'est universel. Vous
avez les étoiles Michelin. Vous savez, quand un chef va perdre une
étoile Michelin, c'est un drame. Il y a une reconnaissance des étoiles. Quand
on voyage à l'étranger, que ce soit dans les
destinations du Sud ou encore certains pays, les gens sont capables de faire
référence à ce système-là. Mais est-ce que c'est le système québécois,
est-ce qu'on en a fait la promotion dans les dernières années, est-ce qu'on
s'en est servi? La réponse, c'est non, malheureusement, ce n'est pas ça
qui a fait une différence. Ça rentre quand même, et ils vont le regarder dans
leurs choix, mais ce n'est pas le critère principal, c'est l'expérience qu'il
va rechercher, en fonction de ses intérêts aujourd'hui, tout type d'hébergement
qu'il va vouloir utiliser lors de son séjour.
Mme
Proulx (Berthier) : Donc, on
s'adresse aux Québécois pour un système étoilé que les Québécois
connaissent peu, voire pas. Et, sans
vouloir vous reprendre, M. Soucy, le Guide Michelin, c'est une autre catégorie
complètement. Et d'ailleurs les grands chefs européens
veulent se débarrasser de ça, parce que c'est beaucoup trop de pression pour garder un établissement de restauration quatre étoiles. Il y a d'ailleurs
un chef qui, publiquement, s'est sorti des étoiles Michelin, trop
de pression, trop dur.
Donc, en résumé, on ne s'adresse pas à l'international.
L'international ne prend pas le système étoilé pour faire ses choix en termes
d'hébergement touristique. Donc, c'est un système québécois régi par l'État,
qui s'adresse aux Québécois et où les Québécois ne connaissent que très, très
peu ce système-là.
M. Soucy
(Martin) : Bien, écoutez,
votre question, elle est bonne. Ça vient dans le schème de référencement.
C'est certain, je vous donne un exemple, et Mme Paré en a parlé, dans le
réseau de distribution, quand ils vont faire leur offre de services, on va
pousser ce qu'on a du système québécois pour être capable de différencier les
quatre, cinq étoiles. Par contre,
est-ce que c'est l'élément critère de choix dans le processus d'achat du
consommateur? Ce n'est pas ça qui est
majoritaire tant au Québec qu'à l'étranger. Par contre, toujours dans ma
réponse, il faut que vous compreniez que ça aide quand même, les bases
de gestion de la qualité, le repère pour les entreprises.
On comprend que l'abolition de l'obligation de
la classification, ça ne... On ne parle pas de l'abolition de la classification, c'est un outil quand même qui va
demeurer important. Puis je pense qu'on pourrait amener possiblement à un autre niveau, tant en termes de promotion, de
reconnaissance, de qualité et autres. Mais ça, c'est ce à quoi le projet
de loi, en fait, les dispositions du projet de loi nous appellent, c'est d'être
innovant, devoir aligner sur la vision pour la destination puis être capable de
faire autre chose.
Mme Proulx
(Berthier) : Oui, l'innovation, on y reviendra, là. La CITQ, la
Corporation de l'industrie touristique du
Québec, en commission parlementaire plus tôt hier, propose, comme vous l'avez
sûrement entendu, Martin, de conserver la classification de façon
obligatoire, mais retire l'approbation des critères par la ministre du
Tourisme. Mais, si on additionne les deux, c'est que l'imputabilité va toujours
bien arriver quand même à la ministre du Tourisme. Ça engendrait encore un
contrôle, une implication de l'État où nous, on juge que ce n'est pas à l'État
de dire que 16 centimètres de comptoir, ça vaut une demi-étoile et qu'un
lecteur DVD, lui, il en donne trois. Qu'est-ce que vous pensez de la proposition
de la CITQ : classif obligatoire puis on retire à la ministre
l'approbation des critères pour ce guide-là?
M. Soucy
(Martin) : Oui. Il y a
deux éléments importants auxquels j'accorde, depuis les 20 dernières
années, de l'importance. La première,
c'est l'entrepreneur, son choix. Si un système volontaire lui permet de générer
des revenus, plus de revenus, je vous dirais que ça, c'est probablement
le meilleur incitatif au monde pour être capable de faire embarquer dans un
programme qui va être volontaire, qui va être bien, qui est... Donc, on fera
une bonne promotion auprès des consommateurs
pour l'aider dans son choix, dans une portion, parce que, comme je vous l'ai
exprimé, il y a plein d'autres sources d'information qui sont utilisées.
Donc, ça, c'est le premier élément.
Le deuxième, le consommateur en tant que tel va
chercher de toute façon la somme énorme. Donc, est-ce qu'on garde une
imputabilité au niveau du gouvernement sur une obligation? Là, vous savez que
c'est partagé, hein? Je veux faire attention
dans ma réponse. Il y a une portion de l'industrie qui souhaite le
maintenir; il y a une portion de l'industrie qui souhaite
l'ouvrir. Ceux qui souhaitent le maintenir, ce que je veux mentionner, c'est
qu'on ne connaît pas la suite des choses. Donc, automatiquement, le
changement peut effectivement faire peur.
Mais moi, j'ai énormément confiance en notre
capacité d'innovation. On a réussi, en marketing, à avoir le modèle en
promotion, je ne vois pas pourquoi on ne réussirait pas aussi à le revoir en faisant
en sorte que le privé se reprenne... se
prenne en main, qu'on puisse aller plus loin. Ça n'empêche absolument pas la
CITQ d'être... qui est un organisme compétent, d'aller de l'avant,
Camping Québec, la Fédération des pourvoyeurs. Donc, il ne faut pas exclure non plus le camping de tout ça, et les
hébergements collaboratifs ou autres qui sont là. Ce qui est important, c'est
d'être capable de gérer.
Je le répète, il ne faut pas laisser notre sort
seulement dans... au sein des commentaires des voyageurs, je pense qu'on ferait une erreur. C'est une question
d'équilibre. Et effectivement, la position de l'alliance, on n'a pas pris
position sur l'obligation, mais il faut
constater qu'on pense qu'il y a moyen d'innover puis d'aller plus loin, et ça
restera à nous d'être pertinents pour les entreprises, dans ce cadre-là,
et les consommateurs.
• (14 h 20) •
Mme Proulx (Berthier) : Vous
avez mentionné que le privé est pleinement capable de se prendre en main pour que l'industrie soit plus agile, qu'elle soit
plus innovante, vous faites souvent référence à ce mot-là, qu'elle puisse
s'autoréguler, qu'on puisse avoir, là, ce qu'on dit, en bon québécois, avoir
les coudées franches. Est-ce que vous pensez
que ça passe par la proposition de la CITQ, c'est-à-dire conserver de la
classif obligatoire puis retirer à la ministre l'approbation de la liste
des critères qui vont composer cette liste-là de critères?
M. Soucy (Martin) : Écoutez, la
CITQ le fait possiblement dans la perspective qu'ils sont les experts du domaine. Là, on parle de... c'est les
parlementaires qui ont à décider, dans le fond, est-ce que ça reste obligatoire
ou pas, quels sont les avantages, les
inconvénients, par la suite, quel autre programme nous pourrions mettre en
place. Moi, je pense qu'on peut réussir dans le cadre d'une autre proposition.
Puis je vous rappellerais qu'à la création de l'alliance, sur le modèle de promotion, il n'y a personne qui
pensait, donc dans la commission parlementaire, que ça pourrait réussir,
puis on a mis les ceintures et les bretelles pour être sûrs que ça puisse
réussir. Mais ça... on a réussi tout le monde ensemble et vous incluant, Mme la ministre.
Donc, je pense qu'on peut réussir à relever ce défi-là aussi en classification,
de façon très humble et transparente.
Dans le fond,
ce qu'on dit, c'est : Il n'y a plus obligation. L'obligation va se créer
autrement, par la possibilité pour les entrepreneurs de pouvoir générer
des revenus à partir de là, dans la promotion. Si, par exemple, dans le site de
la destination, comme la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande l'ont fait, pour
être sur le site de la destination, il faut faire partie d'un des programmes de
classification volontaire reconnus, bien, ça va donner un incitatif à une entreprise.
Si on veut le porter en promotion tant à l'international qu'ici, au Québec, ça
va être ça, dans le fond, mais... Et je suis convaincu, et M. Tessier l'a
dit précédemment, en termes de camping, ils sont en train de s'adapter, et je
suis convaincu... puis les hôteliers aussi pourront le faire.
L'élément, en ce moment, c'est qu'on ne connaît
pas la suite, comment on pourrait l'articuler. Il y a d'autres destinations qui
l'ont fait, puis force est de constater qu'à travers le monde les programmes
obligatoires ne sont pas très nombreux. Donc, on s'est fait confiance en
promotion, je pense qu'on pourrait aussi se faire confiance en matière de classification
touristique, mais, encore une fois, laisser à l'industrie privée, aux
hôteliers, par exemple, à pouvoir déterminer cet élément-là par la suite avec
vous.
Mme Proulx
(Berthier) : Souvent,
l'inconnu fait peur, hein, on... souvent, c'est la nature humaine. Le modèle
obligatoire est là depuis 20 ans, les gens de l'industrie le
connaissent de bout en bout, de haut en bas, de gauche à droite. C'est-tu
possible de penser que la crainte peut venir de ce sentiment d'inconnu de quelque
modèle que ce soit à travers lequel il y aurait une autorégulation, par exemple?
M. Soucy
(Martin) : Bien, la réponse
est oui. C'est... Le changement, dans toute chose, effectivement, peut... Parce que, dans la préparation de l'ensemble du projet
de loi, dans le fond, on n'a pas... En ce moment, à l'heure où on se parle, les
joueurs ne se sont pas assis à la table pour être capables de réimaginer en
vertu de la vision et de l'évolution des besoins des consommateurs. Moi, je me
fais dire que, depuis 2011, la grille de classification 2012 n'a pas
évolué. Là, on est en 2021, là. Donc, il faut aussi se poser cette question-là.
Moi, je pense qu'à partir de là, et d'autant...
puis je salue souvent le travail du ministère du Tourisme, mais il y a des
étapes administratives qui sont importantes, qui vont jusqu'à votre imputabilité
comme ministre. Donc, est-ce que le privé peut se donner un système, tout le
monde ensemble, qui va faire en sorte qu'on va atteindre les mêmes objectifs
puis qu'on va utiliser l'expertise des organismes en place? Et, effectivement,
je pense qu'on peut relever ce défi-là, d'autres destinations l'ont fait.
Donc, nous pourrions y aller de l'avant si c'est
l'option qui est retenue, et on est prêts à collaborer. Puis, en passant,
l'alliance ne veut absolument pas gérer le programme de classification, on veut
donner un coup de main, en termes d'organisme fédérateur, pour arriver à un
autre modèle. Ça, c'est important.
Mme Proulx (Berthier) : Votre
message est clair, M. Soucy, là, c'est enregistré, «signed, sealed,
delivered», comme dirait l'autre.
Article 24, qui permet à la ministre de
reconnaître, un, des organismes pour évaluer l'offre en laissant le caractère
volontaire afin d'assurer une complémentarité et de mettre en place des
incitatifs pour valoriser le caractère volontaire, c'est un juste milieu, c'est
adéquat, c'est tourné vers l'avenir, selon vous?
M. Soucy (Martin) : Bien, en tout
cas, ça nous ouvre la porte des possibles, c'est... Comme je le répète, en ce
moment, les gens ne l'ont pas imaginé. Donc, vous avez des gens qui sont prêts
à ce changement-là, d'autres qui ne le sont
pas. Moi, je pense qu'il faut juste qu'on se laisse la chance de le faire, de
faire l'exercice. Mais, oui, les éléments sont là pour être capables. Et
je veux vous inciter à... Dans la consultation, Mme la ministre, en tout
respect, il ne faudrait pas non plus que ça devienne le far west. Donc, les
organismes... Vous en avez, des organismes, qui sont compétents en ce moment, qui sont prêts à continuer le travail, donc je
ne pense pas que c'est le fait que, dans une loi, on maintienne cette
obligation-là... Je pense qu'on peut le refaire de façon différente et trouver
d'autres incitatifs, à la fois, pour les entrepreneurs, d'embarquer dans un
programme de classification, laisser au privé le soin en... parce que, tu sais, la vision... de se gérer et donner
une meilleure information aux consommateurs, mieux promouvoir. Moi, je
pense qu'effectivement on peut réussir ça.
Mme Proulx (Berthier) :
30 secondes.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
reste... Ah! non, 1 min 20 s.
Mme Proulx (Berthier) : Ah!
1 min 20 s, O.K. Je ne sais pas, c'est quelque chose que... on
n'aura pas le temps d'aller longuement, peut-être
que les collègues iront sur l'innovation, mais la place de l'innovation dans
l'industrie, les modèles, les projets pilotes, également, qui sont
proposés dans le p.l. n° 100. J'aimerais ça vous entendre, il reste
1 min 30 s, sur la proposition de projets pilotes.
M. Soucy
(Martin) : Bien, écoutez,
c'est... il faut analyser. Si vous m'amenez seulement sur... Je vais partir par
l'innovation. L'innovation n'est pas seulement technologique, hein, on a
souvent ramené à comment on peut faire évoluer.
L'innovation, c'est plus large que ça, c'est les façons de faire. Donc, il faut
évoluer, puis effectivement ça vient avec le changement, pour être
meilleurs puis concurrentiels. En fait, le mémoire, c'est ça pour nous.
Donc,
en matière de classification, il y a des destinations qui ont une approche
différente. Si on veut devenir une destination durable et responsable à long
terme, qu'est-ce que ça veut dire concrètement pour le consommateur? Bien, il va falloir que, dans toute la chaîne, de
la vision jusqu'à la réalisation, on soit alignés. Je veux dire, je vous amène,
encore une fois, sur le programme de la Nouvelle-Zélande, qui a réussi ça. Moi,
je pense qu'on peut aller même plus loin sur l'adhésion volontaire d'un
programme comme celui-là, de mettre en lien les prix qu'on remet à l'industrie via cet élément-là où le consommateur va pouvoir
savoir qu'il y a quand même des gens qui passent, qui analysent le niveau
de qualité, puis qu'on est collés sur l'innovation. Ça va être collé sur ce que
le consommateur cherche aujourd'hui.
Prenez l'hébergement
expérientiel au Québec. Moi, en 2010, j'ai eu la chance à la SEPAQ de
développer des chalets... en 2008, des chalets tipis, qui étaient
précurseurs aux minimaisons. Bien, la classification de ça, ce n'est quand même
pas évident, mais on peut... Puis c'est une expérience qui est recherchée par
les consommateurs. Donc, comment arriver, en fonction de ce qui distingue le
Québec, donc ce type d'hébergement là... L'hôtellerie, on a des hôteliers qui
sont solides au Québec, les autres éléments qui apparaissent, le camping, les
pourvoiries, les gîtes et les résidences de tourisme, comment on peut faire
pour donner ce que le consommateur va vraiment rechercher et venir aider au complément de ce que les autres visiteurs
vont exprimer dans les commentaires sur les plateformes de réservation,
auxquelles il ne faut pas laisser totalement notre ressort? Donc, on est en
mesure de faire ça, de propulser la bonne information pour générer plus...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oups! Vous avez terminé?
M. Soucy
(Martin) : Oui.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah! parfait. Alors, bien, le temps, également, est terminé. Vous vouliez...
oui, vous vouliez sans doute le remercier.
Mme Proulx
(Berthier) : Oui, je souhaite juste... Merci, M. Dubé, merci,
M. Soucy, de votre présence, Martin et Frédéric.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, parfait. Nous continuons l'échange avec cette
fois-ci la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme
Rotiroti : Merci, Mme la Présidente. M. Soucy, M. Dubé, bienvenue à la commission. Merci pour
votre mémoire et votre analyse du projet de loi, c'est très apprécié.
Écoutez, on va
continuer sur le même sujet, la classification. J'avoue qu'on a rencontré plusieurs
groupes qui portent une attention particulière sur la classification, d'autant
plus que la majorité sont surpris d'apprendre, avec le dépôt du projet de loi,
que... l'abolition de la classification, tout court.
Alors, une fois qu'on
dit ça, je suis d'accord avec la ministre que l'inconnu fait peur et surtout
quand on ne sait pas qu'est-ce qui va venir. Les étapes après font en sorte
qu'il y a une certaine incertitude pour l'avenir. Alors, effectivement, je
comprends certains groupes à avoir ces préoccupations-là.
Ceci dit, dans la
classification, je veux juste qu'on... que je sois claire sur... face à votre
position. Dans le projet de loi, on dit qu'on abolirait le système de
classification, tout court. Vous semblez de nuancer un petit peu tout l'aspect
autour de la classification en disant : Je ne suis pas sûr si vous voulez
l'abolir complètement ou vous êtes un petit peu
plus sur la modernisation de ce type de classification là. On parle beaucoup
du fardeau, la lourdeur de cette démarche-là. Avec vos membres, avec les
gens que vous représentez dans l'industrie, est-ce que leur position, c'était
plutôt vers l'abolition ou vers la modernisation du système de classification
pour mieux répondre aux besoins de l'industrie?
• (14 h 30) •
M. Soucy
(Martin) : Merci pour votre question. Nous, ce qu'on comprend d'abord
du projet de loi, ce n'est pas... c'est l'obligation légale du programme de
classification. On n'abolit pas la classification, parce que le privé peut reprendre les programmes. Nous, on pense que
d'avoir des programmes de classification pour l'hébergement, c'est
important. Est-ce qu'il doit être légalement obligatoire ou est-ce qu'il y a
d'autres façons d'inciter les entreprises à embarquer dans un mouvement...
appelons ça un mouvement de qualité, de niveau de service qui va faire en sorte
que le Québec est concurrentiel? Donc, à cet égard-là, on pense qu'on pourrait
relever des défis. Et, effectivement, sur la suite, le projet de loi ouvre au
possible de réinventer. Quand vous parlez de modernisation, c'est... ce sont
les grilles dans le camping, par exemple, en pourvoirie puis dans l'hôtellerie
de façon générale, avec plus de flexibilité, d'agilité
puis d'adaptation à la situation actuelle. Donc, nous, on pense qu'en le sortant
de l'élément législatif le privé va être capable d'établir ses critères
en termes d'hôtellerie.
Pour répondre à votre
question concrètement, il y a des gens en ce moment, effectivement, qui ne sont
pas pour l'abolition de l'obligation du système de classification et il y en a
qui sont pour. Donc, on est balancés entre les deux dans la position.
Maintenant, il faut
voir quelle serait la suite. Et on pense qu'il y a des programmes qui existent,
il y a des exemples dans le monde où on peut réussir, de façon volontaire, à
pouvoir continuer à classifier puis de bénéficier des avantages d'un système de
classification qui, oui, permet d'assurer la qualité de l'offre et de
développer. Ça donne des repères à des entreprises, hein, un trois étoiles
versus un cinq. Il y a certains éléments, si la grille est adaptée — puis
elle est moderne — aux
besoins du consommateur, est adaptée aux besoins du consommateur, bien, ça
permet des investissements puis ça justifie, par exemple, un cinq étoiles
de percevoir, dans le fond, une nuitée qui est, en termes de revenus, plus
importante.
Donc, c'est certain que ces
avantages-là de... ce qui existe, on peut le faire. Est-ce que
ça a besoin d'être obligatoire dans la loi? C'est sur cet élément-là que
vous avez la lourde tâche de déterminer. Mais ce qui est proposé donne la
flexibilité d'être capable d'aller dans une nouvelle... une avenue, de
maintenir les programmes de classification, les moderniser, et l'entreprise
privée, là, tous les secteurs confondus, puisse y aller.
M. Tessier a d'ailleurs
dit, pour le monde du camping, c'est un élément de l'industrie, mais, quand
même, il est déjà à pied d'oeuvre pour se réinventer. Donc, je pense que les
hôteliers aussi peuvent aller dans ce sens-là puis pourront éventuellement être
bien servis. Mais, encore une fois, nos membres sont partagés sur la question.
Moi... nous, l'alliance, on a toujours
été en mode de regarder comment on peut se réinventer, le terme a été très galvaudé, mais comment améliorer nos façons de faire, puis je
pense qu'on est devant une opportunité, en ce moment, de pouvoir aller
plus loin, plus pertinente pour les bons sprinteurs.
Mme
Rotiroti :
C'est... Oui, tout à fait. Vous avez mentionné l'industrie du camping qu'on a
reçu, ce matin, d'ailleurs, avec M. Tessier, puis il disait carrément, là,
lui, ils ont leur propre grille de classification. Puis qu'est-ce qui est, que
je pourrais dire, productif dans leur... dans la façon de faire, c'est
l'agilité d'être capable de modifier la grille,
le fait qu'ils sont capables de le faire sans nécessairement... tu sais, basé
sur un très court de laps de temps. Tandis que la classification telle
que faite... de la CITQ, c'est à tous les deux ans, la révision. C'est lourd
comme processus.
Alors,
si je comprends bien, vos membres... ça serait plus porté sur la classification
volontaire avec une certaine agilité
d'être capable d'être maniable, si je dis ça, c'est-tu un bon mot, maniable? On
peut-tu dire ça? Oui? Maniable. Maniable.
Une voix :
...
Mme
Rotiroti :
Excusez-moi, j'ai un petit accent anglais, italien ou... Alors, des fois,
c'est...
Une voix :
...
Mme
Rotiroti :
Alors, est-ce que ça serait juste de dire ça, M. Soucy?
M. Soucy
(Martin) : Bien, en fait, j'aimerais vous répondre avec la plus grande
affirmative. Nous, on a laissé la porte très ouverte... notre mémoire n'est pas
tranché à cet égard-là parce que, justement, nos membres sont partagés. Est-ce qu'on peut réussir dans une
classification volontaire? Je suis convaincu, comme expert touristique, que
nous pouvons réussir. Par contre, je
comprends aussi ceux qui, en ce
moment, ont des réserves ou des surprises à cet égard-là pour divers
motifs.
Est-ce
qu'on est capables de combiner ce qu'ils avancent avec... dans le cadre d'un programme
volontaire, aller de l'avant, puis
que ce soit plus performant, et agir, comme vous le dites? Moi, je suis
convaincu que... parce que, oui, tout l'élément de lourdeur
administrative, de... Nos coéquipiers, au ministère du Tourisme, travaillent très,
très bien, mais ils sont dans un cadre
administratif qui n'a pas la même flexibilité et agilité que l'entreprise
privée. Je suis convaincu qu'on peut
réussir cet élément-là puis atteindre un objectif qui est similaire dans le
cadre d'une classification volontaire, mais
c'est un commentaire qui m'appartient, naturellement, comme expert ou vieux
routier, comme la ministre l'a dit, de l'industrie.
Mme
Rotiroti : Ça
serait-tu juste de dire, à ce moment-ci, que ça prendrait... On ne peut pas
laisser seulement les commentaires
des usagers ou des touristes, dans les différentes plateformes, on ne peut pas
juste se fier sur ça pour qualifier
un établissement, ça prendrait les deux? Est-ce que ça prendrait une certaine
classification étoiles plus agile, puis tout qu'est-ce qu'on vient de dire, en plus des commentaires dans les
différentes plateformes par rapport aux touristes ou les usagers?
M. Soucy (Martin) : Bien, votre question est très bonne. Effectivement, si on laisse
seulement les commentaires des
voyageurs, moi, je crois que j'appelle ça le far west, là, ça. Il y a des
avantages, des inconvénients à ça. Puis il faut que ça soit quelque chose qui est équilibré. Donc, les programmes de
classification viennent permettre d'équilibrer tout ça. Est-ce qu'ils ont besoin d'être obligatoires
pour atteindre un objectif? Moi, je pense qu'on peut se laisser la chance
de garder une position où on va réguler, se trouver des normes. Ce qui est
important, c'est qu'on ne reconnaisse pas, pour
le Québec, 14 programmes de classification. Il y en a qui sont existants,
on peut les moderniser, travailler en phase avec ce qui est déjà existant et de bon. Mais, oui, ça va cohabiter dans
le même élément. Puis peut-être qu'on va progresser vers... mais là on
parle beaucoup des étoiles, mais il y a peut-être d'autres marques, avec la
vision de développement durable qu'on se donne pour le Québec, qui vont nous
permettre de se distinguer d'autres destinations, donc générer potentiellement
plus d'économie ici. Bien, il y a peut-être d'autres éléments qu'il faut
rajouter comme ça qui ne sont pas existants actuellement puis qu'on pourrait
distinguer comme industrie, tout le monde ensemble.
Je le répète, je nous
fais excessivement confiance là-dessus. Je pense qu'on peut relever le défi. Je
le répète, on l'a réalisé en promotion, les gens pensaient que c'était
impossible. Je pense qu'en classification, on peut s'ouvrir, puis de le
travailler. On va avoir besoin de temps pour le faire, par exemple.
Mme
Rotiroti :
Parfait. Merci beaucoup. Merci, M. Soucy, M. Dubé. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, nous continuons, cette fois-ci, l'échange avec le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, M. Soucy et M. Dubé.
Merci d'être ici avec nous. Écoutez, j'aurais tout d'abord une question de...
pour mieux comprendre la nature du système québécois des cinq étoiles, là. Est-ce qu'un touriste
étranger, là, a... Est-ce qu'il y a une certaine équivalence entre le système
d'étoiles québécois et ce que se fait à l'international comme système
d'étoiles? C'est-à-dire, un touriste européen ou des États-Unis
lorsqu'on lui dit un hôtel de quatre ou cinq étoiles, il y a une certaine
correspondance de ce qu'il connaît aux États-Unis ou en Europe et de ce qui est
fait au Québec?
M. Dubé (Frédéric) : En fait, merci
pour votre question, essentiellement, je dirais surtout que le référent d'une à
cinq étoiles parle pour tout le monde. Dans le sens que plus d'étoiles est
souvent un gage d'une plus grande qualité ou
d'une plus grande variété de services, mais, en termes de diversité de
programme, il y en a plusieurs. Donc, on ne peut pas parler vraiment
d'équivalence.
M. Fontecilla : Très bien, merci. On
revient souvent au témoignage de M. Arseneault, hier, qui nous disaient
que les hôteliers allaient, selon lui, quand même se remettre à un système de
classification par étoiles même s'il n'est pas
obligatoire comme... et ça allait probablement... un système des États-Unis ou
un système du Canada, etc. Dans cette perspective-là, est-ce qu'il vous
semble qu'il est convenable pour l'industrie touristique québécoise, là, de
s'en remettre à des systèmes qui sont à l'extérieur et dont on a beaucoup moins
de contrôle?
M. Soucy (Martin) : Merci, M. le
député. Moi, je pense que le Québec va adopter un système d'ici. On va regarder ce qui se fait ailleurs, on va
s'inspirer, puis on va se donner... puis peut-être qu'il va y avoir un tronc
commun à travers tous les secteurs,
ce qui n'existe pas actuellement. De base, de... quand on parle de la marque
Bonjour Québec, tout le monde... c'est notre vaisseau amiral, c'est
là-dessus qu'on se présente à la fois au Québec, sur les clientèles
internationales, et on dit qu'on a un accueil généreux. Donc, c'est comment on
le définit. Il peut y avoir un tronc commun à travers l'hébergement, à partir
de ça, l'hôtellerie, le camping, et tout ça, pourraient avoir des éléments supplémentaires. Moi, je pense qu'on peut... on
aura un système qui va être... qui va nous ressembler, au Québec. Ça ne
veut pas dire qu'on ne s'inspirera pas du système canadien. Et vous avez
entièrement raison, il n'y aura pas de vide à mon
sens, bien que l'obligation soit levée. Il y a quelque chose qui va... et il
faut que ce soit comme ça pour continuer à améliorer la qualité de l'offre, mais on pense que c'est nécessaire,
c'est complémentaire aux autres sources d'information.
M.
Fontecilla : Merci. On a vu, on a entendu plusieurs éléments, là, qui
nous font... qui critiquent par rapport au système volontaire de classification, là, parce que,
fondamentalement, ceux qui sont les moins classés finissent par se retirer. Est-ce que vous pensez que c'est la
même chose qui pourrait arriver s'il y avait un système volontaire qui était
implanté par l'industrie?
M. Soucy (Martin) : Simplement, sur
ce que je disais, si l'entreprise perçoit que le système de classification en place, volontaire, lui permet de générer du
chiffre d'affaires, moi, je pense que c'est le premier incitatif, les
entrepreneurs sont assez brillants pour voir que... si ça peut amener de
la clientèle. Les gens qui sont une étoile peuvent être de grande qualité. Ils ont moins de services, ça,
c'est clair. Est-ce qu'ils vont complètement laisser aller? Ça, on ne peut pas en présumer en ce moment. Mais l'incitatif, ultimement, c'est : Est-ce que je peux faire de la
promotion? Et est-ce que ça a de la
valeur pour le consommateur puis génère plus de chiffres d'affaires? Donc,
n'importe quel entrepreneur, de 1 à 5, risque de vouloir, moi, je pense,
embarquer dans un système qui va lui permettre de... où il va y voir les
avantages, et il va falloir en faire une meilleure promotion, par la
suite.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons l'échange avec la députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci. Bonjour,
M. Soucy et M. Thibault. C'est bien ça, hein?
Une voix : Dubé.
• (14 h 40) •
Mme Perry Mélançon : Excusez-moi,
oui, M. Dubé. Ça fait déjà un certain moment qu'on s'est vus, trop
longtemps même, M. Soucy. Vous avez l'air, bon, d'être assez optimistes
qu'on puisse trouver une nouvelle formule, bon,
adaptée aux besoins des nouveaux consommateurs, et tout. Comment est-ce qu'on
peut s'assurer, peut-être, de la pleine
participation du ministère à assurer la transition, à assurer la nouvelle
formule, qu'une fois qu'on ait un nouveau projet de loi adopté, qui, un
peu, sort la ministre et son ministère de cette responsabilité-là, qu'on ait quand même,
là, toute la participation et la pleine collaboration pour la nouvelle
mouture?
M. Soucy (Martin) : Bien... Bonjour,
d'ailleurs, c'est vrai que ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus. Ce qu'il
faut remarquer, c'est que, dans la loi, la ministre peut reconnaître, dans le
fond, à la fois des projets pilotes mais également
les organismes qui vont classifier dans le cadre des programmes de qualité de
l'hébergement. Donc, ça, c'est fondamental.
Il va y avoir un accompagnement, oui, du ministère
du Tourisme, on va faire du travail. En marketing, je vais vous faire la comparaison, on nous a laissé faire
la stratégie, puis, ensuite de ça, il y a une approbation de la stratégie qui
se fait, mais il reste que c'est avec l'apport, oui, de l'intelligence
d'affaires du ministère, mais on a élaboré avec les partenaires cette stratégie-là, on la soumet à l'approbation par la
suite. Moi, je pense qu'on peut élaborer notre stratégie, les programmes entre nous, puis, à la suite, la ministre,
dans la loi, va reconnaître les organismes qui classifieront. Il faut faire
attention de ne pas multiplier le nombre de programmes, qu'on puisse bien
s'entendre. Mais, comme je vous dis, on a
réussi des grandes choses dans les dernières années, et, oui, je suis un
optimiste, je l'ai toujours été, même pendant la pandémie. Moi, je crois à
l'évolution, et on n'a pas le choix si on veut demeurer concurrentiels. Donc,
oui, je nous fais confiance.
Mme Perry
Mélançon : On aime cet optimisme de votre part, d'ailleurs, là. Et je
me demande, en fait, là... C'est parce que
la Corporation de l'industrie touristique nous parlait qu'elle était déjà en
train de réaliser un projet pilote. Est-ce
que, selon vous, on devrait juste tasser ça ou il y aurait du bon à en sortir?
Est-ce que la CITQ peut être un partenaire dans la suite? Avez-vous une
opinion là-dessus?
M. Soucy (Martin) : Bien, écoutez, on a la chance, au Québec, d'avoir trois organismes qui
classifient : la CITQ, Camping Québec, la Fédération des
pourvoyeurs du Québec. Donc, ce sont les organismes les plus compétents en la
matière, et, s'il y a un projet pilote, la loi, bien, permettra à la ministre, dans
le fond, de ce que j'en comprends, là, de reconnaître ce programme-là, de
désigner tout ça. Bien, tant mieux, parce qu'il ne faut pas les exclure.
Encore une fois, nous, on offre notre collaboration pour fédérer une démarche qui va
appeler tous les partenaires, comme on l'a fait dans d'autres domaines, donc,
au quotidien, mais ces organismes-là sont compétents, donc ils peuvent continuer à... Une mesure, dans le fond, obligatoire ou pas, ça ne fera pas disparaître les programmes de
classification.
Mme Perry
Mélançon : Merci. Dernière petite question. Dans les titres de
projet... Avez-vous, en fait, des exemples de projets pilotes, là, dont on parle dans le projet de loi, que vous croyez qui puissent être imaginés? Et est-ce que ça devrait être expliqué un petit peu mieux dans
le projet de loi pour ne pas qu'on aille dans toutes sortes
d'endroits et de sortes de projets pilotes? Est-ce que ça devrait être
un peu mieux indiqué?
M. Soucy
(Martin) : Bien, la question est très bonne. Moi, je ne suis pas un
législateur puis je ne suis pas dans votre position non plus comme députée à
cet égard-là. Écoutez, je vous répondrai comme ça : il y a des bonnes
pratiques qui existent ailleurs dans le monde, des modèles qui sont existants.
Moi, j'aime regarder ce qui se fait, s'en inspirer,
ça ne veut pas dire de le copier intégralement. Est-ce qu'il faut mettre ça
dans un projet de loi? Je ne pense pas, tout est en place à mon
sens pour permettre l'émergence de ce projet-là.
Par contre, je pense
qu'à partir du moment où il y aura adoption du projet de loi, là, il faut se
mettre à pied d'oeuvre rapidement et d'interpeller les partenaires pour ne pas
qu'il y ait de vide qui se crée. Donc, il y a peut-être une période de
transition ou autre, là, ça, je... ça me vient à l'idée, mais outre ça, par la
suite, bien, là, il va falloir être rapidement à pied d'oeuvre pour ne pas
qu'il y ait de vide, puis qu'on laisse seulement aux consommateurs des
plateformes la possibilité de juger de l'offre au Québec, puis d'avoir l'ensemble
de l'information. On est capables d'avoir du leadership là-dedans, je suis
convaincu.
Mme Perry
Mélançon : Bien, merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, merci, M. Soucy, M. Dubé, pour votre
contribution au mandat de la commission.
Alors,
nous allons suspendre quelques instants, le temps de donner le temps, justement,
au prochain groupe de se préparer. Merci. Alors, merci encore,
M. Soucy et M. Dubé.
(Suspension de la séance à
14 h 44)
(Reprise à 14 h 49)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous accueillons M. Gret et M. Thibault, de l'Association
Hôtellerie Québec. Je vous invite à
bien vous présenter avec votre titre et à commencer immédiatement, par la suite, votre exposé de 10 minutes. Merci.
Association Hôtellerie Québec
(AHQ)
M.
Thibault (Dany) : Bonjour, Mme la Présidente, Mme la ministre, Mmes,
MM. les députés. Je me présente, Dany
Thibault, je suis moi-même gestionnaire d'un parc hôtelier au Québec en plus
d'agir à titre du président du conseil d'administration de l'Association
Hôtellerie Québec. Je suis accompagné par mon collègue, Xavier Gret, qui exerce
les mêmes... les fonctions de P.D.G. de l'association. J'aimerais d'ailleurs
laisser à M. Gret le soin de présenter notre association. Xavier.
M. Gret
(Xavier) : Oui. Bonjour, Mme la Présidente, Mme la ministre, messieurs
dames les députés. Je vais donc vous présenter l'association. Merci, M.
Thibault, pour cette introduction.
Je vous rappelle que l'association, elle
s'appelle Association Hôtellerie Québec, aussi connue sous le nom acronyme AHQ, est une association touristique
sectorielle qui rassemble les établissements d'hébergement touristique classifiés
de l'ensemble de la province de Québec.
Fondée
en 1949, sa mission est d'informer, de participer au développement social et de
représenter les intérêts collectifs de ses membres afin d'accroître la
compétitivité de l'industrie hôtelière et touristique du Québec.
• (14 h 50) •
M.
Thibault (Dany) : En 2019,
l'AHQ... bon, vous savez, 2019, c'est une éternité dans le monde
d'aujourd'hui, on a été invité à participer au comité consultatif
qui devait mener au rapport Lavoie. Ce rapport visait à adapter le système
de classification aux nouvelles réalités et alléger le fardeau administratif
des exploitants.
Les recommandations
de ce rapport se voulaient une réponse à ce défi de mise à jour du cadre
réglementaire avec comme élément significatif le maintien ou l'abolition — là,
j'insiste sur l'abolition — du
caractère obligatoire, parce que c'est du caractère obligatoire de la
classification, ce qu'il est important de noter. M. Gret.
M. Gret
(Xavier) : Oui, tout à fait. Mme la Présidente, permettez-moi de
revenir sur les origines du système de
classification. Écoutez, ça fait maintenant 28 ans que je suis au Québec,
et puis ça tombe sur moi, mais ça a été instauré en France en 1937. Le classement des hôtels et des restaurants devra
attendre jusqu'en 1950 pour que soient fixées des normes à la procédure qui les classaient,
initialement, en quatre catégories ou étoiles. Depuis 2009, ils sont classés
d'un à cinq étoiles.
Depuis
son adoption, en 2000, au Québec, la loi stipule qu'il est obligatoire de
détenir une attestation de
classification pour les établissements d'hébergement touristique au Québec. On
est la seule destination présentement à avoir cette obligation de
classification, elle n'est pas présente au Canada et aux États-Unis, sauf à
l'Île-du-Prince-Édouard, et d'ailleurs, dans toute l'Amérique du Nord non plus.
À
l'heure actuelle, chaque catégorie d'établissement est évaluée sur une grille
d'évaluation distincte, reposant essentiellement sur des critères quantitatifs.
Malgré une mise à jour faite en 2012, certains de ces critères se montrent déjà
désuets, par exemple, la présence de téléphones dans chaque chambre,
caractéristique qui, aujourd'hui, n'a pas lieu d'être, il va sans dire
qu'on est à l'heure du cellulaire et du wifi. M. Thibault.
M. Thibault
(Dany) : Oui, l'un des exemples, là, frappants sur le territoire du
Québec, là, qui... des lacunes qu'engendre
la présente grille d'évaluation peut être illustré par la situation du Château
Montebello. Malgré sa renommée internationale, sa qualité d'hébergement,
des services de haut niveau imposés par la bannière Fairmont qui exploite cet hôtel patrimonial, Montebello obtient
seulement trois étoiles, principalement liées à la dimension des salles de
bain, la rigidité de la grille actuelle ne prenant pas compte de plusieurs
autres aspects importants de l'hôtel, le pénalisant ainsi pourtant sur des
aspects qui sont, pour la clientèle avisée de cet établissement, de moindre
importance.
Depuis 2001, les
classificateurs visent les établissements et les évaluent sur la base de
critères qui tiennent compte du confort, de la qualité des installations, de la
propreté et de l'accessibilité. Avec ces critères, on souhaite éliminer toute subjectivité. Cependant, il s'agit
d'une noble intention qui ne se traduit pas dans l'action, car les critères
et grilles sont essentiellement quantitatifs. L'objectif présuppose donc la
mesure exacte.
M. Gret
(Xavier) : Effectivement, selon des experts de l'industrie hôtelière
mondiale, la classification telle qu'on la
connaît est un outil de marketing de l'offre, en opposition avec les
commentaires clients de type TripAdvisor ou autres, qui sont du
marketing de demande. Le ministère du Tourisme, avec l'Alliance de l'industrie
touristique du Québec, mise depuis quelques années sur des outils de
commercialisation de type demande, tels que les approches de témoignages des touristes,
la tournée qu'ont coréalisé... par deux ou trois aventuriers, le développement
du concept d'accueil, la valorisation d'une
approche qui mise sur l'expérience
client. Notre classification et son processus actuel ne sont plus en
phase avec nos orientations et nos choix stratégiques.
M. Thibault
(Dany) : Mme la Présidente, le statu quo du programme actuel
obligatoire, même avec une mise à niveau des critères et du processus, favorise
un système qui comporte d'importantes faiblesses et qui n'est pas orienté vers
l'amélioration de la qualité des services, ce qui est à l'encontre des
tendances mondiales basées sur le marketing
de demande. Nous sommes pourtant convaincus que cette approche fera certainement une grosse différence au sortir de la pandémie lorsque tous les grands
acteurs mondiaux joueront du coude pour rivaliser en attractivité.
M. Gret
(Xavier) : S'inscrivant dans une stratégie globale et mondiale,
respectant le virage numérique planétaire en termes d'habitudes de
consommation, la classification volontaire nous semble être la réponse adaptée
et moderne aux nouvelles réalités du marché.
Il est indéniable que la classification actuelle ne permet pas l'amélioration
continue et n'a pas le souci de la perception des clients. Elle ne provoque que
la conformité à certains critères quantitatifs.
Ces critères n'induisent aucun effort pour dispenser une prestation de service
conditionnée par les clients et la satisfaction de leurs besoins.
M. Thibault
(Dany) : Dans l'optique d'une nouvelle réglementation, offrir la
possibilité à la ministre le pouvoir
d'accorder une reconnaissance à certains organismes offrant un service
d'évaluation de la qualité et de l'offre d'hébergement nous paraît une
excellente alternative au système actuel, cette reconnaissance offrant une
caution de confiance face à l'organisme évaluateur tant pour l'hébergeur que
pour les clients.
Cependant, le
caractère volontaire et non obligatoire à l'adhésion à un tel système
d'évaluation nous semble primordial afin de lui promulguer un esprit de
flexibilité et de capacité d'adaptation poursuivi par la refonte du cadre
réglementaire actuel.
Bien
entendu, nous pourrions ajouter que l'obligation à s'inscrire à un système de
codification devient un véritable casse-tête lorsque nous devons harmoniser la
réglementation hôtelière avec l'hébergement collaboratif ou «home-sharing».
M. Gret
(Xavier) : D'ailleurs, à cet effet, les modifications réglementaires
de mai 2020 étaient un pas dans la
bonne direction afin d'inclure l'hébergement collaboratif dans le même cadre
réglementaire que le reste de l'industrie. Ces améliorations doivent
être reconduites dans la prochaine législation.
Cependant, l'impact
de cette offre touchant de près le milieu de vie des citoyens, nous croyons que
les villes et les municipalités du Québec
devraient être des acteurs de premier plan dans la réglementation de ces types
d'activité sur le territoire. Ces
dernières sont, selon nous, les plus aptes à intégrer harmonieusement cette
nouvelle offre d'hébergement au coeur du milieu de vie des Québécois.
Qu'il
s'agisse d'un séjour dans un grand hôtel ou d'une nuitée à une résidence louée
pour location, l'hébergement demeure au coeur de l'expérience
touristique. Des questions de sécurité, salubrité ou la gestion centralisée des
plaintes découlant d'un séjour malheureux sont les garanties que nous nous
sommes données collectivement afin de bien
accueillir nos visiteurs. L'hébergement collaboratif faisant dorénavant partie
intégrante de notre offre, nous
croyons que la nouvelle législation
devrait reconnaître le devoir de ces nouveaux joueurs à souscrire à ces normes
élémentaires.
M. Thibault
(Dany) : Mme la Présidente, le mémoire que nous présentons aujourd'hui
à la commission contient six recommandations qui représentent, selon nous, les pierres angulaires d'un nouveau
cadre législatif mieux adapté
à la réalité d'aujourd'hui, tout en ayant la résilience pour faire face aux
nouveaux défis qui ne manqueront pas de survenir à la sortie de la
pandémie.
Nous recommandons en
premier lieu de mettre fin au caractère obligatoire de la classification pour
toutes les catégories d'hébergement touristique et, par conséquent, de mettre
fin à l'obligation de l'affichage du panonceau aussi pour toutes les catégories.
L'obtention de l'attestation prendra alors la forme d'un numéro d'attestation
obtenu via l'enregistrement, qui, lui, va être obligatoire, car effectivement
nous proposons également de rendre obligatoire l'enregistrement de tous les exploitants, qu'ils soient
traditionnels, émergents ou de type collaboratif. Le permis d'exploitation permet un certain contrôle, suivi
et intervention et doit impérativement demeurer. À ce permis
d'exploitation, il importe de garder
un souci important à
l'égard des diverses questions
devant faire l'objet d'un respect normatif minimal, telles que la
salubrité, les mesures sanitaires et la gestion des plaintes, tel que M. Gret
l'exprimait un peu plus tôt.
M. Gret
(Xavier) : Mme la Présidente, en conséquence de la recommandation
précédemment évoquée par M. Thibault, nous recommandons également de rendre
obligatoire l'affichage du numéro de l'attestation pour toutes catégories d'établissements, et ce, sur tous les
supports, physiques et électroniques. Les panonceaux, qui semblent être
appréciés et très souvent mis de l'avant et mis à vue des clients, pourraient
être avantageusement recyclés.
En
toute logique, l'abolition du caractère obligatoire en ce qui a trait à la
classification rendrait obsolètes plusieurs catégories d'hébergement présentation en vigueur. Nous recommandons par
conséquent que les défavorisés de catégories d'hébergement soient
simplifiées et modernisées en retirant les références à l'offre de service.
Nous recommandons
également que les résidences de tourisme soient assujetties à un traitement
simplifié analogue à celui de la catégorie
des résidences principales, mais en incluant l'obligation pour ces catégories
d'obtenir un permis d'exploitation de
ce type d'hébergement émis par la municipalité concernée afin de compléter une
demande de numéro d'établissement. La conservation des privilèges
octroyés par la possession d'un numéro d'établissement devrait être assujettie à certaines obligations prévues dans la loi en
ce qui a trait à la sécurité et à la salubrité des lieux. Nous demandons
une assiduité d'inspection, notamment par Revenu Québec, concernant ce type
d'hébergement là afin de pouvoir détecter toute irrégularité. M. Thibault.
• (15 heures) •
La Présidente (Mme
IsaBelle) : En conclusion.
M. Thibault
(Dany) : Oui. En terminant, nous proposons la mise en place et la
participation à des projets pilotes ayant
pour fins d'étudier, d'améliorer ou de définir des normes applicables en
matière d'hébergement touristique ou
pour exprimer ou innover en cette matière, ceci afin de travailler avec les
autres acteurs concernés du milieu dans le but de moderniser... (panne
de son) ...mais aussi de favoriser la prise en main du milieu.
Mme la
Présidente, je tiens à vous remercier du temps que vous avez accordé
aujourd'hui. Nous sommes maintenant disponibles pour répondre à vos
questions sur le sujet. Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci pour votre exposé. Effectivement, nous allons débuter la période
d'échange avec Mme la ministre.
Mme
Proulx (Berthier) : Merci,
Mme la Présidente. M. Thibault, M. Gret... Dany et Xavier,
bonjour, plaisir de vous revoir tous les deux. Je vais commencer
avec vous, Xavier. On parle beaucoup, beaucoup, beaucoup du virage numérique dans le mémoire, en termes d'habitudes
de consommation des clientèles, tant québécoises qu'internationales. Là, j'ai beaucoup de questions, ça fait que
réponses courtes, si c'est possible, messieurs, mais, tu sais... À quelle
vitesse s'est opérée cette transition-là, M. Gret et
M. Thibault?
M. Gret (Xavier) : Je vais y aller.
Écoutez, la transition a été extrêmement rapide. Vous savez, en 2000, il
n'y avait pas l'avènement des plateformes numériques qu'on connaît
présentement. Donc, on voit que, maintenant, rendu en 2021, ça s'est extrêmement accéléré.
Alors, c'est certain que l'avènement des plateformes numériques permet
aux individus de juger directement des établissements hôteliers.
Mme Proulx
(Berthier) : Dans votre
mémoire, vous notez que, et j'ouvre les guillemets, là, je vous cite,
Xavier : «C'est indéniable que la classification ne permet pas
l'amélioration continue et n'a pas le souci de la perception des clients.»
Est-ce que ça va continuer à s'accélérer?
M. Gret
(Xavier) : Écoutez, ça
continue à s'accélérer. C'est une tendance qu'on remarque à l'international,
hein? On est évalué maintenant en
direct, en live. Et puis, effectivement, c'est une tendance qu'on voit qui
prend extrêmement d'ampleur notamment. Voilà. Oui.
Mme Proulx (Berthier) : Non, je n'ai
pas...
M. Thibault (Dany) : Bien, moi, si
je peux me permettre... si je peux me permettre, moi, à titre d'opérateur,
Mme la ministre.
Mme Proulx (Berthier) : Oui, oui.
M. Thibault
(Dany) : Vous savez, ce
qu'on regarde, nous, dans nos établissements, c'est ce que TripAdvisor
nous donne, ce que Google nous donne, ce que... comme commentaires, ce
qu'Expédia peut nous donner et Booking peut nous donner, et ce que les rapports
d'évaluation des chaînes nous donnent, tant au niveau de l'évaluation interne
des chaînes, mais aussi des clients qui nous visitent à chaque semaine. C'est
eux... C'est là-dessus qu'on se base pour changer notre... améliorer nos
services et faire des correctifs au besoin. C'est comme ça qu'on travaille.
Mme Proulx (Berthier) : Parce qu'il
faut le préciser, Dany, vous êtes, en plus d'être président du conseil
d'administration de l'AHQ, vous êtes directeur régional pour Urgo Hotels,
plusieurs hôtels au Québec, qui gèrent, qui opèrent, donc, des hôtels pour
plusieurs bannières ici, au Québec. Je vais faire du pouce sur ce que vous me
dites, Dany. Est-ce que c'est contraignant, parfois, de vous plier au caractère
obligatoire de la présente classification puis... Est-ce que c'est
contraignant?
M. Thibault (Dany) : En fait,
sur le plan opérationnel, là, sans manquer de respect aux gens qui font ce
travail-là, parce qu'ils travaillent très fort, moi, en tant qu'opérateur, je
suis très soucieux... Et mes obligations de franchisé, quand je travaille avec
Hilton, que je travaille avec Marriott, elles sont en lien avec ce que les
exigences des standards de la chaîne nous donnent et une uniformité sur le plan
mondial. Et c'est là que ça se joue. C'est qu'au Québec, avec tout le respect
qu'on a... Puis on l'aime, le Québec, là, mais la masse critique n'est pas là.
Donc, quand, nous, on est une chaîne, qu'on
travaille avec une chaîne, qu'on est un franchisé, on s'adresse au monde entier, donc les standards sont bâtis et
sont uniformisés. Un Big Mac, ça goûte la même chose à Hong Kong que ça
goûte à Montréal. Bien, c'est un peu la même chose. Un Marriott à Québec, c'est
la même chose qu'un Marriott en Chine.
Tandis que le standard d'évaluation, il peut varier, dépendamment... quand on
fait des évaluations... Hier, vous
parliez de Cayo Coco, là. Je vous écoutais parler de Cayo Coco. Un cinq-étoiles
à Cayo Coyo, ce n'est peut-être pas
la même chose qu'un cinq étoiles aux États-Unis, évalué par le AAA ou par CAA,
donc... Puis c'est la même chose au Québec.
Donc, les clients ne s'y retrouvent pas, alors
que, quand il achète une chaîne, il sait à quoi s'attendre. C'est comme quand
il rentre dans le McDonald, pour le rendre à son plus faible... plus basse
expression, là, un Big Mac, il faut que ça
goûte toujours la même chose. Mais c'est un peu ça. Au Québec, ça goûte la même
chose qu'ailleurs, mais les hôtels ne sont pas évalués de la même façon
si on a un critère obligatoire et qu'on n'a pas de flexibilité avec une grille
qui date de 2012.
Mme Proulx (Berthier) :
1 h 30 min, une heure, mettons 60 minutes, là, pour faire
le tour d'un hôtel puis s'assurer que toutes les 150 petites coches de la
CITQ ont été barrées, est-ce que ça vous apparaît suffisant, Dany?
M. Thibault (Dany) : ...un
hôtel de 600 chambres pendant plusieurs années au coeur de Québec, sur la colline Parlementaire, juste en face de vous, qui
vient d'être rénové, là, pendant neuf ans, et une journée d'évaluation, avec un évaluateur de Hilton, à l'époque, ça
prenait une journée complète, des fois, une journée et demie. En une heure,
on ne peut pas voir tout ce qu'il y a à faire parce qu'on n'évalue pas le
service. Quand l'évaluateur de la chaîne rentre
chez vous, il commence à évaluer le service en mettant le pied dans l'hôtel, en
s'adressant au portier, en s'enregistrant à la réception. Et c'est la
lacune du système, c'est qu'on n'évalue jamais le service. On évalue le
quantitatif qui, parfois, peut être désuet ou passé date.
Mme Proulx
(Berthier) : Modèle de classification volontaire, ça donne plus
d'agilité à l'industrie? Ça se veut moins pénalisant pour des nouveaux modèles
qui seraient un peu plus innovants? M. Gret, M. Thibault, un de vous
deux.
M. Gret
(Xavier) : Écoutez,
c'est clairement... Le côté volontaire permet d'avoir une plus grande
agilité, une plus grande flexibilité et d'être en rétroaction plus
rapide avec, justement, ce qu'on appelle le marketing de demande, là, c'est ce que veut le consommateur. Présentement, la grille de classification a été faite en
fonction de ce que nous, on veut donner au consommateur. Mais ce qu'on
veut faire, c'est, justement, c'est proposer ce que le consommateur veut.
Alors, c'est
certain que la non-obligation permettrait, au mieux, de se prendre en main,
d'avoir les deux mains sur le volant,
et de pouvoir créer quelque chose qui pourrait répondre aux attentes des
consommateurs, mais aussi aux attentes des établissements hôteliers, et
ça, c'est important, et surtout si on voit que le modèle, là, est vraiment
international et mondial. On le voit vraiment, c'est une tendance. On remarque
même qu'à travers le Canada, et je le répète, on est la seule province,
quasiment, à avoir ce type de classification étatique, même en Amérique du
Nord, et puis on s'étend, on voit que c'est
la même chose en Nouvelle-Zélande, pareil, ce n'est pas obligatoire, en
Allemagne, ce n'est pas obligatoire.
Et puis je voudrais simplement corriger quelque
chose qui a été mentionné. En France, Atout France, ce n'est pas obligatoire, c'est une classification qui
n'est pas obligatoire non plus. Alors, je tiens à le préciser.
HotellerieSuisse, pareil, en Suisse, ce n'est pas obligatoire non plus.
Alors, c'était... Et c'est des modèles qui fonctionnent très bien. Et je peux même
m'étendre en vous donnant quelques chiffres, je me suis amusé à voir ça. Juste
vous dire, par exemple, Atout France,
présentement, ils regroupent 12 832 établissements, sur
18 000 qu'il y a en France. Et les un, deux, trois-étoiles d'Atout France représentent 83 % du portfolio global, et puis les quatre et
cinq étoiles représentent 17 %.
Donc, on a comme une masse critique importante
d'établissements d'un, deux et trois étoiles qui font partie de ce groupement
volontaire, et, en Suisse, c'est la même chose. Chez HotellerieSuisse, on peut
remarquer que les un, deux, trois étoiles représentent 68 % des
établissements qui font partie d'HotellerieSuisse, qui sont aussi sur une base
volontaire. Donc, c'est une adhésion volontaire. Alors, on voit que le succès
volontaire est quand même là, et puis que ça touche vraiment... Et ça regroupe
aussi, et c'est le paysage hôtelier qu'on retrouve, hein? Parce que, vous
savez, au Québec, c'est la même chose. Au Québec, les un, deux, trois étoiles,
là, ça représente 82 % des établissements du Québec, et puis les quatre et
cinq étoiles, 18 %. On voit qu'on est dans les mêmes chiffres.
Alors, quand on parle de volontaire et qu'on a
peur que les un, deux, trois étoiles n'adhèrent pas, eh bien, à travers ces
chiffres-là, on a étudié, on démontre, eh bien, que oui, ils adhèrent, même
plus que les autres. Et puis, en fait, c'est une question mathématique, hein?
Vous savez, les quatre, cinq étoiles, il y en a beaucoup moins qu'un, deux,
trois étoiles. Donc, et on retrouve ça, les chiffres se retrouvent aussi, hein?
Alors, oui, on croit à une adhésion volontaire,
pour être plus flexibles, pour être plus agiles, pour donner au consommateur ce
qu'il souhaite et puis pour être aussi... pouvoir fournir aux hôteliers ce
qu'ils demandent.
Mme Proulx
(Berthier) : J'aimerais parler... M. Thibault, vous êtes, donc,
directeur régional pour Urgo Hotels. Évidemment, à l'occasion, vous
devez cogner à la porte de gens d'affaires, de banques, de caisses populaires.
Le panonceau étoilé vous aide-tu à avoir du financement? Vos étoiles aident-tu
à avoir du financement? Vous dites...
M. Thibault (Dany) : Non. Ce
n'est pas vraiment quelque chose... ce n'est pas...
Mme Proulx (Berthier) : ...moi,
j'ai quatre étoiles, M. le banquier.
• (15 h 10) •
M. Thibault (Dany) : Bien,
écoutez, en fait, c'est l'ensemble des critères, là, mais on s'entend qu'un
hôtel, ça commence par la localisation, là. Et après ça, après ça, ce que tu
vas accrocher sur le toit en haut, c'est un hôtel avec une bannière ou pas de
bannière. Et vraiment, moi, je n'ai jamais eu de demande ou de question de la
part de nos financiers et de nos banquiers qui entraient en lien avec le nombre
d'étoiles, au Québec, que nous avons.
J'ai déjà eu des demandes de clients en rapport
à l'évaluation que le CAA/AAA, qui est une reconnaissance non obligatoire, nord-américaine reconnue, le
nombre d'étoiles que nous avions. Ça, je l'ai déjà eu en toute transparence,
et jamais je n'ai eu des questions sur les... nous avons eu des questions quel
genre d'étoile, le nombre d'étoiles qu'on a au Québec.
Mme Proulx
(Berthier) : Oui, mais ce n'est pas étatique, là. Le AAA aux
États-Unis, puis la CAA, évidemment, au Canada...
M. Thibault (Dany) : Non, c'est
libéral. Tu y adhères, puis...
Mme Proulx (Berthier) : Ou pas,
exact. Sur votre site Internet, Dany, vous dressez la liste des nombreuses, nombreuses lois qui viennent encadrer
l'exploitation de certaines catégories d'établissements d'hébergement
touristique. On s'entend pour dire
que le secteur est déjà fortement, fortement réglementé. Diriez-vous que, même
sans classification obligatoire, ce serait une classification volontaire
qu'on s'assure de la sécurité des consommateurs?
M. Thibault (Dany) : Bien, en
fait, la sécurité des consommateurs n'est pas liée du tout à la classification
qu'on en fait, là. Je peux vous dire que c'est la Régie du bâtiment puis le
système des... le département des incendies locaux,
qui s'occupent de la sécurité des clients, et système de... et la police. Ça
n'a rien à voir, là. Le système d'évaluation, c'est la Régie du bâtiment
qui le met en place pour la façon d'opérer ton hôtel de façon sécuritaire.
Ceci dit, moi, je n'ai jamais eu de discussion sur
la sécurité avec aucun évaluateur de la CITQ dans le passé. J'en ai fait, des évaluations, j'en ai eu. J'ai eu
des discussions sur le nombre verres et le nombre de savons que j'avais dans mon établissement, puis le nombre de
téléphones que j'avais, mais je n'ai jamais eu de discussion sur la sécurité,
puis je ne crois pas que ce soit de leur ressort.
Mme Proulx
(Berthier) : L'AHQ, vous représentez, Xavier, également les gîtes, les
auberges de jeunesse, certains bed and breakfast, d'ailleurs qui sont sous
votre responsabilité. Est-ce que c'est la même chose? Est-ce que, si ça
devenait une classification volontaire, il n'y aurait pas de risque pour la
sécurité des clientèles dans les auberges de jeunesse, des gîtes et des bed and
breakfast? Est-ce qu'ils sont soumis, dans le fond, un peu aux mêmes
réglementations de la Régie du bâtiment du Québec, du service des incendies de
la municipalité?
M. Gret (Xavier) : Tout à fait,
ils sont régis aux mêmes règles. Donc, je prendrais... Il n'y a vraiment aucun
enjeu au niveau de la sécurité. Comme Dany l'a indiqué, là, le service des
incendies, c'est municipal. Je pense, c'est...
En 2000, il y a une réglementation, justement, qui est sortie, gouvernementale,
et, ensuite, la mise en application a
été mise en 2008, avec des inspecteurs d'incendie, pour aller vérifier dans les
lieux si les règlements étaient respectés, hein?
Alors, ça, il n'y a aucun enjeu là-dessus. Et
puis la Régie du bâtiment aussi encadre tout ce qui est auberge de jeunesse,
tout ce qui est gîte, etc. Donc, non.
Mme Proulx (Berthier) : Dany, je
veux revenir sur le fardeau administratif, parce que, bon, on parle beaucoup des panonceaux étoilés de la
certification, de la classification, mais un des enjeux des entrepreneurs,
hommes et femmes, de l'industrie touristique dans l'hébergement
touristique, évidemment, c'est le fardeau administratif, puis on ne parle même pas en temps de pandémie. Ce sont
souvent cinq, 10 employés, qui ont les deux mains dans les opérations,
gestion des clientèles, et tout. On laisse sous-entendre, de la part de la
CITQ, que c'est peu, là, l'allègement administratif
qu'on donnerait avec une classification qui deviendrait volontaire ou pas, ou
qu'on enlève la classification obligatoire, mettons ça comme ça, que les
économies de temps, les économies d'argent, ce n'est pas substantiel. Votre
opinion là-dessus.
M. Thibault (Dany) : Bien, mon
opinion, c'est que l'aspect administratif, là, avec... dans le contexte actuel,
je vais vous dire, l'administration, plus on peut l'alléger, mieux c'est, parce
qu'on est présentement en pénurie de main-d'oeuvre majeure. Puis moi, je vais
vous dire, là, j'ai recommencé à faire des chambres puis m'occuper des clients
à la base puis, je vais vous dire, l'administration, on en fait, mais on en
fait à temps partiel, on en fait le soir à l'extérieur des heures de travail.
Donc, tout fardeau administratif qui peut être
réduit, pour moi, c'est un plus, parce que je veux m'occuper de mes clients,
puis c'est ça, la règle. Puis, je vais vous dire, si on réussit à faire évaluer
la grille d'évaluation, puis de la contrôler, lui donner de la flexibilité, on
va regarder le côté du service que les clients vont recevoir dans nos hôtels.
Et je pense que la qualité, Québec, au niveau du service, il va falloir
l'inclure et lui donner de la flexibilité tout en allégeant le fardeau
législatif, puis ça, à ce niveau-là, administratif.
Ça fait que
c'est important, pour nous autres, de dire : Oui, l'administration, c'est
une chose, mais donnons-nous les outils. En tant qu'industrie, c'est
nous qui connaissons mieux, là, nos établissements, puisque nos clients, on les
a tous les jours devant nous, on sait ce qu'ils ont de besoin. Essayons de
construire, avec les partenaires qui sont autour de ces grilles-là, de façon
organisée, structurée, une grille qui est flexible et agile, qui va nous
permettre de faire avancer l'industrie au niveau de ses contrôles de qualité et
la rendre pertinente, ce qui va contribuer à faire adhérer les gens au
programme.
Mme Proulx (Berthier) : Donc,
pandémie ou pas, donc avant la pandémie où il y avait des enjeux liés à la main-d'oeuvre, qui étaient moins exacerbés
qu'aujourd'hui, vous avez la même position sur l'allègement administratif.
M. Thibault (Dany) : Oui,
clairement, il faut rendre ça plus fluide, plus facile et surtout plus agile.
Puis, à ce niveau-là, je pense que... à ce niveau-là, ce qu'il y a dans le
projet de loi le rencontre bien.
Mme Proulx (Berthier) : Moi, je n'ai
pas d'autre question...
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...
Mme Proulx (Berthier) : Pardon? Il
reste une minute. Je vous la concède généreusement. Non, je fais des blagues. Il y avait un bon tour à faire. Merci
infiniment, M. Thibault, M. Gret. Je vous laisse aux bons soins des
collègues des oppositions officielles.
M. Thibault (Dany) : Merci, Mme la
ministre.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, effectivement, nous poursuivons la période d'échange avec la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme
Rotiroti : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, bonjour, M. Gret, M. Thibault.
Merci d'être là. De notre côté, on
rit, parce qu'on trouve que la ministre a fait quand
même un bon tour d'horizon de tous
les sujets. Alors, c'est pour ça que...
Une voix : ...
Mme
Rotiroti :
C'est ça, il ne nous reste pas grand-chose. Mais, ceci dit, on parle de beaucoup,
beaucoup... J'avoue que presque tous les groupes, si ce n'est pas tous les
groupes qui sont venus en commission parlementaire, on parle de la classification, classification obligatoire versus
volontaire, versus qu'est-ce qu'on retrouve dans les différentes plateformes, TripAdvisor, etc. Je pense qu'il y a
un consensus quand même qui se dégage pour dire que la classification
obligatoire est un peu désuète. Tout l'aspect de la moderniser, la rendre plus
agile, flexible et plus pertinente, par rapport à qu'est-ce que vos
usagers ont besoin, je pense que ça, le message a été passé par plusieurs
groupes.
Il y a toute la question, est-ce que vous voyez
ça en complémentarité, c'est-à-dire est-ce que vous êtes pour de garder la classification volontaire et les
plateformes qui existent déjà, ou
est-ce que vous avez la tendance d'aller... de dire... Parce que j'ai pu comprendre que M. Thibault se fie
beaucoup de ces plateformes-là, les commentaires qu'il reçoit pour, justement,
être capable de s'adapter aux besoins de qu'est-ce que le touriste recherche en
s'en allant dans ces établissements.
Alors, une fois qu'on dit ça, est-ce que vous
vous êtes plus portés de dire : Bien, les plateformes, c'est des plateformes, les commentaires sont fiables. Le
risque que ces plateformes-là se font envahir par des commentaires fautifs,
et tout ça, c'est minime, et que ce serait
suffisant d'avoir seulement ces tribunes-là, comme point de repère, ou ça prend
les deux, c'est-à-dire la classification volontaire, évidemment, ainsi que ces
plateformes-là?
M. Thibault (Dany) : Bien, en fait,
c'est un peu ça qu'on dit, la classification, là, on s'entend, ce n'est pas l'abolition de la classification qui est au coeur
du défi, c'est l'abolition du côté obligatoire. Donc, je pense que ça prend
une structure, surtout qu'au Québec on a une
industrie d'hôteliers indépendants fortement. Il y a beaucoup... c'est
75 % du parc hôtelier, les permis, c'est indépendant. Donc, il doit
avoir une forme de contrôle de qualité qui se fait, et ça, à ce niveau-là, pour pouvoir dire : Oui, on a
un système au Québec, qui permet de
contrôler ce qu'on a, ce qu'on offre. Mais présentement, la
classification puis la façon d'évaluer n'est pas adéquate. Et le fait qu'elle
soit prise dans un carcan administratif un peu plus serré et gouvernemental la
rend moins flexible.
Donc, donnons
aux gens de l'industrie la possibilité de le remettre en plan et gardons, bien
entendu... Parce qu'on ne l'arrêtera pas. Quand même qu'on voudrait
arrêter les Facebook, Instagram, TripAdvisor, Expédia de ce monde, ça n'arrivera pas. Ce n'est pas tout vrai ce qui
se dit sur Facebook, vous le savez très bien, ou sur Instagram, mais en bout
de ligne, la majorité, peut-être qu'il y a une réalité qui est vraie. Puis je
pense qu'il faut être capables, nous, en tant qu'hôteliers, de départir le vrai
du faux puis voir ce qui est bon pour m'améliorer, pour nos clients.
Mme
Rotiroti :
Est-ce que vous souhaitez d'avoir le... je veux dire, pas le pouvoir, là, mais
la... oui, le pouvoir d'être capable
de changer la grille sur une base régulière et ne pas attendre, mettons, à un
terme fixe comme présentement, là, c'est à tous les deux ans? Est-ce que
vous voulez avoir cette agilité-là d'être capable de changer ça — je
vais dire n'importe quoi, là — à tous les six mois ou à tous les
trois mois dépendamment... Tu sais, j'imagine que la haute saison touristique va amener à plus de moteurs de
recherche, plus de commentaires, plus de... Alors, est-ce que vous voulez
cette flexibilité-là?
M. Thibault (Dany) : Bien,
effectivement, puis en fait c'est ce qu'on cherche. Moi, en tant qu'opérateur
d'hôtels à bannière, là, je vous le dis, pendant la pandémie, là, les standards
étaient modifiés parfois deux, trois fois par
mois. Et on devait les valider à la fin du mois pour s'assurer qu'on les
mettait en place. Puis on le sait qu'il y avait... un défi de santé et
sécurité pour... au niveau sanitaire, mais ça nous a... Et, eux, ils ont la
flexibilité de le faire et de le distribuer dans leur système. Pourquoi, nous,
on n'aurait pas la même flexibilité qu'on doit faire un changement, la CITQ, ou peu importe qui sera le mandataire, faire
un changement qui est urgent, parce
qu'il est arrivé quelque chose, peu importe ce que c'est là, je n'ai pas un exemple précis en tête,
mais qui va nous permettre de distribuer à l'ensemble des adhérents une
modification qui doit être faite instantanément? Vous avez 10 jours pour
le faire, parce que... pour demeurer conforme aux engagements que vous avez
pris en adhérant volontairement à la grille d'évaluation.
• (15 h 20) •
Mme
Rotiroti : Bien, tout
à fait. C'est tout à fait juste qu'est-ce que vous dites. Je pense que la
pandémie nous a appris que vous avez cette agilité-là de vous reformer, de
vous... innover, d'être capable de vous ajuster aussi. Dans le contexte où
est-ce que vous subissez une pénurie de main-d'oeuvre, qui est quand même
ressentie dans votre secteur, si on vous donne cette agilité-là, est-ce que
vous êtes capables de répondre à l'appel?
M. Thibault (Dany) : Bien, moi, je
pense qu'on est les mieux placés pour le mettre en place, parce que c'est nous qui le vivons à tous les jours. On a des gens
d'expérience, et vous aviez la crème de la crème de l'hôtellerie, hier, à votre commission, on en a parlé. Et je pense que vous avez beaucoup
de gens qui sont des parties prenantes et très bons pour assurer le
suivi puis un suivi serré sur les modifications qu'il y a à faire.
Mme
Rotiroti :
Parfait. J'aimerais ça parler... aborder l'hébergement collaboratif un petit
peu avec vous. Dans le projet de loi, il y a toute la notion de résidence
principale, tout le pouvoir qu'on donne aux municipalités, c'est-à-dire de
gouvernement de proximité, et tout. Est-ce que vous trouvez que, dans la loi
qui est présentée, qui est sur la table, que l'industrie d'hébergement
collaboratif est bien encadrée, ou est-ce que... il y a-tu quelque chose qui nous échappe ou que vous voulez peut-être... qu'on
n'a pas vu passer, que vous voudriez peut-être souligner ou aborder?
M. Gret (Xavier) : Ce qu'on veut
indiquer, et je vais répondre à votre question, c'est que, présentement, le
cadre qu'on a nous correspond. Il faut quand même savoir qu'on est un des mieux
lotis au Canada, même à travers le monde, on est le seul
endroit où il y a une législation pour toute une province, normalement, c'est
par ville. Alors, ce qu'on a nous convient. L'enjeu actuel qu'on a, c'est de
donner du mordant à cette loi-là et la mise en application de cette loi-là. On trouve que, présentement, il y a
de nombreux hébergements qui sont encore sur les plateformes, qui ne mettent pas leur numéro d'enregistrement, qui ne
respectent pas la réglementation. Alors, ce qu'on souhaite, c'est vraiment
donner plus de mordant, et puis que cette réglementation soit suivie et bien
respectée. On sait que Revenu Québec est censé
avoir 25 inspecteurs, c'est ce qui avait été dit au préalable. Alors, on
veut voir le fruit de ces travaux-là et on veut que ça ressorte. En fait, vous savez, nous, on a toujours dit, ce qu'on
veut, c'est jouer sur la même patinoire que l'hébergement collaboratif,
d'avoir les règles équitables. Là, on les a à travers la réglementation, mais
mettons-les en application.
Mme
Rotiroti : Alors, vous, votre préoccupation, c'est de
dire : Ils sont bien encadrés dans la loi, mais il faut bien
respecter la loi, comme tous les autres, si on veut qu'on joue sur le même jeu
de terrain, c'est ça?
M. Gret (Xavier) : Exactement.
M.
Thibault (Dany) : Ça a plus
de valeur, pour nous, que de juste... que la classification comme telle,
obligatoire. Je pense que d'avoir des
règlements serrés puis de leur donner ce qu'il faut pour aller les chercher,
l'hébergement collaboratif ou qu'on
pourrait appeler illégal ou non réglementé, c'est hyperimportant pour nous. Ce
bout-là, il est hyper, hyperimportant.
Mme
Rotiroti : Il faudrait qu'on s'assure que Revenu Québec a les ressources nécessaires pour avoir les gens sur le terrain,
pour justement s'assurer que ces enregistrements-là se font en bonne et due
forme. C'est ça?
M. Thibault (Dany) : Oui, il faut
vraiment que les gens aient peur.
Mme
Rotiroti : Bien, justement, avoir peur, dans la loi qui est
déposée, on a des différentes catégories d'amendes, dépendamment... des
amendes, là, qu'on pourrait faire recours. Est-ce que vous trouvez que les
mesures dissuasives dans la loi sont assez
élevées, justement, pour s'assurer que les gens qui voudraient faire fi de
l'enregistrement, par exemple, auraient peur ou ne sont pas suffisamment
élevées pour vous?
M. Gret (Xavier) : On pense que
c'est suffisamment élevé, mais ce qu'on veut, bien, c'est de les donner, les amendes. Alors, c'est là où on est rendus, hein?
Donc, l'idée, présentement, les montants qui sont là sont assez conséquents,
surtout que c'est souvent des individuels, bien que, des fois, ça peut être des
compagnies entières.
Je veux juste
rappeler une donnée qui est importante, aux gens. 83 % des gens qui se retrouvent sur Airbnb,
c'est des multipropriétés ou des
maisons secondaires. Le reste, c'est simplement des résidences principales où
là on partage notre chambre de temps en temps. Donc... Mais l'idée,
c'est vraiment de... Donc, ces infractions-là nous semblent suffisantes, mais ce qu'on veut, c'est qu'elles
soient appliquées et qu'on puisse vraiment les donner, ces infractions-là,
et puis qu'on en parle aussi, hein? Il faut
que les gens en prennent conscience, parce que si on les donne et qu'on n'en
parle pas, les gens ne savent pas.
Mme
Rotiroti :
Parfait. Puis ma dernière question sur les récidives. Parce que, dans le projet
de loi, on parle première infraction,
deuxième, troisième. Vous, est-ce que vous êtes d'avis qu'une personne devrait
avoir une deuxième, troisième chance,
ou on enlève l'enregistrement dès la première infraction? Évidemment, il faut
que ça soit une infraction assez sérieuse, mais, je veux dire, est-ce
que vous êtes d'accord qu'on ne donne pas une deuxième, troisième chance avant
de réutiliser l'enregistrement?
M. Gret
(Xavier) : Écoutez, nous, en
ce qui nous concerne, c'est sûr qu'on préférerait qu'il n'y ait que deux chances, mais on pense qu'effectivement donner une chance, une deuxième chance, ça nous convient, sachant que
cette loi concède aussi un ensemble des établissements d'hébergement. Donc, je pense qu'effectivement on est d'accord
avec ça.
Mme
Rotiroti : Parfait. Juste... Je pensais que c'était ma
dernière, mais j'en ai juste un... j'ai juste une minute qu'il me reste. Une fois que la loi est adoptée,
il faut la mettre en oeuvre, hein, il faut que ça soit en vigueur. Est-ce que
vous souhaitez que ça rentre en
vigueur le plus rapidement possible? Est-ce que vous avez un certain délai
que vous voulez donner à l'industrie, justement, pour être capable de se
conformer à qu'est-ce que... aux changements qui vont être proposés et adoptés?
C'est quoi, votre opinion là-dessus?
M. Thibault (Dany) : Bien, ce qui
est unanime sur le territoire, madame, c'est que les hôteliers, ce qui est unanime partout, c'est que la grille d'évaluation
actuelle ne correspond pas à leurs besoins puis à leurs attentes. Donc,
ce qui a trait à la classification, une fois que c'est non obligatoire... il
faut mettre le chantier... Nous, on va collaborer avec le mandataire pour s'assurer que le chantier de la révision de la
grille se fasse rapidement et adéquatement et soit distribuée rapidement
pour que des évaluations puissent se faire de façon structurée, en tenant
compte des critères qu'on a évalués pendant
notre présentation, parce qu'à notre niveau je pense que c'est hyperimportant.
Pour le reste, sur l'hébergement collaboratif, plus vite, ça sera mieux.
Mme
Rotiroti : Parfait. Merci beaucoup, M. Thibault,
M. Gret. Merci beaucoup pour votre présence aujourd'hui.
M. Gret (Xavier) : Merci à vous.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. Nous poursuivons l'échange, cette fois-ci, avec le député de
Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. Thibault. Bonjour, M. Gret. Merci d'être avec
nous aujourd'hui. J'aimerais continuer sur la thématique de l'hébergement
illégal, là, suscitée par les multinationales telles qu'Airbnb, là. Ça a été
dit, on sait qu'à la fin de 2020, là, six mois après l'instauration d'une
nouvelle réglementation unique, là, comme
vous le dites, là, mais qui est certainement une avancée, là, il y aurait
autour de 6 000... 6 130,
en fait, annonces sur Airbnb, particulièrement pour la région de
Montréal, là, et seulement 128 enregistrements, là, donc, disons, un taux
de rendement très faible, même si c'est un bon règlement, là.
Donc là, on a le choix, là, soit mettre en place
toute une armée d'inspecteurs de Revenu Québec, là, pour pourchasser les
annonces illégales qui n'ont pas de numéro d'enregistrement, ou peut-être, plus
simplement, là, d'exiger des compagnies que, pour faire paraître une annonce,
il y ait un numéro d'enregistrement. Entre les deux, qu'est-ce que vous
préférez?
M. Gret (Xavier) : Je vais la
prendre, Dany, celle-là. Moi, je préférerais les deux, là, quitte à avoir,
là... Je préférerais avoir les deux, à savoir que, justement, il y a eu un
jugement qui a été fait en Europe, notamment avec Paris, parce que les gens ne
mettaient par leur numéro, ou la plateforme — c'était Airbnb — ne
respectait pas la réglementation de mettre le numéro d'enregistrement sur leur
site Internet, donc la responsabilité du Airbnb de mettre le numéro
d'enregistrement et d'accepter uniquement des gens qui ont un numéro
d'enregistrement. Je pense que les deux parties doivent jouer le jeu. Je pense
que les individus doivent avoir l'enregistrement et leur numéro
d'enregistrement, et je pense que les plateformes doivent aussi jouer le jeu et
n'avoir que des gens qui ont un numéro d'enregistrement sur la plateforme
collaborative.
M. Fontecilla : Est-ce que vous
recommanderiez au gouvernement du Québec, là, d'inciter et d'obliger même, de
façon législative, ces plateformes-là à exiger un numéro d'enregistrement pour
publier ces annonces-là?
• (15 h 30) •
M. Gret (Xavier) : Je pense que
c'est une idée qui pourrait être souhaitable, sachant que, vous savez, cette
loi-là, moi, je le travaille depuis 2016. Depuis 2011, on fait des
représentations. C'était le projet de loi n° 67. Il y a eu beaucoup
d'évolution dans le projet de loi et dans cette loi-là. Et il va y en avoir
d'autres, parce qu'il y a d'autres phénomènes. Avec la numérisation qu'on connaît
présentement, on est en pleine évolution, et ça change tout le temps. Donc, il
faut que le législateur soit aussi agile, là, on parlait d'agilité tantôt, là,
il faut qu'il soit agile aussi pour répondre à ça.
Alors, je pense que oui, ça peut être une prochaine
étape, mais présentement, ce qu'on a, ça nous convient. Et reste à voir si les grands joueurs vont jouer le
jeu. S'ils le jouent, peut-être qu'on n'aura pas besoin d'encadrer législativement. Mais je pense que c'est une idée
qui serait une bonne direction pour nous, effectivement, d'imposer ça aux...
M.
Thibault (Dany) : Si on a
réussi à leur faire collecter la taxe sur hébergement, chose qui se fait maintenant,
je ne verrais pas pourquoi on ne serait pas capable éventuellement d'avoir une
législation qui nous permet d'avoir une obligation d'avoir le numéro d'enregistrement pour pouvoir s'inscrire et
ainsi collecter ce... vendre sur leur plateforme. Je pense que c'est
certainement quelque chose qu'il faut évaluer.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci pour cet échange. Nous poursuivons maintenant avec la députée de
Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. En fait, je cherche quelle question je pourrais bien poser après le gros tour de table
qu'on vient de faire là. D'ailleurs, votre présentation m'avait beaucoup
éclairée pour me faire une tête sur le projet de loi, votre vision, et tout ça.
Donc, je vous remercie pour...
Une voix : ...
Mme Perry Mélançon : En fait, je
voudrais simplement vous poser une dernière question qui est — parce
qu'on n'en a pas parlé encore : Ce serait quoi, votre vision sur un modèle
d'affaires comme Sonder?
M. Thibault (Dany) : On va la
laisser à Xavier celle-là.
M. Gret (Xavier) : Bien, je les
connais bien. Écoutez, moi, je pense que, Sonder, c'est un modèle d'affaires
innovant, moderne, qui respecte les lois et les réglementations. Eux collectent
la taxe sur l'hébergement, collectent toutes les taxes, donc on ne peut pas
dire qu'ils ne sont pas sur la même patinoire que nous, et c'est sûr qu'ils
bousculent un peu les traditions en ayant... Puis, vous savez, ce qu'ils
déploient peut inciter aussi notre industrie, en termes de pénurie de main-d'oeuvre, d'utiliser des choses qu'ils font.
Quand on parle de concierge virtuel, quand on parle d'accès
à la chambre sans clé, évidemment, les grosses bannières travaillent
là-dessus aussi, hein. Donc, c'est des choses
qui se font. Et puis aussi les hôtels indépendants travaillent dessus. Alors,
je pense qu'au contraire c'est une entreprise
innovante qui va de l'avant, qui respecte toutes les lois et les
réglementations qu'on a au Québec présentement. Alors, je ne vois pas l'enjeu qu'on a avec Sonder présentement et créer
de l'employabilité, aussi, à Montréal, là. Il y a beaucoup d'emplois à Montréal
avec Sonder. Donc, ils paient leurs impôts ici, hein.
Mme Perry Mélançon : Bien, merci. En
fait, c'est un concurrent, mais un concurrent loyal. Donc, on a bien vu aussi
que c'était innovant, puis que ça nous a pris un petit peu de court de les
entendre en commission. Dernière question : Est-ce qu'on devrait avoir des
droits acquis si le zonage municipal change? C'est quoi votre perception par
rapport à ça?
M. Thibault (Dany) : Non, vous devez
rentrer dans le cadre que la municipalité... surtout si vous opérez à l'intérieur du cadre législatif, moi, je pense
qu'il y a... Sonder, c'est un bel exemple, la compétition, ça nous rend
meilleurs, madame, quand c'est fait
de façon organisée et structurée, que tout le monde est sur la même patinoire.
C'est pourquoi ça nous force à être meilleurs, nous, les opérateurs.
Mme Perry Mélançon : C'est ça. Oui,
oui, oui.
M. Thibault (Dany) : Donc, en bout
de ligne, la législation elle est là pour être respectée par tous. Si ça change, savez-vous quoi? Bien, c'est de valeur,
là, à moins que ce soit un édifice patrimonial, là, dans le cadre historique,
là, puis même encore il devrait y avoir les mêmes obligations
d'encadrement au niveau de son positionnement puis de
l'encadrement municipal. Il n'y a aucune nuance à faire.
Mme Perry Mélançon : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. Merci, M. Gret et M. Thibault. C'est tout le temps que
nous avons pour vous entendre. Alors, merci sincèrement pour votre contribution
au mandat de la commission.
Écoutez, ayant terminé...
Une voix : Merci
beaucoup.
Mémoires déposés
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
merci. Ayant terminé notre mandat, la commission... D'abord, on doit d'abord terminer en déposant les mémoires, si vous
voulez, des personnes et des groupes que nous n'avons pas entendus.
Donc, je les dépose officiellement.
Je remercie
tout le monde, Mme la ministre, ainsi que les députés, ainsi que les collègues.
Merci. Merci de votre collaboration, les assistants, pour avoir assisté
à ce mandat de la commission.
Et, ayant
terminé, justement, notre mandat, nous ajournons nos travaux jusqu'au jeudi
26 août, à 9 h 30, où on va entreprendre un autre mandat
ou du moins continuer le mandat. Merci.
(Fin de la séance à 15 h 34)