Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
jeudi 17 septembre 2020
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Vol. 45 N° 61
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 51, Loi visant principalement à améliorer la flexibilité du régime d’assurance parentale afin de favoriser la conciliation famille-travail
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Intervenants par tranches d'heure
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IsaBelle, Claire
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Boulet, Jean
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Boulet, Jean
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IsaBelle, Claire
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Derraji, Monsef
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LeBel, Harold
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IsaBelle, Claire
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Boulet, Jean
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Derraji, Monsef
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LeBel, Harold
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LeBel, Harold
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IsaBelle, Claire
15 h (version révisée)
(Quinze heures trois minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, attention. À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail
ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le projet
de loi n° 51, Loi visant principalement à améliorer la flexibilité du
régime d'assurance parentale afin de favoriser la conciliation travail-famille.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par
M. Chassin (Saint-Jérôme); Mme Boutin (Jean-Talon) est remplacée par
Mme Lachance (Bellechasse); et Mme Richard (Duplessis) est remplacée
par M. LeBel (Rimouski).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Mme la secrétaire, y a-t-il des droits de vote par procuration?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. M. Bélanger (Orford) dispose d'un droit de vote par
procuration au nom de Mme Jeannotte (Labelle); et M. Derraji (Nelligan)
dispose d'un droit de vote par procuration au nom de M. Leitão
(Robert-Baldwin).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, cet après-midi, nous entendrons les groupes suivants : la
Centrale des syndicats démocratiques ainsi que l'Alliance du personnel
professionnel et technique de la santé et des services sociaux. Nous souhaitons
immédiatement la bienvenue à M. Vachon et à Mme Bédard, de la Centrale des
syndicats démocratiques. Tel que convenu, vous avez 10 minutes pour présenter
votre exposé, et, avant de commencer, je vous invite à bien vous présenter.
M. Vachon (Luc) :
Alors, merci. Bonjour, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre, Mmes, MM.
les députés. Alors, bien, je me présente, Luc Vachon, président de la Centrale
des syndicats démocratiques. Je suis accompagné par Sophie Bédard, militante
responsable nationale à la condition féminine à la CSD.
Alors, d'abord, merci de cette occasion
qui nous est donnée de présenter les suggestions de la CSD pour bonifier le projet
de loi n° 51, toujours dans le but d'améliorer la flexibilité du régime
d'assurance parentale, un régime d'avant-garde, soyons-en fiers, issu d'une loi
adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale, mais qui, comme toute chose,
demeure toujours perfectible. Nous saluons d'abord le fait que c'est,
effectivement, la voie choisie par le ministre, et non celle, plus facile,
souvent, de réduire le taux de cotisation, puisque, jusqu'à récemment, le
régime était en bonne santé financière, et, si la pandémie, le confinement et
leurs impacts économiques devaient affecter cette santé financière, nous
considérons que ce devrait être uniquement passager, surtout que les
modifications proposées ne sont pas très coûteuses, mais qu'elles sont
tellement nécessaires pour faciliter la vie des futurs <parents…
M. Vachon (Luc) :
...
et, si la pandémie, le confinement et leurs impacts économiques
devaient affecter cette santé financière, nous considérons que ce devrait être
uniquement passager, surtout que les modifications proposées ne sont pas très
coûteuses, mais qu'elles sont tellement nécessaires pour faciliter la vie des
futurs >parents.
Comme nous le démontrons dans le mémoire,
il y a des organisations pour lesquelles le taux de cotisation à quelque régime
de protection sociale que ce soit sera toujours trop élevé, peu importe les
avantages qu'il procure, et, par exemple, souvent, certaines ont poussé à hauts
cris dans certaines années où le taux de cotisation patronale au régime
n'augmentait que de 1,20 $, pour l'année entière, sur un salaire moyen de
40 000 $ au cours de cette année-là. Alors, c'est pour dire qu'il ne
faut pas s'arrêter uniquement au coût de la cotisation à ce niveau-là.
Le RQAP, rappelons-le, coûte un peu plus
cher que le volet des congés parentaux de l'assurance-emploi, mais il procure
tellement plus. Alors qu'il faut 600 heures de travail pour se qualifier
aux congés parentaux de l'assurance-emploi, des gains de 2 000 $
suffisent au RQAP, ce qui crée beaucoup moins d'exclusions. Les travailleuses
autonomes sont couvertes d'emblée par le régime québécois, alors que ce n'est
le cas que depuis 2010 au fédéral, et ce, à condition de payer la totalité du
taux de cotisation de l'assurance-emploi, et, au final, pour n'avoir droit
qu'aux prestations spéciales. Il n'y a pas de semaine de carence dans le régime
québécois. Le taux de remplacement du revenu est bien plus élevé au Québec que
dans le reste du Canada, ce qui rend l'arrêt de travail beaucoup moins onéreux
et procure une tranquillité d'esprit plus grande, une condition primordiale
pour bien prendre soin d'un enfant.
Le revenu maximal assurable est presque
50 % plus élevé au Québec que dans le reste du Canada, soit 78 500 $
versus 54 200 $, ce qui fait que, pour la plupart des Québécoises et des
Québécois, le taux de remplacement du revenu est vraiment celui affiché. Si ce
n'était de l'adoption du RQAP, avec sa durée de prestations de pratiquement un
an, les congés parentaux fédéraux seraient probablement encore d'une durée de
six mois. Le régime québécois comporte un congé spécifique pour les pères, dont
ceux-ci profitent de plus en plus souvent, passant de 56 % en 2006 à
70 % en 2017, ce qui envoie un signal très clair qu'au Québec on souhaite
que les pères prennent plus de place dans le soin de l'éducation des enfants.
Enfin, sur le plan économique, le RQAP a
aussi un impact important en combinaison avec la création des places en
garderie à prix réduit. Le taux de participation des femmes au marché du
travail a crû davantage au Québec qu'ailleurs au Canada. Alors que le taux
d'activités des femmes de 15-64 ans tirait de l'arrière au Québec en 2005,
il devance maintenant de quelques points de pourcentage celui du Canada, qui
inclut le Québec, et celui de l'Ontario. Cette hausse du taux d'activité des
femmes a même certainement contribué à décaler de quelques <années...
M. Vachon (Luc) :
...des femmes de 15-64 ans tirait de l'arrière au
Québec en 2005,
il devance maintenant de quelques points de pourcentage celui du Canada, qui
inclut le Québec, et celui de l'Ontario. Cette hausse du taux d'activité des
femmes a même certainement contribué à décaler de quelques >années le
phénomène de la rareté de main-d'oeuvre dans de nombreux secteurs d'activité au
Québec et apporte une contribution économique importante. C'est tout ça qu'il
faut considérer quand on parle du taux de cotisation au RQAP, le seul coût du
régime étant loin de tout révéler.
Venons-en au projet de loi n° 51
lui-même. Nous n'en commenterons pas chacun des articles, mais nous mettrons
l'emphase sur ce qui, selon nous, peut être amélioré. Selon nous, la période de
paiement des prestations de maternité doit être prolongée jusqu'à 26 semaines
après la date de l'événement, plutôt que 20 semaines proposées, et ce,
pour éviter que certaines situations fassent perdre des semaines de prestations
de maternité à une nouvelle mère.
• (15 h 10) •
Nous appuyons la création des prestations
parentales exclusives aux nouveaux parents dans le cas de naissances ou d'adoptions
multiples, des prestations qui seront rémunérées au meilleur taux de
remplacement du revenu applicable, soit 70 % dans le régime de base,
75 % dans le régime particulier. Nous saluons le fait que le gouvernement
ait finalement décidé de réaliser sa promesse électorale d'accorder le même
nombre de semaines de prestations pour les parents adoptants que pour les
parents biologiques, et ce, à l'intérieur du même régime, et non dans un régime
parallèle. La solution proposée par les amendements déposés le 12 mars dernier,
création de prestations d'accueil et de soutien à l'adoption d'une durée de 13
ou 12 semaines, selon le régime qui est choisi par les parents, établira
l'équité de traitement entre parents biologiques et adoptants, qui, s'ils
vivent des situations différentes, ont besoin d'autant de temps, les uns que
les autres, auprès de leurs enfants. La période à l'intérieur de laquelle les
prestations parentales de paternité et d'adoption peuvent être prises doit être
prolongée, des 78 semaines proposées, à 104 semaines, ceci dans le
but d'accorder véritablement plus de flexibilité aux parents et d'éviter la
multiplication des situations particulières.
Nous recommandons que les trois ou quatre
semaines additionnelles de prestations soient accordées à la seule condition
qu'elles soient partagées, entre les parents, sans condition quant au partage
préalable des autres semaines partageables du congé parental. Nous recommandons
que l'article 11 du projet de loi n° 51 soit modifié afin que le parent
seul ait droit aux prestations prévues pour l'autre parent, et, évidemment, non
utilisées par l'autre parent, et ce, dans tous les cas pour lesquels le RQAP
prévoit des prestations exclusives. Nous recommandons aussi, dans ces cas, que
le parent seul puisse attribuer les semaines de prestations ainsi transférées à
la personne de son choix, pourvu que cette personne prenne soin de l'enfant et
soit admissible au régime. Pour que cette attribution devienne possible, la LNT
doit aussi être modifiée pour que les personnes choisies par le parent seul
pour recevoir ses prestations jouissent des mêmes droits que les autres congés
parentaux.
Nous recommandons que le gouvernement
adopte l'article 8 du <projet...
M. Vachon (Luc) :
…
que cette personne prenne soin de l'enfant et soit admissible au
régime. Pour que cette attribution devienne possible, la LNT doit aussi être
modifiée pour que les personnes choisies par le parent seul pour recevoir ses
prestations jouissent des mêmes droits que les autres congés parentaux.
Nous recommandons que le gouvernement
adopte l'article 8 du >projet de loi afin d'accorder un délai de deux
semaines aux parents avant la cessation des prestations, dans le cas de décès
de l'enfant pendant la période de prestations, et que lui soit ajouté un alinéa
qui prévoit que tout parent d'un enfant décédé ait droit à deux semaines de
prestations pour le deuil quand le parent est encore admissible aux
prestations, mais qu'il n'en touche pas au moment du décès de l'enfant, et ce,
pour éviter que le deuil se complique de situations financières indues.
Nous recommandons que l'article 14 du
projet de loi soit adopté pour éliminer la notion de revenu familial, mais ce
n'est pas suffisant. Il faut préciser aussi, à cet article, que les seuils
minimums et maximums doivent être révisés, parce que, 20 ans plus tard, il
en est plus que temps. Le plafond de 80 % du revenu hebdomadaire moyen
doit sauter, parce que ce sont... ce dont les gens ont besoin, c'est d'une
majoration permettant de combler le revenu insuffisant d'un parent, pas d'une
barrière artificielle limitant cette majoration.
À la CSD, nous approuvons ce pouvoir
réglementaire, accordé à l'article 21 du projet de loi, au conseil de
gestion, parce que ce conseil est tripartite, parce qu'il permettra
d'expérimenter les nouvelles mesures et de corriger le tir, si le besoin s'en
fait sentir, avant de généraliser une pratique. Nous recommandons aussi qu'un
des premiers projets pilotes vise à documenter ce qui se fait dans les autres
pays pour inclure les nouvelles mères qui ne reçoivent pas de prestations de
maternité et à suggérer, au terme de cette étude, des moyens de les inclure.
Signalons qu'en 2018 quelque 100 000 naissances n'ont pas généré de
demande de prestations des RQAP. Nous recommandons au gouvernement de modifier
la Loi sur les normes du travail de façon à ce que les 10 journées de
maladie ou pour raisons familiales soient rémunérées, et non seulement les deux
premières journées. Cette mesure aiderait grandement les personnes, dont les
non syndiquées en particulier, à réduire leurs pertes de revenus de travail.
Et enfin nous proposons que cette volonté
de favoriser la conciliation famille-travail ne s'arrête pas à des
modifications apportées au RQAP et que, pour donner une impulsion forte à ce
projet, le ministre du Travail adopte une loi-cadre sur la conciliation
famille-travail-études, comme la CSD et des partenaires de la coalition sur le
sujet le recommandent depuis quelques années. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci,
M. Vachon pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, vous avez 16 minutes.
M. Boulet : Oui, merci, Mme la
Présidente. Dans un premier temps, bien sûr, j'aimerais remercier la CSD, un,
pour la qualité de son mémoire, deux, pour la belle présentation. M. Vachon... Luc,
on se connaît bien... peut-être quelques <échanges…
M. Boulet : ...Oui, merci,
Mme la Présidente.
Dans un premier temps, bien sûr, j'aimerais remercier
la CSD, un, pour la qualité de son mémoire, deux, pour la belle présentation.
M. Vachon... Luc, on se connaît bien... peut-être quelques >échanges.
Effectivement, les coûts sont peu élevés. Il faut rappeler que les taux de cotisation
ont été baissés, en 2019, de 4 %; le 1er janvier 2020, de 6 %,
ce qui a généré des économies d'à peu près 141 millions de dollars, là,
pour les employeurs et les employés, incluant, bien sûr, les travailleurs
autonomes. J'apprécie vos commentaires, la fierté que la CSD exprime à l'égard
du caractère progressif de notre Régime québécois d'assurance parentale. Puis
souvenez-vous, en 2006, quand il y avait eu la négociation d'une entente Canada-Québec
et qu'on a créé notre propre régime au Québec, il y avait en même temps, dans
l'entente, une clause d'équivalence, et je pense que notre régime, il est, effectivement,
plus attrayant, non seulement en raison du salaire maximum assurable, qui est
plus élevé, mais en raison des bénéfices qui y sont inclus.
Il y a des éléments à l'égard desquels
j'aimerais vous entendre aussi de vive voix. Souvenez-vous que l'exemption pour
les revenus de travail était limitée à 25 % du montant de la prestation.
Donc, dès qu'une personne, pendant la réception des prestations parentales,
recevait 1 $ au-delà du 25 % de sa prestation, elle était pénalisée.
Donc, le 1 $ était retranché de sa prestation, alors que cette
exemption-là, pour les revenus concurrents, elle est montée à l'équivalent de
la différence entre le revenu hebdomadaire et la prestation parentale. Donc, si
une personne gagnait 700 $ et sa prestation était à 400 $, elle peut
accumuler des revenus concurrents hebdomadaires jusqu'à 300 $. Dans un
contexte de pénurie de main-d'oeuvre, j'aimerais entendre vos commentaires sur
cette mesure-là. Qu'en pense la CSD?
M. Vachon (Luc) :
Bien, en fait, on peut le prendre, bon, oui, sur l'angle de la pénurie de
main-d'oeuvre ou de la rareté de main-d'oeuvre. Ceci dit, là, j'aurais une
certaine retenue par rapport à ce point-là, pour ne pas que ça devienne...
parce que c'est... Je pense que vous voyez ça comme un incitatif, et il ne faut
pas que ça se transforme, en l'attachant à la pénurie ou la rareté de main-d'oeuvre,
comme étant une quasi-obligation détournée. Cependant, 2020, on est en plein
dans une situation où on peut parler de la transformation du monde du travail,
de la possibilité plus grande encore du télétravail.
Donc, à partir du moment où c'est
volontaire, c'est souhaité <qu'il n'y a pas...
M. Vachon (Luc) :
...on est en plein dans une
situation où on peut parler de la
transformation
du monde du travail, de la possibilité plus grande encore du télétravail.
Donc, à partir du moment où c'est
volontaire, c'est souhaité >qu'il n'y a pas d'imposition, mais que ce
n'est vraiment pas dans le coercitif, mais c'est dans l'incitatif, et que ça
permet aux gens, un, de rester un peu plus actifs à l'intérieur de
l'organisation, la possibilité, peut-être, de le reprendre, mais pas pour toute
la période, mais dans une période de réintégration à l'emploi progressive, la
possibilité encore <de le faire>, qui est de plus en plus grande,
de le faire à la maison, pour plusieurs personnes, peut-être, moi, je ne vois
pas de problématique, pour autant que ce soit clair. Puis c'est là où ma
réserve se ferait, sur le motif. C'est... Le rattacher à la rareté de main-d'oeuvre,
ce serait peut-être faire une ouverture à une forme... Ce n'est pas là-dessus.
Moi, je pense que c'est la transformation du marché du travail qui devrait
rendre ça plus permissif et plus fonctionnel.
M. Boulet : Oui. O.K. Votre
commentaire sur l'impact du RQAP quant à l'inclusion des femmes dans le marché
du travail sont quand même intéressants. Maintenant, j'aimerais qu'on fasse une
discussion sur la période d'étalement pour la prise des prestations paternité,
parentales et d'adoption. Vous savez qu'actuellement c'est 52 semaines.
Dans le projet de loi, on augmente la période d'étalement à 78 semaines.
Vous prônez 104 semaines. Qu'est-ce que vous dites aux groupes qui disent :
Ça devrait être limité à 52 semaines?
• (15 h 20) •
Évidemment, l'exemple classique qu'on
utilise souvent, c'est le comptable qui a une période de pointe, c'est la période
des impôts. L'étaler sur un an et demi, ça comporte un certain nombre de
bénéfices, parce qu'il peut répondre aux besoins de son employeur, puis ce
n'est pas qu'en comptabilité. L'employeur peut avoir des besoins... Ou le
travailleur autonome peut planifier son volume de travail en tenant compte de
sa capacité d'étaler la prise de son congé sur une plus longue période de
temps. Essayez donc de me donner vos commentaires sur la légitimité de 52
versus 78 et 104.
M. Vachon (Luc) :
Bien, 78, c'est déjà une belle avancée, soit dit en passant. Cependant, il y a
plein de dispositions qui disent : Bien, le conseil peut rajouter, peut
prévoir des périodes différentes, puis là on se prévoit des possibilités de
dérogation, puis d'ajouter, puis de changer la période. Puis donc il y en a
une, mention, aux 104 semaines. Et là, nous autres, on dit : Plutôt
que de se mettre à jouer dans une gymnastique d'exclusion, puis tout ça, <pourquoi...
M. Vachon (Luc) :
...peut prévoir des périodes différentes, puis là on se prévoit des
possibilités de dérogation, puis d'ajouter, puis de changer la période. Puis
donc il y en a une, mention, aux 104 semaines. Et là, nous autres, on dit :
Plutôt que de se mettre à jouer dans une gymnastique d'exclusion, puis tout ça,
>pourquoi on n'allonge pas la période, clairement ? Le 104 semaines
n'est pas une invention, c'est quelque chose qu'on va retrouver dans les cas
d'absence pour maladie, c'est des... Bon, alors, on allonge la période pour le
prendre, bon, on n'est pas dans des principes comptables quand on est là, là.
Alors, est-ce que, sur deux exercices financiers, c'est le comptable? Je ne
suis pas là, O.K., on n'est pas là. On est dans des mesures qui vont permettre
aux parents de s'ajuster, puis d'avoir une plus longue durée pour le prendre,
puis être capables d'adapter le mode de vie pour accompagner l'enfant, là, on
est dans des mesures comme celles-là.
Alors, nous, c'est le volet d'accumulation
des exclusions, je dirais, qui nous chicotait un peu, puis, si on est pour
faire des accumulations d'exclusions, pourquoi ne mettons-nous pas directement
une période un peu plus longue pour la prise?
M. Boulet : D'accord. En même
temps, il y a toujours le commentaire qu'évidemment, quand c'est trop
fréquemment fragmenté ça implique des conséquences pour l'employeur en termes
de formation, coûts de remplacement. Je pense qu'il faut trouver un bon
équilibre, puis il faut alléger aussi la façon administrative de le faire. Ça
prend quand même le consentement de l'employeur pour l'étalement. De façon
générale, ça se fait très bien, et je pense que, comme vous le dites, c'est
quand même une avancée, moi, que je considère considérable, là, d'aller à 78
semaines.
Les deux semaines de décès, j'aimerais ça,
par crainte, un peu, de manquer de temps... Actuellement, quand un enfant
décède, la personne peut continuer de recevoir... sauf la mère, qui continue de
recevoir ses prestations de maternité, mais quelqu'un qui est en parental, les
prestations cessent la semaine du décès. Dans le projet de loi, on crée une
présomption de deux semaines, donc il y a un report du moment de cessation du
versement des prestations de deux semaines. Est-ce qu'à ce sujet-là on se
comprend bien, M. Vachon? Parce que dans votre mémoire, je n'étais pas sûr qu'on
avait la même compréhension de ce qu'il y avait dans le projet de loi.
M. Vachon (Luc) :
On a la même compréhension. Mais, pour que le deux semaines s'applique, il faut
que la personne — c'est notre lecture — soit déjà à
recevoir les prestations. Si une personne n'est pas à recevoir des prestations,
notre lecture est que ça ne lui déclenche pas le droit aux prestations, alors
que, nous, on dit : À partir du moment où il y a un décès, que le parent
soit ou pas à recevoir des prestations, il devrait y avoir droit.
M. Boulet : Alors, ce qui est
prévu, M. Vachon, c'est que, si le père n'en reçoit pas, il pourrait avoir
droit de recevoir des prestations pendant...
M. Vachon (Luc) :
Deux semaines. Voilà.
M. Boulet : ...deux semaines, exact.
O.K. Donc, on a la même <compréhension...
M. Vachon (Luc) :
…
soit ou pas à recevoir des prestations, il devrait y avoir droit.
M. Boulet : Alors, ce qui
est prévu, M. Vachon, c'est que, si le père n'en reçoit pas, il pourrait avoir
droit de recevoir des prestations pendant...
M. Vachon (Luc) :
Deux semaines. Voilà.
M. Boulet : ...deux
semaines, exact. O.K. Donc, on a la même >compréhension. C'est parce que
j'avais l'impression que ce n'était pas ce qui avait été écrit dans votre
mémoire.
Les 10 jours de… Évidemment, là, on va
dans un autre... Tu sais, la Loi sur les normes du travail a été révisée, comme
vous le savez, il y a beaucoup de nouvelles dispositions qui sont entrées en
vigueur le 12 juin 2018. Et là pour les congés d'absence, maladie, pour
s'occuper, par exemple, de la santé, l'éducation des enfants... il y a un 10
jours, comme vous mentionnez. Parmi ce 10 jours-là, il y en a deux qui sont
rémunérés, et c'est ce que vous proposiez tout à l'heure. Mais évidemment, ce
n'est pas dans la Loi sur l'assurance parentale, c'est dans la Loi sur les
normes du travail, mais vous proposiez cette recommandation-là dans une
perspective de bonification de ce qu'on peut considérer comme une politique
familiale générale au Québec, c'est bien ça?
M. Vachon (Luc) :
Bien, effectivement, puis il y a... C'est parce qu'il peut y avoir des courants
qui vont dire qu'il peut y avoir du fractionnement quotidien, du fractionnement
en journées, par exemple. Nous, ce qu'on croit, c'est que l'accompagnement, là,
des obligations familiales parentales, qui arrive en cours de route, ne devrait
pas être soustrait d'aucune façon au niveau des prestations parentales. Alors,
c'est par souci de compléter notre démarche de réflexion, de dire : Oui,
il va se produire des situations par après, et ça devrait être les journées
prévues aux normes qui couvrent ça, pas des prestations parentales.
M. Boulet : O.K., oui, j'ai
bien compris. Puis j'aimerais ça, maintenant, vous entendre... Comme vous avez
vu dans le projet de loi n° 51, on soumet la possibilité au conseil de
gestion, par voie réglementaire, de mettre en place des projets pilotes. Comme
vous savez, les projets pilotes sont limités dans le temps, nous permettent de
tester des formules, des programmes ou des mesures, par exemple, pour les
étudiants, par exemple, pour les femmes entrepreneures, ou autres. Évidemment,
il faut que la disposition habilitante soit très claire pour que le pouvoir
réglementaire n'excède pas ou n'aille pas au-delà de la compétence conférée par
la loi. Je pense que c'est un principe qui est fondamental.
Mais j'aimerais vous poser une question
pratique, Luc : Est-ce que, si vous aviez à faire la suggestion d'un
projet pilote que vous considéreriez pertinent pour un groupe ou pour une
entité dans la société québécoise, qu'est-ce vous diriez?
M. Vachon (Luc) :
Bien, je dirais que le premier qu'on suggère, là, que... D'ailleurs, dans mon
introduction, ce que je vous soulevais, ce qui nous a interpellés, c'est qu'il
y a quand même, et là les dernières données, c'est 2018, mais
10 000 naissances qui n'ont pas généré de demandes de prestations de
RQAP. Et ça, quand on a vu ça dans les statistiques, on s'est <dit...
M. Vachon (Luc) :
...qu'on suggère, là, que... D'ailleurs, dans mon introduction, ce que je vous
soulevais, ce qui nous a interpellés, c'est qu'il y a quand même, et là les
dernières données, c'est 2018, mais 10 000 naissances qui n'ont pas
généré de demandes de prestations de RQAP. Et ça, quand on a vu ça dans les
statistiques, on s'est >dit : 10 000 naissances pour
lesquelles on passe à côté au niveau de notre régime. Pourquoi? On ne le sait
pas. Bien, on dit : Ça, ça devrait être un des premiers projets qui soit
en place, de trouver où ça passe, pourquoi on passe à côté de
10 000 naissances comme ça, au niveau de notre régime, puis de voir
comment on est capables d'être plus inclusifs à ce niveau-là. Mais ça, c'est le
premier qu'on a identifié. Si vous voulez qu'on ait d'autres projets, je vous
dirais, là, là, comme ça, on n'a pas... je n'aurais pas de suggestion autre que
celle-là. Mais celui-là, ça, c'est vraiment celui qu'on avait adressé au
départ.
M. Boulet : Une espèce de
projet de recherche pour comprendre les facteurs qui expliquent que 10 000 naissances
ne sont pas suivies d'une demande de bénéfices au RQAP. Oui, c'est intéressant.
Mais quand on se compare au reste du Canada, vous savez que, notamment, les
pères, maintenant, un pourcentage, à peu près, de 70 % des pères prennent
le cinq semaines de congé de paternité. L'enjeu, c'est que les pères ne
partagent pas beaucoup et les mères le prennent. Je pense qu'à 80 % les
mères utilisent l'ensemble des prestations qui leur sont accessibles, et, quand
on compare au reste du Canada, là, les pères, c'est à peu près 10 %, le
chiffre qui m'est donné. Il y a une... C'est quand même assez remarquable de
constater cet écart-là.
Peut-être, dernier point, il reste deux
minutes, l'investissement ou l'implication des pères dans la sphère familiale.
Est-ce que vous pensez que c'est légitime d'avoir un incitatif, dans le projet
de loi, pour permettre un dialogue entre les deux parents pour s'assurer que le
père s'implique au-delà du congé de paternité et puisse participer au
partageant parental?
M. Vachon (Luc) :
Là, vous faites probablement référence aux semaines bonifiées à partir du
moment où il y a un partage de huit ou 10 semaines, là, selon le cas. Bon,
on n'est pas contre le principe. La seule chose, c'est qu'on trouve qu'au
change, pour l'un ou l'autre des parents, échanger 10 semaines pour en
avoir quatre, bien il n'y a pas beaucoup...
M. Boulet : Ce n'est pas un
échange, Luc.
M. Vachon (Luc) :
Bien, en fait, ce n'est pas un échange, mais il y a un des parents qui cède.
M. Boulet : Si les deux
prennent chacun 10, il y a un ajout de quatre semaines.
M. Vachon (Luc) :
Il y a un ajout, mais il y a quand même six semaines de moins pour...
minimalement.
M. Boulet : Non, non. Si les
deux prennent 10 semaines dans le partageable, ils ont droit à l'incitatif
d'avoir un quatre semaines partageables additionnelles.
M. Vachon (Luc) :
Je suis d'accord avec vous, mais il y a un des deux parents qui doit céder, si
on peut dire ça comme ça, à l'autre, le 10 semaines.
• (15 h 30) •
M. Boulet : Non, il n'y a rien
d'obligatoire. C'est un... On voit ça comme étant un incitatif qui favorise le
dialogue et qui...
15 h 30 (version révisée)
17899 M. Boulet : ...quatre
semaines partageables additionnelles.
M. Vachon (Luc) :
Je suis d'accord avec vous, mais il y a un des deux parents qui doit céder, si
on peut dire ça comme ça, à l'autre le 10 semaines.
M. Boulet : Non, il n'y a rien
d'obligatoire. C'est un... On voit ça comme étant un incitatif qui favorise le
dialogue et qui permet un investissement supérieur du père dans la sphère
familiale.
M. Vachon (Luc) :
Non, mais je répète, on n'est pas contre, et loin de là, que les pères
s'impliquent plus, loin de là. Ceci étant, peut-être que la formule pour y
arriver, du 10 semaines partagées pour en obtenir quatre additionnelles,
je vous dirais, en équation, il nous semble que l'incitatif n'est pas là.
M. Boulet : O.K. Merci beaucoup,
M. Vachon, ça complète, et on aura l'occasion d'en rediscuter certainement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Nous allons maintenant avec le porte-parole de l'opposition
officielle, avec le député de Nelligan. Vous avez... ou vous disposez de 10 min 40 s.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. <Bienvenue, merci pour votre présence. >Bienvenue, merci
pour votre présence et pour l'excellent rapport.
Je retiens votre remarque par rapport à
l'impact de l'amélioration du RQAP sur le marché du travail depuis 2005. Donc,
c'est quand même très positif, l'impact du régime.
Dans le rapport, vous avez mentionné
quelque chose qui m'a fait un peu sourire par rapport aux cotisations de
l'assurance parentale, que les associations patronales vont toujours la
considérer comme une taxe sur la masse salariale plutôt que comme la
contribution des employeurs au mieux-être social. Je ne sais pas si vous avez
suivi notre première journée d'échange. Il y avait presque... probablement presque
un consensus que le régime offre des bonnes possibilités et qu'ils trouvent que
c'est bon d'aller de l'avant.
La conciliation travail-famille, c'est
aussi présent dans plusieurs PME. J'ai moi-même eu l'occasion d'en rencontrer plusieurs.
Je pense qu'on évolue doucement, je pense qu'on évolue tous doucement pour
cette compréhension, que ça soit côté patronal ou côté syndicats aussi, et je
pense que, si les deux travaillent, au bout de la ligne c'est les travailleurs
et travailleuses qui vont en bénéficier.
Première question, dernière question du ministre
par rapport à l'implication des pères, je pense que vous êtes ouverts à l'idée
d'avoir... d'offrir aux parents... aux pères une meilleure implication. Mais,
pour vous, l'incitatif, il n'est pas là. Ça veut dire : partager 10
semaines pour… entre eux, ce n'est pas un bon incitatif. C'est quoi, votre
proposition pour que ça soit plus une bonne offre pour une bonne implication
des pères?
M. Vachon (Luc) :Bon. Bien, en fait, qu'il y ait un partage, c'est une chose,
mais, comme j'expliquais, c'est... Dans la formule, il y a un des deux parents
qui doit partager — je vais reprendre le terme comme ça, parce que c'est
comme ça, le partage, là — mais il doit partager un minimum de huit
ou de 10 semaines, et ça redonne trois ou <quatre...
M. Vachon (Luc) :
...partage, c'est une chose, mais, comme j'expliquais, c'est... Dans la
formule,
il y a un des deux parents qui doit partager
— je
vais reprendre le terme comme ça, parce que c'est comme ça, le partage, là
— mais
il doit partager un minimum de huit ou de 10 semaines, et ça redonne trois ou >quatre
semaines de bonification. Alors, c'est... Comme au niveau des statistiques c'est
majoritairement les femmes qui prennent le congé parental, comme ce sont majoritairement
elles qui vont devoir céder, bien, ça va réduire la durée, ça va la réduire de
10 pour les céder aux pères, bien entendu, puis ça, c'est correct, mais la
bonification est de quatre. Pourquoi la bonification ne serait que de quatre et
pourquoi ce ne serait pas, par exemple, que chaque semaine jusqu'à concurrence
de 10, chaque semaine qui est partagée, elle n'est pas coupée de... Pourquoi la
femme est obligée de réduire de ce niveau-là? Ça fait que c'est le deal, dans
le fond, là, de 10 semaines pour quatre semaines, nous, on considère que ce
n'est pas un bon deal au change.
M. Derraji : Donc, pour vous,
la proposition pour avoir une meilleure implication des pères n'est pas assez
suffisante pour avoir sur le terrain du concret une implication des pères, même
si c'est partageable et ça te redonne un bonus de quatre semaines, parce qu'au
bout de la ligne, vous, le calcul que vous faites… il y a quelqu'un qui perd
dans le couple, même si on rajoute quatre semaines. Est-ce que j'ai bien
compris?
M. Vachon (Luc) :
Oui, et c'est la mère qui perd, soit dit en passant.
M. Derraji : O.K. Et c'est
quoi, votre proposition?
M. Vachon (Luc) :
Bien, ce qu'on a fait comme proposition, c'est qu'à partir du moment où il y a partage,
qu'il y ait bonification sans égard au mode de... aux conditions de partage.
M. Derraji : On partage, on
prend le bonus de quatre semaines, mais on ne touche pas à l'acquis de la femme
par rapport à ses semaines?
M. Vachon (Luc) :
Voilà.
M. Derraji : O.K. Bon, c'est
bon.
Une voix : …
M. Derraji : Aujourd'hui, il
n'y a pas de droit de parole. Je sais que vous allez être tenté, je sais que
vous allez être tenté! Non, mais c'est un bon point que vous avez soulevé, et donc
je voulais aller au bout de la réflexion, je pense que c'est clair. Vous avez
votre réponse, j'ai la mienne.
M. Boulet : Au profit de la
compréhension.
M. Derraji : Oui, oui. Non,
mais sérieux! Bien, je voulais... Parce que vous avez initié la discussion, je
voulais voir vraiment le fond de la pensée, on l'a. Après, qu'est-ce qu'on va
faire avec la conclusion, rendu à l'article par article? Je vais aller voir
jusqu'à quel point vous voulez aller avec moi.
<Page 30… >Page 30,
quatrième paragraphe — je vais vous lire, parce que j'aimerais bien
voir qu'est-ce que vous en pensez : «Nous recommandons aussi dans ces cas
que le parent seul puisse attribuer les semaines de prestations ainsi
transférées à la personne de son choix, pourvu que cette personne prenne soin
de l'enfant et soit admissible au régime.» C'est la première fois que j'entends
cette proposition, ça a piqué ma curiosité. Avez-vous un cas concret ou un
exemple à nous partager?
M. Vachon (Luc) :
Bien, il peut y avoir des cas où, par exemple, l'un des... Il peut y avoir des
cas de séparation, des divorces où l'autre parent n'assume pas ses <responsabilités...
M. Derraji : ...
proposition,
ça a piqué ma curiosité. Avez-vous un cas concret ou un exemple à nous
partager?
M. Vachon (Luc) :
Bien, il peut y avoir des cas où,
par exemple, l'un des... Il peut y
avoir des cas de
séparation, des divorces où l'autre parent n'assume pas
ses >responsabilités parentales et où il n'a pas... il ne se prévaut pas
à ce niveau-là des bénéfices. Alors, il peut y avoir à ce moment-là la possibilité
pour le parent, quand... — puis on le répète, parce que, ça, il faut
le dire avant — et pourvu que l'autre parent ne le prenne pas, là,
qu'il puisse être transféré à une autre personne à ce moment-là. Et il n'y a
pas deux personnes qui en bénéficient, mais ça arrive, soyons francs, là, ça
arrive où il n'y a qu'un seul parent qui assume la charge, et à ce moment-là on
pense qu'il devrait pouvoir transférer.
M. Derraji : O.K. À la personne
de son choix, genre : il pense que quelqu'un d'autre de sa famille proche
peut accompagner son enfant, son bébé. Vous, vous suggérez que tout ce qui est
prestations soit versé directement à cette personne qui le prend en charge?
M. Vachon (Luc) :
Oui.
M. Derraji : Peu importe cette
personne?
M. Vachon (Luc) :Tu sais... Bien, en fait, peu importe la personne... C'est la
personne qui vient aider le parent, c'est... qui vient aider la mère, par
exemple, ou la personne qui vient l'aider pour prendre soin. Alors, peu importe
c'est qui, que ce soit un membre de sa famille, une personne proche, pour
autant qu'elle soit admissible, l'idée, c'est d'avoir quelqu'un qui soutienne,
qui est là, alors… puis qui aide aux soins, puis c'est ce qui est soulevé.
M. Derraji : J'ai... Désolé, parce
que, probablement, je n'arrive pas à saisir, parce que, si vous l'avez mis ici,
c'est sûr que c'est quelque chose que vous avez vu et… vous interpelle. Hier,
une intervenante, professeure de l'Université de Sherbrooke, parlait beaucoup
de liens affectifs, surtout dans le cas des parents adoptants. Moi, je me dis :
Est-ce que cette proposition, c'est parce qu'on parle d'un cas de naissance
normale, ou une séparation, par exemple, ou bien dans le cas de parents
adoptants, ou bien vous l'ouvrez «at large», la proposition? Je veux juste
comprendre comment un parent ne sera pas en mesure d'être en contact avec son
bébé et il va aller jusqu'au point de céder les prestations.
M. Vachon (Luc) :
Bien, le premier critère, là, c'est de donner le bénéfice au parent qui est
seul de bénéficier, parce qu'il y a deux possibilités dans ce qu'on a soumis.
On dit : S'il y a un seul des deux parents... Prenons les familles
monoparentales, les personnes… il n'y a pas d'autre parent pour le prendre, il
n'y a pas d'autre parent pour assumer, on dit : Bien, on devrait
transférer les prestations qui sont exclusives, de transférer à ce parent-là
pour qu'il ait... parce qu'il assume les deux rôles, bien… et puis il va avoir
besoin, il est seul pour assumer ça. Là, on dit : Bon, bien, admettons que
la personne n'est pas seule, bon, elle a des gens autour qui peuvent l'aider.
Bien, ça, c'est parfait, parce que ce qu'on cherche, c'est que la personne ne
soit pas seule.
Quand on parle d'implication des <pères...
M. Vachon (Luc) :
…transférer à ce parent-là pour qu'il ait… parce qu'il assume les deux rôles,
bien... et puis il va avoir besoin, il est seul pour assumer ça. Là, on dit :
Bon, bien, admettons que la personne n'est pas seule, bon, elle a des gens
autour qui peuvent l'aider. Bien, ça, c'est parfait, parce que ce qu'on
cherche, c'est que la personne ne soit pas seule. Quand on parle de
l'implication des >pères, c'est justement pour ne pas laisser la mère
seule aussi puis s'occuper de l'enfant, ce n'est pas idéal d'être seul. Donc
là, ce qu'on dit : Si la personne… elle n'est pas obligée d'être seule,
elle peut avoir une autre personne qui est toujours admissible au régime, que l'autre
parent, soit parce qu'il y a une séparation, un divorce, il est à l'externe, il
ne s'en occupe pas… Bien, si l'autre… si elle a quelqu'un pour l'aider, bien…
puis que l'autre parent ne bénéficie pas des prestations, il ne les demande
pas, donc, pourquoi on ne transférerait pas les droits ou une partie des droits
à la personne qui vient l'aider?
• (15 h 40) •
M. Derraji : Qui vient l'aider.
«Revoir le fractionnement de certains congés. L'article 29 du p.l. n° 51 crée des droits à géométrie variable pour le
fractionnement de certains congés. Cette solution ouvre la voie à plusieurs
arbitraires possibles.» Votre recommandation : adoption telle quelle du… article
29, «mais qu'il entreprenne une réflexion sur l'équité du traitement en matière
de fractionnement des congés.» Vous mentionnez aussi... Et quelle forme
prendrait cette réflexion, selon vous?
M. Vachon (Luc) :
Là, vous êtes à... vous étiez... Vous avez commencé à la page 29, hein, c'est
exact?
M. Derraji : À l'article 29...
Bien, en fait, je parle du fractionnement de certains congés, je veux juste
savoir votre réflexion par rapport au fractionnement de certains congés.
M. Vachon (Luc) :
Juste pour que je me replace...
(Consultation)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
50 secondes.
M. Vachon (Luc) :
...sur le fractionnement dont vous parlez. Ah! Fractionné en semaines? Bien, en
fait, c'est que c'est... Vous voulez savoir qu'est-ce qu'on veut dire?
Pouvez-vous reprendre la question, s'il vous plaît?
M. Derraji : Oui, oui, c'est
ça, la forme de réflexion, parce que vous avez dit que «crée des droits à
géométrie variable pour le fractionnement de certains congés, et cette solution
ouvre la voie à plusieurs arbitraires possibles.» Donc...
M. Vachon (Luc) :Bien, en fait, c'est que les droits... le fractionnement, à
l'heure actuelle, est uniquement si l'employeur y consent. Donc, il y aurait
d'autres dispositions, d'autres possibilités qui pourraient être envisagées
pour prévoir des modes de fractionnement différents. Bon. Maintenant, on n'a
pas précisé, là, actuellement, quelles modalités pourraient...quelles dispositions
devraient être appliquées, je pense qu'on l'a référé au niveau du conseil, mais
qu'il y ait une réflexion là-dessus sur quel genre de dispositions qui
pourraient venir faire en sorte que ce ne soit pas uniquement sur le
consentement de l'employeur, à ce moment-là, où le fractionnement est possible.
M. Derraji : O.K. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. C'est tout? Merci pour l'échange. Nous allons maintenant avec le troisième
groupe d'opposition, avec le député de Rimouski. Vous avez
2 min 40 s.
M. LeBel : Merci, <Mme
la...
M. Vachon (Luc) :
...venir faire en sorte que ce ne soit pas
uniquement sur le
consentement de l'employeur,
à ce moment-là, où le fractionnement est
possible.
M. Derraji :
O.K.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. C'est tout? Merci pour l'échange. Nous allons
maintenant avec le
troisième
groupe d'opposition, avec le
député de
Rimouski. Vous avez
2 min 40 s.
M. LeBel : Merci, >Mme
la Présidente. Bonjour. Vous avez de l'air à avoir du fun à cette commission-là,
vous avez de l'air à vous entendre. C'est bon. Moi, je remplace un peu, là, ma collègue
de Joliette, qui est là, qui a suivi ça, ça fait que vous allez m'excuser, là,
si je suis un peu nouveau, mais elle tenait à ce que je sois là, que quelqu'un
vienne pour vous entendre puis vous poser certaines questions. Sur... Puis
tantôt, j'entendais le ministre aussi sur… La crainte des employeurs, quand les
périodes pour prendre les prestations sont longues, c'est qu'on prenne des
congés pendant les rushs ou... Ça a de l'air à être un peu la crainte des
employeurs. Est-ce que vous pensez que ça peut être aussi le contraire? Est-ce
qu'on pourrait avoir plus de collaboration employeurs-employés pour planifier
les congés? Est-ce que ça pourrait être une occasion aussi pour permettre cette
concertation-là ou cette collaboration entre employeurs-employés, ce qui ferait
en sorte de ne pas empêcher le nombre de semaines de prestations?
M. Vachon (Luc) :
Bien, on va toujours favoriser qu'il y ait la collaboration, là, pour la prise
pour qu'elle soit le plus favorable. Il y a des prestations qui ne peuvent
pas... en tout cas, qui sont plus... Tu sais, il y a des prestations, là, qui
vont servir plus à proximité de la naissance. Donc, congé de maternité, on ne
se pose pas la question. Paternité, il y a une période actuellement plus
longue, mais en même temps on sait que ça doit servir un petit peu plus à
proximité de la naissance, là où la mère en a le plus besoin aussi. Mais,
après, il reste des congés parentaux qui peuvent arriver pour différentes considérations
autres après, tu sais, puis moi, je pense que c'est très légitime que les
parents ne veulent pas concentrer totalement là, parce qu'il y a des imprévus
qui vont arriver, il peut y avoir différentes situations qui vont se produire.
Ce n'est pas une ligne droite, hein, les deux premières années de naissance, ce
n'est pas une ligne droite, je vous le dis. Alors, qu'on permette ça...
Maintenant, est-ce qu'il peut y avoir des
aménagements qui soient regardés à ce moment-là, par exemple dans l'allongement
de la période, qui fassent qu'il y aurait telle ou telle condition? Oui, peut-être.
Oui. À ce moment-là, c'est pour permettre. Puis je réitère ce qu'on disait,
c'est : c'est déjà prévu. Mais, quand le conseil permet certaines… il se
penche sur la situation, il peut déjà allonger. Quelles sont les conditions qui
vont permettre d'allonger? Notre inquiétude, c'est qu'on va tomber dans du flou
puis peut-être des situations qui vont avoir des arbitraires entre différentes situations.
Alors, si on le permet, l'allongement, quelles sont les conditions qui
permettent l'allongement? Si on les clarifie, bien, peut-être qu'il faut juste
les mettre puis permettre l'allongement à 104 semaines. Ça aussi, ça peut se
regarder.
M. LeBel : Et quelles sont les
conditions? Ça pourrait être précisé, ces conditions-là, c'est ça que vous me
dites?
M. Vachon (Luc) :
C'est une des possibilités…
M. LeBel : Puis ce serait
comme quoi? Ça pourrait…
M. Vachon (Luc) :…mais pour éviter de tomber dans des situations qui peuvent,
des fois, être contradictoires ou différentes entre des situations.
M. LeBel : Ça pourrait être
quoi? Ça pourrait être…
M. Vachon (Luc) :
Bien, le premier qui me vient à <l'esprit…
M. LeBel : ...quelles sont
les conditions? Ça pourrait être précisé, ces conditions-là, c'est ça que vous
me dites?
M. Vachon (Luc) :
C'est une des
possibilités…
M. LeBel : Puis ce serait
comme quoi? Ça pourrait...
M. Vachon (Luc) :…mais pour éviter de tomber dans des situations qui peuvent,
des fois, être contradictoires ou différentes entre des situations.
M. LeBel : Ça pourrait être
quoi? Ça pourrait être...
M. Vachon (Luc) :Bien, le premier qui me vient à >l'esprit, ça va certainement
être des ennuis de santé de l'enfant qui vont arriver, là. Alors, si l'enfant a
des ennuis de santé, des fois, à la naissance qui vont demander des
traitements, qui vont demander des soins, qui vont demander des opérations
pendant une longue période, c'est le premier qui me viendrait à l'esprit, je vous
dirais.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci, c'est tout pour l'échange. Alors, merci, M. Vachon, merci, Mme
Bédard, pour votre contribution à la commission. Nous suspendons quelques
instants, le temps de donner du temps pour le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 52)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour. Nous poursuivons. Nous souhaitons maintenant la bienvenue à
l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services
sociaux, avec Mme Poirier et Mme Chabot.
Je vous invite à vous présenter avant de
commencer votre exposé de 10 minutes.
Mme Poirier (Andrée) : Andrée
Poirier, présidente de l'APTS, l'Alliance du personnel professionnel et
technique de la santé et des services sociaux. Bonjour.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Bonjour.
Mme Chabot (Fabienne) : Fabienne
Chabot, secrétaire à l'exécutif de l'APTS.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, vous pouvez commencer, oui.
Mme Poirier (Andrée) : Mme la
Présidente, mesdames, messieurs les parlementaires, permettez-moi tout d'abord
de vous remercier pour l'invitation à faire entendre le point de vue de
l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services
sociaux sur le projet de loi n° 51.
L'APTS est une organisation syndicale représentant
plus de 56 000 personnes partout à travers le Québec dont 86 % sont
des femmes qui occupent 106 titres d'emploi dans des secteurs du diagnostic, de
la réadaptation, des services psychosociaux ainsi qu'en nutrition, en
prévention et en soutien clinique. Nos membres pratiquent dans la grande
majorité des établissements du réseau : centres hospitaliers, centres
hospitaliers universitaires, CLSC, CHSLD, centres jeunesse, centres de
réadaptation et plusieurs établissements qui gravitent autour du réseau. L'APTS
a donc <une vue à la fois...
Mme Poirier (Andrée) :
…des
établissements du réseau :
centres hospitaliers,
centres hospitaliers universitaires, CLSC, CHSLD, centres jeunesse, centres de
réadaptation et plusieurs établissements qui gravitent autour du réseau. L'APTS
a donc >une vue à la fois globale et spécifique sur l'ensemble du réseau
de la santé et des services sociaux. En tant qu'organisation féministe,
nous sommes également interpellés par les enjeux liés aux droits parentaux et à
la conciliation famille-travail.
Depuis sa mise en place, il y a une
quinzaine d'années, le Régime québécois d'assurance parentale se démarque très
avantageusement du régime d'assurance-emploi qui prévalait avant 2006. En étant
plus accessible, plus généreux et en bénéficiant aux travailleuses et
travailleurs autonomes, le RQAP a certainement contribué à diminuer
l'appauvrissement des nouveaux parents à la suite de l'arrivée d'un enfant, et
ce, tout particulièrement pour les mères. Le régime a aussi accru la
reconnaissance du travail invisible effectué par ces nouveaux parents, encore
une fois majoritairement des mères, et a facilité la conciliation
famille-travail. Le RQAP constitue ainsi un outil important pour atteindre
l'égalité entre les femmes et les hommes du Québec.
Nous saluons le dépôt du projet de loi
n° 51 et ses mesures principales : une plus grande souplesse dans la
période allouée aux prestations, les modifications substantielles concernant
les prestations pour parents adoptants, la bonification du régime lors de
naissances ou d'adoptions multiples ainsi que la possibilité d'ajout de
semaines de prestations. Les demandes de l'alliance APTS-FIQ, dans le cadre des
négociations pour le renouvellement des conventions collectives du secteur
public, s'inscrivent dans cette vision des droits parentaux. Par conséquent,
nous accueillons très favorablement cette ouverture du gouvernement à davantage
de souplesse pour la conciliation famille-travail. Le projet de loi n° 51
est un pas dans la bonne direction. Nous sommes d'avis qu'il y a lieu d'en
faire encore plus pour soutenir les familles du Québec et favoriser la
conciliation famille-travail.
L'APTS appuie le mémoire rédigé dans le
cadre de cette commission parlementaire par Mme Ruth Rose, professeure
au Département d'économie de l'UQAM, au nom des 26 groupes de femmes,
groupes communautaires et organisations syndicales qui en sont signataires.
Nous n'aborderons pas les propositions qui y sont formulées, mais recommandons
aux parlementaires d'amender le projet de loi afin de les y intégrer — mémoire
qui sera présenté la semaine prochaine. Notre intervention aujourd'hui portera
sur le partage des prestations entre les parents et l'utilisation des
cotisations au RQAP en cas de surplus.
En tant qu'organisation composée à grande <majorité
par…
Mme Poirier (Andrée)T : …aux
parlementaires d'amender le
projet de loi afin de les y intégrer — mémoire
qui sera présenté la semaine prochaine. Notre intervention aujourd'hui
portera sur le partage des prestations entre les parents et l'utilisation des
cotisations au RQAP en cas de surplus.
En tant qu'organisation composée à
grande >majorité par des femmes, nous nous faisons un devoir de rappeler
que l'existence de mesures favorisant l'implication des pères auprès de leurs
enfants, et ce dès le plus jeune âge, est une condition essentielle pour
partager de façon durable les responsabilités entre les parents pour que le
rôle traditionnel qui revient encore aux femmes devienne enfin chose du passé.
En renforçant le rôle du père, on offre aux femmes la possibilité de mieux
concilier famille, travail et vie personnelle. Ce faisant, elles peuvent faire
les choix de carrière qu'elles souhaitent et accéder à de plus grandes
réalisations professionnelles, s'assurant ainsi une plus grande autonomie
financière et une meilleure rente à la retraite en plus de faire bénéficier
leur milieu de travail de leur expertise professionnelle. L'engagement paternel
a aussi de nombreux effets positifs, autant pour les parents que pour l'enfant,
en plus d'amener un partage plus équilibré dans les soins donnés aux enfants,
une plus grande égalité au sein du couple et de contribuer au maintien en
emploi des mères. Nous adhérons ainsi à l'objectif du projet de loi d'amener
les pères à s'impliquer davantage auprès de leur famille. C'est en effet une
mesure qui favorise l'égalité entre les hommes et les femmes.
L'ajout de quatre semaines du congé
parental, lorsqu'il y a un plus grand partage des semaines de prestations entre
les deux parents, soit une dizaine de… 10 semaines de congé parental
chacun, ne nous apparaît par contre pas être le meilleur moyen. Nous savons
qu'en réservant des prestations aux pères, le RQAP a permis au Québec de faire
un bond en avant en ce qui concerne la prise de congé de paternité et leur
implication auprès des enfants. Un rapport du Conseil de la famille et de
l'enfance publié en 2015 exposait d'ailleurs très bien en quoi ces prestations
réservées sont essentielles et qu'il faut tenir compte de la norme sociale
établie quant à la prise du congé de paternité. Le Conseil du statut de la
femme précise également dans cet avis que l'utilisation des congés parentaux ou
de paternité par les pères dépend de plusieurs conditions, à commencer par la
générosité du régime et le fait de réserver des congés aux pères. Il est
précisé que «lorsque le partage de congés entre la mère et le père est laissé à
la discrétion des parents, les pères prennent moins de congés». Les données
récoltées par le Comité de gestion de l'assurance parentale appuient d'ailleurs
ce constat.
Si le gouvernement souhaite mettre en
place un véritable incitatif à la prise du congé par les nouveaux pères, nous
l'encourageons fortement à envoyer un message clair en augmentant le nombre de
semaines de prestations de paternité accordées par le RQAP plutôt qu'en
accordant des prestations parentales conditionnelles qui ne permettront pas
nécessairement l'atteinte de l'objectif poursuivi.
• (16 heures) •
Une telle bonification inciterait les…
16 h (version révisée)
Mme Poirier (Andrée) :
...fortement à envoyer un message clair en augmentant le nombre de semaines de
prestations de paternité accordées par le RQAP, plutôt qu'en accordant des prestations
parentales conditionnelles, qui ne permettront pas nécessairement l'atteinte de
l'objectif poursuivi. Une telle bonification inciterait les pères à se
prévaloir du congé de paternité et à s'investir auprès de leur famille au cours
de la période postnatale, en plus d'inciter les gestionnaires et les employeurs
à reconnaître les responsabilités parentales des pères. Nous recommandons ainsi
que le nombre de semaines de congé de paternité soit porté à 10 pour le régime
de base, et à six pour le régime particulier, et ceci, sans réduction sur le
nombre de semaines de congé parental partageables.
Il faut également nous pencher sur le
financement du RQAP, et plus spécifiquement, sur l'utilisation des cotisations
des salariés et des employeurs québécois. Le communiqué diffusé par le cabinet
du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale pour annoncer
le dépôt du projet de loi n° 51 soulignait que ces deux plus récentes
diminutions des taux de cotisation du RQAP généreraient des économies annuelles
estimées à 131 millions pour les entreprises, 93 millions pour les
salariés. Pour l'APTS, cette réduction du taux de cotisation constitue surtout
un cadeau du gouvernement aux employeurs, car, en réalité, la plus récente
baisse de cotisation représentait annuellement, pour nos membres, plus ou moins
une quinzaine de dollars par contribuable.
En tant que société, on gagnerait bien davantage
à offrir des prestations plus généreuses aux mères et aux pères qui font le
choix de prendre un congé parental de longue durée, en se privant d'une part
importante de leurs revenus, plutôt que de retourner des sommes dérisoires aux
citoyennes, en leur faisant épargner une part de leur cotisation. Nous croyons
préférable de prioriser l'égalité entre les femmes et les hommes dans
l'organisation du travail, la mise en oeuvre des politiques publiques et le
déploiement des services tels que ceux offerts par le RQAP.
En terminant, nous saluons à nouveau le projet
de loi. Merci de nous avoir entendues. Nous sommes maintenant prêtes à répondre
à vos questions, mais, si, toutefois, vos questions portent sur des aspects
plus techniques et nécessitent des suppléments d'information que nous ne
serions pas en mesure de répondre ici, aujourd'hui, l'APTS acheminera à la commission
tous les documents nécessaires. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci pour votre exposé. Nous allons commencer la période d'échange avec M. le
ministre. Vous disposez de 16 minutes.
M. Boulet : D'abord, vous
remercier pour la qualité de votre présentation ainsi que le contenu de votre
mémoire. Évidemment, je n'aurai pas tant de commentaires, parce que vous êtes
favorables à la quasi-totalité des mesures de bonification du RQAP qui
apparaissent dans le projet de loi n° 51. Évidemment, vous soulignez, à
juste titre, le caractère de progressivité de notre régime. Vous le savez,
depuis que nous avons notre régime distinct, il a joué un rôle extrêmement
important dans le filet social familial québécois, puis je pense que tous les
partenaires du marché du travail sont <fiers de ce...
M. Boulet : ...
de
progressivité de notre régime. Vous le savez, depuis que nous avons notre
régime distinct, il a joué un rôle extrêmement important dans le filet social
familial québécois, puis je pense que tous les partenaires du marché du travail
sont >fiers de ce régime, qui assure, effectivement, l'égalité entre les
hommes et la femme. C'est, je pense, un bon pas dans la bonne direction à
l'effet de moderniser ce régime-là.
Le rôle des... Je vais aller tout de suite
aux cotisations, juste simplement pour vous rappeler que, oui, il y a eu deux
baisses consécutives, puis là vous prenez le total des deux baisses de cotisations
pour mentionner que ça représente un retour quand même significatif à ceux qui
cotisent. Mais les employeurs, actuellement, ils paient 7/12 de la cotisation,
puis les salariés, incluant les travailleurs, travailleuses autonomes, c'est
5/12. Il y a parfois... Puis il y a des groupes qui sont venus ici qui
recherchent l'égalité dans la contribution entre les employeurs et les
salariés. Quel serait votre commentaire principal à cet égard-là? Parce que
vous avez traité des cotisations, puis la loi précise : quand la santé
financière du régime le permet, quand il y a des surplus, ce qui a été le cas
en 2018 et en 2019, il y a eu des surplus considérables, qui ont permis une
baisse du taux de cotisation. Il va demeurer le même le 1er janvier 2021, mais
la loi nous impose soit de baisser le taux de cotisation ou d'améliorer les
prestations. C'est ce que nous faisons. J'aimerais vous entendre sur l'égalité versus
le partage actuel.
Mme Chabot (Fabienne) : Oui.
Ce n'est pas... c'est une bonne question que vous posez. On a entendu, effectivement,
l'écho, là, de groupes, là, peut-être, qui questionnaient cet aspect-là. Je
dois vous dire qu'on ne l'a pas étudiée, là, spécifiquement, cette question-là,
il faudrait qu'on prenne le temps d'y revenir. Cependant, peut-être, dans l'explication
que vous donnez sur la... effectivement, là, le retour, la possibilité de
réinvestir ou pas, est-ce que la loi aurait des limites là-dessus, là? Dans
votre expression, je ne suis pas certain d'avoir saisi.
M. Boulet : Non.
Mme Chabot (Fabienne) : Mais
pour nous, les surplus... En fait, le régime vient... on l'encense, parce qu'effectivement
il a amélioré la situation. Mais c'est sûr que, quand... si on prend la question
à l'envers : Est-ce que c'est normal, dans le fond, que soit père ou mère,
là, parent, qu'on soit dans une situation d'appauvrissement, hein, pendant une
période plus ou moins longue quand on choisit, là, de s'investir dans un projet
parental, un projet familial? C'est beaucoup mieux que c'était, mais c'est
encore le cas, hein, parce qu'on sait que les prestations sont d'environ
70 % pendant une période, mais peut-être 55 %.
Alors, c'est sûr qu'on est contents de
notre régime, mais, pour nous, quand on pense qu'il y aurait lieu, à terme, de
l'améliorer et puis d'aller vers un contexte où il reste qu'on n'ait pas à
faire des choix d'appauvrissement pour s'investir dans un <projet...
Mme Chabot (Fabienne) : …
sont
d'environ 70 % pendant une période, mais peut-être 55 %.
Alors, c'est sûr qu'on est contents de
notre régime, mais, pour nous, quand on pense qu'il y aurait lieu, à terme, de
l'améliorer et puis d'aller vers un contexte où il reste qu'on n'ait pas à
faire des choix d'appauvrissement pour s'investir dans un >projet
familial... Et, lorsqu'il y a des surplus, lorsqu'il y a des surplus qui sont
disponibles, bien là, c'est bien parce qu'on améliore plus en termes de
couverture de régime, on offre plus de choses, mais il faudrait aussi
envisager, possiblement, des améliorations en termes de taux, là, de
rémunération, là, temporaire parce qu'on pense que, là aussi, il y a des
améliorations à apporter.
M. Boulet : Donc, l'augmenter,
tant au régime de base que particulier, le pourcentage, pour que les
prestations soient plus élevées. Le pourcentage du revenu, là, on va jusqu'à un
maximum annuel assurable de 78 500 $, je le comprends. Donc, ce que
vous dites, c'est qu'on est mieux d'améliorer les prestations, plutôt que
de baisser le taux de cotisation. Ça a plus d'avantages d'améliorer les
prestations que d'inconvénients, et baisser le taux de cotisation, ça a peu d'impact.
Mme Poirier (Andrée) : …dans
le fond, ce qu'on dit aussi, c'est qu'on… ce projet de loi là favorise la
conciliation famille-travail puis, d'autre part, on dit que, s'il y a des
surplus, on va les redonner, on va baisser en taux de cotisation. On va
diminuer au lieu de réinvestir. C'est un programme qui est très favorable à la
conciliation famille-travail, par contre c'est un programme, quand même, qui
place les familles du Québec à faire des choix de diminution de salaire. On
parle ici de prestations de 70 % et de 55 %. Alors, pourquoi, quand
il y a des surplus, on les redonne aux entreprises, plutôt que d'améliorer le
programme et de viser de réduire l'appauvrissement de ces familles-là qui font
le choix d'avoir des enfants?
M. Boulet : Je pense qu'il
faut, je pense, trouver un bon équilibre. Je comprends très bien votre point de
vue. Je ne sais pas si vous avez entendu mon commentaire sur l'égalité de la
contribution pour la cotisation. Ce que je mentionnais à un groupe patronal, c'est
qu'aller à 50-50 ça représenterait une diminution de 14 % pour les
employeurs, mais une augmentation de 20 % pour les employés, incluant les
travailleurs, travailleuses autonomes. Et il y avait une raison historique, là,
parce qu'en 2006 quand on a négocié l'entente Canada-Québec et que Québec a
créé son propre régime, il y avait des clauses d'équivalence, et les
contributions sont demeurées les mêmes depuis cette époque-là.
Et l'augmentation des prestations, sachez
qu'il y a des belles bonifications, puis je sens le besoin de redire
l'importance de l'augmentation de l'exemption pour les revenus concurrents.
Alors qu'avant, dès qu'une personne gagnait plus que 25 % de sa prestation
<elle…
M. Boulet : ...Et
l'augmentation des prestations, sachez qu'il y a des belles bonifications, puis
je sens le besoin de redire l'importance de l'augmentation de l'exemption pour
les revenus concurrents. Alors qu'avant, dès qu'une personne gagnait plus que
25 % de sa prestation >elle était pénalisée, là, elle peut gagner
jusqu'à l'équivalent de la différence entre son revenu hebdomadaire et le
montant de la prestation. Pour moi, c'est un gain extrêmement intéressant pour
les personnes qui bénéficient du RQAP.
• (16 h 10) •
Et la possibilité d'étaler, vous allez me
dire : Ça doit se faire avec le consentement de l'employeur, mais c'est
aussi un avantage qu'on considère comme étant considérable. Puis on a encore
des problématiques de dissension entre des groupes patronaux qui préféreraient
que ça demeure à 52 semaines, 20 pour le congé de maternité, et d'autres
qui souhaitent que ça aille à 104 semaines. Je pense, encore une fois, qu'on
a trouvé un bon équilibre, puis c'est une amélioration qui est quand même assez
substantielle. Je pense que c'est important de le mentionner parce que ça nous
place dans une catégorie de pays... Quand on se compare à l'échelle
internationale, on a un régime qui est extrêmement intéressant et progressiste,
et, ça, vous l'avez mentionné.
Deux autres points. Vous parlez de
conciliation travail-famille. Je pense que le projet de loi a comme objectif,
au-delà d'accroître la flexibilité du régime, de favoriser la conciliation
travail-famille. J'aimerais, si vous avez des commentaires qui vous permettent
d'élaborer sur ce point-là... Est-ce que vous avez... Parce que vous
représentez beaucoup de femmes syndiquées, vous l'avez mentionné, là, dans
beaucoup de types d'emploi, puis je vous connais très bien, là, l'APTS. Quel
impact ça a pu avoir, ce régime-là, sur l'augmentation du pourcentage des
femmes dans certains secteurs d'activité économique ou dans le marché du
travail, pris globalement?
Mme Poirier (Andrée) : Bien,
dans un premier temps, vous avez raison de vanter les mérites, les grands
principes du projet de loi qui est déposé. Cependant, vous disiez, d'emblée, qu'on
y adhère presque en totalité. Je vais réitérer l'invitation d'écouter le
mémoire de Mme Ruth Rose, parce qu'on parle, aujourd'hui, du partage des
prestations et du réinvestissement du surplus, mais...
M. Boulet : Elle sera ici
mardi, hein?
Mme Poirier (Andrée) : Hein?
Oui. Mais vous verrez, la semaine prochaine, qu'on est signataires quand même
de ce mémoire-là. Alors, nuance sur «on appuie la totalité du projet de loi»,
nuance ou prudence.
Oui, en termes de conciliation
famille-travail, on est témoins et privilégiés de la grande difficulté, pour
nos salariés, d'obtenir des réelles mesures de conciliation famille-travail.
Donc, ce qu'on entend avec le projet de loi n° 51,
c'est que le gouvernement a une réelle volonté de mettre des mesures
structurantes. Ce n'est pas juste <dans le...
Mme Poirier (Andrée) : ...
privilégiés
de la grande difficulté, pour nos salariés, d'obtenir des réelles mesures de
conciliation famille-travail. Donc, ce qu'on entend avec le projet de loi
n°
51, c'est que le gouvernement a une réelle
volonté de mettre des mesures structurantes. Ce n'est pas juste >dans le
programme RQAP, mais, bien, que c'est un principe auquel vous adhérez, donc, de
mettre effectives des mesures très structurantes en termes de conciliation
famille-travail. Et je précise qu'on dit toujours «famille-travail», à l'APTS,
parce qu'on veut vraiment tendre vers ce rééquilibrage-là, où on laisse une
grande place à nos personnes salariées du réseau de la santé et des services
sociaux pour prendre soin et être auprès de leurs membres, et autant de leurs
enfants que des personnes âgées.
Mais on a été... Dans notre consultation...
Vous le savez, nous sommes en période de renouvellement de nos conventions
collectives, donc on a fait un gros exercice de consultation auprès de nos
membres, et les mesures de conciliation famille-travail sont au coeur, c'est
l'enjeu vital pour le maintien d'une offre de services de qualité à la
population. On est vraiment... Il y a une nécessité de faire un arrimage pas
seulement avec le RQAP, mais aussi que ce soit intégré dans les autres mesures
et dans les autres messages que le gouvernement envoie comme priorités,
notamment à la table de négos.
M. Boulet : Je vous ai bien
comprise. On est, cependant, en commission parlementaire.
Mme Poirier (Andrée) : Oui, je
sais.
M. Boulet : Mais un dernier
point. Quand je regarde les statistiques, les pères, 70 % prennent le cinq
semaines de congé de paternité, à peu près 80 % des mères partagent, vont
dans le parental, alors que ce n'est que 37 % des hommes qui vont dans le
congé partageable.
Le phénomène auquel on assiste au Québec,
c'est que les pères prennent le cinq semaines, souvent, pas pour être près de
l'enfant. La réalité, souvent, c'est qu'ils prennent cinq semaines puis ils
sont plus ou moins près de l'enfant. Quand j'ai fait une présentation du p.l. n° 51 dans un CPE, beaucoup de jeunes mères sont venues me
voir pour me dire : Le quatre semaines incitatif, ça va être bénéfique parce
que ça va nous permettre, les deux parents, de discuter et de s'entendre, puis,
si on partage, les deux... Donc, ils voyaient ça vraiment comme un incitatif à
discuter, à en venir à une entente de partage et à bénéficier de l'incitatif. Quand
vous dites : Nous, on n'aimerait mieux pas avoir ce type d'incitatif là,
on voudrait augmenter le congé de paternité, le faire passer de cinq à 10 <semaines...
M. Boulet : …à en venir à
une entente de partage et à bénéficier de l'incitatif. Quand vous dites :
Nous, on n'aimerait mieux pas avoir ce type d'incitatif là, on voudrait
augmenter le congé de paternité, le faire passer de cinq à 10 >semaines,
est-ce que vous ne pensez pas que, si on allait dans cette direction-là, on
contribuerait à cristalliser encore plus la perception que les parentales
partageables appartiennent prioritairement aux mères? Parce que c'est ça qui se
passe dans la réalité.
Ça fait que je pense quand même que
l'incitatif va engendrer une forme de déblocage, une forme de pression. Parce
que vous parlez de négociation, ça me fait avoir ce type de commentaire là.
Donc, les parents négocient, s'entendent, puis les jeunes mères me disaient :
C'est ce qu'on veut, parce que les papas ne s'investissent pas dans la sphère
familiale, ils prennent le cinq semaines, ils le prennent pour acquis puis,
après ça, c'est fini. Donc, j'ai cette appréhension-là, puis tous les membres
qui représentent différents groupes de la société québécoise promotionnaient ce
type d'incitatif là : Partagez, entendez-vous et profitez d'un quatre
semaines partageables additionnelles. Je ne veux pas nécessairement vous
convaincre, là, mais je voudrais juste peut-être entendre un commentaire là-dessus.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il reste deux minutes.
Mme Chabot (Fabienne) : Oui, parfait.
On comprend, là, l'objectif puis le moyen que vous proposez, qui est comme une
forme d'astuce pour créer, provoquer, un peu, un dialogue ou... à l'intérieur
de la sphère privée...
M. Boulet : ...oui.
Une voix : ...
Mme Chabot (Fabienne) : ...c'est
ça, négociation, oui, c'est ça... qui, peut-être, peut avoir des effets. Cependant,
nous, on pense qu'actuellement dans la société, on a encore un bout de chemin à
faire pour vraiment envoyer un message clair que le congé de paternité, c'est
légitime, c'est important, et on pense que l'ajout, le renforcement du congé de
paternité, ça peut être un message fort. On le voit, les pères l'ont investi,
ce congé-là, donc c'est comme… c'est un véhicule qui a fonctionné, on l'a vu. Alors,
on se dit : Réinvestissons, entre guillemets, dans le même véhicule actuellement,
parce qu'on pense que, dans beaucoup de milieux de travail, il peut y avoir
encore une culture, là, où c'est plus difficile, peut-être, de faire passer ça.
Ça fait qu'on pense qu'en ce moment en 2020, le congé de paternité, en tout cas,
il a son succès, et on pense que, si on veut encourager les pères à aller
prendre ces congés-là, ça reste encore, peut-être, la bonne solution pour
l'instant. C'est notre vision.
M. Boulet : O.K. Parfait. Mais
je respecte totalement votre point de vue. Ceci dit, bon, en concluant, je vous
remercie beaucoup. Sachez que j'ai beaucoup d'estime pour l'APTS et le travail
que vous faites. Encore une fois, vous avez fait du bon travail, puis une belle
présentation, puis on aura certainement l'opportunité d'en rediscuter. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci pour le bel échange. Alors, nous poursuivons avec l'opposition officielle,
avec le député de Nelligan. Vous avez 10 min 40 s.
M. Derraji :
<Merci…
M. Boulet : ...E
ncore
une fois, vous avez fait du bon travail, puis une belle présentation, puis on
aura
certainement l'opportunité d'en rediscuter. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci pour le bel échange. Alors, nous poursuivons avec
l'opposition
officielle, avec
le député de
Nelligan. Vous avez
10 min 40 s.
M. Derraji : >Merci,
Mme la Présidente. Merci pour votre présence. Merci pour le rapport. Ma
première question, du moment que vous représentez, je dirais, des gens de
première ligne dans le contexte actuel de la pandémie : Comment ça va?
Mme Poirier (Andrée) : Ça ne
va pas tant bien que ça pour nos membres. Écoutez, on est à l'approche d'une deuxième
vague, on a des gens qui étaient fatigués avant, et j'ai bien compris le sens
de votre question, vous demandez comment va notre personnel de la catégorie 4.
Ce sont des hommes et des femmes qui sont au travail depuis bien avant la
pandémie et qui avaient déjà un taux d'épuisement et de stress dans leur milieu
de travail. À ça s'est rajoutée la pandémie.
• (16 h 20) •
Et à l'APTS, on a une particularité. J'ai
fait le tour du Québec, j'ai rencontré certains de vous, comme députés, à qui
j'ai lancé un défi. Parce qu'on parle toujours des mêmes personnes, et nos
membres vivent cette crise-là avec peu de considération, ne se sentent pas
reconnus, ne se sentent pas investis, on ne parle pas d'eux. D'ailleurs, on a
publié... fait une publicité pour faire connaître c'est qui, ces 106 titres
d'emplois là. Je vous mets au défi de m'en nommer quelques-unes, de ces
professions-là. Mais on ne parle jamais d'eux dans les médias. Je veux prendre
la tribune, parce que vous me le permettez, de parler de tous nos technologistes
médicaux, techniciens diplômés en laboratoire, qui sont au premier rang
aujourd'hui, depuis le début de la pandémie, qui sont au coeur de cette
crise-là et pour lesquels on n'a pas d'écoute. L'APTS a demandé de rencontrer
le ministère pour signaler l'inquiétude qu'on a par rapport aux laboratoires,
par rapport à la capacité d'analyse, et on n'est pas entendus.
Aujourd'hui, on apprend... c'est une
journée décevante, où on apprend que la pénurie de personnel fait qu'on va
aller en renfort, signer des ententes au privé, alors que ce qu'on souhaite, c'est
qu'il y ait des incitatifs, qu'il y ait des mesures structurantes, de la même
façon qu'on adresse les problématiques d'autres types d'emplois. Il y a des
solutions, il y a des solutions pour augmenter la capacité d'analyse, il y a
des solutions pour améliorer tout ce processus-là.
Alors, nos membres, comment ils vont? Ils
sont à bout. Je pense qu'on est venus vous le dire, le 15, à votre rentrée
parlementaire, nos gens sont à bout, nos gens sont tannés de travailler à se
rendre malades. Mais je vous remercie beaucoup pour cette question.
M. Derraji : Avec plaisir, et
c'était une question très sincère. Je tiens à vous remercier. Je sais c'est <quoi...
Mme Poirier (Andrée) : ...
processus-là.
Alors, nos membres, comment ils vont?
Ils sont à bout. Je pense qu'on est venus vous le dire, le 15, à votre rentrée
parlementaire, nos gens sont à bout, nos gens sont tannés de travailler à se
rendre malades. Mais je vous remercie beaucoup pour cette question.
M. Derraji : Avec plaisir,
et c'était une question très sincère. Je tiens à vous remercier. Je sais c'est >quoi,
j'ai travaillé un peu dans le réseau de la santé et je voulais vous entendre,
pour deux raisons. Premièrement, vous avez, en face de vous, le ministre du
Travail et de l'Emploi, donc il veille, j'en suis sûr et certain, sur le
bien-être de nos travailleurs et de nos travailleuses, et je sais que vous
jouez un rôle superimportant dans la chaîne que nous vivons, maintenant, pour
gagner la bataille de la COVID. Donc, je voulais absolument saisir votre
présence, vous dire merci d'être là, mais aussi, toute la considération que j'ai,
personnellement, envers vos membres, et ça va me faire un grand plaisir... Je
ne sais pas si vous avez rencontré ma collègue porte-parole en santé. Si ce n'est
pas le cas, on fera le suivi, si c'est le cas, bien, tant mieux.
J'ai deux questions. Dans le projet de
loi, il y a des projets pilotes. Et avant, vous avez dit que vous avez fait des
consultations auprès de vos membres. Si jamais, hein, si jamais vous pouvez,
via la commission, nous envoyer vos mémoires ou constats, ça va nous aider
grandement à faire le suivi, pas uniquement pour moi, en tant que porte-parole
pour l'emploi et le travail, mais aussi pour ma collègue au niveau de la santé.
Donc, s'il vous plaît... Je pense que même les collègues vont apprécier vos
recommandations.
Je vais vous ramener à une suggestion
qu'on a, dans le projet de loi, par rapport aux projets pilotes, et le
ministre, et je l'ai entendu, pas une fois, pas deux... il veut vraiment voir,
et je l'appuie dans ce sens, quand on a des problématiques, est-ce que, par
voie de projets pilotes, on peut voir, faire une prospection, voir si on peut
régler quelques problèmes. Est-ce que vous avez eu le temps de réfléchir, avec
vos membres... Est-ce que la voie des projets pilotes peut vous aider à régler
quelques problématiques que vous voyez dans le régime?
Mme Poirier (Andrée) : Vas-y.
Mme Chabot (Fabienne) : Oui.
Dans les travaux qui ont été faits avec le groupe, là — le mémoire,
il va être présenté la semaine prochaine, là — il y a plusieurs
propositions de projets pilotes, je vous dirais, de sujets qui visent, entre
autres, des situations particulières, qui sont, parfois, un peu... il y a le
parcours, hein, régulier, là, d'un projet familial, mais il y a toutes sortes
de situations autour, souvent, qui mettent des gens un peu plus en
vulnérabilité puis pour lesquelles, parfois, le régime peut avoir certains
angles morts. Ça fait que je vous dirais que, là-dessus, il y aura des choses.
Les consultations, là, auxquelles vous
faites référence, dans le fond, on n'a pas fait de vaste consultation avec nos
membres sur les difficultés précises reliées au projet de loi n° 51. C'est
davantage une consultation en lien avec le renouvellement de notre convention
collective, où le thème de la conciliation famille-travail revenait sans cesse,
mais non seulement en début de projet familial, là, mais tout au long, là, d'un
projet familial. Ça fait…
M. Derraji : Mais c'est ce
bout qui m'intéresse, parce que c'est là où on peut travailler de la
conciliation travail-famille. Mais au-delà de ça... Parce que j'ai aimé une de
vos remarques, l'arrimage entre le RQAP et les autres mesures gouvernementales,
donc ce sera l'occasion, <pour...
Mme Chabot (Fabienne) : …conciliation
famille-travail revenait sans cesse, mais non seulement en début de projet
familial, là, mais tout au long, là, d'un projet familial. Ça fait…
M. Derraji : Mais c'est ce
bout qui m'intéresse, parce que c'est là où on peut travailler de la
conciliation travail-famille. Mais au-delà de ça... Parce que j'ai aimé une de
vos remarques, l'arrimage entre le RQAP et les autres mesures gouvernementales,
donc ce sera l'occasion, >pour nous, de voir c'est quoi, les doléances,
si je peux dire, les doléances ou les propositions de vos membres pour
continuer le suivi avec M. le ministre.
Une autre question : Comment
renforcer le rôle du père? J'ai vu votre recommandation — probablement,
c'est la même chose que l'ancien groupe — vous ne voulez pas que le
partage soit au détriment de la maman, si j'ai bien compris. O.K., bon, j'ai
bien compris ça. Mais c'est quoi, votre solution pour que le père joue son rôle
aussi au sein de l'unité, de la cellule familiale?
Mme Poirier (Andrée) : Bien,
il y a… toute notre réflexion autour de cette mesure-là repose sur le principe
de la coparentalité, et je pense qu'il est temps qu'on change le discours qu'il
y a un parent principal puis il y en a un autre qui aide. Donc, on est dans le
principe de la coparentalité et on croit sincèrement que le fait de dire :
Bon, on a un congé… on l'a dit, vous nous avez rappelé des chiffres, le fait
qu'il y ait un congé de paternité vient… il est pris à plus fort pourcentage, contrairement
à partage, et là où on fait plus obstacle à des cultures qui n'ont pas encore
changé. Et en disant : Maintenant, le congé parental, il est pour les
mères et l'autre parent, c'est le principe de la coparentalité pour le
bien-être et les besoins de l'enfant. Ça fait... Est-ce que… Veux-tu continuer
sur le partage aussi des prestations...
Mme Chabot (Fabienne) : Oui, peut-être
juste…
Mme Poirier (Andrée) : ...la
perte de… en… qu'on a analysée aussi, là, de congés?
Mme Chabot (Fabienne) : Peut-être,
ce qui est important, juste que ce soit clair, c'est qu'on ne remet pas en
question le fait qu'il y ait des prestations, dans le congé parental, qui se
partagent, on ne remet pas en question le fait de partager ce nombre de
semaines là. C'est simplement qu'on ne souhaite pas que l'ajout de semaines
supplémentaires, dans le fond, que le projet de loi met soit conditionnel à un
certain niveau de partage. C'est le fait d'y mettre une condition, c'est… Par
contre, l'ajout de semaines, on souhaite vraiment plus l'accorder directement
au père, au congé de paternité, puisque c'est ça, l'objectif, hein? L'objectif,
on le partage, là, c'est-à-dire d'encourager encore la participation du père,
dans les débuts, là, de projet familial, auprès de l'enfant et de la mère, ou
du père, ou peu importe la forme de couple ou de parents, là, qu'on a. Alors,
c'est ça, donc, on ne remet pas en question le fait de partager, on remet en
question le fait d'en faire une condition pour obtenir plus de semaines.
M. Derraji : Merci. Je n'ai
plus de temps, mais j'ai vu l'autre recommandation : Les surplus soient
investis dans la bonification du RQAP. Vous être très claire par rapport à ce
point. Comment?
Mme Chabot (Fabienne) : Bien,
actuellement, ce qui est fait, c'est bien, là, on s'entend que, je veux dire, <il
y a des…
Mme Chabot (Fabienne) :
…d'en faire une condition pour obtenir plus de semaines.
M. Derraji : Merci. Je n'ai
plus de temps, mais j'ai vu l'autre recommandation : Les surplus soient
investis dans la bonification du RQAP. Vous être très claire par rapport à ce
point. Comment?
Mme Chabot (Fabienne) :
Bien, actuellement, ce qui est fait, c'est bien, là, on s'entend que, je veux
dire, >il y a des bonifications qui vont sûrement entraîner des coûts
supplémentaires. L'important pour nous, c'est que, lorsqu'on a des surplus, de
ne pas avoir le réflexe de dire : On baisse les cotisations. Il y a
différentes sphères d'amélioration. Donc, ce qu'on a dit tout à l'heure, c'est
que l'augmentation du pourcentage, hein, des montants versés, là, donc le
70 %, ça, ça peut être une avenue, entre autres, mais ce qui est déposé
sur la table actuellement, aussi, c'est une bonne avenue, en ajoutant toutes
sortes de mesures, pour les grossesses multiples... Bon, ça aussi, c'est des
bonifications auxquelles on croit et qu'on accepte. On ne souhaiterait pas… S'il
y a d'autres surplus, on ne souhaite pas revenir à des baisses de cotisations.
M. Derraji : Oui, oui, c'est
très bien, parce qu'il y avait d'autres groupes qui disent : Bien,
écoutez, que ce soit pour le groupe… le patronat, donc, s'il y a des surplus.
Vous, vous ramenez un autre aspect, que, s'il y a des surplus, que ces surplus
soient investis directement pour les bonifications du régime.
Mme Poirier (Andrée) :
Pour la poursuite.
M. Derraji : Et vous
ciblez plus les femmes qu'une autre catégorie. Est-ce que j'ai bien compris?
Mme Chabot (Fabienne) :
Plus les femmes... En fait, l'ensemble du régime, que ce soit…
M. Derraji : Ah!… le
régime?
Mme Chabot (Fabienne) :
Oui, oui.
Mme Poirier (Andrée) :
Que les surplus soient investis dans la poursuite de la bonification et
l'élargissement de la bonification, tant au niveau du pourcentage de rente, là,
de prestations que... Bon, ça peut être aussi d'ajouter des semaines ou ajouter
d'autres incitatifs. Mais c'est d'avoir le réflexe de : On a un régime qui
a des surplus, bien, gardons les surplus pour pouvoir les investir, pour
pouvoir poursuivre cette bonification-là, et, vous verrez, dans le mémoire de
Mme Ruth Rose, la semaine prochaine, il y a beaucoup de suggestions
pour investir ces surplus-là.
M. Derraji : Encore une
fois, merci.
Mme Poirier (Andrée) : Je
vous remercie.
M. Derraji : Gardez le
moral, parce que le Québec a besoin de vous, et salutations à vos membres. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Donc, merci au député de Nelligan. Nous poursuivons avec le troisième groupe
d'opposition, avec le député de Rimouski.
M. LeBel : J'ai combien
de temps, là?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous avez 2 min 40 s.
M. LeBel : O.K. Ça fait
que vous allez lever votre petit panneau rapidement. Bonjour, tout le monde.
Merci à mon collègue d'avoir posé la question sur comment vous allez, parce que
vous avez fait, tantôt, votre témoignage, c'est vraiment touchant, et il est à
partager pour que les gens comprennent, comprennent bien ce que vous vivez dans
le réseau, puis qu'on saisisse bien.
• (16 h 30) •
Vous parlez de conciliation
famille-travail. Puis je ne fais pas partie vraiment de cette commission-là, je
remplace ma collègue de Joliette, puis qui voulait absolument que quelqu'un
soit là pour vous entendre, puis... Mais je vais en profiter pour être un peu
hors champ. Moi, je suis porte-parole des aînés, puis, vous l'avez dit tantôt,
la conciliation famille-travail, il y a aussi prendre soin de nos aînés.
Comment vous voyez ça? Parce que, moi aussi, quand j'ai vu que les surplus...
qu'on a sorti de l'argent du régime, pendant qu'on sait qu'il y aurait des
choses à améliorer, dont comment prendre soin de nos aînés, puis on sait que c'est
beaucoup les femmes qui laissent leurs emplois pour…
16 h 30 (version révisée)
M. LeBel : ...famille-travail,
il y a aussi prendre soin de nos aînés. Comment vous voyez ça... Parce que, moi
aussi, quand j'ai vu que les surplus... qu'on a sorti de l'argent du régime,
pendant qu'on sait qu'il y aurait des choses à améliorer, dont comment prendre
soin de nos aînés... Puis on sait que c'est beaucoup les femmes qui laissent
leurs emplois pour prendre soin des aînés, qui, pendant ce temps-là, ont des
baisses de salaire, ne vont pas chercher toutes les... par rapport à leur
régime de retraite, sont perdantes. Souvent, c'est des femmes qui sont
perdantes. Est-ce que vous voyez un régime qui serait... où on peut prendre
soin des jeunes aussi, mais qui pourrait éventuellement intégrer comment on
prend mieux soin de nos aînés? Comment on pourrait faire ça? Parce que c'est de
la conciliation famille-travail.
Mme Poirier (Andrée) : Effectivement.
D'abord, merci aussi de demander comment vont nos gens. J'ai parlé d'emblée de
nos technologistes médicales, mais on a plein d'autres... et, vraiment, je vous
invite à prendre connaissance de l'importance de ce qu'ils font, notamment les
technologues en imagerie, en radiodiagnostic, en radio-oncologie, tous ces
gens-là du diagnostic sans lesquels la pandémie ne pourrait pas être adressée.
Alors, merci encore à vous aussi de prendre des nouvelles de nos 56 000 membres,
c'est très apprécié.
C'est un bon questionnement. Un régime...
Il y a des mesures... Le RQAP vient... présente des bases fondamentales à la
conciliation famille-travail, mais elles doivent aussi toutes s'inscrire dans
un continuum plus large de conciliation famille... travail-famille...
famille-travail, excusez, notamment en intégrant... Et, quand on dit que c'est
vraiment un enjeu, dans... on veut rendre plus flexible... On en a plusieurs
demandes qui viennent complémenter le régime RQAP, qui a été adressé.
Vous avez raison de souligner l'importance
qu'on doit accorder aux soins des personnes âgées et aussi des... pas juste des
enfants. On a actuellement... Et la crise nous démontre clairement, là, avec
les écoles qui retournent nos enfants, à quel point un programme qui nous
permet de concilier le travail et les obligations, les responsabilités,
l'engagement qu'on prend quand on devient parent ou quand on est un aidant
aussi, parce que là on n'a pas seulement — oui, Mme la... — on
n'a pas seulement, effectivement, la responsabilité des enfants, et, dans le
cas de nos membres qui prennent soin de la population… doivent aussi prendre
soin de leur famille.
Ça fait que, oui, ça serait un projet de
loi très intéressant et pour lequel on contribuerait certainement, avoir un
régime plus large qui permet des mesures vraiment claires pour assumer les
responsabilités que nous souhaitons avoir au niveau de notre famille et de
notre travail.
M. LeBel : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, merci à Mme Poirier, merci à Mme Chabot pour votre
contribution à la commission.
La commission ajourne ses travaux jusqu'au
mardi 22 <septembre...
Mme Poirier (Andrée) : ...
vraiment
claires pour assumer les responsabilités que nous souhaitons avoir
au
niveau et de notre famille et de notre travail.
M. LeBel : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, merci à Mme Poirier, merci à Mme Chabot pour votre contribution à
la
commission. La
commission ajourne ses travaux jusqu'au mardi
22 >septembre à 10 heures, et nous pourrons poursuivre notre mandat.
Merci. Bonne fin de semaine à tous.
(Fin de la séance à 16 h 33)