(Dix heures)
La
Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Alors, à l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance de la
Commission de l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
Alors, la commission est réunie afin de procéder
à l'interpellation du député de Nelligan au ministre des Finances sur le sujet suivant, soit les difficultés du gouvernement caquiste à livrer
des exercices, notamment des soins de santé et l'absence de mesures
structurantes dansle budget 2021-2022 pour contrer la pénurie de
main-d'oeuvre.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Asselin
(Vanier-Les Rivières); Mme Dansereau (Verchères), par M. Émond
(Richelieu); Mme Richard (Duplessis), par Mme Perry Mélançon (Gaspé).
La Présidente
(Mme Nichols) : Merci.
Je comprends qu'il y a entente afin que le deuxième groupe d'opposition intervienne
lors de la troisième série d'interventions et que le troisième groupe
d'opposition intervienne lors de la cinquième série d'interventions.
Alors, si tout le monde est prêt, nous allons
commencer cette interpellation. Nous débutons par les déclarations d'ouverture.
M. le député de Nelligan, vous avez la parole pour 10 minutes.
Exposé du sujet
M. Monsef Derraji
M. Derraji : O.K., merci, Mme
la Présidente. C'est parce que je n'ai pas compris le partage du temps ou... Je
ne sais pas s'il y avait une entente. Il y avait une entente déjà?
La
Présidente (Mme Nichols) : Oui, il y avait une entente, puis
c'était au niveau de l'ordre des interventions.
M. Derraji : Ah! O.K., O.K.,
c'est bon. Bon, donc, merci, Mme la Présidente. Donc, très heureux de prendre
la parole aujourd'hui par rapport à un enjeu qui est extrêmement important,
vous l'avez très bien mentionné au début, c'est une interpellation de notre
formation politique au ministre des Finances sur le sujet : Les
difficultés du gouvernement caquiste à livrer des services, notamment des soins
de santé et l'absence de mesures structurantes dans le budget 2021-2022
pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre.
Et je suis très content d'avoir mon vis-à-vis au
niveau de l'emploi et du travail qui va agir aujourd'hui et avec qui j'entretiens de très bonnes relations
cordiales, parfois plus que cordiales. Donc, parfois, on se challenge.
C'est très bien. C'est ça, le but. La population a besoin de voir des
résultats, et le but de... qu'on se challenge, c'est pour avoir des résultats
pour la population.
J'ai pas mal d'informations qui proviennent
aussi du budget du gouvernement du Québec pour parler un peu de l'incohérence du gouvernement relativement à la pénurie de main-d'oeuvre, mais, de prime abord, Mme la Présidente, je vais mettre la table sur les faits. Les faits, c'est que, depuis plusieurs
années... Et je peux dire que, dans une ancienne vie, j'ai pu collaborer à une stratégie nationale de main-d'oeuvre, que j'ai devant
moi. Ça, c'est la stratégie 2018-2023,
où on avait un plan à l'époque. Et je me souviens, Mme la Présidente, que le premier
ministre du Québec avait déclaré qu'il n'y
avait pas de problème de pénurie de main-d'oeuvre, mais plus une pénurie de
postes vacants. Et, je dirais même, à un certain moment, au début de
l'arrivée au pouvoir de la CAQ, on entendait beaucoup qu'il faut juste
augmenter le salaire et créer des emplois payants, donc, la pénurie était plus
au niveau des emplois payants, pour aller chercher l'écart avec l'Ontario.
Aujourd'hui,
malheureusement, Mme la Présidente, trois ans plus tard du règne caquiste sur
le gouvernement, on voit qu'on frappe le mur, et on frappe le mur dans
plusieurs secteurs, parce que, pour moi, la stratégie de la gestion de la
pénurie de main-d'oeuvre du gouvernement caquiste, c'est déshabiller Pierre
pour habiller Paul, et c'est une démarche qui vise à faire migrer, hein, à faire
migrer, une main-d'oeuvre d'un secteur à un autre.
Et je vous ai dit, au début, que je suis content
que c'est le ministre de l'Emploi et du Travail qui est avec nous aujourd'hui,
parce qu'il a travaillé fort, et je tiens à le reconnaître, à mettre en place
des programmes, mais le problème, pourquoi je voulais aujourd'hui interpeler le
ministre des Finances, c'est pour voir : Est-ce qu'on s'est donné les
moyens réels pour répondre à la pénurie de main-d'oeuvre? Et j'ai plein
d'exemples, je peux évoquer facilement...
dans le budget, page D.43, la somme pour la petite enfance... à former
rapidement 2 250 éducatrices qualifiées pour
répondre à la demande. Mais de quelle demande s'agit-il, la demande du
ministre, avec sa planification, ou la demande du secteur?
Donc, Mme la Présidente, trois aspects,
aujourd'hui, que je vais aborder avec le ministre. Premièrement, au niveau de la famille, nos éducatrices spécialisées...
J'aimerais bien aussi m'entretenir avec lui sur l'éducation, le départ des profs. Nous avons un énorme problème pour
combler des postes. Et j'espère que le gouvernement va avoir le courage
et dire un jour qu'il y a un effet négatif de la maternelle quatre ans, parce
qu'encore une fois je reviens à déshabiller Pierre pour habiller Paul, c'est
que les éducatrices spécialisées, qu'est-ce que le gouvernement a créé, c'est
un déplacement de main-d'oeuvre pour en créer une pénurie ailleurs.
Mme la
Présidente, est-ce que c'est normal? En pleine pandémie, on est presque au taux
de chômage qu'avant même le début de la pandémie. Donc, quand on dit que
ou quand on voit des associations patronales déclarer tout récemment : Même dans la région du ministre,
la Mauricie, on refuse des contrats... Donc, quand une association
patronale déclare aujourd'hui que la situation est catastrophique, ça, c'est la
réalité. Quand j'ai le Conseil du patronat, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la Fédération
des chambres de commerce du Québec,
les Manufacturiers exportateurs du Québec, les manufacturiers de la
Mauricie, la région où le ministre est responsable... déclarent tous qu'il y a
un problème de main-d'oeuvre...
Et, le ministre, je sais qu'il va me parler de
la requalification. Je sais qu'il va me parler de la formation. J'ai bien hâte d'avoir les résultats,
combien on a requalifié, combien nous avons formé, mais, maintenant,
Mme la Présidente, la demande que je vais formuler officiellement aujourd'hui, c'est que je demande au gouvernement caquiste de la transparence par rapport à la pénurie de main-d'oeuvre. Au
niveau du secteur privé, nous sommes chanceux de compter sur Statistique Canada
et l'ensemble des associations patronales qui nous donnent le portrait juste de
la pénurie par poste, par région et par secteur. Donc, on peut comprendre
l'impact.
Et, rien que cette semaine, j'ai dû intervenir
dans la région du ministre responsable de la Mauricie, le ministre de l'Emploi
et du Travail. Il a eu la chance même de m'écouter à la radio. Il a même
augmenté le volume, Mme la Présidente, parce qu'il a tellement aimé ma voix, et
que je parle de sa région, parce que, dans sa région, Mme la Présidente, il y a
des entrepreneurs, des manufacturiers qui ont commencé à avoir de la misère à
livrer leurs contrats. Et vous savez c'est quoi, avoir de la misère de livrer
des contrats? Ça veut dire que le donneur d'ordres va te donner une chance,
deuxième, mais pas une troisième. Il va chercher un autre fournisseur ailleurs.
Est-ce que c'est ce qu'on veut aujourd'hui en notre économie régionale? C'est
ce genre de question que j'aimerais bien que le ministre va répondre.
La demande que je formule au niveau de la
transparence, c'est que le gouvernement du Québec doit, dès maintenant,
dévoiler publiquement le nombre de postes vacants par réseau. Je ne veux pas
l'état d'équilibre, que je connais par coeur. D'ailleurs, je tiens à remercier
les gens de la CPMT. J'ai l'état d'équilibre de 2018. C'est sous votre responsabilité,
M. le ministre. Et j'ai eu l'occasion de connaître et de travailler de près
avec les gens de la CPMT. J'ai l'état d'équilibre des 500 professions. Je
l'ai depuis 2018.
Donc, je sais très bien l'état d'équilibre par
région, par secteur, mais je n'ai pas de nombre. Le nombre, c'est ce qu'on
souhaite avoir dans le secteur public, à savoir combien de postes nous manquent
au niveau du secteur de la santé, de l'éducation, des familles, par trimestre. Je veux le nombre. Pourquoi,
Mme la Présidente? Parce
que, justement, on veut éviter
de déshabiller Pierre pour habiller Paul et on veut savoir de la... avoir de la
prévisibilité.
Ça veut dire quoi, de la prévisibilité, Mme la
Présidente? C'est que, si ça nous prend des profs... Former un prof, ce n'est
pas une affaire d'une année ou deux, ça nous prend de la planification. Est-ce
que notre réseau de l'éducation est prêt à former des profs? Est-ce que notre
réseau de l'éducation est prêt aussi à former que ça soit des préposés aux bénéficiaires,
des infirmières, des infirmières cliniciennes, des infirmières auxiliaires?
La même chose au niveau de la famille. Est-ce
que le fait de créer la maternelle quatre ans et avoir coûte que coûte l'objectif
et l'obsession de répondre à une promesse électorale de créer la maternelle
quatre ans, peu importe le prix de cette maternelle quatre ans, faire déplacer
la main-d'oeuvre qualifiée, des éducatrices spécialisées qui... Maintenant, on
se ramasse à ce que plus de 50 000 personnes...
50 000 personnes qui n'arrivent pas à trouver une place en garderie
et se ramassent maintenant à gérer leurs problèmes de gestion de temps et gérer
leur travail.
Donc, Mme la Présidente, au courant des
prochains blocs, j'avise le ministre que je vais avoir une discussion directe par secteur d'activité. Et mon but,
aujourd'hui, c'est que le secteur public souffre aussi de la pénurie de
main-d'oeuvre, mais je m'attends à une transparence totale de la part du
gouvernement et à un dévoilement clair et net du nombre de postes vacants, non
comblés, par trimestre. Je sais que c'est difficile. On l'a par an, mais, si on
veut vraiment être efficaces, Mme la Présidente, ça nous prend cette
transparence pour pouvoir planifier la suite.
Si on doit agir au niveau de la formation, on va
agir au niveau de la formation. Si on doit aller chercher les jeunes
populations, les mêmes groupes, les mêmes groupes... D'ailleurs, le
gouvernement a changé juste la forme, juste la forme, du document. Ça, c'est
une autre proposition. En 2018, ça, c'est la proposition du gouvernement, les
mêmes groupes. Le seul groupe qu'ils ont enlevé, Mme la Présidente, c'est quoi?
C'est la diminution du taux de chômage. C'est normal, parce qu'on est en plein
emploi.
Alors, Mme la Présidente, j'espère qu'au bout de
cette discussion je vais avoir des réponses qui comptent pour le réseau de
l'éducation, le réseau des familles, le réseau de la santé, mais aussi pour
l'économie, parce que ça presse. Ça presse, Mme la Présidente,
150 000 postes disponibles, vacants, pour le secteur privé, et je ne
sais pas... Je ne peux même pas compter ce que nous avons vu. C'est au-delà de
50 000 postes vacants au niveau du secteur public. Alors, Mme la
Présidente... bien entamé mon échange avec M. le ministre par rapport au bloc que
j'ai mentionné. Merci, Mme la Présidente.
• (10 h 10) •
La Présidente (Mme
Nichols) : Merci, M. le député de Nelligan. Maintenant, je vais céder
la parole au ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale pour
une période de 10 minutes. M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais saluer les collègues, les collaborateurs et les membres
des partis d'opposition, bien sûr, le collègue de Nelligan, qui fait une
interpellation qui m'apparaît totalement pertinente. Évidemment, nous sommes au pouvoir depuis le 1er octobre 2018, et
le phénomène de rareté et pénurie de main-d'oeuvre, il existe, il est
annoncé depuis 2007, 2008, 2009. Il y a des économistes, des démographes qui écrivaient,
dans L'Actualité, dans La Presse, que les entreprises
allaient devoir freiner leur croissance, limiter leurs investissements, en
raison d'une rareté de main-d'oeuvre, et ça, c'était un défi économique qui
était fortement documenté. Et ce que le gouvernement précédent a fait, c'est de
déposer une stratégie nationale sur la main-d'oeuvre, mais au mois de
mai 2018. Donc, elle n'a jamais été mise en application.
Donc, le phénomène de pénurie de main-d'oeuvre,
il n'a pas été traité à son mérite depuis que nous sommes dans ce contexte-là où il manque de travailleurs
et travailleuses pour nos entreprises, et ça, c'est dans tous les
secteurs d'activité. Dès notre élection, moi, j'ai été préoccupé par ce
phénomène-là, puis on a mis en place un plan d'action qui est très clair.
Dans un premier temps, j'aimerais vous... parce
que vous avez été là en même temps, vous avez constaté ce que La Grande Corvée avait engendré comme
changement de paradigme. On avait 220 conseillers aux entreprises,
dans notre ministère, qui sont devenus de véritables accompagnateurs
d'entreprises qui avaient des défis de recrutement. Ce que mon collègue de
Nelligan sait, c'est qu'il y a beaucoup de PME au Québec qui n'ont pas de
département de ressources humaines, qui n'ont pas les ressources pour faire du
recrutement de façon structurée, et les conseillers aux entreprises ont
accompagné les entreprises et les ont aidées à répondre à leurs besoins de
main-d'oeuvre.
La Grande Corvée 2.0 a suivi, et là on
mettait un accent particulier sur l'intégration de toutes les clientèles au
Québec qui ne sont pas suffisamment représentées dans le marché de l'emploi. On
a souvent fait référence aux jeunes. L'indicateur socioéconomique qui est de
plus en plus utilisé au sein des pays membres de l'OCDE, ce sont les NEEF, il y
en a à peu près 200 000 au Québec, ni en emploi, ni aux études, ni en
formation. On a négocié avec Ottawa le rapatriement de la Stratégie emploi et
compétences jeunesse, et on a lancé le mouvement Jeunes en emploi. Et il y a eu
des appels d'offres. Il y a eu des investissements considérables pour aider les
jeunes à répondre à nos besoins de main-d'oeuvre.
Les femmes, dans certains secteurs, sont
sous-représentées. Je suis assez fier de dire qu'on a le taux d'emploi des
femmes qui est à peu près le plus élevé au monde, puis grâce, notamment, à
certains aspects de notre politique familiale et de notre filet social, les
CPE, le RQAP, mais ça fait partie d'un des groupes dont on doit augmenter la
présence, notamment dans le secteur de la construction.
Les personnes
en situation de handicap. On a lancé
une vaste stratégie nationale pour l'intégration et le
maintien en emploi des personnes en situation de handicap et répondre à des
besoins phénoménaux. Puis je suis allé dans des entreprises. Il faut aller sur le terrain pour constater que des
personnes qui ont des contraintes sévères à l'emploi font du travail de
réception puis d'expédition souvent à côté de robots ou dans des entreprises
qui sont fortement numérisées.
Les personnes immigrantes. On parlera un peu
plus du Programme des travailleurs étrangers temporaires, où on essaie de
l'assouplir, d'augmenter le nombre de postes qui donnent accès au traitement
simplifié. Les personnes autochtones, les travailleurs expérimentés, vous connaissez
les crédits que mon collègue aux Finances a annoncés l'année dernière. Ça donne
de bons résultats, parce que le taux d'emploi dont nous avons hérité pour les
personnes de 60-64 ans et
65-69 ans était anémique quand on se comparait, notamment, à l'Ontario.
Les personnes judiciarisées, les prestataires d'aide sociale... On a
diminué de près de 70 000 le nombre de personnes qui bénéficiaient de
l'aide financière de dernier recours.
Le Plan
d'action pour la main-d'oeuvre, qu'on a lancé le 23 septembre 2019 et dont
on a fait grand état, il misait d'abord sur les clientèles québécoises
de personnes qui sont ici et qu'on doit accompagner de façon personnalisée pour les aider à intégrer le marché de l'emploi. Ce
plan d'action là, il a donné d'excellents résultats. Pour
l'année 2019-2020, on a aidé 138 000 personnes à intégrer le
marché de l'emploi.
Au quatrième trimestre, vous la connaissez, la
photo, 148 000 postes vacants. La raison, vous le savez, la
population, au Québec, vieillit à un rythme effarant, une des populations qui
vieillit le plus rapidement à l'échelle internationale. Ça fait qu'à tous les
mois il y a des nouveaux départs à la retraite. Les démographes anticipent
650 000, à peu près, départs à la retraite dans les cinq prochaines années,
et, parallèlement, il y a création d'emplois.
Ça fait que
c'est un défi qui va demeurer constant. Et je n'ai pas la prétention qu'on va
régler ce phénomène-là en criant
ciseau. Il va falloir avoir un plan, bonifier notre plan, continuer à intégrer
les clientèles pas suffisamment représentées dans le marché de l'emploi.
Il va falloir s'assurer d'adapter, s'assurer que la formation soit adéquate
avec les besoins concrets du marché du travail et augmenter la productivité.
Puis je vais revenir
à la productivité, parce que ce n'est pas connu suffisamment, plusieurs disent...
mais on est en action là-dessus, sur la productivité, ce qui n'avait pas été
fait avant notre arrivée au pouvoir. On a des subventions salariales aux
entreprises, 85 % du salaire jusqu'à concurrence d'un montant spécifique,
pour la formation des salariés suite à l'acquisition de technologies numériques
dans les entreprises ou la réorganisation du travail
qui vise à accroître la productivité, parce que c'est un défi, chers collègues,
la productivité. Au Québec, il n'y a que 25 %
des entreprises dont les processus d'affaires sont complètement automatisés,
alors que c'est près de 50 % aux États-Unis, 75 % en Allemagne.
Comment on augmente la productivité, l'automatisation, l'intelligence
artificielle, la robotisation, l'informatisation? On est là-dedans. Ça fait
partie de notre Plan d'action pour la main-d'oeuvre.
• (10 h 20) •
Depuis le début de la
pandémie, le PACME... Vous connaissez bien la Commission des partenaires du
marché du travail. Puis j'apprécie beaucoup, d'ailleurs, puis je le réitère
souvent, la collaboration que j'ai avec mes collègues d'Hochelaga-Maisonneuve
et de Nelligan. Le programme d'actions concertées, là, ça a été fait en
collaboration avec tous les acteurs du marché qui sont dans la Commission des
partenaires du marché du travail : éducation,
communautaire, syndicats, patrons. Le PACME, ça a permis d'aider
47 000 entreprises, soit par le volet collectif ou le volet individuel,
47 000 entreprises, pour maintenir le lien d'emploi des salariés non
seulement stratégiques, mais qui ont
besoin d'accroître leurs habilités ou leurs qualifications.
245 442 travailleurs qui en ont profité. Le programme d'aide à la relance par la requalification, une
des questions de mon collègue de Nelligan, il y a plus
13 000 personnes.
On ne déshabille pas
un secteur ou des secteurs plus affectés par la pandémie pour en habiller
d'autres. Les syndicats m'avaient prémuni de
ça. C'est pour ça qu'il faut faire une distinction entre la requalification et
le rehaussement des compétences. La
requalification, ça permet à quelqu'un de se réorienter. Quelqu'un qui a fait
l'objet d'un licenciement, dont une rupture définitive du lien d'emploi,
peut se requalifier pour intégrer des secteurs qui sont en rareté de main-d'oeuvre : les technologies de l'information,
la construction, la santé, l'enseignement. Les personnes qui font l'objet
d'une mise à pied temporaire, donc, dans des
secteurs plus affectés par la pandémie, on les aide à rehausser leurs
compétences en leur versant une allocation de requalification pendant des formations
de courte durée.
Je suis extrêmement
fier que, collectivement, avec les partenaires, on se soit donné un programme
d'aide à la relance qui répond véritablement
à des besoins dans des secteurs qui sont cruciaux pour la relance économique,
qu'on veut la plus inclusive et la plus durable possible. Merci, Mme la
Présidente. J'aurais tant à échanger et à partager avec mes collègues. Merci.
La Présidente (Mme
Nichols) : Vous aurez le temps, M. le ministre. Alors, merci de votre
intervention.
Argumentation
Nous allons
maintenant procéder en alternance aux interventions de cinq minutes selon
la séquence suivante, soit un député de
l'opposition, le ministre, un député du groupe formant le gouvernement et ainsi
de suite. Alors, M. le député de Nelligan, vous avez la parole pour un
maximum de cinq minutes.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Donc, je vais aller au concret. Je ne sais pas si le
ministre a avec lui le budget de son gouvernement. Je l'informe que je vais
aborder la page D.43. C'est très simple, parce que, là, on va voir, Mme la
Présidente, vraiment la déconnexion et le manque de vision. Et, encore une
fois, je tiens à préciser que, mes questions, je les base beaucoup sur
l'analyse du dernier budget, que nous avons qualifié, avec d'autres groupes,
qu'il manque de vision sur plusieurs aspects, mais là je vais me limiter sur
l'aspect de la famille, hein? M. le ministre, on va parler de la famille. Donc,
on ne peut pas robotiser, malheureusement, les éducatrices. On ne peut pas rattraper le retard au niveau de la productivité
des éducatrices. On ne peut pas agir avec les mêmes termes économiques,
que je connais très bien, que vous avez utilisés. Donc là, je vous ramène sur
un autre terrain, avec des faits.
Bon, votre
gouvernement, page D.43, «former davantage d'éducatrices à la petite
enfance», cette somme, la somme allouée dans le budget, qui est de l'ordre de
15 millions de dollars, va former 2 250 éducatrices. Les faits
sont les suivants. La pénurie d'éducatrices qualifiées... L'Association
québécoise des centres de la petite enfance estime qu'il manquera
10 000 éducatrices qualifiées d'ici 2024, 2024, si rien n'est fait.
Le gouvernement n'a pas menti la donnée, et c'est pour cela... Tout à l'heure,
M. le ministre, j'ai demandé, et je vais continuer à demander, à ce que votre
ministère, ou le ministre, ou le gouvernement dévoile le portrait des postes
vacants. Je pense que c'est une nécessité, c'est question de transparence. On
ne peut pas continuer à naviguer dans le vide si on n'a pas le portrait des
besoins par réseau.
Pour régler le
problème, le gouvernement a modifié son règlement afin de diminuer le ratio
d'éducatrices qualifiées en petite enfance. Le ratio est passé de deux
éducatrices qualifiées sur trois, en tout temps, à un sur trois. Mettez-vous,
Mme la Présidente, dans la peau d'un milieu où tu n'as même pas quelqu'un qui
va s'occuper de ton enfant et les besoins de ton enfant parce qu'on a diminué
le ratio des éducatrices, ça, là, c'est du jamais-vu.
30 mars 2021, le
gouvernement dépose un projet en règlement pour poursuivre la diminution du nombre
d'éducatrices en petite enfance qualifiées, nécessaires au-delà de la pandémie.
La pénurie est telle que des services de garde doivent fermer.
25 janvier
2021, encore une fois, vous savez très bien que j'aime la Mauricie, Mme la Présidente, Mauricie—Centre-du-Québec,
la région où, le ministre, il est responsable, plus de 100 garderies ont
fermé leurs portes. Donc, j'espère que le ministre va avoir des réponses à
cette région, parce qu'encore une fois, quand on parle d'économie, je sais très
bien, les programmes au niveau du retard de la productivité, la robotisation,
l'automatisation, là, on parle d'un autre secteur public qui souffre. Et ces
gens-là, bien, on les enlève du marché du travail. Et, tout à l'heure, je vais
finir avec la maternelle quatre ans et vous démontrer que la logique caquiste
au niveau de la pénurie de main-d'oeuvre, c'est vraiment de déshabiller pour
habiller quelqu'un d'autre.
23 octobre, la
pénurie... En Mauricie, Mme la Présidente, 100 garderies ont fermé leurs
portes depuis le début de la pandémie, selon l'alliance des intervenants en
milieu familial, dont environ 80 en Mauricie. 23 octobre 2020, la pénurie de personnel force le CPE Vallée
des loupiots, à Val-d'Or, a fermé deux groupes pour les deux semaines.
Lorsque la CAQ est arrivée
au pouvoir, il y avait 8 000 places en milieu familial qui étaient disponibles,
mais non occupées en raison du manque
d'éducatrices. Depuis deux ans, ce chiffre a triplé. Il y avait, en août,
24 000 places non occupées par manque d'éducatrices en milieu
familial. Nous pouvons supposer que ce nombre a déjà augmenté depuis le mois
d'août. L'impact de la pénurie sur les familles depuis l'arrivée de la CAQ, la
liste d'attente pour avoir une place en service de garde est passée de
42 000 enfants à 51 000 enfants. La réponse de la CAQ dans
le budget : 2 250 éducatrices.
Donc, Mme la Présidente, quand j'entends le ministre
parler du retard de la productivité, bien, déjà, on ne répond pas aux besoins
de ces familles qui se ramassent avec des problèmes de manque d'éducatrices et
manque de places, mais la CAQ continue son
projet électoral de maternelle quatre
ans. Et, pour trouver le personnel
pour enseigner dans ces classes de maternelle quatre ans, le
gouvernement est venu autoriser qu'une éducatrice qualifiée en petite enfance
puisse venir enseigner.
Donc, quand je dis, tout à l'heure, Mme la
Présidente, que le gouvernement déshabille Pierre pour habiller Paul, donc, on
crée un problème ailleurs pour agir pour une promesse électorale de maternelles
quatre ans. Ma question au ministre, elle est très simple. Comment il compte
régler la pénurie d'éducatrices dans son réseau, surtout que son budget a
manqué d'ambition? Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député de Nelligan. Alors, la parole est au ministre pour cinq
minutes.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. J'apprécie et je partage la préoccupation de mon collègue pour les éducateurs, éducatrices à la petite enfance. Quand
j'ai fait ma tournée du Québec, partout, on me mentionnait qu'il y a de
jeunes parents qui ne pouvaient pas revenir au travail parce qu'ils n'avaient pas accès à des services de
garde. Il y a des régions où c'est plus aigu, puis moi, effectivement,
je viens d'une région où le déficit, la rareté de main-d'oeuvre, dans ce
secteur-là, il est particulièrement préoccupant. Puis j'apprécie aussi que mon
collègue soulève ce point-là. Ça démontre à quel point ça nous préoccupe. La
rareté de main-d'oeuvre, il faut constamment s'y attarder.
Il y a deux semaines... En fait, il faut que je
remonte à il y a quelques mois, j'ai annoncé, dans la région de la Montérégie
et dans la région de la Côte-Nord... On a fait des ententes avec des cégeps
pour mettre en place des programmes de
formation de courte durée dans des secteurs où ils sont en rareté de
main-d'oeuvre. Et, les éducateurs, éducatrices,
il y a des formations qui se donnent en accéléré ou en plus courte durée, mais
en alternance travail-études, puis ça, on s'inspire des meilleures
pratiques de formation à l'échelle internationale, et on assume le paiement
d'une... Bien, il y a un incitatif financier qui est mis en place et dont
bénéficient les étudiants, étudiantes pendant leurs études et pendant leur
travail au sein, particulièrement, de centres à la petite enfance.
Ça a donné des résultats phénoménaux, au point
où, il y a deux semaines... Puis vous connaissez bien ma région. Je vous
inviterais à commenter, d'ailleurs, l'annonce qu'on a faite au collège
Laflèche, à Trois-Rivières, avec 10 CPE qui sont disséminés partout dans
la région de la Mauricie, qui vont bénéficier de ce qu'on appelle un COUD. Vous
connaissez bien la CPMT. C'est des programmes de formation de courte durée dans
des secteurs priorisés, et ça en fait partie. Ça a été accueilli de façon
extrêmement enthousiaste dans les milieux à la petite enfance pour aider à
répondre à la rareté de main-d'oeuvre dans ce secteur-là.
Et je suis content de mentionner que, dans le
budget... Quand on réfère à 2 250, restez attentifs. Puis il y a un décret
à cet effet-là. Il y aura d'autres montants. Et j'ai une intention, collègue,
de le faire partout où ce sera possible de le faire au Québec pour que toutes
les régions du Québec puissent tirer avantage de ces programmes de formation là
de courte durée en alternance travail-études. Puis c'est des programmes qui
varient entre un an et 15 mois, donc... Et c'est des personnes qui sont en
embauche ou sur le point d'être embauchés dans des CPE, donc ce sera bénéfique
pour les CPE parce qu'ils bénéficient de l'expérience académique, si je peux
m'exprimer ainsi, pendant les études. Et,
pendant les études, par exemple au Collège Laflèche ou au collège X, Y ou Z,
bien, ils bénéficient de l'expérience terrain de ces éducateurs,
éducatrices-là. Ça fait que c'est vraiment une formule gagnant-gagnant qui va
être... qui avait, d'ailleurs, été
extrêmement bien accueillie dans les régions concernées, là, les régions de
Côte-Nord et Montérégie.
Et sachez que c'est une sensibilité que nous
avons constamment. Il faut s'occuper, mon collègue dirait, de nos tout-petits.
Il faut permettre aux parents qui veulent réintégrer le marché de l'emploi,
particulièrement dans un contexte de rareté de main-d'oeuvre, non seulement de
savoir qu'on va accroître l'offre d'éducateurs et d'éducatrices à la petite enfance pour répondre, pas en
totalité, à la demande, pas complètement aux besoins, mais on fait des
grands pas en avant, on investit des sommes d'argent, on fait des partenariats
avec la fédération des collèges, avec des collèges partout au Québec et avec
des CPE, et ultimement pour leur permettre d'accroître les ratios auxquels
faisait référence mon collègue de Nelligan.
Donc, on est,
pour les familles, véritablement présents, et ça fait partie de notre plan.
Merci, Mme la Présidente.
• (10 h 30) •
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Alors, je cède la parole au député de Richelieu pour
cinq minutes.
M. Émond : Oui. Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Content d'être avec vous ce matin pour cette interpellation.
Salutations aussi aux collègues, bien entendu, et à l'ensemble des équipes qui
nous accompagnent.
Et j'aimerais débuter, si vous le permettez, Mme
la Présidente, en parlant un peu du personnel du système de la santé, des
personnes tellement importantes, des femmes et des hommes qui travaillent très
fort, qui travaillent toujours très fort, mais particulièrement depuis le début
de la crise que nous traversons présentement. Et il y a un lien important,
quand même, à faire entre le volet services en soins de santé et pénurie de
main-d'oeuvre.
On l'a vu, durant la
première vague de la pandémie de la COVID-19 qui a touché très durement nos
CHSLD, le manque de préposés aux bénéficiaires dans les établissements a
directement affecté les soins qu'on était en mesure d'offrir à nos aînés à ce
moment-là. Et les Québécois, les Québécoises ont également compris que le
résultat qui en découlait était en très grande partie attribuable à la réforme du système de santé du gouvernement précédent, qui, il faut bien le dire, a complètement
déstabilisé le réseau à partir du terrain jusque dans les bureaux. Et malheureusement
on a payé, collectivement, un lourd tribut durant la première vague.
Heureusement, Mme la Présidente, le gouvernement
a réagi avec une précision chirurgicale, si je peux dire, et c'est une mesure
que je salue particulièrement, et ça me rend très fier, comme adjoint au ministre
de l'Éducation au volet de la formation professionnelle. Vous me voyez venir, Mme la
Présidente, je parle bien sûr de la mise en place
du programme de formation accélérée afin de faire en sorte de
former des milliers de préposés aux
bénéficiaires supplémentaires, en CHSLD, et de les mettre à contribution
partout dans le réseau. Partout dans le réseau, bien, ça veut aussi dire dans
la région du député de Nelligan, bien entendu, là, qui a, je me rends compte ce
matin, beaucoup d'intérêt pour la Mauricie.
Mais c'est important de dire que le déploiement
des préposés aux bénéficiaires issus de cette formation accélérée a aidé beaucoup, collectivement, la deuxième vague, nous a aidés.
Et c'est un programme qui a été développé, Mme la Présidente, en trois semaines seulement. Et j'en profite pour souligner et féliciter
l'effort incroyable des équipes, bien entendu, de l'Éducation, mais
aussi de la Santé, qui ont fait preuve de beaucoup de flexibilité. Mon père
aurait dit : Ils se sont virés sur un dix cents, très rapidement. Et
ce qui en a découlé, c'est que dès l'été dernier, à la suite de la première
cohorte de formation, c'est plus de 6 400 nouveaux préposés aux
bénéficiaires qui ont ainsi rejoint le réseau de la santé pour offrir des
services et des soins de manière durable.
D'ailleurs, grâce à ces ajouts, on peut le dire,
je le répète, que la gestion de la pandémie dans nos CHSLD, lors de la deuxième
vague, s'est relativement bien passée. Et il y a une deuxième cohorte, Mme la
Présidente, une deuxième cohorte de formation qui a démarré, fin du mois de
septembre, pour laquelle il était possible de s'inscrire jusqu'à la fin mars. Et, en date du 7 avril,
c'est près de 1 300 nouveaux préposés qui avaient déjà terminé leur
formation et qui ont joint les rangs du réseau. Donc, à ce jour, c'est déjà
plus de 8 200 nouveaux préposés aux bénéficiaires qui offrent des
soins aux Québécois. Et une statistique intéressante, Mme la Présidente :
du nombre de préposés qui ont terminé cette formation, qui se sont engagés dans
le réseau depuis neuf mois, on souligne un taux de rétention de 94,5 %.
Alors, avec des chiffres comme ça, je pense qu'on peut dire que la campagne a
été un succès.
Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin, Mme la
Présidente? Dans le budget 2021-2022, et j'avais l'occasion d'en parler
hier avec le ministre des Finances, le gouvernement de la CAQ a alloué
93 millions de dollars supplémentaires afin, entre autres, de former et
recruter davantage de main-d'oeuvre pour le réseau de la santé. Il y a aussi 60 millions pour financer des mesures
qui permettent d'accroître le nombre de diplômés aux études supérieures,
par exemple, en augmentant le nombre d'étudiants en médecine, en délocalisant
les facultés de médecine sur le territoire québécois pour permettre de répartir
la main-d'oeuvre médicale dans nos régions.
Alors, c'est un bref survol, Mme la Présidente,
j'aurai l'occasion de revenir dans mon deuxième bloc. Tout ça pour vous dire
que ce sont des mesures concrètes, structurantes que le gouvernement de la CAQ
a mises en place pour régler le problème de la main-d'oeuvre dans notre système
de santé. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, M. le député. Alors, nous allons
débuter la deuxième série d'interventions, et je vais céder la parole au
député de l'opposition officielle, le député de Nelligan, pour cinq minutes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Je vais avoir l'occasion de parler de la santé un peu plus tard,
donc, pour le collègue de Richelieu, je l'invite à me suivre dans le prochain
bloc. Maintenant, je vais me concentrer sur l'éducation et sur les profs.
J'apprécie, j'apprécie votre intervention et les éléments que vous avez mis sur
la table.
Donc, au niveau de l'éducation. Le
23 octobre 2020 : «Des chercheurs de l'Université du Québec à Rimouski
ont établi que 14 % des professeurs
songent à abandonner leur profession, soit une augmentation d'environ 10 %
par rapport aux années précédentes.» Là, on parle de 2020. 2020, je
pense, M. le ministre, que c'est la CAQ qui est au pouvoir.
29 janvier 2021 : «Le nombre de profs
ayant démissionné n'a jamais été aussi élevé en cinq ans dans plusieurs centres de services scolaires, une
tendance de fond que la pandémie semble avoir accélérée.» Je ne vais
même pas parler sur les échanges avec le gouvernement, et vous avez vu comme
moi, aujourd'hui, la menace de grève pour mardi prochain, parce qu'encore une
fois le gouvernement traîne dans ses négociations avec les professeurs.
Le 13 août 2020, départs à la retraite
anticipés, exemple concret au centre de services Marie-Victorin :
65 enseignants du centre de services scolaires Marie-Victorin ont quitté
en retraite anticipée en 2019-2020. «Les départs
anticipés se sont multipliés au cours des dernières années dans de nombreux
établissements scolaires au Québec, la
pandémie de la COVID aurait accentué le mouvement, selon certains experts.» Et
vous avez vu, Mme la Présidente, j'en suis sûr et certain, dans
votre comté, les profs vous interpellent. Nous avons vu l'impact de la COVID
sur ces professionnels, ces professeurs :
le départ à la retraite, la formation à distance, l'utilisation des nouvelles technologies, parfois des profs
qui se retrouvent démunis en face d'une situation un peu complexe parce que
l'absence des moyens technologiques... faire des formations. Et la situation,
elle est tellement problématique qu'on voit maintenant que, certaines régions,
il y a un manque de profs.
• (10 h 40) •
Le départ des professionnels de l'éducation, toujours,
le 8 avril 2021 : «Les professionnels du secteur de l'éducation — primaire
et secondaire — sont
préoccupés par la dégradation de leur situation au sein du système scolaire et ils
sont maintenant près de 50 % à envisager de quitter le secteur public pour
se trouver un emploi dans le privé, qui offre des
conditions de travail plus avantageuses.» Il y a plusieurs, plusieurs citations
et plusieurs articles qui démontrent l'ampleur, l'ampleur du départ des profs
et l'impact sur le réseau de l'éducation.
Mme la Présidente, au début de mon intervention,
j'ai demandé une chose très importante au gouvernement, c'est que le
gouvernement, s'il veut avoir une meilleure prévisibilité, c'est qu'il dévoile
le portrait des postes vacants au niveau du secteur de l'éducation et que ça
soit rendu public, par trimestres, le nombre. On ne veut plus que ce soit par
régions, dire : favorable, défavorable. Je ne pense pas que ce soit le
rôle du législateur. Si je veux jouer bien mon rôle de questionner le gouvernement sur sa prévisibilité, sur le manque
de postes ou de départs à la retraite, la demande en services en
fonction de la démographie, je pense que nous sommes rendus là, au Québec, pour
voir est-ce que le gouvernement planifie très bien les départs à la retraite,
les formations des profs, les rendre disponibles. Tout à l'heure, le collègue de Richelieu me mentionne le
programme du PAB, en trois mois. Oui, mais on ne peut pas former un prof en trois mois. On ne peut pas former un prof
en trois mois. On ne peut pas former un prof en trois mois, ça prend des
formations, ça prend des formations spécialisées. Donc, ce que je demande au
gouvernement, c'est cette prévisibilité.
Donc, je réitère ma demande, comme je l'ai fait
dans le premier bloc, au niveau de la famille, la même demande, je la répète au
niveau de l'éducation, je demande au gouvernement caquiste de dévoiler,
dorénavant, par trimestres, le portrait réel
des postes vacants. Ce portrait réel des postes vacants dans le secteur de
l'éducation, Mme la Présidente, va nous permettre de voir le portrait
des départs à la retraite, va nous permettre de suivre les nouveaux diplômés, la formation, est-ce qu'elle suit les
besoins futurs, la demande de services, aussi, en fonction de la
démographie, par régions. C'est ça, pour
moi, être transparent. C'est ça, pour moi, être prévisible. Et ce que je
demande au ministre, c'est avoir une réponse, s'il trouve cette
proposition très bonne et à quel moment il compte, son gouvernement, dévoiler
ces chiffres et ces portraits. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le député. M. le ministre, la parole est à vous pour cinq minutes.
M.
Boulet : Merci. J'aimerais, dans un premier temps, réitérer à mon collègue, je pense qu'on est constamment animés par un esprit de collaboration. Les
chiffres concernant les postes vacants par secteurs d'activité, notamment l'éducation,
moi, ces chiffres-là, je suis totalement d'accord à les partager, chiffres que
je n'ai pas devant moi.
Mais vous
savez que, le diagnostic, que vous connaissez bien, il y a une analyse des
500 métiers et professions et il y a une identification qui est faite en
collaboration avec les comités sectoriels de main-d'oeuvre, avec les autres ministères,
notamment Éducation, Enseignement supérieur, Économie et Innovation, groupes
communautaires, et tout le monde fait des études — comme, en technologie de l'information, le
comité sectoriel s'appelle TechnoCompétences — et on identifie le nombre de postes
vacants par secteurs d'activité, ce que nous anticipons dans les prochaines
années. Parce que le diagnostic, vous le savez, vous me mentionniez tout à
l'heure que vous le connaissez depuis 2018, mais il est mis à jour constamment.
Puis je l'ai publié, le dernier, je pense, au début du mois de mars, pour
l'année 2020, et ça prévoit l'état d'équilibre de ces métiers,
professions-là jusqu'en 2023. Puis il y en a 124, là, à peu près, là, qui sont
en état de déficit léger ou de déficit, donc où on est en rareté de
main-d'oeuvre. Puis, dans les postes relatifs au secteur de l'éducation, il y
en a. Mais, dans ce diagnostic-là, vous avez déjà beaucoup d'informations.
Mais j'inviterais mon collègue à me l'exprimer
par écrit. Les chiffres dont vous avez besoin, on les obtiendra soit de la
Commission des partenaires du marché du travail, ou à mon secteur
Emploi-Québec, de mon ministère, ou au ministère des Finances, ou, s'il y a de
l'information fine... Puis, j'irais même au-delà de ça, bon, vous êtes le
porte-parole de l'opposition officielle en travail et emploi, on devrait se
faire des rencontres épisodiques pour que je partage ce que nous faisons, les
résultats que ça donne, par exemple, en matière d'intégration, l'impact que ça
a sur les taux d'emploi, le nombre de
personnes qu'on réintègre au marché du travail, les mesures pour permettre une
meilleure adéquation entre la formation, puis les besoins concrets du marché du
travail, et la productivité, puis l'ensemble de notre plan d'action pour la
main-d'oeuvre, puis la collaboration. On essaie de travailler le moins possible
en silo, et je travaille beaucoup en collaboration avec mes collègues à
l'Enseignement supérieur, à l'Éducation, au MIFI puis à l'Économie, Innovation. Ça fait que, ça, je suis totalement ouvert, et
on pourra d'ailleurs voir comment ces chiffres-là peuvent nous aider à
bonifier nos plans d'action pour lutter contre la rareté de main-d'oeuvre.
Ceci dit, il y a des éléments... Évidemment, on
est en processus de négociation des renouvellements de convention collective,
je ne veux pas m'immiscer dans la négociation. Je sais qu'il y a beaucoup de
départs à la retraite, je sais qu'on a des défis pour accroître le nombre de
personnes diplômées dans ces programmes-là, dans le secteur de l'éducation, on est en rareté de main-d'oeuvre, il faut
valoriser ce que nous faisons. Ces professions-là, il y a des campagnes
de valorisation pour intéresser les jeunes à étudier dans ces domaines-là,
adapter... évidemment, accroître le taux de persévérance et de réussite des
étudiants, parce qu'il y a des secteurs où le taux de diplomation, il est trop
faible. Il y a des secteurs, je pensais aux technologies de l'information, où
le taux de diplomation n'est que de 50 %, approximativement, dans les
collèges et les universités.
Ça fait qu'il y a un effort à mettre pour
accroître le taux de diplomation, pour intéresser nos jeunes et d'autres
clientèles qui ont besoin de revenir au travail. Tu sais, quand on dit :
Les ni en emploi, ni aux études, ni en formation,
il y a un bassin phénoménal, puis la diversité des profils est extrêmement
variée... Il y a un comité sectoriel pour les jeunes qui m'a déposé un
rapport, si vous voulez l'avoir, sur le phénomène des NEEF, d'où ils
proviennent, quel est leur profil, comment on peut raffiner notre stratégie
visant à leur permettre un retour à l'école ou de réintégrer le marché de
l'emploi. Ça me fera plaisir de continuer à échanger. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, M. le ministre. Vous êtes vraiment
très discipliné relativement au temps qui vous est alloué, je vous en
remercie. Alors, la parole est à vous, Mme la députée de Jean-Talon, pour cinq
minutes.
Mme Boutin :
Merci, Mme la Présidente. Je vais essayer, moi également, d'être disciplinée,
même si ce n'est pas vraiment dans ma
nature. J'aimerais premièrement commencer par saluer la bonne foi du ministre
du Travail. Vraiment, vous faites preuve de transparence. Les
oppositions, c'est ce qu'elles vous demandent, faire preuve de transparence, puis
d'emblée vous dites que vous êtes prêt à partager les chiffres, tu sais, sur
l'emploi, les taux d'emploi, puis je salue ça.
Et moi, j'aurais été curieuse de voir ces mêmes
chiffres là, lors des coupures dans les années 2015-2018, les coupures qui
ont eu lieu en éducation et en santé. J'ai fait quelques recherches, puis
c'était quand même très difficile de trouver ces chiffres-là. Ceux qui me
connaissent savent que j'aime bien les chiffres. C'est sûr qu'il y avait quelques
articles qui parlaient qu'en éducation près de 300 postes de professionnels
avaient été coupés. En santé, on parlait plus au niveau des gestionnaires en
santé, je pense que c'était autour... on m'a dit l'information, mais il
faudrait vérifier, 1 400. C'est ce qui a fait en sorte, entre autres, que,
dans les CHSLD, en pleine pandémie, il a fallu réengager 400 gestionnaires
pour, justement, offrir une meilleure gestion de la pandémie dans les CHSLD.
Donc, moi, j'aurais été curieuse de connaître l'impact de l'austérité libérale
sur la diminution ou les coupures d'emplois dans certains emplois stratégiques.
Ça, c'était mon petit plaidoyer pour les chiffres.
Mais je suis quand même très heureuse de voir
qu'un député libéral, le député de Nelligan, lève le drapeau et veut parler
de... pénurie de main-d'oeuvre — excusez-moi, j'ai fait un petit lapsus — pénurie
de main-d'oeuvre, pour vrai. Je suis un peu surprise, mais je suis vraiment
très, très heureuse, parce que moi, j'ai fait deux campagnes électorales très
rapprochées, en 2018 et 2019, et ai participé à quelques débats où la pénurie
de main-d'oeuvre était un enjeu, parce que c'est vraiment un enjeu, dans la
Capitale-Nationale, et on me regardait un petit peu comme une extraterrestre
quand je soulevais, justement, les enjeux de pénurie de main-d'oeuvre dans
certains secteurs clés. Le secteur des affaires, à Québec, là, je pense à
Québec International, entre autres, la chambre de commerce, parlait de pénurie,
levait des drapeaux : Aidez-nous, aidez-nous.
Juste pour le dire un petit peu, à Québec, il y
a trois secteurs assez névralgiques où est-ce que la pénurie est vraiment
importante. On parle de la santé, le nombre d'infirmières, c'est pour ça que je
m'intéressais aux chiffres des coupures, parce que c'est sûr, quand on coupe
des infirmières ou des gestionnaires, mais une infirmière, entre autres... Bien, c'est long à former, une
infirmière, c'est trois ans, les professionnels en éducation, également, vous
l'avez mentionné, le député de Nelligan l'a
bien mentionné. Alors, quand on coupe dans des secteurs, il faut vraiment
penser au futur, avoir une meilleure planification.
• (10 h 50) •
La pénurie de main-d'oeuvre, à Québec mais
partout au Québec, c'était une pénurie qui était prévisible, dans les 10,
15 dernières années, on en parlait dans plusieurs secteurs. Juste
concrètement parlant, là, tu sais, ce que ça veut dire, à Québec... Puis M. le
ministre m'a accompagnée lors... en tout cas, notamment dans ma dernière
campagne électorale, il a été très gentil, il est venu parce que je voulais lui
parler de cet enjeu-là. Pour moi, l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre,
c'était l'enjeu numéro un à Québec. Et, même en pandémie, nous sommes près du
plein emploi, donc imaginons quand on va avoir une reprise économique, on va
retourner dans le même contexte.
Le secteur du commerce de détail, le secteur
hôtelier, concrètement parlant, juste avant la pandémie, on avait des
directeurs généraux qui faisaient des chambres d'hôtel, les nettoyer, parce
qu'ils n'étaient plus capables d'engager, ces gens-là n'existaient juste pas.
En TI, on a des compagnies absolument incroyables, à Québec, je pense à Levio,
qui est dans mon comté, qui ont 800 employés et qui engagent massivement,
notamment par l'immigration, mais qui ont besoin, justement, là, de
travailleurs en TI, le plus possible. Et en santé, ça, c'est vraiment un enjeu,
là, criant, là, j'en ai même discuté avec le P.D.G. du CIUSSS la semaine
passée.
Donc, j'aimerais... Quand je faisais mes débats,
en 2018, j'étais quand même surprise, parce que, le ministre l'a mentionné un petit peu, le précédent
gouvernement avait déposé une stratégie pour la main-d'oeuvre, à quatre
mois des élections, donc, effectivement, ils n'avaient pas eu le temps
d'implanter cette stratégie-là, vraiment une stratégie qui était plus en
réaction qu'en prévision, alors que c'était vraiment un enjeu qui était
prévisible. Puis le point qui a été abordé, lors de ces débats-là et même par
la suite, c'était vraiment plus une emphase sur l'immigration, alors que, pour
pallier à la pénurie de l'emploi qu'on vit présentement, il y a plusieurs
politiques qui sont mises en place, qui ont été mises en place, en partant, par
le ministre du Travail. Donc, il a parlé de La Grande Corvée, on parle d'intégration
des travailleurs, formation continue, tous les incitatifs pour intégrer les
retraités, les gens qui ont des handicaps, les gens qui font partie des
Premières Nations. On a un bassin incroyable, quand on pense aux Premières
Nations, j'ai des chiffres devant moi, on a des centaines de milliers de
personnes qui pourraient travailler. Et des mesures ont été mises en place dans
le dernier budget... Oui, j'ai vu le temps, M. le député de... Et puis on a
plusieurs mesures qui ont été mises en place et qui sont en train, justement,
de porter fruit. Puis le ministre a vraiment une vision pour le futur pour
pouvoir intégrer ces travailleurs-là.
Je vais pouvoir poursuivre avec des mesures
concrètes dans mon prochain bloc, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
Mme la députée de Jean-Talon. Alors, pour la troisième série d'interventions,
je cède la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve pour cinq minutes.
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Bonjour à tout le monde, M. le ministre,
chers collègues des différents partis.
Il me fait plaisir d'être avec vous ce matin. Un sujet très vaste, plusieurs
angles différents, je vais me concentrer sur celui de l'emploi, du
travail. J'aimerais parler de la question de la construction, dans un instant,
mais commencer rapidement par la pénurie d'emplois.
On a fait souvent référence... ou M. le ministre
a fait référence, tantôt, à la question de la robotisation. C'est un enjeu que
je trouve intéressant, sur lequel je me suis déjà penché, avant ma carrière
politique, mais qui revient systématiquement dans toutes
les discussions alentour de la pénurie d'emplois. Mais je trouve que l'angle
mort qui est souvent oublié, alentour de la discussion de la robotisation,
c'est la question du salaire minimum.
Et on le vit, en ce moment, dans les épiceries,
moi, j'en suis témoin, dans mon quartier d'Hochelaga-Maisonneuve, de plus en
plus d'épiceries et de pharmacies bousculent les clients. Moi, j'haïs ça, là,
les caisses autoservice, là, je trouve que
je suis en train de donner du travail gratuit à l'entreprise en question, ça
fait que je n'y vais jamais, jamais, jamais. Je me fais un point
d'honneur de ne jamais y aller, je déteste ça, je veux parler à un humain. Et,
de plus en plus, on nous pousse vers ces caisses-là, on essaie de ne pas avoir
de préposés aux caisses ordinaires, où elles sont écrites «Fermé», puis ils
attendent vraiment qu'on se tienne devant la caisse pendant deux minutes pour
que quelqu'un se pointe.
Donc, cette robotisation-là qui se perçoit dans
certains secteurs, à mon avis, l'angle mort de ça, c'est le salaire minimum.
Puis M. le ministre le sait, ce n'est pas la première fois que j'en parle, si
on avait un vrai salaire minimum décent, il n'y en aurait pas, de problème de
pénurie d'emploi dans les secteurs à bas salaire. Les problèmes de pénurie
d'emploi dans d'autres secteurs qui demandent de la grande formation, c'est un
autre sujet. Mais ce n'est pas un
sujet unique, la pénurie d'emploi. Et la question, dans les secteurs où il y a
des bas salaires, si on avait un meilleur salaire minimum, je suis convaincu qu'on n'aurait pas
besoin d'aller vers cette robotisation-là. Mais voilà pour l'aspect
robotisation.
Je veux me concentrer, dans le temps qui me
reste, sur la question de la construction, Mme la Présidente. J'ai déposé un projet de loi, pas plus tard qu'hier, en
cette Chambre, parce qu'il y a un problème structurel dans l'industrie
de la construction, particulièrement dans le régime du travail. Les patrons ont
avantage à bloquer à la table de négo, à s'assurer que la convention collective
se termine et à ralentir le plus possible la négo pour que plusieurs semaines,
plusieurs mois se passent jusqu'à la complétion de la négociation collective,
qui, dans les deux dernières négos, s'est terminée par une loi spéciale.
Le ministre a eu la chance de ne pas avoir à
voter aucune loi spéciale, depuis le début de son mandat, et j'espère qu'il est
heureux de ce bilan et qu'il veut garder ce bilan. Mais là, visiblement, un mur
s'en vient, la troisième séquence d'une même histoire qu'on a entendue à
plusieurs reprises est à nos portes. Et je pense que M. le ministre doit être
conscient de ça et doit prendre la balle au bond et la perche que je lui tends
pour agir et s'assurer de changer l'économie
générale de ce régime-là qui fait en sorte que les patrons n'ont pas avantage à
négocier et à régler.
Et il y a deux dispositions, dans mon projet de
loi, qui viendraient corriger ce déséquilibre de rapport de force — hein,
c'est ça, une négociation, c'est un rapport de force — il y
a deux aspects, dans le régime du travail particulier de la construction, qui
donnent un rapport de force beaucoup trop grand pour les patrons. Le premier,
c'est le fait qu'il n'y a pas de disposition antiscab, de travailleurs illégaux
de remplacement, en bon français, il n'y a pas de disposition antiscab, dans le
régime particulier du travail, pour l'industrie de la construction. Ce qui est
une aberration, parce que, pour tous les autres salariés sous juridiction
québécoise, soit la vaste majorité des salariés au Québec, ils bénéficient de
ça depuis les années 70. C'est un vieux débat, ça, Mme la Présidente,
qu'on a réglé il y a des décennies. Je n'étais même pas né quand cette loi-là a
été adoptée. Et tous les travailleurs au Québec en bénéficient, sous
juridiction québécoise, sauf les travailleurs de l'industrie de la
construction. Alors, quand il y a un conflit de travail, ce n'est pas grave, on
peut faire rentrer du monde illégalement parce que ce n'est pas interdit dans
le régime particulier du travail de la construction.
L'autre enjeu qui est très important aussi,
c'est la rétroactivité salariale. J'en parlais à l'instant, il est nommément interdit
dans la loi de permettre à ce qu'une convention collective qui serait signée
plus tard puisse se rattacher à la fin de la convention précédente, alors que
c'est la norme dans tous les autres secteurs syndiqués. À peu près l'entièreté
des conventions collectives du Québec ont une clause qui dit : Bien, la
prochaine convention se rattachera à la fin de celle qui est en cours. Et cette
impossibilité-là de la lier, Mme la Présidente, ça fait en sorte que les
patrons mettent le pied sur le frein pendant des mois, et des mois, et des mois
et, pendant ce temps-là, le savent, qu'ils n'auront pas à payer une
rétroactivité salariale. Parce qu'ils le savent qu'à un moment donné, bien, les
salariés n'auront pas le choix de déclencher des moyens de pression, la grève.
Le gouvernement ne voudra pas qu'il y ait une grève dans l'industrie de la
construction, un secteur fondamental qui, dans le cas présent, en plus, est
fondamental pour la relance économique, puis, bien, ils vont appeler une loi
spéciale. Puis, la plupart du temps, en tout cas, ça a été le cas dans les deux
dernières fois, le gouvernement va les entendre puis va faire une loi spéciale.
Moi, je ne veux pas qu'on en arrive là, je ne veux pas qu'il y ait de loi
spéciale, je veux rééquilibrer les rapports de force.
Le ministre n'a pas encore répondu sur le fond à
cet enjeu-là, n'a pas encore répondu à cette possibilité-là de faire un projet
de loi qui est très simple, hein, deux petits articles, Mme la Présidente, ça
tient sur une feuille. Est-ce que le ministre, dans les prochaines semaines...
parce que, là, la date s'en vient, c'est fin avril, la fin de la convention de
la construction. Est-ce que le ministre s'engage à ce qu'on puisse appeler ce
projet de loi là, en discuter et enfin rééquilibrer les forces dans l'industrie
de la construction? Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le député. Alors, la parole est au ministre pour cinq minutes.
• (11 heures) •
M. Boulet : Merci. J'aimerais, comme
je l'ai fait, souligner la qualité de la collaboration que j'ai, depuis mon
élection, avec le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. Puis je pense qu'on
développe une relation qui est vraiment bénéfique pour les Québécois, les
Québécoises puis je répète souvent que, si les Québécois pouvaient nous
regarder, je pense que c'est ce qu'ils anticipent que nous fassions, qu'on soit
capables de travailler de manière transversale et de faire avancer les
dossiers. Trois points.
Le salaire minimum, on en a abondamment discuté,
ce qui nous préoccupe, c'est de trouver un bon équilibre entre le maintien puis
l'augmentation du pouvoir d'achat des salariés à faibles revenus. À chaque
année, je vous le dis,
ça me préoccupe de voir les centaines de milliers de travailleurs qui sont au
salaire minimum, puis plus de femmes, d'ailleurs, beaucoup plus de
jeunes. Mais il faut quand même trouver un équilibre entre ça... D'ailleurs,
cette année, il a encore augmenté de trois point presque deux pour cent. Il
faut tenir compte de la capacité de payer, notamment, des plus petites
entreprises, il faut éviter de générer des mises à pied, notamment auprès de
ces clientèles-là, les femmes et les jeunes, qui sont en nombre prépondérant
chez ceux et celles qui reçoivent le salaire minimum.
Ça fait que je pense que notre objectif, qui a
été atteint, puis c'est la première fois dans l'histoire du salaire minimum
qu'on atteint 50 % du salaire horaire moyen, on l'a atteint puis on l'a
maintenu encore une fois cette année, je trouve que c'est respectueux de l'évolution
de l'économie... qui tient compte notamment de l'accroissement de la productivité. Ça fait que c'est sûr qu'on
pourrait monter plus, c'est sûr que certains voudraient qu'on monte
moins, mais je pense qu'on atteint un équilibre qui répond en bonne partie aux
besoins des uns et qui respecte en bonne partie la capacité de payer des
autres.
La robotisation. Oui, la robotisation dans tous
les secteurs, il faut l'encourager. Puis la robotisation, ce n'est pas pour
remplacer du monde, c'est, ultimement, pour permettre une meilleure qualité de
travail, puis ça génère des emplois à plus haute valeur ajoutée, puis ça permet
aux travailleurs d'acquérir de nouvelles habiletés puis de nouvelles qualifications.
Puis, quand on parle de robotisation, puis je
sais que mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve est sensible à ça, il ne faut jamais mettre de côté l'importance
de la littératie puis de la numératie. C'est vraiment le socle des
compétences essentielles du futur. Quand on
réalise que 53 % des Québécois ne peuvent pas comprendre des textes les
moindrement complexes ou n'ont pas la capacité de faire des calculs, puis,
après ça, on leur demande de maîtriser des technologies numériques...
Il faut les accompagner, ces travailleurs-là,
puis pas que dans des mots, mais aussi dans des actions, et, ça aussi, ça fait
partie de notre plan d'action. Puis la Commission des partenaires du marché du
travail, quand je leur avais demandé d'identifier les compétences essentielles
du futur, ils avaient conclu de cette manière-là. La littératie numérique, ça
doit être une priorité dans tous les secteurs d'activité.
La construction, bien, vous le savez, bon, les
syndicats parlent de rareté de main-d'oeuvre, puis les employeurs parlent de pénurie
de main-d'oeuvre, puis il y a un débat là-dessus, hein? Est-ce que c'est une
véritable pénurie ou de la rareté? Puis, dans le secteur de la construction, ce
débat-là, de concept, il est encore présent, mais, dans un contexte de relance
économique, il faut que la construction...
Vous le savez, avec le projet de loi que ma collègue
au Trésor a présenté, on va accélérer des projets d'infrastructures, des
agrandissements, des rénovations d'écoles, d'hôpitaux puis des constructions de
routes. On a annoncé un plan pour combler... un plan pour intégrer
11 000 nouveaux travailleurs dans le secteur de la construction. J'ai
annoncé un grand plan, plus global, avec ma collègue du Conseil du trésor, de
120 millions pour permettre d'aider...
formation, intégration, progression, adéquation entre la formation... augmentation des ratios apprentis-compagnons.
J'ai demandé à la CCQ aussi de me faire un plan de rétention, parce qu'il y a
trop d'abandons, notamment des femmes, dans les cinq ans.
Le projet de loi que vous avez déposé, je ne m'y
immiscerai pas. C'est une façon indirecte de s'immiscer dans un processus de négociation
qui se déroule en présence de médiateurs. Les conventions expirent le
30 avril, et je n'ai véritablement pas l'intention de m'immiscer, mais je
suis favorable à une entente négociée.
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le ministre.
M. Boulet : Pas de loi spéciale,
c'est ce que je privilégie. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) : Je
suis désolée. Là, c'était de l'indiscipline. Alors, je suis désolée. Je dois
intervenir pour céder la parole au député de Vanier-Les Rivières.
M.
Asselin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. J'aimerais, tout d'abord, saluer les collègues
de l'opposition, et puis M. le ministre du Travail, ainsi que mes collègues de la banquette, la députée de Jean-Talon
et le député de Richelieu.
Mme la Présidente, le député de Nelligan parle
de mesures structurantes pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre. Le député de
Nelligan a probablement oublié de jeter un coup d'oeil à une des mesures les
plus structurantes qui soit à ce sujet, notre réforme du système de
l'immigration, à travers la loi visant à accroître la prospérité
socio-économique du Québec et à répondre adéquatement aux besoins du marché du
travail par une participation réussie des personnes immigrantes.
Lorsque la
CAQ est arrivée au pouvoir, en 2018, le système d'immigration était un
véritable fouillis. D'ailleurs, on se souvient, en 2017, dans un rapport
qui avait eu l'effet d'une bombe, la Vérificatrice générale avait littéralement
fustigé le gouvernement libéral de l'époque
au sujet de l'immigration des immigrants à la société québécoise, notamment au niveau de l'emploi. Le bilan était carrément lamentable. Le système
d'immigration était mal adapté à la réalité de l'emploi. La sélection se
faisait à partir de mauvais critères. Et, en plus, on laissait carrément tomber
des Néo-Québécois au niveau de la
francisation, résultat : surqualification de nombreux immigrants, chômage,
précarité, marginalisation.
Mme la Présidente, contrairement au gouvernement
libéral, qui avait le laisser-aller comme marque de commerce, la CAQ avait
décidé d'agir. Et c'est pourquoi nous avons présenté une ambitieuse réforme de
notre système d'immigration afin de bien arrimer la sélection des nouveaux
arrivants aux besoins du marché du travail concernant la main-d'oeuvre. Cette
réforme avait un objectif clair, mieux sélectionner les personnes immigrantes
et leur offrir la possibilité d'occuper un emploi qui correspond réellement à
leurs compétences et à leurs aspirations.
Avec
le nouveau système, on sélectionne les candidats en amont, selon le profil des
compétences. Non seulement on sélectionne mieux le candidat à l'immigration en
l'arrimant au... en arrimant leur profil aux besoins du marché du travail dans
toutes les régions et entreprises du Québec, mais on met également en place un
parcours personnalisé, axé sur les besoins réels des nouveaux arrivants, afin
de bien planifier leur arrivée.
Grâce à ce nouveau
système basé sur la déclaration d'intérêt, on passe d'un délai de traitement
des candidatures de 36 mois à six mois, une différence cruciale, majeure
non seulement pour les immigrants qui sont en attente du feu vert pour venir
s'installer au Québec, mais pour qui on réduit ainsi le stress et l'angoisse
devant l'inconnu pour une période prolongée,
pour également... pour les entreprises d'ici qui sont en attente de cette main-d'oeuvre
qualifiée afin de venir travailler chez nous et participer à l'effort de
croissance de l'économie du Québec.
Notre réforme précise
également que l'objet de la loi est de favoriser l'intégration des personnes
immigrantes plus particulièrement par l'apprentissage du français, des valeurs
démocratiques et des valeurs québécoises exprimées par la charte québécoise...
des chartes et libertés de la langue française... de la personne. Notre réforme
renforce également l'action du Québec en matière de francisation, un domaine
qui, on le sait, avait complètement été négligé sous le précédent gouvernement
libéral, tellement qu'aujourd'hui le gouvernement fédéral cherche à agir afin
de freiner la progression de l'anglais au Québec.
D'ailleurs, j'ai très
hâte à la réforme ambitieuse que présentera le ministre responsable de la
Langue française et député de Borduas à ce
sujet. Mme la Présidente, afin de bien mettre en place cette réforme ambitieuse
de notre système d'immigration, incluant la régionalisation et la francisation
des immigrants, c'est une somme colossale de 730 millions sur cinq ans qui
sera investie à terme pour s'assurer de son succès.
Évidemment, la
pandémie à la COVID-19, à travers la fermeture des frontières, est venue mettre
un peu des bâtons dans les roues à notre démarche en ce sens. Malheureusement,
on ne peut pas faire abstraction de la situation mondiale actuelle et faire
apparaître magiquement des immigrants au Québec, mais ce n'est que partie
remise. Nous nous y sommes engagés, et c'est important pour nous autres.
Notre réforme du
système d'immigration ainsi que les sommes importantes qui y sont allouées vont
permettre de multiplier les expériences d'immigration concluantes, d'en faire
la règle plutôt que l'exception. Grâce à cela, on va s'assurer que les
personnes immigrantes sentent qu'elles sont véritablement parties prenantes de
la société québécoise, et ça, ça va nous faire grandement plaisir. C'est un
problème de main-d'oeuvre et ce n'est pas demain... C'est la CAQ qui l'a
réalisé. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Nichols) : Merci, M. le député. Alors, pour la quatrième série
d'interventions, je cède la parole à M. le député de Nelligan pour cinq
minutes.
• (11 h 10) •
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Je sens qu'on avance. Écoutez, au bout de trois blocs...
Il m'en reste encore deux et je sens déjà que j'ai un premier point de gagné.
Je ne l'ai pas encore gagné à 100 % parce que je veux juste préciser
quelque chose auprès du ministre.
Donc, le ministre
s'engage à ce qu'au lieu de l'état d'équilibre il va y avoir des chiffres par
trimestre. Je l'invite à les dévoiler publiquement. Je ne pense pas que c'est
une information qui est uniquement importante pour le député de Nelligan, mais
pour l'ensemble de la population. C'est très bien que ça soit public. J'en suis
sûr et certain, que ma collègue du Parti québécois est aussi très intéressée.
Je connais sa rigueur dans le suivi de ses dossiers. Aussi, le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous avez
mentionné qu'on travaille toujours en collégialité. Ça va être toujours
le cas. On va travailler en collégialité.
Donc, M. le ministre,
je vous invite, et je vous remercie d'avoir accepté ma proposition, de dévoiler
publiquement, aux trimestres, l'ensemble, le portrait des postes vacants par
secteur et par ministère, et ça, ça touche l'ensemble des secteurs, parce que
ce que j'ai devant moi, M. le ministre... Et là ça va être intéressant pour le
député de Richelieu. Je vais vous mentionner
quelques chiffres, et ça, ça ne vient pas du Parti libéral, ça vient du
gouvernement, on l'avait toujours, ce document, et d'ailleurs, encore une fois,
je remercie la CPMT : les infirmiers autorisés, infirmières autorisées,
16 régions sur 16 en déséquilibre; omnipraticiens, 16 sur 16 en
déséquilibre; pharmaciens, pharmaciennes, 16 sur 16.
Ça veut dire :
aucune région n'a l'état d'équilibre. Quand je vous dis qu'il n'y a pas de lien
entre le budget et l'état actuel, ça, ce n'est pas mon document, c'est le
document du ministère de l'Emploi et du Travail : médecins spécialistes,
15 sur 16; aides-infirmiers, aides-infirmières, 16 sur 16 — il
n'y a aucun équilibre, partout au Québec, on
a un manque de main-d'oeuvre partout — hygiénistes et thérapeutes dentaires, 14 sur
16; technologues en radiation médicale,
12 sur 16; travailleurs sociaux, travailleuses sociales, 12 sur 16;
inspecteurs, inspectrices de la Santé publique, 11 sur 16. Et, j'en suis
sûr et certain, si vous voulez plus de détails, ce document, il est au niveau
de la CPMT.
Maintenant, M. le
ministre, le volet de la santé, j'ai deux exemples. Le premier exemple, je vais
commencer avec les maisons des aînés. Pourquoi je parle des maisons des aînés?
Parce que la ministre responsable a déclaré à LCN, le 26 novembre 2019,
que le ratio personnel par aîné en maison des aînés sera un employé par aîné.
Ma question est très simple : Comment
allez-vous faire pour offrir les... pour répondre à 2 600 places au
niveau des maisons des aînés? C'est quoi, le programme, et où vous allez
chercher cette main-d'oeuvre?
Je passe à un autre
problème, et d'ailleurs je vais avoir le plaisir de vous citer, Mme la
Présidente. Ça se passe dans votre région et
c'est l'hôpital de Vaudreuil-Soulanges. Je veux vous citer le Dr Mitchell
Germain, qu'est-ce qu'il vient de déclarer : «Ce qu'on nous
propose, c'est d'attendre l'inauguration de l'hôpital de Vaudreuil-Soulanges
dans minimum quatre ans. D'ici là, quels soins donne-t-on aux patients? Des
soins qui laissent à désirer.»
Quand je parle de la pénurie de main-d'oeuvre,
chers collègues, je ne parle pas uniquement d'une pénurie de main-d'oeuvre utopique, d'un retard de contrat ou
une perte de contrat. Je parle de la dégradation des services.
Aujourd'hui, dans la région où ma collègue est présente,
une partie de sa région, il y a une défaillance dans les services de santé de
cette région.
Et je cite la déclaration de la députée de
Vaudreuil—Dorion :
«Je trouve extrêmement préoccupant que des patients doivent être redirigés
vers des centres hospitaliers de Montréal pour obtenir des soins ou pour
accoucher. Nous sommes rendus là, que des
femmes doivent se déplacer d'une région à une autre, faute de personnel, pour
accoucher. Il n'est pas normal qu'une région comme la nôtre ne soit pas capable
de desservir sa population au niveau des soins de santé. Il faut trouver des
solutions rapidement car la situation est critique. Je n'accepterai pas que des
vies soient mises en danger à cause de problèmes de gestion.» Fin de la
citation.
Mme la Présidente, à part cet état au niveau de
la Montérégie, il y a 150 000 chirurgies... Dans le budget, il n'y a pas de mention par rapport au plan de
rattrapage. Quand je dis qu'il y a une déconnexion entre la réalité et
l'énoncé du budget... C'est pour cela que j'aurais aimé voir le ministre des
Finances, parce que comment on peut être prévisible et voir l'état actuel,
surtout au niveau du délestage, au niveau du manque de services qu'on donne à
la population? La pénurie de main-d'oeuvre, maintenant, frappe le service qu'on
donne à la population. Nos aînés souffrent. Nos régions souffrent.
Qu'allez-vous répondre?
Donc, au-delà de dévoiler les chiffres que je
vous demande, je vous demande un plan d'action réel pour assurer la qualité de
services pour la population. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, M. le député. Alors, M. le ministre,
la parole est à vous pour cinq minutes.
M. Boulet : Oui, merci. Bien,
écoutez, encore une fois, c'est une préoccupation que nous partageons. Ce qu'il est important de dire, c'est que, pour moi,
une interpellation, ce n'est pas un gagnant, c'est... On est gagnant-gagnant
quand on s'interpelle comme ça, puis je
trouve que c'est une saine interpellation. Puis, quand on n'a pas des
réponses complètes, on peut le faire plus tard en transmettant de
l'information.
Évidemment, en santé, il faut quand même que je
parle que... Tu sais, quand on réfère aux postes vacants puis à la pénurie de
main-d'oeuvre, il ne faut pas oublier qu'il y a beaucoup de chômeurs
pandémiques encore aujourd'hui, hein? Puis c'est un peu l'enjeu central, tu
sais, s'il y a 115 000 ou 125 000 chômeurs pandémiques, il faut
les accompagner, il faut les aider.
Vous avez vu, dans le domaine de la santé, ce
qui a été fait par notre gouvernement pour les préposés aux bénéficiaires. La
formation de courte durée a donné d'excellentes retombées. Bon, il y a eu des
discussions sur le taux de rétention, mais ça a permis de répondre, dans un
court délai, à des besoins qui étaient cruciaux. On vit en pandémie, puis, la
qualité des soins de santé, elle est fondamentale, puis, nos personnes aînées,
on s'en occupe, puis on a la même
préoccupation, puis la même fibre humaine, puis je pense que tous les
parlementaires partagent le
même objectif. Là-dessus, il n'y
a qu'une communauté
d'intérêts. Il n'y
a pas de divergence d'intérêts.
Il faut travailler tout le
monde ensemble pour s'assurer que nos soins de santé soient les plus bénéfiques
possible pour nos personnes aînées.
Donc, je parle des préposés aux bénéficiaires,
mais il y a d'autres mesures aussi, là. Tu sais, par exemple, quand on parlait
de La Grande Corvée tout à l'heure, on a... Puis je l'ai fait en coopération
avec mon collègue de la Santé, puis mon collègue à la Santé puis aux Services
sociaux, puis à ma collègue qui s'occupe des personnes aînées, on a fait une grande corvée spécifique pour les
résidences pour personnes aînées, particulièrement dans le secteur
privé, pour les aider à recruter, parce
qu'il y a cet enjeu-là, là, de... entre... les conditions de travail entre les
résidences publiques puis les résidences privées.
Donc, ça a donné des résultats, parce qu'on a eu
des communications. On a été, avec des conseillers aux entreprises, rencontrer
des directions de résidences pour personnes aînées. On a fait des diagnostics.
On a établi des besoins. On les a aidés à recruter puis on les a aidés à mettre
en place, quand c'était requis, des plans de gestion des ressources humaines,
comment planifier, comment s'assurer que l'organisation de travail était
convenable et comment aussi gérer les ressources humaines de façon concordante
avec leurs objectifs.
Il y a aussi des projets innovants pour amener
plus de personnes à occuper un emploi dans les professions du secteur de la
santé et des services sociaux aux prises avec un manque d'effectifs. Il y a les
chercheurs d'emploi. Il faut que je vous
donne cette statistique-là, le PARAF... Tu sais, quand on parle des chômeurs
pandémiques ou des personnes qui ont fait l'objet d'un licenciement dans
les secteurs plus affectés par la pandémie, on en a, à ce jour, 692, ce qui
n'est pas peu, qui se requalifient par des programmes de formation de courte
durée ou en alternance travail-études.
Puis ça, ça se fait, au niveau professionnel,
par l'obtention d'une attestation d'études professionnelles ou, au niveau
collégial, par l'obtention d'une attestation d'études collégiales. C'est tout
le temps des formations qualifiantes qui permettent à ces personnes-là
d'intégrer des établissements dans le secteur de la santé et des services
sociaux. Ça représente quand même 13,5 % de nos participants actifs à ce
jour, et puis ça, c'est 1 708 personnes en tout que ça représente, donc, 1 708. Le 692, c'est les
participations qui ne sont pas débutées, mais qui vont débuter, et, les
participations actives, 1 708 personnes qui veulent combler des
besoins dans un secteur humainement névralgique de la société québécoise. Moi,
je suis fier de ce résultat-là, puis on va continuer à en faire plus. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Je cède la parole à Mme la députée de Jean-Talon.
• (11 h 20) •
Mme Boutin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, le ministre en parle très bien. La pénurie de main-d'oeuvre,
c'est un enjeu complexe qui demande des actions robustes. Je pense qu'on aurait
eu besoin d'avoir plusieurs heures pour parler de toutes les actions
potentielles, ciblées sur des types de travailleurs. Vous avez parlé justement
de réorienter certains travailleurs. On parle... Vous venez juste de parler de
chômeurs pandémiques. On a brièvement parlé des Premières Nations. J'aurais pu parler également
de votre programme que vous avez mis en place pour mieux intégrer les personnes handicapées. C'est vraiment
plusieurs millions
de dollars qui sont venus, puis il y a des entreprises de Québec,
d'ailleurs, qui en bénéficient.
J'aimerais également parler très brièvement des
travailleurs expérimentés. Je me souviens, il y avait une publicité, il y a quelques années, sur
Liberté 55. Je pense qu'aujourd'hui on s'entend qu'il faut casser ce
mythe-là et ne pas se départir de ces
travailleurs expérimentés là qui sont précieux pour l'économie du Québec. On en
a parlé depuis plusieurs années, puis je pense que les gens s'habituent
à l'idée de travailler plus longtemps, là, donc, et que c'est très positif.
Vous avez fait des investissements de plus de
892 millions de dollars dans un plan économique du Québec 2019 pour
des mesures qui visent justement à inciter les travailleurs expérimentés à
prolonger leur carrière, notamment dans le secteur public, une bonification
également du crédit d'impôt pour les travailleurs d'expérience, on parle de
533 millions de dollars sur cinq ans, tout ça pour intégrer les gens et
les conserver le plus longtemps possible. Puis ces gens, ces travailleurs
expérimentés là, deviennent des mentors pour les plus jeunes, et puis ça
continue justement... Ça aide à supporter l'économie.
Donc, ça,
c'était, brièvement... Mais je ne peux pas ne pas parler d'un des facteurs
économiques le plus important. Moi, j'ai fait des études en économie,
entre autres, et ce qu'on apprend, en premier lieu, quand on commence ces
études-là, outre ceteris paribus, c'est que... je vois le sous-ministre qui
sourit, c'est qu'un des facteurs de productivité le plus important, c'est un
investissement en innovation.
Le ministre
l'a mentionné, environ 20 % des entreprises au Québec peuvent se mettre à
investir en robotisation, en transformation numérique. Et puis je suis
d'accord, là, on ne veut pas robotiser des travailleurs qui travaillent
justement en garderie ou des infirmières, mais on peut leur donner des outils,
parce que la transformation numérique, ce n'est pas une finalité en soi, c'est
justement mieux équiper les entreprises dans tous les secteurs afin d'augmenter
la productivité, faciliter leur travail, réduire leur temps de travail
également, mais ça peut avoir, dans certains secteurs, comme le secteur
manufacturier, entre autres, un impact vraiment direct sur la main-d'oeuvre.
Je me souviens, le ministre est venu avec moi
visiter une entreprise qui travaillait en impression, l 'entreprise La Clé. Le
propriétaire nous a dit, d'emblée, qu'il avait un immense enjeu de main-d'oeuvre
et qu'il avait besoin que le gouvernement le soutienne pour investir en innovation,
en robotisation et en intelligence artificielle pour lui permettre de combler
son manque de travailleurs. Donc, au lieu d'avoir cinq travailleurs qui
faisaient des tâches plus traditionnelles et plus longues, il dit : Avec...
je pourrais engager une seule personne, parce qu'il était incapable de trouver
ces travailleurs-là, une seule personne avec un robot, qui pourrait produire
beaucoup plus. Non seulement cette personne-là gagnerait beaucoup plus d'argent...
Donc, des fois, on se fait critiquer pour dire
qu'on... parce qu'on dit qu'on veut créer des emplois payants au Québec, mais
des emplois payants au Québec, on a en besoin, fiscalement parlant, pour
soutenir nos programmes sociaux. Alors, l'investissement en innovation,
robotisation, dans les secteurs manufacturiers, à travers le Québec, c'est
carrément, là, hyperimportant au niveau de l'augmentation de la productivité,
mais, encore là, faut-il avoir Internet pour pouvoir investir en robotisation
et en intelligence artificielle, notamment en région.
C'est pour ça que, dans le dernier budget, on a
mis cartes sur table. On a dit qu'on allait investir près de 1,3 milliard de dollars pour s'assurer que
tous les Québécois et les entreprises québécoises à travers le Québec
allaient avoir Internet haute vitesse, parce
que c'est impossible d'effectuer une transformation numérique ou d'investir en
robotisation en région si on n'a pas Internet. Donc, ça, c'est... Pour moi, je
suis très fière de ça, parce que j'y crois énormément, que d'investir en
transformation numérique, en robotisation, c'est très payant.
J'ai, d'ailleurs, déjà rencontré une entreprise,
peut-être que le ministre aimerait la rencontrer éventuellement,
M. Bastien Larouche, la compagnie Ro-bois-tic, qui est une compagnie qui
fait des armoires à Saint-Apollinaire. Ils avaient un immense enjeu parce
qu'ils manquaient de travailleurs. Ils ont robotisé à 100 %. Le
propriétaire m'a dit : Maintenant, je produis 24 heures sur 24, parce
que les robots n'ont pas besoin de lumière, en plus, puis ils peuvent
travailler de nuit sans problème, et j'exporte à travers le monde entier.
Ça a vraiment changé la donne. Puis cette
entreprise-là inspire d'autres entreprises, mais ces entreprises-là ont besoin
du soutien, justement, du gouvernement, du ministère de l'Économie et du
ministère du Travail, pour, justement, accélérer cette transformation-là,
augmenter, justement, notre ratio. Je pense que le ministre du Travail s'intéressait
à la question de la main-d'oeuvre et de l'innovation bien avant d'être en
politique. C'est un enjeu très, très important, et non seulement il va se
servir de la pénurie de main-d'oeuvre pour résoudre cet enjeu-là, mais pour le
transformer en opportunité pour l'économie du Québec. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
Mme la députée. Alors, pour la cinquième série d'interventions, je cède la
parole à Mme la députée de Gaspé pour cinq minutes.
Mme Perry Mélançon : Merci, Mme la
Présidente. J'avais hâte de pouvoir rebondir sur plusieurs des réponses qui ont
été données par le ministre, que je salue, et son équipe, et je salue également
le porteur de cette interpellation-là, le ministre... le député de Nelligan.
Et, bien, en fait, c'est ça, on a des réponses
qui sont très représentatives d'où on a mis les efforts dans le
budget 2021-2022. J'entends parler de robotisation. J'entends parler de
construction. J'ai même entendu parler... On a fait référence au projet de loi
de la collègue, le projet de loi n° 66, oui, parce qu'il y a des promesses
électorales qu'il fallait s'assurer de pouvoir réaliser.
Alors là, il faut se rattraper rapidement, puis
on met le paquet, là, dans le recrutement, un gros 120 millions de dollars
qui a été injecté pour aller chercher des travailleurs dans ce domaine-là. Je
ne dis pas que ce n'est pas important d'aller chercher
des travailleurs dans le domaine de la construction, mais pourquoi ne pas avoir
mis autant d'efforts dans les services qui sont donnés majoritairement par des
femmes, des femmes qui n'ont pas envie, là, de se réorienter? Elles veulent
seulement pouvoir travailler dans des conditions décentes.
Et là, moi, ça m'amène à parler du manque de
sommes qui ont été investies, justement, dans les services de garde, un secteur
particulier qui a vraiment... qui freine le développement économique des
régions et de... partout au Québec. C'est les chambres de commerce, maintenant,
qui cognent à nos portes, comme députés, pour nous dire : Qu'est-ce qu'on
peut faire avec les listes d'attente, pouvez-vous intervenir? Les mamans et les
papas qui viennent, aussi, qui nous interpellent dans la rue, là, dans la rue,
là, pour dire... désemparés, là, nous disent : Je suis 185e sur la liste,
est-ce que je peux avoir un peu d'espoir de retourner au travail? Ils
contribuent à la pénurie de main-d'oeuvre de façon bien involontaire, Mme la
Présidente.
Alors, ce n'est pas toujours d'essayer de
trouver du monde pour aller remplir les promesses électorales, d'aller dans les
secteurs de l'innovation... J'aimerais bien, en fait, qu'on prenne quelques
sommes investies dans le secteur de l'innovation puis qu'on aille aider...
donner le renfort à l'équipe du ministre de la Famille, peut-être qu'il aura
plus de créativité pour trouver des solutions.
Bien, parlant de solutions, ma collègue députée
de Joliette avait parlé de primes pour démarrer des milieux de garde en milieu
familial. On aurait pu avoir des primes. Nous, on offrait 4 000 $
pour ouvrir 4 000 milieux. On a aussi suggéré une prime de rétention
de 4 000 $ pour les intervenantes actuelles, parce que, présentement,
celles qui sont propriétaires de milieux de garde, ce qu'on leur a promis ou ce
qu'on leur a annoncé pour le budget, c'est de l'aide, d'une assistance, mais
rien pour améliorer leurs propres conditions. Alors là, on voit en plus une
baisse du ratio. Il y a vraiment... Dans les
services de garde, il y a comme un désordre qui, malheureusement, ne m'a pas
encouragée, au dépôt du budget, parce qu'on a juste pris une de ces mesures-là
et on l'a appliquée.
Alors, moi, quand les parents viennent me voir
et me disent : Est-ce que je peux avoir de l'espoir?, ça ne me fait pas
plaisir de leur dire qu'il y a eu beaucoup d'argent mis dans le secteur de la construction
et très peu pour les éducatrices à l'enfance. Ça ne me fait pas plaisir, Mme la
Présidente, de dire : Bien, patientez, il y a un livre blanc qui s'en
vient à l'automne prochain. C'est... Pour moi, là, j'aimerais pouvoir faire
partie de la solution, puis que nos propositions soient retenues.
Donc, pour
moi, c'est important de mettre la table. J'ai pris quand même plusieurs minutes
de mon intervention parce que je veux que les réponses du ministre
portent sur cet enjeu-là, et me donne des réponses sur pourquoi on n'a pas mis
plus de mesures en place pour s'assurer de recruter un grand nombre
d'éducatrices, parce que, là, ce qu'on prévoit, c'est 3 000, alors qu'il
en manquera 10 000.
Je veux terminer sur les postes de
fonctionnaires en région, qui était une promesse aussi de la CAQ lors de
l'élection. On nous parlait de 5 000 postes de fonctionnaires et...
dans un premier mandat, et là, finalement, on l'a étiré sur 10 ans. Moi, je veux savoir... Est-ce que ce sera
réellement des postes de fonctionnaires qui vont être décentralisés,
donc, avec le pouvoir décisionnel qui va suivre? Parce qu'aux dernières
nouvelles la ministre au Développement économique régional ne nous a pas
convaincus. Elle nous a dit : C'est archaïque de délocaliser des
personnes, délocaliser des postes. Maintenant, avec le télétravail, on va
pouvoir délocaliser des gens, des individus seulement, les déplacer dans les régions. Ça n'a pas le même impact dans une
région, Mme la Présidente. Là, on parle d'individus. Mais ce qu'on veut aussi, c'est du pouvoir
décisionnel, des postes de hautes fonctions. Alors, ça, pour moi,
j'aimerais avoir une réponse claire du ministre sur cet enjeu-là.
Alors, vous
le voyez, là, pour moi, vraiment, on a passé à côté d'une grande occasion de
faire de cette relance économique au
Québec une relance féministe qui prend en considération les secteurs comme la
santé et l'éducation, où on a beaucoup de travail à faire, et je
m'attendais à des investissements majeurs. Donc, peut-être qu'on pourrait avoir
plus de réponses, du côté du ministre de l'Emploi, sur les services de garde.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Mme Nichols : Merci, Mme la
députée de Gaspé. Je cède la parole au ministre pour cinq minutes.
• (11 h 30) •
M. Boulet : Merci, content
d'être avec vous ce matin et de partager vos préoccupations et content aussi
que vous participiez à cette interpellation. Je vais essayer de traiter trois
sujets.
D'abord,
construction, femmes... Je suis renversé de constater qu'il y a, à l'intérieur
d'une période de cinq ans suivant l'embauche, un taux d'abandon
phénoménal chez les femmes. On parle d'à peu près 55 % des femmes qui
abandonnent à l'intérieur de cinq ans, et ce qu'on réalisait, c'est qu'elles
étaient victimes d'intimidation, de harcèlement, ce que je considérais
totalement inacceptable puis, bon, évidemment...
Puis, ce qui est intéressant, je voyais dans un...
je pense, c'était dans La Presse, il y a un certain nombre
de semaines, une résidence ou une bâtisse où
il y avait au-delà de 25 % de la main-d'oeuvre qui était féminine et où il
y avait un climat de travail extrêmement intéressant. Puis ce n'est pas
un secteur qui est à l'abri de l'automatisation, et, ça, je pense que c'est bénéfique
pour l'intégration des femmes, et à la Commission de la construction du Québec,
il y a un objectif aussi d'accroître la présence féminine dans le secteur de la
construction, et ça passe par des politiques en matière de harcèlement,
d'intimidation, de menaces, et autres, et ça passe aussi beaucoup par la
rétention. C'est pour ça, tout à l'heure, j'en ai fait référence, et, quand
j'ai annoncé, avec ma collègue du Trésor, le plan de 120 millions pour la
construction, j'ai donné mandat ce jour même à la présidente-directrice
générale de la CCQ, Mme Diane Lemieux, de travailler avec les partenaires
patronaux et syndicaux puis de voir à me soumettre un plan de rétention dans
les meilleurs délais possibles. Et ça, pour moi, c'est extrêmement important.
Mais, quand j'en parle à mes collègues, il faut
aussi s'assurer que les femmes intègrent des marchés où il y a des emplois
autres aussi, là. Il n'y a pas que la construction, il y a les technologies de
l'information, il y a le secteur manufacturier. Quand je parle
avec Véronique Proulx, qui est la P.D.G. des Manufacturiers et exportateurs,
elle me dit : Jean, on en a besoin, on en a besoin, d'inciter,
d'intéresser les femmes au secteur manufacturier, où il y a des emplois bien
payés. Et ça passe par une meilleure conciliation travail-famille et par
l'automatisation. Parce que, quand on automatise, bien, il n'y a pas les mêmes
exigences physiques, et c'est certainement bénéfique à non seulement
l'intégration et à l'intégration d'un nombre plus important de femmes.
Pour les éducatrices, bon, on en a parlé tout à
l'heure, là, je ne veux pas nécessairement me répéter, là, mais Côte-Nord,
Montérégie, Trois-Rivières, avec un nombre extrêmement impressionnant de CPE
qui y participent, des programmes de formation de courte durée qui mènent, je
n'ai pas eu le temps de le dire tout à l'heure, à des attestations d'études
collégiales, donc c'est des attestations qui confirment le caractère qualifiant
de la formation, puis on parle de
2 250 éducatrices. Puis il y a 45 millions qui vont être
investis, au Québec, pour ce type de formation là pour, ultimement, permettre aux parents de
réintégrer le marché de l'emploi. Il y a 18,6 millions pour inciter
5 000 éducatrices à compléter la technique en éducation à l'enfance.
Parce que, oui, la pénurie de main-d'oeuvre, on peut avoir le nombre de places
qu'on souhaite, mais, s'il n'y a pas assez de monde... C'est pour ça que la
pénurie de main-d'oeuvre ou la rareté de main-d'oeuvre, là, peu importe de quel
angle on se projette, bien, elle est importante. Il faut instaurer des services
de qualification internes pour qualifier, dans les meilleurs délais possible,
l'ensemble des 30 000 éducatrices au Québec. Puis il y a des
formations, on adapte des formations universitaires pour des cadres, pour
fidéliser les éducatrices qualifiées, pour 2 190 cadres.
Donc, cette préoccupation-là, je la partage. Et,
bon, on n'a jamais le temps, là, parce que Mme la Présidente s'assure du
respect des règles, mais les technologies de l'information, le télétravail, ça
va favoriser la présence des bureaux de
Services Québec, la possibilité pour les personnes de travailler dans les
régions. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le ministre. Alors, je cède la parole au député de Richelieu pour cinq
minutes.
M. Émond : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Pour mon dernier bloc. J'entendais tantôt les collègues parler, à raison, de différentes façons de régler les
problèmes de pénurie de main-d'oeuvre, entre autres l'immigration, les
travailleurs expérimentés également.
Et je vais vous parler, moi, si vous permettez, Mme la Présidente,
d'intégration professionnelle des jeunes, puisque, selon un récent
portrait de la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec, il y avait
plus de 200 000 jeunes de 17 à 34 ans, au Québec, qui n'étaient
ni en emploi, ni aux études, ni en formation, 200 000 Mme la Présidente.
Et M. le ministre en a parlé tantôt également,
c'est un chiffre... ces 200 000 jeunes sans emploi qui ne sont pas en
formation, bien, c'est d'abord et avant tout un drame personnel, bien entendu,
pour chacun d'entre eux, mais c'est aussi, Mme la Présidente, un drame de
société, parce qu'il est important, pour nous, de faire en sorte de travailler
très fort pour leur permettre de raccrocher, de minimalement obtenir un diplôme
qualifiant. M. le ministre le disait tantôt, il y a différentes passerelles de
disponibles, les attestations d'études collégiales mais également les diplômes
d'études professionnelles sont une voie de passage.
Donc, il faut, Mme la Présidente... il ne faut
pas y voir un problème, mais plutôt une solution ou une opportunité. C'est un
chiffre qui nous incite à travailler encore plus fort pour permettre à ces
jeunes de se réaliser au sein de la société québécoise, et c'est pourquoi nous
avons annoncé 96 millions de dollars pour favoriser l'intégration
professionnelle et sociale des jeunes, 10 millions de dollars pour
financer le prochain Plan d'action jeunesse qui vise à accompagner les jeunes
tout au long de leur parcours, des études vers l'autonomie. Alors, on parle
d'un investissement total de 107 millions de dollars, c'est quelque chose
de majeur, Mme la Présidente.
Alors, par rapport aux jeunes ni à l'emploi, ni
aux études, ni en formation, en particulier, c'est 31,4 millions de
dollars qui seront ajoutés afin de permettre à ces jeunes de développer les
compétences globales de base nécessaires à une intégration durable dans une
démarche d'employabilité ainsi que pouvoir les accompagner dans leur recherche
d'emploi, de stage ou de réorientation de carrière. En ajoutant les crédits
actuels du ministre déjà alloués à cet enjeu,
c'est plus de 47 millions de dollars qui sont alloués afin d'intégrer ces
jeunes au marché du travail.
Je disais «employabilité», «recherche d'emploi»,
«réorientation», un mot-clé, Mme la Présidente, parce que, la pandémie qu'on traverse actuellement, sûrement
dans votre entourage aussi, Mme la Présidente, on a été appelés, dans les derniers mois, la
dernière année, à être, malheureusement, plus souvent avec soi-même uniquement,
hein, ou avec nos conjoints, conjointes. Et
ça, ça nous a amenés à réfléchir, et plusieurs Québécois, Québécoises en ont profité pour s'interroger sur leur
travail professionnel, sur une volonté de se réorienter vers une autre forme de
travail. Et, comme le gouvernement l'annonce, bien, on les accompagne dans ce
cheminement-là.
Il y a également une mesure qui est très
intéressante et qui vise à bonifier les fonds accordés aux carrefours
jeunesse-emploi, des organismes qui sont très bien ancrés dans leur milieu et
qui accompagnent les jeunes dans leurs démarches d'insertion sociale et
économique. Les CJE, comme on les appelle, fournissent des services, notamment,
via le Fonds de développement du marché du travail, et c'est près de 51 millions
de dollars additionnels qui seront versés aux CJE afin de leur assurer une
stabilité au niveau du financement.
Et ça, j'en
profite pour féliciter le ministre parce que c'est une mesure qui a été très
bien reçue de la part du réseau des
CJE, une forme de financement à la mission, plutôt que par projet. Moi, pour
vous dire que j'ai eu des commentaires très,
très positifs de la part des responsables du Carrefour jeunesse-emploi,
Pierre-De Saurel, M. Mario Fortin, entre autres, qui, tout de suite après une rencontre avec M. le
ministre, a pris la peine de m'appeler pour saluer l'initiative du gouvernement.
Alors, tout ça pour dire, Mme la Présidente,
que, quand on parle de mesures structurantes, on ne parle pas juste d'un coup
de baguette magique, avec une solution temporaire, mais on parle de mesures qui
vont avoir un impact
durable dans le temps, de mesures qui vont réellement permettre de régler le
problème, plutôt que de seulement le déplacer.
Et, en
terminant, quoi vous dire d'autre qu'investir dans notre jeunesse, investir
dans la formation, notamment pour les jeunes en recherche d'emploi,
bien, ça, c'est une autre raison qui me rend fier, encore une fois, comme mes
collègues, de faire partie du gouvernement de la CAQ. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, M. le député. Alors, la parole est
au député de Nelligan pour 1 min 30 s.
• (11 h 40) •
M. Derraji : Oui. Pour une minute,
madame... 1 min 30 s. Je sais comment vous êtes très, très
sévère sur la gestion de temps, je vais... On apprend ça, moi et M. le ministre,
on est des délinquants au niveau du temps. Donc, je vais me contenter d'une seule demande, parce que je vais revenir,
dans mes 10 minutes, pour reprendre un peu quelque chose qui a été dit par les collègues,
que ce soit la députée de Jean-Talon ou le député
de Richelieu ainsi que le ministre.
Je vais juste répéter ma demande parce que,
juste, je n'ai pas entendu la réponse du ministre. Ma demande au gouvernement aujourd'hui,
c'est de dévoiler le portrait des postes vacants dans le secteur public et
privé, en termes de nombre, de rendre
l'information disponible par trois mois, par trimestres, et que l'information
soit rendue publique. Le but est très simple, Mme la Présidente, on ne
peut pas, justement... le collègue de Richelieu vient de le dire, le député de
Richelieu vient de le dire, on ne peut pas déplacer juste la main-d'oeuvre,
mais ça nous prend de la prévisibilité, ça nous prend une bonne planification.
Donc, ce que je demande, je réitère ma demande et j'espère que le ministre va
le dire au micro, qu'il est d'accord par rapport à ces idées, c'est de... je
demande au gouvernement de dévoiler le portrait des postes vacants dans le
secteur public et le secteur privé ou dans le secteur public, par trimestre, et
que l'information soit rendue publique.
Donc, le ministère a les informations. Au lieu
de nous démontrer l'état d'équilibre, avec des flèches, ou le nombre de régions
où il y a l'état d'équilibre versus le déséquilibre, je pense que le public a
besoin de savoir le nombre exact des postes vacants. Merci, Mme la Présidente.
Conclusions
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le député. Alors, nous en sommes maintenant aux dernières interventions,
soit la conclusion. M. le ministre, je vous cède la parole pour une période de
10 minutes.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Oui, on va fournir l'information qui est à notre disposition, là,
on va demander de partager l'information, comme je vous ai mentionné tout à
l'heure, sur le nombre de postes vacants par secteur. Est-ce que ça peut être
obtenu par trimestre? Je vais voir ce que les équipes sont capables de faire,
comme je vous ai mentionné tout à l'heure, à la CPMT, à mon ministère puis au
ministère des Finances. Ce qui est disponible sera partagé, bien sûr. Moi, je
suis totalement confortable à partager ça avec mon collègue de Nelligan et
qu'on puisse travailler ensemble sur comment on peut l'utiliser, par ailleurs,
pour... à des fins, bien sûr, de lutter contre la rareté de main-d'oeuvre.
Comme c'est la dernière fois que je parle, je
vais en profiter pour donner quelques informations. Puis je n'aime pas
nécessairement lancer des chiffres, là, mais il y a quand même des
investissements substantiels qui ont été consentis pour la rareté de
main-d'oeuvre. Puis je rappellerai à mon collègue que mon ministère bénéficie
d'un fonds, qui est un peu plus que 1 milliard, pour intervenir à l'aide
de ces partenaires, parce qu'on fait affaire avec des ressources externes, des organismes en employabilité puis des organismes
communautaires. Mais, par nos mesures, on a soutenu 300 000 personnes, on a soutenu
18 000 entreprises, on a permis l'intégration en emploi de
138 000 personnes, en 2019-2020. Je ne suis pas peu fier de ça.
Pour le budget 2019-2020, je pense que ça a
été soulevé par un de mes collègues, 892 millions pour le retour en emploi
ou le maintien en emploi des travailleurs expérimentés. Et, quand j'aurai des
chiffres de taux d'emploi... Parce que je comparais beaucoup les taux d'emploi
des personnes 60 à 64 puis 65 à 69, puis c'était inférieur, notamment, en
Ontario, et on me disait un peu plus tôt que l'écart se rétrécit. Mais, quand
j'aurai des chiffres plus précis, je pourrai les partager avec vous. Le taux
d'emploi, d'ailleurs, des 15 à 64 ans au Québec, il est, je pense, à
égalité avec la Colombie-Britannique, mais le plus élevé au Canada, là. Ce
n'est quand même pas peu, c'est signe qu'il y a de l'efficacité dans nos
mesures de soutien des individus au Québec.
Pour les personnes immigrantes, souvenez-vous,
peut-être que vous étiez présent au premier sommet immigration, à Montréal, j'étais là avec mon collègue du MIFI, à
l'époque, et j'y ai annoncé le programme PRIIME, des subventions salariales pour l'intégration des
personnes immigrantes, pour des missions de recrutement à
l'international, pour des frais de déménagement, pour des frais de consultation
pour assumer des honoraires professionnels.
Dans la mise à jour économique qui a été soumise
par mon collègue, à l'automne dernier, 114,6 millions de dollars pour mettre en place différentes
initiatives, notamment le PARAF, auquel je fais souvent référence, que j'ai
annoncé au mois de novembre dernier, qui vise essentiellement la
requalification puis le rehaussement des compétences.
Puis mon collègue sera fier de dire que, puis je
pense qu'il y a participé, d'ailleurs, le forum complètement virtuel qu'on a
tenu, le 16 octobre dernier, avec tous les partenaires du marché du
travail, qui nous a permis de dégager des
consensus, au Québec, dans le contexte d'une relance... Et la requalification
et le rehaussement des compétences, ça faisait partie des consensus. Et
on a parlé que ça devait se faire dans une perspective de parcours personnalisés, parce qu'il n'y a pas deux personnes qui ont
le même cheminement, qui ont les mêmes intentions, ou objectifs, ou ambitions,
et qu'il fallait développer au Québec une culture de formation continue. Les
lieux de travail vont devoir se transformer en milieux apprenants.
De plus en plus, ce qu'on constate, c'est que
les entreprises veulent des compétences, pas que des certificats et des
diplômes. Et cette culture-là, on l'intègre graduellement grâce à la collaboration
des partenaires du marché du travail. Il y a un montant de 65,1 millions de dollars pour favoriser la formation dans des secteurs
stratégiques, notamment les technologies de l'information. Il y a la
mise en place d'un programme qui va concerner plus spécifiquement les
technologies de l'information. Les allocations de requalification, là, de 500 $,
il ne faut pas négliger le fait qu'on a au-delà
de 1 100 agents d'aide socioéconomique qui accompagnent les
individus. Si monsieur X ou madame Y a besoin de support,
l'agent d'aide socioéconomique est transformé en véritable conseiller, mais il
ne le fait pas en vase clos, il rencontre la personne, il établit son profil,
puis il vérifie l'offre de formation au niveau professionnel, collégial et
universitaire, et il s'assure d'un arrimage qui est compatible avec le profil
et dans un secteur où il y a de bonnes perspectives d'emploi. Et c'est fait,
bien sûr, en collaboration avec les organismes en matière d'employabilité. Il y
a 45 millions de dollars, j'en ai fait référence tout à l'heure, pour les
formations de courte durée, notamment pour assurer
une meilleure réponse à la demande d'éducateurs et d'éducatrices pour les
services de garde à la petite enfance.
Il faut que j'en parle, parce que mon collègue
le connaît bien, le projet de loi n° 59, il vise
notamment à répondre à nos défis en matière de rareté de main-d'oeuvre. Si on
augmente la prévention dans les milieux de travail, c'est ultimement pour diminuer la fréquence et la gravité des accidents
de travail. Et mieux et plus on fera de la prévention, c'est ce qu'on
est en train de se donner comme cadre législatif, plus ce sera bénéfique pour
les entreprises.
Et on parle beaucoup de réadaptation. D'ailleurs,
on a pensé... on a adopté beaucoup d'articles en matière de réadaptation, qui
ne peut se faire actuellement que lorsque la personne est consolidée,
c'est-à-dire guérie et qu'elle a une atteinte permanente à son intégrité
physique ou psychique. Dorénavant, la réadaptation va être accessible à tous
travailleurs. On va éviter que des personnes soient laissées pour compte,
n'aient pas accès à la réadaptation avant d'être consolidées avec une atteinte
permanente. Et on va donc diminuer les risques de chronicisation des accidents
de travail. On va permettre aux personnes de revenir dans leur milieu de
travail plus rapidement, par le biais de la réadaptation, par le biais du
devoir d'accommodement des employeurs, par le retour progressif au travail, par
l'assignation temporaire. C'est tous des articles qui ont fait l'objet d'adoption
avec la collaboration, encore une fois, je le redis, de mon collègue de Nelligan,
de Bonaventure aussi et d'Hochelaga-Maisonneuve.
Bien sûr, je n'ai pas la prétention qu'on va
tout faire, mais il faut aussi accentuer nos actions pour réduire la rareté de main-d'oeuvre
en créant des emplois bien rémunérés. Et mon collègue de Nelligan sait ce que
mon collègue à l'Économie et Innovation fait pour créer des emplois bien
rémunérés : rehausser la productivité, ça va aider à compenser la rareté
de main-d'oeuvre; augmenter le PIB par habitant, c'est-à-dire le niveau de
richesse par habitant, pour réduire les écarts qui nous séparent non seulement
avec l'Ontario, mais les autres pays membres de l'OCDE; développer des filières d'avenir; contribuer au développement économique
régional; tirer le maximum des leviers qui sont à notre disposition, la formation, la productivité,
l'intégration des clientèles dont nous avons fait référence, l'immigration.
Le Programme des travailleurs étrangers
temporaires, j'aimerais tellement en parler de façon plus détaillée avec mon
collègue Nelligan et je suis convaincu qu'il va accepter mon invitation qu'on
fasse des rencontres seul à seul avec un conseiller ou une conseillère pour
discuter du Programme des travailleurs étrangers temporaires et de ce qu'on a
fait pour moderniser notre système d'immigration. Enfin, agir de façon ciblée,
ordonnée et prioritaire sur les professions qui sont bien rémunérées, qui
offrent de bonnes perspectives d'emploi, c'est-à-dire les technologies de
l'information, le génie, la construction, la santé, la transformation
agroalimentaire, les services de garde éducatifs à l'enfance et le secteur de
l'éducation pris dans sa globalité.
Alors, ça complète, Mme la Présidente. Merci
beaucoup.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le ministre. Alors, je cède la parole au député de Nelligan pour sa dernière
intervention de 10 minutes.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Et écoutez, je tiens à le dire et je le dis dans plusieurs échanges
avec le ministre, c'est un homme qui est très pragmatique. J'ai eu l'occasion
d'échanger avec lui dans d'autres... dans le cadre de... dans d'autres projets
de loi. Et je salue son invitation de travailler avec lui sur la pénurie de
main-d'oeuvre. Je suis très disponible, Mme la Présidente. Si c'est pour le
bien de notre Québec, ça va me faire un grand plaisir de contribuer et partager
mes connaissances terrain que, j'en suis sûr et certain, le ministre apprécie.
J'aurais aimé, dans le quatrième bloc, parler de
l'économie, mais je vais aller en vrac par rapport à des choses que je n'ai pas
eu le temps de partager.
Premièrement, je salue les collègues qui ont
mentionné deux bonnes mesures libérales. Et je vous invite, la prochaine fois,
partagez les bonnes mesures avec vos collègues quand ils se lèvent critiquer le
bilan libéral. Je salue la députée de Jean-Talon qui a mentionné le crédit
d'impôt pour le prolongement de carrière. Vous avez raison de le mentionner. Il
y a un bon article aujourd'hui dans le journal Le Soleil. Vous
savez quoi? Cette initiative, c'est dans le budget de 2011, c'est une initiative
du gouvernement libéral, qui a mis sur la table cette initiative, et ça a
permis, avec raison, de ramener pas mal de bons travailleurs expérimentés.
Donc, vous le savez qu'on peut toujours travailler ensemble et respecter la
paternité de certaines idées. Mais ça, c'est une très bonne idée libérale qui, d'ailleurs,
a été amplifiée et maintenue par le gouvernement de la CAQ par la suite. Vous
avez mentionné, M. le ministre, le programme PRIIME.
C'est encore une fois une très bonne mesure libérale pour intégrer les gens
issus des minorités culturelles. Donc, je vous invite la prochaine fois, quand il
y a des questions sur la pénurie ou sur la rareté de la main-d'oeuvre ou de
l'emploi, pas juste dire qu'il y a un mauvais bilan et que, quand la CAQ a
commencé au pouvoir, c'est là où on a pu découvrir les problèmes.
Je vais revenir au défi de la main-d'oeuvre. Je
tiens juste à vous rappeler une citation : «Quand on me dit que le plus
grand défi économique est la pénurie d'employés, je ne suis pas d'accord. La
plus grande pénurie au Québec, c'est des emplois payants à 25 $ ou
30 $ par heure.» Ça, c'est la citation du premier ministre du Québec. Je
ne suis pas... je ne sais pas qu'est-ce que vous en pensez, M. le ministre.
Est-ce que vous partagez l'entièreté de cette déclaration? Cette déclaration a
été faite en Estrie mais, par la suite, dans plusieurs régions, et ça remonte à
la campagne électorale. Donc, juste pour vous dire que, probablement, la CAQ a
évolué, maintenant, où on pense que, vraiment,
il y a un réel problème de pénurie de main-d'oeuvre. Mais je ne veux pas me
concentrer sur uniquement cet aspect.
Je salue aussi l'ouverture du ministre de nous
permettre d'avoir, d'une manière publique, les informations que vous allez
avoir le temps de colliger et de dévoiler publiquement les postes vacants dans le
secteur public. Donc, quand je dis «dans l'ensemble des secteurs publics», je
consulte assez religieusement les documents de la CPMT, et je tiens encore une
fois à les remercier, parce que ça nous donne un bon indicateur. C'est du très
bon travail, du très bon... c'est du data extrêmement pertinent. Mais, encore
une fois, la transparence est extrêmement importante, et, quand je dis «la
transparence», c'est parler de la pénurie au niveau du secteur public, parce
que ça va nous permettre de suivre les paramètres et les indicateurs. Est-ce
qu'on forme assez? Et est-ce que les services à la population rendus ne seront
pas menacés?
L'exemple
parfait, c'est ce qui se passe en Montérégie. Trouvez-vous que c'est normal que... pour des
femmes, se déplacer du comté de Vaudreuil
pour aller à Montréal, pour trouver une place? C'est anormal. Trouvez-vous que
c'est normal, des éducatrices spécialisées qu'on n'arrive même pas, maintenant,
à trouver pour des services de garde et qu'il manque 50 000 places?
Moi, je trouve que c'est là où il faut agir. Mais, pour agir, ça nous prend une
transparence au niveau des données. Et par la suite on peut s'asseoir, M. le
ministre, on peut s'asseoir pour dire : Écoutez, on doit agir sur quel
niveau? Est-ce qu'on doit ramener plus de jeunes? Est-ce qu'on doit revoir la
façon avec laquelle on ramène le personnel expérimenté sur le marché du
travail? Vous avez maintenu les mêmes cibles en immigration, 22... au niveau de
la contribution. Quand j'entends le collègue parler, tout à l'heure, de la
réforme de l'immigration, je tiens à lui rappeler qu'il y avait une baisse au
niveau des taux d'immigration.
Donc, parlons sérieusement de l'enjeu de la
main-d'oeuvre. Mais, moi, je suis prêt à travailler avec vous sur cet enjeu quand
on va mettre sur la table le portrait réel. Déposez le portrait réel par
secteurs, par ministères, aux trois mois. Nous sommes au mois d'avril, vous
serez capables de déposer le portrait des trois premiers mois de 2021. Je vous
garantis ma collaboration entière à travailler avec vous sur l'enjeu de la
main-d'oeuvre. On l'a fait au RQAP, on le fait maintenant au p.l. n° 59, on travaille en toute collégialité, je suis prêt à
travailler avec vous sur l'enjeu de la main-d'oeuvre. Mais je ne peux pas
commencer à travailler sur les enjeux de la main-d'oeuvre si je n'ai pas le portrait, je n'ai pas accès à l'ensemble, que je
salue... l'ensemble de votre équipe et des fonctionnaires, qui font un
travail formidable et qui ont accès aux données. Partagez-nous les données, et
ça va me faire un grand plaisir de continuer avec vous ce travail.
Tout à l'heure, vous avez mentionné le PARAF. Ce
qu'on mentionne, et probablement on a accès aux mêmes informations,
l'information qu'on m'a partagée est qu'au 26 février il y avait des
participations non complétées, et on parle
de 6 % sur l'ensemble de population... de participants. Je ne sais pas où
c'est rendu, maintenant, si vos équipes peuvent nous partager ça par la
suite, mais on parle de motifs... Pour ces participations non complétées, on
remarque que les problématiques vécues par les participants représentent
50 % des motifs de fin de participation : difficultés
d'apprentissage, problèmes de santé. Les retours en emploi comptent, pour leur
part, pour 9 %. Et les gens se posent des questions sur l'impact des
mesures d'aide au MFOR-E, que vous connaissez très bien, et l'impact sur le
PARAF.
Donc,
écoutez, c'est sûr qu'on va avoir l'étude de crédits, c'est sûr qu'on va en
parler en long et en large, mais, quand on monte des programmes, et vous
voulez notre adhésion, il faut qu'on partage les bons coups, pourquoi ça ne
marche pas et comment on peut travailler ensemble. L'enjeu de la main-d'oeuvre,
ce n'est pas uniquement l'enjeu du Parti libéral du Québec. C'est l'enjeu de la
nation québécoise. Quand il va y avoir un impact sur les services...
Et, encore une fois, j'utilise l'exemple de ma collègue,
de la présidente de cette commission, c'est alarmant, ce qui se passe en
Montérégie, c'est alarmant, ce qui se passe en Abitibi, c'est alarmant, ce qui
se passe au niveau des services de garde, c'est alarmant, ce qui se passe au
niveau du secteur de l'éducation. On ne peut pas rester les mains liées, et je
ne veux pas jouer mon rôle uniquement de critique officiel de l'opposition par
rapport à ces enjeux, je veux contribuer. Si on peut contribuer ensemble, aucun
problème. Mais soyons au moins clairs, transparents avec le premier pas. Moi,
le premier geste de la bonne collaboration : mettons, cartes sur table, le
vrai portrait réel.
Maintenant, passons au volet économique. Le
volet économique me préoccupe beaucoup, M. le ministre, et je sais que vous êtes sensible parce que
je vois vos déclarations en Mauricie. Ça me touche parce que je sais que vous êtes sensible.
Mais est-ce qu'on est rendus aujourd'hui à ce qu'on ne vous donne pas les
moyens pour fonctionner? Est-ce qu'on vous donne assez d'argent pour faire...
accompagner l'ensemble de ces travailleurs? Est-ce qu'au niveau de la
main-d'oeuvre disponible, la population active, vous êtes bien armé pour
répondre aux besoins, que ce soit du secteur manufacturier, ou autres?
J'entends les gens qui disent qu'on peut ramener
des gens sur le marché du travail. Mais, quand on parle de la robotisation ou
de l'automatisation, ça prend un profil très spécialisé. On ne peut pas les
former en claquant les doigts, c'est des profils très spécialisés. Donc, c'est
pour cela, aujourd'hui, moi, ma demande était pour le ministre des Finances,
parce que j'ai ciblé les sommes allouées pour que vous puissiez fonctionner,
pour que l'Éducation puisse fonctionner, pour que la
Santé puisse fonctionner, pour que la Famille puisse fonctionner. Mais ça vient
des Finances. Le ton vient du premier ministre aussi. Est-ce qu'il prend au
sérieux l'enjeu de la main-d'oeuvre, ou bien l'obsession de créer des emplois
payants, ça, c'est ce qui le motive? Qu'il soit clair avec nous. C'est aussi
louable que dire que moi, en tant que premier ministre, je ne veux créer que
des emplois payants. D'ailleurs, il l'a dit, il s'est adressé aux restaurateurs
en leur demandant d'augmenter le salaire à 20 $, à 25 $. Mais quel
modèle économique, quel modèle économique on veut pour le Québec?
Donc, soyons juste clairs. Le temps doit venir.
Qu'est-ce qu'on veut créer au Québec? Est-ce que le mandat de diminuer le
retard de richesse avec l'Ontario passe par la création d'emplois payants? Il
faut qu'on soit clair. Parce que votre mandat, c'est répondre maintenant à
l'ensemble des associations patronales. Plus précisément, dans votre région, on
commence à voir des pertes de contrats et des refus de contrats. C'est très
alarmant, pour moi. Et, j'en suis sûr et certain, vous êtes un homme sensible,
qui a à coeur ces préoccupations, et vous ne pouvez pas rester les bras croisés et ne pas répondre aux
manufacturiers et au Conseil
du patronat, qui vous déclarent, qui
vous demandent d'agir rapidement, parce que c'est l'économie qui va
payer. Ça, c'est au niveau économique.
Au niveau secteur public, c'est un pas que je
tiens aujourd'hui, avec votre engagement, et je vous remercie, parce que,
pour moi, c'est un bon départ, ce qu'on fait aujourd'hui. La suite du travail s'en vient après le dévoilement du
portrait. Mais soyons sûrs, soyons responsables, il y a matière à discussion par
rapport à la pénurie dans le secteur de la santé, de l'éducation et de la
famille, parce qu'au bout de la ligne l'ensemble de ces trois secteurs ont un
impact sur la vie des Québécois dans toutes les régions du Québec.
Mme la Présidente, ce fut un plaisir échanger
avec l'ensemble des collègues. M. le ministre, je remercie son équipe qui
l'accompagne aujourd'hui. Et au plaisir de continuer l'échange avec lui. Merci,
Mme la Présidente.
• (12 heures) •
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le député. Malheureusement, on est... puis je suis très...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Nichols) : Oui,
alors je note que M. le ministre remercie, là, l'ensemble des collègues et du
personnel, là, qui l'accompagne. Et à mon tour de vous remercier, évidemment,
pour votre discipline, du respect du temps alloué. Et je note, d'ailleurs,
cette belle collaboration, là, de part et d'autre.
Alors, je lève la séance... ayant accompli son
mandat, ajourne les travaux au mardi 20 avril 2021, à
8 h 45, où se tiendra une séance de travail. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 12 h 01)