(Onze heures cinquante minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de
l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder aux consultations
particulières et aux auditions
publiques sur le projet de loi
n° 27, Loi concernant principalement l'organisation gouvernementale en
matière d'économie et d'innovation.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Martel (Nicolet-Bécancour) remplace M. Lévesque
(Chauveau); M. Leitão (Robert-Baldwin) remplace Mme Sauvé (Fabre); M. Marissal
(Rosemont) remplace M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve); et M. Ouellet
(René-Lévesque) remplace Mme Richard (Duplessis).
Auditions (suite)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous avons le plaisir d'accueillir le Fonds de solidarité FTQ,
avec MM. Morin et Tremblay. Je vous
souhaite la bienvenue. Vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Je
vous invite d'abord à bien vous présenter. Merci.
Fonds de solidarité FTQ
M. Morin (Gaétan) : Bonjour, Mme la
Présidente. À mes côtés, Mario Tremplay, vice-président aux affaires publiques
et corporatives. Mon nom est Gaétan Morin, donc, président, chef de la
direction Fonds de solidarité FTQ.
Donc, Mme la
Présidente, M. le ministre de l'Économie et de l'Innovation, mesdames,
messieurs, distingués invités de la commission, d'abord merci de nous
accueillir, d'accueillir nos commentaires dans le cadre de vos consultations
sur le projet de loi n° 27.
Le fonds... d'abord, je dois vous dire que le
fonds salue le travail d'Investissement Québec et du ministère de l'Économie et de l'Innovation dans le
développement d'une économie prospère. Le fonds souhaite profiter de l'occasion
qui nous est offerte par cette commission pour émettre ses commentaires sur le
projet de loi n° 27. Nos commentaires concernant
le projet de loi se limiteront à Investissement Québec. Nous n'aborderons donc
pas tous les aspects du projet de loi.
D'entrée de
jeu, nous sommes favorables au projet d'élargissement du mandat
d'Investissement Québec. Le coeur de
notre intervention d'aujourd'hui vise à nous assurer que, dans le cadre de la
réforme projetée, Investissement Québec devienne un véritable investisseur complémentaire dans l'écosystème
financier et maximise son impact. C'est vraiment en recherchant cette complémentarité et en comblant
les lacunes du marché de la finance qu'Investissement Québec se révèlera
davantage comme un réel atout stratégique et remplira pleinement sa mission
d'investisseur public.
Nous saluons
d'ailleurs la proposition de modification de la mission aux articles 4 et
14 de la loi. Cette proposition fait en sorte que la mission y est
définie en termes plus larges, qui comprennent non seulement des aspects
financiers, mais aussi de retombées économiques globales. Cette vision devra
être claire, claire pour le conseil d'administration d'Investissement Québec et de
l'ensemble de l'organisation. Nous croyons même que les incitatifs de
performance des employés d'Investissement Québec devaient être liés à
ces indicateurs qui ne se limitent pas seulement au rendement financier et au
volume d'interventions.
Le fonds est
le plus important réseau d'investissement en capital de développement au
Québec. Samedi dernier, lors de notre
assemblée annuelle, nous avons annoncé que nous comptions dorénavant
700 000 actionnaires, 15 milliards d'actifs et des participations
dans plus de 3 100 entreprises de toutes tailles. Au cours des cinq
dernières années, nous avons investi en moyenne 900 millions de
dollars par année dans l'économie québécoise. Nous avons généré des profits
moyens de 935 millions par année au
cours des cinq dernières années, et ça, ça représente un rendement annuel à nos
actionnaires de 7,7 %. Nous
faisons la preuve qu'il est payant d'investir dans la PME au Québec et nous le
faisons, dans tout le Québec, avec nos 16 bureaux régionaux.
Considérant notre mission et notre modèle
d'affaires, vous comprendrez l'importance que nous accordons à la notion de complémentarité d'Investissement Québec.
En 2010, lors de la fusion entre la Société générale de financement et Investissement Québec, nous avions présenté un
mémoire insistant sur cette notion.
Malgré une volonté inscrite dans la loi, force est de constater que ce
ne fut pas toujours le cas.
Par exemple, ce qu'on voit sur le terrain, je donne un exemple,
des propositions d'investissement
des entreprises qui sont issues à la fois du Fonds de développement
économique... Par exemple, disons, un financement de 10 millions de dollars, bien souvent, le capital est puisé à l'intérieur de l'enveloppe du Fonds du développement
économique et des capitaux propres,
mettons moitié-moitié, et ce qui fait qu'en bout de ligne on peut offrir, avec
le fonds de développement, un prêt à
0 % d'intérêt et un prêt de 5 millions, pour compléter le
10 millions, à partir des fonds propres, à des taux plus normaux, disons, je lance
un 7 %, ce qui fait que le combiné de l'ensemble donne 3,5 %, ce qui
est vraiment à l'extérieur des
barèmes de juste valeur des prêts ou des participations. Et souvent ça se fait,
malheureusement, et là j'ai toujours la notion de complémentarité en tête, souvent, ça se fait dans des
entreprises qui pourraient se financer autrement sur les marchés
financiers, à des taux normaux.
Dans le
passé, il y a eu des tentatives, je dirais, informelles de s'assurer de cette
complémentarité-là dans le marché. Il
y a eu même des tentatives qui ont été initiées par le ministre de l'Économie
de l'époque. Nous avons été attentifs aux déclarations du ministre concernant la complémentarité d'Investissement
Québec et celle qu'elle doit avoir dans l'écosystème et nous partageons
évidemment cette vision.
Rappelons que la proposition de
l'article 14 de la Loi sur Investissement Québec est très claire à ce
sujet. Cependant, pour y arriver, nous
croyons qu'il faut des mécanismes formels pour concrétiser cette rétention.
Ainsi, pour assurer une
complémentarité entre Investissement Québec et les autres acteurs économiques
de la finance, le fonds propose deux mécanismes reconnus dans la loi.
C'est d'ailleurs notre première et notre deuxième propositions.
Donc, la première, qu'un comité-conseil composé
de représentants des institutions financières québécoises, de l'industrie du
capital de risque et du capital de développement fassent rapport chaque année
au ministre de l'état de l'écosystème de la
finance et fasse des recommandations pour améliorer cette complémentarité.
Deuxièmement, deuxième proposition, qui devrait être, selon nous, reconnue dans
la loi, qu'un administrateur soit nommé au conseil d'administration d'Investissement Québec selon une liste de
candidats recommandés par le comité-conseil. Cet administrateur devra être
évidemment indépendant du comité et des institutions représentées.
Comme notre
mission l'exige, nos investissements sont faits sous forme de prêts non
garantis ou de participations au
capital-actions. Cette partie fait de nous, dans une certaine mesure, des
dérisqueurs. Notre présence dans des projets plus risqués permet à d'autres joueurs qui ont une
moins grande tolérance au risque de se joindre à nous dans certains projets.
Cela nous a permis de développer une bonne collaboration avec les milieux de la
finance. En fait, d'autres institutions financières sont présentes dans
80 % de nos transactions.
En 2010, je
reviens à notre rapport précédent, nous avions estimé que, pour être
complémentaire et combler des lacunes
de marché, Investissement Québec devait accroître sa présence dans les
transactions à risque, particulièrement en région. Nous croyons toujours que c'est le rôle de l'investisseur public
de combler partiellement cette carence afin de créer un effet de levier
pour attirer du capital privé dans les transactions.
Et là on
avait un diagramme à l'époque, qu'on a reproduit quelques années plus tard dans
le mémoire. Je pense qu'il est à la page 8. Ce qu'il présente, en fait,
c'est l'écosystème financier, l'écosystème d'investissement, et chacun doit
avoir sa place. Il y a des moments
dans la vie d'une entreprise où c'est nécessaire de prendre plus de risque,
d'amener l'entreprise ou le projet à une certaine maturité où le
financement plus conventionnel, les banquiers et éventuellement même une mise en bourse, tout ça doit être fait dans un
continuum et en très grande complémentarité. Donc, nous réitérons cette
position et recommandons
qu'Investissement Québec augmente sa prise de risque de participation dans des
investissements risqués.
Évidemment, on a plusieurs autres
recommandations, notamment sur les régions, pour la lutte aux changements climatiques. Nous vous invitons à consulter notre
mémoire. On voulait se concentrer vraiment sur ces trois propositions-là.
Alors, je vous remercie de votre attention, et nous sommes prêts pour
accueillir vos questions.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Je
vous remercie pour votre exposé. Nous allons débuter la période d'échange. M.
le ministre, la parole est à vous. Vous disposez de 7 min 30 s.
• (12 heures) •
M. Fitzgibbon :
O.K. Bien, premièrement, j'aimerais remercier mes collègues pour votre
présentation. C'est très clair puis c'est succinct. Il y a deux enjeux.
Je vais en prendre un puis je vais passer l'autre à mon collègue
M. Bélanger.
Au niveau des régions, je
pense qu'il faut parler de ça,
comment est-ce qu'on peut complémenter votre positionnement. Je vais parler plus à haut niveau. Je suis d'accord,
le comité, voir sur une base manuelle, où sont les carences dans la chaîne
des capitaux, puis Investissement Québec doit être là pour combler où il y a
une carence. Ça, j'achète ça à 100 %.
J'aimerais vous entendre sur un sujet qui est un
peu problématique. C'est qu'on a vu ce matin, dans le journal, on a 32 % de provisions pour prêts pour le FDE. Bon, d'un bord de ma bouche, je
vais dire : On va prendre plus de risques. Je veux prendre plus de
risques. Il ne faut pas que le 32 % devienne 50 % non plus, ou, s'il
vient 50 %, il faut que les retombées aux finances soient au moins égales
à l'excédent. Ce n'est pas facile.
Alors, est-ce
que, quand j'entends les gens comme vous puis les banques dire : Prenez
plus de risques, ça va nous alléger pour nous à aller dans la chaîne des
capitaux, est-ce que c'est concevable qu'on puisse partager? Puis ça, c'est ma
notion depuis le début. Est-ce qu'on peut partager dans l'«upside», quand ça va
arriver? Parce que moi, je suis prêt à
prendre des risques, mais, à un moment donné, on va en perdre plus qu'on en a
perdu dans le passé, mais on va en gagner plus. Quand on va gagner, il
faut au moins être capable de pouvoir récupérer un peu d'argent pour compenser
les pertes additionnelles.
Alors, est-ce
que c'est une notion... puis je sais que vous autres, c'est différent, parce
que je prends les banques, je prends le Fonds de solidarité, je prends le
Fondaction, puis on a Investissement Québec, on n'est pas tous aussi
mercenaires, là. Alors, est-ce que
c'est concevable que, dans la chaîne des capitaux, qu'il puisse y avoir un
partage du «upside» pour que nous
puissions... puis moi, je suis prêt à prendre des risques, mais, en même temps,
on est redevables devant la population. Puis, si on perd 50 % de ce
qu'on fait, on ne sera pas avantagés, là. Alors, j'aimerais ça vous entendre
sur ce point-là.
M. Morin
(Gaétan) : Juste sur la
notion de perte, il faut voir que le gouvernement doit prendre certains risques
parce que les retombées des succès...
puis ce n'est pas tous des succès, hein, les projets dans lesquels nous-mêmes,
on investit. Mais le gouvernement a des retombées que nous, on n'a pas,
dont retombées fiscales, etc., les retombées induites aussi d'un démarrage d'entreprise ou du lancement d'une
nouvelle technologie. Donc, il est tout à fait normal qu'à un certain niveau
le gouvernement, malheureusement, doive essuyer des pertes.
Ça
ne serait pas normal que... une intervention, vraiment, à des niveaux
préliminaires d'un projet, ça ne serait pas normal de ne pas perdre un peu de
capital. Il faut le dire comme ça. Si ce n'était pas le cas, ça veut dire qu'on
ferait le rôle d'un banquier. C'est
un peu notre cas d'ailleurs. On fait des pertes. Sur 10 investissements,
on va en perdre quelques-uns, mais il
y en a deux qui vont très bien performer, qui vont compenser pour les pertes
qu'on doit essuyer. Et, si on ne faisait pas ça, on ne ferait pas notre
travail.
Le travail du
gouvernement est en amont de nous, et là je reviens à la chaîne de financement,
le travail du gouvernement doit être en amont pour lui-même dérisquer certaines
initiatives, certains projets, certains projets de développement économique pour que nous, par la suite, on puisse arriver
dans un deuxième ou troisième temps. Des caisses de retraite prennent le
relais, les banquiers et ainsi de suite. Donc, c'est ce continuum-là.
Est-ce que le
gouvernement devrait s'attendre d'avoir une certaine rémunération par rapport
au risque? Moi, je pense que oui, absolument, toujours dans l'optique où la
prise de risque, elle est réelle et faite au bon moment. Si Investissement Québec se déploie dans des segments
de risque où le marché est déjà présent puis qu'il vient demander une rémunération inférieure dans l'esprit d'avoir une
rémunération supérieure dans le futur, je pense qu'Investissement Québec
ne fait pas son travail. Je ne sais pas si ma réponse est claire.
M. Fitzgibbon :
Bien, mais... puis je vais conclure puis je vais laisser du temps à Gilles,
mais c'est clair que moi, des pertes de 32 %, c'est un peu exagéré,
c'est des provisions comptables. Les vraies pertes, c'est à peu près 25 %,
du gouvernement, qu'on a perdu depuis des années. Je pense que c'est correct.
Moi, je suis prêt à
prendre plus de risques, donc on va perdre plus que ça. Mais quand on va
faire... quand les compagnies vont faire de
l'argent sur l'autre bout du spectrum, je veux qu'il y ait une partie qui
revienne pour compenser, là,
peut-être le 25 %, qui va aller à 35 %. Sinon, on creuse un trou.
Puis de toujours dire que les finances vont faire de l'argent et des retombées ailleurs, c'est facile à dire, puis
c'est dur à mesurer. Alors, je vais arrêter là puis je pense qu'on parle
le même langage. Je vais laisser mon collègue parler des régions.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, merci, M. le ministre. Je
vais... La parole est au député d'Orford. Il vous reste trois minutes.
M. Bélanger :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Tremblay, M. Morin. Ça me fait
plaisir de vous revoir une fois de plus.
Moi,
j'ai une question au niveau, évidemment, des régions. Par le passé, j'ai eu
l'occasion de travailler avec vos fonds
et je me suis toujours retrouvé dans une situation que, justement, j'avais de
la difficulté à positionner le fonds, vos fonds régionaux, par rapport
aux banques, par rapport au privé puis par rapport au gouvernement.
Ma question est : Si on prend plus de risques
dans... puis j'aimerais ça savoir lesquels segments on peut prendre plus
de risques en région. Quel
va être l'impact sur vos taux? Parce que vos taux ont toujours été, par rapport
aux banques, par rapport au privé
puis par rapport au gouvernement, plus élevés, en tout cas dans les
situations dans lesquelles j'ai été impliqué.
M. Morin (Gaétan) : Bon, la question sur les taux, tout à fait normal que nos
taux soient légèrement supérieurs à ce qu'un banquier va demander comme
taux d'intérêt. La raison, c'est que nous sommes du... ce qu'on offre, c'est du
capital non garanti. Donc, en cas d'échec, en cas de liquidation, on n'a aucune
sûreté, on n'a aucun lien sur les actifs de l'entreprise et, en cas de liquidation, ce qui arrive, dans les
faits, c'est qu'on est pas mal au même niveau que l'entrepreneur, que les
actionnaires de l'entreprise. Donc, on doit radier s'il y
a un échec, ou une faillite, ou un
avis d'intention pour se protéger de la faillite de l'entreprise en question.
Maintenant,
pour ce qui est des lacunes de marchés en région, particulièrement que devraient, selon nous, combler Investissement Québec, je
dirais que c'est surtout au niveau des démarrages d'entreprise et particulièrement en technologie de... par
exemple, dans les nouvelles technologies, les innovations, malheureusement, les investisseurs traditionnels vont centrer leurs efforts dans cette nouvelle économie
là sur les grands centres : Montréal, Québec, Sherbrooke. Mais les autres régions, souvent, n'ont pas su
accaparer du capital jusqu'à maintenant. Donc, Investissement
Québec devait jouer un rôle à
ce niveau-là puisqu'il y a une carence de marchés.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : En conclusion. Il ne reste que 35 secondes.
M. Bélanger :
Bien, merci pour votre réponse.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci pour l'échange. Nous cédons maintenant la parole à la porte-parole de l'opposition officielle, à
la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Vous disposez de 11 minutes.
Mme
Anglade : Merci, Mme la Présidente. Je salue les personnes qui sont venues nous
rencontrer aujourd'hui. Merci. Merci d'être avec nous.
Écoutez,
je vais renchérir un peu sur tout ce qui se passe au niveau
du développement économique sur le terrain, puis vous avez fait état,
dans le document, de tous les acteurs qu'il y a puis de la nécessité d'être
complémentaire, puis plusieurs des acteurs qui sont venus ici sont venus nous
dire à quel point on a besoin d'être complémentaire.
On est un peu tous
pour la vertu. On aimerait que ça marche, la complémentarité, puis, dans mes
fonctions précédentes, je voulais que ça marche, la complémentarité. Mais avec
le projet de loi, est-ce qu'il y a moyen pour vous d'articuler
ça de manière plus concrète, où vous diriez : Bien, nous, ce qu'on
aimerait, c'est que clairement, ce soit spécifié,
les rôles de chacun? Est-ce que vous avez réfléchi, au-delà de la recommandation que vous faites, à quelque
chose peut-être encore plus spécifique, que vous aimeriez voir inclus
dans une loi?
M. Morin
(Gaétan) : Vous savez, que ce soit dans le projet de loi ou dans la
haute direction d'Investissement Québec, les
intentions peuvent être très correctes et très enlignées avec ce besoin de
complémentarité là. Difficile, des fois, de faire percoler ces philosophies-là à travers l'ensemble des employés
et l'ensemble des régions du Québec. Et c'est là, je pense, que la
mesure, elle doit être aussi faite sur le terrain.
On
l'a vu, depuis 2010, la notion de complémentarité, elle est enchâssée dans la
loi. Dans les faits, sur le terrain, j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'exemples que je pourrais vous donner. Je vais me limiter, parce que le temps
est limité, et c'est vraiment... Le rôle du
comité, ça sera vraiment avec l'ensemble des intervenants, l'ensemble du milieu
de l'investissement, des milieux
financiers, du capital de risque. Ces gens-là pourront occasionnellement se
regrouper, et faire un peu un état de la situation, et faire des
recommandations au ministre.
Donc,
on installe un peu une certaine gouvernance autour de l'application de la loi,
et je suis convaincu, fermement convaincu
que, si on incorpore ça au projet de loi et on le fait... et soyez assurée que
les intervenants financiers vont être tout à fait d'accord avec
l'initiative. Elle a été... elle a eu lieu, à plusieurs reprises, de façon
informelle, auxquelles moi-même j'ai
participé. Et tout le monde autour de la table se disait : Wow! c'est
nécessaire vraiment de s'assurer que le
Québec dispose vraiment d'une fourchette large, en termes de prise de risques,
de complémentarité, parce que c'est un atout.
Nous avons des avantages au Québec d'avoir des institutions, comme
Investissement Québec, comme le fonds de solidarité, avec des institutions financières bien ancrées au Québec, comme la Banque Nationale, Desjardins, des fonds de
capital de risque. C'est un avantage, et on fait des jaloux ailleurs au Canada.
Donc,
il faut pousser davantage cette mobilisation-là et de s'assurer que tout le
monde travaille avec un objectif : de développer des entreprises et
de maintenir et créer des emplois de qualité au Québec.
• (12 h 10) •
Mme
Anglade : Merci de votre réponse. Ce que j'entends, dans le fond, dans
ce que vous dites, c'est qu'on a bien beau
avoir toutes les bonnes intentions du monde et puis de modifier un projet de
loi, que ce soit inclus dans le projet de loi, il va falloir que ça se
décline dans le détail, mais même que cette déclinaison-là devra être
accompagnée, tu sais, de mécanismes déterminés, pas nécessairement dans le
projet de loi mais après ça.
Donc,
quand vous parlez de rencontres qu'il va falloir avoir avec les différents
organismes, ce serait bien que ce soit établi, cette démarche-là, qu'elle soit
dans le cadre d'une gouvernance qui nous permet de faire aboutir les choses.
C'est ce que je comprends dans ce que vous dites.
M. Morin
(Gaétan) : Oui. C'est vraiment quelque chose de formel avec un rapport
au ministre. Puis ça ne demande pas une grande... comment dire, de grandes
structures, là. Ce que je vous dis, là, c'est une rencontre par année des principaux acteurs. Ce n'est pas
150 personnes, là, c'est une dizaine de personnes autour de la table, qui
représentent chacun des segments du
financement, s'entendent, font des recommandations au ministre sur l'état de la
complémentarité du financement.
Et
je vous dirais, avant toute chose, et ça fait partie de nos recommandations,
Investissement Québec devrait aussi faire un certain travail pour voir où sont
les véritables... Quelle est la recommandation dont il s'agit? Je ne sais pas
si c'est la 3 ou la 4, là, mais je pense qu'il faut faire, avant tout, un état
de la situation. Investissement Québec, avant de se déployer, devrait analyser
à nouveau où sont les carences, parce que les carences, ça se métamorphose au
fil du développement d'une économie ou d'un secteur, d'où l'idée de
faire, une fois par année, un constat et de faire des recommandations au
ministre à ce sujet-là.
Mme Anglade :
Parfait...
M. Tremblay
(Mario) : ...si je peux me permettre d'ajouter peut-être.
Mme Anglade :
Oui. Allez-y, je vous en prie.
M. Tremblay (Mario) : Et, au niveau interne également, on est allés jusqu'à proposer de dire : Écoutez,
quand on est rendu chez Investissement Québec... Parce que c'est
certain, lorsque la rémunération est liée, par exemple, à du volume d'affaires, c'est sûr que les gens peuvent
faire du volume d'affaires. Donc, ce qu'on appelle les KPI, en anglais, là,
les indicateurs de performance, s'il y a
un ou deux indicateurs qui vont dans le sens de la complémentarité à démontrer,
et qu'on lie performance, rémunération, là, les gens vont se comporter
avec de la complémentarité. Donc, il appartiendrait à Investissement Québec
d'aller jusque-là dans le concret, et moi, je pense que ça pourrait aider.
M. Morin (Gaétan) : Je pense qu'il faut... Si je peux me permettre, ça prend un enlignement
aussi avec le conseil d'administration. Je pense que le mandat, la vision, la philosophie d'Investissement Québec de compter pas uniquement sur les retours de
revenus d'intérêts, mais de regarder plus globalement et, comme M. le ministre l'a bien dit dans une entrevue
la semaine dernière, de regarder vraiment le retour sur l'économie globale de l'action d'Investissement Québec, là, on aurait fait
le travail complètement. Il faut que ça soit clair pour le conseil d'administration.
Mme
Anglade : Oui. Puis je
retiens bien aussi vos commentaires par
rapport aux indicateurs de
performance puis de les lier avec la
complémentarité comme critère aussi pour pouvoir changer les comportements, ce
qu'on cherche ultimement à faire.
Question
très rapide avant de céder la parole au collègue. Vous avez écrit, dans votre
document, page 11, par rapport
au démarchage international : «Nous
espérons que les fruits de ce démarchage se feront au bénéfice de tout
l'écosystème de la finance en vue de garnir le pipeline d'entreprises du
Québec et de créer plus de richesse dans la province.»
Je voulais
juste savoir, est-ce qu'il y avait une raison pour laquelle vous insistiez sur cet
élément-là en particulier? Vous avez un espoir que ce ne soit pas très
ciblé. J'essaie de le lire à travers ce que vous voulez dire par rapport à ça.
M. Morin
(Gaétan) : En fait, ce que
je voulais illustrer, c'était justement le fait qu'on a la chance, au Québec,
d'avoir une offre de financement diversifiée, et je pense qu'on devrait
insister, dans le démarchage à l'international pour... si on veut
attirer une entreprise au Québec, alors lui dire : Bien, vous voyez, on a
Investissement Québec, on a des fonds de travailleurs,
on a des fonds de capital de risque. Donc, si cette offre-là, elle est bien
déployée, démontrée à des étrangers, ils vont voir qu'il y a des
avantages ici qu'ils n'ont pas ailleurs sur la planète.
Mme
Anglade : Dans le fond, vous, ce que vous dites, c'est qu'on doit
représenter l'ensemble de l'offre, pas certains éléments, puis qu'on est
encore dans cette... en compétition. C'est ça que vous dites.
M. Morin (Gaétan) : Absolument,
absolument. Tout à fait.
Mme Anglade : O.K. J'ai bien
compris. Parfait. Merci. Je cède la parole à mon collègue.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député de Nelligan, à vous la parole. Il vous reste
3 min 20 s.
M.
Derraji : Bon, je vais être très rapide. Merci, Mme la Présidente.
Merci pour votre présentation. Toujours dans la même logique des indicateurs, là, on va aller plus sur vers le
terrain et l'accompagnement des entrepreneurs. Ça a été dit aussi la
semaine dernière.
Dans la page 10, vous avez soulevé un point
très important, et la statistique que j'ai devant moi, 500 000 heures d'intervention... Donc, aujourd'hui, selon vous,
Investissement Québec... vous formulez la recommandation 4 : «Le
fonds recommande qu'Investissement Québec bonifie son offre
d'accompagnement aux entreprises en collaboration avec le joueur du marché dans
une perspective de combler les carences.» Un, c'est quoi, les carences? Deux,
est-ce que vous pensez qu'il y a une limite
à l'action d'Investissement Québec présentement sur le terrain par rapport à
l'accompagnement? Parce que c'est
quand même énorme, 50 000 d'heures d'intervention par rapport...
200 accompagnements, 160 entreprises, c'est quand même
intéressant depuis 2016.
M. Morin (Gaétan) : Bon, ça, c'est
notre collaboration qu'on a mise sur pied avec Inno-Centre, il y a deux ou trois ans, et vous voyez le succès entourant tout
ça. Il demeure qu'il y a des carences, et je pense qu'Investissement Québec doit, encore
une fois, combler certaines carences. Par exemple,
quand on parle de démarrage, de développement de technologies, Inno-Centre agit plutôt à des stades de maturité un peu plus avancés en termes
d'intervention. Donc, il faut s'assurer
qu'on appuie aussi les nouvelles pousses, les nouveaux entrepreneurs à développer
une technologie en amont, et ça, je pense qu'il y a une carence à
combler à ce niveau-là.
M. Derraji : Et, selon vous, est-ce
que vous voulez qu'au niveau d'Investissement Québec qu'il y ait plus d'accompagnement? Concrètement, maintenant, au
niveau du projet de loi, à quel niveau aimeriez-vous avoir ça ou quelles
actions aimeriez-vous avoir avec Investissement Québec?
M. Morin
(Gaétan) : Un aspect qui est
souvent mis de côté, c'est l'aspect commercialisation. Je dis souvent qu'au
Québec on a parmi les meilleurs ingénieurs
au monde. Nous sommes un peuple créatif. Par contre, quand arrive le temps
de la commercialisation, je pense qu'on a
encore des petites lacunes à ce niveau-là. Il faut développer nos entreprises,
il faut armer nos entreprises à aller
déployer leurs nouveaux produits, leurs services à l'international, et souvent,
cet aspect-là, il est mis de côté.
Et je vous
dirais, je n'ai pas de statistiques, en tête, claires, précises, mais un bon
nombre de nos échecs au Québec, en termes de démarrage d'entreprise ou
de développement d'entreprise, c'est souvent du côté de la commercialisation.
Donc, je pense qu'il y aurait des lacunes à combler à ce niveau-là aussi, qui
est toujours mis de côté, malheureusement.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
reste 30 secondes. Alors, la parole est au député de Robert-Baldwin.
M.
Leitão : Très rapidement,
puisqu'on n'a pas le temps. Donc, vous n'aurez pas le temps de répondre à la question, mais
ce que je lance ici, dans le débat, et on pourra réfléchir par la suite, on
avait déjà parlé de ça avant : Qu'est-ce que vous pensez des incitatifs qu'on déploie quand on
veut attirer les investissements étrangers? Est-ce que ça peut provoquer un certain déséquilibre avec les entreprises
locales qui, elles aussi, aimeraient avoir le même genre d'incitatif?
Comment vous voyez cette question-là se développer en
15 secondes...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Malheureusement, vous ne pourrez pas y répondre. Alors, nous cédons la parole au
deuxième groupe d'opposition avec le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Toujours le même temps, 2 min 45 s, c'est ça?
La Présidente (Mme
IsaBelle) : 2 min 45 s, oui.
M.
Marissal : Merci. Bonjour,
messieurs. Merci d'être là. Je vais aller rondement, là, parce que je n'ai pas
le temps. Le p.l. n° 27, selon vous, le projet de loi n° 27, ça
égale à plus ou moins de complémentarité? Parce que vous êtes dans des recommandations où, clairement, vous avez des craintes quant à la...
complémentarité. J'ai de la
misère avec ce mot-là. Donc, le projet de loi n° 27, dans sa
première mouture, vous apparaît incomplet quant à la complémentarité.
M. Morin
(Gaétan) : Je vais même
aller plus loin, je vais même aller plus loin. Je me répète, mais, en 2010,
quand on est venus ici traiter du
projet de fusion entre Investissement
Québec et la Société générale de financement, nous avions déjà agité le petit drapeau,
là, en disant : Attention à la complémentarité. Donc, en résumé, on dit,
depuis 2010, malgré les bonnes
volontés de tout le monde, il y a eu des champs qui se sont superposés en termes d'offre de financement, et ce, pour
nous... puis on profite de l'opportunité
qu'on a aujourd'hui, avec le projet de loi n° 27, d'encore agiter le même
drapeau, mais je pense qu'il est très
important dans une vision où on veut vraiment développer nos entreprises,
développer l'économie du Québec de
façon la plus efficiente possible avec le capital qu'on a, tout le monde, et
celui des contribuables, et celui des institutions.
• (12 h 20) •
M.
Marissal : J'aimerais ça bien comprendre en regard de ce projet de loi
qui crée, en quelque sorte, une super IQ, là. Le ministre nous a dit ici, la semaine dernière, qu'IQ ne pourrait pas
s'occuper de tout le monde, mais peut-être les gazelles les plus performantes ou celles qui promettent le
plus. Est-ce que vous avez une impression, dans ce cas-ci, que ça déséquilibrerait
encore davantage cette recherche de complémentarité?
M. Morin
(Gaétan) : En fait, la
non-recherche de complémentarité vient freiner, selon moi, l'efficience du
marché du financement au Québec, et, par
le fait même, je pense que l'argent
des contribuables ne se positionne pas au bon endroit dans la chaîne de
financement.
La Présidente (Mme IsaBelle) : En
conclusion. Il reste 30 secondes.
M. Marissal : Rapidement, parlez-moi
rapidement de la recommandation 8 sur le développement durable.
M. Morin
(Gaétan) : Je pense que...
En fait, je ne pense pas, je suis persuadé qu'Investissement Québec
devrait inclure cette notion de développement durable là. On l'a vue au Québec et partout dans le
monde, la nécessité de réduire notre empreinte carbone. Je pense qu'Investissement Québec devrait avoir une certaine vision là-dessus.
C'est une question de survie de la planète.
M. Marissal : Dans la loi?
M. Morin (Gaétan) : Dans la loi. Pourquoi
pas? Absolument.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci pour l'échange. Nous cédons maintenant la parole au porte-parole du troisième groupe
d'opposition, avec le député de René-Lévesque. Vous disposez de
2 min 45 s.
M.
Ouellet : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, je vais y aller en rafale. Vous demandez beaucoup
plus de complémentarité du côté d'IQ.
Vous dites dans votre mémoire que, sur le terrain, il y a
déjà du travail qui se fait par des fonds régionaux pris par décideurs
régionaux.
Deux
questions. Est-ce que, selon vous, Investissement Québec devrait
prendre la place de la Banque de développement
du Canada?
M. Morin
(Gaétan) : La Banque de développement du Canada... Il y
a deux niveaux d'intervention très
prononcés de la Banque de développement du Canada. D'ailleurs, elle
prend beaucoup de risques, d'une part, dans les nouvelles technologies, en sciences de la vie, en technologies
de l'information. Donc, il y a
un pôle quand même assez important de la BDC à ce niveau-là. De l'autre côté, la Banque
de développement du Canada agit vraiment comme une banque, la banque des
entrepreneurs, beaucoup axée vers la petite entreprise.
Donc, est-ce
qu'Investissement Québec devrait prendre la place de la Banque du Canada? Je
pense qu'il y a des niveaux où elle devrait
être complémentaire, là où il y a des carences. Je reviens encore à la prise de
risque, je reviens à nouveau à la
complémentarité et des carences de marché. Donc, en termes de capital de
risque, en termes de développement de nouvelles technologies, sciences
de la vie, etc., je pense qu'il y a de la place pour Investissement Québec.
Maintenant,
au niveau de prendre la place de la Banque de développement du Canada,
je pense que ce marché-là, il est déjà bien garni par la banque elle-même, mais
aussi par les investissements traditionnels d'institutions financières, de
banques qui sont déjà très présentes au Québec.
M.
Ouellet : Donc, dans le
risque, oui, pour Investissement
Québec, mais dans le système
tel que connu par les entrepreneurs, les banquiers et la BDC, c'est
suffisant et ça comble.
Deuxième chose. Recommandation 7, vous dites
qu'IQ devrait jouer un rôle plus prépondérant, notamment en démarrage d'entreprise. Mais, en région aussi, un autre enjeu que nous
avons, c'est de trouver des gens qui vont financer les repreneurs. On veut que nos PME industrielles
restent en région, achetées par des gens de la région pour la région. Est-ce que vous pensez qu'Investissement
Québec devrait aussi jouer un rôle pour les repreneurs?
M. Morin (Gaétan) : Je reviens encore à la notion de complémentarité,
à la notion de prise de risque. Si le terrain est déjà bien occupé, je
pense qu'Investissement Québec devrait avoir une certaine réserve à ce
niveau-là. C'est du cas par cas, hein?
Chaque cas est bien particulier. Par
exemple, aux fonds régionaux, nous,
près de 40 % de nos
investissements, d'une façon ou de
l'autre, ils sont là pour certainement appuyer la reprise d'entreprise,
40 % de nos... Ce n'était pas ça il y a sept ans, mais maintenant c'est rendu 40 %. Donc, c'est un marché
qui est déjà comblé, mais c'est du cas par cas, je pense que...
dépendamment de la prise de risque et du niveau de maturité de l'entreprise.
M. Ouellet : Alors, en terminant,
rapidement, vous parlez de...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
reste quatre secondes, deux secondes...
M. Ouellet : ...pour l'importance du
comité-conseil...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Il n'en reste plus. Merci. Alors, merci,
M. Morin et M. Tremblay, du Fonds de solidarité FTQ, pour votre
contribution aux travaux de la commission. Merci.
Nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 24)
(Reprise à 12 h 26)
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, nous souhaitons la bienvenue à
Mme Brassard et M. Lapointe, du Commerce international Québec. Alors, vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, et, avant de commencer votre exposé, je vous
inviterais à vous présenter.
Commerce international Québec
Mme
Brassard (Nadine) : Bonjour à tous. Je me présente, Nadine Brassard,
présidente de Commerce international Québec
et également directrice générale de Serdex International, l'ORPEX du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Je suis accompagnée de mon collègue M. Mathieu
Lapointe, qui est administrateur sur le conseil d'administration de Commerce
international Québec et également directeur général de la SODIL, l'ORPEX de
Lanaudière.
Merci de nous recevoir aujourd'hui pour nous
permettre de s'exprimer sur le projet de loi n° 27. Commerce international
Québec salue la volonté de renforcer nos institutions de développement
économique pour un Québec plus prospère,
plus productif et plus présent à l'international. L'importance de l'exportation et de la diversification de marchés
pour l'économie du Québec n'est plus à
démontrer. On constate dans de récentes études que 45,5 % du PIB du Québec
était relié à l'exportation hors Québec, représentant ici 29 % des
emplois.
La
diversification de marchés est un incontournable. Il est essentiel de mettre en
place tous les moyens nécessaires pour maximiser les retombées de nos
accords de libre-échange.
Avant de vous
présenter nos trois recommandations, laissez-moi vous parler un peu plus de
Commerce International Québec et des
ORPEX. Commerce international Québec est le réseau qui regroupe tous les
organismes de promotion des exportations et qui sont répartis partout au
Québec.
Le premier
ORPEX a été créé en 1994 par le ministère de l'Industrie et du Commerce du
Québec. Le but poursuivi alors, et
qui est toujours le même aujourd'hui, était d'identifier des entreprises et de
les sensibiliser par rapport à la diversification de marchés, d'offrir du soutien flexible, concret
et facile aux PME dans leurs démarches d'accompagnement à l'exportation
et d'offrir des formations plus techniques pour assurer un transfert des
connaissances durable.
Avec plus de
20 ans d'expérience sur le terrain, l'ORPEX est le point central pour
l'exportation en région. Situé en début de processus, il est la bougie
d'allumage pour les entreprises. Il encourage l'exportation, vulgarise le
processus et accompagne les PME dans leur préparation et leur stratégie qui
ensuite... et ensuite, il les dirige vers les différentes solutions de financement adaptées à leurs besoins.
Les mandats et les cibles d'accompagnement sont fixés avec le gouvernement du Québec, via Export Québec et les
directions régionales du ministère de l'Économie et de l'Innovation.
Les ORPEX ont un impact important pour les PME
et pour l'économie. Dans l'année financière 2018‑2019, c'est plus de 2 000 entreprises qui ont été accompagnées par nos
3 605 activités ou interventions à l'international. Près de
400 entreprises ont été accompagnées dans une stratégie ou un plan
d'affaires à l'exportation.
On peut également constater, dans un sondage
réalisé en 2016‑2017 par Développement économique Canada, que neuf entreprises sur 10 ont maintenu ou
augmenté leur chiffre d'affaires à l'exportation... leur chiffre d'affaires
global d'entreprise et que, de ces
entreprises, 80 % qui avaient été accompagnées avaient maintenu ou
augmenté leurs chiffres... leurs ventes à l'international.
Encore une
fois, nous tenons à souligner que Commerce international Québec soutient
positivement ce nouveau projet de loi qui vise à unifier certains ministères et
organismes pour faciliter la concertation, permettant aux entrepreneurs
de toutes les régions du Québec d'avoir accès à des ressources et à un
financement plus facilement et plus rapidement.
Cependant,
nous croyons que le nouveau rôle que le gouvernement souhaite donner à
Investissement Québec et à Investissement
Québec international doit être approché avec prudence, en constatant ce qui
fonctionne bien en région. Ces
recettes gagnantes régionales répondent déjà aux objectifs d'atteinte des
meilleurs résultats, d'efficacité stratégique et opérationnelle,
d'accessibilité, de rapidité d'exécution et de retour sur investissement.
• (12 h 30) •
C'est pourquoi nous formulons les trois
recommandations suivantes. Notre première recommandation est de maintenir
sur le terrain, et ce, dans toutes les régions du Québec, des expertises
d'accompagnement spécialisé à l'international, notamment celles regroupées à
l'intérieur des ORPEX. Considérant que les ORPEX sont déjà bien établis dans
leurs régions, qu'ils sont reconnus par
leurs milieux, qu'ils ont développé une offre de services adaptée et
personnalisée à leurs territoires et aux besoins... exportatrices avec qui ils ont
tissé des liens serrés, qu'ils ont également développé des compétences pour identifier rapidement les entreprises
qui ont un potentiel à l'exportation, dans un contexte où on veut augmenter le
nombre d'exportateurs et augmenter la présence de ceux qui sont déjà présents à
l'international et sur les marchés internationaux,
il est important de maintenir l'expertise déjà en
place et de considérer les ORPEX comme un partenaire de choix pour
accompagner des entreprises à l'exportation.
Afin
de tenir compte des dynamiques régionales, et de mobiliser, et d'engager
concrètement les organismes autour de stratégies communes, Commerce
international Québec salue la création de comités de développement régionaux. Nous recommandons donc d'intégrer les ORPEX dans ces
comités. De plus, ces comités, sous le leadership d'Investissement Québec,
pourraient réaliser des planifications stratégiques régionales servant à mobiliser chacune des
parties prenantes par des engagements de résultats concrets et vérifiables.
Finalement, nous
recommandons d'augmenter les efforts au niveau de la sensibilisation et l'accompagnement,
notamment en exportation, pour renforcer les capacités des entreprises et réduire les risques d'investissement.
Des études récentes démontrent que les entreprises identifient comme
facteurs clés de succès la planification, la préparation et la recherche d'information pour réussir à
l'international. Aussi, les petites entreprises accèdent aux marchés internationaux
de plus en plus rapidement. Il y a d'importants besoins à combler pour ces
exportateurs d'aujourd'hui et de demain, notamment
en ce qui a trait à des questions très techniques à l'exportation. Il ne faut
pas oublier qu'une bonne planification appuyée
par une stratégie claire et détaillée est tout aussi importante que l'accès au
financement pour le développement.
En
conclusion, nous saluons la volonté du gouvernement, telle qu'exprimée par le
projet de loi n° 27, mais, selon nous, cette volonté devrait s'opérationnaliser avec prudence, en misant
sur les recettes gagnantes et sur un leadership régional fort et
stratégique. Les ORPEX du Québec veulent, de par leur apport régional en
ressources financières et ressources humaines,
contribuer à l'essor d'Investissement Québec et Investissement Québec
International en région et à l'atteinte de nouvelles cibles de rendement
induites par le projet de loi.
Nous tenons à
souligner que l'implantation de nos recommandations ne fait appel à aucun
apport financier. Il s'agit tout simplement
de garantir aux PME exportatrices un accès systématique à l'ensemble de leurs
ressources régionales spécialisées en
questions internationales. Voyons-le comme une manière additionnelle de
protéger les investissements du gouvernement et de s'assurer que les
entreprises qui visent les marchés hors Québec soient bien accompagnées pour
maximiser leurs résultats. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci pour votre exposé. Alors, nous allons maintenant
débuter la période d'échange. M. le ministre, vous disposez de
10 min 30 s.
M.
Fitzgibbon : Merci beaucoup de votre présence, merci aussi de... C'est
très bien écrit, trois recommandations très
claires. Alors, elles ont le mérite d'être bien écrites et elles ont le mérite
d'être... elles vont être analysées dûment par l'équipe.
M.
le député de Labelle a des questions spécifiques. Moi, je vais me limiter à une
question qui est très large, puis, si
vous n'avez pas le temps de répondre là, bien, on pourra le faire plus tard,
parce que c'est un élément important pour moi. Je suis familier avec les ORPEX puis je veux rassurer que ce qui
fonctionne, on ne le défera. Donc, il n'y a pas de raison de défaire les
ORPEX. Je peux aujourd'hui vous rassurer sur ce point-là.
Par
contre, je veux en faire plus. Vous savez, dans notre mission gouvernementale,
qui a le mérite d'être claire et précise, les exportations, on veut les
augmenter. On a un déficit commercial de 20 milliards. On va le faire de
deux façons. On va essayer d'importer
moins puis refaire les patentes nous-mêmes, chez nous, puis on va essayer
d'exporter plus. Vous avez touché à peu près 2 000, 3 000
entreprises, PME, je pense que c'est très bien, sur 250 000.
Je pense qu'il faut
aller plus loin pour aider nos PME à être capables... entre autres, quand on
parle de l'Europe, de pouvoir travailler sur
le continent européen, puis je ne suis pas sûr que c'est juste les ORPEX qu'il
faut faire. Vous avez, vous... vous
êtes dans... vos tentacules, vous êtes dans ces entreprises-là. J'aimerais vous
entendre sur comment on peut aller...
puis quand je dis plus vite, ce n'est pas plus vite, mais aller plus
profondément, être plus structurés pour que nos PME aient une vraie chance de travailler en Europe. L'Europe,
particulièrement. Les États-Unis, c'est plus facile... parce qu'on n'est
pas là, là. On n'est pas là, puis je veux aller plus vite, je veux mettre plus
d'argent là-dedans.
Alors, j'aimerais vous entendre. On a des vues,
là, on développe, mais j'aimerais ça avoir vos vues à vous, considérant
que vous êtes dans le milieu.
Mme Brassard
(Nadine) : Bien, c'est
certain que, comme je le disais, les entreprises veulent développer... ils ont
l'intention, ils veulent développer les
marchés internationaux, ils veulent
se diversifier. Toutefois, souvent, c'est au niveau des moyens à
l'interne qu'ils ont pour développer ces moyens-là.
Donc, c'est
pour ça que plus on va mettre d'accompagnement sur le terrain pour pouvoir les
accompagner, les outiller, leur
donner les moyens de pouvoir plus facilement entrer sur ces marchés-là, ça va
être... C'est un défi. C'est un défi, parce que les entreprises,
souvent... on le voit aussi, les exportateurs qu'on a sur le terrain sont des
entreprises qui sont très technologiques, qui ont des bonnes idées, qui sont très orientées sur
l'innovation, la création de nouveaux produits. Mais il faut aussi qu'ils soient sensibilisés à la
commercialisation puis qu'ils voient que la commercialisation, c'est quelque
chose d'important, qu'il faut bien réfléchir à ça.
Donc,
il faut continuer à faire la promotion de ça, de sensibiliser les entreprises à
développer les outils nécessaires puis de l'importance que la
commercialisation a à l'intérieur de l'entreprise, parce que souvent on va dire
que c'est... Quand on parle avec nos
entreprises, quand on leur dit que c'est important, on leur dit : Une
voiture, pour avancer, ça a besoin d'essence.
La commercialisation, c'est l'essence ou l'électricité, dépendamment de... On a
besoin qu'ils mettent quelque chose dedans pour que ça fasse... puis la
commercialisation, c'est ça.
Donc,
il faut continuer à aider les entreprises à mettre toutes les chances de leur
côté pour que leur commercialisation puisse fonctionner puis qu'ils
puissent mettre en marché leurs produits.
M. Fitzgibbon :
Donc, vous pensez que c'est préférable de mettre plus de ressources ici, au
Québec, sur le terrain plutôt qu'à l'international ou... Vous pensez qu'il y
a... plus de ressources ici, au Québec, donneraient des meilleurs
succès.
Mme Brassard
(Nadine) : Il faut sensibiliser les entreprises davantage. Il faut
continuer à leur expliquer que c'est important.
Du
côté de l'international, c'est certain que plus les entreprises vont avoir
d'aide pour entrer en contact avec des clients
potentiels, pour pouvoir rencontrer des... pour pouvoir avoir accès à ces
marchés-là, donc des gens qui vont pouvoir les mettre en contact vers
des clients potentiels, c'est sûr que ça, c'est un facilitant aussi pour les
entreprises.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, je cède la parole à la
députée de Labelle. Il vous reste sept minutes.
Mme Jeannotte :
J'aimerais vous entendre sur... pratico-pratique, vos entrepreneurs... Vous
rencontrez plusieurs entrepreneurs, il y a d'énormes défis.
Dans
le fond, est-ce que la collaboration s'effectue bien avec les joueurs qui sont
en place? Par exemple, est-ce que...
Avec les délégations générales du Québec partout sur la planète, les ambassades
du Canada, est-ce qu'il y a aussi des choses à améliorer de ce côté-là
au niveau de la collaboration?
Mme Brassard
(Nadine) : ...on travaille déjà de pair avec les différents
partenaires, on travaille avec les délégations du Québec à l'étranger,
on travaille avec Export Québec à Montréal. Ça fonctionne déjà bien quand on a
des projets d'accompagnement d'entreprise,
on connaît bien le processus. Mais c'est sûr qu'il y a toujours avantage à
collaborer plus ensemble, à se parler
plus, à apprendre à se connaître, à ce que... autant du côté du gouvernement,
de bien connaître qu'est-ce que nous,
on fait sur le terrain pour que justement... pour que les entreprises puissent
être bien dirigées dans tout ça puis que... faciliter l'accès au marché.
Mme Jeannotte :
Et puis, dans ce nouveau rôle d'IQ, comment vous le voyez vous-mêmes? Comment
vous souhaiteriez... Ce serait quoi, votre
plus grand souhait pour que justement on s'améliore du côté de la
collaboration, de la complémentarité? J'aimerais vous entendre de ce
côté-là.
Mme Brassard
(Nadine) : Bien, comme je disais, on le fait déjà très bien. Plusieurs
ORPEX dans leur région respective
travaillent déjà de pair avec Investissement Québec, avec les directions
régionales, travaillent de pair avec aussi Export Québec. Donc, c'est de poursuivre cette relation-là. Mais il y a,
comme je disais, toujours le défi de se parler plus, de travailler plus ensemble, de faire des projets
communs, de travailler ensemble, justement, pour que ça ne soit pas juste
des... ça soit des initiatives communes.
Mme Jeannotte :
Puis les ressources additionnelles, pour vous, plus en terrain que dans les
délégations générales à l'international.
• (12 h 40) •
Mme Brassard
(Nadine) : Une complémentarité des deux, mais c'est certain que
l'accompagnement terrain, la proximité des entreprises, d'être avec elles, de
les soutenir, de les accompagner dans ce monde de l'exportation là... Quand on parle d'exportation, dépendamment où on
est situé au Québec, la proximité des marchés internationaux n'est pas
nécessairement la même. Donc, justement, d'avoir des gens sur place qui
accompagnent l'entreprise, qui les dirigent, qui les encadrent aussi puis qui réfléchissent les stratégies avec eux,
qui les mettent en place et aussi qui les rechallengent en cours de
route parce qu'il faut d'adapter...
Les marchés évoluent
très rapidement, donc les entreprises ont besoin d'être aiguillées là-dessus,
puis on sait très bien que les PME, les entrepreneurs, lorsqu'ils
sont à l'intérieur de leur entreprise, ils sont dans leur «day-to-day». Donc, d'avoir des gens qui leur rappellent qu'est-ce qui se passe, qui est là pour les
informer, leur envoyer des informations, leur donner des formations
techniques, répondre à leurs questions quand ils ont un besoin immédiat.
On
s'entend que nous, on répond... on fait des centaines d'interventions de moins
de trois heures par année. Donc, on
en a, des questions ponctuelles en lien avec des questions techniques ou des
questions par rapport à qu'est-ce qu'on peut faire, où je peux aller, où
je m'en vais, que... On en a énormément.
Mme
Jeannotte : Vous, vous êtes sur le terrain, mais est-ce que vous
sentez aussi que, du côté du MEI actuel et IQ, dans les répartitions, quand vous avez parlé de la recherche, tout ce
que vous avez besoin, vous, comme information pour transmettre aux PME,
est-ce que, ça aussi, ça devrait être bonifié, dans le fond?
Mme Brassard (Nadine) : C'est sûr que plus on peut avoir de... Nous, on
est un outil pour les entreprises, on est là pour les accompagner. Donc, plus on peut avoir d'outils dans notre
coffre à outils pour leur transmettre les informations, bien, plus ça va être
avantageux pour nous.
Mme
Jeannotte : Pas d'autre question.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, merci pour l'échange. Nous cédons
maintenant la parole à la porte-parole de l'opposition officielle, à la
députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Anglade : Merci infiniment de votre présentation puis de votre
recommandation qui sont formées de manière assez claire et spécifique.
C'est une question
plus d'ordre général que j'ai pour vous, parce qu'à la lecture du document vous
voulez que l'expertise soit préservée sur le
terrain, qu'on respecte ce qui se fait, puis qui se fait bien, donc toute la
notion de complémentarité, dans le fond, qui revient encore, comme
plusieurs de vos prédécesseurs qui sont venus présenter ici.
Est-ce
que, dans le projet de loi actuel, vous voyez des risques ou vous voyez qu'on
a... puis dire : Est-ce qu'il y a des
risques? On est inquiets par rapport à ça particulièrement et on aimerait voir
un élément renforcé dans le cadre de la loi. Est-ce que vous voyez des
risques pour votre organisation?
M.
Lapointe (Mathieu) : En fait, je pense qu'on... Il y a des prédécesseurs
qui ont parlé de gestion du changement. Donc, temporairement, puis on en a parlé, là, c'est certain qu'on a
certaines inquiétudes. On l'a vu récemment, là, il y a eu une coupure ou une suspension d'un programme à
l'exportation qui a ralenti beaucoup de projets d'entreprise. Donc, ça,
c'est une chose.
L'autre
élément, je pense, c'est la facilité et l'accessibilité des entreprises aux
services gouvernementaux. Donc, ça,
pour nous, c'est important. Je dirai, dans le cadre, là, de l'approche
régionale, je pense que c'est un des gros avantages, c'est bien entendu, que l'accès des services aux
entreprises soit rapide, efficace et flexible. Donc, je pense, si on avait
peut-être un élément de prudence, là, ça serait à ce niveau-là.
Mme
Anglade : La notion de prévisibilité par rapport au programme aussi
que vous mentionnez... Le programme auquel vous faites référence, qui a
nui à certains projets, c'est lequel?
Mme Brassard
(Nadine) : C'est le programme Exportation, le PEX.
Mme
Anglade : O.K., le PEX qui a été ralenti. Puis là, manque de
prévisibilité, donc les projets n'ont pas été faits.
Mme
Brassard (Nadine) : Bien, pas qu'ils n'ont pas été faits, mais ils ont
été retardés. Donc, c'est sûr que, dès qu'il
y a des trous dans le système, c'est sûr que ça freine au développement, parce
que les entreprises, elles sont... Tu sais, les entreprises sont très «day-to-day», puis quand elles ont une idée,
elles veulent la mettre de l'avant et foncer vers ça. Donc, quand ils ont des projets puis que c'est
long, que c'est complexe, bien, ça ralentit leur processus. On sait un peu tous
comment ça fonctionne à l'interne dans les
entreprises, puis ça avance vite. Donc, il faut qu'à travers toute cette
gestion du changement là, il faut s'assurer qu'on va avoir un maintien
des services et qu'il n'y aura pas de trou à ce niveau-là.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Député de Nelligan, la parole est à vous.
M.
Derraji : Merci, Mme la Présidente. Merci pour votre présence et votre
rapport. Vous avez mentionné les freins à l'exportation. Vous avez beaucoup parlé... les moyens à l'interne au
niveau des PME. Je ne vais pas vous faire apprendre quelque chose de nouveau dans ce que je vais vous
dire, mais il y a aussi la pénurie de main-d'oeuvre qui accentue un peu
la problématique au niveau économique.
Si j'ai à vous
poser... un conseil pour nous tous, les membres de la commission, surtout avec
le début de l'étude du projet de loi dans
les prochaines semaines... On a un gap de 20 milliards. Nous avons de très
belles innovations en région et un peu partout au Québec. Si je vous
dis : Comment la réorganisation ou le brassage de la structure
d'Investissement Québec va vous épauler,
vous, les acteurs du terrain, pour augmenter les exportations... parce qu'au
bout de la ligne, c'est ce que nous aimerions tous.
Mme Brassard
(Nadine) : C'est sûr que de
pouvoir fournir, là... Ce qu'on veut, c'est que les entreprises aient le plus de moyens
possible pour pouvoir réussir leur exportation. Donc, la pénurie de... la
rareté de main-d'oeuvre est effectivement un problème qu'on voit sur le
terrain.
Donc,
c'est sûr qu'on l'a vu, on le voit actuellement sur le terrain, beaucoup
d'entreprises s'automatisent, beaucoup d'entreprises
essaient de trouver des moyens pour améliorer leur production. Il y a également
du travail à faire aussi au niveau de
la chaîne d'approvisionnement. Il y a des questionnements. Les entreprises
doivent... On parle beaucoup d'innovation,
donc, oui, les entreprises innovent au niveau de leurss produit, mais doivent
également innover au... on doit les aider à bien structurer toute leur
chaîne d'approvisionnement, leur chaîne de production.
Donc, il y a de
l'aide aussi à ce niveau-là qui peut être faite pour pouvoir s'assurer qu'on
puisse répondre aux demandes de l'internationalisation d'une entreprise.
M. Derraji :
Est-ce que, pendant votre mandat, avez-vous refusé ou... pas retardé, mais
avez-vous eu de la difficulté à répondre à la demande du terrain au
niveau des PME?
Mme Brassard (Nadine) : Nous
par rapport... en tant qu'ORPEX?
M. Derraji : Oui.
Mme Brassard
(Nadine) : On vit une gestion de croissance constante. On le voit, là,
au niveau des ORPEX, on a de la demande. Le besoin est là, les
entreprises veulent se diversifier. Les...
M. Derraji : ...à développer
des corridors spécifiques d'exportation, vous êtes très à l'aise.
Mme Brassard
(Nadine) : Ah! nous, ce
qu'on s'adapte, c'est à la réalité de notre terrain, de nos régions. Donc,
chaque ORPEX a développé des expertises en
fonction de ses créneaux. C'est comme si on parle des créneaux par rapport
comme au secteur minier en Abitibi ou le
secteur des pêches en Gaspésie, etc. Donc, chaque ORPEX développe des
expertises en fonction des créneaux
prioritaires de ses régions, mais doit répondre aussi à toutes les demandes des
entreprises qui ont un potentiel à l'exportation.
M. Derraji : Donc, la structure
aujourd'hui... si, aujourd'hui, je vous dis : Est-ce que la structure de
Commerce international Québec... je ne sais pas combien vous êtes. Combien
d'employés?
Mme Brassard
(Nadine) : Commerce international Québec n'a pas d'employé comme tel,
mais regroupe les ORPEX qui, eux, comptent plus d'une soixantaine
d'experts à l'international sur le terrain.
M. Derraji : Donc,
60 experts répartis sur l'ensemble du territoire.
Mme Brassard (Nadine) : Sur
tous les territoires du Québec.
M. Derraji :
Et vous arrivez à répondre à 2 000 entreprises,
3 600 interventions. Si, demain, on rattrapait le retard de
20 milliards, est-ce qu'il y a moyen que, si demain vous avez les moyens
de doubler le nombre d'experts sur le terrain, ça serait quelque chose
qui va nous aider à rattraper le retard en termes d'exportation?
Mme Brassard
(Nadine) : C'est sûr qu'en fonds, plus on peut avoir d'aide, plus ça
va être facilitant. Nous, les ORPEX, on est constamment en train de
s'adapter, de développer des nouveaux services, de développer des nouveaux moyens de mieux accompagner nos entreprises. Donc,
comme on le dit, on gère de la croissance depuis plusieurs années déjà, donc on a déjà... on s'adapte constamment.
Les équipes grossissent et on agrandit de l'intérieur. Donc, c'est sûr que,
si on a plus de moyens, on va pouvoir encore mieux accompagner les entreprises.
M. Derraji : Vos partenaires,
c'est qui, s'il vous plaît?
Mme Brassard (Nadine) : Les
partenaires sur le terrain?
M. Derraji : Oui.
Mme Brassard
(Nadine) : Nous, on travaille avec les délégations générales du MEI et
Investissement Québec. On travaille
avec les organismes de développement local. On travaille avec les chambres de
commerce. On collabore vraiment. Nous, on est régionaux, donc tous les
organismes qui touchent la région, on va les toucher.
Au niveau de
Commerce international Québec, on va travailler avec les grandes associations
aussi telles que les chambres de
commerce... la Fédération des chambres de commerce du Québec. On travaille avec
tous les partenaires qui touchent
l'international. On est là pour collaborer avec eux, puis on s'informe sur
leurs services pour encore une fois bien diriger nos gens, là,
là-dedans.
M. Derraji :
Mais vous avez dit que Commerce international Québec n'a pas d'employés, donc
vous travaillez avec des...
Mme Brassard (Nadine) : Non,
mais c'est les ORPEX comme tels, excusez.
M. Derraji : Pardon?
Mme Brassard
(Nadine) : Les ORPEX, mais Commerce international Québec a un conseil
d'administration qui représente et qui parle d'une seule voix pour ses
membres.
M. Derraji : Pour les ORPEX.
Mme Brassard (Nadine) : Oui.
Donc, c'est représenté par le conseil d'administration.
M. Derraji :
O.K. Excellent. C'est clair. Et, au niveau des ORPEX, le lien au niveau de
toutes les régions se fait par des agents spécialisés dans
l'exportation.
Mme Brassard
(Nadine) : Commerce international Québec regroupe les organismes de
promotion des exportations, puis on s'assure de la concertation entre
nous. On échange entre nous. On partage les meilleures pratiques. On s'assure
vraiment que les organismes puissent être plus performants sur le terrain.
M. Derraji : Et, dans le cadre de ce projet de loi, avez-vous
formulé des demandes par rapport à l'augmentation de vos effectifs pour
répondre à la demande grandissante des entreprises pour l'exportation?
Mme Brassard (Nadine) : On n'a
pas formulé de recommandation en ce sens pour l'instant.
M. Derraji :
Et vous pensez que c'est quelque chose que vous aimeriez avoir dans le projet
de loi, plus d'accent sur
l'exportation et notamment travailler avec les ORPEX.
Mme Brassard
(Nadine) : Ça pourrait être
à étudier. On est disponible justement pour échanger, pour voir comment
ça pourrait se modéliser sur le terrain.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. La parole est au député de
Robert-Baldwin. Il vous reste deux minutes... un peu plus que deux
minutes.
• (12 h 50) •
M. Leitão : Vous êtes plus
généreuse qu'avant. Merci. Merci beaucoup. Merci beaucoup d'être là.
Un peu,
donc, dans le... faire un peu la suite à ce que... dont mon collègue
parlait, vous, maintenant, vos relations, les ORPEX, relations avec
les entités gouvernementales, c'est surtout avec Export Québec, si j'ai bien
compris.
Mme Brassard
(Nadine) : On travaille avec
Export Québec, on travaille aussi avec Développement économique
Canada, toute la... Affaires mondiales Canada, et tout ça. On
travaille avec les délégations régionales aussi, donc on travaille avec
tous les gens du milieu.
M. Leitão : D'accord. Là où je
veux arriver, c'est que, bon, maintenant, on se prépare à créer un nouveau Investissement Québec, Investissement
Québec 2.0, qui pourra éventuellement atteindre 1 000 personnes, donc
une grosse structure.
Et, en tout
cas, pour moi, ce n'est pas clair encore exactement, où va se trouver Export
Québec, qui existe maintenant, là, qui est au ministère. Est-ce que ça
va migrer, de quel côté?
Alors, pour
vous, cette période de transition jusqu'à ce que la nouvelle organisation soit
sur place, vous risquez un peu de perdre vos repères puisque, si Export Québec
devient moins fonctionnel ou si c'est intégré à une énorme bureaucratie...
Alors, comment vous voyez la transition?
Mme Brassard
(Nadine) : Bien, comme on le mentionnait tout à l'heure, que, dans la
gestion du changement, il va falloir qu'on préserve tout de même des points de
contact pour s'assurer que les entreprises ne soient pas pénalisées par
ça, parce que, veux veux pas, la demande du terrain va continuer à être
présente.
Donc, comme
on le mentionnait, oui, on collabore avec Export Québec, mais on est également
très près de beaucoup des gens sur le
terrain en région. Donc, en tant qu'organisme d'aide à l'exportation, nous, on
veut continuer de s'informer. Donc,
c'est sûr que de pouvoir être maintenus dans l'information, que la transition
nous soit bien communiquée pour qu'on puisse
par la... pour qu'on puisse justement savoir qu'est-ce qui s'en vient, où on
s'en va, puis, quand les demandes des entreprises viennent, bien, que le
projet puisse aller de l'avant et ne soit pas freiné par ça.
M. Leitão :
...il va y avoir, donc, des bureaux régionaux beaucoup plus costauds que c'est
le cas jusqu'à maintenant. Ces bureaux régionaux vont arriver en région, ils
vont commencer à déployer leurs ressources. Donc, il faudrait s'assurer
que les ORPEX fassent partie de cela.
Est-ce que
vous iriez aussi loin que de suggérer que, dans le projet de loi, on mentionne
spécifiquement les ORPEX, que le...
Mme
Brassard (Nadine) : Bien, c'est certain que plus ça va être clair,
plus ça va être facile d'être intégré et d'être communiqué, là... d'être
informé de ce qui se passe.
M. Leitão : Très bien. Écoutez,
moi, je pense aussi que... On est rendus là, c'est ça?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui.
M. Leitão : Très bien.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Votre temps est terminé. En fait, je
donnais la possibilité de répondre puisque vous n'aviez pas entièrement
pris votre 10 minutes. Alors, je vous ai donné la chance de répondre à la
question finale.
Alors,
écoutez, merci beaucoup. Merci, Mme Brassard, merci, M. Lapointe, du
Commerce international Québec. Merci pour votre contribution aux
travaux.
Nous suspendons les travaux jusqu'à
15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 54)
(Reprise à 15 heures)
La
Présidente (Mme IsaBelle) : ...le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes
les personnes qui ont un appareil cellulaire d'éteindre la sonnerie. Merci.
La commission
est réunie afin de procéder aux consultations particulières et aux auditions
publiques sur le projet de loi n° 27, Loi concernant principalement
l'organisation gouvernementale en matière d'économie et d'innovation.
Nous souhaitons la bienvenue à MM. Lapierre
et Châteauvert, de la Fédération québécoise des municipalités. Bonjour. Vous avez 10 minutes pour votre
exposé et je vais vous demander, avant votre exposé, de bien vous présenter.
Merci.
Fédération québécoise des municipalités (FQM)
M. Lapierre
(Jonathan) : Merci. Donc,
bonjour, Mme la Présidente, M. le
ministre, MM. et Mmes les députés.
Donc, mon nom est Jonathan Lapierre, je suis maire des Îles-de-la-Madeleine et
président de la Communauté maritime, membre
du conseil d'administration et vice-président de la Fédération
québécoise des municipalités. Je
remplace à pied levé, et c'est le cas
de le dire, Mme Nadia Minassian, qui est la présidente de la Table sur le
développement local et régional, dont l'avion, malheureusement, n'a pas
été en mesure de quitter la Gaspésie ce matin. Je suis donc accompagné de
M. Pierre Châteauvert, qui est à ma gauche, qui est le directeur des politiques
à la FQM.
Donc, la Fédération québécoise des municipalités, fondée en 1944, s'est établie comme un acteur
crédible qui, par ses actions, vise
constamment à défendre l'autonomie du milieu municipal et à favoriser le développement de l'ensemble des régions
du Québec.
Comptant plus
de 1 000 municipalités locales et régionales membres, généralement des municipalités de moins de 25 000 habitants, et la totalité des MRC,
la FQM s'appuie sur une force de plus de 7 000 élus. Sa structure
décisionnelle est consultative. Donc, son conseil d'administration, ses
six commissions permanentes et son assemblée des MRC lui permettent de prendre des positions qui visent le
développement durable du territoire québécois. La FQM est sans contredit le
porte-parole des régions.
Les régions
font face, vous le savez, à des défis complexes et fort nombreux : enjeux
démographiques, pénurie de main-d'oeuvre,
concentration des services. Les municipalités et les MRC sont des joueurs de
premier plan lorsqu'il s'agit de
susciter des occasions favorables, de coordonner les initiatives et de créer
l'impulsion nécessaire au développement des régions, d'où l'importance de renforcer la collaboration entre
Investissement Québec et les acteurs locaux de développement.
D'entrée de
jeu, la FQM accueille favorablement l'esprit du projet de loi n° 27 et
salue l'ambition du gouvernement du
Québec en matière de développement économique. Pour la FQM, la réforme
d'Investissement Québec est une opportunité de créer un meilleur arrimage entre les priorités gouvernementales et
l'action des MRC responsables du développement local, un développement
de première ligne.
Par
développement local, la FQM entend une démarche de concertation et de
partenariat réunissant les intervenants du territoire pour assurer l'avenir et
l'épanouissement des communautés d'une MRC. Par le biais de leurs services
de développement, qu'ils soient intégrés dans la MRC ou offerts par un
organisme auquel il a été déléguer sa compétence, les MRC réunissent les entrepreneurs et les organismes pour assurer un
accompagnement et un soutien efficace à ceux qui veulent réaliser un
projet d'entreprise, à but lucratif ou non, ou pour faire croître celles qui
existent déjà.
Plus spécifiquement, par le projet de loi
n° 27, le ministre met en place une structure logique distinguant la première ligne du développement économique,
assumée par les MRC, de la seconde ligne qui relève d'Investissement Québec,
en effet. L'esprit du projet de loi impose
notamment une plus grande collaboration entre les intervenants, un nouveau
système essentiel au succès de cette réforme.
C'est par
ailleurs la synergie entre ces deux lignes d'intervention ainsi qu'avec les
acteurs du milieu qui stimulera le développement économique partout en
région et évitera un vide dans l'accompagnement des entrepreneurs et des
entreprises, selon leurs besoins, leur taille et leur croissance.
En ce sens, les MRC sont les meilleurs alliés du
ministre afin qu'il réussisse sa réforme du fait de la relation privilégiée que les services de développement et
les organismes mandataires entretiennent avec les entrepreneurs. Par ailleurs,
le rôle dévolu aux MRC en aménagement du
territoire en fait des partenaires tout désignés pour favoriser l'acceptabilité
sociale des projets qui sont fort importants.
Enfin, la signature du nouveau pacte fiscal, au
cours des derniers jours, est venue réaffirmer le rôle des MRC en développement par l'augmentation significative des
outils de développement économique, notamment les sommes qui sont dévolues au développement
du territoire. La FQM croit que le projet de loi doit également refléter cette
reconnaissance du rôle des MRC en
développement économique. Ces responsabilités, confiées par l'Assemblée nationale en 2015,
doivent maintenant être reconnues et intégrées dans les agissements
des ministères et des organismes gouvernementaux afin d'assurer la cohérence de chacune
des actions.
Afin d'éviter
de reproduire les erreurs du passé, la FQM rappelle l'importance que le ministère et Investissement
Québec reconnaissent enfin les MRC comme
l'acteur principal du développement économique et de soutien à
l'entrepreneuriat découlant des pouvoirs qui leur sont
accordés. Il suffit de se rappeler la malencontreuse initiative des pôles
régionaux d'innovation, un programme qui a été mis en place sans
consultation, qui excluait les MRC, pour comprendre que le gouvernement du Québec, que ce soit par un
ministère ou un organisme comme Investissement Québec, ne peut imposer
ses vues ou une approche unique de type mur à mur en matière de développement.
Ce
projet de loi représente donc une chance unique de mettre fin à ce problème
important de développement local en
mettant en place des lieux d'échange forts entre les dirigeants de la première
ligne et les représentants de la seconde ligne qui constituera la direction régionale d'Investissement Québec. Une
bonne communication entre les deux niveaux d'intervention est essentielle pour assurer un accompagnement
efficient des entrepreneurs. Et nous croyons que la mise en place d'une structure assurant des liens, l'établissement
d'objectifs communs et des échanges efficaces constitue une avancée importante
pour les régions.
Aussi, seule une
réelle synergie entre les acteurs permettra le succès de la mise en place d'un
réseau régional d'Investissement Québec. Ce sera également le meilleur moyen pour assurer une qualité de
service partout sur le territoire.
La
mission d'Investissement Québec proposée par le ministre vise à lui donner de
nouvelles orientations pour qu'elle devienne
un acteur encore plus important dans le développement économique du Québec. La
société aura pour mission de stimuler
l'innovation dans les entreprises, la croissance de l'investissement et des
exportations ainsi que de promouvoir les emplois à haute valeur ajoutée dans toutes les régions du Québec, et je le dis bien, dans toutes les régions du
Québec. De plus, elle devra soutenir la création et le
développement des entreprises par des services-conseils aux entrepreneurs et
d'autres mesures d'accompagnement
ainsi que par des solutions financières qui sont adaptées aux investissements,
et ce, en cherchant à présenter une offre complémentaire à celle des
partenaires.
La
FQM appuie cette mission dans la mesure où celle-ci s'articulera en respectant
le rôle et les responsabilités des services locaux de développement ou
de leur organisme délégataire. En effet, il faut éviter la fragilisation des
services actuels par d'éventuels
chevauchements et mettre en place des liens forts entre les services de
développement de première ligne et le
nouvel Investissement Québec, qui elle est de deuxième ligne, pour coordonner
les activités de chacun et mieux accompagner les entrepreneurs de nos
territoires.
Comme
mentionné précédemment, la loi confie la responsabilité du développement local,
la première ligne, aux MRC. Pour
s'acquitter de leurs responsabilités, celles-ci se sont dotées de services de
développement qui accompagnent les
entrepreneurs dès le début de leurs projets. Des comités-conseils sont
également présents. Ils associent les partenaires et assurent la présence d'entrepreneurs dans leurs
activités. Ainsi, les MRC se sont dotées de véhicules et de mécanismes qui font appel aux leaders locaux issus de
l'entreprise privée, les entrepreneurs étant associés via les comités-conseils
et les conseils d'administration.
Les
services de développement sont responsables de la gestion de plusieurs fonds,
notamment la gestion des fonds locaux d'investissement, communément
appelés les FLI, et des fonds locaux de solidarité, les FLS, des outils
financiers aptes à accélérer la réalisation
des projets d'entreprise localisés sur le territoire. Les services de
développement, par le biais de ces
fonds, supportent financièrement le démarrage, l'expansion et l'acquisition, la
relève et la consolidation d'entreprises, incluant celles de l'économie sociale. Les fonds locaux visent à
encourager l'esprit d'entrepreneuriat, et leurs tâches de développement consistent à supporter les
entrepreneurs dans leurs projets afin de créer et soutenir des entreprises
viables, soutenir le développement de l'emploi et ainsi contribuer au
développement économique du territoire.
Par ailleurs, il est
important de noter que ces fonds sont gérés selon des règles strictes.
Rappelons que ces fonds locaux sont une
initiative du fonds de développement... du Fonds de solidarité FTQ et de la FQM, la Fédération québécoise des municipalités. À ce propos, la FQM est rassurée par les propos tenus par le ministre
de l'Économie lors de notre congrès, jeudi le 26 septembre dernier, quant au maintien
et au respect des fonds gérés par les MRC, soit les FLI, les FLS par la
future Investissement Québec.
• (15 h 10) •
Le
soutien aux promoteurs doit être fourni par le bon palier. Ainsi, il est clair
que le leadership pour les projets de plus grande envergure doit être assumé en partenariat avec Investissement Québec. Nous
utilisons le terme «partenariat» car
les services locaux ont aussi leur place dans les grands projets. En effet,
même dans ces dossiers, on fait appel à nos services pour les questions de terrain, de réglementation, fournisseurs
locaux et plusieurs autres questions. L'affectation des ressources des différents niveaux et la
coordination des actions nécessitent donc une bonne communication pour que
les entrepreneurs bénéficient de la mise en commun des expertises qui sont
propres à chacun.
Le
projet de loi précise qu'Investissement Québec devrait constituer un comité de
développement dans chacune des régions administratives où elle établit
un bureau. Lorsque plusieurs bureaux sont établis dans une même région, elle peut constituer plus d'un comité. Le projet de loi
prévoit que ces comités, composés d'au moins cinq membres, seront chargés
de proposer à la société des projets qui
visent à favoriser le développement économique de la région. De cette manière,
le gouvernement pourra s'assurer que des projets qui nécessitent des
moyens ou des outils qui sortent du cadre usuel puissent être considérés, l'objectif étant de mieux connecter l'action
d'Investissement Québec avec les besoins et spécificités régionales et
locales en visant la complémentarité de leurs initiatives.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Merci, votre temps est écoulé.
Alors, je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter
la période d'échange. M. le ministre, vous avez 16 min 30 s.
M.
Fitzgibbon : Alors, merci beaucoup pour votre visite. Merci beaucoup
pour votre effort pour produire un rapport qui est très concis, et j'aime les
choses qui sont claires et simples. Vous avez quatre recommandations, là, c'est
très facile à suivre.
D'emblée,
j'aimerais vous rassurer que je suis... Quand je suis arrivé en fonction,
j'étais peut-être de cette catégorie-là qui pensait que seulement les gens d'affaires pouvaient contribuer au
développement économique régional et rapidement j'ai réalisé que, dans le cas des MRC, dans le cas
des municipalités, il y avait des choses qui existaient encore qui étaient
valables. D'ailleurs, on en avait parlé,
vous et moi, dans votre rôle de chapeau Îles-de-la-Madeleine. Et je peux vous
assurer qu'autant je pense que les
pôles d'innovation créés par le gouvernement précédent étaient une belle
initiative, ça a été très mal
exécuté, et d'ailleurs on est en train de corriger ces choses-là, parce que je
pense qu'il y avait des lacunes importantes dans l'initiative.
Alors, moi, je vais
vous poser une question, mais avant je vais continuer sur le... où on en est
rendu au niveau d'Investissement Québec. Il
est clair pour moi qu'il y a trois niveaux d'intervention : le niveau
national, le niveau régional et le niveau local. Investissement Québec,
je l'ai dit la semaine passée ici, ne pourra pas s'impliquer dans toutes les opérations régionales. Ça va être impossible,
parce qu'on a 250 000 PME au Québec, on n'aura jamais l'équipe pour
le faire. Alors, ça, je le reconnais,
et, conséquemment, il faut s'appuyer sur les fondations qui existent. Il y a
des municipalités, il y a des MRC où
ils ont des bons systèmes, des bons régimes. On va les conserver. Il y en a
d'autres qui n'en ont pas. On va regarder ce qu'on va faire.
Alors,
moi... et on a commencé déjà à populer les comités régionaux, parce qu'on
commence toujours dans un mode d'exécution du p.l. n° 27,
sans vouloir avoir de fausse prétention, et on a évolué. Parce qu'au début je
n'étais pas sûr, je voulais avoir trop de
gens locaux, et là on commence à dire : Ça va être 50-50, les gens
d'affaires locaux et les gens du milieu, autant élus que des gens qui
pourraient être des anciens CLD par exemple. Évidemment, si on fait ça, le
pouvoir d'investissement, je vais le
restreindre, je vais le laisser plus à Investissement Québec. Oarce qu'au début
j'avais en tête d'avoir des comités d'investissement régionaux, auxquels
cas j'aurais probablement eu seulement des gens d'affaires, mais là on a modulé un petit peu puis on s'en va
vers une autre approche. Avec ma collègue Marie-Eve, on travaille à populer,
justement, ces comités-là. Alors, je vous
rejoins à 100 %, puis il va y avoir une représentation importante des gens
de la communauté.
Maintenant, ce que
j'aimerais comprendre de vous de façon très spécifique : Comment vous
pouvez nous aider, comme gouvernement, à
identifier les sociétés dans lesquelles il faut investir? Parce qu'il y a
toujours un biais, quand on est régional, mais moi, je suis ouvert à ça.
Comment vous pouvez concilier la vue régionale, la vue locale avec une mission
gouvernementale qui se veut de, par exemple, réduire l'écart de productivité,
qui est un problème majeur au Québec, majeur? Il faut corriger ça? On ne peut
pas le faire partout.
Alors,
comment est-ce qu'on concilie les politiques gouvernementales? Il y en a trois,
là, vous les connaissez, c'est l'investissement
direct étranger, ça ne touche pas les maires comme tels, on parle d'exportation,
donc avoir des compagnies performantes,
puis on parle d'investir en innovation. Comment est-ce qu'on concilie ça avec
une granularité très, très locale, qu'on
va devoir travailler avec... victimes de notre écosystème québécois? J'aimerais
vous entendre un peu plus sur ça.
M.
Lapierre (Jonathan) : Bien, à notre point de vue, en fait, c'est
justement par la création de ces fameux comités, là, qu'on peut améliorer la concertation et surtout la communication,
parce que ce qui se passe, ce qui arrivait dans le passé, très peu de communication entre Investissement
Québec et les milieux locaux, les régions aussi. Donc, oui, il y a des
politiques nationales. Le
gouvernement, les parlementaires adoptent des politiques, adoptent une vision à
l'échelle nationale, mais il y a ce même exercice-là à l'échelle
régionale et à l'échelle locale.
Donc,
à notre point de vue, c'est par la création de ces fameux comités, en y
incluant, oui, des gens d'Investissement Québec, mais des gens de nos milieux, qui peuvent discuter de
planification stratégique, par exemple, qui peuvent coordonner chacune des actions ou des interventions,
que ce soient celles de l'État, que ce soient celles de la MRC, par exemple, et mieux cibler les orientations d'investissement, évidemment, tout dépendamment de quel détail ou quelle saveur qu'on
souhaite donner à ce comité. Évidemment, le comité n'est pas un comité d'investissement,
selon notre compréhension, mais plutôt un comité d'orientation, de communication
et de discussion. Plus les gens pourront parler en transparence, plus on pourra partager les différentes planifications
stratégiques gouvernementales et territoriales et plus, évidemment, l'investissement ou le cadre d'investissement
d'Investissement Québec sera probant pour chacune des régions ou chacune
des réalités territoriales également.
M. Châteauvert (Pierre) : Si vous permettez, j'ajouterais juste un exemple.
Vous avez fait référence aux pôles régionaux.
Dans une région administrative,
effectivement, la proposition qui avait été accueillie, bon, a créé énormément
de chicanes et tout ça, et les préfets ont
pris le contrôle, ont dit : Non, non, on ne se chicanera pas pour
400 000 $ par année.
Ce qu'ils ont fait,
c'est qu'ils ont mis en place un chantier qui réunissait les directeurs de
chaque service de développement ou CLD et
aussi des intervenants. Et ils ont conçu une approche qui va reprendre...
effectivement, qui est sur le point d'avoir une entente avec le
ministère, la signature du protocole, adaptée à leur réalité et où est-ce qu'il
va y avoir une présence dans chacune des MRC. Les MRC ensemble vont mettre plus
de 2 millions de dollars en plus du 400 000 $.
Donc,
vous voyez, vous êtes arrivés... le ministère est arrivé avec son objectif
d'innovation, et les gens sont arrivés avec
leurs façons de faire, leurs pratiques, et ils se sont parlé. C'est ce qu'on
veut, qu'on propose comme lieu d'échange, et ils ont adapté. Et probablement, là, évidemment, il va falloir
évaluer, avec le temps, si l'initiative est efficace, mais les gens,
là-dessus, sont habitués.
On
a ce genre d'initiative là un peu partout avec des ministères comme
l'Agriculture, où est-ce qu'on adapte les politiques, les... et tout ça.
Mais l'important, comme M. Lapierre le disait, c'est le lieu de concertation
et de discussion, d'échange, et c'est ce que
nous... c'est le principal gain de cette réforme-là. Pour nous, ça n'existait
pas, et ça, c'est quelque chose auquel on tient.
M. Fitzgibbon :
Puis j'accepte les... moi, une chose que je voudrais faire, et puis ce n'est
pas le temps aujourd'hui, on n'aura
pas le temps, mais on va le faire dans l'exécution, c'est... je pense que...
prenez en Montérégie seulement, là, exemple, il y a trop de MRC là-dedansééé pas trop,
il y a beaucoup de MRC là-dedans. Alors, d'avoir une unité régionale qui
va être capable d'être peut-être partout, de comprendre ce qui se passe, c'est
impossible.
Alors, il va falloir
développer au niveau local, MRC, regroupements de MRC, des minis pôles
là-dedans et qui vont avoir un peu de
support du régional. C'est là qu'il va falloir travailler dans le détail, parce
qu'il y a des MRC qui sont démunies complètement de ressources humaines et
financières. Financières, ça va être relativement facile. Du capital, on
en a, puis je pourrais en mettre du capital.
Puis dans toutes les régions que je vais, je dis toujours aux gens
d'affaires : Si vous investissez
dans vos unités locales, nous, on va investir, parce que, si c'est bon pour
vous, c'est pour nous. Puis si vous perdez de l'argent, on perd de
l'argent. Ça, ça va être facile.
Le côté humain est
plus difficile, puis, en tout cas, on va arrêter là, mais je pense que c'est
important de réfléchir sur l'exécution, puis
on va s'en reparler, c'est sûr. Mais il y a des régions où ça va être très
difficile pour l'IQ régional d'être effectif, efficace dans toutes les
MRC. Alors là, il va falloir travailler, là.
M. Lapierre
(Jonathan) : Vous avez, si vous permettez, entièrement raison, c'est
différent d'une région à une autre. C'est
pour ça qu'il va falloir adapter l'action gouvernementale à la réalité de la
région. L'exemple que vous mentionnez en Montérégie, plusieurs MRC, il
est peut-être possible de créer deux ou trois, voire même trois comités
régionaux qui, avec des ressources et avec
un support, pourraient répondre aux besoins et aux objectifs qu'on s'est fixés
ensemble, qu'on vous mentionne ici.
Et à notre point de
vue aussi, il faut toujours se rattacher le plus possible aux acteurs locaux
qui sont, eux, sur le terrain, parce que les
gens d'affaires viennent nous voir, viennent nous voir dans nos MRC, viennent
nous voir dans nos municipalités pour
se coller aussi à nos visions de développement et à nos planifications
stratégiques. Donc, une MRC ne peut
pas être à côté... complètement à côté de la track du développement de son
territoire qui, lui, doit être en synergie et en harmonie avec les gens
d'affaires.
M. Fitzgibbon :
C'est beau. M. le député d'Orford.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. Le député d'Orford, à vous la
parole.
• (15 h 20) •
M. Bélanger : Merci,
Mme la Présidente. Merci pour votre
présentation. Bon, en termes de collaboration,
on est après vivre l'expérience au
niveau d'Internet. Je pense qu'on fait quand même une bonne équipe, puis ça
devrait bien aller en aval.
J'ai
une question par contre au niveau de l'aménagement de territoire parce que ça
fait peut-être une dizaine d'années que
je suis en région et je n'en vois pas d'aménagement de territoire. J'ai
beaucoup de difficulté à le voir puis j'aimerais bien ça voir le rôle que la FQM entend avoir en termes
d'aménagement de territoire pour un développement économique. Parce que vous voulez une collaboration au niveau d'IQ,
vous voulez une collaboration au niveau du ministère, mais lorsqu'on
arrive dans des dossiers, justement, d'où on va positionner tel type
d'entreprise, est-ce qu'on va faire une grappe à un certain endroit, quelle est
l'aide qu'on devrait faire pour de l'amorçage? Est-ce qu'on essaie de créer un
quartier d'innovation? Je n'ai pas trouvé de
solution puis je n'ai pas trouvé d'écoute au niveau des municipalités et au
niveau des MRC. Je ne sens pas qu'il y a une bonne coordination.
Ça fait que
j'aimerais ça voir quelles vont être vos intentions dans le cadre d'une réorganisation
au niveau d'Investissement Québec. Qu'est-ce
que vous entendez de notre côté, qu'est-ce que vous voulez de notre côté en
termes de collaboration? Mais vous,
de votre côté, quel rôle vous pensez jouer? Parce qu'où le bât blesse, c'est
vraiment les petites entreprises, les jeunes pousses, c'est l'aide en
région pour ces petites entreprises là. Les PME, c'est souvent plus facile d'aider lorsqu'ils vont s'automatiser, mais
justement aider ces jeunes entreprises là... Ça fait que j'aimerais ça vous
entendre à ce niveau-là.
M. Lapierre
(Jonathan) : En matière d'aménagement du territoire, la compétence
relève directement des MRC, donc, de partout au Québec. Donc, bien entendu,
l'aménagement du territoire est au coeur de tout développement dans chacun des territoires. Cette compétence et cette
réglementation-là, si on veut, ou cette vision-là relève du palier de MRC
et se fait souvent en fonction des visées de développement ou des réalités de
chacun des territoires.
Donc,
sur le comité de concertation et de coordination, l'aménagement du territoire
est un volet qui, très certainement, pourrait être discuté et devra être
discuté pour être en concordance avec la volonté d'Investissement Québec
d'investir dans des PME ou des
grandes entreprises qui ont, eux aussi, des besoins en termes d'aménagement du
territoire. Alors, je ne sais pas si c'est ça, votre question.
M. Bélanger : Bien, ça reste que c'est voté par les maires,
hein? Une MRC puis ceux qui appuient l'aménagement du territoire, c'est au
niveau des maires. C'est qu'il y a peut-être place à, justement, avoir, au
niveau de certains acteurs privés puis peut-être au niveau d'Investissement
Québec, un comité qui se met en place pour comment on aménage le territoire de la façon la plus efficiente, versus
se retrouver avec un paquet de petits villages, des municipalités qui veulent
générer plus de revenus. Et puis je ne vois pas souvent de cohérence au niveau
de l'aménagement de territoire.
Ça
fait que je pense qu'au niveau de la FQM... ce n'est pas toujours au
gouvernement, mais au niveau de la FQM, il y a peut-être un rôle. Puis ça peut faciliter de notre côté lorsqu'on
veut développer l'économie, parce que des petits quartiers industriels,
on n'en fera pas 25 dans une MRC, là. Ça fait que c'est... Oui, je vous écoute.
M. Châteauvert
(Pierre) : Effectivement, il
y a quelque chose à faire. Bon, en 2015, il y a des choix qui ont été faits par l'Assemblée nationale, où est-ce qu'on a
mis fin à la... En fait, on a transféré l'ensemble de la responsabilité et
les... Au
niveau des MRC, vous savez, il y a eu l'abolition ces CRE, il y a eu
l'abolition... en fait, une diminution drastique de subventions puis de soutien au niveau du
développement local. Et, à ce moment-là il y avait comme une... Il y avait un
regroupement puis il y avait des gens qui se parlaient puis qui discutaient de
ces questions-là, puis on essayait d'intégrer effectivement
la notion de développement à l'intérieur d'un schéma d'aménagement, ce qui
n'est pas une notion simple. D'ailleurs,
avec la ministre des Affaires municipales, on travaille beaucoup à essayer de
pousser pour une remise à jour de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme.
Nous, à la
FQM, ce qu'on a fait, c'est qu'à partir de nos propres moyens, parce qu'il n'y
avait plus rien, on a mis en place une table sur le développement local de
régional. On organise, à chaque année, un rendez-vous pour essayer de regrouper tout le monde. M. Fitzgibbon
est venu au dernier, il y avait au-dessus de 300 personnes. Puis ces questions-là,
on veut les discuter puis on veut les
travailler ensemble pour essayer d'aller plus loin puis effectivement d'amener
les gens à réfléchir sur cette question-là, sur les choix par rapport
au territoire, par rapport au développement, comment qu'on fait le lien entre
tout ça.
Et
effectivement il y a beaucoup... Il y a encore... C'est un chantier, ça,
actuellement, puis ce n'est pas... C'est un chantier qui est, dans l'histoire, là, qui est assez récent, là, dans...
Donc là, nous, là, on le prend... On l'a pris à partir de nos propres moyens. On regroupe les gens, on amène des
réflexions. Il y a des actions qui se passent, enfin, qui sont très intéressantes sur le territoire, là, des MRC. Mais
comme on dit toujours, comme à peu près tous les ministères qui n'ont
pas une... les services d'égout sur le
territoire, bien, cette réalité-là n'est pas la même partout sur le territoire.
Ça, on en convient, et tout ça.
Donc, nous,
ce qu'on se donne comme mission et tout ça, c'est, à travers l'information, à travers
la discussion, à travers nos tables, à travers les... On regroupe les gens. On
essaie d'amener la réflexion vers quelque chose, vers ces choix dont vous
faites mention et ces notions-là. Mais c'est certain qu'il y a encore du
travail, ça, c'est certain, à ce niveau-là.
M. Lapierre (Jonathan) : Mais
ça, si je peux ajouter, ça, c'est ce que la FQM peut faire comme fédération, accompagner ces milieux-là. La création de la
table est un bel exemple. Et même si le chantier est à ses tout débuts, je
pense que les premières années sont probantes et nous garantissent un
futur intéressant. Mais plus, je le répète encore, plus on va utiliser le palier du territoire... du palier de la MRC, plus on
va inclure les différents acteurs autour d'une table et plus il y aura une vision cohérente et qui
correspondra à des objectifs qu'on s'est fixés pour le bien commun et pour le
développement commun. Donc, plus on localise
et plus ça devient difficile, plus on garde à l'échelle du territoire de la
MRC, plus on peut déployer une vision qui soit intéressante et pertinente pour
chacune des régions du Québec, là.
M. Bélanger : Je crois que ma collègue de Labelle
avait...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, députée de Labelle, à vous la parole.
Mme Jeannotte : Oui, bonjour. J'ai eu la chance, moi, de faire du terrain pendant de nombreuses
années, et j'ai souvent entendu le commentaire : Coudon, il y a
plus de fonctionnaires, il y a plus de monde que de projets quand on est en région éloignée, ou : Coudon, les
outils ne sont pas adaptés. Puis, dans les faits, on le sait qu'en région
éloignée on a souvent affaire avec
des PME, parfois, de moins de cinq employés. Puis, quand on regarde tous les
acteurs qu'on a, au Québec, c'est
quasiment à en perdre son latin, parfois, parce qu'il y a une table de
concertation ici, une MRC là, la SADC, le
CLD, DEC Canada, Investissement Québec, FTQ, «name it». Là, ça ne finit plus,
puis là l'entrepreneur, lui, excusez-moi, là, mais il arrive avec son plan d'affaires qui a trois pages, puis il
faut qu'il fasse un plan d'affaires de 18 pages pour déposer à tel organisme de développement économique, puis
il va falloir qu'il adapte son plan d'affaires à tel autre organisme pour
savoir, en bout de ligne, au bout de six mois, il va-tu avoir un prêt, puis il
va-tu...
Tout ça pour dire que... êtes-vous d'accord,
dans le fond, que le rôle d'Investissement Québec, présentement, ça serait de faire aussi, excusez-moi le terme,
mais du ménage pour qu'on ait enfin un leader puis qui... Parce que, dans
le fond, comment on fait pour être
complémentaire pour que, dans le fond, on prenne en compte des rôles importants
de chacun de ces organismes-là, mais
qu'on ne perde pas de vue que l'objectif, c'est le gars puis la fille qui se
partent en affaire, ou le gars puis la fille qui veulent exporter à
l'étranger, ou le gars puis la fille qui veulent augmenter leur productivité, leur capacité de production avec l'achat d'un
équipement, etc.? Je comprends que d'après votre document vous voulez être
partie prenante, mais pouvez-vous
m'expliquer un peu plus pourquoi, je reviens à sa question, l'aménagement du
territoire, pourquoi, pour
l'entrepreneur, concret, concret, à raz des pâquerettes, que lui, il faut qu'il
achète sa machine, là, pourquoi que la MRC est si importante?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Vous
avez une minute pour répondre à cette question bien importante.
M.
Lapierre (Jonathan) : En
fait, très simple, l'entrepreneur, aujourd'hui, il débarque à coup sûr à la MRC, au service de développement économique. Et,
dans chacune des MRC du Québec ou la plupart des MRC du Québec,
on a développé des expertises assez importantes.
Nous avons des professionnels de grande qualité, de grande compétence, qui,
justement, viennent pallier à cette difficulté-là, donc, qui sert, à quelque
part, de courroie de transmission. Ils sont en mesure de bien aiguiller
les entrepreneurs dans les différents services.
Moi, je suis
de ceux et celles qui pensent que chacun des services ou des opportunités de
financement que vous avez énumérées
est importante. Certaines relèvent du fédéral, certaines
relèvent du provincial, et il ne faut pas se priver d'outils de développement économique dans nos régions du Québec parce qu'elles sont très, très, très importantes. Mais, depuis que la compétence nous a
été dévolue, en 2015, depuis que les services se sont de plus en plus
professionnalisés partout au Québec, c'est beaucoup
plus facile pour les entrepreneurs, c'est beaucoup plus facile pour les
entreprises, parce qu'ils ont une porte, un accès qu'ils connaissent... souvent,
c'est des gens qu'ils connaissent très bien, et ils ont accès à une multitude
de services par référencement.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, on vous remercie. Merci pour la
réponse. Alors, nous laissons la parole à la porte-parole de
l'opposition officielle, à la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne. Vous avez
11 minutes.
Mme
Anglade : Parfait, merci. Alors, je vais partager mon temps avec mon
collègue. Merci de venir nous présenter votre document et de le faire à
pied levé dans certains cas.
Je vais rebondir un peu sur la conversation
qu'on vient d'avoir parce que je veux bien comprendre la position de la FQM par
rapport à ce qu'on est en train de faire, comme proposition, sur le changement
d'Investissement Québec. L'objectif, et puis
ça a été répété à maintes et maintes reprises, puis c'est clair dans le projet
de loi, c'est dire qu'il y a une porte d'entrée, c'est Investissement
Québec. Dans les régions, on va être plus présent, les entrepreneurs pourront
cogner à une seule porte, puis ça va être
Investissement Québec. Puis, en même temps, ce qu'on entend de la FQM,
c'est : Bien, attendez, nous, on
a un rôle à jouer, puis on a un lien avec les entrepreneurs, puis ils viennent nous
voir, puis ils viennent voir les services de développement économique
que l'on a sur notre territoire.
Au-delà des mots, là, concrètement parlant, là,
comment est-ce qu'on arrive à concrétiser ça sur le territoire? Comment est-ce que vous voyez ça? Parce qu'on peut
bien se parler puis dire qu'on s'entend, puis que ça va bien, etc., mais,
dans l'application des choses puis sur le
terrain, vous savez comme moi que c'est là que le bât va blesser la plupart du
temps. Donc, comment est-ce que cette vision-là s'arrime avec le projet
de loi qui est sur la table aujourd'hui?
• (15 h 30) •
M.
Lapierre (Jonathan) : En fait, c'est qu'on part du principe qu'il n'y
a à peu près pas de communication entre les différents intervenants.
Donc, il y a Investissement Québec qui reçoit aussi, de par son mandat et sa
mission, des entreprises, des entrepreneurs.
Ils ont des programmes, des politiques issus d'une vision nationale, et
souvent, nous, comme MRC, comme
acteur local, on n'a que très peu d'information. Souvent, on est les derniers,
même, informés de ce qui peut se
passer en termes d'investissements avec Investissement Québec. De là
l'importance, dans un premier temps... bien entendu, vous mentionnez, bon, concrètement, hormis se
parler... pour nous, se parler est déjà un pas extrêmement important parce
qu'il y a zéro conversation actuellement.
Donc, si on
veut agir en concertation, en cohérence avec des objectifs de développement
dans un territoire donné, il faut qu'un joueur majeur comme celui
qu'incarne Investissement Québec soit autour de la table et, autour de cette même table là, il faut que l'ensemble des
partenaires locaux, régionaux y soient aussi assis. Il faut que, d'abord et
avant tout, nos gens, nos
professionnels des MRC puissent avoir voix au chapitre, puissent discuter avec
Investissement Québec et être en
mesure de partager des objectifs, partager des visions, partager des
planifications stratégiques, par exemple, pour bien cibler les
interventions, bien cibler également les investissements dans les différentes
régions.
Donc, pour
nous, de franchir cette première étape là va très certainement... en tout cas,
on le souhaite, à tout le moins, va
mener à d'éventuelles collaborations qui pourraient être encore plus solides et
plus concrètes, là, dans le futur, dans un futur rapproché.
Mme
Anglade : La première partie de votre rapport parle beaucoup de la
relation avec le ministère de l'Économie. Dans un cas que vous décrivez, comme celui-là, à ce moment-là,
l'interaction directe serait directement avec Investissement Québec, auquel cas la relation avec le ministère
de l'Économie perd un peu de son sens parce qu'il serait compensé par ce
que vous décrivez avec Investissement Québec. Est-ce que...
M.
Châteauvert (Pierre) : Nous,
ce qu'on a compris, c'est qu'avec... Investissement Québec puis le ministère
vont s'intégrer ensemble. Nous, ce
qui est important, effectivement, comme M. Lapierre le disait, c'est que les
gens se parlent et se coordonnent.
Quand un petit... quelqu'un qui a projet vient chez
nous, que ce soit, bon, peut-être un projet plus d'envergure, à partir du moment où est-ce que les gens vont se
coordonner, vont partager leurs objectifs, ils vont mettre ça ensemble dans
un document ou tout ça puis qu'ils vont
discuter, qu'ils vont l'évaluer de façon annuelle, qu'ils vont identifier ce
qui doit être fait, les indicateurs
de performance, et tout ça, peut-être qu'on va dire : Bon, le projet... La
personne arrive avec son projet, on va l'envoyer directement à
Investissement Québec, parce que ça ne relève pas de nous, et vice et versa.
Mais, en même
temps, ça va même jusqu'au niveau des grands projets. La semaine passée, la
table, elle s'est réunie. On a
travaillé... On a des gens de partout, là. On a travaillé sur notre mémoire...
et des gens de tous les services, et puis aussi de toutes les associations, puis des gens de l'APDEQ, et tout, tous ces
gens-là, puis ils disaient... On prenait le cas du port de Montréal qui veut s'établir sur la Rive-Sud de
Montréal. La MRC de Marguerite-D'Youville, il n'y a pas une journée où est-ce qu'ils ne travaillent pas sur ce
dossier-là, parce que qui règle les projets des permis, les territoires, les
questions de zonage, et tout ça... La MRC n'est pas dans le financement
du port, mais l'opérationnalisation du projet, la MRC est directement
là-dedans.
Donc, à ce
niveau-là, il faut mettre en place un partenariat qui, ce qu'on dit, n'existait
pas vraiment. On n'était pas efficients. Lorsqu'il y avait... Je vais vous
dire, lorsqu'il y avait un directeur régional, une directrice régionale très
ouverte, et tout ça, ça fonctionnait
bien, les choses comme ça. Mais, dans d'autres cas, on n'avait pas cette
qualité de relation là.
Nous, ce qu'on dit, c'est qu'à partir du moment
où est-ce qu'on l'institutionnalise à l'intérieur du comité que M. le ministre propose dans son comité... dans son
projet de loi, on pense qu'avec des obligations de résultat, puis de discussion,
puis de... liées à toute une démarche de développement puis de concertation, on
pense que ça a des grosses chances de réussir et de régler le deuxième volet structurel
du développement local, qui était le territoire le premier, puis maintenant
la relation entre le premier puis le deuxième niveau.
M.
Lapierre (Jonathan) : En fait, ce n'est pas tant l'analyse des
dossiers, si vous permettez, qui nous intéresse mais plutôt la
planification d'investissement ou de développement pour un territoire donné.
Mme Anglade :
Très bien. Merci, messieurs.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Très bien. La parole est au député de Nelligan. Il vous
reste 5 min 40 s.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Messieurs, merci pour votre présence, et vos
recommandations, et la qualité de vos
recommandations. Je reviens à ce que ma collègue vient d'énoncer. Donc, si je
comprends bien, vous avez des
inquiétudes par rapport à la façon avec laquelle Investissement Québec va
commencer son opération sur le terrain avec son nouveau projet de loi.
M. Lapierre
(Jonathan) : Bien, en fait, ce n'est pas tant une inquiétude comme des
suggestions d'inclure des partenaires
incontournables dans la discussion, dans la concertation, dans la coordination
et la planification du développement d'un
territoire, et ça, pour nous, c'est fondamental. C'est la base de la réforme,
si on veut, d'Investissement Québec. Il faut inclure ces partenaires-là qui sont en constant contact avec les
entreprises et avec les entrepreneurs de chacun de nos milieux.
Comme
mon collègue ici, M. Châteauvert, le mentionnait tout à l'heure, à chaque fois
qu'il y a un projet, qu'il soit de
grande, ou de petite, ou de moyenne envergure, les MRC, les municipalités sont
au coeur de ces projets-là, que ce soit pour l'émission des permis, l'aménagement du territoire ou par d'autres
outils de financement qui sont à notre échelle. Donc, pour nous, ce
n'est pas de mettre les organisations en opposition mais plutôt de les inclure.
M.
Derraji : Juste concrètement, pour être concret, nous sommes en train
d'étudier le projet de loi, il va y avoir l'étude article par article. À
quel moment, vous, vous voyez qu'on devrait l'inclure dans le projet de loi
justement pour s'assurer qu'avant d'établir un plan d'action régional, que
l'ensemble de ces acteurs soient inclus?
M. Châteauvert
(Pierre) : En fait, comme c'est écrit dans notre mémoire, les
recommandations... laquelle on faisait
référence tantôt, bon, premièrement, on pense que tous les directeurs de services
locaux de développement ou le CLD,
là, l'organisme délégataire, doivent se retrouver au niveau du comité de développement pour créer
cette synergie-là.
Deuxième
chose, c'est d'élargir le comité pour en faire de véritables instances
d'échange et de coordination pour arrimer les objectifs et les actions
d'Investissement Québec, et des MRC, et ainsi de suite.
Et
l'idée d'un plan, nous autres, ce qu'on aime... parce qu'on le vit dans
d'autres ministères. Avec l'agriculture, on l'a développé au niveau de la table
des MRC, tout ça. Les gens, les... Ceux qui opèrent sont ensemble, ils se
définissent un plan sur trois ou cinq
ans, ça dépend, ce n'est pas important, mais un plan, puis, à chaque année, ils
l'actualisent. Et cette actualisation-là,
ils le font avec les élus au niveau de la table des MRC, puis tout le monde est
là, puis avec les partenaires, et
tout ça. Puis là on évalue si on a atteint les objectifs qu'on s'était fixés ou
pas. Donc, c'est une forme de... et donc ça donne une obligation de
résultat puis de travailler ensemble.
Donc,
nous, c'est une synergie qu'on veut créer. Et on le voit, et on l'opère, et on
l'expérimente avec d'autres ministères
présentement, depuis la mise en place des FARR, ça a été très, très, très
intéressant à ce niveau-là. Nous, ce qu'on
veut prendre, on... Ce modèle-là fonctionne puis on veut proposer... ce qu'on
propose, c'est de l'instaurer dans la relation avec Investissement
Québec.
M. Derraji :
Donc, dans un monde idéal, prenons le cas de n'importe quelle région, les
acteurs développent le plan d'action,
se dotent d'indicateurs de performance, étudient les grands projets et mettent
en place un plan quinquennal pour le
suivi, disons, annuel, avant qu'Investissement Québec entame cette démarche par
rapport à l'accompagnement, par rapport...
M. Châteauvert (Pierre) : Non, non, il faut qu'Investissement Québec soit
là. Toute forme de décentralisation, toute
forme d'accompagnement, ça doit se faire entre la relation... la première
ligne, la deuxième ligne, et ces gens doivent se parler, parce que,
sinon, ça ne donne rien, ça ne peut pas...
La
référence, comme je vous disais tantôt, à l'agriculture, les gens de
l'agriculture, les gens de l'UPA, les gens de chacune des MRC sont là.
Et, dans cette région-là et dans plusieurs régions, ceux qui développent les
projets les plus intéressants en matière de
soutien à l'agriculture, c'est le monde municipal, parce qu'ils se sont dotés
de cette structure-là, parce que les gens de l'UPA puis les gens du
MAPAQ sont là aussi. C'est essentiel.
L'État
a un rôle sur le territoire, puis c'est ce qu'on a toujours dit dans l'ensemble
de nos mémoires. La décentralisation,
ça ne veut pas dire... j'allais dire «abandon», c'est un peu fort, mais dire de
retrait. L'État doit être présent parce
que l'État a quelque chose à dire. Le ministre a des orientations, et c'est
clair que le ministre a son rôle à jouer, comme nous aussi. Donc, c'est une discussion, c'est une synergie qu'on veut
créer. Une synergie, ça veut dire, c'est une contribution de tout le
monde.
M.
Lapierre (Jonathan) : Et, en fait, cette discussion-là doit avoir lieu
avant, évidemment, le déploiement d'actions.
M. Châteauvert
(Pierre) : C'est ça.
M. Derraji :
...au niveau de la structure qu'Investissement Québec va avoir dorénavant, vous
voulez que l'ensemble des MRC, ou les villes, ou les acteurs de développement
économique soient autour de la table pour élaborer les plans d'action,
donc avant d'aller plus loin. Est-ce que j'ai bien saisi votre proposition?
M. Lapierre
(Jonathan) : Absolument. Donc, on veut créer cette synergie-là, ce que
M. Châteauvert définissait tout à l'heure, avant même qu'il y ait un
déploiement d'investissements ou d'actions. Et les conditions gagnantes
qu'on inscrit dans notre mémoire sont en
quelque sorte une forme de reddition de comptes et une forme de transparence
qui amène une obligation de résultat
par la suite, parce que plus les partenaires sont impliqués autour d'une table,
plus les partenaires s'engagent à
l'atteinte d'objectifs et de réussite dans le cadre d'investissement, bien,
évidemment, plus les résultats sont probants.
M. Derraji : Parlant de
transparence et d'indicateurs, l'autre question que j'ai sur la table...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
En conclusion. Il reste 30 secondes.
M. Derraji : C'est quoi, les
indicateurs, pour vous, exemples d'indicateurs?
M. Châteauvert
(Pierre) : Je vais vous
donner un exemple très simple. L'accueil des entrepreneurs sur le territoire,
il peut être inégal. À ce moment-là, tout le
monde ensemble s'assoit puis comment qu'on fait pour l'améliorer. Les MRC sont
responsables de ça par la loi. C'est l'Assemblée nationale qui l'a voté. Donc,
à ce moment-là, avec Investissement, avec
tout le monde, les gens de formation, les groupes, puis tout ça, bon, qu'est-ce
qu'on fait. O.K., dans ce secteur-là, il y a un problème. On se met un
indicateur : Voici, ça, c'est tel niveau.
Donc, ça,
nous, on est prêt, le monde municipal, les MRC, ceux qui sont responsables du
développement selon la loi, on est prêts à regarder aussi la qualité de notre
contribution à tout ça pour que l'ensemble du système s'améliore. C'est une chance... M. Demers, le président, avait
écrit... puis Mme Minassian, ils avaient rédigé une lettre, ils l'avaient
publiée au mois d'avril en disant : C'est une chance à ne pas rater. C'est
une chance unique et c'est pour ça que nous, on vous demande... On est
très contents.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, merci. Nous cédons maintenant la parole au deuxième groupe d'opposition
avec le député de Rosemont. Vous avez 2 min 45 s.
• (15 h 40) •
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Messieurs, bonjour.
Je ne connais
pas beaucoup le ministre encore, je n'ai pas eu beaucoup l'occasion de
travailler avec lui. C'est un réel
plaisir. C'est une déformation de mon ancien métier, je pense que j'essaie de
«seizer» les gens avec qui je travaille ou que je couvrais à l'époque. Je dirais que le ministre, il est très
courtois avec la visite, mais, en même temps, il est très, très, très déterminé sur l'endroit où il veut aller. Et vous avez... c'est probablement une qualité pour vous, même si on n'est pas
d'accord sur la destination, toujours, en
tout cas... mais la réponse qu'il vous a faite au début, quand vous avez posé
une question assez longue, il vous a
fait une réponse assez longue quant au manque d'arrimage, de reconnaissance des
MRC. Avez-vous retenu ou compris de
sa réponse qu'il y a une ouverture à la principale de vos demandes qui est
justement d'être reconnu comme un acteur de premier plan?
M. Lapierre (Jonathan) : Très
certainement. En tout cas, on retient, de la part du ministre, qu'il y a une
belle ouverture. Il y a même un intérêt à en
discuter, à regarder de quelle façon ça peut se concrétiser sur le terrain.
Alors, pour nous, évidemment, à partir du moment que c'est possible d'en
discuter, à partir du moment que c'est possible de mettre des actions sur la
table, pour nous, ça devient extrêmement intéressant. Je pense que l'idée
générale qui est exprimée par la Fédération québécoise des
municipalités, c'est, à partir du moment que l'Assemblée nationale a décidé de
déléguer la responsabilité de développement aux MRC, il faut maintenant adapter
cette réalité-là dans les différents projets de loi à caractère économique. Et
celui-ci, le projet de loi n° 27, en est un bel
exemple.
Alors, pour
nous, c'est extrêmement important que la MRC soit au coeur de ces
discussions-là, soit au coeur de ces planifications-là. Nous le
mentionnons au ministre, nous le mentionnons ici, en commission parlementaire,
et jusqu'à présent, moi, je pense qu'on peut
qualifier de belle ouverture ce que le ministre nous répond lorsqu'il est
questionné à ce sujet.
M. Marissal : Mais dans le projet de
loi, vous trouvez ça aussi, il est complet tel quel? Ça vous satisfait?
M.
Lapierre (Jonathan) : Bien,
en fait, nous, les suggestions qu'on apporte, et c'est de là l'importance de
déposer un mémoire pour nous, c'est de bonifier ou d'améliorer la version des
comités ou la création des comités, telle que proposée dans le projet de
loi.
M.
Marissal : Rapidement, M. Lapierre. Vous disiez, tout à
l'heure : MRC est en première ligne, Investissement Québec est en
deuxième ligne. Qu'est-ce que vous voulez dire par ça?
M.
Lapierre (Jonathan) : Les acteurs les plus près du terrain sont les
MRC, définitivement, donc le service de première ligne. Le premier endroit
qu'un entrepreneur va cogner à une porte, souvent, c'est la MRC, pour ne pas
dire toujours.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, c'est tout. Alors, nous laissons la parole au troisième groupe
d'opposition, avec le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Donc, à mon tour de vous saluer. J'ai posé la question aux représentants de l'UMQ, j'aimerais vous poser la
même question. Considérant qu'Investissement Québec va jouer un rôle plus prépondérant en région, avec l'absorption des
employés et du ministère de l'Économie, avec des nouveaux moyens, croyez-vous pertinent et nécessaire qu'il y ait
une direction régionale avec des pouvoirs qui prend des décisions en région?
M.
Lapierre (Jonathan) : Bien, évidemment, pour nous, pour moi en
particulier, qui vient d'une région, poser la question, c'est un peu y répondre. Donc, pour nous, c'est important
qu'il y ait le plus de décisions possible qui se prennent en région, que
les acteurs locaux... on revient toujours à ça, que les acteurs locaux soient
impliqués, fassent partie des discussions,
de la concertation, de la coordination et, bien entendu, que lorsque les
décisions peuvent se prendre en région, bien, souvent, c'est des décisions qui se collent plus à la réalité
régionale puis qui diffèrent d'une région à une autre. La réalité sur la Côte-Nord n'est pas forcément la
même réalité que celle en Gaspésie ou aux Îles-de-la-Madeleine et même
chose avec l'ensemble des autres régions, la Montérégie, bon, Lanaudière, etc.
Donc, pour
nous, c'est important que cette synergie-là entre les directions régionales et
les acteurs locaux fassent un,
fusionnent ensemble dans... et qu'ils partagent un seul et même objectif, celui
de bien développer et de bien répondre aux attentes de la communauté
entrepreneuriale d'une région donnée.
M. Ouellet : Donc, décider en
région, on s'entend là-dessus. Deuxième chose, pour ce qui est du comité de développement, vous faites référence à la
pertinence ou même l'obligation d'avoir, sur ce comité-là, des gens
représentant les différents
organismes de développement économique. L'UMQ avait cette même prétention-là,
mais ils n'allaient pas à dire : Il faudrait l'obliger.
La question que j'aurais pour vous... parce que
la loi, elle est très vague. Il y aura cinq membres dans un comité, ils auront tel rôle, mais ce n'est pas inscrit
dans la loi qu'exclusivement ces personnes-là pourraient venir d'un milieu x ou
d'un milieu y. Est-ce que vous trouvez
pertinent qu'on inscrive dans la loi que, dans ce comité-là, s'il y a des
organismes municipaux issus du
développement économique, tels que ceux que vous proposez, soient partie
prenante, au moins aient un siège à l'intérieur de ces comités de
développement là?
M.
Lapierre (Jonathan) : Nous,
c'est une condition qui est extrêmement importante dans la présentation de notre mémoire,
de notre vision, et ce qui est important aussi, pour ne pas dire fondamental,
c'est que chacune des MRC puisse être
représentée. Parce qu'une MRC ne peut pas parler pour une autre MRC, puisque,
bon, il y a des réalités qui sont propres à chacune des MRC, que ce soit
des réalités en matière de possibilités de développement ou des réalités en
ressources humaines, en moyens financiers,
etc. Donc, pour nous, c'est important qu'il y ait présence de nos représentants locaux au sein de ce comité-là et ce qui est important aussi, fondamental,
c'est que chacune des MRC ait sa place également.
M. Ouellet : Et vous ne voyez pas
cette place-là?
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Alors, on vous remercie. Merci,
M. Lapierre, merci, M. Châteauvert, de la Fédération québécoise des
municipalités.
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 45)
(Reprise à 15 h 48)
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Nous commençons. Nous souhaitons la
bienvenue à M. Forget et M. Noël, de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Bonjour. Je vous rappelle
que vous avez 10 minutes pour votre exposé et, avant de commencer
votre exposé, je vous demanderais de bien vous présenter. Merci.
Fédération des chambres de
commerce du Québec (FCCQ)
M.
Forget (Stéphane) : Merci.
Stéphane Forget, P.D.G. de la Fédération
des chambres de commerce du Québec. Je suis accompagné de Philippe Noël,
qui est directeur Stratégie et Affaires économiques à la fédération.
Alors, merci,
tout d'abord, de nous accueillir pour échanger avec vous sur le projet de loi
n° 27. Peut-être, brièvement, vous connaissez bien la fédération, mais
vous rappeler que nous sommes à la fois fédération... donc regroupe
l'ensemble des chambres de commerce du Québec, ce qui nous permet d'avoir un
regard régional sur l'économie, et aussi chambre provinciale, plus de
1 100 entreprises dont un grand nombre, notamment, issues du secteur
manufacturier.
Alors, de
façon générale, la fédération appuie la force de frappe concertée qui découlera
du projet de loi n° 27 en mettant
en commun les énergies d'Investissement Québec et du ministère de l'Économie et
de l'Innovation au profit du développement
économique du Québec et de ses régions. En centralisant l'offre de services
pour l'obtention d'une aide financière, l'accompagnement pour l'ouverture de
nouveaux marchés ou l'amélioration de la productivité, on peut croire que les entreprises du Québec auront accès à un
meilleur soutien et les investissements étrangers devraient être ainsi
facilités.
Nous
sommes conscients que le véritable défi consiste à traduire ces objectifs en
mesures et programmes efficaces et efficients et d'en mesurer ensuite la
performance. Pour assurer le succès de cette réforme, la complémentarité avec
l'offre de soutien dans les secteurs
privé et institutionnel sera importante, principe d'ailleurs énoncé à
l'article 2 du projet de loi.
• (15 h 50) •
Aussi, parmi
les conditions importantes pour assurer une croissance économique,
l'accroissement de la productivité est
sans aucun doute un critère incontournable. La FCCQ salue d'ailleurs la volonté
du gouvernement d'accorder une place importante à l'innovation dans
cette réforme. Depuis environ une décennie, nous constatons que, malgré une
excellente performance en recherche et développement, le Québec affiche une moins bonne performance au chapitre
de l'innovation. Notre croissance économique est tributaire de deux
facteurs, soit d'accroître le travail, ce qui représente un défi dans le
contexte de rareté de main-d'oeuvre, et d'accroître la productivité.
Or, puisque l'innovation est au coeur des enjeux
de la productivité, la FCCQ offre des recommandations pour en tirer pleinement profit, à titre d'exemple, en utilisant le
concept de bac à sable réglementaire dans les marchés dont le gouvernement
est régulateur. La FCCQ recommande également que le gouvernement s'assure de la
mise en place des mesures législatives et
réglementaires visant la mise en oeuvre des conditions nécessaires au succès
des zones d'innovation. Parmi
celles-ci, la révision de la notion du plus bas soumissionnaire conforme dans
les contrats publics pour y privilégier entre autres des critères de qualité,
mais aussi des innovations, des recommandations,
bien sûr, qui sont parallèles au présent projet de loi, mais qui, on le croit, vont permettre d'assurer son
succès. De même, une piste importante de solution passe, de notre point de vue,
par des zones d'innovation axées sur le développement et la commercialisation
de nouveaux produits en misant sur la collaboration entre la recherche
universitaire et les entreprises avec l'appui des gouvernements.
Puisque le
gouvernement a exprimé son intention de créer et développer des zones
d'innovation à la grandeur du territoire
québécois, nous croyons que le projet de loi n° 27
doit être en adéquation aux aspirations de ce projet de développement économique. Nous profitons
d'ailleurs de l'occasion pour vous présenter notre point de vue sur ces zones
d'innovation très brièvement.
Il y a un large consensus émanant de la
performance de ces zones, bien connues en Europe et aux États-Unis, quant à leur contribution à l'accroissement de la
productivité et à l'essor économique.
Cependant, pour réussir — il y a un lien avec ce dont vous
discutez — ces
zones doivent satisfaire un certain nombre de facteurs clés de
succès, d'abord, les compétences de base. Il doit exister une raison
économique pour ces zones, une activité économique dans laquelle la région se démarque d'emblée et développe sa force
concurrentielle. Ensuite, les ressources humaines et la formation. Les exigences pour réussir nécessitent un leadership
fort, des chercheurs hautement qualifiés axés sur les enjeux de développement
des entreprises et une main-d'oeuvre formée
ayant accès à de la formation continue. Troisièmement, une demande sophistiquée. Un des enjeux les plus souvent
cités pour expliquer le manque de productivité de nos entreprises est la faible
demande pour intégrer les innovations dans
les entreprises. Les nouveaux produits et services doivent traverser et avoir
accès au marché. Autre
conditions : l'accès au financement, bien sûr, évidemment, les
investissements en infrastructures nécessaires et l'environnement
réglementaire, tous des éléments en lien avec la vision associée au projet de
loi n° 27.
Maintenant, concernant l'aide aux entreprises,
le projet de loi confère à Investissement Québec de nouvelles responsabilités en matière d'accompagnement des
entreprises, ce qui constitue un pas dans la bonne direction selon nous.
Plusieurs entreprises ont depuis longtemps
exprimé la difficulté de se retrouver dans le dédale des programmes
gouvernementaux d'aide aux
entreprises, notamment dans les domaines d'aide à l'entrepreneuriat et à
l'exportation. Pour assurer le succès de ces nouvelles responsabilités,
Investissement Québec devrait employer au sein de son effectif régulier des
ressources possédant des compétences
en développement économique, y compris sectoriel, dans les différentes
fonctions de gestion, au-delà de la finance.
Nous saluons
également la création, au sein du ministère de l'Économie, du Fonds pour la
croissance des entreprises comme instrument pour les entreprises québécoises à
caractère stratégique. Quant à la rentabilité attendue, la cible de rendement globale énoncée dans le p.l. n° 27, soit l'équivalent du taux d'emprunt du gouvernement, paraît
appropriée selon nous. Elle est suffisante pour égaler le coût d'opportunité
des fonds publics, d'une part, et elle n'est pas élevée au point
d'inciter Investissement Québec à enfreindre le principe de complémentarité,
d'autre part.
Concernant les investissements privés, avec une
optimisation des talents et de leurs compétences, notamment à l'étranger, Investissement Québec pourrait faire
un démarchage mieux structuré auprès des sociétés étrangères donnant lieu à
plus de décisions d'investissement. Ainsi, elle doit aussi contribuer à mieux
accompagner les gens et, sans se substituer aux cabinets de services professionnels et organismes chargés de fournir
cette aide, IQ pourrait veiller à ce que les promoteurs disposent de
l'expertise nécessaire pour se conformer aux processus et exigences des
régulateurs afin qu'ils puissent présenter un dossier acceptable et rapidement.
Concernant
l'exportation, pour l'aide à l'exportation, le potentiel pour augmenter les
résultats se trouve davantage dans
des secteurs de l'économie québécoise
qui n'y sont pas déjà fortement engagés. À ce sujet, la Stratégie québécoise
de l'exportation 2016‑2020,
actuellement dans sa troisième année de mise en oeuvre, propose un éventail de
mesures pertinentes, notamment pour amener plus de PME à oser davantage.
Nous souhaitons qu'on ne jette pas le bébé avec l'eau du bain avec le projet
de loi n° 27. Plusieurs mesures
dans cette stratégie font appel aux délégations et bureaux du Québec à
l'étranger avec lesquels le p.l. n° 27 propose de renforcer la coordination. Pour la FCCQ, c'est plus un
changement culturel qu'il convient de
viser. Beaucoup plus d'entreprises québécoises doivent faire leurs premiers pas
sur les marchés extérieurs au point que cela ne soit plus une marque
d'audace mais un réflexe.
Maintenant,
concernant les comités de développement régionaux, puisque les comités de
développement auront le mandat de favoriser l'élaboration de projets, la FCCQ
soutient que les membres de ces comités devront être en mesure de discuter avec des promoteurs de projets, de
bien comprendre les forces régionales et les créneaux d'excellence de leur
coin de pays. Selon elle, ils devront également tenir compte des secteurs
industriels dominants de la région, des secteurs émergents ou des possibilités de développement
selon l'offre territoriale et le positionnement géographique. En ce sens, la fédération fait valoir que le réseau des
chambres de commerce pourrait certainement contribuer à vous aider à cet égard. Ainsi, la fédération souhaite qu'Investissement
Québec priorise dans ses nominations
aux comités l'expertise économique sur
la représentativité politique ainsi que la présence d'acteurs économiques
régionaux. Elle rappelle également l'importance de ne pas multiplier
inefficacement les structures existantes rencontrant des missions similaires.
En terminant,
quant à l'intégration de Ressources
Québec chez Investissement Québec, la fédération croit que le gouvernement
doit faire preuve de leadership et mieux promouvoir le secteur minier,
notamment pour sensibiliser les jeunes investisseurs sur le potentiel et sur
les perspectives d'avenir de ce secteur.
Bien que
l'actuel projet de loi n'aborde pas spécifiquement les indicateurs de performance,
la fédération propose des recommandations dans son mémoire visant à
atteindre les résultats escomptés.
Alors, je m'arrête sur ce pour ouvrir la
discussion avec vous et je vous remercie de votre écoute.
La
Présidente (Mme Jeannotte) :
Je vous remercie beaucoup,
monsieur. Alors, merci beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous. Vous disposez de 16 min 30 s.
M.
Fitzgibbon : Merci, M.
Forget puis M. Noël. Moi, j'ai eu l'avantage d'avoir discuté beaucoup de ces choses-là
avec vous dans le passé, alors je vais
focusser sur deux enjeux qui... j'aimerais que vous élaboriez, parce que
je suis d'accord avec le libellé, mais je ne suis pas sûr de
comprendre, sous-jacent à ça, qu'est-ce
que vous avez en tête comme idée. Parce qu'on est en période maintenant de
construire, là, quel va être le nouveau IQ, là, puis tout input va être bon.
Vous parlez beaucoup d'accompagnement de
ressources humaines pour les entreprises, là. Je réfère aux PME principalement,
là, en région. Alors, j'aimerais vous entendre sur... comment voyez-vous le
rôle de MEI-IQ qui va être regroupé régional
par rapport à ce qui existe déjà puis ce qui n'existe pas, là? Parce que je
pense que c'est un noeud gordien qu'il
faut défaire, là, parce qu'il manque de ressources, puis, d'un côté, on n'a pas
les ressources illimitées, là, à Investissement Québec.
Puis l'autre
élément que je veux mieux comprendre, c'est... vous référez beaucoup au fonds
de croissance que vous voulez voir au
MEI. Alors, fonds de croissance, je comprends de ça, c'est plus des... comment
est-ce qu'on va bâtir des... je pense
que vous étiez public sur ça, là, d'ailleurs, comment qu'on va bâtir des sièges
sociaux plus solides, là. Je ne sais pas
si c'est là que vous alliez, mais j'aimerais ça comprendre, MEI par rapport à
Investissement Québec, là, c'est quoi, pour la distinction qu'il y a
entre les deux.
Alors, c'est
les deux éléments que moi, j'aimerais approfondir avec vous sur... Les autres
recommandations, je trouve qu'elles sont très pertinentes, puis on va
définitivement en tenir compte.
M.
Forget (Stéphane) : Merci.
Tout d'abord, sur l'accompagnement, lorsqu'on a réfléchi avec plusieurs de nos
membres, certains de nos comités, notamment
le comité entrepreneurship, sur le projet de loi n° 27, rapidement, on
nous a parlé du manque
d'accompagnement des entreprises qui souhaitent mieux performer, grandir vers
les marchés d'exportation ou
ailleurs. Et rapidement on est venus à discuter d'Investissement Québec plus
spécifiquement, et plusieurs membres nous ont mentionné qu'ils trouvaient qu'il y avait chez IQ une excellente
expertise en matière de financement, mais, lorsqu'on avait besoin d'être
mieux accompagnés, là, il y avait des ressources moins disponibles ou peut-être
qu'il y avait moins d'expertise dans ce domaine-là.
Évidemment,
le service-conseil existe et continue d'être nécessaire et important, et
d'autres financiers offrent ce genre
de service là, mais rapidement on est venus à la conclusion que, si on
souhaitait avoir un nouveau Investissement Québec, on devrait avoir une offre beaucoup plus
complémentaire pour qu'au-delà du financement on puisse avoir, au sein même
de ces nouvelles entités là, des compétences
différentes pour mieux répondre aux besoins et aux attentes des entreprises
dans leurs plans de développement.
• (16 heures) •
M. Fitzgibbon : ...on va échanger
sur ce point-là, parce qu'il y a tout un débat sur ça. Bien, premièrement, le regroupement du MEI puis de IQ va pallier à ça en
partie, parce que le MEI, en région, a l'expertise d'accompagnement. Il n'est pas parfait, là, mais il y a quand même
des services qui se donnent. On parle d'exportation, on parle d'accompagnement
pour des projets en innovation. Je pense qu'il n'y en a pas assez, mais il y a
quelque chose là, ça fait qu'on va mettre ça
avec IQ. Bien, moi, je ne voyais pas la possibilité qu'IQ devienne la
maison-conseil pour les entreprises, parce que ça va être trop gros. Ça va prendre
5 000 personnes, puis on n'ira pas là. Moi, je voyais plus
l'utilisation de consultants externes, ce
que la BDC fait très bien d'ailleurs au Québec, ou d'avoir des organismes à
l'intérieur des MRC qui... on l'a vu dans le passé, les fameux CLD, là,
on en parle tout le temps, qui est un fonds d'accompagnement pour...
Alors, est-ce
que c'est la bonne approche, selon vous, ou... Tu sais, là, on a trois
affaires, là. On le fait à l'interne, mais
IQ... puis on va staffer ça. Staffer ça, je ne suis pas sûr que c'est la bonne approche,
parce qu'on va perdre le contrôle. On
donne ça à l'extérieur, là, il faut faire attention si, des fois, il y a un
biais, parce que c'est des mandats à répétition, puis surtout si je me sers de l'expertise pour définir
si on met de l'argent dans la compagnie, ça devient un peu problématique.
Mais quand même, il y a des experts qui font
bien ça, bien... ou on se sert des MRC, ou «all the above», là, les trois, là.
M.
Forget (Stéphane) : En fait,
pour être certain que... peut-être que je me suis mal exprimé, moi, je... les
gens ne sont pas là en termes de
compétences. Est-ce que c'est un employé du ministère de l'Économie, ou un
employé d'IQ, ou est-ce que c'est une
ressource externe? Je pense que ce que l'entrepreneur souhaite, c'est que, s'il
y a un bureau, s'il y a un service
qu'on peut lui offrir, bien, qu'on soit en mesure de l'accompagner et de le
diriger vers les ressources qu'il pourra obtenir. Dans certains cas, et on verra, tout dépendant de la taille de
l'entreprise, peut-être qu'au-delà de la ressource, c'est peut-être de la ressource financière qui sera nécessaire
pour être capable de l'accompagner dans son développement. Est-ce que j'oublie
des choses à cet égard-là... discussion avec les membres du comité, là.
M. Noël (Philippe) : Oui. En fait, ce qu'on entend beaucoup, en fait,
c'est que... bien, il y a cette perception-là, puis vous l'avez sûrement entendue, que dans ces organismes-là, on
retrouve beaucoup de compétences en termes de finances, mais, en termes de
développement économique, il y a certaines lacunes, tu sais, que ce soient des
connaissances en gestion de ressources humaines, les compétences
managériales, les compétences en mise en marché, même dans la connaissance des programmes gouvernementaux. Donc,
tout ça combiné ensemble, ça donne une perception auprès de
l'entrepreneur qu'il y a un certain besoin d'améliorer un peu les ressources
retrouvées là.
M.
Forget (Stéphane) : Bien, voyons-le en termes de compétences
plus qu'en termes de personnes.
M.
Fitzgibbon : Entièrement d'accord. La question, c'est : Comment
on va le faire? Le deuxième point, le fonds de croissance, peut-être
élaborer un peu sur ça.
M.
Forget (Stéphane) : Bien, tout d'abord, peut-être vous
rappeler, puis on en a déjà... on a eu l'occasion d'en parler à quelques reprises, je réitère l'importance pour nous de la
complémentarité, puis je pense que c'est clair, vous l'avez exprimé à plusieurs, plusieurs occasions. Le fonds
de développement, vous faites référence notamment à celui qui serait
réservé aux sièges sociaux ou celui qui serait dans les fonds propres d'IQ?
M.
Fitzgibbon : Les deux.
M.
Forget (Stéphane) : Bon, alors, je vous dirais, tout d'abord,
dans la chaîne du financement, on a constaté... plusieurs de nos membres nous ont parlé du capital patient, de l'enjeu
du défi du capital patient, comment, dans la nouvelle mouture
d'Investissement Québec, on pourrait espérer qu'il pourrait combler ce... je ne
dirais pas un trou, parce que... je dirais
plus un manque. Il y a plusieurs préoccupations, dans les plus jeunes
entreprises, qui nous ont dit : Il en existe, du capital patient au Québec, mais il est beaucoup
plus facile et disponible souvent l'autre côté de la frontière. Et il y a une
préoccupation très importante à l'égard qu'on perde des entreprises en
croissance, vers nos voisins du sud notamment.
Donc,
dans les fonds, dans ce qui sera attribué à IQ... bon, il y a de l'argent
additionnel qui a été attribué dans le dernier
budget. Assurons-nous que, dans la réflexion de complémentarité, on puisse
combler le déficit ou le manque de capital
patient pour permettre à nos entreprises en croissance d'y arriver. Puis je
fais le lien... tantôt, je vous ai parlé des zones d'innovation, je vous ai brièvement mentionné... puis on aura
l'occasion, dans d'autres commissions parlementaires, de parler d'une occasion manquée, avec les appels
d'offres publics, de toujours aller vers le plus bas soumissionnaire. Nous, on
pense qu'il faut avoir une meilleure complémentarité dans les actions
gouvernementales, et le capital, les zones d'innovation, la capacité de l'État d'être un premier acheteur puis de
favoriser l'émergence de l'innovation. C'est une série d'éléments qui vont
faire en sorte que ce que vous allez mettre en place va avoir du succès, puis,
pour nous, ça, ça nous apparaît absolument clair.
M.
Fitzgibbon : Donc, pour vous, le fonds de croissance, c'est que vous
notez qu'il y a un manque de capitaux dans les premières... les fameuses
vallées de la mort, là, des compagnies qui sont... c'est là que vous voyez...
M.
Forget (Stéphane) : Là et les entreprises qui ont pris leur
envol, comment on les amène à un autre niveau.
Et je terminerais peut-être
sur un autre élément. On parle beaucoup d'exportation, on veut augmenter à 50 %
de notre PIB les exportations, on est tous
conscients qu'on a un défi de taille d'entreprises au Québec. Il y a beaucoup
de petites entreprises, très petites
entreprises. Ça prend une certaine masse critique pour être capable d'aller sur
les marchés d'exportation. Donc,
est-ce qu'on peut penser, dans la réflexion, que ces fonds-là pourraient
contribuer à permettre à des entreprises de prendre une taille
suffisante ou raisonnable pour pouvoir aller vers des marchés d'exportation.
M.
Fitzgibbon : On va jouer un peu, là... une question. Vous êtes un
homme d'expérience, là, mais c'est parce que
je sors d'une entrevue à une radio locale à Québec qui me disait que... à
Montréal, on disait que le gouvernement, on prêtait puis on prenait 30 % en partant, là, de nos prêts. Ça fait
que ça, c'était un néo-libéral qui me disait... libertarien, qui me disait : l'État ne devrait pas s'impliquer
puis laisser le monde faire ce qu'ils ont à faire, là. J'ai challengé ça à la
radio, mais, je vous pose la question
à vous, là. On veut prendre plus de risques, donc forcément, il va y avoir,
peut-être, des pertes additionnelles. Comment est-ce qu'on réagit à ça
comme citoyen qui paie ses impôts, là?
M. Forget (Stéphane) : Bien, nous, on a bien réagi à cela parce que
l'ancienne... la façon de faire, actuellement, à IQ, où il y a un niveau de performance recherchée très important, fait
nécessairement en sorte qu'il y a probablement des décisions d'affaires qui ne peuvent pas se prendre
de la même façon compte tenu du résultat qui est attendu en fin d'année.
En
modifiant ça, je pense que ça va permettre à Investissement Québec de prendre
un peu plus de risques, mais je pense
que ça, ce sont des risques calculés. La structure qui va être en place, avec
les comités régionaux, avec les opportunités qui vont apparaître, l'expertise qui sera là, la capacité de prendre un
peu plus de risques, d'être complémentaires à d'autres fonds, je pense que
comme... je n'y vois que, du point de vue des entreprises, puis elles sont
aussi des contribuables, beaucoup
d'avantages, beaucoup d'avantages. Et là d'avoir des moyens plus grands de
faire ce qu'on... de réaliser ce qu'on veut
réaliser, en rappelant ce que je vous disais tantôt, notre défi de productivité
est tellement important, puis la croissance économique, elle n'ira pas
plus vite que notre croissance de productivité.
Alors,
si on ne met pas les moyens requis pour y arriver, on est condamnés à avoir une
croissance qui va être plutôt faible, et ça, ce n'est pas souhaité pour
personne au Québec, incluant les contribuables.
M.
Fitzgibbon : On peut souhaiter que l'État pourrait cesser d'être un
État subventionneux tout en permettant de combler l'écart de richesse et
l'écart de productivité, là. D'accord avec ça?
M.
Forget (Stéphane) : J'ai souvent utilisé le mot «un État
partenaire».
M.
Fitzgibbon : Au lieu de «subventionneux». O.K. Collègues?
La Présidente (Mme
Jeannotte) : Je cède maintenant la parole au député d'Orford.
M. Bélanger :
Merci, Mme la Présidente. Quand vous parlez d'État partenaire, je vais vouloir
vous entendre là-dessus. Quel sens,
partenaire, au niveau capital-actions ou autre? J'aimerais vous entendre. Mais
avant, je vais revenir au niveau de
l'aide-conseil, parce que l'aide-conseil, c'est assez vaste puis ça dépend un
peu du type d'entreprise. Ça fait que j'aimerais ça avoir votre point de
vue.
Je ne crois pas qu'on
peut avoir, au niveau d'Investissement Québec puis du ministère, toute la gamme
des services-conseils. Par contre, lorsque
c'est une petite entreprise, si les besoins en termes de services sont surtout
au niveau des opérations, hein, c'est
financier, mais c'est... par la suite, c'est être capable de faire un bon
bilan, un bon plan d'affaires, les
pour, les contre, etc. Mais moi, je voudrais vous entendre à ce niveau-là, le
rôle au niveau de la chambre de commerce, mais aussi, par la suite, par industrie, parce que l'élément clé pour
les entreprises... au Québec, souvent, elles ont été mal conseillées. Les entreprises, on est bon pour en
partir, par la suite, on ne sait pas exactement comment commercialiser puis
comment exporter parce qu'on ne va pas
cogner à la bonne porte. On n'a pas le bon service, puis les chambres de
commerce, souvent, regroupent des
compétences, c'est quand même assez intéressant. Si vous allez en Europe, les
chambres de commerce, souvent, tu
arrives dans un petite municipalité, c'est elles qui te reçoivent, c'est elles
qui te font rencontrer, qui créent le maillage.
Ça
fait que, dans la réorganisation d'Investissement Québec, j'aimerais bien voir
quel est le rôle que vous entendez jouer, les chambres de commerce, pour des
jeunes pousses, mais aussi pour des entreprises qui sont peut-être plus
matures. Vous parlez de zone d'innovation, là, on est dedans, là, puis je veux
vous entendre à ce niveau-là.
• (16 h 10) •
M. Forget (Stéphane) : Tout d'abord, je vous dirais qu'évidemment il
existe, au Québec, puis c'est vrai partout, des chambres de commerce de toutes tailles. Donc, ce que la Chambre de
commerce de Montréal, par exemple, peut offrir comme service, ou celle de Québec,
est différent de ce que peut offrir une plus petite chambre locale, ça, c'est
certain. Mais moi, j'ai toujours vu,
dans le rôle des chambres de commerce, la capacité de diriger les gens vers la
bonne place, as de jouer le rôle de
d'autres, parce qu'il y a des organisations qui sont beaucoup plus spécialisées
en accompagnement d'entreprises dans le... peu importe, dans l'automatisation
ou autre. Donc, pour nous, le rôle des chambres dans ce volet-là, c'est d'abord
et avant tout de pouvoir bien diriger les
entreprises, deux, de saisir les
opportunités et de voir des entreprises qui ont du potentiel pour mieux
les diriger.
L'autre élément, je
l'ai mentionné tantôt, dans les conseils qui vont être mis en place, je pense
que les chambres peuvent jouer un rôle pour
bien identifier, avec Investissement
Québec, les représentants du monde économique
qui devraient siéger sur ces conseils-là. Et ça, pour moi, ça m'apparaît
essentiel, c'est... Ils sont au coeur du développement local et
régional, et je pense qu'elles ont un rôle
à jouer pour accompagner Investissement
Québec, pour bien identifier les
bonnes personnes qui pourront jouer le rôle qui sera dévolu aux
différents comités. Je ne sais pas si ça répond en partie à votre question.
M. Bélanger : Oui, ça répond quand même assez bien. Vous
avez fait un excellent travail en passant. Je suis passé à travers
toutes vos recommandations. J'avais quelques questions.
Bon,
vous parlez de rajout de capitaux, bon, les sièges sociaux, les... Quand vous
parlez de sièges sociaux, est-ce que ça inclut les PME qui sont en région et qui n'ont
plus de relève, là, en termes de protection de siège social? Probablement pas. Comment vous voyez ça, le rôle des chambres de
commerce mais aussi le rôle d'Investissement Québec pour justement assurer une pérennité au niveau de ces petites entreprises là? Parce
que c'est vieillissant en région, il n'y a
pas de relève, les chambres de
commerce connaissent quand même pas mal d'entrepreneurs. Vous avez peut-être
un rôle intéressant que vous pouvez jouer pour sauver ces
petites entreprises là.
M. Forget (Stéphane) : Vous avez raison, il y a un grand défi,
hein? La population vieillit rapidement au Québec, vous le savez. C'est vrai aussi pour les entrepreneurs, ils ne sont pas
différents. Il y a des obstacles qui pourraient être réglés plus facilement, notamment des obstacles fiscaux. Le Québec a fait un pas
dans les dernières années à cet
égard-là. Bien, il faut
continuer de mettre beaucoup de pression sur le gouvernement fédéral pour
faire la même chose. Il n'y a pas d'avantage, vous le savez, là, sur le plan fiscal actuellement pour un entrepreneur de transférer, par exemple, à des membres de sa famille. Alors, ça,
c'est un élément où on pourrait régler ça assez simplement. Premier élément.
Deuxième élément,
nous, on est préoccupés, dans un contexte de rareté de main-d'oeuvre, où, quand
on regarde l'indice entrepreneurial, il y a beaucoup de gens qui sont
intéressés de devenir entrepreneurs, mais, quand on regarde l'intensité entrepreneuriale, il y en a
de moins en moins au Québec. Et ça, c'est préoccupant. Je pense
qu'il faut qu'on ait la capacité de mobiliser et de
motiver des gens à devenir entrepreneurs.
Pourquoi
je fais le lien avec la rareté de main-d'oeuvre? Parce
que peut-être qu'actuellement c'est plus intéressant
d'aller travailler dans une entreprise, alors qu'il y a plusieurs employeurs qui nous courent après, que de prendre
le risque de se
lancer en affaires. Et je pense qu'à cet égard-là Investissement Québec, dans
l'avenir, a un rôle à jouer pour appuyer, accompagner des gens qui veulent se lancer en affaires puis qui auront
l'infrastructure autour d'eux pour prendre le risque de se
lancer en affaires.
M. Bélanger : Mais j'aimerais peut-être
ça rajouter un point là-dessus, parce que, dans le temps, l'entrepreneur n'était pas le seul à prendre le risque, hein? Là,
on a un Investissement Québec qui ne prenait pas de risque. Je crois que
le nouveau rôle d'Investissement Québec va être de partager peut-être
avec certains entrepreneurs un certain niveau de risque. Ça fait que
moi, je vois ça quand même d'une bonne chose. Est-ce que c'est réciproque de
votre côté?
M. Forget (Stéphane) :
Le défi, je trouve, à cet égard-là, c'est... pour plusieurs entrepreneurs,
d'accepter que quelqu'un prenne de l'équité dans leur organisation. Et ça, c'est un défi, puis je
pense que, là, il y a
un travail à faire vraiment pour que les entrepreneurs acceptent qu'on cède un peu
d'équité pour permettre de croître. Et ça, je vous dirais que c'est très individuel d'un entrepreneur à l'autre, mais on le voit souvent, et je
pense que c'est dans l'offre qu'IQ et d'autres vont faire, puis je pense que des gens comme le Fonds de solidarité et
d'autres le font bien, comment on va faire pour convaincre, dans
certains cas, les entrepreneurs. Et, quand on parle d'accompagnateurs, bien,
c'est peut-être là qu'il faut regarder.
M. Bélanger : Mais, je pense,
j'ai une suggestion pour les chambres de commerce, hein? Vous avez plusieurs membres, il y en a qui ont certaines expériences.
Ça fait que d'avoir un partenaire institutionnel ou le gouvernement, qui
est minoritaire, moi, je vois ça d'une bonne
chose. Mais je suis d'accord avec vous qu'il y en a beaucoup qui font des
boutons avec ça. Ils ne devraient pas.
Est-ce qu'il reste du temps? J'avais une
autre...
La
Présidente (Mme Jeannotte) : Malheureusement pas. Alors, je cède maintenant la parole au député de
Nelligan, du côté de l'opposition officielle. Vous disposez de
11 minutes.
M. Derraji :Merci, Mme la
Présidente. Merci pour l'excellent rapport, et je veux ouvrir la parenthèse
pour quelque chose d'autre. Je tiens à vous
féliciter pour l'ensemble de vos cinq années à la tête de la FCCQ et pour
l'ensemble de votre contribution au
nom du réseau des chambres de commerce, que ce soit en commission parlementaire
ou en termes de développement économique au Québec. Merci,
M. Forget. Je ferme la parenthèse.
M. Forget (Stéphane) :
Merci beaucoup, M. le député.
M. Derraji :
Je reviens à la commission. Recommandation 10, vous avez parlé
d'indicateurs, et c'est quelque chose qui
revient par pas mal de groupes. Mais là ce qui est intéressant avec cette
recommandation, vous parlez d'indicateurs sur le nombre de projets d'investissement dans le plan de déploiement et vous parlez... Investissement Québec pourrait faire plus de démarchage auprès de sociétés étrangères. Est-ce que vous pouvez juste
élaborer par rapport à cette recommandation?
M.
Forget (Stéphane) : Oui.
Bien, tout d'abord, on croit beaucoup, nous, dans les
indicateurs de performance. On pense
que ce qui peut s'améliorer doit se mesurer, là. Je ne vous apprends évidemment
rien en disant cela. On pense aussi qu'un
des défis qu'on a, c'est qu'on mesure les investissements que nous allons
faire, les emplois que nous allons créer, mais a posteriori on ne va pas
valider ou vérifier si ce qu'on a dit que nous étions pour faire s'est
concrétisé et s'est réalisé. Et là, de notre
point de vue, on pense qu'on doit trouver le moyen de mettre en place des indicateurs qui vont faire la démonstration que, si on a décidé
d'investir dans une entreprise, de mettre tant de dollars pour augmenter la
productivité, par exemple, ou soutenir un certain nombre d'emplois, que sur
une période de temps on soit en mesure d'évaluer si ce qu'on a fait
fonctionne. Alors, ça, c'est le premier élément.
Le deuxième,
les indicateurs doivent permettre d'accepter que peut-être on s'est trompé
parfois et, sur le temps, d'être capable de se dire : Le type d'investissement
que nous faisons ne répond pas à nos objectifs, et ça nous prend des
indicateurs qui vont nous permettre de nous ajuster en cours de route.
L'autre, sur
les investissements étrangers, le défi, c'est que je pense qu'il
faut davantage mesurer, selon plusieurs de nos membres, le
nombre d'entreprises que nous allons aider que le dollar investi que
nous allons ramener, parce qu'on
est à la merci d'un certain nombre de facteurs dont on n'a pas le contrôle.
Pensons juste au dollar, pensons à un certain nombre
de facteurs de ce type-là, le coût de la monnaie, etc. Donc, en dollars, ça
peut varier d'une année à l'autre, mais ça ne donnera pas l'image claire de la
performance que nous aurons en termes
d'entreprises accompagnées sur le terrain.
M. Derraji :
Dans la même logique, votre recommandation 12 vise aussi un autre
indicateur par rapport au nombre d'entreprises réussissant à exporter pour la
première fois. On le sait, le ministre même l'a dit tout à l'heure, on a
un retard par rapport aux exportations. Il y
a un autre groupe qui a dit : Bien, écoute, j'ai besoin probablement de
plus d'intervenants sur le terrain.
Vous, vous proposez quelque chose. Vraiment, vous allez beaucoup plus loin que
dire que, parmi les indicateurs, on
doit mettre les entreprises qui exportent pour la première fois. Avez-vous des
suggestions? Parce que je sais que vous avez développé pas mal de
corridors. Partagez avec nous votre expérience par rapport à ça, où on peut
ramener nos entreprises.
M.
Forget (Stéphane) : Bien, il
y a plusieurs choses. Tout d'abord, pour les entreprises qui commencent à
exporter, ils ont besoin de savoir les opportunités qui existent.
Je vais vous donner un exemple très concret. J'ai de la misère à
accepter aujourd'hui que l'entente de libre-échange avec l'Europe
bénéficie davantage aux Européens qu'aux entreprises canadiennes parce que les
Européens semblent avoir compris plus
rapidement les avantages de traverser l'océan Atlantique que nous. Alors, je
pense qu'il faut tout d'abord que les
entreprises, partout sur le terrain, soient conscientes des opportunités.
Deuxièmement, que ces entreprises-là sentent qu'elles ont un
accompagnement et qu'elles comprennent qu'il faut être patient.
L'autre chose
très importante, et je pense que ce qui fait beaucoup de succès pour les
entreprises qui commencent, c'est de
développer des partenariats avec des entreprises étrangères. Et là je pense
qu'à cet égard-là le rôle des délégations, le nouveau rôle qu'on veut donner à Investissement Québec devrait aider
et permettre aux entreprises qui démarrent de faire des
partenariats avec des entreprises de pays étrangers. Parce que de débarquer
seul sur un autre continent, c'est très exigeant.
Puis je
terminerais en vous disant qu'on regarde souvent très loin, alors qu'on pourrait
exporter plus près de nous, et le reste du Canada est un marché qui est
encore, de notre point de vue, sous-exploité.
M. Derraji :
O.K., qui est juste à côté avec l'ensemble des barrières. Une autre
recommandation qui va probablement à
l'encontre de ce qu'on a entendu avec le groupe qui venait de quitter juste
avant vous, vous parlez que la FCCQ souhaite qu'Investissement Québec priorise, dans ses nominations aux comités de
développement régionaux, l'expertise économique sur la représentativité politique ainsi que la présence d'acteurs
économiques régionaux. En quelque sorte, dans un monde idéal, si je vous
dis : Vous nommez ces comités, pour vous, c'est qui, les personnes
prioritaires à siéger sur ces comités?
• (16 h 20) •
M.
Forget (Stéphane) :
En fait, tout d'abord, brièvement, il faut regarder quel est notre objectif. Le
monde municipal, à
titre d'exemple, parce que c'est eux qui nous ont précédés, ils sont
inévitablement incontournables dans ce travail-là. Ceci dit, il y a une réalité qui leur est propre,
et ils essaient eux-mêmes de s'en sortir, c'est que, dans l'univers municipal,
il faut penser en termes de pieds carrés,
parce que ce qui nous permet de financer nos services municipaux, c'est le
nombre de pieds carrés que nous avons sur notre territoire pour être
capables de taxer.
La réalité économique
d'aujourd'hui, c'est que l'économie du XXIe siècle ne se réfléchit plus
sur seulement en termes de pieds carrés. Alors, il faut que nous ayons, autour
de la table, et je ne dis pas que les gens du monde municipal ne l'ont pas,
mais il faut qu'on ait, autour de la table, des gens qui vont avoir pour
objectif de dénicher, de trouver les projets, les entreprises porteuses
qui vont permettre à une région de se développer sur le plan économique.
Donc, il faut, autour de la table, des gens qui
auront une réflexion qui visera essentiellement à améliorer le développement
économique et non pas, pour toutes sortes de bonnes raisons logiques, puis je
vous laisserai avoir ces discussions-là dans le cadre du pacte fiscal en
discussion, des réflexions qui touchent plus particulièrement le nombre de
pieds carrés qu'on va développer dans notre région. Mais ça, c'est une
préoccupation.
M. Derraji : Très d'accord avec vous
par rapport à ce point, et je vous remercie.
L'autre
point, les indicateurs de performance. Vous avez parlé des valeurs des projets,
qualité des emplois créés, vous avez parlé de productivité et vous avez
résumé ça dans la recommandation 16 où vous proposez que «le législateur inscrive, dans la Loi sur Investissement Québec,
l'obligation de rendre compte rétrospectivement du degré avec lequel les
investissements et les emplois annoncés au moment des interventions financières
se sont avérés».
Là, pour
vous, ça devient quand même un suivi rigoureux de l'ensemble des
investissements d'Investissement
Québec au niveau régional.
M.
Forget (Stéphane) : Bien, la
réponse est oui. Nous, on pense qu'entre offrir un montant d'argent ou prendre
une participation dans une
entreprise... On devrait être capable, dans le temps, de mesurer ce qu'on a
fait, donner des résultats, puis on devrait être capable de rendre compte de
ces résultats-là, pas pour pénaliser les gens mais pour se donner les
moyens de poser les gestes nécessaires pour corriger la situation lorsque
requis.
M. Derraji : Mais vous répondez quoi
à l'énoncé qu'ils veulent prendre plus de risques, qu'ils sont capables de
vivre avec un risque, et ça, c'est ça, la mission d'Investissement Québec?
Comment vous évaluez la notion du risque d'Investissement Québec?
M. Forget (Stéphane) :
Bien, tantôt, je vous ai fait état du défi du capital patient. Le capital
patient demande un niveau de risque un peu
plus élevé. C'est des secteurs où souvent le secteur financier traditionnel est
moins présent, mais c'est extrêmement important, parce
que, si on veut innover, si on veut
permettre à des entreprises d'accéder sur les marchés avec des produits innovants, il va falloir qu'on
soit prêts à prendre un peu plus de risques pour permettre à ces entreprises-là
de se développer.
M.
Noël (Philippe) : Oui, puis
c'est aussi d'être en complémentarité aussi avec ce qui se fait déjà
dans l'offre de capital retrouvée dans les institutions financières mais
également dans l'institutionnel avec la Caisse de dépôt, avec le Fonds de
solidarité FTQ. Donc, on voit un peu ça en complémentarité dans l'écosystème
qui existe déjà, là.
M.
Derraji : La question de la complémentarité était sur la table pas
mal, que ça soit le fonds ce matin, Fondaction la semaine dernière.
Merci.
Vous avez
terminé avec une recommandation, recommandation 17, où vous invitez les
membres de la Commission de
l'économie et du travail à demander à Investissement Québec d'une seule voix
qu'elle mette en place un programme de vérification
des investissements réels effectués. Je pense, c'est le résumé un peu de ce que
nous avons discuté maintenant.
On
va entamer les discussions article par article dans pas longtemps. C'est quoi,
votre message, au bout de la ligne, une fois la structuration, la
restructuration d'Investissement Québec est amorcée, pour nous?
M. Forget (Stéphane) :
Bien, tantôt, M. le... puis en référence à la dernière recommandation, un peu
plus tôt, M. le ministre faisait référence à
comment les contribuables pourraient apprécier cela. Je pense que, si toute la
rigueur est implantée, s'il y a un
suivi qui est fait auprès des parlementaires, si on est capable de démontrer
l'efficacité des investissements que
nous faisons, les raisons pour lesquelles nous les faisons et les résultats
obtenus, je pense que, là, on va atteindre un juste équilibre à cet
égard-là.
Et notre
dernier message, de notre point de vue, ce serait de dire que, sur le terrain,
si l'offre du gouvernement peut être
mieux... peut-être pas concentrée mais mieux coordonnée, si on est capable de
faire en sorte que les entrepreneurs vont avoir une réglementation
adéquate pour se développer, si on fait des liens entre l'innovation, les
appels d'offres... en fait, avoir une
meilleure coordination des intentions de l'État, je pense que, là, les
entrepreneurs vont être contents d'avoir un climat d'affaires qui sera
plus serein pour eux.
M. Noël (Philippe) :
Peut-être juste pour compléter, en fait, dans les indicateurs de performance,
le délai de traitement des dossiers, c'est
un indicateur de performance déterminant pour attirer des investissements. On
est en compétition avec les États
autour de nous. Donc, c'est important que les délais de traitement soient
diminués, soient allégés puis qu'on réponde rapidement, dans le fond,
aux promoteurs de projets, là.
M. Derraji : Vous avez évoqué, au
début, deux choses : main-d'oeuvre et le plus bas soumissionnaire. On s'en va avec une réforme. La main-d'oeuvre,
écoutez, il y a des choses qu'ils peuvent faire et des choses qu'on ne peut pas
faire, mais, au niveau du plus bas soumissionnaire, c'est quoi, votre vision
par rapport à ce qui s'en vient?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...que 20 secondes.
M.
Forget (Stéphane) : Notre
vision est d'avoir, dans les appels d'offres, plus de qualité, reconnaître plus la qualité, plus l'innovation
et moins seulement le plus bas prix. C'est ça qu'on va plaider pendant les
prochaines semaines à cet égard-là.
M. Derraji : O.K. Merci
beaucoup. Merci à vous deux.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est parfait. Merci pour l'échange. Nous donnons maintenant la parole au
porte-parole du deuxième groupe d'opposition, au député de Rosemont. Vous avez
2 min 45 s.
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, messieurs. Recommandation 8, l'ajout de
capitaux visant la croissance des entreprises devrait passer par les
fonds propres d'IQ, je saute la parenthèse, tandis que les fonds distincts
prévus à l'article 30 du p.l. n° 27 devraient
être réservés à la protection des sièges sociaux d'acquisitions étrangères
d'entreprises québécoises. Ça me paraissait aller de soi. Pas pour vous?
M. Forget
(Stéphane) : Oui,
absolument. Il n'y a pas de... On est d'accord avec ça dans la mesure où il
faut que ce soit des décisions qui
soient stratégiques. Je pense qu'il ne faut pas protéger... Notre opinion,
c'est qu'il ne faut pas protéger seulement
pour protéger, il faut qu'on le fasse
dans un contexte stratégique. Et on a souvent rappelé qu'on était toujours
très heureux de voir le nombre
d'entreprises québécoises qui étaient, ce qu'on appelle souvent dans le métier,
là, les prédateurs et qui faisaient des acquisitions à l'étranger. À l'opposé, on ne
peut pas seulement se réjouir du succès de nos entreprises
et fermer complètement nos frontières à l'opposé.
Donc, il y a
des moments où des acquisitions peuvent même avoir un avantage
sur le plan économique puis sur le
plan de l'emploi au Québec. Donc, la réponse, c'est oui, il faut
avoir une... on parle souvent de nationalisme économique
à mettre en place, mais il faut être stratégique dans la façon de le faire, de
notre point de vue.
M. Marissal :
O.K. Merci pour la réponse. Recommandations 16 et 17, j'aime beaucoup, on
dirait que c'est presque sorti du
programme de Québec solidaire, que vous avez sans doute lu bord en bord avec
beaucoup, beaucoup d'intérêt. Blague à part, vous parlez d'indicateurs pour
s'assurer effectivement qu'on crée les jobs qu'on dit vouloir créer. Ça aussi,
ça me paraissait aller de soi.
Qu'en est-il d'indicateurs de performance des
hauts gestionnaires? Parce qu'on reverra aussi sensiblement la façon dont ils seront payés, avec un système de
bonis, de bonus. C'est déjà commencé d'ailleurs. Est-ce qu'on devrait aussi
instituer ce genre d'indicateurs pour s'assurer que la performance est au
rendez-vous et on devrait le mettre carrément dans la loi?
M. Forget
(Stéphane) : Je ne peux pas
vous dire si on devrait le mettre dans la loi, ça, je ne sais trop, mais, chose
certaine, si on veut être attractif, il faut
être compétitif. Dans le secteur privé, il y a des mesures de ce type-là qui
s'appliquent.
Évidemment,
je pense que tout le monde est conscient qu'on est dans le secteur public.
Donc, il y a probablement une certaine limite à être aussi compétitif
que dans le secteur privé, mais de notre point de vue... Il y a peu de gens qui
vont être, de mon point de vue, préoccupés
par le fait qu'il y aura des indicateurs de performance. Ceci dit, il y a une
nuance que j'apporterais...
La
Présidente (Mme IsaBelle) : En conclusion. Il reste cinq secondes.
M. Forget (Stéphane) : Il va falloir que les indicateurs de performance
soient axés sur la capacité de ces gens-là de livrer ce qu'on leur demande de livrer. Parfois, la réglementation,
l'appareil peut prendre un temps un peu plus important. Donc, il faut des indicateurs de performance qui
seront réalistes en fonction de l'univers dans lequel on évolue. C'est ce que
j'aurais le goût de vous répondre.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, merci pour l'échange. Nous
donnons maintenant la parole au député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais revenir sur votre
recommandation 13. Vous avez peut-être
entendu l'échange, tout à l'heure, avec les gens de la FQM. On a eu le même
genre d'échange avec l'UMQ. Les deux
organisations municipales trouvent important et même essentiel d'avoir des
représentants de leurs propres centres de développement économique sur les comités de développement. Donc, je
présume, en lisant votre recommandation, que vous aussi, vous voulez voir, dans la loi, cette obligation d'avoir des
gens issus du milieu du développement économique, du milieu municipal
ou, dans certains cas, du milieu des MRC. C'est ce que je comprends.
M. Forget (Stéphane) : Oui. En fait, ce qu'on veut dire, c'est... quand
on dit «pas politique», c'est qu'il ne faudrait pas, là, qu'on décide, pour faire plaisir à tout le monde et à personne,
de dire : On va avoir trois représentants d'un tel groupe, puis deux représentants de l'autre, puis trois de
l'autre, en oubliant l'objectif qu'on veut se fixer avec ces comités-là. Je
pense que le premier critère, ça doit être
de dire : Qui devons-nous mettre autour de la table qui vont nous
permettre d'atteindre l'objectif d'augmenter le développement économique
régional? Si, dans certaines régions, c'est deux élus municipaux, quatre du
monde économique puis deux du monde de l'économie sociale, parce que, dans
cette région-là du Québec, l'économie
sociale est extrêmement dynamique et ça va nous permettre d'augmenter les
investissements puis le développement économique dans cette région-là, allons-y
de cette façon-là. Si ce n'est pas ça, dans une autre région, ayons la
capacité de dire : Non,
malheureusement, ce n'est pas du mur-à-mur. C'est quoi nos objectifs et qui
sont les meilleures personnes qu'on doit mettre autour de la table pour
atteindre ces objectifs-là? C'est ça, notre point de vue à cet égard-là.
• (16 h 30) •
M. Ouellet :
Recommandation 14, vous dites qu'il faudrait préciser ou éviter qu'il y
ait des comités parallèles. Donc, si je
prends votre recommandation, si dans une région donnée, il y a un comité d'investissement dans un CLD absorbé par une
MRC, qui existe, est-ce qu'on ne
devrait pas plutôt prendre ce comité-là comme étant le comité expert
recommandateur auprès d'IQ? C'est-tu ça que je comprends?
M. Forget (Stéphane) : Dans la mesure où son objectif premier ne sera
pas d'abord et avant tout d'attirer plus de bâtiments ou d'entreprises sur le
territoire pour être capable d'augmenter notre richesse foncière. C'est parce
que, si c'est ça, l'objectif, le
mandat qu'ils ont via leur MRC, qui est légitime, là, je ne critique pas ça,
mais que ce n'est pas le mandat que ces comités-là ont de la part
d'Investissement Québec, bien, peut-être que, là, ce n'est pas le bon groupe.
Autrement dit, si
c'est ce groupe-là qui répond aux objectifs qu'on s'est fixés comme comité,
bien, moi... on n'y voit pas d'enjeu de
notre point de vue. D'ailleurs, cependant, je vous dirais qu'on a eu longtemps
des discussions à cet égard-là quand les CLD...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il reste 15 secondes.
M. Forget (Stéphane) : ...ont été transférés au municipal. Dans
certaines régions, le milieu économique a été mis de côté. Alors, ça, je
ne pense pas que ça soit une bonne solution.
M. Ouellet :
...merci, il manque de temps.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Alors, merci, M. Forget, M. Noël, de la
Fédération des chambres de commerce du Québec. Merci pour votre contribution à
la commission.
Nous allons suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 31)
(Reprise à 16 h 34)
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Nous souhaitons la bienvenue à
M. Lalande, Mme Brossard et M. Bussières, du Chantier de l'économie sociale. Vous avez
10 minutes pour présenter votre exposé. Et, avant de commencer votre
exposé, je vous demanderais de bien vous présenter chacun et chacune.
Merci.
Chantier de l'économie sociale
(CES)
M. Lalande
(Frédéric) : Bonjour, Mmes et MM. les députés. Merci de l'invitation.
Donc, mon nom est Frédéric Lalande, je
suis président du conseil du Chantier de l'économie sociale. Je suis accompagné
de Maude Brossard-Sabourin, responsable des liens avec
les régions au Chantier de l'économie sociale, ainsi que de Félix Bussières,
directeur général du pôle d'économie sociale de la Capitale-Nationale.
Donc, je vous remercie de l'accueil.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Vous
pouvez y aller. Vous pouvez commencer votre exposé. Merci.
M. Lalande
(Frédéric) : Je peux y aller. Donc, en fait, notre intervention va se
découper en trois parties assez brèves. Mme Brossard va vous présenter brièvement l'économie sociale, le
Chantier de l'économie sociale, M. Bussières va vous présenter le rôle des pôles d'économie sociale, et
je vais conclure avec nos recommandations qui portent précisément sur le
projet de loi. Donc, Maude, si tu veux...
Mme Brossard-Sabourin (Maude) :
Donc, bonjour à tous. Bien, le Chantier de l'économie sociale, bien sûr,
considère que l'économie sociale est stratégique dans le déploiement de la
nouvelle mission d'Investissement Québec. À titre de rappel, le dernier
portrait de l'Institut de la statistique du Québec qui a paru cette année
dénote que l'économie sociale, c'est
11 200 entreprises, plus de 48 milliards de chiffre d'affaires... de
revenus, en fait, et 220 000 salariés. Aussi, l'économie sociale fait ses
preuves en termes de pérennité. Près de 40 % des entreprises ont plus de
30 ans. Et bien sûr, le dernier
rapport du gouvernement... le rapport annuel de gestion du ministère de
l'Économie démontre que chaque dollar investi en économie sociale a un
levier économique supérieur que toute autre sorte d'investissement.
Donc, le chantier est heureux de participer à
cette commission. On est interlocuteur du gouvernement... interlocuteur
privilégié depuis la loi-cadre en 2013 et une association sans but lucratif non
partisane. On est un lieu incontournable de
concertation au Québec au niveau de l'économie sociale. Rappelons notamment que
nous avons créé, dans les dernières années, deux outils financiers, qui
sont la Fiducie du Chantier de l'économie sociale et le Réseau d'investissement social du Québec, qui démontrent
la force de notre lieu de concertation et aussi l'innovation qui est portée
au centre du chantier.
En introduction, on voudrait souligner deux
points importants pour le projet de loi, soit l'importance d'un déploiement de la mission d'Investissement Québec
pour renforcer l'écosystème d'entrepreneuriat qui est présent au Québec,
qui est très fort et qui est un exemple dans
le monde, et aussi l'importance de maintenir l'expertise en économie sociale
dans toutes les équipes d'Investissement Québec, que ce soit au niveau
de l'investissement comme des conseils stratégiques. Donc, je vous remercie de
votre invitation.
M.
Bussières (Félix) : Félix Bussières, directeur du pôle des entreprises
d'économie sociale région de la Capitale-Nationale,
donc représentant de l'un des 22 pôles régionaux d'économie sociale du
Québec, dont trois pôles qui sont des pôles autochtones. Donc, on est
vraiment présents sur tout l'ensemble du territoire du Québec.
Essentiellement,
les pôles d'économie sociale sont présents sur le territoire avec quatre
mandats principaux : favoriser l'émergence de nouvelles entreprises
d'économie sociale, appuyer le développement des entreprises existantes, faire
connaître l'économie sociale au sens large et s'assurer que les ressources dans
les écosystèmes sont présentes pour les entreprises
d'économie sociale, qu'on parle des fonds, qu'on parle de l'accompagnement,
donc, dans les différentes MRC, dans
les différentes villes du Québec, s'assurer que l'économie sociale... il y ait
l'accompagnement et les fonds disponibles pour leur développement.
Des enjeux qu'on peut peut-être voir dans le
déploiement des nouveaux services d'Investissement Québec en région, bien, ça va être de faire connaître ces
nouveaux services là, donc de se faire connaître par l'écosystème régional,
aussi de s'assurer de bien desservir
l'ensemble de la diversité des entreprises qu'on peut avoir au Québec. On dit
que les pôles, on est là pour aider ce déploiement-là. Les pôles sont
des organismes de développement régional implantés depuis longtemps dans les
milieux. On a un historique important avec l'écosystème régional et l'ensemble
des acteurs de l'entrepreneuriat, donc très
longtemps qu'on est présents. On a parlé, on a fait allusion à la fin des CRE,
des CLD, mais on était là avant ça. On a passé... un des organismes
régionaux qui a passé à travers cette vague.
Donc, les
pôles sont spécialistes en développement régional, en économie sociale et en
entrepreneuriat. Donc, on vous invite à interpeler les pôles dans les
différentes régions pour faciliter la participation des bureaux régionaux à la
concertation régionale, économique et entrepreneuriale, pour faciliter le
référencement des services d'Investissement Québec
auprès des entreprises et des intervenants présents au niveau local et
régional, vous aider à tenir à jour sur les besoins des entreprises et sur les innovations qui se
développent sur l'ensemble des territoires, où est-ce qu'on est très présents
dans chacun des territoires et très connectés. Et, concernant le comité
régional dont il est question, bien, on recommanderait qu'il y ait une présence d'entreprise d'économie
sociale sur ce comité-là pour assurer une connexion avec la diversité des
entreprises dans les différents territoires.
• (16 h 40) •
M. Lalande
(Frédéric) : Donc, en fait, de manière générale, on voudrait souligner
que les entreprises d'économie sociale ont des défis qui s'apparentent beaucoup
à ceux des PME à but lucratif classique. Donc, on parle d'attraction de
main-d'oeuvre, productivité, formation de la main-d'oeuvre et accès à du
capital et/ou des services d'accompagnement adaptés.
La majeure partie des entreprises d'économie sociale sont, de facto, des PME à
propriété collective, donc il faut les voir un peu comme ça quand on parle du
déploiement d'une offre de services qui va être adaptée puis d'un financement
adapté. La réussite des investissements dans
les PME va beaucoup dépendre... que ce soit privé ou collectif, ça va beaucoup
dépendre du soutien de la collectivité, quelle qu'elle soit, notamment par un
accompagnement en suivi de proximité. L'accompagnement, qu'il vienne d'une
municipalité, d'un service de développement économique, d'un pôle ou par Investissement Québec directement, devra prendre
en compte les autres dimensions du développement économique, soit, en premier titre, puis c'est très présent dans nos
esprits, la main-d'oeuvre, la disponibilité d'une main-d'oeuvre qualifiée.
Les
entreprises d'économie sociale, bien, dans le fond, il va falloir que ces...
les nouveaux services d'Investissement Québec s'arriment avec le panier
de services déjà existant, soit du ministère de l'Immigration, soit de Services
Québec, bon, puis... parce que,
particulièrement, si on parle d'élever le niveau de productivité d'une
entreprise, bien, ça devra passer par de la formation de la
main-d'oeuvre. On ne peut pas simplement investir dans l'équipement.
Le projet de
loi incline à penser que la participation d'Investissement Québec comme acteur
dans l'écosystème de développement va s'accroître, puis on salue fortement
cet accroissement-là. On espère que ça va être une occasion de bonifier l'offre de soutien puis de
l'accompagnement disponible pour les entreprises d'économie sociale. Par
ailleurs, même si nos défis sont les
mêmes que le secteur à but lucratif, le mode de propriété collectif implique
une certaine expertise, et, à l'heure actuelle, à Investissement Québec,
il y a cette expertise, et on tient absolument à ce que cette expertise-là soit
maintenue, et même renforcée, et mieux
déployée à travers le Québec. Ça pourrait prendre diverses formes, et donc,
nous, on est certains que, s'il y a
le maintien de cette expertise-là, on aura des programmes de financement et un
accompagnement qui va être adapté à
nos entreprises, et puis ça, bien, on pense que c'est vraiment essentiel pour
le succès de la nouvelle structure.
Également,
bien, ça a déjà été mentionné par plusieurs autres intervenants, mais la
cohérence, la complémentarité des
nouveaux outils avec les outils existants ou avec les outils financiers
existants. Maude en a parlé, nous outils financiers, en économie sociale, sont déjà implantés depuis plus de
20 ans dans certains cas. Il faudra que tout ça travaille ensemble.
Ils travaillent déjà ensemble très bien, il faudra que ça continue dans le même
sens.
Ensuite, on
salue la cohérence qui est inscrite au sein du projet de loi via l'article 4 de
la section I dans le sens où s'est inscrit très clairement que tous les
nouveaux programmes et services de la nouvelle structure seront offerts aux entreprises d'économie sociale. Toutefois, on
tient à mentionner que ce n'est pas le cas chez tous les ministères et agences
gouvernementales. Donc, il y a encore des exclusions qui persistent dans
l'accès à certains crédits d'impôt, à certains programmes de subvention. Donc, on est d'avis, comme la Loi sur
l'économie sociale le précise d'ailleurs, que le ministère du Développement économique devrait prendre encore
plus le leadership par rapport aux autres partenaires gouvernementaux dans cet accès-là et donner... vraiment jouer un
rôle actif de soutien à nos démarches pour avoir accès aux programmes au
même titre que n'importe quelle entreprise, d'ailleurs, à but lucratif au
Québec.
Donc, bien,
en somme, si je résume, dans le fond, élaborer une stratégie de soutien, de financement
adaptée aux entreprises d'économie
sociale, notamment par des... que ça soit par des projets pilotes, adapter les
programmes aux réalités économiques des entreprises d'économie sociale, donc du
capital patient, des espérances de rendement peut-être pas aussi étincelantes que le domaine techno où, bon, des
fois, ça fait des petites bulles, et, enfin, communiquer via le réseau des
pôles l'offre nouvelle qui va être déployée
à travers le territoire et donc soutenir les pôles dans le déploiement de cette
offre. On pense que ça va être des ingrédients très importants du succès
de la nouvelle structure. Donc, je vous remercie.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci pour votre exposé. Nous allons
commencer la période d'échange. M. le ministre, vous avez
16 min 30 s.
M.
Fitzgibbon : Merci beaucoup d'être présent avec nous. Je pense qu'on
prend votre travail très au sérieux. Merci pour votre rapport qui est
très clair.
De mon point
de vue, je pense que l'économie sociale, c'est clair qu'il faut l'incorporer
dans notre réflexe économique. Il y a
beaucoup de gens, encore aujourd'hui, qui peut-être comprennent mal la
terminologie... problèmes de sémantique, dont moi, quand je suis arrivé
en poste puis j'ai fait un effort d'apprendre. Puis j'ai ma collègue Marie-Eve
qui focalise beaucoup sur ce segment-là
qu'on veut intégrer puis j'aimerais ça que vous... Je suis très conscient que
vous avez un rôle fondamental à jouer dans le développement économique
régional, vous avez un rôle important à jouer pour les jeunes entrepreneurs qui s'associent beaucoup à cette
mission-là. Et j'aimerais beaucoup voir une économie sociale intégrée, un
peu comme l'environnement, intégrée dans
l'économie, au lieu, de façon un peu plus ancienne, de dire : Bien,
l'économie sociale est là, l'environnement est là, puis l'économie
traditionnelle est là. Ça ne marche plus, ça, aujourd'hui.
Je pense
qu'il faut tous travailler ensemble puis j'aimerais que vous m'aidiez à...
parlez d'une couple de pistes, là, vous
avez des choses dans votre rapport, là, que j'ai pris connaissance tantôt, là,
je n'ai pas eu le temps d'aller en profondeur, mais aidez-moi à
peut-être faire un constat historique. Pourquoi ça n'a pas été bien encouragé?
C'est-tu le manque de communication? C'est
quoi les enjeux que vous avez aujourd'hui? Vous parlez beaucoup
d'Investissement Québec... devrait avoir
un bras d'économie sociale, puis on peut le faire, mais j'aimerais ça que ça
soit plus intégré que juste avoir des gens qui font juste ça, là.
Alors,
aidez-moi un peu à comprendre les problématiques que vous avez vécues depuis
quelques années, disons, puis c'est
relativement nouveau, puis comment, en termes pratiques, des cas pratiques,
comment on peut corriger tout ça?
M. Lalande
(Frédéric) : Bien, écoutez, tu sais, je ne vous ferai pas l'historique
de l'économie sociale depuis les 100 dernières
années, mais c'est sûr que le... je pense que, traditionnellement, ça a été
associé à des secteurs, pour ne pas parler
vulgairement, des secteurs mous de l'économie, donc beaucoup du soin à la personne, bon... Mais, en fait,
quand on regarde... puis l'Institut
de la statistique du Québec le montre
très bien, dans
le fond, de l'économie
sociale, il y en a partout, dans tous les secteurs.
Puis j'aime beaucoup
la vision que vous avez, dans le sens de dire : Quand on a un projet de développement économique, on devrait
considérer la forme de propriété collective comme n'importe qu'elle autre forme
de propriété, dans le sens où il y a
des avantages et des inconvénients. Il
y a certains... je ne veux pas dire
que c'est bon partout, mais, dans la plupart des cas, c'est une option qui est
très intéressante, qui participe à créer des emplois de qualité,
des emplois enracinés, qui permet la participation directe des collectivités au développement
économique et des citoyens.
Dans le cas des coops, bien, c'est les travailleurs eux-mêmes qui
prennent en main leur destin. Donc, c'est vraiment très intéressant.
Puis vous l'avez dit, les
jeunes travailleurs, dont je suis de moins en moins partie, c'est des valeurs
qui les interpellent beaucoup. Donc, je pense qu'il y a tout avantage à étendre
ce réflexe-là puis à promouvoir cette forme de propriété là, parce que je pense
qu'on va tous y gagner.
M.
Bussières (Félix) : Bien, si
je peux compléter, en fait, dans les... peut-être les écueils qu'il
peut y avoir puis importants pour Investissement Québec dans la suite,
au niveau de l'accompagnement, bien, c'est toute une analyse financière. Si on parle des analystes financiers, par exemple,
qui peuvent être chez Desjardins ou qui peuvent être à Investissement Québec et autres, bien, nous,
on travaille beaucoup avec la Caisse d'économie solidaire, qui est chez... qui est une branche de Desjardins, mais spécifique
à l'économie sociale. Donc, ils sont capables de faire une analyse
différente.
Donc, au niveau des risques, bien, c'est différent. On ne fait pas l'analyse
de la même façon qu'on fait l'analyse d'une entreprise,
qu'une entreprise d'économie sociale avec un ancrage territorial, avec un
membership. Les clients sont les membres
du même coup, donc tout l'attachement
qu'il peut y avoir... Puis on sait que les entreprises d'économie
sociale, il y a deux fois moins de faillites, ils vont... ils durent
deux fois plus dans le temps. La moyenne d'âge, au Québec, des entreprises
d'économie sociale, si je me rappelle bien, c'est à peu près
25 ans. Donc, c'est des entreprises qui durent dans le temps.
Donc, une analyse
doit être faite différemment, parce
qu'ils ont fait leurs preuves, quand ils ont eu des prêts, c'est remboursé, puis qu'ils durent dans
le temps. Mais les analystes... Il y a des formations spécifiques pour faire l'analyse.
Donc, chez Investissement Québec, je pense que ça serait quelque chose d'important. Puis également, au niveau de la jeunesse, bien, on vient
tout juste de lancer un projet, nous, à Québec, par exemple, sur le campus de l'Université
Laval, qui s'appelle Sismic,
qui est maintenant partout au Québec, mais juste sur le campus — ça
fait environ quatre, cinq mois qu'on est partis — on a déjà
35 projets de jeunes, qu'ils soient des étudiants ou des finissants, qui
sont en démarrage d'entreprise spécifiquement
en économie sociale. Donc, on peut être dans les secteurs de... beaucoup de
l'environnement, de la culture, du tourisme. Donc, tu sais, ça change... moins
dans les secteurs traditionnels, là, de coops funéraires puis de... et autres,
mais vraiment dans les nouveaux secteurs.
Puis les jeunes, dans leurs valeurs, bien, ils cherchent ça, justement, tout
l'aspect développement durable,
l'aspect environnemental, des entreprises à impact social aussi, et le faire,
le démarrer aussi en groupes, donc diminuer le risque dans leur
démarrage également.
M. Fitzgibbon : ...pour saisir ça,
vous... Je suis d'accord avec la formation, c'est... Pour les gens qui font de l'investissement, que ce soit sous forme de prêts,
subventions, peu importe le format, l'évaluation d'un projet d'économie
sociale est un peu différente d'évaluer... de bâtir une usine de ciment, là.
Quelles sont les places dans le monde où ça fonctionne?
Il y a-tu des places, là, que vous dites : Ah wow! Eux autres, ils l'ont
compris, là, les gouvernements, puis ça fonctionne bien? Il y a-tu des
endroits?
M. Bussières (Félix) : Bien, je
pense qu'il ne faut pas se cacher que le Québec est vraiment un leader au
niveau international. Des lois sur
l'économie sociale... je crois qu'il y a à peu près seulement cinq pays dans le
monde qui ont, je veux dire,
institutionnalisé l'économie sociale, notamment la Corée du Sud, la France,
entre autres. Nous, on est beaucoup en lien avec, par exemple, la France,
région de Nouvelle-Aquitaine. En France, c'est vraiment un lieu où l'économie
sociale est très forte. On essaie justement
d'implanter un nouveau... bien, nouveau pour ici, mais adapter un modèle de
coopérative, qu'il y a justement
là-bas, qui regroupe les travailleurs autonomes. Il faut dire qu'il y en a un
demi-million de travailleurs autonomes au Québec aussi, il ne faut pas
les oublier. Donc, regrouper sous forme de coopératives pour leur offrir des services. Donc, un type de coopérative qui
n'existe pas au Québec qu'on essaie d'implanter. Donc, bien, nous, c'est
beaucoup avec la France qu'on a des
liens puis on peut s'inspirer, mais, avec le chantier, je pense qu'il y a
beaucoup de liens qu'on...
• (16 h 50) •
Mme Brossard-Sabourin (Maude) : Avec
l'Écosse, notamment, la Catalogne, l'Andalousie. Par exemple, en Écosse, ils sont... c'est très intéressant, tout
ce qu'ils font en termes d'investissements pour élargir les normes à toutes les
entreprises qui ont un impact social. Et donc, au niveau de l'investissement,
impact social, il y a des lieux comme ça, comme
en Écosse, où il y a des réflexions très intéressantes, et on essaie de s'en
inspirer. Et c'est pour ça qu'on salue aussi qu'Investissement Québec
accepte, dans ses mesures, aussi les crédits d'impôt aux entreprises
collectives, qui est pour nous un point
important étant donné que... comme les crédits d'impôt remboursables, c'est
l'équivalent d'une subvention pour
une entreprise qui démarre aussi. Donc, on pense que c'est un point intéressant
puis il faut continuer d'innover dans
ce sens-là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député d'Orford, la parole est à vous. Il vous reste neuf
minutes.
M. Bélanger : Merci, Mme la
Présidente. Il y a 10 ans, j'ai décidé de me déplacer en région puis j'ai
été initié à l'économie sociale. Je peux
vous dire que moi, j'arrivais du milieu des affaires, puis, pour moi, c'était
un mystère, parce que je me
disais : Ce n'est pas à but lucratif. Ça fait que j'essayais de
comprendre, puis je suis arrivé un peu à la conclusion qu'il y a des
modèles d'affaires qui fonctionnent relativement bien. Il y a un financement municipal
qui, je pense, est mieux, et probablement mieux adapté à l'économie sociale, sauf que dans divers... dans des
modèles d'affaires différents, je crois que le modèle coopératif...
En région, vous avez Desjardins, qui est un
modèle coopératif. Ce que j'ai pu expérimenter, c'est que, et j'ai même vu une participation d'Investissement Québec à ce niveau-là, dans les
modèles coopératifs, ça fonctionne bien. Et puis j'ai encore de la difficulté à faire une corrélation entre l'impact
au niveau du PIB de l'économie sociale et investir dans l'économie sociale. Puis je ne dis pas ça... ce
n'est pas négatif, là, mais je vais essayer de trouver... il va falloir que
vous m'aidiez à
trouver des créneaux, des types d'entreprises qui peuvent aider à
l'enrichissement du Québec. Puis je sais que l'économie sociale, elle est
importante. C'est une base importante. C'est pour ça que je dis : Des
fois, le rôle du municipal, c'est peut-être plus sa place
qu'Investissement Québec.
Ça fait que
j'aimerais ça vous entendre. Je suis un peu biaisé par coopérative, parce
qu'une coopérative peut devenir éventuellement
à but lucratif. Elle peut être à but non lucratif au début mais on peut changer
le modèle, et puis ça, ça peut être un succès. On en a vu des succès,
dans le passé, à ce niveau-là.
M. Lalande
(Frédéric) : En fait, je
serais bien en peine de vous dire qu'il y a un modèle de propriété collective
qui fonctionne tout le temps et partout. Nous, on considère qu'une des
valeurs ajoutées que la propriété collective a, c'est qu'elle peut s'adapter à peu
près à tous les secteurs, à toutes
les régions, à toutes les problématiques. Il y a des secteurs plus difficiles
que d'autres, où effectivement la rentabilité va être plus longue à venir, où
le lien entre la finalité sociale, qui est toujours
recherchée, et le profit va être plus difficile à établir. Mais, tu sais, bon,
il y a des endroits... par exemple, moi, je
pense à la guilde des producteurs des... voyons, des producteurs de jeux vidéo,
qui est une coop, qui fonctionne, donc, dans le domaine du multimédia, des jeux vidéo, qui est un secteur
nouveau pour l'économie sociale, mais pour l'ensemble de l'économie, là,
mais comme...
Ça fait que, dépendamment des régions, dépendamment des acteurs
présents, dépendamment du degré de maturité, des fois, des acteurs, ils vont choisir de faire
une coop, ils vont choisir de faire un OBNL. Après, la contribution du PIB,
bien, ça devient comme n'importe quelle entreprise à but lucratif. Donc, il y a
des jobs qui sont créées, il y a des services qui sont rendus, il y a des produits qui sont vendus, ça devient un peu
le même type de fonctionnement qu'une entreprise
privée. La différence majeure, c'est que les
bénéfices restent dans les collectivités puis auprès des individus puis qu'ils
ne peuvent pas déménager du jour au
lendemain. En fait, ils ne peuvent carrément pas déménager. Donc, nous, on
pense que c'est un atout majeur.
M.
Bussières (Félix) : Bien,
moi, j'ajouterais en fait que, quand on veut analyser l'impact d'une entreprise,
je pense qu'il faut de plus en plus tenir en compte l'aspect du développement
durable. Ça fait que, oui, le PIB puis peut-être la création d'emplois, mais quand on regarde en région des entreprises
d'économie sociale, l'impact social qu'ils peuvent avoir, l'impact environnemental, bien, ça, c'est des diminutions de coûts aussi
pour des impacts négatifs qu'une entreprise
peut avoir dans son milieu. Donc, je
pense qu'il ne faut pas juste regarder la ligne en bas d'un nombre d'emplois
puis le nombre de profits.
Les OBNL aussi peuvent être en croissance, avoir
un grand impact. Une de nos entreprises, qui est dans le top 500 des entreprises les plus en
croissance au Canada, qui est Groupe Tact, à Québec, peut-être que vous le
connaissez, ou sous le nom d'atelier Tact, une entreprise adaptée, donc,
qui permet à des personnes vivant un handicap de pouvoir travailler dans
l'usine... Ils font, par exemple, tout l'envoi postal, les commandes Internet
de chez Simons, ils font l'empaquetage pour
les produits de Biscuits Leclerc. Bien, c'est un OBNL puis il est en
croissance, mais l'impact social de ces
gens-là, qui sortent des programmes et qui vont travailler, des personnes avec
des handicaps, qui peuvent être 200, 300 dans cette entreprise-là, bien,
je pense que l'impact social a aussi un retour économique. Puis on parle...
M. Bélanger : ...
M. Bussières (Félix) : Pardon?
M.
Bélanger : Est-ce que ce retour-là économique est bien quantifié?
Quand vous arrivez avec un projet... parce que, c'est sûr, tu veux
vendre un projet puis tu veux voir l'impact économique. Est-ce que c'est bien documenté?
M. Bussières
(Félix) : Bien, pas tout à fait parce qu'on a dit il
y a 11 200 entreprises d'économie sociale au Québec, et il y en a de différentes sortes, et on est dans
tous les secteurs d'activité, donc c'est difficile.
Je pense,
pour les entreprises adaptées, il pourrait certainement y avoir des
études parce qu'ils ont un regroupement national, mais on va avoir des entreprises
d'insertion, on va avoir des coops de travail, on va avoir des coops de
producteurs, on en a beaucoup
dans le milieu agricole. Donc, je
pense... Puis là on est en renouvellement,
justement... le Plan
d'action gouvernemental en économie
sociale qui se termine, les cinq prochaines années. Mais je pense qu'un aspect
peut-être de recherche puis de documenter ce niveau-là pourrait être
intéressant pour prendre, peut-être, des exemples de quelques entreprises en
région puis le documenter, justement, peut-être, l'impact social puis peut-être
arriver à le chiffrer aussi...
Mme Brossard-Sabourin
(Maude) : Bien, il faut rappeler quand même que le dernier portrait
statistique dit que l'économie sociale, c'est 48 milliards de
chiffre d'affaires et que 75 % de ces entreprises-là sont des
organisations sans but lucratif. Donc, bien
sûr, il y a une grande part des revenus qui vient des coopératives, des grandes
coopératives, mais il y a quand même une grande partie aussi qui vient
des entreprises sans but lucratif, des OBNL.
Et ce n'est
pas parce que c'est une OBNL qu'elle ne fait pas de surplus. Donc, elle est à
but lucratif aussi, c'est juste que
les surplus sont redistribués automatiquement dans la mission, donc elle peut
faire autant de surplus qu'une coopérative. Donc, c'est pour ça que, pour nous, que ce soit OBNL ou coopérative, le
mode de développement dépend vraiment de la collectivité, est-ce qu'ils
veulent un service aux membres ou ils veulent plus un service ouvert à toute la
collectivité.
Et souvent
aussi on confond subvention avec contrat de services de... Par exemple, un OBNL
qui a un contrat de services avec son CSSS... ou son CIUSSS, pardon, va... on
va appeler ça des fois une subvention quand, dans le fond, c'est un contrat de service pour maintenir des
personnes à domicile. Et, lorsqu'on fait faire l'asphalte ici, au coin de la
rue, et qu'on engage une entreprise privée, on ne
va jamais dire que c'est une subvention, on va dire que c'est un contrat,
évidemment. Donc, il faut vraiment appeler les choses...
Et ça reprend
un peu la question du ministre de tantôt, pourquoi l'économie sociale était peu
connue, c'est que des fois c'est
seulement que le vocabulaire est mal adapté et qu'on attitre des mots qui ne
sont peut-être pas exactement les bons.
Donc, je
pense que peu importe le type d'entreprise, le dernier portrait statistique
démontre le pouvoir de l'économie sociale.
Même dans les régions périphériques, c'est notable. Le nombre d'entreprises par
rapport au prorata de la population est
quand même assez remarquable si on prend les régions de la Gaspésie et les
Îles-de-la-Madeleine, Abitibi et la Côte-Nord, notamment.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. La parole est à la députée d'Abitibi-Ouest. Il vous reste deux minutes.
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Merci, Mme la Présidente. On parle beaucoup
d'immigration, on parle d'immigration dans
les régions. Quel est le rôle de l'économie sociale... peut jouer avec
l'immigration, et être plus attractif, et garder ces gens-là en région?
Qu'est-ce qu'on peut faire?
M. Lalande
(Frédéric) : Bien, en fait, le dernier portrait qu'on a sur la
main-d'oeuvre du secteur montre que la présence
des personnes immigrantes dans notre main-d'oeuvre et nos ressources humaines
est beaucoup plus élevée que dans le
reste de l'économie. Ça fait que déjà on peut dire qu'on fait quand même notre
part. C'est souvent un emploi qui... C'est des milieux de travail qui
sont relativement ouverts et inclusifs, généralement.
Qu'est-ce
qu'on peut faire de plus? Très bonne question parce que, dans le fond, c'est
les mêmes problèmes que pour beaucoup
de PME, beaucoup de régions qui cherchent à attirer des personnes immigrantes
chez elles. Il n'y a pas de service
de ressources humaines, il n'y a pas de gens qui sont dédiés à réfléchir à
quels sont nos besoins de main-d'oeuvre et que... Bon, alors, dans ces
cas-là, ça devient difficile d'avoir un effet massif.
Mais je pense
qu'avec une série d'initiatives puis toujours en accompagnement des
collectivités qui veulent le faire comme
du monde et avec souplesse, je pense qu'on peut finir par avoir un effet
intéressant. Mais c'est sûr que l'économie sociale, quand vient le temps
d'intégrer des gens dans le marché du travail, on répond toujours présent.
Donc, voilà.
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Alors, vous avez les ressources. Vous avez les
ressources pour accueillir ces gens-là.
M. Lalande
(Frédéric) : Ah! bien, attendez, des ressources... Non, bien,
c'est-à-dire qu'il y a un réseau qui existe, de ressources spécialisées, notamment pour intégrer les personnes
immigrantes. C'est sûr qu'au niveau de la petite entreprise d'économie sociale, elle n'a pas vraiment plus de
ressources qu'une PME à but lucratif. Donc, c'est les mêmes défis, dans
le fond.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
...les statistiques que vous avez sont positives.
M. Lalande
(Frédéric) : Oui, c'est ça, c'est qu'on y arrive quand même plus parce
qu'il y a des secteurs, notamment, bon,
soins à domicile, pour ne pas les nommer... des secteurs qui traditionnellement
emploient beaucoup une main-d'oeuvre immigrante.
Mais, même dans les postes de direction, on a une belle représentativité, je
dirais, de la diversité québécoise. Ça
fait que ça, on est assez fiers de ça, mais c'est sûr qu'on peut en faire
toujours plus. Puis particulièrement en région c'est sûr qu'il y a
toujours des efforts à faire, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, c'est tout le temps que nous avions. Merci pour l'échange.
Nous
cédons la parole, cette fois-ci, à la porte-parole de l'opposition officielle,
à la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne. Vous disposez de 11 minutes.
• (17 heures) •
Mme Anglade :
Merci beaucoup. Alors, merci de votre présentation. C'est toujours un plaisir
pour moi d'entendre parler d'économie sociale, parce qu'en fait je pense
que, quand on regarde l'ADN que nous avons au Québec, il y a un grand ADN qui est associé à l'économie sociale.
On n'a qu'à voir nos coopératives pour voir l'impact qu'elles ont. Et vous avez bien fait de mentionner qu'il n'y a pas juste les coopératives,
il y a également les organisations à but non lucratif. Puis rappelons aussi qu'il y a quand même eu le Forum mondial sur l'économie sociale ici, au Québec, en 2016. C'était,
si je ne me trompe pas, une première. Il y avait eu des centaines et des
centaines de participants. Donc, sur la scène internationale,
le Québec se démarque à cet égard-là, et moi, je pense que
c'est dans cette perspective-là que l'on doit considérer l'économie
sociale comme faisant partie intégrante de ce que l'on a.
Les questions
que j'ai pour vous par rapport au projet
de loi qui est présenté... C'est
facile de dire : Bon, on veut intégrer l'économie sociale, on veut
que ça en fasse partie... Je regardais les différents secteurs qui étaient en
croissance. Évidemment, le secteur de la santé, c'est un secteur qui est
en croissance, en économie sociale, avec les services. J'aimerais vous entendre sur les secteurs où vous voyez que
vous auriez besoin d'un appui supplémentaire, peut-être. Plutôt
que de dire : Ça va être tous azimuts, est-ce qu'il y a
des éléments en particulier que vous aimeriez souligner? Moi, j'ai l'impression
que le secteur de la santé, c'est un secteur en effervescence. J'aimerais vous
entendre sur les potentiels de croissance.
Mme
Brossard-Sabourin (Maude) :
Bien, c'est sûr, au niveau des
technologies... puis justement on salue que, dans le projet de loi, il y a une volonté dans ce sens-là, on voit que
les jeunes aspirent à changer le mode de développement économique avec
différents modèles d'affaires, dont l'économie sociale. Et comme on disait
tantôt, il serait intéressant qu'on adapte les critères de rentabilité ou d'investissement en fonction
de la capacité de payer des promoteurs collectifs. Donc, différemment des
start-up, qui ont peut-être beaucoup de capital de départ à investir, en
économie sociale, ça prend plus un capital patient plus étendu pour
permettre un remboursement quand le rendement commence à se faire.
Donc,
c'est sûr que d'adapter ce secteur-là à l'économie sociale... parce que c'est
la poule ou l'oeuf, et, si on n'a pas
les bons outils financiers, bien... toujours le même modèle d'entreprise, le
même modèle d'affaires qui va faire... des entreprises au niveau de la technologie. Même chose, si on peut
encourager la recherche et développement pour les entreprises coopératives sans
but lucratif aussi, donc par des subventions équivalant au crédit d'impôt. Ça,
ça va toujours permettre, encore une
fois, aux jeunes qui aspirent à collectiviser... Pensons à des plateformes sur
la mobilité, par exemple, cet aspect-là pourrait devenir intéressant.
Sinon, bien,
l'économie sociale, c'est un mode de développement dans tous les secteurs.
Donc, la nouvelle génération porte cette ambition, je dirais, dans plusieurs
secteurs, mais on le voit comme... on a parlé de la guilde des jeux vidéo, mais on voit vraiment que l'économie
sociale perce, depuis cinq, 10 ans, des secteurs qu'on n'avait jamais vus
avant. Donc, ça, c'est intéressant aussi.
M.
Bussières (Félix) : Je pense
qu'il ne faut pas perdre de vue, oui, dans la création des nouvelles entreprises,
dans les nouveaux secteurs... Je vous
ai parlé, par exemple, à l'Université
Laval, on est très bien implantés
puis on développe dans différents domaines, mais ça a été nommé tantôt,
la reprise aussi, en région, là, la reprise des entreprises existantes...
C'est beau, créer des nouvelles entreprises, mais celles existantes, il faut
arriver à les reprendre. Puis, avec le ministère de l'Économie, bien, il y a un tout petit programme, là, en fait, on
essaie de le travailler, pour la reprise collective, donc... les entreprises
en région peuvent être reprises, on cherche des acheteurs, mais l'acheteur, il
est peut-être plus près qu'on pense... qui est dans la boîte, que c'est les employés particulièrement, donc sous forme d'OBNL ou de coop de travail, ça peut être
repris.
Donc, il y a un programme
au ministère de l'Économie, qu'on a appuyé, qu'on a aidé à développer au niveau
de la reprise collective, mais ça, je pense
que c'est un bon levier quand on pense... du développement économique
dans les MRC, bien, garder les entreprises déjà existantes puis ramener la jeunesse dans la
reprise de ces entreprises-là par les employés qui sont déjà sur
place, qui sont les premiers preneurs pour sauver leurs emplois.
Mme
Anglade : Des gens qui sont
venus avant vous nous ont parlé de toute la question de la reprise des entreprises.
On parle de 50 000 entreprises
dans les 10 prochaines années, les chiffres varient, mais ça tourne autour
de ça. Et ce qui était mentionné, c'est, avec une modification, par
exemple, à cette... au programme qui existe déjà, qui est quand même un petit programme, ce n'est pas si significatif que ça... pourrait
l'être beaucoup plus. Quel serait, vous pensez, l'impact que
ça pourrait avoir? Avez-vous des estimés? Les gens qui étaient avant vous
n'avaient pas nécessairement estimé ces chiffres-là. Avez-vous des idées par
rapport à ce que ça pourrait représenter en termes d'impacts, si on
élargissait?
M.
Bussières (Félix) : Je ne
pourrais pas dire. Nous, en fait, on commence, là, du développement dans Portneuf, dans
Charlevoix. Entre autres, en novembre, on va faire des activités, on
espère pouvoir développer des liens aussi avec les chambres de commerce. Mais il
y a tout un travail de sensibiliser
les entrepreneurs actuels, les propriétaires à penser à leur transfert
d'entreprise puis penser aussi que ça peut être leurs employés, sous forme
collective, que ça peut être repris.
Je
pense qu'il y a un rôle du gouvernement de peut-être améliorer les programmes,
mais un rôle de sensibilisation puis
de promotion, puis que les chambres de commerce aussi soient capables d'en
parler, de reprise collective. Puis, bien, on regarde beaucoup avec... la stratégie avec le ministère
de l'Économie, c'est de rejoindre le Barreau, des notaires, des comptables qui sont les
confidents de ces entrepreneurs-là puis qu'ils soient formés pour être capables
de proposer la reprise collective aussi et
être capables de les appuyer dans l'accompagnement. Ça
fait que, je pense, oui, les programmes,
mais un rôle du gouvernement de sensibiliser puis d'être capable de le nommer, que la reprise
collective est une solution pour les PME.
Mme Brossard-Sabourin (Maude) : J'ajouterais, en plus des entreprises,
je crois qu'il serait intéressant, notamment en région rurale, de voir que les défis de
relève, ça s'adresse aussi à la reprise de bâtiments, de terres agricoles, de
terrains vacants. Donc, de sensibiliser les
collectivités qu'avec ces potentiels-là il peut y avoir une reprise collective
pour faire un projet collectif qui
deviendra une entreprise, ça aussi, en termes de promotion et
d'outils, les collectivités, c'est des moyens intéressants pour les
régions.
Mme Anglade : Ce n'est pas... Dans plusieurs
entreprises d'économie
sociale que j'ai pu visiter, il y avait
évidemment la réinsertion de gens qui n'étaient pas à
l'emploi avant, qui se... Il y avait une réinsertion qui était opérée. Vous avez
parlé de Tact, tout à l'heure, qui est une magnifique entreprise. Avec tout le contexte de pénurie de main-d'oeuvre, il me semble que ce rôle-là devrait être pris à bras-le-corps puis se dire comment l'économie sociale a un rôle fondamental à jouer puis utiliser ça comme levier
important pour faire en sorte que chaque personne puisse contribuer au meilleur
de son potentiel.
Est-ce que
vous voyez, à l'intérieur du projet
de loi, des modifications que vous verriez puis vous diriez : Bien, voici un rôle
qu'on peut jouer encore plus activement? Parce qu'il me semble qu'il y a quand
même un créneau intéressant là-dedans, là.
M. Lalande
(Frédéric) : C'est sûr
que... Bon, vous avez mentionné les entreprises adaptées. Il y a des entreprises
d'insertion aussi dont c'est la mission principale d'insérer des gens éloignés
du marché du travail. Il y a déjà
une contribution très importante, je pense, de l'économie sociale à maximiser,
disons, les bassins de main-d'oeuvre et les populations sous-représentées.
Est-ce
qu'on pourrait aller plus loin via les investissements, par exemple,
d'Investissement Québec? Sûrement. Je sais
que, notamment, bon, le secteur des entreprises adaptées, des entreprises
d'insertion, c'est des entreprises qui ont une certaine maturité, qui ne sont plus en démarrage, là, même s'il y en
a qui démarrent... qui tentent de démarrer, mais généralement ils ont une certaine maturité. Et, des fois, je pense
qu'ils ont des projets d'expansion, et là, encore là, il y a des obstacles traditionnels, donc, qu'on retrouve
devant les entreprises d'économie sociale. Donc, il n'y a rien à saisir, bon,
il y a une mission qui mal comprise, etc. Ça fait que, c'est ça, je pense qu'il
y aurait moyen, avec des outils adaptés, encore là, à ces entreprises-là, de
leur permettre d'en faire beaucoup plus. Les entreprises adaptées, elles
n'attendent que ça, là.
Mme Brossard-Sabourin
(Maude) : Par exemple, on a visité récemment une entreprise à
Port-Cartier qui fait du recyclage.
Et ils ont des projets technologiques pour recycler la fibre de verre et tout
ça, mais ça prend... la recherche et développement,
ça prend... Ils ne peuvent pas porter ça à eux seuls, l'entreprise adaptée,
tout ce virage technologique et ce virage d'investissements qu'ils doivent
faire. Mais ça serait une entreprise qui pourrait être un fleuron, là, si elle
pouvait assurer sa croissance de différentes
façons. Donc, je pense que c'est une avenue intéressante pour ce type
d'entreprise là pour renouveler leur mission et leur croissance.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. La parole est au député de
Robert-Baldwin. Il vous reste deux minutes.
M. Leitão :
Encore une fois, j'arrive à la fin. Bonjour. Merci d'être là. Il y a peut-être
un an et demi, deux ans, je parlais avec un
de vos prédécesseurs. L'idée de créer un fonds d'investissement en capital
social, pour toutes sortes de raisons,
ça n'a pas beaucoup avancé, mais je trouvais l'idée assez intéressante. Est-ce
que c'est quelque chose sur laquelle vous travaillez toujours? Est-ce
que c'est quelque chose qui pourrait intéresser Investissement Québec, par
exemple?
• (17 h 10) •
M. Lalande
(Frédéric) : Bien, c'est sûr que l'économie sociale s'est dotée...
devant l'absence de moyens, elle s'est dotée de ses propres outils financiers
qui sont assez bien développés et qui ont... Bon, qu'on parle de la Fiducie du
Chantier de l'économie sociale, on a eu 20 ans l'année passée. Mais c'est
sûr que ces outils-là pourraient faire beaucoup plus s'il y avait davantage de capital investi. Et puis donc... Puis, en
même temps il y a une autre façon de voir les choses, de dire :
Bien, si on ouvre les fonds classiques et traditionnels à des entreprises
d'économie sociale, bien, on va donc augmenter
le capital disponible pour ces entreprises-là. Ça fait que c'est une autre
façon de le faire aussi, mais c'est sûr que, c'est ça, on a plein
d'entreprises, puis les entreprises qui atteignent le 25, 30 ans, bien,
elles ont encore besoin de financement pour
aller plus loin. Donc, oui, c'est une idée qui pourrait être intéressante, mais
en autant que ce soit adapté aux besoins des entreprises, nous, c'est
sûr qu'ils vont avoir des clients, ces fonds-là.
M. Leitão :
Bien, ce serait un fonds, mettons, une espèce de fonds spécial avec des critères
spéciaux. Puisque le temps passe, une chose
que j'ai trouvé intéressante, et je ne sais pas si vous avez beaucoup
de temps pour parler un peu de votre
deuxième recommandation, vous parlez d'élaborer justement
une stratégie de soutien de financement à ceux qui souhaiteraient
développer des plateformes collaboratives. Qu'est-ce que vous...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : En 15 secondes.
Mme
Brossard-Sabourin (Maude) :
Oui, en mobilité, il y a plusieurs jeunes qui s'activent pour avoir des réponses
québécoises à des Uber de ce monde, par
exemple. Donc, oui, ce serait intéressant de pouvoir le faire et que ça appartient aux usagers.
M. Leitão :
...
Mme
Brossard-Sabourin (Maude) : Oui, c'est ça.
M. Leitão :
O.K. Très bien. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Merci. Nous laissons maintenant la parole au
député de Rosemont.
M. Marissal :
Merci. Bonjour à vous trois. Merci d'être là. Merci pour la présentation.
On
a l'impression, des fois, un peu, que l'économie sociale, c'est un peu comme un
acteur fantôme de l'économie au
Québec, parce qu'on ne vous connaît pas, on ne vous voit pas tout le temps,
vous n'avez peut-être pas les mêmes moyens que certains lobbys très puissants aussi pour vous faire entendre. C'est
malheureux parce que, quand on regarde vos chiffres, plus de 11 000 entreprises, 48 milliards,
quand même, de revenus, 220 000 employés, ça vous assure une place, me semble-t-il,
à la grande table des forces vives de l'économie du Québec. Puis j'en profite
pour vous remercier de votre dévouement parce que ce n'est pas toujours facile.
Dans votre mémoire,
vous dites, c'est une forme de recommandation, ce n'est peut-être pas écrit tel
quel, la recommandation, mais vous dites,
par exemple, maintenir une équipe spécialisée dédiée à l'économie sociale.
Évidemment, dans la nouvelle IQ,
c'était le cas. Est-ce que vous voyez quelque chose, dans ce projet de loi là,
fondateur de la nouvelle IQ, qui assurera effectivement de maintenir des
équipes spécialisées dédiées à l'économie sociale?
M. Lalande (Frédéric) : D'abord, pour ce qui est de la visibilité de l'économie
sociale au plan statistique, en fait, jusqu'à
tout récemment, donc ce printemps, il
n'y avait carrément pas de statistique officielle sur le poids de l'économie
sociale, le nombre d'emplois, bon, notamment
parce que, statistiquement, c'était juste difficile à saisir comme objet
d'étude. Maintenant, l'ISQ y est
arrivé, on est très contents de ça, et d'ailleurs on espère fortement que
l'expérience va être reprise dans quelques années pour voir l'évolution
de notre secteur.
Ensuite,
pour ce qui est du maintien d'équipes spécialisées, dans la nouvelle structure,
on n'a pas de... dans le projet de loi
en tant que tel, il n'y a pas de garantie à cet effet. On soupçonne fortement
qu'il y a volonté de maintenir cette expertise-là parce que, juste au
plan financier, c'est rentable d'investir en économie sociale, et je ne vois
pas pourquoi la nouvelle structure n'aurait
pas intérêt à créer des... à soutenir des projets rentables, et nous,
généralement, on arrive à être rentables. Alors, je... Puis, en même
temps, le mode de propriété collective, ça implique une expertise, une forme d'intervention différente du mode classique, donc
je pense que l'intérêt devrait être là. Après, est-ce que c'est nécessaire
de le mettre dans le projet de loi comme tel? Je laisse aux législateurs...
M. Marissal :
Il vous reste 15 secondes.
M. Bussières
(Félix) : Bien, en fait, un autre moyen, c'est peut-être aussi
d'avoir, sur le comité régional, une représentation
d'économie sociale. On proposait tantôt qu'une entreprise d'économie sociale
soit sur le comité régional. Bien, elle pourrait être gardienne,
justement, que l'équipe puisse répondre aux besoins en économie sociale.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Merci pour votre intervention. Nous
laissons la parole maintenant au député de René-Lévesque pour
2 min 45 s.
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de vous saluer.
Merci d'avoir pris le temps de déposer un mémoire sur la refonte de IQ.
À
la page 31 du projet de loi en question, que vous avez probablement
regardé, on fait maintenant référence que l'économie sociale, la Loi sur
l'économie sociale va être sous le chapeau de l'Économie, du ministère de
l'Économie. Anciennement, vous étiez sous
les Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire. Avec
des discussions avec le chantier, après
consultation avec le Conseil québécois de la coopération, les politiques
étaient mises en place et on
coordonnait votre intervention. De quelle façon vous voyez ça comme étant une
bonne chose ou une moins bonne chose, le fait que vous êtes maintenant
sous le ministère de l'Économie?
Mme
Brossard-Sabourin (Maude) : Bien, en fait, je crois que c'est... la
loi, lorsqu'elle a été écrite, on était avec l'ancien ministère. Donc, ça fait quelques années qu'on fonctionne avec
le ministère de l'Économie. On voit ça d'un bon oeil aussi. Donc, pour nous, c'est bien, même si on rappelle que la Loi
en économie sociale, c'est une loi interministérielle, puis c'est important que tous les ministères
s'impliquent. Donc, que le ministère des Affaires régionales et tous les autres
ministères s'impliquent, c'est d'une importance stratégique et aussi qu'entre
ministères vous fassiez la promotion de l'économie sociale aussi.
M. Ouellet :
Beaucoup de nos intervenants aujourd'hui nous ont parlé de l'importance de la complémentarité,
s'assurer que IQ, ces nouveaux moyens, ne viennent pas compétitionner ce
qui existe déjà. Si vous aviez une recommandation à nous faire
pour que le nouveau IQ, avec ses nouveaux moyens, soit encore plus
complémentaire avec vous, en région, ça serait quoi, selon vous?
M. Bussières
(Félix) : Bien, je pense que ça va se passer sur ce comité régional
là, là, parce qu'effectivement on a parlé, hein, la fin des CLD, bien, ça a
laissé des trous de services dans les services en entrepreneuriat dans
certaines régions. D'autres places, ça s'est
repris. Il y a des places, l'économie sociale est présente dans ce service en
entrepreneuriat là, d'autres places, non. Donc, je pense, sur ce
comité-là, qu'il y ait une présence de l'économie sociale, des PME puis du
municipal aussi, bien, on va pouvoir le faire, l'arrimage, puis de voir où sont
les trous de services, puis Investissement Québec...
ou devrait peut-être plus s'investir dans l'accompagnement, où il peut y avoir
des places à combler. Puis ça, c'est vraiment à géométrie variable selon
les régions.
M. Ouellet : Est-ce que vous attendez... est-ce qu'Investissement Québec... si, dans
certains cas, ce trou-là n'est pas comblé par votre présence, qu'on
fasse la promotion de votre modèle d'économie? Est-ce que vous vous attendez à ce qu'Investissement Québec, s'ils analysent un
dossier puis se rendent compte qu'il y aurait peut-être des ingrédients propres
à la naissance d'une entreprise ou de voir
des gens reprendre une entreprise sur le modèle d'économie sociale, est-ce que
vous vous attendez à ce que IQ joue un peu
le rôle de porte-parole ou, du moins, de courroie de transmission pour se
rendre jusqu'au chantier?
M.
Bussières (Félix) : Oui. Bien, en fait, je pense que c'est dans tous
les différents services, et c'est souvent ça, c'est... de base, par défaut, on y va avec, bon, l'entrepreneuriat
classique, la inc, mais, bien souvent, il est beaucoup plus adapté à une
entreprise d'économie sociale, puis c'est présent dans tous les secteurs. Donc,
effectivement, les gens d'Investissement Québec, il faut être... oui, l'équipe
spécialisée économie sociale, mais les autres agents aussi puissent détecter
quand on dit : C'est un projet qui devrait être en forme économie sociale
puis faire les ponts avec nous.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, merci, Mme Brossard, M. Lalonde et M. Bussières, du Chantier
de l'économie sociale, pour votre grande contribution aux travaux de la
commission.
Alors, nous
suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à
17 h 17)
(Reprise à 17 h 19)
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous allons recommencer. Nous souhaitons la bienvenue à Mme Gagné, M. Berthiaume, de Synchronex. Je vous
demande, avant de commencer votre exposé de 10 minutes, de bien prendre le temps
de vous présenter.
Synchronex
Mme Gagné
(Marie) : Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés
et parlementaires, je me présente, Marie
Gagné, je suis présidente-directrice générale de Synchronex, le réseau des
centres collégiaux de transfert. Je suis accompagnée aujourd'hui, ici, par M. David Berthiaume. David est directeur-général d'Oleotek, un centre collégial de transfert
spécialisé en chimie verte situé à Thetford Mines.
• (17 h 20) •
Je vous dirais que c'est avec beaucoup
d'intérêt qu'on a pris connaissance du projet de loi n° 27 sur l'organisation
gouvernementale en matière d'économie et
d'innovation. Je dois avouer quand même que j'ai été un peu surprise de ne
trouver nulle part, dans le projet de loi,
ni non plus dans, notamment, la présentation, hier, que M. Leblanc
d'Investissement Québec a fait sur ce
nouveau déploiement, de mention des centres collégiaux de transfert. Pour
reprendre les mots d'un collaborateur qui est passé devant vous un peu
plus tôt cette semaine, M. Pascal Monette de l'ADRIQ, là, l'association pour le développement de la recherche industrielle
du Québec, il a dit que l'initiative était intéressante, mais qu'elle devra
se déployer dans un souci de coordination,
et j'ajouterais de complémentarité, avec les autres acteurs déjà présents sur
le terrain.
Notre
mémoire comporte six recommandations, mais je vais m'attarder surtout sur la
première, qui est de reconnaître le
rôle de premier plan et la mission de développement socioéconomique des CCTT et
de les utiliser dans le déploiement de la nouvelle vision en matière
d'intervention en économie et en innovation. C'est donc pourquoi je trouve
important aujourd'hui d'utiliser mon temps pour vous les présenter, ces centres
collégiaux de transfert.
Les
centres ont vu le jour il y a de ça un peu plus de 35 ans. Le premier a vu
le jour à La Pocatière, parce qu'il est né du besoin de Bombardier, un fleuron québécois, de travailler avec des
experts des technologies physiques et les experts se trouvaient dans le collège qui était juste à côté.
Par la suite, en voyant que le modèle était porteur, c'est vraiment une
initiative des gouvernements, du ministère de l'Économie et du ministère
de l'Éducation de les reconnaître.
Aujourd'hui,
sur l'ensemble du territoire québécois, on a 59 centres collégiaux de
transfert, qui vont de Gaspé... qui couvrent,
je dirais, de Gaspé à Gatineau, en passant par la Côte-Nord, le Saguenay—Lac-Saint-Jean, Chibougamau, Rouyn-Noranda,
des centres qui interviennent tous dans des domaines différents, allant de
l'aérospatial à l'agriculture, en passant
par la foresterie, les composites, la métallurgie, l'électrochimie, la chimie
verte, et qui interviennent autant dans des domaines technologiques que
dans des domaines liés à l'innovation sociale, comme l'intégration des
immigrants, l'intégration des personnes en situation de handicap, tous les
enjeux liés aux populations vieillissantes.
Alors,
ces centres-là, ces 59 centres là, annuellement, ils interviennent avec
4 500 entreprises et organisations qu'ils soutiennent dans des projets d'innovation. Ils réalisent 10 000
projets d'innovation annuellement. On comprend donc que pour chaque centre... On comprend donc que chaque
entreprise revient plus d'une fois dans l'année envers le centre. Alors,
l'essayer, c'est vraiment l'adopter et ce
qui fait en sorte que les entreprises entrent dans des boucles d'innovation
continue.
Ces
centres-là, je vais vous les présenter. Je vais vous en présenter quelques-uns.
J'ai commencé par Gaspé, Gaspé, mais qui a aussi des centres d'affaires aux
Îles-de-la-Madeleine, alors on couvre encore un peu plus largement. On a un
centre où 80 personnes travaillent dans
le domaine des pêches. Ils ont développé notamment une filiale complète
intégrée dans les macroalgues, qui
permet d'utiliser entièrement la ressource, de l'utiliser autant dans le
domaine pharmaceutique que dans le
domaine alimentaire. Toujours à Gaspé, juste à côté, on a un autre centre
collégial de transfert, Nergica, qui se spécialise dans les énergies renouvelables, notamment qui travaille avec
Investissement Québec et qui possède des infrastructures de recherche
impressionnantes, des éoliennes et des tours de mesure de vent.
Pas trop loin de là,
à Carleton-sur-Mer, on a un centre spécialisé en pratiques sociales novatrices,
qui oeuvre dans le domaine du développement territorial
durable. On s'entend que le développement durable, c'est assez d'actualité. Ils
sont tellement bons qu'ils sont impliqués dans un projet collaboratif à
l'international avec l'UNESCO, qui porte sur l'importance des liens
entre les établissements d'enseignement post-secondaire et leurs communautés.
Je vous invite
maintenant à faire un bond sur la carte du Québec, à vous en aller à
Shawinigan. À Shawinigan, il y a un centre
qui a développé, conjointement avec Nemaska Lithium, un nouveau procédé de
production du lithium à haute pureté. Ça a permis la construction d'une
usine, la création de 150 emplois, mais aussi de positionner le Québec sur
le marché des piles pour les véhicules
électriques. Parlant de véhicules électriques, je vous amène maintenant à
Saint-Jérôme. À Saint-Jérôme, il y a
l'Institut du véhicule innovant, un autre CCTT, qui a développé, avec Autobus
Lion, un autobus scolaire entièrement électrique, performant dans des
situations hivernales extrêmes.
Puis
maintenant je vous raconte une petite histoire chez Optech. Optech, c'est situé
à Montréal, un centre qui intervient en
optique photonique. C'est une entreprise qui est vraiment en décroissance, on est rendu à deux, trois
employés, qui font des balises pour l'industrie de la... tout ce qui est
aéroport.
Ils rencontrent leur
conseiller régional du ministère de l'Économie et de l'Innovation qui leur
dit : Allez voir chez Optech, peut-être qu'ils pourraient vous donner un
coup de main. Ils travaillent avec Optech, ils font un, deux, trois projets de recherche. Ils développent une
nouvelle balise à LED pour le domaine de l'aviation puis là ils se
disent : On pourrait travailler avec Nergica dont je vous ai parlé tout
à l'heure, pour développer des balises pour les éoliennes. Ils travaillent, développent une nouvelle balise. Finalement,
récemment, ils ont acquis une
entreprise dans le domaine des balises maritimes,
une entreprise européenne. Ils ont développé des nouveaux marchés. C'est
maintenant un leader dans leur domaine. Ils ont aussi à peu près... environ 160 employés. Ils ont désormais
une équipe de recherche et développement à l'interne, mais ils font encore affaire, quand ils ont besoin
d'expertises spécifiques, avec Optech. Tout ça, c'est des beaux exemples.
Je ne peux pas... Vraiment, les 59 sont
excellents dans leur domaines d'activité. Malheureusement, on me donne
10 minutes, alors je ne pourrai pas vous parler de tous.
Ces centres-là, ils
sont reconnus par le gouvernement. Je pense qu'ils doivent travailler en
collaboration avec Investissement Québec,
avec le ministère de l'Économie pour bien être capable de se déployer à la
grandeur du territoire. Les centres
sont évalués de façon individuelle et collective aux cinq ans et, toujours, les
résultats sont extrêmement positifs. Les clients sont satisfaits dans un
taux de 95 %.
En conclusion, je
vous dirais, outre cette expertise de pointe là, ils ont des infrastructures
extraordinaires dans lesquelles autant le
gouvernement provincial que fédéral ont investi, au cours des cinq dernières
années, plus de 100 millions de
dollars. Ils ont aussi créé, durant la même période, plus de
2 000 emplois, et c'est sans compter les emplois qu'ils ont
maintenus dans les différentes régions du Québec.
Je laisserais
maintenant David vous présenter un exemple.
M.
Berthiaume (David) : Bonjour.
Mon rôle aujourd'hui, c'est de vous donner un exemple
encore concret mais très actuel du
type de rôle que peut jouer un CCTT, puis en quoi, ça pourrait être fait en
lien avec Investissement Québec. Oleotek,
présentement, a une collaboration avec une entreprise qui s'appelle Fortress.
Fortress, c'est une papetière, bref, ont
une usine à Thurso en Outaouais, et on se comprend que l'industrie papetière a
subi différentes difficultés, pressions.
Cette
entreprise-là fabrique de la pâte de papier qu'elle exporte en Chine pour
fabriquer des textiles, de la rayonne, et,
par la suite, ces textiles-là sont réexportés un peu partout. On se comprend
que c'est une belle entreprise, qui a vraiment beaucoup
de compétition, et elle cherche à maximiser son bénéfice en essayant d'extraire
des nouvelles molécules à valeur ajoutée à partir de la matière première de
bois qu'ils utilisent pour faire la pâte. Et ils ont développé un nouveau procédé pour faire du xylitol, donc un édulcorant,
et d'autres produits qui pourraient être extraits à partir des écorces ou de
la pâte de bois auparavant. Et cette technologie-là, bien, effectivement, a
l'aide d'Investissement Québec.
Donc,
c'est vraiment... ils veulent installer une nouvelle usine de
démonstration pour la technologie, et ils ont contacté Oleotek pour le faire. Donc, l'avantage de travailler
avec un centre de transfert de technologie, c'est qu'on a de l'expertise. J'ai des chimistes, des ingénieurs qui peuvent les
accompagner dans ce défi-là. Et l'usine va être construite à Thetford Mines, un endroit où est-ce qu'il y a besoin aussi de diversification
économique. Et cette usine-là va pouvoir être utilisée par la suite, parce qu'elle va être conservée chez
Oleotek pour pouvoir développer d'autres projets avec d'autres entreprises.
Donc, ces équipements-là de pointe ne
seront pas utilisés une seule fois, ils vont pouvoir être réutilisés par
d'autres entreprises qui vont en avoir de besoin.
Donc,
c'est vraiment de maximiser un investissement. Puis on peut travailler avec
Investissement Québec aussi sur l'analyse de risques de ce genre de projet là,
les risques technologiques, à savoir est-ce qu'il y a vraiment des possibilités
de commercialisation? On a des experts dans
tous les domaines, comme le disait Marie, donc vraiment on peut accompagner
puis on est vraiment des gens terrain. On
est des gens de recherche appliquée puis on est vraiment collés à la
commercialisation.
Donc, on voit beaucoup
de liens possibles entre les CCTT et Investissement Québec dans la nouvelle
forme.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Merci pour votre exposé. Nous allons
commencer la période d'échange. M. le ministre, vous avez
12 min 30 s.
• (17 h 30) •
M. Fitzgibbon : Merci. Alors, bien, merci de votre visite. Merci
de votre rapport. Six recommandations très claires, on va en tenir en compte, il n'y a aucun doute. Moi, j'ai découvert les
CCTT le lendemain de mon élection puis je peux vous dire... puis vous
savez que je suis un des grands supporteurs de ce que vous faites, parce que le
plafond de verre du Québec, présentement, c'est la main-d'oeuvre, on le sait tous. Puis ce n'est pas l'immigration qui cause le problème, c'est l'inadéquation entre la formation
d'école supérieure et les besoins d'entreprise. C'est probablement l'angle,
pour moi, qui est le plus important.
On parle qu'il y a 54 %
des besoins de main-d'oeuvre, dans les prochains 10 ans, qui vont être
comblés par les jeunes d'aujourd'hui.
Alors,
moi, je trouve super intéressant ce que vous faites. En fait, je suis un peu
même préoccupé. Je donne toujours l'exemple
de l'ENA, parce que
je passe beaucoup de temps avec l'aéronautique de ce temps-ci. J'ai
même promu l'ENA à Airbus la semaine passée. Airbus avait son conseil
d'administration mondial à Montréal. C'est la première fois qu'ils venaient ici, puis je leur vantais comment on
pouvait former des jeunes, parce
qu'eux, c'est le genre de personnes qu'ils ont besoin à leur usine de
Mirabel. Et je ne comprends pas pourquoi l'ENA n'est pas remplie. Je ne
comprends pas pourquoi j'ai ouvert le CTE du
cégep de Saint-Laurent il y a quelques semaines, 20 gradués en technique
des eaux. Je ne comprends pas ça. Alors, je le comprends, bien,
intellectuellement. On n'est pas capable, je ne sais pas pourquoi, de valoriser, puis je veux vous entendre... on ne
peut pas valoriser, au Québec, assez ces techniques-là puis l'implication
qu'ils ont dans notre économie et des jobs, entre guillemets, payantes
puis intéressantes.
Alors,
une partie du problème vient de vous, une partie vient de nous. Alors, comment
on va régler ça? Parce que c'est tellement important pour moi, autant au
niveau universitaire, en passant,
qu'au niveau collégial, que l'adéquation qui n'existe pas entre les besoins de l'entreprise et comment les jeunes vont se faire éduquer... il faut régler
ça, parce que ça va être ça qui va faire qu'on va avoir un succès au Québec. Ce
n'est pas l'immigration. On va revenir à ça, là. Alors, comment on peut vous
aider puis comment vous pouvez vous aider vous-même? Parce que ça marche des
deux côtés.
Mme Gagné
(Marie) : Bien, je vous
dirais, ma réponse va être en deux temps. Le premier temps, pour ce qui est
des étudiants, je dirais, gradués, universitaires, je pense qu'il faut créer un
espace, là. La recherche, c'est vraiment un continuum.
Il y a de la recherche fondamentale, puis, après ça, on s'en vient dans la recherche
appliquée, puis on transfère auprès
des entreprises. Il faut créer cette espace-là où la recherche
appliquée côtoie la recherche fondamentale. Et c'est là où on accueille des
étudiants de la maîtrise puis du doctorat, des étudiants qu'on va mettre en
relation avec le milieu industriel pour qu'après ça eux, ils deviennent des
vecteurs d'innovation dans les entreprises où ils vont aller travailler par la suite. Ça, on y travaille. On est en train de regarder plusieurs formules, notamment avec Mitacs, là, pour trouver des façons de rendre ces collaborations-là plus faciles puis que le développement de la collaboration entre le milieu universitaire et collégial se fasse plus rapidement. Ça, c'est
pour répondre au milieu universitaire.
Pour répondre au milieu collégial, je vous dirais
qu'on est un peu victime de nos succès. Quand des stagiaires viennent dans les centres collégiaux de transfert,
souvent, ça fait en sorte que quelqu'un qui avait une vocation de technicien va découvrir la recherche, va découvrir l'innovation puis va dire : Bien, moi, dans mon milieu, je n'avais jamais
été mis en contact, même je n'avais
même jamais pensé à faire des études universitaires, mais aujourd'hui, avec ce que je vois, j'ai envie d'aller à
l'université puis d'aller plus loin.
Ça fait que ça, ça répond à une partie de la question, mais je pense qu'on
pourrait aussi mieux et plus intervenir pour attirer, grâce aux CCTT, des gens dans les programmes
techniques. Je pense qu'il va falloir s'allier plus et mieux avec les collèges
pour que les centres collégiaux de transfert soient utilisés quand on fait la
promotion des techniques puis des emplois qui y sont rattachés.
M. Fitzgibbon : Les entreprises...
Mme Gagné (Marie) : Oui, exactement.
M. Fitzgibbon : ...aussi, parce que je pense que ça
résout une partie du problème. Le système allemand fonctionne très bien,
le système DUAL. C'est sûr que, comme parent, tout le monde veut voir... On veut tous avoir des Ph. D., là. On veut tous avoir des Drs Yoshua Bengio, là, mais ça
serait le fun qu'on ait tous des Ph. D. comme ça, mais ça n'arrivera pas,
là. Puis je pense qu'il y a
une question des parents, je pense, il y a
une question aussi des entreprises. Peut-être
qu'il faut commencer plus tôt. L'entreprise de l'aéronautique souffre présentement
d'un manque de main-d'oeuvre, puis on a l'ENA
qui a 60 sièges de libres. Il y a quelque chose qui ne marche pas, là. Il
faut corriger ça, puis c'est probablement, là, l'élément le plus
important, je pense, qu'il faut faire dans les prochaines années. Alors...
M. Berthiaume
(David) : Mais le recrutement, c'est clair, au niveau technique,
toutes les sciences physiques, en fait, il y a un défi à ce niveau-là.
Tous les programmes collégiaux dans les techniques physiques ont des problèmes
de recrutement. Moi-même, je me rends dans
les écoles secondaires parfois pour faire des conférences pour intéresser aux
carrières scientifiques et tout ça et je
vous dirais qu'au fil des années, j'ai constaté malheureusement une diminution
de l'intérêt des jeunes pour le
secteur des sciences. C'est vraiment un secteur qui est beaucoup plus global,
mais effectivement il y a un défi,
là, clairement. Au départ, je demandais aux gens de lever la main. Il y en
avait la moitié qui levait la main pour
dire : Je veux devenir scientifique. Dans les dernières années, dans les
mêmes classes, qui étaient les classes fortes, bien, il y avait deux,
trois, quatre mains qui se levaient lorsque je demandais qui veut devenir
scientifique.
Donc, on a un
enjeu clairement, ici, pour ramener l'intérêt vers les carrières scientifiques
de façon générale et aussi au niveau collégial. Il y a tellement de programmes,
des super beaux programmes, il y a des employeurs qui sont prêts à ouvrir leurs portes pour que les étudiants
viennent chez eux pour apprendre leurs métiers, pour apprendre leurs techniques.
Il y a des opportunités qui se développent,
mais maintenant ça va nous prendre aussi du recrutement. Il va falloir
intéresser ces jeunes-là à venir dans les programmes, et c'est un défi,
clairement.
Mme Gagné
(Marie) : Vous parliez, tout
à l'heure, du programme DUAL. C'est une question sur laquelle on a commencé à
réfléchir, notamment avec la Fédération des cégeps. Il y a notamment, au cégep
de Thetford Mines, l'autre centre
collégial de transfert qui a mis en place une initiative. On se retrouve un peu
avec des enjeux de syndicat, de programmes, mais ce n'est pas des enjeux
insurmontables. C'est juste qu'il faut bien les regarder et bien les adresser
après ça.
M. Fitzgibbon :
Ah! bien, pour conclure, nous, on a notre programme de zones d'innovation, là.
C'est notre bébelle à nous autres,
là. Puis moi, je pense que, pour que ça fonctionne... Je suis allé à Wichita,
récemment, voir ce qui se passe en aéronautique, puis là-bas il y a une
société de TI, ils appellent ça, on va dire ça comme ça, là, les universités,
les donneurs... tout à la même place, là,
même lieu géographique, et je pense que c'est important. Puis les gens me
disaient... de Wichita State
University, là, le côté technique d'ingénierie, ils me disaient : On les
ramasse aux CTT... aux CCTT plutôt, puis ils vont travailler, oups, ils
vont faire un cours d'ingénierie après.
Alors, je
pense, l'intégration de la formation supérieure, c'est probablement ça qui va
être notre... en tout cas, c'est un point qu'on va vouloir développer,
alors vous avez des gens qui vous supportent au gouvernement, c'est clair, là.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. Alors, la parole est au
député d'Orford, et il vous reste 5 min 50 s.
M. Bélanger :
Merci, Mme la Présidente. Bien, moi, ma question est dans cette continuité-là
parce qu'on parle qu'on veut développer les
régions, développer les régions au niveau économique, puis on a une
problématique d'aménagement de
territoire. Il y a des municipalités, les MRC qui regardent un peu ça, puis
après ça tu as des universités dans certaines villes, hein, que ça soit
Sherbrooke, que ça soit Trois-Rivières, que ça soit Chicoutimi.
Quel rôle vous pouvez
jouer? Vous avez quand même, tu sais, je regarde ça, là,
10 000 projets d'innovation, 4 500 membres. En termes de... pas
uniquement une carte, mais quel rôle vous pouvez jouer, là, en collaboration
avec Investissement Québec qui se
restructure au niveau de définir comment on peut développer le Québec en région
et avec quel type d'expertise et...
Un,
il y a besoin de marchés à l'international. Bon, aéronautique, on sait que ça
va continuer. Ça nous prend une expertise,
mais l'expertise, souvent, elle vient... ça prend des institutions, hein? Tu ne
formeras pas quelqu'un à Chicoutimi pour
aller le faire travailler à Magog, par exemple. Quel rôle vous pouvez jouer
dans cette restructuration-là puis venir en aide, justement, afin de bien
définir, que ce soient des pôles ou des zones? Mais, en tout cas, on veut
innover, on veut transformer les régions du Québec.
M. Berthiaume
(David) : C'est clair que, dans le développement régional, les CCTT
souvent vont devenir un peu la référence locale en innovation. Lorsqu'il n'y a
pas d'universités qui sont présentes, lorsqu'on cherche un scientifique,
bien, c'est clair que les gens du coin vont
retourner chez Oleotek, vont retourner chez CTMP puis ils vont dire : Aïe!
J'ai telle entreprise qui a tel besoin, penses-tu que, dans ton réseau,
Synchronex, il y a quelqu'un qui peut l'aider à quelque part là-dedans?
Puis penses-tu que dans QuébecInnove, à quelque part, il y a quelqu'un qui
peut l'aider là-dedans?
Nous,
on fait déjà ce rôle-là local au point de vue de l'innovation, puis souvent
c'est en lien avec, bon, les organismes locaux de développement économique, qui sont en première ligne aussi
avec les entreprises, ou des fois les gens vont venir nous voir directement. Donc, il y a déjà un rôle
de première ligne qu'on fait comme centre collégial de transfert de
technologie. On est présents dans toutes les régions, donc, ça, on peut
l'assumer.
Maintenant, sur les
projets qu'on réalise, c'est clair que, là, il peut y avoir des retombées dans
le développement économique régional. On
accompagne une panoplie de PME, la grande entreprise, la petite entreprise, la
microentreprise aussi, on va en
accompagner aussi. On a vu l'exemple d' Optech, c'est une entreprise de deux,
trois personnes. Des fois, on peut se dire : Bon, est-ce que ça
vaut vraiment la peine? Bien, regardez, ça a créé 160 emplois.
Donc,
oui, absolument, il y a un rôle à jouer. Puis nous, bien, on n'est pas
cloisonnés dans notre région, ceci dit. On a chacun un créneau
d'expertise. Moi, je suis en chimie verte. C'est clair que, s'il y a une
entreprise en Abitibi-Témiscamingue qui a
besoin de chimie verte, bien, le CCTT du coin peut me référer, puis moi, je
vais y aller, en Abitibi-Témiscamingue, puis je vais aller la
rencontrer, l'entreprise là-bas, puis mes chercheurs vont y aller.
Donc,
effectivement, il y a un rôle qu'on peut jouer puis on peut faire ça en
collaboration avec Investissement Québec, qui est aussi une autre première ligne, qui est aussi au front. S'il
peut se mettre en lien avec nous, qu'on se connaisse bien, bien, c'est
clair qu'on va augmenter l'effet de levier.
M. Bélanger :
Bien, je peux vous dire qu'il y a quand même une méconnaissance. Effectivement,
les jeunes, que ça soit adolescents
ou qui arrivent au cégep, ils n'ont pas cette notion-là, ils n'ont pas cette connaissance-là.
Ils ne sont pas familiers avec ce que le Québec régional ou ce que le
Québec peut leur offrir. Ça fait qu'il y a sûrement une meilleure communication
à faire, sans partir des maternelles quatre ans, là...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. La parole est à la députée de Labelle. Il
vous reste 2 min 25 s.
• (17 h 40) •
Mme Jeannotte :
J'ai eu la chance de travailler avec le CNRC sur le terrain quand on avait des
enjeux sectoriels avec les entreprises, avec des agences, des... Moi, j'étais
plutôt deuxième ligne, là, sur le terrain. Sur la Côte-Nord, je pense
aussi qu'il y a un beau... un CCTT très, très fort.
Dans
le fond, là, pratico-pratique, là, quand on est un conseiller terrain qui
rencontre les entreprises, est-ce que... Là, excusez, ça fait un bout de temps que je ne fais plus de terrain.
Est-ce que, dans le fond, déjà, les conseillers économiques du MEI et de IQ
vous appellent systématiquement? Mettons, un projet d'investissement en forêt,
est-ce qu'ils vous appellent systématiquement pour avoir une expertise
en forêt, exemple?
Mme Gagné (Marie) : Je vous dirais que notre réseau est extrêmement bien maillé avec les
conseillers régionaux du ministère de
l'Économie. Ça, c'est quelque chose qui est fait. On est aussi extrêmement bien
maillés avec tout ce qui est CNRC PARI, là, on est vraiment... on
travaille en étroite collaboration, ça va très, très bien.
C'est
vrai qu'avec Investissement Québec, c'est un lien qui est plus loin puis c'est
quelque chose que je pense qu'on pourrait
rapprocher. Hier, j'entendais M. Leblanc qui disait : L'objectif du CRIQ,
à travers IQ, c'est vraiment d'avoir des conseillers techniques qui vont être capables d'analyser, puis on va
être aussi capables de mettre la dimension financière dès le début du projet.
C'est une approche dans laquelle on croit aussi, ça fait que je pense qu'on
pourrait jouer un rôle similaire à celui du CRIQ, d'être là comme
conseillers techniques puis de pouvoir avoir rapidement l'expertise en financement parce que, souvent, on s'entend...
quand je parlais des exemples, tout à l'heure, quand on arrive à mettre sur
pied une usine, bien, ça va prendre de l'argent, là.
Mme
Jeannotte : D'où votre surprise que votre... vous n'étiez pas là.
Donc, vous souhaitez être mentionnés dans le projet de loi, dans le
fond.
Mme Gagné
(Marie) : Bien, en tout cas, on a un rôle, je crois, important à jouer
puis on est déjà là. Si on veut déployer
efficacement et rapidement, je pense que pour le ministère, c'est une valeur
ajoutée que de nous utiliser, là, puis on est prêts et capables de jouer
ce rôle-là.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Parfait. C'est bien. Il reste
22 secondes. C'est tout? C'est bien, merci. Alors, nous donnons la
parole à la porte-parole de l'opposition officielle, à la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Anglade : Merci, Mme la Présidente. Alors, merci beaucoup,
Mme Gagné, M. Berthiaume, de votre présentation. Parfois, au Québec, on est assis sur des mines d'or, là,
puis on est vraiment... on n'arrive pas à les exploiter autant qu'on aimerait, puis honnêtement, CCTT,
pour moi, c'est ça. Il y a une force de frappe incroyable, dont vous disposez
dans toutes les régions du Québec, puis
année après année, je me suis... question que je me suis posé, année après
année, on dirait que les gens vous
découvrent, là. Ils vous découvrent et vous redécouvrent chaque fois. Puis
chaque fois le commentaire est
toujours positif, en passant, là. Moi, j'ai rarement vu des gens qui viennent
nous dire : Ah! ça ne marche pas, etc. Au contraire, le commentaire
est très positif.
Alors, la
question que je me pose, dans tout ça, c'est : Comment est-ce qu'on peut
utiliser cette opportunité de revoir le
rôle d'Investissement Québec pour vous mettre de l'avant? Est-ce que c'est par
l'intermédiaire du CRIQ, comme vous venez
de le définir un peu plus tôt? Il y a aussi le fait que, puis vous en avez
parlé quand vous parliez du CCTT en Gaspésie, c'est très ancré dans la réalité régionale, et donc on a de la
difficulté à savoir ce qui se passe dans telle région puis comment ça
peut aider telle autre région parce que c'est assez spécifique.
Comment
est-ce que vous entrevoyez une meilleure connaissance de ce que vous faites ou
un meilleur transfert de cette
information-là dans toutes les régions du Québec? C'est une richesse qu'on a,
puis il me semble qu'on a de la misère à la partager, là.
Mme Gagné
(Marie) : Si on avait le
secret, on l'aurait utilisé il y a déjà quelques années, là. On le cherche
encore, je vous dirais.
Effectivement, comme vous dites, je pense que, un, tous nos noms un peu
hétéroclites ne nous aident pas beaucoup,
là. C'est difficile de comprendre que tout ça est un réseau, que tout ça
fonctionne ensemble, que chaque CCTT est
une porte d'entrée sur les autres. Ça fait que c'est sûr qu'on a un défi de
notoriété, mais, dans chacune des régions, on est bien connus puis dans chacun des secteurs aussi. Parce que, tu sais,
je dirais, en aérospatiale, bien, les centres qu'on... tu sais, les gens de
l'aérospatiale connaissent bien le Centre technologique en aérospatiale, mais
aussi le centre en composite, le centre en productique, qui sont des enjeux qui
tournent autour de l'aérospatiale. Ça fait que, que M. et Mme Tout-le-Monde
ne nous connaissent pas, pour nous, ce n'est
pas vraiment un enjeu, là. Mais effectivement, on y a travaillé et on va encore
marteler là-dessus.
Mme
Anglade : ...j'irais voir le ministre de l'Économie puis je lui
dirais : Ça me prend un peu d'argent pour faire du «branding», pour changer le haut de tout ça,
parce que je pense qu'il y a quelque chose, il y a vraiment une force de
frappe intéressante à vraiment mettre de
l'avant. Et d'ailleurs, au départ, Synchronex, je ne sais pas depuis combien de
temps le terme Synchronex existe?
Mme Gagné (Marie) : Ça fait depuis à
peu près six mois, je dirais.
Mme
Anglade : Bien, c'est ça. Alors, autre point, c'est que moi, je
connais les CCTT, etc., j'arrive, Synchronex, ah! c'est-tu la même
chose? Donc, «branding», moi, je pense qu'il y a quelque chose d'intéressant à
faire là.
Vous avez
parlé des carrières, des carrières scientifiques. Il y a beaucoup d'initiatives
qui ont lieu présentement en matière de carrières scientifiques,
notamment pour intéresser plus de jeunes à la science, plus de femmes à la
science. Ça, j'en parle personnellement
assez souvent. Est-ce que, à l'intérieur du projet de loi puis dans ce que vous
faites, est-ce qu'il y a des recommandations particulières que vous avez par
rapport à ça? Parce que ça... Moi, quand vous me dites que vous trouvez qu'il y a un déclin là-dedans, ça ne
m'encourage pas bien, bien, avec toutes les initiatives qu'il y a. Est-ce
qu'il y a des choses, des éléments
particuliers où vous dites, vous pourriez amener une contribution spécifique
par rapport à ça, dans toutes les transformations qu'on est en train de
faire, là, pour Investissement Québec?
Mme Gagné
(Marie) : Bien, je vous
dirais qu'on a eu des fonds additionnels récemment pour des initiatives dans
ce sens-là. Moi, comme réseau, on est en
train de regarder tout ce qui se fait un peu partout dans chacun des centres
puis de voir ce qui est le plus porteur, justement, en termes de
recrutement pour les collèges et pour amener aussi des stagiaires dans les
centres collégiaux de transfert.
Ça fait qu'il
y a plusieurs initiatives. On comprendra que chaque secteur, chaque domaine ne
demande pas la même approche. Ça fait que, oui, on est un réseau de 59,
mais c'est 59 qui sont très, très, très différents. Quand on pense comment intéresser des gens en agriculture, en
aérospatiale, on n'est pas du tout à la même place. Ça fait que ce n'est pas
un message, c'est plusieurs messages, plusieurs approches qu'il faut
développer, puis on y travaille aussi.
Mme Anglade :
Toutes liées à l'innovation, cependant. Toutes liées à l'innovation, vous avez
peut-être un filon avec ça.
Je ne sais pas si mes collègues... Je pense que
mon collègue de Jacques-Cartier avait des questions.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, la parole est au député de Robert-Baldwin.
M. Leitão :
Plus que deux minutes?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Ah oui, il vous reste 6 min 31 s.
C'est bon.
M. Leitão :
Finalement. Finalement, à la fin.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est votre meilleur temps.
M. Leitão :
Voilà. Alors, merci beaucoup. Merci beaucoup d'être là.
J'aimerais
vous amener à votre dernière recommandation, justement, donc les fonds de
recherche, fonds de recherche appliquée. Ça, c'est quelque chose que
maintenant vous ne faites pas beaucoup, la recherche appliquée, ou...
Mme Gagné (Marie) : C'est ça, la question? Oui. Bien, c'est sûr que
les centres collégiaux de transfert ont, je vous dirais, quatre volets de mission. On a la technique, la recherche
appliquée, l'information, sensibilisation et la formation aussi. Alors,
oui, la recherche appliquée, c'est un volet très, très, très important de notre
mission.
Quand
je parle d'avoir accès au... à créer un quatrième fonds, c'est qu'actuellement,
avoir des fonds de recherche dédiés,
notamment au Fonds de recherche du Québec, c'est assez difficile parce que les
critères de sélection ont été mis en place pour répondre aux besoins de
la recherche qui est plus fondamentale. Alors, pour nous, c'est très difficile
de se glisser dans ces concours-là et d'arriver
avec des octrois de recherche parce que, dans les centres collégiaux de
transfert, bien, c'est sûr que la publication, ce n'est pas un
indicateur pour nous, là, la publication scientifique.
Alors,
l'idée aussi, c'est d'être reconnus dans les mêmes instances que les
universitaires pour créer cet espace-là. Quand je disais qu'il faut
avoir plus d'étudiants à la maîtrise, au doctorat, il faut que les milieux
universitaires nous reconnaissent aussi dans
le même... dans le cadre de mêmes instances qu'eux. Ça fait que c'est pour ça,
l'idée du quatrième fonds qui serait plutôt dédié à la recherche
appliquée avec des critères qui sont liés à la recherche appliquée, qui sont, tu sais, la compétence à travailler avec des
entreprises, les retombées qu'on a déjà eues avec des entreprises, qui sont
d'autres critères que la publication.
M. Leitão :
Oui, allez-y.
M. Berthiaume
(David) : Je pourrais mentionner quand même que l'équivalent un peu a
été créé au niveau fédéral auprès du CRSNG.
Donc, le CRSNG a créé un fonds collégial, donc de recherche collégiale. On se
comprend? Les fonds qui sont accordés
dans ce fonds-là par rapport à la grande recherche au complet, c'est quand même
une proportion qui est vraiment beaucoup plus petite, mais ça a permis à
la recherche collégiale de se faire une place et de vraiment développer énormément l'expertise à l'intérieur
des centres, d'aider des entreprises, de créer des nouveaux emplois, ne serait-ce que seulement un faible pourcentage.
Donc, le CRSNG a fait ça, et ça a eu beaucoup de succès, et on se dit :
Bien, pourquoi pas au FRQNT aussi?
Mme Gagné (Marie) : L'idée, c'est vraiment de créer des
programmations de recherche, pas juste du programme à la pièce, mais créer des programmations plus
larges de recherche qui permettent à un centre de vraiment développer une
expertise spécifique de pointe.
M. Leitão :
Ça, il me semble que ça fait partie du projet de loi avec... Donc, toute cette
question de fonds de recherche, maintenant, va migrer du ministère de
l'Enseignement supérieur vers Investissement Québec 2.0. Donc, ce que vous faites ici, c'est donc de rappeler au ministre
ce... donc, vous arrivez avant même que ça arrive, donc c'est bien. Le timing est parfait. Mais oui, en effet, ça pourrait être très intéressant que les
collèges puissent avoir accès à ces fonds-là parce que c'est un peu
différent. Les critères sont différents des fonds de recherche universitaire.
Une
autre question, en ce qui concerne surtout les... souvent, on
parlait que dans les collèges, les cégeps en région notamment,
un des problèmes, c'étaient les petites cohortes. Donc, différents programmes
avaient de la difficulté à démarrer parce qu'il n'y a pas assez
d'étudiants. Il me semble que les CCTT ou les CCT... c'est quoi, le deuxième t,
là?
• (17 h 50) •
Mme Gagné
(Marie) : C'est le transfert...
M. Leitão :
Transfert technologique, c'est ça, bon. O.K. Mais il me semble qu'avec ça les
CCT...
Mme Gagné
(Marie) : T.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Leitão :
Parce qu'on le voit écrit...
M.
Berthiaume (David) : Seulement un t, mais là... Donc, centres
collégiaux de transfert, parce qu'il y a des centres qui ne sont pas de
technologie. Maintenant, il y a des centres qui sont en pratique sociale
novatrice. Mais vous avez raison, on devrait faire un gros travail pour
le «branding», on est bien d'accord.
Mme Gagné (Marie) : On est très,
très d'accord.
M.
Berthiaume (David) : On fait ça demain matin.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Leitão : C'est ça, mais là où je vais arriver... c'est un chemin un
peu tordu, pour y arriver, les petites cohortes. Donc, dans un cégep, dans un collège où il y a un CCT, ça peut favoriser
le développement de programmes qui, peut-être, ne verraient pas le jour parce qu'il n'y aurait pas assez d'étudiants
intéressés. Mais en élargissant... le ratissant un peu plus large, peut-être que ça peut devenir intéressant,
notamment en région. Est-ce que c'est quelque chose que vous constatez
ou pas?
Mme Gagné (Marie) : ...qu'on utilise déjà les centres collégiaux de transfert pour le
recrutement dans ces petites cohortes là, tu sais, c'est une valeur ajoutée en
disant qu'il y a de l'infrastructure, qu'on a un lien avec le milieu industriel,
qu'ils vont travailler avec de l'équipement
de pointe. C'est déjà quelque
chose qui est utilisé pour le
recrutement, mais, comme je disais, il y a encore des efforts
additionnels à mettre pour le mettre en valeur.
M.
Leitão : Très bien.
Je prends note, donc, du fonds de recherche, ça pourrait être intéressant. Je pense que ma collègue a encore une question.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Il vous reste 21 secondes.
Mme
Anglade : Alors, pour le
21 secondes, une question pour vous. Un programme qui fonctionne bien,
fédéral, Mitacs, avez-vous des liens
avec eux? Quelles sont les interactions que vous avez avec eux puis les
apprentissages à faire avec ce qu'ils font? Parce que ça aussi, ça
fonctionne bien, en fait.
Mme Gagné
(Marie) : Bien, Mitacs fonctionne effectivement très, très bien, et il
y a eu des représentations fédérales pour aller chercher des fonds additionnels
pour Mitacs pour les collèges, sauf qu'on se rend compte, avec les collèges, que l'étudiant n'est pas là assez
longtemps pour qu'on ait le temps de développer le programme avec Mitacs, de le
faire financer puis là de recevoir l'étudiant, parce qu'il est deux ans
ou trois ans au collège.
On
est en train de regarder pour... Ils sont très, très ouverts. Mitacs, là,
j'étais avec eux, la semaine dernière, puis vraiment on est en train de travailler ensemble, de faire des formules de
calcul pour être capables d'aller attirer ces étudiants-là, autant du milieu
universitaire que du milieu collégial, en préapprouvant des
gros blocs de stage plutôt dans des domaines d'activité de CCTT que
sur des projets vraiment très spécifiques. Ça fait qu'on va y aller puis on
veut aussi les utiliser pour aller plus loin
avec le milieu universitaire, parce qu'il y a des milieux universitaires qui ont des blocs déjà
préapprouvés qui sont dans des domaines...
qui sont sur des programmes de recherche spécifiques. Nous, comme CCTT,
on va pouvoir les regarder en disant :
Ah! bien oui, moi, je suis en chimie verte, il y a tel professeur à l'Université McGill qui travaille dans
quelque chose qui est complémentaire, ça fait qu'il pourrait m'envoyer des
étudiants, puis on pourrait travailler, mailler avec le milieu industriel. Ça
fait que, oui, on va travailler avec Mitacs.
La
Présidente (Mme IsaBelle) : Merci. Alors, le temps est écoulé. Nous
laissons maintenant la parole au député de Rosemont.
M.
Marissal : Mme la Présidente, je constate que mes collègues de
l'opposition officielle ont surfé un peu sur le temps de mon collègue...
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Oui. Et là vous voulez surfer aussi, là, ce qui reste?
M. Marissal :
Avec votre consentement, je continuerais sur la vague en surfant, oui, parce
qu'il vous restait 21 secondes. On ne
va pas se battre pour une minute, là. En plus, on va finir, juste, juste,
pile-poil à 18 heures, si vous avez la grâce de me laisser le petit
temps qui traîne à côté.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Alors, allez-y rapidement. On va accorde le temps.
M. Marissal :
Merci. Bien, merci, vous êtes gentille. Merci. Merci d'être là. Ça tombe bien,
parce que moi, honnêtement, je vous découvre. Il faudrait peut-être que j'aille
au cégep de Rosemont, à côté de chez nous, pour qu'ils m'expliquent qu'est-ce
que vous faites, là, très, très, très concrètement, parce que j'avoue...
Mme Gagné
(Marie) : ...tout vous expliquer ça.
M. Marissal :
C'est bon. J'avoue très humblement que je ne suis pas sûr, tout à fait, d'avoir
tout compris ici. Mais je comprends, à la
fin de la page 1 de votre mémoire, que vous concluez ainsi : «Par
leur mission, et leurs équipes de haut
niveau, et leur vaste parc d'équipements à la fine pointe de la technologie, les CCT sont des acteurs incontournables de l'écosystème de la recherche et de l'innovation québécoise.» Cette formulation-là, ou
approchante, là, je pense qu'on l'a lue dans tous les mémoires des
intervenants terrain qu'on entend ici depuis déjà quelques jours. Alors, je
comprends l'intention du ministre, à quelque
part, de vouloir faire un peu de ménage, parce que ça a l'air vraiment de jouer
du coude pas mal sur le terrain pour savoir qui va aller chercher sa
part du gâteau et faire reconnaître son expertise.
Et
je ne doute pas que vous en ayez une, mais, ceci dit, vous avez ajouté, tout à
l'heure : Nous sommes bien maillés
sur le terrain avec le réseau des conseillers régionaux du ministère, mais beaucoup
plus lointainement — ça
se dit-tu, ça? — beaucoup plus lointainement avec IQ.
Qu'est-ce qui vous laisse croire que le nouveau IQ sera plus proche ou plus
accessible?
Mme Gagné
(Marie) : Bien, je vous
dirais que, quand on entend la façon dont ils vont intervenir avec le CRIQ...
parce que je vous dirais que le CRIQ, c'est
des gens qui offrent des services qui sont similaires à ceux qui sont offerts
par les CCTT dans des domaines particuliers, pas dans tous les domaines.
Mais je me dis, s'il y a un arrimage qui se fait, naturel, entre le CRIQ et Investissement
Québec, il devrait se faire de la même
façon entre les CCTT et Investissement
Québec.
M.
Marissal : D'accord,
mais vous avez besoin, pour cela, d'une plus grande reconnaissance et d'un lien plus direct, c'est
bien ça. C'est ce que je comprends. Et comment... on ne peut pas tout enchâsser
dans un projet de loi, là. Comment on fait ça? Comment on crée
ça?
Mme Gagné (Marie) : Il faut faire
partie de la discussion puis il faut faire partie de l'élaboration de la
stratégie de déploiement de ce nouveau
modèle là d'intervention sur le terrain. On a toujours bien collaboré avec le
CRIQ. Je vous dirais qu'on collabore avec tout le monde dans
l'écosystème d'innovation. Ça fait que je
pense que, dans la discussion,
on va, tout le monde, être capable de trouver notre place, la place qui est à
plus haute valeur ajoutée dans l'écosystème.
M.
Marissal : De ce que vous
comprenez du projet de loi n° 27 et de la nouvelle vocation de l'IQ nouveau,
2.0, là, appelons-le comme on veut, où est-ce que vous vous situez là-dedans?
Comment vous pouvez mieux tirer votre épingle du jeu? C'est la même question,
je vous la pose juste autrement. Comment vous pouvez mieux vous positionner?
M. Berthiaume (David) : En fait, je
pense que ce qu'on vient exprimer en même temps, c'est notre intérêt à être partenaire avec Investissement Québec dans tout ce qui est le déploiement régional. On
est présents sur le terrain, on peut travailler en collaboration avec
eux. S'il y a une chose qu'on a apprise à 59 CCTT, c'est que c'est très
important de se connaître et de collaborer
ensemble. Moi, quand je prends un projet, j'ai une entreprise qui vient chez
moi, je prends ça automatiquement avec qui je peux partager le projet,
pas en pensant à : je vais le faire tout seul. Donc, notre réflexe qu'on a développé, au fil des années, à tous
collaborer à travers Synchronex, c'est de dire : Bien, à plusieurs
ensemble, on va amener l'entreprise plus loin, et c'est ce qu'on veut
faire aussi avec Investissement Québec.
M. Marissal : À la
recommandation 2, vous recommandez de travailler dans une vision plus
large que le seul développement économique, en soutenant et en favorisant
l'innovation dans une perspective socioéconomique globale qui intègre les dimensions économiques, sociales,
culturelles — ça, on
n'a pas vu ça et entendu ce mot-là souvent ici depuis quelques jours — et environnementales. Parlez-moi donc,
justement, de la dimension des industries culturelles qui sont
traditionnellement, je ne pense pas me tromper en disant ça, les
enfants pauvres du développement économique.
Mme Gagné (Marie) : Bien, je vous
dirais qu'on a deux centres qui se spécialisent dans l'industrie cultuelle. On en a un qui est dans les arts du cirque, qui
vraiment... puis il interagit, je dirais, via la culture pour garder les jeunes
dans la société. Souvent, les arts du
cirque, c'est une façon de les maintenir soit aux études, soit vraiment éviter
le décrochage plus que scolaire, là,
le décrochage vraiment du modèle sociétal dans lequel on évolue. Puis on en a
un autre centre aussi en pratique sociale novatrice, Artenso, qui lui
est vraiment utiliser, de la même façon, la culture pour ramener ces jeunes-là
au sein de la société, au sein des établissements d'enseignement, au sein, je
dirais, de la vie collective, là.
Ça fait que
c'est comme ça, dans une perspective socioéconomique, qu'on voit l'utilisation
de la culture, en tout cas, à travers les centres collégiaux de
transfert.
M. Marissal : Je vous remercie.
La
Présidente (Mme IsaBelle) :
Bien. Merci. Il vous restait quand
même 40 secondes, mais c'est parfait,
c'est parfait, parfait. Alors, écoutez,
je remercie Mme Gagné, M. Berthiaume. Je vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Mémoires déposés
En terminant,
je dépose les mémoires des organismes qui n'ont pas été entendus. Je vous remercie, toutes et tous, pour votre contribution aux travaux de la commission.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux sine die. Merci à vous et bonne fin de journée.
(Fin de la séance à 17 h 59)