(Neuf
heures trente-neuf minutes)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, attention, s'il vous plaît! Merci. Ayant constaté
le quorum, nous déclarons la séance de la Commission de l'économie et du
travail ouverte.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 59,
Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
• (9 h 40) •
La Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Provençal
(Beauce-Nord); M. Jacques (Mégantic), par M. Poulin
(Beauce-Sud); et Mme Richard (Duplessis), par M. Gaudreault
(Jonquière).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Avant de débuter, je tiens à vous souligner que
nous reprenons les travaux. Alors, j'espère que vous avez passé des belles
vacances. Également, je veux rappeler l'étude que nous avons suspendue ou les articles que nous avons suspendus
avant de partir en vacances. Alors, nous avons suspendu l'article 238,
la section Atteinte auditive, les articles 117, 126, 22, 85 et 234.
Alors, ce matin, nous
poursuivons avec le sujet 4, Habilitations réglementaires. Lors de
l'ajournement de nos travaux en juin dernier, nous en étions à
l'article 115 du projet de loi, auquel le ministre venait de présenter un
amendement et qu'il avait lu, effectivement. Alors, M. le ministre, je vous
invite à nous rafraîchir la mémoire en procédant à nouveau à la lecture de
l'amendement de l'article 115.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Dans un premier temps, bonjour à tout le monde, hein?
Ça fait quand même un certain temps qu'on s'est vus. J'espère que tout le
monde, nos équipes respectives... Là, ça me fait plaisir de revoir Moncef, Alexandre, Sylvain, les membres
des équipes, mes collègues députés de l'équipe gouvernementale. Sincères
salutations. Tout le monde a l'air reposé, ce qui est bénéfique pour reprendre
l'étude détaillée d'un projet de loi important pour les travailleurs et les
travailleuses au Québec. Et donc j'espère qu'on va poursuivre toujours dans un
esprit de collaboration puis pour se donner, au Québec, un régime de santé et
sécurité qui est à la hauteur des attentes tant des employeurs que des
travailleurs et des syndicats.
Quand
on s'est laissés, effectivement, j'avais lu un amendement à l'article 115.
Pour nous remettre dans le bain, je vais relire cet amendement qui modifie
l'article 454. Et je vous rappelle que, dans l'article 454 de la loi
actuelle, et ça, c'est une vieille
méthode de rédaction législative, toutes les habilitations réglementaires y
étaient concentrées. Toutes les habilitations réglementaires de la loi
étaient dans cet article-là. La façon moderne de rédiger des lois maintenant,
c'est de prévoir les habilitations réglementaires dans les sections pertinentes
de la loi, et c'est la raison pour laquelle, cependant, à l'article 454, il y a des habilitations réglementaires qui n'étaient pas affectées, d'où l'importance de s'assurer
de la concordance de 454 avec tous les travaux qui ont été faits à ce jour.
Donc, il y a eu des
articles qui ont été adoptés, qui ont un impact sur le libellé de
l'habilitation réglementaire. Et donc l'amendement vient refléter l'étude
détaillée depuis le début de notre commission parlementaire. Et donc c'est un
article de concordance, et c'est la raison pour laquelle on avait convenu de
vous préparer un tableau, qui a été déposé hier, avec les articles habilitants,
les changements découlant du p.l. n° 59 et découlant
des amendements. Encore une fois, c'est un article de concordance, et je vais
lire l'amendement puis donner une explication sommaire, si vous me permettez, Mme
la Présidente.
Donc, article 115 du projet
de loi :
1° dans le paragraphe
1° :
a) remplacer le paragraphe
proposé par le sous-paragraphe a par le paragraphe suivant :
«1° déterminer, aux
fins de l'article 28.1, les critères d'admissibilité des réclamations pour une
maladie dont le diagnostic est une atteinte auditive causée par le bruit;»
b) remplacer le paragraphe
proposé par le sous-paragraphe c par les paragraphes suivants :
«3.1° déterminer, aux
fins du paragraphe 3° de l'article 189, les médicaments et les autres
produits pharmaceutiques auxquels a droit un travailleur victime d'une lésion
professionnelle;
«3.2° déterminer, aux
fins du paragraphe 3.1° de l'article 189, les services de réadaptation physique
auxquels a droit un travailleur victime d'une lésion professionnelle;
«3.3°
déterminer les autres services qui font partie des services de santé visés au
paragraphe 4° de l'article 189;»;
c) supprimer le
paragraphe 4.0.1° proposé par le sous-paragraphe d;
d) supprimer le
paragraphe 15.2° proposé par le sous-paragraphe f;
2° dans le paragraphe 2° :
a)
remplacer «à la fin» par «après le premier alinéa»;
b) insérer, dans
l'alinéa proposé et après «3.1°», «, 3.2°, 3.3°».
Alors, ça complète
l'amendement. Explication, bon, c'est, comme je viens de le mentionner, un
amendement de concordance qui reprend les dispositions des amendements adoptés
depuis le début de l'étude détaillée ayant modifié les habilitations réglementaires
prévues au projet de loi, notamment celui limitant les critères d'admissibilité
des réclamations à une maladie dont le
diagnostic est une attente auditive causée par le bruit, celui ajoutant les
services de réadaptation physique aux services de santé, celui prévoyant
le retrait du pouvoir réglementaire permettant de réclamer un montant au
travailleur pour un service de santé et celui en lien avec le retrait de l'article 97
du projet de loi visant le travailleur déjà handicapé.
C'est tout, Mme la
Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des
interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : J'aurais cru que mon collègue
de Nelligan aurait voulu faire une salutation avant d'ouvrir
ou non?
Une voix :
...
M. Leduc :
Ça va? Bon, bien, je vais en faire une. Bonjour, tout le monde. Je ne sais pas
si j'oserais me dire content d'être ici, mais, en tout cas, j'y suis. J'y suis.
Je constate qu'on est à peu près au même point qu'on était lors de la dernière
séance en mi-juin. Peut-être qu'on aurait pu profiter davantage de l'été pour
essayer d'avancer sur certains détails, mais, bon, ça a avancé un peu, mais pas
beaucoup, pas tant que ça.
Toujours est-il qu'on
est encore, donc, sur 115. Moi, j'ai une série de questions et de sous-amendements,
mais là je ne suis pas certain de la recevabilité de tout ça. Alors, si vous
voulez bien, on pourrait peut-être suspendre pour vérifier si c'est recevable
avant de les déposer pour rien, là.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Donc, vous avez des sous-amendements à l'amendement
de l'article 115... à l'amendement même?
M. Leduc :
Exactement.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : D'accord. Alors, nous allons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à
9 h 47)
(Reprise à 10 h 59)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, nous avons reçu un sous-amendement à l'article ou à
l'amendement de l'article 115. Alors, j'invite le député
d'Hochelaga-Maisonneuve à le lire, s'il vous plaît.
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. L'amendement à l'article 115 du projet de loi est
modifié par le remplacement, dans son paragraphe 1°, du
sous-paragraphe a par le suivant :
a) remplacer le
paragraphe proposé par le sous-paragraphe a par le paragraphe
suivant :
«1°
modifier le Règlement sur les maladies professionnelles pour y ajouter une
nouvelle maladie et déterminer les conditions particulières qui s'y
rattachent aux fins de l'application de l'article 29;».
• (11 heures) •
En gros, Mme la
Présidente, pour quelques explications sommaires, vous le savez qu'on a suspendu
toute la question, là, de l'accessibilité à la surdité. Ça a été un long débat,
là, dans la précédente session. On ne connaît pas du tout, là, l'issue de ce qui
arrivera avec ce sujet-là, en fait. On aura certainement l'occasion
d'y revenir d'ici la fin des travaux, par définition.
Mais
donc, nous, ne sachant pas trop quelle sera la conclusion, on aime mieux, comment
je dirais ça, prévenir que
guérir. Alors, on aimerait ça, s'assurer que la CNESST, par son pouvoir
réglementaire, ne vienne pas défaire ce qu'on aura comme conclusion, peu
importe laquelle. Donc, mon intention, ce n'est pas de soulever le fond de la question de la surdité et de l'accessibilité
aujourd'hui, mais plutôt de s'assurer que ce qu'on aura trouvé comme façon
d'atterrir sur ce sujet-là, quelle que soit cette façon-là, quelle que soit la
zone géographique où l'atterrissage aura lieu,
bien, que la CNESST, deux, trois, quatre années plus tard, ne puisse pas
repasser en arrière et défaire, ou refaire, ou complètement changer la
nature de la discussion qui aura eu lieu ici.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. Y a-t-il des
interventions? Alors, oui, députée de Jean-Talon.
Question
de règlement sur la recevabilité d'un sous-amendement
Mme
Boutin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, j'aimerais soulever la recevabilité de l'amendement de
l'article 115 qui vient d'être proposé par le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, tout simplement parce que l'article 115 est un article de concordance en
lien avec l'article 8, qui a déjà été adopté, et que d'ailleurs le député
d'Hochelaga-Maisonneuve avait voté en faveur. Alors, c'est selon
l'article 197 du règlement de l'Assemblée nationale.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : D'accord. Donc, vous soulevez le point de la
non-recevabilité. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M.
Leduc : Je pourrais peut-être faire un rapide contre-argumentaire. À
moins qu'il y avait d'autres personnes...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oui, allez-y.
M. Leduc :
Oui? Parfait. Bien, moi...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : S'il n'y a pas d'autre intervention, on vous laisse la
parole, oui.
M. Leduc :
Pardon?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : On vous laisse la parole, député d'Hochelaga-Maisonneuve,
oui.
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Donc, pas de problème pour soulever la recevabilité.
C'est tout à fait possible à ce point-ci. Moi, je considère qu'il est
recevable, par définition, puisque je l'ai déposé.
Mais, en gros, quand
on a en effet voté en faveur, là, de l'article 8, qui faisait référence à
28.1, si je ne me trompe pas, il faisait référence, donc, à une capacité
d'avoir un pouvoir réglementaire, mais il n'allait pas dans les détails sur
comment, et quand, et pourquoi ça pourrait être utilisé. Nous, on y a lu une
potentialité que ça serait dans... à
l'intérieur même de ce projet de loi là qu'il pourrait y avoir la conclusion de
ce règlement. On en a d'ailleurs adopté, des règlements. Il y en aura
peut-être d'autres, de mémoire, aussi, des règlements. Donc, pour nous, ce
n'est pas une garantie que c'est nécessairement et exclusivement la CNESST qui
a le pouvoir de faire ça.
Nous, on pourrait
aussi le faire dans le cadre de ce projet de loi là. Et, bien qu'on ait en
effet voté en faveur de l'article 8, ça arrive de temps en temps, même plus
souvent qu'on peut l'imaginer, que même la partie gouvernementale réouvre un
article qui a déjà été adopté dans le passé pour venir faire une modification
soit de fond, soit de concordance. Alors, pour nous, ça ne nous apparaît pas une
embûche énorme sur laquelle on doit s'enfarger.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre... Oui, député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Je comprends l'argument invoqué par la députée de Jean-Talon, mais moi,
j'aimerais bien comprendre l'interprétation des précédents parlementaires, parce
que, pour moi, le fait que ça soit de la concordance, ce n'est pas en soi un
argument pour rendre irrecevable un sous-amendement. Il peut y avoir plusieurs
types de concordance. Parce que, si on commence à dire : C'est de la
concordance, c'est juste de la concordance, donc le sous-amendement proposé par
le député est irrecevable, bien, je trouve que ça donne un pouvoir démesuré au gouvernement
de faire la concordance qu'il veut. Je veux dire, il y a concordance et
concordance, là.
Alors, moi, je veux
bien croire, là... Tu sais, ce n'est pas juste dire... mettons qu'on a modifié
un article qui a un nouveau numéro, puis là arriver à un article plus loin,
puis il faut juste, au lieu que ce soit 24, mettre le numéro 28 parce que
c'est ça qu'on a changé. Ça, c'est une concordance que je dirais très
technique. Mais le sous-amendement soulevé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
à ce que j'en comprends, va plus loin que juste mettre une concordance de
chiffre, ou technique, ou formelle.
Parce que le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
que je salue, en passant, parce que je prends la parole pour la première fois
depuis le retour des vacances... Je veux saluer tout le monde, en passant. Je
commence raide un peu, là, mais je veux quand même saluer tout le monde. Donc, c'est
ça, le sous-amendement proposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve dit :
remplacer le paragraphe proposé par le sous-paragraphe a par le paragraphe
suivant :
«modifier le Règlement
sur les maladies professionnelles pour y ajouter une nouvelle maladie et
déterminer les conditions particulières qui s'y rattachent aux fins de
l'application de l'article 29;».
Pour moi... puis là,
c'est ça, parce que je n'ai pas le temps, là, d'aller rechercher l'article qui
était invoqué par la députée de Jean-Talon, mais ce n'est pas qu'une stricte
concordance où on a ajusté une virgule qui a été modifiée par une autre virgule
dans un article précédent. Ça, pour moi, ça fait appel à un élément de fond
puis un élément de contenu qui méritent un débat plus profond que strictement
dire : C'est irrecevable parce que c'est de la concordance. C'est une
concordance plus complète... je ne sais pas comment le dire, là, mais plus
compliquée que strictement un article.
Alors, moi, ce que
j'aimerais, Mme la Présidente, c'est que vous puissiez nous donner... nous
rendre une décision là-dessus. Parce que, si on commence à dire qu'à chaque
fois qu'il y a un sous-amendement sur un article que le gouvernement prétend
être de la concordance puis qu'à ce moment-là le sous-amendement ou l'amendement
apporté par un député de l'opposition devient irrecevable parce que,
soi-disant, ça touche de la concordance, bien, je trouve que c'est faire
indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. Puis là, à ce moment-là,
ça vient restreindre notre droit, nous, comme députés de l'opposition, de faire
des amendements.
Alors, pour
moi, ce que j'en comprends... Et minimalement, avant de décréter la guillotine,
là, c'est irrecevable parce que c'est
de la concordance, j'aimerais au moins entendre encore plus le député
d'Hochelaga-Maisonneuve là-dessus, être capable de débattre un peu. On a suspendu pendant
à peu près une heure pour essayer de voir une piste
d'atterrissage sur son sous-amendement, je ne peux pas croire qu'on va
régler ça par un appel au règlement qui vient guillotiner le pouvoir du député
de déposer un amendement.
Alors, moi,
j'aimerais vraiment avoir le détail des précédents, d'une décision
qui est fondée sur la recevabilité
ou pas sur la base de l'argument invoqué par la députée de Jean-Talon. En tout
cas, je pense que je me suis fait bien comprendre, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions quant à la demande de la recevabilité?
Alors, écoutez, on... Oui, M. le ministre.
M. Boulet : Si vous permettez, ce
qui est important, c'est que... puis ceci dit avec respect pour mon collègue de
Jonquière, c'est que, quand on prévoit un règlement, il faut absolument prévoir
une habilitation. Et donc c'est un libellé qui est miroir. C'est un pur article
de concordance.
Dans l'article qui avait été adopté, avec
l'accord notamment de notre collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, on référait spécifiquement
au critère d'admissibilité dans le cas d'une atteinte auditive causée par le
bruit. Et donc l'article 115, qui modifie
454, assure l'habilitation réglementaire. Donc, le libellé n'est nullement modifié, et
accepter l'amendement serait comme réouvrir un article qui a fait
l'objet d'une adoption.
Donc, c'est
purement et simplement de la concordance. C'est un libellé qui est identique.
Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Y a-t-il d'autres interventions?
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons suspendre afin de faire une analyse quant à la demande de la
recevabilité et nous allons prendre une décision.
Donc, nous allons suspendre.
(Suspension de la séance à 11 h 09)
(Reprise à 12 h 10)
La Présidente (Mme IsaBelle) : On va
se retrouver à 14 heures. Alors, compte tenu que l'analyse de la recevabilité n'est pas terminée, alors nous allons
suspendre les travaux jusqu'à 14 heures. Alors, nous vous souhaitons bon
dîner. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 11)
(Reprise à 14 heures)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, votre attention, s'il vous plaît! La Commission de l'économie et du
travail reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 59, Loi modernisant le régime de
santé et de sécurité du travail.
Décision de la présidence
Lors de notre suspension de nos travaux cet
avant-midi, nous en étions à l'étude ou à l'analyse d'une demande de recevabilité de la députée de Jean-Talon.
Alors, nous allons rendre maintenant la décision. Nous sommes prêts. Je vais maintenant, effectivement, rendre ma décision sur la question de règlement soulevée par Mme la députée de Jean-Talon concernant la recevabilité d'un sous-amendement
présenté par M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Le sous-amendement proposé vient modifier le paragraphe 1°
d'un amendement soumis par M. le ministre à l'article 115 du projet de
loi. Le sous-amendement propose que la Commission des normes, de l'équité, de
la santé et de la sécurité du travail, soit la CNESST, puisse modifier le Règlement
sur les maladies professionnelles pour y ajouter une nouvelle maladie et déterminer les conditions particulières qui s'y
rattachent aux fins de l'application de l'article 29 de la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles.
L'amendement de M. le ministre propose de
déterminer, aux fins de l'article 28.1 de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles,
adopté à l'article 8 du projet de loi, les critères d'admissibilité des
réclamations pour une maladie dont le
diagnostic est une attentive... une atteinte auditive par le bruit, je répète,
donc, pour une maladie dont le diagnostic est une atteinte auditive par
le bruit.
Mme la députée
de Jean-Talon soulève la recevabilité du sous-amendement. Elle indique que, puisque l'amendement du ministre en est un de concordance à
l'article 8 du projet de loi, le sous-amendement présenté viendrait à
l'encontre d'une décision antérieure de la commission.
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve soutient
que le sous-amendement est recevable puisqu'il touche les maladies
professionnelles, qui est le sujet proposé à l'amendement du ministre.
M. le député
de Jonquière souligne, pour sa part, que, bien que l'amendement
du ministre en soit un de concordance, le sous-amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve
traite d'une question plus large.
Je précise que le député d'Hochelaga-Maisonneuve
et le député de Jonquière ont également ajouté que ce n'est pas la notion de
concordance qui est la question actuelle et que, dans tous les cas, un élément
de concordance peut être modifié.
Afin de statuer sur la recevabilité d'un
sous-amendement, la présidence doit tenir compte de l'ensemble des critères prévus par le règlement de l'Assemblée
nationale et de la jurisprudence. Ces règles de base sont notamment
codifiées aux articles 197, 200 et 244 du règlement.
L'article 200 du règlement mentionne bien
qu'un sous-amendement est sujet aux mêmes règles de recevabilité qu'un amendement.
Ainsi, un sous-amendement ne doit pas nier, dénaturer ou écarter la motion à laquelle il se rattache, soit l'amendement. Le
fait que le sous-amendement proposé ici vise un amendement présentant
des éléments de concordance n'a aucune incidence sur le fait que les critères
de recevabilité d'un sous-amendement doivent être respectés.
En regard à la décision 200/1, l'objet d'un
sous-amendement étant de modifier un amendement, il ne doit pas en élargir la
portée.
Dans le cas présent, le sous-amendement proposé
octroie un nouveau pouvoir à la CNESST lui permettant de modifier le Règlement sur les maladies
professionnelles pour y ajouter une nouvelle maladie, alors que l'amendement
vise à permettre à la CNESST de déterminer les critères d'admissibilité des
réclamations pour une maladie bien spécifique, soit le diagnostic d'une
atteinte auditive causée par le bruit. Le sous-amendement élargit donc la
portée de l'amendement. Dans ce cas, le sous-amendement est donc irrecevable.
Voici. Donc, y a-t-il des interventions? Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : Bien, merci pour la décision, Mme la Présidente. On va en
tenir compte pour les prochaines rédactions.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Ça va? Merci. Y a-t-il d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons donc poursuivre
avec l'amendement proposé à l'article 115. Y a-t-il... oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc : On va demander, en toute
logique, une suspension pour analyser une autre rédaction.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 14 h 05)
(Reprise à 14 h 55)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il des interventions? Je recommence ma question. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement déposé par le ministre à l'article 115?
Alors, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
En fait, là, juste pour mettre un peu en contexte, vous avez rendu votre décision, là, il y a quelques instants, puis
on avait prévu plusieurs autres sous-amendements. Puis là on est en train
de regarder qu'est-ce qui serait recevable ou pas en fonction de votre
décision, là, pour ne pas avoir à répéter, donc, cinq fois de suite une
demande de recevabilité. Je pense que ce n'est pas l'objectif de personne.
Donc, on n'a pas eu le temps de tout examiner en
détail, là, mais, en tout cas, à tout le moins, on pourrait retirer un de ces
sujets-là en ayant une discussion à micro ouvert avec M. le ministre. Et c'est
un sujet qu'on avait précédemment évoqué il
y a déjà plusieurs semaines, plusieurs mois de ça, et c'est la question des
pouvoirs réglementaires sur les médicaments. Donc, on avait un
amendement qui était... un sous-amendement, pardon, là, qui visait à aller
corriger 3.1°, qui, dans l'amendement du ministre, là, et l'habilitation
réglementaire pour... comment vous avez écrit ça, «déterminer, aux fins du
paragraphe 3° de l'article 189, les médicaments et les autres
produits pharmaceutiques auxquels a droit un travailleur victime de lésion
professionnelle».
Nous, on voulait venir préciser des choses, là.
Je vous le lis, sans le déposer, là, mais : «le droit du travailleur aux médicaments et produits pharmaceutiques en
précisant ceux pour lesquels ce droit se limite à la version générique et
détermine dans quel cas et à quelle condition le droit à ceux-ci peut être
étendu à leurs équivalents non génériques».
Et ça fait écho, donc, à une discussion, une
longue discussion qu'on avait eue à ce moment-là, ça devait être quelque part
en avril, si je me souviens bien, sur le pouvoir réglementaire des médicaments,
qui est une nouvelle chose que la... Il y a déjà des politiques internes à la
CNESST. On a eu à plusieurs reprises, puis on va l'avoir encore un petit peu
aujourd'hui, j'imagine, la discussion sur la pertinence d'avoir des
habilitations réglementaires de la sorte pour la CNESST qui, bien que sur
papier semble une chose logique et pertinente, inquiète quand même beaucoup de
personnes dans le milieu. Parce que, quand la CNESST agit souvent de sa propre
initiative, l'expérience tendrait à démontrer que ce n'est pas toujours en
faveur des travailleurs. Souvent, c'est un peu pour, on va dire, dans des mots polis, «encadrer», d'autres moins polis vont dire
«limiter» certains droits, certains accès. Et c'est exactement ce genre
de crainte qui nous anime, qui anime le milieu communautaire, le milieu des
travailleurs, le milieu syndical quant aux nouveaux pouvoirs des médicaments.
Et nous avions eu une discussion verbale, une
discussion ici, donc, à micro ouvert, avec le ministre, qui évidemment fait
partie, donc, d'un procès-verbal, qui a un certain poids en matière
d'orientation ministérielle, lorsqu'il y a contestation, et qu'on imagine que
la CNESST va lire et analyser attentivement. Nous avions eu, donc, une discussion avec le ministre sur l'objectif de cette
politique-là, parce qu'il semblait nous dire que c'était vraiment limité ou, du
moins, principalement orienté dans l'assujettissement du droit au médicament,
et qu'on visait, dans le fond, à favoriser le générique.
Bon, j'avais posé toutes sortes de questions sur
quelle est l'analyse qui nous pousse à aller là-dedans. Est-ce qu'on a un
pourcentage d'utilisation de générique, en ce moment, par la CNESST? À
l'époque, il n'y avait pas de tels chiffres disponibles. Je ne sais pas si ça a
changé en quelques mois, j'en doute, mais, si jamais c'est le cas, on serait
intéressés de les connaître.
Cela étant dit, le ministre avait verbalement...
il tendait à nous réconforter, en quelque sorte, en disant : Ce n'est pas
une politique qui a pour but de limiter l'accès aux médicaments de manière
large, là, on ne commencera pas à aller
écrire dans la... dans le règlement, pardon, tel médicament est accessible pour
telle maladie, tant de milligrammes, tant de semaines, etc., et tout ce
qui tombe à côté de ça est automatiquement exclus. Parce qu'on en a vu à
plusieurs reprises, dans ce projet de loi
là, des exclusions très mécaniques. Il y en aura d'autres, d'ailleurs, qu'on va
discuter plus tard dans d'autres articles, des exclusions très...
j'oserais dire, bureaucratiques, où on a une liste qui est probablement basée
sur un calcul assurantiel quelconque, qui nous dit que peut-être qu'en moyenne
telle maladie nécessite tant de médicaments et puis, fin des haricots, si vous
êtes en dehors de cette moyenne-là, bien, vous n'y aurez pas accès plus que tel
nombre de pilules ou de milligrammes, mais vous comprenez ce que je veux dire.
• (15 heures) •
Alors, nous, c'était notre crainte que ce
pouvoir-là, qu'on est en train de donner à la CNESST, mène à cet immense
potentiel recul. J'ose espérer et je crois sincèrement que ce n'est pas
l'intention du ministre de pousser la CNESST à commencer à limiter l'accès au
règlement. Il l'a dit à micro ouvert que c'était vraiment une question de favoriser
le générique.
Donc, en quelque sorte, au lieu de redéposer l'amendement
dont la recevabilité pourrait être contestée, j'inviterais peut-être le ministre
à reprendre la parole aujourd'hui et à réitérer quel était l'objectif, quel est
l'objectif de cette politique, quelle est la place du générique actuellement à
la CNESST, et surtout, est-il en faveur que la... J'aimerais, en fait, qu'il
nous dise qu'il est en défaveur que la CNESST commence à les réglementer, les
quantités de médicaments, les types de médicaments accessibles, et compagnie,
et qu'on laisse la pleine marge de manoeuvre aux médecins traitants, qu'ils
puissent déterminer de quoi le patient a besoin pour réparer sa lésion. Parce
que c'est ça, hein, l'objectif
final de la LSST puis de la LATMP, c'est de réparer une lésion. Et je pense qu'il est d'accord avec moi, M. le ministre, là-dessus, il faut que ça soit
interprété de manière la plus libérale possible, plus large possible. Il ne
faut pas que ça soit trop contraignant.
Moi, j'ai fait plusieurs critiques depuis le
début de cette commission, à savoir que beaucoup d'éléments dans son projet de
loi tendent à réduire un peu cette marge de manoeuvre, cette libéralité
alentour de l'application. Mais là le débat
sur le médicament, comme c'est vraiment important, comme c'est un point central
de la guérison d'un travailleur ou
d'une travailleuse, je pense que ça serait à propos d'entendre de nouveau le
ministre nous rassurer le plus possible à ce sujet. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la Présidente.
Mon premier commentaire sera de nature technique. Évidemment, ce n'est qu'une
disposition de concordance. L'article est libellé, en fait, en tenant compte de
celui qui a déjà été adopté. Souvenons-nous, l'article 51 du p.l., qui modifie
189, où on dit simplement «les médicaments». Évidemment que, là, le
travailleur victime d'une lésion professionnelle, il a droit à x, y et z,
notamment «les médicaments et autres produits
pharmaceutiques, dans les cas et aux conditions prévues par règlement». Et ce que
nous avons présenté ce matin, l'amendement
à 115, on dit : «déterminer, aux fins du paragraphe 3° de l'article 189,
les médicaments et autres produits pharmaceutiques
auxquels a droit un travailleur victime d'une lésion professionnelle.» Donc,
c'est le libellé tel quel. C'est une disposition qui est purement
miroir.
Et l'amendement de mon... de notre collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve viendrait limiter en disant... alors que tout à l'heure
on élargissait, là, maintenant, c'est de limiter ce pouvoir réglementaire là à
la version générique et déterminer dans quels cas et à quelles conditions le
droit peut être étendu à leurs équivalents non génériques.
Ceci dit, au-delà de l'aspect technique, on
n'est pas ici seulement pour débattre d'aspects techniques. Ce que j'ai retenu de votre propos, le C.A. de la CNESST
contre les travailleurs, je ne veux juste pas qu'on... Tu sais, le C.A.
de la CNESST... moi, je suis un farouche partisan du paritarisme et je suis un
fervent protecteur de la façon dont les débats
se font au conseil d'administration de la CNESST, où il y a des leaders syndicaux
ainsi que des leaders patronaux. Ça fait que... Est-ce que, parfois, il
y a des orientations qui sont perçues ou... un peu contre les travailleurs, ou
parfois perçues... ou un peu contre les patrons? Peut-être. Mais ça, je n'ai
pas de contrôle là-dessus, mais je me fie à l'expertise de la compétence des
personnes qui sont là.
Pour les médicaments génériques, oui, on a fait
le débat, là. On peut... Je peux le refaire très, très rapidement, là, mais je vous rappellerai que le pharmacien, la
pharmacienne ont un devoir d'informer les travailleurs comme tous leurs
patients de l'existence d'un médicament générique puis d'informer si le
générique peut avoir des effets secondaires qui ne sont pas désirés ou
désirables. Puis ça, moi, je respecte totalement ça. Et le but ou l'intention,
ce n'est certainement pas de demander au C.A. de se substituer au médecin
traitant. C'est le médecin traitant, puis là je reprends vos mots, qui détermine
la quantité et le type de médicament, d'abord et avant tout, et ça, il faut que
ce soit respecté. Puis je ne veux pas qu'un règlement de cette nature-là, là,
c'est un autre mot que vous utilisez, impose des contraintes. Ce n'est pas des contraintes, c'est un accès à des produits
qui peuvent, bien, aussi être des produits homéopathiques,
là. Parfois, c'est des produits naturels aussi, là. Il n'y a pas que les
originaux puis les génériques, il y a
d'autres types de produits. Mais le but, ce n'est certainement pas d'utiliser
un pouvoir réglementaire pour imposer des contraintes par voie
réglementaire. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Bien, juste une correction, là. Je n'ai jamais dit que le C.A. était contre les
travailleurs, là. J'ai dit que, parfois,
quand on a assisté à des précisions, à des politiques de la CNESST pour venir
préciser des enjeux, des accessibilités, ça s'est rarement fait au bénéfice des
travailleurs. Ça s'est souvent fait au détriment des travailleurs et c'est ça qui pousse plusieurs personnes à avoir
une crainte par rapport à ce mouvement général d'habilitation réglementaire
en ce moment.
J'aime la plupart des
choses que le ministre a dites à l'instant. J'aimerais vraiment, pour bien
saisir, là, son propos, le relancer sur un
aspect très pointu. Vous dites que ce
n'est pas le règlement qui va aller dire à la place du médecin qu'est-ce que le travailleur doit prendre ou pas comme médicament. Bien, qu'on
entende qu'il doive favoriser le générique, ça, il n'y a pas de souci
là-dessus. Mais ce n'est pas tant ça, ma question. Ma question, c'est le règlement.
L'éventuel règlement pourrait très bien
laisser toute la marge de manoeuvre au médecin traitant de préciser quelle est
la nature du médicament, la quantité
et le nombre de semaines qu'il doit le prendre, mais il pourrait aussi, en même
temps, y avoir un règlement
qui dit : Mais je ne rembourserai que — je vous dis un chiffre comme ça pour l'idée, là — cinq pilules
par semaine. Si le médecin, il dit :
Moi, je te prescris 10 pilules par semaine, mais que le règlement dit : Nous, pour toutes sortes de raisons assurantielles, on trouve que
c'est cinq pilules par semaine, qu'est-ce qui se passe? Ça veut dire que
les cinq autres sont aux frais des travailleurs? Comprenez-vous ce
que je veux clarifier ici?
M. Boulet :
...parlez de quantité, vous décrivez très bien. Quand vous référez au mot
«contrainte», encore une fois, ça colle à la
réalité qui vous préoccupe. Et moi non plus, je ne veux pas... C'est clair
qu'un règlement ne peut pas limiter ni la quantité ni imposer des
contraintes. Ce n'est pas un règlement qui va dire : Ça va être deux
pilules au lieu de quatre pilules. Non, absolument pas. Puis je prends
votre exemple, cinq plutôt que 10, là.
M. Leduc :
On parle bien de remboursement. On ne parle pas de mettre des pilules dans la
bouche du travailleur, là.
M. Boulet :
Tout à fait.
M. Leduc :
O.K. Ça fait que, là-dessus, on s'entend très bien. Le règlement...
M.
Boulet : On s'entend. Quand on communique puis quand on se parle de
manière raisonnée, on finit toujours par trouver des voies de passage.
Puis, vous le savez...
M. Leduc :
Donc, on n'assistera pas à ce scénario cauchemardesque d'une table, là, qu'on
appelle, des fois, là... une table avec des
pages et des pages de type de règlements, de type de médicaments puis une
espèce de... pas une posologie, mais, en tout cas, une table de
remboursement que, pour ça, nous, on reconnaît telles maladies, tels
médicaments, tels pourcentages de remboursement? Ça, c'est écarté des
scénarios?
M. Boulet :
Ah! tout à fait. Puis on en a discuté sur le fond, là, puis c'est sûr que... Je
répète qu'ici on est à l'adoption d'une disposition simplement miroir de ce qui
a été discuté. Mais, si vous sentez le besoin que je le redise, oui,
effectivement, je suis d'accord avec le propos que vous venez de tenir.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions?
Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
...deux collègues aient des choses à dire sur ce sujet-là. Moi, comme je vous
disais tantôt, j'avais d'autres amendements de prévus, un peu de la même
nature. Je n'ai pas eu le temps de tous les regarder, mais je prendrais
quelques instants pour vérifier...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Pour regarder vos autres... O.K.
M. Leduc :
...soit leur recevabilité ou soit un échange similaire que je pourrais avoir
avec le ministre.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : D'accord. Alors, je vais vous laisser le
temps de le faire. Je vois que le député de Jonquière vient de lever la
main.
M.
Gaudreault : Oui. C'est peut-être juste une question de fonctionnement,
là. Parce que je comprends que le député d'Hochelaga-Maisonneuve a fait une intervention,
tout à fait pertinente, par ailleurs, sur l'article 115 — là,
je cherche le bon numéro, là — bien, en fait, qui venait modifier
l'article 454.3, là, sur la question des médicaments, en fait, sur la base de l'amendement
proposé par le ministre.
C'est parce que, dans le fond, on parle de
l'ensemble de... Il y a beaucoup d'éléments. C'est ça que je veux dire. Puis on
parle de l'ensemble de l'amendement. Là, il y avait eu un sous-amendement au paragraphe
1°, après ça, woups, là, on revient au paragraphe 3°.
C'est pour ça... c'est parce que... en tout cas. Je veux juste m'assurer de
notre fonctionnement, là, parce qu'on saute sur plusieurs éléments différents.
• (15 h 10) •
M. Boulet : Oui, puis moi, je réagis
exactement de la même façon que le collègue de Jonquière. C'est un peu mêlant parce que les vieilles lois étaient
écrites... Comme je disais ce matin, toutes les habilitations réglementaires étaient dans le même article. Ça fait que, quand tu regardes
l'article 454 de la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles, tu as, quoi, 25 paragraphes, c'est toutes des
habilitations réglementaires, alors que la nouvelle technique de rédaction législative, c'est qu'on les disperse dans la loi en les
intégrant dans chaque sujet ou par thématique.
Là, ici,
depuis le début de l'étude détaillée, on a adopté plusieurs articles qui
prévoient un règlement pour x, y ou z, ça fait qu'on l'a intégré
dans sa section ou sous-section appropriée. Ça fait que, là, on arrive à 454
puis, là, on veut s'assurer qu'on est
compatible, qu'on confirme l'habilitation réglementaire. Puis il y en a,
à 454, qui n'ont pas été répartis, mais
donc qui ont été adaptés en tenant compte de leur absence de répartition dans
la loi, suivant les sujets puis les thématiques.
Et c'est pour ça que je me disais : S'il y
avait des questions techniques, c'est nos avocats qui allaient répondre, mais
qui se sont assurés qu'à chaque fois... que ce soient des miroirs de ce que
nous avons adopté puis qu'à chaque ce soit rigoureusement respectueux de l'étude
détaillée qu'on a faite à ce jour. Puis, bon, c'est pour ça que je dis... puis
c'est effectivement que de la concordance.
M. Gaudreault : Oui. En fait, moi,
mon souci, c'est que, quand la présidente nous dit : Est-ce qu'il y a
d'autres interventions... Ce que je veux dire, c'est que, pour moi, je ne veux
pas m'empêcher de reparler plus tard, mettons, de l'aspect pharmaceutique.
Autrement dit, on ne ferme pas ce volet-là. Je veux juste m'assurer de ça. Vous
comprenez ce que je veux dire, là? Ce n'est pas parce que, tout d'un coup, il y
a eu une intervention sur l'aspect pharmaceutique, puis là : Est-ce qu'il
y a d'autres interventions?, que c'est... woups, on vient de fermer l'aspect
pharmaceutique puis on n'y reviendra pas, tu sais? Parce que, là, il va y avoir
beaucoup d'évolution dans nos discussions,
puis je veux juste... parce qu'il faut qu'on se réchauffe encore, là, par
rapport... bien, on se réchauffe... dans nos interventions puis dans nos débats, par rapport au retour en
commission. Ça fait que je veux juste m'assurer de ça.
M. Boulet : C'est un excellent
commentaire, que je partage totalement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Il n'y a pas de problème. C'est-à-dire que, là, c'est le député d'Hochelaga-Maisonneuve
qui a parlé en premier sur le premier paragraphe. Là, il a retombé à un
deuxième paragraphe ou alinéa. On pourra revenir, là, c'est libre. C'est une
discussion générale de l'amendement.
M. Gaudreault : C'est ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
n'y a pas un ordre précis, puis on pourra revenir, si vous voulez.
M. Gaudreault : C'est en plein ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Ça
va?
M. Gaudreault : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
bien. Alors, maintenant, sur l'amendement de l'article 115, y a-t-il
d'autres interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : En toute concordance, je
demanderais la suspension, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 13)
(Reprise à 16 h 10)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, je comprends, M. le ministre, que vous aimeriez retirer votre amendement
à l'article 115. C'est bien ça? Est-ce que nous avons le consentement pour
retirer l'amendement du ministre à
l'article 115? Nous avons le consentement des députés de l'opposition?
Oui, parfait, merci. Alors, M. le ministre, est-ce que je comprends que
vous voulez redéposer un amendement à l'article 115?
M. Boulet : Tout à fait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excellent. Est-ce que vous désirez ne lire seulement que la partie qui a été
modifiée, peut-être?
M. Boulet :
Oui, tout à fait. Donc là, je vais essayer de me... À 3.3°, 2°, dans le
paragraphe 2°, à la fin, on dit : «Dans l'exercice des pouvoirs
réglementaires prévus aux paragraphes 3.1°, 3.2°, 3.3° et 4.1° du premier
alinéa, la commission peut prévoir des cas et des conditions auxquels les
services de santé et l'équipement adapté et les autres frais peuvent être
accordés.»
C'est un libellé qui est plus miroir avec les dispositions
du projet de loi qui ont fait l'objet d'une étude détaillée et qui ont été adoptées.
Donc, il y avait comme un ajout qui n'avait pas sa raison d'être.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci. Y a-t-il des interventions sur le nouvel amendement déposé par
le ministre? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bien, juste pour
comprendre, pour l'écriture, là, est-ce qu'il n'y a pas une contradiction à
garder le a puis, après ça, le remplacer? Vous dites : a) remplacer «à la
fin» par «après le premier alinéa», mais, après ça, vous remplacez tout ça par
un nouveau... Est-ce que le a est encore pertinent, finalement? C'est ça que je
veux dire, le petit a. C'est une question...
M. Boulet : Non, moi, ça m'allait,
là, mais, au niveau de la rédaction, c'est correct, Geneviève?
Une voix :
...
M. Boulet : O.K., parce que ça
vient... ça devient l'alinéa deux et non le dernier alinéa. Puis «remplacer
l'alinéa proposé par l'alinéa suivant», ça, c'est correct. Oui, c'est correct, collègue.
M. Leduc : O.K., bon, peut-être quelque
chose qui m'échappe, peu importe, c'est mineur. Allons sur le fond des choses.
Donc, peut-être pour mettre en contexte, nous,
on avait préparé quelque chose. On l'a discuté, vous l'avez regardé. Vous nous
proposez cette nouvelle réécriture que nous recevons, je pense, agréablement,
mais, je pense, c'est important qu'on ait un certain échange pour clarifier, en
fait, les intentions derrière votre mouvement, parce qu'il y avait, dans le
texte original de votre amendement, quelque chose qui nous inquiétait. Puis là
je veux vraiment le clarifier, ça me semble
disparaître, mais vous pourrez nous le confirmer, qui allait permettre à la
commission d'aller, comment je dirais ça, moduler, en quelque sorte,
notamment, le droit à l'assistance médicale. Là, on parle ici non pas juste des
médicaments, mais les traitements, les prothèses, les orthèses.
Tantôt, on a eu un échange, là, sur les
médicaments, de manière assez précise, puis vous m'aviez rassuré. Là, avec
l'assistance médicale, on élargit le portrait. Là, on parle des traitements, les
prothèses, les orthèses, puis les moduler en
fonction des types de lésions pour aller potentiellement... Puis ça, c'était,
donc, une inquiétude très concrète, parce que, là, on ajoutait quelque
chose, là, qui n'était pas déjà dans la loi, qui pourrait venir limiter cet
accès, donc, à l'assistance médicale.
Puis des gens de la CSN, si je ne me trompe pas,
nous ont fait parvenir une table... Je vous donne le titre du document : Table
des durées maximales de consolidation aux fins de l'application de l'article
329 de la LATMP. Si je ne me trompe pas,
329, c'est sur l'imputation. Alors, c'est un document de 2007, qui fait une
trentaine de pages, et, à l'index, là, on a tous les types de lésions,
là : cerveau, face, yeux, oreilles, colonne, membres supérieurs, membres
inférieurs, thorax, abdomen, maladies cardiovasculaires, etc., 30 pages,
et, à chaque section, à chaque page... Je vous donne un exemple. Pour, par
exemple, les yeux, c'est écrit : infection oculaire, durée, 21 jours;
corps étranger oculaire, durée,
21 jours; détachement de la rétine, laser, coagulation, 42 jours,
chirurgie, 84 jours; maladie de la choroïde, 56 jours.
Et là il y en a des pages et des pages, une
trentaine, comme je vous le dis, et, à chacune de ces maladies-là, on a un
nombre de jours, une durée. Pour une fois, j'imagine, j'assume que ces
chiffres-là, cette durée-là est le fruit d'un calcul assurantiel, d'une
moyenne, je ne sais pas trop, mais tout ça est utilisé pour l'imputation, à
savoir que, telle maladie, etc., on assume que votre fameuse cotisation
d'imputation va être impactée en fonction d'un barème, là, assez complexe,
assez précis.
Et là la crainte que j'ai, que nous avions, que
nous avons encore puis que... On semble vouloir nous rassurer, puis vous nous
le direz, si on a la bonne lecture de votre nouvelle mouture, la crainte qu'on
avait, c'est que ce genre de table là, ce genre de précision là, telle maladie,
tel chiffre, allait servir d'exemple ou allait carrément être appliqué tel quel
pour, on a dit tantôt, l'accès aux médicaments, mais, entre autres, l'accès au
nombre de traitements, l'accès aux
prothèses, l'accès aux orthèses, limiter la durée de temps de traitement par
type de lésion, aller imposer des limites numériques aux médicaments,
comme je le disais tantôt.
Puis tout ça aurait eu comme conséquence, en
quelque sorte, de substituer les règles qu'on pourrait qualifier d'arbitraires
d'un règlement au médecin traitant. Puis, je pense, on peut s'entendre que
c'est arbitraire, là. Tu sais, je le disais tantôt, un truc aux yeux ou... Je
peux en prendre un autre, là, greffe osseuse, ici, j'ai 182 jours. Bien,
greffe osseuse, ça ne va pas toujours durer 182 jours, ça va durer un
nombre infini de variations d'un individu à l'autre. Alors, c'était cette crainte que nous avions, que cette logique-là
allait devenir celle de la CNESST, par la porte qu'on ouvrait.
Là, est-ce que votre réécriture vise à,
concrètement, écarter ce scénario?
M. Boulet : Pour être sûr de bien
vous comprendre, ce que vous demandez ou ce que vous voulez éviter, c'est que la table des durées normales ou
prévisibles de consolidation soit utilisée dans l'exercice du pouvoir réglementaire donnant accès à des services de santé, à des
équipements puis à d'autres frais. Est-ce que je vous comprends bien?
M. Leduc :
Oui, parce que, dans votre article...
M. Boulet :
Ultimement, là, c'est ce que vous demandez?
M.
Leduc : Oui. Dans votre article
original, là, vous disiez, à 2° : «Dans l'exercice des pouvoirs
réglementaires prévus aux paragraphes
3.1° et 4.1° du premier alinéa — ça, c'est des réécritures que vous aviez
faites — la commission peut prévoir des cas et des conditions qui peuvent différer en fonction
du type de lésion que peut définir le règlement.»
M. Boulet :
Mais la réponse, là, je vais vous la donner assez clairement. La durée des
périodes normales de consolidation, c'est
aux fins, comme vous le mentionniez, des demandes de partage de coûts aux fins
de l'imputation, mais certainement pas que ça doit être utilisé pour
limiter l'accès à des services de santé, ou à des équipements, ou à d'autres
frais.
Donc, il faut revenir
à la base. C'est le médecin traitant qui détermine et c'est ça qui doit être
respecté. Il ne faut pas qu'un pouvoir
réglementaire de cette nature-là soit utilisé pour limiter. Puis la table,
encore une fois, c'est pour... tu sais, dans les cas de partage de
coûts, c'est tout le temps ce qui constitue une déviation par rapport à la
norme médicalement reconnue. Ça fait que la table des périodes normales de
consolidation ou la durée prévisible de consolidation, c'est, encore une fois,
pour les fins d'imputation de partage de coûts.
M. Leduc :
Oui, c'est ça. Ça, je comprends à quoi sert la table à laquelle je faisais
référence tantôt, puis c'est ça qu'on avait, la crainte que ce genre de genre
de table, soit cette table-là carrément ou une table similaire, un outil
similaire, construit de manière similaire, soit utilisé par la CNESST pour
d'autres objectifs.
Puis là je veux bien
lire votre nouveau libellé. Vous dites : «...la commission peut prévoir
des cas et des conditions auxquels les services de santé, l'équipement adapté
et les autres frais peuvent être accordés.» En quoi, donc, ça nous diffère du
«fonction de type de lésion que peut définir le règlement»?
M. Boulet :
...pas sûr que je vous comprends bien. Ce que vous dites, c'est que vous ne
souhaitez pas que ce soit modulé, parce que le texte a été enlevé pour que ce
soit une disposition, véritablement, de concordance et une disposition qui
reprend intégralement le libellé de ce que nous avons adopté lors de l'étude
détaillée. Donc, c'est purement et simplement l'habilitation réglementaire.
Donc, il n'y a pas d'ajout comme celui qui était... qui en fait une précision.
M. Leduc :
Mais, dans le 2°, ici, là, c'est un rajout, ça. Ce n'était pas dans l'original.
M. Boulet :
Effectivement.
M. Leduc :
Mais donc, quand vous dites concordance...
M. Boulet :
Bien, c'est pour ça qu'on l'a enlevé, parce que ce n'était pas... Cette
portion-là n'en était pas une de concordance.
M. Leduc :
O.K. Je vais prendre une...
M. Boulet :
C'est pour ça qu'on l'a enlevée.
M. Leduc :
Je vais prendre une suspension, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 20)
(Reprise à 16 h 22)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement déposé par le ministre? Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. M. le ministre, je vous ramène à votre analyse
d'impact à la page 39. Je vous lis un extrait : «La CNESST pourrait, à la
suite de l'adoption du projet de loi, déterminer, dans un règlement, selon le
type de lésion professionnelle de la travailleuse ou du travailleur, les
modalités d'application concernant, notamment, le nombre de séances de
traitement couvertes, les limites pécuniaires et les conditions de paiement.»
Ce n'est pas
un peu l'inverse de ce que vous avez avancé tantôt? Est-ce que ça tient
toujours comme perspective? Est-ce que... parce que, là, dans le fond,
ce que vous avez fait, vous avez retiré les mots... les types de lésions...
C'est ça qui s'est passé, là. Dans le transfert du
libellé que vous avez déposé puis le nouveau que vous avez déposé, vous retirez en fonction du type de lésion, d'accord.
Moi, ce que je veux vraiment clarifier, là, puis bien vraiment circonscrire,
c'est cette intention-là du législateur.
M. Boulet :
Ce n'est pas notre intention, puis on vient de le retirer. Ça fait que le
retirer exprime une intention claire, c'est que ce ne soit pas modulé en
fonction du type de lésion. Moi, j'ai été clair, 115, c'est des habilitations
réglementaires, puis on adopte des articles. On prévoit que ça se fait par
règlement, puis il y a une habilitation qui doit soutenir ce règlement-là. Puis
il faut que notre article 115 reproduise tel quel... Donc, si ça, ça avait été
ajouté, ça a été retiré. Donc, notre intention est clairement exprimée par le
retrait. Je pense que je réponds vraiment précisément...
M. Leduc :
Mais, en ce sens-là, elle vient supplanter l'autre intention qui était
préalablement indiquée dans l'étude d'impact.
M. Boulet :
Absolument.
M. Leduc :
Bon, bien, ça me semble bien clair.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, y a-t-il d'autres interventions à l'amendement
déposé à l'article 115?
M. Leduc :
Oui, mais ce serait l'autre sujet...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : S'il n'y a pas d'autre intervention...
M. Leduc :
Juste un petit instant, Mme la Présidente. Ça a été un peu plus rapide. Si
vous... juste une légère suspension, rapidement, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 24)
(Reprise à 16 h 25)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement
déposé par le ministre à l'article 115? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
On avait potentiellement un sous-amendement, mais je pense qu'on pourra en
disposer de manière verbale. Ça concerne la section b, plus précisément le 3.2°.
Alors, quand vous écrivez : «Déterminer, aux fins du paragraphe 3.1°
de l'article 189, les services de réadaptation physique auxquels a droit
un travailleur victime d'une lésion
professionnelle», le mot clé ici... C'est que, dans l'article original de la
loi, vous avez fait des remaniements par rapport à la réadaptation
physique, là. On a supprimé, si je me souviens bien, 148, 149 et 150 de la loi,
qui donnaient des droits assez pointus, là.
Je vous donne un
exemple. Là, 148 disait : «La réadaptation physique a pour but d'éliminer
ou d'atténuer l'incapacité physique du travailleur et de lui permettre de
développer sa capacité résiduelle afin de pallier les limitations fonctionnelles qui résultent de la lésion professionnelle.»
On les rebrassait, ces trois articles-là, 148, 149, 150, dans une autre
section. On avait eu une discussion à l'époque, à savoir, est-ce que ce que
créaient, comme droits, 148, 149 et 150
vont être repris dans votre nouveau libellé? Puis, dans le nouveau libellé, il
y avait un «notamment» qui laissait
entendre, donc, une posture d'ouverture. Nous, on avait peut-être l'intention
d'essayer d'ouvrir encore davantage,
à 3.2°, avec un «notamment».
Je vous lis ce qu'on
avait en tête, puis dites-moi si vous pensez que ça a du sens, si on est dans
l'espèce de logique d'ouverture que vous aviez mentionnée il y a quelques mois
déjà. Alors, je vous lis ce qu'on avait en tête : «Déterminer, aux fins du
paragraphe 3.1° de l'article 189, les services de réadaptation physique
auxquels a droit un travailleur victime d'une lésion professionnelle, lesquels
doivent notamment inclure des traitements, des soins à domicile et d'autres soins et traitements pouvant être prescrits par le
professionnel de la santé qui a charge afin d'éliminer ou d'atténuer une
incapacité physique, de développer la capacité résiduelle du travailleur et de
palier aux limitations qui résultent de la lésion.»
M. Boulet :
Je ne suis pas sûr que je comprends bien, là, 3.2°, déterminer, aux fins de
3.1° de 189, les services de réadaptation physique auxquels a droit un
travailleur victime d'une lésion professionnelle. Est-ce que l'objectif, c'est
d'élargir ce qui a été convenu et adopté lors de l'étude détaillée? C'est juste
ça que je veux comprendre. Si c'est une
reproduction dans son intégralité de ce que nous avions adopté,
ce n'est pas problématique, là, pour moi, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Député
d'Hochelaga-Maisonneuve?
Des voix : ...
M. Boulet : Mais peut-être juste
donner une précision, là, j'ai remis la main, là, sur 189, 3.1°. Quand on
dit : «services de réadaptation physique, qui peuvent notamment comprendre
des traitements de physiothérapie ou d'ergothérapie et des soins à domicile»,
oui, l'habilitation réglementaire tient compte, effectivement, de ce
libellé-là. On dit : Aux fins du paragraphe 3.1° de 189. Donc, ce n'est
pas seulement l'intention. C'est clairement exprimé et ça comprend le
«notamment» des traitements de physio, ergo, soins à domicile. Absolument, je
pense que je comprends mieux votre interrogation, et la réponse, c'est oui.
M. Leduc : Donc, nous, ce qu'on
avait en tête d'écrire, c'était aussi... d'autres soins et traitements
pouvaient être prescrits par un professionnel de la santé.
M. Boulet : Mais ce n'est pas
nécessaire. Puis je vous le confirme, là, c'est : aux fins du paragraphe
3.1° de 189, et, à 189, c'est écrit clairement.
• (16 h 30) •
M. Leduc : Donc, le «notamment» est
vraiment ouvert et non...
M. Boulet : Tout à fait.
M. Leduc : ...notamment, mais non
exclusivement.
M. Boulet : Exact.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Donc, y a-t-il d'autres interventions à l'amendement déposé par le ministre?
S'il n'y a pas d'autre intervention... Oui, député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Alors, merci, Mme
la Présidente. C'est quand même un amendement important, qu'on travaille depuis
le début de la journée. C'est un amendement aussi qui prévoit un large pouvoir réglementaire,
l'habilitation réglementaire. Puis je me souviens qu'avant la suspension des
travaux, avant l'été, je m'étais questionné, moi, sur le bon lien, là, réglementaire,
le pouvoir habilitant. Parce que, quand on confie un pouvoir à une organisation
comme ça, c'est important qu'il y ait une... je dirais, que ça rebondisse dans
la loi, dans le texte de la loi. Le ministre fait souvent référence à ça et en
disant que c'est bien important que le pouvoir soit balisé. Alors, je suis d'accord
avec ça, bien entendu.
J'ai bien écouté aussi les échanges avec, notamment,
le député d'Hochelaga-Maisonneuve, faisant en sorte de bien baliser pour ne
pas, par le pouvoir réglementaire, venir accorder, au fond, indirectement, des
pouvoirs exorbitants, par exemple, ou qui permettraient à la CNESST d'agir
autrement que ce qu'on balise par ailleurs dans la loi. Alors, je comprends ça très,
très bien.
Mais là on est dans le formel, on est dans le
juridique, on est dans le légalisme à outrance, je dirais, mais c'est important
de le faire, ce n'est pas un reproche, mais il reste que, sur la façon de
fonctionner à l'intérieur de la CNESST, il y a eu quand même déjà beaucoup de
critiques sur la capacité de la CNESST à livrer la marchandise. C'est bien beau
de donner un pouvoir réglementaire à une organisation, c'est de ça qu'on
discute depuis le début de nos travaux ce matin, c'est bien beau de vouloir
moderniser le régime, c'est bien beau de vouloir avoir une habilitation réglementaire
sur le plan juridique qui est solide, qui est assise dans la loi, mais il reste
que son exercice de ce pouvoir réglementaire est soumis, à la CNESST, à une
certaine lourdeur, à une certaine bureaucratie peut-être. D'autres diront même,
entre autres, du côté de certains représentants syndicaux, que la façon de
fonctionner de la CNESST fait en sorte qu'on n'est pas capable d'aboutir sur un
certain nombre de reconnaissances, par exemple, de lésions ou de maladies
professionnelles, que ce soit sur l'amiante, que ce soit sur la surdité, on en
a parlé, etc.
Alors, moi, j'aimerais ça élever un petit peu
plus, puis je ne dis pas ça de façon condescendante, loin de là, j'allais dire
élever le débat, ce n'est pas ça, parce que tout ce qu'on fait est important,
mais de peut-être lever un petit peu l'hélico pour dire : Bien, au-delà de
l'aspect un petit peu plus technique qu'on discute depuis ce matin, quelle
garantie qu'on a que la CNESST sera davantage efficace, en action? Comment on
serait capable, même, parce que moi, je
tends la main, j'ouvre la porte, peut-être, de le faire apparaître, à quelque part, dans un
amendement si possible... ou peut-être le ministre aura une réponse
là-dessus.
Parce que moi, j'ai relu des segments du rapport
du Commissaire du développement durable, de mai 2019, à la page 11, paragraphes 18, 19, sur la
modernisation du régime. Puis je fais juste lire quelques extraits au ministre
puis aux collègues. Au paragraphe 18°, on dit : «Des
modifications périodiques aux lois et aux règlements en matière de santé et de sécurité du travail sont nécessaires,
notamment pour tenir compte de l'évolution du marché du travail et des
progrès dans les connaissances sur les risques et leurs conséquences
potentielles chez les travailleurs. La CNESST peut faire les recommandations
qu'elle juge nécessaires au ministre si des enjeux ou des situations nuisent à
son fonctionnement ou à l'efficacité du régime.»
Et là j'insiste, Mme la Présidente, écoutez
bien : «Elle est également titulaire du pouvoir lui permettant de faire
des règlements afférents à la Loi sur la santé et sécurité au travail et à la
Loi sur les accidents de travail et les maladies
professionnelles, certains devant être soumis au gouvernement pour approbation.
Elle est d'ailleurs l'intervenante privilégiée pour prendre position en
raison de son expertise, de son expérience et de ses connaissances.»
Et
là le Commissaire au développement durable fonctionne comme fonctionne
l'ensemble du VG. Il y a comme un extrait en gris, là, et c'est bien
important, c'est le paragraphe 19 : «La CNESST ne joue toujours pas
pleinement son rôle d'agent de changement quant à la modernisation du régime en
ce qui concerne la prévention en santé et en sécurité au travail. Ainsi, le
Québec accuse des retards importants par rapport à d'autres administrations, et
des iniquités persistent entre les travailleurs en matière de prévention.»
Donc, le Commissaire au développement durable a
été assez clair. Puis je pourrais continuer également à la page 12. J'essaie de retrouver mon bon
extrait. Ah! écoutez, paragraphe 21, à la page 12 de ce rapport du
Commissaire au développement durable de 2019 : «Bien que certains
travaux soient réalisés selon les échéanciers prévus et que la CNESST ait
effectivement adopté certains règlements, d'autres travaux sont reportés,
parfois plusieurs années de suite, et
certains enjeux importants relevés depuis longtemps ne sont toujours pas
inscrits à sa planification de travaux réglementaires.»
Alors, on est en plein dedans, Mme la
Présidente. On est en plein dans la question de l'exercice du pouvoir réglementaire.
Puis là le rapport du Commissaire au développement durable et du Vérificateur
général, pour l'année 2019‑2020, donne des exemples, que je ne veux pas
donner en détail, parce que vous allez le retrouver, de toute façon, dans ce
rapport, page 12, pour le bruit, les seuils d'exposition maximaux aux
contaminants, etc.
Donc, Mme la Présidente, moi, ma question, c'est
bien le fun, là, puis j'aime ça, moi, j'ai une formation de juriste, là, de se
pencher longuement sur le pouvoir habilitant sur le plan réglementaire pour une
institution de l'État comme la CNESST, mais quel mécanisme, quelle garantie on
peut aller chercher, par ce pouvoir habilitant, que la CNESST va être plus
efficace? Moi, je ne veux pas faire de législation ici, des nombreuses heures
comme on en passe, pour finalement qu'on
revienne au statu quo en termes d'inefficacité, tel qui est relevé par le
rapport du Vérificateur général.
Je sais que le ministre est sensible aux recommandations du Vérificateur
général. Et, si on peut trouver des façons
de faire, à l'intérieur de l'amendement, ou c'est au ministre de nous le dire s'il pense
qu'il l'a déjà, pour s'assurer d'améliorer cette efficacité, je suis
prêt à l'entendre.
D'ailleurs, puis je termine là-dessus, avant de
laisser le temps au ministre de me réponse... de me répondre,
pardon, paragraphe 24, toujours de ce rapport du VG,
page 13 : «Dans les faits, près de 40 ans après l'adoption de la
loi, le déploiement ne s'est jamais matérialisé dans les règlements comme
prévu : il s'est arrêté à certains groupes.»
Alors, vous voyez, c'est bien beau de donner un
pouvoir habilitant sur le plan réglementaire à la CNESST, mais encore faut-il
que cette organisation soit capable de bien l'utiliser dans le seul et unique
souci de la santé et sécurité au travail pour les travailleurs et les
travailleuses du Québec.
La Présidente (Mme IsaBelle) : M. le
ministre, je pense que le député de Nelligan voudrait juste ajouter un peu sur
ce qu'il a dit, le député de Jonquière. Acceptez-vous qu'il parle avant votre
réponse?
M. Boulet : Absolument.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, merci.
M.
Derraji : En fait, j'avais presque les mêmes préoccupations et je
remercie le collègue député de Jonquière de soulever ce point. Effectivement,
c'était un des points discutés avant
l'arrêt des travaux de la commission.
Et j'ai deux points, et, je pense, ça
s'insère parfaitement dans ce que le collègue vient de ramener, et je
les résume en deux questions,
et je pense que c'est le moment parfait pour pouvoir en parler. La première...
et c'est pour faire gagner aussi le temps à la commission pour que le
ministre puisse nous répondre.
• (16 h 40) •
La première question qui me vient à l'esprit,
c'est le pouvoir réglementaire existant déjà au niveau de la CNESST, si on peut
avoir une idée très claire si le pouvoir réglementaire existant est utilisé ou
non par la CNESST. Donc, c'est possible que
plusieurs sujets soient traités, en politique, et sinon, pourquoi. Parce que,
quand on voit l'état actuel... Et prenons le constat qui a été fait par
rapport à l'atteinte auditive. Et, à un certain moment, il y a beaucoup de drapeaux rouges soulevés, et dire : Bon,
il faut revoir, il faut prendre un moment d'arrêt, il faut dire... il faut
savoir le pourquoi. Donc, si ça fait
40 ans que la loi existe, la CNESST a continué à travailler, avait un
pouvoir réglementaire, avait la possibilité d'agir, pourquoi ça n'a pas
été fait?
Deuxième question, très rapide aussi, si les
nouveaux pouvoirs réglementaires seront donnés à la CNESST, si elle peut soit
traiter cette responsabilité, parce qu'ils ne se réglementent pas beaucoup
maintenant, peut-être qu'elle ne le fera
pas, le... avec le recul, on peut le constater. La question qui se pose :
Qui va rédiger ces règlements? Le ministre est un fervent défenseur du
paritarisme. Est-ce que les règlements, de facto, devront être vus,
rédigés, amendés par le CCTM? Qu'est-ce qu'on fait avec les avis du CCTM? Et
jusqu'à quel point le CCTM a un poids d'un point de vue réglementaire? Ou bien
est-ce que la CNESST a tout le pouvoir sans passer par le CCTM? Ou bien est-ce
que la CNESST va travailler avec des cabinets d'avocats pour rédiger ces
règlements?
Donc, il y a plusieurs questions soulevées par
rapport au pouvoir réglementaire que la CNESST a déjà, mais je pense que c'est
le moment d'ouvrir le débat de fond par rapport à ce pouvoir, et comment le
législateur entrevoit, pas le contrôle, mais
une façon de travailler, que la CNESST va respecter le droit des travailleurs,
va respecter aussi les notions de base du paritarisme que nous avons
choisi en tant que société, mais aussi assurer un bon fonctionnement à la
CNESST. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. J'aimerais ça qu'on précise qu'est-ce que la CCTM, s'il vous plaît.
M.
Derraji : La CNESST...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Non.
M. Boulet :
Non, c'est Comité consultatif travail et main-d'oeuvre.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait, merci. Alors, M. le ministre, à vous la réponse.
M. Boulet :
Les acronymes.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oui, voilà, il faut faire attention.
M. Boulet :
Bien, d'abord, je reviens au commentaire du collègue de Jonquière. L'objectif
d'efficacité qu'il exprime par son propos, moi, je le partage totalement puis
je ne pense pas qu'on puisse identifier la CNESST comme étant un organisme qui
est moins performant. Je pense que partout où on exerce un pouvoir
réglementaire, il y a cette dynamique-là, puis mon collègue de Jonquière le
sait mieux que moi, puis on a peur que les pouvoirs réglementaires aillent
au-delà de l'habilitation réglementaire. On craint que le pouvoir réglementaire
soit exercé de façon à dévier du contenu de la loi.
Ça fait que moi, là,
que mes collègues de Jonquière et Nelligan soulèvent ça, je trouve ça
extrêmement bénéfique, parce que ça nous permet aussi d'envoyer un message à la
CNESST. Puis on a fait beaucoup de débats, lors de l'étude des crédits, là,
d'ailleurs, la P.D.G. de la CNESST, Mme Oudar, était présente avec nous.
Mais je rappellerai, puis le collègue de Nelligan était là, on a revu
complètement les règles de gouvernance, collègue de Jonquière. Il y a
30 articles, au début du p.l. n° 59... on a
divisé le poste de P.D.G., celui de président du conseil d'administration, on a
créé des comités des ressources humaines, d'éthique et de vérification.
Il y a des
initiatives aussi qui ont été amorcées pour améliorer les processus d'adoption
de règlement. En plus, évidemment, il faut suivre le processus gouvernemental
d'adoption des règlements puis, vous le savez, il y a des publications à la Gazette
officielle, il y a des consultations pendant 45 jours, puis on ajuste
ces règlements-là pour s'assurer que ça respecte les besoins du milieu qui nous
concerne ici, c'est-à-dire tant les patrons que les travailleurs et les
syndicats. Il y a des comités-conseils. Il y a des ententes avec les autres
ministères pour s'assurer qu'on améliore constamment nos processus d'adoption
réglementaire. Il y a notre comité scientifique qui va nous permettre de bonifier la façon dont on modifie le
Règlement sur les maladies professionnelles. Il y a une planification
triennale, là. Je ne veux pas embarquer dans toutes les initiatives qui sont
mises en place pour accroître l'efficacité.
Puis je ne veux pas
être le défenseur de la CNESST, parce que, durant la pandémie, la CNESST, on en
a parlé constamment dans les médias, au salon bleu... et moi, je veux lever mon
chapeau quand même à ce qui a été fait à la CNESST. Ce n'était pas parfait,
c'était perfectible, mais on a réussi, à la CNESST, en collaboration avec les
associations patronales, les syndicats, des associations sectorielles, la Santé
publique puis l'INSPQ, à faire des guides de normes sanitaires dans
26 secteurs d'activité économique différents. Puis ça, c'était au-delà de
la charge et de la responsabilité réglementaire habituelles de la CNESST. Et je
pense que la majorité des commentateurs et des analystes reconnaissent qu'il y
a eu un travail exceptionnel.
Et je rappellerai à
mes collègues, incluant celui d'Hochelaga-Maisonneuve, que, quand j'ai des
discussions avec nos homologues des autres provinces, ils louent la façon dont
on fait la santé-sécurité de façon collaborative puis dans le respect du
véritable paritarisme qui existe au C.A. Puis je le dis, là, le C.A., là,
mais... puis là je ne serais pas capable de tous les nommer un après l'autre,
là, mais c'est toutes des personnes extrêmement compétentes. Puis le C.A., je vous rappellerai qu'il peut
s'adjoindre des spécialistes, là. Ils font affaire avec des comités, ils
s'adjoignent des experts. Est-ce qu'ils peuvent faire affaire? Oui, le Conseil du patronat fait affaire avec des bureaux d'avocats. Oui, la FTQ fait affaire avec des bureaux
d'avocats, puis je les connais, les bureaux d'avocats. Puis, oui, ils vont
chercher la meilleure expertise au Québec pour se faire conseiller sur
la façon d'adopter non seulement les règlements, mais pour identifier les
paramètres du contenu des règlements.
Donc, moi, j'ai
confiance. Ceci dit, c'est perfectible. Puis moi, j'ai toujours ma porte
ouverte pour le collègue de Jonquière, d'Hochelaga-Maisonneuve puis de
Nelligan, parce que ça va au-delà de l'étude des crédits. Il y a des documents
qui peuvent être fournis. Il y a des informations qu'on peut donner. Puis le
collègue de Jonquière, qui a plus d'expérience que nous, les collègues,
m'incluant là-dedans, moi, je veux... puis je suis content que vous soyez à notre commission parlementaire parce
que... n'hésitez pas à partager vos conseils. Puis moi, ce que vous soulevez,
là, du Commissaire au développement durable
puis par rapport au Vérificateur général, je m'associe à ça. Puis j'espère
que, quand on aura fini puis quand j'aurai
fini mon mandat, on se sera amélioré plus qu'un tantinet, mais
considérablement.
Le
Comité consultatif travail et de la main-d'oeuvre, c'est un comité qui est
consultatif, qui n'a pas d'emprise sur le C.A. de la CNESST. Et le C.A. de la
CNESST, comme le comité consultatif,
il y a des leaders syndicaux puis des leaders patronaux, puis c'est
aussi le paritarisme. Moi, ils me font des avis, ils me font des recommandations.
Comme pour la réforme du p.l. n° 59, il y a beaucoup
des recommandations du Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
mais ce n'est pas eux qui mènent le C.A. de la CNESST. Il y a des personnalités
fortes, compétentes et solides, il y en a
qui peuvent se retrouver aux deux, mais il n'y a aucune hiérarchie entre les
deux, puis il n'y a surtout pas d'emprise du Comité consultatif travail
et main-d'oeuvre sur le C.A. de la CNESST. Donc, je me limiterais à ces
commentaires-là pour l'instant.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention... Oui, député
de Jonquière.
• (16 h 50) •
M.
Gaudreault : Bien, je remercie le ministre de sa réponse. Je
comprends, je partage, j'accepte, évidemment, sa volonté puis son désir
d'améliorer les choses et puis de faire en sorte que la CNESST fonctionne de
mieux en mieux, mais ce que je veux dire, c'est qu'on n'a pas, par le travail
qu'on est en train de faire à travers la commission parlementaire puis les
amendements, on n'a pas la garantie que ça va atterrir formellement, je dirais,
dans le pouvoir réglementaire ou dans le pouvoir habilitant. Ça demeure, quand
même, des voeux politiques.
Alors, moi, en tout cas, je veux signaler que ce
rapport de la VG de 2019 est très important. Et tout à l'heure, à micro fermé,
d'ailleurs, on échangeait avec les collègues de Labelle et de Jean-Talon sur
les bienfaits de la Commission de l'administration publique, qui fait les
suivis des rapports de la VG. Alors, il faudra qu'on utilise, justement, la
Commission de l'administration publique pour faire le suivi de ce rapport du
VG, mais avec une mention spéciale pour voir en quoi la future loi qu'on est en
train d'étudier peut servir à améliorer ou à répondre aux préoccupations de la
VG. Vous comprenez ce que je veux dire? Autrement dit, essayer de faire un
genre de... comme on joue au billard, là, tu sais, un «cross coin», ou je ne
sais pas quoi, là, taper sur une balle pour faire avancer l'autre balle. Donc, taper sur la balle du VG par la CAP
pour être capable de faire un coup avec la CNESST pour l'améliorer en tenant
compte — là, il y
a comme une troisième balle — de
la modification importante puis de la réforme importante de la loi qu'on
est en train de faire via le projet de loi n° 59, pour s'assurer que
l'efficacité de la CNESST, toujours dans le souci de la santé et sécurité du
travail, se fasse.
Donc, moi, je pense qu'il va falloir
questionner, à travers la CAP, la Vérificatrice générale puis l'administration
de la CNESST pour que ce rapport de la VG ait un suivi à la lumière des
modifications qu'on est en train d'apporter.
Alors, je demeure inquiet, je demeure préoccupé, je demeure soucieux parce que,
pour moi, les modifications sur le
pouvoir habilitant ne sont pas gage d'une plus grande efficacité en termes de
pouvoir réglementaire. Je ne
sais pas comment le dire autrement, là.
M. Boulet : Non, mais, si vous me
permettez, l'inquiétude est la mère de la vigilance, puis je pense que, comme
parlementaires, il va falloir être constamment vigilants. Et le rapport du VG,
de la Vérificatrice générale, vous rappelez
que plusieurs des initiatives... Les initiatives qui sont proposées par la Vérificatrice générale, on les met en action, et, depuis
janvier 2020, il y a quand même 12 règlements
qui ont été adoptés, issus du C.A. de la CNESST.
Et c'est intéressant, parce que je vais vous
rappeler un passage du rapport de la Vérificatrice générale, puis je ne me
souviens pas de la page, mais qui dit : Ça va être important que les
mécanismes de prévention, collègue de Jonquière, s'appliquent à tous les
secteurs d'activité économique, et c'est au coeur de notre projet de loi
n° 59. On sait que, depuis 40 ans, il y a des mécanismes de
prévention et de participation des travailleurs qui ne s'appliquent qu'à deux
secteurs d'activité économique, où c'étaient des secteurs physiques, à
prépondérance masculine, qui ne tenaient pas compte de l'évolution des risques
psychosociaux. Tous les risques émergents sont considérés dans notre projet de
loi n° 59, ça fait que...
Mais, oui, ça ne veut pas dire que je ne suis
pas inquiet, puis je pense qu'en matière d'efficacité on pourra toujours faire
mieux, puis ça, je pense qu'on va continuer de travailler en équipe pour
s'assurer que cet objectif-là soit atteint.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement déposé par le ministre à l'article 115? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que...
Mon Dieu, je ne me rappelle même plus qu'est-ce qui doit être demandé.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Comment? Ah! est-ce que l'amendement est
adopté? Ah oui! parce qu'on procède maintenant comme ça. Est-ce que
l'amendement est adopté? Je m'excuse. Franchement, je ne m'en rappelais plus,
comment on fonctionnait.
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, c'est adopté. Oui?
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Bien,
il semble que, si ça n'a pas été demandé... Voulez-vous le vote nominal? C'est
parce qu'on ne procède plus comme avant, là, c'est ça, là. N'oubliez pas, là,
qu'on a été pendant presque un an et demi à procéder où on passait par le vote
nominal, mais une personne votait par parti.
M. Leduc : Oui, mais vous nommiez
nos noms quand même.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Mais
ça, c'est le vote nominal. Est-ce que vous voulez le vote nominal? Si ce n'est
pas demandé, on y va juste simplement, là. On revient en 2019, quasiment, là.
Une voix :
Avant la pandémie.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Avant
la pandémie. Merci de m'aider. J'avoue, j'étais mêlée moi-même, là, je ne m'en
rappelais plus. Alors, on y va. Est-ce que vous voulez le vote nominal ou on y
va tout simplement...
M. Leduc : Nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, allons-y.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger : Pour.
La Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
La Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Pour.
La Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Contre.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Contre.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'amendement à
l'article 115 est adopté. Nous procédons maintenant à
l'article 115 tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas...
Oui.
M. Leduc : ...rédaction, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Une
légère suspension. Parfait.
(Suspension de la séance à 16 h 56)
(Reprise à 17 h 21)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous recommençons. Nous avons reçu un amendement de la part du député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Je vous invite à le lire et à l'expliquer, s'il y a lieu.
M. Leduc : Finalement, on ne le
déposera pas. On va avoir une discussion avec le ministre puis on verra s'il y a lieu de le déposer, mais ce que je comprends,
c'est que ça ne sera peut-être pas nécessaire. Donc, mise en contexte, à quelques endroits du projet de loi, là, puis même plus
précisément à 152 et 167, on a adopté des modifications. Ça, c'est des
articles, donc, de la LATMP.
À 157... il ne faut
pas que je me trompe, ou plutôt 152, oui, c'est ça, programme de réadaptation
sociale peut comprendre, notamment, je vous lis ce qu'était l'original, il y
avait cinq alinéas :
«1° des services
professionnels [en] intervention psychosociale;
«2° la mise en oeuvre
de moyens pour procurer au travailleur un domicile, un véhicule [...] adaptés à
sa capacité résiduelle;
«3° le paiement de
frais d'aide personnelle à domicile;
«4° le remboursement
de frais de garde d'enfants;
«5° le remboursement
du coût des travaux d'entretien courant du domicile».
Et
là, donc, par exemple, ce qu'on avait rajouté, c'est un 6°, ça, c'est déjà adopté, c'est déjà, donc, dans
ce qui a été discuté dans le projet de loi :
«6° d'autres mesures
de réadaptation, dans les cas et aux conditions prévues par règlement.»
Il y avait la même
logique pour 167. Je ne relirai pas les neuf alinéas déjà existants dans la
loi, dans la LATMP. Là, on parle plutôt de réadaptation professionnelle. Donc,
il y avait neuf choses qui étaient clairement prévues. On ne les a pas
modifiées, elles sont toujours là, mais on a rajouté un 10e qui dit :
«D'autres mesures de réadaptation dans les cas et aux conditions prévus par
règlement.»
Là, à 3.0.2° dans le
texte qui est en question, là, à 115, c'était écrit : «Déterminer, aux
fins du chapitre IV, les cas et les conditions auxquels les mesures de
réadaptation peuvent être accordées», et nous avons la crainte que ce qui était
très limité comme cas et conditions prévus par règlement, donc le pouvoir
réglementaire, c'était limité seulement aux nouveaux articles... donc, le...
aux nouveaux alinéas, pardon, le 6° de 152 et le 10° de 167. J'avais la crainte que 3.0.2°, ici présent, n'ouvre la
porte... n'ouvre l'habilitation réglementaire à l'ensemble des alinéas déjà
présents, que nous n'allions pas modifier et qu'à notre sens ne devaient
pas faire l'objet de modifications réglementaires. Et, vous l'avez compris,
depuis le début de cette discussion, que nous, on craint des limitations
réglementaires plus que des ouvertures réglementaires.
Alors, on avait
préparé un amendement assez complexe en référence à toutes sortes d'articles,
mais ce que je comprends, c'est que peut-être qu'on n'a pas besoin de le
déposer, parce que, vous me corrigerez si j'ai mal compris, M. le ministre,
mais 3.0.2° ne vient pas rouvrir la porte grande, là, à toute modification
réglementaire, à l'ensemble de 1° à 5° de
152 et de 1° à 9° de 167, mais bien uniquement à ce qui n'était pas déjà prévu.
C'est un peu ce qu'on peut peut-être
appeler des pouvoirs résiduaires... résiduels plutôt, donc le sixième alinéa de
152 qu'on a voté et le 10e de 167. Est-ce que c'est bien ça?
M. Boulet :
Oui, ça se limite simplement... puis ça, c'est une technique de rédaction
législative seulement, tu sais, quand tu
prends un article, puis tu vas aux alinéas puis aux paragraphes,
uniquement le pouvoir réglementaire à ce qui
est précisément indiqué là, donc ça exclut les alinéas ainsi que les paragraphes
où on ne fait pas référence à un règlement. Donc, l'habilitation réglementaire ne
pourrait pas être utilisée de manière à l'élargir à tout ce qui ne fait pas
l'objet et qui n'a pas à faire l'objet d'un règlement.
M.
Leduc : Ça fait que, par exemple, ce que je disais tantôt, à 152, là, les services
professionnels d'intervention
psychosociale, les remboursements de frais de garde, les remboursements de coût
de travaux d'entretien, ça, ça ne sera pas l'objet du pouvoir réglementaire.
M. Boulet :
Absolument pas. Non, tout à fait.
M.
Leduc : C'est dans la loi, c'est cadenassé en quelque sorte. Et on ne
viendra pas, d'une manière détournée, commencer à...
M. Boulet :
Absolument pas. Puis ça, c'est la rédaction législative qui impose que... mais
vous avez raison, puis c'est important que je le précise.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Donc, y a-t-il d'autres interventions sur l'article
115 tel qu'amendé? Alors, s'il n'y a... Oui.
M. Leduc :
...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Non, il n'y a pas d'autre... Est-ce que je comprends,
député d'Hochelaga-Maisonneuve...
M. Leduc :
Une suspension, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Une légère suspension? Alors, nous allons suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à
17 h 26)
(Reprise à 17 h 36)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, y a-t-il d'autres interventions sur l'article 115 tel qu'amendé? Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Comme vous l'avez constaté, toute
cette idée d'habilitation réglementaire nous cause beaucoup d'insécurité. Alors, une des dernières qu'on veut
mettre sur la table pour discuter, c'est celle concernant les prothèses
et orthèses. Donc, on avait préparé un amendement, mais peut-être qu'une
discussion pourra éviter de le déposer.
À 198.1, si je ne me
trompe pas, qu'on a discuté précédemment, il y a cette habilitation
réglementaire. On dit : «[Un] travailleur victime d'une lésion professionnelle
a droit à l'équipement adapté et aux autres frais que requiert son état en
raison de cette lésion, dans les cas et [...] conditions prévus par règlement.»
Et c'est ce bout-là qui nous amène aujourd'hui avec ce passage, là, de 115 qui,
donc, vise à confirmer cette habilitation réglementaire. On comprend que c'est
un gros terrain de jeu, les orthèses, les prothèses, l'équipement adapté.
Est-ce que, dans la
lecture du ministre, la CNESST, qui arriverait avec une proposition de
règlement qui contiendrait des exclusions de certaines prothèses ou orthèses,
est-ce que ça serait recevable?
M. Boulet :
Bien, dans un premier temps, il faut mentionner que la notion d'équipement
adapté est définie à l'article 2. Et elle est écrite de façon très large,
de façon à inclure, bien sûr, les prothèses et orthèses.
Ce que 198.1 dit,
c'est : «a droit à l'équipement et aux autres frais que requiert son
état». Puis d'ailleurs c'est comme ça que c'est écrit, là, c'est toujours «que
requiert son état», mais il n'y a pas d'exclusion. Si son état requiert une
prothèse, ou une orthèse, ou un équipement suppléant à une déficience physique,
une aide visuelle, une aide auditive ou une
aide à la communication, c'est large. L'important, c'est qu'il y ait un lien
entre la prothèse, et l'orthèse, et l'état de santé.
Outre ça, non, il n'y
a pas de limitation. Il n'y a pas un règlement qui va dire : Cette
orthèse-là est exclue. L'orthèse, si elle n'a pas un lien de pertinence avec
l'état de santé, il n'y a pas de limitation. Ça fait que je pense que ça répond
à votre question. Je pense que c'est important de le mentionner.
M.
Leduc : C'est-à-dire qu'un règlement, on assume... en tout cas, ce
serait cavalier de le faire, mais on assume qu'il n'y aurait pas une exclusion
nommée, tu sais, nommément précisée, là. Puis c'est comme ça qu'on fonctionne avec les... en tout cas,
d'habitude, avec les règlements. Puis ce qui est notre crainte, c'est qu'on
pourrait avoir une proposition de règlement qui ferait une grande liste, mais
qui omettrait volontairement certains appareils. Puis là je vous donne un
exemple, on pourrait avoir toutes les...
Parce
qu'on détermine un grand terrain de jeu, là. Tu sais, les équipements adaptés,
il y aura un règlement là-dessus. D'accord, mais, après ça, que
contiendra ce règlement? Si le règlement décide, pour une bonne ou une mauvaise
raison, de ne pas faire référence aux
appareils auditifs, par exemple, ça voudrait dire que, dans les faits, les
appareils auditifs seraient exclus. Pour vous, ça vous semble
complètement invraisemblable?
• (17 h 40) •
M. Boulet :
Invraisemblable puis déconnecté de la définition d'équipement adapté et
déconnecté de ce que prévoit 198.1. Pour
moi, c'est très clair, il n'y a pas d'ambiguïté. Le règlement, 198.1,
équipement adapté que requiert son état, la notion d'équipement adapté,
on l'a déjà adoptée, adaptée. On a adopté la définition d'équipement adapté, puis c'est tous les appareils, tous les autres
équipements qui visent à suppléer à une déficience physique : aide
visuelle, aide auditive, aide à la communication. Ça fait qu'un
règlement qui viserait à déshabiller cette définition-là serait, à mon avis,
contestée, contestable, et avec succès.
M. Leduc :
O.K. Sur quelle base, contestée, contestable? Sur le fait qu'elle ne répéterait
pas la définition?
M. Boulet :
Bien, on ne peut, dans un règlement, faire abstraction d'une définition qui est
large. L'important, c'est que ce soit un équipement adapté, pris dans son sens
le plus large possible... bien, conformément à la définition que requiert
l'état de santé du travailleur. Pour moi, c'est clair.
M. Leduc :
Ça fait qu'ai-je raison d'assumer que l'éventuel règlement concernant les
équipements adaptés, qui atterrira sur votre bureau Dieu sait quand exactement,
je ne sais pas dans quel ordre de priorité ce règlement-là se retrouve avec les
150 000 autres règlements que nous... que la CNESST devra adopter,
mais, quand elle se retrouvera sur votre
bureau, cette proposition-là, de règlement sur l'équipement adapté, elle
contiendra l'ensemble, l'entièreté des prothèses et orthèses qui
existent en ce moment.
M. Boulet :
Il n'y aura certainement pas de limitations quant à la nature d'un équipement
adapté pris dans son sens large qui n'est
pas en relation avec l'état de santé d'un travailleur. On ne peut pas
dire : Ce type de prothèse là, il est exclu.
M.
Leduc : O.K.
Mais, si je le reprends de l'autre sens, est-ce qu'on peut s'attendre à ce que
pas mal l'ensemble des prothèses et orthèses vont être dans votre
proposition de règlement?
M. Boulet : Excusez-moi?
M. Leduc : Je
le prends de l'autre sens que vous venez de me dire. Est-ce qu'on peut
s'attendre, donc, que l'ensemble des prothèses et orthèses... au sens des
définitions, que ça soit celle-là ou que ça soit celle de la loi sur les
laboratoires médicaux. Donc, est-ce qu'on peut s'attendre que l'ensemble des
prothèses et orthèses vont être dans le règlement?
M.
Boulet : Totalement, il n'y
aura pas de limitation. Ce qui est important, encore une fois, c'est l'état de
santé. Si ça requiert... indépendamment de la nature de l'équipement adapté, il
ne faut pas que le règlement en fasse abstraction.
M. Leduc : Parfait.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est beau? Alors, y a-t-il d'autres interventions sur l'article 115 tel
qu'amendé? Alors, s'il n'y a pas d'autre... Oui?
M. Gaudreault : Oui. Mme la
Présidente, là, j'essaie de retrouver mon document pendant que je vous parle. Les centrales syndicales, notamment
la FTQ, avaient été quand même assez sévères concernant ces articles sur le
pouvoir réglementaire. Puis là je suis dans le mémoire de la FTQ, à
la page... attendez un peu, je pense, c'est la page 17, et moi, j'essaie de voir... Oui, c'est ça, c'est à la
page 17... 18, en fait. Les recommandations de la FTQ, c'était carrément
que les modifications prévues aux articles 28, 30, 31, 33, 50, 51, 52, 54
et 57 du projet de loi et les concordances qui s'y rattachent soient retirées. Et recommandation n° 10,
toujours, la FTQ demande que la LATMP soit maintenue telle qu'elle
existe actuellement pour tous les aspects de la réadaptation.
Tantôt, je refaisais le tour des articles qu'on
a adoptés dans le tableau des habilitations réglementaires qui nous a été
soumis par le ministre hier, bon, puis la plupart des articles, là, qui sont
souhaités par la FTQ, qu'ils soient retirés, bien, ils ont été adoptés
préalablement, que ce soit 28, que ce soit 30, 31, 33... en tout cas, la
plupart, là, ont été adoptés.
Et la FTQ nous disait aussi, dans son mémoire,
justement, par rapport à ça, qu'elle souhaitait laisser une certaine marge de
manoeuvre au TAT, et ils avaient peur que, justement, la CNESST, par l'exercice
de son pouvoir réglementaire, vienne retirer cette marge de manoeuvre,
permettant au TAT d'aller là où la CNESST ne va pas dans un certain nombre de
décisions.
Moi, je suis bien d'accord, là, dans un souci
d'efficacité, de faire un certain nombre de concordances par rapport aux
articles qui ont été adoptés. Il faut qu'on soit cohérents. Même si, au final,
on a voté contre... Par exemple, si moi, j'ai voté contre, l'article est
adopté, ça fait que j'ai une réalité bête et cruelle, là, il faut quand même
essayer d'adapter les choses en fonction de ce qui a été adopté.
Mais j'aimerais ça que le ministre réponde quand
même à cette préoccupation-là : Comment, avec ce que... Tu sais, dans le
fond, c'est ça, la question de fond qu'on a tous ici, là : Comment, en
vertu des adaptations ou des concordances qui sont nécessaires, c'est ce qu'on
est en train d'étudier à l'article 115, comment le ministre répond à cette
nécessité d'une certaine marge de manoeuvre, où finalement le TAT est venu,
avec le temps, corriger certaines défaillances
ou certains retards du côté de la CNESST, qu'on a parlé tout à l'heure, entre
autres, le député de Nelligan et moi, par rapport au rapport, oui, de la Vérificatrice générale? Tu sais, le TAT devient
comme une forme de soupape pour, par exemple, reconnaître un certain
nombre de mesures de réadaptation que la CNESST ne reconnaît pas.
Alors, c'est
là qu'est l'os, là, tu sais, parce que la... et c'est là, je pense, qu'on
exprime beaucoup d'inquiétude, le député d'Hochelaga-Maisonneuve, et le
député de Nelligan, et moi, concernant ce qu'on est en train de faire par la
concordance, la foutue concordance. Alors, c'est là, là, que je voudrais que le
ministre, peut-être, puisse nous donner des éléments, là, là-dessus.
M. Boulet : C'est certain qu'un
tribunal administratif, son mandat, c'est d'interpréter puis d'appliquer. Puis
même les tribunaux judiciaires sont confrontés à cette réalité-là, des articles
ou des alinéas, des paragraphes où il y a des imprécisions. Puis c'est sûr que
le tribunal administratif doit recourir à des règles d'interprétation. Puis il
y a des décisions aussi qui s'appuient sur la loi ou les règlements pour
dégager une certaine marge de manoeuvre, parce qu'on n'est pas dans un contexte
législatif et réglementaire où tout est défini de façon immensément précise.
Mais je pense que le Tribunal administratif du
travail tient compte de cette réalité-là. Et c'est important pour moi de le
mentionner, qu'on est dans un contexte d'une réforme qui vise à donner des
droits à des travailleurs, pas à enlever des droits à des travailleurs. Puis je
me plais, depuis le début de la commission parlementaire, à le préciser, qu'il
faut tenir compte de cette réalité-là. Il faut s'assurer d'identifier, d'éliminer
puis de contrôler, puis les risques pour la
santé, sécurité, intégrité physique, puis il y a aussi des obligations
précises, tant de l'employeur que du travailleur, pour assurer leur
santé, sécurité, intégrité physique.
Mais le Tribunal administratif du travail, pour
moi, il est un rempart, il est une protection pour les travailleurs. Parce que
ce qu'on vise ici, c'est d'améliorer la santé puis la sécurité. Puis c'est d'ailleurs
l'objet puis c'est la mission de la CNESST, de s'assurer de protéger nos travailleurs
et de diminuer, puis je termine là-dessus, la fréquence des accidents de
travail puis la gravité des accidents de travail. Puis c'est ce que la réforme
doit faire, et on va s'assurer, tout le monde ensemble, que ce soit une
réussite. Merci.
• (17 h 50) •
M. Gaudreault : Mais le Tribunal
administratif du travail va agir en fonction des règlements qui ont été
adoptés, en fonction de la loi habilitante. Alors, c'est pour ça qu'il faut
être extrêmement précautionneux dans le travail qu'on fait. Parce que, même
si... Moi, je suis d'accord avec le ministre, puis je parlais d'une soupape,
là, avec le Tribunal administratif du travail. Le
ministre parle d'un rempart, je suis prêt à adopter cette expression-là aussi,
mais ça revient au même, c'est un rempart ou une soupape, mais il reste que...
Moi, je veux bien,
là, quand le ministre nous dit : L'objectif, c'est de protéger, c'est
d'ajouter des droits et non pas d'en retirer. Est-ce qu'on est obligés d'aller
aussi loin sur la modification qui est apportée par l'article 115? Est-ce
qu'il y a une ligne à tirer, à quelque part? Est-ce que toutes ces
concordances-là sont nécessaires ou est-ce qu'on est en train d'en faire un peu
trop, là?
M. Boulet :
Bien, c'est des dispositions miroirs, hein? Puis, depuis le début de l'étude
détaillée, c'est sûr qu'on a adopté à peu près 128 articles, c'est sûr
qu'il y a eu beaucoup de discussions. On a amorcé l'étude détaillée au mois de
mars, ça fait que c'est un condensé de tout ce qui a été fait. Et c'est la
raison pour laquelle c'est un article, purement et simplement, de concordance.
Il reprend ce qui a été adopté depuis le début de l'étude détaillée. Puis moi,
j'ai confiance, puis moi, je suis tout à fait positif qu'il y a des orientations
réglementaires qui seront bénéfiques pour répondre aux objectifs de ce projet
de loi là.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions?
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention à l'article 115 tel
qu'amendé, nous allons procéder à la mise aux voix. Donc, est-ce que
l'article 115, tel qu'amendé, est adopté?
Une voix :
...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Pardon? Appel nominal? Vous voulez l'appel nominal, donc
allons-y.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme
Jeannotte : Pour.
La Secrétaire :
M. Bélanger (Orford)?
M. Bélanger :
Pour.
La Secrétaire :
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
La Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Pour.
La Secrétaire :
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Contre.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Contre.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'article 115, tel
qu'amendé, est adopté. Nous poursuivons, M. le ministre, avec
l'article 116.
M. Boulet : Oui, et 116, il y a un
amendement. Ça fait que je pense que j'ai le temps de lire l'article 116 et
l'amendement, et c'est de même nature.
Donc, cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 454, du suivant :
«454.1. La commission doit, par règlement :
«1° déterminer des maladies aux fins de
l'application de la présomption de maladie professionnelle prévue à l'article 29 ainsi que les conditions
particulières en lien avec ces maladies telles que la durée d'exposition à un
contaminant ou le genre de travail exercé et identifier parmi [...]
celles dont le délai de réclamation applicable est celui prévu à l'article
272.1, 272.2 ou 272.3;
«2° prévoir, aux fins de l'article 280.2,
les renseignements et documents devant être fournis avec une demande
d'autorisation, ces derniers pouvant différer selon le type de biens et
services ou selon le type de personne ou d'entreprise qui fait la demande;
«3° prévoir,
aux fins de l'article 280.3, les conditions à satisfaire pour l'obtention ou le
maintien d'une autorisation.»
Explications. Bon, cet article propose l'ajout
de 454.1, prévoyant l'obligation, pour la commission, d'adopter par règlement
des mesures qui y sont énumérées.
Donc, vous savez, les maladies professionnelles
présumées étaient prévues dans une annexe. Maintenant... Puis une annexe, bien,
comme on le sait, ça fait partie intégrante de la loi, et c'est très difficile
à changer. En tout cas, ça n'a pas été changé depuis 40 ans, de
sorte que cette liste-là n'a pas évolué. C'est la raison pour laquelle, maintenant, c'est dans un règlement que la commission va devoir adopter et s'assurer que ce règlement-là puisse évoluer dans le temps.
Donc, le paragraphe 1° de cet article a pour but
de prévoir l'habilitation nécessaire pour déterminer, dans un règlement, les maladies et les conditions
particulières s'y rattachant aux fins d'application de la présomption de
maladie professionnelle prévue à l'article 29, lesquelles se
trouvaient jusqu'à maintenant, comme je viens de le mentionner, à l'annexe de
la loi. De plus, il permet de déterminer le délai de réclamation applicable à
ces maladies. Mais là on va... Il y a un
amendement là-dessus, là, pour les délais de réclamation, là, parce qu'on a
adopté un article qui uniformisait le délai de réclamation.
Les
paragraphes 2° et 3° visent à prévoir les habilitations permettant un meilleur
encadrement des fournisseurs de la
commission. Ces habilitations lui permettront notamment de prévoir les
conditions à satisfaire pour être autorisé.
Je serais prêt à lire l'amendement.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
allons-y.
M.
Boulet : Donc, l'amendement : À l'article 454.1 de la Loi
sur les accidents et les maladies professionnelles proposé par
l'article 116 du projet de loi :
1° supprimer,
dans le paragraphe 1°, «et identifier parmi les maladies celles dont le délai
de réclamation applicable est celui prévu à l'article 272.1, 272.2
ou 272.3».
Vous vous souvenez, on avait adopté un article
qui prévoit que ce sera dans les six mois de la connaissance. On avait six mois
du diagnostic pour certaines maladies, six mois de la connaissance pour
d'autres, et, suite aux représentations
notamment des collègues d'Hochelaga-Maisonneuve et de Nelligan, le délai
sera «six mois de la connaissance». Donc, on a enlevé la
possibilité de déterminer un délai de réclamation applicable.
Et 2° remplacer, dans le paragraphe 3°, «de
l'article 280.3», par «des articles 280.3 et 280.6».
Donc, ça, c'est de la concordance.
Donc,
explications. Excusez-moi, j'ai donné l'explication en lisant l'amendement, là,
mais l'amendement proposé en est un de concordance avec celui adopté à
l'article 88 du projet de loi, qui retire les propositions visant les
délais de réclamation en matière de maladie professionnelle. Donc, au lieu
d'avoir les deux corridors, on en a qu'un.
Puis l'amendement apporte également une
correction de concordance pour ajouter l'article 280.6 de la Loi sur les accidents de travail et les maladies
professionnelles, proposé par l'article 89 du projet de loi, à la liste des habilitations réglementaires en matière
d'encadrement des fournisseurs.
Donc, voilà.
C'est encore une fois de la concordance puis c'est pour faire écho à l'étude
détaillée des articles qui ont été adoptés depuis le début de la commission
parlementaire. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement?
Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : J'aurais besoin d'un
temps de rédaction, mais là je ne sais pas si, compte tenu de l'heure, on
voulait suspendre.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Vous
désirez suspendre. Écoutez...
M. Leduc : Bien, c'est pour ça que
je vous pose la question, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Vous
voulez... C'est ça. Alors, écoutez, il est 17 h 58. Je pense qu'on a
travaillé fort. Tant qu'à suspendre, là, pour deux minutes, on ne pourra pas y
arriver.
Alors, écoutez, je vous
remercie pour votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux jusqu'à demain, mercredi, 9 h 30. Alors, je vous souhaite
une bonne soirée.
(Fin de la séance à 17 h 58)