(Neuf heures trente et une minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour. Votre attention, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de Commission de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le
régime de santé et de sécurité du travail.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Provençal
(Beauce-Nord); M. Jacques (Mégantic) est remplacé par M. Poulin
(Beauce-Sud); et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par
M. Gaudreault (Jonquière).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail.
Tel que mentionné hier, et je le répète, l'étude des articles... pardon, 238,
la section Atteinte auditive, 117, 126, 22, 85 et 234, suspendue, l'étude de
ces articles...
Alors, lors de notre ajournement de nos travaux,
hier, nous en étions à l'étude d'un amendement à l'article 116 qui a été
présenté par le ministre. Y a-t-il des interventions? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui, Mme la Présidente.
On va acheminer un texte au ministre, là, avant de le déposer, pour qu'on
puisse en discuter.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Donc, je comprends que vous aimeriez une petite suspension pour
pouvoir en discuter avec le ministre. C'est bien.
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 32)
(Reprise à 9 h 41)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, attention, s'il vous plaît! Alors, je comprends, député d'Hochelaga-Maisonneuve, que vous voulez déposer un sous-amendement. Alors, vous pouvez le lire, s'il vous plaît, et l'expliquer, s'il y a lieu.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Le sous-amendement va comme suit :
L'amendement à l'article 116 du projet de loi
est modifié par le remplacement du paragraphe 1° par le paragraphe
suivant :
1° remplacer le paragraphe 1° par le
suivant :
«1° ajouter une nouvelle maladie au Règlement
sur les maladies professionnelles et déterminer les conditions particulières en lien avec cette nouvelle maladie
aux fins de l'application de la présomption de maladie professionnelle
prévue à l'article 29, chaque fois que le comité scientifique recommande un tel
ajout en vertu de l'article 348.2, dans un délai de six mois de la
transmission de la recommandation du comité à la commission;».
Le sous-amendement que je présente, Mme la
Présidente, a deux objectifs. Le premier, c'est de vraiment circonscrire, en
quelque sorte, encadrer le pouvoir de la CNESST pour s'assurer qu'elle ne
retire pas des maladies de la liste des maladies qui a déjà été adoptée, là, à
l'exception du bout sur la surdité qui est suspendu, et aussi ne pas rajouter
des conditions à la liste des présomptions.
En quelque sorte, on avait eu des discussions
verbales, des discussions à micro ouvert, comme on va en avoir une tantôt avec le ministre, au moment où on a eu,
donc, les fameuses listes, là, à l'étude, et le ministre avait clairement
dit, là, qu'il était prêt à ce que ces listes-là soient figées, en quelque
sorte. Parce qu'encore une fois, vous le savez, l'historique de la CNESST et
son ancêtre, donc la CSST, ce n'est pas un historique de nouveau droit, ce
n'est pas un historique de développement de
nouveau droit, de nouvelles frontières, c'est plutôt un historique de
restrictions. Et, en ce sens-là, on s'inquiète que cette culture-là demeure
malgré les changements structuraux, là, qu'on a apportés au C.A. avec le vote prépondérant de la présidence et la
distinction du poste de présidence et de directeur ou de directrice générale.
Tout ça pour dire que cette culture-là, à notre
avis, doit changer. Et on veut l'aider à changer, en quelque sorte. Alors, on
vient encadrer le fait qu'il ne sera pas possible de restreindre davantage les
maladies. D'ailleurs, vous vous rappelez peut-être, on a
même eu un débat, nous, on voulait élargir le nombre de maladies. On voulait la
connecter directement à la liste de l'OIT, l'Organisation internationale du
travail. Ça n'a pas été jugé recevable du côté du ministre.
Cela étant dit, à défaut de l'élargir à ce
point-là, il y a quelques maladies qui sont rajoutées dans le p.l., dans le
projet de loi, mais on veut s'assurer qu'il n'y ait pas de recul et que ça ne
soit pas une possibilité, même, que ça soit envisagé à la CNESST, qu'on change
cette culture-là, donc, de restrictions plutôt que d'élargissement des droits.
Il en va de
même avec toute la question des présomptions. Et ça, c'est notre deuxième
objectif avec l'amendement. Vous savez, il y avait... c'était une chose,
là, la liste des maladies reconnues, puis après ça il y avait toute la question
des présomptions qui fait en sorte qu'on peut plus facilement vous reconnaître
une maladie, que ça inverse le fardeau de preuve envers le patron, qui doit
démontrer que ce n'est pas en raison du travail que vous avez cette maladie-là
et non l'inverse. Ce n'est pas à vous de démontrer que c'est à cause du
travail. Très important, donc, la question des présomptions. Il y a eu quelques
modifications qu'on a discutées dans cette liste de présomptions là. Mais là
aussi on ne veut pas enlever... on ne veut pas que le C.A. de la CNESST puisse
enlever des présomptions ou commencer à rajouter
des conditions pour les présomptions. Alors, c'est un peu ça, notre logique.
Donc, ça, c'est comme le premier volet du sous-amendement.
Et l'autre volet qui, à mon avis, est fort
intéressant, et j'espère que le ministre pourra s'y rallier, c'est l'idée, encore
une fois, d'encadrer le pouvoir de la CNESST, le fameux pouvoir réglementaire
qu'on consacre aujourd'hui. Vous savez, quand on a eu la longue discussion sur
rattacher, donc, la liste des maladies à celle de l'OIT, le ministre dit :
Non, non, pas besoin, on a un comité scientifique qui va tout gérer ça, qui va
avoir l'étude de l'ensemble des nouvelles maladies qui sont... qui apparaissent
dans le radar de l'OIT ou dans d'autres pays et devra faire des recommandations.
Soit. Mais ce n'est pas une recette nouvelle. En tout cas, ce n'est
certainement pas complètement nouveau comme recette. Ça fait des années qu'il y
a des nouvelles maladies qui sont rajoutées à l'OIT puis qu'il y a des gens qui
les proposent à la CNESST, qui les soumettent, qui les soumettent.
Le problème, ça n'a jamais été la crédibilité scientifique
de cette liste-là ou de cette nouvelle maladie là. Le problème, ça a toujours
été un blocage politique du côté patronal au C.A. de la CNESST. C'est le défaut
de la qualité du paritarisme. C'est que, quand il y en a un des deux qui n'est
pas d'accord, ça bloque. Et une des raisons, en fait, la raison que tout le
monde connaît dans le milieu pour laquelle on n'a jamais progressé dans la
couverture des secteurs prioritaires,
pourquoi on n'a jamais progressé dans l'élargissement de la couverture des
maladies professionnelles, bien, c'est ce fameux blocage.
Or, si on est pour donner un rôle important au
comité scientifique de crédibiliser, en quelque sorte, cette liste-là et
crédibiliser la CNESST, ce à quoi je peux souscrire dans une bonne mesure,
bien, il va falloir qu'il y ait le trait d'union qui manque, à savoir le
résultat des études du comité scientifique, il doit être mis en pratique, il
doit être appliqué rapidement par le C.A. de la CNESST. Et ce trait d'union là,
il n'apparaît pas dans le projet de loi. On le prend pour acquis. Mais peut-être que ça a été l'erreur de mes prédécesseurs dans
les années 70 et 80, de prendre pour acquis que, par la simple
bonne foi des parties, tout progresserait puis qu'on... en quelques années,
comme c'était supposé être le cas au début, les six secteurs prioritaires
seraient couverts. On n'y est jamais arrivé 40 ans plus tard.
Alors, moi, je pense qu'il ne faut pas répéter
cette erreur-là de prendre pour acquis que ça va bien aller, de prendre pour
acquis que l'évidence scientifique va s'imposer. On le voit bien, dans le débat
de société en ce moment sur le vaccin, que l'évidence scientifique est loin
d'être une chose qui s'impose d'elle-même. Alors, ce qu'on propose, dans le
fond, via cet amendement-là, c'est qu'il y ait un délai maximal de six mois
pour lequel... avec lequel le C.A. devra jongler. Après six mois d'une recommandation
du comité scientifique, il doit adopter la modification qui est proposée. En
bon français, «chop-chop», il faut que ça bouge. Et on ne peut pas se contenter
d'espérer que le C.A... Même avec sa nouvelle mouture, avec le vote
prépondérant de la présidente, on ne le sait pas, comment ça va fonctionner.
Moi, je ne suis pas prêt à tout miser là-dessus. C'est une approche que le ministre
a proposée, on verra ce que ça donne, mais je ne veux pas répéter l'erreur de
mes prédécesseurs de croire que tout va bien aller et que tout va bien se
passer. Il faut que cette liste-là soit vivante.
On a décidé, le ministre a décidé, et on l'a suivi
là-dedans, de donner un rôle fort au comité scientifique. Il faut que ça ait
une conclusion, il faut que ça ait un effet d'avoir donné ce pouvoir-là au
comité scientifique. Et l'effet le plus simple et le plus clair, c'est de
donner un délai maximal pour lequel le C.A. va devoir appliquer ça. Et c'est une logique qu'on est en train d'explorer
pour d'autres sujets, là. On a déjà parlé ici, à micro ouvert, de délai à
donner pour x ou y règlement. Il faut que ça soit... Il faut que le C.A. se
dépêche à adopter tel règlement pour
telle affaire.
Donc, ce n'est pas quelque chose de complètement
farfelu que j'invente. Ça se base sur d'autres sujets qu'on a déjà abordés
précédemment. Et là on trouve que c'est le bon moment de rajouter cet
encadrement-là pour être certains de l'efficacité du travail qui doit être fait
par le comité scientifique et qu'on ne vienne pas, dans le fond, produire une
nouvelle usine à rapports tablettés. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
• (9 h 50) •
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Bon matin, tout le monde. L'amendement vise à élargir
le mandat du comité scientifique. Son mandat, ça a été discuté lors de l'étude
détaillée, c'est un mandat de recommandation et de conseil.
Là, par votre texte, vous obligez la commission
à donner suite à cette recommandation-là, alors qu'un règlement... il faut
s'assurer que les chartes soient respectées et que les dispositions
législatives impératives le soient.
Je veux simplement rappeler que ce n'est pas une
invention de notre commission parlementaire. Ça découle de recommandations du
Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, parce que c'était dans
une annexe, c'était coulé dans le béton puis ça n'a pas
évolué. Maintenant, que ce soit dans un règlement, puis c'est la raison pour
laquelle, à 116, on dit «la commission doit adopter le règlement», c'est pour
rendre opérationnelle la liste des maladies professionnelles présumées.
Mais le mandat, il
est clairement défini et discuté abondamment, puis c'est à peu près le même
libellé que la recommandation 34 du Comité consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre : «Créer un comité scientifique indépendant [pour faire] une
vigie scientifique sur les nouvelles études [puis analyser] les relations
causales entre les maladies puis les contaminants.» Et vous avez ça, de façon
similaire, à 348.2 : «[...]comité a pour mandat de faire des recommandations et de conseiller le ministre ou
la commission en matière de maladies professionnelles,
notamment», puis là le mandat est défini de façon très détaillée.
Et, à 348.3, une
autre barrière qu'on avait convenue, c'est de rendre ces recommandations-là
publiques, mais pas de lier nécessairement la commission. C'est sûr qu'il y a
une force qui découle de l'indépendance, de l'objectivité et de l'expertise de
ces membres-là, qui sont bien identifiés dans un article qui suit, mais de dire
«doit», que la commission doit ajouter, à la liste des maladies professionnelles,
toutes les recommandations pour des raisons qui peuvent être évaluées, ce n'est
pas nécessairement toujours le cas. Ça fait que, pour cette raison-là, parce
que ça vise à élargir le mandat du comité scientifique, cet amendement-là, moi,
je... on ne peut pas l'accepter.
Mais
je comprends très bien ce que vous dites. Puis, peut-être pour vous rassurer,
c'est sûr que, quand il va y avoir une recommandation, il va avoir des
discussions, ça va être rendu public. Puis, si ce n'est pas ajouté... on en
avait parlé sur le fond, lors de l'étude détaillée, de ces articles-là, ça va
prendre des raisons quand même assez imposantes pour ne pas y donner suite.
Mais, quand même, je ne veux pas qu'un pouvoir de recommandation se transforme
en un pouvoir pour un comité scientifique, comme donner à ce comité
scientifique là, indépendant, le pouvoir de faire des règlements.
Et, dernier point,
l'autre recommandation du Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
donc il y a un consensus entre les patrons puis les syndicats, on disait :
«Abroger l'annexe I de la Loi [...] et conférer à la Commission des
normes, de l'équité, de la santé et sécurité [...] le pouvoir de créer un
règlement évolutif sur les maladies présumées professionnelles, incluant les
seuils, les durées d'exposition et autres, lorsqu'applicables.» Donc, c'est tout à fait respectueux de la philosophie et
de la lettre des recommandations 33 et 34 du comité consultatif. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Prenons un exemple. Le cancer des pompiers, on en a discuté abondamment, là,
quand on était dans la liste, la révision de la liste. Ça fait des années, mais
des années qu'elle est recommandée pour être rajoutée à la liste. Puis ça, ce
n'est pas par manque d'études, là. Il y en a, des études. Puis ça s'empile,
puis ça s'empile. Puis il y en a, des
représentations à l'extérieur, à l'intérieur de la CNESST. Ce n'est pas quelque chose qui est tombé
des nues, là, c'est quelque chose qui
s'est bâti, là, sur des décennies, même. Je donne juste un exemple, le cancer
des pompiers, qui est probablement un des plus connus, là, bien, le
système qui était en place n'a pas fonctionné, n'a pas permis une mise à jour
réelle et substantielle de cette liste de maladies comme elle était supposée de
le faire.
Le nouveau système
que vous nous présentez est à toutes fins pratiques le même que l'ancien parce
que ce n'est qu'un pouvoir de recommandation. La seule chose qui change entre
l'ancienne version et la nouvelle version de ce système-là, c'est le comité
scientifique qui rajoute, dans le fond, un rapport de plus sur la pile. Mais la
pile, elle est déjà là. La pile de rapports scientifiques, elle est déjà
présente sur plein de sujets. Puis là il y a un comité scientifique qui va
rajouter un rapport. Bien, tant mieux, là, un rapport de plus. Mais ce rapport
de plus là, en quoi va-t-il faire complètement changer la balance par rapport à
la pile de rapports qui existe déjà?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : M. le ministre.
M. Boulet :
Bien, moi, je n'ai pas d'autre commentaire, sauf que de dire qu'avant il n'y
avait pas de conditions particulières. Il y avait l'identité d'un diagnostic,
puis il y avait un travail, puis il n'y avait pas de conditions particulières.
C'est une des raisons pour lesquelles on a pu rajouter les cancers des
pompiers, notamment, si on pouvait dire une lésion musculosquelettique puis tel
type de travail, alors qu'il y a, comme vous le savez, dans la liste des
maladies professionnelles présumées que nous avons améliorée, mise à jour, des
conditions particulières.
Mais, ultimement, ce
qu'on a fait est respectueux du consensus établi au Comité consultatif du
travail de travail et de la main-d'oeuvre.
Et le texte proposé par mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve modifie la discussion, élargit le mandat
du comité scientifique, ce que nous ne pouvons pas faire. Nous l'avons discuté
en long et en large, ce mandat-là, puis les articles auxquels je faisais
référence ont déjà été adoptés.
M. Leduc :
...pas du tout à votre interprétation de mon sous-amendement, là. Le mandat du
comité reste le même, c'est celui de faire une recommandation. Il n'y a aucun
changement à ce niveau-là. Ce qui change, c'est le pouvoir réglementaire du
C.A., c'est ici qu'on vient jouer, qui reçoit cette recommandation-là et qui ne
pourra plus faire semblant qu'elle n'existe pas, comme il l'a fait sur plein de
sujets, parce que... Vous êtes d'accord avec moi, l'IRSST, l'institut de
recherche de santé et sécurité, il en produit, des rapports, à la tonne, là,
année après année, n'est-ce pas? Oui? L'IRSST en produit, des rapports sur
plein de sujets, dont les nouvelles maladies. C'est des rapports qui
s'empilent, qui s'empilent sur des décennies. En quoi le rapport du comité scientifique
va faire pencher la balance plus que les autres rapports, les dizaines d'autres
rapports sur plein d'autres maladies?
M.
Boulet : Bien, vous le
voyez, là, puis je ne veux pas reprendre l'article, là, mais le comité scientifique, il est indépendant. L'IRSST, c'est un organisme paritaire, ce n'est
pas du tout la même chose. Et, dans la recommandation 34
du comité consultatif, on précisait bien que c'était indépendant. Et le mandat,
dont nous avons bien délimité les paramètres à 348.2, est exactement de même
nature, c'est de faire de la vigie scientifique, de faire des analyses, de soumettre des recommandations. Et après ça
ce n'est pas d'imposer ou de transformer ce pouvoir de recommandation là en pouvoir lié, c'est-à-dire imposer à la commission ou au ministre
de faire un règlement qui donne suite à cette recommandation-là. C'est dans
cette mesure-là que ça élargit la disposition.
Là, ce que nous faisons à 116, encore une fois,
comme 115, ce n'est qu'un reflet, ce n'est qu'un miroir. Ici, dans le cas du
devoir de faire un règlement — c'est la raison pour laquelle c'est à
116, on doit — c'est
parce que c'est l'article 29, il faut qu'il rencontre les conditions
particulières, en lien avec cette maladie, prévues par règlement. Ça, c'est un article adopté, et, pour ces
raisons-là, on ne peut pas dénaturer ou refaire le débat que nous avons déjà
complété.
M. Leduc : Moi, ce qui m'achale dans
tout ça, M. le ministre, c'est que vous placez toute votre confiance dans une
structure qui a échoué, depuis 40 ans, à moderniser la liste. Le
paritarisme, il est important de le préserver pour
toutes sortes de bonnes raisons, mais il n'est pas parfait, le paritarisme, il
a plein de défauts. Un des défauts qu'on a déjà soulevés ici, c'est le fait qu'il ne représente
pas les travailleurs non syndiqués. L'autre défaut, c'est quand il y a une des deux parties qui s'objecte à
une mise à jour, à une avancée pour les travailleurs et travailleuses, ça
bloque. Et c'est exactement ça qui s'est
passé, et rien, mais absolument rien nous garantit ou nous laisse croire que ça
va changer.
Vous dites que j'ai donné un nouveau pouvoir de
vote prépondérant à la présidence du C.A. D'accord. La présidence du C.A. puis
la D.G., ils vont quand même être nommés par un processus paritaire, ils vont
quand même être redevables ou, en tout cas,
vouloir garder des bonnes relations avec les deux parties. Pourquoi ils vont
commencer à trancher, eux autres, des conflits, l'arrivée entre les deux
parties prenantes? Moi, j'ai bien l'impression qu'il est possible, puis ça,
seul l'avenir nous le dira, qu'ils décident de rester neutres ou de s'abstenir
dans bien des cas. Ça va redevenir le même pattern qu'avant où ça va être la
patate chaude qui va retourner dans votre bureau, et vous allez être obligé de
trancher probablement à sa place pour éviter ça. Et je pensais que vous
apprécieriez ne pas avoir toutes ces patates
chaudes sur votre bureau. Je pensais vous offrir une porte de sortie
intéressante, c'est que le C.A. est
obligé de se saisir de ces rapports-là.
• (10 heures) •
M. Boulet : Il est obligé d'en faire
un règlement. Ce qui est important, là, c'est que l'ajout ou la possibilité d'identifier des conditions particulières va
permettre à ce règlement-là d'évoluer. Je le répète, une annexe, ça fait partie
intégrante d'une loi. Et le grand échec, collègue d'Hochelaga-Maisonneuve,
c'est d'avoir laissé ces deux lois-là, pendant
40 ans, coulées dans le béton, sans aucun changement, malgré l'évolution
des risques en milieu de travail, malgré l'absence totale de mécanisme
de prévention et de participation des travailleurs dans la vaste majorité des
secteurs d'activité économique au Québec. C'est facile de dire : La CNESST
aurait dû ou aurait pu. Ils ont fait beaucoup. Puis on va faire venir les membres du C.A. de la CNESST. Vous les
connaissez, c'est des personnes hypercompétentes. Si on se mettait un
jour à identifier le bilan puis mettre du côté des actifs les règlements puis
les bonnes choses qui ont été faites à la
CNESST, on serait tous étonnés. On a souvent l'habitude d'abord de critiquer,
mais il faut apprendre aussi à louer le capital humain qui est derrière
les décisions puis derrière les processus.
Ici, la réalité, là, c'est que, pendant
40 ans, ça n'a pas changé. Puis, avec ce que nous avons adopté dans le
processus... dans la révision du bloc Indemnisation, on a rajouté combien de
cancers de pompiers, combien d'autres maladies professionnelles présumées? Les
troubles de stress post-traumatiques, c'est 67 % des lésions à connotation
psychologique. C'est rajouté dans la liste des maladies professionnelles
présumées. En quelques mois, collègue, on a fait
évoluer considérablement cette liste de maladies professionnelles présumées. On
a adopté... il y a la maladie de Lyme, la maladie de Parkinson suite aux
représentations faites par le collègue de Nelligan, les représentations qui ont
été faites sur la maladie de Lyme par notre collègue du Parti québécois qui
précédait notre collègue de Jonquière. On a rajouté,
on a bonifié, on a toujours considéré notre projet de loi comme étant
perfectible. Comptez le nombre de maladies professionnelles que nous
avons ajoutées.
La meilleure façon de faire évoluer un règlement
à saveur scientifique, c'est de créer un comité d'experts, ce que nous avons
fait, ce que le Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre nous a
recommandé. Puis, vous le savez, il y a des experts en santé-sécurité, tant du
côté syndical que patronal, qui siègent au Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. C'est la meilleure
façon, de manière souple et efficace, de faire évoluer ce règlement-là,
cette liste-là.
Tout ce que je dis, c'est que le mandat, on
l'avait déjà discuté, on l'avait déjà convenu, c'est un mandat d'analyser, de
faire des recommandations puis de faire des conseils. On ne peut pas, ce matin,
par un amendement qui ne concerne qu'une habilitation réglementaire, imposer un
pouvoir ou un devoir... ou on appelle ça un pouvoir lié, en droit, à la
commission, ou au ministre, ou au gouvernement de faire... d'imposer de faire
un règlement de... et transformer la recommandation en règlement. Ce n'est pas
le mandat qui est confié au comité scientifique. Puis, je le répète, là, il
faut lire les recommandations n° 33 et n° 34. Puis ce que nous avons
adopté, c'est, dans son essence, exactement ce qu'il y a dans le rapport du
Comité consultatif travail et main-d'oeuvre.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je ne ferai pas ma critique
de l'économie générale du projet de loi, là, on a... je l'ai faite à plusieurs
reprises. Je me contenterai de dire que, si, après 40 ans d'inactivité
partagée autant par les acteurs... Et moi, je vise très
clairement, sans aucun problème et aucune gêne, les acteurs patronaux de la
CNESST et différents partis politiques ici présents à l'Assemblée nationale.
Si, après 40 ans d'inaction, tout ce qu'on se contente de faire, c'est de
rajouter quelques lignes à une machine qui ne se modernise pas elle-même, bien,
on n'a pas réglé le problème à moyen et long terme, on l'a tempéré à court
terme.
Moi, je ne suis pas
ici en train de cracher puis de dire que tout ce qu'on a fait à date, c'est
juste de la bouette, là. J'ai des sérieuses critiques sur votre projet...
D'ailleurs, il y a un nouveau syndicat qui est sorti, hier, pour commencer à
dire qu'il serait peut-être temps de penser au rejet du projet de loi, c'est la
FTQ-Construction. Je ne lirai pas au complet leur communiqué, mais il se
rajoute aux métallos. Ça fait deux gros syndicats qui commencent à parler d'un
rejet... pas qui commencent, qui parlent d'un rejet du projet de loi. Au début,
il n'y en avait aucun, après ça les métallos, là il y a la FTQ-Construction. On
verra ce qui se passera dans les prochains jours, mais la pression commence à
augmenter. On imagine que plus les centrales vont parler de rejet, plus il est
possible que même les groupes patronaux commencent à invoquer un rejet eux
autres aussi. À suivre là-dessus.
Moi, ce que je sais, c'est
que la machine, elle est difficile à faire bouger pour des raisons politiques,
pour des raisons de confrontation patronale et syndicale, le bon vieux conflit
entre le capital et le travail, comme disait la commission spéciale, je pense,
des années 1910 ou 1920 à un autre siècle, à une autre époque. C'est cette
dynamique-là fondamentale qui est au coeur du paritarisme, comme je le
disais tantôt, mais c'est cette dynamique fondamentale qu'on n'est pas arrivés
à dépasser avec l'ancienne mouture de l'échafaudage qu'on a mis en place pour
traiter la question de la modernisation.
Là, votre projet de
loi rajoute quelques lignes, on en a débattu abondamment, c'est intéressant,
tant mieux. Il était temps, j'oserais dire, mais qu'en est-il de l'avenir dans
cinq ans, dans 10 ans, dans 15 ans? Parce que je suis pas mal certain
que, peu importe la couleur des gouvernements qui vont vous succéder ou peu
importent les ministres qui vont vous
succéder, à voir le nombre d'heures que ça prend pour moderniser la santé et sécurité et toutes les embûches que ça représente, je ne suis pas sûr que
ça va être en haut de l'ordre de réformes parlementaires des prochains gouvernements. Quand sera la prochaine révision de la SST, d'aventure, si on l'adopte, même si, d'aventure, on
la rejette? Finalement, quand sera la prochaine réforme? Dieu seul le
sait, peut-être même pas dans cette décennie, là, peut-être dans une autre décennie. Alors, autant bien faire
les choses maintenant et s'assurer qu'on ne fait pas que la moitié du chemin,
et que la machine soit bien réformée, et
qu'elle roule sensiblement plus rapidement que ce qu'elle a fait depuis
40 ans.
Et là la recette que
vous nous proposez, à mon avis, c'est le statu quo. Il n'y aura pas de... il
n'y aura rien qui va obliger le C.A. de la CNESST à prendre le rapport qui
propose scientifiquement... C'était ça, votre argument. Votre argument, c'est
de dire : Il faut sortir de la politique, il faut se baser sur la science.
Rien ne va obliger les politiciens, parce que c'est ce que c'est, un C.A. de
patrons et de syndicalistes, ça reste une forme de politicien, rien ne les...
obligera, pardon, à mettre en pratique ces recommandations-là, scientifiques,
absolument rien. Qu'est-ce qu'on fait avec ça? La machine reste la même.
• (10 h 10) •
M. Boulet :
Je suis quand même assez étonné, parce que ce que je vous ai mentionné, c'est
qu'on a fait des pas considérables en avant. Et, vous savez, c'est une réforme
où il y a une convergence d'intérêts parfois communs, d'intérêts parfois
divergents. Ce n'est pas parce que la tâche est exigeante que ça doit nous
freiner. Et, qu'on soit un syndicat ou une association patronale, il y a une unanimité
quant à la nécessité de réformer ces lois-là. Chacun a une direction, chacun représente des groupes, ce n'est
pas parce qu'il y a une diversité d'intérêts que ça doit nous
empêcher de réformer.
Est-ce que ce sera
une réforme parfaite? Je vous ai souvent dit non. Est-ce qu'elle sera
perfectible? Oui. Le 40 ans d'inaction
fait en sorte que cette réforme-là est plus tentaculaire, mais ce n'est pas parce qu'elle l'est ou qu'elle est plus complexe que ça doit nous freiner. Et,
quand la FTQ dit : Pour qu'on soit moyennement satisfaits, ça prend encore
des amendements, moi, j'écoute ça, ce langage-là, puis je trouve que c'est un langage
raisonné que le leader, ou que des leaders, ou que des personnes de la FTQ...
Jean, tu as encore des amendements à faire. Moi, je vis avec ça, que quelqu'un me dise : Oui, il y a peut-être
des personnes, du côté patronal ou syndical...
gardons donc le statu quo. Oui, il y aura toujours des partisans
de : maintenons le statu quo.
Mais est-ce que ces
partisans-là du statu quo nous ont entendus quand on a créé le comité
scientifique, quand on a eu les discussions qu'on vient d'avoir? Parce que j'ai
l'impression de revenir deux mois et demi en arrière, parce que, là, on ne
parle que d'une habilitation réglementaire. Mais est-ce que ces gens-là nous
ont écoutés quand on a rajouté les troubles
de stress post-traumatique, la maladie de Lyme, la maladie de Parkinson, les
neuf, 10 cancers de pompiers,
quand on a créé le comité scientifique, quand on a répété à plusieurs reprises
qu'il fallait que cette liste-là évolue en tenant compte de la science?
Parce que ce n'est
pas le ministre du Travail, ou le député d'Hochelaga-Maisonneuve, ou peu
importe notre statut, qui va dire... à moins
d'avoir l'expertise, là. Parce que c'est sûr qu'à l'Organisation internationale
du travail il peut en avoir beaucoup, mais il faut toujours comparer les
pommes avec des pommes. Nous, ici, il y a des présomptions de maladies professionnelles présumées. Il y en a
d'autres, maladies professionnelles, mais il n'y a rien qui empêche la
présomption, ce n'est rien qu'un fardeau de preuve. Bon, mon collègue de
Jonquière est... sait qu'une présomption ça facilite la preuve pour un
travailleur, mais ce n'est pas parce que la présomption ne s'applique pas. Même
si la présomption s'applique, l'employeur peut renverser la présomption. C'est
une présomption relative, ce n'est pas une présomption absolue et ce n'est pas
parce que la présomption ne s'applique pas qu'on ne peut pas démontrer que c'est caractéristique du travail ou relié au
risque particulier du travail. Et le Tribunal
administratif du... il est l'arbitre final, l'arbitre ultime. Puis il y en a en masse. Ce n'est pas parce que 29 ne
s'applique pas que 30 ne peut pas s'appliquer. Puis, tu sais, le processus de démonstration de ce qui
est caractéristique du travail ou relié aux risques particuliers du travail, c'est
assumé maintenant dans les preuves qui sont soumises à nos tribunaux.
Bon, je fais des détours,
là, puis j'en dis beaucoup, là. Je reviens sur le débat qu'on a eu, mais 116,
ce n'est qu'une habilitation réglementaire, ce n'est que ce que nous avons
adopté à 348, 342.3, puis je pourrai convenir... mais que tous ceux qui nous ont entendus depuis le début conviennent
qu'ils ne sont pas d'accord avec tout, mais on a cheminé. On a fini le bloc Gouvernance, ce qui n'est pas négligeable. Il
y a 30 articles. C'était une gouvernance qui était dépassée, puis
je pense qu'on est allés rondement dans la révision des règles de gouvernance.
Puis l'indemnisation, ce n'est pas parfait, mais
ce n'est pas parfait pour personne. Puis on parle des syndicats souvent puis des travailleurs, mais il ne faut pas
oublier les PME aussi. Puis les PME, ils ont aussi des insatisfactions.
Eux s'attendent à un régime qui soit souple, efficace, et ils assument les
cotisations. Puis...
Une voix : ...
M. Boulet : Les travailleurs non
syndiqués, puis les entreprises, même les microentreprises. Donc, il y a les
PME, les grandes entreprises, tout le monde est concerné, en plus des
fournisseurs, des associations médicales puis des... Mais moi, je pense qu'on a
trouvé un bon équilibre. Ce ne sera pas parfait. Puis, bon, dans quatre ans ou
dans cinq ans, quand on aura fait un rapport
de la mise en application, il y a des changements... Puis les lois, là, ce
n'est pas fait pour être coulé dans
le béton pendant 40 ans. Puis ça, je pense, qu'on soit un syndicat ou un
employeur, on le reconnaît. La nécessité de la réforme, je pense que ça,
ce n'est pas véritablement remis en question. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Je trouve ça très intéressant d'entendre le débat entre le député
d'Hochelaga-Maisonneuve et le ministre. Puis moi, je comprends le député
d'Hochelaga-Maisonneuve qui veut mettre de la pression, puis j'en suis aussi,
là, parce que c'est vrai qu'il y a eu beaucoup, beaucoup de tablettes, de
tablettage de rapports, des lésions, des maladies qui sont... qui n'ont pas
été... Souvent, le statut paritaire est un prétexte pour ne pas bouger, parce
qu'à partir du moment où il y en a un qui retire ses billes on stagne.
Puis je comprends également très, très bien le
député d'Hochelaga-Maisonneuve, qui dit : Bien, si on a des avis
scientifiques, bien, écoutons-les. Bon, je... Puis là le ministre réplique en
disant : Oui, mais on a fait ce débat-là aux
articles 101 et suivants, là, du projet de loi, en fait,
l'article 101 qui introduisait l'article... le chapitre X... X.1 puis
les articles 348.1 et suivants. Et là
le ministre nous dit : Oui, mais on a quand même avancé en créant le
comité scientifique. Et là, avec l'article 116, on n'est que dans
le pouvoir habilitant, le pouvoir réglementaire, l'habilitation du pouvoir
réglementaire.
Alors, je comprends tout ça. Puis le ministre
nous dit également... puis, je pense, c'est en vertu de 348.3, qu'on a créé
précédemment, on dit : La commission doit publier sur son site Internet
les avis et recommandations du comité scientifique qui concernent le projet,
qui n'ont pas déjà été rendus publics, etc. Puis là le ministre, au fond, nous
dit : Bien, ça, ça met une pression supplémentaire à la commission, parce
que, si la commission ne va pas de l'avant avec des avis du comité
scientifique, il n'y aura... il va y avoir une démonstration de ça. Les avis du
comité scientifique ou les recommandations, aussi, du comité pourront être
rendus publics, donc ça met une pression sur la commission. Parce qu'à partir
du moment où il y a un avis de la... il y a une recommandation du comité
scientifique, mais qui n'est pas suivie par la commission, ça... la commission
a à se défendre ou a à se justifier.
Alors, moi, je me demande si... considérant
qu'on est dans un article sur le pouvoir... sur l'habilitation du pouvoir
réglementaire, si on ne pourrait pas, au fond, profiter de ces articles-là,
116, pour donner un pouvoir réglementaire à
la commission sur l'encadrement de ses justifications de ne pas suivre un avis
scientifique. Autrement dit, est-ce que le pouvoir réglementaire, parce
qu'on est dans ces articles-là, ne pourrait pas ajouter un élément qui
dirait : Bien, il faut que la commission se justifie, il faut que la commission
se justifie de telle manière, il faut que la commission explique puis il faut
que la commission dise pourquoi elle n'a pas suivi une recommandation du comité
scientifique et pourquoi la commission,
et c'est ça, n'a pas suivi l'avis ou les recommandations du comité
scientifique. Et on pourrait même aller jusqu'à dire, dans un pouvoir
réglementaire, que le règlement fasse en sorte que la commission soit obligée
de revenir, éventuellement, ou de redemander un deuxième avis au comité
scientifique.
Alors là, on est dans le pouvoir réglementaire
qui viendrait dire à la commission comment justifier qu'elle ne suit pas un
avis scientifique. Alors là, on aurait peut-être une piste qui permettrait de
continuer de mettre de la pression sur la commission, d'habiliter la commission
également à adopter des règlements sur ses justifications de ne pas suivre un
avis scientifique.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. C'est important de redire que l'avis et recommandation doit être rendu public. Donc, dans la mesure où c'est connu,
les groupes d'intérêts vont pouvoir s'exprimer, les parlementaires vont
pouvoir s'exprimer, faire les débats qui s'imposent. Et le ministre... C'est
sûr qu'on n'écrira pas dans la loi : Le gouvernement doit justifier de ne
pas faire ce qu'un comité scientifique recommande. Puis je pense que mon
collègue de Jonquière le sait mieux que moi. Mais je pense que le meilleur
rempart, c'est effectivement le caractère public
de la recommandation. Puis, si on a l'occasion de travailler ensemble encore,
vous allez me dire : Jean, pourquoi pas? Puis pourquoi pas le
gouvernement? Puis, sur la place publique, il va y avoir des débats.
Je pense que, dans la réalité, puis ceci dit
avec circonspection, je pense que les recommandations, généralement, là, quand
on tient compte du caractère ou du statut d'expert de ces personnes-là qui sont
sur le comité scientifique, c'est toutes des personnes
hyperconnaissantes dans la matière... Je pense que, généralement, ça va être suivi. J'ai l'impression que la liste va évoluer
en tenant compte de ce que le comité scientifique va recommander. Puis,
cette mécanique-là, à mon avis, si elle ne donne pas de résultat, on
l'adaptera. Mais je veux juste vous rassurer que le caractère public
va protéger à peu près tout le monde et va permettre d'avoir un débat qui est
aussi public. Merci.
• (10 h 20) •
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, député de
Jonquière.
M.
Gaudreault : Bien, le
caractère public, j'en suis, là, je suis d'accord avec ça, mais, moi, ce que je
dis, c'est qu'on peut ajouter une obligation à la commission, de
justification, pourquoi elle ne suit pas les recommandations et les avis du
comité scientifique. Et ça, on pourrait le faire par pouvoir réglementaire en
disant : Le... J'essaie de retrouver la bonne formulation, là, mais :
La commission doit, par règlement, bon, bien, expliquer pourquoi elle ne suit
pas les recommandations et les avis du comité scientifique et adopter un
règlement sur un délai raisonnable pour redemander
un deuxième avis au comité scientifique. Donc là, à ce moment-là, ça donne une
obligation supplémentaire, une pression supplémentaire au sein même de
la commission, qui se donnerait une obligation de plus. Puis là on est à
l'intérieur du pouvoir habilitant réglementaire.
Donc, j'essaie de
trouver une piste, finalement, là, entre les deux... Parce que moi, je suis
d'accord avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve quand il dit : Ça n'a pas
de bon sens, il faut absolument que ça avance, il faut absolument que ça bouge.
On a des exemples, depuis 40 ans, de stagnation, ça a tout pris pour
ajouter un certain nombre de maladies, il a fallu ouvrir la loi. Parfois, le
défaut de la qualité de la parité, c'est que ça bloque. Donc, au moins, si on
accordait un pouvoir réglementaire à la commission de justifier pourquoi elle
ne suit pas des avis en fonction d'un certain... des avis scientifiques en
fonction d'un certain nombre de critères, bien, pour moi, on ajoute une
bretelle de plus.
M. Boulet :
Mais le ministre est là, le gouvernement est là, l'avis est public, le débat va
se faire de manière élargie, de manière extrêmement ouverte sur la place
publique. Ça fait que les articles, c'est véritablement de confirmer la nature
du mandat, c'en est un de recommandation. Et je ne me vois pas dire : On
va revenir sur ces articles-là puis on va imposer à la commission... mais ça
serait au ministre. Puis on ne peut pas lier le pouvoir qu'un ministre ou un gouvernement...
d'adopter un règlement par la justification de ne pas faire ce qu'un comité
d'experts scientifiques propose. Puis c'est un avis, il ne faut pas oublier que
c'est un avis puis une recommandation. Je ne veux pas que le gouvernement soit
contraint, assurément pas, de justifier sur la place publique pourquoi on ne
donne pas suite à ce qu'un comité d'experts scientifiques propose. Encore une
fois, c'est un avis ou une recommandation.
Mais je comprends
très bien ce que le collègue de Jonquière soumet, mais ça va se faire, cet
exercice-là de justification par le ministre, par les questions à l'Assemblée
nationale, par les questions des médias, des groupes d'intérêts, par le Comité
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Et, quand c'est un refus d'agir
qui n'est pas justifié, qui est déraisonnable ou abusif, ça ne marchera pas, la
population va le réaliser.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, député de Jonquière.
M.
Gaudreault : ...je comprends le point de vue du ministre. Je ne le
partage pas totalement, parce que l'article 116, c'est : «La
commission doit, par règlement, déterminer [les] maladies...», bon, etc. Donc,
moi, ce que je dis, c'est qu'on pourrait... que la commission doit, par règlement,
établir les critères pour encadrer la justification de ne pas suivre les avis
en vertu de 348.3, là. En tout cas, il faudrait formuler correctement, mais,
moi, c'est de... Je comprends le ministre, qui dit : Il va y avoir des
débats à l'Assemblée nationale, les médias seront là, etc., mais ce n'est pas
une garantie, ça. Moi, je veux aller chercher une garantie au moins formelle à
l'intérieur même de la machine qui s'appelle la Commission de la santé-sécurité
du travail. Donc, c'est un élément de plus que je voulais aller chercher pour formaliser ça. Puis là, après
ça, les parlementaires puis les médias se saisiront de cette réponse et
de cette justification encadrée de la
commission quand elle refusera des avis ou des recommandations de la
commission... du comité scientifique. Alors, moi, c'était la piste que
j'essayais de trouver, mitoyenne, entre les deux options.
M.
Boulet : J'ai très, très bien
compris. Malheureusement, je n'ai pas d'autre commentaire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
On va y aller par un autre chemin. La CSST, et donc la CNESST sont fiduciaires,
en quelque sorte, suite à la réforme de 2015... 2014 ou 2015, avait déjà le
pouvoir de modifier la liste. Ce n'est pas quelque chose de nouveau, là, que vous faites avec le projet de loi, c'est
quelque chose qui existait déjà. Elle ne l'a à peu près, à toutes fins
pratiques, jamais utilisé, mais ce pouvoir-là de le faire, elle l'avait.
M. Boulet :
...l'annexe, ça fait partie intégrante de la loi. Ça fait que la liste, c'était
comme amender une loi. Ce n'est pas la commission qui a le pouvoir d'amender
une loi.
M. Leduc :
Ah! mais bien sûr qu'elle l'avait. Oui, oui, elle l'avait, ce pouvoir-là,
c'était écrit dans un article de loi.
M. Boulet : Oui, mais pas les conditions particulières, c'est
ça qu'elle n'avait pas. Les conditions particulières, c'est ce qui nous
a permis de faire la bonification qu'on a faite et de la rendre évolutive, la
liste, parce qu'elle n'avait pas ce pouvoir-là.
M. Leduc :
Ce n'est pas la même lecture que...
M.
Boulet : Il aurait fallu que...
amender la loi, prévoir qu'on puisse identifier les conditions particulières. Et là, à ce moment-là, ça
aurait pu se faire. C'est là, la nuance qui est importante à faire.
M. Leduc :
...quand même le pouvoir de rajouter des maladies. Elle...
M. Boulet :
...conditions particulières, elle aurait pu rajouter la maladie tendinite et le
travail de couturière ou je ne sais pas, mais elle était limitée à ça.
M. Leduc :
Oui, mais elle avait le pouvoir de le faire et elle ne l'a pas fait. Ma
question c'est : Pourquoi, d'après
vous, elle ne l'a jamais fait? On sait... Ayant le pouvoir de rajouter des
maladies, pourquoi, d'après vous, la CNESST ne l'a jamais fait depuis
40 ans? Parce que, tantôt, on a fait... on a mélangé deux choses, on
a mélangé l'inaction politique de la réforme
de la loi pendant 40 ans, mais l'inaction administrative. D'après vous,
pourquoi la CNESST n'a rajouté aucune maladie à la liste, alors qu'elle
avait le pouvoir de le faire depuis 40 ans?
M. Boulet :
Vous voyez le mandat du comité scientifique. Le comité consultatif, qui fait
des avis puis des recommandations, dit : Ça prend un comité indépendant
formé d'experts pour identifier les maladies, et c'est ça qui va permettre de faire évoluer en tenant compte des
nouvelles connaissances scientifiques. Et le mandat, il est bien clair,
là, puis les relations causales puis les conditions particulières font partie
maintenant du mandat qui permet de faire évoluer la liste.
Je pense que ça
aurait... Puis là je ne suis pas dans la peau de la commission, mais c'est sûr
que de dire : Un diagnostic puis un métier, ce n'est pas suffisant pour la
faire évoluer, il aurait fallu un pouvoir clair de définir des conditions
particulières... Et ce pouvoir-là n'existait pas, c'est le législateur qui
aurait pu faire : Bien, écoutez... Puis je n'étais pas là, là, puis le
législateur ne l'a pas fait évoluer pendant 40 ans. Cette liste-là, elle
est la même depuis 1979, lors de l'adoption, l'entrée en vigueur de la loi...
non, 1985, la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles.
M. Leduc :
...vous pensez qu'il n'y a eu aucun historique de blocage patronal d'aucune
nature?
• (10 h 30) •
M. Boulet :
Ah mon Dieu! Je ne peux pas me prononcer là-dessus. Moi, les blocages, j'ai
toujours senti que, tant du côté syndical... il y avait une ouverture au débat.
Puis, quand j'ai rencontré les leaders, puis je les rencontre à plusieurs
reprises, je n'ai jamais senti que les portes étaient fermées. Puis d'ailleurs
les recommandations du rapport du Comité consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre le démontrent. Puis, tu sais, des deux côtés, tant patronal que
syndical, on me disait : Puis, Jean, là où il n'y a pas de consensus, on
se fie sur vous autres pour les forcer, les consensus,
ou établir, faire des arbitrages. Mais, là-dessus, là, le sujet qui fait
l'objet de notre discussion, que nous avons débattu longtemps avec les collègues de Nelligan, et Bonaventure, et
vous-même, c'est issu d'un consensus, ce n'est pas...
Puis, ceci dit, ce
n'est pas factice, ce que nous avons fait à ce jour. La liste, elle a déjà, en
quelques mois, évolué beaucoup plus que pendant 40 années consécutives.
Est-ce qu'il y a eu un blocus patronal, comme vous dites? Peut-être que vous
pouvez me donner des détails, mais souhaitons que non. Puis, moi, s'il y a des
personnes du côté patronal qui sont fermées, pas ouvertes à la discussion ou au
dialogue social, qui ne participent pas au fondement du paritarisme, bien, moi,
j'aimerais ça le savoir puis je vais leur dire. Mais je ne pense pas que, tant
du côté patronal que du côté syndical...
Puis, en bout de course, là, j'ai discuté beaucoup avec des responsables
syndicaux qui disaient... Ça, c'était
comme... c'était au-delà d'être un consensus. Ça devait se faire. Les troubles
de stress post-traumatique, là, pour plusieurs, c'est une avancée
considérable.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres
interventions? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Donc, à votre connaissance, est-ce qu'il y a un moment où est-ce que la partie
syndicale au C.A. de la CNESST a refusé l'ajout d'une maladie à la liste?
M. Boulet :
Pardon?
M. Leduc :
Est-ce qu'à votre connaissance il y a un moment où la partie syndicale au C.A.
de la CNESST a refusé l'ajout d'une nouvelle maladie à la liste?
M. Boulet :
À ma connaissance... je n'ai pas cette connaissance-là. Je ne connais pas la
nature des échanges qui ont été tenus au C.A., je n'ai pas le verbatim. Ça fait
que ce serait un peu prétentieux pour moi de dire : Il y en a qui ont
bloqué puis il y en a qui étaient ouverts. Je ne le sais pas. Je ne suis pas
capable de répondre à ça.
M. Leduc :
Parce que, là, on va nommer une vérité de La Palice. Quand vous ajoutez une
nouvelle maladie, qu'est-ce qui est susceptible d'arriver? Des coûts, n'est-ce
pas? Ce n'est pas sorcier à comprendre, hein? Si on ajoute plus de trucs qui
sont reconnus, plus susceptible d'avoir des gens qui auront des réclamations. Alors,
grande surprise, si on rajoute plus de maladies, potentiellement plus de coûts.
Qui paie pour la CNESST? Beaucoup les cotisations d'employeur. Alors, grosse
logique, hein, ici aussi : la partie patronale a bloqué l'ajout de
plusieurs maladies pendant des années pour
ne pas avoir des hausses de coûts. Ce n'est pas révolutionnaire de dire ça, ce
n'est pas d'extrême gauche de dire ça, c'est la simple logique des
intérêts.
Et, moi, ce que je vous dis, c'est que cette
simple logique là qui a présidé au statu quo pendant 40 ans, c'est la même qui va présider à un nouveau statu quo
pendant un autre 40 années si vous ne donnez pas un peu plus de dents
au comité scientifique et à son influence dans la vérité, c'est-à-dire l'ajout
d'une maladie en raison de critères scientifiques objectifs. Tantôt, vous avez
dit l'IRSST. Oui, mais l'IRSST n'est pas indépendante comme le comité
scientifique. L'IRSST, c'est des scientifiques, pareil, là, au-delà de leur
soi-disant indépendance, je ne suis pas trop sûr
d'où est-ce que vous vouliez aller avec ça, mais ils produisent des rapports en
fonction de la science, qui a ses propres règles. Alors, que le comité
scientifique soit indépendant du C.A., d'accord, mais, au final, ce qu'il va
nous proposer de faire ne va pas
dépasser cette logique-là de rajout de coûts quand il y a des nouvelles
maladies, et c'est là que ça bloque, et c'est là qu'on n'a aucun
mécanisme, comme on n'en avait pas depuis 40 ans, pour défaire cette
impasse-là.
M. Boulet : Bien... Puis le
mécanisme, d'ailleurs, souhaité, c'est un comité scientifique neutre. Ça va
nous permettre de dénouer les impasses ou de débloquer s'il y en a qui
bloquent. Puis, tu sais, c'est sûr, vous connaissez les relations de travail,
la santé et sécurité... Moi, je n'appelle pas ça des blocages. Est-ce qu'il
peut y avoir plus de résistance patronale sur certains sujets, puis là je ne
réfère pas nécessairement aux maladies professionnelles? Oui. Est-ce qu'il peut y avoir des résistances
syndicales sur d'autres sujets? Vous allez le reconnaître d'emblée, oui. Est-ce
qu'il y a des moyens de trouver une solution qui est convenable tant aux
patrons qu'aux syndicats? La réponse, c'est oui.
Dans le cas
des maladies professionnelles, non seulement on l'a fait évoluer
considérablement, malgré peut-être ce que vous soumettez, les résistances
patronales, mais il ne faut pas avoir d'appréhension à dire : On ne fait
pas la réforme pour les coûts, mais c'est important de rappeler que 100 %
des cotisations sont assumées par les employeurs au Québec, puis c'est
normal que les employeurs souhaitent que le régime soit efficace. En même
temps, là où on est une communauté d'intérêts parfaite, c'est qu'on veut tous,
vous comme moi, syndicats comme patrons, diminuer la fréquence des accidents
puis la gravité des accidents. Je n'ai jamais rencontré un employeur qui était
heureux qu'une personne s'absente.
Puis là où on a fait une avancée majeure, c'est
de diminuer la chronicisation. Puis même l'UTTAM le disait, les laissés-pour-compte,
les personnes qui ne sont pas prises en main, qui ne bénéficient pas des
mécanismes de réadaptation avant la consolidation de leurs lésions, on prend
ces personnes-là en main. Puis je pense que plus on met l'accent sur nos
intérêts communs, plus on diminue le champ de nos intérêts divergents. Je le
répète souvent, là, mais c'est à la base des discussions raisonnées. Puis
n'importe quel employeur, comme n'importe quel syndicat, n'importe quel travailleur, ils vont tous venir
nous dire : Ce que vous faites là, c'est pour diminuer le nombre
d'accidents de travail puis de diminuer la gravité des accidents de
travail.
À partir de
là, on bâtit un système qui ne fera pas l'unanimité, mais qui va nous aider à
atteindre cet objectif-là, de fond.
Puis, si j'avais à identifier l'objectif transcendant de notre réforme, ça
serait ça, diminuer la fréquence et la gravité.
M. Leduc : Oui, mais ça, ça va de
soi, là, tout le monde veut de la tarte aux pommes, donc tout le monde veut
diminuer la gravité des lésions. Ça, il n'y a pas de doute là-dessus, là. Tout
le monde veut la paix dans le monde, ça aussi. Après ça, qu'est-ce qu'on est
prêts à faire pour y arriver, c'est ça, la question, puis c'est ça qui nous
divise potentiellement d'un point de vue peut-être idéologique.
Vous me dites tantôt : Il y a peut-être de
la résistance par rapport aux patrons sur certains sujets. Le problème, c'est
que c'est de la résistance par rapport à la science. C'est une résistance
politique et monétaire par rapport à une évidence scientifique qui s'accumule.
En quoi votre comité scientifique que vous proposez va être l'espèce de pièce
maîtresse qui va tout changer dans cette logique-là? Pourquoi ils résistent à
la science pendant 10 rapports et que, là, le 11e rapport du comité
scientifique, ah! ça va être la lumière, et là la résistance politique et
économique qui, dans sa structure même du conflit entre le capital et le
travail, est là depuis plusieurs années, plusieurs
décennies, n'est pas près de changer... pourquoi ça, ça va comme être bousculé
par votre comité scientifique?
M. Boulet : Je n'ai pas d'autre
commentaire. Je pense que j'ai répondu à quelques reprises.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions?
M. Leduc : ...qui est une instance
tripartite, patronat, syndicat, État, recommande, depuis 2010, de prendre
intégralement sa liste de maladies et de l'intégrer dans les législations
pertinentes des États. Depuis 2010. On a essayé de faire ce débat-là, on ne l'a
pas réussi. Là, ce qu'on vous dit, c'est qu'à défaut de faire ça, qui aurait
été beaucoup plus simple, qui aurait assuré automatiquement la mise à jour de
la liste plutôt que d'une réforme aux 40 ans, là, on propose un plan b. Le
plan b, c'est de dire : Le comité scientifique, il faut bien qu'il ait des
dents, il faut bien qu'il serve à quelque chose, mais ce qu'il va recommander,
il va falloir qu'il y ait une conséquence, il va falloir qu'il y ait un suivi.
Puis là mon collègue de Jonquière a une excellente idée, qui est de dire :
Bon, bien, écoutez, à défaut d'obliger de transformer l'avis en règlement, si
ça nous hérisse le poil des bras parce que ça vient titiller
le pouvoir réglementaire, bien, au moins, qu'on l'oblige à répondre. Soit qu'il
le fait parce que c'est ce que la science lui demande ou soit qu'il ne le fait
pas, mais qu'il le justifie. Ça me semble, je pense, un compromis parfaitement
respectable dans les circonstances.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Le député d'Hochelaga...
• (10 h 40) •
M. Boulet :
Mais moi, je ne veux pas discuter de la qualité ou du mérite du compromis
proposé par le collègue de Jonquière. Ce que j'ai répondu, c'est que la
meilleure barrière, c'est l'obligation de rendre publique la recommandation et
de ne pas sous-estimer l'importance du débat public, puis de l'implication des
groupes d'intérêts, puis du comité consultatif, des syndicats, des employeurs
et de vous, collègues parlementaires au salon bleu. Puis c'est la meilleure
contrainte qu'un ministre aura de se justifier de ne pas suivre une recommandation
si c'est le cas.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est tout le temps que vous disposiez. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur le sous-amendement déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que
le sous-amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve à l'amendement du ministre à l'article 116 est adopté?
M.
Gaudreault : ...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Vous voulez y aller par vote nominal?
M.
Gaudreault : Oui.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Alors, nous allons procéder ainsi.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Abstention.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Abstention. Donc, le...
M. Derraji :
...
Le Secrétaire : M. Derraji (Nelligan)?
M.
Derraji : Abstention.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Excusez-nous.
M. Derraji :
Non, non, ce n'est pas grave.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Excusez-nous, M. le député de Nelligan. Excusez.
Une voix :
...un collègue.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Ah! et il y a un collègue en arrière.
Le Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Contre.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est notre deuxième journée. On va s'y faire. Alors, si
j'ai bien compris, le sous-amendement déposé par le député
d'Hochelaga-Maisonneuve est rejeté.
Nous revenons donc à
l'amendement déposé par le ministre à l'article 116. Y a-t-il d'autres
interventions? Oui, député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Bien, à la suite des discussions qu'on a eues, moi,
j'aimerais peut-être présenter un sous-amendement, mais j'aurais besoin
de temps un peu pour le préparer.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Vous avez besoin de temps pour le préparer? Parfait. On
peut peut-être aller avec les autres avant s'il y avait d'autres interventions
sur l'amendement. Non?
Alors, nous allons
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
10 h 42)
(Reprise à 11 h 10)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Jonquière, je comprends que vous avez ou vous allez déposer
un sous-amendement, c'est bien ça, à l'amendement de l'article 116?
M.
Gaudreault : Oui, tout à fait. Je vous remercie, Mme la
Présidente. Alors, je dépose un sous-amendement, qui se lit comme suit :
L'amendement à l'article 116
du projet de loi est modifié par l'ajout d'un quatrième paragraphe, qui se
lirait comme suit :
«4° établir, aux
fins de l'article 348.3, les critères sur lesquels se fondent un rejet des
recommandations du comité scientifique visées à l'article 348.2 ainsi que
les délais pour demander un nouvel avis au comité à la suite d'un tel rejet;».
Alors, Mme la
Présidente, ça fait suite à mon intervention de tout à l'heure.
(Interruption)
M.
Gaudreault : Excusez, on fait plein d'affaires en même temps. Alors,
ça fait suite à mon intervention de tout à l'heure, lors de la présentation
d'un sous-amendement par le député d'Hochelaga-Maisonneuve puis le débat qui a
suivi avec le ministre. Tu sais, moi, je comprends les deux points de vue,
mais, en même temps, je partage surtout la préoccupation qui a été, entre
autres, énoncée par le député d'Hochelaga-Maisonneuve, qu'il faut mettre une
pression supplémentaire sur la commission, qu'il y a beaucoup de blocages,
qu'il y a également l'importance de suivre les recommandations d'un comité
scientifique qui a été créé. Et, en même temps, si on ne veut pas rouvrir un
débat qu'on a déjà eu ici, lors de l'adoption de l'article 101, qui
introduisait le comité scientifique, bien, on a l'occasion, par le pouvoir
habilitant, de donner un pouvoir habilitant à la commission de la santé et
sécurité au travail de faire des règlements en lien avec le comité
scientifique.
Et le ministre dit
souvent : Ah! c'est juste un pouvoir habilitant. On veut que ce soit
miroir de ce qu'on a adopté précédemment. Il ne faut pas aller trop loin. Il ne
faut pas se servir d'un pouvoir habilitant pour faire un débat qu'on a déjà
fait, je suis d'accord avec ça. Mais, je veux dire, le pouvoir réglementaire
habilitant, il est là pour ça. Les articles
qu'on est en train d'étudier sur le pouvoir habilitant et le tableau, même, que
le ministre nous a remis, bien, il faut être sûr qu'on va faire un bon
travail. Ça veut dire qu'il faut qu'il couvre l'ensemble des pouvoirs
habilitants qu'on est en train d'accorder à
la Commission de la santé et de la sécurité du travail. Il faut que les
habilitations réglementaires fassent le tour du jardin de cette réforme.
Dans ce tour du jardin, il y a un élément qui
est le comité scientifique. Bon, le comité scientifique, le ministre dit : Il ne faut pas lui donner un pouvoir
lié. Moi, je suis d'accord avec ça, il ne faut pas lui donner un pouvoir lié,
parce qu'on
vient faire... on viendrait enlever, au fond, le pouvoir à la commission. Mais,
en même temps, il ne faut pas que ce soit
juste pour faire «cute», le comité scientifique, et que, finalement, ses
recommandations se retrouvent à s'accumuler sur une tablette d'une fois
à l'autre.
Alors, moi,
j'essaie de trouver la voie de passage entre ce que le ministre dit et ce que
le député d'Hochelaga-Maisonneuve a exprimé également. Et, pour moi, une
voie de passage, minimalement, c'est de forcer la CNESST à se justifier publiquement
quand elle ne va pas suivre une recommandation. Moi, c'est ça, mon objectif, au moins, et obligatoirement de faire un suivi de
ce refus. Je reviendrai là-dessus tout à
l'heure. Moi, c'est ça, mon objectif.
Je suis d'accord avec le ministre, qui dit, aux articles 348.3, qu'on a
introduit par l'article 101 du projet de loi qui crée le comité scientifique :
Ça va être public, ça va être sur le site Internet, les avis et les
recommandations du comité scientifique. Le ministre aura à se justifier
de ça, ça va être public. Nous, les députés, on va pouvoir se servir de ça, questionner le ministre à l'étude des crédits, je
suis tout d'accord avec ça. Mais il y a une différence entre mettre dans
l'espace public, sur le site Internet, les
avis et recommandations... ça, c'est une chose, je le salue, je suis d'accord,
mais il y a une différence entre ça et comprendre ou justifier pourquoi
la commission n'a pas suivi.
C'est sûr qu'on est capables de faire un calcul,
les députés puis les médias, de dire : Ah! le comité scientifique
recommandait x, y, la commission ne l'a pas suivi, donc il y a une raison. Moi,
ce que je dis par le paragraphe 4° que j'introduis ici, c'est de donner le
pouvoir réglementaire à la commission de la santé et sécurité au travail de
fixer les critères sur lesquels elle devra donner ses raisons.
Exemple... Et là ce n'est pas à moi de le dire.
C'est pour ça que je dis : «...les critères sur lesquels se fondent un
rejet des recommandations...» Exemples de critère, puis ce n'est pas exhaustif,
c'est non limitatif, mais je donne des exemples : il n'y a pas consensus
scientifique, ça peut arriver, ça, c'est un critère, bon; le fonds
d'indemnisation est insuffisant; il y a un débat au sein du comité
scientifique; il y a... c'est une maladie qui n'est même pas reconnue par... ou
c'est une lésion qui n'est pas reconnue dans le corpus des maladies, là, du
Collège des médecins, disons, ou, je ne le sais pas, moi, c'est relié à une
industrie qui n'est même pas présente au Québec. O.K.? Je dis n'importe quoi,
mais pas tout à fait n'importe quoi, mais vous comprenez ce que je veux dire.
Autrement dit, ça voudrait dire qu'en fonction de ces critères-là la commission
de la santé et sécurité au travail devrait se justifier, nous dire : Bien,
on n'a pas suivi les recommandations du comité scientifique parce qu'il n'y
avait pas consensus entre les scientifiques. On n'a pas suivi les
recommandations du comité scientifique parce que l'industrie qui est visée
n'est pas présente au Québec. Peu importe.
Alors, moi, pour moi, ça, c'est un élément de plus qui viendrait, nous, nous
outiller, les parlementaires, qui
viendrait outiller les médias également pour savoir pourquoi la CNESST n'a pas
suivi les avis puis les recommandations. C'est un élément de plus qui
m'apparaît extrêmement important.
Puis l'autre chose, qui est le dernier volet de
mon amendement, quand on dit : «...ainsi que les délais pour demander un
nouvel avis au comité à la suite d'un tel rejet», c'est que je veux forcer,
moi, sans tomber dans la bureaucratie, je veux forcer un suivi. Moi, j'ai été
souvent dans des conseils d'administration d'organismes communautaires ou
bénévoles avant d'être député, puis on avait des p.-v. Puis là on s'apercevait
après nos réunions, au bout d'un an ou deux, que, des fois, on ne fait pas le
suivi des p.-v. Tu sais, on dit plein d'affaires en réunion, puis là ça tombe
lettre morte. Mais moi, je veux forcer la commission à suivre son p.-v. du
comité scientifique.
Autrement dit, si la commission dit : Par
motif... Sur la base du motif qu'il n'y a pas consensus scientifique, on n'a
pas suivi la recommandation du comité, bien, dans 18 mois, nous
redemanderons un nouvel avis parce que la science évolue. C'est comme sur la
question climatique. Les avis scientifiques sur le climat évoluent, les
consensus scientifiques sur un certain nombre de choses se solidifient, puis ça
fait en sorte que le GIEC, du côté de l'ONU, est capable d'avoir des recommandations
beaucoup plus fermes, beaucoup plus fortes, beaucoup plus solides sur les changements
climatiques. Bon, je fais une comparaison, mais c'est un peu la même chose.
Donc, on forcerait la commission... admettons un
cas x, qu'ils n'ont pas suivi la recommandation du comité scientifique, la commission
devrait dire : Nous ne l'avons pas suivie parce qu'il n'y a pas consensus
scientifique. Ça, c'est le critère. Mais, dans 18 mois, sur cet enjeu-là,
on va redemander un deuxième avis ou un autre avis au comité scientifique, donc
forcer un délai pour avoir vraiment, là... pour boucler la boucle, puis que ça
ne demeure pas dans les limbes, puis que, finalement, on n'aboutisse jamais.
Donc, nous,
comme parlementaires puis comme... ou les médias pourraient dire : Ah! sur
tel enjeu, la commission va redemander un avis scientifique dans
18 mois. Donc, dans 18 mois, on va faire un suivi du p.-v. C'est là,
là, que je disais : Mon suivi de p.-v.
Ça fait que, pour moi, ça vient vraiment solidifier, boucler, mettre une
pression supplémentaire sur la commission, toujours dans le souci de
mieux protéger les travailleurs puis les travailleuses.
Et je pense que là où on est avec les
habilitations réglementaires, c'est le bon endroit. Parce que le ministre nous
dit souvent : Je veux que ça soit un effet miroir de nos... de ce qu'on a
adopté précédemment. Bien, justement, on a adopté, à l'article 348.3, le
fait que la commission doit publier sur un site Internet les avis et
recommandations du comité. Alors, ça lui
donne ce pouvoir réglementaire de dire comment ça va être publié. Alors,
moi, c'est comme ça que je le vois.
Maintenant, je souhaite entendre le ministre. Je
souhaite entendre le ministre, savoir s'il est d'accord, jusqu'où il est prêt à
aller, et, minimalement, j'aimerais ça l'entendre pour savoir s'il est au moins
d'accord, s'il est au moins d'accord pour que la CNESST justifie ses rejets de
recommandations du comité scientifique. Merci.
• (11 h 20) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre.
M.
Boulet : Merci. J'aime beaucoup l'attitude de notre collègue de
Jonquière. Sa quête de voie de passage est, à mon avis, l'approche que
tout parlementaire devrait adopter quand on fait une réforme qui requiert un
équilibre entre des
intérêts qui sont parfois opposés. Puis je vais le surprendre, là, mais je suis
d'accord avec l'objectif que vous recherchez. Je suis en désaccord avec
les moyens, mais d'accord avec l'objectif. Non, mais, sérieusement. Puis un comité scientifique, ça fait des avis puis des
recommandations à la commission, puis la commission... et au ministre, et la
commission fait rapport au ministre. Puis, même à 348.4, si je ne m'abuse, le
comité scientifique fait un rapport annuel de toutes ses activités, puis on dit
même que le ministre peut exiger des informations puis il peut demander des avis complémentaires. Je ne veux juste pas
trop technobureaucratiser le processus. Tu sais, c'est un comité neutre
et indépendant, puis il faut laisser la latitude au ministre, parce
qu'ultimement le pouvoir réglementaire, ça aboutit sur la table. Même si c'est un projet de règlement CNESST, ça va être publié
à la Gazette officielle avec tout le processus de consultation que
vous connaissez.
Et moi, je vous dis, parce que votre objectif,
c'est de forcer à justifier, oui, bien oui, il faut, oui. Moi, je suis tout à
fait d'accord que le ministre justifie pourquoi ils ne suivent pas une
recommandation. Tu sais, on parle de mises à
jour d'une liste, quand même, ce qui n'est pas peu pour les travailleurs. C'est
un fardeau de preuve allégé, vous le savez,
une maladie professionnelle présumée nouvelle qui tient compte d'un
consensus... puis vous déterminez bien, bon...
Puis il ne faut pas embarquer dans des critères,
trop, encore une fois, parce qu'il ne faut pas les limiter, mais, tu sais,
quand vous dites : Il n'y a pas de consensus, oui, peut-être qu'il n'y a
pas de consensus, mais, même là, je vous dirais, là, qu'un ministre dise :
Il n'y a pas de consensus, alors qu'une recommandation d'un comité d'experts
qui fait la vigie scientifique puis qui, elle, recommande, en tenant compte
d'un...
Il n'y aura jamais unanimité scientifique. Mais,
comme ministre, là, moi, je me verrais mal dire : Refus de suivre la
recommandation, il n'y a pas de consensus. Je ne suis pas un expert. C'est les
experts qui sont membres du comité ou, bon,
si ce n'est pas une maladie reconnue, ou s'il y a une autre objection de la
société civile, ou de groupes syndicaux, ou... Tu sais, il peut y avoir
des impératifs qui justifient, mais il va avoir, dans notre système
démocratique, un impératif d'expliquer pourquoi. Puis je n'en vois pas, moi,
tant. Même le consensus scientifique, là, même si on écrivait : «Il peut
refuser de suivre la recommandation s'il n'y a pas un consensus scientifique»,
pour moi, là, je vous dis sincèrement ce que j'en pense, ce ne serait pas
suffisant. S'il n'y a pas de consensus scientifique suffisant, il n'y aura pas
d'avis ou de recommandation du comité scientifique pour bonifier la liste des
maladies professionnelles présumées.
Donc, pour tous ces commentaires, je le redis,
tout à fait d'accord avec vos objectifs, sauf qu'ici ce n'est qu'un texte qui
habilite, et les discussions ont été faites lors de l'étude détaillée. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de Jonquière, laissez-vous la parole... Je présume que vous
vouliez répondre. Laissez-vous la parole au député de Nelligan, qui veut
intervenir? Allez-y.
M. Derraji : Ça va être très rapide.
C'est parce que le ministre a évoqué le consensus scientifique, et moi, je
pense même, avec ça, il faut faire attention, parce que, parfois... on l'a vu
avec plusieurs maladies, y compris... vous avez fait référence tout à l'heure
au parkinson où il y avait le consensus depuis plusieurs années, mais il y
avait une lenteur au niveau de l'exécution. Je ne vous dis pas et je ne vous
responsabilise pas par rapport à ça, mais je trouve qu'en tant que
parlementaire de cette commission que le moment, il est venu, d'inscrire la
maladie de Parkinson. Et bravo de l'avoir fait. Mais, juste au niveau du
consensus, c'est très difficile, tout baser sur le consensus scientifique.
Parfois, il n'y aura pas de consensus. Mais la volonté du législateur, c'est
justement aller, aller parce qu'il y a assez d'«evidence-based»,
comme on dit en bon langage scientifique, et que, probablement, il y a des avis
un peu divergents. Mais on ne peut pas attendre le fameux consensus pour
trancher.
Et je tiens juste à vous rappeler qu'au début du
dépôt de ce projet de loi, si on suivait les publications de l'IRSST, écoutez,
il n'y avait pas de lien ou de la documentation assez solide et pertinente pour
dire : Écoutez, là, je pense que nous sommes rendus, en tant que
législateurs, de reconnaître le lien ou l'impact de l'utilisation des
pesticides sur la maladie de Parkinson. Donc, juste, moi, je ne pense pas qu'il
faut lier les mains. Au contraire, moi, je suis plus pour une vision beaucoup
plus libérale au niveau de cette approche que, si on lie trop avec un pouvoir
très restreint, on risque d'attendre encore plus, plusieurs années avant d'agir.
Et la preuve, chers collègues, regardez juste ce qui s'est passé au niveau du
parkinson et les pesticides, sachant que d'autres pays, ils ont passé à
l'action. Mais pour attendre des études encore après études, nous avons tardé
avant de le faire adopter.
Donc, juste le bémol à faire, et j'en suis sûr
et certain, que le ministre est conscient, que j'espère qu'on ne va pas
attendre le consensus scientifique avant d'agir. Je donne l'exemple parfait du
parkinson et les pesticides. Au contraire,
faisons confiance aux membres du comité scientifique. Moi, j'espère que c'est
ça qu'on va commencer à dire. Le comité scientifique est... de ce que
j'ai compris de nos discussions aux mois de mai et juin, ils ont la liberté
scientifique d'émettre un commentaire et un avis scientifique. Donc, il ne faut
pas dire que... probablement, autour de la table, il va y avoir une divergence
d'opinions, et c'est sain, avoir une divergence d'un point de vue scientifique
autour de la table, parce que c'est des avis d'experts et c'est très rare
d'avoir un consensus. Mais je ne veux surtout pas, surtout pas que le
législateur laisse sous-entendre entre les lignes : S'il n'y a pas de
consensus, il n'y aura pas d'action. C'est très dangereux. C'est très, très,
très dangereux.
Je ne sais pas, les collègues — et je
remercie le collègue de Jonquière de ramener ce débat — mais
je tiens à repréciser ma question et j'espère que, le ministre, vous allez
avoir le temps de le clarifier : C'est très dangereux, dire aujourd'hui
que, s'il n'y a pas de consensus au sein du comité scientifique, le politique
ou le législateur, il va lever les mains et va dire : Écoutez, je vais me
cacher derrière «il n'y a pas de consensus scientifique». Faisons attention,
faisons attention parce que la preuve nous a démontré que nous avons tardé
avant d'agir au niveau des pesticides et le parkinson. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci.
M. Boulet : C'est intéressant.
C'est un beau débat, parce que je pense qu'on peut tous être solidaires dans
cette vision libérale là, si je peux m'exprimer ainsi, puis...
Une voix : ...
M. Boulet : Non, mais... Puis
il y a une distinction à faire entre une unanimité scientifique puis un
consensus. Dans le cas de parkinson, il n'y avait pas d'unanimité. Puis, tu
sais, c'est sûr que quand on a fait la liste, initialement,
on était prudents puis on essayait qu'il y ait quand même un consensus assez
solide. On a eu des discussions, puis vous avez joué un rôle
prépondérant dans l'amendement qui a permis d'intégrer la maladie de Parkinson
liée à l'utilisation des pesticides dans la liste.
Et je suis d'accord avec vous, ce n'est pas
parce qu'il n'y a pas d'unanimité ou ce n'est pas parce qu'il n'y a pas un
superconsensus, parce qu'il y a des consensus qui peuvent varier, qu'il n'y
aura pas d'avis ou de recommandation du comité scientifique. Je pense que c'est
superimportant.
Je pense que c'est important aussi de souligner,
suite à votre propos, que ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'avis ou
recommandation du comité scientifique que le ministre, commission... ne
pourrait pas en ajouter en tenant compte de ce
que les connaissances scientifiques nous amènent. Ça, je pense que vous l'avez
soulevé, c'est superimportant, puis je pense que... Moi, sur le fond,
là, je suis d'accord avec tout ce que vous mentionnez. Il faut s'assurer
d'avoir une liste surtout, d'abord et avant tout, qui est évolutive.
• (11 h 30) •
M. Derraji : ...juste une
chose, surtout que vous insistez depuis le début sur le paritarisme, et
c'est... Au fait, ce n'est pas un système fermé, clos, hermétique. Le
paritarisme, c'est avec ça que nous avons décidé, au Québec, de travailler
ensemble. Le CCTM... désolé, Mme la Présidente, le Comité consultatif...
M. Boulet : ...du travail et de la
main-d'oeuvre.
M. Derraji : ...du travail et de la
main-d'oeuvre fait un travail exceptionnel. Maintenant, on a un comité
scientifique qui va commencer à travailler. Donc, il ne faut juste pas que le
législateur pense que le fait qu'il n'y a pas de consensus... bien, écoute, je
vais attendre le consensus. Là, on va tomber dans ce que les collègues, le
député d'Hochelaga et le député de
Jonquière, ramènent sur la table depuis hier, que le consensus risque de
retarder davantage l'action du politique.
Et c'est là où je ne veux pas qu'on arrive,
parce que, si je vais toujours attendre, en tant que législateur, ce fameux
consensus scientifique, soyez sûrs et certains... Vous pouvez naviguer au
niveau... regardez juste au niveau de la pandémie, ce qui se passe, il n'y a
pas de consensus. Il y a parfois des opinions qui convergent vers un sens, mais
c'est très difficile, avoir un consensus. Parfois, pour certaines maladies,
c'est... Donc, juste, faisons attention pour
ne pas empêcher ou lier les mains du législateur, qui, probablement, parfois
peut agir, même s'il y a 20 % ou 30 %, parce que c'est
l'impact sur des travailleurs. Et mettez-vous à la place de ces travailleurs
dans des secteurs déterminés où le lien de causalité est démontré, mais il n'y
a pas de consensus, mais... au bout de la ligne, c'est des travailleurs qui
paient.
Donc, je ne veux juste pas qu'aujourd'hui on
sorte de cette commission, et le législateur va prendre dans sa tête, bien, les
travaux du comité scientifique vont commencer, ils vont faire leur travail,
mais je vais attendre, en tant que législateur, un consensus. Bien, le
consensus peut prendre 20 ans, parce que la science évolue. Et, justement,
tant mieux, que la science évolue, mais une décision que je peux prendre
aujourd'hui parce que j'ai un lien de causalité ou un lien d'effet sur une
maladie professionnelle, surtout ne pas attendre 30 ans, 40 ans avant
d'agir. Et c'est justement ce qui a été soulevé par les collègues. Mais je
pense qu'on s'y prend de la mauvaise façon, parce que trop réglementer les avis
du comité scientifique, je ne pense pas qu'on s'entraide par rapport à cela, et
avoir aussi un impact pour la vie des travailleurs. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Boulet : Je suis totalement
d'accord. Puis il ne faut pas oublier le mot «conseiller», hein? Tu sais, le
mandat du comité, c'est de faire des recommandations et de conseiller le
ministre, tu sais. Ça fait que, même là, le ministre n'est pas lié. Puis je
pense que ce débat-là, il est pertinent, mais, en fait, c'est le débat qu'on
avait eu, là, lors de l'adoption des articles qui nous font soumettre
l'habilitation réglementaire de 116. Merci, collègue.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions au sous-amendement? Oui. Alors, on y va
avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Tantôt, M. le ministre,
vous avez dit : Il n'est pas impossible, au-delà, là, de la séquence proposée,
que le comité scientifique puisse envoyer un rapport et que ça provoque peut-être
des débats, là, pour rajouter des maladies à la liste, d'un point de vue du
C.A. de la CNESST. Vous avez dit, donc, que ce n'est pas impossible que le ministre
puisse lui-même en rajouter. Pouvez-vous nous indiquer à combien de reprises
c'est arrivé dans les 40 dernières années?
M. Boulet : Ah bien, je pense que la nuance que j'ai faite un
peu plus tôt sur la possibilité, dorénavant, en tenant compte du libellé de
29, de préciser les conditions particulières va ouvrir la porte à ce que ça
puisse éventuellement se faire, mais, tu sais...
M.
Leduc : On ne parle pas de
la même chose, là. Moi, je parle... Le ministre... vous avez dit : Le ministre
peut en ajouter. Il avait déjà ce pouvoir-là, le ministre, d'en ajouter,
dans les 40 dernières années. À combien de reprises c'est arrivé?
M. Boulet :
Un des éléments qui va faciliter l'ajout, au-delà du concept de conditions
particulières, c'est le comité scientifique,
mais le reste, je ne peux pas répondre pour les ministres qui m'ont précédé,
là, pendant les 40 ans, je ne suis vraiment pas capable de répondre
à ça. Là où vous voulez m'amener, c'est de dire qu'il y a eu un blocage patronal, et ça, je ne suis pas... je vous ai
répondu à ça, je ne suis pas en mesure de dire si, oui ou non, il y a eu un
blocage patronal là-dessus et si, oui ou non, il y a eu un blocage
syndical sur d'autres sujets.
Ce que je peux
cependant vous dire, c'est qu'il y a eu, jusqu'en... puis dans le rapport de
2017, un consensus, au Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
sur ce que nous avons fait pour le comité scientifique et la façon dont on va
bonifier la liste des maladies professionnelles présumées. Puis moi, je vois ça
comme un grand déblocage. Toutes les
maladies professionnelles présumées que nous avons rajoutées, c'est un grand
déblocage. Donc, je ne veux pas m'acharner ou mettre l'accent sur un blocage
supposément patronal, mais mettons donc l'accent sur le déblocage que
nous avons favorisé.
M. Leduc :
Vous contournez ma question, habilement, cela dit, mais vous la contournez quand
même. Moi, je veux savoir, dans l'historique, au-delà du projet de loi qui est
en train d'être étudié, est-ce que c'est arrivé, ne serait-ce qu'une seule
fois, qu'un ministre décide d'appliquer... d'ajouter une maladie en fonction
des tonnes de rapports qui étaient produits, que ce soit par l'IRSST, ou par
d'autres instituts internationaux, ou dans d'autres pays? Est-ce que c'est
arrivé une seule fois?
M. Boulet :
Bien, écoutez, je répète, là-dessus, je ne suis pas dans les bottines de mes
prédécesseurs, mais vraisemblablement que l'absence de possibilité d'identifier
des conditions particulières a joué un rôle prépondérant dans la décision des ministres, puis je ne veux
pas les défendre, mais dans la décision ou dans l'inaction des ministres
qui m'ont précédé de rajouter des maladies professionnelles présumées. C'est
l'hypothèse que je peux émettre.
M. Leduc :
...deux choses. Les conditions, ça, c'était pour le C.A. de la CNESST. Le
ministre a entièrement la possibilité de rajouter tout ce qu'il veut, là.
M. Boulet :
Oui, mais, écoutez, je ne peux pas... C'est une question purement hypothétique
à laquelle je ne peux pas donner de réponse précise, de toute façon.
M. Leduc :
Bien là, hypothétique, je la trouve très concrète, ma question, mais...
M. Boulet :
Bien, pourquoi les ministres n'ont pas rajouté les maladies professionnelles
présumées, je ne le sais pas.
M. Leduc :
Je n'étais pas rendu là. Ma question, c'est : Est-ce que c'est arrivé une
seule fois qu'un ministre, dans les 40 dernières années, ait, de sa propre
initiative, rajouté une maladie?
M. Boulet :
Faites les vérifications.
M. Leduc :
Bien, moi, je vous pose la question puis j'ai l'impression que c'est zéro.
M. Boulet :
Je ne suis pas en mesure de répondre, mais, de ma connaissance de l'évolution
de la loi, il n'y en a pas eu depuis 40 ans.
M. Leduc :
Il n'y en a pas eu. Donc, à aucune reprise, dans les 40 dernières années,
nonobstant tous les blocages, pour les bonnes et les mauvaises raisons, on
pourrait qualifier, il n'y en a eu... à ma connaissance, puis ça me semble être
la même que la vôtre, à aucune reprise, un ministre n'a pris l'initiative de
dire : Je vais ajouter une maladie. À aucune reprise.
M. Boulet :
À ma connaissance, non.
M. Leduc :
Qu'est-ce qui nous laisserait croire, donc, que ce qui a présidé à cette
disposition-là, qu'aucun ministre pendant 40 ans n'ait voulu faire ce
pas-là, qu'est-ce qui préside... qu'est-ce qui change dans la structure qui
vous laisse croire que, là, un ministre serait capable de faire cette
décision-là?
M. Boulet : Mon Dieu! Bien, un avis
scientifique neutre, une recommandation d'un comité scientifique indépendant et
neutre, c'est ça qui va permettre d'évoluer. C'est ça, la structure qui va
permettre à ce règlement-là d'évoluer. Essentiellement,
c'est ça, plus, évidemment, les conditions particulières, mais le moteur de
changement, le moteur d'évolution du règlement, c'est ce qu'on fait là.
Et vous auriez pu siéger au CCTM puis vous avez
des acteurs qui sont au Comité consultatif travail et de la main-d'oeuvre, et ils
ont fait cette discussion-là. Je vous réfère aux recommandations 33
et 34 du Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Tout est
clairement exprimé.
M. Leduc : Donc, si, par exemple, le
comité scientifique décide de reconnaître, dans sa recommandation toujours,
l'épuisement professionnel, hein, ça a été un débat assez long, assez
difficile, on a proposé de le faire, nous, ça n'a pas été reçu de votre côté, si
un comité scientifique dit : Nous, on reconnaît l'épuisement
professionnel, le fameux burn-out, comme maladie professionnelle, zoup! on la
rajoute dans la liste, on propose, selon la science, de la rajouter dans la
liste, on le sait, ce qui va arriver, ça va impliquer des coûts importants, je
pense qu'on peut le dire. Et on devine ce
qui se passe déjà, actuellement, c'est-à-dire il va y avoir des
associations patronales au C.A. qui vont dire : Jamais de la vie, ça va coûter bien trop cher. Si
ça, ça arrive, et que les associations patronales, unanimement, disent :
Jamais de la vie, il va se passer quoi?
M. Boulet : Mme la Présidente,
ceci dit avec respect, je ne peux pas embarquer dans des débats purement
hypothétiques. On discute d'une habilitation réglementaire. Puis non seulement
j'ai accepté de discuter du mérite des dispositions qui ont déjà été adoptées,
qui supportent l'habilitation réglementaire, mais là on me pose des questions :
Si, puis si, puis comment les patrons... Je ne répondrai pas à ça. Je ne suis
pas ici pour faire un débat d'hypothèses. Je dis comment cette liste-là va
évoluer, comment ça va permettre de s'adapter à l'évolution des connaissances
scientifiques. Moi, malheureusement, je ne peux pas répondre à ça puis je pense
que ce n'est pas une commission, à ce stade-ci, qui a à faire ce débat-là.
Merci.
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. C'est bien.
M. Leduc : Moi, je pense que c'est
très concret, ce que je vous propose.
M. Boulet : C'est une hypothèse.
M. Leduc : Puis l'IRSST, là, il en a
fait, des rapports, sur des tonnes de maladies, depuis des années, puis je
pense qu'ils seraient bien insultés de comprendre ce que vous semblez laisser
sous-entendre, qu'ils ne sont peut-être pas
neutres. Ce que je comprends de votre propos, là, c'est que les seuls qui sont
neutres, c'est le comité scientifique. Bien, d'accord, mais ça veut dire
que tous les autres rapports n'ont pas de valeur ou ont moins de valeur?
M. Boulet : Je n'ai jamais dit ça,
puis là c'est une supputation de votre part. Ce n'est pas parce que... C'est
des experts neutres, ce n'est pas les seuls neutres. Puis au comité
consultatif, puis au C.A. de la CNESST, tout le monde... le paritarisme, tout le monde représente des intérêts. La neutralité totale au sein des C.A. dont on
parle, bon, vous me l'expliquerez un jour. Ici, on parle d'un comité d'experts scientifiques. Ils sont neutres
dans la science, bon, écoutez...
M. Leduc : Mais ils sont neutres
dans la science, mais l'IRSST est neutre dans la science aussi.
M. Boulet : Il y a du paritarisme
aussi à la santé, sécurité du travail, mais, même si c'est des experts... Ils seront tenus en compte aussi, les avis de l'IRSST,
tu sais. Quand on dit : faire la vigie scientifique, ce n'est pas
limitatif, c'est une vigie totale, bon. Puis, encore une fois, on
revient sur des débats qu'on a déjà faits, puis je comprends que vous utilisiez
le temps qui fait suite à un sous-amendement du collègue de Jonquière, là, mais
moi, je ne peux pas me permettre de faire ce type de débat là à ce stade-ci,
ceci dit avec respect, collègue.
M. Leduc : Moi, ce que je constate,
là, c'est que, depuis des années, il y a des rapports de l'IRSST et de d'autres
instituts qui sont de la science neutre sur une tonne de sujets, sur une tonne
de maladies. Ces rapports-là s'empilent,
s'additionnent, dénotent de plus en plus des consensus scientifiques pour
rajouter des maladies. Il y a inaction parce
qu'il y a un blocage politique et économique, parce que ça engendre des coûts,
reconnaître des nouvelles maladies, là, on va se le dire dans le blanc des
yeux. Ce n'est pas compliqué, c'est simple, mais, oui, tu rajoutes des
maladies, ça engendre des coûts parce qu'il y plus de monde qui vont
être indemnisés. C'est a plus b, là. C'est très, très simple.
La raison
pour laquelle, à mon avis, aucun ministre n'a voulu en rajouter une, c'est justement
parce qu'il n'y avait pas
d'entente patronale-syndicale. C'est justement parce qu'il y avait un blocage
politique et économique au C.A. Cette raison-là ne va pas se dénouer
magiquement par un avis du comité dit indépendant. Moi, si vous me dites :
Je vais me baser sur ce que dit ce comité-là
pour agir, j'aimerais vous croire, j'aimerais vous croire, mais on le voit dans
le projet de loi, là, puis on se le dit
souvent ici, autant à micro ouvert qu'à micro fermé, il y a plein d'intérêts
divergents, puis ça bouscule, puis il y a des téléphones à gauche, à
droite. Bien, ces téléphones-là puis ces intérêts-là vont continuer à exister
puis ils vont continuer à présider, en quelque sorte, le débat alentour de la
santé et sécurité pour le meilleur et pour le pire.
Et je suis pas mal certain que, peu importe si
c'est vous ou peu importe les prochains ministres qui vont vous succéder dans
cette chaise-là, s'ils reçoivent quatre, ou cinq, ou six appels des différentes
associations patronales qui leur disent
unanimement : Il est hors de question que nous, on intègre cette nouvelle
maladie là, parce que ça va coûter un bras puis
que ça va venir jouer dans nos cotisations, peu importe la couleur du parti au
pouvoir, ouch! ça va être un choc pour le ministre qui va occuper votre
fonction dans les prochaines années.
Est-ce qu'on n'est
pas en train de reproduire exactement cet effet-là, néfaste, du paritarisme où
une des deux parties peut, concrètement et politiquement, verrouiller un débat,
et on éviterait que cette partie-là puisse vraiment verrouiller le débat non
seulement à l'intérieur du C.A., mais, en plus, envers le ministre auprès
duquel il parle régulièrement à tous les jours? Vous le dites souvent ici qu'à
chaque semaine vous parlez à des associations patronales et syndicales, puis
c'est tout à votre honneur, puis je pense que c'est un bel exemple que vous
donnez pour les prochaines personnes qui occuperont votre fonction, mais je
suis pas mal certain qu'à chaque fois que ça va se reproduire, qu'un comité
scientifique va faire son analyse, en plus de tous les autres qui existent
déjà, puis... il y a un calcul très simple, et très froid, et très comptable
qui va être fait : Oh boy! Ça va coûter un bras. Puis là il y a un petit
appel qui va se faire au cabinet : Bien, nous, on refuse puis on aimerait
ça que tu ne le fasses pas, toi non plus. Mais
là on continue le même mauvais film dans lequel on joue depuis 40 ans ou
le jeu des influences politiques. Dans ce cas-ci, je ne dis pas qu'il
n'y en a jamais, des mauvaises influences syndicales. Je n'en ai pas vu
beaucoup, d'un point de vue très personnel, mais j'en ai vu beaucoup sur la
question des listes des maladies. C'est très certainement à cause de ça que ça
a bloqué depuis 40 ans et très certainement à cause de ça que ça risque de
bloquer encore.
Là, on fait une mise
à jour. Tant mieux, on la fait, la mise à jour, M. le ministre, on en rajoute,
des maladies, on l'a dit plus tôt, mais c'est comme si on répare un bout de la
maison, mais c'est parce qu'il aurait fallu refaire l'ossature, là, il aurait
fallu faire la structure de la maison. Là, on a repeinturé un mur. Bravo! Le
mur, il est peinturé, il était temps qu'on le peinture, mais c'est parce que la
maison, elle n'est pas solide, là. C'est là que je trouve qu'on fait le chemin
à moitié puis qu'on se magasine encore des problèmes, qu'on se magasine encore
du statu quo pour les cinq, 10, 15 prochaines années.
M. Boulet :
...parce que je suis patient. C'est un avis qui est divergent de l'avis du
Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, qui dit clairement : Au-delà de la bonification que nous avons
faite, qu'un mécanisme soit
adopté pour assurer les modifications ultérieures de l'annexe I : création
d'un comité permanent de médecins spécialisés en santé du travail, santé
publique, dont le mandat serait de recommander l'ajout de nouvelles maladies professionnelles
en fonction de l'évolution des connaissances internationalement admises,
rapport annuel faisant état des travaux du
comité et des recommandations d'ajouts au C.A., créer un comité scientifique
indépendant. Puis là vous les connaissez, là, mais le premier élément du mandat
que nous avons dans la loi, c'est faire une vigie scientifique sur les
études... eux autres, ils disaient les études de bonne qualité.
Donc, que vous
craigniez la perpétuation d'une impasse et l'espèce de non-évolution de la
liste, bien, on est tous en désaccord avec ça. Bien, en tout cas, au Comité
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, le mécanisme que nous adoptons
va assurer, selon les termes utilisés par le comité consultatif travail et main-d'oeuvre,
je ne veux pas me tromper, «les
modifications ultérieures de l'annexe I», maintenant qui sera un règlement,
parce que c'est aussi demandé par le Comité consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre.
Encore
une fois, Mme la Présidente, je me prête au jeu. Je ne sais pas c'est quoi,
l'utilité de notre commission, mais on refait des débats sur des
articles qui ont été adoptés. 116 n'est qu'une habilitation réglementaire. Puis
j'ai trop de respect pour prêter des
mauvaises intentions à mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, j'ai trop
d'appréciation pour son talent puis sa volonté d'aller de l'avant.
Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Je conclus, Mme la Présidente, sur une question assez importante. Le CCTM, son
rapport, est le fruit d'un compromis patronal-syndical. Ils ne sont pas tous
d'accord intégralement sur tout ce qui s'y trouve, mais c'est un compromis.
Alors, ils discutent ensemble et ils proposent un ensemble cohérent de trucs.
Et donc ma question au ministre, c'est : Est-ce qu'on devrait appliquer
tous les avis du CCTM?
M. Boulet :
Est-ce qu'on doit prendre tous les avis du CCTM?
M. Leduc :
Est-ce qu'on devrait appliquer tous les avis du CCTM?
M. Boulet :
Ah mon Dieu! Non, je pense que le Comité consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre n'a pas cette attente-là. Je pense que c'est des rapports qui
sont issus du dialogue entre les parties qui formulent des recommandations.
Puis c'est le rôle, d'ailleurs, du comité consultatif de soumettre des avis,
mais il n'y a pas d'impératif, non. Si vous voulez faire le parallèle avec le
comité scientifique, non, il n'y a pas d'obligation de la part du ministre de
suivre un avis, sauf que ça joue un rôle crucial, parce que je suis un fervent
croyant au dialogue social, puis vous me connaissez assez pour savoir que c'est
pas mal... pas contraignant, mais ça a un effet important.
M. Leduc : C'est vraiment très
souvent, en tout cas. Dans le cadre de ce débat-là, là, de cette discussion-là,
l'avis du CCTM, vous y référez à de très nombreuses reprises. Mais il y a un
débat qui s'en vient, qui est celui du multiétablissement, puis le rapport du
CCTM dit précisément l'inverse de ce que vous nous proposez. Qu'est-ce qui fait
que, dans ce cas-ci, le cas en question, là, aujourd'hui, sur le comité
scientifique, il faudrait, en quelque sorte, et je
parodie un peu la situation, mais il faudrait prendre comme parole d'évangile
le CCTM et que, dans le prochain sujet, à savoir le multiétablissement, on peut
en disposer comme si de rien n'était?
• (11 h 50) •
M. Boulet :
On aura le débat au moment opportun, quand on parlera du multiétablissement,
mais...
M. Leduc :
Mais ne pensez-vous pas que, quand on négocie un...
M. Boulet :
...c'est compatible avec la réponse que je vous ai donnée. Il y a des consensus
auxquels on va adhérer, puis il y a des consensus auxquels il y aura des
ajustements, puis il y a des consensus... Dans le cas du multiétablissement,
c'est un consensus qui a fait l'objet d'ajustements.
M. Leduc :
Parce qu'il y a des organisations qui sont passées ici, en commission, au
niveau des audiences, qui étaient déçues de
ce qu'on appelle, en bon français, du «cherry picking», qu'on allait piger ce
qui nous satisfaisait dans le rapport du CCTM et qu'on laissait de côté
d'autres portions de ce qui ne nous satisfait pas. Quand je dis «on», je parle de vous, bien sûr, de la partie
gouvernementale, du ministre, alors que c'est supposé être le fruit d'un compromis. Et là vous mettez beaucoup
de l'avant que, là, ah! le CCTM a dit qu'il faut se contenter de ça pour
le comité scientifique. Moi, je suis pas mal certain que, si on appelait
les centrales syndicales, elles nous diraient qu'elles aimeraient bien ça,
avoir une petite sécurité supplémentaire de la nature de celle que le député de
Jonquière a déposée. Après ça, je ne sais pas ce que les associations
patronales diraient. Moi, je pense qu'ils devraient être d'accord que cette
liste-là soit actualisée de manière beaucoup plus simple. Après ça, il faudrait
voir ce qu'ils en penseraient concrètement. Mais là, quand on arrive sur la
question du multiétablissement, woups! alors que le CCTM dit très clairement :
Il faut que ce soit paritaire, comme décision, là, on n'est plus là du tout,
là, on est ailleurs. Là, cet avis-là, qui est le fruit d'un consensus sur
lequel il faut se circonscrire dans d'autres sujets, sur d'autres, on n'y fait
plus référence, puis c'est quasiment si on mettait le rapport en dessous de la
table. Ça ne me semble pas une logique qui tient la route.
M. Boulet :
On justifiera en temps opportun pourquoi il y a eu une adaptation du consensus.
On y arrive.
M. Leduc :
C'est-à-dire pourquoi vous avez adapté le consensus.
M. Boulet :
On aura la discussion au moment opportun. Là, vous étiez dans les articles
passés, puis là vous êtes rendu dans les articles à venir.
M. Leduc :
Oui, mais parce que je veux souligner une certaine contradiction où est-ce que
vous nous brandissez un rapport pour dire : Regardez, c'est écrit là, je
ne fais que respecter à la lettre...
M. Boulet :
Je comprends. On aura la discussion.
M. Leduc :
...mais, sur d'autres articles, vous dites : Ah non, non, ça, je me permets
d'aller ailleurs. D'accord, mais, après ça, ne venez pas nous dire que nous, on
devrait se contenter de respecter virgule par virgule le rapport du CCTM. On
peut se permettre d'aller ailleurs si vous le faites vous-même.
M. Boulet :
Non, non, mais j'ai simplement souligné le fait que votre avis n'était pas en
concordance avec celui du CCTM, parce que vous disiez : On va être dans la
même impasse, la liste n'évoluera pas, alors que ce que l'avis du CCTM... je
n'ai pas dit que ça allait nécessairement donner ce résultat-là, mais l'avis du
CCTM, c'était la mécanique à mettre en place pour faire évoluer la liste des
maladies professionnelles. Je mettais juste l'accent sur la divergence entre
votre opinion et celle du CCTM. Moi, je peux en avoir aussi, des divergences
entre le consensus du CCTM et mon opinion. On vit en démocratie, hein?
M. Leduc :
D'accord. Donc, il ne faut pas le prendre comme parole d'Évangile, c'est un...
M. Boulet :
Ah! je suis assez d'accord. Je suis assez d'accord.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Alors, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le sous-amendement déposé par le député de Jonquière?
Oui, député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Bien, c'est ça, je voudrais qu'on quitte un peu
l'Évangile, là, surtout une société laïque, mais
je voudrais qu'on revienne à l'essentiel du sous-amendement que j'ai déposé,
parce que, là, bon, on est allé dans toutes sortes de directions. Il y a un élément que je retiens du ministre.
Quand il a dit : Je vais le surprendre, le député, je suis d'accord avec son objectif, bon, il ne m'a pas
surpris tant que ça, là. Je veux dire, je pense que je commence à le connaître,
là, puis je pense qu'il est ouvert, le ministre, à justement avoir de la
transparence, d'avoir une reddition de comptes
plus grande. Je suis d'accord avec ça. Là où je suis moins... là où je suis
plus surpris, finalement, c'est qu'il ne va pas jusqu'au bout de ça, de
cette logique.
Je ne veux pas insister lourdement, je veux
juste revenir sur un élément. Je pense qu'on est dans une période sociale, dans une période au Québec, dans une
époque où on revendique de façon large de plus en plus de transparence, de plus en plus de transparence pour nous aider, nous, les
parlementaires, mais pour aider les médias également à bien faire notre travail. Alors, quand le ministre dit : Je suis
d'accord avec l'objectif énoncé par le député, c'est-à-dire de justifier
les décisions ou les refus, plutôt, les rejets des recommandations du comité
scientifique, moi, ce que j'invite le gouvernement à faire, c'est d'aller au
bout de cette logique-là.
Ce que je propose,
puis je pense que le ministre l'a reconnu également, puis je pense que mes
collègues de l'opposition, en tout cas, certainement celui
d'Hochelaga-Maisonneuve l'a reconnu également, c'est au moins un pas dans la
bonne direction pour mettre une pression supplémentaire, en termes de
transparence, sur les épaules de la commission
à partir du moment où il y a une réflexion, ou une décision, ou un rejet, une
décision, essentiellement, qui est prise sur un avis ou une recommandation du
comité scientifique. Alors, moi, j'invite le gouvernement à y réfléchir comme il faut dans un souci de transparence. Je
sais que c'est un gouvernement qui plaide souvent sur la transparence.
Alors là, on a une belle occasion de faire un pas dans ce sens-là.
Et j'insiste
également sur le plan un petit peu plus technique ou formel. On est à la bonne
place dans le projet de loi pour faire ça
parce qu'on parle des habilitations réglementaires, et là, bien, dans les
habilitations réglementaires, c'est de donner une habilitation
réglementaire à la commission concernant sa reddition de comptes sur les avis
et recommandations du comité scientifique. Donc, moi, je pense qu'on est à la
bonne place. Ce n'est pas une ouverture exagérée du pouvoir habilitant. Et je
vais terminer là-dessus, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait, merci. Y a-t-il d'autres interventions sur le sous-amendement
déposé par le député de Jonquière? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix.
Une voix :
...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Appel nominal? Parfait.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Contre.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Abstention. Donc, le sous-amendement déposé par le député
de Jonquière est rejeté. Nous continuons avec l'amendement du ministre à l'article 116.
Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix de l'amendement à l'article 116.
Est-ce que l'amendement à l'article 116 est
adopté? Est-ce que l'amendement à l'article 116 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Adopté.
Parfait. Adopté. Excellent. Maintenant, nous allons passer
à l'article 116 tel qu'amendé. Est-ce que l'article 116,
tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Adopté.
Parfait. Alors, c'est adopté pour l'article 116 tel qu'amendé. Nous poursuivons, M. le ministre, avec... j'ai
oublié, je n'ai pas mon petit tableau avec moi, excusez-moi. Nous poursuivons
directement, cette fois-ci, avec une
nouvelle section, Prévention, c'est bien ça? Section 5, Prévention, 5.1,
Mécanismes de prévention, 5.1.1, Application dans les établissements,
Programme de prévention. Alors, nous poursuivons avec l'article 146. M. le
ministre.
M. Boulet : Est-ce que vous me
permettez d'ajourner?
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...
M. Boulet : Oui, deux minutes, s'il
vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Alors, nous allons prendre une petite pause, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 59)
(Reprise à 12 h 12)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous reprenons. Tel que mentionné, nous arrivons à la section
Prévention, 5.1. Mécanismes de
prévention, 5.1.1. Application dans les établissements, Programme de
prévention. M. le ministre, nous en sommes à l'article 146.
M. Boulet : Oui, merci. Si vous me
permettez, Mme la Présidente, j'aimerais faire des commentaires préliminaires.
Comme j'ai mentionné un peu plus tôt, le projet de loi n° 59 était divisé
en trois blocs majeurs. Le premier bloc, c'était la révision des règles de
gouvernance, le deuxième, c'était l'accès à l'indemnisation, et le troisième
bloc, c'est la prévention. Le deuxième bloc, c'était essentiellement la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles, et le troisième
bloc, c'est la loi santé et sécurité du travail, qui est une loi de nature
préventive, alors que la Loi sur les accidents de travail est une loi
d'indemnisation.
Un des objectifs fondamentaux qu'on a toujours
dénoncé dans ce projet de réforme là, c'est de s'assurer qu'il y ait des mécanismes de prévention et de
participation des travailleurs partout. Les mécanismes de prévention, il y en a
deux, c'est des programmes de prévention
puis c'est des volets santé dans le programme de prévention. Les mécanismes
de participation des travailleurs, c'est des comités de santé et sécurité, qui
sont paritaires, puis c'est des représentants à la prévention dans les lois
actuelles, mais qu'on appelle des représentants en santé et sécurité du
travail.
Depuis
l'adoption de ces lois-là, les mécanismes ne s'appliquent qu'aux secteurs qu'on
appelait prioritaires, 1 et 2. Il y avait six secteurs, 1, 2, 3, 4, 5,
6. Dans les 1 et 2, bien, on référait à la foresterie, on référait aux mines. À
cette époque-là, en 1979 et 1985, c'étaient des secteurs clés, qui demeurent
des secteurs clés, mais c'étaient les secteurs où il y avait un niveau de risque plus élevé, et donc on imposait, pour les
secteurs 1 et 2, les programmes de prévention, les comités de santé
et sécurité puis les représentants à la prévention. Pour le secteur 3,
c'était seulement le programme de prévention. Il n'y avait pas de comité de
santé et sécurité et il n'y avait pas de représentants à la prévention. Pour
les 4, 5 et 6, rien, rien, ni prévention ni participation des travailleurs.
Alors, qu'est-ce qu'on retrouve dans les 4, 5 et
6? La santé, les services sociaux, l'éducation, l'agriculture. Beaucoup de secteurs étaient laissés à eux-mêmes parce
qu'il n'y avait aucune obligation, dans la loi, de mettre en place des
mécanismes de prévention et de participation des travailleurs.
Je me souviens, moi, qu'en pratique les parties
se demandaient souvent : C'est-tu un secteur visé ou non? Si ce n'est pas
un secteur visé, il n'y a pas d'obligation. Ça fait que l'employeur pouvait,
lui, décider, de sa propre initiative, de se prendre en charge — on le
souhaitait tous — qu'il
prenne en charge la prévention puis qu'il permette aux travailleurs de
participer. C'est les premiers concernés. Puis c'est important, ce que je dis,
parce que j'espère que ça va me guider tout au long du bloc Prévention. Je veux
véritablement que, dans le bloc Prévention, il y ait de quoi, qu'on n'attende
pas un autre 40 ans.
Actuellement, il y a 23 % des
établissements qui sont visés, donc, dans les 1 et 2, 25 % des
travailleurs. Puis, quand je dis : santé, éducation, services sociaux,
agriculture, et autres, là, parce qu'il y a plusieurs secteurs où il n'y a rien d'impératif,
imaginons-nous le développement de ce qu'on appelle les risques émergents. Les
risques psychosociaux, là, en 1979 et
1985, on ne parlait pas de ça. On parlait des maux de dos puis on parlait des
lésions musculosquelettiques, comme
les tendinites, les bursites, les ténosynovites, on parlait de ça, mais on ne
parlait pas de trouble de stress post-traumatique, on ne parlait pas de
parkinson, on ne parlait pas des nouveaux risques, des cancers, notamment des
pompiers, puis d'autres maladies qui vont... qui ont été et qui vont
éventuellement être ajoutées à la liste. Donc, l'évolution de la nature et des niveaux de risque nous ont convaincus
qu'il fallait aller de l'avant et s'assurer qu'ultimement quand on
adoptera la loi tout le monde pourra y trouver son compte et qu'on ne pourra
pas éviter de faire de la prévention et de permettre aux travailleurs de
participer. Ça fait que ça, pour moi, c'est une priorité.
Puis, tu sais, on référait au comité consultatif
du travail et de la main-d'oeuvre, il y a des fois qu'on a adapté des
consensus, il y a des fois qu'on est même allés au-delà des consensus. Tu sais,
comme il n'y avait pas de consensus, il n'y avait pas de recommandation du
Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre pour faire en sorte qu'il y ait des représentants en santé et
sécurité partout où il y avait des comités santé, sécurité. Puis un
représentant, c'est quelqu'un issu de... des travailleurs. Or, dans
notre projet de loi, il y aura des représentants partout où il y a des comités.
Donc, parfois, on est allés au-delà des consensus.
Sur le multiétablissement, on a tenu compte
d'autres consultations particulières, mais on ne met pas le multiétablissement
mur à mur. Il faut qu'il y ait des activités de même nature pour que le régime
s'applique avec harmonie, souplesse et
efficacité. Puis ça ne sera pas systématique où il y a des multiétablissement.
Il faut véritablement que ce soient des activités de même nature.
Prévention des risques psychosociaux, ça va être
important de les identifier pour les contrôler et les éliminer. Pour moi, c'est
des mots clés : identifier les risques pour mieux les contrôler et les
éliminer. Puis les risques psychosociaux, ils vont devoir être identifiés dans
le programme de prévention qui existera.
Évidemment, pour les établissements de moins de
20 travailleurs, ce sera plus la forme d'un plan d'action pour que ce soit
appliqué avec plus de souplesse puis de manière plus respectueuse à
l'environnement de travail. Tu sais, vous vous souvenez, au départ, on avait
les niveaux de risque et le nombre de travailleurs. Le niveau de risque, on a
réalisé que la méthode de calcul des niveaux de risque était trop... comment je
dirais ça sans... mathématique, actuarielle.
Ça donnait des problématiques dans les milieux de travail où il y avait de la
surréclamation ou de la sous-réclamation, et ça avait un impact dans des
milieux de santé qui étaient peut-être plus à risque au niveau psychosocial et où il n'y avait pas nécessairement
eu un nombre important de réclamations et de déboursés au fil des années.
• (12 h 20) •
On a... Quand on parle de déploiement des
mécanismes de prévention, ça implique la révision du rôle de la Santé publique au travail. Puis, c'est important,
ça... On a entendu, lors des consultations particulières, et on a soumis des
amendements. C'est important de dire que le
réseau de la santé public collaborera avec la commission au développement
des programmes de santé au travail, va accompagner les employeurs dans la prise
en charge de leur prévention, va effectuer une surveillance dans l'application
des éléments de santé dans les programmes de prévention.
Il y a... puis là je ne ferai pas tout le tour,
mais il y a une avancée qui est importante. La violence en milieu de travail, l'impact de la violence dans les mieux de
travail, que ce soit de la violence physique, psychologique et incluant
la violence conjugale, familiale ou à caractère sexuel, elle a des impacts en
milieu de travail. Il y en a, des conjoints qui harcèlent, qui téléphonent, qui
viennent sur les terrains de stationnement, qui contrôlent les allées et
venues. Les employeurs détectent la détresse d'une conjointe ou d'un conjoint,
détectent les retards, les ecchymoses, l'anxiété, l'absentéisme. L'employeur sera tenu d'intervenir pour aider,
accompagner, accommoder la personne qui est victime de violence conjugale pour éliminer les répercussions
que ça peut avoir en milieu de travail. C'est une façon de s'adapter à
la modernité que nous connaissons actuellement.
Le télétravail, le télétravailleur, il est
soumis aux mêmes droits et aux mêmes obligations, mais l'employeur du
télétravailleur, il est soumis aux mêmes droits et aux mêmes obligations. Et on
en avait discuté avec les collègues d'Hochelaga-Maisonneuve, Nelligan, on va
s'assurer que la loi s'applique aux travailleurs qui exécutent du télétravail et à son employeur. On va s'assurer
qu'il n'y ait pas des inspections sans le consentement, mais on va
s'assurer qu'on puisse surveiller,
qu'on puisse aider, qu'on puisse accompagner pour s'assurer que la santé, la
sécurité, l'intégrité du télétravailleur soient protégées.
Sur les chantiers de construction, on va
s'assurer qu'il y ait des comités de chantiers qui soient présents sur tous les
chantiers quand le nombre de travailleurs est d'au moins 20, ce qui n'existe
pas. Ça ne sera pas parfait, puis vous allez
me le répéter : Jean, ça pourrait être mieux, ça pourrait être ci, puis
moi, je vais écouter. Puis je suis d'accord à reconnaître que le projet de
loi est perfectible, mais je pense
que, d'emblée, il faut reconnaître qu'on fait des avancées importantes.
Qu'il y ait un représentant en santé et sécurité qui soit présent dans tous les
chantiers qui a au moins 10 travailleurs,
ça n'existe pas. Il n'y a pas d'impératif. Il n'y a rien. Toutes les
obligations en matière... dans le secteur de la construction, il n'y avait, dans la loi, rien. Et, dans la loi
santé et sécurité, il y avait des articles sur les comités de chantiers
puis les agents, mais ça n'a jamais été mis en vigueur. Ça n'a jamais été mis
en vigueur.
Le programme de maternité sans danger, ce qu'on
appelle le PMSD, c'est sûr qu'il y a des groupes patronaux qui sont venus me
dire, deux : Ça ne devrait pas être là-dedans, ça coûte tant, ça
pourrait... c'est un programme de nature
sociale. Je n'ai jamais été confortable avec ça. Puis ça, ça déroge d'un
consensus du CCTM. Puis je vois le collègue de Nelligan hocher de la tête. C'est de laisser ça là où il
est actuellement, le programme de maternité sans danger.
Au départ, on me disait : Oui, mais la
direction nationale de la santé publique va faire un protocole national, puis elle va dépouiller les médecins qui font le
suivi de la femme enceinte de sa capacité d'émettre un certificat visant
le retrait préventif. Mais un certificat
visant le retrait préventif, en fait, c'est un certificat qui permet à la personne
d'être réassignée ailleurs où il n'y a pas de danger pour elle, ou pour
l'enfant à naître, ou en raison de son allaitement, et ça, c'est important pour moi de le redire. Et on a déposé des amendements
ici, parce qu'on a déposé une série d'amendements, quand
même, pour s'assurer que le médecin qui fait le suivi de grossesse ne perde pas
son autorité, ne perde pas sa capacité d'émettre le certificat et de s'assurer
de faire une vérification qui soit appropriée à l'état de la femme enceinte
pour éviter qu'elle soit exposée à des dangers ou à des risques pour sa santé
et sécurité ou pour la santé et sécurité de l'enfant à naître.
Donc, je veux certainement qu'on soit tous
guidés, puis je sais que vous allez en parler abondement, par ce que moi, je
considère comme étant un incontournable social : il faut dépoussiérer nos
lois en matière de santé et sécurité. On
était des pionners, si je peux m'exprimer ainsi. Puis j'avais eu l'occasion de
discuter... collègue de Jonquière,
peut-être que vous l'avez connu, celui qui était ministre du Travail en 1979,
qui a parrainé la loi santé et sécurité, qui m'expliquait, M. Marois, à
quel point ça avait été compliqué et difficile. Mais je pense qu'on est
devenus, à cette époque-là, un peu des pionniers, puis là on est devenus des
derniers de classe.
Puis vous allez probablement, au bout du
processus, dire : Jean, on n'est pas encore des premiers de classe. Mais j'espère qu'on va être nettement en haut de
la moyenne puis se dire que, dans deux ans, trois ans ou
sept ans, on va faire des
amendements à cette loi-là pour faire en sorte qu'on diminue le nombre des
lésions professionnelles — puis, quand je dis «lésions professionnelles», c'est tant
les accidents de travail que les maladies professionnelles, que la gravité
aussi de ces lésions-là — pour
le bénéfice des travailleurs, des syndicats, puis des employeurs, puis pour le
marché de l'emploi, puis qu'on se donne une société, au Québec, qui soit véritablement
humaine en matière de santé et sécurité. Puis c'est mon objectif, puis ça, je
pense qu'on ne pourra pas remettre ça en question.
Alors, voilà, c'étaient les remarques
préliminaires. Puis je ne sais pas si j'ai le temps de commencer... mais ça
peut peut-être être long de lire. Je pense que...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Alors, je constate, M. le ministre, qu'effectivement il reste peut-être à
peine, là, deux minutes quelques secondes. Alors, peut-être, au lieu de...
Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc : Au retour, j'aimerais ça,
faire quelques remarques préliminaires également, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Avant
de commencer les préventions?
M. Leduc : Oui.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, au lieu de... Donc, si vous êtes d'accord, là, il reste
deux minutes quelques secondes. Plutôt que de lire l'article,
nous allons suspendre immédiatement. Vous aurez un dîner légèrement plus long.
Alors, nous suspendons les travaux jusqu'à
14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprise à 14 h 10)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Rebonjour. Alors, votre attention, s'il
vous plaît! La Commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité
du travail.
Lors de notre
suspension de nos travaux, cet avant-midi, le ministre venait de terminer
quelques commentaires spécifiques sur la nouvelle section que nous
commençons, Prévention.
Alors, je pense qu'il y a aussi des députés qui
aimeraient profiter pour faire quelques remarques. Ce n'est pas des remarques
préliminaires, on n'appelle pas ça comme ça, mais plutôt des commentaires sur
la nouvelle section que nous commençons. Je
pense qu'on va y aller avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve? Parfait. Donc,
vous disposez à peu près de 10, 15 minutes, maximum, maximum.
M. Leduc : Oui, oui. Merci, Mme la
Présidente. J'apprécie le fait qu'en changeant de morceau on ait une petite...
une légère pause pour remettre quelques éléments sur la table à dessin, que
nous allons traiter dans les prochains jours, prochaines semaines. Et, vous
savez, à l'origine, ça aurait pu être deux lois distinctes, hein? On en aurait
eu en masse juste avec le volet Réparation et on en a en masse... Tu sais,
c'est comme si ouvrait une autre loi, là,
puis qu'on ouvrait un autre p.l., un autre projet de loi dans... à l'instant.
Alors, il y a lieu, en effet, de mettre quelques éléments sur la glace.
Moi, je fais partie des personnes qui ont
analysé le projet de loi de la manière suivante. Je sais que ce n'est pas
nécessairement la façon dont le ministre souhaitait la... souhaite la voir et
la présenter, mais c'est... en tout cas, c'est quand même comme ça que je l'ai
lue, moi et plusieurs autres collègues dans le milieu du travail. C'est qu'on a
essayé de faire une espèce d'équilibre et de donner un peu à tout le monde,
d'un côté, pour contenter les groupes plus patronaux, aller chercher des potentielles
économies, dont peut-être... soit des baisses de cotisation ou, en tout cas,
l'absence de hausse de cotisation.
On est allés
jouer dans la réparation, et là on est allés faire des tonnes de choses, là. On
a commencé à compiler les différents reculs qu'on a enregistrés, là,
depuis le début de la commission, en réparation. Ça fait trois pages. Je ne vous lirai pas ça, Mme la Présidente, mais, bref, les travailleurs,
travailleuses n'ont pas beaucoup gagné, je trouve, dans le volet Réparation,
mais on se faisait dire : Vous allez voir, c'est en prévention que, là, ça
va être les bonnes nouvelles, vraiment, pour les travailleurs, travailleuses.
Puis il y avait comme une espèce de logique en disant : Si on a une bonne politique
de prévention, bien, il y aura moins de monde qui vont se blesser, donc moins
besoin de réparation, potentiellement. Là, ce n'est pas... Je ne mets pas des
mots dans la bouche du ministre, c'est un peu plus ça que je déduisais de ce
projet de loi là. Ce n'est toutefois pas ça que je vois, et les reculs
enregistrés en réparation, à mon avis, ne sont pas du tout rattrapés par ce
qu'on nous prépare... présente, pardon, en prévention.
Moi, j'ai encore énormément de problèmes avec
les textes de M. le ministre puis je vais vous en faire une légère synthèse,
des différents problèmes. Tout d'abord, qui dit prévention dit libération.
C'est très technique. C'est des chiffres. Peut-être que, pour le commun des
mortels, ce n'est pas très concret, mais ça demeure le beurre et l'argent du beurre
de la prévention. C'est : Est-ce qu'il y a du monde qui s'en occupe puis
qui ont le temps et l'espace-temps nécessaires pour faire du bon travail de
prévention? Vous savez, Mme la Présidente, faire de la prévention, c'est les
deux bottines dans la shop, ou dans le bureau, ou dans la tour à bureaux,
peut-être, et faire des tournées, faire des rencontres, faire de la formation,
faire des évaluations, parler aux gens, constater c'est quoi, les problèmes. Il
faut qu'il y ait du monde qui ait le temps de faire ça.
Et donc, ce qu'on nous propose comme seuil de
libération, on est passés du très mauvais, très mauvais film des seuils, là, de
niveau de risque faible, moyen, élevé, puis après ça on est passés à un
plan B où tout était envoyé dans la cour de la CNESST, donc la
judiciarisation à outrance de la libération pour le représentant en
santé-sécurité. C'était tout aussi irrecevable que la première mouture. On est
encore, donc, dans le néant par rapport à une sortie de crise de cette absence
de véritable mécanisme de prévention qu'est les temps de libération. J'ai fait
des tonnes de propositions en public ou en privé avec le ministre. J'ose
espérer que, dans les prochains jours, on ait l'occasion de se revoir puis
d'aller trouver des compromis, je pense qu'il y en a qui sont possibles, parce
que ce qui est devant nous n'est pas du tout à la hauteur de la situation.
Une des critiques qu'on faisait, à l'époque, de
son niveau de risque et de tout l'échafaudage alentour de ça, c'est que c'était
un modèle sexiste. Les femmes, les secteurs d'emploi à prédominance féminine
étaient presque tout le temps des niveaux risque faible. D'où l'idée de faire
une ADS+, une analyse différenciée selon les sexes, de la nouvelle mouture
qu'on va faire pour s'assurer qu'elle ne le soit pas, elle aussi,
discriminatoire envers les femmes.
Ensuite, un peu dans la même variation, il y a
le nombre de représentants des travailleurs sur les comités, les fameux comités
de santé et sécurité. Il faut qu'il y ait des travailleurs là-dessus. Nous, on
a constaté que, dans le projet de loi, il baissait, M. le ministre, le
nombre de travailleurs par rapport à la loi actuelle, il les baissait un peu.
Bon, il faut choisir ses batailles dans la vie. J'aurais préféré qu'on garde le
nombre actuel de représentants sur les comités de santé et sécurité, qui, on le
comprend, varient en fonction de la grosseur de l'entreprise. Le ministre les
baisse un peu, mais il faut s'assurer qu'on ne baisse pas davantage que ça. Il
faut qu'il y ait une progression dépendamment que... Si on est en entreprise de
50, 1 000 ou 2 000 employés, il faut que le comité
grossisse, il faut qu'il y ait des départements, il faut qu'il y ait des
représentants sur le plancher. Même chose pour la fréquence des comités, il faut qu'ils se rencontrent d'une
manière systémique, j'oserais dire, donc pas trop espacée dans le temps. Une
fréquence de deux, maximum trois... aux deux ou aux trois mois,
maximum, ça me semble quelque chose de raisonnable.
Le multiétablissement, vous le savez, c'est un
gros morceau. Tous les mémoires qu'on a reçus en début de commission parlaient
de ça. Le ministre, je pense, ne fait pas ça pour répondre aux demandes du
secteur privé. La plupart des secteurs privés, qui ont des shops syndiquées et
qui ont des... qui possèdent plusieurs établissements, c'est déjà des
établissements syndiqués avec des propres comités de santé et sécurité. Puis je
ne pense pas qu'ils vont vouloir rétropédaler puis fusionner, ça va causer
beaucoup trop d'instabilité.
Je pense que le multiétablissement, c'est
clairement une demande de l'État employeur, c'est clairement une demande de la...
du ministère de la Santé et de l'Éducation, qui sont en mode panique, à mon
avis de manière complètement injustifiée, mais qui sont en mode panique de voir
que, là, woups! demain matin, il va falloir peut-être qu'ils fassent de la
prévention, ce qu'ils ont toujours refusé de faire depuis des années. Alors,
ils ont avec eux cette espèce d'historique d'échec de faire de la prévention
parce qu'ils n'étaient pas obligés de le faire. Là, ils vont être obligés de le
faire. Alors, ils sont en mode panique : Ah mon Dieu! On ne peut pas faire
un comité par établissement. Ça n'a pas de bon sens! Vite, vite, vite, on va
tout regrouper ça.
L'idée de regrouper des choses, on n'est pas
contre en soi. Ce à quoi on s'oppose avec force, c'est de forcer le
regroupement. Est-ce qu'on va avoir besoin d'un comité de santé et sécurité
dans chacune des écoles de quartier et des écoles de rang? C'est une bonne
question. Peut-être que oui, peut-être que non. Peut-être que les syndicats,
les travailleurs vont vouloir regrouper, à l'échelle d'une commission scolaire,
à l'échelle d'une région, des comités de santé et sécurité dans chacune des
écoles, mais il va falloir que ce soient les travailleurs, travailleuses qui
veuillent jouer dans ce film-là, que ça ne soit pas imposé par le patron. Parce
que, si on impose des comités de santé et sécurité à l'échelle d'une commission
scolaire, à l'échelle d'un CIUSSS, vous savez à quel point un territoire de
CIUSSS, ça peut être immense, ça sera dysfonctionnel. Ça sera... bon, ça va
être une blague, là, on ne pourra pas avoir trois, quatre personnes des...
deux... quelques cadres, quelques travailleurs pour représenter une pluralité
complètement hallucinante de types de travail, de lieux de travail. Je veux
dire, une urgence, ce n'est pas la même chose qu'un CLSC, qui n'est pas la même
chose qu'une maison de jeunes de DPJ, ça ne peut pas fonctionner. Alors, il
faut que ça soit paritaire, il faut que les deux parties disent : Oui, on
y voit du bon, à fusionner les comités de santé-sécurité. Ça ne peut pas être
une seule partie qui décide, comme le ministre le propose.
Il y a aussi des déceptions par rapport aux
petits établissements, les moins de 20 salariés. Le ministre parle de
représentant, l'agent de liaison. Moi, je me serais attendu que l'agent de
liaison ait quand même assez de pouvoir, autant de
pouvoir que le représentant. Ça ne semble pas être le cas. Parlons-en aussi, d'ailleurs,
du représentant. Il perd quand même certains
pouvoirs par rapport au comité de santé-sécurité. Moi, je pense que le comité
de santé-sécurité, c'est une chose. Il est paritaire et, parce qu'il est
paritaire, il ne peut pas rattraper tous les pouvoirs d'inspection, par
exemple, d'un représentant. Il faut que le représentant des salariés soit celui
qui fasse l'essentiel du travail et non une instance paritaire qui est
composée, donc, de patrons.
Il y a toute une discussion à avoir sur les
dangers. On veut... on aimerait ça qu'on fasse référence à la notion du danger
immédiat, notamment, là, à l'article 183 du projet de loi, et pas juste
une déficience. On aimerait ça parler du rôle d'un potentiel... d'un ombudsman
à la CNESST. Vous savez à quel point il y a beaucoup de critiques envers
l'organisation. Puis là je me permets de préciser que moi aussi, j'en ai fait,
des critiques, et j'en ferai d'autres à la CNESST, mais que je sais qu'il y a
de nombreux travailleurs, travailleuses de la CNESST qui font un excellent travail, qui sont très professionnels. Évidemment,
je ne jette pas le bébé avec l'eau du bain. Il y a une culture, parfois,
organisationnelle, il y a une culture de direction qui est critiquable et que
je critique, mais loin de moi de vouloir mettre tout le monde dans le même
bateau.
• (14 h 20) •
Sur les agences de placement, j'aimerais qu'on
aille vers une responsabilité conjointe de l'agence et de l'employeur sur place
afin de clarifier ces situations-là en matière de santé-sécurité.
Ouvrir une
loi, ce n'est pas juste gérer des potentiels reculs, ça serait intéressant
d'aller plus loin. Il y a quelques éléments que le ministre met de
l'avant, mais qui sont, à mon avis, intéressants, mais qui ne vont pas au coeur
du problème. Moi, je pense qu'on devrait donner le pouvoir au représentant des
travailleurs, le RSST, d'arrêter le travail.
Un individu a déjà un pouvoir de le faire, là, un arrêt de travail, mais le
représentant devrait avoir ce pouvoir-là aussi pour s'assurer d'une intervention immédiate et de libérer le
salarié de la difficulté que représente le fait d'exercer ce pouvoir-là
d'un point de vue individuel dans un cadre de travail.
Finalement, quelques éléments un peu moins
centraux, mais néanmoins importants. Le rehaussement des amendes en LSST, là,
c'est un peu notre dada, à mon collègue Guillaume Éloi... À chaque projet de
loi qu'on traite avec M. le ministre, on rappelle que les amendes restent toujours
inchangées et qu'avec le temps ça serait intéressant de les
moduler en fonction du revenu, notamment.
Un point important sur la construction, il
faudrait absolument qu'on aille vers des équipes volantes. Parce que, là, M. le
ministre a parlé qu'il allait baisser un petit peu, là, les critères, là... pas
les critères, pardon, mais les seuils pour avoir accès à des représentants sur
des chantiers. C'est une chose, mais qu'en est-il de tous les autres petits
chantiers? C'est un peu le même phénomène qu'on a avec les milieux non
syndiqués, les petits milieux de travail, les PME, ce n'est pas exempt de problèmes
en matière de santé-sécurité, ce n'est pas exempt de problèmes en matière de normes du travail, pour faire le parallèle. Mais donc ce serait intéressant d'avoir une équipe volante qui puisse être attitrée à faire une tournée
des petits chantiers qui ne seront pas beaucoup encadrés par la réforme de M. le ministre. Évidemment, j'aimerais qu'on
parle de l'intégrité physique et psychologique des travailleurs, mais ça, je
sais que le ministre est intéressé à en discuter. On verra ce qu'il mettra sur
la table.
Et voilà, ça fait un peu le tour de mes
attentes, Mme la ministre. Je conclurais ces petits commentaires sur le fait
que le multiétablissement, c'est vraiment un gros, gros, gros morceau, c'est vraiment
dans les très gros morceaux qui restent. Là,
ce serait techniquement le prochain
article qui serait en ouverture, mais moi, je pense qu'il y a davantage
de discussion et de concertation à avoir avant d'ouvrir cet article-là.
Alors, je fais la demande formelle, là, avant
qu'on ouvre l'article 146, qu'on le suspende, celui-là, comme on l'a fait
avec d'autres articles plus litigieux, qu'on continue l'étude détaillée. Il y
en a plusieurs autres où on a des amendements de prêts qu'on pourra partager
avec le ministre, mais le 146, il est trop... on n'a pas encore trouvé, là, de
point d'atterrissage, puis il est trop important pour l'expédier aujourd'hui,
là, un 18 trous un peu banal en plein été.
Alors, suspendons-le, trouvons le temps d'atterrir sur un compromis
satisfaisant pour toutes les parties et continuons sur les autres
articles. Ça serait ma proposition. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres... Oui. Alors, député de Jonquière qui
aimerait faire des commentaires généraux.
M. Gaudreault : Oui. Alors, les
commentaires généraux en plein milieu de l'étude d'un projet de loi, c'est innovateur,
c'est correct. Moi, je l'accepte, mais je pense que, par un souci d'équité, si
le ministre l'a fait en débutant ce nouveau
bloc d'articles et que le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve le fait, je pense
que c'est important que les autres collègues le fassent, puissent le
faire aussi. Donc, c'est pour ça que je vais saisir la balle au bond.
Sans diminuer l'importance de tous les articles
qu'on a adoptés avant, qui sont très, très importants, là, que ce soit sur le fonctionnement ou que ce soit sur la
révision des décisions, que ce soit sur la gouvernance de la commission,
il reste que, pour moi, pour ma formation politique, la question de la
prévention est le coeur, c'est fondamental. Je veux dire, on le dit, en santé, mieux vaut prévenir que guérir. Il faut
changer les habitudes, arrêter de fumer, faire plus d'exercice physique, etc.
Bien, en matière de santé-sécurité au travail, c'est la même chose. En matière de santé-sécurité au travail, donc, être
capable d'anticiper les risques, les dangers, d'agir en matière de prévention,
c'est toujours ce qu'il y a de mieux.
Puis une anecdote. Joi, je suis une page
Facebook, sur mon Facebook perso, là, c'est une amie qui tient ça, ça s'appelle
L'histoire au quotidien. Puis, à chaque jour, elle va chercher des
nouvelles du Progrès du Saguenay, fin XIXe siècle jusqu'aux années 60, à peu près,
puis elle fait un petit survol. Puis souvent, là, il y a des articles sur les
accidents de travail. Je me dis : Ça n'a aucun sens. Dans les
années... à l'époque où la pulperie fonctionnait à Chicoutimi, là, elle a fermé en 1927,
donc forcément avant 1927, je pourrais vous en montrer, là. Puis là ils
racontent ça, dans le journal, banalement, là. Tu sais, c'est le travailleur
qui était sur une pile de ballots de pulpe avant qu'ils soient mis sur le bateau, puis là il glisse, puis il se casse trois,
quatre jambes puis, je veux dire, il retourne à la maison, puis on espère qu'il
va revenir au travail, tu sais. C'est une autre mentalité complètement.
Et, quand je regarde ça avec le recul historique, bien, je me dis : Aujourd'hui,
on a beaucoup, beaucoup avancé. Pourquoi? Parce qu'on a agi avec prévention.
Alors, il faut continuer dans cet esprit-là.
Puis moi, juste pour vous donner une idée, moi,
je suis député d'une circonscription, puis je sais que le ministre connaît
ma région, je suis député d'une circonscription hyperindustrielle, une des
plus industrielles du Québec, Jonquière, avec Rio Tinto Alcan, avec l'usine Vaudreuil,
l'usine d'aluminium, avec, en plus, l'industrie forestière, avec l'usine de Kénogami. Alors, c'est une des
plus industrielles du Québec, certainement. Et, juste en 15 ans, disons, je
constate des changements de pratiques en matière de prévention au sein des
usines dans... sur mon territoire. Il faut aller encore plus loin, mais, déjà,
je le sens, dès qu'on met le pied dans l'usine, il y a plein de mesures de
prévention, puis je pense que c'est correct.
Donc, il n'y aura jamais rien de mieux que la prévention en matière de santé-sécurité au travail.
Alors, c'est
pour ça que ce bloc est extrêmement important, mais c'est pour ça aussi qu'il
faut le faire correctement. Et moi, j'ai des inquiétudes, un peu comme
le député d'Hochelaga-Maisonneuve, j'ai des inquiétudes également de mon côté,
donc, concernant le multiétablissement. Je viens de vous parler de ma
circonscription, qui est certainement une
des plus industrielles du Québec. Je ne suis pas capable de m'imaginer un
comité ou une pratique multiétablissement entre l'usine d'Alma, d'aluminium, puis l'usine d'Arvida, puis l'usine
de La Baie, puis les autres usines d'aluminium, disons, de Rio Tinto
sur... à travers le territoire. Parce que c'est vraiment différent, les
précuites à Arvida, c'est le Moyen Âge à côté du... des AP60 qui sont juste,
juste à côté, puis c'est aussi complètement différent des AP35 qui sont à Alma,
alors. Puis là, ça, c'est sans compter qu'il y a plusieurs accréditations
syndicales. C'est des métallos du côté d'Alma puis c'est Unifor du côté
d'Arvida. Alors, multiétablissement, là, moi, je le vis à tous les jours, là.
Puis la même chose du côté de l'industrie
forestière. Il y a une compagnie, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui s'appelle
Produits forestiers Résolu, puis ça, c'est un enjeu en soi parce que ça peut
induire un monopole dans l'industrie forestière d'une région comme la mienne.
Mais Produits forestiers Résolu a une usine à Dolbeau, il y a une usine à
Saint-Félicien, il y a une usine à Alma puis il y a une usine chez moi, à
Jonquière. Multiétablissement, mais les usines sont différentes l'une de
l'autre, une usine de pâte de Produits forestiers Résolu à... de pâte chimique
du côté de Saint-Félicien, une usine de papier circulaire, qu'on a dans nos
Publi-Sac, à Jonquière, une usine de papier annuaire, disons, du côté d'Alma.
Alors, c'est la même entreprise, mais multiétablissement.
Donc, moi, je suis très, très, très préoccupé
par ça. Il va falloir qu'on ait des balises extrêmement fortes. Il va falloir
qu'on soit attentifs, rigoureux. Et je... de mon côté, en tout cas, il n'y aura
pas de compromis sur la sécurité, la santé puis sur la prévention. Alors, ça,
ça va être extrêmement important.
• (14 h 30) •
Sur les chantiers de construction aussi, j'ai
beaucoup, beaucoup de préoccupations. Puis là je regarde les articles un peu au hasard :
l'article 220 sur l'obligation des membres du comité de chantier de
participer aux programmes de formation, l'article 264 sur
l'abrogation des dispositions relatives au comité de chantier et à l'agent de
sécurité, sur l'article 226, la désignation d'un ou plusieurs
coordonnateurs en santé et en sécurité si le chantier de construction est au-dessus de 25 millions ou qu'il y a au
moins 100 travailleurs de la construction. Bon, ainsi de suite, là, je
pourrais continuer. L'article 222, l'obligation de désigner un
responsable de santé-sécurité à temps partiel s'il y a au moins
10 travailleurs de la construction.
Donc, les enjeux de la construction sont très,
très importants. Puis souvent c'est une industrie qui est mise sous pression parce
que les clients sont exigeants, il y a une pénurie de main-d'oeuvre, il y a beaucoup,
beaucoup... il y a plus de demande que d'offre, je dirais. On le voit sur nos
chantiers résidentiels. J'ai fait rénover ma cuisine l'hiver passé, puis ça a
tout pris pour être capable de me trouver un entrepreneur. Alors, imaginez dans
les chantiers industriels, dans les
chantiers commerciaux. Alors, il peut y avoir des enjeux de pressions qui sont
mises sur les travailleurs... sur les entreprises et ensuite sur les
travailleurs, qui fait en sorte qu'on travaille très rapidement. Alors, il faut
être très, très précautionneux, je ne sais
pas si ça se dit, mais, en tout cas, il faut prendre beaucoup de précautions
dans l'industrie de la construction.
Donc, moi, c'est dans cet esprit-là que j'entame
les travaux pour le volet Prévention. C'est le coeur du projet de loi. Je sais qu'on le dit souvent : Ah!
c'est le coeur du projet de loi, c'est le coeur du projet de loi. Bien, c'est
vrai, c'est le vrai coeur du projet de loi.
J'entends la proposition du collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve pour suspendre. La seule chose, Mme la Présidente...
Moi, je suis favorable, là, parce qu'effectivement le multiétablissement, c'est
tellement important, puis je comprends qu'il y a tellement d'enjeux, ceux que
je vous ai nommés, par exemple, avec des réalités, dans ma région, que je
côtoie à tous les jours. Sauf qu'à mon point de vue ce n'est pas que
l'article 146, parce que, quand on regarde les autres articles, là, il y a
beaucoup d'articles qui font référence au multiétablissement, mais sur d'autres
volets, que ce soit, par exemple... j'essaie de voir, là, mais toute la
section 5.1, les mécanismes de prévention, 5.1.1, application dans les
établissements. Après ça, j'en ai vu un... ah! l'article 159, plusieurs
comités de santé et sécurité peuvent être formés dans un établissement ou dans
différents établissements si c'est multiétablissement. Donc là, c'est un
article qui concerne le multiétablissement aussi.
Alors, si on suspend l'article 146, il
faudrait qu'on cible comme il le faut les articles qui peuvent être touchés par le multiétablissement et qui sont ailleurs,
qu'on puisse les suspendre également, pour vraiment traiter plus rapidement
les autres articles qui font peut-être un
peu plus consensus. Alors, moi, je suis ouvert, je suis partisan aussi de
suspendre ces articles-là, mais il va falloir
qu'on s'entende comme il faut sur quels articles on suspend, parce que c'est un
effet domino, hein? Vous le savez, en législation quand on touche à un
article... on l'a vu, tantôt, avec l'habilitation réglementaire, comment ça touchait plein d'autres articles. Ça fait que,
si on suspend un article, moi, je veux bien, là, mais il va falloir qu'on
suspende les autres qui seraient touchés par l'effet domino. Alors, voilà, Mme
la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, est-ce que le député de Nelligan veut aussi intervenir? Je pense
que oui.
M.
Derraji : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Du moment que vous avez vous-même suggéré cette innovation
dans cette étude de projet de loi... Moi, je ne vais pas dire que c'est un bloc
important. Moi, je pense, tout le projet de loi est important, ce n'est pas
uniquement le bloc de la prévention, même si, au tout début, j'ai moi-même
déposé une motion pour scission de projet de loi. À un certain moment, lors de
mes échanges avec le ministre, j'ai proposé qu'on commence avec le bloc
prévention, par la suite, indemnisation. Je sais qu'il y a des collègues qui
n'étaient pas d'accord, mais, bref, nous sommes là aujourd'hui, nous sommes là
aujourd'hui pour analyser et commencer l'étude du bloc de la prévention. Je
pense que c'est ça qu'il faut garder en tête, que nous avons quand même réussi
à avoir... et à bonifier le bloc sur
l'indemnisation avec l'ensemble des moyens que nous avons eus. Il y a quand
même des articles, encore une fois, suspendus, qu'on n'a pas encore
traités, notamment l'atteinte auditive.
Et, je pense, au niveau du bloc de la
prévention, oui, il y a l'enjeu du multiétablissement, mais je ramène sur la
table les enjeux liés aux PME. Et c'est très important, c'est très important
parce que, si on entend aussi... Je sais que les collègues ramènent pas mal de
points, je dirais, c'est des demandes légitimes de la part des syndicats. Il ne
faut pas oublier qu'aussi au niveau... côté PME, je parle, petites et moyennes
entreprises, il y avait pas mal d'enjeux liés à l'applicabilité. Et le mot qui
revient souvent dans les mémoires : «réaliste», le mot «réaliste».
Donc, ce n'est pas négociable, la prévention. Ce
n'est pas ce que je suis en train de dire. La prévention doit être le nerf de
la guerre dans tout établissement, ou petite, ou moyenne, ou grande entreprise,
mais il faut garder en tête que les groupes que nous avons tous rencontrés...
Et je garde aussi en tête le paritarisme. Donc, si on veut, aujourd'hui, sortir
avec une solution, il ne faut pas juste, en tant que législateurs, regarder un
seul point de vue. Le CCTM fait son travail,
que ce soient les groupes représentant le patronat ou le syndicat, en fait,
leurs représentations... et, à un certain moment, il y a des divergences
au niveau d'opinions, mais, je pense, là où nous sommes aujourd'hui, on peut
donner quand même un beau message par rapport aux mesures de prévention,
surtout dans les milieux à risque. Et on a
vu l'impact d'avoir des milieux à risque, notamment sur l'atteinte
auditive, notamment sur d'autres aspects où le législateur aujourd'hui
doit envoyer un message très clair par rapport au resserrement des règles au
niveau de la prévention, parce que, si, aujourd'hui, on parle que ça coûte cher
par rapport à certains aspects au niveau de l'utilisation
des fonds au niveau de la CNESST, c'est que, probablement quelque part, il y
avait une négligence au niveau des mesures de sécurité concernant le
matériel lié à la... en fait, agir en amont au niveau de la prévention, mais
aussi au niveau du matériel pour la protection de nos travailleurs.
Donc, pour moi, c'est avec la même rigueur, même
énergie que le premier bloc. C'est un bloc important, comme le premier bloc,
comme le bloc sur la gouvernance que nous avons déjà traité, la nouvelle
gouvernance de la CNESST. Je ne sais pas
c'est quoi, le point de vue du ministre par rapport à suspendre l'article tel
qu'il a été proposé. Si c'est le cas, il faut absolument voir l'ensemble
des articles liés. Sinon, aller étudier article par article, comme ce qu'on a
fait depuis le début, m'arrange aussi. Donc, merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, merci pour vos commentaires
généraux. Écoutez, effectivement, il y a une demande. Ce n'est pas de suspendre
l'article 146, puisque nous ne l'avons jamais lu encore. Ce serait plutôt
de sauter par-dessus l'article 146. Est-ce qu'on a un consentement
pour ça, M. le ministre et les autres? Non? D'accord. Alors, nous allons donc...
Je vois qu'on n'a pas le consentement, donc on va donc lire... Ou, en fait,
peut-être que vous voulez l'expliquer, pourquoi, M. le ministre?
M. Boulet : Bien, c'est parce qu'à
146 il y a deux articles, il y a 58 et 58.1, donc, et c'est 58.1 qui réfère au
multiétablissement. Donc, on peut faire 146 avec l'article 58, faire
l'article 58, discuter de 58.1 puis suspendre, mais convenir de 58 puis
suspendre 58.1, le cas échéant. Si c'est toujours la demande après mes
explications, je serai d'accord avec cette demande-là. On aura à identifier les
articles, comme les collègues de Jonquière et Nelligan le mentionnaient, là,
pour s'assurer que tout soit cohérent.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors... Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, je veux bien
comprendre. Vous voulez comme scinder 146 en deux?
M. Boulet : Non, mais 146, il y a
deux articles, puis j'ai un... Donc, 58, lui, il ne concerne pas le multi, il
concerne le déploiement du programme de prévention, puis 58.1 concerne le
multi. Puis j'ai un amendement pour 58, que je déposerai, puis j'ai un
amendement pour 58.1, que je déposerai. Puis, après ça, après les
explications... si, effectivement, c'est
toujours la volonté de suspendre 58.1
pour le multi après les explications que j'aurai données, moi, je serai d'accord,
là, mais le multi, c'est 58.1.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Sauf
que le 58.1 fait partie de l'article 146, alors c'est...
M. Boulet : Exact. On ne pourra pas adopter l'article, mais, au moins, on aura convenu
du principe, ça évitera qu'on soit retardé, ça nous permettra d'avancer.
• (14 h 40) •
M.
Leduc : Mais je veux juste comprendre. D'un point de vue d'étude, ça
veut dire qu'on aurait comme adopté la moitié de l'article, mais l'autre
moitié en suspens?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Non, on ne l'adoptera pas.
M. Boulet :
Non, on ne peut pas.
M. Leduc :
C'est ça.
M. Boulet :
146, il y a deux articles, on ne peut pas adopter 146. Ce que je dis, c'est
qu'on s'entend sur 58, on discute 58.1. Si, après mes explications, la volonté,
c'est toujours de suspendre, on suspend 58.1, mais on aura... on ne suspendra
pas 58, parce qu'on aura convenu du libellé, là, ou on aura convenu du
déploiement du programme de prévention. Ça fait que, quand on va revenir à 146,
ça va être pour revenir à 58.1 pour éviter de nous immobiliser de façon trop
importante.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Un peu comme nous avons fait, si vous vous
rappelez, avec l'article 238. On a étudié tous les...
M. Leduc :
La liste des maladies, oui, c'est ça.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : C'est ça, puis on n'a gardé que la section
atteinte auditive, qu'on va revenir.
M. Leduc :
Je comprends.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Ça vous va?
M. Leduc :
Vous me laissez juste deux petites minutes pour regarder quelque chose?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oui. Ah! vous voulez suspendre ou bien...
M. Leduc :
Oui, c'est ça, suspendre deux petites minutes puis regarder si ça fonctionne.
M. Boulet :
Puis, à la limite, Alexandre, moi, je n'ai pas de problème à ce qu'on ne traite
pas du tout 58.1, tu sais, on pourrait traiter 58, que je dépose mon amendement
à 58, puis 58.1, à la limite, on le suspend, là, mais j'aurais aimé ça quand
même le présenter, là.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Est-ce qu'il y avait d'autres commentaires par
rapport à ce que le ministre vient de mentionner? Député de Jonquière, ça
allait, vous aussi? O.K.
Alors, on va
suspendre quelques instants, deux minutes, qu'ils nous ont demandé.
(Suspension de la séance à
14 h 41)
(Reprise à 14 h 44)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, M. le ministre, je vous invite à lire l'article 146.
M. Boulet :
Merci. L'article 58 de cette loi est remplacé par les suivants :
«58. L'employeur doit...»
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Pardon, M. le ministre, je vous inviterais d'abord
à lire l'article 146. Là, vous
lisez l'amendement, si je comprends bien?
M. Boulet :
Non, je lis l'article 146.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Non? O.K., je m'excuse.
(Consultation)
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Moi, je... O.K., allez-y. Parfait. Allez-y. Je
m'excuse.
M. Boulet : ...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est moi qui vous ai... j'ai fait l'erreur.
Parfait.
M. Boulet : Donc, je
reprends :
«58.
L'employeur doit élaborer et mettre en application un programme de prévention
propre à chaque établissement groupant au moins 20 travailleurs au
cours de l'année, sous réserve des règlements.
«Si un établissement groupe moins de
20 travailleurs, l'employeur doit élaborer et mettre en application un
programme de prévention lorsque le niveau de risque lié aux activités exercées
dans cet établissement, déterminé par règlement, le requiert.
«Si la commission le juge opportun pour protéger
la santé ou assurer la sécurité et l'intégrité physique des travailleurs, elle
peut exiger qu'un employeur élabore et mette en application un programme de
prévention dans le délai qu'elle fixe, et
ce, sans égard au nombre de travailleurs dans l'établissement ni au niveau de
risque lié aux activités qui y sont exercées.
«Aux fins de déterminer le nombre de
travailleurs, doivent être considérés ceux dont les services sont loués ou
prêtés à l'employeur.
«Un programme de prévention doit être mis en
application et mis à jour selon les modalités et les délais prescrits par
règlement.»
Est-ce que je fais l'amendement tout de suite ou
58.1?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Moi, je lirais tout l'article d'un coup, s'il vous plaît.
M. Boulet : O.K. 58.1...
M. Derraji : Cet article est
amendé? Vous allez l'amender?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui.
M. Boulet : Oui.
M. Derraji : ...
M. Boulet : Oui, exact.
«58.1. Malgré
l'article 58, l'employeur qui emploie des travailleurs dans plus d'un
établissement où s'exercent des activités de même nature peut élaborer
et mettre en application un seul programme de prévention pour une partie ou la totalité de ces établissements. Ce programme
de prévention doit tenir compte de l'ensemble des activités exercées
dans ces établissements et s'appliquer pour une période d'au moins trois ans.
«Lorsque l'employeur cesse de mettre en
application le programme de prévention prévu au premier alinéa, il doit, sans
délai, mettre en application un programme de prévention propre à chaque
établissement conformément à l'article 58.»
Explication
sur 58. Ça propose de modifier 58 pour modifier les situations où un employeur
devra dorénavant élaborer et mettre
en application un programme de prévention. Un programme de prévention devra
désormais être élaboré et mis en application par l'employeur pour chaque
établissement groupant au moins 20 travailleurs. Donc, c'est une avancée extrêmement
importante. Je le répète, dans les groupes 4, 5 et 6, il n'y avait pas
cette obligation-là d'avoir un programme de prévention.
De plus, un programme sera obligatoire pour
chaque établissement groupant moins de 20 travailleurs si le niveau de
risque lié aux activités exercées dans cet établissement déterminé par
règlement le requiert. Là, on aura un amendement là-dessus.
Enfin, les modifications proposées à
l'article 58 prévoient la possibilité pour la commission d'exiger
l'élaboration et la mise en application d'un programme de prévention,
lorsqu'elle le juge opportun, pour protéger la santé ou assurer la sécurité et
l'intégrité physique des travailleurs, et ce, peu importe le nombre de
travailleurs ou le niveau de risque.
L'article 58
proposé précise que le calcul tient compte de la location ou du prêt de
personnel dans l'établissement. En effet, les travailleurs dont les
services sont loués ou prêtés à l'employeur exercent généralement les mêmes activités que celles exercées par ces travailleurs
dans l'établissement. Enfin, il est prévu que les modalités et les délais
pour mettre en application et mettre à jour un programme de prévention seront
déterminés par règlement.
58.1. Multiétablissement, nouvel article. 58.1
prévoit la possibilité pour un employeur de faire un seul programme de prévention multiétablissement. Le
critère retenu pour le regroupement d'établissements est celui des activités
de même nature plutôt que celui des mêmes activités. Donc, de même nature, tu
sais, quand on prenait un CHSLD puis un
centre de soins de longue durée, ce n'est pas des activités de même nature.
Puis quand le collègue de Jonquière référait
à différents établissements de Rio Tinto Alcan, quand ce n'est pas le même mode
de production, ce n'est pas des activités de même nature, donc l'entreprise ne
pourrait pas mettre... élaborer un programme de prévention multiétablissement.
Le programme
de prévention devra tenir compte des particularités, en termes d'activités, de
tous les établissements et devra s'appliquer pour une période d'au moins trois
ans. Ce délai s'harmonise avec le délai pour la transmission des
priorités d'action à la commission proposé par l'article 60, qui devra se
faire tous les trois ans.
Donc, si vous permettez, je soumettrais
l'amendement pour 58.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est bien ça, il est sur le Greffier, pour ceux qui sont
intéressés à aller le chercher.
• (14 h 50) •
M. Boulet : Je pense que c'est important
de redire qu'au-delà des discussions de sémantique et au-delà de l'étude
détaillée que nous faisons, c'est la première fois en 40 quelques années qu'on
prévoit un programme de prévention pour tout le monde, systématiquement tout le
monde. Puis, je le répète, actuellement, ce ne sont que les secteurs 1, 2 et 3 qui bénéficient d'un programme
de prévention. C'est un des éléments-phares qui justifient la réforme,
et donc je tenais quand même à le resouligner. Puis même pour les
20 travailleurs, tu sais, 20 travailleurs, on passe donc de 25 % de
niveau de couverture à 100 % de niveau de couverture pour les
travailleurs.
Donc, je lirais l'amendement à l'article 58.
À l'article 58 de la Loi sur la santé et sécurité proposé par
l'article 146 du projet de loi :
1° supprimer,
dans le premier alinéa, «, sous réserve des règlements» — donc, on biffe «, sous réserve des
règlements»;
2° insérer, après le premier alinéa, le
suivant :
«Lorsqu'au
cours d'une année le nombre de travailleurs groupés dans un établissement
devient inférieur à 20, l'employeur
doit maintenir le programme de prévention mis en application jusqu'au
31 décembre de l'année suivante.» Je pense, c'est deux amendements
qui répondent à des ambivalences qui avaient été soulevées;
3° remplacer,
dans le deuxième alinéa, «lorsque le niveau de risque lié aux activités exercées
dans cet établissement, déterminé par règlement, le requiert» par «dans
les cas et selon les conditions prévus par règlement»;
4° dans le troisième alinéa :
a) insérer,
après «physique», «ou psychique». Et
ça, ça répond, je pense, de façon éloquente à plusieurs commentaires, à
plusieurs consultations que nous avons faites, et je pense que c'est
extrêmement important de le souligner
dorénavant, parce que,
depuis 40 ans, on a toujours dit : La santé, la sécurité, l'intégrité
physique. Donc, on rajoute «santé, sécurité, intégrité physique ou
psychique».
Donc, pour
moi, c'est tellement important, parce
que, souvenez-vous, dans les articles
introductifs des obligations des employeurs, dans la loi santé et
sécurité, comme à l'article 51, où on énumère à peu près, je ne me
souviens plus, là, pas loin d'une quinzaine d'obligations spécifiques aux
employeurs, qui reposent sur les épaules de l'employeur, où on dit : «L'employeur doit prendre toutes
les mesures appropriées pour assurer la santé [...] la sécurité [...]
l'intégrité physique», et dorénavant ça sera «ou psychique [des travailleurs]. [...]notamment»,
puis là il y a des obligations spécifiques, mais c'est toujours
interprété, un article, en tenant compte de son paragraphe introductif. Et donc
je suis quand même assez fier de le souligner puis je sais que mes trois collègues
vont aussi être satisfaits de cet amendement.
M.
Gaudreault : ...je sais que
le ministre est un passionné puis il est très, très
fier, mais c'est parce que j'aimerais mieux qu'il lise son amendement,
puis, après ça, qu'il plaide.
M. Boulet : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Tout
à fait.
M. Gaudreault : Mais là il y a comme
un mélange. Je ne veux pas jouer le rôle du secrétaire, là, je le voyais
sourciller, là, mais...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Mais
je le voyais, qu'il était effectivement, comme vous, là, passionné à
l'expliquer.
M. Boulet : Mais je voyais dans
votre regard...
M. Gaudreault : Un point
d'interrogation.
M. Boulet : Oui. Je m'excuse, en
passant, mais vous avez tellement raison.
M.
Gaudreault : Non, mais c'est
ça, je comprends que le ministre, il a hâte de plaider, mais c'est parce que,
là, on mélange l'amendement avec la plaidoirie, puis je ne sais pas trop
comment ça va être retenu, mais, en tout cas...
M. Boulet : O.K., vous me
rappellerez à l'ordre. Ça, c'est...
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
bien.
M. Boulet : b) supprimer «ni au niveau
de risque lié aux activités qui y sont exercées»;
5° insérer, dans le dernier alinéa et après
«être», «élaboré,».
Donc là, je suis rendu à l'explication. Ça fait
que je peux me repayer une traite un peu, Sylvain? Bon, cet amendement vise à
préciser qu'un employeur doit, pour tout établissement groupant au moins
20 travailleurs, élaborer et mettre en oeuvre un programme de prévention
propre à cet établissement, sans égard à l'existence d'un règlement.
Cet amendement vise
également à incorporer à cet article, plutôt qu'à l'article 7 du règlement
sur les mécanismes de prévention proposé par l'article 239 du projet de
loi, qui fait aussi l'objet d'un amendement le retirant, l'obligation de
maintien d'un tel programme jusqu'au 31 décembre suivant... de l'année
suivante, plutôt, lorsque le nombre de travailleurs devient inférieur à 20.
Cet amendement concorde également avec l'ajout
du terme «psychique» à la notion d'intégrité proposée par l'amendement à
l'article 229 du projet de loi. Je m'arrête.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
bien.
M. Boulet : Cet amendement retire de
la notion de niveau de risque et prévoit plutôt qu'un employeur peut, pour un établissement
groupant moins de 20 travailleurs, néanmoins avoir l'obligation d'élaborer
et de mettre en oeuvre un tel programme dans les cas et selon les conditions
prévus par règlement. Tu sais, ça peut être une très petite entreprise, puis le
niveau de risque est élevé. Je pense que le président de la FTQ m'a donné à quelques
reprises des exemples de petites organisations où il y a quatre personnes, sept
personnes, où c'est des soudeurs ou... qui font un métier qui est à risque,
donc.
Et enfin cet amendement prévoit une modification
afin que les modalités et délais prescrits par règlement visent autant l'obligation
d'élaborer un programme de prévention que celle de le mettre en application et
à jour. C'est complet, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, y a-t-il des interventions sur l'amendement tel...
M. Boulet : ...je n'ai pas été... je
n'ai pas mis assez l'accent sur la notion d'intégrité psychique.
M. Gaudreault : Je ne remets pas ça
en question.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, je crois que le député d'Hochelaga-Maisonneuve veut déjà intervenir sur l'amendement, hein? On
s'entend que c'est sur l'amendement?
M. Leduc : Oui, oui, oui, Mme la
Présidente. Merci pour le beau plaidoyer de M. le ministre. En effet, c'est
apprécié. Je ne peux m'empêcher de remarquer qu'entre la version qui nous avait
été déposée le 10 mars et ce qu'on nous dépose aujourd'hui il y a en effet
l'ajout de «physique et psychique». Bien, c'est ce bout-là qui m'a peut-être
échappé, de comment... pourquoi il se retrouve là, là, entre mars et aujourd'hui.
M. Boulet : ...
M. Leduc : Parce que...
M. Boulet : Parce qu'on est
attentifs puis on a toujours dit que le projet de loi était perfectible, alors
on l'améliore.
M. Leduc : Parfait.
M. Boulet : Puis ça va revenir,
hein, parce qu'il va y avoir beaucoup d'autres articles de concordance, parce
que, partout où on retrouve «intégrité physique», on va rajouter «psychique»,
là. Ça fait que...
M. Leduc : C'est ce que vous
annoncez dans vos explications, là, à 229, c'est ça?
M. Boulet : Je ne comprends pas.
M. Leduc : On l'a-tu déjà traité?
Vous dites : Cet amendement concorde également avec l'ajout du terme
«psychique» à la notion d'intégrité proposée par l'amendement à
l'article 229.
M. Boulet : À 229, on va insérer
dans l'objet de la loi santé et sécurité cette notion-là, d'intégrité
psychique.
M. Leduc : C'est ça, vous annoncez
une concordance.
M. Boulet : Exactement. Mais partout...
• (15 heures) •
M. Leduc : Il faut prendre des
notes. Vous savez que j'aime ça, les concordances.
M. Boulet : Oui. Bien oui, puis vous
êtes bon dans les concordances pour gagner, ou sauver du temps, ou je ne sais
pas, là, mais...
M. Leduc : C'est... Tout est
relatif.
J'ai d'autres questions
sur le fond, toujours, sur le 20. Vous mettez la barre à 20. Pouvez-vous nous
expliquer le cheminement? Parce que c'est un choix que vous faites, un choix éditorial.
M. Boulet : C'est un consensus.
M. Leduc : Pourquoi vous avez
atterri à 20?
M. Boulet : C'est un consensus
du Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Et ça, bien sûr, il y
a eu beaucoup de discussions entre les patrons puis les syndicats où on met la
barre. Puis c'est sûr que les employeurs, ils souhaitent qu'en bas de 20 — c'est
généralement des plus petites organisations — qu'il n'y ait pas les mêmes
impératifs ou qu'il n'y ait pas les mêmes contraintes, entre guillemets.
Ceci dit, c'est pour ça qu'on dit, dans
l'article, que ça peut être en bas de 20 puis que la commission considère que
le niveau de risque, en tenant compte notamment des risques, qu'il y ait une
obligation quand même d'élaborer un programme de prévention. Puis, tu sais,
c'est M. Boyer qui me disait des fois : Jean, ça peut être une petite
shop de quatre personnes, puis c'est quatre soudeurs, puis c'est... le niveau
de risque est élevé, là. On ne peut pas uniquement se baser là-dessus.
Ça fait que le 20, c'est vraiment le consensus
du CCTM. Pourquoi pas 50? Pourquoi pas 10? Pourquoi pas? Mais je pense que
c'est un palier qui est reconnu, qui est comparable et qui est respectueux du
souci, notamment, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante puis
des autres groupes patronaux puis respectueux, en même temps, des besoins
syndicaux, parce qu'on prévoit quand même que, dans des cas particuliers, il
puisse y avoir une obligation d'élaborer et de mettre en application un
programme de prévention.
M. Leduc : De mémoire,
l'intervention de Mme Katherine Lippel avait été très critique de cette...
de cette limite-là à 20 employés qu'on mettait. Elle s'inquiétait du fait
qu'on allait accepter de facto des outils de prévention beaucoup moins
intéressants, beaucoup moins contraignants pour les toutes petites entreprises
et les moyennes entreprises. Il n'y aurait pas eu là l'idée d'avoir peut-être
une progression? Je sais que l'idée des progressions, hein, dans l'historique
de la SST, ce n'est pas terrible, là. On était supposés d'avancer d'un secteur
prioritaire à chaque cinq ans, je pense,
puis on est toujours... On s'est bloqué, dès le départ, au deux et deux et
demi, mettons. Mais il n'y aurait pas eu lieu, quand même, d'avoir une
idée d'atteindre une couverture complète? Parce qu'à 20, vous le disiez tantôt,
c'est une avancée. Rendu là, n'importe quoi aurait été une avancée. Mais de
choisir de le mettre à 20, c'est un choix de renoncer, en quelque sorte, à une
couverture aussi intéressante pour les 19, les 18, les 17.
Des voix : ...
M. Boulet : C'est sûr qu'on pourrait
parler longtemps. Je sais que, moi, il y en a qui souhaitaient que ce soit 50
puis il y en a que ce soit... ils souhaitaient que ce soit systématiquement
partout. Je pense qu'à un moment donné ça prend une ligne de démarcation
raisonnable. On s'est inspirés de comparables. Et c'est la recommandation 10
du Comité consultatif travail et main-d'oeuvre, qui dit : «Le programme de
prévention s'applique aux entreprises de 20 employés et plus ainsi qu'aux
regroupements multiétablissements.» Ça, c'est ce que le CCTM recommandait, quand
même. Et je viens de le demander, la statistique sur le nombre
d'établissements, au Québec, de 20 travailleurs et plus, il y en a
42 682. Ça représente 15,7 %, mais 84,3 % des... Non.
Des voix :
...
M. Boulet : Oui. O.K. Excusez-moi.
20 travailleurs et plus, ça représente 80,3 % des travailleurs, puis
des établissements de moins de 20 travailleurs, c'est 19,7 %. Puis,
encore une fois, ça prend une certaine flexibilité ou une certaine souplesse si on veut s'assurer qu'il y en ait, de la
véritable prévention. Parce que, si tu mets ça trop lourd à une petite entreprise
qu'il y a... où il y a 12 personnes qui font du travail clérical, tu vas
avoir un effet complètement opposé à ce que tu veux. Puis, encore une fois, je
pense que, sans être hyperscientifique, c'est un nombre, là, qui est reconnu
comme étant raisonnable et acceptable dans le monde du travail au Québec, là,
du moins si on tient compte des discussions
qui ont été tenues entre les leaders patronaux et syndicaux. Puis c'est beaucoup
plus simple d'application que d'y aller avec une échelle, ou avec un
escalier, ou une progression. Je pense que c'est une des raisons qui a incité
le CCTM d'y aller avec un nombre comme ça.
M. Leduc : Le problème des
discussions à l'échelle du CCTM, c'est un peu le même que nous avons au C.A. de
la CNESST, à savoir qu'ils sont représentés, les grandes organisations, les
grandes organisations patronales, les
grandes organisations syndicales.
Moi, j'ai été assez longtemps impliqué dans le syndicalisme pour bien connaître
le mouvement syndical et bien savoir, bien comprendre que, par définition, un
petit environnement de travail, c'est plus difficile à syndiquer à cause du
roulement, à cause de la petitesse et la proximité presque parfois familiale
avec l'employeur. Il y a donc, au final, assez peu de petits milieux de travail
syndiqués au Québec.
Tu sais, on parle des milieux de travail à cinq,
10, 15 employés. C'est assez rare. C'est surtout des 50 en montant. Il y a
tout un effort qui est fait par les différentes centrales pour rejoindre les
plus petits établissements. Parfois, quand c'est dans une chaîne, les SQDC, par
exemple, ou des SAQ, c'est des plus petits établissements, mais ça fait partie, donc, d'une entreprise
plus grande, mais ce n'est pas du tout le cas des PME. Bref, ces établissements-là, cette catégorie d'employés là n'est
pas représentée au CCTM. Alors, quand le CCTM arrive et trace la ligne à 20,
les gens qui sont en bas de 20 n'étaient pas partie prenante à cette
décision-là.
M. Boulet : C'est intéressant parce
que... souvenez-vous, collègue, qu'au mois de mars on a déposé une liasse d'amendements.
Puis ça va être un nouvel article dont on va parler plus tard, c'est 149.1, où,
à moins de 20, il y aura un plan d'action — plutôt qu'un programme de
prévention, c'est un plan d'action — qui va être plus simple
d'application. Puis, encore une fois, en bas de 20 syndiqués ou
non-syndiqués, c'est la même réalité, c'est le même impératif. Il n'y a pas de
hiérarchie entre un environnement syndiqué ou non syndiqué.
Puis je vous rappelle toujours que, dans 146,
qu'on vient de présenter, il y a possibilité pour la commission de demander,
d'obliger un employeur d'élaborer, mettre en application un programme de
prévention même si on est en bas de 20, encore une fois, syndiqués ou non.
C'est important de le rappeler pour les travailleurs non syndiqués. Il y a 40 %,
38 % à 40 % des travailleurs qui sont syndiqués au Québec puis il y
en a 60 % qui ne sont pas syndiqués. Et moi, je suis hypersensible à leur
réalité, parce que j'en connais beaucoup, d'employeurs et de travailleurs, qui
sont dans des environnements non syndiqués. Il faut qu'ils aient accès aux
mêmes outils et aux mêmes mécanismes.
Et c'est
important de dire que, contrairement au statu quo, où 23 % des
travailleurs sont couverts, avec le projet de loi n° 59, 80 point
quelques pour cent vont être couverts par un programme de prévention puis
19 point quelques pour cent par un plan d'action. Donc, tout le
monde va avoir un mécanisme de prévention pour identifier, contrôler et
éliminer des risques, notamment psychosociaux. Moi, je pense que c'est encore
une fois un grand pas en avant.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Député.
• (15 h 10) •
M. Leduc : ...rapidement, Mme la
Présidente. Vous avez raison de souligner qu'en bas de 20 on ne se retrouve pas avec rien du tout, on ne se retrouve
pas bredouille. Ça, je le comprends, je l'ai bien lu dans votre mémoire, dans
votre projet de loi. J'ai juste un malaise, quand même,
avec ce que je qualifierais d'une certaine prévention à rabais, en quelque sorte, par rapport à ceux qui
sont en haut de 20, tu sais. En quoi la santé et la sécurité d'un individu
doit être prise avec un degré plus ou moins élevé de sérieux en raison du fait
que son entreprise, peu importe la taille physique de l'entrepôt, peu importe
la nature de ses activités, est déterminée par le nombre d'employés à
l'embauche de son patron, tu sais? Pourquoi celui qui est à 25, sa sécurité, il
va avoir un peu plus de mécanismes que celui qui est à 15? Je trouve ça, à la
limite, un peu arbitraire.
Je comprends toujours la logique de ne pas tout
renverser d'un seul coup puis d'y aller parfois avec une certaine
progressivité. Ce qui me déçoit peut-être un peu dans ce modèle-là que vous
nous proposez, c'est qu'on ne vise pas de
progressivité, justement. On a mis ça à 20. Tant mieux. Ça en couvre
substantiellement plus que c'était le cas avant. Mais ceux qui vont être en bas de 20, bien, vous aurez une espèce
de... une affaire moins intéressante que si vous étiez en haut de 20, le
plan d'action plutôt que le plan de prévention... le programme de prévention,
pardon.
J'aurais aimé
ça, qu'on imagine un programme qui avance, là, tu sais. Qu'on commence à 20,
que, dans cinq ans, on baisse à 15, que, dans 10 ans, on baisse à 10. Ça
aurait été quelque chose de plus intéressant pour s'assurer de viser le
100 % des travailleurs couverts.
Est-ce qu'on a, pendant des années, eu
l'absurdité d'une loi qui est intéressante, qui avait plein de défauts, mais
qui était intéressante, mais qui s'appliquait à une poignée de travailleurs?
Là, je pense que c'était à peine 20 % des
travailleurs qui étaient couverts par la LSST. Là, c'est drôle, on dirait qu'on
inverse exactement les pourcentages : 80 % vont être couverts,
tant mieux, par tous les mécanismes, mais le 19 % va avoir une espèce de
mécanisme un petit peu... que j'ose appeler à rabais. Puis c'est comme si, lui,
ce 19 % là, bien, coudon, c'est comme un prix à payer pour avancer pour la majorité. D'accord, on avance
pour la majorité, mais je reste très préoccupé, parce que vous dites :
Il y a 60 % de gens non syndiqués au Québec. En effet, ils se retrouvent
beaucoup dans ce 19 % là de moins de 20 employés. C'est très là qu'on
retrouve, dans notre économie de PME, les gens non syndiqués, qui n'ont pas d'outils de représentation, et donc qui auront
moins d'outils en plus en matière de la loi. Si d'aventure quelqu'un veut
se lancer dans la prévention sans la couverture d'un syndicat, ils auront
encore moins d'outils que si c'était à 25, 30 employés. Je trouve ça
dommage.
M. Boulet : Mais, en même temps, il
faut que les mécanismes de prévention soient adaptés. Si on complexifie en
mettant des échelles ou en mettant au bout d'un certain nombre d'années, ça
devient complexe. Puis plus il y a d'obligations, plus on engendre des effets
contraires à notre objectif. Notre objectif, c'est de faire de la prévention
partout, systématiquement partout. Je pense que c'est important que ce soit
adapté au nombre.
Puis on le sait, puis je me souviens qu'au CCTM
ils discutaient de... Tu sais, les plus petites entreprises en bas de 20, généralement, il y a beaucoup
moins de différences entre les postes, tu sais. C'est une entreprise de 16 personnes
de bureau ou c'est... alors qu'une grande
entreprise, c'est... généralement, il y a une diversité de postes beaucoup
plus importante, et le nombre de risques, qu'ils soient
physiques ou psychiques, est généralement beaucoup plus élevé.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de Nelligan.
M. Derraji : Oui, merci, Mme la
Présidente, et je remercie le ministre par rapport à ses clarifications.
Je veux juste... J'ai
deux commentaires avant d'aller dans le fond du sujet, parce que le ministre
ouvre la porte au plan d'action surtout pour les moins de 20 employés. Je
tiens juste à rappeler qu'il y a le consensus du CCTM, donc le Comité
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre : «Le programme de
prévention s'applique aux entreprises de 20 employés
et plus ainsi qu'aux regroupements multiétablissements.» Je tiens juste à
rappeler que, dans les autres provinces
canadiennes, le programme de prévention est obligatoire pour les employeurs
de 20 travailleurs et
plus. Et, si on se fie sur l'étude, l'analyse d'impact réglementaire que nous avons tous entre
nos mains, qui est quand même un
bon guide qu'on doit utiliser assez régulièrement, 80 % des travailleurs sont employés
dans des établissements de 20 travailleurs et plus. Ça, c'est
l'analyse d'impact que nous avons avec nous. Ça, c'est un bon point qu'il faut garder en tête. Donc, ce que nous sommes en train
de faire, quand même, est un bon pas pour les 80 % de travailleurs. Ceci étant dit, donc, la majorité des travailleurs serait
couverte par des mécanismes de prévention ou de participation si le niveau de
risque n'était pas mis en application. Donc... mais ça, ça a été déjà réglé.
Ma question ou mes
questions où je demande des clarifications au ministre, c'est par rapport aux
entreprises en bas de 20 %... 20 travailleurs. Quand je lis les mémoires,
là, on parle d'un plan d'action, la plupart des groupes insistent sur
l'accompagnement, le rôle de la CNESST. Il y a même des groupes qui nous ont
dit : «Si la commission le juge opportun,
pour protéger la santé ou assurer la sécurité, l'intégrité physique des
travailleurs» par «Si la commission identifie»...
En fait : «Si la commission identifie une situation qui met en danger la
santé, la sécurité ou l'intégrité physique des travailleurs et qu'elle le juge opportun». Je ne sais pas, est-ce que
le mur-à-mur dans tous les établissements, au niveau des PME, est la chose que le législateur
espère avoir? La mise en place ou la mise en application d'un programme de
prévention propre à chaque établissement groupant au moins 20 travailleurs
en moyenne au cours de l'année, en se basant
sur les informations de l'année précédente, encore une fois, c'est quel rôle la CNESST va jouer au niveau de ces petites entreprises, sachant que
l'expertise, ce n'est pas toujours disponible? Donc, comment l'accompagnement...
Et est-ce qu'il y a
une période que vous avez en tête pour la rentrée en vigueur de ce programme?
Donc, genre, est-ce qu'une fois le projet de loi... est adopté, l'ensemble des PME du
Québec, donc les 20 et plus, c'est obligatoire, 20 et moins, c'est un
plan d'action? Est-ce qu'à la date d'adoption du projet de loi tout le monde
doit se mettre en règle par rapport aux
mesures de prévention? Parce que je ne l'ai pas vu nulle part au niveau de...
le début de la mise en place de ces changements pour les PME.
M. Boulet :
O.K. Merci pour les commentaires. Effectivement, vous avez raison, dans les
autres provinces canadiennes, c'est aussi
20. Puis le 80 %, c'est ce que j'avais mentionné, c'est une statistique
qui est tout à fait pertinente. En
bas de 20... Puis c'est important de rappeler : c'est syndiqué, non
syndiqué. Il n'y a pas de hiérarchie, encore une fois. Et ce n'est pas
nécessairement du mur-à-mur. Un plan d'action, c'est un PP allégé, puis on va
le voir de façon plus détaillée à 149.1.
Et c'est important de
dire que ces petites entreprises là ont besoin d'accompagnement. C'est
tellement... J'étais à une réunion tout à
l'heure, sur l'heure du lunch, au Conseil des ministres, puis on en parlait, de
ça, l'importance d'accompagner des plus petites organisations. Et, pour
mettre en place le plan d'action, oui, on va déléguer des guides ou des agents
qui vont aider les PME. Puis, dans le plan d'action puis dans le PP, le coeur
de ça, là, c'est, je le répète souvent, identifier les risques, contrôler les
risques et éliminer les risques. Je vais être tannant, mais ça revient beaucoup
à ça. C'est le coeur de la prévention.
M. Derraji :
Je vais juste me permettre, vous avez raison de le souligner, prenons juste le
cas de la COVID. On ne peut pas dire qu'aujourd'hui le Québec a gagné une
certaine bataille avec le secteur privé s'il n'y avait pas une implication des
deux côtés, à savoir la CNESST avec les guides, mais aussi au niveau patronal,
que ce soit au niveau de la COVID, mais même
au niveau de la vaccination. Donc, on ne peut pas venir aujourd'hui dire : On vous envoie ça, vous devez
le faire, sans accompagnement, parce que ce n'est pas des experts. Ces PME ont
d'autres missions. Ils peuvent vous parler
de leur métier, de ce qu'ils font, de ce qu'ils exportent, de ce qu'ils
innovent, de ce qu'ils fabriquent. Probablement par oubli, par
méconnaissance, par manque de moyens, par manque de formations et d'information
qu'ils n'ont pas les experts au niveau de la
santé et sécurité au travail par rapport au volet de la prévention. Donc, ce
n'est pas une mauvaise volonté de leur part.
Et, si on veut
réussir à atteindre les objectifs escomptés... moi, je pense, quelque part,
s'il y a une période de mise en application
avec une période de grâce pour donner la chance à ces gens d'être bien
accompagnés avant d'être exigeants au niveau de la mise en application de ces
programmes, moi, c'est plus là où j'ai plus de questions que dire :
Écoutez, on change tout, là, tous les 20 et plus, on va... on passe à un plan
d'action, même si allégé. Mais vous savez la
lourdeur. Déjà, on traîne beaucoup de bureaucratie par rapport à cela. Je ne
veux pas que la prévention devienne une coche secondaire : On va s'en occuper quand on va avoir le temps.
Ça, je ne pense pas que c'est notre volonté ni votre volonté, mais je ne
veux pas que ça devienne une lourdeur pour ces PME. Plus en mode
accompagnement. La CNESST a besoin de milieux sécuritaires et la CNESST a
besoin que ces gens s'impliquent avec elle.
M. Boulet :
C'est tellement intéressant. Ça, c'est des discussions que j'aime faire parce
que...
La pandémie est un
bel exemple. On a rapidement, la CNESST, puis il faut louer encore cette
initiative-là, mis en place des guides de
normes sanitaires. Puis il y avait beaucoup de pages avec une liste de
vérifications quotidiennes pour les symptômes, lavage des mains, la
distanciation, la désinfection, la distanciation. Moi, je suis fasciné par la façon dont les employeurs, petits, moyens et
grands, ont réagi, ainsi que les travailleurs et les syndicats. Les syndicats,
ils ont été d'excellents collaborateurs. Et ces guides-là, là, collègue de Nelligan,
oui, ce sera de même nature. Puis on a été
capables de se virer de bord puis on va se virer de bord pour améliorer la
santé et sécurité puis faire de la prévention dans toutes les
organisations. Et je pense qu'on... je pense que c'est superimportant de parler
de l'importance de l'accompagnement, et c'est ce que la CNESST va faire.
• (15 h 20) •
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Merci. Député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Moi, je voudrais qu'on revienne précisément sur l'amendement,
parce qu'au fond c'est là-dessus que nous sommes. D'abord, sur la barre des
20 travailleurs et travailleuses, le ministre nous disait, dans son
introduction à cette section avant la suspension pour le lunch, que, lui, son
objectif, c'est d'être certainement, en tout cas, dans les meilleurs du monde
en termes de santé et sécurité au travail, dans la moyenne supérieure.
Une petite question technique. Il n'est pas obligé
de me répondre tout de suite s'il n'a pas la réponse. On pourrait fournir
l'information à la commission demain ou dans les prochaines heures. Chez les
meilleurs du monde, là, en santé et sécurité
au travail, la barre est fixée à combien? Est-ce qu'on a une idée de ça? Si on
veut se comparer pour augmenter la qualité de la santé et sécurité au
travail puis que le ministre lui-même dit : Moi, je veux que le Québec
soit parmi les meilleurs, soit... est-ce qu'on a une idée de... Si on se
compare, là, ça ressemble à quoi, la barre du 20?
Des voix :
...
M. Boulet : Bon, l'information
qu'on a donnée puis que le collègue de Nelligan a mentionnée pour le reste du
Canada, c'est 20. La question est intéressante. On n'a pas la réponse, mais on
va la vérifier. Si on a la donnée, moi, je vous donnerai la réponse demain.
Puis je vais vérifier, tu sais, est-ce que la Finlande, il n'y a pas de limite
ou si c'est à... Il y en a probablement beaucoup, des pays beaucoup plus
cancres que nous, là, vous imaginez, à l'échelle internationale. Il y a des pays en voie de développement, puis tout ça,
où il n'y a absolument rien, là. Mais, si on veut se comparer aux
meilleurs...
M. Gaudreault : C'est ça.
M. Boulet :
Mais moi, je suis pas mal certain qu'on est dans le top, dans les meilleurs. Ça
va être intéressant de le vérifier.
M. Gaudreault : J'imagine que
la Suède est meilleure que le Bangladesh, là, en tout respect pour les gens du
Bangladesh, mais, je veux dire, c'est probablement du côté des pays
scandinaves. Je n'ai pas la réponse non plus. Souvent,
je pose des questions puis je connais déjà la réponse, mais, dans ce cas-là,
honnêtement, c'est une vraie question ouverte, là. En tout cas, si on
peut l'avoir, je pense que ça serait intéressant pour qu'on puisse faire la
réflexion puis la comparaison.
Et là je tombe plus précisément dans
l'amendement. Le ministre retire «sous réserve des règlements». En fait... oui,
c'est ça, «sous réserve des règlements». Parce qu'on disait : «...groupant
au moins 20 travailleurs au cours de l'année, sous réserve des
règlements», puis là il l'enlève. Est-ce que le ministre peut nous expliquer
c'est quoi, sa... S'il avait mis «sous réserve des règlements», c'était
pourquoi? Puis là pourquoi il l'enlève?
M. Boulet : Il me semble qu'on
l'avait enlevé parce que ça ne devait pas laisser place à une application
différente du libellé, qui est relativement clair. Si tu as au moins
20 travailleurs à quelque part durant l'année, tu es là-dedans.
Puis c'est même précisé avec le deuxième paragraphe, puis on ne voulait pas que
ça laisse croire à une possible immersion de la CNESST dans la façon
dont c'est calculé. Ça fait que c'est assez clair.
Puis je voulais juste revenir à l'autre
question, collègue. Tu sais, j'aime ça, moi, faire des comparatifs parce que ça
nous permet de se tirer par le haut. En même temps, c'est sûr que, si on avait
une juridiction où c'est 10, ou 15, ou un autre, il faut voir aussi, par
ailleurs, c'est quoi, leurs autres mécanismes de prévention puis de
participation des travailleurs. Tu sais, des
fois, tu regardes une convention collective, puis ils ont une superbelle
condition de travail là, mais, par ailleurs, quand considérée
globalement, ce n'est pas nécessairement une bonne convention collective, là.
Ça fait que je voulais juste faire ce commentaire-là, là.
Mais je pense
que «sous réserve des règlements»... moi, je ne voulais pas qu'on laisse place
à des atermoiements ou à des atténuations de la façon dont ça s'applique.
M. Gaudreault : Oui, bien, c'est ce
que je comprends. Puis, remarquez, moi, j'en suis heureux, là, parce que, si le
ministre n'était pas arrivé avec cet amendement pour retirer «sous réserve des
règlements», probablement que je l'aurais proposé moi-même, là, parce que je ne
veux pas que ça ouvre la porte à ce que, la commission ou autrement, on vienne
jouer dans l'interprétation du 20 puis, pour toutes sortes de raisons, qu'on...
M. Boulet : ...parce que je me
souviens qu'un groupe avait peur que ça permette à la commission de revenir en
arrière puis de changer, tu sais...
M.
Gaudreault : Oui, c'est ça, puis que, là, on se trouve toutes sortes
d'échappatoires pour dire : Ah! ils sont 22, mais on va les
considérer comme en bas de 20, ou ils sont 25, puis on va les considérer en bas
de 20, ou «sous réserve des règlements». C'est quoi, ça, «sous réserve des
règlements»? Alors là, l'intention du législateur devient beaucoup plus claire en
enlevant «sous réserve des règlements».
Et je comprends de la réponse du ministre tout à
l'heure que, s'il y a une entreprise, par exemple, je ne sais pas, moi, une
entreprise de déneigement, tiens, on... Moi, j'ai reçu, justement, mon rappel,
là, pour le déneigement, ça me fait penser à ça.
J'imagine, l'été, ils ont peut-être moins de travailleurs, en bas de 20, puis
là, woup! arrivent l'automne puis l'hiver, puis là ils passent au-dessus de 20
parce qu'ils sont... on est en période de déneigement. Ce que je comprends, c'est que... de la réponse du
ministre de tout à l'heure, c'est
que, si, à un moment donné dans l'année, ils passent au-dessus de 20,
là ils basculent dans l'obligation de 58. C'est ça? Donc, ils peuvent avoir,
mettons, cinq, six employés l'été parce qu'ils ne font pas de déneigement. Ils
arrivent à la période de déneigement et ils passent à 30, 40 employés
parce qu'ils ont beaucoup de tracteurs, là ils ont une obligation. Est-ce que
je comprends bien?
M. Boulet : ...totalement raison.
Puis votre exemple est hyperclair. Puis vous avez... C'est tout à fait exact.
M. Gaudreault : O.K. C'est bon.
Merci. Alors, ça me rappelle qu'il faut que je renouvelle mon contrat de
déneigement.
M. Boulet : Ça nous rappelle qu'il y
a beaucoup de neige au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
M. Gaudreault : Exactement.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Y
a-t-il d'autres interventions sur l'amendement?
M. Gaudreault : Oui. Moi, je n'ai
pas terminé, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Ah!
excusez.
M.
Gaudreault : Oui. Je suis toujours
sur l'amendement. Le ministre dit : «l'intégrité physique ou psychique».
On a eu toute sa belle plaidoirie pendant la
présentation de l'amendement. C'est parfait. Écoutez, question bête et brutale
du gars qui n'est pas spécialiste, là :
C'est-tu le bon terme, «psychique»? Parce que souvent on parle de santé
mentale, les organismes de santé mentale. Tout à l'heure, il a fait
référence à «psychosocial». Est-ce que «l'intégrité physique ou psychique», on
couvre large? Est-ce que c'est un terme qui est reconnu? Est-ce que c'est déjà
interprété par une jurisprudence du Tribunal administratif du travail, par
exemple? Alors, est-ce qu'on a... Moi, je veux m'assurer qu'on a le bon terme,
là.
M.
Boulet : Oui. J'ai posé la
même question. Moi, j'hésitais entre «psychique» et «psychologique», et on m'a
dit, par cohésion avec le terme qui est utilisé dans les lois et qui est
reconnu, c'est «intégrité psychique».
M. Gaudreault : Bon, O.K. Alors, on
va se fier à ça.
Ensuite, toujours dans l'amendement, O.K., bon,
la question du niveau de risque...
M. Boulet : Peut-être un complément
de réponse, collègue. C'est le terme qu'on a utilisé aussi dans la Loi sur l'indemnisation
des victimes d'actes criminels. Et la plupart des groupes qui ont référé à ce
concept-là utilisaient «intégrité psychique» aussi, là. Tu sais, c'était vraiment...
M. Gaudreault : Donc, c'est ça,
c'est un terme assez reconnu.
M. Boulet : Oui, quand même, oui.
• (15 h 30) •
M. Gaudreault : O.K. Je fais un
petit pas de recul pour revenir... dans le fond, c'est le deuxième alinéa de
l'article d'origine, là, mais, vu qu'il nous ajoute un alinéa, c'est dans le
troisième alinéa, dans son amendement, là, quand
on dit : «...et mettre en application un programme de prévention», dans le
texte d'origine, c'était lorsqu'un niveau de risque lié aux activités exercées dans cet
établissement le requiert. Il retire le niveau de risque. Moi, je suis
d'accord avec ça parce que je voulais également le retirer, mais j'ai
deux questions.
Un, quelle est sa réflexion? Qu'est-ce qui s'est
passé entre la rédaction du projet de loi et l'amendement pour retirer le niveau de risque? Un. Et, deux, si vous
me permettez, qu'est-ce que... Bon, quand on dit : «...lié aux activités
exercées dans cet établissement, déterminé par règlement», autrement dit...
Bien, c'est-à-dire, dans son amendement, je reviens plutôt dans
l'amendement, là, il dit «dans les cas et selon [...] conditions prévues par
règlement».
Alors là, je reprends, a contrario, ce que je
vous disais tout à l'heure, avec votre première portion d'amendement où il y
avait : Retirer, au premier alinéa, «, sous réserve de règlement». Là, il
le laisse, «dans les cas et selon les
conditions prévues par règlements», mais il enlève le niveau de risque. Est-ce
que ça ne devient pas une façon d'amener les niveaux de risque sans le
dire? Parce que, là, vu que le ministre le retire dans son amendement... C'est
le fun, on est contents, on voulait le retirer.
De là ma
première question : C'est quoi qui s'est passé entre la rédaction puis
l'amendement dans l'esprit du ministre? Mais, deuxièmement, est-ce qu'on
n'ouvre pas la porte à l'amener par la porte d'en arrière? Parce qu'on dit
«dans les cas et selon les conditions prévues par règlement».
M.
Boulet : Je pense que le concept de niveau de risque... Tu sais,
souvenez-vous, dans la mouture initiale du p.l. n° 59,
on avait des niveaux de risque élevés, moyens et faibles, puis les mécanismes
de prévention se déployaient en fonction des niveaux de
risque et du nombre de travailleurs. La façon dont ça a été calculé, c'est
qu'on utilisait beaucoup la fréquence, les déclarations puis les déboursés par
secteurs d'activité, puis c'est ça qui a généré des biais ou qui a généré passablement
de critiques.
Puis les niveaux de risque pris isolément, ce
n'est pas suffisant. Puis, tu sais, il faut plus que la commission se serve de son contrôle d'opportunité ou de son expertise pour déterminer si, par exemple, en bas de 20, on
a besoin... l'employeur doit élaborer et mettre en application un programme
de prévention. «Dans les cas et [...] conditions déterminés par règlement»,
non, ce n'est certainement pas une volonté d'entrer par la porte d'en arrière
pour traiter des niveaux de risque.
Je pense qu'il faut laisser à l'expertise qui
est détenue à la CNESST le soin de déterminer les cas et les conditions. Parce
que, comme on disait tout à l'heure, ce n'est pas du mur-à-mur, il faut que ce
soit adapté. Puis le niveau de dangerosité... peut-être que le risque peut être
un des éléments à considérer, mais il ne faut pas que ce soit que nous guidions
la CNESST dans sa façon de déterminer là où, quand on a moins de 20 travailleurs,
on doit élaborer et mettre en application un programme de prévention. Je ne
sais pas si... mais, non, ce n'est certainement pas une façon de faire
indirectement ce qu'on a tassé directement.
M.
Gaudreault : O.K.
Donc, c'est là qu'on arrive avec l'exemple que vous avez cité tout à l'heure avec M. Boyer,
je pense, de la FTQ, là, qui parlait de la shop de soudure de sept,
huit soudeurs, qui peut avoir un niveau de risque élevé et qui pourrait
avoir besoin d'un plan de prévention.
M. Boulet : Puis ça peut être un
atelier mécanique à Saguenay où il y a six travailleurs, puis sans être
des soudeurs. Un plan d'action, ça peut
peut-être... Puis, tu sais, la CNESST, dans sa capacité de déterminer des
conditions, peut imposer... sans que ce soit un PP, là, un programme de
prévention, dans toutes ses modalités ou dans tous ses paramètres pour les
entreprises plus grandes, peut dire : Bien, tenant compte de
l'organisation du travail, du mode de production, des métiers exercés dans cet
atelier-là de changement de pneus... Je prends souvent, d'ailleurs, cet exemple-là,
là, pour parler de l'importance de l'automatisation, là, un atelier que j'avais
lu dans Le Quotidien à Chicoutimi, là, un monsieur qui avait perdu — ...
(Interruption)
M.
Boulet : ...est-ce que vous me permettez une minute? — qui avait perdu ses quatre employés,
puis il faisait des changements de pneus, puis il était contraint de
fermer ses portes en raison de la pénurie de main-d'oeuvre, il n'était pas
capable de la recruter. Puis il a découvert un robot, qu'il a acheté au coût de
80 000 $, qui faisait les remplacements de pneus, puis non seulement
ça lui a permis de demeurer ouvert, mais il a connu une expansion. Ça lui a
permis d'embaucher des employés, de diversifier la nature de ses activités.
C'est un cas réel, mais tout ça pour dire que, oui, je pense qu'il faut que ce
soit adapté à la réalité, et c'est ce que l'article... l'alinéa nous permet de
faire.
M. Gaudreault : O.K. Dernière
question pour l'instant, Mme la Présidente, un détail, là, toujours sur
l'amendement. Quand le ministre dit : «Un programme de prévention doit
être élaboré et mis en application», c'est que c'est un oubli, j'imagine? C'est
parce que, si on veut le mettre en application, il faut l'élaborer avant, là,
c'est...
M. Boulet : ...précision.
M. Gaudreault : Oui, c'est ça. O.K.
Ça va.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
bien? Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Est-ce
qu'on a des statistiques, à la
CNESST, des personnes lésionnées qui ont un accident ou une maladie du
travail... ils proviennent en quelle
proportion des grosseurs d'entreprises? Est-ce que vous comprenez ma
question?
M. Boulet : Je peux peut-être le
vérifier. Si on pouvait suspendre deux minutes, je vais le vérifier.
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 36)
(Reprise à 15 h 43)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous recommençons. M. le ministre. M. le ministre, est-ce que vous avez
obtenu la réponse? M. le ministre?
Des voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, député de Beauce.
Des voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous attendons la réponse. Est-ce que M. le ministre a la réponse?
Je m'excuse, je pense qu'on va suspendre à
nouveau.
(Suspension de la séance à 15 h 44)
(Reprise à 15 h 45)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, on recommence. M. le ministre, est-ce que vous avez la réponse à la
question?
M. Boulet : Non. Malheureusement,
nous n'avons pas cette information. On les a par secteurs d'activité, mais pas
par nombre de personnes.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Leduc : ...vous avez sorti le
chiffre de qui allait être couvert, là, le 80 % des travailleurs était
dans les entreprises... attends, j'ai-tu... en haut de 20, c'est-tu ça?
M. Boulet : De 20 et plus.
M. Leduc : Et 19 % étaient en
bas de 20.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Donc, ça, vous êtes
capable d'avoir ce chiffre-là, mais, à savoir les personnes lésionnées, ce
n'est pas possible de croiser ces deux données-là?
M. Boulet : Non, on n'a pas...
M. Leduc : ...ou du moins pas
instantanément, là?
M. Boulet : On n'a pas le nombre de
réclamations pour lésion professionnelle par entreprise en fonction du nombre
de travailleurs, on n'a pas cette donnée-là.
M. Leduc : Puis est-ce que c'est que
vous ne l'avez pas là, dans l'instant, ou c'est impossible de...
M. Boulet : Non, ce n'est pas
colligé.
M. Leduc : O.K. Je suis surpris
parce qu'on a des statistiques sur des tonnes de choses, mais pas là-dessus. On
fait donc une suggestion.
M. Boulet : Ah! il y en a en masse,
des statistiques, mais il n'y en a pas sur tout, tout, tout, là, ce n'est
pas...
M. Leduc : Mais ça serait important,
je pense, surtout au regard de la clause, là, qu'on a déjà discutée, de rapport d'étape, pour voir si ça, ça fonctionne
bien, parce que, si on réussit à sortir un chiffre puis qu'il y a une immense
majorité des lésions ou, en tout cas, une
grosse portion de légions... de lésions, pardon, qui sont dans des
établissements de moins de 20, peut-être que ça portera à nous faire
réfléchir sur l'efficacité de cette mesure-là. Ça fait que j'en fais donc la
suggestion à votre cabinet, puis qui pourra être transmise, j'imagine, au C.A.
et à la direction de la CNESST.
Autre question. Vous vous rappelez sûrement,
dans le rapport de la Vérificatrice générale de 2018, elle avait été très
sévère envers la CNESST, elle avait dit qu'il y avait un grand... beaucoup de
manquements en matière de proactivité sur la prévention. Est-ce que, là, avec
cette nouvelle application là des 20 et plus, il y aura des ressources particulières qui vont être dédiées, entre autres
pour les moins de 20, pour accompagner les entreprises dans l'élaboration
de ce fameux plan d'action?
M. Boulet : Tout à fait. Comme je
l'ai mentionné un peu plus tôt, il y aura des guides qui vont être préparés
pour aider les entreprises, notamment les PME, à mettre en place, élaborer et
surtout appliquer le programme de prévention ou le plan d'action.
M.
Leduc : Parfait. Mme la Présidente...
M. Boulet :
Comme on l'a fait pour les normes sanitaires. Il ne faut pas oublier, vous les
connaissez aussi, étant dans ce secteur-là, les associations sectorielles
paritaires. Ils font énormément de formations puis ils vont accompagner les
parties pour élaborer et mettre en application. Puis moi, j'ai donné des
allocutions à des... ce qu'on appelle les ASP, là, les associations sectorielles
paritaires, puis ils vont jouer un rôle très bénéfique.
M. Leduc :
Mme la Présidente, j'ai acheminé un sous-amendement il y a quelques minutes
déjà. Je ne sais pas si le ministre a eu le temps d'en prendre connaissance.
Est-ce qu'il voudrait suspendre pour le regarder ou je le dépose tout de suite?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : D'accord. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
Est-ce que nous l'avons reçu, quand même? Oui.
Alors, nous allons
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 48)
(Reprise à 16 heures)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous avons reçu un sous-amendement de la part du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous invite à le lire et à
l'expliquer. Merci.
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Ça va comme suit : L'amendement
proposé à l'article 146 est modifié :
1° par le
remplacement de son paragraphe 2° par le suivant :
2° Insérer, après le
premier alinéa, le suivant :
«Lorsqu'au
cours d'une année le nombre de travailleurs groupés dans un établissement
devient inférieur à 20, le programme de prévention doit être maintenu en
application jusqu'au 31 décembre de l'année suivante.»;
2° par l'ajout, à la
fin, des paragraphes suivants — de deux autres alinéas, 6° et 7° :
6°
insérer, dans son premier alinéa, après «l'employeur doit», les mots «, avec le
comité de santé et de sécurité,»; et
7°
insérer, dans son second alinéa, après «l'employeur doit», les mots «, [après]
le comité de santé et de sécurité,».
C'est
donc une espèce d'amendement en deux sections. Le premier, c'est une
réécriture, mais qui est peut-être symbolique, mais que je trouve
importante. Quand on dit, là... Selon ce que le ministre avance, il vient
préciser, dans son amendement, là, que la question du 20... qu'est-ce qui se
passe si, à un moment donné, l'entreprise descend ou... en bas de 20, ce qui
peut arriver, pour une rationalisation, une crise d'accessibilité de personnel
comme on en vit une en ce moment. Là, le ministre dit : L'employeur doit
maintenir le programme de prévention, mais nous, on voudrait vraiment que ça
soit sans aucune forme d'ambiguïté que ce n'est pas une décision de
l'employeur. Quand on dit : «L'employeur doit», oui, il doit, mais ça
demeure comme son geste à lui, alors que, non, le programme est maintenu, comme
on le propose dans notre libellé.
Et l'autre section...
(Interruption) ...pardon, parle d'un rajout de mots, et là il n'est vraiment
pas du tout cosmétique, là, ce changement-là, c'est à savoir que... On dit que
«l'employeur doit élaborer et mettre en application un programme de
prévention», etc., mais nous, on pense que cette tâche-là, de l'élaboration,
donc, du programme de prévention, toujours pour les 20 et plus, là, on est
encore là-dessus, bien, ça ne doit pas se faire tout seul, ça doit se faire
avec les parties prenantes, avec notamment, donc, la partie des travailleurs,
travailleuses, que ça soit syndiqué ou pas, comme le disait M. le ministre plus
tôt. Alors, on précise que l'employeur doit l'élaborer, oui, mais avec le
comité de santé et sécurité. Voilà.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. M. le ministre.
(Consultation)
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Bien, dans notre amendement, moi,
j'ai exactement la même compréhension que quand vous dites :
Insérer : «Lorsqu'au cours d'une année le nombre [...] dans un
établissement devient inférieur à 20, le programme doit être maintenu en
application...» On disait quand, au cours de l'année : «[Groupe] au moins
20 travailleurs au cours de l'année...» Puis on rajoute, dans notre
amendement que j'ai lu aussi : «Lorsqu'au cours d'une année le nombre
[...] dans un établissement devient inférieur à 20, l'employeur doit
maintenir le programme de prévention mis en
application jusqu'au 31 décembre de l'année suivante.» Je comprends qu'il
y a un aspect de sémantique, là,
mais, pour moi, sur le fond, il n'y a aucun, aucun impact, ça veut vraiment
dire la même chose. Et, à une question du collègue de Jonquière, on a été
extrêmement clairs avec une entreprise de déneigement de sa région, qui était
un exemple, là.
Pour
l'ajout à 6° et 7°, bon, c'est important que l'employeur assume,
s'assume, élabore et mette en application. Ultimement, s'il ne le fait pas, il est imputable. Ultimement, s'il ne
le fait pas, il s'expose à commettre des infractions pénales, et à
recevoir des constats d'infraction, et payer une pénalité. Ça ne doit pas être
fait avec le comité de santé et sécurité
parce qu'il y a des membres représentant les travailleurs puis des membres
représentant les employeurs, puis on ne veut pas que ces membres-là
deviennent imputables. Ça, c'est important, qu'ils ne puissent pas faire
l'objet de constat d'infraction et de pénalité, dans un premier temps.
J'ai
plusieurs raisons. La deuxième, c'est que, le comité de santé et sécurité, il y
en a qui les utiliseraient comme écran pour ne pas assumer leurs
responsabilités. Parce qu'il y a des comités de santé et sécurité qui n'ont pas
le même degré d'efficacité, et il ne faut
pas que ces comités-écrans-là permettent à des employeurs de ne pas assumer
et de ne pas s'assumer.
Autre
élément, on va y venir plus tard, aux fonctions du comité de santé et sécurité,
et vous aurez des réponses. Parce que j'attire simplement votre attention,
parce que je ne veux pas aller tout de suite à l'article 56, mais,
à l'article 78 de la LSST, de la loi santé, sécurité du travail, et où il
y a 13 paragraphes qui sont 13 fonctions du comité de santé-sécurité, puis ils ont cette
responsabilité-là d'établir, au sein du programme de prévention, des programmes
de formation, d'information en
matière de santé et sécurité du travail. Ils doivent aussi s'assurer de
connaître le programme de prévention et aussi de faire des
recommandations à l'employeur. Donc, il y a un rôle puis il y a, dans un des amendements
déjà déposés, là, puis ça, c'est l'article 156, qui modifie 78... Et c'est
précisé clairement dans un des amendements, puis là je ne vous demande pas de
vous en souvenir... mais que non seulement il prend connaissance des éléments
du PP, mais il collabore à son élaboration. Donc, ça répond à la question. Ici,
je pense que c'est important, à cet article-là, de dire qui a la responsabilité,
qui est imputable pour le programme de prévention ou le plan d'action.
Puis plus tard on
dira quelles sont les fonctions et responsabilités du comité de santé-sécurité,
notamment à l'article 78, et en
intégrant tous les amendements que nous avons déposés qui raffermissent et
donnent encore plus de poids aux fonctions et responsabilités du comité
de santé et sécurité. Donc, pour toutes ces raisons, l'amendement, nous ne
pouvons malheureusement le considérer.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Donc, il y a comme deux débats, là. Le premier, sur la réécriture, vous nous
dites que c'est la même chose, que ça signifie la même chose. Tant mieux. On ne
pensait pas donner nécessairement un nouveau sens, on voulait clarifier complètement la question que ce n'était pas une option, que ce n'était pas
une décision de l'employeur. Donc, logiquement, si vous me dites que ça
revient au même, on pourrait appliquer notre libellé, là, il n'y aurait pas de
problème à ce qu'on reprenne la façon dont on l'écrit si, selon vos propres
mots, ça revient au même sens?
M. Boulet :
Pardon?
M.
Leduc : Vous me dites, pour
la première section, là, sur la réécriture, est-ce que l'employeur doit ou
non... Nous, on dit : Le programme de prévention doit. Si vous
dites que ça revient au même, on pourrait...
M. Boulet :
Ah! absolument.
M. Leduc :
On pourrait reprendre notre libellé à nous.
M.
Boulet : Bien, il l'est, il
l'est déjà. C'est clairement exprimé comme étant une obligation
de l'employeur.
M. Leduc :
O.K., mais nous, on vous dit qu'on aimerait que ça soit une petite affaire plus
claire.
M.
Boulet : C'est clair, moi,
je l'ai dit, je l'ai répété. Puis, pour moi, c'est extrêmement clair, puis j'ai répondu, je pense, de la façon la plus claire
possible à la question du collègue de Jonquière, ça fait qu'on ne réécrira pas
pour dire la même affaire.
M. Leduc :
La deuxième section, vous me dites : En collaboration... Vous faisiez
référence à un autre article qu'on a déjà abordé ou qu'on va aborder?
Pouvez-vous me l'indiquer plus...
M. Boulet :
Je... L'article 78 de la loi santé, sécurité, il y a 13 fonctions et responsabilités
du comité de santé-sécurité et il y a des références à l'élaboration puis la
mise en application d'un programme de prévention. Et on l'a à l'article 156,
où on avait des amendements, et le comité collabore à l'élaboration. Ça revient
au même.
M. Leduc :
Là, vous... Ça, c'est des amendements à venir, vous voulez dire?
M.
Boulet : Non, c'est des
amendements qui ont déjà été déposés, mais qui vont faire suite... qui ont
été intégrés à l'article 156 du projet de loi et qui concernent l'article 78
tel qu'amendé par le p.l. n° 59.
M. Leduc :
Bon, me laissez-vous une petite suspension pour vérifier ça rapidement?
M. Boulet :
L'article 156, qui modifie l'article 78.
M. Leduc :
Oui. Parfait. Je vais aller voir ça. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors,
est-ce qu'il y avait d'autres commentaires concernant le sous-amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve?
Non.
Alors, nous allons
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 10)
(Reprise à 16 h 18)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, est-ce que je comprends que le député d'Hochelaga-Maisonneuve
veut prendre la parole? Oui, sur son sous-amendement.
M.
Leduc : Oui. Alors,
l'intention étant vraiment ici de s'assurer que le programme de prévention qui
demeure... et, dans notre esprit du sous-amendement, c'est clairement le
cas, qui demeure une responsabilité de l'employeur. On veut s'assurer qu'il
soit fait, qu'il soit préparé, qu'il soit construit conjointement avec les
salariés. Oui, en effet, là, on est allé vérifier,
l'information du ministre était tout à fait juste, là, qu'il y a la question de
la collaboration à son élaboration, là, qui viendra plus tard à 156.
Mais «collaborer», évidemment, c'est toujours un terme un peu vague, en quelque
sorte, où une collaboration, ça peut être un
échange courriel, puis, voilà, là, on a collaboré. Tandis que nous, on veut
vraiment que l'employeur prenne en
compte, dans son sens le plus large possible, les préoccupations et la lecture
des salariés de son entreprise.
Et la collaboration,
c'est quand même assez limité. Et, de ce que j'entends des praticiens, il y a
des cas où on... un plan qui a été présenté, bien, finalement, n'avait pas
repris ce qui avait été suggéré ou ce qui avait été avancé par des salariés de
l'entreprise. Alors, c'est ces scénarios-là qu'on veut éviter.
Après ça, l'histoire
des amendes, je comprends l'argument, mais ça peut très facilement être
corrigé, là, on peut clairement dire que ça demeure la responsabilité de
l'employeur qu'il y ait un plan, au final, et que, s'il ne l'a pas, il fait l'amende, mais il... On ne peut pas
présupposer qu'il y aura un blocage ou que... On peut même l'écrire que,
s'il y a un blocage, l'employeur n'est pas disposé de l'entendre, là, l'avis...
Mais il faut que ça ait une petite coche de plus
que ce qui est sur la table actuellement, à mon avis. Autrement, on n'est pas
en train de donner tous les outils nécessaires pour réaliser le meilleur
plan de prévention possible.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci.
M.
Boulet : Je pense que j'ai
fait tous mes commentaires, puis, l'article 78, le comité collabore à
l'élaboration du programme. Puis on
ne peut pas dire : Vous êtes aussi impliqués dans l'élaboration, mais vous
n'êtes pas imputables, puis c'est... En tout cas, je pense que j'ai été
assez clair. Merci, Mme la Présidente.
• (16 h 20) •
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions? Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Parce qu'un des enjeux c'est, vous le connaissez, là, le phénomène des
mutuelles de prévention, qui vise à un peu faciliter la vie surtout des
petites, moyennes entreprises. Bien, ça arrive souvent qu'une mutuelle de
prévention il y a comme un modèle assez, j'oserais dire, standardisé de plan de
prévention qui arrive puis qui propose à l'entreprise X ou Y... qui n'est pas
le reflet de la réalité de cette entreprise-là, qui n'est pas vraiment, là, l'issue d'un travail de collaboration, et on prend
ce modèle standardisé là, on l'envoie, on l'applique puis on a rempli notre
obligation, fin de l'histoire. C'est ces scénarios-là qu'on veut éviter. Est-ce
qu'il y a moyen d'envisager qu'on inscrirait dans la loi que l'employeur est obligé de tenir compte des avis du
comité de SST pour élaborer son plan
de prévention?
(Consultation)
M. Boulet :
À partir de 59. Je me demandais à quel article on l'avait intégré, là, mais
c'est dans le projet de loi initial, collègue, à 59, où on dit qu'un
programme de prévention a pour objectif d'éliminer à la source même les dangers
pour la santé, et la sécurité, et l'intégrité
physique, et on rajoute «et psychique des travailleurs». Ça, ça va être un
amendement.
Puis,
quand on parle des... «Il doit tenir compte des programmes de santé au travail
[visés à] 107, des règlements applicables à l'établissement ainsi que,
le cas échéant, des recommandations du comité de santé [...] sécurité et
prévoir notamment», puis là vous avez, là, l'identification, l'analyse des
risques chimiques, biologiques, physiques, et autres, là, mais ça va être à
l'article suivant, là, où on dit qu'il doit tenir compte, là, des
recommandations. Donc, ça va venir.
M. Leduc :
Parfait. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, y a-t-il d'autres interventions sur le
sous-amendement déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Donc, est-ce que
le sous-amendement est adopté? Est-ce que le sous-amendement est adopté?
M. Boulet : Adopté.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Monsieur...
Des voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Attention, là! Attention! Le sous-amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve,
qu'on vient de parler, pardon.
M. Boulet : Je pensais que vous
faisiez des votes nominaux. Non, non adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Je
pense... vous attendiez, c'est ça, là, vous attendiez peut-être qu'on y aille
par appel nominal.
M. Boulet : Exact.
La Présidente (Mme IsaBelle) : On
est un peu coincés, là, hein, parce qu'on a eu, pendant un an et demi de temps,
l'appel nominal, puis là on arrive d'un coup.
M. Leduc : ...plus simple de
systématiquement y aller par appel nominal?
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Moi, ça ne me dérange pas. Est-ce que vous voulez ça tout le temps maintenant?
M. Leduc : Bien, comme ça, on évite...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Parce
que ça nous éviterait de se mêler.
M.
Boulet : C'est beaucoup
plus clair, puis, moi, c'était ma compréhension. J'avais l'impression qu'on y
allait par vote nominal et je suis d'accord avec...
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Si vous voulez... avec ça, on va y aller comme ça. Donc, on y va comme ça, M.
le secrétaire? C'est beau. Alors, ça sera toujours par appel nominal, on
va poursuivre l'ancienne... ou la méthode d'avant. Parfait. Alors, je
répète : Est-ce que le sous-amendement déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve
est adopté? Nous allons donc procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire : M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
Le Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
Le Secrétaire : Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire : M. Bélanger
(Orford)?
M. Bélanger : Contre.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Contre.
Le
Secrétaire : M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Abstention. Donc, le sous-amendement déposé par le député
d'Hochelaga-Maisonneuve est rejeté. Nous
revenons à l'amendement du ministre à l'article 146. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'amendement du ministre à l'article 56...
ou, enfin, à l'article 146, à l'amendement? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'article ou, enfin,
l'amendement à l'article 146.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
Le Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Pour.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Abstention.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Abstention. Donc, l'amendement à l'article 146 est
adopté. Maintenant, est-ce que nous poursuivons avec le prochain amendement
proposé à l'article 146 ou nous suspendons l'article 146, pour la
section 58.1? Est-ce que... ou M. le ministre... Oui, vous voulez
intervenir, député d'Hochelaga?
M. Leduc :
...proposer de suspendre l'article 146.
M.
Boulet : Mais il faudrait terminer la discussion sur 58, c'est ce que
je mentionnais, avant de passer à 58.1. Puis, 58.1, si c'est toujours la
volonté de le suspendre...
M. Leduc : ...d'autres
amendements sur 58?
M. Boulet : Sur 58, non.
M. Leduc : Bien, moi non plus. Vous?
M. Boulet : S'il n'y a pas d'autre
amendement, on pourrait convenir que c'est clos pour le 58.
La Présidente (Mme IsaBelle) : 58,
oui.
M.
Gaudreault : Non, mais ça dépend, c'est parce qu'on pourrait avoir des
discussions sur 58 tel qu'amendé. C'est un peu ça que le ministre veut
dire, dans le sens qu'il pourrait y avoir... il pourrait ne pas y avoir d'autre
amendement à 58, mais quand même y avoir de la discussion sur 58 avec ce qu'on
vient d'adopter, puis là après ça on suspendra 58.1.
M. Boulet : Ça, je le comprends,
mais, tu sais, dans le fond...
M. Gaudreault : Autrement dit, pour
boucler 58, c'est ce que le ministre veut faire.
M. Boulet : Oui, mais... Non, c'est
que... Oui, oui, je suis d'accord avec vous. 146, là, il a deux alinéas...
M. Gaudreault : C'est ça.
M.
Boulet : ...ou deux paragraphes, 58 et 58.1. On a fini la discussion
sur 58, on ne peut pas l'adopter, puis là on suspend 58.1, en fait, mais
c'est 146 qui est suspendu.
M. Gaudreault : Oui, mais ce
que je dis, c'est que je pourrais avoir encore des choses à... des questions à
poser sur 58.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est ça, c'est ça. Alors, allons-y tout de suite, immédiatement.
M. Gaudreault : Oui, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Donc, je pose la question...
M. Boulet : Ça, moi... Ça, je
suis tout à fait d'accord, puis on peut continuer à le faire.
M. Gaudreault : C'est ça.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, y a-t-il des interventions sur
58? On va y aller avec le 58 tel qu'amendé.
M. Gaudreault : ...c'est ça que
je disais.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il des interventions?
M. Gaudreault : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
J'espère! Alors, à vous la parole, député de Jonquière.
M. Gaudreault : Bien, en fait,
c'est parce que, moi, c'est... je voulais revenir sur la question du 20...
M. Boulet : ...hein, collègue?
M. Gaudreault : Comment?
M. Boulet : Si vous avez des
questions sur l'intégrité psychique, n'hésitez pas.
M. Gaudreault :
Oui. Bien, je pense... le ministre a tellement bien plaidé à l'intérieur même
de son amendement... Bien, en fait,
j'aurais pu les poser aussi durant l'étude de l'amendement, mais, bon, du...
oui, de l'amendement proposé par le ministre, mais j'aime autant la poser tout
de suite sur... en tout cas, je l'avais réservée pour le 58 tel qu'amendé.
Il pourrait-tu arriver, sur la question des
20 travailleurs, qu'un employeur... et est-ce que c'est déjà arrivé dans
le passé? Si oui, est-ce qu'on a des mesures ou des moyens de contrer ça, qu'un
employeur fragmente artificiellement, je
dirais, son entreprise pour arriver en bas de 20? Admettons qu'on a un
employeur qui a 25 travailleurs. Il y en a qui fabriquent le
produit x puis il y en a qui l'expédient, le produit x. Alors là, il va
dire : Bon, bien, je vais séparer mon entreprise en
deux établissements, ce qui va faire en sorte que je vais en avoir 15 qui sont
dans la fabrication, je suis en bas du 20, puis, deux coins de rue plus loin,
je vais m'ouvrir un autre établissement où je ferai de l'expédition. En tout
cas, peut-être mon exemple est boiteux, là, parce qu'il faut que l'expédition,
par définition, soit proche quand même de la fabrication, mais, en tout cas,
vous comprenez ce que je veux dire. Donc, fragmenter son entreprise pour éviter
d'avoir à se soumettre aux obligations de la loi d'avoir un plan de prévention.
• (16 h 30) •
M. Boulet : Non, mais là-dessus
moi, je me fie beaucoup à la définition d'«établissement» qui est à
l'article 2 de la loi... non, l'article 1 : «L'ensemble des
installations et de l'équipement groupés sur un même site et organisés sous
l'autorité d'une même personne ou de personnes[...], en vue de la production ou
de la distribution de biens ou de services...»
C'est sûr que, quand je regarde ça,
est-ce qu'un employeur... parce qu'il
n'y a pas beaucoup,
à ma connaissance... je ne
connais pas s'il y a des décisions de jurisprudence où, parce que les
obligations de l'employeur sont modulées en
fonction du nombre de travailleurs, il y
a eu une tentative de se cacher
derrière un écran corporatif, mais, ici quand on regarde la définition d'«établissement»,
il faudrait, par exemple, qu'ils déménagent ailleurs, parce que, là, ce ne serait plus sur un même site. Est-ce que ça
pourrait se faire puis plaider que ce n'est pas le même établissement, donc on
est sous la barre des 20? Je ne pense pas que ça soit... Je ne sais pas,
Anick, si vous avez connaissance de décisions de jurisprudence.
Une
voix : ...
M.
Boulet : Pardon?
Une
voix : ...
M.
Boulet : On cherche, puis, bon, on a quatre procureurs avec nous, là,
puis on n'en a pas en mémoire, collègue. Mais ça pourrait peut-être être une
stratégie réfléchie par certains employeurs. Mais ça m'étonnerait quand même que
quelqu'un dise : Je vais aller sur un autre site, je
vais regrouper des équipements ailleurs, je vais m'organiser pour que ce
soit un plan... deux plans d'action plutôt qu'un PIP. Mais il n'y a rien
d'impossible, mais on n'a pas... Si on a connaissance de décisions de
jurisprudence, je vais les partager avec vous.
M.
Gaudreault : Oui, mais, même si on a connaissance de décisions de
jurisprudence, ça n'empêche pas la... bien,
en fait, il faudrait que la jurisprudence nous fasse la démonstration que la
loi empêche ça, sinon il faudrait qu'on se donne des mesures pour
l'empêcher. Parce que, si moi, je regarde la définition d'établissement, effectivement,
à l'article... je pense, que c'est
l'article 1, là, «établissement», c'est :«L'ensemble des installations et de l'équipement groupés
[sous] un même site et organisés sous l'autorité d'une même personne ou de
personnes liées, en vue de la production ou
de la distribution de biens ou de services, à l'exception d'un chantier de construction — forcément; ce mot comprend notamment
une école, une entreprise de construction ainsi que les locaux mis par
l'employeur à la disposition du travailleur
à des fins d'hébergement, d'alimentation [...] de loisirs, à l'exception des
locaux privés à usage d'habitation», bon.
Bien,
si je prends un exemple peut-être plus facile à comprendre, parce mon cas
d'expédition est un peu boiteux, mais une même entreprise qui compte
21 employés ou 20, 20 employés, puis il y a juste une personne qui fait de
l'administration, un adjoint administratif ou une adjointe administrative, puis
elle décide de comme lui donner un contrat à titre de travailleur autonome, ça
fait que, là, l'entrepreneur... l'établissement passe à 19, mais on le sait
que, finalement, c'est juste une façade, parce que la personne qui fait l'administration,
elle n'a qu'un client, puis c'est cette entreprise-là, donc ça devient une
manière détournée d'éviter de se conformer à la loi.
Est-ce qu'il
y a des cas comme ça? Je n'ai pas nécessairement la solution en disant ça,
O.K., Mme la Présidente, sauf que, quand j'ai lu ça, moi, j'ai pensé
tout de suite à la possibilité de fragmentation pour éviter de se soumettre à
l'obligation du 20.
M. Boulet : Il y aurait... Puis là
je vais y aller peut-être de façon éparse, là, mais c'est sûr que quelqu'un qui
fait de quoi dans le but d'éluder la loi, il commet une infraction. Deux, «aux
fins de déterminer le nombre, doivent être considérés ceux dont les services
sont loués ou prêtés à l'employeur», moi, je trouve que ça nous permet d'éviter
le débat sur la notion de véritable employeur. Tu sais, si c'est un travailleur
autonome, à la limite, qui fait l'objet d'un
prêt ou d'une location par la voie d'une agence ou si c'est un travailleur véritablement autonome, avec ses propres équipements,
qui détermine son horaire de travail, qui choisit ses temps de congé puis de
vacances, ça pourrait faire l'objet d'un débat, mais, même là, la notion de travailleur :
«Une personne qui exécute, en vertu d'un contrat de travail ou d'un contrat d'apprentissage, même sans rémunération, un
travail pour un employeur, y compris un étudiant [...] à l'exception...»
M. Gaudreault : ...Mme la
Présidente? Dans le Code du travail ou dans...
M. Boulet : Non, à l'article 1 de la
LSST.
M. Gaudreault : Ah! O.K.
M.
Boulet : Tu sais, il y aurait un beau débat à faire. Là, vous me
ramenez dans mon bureau d'avocat...
M.
Gaudreault : ...trop élevés, Mme la Présidente.
M.
Boulet : ...puis il y a un client qui me pose des questions sur la
façon de... Mais il n'y a jamais un employeur qui m'a posé...
M.
Gaudreault : Mes honoraires vont être trop élevés.
M. Boulet :
Non, les honoraires ne sont pas...
Des
voix : ...
M. Boulet :
Mais c'est-tu un conseil stratégique que vous voulez avoir?
M.
Gaudreault : Je voudrais avoir une réponse, un conseil pro bono.
M.
Boulet : Ah mon Dieu! Mais, à mon avis, ce serait facilement
détectable. Puis, je le répète, si un
employeur fait ça pour éviter que ce
soit un PP, qui est un programme un peu
plus complet qu'un plan d'action, il va dépenser pas mal plus d'énergie pour les bénéfices que ça
va engendrer.
M.
Gaudreault : Mais le ministre sait comme moi qu'il y en a qui
préfèrent voir les gains à court terme en séparant
l'entreprise en deux. Est-ce
qu'à ce moment-là ça pourrait interpeller, par exemple... Est-ce qu'un
inspecteur pourrait être mandaté pour, dans le fond, débusquer ce
façadisme, je dirais?
M. Boulet :
Totalement. Puis il y a quatre avocates avec nous, puis il n'y en a aucune qui
a vu de cas, mais, oui, s'il y a un enquêteur de la CNESST, ça pourrait être
son rôle, parce qu'ils doivent inspecter puis faire ce qui s'impose pour qu'on
respecte la loi. Puis, si on découvre, comme les dispositions anti-briseur de
grève, comme les violations des règlements
puis de la loi en matière de santé et sécurité du travail... Mais, oui, je vous
dirais... oui, absolument.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Très bien. Y a-t-il d'autres
interventions? Il n'y a pas d'autre intervention, alors...
M.
Gaudreault : Bien, Mme la Présidente, je comprends la réponse du
ministre, je la partage, mais je demeure partiellement, je vais dire,
insatisfait, parce que, dans le fond, on est dépendant d'enquêtes,
d'inspecteurs ou peut-être de décisions
jurisprudentielles qu'on pourra peut-être trouver. Je trouve qu'on n'a pas de
garantie, à quelque part, dans la loi là-dessus. Puis, en même temps que
je dis ça, tu sais, je n'ai pas de solution, là, toute faite, là, tu sais.
Ça fait que je
demeure à demi satisfait, alors je ne sais pas si on peut... De toute façon,
Mme la Présidente, là, visiblement, on n'adoptera pas 58, parce qu'on va
suspendre, en tout cas, peut-être qu'on va suspendre 58.1, puis l'adoption, on
va le faire globalement, 58 et 58.1. Donc, à la limite, ça nous donne du temps,
si jamais on trouve la solution magique, là, pour se donner des garanties pour
éviter une fragmentation de façade, là.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, vous suggérez quoi, député de Jonquière?
M.
Gaudreault : Je ne suggère rien. Je suggère...
M. Boulet :
...article, là, sur les pouvoirs des inspecteurs. Ils peuvent enquêter, à 180,
sur toute matière. Ils peuvent exiger de l'employeur ou du maître d'oeuvre le
plan des installations et de l'aménagement du matériel, bon, ils peuvent faire
des prélèvements, ils peuvent faire des essais. Il peut exiger de l'employeur,
du maître d'oeuvre une attestation, installer, se faire accompagner par une ou
des personnes de son choix dans l'exercice de ses fonctions, bon, puis là il
peut... il doit évidemment prendre les mesures raisonnables pour aviser
l'employeur. Mais je vous répondrais assez clairement que, oui, ça fait partie
de ses pouvoirs. Puis, à 182, il a même la possibilité d'émettre un avis de
correction enjoignant une personne de se conformer à la présente loi ou aux règlements
et fixer un délai pour y parvenir. Ça fait
qu'il y a quand même une procédure d'enquête et une procédure de
correction qui nous permettraient de débusquer s'il y a un stratagème ou
un subterfuge utilisé par un employeur pour éviter l'application de la loi.
• (16 h 40) •
M.
Gaudreault : O.K., mais, si on passe par l'amendement qu'on vient
d'adopter au troisième alinéa, qui nous dit : «Si un établissement groupe
moins de 20 travailleurs, l'employeur doit élaborer et mettre en application
un programme de prévention dans les cas et selon les conditions prévus par règlement»,
est-ce que les cas ou les conditions prévus
par règlement pourraient éventuellement envisager, par règlement,
d'éviter cette fiction? Autrement
dit, pour... tu sais, si on n'est pas capable de l'attraper par la législation...
Parce que, là, dans le fond, tu sais, moi, j'imagine un employeur qui
dit : Regarde, moi, j'ai 22 employés, j'en ai trois qui font de l'administration,
je vais me créer une entreprise X, Y, Z, inc., qui fait de l'administration.
Donc, c'est deux entreprises légales, il y en a une qui a 17 employés, qui produit le bien de
consommation, disons, puis disons qu'il y en a cinq qui font de l'administration, puis les cinq dans l'administration sont dans une nouvelle entreprise,
mais on le sait, que c'est une manière détournée d'éviter un plan de sécurité,
là, un plan de prévention, voilà.
Est-ce
que, dans les... Donc là, on se retrouve avec deux entreprises qui ont moins de
20 travailleurs mais qui, ensemble, en
avaient plus de 20. Alors là, est-ce
qu'on pourrait prévoir, en vertu du
nouvel alinéa trois, que, dans les cas et selon les
conditions prévus par règlement, on pourrait dire, bien, si un inspecteur
constate qu'il y a une fiction qui a été créée pour se soustraire à
l'application de la loi, à ce moment-là, il faut que l'employeur mette un programme
de prévention en oeuvre pour ces deux entreprises? En tout cas, je ne sais pas
trop, là, mais...
M. Boulet :
...moi, je proposerais plutôt l'avenue qui apparaît au troisième alinéa de 58,
que la commission exige l'élaboration puis la mise en application d'un
programme de prévention même s'il y a moins de 20 travailleurs. Moi, c'est l'avenue que j'emprunterais, puis ça
boucherait le... L'exemple que vous soulevez, là, ça serait, à mon avis,
le meilleur remède.
M.
Gaudreault : Oui, à ce moment-là, c'est encore mieux, c'est la commission
qui exige à l'employeur qu'on pense fautif, qui a été...
M. Boulet :
...un peu, puis ça enlève tout le processus d'enquête, puis...
M.
Gaudreault : O.K. Bien, je suis plus rassuré. Ça va aller, pour
l'instant, Mme la Présidente.
M. Boulet :
Une belle discussion d'avocats, hein?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Même logique. Même si je ne suis pas un avocat, j'ai le droit de poser quelques
questions quand même? Si vous le permettez.
M. Boulet :
...
M. Leduc :
Par exemple?
M. Boulet :
Dans bien des discussions, dans bien des dossiers, je pense que...
M. Leduc :
O.K. Parfait. M. le ministre connaît très bien la notion d'«établissement», qui
est d'ailleurs au centre d'un important litige quant à la loi antiscab, on se
rappelle tous du dossier du Journal de Montréal : on n'a pas le droit d'avoir de scab pendant une grève, de
faire des remplacements, mais, s'il était à l'extérieur de la bâtisse, vu que
c'est un concept et une loi, la loi antiscab, qui avait été adoptée dans les
années 70, si je ne me trompe pas, l'Internet n'existait pas, bref, on pouvait
écrire des articles de journaux ou monter des articles du journal ailleurs que
dans la bâtisse, et c'était parce qu'on avait une interprétation stricte des
mots «établissement permis».
Est-ce que,
dans un contexte de télétravail, vu qu'on fait référence à la notion
d'établissement dans 146 puis qu'on vient de
rajouter que, si on a moins de 20, bon, etc., puis... Dans la même perspective
que le collègue de Jonquière dit, est-ce que l'employeur ne pourrait pas
essayer de diviser son entreprise pour dire : Je vais me disqualifier, là,
en bas de 20, est-ce qu'il ne pourrait pas,
dans la même logique, envoyer les travailleurs en télétravail et dire :
Ils ne sont plus dans mon établissement?
M.
Boulet : Non, non. Les télétravailleurs sont dans l'établissement,
puis, peu importe, s'il est dans l'établissement une journée, il est
considéré, puis le libellé est clair. Et même s'il fait du télétravail
365 jours par année ou cinq jours par semaine, il est considéré comme
étant dans l'ensemble du processus des opérations de l'employeur puis il est considéré. Tu ne pourrais pas, dans la perspective
soulevée notamment par notre collègue de Jonquière, avoir 28 personnes
puis dire : Il n'y en a pas un qui vient chez nous, bien là il n'y a plus
d'établissement, puis je me soustrais. Non, parce qu'il y en a 28, peu importe
le moment de l'année, il y en a 28 qui travaillent pour lui, ça fait qu'il y
aurait un programme de prévention où il devrait identifier les risques pour
mieux les contrôler et les éliminer.
M.
Leduc : Moi, je suis super
d'accord avec vous qu'il faut prendre le sens d'«établissement» au sens large,
là, au sens de l'entreprise.
M. Boulet :
...ce n'est pas la même affaire que pour les dispositions antibriseurs de
grève, là.
M. Leduc :
C'est le même mot, par contre.
M. Boulet :
Oui, mais ce n'est pas la même signification.
M. Leduc :
Parce que...
M. Boulet :
Je regardais la notion d'«établissement» dans le Code du travail, il faudrait
voir...
Une
voix : ...
M. Boulet : Je pense que, dans l'interprétation des
dispositions antibriseurs de grève, 109.1 et suivants, comme la notion
d'établissement n'est pas définie dans le Code du travail, ça a été interprété,
dans le dossier du Journal de Montréal, comme étant très
restrictif parce que c'est des dispositions qui limitent, et elles doivent être
interprétées restrictivement. Mais c'est
véritablement à 109.1. On dit tout le temps «dans l'établissement où la grève ou le lock-out», mais ça a été interprété
restrictivement. Mais c'est un autre débat, le Code du travail.
M. Leduc :
Mais on ne risque pas d'avoir le même problème d'interprétation ici?
(Consultation)
M. Boulet :
Je pense que c'est assez clair, mais, pour moi, il n'y a pas d'ambiguïté, puis
en plus on dit : Un établissement... à chaque établissement groupant au
moins 20 travailleurs, donc qui groupe au moins 20 travailleurs. Donc, leur fragmentation, en télétravail... tu ne
pourrais pas te... utiliser le lieu de travail pour faire un calcul. Puis,
encore une fois, une journée dans le lieu de travail suffit, mais...
M. Leduc :
Donc, vous dites que le verbe «grouper» est comme l'espèce de trait d'union,
là, qui rattache un salarié, en télétravail potentiel, à la bâtisse.
M. Boulet :
Oui.
M. Leduc :
Ça fait qu'il va falloir qu'en théorie dans une entreprise donnée, s'il y a des
travailleurs en télétravail permanent,
qu'ils soient techniquement ou, en tout cas, au point de vue de la loi,
rattachés à un établissement,
si d'aventure il y en a plus qu'un, établissement d'entreprise...
M. Boulet :
Oui.
M. Leduc :
Est-ce que c'est quelque chose qu'on pourrait faire pour le Code du travail
aussi? Il nous reste un an de législation, M. le ministre.
M. Boulet :
Je n'ai pas de réponse à donner. On va finir le projet de loi n° 59 puis,
après ça, on verra.
M. Leduc :
C'est un beau verbe, ça, «grouper». Si ça a des effets comme ça, ça pourrait
être rajouté dans le Code du travail. Vous voulez des suggestions, je vous en
donne.
M. Boulet :
Puis vous en avez fait pour la loi sur les relations de travail dans
l'industrie de la construction.
M. Leduc :
Aussi. Ah! ça, j'en ai plein d'autres, idées.
M. Boulet :
Pour les dispositions antibriseurs de grève puis pour la rétroactivité aussi.
M. Leduc :
Il nous reste une année complète, là, une année complète de collaboration. Vous
allez en avoir d'autres, belles idées comme
ça, M. le ministre, inquiétez-vous pas, mais, en tout cas, au moins, on a
clarifié la situation en télétravail, et tant mieux si le verbe
«grouper» nous éloigne de la situation fâcheuse qui était celle du Code du
travail en raison de l'interprétation beaucoup trop stricte, à mon avis, donnée
au terme «établissement». Voilà. Il y a ça de réglé, au moins.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 58, là, tel qu'amendé, mais de l'article 146? Oui, député
de Nelligan.
M. Derraji :
Oui. C'est juste plus une question pour certaines entreprises qui, dans
certains cas... je pense à des entreprises
où, pendant des saisons, ils dépassent les 20 employés, donc. Tout à
l'heure on a parlé du déneigement, mais pensons à des entreprises où,
pendant la saison de l'hiver ou de l'automne, ils posent des pneus, ils
s'occupent des pneus. Donc, est-ce que c'est toujours la même chose? C'est pour
l'année, et non pas...
• (16 h 50) •
M. Boulet :
...au cours de l'année.
M. Derraji :
Combien de jours? Est-ce qu'il y a une limite de jours?
M.
Boulet : Non. S'ils
dépassent 20 à quelque moment au cours de l'année, bien, il y a le PP, puis le
PP qui est en place, même s'ils redescendent après ça en bas de 20, continue de
s'appliquer jusqu'au 31 décembre de l'année suivante. Puis, s'ils restent toujours en bas de 20, bien
là, à ce moment-là, c'est un plan d'action plutôt qu'un programme de
prévention.
M. Derraji : Donc, même si tu passes
toute l'année en bas de 20 et, pendant un mois de ton année où il y a un
achalandage fort parce que ton type d'industrie t'oblige à recruter plus de
personnes, tu dois changer d'un plan d'action à autre chose?
M.
Boulet : Tout à fait.
M.
Derraji : Mais est-ce que
vous pensez que c'est... on rend la vie plus facile à ces gens ou bien on se
dit : Bien, écoute...
M. Boulet :
Bien, tu sais, il n'y a pas tant de... On va voir le contenu du programme de
prévention, dans les prochains articles, mais, tu sais, le coeur d'un programme
de prévention ou d'un plan d'action, c'est les risques, les identifier, les
risques biologiques, chimiques, psychosociaux, puis, après ça, comment on va
les contrôler puis les éliminer. Ça fait que c'est sûr que le nombre de 20,
bien, les sources, durant les consultations particulières, les seuls
commentaires... bon, je pense qu'il y avait la Pre Lippell, là, qui disait
qu'on ne devrait pas avoir de 20, mais je pense
que c'est bien assumé, bien compris que, si tu dépasses 20 en... À un moment
donné, ça prend une méthode de calcul qui est simple, et c'est celle-là
qu'on a retenue.
M. Derraji :
Désolé, je déteste les cas hypothétiques, mais parfois on est là, et ça va nous
clarifier les... Prenons le cas des magasins qui font l'inventaire pendant deux
jours. On va faire quoi? Tu sais, je n'ai pas... tu as des cents... des cents!
Tu as des... Du commerce de détail parfois, pendant un moment, il y a
l'inventaire. Pendant deux, trois jours, tu
as soit un sous-traitant, soit tu engages des employés pour ton inventaire.
Pendant deux, trois jours, tu as plus que 20 employés dans ton entreprise.
Parfois,
dans l'abstrait, c'est très facile, mais c'est une complication, de gérer du
travail au niveau de certaines PME. Donc, est-ce qu'on ne peut pas dire que,
sur une longue durée, genre qu'on peut statuer d'un mois, ou de deux semaines, ou trois semaines, tu sais,
le risque est très élevé de dire : Bien là, on passe en PP au lieu de PA?
M. Boulet :
Mais, collègue, quand même qu'on dirait : Si tu dépasses 20, au-delà d'un
mois, quelqu'un qui va dire : Moi, c'est un mois et un jour, tu sais, à un
moment donné, un mois et un jour, donc, c'est ma journée qui fait en sorte que
j'ai une obligation accrue, je pense que ça se comprend bien et ça s'explique
bien, puis, avec un bon accompagnement... Tu sais, si tu le dépasses, le 20
huit jours, bien, c'est un nombre de cas très, très limités, puis tu auras un guide qui te permettra de raffermir ton
PP plutôt qu'un simple plan d'action. Tu sais, à un moment donné, ça
prenait une barre à quelque part, puis...
M.
Derraji : Donc, on va juste
revenir pratico-pratique. Je sais que, dans un mois, je vais dépasser
20 personnes pour faire mon inventaire. Ça veut dire que je dois
changer mon PA... désolé, Mme la Présidente, plan d'action, en PP, un plan de prévention, PA en PP. Je dois le
commencer avant que je passe en... Parce que je risque d'être en infraction.
Si jamais un inspecteur de la CNESST passe,
il va trouver que je suis en PA et non en PP, c'est... Juste, concrètement,
comment ça va marcher?
M. Boulet :
Moi, je pense que c'est certainement mieux de planifier. Puis c'est sûr que...
l'exemple de cinq employés de plus pour faire l'inventaire, c'est sûr que ton
niveau de risque évolue, c'est sûr que ton environnement de travail n'est plus
le même puis c'est normal que tu fasses de la prévention en tenant compte de
l'évolution, même si c'est pour peu de temps, de tes risques.
Donc, oui, moi, je
pense... Cependant, ce que vous dites... Il va y avoir de l'information à faire
pour que ça puisse être planifié d'avance,
parce que, si, à chaque année, tu sais que, dans tel mois ou dans telle période
de l'année, tu as plus que 20, oui, ça peut se planifier.
M. Derraji :
J'ai bien hâte de voir la suite, mais, sérieux, je ne suis pas convaincu de
l'applicabilité dans certains contextes. Je sais que c'est encore une fois
hypothétique et que ce n'est pas des situations qu'on va retrouver «at large», mais encore, parfois, le diable est
dans le détail, surtout pour des petites organisations qui n'ont pas la
capacité humaine, et, parfois, penser à tout cela, donc...
M.
Boulet : Moi, ce que je
pense qui serait pragmatique... Tu sais, par exemple, moi, si j'étais
un entrepreneur, je dirais : On va demander à la commission, puis, tu
sais, dans les cas et conditions prévus par règlement, bien, tu
sais, je pense que la commission devrait normalement prévoir... tu sais, une augmentation au-delà de 20 pour une période de temps très limitée, ça pourrait faire partie des
cas et conditions que la commission détermine pour donner un assouplissement
ou pour dire : Ça ne s'applique pas, tu
continues avec ton plan d'action. La nature des jobs est pas mal similaire, tu
sais, ça fait que...
M. Derraji :
Bien, c'est une très bonne idée, mais on s'entend, si ce n'est pas dans la loi,
c'est très difficile, que ce soit côté patronal, même pour la CNESST, de s'y
référer. Donc c'est pour cela que moi, je pense, pour des niveaux de risque...
La CNESST a quand même cette lecture des milieux de travail ou on a
l'historique de ce milieu de travail. Il y a des patrons qui investissent beaucoup
dans la sécurité et santé de travail dans leurs milieux de travail. Je pense
que c'est un peu risqué de pousser, parce que c'est quand même du travail qui
vient avec ce... il ne faut pas dire que ce n'est pas du travail, qui vient
avec ou bien une lourdeur qui se rajoute sur les autres aspects que l'entreprise
doit faire. Donc, c'est là où je
dis : Est-ce qu'il n'y a pas une ouverture que... pour certains cas
d'exception, laisser cette marge de manoeuvre et non pas la rendre plus
complexe pour les petites et moyennes entreprises?
M. Boulet : Non, moi, je... au
contraire, puis je reviens... Tu sais, un règlement, c'est utilisé pour mettre
en application. Il ne faut pas utiliser une loi pour rentrer dans la façon dont
l'application d'une règle doit être établie. Puis, tu sais, je rappellerai au
collègue qu'au dernier alinéa de 58 on dit qu'un PP, un programme de
prévention, doit être mis en application, mis en application selon les
modalités et les délais prescrits par règlement. Ça fait qu'anticipons qu'il y
aura des délais prescrits dans le règlement qui permettront de donner une
flexibilité aux petites entreprises qui pensent...
M. Derraji : Pas de problème...
Question : On fait quoi avec le comité SST de deux ans, alors qu'on a
dépassé la limite d'une seule journée? On le dissout?
M. Boulet : Excusez-moi?
M. Derraji : Bien, ça vient avec un
comité SST pour les 20 employés et plus.
M. Boulet : Oui. Les comités, on va
les voir plus tard, on va...
M. Derraji : Oui, oui, mais c'est
excellent, tout est lié, c'est le moment de parler... Parce que je ne veux pas
qu'on revienne rouvrir des articles, juste
qu'on garde une certaine cohérence. Tu ouvres à un seul jour où tu dépasses 20,
tu as des choses à mettre en place, et les choses à mettre en place, ce n'est
pas juste passer en plan d'action, PA, en plan de prévention, ça vient aussi
avec un comité SST.
Donc là, je fais mon inventaire du deux jours,
je dois instaurer ou installer mon comité SST quand? Est-ce que je dois le
lancer avant que je passe, d'une manière légale, à plus de 20 employés? Je
le mets en place, je n'ai plus 20 employés, le comité n'existe pas?
Regardez, tout cela dans la tête d'un entrepreneur, ce n'est pas très facile.
M. Boulet : Je le comprends. Puis
les comités de santé et sécurité, on va le voir plus loin, il y a des délais
pour leur construction puis leur mise en application, mais c'est sûr
qu'ultimement, collègue, faire de la prévention, ça va imposer des responsabilités même aux petites entreprises. Mais
c'est le pari qu'on s'est donné, hein, de s'assurer qu'il y ait de la prévention, puis je pense que,
des fois, tu as l'impression que c'est beaucoup, mais il faut véritablement
que ce soit adapté à ton environnement de
travail. Puis même une petite organisation, si elle sauve, grâce à la
prévention, une lésion professionnelle par année, elle va sauver de
l'argent, elle va sauver des coûts.
M. Derraji : Sur le fond, je suis
d'accord à 1 000 % avec vous. Je suis comme vous. Vous êtes un homme
pragmatique, un homme de terrain, mettez-vous à la place de quelqu'un... Et je
n'ai pas encore... on n'a pas encore vu les... c'est pour cela que tout est
lié, hein, c'est pour cela que c'est important de voir ça en bloc, pas par
morceau ou parcelle, c'est que, si vous me dites qu'aujourd'hui je dépasse d'un
jour le nombre, bien, ça vient avec des responsabilités. Parmi les
responsabilités, c'est le comité SST pendant deux ans. Si ce n'est pas le cas,
genre, je ne suis pas obligé, en tant
qu'entrepreneur... je dépasse la limite de 20 employés, d'avoir mon comité SST, là, c'est autre
chose, mais il faut le clarifier.
M. Boulet : Ah! tout à fait. Moi, je
partage votre point de vue.
•
(17 heures) •
M. Derraji : Hein? C'est quoi qui
est «tout à fait»? Désolé.
M. Boulet : Pardon?
M. Derraji : C'est quoi qui est tout
à fait? Donc, il n'y a pas d'obligation de SST?
M. Boulet : Non, non, mais je
partage votre point de vue...
M. Derraji : Ah! bien, donc, on
amende?
M. Boulet : Mais, tu sais, quand on
a adopté l'article qui nous demande de faire un rapport dans cinq ans de la mise
en application de notre projet de loi, si on réalise qu'il y a un fardeau
administratif, puis moi, je ne le crois pas,
là, parce qu'il faut constamment que ce soit adapté à l'environnement de
travail, bien, il y aura des amendements qui s'imposent, là.
Mais, tu sais, c'est sûr que c'est des
obligations nouvelles, puis on a entendu les groupes patronaux venir dire
qu'ils étaient prêts à s'engager dans un processus où les mécanismes de
prévention s'appliquent systématiquement partout.
Évidemment, on a une mécanique allégée en bas de 20, puis ça aurait pu être 10,
ça aurait pu être cinq, mais 20...
M. Derraji : Oui, sur 20, je vous
l'accorde, et je vous ai dit, même, déjà : Dans les autres provinces
canadiennes, c'est au-delà de 20, l'analyse d'impact réglementaire, 80 %,
c'est... Le diable est dans le détail, M. le ministre.
Je pense que chez... vous êtes un expert dans la matière. Prenons le temps de
bien réfléchir sur la saisonnabilité du
nombre quand on dépasse 20. Moi, je pense qu'en tant que législateurs on peut
trouver une porte de sortie et dire ce qui est acceptable de ce qui ne
l'est pas au lieu d'attendre cinq ans pour voir ce que le terrain va nous dire.
M. Boulet :
Moi, je dis là-dessus, collègue, que ça, là, ça fait partie des modalités
d'application puis ce sera déterminé par la commission en prévoyant selon les
modalités et les délais prescrits par règlement. Parce que, si, dans le cadre
d'une loi, on se met à délimiter les paramètres des modalités puis des délais,
on ne finira pas. C'est...
M. Derraji : On l'a déjà fait, M. le
ministre, on a déjà dit : 20 employés et, en bas de...
M. Boulet : C'est la règle.
M. Derraji : Oui, oui, c'est très
bien.
M. Boulet : Quant à la façon de le
calculer, ça peut tenir compte de cas et conditions puis de délais prévus par règlement.
M. Derraji : La règle et la
sous-règle. Moi, je pense qu'on est dans la sous-règle. La règle du 20, je
l'achète, mais, dans la règle du 20, j'ai 365 jours. Je vais être pénalisé
d'un, ou 10, ou 15 jours d'avoir des règles qui viennent pour le 20 et
plus.
M. Boulet : Moi, ceci dit avec
respect, collègue, là, ça, c'est l'argument de ceux qui veulent éviter qu'on
fasse de la prévention de façon plus collée à la réalité. Tu sais, si une
personne, une entreprise, systématiquement, a un nombre d'employés supérieur, il
n'y aura pas un inspecteur qui va y aller demain matin. Si c'est un nombre de
jours très limité, souhaitons que, dans les modalités puis les délais prescrits
par le règlement de la commission, ce soit précisé pour éviter une application
incohérente ou pour imposer un fardeau qui est trop important. Mais, tu sais,
je pense que c'est la règle qui était la plus consensuelle, de dire : Si
tu dépasses 20 à quelque part au cours de l'année, bien là tu es soumis à des obligations
de prévention qui sont supérieures.
M. Derraji : Bon, en tout respect,
je ne partage pas votre point de vue, et parce que le règlement peut juste
obliger, ne peut pas donner une dérogation. Je suis en train de parler d'une
dérogation. Le règlement ne peut pas donner une dérogation demain à quelqu'un
qui va, analysons n'importe quelle situation, pendant 15, 20 jours, avoir
plus que 20 employés. Il est obligé de suivre les consignes d'avoir un
comité de CSST et tout ce qui vient avec, parce
qu'il est dans une situation où il passe à une autre catégorie
de... Le règlement ne peut pas... peut juste l'obliger, il ne
peut pas donner une dérogation. Il ne faut pas dire : Le règlement...
telle entreprise, parce que vous avez dépassé pendant 20 jours, bien, vous
n'êtes pas obligé d'avoir un comité de CSST. Et, si vous me dites que le règlement
peut donner une dérogation, ça, c'est autre chose. Là, c'est votre volonté de législateur
de donner une dérogation dans des cas particuliers, et là la CNESST va
interpréter selon les propos...
M. Boulet : ...une application qui
soit souple, respectueuse de la capacité des organisations de faire de la
prévention. Puis, quand on dit «selon les modalités et les délais prescrits par
règlement», il y a certainement une façon de
s'assurer que ça n'impose pas des obligations qui sont supérieures à l'objet puis aux
finalités de la loi, c'est-à-dire
de faire de la prévention. Tu sais, si c'est une journée, une personne de plus...
M. Derraji : ...mettre en place un
comité SST.
M. Boulet : C'est quoi, le délai?
(Consultation)
M. Boulet : C'est vrai, ça, c'est un
bon point. Puis ça, ça faisait... ça fait écho à des commentaires que je
faisais au collègue de Jonquière, mais, 182, si l'inspecteur intervient, il
émet un avis de correction enjoignant, mettons, l'entreprise de se conformer à
la loi, mais il y a un pouvoir d'opportunité, c'est prévu clairement, s'il
l'estime opportun. Ça fait que c'est sûr que le jugement de l'inspecteur va
être exercé. Puis, s'il réalise que c'est un «peak»
de... qui est tellement momentané, il n'émettra pas d'avis de correction. Puis
ça, pour moi, ça fait partie... au-delà des règlements qui vont
déterminer les modalités et délais, ça fait partie du jugement qui est attendu des
inspecteurs, puis 182 le prévoit clairement.
M. Derraji : O.K. Donc, le jugement
de l'inspecteur tient en compte l'effet de saisonnabilité de l'entreprise ou
son modèle d'affaires, si je peux dire modèle d'affaires, qui...
M. Boulet : Moi, je pense que oui,
puis il faut qu'il en tienne compte. Tu sais, sinon, on va émettre des avis de
correction à gauche puis à droite, là.
M. Derraji : C'est sûr, c'est sûr.
Et, je veux juste préciser, l'argument que je ramène sur la table, ce n'est pas
pour que je joue avec un PA... ou un PP, un plan de prévention avec un comité,
c'est plus en termes d'applicabilité. Et justement le législateur doit éviter
ces zones grises où, bien, tu as des gens qui vont plutôt ne pas avoir la bonne
information. Est-ce qu'on a le droit d'avoir un comité? Tu as des gens de... tu
sais, je ne veux pas dire de mauvaise foi ou quoi, mais
c'est juste qu'on doit être le plus clair, que ce soit pour les PME, mais aussi
pour la CNESST, qui a ce pouvoir de réglementer ou de faire une dérogation par
rapport à l'applicabilité de la loi que nous sommes en train de rédiger.
M. Boulet : Totalement d'accord avec
vous.
M. Derraji : Mais je note, ce qui
est très bien, je note que l'inspecteur doit prendre en considération l'effet
de la saisonnabilité de l'action ou de l'activité de l'entreprise. Est-ce que
c'est ça, votre interprétation?
M. Boulet : Ultimement, là, ce qui
le guide, là, son guide de base, c'est d'assurer la santé-sécurité, intégrité
des travailleurs.
M. Derraji : Oui, ça, c'est notre
objectif, tous, par rapport à ce volet, mais là, encore une fois, vous êtes un
homme qui a exploré ça dans une ancienne vie. Je pense que ce qui est bien avec
vous, c'est que... mettez-vous à la place, que ça soit l'inspecteur, ou la PME,
ou l'entrepreneur, et on montre jugement de l'applicabilité ou non d'une loi. C'est qu'on ne veut pas tomber à une police
d'applicabilité de loi vu qu'il y a une mauvaise interprétation par rapport
au nombre d'employés dû à une saisonnabilité ou à une activité qui nécessite,
pour un moment donné au courant de l'année, de dépasser la limite, qui est de
20 employés. Mais, sur l'objectif, nous sommes d'accord, la prévention.
M.
Boulet : Je pense qu'on s'est bien compris. Je pense que ça nous a
forcés à faire un exercice un peu similaire à l'autre qu'on a fait un
peu plus tôt. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Donc,
est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 58, tel qu'amendé, de l'article 146? Alors, nous ne procéderons
pas à la mise aux voix, c'est bien ce que j'ai compris. Nous allons... Est-ce
que j'ai le consentement pour suspendre l'article... 146? Pardon. Il faut
suspendre tout l'article 146, M. le ministre, c'est bien ça?
M. Boulet : ...le débat est clos sur
58 puis le débat sera sur 58.1 qui concerne les multiétablissements.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Tout
à fait. Donc, on a le consentement?
Une voix : Oui.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait, on a le consentement pour tout
le monde. Excellent. Donc, nous poursuivons
avec l'article 147. M. le ministre.
M. Boulet : Est-ce que vous me
permettez d'obtenir une suspension de deux minutes?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
M. Boulet : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 10)
(Reprise à 17 h 18)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous recommençons. M. le
ministre, nous en sommes rendus à
l'article 147. Je vous invite à le lire. Et ensuite on passera à l'amendement,
c'est bien ça?
M. Boulet : Oui. Merci.
L'article 59 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement du deuxième alinéa par le
suivant :
«Il doit tenir compte des programmes de santé au
travail élaborés par la commission en vertu de l'article 107, des
règlements applicables à l'établissement ainsi que, le cas échéant, des
recommandations du comité de santé et de sécurité et prévoir, notamment :
«1° l'identification et l'analyse des risques
pouvant affecter la santé des travailleurs de l'établissement, dont les risques chimiques, biologiques, physiques,
ergonomiques et psychosociaux liés au travail, ainsi que de ceux pouvant
affecter leur sécurité;
«2° les mesures et les priorités d'action
permettant d'éliminer ou, à défaut, de contrôler les risques identifiés en privilégiant la hiérarchie des mesures de
prévention établie par règlement ainsi que les responsabilités des différents
intervenants et les échéanciers pour l'accomplissement de ces mesures et de ces
priorités;
«3° les
mesures de surveillance, d'évaluation, d'entretien et de suivi permettant de
s'assurer que les risques identifiés sont éliminés ou contrôlés;
«4°
l'identification des moyens et des équipements de protection individuels qui,
tout en étant conformes aux règlements, sont les mieux adaptés pour répondre
aux besoins des travailleurs de l'établissement;
«5° les programmes de
formation et d'information en matière de santé et de sécurité du travail;
«6° les examens de
santé de pré-embauche et les examens de santé en cours d'emploi exigés par
règlement ou par les programmes de santé au travail élaborés par la commission
en vertu de l'article 107;
«7° l'établissement
et la mise à jour d'une liste des matières dangereuses utilisées dans
l'établissement et des contaminants qui peuvent y être émis;
«8° le maintien d'un
service adéquat de premiers soins pour répondre aux urgences.»;
2° par le
remplacement, dans le dernier alinéa, de «5° et 6°» par «4° et 5°».
Explication. Bon, la
disposition qui vise à prescrire, là, le contenu minimal du programme de
prévention puis le volet santé est désormais intégrée au programme de
prévention. Puis l'élaboration du volet santé, c'est comme la prévention puis
c'est tout comme le volet santé-sécurité. Puis ça compléterait, je n'ai pas
d'autre explication, mais je serais prêt à aller à l'amendement.
• (17 h 20) •
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Donc, nous allons aller à
l'amendement immédiatement. M. le ministre.
M. Boulet :
Merci. À l'article 147 du projet de loi :
1° insérer, avant le paragraphe 1°, le suivant :
0.1° par l'insertion,
dans le premier alinéa et après «physique», de «et psychique»;
2° dans l'alinéa
proposé par le paragraphe 1° :
a) remplacer, dans ce
qui précède le paragraphe 1°, «élaborés par la commission en vertu de» par
«visés à»;
b)
supprimer, dans le paragraphe 6°, «ou par les programmes de santé au travail
élaborés par la commission en vertu de l'article 107».
Donc,
ça, c'est supprimé. Explication. Cet amendement concorde avec l'ajout du terme
«psychique» à la notion d'intégrité
proposée par l'amendement à l'article 229 du projet de loi. Cet amendement propose également une modification de forme qui vise à
simplifier le renvoi qui est fait au programme de santé au travail visé à
l'article 107 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Cet amendement
vise également à préciser que les examens de santé de préembauche et les examens de santé en cours d'emploi devant être prévus
par le programme de prévention sont
ceux exigés par règlement. C'est tout.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement déposé
à l'article 147? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Légère suspension, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : D'accord. Alors, nous allons faire une légère suspension.
(Suspension de la séance à
17 h 22)
(Reprise à 17 h 28)
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement déposé à l'article 147 par le ministre? S'il n'y a pas d'intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix. Et, tel que discuté tantôt, nous y
allons par appel nominal.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme Dansereau :
Pour.
Le Secrétaire : M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M. Provençal :
Pour.
Le Secrétaire : M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
Le Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
Le Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
Le Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'amendement à l'article 147 est adopté. Y a-t-il
maintenant des interventions
sur l'article 147 tel qu'amendé? Oui. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : En fait, on a des amendements
à proposer puis on voudrait les acheminer au ministre d'abord.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous voulez en discuter avec le ministre d'abord. Donc, est-ce que je comprends
que vous voulez une suspension, c'est ça?
M. Leduc : S'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) : D'accord.
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 29)
(Reprise à 17 h 36)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous reprenons. Nous avons reçu un amendement du député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous invite donc à le lire et à l'expliquer s'il y
a lieu.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Ça va comme suit :
Dans le
deuxième alinéa de l'article 59 proposé par l'article 147 du projet
de loi, remplacer le mot «recommandations» par «éléments déterminés par
le comité de santé [...] sécurité».
C'est un peu en lien avec ce qu'on disait
tantôt, à savoir qu'il faut s'assurer que ce qui est envoyé comme... en bon français,
en input, je ne sais pas ce que je pourrais dire à la place, là, en
considération par le comité de santé et
sécurité, ça ne soit pas que des idées intéressantes dans lesquelles il peut
piger de manière discrétionnaire, mais plutôt que ça soit un tout cohérent. On
se rappelle que le comité de santé et sécurité est paritaire, patronat,
travailleurs syndiqués ou non, et qu'il va faire une évaluation sérieuse
des éléments de prévention, là, qui doivent être pris en compte. Et on veut que ça soit envoyé... que ça
soit pris beaucoup plus au sérieux, en quelque sorte, qu'une recommandation.
Alors, quand on dit «éléments déterminés par
le comité de santé et [...] sécurité», c'est des choses qui ont été convenues
et qui vont devoir, selon notre proposition, se retrouver dans le programme de
prévention.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, M. le ministre.
M. Boulet : Merci. Deux commentaires.
Moi, ça m'apparaît plus fort de dire qu'il doit tenir compte des
recommandations du comité plutôt que de tenir compte des «éléments déterminés
par le comité». Je reviens toujours à mon
élément d'imputabilité. Je
pense que c'est important de le reconnaître
et je ne vois pas d'impact sur l'interprétation
ou l'application de changer «recommandations» par des «éléments déterminés». Il
doit en tenir compte.
Deuxième élément, c'est qu'il y a une question
de cohésion, là. Tout à l'heure, je vous référais à l'article 156 du p.l., qui modifiait 58, puis, dans les
fonctions du comité de santé et sécurité, on dit : prendre connaissance des éléments, de collaborer à son élaboration, à sa mise à jour — du programme
de prévention — et
à son suivi et de faire des recommandations
à l'employeur. Puis c'est le rôle fondamental, puis ça, ce n'est pas changé, de
faire des recommandations pour permettre... Et là, ici, ce qu'on vient dire dans le p.l., c'est
qu'il doit tenir compte des recommandations du comité. Donc, c'est même
raffermi, renforcé, puis c'est cohérent avec ce qui est à l'article 156
qui modifie 78.
Donc, pour moi, c'est une discussion sémantique
qui n'a vraiment pas d'impact, et, pour ces raisons...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Y
a-t-il d'autres interventions?
M. Boulet : Je comprends l'objectif,
que je partage, mais on l'atteint avec les écrits actuels.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (17 h 40) •
M. Leduc : Probablement qu'on va
réussir à l'atteindre dans une bonne part des cas. Moi, ce qui m'inquiète un peu plus, c'est des employeurs qui,
éventuellement, pourraient ne pas prendre très au sérieux cette nouvelle
obligation et chercheraient, par un moyen x ou y, une manière
de s'en dégager ou, du moins, de la remplir très rapidement et d'ôter ça de la
table.
On imagine que... dans un cas où, en haut de
20 employés, il y a un comité de santé et sécurité, on imagine que le comité de santé et sécurité paritaire aura
des membres, donc, de la direction, de l'employeur, proches ou relevant
directement de l'employeur, qui vont travailler avec la partie des
travailleurs, syndiqués ou non, à élaborer toutes sortes de mécanismes, à avoir
une discussion sur la prévention. On imagine qu'il va y avoir du travail là.
Alors, en quoi un patron qui doit produire ce programme serait libre ou serait
dans le loisir de ne pas... pour reprendre, en quelque part, textuellement le travail de son... de quasiment, j'oserais
dire, son comité, la moitié du monde, c'est sa gang, qui ont ses mandats, en quoi il serait loisible au
patron de dire que ce qui a été déterminé en comité n'est pas obligatoirement
appliqué dans son programme?
M. Boulet : Mais moi, là, je ne veux
pas qu'on se mette à avoir peur d'avoir peur qu'un patron fasse ci puis fasse
ça pour se soustraire à ses responsabilités en matière de prévention. Il me
semble que les textes sont clairs, le comité de santé et sécurité, il fait des
recommandations, il collabore à son élaboration, au programme de prévention,
avec le volet santé, puis on dit : Il doit tenir compte des
recommandations. Bonyienne! Si un travailleur est insatisfait parce que l'employeur n'en tient pas compte, des
recommandations, il peut toujours faire une plainte à la CNESST, là, si
on veut judiciariser, mais les employeurs, comme les travailleurs, la vaste
majorité comprennent ce qu'ils ont à faire
pour prévenir, pour diminuer le nombre d'accidents. Et je pense qu'il faut
faire confiance aux patrons, là, tu sais. Les patrons, c'est des
employeurs, puis ils travaillent en collaboration avec leurs travailleurs, puis
ils ont tous un intérêt commun en matière de santé et sécurité, c'est de
prévenir.
Ça fait que, là-dessus, je regrette, mais je ne partage pas
l'appréhension «si le patron n'en tient pas compte».
Oui, il y a des représentants des travailleurs
sur le comité de santé et sécurité, puis ils peuvent lever la main puis ils
peuvent dire : Il n'a pas respecté son obligation de tenir compte de nos
recommandations. Moi, c'est comme ça que je le vois. Essayons d'être pratiques,
là.
M. Leduc : Et, selon vous, ils
pourraient faire une...
M. Boulet : Donc, pour moi, ça n'a
pas... mais probablement que... vous me poussez à faire des précisions, là,
mais, pour moi, c'est important de redire que je n'ai pas la... je ne partage
pas votre appréhension. Puis, si votre appréhension s'exprime de façon concrète
par un patron qui essaie de contourner, il sera remis à sa place, parce que le
texte de la loi est clair.
M. Leduc : Je vais le dire
autrement. Vous le dites, vous-même, c'est une expression que vous utilisez
souvent, M. le ministre, que vous allez tenir compte de nos commentaires, des
oppositions, des commentaires des différentes organisations de la société
civile qui sont venues présenter des mémoires ici, puis vous tenez compte de
tout ça, puis je suis convaincu que vous le faites. Après ça, qu'est-ce que
vous gardez réellement de tout ce qu'on propose? Une très petite partie, mais
c'est le jeu politique, c'est quasiment normal.
Après ça, tenir compte de ce que disent les
oppositions puis des groupes de la société civile, ce n'est pas la même chose
que tenir compte du fruit des travaux de son comité de santé et sécurité, qui
est supposé être le concept paritaire, qui est supposé être quasiment le fruit
de consensus de ce qui devrait être fait dans l'établissement, dans
l'entreprise. Alors, sur quelles bases un patron pourrait décider de tenir
compte, donc, d'avoir entendu, lu tout ce que son
comité lui a fait comme recommandations, mais qu'au final, sur
10 recommandations, bien, il n'en garderait qu'une?
M. Boulet : Moi, je pense, puis je
vais me limiter à des commentaires un peu télégraphiques... pour moi, c'est
clair, le comité collabore à l'élaboration, la mise à jour, le suivi, a
l'obligation de faire des recommandations. L'employeur qui assume la
responsabilité, il doit tenir compte des recommandations du comité, il a même
une obligation de collaborer avec le comité de santé et sécurité, puis ça,
c'est dans la loi actuelle. Moi, je pense que vous avez la ceinture, vous avez les bretelles, puis aller au-delà de ça,
c'est dire au comité : C'est toi qui décides du contenu du programme de prévention puis c'est une
direction qui est incompatible avec l'imputabilité de l'employeur en matière
d'élaboration puis de mise en application du programme de prévention. Merci.
M.
Leduc : Mais ce que le
comité décide n'est pas supposément
l'issue d'un consensus patronal-travailleurs?
M.
Boulet : Je n'ai pas d'autre commentaire, Mme la Présidente.
M. Leduc :
Bon, peut-être, pour bien comprendre, là, vous avez fait évoquer, là... vous
avez évoqué le fait qu'on puisse faire une plainte si on n'est pas content du
fait qu'il n'a pas assez tenu compte, c'est bien ça? On pourrait dire...
M. Boulet :
Bien, si l'employeur... encore une fois, je me répète, là, mais, s'il ne
collabore pas, si... puis le comité pourrait ne pas faire... ne pas assumer ses
responsabilités, mais, si l'employeur ne respecte pas son obligation de tenir
compte des recommandations, oui, ça peut faire l'objet d'un contrôle d'opportunité
par la commission.
M. Leduc :
Donc, on fait une plainte à la commission, un inspecteur se saisit du dossier,
regarde puis fait une évaluation qualitative, j'imagine, qu'est-ce qui a été
fait, pas fait, puis peut faire une sanction?
M. Boulet :
Il peut faire, en vertu de... Vous connaissez toute la procédure, collègue. 182
lui permet d'émettre un avis de correction s'il le juge opportun, puis, s'il y
a des infractions, s'il y a des non-respects de la loi, il peut y avoir des
constats d'infraction, puis ça, c'est 236 puis 237 de la loi santé et sécurité.
Moi, je ne veux pas aller dans tous les cas hypothétiques, là, on ne finira
pas, mais il y a possibilité d'assurer le respect d'une loi comme santé et
sécurité puis accidents de travail, maladies professionnelles. Merci.
M. Leduc :
Bien, dernier commentaire, Mme la Présidente. Je pense quand même que le texte
que je proposais était une petite coche plus clair sur la pertinence du travail
qu'on demande au comité de faire, qui est supposé être un consensus
patronal-travailleurs et qui devrait presque automatiquement, la coche en
dessous d'automatiquement, se retrouver dans le programme. Là, je comprends
qu'il y aura peut-être un recours, là, on verra comment ça fonctionnera.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement
déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Le Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Contre.
Le Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Contre.
Le Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Abstention.
Le Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault :
Abstention.
Le Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'amendement déposé par
le député d'Hochelaga-Maisonneuve à l'article 147 est rejeté. Nous
revenons à l'article 147 tel qu'amendé. Y a-t-il d'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention... Il y a d'autres interventions. Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Ça ne sera pas un amendement, ça va être une intervention verbale. Dans son mémoire déposé à la commission,
la Commission des droits de la personne... là, je suis à la page 46
de son mémoire, la section 6, Les questionnaires et examens médicaux
préembauche, là, on fait référence à ça, dans l'article, là, à l'alinéa 6° de 147, on dit : «Les examens de
santé de pré-embauche et les examens de santé en cours d'emploi exigés
par règlement ou par le programme de santé au travail élaborés par la
commission en vertu de l'article 107.»
Je vous lis un extrait, donc, du mémoire de la
Commission des droits de la personne : «La commission constate que le
projet de loi n° 59 n'aborde pas le problème des questionnaires
préembauche.
«Or, la LATMP prohibe la discrimination en
embauche à l'égard des travailleurs victimes d'une lésion professionnelle en
ces termes :
«"243.
Nul ne peut refuser d'embaucher un travailleur parce que celui-ci a été victime
d'une lésion professionnelle, si ce travailleur est capable d'exercer
l'emploi visé."
«Pour sa part, la charte interdit la
discrimination dans l'embauche et limite les informations qui peuvent être
recueillies au cours du processus.» Je vous épargne la lecture de l'extrait de
la charte.
«D'après le Tribunal des droits de la personne,
l'article 18.1 est applicable à examen médical préembauche.» Même chose,
je vous épargne l'article.
«Il vient
d'ailleurs de rendre un jugement dans lequel il reconnaît que des
questionnaires et examens médicaux trop
larges et non justifiés peuvent être considérés comme des atteintes
discriminatoires à certains des droits et libertés garantis par la
charte.
«Dans
une autre décision rendue cette année, le Tribunal a estimé que les questions
d'ordre général que le questionnaire médical contenait sur [les] limitations
fonctionnelles ou des séquelles permanentes ou temporaires, tant physiques que
psychologiques à la suite d'un accident [de] travail ou d'une maladie
professionnelle étaient sans lien avec les aptitudes et les qualités requises
pour exercer l'emploi concerné et qu'elles contrevenaient à l'article 18.1
de la charte.
«Dans les
faits, parce que les employeurs peuvent exiger la passation d'un examen médical
avant de formuler une offre d'embauche, il est très difficile de démontrer que
des travailleuses ou des travailleurs ont été victimes de discrimination sur la base du handicap ou sur la
base du fait qu'ils ont antérieurement souffert d'une lésion professionnelle.
La preuve serait plus facile à faire qu'un
refus d'embauche repose sur une lésion professionnelle ou sur une condition
physique qui ne constitue pas une aptitude ou une qualité requise par un emploi
si l'administration des questionnaires et examens médicaux avait lieu après une
offre conditionnelle d'emploi. Le Tribunal des droits de la personne a néanmoins refusé de formuler une ordonnance en ce
sens. Il a, malgré tout, reconnu que le fait d'effectuer l'examen médical
préembauche à la suite d'une offre
conditionnelle d'emploi était susceptible de constituer — citation — "une solution efficace et
respectueuse des obligations de l'un et des droits fondamentaux [de
l'autre]".
«Dans le cadre des consultations menées par le
Comité consultatif sur la réalité policière, la commission a recommandé que les [ressources] — les processus, pardon — de sélection des corps policiers québécois
soient révisés afin que les questionnaires ou évaluations [relatifs] à
l'état de santé ne soient exigés qu'après qu'une offre d'emploi conditionnelle
ait été présentée au candidat.»
Je conclus : «Recommandation 9.
«La
commission recommande que le projet de loi n° 59 soit modifié afin
d'introduire à la LATMP l'interdiction pour
tout employeur de faire administrer un questionnaire ou un examen médical
préembauche à moins que la candidate ou le candidat n'ait reçu une offre
d'emploi conditionnelle.»
Est-ce que le ministre s'est saisi de ça? Est-ce
qu'il a l'intention de bouger en fonction de la recommandation de notre...
j'oserais dire notre Commission des droits de la personne?
• (17 h 50) •
M. Boulet : Le problème, c'est
que vous confondez le questionnaire préembauche avec l'examen médical. Vous le
connaissez, le règlement qui existe actuellement. Il y en a très peu, d'examens
préembauche, mais on est dans le contexte de la loi santé et sécurité, de son application,
c'est l'examen pour vérifier la capacité pulmonaire de quelqu'un qui va aller
travailler dans une mine, c'est l'examen de la capacité physique d'une personne
qui va travailler comme plongeur. Il y a quelques examens de cette nature-là
qui visent simplement à assurer la sécurité des travailleurs.
Ce que vous me faites, là, l'espèce de passage
académique... on les connaît. Je le sais qu'on ne peut pas faire de discrimination
à l'embauche dans le cadre des questionnaires. Ce n'est pas des questionnaires
auxquels on fait référence. On est dans le
régime de santé et sécurité, et il y
a une confusion. La commission
fait une analyse de 10, 16 et suivants de la Charte des droits et libertés de la personne. C'est comme s'ils nous disaient : Écrivez
dans la loi qu'on ne peut pas aller à l'encontre de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Évidemment. Évidemment.
Moi, ce que
je dis constamment : Cette règle-là, là, ne pas faire faire un examen de
santé qui n'est pas une exigence professionnelle justifiée ou qui n'est
pas compatible avant de faire une offre... tu sais, tu fais une offre d'emploi
puis, après ça, tu t'assures de faire passer un examen de
santé qui est pertinent. Mais, ici, on n'est pas dans ce contexte-là, là, c'est des... c'est ce qui est mis dans le PP.
On parle de prévention. Ce qui est mis dans le programme
de prévention, c'est simplement
pour assurer la sécurité des travailleurs, puis le règlement,
vous pourrez en prendre connaissance, il y a
très peu d'examens.
Enfin, je le répète,
là, il ne faut pas confondre ce à quoi on réfère ici avec un questionnaire
préembauche. Puis le questionnaire préembauche, le texte que vous m'avez lu, je
l'ai lu à de multiples reprises pendant plusieurs années puis dans des
décisions de jurisprudence puis dans des énoncés de la commission. Mais on
n'écrira pas dans la loi qu'un employeur — c'est
une appréhension que vous pouvez avoir — va
violer, dans son questionnaire préembauche, les dispositions
pertinentes de la Charte des droits et libertés de la personne. Puis ce n'est peut-être
pas ça que vous avez en tête, là, mais il y a clairement,
dans le passage que vous me lisez et ce qui apparaît dans l'article
qu'on a présenté, une confusion entre un questionnaire préembauche et un
examen qui vise à assurer la sécurité d'un travailleur et qui va être dans un
programme de prévention.
M. Leduc :
Parce que la commission fait référence ici, très clairement, à «examen médical
préembauche». Vous nous dites que ce n'est pas la même chose qu'«examen de
santé préembauche»?
M.
Boulet : Bien, un examen de
santé préembauche, c'est essentiellement... Puis je pense que le cas classique,
là, c'est la capacité pulmonaire. J'ai eu l'opportunité... vous le savez, j'ai
pu me rendre à Rouyn-Noranda, j'ai visité une mine puis je suis... puis c'est clair qu'il y a tout le temps de ce
type d'examen là, de santé préembauche, pour s'assurer de ne pas mettre en péril la sécurité des
personnes qui vont aller travailler dans la terre, là, à... Et ça, c'est
systématiquement. Si on ne faisait
pas ça, si un programme de prévention ne contenait pas ça, on manque, à mon
avis, un volet important de ce qui
doit faire partie d'un programme de prévention. Vous êtes parmi ceux qui
parlent fréquemment de l'importance de prévenir pour diminuer. Ça en
fait partie puis, pour moi, c'est un incontournable.
M. Leduc :
Pour bien saisir votre propos, est-ce que je comprends que le mémoire de la commission
tirait à côté de la cible, en quelque sorte?
M. Boulet :
Ah! bien, ils faisaient de la pédagogie, ils voulaient éviter qu'on tombe peut-être
dans un piège puis nous rappeler qu'on ne
peut pas faire de discrimination à l'embauche puis qu'on ne peut pas faire de
discrimination en cours d'emploi. Puis ils nous parlaient même de
handicap, puis le handicap, au sens de la charte, impose un devoir
d'accommodement de l'employeur, à moins qu'il y ait une contrainte excessive.
Moi, cette pédagogie-là, là, je la connais puis je l'assume, puis il n'y a rien
dans notre projet de loi qui contrevient à ça.
Ça fait que la
recommandation, faites attention, oui, soit, mais ce n'est pas ce que nous
visons ici. Mais de rappeler aux employeurs qu'on ne peut pas discriminer en
fonction de l'existence d'un handicap, on est totalement en accord, puis ce
n'est pas ce qu'on fait. Puis même, pour la disposition de partage des coûts en
fonction d'un handicap, on avait une notion puis on est revenu à ça, là, parce
que ça risquait d'être interprété comme pouvant justifier de la discrimination
à l'embauche. Puis juste cette possibilité-là a fait en sorte qu'on a fait
l'amendement puis qu'on est revenu à la disposition ante, là, qui existait
avant. Mais n'ayez pas cette crainte-là.
M. Leduc :
Parce que la commission ne dit pas de juste faire attention, là, elle demande
de carrément interdire toutes les questions d'examen préembauche.
M. Boulet :
Toute question de... oui, mais c'est là qu'il ne faut pas... On est en santé et
sécurité, là, on n'est pas en questions dans un questionnaire
préembauche : votre âge, votre orientation sexuelle, votre handicap, votre
origine ethnique. C'est tous des motifs de discrimination, ce à quoi fait
référence la commission. On n'est pas dans les questions, on est dans les
examens de santé préembauche pour s'assurer que la personne ne soit pas dans un
risque de santé ou dans un danger, en tenant compte de son état de santé, à
faire un travail spécifique. Il faut voir la finalité. Ici, on parle du contenu
de... Tu sais, c'est ça, c'est un programme de prévention dans la loi sur santé
et sécurité du travail.
M.
Leduc : Ça, je comprends très bien,
mais, dans votre mouture à vous, là, ça a lieu avant ou après qu'il y ait
une offre d'emploi conditionnelle?
M. Boulet :
Je ne comprends pas.
M.
Leduc : Dans votre mouture,
là, à 6°, ce qui est déjà écrit, là,
les examens de santé de préembauche, est-ce que ça, ça a lieu avant ou
après les offres d'emploi conditionnelles?
M. Boulet :
Mon Dieu! Moi, ce que je recommanderais certainement, c'est de faire l'offre
d'emploi puis de s'assurer que la personne a des capacités pulmonaires, mais,
souvent, il y a des échanges entre les parties, puis les tests pulmonaires,
c'est des tests... en fait, là, c'est des examens de santé. Mais moi, je suis
un respectueux de cette thèse-là de la commission, puis on ne dit pas :
Vous devez les faire faire à tel ou tel moment, tu sais. S'il y a des aspects
de charte à respecter, les employeurs le font.
M. Leduc :
Donc, vous dites la même chose que la commission. Eux autres, ils disent :
Il faut juste rajouter que, si vous voulez faire ça, il faut qu'il y ait déjà
eu une offre d'emploi conditionnelle. Vous vous rejoignez, là.
M. Boulet : Non, c'est pour les
questionnaires préembauche, puis les examens de santé auxquels on fait ici référence, c'est des examens visant à assurer la
santé et sécurité des travailleurs qui vont travailler dans des environnements
de travail à risque. Ce à quoi la commission
faisait référence, c'est véritablement des questionnaires puis des examens
préembauche qui sont faits avant, au
préalable, et qui ne sont pas pertinents, qui ne visent pas à vérifier si la
personne respecte une exigence professionnelle justifiée. Et, dans le cas
présent, c'est clair qu'il faut vérifier la capacité pulmonaire de quelqu'un
qui va aller travailler dans une mine ou, je dis souvent ça, là, mais la santé
aussi de quelqu'un qui va aller travailler comme plongeur. Mais il y en a un
nombre limité, là. Vous pourrez aller les voir dans le règlement.
Des voix : ...
M. Boulet : On va les sortir, si
vous voulez.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
beau? Est-ce qu'il y avait d'autres commentaires?
• (18 heures) •
M. Leduc : Ah oui!
La Présidente (Mme IsaBelle) : Ah
oui? Donc, on ne peut pas passer au vote?
Une voix : Non, non.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Non, non? Bon, bien, alors, écoutez, compte tenu de l'heure... Je vous remercie
de votre belle collaboration.
Et alors, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux jusqu'à demain, jeudi 19 heures... non, 19 août,
à 9 h 30. Alors, 19 août à 9 h 30. Alors, merci. Bonne
soirée à toutes et à tous. À demain.
(Fin de la séance à 18 h 01)