(Dix heures une minute)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour, tout le monde. Votre attention, s'il vous plaît! Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail
ouverte.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le
régime de santé et de sécurité du travail.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Caron
(Portneuf) et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par M. Gaudreault
(Jonquière).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Ce matin, nous poursuivons avec le sujet 4, Fonctionnement, à la deuxième partie, la section 4.2,
L'optimisation des recours, sous-section 4.2.1, La révision des décisions
de la CNESST.
Alors, lors
de l'ajournement de nos travaux, le 4 juin dernier, nous venions de mettre
aux voix un amendement visant à
introduire un nouvel article, 112.1, au projet de loi, et, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous souhaitiez présenter un autre amendement.
C'est bien ça? Parfait. Alors, nous l'avons reçu, M. le ministre, vous l'avez,
et il est également affiché à l'écran. Alors, je vous invite à le lire et à
l'expliquer, s'il y a lieu.
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, d'ailleurs. Rebienvenue parmi nous. Vous nous avez
manqué la semaine dernière.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Ah!
moi aussi, vous m'avez manqué.
M. Leduc : Est-ce que c'est vrai,
ça? Est-ce que c'est vrai? Alors, je lis mon amendement. L'article suivant est
ajouté au projet de loi :
110.3. L'article 363 de cette loi est
remplacé par le suivant :
«363. Lorsque la commission, à la suite d'une
décision rendue en vertu de l'article 358.3 [où] le Tribunal administratif
du travail annule ou réduit le montant d'une indemnité ou une prestation
accordée en vertu de la présente loi, les prestations déjà fournies à un
bénéficiaire ne peuvent être recouvrées, sauf si elles ont été obtenues par
mauvaise foi ou s'il s'agit d'un salaire versé à titre d'indemnité en vertu de
l'article 60.»
Alors, quelques explications, Mme la Présidente.
La semaine dernière, on a eu toutes sortes d'échanges concernant des moyens de
rembourser des frais qui ont été dépensés en attendant la décision finale du
tribunal, donc l'espèce de trou qu'il pourrait y avoir parfois entre la
révision administrative et la décision finale du tribunal. Et, bon, on a essayé
toutes sortes de voies de passage sur un aspect ou un autre de l'enjeu. Ça n'a
malheureusement pas été possible. On a eu des bons échanges, le ministre et
moi, mais ça n'a pas été possible de trouver cette voie de passage. Donc, c'est
une variation, dans le fond, de ce qu'on a discuté la semaine dernière.
Parce qu'en avril 2015, donc ça fait, mon Dieu!
six ans de ça, la commission, elle a adopté des modifications à ses politiques.
Il faut bien comprendre la différence entre une politique, un règlement et la
loi. La loi, c'est, bien sûr, ce qu'on adopte ici, ce qu'on discute ici
aujourd'hui. C'est adopté par l'Assemblée nationale. Ça ne se modifie pas très
simplement, d'où l'importance de l'exercice en cours. Le règlement, c'est ce
qui est adopté pour encadrer des lois. C'est adopté par le ministre. Parfois,
ça peut être fait par d'autres instances au préalable, ce qui va être le cas de
plusieurs règlements que le ministre souhaite que la commission étudie et lui
envoie pour adoption. Et il y a les politiques. Les politiques internes de la
commission, c'est des façons de se gouverner, c'est des interprétations de
différents aspects de sa gestion, donc, plus administrative. Et tout ça pour
dire qu'en avril 2015 la commission a adopté des modifications à ses
politiques, notamment la politique 7.02 sur les recours au BEM, la
politique 5.00 sur le droit à l'assistance médicale, et la
politique 2.05 sur le recouvrement des prestations versées en trop.
Avec ces changements-là des trois politiques que
je viens d'indiquer, qui datent d'avril 2015, bien, la commission, elle
profitait d'une espèce de trou qui existe dans l'article 363 original, que
je désire modifier par cet amendement, pour s'autoriser, la commission
toujours, à récupérer des sommes soi-disant versées en trop dont le
recouvrement n'est pas explicitement interdit, parce qu'en effet l'article... 363,
pardon, tel quel interdit la récupération de l'indemnité de revenu, l'IRR, de
certaines indemnités de décès, des prestations de réadaptation reçues de bonne
foi, mais elle ne dit rien, par exemple, sur la question de l'assistance
médicale.
Et les modifications
aux politiques de la commission, elles visaient à récupérer des sommes pour des
prestations d'assistance médicale pourtant reçues de bonne foi puisque rien ne
lui interdisait de le faire, selon 363, selon les trous de 363. Puis cette
interprétation-là de la commission, puis ces changements de politiques là
avaient beau produire
des effets, à mon avis, assez contraires à la justice et l'équité, mais la
commission, elle ne s'est pas freinée, elle
ne s'est pas gênée pour l'appliquer dans le but d'aller chercher de l'argent
aux victimes de lésions professionnelles.
Par exemple, en vertu
des nouvelles politiques qui étaient proposées, la victime d'une lésion pouvait
se voir exiger le remboursement de tous ses traitements reçus depuis un an si
un avis du Bureau d'évaluation médicale, le BEM, déclarait soudainement que sa
lésion était consolidée depuis un an. Puis ça arrive, ça. Ça arrive que le
bureau du BEM fait un 180 degrés complet par rapport à l'avis du médecin
traitant. Alors, le salarié qui subit une lésion, victime d'une lésion, pouvait
avoir des traitements depuis un an en fonction de l'avis de son médecin
traitant, puis, tout d'un coup, boum! le Bureau d'évaluation médicale dit : Non, non seulement tu n'es plus en
lésion, mais je considère que tu es
consolidé, donc que ta lésion est terminée, en quelque sorte, depuis un an. Et
là ça pouvait ouvrir, donc, grâce au trou dans 363, une possibilité
pour la commission d'aller chercher tous les remboursements, toutes les
prestations qu'il avait données depuis un an.
Par exemple, dans
l'exemple que je vous donnais, et ce n'était pas une situation, je pense,
adéquate, une situation à la hauteur de ce
que doit être la CNESST, puis, en plus, donc, ces réclamations-là soi-disant de
trop versées, de prestations trop
versées, bien, ça a donné lieu à des nombreux litiges, qui sont montés
jusqu'aux tribunaux supérieurs. Puis assez fréquemment, comme dans
d'autres exemples où la CNESST modifie ses politiques sans trop se soucier
d'une interprétation large et libérale de la loi, ce qui devrait être le cas,
bien, la commission a perdu ses recours, la plupart du temps, puis ce qui les a
un peu forcés à modifier ses politiques.
Donc, les politiques
que je vous soulevais tantôt, qui étaient modifiées en 2015, ont été remodifiées,
mais l'amendement que je vous propose vise à faire en sorte que ça ne soit plus
possible de reproduire cette modification-là au détriment du salarié et qu'on
referme complètement cette possibilité-là par une clarification telle que je
l'ai suggérée dans mon amendement. Voilà.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. M. le ministre.
M. Boulet :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, tout le monde. J'aimerais ça, saluer
l'arrivée d'un nouveau collègue, le collègue de Jonquière qui représente le
Parti québécois, une personne pour qui j'ai beaucoup d'estime, une personne...
même si je connais peu notre collègue, il est agréable, et je pense que ça va
être un atout et une valeur ajoutée pour notre commission parlementaire.
Puis je pense qu'on a
un bel esprit, on travaille en équipe, on collabore. On a divisé le projet de
loi en trois blocs, le bloc gouvernance,
le bloc indemnisation puis le bloc prévention. Le bloc gouvernance est
complété, le bloc indemnisation achève, si on continue à travailler
d'une manière coopérative, et après ça il reste le bloc prévention. On aura
l'opportunité de se reparler et de se rencontrer. Moi, ça me fera plaisir,
encore une fois.
Si je comprends bien,
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, ce que vous dites, quand on annule ou on
réduit soit une indemnité de remplacement de revenu, ou une indemnité de décès,
ou une prestation découlant d'un plan individualisé de réadaptation, il n'y a
pas de possibilité de recouvrement, mais il y a des politiques qui font en
sorte qu'on recouvre des prestations qui ne sont pas de la nature des trois
visées à l'article 363. Est-ce que c'est bien ça?
M. Leduc :
Exactement.
M. Boulet :
O.K. Est-ce que vous pouvez juste me rementionner ces trois politiques-là, les
numéros?
M. Leduc :
Alors, c'est...
M. Boulet :
Puis je vais vous demander, après ça, une suspension.
M. Leduc :
Bien sûr.
M. Boulet :
Je vais les vérifier, les trois politiques.
M. Leduc :
7.02, 5.00 et 2.05, et c'est une modification qui avait eu lieu en 2015, qui,
si j'ai bien compris, ont été remodifiées depuis. Donc, le problème ne serait
plus en cours, mais c'est pour éviter qu'il ne se reproduise que je propose
l'amendement.
M. Boulet :
O.K. Parfait.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors...
M. Boulet :
Je vais... On va demander une suspension pour faire l'examen de ces
politiques-là puis on va revenir par la suite.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait, merci, alors nous allons suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à
10 h 10)
(Reprise à 10 h 30)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, suite aux échanges entre le ministre et les députés, je comprends,
Québec solidaire... Mon Dieu! qu'est-ce que je dis là? Le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, vous aimeriez peut-être retirer votre amendement.
M. Leduc : Tout à fait, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, est-ce que nous avons le consentement? Parfait. Je comprends que M. le ministre voudrait déposer un nouvel
amendement qui introduit un nouvel article à 110.1. Est-ce que nous avons
votre consentement pour revenir à
l'article 110? Nous avons votre consentement. Alors, j'invite M. le
ministre à lire l'amendement.
M. Boulet : Oui. Merci.
Article 110.1. Donc, insérer, après l'article 110 du projet de loi,
le suivant :
110.1. L'article 363 de cette loi est
modifié par le remplacement de «indemnité de remplacement de revenu ou d'une indemnité de décès visée dans
l'article 101 ou dans le premier alinéa de l'article 102 ou une
prestation prévue dans le plan individualisé de réadaptation d'un
travailleur» par «prestation accordée en vertu de la présente loi».
Explications : Écoutez, c'est pour faire
écho à l'amendement qui avait été soumis et retiré par le collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve. C'est un article qui concerne l'incapacité de la
commission de recouvrer. Dans le cas d'une
décision du Tribunal administratif du travail, on référait à une indemnité de
remplacement de revenu, une indemnité de décès ou une prestation
accordée dans le contexte d'un plan individualisé de réadaptation. Et le but,
bien sûr, de l'amendement, c'était de viser d'autres types de prestations qui
peuvent être versées en vertu de la loi.
Et, bon, collègue avait fait référence à
certaines politiques. Après vérification, sur le fond, on est totalement d'accord, les travailleurs et les travailleuses
qui reçoivent des prestations accordées en vertu de la loi, même s'il y a
une décision finale du tribunal qui les
annule, il n'y a pas de possibilité de recouvrement. Et je faisais référence,
parce qu'on en a discuté à micro
fermé, au concept de prestation qui est défini à l'article 2 de la loi,
«une indemnité versée en argent, une assistance financière ou un service
fourni en vertu de la présente loi». Donc, c'est un concept qui est englobant,
qui est large et qui tient compte, bien sûr, de tous les montants d'argent
versés à un travailleur en vertu de la loi. Alors, je pense que c'est un bel
amendement que nous aurons tous contribué à insérer dans le projet de loi.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Y a-t-il des interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci. Je voulais saluer
M. le ministre d'avoir reçu... modifié avec sa rédaction officielle, bien sûr,
mais, sur le fond, accepté l'amendement. Je suis bien content. On bouche une
espèce de trou qui avait causé des problèmes dans le passé, qui aurait pu en
causer de nouveaux. Et puis, voilà, on colmate une certaine brèche qui est
conforme à, je pense, l'esprit que voulait être cet article-là à l'origine et
surtout l'esprit général de ce que devrait être la loi. Donc, une
interprétation libérale d'une loi de réparation, et je suis content.
Puis je veux juste insister une petite seconde
sur l'aspect, donc, prestation. C'est que ce mot-là, peut-être dans l'esprit... Moi-même, en fait, quand je pense
à prestation, je pense à l'espèce de version «versement d'un montant de base équivalent à un salaire». Là, on vient comme
remplacer un salaire, mais prestation, comme vous l'avez dit, M. le
ministre, est ici, en tout cas, et dans cette loi, certainement, interprétée de
manière un peu plus large.
M. Boulet : Oui, tout à fait. Et
c'est ce qui explique la nature de la définition qui est contenue à
l'article 2. Donc, moi, je le résume très simplement, là, c'est tout
montant d'argent versé à un travailleur en vertu de la présente loi, peu
importe comment on identifie ce montant-là. Il n'y a pas de possibilité de
recouvrement dans le contexte décrit à 363 consécutivement à une décision
rendue par le Tribunal administratif du travail.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci. Peut-être avant de
passer au prochain point, Mme la Présidente, je voulais peut-être avoir un bref
échange avec M. le ministre sur la gestion du projet de loi n° 59 de
manière plus large. C'est que j'ai reçu beaucoup de messages hier, en fin de
semaine, beaucoup de gens qui suivent notre commission qui se demandaient qu'est-ce qui va se passer. Parce que, là, c'est
la dernière semaine, hein? On se voit tous les jours jusqu'à vendredi. Il
y a des gens qui étaient inquiets. Est-ce que, vu que c'est la dernière
semaine, ça veut dire que tout va se terminer d'ici vendredi, que tout va être
fermé, qu'on va fermer la loi, le projet de loi, comme l'expression le veut,
ou, au contraire, est-ce qu'il est plus susceptible d'avoir une suite des
travaux, logiquement, si on n'a pas terminé vendredi, plus tard, à la mi-août,
je pense, où ça reprendrait tel que le calendrier parlementaire le veut? Alors,
peut-être sur ce point-là d'abord, puis... Oui?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'on peut voter notre amendement avant?
M. Leduc : Bien, c'est parce que si
on le vote, on va présenter le suivant, puis je veux juste avoir un échange
bref, là, avec M. le ministre, à ce sujet-là, s'il est d'accord.
La Présidente (Mme IsaBelle) : O.K.
M. Gaudreault :
...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
député de Jonquière.
M. Gaudreault : C'est parce que j'ai
d'autres questions sur le fond de l'amendement avant de...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Excellent, excellent. Parfait. Bien compris. Alors, d'accord, on va
donc donner la chance au ministre de répondre à cette question-là, puis nous
allons revenir à l'amendement.
M. Boulet : Oui, bien sûr. La
session se termine cette semaine, c'est notre dernière semaine de travaux en étude détaillée, et moi, je veux continuer de
travailler de manière efficace. J'aime répéter qu'il faut être satisfait puis
se dire que, si les Québécois, Québécoises
nous écoutaient, ils seraient heureux de la façon dont nous utilisons le temps
en commission parlementaire. Donc, mon
objectif, c'est de poursuivre de manière ordonnée, et ce ne sera
vraisemblablement pas complété cette semaine, donc on va poursuivre au mois
d'août. C'est ce que moi, je souhaite que nous fassions, et c'est toujours
l'objectif que nous avons tous en tête, et je pense que ça répond à votre
question.
M. Leduc : Peut-être un dernier
aspect, Mme la Présidente. Dans nos nombreux échanges ici, au micro, ou hors micro, ou même au salon bleu, il a été
question, souvent, du règlement de prévention. Il y a eu différentes
versions qui ont circulé. La question des seuils minimaux, bien sûr, de
libération, de fréquence de rencontre de comité, vous le savez, pour moi, est
une priorité.
Je pose une question qui est très ouverte, qui
se veut bon joueur. Là, vu qu'on ne le termine pas d'ici vendredi, c'est ce que
je comprends, là, qui est quasiment une impossibilité technique...
Une voix : ...
M. Leduc : Oui, parfait. Donc, vu
qu'on ne le termine pas vendredi, qu'on va très certainement se revoir quelque
part en août, est-ce qu'on peut s'engager, vous, moi, les collègues de
l'opposition, les partenaires qui nous écoutent,
de profiter des prochaines semaines, peut-être pas en plein mois de juillet,
là, on va avoir besoin de vacances, tout le monde, là, mais peut-être
d'ici la fin juin, peut-être un peu en août, avant qu'on reprenne, pour
travailler ensemble puis vraiment essayer de trouver des solutions concrètes
sur les différents irritants qu'il reste dans ce projet de loi là, notamment la
question primordiale, à mon avis, de la prévention?
• (10 h 40) •
M. Boulet : C'est intéressant. Ça me
permet de revenir aux objectifs fondamentaux de notre projet de loi.
Évidemment, lors de l'étude détaillée, pour des fins de rigueur, on a divisé le
projet de loi en trois sections : un, la gouvernance,
deux, l'indemnisation, puis, trois, la prévention. La gouvernance est
complétée, l'indemnisation, il nous reste quelques articles, et après ça
on va amorcer la prévention.
C'est une chance, selon moi unique, que nous
avons de moderniser nos lois en matière de santé et sécurité. Celle en matière
de prévention a été adoptée en 1979, celle en matière d'indemnisation a été
adoptée en 1985. C'est impensable de constater qu'aujourd'hui seulement
25 % des travailleurs québécois sont couverts par des mécanismes de
prévention et de participation des travailleurs. Mon but, et notre but, est
toujours le même, de s'assurer que 100 % des
travailleurs soient protégés. Il faut réduire la fréquence et la gravité des
lésions professionnelles
au Québec. Il y va de la santé de nos travailleurs
et de nos familles. On vit dans un contexte de rareté de main-d'oeuvre.
Puis je comprends qu'en 1979 c'était les
secteurs primaires, mais... on avait divisé les secteurs d'activité économique
en six. Puis, dans les secteurs un et deux, il y avait de la prévention puis il
y avait de la participation des travailleurs,
mais, à l'époque, c'était la foresterie, les mines, c'était le primaire.
L'économie s'est développée beaucoup, elle s'est tertiarisée. Il y eu
des risques émergents, notamment les risques psychosociaux, et il n'y avait
rien en prévention puis en participation des travailleurs en santé, en services
sociaux, en enseignement, en construction, en agriculture.
Les secteurs trois, quatre, cinq, six, il y avait le trois où il y avait
de la prévention, mais pas de participation. Le but central, c'est un des buts de notre réforme, c'est de s'assurer que
tout le monde soit protégé par la prévention puis...
Bon, indemnisation. On a vu qu'on a travaillé
beaucoup sur la possibilité de réadapter les personnes pour éviter que leur état se chronicise et qu'ils
deviennent des laissés-pour-compte et qu'ils ne soient plus réintégrables
dans le marché de l'emploi ou dans la société prise de façon plus globale.
Donc, en prévention, oui, il faut travailler pour s'assurer qu'il y ait plus de
prévention, et ce sera constamment ce qui va nous guider dans le troisième
bloc.
Tenir compte des risques psychosociaux. Insensé
de constater que 60 % des lésions professionnelles, encore aujourd'hui,
surviennent dans les secteurs trois, quatre, cinq et six. Il y a à peu près un
accident à la minute. En 2018, il y a eu à peu près 103 000 lésions professionnelles,
puis, si on les raboudine une à l'autre, ça représente à peu près
36 000 travailleurs à temps plein dans le marché. Évidemment, on ne
les éliminera pas toutes, mais il faut continuer de mieux identifier, contrôler et éliminer les risques pour la santé, la
sécurité puis l'intégrité physique de nos travailleurs, diminuer, donc,
le nombre et la gravité.
On a, en passant, puis on aura... je sais que le
collègue de Jonquière et moi, on va travailler aussi ensemble, on a assuré la couverture des travailleuses
domestiques. Je dis «travailleuses» parce que c'est à prépondérance
féminine. Il y en a à peu près 18 000 au Québec qui n'étaient pas
couvertes par aucun régime d'indemnisation. Ça, c'est déjà adopté. Les stagiaires d'observation, on a ajouté
des maladies suite aux représentations notamment du collègue de Nelligan, puis le collègue
de Bonaventure, la maladie de Parkinson, la maladie de Lyme. Grâce à votre
prédécesseur, je tiens à le souligner, on a fait des
avancées majeures pour les cancers de pompiers. On a mis en place un comité
scientifique pour éviter que la liste des maladies professionnelles présumées
soit encarcanée, soit dans le béton comme ça a été le cas depuis 40 ans.
Puis le comité scientifique va nous permettre d'évoluer. Et on a déjà rajouté
beaucoup de maladies professionnelles nouvelles.
Mais
je profite de l'occasion, oui, parce que le collègue de Jonquière vient
d'arriver, mais, suite à votre question, collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, la prévention, pas que j'en fais mon affaire, mais
nous devons tous en faire notre affaire.
C'est pour le bénéfice de tous ceux qui sont protégés par la loi santé et
sécurité, qui parle de prévention, puis
la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, qui parle
d'indemnisation. Puis je vais continuer. Puis, vous le savez, depuis le
début, on a travaillé en mode collaboration, on a fait passablement
d'amendements parce que c'est un projet de loi qui est perfectible mais qui va
nous permettre d'entrer dans une nouvelle ère en matière de santé et sécurité
au Québec. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres... Oui. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Un dernier très rapide commentaire. Merci, M. le ministre, pour vos explications.
Bien sûr qu'on a les mêmes objectifs quant à la prévention. Le noeud qui nous
occupe depuis le début de l'étude détaillée, puis qui est encore là mais que je
sens qu'on est peut-être capables de dénouer quant à la prévention, c'est
l'outil. Parce que c'est beau, avoir des beaux principes, mais, si on n'a pas
les moyens de les appliquer, c'est difficile. Combien de fois j'ai soulevé,
ici, la question de l'effectivité du droit? Bien là, on est les deux pieds
dedans. Qu'en sera-t-il en matière d'heures de libération pour faire cette
prévention-là, de rencontres de comité? Ça fait que c'est là que le noeud, peut-être,
reste à dénouer, et j'espère qu'on sera capables de le faire durant l'été pour
qu'on revienne en août puis que ça soit derrière nous, ce noeud-là.
M. Boulet :
Oui. Puis je pense que je dois faire un commentaire. Bon, on sait tous, on est
des parlementaires, on travaille pour l'ensemble des Québécois et des Québécoises,
ce n'est pas un projet de loi comme tous les projets de loi dans lesquels j'ai
été impliqué, puis le collègue de Jonquière a une meilleure expérience que moi,
il n'y a jamais un projet de loi qui fait l'unanimité. Mais, à quelque part, il
faut faire des arbitrages. En relations de travail, c'est très polarisé.
Ceci dit, il y a des
voies de passage, puis je suis d'accord à ce que nous utilisions la période de
temps entre cette semaine et la reprise des travaux, au mois d'août, pour se
rencontrer, pour discuter puis améliorer le projet de loi. Puis, en matière de
prévention, on a déjà eu des discussions qui m'apparaissent intéressantes puis on va continuer de se raffiner, si je peux dire. Merci.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. C'est tout? Alors, si nous revenons à l'amendement déposé par le ministre
pour le... introduisant le nouvel article 110.1, député de Jonquière,
je pense que vous voulez prendre la parole?
M. Gaudreault :
Oui. Je trouvais ça intéressant, là, l'échange. J'ai l'impression que c'est
comme une petite introduction ou un petit «projet de loi n° 59 101»
pour me permettre de bien comprendre la dynamique interne puis la culture
interne de cette commission. J'en profite pour vous dire que ça me fait
extrêmement plaisir d'être ici, puis de me joindre à cette aventure, là, du
projet de loi n° 59, puis essayer d'y contribuer du mieux que je peux.
Et j'en profite pour
dire, moi, je suis extrêmement aussi préoccupé, constamment préoccupé, même,
par la prévention. Je pense, la clé est là,
là. Donc, je rejoins les collègues, mais le député d'Hochelaga-Maisonneuve a
raison : c'est bien beau dire les principes de prévention, mais encore
faut-il qu'ils s'appliquent sur le concret, sur le terrain.
Puis
moi, je viens d'une circonscription archi-industrielle, là. Rio Tinto Alcan, je
veux dire, c'est une quatrième dimension. Si vous venez visiter Hydrate 2,
là, qu'on appelle, l'usine Vaudreuil, là, moi, ça a été un choc dans ma vie quand j'ai visité ça. C'est vraiment un monde
industriel, puis en plus l'industrie forestière, l'usine de PFR dans ma circonscription... Donc, les enjeux de prévention
sont extrêmement importants, puis c'est sûr que je serai au rendez-vous
pour réfléchir là-dessus. Mais, bon, c'était un petit préambule pour dire...
Pour revenir à
l'amendement comme tel, je veux juste savoir ça peut représenter combien...
Parce que moi, je suis d'accord avec
l'amendement, là, je vais appuyer et voter en faveur de l'amendement. Mais de
faire une... d'empêcher une... puis là je veux juste avoir les bons
termes, là, empêcher le recouvrement, finalement, de toutes les prestations,
donc cet amendement nouveau qu'on amène, la nuance de plus, qui est quand même
importante, là, parce que, dans l'article initial, on dit : Pas de
recouvrement pour les indemnités de remplacement du revenu ou d'une indemnité
de décès visée dans l'article 101 ou
dans le premier alinéa de l'article 102 ou une prestation prévue dans le
plan individualisé de réadaptation d'un travailleur. Donc, le fait qu'on
dise toute «prestation accordée en vertu de la présente loi», si on regarde les
dernières années, là, ça peut représenter combien, à peu près, là, ou quelle
envergure, quelle hauteur?
M. Boulet :
Je vais vous donner une réponse assez simple. Cet amendement-là codifie les
façons actuelles de faire à la commission. Je pense que, cependant, l'amendement
du collègue d'Hochelaga-Maisonneuve visait à le préciser pour éviter qu'il y
ait des ambiguïtés. Donc, il n'y a pas d'impact, en tout cas, certainement pas
significatif, parce que la commission ne le faisait pas.
M.
Gaudreault : Donc, on codifie, comme vous dites, une situation
préexistante.
M.
Boulet : Exact, mais qui aurait pu donner lieu à des contentieux, parce
qu'il y en a peut-être eu, des contentions, là, mais je ne connais pas... mais,
tu sais, parce qu'on référait, comme vous le dites bien, là, l'IRR, l'indemnité
de décès puis les prestations de réadaptation, mais c'est tout, tu sais, les
frais de déplacement ou les équipements, tu sais, si quelqu'un a dépensé de
l'argent pour des équipements adaptés. Ça fait que c'est certainement une façon
de préciser ce que la commission fait actuellement.
M.
Gaudreault : O.K.
Parce que... Bien, je suis heureux d'entendre ça, parce que c'est sûr que la
sous-question qui s'en venait, c'est : Est-ce qu'on ouvre la porte
à des iniquités parce qu'il n'y a pas d'effet rétroactif de l'amendement qu'on
adopte?
M. Boulet :
Non.
M.
Gaudreault : Donc, vu qu'il
n'y a pas d'effet rétroactif, s'il y en a qui... des travailleurs qui étaient tombés entre deux chaises... Mais là, ce que je
comprends de ce que le ministre me dit, c'est que c'est une situation, ou une
pratique, ou des règles de procédure qui existaient déjà, puis là on vient
clarifier en disant : Toute prestation accordée en vertu de la présente
loi, au lieu d'y aller de façon un peu plus précise avec les articles 101
et 102. Alors, à ce moment-là, on ne risque pas de se retrouver avec des situations
antérieures où les travailleurs, parce qu'ils ne seront pas couverts par l'amendement,
se retrouveraient... tu sais, comme quasiment une situation orpheline, là, par
rapport à la nouvelle situation qu'on est en train d'adopter. Vous comprenez ce
que je veux...
M. Boulet :
Oui. Très bonne intervention, mais ma réponse, c'est non. Il ne faut pas que
personne ne tombe entre les craques et soit victime d'une application qui n'est
pas compatible avec ce que j'ai mentionné puis qui est compatible avec le
mérite de l'amendement. Ça fait que...
M.
Gaudreault : O.K. Donc, on vient corriger une interprétation qui
pouvait... pas une interprétation, mais on vient corriger...
M. Boulet :
Un risque de...
M.
Gaudreault : ...un libellé qui pouvait porter risque à des interprétations.
M. Boulet :
oui, exact, tout à fait.
• (10 h 50) •
M.
Gaudreault : O.K. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions à l'amendement
déposé par le ministre introduisant le nouvel article 110.1? S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet :
Pour.
La Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant le
gouvernement, Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji :
Pour.
La Secrétaire :
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc :
Pour.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Abstention. Donc, le nouvel article 110.1 est adopté.
Nous poursuivons, si
je comprends bien, M. le ministre, avec l'article 235. C'est bien ça?
Parfait. Alors, je vous invite à le lire, s'il vous plaît.
M.
Boulet : Merci. L'article 9 de cette loi est modifié, dans le
deuxième alinéa :
1° par l'insertion,
au début du paragraphe 1°, de «sur demande ou d'office,»;
2° par l'insertion,
après le paragraphe 2°, du suivant :
«2.1° interdire, sur
demande ou d'office, à une partie dont le comportement est vexatoire ou
quérulent d'introduire une affaire, à moins d'obtenir l'autorisation préalable
du président ou de tout autre membre que ce dernier désigne et selon les
conditions que le président ou tout autre membre qu'il désigne détermine;»;
3° par l'insertion,
dans le paragraphe 3° et après «ordonnance provisoire», de «ou de
surseoir».
Évidemment,
pour le collègue de Jonquière, vous avez, après ça, l'article
tel que modifié, avec le caractère différent.
Donc,
explications : Donc, cette disposition propose que la possibilité pour le
Tribunal administratif de rejeter sommairement
ou d'assujettir à certaines conditions une affaire qu'il juge abusive puisse
s'exercer sur demande ou d'office.
Cette disposition
prévoit au paragraphe 2.1° proposé que le Tribunal administratif du
travail peut interdire à une partie dont le comportement est vexatoire ou
quérulent d'introduire une affaire, sauf sur autorisation.
L'article donne
également au Tribunal administratif le pouvoir de surseoir à une décision s'il
estime que cette mesure permet de sauvegarder les droits des parties.
Évidemment, c'est un
pouvoir qui s'inspire de celui conféré aux tribunaux en vertu de l'article 51
du Code de procédure civile. Puis il y a des décisions récentes, là, du TAT, du
Tribunal administratif du travail, qui ont reconnu
que ce dernier possède le pouvoir de surseoir en vertu des dispositions
actuelles. Cependant, la jurisprudence sur cette question-là est peu
abondante puis pas claire. Donc, la modification proposée permet simplement de
clarifier ce pouvoir-là. Donc, voilà, c'est complet.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Y a-t-il des interventions? Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : On me corrigera si je me trompe, mais, avec les fusions, là,
qui ont eu lieu il y a quelques années, là, sous le précédent
gouvernement, le TAT ne couvre pas seulement les questions de santé et
sécurité, là, il couvre d'autres types de droits du travail aussi, là.
M. Boulet :
Oui, mais là, évidemment, c'est des décisions rendues en application de la
LATMP puis à la LSST. Mais, oui, il y a
quatre ans maintenant, il y a eu fusion de la Commission des normes du
travail, la Commission de l'équité salariale et la Commission de santé
et de sécurité — il
y en a encore qui disent la CSST, là.
M. Leduc :
La CSST, bien sûr.
M. Boulet :
Elle était mieux connue sous ce nom-là. Maintenant, c'est mieux intégré,
CNESST. Je pense que la pandémie a accéléré...
M. Leduc :
Ah! Seigneur, pour le meilleur ou pour le pire, oui.
M. Boulet :
...la capacité de bien des personnes de bien identifier parce que c'est un
acronyme qui n'est pas simple. Mais, oui, effectivement, vous avez raison, ça a
été fusionné il y a quatre ans.
M. Leduc :
Mais ma question, c'est que, là, on ne modifie pas la LATMP ou la LSST, on
modifie la Loi instituant le Tribunal administratif du travail.
M. Boulet :
Exact, tout à fait.
M. Leduc :
Donc, ce que vous proposez là ne va pas s'appliquer seulement qu'en droit de la
santé et sécurité au travail.
M. Boulet :
Non, c'est la Loi instituant le Tribunal administratif du travail, et ça
s'applique pour toute décision rendue par le TAT. Donc...
M. Leduc :
Pas juste la SST, parce que c'est ça que vous veniez de dire, là.
M. Boulet :
Non, non, exact.
M. Leduc :
Donc, vous vous rétractez.
M. Boulet :
Bien, pas que je me rétracte. Peut-être que ce n'était pas clair. Mais, vous
avez raison, c'est en vertu des dispositions des lois dont elle a le mandat
d'assurer l'interprétation et l'application.
M. Leduc :
Donc, autant normes du travail, équité salariale aussi...
M. Boulet :
Absolument.
M. Leduc : ...si je ne me trompe
pas, ils peuvent trancher des litiges en équité salariale.
M. Boulet : En
quoi?
M. Leduc : Est-ce qu'ils tranchent
des litiges en équité salariale aussi, le TAT? Je ne me rappelle pas.
Des voix : ...
M. Leduc : Oui, c'est ça? Mais donc...
M.
Boulet : Oui, en matière de... Oui, mais... Puis ça, collègue, ça
s'inspire véritablement de l'article 51 du Code de procédure
civile, puis c'est un pouvoir qui était reconnu en vertu de certaines décisions
du Tribunal administratif du travail, comme je mentionnais. Mais, comme j'ai
aussi mentionné, la jurisprudence, il n'y en avait pas beaucoup puis elle
n'était pas claire. Ça fait que ça vise essentiellement à préciser ce que je
viens de mentionner.
Et 51 du Code de procédure civile utilise le
même libellé, c'est «comportement vexatoire ou quérulent», donc on s'est inspirés de ce libellé-là. Il y a le
Règlement du Tribunal des droits de la personne où on utilise le même
libellé, bon, le Code de procédure civile... bien, il y a plusieurs lois, là,
qui réfèrent à ce type de... à ce pouvoir-là, là, qui est comparable à celui
que nous insérons, là, à l'article pertinent de la Loi instituant le Tribunal
administratif du travail.
M. Leduc : Mais ma question, elle
est plus, je dirais, d'ordre de séquence ou de procédure, en ce sens que, si on
est pour modifier quelque chose qui va s'appliquer à beaucoup d'autres sujets
que la SST, est-ce que c'était le bon forum pour le faire ou est-ce qu'on a
bien consulté pour le faire? Tu sais, ces nouveaux pouvoirs là qui vont pouvoir
être applicables, par exemple, en matière d'équité salariale, est-ce que des
organisations qui sont en présence ou qui travaillent sur l'équité salariale
sont venues nous parler de l'impact de ça sur l'équité salariale ou sur les
normes du travail, par exemple, ou Au bas de l'échelle? Elles ne sont peut-être
pas venues nous parler de ça. Vous faisiez référence souvent à ce groupe-là,
là, par rapport à un comparatif.
M. Boulet : C'est une bonne question.
En même temps, non, certainement que, si je relis le rapport du Comité
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, ça ne fait pas partie des recommandations.
C'est vraiment de nature procédurale et c'est standard, dans le corpus
législatif québécois pour des tribunaux administratifs, d'avoir ce type de
pouvoir là. Quand ce n'est pas précisé, c'est les tribunaux qui se substituent
au silence législatif. C'est pour ça que c'est important... quand on met à
jour, quand on fait une réforme de cette nature-là, bien sûr, on s'attarde au
Tribunal administratif du travail, et on a jugé opportun de préciser, dans la
loi qui gouverne ce tribunal-là, qu'il a le pouvoir de faire ce qui est précisé
là-dedans, là. Il n'y a pas d'autre enjeu que ça, là. Mais il n'y a pas un
groupe qui est venu en consultation particulière, pas à mon souvenir. Puis,
dans le rapport du CCTM, il n'y avait absolument rien là-dessus, là. Ce n'est
pas une préoccupation.
Mais il y a des comportements vexatoires puis il
y a de la quérulence aussi, là, en santé et sécurité. Puis ce n'est pas rien
que des travailleurs, là, il y a des employeurs qui sont quérulents. Il y en a
des deux côtés. Je vois mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve sourire, là, mais
on fait un travail d'équilibre. Puis, s'il y a un employeur autant qu'un travailleur qui est quérulent, collègue de
Nelligan, vous êtes d'accord avec ça, tu sais que ça arrive des deux
côtés, il faut que le tribunal ait la possibilité de rejeter sommairement.
M. Leduc : Oui, d'accord. Donc, je
complète sur cette critique-là de la méthode, peut-être en ce sens que, si on
est pour modifier vraiment quelque chose qui s'applique à l'ensemble du droit
du travail, il aurait peut-être fallu avoir une consultation particulière avec
d'autres organisations qui vont... qui ne sont pas du tout touchées ou
intéressées par le projet de loi n° 59, mais qui vont être impactées par
cette loi-là. Mais, bon, c'est peut-être un changement relativement mineur qui
n'a pas nécessité, selon vous, une telle consultation plus large.
Maintenant, ça, c'était sur la forme, sur le
fond, quand vous ajoutez, là, au troisième paragraphe, la référence à
«surseoir», je me rappelle qu'on a eu une discussion la semaine dernière sur ce
concept-là. Encore une fois, corrigez-moi si je me trompe, mais est-ce que le
concept de «surseoir»... Vous le rajoutez là, mais il était déjà possible pour
le tribunal de surseoir à l'application d'une décision?
• (11 heures) •
La Présidente (Mme IsaBelle) : M. le
ministre.
M. Boulet : Oui. Comme je l'ai
précisé un peu plus tôt, il y avait une certaine jurisprudence qui confirmait
le pouvoir du Tribunal administratif du travail de surseoir, mais, encore une
fois, elle n'était pas abondante et elle n'était... et elle pouvait porter à
interprétation.
M. Leduc : Et là vous venez le
clarifier...
M. Boulet : Absolument.
M.
Leduc : ...en disant :
C'est écrit noir sur blanc, vous avez ce pouvoir-là, cette possibilité-là de
surseoir. Et, encore une fois, pour
ma compréhension, quand ce pouvoir-là est rajouté comme ça, c'est toujours sur
requête, ça, surseoir?
M. Boulet : Absolument.
M. Leduc : Ce
n'est pas la commission qui...
M. Boulet : C'est toujours sur
demande puis c'est toujours en tenant compte des critères qui sont applicables
en matière de sursis, là, parce que la règle, c'est le caractère exécutoire des
décisions. Mais, oui, ça prend une requête, ça prend une demande.
M. Leduc : Est-ce qu'un employeur
peut demander de surseoir à l'application d'une décision pour empêcher un
salarié d'obtenir ses compensations?
M. Boulet : Je n'ai pas d'exemple en
tête, mais oui, c'est sur demande d'une partie ou d'office aussi. Ça, ça veut
dire : le tribunal décide, là, après avoir pris connaissance. Mais oui.
Est-ce qu'il y aurait une motivation que l'employeur...
M.
Leduc : Bien, un genre de
guerre psychologique, là, pour le priver de revenus en espérant peut-être qu'il
retire...
M.
Boulet : Ah mon Dieu! Moi,
je n'en ai jamais vu. Est-ce que je peux écarter totalement cette hypothèse-là,
d'un employeur... en tout cas, je vais le
dire, là, d'un employeur potentiellement malveillant qui dit : Je vais
demander un sursis à l'exécution de la... À mon avis, aucune chance de succès.
M. Leduc : Pourquoi?
M. Boulet : Bien, c'est parce que la
décision est exécutoire. À moins qu'il y ait une motivation que j'ignore, là,
qu'il y ait... que ce soit un cas... puis là je vais dans un scénario, là,
peut-être que je m'aventure beaucoup, là, mais une fraude, je ne sais pas, puis
l'employeur est en mesure de démontrer au tribunal que le travailleur...
En fait, ce que vous appréhendez, c'est qu'un
employeur puisse demander au Tribunal administratif du travail de surseoir à
une décision qui accorde une indemnité à un travailleur. Moi, il faudrait que
je fasse un peu de droit fiction, là, mais...
Puis, si je me mets dans les bottines d'un juge du Tribunal administratif du travail... je ne sais pas, une fraude, puis il ne
travaille pas pour nous, il vit à l'étranger, je ne sais pas, mais je ne peux
pas écarter que ça puisse éventuellement se faire. Mais il n'y a jamais un cas
qui a été porté à ma connaissance.
M. Leduc : Parce que, là, vous
introduisez un nouveau pouvoir, bon, qui existait, là, dans les faits, sur
requête avec une certaine jurisprudence. Moi, ce nouveau pouvoir-là, surtout
s'il existait déjà, je ne suis pas nécessairement...
je ne déchirerai pas ma chemise, là, à savoir que je ne veux pas qu'on le
rajoute. Par contre, le danger, c'est
que maintenant qu'il est clairement connu et reconnu, est-ce qu'il n'y a pas là
un danger qu'il puisse être utilisé...
M.
Boulet : Moi, à mon avis, puis je pense que vous voulez me le faire
dire à micro ouvert, c'est essentiellement au bénéfice des travailleurs.
Tu sais, qu'un employeur sache ou apprenne qu'il peut obtenir un sursis, je
pense que c'est beaucoup plus au bénéfice des travailleurs qui se sentent
lésés, qui subissent un préjudice grave ou pour qui c'est important que leurs
droits soient sauvegardés, parce que, la sauvegarde des droits des parties,
c'est ce qui est fondamental. Et essentiellement je vous dirais qu'en pratique,
là, ça va être de confirmer ce droit-là pour le bénéfice des travailleurs,
travailleuses qui sont lésés.
M. Leduc : Moi, je suis d'accord
avec l'essentiel de votre présentation puis de votre analyse, mais, justement,
mon travail, ici, c'est d'imaginer les scénarios désagréables peut-être,
surtout dans un cas où est-ce qu'on applique quelque chose de nouveau ou de relativement
nouveau, en tout cas, qu'on élargit quelque chose qui existait déjà mais qui
était peu appliqué.
Est-ce qu'il n'y a pas moyen... au-delà des
paroles que vous nous dites aujourd'hui puis qui sont, somme toute,
rassurantes, mais ce n'est pas ça qui va être écrit dans la loi, hein, est-ce
qu'il n'y a pas moyen d'écrire quelque chose qui dirait que ce pouvoir-là, de
sursis, n'est pas utilisable dans le cas d'un employeur qui veut faire perdre
des indemnités d'un salarié?
M. Boulet : Eh, mon Dieu! c'est
difficilement envisageable pour moi. Encore une fois, c'est des scénarios
purement fictifs, là. Mais est-ce que ça peut arriver que quelqu'un, sous de
fausses représentations, fasse une réclamation pour accident de travail à la
CNESST et obtienne frauduleusement des indemnités de remplacement de revenu? Est-ce qu'un employeur, dans un contexte
de même... Mais c'est des cas rares. Mais, tu sais, même là, il n'y a
pas d'intérêt à sauvegarder de droits. Il pourrait toujours, sur le mérite,
faire valoir qu'il n'y avait pas de lien d'emploi, donc que la présomption,
soit d'accident de travail ou de maladie professionnelle, ne s'applique pas. Je
pense que ça va se plaider sur le mérite.
De demander un sursis, même là, je ne vois pas
comment il serait en mesure de démontrer, parce que c'est lui qui a le fardeau
de démontrer, que c'est pour sauvegarder ses droits. Mais d'écrire dans une loi
que l'employeur ne peut pas, ça ne m'apparaît pas envisageable.
Mais je pense que je suis assez clair à micro
ouvert pour dire que c'est à l'avantage, d'abord et avant tout, des
travailleurs, travailleuses. Puis c'est au bénéfice de ces personnes-là qu'on a
intérêt à faire connaître la possibilité pour un tribunal de surseoir puis dans
le contexte que nous connaissons.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Merci.
M. Leduc : ...bien, à moins qu'il y
ait d'autres questions sur ça?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
M. Leduc : Ah! O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
nous allons poursuivre. Il y a le député de Jonquière qui aimerait prendre la
parole.
M. Gaudreault : Oui. J'ai les mêmes
préoccupations que le député d'Hochelaga-Maisonneuve sur le pouvoir de sursis.
Parce que je comprends qu'il y a déjà une jurisprudence, non pas large et
abondante, là, mais il y a déjà quand même une petite jurisprudence sur le
pouvoir de sursis. Alors là, de l'inscrire noir sur blanc dans la loi, j'ai
l'impression qu'on vient qualifier ou on vient vraiment asseoir un nouveau pouvoir.
Et, si la jurisprudence actuelle est plutôt
mince, progressive, pourquoi, à ce moment-là, on ne laisse pas carrément juste
aller cette jurisprudence-là plutôt que d'inscrire le pouvoir de surseoir dans
la loi qui pourrait ouvrir la porte? Je comprends
ce que le ministre dit, il voit... il envisage mal que ça pourrait arriver
concrètement, mais on le sait, qu'il
y a... des fois, quand on fait des lois, là, il se passe toutes sortes de
choses. Est-ce que ce n'est pas plus prudent, à ce moment-là, de ne pas
donner d'ouverture à ça?
M. Boulet : En même temps, tu sais,
juste pour donner un complément de réponse, un employeur qui est en mesure de
démontrer un préjudice grave et irréparable, là, pour obtenir la nullité d'une
indemnité de remplacement de revenus qui a été consentie à un travailleur...
Moi, je vois plus ça, collègue, dans une perspective de clarifier ou de
préciser. Puis ça découle tellement... Je pense que l'article socle de ce qui
existe dans le corpus législatif québécois, c'est 51 du Code de procédure
civile. Ce pouvoir-là, sans dire qu'il est inhérent, là, je ne suis pas un
spécialiste de droit administratif, là, mais il découle de la nature des
fonctions que tu dois exercer à titre de juge d'un tribunal de la nature du TAT. Je pense que c'est important de le
préciser. Puis, pour la clarté des personnes qui sont des bénéficiaires
de l'application de la LATMP puis de la loi santé et sécurité, oui, ça
m'apparaît être une valeur ajoutée, là, de le prévoir. Je ne sais pas si je
réponds à...
M.
Gaudreault : Mais une partie
qui voudrait utiliser le pouvoir de surseoir à des fins, justement,
d'empêcher...
M. Boulet : Malveillante.
M. Gaudreault : ...malveillante, est-ce
qu'à ce moment-là il ne pourrait pas se qualifier, je dirais, en vertu du
nouveau 2.1, comme un comportement vexatoire?
• (11 h 10) •
M. Boulet : Non. Puis, là-dessus, ça
me donne l'opportunité de repréciser que les juges au Tribunal administratif du
travail... Vous le savez, peut-être que vous avez déjà plaidé. À l'époque,
c'était la CALP, puis après ça la CLP,
maintenant c'est... il y a des personnes hypercompétentes, là. C'est des juges
qui ont une connaissance fine du secteur
d'activité, qui connaissent bien la procédure. Parce que, même si on réfère à
des tribunaux administratifs, vous savez que ça s'est judiciarisé de
façon importante au fil des années. Non, je n'ai pas cette appréhension-là, je
vous dirais. Puis la seule réponse claire
que je pourrais vous donner, c'est que je fais confiance au pouvoir des juges
qui auront à appliquer ces
dispositions-là puis qui ont déjà ce pouvoir-là, qui est reconnu comme... tu
sais, par une jurisprudence, cependant, qui est peu abondante.
M. Gaudreault : O.K. Je veux juste
bien comprendre. Dans le premier paragraphe, là, «sur demande ou d'office», pourquoi on l'inscrit à ce moment-là?
Parce que ce que je comprends, c'est que le texte actuel dit : «En
outre des pouvoirs que lui attribue la loi, le tribunal peut [...] rejeter
sommairement ou assujettir», mais ça... On laisse déjà entendre que c'est sur
demande ou d'office ou...
M. Boulet : Tout à fait.
M. Gaudreault : Oui, mais alors
est-ce que c'est si nécessaire que ça de l'ajouter à ce moment-là?
M.
Boulet : Bien, «sur demande ou d'office», là, je le vois, là, dans
beaucoup... c'est en cohésion avec d'autres lois de même nature. Puis, comme vous le précisez bien, c'est implicite,
c'était dit, alors que, là, c'est plus clair, selon notre compréhension.
M. Gaudreault : O.K. Ça va pour
l'instant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Est-ce qu'il d'autres interventions? Député d'Hochelaga, ça va? S'il
n'y a pas d'autre intervention, nous allons donc procéder à la mise aux voix de
l'article 235.
La Secrétaire :
Pour, contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La
Secrétaire : Pour les
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
La Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Abstention.
Donc, l'article 235 est adopté. Je comprends qu'on demande une suspension,
c'est bien ça?
M. Boulet : Oui, s'il vous plaît,
pour un impératif.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, avant de poursuivre à l'article 236, nous allons suspendre quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 12)
(Reprise à 11 h 23)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous avons reçu un amendement de la part du député
d'Hochelaga-Maisonneuve qui introduit ou qui introduirait un nouvel
article 235.1. Alors, je vous invite à le lire, s'il vous plaît.
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. 235.1. Cette loi est modifiée par
l'insertion après l'article 30 du suivant :
«30.1. Dans l'élaboration du rôle pour la division
de la santé et de la sécurité du travail, le tribunal doit en tout temps tenir
compte des affaires devant être instruites et décidées d'urgence ou en priorité
selon l'article 359 de la Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles.»
C'est une discussion que vous avez manquée, Mme
la Présidente, parce que c'était la semaine dernière, dans les deux jours où vous nous avez manqué aussi. Et
voilà. Il existe donc une possibilité, bien sûr, là, quand on veut
contester une décision, d'être entendu d'urgence ou en priorité. C'est des
concepts, là, qui sont mentionnés notamment à l'article 359 en question.
Et on donne, dans le fond, des précisions à l'article 359. Par exemple, on
dit : «Lorsque cette [décision] vise une décision qui annule le montant
d'une indemnité de remplacement du revenu accordée par la commission, le
tribunal peut ordonner de surseoir à l'exécution de sa décision contestée quant
à cette conclusion et de continuer à donner
effet à la décision initiale, pour la période qu'il indique, si le bénéficiaire
lui démontre qu'il y a urgence ou qu'il subirait un préjudice grave du
fait que la décision initiale de la commission cesse d'avoir effet.»
Et là, après ça, il y a des descriptions, là — je
suis toujours à 359 : «Sont instruites et décidées d'urgence :
«1° la contestation visée au deuxième alinéa — celle
que je viens de vous expliquer, et
«2° la contestation formée en vertu du présent
article portant sur la réduction ou la suspension d'une indemnité établie en
vertu du sous-paragraphe e du paragraphe 2° de l'article 142.»
En d'autres mots, Mme la Présidente, l'échange,
le long échange qu'on avait la semaine dernière, le ministre et moi, sur la question
des délais, sur la question de l'effectivité du droit, toujours, mais du grand
retard qui s'est accumulé au Tribunal administratif du travail et ses divisions
précédentes, nécessairement, quant au respect de la loi, dans la loi, c'est
écrit ailleurs, je ne me rappelle plus de l'article, là, mais qu'on doit rendre
les décisions dans les 90 jours. Et les statistiques qu'on examinait la
semaine dernière étaient très, très loin d'être, en majorité, proches de ces 90 jours. Même dans les dossiers urgents,
on y arrivait difficilement. Donc, pour vraiment mettre de l'accent, donc
une couche supplémentaire à cette volonté... Parce qu'ici, il n'est pas
question de critiquer la volonté, hein? Moi, j'ai pleinement confiance que la présidente actuelle du tribunal fait tout ce
qu'elle est... ce qui est en son pouvoir de faire pour accélérer ça,
pour avoir un nouveau plan d'action pour se rendre le plus largement possible
au respect de 90 jours qui est dans la loi.
Cela étant dit, en attendant qu'on réussisse à
faire des avancées concrètes dans ce domaine-là, du respect, donc, des délais qui sont prévus par la loi, bien,
encore faut-il que ces gens-là puissent avoir quelque chose, qu'ils puissent
avoir une espèce de... pas une alternative, mais une indication supplémentaire
qu'on prend au sérieux leur situation. Parce que vous vous doutez bien que, quand on se retrouve sans revenu parce que,
là, il y a une consultation, il y a une décision, etc., c'est un drame, c'est un drame,
évidemment, c'est... Je ne referai pas le débat entier de la semaine
dernière, mais c'est évidemment anxiogène de se retrouver dans une procédure
judiciaire en soi. Quand, en plus, c'est dans le cadre de santé et sécurité où
vous êtes en train de vivre une lésion, ça se superpose, ces deux types
d'anxiété là.
Alors là, on voudrait insérer un article qui
dirait la chose suivante, là. Là, on s'adresse donc à la division de santé et
sécurité du tribunal, du TAT, puis on dit que vous devez tenir compte, dans
votre préparation, là, ce qu'on appelle l'élaboration du rôle, r-ô-l-e... Je ne
sais pas si on prononce «role» ou rôle, ou...
Une voix : Rôle.
M. Leduc : Rôle. Dans votre rôle,
vous devez...
M. Boulet : En anglais aussi, là, si
vous souhaitez, ça serait...
M. Leduc : En anglais?
M. Boulet : Oui, mais ça serait
«role» aussi, quand même.
M. Leduc : Mais on n'est pas dans
une discussion sur la langue française, en ce moment, M. le ministre?
M. Boulet : Absolument.
M. Leduc : Je pense que ça serait
mieux qu'on reste sur le français. Mais, dans tous les cas, il faut qu'il y ait
une indication supplémentaire, qu'on fasse un pas supplémentaire pour dire au
tribunal : Là, on le sait, que vous travaillez fort, on le sait, qu'il y a
un plan qui est en place, puis ça, c'est le côté administratif, mais, dans la
loi, il faut vraiment prendre en compte les affaires devant être inscrites
d'urgence. Précisément, donc, ce que viens de vous lire, sur les questions
d'indemnité de revenu, il faut que ça soit vraiment priorisé dans le réel.
Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions ou... M. le ministre.
M. Boulet : Merci. Je pense que
c'est important de préciser qu'à l'article 359 il y a un paragraphe avec
plusieurs alinéas pour l'instruction et la décision, et on précise la nature de
ce qui doit être instruit et décidé d'urgence. C'est quand même assez complet.
Puis effectivement c'est dans cet article-là qu'on réfère au délai de
90 jours qui suivent le dépôt de l'acte introductif d'instance puis dans
les 60 jours de la prise en délibéré de l'affaire. Oui, effectivement.
Puis c'est le même phénomène que dans le cas des tribunaux judiciaires, les
délais ne sont pas toujours respectés, il y a de l'encombrement. Et il y a un
plan d'action qui a été mis en place par l'équipe, dont la présidente est
Mme Lucie Nadeau, et ça va bien. Il y a beaucoup de moyens qui sont pris
pour réduire les délais et s'assurer que les décisions soient rendues de manière
diligente.
Je comprends le but de l'amendement. Moi, je ne
veux pas non plus qu'on fasse une intrusion dans la gestion du tribunal
administratif, en tenant compte qu'il y a déjà un article en plus,
l'article 31 de la loi sur le tribunal administratif, qui... dont le titre
est «urgence ou prioritaire». Puis le président, donc la présidente, dans le
cas, comme vous le savez, Mme Nadeau,
peut déterminer, pour une saine administration de la justice, qu'une affaire
doit être instruite ou jugée
d'urgence ou en priorité. Puis, comme l'article 359 est extrêmement précis
et détaillé sur ce qui doit être instruit et jugé d'urgence, je pense qu'une combinaison de ces deux articles-là
devrait permettre de rassurer tout le monde que c'est fait. Puis, si les délais ne sont pas aussi
rapides qu'on le souhaiterait, bien, c'est... encore une fois, il y a beaucoup
d'efforts qui sont consentis pour réduire les délais. L'amendement, j'en
comprends le bien-fondé, mais l'article 31 répond bien à la préoccupation
qui est sous-jacente à l'amendement présenté par le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (11 h 30) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : On est dans une autre
démonstration de l'importance de l'effectivité du droit, parce que c'est vrai que l'article 31 auquel fait référence
le ministre existe, et je l'ai vu également, puis il dit, en effet, ce que le
ministre vient de nous décrire. Mais, encore une fois, ce n'est pas parce que
c'est écrit comme ça que ça donne, en théorie, les pouvoirs nécessaires ou la
marge de manoeuvre nécessaire pour arriver à la conclusion recherchée. Ce n'est
pas parce que c'est écrit là que ça se fait
pour vrai. Puis, encore une fois, on n'est pas en train de juger des
intentions, on est en train de regarder soit des faits ou soit de
l'expérience.
Et moi, quand
je prépare un amendement comme ça, Mme la Présidente, c'est sûr que, moi,
personnellement... ce n'est pas qui fait toutes ces clauses-là... pardon, qui
fait tous ces cas-là devant le tribunal par force de raison, mais, quand je
parle aux groupes, que ce soit des groupes populaires ou des groupes syndicaux
qui ont, eux, à mener des dossiers devant le tribunal, l'expérience qu'ils me
communiquent, et c'est pour ça que je fais un amendement aujourd'hui, c'est
que, dans la réalité, là, dans le concret, quand on a les deux mains, là, dans
la pâte, il n'y a pas de grandes différences entre une manière... quelque chose
qui est supposé d'être traité de manière urgence puis tous les autres dossiers.
Il n'y a pas de grandes différences. Oui, il y a une procédure d'urgence, mais,
pour ce qui devrait être ultra urgent, à savoir préserver le droit à
l'indemnité de revenus, de remplacement de revenus, les gens qui ont les deux
mains dans la pâte, là, ils ne voient pas une grande différence.
Alors, ce qu'on propose
ici, à 30.1, ne vient pas du tout défaire ou dédire ce qu'il y a à l'article
suivant, au 31, il vient énoncer une vraie priorité. Donc, il y a des pouvoirs
d'interprétation qui demeurent et qui sont justifiés, je pense, pour le
président, dans ce cas-ci, la présidente du TAT, qui peut décider, en fonction
de 31, sur sa propre lecture d'une situation, d'instaurer quelque chose
d'urgence ou en priorité, mais nous, on vient juste lui dire : D'accord, tu as encore ce pouvoir-là, puis tiens
compte maintenant, dans ton application de ce pouvoir-là, que nous, on considère, nous, les législateurs qui donnent le
mandat à la présidente d'effectuer cette saine administration de la
justice en matière de santé et sécurité au travail, et de toutes les autres
matières aussi de droit du travail... mais nous, on lui dit : Tu dois
tenir compte de manière prioritaire, là, de ce qui est écrit à 359.
M. Boulet : Moi, ça m'apparaît être
une chose évidente que, pour les fins d'une saine administration de la justice,
elle considère les affaires qui doivent être instruites ou jugées d'urgence. À
un moment donné, on ne peut pas aller dans la microgestion puis dire : Là,
je veux bien m'assurer que tu as bien lu l'article 359.
Puis c'est important, pour moi, de dire qu'on ne
vit pas dans un monde qui est purement théorique, là. En pratique, vous savez très bien
que, si les délais sont souvent beaucoup plus longs que ce qui est prévu dans la loi, il y
a des demandes de remise à la pochetée, je vous dirais. Puis est-ce qu'il y a
plus de demandes de remise d'un côté, du côté des travailleurs que des
employeurs? Je ne le sais pas. Mais, tu sais, il y a des règles de preuve et de
procédure des tribunaux administratifs, puis
ils acceptent les demandes de remise s'il y a des motifs sérieux. Puis ici, il
y en a énormément. Puis vous allez me dire, parfois, c'est tout à fait
justifié, on a besoin d'une expertise, on a besoin d'un complément d'information,
ou peu importe, mais il y a ça, là, qui a un impact sur les statistiques en
matière de délais.
Mais je reviens à votre amendement. J'en
comprends le bien-fondé, mais, pour moi, ça n'a pas vraiment de nécessité dans
la mesure où 31 de la loi sur le tribunal est très clair. Puis Mme Nadeau
sait ce qu'elle a à faire pour bien gérer son tribunal, et c'est ce qu'elle
fait. Puis là, de là à aller dire : Mme Nadeau, n'oubliez pas que,
dans le rôle, il y a... Elle connaît ça, là,
ce qui doit être instruit ou jugé d'urgence, et je ne voudrais pas qu'on soit
intrusifs au-delà de ce qui est nécessaire, surtout quand il y a un
article qui m'apparaît très clair.
Mais je suis content d'avoir eu ce débat-là puis
sensibiliser le tribunal à l'importance d'être soucieux, là, au respect des
délais puis à ce qu'il y ait une justice la plus diligente possible.
M. Leduc : ...vous êtes d'accord
avec moi, j'imagine, qu'une situation où un salarié se retrouve sans IRR, ça
serait quelque chose qui devrait se qualifier comme une cause devant être
entendue d'urgence.
M. Boulet : Qu'est-ce qui devrait se
qualifier comme une cause...
M. Leduc : Un salarié qui se
retrouve sans indemnité de revenu.
M.
Boulet : Bien, à 359, on les
a tous, les cas, visés au deuxième alinéa, formés en vertu, mais... il faudrait
voir, là, mais je présume. Je ne suis pas en
mesure de répondre si... Pour obtenir une indemnité de remplacement de revenu?
M.
Leduc : Quelqu'un,
un salarié qui perd son indemnité devrait... et qui est... donc, parce que
c'est contesté, devrait se retrouver de manière urgente, là, dans la
gestion du rôle... au-delà du rôle, là, mais dans la gestion, dans la priorisation de son dossier. Perdre son revenu,
là, c'est urgent de régler ça. Ça ne peut pas être quelque chose qui
traîne pendant des mois et des mois. Puis on les a vues, les statistiques, la
semaine dernière, là. Ça peut monter loin, là. Ça peut monter à 18 mois,
des fois. Ça n'a pas de bon sens. Attendre de voir si je vais avoir mon revenu,
mon indemnité de remplacement de revenu pendant 18 mois, ça n'a juste pas
de bon sens, ce n'est juste pas possible.
M. Boulet : Les délais sont beaucoup
trop longs. Puis le cas que vous mentionnez, sur le mérite, je suis d'accord
avec ça. Il y a d'autres cas où des employeurs pourraient être cotisés à leurs
taux personnalisés, puis ça peut avoir un
impact que ça soit payé. Il y a des cas multiples. Mais celui auquel vous
faites référence, moi, j'ai énormément d'empathie, puis j'estime que ça
devrait être entendu dans les meilleurs délais possible, que ça devrait être
entendu d'urgence. Quelqu'un qui est absent en raison d'une lésion
professionnelle, puis dont la décision est rendue par la CNESST, puis on refuse
la réclamation, puis qui ne reçoit pas d'indemnité de remplacement de revenu,
puis qui fait les contestations, puis qui attend, comme vous dites, un an, un
an et demi, oui, pour moi, là, je vous le dis, là, sans coller au texte, oui,
ça devrait être entendu en priorité.
M.
Leduc : Bien, je vous pose
donc peut-être la question ouverte : À défaut d'avoir un
article comme ça, qu'est-ce qu'on
peut faire dans la loi ou comme geste, aujourd'hui, ici, là, comme
législateurs, pour concrètement améliorer la situation?
M.
Boulet : Moi, si j'étais
conseiller juridique, dans un cas comme ça, je demanderais par requête, puis ça
se fait simplement, un sursis de l'exécution de la décision qui refuse
la réclamation et qui ne confère pas d'indemnité de remplacement de revenu. Et je plaiderais le préjudice grave et
irréparable, là, comme pour soutenir toute demande de sursis. Et, à mon avis, ça serait entendu puis ça serait
considéré comme une demande qui doit être instruite d'urgence. Ce
serait, selon moi, le véhicule le plus
rapide permettant au travailleur que le tort, que le dommage qui lui est causé
soit réparé.
M. Leduc : On a parlé de ça la
semaine dernière, même les causes de sursis, les requêtes de sursis, ce n'est
pas immédiat non plus, ça prend du temps.
M. Boulet :
Bien, ça, là-dessus, je me suis exprimé. Normalement, c'est... comme pour une
requête pour ordonnance d'injonction interlocutoire provisoire, c'est une
affaire de jours ou une affaire...
Une voix : ...
M. Boulet : Puis on me dit, là, tu
sais, ce n'est pas une affaire de mois. Tu sais, c'est 20, 25 jours, qu'on
m'informe, là, au maximum. Normalement, c'est entendu rapidement. Ça fait que,
là, ce n'est pas un préjudice qui va se perpétuer dans le temps.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Député d'Hochelaga-Maisonneuve, laisseriez-vous la parole au député de
Jonquière?
M. Leduc : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
• (11 h 40) •
M. Gaudreault : Je suis en train de
me demander si on n'est pas en train de parler, au fond, d'une question de ressources qui sont allouées au tribunal. Parce que, moi,
j'entends bien les préoccupations puis l'amendement qui est proposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve, j'entends bien les
réponses du ministre, qui, lui, comme solution, arrive avec une solution
juridique de faire une demande... ou judiciaire, plutôt, de faire une demande
de sursis, mais, dans l'article... bien, c'est-à-dire, dans la Loi instituant
le Tribunal administratif du travail, article 104, est-ce que le ministre
pourrait nous déposer les plans que le président du Tribunal administratif du
travail doit lui déposer à chaque année? Parce qu'on dit, à
l'article 104 : «Chaque année, le président présente au ministre un
plan dans lequel il expose ses objectifs de
gestion pour assurer l'accessibilité au tribunal ainsi que la qualité et la
célérité de son processus décisionnel et fait état des résultats obtenus
dans l'année antérieure.»
Moi, je veux savoir : Il manque-tu de
budget, il manque-tu d'assesseurs, il manque-tu de ressources pour que le rôle
aille plus vite? Je veux dire, moi, je veux bien, là, qu'on modifie la loi, là,
mais... Puis, en plus, je vois que, article 102,
«les livres et comptes du tribunal sont vérifiés chaque année par le
Vérificateur général». Ça fait que, là, ce qu'on pourrait faire, c'est une petite recherche, là, pour voir si le
Vérificateur général a-tu déjà soulevé des problèmes de budget? Auquel cas, moi, je pense, pour répondre à
la question du député d'Hochelaga-Maisonneuve, qui dit : Comment on
peut agir là, là?, bien, on va s'assurer de
mettre un peu plus d'argent dans le tribunal pour avoir toutes les ressources
pour aller le plus vite possible. Si on met 10 milliards dans un tunnel,
on peut mettre un peu d'argent dans un Tribunal administratif pour que ça aille
plus vite pour des causes dont les gens attendent des réponses, parce que leurs
enjeux financiers puis leur sécurité financière est en jeu. Alors, on peut peut-être
creuser un petit peu moins vite puis en mettre un petit peu plus sur
l'accélération des procédures du Tribunal administratif du travail.
Alors, moi, je veux savoir, en vertu de
l'article 104 de la Loi instituant le Tribunal administratif du travail,
est-ce que le ministre peut rendre public, nous déposer, à tout le moins, en
commission, les plans qui sont déposés à chaque année par la présidente du
Tribunal administratif du travail pour garantir l'accessibilité au tribunal, la
célérité de son processus, la qualité du processus décisionnel? Puis là on va
savoir de quoi on parle, là. Puis, s'il manque de l'argent, bien, on agira pour
qu'il y en ait, de l'argent. Le député d'Hochelaga-Maisonneuve dit :
Comment on pourrait agir rapidement? Bien, on s'adoptera une motion, là, au
salon bleu, pour dire qu'il y ait plus de l'argent dans le Tribunal
administratif du travail.
M. Boulet : Au prochain budget, oui,
tous les tribunaux vont... Mon collègue de Jonquière connaît bien la problématique. Mais, oui, évidemment, ce n'est pas
une question qu'on va résoudre dans notre commission parlementaire,
mais, effectivement, il y a un encombrement. Puis, en matière de santé et
sécurité, le nombre de contestations est en augmentation,
collègue, et la façon de réduire ça, ça va être de diminuer la fréquence puis
la gravité des accidents de travail. Puis l'oeuvre collective auquel on
travail patiemment, tous en équipe, va nous permettre, souhaitons-le, de
diminuer le nombre d'accidents de travail et
de maladies professionnelles et de diminuer l'inventaire des dossiers à être
entendus au Tribunal administratif du travail, d'une part. Puis, d'autre part,
il y a beaucoup de clarifications. Vous êtes avec nous, vous le savez,
maintenant, il y a beaucoup d'articles où on clarifie l'état du droit. Ça, ça
va diminuer le nombre de problèmes d'interprétation puis d'application à
soumettre devant les tribunaux. Ça fait que moi, j'ai bon espoir que ça va
contribuer à diminuer le nombre de contestations.
Maintenant, l'article 104, le plan, moi, ça
me fera plaisir de vérifier le dernier plan qui a été soumis par
Mme Nadeau, qui est présidente du Tribunal administratif du travail et
vous le partager, collègue, absolument, puis avec plaisir. Puis, bon, pour le
Vérificateur général, vous savez comment obtenir l'information qui est
pertinente. Mais le plan, à 104, j'en prends bonne note. Puis, si les collègues
souhaitent l'avoir... Puis je comprends que le but central, c'est d'améliorer
la célérité, c'est d'améliorer les délais, mais je suis quand même assez fier
de dire qu'au TAT, pour les causes... Parce qu'il y en a beaucoup, là. On n'est
pas... Tu sais, pour une loi de cette nature-là, il y a beaucoup de causes qui
sont jugées de façon urgente ou prioritaire. Puis, que les délais soient de 20,
25 jours, ça m'apparaît quand même intéressant, mais ça ne veut pas dire
qu'il n'y a pas d'efforts à faire, là. Je sais qu'il y a des cas qui sont plus
problématiques que d'autres au plan humain puis au plan financier. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Bien, le ministre, je suis heureux, là, puis je saisis sa
main tendue, il nous dit : Ça va me faire plaisir de déposer le plan, mais
c'est parce que moi, je veux l'avoir avant de décider si je vais voter pour ou
contre la motion du député d'Hochelaga-Maisonneuve. Là, il est
11 h 45. On siège cet après-midi à 3 heures. On pourrait faire un sursis de l'adoption de
l'article... c'est-à-dire de l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mais, quand on va revenir cet après-midi, si
on pouvait au moins l'avoir à ce moment-là, nous, ça nous permettrait d'en prendre
un peu connaissance pour voir comment bien se gouverner pour l'adoption ou pas,
là, d'un amendement ou s'ajuster en
fonction de ce qui sera dans le rapport. Parce que, si, dans ce rapport
annuel... Puis, encore là, dans le rapport annuel, moi, je veux savoir
c'est quoi, l'évolution. Est-ce que ça a empiré, la situation? Est-ce que ça
s'est amélioré? Je ne sais pas s'il y a une
perspective historique, là, dans le rapport en question en vertu de l'article 104,
mais moi, c'est sûr que je vais en
avoir besoin pour savoir comment me positionner par rapport aux amendements ou
aux articles qui touchent la célérité et le traitement des... du rôle du
Tribunal administratif du travail.
Alors, moi, dans le
fond, ce que je dis, c'est que je suis heureux que le ministre accepte de le
déposer, mais il va falloir qu'on en prenne connaissance, peut-être, quand on
va revenir cet après-midi, là.
M. Boulet :
Alors, au lieu de prendre un bon repas protéiné ce midi, je vous invite à aller
sur le site Internet du Tribunal administratif du travail : il y a la
planification stratégique qui se termine en 2021, il y en a une autre qui est
en voie d'élaboration pour 2021‑2025, et le rapport annuel y est aussi. Et vous
pourrez les consulter ce midi, ou à votre convenance, ou... Pardon?
M. Derraji :
Je vous rappelle que, lors de l'étude de crédits, justement, c'était une
question des questions...
M. Boulet :
Exact.
M. Derraji :
...que la planification stratégique n'a pas eu lieu à cause de la COVID et
faute de main-d'oeuvre.
M. Boulet :
Exact. Elle se termine cette année.
M. Gaudreault :
Mais est-ce qu'on parle du même document, là? Parce que l'article...
M. Boulet :
Le rapport annuel, il est là aussi, collègue. Le rapport annuel auquel vous
faites référence à l'article 104?
M. Gaudreault :
L'article 104, oui.
M. Boulet :
Oui. Sur le site Internet, oui.
M. Gaudreault :
O.K. Donc, ce que je comprends, c'est que l'article 104... le contenu de
l'article 104 est rencontré par le rapport annuel et le plan stratégique.
M. Boulet :
Oui, le dernier qui a été fait, là. Évidemment, avec la COVID, je ne sais pas
quand est le dernier rapport annuel, mais c'est sur le site Internet du TAT.
M. Gaudreault :
O.K. On va le regarder.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...qu'on pourrait suspendre l'amendement. C'est
ce que vous aimeriez, là? Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Je ne sais pas si on va suspendre ou pas, mais, si jamais on suspend, moi,
j'avais une autre question à poser, que le ministre pourrait vérifier
potentiellement sur l'heure du dîner. Puis peut-être que le collègue de
Jonquière n'a pas compris la référence à la salade protéinée, mais c'est comme
une petite blague.
M. Boulet :
On se taquine parfois.
M. Leduc :
On s'en reparlera tantôt.
M. Gaudreault :
C'est un «inside».
M. Leduc :
Oui. Souvent, quand, le midi, le ministre mange une salade protéinée, il est
plus ouvert aux amendements l'après-midi.
M. Gaudreault :
...
M. Leduc :
Exactement. Ça fait que le suspendre, c'est une bonne idée.
M. Gaudreault : Merci de m'en
informer, M. le député.
M. Boulet :
C'est une stratégie, Sylvain.
M. Gaudreault : Ah!
O.K.
M. Derraji : ...les amendements
l'avant-midi pour lui laisser le temps de bien manger un repas protéiné, il va
venir avec une bonne réponse. Généralement, c'est positif pour l'amendement.
M. Gaudreault : ...moi, je ne
portais pas de jugement sur le fait qu'il me disait : Si je prends un bon
repas protéiné... mais je trouvais ça intéressant. C'est bon.
M. Leduc : Message au collègue de Jonquière :
si vous allez à la cafétéria puis qu'il ne reste qu'une seule salade, vous êtes
mieux de la laisser là...
M. Gaudreault : Je la laisse au ministre.
M. Leduc : ...pour être certain que
ce soit le ministre qui la mange.
M. Boulet : Est-ce que tout ça est
permis, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Bof!
Si ça vous permet, là, de vous détendre en même temps, là, c'est bon.
Mais, effectivement, si on revient à l'amendement...
parce qu'il nous reste quand même 12 bonnes minutes.
M. Leduc : Pas de souci, Mme la
Présidente. Alors, tout ça pour parler de choses sérieuses. Moi, il y a quelque chose que je voudrais vérifier, si jamais, d'aventure, on suspendait, là, puis qu'on allait
faire des vérifications sur l'heure
du dîner. La raison pour laquelle je fais référence, dans mon amendement
à 30.1, à l'élaboration du rôle — j'ai
toujours peur de me tromper en le nommant, rôle, et non
«role», le rôle — c'est
que... est-ce que ça existe, au TAT, un rôle avec les enjeux dits urgents, les enjeux dits
prioritaires puis les enjeux non... tu sais, les autres enjeux? Normalement,
il faudrait y avoir... il y aurait comme trois rôles, en quelque sorte.
• (11 h 50) •
M. Boulet : Évidemment, je ne suis
pas dans l'administration quotidienne du Tribunal administratif du travail,
mais les tribunaux, généralement, oui, ont un rôle. En fait, un rôle, c'est une
façon... Est-ce qu'ils appellent ça un rôle? Je ne sais pas, mais je présume
que oui. Puis ça détermine l'ordre de priorité, là. Ce qui doit être entendu
d'urgence est bien identifié. Donc, les causes qui sont prévues à l'article 359,
elles doivent être identifiées de façon distinctive. Et, tu sais, quand on
parle d'un délai de 20, 25 jours, assurément qu'il y a cet exercice-là qui
est fait.
Encore une fois, quand on le dit à 31, pour la
saine administration de la justice administrative, donc tous les cas qui sont
sous l'autorité du TAT, absolument, oui, il y a des sections à un rôle. Ou
est-ce qu'il y a des tribunaux qui appellent ça des registres ou des... Mais
oui.
M. Leduc : Comme vous le savez, un
de nos rôles dans les oppositions, c'est de porter la voix des gens qui ne sont
pas ici parmi nous, mais qui sont sur le terrain puis qui ont une expérience du
territoire. Et ces gens-là, puis je le répète, autant les groupes populaires
que des centrales syndicales, n'ont pas l'impression qu'un rôle... que de tels
rôles existent. Dans la façon dont ils voient tel ou tel dossier traité dans la
hiérarchisation, ça ne donne vraiment pas
l'impression qu'il y a une vraie hiérarchisation, une vraie priorisation en
fonction de 359. C'est comme si 359 était là mais qu'il était, à toutes
fins pratiques, inopérant.
M. Boulet : Eh mon Dieu!
M. Leduc : Et, encore une fois, je
vous rappelle tout le concept de l'effectivité du droit que je recherche.
M. Boulet : Mais, si c'était le cas,
ce ne serait pas acceptable. Je suis d'accord avec vous. Si c'est une
perception, je vous dis qu'elle est certainement incompatible avec la réalité.
Mme Nadeau, elle est là depuis notre élection. Moi, j'étais évidemment la
personne qui l'a nommée, là, en vertu du privilège que me confère mon statut de
ministre du Travail. Et c'est une personne qui est là depuis longtemps, qui
connaît bien son rôle. C'est une femme d'extrême
rigueur puis c'est une gestionnaire de renom qui, en matière de justice
administrative, a une excellente réputation. Donc, je voudrais
certainement, par mes propos, contribuer à défaire la perception que certaines
personnes peuvent avoir, des syndicats ou des travailleurs, qu'il n'y a pas de
rôle. Non. S'il n'y a pas de rôle puis si on n'identifie pas ce qui doit être
instruit et jugé prioritairement, comment on aboutit à des délais que ceux dont
je vous ai parlé, alors que les délais réguliers, pour une audience régulière,
sont beaucoup plus longs, là, tu sais, dépendamment des... Tu sais, c'est long,
là, les délais d'audience, comme dans tous les tribunaux administratifs et les
tribunaux judiciaires. Donc, ça m'irriterait passablement si c'était le cas. Si
la perception était fondée, ce serait inacceptable. Ça fait que...
M. Leduc : Je suis convaincu
que vous pouvez vérifier ça, là, sur l'heure du dîner, par exemple.
M. Boulet : Bien oui, bien sûr.
M. Leduc :
Parfait. Donc, au retour du dîner, on aura une indication plus claire de
comment...
M. Boulet : Sur le rôle, oui.
M. Leduc : ...est administré,
dans le fond, cette hiérarchisation-là. Encore une fois, vous l'avez bien
indiqué tantôt, loin de nous l'idée de faire de la microgestion.
Cela étant dit, sans aller écrire nous-mêmes le
rôle ou l'administrer nous-mêmes, d'abord vérifier s'il existe, comment il est
construit. Est-ce qu'il y des différenciations entre, en effet, urgent,
prioritaire et les autres? Comment tout ça s'entremêle? Parce qu'on imagine
qu'on ne peut pas juste faire des prioritaires et juste des urgentes, sinon les
autres ne seront jamais entendues. Dans les
statistiques qu'on avait regardées la semaine dernière, ils en ont beaucoup,
là, des dossiers dits urgents. Ça prend quand même beaucoup de place.
Mais tout ça pour dire que je suis content, là,
puis on va pouvoir en reparler au retour du dîner, sur comment ça fonctionne,
ledit rôle ou lesdits rôles. Ça va nous aider à comprendre si... en effet, s'il
y a un problème de perception ou si, au-delà
de la bonne volonté, de l'efficacité et de la rigueur de Mme la Présidente du
TAT... ce n'est jamais ça qui est en question, évidemment, selon moi
puis dans ma perspective, mais on pourra regarder s'il n'y a pas lieu de peut-être, en effet, donner une indication à
30.1, ou d'une autre manière, pour que les questions vraiment urgentes, notamment
la question des revenus, soient, dans les faits, traitées de manière urgente.
M. Boulet : Écoutez, puis moi,
je vais me prêter au jeu, je ne pense pas que ce soit nécessairement le forum
approprié. Je veux surtout profiter de l'occasion pour vous redire, parce qu'on
se parle, le collègue de Nelligan me parle
de sujets qui le préoccupe, collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, collègue de Jonquière, vous êtes les
porte-parole en matière de travail,
n'hésitez pas, en dehors des commissions parlementaires, s'il y a des enjeux, à
les partager avec moi. Ça ne veut pas dire qu'on va tout régler, mais
moi, ça m'interpelle. Puis j'aime ça, travailler en équipe. Puis, si le collègue de Jonquière m'appelle dans deux
semaines, puis il me dit : Jean, ça, ça ne marche pas, on va regarder ensemble ce qu'on peut faire. Puis je
suis là de façon temporaire, comme on l'est tous, puis il faut que les
affaires de l'État soient gérées convenablement puis pour le bénéfice des
Québécois puis des Québécoises. Ça fait que n'hésitons pas.
Mais là je vais... le Tribunal administratif du
travail, oui, je vais vous donner des informations sur comment ils
hiérarchisent, là, parce que c'est le terme, ou qu'ils priorisent les dossiers
de façon à ce que ce soit... notamment pour
359, je veux dire, c'est quand même assez clair, là, il y a plusieurs alinéas,
il faut que ce soit fait, sinon... Tu sais, c'est une question de santé
et de saine administration de la justice. Puis, même si on n'est plus en
commission parlementaire, dans x temps, on
peut interpeler la présidente du TAT puis dire : Il y a un enjeu. Puis,
même si c'est une perception, au moins, on le dit à micro ouvert, si ça
peut contribuer à défaire la perception, bien, tant mieux.
M. Leduc : Puis on l'a dit, de toute
façon, que nous, on se gardait des notes pour l'étude de crédits de l'année
prochaine. Je m'en rappelle. Je me suis gardé une note qu'il fallait que je me
garde une note.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Vous
allez sûrement vous en rappeler.
M. Leduc : Alors, j'imagine qu'on
peut peut-être suspendre l'article en étude?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
nous reste quatre minutes. Alors, si j'ai le consentement, on pourrait
suspendre et ensuite on irait à l'article 236, M. le ministre. Est-ce
que c'est ce que vous souhaitez?
M. Boulet : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, j'ai le consentement pour suspendre l'amendement? Parfait. Nous
poursuivons donc avec l'article 236, M. le ministre.
M. Boulet : Oui, merci.
L'article 82 de cette loi est modifié par l'insertion, dans le
paragraphe 3° du deuxième alinéa et après «un membre», de «ou toute
personne».
Bon, cette disposition permet au président du Tribunal
administratif du travail de désigner toute personne pour agir comme responsable
de l'administration d'un bureau du Tribunal administratif du travail.
Actuellement, seul un membre du tribunal peut exercer cette responsabilité.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excellent. Y a-t-il des interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Question de
compréhension, Mme la Présidente.
Des voix :
...
M. Boulet : L'exemple classique, collègue,
c'est... pour gérer les bureaux régionaux du Tribunal administratif du travail,
ça prend un juge, ça prend un membre du TAT. Donc, c'est pour prévoir la
possibilité que ça soit une autre personne, que ça puisse être un gestionnaire,
pour s'assurer de la bonne conduite des affaires du bureau régional du Tribunal administratif du travail. C'est simplement cette ouverture-là qui est prévue dans cet amendement.
M. Leduc :
Elle est basée sur une expérience?
M. Boulet : Besoin.
M. Leduc : Sur un besoin?
M. Boulet : Oui. Bien, besoin parce
que, les membres du TAT, on souhaite qu'ils décident puis qu'ils entendent, qu'ils gèrent le moins possible. Donc,
ce serait des personnes qui auraient des responsabilités de gestion,
alors que les juges du TAT, bien, on
souhaite... puis on vient d'en parler, là, le nombre de contestations était en
augmentation dans les dernières années, ça fait qu'on souhaite vraiment... Puis
je me souviens de l'avoir vu, là, que c'était souhaité, là, en pratique aussi,
là. C'est la présidente...
M. Leduc : Par?
M. Boulet : Bien, par la présidente
du Tribunal administratif du travail.
M. Leduc : O.K. Mais elle doit être
un membre du tribunal, la présidente.
M. Boulet : ...du TAT? Je ne
comprends pas.
M. Leduc : Pour être présidente du
TAT, il faut être un juge administratif?
M. Boulet : Bien oui. Elle l'était.
Elle l'était.
M. Leduc : Bien, c'est ça. Bien,
c'est ce que vous appelez un membre du tribunal, là.
M. Leduc : Non, mais, mettons, pour
aller gérer le bureau au Saguenay—Lac-Saint-Jean, du Tribunal administratif du
travail, ce qui est prévu, c'est : «...le président est chargé de l'administration
[...]. Il a notamment pour fonction de
désigner [une personne] pour agir comme responsable de l'administration d'un bureau du tribunal.»
C'est un bureau régional. Elle pourrait
nommer une personne autre qu'un membre du Tribunal administratif, autre qu'un
juge.
M. Leduc : Ça, j'ai bien compris. Ma
question, c'est : Là, dans le fond, vous permettez à un non-avocat,
finalement, de devenir gestionnaire d'un bureau?
M. Boulet : Ça pourrait. Ça
pourrait.
M. Leduc : Mais c'est ça que vous
voulez dire par «toute personne».
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Parce que, sinon, c'est
nécessairement un avocat et...
M.
Boulet : Mais ça n'exclut pas nécessairement. Ça peut être un avocat,
mais ça pourrait ne pas être un avocat.
M. Leduc : Dans l'ancien libellé ou
le nouveau libellé?
M. Boulet : C'est parce qu'il y a
une différence entre un avocat puis un membre du TAT, là. Oui, pour être juge
au Tribunal administratif, il faut que tu sois un avocat, là...
M. Leduc : Oui, c'est ça.
M. Boulet : ...mais tu peux être un
avocat sans être membre du TAT, là.
M. Leduc : Oui, je comprends, mais
on est nécessairement avocat lorsqu'on est membre du TAT.
M. Boulet : Oui. C'est dans les
critères, oui.
M. Leduc : C'est ça. Et là ma
question...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Compte tenu de l'heure, nous suspendons les travaux. Alors, nous allons reprendre cet après-midi. Et je vous rappelle que
c'est au salon rouge cet après-midi. Et je vous souhaite donc un bon
dîner.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 15 h 23)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, attention, s'il vous plaît! La Commission de l'économie et du travail
reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi
n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du
travail.
Lors de la
suspension de nos travaux cet avant-midi, nous en étions effectivement à l'article 236,
qui avait été lu par le ministre, et nous en étions à échanger. Alors, y
a-t-il d'autres interventions ou, M. le ministre, vous voulez prendre la
parole?
M. Boulet : Mais, en fait, c'était
pour donner un suivi. Malgré le lunch et la période de questions, il faut
garder l'importance... ne pas échapper la cohésion de nos échanges.
Pour le rôle du Tribunal administratif du
travail, il est confectionné en tenant compte, oui, des dossiers urgents,
prioritaires et réguliers, mais il y a quatre catégories. La première catégorie,
c'est les dossiers dont la date a été fixée de consentement avec les parties ou
un juge coordonnateur, et ça, c'est suite à une convocation ou suite à une
remise. Mais, dans le 1, ce qui est fixé de consentement, il respecte toujours
le «urgent» d'abord, «prioritaire» ensuite, puis «régulier». Donc, c'est constamment
ce qui guide les techniciens du droit, là, qui confectionnent le rôle.
Et, bon, je vais vous donner quelques chiffres
qui peuvent être utiles. En 2020‑2021, le TAT a convoqué
54 400 dossiers pour 33 438 audiences, donc
4 533 dossiers par mois, 2 786 audiences par mois.
Évidemment, ils ont fermé beaucoup de dossiers, ce qui est intéressant, des
fermetures suite à de la conciliation, parce qu'il y a beaucoup de conciliation, et ça donne de plus en plus de
résultats, 48,3 % des dossiers,
14 296 ont été fermés suite à la conciliation. Il y a eu, étonnamment, 33,8 % des dossiers qui
ont été fermés suite à un désistement, donc 10 027, et il y en a
17,7 % qui ont été fermés suite à des décisions. Donc, voilà. Mais
essentiellement, pour répondre à votre question, c'est urgent, prioritaire puis
régulier, et le rôle est confectionné de cette manière-là.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Je
comprends, M. le ministre, que, là, vous avez apporté une réponse à
l'amendement que nous avions suspendu ce matin. Alors, est-ce qu'on continue
sur ce sujet-là — parce
que, si on continue sur ce sujet, il faut
suspendre l'article 236 sur lequel on discutait — ou on reviendra sur ça plus tard? On
revient plus tard? Parfait.
M. Boulet : Moi, mes commentaires
sont faits sur l'article 236. C'était simplement pour donner de
l'information au collègue.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, nous discutons maintenant de l'article 236. Est-ce qu'il y
a des commentaires sur l'article 236?
M. Leduc : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente,
puis merci au... M. le ministre d'avoir été chercher ces réponses sur l'heure du dîner. On y reviendra dans quelques
instants, j'imagine, quand on retournera à l'amendement.
Concentrons-nous sur 236, là, qui était l'objet de nos discussions juste avant
la pause dîner. J'espère qu'il restait des bonnes salades à la cafétéria. Moi,
j'en ai mangé une bonne, en tout cas, au thon ce midi, c'était très bien.
M. Boulet : ...
M. Leduc : Même chose pour vous, M.
le ministre?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Aïe, aïe, aïe! On est en
communion. C'est presque inquiétant.
M. Boulet : On va être vraiment au même
diapason.
M. Leduc : C'est presque inquiétant.
C'est presque inquiétant. Restons sur le 236. La question que j'allais vous poser avant qu'on suspende, c'est que, là, on
ouvre la possibilité à une personne qui n'est pas membre du Barreau,
donc pas de profession avocat ou avocate, qui est un prérequis, là,
normalement, pour être membre du tribunal, et donc qui est un prérequis pour
être la personne qui préside le tribunal.
M.
Boulet : Oui, quand tu deviens président, tu deviens automatiquement
un membre du Tribunal administratif du travail.
Donc, quand tu deviens président ou présidente, dans le cas présent, tu es automatiquement un membre du TAT,
mais tu n'as pas besoin d'être un membre du Tribunal administratif du travail
pour devenir président ou présidente.
M. Leduc : Ah bon!
M. Boulet :
Donc, une personne pourrait appliquer de l'extérieur. Dans le cas de
Mme Nadeau, elle était déjà membre du Tribunal administratif du travail,
mais ce n'est pas un prérequis.
M. Leduc : O.K. Puis est-ce que
cette possibilité-là a déjà été... s'est déjà avérée dans l'histoire, à votre
connaissance?
M. Boulet : Ah mon Dieu! De mémoire,
je crois que les personnes qui ont accédé à la présidence étaient déjà des
juges du Tribunal administratif du travail, mais c'est un aspect historique,
là, que je pourrai vérifier, là.
M. Leduc : Parce que, moi, j'ai été
longtemps impliqué dans les associations étudiantes à l'université, puis on
avait peut-être un certain comparatif à faire avec les recteurs d'université,
ou rectrices, qui étaient nécessairement des professeurs. Mais je pense qu'il
était techniquement possible d'avoir un recteur qui était non professeur,
quoique certainement pas dans la tradition et certainement pas ce qui était nécessairement
recherché par les différentes composantes d'une université. Ça fait que c'est
là que je voulais un peu savoir qu'est-ce qu'on... quel parallèle on pouvait faire avec la situation devant nous. Parce
que lorsque vous ouvrez la possibilité pour une personne non-avocate,
non membre du tribunal, d'administrer un bureau régional du tribunal, je
voulais juste m'assurer qu'on n'était pas en train de faire un double standard
où, dans un bureau régional, on puisse être non membre du tribunal, mais qui,
pour la présidence...
M. Boulet : Je pense que c'est
clairement écrit à 3° de 82, c'est une personne «pour agir comme responsable de l'administration d'un bureau du tribunal».
Donc, l'aspect essentiel, c'est l'administration, purement et simplement.
Et je pense que c'est... ça donne une flexibilité additionnelle au Tribunal
administratif du travail.
M. Leduc : Et, comme vous le
soulignez, je veux juste être sûr d'avoir bien compris, c'était une demande,
une requête du TAT de procéder à cette mise à jour là?
M. Boulet : Tout à fait. Absolument.
M. Leduc : Parce que c'est difficile
de trouver des personnes membres du tribunal pour faire ça?
M. Boulet : Non, c'est parce que
c'est des ressources qu'on a besoin de monopoliser pour faire de la gestion,
alors que ces personnes-là peuvent juger, siéger et collaborer à la résolution
des litiges, là, bien sûr, puis faire leur travail essentiel, là, plutôt que de
faire de la gestion.
M. Leduc : Mais est-ce que... Je
sais qu'il existe une association qui représente les juges administratifs, il
me semble, au Québec, qui est l'association qui fait des représentations,
d'ailleurs, pour parler des conditions de travail de ces personnes-là. Est-ce
que cette association, dont je ne connais pas le nom, j'oublie le nom, est-ce
qu'ils ont été consultés par rapport à cette possibilité-là d'ouvrir? Parce
que...
• (15 h 30) •
M. Boulet : Bien, c'est un poste de
cadre, là. Tu n'as pas besoin... Tu ne deviens pas membre. En fait, ce qu'on
dit, c'est qu'on peut désigner un membre ou une personne. Parce qu'un membre,
c'était déjà là. On rajoute «une personne», donc, qui devient un cadre au
service du tribunal pour faire la gestion d'un bureau, dans une région, du
tribunal, tout simplement, là. C'est... Je pense qu'il ne faut pas complexifier
ce qui est véritablement simple, là. C'est juste de donner une marge de
manoeuvre additionnelle.
M. Leduc : Ah! bien, vous avez
raison de dire que c'est très simple, je le comprends très bien. Ça, il n'y a pas de doute là-dessus. Moi, les questions que je
vous pose, c'est vraiment pour bien comprendre d'où ça vient et
surtout : Est-ce que ça va ouvrir des contestations? Parce qu'on sait que,
des fois, pour le meilleur ou pour le pire, il y aura peut-être certains
milieux qui ont une chasse gardée, par exemple, sur des types de fonctions, ou
qui s'attendent à ce que la personne qui les dirige soit un, comment on disait
ça dans les universités, un primo inter pares, premier d'entre les pairs.
Alors, si on sort de cette logique-là ou on permet de sortir de cette
logique-là, quelles sont les conséquences? Je ne suis pas un devin. Je n'ai pas
nécessairement une objection de fond à ce que ce soit quelqu'un qui ne soit pas
un membre du tribunal qui administre un bureau régional, mais est-ce que ça a
été réfléchi, cet aspect-là de sortir de cette logique du primo inter pares?
M. Boulet : Absolument. Puis c'est
la présidente du tribunal qui demeure l'autorité pour les membres du Tribunal
administratif du travail. Et là, ici, ce n'est qu'un travail de gestionnaire.
Encore une fois, je le réitère, c'est purement et simplement pour faire de
l'administration, puis je pense que le libellé reflète très bien cette
réalité-là.
M. Leduc : Peut-être une dernière
question de compréhension pour voir si, en effet, l'impact est plus ou moins
limité, mais est-ce qu'un directeur d'un bureau régional n'a pas aussi... Vous
dites : C'est la présidente qui est l'autorité en haut de la pyramide. Je
le comprends bien, mais est-ce qu'un directeur d'un bureau régional n'a pas une
certaine forme, par exemple, d'autorité en matière d'emploi, ou de suivi, ou de
rigueur du travail? Est-ce qu'il fait des évaluations? Est-ce qu'il participe à
des évaluations des membres du tribunal?
M. Boulet : Il
ne gère pas les membres du Tribunal administratif du travail, il ne fait que
s'assurer de la bonne gestion, de la saine administration des affaires du
bureau régional, et sa responsabilité est limité à ça, là, parce que la
présidente demeure l'autorité des membres, les juges du Tribunal administratif
du travail.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Ça
va? Est-ce que, s'il n'y pas d'autre question... Oui, député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Est-ce que le ministre peut nous dire comment ça
marche présentement? Il y a combien de bureaux régionaux, comment ça
marche, et quels sont les problèmes présentement dans le système, là, qui
méritent cet amendement?
M. Boulet : Des bureaux régionaux,
on en a... Ça ne sera pas long. Mais il y en a à peu près dans toutes les
régions administratives du Québec. Non, il n'y a pas de problématique
particulière. C'est un tribunal qui, je le répète, est extrêmement bien géré, mais il n'y a pas de problématique
particulière. C'est simplement que le tribunal souhaitait pouvoir
embaucher des personnes autres que des membres du Tribunal administratif du
travail. C'est vraiment une demande du tribunal, là. Ce n'est pas un impératif,
mais c'est une marge de manoeuvre qui va être la bienvenue.
M. Gaudreault : Mais il y a combien
de membres présentement?
M. Boulet : On a 19 bureaux,
puis des juges... Que vous voulez savoir?
M. Gaudreault : Bien, c'est parce
que la loi actuelle dit de désigner un membre. Alors, il y a 19 bureaux,
mais il y a combien de membres?
M. Boulet : Un instant, je vais le
vérifier. On va le vérifier parce qu'on a fait quand même un certain nombre de
nominations, là, dans la dernière année. Je vais vérifier combien il y en a.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Député
de Jonquière, est-ce que vous aviez d'autres questions ou...
M.
Gaudreault : Bien, ça va
dépendre des réponses que je vais obtenir, Mme la Présidente. Alors, c'est
pour ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) : À
celles-là? D'accord.
Des voix :
...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Est-ce
que la réponse, ça va être long?
M. Boulet : Non, ça ne sera pas
long.
M. Gaudreault : Parce que, dans la
loi, ce sont les articles 52 et suivants, dans la loi instituant le
tribunal, puis je ne vois pas de chiffre précis sur le nombre de membres.
M.
Boulet : Ce qu'on a dans le
rapport du Tribunal administratif du
travail, c'est les membres et les
dirigeants. Donc, les juges du tribunal, est-ce qu'il y en a... Je pourrai vous donner le chiffre vraiment
précis, mais c'est 157 en tout.
M. Gaudreault : 157?
M. Boulet : Membres et dirigeants.
M. Gaudreault : Membres et
dirigeants.
M. Boulet : Mais je n'ai pas la
distinction entre les deux, là, combien il y a de juges et combien il y a de
dirigeants. Ça, on va demander l'information, puis je pourrai vous la donner
plus précisément.
M.
Gaudreault : O.K.
C'est parce que... Je vais vous expliquer, Mme la Présidente, où je veux en venir. Puis le ministre va bien me comprendre parce
que, lui et moi, on vient de deux régions soeurs, je dirais, parce que, moi, je
fais souvent des comparaisons entre la Mauricie puis le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
des régions construites sur l'exploitation des ressources naturelles avec une
ville centre qui a l'industrie de l'aluminium, l'industrie forestière, que...
donc des histoires qui sont semblables. Puis c'est très, très important dans
nos régions d'avoir vraiment une déconcentration importante des services de
l'État.
Alors, moi, je ne voudrais pas que cet article
permette que, dans certaines régions, on n'ait pas de membre, vous comprenez ce que je veux dire, dans le sens
que, si on dit : «De désigner un membre ou toute personne
pour agir comme responsable de l'administration d'un bureau du
tribunal», je ne voudrais pas qu'indirectement on se retrouve dans une situation
où, dans certaines régions comme la Mauricie ou le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
parce que c'est souvent dans les régions ressources qu'on vit ces réalités-là,
qu'ils vont désigner un professionnel qui, par ailleurs, est
correct, mais qu'il n'y aura jamais de membre résident. Il y aura peut-être...
Si, admettons, sur les 157 dont nous parle le ministre, que le tribunal est
capable de fonctionner avec un certain nombre de membres, mais que ces membres sont tous concentrés, disons, dans la
Capitale-Nationale ou dans la région métropolitaine, ça va faire en
sorte que, dans des régions plus ressources ou périphériques, il pourrait
arriver le fait qu'il n'y a pas de membre. Alors, ce que je veux dire, c'est
que moi, je ne suis pas contre pour assouplir les choses puis qu'on puisse
nommer «toute personne», mais je ne voudrais pas qu'on arrive dans une
situation où...
Je vais le prendre de l'autre bord. C'est comme
si le libellé actuel, «désigner un membre pour agir comme responsable de l'administration
d'un bureau du tribunal», est une forme de garantie qu'au moins il y aura un
membre par région parce qu'il est désigné pour agir avec... agir comme
responsable de l'administration du bureau dans la région X. Mais, si on
dit : «Désigner un membre ou [une] personne», il pourrait arriver une
situation où, disons, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, si je prends ma région, ou en
Mauricie, si je prends la région du ministre, qu'on se retrouve dans une
situation où, ah! là on va désigner une personne. Ça fait que ça va faire qu'à
la longue il va y avoir un phénomène de concentration, à Montréal ou à Québec,
des membres, puis, dans les régions, on va envoyer des personnes, selon le
libellé de l'amendement proposé par le ministre.
Alors, moi, je veux avoir une garantie qu'on
aura, dans les régions, des membres, d'autant plus qu'on le sait, là, le
gouvernement a pris l'engagement de déployer 5 000 fonctionnaires
dans les régions du Québec. Alors, il faut s'assurer d'avoir le plus de
garanties possible pour garder des membres du tribunal dans les régions.
La Présidente (Mme IsaBelle) : M. le
ministre.
• (15 h 40) •
M. Boulet : C'est une bonne intervention.
On voit le côté pratique de notre collègue de Jonquière. J'ai la même
sensibilité que vous, d'ailleurs. J'ai fait des dossiers au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
évidemment, j'en ai fait en Mauricie et je partage la préoccupation. Mais le
but, c'est tout à fait de libérer des ressources additionnelles pour siéger. Et
il y a une répartition des juges sur le territoire québécois véritablement en
fonction des besoins. Puis, dans toutes les
régions, il y a des juges qui sont là et qui siègent de façon régulière, il y
en a au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
il y en a dans toutes les régions du Québec.
Et, sur les 157 personnes, je voulais
apporter une précision additionnelle, il y a 153 juges et il y a quatre dirigeants. Donc, c'est simplement de permettre à
ce qu'une personne autre qu'un membre du tribunal, un autre que les 153 qui siègent, et qui délibèrent, et qui rendent
des décisions, puisse assurer l'administration du bureau. Puis, encore
une fois, on voit dans les autres paragraphes que, pour la coordination, la
répartition du travail, tout ça reste dans les mains de la présidente.
Mais est-ce que je peux donner une garantie?
Évidemment, je vais respecter l'indépendance du Tribunal administratif du
travail, mais, moi, je peux vous assurer que, comme parlementaire, j'insiste
qu'il y ait des personnes qui soient des
membres du Tribunal administratif du travail partout dans les régions du
Québec. Et actuellement on me confirme
qu'il y a une répartition, là, pas mal compatible avec le volume des besoins,
là, en tenant compte des régions.
M. Gaudreault : Donc, si je
traduis les paroles du ministre, l'intention du législateur, par cet
amendement, n'est pas de faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire
directement et de commencer à dépouiller les régions de juges ou de membres du
tribunal, mais de vraiment garantir... bien, pas... en tout cas, il ne peut pas
garantir, mais qu'il va y avoir... il veut
certainement nous dire qu'il y aura des membres du tribunal dans toutes les
régions du Québec.
M. Boulet : Absolument. Puis
j'attire votre attention, d'ailleurs, à l'article 83, là, de la loi sur le
TAT, là : si jamais il manquait de personnes, il y a possibilité d'en
affecter temporairement jusqu'à tant que les postes soient comblés, mais, dans
les régions, il doit y en avoir plusieurs, là, tu sais? Comme en Mauricie, je
pense qu'il y en a quatre ou cinq permanents, puis au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
à peu près la même affaire, là. C'est le même bassin de population puis à peu
près les mêmes besoins.
Puis, moi aussi, pour revenir à votre propos,
souvent j'ai fait des comparaisons parce que j'ai commencé ma carrière dans le
même cabinet d'avocats que notre collègue de Jonquière. Il a fait son stage au
sein de ce cabinet-là, donc on a plusieurs connaissances communes. Et ma
conjointe, d'ailleurs, est une Saguenayenne, donc on a plusieurs connaissances
en commun.
Ça fait que non, mais il n'y a pas d'enjeu, là. Puis, s'il y avait
un enjeu de cette nature-là, on le soulèverait puis, à titre de
parlementaires et législateurs, on s'assurerait que ce soit... Mais on est
entendus, en même temps, en étude détaillée,
puis je suis convaincu que la présidente du Tribunal administratif du travail
est sensible à cet aspect-là aussi.
M. Gaudreault : Parfait, Mme la
Présidente. Alors, après la session, on prendra de la tourtière ensemble avec
un Red Champagne, peut-être.
M. Boulet : Toutière et champagne!
M. Gaudreault : Je ne sais pas si la
conjointe du ministre fait de la tourtière du Saguenay, mais, enfin, celle de
ma mère, c'était la meilleure.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : C'est bon. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'article 236? Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc :
Bien, c'est juste pour revenir un peu sur la question de l'administration. Il y
a des chiffres qui ont été échangés, puis peut-être que je voudrais les
clarifier, là. On a fait référence au nombre de juges. On a bien dit 153,
tantôt, qui sont actuellement en fonction?
Une voix : ...
M. Leduc : O.K. J'avais 157 au
dernier rapport annuel, mais bon, il peut...
M. Boulet : Non, mais 157, les
membres et les dirigeants, comme j'ai mentionné. Et c'est 153 pour toutes les
divisions du TAT, là, puis pour toutes les régions du Québec.
M. Leduc : Je comprends. La raison
pour laquelle je voulais juste revenir rapidement sur ce chiffre-là, c'est
qu'il est presque inchangé depuis un bon bout de temps, là. Il y a des rapports
qui datent de 2010, à l'époque où c'était deux chambres divisées, là, il y
avait la Commission des relations du travail puis la Commission des lésions
professionnelles, la CRT puis la CLP, et, au total, ça faisait 155 juges
administratifs. Alors, ça fait, quoi, 2010, on est en 2021, 11 ans de ça. Ça n'a pas beaucoup changé. Cela dit, les
demandes de recours, elles, ont quand même progressé. Alors, on a
progressé, là, dans les dernières années.
Alors, la question qui se pose, c'est :
Est-ce qu'il y aura plus de juges administratifs bientôt? Est-ce que, dans le fond, ce que vous nous proposez là... Oui, je
comprends que c'est peut-être pour libérer certains membres du tribunal
pour qu'ils puissent se concentrer davantage sur le fond. Je ne sais pas à quel
point c'était une tâche à temps plein, là, d'être directeur d'un bureau de
région ou il était-tu libéré à temps partiel pour faire ça? Comment ça
fonctionne?
M. Boulet : C'est une job à temps
plein, là. Administrer un bureau de région, là, c'est beaucoup de travail. Puis, oui, il y a des appels de candidatures assez
fréquemment. Évidemment, je ne suis pas dans la gestion quotidienne du
TAT, là, mais moi, je fais confiance à une personne qui s'appelle Lucie Nadeau,
qui est présidente, qui évalue bien ses besoins. Puis, quand elle a des
besoins, elle les exprime, et on procède à des appels de candidatures.
M. Leduc : C'est une chose, en
effet, de faire des remplacements parce qu'il y a un naturel mouvement puis départs à la retraite, c'en est une autre de
potentiellement élargir le nombre total de membres du tribunal pour essayer de s'armer pour
vaincre cette tâche, là, titanesque de réduire les délais et de respecter les
délais prévus par la loi. Quand on ouvre la
porte, donc, à nommer une personne qui est non membre du tribunal pour exercer
la fonction de directeur, je veux juste clarifier, est-ce que ça devient
un objectif?
M.
Boulet : Encore une fois, je ne veux pas m'immiscer dans la gestion des affaires du Tribunal administratif du travail, mais je
vous dirais, comme législateur, ce n'est pas un objectif, c'est une marge de
manoeuvre, je pense que le terme le plus précis, c'est ça, ça confère une marge
de manoeuvre et ça libère une personne pour faire l'essentiel de ce pour quoi
il est nommé. Je pense que ça résume.
M. Leduc : Parfait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'il y a d'autres questions à l'article 236? S'il n'y a pas
d'autre question, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Abstention. Donc, l'article 236 est adopté.
Alors, nous avions suspendu un amendement
introduisant un nouvel article 235.1. Est-ce que nous avons le consentement
pour revenir à cet amendement? Nous avons le consentement. Je vous remercie. De
mémoire, c'était Québec solidaire qui l'avait déposé. Alors, je vous invite à peut-être
le relire ou, enfin, discuter, là, rapidement. Oui, le relire.
M. Leduc : Oui, oui, il n'y a pas de
problème. Là, comme on n'a pas d'écran ici, au salon rouge, on va le relire, ça
sera rapide.
Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 30, du suivant :
«30.1. Dans l'élaboration du rôle pour la
division de la santé et de la sécurité du travail, le Tribunal doit en tout
temps tenir compte des affaires devant être instruites et décidées d'urgence ou
en priorité selon l'article 359 de la Loi sur les maladies et du travail
et les maladies professionnelles.»
On a eu quelques échanges avant le dîner. Là, le
ministre a ouvert la présente séance en nous proposant quelques chiffres, en
nous expliquant qu'il y a bel et bien un rôle avec différentes sections et qui
sont distribuées en fonction des critères qu'on avait précédemment évoqués. Là,
je n'ai pas eu le temps de tout noter ce que vous avez noté... ce que vous avez
dit tantôt, M. le ministre, mais il y a bel et bien, donc, trois, j'oserais
dire, sous-catégories dans le rôle, c'est urgent, prioritaire et régulier?
C'est ça que vous avez dit?
M. Boulet : En fait, il y a quatre
catégories.
M. Leduc : Quatre.
M. Boulet : Si vous voulez que je
reprenne, je peux le faire. Donc, il y a les dossiers qui sont fixés de consentement, soit suite à une convocation ou suite à une remise, et, dans cette première
catégorie là, ils mettent d'abord les urgents, ensuite les prioritaires,
puis enfin les dossiers réguliers. Ça, c'est la première catégorie. La deuxième
catégorie, c'est les dossiers urgents, la troisième catégorie,
les dossiers prioritaires, puis quatrième, les dossiers réguliers, ce qui est le reflet d'une très... puis je ne veux
pas aller trop dans les épithètes, mais c'est d'une saine gestion d'un
tribunal administratif que d'élaborer, là,
parce que c'est le terme que vous utilisiez dans votre amendement,
d'élaborer un rôle.
M. Leduc : Alors, il existe, c'est
la confirmation.
M. Boulet : Totalement.
M.
Leduc : Est-ce qu'on peut considérer, donc, une fois qu'on a noté qu'il existe... Est-ce qu'il y a une estimation qui est faite quant à son efficacité?
M. Boulet : Absolument. Puis ça,
c'est certainement dans la planification stratégique ou dans les rapports
annuels, mais, oui, moi, je me fie à la gestionnaire, qui est la présidente, et
elle s'assure de son efficacité, là, bien sûr. Pour moi, c'est certainement un objectif
organisationnel du Tribunal administratif du travail de s'assurer que le rôle
fonctionne bien. Puis de parler des catégories comme je le fais et d'avoir une hiérarchie
des dossiers comme c'est mentionné ici, ça m'apparaît absolument similaire à
tout ce qui se fait en semblable matière.
M. Leduc : Sur l'heure du dîner, on
m'a communiqué quelques exemples, là, de dossiers soi-disant urgents qui
avaient pris quand même beaucoup de temps, parfois jusqu'à des 11 mois,
là, il y a des gens qui m'ont envoyé des exemples du plumitif, 11 mois
après l'appel. Dans les formulaires, là, qu'on me montrait sur l'historique
d'un dossier, il n'y avait pas nécessairement de catégorie ou de mention de
priorisation ou de... ou justement mention que le dossier qui est en cours est de caractère prioritaire. On ne
commencera pas à voter des amendements pour préciser ce qui doit être sur un
formulaire ou pas. Cela étant dit, je vous en fais peut-être la suggestion, et,
si Mme Nadeau nous écoute ou nous réécoute en diffusion plus tard, peut-être
qu'elle pourra le prendre en compte en se disant que... pour s'assurer, en tout cas, certainement, dans la perception des gens qui évoluent et qui travaillent dans ces
dossiers-là, qui ont les deux mains
dans la pâte, comme on le disait tantôt, s'il y a clairement une indication qui dit où est-ce qu'ils se retrouvent, eux et leur dossier, dans ce fameux rôle,
prioritaire, urgent, etc. Ça peut participer, peut-être, à éclairer quelques...
• (15 h 50) •
M. Boulet : Absolument, mais, en
même temps, il faut se méfier, hein, des statistiques. Il y a certainement des exemples de cas, mais, quand on va gratter ce qui s'est
passé, souvent parce qu'une partie veut obtenir une expertise, elle veut obtenir des compléments d'information,
la lésion n'est pas consolidée ou il y a une demande de remise, c'est fréquent, là. Puis, tu sais, c'est de ne pas
donner de délai qui causerait les préjudices les plus irréparables parfois, là.
Ça fait que je veux juste faire attention d'identifier des cas spécifiques, là.
Il faudrait aller voir dans chacun de ces cas-là ce qui s'est véritablement
passé.
Mais je comprends votre préoccupation pour que
les dossiers urgents soient entendus de manière diligente. Moi, ce qu'on me dit au tribunal, c'est 20,
25 jours, puis je pense que c'est un délai qui est raisonnable. Mais
Mme Nadeau est consciente qu'il faut constamment faire des efforts pour
s'améliorer, puis elle vous entend, puis elle nous entend.
M.
Leduc : Puis on va
certainement lui poser des questions à la prochaine étude des crédits, si vous
la laissez...
M.
Boulet : Oui. Oui, elle était là, Mme Nadeau. Elle attendait vos
questions.
M. Leduc :
...si vous la laissez répondre, là. On verra. On verra si vous la laissez
répondre.
M. Boulet :
Elle anticipait vos questions, d'ailleurs.
M. Leduc :
Bien, vous le savez, je voulais me concentrer sur Mme Oudard et sur la
pérennité du régime. Alors, on verra à la prochaine ronde si j'aurai quelque
temps pour Mme Nadeau.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est bien. Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'amendement? Oui? Député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Alors, on avait effectivement... avant la pause, on
a eu un échange très intéressant sur l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve.
On a échangé, entre autres, aussi sur la... Loi instituant le Tribunal
administratif du travail, oui, et moi, je partage la préoccupation du ministre
de ne pas jouer les deux mains, là, dans le rôle, et dans les dispositions
du tribunal, et sur l'ordre des choses. Il y a déjà eu des histoires
malheureuses dans le passé, entre autres avec la Régie du logement, là-dessus,
puis ça avait conduit à des remises en question, là, via... je ne sais pas si
c'était le Conseil de la magistrature, mais, en tout cas, le président de la
Régie du logement avait fait face à des contestations judiciaires parce qu'il
avait voulu jouer dans le rôle devant la Régie du logement.
Et moi, je suis un
gardien de cette indépendance, là. Comme le ministre, et sûrement comme le
député d'Hochelaga-Maisonneuve, et de Nelligan, on a tous lu Montesquieu puis
on veut que les rôles soient... les rôles dans ce sens-là, de législatif, le
judiciaire et l'exécutif, soient bien répartis.
Ceci étant dit, ce
que je comprends de la préoccupation du député d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est
d'accélérer, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas de retard, que ça soit
traité, les dossiers urgents, notamment, avec diligence, que ce soit
effectivement traité rapidement. Mais, quand je... Oui?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Député de Jonquière, on doit suspendre quelques
instants...
M.
Gaudreault : Pour aller voter?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...il y a un vote.
(Suspension de la séance à
15 h 54)
(Reprise à 16 heures)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, député de Jonquière, à vous la parole.
M.
Gaudreault : Oui. Alors, merci, Mme la Présidente. Alors, ce que je
disais, c'est que, moi, je suis très, très jaloux aussi des rôles de chacun,
là, notamment, l'indépendance du judiciaire. Le Tribunal administratif du
travail en fait partie. Le député d'Hochelaga-Maisonneuve, par son amendement,
veut faire en sorte que le tribunal doit en tout temps tenir compte des
affaires devant instruites et décider d'urgence. Le ministre nous dit :
C'est déjà dans la loi, c'est déjà dans le processus. Mais, le problème, c'est
que ça bloque.
Et,
quand, avant la pause, on a parlé de l'article 104 de la loi instituant le
tribunal, le ministre nous a référé à des rapports annuels, des rapports
de gestion, etc., qui sont déposés, et des plans, aussi, qui sont déposés
publiquement et qu'on peut prendre sur le site du tribunal, et c'est là qu'on
constate, par exemple, dans le rapport annuel de gestion 2019‑2020 du
Tribunal administratif du travail, pour la mise au rôle des dossiers, la cible
du tribunal était de 200 jours. «Au cours de
l'exercice 2019-2020 — et
là je cite le rapport — 31 970 dossiers
de la Division de la santé et [...] sécurité [au] travail ont fait l'objet
d'une première mise au rôle, et ce, dans un délai moyen de 226 jours. La
cible n'a pas été atteinte, mais le nombre de dossiers mis au rôle pour une
première audience a augmenté de 31,1 % depuis l'exercice 2017‑2018.»
Donc, pour la mise au rôle des dossiers, la cible était de 200 jours, et
le rapport annuel nous dit que ça a été un délai moyen de 226 jours.
Alors, c'est vraiment plus long.
Je poursuis en vous
disant, dans le rapport annuel de gestion 2019‑2020, toujours, à
l'inventaire des dossiers, tableau 5, dans les dossiers à fermer, santé et
sécurité au travail et relations du travail, services essentiels et
construction et qualification professionnelle, en 2018, il y avait
35 762 dossiers, en 2019, 40 246 dossiers à fermer, puis en
2020, 46 546 dossiers à fermer. Alors, c'est une croissance absolument
exponentielle. Alors que quand on regarde du côté des ressources humaines,
bien, on en a parlé un petit peu tout à l'heure, quand on a parlé de l'article
précédent, mais, dans le rapport annuel de gestion 2016‑2017, membres et
dirigeants, 157, dans le rapport annuel 2017‑2018, donc l'année d'après,
membres et dirigeants, 157, l'année 2018‑2019, membres et dirigeants, 157, année 2019‑2020, membres et
dirigeants, 157. Ça fait que c'est un beau chiffre, là, 157, mais je suis tanné
de le voir. Et on pourrait regarder même avec le personnel, parce que
moi, je suis d'accord pour dire que ça ne prend pas juste des membres et
dirigeants, ça prend aussi des professionnels. Le personnel d'encadrement,
bien, c'est un peu la même chose : 2017‑2018, 527,5 pour l'ensemble du
personnel, ce qui comprend nos fameux 157 membres et dirigeants, là, 2018‑2019,
même chose, 527,5, 2019‑2020, petite baisse, 523,5.
Alors,
Mme la Présidente, moi, je n'ai pas de problème, là, pour respecter
la répartition des fonctions judiciaires, et exécutives, et législatives,
mais ça nous prend du personnel pour s'assurer que la fonction judiciaire et
quasi judiciaire soit capable de faire son travail. Alors, moi, je ne sais pas
comment on pourrait twister, si vous me passez l'expression, ou faire du judo
avec le projet de loi n° 59 puis avec l'amendement, peut-être,
du député d'Hochelaga-Maisonneuve, quitte à présenter un autre amendement pour
aller chercher, dans le projet de loi, tant qu'à l'ouvrir, aller chercher une garantie de service, ou de
personnel, ou de ressources suffisantes pour faire la job et s'assurer
qu'on n'aura pas de retard ou de délai. On a...
Puis moi, je
suis convaincu aussi de la bonne foi, puis du travail, puis de la compétence,
puis du professionnalisme de Mme Nadeau, puis je n'ai aucun
problème avec ça, puis je la salue, et je salue toutes les équipes, les
157 membres et dirigeants et les 527 employés au total, mais on a
visiblement un problème quand la cible est à 200 jours puis qu'on arrive
avec un délai moyen de 226.
Moi, je suis
membre, par ailleurs, de la Commission de
l'administration publique, ici, à l'Assemblée nationale, puis on fait un
suivi serré des rapports annuels de gestion. Puis on demande des comptes, le ministre
connaît ça, mes collègues députés connaissent ça. C'est sûr que, si la Commission
d'administration publique s'en mêle, par rapport au suivi du rapport annuel de
gestion du Tribunal administratif du travail, on risque de se retrouver avec
des recommandations de la commission.
Alors là, on a une belle occasion, on ouvre la
loi. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, en s'inspirant peut-être de ce qui se
fait ailleurs, dans d'autres lois habilitantes des tribunaux quasi judiciaires
ou des tribunaux judiciaires, d'avoir un article pour garantir un bon
traitement, pour ne pas qu'on se retrouve dans des Jordan et compagnie, là?
Alors, je ne sais pas si le ministre peut intervenir là-dessus.
M. Boulet : Oui. Je pense que, sur
le mérite, je suis d'accord avec tous les propos du collègue de Jonquière. Moi
aussi, je suis un partisan d'une justice administrative qui est diligente. Les
délais font perdre des droits. Les délais ont des effets préjudiciables ici,
dans le cas présent, sur les employeurs et les travailleurs.
La cible de 200 jours, je pense qu'il faut
voir ça dans une perspective d'amélioration dans le temps. La cible n'a pas été atteinte. Puis je pense que, si on
faisait l'inventaire de tous les tribunaux judiciaires et administratifs au
Québec, on aurait à peu près le même phénomène.
Les besoins sont clairement exprimés par le Tribunal
administratif du travail. Puis c'est sûr que, moi, je fais les représentations
quand il y a des besoins d'employés à temps complet nouveaux. Et, bon, à
l'étude de crédits, évidemment, on a fait cet exercice-là. Là, je n'ai pas
autour de moi l'expertise, là, du Tribunal administratif du travail
comme on avait fait lors de la préparation de l'étude de crédits, mais je
rappellerai quand même que l'article 31 parle de saine
administration. Je pense que, pour le rôle, le collègue de Jonquière, je pense
qu'il peut partager avec moi que la façon de confectionner le rôle en tenant
compte d'abord des dossiers urgents, ensuite prioritaires et réguliers, est la
meilleure manière de faire.
Ceci dit, les
fermetures, c'est vrai que c'est en croissance, mais il ne faut pas oublier
que, dans les fermetures, il y a
beaucoup de dossiers en conciliation. Puis le nombre de parties qui décident
d'aller en conciliation prédécisionnelle est en augmentation. Il y a les
désistements puis il y a les décisions à venir. Mais il ne faut pas que
l'inventaire soit trop en augmentation. Ça signifie qu'il manque de ressources
pour répondre aux besoins, puis, là-dessus, je rejoins totalement le collègue
de Jonquière et... mais est-ce que c'est le propos de notre...
Puis, quand le projet de loi sera adopté, s'il y
a des besoins additionnels, le tribunal sait déjà qu'il peut les exprimer et il
se prépare. D'ailleurs, dans un contexte où on déjudiciarise, puis vous allez
pouvoir le constater, là, on a... le Comité consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre recommandait qu'on abolisse complètement, collègue, le plateau,
le niveau de la révision administrative. Et on est allés vers une option entre
la révision administrative puis l'audience directement au Tribunal
administratif du travail, et on pense que ça va contribuer à décongestionner, à
favoriser les alternatives de résolution de litige, augmenter le nombre de
dossiers réglés en conciliation. Le reste, comme j'ai dit, je suis d'accord
avec le propos du collègue de Jonquière, là, totalement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions à l'amendement? Oui. Député d'Hochelaga-Maisonneuve,
on vous a dit qu'il vous restait 3 min 30 s sur l'amendement?
• (16 h 10) •
M. Leduc : Vous venez de me le dire,
c'est parfait. Deux questions. Quand on parle des causes prioritaires, la
question de l'indemnité de revenus qui est souvent évoquée, est-ce qu'on a une
statistique ou une évaluation de la proportion
de ces causes-là? Puis on comprend que c'est une grosse proportion, là, une
grosse portion des causes en général, mais
est-ce qu'on a une proportion calculée de ces demandes-là qui sont faites par
les employeurs versus les travailleurs?
M. Boulet : Mon Dieu! À l'étude de
crédits, si on avait eu cette question-là, je pense que Mme Nadeau était prête
à répondre à ça. Moi, je n'ai pas la réponse. Si vous voulez l'obtenir, je
pourrai certainement la partager, vous connaissez mon ouverture à ce
partage-là. Donc, je sais que mon équipe va faire la vérification, puis on
pourra vous la donner dès qu'on l'obtient, si, bien sûr, elle est disponible.
M. Leduc : Bien sûr. On est ensemble
jusqu'à vendredi de toute manière. On aura l'occasion de faire un suivi
là-dessus plus tard.
M. Boulet : Absolument.
M. Leduc : Une
autre question rapide, avec le temps qui file. Les remises, on a fait référence
tantôt aux demandes de remise, il y en a quand même de temps en temps, puis ma
compréhension, c'est que, dans les bureaux régionaux,
c'étaient les juges coordonnateurs qui faisaient les remises. Mais là, si ce
n'est plus nécessairement un membre du tribunal, est-ce que cette
fonction-là de juge coordonnateur va demeurer? Et qui va faire les remises?
Est-ce que ça va être une... Cette fonction-là des remises va être transférée à
une autre personne si c'est un coordonnateur qui n'est pas membre du tribunal
dans un bureau donné?
M. Boulet : Moi, je vous dirais que
ce n'est pas ma compréhension. Je pense qu'on a besoin d'être un membre du
Tribunal administratif du travail pour juger de la présence ou non d'un motif
sérieux. Ça fait que ma réponse, c'est non. Ce ne sera pas la personne qui est
chargée de l'administration du bureau régional qui va accepter ou refuser les
remises.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Écoutez, on m'informe qu'il y a un autre vote. C'est bien ça ou... Il y aura un
autre vote?
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : O.K.
Alors, on nous demande de suspendre parce qu'il y aurait un autre vote,
effectivement.
(Suspension de la séance à 16 h 12)
(Reprise à 16 h 19)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, avant de suspendre, la parole, elle était au député d'Hochelaga-Maisonneuve, que je vous
rappelle qu'il vous reste 3 min 30 s, à peu près.
M. Leduc : Merci. Donc, si 56 %
des causes sont de nature prioritaire, on peut commencer à imaginer que c'est
difficile de prioriser le prioritaire, là, si c'est ça, le gros morceau. Est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu, peut-être, dans cette circonstance-là, de réévaluer
359 pour faire une priorisation encore plus pointue ou peut-être de décider,
que ce soit à travers 359 ou une directive
interne, de prioriser les dossiers des travailleurs sur ceux des employeurs
pour préserver, toujours, la sécurité
de revenu et l'indemnité? C'est un peu... C'est le prisme, hein, qui me motive,
ici, dans nos différentes approches,
nos différents amendements, M. le
ministre. Est-ce qu'il y aurait moyen
de faire quelque chose alentour de ça?
• (16 h 20) •
M.
Boulet : Bien, c'est sûr
que, par une directive interne... puis, encore une fois... Puis je ne vais pas
empiéter sur le processus d'étude de crédits ou la gestion interne d'un
tribunal qui se... qui est indépendant, là. Est-ce que prioriser les dossiers
des travailleurs... Je comprends qu'on représente un intérêt, mais il y a
beaucoup de dossiers de petites entreprises, là... je m'excuse de reprendre ce
terme-là, là, mais il y a des microentreprises de cinq, de huit travailleurs qui n'ont pas les ressources, qui n'ont pas la
capacité de contester, qui ne savent pas comment faire, puis il faut
trouver un bon équilibre, là, tu sais, puis
je pense qu'à 359, ça a été prouvé, c'est très détaillé, ce qui est priorisé
puis instruit d'urgence.
Je comprends votre préoccupation. Je vais
obtenir le chiffre précis, là. Mais, si je peux vous rassurer, je pense que
80 % des décisions d'admissibilité de la CNESST sont favorables aux
travailleurs. Ça fait que c'est sûr qu'il y a un pourcentage, parce que je
regardais, suite à votre question, il y a un... Tu sais, pour les décisions en
réparation-admissibilité, il y a 6 148 contestations de travailleurs
puis il y a 10 047 contestations d'employeurs, mais, si on prend pour
acquis qu'il y a 80 %, à peu près, des décisions d'admissibilité qui sont
favorables aux employeurs, c'est sûr que ça génère plus de contestations de ce
côté-là.
Mais, encore une fois, ne négligeons pas non
plus le caractère prioritaire, parfois, des décisions rendues, des décisions
qui affectent aussi les employeurs qui ont une main-d'oeuvre qui s'absente en
raison d'un accident de travail ou d'une
maladie professionnelle. Il y a des incidences, il y a des impacts, puis ça
peut être extrêmement important pour les petites et moyennes entreprises
de faire des contestations.
Puis moi, je pense que, dans les lois, en
matière de justice, quand on priorise, ce n'est pas «c'est plus
prioritaire parce que c'est les travailleurs», ceci dit avec respect, et ce
n'est pas plus prioritaire parce que c'est les employeurs. Il faut que ce soit
la matière, la nature du dossier qui soit considéré comme étant prioritaire.
Vous le savez, dans les relations de travail, dans les conflits de travail, les
ordonnances d'injonction, il y a des impacts, il y a des répercussions, et
c'est aussi important que l'on se place d'un côté ou de l'autre. Voilà.
M. Leduc : Moi, la question, ici,
n'est pas de déterminer qu'est-ce qui est important ou pas, hein? Soyons clairs
là-dessus. Toutes les causes qui doivent être entendues sont importantes. Mais
il faut quand même admettre que, quand il y a une des deux parties qui va se
retrouver potentiellement sans revenu ou qui se retrouve sans revenu, il y a
quand même un critère là qui peut nous aider un peu à faire une certaine
priorisation peut-être supplémentaire à celle qui, visiblement, a de la misère
à opérer malgré la bonne volonté de tout le monde.
Est-ce que, peut-être, on peut resuspendre cet
article-là le temps que vous obteniez les chiffres, quitte à ce qu'on le traite
demain ou jeudi?
M.
Boulet : Moi, je ne vois pas l'incidence, là, mais, les chiffres, je
peux vous les donner par catégories de contestation. Je peux vous les donner
tout de suite. Il y a eu 37 281 contestations, 12 102 émanant
des travailleurs, 25 162 émanant des employeurs.
M. Leduc :
Je vais demander une suspension, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, nous allons suspendre ou est-ce qu'on peut
continuer quand même à discuter sur cet amendement? Je pense que le député de
Jonquière avait d'autres interventions. Est-ce que vous aviez d'autres
interventions, député de Jonquière?
M.
Gaudreault : Bien, si le député veut suspendre, on... C'est parce
que...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : On avait convenu que...
M.
Gaudreault : On va suspendre.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Bien, on avait convenu qu'on pouvait aussi discuter sur
l'amendement ou un article entre...
M.
Gaudreault : Non. Bien, moi... Bien, ça va, mais c'est parce que je
vais peut-être avoir un autre amendement à proposer.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Ah! d'accord. D'accord. Alors, nous allons suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 24)
(Reprise à 16 h 33)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve, la parole est à
vous.
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, on a essayé de virer ça de tous bords, tous côtés,
là, voir si c'était possible de préparer un amendement pour essayer de
prioriser, dans les prioritaires, les enjeux qui auraient cours ou qui auraient un impact sur la sécurité du
revenu. En tout cas, on a essayé de le virer de tous bords, tous
côtés. Là, on n'a pas nécessairement un libellé puis on va espérer, en effet,
que le ministre puisse avoir une discussion avec Mme Nadeau par rapport à
cette priorisation-là.
Puis je réitère ma préoccupation,
qui est le prisme de réflexion de tout ce qu'on a discuté depuis quelques heures, c'est la sécurité du revenu du salarié qui
vit une lésion, qui vit un processus anxiogène à cause de sa lésion et un processus
anxiogène dans toute la contestation et la judiciarisation de son dossier.
Alors, si on est capables de faire plein de
miracles par rapport aux délais... Puis je sais... Puis, encore une fois, je fais confiance à Mme Nadeau pour son plan d'action, mais, en plus de ça, si, à l'intérieur des priorisations, on est capables de faire un peu de réflexion et
d'arriver avec une logique qui pourrait en
effet s'assurer que le résultat soit que les gens qui perdent un revenu, bien,
le délai soit le plus court possible, ça serait l'idéal. Alors, on fera peut-être
un suivi à l'étude des crédits de l'année prochaine.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Merci.
M. Boulet :
...avec Mme Nadeau pour lui faire état de vos préoccupations, que je partage,
par ailleurs.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement introduisant un nouvel article... 235.1, pardon? Alors, s'il n'y
a pas d'autre... Oui, député de Jonquière. Excusez-moi.
M.
Gaudreault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Bon, je comprends le
député d'Hochelaga-Maisonneuve, là, qui nous dit : On a essayé de virer ça
de tous bords, tous côtés. Moi aussi, j'ai essayé de virer ça de tous bords,
tous côtés. Et je l'avais viré d'un certain bord et d'un certain côté pour
proposer un amendement au ministre, mais à micro fermé, on a discuté, là, et
puis... Ce ne sera pas long. Mon... Mais ce n'est pas grave.
Des voix : ...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Voulez-vous déposer un amendement, député de...
M.
Gaudreault : Bien, c'est ça, c'est de ça que je veux vous parler. Vous
allez voir, Mme la Présidente, là...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Mais il faut d'abord qu'on vote celui que...
M. Gaudreault : Je sais. Je sais.
Mais ce n'est pas...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : O.K. C'est beau.
M. Gaudreault : Je suis quand même
sur l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve. C'est beau, je l'ai. Alors, nous aussi, on l'a viré de tous
bords, tous côtés. Puis là, je me disais, on peut disposer de
l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve, et je vais vous dire le
brouillon que moi, j'aurais proposé pour répondre un peu à la fois à ce que moi, j'avais comme préoccupation,
et celle du député d'Hochelaga-Maisonneuve, et que j'ai communiqué à micro fermé,
aussi, au ministre.
Donc, moi, j'aurais dit, mettons, à 30.1, ça
aurait pu être un autre article, là, mais 30.1 : «Le tribunal doit en
tout temps obtenir les ressources financières et humaines pour traiter avec
diligence et dans les délais prescrits par la loi les affaires devant être
instruites et décidées d'urgence ou en priorité selon l'article 359 de la
Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles.» Donc,
amener un amendement pour forcer, je dirais, le Conseil du trésor à allouer les
ressources nécessaires à vider la liste, en respect...
Mon propre problème avec moi, là, ça a l'air
drôle à dire, c'est que j'ai de la misère à dire, dans un article de loi, qu'il
faut respecter les délais prescrits par la loi. Tu sais, je veux dire, ça
devient redondant ou une tautologie parce que, si la loi en elle-même... si on
adopte une loi, on présume qu'elle va être appliquée. Ça fait que commencer à
dire, dans un article de loi, il faut respecter la loi, ça fait un peu un
pléonasme. Mais, pour moi, ça m'apparaissait important quand même d'amener cet
amendement pour dire «traiter avec diligence et dans les délais prescrits par
la loi les affaires devant être instruites et décidées d'urgence ou en priorité
selon l'article 359».
Donc... bon. Je vais laisser le ministre
répondre. Puis, je vous dis, on est toujours, dans le fond, sur le sujet amené
par l'amendement du député d'Hochelaga-Maisonneuve et on pourra voir, là,
comment tout ça va se conclure.
M. Boulet : J'apprécie la discussion
que j'ai eue à micro fermé avec le collègue de Jonquière puis je pense que
c'est une discussion qui est complémentaire à celle que j'ai eue avec le
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. C'est important pour moi de le dire : il
faut que les ressources soient compatibles avec les besoins, il faut que les
besoins soient régulièrement exprimés pour qu'on soit en mesure de faire
progresser les dossiers au Conseil du trésor, faire des discussions ouvertes à
l'étude des crédits.
Ce qui m'apparaît important de dire, puis c'est
aussi prévu à l'article 104, moi, c'est l'accessibilité, la qualité puis
la célérité du processus décisionnel. Puis je veux qu'on s'assure... puis moi,
je m'engage à faire la rencontre qui s'impose et m'assurer que les instructions
soient données de façon à ce que ça soit bien compris, au Tribunal
administratif du travail, que là où il y a des préjudices potentiels qui sont
sérieux, qui sont irréparables, il faut entendre dans des délais appropriés, il
faut s'assurer que ce soit accessible et que le processus décisionnel ne soit
pas affecté dans sa qualité. Et le terme «diligence», je vais plus loin, il
faut que ce soit dans la meilleure célérité possible. Et ça, je m'engage à le
faire. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
• (16 h 40) •
M. Gaudreault : Bien, moi, je m'engage
à garder comme enregistrement, là, ce que le ministre vient de nous dire pour qu'on
puisse faire le suivi, pas juste à l'étude des crédits, mais dans les...
comment qu'on dit, dans les attentes prébudgétaires, dans les attentes
prébudgétaires parce que, si on veut en parler aux crédits, il faut que ça apparaisse dans le budget, puis, s'il faut que ça
apparaisse dans le budget, il faut qu'on en parle aux attentes prébudgétaires qu'on
transmet au ministre des Finances.
Et je pense que c'est un suivi important qu'on
doit faire parce que, moi, comme je le disais tout à l'heure, je suis aussi vice-président
de la Commission de l'administration publique, et c'est aussi un suivi que je
vais faire de ce côté-là... Ah?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Je
dois encore vous interrompre aujourd'hui, il y a un autre vote.
M. Gaudreault : Bon. Et il faut que
j'aille voter aussi. Ça fait que...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui,
vous aussi? Bon.
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 41)
(Reprise à 16 h 58)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...alors, député de Jonquière.
M. Gaudreault : C'est plus que ce
que j'en ai besoin pour terminer ce que je disais. C'est qu'en fait ce que le
ministre vient de nous dire, on va évidemment conserver ça pour pouvoir faire
des interventions en temps et lieu auprès des attentes prébudgétaires, et
ensuite lors du dépôt du budget, et à l'étude des crédits parce qu'il faut évidemment
aller chercher le plus possible les garanties puis les assurances qu'il y a une
adéquation entre les ressources humaines, les ressources financières qui sont
allouées au Tribunal administratif du travail et l'ampleur de la tâche, je dirais, là, pour aller chercher un système
judiciaire qui est diligent, qui traite avec urgence les mandats qui lui sont
confiés. Alors, voilà. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement introduisant un nouvel
article au 235.1.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire :
M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau :
Contre.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire :
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire :
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
• (17 heures) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est rejeté.
Nous poursuivons. J'ai cru comprendre, M. le
ministre, qu'à l'article 234 vous aimeriez qu'on le suspende. C'est bien
cela?
M. Boulet : Oui, tout à fait, parce
qu'à 234, là, souvenons-nous qu'on avait soumis un amendement, je pense, dans
la deuxième série d'amendements, qui réfère aux mécanismes de prévention. Donc,
comme on va traiter ça plus tard, on vous demanderait de suspendre et on irait
directement à l'article 244.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Avons-nous votre consentement pour suspendre l'article 234? Qui
ne dit mot consent ou on dit... Oui, vous me
faites signe de la tête, c'est parfait. Alors, nous poursuivons avec l'article 244.
M. Boulet : Donc, Mme la Présidente,
les quatre prochains articles, c'est des articles de concordance avec la loi.
Donc, je vais y aller article par article.
Une voix : ...
M. Boulet : Il y en a cinq? On m'a
dit quatre.
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il y
en a cinq, effectivement. Il y en a cinq, de 244 à 248.
M. Boulet : Il y en a cinq? Désolé.
Merci, collègue.
Des voix : ...
M. Boulet : Je suis dû pour une
autre salade ou la tourtière. La tourtière, ça, ça va être une autre... ça va
faire partie de notre tournée estivale, aller à Jonquière. Parce que la
tourtière là-bas, elle est excellente, hein?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Je
n'en doute pas. On poursuit, s'il vous plaît. Alors...
M. Boulet : 244. L'article 224
de ce règlement est modifié par le remplacement, dans ce qui précède le paragraphe 1°, de «de cette loi» par «de la
Loi ou d'une contestation devant le Tribunal administratif du travail en
vertu de l'article 360 de la Loi».
Explications : Donc, c'est une modification
de concordance avec l'article 360 de la loi, la LATMP, proposé qui prévoit
la possibilité de contester directement au Tribunal administratif du travail
les décisions en financement.
Puis, l'article 224
du règlement prévoit les cas où la commission peut reconsidérer la
classification d'un employeur ou l'imputation du coût des prestations.
L'article prévoit cependant qu'elle ne peut le faire si elle a déjà statué sur
une demande de révision de cette décision. Avec la modification proposée, la
reconsidération ne sera pas permise si une
contestation a été transmise au tribunal puisqu'à partir de ce moment c'est ce
dernier qui a la saisine du dossier. Donc, les discussions qu'on a déjà
eues.
Je pourrais les faire, si vous êtes d'accord,
parce que les cinq articles de concordance sont tous liés à l'article 360. Ça fait que je pense que, si
vous êtes d'accord, je vais les lire un après l'autre, là, ça va être assez
rapide.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Est-ce que nous avons le consentement pour
qu'il lise les cinq amendements d'un seul coup? Parfait.
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Les
cinq...
M. Boulet : Les cinq articles.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Non,
non, les cinq articles, pardon. C'est moi qui est dans la lune. Pardon. Les
cinq articles.
M. Gaudreault : Oui, mais on va les
voter comment? Je n'ai jamais vu ça, là, lire d'une... les cinq articles puis
après ça...
M. Boulet : On peut les voter en
bloc ou séparément, là, mais c'est juste pour... En tout cas.
M. Gaudreault : Ce n'est pas diable
plus long, là. Moi, je ne voudrais pas faire un bloc en bloc, là.
M. Boulet : O.K. Je peux les lire,
puis on les votera séparément. Je suis d'accord avec ça.
245. L'article 227 de ce règlement est
modifié par l'insertion, à la fin du premier alinéa, de «ou d'une contestation
devant le Tribunal administratif du travail conformément à l'article 360
[...]».
Explications : Donc, modification de
concordance avec la modification proposée à l'article 360 de la LATMP qui prévoit la possibilité de contester
directement au Tribunal administratif
du travail les décisions en
financement.
Ensuite, nous irions à 246 :
L'article 232 de ce règlement est modifié par l'insertion, à la fin, de
«ou d'une contestation devant le Tribunal administratif du travail conformément
à l'article 360 de la loi».
Mêmes explications.
247. L'article 235 de ce règlement est
modifié par l'insertion, à la fin du premier alinéa, de «ou d'une contestation
devant le Tribunal administratif du travail conformément à l'article 360
de la loi».
Mêmes explications.
248. Les articles 238 et 239 de ce
règlement sont modifiés par l'insertion, à la fin, de «ou d'une contestation
devant le Tribunal administratif du travail conformément à l'article 360
de la [LATMP]».
Donc, c'est...
puis là je vais donner l'explication pour le bénéfice du collègue de Jonquière,
c'est vraiment ce dont on avait commencé à discuter, dorénavant, pour
respecter la Loi sur la justice administrative, on n'a pas éliminé complètement le niveau de révision administrative
parce que la révision administrative, ça se fait sur dossier, une partie
peut déposer des observations. Donc, on l'a maintenue là par cohésion avec tout
le corpus législatif québécois, mais on a permis, dans les cas que nous avons
adoptés, dans des cas de financement puis dans des cas de nature médicale, à la
personne qui conteste d'aller directement... d'opter pour aller directement au
tribunal administratif ou faire le niveau de révision administrative. Et, bon,
on a eu, évidemment, d'amples discussions. Ça faisait suite à un consensus, là,
du Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre où siègent les
syndicats et les patrons. Et donc cet article-là a été adopté. Et ça, c'est
simplement pour faire la concordance en écrivant «ou une contestation», là,
«devant le Tribunal administratif du travail» directement. Et, dans la
rencontre que vous aurez, vous pourrez bien sûr poser des questions aussi sur
les articles qui ont déjà été adoptés.
Merci. C'est complet, Mme la Présidente. Et on
peut les voter séparément, là.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Est-ce qu'il y a des interventions? Donc, s'il n'y a pas d'intervention,
nous allons procéder effectivement à la mise aux voix article par article, tel
que demandé. Alors, nous allons procéder à la mise aux voix de
l'article 244.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 244 est adopté.
Nous poursuivons pour la mise aux voix. Est-ce
qu'il y a des interventions? Non? Alors, pour la mise aux voix de
l'article 245.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 245 est adopté.
Nous
poursuivons avec l'article 246. Y
a-t-il des interventions? Non? Alors, nous allons procéder à la mise aux voix.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Abstention. Donc, l'article 246 est adopté.
Nous allons
poursuivre avec l'article 247. Y
a-t-il des interventions? Non? Alors, nous procédons à la mise aux voix.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 247 est adopté.
Nous poursuivons avec l'article 248. Y
a-t-il des interventions? Alors, non. Nous allons procéder à la mise aux voix
de l'article 248.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 248 est adopté.
Je précise que, dans ce bloc, il y a
l'article 234 que nous avons suspendu, alors, et qui... le ministre
demande de le suspendre encore plus
longtemps. Nous allons donc commencer cette fois-ci un autre bloc avec la sous-section 4.2.2,
Le Bureau d'évaluation médicale. M. le ministre.
M. Derraji : ...Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Oui.
Député de Nelligan.
M. Derraji : C'est qu'on a eu pas
mal d'amendements et des sous-amendements depuis le début de ce projet de loi.
Je sais que ma collègue a fait un message par rapport à quelques amendements
qui manquent au niveau du site du Greffier, donc je sais que ça va se faire, mais,
juste pour la poursuite de nos travaux, il y a des articles suspendus, donc,
depuis le début de nos travaux, il y a des blocs... pas des blocs, il y a des
parties où on s'est mis d'accord qu'on va revenir au courant de l'étude de ce projet de loi pour les discuter, donc, notamment sur l'atteinte auditive et
d'autres aspects.
Ce que je demande aujourd'hui au ministre, c'est
avoir un plan très clair de la suite des choses. Nous sommes à la dernière... dans presque la dernière semaine de la session.
Vous avez vu les groupes, il y a des préoccupations, il y a des gens qui se demandent où s'en va le projet de loi par rapport à plusieurs aspects. Et ce que je demande, c'est que...
un plan de travail actualisé, surtout en tenant compte des articles suspendus ou
des amendements suspendus, et quand est-ce que le ministre pense qu'on doit
revenir à ces articles pour en discuter. Parce que maintenant on passe au
fonctionnement, la deuxième partie, donc, au niveau du BEM. Donc, c'est quoi,
au juste, la volonté du ministre, pour nous clarifier la suite des choses, s'il
vous plaît?
• (17 h 10) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le ministre.
M. Boulet : Donc, on suit exactement
le plan. Il y a le Règlement sur les maladies professionnelles, pour ce qui concerne
l'atteinte auditive, qui a été suspendu. On va y revenir dès que possible.
Mais, dans la prochaine section, pour
simplifier, il y a un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit articles sur
le BEM. Il y a simplement le 61, 62 et 66 qui sont maintenus
parce que, par amendement, tous les autres articles ont été retirés. Ça fait
qu'on va procéder avec cette... Mais on va suivre le plan. Puis je suis
d'accord avec le collègue de Nelligan, il faut s'assurer que ce soit ordonné
puis il faut assurer de ne pas échapper aucun morceau.
M.
Derraji : Je remercie le
ministre parce que, c'est vrai, on suit le plan, le plan, il est clair, mais ma
question, c'est par rapport à tout ce qui
n'a pas été discuté, qu'on a mis, excusez-moi le terme, sur le «hold». Et, ce
qu'on a mis sur le «hold», il y a des
gens qui nous demandent : Bien, ça va être quand, la discussion? Est-ce
que ça va être juste renvoyé, renvoyé, renvoyé? Et que c'est quoi, le
calendrier, par la suite? Donc, est-ce que c'est possible? Je comprends,
aujourd'hui, on va parler du 4.
M. Boulet : Oui, je pourrai vous le
confirmer cette semaine, oui. O.K.
M. Derraji : S'il vous plaît. Oui.
Là, on va parler du 4, et là il y a des débats de fond qu'on n'a pas fait parce
qu'on s'est dit : Bon, voilà, il y a un
noeud, on met le noeud de côté, on continue à parler des autres blocs. Mais là,
écoutez, il reste trois, quatre jours au niveau de cette session. Je
présume qu'on va revenir pour étudier le projet de loi. Bien, ce serait génial
de voir la suite des choses.
M.
Boulet : Oui, mais... Et
puis c'est normal aussi. Puis je comprends totalement la préoccupation du collègue. On va continuer de suivre le plan. Mais c'est sûr
que, quand on est en étude détaillée, il y a des morceaux, ou des blocs, ou des
articles qu'on suspend pour les reporter à plus tard, pour assurer la sérénité
des débats puis pour permettre, là, qu'on trouve des voies de passage, là.
M. Derraji : Aucun problème. Et je
suis un des partenaires dans ce projet de loi et je comprends que, parfois,
nous avons tous des préoccupations légitimes des groupes qu'on essaie... avec
qui on collabore et qu'on travaille. Je ne suis pas en train de vous dire le
contraire, j'achète l'idée.
Mais là, du moment que nous avons suspendu d'une
manière...
M. Boulet : Totalement.
M. Derraji : ...un accord, un
consentement, je dirais, de nous tous, il faut avoir un calendrier. C'est quoi,
votre volonté? Est-ce qu'on va parler de l'atteinte auditive cette semaine ou on va en parler au
mois d'août? Est-ce qu'on va
parler de l'obéré cette semaine ou on va en parler au mois d'août? Est-ce qu'on
va finaliser le BEM?
Je sais que
vous ne contrôlez pas l'agenda, ça dépend de nos interventions. Et je ne
contrôle pas l'agenda d'aucun collègue, non, non, non. Je ne présume de
rien. Je veux juste avoir une bonne visibilité, parce que, là... un, une mise à
jour de tout ce qui a été suspendu, parce qu'on n'arrive pas à suivre avec tous
les arrêts que nous avons eus, mais avoir un plan clair, ce qui reste, ce qu'on
n'a pas encore parlé. Le plan de cette semaine, on l'a. Donc, si j'ai bien
compris, «business as usual», on a le point 4, après 4.2.
M.
Boulet : Oui, absolument,
on va continuer de suivre le plan. Mais je comprends. Et, en même temps, il y a tellement d'imprévisibilité dans une commission
comme la nôtre. Il y a des fois ça va un peu plus rapidement,
d'autres fois, ça va un peu plus lentement, ça fait que c'est sûr qu'en termes
d'échéancier, c'est difficile pour moi de m'exprimer.
Moi, je souhaite... Moi, je vais, jusqu'à la fin
du projet de loi, continuer de collaborer avec tous les collègues des partis d'opposition.
Puis je veux m'assurer que ce soit ordonné puis clair. Puis c'est la raison
pour laquelle je le dis d'avance pour la prochaine section. Mais je comprends
votre préoccupation. O.K.
Donc, Mme la Présidente, je ferais 61, 62. Puis
les autres, il y a des amendements, là... en fait, il y a des retraits. Ça fait
qu'il y aurait 61, 62 et 66.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, on y va avec cet ordre-là, 61, 62, 66, mais un après l'autre,
n'est-ce pas?
M.
Boulet : Oui, oui, tout à fait.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait.
M. Boulet :
À moins que le collègue de Jonquière souhaite qu'on les fasse en bloc.
M. Derraji :
Juste une seconde. Vous avez dit 61, 62, 66. Donc, on saute 63 et 64?
M. Boulet :
Oui. 63, 64, 68, 69, 67, c'était dans les amendements puis c'est tout retiré.
M. Derraji :
Oui, exact. O.K., c'est bon.
M. Boulet :
Mais évidemment il faut voter les amendements pour les retirer. Ça fait qu'on...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il faut... Oui, oui, c'est ça. C'est ça, c'est ça.
M. Boulet :
61. L'article 216 de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin, de
l'alinéa suivant :
«Un professionnel de
la santé qui agit comme membre de ce bureau ne peut agir comme membre d'un
comité des maladies professionnelles pulmonaires, d'un comité spécial ou d'un
comité des maladies professionnelles oncologiques agissant en vertu du
chapitre VI ou comme membre du comité scientifique.»
Explications :
Ça vise à assurer l'indépendance entre les membres de chacun de ces bureaux ou
comités et ainsi accroître la neutralité de leurs avis. Donc, indépendance,
neutralité.
Et
pour le bénéfice du collègue de Jonquière, là, même si ce n'est pas requis, là, moi, je
tiens à le faire, là, il y avait, collègue, un comité des maladies professionnelles
pulmonaires puis il y avait un BEM. Maintenant, on a créé, puis c'est déjà adopté, un
nouveau comité des maladies professionnelles oncologiques, parce qu'il y avait
une augmentation importante de ces cas-là, et on a créé un comité d'experts
scientifiques pour mettre à jour le Règlement sur les maladies
professionnelles, présumées. On a ajouté neuf cancers, la maladie de Parkinson,
la maladie de Lyme, les troubles de stress post-traumatique. Et plutôt que
d'être figé dans le temps pendant 40 ans, parce que c'était une annexe à
la loi, donc il fallait des amendements législatifs, on a créé un comité
d'experts scientifiques pour faire des avis et des recommandations au ministre
pour permettre que le règlement soit évolutif.
Donc, comme il y a
deux... il y a un nouveau comité maladies professionnelles oncologiques et un
comité d'experts scientifiques, on a cru bon de mettre un article, moi, qui
m'apparaît être totalement éthique, là, que tu ne peux pas te promener d'un à
l'autre. Puis, si tu es membre du Bureau d'évaluation médicale ou d'un comité
de maladies professionnelles, que ce soit pulmonaire, ou oncologique, ou comité
scientifique, bien, pour des raisons, encore une fois, d'indépendance et de
neutralité, ce texte-là vise à répondre à ces objectifs-là. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Pafait. Y a-t-il des interventions? Oui. Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : C'est intéressant, l'approche du ministre, mais, quand on fait
référence dans le texte de comité spécial... Bien, je recommence. En fait, je
comprends qu'il y a l'introduction de nouveaux concepts, qu'on a discuté
abondamment au préalable, le comité scientifique, le comité de maladies
professionnelles oncologiques. Ça, ça n'existait pas, donc il n'y avait pas de
danger de mélange des genres. Mais, comité spécial, à quoi on fait référence ici?
M. Boulet :
C'est le comité spécial des présidents. On pourrait l'écrire au complet, là,
mais on appelle ça le Comité spécial des présidents, des maladies
professionnelles pulmonaires. Parce que ça se fait en deux étapes, là.
M. Leduc :
Je ne comprends pas. Deux étapes de quoi?
M. Boulet :
Bien, il y a le...
Une
voix : ...
M. Boulet :
Bon, c'est la procédure qui est établie dans la loi, déjà, actuellement. Il y a
le comité des maladies professionnelles pulmonaires qui voit le travailleur,
qui l'examine et qui fait la recommandation, et c'est le comité spécial des
présidents qui rend la décision. C'est juste que c'est deux comités distincts.
M. Leduc :
Mais celui-là existait déjà dans la loi.
M. Boulet :
Oui, tout à fait. Il n'y a rien, rien de changé, absolument rien de changé. En
fait, il n'y avait rien dans la loi qui assurait l'indépendance et la
neutralité des personnes et...
M. Leduc :
Entre le BEM et le comité des présidents?
M.
Boulet : Entre le BEM, le
comité des maladies professionnelles pulmonaires et le comité spécial des
présidents. Et là on rajoute le comité des maladies professionnelles
oncologiques et le comité scientifique. Ça fait qu'on en a cinq, organismes, et
on veut s'assurer qu'il y ait de l'indépendance entre les cinq.
M. Leduc : Cinq, vous avez dit?
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Maladies professionnelles
pulmonaires, comité spécial, oncologique, scientifique...
M.
Boulet : Bien, il y a le
BEM, comité des maladies professionnelles, comité des présidents, comité
oncologique puis comité scientifique. Oui, il y en a cinq.
M. Leduc : J'en ai manqué un, là.
M. Boulet : Non. Le BEM...
M. Leduc : Ah! le BEM. Excusez. C'est ça, c'est lui que j'avais manqué.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Y a-t-il d'autres...
M. Leduc : ...avant. Là, en fait... O.K.,
je reprends. Là, on rajoute deux comités, oncologique et scientifique.
M. Boulet : Puis... oui.
• (17 h 20) •
M. Leduc : Et donc, avant, il y en
avait trois : BEM, maladies pulmonaires et spécial.
M. Boulet : Oui.
M.
Leduc : Et donc, dans la
situation précédente, entre ces trois-là, il n'y avait pas de tel mur de Chine
entre les...
M. Boulet : Ce n'était pas prévu
dans la loi. Est-ce qu'il y a eu des cas? Pas à ma connaissance, mais on
l'inscrit dans la loi pour que ce soit clair. Là, avec cinq comités, je pense
que ça s'imposait clairement. Puis, comme c'est une loi qui est figée dans le
temps depuis 1985, il n'y avait pas de telles dispositions, et je pense que,
quand on révise une loi de cette nature-là, on s'assure que ce soit clair. Je
pense...
M. Leduc : Donc, ce n'était pas...
oui, je comprends puis je suis d'accord avec vous, ce n'était pas nommément
interdit d'être assis sur plus d'un comité, des trois préalables, mais ce que
vous me dites, c'est que ce n'était pas le cas.
M. Boulet : Que ce n'était pas quoi?
M. Leduc : C'est-à-dire, ce n'était
pas nommément interdit d'être sur plus d'un des trois comités qui existent en
ce moment, mais vous me dites qu'il n'y avait pas eu de cas où un médecin était...
M. Boulet : Non, pas à ma
connaissance. Puis ce n'était pas souhaitable. Tu sais, chacun est régi par son
propre code d'éthique, puis je pense que ce n'est pas... Et en fait, pour moi,
là, c'est impensable que quelqu'un soit membre du BEM et membre...
Une voix :
...
M.
Boulet : Puis, tu sais, il y en a
que c'est des pneumologues, tu sais, le comité des maladies professionnelles pulmonaires, et des présidents, c'est les pneumologues. Puis, au BEM, ce n'est pas
des pneumologues. Ça fait que, tu sais...
M. Leduc : Ce n'est jamais des
pneumologues?
M. Boulet : Bien, il pourrait y en
avoir. Je ne sais pas s'il y en a qui en font...
Une voix :
...
M. Boulet : ...en rapport avec les
poumons, ça va directement là, ça ne va pas au BEM.
M. Leduc : Je comprends.
M.
Boulet : C'est spécialisé.
M. Leduc :
C'est deux voies...
M. Boulet :
Comme là, en oncologie, dès que ce sera un cancer, ça va être dirigé au comité
des maladies professionnelles oncologiques.
M. Leduc :
Parfait.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Y a-t-il d'autres interventions à l'article 61? S'il
n'y a... Oui, député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Moi, j'ai... Bon, vous me
le direz, là, si je ne suis pas au bon endroit parce qu'il faut encore... j'ai
un petit peu d'adaptation à faire dans le projet de loi. Mais là on est dans
des articles qui viennent modifier le Bureau d'évaluation médicale avec
l'amendement qui est proposé par le... pas l'amendement,
mais l'article qui est proposé par le ministre sur la séparation des fonctions,
là, pour être sûr qu'il y ait une indépendance entre les membres de
chacun des bureaux, ce qui fait en sorte qu'on entame également, dans le plan
de travail du ministre, là, une section
importante sur le Bureau d'évaluation médicale. Mais ce qui me frustre, puis ce
n'est pas de la faute du ministre, là, c'est
la situation, c'est que j'ai l'impression qu'on ne fait pas le débat sur le
BEM, sur le Bureau d'évaluation médicale. Là, on est en train de
modifier le BEM. Mais moi, je peux bien parler, là, sur l'indépendance entre les
membres du BEM, et tout, mais on a quand même eu des recommandations de groupes
importants, par exemple, la FTQ qui demande l'abolition de la révision
administrative de la commission, etc.
Alors, on dirait
qu'il me manque un bout dans le débat pour savoir si, par exemple, on veut
faire les... on veut voter pour les
propositions qui sont faites par le ministre sur la pertinence même du BEM.
Moi, j'aimerais entendre d'abord le ministre un peu là-dessus. Puis je
passe par l'article 61 parce que c'est le premier qui nous introduit dans
la section sur le BEM.
M. Boulet :
Mais il n'y a pas de changement au Bureau d'évaluation médicale. Simplement
pour préciser que, oui, la FTQ, puis pas que la FTQ, en fait, les syndicats et
les patrons souhaitaient l'abolition, purement et simplement, du système de
révision administrative. Et comme j'expliquais tout à l'heure, on ne pouvait
pas par souci de cohérence avec le corpus législatif québécois. Donc, on est
allés pour une option entre la révision administrative et le Tribunal
administratif du travail.
Le système qui est
instauré à la CNESST en vertu de la loi, il y a un bureau d'évaluation
médicale, mais avant ça s'appelait un
arbitre médical, mais c'est la même affaire. Il y a cinq sujets qui lui
sont soumis : le diagnostic, la nature, la durée et la suffisance
des soins et traitements, la date de consolidation, l'atteinte permanente à
l'intégrité physique ou psychique puis les limitations fonctionnelles
permanentes ou temporaires. Ces cinq sujets-là, ça requiert une expertise
médicale. C'est la raison pour laquelle, quand il y a un désaccord entre le
médecin d'un travailleur et le médecin désigné par l'employeur ou le médecin
désigné par la CNESST, il y a un arbitre qui tranche, et c'est ce qu'on appelle le Bureau
d'évaluation médicale. Et ça, bien sûr,
ça fait partie des matières. Puis, quand le Bureau d'évaluation médicale
se prononce, la CNESST rend une décision qui doit être en fonction de l'avis du Bureau d'évaluation
médicale. Et, dans notre possibilité d'opter, ça s'applique, ici, dans les questions,
dans les affaires médicales. Et donc...
Mais il n'y a pas de
remise en question du Bureau d'évaluation médicale tel qu'il s'exerce actuellement.
Tout ce qu'on fait à 61... Tout le reste a été retiré et, à l'article 61,
tout ce qu'on prévoit, collègue, c'est que, comme il y a création d'un nouveau comité puis comme on
modernise, bien, on voulait s'assurer simplement qu'il y ait des murs entre les différents comités, qu'une personne ne se
promène pas d'un comité à l'autre, même si c'est... Tu sais, en
oncologie, ça va être des hémato-oncologues puis des
radio-oncologues, là, des personnes spécialisées. Mais je pense qu'en matière d'éthique, quand on crée des
comités comme ça, c'est opportun de prévoir leur neutralité et leur
indépendance.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions?
M. Gaudreault :
Bien, c'est ça. C'est que ça reste que... C'est comme une étape... C'est comme
une étape qui s'ajoute dans le processus
quand il y a, je dirais, une contradiction entre les évaluations
médicales. Et, pendant ce temps, bien,
le travailleur lésé ou le travailleur blessé n'a pas
de... Il attend, là, il est en attente puis il n'a pas d'indemnisation.
Alors, parfois, les délais, quand même, de cet arbitrage sont quand
même assez longs, ce qui nous apparaît assez injuste, là, bien, dans le
fond, pour le travailleur lésé qui est en attente d'un traitement ou qui est
attente d'une indemnisation.
Alors, moi, la
question que je pose, c'est : Est-ce qu'après tant d'années de création du
BEM... Puis j'essaie de rechercher. Je pense que c'est en 1985 que ça a été
créé, le... Non, en 1985, c'était le médecin... c'est de la prépondérance du
médecin traitant.
M. Boulet :
Non, c'était... Le BEM était là. On appelait ça un arbitre médical.
M.
Gaudreault : Exact, oui. Mais est-ce que ce n'est pas une étape qu'on
pourrait sauter pour avoir un autre type de fonctionnement?
M. Boulet : Oui, mais... En fait, la
grande problématique qui est soulevée, vous avez raison, c'est un enjeu
important, c'est les délais. Puis le Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
a suggéré, a identifié, est en mode recrutement. Les
syndicats puis les patrons, ils font beaucoup, beaucoup d'efforts de
recrutement. Puis il y a une pénurie de
médecins pour siéger puis pour agir comme un membre du Bureau d'évaluation
médicale. Mais là il y en a eu quand même un certain nombre, là, dont
les candidatures ont été soumises et qui vont combler les besoins au Bureau
d'évaluation médicale.
M. Gaudreault : O.K. Est-ce que le
ministre est capable de nous fournir des chiffres concernant le BEM sur les...
les opinions du BEM quant aux... Autrement dit, quand le BEM agit, il prend
quel bord, de façon générale?
• (17 h 30) •
M.
Boulet : Je vous dirais, d'expérience... Puis, tu sais, c'est sûr
qu'on ne pourrait pas abolir l'arbitrage médical ou le Bureau
d'évaluation médicale parce qu'on reconnaît le principe qui est reconnu dans la
loi, c'est la prépondérance de l'opinion du
médecin traitant. Je vous dirais, de ma pratique et de mon expérience, même au
Tribunal administratif du travail — puis on a eu cette
discussion-là à quelques reprises avec les collègues d'Hochelaga-Maisonneuve et
de Nelligan — le
médecin qui fait le suivi, qui a des notes évolutives dans son dossier, qui est
le médecin traitant et dont on reconnaît la prépondérance de l'opinion,
généralement, c'est un avantage. Puis c'est probablement... Puis le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, il va me dire : C'est pour ça qu'il y a
plus de contestations d'employeurs, mais c'est le cas. Je vous dirais, là... je n'ai pas de
statistique réelle, mais je pense qu'il y a un avantage médecin traitant du
travailleur.
M.
Gaudreault : O.K.
Bien, en tout cas, ça ne semblait pas
le cas en... vous allez me dire que ça date un peu, là, mais, quand même, un article du Devoir,
2008, CSST : les travailleurs accidentés en ont ras le bol du Bureau
d'évaluation médicale, et, dans cet article, on dit :
«Le BEM a invalidé l'opinion du médecin traitant du travailleur dans 75 %
des cas, selon l'UTTAM.» Alors, ça, c'était 2008, un article de 2008. Est-ce
qu'on peut avoir des données actuelles?
Des voix :
...
M. Boulet : ...pas long.
M. Gaudreault : Pas de problème.
M. Boulet : Puis c'est à peu près
dans ces années-là, puis je n'étais pas là à l'époque, là, mais où on a
transformé l'arbitrage médical en Bureau d'évaluation médicale, là, pour lui
donner plus de... pour s'assurer que la prépondérance de l'opinion du médecin
traitant soit bien respectée.
Mais je ne pense pas qu'on ait cette
statistique-là, là. Tu as bien sûr l'UTTAM, c'est des travailleurs non
syndiqués. C'est difficile pour moi... Mais je peux vous dire, collègue, que,
dans le cas de Bureau d'évaluation médicale,
il y a presque deux fois plus de contestations des employeurs, ça fait que
c'est incompatible avec la statistique à laquelle vous faites référence.
Puis, tu sais...
Donc, moi, la compréhension que j'avais, c'est
que... Ah! puis 81,9 % des décisions de la CNESST acceptent les
réclamations des travailleurs. Tout à l'heure, je disais, 80 %. J'ai fait
vérifier le chiffre précis, c'est 81,9 %. Ça fait que c'est sûr que ça a
un impact sur tout ce qui s'en suit.
Puis, même pour le Bureau d'évaluation médicale,
j'ai deux fois plus de contestations. Puis, encore là, est-ce que, chez les
travailleurs syndiqués, c'est des pourcentages qui varient? Mais on n'a pas de
statistique là-dessus. Puis je ne voudrais
pas m'immiscer, là, dans le caractère professionnel du travail des membres du
BEM. C'est la raison pour laquelle on
ne touche pas au Bureau d'évaluation médicale, collègue. L'article, c'est vraiment assurer
l'indépendance des membres pour éviter que tu passes d'un comité à l'autre.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci. Y a-t-il d'autres interventions? Député d'Hochelaga-Maisonneuve. Aviez-vous
terminé, député de Jonquière?
M. Gaudreault : Oui, ça va pour
l'instant.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Je voulais juste dire que
je voulais m'inscrire également sur le débat du BEM, mais... puis j'ai un amendement
en ce sens, ça fait que... Mais je vais attendre qu'on adopte celui-ci puis je
le déposerai après.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Donc,
on va... on prend le temps d'adopter. D'accord. Y a-t-il d'autres interventions
à l'article 61? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Abstention.
La Secrétaire : Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'article 61 est adopté.
Je comprends que, député d'Hochelaga-Maisonneuve,
vous voulez proposer...
M. Leduc : Déposer un 61.1.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est ça, proposer un amendement introduisant un nouvel article. C'est bien ça?
M. Leduc : Oui. On vous envoie ça
rapidement.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
est prêt?
M. Leduc : ...il y a des petites
modifications à faire en raison des chiffres, là, mais on se dépêche.
La Présidente (Mme IsaBelle) : D'accord.
Une voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : On va
suspendre quelques instants?
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 35)
(Reprise à 17 h 45)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous venons de recevoir un amendement de la part du député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Alors, je vous invite à le lire et à l'expliquer.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Alors, ça va comme suit : Introduire, après l'article 61 du projet de
loi, le suivant :
61.1. — bien sûr — Les
articles 204 à 223 de cette loi sont abrogés.
Alors, c'est clair, net et précis. Ça ne sera
pas dur à comprendre d'un point de vue d'écriture juridique, ça, c'est certain.
Maintenant, en termes de débat... Puis j'aurais pu poursuivre auprès du...
après l'intervention de mon collègue, là, de Jonquière, à laquelle je
souscrivais dans son essence, mais je ne pouvais pas passer, moi, l'ancien syndicaliste, devant l'opportunité de déposer un amendement
pour concrètement abolir le BEM, bien que mes espoirs à ce qu'il soit adopté
sont somme toute assez minces. Mais, cela étant dit, il faut faire le débat, il
faut que ça soit discuté. Et voilà, c'est déposé.
Il y a un important
rapport qui a été déposé l'an dernier, en 2020, par deux chercheurs,
MM. Charbonneau et Hébert,
de l'IRIS, l'Institut d'information, là, de recherche et d'informations socioéconomiques, qui s'appelle La
judiciarisation du régime d'indemnisation des lésions professionnelles au
Québec, donc publié en 2020. Ils font le tour de la question, bien sûr,
de la LATMP et un peu de la LSST, mais surtout, donc, de la réparation
et ils parlent beaucoup de toute la notion de l'imputation, de ce qu'on
appelle aussi la personnalisation des taux. Évidemment que toute la notion du Bureau
d'évaluation médicale, du BEM, est centrale dans toute cette analyse qui est
présentée par l'IRIS, puis je voudrais en lire un segment qui, vraiment, résume
bien, là, l'enjeu. Ça va comme suit :
«Premièrement, la loi de 1985, l'une des deux
lois-cadres à l'origine du régime actuel de la CNESST, a notamment innové en
mettant en place le Service d'arbitrage médical, ancêtre du BEM. Nous avons vu
comment, après l'élargissement de la personnalisation en 96 et, en 98, la
création des mutuelles de prévention — facilitant l'accès des petites entreprises à la tarification
par incidences — le
nombre de demandes de révision médicale introduites par les employeurs a fortement augmenté. Tout semble
indiquer par conséquent que le système d'évaluation médicale du régime
québécois contribue à la multiplication de la production d'expertises médicales
à la demande des employeurs. En outre, cette structure qui
traite plus de 10 000 demandes d'évaluation médicale par année n'a
pas d'équivalent dans les autres provinces canadiennes.
«Deuxièmement, l'analyse des données de demandes
de révision à la division des révisions administratives, la DRA, sous la
responsabilité de la CNESST, confirme que les modes personnalisés de
tarification constituent une incitation pour les employeurs à contester les
décisions de la commission. Nous avons vu comment, [dans les] années 90, l'introduction d'un plus grand
recours à la personnalisation coïncide avec une augmentation des
demandes de révision par les employeurs,
lesquelles surpasseront en proportion celles des employés au courant des
années 2000. On a également
constaté, lorsqu'on observe le nombre de demandes de révision introduites en
fonction du type de tarification, que les demandes sont plus fréquentes
de la part d'employeurs sous tarification par incidences que de ceux au taux de
l'unité, dont la cotisation n'est pas [renouvelée].»
Vous le voyez, Mme la Présidente, il y a quand
même un enjeu central alentour du BEM. C'est un élément qu'on n'avait pas
soulevé tantôt, mais nous sommes la seule province canadienne à avoir ce genre
de mécanisme de Bureau d'évaluation médicale.
Il faut aussi ne pas passer sous silence un travail
qui a été fait ici même, à la Commission de l'économie et du travail, il y a de cela quand même
quelques années maintenant, en 2006, concernant le BEM. Alors, c'est
vraiment une tâche, là, que nos prédécesseurs s'étaient donnée, de faire une
évaluation du BEM. Je suis allé refouiner un peu dans le rapport, là, c'est
décembre 2006, Commission de l'économie et du travail, Examen du rapport
d'évaluation du Bureau d'évaluation médicale et du document d'actualisation de
ce rapport. Ils font plusieurs recommandations, ils vont dans toutes sortes de
sens. Ça remet en question, en effet, là, le rôle du BEM dans toute la
judiciarisation. Ils proposent, entre autres, «que seule la Commission de la
santé et de la sécurité du travail puisse demander au Bureau d'évaluation
médicale d'émettre un avis». Donc, ils essaient de trouver des pistes de
solution.
Moi, je... avant de me rabattre potentiellement
sur ces pistes alternatives, je voulais quand même qu'on ait un échange ici, à micro ouvert, dans cette enceinte
de l'Assemblée nationale, pour remettre en question, de manière
frontale, la question de l'existence même du
BEM, qui, force est de constater, est un élément central de la
surjudiciarisation de la santé et
sécurité au Québec, en particulier, donc, depuis les dernières années, comme le
faisait référence le rapport de l'IRIS. Puis on peut certainement... Il y a une expression que j'avais lue puis que
je fais mienne, une analyse qui fait en sorte de constater que le BEM
est devenu le bras armé de cette judiciarisation contre les travailleurs et
leurs médecins traitants.
Et puis, quand on parlait du rapport à
l'instant, là, de la Commission de l'économie et du travail, il y a plusieurs
personnes qui y ont siégé à l'époque, j'ai regardé les noms plus tôt, il y a la
députée de Duplessis qui est encore ici,
dans cette législature... je pense que, là, il n'y en a plus d'autres. Mais il
y a M. Karl Blackburn, l'ancien député de Roberval, qui est rendu
aujourd'hui président du Conseil du patronat du Québec, qui a souscrit, donc, à
l'époque, à ces recommandations-là. Nous y reviendrons un peu plus tard.
• (17 h 50) •
Mais on parle
d'un nombre assez astronomique de contestations médicales. Le rapport de
l'IRIS, tantôt, faisait référence à
environ 10 000 demandes. Ici, j'ai des moyennes alentour... De 2017 à
2020, on parle de 9 000 contestations médicales annuelles. C'est astronomique. C'est complètement hors de
contrôle. C'est complètement fou. C'est une remise en question frontale
de la prédominance du médecin traitant. Et on considère qu'il y a lieu ici de
refaire l'examen concret de ce qui se passe
avec cette instance-là, de refaire le débat de fond, de réévaluer vraiment
fondamentalement : C'est-tu vraiment encore pertinent, le BEM? Est-ce que
c'est vraiment encore une instance qui facilite la gestion des dossiers? Est-ce
que c'est une instance qui répond à, en tout cas, ce qui est mon impératif, qui
est l'effectivité du droit? Est-ce qu'elle nous amène en quelque part où on
réussit à trouver, je dirais, la bonne piste d'atterrissage pour les travailleurs
et les travailleuses, pour les gens qui subissent des lésions ou est-ce qu'au
contraire on pourrait faire l'analyse, après
toutes ces années, que peut-être qu'il y avait des intentions louables, à l'origine
de la création du BEM, mais qu'avec le temps cet outil-là, qui a été mis
à la disposition autant des travailleurs que des employeurs, mais justement, avec le temps, c'est peut-être devenu
essentiellement un outil de l'employeur qui, jumelé avec l'imputation et
la personnalisation des taux de cotisation, fait des ravages, fait des ravages
en matière de prolongation des délais, fait des ravages en matière de
renversement d'opinions de médecins traitants?
On faisait... Dans les consultations générales
qu'on a tenues ici, au tout début de cette étude — en fait, je dis ici, mais on était virtuel à ce moment-là, je
pense que c'était en janvier — il y en a qui craignaient le retour du
médecin de l'employeur par les différents amendements que le ministre
proposait. Bon. Puis je pense que cette crainte-là est en partie dissipée
aujourd'hui.
Reste que le terme «médecin de l'employeur»,
moi, je l'ai entendu souvent de la part de collègues dans mon passé syndical qui travaillaient sur le dossier de
la santé et sécurité et qui commentaient l'existence du BEM. À chaque
fois qu'il y avait une présentation dans une instance, un congrès ou autre,
quand on parlait de santé et sécurité au travail, c'était toujours le point,
là, je vous dirais, consensuel, le point focal de l'attention des praticiens du
droit de la santé et sécurité du travail, c'était le BEM, puis j'oserais même
dire, souvent, le maudit BEM.
Alors, l'idée de prendre quelques instants, ici,
aujourd'hui, pour évaluer sérieusement son abolition me semble un
incontournable du travail sérieux qu'on fait dans cette commission sur
l'économie et sur le travail.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre.
M. Boulet : Oui. Puis ça me
ramène au rapport du Comité consultatif travail et de la main-d'oeuvre. Tu
sais, les employeurs, ils disent : Abolissez la prépondérance du médecin
traitant, puis les syndicats : Non, abolissons le BEM. Donc, je pense que l'état actuel des choses répond bien aux besoins
des deux parties. C'est important, quand il y a une
matière spécialisée, là... puis je répète tout le temps : le diagnostic,
la nature, la durée, la suffisance des soins, le traitement, la date de consolidation, l'atteinte permanente à
l'intégrité physique ou psychique, les limitations fonctionnelles
permanentes ou temporaires, c'est de la nature de l'expertise d'une personne
qui est neutre et impartiale, qui va donner un éclairage objectif. Puis ça peut
contribuer, au contraire, au règlement des litiges et à la déjudiciarisation. Je voyais qu'en 2019 il y avait un potentiel de
130 000 dossiers actifs qui avaient un potentiel d'aller devant le
Bureau d'évaluation médicale. Puis, quand je réfère au concept d'arbitre
médical, c'est beaucoup mieux compris. Il n'y a seulement que
11 000 dossiers de ces 130 000 actifs là qui vont devant le
Bureau d'évaluation médicale, sans oublier que 81,9 % des décisions de la
CNESST acceptent les réclamations des travailleurs.
Puis, si vous
voulez faire des comparaisons avec les autres provinces, allons jusqu'au fond,
parce que, dans les autres provinces,
il n'y a pas la prépondérance, le caractère prépondérant de l'opinion du
médecin traitant. Ça fait que c'est sûr que ce n'est pas le même équilibre
qu'ici, au Québec.
Je vous
rappellerai que les membres du Bureau d'évaluation médicale, c'est des
personnes hypercompétentes, qui sont choisies en raison de leur
réputation. Ils sont nommés par le ministre, mais c'est sous la recommandation
commune des patrons et des syndicats. Moi, ça m'apparaît un essentiel, un
incontournable à la compréhension des enjeux médicaux, dans un dossier tant
pour les agents de la commission, que pour les commissaires, que les juges au
Tribunal administratif du travail qui doivent rendre des décisions,
conformément aux avis que cet arbitre médical là peut rendre. Donc, il ne faut
pas mélanger avec ce qui se fait dans le reste du Canada, pas de prépondérance
de l'opinion du médecin traitant.
Puis, au CCTM, ils se sont tassés de cet
enjeu-là. Et le statu quo... Je le répète, il y a plus de contestations suite au BEM des travailleurs, mais même pas deux
fois plus, alors qu'il y a 82 %, je le répète, des réclamations qui
sont acceptées et 8 % seulement en 2019
des dossiers actifs où il y avait un potentiel d'aller au BEM parce qu'on se
prononçait sur un des cinq aspects médicaux que j'ai mentionnés tout à
l'heure. Donc, seulement 11 000 sont allés, c'est 8 000.
Ça fait que ce n'est pas de la judiciarisation,
c'est... au contraire, ça contribue aux règlements des enjeux qui sont
spécialisés et qui relèvent de l'expertise d'un médecin. Puis, n'oublions pas,
l'opinion du médecin traitant, elle est
prépondérante. Ça fait que c'est sûr que je reviens souvent à la PME, là, à
l'entreprise, à l'employeur qui, lui, veut avoir le droit aussi de dire son mot, puis, encore une fois, il ne dit
pas son mot très loin, il se présente devant un arbitre médical, puis
ultimement il y a un Tribunal administratif du travail où je vous rappellerai
que 42 % des décisions du Tribunal administratif du travail confirment le BEM,
40,4 % font une modification au BEM, donc il y a à peu près 83 % des décisions du TAT qui confirment
l'expertise du BEM puis il n'y en a que 17,7 %, des décisions du
Tribunal administratif du travail, qui infirment le BEM. Donc, pour toutes ces
raisons, ça ne nous apparaît pas opportun de modifier
ou d'abolir, là, comme vous le soumettez dans votre amendement, là, d'abroger,
là, les articles 214 à 224, là, de la LATMP, ceci dit, collègue,
hein, vous le savez, avec beaucoup de respect.
Je sais
que... Je sais qu'il y a des groupes, je sais, j'ai entendu. On est dans le
domaine des relations de travail. Parfois, c'est polarisé, parfois, il y
a un faisceau d'opinions différentes. Je connais le courant d'opinions
favorisant l'abolition du BEM. Mais ne négligeons pas le fait que ce sont des
enjeux spécialisés, qui relèvent de l'expertise de personnes qui sont,
ultimement, là...
Je vous
dirais, collègue, là, depuis que j'ai le privilège d'être ministre du Travail,
là, ceux qui sont là, là, c'est les recommandations du CCTM, des
syndicats puis des patrons. Je n'ai jamais refusé une recommandation du Comité
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Et le P.D.G. du CCTM, récemment,
me soumettait une nouvelle liste qui est recommandée par le CCTM. Je pense que
c'est 11 personnes, 11 médecins pour être nommés au Bureau
d'évaluation médicale, là. Je vous le dis, là, je suis pas mal précis sur le
nombre. Puis, encore une fois, ceci dit avec respect, là, Alexandre.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions?
M. Leduc : Oui. Oui, bien sûr. Quand
vous faites référence au rapport du CCTM ou... je ne sais pas si c'était le rapport ou... en tout cas, au CCTM, il y avait
deux versions, là, soit, en effet, abolir le BEM, qui était plus la
posture, probablement, des travailleurs et
des travailleuses, mais il y avait aussi la posture de remettre en question la
prépondérance du médecin traitant, qui était celle des organisations
patronales. Mais pourquoi on voudrait remettre en question la prépondérance des
médecins traitants?
• (18 heures) •
M.
Boulet : Ah mon Dieu!
Chacun... Quand on est... Tu sais, ce qui s'exerce au CCTM, c'est le
paritarisme, mais, d'abord et avant tout, les syndicats expriment des intérêts
puis les patrons expriment des intérêts. Puis, quand ils commencent des discussions, ils veulent trouver des
solutions, ils veulent bâtir des consensus, mais c'est important de connaître
les positions préliminaires. Et c'est comme
ça que ça avait été présenté, puis je pense qu'ultimement on ne touche pas à
ça.
Puis, encore une fois, je reconnais que certains
syndicats, pris isolément, vont dire : Plus de BEM, mais maintenez la
prépondérance de l'opinion du médecin traitant. Mais, tu sais, il n'y a pas
d'équilibre dans un contexte comme celui-là. Et donc, oui, ça faisait partie
des discussions, que les employeurs souhaitaient qu'il n'y ait plus de
prépondérance de l'opinion du médecin traitant, puis, du côté syndical, il y en
a qui prêchaient en faveur de l'abolition du
Bureau d'évaluation médicale. Mais, moi, je me dis, on a le meilleur équilibre,
c'est de l'arbitrage médical.
Ce que le collègue de Jonquière soulevait, je le
reconnais, les délais sont parfois trop longs. Il faut travailler là-dessus, il
faut nommer des médecins. Puis les syndicats puis les employeurs me disent tout
le temps : Oui, mais, Jean, il y a de la pénurie de main-d'oeuvre aussi
là-dedans, pénurie ou rareté, là, mais ce n'est vraiment pas facile de recruter
des personnes pour siéger au BEM.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Merci pour l'échange.
Alors, écoutez, compte tenu de l'heure, bien, la
commission ajourne ses travaux sine die. Alors, bonne soirée à tous et à
toutes, et à demain. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 01)