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(Onze heures quinze minutes)
Le Président (M. Polo) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'économie et du travail ouverte. Je vous souhaite la bienvenue
et je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
projet de loi n° 51, Loi visant principalement à
améliorer la flexibilité du régime d'assurance parentale afin de favoriser la
conciliation travail-famille.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Richard (Duplessis) est remplacée par Mme Hivon
(Joliette).
Le Président (M. Polo) : Et,
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des droits de vote par procuration?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Bélanger (Orford) dispose d'un droit de vote par
procuration au nom de Mme Dansereau (Verchères), ainsi que M. Derraji
(Nelligan) qui dispose, quant à lui, d'un droit de vote par procuration au nom
de M. Leitão (Robert-Baldwin).
Le Président (M. Polo) :
Excellent. Ce matin, nous entendrons le groupe suivant par visioconférence, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec,
représentée par Mme Shirley Dorsimond, vice-présidente, coresponsable du
secteur condition féminine, et Mme Myrna Karamounikian,
conseillère syndicale. Bienvenue, mesdames.
Mme Dorismond (Shirley) :
Bonjour.
Le Président (M. Polo) : Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi
nous procéderons à une période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
Mme Dorismond (Shirley) :
Merci, M. le Président. Bonjour, M. le ministre, et M. le député, et mesdames.
Je me présente, Shirley Dorismond, vice-présidente, responsable des secteurs
sociopolitique, condition féminine, solidarité, à la Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec, la FIQ, qui représente 76 000
professionnels en soins. Et je suis accompagnée aujourd'hui par Myrna
Karamanoukian, conseillère syndicale au secteur condition féminine.
Je tiens à saluer tout d'abord la volonté
du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale de réformer le
régime d'assurance parentale. Dans quelques mois, soit en janvier 2021, la
société québécoise soulignera le 15e anniversaire de la mise en place d'un
régime qu'on peut qualifier d'ambitieux au moment où il avait été adopté.
Rappelons-nous, encore aujourd'hui, des
pays développés comme les États-Unis ne prévoient aucune mesure pour mieux
épauler les parents et les familles. Le régime que nous avons au Québec est
très apprécié par les parents et la société en général. Ailleurs, il y en a
même qui nous envient et aimeraient bien implanter notre régime ou quelque
chose de semblable dans leur société.
La FIQ et la FIQP représentent près de
90 % de femmes. Il va donc de soi que le congé, les droits parentaux, la
conciliation famille-travail-études soient des enjeux qui nous interpellent
particulièrement. Dès sa création, en 1987, la FIQ s'est engagée dans cette
réflexion. C'est dans cet esprit qu'elle a fait partie plus <tard...
Mme Dorismond (Shirley) :
...
représentent près de 90 % de femmes. Il va donc de soi que le
congé, les droits parentaux, la conciliation famille-travail-études soient des
enjeux qui nous interpellent particulièrement. Dès sa création, en 1987, la FIQ
s'est engagée dans cette réflexion. C'est dans cet esprit qu'elle a fait partie
plus >tard du Regroupement pour un régime québécois d'assurance
parentale.
Des années de travail et de représentations
ont mené à la mise en place, en 2006… à la première mouture du Régime québécois
d'assurance parentale, et nous en sommes très fières. Le nouveau régime a
permis aux femmes nouvellement mères d'avoir une meilleure sécurité financière
à la suite d'une naissance. Les pères ont aussi mieux exercé leur rôle auprès
de leurs enfants grâce aux congés qui leur sont attribués. D'un point de vue de
meilleure répartition de tâches et de responsabilité parentale, nous pouvons
dire qu'il y a eu des avancées notables.
Par contre, près de 15 ans après son entrée
en vigueur, il est certain que le RQAP doit être revu pour l'actualiser et
répondre aux besoins de tous les parents, qu'ils soient biologiques ou
adoptants. Le régime doit aussi refléter la diversité familiale de la société
québécoise en utilisant un langage plus inclusif ou en précisant la définition de
«parent». De cette manière, tous les types de familles au Québec s'y
retrouveraient.
J'aimerais préciser que nos recommandations
s'inspirent largement du mémoire présenté hier en commission parlementaire par
la Coalition pour la conciliation famille-travail-études et le Conseil d'intervention
pour l'accès des femmes au travail au nom d'une trentaine de groupes de femmes,
d'organismes communautaires et d'organisations syndicales.
• (11 h 20) •
La particularité, et je dirais même la
force, du régime québécois en matière d'assurance parentale est sans aucun
doute son caractère flexible. Le ministre a exprimé à plusieurs reprises le
fait que les dispositions dont nous discutons aujourd'hui ont été réfléchies
dans un objectif d'instaurer un dialogue entre les parents. Du point de vue des
fédérations, plus on assure la flexibilité du régime, plus on incite les
parents à discuter et à convenir entre eux des modalités de partage qui
répondent aux besoins de leur famille.
Cette notion de flexibilité revêt un caractère
particulièrement important pour les professionnelles en soins. En effet, comme
vous le savez, elles travaillent en grande majorité dans des centres d'activité
24/7. Cela entraîne des conditions de travail particulières : sur
différents quarts de travail, des quarts de 12 heures et une fin de semaine sur
deux. Vous avez aussi certainement toutes et tous entendu parler du temps
supplémentaire obligatoire trop souvent vécu par nos membres. Cela entraîne
bien évidemment des défis supplémentaires en matière de conciliation
famille-travail. C'est pourquoi nous saluons les objectifs de l'article 16 du projet
de loi que vous avez présenté.
Pour nous, la prolongation de la prise des
prestations parentales jusqu'à 78 semaines est toutefois insuffisante et nous
recommandons donc de prolonger cette période jusqu'à 104 semaines. Nous croyons
fermement que l'augmentation de ce délai directement à même une loi sociale
aura un impact favorable, considérable sur la conciliation famille-travail des
professionnelles en soins, mais aussi sur celle de toutes les <femmes...
Mme Dorismond (Shirley) :
... prolonger cette période jusqu'à 104 semaines. Nous croyons fermement que
l'augmentation de ce délai directement à même une loi sociale aura un impact
favorable, considérable sur la conciliation famille-travail des
professionnelles en soins, mais aussi sur celle de toutes les >femmes,
et notamment celles des travailleuses non syndiquées. Encore près de 60 %
des travailleuses du Québec ne sont pas assujetties à une convention
collective. La Loi sur les normes du travail prévoit seulement deux jours de
congés payés pour remplir des obligations familiales.
Or, pour ces femmes qui n'ont pas toujours
les moyens de réduire leur rémunération, cet assouplissement du Régime québécois
d'assurance parentale ferait réellement une différence dans leurs possibilités
de conciliation famille-travail. Il est aussi très important pour la FIQ et la
FIQP que le ministre soit clair sur les faits que les modalités de suspension
ou de fractionnement des prestations doivent être la prérogative des parents uniquement.
Comme vous le savez, la FIQ et la FIQP
représentent des professionnelles en soins qui ont été aux premières loges pour
faire face à la pandémie de la COVID-19. Bon nombre d'entre elles ont écourté
leur congé parental pour prêter main-forte au réseau de la santé durement
fragilisé. Nous désirons saluer leur solidarité et leur dévouement, mais
soumettons à la fois à votre attention qu'en aucun cas les nouveaux parents ne devraient
subir une quelconque pression pour écouter leur congé parental. La FIQ et la
FIQP souhaitent aussi souligner la force de caractère flexible dans le délai de
paiement des prestations de maternité.
Donc, l'article 3 tel que proposé prévoit
une prolongation de deux semaines. Nous souhaitons toutefois soumettre à votre
attention qu'une prolongation de sept semaines, soit faire passer de 18 à 25
semaines, du délai de paiement de ces prestations répondrait davantage à cet
objectif de flexibilité. Il faut garder en tête que chaque naissance est un cas
d'espèce. Les scénarios quant à la venue d'un enfant sont infinis et
nécessairement imprévus, et, en ce sens, étendre le délai de paiement de
prestations répond davantage à la plupart des événements qui peuvent se
produire. À titre d'exemple, l'enfant a une naissance prématurée survenue à
l'intérieur d'une période de congé annuel de la mère. Dans un tel cas, un délai
de 25 semaines permettrait à la mère de ne pas être pénalisée d'un accouchement
avant terme.
Finalement, nous saluons la volonté du législateur
de bonifier le régime en place en vue de favoriser une plus grande répartition
de congé parental entre les deux parents. Nous partageons le constat que
l'implication soutenue des deux parents est fondamentale tant pour le développement
du sentiment de compétence parentale des deux parents, pour le développement de
l'enfant ainsi que pour une répartition plus équitable de la charge mentale et
de la satisfaction au sein du couple.
Toutefois, nous croyons que seuls les
parents doivent déterminer les modalités de partage de congé parental. Ainsi,
nous accueillons favorablement la bonification de quatre semaines proposée à
l'article 30 du projet de loi, mais nous estimons que celle-ci doit être
accompagnée, dès qu'il y a un partage entre les deux parents, sans égard au
nombre de semaines prises par chacun des <parents…
Mme Dorismond (Shirley) :
…doivent déterminer les modalités de partage de congé parental. Ainsi, nous
accueillons favorablement la bonification de quatre semaines proposée à
l'article 30 du projet de loi, mais nous estimons que celle-ci doit être
accompagnée dès qu'il y a un partage entre les deux parents, sans égard au
nombre de semaines prises par chacun des >parents...
Et, en terminant, nous estimons que le projet
de loi n° 51 comporte plusieurs mesures qui seront bénéfiques et
précieuses pour les nouvelles familles, et c'est pourquoi nous vous
recommandons que celui-ci soit adopté dans les plus brefs délais. Merci de
votre attention.
Le Président (M. Polo) :
Merci, Mme Dorismond. Est-ce que… Donc, nous vous remercions pour votre exposé.
Nous allons maintenant débuter la période d'échange. M. le ministre, la parole
est à vous.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. Merci de la qualité de la présentation, Shirley et Myrna. On est
bien heureux de vous accueillir et que vous reflétiez les préoccupations d'un
nombre aussi important de personnes qui sont membres de la FIQ, et les femmes y
sont de manière prépondérante.
J'aime bien l'approche, la nature de vos
recommandations. Je pense que, sur les objectifs, on s'entend. C'est un régime
dont on peut être fiers. Puis je salue d'ailleurs les implications de la FIQ
dans l'histoire de ce régime-là et dès l'origine, parce que, depuis 2006, ça
fait partie de la politique familiale du Québec, dont on peut être des
ambassadeurs heureux, et je pense que, quand on fait des comparaisons à l'échelle
internationale, on se situe vraiment très bien.
Quand vous référez, Shirley, à la
flexibilité — d'ailleurs, c'est dans le titre du projet de loi — on
veut accroître la flexibilité dans une perspective d'améliorer la conciliation
travail-famille. J'aime bien le lien de causalité que vous établissez entre la
flexibilité et le dialogue. Plus il y a de la flexibilité, plus ça favorise le
dialogue. Ça, ça m'apparaît relativement important de le mentionner.
L'étalement, bon, c'est sûr que vous
prêchez en faveur de 104 semaines, certains prêchent pour le statu quo, on
est allés à 78 semaines. Je pense que c'est un bel équilibre. Je veux
mentionner que vous faisiez référence à… il faudrait que ce soit une
prérogative de la personne, du parent ou des parents, mais c'en est une,
prérogative. On a un droit d'étaler jusqu'à 78 semaines. Dans le cas du
congé de maternité, c'est de 18 à 20 semaines. C'est le moment où le congé
parental est pris qu'il doit être convenu avec l'employeur. Puis vous comprendrez
que c'est dans l'intérêt des parties de convenir du moment, parce que ça ne
peut pas être pris à la seule discrétion de la personne ou au seul moment que
la <compagnie…
M. Boulet : ... c'est de 18
à 20 semaines. C'est le moment où le congé parental est pris qu'il doit
être convenu avec l'employeur. Puis vous comprendrez que c'est dans l'intérêt
des parties de convenir du moment, parce que ça ne peut pas être pris à la
seule discrétion de la personne ou au seul moment que la >compagnie le
souhaite. Je pense qu'en pratique ce dont j'ai témoigné, c'est qu'il y a des
dialogues aussi entre les parties, mais, d'avoir cette marge de manoeuvre
additionnelle là, je pense que ça va être relativement dans l'intérêt de tout
le monde.
Donc, on a le droit de fragmenter. C'est
une prérogative, mais, quant au moment, ça, je pense qu'il faut continuer
d'encourager la discussion entre l'employé et l'employeur. D'ailleurs,
souvenez-vous, je pense que c'est important de le rappeler, durant la pandémie,
on a permis à des personnes en congé parental qui n'avaient pas le
droit — vous vous souvenez de ça, Shirley — d'étaler plus
que 52 semaines de revenir sans être pénalisées pour encourager le retour au
travail de personnes, de travailleurs, travailleuses de la santé, pour venir
prêter main-forte à leurs collègues, et il y en a à peu près 400 au Québec qui
s'en sont prévalu. Ça fait que j'ai trouvé que c'était relativement
intéressant.
Je vais vous demander à ce stade-ci, là,
parce que j'ai d'autres commentaires puis d'autres questions : Est-ce
que... Vos commentaires sur les revenus concurrents, la possibilité maintenant
d'obtenir une exemption qui est l'équivalent de la différence entre le revenu
hebdomadaire et la prestation de maternité ou parentale, est-ce que vous aviez
un commentaire particulier, Shirley ou Myrna, à nous faire là-dessus?
Mme Dorismond (Shirley) :
Vous m'entendez? Oui, en fait, le 25 %... C'est le 25 % que vous
parlez…
M. Boulet : Oui, actuellement,
c'est 25 %.
Mme Dorismond (Shirley) : Oui,
c'est ça.
M. Boulet : Mais on augmente
l'exemption pour permettre aux personnes de revenir progressivement au travail
ou de travailler à temps partiel sans être pénalisées, parce que, là, dès que
tu avais 25 % du montant de ta prestation, tu étais coupé.
Mme Dorismond (Shirley) : Oui,
en fait, on croit que, vraiment, c'est bien, puis c'est vrai que le 25 %,
ça mettait un frein, tu sais, pour le retour au travail. Mais, pour les femmes
vulnérables, les statuts particuliers, oui, tu sais, aller chercher un montant,
on trouve ça très positif pour elles, mais sauf que, dans notre cas, pour nos
membres, c'est moins une obligation, parce qu'on a la convention collective. Donc,
on préférait laisser d'autres groupes vous parler de tout ça.
• (11 h 30) •
M. Boulet : Oui. En même
temps, même si on est en milieu syndiqué, les conventions n'empêchent pas qu'il
y ait des besoins qui peuvent être comblés par des personnes qui bénéficient
des prestations du RQAP et qui, donc, acquièrent un droit additionnel leur
permettant de travailler, particulièrement en contexte de pénurie de
main-d'oeuvre, puis ça s'applique aussi pour le consentement...
M. Boulet : ...les conventions
n'empêchent pas qu'il y ait des besoins qui peuvent être comblés par des personnes
qui bénéficient des prestations du RQAPet qui donc acquièrent un droit
additionnel leur permettant de travailler, particulièrement en contexte de
pénurie de main-d'oeuvre, puis ça s'applique aussi pour le consentement de
l'employeur. Quant aux périodes d'étalement, je pense que ça donne une
souplesse et ça fait comprendre aux personnes qui bénéficient du RQAP qu'ils
vont pouvoir effectivement utiliser leur prérogative d'étalement.
J'apprécie aussi beaucoup vos commentaires
sur, évidemment, que le père doit s'investir plus, puis vous êtes d'accord avec
le quatre semaines, qui est une mesure incitative. Ce que vous mentionnez
cependant, c'est qu'il y ait partage, mais indépendamment du nombre de
semaines, alors que nous on dit, dans le projet de loi, si les deux partagent
un minimum de 10 semaines, les deux parents ont accès à un quatre semaines
additionnelles. C'est important de redire que, depuis 2006, le nombre de
semaines de prestations RQAP prises par les pères n'a pas augmenté mais pas du
tout depuis 2006, puis c'est resté à neuf semaines, puis ça, ça inclut les
cinq semaines du congé de paternité. C'est cinq fois moins que les mères,
imaginons-nous l'écart. Puis ça, c'est dans les dernières années où on a
l'impression qu'on est dans un environnement très progressiste, mais c'est
encore une minorité. Les mères, en moyenne, elles ont pris 45, 46 semaines
depuis 2006. Ça fait que c'est, je pense, un contournable humain et social que
d'encourager les pères à s'investir plus, puis à ce qu'il y ait un partage qui
est plus équitable. Et c'est dans cet esprit-là qu'on s'est dit : Il faut
que les parents dialoguent, il faut qu'ils discutent. Puis j'aime bien, là,
puis je reviens à votre commentaire initial : Plus c'est flexible, plus il
y a du dialogue. Donc, dialoguons... Il faut qu'il y ait une communication sur
le partage le plus équitable possible et il y a un incitatif qui leur permet
aussi de le faire au-delà de l'aspect de flexibilité, puis ça donne aussi une
légitimité additionnelle auprès des employeurs qui sont moins ouverts à ce
qu'il y ait des prises de congé parental parmi les hommes, et donc ça a un
effet aussi positif sur la possibilité.
Qu'est-ce que vous pensez là-dessus? Est-ce
qu'on peut envisager que ça puisse, une mesure comme celle-là, avoir un certain
effet positif sur un retour au travail à temps partiel ou un retour au travail
pendant les certaines périodes de temps des femmes? Shirley, je ne sais pas ce
que vous... Avez-vous un commentaire sur ce point?
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui, en fait, je vais vous expliquer mon... pourquoi qu'on recommande le quatre
semaines seulement. Pour nous, offrir quatre semaines est la seule condition
qu'il y ait un partage entre les deux parents, c'est une façon pour conjuguer
la flexibilité puis l'incitatif. Nous demeurons convaincus que les parents sont
les mieux placés pour <convenir...
M. Boulet : ...sur ce point.
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui, en fait, je vais vous expliquer mon... pourquoi qu'on recommande le quatre
semaines
seulement. Pour nous, offrir quatre semaines est la seule
condition qu'il y ait un partage entre les deux parents, c'est une façon pour
conjuguer la flexibilité puis l'incitatif. Nous demeurons convaincus que les
parents sont les mieux placés pour >convenir d'un partage qui réponde à
leur réalité propre, mais nous partageons le constat qu'il y a encore une
proportion trop faible de pères qui se prévalent d'une portion de congé
parental. Comme vous le dites, il y a seulement 37 % des pères qui
prennent le congé parental en ce moment.
Toutefois, nous estimons que la condition
de la prise de 10 semaines est assez loin du choix effectué par la
majorité des familles au Québec en ce moment, et on pense que ça braquerait
plusieurs d'entre elles. Nous croyons aussi qu'il y a un changement sociétal à
faire, qu'insérer le quatre semaines en ce moment, ça serait un cheminement à
faire tranquillement dans la société québécoise pour savoir... Tu sais, je
pense que le constat est déjà là. Le constat est déjà là, il y a déjà 37 %
des pères qui partagent le congé parental, et on pense que de mettre tout de
suite le quatre semaines, on a plus de chance d'atteindre… si les familles du
Québec cheminent à leur rythme sur cette question.
M. Boulet : Moi, j'ai
exactement la même approche de faire... Tu sais, puis un changement sociétal,
ça doit s'opérer de façon graduelle, et je pense que l'incitatif atteint mieux
cet objectif-là que, par exemple, il y en a des groupes qui disent :
Augmenter les congés de paternité. Il y aurait un effet peut-être plus
immédiat, alors que l'incitatif, suite à un partage, il y a un effet tout de
même, mais il est beaucoup plus progressif dans le temps. Je pense que je vous
rejoins là-dessus.
Mais, quand vous dites :
Indépendamment du partage fait par les deux... Tu sais, il y a beaucoup
d'études qui disent... puis ça, il y a une perception, dans la société, chez
les parents, particulièrement les papas, que le parental appartient à la mère.
Et donc il faut, si on veut engendrer un changement de culture ou de pensée ou
combattre cette perception-là, il faut que notre réforme contienne un incitatif
qui est important à cet égard-là.
Est-ce que vous avez, de votre côté, chez
vos membres, par exemple, des témoins qu'elles ont l'impression que le parental
leur appartient, et que le père a l'impression opposée?
Mme Dorismond (Shirley) :
Bien, dans le témoignage, je vous dirais que… À notre avis, tu sais, les congés
de maternité, paternité, parental, ils n'ont pas la même vocation, dans les
témoignages, et nous croyons vraiment réellement qu'il y a peut-être un
coercitif à faire sur le congé parental, mais les statistiques démontrent
souvent que le congé parental est <vraiment...
Mme Dorismond (Shirley) :
...que... À notre avis, tu sais, les congés de maternité, paternité, parental,
ils n'ont pas la même vocation dans les témoignages, et nous croyons vraiment
réellement qu'il y a peut-être un coercitif à faire sur le congé parental. Mais
les statistiques démontrent souvent que le congé parental est >vraiment
destiné à la mère, tu sais, c'est dans les moeurs, mais, tu sais, il y a toutes
sortes d'exemples, là, et si la mère décide d'allaiter l'année au complet, ça
laisse un petit moins de place pour le père. Donc, c'est pour ça que je pense
que chaque famille a décidé, par leur choix familial, de décider de partager ou
pas, mais je pense aussi qu'il y a des pères qui veulent s'investir comme la
mère veut s'investir, c'est partagé, mais ça dépend de leur choix familial.
M. Boulet : O.K. Dans le...
Vous soumettez que le vocabulaire qui est utilisé dans la loi devrait être plus
inclusif, puis là-dessus vous avez raison, mais je veux simplement vous
rassurer que, dans son application, le régime, il est totalement inclusif, il
est totalement respectueux de l'homoparentalité, de tout ce que nous vivons
dans notre société. Donc, si c'est deux mamans, les mêmes droits vont pouvoir
être exercés. Dans l'application normative, on aboutit au même résultat quant
au nombre de semaines, au calcul, bien sûr, et au montant de prestations. Ça
fait que je veux vous rassurer sous cet aspect-là. Moi, j'ai pris plusieurs exemples,
là, plusieurs scénarios et, constamment, j'étais rassuré que, dans
l'application, le vocabulaire n'avait pas d'impact.
Ceci dit, je suis assez d'accord parce que
quand on a commencé à travailler le projet de loi, je me disais : Pourquoi
on utilise «prestations»? Tu sais, on dit : Le père, la... tu sais, mais
ça, c'est peu utilisé dans la loi, pas beaucoup de fréquence d'utilisation de
ces concepts-là, et on fait parallèlement une révision du droit familial au Québec
et toutes les règles de filiation vont être revues pour tenir compte des
nouvelles réalités humaines et sociales que nous vivons. Ça fait que je pense
que c'est important de le dire en commission parlementaire, il n'y a pas
d'enjeu pratique, puis si jamais il y avait eu un enjeu pratique, on en aurait
entendu parler. Puis dans tous les groupes qui sont venus en consultation, il
n'y en a pas un qui a soulevé que, dans la pratique, il y avait eu une
problématique, notamment sur l'homoparentalité ou quelque cas pratique que ce
soit. Ça fait que je pense qu'on va l'actualiser, le corpus législatif <québécois...
M. Boulet : …entendu parler,
puis dans tous les groupes qui sont venus en consultation, il n'y en a pas un
qui a soulevé que dans la pratique, il y avait eu une problématique, notamment
sur l'homoparentalité ou quelque cas pratique que ce soit. Ça fait que je pense
qu'on va l'actualiser, le corpus législatif >québécois, mais il y a une
égalité des parents, des minorités sexuelles ou des… peu importe le type de
sexualité qui est vécue, et les publications, les formulaires, les brochures du
RQAP en tiennent compte et seront modifiés au besoin parce qu'il y a
possibilité de changements, de nouvelles réalités. Et donc il faut que les
concepts juridiques soient respectueux de la réalité vécue sur le terrain pour
bien informer puis servir tout le monde de façon adéquate.
Si j'ai le temps, peut-être, une dernière
question : Si vous aviez un projet pilote à suggérer, lequel
proposeriez-vous?
• (11 h 40) •
Mme Dorismond (Shirley) :
Lequel? Je crois, comme le mémoire de Mme Ruth Rose, on irait dans le
même alignement qu'elle propose, soit les mères monoparentales ou les femmes
qui sont étudiantes.
M. Boulet : Ah! c'est une
bonne idée. Merci beaucoup à vous deux puis salutations à la FIQ pour son
engagement puis son implication, et votre présence aussi. Merci.
Mme Dorismond (Shirley) :
Merci.
Le Président (M. Polo) : Merci
beaucoup. Maintenant, je cède la parole au porte-parole de l'opposition
officielle.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Merci à vous deux pour l'excellent rapport, les recommandations.
Donc, ça nous éclaire par rapport à plusieurs points. Première remarque :
Vous représentez un groupe très important au niveau de la pandémie, surtout
présentement. Ma première question… j'ai posé la même question la semaine
dernière à l'APTS : Comment ça va?
Mme Dorismond (Shirley) : Mais
je ne sais pas si vous avez beaucoup de temps, mais…
M. Derraji : Je l'ai pour
vous.
Mme Dorismond (Shirley) :
Parfait. Écoutez, il y a beaucoup eu d'annonces de sit-in et de départs massifs
qui ont fait la démonstration à quel point ça va mal, et ça, à la grandeur de
la province, et je pense que l'ensemble de la députation devrait être
préoccupée comme nous nous sommes par tous les bris de service aux soins
intensifs, aux milieux urbains, comme vous avez vu à Gatineau la semaine
dernière, et effectivement, nos membres donnent tout ce qu'elles peuvent pour
faire face à la pandémie depuis le mois de mars. Elles sont réellement
exténuées. Maintenant, la deuxième vague est à nos portes, nous aurons vraiment
tous besoin plus que jamais d'elles.
Je suis ici aussi aujourd'hui pour parler,
entre autres, là, de discuter de la conciliation famille-travail, ça fait que
je ne peux pas passer sous silence l'impact qu'a eu des arrêtés 007 sur la
vie familiale et les possibilités de conciliation <famille-travail…
Mme Dorismond (Shirley) :
...nous aurons vraiment tous besoin plus que jamais d'elle.
Je suis ici aussi
aujourd'hui
pour parler entre autres... de discuter la conciliation famille-travail, ça
fait que je ne peux pas passer sous silence l'impact qu'a eu... des
arrêtés 007 sur la vie familiale et les possibilités de conciliation >famille-travail
dans les derniers mois. Comment on organise la vie familiale lorsqu'on est
réputé à être disponible sept jours sur sept pour tous les quarts de travail?
Le traitement qu'a réservé le gouvernement aux professionnels en soins a été
très dur et fragilisé, en sorte que les professionnels en soins, c'est tout le
réseau de la santé que ça rend vulnérable.
On nous a envoyés au front sans
équipement, la peur au ventre, devant cette impuissance et constamment de nous…
la peur de ramener ça dans nos familles. Vous n'avez aucune idée comme cela
nous violente psychologiquement et physiquement de ne pas pouvoir réussir de
prodiguer des soins de façon sécuritaire et de qualité. C'est vraiment la
raison de notre métier. Ça n'a pas été facile, et on... mais la fédération est
prête à émettre des solutions et on est prêtes à soigner la population.
M. Derraji : Bien, merci.
Continuez votre beau travail, le Québec a besoin de vous.
Mme Dorismond (Shirley) :
Merci.
M. Derraji : Le Québec a
besoin de vous. Les Québécois ont besoin de vous. On voit l'impact de la
pandémie sur l'ensemble de la population. Et continuez votre beau travail même
si c'est difficile. Notre travail en tant qu'opposition, c'est suivre les
actions du gouvernement par rapport aux mesures prises au niveau de la santé et
je peux vous assurer, au nom de notre formation politique, qu'on va continuer
ce combat parce que vous êtes sur la première ligne.
Mme Dorismond (Shirley) :
Merci.
M. Derraji : Pour éviter qu'on
passe à d'autres... je dirais, à rajouter d'autres problèmes, je vais focusser
mes questions sur la conciliation travail-famille, parce que s'il y a un enjeu
majeur où la pandémie a dévoilé, c'est l'impact sur nos professionnels de la
santé. Aujourd'hui, vous avez une occasion en or de revoir, dans le projet de
loi n° 51, la conciliation travail-famille.
J'ai lu avec grand intérêt vos recommandations
et je vous invite à la page 4 où vous basez votre argumentaire sur
l'augmentation de 104 semaines, c'est pour fractionner selon leurs
besoins, et vous dites : «Ils n'auraient pas ainsi à prendre des congés
sans solde ou autre pour être auprès de leurs enfants.» Bon. Si on prend le
contexte de la pandémie maintenant, ça s'applique absolument à situation
actuelle. Est-ce que j'ai bien compris le sens de votre proposition d'aller à
104?
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui, exactement. Cela peut vraiment avoir un impact considérable sur le
maintien des femmes au travail. La flexibilité avec laquelle on pourrait
moduler les congés afin de répondre à leurs propres besoins est un réel
avantage. Il faut comprendre que la charge mentale reliée au travail du «care»
ajoute à la charge mentale à laquelle elles doivent s'acclimater, des nouveaux
parents, peut être très lourde. Nos membres subissent une pression énorme au
travail combinée aux conditions de <travail...
Mme Dorismond (Shirley) :
…les congés afin de répondre à leurs propres besoins est un réel avantage. Il
faut comprendre que la charge mentale reliée au travail du «care» ajoute à la
charge mentale, à laquelle elles doivent s'acclimater, des nouveaux parents,
peut être très lourde. Nos membres subissent une pression énorme au travail,
combinée aux
conditions de >travail qui sont de plus en plus
difficiles. Si on ajoute à cela toute la responsabilité parentale, cela vient
alourdir vraiment la charge mentale. Donc, leur permettre de fractionner le
congé parental dans un délai allant jusqu'à 104 semaines, ça peut vraiment
alléger cette charge mentale là qu'elles subissent.
M. Derraji : Je vous
comprends, et vous avez vraiment des arguments solides par rapport, à ce point
de vue, les membres que vous représentez.
Un autre point qui est venu hier de la
part de plusieurs groupes. On parle souvent de la première année, mais il y a un
certain… quelques membres de quelques groupes, ils nous ont dit : Écoutez,
est-ce qu'on peut avoir une banque de congés partageables à la deuxième année
de naissance de l'enfant? C'est là, <on revient au travail, >si je
me mets dans la peau de vos membres, on revient au travail, on doit dealer avec
la garderie, avec la première maladie, deuxième retrait, appel de CPE, appel de
la garderie, donc c'est là une autre adaptation. Je rajuste tout ce que vous
venez de dire par rapport à l'aspect des travailleuses dans la santé. Est-ce
que c'est quelque chose qui, selon vous, est une bonne idée pour les gens qui
travaillent au niveau du réseau de la santé ou bien les membres que vous
représentez?
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui, dans… selon notre recommandation, et c'est pour ça qu'on dit que le quatre
semaines, donc, sans toucher, là, le partage du 10 semaines, c'est là
qu'on ne veut pas partager le 10 semaines, on dit plus de partager le
quatre semaines parce que nous constatons, comme la prise du 32 semaines
du congé parental pris par la mère, semble vraiment être ancrée dans les
moeurs, surtout pour nos professionnels en soins, mais la prolongation de ce
congé-là peut tendre à changer les mentalités à cet effet-là. Ça fait que, là,
nous croyons toutefois que les changements de mentalité prennent du temps à
s'opérer, c'est pour ça qu'on voulait aller plus en théorie de petits pas pour
changer un peu la mentalité des employeurs, et tout ça, et la société en
général.
M. Derraji : Je suis très d'accord
avec vous par rapport à ça, par rapport à la théorie des petits pas, parce que
vous n'êtes pas le premier groupe, donc il vaut mieux aller… Surtout, vous avez
évoqué… bien, changer la mentalité des employeurs, parce que là il y a les 32 semaines,
il y a les cinq semaines pour les parents, mais, pour vous, que la maman
renonce, la mère renonce à quelques semaines pour avoir les quatre semaines de
bonus, pour vous, vous voyez ça d'un bon oeil.
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui, c'est ça. Bien, en fait, <il ne faut pas faire… >il ne faut
pas faire fi à… comme le conseil de statut de la femme qui est venu vous dire qu'il
y a 2 200 femmes monoparentales sans père. Tu sais, nous aussi, on
vit ça, là, dans le réseau de la santé, il y a des femmes monoparentales qui
n'ont pas de père. On ne peut pas voir… enlever complètement ce partage-là,
elle va partager avec qui? On trouvait ça aussi… si elle n'a rien à <partager…
Mme Dorismond (Shirley) :
...monoparentale, sans père. Tu sais, nous aussi, on vit ça, là, dans le
réseau
de la santé.
Il y a des femmes monoparentales qui n'ont pas de père. On
ne peut pas voir... enlever
complètement ce partage-là. Elle va partager
avec qui? On trouvait ça aussi... Si elle n'a rien à >partager, donc,
elle n'aura pas non plus le quatre semaines supplémentaire. Ça fait que nous,
on ne voulait pas vraiment rentrer là-dedans parce qu'aussi nos membres, que
nous représentons, sont aussi monoparentales, dans certains cas, ou ils sont
séparés, ils sont seuls. Donc, avec tout ça, concilié avec la surcharge de
travail, et tout, on préférerait d'instaurer le quatre semaines malgré qu'il
n'y ait pas de condition. On ne veut pas qu'il y ait de condition parce qu'il y
a plusieurs statuts chez nos membres.
M. Derraji : Là, je veux une
réponse sincère. Là, on veut faire changer les mentalités, que le père... bien,
en fait, qu'il y ait plus d'investissement, au sein de la cellule familiale,
des pères. Vous avez dit la théorie des petits pas, pensez-vous que ce qu'on se
donne aujourd'hui va nous permettre d'avoir une meilleure implication des pères
au sein de la cellule familiale, et de facto, avoir un retour des femmes sur le
marché du travail, et que le père joue son rôle aussi au sein de la cellule
familiale?
Mme Dorismond (Shirley) :
Bien sûr, si vous prenez notre recommandation.
M. Derraji : Vous pouvez la
répéter au ministre, hein?
Mme Dorismond (Shirley) :
J'ai dit : Bien sûr, si vous prenez notre recommandation de quatre
semaines.
M. Derraji : O.K. Excellent. L'autre
recommandation que j'ai devant moi, c'est la recommandation 3, où vous
demandez d'accorder un prolongement du délai de paiement des prestations de
maternité de sept semaines, donc de passer de 18 à 25 semaines. Donc,
pourquoi 25? Je sais que vous ajoutez un sept semaines, mais pourquoi le 25 semaines?
• (11 h 50) •
Mme Dorismond (Shirley) :
Bien, nous saluons l'augmentation jusqu'à 20 semaines, mais nous croyons
vraiment que le 25 semaines couvrait tous les imprévus pour un accouchement
prématuré, et la mère qui accouche prématurément aurait une raison valable de
reporter ses vacances, par exemple. On comprend, accoucher prématurément, des
fois, c'est une surprise, mais ça a un effet et un impact sur la santé et sur
la santé du bébé, et, psychologiquement, je ne pense pas qu'une mère, pendant
qu'elle accouche prématurément, va réfléchir à appeler son employeur. Elle
n'est pas là-dedans, là, elle est vraiment sur son bien-être à elle et sur le
bien-être de l'enfant. Ça fait que nous, on pense que, vraiment, ça enlèverait
un stress financier qu'elle pourrait avoir, mais, en même temps, le 25 semaines,
ça couvrait tout l'imprévu, qu'un accouchement prématuré pourrait arriver.
M. Derraji : Et donc vous
ciblez vraiment les accouchements prématurés.
Parlons des monoparentales...
Mme Dorismond (Shirley) :
Mais...
M. Derraji : Hein?
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui, c'est ça, mais ça peut être prématuré, ça peut être une séparation subite
et... Tu sais, ça peut couvrir tous les imprévus.
M. Derraji : Oui, tout
imprévu. Parlons des monoparentales. La suggestion était que le parent avec
l'enfant pourrait récupérer les semaines du parent qui ne <l'utilise...
M. Derraji : ...prématurés.
Parlons des monoparentales...
Une voix
: Mais...
M. Derraji : Hein?
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui,
c'est ça, mais ça peut être prématuré, ça peut être une séparation
subite et... tu sais, ça peut couvrir tous les imprévus.
M. Derraji : Oui, tout
imprévu. Parlons des monoparentales. La suggestion était que le parent avec
l'enfant pourrait récupérer les semaines du parent qui ne >l'utilise pas,
est-ce que vous êtes d'accord avec cette proposition?
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui, bien sûr.
M. Derraji : O.K. Bien, merci
beaucoup, et mes salutations à vos membres, et continuez votre beau travail.
Merci.
Mme Dorismond (Shirley) :
Merci à vous.
Le Président (M. Polo) :
Merci. Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous deux. Également, merci pour votre travail, c'est
inspirant. Il se cristallise vraiment un consensus, là, à travers les audiences
qu'on termine aujourd'hui avec vous, qui se positionne quand même en défaveur
envers la solution du ministre, là, du partage de 10 semaines pour en
obtenir quatre. On partage tous l'objectif, bien sûr, mais vous êtes la
dernière organisation qu'on va entendre, et de tout ce qu'on a entendu, je
pense qu'il y en a une seule, organisation, qui a soutenu clairement la proposition
du ministre. Toutes les autres se sont dit en défaveur. Bien sûr, on partage l'objectif,
mais pas la méthode ou le chemin choisi par le ministre. Donc, j'espère qu'il
l'entendra quand on sera rendus en étude détaillée.
Je voulais parler aussi de votre recommandation
n° 2, qui est assez intéressante, assez pointue, là,
puis qui parle de flexibilité. Mon collègue vient de référer aux discussions
qu'on a eues alentour des congés partageables, et certains ont proposé donc de
pouvoir prendre le RQAP et de le prolonger et d'en faire des congés familiaux,
d'autres disaient : On devrait y aller par la LNT et de faire que les 10 congés
familiaux prévus soient rémunérés plutôt que les deux, comme ce l'est actuellement.
Est-ce que votre recommandation s'inscrit dans cette idée-là ou c'est quelque
chose d'un peu différent?
Mme Dorismond (Shirley) :
Non, c'est... ça se lit de la même façon.
M. Leduc : Voulez-vous
élaborer un peu sur la recommandation n° 2?
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui. En fait, dans le fond, qu'est-ce qu'on veut, c'est vraiment avoir un
impact considérable. Donc, soit on... Pour vraiment maintenir la femme au
travail, on veut avoir une flexibilité pour laquelle elle peut moduler ses
congés, on veut que ça réponde à ses besoins réellement plus davantage et on
veut vraiment diminuer la charge mentale reliée au travail, à la surcharge de
travail que nos professionnelles vivent en ce moment.
M. Leduc : Parfait, merci. Et,
par rapport entre le choix d'y aller par la LNT ou par utiliser le RQAP pour
les congés familiaux, est-ce que vous aviez une préférence?
Mme Dorismond (Shirley) :
Bien, en fait, quand on intègre dans une loi sociale, on trouve que c'est plus
flexible dans ce sens-là et ça permet mieux une discussion favorable avec
l'employeur. Donc, l'intégrer dans une loi sociale, c'est plus favorable.
M. Leduc : Donc, ce que je
comprends, c'est RQAP que vous favorisez?
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui, oui.
M. Leduc : Parfait. Mais en
terminant, peut-être, je ne sais pas combien de secondes il me reste...
Le Président (M. Polo) : Cinq.
M. Leduc : Cinq? Bon. Vous
proposez l'adoption immédiate ou de reporter, comme certains groupes patronaux
l'ont suggéré?
Mme Dorismond (Shirley) : Ah!
adoption <immédiate...
Mme Dorismond (Shirley) :
...donc, l'intégrer dans une loi sociale, c'est plus favorable.
M. Leduc : Donc, ce
que
je comprends, c'est RQAPV que vous favorisez?
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui, oui.
M. Leduc : Parfait.
Mais
en terminant,
peut-être, je ne sais pas combien de secondes
il me reste...
Le Président (M. Polo) :
Cinq.
M. Leduc : Cinq? Bon.
Vous proposez de
l'adoption immédiate ou de reporter, comme certains
groupes patronaux l'ont suggéré?
Mme Dorismond (Shirley) :
Ah!
adoption >immédiate.
M. Leduc : Ça marche. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Polo) :
Merci. Je cède maintenant la parole à la porte-parole du troisième groupe
d'opposition.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup, M. le Président. Merci à vous deux pour votre excellente présentation
et votre travail absolument crucial à tous les jours de notre vie au Québec.
Donc, je vais continuer sur le même thème,
la question de la flexibilité. Donc, vous parlez de fractionner en semaines, certains
nous disent que ce serait intéressant de pouvoir, donc, profiter de l'occasion
de cette réforme pour avoir un certain nombre de journées de congé mobiles dans
les années qui suivent, là, le retour au travail, donc, par exemple, dans les
premières années qui, on le sait, sont très exigeantes en termes de
conciliation travail-famille.
Est-ce que vous avez une recommandation
précise, par exemple, certains nous disaient l'ajout de 10 à 20 jours
mobiles dans les deux, trois, quatre premières années, donc, qui vont suivre le
retour au travail?
Mme Dorismond (Shirley) :
Oui. Bien, pour nous, bon, c'est vrai que les enfants tombent malades, le zéro
à deux ans, on dit beaucoup que c'est superimportant pour le développement de
l'enfant, ça fait que je suis tout à fait d'accord avec ce que vous dites, mais
la prolongation de la prise de congé jusqu'à 104 semaines vient simplement
protéger la rémunération, hein, de la prise de congé des travailleuses. Dans
notre convention collective, ça prévoit aussi d'ailleurs la possibilité de
prendre des congés partiels sans solde sur une période maximale de deux ans. Donc,
ce que nous demandons aujourd'hui, c'est d'étendre ce droit à toutes les
nouvelles familles admissibles et au RQAP, et que ces familles-là puissent
avoir au moins l'option d'étendre leur prestation jusqu'à ce congé partiel sans
solde.
Mme
Hivon
:
O.K. Donc, vous n'avez pas de demande précise au-delà de l'idée de l'étendre
sur une période de deux ans.
Mme Dorismond (Shirley) :
Non, c'est ça.
Mme
Hivon
:
O.K., parfait. Puis, pour bien, bien comprendre la question du partage du congé
parental, je comprends que vous êtes d'accord avec l'idée d'un incitatif de
quatre semaines, mais vous voulez que ça s'applique dès lors qu'il pourrait y
avoir une seule semaine, par exemple, de prise du congé parental par le père,
donc de ne pas mettre de limite, ne pas mettre de seuil minimal pour que ce
quatre semaines-là puisse être additionné, est-ce que c'est ça?
Mme Dorismond (Shirley) :
Bien, en fait, on ne veut pas qu'il y ait de conditions. On veut avoir
l'incitatif de quatre semaines, puis à la seule condition du quatre semaines,
c'est qu'il y a un partage entre les deux parents, de façon de... la flexibilité
puis l'incitatif.
Mme
Hivon
:
Mais concrètement, vu que ça se calcule en semaines, ça veut dire dès lors qu'il
y aurait une semaine du congé parental prise par l'autre conjoint.
Mme Dorismond (Shirley) :
Exact.
Mme
Hivon
:
Et est-ce que cette prise-là pourrait être en même temps que la mère ou...
Le Président (M. Polo) : Mme
la députée, votre temps… malheureusement, oui.
Mme
Hivon
:
Je n'ai plus de temps. Bon, on s'essaie toujours, mais je n'ai plus de temps. Merci
<beaucoup...
Mme Dorismond (Shirley) :
...incitatif.
Mme
Hivon
:
Et concrètement, vu que ça se calcule en semaines, ça veut dire dès l'or qu'il
y aurait une semaine du congé parental pris par l'autre conjoint.
Mme Dorismond (Shirley) :
Exact.
Mme
Hivon
:
Et
est-ce que cette prise-là être
en même temps que la mère...
Le Président (M. Polo) :
Mme la députée, votre temps...
malheureusement, oui.
Mme
Hivon
:
Je n'ai plus de temps. Bon, on essaye
toujours mais je n'ai plus de
temps.
Merci >beaucoup.
Le Président (M. Polo) :
Merci. Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux. En terminant, je
dépose les mémoires des organismes non entendus. La commission ayant accompli
son mandat, on ajourne ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 11 h 57)