(Onze
heures trente minutes)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Travail des crédits budgétaires du portefeuille
Travail, Emploi et Solidarité sociale pour l'exercice financier 2020‑2021.
Une enveloppe de 1 h 30 min a été allouée pour l'étude de ces
crédits.
M. le secrétaire,
y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Dansereau (Verchères)
est remplacée par M. Poulin (Beauce-Sud); Mme Jeannotte
(Labelle) est remplacée par M. Lefebvre (Arthabaska);
et Mme Richard (Duplessis) est remplacée par M. Roy (Bonaventure).
Travail
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Nous allons procéder aux échanges entre les groupes
d'opposition et le ministre par blocs d'environ 15 à 20 minutes. Le
temps d'échange inclut les questions et les réponses, et je vous rappelle à une bonne collaboration entre vous pour que le temps des réponses soit proportionnel au temps
des questions, comme le veut la pratique.
Discussion générale
Alors, nous sommes
prêts pour commencer et nous reconnaissons une première intervention de l'opposition
officielle pour un premier bloc de 19 min 33 s avec M. le
député de Nelligan. La parole est à vous.
M.
Derraji : Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Bonjour, M. le ministre. Bonjour,
chers collègues membres du gouvernement, chers collègues
membres de l'opposition. Très heureux de vous retrouver, dans ce contexte de
COVID, pour analyser les crédits, donc adaptons-nous à cette nouvelle réalité.
Ma première question,
Mme la Présidente, s'adresse au ministre du Travail. M. le ministre,
vous avez déclaré tout récemment qu'il y aura probablement une vague de
licenciements collectifs en cas de forte deuxième vague. Dans le même article,
je vous cite, M. le ministre : «On a des plans pour faire face à
toute hypothèse», et une autre question : «Est-ce qu'il y aura des
licenciements collectifs? Oui, a répondu le ministre, alors qu'il est
questionné sur ce qu'il anticipait à l'automne, en cas de forte deuxième
vague.»
Nous avons un de vos collègues
hier qui a présenté son plan par rapport au plan de la santé. Pouvez-vous nous
parler de votre plan, M. le ministre, en cas de deuxième vague? Et que
prévoyez-vous en cas de licenciements collectifs?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : M. le ministre.
M.
Boulet : Merci, Mme la Présidente. Merci à mon collègue de Nelligan.
Il faut effectivement se préoccuper des licenciements
collectifs. Comme vous savez, c'est une terminaison définitive, une rupture
définitive d'un lien d'emploi. Ce qu'on a constaté depuis le début de la
pandémie, c'est qu'il y avait surtout des pertes temporaires d'emploi. Les
licenciements collectifs, il y en a manifestement beaucoup plus que l'année
précédente, c'est-à-dire en 2019. On sent quand même une certaine diminution du
nombre d'avis de licenciement collectif à ce stade-ci, parce qu'on reprend les
activités économiques, on a déconfiné de façon progressive.
On
anticipe quand même qu'il y
aura dans certains secteurs comme l'hébergement, la restauration, le tourisme, la culture, ce que je mentionnais
aussi, certains pans du commerce de détail, il y aura... ce que nous pouvons
anticiper, un certain nombre d'avis de licenciement collectif. Et, comme vous
connaissez bien les dispositions de la Loi sur les normes du travail, il y a de
l'aide qu'on peut, nous, accorder aux personnes qui sont licenciées de façon permanente, soit des services de réaffectation. Il
y a des comités qui sont structurés avec la collaboration des employeurs
et des syndicats, et c'est même prévu, de façon plus impérative, quand le
licenciement concerne plus que 50 personnes dans le même établissement,
donc on fait beaucoup d'accompagnement. Ce qui est essentiel, c'est de
s'assurer que les personnes aient le profil, les qualifications pour réintégrer
le marché du travail dans des secteurs qui sont en demande.
Plan
de retour en cas de deuxième vague, ce que je mentionnais, c'est
essentiellement le plan qui a été présenté par mes collègues hier. C'est
une potentielle seconde vague. Nous, on va tenter, bien sûr, d'atténuer les
incidences négatives de cette deuxième vague là, le cas
échéant, et on aura, bien sûr, toute la panoplie des mesures qu'on a mises en
place de façon graduelle pendant la première vague.
Donc, il y a eu un apprentissage des impacts, et
on va répertorier, ce qui est en voie d'être complété, les meilleures
pratiques. Et on va soutenir les entreprises et les travailleurs pour passer au
travers de cette seconde vague là avec le moins d'effets négatifs possibles sur
le marché du travail.
M. Derraji : Merci, M. le
ministre. Et je sais que vous êtes sensible à la question du travail, la
question des travailleurs. Votre réponse me
rassure, mais aussi me laisse avec d'autres questions. Vous semblez maîtriser
les secteurs qui risquent... où il y a un risque, où il y aurait un
risque, en cas d'une potentielle deuxième vague. Avez-vous chiffré ou avez-vous
en tête le nombre de travailleurs qui seraient impactés par ces licenciements
collectifs? Du moment que vous semblez dire qu'il y a le secteur de l'hébergement,
le secteur de la culture, le secteur du tourisme, le secteur du commerce de
détail, j'imagine que vous avez des plans, des scénarios. Avez-vous une idée
sur le nombre potentiel, en cas de deuxième vague, de travailleurs qui seront
affectés?
M.
Boulet : Évidemment, on ne peut
pas prédire d'avance le nombre de ruptures ou de terminaisons en emploi,
en cas de seconde vague. On ne connaît pas l'intensité de cette seconde vague
là. On se prépare, vous le savez, de manière extrêmement sécuritaire.
Ce que je peux
cependant vous dire, c'est qu'entre le 16 mars 2020 et le 31 juillet il y a eu
419 avis de licenciement collectif. Ça représentait à peu près 24 105 salariés,
c'était une hausse de 246 % par rapport à la même période en 2019. Et, en
tout, vous savez qu'il y a eu, depuis le début de la pandémie,
820 000 pertes d'emploi, ce qui comprend aussi les licenciements
collectifs, et on a récupéré... il nous reste encore à retrouver
250 000 emplois. Mais, selon la
dernière étude sur la population active que vous connaissez bien aussi, publiée
sous l'égide de Statistique Canada, le taux de chômage, dans la semaine
de référence qui a été utilisée en juillet, était de 9,5 % au Québec.
Donc, on a une reprise qui est quand même assez vigoureuse.
Maintenant, si vous référez aux secteurs en
demande, oui, on a un plan. Vous savez qu'avec le PACME, vous pourrez... on
pourra en discuter, là, mais...
M. Derraji : Je vais revenir au
PACME, en long et en large, croyez-moi.
M. Boulet : O.K., parfait. Merci.
M. Derraji : Vous avez entendu vos
collègues parler du tourisme. Moi, les échos que j'ai, que... je n'ai pas vu de
plan. Je sais que ce n'est pas votre dossier, mais vous avez sur la table cette
tâche de s'occuper du travail et du travailleur, qui une tâche noble. Vous avez
déclaré maintenant qu'il y a à peu près 24 000 licenciements, dont
419 cas de licenciement collectif, si j'ai bien retenu le chiffre. Malgré
les mesures d'aide du gouvernement fédéral, le 75 %, les mesures d'aide
aux PME, le contexte risque de changer, M. le ministre. L'automne, la
situation risque d'être beaucoup plus complexe. Est-ce qu'on peut s'attendre à
un scénario beaucoup plus pessimiste en termes de licenciements collectifs?
Bien, je vais juste ajouter un autre point,
comme ça, vous allez avoir, je dirais, le temps de me répondre. Je me mets dans
la peau d'un travailleur aujourd'hui. Et vous connaissez mieux que moi la Loi
sur les normes du travail, l'article 82, que vous connaissez très bien,
j'en suis sûr et certain. Je parle à un avocat, je ne le suis pas. Et quand
j'interprète l'article 82, un employeur peut faire des mises à pied sans
préavis jusqu'à six mois... pour une période de six mois sans conséquence ou
indemnisation. Ça, c'est le 13 mars, le Québec était mis sur pause, donc
six mois, ça nous ramène au 13 septembre. Après six mois, l'employé
est réputé comme étant complètement sans lien
d'emploi, et, si un employeur ne l'a pas rappelé au travail, l'employeur doit
alors verser une indemnité à l'employé, entendez verser une indemnité.
Il y a tout le volet PME qu'on peut ramener sur la table, la situation est très
difficile.
Aujourd'hui, je me mets dans la peau des
travailleurs. Quand un travailleur va lire cet article... j'aimerais bien vous
interpeler, M. le ministre : C'est quoi, votre lecture de cet article
en date d'aujourd'hui?
• (11 h 40) •
M. Boulet : Bien, ce qui est important,
je rappellerai à mon collègue qu'il y a deux blocs d'articles dans la Loi sur
les normes du travail. Ce à quoi vous référez, c'est pour un préavis de mise à
pied. Une mise à pied, c'est essentiellement une rupture qui est temporaire et
c'est au-delà de l'expiration du six mois. À défaut d'avoir donné le préavis
prévu dans l'article 82, l'employeur doit verser une indemnité
compensatoire pour la durée restante du préavis qui n'a pas été donné.
Quand vous
m'interpelez sur le licenciement collectif, ce n'est pas le bon article.
C'est 84.0.1, qui est un autre article, et c'est pour une durée
minimale de six mois, mais la durée de l'avis n'est pas la même. Un
licenciement collectif, c'est au moins 10 salariés et la... tu
sais, par exemple, tu donnes un avis de huit semaines, entre tant et tant de
salariés; huit semaines, quand il y a 10 à 99 salariés; un
préavis de 12 semaines, entre 100 et 299; et 16 semaines, 300 ou
plus.
M. Derraji :
Je veux juste préciser une chose, M. le ministre. Vous avez raison, c'est
deux choses, mais pour moi, c'est... Je me
mets dans la peau des travailleurs. Il y a ceux qui seront probablement affectés par les licenciements
collectifs et il y a aussi l'autre catégorie de travailleurs, avec
l'article 82. Pour gagner du temps, parce qu'on est
rendus déjà à 11 minutes, je vous ai exposé les deux, parce que le temps
que j'ai, il est très précieux. Je profite de votre présence pour avoir les
réponses, c'est pour les deux cas.
Donc, comment vous
pouvez aujourd'hui rassurer à la fois les gens touchés par l'article 82,
les travailleurs, et comment aujourd'hui vous pouvez rassurer les travailleurs
touchés par l'article 84.0? Donc, c'est ça.
M. Boulet :
Donc, il y a un certain nombre... je vous mentionnais, il y a
820 000 personnes qui ont perdu leur emploi depuis le début de la
pandémie. Il y en a encore 250 000 qui vont récupérer leur emploi, dans le
dernier mois, depuis la dernière étude sur la population active. Ce chiffre-là
va baisser de façon considérable. C'est impensable de déterminer avec même un
minimum de précision le nombre de salariés qui, à l'expiration de six mois,
n'auront pas eu le préavis et vont réclamer des droits à l'employeur.
C'est un contexte de
contentieux. Il y a des employeurs qui considèrent qu'ils étaient dans une
circonstance de force majeure qui les soustrayait de l'obligation de respecter
la durée de l'avis et du préavis, ça fait que ça peut varier d'une entreprise à
l'autre. Mais généralement, puis là je n'entrerai pas dans l'interprétation que
le tribunal pourrait éventuellement donner, mais, dans la mesure où c'est une
force majeure, il n'y aurait pas ce type d'avis là. Mais, si vous me demandez le nombre, moi, je ne veux pas embarquer dans
un chiffre qui pourrait être complètement déconnecté de la réalité.
Ce que je peux
cependant dire, c'est rassurer les travailleurs du Québec et les travailleuses.
La reprise se fait bien, en collaboration avec le travail colossal qui a été
fait avec par la CNESST, pour avoir des nouvelles normes sanitaires par secteur
d'activité, ça va bien, ce qui permet aux entreprises de faire beaucoup de
rappels au travail.
Dans certains
secteurs, vous faisiez référence au tourisme, il y aura des incidences, évidemment,
qui seront plus durables dans le temps. Et nous, on a vraiment l'intention,
puis ça aussi, on aura certainement l'occasion d'en parler, mais d'analyser le
profil, les compétences, les qualifications de ces personnes-là et les aider à
panser dans les secteurs où la demande est forte, secteurs où il y a une rareté
ou une pénurie de main-d'oeuvre qui est importante.
M. Derraji :
Merci, M. le ministre. Vous avez évoqué la CNESST, je vais rester dans le
même article et je vous réfère à la réponse sur le site de la CNESST, la
réponse 49 aux questions que le public peut poser. Et la question,
justement, c'est ce que je viens de vous poser : Est-ce qu'un employeur
ayant mis à pied des personnes salariées doit leur donner un avis ou leur
verser une indemnité de départ? Si oui, combien cela représente-t-il? Donc, la
même question, presque, que je vous ai posée. J'ai cru comprendre que vous
avez, je ne sais pas si je vais utiliser le bon mot, une réticence par rapport
à interpréter la décision du tribunal. Mais je vais vous lire la réponse que je
trouve, et qu'on trouve, que les travailleurs trouvent sur le site de la
CNESST.
«L'avis écrit qu'un
employeur doit donner à une personne salariée, avant de la mettre à pied pour
plus de six mois, ou le versement de l'indemnité compensatoire à l'avis,
ne s'applique pas à l'égard d'une personne salariée dont la mise à pied résulte
d'un cas de force majeure. L'état d'urgence sanitaire que vit le Québec
actuellement pourrait être considéré comme un cas de force majeure, notamment
dans le cas où des entreprises ont dû suspendre leurs activités en raison du
décret du 13 mars et procéder à des mises à pied sans préavis. Par
ailleurs, dans le cas où une personne salariée était déjà en mise à pied avant
le 13 mars et que sa mise à pied est prolongée au-delà de six mois en
raison de mesures décrétées par le gouvernement l'empêchant de retourner au
travail, l'employeur ne serait pas tenu de verser l'indemnité compensatoire. La
notion de force majeure s'appliquerait.» Si d'autres éléments pouvaient avoir
causé les mises à pied, des vérifications pourraient être nécessaires pour
déterminer si la cause de la mise à pied est bien l'urgence sanitaire.
Donc, je remercie la
CNESST d'avoir mis ça parce que ça a clarifié certaines choses. J'ai un petit
malaise avec le «pourrait», le conditionnel. Est-ce qu'on n'ouvre pas la porte
à de l'arbitrage ou à des cas d'exception? Si c'est
le cas, lesquels? Encore une fois, mettons-nous dans la peau des travailleurs
qui regardent ça et qui commencent à se poser des questions. Pouvez-vous
nous clarifier, s'il vous plaît, votre interprétation et de la réponse de la
CNESST sur le site et aussi l'article 40, pour ne pas... pour citer le bon
article, l'article 82?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il reste 4 min 20 s à l'échange.
M. Boulet :
Avec votre permission, Mme la Présidente, comme je ne suis pas l'auteur de
ces lignes, je vais demander à la — je peux la nommer? — la
présidente-directrice générale de la CNESST, Mme Manuelle Oudar, de donner
des éléments de réponse et, le cas échéant, je pourrai compléter.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, oui, voulez-vous... Excusez, là, parce que je
voulais qu'il donne une information au député de Nelligan. Alors, si vous...
Est-ce qu'on a le consentement pour donner la parole? Nous avons le
consentement. Alors, madame, avant de répondre, pouvez-vous vous présenter,
donner votre nom et de nous dire de quel organisme vous êtes?
Mme Oudar
(Manuelle) : Manuelle Oudar, présidente et chef de direction de la
CNESST.
Alors, pour répondre
à la question, effectivement, dans le questions-réponses, à la
question 49, le député de Nelligan a lu mot à mot la réponse qui se trouve
sur le site Internet de la CNESST. À la suite des demandes, le
questions-réponses est là, il y a 106 questions-réponses, sur le site
Internet, qui est mis à jour régulièrement, à la suite des demandes que nous
font les travailleurs et les employeurs pour clarifier l'interprétation de
certains articles.
Je confirme totalement ce
que le ministre a dit au regard de la force majeure. C'est important de le
préciser que le conditionnel existe pour répondre à la demande de précision qui
est apportée, parce que, si on faisait une affirmation,
on appliquerait, dans tous les cas, un cas de force majeure. Or, c'est un droit
qui appartient au travailleur, de recevoir un préavis. La force majeure,
c'est une exception. La Loi sur les normes, c'est une loi d'ordre public, elle
doit être interprétée restrictivement. Donc, il faut que des vérifications
soient faites parce qu'il pourrait arriver une situation de mise à pied qui ne
serait pas due à l'état d'urgence sanitaire, il y a des entreprises qui
pourraient avoir des difficultés pour d'autres raisons que l'urgence sanitaire
et le décret du 13 mars. Donc, c'est important, dans ce cas-ci, de protéger
les droits des travailleurs puis qu'ils puissent avoir droit à leur préavis.
Donc, je confirme la réponse qu'a faite le ministre tout à l'heure, quand il
parlait de notion de force majeure, les éléments de réponse qu'il a apportés
tout à l'heure. Je pense que c'est clair.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci pour la réponse. Merci. Alors, député de Nelligan, avez-vous d'autres
questions? Il vous reste... je voulais juste informer, tantôt, vous avez deux
blocs, tantôt...
M. Derraji : Trois, j'ai trois.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Un, deux, trois, vous avez trois blocs, effectivement, trois blocs de
19 min 33 s.
M. Derraji : Oui, trois blocs, oui.
Vous allez compter ce temps ou vous l'avez arrêté?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y, allez-y.
M.
Derraji : Je reprends. Merci
pour votre réponse. Donc, est-ce que, selon vous, il y a des exceptions
possibles ou il n'y a pas d'exception possible?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Vous
laissez la parole à madame?
• (11 h 50) •
M. Boulet : Oui, moi, je vais
répondre, là. Comme on l'a mentionné, je pense que c'est suffisamment clair, la
force majeure peut être invoquée pour soustraire un employeur de respecter la
durée des avis ou préavis. Dans le cas individuel, c'est un préavis, dans le
cas d'un licenciement collectif, c'est un avis. La force majeure est
interprétée par les tribunaux comme étant un événement imprévisible et
irrésistible.
Et faisons attention pour ne pas confondre les
travailleurs, c'est vraiment du cas par cas. Sachez que la Loi sur les normes
du travail est une loi d'application générale, elle est d'ordre public. Il y a
beaucoup de travailleurs syndiqués qui sont couverts par des conventions
collectives de travail où il y a des dispositions qui sont particulières, qui
peuvent être supérieures à ce qui apparaît à la Loi sur les normes du travail,
qui est une loi minimale. Ça fait qu'il faut se méfier des généralités.
La Présidente (Mme IsaBelle) : En
conclusion, 20 secondes.
M. Boulet : Quand la CNESST donne
des réponses, c'est des réponses à des questions qui lui sont posées. S'il y a
des personnes, des syndicats ou des travailleurs qui ont besoin de plus de
précisions sur leur cas d'espèce, qu'ils n'hésitent pas, on a les ressources
pour répondre à leurs préoccupations à la CNESST.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Boulet : Excusez-moi,
Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Alors, nous poursuivons avec un deuxième
intervenant. Nous y allons avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Vous
avez 14 min 40 s.
M. Leduc :
Bonjour, Mme la Présidente. Content de vous revoir en chair et en os, tout
le monde, chers collègues. La dernière fois qu'on s'est vus, c'était
virtuellement, alors content de vous revoir. M. le ministre,
Mme Oudar, bonjour.
Première question, qui s'adresse en fait aux
deux, j'aimerais vous entendre, les deux, sur le sujet. Il y a un article du Devoir,
qui a été publié en juin dernier, qui concerne les normes du travail. C'est le
groupe qui s'appelle Action Travail des femmes. En ce qui a trait au
harcèlement, bien sûr, en 2004, on a rajouté la notion de harcèlement dans les
normes, les plaintes ont été transférées de la Commission des droits de la personne
à la Commission des normes du travail, qui est maintenant la CNESST. En 2018,
on a rajouté une référence au harcèlement sexuel dans la Loi des normes, mais
on n'a pas nécessairement de référence au harcèlement racial dans les normes du
travail.
Ce
qu'on a compris dans l'article, c'est qu'il
y a... une entente existe maintenant entre la CNESST et la Commission
des droits de la personne pour que celle-ci vous sensibilise, en quelque sorte,
en tout cas, c'est le mot qui est utilisé dans l'article, pour tenir compte des
autres motifs discriminatoires, comme l'âge, la race, le handicap, etc. Sauf
que semble-t-il que les plaideurs de la Commission des normes du travail trouvent
parfois que la dimension raciale est plus
difficile à plaider et se rabattent sur le, entre parenthèses, simple
harcèlement psychologique. Ça ouvre toutes sortes
de problèmes, toutes sortes de perspectives politiques. Je me demandais... en
plus, donc, qu'il y a les ententes à l'amiable, cette culture d'entente à
l'amiable qui fait en sorte qu'on n'a pas beaucoup de jurisprudence. Je me
demandais si vous aviez des statistiques à ce sujet-là. Quel bilan
pourriez-vous faire de ce premier anniversaire de cette entente-là, si on peut
s'exprimer ainsi, entre les deux commissions?
Et pour M. le
ministre, plus précisément, est-ce que vous seriez ouvert à une forme de...
peut-être, un projet de loi qui rajouterait une référence, par exemple,
raciale, le harcèlement racial dans la norme du travail, comme on l'a fait sur
le harcèlement sexuel en 2018?
M. Boulet :
D'abord, l'entente, effectivement, elle est intervenue le 20 juin 2019. Et
vos dates étaient toutes précises, là, je ne
les reprendrai pas, sur l'intégration dans la Loi sur les normes du concept de
harcèlement psychologique et, par la suite, le harcèlement sexuel. Il ne
faut pas oublier de dire que maintenant il y a une obligation, de la part des
employeurs, de prévenir le harcèlement, quel qu'il soit, et donc, pour ce
faire, d'adopter des politiques en matière de prévention. Et la CNESST a un
projet modèle de politiques et on fait beaucoup d'accompagnement pour aider les
entreprises à s'assurer que les politiques soient adoptées. Et le taux de conformité,
moi... les taux de conformité sont particulièrement élevés.
Le racisme, comme
c'est un motif de discrimination qui est prévu dans la Charte des droits et
libertés de la personne, l'entente permet une collaboration entre la CNESST et
la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Donc,
quand il y a un motif de discrimination qui est prévu à l'article 10, notamment,
de la charte, c'est référé, il y a un canal qui permet de faire passer la
plainte de la CNESST à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Ceci dit, moi, ce que j'en sais, c'est qu'à la CNESST on a aussi des ressources
qui comprennent le mécanisme permettant à un plaignant de faire valoir ses
droits aussi en tenant compte des motifs de discrimination qui sont prévus dans
la charte.
Maintenant, s'il y a
des statistiques, je vais laisser à Mme la Présidente de la CNESST le soin de
compléter.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Nous avons le consentement?
Des voix :
Oui.
Mme Oudar (Manuelle) : Alors, effectivement,
une entente existe, et, bien, je remercie aussi la collaboration de la
Commission des droits de la personne, hein? Ça va très, très bien, la
collaboration entre les deux organismes. C'est nouveau, suite au projet de loi modifiant
les normes qui avait déposé ici, à l'Assemblée nationale, et adopté. La
collaboration est au bénéfice des victimes parce que, parfois, effectivement,
hein, quand il y a du harcèlement, les motifs sont imbriqués entre le
harcèlement sexuel, racial, le harcèlement psychologique. C'est rare qu'il y
ait un seul motif qui se dégage.
La victime,
maintenant, elle a un choix aussi de faire appel au service de la commission
des droits. Elle peut avoir quelqu'un qui est présent aussi en médiation. C'est
vrai, vous l'avez mentionné, il y a beaucoup de médiation et beaucoup de
conciliation qui se fait, mais il faut savoir aussi que les victimes, bien,
d'abord, c'est toujours leur choix, personne n'est forcé pour de la médiation.
C'est des événements, parfois, qui sont assez douloureux, je dirais, pour être
par la suite plaidés devant le tribunal. Les jugements sont publics aussi,
donc, bien souvent, le choix de la victime, c'est de procéder avec la
médiation. Les statistiques en médiation sont quand même assez éloquentes, là,
c'est des dossiers qui obtiennent une grande satisfaction au nom... de la part
des victimes.
J'ai lu aussi
l'article auquel vous mentionnez dans Le Devoir. On a communiqué aussi
avec la victime pour s'assurer qu'elle faisait un bon choix aussi. Comme je
vous le disais, la victime, elle peut choisir le canal qu'elle souhaite, là,
celui de la CNESST ou celui de la commission des droits. Et puis, au niveau des
chiffres comme tels, bien, écoutez, je n'ai pas de statistiques sur le
harcèlement racial, parce que, comme je vous disais, nous, c'est des motifs...
maintenant, on distingue le harcèlement sexuel du harcèlement psychologique, ce
qu'on ne faisait pas il y a quelques années. C'était imbriqué aussi dans les
deux, maintenant on a des statistiques à ce sujet-là. Mais je pourrais vous
revenir sur les statistiques, sur les échanges qu'il y a eus entre la commission
des droits et la commission des normes... de la CNESST, pardon, au cours de la
dernière année. Mais l'entente fonctionne très bien.
M. Boulet :
Si vous me permettez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oui.
M. Boulet :
Souvenons-nous que, le 2 juin, le gouvernement a formé un groupe d'action
présidé par mes collègues à l'Immigration puis à la Santé et Services sociaux.
Il faut bien identifier les causes au Québec. On s'est engagés à travailler
contre la discrimination fondée sur l'origine ethnique et, pour ça, on réitère
qu'on vit au Québec dans une société qui est ouverte, qui est inclusive. Et il
y a encore beaucoup de travail à faire chez nous.
M. Leduc :
Une autre question qui pourrait s'adresser aux deux par rapport aux
inspections. On s'est fait sensibiliser, pendant la pandémie, par rapport aux
inspections de la CNESST qui... souvent, les inspecteurs, en fait, s'annoncent
avant de venir inspecter pour un quelconque signalement ou quelconque problème
de santé et sécurité au travail. Et cette
logique-là, de s'annoncer avant de venir inspecter, il y a quelque chose qui nous étonne. C'est comme donner un... tu sais, corrige ton affaire avant
que j'arrive ou cache tes défauts avant que j'arrive. Ça fait
qu'évidemment l'employeur fautif ne se fera pas pogner parce qu'on a annoncé
qu'on venait le contrôler, qu'on venait le vérifier.
On a voulu savoir
d'où venait cette idée-là de s'annoncer. Est-ce que c'était une directive?
Est-ce que c'est une culture? Est-ce que ça
se change? C'est quoi, la logique de ça? Est-ce que ça s'applique dans toutes
les situations? Il semble donc qu'il y ait une directive, donc, interne,
quand on a parlé au cabinet du ministère du Travail, mais qu'on ne pouvait pas
la consulter, que ça ne serait pas rendu public. Et nous, on trouvait, au
contraire, que c'était un élément intéressant de débat public à savoir dans quel
moment un inspecteur peut ou ne devrait pas s'annoncer pour venir faire une
inspection dans un lieu de travail. Est-ce qu'encore une fois la CNESST a des
statistiques par rapport à ça, au moment où il s'annonce, un inspecteur, pour
venir faire une inspection, ou pas? Est-ce que le ministre serait prêt à
partager des éléments de cette directive interne sur qu'est-ce qu'il est
possible de faire, de distinction? Est-ce qu'on peut avoir un débat public
alentour de ça?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, votre première question s'adresse
d'abord à Mme Oudar ou vous voulez que ça soit M. le ministre?
M. Leduc :
Oui, on va commencer par Mme Oudar, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : D'accord.
• (12 heures) •
Mme Oudar (Manuelle) :
Merci, Mme la Présidente. C'est une excellente question, effectivement,
puis je vais profiter... Je ne vais pas prendre trop de temps mais quelques
secondes pour remercier les inspecteurs et les inspectrices de la CNESST pour
le travail extraordinaire qu'ils ont fait dans le cadre de la COVID.
Effectivement, vous
avez raison, parfois, ils avisent les parties patronales et syndicales avant
l'inspection, parfois, non. L'inspecteur, en
vertu de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, il jouit d'un large
pouvoir discrétionnaire, puis c'est important qu'il y jouisse, de ce
pouvoir-là, puisque c'est toute sa marge de manoeuvre. Il a le droit de choisir
de quelle façon il va exercer son pouvoir, est-ce qu'il doit aviser avant ou
non. Il avise si... Dans les instructions qui sont publiées sur le site Internet
de la commission, ça s'appelle le MOPI, le Manuel d'organisation en
prévention-inspection... Je pourrais en remettre... envoyer le lien, pardon. COVID-19
oblige, je ne peux pas remettre de copie, je pense. Je l'ai avec moi ici. Je
pourrais vous indiquer sous quel lien Internet il se retrouve. Effectivement, on indique que, pour une intervention de suivi
ou autre, c'est la stratégie qui doit être retenue par l'inspecteur ou
l'inspectrice. Il peut aviser au préalable les parties de sa venue pour
s'assurer de leur présence, mais parfois non aussi, si c'est une inspection
qu'il doit faire sans aviser les parties. Donc, c'est sa stratégie d'inspection
ou d'enquête, là, qui lui appartient et c'est les règles habituelles, là, qui
s'appliquent.
Alors, ce n'est pas toujours
qu'il avise. Parfois, il y va sans aviser, mais parfois aussi... Il faut absolument
qu'il parle aux deux parties, hein? Vous le savez, on est une organisation
paritaire. Donc, c'est important que l'inspection se fasse aussi de façon
paritaire, qu'il parle à la partie patronale et à la partie syndicale.
En temps de COVID
aussi, j'ajoute que c'était nécessaire d'avertir aussi avant, puisqu'on ne veut
pas être non plus des vecteurs de contamination. Donc, c'est important de
s'assurer non seulement de la présence, mais s'assurer aussi du lieu où se
ferait l'échange, l'inspection, et autres. Donc, il y a beaucoup de
particularités aussi qui se sont ajoutées au travail de l'inspecteur, là, ces
jours-ci, ces dernières semaines. Alors, je pense que... Puis c'est important,
nous, de clarifier ces règles-là aussi, là. C'est pour ça qu'elles se trouvent,
effectivement, sur le site Internet de la commission.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Donc, vous pourrez acheminer le lien à la commission,
au secrétariat de la commission ici, là, de la commission parlementaire.
M. le ministre, pour répondre à la deuxième question du député, il vous reste
quatre minutes.
M.
Boulet : Donc, moi, je réitère le rôle fondamental que les inspecteurs
ont joué dans le contexte
particulièrement du confinement et du déconfinement progressif qu'on a
vécus au Québec. Ils ont des pouvoirs extraordinaires. Ils sont même détenteurs
des pouvoirs d'un commissaire d'enquête, donc ils peuvent même ordonner la
fermeture d'un lieu de travail. Vous le savez très bien, mon collègue. Vous le
savez pour avoir pratiqué dans ce secteur-là.
Moi, je dis, c'est
une discrétion qui doit être exercée de façon raisonnable, et ça dépend de la
nature de l'intervention. Si l'inspecteur est appelé par les parties parce
qu'un travailleur veut exercer un droit de refus, bien, ce qui est prévu dans la loi, c'est que le
travailleur avise, s'il y a un représentant à la prévention, son supérieur
immédiat, et on communique avec la CNESST, qui intervient très rapidement, à la
connaissance des parties. Donc, les parties sont bien informées avant l'arrivée
et l'intervention de l'inspecteur.
Il y a d'autres cas,
je dirais à mon collègue, où on peut appréhender qu'une situation pourrait ne
plus être la même si on avertit les parties. Je comprendrais, particulièrement
dans un cas comme celui-là, que l'inspecteur soit appelé à intervenir
rapidement et qu'il considère que ce n'est pas nécessaire, approprié ou
raisonnable de prévenir les parties. Mais, en général, il y a aussi une
question de civilité, là.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
En conclusion, M. le ministre, parce qu'il y a d'autres questions qu'il voudrait
formuler. Merci.
M. Leduc : Je
sais qu'on pourrait en discuter des heures, M. le ministre. Pendant la
pandémie, j'ai aussi été sensibilisé par des femmes qui étaient en congé de
parentalité, sur le RQAP, et qui sortaient du congé, et qui n'avaient pas le
droit à l'assurance-emploi. Et là tout fermait, là, tous les... il y avait des
mises à pied partout... parce que, bien, il y a la période de référence du
un an, puis, si vous êtes partie un an en congé de maternité puis vous allez
vous retrouver plus de travail, bien, vous n'avez pas le droit à de
l'assurance-emploi.
Est-ce qu'il
y a quelque chose qui peut être fait par M. le ministre pour négocier avec le
fédéral un compromis ou quelque chose qui pourrait soit faire en sorte
que les revenus du RQAP soient considérés pour l'assurance-emploi ou que
l'assurance-emploi ait une période de référence de deux ans lorsque la personne
était en RQAP?
Je me permettrais de poser rapidement une
deuxième question, puis le ministre pourra peut-être y répondre aussi. Dans son
dépôt de la loi sur la réforme de la santé et sécurité qui s'en vient, y
aura-t-il ouverture à avoir une disposition
pour que les employeurs aient une responsabilité explicite en matière de
violence conjugale? Il y a plusieurs groupes de femmes qui nous ont
approchés à ce sujet, parce qu'on a souvent tendance à dire que la violence
conjugale, c'est privé, ça s'arrête à la maison. Or, il y a souvent des
manifestations de violence conjugale qui se rendent au travail. Est-ce que le
ministre va être ouvert à avoir des dispositions en ce sens dans son projet de
loi? Donc, deux courtes questions, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) : En
une minute.
M. Boulet : Une minute? RQAP,
rapidement, de façon télégraphique. Vous savez que, durant la pandémie, on a
maintenu les indemnités de remplacement de revenu versées aux personnes qui
étaient absentes pour des raisons de
parentalité, là, et ça a été fait, la même chose pour les IRR suite à un
accident de travail ou une maladie professionnelle. Ceux qui étaient en
congé parental, on a augmenté temporairement la période pendant laquelle ils
pouvaient étaler leur congé parental. Comme
vous savez, on l'a dans le projet de
loi n° 51, faire passer la
période de 12 mois à 18 mois, donc, pour leur permettre de
retourner au travail durant la pandémie.
Violence
conjugale, oui, on y pense. Projet de loi, vous allez m'en parler, santé et
sécurité. Violence conjugale, on est
extrêmement soucieux de ce phénomène-là qui s'est probablement exacerbé durant
la pandémie. On aura l'opportunité d'en discuter.
Maintenant,
leur admissibilité à l'assurance-emploi,
oui, Ottawa s'en vient avec des conditions qui permettent un
élargissement des conditions d'admissibilité, et il y aura des nouvelles
là-dessus.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Alors, nous poursuivons avec un deuxième bloc, avec le
parti de l'opposition officielle. Vous avez encore 19 min 33 s.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Et je vais prendre quelques secondes pour solliciter Mme la présidente-directrice
générale de la CNESST à envoyer mes salutations à l'ensemble du personnel de la
CNESST pour l'excellent travail qui a été fait lors du confinement, le
déconfinement surtout, surtout par rapport aux guides, donc, pour accompagner
que ça soit les travailleurs, que ça soit les employés ou les employeurs. Donc,
merci pour votre travail lors de la COVID.
Mme la
Présidente, le ministre, au mois de février dernier, a exigé des cibles et de
la transparence à la CNESST. Je le cite encore une fois. «Il demande
également de la transparence de la haute direction envers le public» et il a
considéré que les délais, c'est inacceptable. Il faut diminuer la pile de
réclamations en attente. À l'époque, ça frôlait 17 000 dossiers. Je
le cite. Il a déclaré, suite à une rencontre constructive : «Je veux qu'on
aille plus loin que ça.»
Ma question, Mme la Présidente : Qu'en
est-il? M. le ministre, vous avez cité ça au mois de février. Aujourd'hui, je sollicite une autre citation de
votre part. Est-ce que vous êtes satisfait de ce qui a été fait depuis février?
La Présidente (Mme IsaBelle) : M. le
ministre.
M. Boulet : Oui, totalement.
D'abord, je veux profiter de l'occasion pour exprimer ma sensibilité à l'égard
de ceux qui doivent présenter des réclamations à la CNESST. Généralement, c'est
pour obtenir des compensations pour des préjudices subis dans des
environnements de travail, qui s'expriment soit par un accident de travail, ou
une maladie professionnelle, ou une rechute, récidive ou aggravation d'un
événement antérieur.
Oui, la CNESST a été extrêmement proactive. Elle
a créé une direction générale, elle a ajouté des ressources. Il y a du temps supplémentaire additionnel qui a
été fait, il y a eu embauche de nouveaux agents d'indemnisation, il y a
eu des allègements administratifs, il y a eu des solutions numériques qui ont
été implantées, il y a eu une mobilisation du personnel habilité à traiter des
réclamations.
Et je vous dirais qu'on a fait des pas en avant.
Évidemment, avec la pandémie, ça a eu des incidences qui sont particulières,
mais c'est un objectif qui est vraiment central, et on essaie d'y aller le plus
rapidement pour que les personnes qui ont subi une lésion professionnelle
puissent toucher leurs indemnités de remplacement de revenu ou indemnités pour
dommages corporels dans les meilleurs délais possible.
Donc, à votre question, oui, il y a eu un plan.
Oui, il y a eu de la transparence. Il y a des cibles, et la CNESST travaille véritablement
fort pour atteindre ses objectifs.
M. Derraji : Merci, M. le
ministre. Je vais répéter ma question. Il y avait 17 000 dossiers à
l'époque où vous avez exprimé ce point de vue. En date d'aujourd'hui, il en reste
combien?
M. Boulet :
Avec votre permission, je demanderais à la présidente de la CNESST de donner la
réponse.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...consentement? Avons-nous le consentement,
député de Nelligan?
• (12 h 10) •
M. Derraji :
Oui, oui, oui.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui? D'accord. Allez-y.
Mme Oudar
(Manuelle) : Je dois vous dire que, là aussi, moi, je vais profiter du
temps qui m'est accordé pour remercier les
agents parce que... en plus des inspecteurs et inspectrices que je voulais
remercier tantôt. Puis merci pour vos bons mots pour l'ensemble du
personnel.
On va aujourd'hui
s'attarder aux agents d'indemnisation, qui ont travaillé en télétravail. Alors,
à partir du 14 mars, il a fallu transférer les gens totalement chez eux,
donc, avec leurs postes informatiques, leurs deux écrans, tous les moyens
aussi. C'est des gens qui ne traitaient pas les dossiers à distance. Ils se
sont réorganisés. Chapeau!
Je précise aussi
qu'on nous avait demandé de la transparence. On est à notre deuxième
publication des cibles. Donc, on publie, aux
trois mois, où est-ce qu'on est rendus. C'est sûr, chaque ministère et
organisme est tenu de publier ses cibles dans son rapport annuel. On
aurait pu dire qu'on les publiait annuellement, mais on a été un cran plus loin
en disant : Bien, on va les publier... Notre déclaration de services, le
délai, c'est 15 jours.
M. Derraji :
Oui, je l'ai, oui.
Mme Oudar (Manuelle) : Alors là, ça fait deux fois qu'on publie. On a
publié trois mois après le... Donc, on a publié une première fois au mois d'avril et on vient de republier aussi
notre deuxième séquence. Les délais s'améliorent. Donc, on s'approche de
la cible de 15 jours. Actuellement, on est à 37,1 jours. Donc, on a
diminué le délai.
Là, vous nous
demandiez au niveau de l'inventaire aussi. On a réussi à faire baisser les
inventaires. Les inventaires, ils étaient extrêmement élevés, là, il faut... Le
taux d'accidents du travail avait augmenté. On avait des... On rend plus de
133 000 décisions par année.
M. Derraji :
Oui, je le comprends. Nous avons un enjeu, vraiment, de temps. Ma question est
très simple. Vous étiez à 17 000, où vous en êtes aujourd'hui?
Mme Oudar
(Manuelle) : Aujourd'hui, donc, on est passés... On a des inventaires
qui sont montés aussi jusqu'à des pics de 19 000 puis aujourd'hui on est
davantage autour de 14 000.
M. Derraji :
O.K. Donc, votre inventaire, en date d'aujourd'hui, est de 14 000. Vous
étiez aux alentours de 17 000. Donc, il reste 14 000 dossiers à
traiter.
Mme Oudar
(Manuelle) : Il faut que j'apporte une précision. C'est très normal
qu'on ait un inventaire à 133 000... Notre inventaire ordinaire, c'est de
9 000 dossiers, à peu près, par année. On ne peut pas être à un
inventaire de zéro parce qu'il y a du roulant, là.
M. Derraji :
Non, non, je comprends parfaitement. Ce n'est pas ça mon but du tout, du tout,
du tout. C'est juste, vous êtes sensible à la question. Ma question, elle est vraiment...
Vous êtes sensible à la question d'inventaire. Je veux savoir, pour le bénéfice
des travailleurs qui sont en attente que leur dossier doit être traité, est-ce
que vous avez la capacité, en termes de ressources humaines, d'agir en temps
raisonnable pour réduire et revenir au seuil normal? S'il y a des demandes budgétaires
supplémentaires pour combler, bien, on fera la demande à M. le ministre aussi
pour vous donner les moyens quelconques.
Ma question, elle est
très simple. Est-ce qu'en fonction de ce que vous avez aujourd'hui, en fonction
du contexte de la COVID, en fonction de ce qu'on vous demande, vous êtes
capable aujourd'hui de nous répondre, en commission parlementaire, que vous
êtes capables de réduire ce délai? Si c'est oui, en combien de temps vous allez
atteindre la cible des 9 000, qui, selon vous, est correcte?
Mme Oudar
(Manuelle) : Merci. Alors, pour répondre plus précisément à la
question, c'est important, notre cible, c'est une cible de délai et non pas une
cible d'inventaire. Pour le travailleur et la travailleuse, c'est important
qu'ils sachent dans quel délai la commission va rendre la décision. Le délai de
15 jours, pour nous, il est primordial à respecter. J'ai pris l'engagement
public de le respecter. On publie nos cibles aussi également. J'ai changé toute
l'équipe de gestion. J'ai également nommé un
cadre qui relève directement de moi. Je publie des cibles aux trois mois,
comme je vous l'ai indiqué. Je rencontre aux 15 jours les représentants
des employés. On a des réunions régulières justement pour s'assurer d'être
toujours à la page, de monitorer, de répondre à la demande aussi également. Ces
engagements-là de proximité des employés, je vais les garder jusqu'à ce qu'on
atteigne la cible et même après, là.
J'ai classé... En
fait, la façon dont on fonctionne, puis c'est important que les gens le
sachent, là, on a des ordres de priorité, dans les types de réclamation, de 0 à
4. Les 0 et les 1, c'est les gens à qui on doit de l'argent, là. Donc, c'est
eux... Encore, j'ai fait des sous-catégories pour arriver à des délais encore
plus près quand, justement, la commission
doit de l'argent. On a créé aussi une boîte courriel pour que les employés
puissent répondre, et on répond s'il y a des appels de détresse, et on
peut aussi émettre le paiement d'IRR en avance, là.
Tout ça, c'est important, justement,
de mettre en place... en attendant d'atteindre la cible, puisque, pour répondre
à la question, la cible, on va l'atteindre probablement... puis, sans prendre
d'engagement de ce côté-là, il peut arriver une autre vague, il peut arriver
toutes sortes d'autres circonstances qui fait qu'on n'atteigne pas la cible,
mais la cible, on veut l'atteindre à la fin de mars 2021. Donc, c'est
important qu'en attendant on traite bien les travailleurs puis on s'assure
qu'on réponde à leurs préoccupations puis qu'on verse les montants aussi.
M. Derraji :
Donc, en date d'aujourd'hui, le plan que vous avez mis en place, les ressources
humaines que vous avez, vous êtes en mesure de nous confirmer, en commission...
comme en étude de crédits, que mars l'année prochaine, la commission va revenir
à la normale. Donc, il n'y aura pas d'inventaire... De départ, elle était de
19 000. Donc, on s'attend à revenir à 9 000 mars l'année prochaine?
Mme Oudar (Manuelle) : On s'attend à respecter le délai qui est dans
notre déclaration de services. Écoutez, aujourd'hui, là, moi, je suis en
contact régulier avec l'équipe de gestion, on n'a pas de demande d'effectifs
additionnels, mais, à la fois mon conseil d'administration... puis je sais qu'à
la fois on a l'écoute du gouvernement, si on devait ajouter des ressources. Je
ne peux pas vous dire aujourd'hui que cette situation-là est exclue. Je ne
prendrai pas cet engagement-là. J'aurais un jugement aveugle, je pense.
Ce que je vous
mentionne, c'est que je me tiens informée avec à la fois les représentants des
travailleurs dans l'organisation et aussi les
cadres pour s'assurer de prendre au fur et à mesure et d'avoir cette agilité-là
dans les meilleures décisions pour atteindre notre cible. On est à
quelques jours... En fait, il nous manque 15 jours pour l'atteindre. On
est, comme je vous le disais, à 31,7.
Je rajoute aussi que
nous, c'est des jours de calendrier. Donc, les fins de semaine sont comprises
aussi dans le 15 jours de la déclaration de services. C'est une norme qui
est très exigeante pour les agents d'indemnisation.
M. Derraji :
Oui, une dernière question par rapport aux indicateurs. Vos indicateurs... J'ai
la déclaration de services, je l'ai avec moi. Est-ce que, sur votre site, on
peut trouver les résultats des indicateurs? Est-ce que c'est toujours sur le
site de la CNESST, l'atteinte de vos résultats?
Mme Oudar
(Manuelle) : Oui. On est...
M. Derraji :
O.K. Excellent.
Mme Oudar
(Manuelle) : Je vous enverrai le lien aussi.
M. Derraji :
Aucun problème, on va le trouver. J'ai une autre question par rapport aux
employés. J'ai vu que le pourcentage
d'employés occasionnels représente 15 %. Pourcentage d'employés
occasionnels devenus permanents, en 2019, est de l'ordre de 79,9 %.
Combien de temps ça prend pour passer de l'occasionnel au permanent chez vous?
Mme Oudar (Manuelle) :
Chaque cas est différent, là. Je pense que...
M. Derraji :
Une moyenne.
Mme Oudar
(Manuelle) : Bien, on pourra vous sortir le délai moyen, mais il
est... L'occasionnel, l'emploi occasionnel,
c'est pour un besoin occasionnel. Donc, des employés occasionnels ne deviennent
pas forcément permanents. Je ne sais pas, la statistique que vous
souhaitez obtenir, c'est ceux qui deviennent... combien de gens restent
occasionnels, dans quel délai...
M. Derraji :
Absolument, oui.
Mme Oudar (Manuelle) :
On va vous la sortir. Mais vous savez qu'au cours des avant-dernières négociations, il y a eu des régularisations
d'employés occasionnels. La commission aussi a fait partie de cet exercice-là.
On ne m'a pas soulevé de problématique particulière, ni dans mes rencontres, d'ailleurs, avec les syndicats, à
ce sujet-là.
M. Derraji :
Est-ce qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre dans votre commission? Et, si
vous l'évaluez, c'est quoi, les postes vacants en date d'aujourd'hui? J'ai vu
qu'il y a... je ne sais pas si, toujours, il est vacant, le poste de vice-président,
section normes. Je ne sais pas s'il a été comblé ou pas. À part ce poste qui, je
pense, il est vacant depuis mars, est-ce qu'il y a une pénurie au niveau des
ressources à l'interne, à l'intérieur de la commission? Si c'est oui, vous
l'évaluez à combien?
Mme Oudar
(Manuelle) : On vit, comme tous les employeurs, des... On a vécu
certaines pénuries avant la COVID. La situation a changé aussi. On évalue les
postes de vulnérabilité, là, comme toute bonne organisation, au niveau des ressources
humaines. On a des postes qui sont affichés. Actuellement, j'ai des postes
d'inspecteur qui sont affichés à la commission. On a continué, nous, notre
recrutement et nos affichages. On passe des entrevues aussi en Teams. Donc,
nous, on n'a pas cessé, là, de continuer au niveau de nos comblements de
postes.
Par rapport au poste que
vous parlez plus précisément, du vice-président ou de la vice-présidente aux
normes du travail, c'est une retraite qui s'est effectuée au mois de... fin
juin. Donc, je suis en processus de dotation avec les emplois supérieurs. C'est
une nomination par le gouvernement sur la recommandation du ministre du Travail.
M. Boulet : J'aimerais ça, moi, si vous
me permettez, donner un complément d'information, là. Quand on réfère au taux
de roulement, notamment chez les agents d'indemnisation qui sont impliqués, là,
dans le processus d'analyse et de détermination de l'admissibilité d'une
réclamation, en 2019, le taux de roulement à la Direction générale pour
l'admissibilité des réclamations était de 8,8 %, 11,5 % à la CNESST.
Et, pour la même période, en 2018‑2019, là, j'ai le comparable pour la fonction
publique au Québec, c'était de 13,3 %. Donc, il y a une stabilité quand
même relative chez ce type de personnel là qui travaille à la CNESST.
• (12 h 20) •
M. Derraji : Merci. Je n'ai pas eu
ma réponse par rapport au nombre de postes vacants qu'il reste à combler au
niveau de la CNESST.
Mme Oudar (Manuelle) : On va vous la
fournir. Bien, écoutez, j'ai le nombre au niveau des inspecteurs. J'en ai
certains aussi, mais je ne l'ai pas globalement, là. Je vais... On va vous le
fournir.
M. Derraji : Mais avez-vous une idée
de grandeur? Je sais qu'on va le recevoir, mais c'est quoi, le... Vous êtes à
la tête d'une organisation, vous savez c'est quoi, les secteurs où il y a un
manque criant, à court terme, qui impacte vos services. Est-ce que c'est les
agents? Est-ce que c'est les inspecteurs? Est-ce que c'est... C'est quoi,
les... Au-delà du chiffre lui-même, brut, que j'espère recevoir, mais... c'est
vraiment : C'est quoi, les postes clés? Vous êtes à la tête de cette
organisation que, j'en suis sûr et certain, vous connaissez par coeur. C'est quoi,
les postes clés qui nécessitent vraiment beaucoup d'efforts en termes de
recrutement?
Mme Oudar (Manuelle) : Oui. Merci
pour la question. C'est un poste clé. Il y a beaucoup de postes clés à la
CNESST, mais on est la porte d'entrée unique en matière de travail, alors, pour
moi... Et on reçoit 1,5 million d'appels par année, c'est énorme, donc des
travailleurs, des employeurs qui ont besoin de nos services, qui viennent
chercher une réponse. Et les postes, justement, des agents au service de
relations avec la clientèle, je dis toujours que c'est la première voix qu'on
entend, c'est des postes qui sont difficiles à combler, c'est une job qui est
difficile, là.
Lors de ma
tournée... d'ailleurs, je vais aussi profiter pour les remercier. Vous savez,
ces gens-là, ils reçoivent jusqu'à 80 appels par jour. Je sais que
moi, je ne supporterais pas, à la maison, de recevoir autant. Alors, c'est des postes qui sont extrêmement difficiles à combler.
Il y a plus de roulement parce que, par la suite, ils vont se retrouver,
justement, dans un autre endroit dans l'organisation.
M.
Derraji : Je suis très
sensible à leur situation. Ma crainte, c'est : Nous sommes dans un
contexte extrêmement difficile avec la COVID, je ne veux pas qu'une organisation
comme la CNESST paie les frais que ça soit de la rareté de main-d'oeuvre, ou
pénurie de main-d'oeuvre, ou manque de budget. Donc, c'est pour cela que moi,
je veux aussi vous aider à atteindre vos résultats, parce que, pour moi, une
CNESST efficace, c'est au bénéfice de l'ensemble des travailleurs.
Ma question,
elle est, encore une fois, très claire : Au-delà du nombre, les secteurs clés, est-ce que
vous pouvez les énumérer? Comme ça, nous, on va les suivre tout au long
de l'année.
Mme Oudar (Manuelle) : O.K. Alors,
voilà, les postes au niveau de... si je peux compléter, au niveau du CRC, sont très,
très importants. Avec la COVID, c'est important de... Tout à l'heure, quand je
vous indiquais que la situation a changé, maintenant, c'est des gens qui
se trouvent en télétravail. Les postes, au niveau du CRC, maintenant, se sont comblés dans les
dernières semaines.
Par la suite, je peux vous parler des postes des
inspecteurs aussi, qui sont des postes clés. Donc, là aussi, tantôt, je vous
disais, on a continué à afficher, on continue à embaucher. Il y a eu une
trentaine... je pense, c'est entre 25 et
30 postes, là, qui se sont comblés. J'ai encore des postes en affichage,
alors... puis la CNESST est très attractive.
Donc, il n'y a pas de situation plus particulière
qu'une autre, mais il y a des postes clés, comme vous l'avez indiqué. Les
postes d'agent aussi le sont. On identifie les vulnérabilités, là, comme je
vous l'indiquais tout à l'heure, on suit ça de près, là, au niveau des
ressources humaines.
Mais, pour être plus précise par rapport à la
préoccupation que vous exprimez, il n'y a pas d'enjeu de difficulté qui ferait
en sorte que la mission de la commission ne puisse pas être remplie. Vous savez
que c'est une chose qu'on fait, comme toute organisation, dans l'analyse des
risques stratégiques, donc que le C.A., et le comité de gouvernance, et
nous-mêmes, on suit de près cette situation-là. Il n'y a pas de situation
difficile qui empêcherait la CNESST de remplir sa mission.
M. Derraji : ...moi, je vous pose
des questions, parce que c'est mon rôle de poser des questions et suivre le
travail de notre ministre par rapport à ce dossier. Et j'ai des craintes, je
tiens à l'exprimer, parce que vous avez une ambition, un ambitieux plan
d'atteindre l'équilibre, si j'ose dire, au mois de mars prochain. Vous avez un
problème de recrutement, à trouver... à combler les postes, vous avez le
contexte de la COVID, vous avez un autre contexte supplémentaire. Donc, c'est
pour cela que je lève des drapeaux rouges. Et, je pense, vous semblez dire qu'il
y a un problème de recrutement.
Donc,
j'espère qu'on va vous donner les moyens nécessaires pour combler les postes à
combler parce que c'est un dossier qui est extrêmement important, pas uniquement sur le volet des normes ou les
plaintes des travailleurs, mais le contexte de la COVID nécessite et
mobilise beaucoup de vos employés.
M. Boulet :
Puis si vous me permettez, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...à l'échange.
M. Boulet :
Moi, j'apprécie beaucoup votre sensibilité au rôle que les personnes qui
travaillent à la CNESST jouent dans le contexte de la pandémie. Et soyez assuré
que la CNESST jouit de tout le support budgétaire, financier, matériel et
humain.
Vous
savez, d'ailleurs, Mme Oudar a répondu pour les inspecteurs en
prévention-inspection, ils ont été extrêmement actifs par la voie téléphonique, sur le terrain. Il y a
un nombre, que Mme Oudar peut chiffrer, extrêmement important
d'interventions dans tous les milieux de travail.
Les guides, vous
l'avez souligné encore, puis je l'apprécie... des guides, dans tous les
secteurs d'activité, avec des normes, des listes de vérification, des
affichettes.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Merci.
M. Boulet :
Et soyez assuré que la CNESST jouit de toutes les ressources dont elle a
besoin. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, nous poursuivons avec un autre bloc, avec le
député, cette fois, de Bonaventure. Vous avez 14 min 40 s.
M.
Roy : Merci, Mme la Présidente. Salutations au ministre, Mme Oudar et à votre personnel, M. le ministre.
Écoutez,
dans la vie, des fois, on est confrontés à des paradoxes et des contradictions.
Moi, je suis le porte-parole
du travail, et nous avons, bizarrement, été interpelés par des travailleurs de
la CNESST en ce qui a trait au nouveau siège social.
Je
vais vous montrer les plans, M. le
ministre. Et c'est très particulier parce que,
dans un contexte pandémique... Bon, excusez le graphisme. Bon, vous
voyez, tout le monde? D'autres photos...
Ce qu'on soulève ici,
c'est la promiscuité des espaces de bureau, qui est dénoncée par des
travailleurs de la CNESST. J'ai entendu beaucoup de discours sur les conditions
de travail, sur l'embauche, etc. Bien, les lieux matériels, les lieux physiques
de travail sont quand même un espace assez important, surtout dans un contexte
pandémique. C'est sûr que les gens sont en télétravail actuellement, probablement
travaillent ailleurs, mais il n'en demeure pas moins qu'on a été interpelés par
des travailleurs de la CNESST pour dénoncer la configuration, qu'ils trouvent
abusive, de leurs espaces de bureau.
Dans
un contexte où on parle de leur rôle essentiel dans la protection des travailleurs, etc., moi, je pense qu'en tant que porte-parole ma job à moi
aussi, c'est de les protéger, eux. Ça fait que je ne suis que le messager, O.K.?
Mais il n'en demeure pas moins qu'on est devant une contradiction. Ça fait que
j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Boulet :
Moi, je vais remercier le député de Bonaventure pour cette préoccupation-là.
Souvenez-vous, au début de la période de
confinement, suite à l'annonce de la pandémie, on a toujours mentionné que la
santé et sécurité des travailleurs était un incontournable. Donc, dans
tous les milieux de travail, on s'est assuré que la distanciation soit bien
respectée.
Maintenant,
le point plus spécifique que vous soulevez... Je vais demander à Mme la
présidente de la CNESST de donner une réponse plus précise.
Mme Oudar
(Manuelle) : Alors, merci pour la question. Les mêmes normes... La
CNESST est assujettie aux mêmes normes de configuration des lieux que
l'ensemble du gouvernement. Donc, la taille des bureaux, les espaces de
travail, c'est les mêmes que... On a d'ailleurs travaillé le dossier avec la
SQI. L'érection du siège social est le résultat du travail entre la SQI et la
CNESST. Donc, on s'est assujettis aux mêmes normes gouvernementales.
Maintenant,
au niveau de la promiscuité... D'ailleurs, entre parenthèses, cette
situation-là ne m'est pas parvenue à mes oreilles ni, probablement, à
celles de mon V.P., malgré que je rencontre les associations, les représentants
des travailleurs à chaque deux semaines. On ne parle pas seulement de la DGAR,
on a décidé de parler de l'ensemble de la CNESST, donc, puis je suis régulièrement
en contact avec les présidents de ces associations-là.
Je n'ai pas été
informée des préoccupations, mais je peux vous dire que c'est important pour la
CNESST de respecter les normes sanitaires. Donc, on va s'adapter, comme toutes
les organisations gouvernementales et les organisations au Québec, à
l'application des normes sanitaires quand l'entièreté des équipes sera
déconfinée. Alors, on va s'adapter. Et on a des espaces collaboratifs de
travail, on a des choses, dans le siège social, qui feront en sorte que
l'ensemble des normes sanitaires seront entièrement...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Oui...
• (12 h 30) •
M. Boulet : Et
soyons concrets, Mme la Présidente, si vous me permettez. Il faut que ces
personnes-là s'expriment, présentent leurs doléances, et, à la CNESST, on va
faire la cueillette d'information qui s'impose, et, s'il y a des correctifs à
apporter, ils le seront. Mais il faut avoir des faits concrets, là. C'est une
allégation à l'égard de laquelle on n'a pas d'information particulière. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député de Bonaventure.
M. Roy : C'est pour ça que je
suis à l'opposition, c'est parce qu'il y a des gens qui nous parlent, tu sais,
c'est comme ça que ça se passe, et, des fois, essaient de parler aux
dirigeants, ils n'y arrivent pas ou prennent d'autres chemins. Mon travail à
moi, c'est d'être leur porte-parole.
Ceci étant
dit, vous avez souligné que ces gens-là avaient de 80 à 90 appels par
jour. Je ne pense pas que ça soit le débit normal de tous les ministères. Donc,
il faut avoir une préoccupation particulière pour ces gens-là. Et moi, ce que
j'attends, comme réponse, c'est que vous allez regarder ça de près et de voir à
ce que les conditions matérielles d'exercice de leurs fonctions soient faites
avec les meilleures conditions possibles. Donc, s'il y a lieu d'espacer, bon, les bureaux, etc., pour les
privatiser un petit peu, parce qu'ils ont quand même des dossiers importants,
bien, j'aimerais entendre que vous allez vous pencher là-dessus.
M. Boulet : Absolument. Ce
sera fait.
Mme Oudar (Manuelle) : L'information
importante, là, si je peux me permettre... En fait, les appels des gens du CRC,
comme on les appelait tout à l'heure, ceux que vous mentionniez, qui reçoivent
80 appels par jour, ils sont à Caplan
et à l'édifice Desjardins, à Montréal, ils ne sont pas dans le siège social. Je n'ai pas de centre de relations avec la clientèle au siège
social.
M. Boulet : ...je le dis
entre collègues, il faut bien documenter, il faut s'assurer que les faits
soient bien véhiculés à la haute direction et aux hauts dirigeants de la
CNESST. Et je vous assure que les correctifs appropriés, le cas échéant, seront
apportés, là, parce qu'il faut s'assurer que tout le monde puisse oeuvrer dans
un environnement de travail qui est sain, et sécuritaire, et, comme le disait
Mme Oudar, respectueux des normes sanitaires qui s'appliquent à tout le monde
dans le contexte actuel, là.
M. Roy : Parfait. Message
reçu. Le jour de la marmotte, M. le ministre : la modernisation de la
CNESST. C'est un gros dossier, ça. Moi, écoutez, j'ai... Et il faut toujours
regarder les quatre côtés d'une médaille. Moi, il n'y en a pas deux,
il y en a quatre, là, ça peut tenir debout. On a de nombreux appels de travailleurs
qui se sentent lésés, qui nous expriment, écoutez, un désarroi et un désespoir
qui est inimaginable. Mais là il faut prendre toujours les deux côtés de la médaille, hein? Certains nous disent que, bon, les
médecins semblent s'orienter vers un diagnostic qui va favoriser la CNESST. Puis je vous le donne comme ça m'est donné, sauf que c'est récurrent, ça revient souvent.
On a déjà discuté, bon, de la situation d'ajout
de nouvelles maladies dans la liste des maladies reconnues. À ma
connaissance, on n'en a pas ajouté beaucoup dernièrement. Et on a fait la
commission sur les pesticides et, bon, on a vu qu'il y a des travailleurs qui
souffrent de certaines maladies qui, dans d'autres pays, sont reconnues comme
des maladies professionnelles, donc... Puis je ne rentrerai pas dans tous les
détails, là, mais il y a quand même des choses qui sont troublantes. Et je sais
pertinemment qu'à l'article 454-1 la CNESST peut ajouter des maladies,
mais elle ne l'a pas fait.
Donc, j'aimerais avoir un peu un message
encourageant pour les travailleurs du Québec, dans le sens où vous allez vous engager à faire une modernisation pour
adapter la CNESST en fonction des changements que les travailleurs
vivent, de l'émergence de nouvelles maladies et des allégations aussi, un peu,
de, je ne dirais pas... je vais peser mes mots, mais de tendances de certains
médecins à privilégier le côté de la CNESST... que du travailleur. Et ça, ça va
m'amener à une question à Mme Oudar.
C'est quoi, le pourcentage de dossiers traités qui aboutissent à une
indemnisation? J'ai beaucoup de questions, là, mais moi, je suis porte-parole,
hein?
M. Boulet : Oui, c'est un
mélange de questions, mais je vais essayer de les canaliser dans un entonnoir
pour vous dire, d'abord et avant tout, que la modernisation du régime de santé
et sécurité au Québec s'impose. Nous sommes là depuis le 1er octobre 2018;
la loi en matière de prévention, santé, sécurité du travail a été adoptée en
1979; la loi en matière d'indemnisation, accidents du travail et maladies
professionnelles a été adoptée en 1985, et ces lois-là n'ont pas fait l'objet
d'ajustements majeurs depuis cette époque-là. Et la pandémie que nous vivons
actuellement a mis l'accent sur l'importance de bien prévenir, de faire de la
prévention.
Souvent, on dit, puis la littérature le
confirme, que chaque dollar investi en prévention rapporte à peu près 5 $
à l'entreprise. La prévention, ça amène tout le monde autour de la table, tout
le monde a le même intérêt. Il faut diminuer la fréquence et la gravité des
lésions professionnelles, et ça passe, d'abord et avant tout, par la
prévention. Les mécanismes de prévention qu'on a actuellement, les programmes de
santé, les programmes de prévention, les comités de santé et sécurité puis les
représentants de la prévention, ils s'appliquent en fonction du secteur
d'activité économique. Vous vous souvenez de ça, et à l'époque, en 1979 et
1985, ce n'étaient pas les mêmes secteurs. Le marché du travail a connu de
profondes mutations, les risques ont évolué de façon considérable.
Et là ça m'amène, là, parce que je pourrais en
parler pendant deux heures et demie... mais l'annexe I sur les maladies professionnelles, elle fait partie
intégrante de la loi. Donc, quand on veut changer l'annexe I, ça prend l'enclenchement de tout le processus d'amendement de la loi.
Les maladies professionnelles qui y sont, c'est des maladies professionnelles présumées, comme les lésions musculosquelettiques,
là. Vous savez, les tendinites, bursites, ténosynovites sont associées à un travail répétitif sur une période de
temps prolongée. Ça, c'est encore pertinent. Il y a des maladies qui y apparaissent qui n'ont plus aucune
pertinence...
La Présidente (Mme IsaBelle) : En
conclusion, M. le ministre. Il y a beaucoup de questions...
M. Boulet : Bien, il y avait tellement
de questions, mais je ne pourrai pas répondre à toutes les questions. Mais ce
que je vous dis, c'est que ça s'impose, actuellement, et de façon encore plus
aiguë en tenant compte de la pandémie, que nous devions repenser ces deux
lois-là et les adapter à la réalité et aux besoins actuels des travailleurs,
des syndicats puis des employeurs.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Vous aviez une question pour Mme Oudar. Est-ce qu'elle demeure, cette question?
M. Roy : Bien, le pourcentage
de dossiers qui sont traités avec indemnisation...
Mme Oudar
(Manuelle) : Alors, bon an,
mal an, depuis les 10 dernières années, on accepte, en
indemnisations, à peu près 80 % des demandes d'indemnisation. Tout à
l'heure, je vous disais : Bien, on rend 133 000 décisions par année,
donc... et il y a des décisions en indemnisation. Vous savez, il y a toutes
sortes de décisions, dans le 133 000, là. Il y a de l'indemnisation, il y
a de la réadaptation, parce qu'on se déplace aussi pour de la réadaptation au
domicile des travailleurs et des travailleuses, puis il y a des décisions aussi
relatives à la cotisation des employeurs, dans ce 133 000 $ là. La
majorité, c'est des décisions relatives à l'indemnisation. Donc, en
10 ans, la moyenne est de... 80 % des dossiers sont acceptés.
M. Roy : Parfait. Merci
beaucoup. Les agences de placement... et, bon, j'écoutais le reportage hier,
puis c'est reconnu, là, ont été des vecteurs de contamination dans le domaine
de la santé. Est-ce que vous allez modifier la réglementation, l'environnement
normatif des agences de placement? Je sais que c'est dans les cartons, mais
est-ce que ça a été fait ou est-ce que ça va être fait?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
vous reste deux minutes à l'échange.
M.
Boulet : Il y a les agences de placement et de recrutement des
travailleurs étrangers temporaires. Là, est-ce que vous faites référence
au règlement...
M. Roy : À la santé.
M.
Boulet : À la santé uniquement? Ça, oui, il y a un comité
interministériel qui y travaille de façon intensive. Mais je reviens
quand même, pour tout ce qui concerne le recrutement des travailleurs étrangers
temporaires, il y a un règlement qui est entré en vigueur, le 1er janvier
cette année, qui impose des règles beaucoup plus importantes pour assurer de
combattre la vulnérabilité de ces personnes-là qui intègrent, notamment, le
domaine agricole, mais il y en a aussi dans le domaine de la santé, pour
s'assurer que ces agences-là aient des permis, et, quand c'est des agences de
placement, qu'il y ait une responsabilité solidaire quant à l'application et le
respect des normes du travail, et qu'il n'y ait pas de disparité de traitement
quand c'est des personnes qui font le même travail dans le même établissement.
Merci.
• (12 h 40) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
50 secondes.
M. Roy : Est-ce que le décret ou l'urgence sanitaire va
être reconduit aujourd'hui? Parce que j'ai eu de nombreux appels de
travailleurs de la santé qui trouvaient que l'urgence sanitaire avait le dos
large puis qu'ils subissaient une certaine forme d'intimidation ou de... je ne
dirais pas de menace, là, mais il y a des gens qu'on obligeait à rentrer travailler, même si... Écoutez, je sais que le
contexte pandémique a obligé le gouvernement à prendre des décisions
importantes. Ça, je n'ai pas de problème avec ça. Mais est-ce que le décret ou
l'urgence sanitaire va perdurer encore longtemps dans un contexte où on retire
les droits syndicaux aux travailleurs?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
15 secondes.
M. Boulet : Moi, je ne me
substituerai pas à des personnes qui ont les compétences et les qualifications
en épidémiologie, en médecine et en science. On travaille en collaboration,
bien sûr, avec la Santé publique, et le décret sur l'urgence sanitaire, vous
savez, il est renouvelé mais après analyse, observation de l'évolution de
l'épidémiologie au Québec. On veut le plus possible coller à la nécessité médicale.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Alors, nous poursuivons avec le troisième et dernier
bloc de l'opposition officielle, avec M. Nelligan... député de Nelligan.
M.
Derraji : Bien, j'aurais aimé être M. Nelligan.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oui, hein?
M. Derraji :
Avoir son talent, Mme la Présidente, avoir son talent.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Vous en avez un autre. Vous en avez d'autres.
M. Derraji :
Avoir son talent. Combien il me reste de minutes, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Vous avez encore 19 min 33 s.
M.
Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Le gouvernement, M. le ministre, a pris la décision, votre gouvernement,
de continuer à payer les gens accidentés, vu le contexte de la pandémie. Donc,
il y a des coûts engendrés par la CNESST pour supporter ces gens en arrêt de
travail et surtout pour les gens à qui le retour au travail a été vers le mois
d'avril. Je ne sais pas si c'est quelque chose qui vous vient à l'esprit
maintenant.
J'aimerais bien
savoir de vous : Le montant s'élève à combien, le montant de ces remboursements?
Ça a coûté combien à la CNESST?
M. Boulet :
O.K. Je vais donner un premier volet de réponse...
M. Derraji :
Aucun problème.
M. Boulet :
...si vous me permettez, Mme la Présidente. Il nous apparaissait essentiel que l'État
québécois soit sensible à l'indemnisation des personnes qui ont subi des
lésions professionnelles reconnues par la CNESST, qu'ils puissent continuer de bénéficier des indemnités de remplacement de revenus, malgré la période de confinement que nous avons
connue. Et je trouve ça extrêmement intéressant que vous preniez le temps de le
souligner. C'était nettement revendiqué par les partenaires du marché du
travail, et d'emblée nous avons retourné l'ascenseur et répondu aux besoins
fondamentaux de ceux qui étaient indemnisés par la CNESST.
Maintenant, quant aux
coûts précis, je vais demander à Mme Oudar, dans la mesure du possible.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...
Mme Oudar
(Manuelle) : Merci, Mme la Présidente. On a prolongé, effectivement,
l'IRR, puisque les gens ne pouvaient pas retourner en emploi compte tenu du
décret d'urgence sanitaire. Donc, c'était important pour nous de prolonger
l'IRR. Dans les coûts additionnels, aussi, on indemnise les travailleurs et les
travailleuses de la santé qui sont infectés suite à la COVID. On suit... là,
j'ai les chiffres devant moi, je vais les consulter, là, mais nous, on suit, avec
mon comité de gouvernance... on a créé un comité de gouvernance spécial, on
s'est fait une feuille de route pour suivre, effectivement, ces chiffres-là.
Donc,
ce qui représente, au niveau de l'indemnisation des travailleurs et des
travailleuses de la santé, y compris aussi prolongation du PMSD, on a
8,8 millions, là, en indemnisations juste pour les travailleurs et
travailleuses de la santé, au niveau de la COVID, et 18,2 millions pour le
PMSD. Puis la prolongation d'IRR, là, au 19 juillet, ça représentait
33,5 millions, puis, pour le PMSD, la prolongation représente, au
19 juillet aussi, 3,4 millions.
M. Derraji :
Je n'ai pas une calculatrice à côté de moi, mais on frôle à peu près, très,
très rapidement, 36, 50... 60 millions de dollars, à peu près, ou
62 millions de dollars dans les quatre blocs.
Mme Oudar
(Manuelle) : Je dois vous dire aussi que nous, on est en lien constant
avec le ministère des Finances. La situation de... la CNESST, elle est en très
bonne situation financière. Le fonds est capitalisé à très haut niveau, là, ce
qui a permis aussi d'affronter cette situation particulière. On vient de
baisser le taux de cotisation des employeurs à 1,77 $, qui est le plus bas
taux, là, depuis 1985, la création de la Loi sur les accidents du travail et
maladies professionnelles. On est en lien aussi... Bien entendu, vous le savez,
que nos fonds sont à la Caisse de dépôt et placement, donc...
M. Derraji :
Je suis au courant. Et ce que j'aime avec vous... Vous me voyez venir, c'est
excellent. Ma question, elle était justement : Est-ce que le régime sera
affecté? Et je pense que vous avez compris comment je veux faire atterrir ma
question. Je vais la répéter d'une manière beaucoup plus claire, parce que vous
êtes la personne qui peut nous donner aujourd'hui l'heure juste.
Je sais que le
ministre était sensible, le gouvernement était sensible, je le suis et j'étais
sensible surtout dans le contexte de la COVID.
On vous a demandé d'agir, vous avez agi, c'est excellent, pour le bénéfice de
nos travailleurs. Ça, c'est une chose faite. La chose la plus
importante, c'est que, par la suite, on gère quelque chose. Vous avez... ce
n'est pas quelque chose qui a été prévu sur votre table de dessin ni par
rapport à vos budgets déjà préétablis, hein, au début de l'année.
Là, maintenant, ma question. Je sais
que vous travaillez avec le ministère
des Finances. Vous avez eu
l'assurance que tout ça sera payé et remboursé dans un budget à part, ce
n'est pas le budget de fonctionnement de la CNESST?
Mme Oudar (Manuelle) : Nous, on surveille de très, très près,
effectivement, la situation, puisque, vous l'avez mentionné, vous avez
raison... C'est une très bonne question, hein? On s'est assurés aussi que les
assouplissements qu'on donnait aux travailleurs — je vous ai parlé du
taux de cotisation, mais, depuis le 14 mars, on a donné beaucoup
d'assouplissements, y compris pour le versement des cotisations, ou autres — que
la commission ait les capacités. J'ai une équipe d'actuaires qui sont
chevronnés, à la commission aussi, donc c'est sûr que toutes les décisions qui
ont été prises le sont aussi en tenant compte de la situation de la commission.
On demeure vigilants,
là, au comité de gouvernance et d'éthique. Sur mon comité... écoutez, le
président du comité de gouvernance et d'éthique, Yves-Thomas Dorval, là,
le président du CPQ, j'ai des gens de la Fédération des chambres de commerce,
j'ai des représentants des travailleurs aussi, donc Daniel Boyer, le
président de la Fédération des travailleurs du Québec, des gens qui sont extrêmement
compétents, là. Moi, je remercie aussi pour le haut degré d'excellence de mon conseil
d'administration. C'est très important qu'on surveille, effectivement,
l'évolution. C'est pour ça qu'on s'est fait une feuille de route et on regarde,
on monitore à tous les mois, on s'assure que toutes les données évoluent puis
s'assurer aussi qu'on prenne les bonnes décisions jusqu'à la fin.
M. Derraji :
Je n'ai aucun, aucun, aucun problème par rapport à ça. Mais ma question... parce
que, vous allez voir, ma prochaine, et je vais la poser plus au ministre parce
que ça le concerne davantage, c'est que depuis le début on parle d'une
situation exceptionnelle. Vous avez établi votre plan d'action avec vos comités
et avec votre conseil d'administration. Vous avez des enjeux sur la table en
termes de dossiers à traiter, inventaires. Vous avez des enjeux de recrutement
de main-d'oeuvre. Il y a les enjeux de répondre et atteindre vos cibles et vos
indicateurs. Il y a l'enjeu, que je salue, continuer à payer les gens. Donc, je
m'attends, je m'attendais que, dans les crédits de transfert... de voir un
portrait clair.
Malheureusement, je
ne sais pas est-ce que vous êtes sur la même longueur d'onde, par rapport aux
crédits de transfert, mais, quand je vois une baisse entre une année où il
était normal... il n'y avait pas de COVID, et l'année, et les prochains
crédits... J'imagine, le ministre est familier avec ces chiffres, sinon, je
peux lui dire, c'est la page 210 : 2019‑2020, 14 000 $;
2020‑2021, 13 000 $. Ça, c'est le programme 1, Commission des
normes, de l'équité, de la santé et de la
sécurité du travail, donc on parle de vous. Donc, il y a une baisse de
14 000 $ à 13 000 $. Il y a les autres crédits de
transfert.
Je ne sais pas si
vous pouvez nous clarifier, mais j'aimerais bien avoir une clarification, à
part de ces crédits, s'il y a... si quelqu'un peut juste nous dire l'heure
juste par rapport... Est-ce qu'aujourd'hui on peut dire qu'il y a une baisse
des transferts de crédits que votre ministère accorde à la CNESST? Est-ce que
je peux juste avoir cette confirmation aujourd'hui? Ça, c'est le cahier des
crédits du budget que nous avons eu la chance d'avoir cette année. M. le
ministre.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...ministre en premier?
M. Derraji :
Oui.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, M. le ministre.
M. Boulet :
Je ne suis pas en mesure de répondre à savoir s'il y a eu une baisse des
crédits transférés de mon ministère pour le bénéfice de la CNESST. Il y a un
bilan qui va se faire, on va s'assurer de répondre à des besoins, le cas
échéant. Mais il faut savoir que la CNESST gère notamment un régime
d'indemnisation qui est financé par les employeurs au Québec. C'est un régime
qui est extrêmement bien géré, c'est un régime qui est autonome, là.
Ce n'est pas nous qui
alimentons la CNESST. La CNESST, elle est alimentée par des cotisations
patronales. Et je pense que vous deviez aller au bout de la réponse, le taux de
cotisation a baissé. C'est un régime qui est extrêmement bien géré. Cette
baisse-là, elle amène le taux de cotisation à un bas historique. Ça va être
effectif le 1er janvier 2021 et ça représente, globalement, un retour,
parce que c'est ça qui devrait vous intéresser, un retour de 130 millions
de dollars chez les entreprises qui cotisent.
• (12 h 50) •
M. Derraji :
On ne parle pas de la même chose. On ne parle vraiment pas de la même chose, M.
le ministre.
M. Boulet :
Ah! bien, je ne comprends pas la question.
M. Derraji :
Je vais la répéter, aucun problème. Ce que j'ai aujourd'hui devant moi, c'est
le budget, c'est les crédits de transfert.
C'est la page 210, c'est pour... Si jamais vous voulez, je peux vous
donner une copie, je l'ai, mais j'imagine que vous avez devant vous vos
budgets. Ce que j'ai devant moi... C'est pour cela que je demande des
clarifications. Ce que je constate, et dans le bénéfice de me corriger, ce que
je constate, les chiffres que j'ai devant moi,
le budget de 2019‑2020 était de 14 000 $. Le budget de transfert, en
milliers de dollars, ce que j'ai, de 2020‑2021, est de l'ordre de
13 000 $. Juste me dire, est-ce que les chiffres que j'ai devant moi
sont corrects? Et, si c'est correct, est-ce que vous avez eu, dans vos
prévisions, une baisse du budget de la CNESST entre 2019 et 2020?
Et
je comprends que ce budget était fait, et vous avez probablement... vous m'avez
entendu en Chambre, qu'il y avait une déconnexion entre le budget et la réalité
de la pandémie. La question qui se pose... La CNESST a été pas mal interpelée
pendant la COVID. Est-ce que le budget qui a été annoncé et ces transferts de
crédit, les chiffres que j'ai devant moi aujourd'hui, sont encore valables
aujourd'hui?
M.
Boulet : Je vais reprendre ma réponse. À ma connaissance, puis je
pourrai faire des vérifications complémentaires,
mais il n'y a pas de crédit transféré de mon ministère à l'attention de la
CNESST. Bon, la CNESST, c'est la santé, sécurité, c'est l'équité
salariale, et c'est les normes du travail, puis c'est alimenté financièrement
par des cotisations payées par les employeurs au Québec. Donc, le chiffre
auquel vous faites référence et la page à laquelle vous faites référence, je ne
l'ai pas devant moi, et ça me fera cependant plaisir que vous me transmettiez
cette page d'information là, et moi, je m'engage à vous donner la réponse
appropriée. O.K.?
M. Derraji :
O.K. Aucun problème. Merci. Dans la même logique, on comprend que la COVID
n'était pas prévue sur la table de dessin de la CNESST. Et j'ajoute, encore une
fois, que même le gouvernement n'avait pas pris de précautions lors du dépôt du
budget. Je l'ai exprimé dans ma lecture du budget déposé par votre collègue
ministre des Finances.
Vu tout ce qui a été
exposé par Mme la présidente-directrice générale, est-ce que vous voyez des
enjeux par rapport au travail de la CNESST par rapport à la prochaine année,
donc d'ici un an? Je sais que vous avez vos paramètres, vous avez vos enjeux,
mais, si je vous pose la question aujourd'hui, en tant que ministre de l'Emploi
et du Travail... Sur votre table de dessin, c'est quoi, les éléments que vous
allez regarder au courant des prochains mois pour que la mission de la CNESST
soit conforme... sa mission?
M. Boulet :
Il y a peut-être deux éléments qui m'apparaissent vraiment fondamentaux. D'abord
et avant tout, répondre aux besoins des entreprises et des travailleurs en
matière de santé-sécurité, et ça, ça va surtout passer par les interventions de
nos inspecteurs. On a répondu à la demande, on a ajouté des préventionnistes
issus de différents organismes publics et de certains ministères. Et la
réflexion la plus profonde qui découle de la pandémie, c'est : Il faut
véritablement mettre l'accent sur la prévention et sur le projet de
modernisation du régime de santé, sécurité. Ça fait partie... Oui? Excusez.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il reste 6 min 30 s à l'échange.
M. Boulet :
Et donc ça, c'est évidemment devenu, pour moi, un incontournable dans ma
réflexion. Les maladies infectieuses, la
gestion des risques nouveaux découlant de types de maladie, là, dans les environnements de travail, les politiques de prévention, les programmes de
santé, les mécanismes de prévention, le développement des nouveaux risques de nature psychosociale, l'impact du télétravail sur
les accidents de travail, les maladies professionnelles, les nouvelles
organisations du travail... Mais le télétravail, comme, par exemple, il y a
des... on est en train de constamment analyser les conséquences. Les horaires
de travail flexible ont des impacts sur le nombre d'heures de travail
supplémentaires faites non rémunérés, l'impact sur les réclamations en matière
d'accident de travail, maladie professionnelle, la description...
Puis là je vais dans
les aspects bien, bien pratiques, là, mais cette pandémie-là nous amène à nous
redéfinir en matière de santé et sécurité du travail et à bien comprendre
toutes les répercussions découlant de ce contexte pandémique là. Et c'est une réflexion qui ne sera jamais
terminée, hein? Puis l'impact de la distanciation sur l'environnement de
travail, l'impact sur ce qui se passe dans les centres-villes, notamment à Montréal,
du télétravail, bon, et bien d'autres, là... C'est peut-être une réponse un peu
large, là...
M. Derraji :
Non, non, mais merci. C'est notre premier échange, et j'aimerais bien aussi
avoir votre vision. Je veux dire que vous allez aussi... On s'était échangé
avant, mais, pour moi, ça me met aussi, dans ma tête, votre réflexion. Rendu à
la fin de mon bloc, j'aimerais bien la savoir. Je vais terminer sur deux
points, un, probablement, qui concerne plus
la CNESST. J'aimerais bien qu'on parle d'une manière très brève du Tribunal administratif du travail.
J'ai
devant moi une réponse, et pourquoi je la ramène sur la table, c'est pour lever
un autre drapeau. L'article 110, ça, c'est le conseil
d'administration de la CNESST, sommes versées dans le cadre d'ententes entre la
commission, et les CISSS, et les CIUSSS pour que celle-ci assure les services nécessaires
à la mise en place des programmes de santé. Ce que j'ai constaté, il y avait un
budget de 79 millions de dollars. À la fin de l'année 2019, donc, on parle
des dépenses de 72 millions de dollars. Vous avez tous suivi ce qui a été
fait au niveau des CIUSSS et CISSS, au niveau des mesures de sécurité. Je ne
sais pas c'est quoi, le monitoring que la CNESST fait par rapport à ces
programmes. Les budgets étaient là, ça n'a pas été dépensé. Ça n'a pas été
engagé à 100 %. Je ne sais pas le pourquoi. C'est, au fait, une réflexion,
ce n'est pas juste une question.
Mais, comme le
ministre, je suis très sensible par rapport à la sécurité des travailleurs. Ça
a été quelque chose que nous avons tous soulevé, pendant la pandémie, et je
n'ai pas de réponse au pourquoi de... on se ramasse, à la fin de l'année, avec
un 60... à peu près 7 millions de dollars. Je ne sais pas si vous voyez de
quoi je parle, Mme la Présidente. Donc, vous êtes au courant de ça? Comment
vous allez y remédier pour le prochain budget?
Mme Oudar
(Manuelle) : En fait, c'est une entente qu'on fait avec la Santé
publique. Vous savez que la CNESST verse des montants, vous y avez fait
référence, là, au niveau de la Santé publique. Donc, annuellement, on a une signature entre nous, entre la CNESST et Santé publique.
Donc, c'est de la façon dont on suit, chez nous aussi, l'utilisation des
budgets. On est en train de discuter de ça entre la Santé publique et la CNESST
en ce moment, là, on est dans la préparation de l'année prochaine. Donc, c'est
des discussions qui sont en cours actuellement.
M.
Derraji : Et j'aimerais bien, avec l'accord du ministre... de nous
partager ces échanges. C'est extrêmement important, avec ce qui a été
vécu par les Québécois et par les travailleurs en termes de sécurité. Je vois que
les sommes sont là, sont disponibles. Donc, il ne faut pas qu'on lâche cet
aspect de sécurité. M. le ministre, Tribunal administratif du travail, y a-t-il
des délais encore? Est-ce que ça a été repris? Où vous êtes rendu? Je sais que
les auditions ont recommencé. Est-ce qu'on peut avoir un portrait de la
situation?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...minutes pour le portrait.
M. Boulet :
Tribunal administratif du travail, très rapidement, vous savez, comme les
tribunaux judiciaires, il y a eu, évidemment, un temps d'arrêt, pendant la
période pandémique, sauf les demandes d'ordonnance qui étaient urgentes, les
demandes de sursis, les demandes de redressement en matière de services
essentiels, les droits de refus. Bon. Et là on a repris, je vous dirais,
beaucoup par la voie numérique. Il y a beaucoup de visioconférences. 50 %,
me dit-on, là, puis Mme Nadeau pourra compléter, des audiences au TAT se
font par visioconférence actuellement. Il y a eu beaucoup de pédagogie qui a
été faite auprès des procureurs... Pardon?
M. Derraji :
...une idée sur l'inventaire, s'il y a un inventaire?
M.
Boulet : Sur l'inventaire, je laisserais Mme Nadeau, si c'est le
seul élément de réponse qui vous intéresse. Sur l'inventaire,
Mme Nadeau, s'il vous plaît, avec la permission de...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, est-ce qu'on a la permission? Alors, Mme Nadeau,
peut-être, avant de répondre à la question, vous présenter.
• (13 heures) •
Mme Nadeau
(Lucie) : Lucie Nadeau, présidente du Tribunal administratif du
travail.
Alors, entre le
16 mars et le 12 juin, on a annulé les audiences et les séances de
conciliation qui se tenaient en personne, en raison de la pandémie. On a annulé
près de 7 000 audiences. On va être en mesure de remettre ces dossiers-là
au rôle de septembre à mars prochain, mais en mettant en oeuvre différents
moyens, dont les audiences virtuelles. Alors, depuis le 15 juin, on a
46 salles aménagées pour entendre les gens en personne, avec les mesures
de protection, écrans, etc. Et, en même temps, on a développé des audiences
virtuelles, et beaucoup d'interventions en conciliation, et des juges
administratifs, en termes de conférences préparatoires, de décisions sur
dossiers. Ce qui fait qu'on a quand même réussi, pendant... du 16 mars au
31 juillet, à fermer 10 000 dossiers, même si on était au ralenti.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Je vous remercie beaucoup. Vous avez été brève, mais on
veut accorder quand même quelques secondes de plus. Je me sentais mal de vous
couper.
Écoutez, on aura des
suivis. Mme Oudar, j'ai noté, et corrigez-moi si je me trompe, mais on aura
trois suivis de votre part, des transferts. D'abord, vous avez promis, au
début, que vous alliez nous transmettre un lien Web à la commission
parlementaire; ensuite, la moyenne... ça avait été demandé par le député de Nelligan,
la moyenne de temps qu'un travailleur occasionnel prend pour devenir, s'il le
veut, là, devenir un travailleur permanent; et j'ai également une troisième
demande pour vous, qui était le nombre et les titres des postes vacants. C'est
bien ça? Et on a demandé au ministre également de revenir sur la question qui a
été posée aussi par le député de Nelligan sur... la question sur le transfert
de crédits dans le dernier budget. C'est bien ça aussi?
Alors,
écoutez, compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 15 h 30, où elle entreprendra l'étude du volet PME et innovation
du portefeuille Économie et Innovation. Bon dîner, tout le monde. Merci.
(Suspension de la séance à
13 h 02)
(Reprise à 19 h 30)
La Présidente (Mme
IsaBelle) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet
Emploi et Solidarité sociale des crédits budgétaires du portefeuille Travail, Emploi et Solidarité
sociale pour l'exercice financier 2020‑2021. Une enveloppe de deux heures a été
allouée pour l'étude de ces crédits. Pour la première heure, le ministre est
accompagné de la Commission des partenaires du marché du travail et, pour la
deuxième heure, du Directeur de l'état civil.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Dansereau
(Verchères) est remplacée par M. Lefebvre (Arthabaska); Mme Sauvé
(Fabre) est remplacée par Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé); et Mme Richard
(Duplessis) est remplacée par M. LeBel (Rimouski).
Emploi et Solidarité sociale
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Nous allons procéder aux échanges entre les groupes
d'opposition et le ministre par blocs
d'environ 10 à 20 minutes pour permettre à chaque groupe d'opposition
d'écouler graduellement son temps de
parole. Le temps d'échange inclut les questions et les réponses. Je fais appel
à votre collaboration, comme d'habitude, pour que le temps de réponse
soit proportionnel au temps des questions comme le veut la pratique.
Discussion générale
Nous sommes
maintenant prêts à reconnaître une première intervention de l'opposition
officielle pour un premier bloc d'échange. M. le député de Nelligan, la parole
est à vous. Vous disposez de 20 min 10 s.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Encore une fois, je remercie les personnes qui accompagnent
M. le ministre, donc à savoir la P.D.G. de la CPMT et toute son équipe. Donc,
j'ai eu l'occasion de remercier l'équipe du ministre tout à l'heure, donc je
continue à les remercier d'être présents avec nous dans cet exercice important.
Première question,
Mme la Présidente. J'ai mentionné au ministre que je vais revenir au PACME, qui
a été un excellent programme, je tiens à le dire. Ça a été un excellent
programme de 100 millions, après l'ajout de 50 millions, que,
j'imagine, on va voir tout à l'heure que ça vient probablement des fonds au
niveau de la CPMT. Mais, comme je l'ai mentionné au mois de juin, M. le
ministre, il y avait beaucoup, beaucoup de ratés. Est-ce qu'aujourd'hui vous
êtes en mesure de me dire, M. le ministre, c'est quoi, les ratés du programme
que vous avez vous-même constatés?
M. Boulet :
Alors, bonne soirée, tout le monde. Merci encore à mon collègue de Nelligan
pour la question. Le PACME, il faut revenir à l'objectif de ce programme-là qui
était un programme d'aide concertée pour le maintien en emploi. Rappelons-nous,
on était au début de la période de confinement et on voulait encourager les
entreprises à maintenir le lien d'emploi pour aider les travailleurs à passer
au travers de la pandémie. Donc, le programme, il consistait essentiellement à
permettre aux travailleurs de faire de la formation tout en étant rémunérés. Ça
a été financé par le Fonds de développement et
reconnaissance des compétences de la main-d'oeuvre sous l'égide de la Commission
des partenaires du marché du travail et le Fonds de développement du marché du
travail. Ça a connu effectivement un succès phénoménal. Au-delà de
250 000 travailleurs en ont bénéficié, à peu près 35 000
entreprises.
Les ratés... Ça n'a
pas été parfait. On était en période où on reconstruisait le Québec, dans la
mesure où il s'appuie sur des mesures et des programmes pour soutenir les
entreprises et les travailleurs dans un contexte... dans celui que vous
connaissez. On a été submergés, et c'était géré beaucoup par nos conseillers en
entreprise. Il y en a à peu près 255, qui sont dans les 17 régions
administratives. La demande était tellement forte, donc, au niveau de la
gestion de l'offre, il y avait des demandes qui n'ont pas pu être rencontrées,
qui n'ont pas pu être admises faute de fonds. Mais, quand on avait annoncé le
programme, à son origine, on avait donné une date : jusqu'au
30 septembre ou jusqu'à épuisement des fonds. Et on a réalisé
véritablement l'importance de la formation, du rehaussement des compétences de la main-d'oeuvre non seulement en
période de confinement, mais formation qui est tout aussi pertinente en
contexte de déconfinement et de reprise des activités économiques.
M.
Derraji : On s'entend, M. le
ministre, sur le bien-fondé, et je l'ai dit dès le départ, je salue votre
leadership de mettre en place ce programme. Ce n'est pas ça, ma question. Ma
question est qu'il y a des ratés, il y avait des ratés, et vous semblez
mentionner quelques ratés. Je vais vous partager aussi quelques aspects que
plusieurs entreprises m'ont partagés. Mais votre lecture, en date
d'aujourd'hui, est-ce que vous êtes en mesure de nous dire et de nous partager
la répartition territoriale des entreprises qui ont pu bénéficier du PACME, par
région, ventilée par région, par entreprise?
M. Boulet :
Oui. Ceci dit, à la Commission des partenaires du marché du travail, où sont
représentés les leaders patronaux, syndicaux, éducation et communautaire, le bilan qui a été fait du PACME était vraiment
positif. Il n'y a pas un programme qui, dans son application, n'a pas quelques
ratés, mais des ratés qui servent de leçons pour l'avenir.
Oui, j'ai la
ventilation par région, par secteur d'activité et le nombre d'entreprises et de
travailleurs pour le volet collectif et le volet entreprises. Si vous voulez
que je vous défile...
M. Derraji :
Non, c'est excellent.
M. Boulet :
Mais j'ai tout ça, oui.
M. Derraji : Si Mme la
Présidente me le permet, si vous
pouvez nous partager ça, aux membres de la commission, ça va nous
économiser du temps, parce que j'en ai d'autres, questions. Mais c'est bien,
vous l'avez, ça m'intéresse de le revoir par la suite. Ce n'est pas une information
qui va m'être utile maintenant, mais c'est bien, si vous l'avez. Ça va m'aider par
la suite, au niveau de l'interprétation de la ventilation par région, parce que
les informations que j'ai, il y a des régions que les entreprises, ils
ont appelé...
Et, si vous me permettez, j'ai Les Serres
Sylvain Cléroux... C'est parmi les 10 producteurs au Canada de
fleurs pluriannuelles. Je l'ai visité.
«Nous avons transmis
à Emploi-Québec une demande de subvention en lien avec le programme PACME.
Étant dans le domaine agricole, ce printemps nous en avait fait voir de toutes
les couleurs, puisqu'on a dû arrêter notre production, remercier beaucoup
d'employés puis reprendre notre production avec un personnel réduit et, finalement, réussir à livrer toutes nos ventes avec le personnel
qui nous restait. La pénurie de main-d'oeuvre étrangère agricole nous a également beaucoup
nui.»
J'ai eu l'autorisation
de partager ce cas, parce que, j'en suis sûr et certain, vous allez être
sensible à ce cas et la façon avec laquelle ils étaient traités.
«Cependant, il semble
que notre demande ait été refusée en lien avec la fin de l'enveloppe du financement
du programme PACME. Emploi-Québec nous offre autre chose, qui peut être intéressant,
en remplacement au PACME, mais la subvention ne couvre pas les salaires, alors qu'il
s'agit pour nous de la dépense la plus importante. Notre masse salariale est de
plus de 3,8 millions de dollars sur une base annuelle. Nous sommes un peu
dans une impasse, puisqu'on a commencé à engager les coûts pendant le COVID
pour garder nos employés et on ne recevra pas le financement. On ne pourra pas
non plus le terminer cet été comme il était prévu. Les autres agriculteurs de
notre secteur ont reçu leur approbation pour le PACME.»
Ça, c'est une
situation, M. le ministre... Et, si vous voulez, je n'ai aucun problème à
partager le plan d'affaires de cette compagnie que j'ai eu l'immense plaisir de
visiter la semaine dernière. Je l'ai avec moi et j'ai eu leur autorisation
ainsi que le P.D.G. de vous partager ça. Je vous dis pourquoi, parce que je me
retrouve devant une situation où cette PME est en concurrence avec l'Ontario.
Ce monsieur est un des fournisseurs numéro un, Loblaws, Maxi, plusieurs
compagnies, qui est dans un marché très concurrentiel
et il voulait moderniser ses infrastructures. Le PACME répondait très bien à sa
demande, mais malheureusement il a reçu une réponse négative par rapport à
cette demande. Et je peux extrapoler, M. le ministre, sur plusieurs, plusieurs,
plusieurs aspects.
Et je tiens à vous
rappeler que vous avez mentionné — j'ai le journal Le Soleil, le
9 avril 2020 — quelques
semaines après avoir annoncé le programme... moi, je tiens toujours aux faits, M.
le ministre : «"Ce qui aura été mis en place et qui sera justifié par
la conjoncture dans six mois, dans un an, dans un an et demi,
bien, on va le maintenir. Et, s'il y a des ajustements à faire, on va les
faire", a répondu le ministre du Travail.» Ça, ça a été... Ça, c'est un
programme de... Vous faites suite à une conférence que vous avez faite, et il y
avait une question sur les programmes de formation après.
Donc,
vous avez raison, le programme répondait à un besoin, il y avait quelques ratés
que vous avez expliqués, mais
maintenant qu'est-ce qu'on va faire, M.
le ministre? J'ai des milliers
d'entreprises qui veulent une réponse. Est-ce
que vous allez réouvrir le programme, le PACME? Est-ce que vous pensez aller
demander ou chercher des fonds pour le remettre en place?
• (19 h 40) •
M. Boulet :
Oui, il y a plusieurs questions. J'espère que j'aurai le temps nécessaire pour
y répondre.
D'abord, je vais
partager avec vous un document où on a la répartition du nombre de dossiers,
d'entreprises participantes, le secteur
d'activité, le montant accordé, le nombre de participants en fonction de la
région administrative, et ça a été préparé par un de mes conseillers à
mon cabinet. On pourra le partager avec vous, ça va vous permettre de faire une
déclinaison par région puis par secteur d'activité.
Deuxièmement,
le cas que vous mentionnez... Évidemment, il y en a plusieurs, cas. Parce que
moi, je pourrais vous parler de milliers de cas extrêmement positifs où
la formation a donné d'excellents résultats sur l'amélioration de la
productivité, le développement des ressources humaines, la mise à niveau des
qualifications des travailleurs. Il y a des milliers de témoignages
extrêmement favorables au PACME.
Le cas auquel vous
faites référence, évidemment, je ne le connais pas, vous pourrez le documenter.
Donc, j'aimerais ça que vous partagiez la
demande. Moi, je vais vérifier ce qui est arrivé. Puis il y a des critères,
évidemment, il y avait des critères d'acceptation, puis souvent, quand
les critères ne sont pas bien assumés ou bien compris par le demandeur, ça fait
en sorte que la personne est déçue. Mais soyez assuré qu'on a rajouté des
fonds. Partout où il y avait eu des ententes de principe avec des
entreprises, les ententes ont été respectées.
Autre point que cette
entreprise-là doit savoir, c'est que nous avons des mesures régulières à mon
ministère, et il y en a, des programmes de subvention salariale. Je vais vous
donner simplement un exemple. Quand on a amorcé La Grande Corvée, on a
lancé notre Plan d'action pour la main-d'oeuvre, on était en contexte de
pénurie de main-d'oeuvre aiguë dans toutes les régions et tous les secteurs, et
j'étais un promoteur constant de notre subvention salariale équivalente à
85 % quand la formation visait à accroître la productivité d'une
entreprise ou faisait suite à l'acquisition d'un équipement ou d'une
technologie pour accroître la productivité, pour aider les travailleurs à bien
travailler puis à bien comprendre la nouvelle technologie ou le nouvel
équipement. Donc, il y en a, des mesures régulières, il y en a encore. Ces
mesures régulières là, actives, donnent encore d'excellents résultats.
Le 9 avril 2020,
c'est certainement ce que j'ai mentionné. Le PACME nous démontre l'importance
de la formation et nous revêt aussi... démontre à quel point ça joue un rôle
fondamental dans un contexte de reprise des activités économiques. Pour
l'avenir... Je ne ferai pas de révélation ce soir, on travaille en équipe au
gouvernement. Dans un comité de relance
économique, on a à identifier nos priorités en fonction de différents secteurs,
et la formation fait, bien sûr, partie de nos discussions.
Et je rappellerai à
mon collègue de Nelligan qu'il n'y a pas que les entreprises qui font de la
formation. Il va falloir accompagner les travailleurs qui vont devenir des
chômeurs pandémiques pour leur permettre d'intégrer des secteurs d'activité en effervescence, des secteurs névralgiques pour
l'économie du Québec, notamment la construction et les technologies de
l'information.
Et donc, pour l'avenir...
parce que c'est le dernier volet de votre question, là, si vous me permettez.
Donc, on travaille activement, intensément, toutes les personnes qui sont ici
sont d'ailleurs impliquées. La Commission des partenaires, mon équipe de mon
bureau de sous-ministres, on travaille tous en collégialité pour assurer de
donner aux entreprises et aux travailleurs du Québec tous les outils dont ils
auront besoin pour la reprise des affaires.
M. Derraji : Aucun problème, M. le
ministre. Je connais très bien la CPMT, et ils font un excellent travail. J'ai
eu moi-même l'occasion de siéger probablement trois ans et demi ou quatre ans.
Je peux en témoigner de... Je n'ai pas eu l'occasion de travailler avec la
nouvelle P.D.G., mais j'étais avec l'ancien. Donc, je sais, ils font du bon
travail, je n'ai aucun doute. D'ailleurs...
M.
Boulet : Merci beaucoup de le souligner, puis j'apprécie beaucoup les
commentaires positifs que vous êtes en mesure de faire.
M. Derraji : Et j'ai plein de
questions par rapport à la CPMT tout à l'heure. Je voulais juste me permettre
de terminer le PACME, M. le ministre.
M. Boulet : On va répondre à vos
questions.
M. Derraji : Et j'aime aussi la
façon avec laquelle... parce que le but, on le fait pour des entreprises, on le
fait pour l'économie du Québec, et j'en suis sûr et certain, qu'autant que
vous, que moi, que les collègues de l'opposition, que notre but, c'est vraiment
venir en aide aux entrepreneurs, les entreprises qui souffrent à cause de la
pandémie. Moi, je vous ramène des constats. Mon rôle, c'est... J'ai été en
contact avec des entreprises, on me partage que la règle, probablement, du
premier arrivé, premier servi, probablement, ça n'a pas marché avec le PACME.
C'est une hypothèse. C'est à vous de voir est-ce que ça a été une chose à faire
ou pas.
On m'a partagé aussi, M. le ministre, certaines
régions ne croyaient pas à ce programme et donc ils ont mis du temps pour
déposer les dossiers. Donc, ça, je ne peux pas vous blâmer. Je ne peux pas dire
que c'est le rôle du... c'est votre rôle
premier. Par contre, faire la promotion de certains programmes
était nécessaire, mais ça, c'est quelque chose qui... c'est des faits. Ce qu'on m'a dit aussi,
c'est : Certaines régions ont été moins avantagées que d'autres. Donc, Montréal
a déposé beaucoup de demandes. La Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches,
Sherbrooke, peu de dossiers déposés, donc peu de dossiers acceptés.
Donc, moi, c'est dans une perspective de tirer
les leçons. Il me semble que vous avez aussi quelques idées par rapport aux
ratés, aucun problème. Mais maintenant, qu'est-ce qu'on fait avec des milliers
d'entreprises qui ont déposé, qui n'ont pas eu de réponse ou bien un refus?
Je vous ai expliqué le problème rapidement, M.
le ministre. Certaines PME n'ont pas le temps d'écrire des programmes. C'est
pour cela que parfois, croire dans des programmes gouvernementaux, que parfois
ça te prend un expert pour t'accompagner... Ce n'est pas tout le monde qui peut
se permettre, je dirais, d'avoir les moyens de payer un expert pour monter un
dossier. Donc, quand une PME rédige, dépose une offre de formation, moi, je
dirais, c'est à votre niveau que... de les accompagner.
Donc, c'est là où j'ai de la réticence à
accepter qu'on a dit non, parce que le budget a été fini au bout de presque
quelques semaines. Et c'est là où je vous demande : Est-ce qu'il y a moyen
de faire du rattrapage par rapport à ces milliers d'entreprises qui n'ont pas
eu de réponse par rapport au PACME?
M.
Boulet : C'est une excellente préoccupation, que je partage avec vous.
C'est important. Quand on a annoncé le programme, je l'ai fait à un
point de presse à 13 heures, où tout le monde était informé en même temps.
Ce programme-là, il a été fait avec l'assemblée délibérante de la Commission
des partenaires du marché du travail. Tous les acteurs, tous les partenaires
étaient informés. Chacun faisait sa campagne de promotion, faisait aussi... se
faisait l'ambassadeur ou l'ambassadrice des avantages de ce programme d'aide
concertée là. Donc, la campagne de promotion a permis d'agir un peu comme
tentacules importants dans tout le marché du Québec.
Est-ce qu'il y en a qui sont partis ou qui ont
attendu un peu trop longtemps? Il y en a qui n'avaient peut-être pas complété
leur demande ou qui n'avaient pas complété le questionnaire. Moi aussi, je suis
sensible à tous les aspects bureaucratiques, surtout qu'il y a énormément...
puis ça, vous ne l'avez pas souligné, mais moi, je vais le faire, il y a
beaucoup de PME qui n'ont pas de département de ressources humaines et qui
n'ont pas les habiletés pour bien compléter les formulaires. Ça, on m'en a
parlé.
C'est la raison pour laquelle on a des
conseillers en entreprise depuis le lancement de La Grande Corvée. Ces
conseillers-là, avant notre arrivée au pouvoir, ils accompagnaient des
chercheurs d'emploi. On les a transformés en consultants auprès des
entreprises, avec les outils informatiques, avec la possibilité de se déplacer
pour faire des diagnostics, déterminer les besoins en formation et aussi
permettre à la PME de bien compléter le formulaire.
Ceci dit, ce sera toujours trop bureaucratique.
Ce sera toujours un peu complexe. En même temps, il faut exercer un certain
contrôle, une certaine vigilance, ce qui donne des résultats comme ce que nous
avons connu. Et ma sous-ministre a fait l'évaluation, par la suite, de
l'application de ce PACME là avec tous les conseillers en entreprise, qu'est-ce
qu'on a bien fait, qu'est-ce qu'on a moins bien fait.
Rappelons-nous, puis vous le savez, on était en
contexte d'urgence. On aidait. On accompagnait. On a obtenu, selon notre
estimation et selon celle faite par les partenaires du marché du travail, un
excellent résultat. Mais tout est perfectible et, je le reconnais, tout ce
qu'on fait est perfectible.
Dernier
commentaire. Il y en a encore, des mesures régulières, que nous avions avant la
pandémie, qui continuent de s'appliquer, puis on voit comment on peut réallouer
nos crédits pour s'assurer de bien répondre aux besoins, qui sont maintenant
plus spécifiques, des entreprises et des travailleurs, après la pandémie.
• (19 h 50) •
M. Derraji :
Oui. Moi, la seule chose, M. le ministre, que je veux de vous, là, c'est
vraiment un engagement sincère. Parce que
vous l'avez mentionné, vous l'avez même ajouté, il y a des PME qui n'ont même
pas de département de ressources humaines. Aujourd'hui, je me sens très
mal à l'aise que ces gens qui ont pris le temps d'écrire, de déposer un projet,
surtout par rapport au contexte de la formation et le contexte qu'ils vivaient,
je me sens mal à l'aise qu'on leur a dit non.
Donc, si, au niveau
de votre ministère, vous pouvez rediriger ces gens à des programmes, j'aimerais
bien que vous lancez le message que, ces gens, peu importe la demande, s'ils
ont un projet réel de transformation qui va aider leurs employés, qu'on ne va
pas lancer dans la poubelle leurs projets.
M. Boulet :
Non. D'ailleurs, puis vous faites bien de le souligner... puis, oui, je prends
cet engagement-là, nos conseillers en entreprise ont aussi cette responsabilité-là
d'informer les PME, peu importe l'entreprise qui fait une demande, pour former
ses travailleurs, par exemple, suite à l'acquisition d'un équipement, oui,
d'expliquer c'est quoi, nos mesures régulières, comment ils peuvent accéder à
des programmes de subvention salariale.
On ne laissera jamais
quelqu'un sans réponse, ce qui ne veut pas dire qu'on va dire oui à tout le
monde, que toutes les demandes vont être acceptées. Mais notre rôle, c'est de
bien informer, de bien guider et, j'aime bien le terme, d'être un
accompagnateur des entreprises maintenant en contexte un peu plus
postpandémique.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est bien. Il reste 17 secondes.
M. Derraji :
...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : C'est parfait. Alors, merci. Nous poursuivons, cette
fois-ci, avec un bloc de 10 minutes, avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M.
Leduc : Rebonjour, Mme la Présidente. Bonjour aux nouvelles personnes qui se sont ajoutées aujourd'hui.
M. le ministre, vous le savez bien, on s'en est parlé à quelques reprises
pendant la pandémie, la situation des personnes prestataires d'aide sociale me
préoccupe beaucoup et m'a beaucoup préoccupé pendant la pandémie.
À plusieurs reprises,
on a fait des demandes, soit publiques ou soit en privé, quand on s'en parlait,
d'étudier la possibilité de hausser les seuils de prestation, d'une manière ou
d'une autre, pour les personnes d'aide sociale, parce que, comme tout le monde,
elles vivaient aussi des difficultés liées à la pandémie. Et les gouvernements,
autant le vôtre que celui du fédéral, a été
très rapide pour dépenser de l'argent par des prestations spéciales pour les
entreprises, de l'aide pour les salaires,
etc., puis c'est toutes des bonnes choses, mais on dirait que, pour les personnes
prestataires d'aide sociale, ça venait... ça ne venait pas, en fait. J'allais
dire : Ça venait plus tard, mais, en fait, non, ça ne venait pas du tout.
Je me suis désolé de
cette situation-là et je me suis demandé tout le long est-ce que c'était
parce qu'il y avait une prévision du ministère qu'il allait y avoir plus de
personnes qui allaient être prestataires suite à la pandémie, suite, peut-être,
au ralentissement économique qui allait découler de la pandémie.
Je m'attendais donc à
avoir... me faire rassurer ou, en tout cas, d'avoir quelques informations
là-dessus, et, en juin dernier, votre gouvernement a fait part du portrait de
la situation économique et financière du Québec avec des nouvelles projections
de dépenses, de revenus, et il n'y avait rien, quant à l'impact de la pandémie,
sur le coût de l'aide de dernier recours. Et là on sait que la PCU fédérale va
se terminer bientôt. L'emploi n'est pas retourné à ce qu'il était avant.
Est-ce qu'au
ministère vous avez fait des projections quant au nombre de personnes et les
coûts financiers de prestataires de l'aide sociale qui vont peut-être s'ajouter
dans les prochaines semaines, dans les prochains mois suite à la pandémie?
M.
Boulet : C'est sûr qu'on anticipe. Puis on constatait, dans certaines
régions, à une certaine période de la pandémie, qu'il y avait une
augmentation de demandeurs pour obtenir des prestations d'aide sociale. On a
été constamment préoccupés par leur situation. On est extrêmement sensibles à
leur réalité financière, humaine et sociale.
C'est la raison pour laquelle, puis j'ai déjà eu l'opportunité de vous en
parler, on a adopté une série
d'assouplissements pour leur permettre de confronter la situation pandémique.
Comme, par exemple,
toutes les personnes prestataires d'aide sociale qui ont des contraintes
temporaires ou permanentes à l'emploi dont
les contraintes expiraient, en vertu de leur certificat médical, après le début
de la pandémie, on a continué à leur verser indépendamment d'un
certificat médical. Et ça, ça a duré pendant plusieurs mois.
Évidemment, pour
nous, la meilleure voie vers l'autonomie, c'est le travail. En contexte
pandémique, en raison du confinement notamment, ces personnes-là ne pouvaient
pas participer à notre programme Objectif emploi et bénéficier des allocations d'aide à l'emploi pour développer leurs
habiletés sociales ou leurs qualifications professionnelles. On a continué à
leur payer les allocations indépendamment du caractère inactif du programme Objectif
emploi.
On
a suspendu toutes les mesures de recouvrement pour leur donner la possibilité
de passer au travers de la situation pandémique. Tout a été suspendu. On a mis
en ligne aussi la possibilité de faire une demande financière. On a tout fait
pour faciliter leur vie. J'ai les chiffres du nombre de prestataires d'aide
sociale qui ont bénéficié de l'ensemble de ces mesures de... de ces
assouplissements-là.
Et on croit aussi
beaucoup, puis je sais qu'on partage la même opinion là-dessus, à la capacité
et au potentiel des organismes communautaires d'aider, de différentes façons,
tous les prestataires d'aide sociale et de solidarité sociale. Et là je
pourrais vous énumérer les investissements et le support au financement que
nous avons maintenus pour l'ensemble des organismes communautaires malgré le
niveau d'activité qui n'était pas le même, notamment en période de confinement.
On a lancé la
plateforme Je bénévole, souvenez-vous. On a fait appel à la solidarité des
Québécois, parce qu'il y a un pourcentage effarant, au Québec, de bénévoles qui
ont en haut de 70 ans, et, en raison de leur isolement requis par la Santé
publique, il a fallu essayer de créer une culture de bénévolat chez les jeunes.
Et le Je bénévole... on avait fait un partenariat avec la Fédération des
centres d'action bénévole du Québec, il y en a 110 qui sont répartis partout au
Québec, et on jumelait des organismes communautaires avec des bénévoles. On a
fait une vingtaine de milliers de jumelages. On a non seulement répondu...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : En conclusion, M. le ministre.
M.
Boulet : ...on a écouté
l'évolution de leurs besoins pour s'assurer que personne n'était laissé pour
compte.
M. Leduc :
Tout ça est bien intéressant, mais vous n'avez pas répondu à ma question.
Est-ce qu'il y a une projection qui a été calculée au ministère sur le nombre
de prestataires qui va suivre avec...
M. Boulet :
Oui, ça fait partie de votre question, puis vous référiez notamment à la PCU.
Là, on est en train de mesurer l'impact des assouplissements d'Ottawa pour
l'admissibilité à l'assurance-emploi. Comme vous avez vu, maintenant, il va y
avoir un taux de chômage unique, au Québec, à 13,1 %. Ça fait que les
personnes vont pouvoir bénéficier d'une
période de prestation d'assurance-emploi à l'expiration de la PCU qui est
minimalement de 26 semaines plutôt que 14 avant. Donc, les personnes
vont pouvoir en bénéficier plus longtemps.
Mais je répondrais à
mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, puis vous le savez... je ne le sais pas
encore, quelles seront toutes les mesures
qu'Ottawa va annoncer. Ils doivent identifier clairement toutes les conditions
nouvelles d'admissibilité aux prestations d'assurance-emploi, et là on va être
en mesure d'avoir une estimation beaucoup plus précise de l'impact que ça va
avoir sur le nombre de demandes de prestation d'aide sociale. Ce qu'on pense,
en raison de ce 13,1 % là, c'est que ça
va avoir un effet à la baisse sur le nombre de demandes de prestation d'aide
sociale, mais je ne suis pas en mesure de déterminer, à ce stade-ci,
l'intensité.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Il reste trois minutes à l'échange.
M. Leduc :
Toujours sur l'aide sociale, quand on regarde la loi, quand on examine la loi
et les règlements, notamment de la Loi sur l'aide des personnes et aux
familles, il y a une panoplie de montants, de seuils, de barèmes puis il y a
plusieurs d'entre eux qui sont prévus par règlement, donc facilement
modifiables, là, pas besoin d'un projet de loi, mais ils sont demeurés
inchangés depuis longtemps. La plupart des gens ont des augmentations de
salaire ou, en tout cas, il y a de l'IPC dans la vie, les prix montent, tout
ça, mais ces chiffres-là sont inchangés depuis des années, puis on en a
constaté plusieurs qui sont les mêmes depuis au moins 2007, puis il y a des
groupes qui nous ont mentionné qu'il y en a certains, de ces chiffres-là, qui
seraient les mêmes depuis les années 90.
• (20 heures) •
Par exemple, le
montant d'avoirs liquides que peut avoir un adulte seul sur l'aide sociale
avant de se faire couper est aujourd'hui de 1 500 $. C'était la même
chose en 2007, il y a de cela bien plus de 13 ans maintenant. Un autre
exemple dans l'air du temps, la prestation spéciale qui est accordée pour
compenser la perte subie lors d'un incendie ou d'une catastrophe
naturelle — on
pourrait peut-être éventuellement rajouter «ou une pandémie» dans cette
liste-là, mais, bon, c'est un autre sujet — le montant maximal pour une
personne seule : 1 500 $. C'était la même chose en 2007. Il y a quelque
chose d'évident en se disant que le
1 500 $ de 2007, ça ne peut pas valoir la même chose qu'aujourd'hui.
Alors, j'essaie de
comprendre la source de cette inertie-là. Pourquoi il n'y a pas un mécanisme
naturel qu'on pourrait rajouter dans la loi pour l'augmentation de ces
seuils-là? Pourquoi, à chaque année, vous ne prévoyez pas un règlement
pour ajuster ces seuils-là? Parce que le coût de la vie augmente, ces gens-là
doivent trouver des ressources, ça coûte plus cher, l'alimentation,
etc., mais les chiffres demeurent les mêmes, année après année, malgré le coût
de la vie qui augmente. Qu'est-ce que vous pourriez faire alentour de ça?
M. Boulet :
Plein de choses que nous faisons. Notamment, souvenez-vous, on en avait parlé beaucoup,
durant notre première année au pouvoir, on avait fait passer l'exemption pour
ceux qui recevaient des pensions alimentaires pour enfant de 100 $ à
350 $, avant que ça puisse avoir un impact sur le calcul de la prestation
d'aide sociale. Donc, ça, ça a été reçu de façon extrêmement positive par tous
les milieux, par le Collectif pour un Québec sans pauvreté, par le front commun
aussi, pour les personnes assistées sociales. On a aussi continué les travaux
pour l'établissement d'un programme de revenu de base. Le
1er janvier, la prestation de solidarité sociale a augmenté de façon importante
en termes de pourcentage et de montant absolu. Il y aura des augmentations
année après année.
Les exemptions, là où je vous rejoins, il y a
des exemptions qui ont probablement besoin d'être réanalysées...
La Présidente (Mme IsaBelle) : En
conclusion.
M. Boulet : ...et qui le sont
constamment par mon équipe, dans mon bureau... de ma sous-ministre pour
s'assurer que nous respections les montants qui sont raisonnables en tenant
compte de l'évolution du marché.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre...
M. Boulet : Et je réalisais que,
concernant — un
dernier commentaire — les
prestataires de l'aide financière de dernier recours, on est la troisième
province la plus généreuse au Canada. Puis Objectif emploi donne d'excellents
résultats aussi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Alors, nous retournons avec un deuxième bloc avec le
député de Nelligan. Merci.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. J'informe le ministre, j'ai pas mal de sujets dans ce bloc, donc on
va être très brefs. Je vais essayer moi-même le premier.
Bon, commençons avec la CPMT. Je vous ai dit que
la CPMT — j'ai
eu l'immense plaisir de siéger pendant trois
ans et demi ou quatre ans — publie
annuellement les 500 professions... Je ne sais pas la dernière édition
date de quand. Je pense... je ne sais pas si j'ai vu 2020 ou pas, mais
corrigez-moi, Mme la Présidente, un peu plus tard, mais j'ai vu une édition.
Moi, je pense, M. le ministre, qu'il y a une urgence et je vous lance l'idée
d'organiser un rendez-vous national sur la main-d'oeuvre.
Je pense, avec ce que nous vivons présentement,
les 500 professions, le portrait sur le marché de travail, l'impact de la COVID, les chômeurs, que ça s'allonge
de plus en plus... Vous avez mentionné ce matin votre inquiétude par
rapport à quatre secteurs. Je ne sais pas qu'est-ce que vous en pensez, M. le
ministre, de lancer les préparatifs ou bien de demander, justement, à la CPMT.
Et ils sont habilités à le faire. J'ai moi-même assisté à un... il y a
quelques années, et je vois la pertinence d'organiser ce genre de forum. Je ne
sais pas qu'est-ce que vous en pensez, M. le ministre, qu'il y a une urgence à
ce que, premièrement, que les parlementaires aient la liste des professions,
les 500 professions, à jour, en prenant en considération le contexte de la
COVID, et un rendez-vous national. Qu'est-ce que vous en pensez, M. le
ministre?
M. Boulet : J'aime ça quand vos
questions sont brèves et précises comme celle-là. Je suis un fervent partisan
du paritarisme qui s'exerce de façon concrète et pratique à la Commission des
partenaires du marché du travail. Mme Murray, qui est avec nous ce matin,
en témoigne de façon régulière.
Ça prend un dialogue, selon moi, constant entre
les partenaires, que je maintiens moi-même, notamment avec les leaders
patronaux et syndicaux, avec lesquels je m'entretiens sur une base hebdomadaire
et que je rencontre de façon épisodique. Est-ce que ça doit prendre la forme
d'un forum? Pour moi, ce n'est pas une nécessité. Est-ce que ça doit prendre la forme de rencontres thématiques
avec les partenaires du marché du travail pour bien cibler les objectifs
et les besoins du marché du travail? Sachez que ça se fait en continu, à la
CPMT, et ça se fait en collaboration entre la CPMT, et mon bureau de ma
sous-ministre, et bien sûr les membres de mon cabinet. On le fait de façon
constante.
Mais, encore une fois, je redis à mon collègue
de Nelligan à quel point je réalise que nous n'avons, vous et moi, que des
intérêts communs. On veut le bien-être, on veut le succès des entreprises et
des travailleurs québécois.
M.
Derraji : ...pour cela, je vous suggère... je ne suis pas en mode
juste critique, je vous suggère qu'on travaille ensemble pour un nouveau
rendez-vous national sur la main-d'oeuvre. Parce que l'urgence, elle est là, et
vous allez comprendre le pourquoi par la suite.
Un, il faut établir c'est quoi, la liste que
nous avons en termes de professions en rareté de main-d'oeuvre, parce que vous
êtes dans une situation très exceptionnelle, M. le ministre. À la fois, vous
devez jongler pour la rareté de main-d'oeuvre. Je pense, j'imagine que vous
êtes convaincu qu'il y a une rareté. De toutes les manières, vous prévoyez, sur
le site de la CPMT, les 27 professions évaluées en déficit de la
main-d'oeuvre. Il y a 90 professions évaluées
en léger déficit de main-d'oeuvre — là, on parle de jusqu'à 2023, et je l'ai téléchargé jusqu'à tout récemment,
avant-hier — et
289 sur 500 évaluées en équilibre de main-d'oeuvre disponible. Donc, vous
devez jongler avec ça. Et le chiffre
magique, en termes de chômeurs, maintenant, c'est 436 000, M. le ministre. Donc, vous avez ce chiffre-là. Donc, oui, il y a 250 000 à
récupérer, mais c'est ça, le chiffre que nous avons devant nous. Donc, ça prend
un plan pour placer les 436 000, ce qu'on a en date d'aujourd'hui, il y a
les 250 000 à récupérer, à cause de la pandémie, mais il y a aussi les
chômeurs qu'on avait avant.
Donc, c'est là l'urgence, pour moi, d'un rendez-vous
national. Et je suis au courant de la dynamique de la CPMT, les rencontres avec le cabinet du ministre. Je sais que ça se
fait. C'est une excellente chose qu'on a cette table. Mais, pour moi, il
y a une urgence aujourd'hui à mettre à jour la liste des 500 professions,
que votre gouvernement dévoile le plan pour aller ramener sur le marché du
travail les 436 000 personnes. C'est vrai qu'en date d'aujourd'hui le
taux de chômage est de 9,5 %, mais, quand même, ça nous prend un plan, M.
le ministre.
Je
termine avec une question sur la CPMT aussi. Donc, par rapport à ce plan, Rendez-vous
national sur la main-d'oeuvre, vous le savez
très bien, M. le ministre, le 1 %, le fonds de la FDRCMO... donc les
cotisations salariales seront en baisse. Comment pallier à cela? Vos
prévisions sur le fonds pour l'année prochaine... Donc, est-ce qu'il y aura des coupures des programmes au niveau de la
CPMT? Comment pallier à cela? Je pense que c'est une situation assez
complexe. J'en suis sûr et certain que vous ne sous-estimez pas la situation.
Elle est très complexe. Vous avez beaucoup de travail à livrer, notamment
ramener sur le marché du travail ce nombre très élevé de travailleurs, pallier
à la rareté de main-d'oeuvre, qui est réelle, cotisation de 1 % pour
financer la CPMT qui doit livrer les programmes. C'est quoi, votre recette, M.
le ministre?
M. Boulet :
Bien, il y a plusieurs questions, là, évidemment. On va travailler en équipe,
on va travailler ensemble, encore une fois, pour le bénéfice des entreprises et
des travailleurs. La liste des 500 professions, elle a été mise à jour, en
janvier cette année, elle est actuellement en révision. Les prévisions à moyen
et long terme demeurent sensiblement les mêmes. Il y aura des variations à
court terme, tenant compte des secteurs plus affectés par la pandémie qui
cohabitent avec des secteurs pas affectés et qui sont en situation de pénurie
de main-d'oeuvre. Moi, je leur redis, ça ne prend pas un rendez-vous national.
Ce n'est pas dans une journée qu'on appelle un rendez-vous, un forum ou peu importe,
qu'on règle les problèmes des entreprises et des travailleurs. C'est
constamment, c'est ce que madame de la Commission des partenaires du marché du
travail fait huit heures, 10 heures, 12 heures par jour avec toute
son équipe.
Vous connaissez bien,
puis je suis content de le réaliser que vous connaissez bien la Commission des
partenaires du marché du travail. Ça va vous permettre de mieux saisir leur
réalité. Et donc c'est au quotidien, c'est à toutes les semaines qu'on
identifie les priorités, les professions qui sont en demande. Je vous ai parlé
de passerelles. Par exemple, je vais vous donner un exemple : quelqu'un
qui fait l'objet d'une rupture de son lien d'emploi, qui est dans un secteur
plus affecté par la pandémie, par exemple l'aéronautique, peut avoir développé
des habiletés comme manutentionnaire, mécanicien ou préposé à l'entretien. On
peut reconnaître ces acquis-là, cette expérience-là et aider cette personne-là
à intégrer le secteur de la construction, par exemple. Ça, ça fera partie des
chômeurs pandémiques, où toutes les personnes qui n'auront pas pu réintégrer le
marché de l'emploi, on sera là pour les aider soit avec des passerelles de
cette nature-là ou soit avec des programmes de formation qui sont...
• (20 h 10) •
Encore une fois, on a
des mesures régulières. Il y a des critères d'application, il y a... des fois,
il y a des programmes, c'est 50 % du salaire, c'est jusqu'à concurrence
d'un taux horaire. Vous le savez, vous connaissez très bien ça. Et c'est ce
qu'on a dit, tout à l'heure, nos conseillers sont là, ils ont la responsabilité
d'aider les entreprises à répondre à leurs besoins.
Le FDRCMO, pour,
évidemment, mesurer l'impact de la baisse de cotisations pendant la pandémie
sur le volume de ce fonds-là, moi, je demanderais à Mme Audrey Murray, qui est
ma partenaire de la Commission des partenaires du marché du travail, si elle a
une réponse à vous donner.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Avons-nous d'abord le consentement? Oui? Alors, avant de prendre... avant de
répondre, pouvez-vous vous présenter?
Mme
Murray (Audrey) : Alors, je suis Audrey Murray, présidente de
la Commission des partenaires du marché du travail.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci.
Mme
Murray (Audrey) : Merci, Mme la Présidente.
Donc, peut-être pour appuyer les propos du ministre sur le travail constant, je
me permettrais d'ajouter quelques éléments avant d'aborder le 1 %.
Donc, depuis la
pandémie, on a réuni à toutes les semaines, pratiquement en statutaire, les
comités sectoriels de main-d'oeuvre, les comités consultatifs. On a aussi
communiqué avec les conseils régionaux, toujours dans une perspective d'aller
chercher le pouls du terrain et être capables d'alimenter les différentes
décisions, orientations qu'il y a à prendre dans les programmes,
dont le PACME. Donc, ils ont eu l'occasion, bien sûr, de l'influencer, mais
aussi de le commenter pour le bonifier éventuellement.
Au
niveau du 1 %, bien sûr qu'on est préoccupés de l'impact qu'aura le COVID,
mais on n'est pas devins, donc on est très attentifs aux
prévisions, en ce moment, économiques, pour essayer d'évaluer l'impact qu'aura
sur les revenus du fonds... La bonne nouvelle, c'est que le fonds avait quand
même cumulé certains désengagements, qu'on appelle... enfin, il y avait
certains coussins qui étaient disponibles. Donc, pour l'instant, les programmes
qui sont en place ne sont pas du tout remis en question pour la prochaine
année.
M.
Derraji : Pour les promoteurs collectifs?
Mme
Murray (Audrey) : Exactement.
M. Derraji : Donc, les 50 millions de
dollars qui ont été utilisés pour le PACME, ça a été vidé de ce compte, non?
Mme Murray (Audrey) : Tout à
fait. Donc, les engagements, à ce jour, là, pour les projets qui ont été
présentés dans le cadre du PACME par les promoteurs collectifs, on est à
50 millions, mais c'était de l'argent qui était disponible. Bien sûr, on
n'aurait pas mis au jeu le programme, avec un 50 millions d'engagement,
s'il n'avait pas été disponible. Et la bonne nouvelle, c'est que, dans les dernières
années, parce que l'économie allait très bien, il y a quand même eu
beaucoup de revenus dans le fonds. Donc, pour la prochaine année, il n'y a pas
d'enjeu pour les 12 prochains mois dans les programmes qui sont
disponibles en ce moment. Puis il faut rappeler que le fonds du 1 %,
désormais, reçoit des cotisations mais bénéficie aussi d'un engagement du
gouvernement du Québec, à chaque année, donc reçoit...
M.
Derraji : Non, je comprends la dynamique. Mon
rôle aujourd'hui, c'est vraiment... je suis quelqu'un qui est vendu au
programme de la CPMT. J'ai exprimé une crainte par rapport à la fiabilité pour
que vous puissiez livrer la marchandise qu'on vous demande. Vous semblez être à
l'aise à vivre avec ce qui s'en vient au niveau des provisions. Moi, ça me rassure,
si vous me dites que c'est bon. Par contre, est-ce que vous êtes pour un
rendez-vous national de la main-d'oeuvre ou pas? Vous êtes à la tête de la...
je ne sais pas si vous voulez aussi répondre.
Mme
Murray (Audrey) : Non, mais, en fait...
M.
Derraji : Vous pouvez quand même donner votre
point de vue, Mme la présidente, vous êtes à la tête de la CPMT. Il vous
consulte, M. le ministre.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : ...
Mme
Murray (Audrey) : Absolument. Merci, Mme la
Présidente. Donc, écoutez, moi, c'est mon quotidien, là, c'est-à-dire que je
pense que, quand on travaille dans un mode de concertation, je suis assez
convaincue que ça ne se passe pas juste dans une journée, parce qu'on a besoin
d'abord de tisser des liens de confiance, s'assurer que les gens ont une lecture commune de la situation qu'on
veut solutionner. Donc, il me semble que, donc, dans le contexte, là,
déjà, dans les derniers mois, on a mis en place un dialogue social puis une
collaboration avec les partenaires, qui est constante, pour les soutenir.
M.
Derraji : Et je suis d'accord avec vous et avec
M. le ministre qu'on ne réglera jamais en une seule journée une problématique pareille. Mais pourquoi je vous le partage?
Parce que j'étais membre, à un certain moment. Avant le rendez-vous, tout
le travail... et le ministre le sait, et vous aussi, vous le savez, c'est tout
le travail avant. C'est qu'on a sur la table une problématique réelle, où on
doit expliquer au public qu'on doit ramener sur le marché du travail ces
personnes, mais on doit leur dire aussi qu'il y a une rareté de main-d'oeuvre
ailleurs. Et le rendez-vous de la main-d'oeuvre que je vous suggère, et ce que
je vous propose maintenant, il est beaucoup plus urgent et important en 2020
qu'il l'était dans le contexte de notre gouvernement précédent. Si ma mémoire,
elle est bonne... Est-ce que ça a été en 2016 ou 2017?
Une voix :
...
M.
Derraji : 2017. Ah voilà!
Merci pour la réponse. 2017, bien, on vivait un contexte de rareté de main-d'oeuvre. Maintenant, et je vous ai
partagé mon inquiétude, M. le ministre, c'est qu'on jongle avec deux
problématiques : un taux de chômage élevé et une rareté de main-d'oeuvre.
Moi, je pense que, si j'étais vous — parce que, là, je vous
l'offre, je vous la propose — je lancerais un chantier sur la main-d'oeuvre.
La CPMT est habilitée à commencer le travail dès maintenant. Ils vont mettre à
jour la liste des 500 professions, et vous pouvez faire un rendez-vous au
mois d'octobre, au mois de novembre. Espérons que c'est possible et qu'on n'ait
pas de deuxième vague.
M. Boulet :
Au risque de me répéter, je rappellerais à mon collègue de Nelligan que la
liste date de janvier. Elle est actuellement en révision. On n'attend pas un rendez-vous,
on fait le travail actuellement. On est totalement conscients de la réalité
ambivalente du chômage, dans certains secteurs, qui côtoie de la pénurie de main-d'oeuvre
dans d'autres secteurs. Cette liste-là, à moyen et à long terme, elle est
encore pertinente. À court terme, il y aura des variations.
Et j'ai entendu
Mme Murray vous dire exactement ce que je vous avais mentionné, le
dialogue social, il s'exerce sur une base quotidienne, hebdomadaire. À la
commission, il y a des personnes... vous le savez, collègue de Nelligan, il y a
des personnes qui travaillent là à temps plein. C'est leur travail régulier
d'alimenter le dialogue, de faire des
réflexions, de nous donner des avis, de nous faire des recommandations. Donc, les chantiers ou les rendez-vous, on est
déjà là. On n'attend pas de suivre la proposition que vous nous faites de faire
un événement, peu importe comment on l'appelle, qui
aura lieu au mois de novembre, là — c'est le mois auquel vous
référez — on
est déjà en action.
Puis
la pénurie de main-d'oeuvre, ça nous a interpelés quand on est arrivés au
pouvoir. Vous l'avez bien mentionné, la pénurie de main-d'oeuvre, il y a des
économistes qui en parlaient en 2007, il y a des démographes qui en parlaient
en 2008 dans La Presse, dans L'Actualité. Il n'y a pas eu de plan
concret avant notre arrivée au pouvoir. Vous le savez. La Grande Corvée en est
une manifestation claire. On a changé les paradigmes. Vous nous avez compris.
Avec La Grande Corvée, on est allés recueillir l'information nécessaire, on a
aidé au recrutement, à mettre en place
dans les PME, on en parlait tout à
l'heure, des pratiques innovantes en matière de gestion des ressources humaines.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : En conclusion, M. le ministre.
M. Boulet : On est dedans.
M. Derraji : J'évite souvent de
faire des messages trop politiques dans un contexte pareil, mais je vais me
permettre, parce que vous avez mentionné la corvée... mais je tiens à vous dire
que le premier ministre, pendant la campagne électorale, il niait même
l'existence de la rareté de main-d'oeuvre. Le premier ministre du Québec niait
même qu'il existait de la rareté de la main-d'oeuvre. Il y a beaucoup de revues
de presse par rapport à ça.
Je vais revenir au Rendez-vous national de la main-d'oeuvre.
Mon but, ce n'est pas faire une journée pour faire
une journée, c'est vous sensibiliser par
rapport à la situation
où vous êtes présentement, M. le
ministre. Vous avez sur la
table 436 000 personnes à placer, et la liste des
500 professions qui était à jour... qui sera à jour va dévoiler d'autres secteurs d'activité où on est en pénurie
de main-d'oeuvre. Donc, le but de mon message, c'est vous sensibiliser
par rapport à l'urgence.
Et je tiens à vous dire d'emblée que je vais
toujours vous questionner par rapport au plan de remettre sur le marché du
travail les 436 000 et répondre à la pénurie de main-d'oeuvre. Pourquoi,
Mme la Présidente? C'est parce que c'est une préoccupation majeure de nos PME
et de nos employeurs.
Et donc je ne suis pas en train de vous dire :
Concentrons tout sur une journée, on se regroupe, comme à l'image de la CPMT,
mais à une image beaucoup plus grande. J'ai assisté à ses réunions. Ce n'est
pas ça que je veux. Je veux un plan réel, que, si la CPMT embarque sur ce plan,
que vous vous engagez aujourd'hui à dévoiler ce plan. Faites-le sous forme de
conférence de presse, ou au rendez-vous national, ou une journée virtuelle,
c'est votre choix, vous êtes le ministre. Moi, ce que je vous sensibilise
aujourd'hui : ça nous prend un plan, M. le ministre. On ne peut pas
terminer l'année sans plan, parce que l'urgence, elle est là.
• (20 h 20) •
M. Boulet : Merci. Donc, le but
de votre question, c'est de me sensibiliser à l'urgence et de me faire réaliser
qu'on a besoin d'un plan. La sensibilisation, oui, je suis sensible et
préoccupé depuis bien avant la pandémie. Et, tant avec le premier ministre
qu'avec mes collègues au Conseil des ministres et les membres du caucus, on
parle de pénurie de main-d'oeuvre qui existait avant la pandémie dans tous les
secteurs et dans toutes les régions du Québec.
Et le plan d'action sur la main-d'oeuvre, il
était divisé en quatre. Puis vous le connaissez, ce plan d'action là pour la main-d'oeuvre. Outre La Grande Corvée, il
y avait un plan de rehaussement des compétences, d'augmentation de la
productivité et des mesures pour assurer une adéquation entre la formation et
les besoins concrets du marché du travail. N'oubliez pas, quand vous référez
aux 436 000, on a sous le chapeau, puis vous la connaissez bien, la CPMT.
Semble-t-il, il y a 26 ou 27 comités sectoriels de main-d'oeuvre dans tous
les secteurs d'activité. Eux aussi sont en action, ils n'attendent pas que le
ministre dise : On va faire un rendez-vous national, comme vous l'appelez,
dans un mois et demi et dans deux mois. Ils sont constamment en action, sur une
base quotidienne, pour s'assurer de bien saisir l'importance des besoins des
secteurs, dans tous les secteurs : l'aéronautique, la culture, dans la
fabrication, dans le manufacturier, et pour permettre qu'il y ait une bonne
adéquation entre l'offre de formation et les besoins concrets du marché du
travail.
Vous l'avez vu avec le projet n° 42,
les technologies de l'information... Je vous assure, cher collègue, que nous
faisons, nous agissons et nous comprenons très bien les problématiques
actuelles du marché du travail. Et cette compréhension-là...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : 30 secondes, M. le ministre.
M. Boulet :
...s'améliore jour après jour.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Il reste 25 secondes.
M. Derraji : Je vais
l'accumuler pour le prochain bloc, donc ça me donne 20 minutes. J'ai eu
19 min 40 s, ça va être 20 minutes.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Alors, nous continuons rapidement, dans ce
cas-là, avec le député de Rimouski.
M. LeBel : On va finir
tard.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Député de Rimouski, nous poursuivons rapidement. Merci.
M. LeBel : Peut-être
deux mots sur le rendez-vous de la main-d'oeuvre. J'ai participé au dernier,
j'y étais. Je ne vois pas trop ce que ça a donné en bout de ligne. J'avais
dit... on parlait d'entreprise numérique puis j'avais dit : C'est spécial
de parler de ça. Moi, dans mon village natal, il faut monter sur la grosse
roche pour faire un téléphone cellulaire. Puis je vais vous dire, on est en
2020, il faut monter sur encore la même grosse roche pour faire... Ça fait
qu'il ne s'est pas rien passé depuis ce temps-là. Ça fait qu'un jour j'espère
qu'on va sortir de la grosse roche puis que, tous les villages, il va y avoir
Internet. Moi, je pense que ce qui est important, c'est notre capacité de
bouger rapidement région par région. C'est ça, actuellement.
Quand j'ai lu vos dernières
déclarations, M. le ministre, vous parlez de licenciement collectif encore
peut-être possible dans les prochains mois. Ça fait peur,
là, tu sais. Et j'espère que, comme le ministère de la Santé ou ailleurs, vous
avez appris des derniers mois. Ça n'a pas été facile pour vous autres, mais
vous avez appris des derniers mois, puis on
va pouvoir améliorer les services, là. Puis ça, je dis ça en toute objectivité.
C'est comme ça, on n'avait jamais vécu ça, ça fait que...
Mon
collègue de l'opposition officielle disait quelque chose, tantôt, qui m'a un
peu allumé aussi puis que je trouvais intéressant.
C'est vrai que les entreprises, ce n'est pas facile. Tu sais, on est arrivés
avec plein de programmes, le fédéral est arrivé avec des programmes,
vous autres, vous êtes arrivés avec des programmes, puis ils ne sont pas
habitués de remplir tout ça, des formulaires. C'est vrai, ce que vous disiez.
Je voulais savoir comment... Puis ça, il y avait vous autres, il y avait
le fédéral, il y avait le développement économique, il y avait plein de monde,
là, qui arrivait avec des programmes.
Je voulais savoir,
quand ça arrive en région, MRC par MRC, qui est là pour expliquer aux entreprises?
Parce qu'actuellement il y a les CLD qui existent, il y a les corporations de développement
économique. Est-ce que vous avez travaillé avec ces gens-là pour accompagner les
entreprises? Est-ce qu'on a réussi, les différents ministères, à au moins travailler autour d'un guichet unique pour
donner de l'information aux entreprises? J'aimerais ça savoir comment ça s'est
passé. Chez nous, je sais que ça s'est passé comme ça, mais est-ce que ça s'est
passé comme ça partout au Québec? Est-ce qu'on a pu travailler avec des
partenaires locaux pour être capable d'accompagner comme il faut les entreprises
pour qu'on n'échappe rien?
M. Boulet :
C'est une excellente question. Je salue mon collègue de Rimouski, avec lequel
j'ai souvent l'occasion de collaborer dans des dossiers. Je partage vos commentaires
sur le rendez-vous.
Les licenciements
collectifs, il y en a eu trop. J'ai donné les chiffres ce matin. Il faut
essayer de les diminuer le plus possible, évidemment, puis ça, ça passe par
l'emploi. Mais il y a des secteurs qui sont malheureusement plus affectés, par
leur nature intrinsèque, par la pandémie que d'autres secteurs qui sont plus
effervescents, comme je mentionne souvent. Ça fait que, quand je parlais des
licenciements collectifs, il faut faire appel à la solidarité et la discipline
des Québécois. Ce que nous constatons d'ailleurs, c'est la sécurité qui va nous
permettre d'atténuer les impacts négatifs d'une potentielle deuxième vague. Et
je resalue le travail, selon moi, phénoménal de la CNESST dans l'élaboration
des guides secteur par secteur, et toutes les régions y ont participé.
Autre point, les
formulaires. Vous connaissez le premier ministre du Québec, ce n'est pas un
homme de bureaucratie. Les formulaires, moi aussi, ça peut m'ennuyer. J'ai
pratiqué le droit, puis les formulaires, quand ça devient un empêcheur
d'atteindre ton objectif, ce n'est pas positif. Donc, il faut essayer de
travailler simplement. En même temps, ça prend un certain contrôle, ça prend
des critères. Il faut s'assurer que les critères soient respectés. Mais moi, je
l'ai constamment en tête de simplifier la vie des PME, puis La Grande Corvée
est d'ailleurs née de cette idée-là.
Avec Ottawa, c'est
vrai, on redéfinissait... Puis tout à l'heure mon collègue référait à un cas,
là, où ça n'a pas bien été avec le PACME. Oui, il y en a eu des cas. On a eu
des défis de complémentarité avec les programmes d'Ottawa. Dans les régions, on
régionalise nos budgets. On prépare nos budgets, à mon ministère, en tenant
compte des réalités régionales. Et on
travaille avec nos équipes de Services Québec, partout, dans les 17 régions
administratives, chez vous, comme partout ailleurs au Québec, et on a
des conseillers en entreprise pour l'application de nos mesures régulières en emploi. Donc, n'ayez pas de souci.
Ça pourra toujours demeurer perfectible, on est en constante
réflexion, mais on régionalise, on tient compte des spécificités de chaque MRC
puis de chaque région.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
On essaie, M. le ministre, d'être plus bref, parce que je sens qu'on a
beaucoup de questions. Merci.
M. Boulet :
C'est vrai.
M. LeBel :
Non, non, mais je... Ce que je veux vous dire, c'est qu'actuellement vos collègues...
parce que je participe à d'autres crédits, entre autres au Développement local
et régional, aux Affaires municipales. Actuellement, vos collègues travaillent à consolider les centres locaux de développement, les organismes de développement économique.
C'est des organismes importants, puis là il y a un genre de... en tout cas, on
va préciser un peu leur composition, là.
J'ai l'impression, on est en train de faire une évaluation. Le premier ministre a dit qu'il fallait remettre en place les CLD.
Moi, tout ce que je
vous dis, c'est que les entreprises ont avantage à ce qu'il y ait des
organisations uniques. Et ces corporations-là qui sont collées aux
municipalités, qui pensent au développement économique, qui sont en train de
travailler là-dessus et d'autres partenaires, bien, à mon avis, ce sont les
guichets uniques. Et les entreprises ont intérêt à pouvoir aller à une place,
ne pas aller à plusieurs places. C'est déjà assez compliqué. Ça fait que moi,
je vous invite un peu à ne pas travailler en silo dans ce domaine-là, à
travailler avec vos collègues pour voir est-ce qu'on serait capables de, pour
faciliter le travail des entrepreneurs, passer par des structures uniques, là,
des guichets uniques pour qu'ils aient accès rapidement à tout ça, les aides
qui sont disponibles. Il me reste combien de temps?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Quatre minutes.
M. LeBel :
Quatre minutes. Deux secondes pour parler des préposés aux bénéficiaires. Il
faut que j'en parle. Je vous ai déjà parlé des préposés aux bénéficiaires dans
le domaine privé, dans les résidences pour aînés privées. Je vous parlais d'un décret, éventuellement, parce qu'ils gagnent des salaires de 15 $, 16 $ de l'heure. On s'est aperçu, pendant la
pandémie, qu'il fallait améliorer le salaire des préposés aux bénéficiaires.
Dans le public, on a augmenté, on donne des formations, ils vont être payés
25 $, 26 $.
Et là ça crée un déséquilibre total dans le
réseau. Les entreprises d'économie sociale qui font du maintien à domicile ne
sont pas capables de payer leur monde. Les groupes communautaires ne sont plus
capables. Les résidences pour personnes âgées demandent à la ministre des
Affaires municipales de leur permettre d'augmenter les loyers pour faire payer
plus les aînés, parce qu'ils ne réussissent pas à payer leur monde. Il y a un
déséquilibre total.
J'aimerais savoir c'est quoi, votre réflexion
là-dessus pour qu'on arrête de déraper dans ce domaine-là puis qu'on donne des
services aux gens, entre autres aux handicapés et aux aînés qui ont besoin de
ces services-là.
• (20 h 30) •
M. Boulet : Oui. Alors, je vais
découper la question, encore une fois. Dans un premier temps, juste vous
rappeler que, pour bien tenir compte des réalités spécifiques de chaque région,
on a des conseils régionaux des partenaires du marché du travail, donc les
patrons, les syndicats, le monde de l'éducation, le monde communautaire. Il y
en a dans toutes les régions. Ils travaillent ensemble. Ils ont comme un conseil
d'administration, ils développent et ils
font rapport. Puis moi, je leur parle aussi de façon épisodique, de façon
à ce qu'on n'oublie pas les particularités des régions.
Guichet unique, Services Québec... Je ne veux
pas être prétentieux, mais Services Québec joue un rôle aussi pour informer la
population sur les services gouvernementaux non seulement dans mon ministère,
mais on est en mesure de répondre. Puis pendant la pandémie...
D'ailleurs,
je tiens à souligner le travail remarquable des personnes qui sont à mon
ministère, qui ont répondu, là, par
une ligne téléphonique, par un centre d'appels, aux besoins, aux préoccupations
des Québécois et des Québécoises. Puis vous ne pouvez pas vous imaginer,
là, le nombre de personnes qui appelaient sur une base quotidienne. C'était
totalement effarant. Puis c'est des êtres humains qui s'assuraient de ce
suivi-là et donner toutes les informations aux personnes, qui étaient parfois
presque paniquées, là. Ce n'était pas facile, là, au début, là.
Ça fait qu'un guichet unique, oui, on est
conscients et on s'en va vers ça avec Services Québec, parce que je n'ai pas la
prétention de dire qu'on en ait un nécessairement tout de suite.
Autre élément, avec le MIFI, avec mon collègue
qui était au MIFI à l'époque... Mon collègue du MIFI, il a intégré les
conseillers en immigration dans nos bureaux de Services Québec. Je pense qu'il
y en a à peu près une centaine actuellement, des conseillers du MIFI qui
travaillent à côté des conseillers en entreprise, notamment pour tout ce qui
concerne la régionalisation de l'immigration. On ne voulait pas que ce soient
des voeux pieux. On voulait décompartimenter, on voulait enlever la philosophie
silo qui existait avant notre arrivée. Et on travaille véritablement en équipe,
puis ça donne d'excellents résultats. Ils font un travail qui est totalement
complémentaire.
Les PAB. Je vais vous dire simplement que les
PAB, dans le secteur privé, vous savez qu'il y a plusieurs syndicats, des
accréditations syndicales, il y a des conventions collectives de travail, il y
a le droit à des négociations collectives, qui s'est exercé conformément au Code
du travail du Québec et à la Charte des droits et libertés de la personne, et
il faut que je respecte le contenu des conventions collectives de travail.
J'ai eu des entretiens avec ma collègue qui est
responsable des Aînés...
La Présidente (Mme IsaBelle) : En
conclusion, M. le ministre. Il reste 10 secondes.
M. Boulet : ...on a fait une
rencontre téléphonique avec les syndicats et les patrons parce que les
syndicats nous demandent d'adopter un décret de convention collective. Vous
savez que ce décret-là, il a des conditions. C'est sectoriel, c'est volontaire.
Les employeurs dans le secteur privé, ce n'est pas la même réalité. Et là mes
collègues, notamment à la Santé, travaillent pour les PAB. Dans le
secteur public, on est en négociation, et, après ça, le privé va suivre.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Merci. Alors, nous allons au troisième bloc de l'opposition
officielle avec la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Robitaille : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à tous et à toutes. C'est un grand, grand plaisir de vous
retrouver aujourd'hui. On s'est vus, M. le ministre, il n'y a pas trop longtemps,
et c'est le fun de vous voir dans un contexte
comme celui-ci, et donc... et dans un contexte et, justement,
à un moment si important pour... et qui fait peur souvent à nos plus démunis, à ces gens qui sont
sur l'aide sociale ou qui reçoivent des prestations de solidarité sociale.
Vous parliez à mon collègue le député
d'Hochelaga de la PCU. Je comprends que le gouvernement du Canada, c'est ce que
vous nous dites, a l'intention de mettre fin à la PCU, puis là on tombe sur
l'assurance-emploi, et puis on va avoir... le fédéral aura une prestation de
transition, qu'on appelle. C'est ce que je comprends.
Juste une petite question technique. Le
Parlement est prorogé. Est-ce que ces politiques-là, est-ce que cette
prestation de transition là est en application? Ou comment ils vont... Est-ce
qu'il y a des craintes à ce que ça tarde avant qu'on fasse... qu'on passe du PCU
au programme d'assurance-emploi?
M. Boulet :
Je pense qu'il faut faire les vérifications pour éviter que la prorogation soit
un obstacle à l'élargissement des conditions d'admissibilité aux prestations
d'assurance-emploi parce que la PCU vient à terme bientôt. J'ai un des mes
sous-ministres associés qui est en contact constant avec son homologue du
ministère de l'Emploi à Ottawa, puis on s'assure non seulement de la symbiose
entre ce qui se fait à Québec et à Ottawa, mais on s'assure de bien saisir et de bien faire
valoir nos préoccupations quant à la PCU et quant aux conditions
d'élargissement aussi des prestations d'assurance-emploi. Et donc on est à
l'affût de l'information.
Mais je ne suis pas
en mesure... je ne suis pas un législateur, mais je pense qu'il y a des choses
qui peuvent se faire de manière réglementaire sans que la Chambre des communes
soit nécessairement rappelée. S'il y a des choses qui doivent se faire par voie
législative, là, ça va devoir impliquer, selon moi, un rappel de la Chambre
pour les questions d'urgence, là, parce que c'est annoncé par Ottawa. Puis ce
n'est pas tout le temps clair, hein? On attend des précisions. Moi...
Mme
Robitaille : ...est-ce qu'il y a des craintes que ça ne procède pas?
Parce que, là, les gens qui sont sur la PCU se retrouveraient sans rien.
M. Boulet :
Je pense que c'est trop fondamental pour les Québécois et les Canadiens. Je ne
pense pas que la prolongation devienne un obstacle.
Mme
Robitaille : On va espérer. Donc, je vous entends, vous dites :
Il y aura des prestations de transition, il y
aura un programme d'assurance-emploi beaucoup plus large et donc moins de gens
qui auront recours à l'aide sociale. C'est ce que je comprends?
M. Boulet :
Oui. C'est quand même assez technique, là, mais, pour avoir droit aux
prestations d'assurance-emploi, le nombre de semaines qui te qualifie et la
durée d'admissibilité dépendent du taux de chômage de ta région. Puis là il y
en a qui ont un taux de chômage de 9,5 %, donc le nombre de semaines à
travailler était plus important, et la durée d'admissibilité était moins
importante, d'où la pertinence du 13,1 % qui a été annoncé par Ottawa,
parce que ça permet de démontrer avec un revenu pendant une période de
14 semaines, alors que ça pouvait être 26 semaines si ton taux de
chômage était à 9,5 %. Si on le considère à 13,1 %, le nombre de
semaines où tu dois démontrer avoir reçu un revenu est moins important, et la
durée d'admissibilité est aussi plus importante. Donc, c'est certain que ça va
être bénéfique et c'est certain que ça peut avoir un impact, ultimement, sur
les personnes qui vont devoir faire des demandes d'aide financière de dernier
recours.
Mme
Robitaille : Ce que je comprends, c'est que tout est entre les mains
d'Ottawa. Mais est-ce que Québec a un plan
de match pour encaisser le coup sur l'aide sociale quand toutes ces mesures
transitoires là vont être passées? Parce qu'il va nécessairement y avoir
des gens, là, qui ne vont pas se qualifier au chômage, qui vont tomber dans les
craques. Qu'est-ce qu'on fait? Est-ce que Québec a un plan de match pour ces
gens-là?
M. Boulet :
C'est une excellente question, qui fait l'objet de notre réflexion constante,
et c'est pour ça qu'on essaie d'anticiper,
de bien comprendre ce que va faire Ottawa et de bien mesurer les répercussions.
À ce jour, comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, avant votre arrivée,
il n'y a pas eu d'incidence particulière, et on ne prévoit pas que ça ait
des impacts majeurs. Est-ce qu'il y a des personnes qui vont tomber entre les
craques? Est-ce qu'il y a des personnes qui
vont être laissées pour compte avec le régime libéral, entre guillemets, de nos
programmes d'assistance sociale? Je ne le crois pas.
Mme Robitaille :
Mais donc il n'y a pas de plan de match encore?
M. Boulet : ...lois,
on a nos règlements, on a nos programmes, et le plan de match, on en a parlé
tout à l'heure, avec les organismes communautaires. Les prestataires d'aide
sociale, oui, on les accompagne. On a raffermi le programme Objectif emploi. Il
y a des allocations qui ont continué d'être versées malgré le fait que ces
mesures actives là pour leur permettre de devenir autonomes n'étaient pas
effectives. Il y a eu une suspension des activités de recouvrement. Il y a eu beaucoup
d'assouplissements pour permettre d'atténuer les impacts de la pandémie sur les
prestataires d'aide financière de dernier recours. Et il y a eu, évidemment, beaucoup
de support aux organismes communautaires, l'appel à la solidarité.
Oui, notre plan de
match, il est global, là, puis j'en ai parlé un peu ce matin, et j'en ai parlé un
peu tout à l'heure, avant votre arrivée.
• (20 h 40) •
Mme Robitaille :
Je vais revenir sur cette aide d'urgence là
qui... mon collègue, encore
une fois, député d'Hochelaga en
a parlé un petit peu tout à l'heure.
Les
prestataires d'aide sociale, de solidarité sociale ont dit, durant... au plus
fort de la pandémie, ont demandé au gouvernement une aide d'urgence. Ils
disaient... Puis j'ai parlé au Collectif d'un Québec sans pauvreté hier, la
COPHAN aujourd'hui et je parle aux organismes communautaires de mon comté et
aussi à ces prestataires-là. On me dit : L'épicerie coûte plus cher, les
livraisons coûtent plus cher, les produits désinfectants, ça coûte de l'argent.
Donc, pour ces gens-là... Et vous le savez, M. le ministre, ces gens-là sont
toujours sur le bord du précipice financier, hein? Et les budgets de ces
gens-là, du moment qu'il y a quelque chose qui change, là, du moment qu'il y a
une petite augmentation, pour eux, tout déraille. Et donc ils voulaient une
aide d'urgence, ils ne l'ont pas eue.
Est-ce que vous
pouvez nous expliquer... parce que vous parliez d'assouplissements tout à
l'heure. Il n'y a pas moyen que ces gens-là obtiennent une aide d'urgence en
cas de deuxième vague, par exemple?
M. Boulet :
Je pourrais vous refaire l'énumération de toutes nos mesures qui ont été mises
en application. Et je vais redire aussi ce que j'ai mentionné tout à l'heure, on
est la troisième province la plus généreuse pour les prestataires d'aide
sociale. On est à l'affût constamment de l'augmentation du coût du panier de
consommation pour s'assurer de bien les accompagner. On a reconduit les
allocations pour ceux qui avaient des contraintes temporaires et des
contraintes permanentes malgré le défaut de fournir un certificat médical. On a
poursuivi, comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, les allocations d'aide à l'emploi. On a suspendu les sanctions, toutes
les mesures de recouvrement. On a
bonifié beaucoup l'aide aux banques alimentaires. Ces personnes-là ont
bénéficié d'un filet social qui les a protégées.
Et moi aussi, j'ai
des réunions constamment avec le collectif et le front commun, et on échange,
et eux me disent à quel point ils sont contents des mesures qu'on a mises en
application. Le montant de prestation, ça aussi, je l'ai mentionné tout à
l'heure, on est en train de tout revoir, là, dans le contexte d'un grand
programme de revenu de base qui avait été amorcé par mon prédécesseur. On en a
parlé à mon bureau tous les deux.
Objectif emploi, je
pense que c'est intéressant de mentionner qu'il y en a 6 693 qui ont reçu
des allocations. Ça a représenté 8,4 millions, et les programmes... toutes
les contraintes à l'emploi, là, il y en a 8 694 qui en ont bénéficié; la
suspension des activités de recouvrement, 50 523. Et le nombre de
prestataires d'aide sociale, là, si j'oublie
même ceux qui ont des contraintes permanentes, là, les prestataires de
solidarité sociale, je vous l'ai mentionné aussi à mon bureau, il est en
baisse. Il a baissé de presque 10 % de janvier 2019 à 2020.
La meilleure voie
vers l'autonomie, c'est l'emploi. On veut les aider à développer leurs
habiletés sociales et à avoir les compétences pour répondre aux besoins
concrets du marché du travail. Puis ça, ça réfère... Puis je n'ai pas eu le
temps, malheureusement, de répondre pour les personnes handicapées, là, puis...
Mme
Robitaille : Mais oui... mais je comprends.
M. Boulet :
Mais oui, on aide à les intégrer, ces personnes-là, sur le marché du travail,
et ça donne des résultats, à ce jour, qui sont vraiment concluants.
Mme
Robitaille : Je comprends très bien, mais on est dans un contexte bien
particulier, celui de la pandémie, où on a été en confinement, et puis
là l'économie est au ralenti, puis, vous l'avez dit tout à l'heure, il y a des
licenciements collectifs. Donc, on est toujours dans une situation assez
particulière. Et je suis sûre que le Collectif d'un Québec sans pauvreté nous
écoute en ce moment, et ces gens-là veulent une aide directe, une aide
d'urgence directe.
En Ontario, en
Colombie-Britannique, ils ont offert cette aide d'urgence là pour répondre aux
besoins des gens. En Colombie-Britannique, qui est quand même un gouvernement
néo-démocrate, où il y a déjà un filet social quand même assez solide, on offre
300 $ par personne par mois. Ce n'est pas rien. En Ontario, une personne
reçoit 100 $ par mois de plus, des prestataires d'aide sociale. Donc, je
me dis, si on le fait ailleurs au Canada, pourquoi on ne peut pas le faire au
Québec?
Alors, moi, je me
demandais, M. le ministre, si on pourrait, en ce moment, mettre cette aide
d'urgence sur pied. Parce que, je vous dis, je parle à ces gens-là, là, à tous
les jours, puis ce n'est vraiment, vraiment pas facile en ce moment, et ça
coûte beaucoup plus d'argent. Ils sont vraiment dans une situation de précarité
et d'exclusion.
J'avais un beau petit
graphique pour vous, regardez, c'est le baromètre des inégalités. Et regardez
ici la courbe pour l'exclusion, là, elle ne retombe pas. Elle monte en février,
mars. En mars, elle monte en flèche. Avril, mai, juin, ça reste là. Donc,
l'exclusion, là, ce qu'on a perdu en mars, on ne l'a pas gagné encore. Donc,
c'est pour ça que ces gens-là vous demandent s'ils ne pourraient pas, justement,
recevoir une aide d'urgence directe comme en Ontario, comme en Colombie-Britannique.
M. Boulet :
C'est intéressant parce que je réalise, parce que vous êtes nouvellement porte-parole
en matière de solidarité sociale, je l'ai dit lors de notre rencontre, vous
avez énormément d'empathie. J'ai tellement de respect pour ce que vous dites.
Puis d'ailleurs, s'il y a des personnes du front commun puis du collectif qui
nous écoutent, à chaque fois que j'ai des rencontres... Vous, vous avez des
rencontres quotidiennes, me dites-vous. Moi, quand j'ai des rencontres avec ces personnes-là, je les trouve articulées, bien
préparées, et, malgré ma sensibilité à la marginalité, à la pauvreté et à l'exclusion sociale, ils
réussissent constamment à m'interpeler sur des réalités encore plus profondes.
J'aime ça que vous
référiez à l'Ontario puis à la Colombie-Britannique parce que j'ai demandé
d'avoir des comparatifs. Et, malgré les
montants additionnels en Ontario et en Colombie-Britannique, notre régime
d'aide financière de dernier recours est plus généreux qu'en Ontario et
en BC, nonobstant les montants additionnels qui ont été consentis.
Je le répète, nos
programmes existants continuent de s'appliquer. Et on a donné 100 millions
de dollars, vous parliez de fonds d'urgence, pour soutenir de façon urgente
tous les organismes communautaires qui s'intéressent à la variété des
problématiques humaines et sociales qui sont rencontrées par les prestataires d'aide
sociale, de solidarité sociale et par les M. et Mme Tout-le-monde au Québec.
Donc, on est fiers de
ce qu'on a fait aussi pour les banques alimentaires puis les organismes
communautaires. On a un réseau partenarial,
au Québec, je rappellerais à ma collègue, qui fait l'envie du reste du Canada
et qui nous sert notamment à négocier le retour au Québec de fonds régionaux
qui étaient gérés par Ottawa, notamment pour l'intégration des personnes en
situation de handicap, et les jeunes, et les personnes immigrantes en
difficulté. On est là sur tous les
fronts, et ça me fera plaisir de partager toute l'information dont vous avez besoin sur l'ensemble de ces programmes.
Mme
Robitaille : Je le sais puis je l'apprécie énormément. Vous êtes toujours
là, et puis on va continuer nos discussions. Mais je sais que ce qu'ils vous
diraient en ce moment... ils vous diraient : C'est très, très bien, l'aide
aux organismes communautaires, au dépannage alimentaire, et tout ça, mais on aurait
voulu... on voudrait une aide directe. On ne veut pas de la charité, on
veut vraiment une aide directe.
Mais je veux vous
amener sur un autre point. Vous avez parlé de la Mesure du panier de
consommation. Juste, juste avant l'urgence sanitaire, là, à la fin février, Statistique
Canada disait que la MPC, la fameuse Mesure du panier de consommation, allait
augmenter. C'est important, cette mesure-là, parce que ça détermine le seuil de
la pauvreté, et puis c'est surtout à partir de ça qu'on détermine les
prestations d'aide sociale, de solidarité sociale. Je pense que c'est mentionné
dans le fameux plan de lutte contre la pauvreté.
Donc, fin février,
avant le début de cette crise, de cette pandémie, Statistique Canada augmente
la MPC. Pour la région de Montréal seulement, et vous le savez probablement, M.
le ministre, c'est une augmentation de 11 % de la mesure d'avant. Donc, la
mesure d'avant avait été établie en 2008, et là, en 2018, ça augmente de
11 % dans la région de Montréal seulement.
Alors, moi, je me
demandais...
M. Boulet :
Dans la période de 10 années, entre 2008 et 2018?
• (20 h 50) •
Mme
Robitaille : Oui, parce que... bien, de ce que je comprends, vous le
savez peut-être plus que moi, mais Statistique Canada... L'évaluation du panier
de consommation de la... la révision de ce panier-là aurait augmenté, dans la
région de Montréal, d'environ 11 %, c'est ce qu'on a comme information,
donc passe de 17 820 $ à 20 080 $ dans la région de Montréal.
Ça, c'est les données de Statistique Canada. Donc, Montréal, une augmentation
de 11 % de cette mesure-là, et c'est cette mesure-là qui détermine le
niveau de prestation et le revenu... celle du revenu minimum garanti aussi, qui
est établie aussi à partir de ça.
Puisqu'il y a une
augmentation... Imaginez, il y a une augmentation du coût de la vie puis, dans
la pandémie, il y a une augmentation de tout aussi, là. Alors, moi, je me
disais, M. le ministre, je me demandais : Est-ce que vous allez ajuster
les prestations d'aide sociale, de solidarité sociale et de revenu minimum
garanti considérant que ce baromètre-là
augmente? Est-ce que c'est quelque chose à laquelle vous... est-ce que c'est
quelque chose que vous considéreriez
qui pourrait aider, justement, les gens, en ce moment, là, qui sont vraiment
dans une situation de précarité?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il reste 1 min 20 s à l'échange.
M. Boulet :
O.K. Il n'y a pas de revenu minimum garanti au Québec, là.
Mme
Robitaille : Non, je sais, mais vous savez ce que je veux dire.
M. Boulet :
Je pense que vous pouviez référer au revenu de base, oui.
Mme
Robitaille : Oui, revenu de base, pardon.
M. Boulet :
Les prestations augmentent le 1er janvier, vont augmenter encore, puis je
le dis à ceux qui nous écoutent, là, le 1er janvier prochain, le montant
des prestations va augmenter.
La Mesure du panier
de consommation, je ne suis pas en mesure de confirmer ou d'infirmer l'augmentation
de 11 % sur une période de 10 ans, mais moi, j'ai toujours été un
peu sceptique, la façon dont c'est calculé. C'est sous l'égide de
Statistique Canada, et je lis quand l'IRIS publie, critique la façon dont le
MPC est calculé. IRIS arrive avec un autre revenu de base...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : En conclusion.
M. Boulet :
...ou un revenu pour assurer... Mais oui, on en tient compte, là, pour l'établissement,
et le développement, et la mise à jour du programme de revenu de base. La
Mesure du panier de consommation est encore l'unité utilisée partout au Canada
pour déterminer ce qui permet à une personne de vivre convenablement,
transport, logement, et autres.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Alors, nous poursuivons avec un
deuxième bloc, avec le deuxième groupe d'opposition. La parole est à vous, M.
le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Vous avez 9 min 40 s.
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Je n'avais pas prévu du tout intervenir sur ce
sujet-là, mais la réponse de M. le ministre à la question de mon collègue de
Rimouski sur les préposés aux bénéficiaires m'enrage, pour vous parler
franchement.
Moi, je trouve que la
gestion du dossier des préposés aux bénéficiaires par votre gouvernement est un
gâchis. Tout le monde le savait, qu'ils étaient mal payés. Ça faisait des
années que tout le monde le savait. Vous êtes arrivés, vous avez laissé la situation
continuer, bon, c'est une chose.
La pandémie est arrivée.
Là, woups, tout le monde réalise qu'il y a un problème. On hausse des primes,
on met des salaires. C'est bien. Effet
immédiat, les préposés dans le secteur privé sont attirés par le secteur
public. Oups! bien là, il y a un effet immédiat d'une mesure publique
sur un autre secteur, alors on met aussi une prime pour le secteur privé. C'est
bien. Ce que je comprends, c'est qu'il y a aussi des discussions pour un décret
qui est en négociation. C'est bien aussi.
Mais on vous a soumis, j'imagine que M. le
député de Rimouski aussi, mais moi-même, durant la pandémie, depuis la
pandémie, le problème que ça a aussi créé de mettre des primes dans le privé.
C'est que, là, il y a des secteurs, comme des individus, par exemple, qui ont
un chèque emploi-service, qui sont à la maison, qui ont besoin de personnes qui
viennent les aider, des préposés, la plupart du temps, qui sont en rupture de
services parce que tout le monde veut aller travailler dans le secteur privé.
Il y a parfois jusqu'à 10 $ de salaire de différence. C'est énorme. La
ministre McCann avait annoncé qu'il y aurait peut-être une prime de 15 %
aux chèques emploi-service en début d'été. À ma connaissance, absolument rien
n'a été annoncé là-dessus.
J'ai visité
cette semaine un organisme de mon quartier, qui s'appelle R.S.I. Propulsion,
qui fait de l'hébergement pour personnes en situation de handicap. Ils
ont un poste ouvert depuis février pour un préposé de nuit. Depuis février, on
parle de préposés, on parle de pénurie d'emploi. Pourquoi vous pensez que, le
poste, personne n'applique dessus? Parce que tout le monde s'en va travailler
au public. Il y a presque 10 $ de différence, ils ne seront jamais
capables d'accoter ça avec les faibles enveloppes qu'ils ont.
Donc, la solution d'avoir offert des primes au
secteur public et, après ça, dans le secteur privé, j'en suis, c'était une
bonne chose. On s'en est parlé, je l'ai salué, mais ça a eu un effet immédiat
et négatif pour les personnes qui sont encore plus précaires, qui n'ont pas un
gros lobby, qui n'ont pas de syndicat. Ils ont des petites associations qui
peinent à se faire entendre sur la place publique. Ils ont nous, les partis
d'opposition, pour essayer de venir amener
le sujet, et là-dessus votre gouvernement n'a pas agi depuis qu'on a soulevé cette
situation-là, et je me demande qu'est-ce qu'il va falloir faire pour que
vous réagissiez. Je ne sais pas si c'est dans vos mains que vous pouvez agir,
je ne sais pas si vous pouvez agir au Conseil des ministres, mais il faut faire
quelque chose. Ces gens-là sont en situation de souffrance.
J'en ai croisé. Je suis allé distribuer des
masques, moi, cet été, à certaines personnes qui m'avaient écrit par Internet,
par Facebook. J'en ai croisé une, dame, qui me disait qu'elle n'avait plus...
elle était en rupture de services. Elle ne trouvait plus personne pour venir
l'aider chez elle à se déplacer, à faire un peu de cuisine, à faire une petite
course, à pouvoir sortir dehors. Alors, sa vie, elle a complètement basculé et
elle ne trouve personne.
Qu'est-ce qu'on peut faire pour ces gens-là?
Quelles sommes on peut dégager? Vous avez été très rapides pour mettre de
l'argent dans les entreprises, très rapides pour mettre de l'argent pour
bonifier des salaires. C'est bien. On en était, on en est encore. Mais, pour
ces personnes-là qui souffrent le plus, rien n'a été fait, et ça me désole
profondément, et la réponse que vous avez offerte à monsieur de Rimouski tantôt
me désole profondément, et je me permets de revenir là-dessus et de me fâcher
un peu plus qu'à mon habitude. M. le ministre, vous me connaissez, je suis de
nature plutôt calme, mais là-dessus l'inaction de votre gouvernement me
renverse et me fâche profondément.
M. Boulet : Alors, vous me
permettrez, Mme la Présidente, d'être assez concis parce que c'est une question
qui concerne le bloc Travail. On en a parlé ce matin, je ne veux pas revenir.
On est dans le bloc Emploi et le bloc Solidarité sociale.
Pour les préposés aux bénéficiaires, ce que je
constatais, c'est que l'exode à laquelle vous faites référence... le Regroupement québécois des résidences... les RPA, là, les résidences privées pour
aînés, a admis, le 23 juin dernier, que l'exode du privé vers
le public ne s'est pas produit. Et ça, ça apparaissait dans Le Journal de
Québec.
Et je réitère que c'est faux. Les syndicats sont
présents. Il y a des grandes, des petites et des moyennes résidences qui sont
syndiquées. Je parle au président de la FTQ, je parle à des syndicats, que j'ai
rencontrés, avec lesquels j'ai eu des conférences téléphoniques. Ils me
demandent l'application de la Loi sur les décrets de convention collective.
Je suis éminemment préoccupé par la situation
des préposés aux bénéficiaires. Vous l'avez vu, on a hérité d'une situation
dans un contexte imprévisible et irrésistible, là, qu'était la pandémie. On a
fait tout ce qui s'imposait au niveau des organismes communautaires, au niveau
des primes incitatives, au niveau des salaires, au niveau de la formation des
préposés aux bénéficiaires.
Mais je vous rappelle que, dans le secteur
public, on est en négociation du renouvellement des conventions collectives d'à
peu près 500 000 travailleurs au Québec qui sont dans le secteur public et
parapublic. Dans le secteur privé, moi, je n'irais pas marcher sur les
conventions collectives qui sont existantes. Et l'exode à laquelle vous faites
référence, elle ne s'est pas produite. Et, dans le secteur privé, la réalité
environnementale, les ratios ne sont pas les mêmes. Il ne faut pas mélanger les
pommes et les...
Non, mais vous me parlez des préposés aux
bénéficiaires, des conditions de travail. On est en négociation actuellement
dans le public, et, dans le privé, il y a une situation particulière de
négociation de renouvellement de convention collective, et je n'ai pas
l'intention de m'immiscer dans le processus de négociation des parties. Enfin,
je voulais ma réponse brève parce que c'est dans le bloc du Travail, donc
j'arrête immédiatement.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
parfait.
M. Leduc :
Mais ce n'est pas de ça dont on parle du tout, là. Je parle des chèques
emploi-service, je parle des gens qui sont à la maison, des individus qui
doivent embaucher, à même leur budget que le gouvernement leur donne, des préposés aux bénéficiaires. Et, comme les hauts
salaires que vous avez offerts en primes dans le secteur public et dans le
secteur privé a attiré tous les préposés, plus personne ne veut venir
travailler à 14 $ de l'heure ou 15 $ de l'heure, qui est offert par
le chèque emploi-service. C'est un effet de votre politique. Ce n'est peut-être
pas dans votre cour directement, mais c'est un effet de votre politique. C'est
là-dessus que j'essaie de vous sensibiliser depuis des mois et visiblement j'ai
encore du travail à faire.
Je veux aller sur une
autre question. Combien de temps il me reste, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il vous reste à peine trois minutes.
• (21 heures) •
M. Leduc :
À peine trois minutes. M. le ministre, vous êtes intervenu à quelques reprises — et là
je vous rassure, c'est sur l'emploi — sur... vous êtes intervenu
pas plus tard qu'au mois de... fin juin dernier sur la PCU. Vous avez dit que
la PCU avait un mauvais effet sur l'emploi. Vous étiez en défaveur, ou, en tout
cas, je décodais qu'il y avait une certaine critique de la PCU dans certains
secteurs. Vous avez découpé des secteurs, où vous disiez : La PCU
s'applique peut-être plus légitimement dans le secteur de la culture, des arts
et, dans le secteur, par exemple, manufacturier,
s'appliquait moins. Mais, à chaque fois que je vous voyais sortir là-dessus, à
chaque fois que je voyais le patronat sortir là-dessus, je ne comprenais
pas parce que je me disais : Il me semble que les problèmes de rétention
de main-d'oeuvre dans certains secteurs, peut-être créés par la PCU, est la
démonstration parfaite de l'insuffisance du salaire minimum et de
l'insuffisance des salaires, en général, dans certains secteurs qui sont
sous-payés.
Vous ne pouvez pas,
d'un côté, adopter des salaires minimums à 13,10 $ — si je
ne me trompe pas, on est rendus là — et, de l'autre côté, vous
plaindre que, là, la PCU qui est un peu plus généreuse. Là, si on fait un
calcul rapide, à 35 heures, quatre semaines, ça fait à peu près
14,20 $ de l'heure. La PCU est plus généreuse que le salaire minimum.
Alors, vous ne pouvez pas, d'un côté, être la personne qui détermine le salaire
minimum du Québec puis après ça vous plaindre
que la PCU attire des gens puis que les secteurs qui offrent des emplois avec
des salaires minimums ou presque ont de la misère.
Bien là, vous avez le
pouvoir de l'augmenter, le salaire minimum, d'inciter les entreprises à se
forcer un peu. Vous êtes la personne responsable de cette situation-là. Et je
ne comprends pas pourquoi vous avez mené, un peu, cette guerre idéologique, si
j'utilise un terme un peu fort, envers la PCU, alors que vous êtes en mesure de
pouvoir hausser le salaire minimum et de rétablir cet équilibre.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il reste une minute.
M. Boulet :
Merci à mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vois le côté extrêmement
bénéfique de faire l'exercice que nous faisons, parce qu'au lieu de décoder ce
que je disais vous allez avoir ma véritable pensée. Puis ce que je mentionnais
à l'égard de la PCU, c'est son effet désincitatif sur le travail. Dans certains
secteurs, les employeurs me mentionnaient
que les personnes refusaient de travailler parce qu'elles voulaient continuer
de recevoir la PCU, mais en tenant compte aussi de la possibilité,
au-delà du 2 000 $, de gagner 1 000 $ par mois. Donc, c'est
l'équivalent de 3 000 $.
Quant au salaire
minimum, on a fait le débat. Il y a eu une augmentation extrêmement
intéressante, et, contrairement au gouvernement qui nous a précédés, on a un
salaire minimum qui est l'équivalent de 50 % du salaire horaire moyen au Québec. On a trouvé un point
d'équilibre entre la capacité de payer des entreprises et l'augmentation
de la capacité d'achat des travailleurs au Québec. Je pense qu'on a trouvé un
très bel équilibre.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Alors, nous allons avec le
quatrième et dernier bloc avec l'opposition officielle, avec le député de
Nelligan.
M.
Derraji : Merci, Mme la Présidente. J'ai une question, M. le ministre,
pour la nouvelle plateforme Jetravaille!, la nouvelle plateforme lancée
en pleine pandémie, Jetravaille! Donc, est-ce que vous pouvez nous partager les
résultats de cette nouvelle plateforme, le nombre de visites? Et comment vous
évaluez cette initiative?
M.
Boulet : Bon, vous savez qu'on avait un placement en ligne qui n'était pas convivial, qui n'était pas pratique.
M. Derraji :
Placements Québec.
M. Boulet :
Donc, on a lancé la plateforme numérique Jetravaille!, et ça va bien parce que ça permet aux employeurs qui s'inscrivent
d'écrire leur offre d'emploi, les responsabilités, les exigences, les
qualifications et, à une personne qui cherche un emploi, de s'y inscrire. Et,
quand elle sera complètement opérationnelle, l'arrimage entre l'entreprise qui cherche et le travailleur qui
cherche pourra se faire par l'intelligence artificielle et par la
géolocalisation. Comme, par exemple, si moi, je me cherche un travail,
je décris pour profil, je cherche un travail à Sherbrooke, une entreprise a
besoin de mon profil...
M.
Derraji : Ce n'est pas ça, ma question.
M.
Boulet : Vous parlez de Jetravaille!, c'est quoi, le résultat. Je
réponds.
M. Derraji : La
performance du site, est-ce que... Là, vous me dites qu'il y avait des
employeurs qui ont créé, j'imagine, leurs profils. Est-ce
que vous pouvez nous partager des résultats de combien d'employeurs se sont
enregistrés et combien de chercheurs d'emploi se sont enregistrés? Et je suis
très familier avec l'arrimage, dans un autre contexte. Est-ce que vous pouvez,
aujourd'hui, nous partager des résultats?
M. Boulet : Oui, tout à fait. Au 12 août,
près de 3 292 profils de candidats sont inscrits sur le service
Jetravaille!...
M.
Derraji : Désolé, je n'ai pas bien entendu. 3 000?
M. Boulet : 3 292, et
1 624 offres d'emploi sont proposées, et il y a
1 295 employeurs distincts qui sont inscrits sur
le site. Donc, c'est en action, c'est en développement.
M. Derraji : O.K. Pouvez-vous nous parler de
comment vous avez fait le choix de la compagnie qui a opérationnalisé
Jetravaille!? Et combien ça a coûté, le site Jetravaille!?
M.
Boulet : C'est la compagnie Momentum Technologies. Il y a eu un appel
d'offres. Si vous voulez aller dans les détails de l'analyse des propositions,
je demanderai à ma sous-ministre de vous répondre. Et le contrat a été consenti
pour un montant de 594 192 $, avec cette firme-là, pour nous donner
accès à ce service bonifié, intelligent, à
l'aide d'algorithmes, comme vous le savez, qui proposent les candidats les plus pertinents aux employeurs.
Donc, vous avez... si vous voulez avoir des détails sur la façon dont
les propositions ont été analysées, avec votre consentement, je demanderais à ma
sous-ministre de vous répondre.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Avons-nous le consentement des autres
partis? Oui? Alors, avant de répondre à la question, pouvez-vous vous
présenter?
Mme
Arav (Carole) : Oui,
bonjour. Alors, Carole Arav, sous-ministre au ministère
du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Alors, oui, effectivement,
nous avions déjà lancé un appel d'offres pour faire le remplacement du système
de placement en ligne que l'on avait actuellement. Donc, l'appel d'offres, il
avait eu lieu antérieurement, et c'était un projet qui devait durer plus d'une
année avant qu'on ait un système à jour. Donc, on est restés avec la compagnie
qui avait gagné cet appel d'offres là, suivant toutes les règles prévues à la
Loi sur les contrats des organismes publics, puis on a travaillé avec eux pour
accélérer la mise en ligne d'une première version qui est Jetravaille!. Puis,
comme le mentionnait le ministre, effectivement, au fur et à mesure du temps,
cette plateforme-là va s'améliorer pour avoir le produit final.
M. Derraji :
Aucun problème. Mais vous me ramenez un point que je n'ai pas vu venir. Il y
avait un appel d'offres pour quelque chose d'autre, et, vu le contexte de la
pandémie, vous avez utilisé Jetravaille! pour le lancer ou devancer...
clarifiez-moi le processus de l'appel d'offres.
Mme Arav
(Carole) : On a vraiment fait un appel d'offres puis on n'a seulement
que devancé la réalisation des travaux pour pouvoir lancer la plateforme dans
le contexte de pandémie, avec une version qui était plus vanille que la version
finale qui va arriver un petit peu plus tard. Donc, c'est exactement... Les
travaux qui sont faits, ce sont les travaux
qui étaient prévus, aussi, au niveau de l'appel
d'offres. On avait juste travaillé
avec cette entreprise-là pour rapprocher la première livraison.
M. Derraji :
Donc, vous êtes en train de me dire qu'il y
avait un appel d'offres pour changer placement.quebec? Parce
que...
Mme Arav
(Carole) : Placement en ligne.
M.
Derraji : Corrigez-moi, vous
pouvez m'arrêter, là, parce que je veux juste comprendre. C'est fin de soirée,
j'essaie de comprendre le processus. L'appel d'offres a été lancé, il n'y avait
pas de COVID, Momentum a été parmi les compagnies proposées. L'appel d'offres,
il est évalué... parce que j'ai essayé de chercher, je n'ai pas trouvé, mais,
si vous pouvez m'envoyer l'appel d'offres, je suis très intéressé. Donc, il y
avait un appel d'offres pour... en fait, c'est aux alentours de 600 000 $,
et je vois 594 000 $. La compagnie a gagné sur la base que vous
voulez changer placement Québec aujourd'hui. Vous déclarez que placement Québec
ne sera plus opérationnel en attendant que Jetravaille! soit opérationnel à
100 %?
Mme Arav
(Carole) : En fait, le Placement en ligne fonctionne encore. Placement
en ligne est une vieille plateforme technologique, donc on devait renouveler
nos équipements informatiques pour offrir un meilleur service à nos clientèles. Et ce qu'on voulait, c'est une
plateforme qui va aussi se servir de l'intelligence artificielle, qui va donc
pouvoir faire comme font... quand vous faites sur Google les offres d'emploi
que vous avez, là. Alors, on va pouvoir pousser les bons emplois en fonction du
profil du candidat. La même chose, on va pouvoir pousser des profils de
candidats auprès des employeurs, éventuellement, là, tu sais, vraiment, un
système qui va fonctionner sur la base de l'intelligence artificielle. C'est le
besoin qu'on avait déterminé au départ.
Donc, on a lancé un appel d'offres, on
a eu plusieurs soumissionnaires. L'appel d'offres total est pour un coût
d'à peu près 4 millions de dollars. Alors, la firme qui a gagné cet appel
d'offres là, ce printemps, c'était Momentum, qui l'a gagné dans la réalisation
du nouveau placement en ligne qui va remplacer le Placement en ligne qui
existe, actuellement. Et là, dans le cadre de la COVID, on avait besoin d'un
outil plus facile, plus simple, et donc le Placement en ligne dont on avait déjà
fait l'appel d'offres répondait à ces critères-là, mais la livraison n'était
pas prévue pour ce printemps, elle était prévue seulement que pour 2021. On a
donc travaillé avec notre fournisseur de services, on a fait un addenda à notre
contrat pour lui demander d'accélérer les travaux, de nous mettre en priorité
et de nous permettre d'avoir Jetravaille!, pour permettre aux entreprises et
aux travailleurs de pouvoir se jumeler plus facilement sur la plateforme.
• (21 h 10) •
M.
Derraji : Donc, le premier appel d'offres, remporté par la compagnie Momentum, était de 4 millions, et là ça a été... un addenda, ça veut dire qu'on se ramasse avec un
4,5... pas 4,5... oui, oui, 4,5 millions. Donc, il
y a un ajout, un
500 000 $ pour accélérer, pour que Jetravaille! puisse être lancé
pendant la COVID. Est-ce que j'ai bien compris?
Mme Arav
(Carole) : Oui. En fait, c'était nécessaire parce qu'on accélérait de beaucoup
les travaux, donc la firme avait besoin de se concentrer particulièrement sur
notre appel d'offres. C'est un besoin qui était exprimé par beaucoup d'entreprises,
d'avoir cette plateforme-là, donc, dans le cadre de la COVID. C'est ce que nous
avons fait.
M. Derraji :
Je comprends, mais, corrigez-moi si je me trompe, l'appel d'offres était pour
autre chose que ce que vous avez ajouté dans l'addenda. L'addenda, c'est
comme... L'ajout des 500 000 $, ce n'était pas prévu dans le premier appel
d'offres de 4 millions, d'où l'ajout d'un demi-million pour vous livrer
très rapidement quelque chose qui n'était pas prévu dans le premier appel
d'offres.
Mme Arav
(Carole) : Non. En fait, l'appel d'offres visait à remplacer la
plateforme de Placement en ligne. Et ce
qu'on a en ce moment, c'est la version bêta, si vous voulez, c'est une
première version de ce que l'on a demandé dans l'appel d'offres. Donc,
on n'a pas quelque chose de différent, on a quelque chose qui s'est fait en plusieurs...
qui va se faire en plusieurs livraisons, au lieu de se faire en une seule
livraison au printemps 2021. Le besoin exprimé dans l'appel d'offres, c'est ce
qu'on a en ce moment sur Jetravaille!, et ce qu'on avait d'exprimé comme
besoin, mais pas dans son entièreté.
M. Derraji :
Aucun problème. Donc, si le besoin a été
exprimé dans le premier appel d'offres de l'ordre de 4 millions, pourquoi
alors l'ajout de 500 000 $, et l'ajout d'un addenda, et... Bien, en
fait, c'est un paiement supplémentaire d'un nouveau contrat, c'est ce
que je comprends.
Mme Arav
(Carole) : Il s'agit d'un addenda. En fait, il faut savoir que l'appel
d'offres, on demandait une livraison en avril 2021, donc les soumissions
ont été faites pour une livraison en avril 2021. À partir du moment où on demande une livraison qui est plutôt en juin 2020, plutôt qu'en
avril 2021, des coûts supplémentaires pour l'entreprise, pour le
temps, le peu de temps qu'elle a pour faire la livraison nécessaire, donc, oui,
il y a eu un ajout de 500 000 $
qui a été fait auprès du fournisseur de services qui, lui, avait gagné l'appel
d'offres, là, qui était fait en bonne et due forme.
M. Derraji :
Oui. Vraiment, ma question, ce n'est pas vraiment par rapport à l'appel
d'offres, c'est un peu plus par rapport à l'explosion des coûts, parce que ce
n'était pas prévu. Je vois une bonne volonté de devancer un projet. Je suis un peu familier avec les appels
d'offres et je sais que parfois il y a un échéancier. L'échéancier était plus
prévu l'année prochaine. Il y avait une opportunité, l'opportunité que... il y
avait un besoin par rapport à Jetravaille. Et c'est de là où j'ai posé ma
question au ministre par rapport... Est-ce que ce qu'on a engagé aujourd'hui,
le 500 000 $, justifie la performance obtenue, en date d'aujourd'hui,
du site Jetravaille?
Je comprends ce que
vous m'avez expliqué, que, sur les grandes lignes du projet de l'appel
d'offres, ça, il y a un agenda, il y a un plan qui rentre dans ce que vous avez
prévu au niveau du ministère. La question que je me pose : Est-ce que
ça vaut la peine de demander et de donner un autre addenda de
500 000 $, sachant que ce que j'ai présentement,
1 600 offres, on peut... Je ne sais pas si je peux qualifier ça d'un
résultat extrêmement positif, vu ce qui a été engagé davantage. Comment, vous,
vous évaluez cette performance?
Mme
Arav (Carole) : Bien, en
fait, moi, je pense que la performance, elle est bonne. Ça ne fait pas
longtemps que l'on a lancé la plateforme en ligne. Donc, on a des
inscriptions, ça augmente régulièrement, donc on a vraiment une courbe de
croissance par rapport à la plateforme. Ça répond à un besoin qui était exprimé
de façon importante par les partenaires du
marché du travail, tant les syndicats que les employeurs, qui nous demandaient
vraiment d'avoir quelque chose de performant, qui permettait d'avoir des
utilisateurs nombreux en même temps qui sollicitaient notre plateforme, ce que
l'ancienne plateforme ne nous permettait pas de faire.
Donc, on a répondu à
ce besoin-là d'une façon que... je vous dirais, la meilleure, vu qu'on avait
déjà un contrat en cours. On aurait pu se retourner, donner d'autres contrats,
ça aurait coûté plus cher pour arriver au même résultat. Alors, on a travaillé
avec l'équipe qui avait gagné l'appel d'offres pour arriver au meilleur
résultat et au meilleur coût possible dans les délais que l'on s'était donnés.
M. Derraji :
Je ne sais pas si c'est possible, Mme la Présidente, mais je formule ma
demande : Est-ce que c'est possible de recevoir le plan d'affaires du
premier appel d'offres? Parce que moi, l'addenda, je n'ai rien trouvé. Peut-être que nos moyens de recherche étaient très
limités, mais j'aimerais bien, si vous pouvez nous partager le plan...
Parce qu'il y a deux choses que j'ai comprises.
Encore une fois, vous pouvez me corriger par rapport à ça. Il y a le premier appel d'offres, que j'ai bien
compris, et je salue l'initiative pour l'arrimage entre les chercheurs d'emploi.
Mais moi, là où j'ai plusieurs
questions, parce que je n'ai pas le temps de fouiller maintenant,
de voir, c'est vraiment :
Est-ce que ça a été nécessaire d'ajouter un addenda, de payer
500 000 $ d'une manière très rapide dans un contexte de COVID?
Oui, je comprends, parler avec le même fournisseur avec qui déjà
vous avez eu... qui a gagné l'appel
d'offres, je comprends, c'est des choses qu'on voit dans d'autres organisations.
Mais moi, c'est l'atteinte des résultats, la performance. Il n'est même pas
encore opérationnel à 100 %. Je pense que c'est en cours. C'est en cours.
Ça a coûté aux contribuables, quand même, 500 000 $, mais ce n'est
pas encore opérationnel à 100 %, et je ne sais pas si on va atteindre les
résultats escomptés à court ou à moyen terme.
Donc, pour ne pas juger quelque chose que je
n'ai pas, j'aimerais bien qu'on le partage, le plan, madame, le plan d'affaires
de cet appel d'offres et l'échéancier qui a été demandé pour la livraison de
cette nouvelle plateforme.
M. Boulet :
Est-ce que ce serait trop vous demander de préciser les questions ou la nature
des informations dont vous avez besoin? Parce que vous parlez des résultats,
vous parlez d'appels d'offres, vous parlez de plan d'affaires, donc...
M. Derraji : Je pense que Mme
la... Aucun problème, je peux le préciser. Je pense, madame...
M. Boulet : Mais ce serait
pertinent que vous précisiez la nature des informations dont vous avez besoin,
et on va vous donner les réponses que vous recherchez.
M. Derraji :
Aucun problème. Mais je pense que j'étais clair avec Mme la sous-ministre. Un,
le plan d'affaires du premier appel d'offres, parce qu'il y avait un
appel d'offres de 4 millions... a été scellé, fermé, la compagnie l'a
gagné. Est-ce que j'ai bien compris? J'ai besoin de ça. Il y a l'addenda qui a
été ajouté, vu le contexte de la COVID, où vous avez payé 500 000 $,
et on a fait appel à la même compagnie pour l'accélérer, le processus, à qui
ils ont déjà gagné un appel d'offres. Donc, moi, je pense qu'il y a deux choses
par rapport aux performances.
J'ai fait appel, même, à une firme privée pour
aller chercher les fréquences de visite du site. J'étais incapable. Je vous le
partage. Les algorithmes que le ministère met en place, on est incapables de
voir les statistiques. J'étais capable de
tout voir, sauf ce site. J'ai même vu qu'il y avait de l'achat publicitaire
placé chez les GAFA. J'ai le
pourcentage, mais ce n'est pas ça, mon but, aujourd'hui, de mes
questions. Je veux juste savoir : Est-ce que l'investissement de 500 000 $,
en tant que contribuables, on a pu atteindre les résultats escomptés? En gros,
c'est ça.
M. Boulet :
Encore une fois, tout est une question de coût-bénéfice. L'objectif était
d'assurer un arrimage, par des moyens technologiques modernes, entre des
chercheurs d'emploi et des employeurs qui ont des offres de travail. Et c'est
«on an ongoing basis», là, c'est en plein développement.
Mais moi,
j'aimerais ça... je vous redemande, ceci dit, avec respect... Je comprends, là,
la nature de vos questions, mais, si vous pouviez les préciser par
écrit, les informations dont vous avez besoin, nous, on pourra vous donner les
réponses claires. Parce que là, oui, elle comprend bien, mais est-ce que vous
voulez l'ensemble du dossier? Je pense qu'il faut plutôt préciser la nature des
informations dont vous avez besoin, et on y donnera suite, là.
M. Derraji : Moi, je n'ai aucun
problème. Si Mme la Présidente est d'accord qu'on formule une demande
officielle à la présidence et qu'elle vous l'achemine, je n'ai aucun problème.
Mais je pense que j'ai été assez clair, d'une manière verbale, de ce que je
veux par rapport au plan d'affaires. Ils sont très familiers, les gens...
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
On peut peut-être... Si vous me donnez quelques secondes, je peux peut-être essayer de clarifier avec la sous-ministre,
si vous acceptez. De ce que je comprends, ce qu'il désire, c'est le premier
appel d'offres qu'il y a eu. C'est bien ça, M. le député?
M. Derraji : Le premier appel
d'offres avec la compagnie Momentum, du 4 millions de dollars.
M. Boulet : Bien oui, puis c'est
public, en plus.
M. Derraji : L'addenda. J'ai entendu des coûts supplémentaires. Moi, je veux
comprendre ces coûts supplémentaires et pourquoi... le raisonnement
derrière le paiement de 500 000 $ supplémentaire pour presque le même
appel d'offres, mais avec l'addenda.
M.
Boulet : Donc, l'appel
d'offres et l'addenda, c'est des documents publics, et absolument, on va être
en mesure...
M. Derraji : L'addenda, c'est public aussi?
M. Boulet :
Oui, oui, c'est public, c'est des documents publics.
M. Derraji : O.K. Bien,
probablement, on n'a pas eu la même capacité de recherche. S'il vous plaît,
nous envoyer ça, parce qu'on ne les a pas trouvés.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, ça sera... vous allez vous charger de nous l'acheminer à la
commission. C'est bien ça, M. le ministre?
M. Boulet : Oui, parfait.
• (21 h 20) •
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, on s'entend bien, c'est le plan ou le premier appel d'offres et,
en deuxième, l'addenda?
M. Derraji : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Je termine avec un autre point, M. le ministre. Vous avez vu
que vous étiez un peu critiqué par le Regroupement des firmes de services
professionnels indépendantes, par rapport à la subvention de... Encore une
fois, je ne sais pas qu'est-ce que j'ai avec le 500 000 $. C'est
encore une histoire de 500 000 $ que votre ministère a donné à... Je
pense que vous aimez les demi-millions. C'est une blague, hein, c'est une
petite blague. C'est l'entreprise Slalom. Ça vous dit quelque chose, M. le
ministre?
M. Boulet : Totalement, oui.
M. Derraji : Et je vais juste vous
dire quelque chose, ça, c'est le réseau... le Regroupement des firmes de services professionnels indépendantes qui demande,
et je les cite : «Plutôt que de subventionner des entreprises étrangères
dont l'effet ne sera que d'accroître la guerre des talents, le gouvernement
devrait tout d'abord définir un programme d'aide directe aux entreprises
nécessitant une transformation et inciter ces dernières à avoir recours au
talent local.»
J'en suis sûr et certain que votre équipe vous a
tout donné, et vous avez une bonne revue de presse, vous êtes bien épaulé. Moi,
aujourd'hui, ce n'est pas à moi que vous répondez, M. le ministre. Vous
répondez quoi aux regroupements de firmes professionnelles indépendantes,
250 firmes qui m'ont dit clairement... le président m'a dit clairement, et
j'ai exprimé clairement la même chose au ministre de l'Économie, qu'ils sont un
peu tannés de voir plusieurs contrats... Ils
font référence à Cossette, ils font référence à McKinsey, là, maintenant, cette
firme qui déplace à Sécur 10 employés. Comment vous pouvez
justifier... comment vous pouvez leur répondre, M. le ministre?
La Présidente (Mme IsaBelle) : En
60 secondes.
M. Boulet : Bien, j'ai lu l'article,
j'ai compris leur point. C'est un regroupement de services professionnels indépendants.
Slalom est une entreprise qui a été fondée à Seattle, mais c'est une entreprise
qui vient s'établir à Montréal, qui a des
locaux à Montréal, qui fait affaire à Montréal, qui développe ses salariés à
partir de Montréal et qui répondait aux normes de nos subventions, on en
parlait tout à l'heure, pour former leurs travailleurs à la numérisation, aux
nouvelles technologies. C'est une entreprise qui est dans l'intelligence
artificielle...
La Présidente (Mme IsaBelle) : En
conclusion.
M. Boulet : ...et qui va contribuer
à la formation de clients partout au Québec. Et il y a des firmes de services
professionnels indépendants qui font partie de ce regroupement-là, qui ont
bénéficié du même type de subvention. Et, que
la maison-mère soit à l'extérieur, ce n'est pas un critère en soi. Ceci dit,
j'ai demandé à mon directeur de cabinet et à un de mes conseillers de
rencontrer le président du regroupement, la semaine prochaine, pour avoir plus
de détails, parce qu'on n'est pas sûrs.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre.
M. Boulet : C'est vraiment pour le Québec
que l'argent a été consenti.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci,
M. le ministre. Écoutez, malgré toute ma gestion serrée, nous allons certainement
terminer deux minutes plus tard que prévu. Alors, est-ce que j'ai votre consentement,
si nous voulons donner tout le temps, là, au dernier député? Avons-nous notre consentement?
M. LeBel : C'est les meilleures deux
minutes...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons poursuivre. M. le député de Rimouski, à vous la parole.
M. LeBel : Merci,
Mme la Présidente. Deux petits mots,
là, je reviens encore sur les préposés
aux bénéficiaires, je veux juste
expliquer les effets collatéraux que ça peut donner.
Des résidences pour
personnes aînées interviennent auprès de votre collègue avec des lobbyistes
puissants... la collègue de l'Habitation pour dire : Il faut augmenter nos
loyers, permettez-nous d'augmenter nos loyers parce qu'il faut payer des
préposés aux bénéficiaires plus cher puis tout ça. La logique est là. Mais qui
paie? C'est les aînés qui vivent là.
Le chèque
emploi-services, votre collègue des Services sociaux me disait hier, c'est
15 $, puis ça a l'air à fonctionner. Mais ce qu'on sait, c'est que les
personnes handicapées qui reçoivent le chèque emploi-services, ils doivent
compenser de leurs poches le reste pour que ça arrive à peu près au salaire...
Et ça, moi, je pense que l'État doit compenser pour des salaires décents, pour
des services décents. Puis je pense que le ministre qui est responsable de la
pauvreté devrait être sensible à ça, parce que c'est des gens qui
s'appauvrissent avec ce système-là. C'est ça que je dis, ne pas travailler en
silo. Je sais que ce n'est pas dans votre cour, mais ça a des effets dans
d'autres cours, puis c'est comme avoir une vision plus large.
La loi, aussi... moi,
j'ai participé à la loi sur la pauvreté il y a quelques années déjà, et la loi
pour lutter contre la pauvreté dit qu'il faut que le ministre, annuellement,
présente au gouvernement un rapport des activités réalisées dans le cadre du
plan d'action gouvernemental sur la pauvreté, puis, à partir de ce plan
d'action là, il peut demander des avis au comité consultatif. Ça, ça permet de
voir où est-ce qu'on s'en va. Bien, le rapport de 2018 n'est pas encore donné,
le rapport de 2019 n'est pas encore là. Ça fait que je peux comprendre que vous
dites qu'on est plus généreux, mais j'aimerais bien ça voir les rapports puis
j'aimerais ça voir l'avis du comité consultatif pour voir, effectivement, où on
est rendus. Eh! deux ans, là, 2018, 2019, pas de rapport encore de déposé, et
ça, ça contrevient à la loi pour lutter contre la pauvreté. Puis ces
rapports-là nous permettraient de sortir du silo, puis d'avoir une vision plus
large, puis d'aider, entre autres, comme... La députée de Bourassa-Sauvé a bien
expliqué la réalité des personnes à l'aide sociale, actuellement, pendant la
pandémie. Les éléments qu'elle a sortis, là, c'est exactement ça, là, tu sais, ça coûte plus cher, ils sont complètement...
encore plus isolés, et on n'a pas rien, il n'y a pas eu d'intervention directe.
On a assoupli des choses, mais, dans les interventions directes pour leur
permettre d'avoir un peu plus de moyens, de liquidités, on n'a pas fait
grand-chose.
J'y vais en rafale,
puis vous allez pouvoir répondre après. Je sais que vous prenez des notes. Je
veux revenir sur un dossier qui m'est cher,
c'est le droit à l'amour. Je vous avais dit que les deux dernières minutes
étaient importantes. On a réglé des cas, vous avez aidé à régler des
cas, entre autres, de Mélanie Dumais, qui avait un handicap intellectuel puis
qui voulait vivre avec son conjoint. Ça a été une belle réalisation, on a bien
fait ça. Mais il y en a d'autres, cas : Marc-Alexandre Gendreau, un père
de 30 ans atteint d'un cancer incurable, coupé de ses aides il y a trois
ans; Sabrina Gauthier, atteinte d'épilepsie et d'angiomes du cerveau, elle ne
peut plus... elle ne veut plus vivre dans son HLM, mais avec son conjoint;
Karine Fortin, qui a un AVC, est en chaise roulante, et elle a besoin de soins
quotidiens et son conjoint et son proche aidant pourrait l'aider. Il y en a
plein, de cas comme ça. Puis vous avez été ouvert avec ça, sur ce dossier-là.
J'aimerais bien
savoir où est-ce qu'on peut s'en aller avec ça. Est-ce qu'on peut donner espoir
à ces gens-là? Puis surtout, là, dans les temps où on a vécu beaucoup
d'isolement, le confinement a amené des choses, ça pourrait aider non seulement
à la personne, d'être plus en sécurité, mais au niveau de la santé mentale. Il
me semble qu'on devrait faire des
assouplissements puis permettre à des gens de vivre en couple, même s'ils
reçoivent de l'aide sociale.
En conclusion, je
voudrais juste... une réflexion que j'ai, parce que j'ai participé à d'autres
commissions, mais il faut... Des fois, je parlais à la ministre de
l'Habitation, qui s'occupe de l'itinérance, elle me disait : Bon, l'itinérance, ce n'est pas vraiment moi, c'est les
Services sociaux. Je parlais des services sociaux... le cas des personnes
handicapées qui veulent sortir des CHSLD puis du maintien à domicile, ils
disaient : Bien, ça, ce n'est pas vraiment moi, c'est la ministre des
Aînés.
Souvent, on se
repousse les affaires, comme ça, et c'est ça, le danger de travailler en silo.
Je comprends que vous êtes tous pognés, parce qu'il faut vivre avec la
pandémie, mais, maudit, trouvez des façons de voir entre vous autres qu'est-ce
que ça peut donner pour les populations, les gens. Pour moi, c'est une
révélation de ma journée puis d'hier, de voir, des fois, qu'entre les ministères
on ne se parle pas puis on ne comprend pas les effets que l'autre peut porter
sur nous. Merci.
M. Boulet :
Oui. Encore une fois, il y a plusieurs volets à la question.
M. LeBel :
Il y a plusieurs choses, je sais.
M. Boulet :
Je vais essayer de les traiter, mais le dernier point... Puis je suis totalement
d'accord, quand on était en campagne électorale, on parlait souvent d'approche d'affaires, et je cultive cette
approche-là avec mes collègues, notamment du MIFI, de l'Éducation et de
l'Économie et Innovation, notamment pour l'augmentation de la productivité,
avec Économie et Innovation, notamment pour l'intégration des personnes
immigrantes, avec mon collègue de MIFI. Puis on le fait pratiquement... les
conseillers sont là, dans nos bureaux, ils travaillent en équipe.
Et, sur l'adéquation
formation-besoins du marché du travail, je travaille avec ma collègue... en
fait, mon collègue et, maintenant, ma collègue, et il y a des résultats
concrets.
Les
PAB, je rappellerai à mon collègue qu'on a formé un comité interministériel qui
s'intéresse plus spécifiquement aux conditions
de travail des PAB. Puis ça fait
partie, d'ailleurs, des priorités gouvernementales en matière de pénurie de main-d'oeuvre, vous
le savez, puis vous entendez constamment le premier ministre en faire
référence.
Pour
les sujets qui ne relèvent pas... Là, vous allez dire : Il revient à
l'approche un peu silo. Oui, je devrai parler avec mon collègue à la Santé pour
les questions plus spécifiques, là, auxquelles vous avez fait référence.
• (21 h 30) •
Deux autres points.
Le plan d'action, le Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et
l'exclusion sociale, qui relève de mon ministère,
on discute avec Richard Gravel, que vous connaissez certainement, qui est à la Commission
des partenaires du marché du travail. Le mandat est donné sur l'incidence,
comment les organismes communautaires peuvent, avec une approche différenciée,
aider les personnes à faibles revenus, les personnes, indépendamment de leur
condition, mais qui ont des problématiques humaines et sociales particulières.
Et le comité consultatif devra démontrer quels groupes vulnérables sont les
plus affectés par la crise sanitaire actuelle ainsi que les secteurs les plus
touchés, identifier de façon particulière la contribution que pourraient avoir
les organismes communautaires dans la réduction des impacts de cette crise sur
les personnes en situation de pauvreté et de situations sociales.
Pour le droit à
l'amour, vous le savez, on en a souvent parlé, les travaux cheminent bien. Un
chèque, une personne, oui, cette approche-là, elle est considérée. Tous les
travaux avec le comité consultatif pour le programme de revenu de base, ça
évolue, et, en temps opportun, on fera les annonces qui s'imposent.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci.
M. LeBel :
Il me reste combien de temps?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il vous reste deux minutes.
M. LeBel :
O.K., bien, une minute pour l'entrepreneuriat. Je vous invite aussi à
faire en sorte que, dans nos régions, on puisse avoir un véritable guichet
unique, parce que c'est comme ça que ça se passe. Les entrepreneurs connaissent leurs agents de développement, ils
travaillent auprès d'eux autres, et c'est là qu'ils vont chercher l'information.
Et on aurait intérêt à centraliser autour de ces groupes-là, qui sont très
connus, région par région, communauté par communauté, plutôt qu'aller dans
chacun notre business, dans chacun notre silo pour faire nos affaires. Je vous
invite à faire ça.
Et l'autre élément,
c'est une question. Est-ce que vous avez encore, au Conseil des ministres,
quand vous déposez votre mémoire, des mémoires... est-ce que vous avez encore
la petite ligne «clause d'impact sur la pauvreté au Québec»?
M. Boulet :
Ça, je ne suis pas en mesure de donner une réponse claire. Est-ce que cette
clause-là... Moi, c'est une considération qui est omniprésente dans ce que nous
faisons au sein de mon ministère parce qu'il y a une belle intégration entre le
travail, l'emploi et la solidarité sociale.
Sur les
préoccupations spécifiques des régions, je le redis, on a des conseils
régionaux des partenaires du marché du travail. On est à l'affût, on est sur le
terrain, on est dans les institutions communautaires, d'éducation, dans les
entreprises, dans les syndicats et on est constamment à l'affût de ce qui se
fait dans les régions pour répondre de façon précise.
Le
guichet unique, j'en ai parlé tout à l'heure, on est, à Services Québec, un...
Vous êtes très près, à Rimouski, des personnes qui peuvent donner
l'information à tous les citoyens de votre comté, de votre région, votre MRC,
qui ont trait aux services gouvernementaux qui sont applicables.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Il reste 40 secondes.
M. LeBel :
Sur la clause d'impact, ça fait partie de la loi puis c'était un gain des
groupes communautaires à l'époque, que le Conseil des ministres, quand il
dépose un projet de loi, quand il dépose un mémoire, il doit y avoir une clause
d'impact pour qu'on analyse c'est quoi, l'impact sur la pauvreté. J'aimerais ça
que vous vérifiez puis que vous me revenez avec la réponse.
M. Boulet :
C'est vérifié, et oui... La réponse est oui. Elle est là, la clause
d'impact, conformément à la loi. Et bien heureux que vous ayez permis de faire
cette précision.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Alors, c'est tout pour l'échange. Je veux juste
m'assurer, là, qu'on a bien compris, tout le monde. M. le ministre, à la
demande du député de Nelligan, vous vous êtes engagé à nous transmettre ou à
transmettre la ventilation de l'aide offerte dans le cadre du PACME. C'est bien
ça? Oui?
M. Boulet :
Oui, tout à fait.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Vous vous êtes également engagé à remettre le premier
appel d'offres pour la plateforme Jetravaille! Québec ainsi que l'addenda.
C'est bien ça?
M. Boulet :
Oui.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : M. le député de Nelligan, vous vous êtes engagé à remettre aussi au ministre
le message que vous avez reçu de l'entreprise de fleurs Cléroux.
M. Derraji :
Aucun problème.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors...
M. Derraji : Je peux juste...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui.
M. Derraji : Il y a un petit
oubli. La performance du site Jetravaille! depuis son lancement.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Également,
la performance, vous voulez ça?
M. Derraji : Oui, s'il vous
plaît.
La Présidente (Mme IsaBelle) : D'accord.
M. le ministre, je pense que...
M. Boulet : ...on les a donnés,
là. Vous allez avoir les chiffres...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Les mêmes chiffres, là.
M. Boulet : ...que j'ai donnés tout à l'heure, là. C'est ceux
que nous avions préparés en date du 12 août. Vous les avez pour les
entreprises et les travailleurs.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Excellent. Donc, ça va se faire.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Merci, hein, ce fut une belle collaboration.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au jeudi 20 août, à
9 h 40, où elle
entreprendra l'étude du volet Économie du portefeuille Économie et
Innovation.
Oh! M. le ministre a encore un point.
M. Boulet : Non, mais je
voulais simplement profiter de la fin de notre rencontre pour vous remercier,
pour vous féliciter pour la qualité de vos
interventions et de votre présidence, et saluer, et remercier aussi tous mes
collègues, tous partis confondus, pour leur intérêt, leur préoccupation
puis leur participation à l'étude des crédits du ministère.
Et sachez, je le dis à vous tous, notre porte
est ouverte quand vous avez besoin de me rencontrer. Vous le savez, je le
dis... je l'ai dit lors de rencontres que j'ai seul à seul, mais je le dis
devant tout le monde : N'hésitez pas quand vous avez besoin d'information.
Dans la mesure du possible, moi, je veux être une personne collaborative et
transparente. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Merci pour la belle collaboration. Bon dodo.
(Fin de la séance à 21 h 35)