(Dix heures trois minutes)
Le
Président (M. Cousineau) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ça va? Parfait? Oui. Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 53, Loi actualisant la Loi sur les décrets de
convention collective en vue, principalement, d'en faciliter
l'application et de favoriser la transparence et l'imputabilité des comités
paritaires.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. LeBel (Rimouski) remplace M. Leclair (Beauharnois); M. Traversy
(Terrebonne) remplace M. Therrien (Sanguinet); et M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière) remplace M. Lamontagne (Johnson).
Le
Président (M. Cousineau) : Merci. Nous entendrons cet avant-midi
les organismes suivants : l'Association de la construction du Québec, qu'on a déjà devant nous, la Corporation
des concessionnaires d'automobiles de Montréal et la Corporation des
concessionnaires d'automobiles de Québec.
Je vous donne
le temps pour la durée de l'audition, c'est 45 minutes. Il y a un exposé de 10
minutes pour les gens qui nous
visitent, une période d'échange de 32 minutes et puis, bon, sans député
indépendant, on a 16 minutes pour le gouvernement,
9 min 30 s pour l'opposition officielle et
6 min 30 s pour le deuxième groupe d'opposition.
Auditions (suite)
Donc, je
souhaite la bienvenue aux gens de l'Association de la construction du Québec.
Alors, la personne qui va prendre la
parole en premier, bien, je vous demande de présenter les gens qui vous
accompagnent, et vous avez 10 minutes pour votre exposé. Merci.
Association de la
construction du Québec (ACQ)
Mme Bertrand (Manon) : M. le
Président, Mme la ministre, membres de la commission, je me présente, Manon
Bertrand, entrepreneure et présidente de l'Association de la construction du
Québec. Je suis accompagnée aujourd'hui de M. Luc Bourgoin, directeur général
de l'Association de la construction du Québec, Me Pierre Hamel, directeur des
affaires juridiques et gouvernementales, et M. Jean-Philippe Cliche, qui est
économiste à l'ACQ, au bout de la table.
Je voudrais d'abord remercier la commission de
nous donner l'opportunité de présenter nos commentaires et recommandations
visant le projet de loi n° 53, à l'égard duquel l'ACQ est favorable. Il
s'agit pour nous d'un projet de loi important qui s'inscrit dans la stratégie
gouvernementale visant à moderniser et mieux encadrer l'ensemble des activités
assujetties par la Loi sur les décrets de convention collective.
Je vais
laisser à M. Bourgoin le soin de vous expliquer plus en détail les motifs qui
entourent notre appui à ce projet de
loi, mais aussi de vous communiquer les autres initiatives gouvernementales qui
devraient être mises en place pour prévenir le phénomène de collusion et
corruption. Je cède donc la parole à M. Luc Bourgoin. Merci.
M.
Bourgoin (Luc) : Merci. M. le Président, Mme la ministre, membres de
la commission, comme nous l'avons mentionné en introduction de notre
mémoire, l'ACQ appuie la démarche du gouvernement visant la modernisation et l'encadrement des activités assujetties par la Loi
sur les décrets de convention collective. Ce pan de l'industrie
québécoise constitué d'un bon nombre de PME
mérite qu'on y accorde une attention particulière et surtout que l'ensemble des
activités des différents comités paritaires
se déroulent en toute transparence et que les membres et dirigeants soient
imputables.
L'ACQ favorise l'implantation de mesures
éthiques organisationnelles en entreprise. Elle travaille, d'ailleurs, activement à la promotion et l'implantation du
programme d'intégrité en entreprise qu'elle a développé avec le CIRANO ainsi qu'à la mise sur pied d'un organisme
indépendant de certification. Elle ne ménage ni efforts ni temps pour
permettre aux entreprises qui ont l'intégrité
à coeur qu'elles puissent l'afficher. Dans ce contexte, l'ACQ est d'avis que
les modifications proposées par l'ajout des articles 22.3 et 31.1 à la
loi actuelle constituent des dispositions charnières du projet de loi.
La mise en
place par chaque comité paritaire d'un site Internet sur lequel les
informations importantes à propos de l'administration
des décrets seront divulguées constitue en 2016 un outil incontournable pour
permettre aux employeurs et aux travailleurs notamment de consulter
l'information pertinente relative aux décrets visés, à la santé financière du
comité ou du régime de retraite et du régime d'assurance concerné.
Également, le
message clair lancé par le ministère à l'effet que les comportements empreints
de mauvaise foi, arbitraires ou discriminatoires, de même que les actes
de négligence grave à l'endroit des salariés et des employeurs assujettis à un
décret ou susceptibles de l'être ne seront plus tolérés constitue, selon nous,
des balises importantes et nécessaires au bon développement du modèle
québécois.
Comme, par
ailleurs, nous le mentionnons dans notre mémoire, si la transparence et
l'imputabilité sont nécessaires afin
de moderniser le modèle sur lequel repose la loi actuelle, il convient de
s'assurer que les membres des différents comités sont bien renseignés sur les rôles et responsabilités et qu'ils ont les
outils appropriés pour les exercer. Ainsi, la formation obligatoire des membres des comités, des
gestionnaires et permanents des comités paritaires nous apparaît un
élément pertinent dans la poursuite des objectifs du gouvernement.
Une telle
formation est d'ailleurs mise en place par le gouvernement lui-même pour les
administrateurs publics afin,
notamment, de les sensibiliser sur les dispositions du Règlement sur l'éthique
et la déontologie des administrateurs publics,
qui poursuit des objectifs similaires à ceux du projet de loi. Ayant moi-même
siégé sur un tel comité, je témoigne de la plus-value qu'aurait apportée
une telle formation initiale pour tous les représentants siégeant sur ces
comités.
D'autre part,
les administrateurs faisant partie des décrets des différents comités paritaires
confient le mandat de la gestion
quotidienne des décrets à la permanence, tout comme ils confient les
inspections en entreprise pour s'assurer de la conformité des employeurs assujettis au décret, de la perception des
montants relatifs à la gestion du décret, du régime d'assurance ainsi
que du régime de retraite des employés. Or, le virage entrepris en matière de
décrets de convention collective nécessite, selon nous, le développement d'une
formation complète également à l'intention des permanents oeuvrant au sein des
comités paritaires.
Des mesures de transparence et d'imputabilité
conjuguées avec un pouvoir d'intervention accru constituent un encadrement
complet et, nous le répétons, nécessaire pour éviter les abus et autres
problèmes qui peuvent apparaître dans le cadre de l'application des différents
décrets de convention collective.
Quant au pouvoir d'intervention, nous ne devons
pas perdre de vue que l'objectif principal de la loi est la négociation de conventions collectives de travail sur des bases sectorielles et
industrielles. À cet égard, le mécanisme de la libre négociation doit
être préservé. C'est pourquoi nous émettons une mise en garde dans notre
mémoire quant à l'utilisation d'un tel pouvoir. Il doit être utilisé
judicieusement, sans devenir une porte de sortie pour l'une ou l'autre
des parties à la négociation pour refuser d'arriver à une entente, comptant sur l'intervention du ministre
pour dénouer toute impasse de négociation et, partant, éviter ainsi de
porter la responsabilité des termes d'un accord négocié.
Somme toute,
bien que l'ACQ soit convaincue que le projet
de loi aidera la gouvernance et la transparence des
comités paritaires, nous devons, tout de même, faire le constat que les opérations quotidiennes du Comité conjoint
des matériaux de construction, sur lequel
j'ai eu l'opportunité de siéger et sur lequel siège aujourd'hui mon collègue M. Cliche, se déroulent bien et que ce
comité est géré de manière responsable, compte tenu des moyens dont il dispose
et des responsabilités qui lui incombent en
lien avec la gestion des décrets. Nous pouvons vous affirmer qu'à l'intérieur
des limites et des défis que le paritarisme peut apporter au niveau de
la gestion du comité des décrets, l'ACQ a toujours agi avec intégrité et dans
l'intérêt supérieur des employeurs qu'elle représente.
En terminant, la Commission de l'économie et du
travail a entendu la semaine dernière le témoignage de Mme Danielle Beaulieu, directrice du Comité conjoint des matériaux de
construction. Nous croyons opportun d'apporter à la connaissance des membres de la commission que l'ACQ ne
partage aucunement les propos qu'elle a tenus devant vous et que Mme Beaulieu a d'ailleurs remis sa démission la
semaine dernière à la rencontre du comité. Merci de votre collaboration
et de votre attention.
• (10 h 10) •
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. Bourgoin. Alors, il n'y a pas d'autres personnes qui prennent
la parole, et nous allons passer immédiatement à la période d'échange avec les parlementaires. Mme la ministre, pour 16 minutes.
Mme Vien : Bonjour, chers collègues. Bon matin à chacun et à
chacune. Merci, Mme Bertrand, d'être ici avec votre brigade. On est
contents de vous revoir, on a eu l'occasion d'échanger il n'y pas si longtemps
que ça.
J'ai quelques petites questions en rafale à vous
poser. Évidemment, il y a été beaucoup question, au cours des dernières rencontres qu'on a eues avec d'autres
groupes, sur les directives que pourrait émettre la ministre
pour en arriver à une saine gouvernance dans les comités paritaires. Selon vous, qu'est-ce que devraient
contenir ces directives-là, étant entendu que je comprends que vous
m'invitez à la prudence quant au type d'interventions, ce que vous qualifiez d'interventions qui pourraient être trop grandes.
Mais, ceci étant dit, sur le contenu, de toute évidence, là, il y a
des gestes à poser. Que devraient
contenir les lignes directrices pour en arriver à une bonne gouvernance ou à
une meilleure gouvernance?
M.
Bourgoin (Luc) : Écoutez,
on l'a mentionné dans notre mémoire qu'on est tout à fait d'accord, on appuie les mesures qui
accordent un pouvoir accru au ministre et au gouvernement, un pouvoir d'intervention. Par contre,
on émet certaines réserves, comme je
le disais tout à l'heure, parce
qu'on considère que c'est important de favoriser le dialogue et la négociation libre, bien, entre les différentes
parties pour arriver finalement à un accord qui est mutuellement
acceptable, donc finalement... puis
mutuellement acceptable, et qui tient compte aussi de la réalité des enjeux de
l'industrie. Et il faut préciser que
les parties ont développé des outils à travers les années, une expérience, une
expérience pertinente, et ils sont capables maintenant de négocier de
façon efficace pour arriver à des résultats qui sont quand même très
intéressants.
Et,
évidemment, ce qui nous inquiète aussi, on a une certaine inquiétude, c'est que
ce qu'on ne voulait surtout pas et ce
qu'on voulait éviter, c'est qu'une partie ou l'autre décide, en raison du
pouvoir accru du ministre, de s'asseoir sur sa position puis de dire : Bien, je vais
attendre qu'il y ait une décision ministérielle, puis je n'ai pas vraiment de
pression pour agir plus rapidement ou qu'il y ait une intervention qui soit
faite après qu'une entente ou qu'une convention collective... qu'il y ait une entente qui soit conclue entre les parties
puis qu'il y ait une intervention par la suite. En fait, ce qu'on ne
veut pas, c'est une déresponsabilisation des parties prenantes qui sont
impliquées dans le décret.
Mme Vien :
M. Bourgoin, moi, je vous parle de bonne gouvernance, là, tu sais, je ne vous
parle pas du contenu d'une
convention. Il y a des groupes, là, qui sont... il y a des gens qui sont venus
nous dire : On a reçu de la
correspondance de personnes qui nous
disent : Écoutez, on ne sait pas qu'est-ce qui se passe, on ne sait pas c'est quoi, les décisions,
on ne sait pas comment les décisions se prennent, il n'y a pas d'assemblées
générales, on ne sait pas ce qu'ils font avec leur budget, il n'y a rien sur
leur site Internet, quand il y a un site Internet. C'est de ça dont je vous
parle.
Mme Bertrand (Manon) : Je vais céder
la parole à M. Hamel.
Mme Vien : Peut-être que je
n'avais pas été clair aussi, M. Bourgoin, ça se peut très bien... M. Hamel.
M. Hamel
(Pierre) : Alors, M. le Président, tout simplement, on précise dans
notre mémoire trois éléments qui sont fondamentaux. Le premier, c'est le
site Web. On en mentionne, vous le dites, les comités paritaires n'ont pas nécessairement un site Web déjà, d'ores et déjà.
Alors, ce qu'on suggère en modification à la loi, c'est de l'exiger dans
un premier temps; dans un deuxième temps, un
code d'éthique. Les règles qui ont été établies dans les années 70, 75,
80, peu importe, sont de loin désuètes, et les processus qui ont été adoptés
par décret à ce moment-là ne sont peut-être pas nécessairement au goût du jour, de 2016. Donc, un code d'éthique, je
sais que certains comités en ont adopté de leur propre chef, mais je pense que c'est important de
s'assurer que l'absence de conflit d'intérêts soit prévue, à tout le moins,
dans les règlements. Et un dernier élément,
c'est la formation obligatoire. Les gens qui siègent sur ces comités-là doivent
comprendre ce qu'ils font et ce de quoi ils
sont imputables, et c'est là que l'enjeu est important pour le gouvernement
de s'assurer que l'imputabilité, qui est
l'objectif du projet de loi, se matérialise et qu'elle soit comprise par
l'ensemble des gens.
Donc, la
transparence par le site Web est l'obligation de ce qui est indiqué. Et
peut-être plus, on a même ajouté à ce qui était obligatoire le contenu
même des décrets, on le propose — évidemment, ce serait souhaitable — et
tout autre élément qui est jugé approprié.
Mme Vien : Je vous amenais, de toute façon, Me
Hamel ou M. Bourgoin — je ne sais pas qui va répondre — sur la question de la formation obligatoire, je trouve ça très intéressant.
Vous l'avez effleurée un peu, mais, concrètement, sur quoi on devrait les instruire? Parce que ça va aider,
bien entendu, à avoir peut-être une autre philosophie de fonctionnement,
c'est clair.
M.
Bourgoin (Luc) : Oui, tout à fait. On pense que les membres de comités
devraient être formés d'abord sur les règles de bonne gouvernance,
apprendre à connaître les statuts du comité parce que je ne suis pas convaincu
qu'ils connaissent tous bien, de façon
approfondie, les statuts du comité et aussi, tout simplement, le protocole
habituel. Quand on administre...
qu'on joue le rôle d'administrateur, les responsabilités en tant
qu'administrateur, alors c'est important de les connaître. Je pense qu'une formation de base sur la bonne
gouvernance, c'est nécessaire. Et on l'a fait, d'ailleurs, dans notre
propre organisation, à l'ACQ, et on considère que ça pourrait être fait dans
les différents comités paritaires.
Puis on parle des administrateurs aussi, mais on
parle aussi de la gestionnaire ou le gestionnaire qui dirige la permanence du comité ainsi que les employés et les
permanents qui travaillent puis qui gèrent des montants importants d'argent, qui administrent des montants d'argent
des régimes de retraite, des régimes d'assurance, la paie de vacances,
etc. Alors, ils ont besoin d'une certaine
expertise pour s'assurer qu'il y ait une espèce de formation initiale ou
peut-être même une formation continue pour les employés de la permanence
pour s'assurer qu'ils sont compétents.
Mme Vien : L'observateur, ça
devrait être qui? Ou l'observatrice.
M.
Bourgoin (Luc) : Oui. L'observateur, écoutez, on est très favorables à
l'idée de nommer un observateur au sein du comité paritaire. Chez nous, aux décrets du CCMC, c'est six
représentants patronaux, six représentants syndicaux. On est d'accord. Par contre, ce qu'on souhaiterait,
c'est que cet observateur-là soit, disons, libre d'influence ou qu'il ne
soit pas issu, disons, du milieu syndical ni
du milieu patronal. C'est ce qu'on souhaitait, qu'il arrive finalement avec un
regard nouveau, un regard différent et qu'il apporte une plus-value selon
l'expertise, l'expérience qu'il a, mais, par contre, qu'il n'arrive pas du
milieu syndical ni patronal.
Mme Vien : Bien, moi, ça
conclurait, M. le Président. En tout cas, pour tout de suite, là. Je laisserais
la parole à mes collègues.
• (10 h 20) •
Le
Président (M. Cousineau) : Ça va. Merci, madame... Si vous
voulez revenir, il vous restera huit minutes. Je vais maintenant céder
la parole au représentant de l'opposition officielle, M. le député de Rimouski,
pour 9 min 30 s.
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Bonjour, tout le monde, Mme Bertrand,
M. Bourgoin, M. Cliche, M. Hamel. Je suis
ici, je remplace à pied levé mon collègue de Richelieu. Comme dirait
l'autre, je ne suis pas dans ma zone. Ça
fait que j'apprends, j'écoute, j'essaie de voir. Avec le bruit aussi, c'est
très difficile de se concentrer.
Mais
j'ai entendu, au tout début, madame, vous avez parlé, bon, du phénomène
inquiétant de collusion et de corruption, ça
m'a intrigué. Ce sont des mots que je n'aime pas beaucoup, ça fait que j'ai... Puis votre collègue a parlé de
mesures éthiques, d'intégrité, que le site Internet, c'était une avancée.
J'aimerais ça que vous m'en parliez plus, là, parce
que, quand on parle de collusion et de corruption, c'est gros. Est-ce que le
site Internet, ça vient tout régler? Est-ce qu'il y a des choses qui
pourraient être améliorées dans ce qui est proposé actuellement?
Mme Bertrand
(Manon) : Je vais laisser la parole à Me Hamel.
M. Hamel
(Pierre) : Écoutez, à ce niveau-là, M. le Président, ce qui est clair,
c'est qu'on a un pouvoir accru d'intervention
du ministère et du gouvernement, ce qui est un élément fondamental, la
possibilité d'avoir un observateur sur place,
l'obligation de transparence, ce à quoi on devrait ajouter, et ça, c'est les
directives ministérielles qu'on suggère... c'est véritablement avoir un code d'éthique et, encore plus important,
le comprendre, donc de la formation. Ce sont des éléments de base qui sont fondamentaux pour faire en sorte que, dans le
cadre d'un comité, la gestion du comité se fasse sur une base éthique,
conforme à la volonté et aux objectifs qui sont recherchés comme tels. Si on a
ça et il se passe quelque chose de pas correct, bien, ça va
ressortir beaucoup plus facilement, hein? On ne peut pas l'empêcher, mais on peut s'assurer que les moyens en place soient là
pour faire sortir la situation. Que ça soit dans un comité conjoint, que
ça soit dans un conseil d'administration d'une entreprise ou n'importe où, quand les outils sont mis en
place, il y a plus possibilité de l'éviter comme tel. Alors, on ne prétend pas qu'il y en a, mais en 2016 il est opportun de s'assurer que, s'il y en a, les moyens sont appropriés et sont mis en place.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député.
M.
LeBel : Ce que vous avez dit
à un moment donné aussi tantôt, c'est que c'est clair par le projet de loi que les comportements de mauvaise foi ne seront plus tolérés.
Mais là vous me donnez un peu des réponses comment, vous parlez d'un code d'éthique, est-ce qu'il
faudrait qu'il y ait un code
d'éthique dans le projet de loi? Est-ce qu'il faudrait le mentionner,
qu'il y a un code d'éthique? Et, si oui, comment on le fait respecter?
M.
Hamel (Pierre) : Écoutez, il appartient au gouvernement de choisir si
c'est par voie législative, l'adoption, ce qui est une proposition qui est très intéressante, ou par voie de
directive. Mais, dans les deux cas, les comités sont tenus de respecter l'obligation, soit qu'elle soit
législative ou qu'elle soit par voie de directive comme telle. Mais c'est sûr
que, par voie gouvernementale, c'est encore plus fort.
M. LeBel :
J'essaie de comprendre...
M. Hamel
(Pierre) : Par voie législative, pardon.
M. LeBel :
J'essaie de comprendre parce qu'ici on a un code d'éthique à respecter, il y a
un commissaire à l'éthique qui est un peu
l'arbitre. Là, il n'y aurait pas d'arbitre, là, c'est... On est tenu, mais...
Vous parlez, il serait intéressant qu'il y ait un code d'éthique, mais
il n'y a pas d'arbitre. Comment ça fonctionne?
M.
Hamel (Pierre) : Dans la mesure où vous acceptez... En vertu de la
loi, là, c'est un peu... Je ne voudrais pas aller de façon trop juridique, mais, techniquement, un administrateur
est tenu d'agir conformément aux dispositions du Code civil. En vertu du
Code civil, il doit respecter ses statuts et règlements et toute directive
appropriée émanant de la loi elle-même. Si la loi prévoit l'adoption d'un code
et qu'eux autres ont un code, il doit le respecter. Comprenez-vous? L'obligation, elle est légale, il doit la
respecter. Il n'y a pas de commissaire à l'éthique comme tel, mais, cependant,
s'il a des positions qui ne sont pas
éthiques devant les tribunaux ou même devant une reddition de comptes face au
ministère du Travail, il pourrait se
retrouver dans une situation où il doit répondre d'éléments qui ne sont pas
éthiques et même, à la rigueur, pourrait être chassé du comité.
M. LeBel : O.K. Merci. Vous êtes d'accord avec le projet, vous trouvez,
bon, que ça vient clarifier beaucoup de choses. Sur les pouvoirs accrus de la ministre ou du ministère, vous
êtes plutôt d'accord, mais vous avez certaines réserves. Entre autres, vous avez expliqué que quelqu'un, plutôt d'être...
collaborer de bonne foi, pourrait décider : Bon, moi, j'ai la ministre
sûrement de mon bord — quelque
chose du genre — et
je m'assois puis j'attends que la ministre décide.
Ça
fait que je comprends... Puis ici, dans l'article 6.01... Puis là je dis
ça, hein, mais là, Mme la ministre, je vous dis, hein, je suis vraiment néophyte, je pose des questions comme ça.
L'article 6.01 : «Les parties à la convention peuvent demander
en tout temps que soient apportées des modifications au décret.» Je peux
comprendre que, là, ça pourrait être ça, il
pourrait y avoir quelqu'un qui dit : Moi, je pense que je suis bien placé
pour demander une modification. Est-ce que, ces modifications-là, on ne
pourrait pas dire que ce devrait être fait conjointement?
Mme Bertrand
(Manon) : C'est ce qu'on a dit dans le mémoire, c'est conjointement,
il faut que la demande soit faite conjointement.
M. LeBel :
Ça, ça réglerait, selon vous, vos réserves au pouvoir accru de l'excellente
ministre.
Mme Bertrand (Manon) : Exact.
Exact.
M.
LeBel : Bon, bien, c'est bon. C'est bon pour moi pour l'instant.
Le Président
(M. Cousineau) : Tu as lu le mémoire?
M. LeBel :
Oui...
Le Président
(M. Cousineau) : Alors, M. le député de
Chutes-de-la-Chaudière, représentant la deuxième opposition, pour
6 min 30 s.
M. Picard :
Merci, M. le Président. Merci pour votre présence ce matin, vos commentaires,
vos observations. Dans un premier
temps, vous indiquez que la mise en place, par chaque comité paritaire, d'un
site Internet sur lequel les informations
importantes... Est-ce que vous jugez important que les informations concernant
les salaires des membres des comités
paritaires apparaissent pour que les gens qui contribuent par leurs
contributions soient au courant? Parce que j'ai posé la même question,
il y a 15 jours, donc j'aimerais vous entendre là-dessus, là, c'est quoi,
votre définition de «transparence», là.
C'est-u on ouvre le plus possible? J'ai eu des discussions avec les gens du
ministère, on disait qu'il y avait
des prévisions budgétaires qui étaient envoyées de façon détaillée. Pour moi,
la transparence, je vais vous donner tout de suite ma vision là-dessus, c'est qu'on prend les prévisions
budgétaires, puis, après ça, on prend les résultats, puis on les
compare, puis on met ça à la population, on met ça aux gens qui sont intéressés
d'aller voir ça, là. J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Bourgoin
(Luc) : Absolument. Pour nous, c'est important de... Quand on dit
qu'il y a une ouverture à la transparence,
c'est plus qu'une ouverture, on souhaite que toute l'information pertinente
soit affichée, disponible sur le site Internet.
Si ça nécessite d'afficher les salaires des employés permanents du comité
conjoint, on ne voit aucune contrainte associée à ça. Au contraire, on
veut qu'on ressente des membres, des membres... c'est-à-dire des entrepreneurs
et des travailleurs assujettis au décret
qu'ils ont une transparence totale à l'égard du comité, des administrateurs et
des permanents qui gèrent le décret
dans leur industrie. Donc, oui, c'est clair, et il y a un avantage à tout ça.
Il y a un avantage pour les employeurs,
pour les travailleurs dans la mesure où ils ont un accès rapidement à
l'information sur leurs droits et leurs obligations, donc tous les
documents pertinents, le décret, la loi, etc., les états financiers et les
révisions budgétaires. Mais il y a un
avantage aussi pour le comité lui-même et pour la permanence dans le sens
qu'elle se libère, je dirais, d'une certaine lourdeur administrative de
répondre constamment à des gens qui appellent puis qui n'ont pas l'information.
Ils vont avoir l'accès de façon rapide, ça
va être une procédure efficace qui va permettre au comité et aux permanents
de s'attarder à d'autres tâches administratives plus productives.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député.
M. Picard :
Toujours pour bien renseigner les employeurs, les employés, la ministre a
proposé l'autre fois des assemblées
annuelles générales. Est-ce que c'est un moyen que vous jugez qu'il serait
souhaitable pour les gens pour qu'ils puissent...
Un, ça serait pour élire aussi peut-être les membres des comités, là, parce
qu'actuellement ça a l'air à être assez... je vais dire, c'est embrouillé un petit peu, là, de savoir comment les
gens sont élus, là, tu sais... comment les gens sont choisis parce que
je ne sais même pas si c'est une élection, là, pour reprendre mes mots.
Une voix :
O.K. Alors, effectivement, dans les statuts, il est...
Mme Bertrand
(Manon) : ...
• (10 h 30) •
M. Bourgoin
(Luc) : Oui, nos statuts à nous. Dans nos statuts, c'est clairement
mentionné qu'il doit y avoir une assemblée
annuelle, et c'est l'assemblée annuelle des membres du comité, on s'entend. Et,
lors de cette assemblée, les membres
du comité procèdent à l'élection des officiers, du président et du
vice-président, et les membres du comité sont également nommés par les
différentes parties. Donc, l'Association de la construction du Québec nomme les
représentants patronaux, et la partie
syndicale nomme ses propres représentants pour sa partie. Mais qu'il y ait une assemblée annuelle, une
assemblée générale annuelle, on est tout
à fait favorables à ça. D'ailleurs,
on l'a remarqué que ça n'a pas été indiqué de cette façon-là dans les statuts à travers l'histoire, ce n'était pas
comme ça. Donc, ce n'est pas de cette façon-là que ça a été fait, mais
on trouve que c'est certainement une bonne avenue de penser à le modifier de la
sorte.
M. Picard :
Il reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Cousineau) : Il vous reste deux minutes.
M. Picard :
Parfait, merci. Vous avez indiqué tout à l'heure qu'il fallait prévoir des
mesures pour s'assurer de l'absence de conflits d'intérêts. J'aimerais vous entendre là-dessus, quand vous dites «conflit d'intérêts», conflit d'intérêts d'employés, conflit
d'intérêts de membres de comités? Seulement vous mettre... Il y a 15 jours, lorsqu'on
a rencontré quelqu'un, il y a une dame qu'on a rencontrée à trois reprises
durant la journée, elle avait trois chapeaux différents, là, sur différents comités. Puis tantôt vous avez parlé de
Mme Beaulieu qui a quitté un comité paritaire, mais elle est venue ici
pour nous parler de trois comités. Ça fait
bizarre, un peu, dans l'esprit des gens, ça. J'aimerais donc vous entendre, les
conflits d'intérêts, ils se situent au niveau des employés, des membres ou les
deux? C'est une question très ouverte.
Mme
Bertrand (Manon) : M. Hamel va répondre.
M. Hamel
(Pierre) : J'ai introduit le sujet, mais c'est les deux. C'est
absolument les deux. Et, à titre de gestionnaire et à titre d'administrateur de
décret ou de comité, c'est important, en toutes circonstances, de ne pas être en conflit d'intérêts ou de déclarer ses intérêts,
le cas échéant, pour ne pas qu'il y ait apparence ou que ça soit... Il
faut divulguer ça. Ça, c'est encore plus
important que bien des éléments qui seraient sur le site Web ou qu'il y ait une
assemblée générale annuelle, qui est un
élément, on est d'accord, mais le conflit d'intérêts de l'administrateur, c'est
au coeur des opérations, c'est fondamental, et celui du ou des
gestionnaires qui sont là. C'est très important pour la crédibilité des opérations parce qu'on parle de régimes
d'assurance, on parle de fonds de pension, on parle d'éléments importants,
et à ce compte-là... Et on parle même de concurrence, alors, à ce compte-là,
c'est bien important que ces éléments-là fassent partie, soient au coeur des
préoccupations du ministère du Travail et du gouvernement en général.
M. Picard :
Merci. Ça va.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de
Chutes-de-la-Chaudière. Je reviens avec Mme la ministre, il vous reste
huit minutes.
Mme
Vien : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Effectivement,
j'ai soulevé déjà la question des assemblées générales annuelles parce
qu'il nous apparaît, à nous, en tout cas, que ce n'est pas si fluide que ça,
l'information entre les comités paritaires
et les assujettis. Et vous avez parlé d'assemblée générale annuelle ou
d'assemblée annuelle des membres, est-ce que ce sont des membres des
comités paritaires, donc, de ceux et celles qui y siègent?
Mme Bertrand
(Manon) : Oui, c'est ça qui est dans les statuts.
Mme
Vien : C'est bien ça. Ce dont moi, je parle, c'est une
assemblée générale annuelle des assujettis. Est-ce que c'est possible? Il y en a qui sont venus nous
dire : Ça n'a pas de bon sens, ça va être trop lourd, on a à peu près
3 000 personnes d'assujetties. Mais, sinon, on fait comment pour
qu'il y ait un contact entre le comité paritaire et les assujettis, qu'il y ait reddition de comptes sur les décisions qui sont
prises pendant l'année, sur l'utilisation qu'on fait des sous que confient les assujettis aux comités
paritaires, sinon que par une assemblée générale annuelle? Puis je peux
très bien imaginer la difficulté dans
l'opération de tout ça, mais est-ce que c'est plausible? Est-ce que j'erre
quand je pense à ça?
M. Bourgoin (Luc) :
Non. Écoutez, on considère, nous aussi, qu'il y avait peut-être un canal qui
devait être amélioré, c'est-à-dire la
diffusion puis le lien d'information auprès des assujettis... pas les membres,
mais les entreprises et les
travailleurs qui sont assujettis au décret, un canal d'information. Une
assemblée générale annuelle serait certainement un événement, un lieu de rencontre pour pouvoir
échanger et présenter certains documents qui doivent être à vérifier.
Donc, oui, on pense que c'est une bonne opportunité.
Et on veut dire aussi
que le site Internet lui-même va déjà être, comment dire, un canal de
transmission d'informations important qu'il
n'y avait pas, là. À l'heure actuelle, là, il est en développement, et
je crois que d'autres décrets aussi
ne l'ont pas. Donc, une fois développé, toute l'information qui serait
transmise serait déposée dans le cadre d'une
assemblée générale annuelle auprès des membres va être diffusée à travers ce
site Internet là. Parce qu'on ne se cachera
pas que, les assemblées générales annuelles des membres, souvent il y a très,
très, très peu de gens qui se déplacent. Je comprends que c'est une opportunité qui est offerte comme ça. Mais,
sur le site Internet, tout le monde y a accès. Alors, si ce qui peut être présenté dans un événement comme
une AGA peut très bien être présenté encore plus en détail sur un site
Internet, ce qui fait que ça rentre en contact avec tous les intervenants de
façon directe.
Mme Vien :
On a le son qui vient avec votre visite, là, martin-piqueur, là.
Le Président
(M. Cousineau) : Il nous suit partout.
M. Poëti :
Il y a un travailleur.
Mme Vien :
On aurait voulu le faire, on n'aurait peut-être pas pu, mais ça arrive de même.
Merci beaucoup à vous tous.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la ministre. Alors, je remercie Mme Bertrand,
M. Bourgoin, M. Cliche, M Hamel pour votre présentation, et
j'invite le prochain groupe à se préparer.
Je suspends quelques
instants.
(Suspension de la séance à 10 h 36)
(Reprise à 10 h 48)
Le
Président (M. Cousineau) : Nous reprenons nos travaux. Alors, après petite discussion, si j'ai
bien compris, les deux groupes, le
groupe que nous avions à 10 h 45, c'est-à-dire la Corporation
des concessionnaires d'automobiles de Montréal
et le groupe à 11 h 30, la Corporation des concessionnaires d'automobiles du Québec, vous acceptez de
fusionner les deux groupes si j'ai bien compris. Alors...
Une voix :
...M. le Président.
Le
Président (M. Cousineau) : Bon, bien, nous, on va faire notre
bout de chemin. Au lieu de donner 10 minutes de présentation, on va vous donner 20 minutes de présentation. Puis, par la
suite, nous passerons aux périodes d'échange avec la ministre puis avec
les députés. Ça vous va comme ça?
Alors,
vous vous présentez et vous présentez les gens qui sont avec vous, puis on vous
souhaite la bienvenue à notre commission parlementaire.
Corporation des concessionnaires d'automobiles du
Québec (CCAQ) et Corporation des concessionnaires
d'automobiles de Montréal (CCAM)
M. Béchard (Jacques) : Écoutez, merci pour le temps additionnel alloué,
c'est très apprécié. M. le Président, Mme la ministre, Mmes, MM. les
députés, merci de l'invitation. Écoutez, le beau secteur de l'automobile, que
nous représentons, est régi par une foule de
lois parce que, depuis un an et demi, ça fait quatre fois qu'on vient à
l'Assemblée sur des projets de loi. Et ce
qui est intéressant aujourd'hui, c'est toujours plus agréable pour des
organisations comme la CCAQ, qui...
Le Président (M.
Cousineau) : Présentez-vous et puis présentez votre titre et
puis les gens qui vous accompagnent, s'il vous plaît, pour les enregistrements.
• (10 h 50) •
M. Béchard (Jacques) : Oui. Parfait, merci. Jacques Béchard, je suis
P.D.G. de la Corporation des concessionnaires d'automobiles du Québec. À
ma gauche, Me Frédéric Morin, qui est le vice-président des affaires
juridiques. À ma droite, Me Sam Yue Chi. Sam
est le directeur des affaires juridiques de la corporation et il siège sur deux
comités paritaires, celui de la Mauricie et de Québec au niveau de la
corporation des concessionnaires... des régionaux. Et, à la droite, Me Richard Auclair, qui est le vice-président
exécutif de l'Association des employeurs de l'industrie automobile.
Richard est dans l'automobile depuis au-delà
de 25 ans et il siège au comité paritaire des services automobiles de Montréal
depuis de nombreuses années. Donc, sans prétention, il y a de
l'expertise ici pour répondre à vos questions. Voilà, M. le Président, merci.
Écoutez,
comme je le mentionnais, c'est toujours plus agréable de venir soutenir un
projet de loi que de le critiquer, et,
aujourd'hui, nous avons le grand bonheur, Mme la ministre, de vous faire part
que nous soutenons votre projet de loi, tout comme le CPQ l'a fait, d'ailleurs, hein? On est membres très actifs
du CPQ depuis de nombreuses années, on a eu l'occasion de lire le mémoire du CPQ, et, dans ses grandes lignes, dans
ses grands principes, notre corporation vient soutenir le législateur
dans sa sagesse de moderniser cette loi des décrets de convention collective,
qui ne date pas d'hier, n'est-ce pas?
Ceci
étant, écoutez, au niveau de la structure de notre corporation, vous connaissez
notre secteur d'activité, hein, on représente 850 concessionnaires
partout au Québec qui emploient 35 000 personnes. C'est un très beau
secteur d'activité qui a des impacts économiques et sociaux au Québec. Il y a
des concessionnaires dans toutes les régions du Québec, et nous avons six
corporations régionales qui sont partie contractante à des décrets de
convention collective. Donc, il y a des
décrets du secteur de l'automobile dans six régions du Québec, hein? Le décret,
c'est l'extension d'une convention collective
négociée entre une partie syndicale et une partie patronale à un secteur donné.
Et, ici, mon collègue, comme je le
mentionnais, siège sur deux comités paritaires, Mauricie et Québec, et Richard
siège sur le comité de Montréal depuis plusieurs années.
Écoutez, il y a la
moitié du territoire de la province de Québec qui n'est pas régie par un décret
de convention collective au niveau de
l'automobile, il y a la moitié du territoire. Le dernier décret qui a été
abrogé, c'est Rimouski en 1998 parce qu'il n'y avait plus de
représentation syndicale, et les parties patronales avaient demandé que le
décret de Rimouski soit aboli. Donc, il y a
six décrets, et premier élément — et on l'a écrit dans notre mémoire — dans les régions où il n'y a pas de décret, les concessionnaires
n'en veulent pas. Ça, c'est clair, depuis des années on réitère cet
élément-là. Écoutez, avec la modernisation
des lois du travail, Loi sur les normes, etc., dans l'automobile les conditions
de travail sont excellentes. On est
fiers, comme concessionnaires, de vous dire — et on vous le répète fréquemment — que les travailleurs du secteur de l'automobile sont des travailleurs
bien rémunérés. Et je vais vous donner un exemple, il se parle beaucoup
de la question du salaire minimum à
15 $, nous, écoutez, ça ne nous concerne à peu près pas parce que les gens
sont mieux rémunérés que ça, puis on
est très fiers de vous le réitérer aujourd'hui. C'est pour ça que les
conditions de salaire dans les décrets sont moins importantes. Donc,
dans les six régions, c'est parfait, on est en accord avec plusieurs
dispositions du projet de loi.
Puis,
si on parle en termes généraux, au niveau de la transparence, il y a des
dispositions qui sont favorables à une meilleure
transparence. Exemple, en 2016, il n'est pas normal, avec les technologies,
qu'on n'ait pas accès au rapport annuel du comité paritaire sur le site
Internet. Justement, dans ma préparation, je disais à Ian : Écoute,
sors-moi donc les rapports annuels, qu'on
regarde ça. J'ai été obligé de les demander au comité paritaire. Pourquoi?
Parce qu'ils ne sont pas accessibles.
Donc,
les mécanismes que vous ajoutez dans le projet de loi n° 53, Mme la
ministre, c'est parfait. Notamment au niveau
de la divulgation des éléments financiers du comité paritaire, hein,
distinction entre les revenus et les dépenses, c'est
parfait, il faut qu'il y ait plus de transparence, et c'est ce que plusieurs
parties avaient mentionné lors des vastes consultations
en 2012. On participe à toutes les consultations lorsqu'on discute de la Loi
sur les décrets. La dernière, c'est 2012,
où on avait émis plusieurs recommandations, et, au niveau des éléments de la
transparence, nous sommes heureux de constater que vous avez donné suite
à des recommandations de plusieurs organismes.
Un
autre élément au niveau de certains irritants, hein, comme le mentionne le
CPQ — le CPQ
utilise souvent le terme
«irritants» — alors,
il y a des parties, il y a des gens qui critiquaient la lenteur de certaines
réformes qui devaient se faire. Et là
ce que l'on constate, c'est que le projet de loi n° 53 donne des pouvoirs
au ministre — à vous
pour l'instant, Mme la ministre, et on souhaite que ça va être pour
longtemps, c'est bien dit, ça — donc des pouvoirs qui étaient auparavant exercés par le gouvernement. Donc,
nous, on pense qu'en matière de dynamisme ça va insuffler un nouveau
dynamisme au ministère du Travail pour prendre les décisions appropriées suite
à des consultations avec l'industrie. Voilà pour des commentaires plus généraux
sur les questions de transparence et sur les questions d'imputabilité du
ministère du Travail.
À l'égard de
commentaires plus spécifiques de notre secteur de l'automobile, écoutez, les
éléments de qualification et de formation
sont importants, hein? Vous avez vu dans les présentations, autant par les
parties patronales puis de nos amis
de la partie syndicale, là, on a vu certains amis ici qui ont fait des
représentations. On ne veut pas parler pour
eux parce qu'ils l'ont fait. Mais exemple, à l'heure actuelle, les six comités
paritaires, avec les parties contractantes, veulent uniformiser les règlements de qualification pour qu'ils soient
similaires, exemple, que le règlement de qualification du décret de Québec soit similaire à celui de
Montréal, et le projet de loi n° 53, qui prévoit des dispositions claires
donnant des pouvoirs en matière de qualification, va permettre dans le futur
d'avancer au niveau de la qualification de notre secteur d'activité. Donc, notre position là-dessus, c'est, dans les
régions, dans les six régions où il y a un comité paritaire, bien, que
le règlement de qualification puisse être uniforme selon la volonté des
parties. Voilà pour la qualification.
Au niveau de la
formation, écoutez, la formation, nous sommes très à l'aise de vous parler de
formation. Nos concessionnaires sont
reconnus pour investir des sommes considérables en matière de formation de la
main-d'oeuvre. Vous le savez, les
technologies, en matière de véhicules automobiles... les nouveaux modèles
impliquent des technologies nouvelles, et les techniciens et les
employés des concessionnaires doivent s'assurer qu'ils sont à la fine pointe
des technologies nouvelles. Nos
concessionnaires... On va parler de la loi du 1 %. Je ne vous donnerai pas
le grand titre, je pense que c'est
plus simple de parler de la loi du 1 %, qui oblige maintenant, si les
entreprises ont une masse de 2 millions... Auparavant, c'était 1 million, mais on a certains concessionnaires
qui ont une masse salariale qui est de plus de 2 millions, des gros
concessionnaires. Donc, la loi du 1 % oblige les entreprises à dépenser un
minimum de 1 % de leur masse salariale.
Nous, depuis longtemps, nos concessionnaires dépensent beaucoup plus que le
1 % dans différentes formations, et c'est pourquoi nous ne voulons
pas que des lois, exemple, comme la Loi sur les décrets ou d'autres
législations, occasionnent des coûts additionnels aux concessionnaires, qui sont
des exemples en matière de développement et de formation de leur main-d'oeuvre.
Et, Mme la ministre,
Mmes, MM. les députés, l'article à peu près le plus important, que nous voulons
voir adopté dans les meilleurs délais, du projet de loi n° 53, c'est
l'article qui prévoit que la formation va être financée paritairement, alors que, dans la loi actuelle, il y a un grave
problème, c'est que la loi prévoit un prélèvement au niveau des employeurs seuls pour financer des mutuelles
de formation. On n'a jamais adopté ça dans le secteur automobile parce
que les parties patronales ont toujours été contre le fait que, dans un régime
paritaire, seuls les employeurs financent les activités de formation.
D'ailleurs, nous
sommes très heureux de constater que vous abolissez... Ça, c'est l'article 21,
qui modifie l'article 22 de la loi actuelle.
Donc, vous faites en sorte qu'il y aura deux prélèvements, un pour la gestion
des décrets puis un pour la
formation. Et ce prélèvement-là sera paritaire, c'est l'essence même du
paritarisme, et il est tout à fait normal que nos travailleurs supportent les coûts de la formation au même titre que
les employeurs. Puis, encore une fois, on vous le dit, on prêche par
l'exemple dans le secteur de l'automobile.
Donc, il est crucial
pour notre secteur d'activité que l'article 21, qui modifie l'article 22, soit
adopté dans les meilleurs délais. Et, Mme la
ministre, nous sommes très heureux de constater que le ministère du Travail et
le législateur aient reconnu cette
grave lacune là dans le projet de loi et donnent suite parce qu'en corrigeant
cette lacune vous allez favoriser la formation non seulement des
employés chez les concessionnaires, mais les employés de tout le secteur
automobile qui sont couverts, notamment, par les décrets de convention
collective dans les six régions du Québec.
Alors,
un point aussi, nous aurions une recommandation. Parce qu'on est ici
aujourd'hui pour parler des grands principes,
on ne voulait pas commencer à vous demander des modifications sur les points
techniques, là, pour ne pas... Nous,
on veut que vous puissiez procéder rondement à l'adoption de ce projet-là. Nous
aurions une seule modification, Mme la ministre, qui nous apparaît
importante. Si vous permettez, mon collègue va vous expliquer qu'à l'heure
actuelle il y a une limite au taux de prélèvement. Ian, pourrais-tu expliquer à
Mme la ministre et aux députés...
• (11 heures) •
M. Sam Yue Chi
(Ian) : Oui, absolument.
Le Président (M.
Cousineau) : Alors, c'est Me Yue Chi...
M. Sam Yue Chi
(Ian) : Ian Sam Yue Chi, en fait.
Le Président (M.
Cousineau) : D'accord. À vous la parole.
M. Sam Yue
Chi (Ian) : Directeur, affaires juridiques, relations avec l'industrie
à la CCAQ. À l'heure actuelle, dans
la Loi sur les décrets de convention collective, on a une limite, hein, qui est
prévue au niveau du prélèvement que peut faire un comité paritaire, et sur la masse
salariale de l'employeur, et au niveau de la paie du salarié, qui est de
0,5 % de part et d'autre. Dans
le projet de loi n° 53, on vient d'abord prévoir qu'il y a deux
prélèvements distincts. C'est correct, on comprend les objectifs de la ministre à ce niveau-là. Par contre, on
vient le doubler, en quelque sorte, en partant. Donc, nous, ce qu'on
dit, d'une part, on voudrait le limiter au niveau actuel, c'est-à-dire un
niveau de 0,5 %, masse salariale de l'employeur, et 0,5 %, salariés,
que ce soit, en fait, une manière combinée pour les deux prélèvements. Ça,
c'est la première des choses. Et sachez
qu'actuellement — je vais
parler pour mon industrie, celle de l'automobile — il y a déjà de la formation qui est offerte par les comités
paritaires avec le financement actuel. Donc, nous, ce qu'on dit, c'est que
le financement actuel permet, effectivement, une offre de formation
intéressante, et on veut la maintenir telle quelle. Donc, ça, c'est la première
des choses.
La deuxième, c'est que, dans le projet de loi,
vous avez prévu que, par arrêté de la ministre, vous pouviez déterminer un
seuil. Or, on ne voit pas l'opportunité pour vous de le déterminer par arrêté,
on veut une certaine stabilité, on veut
savoir à quoi s'attendre et on pense que ce serait tout indiqué de mettre cette
limite-là dans la Loi sur les décrets
de convention collective comme telle. Donc, c'est la demande qu'on avait à vous
présenter à ce niveau-là. Parce que, pour le reste,
comme Me Béchard l'a expliqué, on est là pour vous dire qu'on est favorables à
votre projet de loi.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. Yue Chi. Il reste 3 min 20 s. M. Auclair.
M. Béchard
(Jacques) : M. le Président, regardez, c'est l'essence même de notre
présentation. Nous avons déjà eu du
temps additionnel. Nous ne voudrions pas en abuser et nous vous remercions beaucoup
et sommes à votre disposition pour répondre à toute question. Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Ça me fait plaisir. Alors, nous
allons donc passer la parole... qui, soit dit en passant, est au moins
avec nous pour deux ans à titre de ministre, j'en suis persuadé...
Mme Vien : Mon Dieu!
Prenez des notes. Alors, bonjour...
Le Président (M. Cousineau) :
Alors, Mme la ministre, pour 16 minutes.
Mme Vien :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Mais vous avez été tellement loquaces
puis assez précis, là, je ne pense
pas que j'aie besoin des 16 minutes, là, à moins que les collègues en
aient besoin de ce côté-ci. Merci. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Ça nous fait toujours plaisir de vous rencontrer.
J'aimerais que vous m'expliquiez — je ne suis pas quelqu'un de spécialiste comme vous, je ne suis
pas là-dedans tous les jours comme vous — concernant l'uniformisation des règlements de qualification, des six décrets
du secteur de l'automobile, c'est ce que vous me dites vouloir... c'est
ce à quoi il faut procéder, là, c'est pour
donner suite à ça, comment ça marche actuellement, les décrets de qualification
sur le terrain, là? Concrètement,
expliquez-moi ça, comment ça fonctionne. Et, d'autre part, est-ce que vous avez
fait déjà des demandes à ce niveau-là au ministère quand... Dans quelles
eaux on joue, là? Je ne suis pas sûre de bien comprendre.
M. Sam
Yue Chi (Ian) : Oui, définitivement, il y a un travail qui a été fait et il y a un travail qui
est très avancé, hein, vous le savez
au ministère. Comment ça fonctionne, en fait, une personne, un
salarié... ou plutôt un travailleur qui va intégrer un métier de l'automobile va commencer comme apprenti.
Normalement, il y a plusieurs niveaux d'apprentissage.
Mme Vien : Vous me
parlez de mécaniciens, là, vous?
M. Sam
Yue Chi (Ian) : Ça peut être mécanicien ou ça peut être autre chose
aussi, il y a d'autres métiers qui sont régis. Ça peut être un
carrossier, mais mécanicien est un très bon exemple, effectivement.
Mme Vien : Ah! bien oui,
bien oui, bien oui. Tout à fait, tout à fait. Vous avez raison. O.K. Continuez.
M. Sam
Yue Chi (Ian) : Prenons l'exemple du mécanicien. Alors, il va intégrer
le métier. Normalement, il va commencer comme apprenti, première année.
Dans la majorité des décrets, sinon la totalité, il y a quatre années d'apprentissage. Une fois que la quatrième année
d'apprentissage, elle est complétée, le travailleur a accès à l'examen
de qualification. C'est-à-dire pour pouvoir
devenir un mécanicien, un compagnon, il va passer un examen de
qualification qui va être délivré par le
comité paritaire de sa région. Et, s'il passe l'examen, il va obtenir ce qu'on
appelle une carte de compagnon C, et
ensuite il y a d'autres niveaux, il y a d'autres examens, là, pour pouvoir
obtenir une carte B ou une carte A.
Donc, ça,
c'est le processus actuel de qualification. Dans le contexte de
l'uniformisation, avec ce que vous avez dans le projet de loi, avec les travaux qu'on a faits, nous, les parties
contractantes, les comités paritaires, la structure va demeurer essentiellement la même et elle va être
uniforme dans tous les comités paritaires dans la mesure, évidemment, où
le projet de loi n° 53 est adopté dans sa forme actuelle.
Mme Vien :
Ça veut dire quoi, maître? Ça veut dire que, dans les six régions,
actuellement, si je comprends bien, ce n'est pas partout la même
formation qu'on délivre?
M. Auclair (Richard) : Si vous
permettez, Richard Auclair, pour la corporation de Montréal. Ce que mon confrère vient de mentionner, c'est que, dans
certaines régions — je vais parler de Montréal et je parlerai de
Québec — le
cheminement
professionnel est le même. Cependant, à Montréal, c'est après trois années,
donc 6 000 heures. Donc, il y a des travaux qui se sont faits à l'intérieur des six comités paritaires,
à l'intérieur d'un mécanisme qui s'appelle le Conseil provincial des
comités paritaires. Donc, dans le secteur automobile, les six décrets, les gens
se sont regroupés pour parler, de
dire : Écoutez, ce n'est pas normal qu'on ait une qualification différente
à Montréal qu'on va retrouver à Québec ou dans Laurentides-Lanaudière.
Donc, est-ce qu'il est possible qu'on ait...
Parce qu'on a décidé au fil des années d'avoir le même examen de qualification pour qu'une personne qui passe un
examen dans la région de Montréal ou qui passe son examen dans la région
de Sherbrooke ait, à tout le moins, le même
examen parce qu'on évalue les mêmes compétences, mais le cheminement
était différent. Alors, il y avait des
catégories... Si je parle dans la région de Québec, il y avait des
classifications A/B, alors qu'à Montréal
on va parler d'un compagnon première classe, deuxième classe, troisième classe.
Donc, ces disparités-là, qui, à l'intérieur de la même industrie, dans
la même province, sont tout à fait, quant à nous, concentrées et qui étaient
des éléments territoriaux, on dit :
Bien, écoutez, je pense qu'il y a lieu de trouver, et de développer, d'avoir un
examen de qualification qui est homogène pour l'ensemble des régions
assujetties.
Mme Vien : Puis, pour
avoir les mêmes examens, il faut avoir les mêmes cours.
M. Auclair (Richard) : Les
formations de base sont les mêmes, Mme la ministre.
Mme Vien : Ah! bon,
parfait. Alors, c'est seulement au niveau...
M. Auclair (Richard) : Les
formations de base qui relèvent du ministère...
Mme Vien : Ah! O.K.
• (11 h 10) •
M. Auclair
(Richard) : Je vais parler
de l'école des métiers de l'automobile ou d'autres écoles spécialisées,
les formations sont identiques, mais c'était
le processus administratif des comités paritaires qui différait d'une région à l'autre. Or, ce n'est pas normal qu'une personne, qu'il
suive sa formation à Laval ou dans Laurentides-Lanaudière, n'ait pas la
même évaluation que celui qui fait sa formation dans la région de Sherbrooke.
Mme Vien : Parfait. M.
Béchard...
M. Béchard (Jacques) : Oui, madame.
Mme Vien :
...vous nous avez dit tout à l'heure que vous étiez pour ça, vous, les arrêtés
ministériels, ça ne vous empêchait
pas de dormir, si j'ai bien compris, parce que ça venait procéder à de
l'allègement réglementaire, ce dans quoi, comme gouvernement, on est engagés. Les entreprises sont étouffées sous
la paperasse puis les tracasseries administratives, etc. Il y a par ailleurs des gens qui sont venus
témoigner à votre place et qui nous ont dit : Nous autres, on est inquiets
de ça, là, alors que... Puis ce n'est pas nécessairement parce que je
veux me donner plus de pouvoirs ou je veux donner plus de pouvoirs à la ministre ou au ministre, mais c'est
une question d'être beaucoup plus souple, beaucoup plus agile que ce qui
existe actuellement, qu'un arrêté ministériel. Il faut bien le comprendre, que,
si c'est vrai que ça ne monterait plus au Conseil de ministres, il continuerait
à y avoir de la consultation, comme c'est le cas actuellement avec un projet de
règlement. Si je comprends bien, vous, ça ne vous embête pas, là.
M. Béchard
(Jacques) : Mme la ministre,
vous venez tout juste de le mentionner, nous, nous croyons que ça prend
plus de souplesse, plus de dynamisme, et la consultation, c'est ça, l'essence
même... Comme vous le faites à l'heure actuelle,
comme le ministère du Travail l'a fait en 2012, la vaste consultation qui... le
projet de loi n° 53, c'est la suite logique de cette consultation-là. Nous, dans la mesure où le ministère
consulte les gens intéressés, nous, on dit : L'arrêté ministériel,
ça nous convient parfaitement.
Mme Vien : M. Béchard — puis
je vais terminer là-dessus — il
est beaucoup question de transparence, il est beaucoup
question d'imputabilité, puis on cherche des filons pour y arriver. Plus de
transparence par un site Internet, déjà c'est un bon début. En 2016, ça nous apparaît assez inconcevable que des
organisations comme des comités paritaires n'aient pas de site Internet.
Alors, quand on sait qu'il ne se tient pas d'assemblée générale annuelle, on se
dit : Bien, sacoche, comment ils font
pour transmettre l'information à leurs assujettis? Est-ce que c'est trop
demander que de tenir des assemblées générales annuelles avec les
assujettis?
M. Béchard
(Jacques) : Écoutez, bonne
question. À l'égard de la transparence, ce qui nous importe... Et on
parle en termes de parties, et les
travailleurs aussi doivent être bien informés. Nous, ce qui est important — et le projet de loi va faire en sorte qu'il va il y avoir beaucoup plus
de transparence — c'est
que les différentes activités d'un comité paritaire soient ventilées en
termes d'information. Écoutez, mon collègue vous a mentionné que les comités
paritaires ont des programmes de formation.
Nous, ce qu'on veut, c'est que l'aspect formation, qui est un aspect important,
qu'on sache combien est dépensé par
un comité paritaire au niveau de l'aspect formation. La gestion du décret, ça,
ça se fait à l'heure actuelle avec
les inspecteurs. L'application du décret, ça, c'est un autre poste. D'ailleurs,
vous avez une disposition dans le projet
de loi n° 53 qui précise qu'il faut indiquer séparément les revenus et les
dépenses. Puis nous, on dit plus que ça, il faut ventiler par activités importantes du... et la
formation est un élément important, et nous pensons que tout le monde
doit être au courant de ça. Quant aux assemblées, Ian, as-tu un commentaire
là-dessus?
M. Sam Yue
Chi (Ian) : J'aurais peut-être un ajout à ce niveau-là. Contrairement
à d'autres types d'organisations, les
personnes qui siègent au conseil d'administration des comités paritaires sont
nommées par des organisations qu'on espère
être représentatives de l'industrie. Mais, à prime abord, on parle de parties
contractantes. Pour ce qui est de nous, les concessionnaires, on a des corporations régionales, comme on l'a dit
en prémisse, et c'est écrit dans notre mémoire. Nos corporations régionales, l'association des
employeurs, dans le cas de Montréal, sont des parties contractantes, c'est-à-dire
qu'ils interviennent d'abord dans la
convention collective, qui, elle, est extensionnée pour créer, si on veut, le
décret. Mais elle n'a pas le choix d'être là à titre d'administrateur du
comité paritaire, puisqu'on parle de paritarisme ici.
Donc, on
pourrait faire une assemblée générale annuelle, mais évidemment que la
procédure de vote pour nommer les administrateurs, ça ne fonctionnerait
pas. Donc, évidemment que c'est intéressant, ce que vous amenez pour venir
présenter les activités du comité paritaire, mais ça serait strictement à titre
informatif. Donc, je ne le sais pas si c'est opportun de venir changer la
structure à ce niveau-là. Maintenant, est-ce que le ministère ne voudrait pas
créer un mécanisme pour s'assurer de la
représentativité des personnes qui siègent au comité paritaire? Je vous soumets
la question puis je pense que ça mérite réflexion.
Mme Vien :
Qu'est-ce que vous ne nous dites pas, là? J'ai l'impression qu'il y a quelque
chose que vous ne nous dites pas. Vous soulevez peut-être une
interrogation sur la représentativité des... Allez au fond des choses.
M. Sam Yue
Chi (Ian) : Bien, écoutez, il n'y a rien que je ne vous dis pas, puis
je n'ai absolument rien à cacher, mais
il reste que nous, à titre de partie, on n'a pas accès à la liste de membres
d'une organisation qui siège sur un comité paritaire, hein? On n'y a tout simplement pas accès, on n'a pas les
outils qui nous permettraient de vérifier cet aspect-là. Maintenant, vous, vous êtes le législateur, vous
pouvez vous développer les outils que vous voulez. C'est un peu ça que
je ne vous dis pas. Mais je vous le dis très
clairement aujourd'hui, il y aurait peut-être moyen d'améliorer la situation
par le biais du projet de loi n° 53.
Mme Vien : Ça, ça fait deux
recommandations.
M. Sam Yue Chi (Ian) : On est rendus
à la deuxième. On est rendus à la deuxième.
Mme Vien : Merci beaucoup.
M. Auclair (Richard) : Mme la
ministre...
Mme Vien : Oui. Excusez, M.
Auclair
M. Auclair
(Richard) : ...dans le même ordre d'idées, je siège au comité
paritaire de l'automobile de Montréal et je suis à la corporation depuis 1990. Donc, depuis 25 ans, je siège
comme partie contractante au niveau du comité paritaire de l'automobile
de Montréal et j'ai siégé également dans la région Laurentides‑Lanaudière. Or,
annuellement ou périodiquement, on procède à la révision du décret. Donc, les
parties contractantes — et
je peux vous parler pour la corporation, et
plus particulièrement pour le rôle que j'effectue — nous négocions à Montréal les conventions
collectives, et je suis le porte-parole,
c'est moi qui suis à la table de négociation. Donc, mes avis des différentes
centrales syndicales lorsque je
retourne au niveau du décret de l'automobile de la région de Montréal, bien,
écoutez, c'est nos conditions de travail, à tout le moins, qu'on
voudrait voir importer dans un décret.
Il y a toujours une disparité parce que nos
salaires, dans l'industrie de l'automobile, si on regarde dans nos conventions
collectives, on va jusqu'à 35 $ de l'heure. Ce qu'on ne retrouve pas chez
les meilleurs salariés que nous retrouvons à
l'intérieur d'un décret de l'automobile, vous n'aurez jamais la rémunération
qu'on a avec les conditions de travail.
Pourtant, à l'origine, la Loi des décrets de convention collective, c'est
l'extension territoriale des négociations des conventions collectives. Et ce que mon confrère souligne ce matin, c'est
un point important, c'est qu'il y a des parties contractantes qui sont avec nous au niveau du conseil d'administration
des comités paritaires qui n'ont aucun syndicat. On est la seule partie
contractante, si je parle dans le secteur automobile, où vous allez retrouver
des conventions collectives. Et de la
main-d'oeuvre hautement qualifiée, on en retrouve dans différents secteurs.
Mais des conventions collectives,
lorsqu'on parle de conditions de travail, c'est chez les concessionnaires
automobiles que nous les retrouvons.
À Montréal,
nous avons 237 concessionnaires automobiles. Laurentides-Lanaudière, la région
de M. Cousineau, il y a 98 concessionnaires automobiles qui sont
assujettis par convention collective, qui ont des décrets, qui ont des conventions collectives. Or, il faut toujours
arrimer nos conventions collectives avec nos décrets. Je pourrais parler
des différentes régions, mais je vais parler
des régions où, moi, particulièrement, j'ai siégé, où je suis actif dans ces
régions-là. Ça fait qu'à Montréal, lorsqu'on se retrouve à la table de
négociation où est-ce qu'on retrouve par la suite au comité paritaire... bien, on va appliquer ou on va
importer directement des éléments de nos conventions collectives, des
fonctions qu'on retrouve à l'intérieur de nos conventions collectives qui vont
se retrouver dans les conditions de travail.
Lorsqu'on parle
de pourcentages d'augmentation salariale, bien, souvent, on va prendre comme
balises ce qui aurait été négocié dans nos conventions collectives pour
essayer d'arrimer avec les parties contractantes. Certaines parties contractantes nous disent : Bien non, on ne
peut pas aller au-delà de certains indices. Pourtant, nous, on les a
négociés, ces indices-là,
sur lesquels on va parler d'augmentations salariales ou d'autres conditions de
travail. Et je parle spécifiquement dans le secteur automobile. Je ne voudrais
pas parler des autres décrets qui ont des conditions particulières et qui ont
d'autres conditions, parlons de l'automobile.
Un élément
qu'on a, c'est qu'il y a des parties contractantes qu'on se demande,
effectivement... Et c'est le travail du
CCTM, je le conçois bien, de valider si ces gens-là sont bel et bien
représentatifs. Mais c'est une des questions qu'on soulevait, qu'on se posait comme question sans
aller sur les éléments du projet de loi que vous avez présentés, Mme la ministre. Mais, quand on parle de gestion, quand
on parle des travaux, vous parliez d'une assemblée générale, savez-vous que chacune des parties contractantes avec
laquelle je compose et que nous partageons du côté patronal doit rendre
compte dans son association? Moi, je rends
compte à l'ensemble de mes membres du secteur automobile à Montréal dans le
cadre d'une assemblée générale annuelle. Et, dans des rapports mensuels, nous
rapportons à notre corporation régionale des activités qui se déroulent au
niveau du comité paritaire. Et, par la suite, mensuellement, je produis un
rapport à la corporation provinciale des
différentes activités. Donc, indirectement, on rejoint nos membres puis on les informe de ce qui se passe,
des différentes décisions, des différentes actions qui vont avoir un impact
dans leur industrie.
Et mes confrères des autres associations
patronales, pour avoir échangé avec eux, également, doivent rendre des comptes parce
qu'on est nommés annuellement par nos corporations régionales. Alors, la
corporation de Montréal, qui a décidé de me déléguer pour siéger et la
représenter au niveau du comité paritaire, ainsi qu'un autre membre
concessionnaire automobile, bien, nous avons des comptes à leur rendre. Est-ce
qu'on rendrait davantage d'information si on allait à l'assemblée générale
publique? Je ne suis pas sûr qu'on rendrait service à l'ensemble des gens de
l'industrie.
Par ailleurs, le site Internet fournit bon nombre d'informations que nous n'avions
pas à l'époque, qui n'étaient pas...
Je me rappelle, les premières années, moi, en 1990, l'information était gardée en vase clos, et on quittait la réunion du conseil
d'administration, on laissait les
documents au conseil d'administration. Aujourd'hui, ces documents-là, que ça soit l'ensemble des questions sur lesquelles l'administration courante des comités paritaires... bien, les administrateurs ont
ces informations-là. On s'est dotés d'un
code d'éthique, des règles de déontologie pour, justement, s'assurer que les
gens qui siègent au niveau
des comités paritaires puissent avoir cette indépendance-là ou, à tout le moins, ces règles d'éthique là qui
gouvernent nos interventions au
niveau du comité paritaire. Et je
peux vous dire qu'à Montréal j'en suis un des bons chiens de garde
depuis 25 ans, et c'est le mandat qu'on m'a donné.
• (11 h 20) •
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Me Auclair. Alors, je vais maintenant passer la parole à l'opposition
officielle, M. le député de Rimouski, pour 9 min 30 s.
M. LeBel : Merci, M. le Président.
Comme je disais tout à l'heure, je remplace à pied levé mon collègue de Richelieu,
qui, habituellement, est le porte-parole et le vis-à-vis de la ministre. Ça fait que, comme je disais, je suis en
dehors de ma zone. Ça fait que j'apprends beaucoup de choses de ce que vous
nous dites. C'est un milieu que je ne connais
pas vraiment, mais vous avez
commencé, puis ça m'a un peu titillé,
vous avez parlé, les gens de Rimouski
ne sont plus là-dedans. Moi, je suis député de Rimouski, puis vous avez
dit : Ils n'ont pas de décret puis... C'est un des derniers, je pense, que vous avez dit qu'ils ont... Puis vous
avez dit : Ceux qui n'en ont pas n'en veulent pas, hein? J'aimerais
ça... Dites deux mots, c'est qu'est-ce
qu'ils... J'ai une petite idée, mais qu'est-ce qu'ils rejettent des décrets
comme ça? Pourquoi vous dites : Ils n'en voudront jamais, c'est
fini?
Le Président (M. Cousineau) :
M. Béchard.
M. Béchard (Jacques) : Écoutez,
merci de votre question. Un des éléments — puis je l'ai abordé dans ma présentation — c'est qu'au Québec on a des lois du travail,
hein, de plus en plus intéressantes, qui protègent de plus en plus les travailleurs, notamment la Loi sur les normes,
qui a évolué au fil des ans, et c'est bien. Donc, un décret, c'est
l'extension de certaines conditions de
travail d'une convention collective négociée. Et, comme mes collègues vous
l'expliquaient, nous autres, nos
concessionnaires versent beaucoup plus que le décret. Donc, à Rimouski, les
travailleurs sont bien rémunérés. Pourquoi? Notamment, parce qu'il y a
une pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur de l'automobile. Puis ce n'est pas propre à notre secteur, hein, le
vieillissement de la population, etc., donc il y a une pénurie de main-d'oeuvre
dans notre secteur, et le concessionnaire
qui ne voudrait pas rémunérer son salarié convenablement, bien, il ne pourrait
pas garder d'employés parce que
l'offre est grande, on a besoin de travailleurs, de sorte qu'à cause des lois,
à cause du fait qu'il y a une vive
compétition dans le secteur de l'automobile et du fait qu'il y a une pénurie de
main-d'oeuvre, les concessionnaires, les parties patronales disent : On n'a pas besoin de conditions de
travail d'un décret pour protéger les travailleurs. Ça, c'est un élément
important de la réponse.
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Oui, merci. Mais cette situation, elle n'est pas que dans la
région du Bas-Saint-Laurent, de Rimouski, elle peut être dans d'autres
régions aussi. Mais, ailleurs, ils ont accepté de garder les décrets.
M. Béchard
(Jacques) : C'est-à-dire que
les décrets datent de plusieurs années. Et il y a six décrets dans le
secteur de l'automobile, puis nous, on dit : Ça va bien. On a un projet de
loi n° 53 qui modernise la Loi des décrets, et nous, on dit : Parfait, dans les régions où il y a
des décrets, continuons. Sauf que, dans les régions où il n'y a pas de décret,
on n'en a pas besoin. Voilà.
M. LeBel :
Merci, c'est clair. Monsieur... je ne me rappelle plus de votre nom, le
monsieur ici...
M. Auclair (Richard) : Me Auclair.
M.
LeBel : M. Auclair, vous
avez parlé tantôt : On s'est donné un code d'éthique, on respecte notre code d'éthique. Les gens qui sont passés avant vous parlaient des
éléments de transparence et, comme vous, mentionnaient que le site Internet, où les informations sont là, c'est une
avancée que la ministre propose. Le groupe avant vous parlait d'éthique aussi, d'un code d'éthique, qu'ils s'en étaient
donné un aussi, et on a ouvert avec eux sur la possibilité est-ce qu'un
code d'éthique devrait être aussi prévu par
la loi. Est-ce que ça ne serait pas aussi ajouter à la transparence si, un code
d'éthique que vous avez déjà, on l'intégrerait à la loi?
M. Auclair
(Richard) : Écoutez, d'ajouter un code d'éthique au projet de loi et
de mettre des règles d'éthique, regardons
la Loi sur le Barreau, on a des règles d'éthique qui sont prévues dans notre
loi habilitante sur le Barreau. Qu'on regarde
dans différentes législations, on va retrouver ces règles-là. Ça ne peut être
qu'un bienfait que de le rajouter si la ministre juge opportun de
rajouter des éléments d'éthique à l'intérieur du projet de loi.
Mais là je ne
voudrais pas qu'on s'égare du projet de loi, je pense qu'on va se retrouver...
Je vous dirais que, dans n'importe quelle
législation, on va dire : Est-ce qu'on ne devrait pas prêcher par
l'éthique? Est-ce qu'on ne devrait pas prêcher
par de la déontologie? Alors, oui, on ne peut pas être contre ces éléments-là.
Est-ce que ça doit nécessairement faire
partie d'un projet de loi qui veut actualiser la Loi des décrets de convention
collective? Je vous laisserai le soin d'en discuter. Si vous jugez opportun de rajouter ces règles d'éthique, bien,
il va falloir prévoir des règles d'éthique. Parce que, quand vous
regardez les lois habilitantes du travail, que ce soit la Loi sur les normes du
travail, la Loi sur la santé et sécurité du
travail, la Loi sur les accidents de travail, maladies professionnelles, où
est-ce qu'on est régi par des conseils d'administration, par des officiers
qui vont rendre des décisions judiciaires ou quasi judiciaires, on a déjà prévu
ce mécanisme de loi là ou on a déjà prévu
ces mécanismes-là d'éthique à l'intérieur. Est-ce qu'on devrait faire
abstraction pour la Loi des décrets de
convention collective? À un moment donné, on va être rendu qu'il y aura des
règles d'éthique un peu partout.
Mais. à l'interne, on s'est donné des règles que, particulièrement s'il y a des
éléments qui doivent faire l'objet de... on va parler d'éthique, de
déontologie, qu'on se les réfère, et c'est pour ça qu'on s'est... c'est un
outil additionnel.
Est-ce que je réponds à votre question?
M. Béchard
(Jacques) : M. le Président,
est-ce que vous me permettez un petit commentaire additionnel très bref?
Le Président (M. Cousineau) :
...
M. Béchard (Jacques) : M. le député
de Rimouski, ce qui est intéressant, c'est que le projet de loi n° 53
prévoit que le ministre peut établir des directives visant à favoriser une
saine gouvernance des comités. Donc, c'est assez large comme pouvoirs pour Mme
la ministre, et cette question-là pourrait être englobée dans les pouvoirs de
gouvernance. Merci.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. Béchard. M. le député.
M.
LeBel : Ce que j'ai compris, par exemple, c'est que les deux
groupes — comme je
vous disais, je suis nouveau, j'arrive — qu'on rencontre, les deux ont un code
d'éthique, puis ils disent que c'est important d'avoir un code
d'éthique, puis ça rajoute à la transparence. Ça fait que je fais juste
observer que ça ne cause pas de problème pour personne.
J'avais une
autre question. Avec le temps, là, j'essaie de comprendre, là, vous avez dit
que vous êtes contents qu'au niveau
de la formation on divise en deux, que les travailleurs participent au
financement, que ce soit de façon paritaire. Bon, je comprends qu'actuellement ce n'était pas le
cas, mais vous êtes contents de cette division en deux. Mais vous ne
voulez pas que l'enveloppe soit multipliée
en deux, vous voulez que ça reste le même montant qu'on puisse prélever.
J'aimerais juste être certain, est-ce que ça
veut dire moins d'argent dans la formation, ou vous dites non, vous n'avez pas
besoin de la loi pour en mettre, ou... J'essayais de comprendre, si on
coupe l'enveloppe en deux puis on ne met pas plus d'argent, est-ce qu'en bout
de ligne...
M. Sam Yue Chi (Ian) : À prime
abord — pardonnez-moi,
je ne voulais pas vous interrompre — ...
M. LeBel : Non, allez-y, allez-y,
essayez de m'expliquer.
M. Sam Yue Chi (Ian) : ...il faut
savoir une chose, puis on l'a dit en principale ici, c'est qu'on investit déjà beaucoup, nous, les concessionnaires, en
formation, beaucoup plus que la loi nous y oblige. C'est la première des
choses. Donc, on ne voudrait pas se retrouver avec une charge additionnelle à
ce niveau-là. Ça, c'est le premier élément.
Le deuxième,
c'est que sachez, malgré la loi, actuellement, les comités paritaires dans
l'automobile ont une offre de formation.
Malgré qu'il n'y ait pas un financement qui est paritaire, tout ça se finance à
même le prélèvement, et certaines subventions aussi, évidemment. Donc,
ce qu'on dit, c'est que, dans l'état actuel des choses, le prélèvement permet
la formation, donc on ne voudrait pas le doubler à ce niveau-là dans la loi,
là.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Me Yue Chi.
M.
LeBel : Mais ça veut dire, dans le fond, que vous n'avez pas besoin de
la loi, on en met déjà plus. La formation, il n'y a personne qui va... Ce n'est pas vrai qu'il va y avoir moins
d'argent en formation parce que vous en mettez déjà.
M. Béchard
(Jacques) : Et voilà. Nous,
on parle ici pour les concessionnaires d'automobiles. Puis nous, c'est clair qu'on dépasse largement, de 2 %,
3 %, 4 %, et on ne veut pas que... Il y a la loi du 1 %, mais on
ne voudrait pas que des législations viennent augmenter le fardeau.
Puis, écoutez, on a des travailleurs, puis les travailleurs, eux autres non plus, ils ne veulent pas supporter des coûts nécessairement additionnels au niveau de la formation, là. C'est paritaire, puis ça, ces questions-là, les parties, les parties
contractantes, puis on a des amis en arrière de la partie syndicale qui discutent avec nous autres... Non, mais c'est la vraie vie, ça.
Nous autres, on discute de ces questions-là avec la partie syndicale, et
ces questions-là sont discutées au niveau de la formation, des programmes de
formation, etc.
• (11 h 30) •
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci, c'est tout le
temps que nous avions pour l'opposition officielle. Donc, je vais passer la parole maintenant au
deuxième groupe d'opposition avec M. le député de Chutes-de-la-Chaudière
pour 6 min 30 s.
M. Picard :
Merci, M. le Président. Merci, messieurs. Moi, je veux aborder le thème de
l'imputabilité et de la transparence.
Tantôt, Me Auclair, vous avez indiqué que, du côté patronal, il y avait
une reddition de comptes qui se
faisait. Moi, la question est bien simple, pour les assujettis, les travailleurs,
est-ce que ça serait souhaitable qu'il y ait une assemblée générale afin qu'eux
reçoivent leur reddition de comptes?
M. Auclair
(Richard) : Écoutez, je
présume... Et je ne veux pas parler pour les gens de la partie syndicale,
mais les gens de la partie syndicale que je connais et que je côtoie ont
également des assemblées mensuelles où ils rendent des comptes à leurs membres. Comme je vous ai
mentionné, monsieur, j'ai mentionné que, pour ce qui est de chez nous,
au niveau de la corporation, voici la reddition de comptes que nous faisions.
Maintenant, les associations syndicales doivent
certainement — et
je ne voudrais pas parler pour eux — s'ils ont des membres, doivent rendre des comptes à leurs membres dans leurs
dans leurs assemblées mensuelles. Selon leurs statuts et règlements, différentes associations doivent rendre des
comptes. J'ai parlé pour le volet qui me concernait, les
concessionnaires automobiles, voici ce que je fais. D'autres membres
d'associations patronales que je côtoie doivent également rendre des comptes périodiquement à leurs associations qui les
mandatent. Alors, je présume que les associations syndicales également,
de leur côté, doivent peut-être rendre des comptes aux associations qui les ont
mandatées.
M. Picard :
O.K. Deuxième question. Qu'est-ce que vous penseriez s'il y avait des
assemblées générales sur le Web, un peu comme le Fonds de solidarité? Le
Fonds de solidarité, les actionnaires, les actionnaires du Fonds de solidarité reçoivent de la documentation leur
indiquant : Bien là, à telle date, là, il va y avoir une élection, et puis
on va rendre des comptes, et soit que
tu retournes ta procuration en faisant tes choix ou tu mandates quelqu'un qui
va voter dans tel sens, là, parce
qu'il y a toujours, je dirais, un listing de gens, là, qui sont recommandés.
Et, deuxièmement, on peut suivre l'assemblée générale sur le Web. Donc,
allez-y, Me Béchard.
M. Béchard (Jacques) : Bonne
question. Écoutez, avec les explications que les parties contractantes, tant
patronales que syndicales, rendent des comptes à leurs organisations, avec les
dispositions du projet de loi n° 53, où il
va y avoir beaucoup plus de transparence tant au niveau des activités du comité
paritaire que des éléments financiers, le Web, c'est accessible à
tous — c'est
ça, la beauté — de
sorte que toute personne va avoir accès à ces questions-là de rapports annuels, d'éléments financiers. Donc,
nous, nous, on ne demande pas plus que ce que le projet de loi contient,
c'est déjà un pas intéressant. Puis, comme je vous dis, il ne faut pas oublier
qu'un comité paritaire, c'est géré par des parties.
C'est un petit groupe, hein, qui gère les activités du comité, qui a un
directeur général puis des employés. Donc, c'est plus de l'activité d'un
conseil d'administration.
On parlait de
code d'éthique tantôt, on n'est absolument pas contre parce que, moi, mes
administrateurs à la CCAQ ont un code
d'éthique. Je siège sur des conseils d'administration, il y a des codes
d'éthique et de déontologie. Ça, on n'a pas de trouble avec ça. Mais, de
là à commencer à imposer une assemblée annuelle alors que ce sont les parties
qui sont déléguées par leurs regroupements, on ne pense pas que c'est nécessaire...
Le Président (M. Cousineau) :
Me Auclair.
M. Auclair
(Richard) : ...élément à
rajouter. Vous savez, au niveau du
Code des professions, dans les
différentes autres associations professionnelles, il y a les parties qui sont les membres de ces
organismes-là. Également, dans certaines lois, on retrouvait également...
le ministre pouvait nommer
quelqu'un pour représenter le public à l'intérieur du Code des professions. Donc, les différentes lois... Si je
vous parle dans une situation où je suis membre également de l'ordre
des conseillers en relations industrielles ou de ressources humaines agréés du Québec,
il y avait une partie qui était une personne qui était nommée par le ministre,
qui était une partie qui représentait le public.
D'autre
part, avant les modifications apportées à la Loi des décrets de convention
collective, on avait dans nos parties
contractantes des gens qui étaient nommés par le ministre qui représentaient,
justement, le public, qui représentaient les organismes qui étaient non
syndiqués. Parce que vous comprendrez que la base même de la Loi des décrets de
convention collective, c'est l'extension
territoriale des conventions collectives sur le secteur. Alors, vous
comprendrez qu'il y a un plan de la
population qui est non syndiqué. Si on regarde le taux de syndicalisation ici,
au Québec, et dans notre secteur particulièrement, bien, il y a beaucoup de salariés qui sont non
assujettis ou qui sont assujettis à des décrets de convention collective, mais qui ne sont pas
syndiqués. Alors, c'est une piste de solution qui pourrait être envisagée,
mais tenir des assemblées générales
annuelles en ligne ou différents moyens... je pense que l'information fournie
actuellement, telle qu'elle est fournie par les organismes, pourrait répondre
bon nombre de questions.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député, il reste une minute.
M. Picard :
Merci. Je comprends que l'information qui va être véhiculée sur les différents
sites Internet va fournir une nouvelle information. Il y a peut-être des gens qui l'avaient déjà
parce qu'en appelant ils l'avaient. Mais j'ai de la difficulté à percevoir votre réticence, c'est-à-dire on ne veut
pas aller jusque-là. Puis il faut bien comprendre que le projet de loi n° 53, ce n'est pas seulement les concessionnaires d'autos, nous, on regarde l'ensemble des
comités paritaires, donc c'est...
Mais je vous avoue bien candidement que j'ai de la difficulté à comprendre
pourquoi vous ne voulez pas vous rendre...
ouvrir... Parce que les gens, là, en 2016, les gens veulent avoir de
l'information. Puis, souvent, ils ont accès, puis ils n'iront même pas le voir, on va se dire les vraies
choses, là. Mais le fait de dire : Bien non, vous en avez déjà assez,
là, puis de nommer des gens du public... la
population, elle est rendue un petit peu plus loin que ça, je crois, en tout
cas. Mais c'est un commentaire, puis j'accepte...
M. Auclair
(Richard) : ...là-dessus, on n'est pas contre à ce qu'il y ait des
assemblées et qu'il y ait, des fois, des informations qui soient annualisées
sous la forme d'une assemblée générale. Mais vous avez dit : Les gens
pourraient voter sur les personnes qui pourraient y siéger. Et ce n'est pas une
réticence, comment est-ce qu'une personne qui n'est pas partie contractante
pourrait dire : Bien, moi, je vais voter pour telle personne pour siéger
sur tel organisme? C'est là mon interrogation.
Le
Président (M. Cousineau) : ...c'est terminé. Alors,
messieurs les maîtres — parce que je crois que vous êtes quatre avocats — alors,
merci d'avoir participé à notre commission parlementaire.
En ce qui nous
concerne, je suspends les travaux jusqu'à 15 heures, cet après-midi, dans
la même salle. Alors, merci bien.
(Suspension de la séance à
11 h 38)
(Reprise à 15 h 29)
Le Président (M.
Cousineau) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
de l'économie et du travail reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
Nous
poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques
sur le projet de loi n° 53, Loi
actualisant la Loi sur les décrets de
convention collective en vue principalement d'en faciliter l'application et de
favoriser la transparence et l'imputabilité des comités paritaires.
Nous
entendrons cet après-midi les organismes suivants : la Fédération des
chambres de commerce du Québec, le Comité paritaire de l'entretien
d'édifices publics de la région de Québec et le Comité paritaire des agents de
sécurité.
Alors,
je vous rappelle, c'est le même temps que ce matin, un exposé de 10 minutes et
puis, après ça, bien, des échanges
avec les parlementaires, 16 minutes pour la partie ministérielle, 9 min 30 s
pour l'opposition officielle et 6 min 30 s pour le deuxième groupe d'opposition
Alors donc, celui qui
va prendre la parole au départ, vous vous présentez et présentez vos deux
confrères, et vous avez 10 minutes.
Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ)
M. Forget (Stéphane) : Merci beaucoup, M. le Président. Membres de
la commission, Mme la ministre, alors, Stéphane Forget, je suis président-directeur
général de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Je suis
accompagné, à ma droite, par Alexandre Gagnon, qui est directeur Main-d'oeuvre
et Santé et sécurité au travail à la fédération,
et de Me Richard Martel, avocat chez Fasken Martineau, expert dans le domaine qui nous accompagne depuis
assez longtemps dans nos travaux eu égard à ce projet de loi.
• (15 h 30) •
Alors, je vous rappelle brièvement... Vous
connaissez la fédération, mais j'aime toujours rappeler qu'on porte deux chapeaux : le premier, de fédérer et de
regrouper les 143 chambres de commerce sur le territoire québécois; et
notre deuxième rôle, à titre de chambre de
commerce provinciale, nous avons plus de 1 200 entreprises membres directement de la fédération qui
se réunissent dans différents comités, dont un particulièrement sur les enjeux
de travail et de main-d'oeuvre.
Je veux aussi vous
rappeler que nous sommes membres du CCTM, donc du Conseil consultatif travail,
main-d'oeuvre, et nous avons participé, avec
la participation de Me Martel, au sous-comité de travail qui a réfléchi à
l'enjeu des décrets de convention collective.
Tout d'abord, je veux juste vous rappeler que
nous nous sommes positionnés pour l'abolition pure et simple de la Loi sur les décrets de convention
collective, mais nous avons travaillé de façon très constructive aux travaux
qui ont conduit au dépôt du
présent projet de loi, projet
de loi que nous appuyons. Nous étions
et nous sommes toujours d'avis
que la réalité du marché du travail a fait son chemin depuis la première adoption de cette loi, jadis, en
1934. Différentes législations sont venues assurer certaines balises dans
le cadre des contrats de travail entre employés et employeurs québécois.
Précisons qu'actuellement le Code du travail et la Loi sur les normes du
travail émettent les limites dans lesquelles
ces relations de travail peuvent évoluer. La pénurie de main-d'oeuvre actuelle et son aggravation annoncée par les changements démographiques
amèneront les forces du marché à fournir de meilleures conditions de travail et
une rémunération avantageuse aux
travailleurs québécois. La valeur et l'utilité de la Loi sur les décrets de
convention collective sont aujourd'hui questionnables, et la diminution
constante des entreprises soumises à cette loi démontre d'ailleurs l'importance
de réfléchir quant à la nécessité de maintenir cette structure.
À notre avis,
cette loi a un impact négatif sur l'entrepreneuriat québécois en permettant à
certains joueurs de mettre en place des barrières à l'entrée imposantes
dans certains secteurs d'activité. Cette loi vient, dans son essence même, empêcher par moments le jeu de l'offre et de la
demande. De telles barrières viennent rendre difficile, sinon impossible
dans certains cas, la venue de petites ou
très petites entreprises qui n'auraient pas les mêmes ressources que certains
joueurs. Il est d'ailleurs important de
préciser que les comités paritaires sont actuellement constitués par les
principaux acteurs patronaux et syndicaux d'un secteur assujetti.
Une
entreprise naissante doit souvent rivaliser dans son offre de service afin de
se distinguer des grands joueurs qui sont
déjà dans le marché. Comme nous l'avons indiqué précédemment, les décrets
viennent pourtant instaurer des barrières à l'entrée pour l'arrivée de nouveaux joueurs. Il est donc nécessaire de
prévoir une phase tampon au cours de laquelle une entreprise a toute la
latitude et la flexibilité pour s'implanter. Dans une optique d'allègement
réglementaire pour les petites entreprises
et afin de favoriser l'entrepreneuriat dans tous les secteurs de notre
économie, nous vous proposons qu'un
article soit ajouté au projet de loi afin d'exclure les entreprises de moins de
20 employés à l'assujettissement des décrets de convention collective.
Autre
élément, l'état des choses actuel et les bonnes pratiques en matière de
gouvernance imposent d'assurer une plus
grande transparence, et la présence d'un observateur à l'ensemble des
rencontres nous semble un pas dans la bonne direction. Si les ressources
du ministère ne lui permettent pas de déployer un observateur, nous
recommandons à la ministre d'utiliser
systématiquement son droit déjà prévu à l'article 17 de la Loi sur les décrets de convention
collective, prévoyant la nomination de membres neutres au comité.
Parlons maintenant
de transparence. Une simple visite de certains des sites Internet des comités
paritaires réussit à nous convaincre
du manque de transparence de certaines de ces organisations. Il apparaît
impossible, sur certains d'entre eux,
d'obtenir l'identification des membres du comité paritaire, encore moins un
moyen de les rejoindre ou le calendrier de leurs rencontres. Nous applaudissons donc les nouvelles exigences quant
à la publication obligatoire de l'identification des membres, des
rapports annuels et des états financiers, des règlements applicables ainsi que
des ordres du jour des réunions. De plus,
nous recommandons que les comptes-rendus des réunions soient également rendus
disponibles sur leur site Internet. Les ordres du jour sont souvent
normalisés et modifiés lors de l'amorce de la rencontre même ou alors amendés
avec une série de points au varia, ce qui est normal.
Dans un
esprit de saine gouvernance et à l'instar des recommandations effectuées quant
à l'administration des ordres
professionnels québécois dans le projet de loi n° 98, il nous apparaît
aussi approprié que les membres des comités paritaires aient
l'obligation de suivre une formation en matière de gouvernance et d'éthique.
La fédération
supporte également la décision d'abolir le décret des coiffeurs de l'Outaouais.
Alors que les salons de coiffure de partout au Québec démontrent la
possibilité d'une saine compétition, ce décret restait intact tel un vestige du passé. Il va de soi que d'abolir ce décret est
un premier pas, et nous réitérons la nécessité d'examiner... de
maintenir l'ensemble des décrets existants.
Afin de poursuivre, il apparaît important de
rappeler le rôle que remplissent les comités paritaires. Ils sont responsables du contrôle et de la surveillance de
l'application des décrets de convention collective. Bien que le Québec soit le seul endroit en Amérique du Nord à avoir
un tel système d'extension des conventions collectives, certains pays, notamment en Europe, ont une loi similaire. Or, la
réglementation québécoise est la seule qui prévoit que l'application d'une telle loi soit contrôlée et surveillée par
un comité paritaire. Dans les pays européens concernés, ce sont plutôt à
des instances gouvernementales que ce mandat a été confié. Ainsi, ce sont les
comités paritaires qui surveillent les entreprises assujetties à un décret et
qui interviennent auprès d'elles.
Précisons à nouveau que les comités sont
constitués de représentants des plus grandes entreprises et des plus grands
syndicats de l'industrie visée. Concrètement, cela signifie que certaines
entreprises assujetties à un décret sont présentes au sein du comité paritaire
alors que d'autres entreprises également assujetties au décret n'y sont pas.
Les entreprises non présentes sont donc
interpelées et surveillées par un comité sur lequel siègent des entreprises
avec qui elles sont en concurrence
directe. La fédération considère que cela pourrait entraîner un traitement
inéquitable et démontre, pour le moins, une apparence de conflit
d'intérêts. De ce fait, les comités paritaires peuvent constituer une entrave à
l'exercice d'une saine concurrence alors que
la surveillance de l'application d'un décret pourrait devenir un véhicule
pour nuire à certaines autres entreprises.
Nous croyons
que le gouvernement se doit de corriger cette situation dans sa refonte de la
Loi sur les décrets de convention collective. Il nous apparaît plus
approprié que le mandat de surveillance de l'application des décrets soit dévolu à la Commission des normes, de l'équité, de
la santé et de la sécurité du travail, dont les employés possèdent déjà
une expertise et la crédibilité requise dans
l'inspection des lieux de travail tout en offrant l'assurance de la neutralité
nécessaire à l'application de ce décret.
Enfin, la
fédération tient à remercier les membres de la commission de lui avoir accordé
l'opportunité de commenter ce projet de loi. Tout de même, nous
réitérons à nouveau notre point de vue sur le fait que cette loi est vouée à disparaître dans
les prochaines années. Des décrets de convention collective ne sont plus
nécessaires dans le cadre des relations de travail modernes. Le projet
de loi ainsi que les propositions que nous avons émises peuvent toutefois permettre de rehausser les normes de gouvernance
en place et éviter la répétition des dérapages que nous avons connus au cours des dernières années. Une diminution rapide
du nombre de décrets en vigueur pourrait, par le fait même, permettre une diminution importante des structures
administratives et des coûts qui y sont associés. Quoi qu'il en soit,
l'adoption de ce projet de loi est
primordiale, et nous encourageons, évidemment, les membres de la commission à
procéder rapidement à son adoption, mais avec, notamment, les
changements dont nous vous avons fait part aujourd'hui. Je vous remercie.
Le Président (M. Poëti) : Merci,
M. Forget. Alors, Mme la ministre pour une période de 16 minutes à
votre convenance.
Mme Vien :
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. Forget. Bonjour à vous tous.
Si je vous comprends bien, un peu à l'image
de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, vous, ce que vous
nous dites, c'est : Bon, nous,
on aurait préféré l'abolition pure et simple de ce système-là, de ce régime-là,
de ces décrets-là, mais, puisqu'il le faut, on va les garder. Mais
améliorons, finalement, l'état des lieux. Je vous ai bien compris?
M. Forget
(Stéphane) : Et
réfléchissons, si possible, à, dans le temps, comment on pourrait faire en
sorte qu'ils finissent
éventuellement, compte tenu de l'état actuel des relations de travail, comment
on pourrait faire éventuellement pour les éliminer dans un laps de temps
raisonnable.
Mme Vien : Donc, une
mort latente?
M. Forget (Stéphane) : Bien,
non...
Mme Vien : Dans le temps,
c'est ce que...
M. Forget (Stéphane) :... avec
certains ajustements qui permettraient d'y arriver
• (15 h 40) •
Mme Vien :
O.K. Vous avez parlé de barrières à l'entrée, d'une phase tampon, est-ce que je
dois faire le lien entre ça et votre demande que les 20 employés et
moins ne soient pas assujettis?
M. Forget (Stéphane) : Oui.
Mme Vien : Est-ce que je fais
le lien entre les deux?
M. Forget (Stéphane) : Vous pouvez
faire le lien entre les deux.
Mme Vien : M. Forget, on m'a toujours expliqué que les
décrets de convention collective existaient parce que ce sont de petites entités, ce sont de petites
entreprises qui, normalement, n'auraient pas nécessairement... sans dire
les reins solides, n'auraient pas les
structures nécessaires pour se donner les conventions, etc., qu'un décret de
convention peut apporter, et ça concerne au premier chef, bien entendu,
des entreprises qui ont 20 employés et moins. Est-ce qu'on ne vient pas,
un peu, dire une chose et son contraire en même temps?
M. Forget
(Stéphane) : Je vais débuter
puis je vais laisser mon collègue répondre par la suite. Évidemment,
là, non, ce n'est pas une chose et son
contraire. Le défi que nous avons, c'est, dans un premier temps, de
notre côté, en travaillant avec les entreprises de plus petite taille,
de constater la lourdeur administrative, l'impact sur leurs entreprises de la réglementation, des obligations réglementaires,
des obligations administratives, et autres. Et on le sait, là, tout le monde le constate, la lourdeur
administrative au Québec, pour les plus petites entreprises, est très
importante. Donc, ça, c'est le premier
élément où on se dit: On continue, là, est-ce qu'on peut exclure ces
entreprises-là de ce genre d'obligations là? Deuxième élément, on constate, pour avoir eu des discussions, qu'il y a
des plus petites entreprises qui, dans le contexte de décrets de
convention collective, ont de la difficulté à s'implanter, à s'imposer.
Donc, en voyant ces deux éléments-là, on se disait:
Quelle est la meilleure solution pour être cohérents avec nous-mêmes aussi parce qu'on a le même enjeu du
côté de la Loi et de la santé et sécurité au travail? Probablement que de ne pas assujettir les entreprises de plus petite taille pourrait avoir
un impact favorable. D'autant plus — et je vous l'ai mentionné, on le répète — qu'on pense qu'à terme cette loi-là devrait
ne plus exister, on pense que c'est un pas dans la bonne direction à cet
égard-là. Peut-être qu'Alexandre, tu veux ajouter.
Le Président (M. Poëti) : ...vous
identifier aux fins de l'enregistrement, monsieur.
M. Gagnon
(Alexandre) : Oui, bien sûr.
Alexandre Gagnon, directeur Main-d'oeuvre et Santé et sécurité au
travail pour la Fédération des chambres de
commerce du Québec. Une des particularités des jeunes entreprises, c'est
notamment, tu sais, qu'il faut qu'elles
fassent face à la compétition, il faut qu'elles trouvent de nouvelles façons
innovantes afin de réussir à compétitionner
face aux entreprises qui sont déjà en place. Et, pour une majorité
d'entreprises, ça passe notamment par offrir un service ou offrir des
produits différents des autres entreprises.
Par
la force des choses, ça amène également les entreprises à faire face
d'innovations... de faire face... d'utiliser de nouvelles pratiques en ressources humaines afin de motiver les
travailleurs à venir travailler chez lui plutôt que d'aller dans une
plus grande entreprise. Donc, souvent, ça va faire face par une rémunération
parfois différente. Donc, pas nécessairement
par une rémunération monétaire, mais ça pourrait être par différents incitatifs
au niveau de l'horaire de travail ou
au niveau de partage des bénéfices. Donc, c'est des façons de rémunération
différentes que les petits employeurs vont
utiliser afin de faire face... lorsqu'ils n'ont pas les mêmes moyens que les
plus grands employeurs. Donc, les décrets de convention collective
viennent nuire un peu à cette possibilité, à cette flexibilité-là des petites
PME.
Le Président (M. Poëti) : Merci. Mme
la ministre.
Mme Vien :
M. Forget ou messieurs, est-ce que — comment je vous dirais bien ça? — selon vous, les décrets de convention sont ou ont déjà été des freins au
démarrage d'entreprises? Un cas de figure bien simple, là, quelqu'un qui
veut se partir une entreprise dans un
domaine où il y a un décret de convention collective dans une région et qui se
dit: Moi, je ne me lance pas parce
que je... avez-vous eu des sons de cloche là-dessus? Avez-vous eu des
informations là-dessus ou, là, j'imagine quelque chose qui n'existe pas,
là?
Le Président (M. Poëti) : M. Forget?
M. Gagnon? Me Martel?
Une voix : ...Martel.
M. Martel
(Richard) : Richard Martel, je suis avocat et j'ai eu le plaisir de
travailler dans le domaine des décrets. M. Audet dirait depuis 1934, mais ce n'est pas si récent que ça. La
réponse, c'est que oui, ça a déjà été... La plupart de ces décrets-là ont été abolis, hein? On a travaillé
avec un régime qui avait 40, 50 décrets, et, de façon graduelle, ils ont
été abolis. Les décrets qui demeurent sont dans deux grands secteurs,
l'automobile et les services.
Il y a un
choix social à faire, Mme la ministre. Prenons, par exemple, la sécurité ou
l'entretien ménager, les décrets prévoient des salaires beaucoup plus
élevés que le salaire minimum, et il est certain que le petit entrepreneur qui voudrait rentrer avec une technologie de base,
là — l'entretien
ménager n'en demande pas beaucoup — le décret va le forcer à rencontrer des conditions salariales qui sont de 15,85 $ de l'heure, à peu près, là. La directrice est en arrière,
là, c'est de cet ordre-là. Alors, dans ce sens-là, ça peut être une difficulté,
c'est un choix social à faire.
Mme Vien :
Une dernière question, M. Forget, quelle est l'appréciation que vous faites de
l'éthique, de la transparence, de la
gouvernance des comités paritaires? Je comprends que vous nous dites : Ça
prend de la formation, bon, sur la
gouvernance de façon générale, et tout ça, mais vous, là, votre lecture que
vous faites de l'éthique des comités paritaires, de la gouvernance...
M. Forget (Stéphane) : Je laisse M.
Martel...
Le Président (M. Poëti) : M. Martel.
M. Martel (Richard) : Là, je vais
avoir le plaisir de vous répondre, Mme la ministre. J'ai été en commission
parlementaire en 92 sur la première réforme de la loi, et la transparence puis
la gouvernance des comités paritaires, c'était déjà discuté. Quand on a
présenté au ministre du Travail le rapport du comité consultatif, on a parlé de
la gouvernance, on a dit... et c'était
consensuel, les trois centrales syndicales, les trois organismes patronaux
disaient : La transparence et la gouvernance des comités paritaires
est inégale. Il y en a qui sont impeccables, il y en a qui sont...
Une voix : ...
M. Martel
(Richard) : ...discutables. Cherchons un adjectif politiquement
correct. Nous avons repris les travaux après
avoir rencontré le ministre du Travail en décembre 2014. On a interviewé, au
comité consultatif, presque tous les directeurs
des comités paritaires en présence de vos fonctionnaires qui sont en charge du
décret, et je peux vous dire que c'est
un domaine qui demande beaucoup de transparence et d'améliorations. Il y a des
comités paritaires qui sont, je l'ai dit, impeccables. Il y en a
d'autres où la gestion, les procédures d'embauche, l'éthique, la gouvernance,
les nominations sont à faire dresser les cheveux sur la tête.
Et le projet
de loi que vous avez soumis, je pense, tend à corriger cette situation-là. Et,
pour moi, il est extrêmement important de prévoir deux choses qui sont
prévues dans le projet de loi : d'abord, qu'on puisse se plaindre d'un comité paritaire à ce qui était la Commission des
relations de travail et, deuxièmement, que le ministère du Travail garde
un oeil ouvert sur ce qui se passe dans un
comité paritaire et puisse être présent. Nous autres, on demandait un
observateur en tout temps, on nous a
expliqué que c'était un peu dispendieux, mais que, sur demande, vous soyez présents
parce que la gouvernance est, dans certains cas, très problématique.
Mme Vien : Bon. Qui est
l'observateur qu'on devrait nommer, cette personne neutre dont parlait M.
Forget?
M. Martel
(Richard) : Bien, de deux choses l'une, ou vous nommez une personne
neutre ou vous nommez un fonctionnaire de votre ministère qui est déjà
au courant de ce qui passe. Généralement, les gens, à votre ministère, connaissent bien les
tenants et aboutissants des problématiques. Si on les met au courant et qu'ils sont
un observateur, ils pourraient être une aide précieuse, ils l'ont déjà
été.
Maintenant,
il faut le formaliser. Si vous mettez quelqu'un de neutre, entre vous puis moi,
les décrets, là, il en reste 13, 14 ou 15 au Québec, il n'y a plus grand
monde qui connaît ça, on va être bien francs, là, de sorte que votre personne
neutre, si elle est trop neutre, elle ne connaîtra rien.
Mme Vien : Merci beaucoup.
Le
Président (M. Poëti) : Merci, Mme la ministre. Alors, nous allons céder la
parole au député de Richelieu pour une période de 9 min 30 s. M. le
député.
• (15 h 50) •
M.
Rochon : Merci beaucoup, M. le Président. Messieurs, bonjour, M. Forget, M. Gagnon, M.
Martel. Comme la ministre, j'ai noté, entre votre mémoire et celui de la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, une indéniable parenté. Vous dites la même chose, on croirait que
vous avez le même rédacteur. Et vous avez rappelé — et vous avez bien fait de le faire parce que ça contextualise, là, votre position historiquement — vous
avez rappelé que votre fédération s'est toujours positionnée pour l'abolition
pure et simple de la Loi sur les décrets de convention collective.
Là, vous nous
avez dit que cette loi-là, elle a un impact négatif sur l'entrepreunariat québécois.
Elle permet — je
cite votre mémoire au texte, là — «à certains grands joueurs de mettre en
place des barrières à l'entrée imposantes dans certains secteurs d'activité». Vous recommandez qu'un article soit ajouté au projet de loi afin d'exclure les entreprises de moins de 20 employés à l'assujettissement
des décrets de convention collective.
Et l'un de
vous nous disait : Les petites entreprises, elles ont à se battre dans un
marché très compétitif, et, souvent, elles
tirent leur épingle du jeu en offrant un service ou un produit différent.
Alors, moi, j'étais très attentif à ce qui allait suivre, et là vous avez ajouté : Elles
doivent faire preuve d'innovation en matière de ressources humaines. C'est
très joli, alors j'attendais la
suite, je me disais : Quelle peut bien être cette innovation en matière de
ressources humaines? Bien, la réponse est venue pas longtemps
après quand l'un d'entre vous, mais un autre, a, cette fois, précisé que les
décrets fixent des salaires bien plus
élevés que le salaire minimum. Alors là — et
vous me direz si j'ai compris — l'innovation
que vous proposez en matière de ressources
humaines, c'est de pouvoir payer les gens moins cher de l'heure que ce que
prévoient ces décrets de convention collective. Je n'essaie pas de vous tendre un piège, je veux
réellement comprendre, là, où le bât blesse, où posent problème ces décrets de convention collective. Et je crois avoir
compris — puis
vous me direz si c'est un des éléments posant le problème — qu'il
y en a, des petites entreprises qui n'ont pas les moyens d'offrir les salaires
qui sont dictés par les décrets.
Le Président (M. Poëti) : M. Forget.
M. Forget
(Stéphane) : Merci. Sauf
tout le respect que je vous dois, ce n'est pas ce que nous avons dit, on
a... Il y a deux personnes qui ont dit des choses, là, vous les avez remises
ensemble, mais je vais expliquer. Dans un premier temps, vous faites le lien
avec la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, oui, on est
cohérents avec nous-mêmes, depuis le début des travaux du sous-comité,
on a été très clairs sur notre intérêt, et on nous avait dit à ce moment-là : C'est bien que vous disiez que vous souhaitez l'abolition, vous avez la franchise de le dire. Cela dit, ce n'est pas le mandat que nous avons au CCTM. Donc, maintenant, comment on fait pour améliorer les choses? Et c'est ce que nous
avons travaillé à faire au cours des années.
Deuxièmement, on a parlé des petites entreprises, il y a une réalité au Québec,
vous le savez, on a un défi d'entrepreneuriat
important. Il y a des petites entreprises qui se créent et
qui veulent se développer, qui ont des ressources et des moyens limités à la base. On ne dit pas que l'objectif,
c'est qu'ils paient au salaire minimum, mais il peut y arriver, par moments, que des salaires décrétés soient une
embûche pour quelqu'un qui veut se lancer en affaires, qui veut
démarrer son entreprise. Donc, l'objectif
n'est pas de dire que l'objectif ou le souhait... que la façon d'innover au Québec,
c'est de payer le salaire minimum. Ce n'est
pas ce que nous avons dit, au contraire. Ce que nous avons dit, c'est que, dans
le cas de petites entreprises qui démarrent, le salaire fixé par décret
pourrait être une embûche qui ferait en sorte qu'elles ne pourraient pas compétitionner avec des entreprises
plus grandes et que, dans certains cas, ces plus petites entreprises là,
comme moyen pour attirer des employés, innovent dans leur forme de rémunération.
En proposant des conditions de travail différentes, par exemple en proposant un
mode de partenariat dans l'entreprise pour se séparer les bénéfices à l'année, c'est innover dans la façon de rémunérer
globalement ses employés pour être compétitif sur le marché. Donc, ce
n'est pas d'innover en diminuant ou en rendant le salaire minimum comme critère
d'innovation pour une petite entreprise.
M. Rochon : Effectivement, M. le
Président, c'est vrai que j'ai mis bout à bout la déclaration de l'un des intervenants et celle d'un autre intervenant.
C'est vrai que j'ai fait ça, mais je constate quand même avoir bien
compris. Puis je saisis parfaitement ce que vous exprimez, là, que, pour certaines petites entreprises,
c'est difficile de se coller — et elles n'ont pas le
choix — sur
les décrets de convention collective dans certains secteurs, sur certains
territoires, je comprends tout ça.
Vous n'êtes
visiblement pas des fans des comités paritaires. Ça, c'est bien, bien, bien
clair, là, on vous a entendus, vous
dites qu'il faut qu'il y ait un observateur sur ces comités-là. Si les
ressources du ministère ne lui permettent pas de déployer un observateur, il faut prévoir la nomination de membres
neutres aux comités. Ça prend de la
transparence. «Une simple visite — et là je cite votre mémoire, c'est la
meilleure façon de ne pas vous mettre des mots dans la bouche que vous n'avez pas prononcés — de certains des sites Internet des comités
paritaires réussit à nous convaincre du manque de transparence de certaines de ces organisations. Il
apparaît impossible sur certains d'entre eux d'obtenir l'identification
des membres du comité paritaire, encore moins un moyen de les rejoindre ou le
calendrier de leurs rencontres.»
Je
vais plus loin : «Il nous
apparaît approprié que les membres des comités paritaires aient l'obligation de suivre une formation en matière de gouvernance et d'éthique.»
Vous soulevez... Là, c'est votre intention, écrire quelque chose comme ça, d'aussi dur à l'égard
des comités paritaires, c'est que vous, vous voulez soulever à leur égard des
soupçons. Vous soupçonnez que certains
d'entre eux, puis j'ai... Tantôt, heureusement, vous avez quand même nuancé, vous
avez dit : «Il y a des comités paritaires impeccables — je
pense bien citer la personne qui a dit ça, oui — et il y a des comités — là, il y a eu une pause, vous cherchiez
votre qualificatif — discutables.»
Discutables. Mais dois-je
comprendre qu'il y en a pas mal qui ne sont pas impeccables, et c'est
pour ça que vous avez tant appuyé sur la transparence, sur la nomination d'un observateur, sur une meilleure
gouvernance? Ça occupe beaucoup de place dans votre mémoire, et c'est important que nous entendions ça ici, là. S'il se
passe des choses incroyables dans ces comités, il vaut mieux le savoir, là.
M. Forget (Stéphane) : Je vais céder la parole à mon collègue dans
quelques secondes. Juste de vous dire tout d'abord que la gouvernance, la
transparence et en matière d'éthique, dans tous les dossiers, dans tous les
domaines sur lesquels nous intervenons, c'est pour nous quelque chose
d'essentiel. Le gouvernement le fait pour ses instances, les entreprises
le font de plus en plus. Alors, pour nous, là, ce n'est pas parce que
c'est un comité paritaire qu'on le demande, on pense que ça devrait
s'appliquer à toutes, toutes les organisations qui ont des responsabilités
comme celles des comités paritaires.
Le Président (M.
Poëti) : Alors, Me Martel.
M.
Martel (Richard) : Je vous remercie, M. le Président. Oui, il
y a des comités paritaires qui ont
besoin d'un sérieux coup de barre. La formation des membres d'un comité
paritaire, elle est essentielle. Et je n'attribue aucune mauvaise foi, il faut tous comprendre comment le
comité paritaire nomme ses gens. Le syndicat, par exemple, va nommer des travailleurs, souvent, qui sont tout à fait de bonne foi puis qui vont se mettre à siéger sur un comité
paritaire. Or, c'est un organisme public, c'est un organisme qui
administre un budget, qui embauche du personnel, qui fait des enquêtes, qui reçoit des rapports sur l'industrie, et ces gens-là, tout en étant de
bonne foi, d'après nous, doivent
avoir une formation de base. Certains
comités le font déjà, c'est-à-dire qu'on va prendre le nouveau membre, puis on va
lui dire : Bien, écoute, d'abord, tu as une obligation de confidentialité quant à ce que tu entends ici. Alors, c'est des choses de base comme
ça, et toutes les parties étaient d'accord là-dessus.
Le Président (M.
Poëti) : Merci, Me Martel.
M. Rochon :
Merci. Merci beaucoup.
Le Président (M. Poëti) : Merci, M.
le député. Alors, je cède la parole
au deuxième groupe d'opposition
pour une période de 6 min 30 s. La parole est à vous.
M.
Picard : Merci. Me
Martel, vous allez pouvoir poursuivre parce
que ma première question était...
j'aurais aimé avoir des exemples
concrets de mauvaise gouvernance. Donc, vous pouvez continuer sur la lancée,
là, sans nommer de noms, là, mais... Puis qu'est-ce que je trouve, là,
qui est le plus...
M. Martel
(Richard) : Comment recrute-t-on un directeur de comité paritaire?
Comment recrute-t-on un inspecteur en chef? Il y a
des problèmes sur certains comités paritaires, votre ministère
est au courant de ça. Vous nommez un directeur général qui a des pouvoirs, quel
concours lui fait-on prendre pour... C'est-u le chum de quelqu'un? Il
n'y a personne qui contrôle ça actuellement.
Il y a eu des abus énormes là-dessus, c'est un exemple pratique. On est
rentrés dans le détail au comité consultatif.
Par
exemple, ce n'est peut-être pas le but de la commission, mais comment gérer les
comptes de dépenses, les multiplications de frais de déplacement, on est
rentrés là-dedans puis on a fait des recommandations conjointement aux fonctionnaires
là-dedans parce qu'il y a des abus là-dessus aussi. C'est l'argent du public qui est là aussi, il ne faut pas l'oublier, et, oui, il y a des problèmes. Et je répète parce que c'est important,
certains comités paritaires sont déjà en avant là-dessus, ils nous ont aidés
dans les travaux.
• (16 heures) •
M. Picard : Qu'est-ce
qui est alarmant dans vos propos, c'est que le ministère est informé de ça. Et
je comprends que, par ce projet de
loi n° 53, il y a une tentative d'améliorer les choses, mais on ne réglera
pas les choses avec ça, là. C'est ce que je comprends de vos propos.
Mais ça, c'est moi qui le dis.
M. Forget (Stéphane) : Bien, évidemment, ce n'était pas le but du CCTM,
ce n'était pas de faire des enquêtes puis de faire l'analyse de chacun
des comités paritaires, mais le titre du projet de loi — pour
une transparence et une imputabilité accrues
au sein des comités paritaires — parle de lui-même. L'objectif, c'est comment
on peut faire pour améliorer la
situation. Donc, l'idée, ce n'était pas d'enquêter sur le passé, ce n'était pas
ça, le mandat que personne avait, mais
comment on peut faire... dans des règles de saine gouvernance comme on doit les
appliquer aujourd'hui, pouvoir améliorer la situation. Dans les cours,
c'est nécessaire, évidemment.
M. Picard :
O.K. Dans vos recommandations, vous indiquez d'accorder le pouvoir de
supervision de l'application des
décrets à la Commission des normes. Moi, ma compréhension des choses, si on
achetait cette recommandation-là, on viendrait
régler beaucoup de problèmes de gouvernance, d'application. Ma question, je
comprends que ça serait... Pour moi, en
tout cas, à première vue, c'est une solution souhaitable, acceptable. Avez-vous
évalué le nombre de fonctionnaires que ça prendrait?
Le Président (M. Cousineau) :
M. Gagnon.
M. Gagnon (Alexandre) : Non, on
n'a pas évalué le nombre de fonctionnaires que ça comprend, mais il faut évaluer que ces postes-là existent déjà au sein
des comités paritaires. Donc, on ne crée pas de nouveaux postes, là,
hein, on s'entend, là. Ultimement, la charge
sociale sur les employeurs, elle va rester identique. C'est simplement qu'au
lieu de donner le pouvoir
d'inspection à notre compétiteur ou aux gens qui font compétition ensemble,
qu'il y en a un qui a le pouvoir d'inspection sur l'autre, on va le
donner à une entité neutre et impartiale qui a une bonne réputation, qui est la
Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail.
M. Picard :
Est-ce que cette piste de solution là a été discutée avec les fonctionnaires du
ministère du Travail?
M. Martel
(Richard) : Elle a été discutée
au comité consultatif en présence ou
pas des fonctionnaires, je ne me souviens
pas, et il n'y avait pas de consensus. Nous, de la fédération, on était
convaincus de notre point, il n'y avait pas consensus au comité
consultatif là-dessus.
Je vais reprendre votre première question et je
la relie à la deuxième, il m'est arrivé de vivre de façon assez dramatique des inspections systématiques et
exagérées d'entreprises qui avaient osé, par exemple, contester la Loi
des décrets. J'ai vécu ça, moi, en 1992. De
sorte que le projet de loi, qui permet à un employeur ou à un travailleur de
s'adresser à la Commission des relations du
travail, nous apparaît comme une piste très intéressante. C'est pour ça qu'on
l'a dit, on l'a vécu, ça. Parce qu'un inspecteur, ça a un pouvoir
d'enquête, de visite, de saisie, hein?
M. Picard : C'est ça.
Mais ce que je retiens de vos propos, c'est qu'actuellement les gens qui
travaillent à l'application des décrets dans
les comités paritaires, c'est, un, vous ne savez pas comment ils ont été
choisis, qu'est-ce qu'ils ont comme
rémunération, c'est quoi, leur formation, et qu'est-ce que vous aimeriez, c'est
que ça soit quelqu'un de neutre, donc
un employé de l'État, tout simplement. Merci, M. le Président. Pour moi, ça,
c'est très clair dans mon esprit.
Le
Président (M. Poëti) :
Merci, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière. Alors, on vient de terminer
pile. Alors, MM. Gagnon, Forget et Martel, merci pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Je vais
suspendre quelques instants pour permettre aux autres intervenants de pouvoir
s'approcher. Merci à tous.
(Suspension de la séance à 16 h 4)
(Reprise à 16 h 8)
Le
Président (M. Poëti) :
Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants du Comité paritaire de l'entretien d'édifices publics de la région de Québec.
C'est bien ça? Alors, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé. Puisque
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission, je
vous invite donc à vous présenter et commencer votre exposé. Bienvenue à
l'Assemblée nationale.
Comité paritaire de
l'entretien d'édifices
publics de la région de Québec (CPEEP)
M. Simard
(Sylvain) : D'accord,
merci. Tout d'abord, je voudrais vous saluer tous puis remercier Mme la ministre et les membres de la
commission de nous accueillir et
d'accepter de nous entendre. Je vais vous avouer tout de suite que c'est un petit peu stressant, là, je n'ai pas
l'habitude.
Bon, mon nom,
c'est Sylvain Simard. Je suis directeur
général du Comité paritaire de
l'entretien d'édifices publics de la région de Québec. À ma droite,
c'est M. Alain Royer, qui est président du comité paritaire et représentant de
la partie syndicale.
M. Royer (Alain) : Bonjour.
• (16 h 10) •
M. Simard (Sylvain) : À ma gauche,
c'est M. Martin Rouleau, qui est le secrétaire de la Corporation des entrepreneurs en entretien ménager de la région de
Québec et membre du conseil
d'administration du comité
paritaire.
Nous sommes heureux que la ministre aille de
l'avant pour moderniser la Loi sur les décrets de convention collective. Nous
sommes en accord avec la majorité des modifications proposées.
La mission du
comité paritaire est de faire respecter le décret dans son ensemble,
d'informer les entrepreneurs, les
salariés de leurs obligations et avantages, aussi de maintenir une saine
concurrence entre les entreprises en entretien ménager.
Nous
couvrons un territoire très grand. Nous avons 11 régions
administratives, dont Québec, le Bas-du-Fleuve.
On se rend aux Îles-de-la-Madeleine, toute la Côte-Nord. Même on se rend à Fermont. On couvre aussi la
partie de l'Estrie, l'Abitibi. On a
une très grande région. Le nombre d'entreprises que nous avons qui sont inscrites au comité
paritaire se trouve... 715 employeurs, pour un total de 7 727
salariés, dont 80 % environ sont de petites entreprises qui ont moins de
10 salariés.
Naturellement,
étant donné que les petites entreprises ne peuvent pas se syndiquer, donc le
décret, c'est important qu'il soit là
pour les protéger, pour faire en sorte qu'ils reçoivent tous les avantages du
décret tels que les salaires, les fériés, les vacances, les maladies,
etc.
De plus en plus, nous avons une main-d'oeuvre
qui... Ce sont des salariés colombiens de plus en plus qui viennent au Québec, qui travaillent, des Mexicains
et autres personnes de d'autres ethnies et qui ne parlent pas du tout ou
pratiquement pas le français. Donc, au comité paritaire, ce que nous avons
fait, nous avons engagé une personne, une Mexicaine,
comme inspecteur, qui devient inspecteur pour, disons, barrer les barrières de
langue pour qu'on puisse défendre ces
employés-là, pour régler le problème de communication. Nous avons fait
reproduire les décrets en espagnol. Donc, les inspecteurs, ils peuvent donner des informations en français,
anglais et espagnol lorsqu'ils rencontrent les salariés.
À tous les
ans, nous faisons parvenir un agenda à tous les salariés de l'entretien visés
par notre décret afin de leur permettre
de noter leurs heures de travail et ainsi vérifier qu'elles soient toutes
payées. D'ailleurs, nous avons des salariés qui ont porté plainte, et, grâce au petit agenda qu'on leur avait
fourni, nous avions toutes les heures détaillées chaque jour.
Nous sommes entièrement d'accord avec le comité
paritaire de Montréal en ce qui a trait aux stratagèmes frauduleux pour éviter de se soumettre au décret : les factures de
complaisance, le travail au noir, déguiser les salariés en faux sous-traitants, en faux artisans ou faux
entrepreneurs. Les deux statuts, soit d'emploi et d'entrepreneur, ne sont
pas clarifiés. Il n'y a que toujours des
stratagèmes pour se soustraire au décret. Les recours judiciaires sont de plus
en plus, d'année en année, en
croissance, que ce soit en procédures pénales ou civiles pour non-paiement des
salaires et non-respect du décret.
Donc, les
recommandations. Il est très important de donner une définition précise de
l'entrepreneur et du salarié, tel qu'indiqué dans le mémoire du comité
paritaire de Montréal.
Nous appuyons
la recommandation de mettre en place un permis d'exploitation, dont celui-ci
aurait pour objectif de s'assurer que
les entreprises sont conformes à l'application du décret et des lois
existantes. Donc, cela contrecarrerait les stratagèmes utilisés par
certaines entreprises de se soustraire de l'application du décret.
Dans le but de contrer le travail au noir,
prévoir une carte d'identité pour les salariés afin de permettre aux
inspecteurs de les identifier plus facilement et de contrer surtout le travail
au noir.
Nous sommes,
d'ailleurs, d'accord avec les augmentations des amendes pour ceux qui ne
respectent pas le décret pour empêcher les employeurs mal
intentionnés...
L'imputabilité
envers le ministère du Travail, nous produisons les rapports annuels, des états
financiers. D'ailleurs, un
représentant du ministère est venu à deux reprises au comité paritaire, il y a
quelques années, pour faire des vérifications sur notre travail de... et
les dépenses, etc.
En ce qui a
trait à la transparence, selon l'article 23 de la Loi des décrets, quatrième
paragraphe, de ce côté-là, on n'a
aucun problème. D'ailleurs, aujourd'hui même, il y a Me Benoit Beneteau, qui
représente le groupe RADIEM, qui s'est présenté
à mon bureau ce midi, et je lui ai permis de vérifier notre rapport annuel, nos
prévisions budgétaires, les états financiers qui ont été vérifiés par la
firme comptable. C'est pas mal ma présentation.
Le
Président (M. Cousineau) : Très bien. Merci. Alors, je passerais maintenant
la parole à Mme la ministre
pour les 16 prochaines minutes.
Mme Vien : Bonjour, M.
Simard. Bonjour, messieurs. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Donc, ce que je
comprends, pour vous, le projet de loi n° 53, c'est une bonne nouvelle. On
vient revisiter une loi qui existe depuis longtemps, on vient, un peu, la
dépoussiérer. Vous nous faites un certain nombre de suggestions. Vous nous
parlez beaucoup de responsabilisation
des gens qui font dans votre domaine, donc les entreprises frauduleuses, etc.
Il y a un groupe qui est passé juste avant vous qui a été assez sévère.
Pas juste lui, d'ailleurs, il y a la fédération de l'entreprise...
Des voix : ...canadienne
indépendante.
Mme Vien : Merci. J'ai toujours un petit peu de
misère, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, qui, elle aussi, ne faisait pas dans la dentelle. À ce niveau-là, au niveau des comités paritaires, vous en êtes. Est-ce que vous
trouvez que le regard ou la lecture est trop
sévère ou si vous dites: Non, ils ont raison, on a besoin, là aussi, de faire
un petit peu de ménage puis de se revisiter? Est-ce que vous les trouvez trop
sévères? Est-ce que le jugement est trop sévère? Est-ce qu'ils ont
raison ou pas?
Le Président (M. Cousineau) :
M. Simard.
M. Simard (Sylvain) : Bien,
raison ou pas, disons que moi, en ce qui me concerne, au comité paritaire de Québec
de l'entretien d'édifices publics, nous sommes très ouverts. Et moi, en tant
que directeur, je suis intègre, et, d'aucune manière, je vais me laisser... je veux dire, pas impressionner, je veux
dire, prendre des ententes ou quoi que ce soit, là, peu importent, là,
les pressions qu'il pourrait y avoir ou... Dans mon comité, il n'y a aucune
possibilité de ça. Puis le côté sévère, là...
Mme Vien :
Quand on parle de gouvernance, parce que moi, je... Je dis moi, mais ça
pourrait être quelqu'un d'autre, là. Je ne
suis pas en train de dire que je vais être là encore deux, trois,
quatre, cinq ans, ce n'est pas ça que je suis en train de dire. Mais ce qu'on veut avec le projet de loi n° 53, c'est de permettre à la ministre,
par exemple, par arrêté ministériel... Et je répète à chaque fois qu'avec l'arrêté ministériel
on va pouvoir faire une consultation, même si on ne monte pas au Conseil des ministres. Sauf erreur,
c'est qu'avec cet arrêté ministériel là on va pouvoir venir donner des directives sur la transparence, des directives
aussi sur la gouvernance. Monsieur disait tout à l'heure qu'il faudrait,
par exemple, avoir des comités de sélection
pour l'embauche, etc., beaucoup, beaucoup de choses à revoir à ce niveau-là,
et il serait heureux que la ministre donne des directives là-dessus. Monsieur,
vous vouliez ajouter quelque chose, je vous en prie, allez-y.
M. Royer
(Alain) : Je voudrais juste
ajouter, effectivement, moi, personnellement, les commentaires qui ont
été apportés, je les trouvais, effectivement, durs. Et ce que j'aurais aimé,
c'est d'avoir des faits. Parce que c'est facile de lancer des choses en l'air, mais ça prend des faits. Moi, je peux vous
dire que, quand on parle de la nomination, que ce soit d'un directeur général, que ce soit des
inspecteurs, c'est faux de prétendre que c'est fait sur des nominations
partisanes. Parce que chez nous, quand on
parle... je parle du comité paritaire, de comment qu'on fonctionne, c'est qu'on
a un comité de sélection qui décide
d'embaucher des inspecteurs. Donc, le directeur général ou les membres du
comité et les gens du comité
paritaire n'ont aucun mot à dire là-dedans, c'est le conseil d'administration
qui mandate un comité de sélection pour procéder aux embauches, recevoir les CV, de mettre en place c'est quoi,
les critères qu'un inspecteur doit avoir pour pouvoir faire son travail
d'inspection.
Donc, c'est
faux de prétendre qu'on peut nommer n'importe qui, puis parce qu'il est beau
puis qu'il est fin, ce n'est pas de
même que ça fonctionne. Parce que, quand on parle de la sélection,
premièrement, c'est qu'on a un code, on s'est mis un code de
fonctionnement, de pointage. Donc, moi, le pointage, quand on fait la
sélection — je
l'ai faite, la sélection — c'est qu'on a une grille de pointage selon
les critères, les cotations qu'on donne, selon les entrevues qu'on a faites, et, à partir de ce moment-là, on joint les
pointages ensemble pour dire après ça c'est quoi, la recommandation qui
est faite selon les critères de sélection et les besoins.
Et, quand
M. Simard faisait référence tout à l'heure à l'embauche d'une inspectrice
espagnole, pourquoi qu'on est arrivés à la conclusion là-dedans, c'est
que de plus en plus — on
parle des cinq dernières années — à Québec, il y a beaucoup d'arrivants, des gens qui sont des Latinos, qui sont des gens
qui parlent une autre langue, et on s'est aperçus qu'il y a des
entreprises que, souvent, c'est des entreprises que je trouve... Ça me fait
rire un petit peu parce que c'est des entreprises
qui contestent la Loi des décrets, et pourtant c'est eux qui se servent des
gens qui ne peuvent pas communiquer avec
personne pour exploiter ces gens-là puis les payer plus bas que le taux du
décret de l'entretien ménager, et c'est de là que la décision a été
prise de se moderniser et de mettre en place des gens qui peuvent communiquer
avec eux.
Donc, les critères d'embauche, on parle autant
des gens qui vont parler l'anglais facilement, et le français, et l'espagnol pour qu'ils puissent communiquer avec
ces gens-là. Et ça a été l'outil, d'ailleurs, qu'on a mis, quand on
parle des agendas, pour que les gens puissent, justement, être capables de
savoir c'est quoi, leurs droits, leur salaire qui sont compris là-dedans. Puis,
en plus, je peux vous dire qu'au comité paritaire on a un code d'éthique. Donc,
c'est faux de prétendre que les gens...
Quand on parle d'informations, les gens qui sont au comité paritaire savent
très bien comment que ça fonctionne,
et les informations qui sont là, je pense, sont traitées de façon
confidentielle, et les décisions sont prises par les membres du conseil
d'administration.
• (16 h 20) •
Mme Vien :
Juste pour que je comprenne bien le fonctionnement, M. Royer, ce que je
comprends, c'est que, le comité paritaire, vous avez un C.A., puis ce
C.A. là, a mis en place un comité de sélection, puis vous avez procédé à vos embauches?
M. Royer (Alain) : Oui.
Mme Vien : Essentiellement,
en substance et en synthèse, c'est ça.
M. Royer (Alain) : Oui.
Mme Vien :
Monsieur, si je vous demandais jusqu'où on devrait aller au niveau de la
transparence, vous me diriez quoi? On parle de sites Internet. Moi,
j'aimerais ça, peut-être, qu'on imagine une formule d'assemblée générale annuelle, tu sais, pour que les choses soient
transparentes puis que les assujettis sachent un peu à quoi servent les
sous qu'ils envoient, etc. Avez-vous pensé à ça? Avez-vous des idées novatrices
là-dedans? Pouvez-vous nous aider, nous, les parlementaires, à...
M. Royer
(Alain) : O.K. Quand on
parle de transparence, on a mis... Je pense qu'on est assez actifs là-dessus,
voilà quelques années, on a engagé, d'ailleurs, une firme de consultation, un
consultant, pour nous enligner comment faire pour être plus transparents autant
auprès des travailleurs que des entrepreneurs ou des donneurs de contrats. Puis
ça, là-dessus, on a fait en marche... on a
fait des conférences de presse là-dedans, des fois, pour informer les gens.
Quand on parle de transparence, je pense que
l'exemple qu'on a donné tout à l'heure, RADIEM sont arrivés aujourd'hui, ils
n'ont pris aucun rendez-vous, il s'est
présenté à la porte, on aurait... bien facile de dire : Prends
rendez-vous, puis, après ça, on vous montrera
les documents. Ce n'est pas ce qui est arrivé, on a accepté. Donc, sur le côté
transparence, on est très à l'aise, sur le côté transparence. Et, de plus, quand on parle des rapports annuels qui
sont faits, on a un rapport comptable qui est fait, toutes
les informations sont transmises au ministère. On n'est pas gênés du tout sur
le côté transparence, on est très à l'aise là-dedans.
C'est le
fonctionnement du côté paritaire, il n'y a pas de décision qui est prise sans
qu'elle soit entérinée par le conseil
d'administration. On a une réunion chaque mois, donc le président, le directeur
général, il doit faire rapport de toutes les poursuites qui sont prises,
et c'est tout simplement le conseil d'administration qui autorise ou non s'il y
a des poursuites ou pas, et c'est fait de façon impartiale en tout temps.
Mme Vien : Une dernière
question. Vous m'avez ouvert un peu la porte, vous m'avez dit tantôt : On
a une entreprise qui utilise beaucoup notre service de personnes ressources,
une Espagnole...
M. Royer
(Alain) : Non, c'est qu'on
a... parce qu'il y a des gens, il y a... quand on a commencé, il y a
quelques années, quand il y a eu
l'arrivée... Parce qu'au Québec, il ne faut pas se leurrer, à Montréal, depuis
plusieurs années...
Mme Vien : Mais ce n'est pas
là que je veux vous amener. Je fais un petit détour, mais ce n'est pas là que
je veux vous amener. Avez-vous beaucoup d'entreprises dans votre secteur
d'activité, dans la région où vous êtes, qui souhaiteraient l'abolition du
décret?
M. Royer
(Alain) : Moi, je dirais
que, dans la région de Québec, non. Et je peux vous dire honnêtement,
c'est que les entreprises qui souhaitent
l'abolition des décrets, c'est des entreprises qui ne respectent pas le décret,
généralement. Mais les entreprises, moi, pour négocier, parce que c'est moi...
je fais partie de la table de négociation pour le renouvellement du décret et je peux vous dire que je connais pas mal les
entreprises à Québec, et ils me connaissent pas mal aussi, et la majorité des entreprises de Québec, des grandes
entreprises, souhaitent le maintien du décret. Pourquoi? C'est que ça
leur permet de concurrencer sur un pied d'égalité, et non sur le dos des
travailleurs.
Et là le problème qui arrive avec des
entreprises qui vont en sous-franchise ou qui donnent en sous-contrats, souvent l'objectif, ce n'est pas de donner un
meilleur service, c'est tout simplement diluer la qualité des gens puis de
les payer le moins cher possible. Ça fait
que donc, la concurrence, les entreprises qui sont sérieuses, les
entreprises... De plus en plus, on
regarde rien que les contrats qui s'attribuent, le travail d'entretien ménager
a beaucoup évolué au cours des années, et,
de plus en plus, les gens qui sont là, ça prend des gens qui ont des
compétences, et on parle on a des gens qui vont s'en aller aux... financiers, on va aller à l'aéroport
de Québec. C'est des gens qui doivent avoir une formation de plus en
plus compétente, et les entreprises, je peux
vous dire, à Québec, sont pour le maintien des décrets, la majorité que je
connais. Puis j'en connais plusieurs, je peux vous dire.
Mme Vien : Une dernière
petite question. Vous m'avez un peu subjuguée tantôt, vous m'avez dit :
Bon, on va jusqu'à la Côte-Nord. Je ne sais
pas trop, vous en couvrez large, là, un peu plus, puis c'est tout le Québec au
complet. Mais moi, on m'a appris qu'un
décret de convention collective s'appliquait sur un territoire, mais pas sur
l'ensemble du Québec, «one shot», là,
si vous me passez l'expression. Comment c'est possible? Comment ça fonctionne,
là, chez vous, là? Comment ça que vous couvrez si grand?
M. Royer
(Alain) : C'est que le
décret de la région de Québec, il existe depuis 1969. Donc, c'est le premier
décret dans l'entretien ménager qui a été
créé, et, à ce moment-là, il n'y avait pas d'autre décret quand on parle de
secteur de l'entretien ménager. Donc,
je ne sais pas, le tracé, est-ce que ça a été fait sur le coin d'un bar avec
une grosse bière, je ne le sais pas, mais le territoire, la manière que
c'est fait — une
joke en passant — c'est
que le territoire, si on parle...
Une voix : ...
M. Royer (Alain) : Bien, c'est ça.
Mais on parle souvent, c'est que le territoire est drôlement, effectivement,
divisé parce qu'on parle de l'Abitibi aux Îles-de-la-Madeleine, on va parler
d'une partie de Sherbrooke, de la région des
Cantons-de-l'Est, on parle du Lac-Saint-Jean. Ça fait que c'est divisé... mais
pourquoi, je ne peux pas vous répondre.
Mme Vien : Puis ça, c'est
un... eux autres, ils sont tous assujettis au même décret, un seul?
M. Royer (Alain) : C'est au même
décret, oui. On a deux décrets au Québec. On a le décret de la région de Montréal et on a le décret de la région de Québec.
Donc, en frais de membership, d'entreprises, Montréal, ils sont plus
gros parce qu'il y a plus de population. Mais on parle de territoire. Pour la région de Québec, on a un territoire qui est assez grand. Effectivement, là,
c'est très grand.
Mme Vien : Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la ministre. Alors, je vais passer la parole maintenant
au député de Richelieu, de l'opposition
officielle, pour 9 min 30 s. M. le député.
M.
Rochon : Merci, M. le Président. Bon après-midi, messieurs. M. Simard, sachez que vous êtes
l'homonyme d'un député qui a siégé ici
pendant 20 ans, Sylvain Simard, et qui fut mon prédécesseur, député de
Richelieu. Alors, ça nous permet de le saluer en
même temps, M. le Président.
Messieurs, M. le Président,
nous avons entendu successivement cet après-midi, hein, au cours des dernières
minutes, une chose et exactement le contraire. Nous avons entendu tantôt les
gens qui vous ont précédés nous dire : Il
y a des comités paritaires
impeccables et des comités paritaires discutables. Et là je vous entends, en quelque sorte, dire : Il y a des entreprises assujetties au décret impeccables et il y a
des entreprises assujetties au décret discutables. Preuve
qu'il y a du discutable partout, hein, partout.
Et ces entreprises
discutables, là, qui agissent contre la Loi sur les décrets de convention collective, vous chiffrez à 2 251 546 $
ce que vous avez réclamé à 732 de ces entreprises en salaires impayés pour la
même année, 2015, 2 085 chefs d'accusation
déposés contre des employeurs pour le non-respect du décret et de la
réglementation associée, sans compter 10 000
demandes d'information de la part de salariés, d'employeurs, de propriétaires
et gestionnaires d'édifices publics auxquels a répondu le service
d'information du comité paritaire. Est-ce que c'est correct?
M. Simard (Sylvain) : Puis-je me
permettre de vous interrompre?
M. Rochon : Oui.
M. Simard (Sylvain) : Parce que, là,
c'est le mémoire du comité paritaire de Montréal que vous avez.
Une voix : Les chiffres
peuvent différer.
M. Rochon : Vous avez bien fait de
me le dire.
M. Simard (Sylvain) : Les chiffres
sont très différents.
M.
Rochon : Vous avez bien fait
de me le dire. Vous avez bien fait de me le dire. Heureusement qu'au départ
je citais bel et bien une observation que vous aviez énoncée. Merci de m'avoir
rappelé à l'ordre.
Alors, je
continue, M. Simard. Je vais continuer, si vous permettez, sur le manque de
transparence et les ennuis de gouvernance dont nous ont parlé les gens
que nous avons vus avant vous. Vous n'avez pas beaucoup, vous, insisté là-dessus, mais avez semblé ouvert. Quand la
ministre a échangé avec vous là-dessus, vous ne sembliez pas montrer,
là, beaucoup de réserve quant à ce que le
projet de loi pourrait vous inviter, là, à rendre plus transparent, à inscrire
sur votre site Internet. J'ai bien
compris que vous avez de l'ouverture à l'égard d'un resserrement sur le thème
de la gouvernance et de la transparence des comités paritaires?
M. Simard
(Sylvain) : Oui,
effectivement, j'ai une ouverture, mais il y a quand même quelques informations
qu'on ne doit pas faire paraître sur les... voyons, le...
Une voix : Le procès-verbal.
M. Simard
(Sylvain) : Comme, exemple,
le procès-verbal, là, ça, il ne faudrait pas mettre ça, là, sur Internet
parce que, lorsqu'il y a des procédures
pénales qui se prennent contre certaines entreprises ou des réclamations de
salaire qui se prennent contre certaines entreprises, je ne verrais pas
d'un bel oeil, là, que d'autres s'en servent, là, à des fins, là, inadéquates, là. Disons que nous, on est prêts à
indiquer certaines choses, mettre certaines choses sur Internet, mais
pas toutes les choses, là, demandées, là, par le ministère ou le projet de loi,
là.
• (16 h 30) •
M.
Rochon : Alors, vous nous
dites qu'il pourrait y avoir certaines informations, à la limite, clavardées,
là, pour éviter que ça ne porte préjudice, là, à des situations, là, qui
n'ont pas encore trouvé leur aboutissement.
M. Simard (Sylvain) : Tout à fait.
M. Rochon : Mais moi, je vais
poursuivre sur le même thème que la ministre a abordé avec vous. Je vais continuer là-dessus, la gouvernance et la transparence, parce que je ne peux pas faire comme si ça n'avait pas été
soulevé, et largement soulevé, là. Bon, tout à l'heure... Je me décolle du mémoire que je citais par distraction, mais, de
mémoire, sans ce mémoire cité de distraction, vous nous avez suggéré
qu'évidemment, évidemment, on ne peut pas s'attendre à ce que des entreprises que vous avez visitées, que des inspecteurs ont
visitées signalant à ces entreprises des contraventions à la Loi sur les décrets de convention collective soient des gens qui fassent votre publicité
positive, n'est-ce pas? C'est ce que je crois comprendre, à chaque fois que nous abordons cette question de gouvernance et de transparence avec les comités paritaires, c'est que leurs détracteurs, nous disent-ils, ces comités,
nous devons, à leur propos, faire la part des choses, un peu nous en méfier parce que ce sont,
effectivement, des gens qui ont pu ne pas respecter les règles établies par la
Loi sur les décrets de convention collective. J'aimerais vous entendre
là-dessus plus avant, vous exprimer.
M. Royer (Alain) :
En fait, pour bien comprendre la question, ce que vous me dites, c'est que
c'est sûr que les...on parle de Fédération canadienne des entreprises, ils ne
feront pas de publicité pour les décrets ou les comités paritaires parce qu'il faut se rappeler que, bon, la grande majorité de
leurs membres, on parle des petites entreprises. C'est des petites entreprises qui sont nées de
franchises ou de sous-traitance, beaucoup de petites entreprises là-dedans. Quand on
parle des entreprises qui ne respectent pas
les décrets, oui, là-dedans, il y a probablement une bonne majorité
d'entreprises qui sont peut-être
poursuivies là-dedans. Ça fait que c'est évident que, pour eux, les comités
paritaires, c'est une nuisance totale.
Mais
les entreprises... je peux vous dire, de petites entreprises, parce que j'en
connais sur... on parle dans le coin de
la Gaspésie, qui ont démarré une entreprise, pourtant c'est cinq, six, sept employés, pour
eux, ils sont d'accord avec ça. Pourquoi?
Parce qu'en partant c'est qu'ils partent sur une base équitable. On sait que
les salaires, c'est égal pour tout le monde.
Donc, pour eux autres, où c'est qu'ils doivent performer, c'est sur les frais
d'administration, sur, bon, la qualité des employés, du rendement. Mais c'est évident que la fédération ou ces
entreprises-là vont toujours être contre les décrets parce qu'il y a beaucoup de ces membres-là qui
sont des franchisés de grosses entreprises qui ne respectent pas les
décrets.
On
fait partie d'une table de concertation actuellement avec Revenu Québec, et c'est les mêmes phénomènes
qu'ils recherchent actuellement parce qu'il y a beaucoup d'argent que Revenu
Québec perd tout simplement par des gens qui ne respectent pas les décrets.
M. Rochon :
Alors, vous n'achetez pas l'argument entendu plus tôt à l'effet que ces décrets
sont un frein à la création de petites entreprises?
M. Royer (Alain) : Bien, c'est un frein, je vous dirais, non, on n'embarque pas là-dedans
parce que, pour nous autres, le fait
d'abolir les décrets, ce n'est pas compliqué, c'est de faire la concurrence pas
sur la qualité des équipements, sur
la qualité de formation, mais bien sur le dos des travailleurs en baissant,
tout simplement, les salaires, et, au bout de la ligne, bien, c'est tout le monde qui sont perdants. Parce que, quand on
parle sur la qualité, le mouvement de main-d'oeuvre là-dedans, la fiabilité des gens, ça va être un
impact majeur. Quand on me dit que ça a l'effet de pertes d'emploi,
c'est l'inverse. C'est que baissons les
salaires, on va avoir un méchant roulement parce que la qualité ne sera plus
là, puis les gens ne resteront pas
dans le domaine. Parce que, dans le domaine de l'entretien ménager, c'est faux
de prétendre... la plupart des gens,
il y a une moyenne d'heures, entre 26 et 30 heures par semaine. Donc,
baissez-les d'heures, déjà que ce n'est
pas des gens qui sont très payés, oui, on peut regarder le taux horaire, mais,
si on regarde le nombre d'heures qui est accordé, ce n'est pas si majeur
que ça, là.
Le Président (M. Cousineau) : Merci. Merci, je dois maintenant passer la parole au député de Chutes-de-la-Chaudière, du deuxième groupe
d'opposition, pour 6 min 30 s.
M. Picard :
Merci, M. le Président. M. Simard, tout à l'heure, vous avez indiqué — puis
je veux juste bien comprendre l'histoire,
là — que M.
Beneteau — c'est Me
Benoît Beneteau? — du
Regroupement pour l'abolition des décrets
dans l'industrie de l'entretien ménager, il s'est présenté au Comité paritaire
de l'entretien d'édifices publics de la région de Québec pour voir
les... En vertu de quoi qu'il se présente là?
M. Simard
(Sylvain) : La loi des décrets.
M. Picard :
Comment?
M. Simard
(Sylvain) : De la loi des décrets, l'article 23.
M. Picard :
Mais moi, si je vais là, je vais à vos bureaux puis je veux voir, j'ai-tu accès
à ça, moi?
M. Simard
(Sylvain) : Oui, absolument. Tout le monde a accès à ça sur les heures
de bureau.
M. Picard :
Tout le monde a accès.
M. Simard (Sylvain) : Oui. Quiconque peut venir au bureau du comité paritaire puis demander
de voir soit le budget annuel ou la vérification comptable annuelle,
etc. Quiconque peut se rendre au bureau.
M.
Picard : Donc, si tout le monde a accès, vous n'auriez pas de réticence à mettre ça disponible sur
Internet, tout le monde aurait accès sur Internet. Puis ça ne veut pas dire que
tout le monde va aller le voir, on s'entend bien.
M. Simard (Sylvain) : Non. Ça, c'est sûr, là, mais il y a
certaines, peut-être, informations, là, qu'on ne voudrait pas mettre partout, là... bien, partout... sur
Internet que n'importe qui peut aller voir, là, sans avoir des raisons d'y
aller, là.
M. Picard :
Je vous entends mal, là.
M. Simard (Sylvain) : Je dis : On ne devrait pas inclure sur Internet toutes les informations que tout le monde
peut voir concernant soit le budget annuel,
etc., là, les vérifications annuelles. Juste les gens qui sont concernés, ça
devrait être normalement ça, là, qui devraient être, eux, informés, et
non les...
M.
Picard : Je reprends,
là, l'exemple. Si je vais à vos bureaux puis je veux avoir accès à ça, est-ce que
je vais avoir accès?
M. Simard (Sylvain) : Oui, absolument.
M.
Picard : Donc, quelqu'un
qui se déplace peut avoir accès à tout, mais vous avez des réticences à le
mettre disponible pour tout le monde, même si tout le monde n'ira pas le voir,
il n'y aura pas foule, là, pour aller voir ça,
M. Simard
(Sylvain) : Non, non, je
comprends. Mais, comme j'ai dit, j'ai expliqué tout à l'heure, il y a certaines informations qu'on ne doit
pas mettre, là, sur Internet non plus, là, comme...
M. Picard : Comme?
M. Simard
(Sylvain) : ...les entreprises
qui se font poursuivre par le comité paritaire ou les réclamations de
salaire que le comité paritaire puisse faire. Si c'est sur Internet, ça...
M. Picard : Mais vous ne pensez pas que les entreprises
qui se font poursuivre — parce qu'ils ont toujours la
présomption d'innocence...
M. Simard (Sylvain) : Oui, oui, oui,
absolument.
M. Picard :
... — ça serait
un moyen qu'elles respectent encore plus le décret? Ça veut
dire qu'elles ne voudraient pas se
retrouver sur le site, disant : Là, on peut être en problème. En tout cas,
on est accusé, là. Donc, ça ne veut pas dire qu'on est coupable, mais ça pourrait avoir un effet de dire : On va
respecter mieux le décret, parce qu'il n'y a pas personne qui veut se
voir...
M. Simard (Sylvain) : Et, comme vous
dites, tant et aussi longtemps que tu n'es pas condamné, il n'est pas coupable.
Disons que ça peut lui porter des préjudices envers les donneurs d'ouvrage.
M. Picard :
Oui. Mais ça, toute personne qui fait face à la justice, quelqu'un qui est
accusé d'un acte répréhensible, là, il peut avoir sa face dans les
journaux, puis...
M. Simard
(Sylvain) : Oui, oui, je
comprends. Mais disons que, du côté des donneurs d'ouvrage, disons qu'il
aurait moins de chances, peut-être, d'obtenir des contrats, là.
M. Picard :
Oui, mais ça serait un moyen, justement, pour qu'il respecte plus le
décret — non? — en disant : Moi, si j'ai une chance de me ramasser là, que les
donneurs d'ouvrage voient mon nom, là, ça va me causer des problèmes?
Vous ne pensez pas?
M. Simard (Sylvain) : Bien, c'est
sûr...
M. Picard : Je peux être dans
le champ complètement, vous pouvez me le dire.
M. Simard
(Sylvain) : Oui, oui. Non,
ça pourrait être une solution, là, à apporter, là, si vous proposez ça, là,
ou vous nous en parlez comme ça, ouvertement. C'est officiel que, si les normes
de...
M. Royer
(Alain) : Il y aurait
un côté dangereux, quant à moi, de publier certaines informations là-dedans. On parle des états financiers, qui sont... Ce n'est pas un problème, ce n'est pas
là le problème, quant à moi. Mais, si on cite des entreprises qui
pourraient être poursuivies puis qu'au bout de la ligne cette entreprise-là...
Parce qu'il faut se rappeler qu'il y a quelqu'un qui donne un contrat en
quelque part, puis il y a quelqu'un qui n'aime pas bien paraître.
Moi, je donne
juste un exemple, je prends l'entreprise qui fait l'entretien ménager au
parlement. On dit dans l'état financier :
Cette entreprise, qui fait l'entretien ménager... On ne mettra pas l'accès sur
l'entreprise, ce qu'elle a fait,
c'est le lieu qui fait le travail. Moi, je pense qu'il y aurait un danger qui
serait dangereux sur une mauvaise presse, sur une mauvaise publicité de l'entreprise et du lieu de travail aussi. Moi, j'aurais un peu
une crainte de donner de l'information à une entreprise qui n'est pas condamnée. Un coup qu'elle est
condamnée, c'est une chose, on a fait la preuve qu'elle ne respectait pas le décret, et ça, c'est une
affaire. Mais le mettre sans qu'elle soit... ça, j'aurais une grosse réticence,
puis je me demande même, juridiquement, s'il y a des informations dedans qui ne
seraient pas... s'il n'y aurait pas matière à des recours, là.
M. Picard : O.K. Est-ce
que vous avez, là, je vais dire, le
pourcentage d'entreprises qui ont été condamnées suite à des...
Vous les mettez en demeure ou je ne sais pas trop la...
M. Simard (Sylvain) : ...2015, là,
on a pris en poursuites pénales 360 chefs d'accusation.
• (16 h 40) •
M. Picard : Mais ça, ça origine de combien au... Au début,
est-ce que vous en avez accusé 1 000,
puis là il y en a 300 qui ont été condamnés? C'est ça que je veux
savoir.
M. Simard (Sylvain) : Non, non, non. Disons qu'il y a sûrement... Dans ça, il y a des
dossiers qui se sont réglés, là, il y
a eu des ententes de règlement. Puis, premièrement, nous autres, là, au comité
paritaire, on donne toute la chance possible à l'entrepreneur de se mettre en règles,
on lui explique qu'il a juste... Si c'est une nouvelle entreprise qui
part en business, il n'est pas au courant qu'il y a un décret, à ce moment-là
on lui donne toute la chance, on lui explique qu'il
y a un décret, qu'il doit produire des rapports mensuels, doit payer le salaire
du décret, respecter le décret dans son ensemble. S'il y a des
réclamations de salaire, on va les faire, on va lui permettre de régler...
M.
Picard : O.K. Je vais vous arrêter là-dessus, je comprends le
sens de votre réponse. Est-ce que, lorsqu'il y a des ententes suite à
des poursuites... est-ce que vous voulez qu'elles soient rendues publiques, oui
ou non?
M. Simard
(Sylvain) : Si la personne a plaidé coupable, il n'y a aucun problème,
là.
M. Picard :
Non, non, vous dites : Des fois, on s'entend, là.
M. Simard (Sylvain) : Non, mais, je veux dire, ils plaident coupable sur un nombre de chefs
x. Mettons qu'on a pris 12 constats
d'infraction, puis, vu la bonne collaboration, par après, on peut plaider
coupable juste sur six constats à ce moment-là. C'est dans ce sens-là.
Ça, ça arrive, ça.
M. Picard :
...
M. Simard
(Sylvain) : Absolument.
Le Président (M. Cousineau) :
Bon, alors, ça termine...
(Interruption)
M. Simard
(Sylvain) : Excusez.
Le
Président (M. Cousineau) : Ne brisez pas notre matériel. Je
vous taquine, M. Simard. Alors, ça termine le bloc du deuxième groupe
d'opposition. Mme la ministre, est-ce que vous aviez un petit quelque chose
supplémentaire? Il vous reste du temps.
Mme
Vien : Oui, merci. M. Simard, je vais lire l'article 23, juste
pour que les gens puissent bien comprendre, parce que les gens à la
maison, qui sont des milliers à nous écouter, ne l'ont pas entre les mains, le
code.
Alors,
ça dit ceci : «Le comité doit transmettre au ministre ses prévisions
budgétaires annuelles et ses états financiers
vérifiés, une copie de la lettre de déclaration du vérificateur externe, un
état de la situation de chacun des fonds qu'il administre, tout document
relatif à un transfert de fonds et un rapport annuel.»
On
dit également que, s'il y a une police d'assurance, bien entendu, puis des
documents relatifs aux régimes de retraite,
ça doit être transmis également. Et on termine en disant : On garde un
double de tous ces documents-là au bureau, donc au comité paritaire, et que, sur les heures ordinaires de bureau,
quiconque peut aller les consulter. On est d'accord avec ça?
M. Simard (Sylvain) :
Absolument.
Mme
Vien : Est-ce que je comprends que vous seriez d'accord pour
que tous ces documents-là soient sur un site Internet? Première
question.
Seconde question,
puis je vous dis pourquoi je vous la pose. Un, moi, je trouve ça important.
Deux, si votre territoire est aussi grand
que vous nous l'avez dit, là, bien, quelqu'un part de Sept-Îles ou des
Îles-de-la-Madeleine, qui veut consulter, il faut qu'il se rende à ces
bureaux, c'est quand même un petit peu moins commode.
M. Simard
(Sylvain) : Si vous me permettez, les gens, qu'ils soient de
Sept-Îles, des Îles-de-la-Madeleine ou de
l'Abitibi, ils ne sont pas nécessairement obligés de venir à Québec, ce sont
les inspecteurs qui se déplacent. Une fois par année, ils font chaque territoire, ils rencontrent les employeurs,
ils prennent des rendez-vous avec les employeurs pour faire la
vérification de livres, ils rencontrent des salariés, que ce soit de jour ou de
soir, puis ils donnent toutes les informations
nécessaires aux entreprises en entretien ménager. Ce n'est pas l'entreprise en
tant que telle qui va descendre à Québec, là, pour venir rencontrer le
comité paritaire ou prendre des informations.
Mme
Vien : Mais vos inspecteurs, ce n'est toujours bien pas leur
ouvrage que d'aller les instruire, vos assujettis, sur le rapport
annuel, les états financiers puis...
M. Simard
(Sylvain) : Ah! non, moi, je ne parle pas pour le rapport annuel, non,
non, non.
Mme
Vien : Non, non, mais c'est ça, je vous comprends, mais là il y
a un enjeu de distance, tu sais, il y a en enjeu de territoire, il y a un enjeu... Tu sais, la transparence, c'est bien
beau de décréter ceci, cela, mais encore faut-il avoir accès à cette
transparence-là. En tout cas, je mets ça dans votre besace, M. Simard, là, vous
aurez certainement l'occasion d'y réfléchir,
et nous aussi, pour voir comment on peut faire, effectivement, en sorte que les
documents soient accessibles, bien sûr. Mais qu'est-ce qu'on va mettre
dans ces documents-là aussi, c'est un petit défi qu'on aura...
M. Royer (Alain) :
Moi, c'est surtout le côté, je vous dirais, que... Parce que votre question est
bonne, effectivement, les gens qui sont lointains là-dedans, c'est sûr qu'il y
a certaines informations qu'ils... je pense qu'ils devraient avoir accès. Mais ce qu'il faut être prudent, c'est qu'est-ce
qu'on met dans cette information-là pour ne pas, justement, nuire à
certaines entreprises sur des cotations de contrats.
Mais moi, je
pense que oui, il y a peut-être un regard à faire là-dedans, qu'est-ce qui peut
être mis puis qui devrait être mis par rapport à l'article 23. Moi, je
pense que oui, il y a un travail là-dessus à regarder, là.
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. Simard, M. Rouleau
puis M. Royer. Je vous remercie d'avoir participé à notre commission
parlementaire.
Je suspends
pour quelques instants et j'invite l'autre groupe à prendre place à la table en
arrière, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 45)
(Reprise à 16 h 47)
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, nous reprenons nos travaux et nous recevons les gens du Comité
paritaire des agents de sécurité. La
personne qui va prendre la parole, vous vous présentez et vous nous présentez
les gens qui vous accompagnent, et vous avez 10 minutes de
présentation.
Comité paritaire des
agents de sécurité (CPAS)
M. Laplante (Sylvain) :
Parfait. Bonjour, M. le Président, Mme la ministre, MM. les députés. Mon nom
est Sylvain Laplante, je suis le directeur général du Comité paritaire des agents de sécurité. Je vais présenter les gens.
En fait, je travaille au comité de la
sécurité depuis plus de 27 ans maintenant, depuis 10 ans à titre de directeur général. Je cumule aussi les postes
de secrétaire-trésorier de l'Association des directeurs généraux des
comités paritaires du Québec et de l'Association des comités paritaires
du Québec. À ma droite, j'ai M. Dany Filteau, qui est membre du conseil
d'administration de la partie patronale; à ma gauche, M. Stéphane Néron,
membre du conseil d'administration de la partie syndicale.
Nous aimerions remercier la commission de nous
avoir invités à partager nos commentaires sur le projet de loi n° 53.
Dans un premier temps, nous désirons saluer la
volonté du gouvernement de maintenir la loi et les décrets de convention collective, ainsi que sa volonté d'en
améliorer la gouvernance et de favoriser la transparence et
l'imputabilité des comités paritaires.
Je vais vous
parler de notre comité. En 1980, un premier décret a vu le jour pour la région
de Québec. En 1981, un autre, pour la région de Montréal.
En 1984, il y a eu fusion des deux décrets. Le champ d'application de ce décret
est maintenant tout le territoire de tout le Québec.
Selon le rapport annuel 2015 — notre rapport annuel — le comité assujettit 219 employeurs,
dont 26 comptent plus de 100 employés. Les salariés assujettis sont
au nombre de 19 929, et dont 12 548 sont syndiqués. Le ratio est donc
de 63 %.
En 2015, le
comité a effectué 541 interventions auprès d'employeurs professionnels
concernant, entre autres, des rencontres d'information, des
vérifications régulières, des enquêtes suite à des plaintes ou des
dénonciations et des rencontres
d'assujettissement. 2 798 salariés étaient visés par ces
interventions. Toujours en 2015, suite au règlement des réclamations du
comité paritaire, un peu moins de 750 000 $ ont été remis à
14 459 salariés.
• (16 h 50) •
Je vais vous
parler d'allègement réglementaire ou procédural. En fait, dans le but
d'améliorer les services offerts aux
assujettis, le comité paritaire a développé et implanté en 2011 une application
de transmission électronique des données du rapport mensuel de paie. Cette application se nomme RMP en ligne.
Nous sommes fiers de vous annoncer que le comité reçoit maintenant 96 % des données du rapport mensuel obligatoire,
ce qui contribue à réduire de façon considérable le fardeau
administratif des employeurs assujettis, soit de petite ou de grande taille.
Je veux vous
entretenir un peu de transparence. En fait, le comité paritaire diffuse déjà sur
son site Internet les informations de chacun de ses membres, son nom et
le nom de la partie contractante qu'il représente. On diffuse des liens qui dirigent vers les sites Internet des parties
contractantes. Dans ces sites-là, on a aussi les compagnies pour
lesquelles ils travaillent. On diffuse nos règlements. On diffuse aussi l'avis
de publication et les textes des projets de règlement publiés dans la Gazette
officielle.
L'article
22.3 du projet de loi prévoit que les comités paritaires devront aussi diffuser
sur leur site Internet d'autres informations
telles que les prévisions budgétaires et les états financiers. Nous émettons
une réserve quant à leur diffusion dans
leur format actuel. Pour les prévisions budgétaires, nous proposons de diffuser
le sommaire des prévisions en matière de revenus et de dépenses, tel que
prévu au gabarit actuel des prévisions budgétaires du ministère du Travail.
Nous croyons que la publication de ce
sommaire suffirait à informer le public et répondrait aux attentes de transparence
attendues des comités paritaires.
Quant aux
états financiers, ce sont des documents comptables complexes résultant d'un
processus de vérification. Nous
croyons que les états financiers nécessitent des explications pour fins de
compréhension. Sans ces explications, une porte est grande ouverte aux interprétations des données financières.
Nous proposons de diffuser un format sommaire comportant les
explications appropriées.
La
gouvernance. Depuis le début de son existence, le Comité paritaire des agents
de sécurité s'acquitte de son mandat
en appliquant des règles de gouvernance respectant les principes d'équité et de
paritarisme inhérents à notre mission. Notre
comité a le souci d'offrir les mêmes services de qualité à tous les salariés,
syndiqués ou non, et à tous les employeurs, peu importe leur taille ou
le type de services offerts.
En 2012, un
code d'éthique et de conduite écrit reflétant les principes et les valeurs déjà
en application fut mis en place au
département de l'inspection. En 2016, l'Association des directeurs généraux des
comités paritaires a élaboré un canevas
de code d'éthique commun à tous les comités paritaires. À partir de ces
canevas, nous avons intégré notre mission ainsi que nos valeurs, et ce nouveau code d'éthique fut entériné par les
membres du conseil d'administration. Tous les employés ainsi que tous les membres du conseil d'administration se sont
engagés par écrit à le respecter. Cet engagement est renouvelable
annuellement. D'ici la fin de l'année, ce code d'éthique sera diffusé sur notre
site Internet.
La notion
d'observateur. Nous sommes en accord avec la nomination d'un observateur auprès
du comité, tel que prévu à l'article
15 du projet de loi, mais nous vous recommandons que cet observateur soit un représentant
du ministère du Travail qui connaît
et comprend bien le fonctionnement des comités paritaires. À ce sujet, en fait,
par le passé, le ministre avait nommé chez nous des membres adjoints
pendant un certain temps. M. Filteau avait été nommé à l'époque par le ministre
pour être membre adjoint au comité paritaire.
Au niveau des amendes, nous sommes totalement en
accord avec l'indexation des amendes proposée, à l'exception de l'article 34 du
projet de loi. Celui-ci prévoit une augmentation du montant de l'amende
minimale de 50 $ à 100 $ à
l'article 38 de la loi. Nous sommes d'avis qu'un montant minimal de 100 $
n'est pas suffisamment dissuasif. Considérant
que l'amende de l'alinéa 7° de l'article 140 de la Loi sur les normes du
travail correspond à l'article 38 de la LDCC, nous proposons que l'amende minimale soit harmonisée avec
celle-ci. Donc, nous vous demandons qu'elle soit haussée à 600 $.
Conformité au décret. Dans le contexte où les
contrats de gardiennage sont souvent octroyés au plus bas soumissionnaire conforme, le Comité paritaire des
agents de sécurité émettait à la demande des employeurs professionnels un certificat d'inscription ou une lettre
attestant l'état de situation de celui-ci au comité paritaire. L'objectif de
l'émission de ce document était d'éviter la
compétition déloyale entre les employeurs se conformant au décret ou au
règlement du comité paritaire et ceux
qui ne s'y conformaient pas. Depuis février 2016, le comité n'émet plus de tel
document. Nous recommandons la mise en place d'un règlement afin que les
comités paritaires puissent émettre une attestation de conformité en toute
légitimité.
En guise de conclusion, nous croyons fermement
que le décret sur les agents de sécurité constitue un élément crucial à la santé de notre industrie, à la
défense de ses salariés et à la paix industrielle, et ce, pour l'ensemble du territoire du Québec. Nous sommes
reconnaissants d'avoir été invités à participer activement aux différentes
étapes de la démarche d'actualisation
de la Loi sur les décrets de convention collective. Le Comité paritaire des
agents de sécurité souhaite que sa contribution
recevra un écho favorable de la
part de la Commission de l'économie et du travail sur le projet
de loi n° 53. Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. Laplante. Maintenant, je passerais la
parole à Mme la ministre pour
16 minutes.
Mme Vien : Bonjour, M. Laplante, à vos collègues.
Et merci d'être là cet après-midi. Vous nous dites : «Nous émettons une
très grande réserve quant à leur diffusion — on parle des états
financiers — dans
[la forme actuelle].» Ce que vous dites,
c'est que, compte tenu du fait qu'il y a peut-être un manque de contexte, ça
peut susciter de la suspicion, je ne
sais trop... C'est moi qui dis ça, là, ce n'est pas vous qui l'avez dit, là,
mais, tu sais, ça peut susciter plus de questions que d'apporter de
réponses. Je vais dire ça comme ça, je ne sais pas si je traduis bien votre
idée.
M. Laplante (Sylvain) : En
fait, c'est libre cours à l'interprétation.
Mme Vien : Ah bon! Et vous dites que vous êtes, par ailleurs, d'accord avec une version sommaire. Là, je vous ai
bien compris?
M. Laplante (Sylvain) : ...
Mme Vien : Vous ne
trouvez pas qu'une version sommaire, c'est encore pire, dans le sens que déjà
les états financiers, tu sais, il y a un peu d'information là-dedans quand
même, là, que, si on y va avec une
version sommaire, on risque de susciter encore plus de questions que de
réponses? Je ne sais pas, je vous pose la question, là. Ça m'a un peu surprise,
ça.
M. Laplante (Sylvain) : O.K. En
fait, nous, on préconise que ça nécessite des explications. Donc, de mettre
seulement que les états financiers, je trouve ça... Déjà, les états financiers,
c'est un document qui est complexe à comprendre, puis, donc, ça nécessiterait
obligatoirement avoir des explications.
Mme Vien : C'est ça, un petit peu, qui nous
chicote, les parlementaires, c'est qu'on nivelle dans un sens, mais jamais
dans l'autre. Bon, bien, les états
financiers, c'est compliqué, c'est
difficile à comprendre, bien, on va y aller à sa plus simple expression,
on va diffuser moins d'information. Puis ce n'est pas un blâme, là,
M. Laplante...
M. Laplante (Sylvain) : Non,
non, non.
Mme Vien : ...tu sais, on est ici pour réfléchir, tout le monde ensemble. Pourquoi, à la place, on ne se dit pas : Oui, bien, non, je pense que les gens... on
est rendus dans une ère où les gens veulent de l'information, comme disait
le collègue de Chutes-de-la-Chaudière,
puis, bien, pourquoi
qu'on ne se donnerait pas plus la peine de dire : Bien, on va en mettre, de l'information, puis on va les
expliquer, les états financiers? Puis quelqu'un qui prend le temps de lire ça, les états
financiers, il me semble que ce n'est pas trop sorcier, là, quand même, là. Tu
as la ligne de revenus, puis c'est quoi qu'il
y a dans les revenus, puis les
dépenses, c'est quoi qu'il y a dans les dépenses, puis, à la fin, ça balance ou
ça ne balance pas, là, tu sais ce que
je veux dire. Puis, normalement, il y a des catégories : le salaire puis le loyer... En tout cas, pourquoi dire : Non, non, ils ne comprendront pas, on va y aller plutôt
avec un sommaire? Pourquoi ne pas y aller de l'autre bord, à la place,
dire : Non, on va en publier, des états financiers, puis on va
contextualiser tout ça? Peut-être que je rêve trop, là, mais il me
semble que ça a de l'allure. Vous ne trouvez pas?
M. Laplante
(Sylvain) : Ça pourrait. En fait, récemment, dans les derniers mois,
j'ai aussi accueilli un groupe chez nous qui voulait voir nos états
financiers, puis, finalement, bon, je les ai rencontrés avec plaisir. Puis,
bon, naturellement, ce n'est pas juste de dire : Voici le document,
ils ont dit : Est-ce qu'on peut avoir les explications qui viennent avec? Donc, ça a été une belle rencontre, puis, finalement, ça m'a fait plaisir d'exposer les
choses. Mais c'est juste que, selon ma compréhension, ce n'est pas
toujours facile de comprendre ces éléments-là.
Mme Vien :
Non, non, c'est sûr que ce n'est pas
comme lire un roman, on s'entend. Mais, tu sais, en même temps, ça se comprend par des gens, puis, tu sais, ils...
M. Laplante (Sylvain) :
D'accord.
Mme Vien : En tout cas,
on va tous réfléchir à ça, là, comment, effectivement, on peut en arriver à
avoir une transparence qui a du sens, qui est sur le sens des planches,
puis que tout le monde est satisfait
des directives qu'on va donner. Puis
c'est un peu le sens aussi de la responsabilité qu'on veut donner au ministre
ou à la ministre dans ce
sens-là, au niveau des directives.
Vous dites que, depuis 2012, M. Laplante — puis
je vous en félicite — vous
avez un code d'éthique.
M. Laplante (Sylvain) : Oui.
Mme Vien : C'est ça. En
substance et en synthèse, là, qu'est-ce qu'on retrouve là-dedans? Est-ce que
c'est quelque chose qui est plus spécifique
à votre secteur, que je connais plus ou moins, là, un peu comme tout le monde,
là? Puis qu'est-ce qu'on retrouve dans votre code d'éthique?
M. Laplante
(Sylvain) : En fait, il y a toute la conduite sur la notion de
confidentialité des informations. Il y a les valeurs qui sont stipulées en tant que telles. En fait, c'est le code...
la responsabilité des membres de la direction. En fait, il y a une
section par rapport à ça. C'est principalement ça.
Mme Vien : Puis la
responsabilité des membres du comité paritaire? C'est-u ça?
M. Laplante
(Sylvain) : En fait, de tous
les représentants du comité paritaire, incluant le personnel du
comité paritaire et les membres de direction.
Mme Vien : O.K. O.K.
Donc, les conflits d'intérêts puis toutes ces choses-là.
M. Laplante (Sylvain) : C'est
ça.
Mme Vien : O.K. Une
dernière question pour vous, M. Laplante. Puis je n'ai pas voulu vous
mettre...
M. Laplante (Sylvain) : Non,
non, non.
• (17 heures) •
Mme Vien : ... dans un piège, mais pas du tout, là. Si je ne
pose pas les questions-là, après ça, c'est fini, je ne vous revois pas, là. Un observateur, vous dites qu'il
faut absolument que ce soit quelqu'un du ministère du Travail. Vous avez dit parce que c'est des gens qui connaissent le
domaine, c'est essentiellement juste pour ça ou...
M. Laplante (Sylvain) : Oui.
Mme Vien : Vous avez eu
des expériences autrement?
M. Laplante
(Sylvain) : Non, non. Bien, en fait, les relations qu'on a avec le ministère du Travail, bon, naturellement, quand on expose une situation,
c'est facile de compréhension. C'est tout simplement ça. Mais écoutez, par le passé, quand M. Filteau a été nommé
par le ministre pour être membre adjoint, il n'y avait pas la notion
d'expérience, il n'avait pas l'expérience nécessaire pour siéger à un conseil
d'administration puis il devait faire rapport au ministre à l'époque.
Mme Vien :
Ça s'est bien passé, de toute évidence.
M. Laplante (Sylvain) : Ça
s'est bien passé, oui, effectivement.
Mme Vien : Merci
beaucoup, monsieur.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la ministre. Alors, je passe maintenant la parole au député de
Richelieu pour 9 min 30 s.
M. Rochon : Merci, M. le Président. Bon après-midi,
M. Laplante, M. Filteau, M. Néron. C'est exigeant, en
effet, la transparence. C'est vrai que c'est
exigeant parce que, quand on agit de façon transparente, quand on divulgue
tout, bien, ensuite, nécessairement,
il y a le risque qu'on se fasse poser des questions. Mais, quand on ne divulgue
pas tout, il y a aussi le risque non seulement qu'on se fasse poser des
questions, mais qu'on éveille des soupçons. Et là, puis c'est juste un clin d'oeil que je fais à ma vis-à-vis,
Mme la ministre... D'ailleurs, ce n'est pas elle qui est précisément
concernée, mais je veux vous donner un
exemple. Vous voyez, moi, dans ma circonscription, dans Richelieu, il y a des
producteurs agricoles, là, qui vivent
une situation intenable, intenable, c'est dans la baie de Lavallière, et là le
gouvernement a fait réaliser une
étude hydrologique ou hydrogéologique — on ne sait plus trop le terme, là — pour pouvoir ensuite poser des gestes pour régler ce problème. Or, je veux voir
cette étude, elle existe, elle a été réalisée. Le ministre l'a sur son
bureau depuis des mois, il ne veut pas me la
montrer. Alors, je me dis : Mais pourquoi... Quand je vous parle des
soupçons, peut-être qu'il n'y a rien
là du tout, là, mais, évidemment, je me pose encore bien plus de questions
parce qu'il ne veut pas me la montrer, l'étude. Ça pique ma curiosité,
je fais toutes sortes de scénarios.
Alors, vous, vous exposez les comités paritaires
au même genre de situation, à mon sens, en adoptant cette posture-là, et peut-être pour des raisons
justifiées, comme M. le ministre de l'Agriculture, peut-être, le fait pour des
raisons justifiées. Peut-être parce qu'il
pense que je ne comprendrais pas, comme vous, vous pensez que les gens ne
comprendraient pas les états financiers que
la ministre veut vous voir publier sur son site Internet. La ministre sait que
je fais tout ça en toute amitié, hein?
Une voix : ...
M. Rochon : Oui. Je donne un exemple, mais c'est vrai que je
donne un exemple. Vous comprenez, hein, dans quelle situation vous placez les gens en retenant de l'information, puis
de bonne foi, très certainement. Alors, oui, quand on ne publie pas quelque chose, c'est sûr qu'on ne
risque pas de voir des gens commenter nos états financiers, les
analyser, poser des questions.
Et vous
dites : On pourrait faire un pas. On pourrait ne pas publier les états
complets sur notre site Internet, mais publier
un sommaire. J'ai le même réflexe que la ministre, pourquoi ce sera mieux un
sommaire que les états financiers complets?
Pourquoi vous risquez moins, avec un sommaire, d'être bombardés de questions?
Expliquez-moi ça. J'essaie de comprendre
puis je me dis : Mettons, le ministre de l'Agriculture m'aurait dit :
Je vais te donner un sommaire de l'étude, là, géologique dans la baie de Lavallière. Moi, je pense que ça ne m'aurait
pas satisfait, j'aurais dit : Pourquoi il me donne juste cette
information-là? Il doit y avoir autre chose, là, qu'il ne veut pas me dire.
Alors, expliquez-moi votre position, là.
M. Laplante
(Sylvain) : En fait, la position du comité paritaire et celle de
l'Association des comités paritaires étaient
contre la publication de toute information concernant les prévisions
budgétaires et la publication des états financiers. Bon, suite aux
rencontres qu'il y a eu le 5 et le 6, je pense qu'il y a des éléments qui ont
mûri par rapport à certains intervenants,
puis finalement, donc, on a réfléchi par rapport à ça puis on a dit : Il faudrait, à tout le moins, arriver à
une ouverture de quelque chose. Donc, suite à ces réflexions-là, c'est pour ça que, là, moi, quand
j'ai regardé les états... Les états financiers,
en fait, moi, je pense que, même si on les publiait entièrement, il faudrait aussi des
explications. Comment les faire? Je ne sais pas, là, mais il faudrait
les faire.
Quant aux
prévisions budgétaires, bon, j'ai regardé le gabarit que l'on soumet au
ministère du Travail, puis, selon la réflexion que j'en avais faite puis
après avoir discuté avec certaines personnes, bien, on démontrait quand même
une ouverture par rapport au sommaire.
M.
Rochon : Le mûrissement,
c'est un phénomène qui met du temps. Là, vous avez mûri jusqu'à un certain
stade, vous êtes rendus mûrs pour le
sommaire. Alors, j'imagine qu'en vous donnant encore un peu plus de temps vous
risquez de mûrir jusqu'aux états financiers
complets, jusqu'au document au complet sur votre site Internet. Vous ne pensez
pas? Vous avez même l'air à dire qu'on ne sait jamais, on ne sait jamais.
Sur le code
d'éthique — parce
que, je le rappelle, je ne peux que constater, relativement aux comités
paritaires, que les remarques que nous entendons de ceux qui les aiment moins,
elles ont à peu près toujours trait à la gouvernance puis à la transparence — alors là, vous nous dites : Code
d'éthique, bien, on en a déjà un, code d'éthique. Puis pas juste nous,
l'Association des directeurs généraux des comités paritaires a élaboré un
canevas de code d'éthique commun à tous les comités paritaires. Donc, ce que
j'entends, c'est qu'il y a de l'éthique partout, c'est réglé. C'est ça?
M.
Laplante (Sylvain) : Oui. En fait, ce canevas de code d'éthique là a
été présenté à tous les directeurs généraux au printemps 2016, et tous étaient d'accord pour que les directeurs le
présentent à tous les conseils d'administration afin qu'il soit
entériné, soit sans modification ou avec modifications.
M. Rochon : Ah! d'accord, nuance...
M. Laplante
(Sylvain) : En fait, il fallait l'adapter aussi en fonction de chacun
des contextes des industries. Mais le
canevas de base, au niveau du code d'éthique, avait été élaboré, et tous les
directeurs étaient en accord avec ce code
d'éthique là. Chez nous, on s'est approprié de ce code d'éthique là. On a
ajouté nos valeurs, on a ajouté notre mission, et il a été entériné par
les membres du conseil d'administration, et tous se sont engagés à le
respecter.
M.
Rochon : Chez vous, au
Comité paritaire des agents de sécurité, mais vous ne sauriez nous dire,
j'imagine, si c'est le cas dans tous les
comités paritaires. Tous l'ont eu, tous ont pu le voir, mais vous ne savez pas
si tout le monde a signé ça, là, avec...
M.
Laplante (Sylvain) : Pas pour l'instant, là. En fait, je sais que
certains comités paritaires l'ont fait, mais je ne peux pas vous dire, à
ce jour, si tout le monde est allé de l'avant par rapport à ça. Ça va se faire
prochainement.
Mme Vien : C'est dans la
démarche.
M. Rochon : Oui, c'est ça, vous êtes
dans la démarche.
M. Laplante (Sylvain) : Oui.
M. Rochon : Je pense que la ministre
a compris qu'il valait mieux qu'elle me souffle des réparties que je les
imagine moi-même. C'est à la blague.
Vous dites oui à la nomination d'un observateur.
Là aussi, là, vous avez mûri. Oui à la nomination d'un observateur, mais vous précisez, là, que vous souhaitez qu'il soit un
représentant du ministère du Travail. Il faut connaître, comprendre le
fonctionnement des comités paritaires, les gens qui travaillent au ministère du
Travail saisissent ça.
M.
Laplante (Sylvain) : En fait, on a toujours été ouverts à la
nomination d'un observateur. Je pense que, pour faciliter la... En fait,
selon nous, pour faciliter la compréhension, idéalement, ça prend des gens qui
ont une certaine compréhension du domaine
des comités paritaires. Mais, comme je vous dis, je pense que c'est sûrement
possible d'arriver dans un comité paritaire, même si on n'a pas toute
la... En fait, je pense que, vraiment, oui, quand les nouveaux membres du conseil d'administration arrivent, ils
n'ont pas nécessairement toute l'expérience des comités paritaires, ils
apprennent aussi avec le temps.
M. Rochon : D'accord. Moi, ça
complète, M. le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Ça va, M. le député de Richelieu?
M. Rochon : Oui, merci.
• (17 h 10) •
Le Président (M. Cousineau) :
Bon, d'accord. Alors, je passerai maintenant la parole à M. le député de Chutes-de-la-Chaudière,
de la deuxième opposition, pour 6 min 30 s.
M. Picard : Merci,
M. le Président. Merci, messieurs.
Vous nous indiquez que vous avez déjà un code d'éthique que les administrateurs,
les employés y ont adhéré. Est-ce qu'il est public?
M. Laplante (Sylvain) : Il va être
publié sur notre site Internet dans les prochaines semaines.
M. Picard : Est-ce qu'on peut
en avoir une copie, nous, les parlementaires?
M. Laplante (Sylvain) : Oui, oui.
M. Picard : Oui. Est-ce qu'on va avoir une copie du gabarit général du début pour
nous guider dans nos travaux, là?
M. Laplante (Sylvain) : Bien, je ne
vois pas de problème avec ça, là, en fait...
M. Picard : Moi non plus, mais je vous pose la question.
Donc, vous vous engagez à transmettre à la secrétaire de la commission
le document?
M. Laplante (Sylvain) : On va
transmettre le document, oui...
M. Picard : C'est bon. Merci.
M.
Laplante (Sylvain) : ...en
fait, les documents, parce
que c'était le document canevas, plus
le document de notre comité
qui a été entériné et qui va être diffusé sur notre site Internet.
M. Picard :
O.K. Là, si je reviens à la disponibilité de l'information, tout à l'heure vous
avez indiqué...
Le Président (M. Cousineau) :
M. le député des Chutes-de-la-Chaudière, est-ce qu'on s'entend que le lien
Internet pourrait nous être transféré puis qu'on vous le transférerait...
M. Picard :
Mais c'est parce que, si j'ai bien compris, le lien Internet n'est pas
disponible, là, il va être disponible dans quelques mois.
M. Laplante (Sylvain) : Dans
quelques semaines... bien, en fait, d'ici la fin de l'année, mais je n'ai pas
de problème à transmettre le document.
M. Picard : D'ici la fin de
l'année, on va peut-être être avancés dans notre processus.
Le Président (M. Cousineau) :
Donc, vous préférez le document papier.
M. Picard : S'il vous plaît, M.
le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Pas de problème. Libre à vous.
M. Picard : Merci beaucoup.
Donc, si je reviens sur... Je ne sais pas si vous réalisez, mais on vit un beau
consensus cet après-midi, là, sur la disponibilité de l'information que, les parlementaires, on aimerait que la
population ait accès. Donc, je suis bien
content, je vais dire, de l'évolution depuis le 4 ou 5... Tantôt, vous disiez : On
avait pris la position de l'association ou des deux, je n'ai pas trop
remarqué... Là, il semble que tout le monde est rendu au même niveau.
M. Laplante (Sylvain) : Par rapport
à l'évolution...
M. Picard : Si vous ne
le savez pas, vous me dites : Je ne le sais pas. Pour nous, c'est...
M.
Laplante (Sylvain) : Bien,
en fait, je ne peux pas... il n'y a pas eu de réunion générale ni de l'Association
des comités paritaires ni de l'Association des directeurs généraux des comités
paritaires...
M. Picard : Mais vous vous
parlez quand même?
M.
Laplante (Sylvain) : Il y a
eu des conversations, puis on comprend que cet élément de transparence est hyper important dans le cadre de ce projet de loi là. Puis je pense que, suite aux différentes présentations, je comprends aussi l'implication que ça
demande.
M. Picard : Mais, si ça peut vous rassurer, dans les états financiers, il y a toujours des notes. Puis,
si vous demandez à vos comptables
d'en mettre beaucoup, ils vont en mettre beaucoup pour éviter tout
questionnement ou toute confusion. Donc, je vous remercie pour ce
point-là.
Là, il y a un
autre petit point qui me... Je veux juste comprendre le cheminement de M.
Filteau. Vous avez été nommé membre adjoint par le ministre...
M. Filteau (Dany) : Oui.
M. Picard :
Là, maintenant, vous êtes rendu membre. Est-ce que vous pourriez juste
m'expliquer, là, le cheminement, qu'est-ce que vous faisiez auparavant,
là, j'essaie juste de comprendre...
M. Filteau (Dany) : Bien, écoutez,
moi, j'ai commencé mon entreprise en 1992, et les inspecteurs du comité paritaire m'ont côtoyé, ont venu faire une
audition de mon entreprise. Et là, dans le temps, le ministre du Travail
cherchait un membre adjoint, et ils m'ont
nommé au directeur du comité paritaire qui était, dans le temps, M. Bernard
Desjardins. M. Desjardins est venu me
rencontrer, il m'a demandé si j'étais intéressé, et là j'ai venu à Québec
rencontrer une personne au niveau de
la Loi des décrets, et c'est là qu'ils m'ont nominé. Et là moi, j'étais — excusez l'expression — le chien de garde au comité paritaire parce que, moi, je n'avais aucun lien avec
aucune personne là, j'étais complètement... moi, je faisais un rapport au ministre du Travail à savoir
comment ça se présentait, s'il y avait des choses qui étaient peut-être plus ou moins... Bon. Mais ça n'a jamais été le
cas. Puis, après ça, bien, le ministre du Travail a aboli le poste. Mais
moi, compte tenu que j'ai fait des liens avec les entrepreneurs, bien là j'ai
continué puis j'ai embarqué dans l'association. Aujourd'hui, je suis secrétaire
de l'association depuis... je pense, c'est 10 ou 15 ans.
M. Picard : O.K. Ils ont
appris à travailler avec vous, puis, après ça, vous êtes devenu membre
régulier...
M. Filteau
(Dany) : Bien, c'est ça. Eux
autres, ils m'ont demandé... à savoir, après avoir terminé le mandat que
le ministre avait donné, bien, ils m'ont
demandé si je voulais embarquer dans leur association, puis j'ai embarqué
dans leur association.
M.
Picard : O.K. Merci. Merci, M.
le Président. Merci.
Le
Président (M. Cousineau) : D'accord. Alors, merci, M. le député de Chutes-de-la-Chaudière. Mme la
ministre, ça va? Tout est bien? Alors donc, je vous remercie, M. Laplante, M.
Filteau puis M. Néron, pour votre présentation.
Et puis je suspends nos travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 17 h 15)
(Reprise à 19 h 30)
Le
Président (M. Cousineau) : ...s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'économie et du travail
reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous
poursuivons les consultations particulières
et auditions publiques sur le projet de loi n° 53, Loi actualisant
la Loi sur les décrets de convention
collective en vue principalement d'en faciliter l'application et de favoriser
la transparence et l'imputabilité des comités paritaires.
Alors, ce
soir, nous recevons le Regroupement pour l'abolition des décrets dans l'industrie
de l'entretien ménager et le Conseil provincial des comités paritaires
de l'automobile. Voilà.
Donc, notre premier groupe, je crois que c'est
M. Gauthier qui est le porte-parole. M. Gauthier, vous vous présentez avec votre titre et vous donnez le nom
des gens qui vous accompagnent avec leur titre. D'accord? Puis vous avez 10 minutes de présentation à votre rythme. Et
puis, par la suite, bien, les parlementaires pourront discuter un petit
peu avec vous ou avec les gens que vous avez à vos côtés, là, puis ça va bien
se passer.
Regroupement pour
l'abolition des décrets dans
l'industrie de l'entretien ménager (RADIEM)
M. Gauthier (Éric) : D'accord.
Le Président (M. Cousineau) :
Vous avez 10 minutes. Allez-y.
M.
Gauthier (Éric) : M. le président de la commission, Mmes et MM. les
membres de la commission, permettez-moi,
d'abord et avant tout, de me présenter, ainsi que les personnes qui
m'accompagnent ce soir. Je suis Éric Gauthier, président de l'entreprise Topnet maintenance ainsi que vice-président du
RADIEM, le Regroupement pour l'abolition des décrets de l'industrie de l'entretien ménager. J'ai, à ma droite, John
Mitropoulos, président du RADIEM. À ma gauche, j'ai Benoit Bénéteau et
Ariane Denis-Melançon, conseillers juridiques pour le RADIEM.
Les
administrateurs et les membres du RADIEM vous remercient de votre invitation à
participer à cette audition publique
sur le projet de la loi n° 53. Ils sont très heureux d'avoir enfin
l'opportunité d'aborder ouvertement et publiquement des problèmes qui
perdurent depuis trop longtemps et qu'ils souhaitent voir régler rapidement et
définitivement.
Avant de vous présenter très brièvement notre
regroupement, je tiens à vous présenter nos excuses pour le dépôt tardif de notre mémoire. Nous avons reçu
l'avis de convocation le 13 octobre, à midi, et nous tenions absolument
à vous présenter un document complet, pertinent et rigoureux.
Personne
morale sans but lucratif qui a été constituée l'an dernier, le RADIEM est formé
de donneurs d'ouvrage, d'entreprises et de travailleurs de l'industrie
qui ont décidé de se regrouper pour deux raisons principales.
La première
est que nous sommes tous d'avis que les décrets sur le personnel d'entretien
d'édifices publics des régions de
Montréal et de Québec n'ont plus leur raison d'être en 2016. En effet, ils ont
été imposés en vertu de la Loi sur les décrets de convention collective,
qui a été adoptée, il y a plus de 80 ans maintenant, dans un contexte
économique totalement différent de celui d'aujourd'hui. Au cours des décennies,
le filet de protection sociale des travailleurs et travailleuses du Québec s'est grandement resserré avec l'adoption de
plusieurs lois du travail. Pensons, entre autres, à la Loi des relations
ouvrières, devenue le Code du travail, la Loi sur les normes du travail, la Loi
sur la santé et la sécurité au travail, la Loi sur les accidents de travail et
les maladies professionnelles et la Loi sur l'équité salariale.
Si le nombre de décrets est passé de 120 en 1959
à 16 aujourd'hui, c'est essentiellement parce qu'ils ne correspondaient plus à la réalité des entreprises des secteurs qu'ils
régissaient. Soyons clairs, les lois du travail actuelles assurent des conditions de travail décentes à tous
les salariés et protègent efficacement leurs droits. Elles réclament une
modernisation du régime de travail pour être plus efficace et plus
concurrentiel et contribuer, par le fait même, à la croissance et au développement économique
de l'industrie et du Québec. L'autorégulation de notre industrie a atteint
ses limites et n'a plus sa raison d'être en 2016.
La seconde
raison est que nous sommes dégoûtés et fatigués des façons d'agir des comités
paritaires qui veillent à l'application
de ces décrets. Nous faisons ici référence à des pratiques hautement
discutables que nous pourrons aborder lors de nos échanges. Il faut savoir que les comités paritaires de
l'entretien d'édifices publics sont composés de représentants des
employeurs et de représentants des employés.
En ce qui
concerne les comités paritaires de la région de Québec, la totalité des
représentants des employeurs est issue de la Corporation des entrepreneurs en
entretien ménager de Québec. Quant à celui de la région de Montréal, la
totalité des représentants des employeurs
est issue de l'Association des entrepreneurs en services d'édifices Québec,
l'AESEQ.
Pour siéger au comité
paritaire de Montréal, il faut être membre de l'AESEQ, mais aussi ne pas avoir
plaidé coupable ou avoir été condamné à la
suite d'un constat d'infraction. Cet état de fait soulève des questions de
représentativité et d'éthique très
sérieuses. En effet, comment le système peut-il être impartial quand les
représentants d'un petit groupe d'entreprises
autorisent des constats d'infraction ou des poursuites civiles ou pénales
contre leurs propres compétiteurs? Comment
le système peut-il offrir la moindre apparence d'impartialité quand la simple
délivrance d'un constat d'infraction à
l'une de ces entreprises empêcherait automatiquement son représentant de siéger
au comité paritaire? Comment se fait-il qu'aucune des entreprises des
représentants des employeurs qui siègent au comité paritaire de Montréal n'ait
reçu aucun des constats d'infraction qui ont été à l'origine des
2085 chefs d'accusation déposés en 2015?
Quand on
constate qu'on parle ici du tiers des membres de l'AESEQ et que cette portion
représente moins de 1 % des
entreprises de l'industrie, on est obligé de constater que nous sommes en
présence d'un petit club sélect non représentatif,
fermé et en conflit d'intérêts permanent. Sans compter que ces comités
paritaires ne sont pas représentatifs des
employeurs ni des salariés assujettis, qui ne sont pas partie aux conventions
collectives, et que les petites entreprises y sont sous-représentées.
Dans son site
Web, l'AESEQ signale que ses 15 entrepreneurs membres comptent pour
60 % de la main-d'oeuvre de l'industrie. J'attire votre attention
sur le fait que les 40 % restants de la main-d'oeuvre sont répartis parmi 1 300 entreprises et que 89 %
d'entre elles sont de petite taille et comptent moins de 20 employés. Pour
des raisons qui sautent aux yeux,
elles n'ont pas les moyens financiers de contester les constats d'infraction
que le comité paritaire leur délivre
en raison d'interprétation discutable et d'application déraisonnable des
décrets et n'ont pas plus les moyens de se défendre contre les chefs
d'accusation que le comité paritaire dépose de façon arbitraire... Oups!
Excusez-moi, je pense que j'ai...
Une voix : ...
M. Gauthier
(Éric) : Non, de façon arbitraire et discrétionnaire contre elles.
Résultat, la très grande majorité plaide coupable ou déclare faillite. Malheureusement, le projet de la loi
n° 53 prévoit une hausse importante des amendes pouvant être imposées en cas d'infraction à la Loi sur les
décrets de convention collective, mais les comités paritaires réclament
qu'elles soient encore plus substantielles que celles proposées dans le projet
de loi. En pratique, les entreprises qui représentent
les employeurs, qui, il faut le rappeler, sont à la fois juge et partie,
réclament les moyens de frapper encore plus fort sur leurs compétiteurs.
Les comités
paritaires sont devenus une structure bureaucratique et lourde qui génère,
entre autres, beaucoup de paperasse.
Comme l'application des décrets n'est pas la même à Québec et à Montréal, les
entreprises doivent répondre à des
exigences différentes. Cette situation alourdit le régime et génère des coûts
importants, qui sont plus élevés au Québec qu'au Canada. En pratique,
seuls les plus gros joueurs de l'industrie disposant d'importantes ressources
humaines et financières peuvent assumer le lourd fardeau réglementaire et
administratif que les décrets font peser sur toutes les entreprises, peu
importe leur taille.
En plus de
faire preuve de rigidité et d'arrogance dans leurs pratiques, les comités
paritaires ne sont pas transparents dans
leur fonctionnement et ils ne rendent de comptes à personne. Comme il n'existe
aucun mécanisme de révision de leurs décisions, les employeurs qui
s'estiment lésés doivent faire appel aux tribunaux.
Le Président (M. Cousineau) :
Trois minutes.
• (19 h 40) •
M. Gauthier
(Éric) : Cette situation est extrêmement coûteuse et inéquitable, car
elle favorise les gros joueurs qui disposent
des ressources nécessaires pour intenter et étirer les procédures judiciaires.
En pratique, les comités paritaires font la pluie et le beau temps en se servant des décrets pour exercer des
pressions sur les entreprises qui refusent de jouer leur game. Nous faisons ici référence à des inspecteurs
qui formulent des menaces voilées et qui adoptent des comportements cavaliers, en plus de déterminer des amendes dont
les montants sont totalement subjectifs. Celles-ci sont utilisées comme des moyens de marchandage des pénalités imposées
qu'ils imposent ou de la rigueur de l'application de ces dernières. La
grande majorité des entrepreneurs de notre industrie sont excédés de ce régime
de terreur, mais, jusqu'à la création du
RADIEM, ils craignaient de le dénoncer par crainte de représailles. Ce n'est
pas par hasard que le comité paritaire a réagi aux premières actions du
RADIEM par des mises en demeure et une menace d'injonction.
Les comités
paritaires entravent la libre concurrence au sein de l'industrie, notamment en
exerçant de très fortes pressions sur
les donneurs d'ordres afin qu'ils ne fassent pas affaire avec des entreprises
ayant reçu un ou des constats d'infraction.
Après avoir systématisé cette façon de faire dans le cadre d'un programme de
certificats de conformité, le comité
paritaire de Montréal s'est vu rabrouer par la Cour supérieure et la Cour
d'appel du Québec. En 2015, un jugement unanime de cette dernière a mis fin à la pratique du comité en déclarant
qu'il n'avait ni l'autorité suffisante pour instaurer un tel programme
ni le pouvoir d'émettre des certificats de conformité en vertu de la LDCC. Or,
avec l'aval du conseil d'administration, et
donc des compagnies membres de l'AESEQ qui y siègent, le comité contourne le
jugement de la Cour d'appel au moyen
de lettres d'assujettissement qui mentionnent si les entreprises concernées ont
été reconnues coupables d'une infraction ou de plusieurs infractions
émanant d'un ou de plusieurs constats.
Mesdames et
messieurs de la commission, en 1998, dans son rapport au premier ministre du
Québec, le Groupe-conseil sur
l'allègement réglementaire, présidé par Bernard Lemaire, avait signalé que
le régime des décrets de convention collective fait désormais plus ou
moins double emploi comme mécanisme de protection des travailleurs. L'approche réglementaire uniformisante de la Loi sur les
décrets est, en effet, jugée de plus en plus dysfonctionnelle, sauf pour
certaines des parties prenantes les plus immédiatement intéressées. Ce régime
est coûteux du point de vue des ressources qu'il sollicite pour en assurer la surveillance et le
fonctionnement, en particulier celles des comités paritaires, dont le
financement. Dans le domaine des services,
les décrets peuvent aussi causer des problèmes sérieux, notamment quant à
l'organisation du travail. Ces constats lucides
sont toujours d'actualité, car le régime s'est gangrené à un point tel qu'il
constitue un frein à l'innovation ainsi qu'à la flexibilité de la
gestion des entreprises et de la main-d'oeuvre que commandent les défis
contemporains du développement économique. Ce n'est certainement pas en
perpétuant les causes de ce déclin et des injustices qui en découlent que la
situation s'améliorera. Le temps est venu d'y faire un grand ménage. Nous vous
remercions de votre attention.
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. Gauthier. Mon Dieu!
Il vous restait deux secondes, vous êtes entré dans votre temps. Alors,
parfait.
M. Gauthier (Éric) : Je vais prendre
une gorgée d'eau.
Le
Président (M. Cousineau) : Vous avez très bien fait ça, très
bien fait ça. Alors, Mme la ministre, pour les 16 prochaines minutes.
Mme Vien :
On m'avait dit, effectivement, que vous étiez nerveux. Je vous félicite, vous
avez bien fait ça. Pour nous, ça
semble bien facile, hein, parce qu'on est ici à longueur de journée, puis on
est à l'Assemblée nationale, au salon bleu,
on se fait poser des questions, on répond, mais je vous félicite, vous avez
bien fait ça. Puis là je viens comme de réaliser que votre comité
paritaire est dans la salle...
M. Gauthier (Éric) : Pour la période
de questions, je laisserais répondre M. Bénéteau et Mme Melançon si c'est
possible.
Mme Vien : O.K. C'est bien.
Alors, je viens de comprendre les forces en présence. M. Gauthier, vous êtes extrêmement sévère. Je ne juge pas ce que vous
m'avez dit, pas du tout, du tout. La lecture que j'ai, c'est que vous
êtes très sévère, on dirait que vous en avez
gros sur le coeur. Je vais y aller avec une question qui pourra vous permettre
de développer, mais est-ce que je vous ai bien compris, que ce qui vous
embête beaucoup, c'est davantage, des comités paritaires,
leur fonctionnement, la transparence que nous, on veut améliorer,
l'imputabilité? Puis je pense que la majorité des personnes qu'on a
rencontrées, sinon la totalité, est tout à fait d'accord avec ça, améliorer la
reddition de comptes, l'imputabilité, etc.
Si, effectivement, on ne manquait pas notre coup puis que, si on visait juste,
puis qu'on apportait les bonnes modifications aux bons endroits, est-ce
que vous resteriez sur votre position?
M.
Gauthier (Éric) : Ça dépendrait toujours de ce qui se passerait, là,
présentement. Je peux laisser M. Bénéteau répondre aussi.
M. Bénéteau (Benoit) : Bonjour et
merci de cette occasion, soit dit en passant.
Mme Vien : Bonjour, M.
Bénéteau.
M.
Bénéteau (Benoit) : On a énoncé dans notre mémoire de long en large
les positions et les recommandations qu'on
souhaite amener pour l'industrie et surtout pour la gestion des décrets de
convention collective. Évidemment, on est sur une consultation sur le projet de loi, et il a été reconnu par tous
qu'il devait aller de l'avant. Mais, pour répondre à votre question plus directement, il y a des
éléments qui font en sorte que le
RADIEM va toujours s'opposer à ce qu'il y ait un décret qui
permette aux comités paritaires d'intervenir.
Premièrement, que le comité paritaire ait la possibilité d'émettre des constats
d'infraction sans que les membres qui y
siègent soient représentatifs de l'industrie, vous aviez mentionné plus tôt en après-midi,
Mme la ministre, la possibilité de tenir des assemblées générales
pour l'élection des membres qui siègent au comité paritaire. Ce serait une des
façons de permettre à ce qu'il y ait
une plus grande représentativité au sein du comité, notamment en permettant à
ce qu'il y ait une élection de trois
membres d'entreprises non syndiquées, trois membres d'entreprises syndiquées,
trois membres d'entreprises de plus de 20 employés, etc. Il y a
plusieurs manières de penser à une manière de rendre le comité plus
représentatif de l'industrie.
À l'heure actuelle, comme M. Gauthier le
mentionnait, c'est 15 grandes entreprises à l'AESEQ et à peu près l'équivalent au comité paritaire de Québec qui
déterminent les conditions qui gèrent toute une industrie, alors qu'il y
a — ne
me corrigez pas sur les statistiques — seulement 53 % du milieu qui est
syndiqué à Montréal. Ça, c'est une des conditions qui semble inévitable pour que le RADIEM se rallie
à une position où l'existence des comités paritaires serait justifiable,
il faut leur retirer ce pouvoir-là. Et, à cet effet, on se rallie à la position
du FCEI et à la position des regroupements des chambres de commerce, qui ont
proposé de donner ce pouvoir d'émettre des constats à un organisme neutre qui a
de l'expérience, c'est-à-dire la CNESST ou
encore le DPCP, le Directeur des
poursuites criminelles et pénales,
qui, lui, assume une responsabilité déjà pour certaines lois d'intérêt
provincial comme la Charte de la langue française ou encore la loi sur
les heures d'ouverture des établissements. Cela étant dit, quand on a un organisme qui est indépendant qui émet les
constats d'infraction et que les gens qui
siègent au comité paritaire sont élus dans l'ensemble de l'industrie, et
non pas seulement dans le milieu des grandes entreprises et des
syndicats, bien, on a déjà quelque chose de plus représentatif, ce que le
RADIEM réclame en partie.
Mme Vien : Parce
qu'il y a quand même des nouveautés à apporter dans le projet de loi, par
exemple la possibilité de porter plainte au Tribunal administratif du
travail. On comprend qu'avant la situation pouvait être un petit peu embêtante.
Les directives que la ministre va pouvoir émettre sur la gouvernance, sur la
transparence, je voulais vous amener là-dessus.
Justement, sur la CNESST, bon, vous dites: Oui, ça, pourrait être intéressant,
puis il y a quelques groupes qui nous
ont parlé de ça, là. Vous apportez une nouvelle organisation qui est le DPCP,
en fait on pourra voir. Mais, dans votre
présentation, M. Gauthier, vous avez parlé de jouer leur game, régime de
terreur, des situations d'injustice. Qu'est-ce qui se passe? Je ne veux
pas mettre personne mal à l'aise, là, mais...
M. Bénéteau
(Benoit) : Je peux faire une introduction.
Mme Vien :
Oui, c'est comme vous voulez, c'est...
M.
Bénéteau (Benoit) : Parce que c'est quelque chose qui touche quand
même directement M. Gauthier, puis peut-être que ça peut le rendre
émotif, mais je le laisserai compléter au besoin.
Les
constats d'infraction qui sont émis et le programme de certificats de
conformité qui a été en vigueur pendant une dizaine d'années jusqu'à ce que la Cour supérieure le déclare ultra
vires, confirmé par la Cour d'appel, a fait perdre des contrats
importants à plusieurs entrepreneurs du domaine de l'entretien ménager. Et le
fait que certains constats d'infraction sont
émis, et, comme il l'a mentionné, il n'a pas... Les petits entrepreneurs n'ont
pas les moyens de contester jusqu'au
bout tous ces constats d'infraction. Ça leur coûte plus cher en honoraires
légaux de se rendre jusqu'au bout que de dire : Bon, bien, on va arriver à une entente. Mais, du moment qu'ils
arrivent à une entente et qu'ils plaident coupables, si c'est ce qu'ils font, ils vont figurer sur une
liste, et cette liste-là est disponible et fait que les gens du comité
paritaire, par exemple, vont émettre une nécessité d'avoir une lettre de
conformité qui les disqualifie automatiquement pour des soumissions, mais qui les disqualifie aussi de pétitionner à l'AESEQ
pour siéger comme membres de l'AESEQ et ensuite faire valoir des représentations aux comités paritaires. C'est une
chose, il faut dire que 2,2 millions de dollars de constats
d'infraction ont été émis à l'endroit de 89 % des petites entreprises de
la région de Montréal.
Et
le gros problème dans tout ça, c'est que, dans le cas particulier de M.
Gauthier, il y a eu des allégations qui ont été faites comme quoi sa pratique était illégale. Avant que le dossier
se rende au bout, il s'est passé quelques années où il a subi les
stigmates d'être listé comme quelqu'un qui avait contrevenu à la loi, et,
quelques journées avant le procès, on retire tout bonnement les chefs
d'accusation.
• (19 h 50) •
M.
Gauthier (Éric) : Non, une heure... bien, le vendredi soir, à 4 h 30,
qu'on passait le lundi, à
8 h 30, le matin.
Mme Denis-Melançon
(Ariane) : Puis, au-delà de
de ça, à la base de tout, le pouvoir de poursuivant qui est confié au comité paritaire se trouve à... On a parlé de
double chapeau, de triple chapeau parce
que le comité paritaire, comme
le prévoit l'article 52 de la loi, s'il conduit la poursuite, il va
encaisser le montant des amendes recueillies. Donc, quand il arrive le temps de faire des prévisions budgétaires
ou d'aller chercher l'argent pour garnir les coffres, bien, est-ce qu'on provisionne de l'argent qu'on
va aller chercher sous forme de poursuites, puis, après, le comité va mettre
son autre chapeau, le chapeau de
poursuivant, mais il va bénéficier du fruit des amendes qu'il va recueillir?
C'est ce qui nous fait mettre
l'accent sur la recommandation de confier la conduite des poursuites à un
organe indépendant comme le DPCP ou comme
la CNESST pour éviter que se répètent des histoires comme celle de
M. Gauthier. M. Gauthier est ici pour en parler, mais il y a beaucoup d'entrepreneurs puis il y a
des membres du RADIEM qui n'ont pas eu l'occasion de se faire entendre en consultations particulières, comme c'est le cas
aujourd'hui, mais qui subissent les stigmates des poursuites pénales que
le comité a émises à leur endroit.
M. Bénéteau
(Benoit) : Puis il faut souligner que ces poursuites pénales là
peuvent s'appuyer parfois... je n'ai pas fait un recensement complet de
toutes les procédures, mais sur des interprétations qui peuvent être nébuleuses
du travailleur autonome, du salarié. Je
comprends pourquoi, dans son mémoire, le comité paritaire de Montréal veut
élargir la définition de l'entrepreneur et celle du salarié, c'est pour couvrir
tout le monde. Parce que cette zone-là, cette zone grise là, en ce moment, fait qu'il y a plusieurs salariés qui en
souffrent, il y a plusieurs employeurs qui en souffrent, et des PME, pour la plupart, souffrent de ces
possibilités d'interpréter là. Et surtout quand on sait que, comme dans son
cas, à la toute fin, les constats sont retirés, la lumière ne pourra
même pas être faite sur cette question-là, mais M. Gauthier a quand même
subi un préjudice, et ce n'est qu'un exemple.
Mme Denis-Melançon
(Ariane) : Un autre questionnement qu'on souligne pour ajouter, c'est
qu'au niveau de la Loi sur la
concurrence au fédéral, il y a des dispositions, est-ce qu'on s'est déjà penché
sur leur compatibilité avec la Loi sur les décrets? Parce qu'on se
rappelle qu'en 1934, quand la loi a été instaurée, c'était dans le but de
combattre la concurrence déloyale. Mais,
quand la Loi sur la concurrence au niveau fédéral est apparue en 1985, il y a
des dispositions qui peuvent
peut-être être incompatibles. Ça serait bien de se pencher là-dessus puis de
faire un examen de la situation.
Le Président
(M. Cousineau) : Merci. Mme la ministre.
Mme Vien :
Messieurs, madame, pour l'instant, moi, je n'ai pas d'autres questions, je vais
laisser mes collègues poser les leurs. Si, des fois, je décidais de
revenir, bien, je suis certaine qu'il me reste du temps un petit peu
Le Président (M. Cousineau) :
Bien sûr.
Mme Vien :
Merci beaucoup.
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci, Mme la
ministre, il vous restera 5 min 40 s. Donc, je vais
passer la parole à M. le député de Richelieu, de l'opposition officielle. Vous
avez 9 min 30 s.
M. Rochon : Merci, M. le Président. Madame, messieurs, bonsoir. Merci de votre
mémoire et de nous le présenter assorti
de beaucoup d'autres explications et des réponses que vous faites à nos questions.
Ce mémoire et votre discours ont le
mérite d'être on ne peut plus clairs. On ne peut pas être plus clair que ça,
vous n'en voulez plus, de décrets de convention collective. C'est clair,
vous n'en voulez plus.
Vous
dites notamment, et ça, c'est quelque chose qui a été exprimé plus tôt
aujourd'hui... Je pense que c'est par la Fédération des chambres de
commerce, dans d'autres mots, mais ça ressemblait un peu à ce que vous exprimez
en disant : «Le régime des décrets ne
répond pas aux défis de la nouvelle économie ni aux modes d'organisation du
travail alternatif au salariat.» C'est vraiment
bien dit. En fait, on connaît ce langage-là parce que je vous dirais que
c'est le langage politiquement
correct, politiquement correct. On lit ça, puis, en même temps, c'est quoi, ça?
Ça veut dire quoi, ça, ça ne répond
pas aux défis de la nouvelle économie ni... Bien, moi, c'est surtout le mode
d'organisation du travail alternatif au salariat. Qu'est-ce qui se cache
derrière cette phrase politiquement correcte? Éclairez-moi, soyez plus précis,
plus concrets encore.
Mme Denis-Melançon
(Ariane) : On aurait pu écrire
longtemps sur la question, je
pense. Bien, d'une part, quand
la loi a vu le jour en 1934, c'est dans une
période très particulière, puis il y
avait des modes alternatifs de
travail comme le franchisage, la
sous-traitance, le travail autonome, les agences de placement de la main-d'oeuvre qui n'étaient pas dans le paysage
du droit du travail, alors qu'actuellement, bien, on est confrontés à ces réalités-là. Puis,
dans nos recommandations, une des questions
qu'on soulève, c'est que, dans la Loi sur les décrets, il n'y a
rien qui est prévu par rapport aux agences de placement de main-d'oeuvre.
Or, dans d'autres lois du travail, on y fait référence.
Également,
on a entendu... Le RADIEM assistait aux journées de consultation des 5, 6 octobre puis également aujourd'hui, puis on a entendu
parler de faux travailleurs autonomes, de faux sous-traitants, de faux
franchisés. Il faut prendre avec sérieux des accusations comme ça
quand on parle de faux travailleurs autonomes puis qu'on les associe à
la fraude parce que qu'est-ce qui... on
demande à un organisme, à un organe qui est le comité paritaire, dans lequel on
peut soulever des questions
non seulement de transparence et d'imputabilité, mais, selon le RADIEM, également d'impartialité, on demande à cet organe-là de se prononcer sur le
statut qu'un sous-traitant va avoir. Puis, puisqu'on se prête à
l'exercice de réviser la LDCC en profondeur, ce serait pertinent en 2016 de
s'interroger sur les modes alternatifs de travail puis de comment la LDCC peut
y répondre. Je ne sais pas si je réponds à votre question.
M. Rochon :
D'accord. Je vais creuser un peu plus encore. Dans votre
mémoire, vous écrivez en page 3, bas de page, là : «...les salariés ont accès à une protection de leurs
droits et intérêts par l'entremise d'autres lois québécoises plus efficaces.» Plus efficaces, alors là, vous êtes en
train de nous dire que les intérêts des salariés de ces entreprises
d'entretien, vous les avez à coeur. Et vous
ne les estimez sérieusement pas mieux protégés par ces décrets de convention collective, sérieusement pas
mieux protégés qu'ils ne le seraient pas l'entremise d'autres lois québécoises?
Parlons du salaire seulement, on fait tomber les décrets de quoi... Est-ce que
j'ai terminé?
Le Président (M.
Cousineau) : Continuez. C'est parce que je voulais passer à la
parole...
M. Rochon :
Excusez-moi. Alors, on fait tomber ça, là, les décrets de convention collective
dans votre secteur d'activité, vous pensez qu'ils seront tout aussi bien
payés, les employés de ces entreprises?
M.
Bénéteau (Benoit) : Je vais répondre à la question, puisque, tout à
l'heure, il a été question d'innovation, et on a tenté d'induire, si on veut, que la volonté, c'était de baisser le
salaire et de faire la concurrence uniquement sur le salaire. Le salaire, c'est un des éléments. Mais
le RADIEM, il faut le rappeler, n'est pas un organisme qui est né pour
protéger des grandes entreprises, c'est un
organisme qui est né pour protéger les petites entreprises, qui n'ont pas les
moyens de faire face à la lourdeur
que peut représenter le comité paritaire avec les exigences administratives,
les pénalités, etc., à l'endroit des salariés.
En
termes d'innovation, par exemple — je réfléchis à voix haute — les coopératives de travail, les
partenariats qui visent à intéresser les
salariés dans une part de l'entreprise pour les amener à travailler, on accepte
un salaire inférieur, mais, en
échange, on a de l'équité dans l'entreprise, ces modes-là d'organisation ne
sont pas prévus ni réglementés. Et il faut penser aussi à la concurrence internationale, ne serait-ce que la concurrence
d'entreprises qui viennent ici pour travailler, alors qu'on aurait le potentiel de développer ça si on pouvait, d'un
côté, rendre certains salariés partenaires. Ou si on pense aussi aux frontières seulement de l'Ontario ou du
Nouveau-Brunswick, où, à un kilomètre, on a quelqu'un qui peut faire la
concurrence sur le territoire québécois, il y a un paquet d'éléments là-dedans.
Il
y a aussi le fait que les régimes de retraite... Quand on parle du comité
paritaire de Montréal, il gère les cotisations obligatoires de
0,40 $ par heure travaillée des salariés dans un régime de retraite sur
lequel on n'a pas eu tellement d'informations
divulguées, cela dit au passage, mais je pense qu'il pourrait être loisible de
laisser à des petits entrepreneurs la faculté de choisir comment ils
vont investir cet argent-là, comment ils vont planifier leurs retraites. S'ils
veulent réinvestir pour développer les
affaires de leur entreprise, ils devraient avoir accès à ces 0,40 $ par
heure, là, qui sont prélevés et qui
sont investis dans des certificats de placement garanti jusqu'à leur retraite.
Il y a plein de manières de permettre aux entrepreneurs et aux salariés
de bénéficier de meilleures conditions en ayant la liberté de travailler.
M. Rochon : Vous trouvez, en fait, que ces décrets de
convention, ils imposent une sorte de modèle unique. C'est ça, hein? Ça
aussi, c'est assez politiquement correct, vous auriez pu...
M. Bénéteau
(Benoit) : Je ne saurais mieux dire, M. le député.
M. Rochon :
D'accord. La ministre le faisait remarquer à juste titre, moi aussi,
j'ai trouvé ça musclé, page 14, là, vous
êtes sévères à l'égard des comités paritaires quand vous dites, recommandation 13 : «Que [la] ministre
enclenche sans délai un processus d'enquête sur les deux comités paritaires de
l'entretien d'édifices publics.» C'est fort, c'est...
• (20 heures) •
Le Président (M.
Cousineau) : Mme Melançon.
Mme
Denis-Melançon (Ariane) : Me
Martel, qui parlait au nom de la Fédération des chambres de commerce, en parlait, il racontait comment, il y a quelques
années, il a été témoin d'entreprises qui étaient ciblées par des enquêtes des comités paritaires, une forme d'acharnement,
puis il y a plusieurs membres du RADIEM qui dénoncent cette situation-là,
cet acharnement-là.
Également,
au niveau des appels
d'offres, on a effleuré le sujet plus
tôt, mais il faudrait faire la lumière sur les pratiques qui ont cours en ce
moment entre les comités paritaires
puis les donneurs d'ouvrage. Dans les appels
d'offres, actuellement, malgré qu'il
y a eu une décision de la Cour d'appel, bon, qui venait établir qu'un certificat de conformité, le comité paritaire, en le mettant en place, avait
outrepassé ses pouvoirs, bien, on assiste actuellement à des formes
détournées dudit certificat de conformité dans le cadre d'appels d'offres. Puis il y a
plusieurs entreprises dans l'industrie qui doivent vivre avec ces conséquences-là, puis on sait que
les appels d'offres, bien, c'est la façon d'obtenir davantage de contrats
et de faire grandir son entreprise. Donc, c'est pour ça qu'on demande au
ministre d'enclencher un processus d'enquête.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci. Monsieur le... il vous reste
30 secondes, peut-être, pour une question rapide.
M. Rochon :
Moi, je vais vous dire une surprise que j'ai eue — peut-être que mon
collègue voudra continuer là-dessus, je ne
le sais pas — le
projet de loi, il prévoit des ajustements pour améliorer la transparence et
l'imputabilité au sein du régime des décrets. Les comités paritaires semblent
trouver qu'il va loin, le projet de loi, sur le thème de la gouvernance, là, et de la transparence. Alors,
vous, vous dites — et là ça
me surprend un peu : C'est cosmétique, c'est cosmétique. Vous
semblez trouver que c'est insignifiant, que ça ne changera pas grand-chose.
Le
Président (M. Cousineau) : Bien là, pour l'instant... bien,
peut-être que vous pourrez répondre à la question, peut-être, sur...
mais je vais passer la parole pour les...
Mme Vien :
...s'il veut.
Le Président (M.
Cousineau) : Oui? Bon, d'accord.
Mme Vien :
...moi, je vais avoir une autre question aussi.
Le Président (M.
Cousineau) : Alors, répondez à la question.
M.
Bénéteau (Benoit) : M. le député, si je peux me permettre, dans les
consultations de cet après-midi, il a été fait mention de mon nom, comme quoi je me suis présenté pour aller chercher
des informations au bureau du comité paritaire de Québec. Je me suis livré à l'exercice pour faire
respecter l'article 23 de la loi. Je suis venu de Montréal aujourd'hui — et peut-être à l'instar de tous les
autres employés qui sont visés par le décret de Québec, qui habitent en
Gaspésie ou au Nouveau-Brunswick — je suis arrivé sur place, je n'en avais pas,
de rendez-vous, et j'ai demandé à voir les documents. On me les a refusés au premier moment en me
disant : Il faut prendre un rendez-vous. Mais j'avais le temps devant moi,
j'ai insisté, je suis resté sur place, j'ai
attendu, et on m'a offert finalement d'avoir accès à ces documents-là. Déjà, il
a fallu que j'exhibe l'article de loi
pour pouvoir avoir accès à ces documents-là alors que la loi est explicite,
elle a été modifiée en 1996, la disposition est connue depuis 20 ans.
En
second lieu, je crois que c'est le député de la deuxième opposition qui
mentionnait : Bien, si vous le rendez disponible aux gens qui viennent vous voir, pourquoi vous ne le mettez
pas disponible sur Internet? Il semble y avoir une sorte de consensus là-dessus, mais pourquoi on dit
que ce n'est pas assez, c'est parce qu'il manque d'information dans ces documents-là. Il manque les procès-verbaux, c'est
la moindre des choses, les ordres du jour. C'est des recommandations qui ont déjà été faites par d'autres groupes,
c'est de l'information qui doit être disponible. Quels constats ont été
abandonnés avant la poursuite, avant qu'un
constat soit émis, quelles poursuites ont été réglées avant que le processus
soit enclenché avec des gens qui,
peut-être, sont près des comités paritaires, quels constats ont été réglés
après que les poursuites soient enclenchées, ça, c'est des informations
importantes, et les motifs aussi doivent être sus. C'est un exercice difficile,
et c'est pour ça qu'on demande à la CNESST d'intervenir.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci. Merci, M. Bénéteau. Alors,
pour les six prochaines minutes 30 secondes, je vais passer la parole au
deuxième groupe d'opposition. M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard :
Merci, M. le Président. Merci, messieurs dames. Oui, j'ai posé la question ce
midi, mais, pour moi, en tout cas, de
plus en plus, en tout cas, je sens un consensus comme de quoi on veut avoir
l'information la plus transparente possible. Puis ça, pour moi, c'est
important, hein? On est en 2016, là, les gens, les citoyens veulent être
informés. Qu'ils aient accès à Internet, ils iront s'ils veulent, mais l'accès
sera là.
Moi,
j'ai une petite question, à quelques reprises, on a dit : Les inspecteurs
devraient relever de la CNESST. Si la ministre décide d'aller dans ce
sens-là, il reste quoi au comité paritaire comme responsabilités?
Mme Denis-Melançon
(Ariane) : C'est une bonne question, puis d'ailleurs on l'aborde
d'emblée à la fin du résumé de notre mémoire
en précisant que, si on suit l'ensemble des recommandations que RADIEM émet, on
comprend que ça se traduirait pour les
comités paritaires par une perte de pouvoirs puis, finalement, une remise en
question de leur utilité au sein de l'industrie.
M. Picard :
Là, je vais aller sur une question un peu plus précise. Tantôt, il a été dit
que certains inspecteurs faisaient des
menaces à peine voilées. Pouvez-vous me donner des exemples, là? C'est des
beaux mots, c'est théorique, mais des exemples pour qu'on puisse bien
saisir.
Le Président
(M. Cousineau) : M. Gauthier. M. Gauthier.
M. Gauthier
(Éric) : Un des mes franchisés, il sort d'un lieu de travail, puis il
y a un inspecteur qui arrive, puis il dit :
Bien, moi, je suis franchisé Topnet Maintenance. Il dit : Ce n'est pas toi
qui vas décider, ce n'est pas lui, c'est nous autres qui décidons si tu
es franchisé.
Mme Denis-Melançon
(Ariane) : On reçoit des commentaires de membres du RADIEM qui voient
leur statut de sous-traitant refusé, puis eux ne comprennent pas
pourquoi. Parce qu'ils désirent faire grandir leur entreprise, aller obtenir des contrats ailleurs, ils se présentent
au comité paritaire pour poser des questions sur leur statut avec un
comptable, leur comptable, puis leur
comptable se fait répondre : Ah! non, non, ça, ce n'est pas légal, ça ne
marchera pas, le statut de
sous-traitant ne sera pas reconnu parce que vous avez trop de contrats avec
telle autre compagnie de ménage, puis ça empêche carrément les gens de
gagner leur vie.
Le Président
(M. Cousineau) : M. le député.
M. Picard :
Je continue sur la notion de sous-traitant. Je ne sais pas si vous le savez, au
ministère du Revenu, il y a un test
qui peut se faire pour savoir si c'est un travailleur autonome ou un employé.
Il me semble que ça serait un arbitre neutre,
le ministère du Revenu, qui détermine parce qu''à ma connaissance on peut faire
une demande, dire : Est-ce que c'est un employé ou un
sous-traitant? Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Gauthier
(Éric) : Quelqu'un qui remplit tous les critères au niveau du
gouvernement, ça ne fonctionne pas avec le comité. C'est comme ça.
M. Bénéteau
(Benoit) : Entre autres, c'est que les critères du ministère du Revenu
sont les critères établis par la jurisprudence. Ce que les amendements
proposés par le comité paritaire de Montréal, par exemple, cherchent à faire, c'est aller plus loin que ce que la jurisprudence
prévoit en termes de définition à un travailleur autonome. Pour sauter
cette définition-là, qui est ancrée dans la
jurisprudence depuis Wiebe Door Services, il y a beaucoup de décisions qui se
penchent là-dessus, mais maintenant la
question, c'est : On va se fier à qui pour déterminer le statut d'un
travailleur autonome, à la jurisprudence canadienne et québécoise depuis
50 ans ou à une disposition réglementaire partisane?
M.
Picard : Est-ce que vous seriez en faveur que la ministre va
avoir un pouvoir d'arrêté, d'arrêté pour déterminer certaines directives si elle donnait comme directive
aux comités, aux différents comités que c'est les critères du ministère
du Revenu, quitte à faire statuer le
ministère du Revenu dans certains cas? Mais je comprends, là, que le but de
tout l'exercice, là, c'est de les
abolir. Ça, je comprends ça, mais j'essaie de trouver des pistes de solution
parce qu'avant de faire atterrir un Boeing, des fois, ça prend un
certain temps, là.
• (20 h 10) •
Mme Denis-Melançon
(Ariane) : Ici, le problème n'est pas tant au niveau de différentes
définitions qui pourraient être prévues, ou de dispositions, ou de
directives que la ministre pourrait donner, c'est davantage au niveau même de
l'organisation que sont les comités paritaires. Puis on le voit au niveau de
l'entretien ménager, au niveau du conseil d'administration,
il y a un immobilisme certain puis également il y a un manque de transparence.
C'est d'ailleurs une de nos recommandations, que RADIEM propose, c'est
d'imposer un roulement au sein des administrateurs du comité paritaire. Mais le problème, ce n'est pas tant au
niveau que certaines définitions sont floues ou le sont moins, c'est que
vraiment, là, le problème est viscéral, c'est au niveau des administrateurs des
comités paritaires, de la manière dont la mécanique pour prendre action est
organisée.
Le Président (M.
Cousineau) : M. le député, il vous reste une minute.
M. Picard :
Je tiens à vous remercier de votre courage de venir nous dire ça ici ce soir
puis de votre franchise. C'est beau, M. le Président.
Le
Président (M. Cousineau) : Alors, merci. Merci, M. le député de
Chutes-de-la-Chaudière. Alors, pour les trois prochaines minutes, Mme la
ministre.
Mme Vien : Là, vous allez
m'expliquer quelque chose, Me Melançon, là. Peut-être que c'est moi qui ne comprends pas tout le temps bien parce que je ne
suis pas là-dedans à longueur de journée comme vous tous, là, mais
est-ce que je dois comprendre que c'est le
comité paritaire qui détermine le statut de chacune des entreprises,
sous-traitant, pas sous-traitant, ou si c'est juste dans votre comité
paritaire que c'est comme ça, dans votre secteur d'activité?
Mme
Denis-Melançon (Ariane) : Bien, je comprends que c'est, dans tous les
comités paritaires, la manière dont la
loi est faite, mais je ne veux pas m'avancer aux autres industries. Mais, par
contre, dans l'entretien ménager, oui, ce sont eux qui déterminent le
statut, puis ils reconnaissent également que ce statut peut varier dans le
temps, ce qui...
Mme Vien : Ça fait quoi que
vous soyez ou pas un sous-traitant? Ça vient changer quoi, ça?
Mme
Denis-Melançon (Ariane) : Disons que quelqu'un agit comme
sous-traitant puis se fait refuser son statut par le comité paritaire, ses donneurs d'ouvrage vont devoir inscrire le
sous-traitant refusé sur son «payroll». Puis, s'ils ne le font pas, ils s'exposent à des réclamations de
salaire puis à des constats d'infraction qui débouchent sur des amendes
puis des condamnations pénales. Donc...
Mme Vien : Mais pourquoi ils
pourraient ne pas le considérer comme un sous-traitant?
Mme Denis-Melançon (Ariane) : Les
raisons évoquées peuvent varier.
Mme Vien : Comme?
Mme
Denis-Melançon (Ariane) : Une des raisons, ça peut être que la
majorité de ces contrats sont donnés par la même entreprise. Une autre
raison, ça peut être qu'il n'y a pas assez de salariés qui travaillent pour
lui.
Mme Vien :
Je m'excuse, je vais aller vite parce que je n'ai pas beaucoup de temps. Mais
en quoi ça intéresse le comité
paritaire? Peut-être qu'il y a quelque chose là que je comprends mal, là, quel
est l'enjeu pour le comité paritaire de vous catégoriser comme ça puis
de... Je ne sais pas, moi, je ne comprends pas.
Mme Denis-Melançon (Ariane) : Dans
le fond, un salarié, bien, 0,5 % de son salaire va être versé au comité
paritaire, puis le même pourcentage pour son employeur. On remarque également
que... puis d'ailleurs c'est pour ça qu'on a amené des interrogations par
rapport à la Loi sur la concurrence au fédéral, c'est qu'en refusant le titre
de sous-traitant à des entreprises, bien, on
imagine que, peu à peu, on parvient à une concentration parce qu'il y a de
moins en moins d'entreprises, parce que tout le monde se ramasse à devenir
salarié.
M. Picard : ...de répondre,
Mme la ministre?
Mme Vien : Oui, oui.
Le Président (M. Cousineau) :
Il reste 40 secondes.
Mme Vien : À moi?
Le Président (M. Cousineau) :
Oui.
M. Picard :
Le fait qu'ils ne soient pas reconnus comme sous-traitants, ils deviennent
employés, donc ils sont assujettis au comité. Donc, c'est ça, le
problème, puis là il y a une concentration... C'est ce que je comprends.
Mme Vien :
Très bien. J'aurais aimé que vous nous donniez un exemple de ce que vous
apportiez tantôt comme quoi il y
avait des problèmes au niveau des appels d'offres, que vous nous donniez un
exemple très concret de ce que...
Mme
Denis-Melançon (Ariane) : Bien, actuellement, dans les appels
d'offres, il va y avoir une exigence que le soumissionnaire remplisse un formulaire d'autorisation à divulguer des
renseignements, puis ce formulaire-là autorise le comité paritaire à répondre à des renseignements
quand le donneur d'ouvrage va lui téléphoner, disons, avant d'octroyer l'appel d'offres. Il n'y a pas aucun moyen de
savoir qu'est-ce que le comité paritaire va dire sur l'entreprise qui
soumissionne.
Mme Vien : Parfait. Merci.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci. Alors, Mme Denis-Melançon, M. Bénéteau, M. Gauthier, ainsi que M.
Mitropoulos, merci pour votre présence à notre commission.
Je suspends pour quelques
instants pour que le prochain groupe puisse s'installer, s'il vous plaît. Merci
de votre présentation.
(Suspension de la séance à 20 h 15)
(Reprise à 20 h 17)
Le
Président (M. Cousineau) : S'il vous plaît, à l'ordre! Nous reprenons nos travaux et nous
recevons le Conseil provincial des
comités paritaires de l'automobile. Donc, vous vous présentez, présentez la
personne qui vous accompagne, et vous avez 10 minutes de présentation.
Par la suite, nous passerons aux échanges. Allez-y.
Conseil provincial des
comités paritaires de l'automobile (CPCPA)
M.
Domingue (Yvan) : Oui,
bonjour. Mon nom est Yvan Domingue, je suis le coprésident patronal du
Conseil provincial des comités paritaires de
l'automobile. Et je suis accompagné de M. Guy Harvey, qui est coprésident
syndical du même comité.
Premièrement, on aimerait vous remercier de nous
accueillir et de nous donner l'opportunité de présenter nos commentaires visant
le projet de loi n° 53, à l'égard duquel, d'ailleurs, les comités
paritaires de l'automobile sont favorables.
En plus d'être le coprésident patronal du Conseil provincial des comités
paritaires de l'automobile, je suis, cette
année, le président du comité paritaire de l'automobile de Montréal.
J'y agis à titre de représentant de l'Association de l'industrie de l'automobile
du Canada, division du Québec. Je suis également vice-président exécutif du
Groupe Monaco, qui est une entreprise
de distribution de pièces. Je suis au CPA de Montréal et au conseil provincial
des comités paritaires depuis 2005.
Dans un
premier temps, nous aimerions vous présenter l'organisme et ceux qui l'ont créé
et qui le composent. Comme vous le
savez tous, il y six comités paritaires, O.K., de l'automobile, soit Montréal,
Québec, les Cantons-de-l'Est, Lanaudière-Laurentides,
la Mauricie et le Saguenay—Lac-Saint-Jean. Tous ces comités regroupent plusieurs
représentants de parties patronales et
syndicales. Vous n'avez qu'à regarder la liste des parties que nous avons
jointe à titre d'annexe I de notre
texte, vous y verrez un nombre important d'associations patronales qui
participent à la vie et à la prise de décision dans les comités paritaires de l'automobile. Il n'y a pas que de gros
employeurs, plusieurs représentants des associations patronales qui
siègent dans les comités sont de petits entrepreneurs ou des représentants de
petites entreprises qui connaissent bien
leur industrie et qui veulent assurer sa pérennité tout en expliquant
clairement les problèmes particuliers auxquels ils font face.
• (20 h 20) •
Quant aux parties syndicales, elles viennent de
trois grandes centrales, soit la FTQ, la CSN et la CSD, par l'intermédiaire de
différents syndicats locaux. Les comités paritaires de l'automobile existent
depuis longtemps. Par exemple, celui de Montréal a été constitué en 1938, et
celui de Québec en 1962. Dans tous les comités paritaires de l'automobile, toutes les parties recherchent le
consensus, aucune des parties ne tente d'imposer à tout prix sa position. Au contraire,
malgré les divergences, dans l'ensemble, les décisions sont prises à la suite
d'accords intervenant entre les parties. Il y a même des comités
paritaires de l'automobile où on a prévu une formule de résolution des
désaccords.
Ce modèle de
consensus, il est aussi appliqué au Conseil provincial des comités paritaires
de l'automobile. Cet organisme
regroupe les six comités paritaires de l'automobile, et on y parle de formation
et de qualification professionnelle, et
aussi de tout autre sujet touchant l'industrie. Le conseil provincial des
comités paritaires est un forum où l'ensemble des intervenants, sur une
base provinciale, s'expriment pour le bien de l'industrie. Ce qui regroupe
toutes les parties de l'industrie, c'est la
formation et la qualification, que tous désirent améliorer pour faire face aux
défis du XXIe siècle, défis qui peuvent
se résumer ainsi : le recrutement de la main-d'oeuvre, la formation
adéquate, la rétention. Nous savons que c'est le lot de plusieurs
industries québécoises. Nous sommes d'accord avec le mémoire qui a été présenté
par la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec.
Avant de
passer la parole à mon collègue, j'aimerais cependant apporter une petite mise
au point concernant la présentation qui a été faite par Mme Bigras, de
l'Association des comités paritaires et de l'Association des directeurs
généraux des comités paritaires. Concernant la demande d'un permis
d'exploitation, il ne s'agit pas du tout d'une demande concernant les comités paritaires de l'industrie de
l'automobile, ce sujet n'ayant jamais été discuté, je veux dire, autour de nos conseils d'administration. Je trouve
donc important de clarifier cet aspect, nous ne souhaitons pas voir
insérer dans la loi la possibilité d'octroyer des permis d'exploitation dans
l'industrie de l'automobile.
Alors, sans plus tarder, j'aimerais passer la
parole à maître... M. Guy Harvey.
M. Harvey (Guy) : Maître. Donc, ce
n'est pas moi, maître.
Le Président (M. Cousineau) : M.
Harvey.
M. Harvey
(Guy) : Merci. Merci
beaucoup de nous accueillir ici ce soir. Mon nom, c'est Guy Harvey, je
suis coprésident du Conseil provincial des
comités paritaires de l'automobile et je siège au comité paritaire de
l'automobile de Québec, dont je suis le président. J'ai siégé au comité
paritaire du Saguenay—Lac-Saint-Jean
pendant quatre ans, à l'époque, quand j'étais un peu plus jeune.
Le CPCPA et les CPA, lorsqu'ils furent
informés que des auditions publiques allaient avoir lieu concernant le projet de loi n° 53, ont tenu à intervenir,
car on voulait s'assurer que les dispositions du projet de loi concernant la
formation et la qualification allaient être
adoptées. Ce projet-là, nous autres, on y pense depuis 2009. Ça fait que, pour
nous autres, c'était très important.
Il est essentiel, il est urgent que ces dispositions soient adoptées, car la
formation et la qualification de notre
main-d'oeuvre sont des enjeux majeurs pour notre industrie. Notre secteur
d'activité... principalement ceux que nous représentons, soit ceux couverts par les comités paritaires, ne peuvent
se fier au ministère de l'Éducation, aux commissions scolaires qui dispensent de la formation pour
l'atteinte à un DEP en mécanique, en débosselage-peinture ou à un métier
visé par la qualification recherchée parce
que nos jeunes vont de moins en moins à l'école pour l'obtention d'un
DEP, ils apprennent sur le tas.
Et,
ce soir, on vous a remis deux documents, dont un... Si vous prenez la peine...
puis j'ai même pris la peine de mettre
un petit... pour être sûr et certain que vous ne passez pas à côté, vous allez
vous rendre compte que notre industrie s'est prise en main. Mais, même
si on se prend en main, on a quand même des statistiques qui sont épeurantes. À
Québec — là, je parle pour le comité paritaire de
Québec — dans les
cinq dernières années, 36,5 % des étudiants ont obtenu un DEP comparativement, il y a 20 ans, à
60 %. Une autre statistique, en 2015 — ça, c'est dans la province de Québec,
où on a des comités paritaires — 951 candidats ont passé l'examen de fin
d'apprentissage, et seulement 56 % ont obtenu un DEP. Ça veut dire un sur deux ne sont pas en
mesure d'obtenir une formation professionnelle pour être en mécanique ou
en débosselage-peinture.
Notre secteur est en
continuel changement technologique, et ces changements ne sont pas près de
s'arrêter. Vous savez que l'automobile, à toutes les années... puis, des fois,
c'est deux fois par année où on a des changements majeurs. Il est primordial que les CPA puissent donner de la formation continue et de la formation de base. Avant ça,
la formation de base, on n'en parlait pas parce qu'on disait que nos gens sortaient D.E.P.,
ils avaient de la formation puis, par
la suite, ils pouvaient rentrer sur le marché du travail. Maintenant, ce n'est
plus ça, on est obligés de partir avec les jeunes qui vont rentrer dans notre industrie. Un sur deux qui n'aura pas
de D.E.P., ça veut dire qu'on va être obligés de faire de la formation
de base dans les comités paritaires.
Cette main-d'oeuvre,
pour nous, il faut qu'elle soit qualifiée, il faut qu'elle soit capable de
faire des bons diagnostics, de bien effectuer
des réparations sur les véhicules. On doit penser à la sécurité du public et à
la satisfaction de la clientèle. Si vous venez dans nos entreprises et
que vous n'êtes pas capables de vous faire servir ou réparer pour la première
ou la deuxième fois, probablement que vous ne serez pas contents. Ça fait que
ça prend une main-d'oeuvre qualifiée. Ces
dispositions sont nécessaires pour permettre aux CPA et au CPCPA d'avancer dans
les projets qui sont sur la table depuis quelques années et qui
permettront aux comités paritaires de jouer de façon correcte et concrète leur
rôle actif dans ces domaines.
Et
vous allez voir, quand vous regardez tout ce qu'on peut donner comme formation
dans les calendriers, vous allez voir
de la formation, il y en a une panoplie. Même les centres de formation viennent
chercher cette formation-là pour donner la formation aux étudiants. Ça
fait que moi, je pense qu'on est reconnus, et on veut l'être encore. Nous avons
expliqué dans nos textes les nombreuses
démarches faites au fil du temps pas pour identifier des coupables, loin de
nous cette idée, mais pour démontrer
l'urgence d'agir et aussi pour rappeler qu'il existe depuis longtemps un
consensus dans l'industrie des
services automobiles sur ces questions, et ce, depuis de nombreuses années. Et
vous avez vu, dans notre mémoire, on
vous dit qu'on est là depuis 1990, où l'industrie s'entendait pour la formation
et la qualification des travailleurs.
Nous voulons huit
métiers qualifiés, vous les retrouverez en annexe au texte que nous avons
soumis. Nous croyons qu'il est essentiel que ces métiers soient des métiers
qualifiés, et ce, pour assurer la sécurité du public. Nous voulons, pour les candidats qui n'auront pas
obtenu de D.E.P., au moins une formation théorique et pratique en classe
pendant l'apprentissage en atelier. Parce que je vous l'ai dit tantôt, un sur
deux, ils ne sont pas capables d'avoir un D.E.P.
Nous allons reconnaître, par un crédit dans l'apprentissage, les D.E.P., et
ceux qui les auront obtenus ne l'auront pas pour rien. Selon les métiers, l'apprentissage pourra varier entre deux à
quatre ans. Comme l'apprentissage pourra être reconnu, nos apprentis auront droit aux crédits d'impôt, ce qui n'est
pas le cas présentement. À la fin de l'apprentissage, il y aura un
examen qui permettra d'obtenir la carte de compagnon.
Le Président (M.
Cousineau) : Conclusion, M. Harvey.
M. Harvey
(Guy) : Oh! en conclusion, ce que nous, on vous dit, c'est que, pour
l'industrie des services automobiles, c'est important
que la loi concernant la formation et la qualification soit vraiment
adoptée rapidement, on attend
depuis 2009.
Le
Président (M. Cousineau) : Merci, M. Harvey, monsieur... Domingue, excusez-moi. Mme la ministre, pour 16 minutes.
Mme Vien :
Bonjour, M. Harvey. Ça va? Bonsoir, M. Domingue. Domingue, c'est bien ça?
M. Domingue
(Yvan) : C'est ça, c'est exactement ça.
Mme Vien :
Vous nous parlez beaucoup de formation et de problématiques qui sont les
vôtres, puis j'en suis. Bon, des jeunes qui
ont de la difficulté à se qualifier — c'est ce que j'ai bien compris, un sur deux — finalement,
vous avez raison, là, c'est préoccupant, c'est un défi.
Vous allez me permettre peut-être de vous amener
sur un autre terrain, là — vous
me voyez venir comme une tonne de briques — c'est
un sujet qui a été au centre de nos discussions par la force des choses, hein,
à force de discuter avec les gens puis les
groupes, et tout ça, êtes-vous préoccupés par l'éthique, par la reddition de
comptes, par la transparence, par toutes ces questions qui touchent actuellement...
et dont on parle, des comités paritaires?
• (20 h 30) •
M. Domingue (Yvan) : Bien, en fait, effectivement,
on est préoccupés. Même qu'on s'est penchés là-dessus passablement. Tu sais, je veux dire, dans nos comités paritaires de
l'automobile, vous avez un code de l'éthique, hein? On a également des
cours pour la gouvernance. En ce qui concerne la reddition, à chaque assemblée
du conseil d'administration, les permanents
doivent rendre compte, O.K., de ce qui s'est passé dans le dernier mois, on
doit discuter des différentes issues
que l'on a à régler, puis il n'y a absolument rien qui va se faire, à moins
qu'il y ait eu discussion entre les parties puis qu'il y ait eu, je veux
dire, un consensus de fait.
Alors, on est
définitivement conscients de l'importance de ça. Puis on a l'impression qu'avec
les codes d'éthique que l'on a, même
qu'on en parlait entre nous... Vous avez également parlé beaucoup de sites Web.
O.K.? Il y a des choses comme les codes d'éthique que l'on a qui,
effectivement... Je veux dire, on va parler avec tous les gens des différents comités paritaires de l'automobile, puis c'est le
genre d'information, je veux dire, qui devrait, effectivement, se
retrouver également là-dessus, là.
M. Harvey
(Guy) : Je vais vous donner
juste un petit peu le... Si vous allez voir les sites des comités
paritaires... Je ne sais pas si vous avez
pris le temps d'y aller. Si vous n'y avez pas été, je vais vous donner un petit
peu ce qu'on fait, là, parce que je
pense qu'on fait quand même des bonnes choses. C'est sûr et certain que la
transparence, on y est... En tout
cas, je pense, ceux qui me connaissent, la transparence, pour moi, c'est
important. Sur le site Internet, vous avez la Loi de décrets, vous avez les rapports mensuels, vous avez la
qualification, vous avez la formation en classe, la formation en ligne. Vous avez tous les formulaires :
achat de guides, relevés d'expérience, formulaires de plainte... demande de
carte de compétence, transfert de dossier
d'un comité paritaire à un autre, définition de notre industrie. On dit aussi
c'est qui qu'on est. Notre structure,
on la donne. C'est sûr et certain, la seule affaire qui peut manquer, je pense,
c'est que vous n'avez pas les états financiers des comités paritaires.
Mme Vien : Mais c'est ce que
j'allais vous dire, je ne les ai pas, vous ne les nommez pas.
M. Harvey
(Guy) : Mais je vais vous
dire une chose, vous les avez. On les remet à toutes les années aux gens
du ministère du Travail, puis jamais il ne nous a demandé de les mettre sur les
sites Internet. O.K.? Si on nous les avait demandés,
probablement qu'on aurait acquiescé parce que, le ministère du Travail, je
pense qu'on travaille avec M. Audet, M. Roussel depuis assez longtemps,
on les rencontre souvent, puis, habituellement, on s'entend assez facilement
avec eux.
Mme Vien :
M. Audet... Aïe! Ce n'est pas pour coincer, là, hein, ce n'est pas ça du tout,
du tout, du tout. On essaie de faire
mieux dans l'avenir, c'est ça qu'on essaie de faire. Alors, on essaie de
trouver des pistes de solution pour s'améliorer,
tout le monde, puis, si, effectivement, on n'a pas jugé à l'époque que ça...
Moi, je n'étais pas là, là, mais moi, ce que je suis en train de vous dire, c'est que j'aimerais ça que ça
change, puis je pense que tout le monde est un peu dans ce «mood» là.
Puis,
effectivement, ce que vous me nommiez, c'est bien sympathique, mais moi, ce que
j'avais envie de vous demander, M. Harvey : Qu'est-ce que vous
faites actuellement — puis
j'ai posé pratiquement la question à tous les comités paritaires — pour
bien informer vos assujettis sur les sous, comment ils sont dépensés, de quelle
façon, etc.? D'avoir des états financiers, déjà, je trouve que c'est une bonne
nouvelle, tu sais, déjà, je trouve que c'est un bon commencement. Mais il n'y a
pas, tu sais, il n'y a pas rien de systématique pour dire : Bien, voici ce
qu'on fait, voici comment on dépense. Ce
n'est pas de dire c'est quoi, le salaire du D.G. puis... Ce n'est pas dans ce
sens-là qu'on souhaite avoir de
l'information, mais ce n'est pas systématique que les assujettis nous semblent
informés. On est peut-être dans l'erreur, mais on est quelques-uns à
penser qu'on pourrait peut-être s'améliorer à ce chapitre-là.
Le Président (M. Cousineau) :
M. Domingue.
M.
Domingue (Yvan) : Oui. Si je
peux me permettre, je veux dire, chaque association patronale qui siège, je
veux dire, dans les différents comités paritaires de l'automobile a des
réunions mensuelles. Dans mon cas, avec l'AIA, par exemple, je veux dire, j'ai une réunion à tous les mois puis je me dois
de rendre compte, O.K., je veux dire, à l'association de ce qui se passe dans les différents comités
paritaires. Mes collègues, O.K., comme les spécialistes de pneus, O.K.,
les marchands Canadian Tire, je veux dire,
les concessionnaires automobiles, eux aussi, je veux dire, ont effectivement,
je veux dire, des réunions, je veux dire,
régulières pour rendre compte de ce qui se passe aux comités paritaires. Puis,
en ce qui concerne, je veux dire,
l'AIA, entre autres, je veux dire, on a aussi une assemblée générale des
membres une fois par année.
Ça fait deux
semaines, je veux dire, que l'on écoute ce qui se passe, puis, je veux dire,
aller expliquer ou convoquer, je veux
dire, tous les assujettis à participer à une réunion... Juste à Montréal, on a
13 000 assujettis, on essaie de voir de quelle façon quelque chose
comme ça pourrait être fait, là.
Mme Vien : ...
M.
Domingue (Yvan) : Oui, un
peu. Sauf qu'on croit vraiment qu'en faisant rapport à nos associations
respectives, O.K., sur une base mensuelle,
en ayant, je veux dire, une assemblée générale de ces associations-là... je
pense que l'usager, en bout de ligne, là, sait ce qui se passe au niveau du comité
paritaire. Il y a sûrement moyen d'améliorer ça, mais je pense que, du côté patronal, 90 % des associations
patronales, je veux dire, sont structurées pour avoir une réunion
mensuelle.
Le Président (M. Cousineau) :
Mme la ministre.
Mme Vien :
Mais vous comprenez, hein, les questions qu'on pose. Je ne veux pas vous
choquer puis je ne veux pas vous
embêter avec ça, mais nous, on n'a pas le choix, là, il faut aller au fond des
choses dans cette histoire-là, puis ce n'est pas pour rien, là, qu'il y
a des mesures qui sont prévues au projet de loi n° 53. Notamment, les
pouvoirs donnés à la ministre, est-ce que
c'est quelque chose avec lequel vous êtes à l'aise? Notamment, d'aller en
arrêté ministériel pour faire un certain nombre de changements,
d'amendements, d'apporter ou de donner des directives aux comités paritaires,
ce qui serait une chose nouvelle, est-ce que vous êtes à l'aise avec ça?
Le Président (M. Cousineau) :
M. Domingue? M. Harvey?
M. Harvey
(Guy) : Bien, moi, je vous
dirais que oui, et non parce que les comités paritaires... en tout cas, les personnes qui siègent aux comités paritaires — parce
que ça dépend ce qu'on veut donner comme mandat, là — les représentants patronaux et les représentants syndicaux, on a quand même un conseil
d'administration où on discute d'un paquet
d'affaires autour de la table, puis je pense qu'on est capables de s'entendre
entre nous autres avant de donner le pouvoir
à la ministre. Je vous dirais qu'on s'est entendus sur des
éléments, nous, qu'on vous a transmis à vous, et vous nous avez dit non,
exemple l'augmentation du taux, de pourcentage... Aidez-moi...
Une voix : ...
M. Harvey
(Guy) : Les cotisations
salariales patronales. On a demandé, puis on ne l'a pas obtenu, tu sais.
Ça fait que nous autres, on s'était entendus, mais on ne l'a pas obtenu. Ça fait que je me dis qu'il faut faire attention à c'est quoi qu'on donne comme mandat ou pouvoirs à la ministre
parce que je
pense qu'on est assez grands pour
faire nos affaires entre nous autres.
Si on ne s'entend pas... Moi, je
pense qu'on vous a dit : Si on a
de la difficulté... On a rencontré M. Houde à des reprises, on ne comprenait pas nécessairement au niveau des augmentations salariales, il est venu nous expliquer ça
dans chaque comité paritaire. Par la suite,
on s'est entendus, puis les parties ont décidé : O.K.
Parce qu'on travaille en étroite collaboration avec vos gens, ça fait
que c'est pour ça qu'on dit : La ministre, est-ce qu'on a vraiment besoin
qu'elle nous impose des choses? Je pense qu'on est assez grands, notre industrie.
D'ailleurs, c'est mon ami. Ce soir, je l'ai amené sous mon parapluie.
M. Domingue (Yvan) :
Effectivement...
Mme Vien : En passant, ce
n'est pas moi qui ai refusé. C'est quelqu'un d'autre, c'est un prédécesseur.
M. Harvey (Guy) : En tout cas, je
vous dis que, nous, on nous l'a refusé
Mme Vien : Non, non, mais ce
n'est pas moi, c'est...
M. Harvey (Guy) : Ça ne veut pas
dire que c'est vous, mais, je veux dire...
Mme Vien : Non, non. Je
tenais juste à le spécifier.
M. Harvey (Guy) : O.K. O.K. O.K.
Mais ça nous a été refusé.
Mme Vien :
...que je signe. Moi, je passe la parole à mes collègues. Si j'ai besoin, je
reviendrai, M. le Président.
Le
Président (M. Cousineau) : D'accord. Merci, Mme la ministre.
Alors, je passe la parole à M. le député de Richelieu, qui est
porte-parole de l'opposition officielle. Vous avez 9 min 30 s.
M. Rochon : Merci, M. le Président. Est-ce que le refus
venait d'un prédécesseur du même gouvernement que vous, Mme la ministre?
Mme Vien : Ha, ha, ha!
M.
Rochon : Est-ce que le refus
venait d'un prédécesseur du même gouvernement que vous, Mme la ministre?
Mme Vien : 2011, oui, c'est
pas mal nous autres.
Une voix : Non, mais il y a
des bonnes chances.
Mme Vien : C'est pas mal nous
autres en 2011.
M.
Rochon : C'est vrai que... Non, mais...
Des voix :
...
Le Président (M.
Cousineau) : Un instant, un instant, un instant! On s'égare, et
puis vous suscitez le débat inutilement, M. le député. Alors, allez-y.
M. Rochon :
Regardez, je vais... M. le Président...
Mme Vien :
Statistiquement, il y a des bonnes chances que ce soit nous autres.
M. Rochon :
Oui. Savez-vous ce qui est...
Des voix :
...
M. Rochon :
M. le Président...
Le Président (M.
Cousineau) : ...mais c'est vous qui avez ouvert la discussion.
M. Rochon :
Savez-vous ce qui est trompeur, M. le Président? C'est qu'en effet,
statistiquement, ma question pouvait
paraître un peu inutile quand je lui ai demandé si le prédécesseur était du
même gouvernement qu'elle. Elle m'a dit : Bien, il y a des bonnes
chances, ça fait 10 ans qu'on est au pouvoir, hein... Plus que ça, plus que ça.
Mais savez-vous ce qui nous induit en erreur, mesdames messieurs qui nous
regardez et les gens ici, dans la salle? C'est que ce gouvernement, au pouvoir
depuis longtemps, réfère à l'époque où nous y étions, au pouvoir, à chaque fois
que nous lui posons une question. Alors, on est tout mêlés, on se dit :
Coudon, on a-tu été au pouvoir si longtemps que ça, si longtemps que ça? Bon,
c'est terminé, voilà.
Le Président (M.
Cousineau) : Ça va, ça va.
• (20 h 40) •
M. Rochon :
Cela étant dit, merci d'être là, messieurs, avec votre mémoire, vos
explications sur ce mémoire, vos réponses à nos questions. J'ai bien
noté que vous auriez souhaité nous voir vous questionner beaucoup plus avant
sur toute la question de la formation,
essentielle dans votre secteur d'activité, comme dans tous les autres, par
ailleurs, et je comprends que vous êtes heureux de voir inscrit à ce
projet de loi n° 53 l'obligation d'adhérer à un programme de formation.
J'ai lu ça tantôt.
Et
là ça avait dû un peu vous décevoir, mais vous devez très bien comprendre, si
vous avez suivi les travaux de la commission, on vous a plutôt amenés
sur la gouvernance, la transparence parce que ce sont des questions qui ont été
largement soulevées ici et qui sont quand même de nature à soulever des préoccupations,
hein, bien légitimes, bien légitimes.
Mettez-vous à la place des gens qui nous regardent, suivent nos travaux,
entendent toutes sortes de choses et de soupçons soulevés à propos de la gouvernance des comités
paritaires, puis parfois, là, ça frôle les accusations... Bien, je ne dirais même pas que ça frôle, ce sont des accusations graves
qui sont énoncées ici. Quand on nous demande une enquête, là, sur les comités paritaires du domaine de
l'entretien des édifices publics, là, coudon, on se dit : Est-ce qu'il y a quelque chose de troublant qui se déroule et que nous devrions
vite découvrir? Donc, je ne me vois pas d'autre choix et je pense que
c'est mon devoir de vous ramener là-dessus.
Vous avez affiché de
l'ouverture, là, quant à ces aspects-là, gouvernance, transparence, je vous ai
entendus. Sauf que, dans votre mémoire, vous
dites, en page 7 : «Nous savons
qu'il a été beaucoup question de cet aspect. Nous sommes un peu surpris
que ce soit le cas. Est-il besoin de déposer un projet de loi pour mentionner
ce qui devrait être indiqué sur un site Internet?» Vous vous étonnez.
«Pour ce qui est de
la transparence — puis
là je cite toujours votre mémoire, vous dites — rappelons que le ministère
demande que lui soient transmis à chaque année les prévisions budgétaires,
les états financiers et également
un rapport annuel qui concerne les activités
des comités.» Ces documents-là, ils sont conservés par le ministère, ils peuvent être consultés. Et
vous ajoutez : «...on pourrait même envisager que la Loi sur l'accès à
l'information et la protection des renseignements personnels s'applique aux
comités paritaires, ce qui n'est pas le cas présentement, plutôt que de faire des règles spéciales.» Hein, vous êtes en train de
dire : On va assujettir ça à la Loi sur l'accès à l'information, puis, si
c'est refusé quand on se présente au comité paritaire, les gens qui font une
demande de documents, puis c'est refusé, bien, ils auront juste à se plaindre à
la Commission d'accès à l'information en vertu de la Loi à l'accès à
l'information.
Après avoir lu ça,
j'ai été plutôt heureux de vous entendre ouvrir sur la question de la diffusion
sur votre site Internet. Là, vous avez semblé ouverts à ça. Mais je veux
revenir sur la surprise que ça provoque chez vous que ces questions-là occupent tant de place. Est-ce à dire
qu'en ce qui a trait à vos comités paritaires, ceux de l'industrie automobile, il n'y a
pas beaucoup de doléances d'exprimées à cet égard-là, il n'y a pas beaucoup de plaintes, pas beaucoup de gens qui s'inquiètent?
Je veux vous entendre là-dessus parce que peut-être que ce n'est pas
égal, ce n'est pas égal. On nous a dit plus tôt : Ah! il y a des
comités paritaires impeccables, et il y en a d'autres discutables.
Peut-être que vous faites partie des impeccables.
M.
Domingue (Yvan) : Je ne
crois pas, je veux dire, que quoi que ce soit puisse être impeccable, sauf que
j'ai, définitivement, apprécié... Puis je
suis très fier de représenter le comité paritaire de l'automobile ici, O.K.,
parce que, je veux dire, j'ai entendu beaucoup de choses depuis plusieurs jours concernant
les comités paritaires puis je suis content d'être associé au comité paritaire de l'automobile. On a
une approche qui est carrément très différente. Le point le plus
important, c'est définitivement d'identifier
les formations qui sont nécessaires, O.K., puis de donner cette formation-là,
je veux dire, dans notre marché. Il
faut absolument, je veux dire, qu'on applique les décrets. O.K.? Ça fait qu'il
faut donc que l'on fasse comme les autres, O.K., puis que l'on fasse des
inspections puis ces choses-là. Sauf qu'on essaie d'inculquer à nos inspecteurs depuis déjà quelques
années de plutôt prendre une approche d'expliquer aux assujettis,
je veux dire, ce qu'il en est. On
demande même aux inspecteurs, O.K., d'expliquer, je veux
dire, quels sont les contenus des cours de formation qui sont
disponibles, O.K., justement pour essayer de peut-être changer l'image qui peut
être là depuis des années. O.K.?
Lorsqu'un inspecteur se présente, vous allez tout le temps avoir, je veux dire, certaines situations, je veux dire, où est-ce que la personne, je
veux dire, est vraiment, je veux dire, là, en défaut. Mais habituellement, je veux dire, ce n'est vraiment pas ce que l'on cherche, mais comme pas du tout. Je regardais, juste avant que l'on s'assoie tantôt,
à Montréal, qui est le plus grand
comité paritaire de la province, O.K. — paritaire
de l'automobile — on
a une masse salariale, je veux dire,
qui représente 43 %, 44 %,
je veux dire, de la masse salariale, je veux dire, des comités paritaires de
l'automobile, O.K., je veux dire, des six décrets. Et, en amendes,
O.K., l'année passée, on a ramassé 50 000 $. Ce n'est pas comme
si c'est la chasse aux sorcières, là, puis
on est après tout le monde pour ramasser de l'argent. Ce n'est absolument
pas le cas, O.K., on essaie de
travailler avec les gens. Malheureusement, dans certains cas, des gens devront être
condamnés et payer, cependant. Quelque chose à rajouter, Guy?
M. Harvey (Guy) : Bien, nous,
pour la transparence, là, on y est, là, puis... En tout cas, je vais parler
pour Québec, on a un guide pour les administrateurs où les gens, l'an passé,
ils ont suivi une formation. Puis je peux le transmettre
à la commission si vous le voulez, là, vous allez voir c'est quoi
qu'on recherche auprès des administrateurs, qu'est-ce qu'ils doivent faire, la gouvernance. Puis, tu sais, on
sait que ce qui se passe... J'ai entendu, moi aussi, là, des choses, là, tantôt, là, ça n'arrive pas chez nous,
là. En tout cas, moi, à mon avis, là, ça n'a jamais
arrivé, là. Puis ça fait 20 quelques
années que je suis au comité paritaire de l'automobile, tant Saguenay que Québec,
à l'occasion en Mauricie, puis ça ne fonctionne pas comme ça, on n'a pas
ce problème-là sur la gouvernance, pas pantoute.
Le Président (M. Cousineau) :
Merci, M. Harvey. 30 secondes, monsieur, une question rapide.
M. Rochon : Je n'en risquerai
pas. Je pense que je vais laisser la parole à mes collègues.
Le Président (M. Cousineau) :
D'accord. Alors, à ce...
Mme Vien : ...copie, M.
le Président.
Le Président (M. Cousineau) :
Pardon?
Mme Vien :
M. Harvey, ce serait bien qu'il nous laisse la copie, hein, de son
document.
Le Président (M. Cousineau) :
Oui, ça va aller. Oui, peut-être le fichier électronique si vous avez le
fichier électronique.
Des voix : ...
Le Président (M. Cousineau) :
Bon. Alors donc, je passerais la parole au député de Chutes-de-la-Chaudière
pour 6 min 30 s.
M. Picard : Merci. Merci
de votre présence et de votre apport aux travaux de la commission. Tantôt, Mme
la ministre parlait d'une assemblée
générale, vous avez dit : Bien, on a 13 000 assujettis. J'ai
lancé cet après-midi, là : Prenez exemple
sur le fonds de solidarité, qui fait une assemblée annuelle qui est disponible
sur le Web. Les membres reçoivent un
avis de convocation disant : Si vous voulez vous déplacer... puis où on
donne l'heure... Je pense que c'est un moyen... C'est certain que, les premières années, il n'y aura peut-être pas foule
à l'audience Internet. Puis ce n'est pas des coûts magistraux non plus
pour faire ça, là, mais ça donne de la transparence dans vos activités, ça
rassure les gens. Je ne sais pas comment vous recevez cette idée-là.
M. Harvey (Guy) : Moi, je vais
vous dire, là, j'y ai réfléchi parce que je suis venu la première fois voilà deux semaines passées, vous avez posé la
question : C'est quoi, une assemblée générale? Qu'est-ce qu'on devrait
faire ça? J'ai réfléchi puis je me suis dit :
Dans le meilleur des mondes, c'est oui 100 milles à l'heure. J'en fais,
des assemblées, à toutes les années,
peut-être 10 par année, parce que je suis un syndicat, puis on doit rendre
compte à nos membres. Et tous les
procès-verbaux, les propositions, les états financiers, toutes nos activités,
on doit le faire. Mais, comme M. Domingue vous a dit tantôt, quand tu représentes une industrie,
13 000 salariés, 3 000 employeurs... Québec, ce n'est pas
moins gros, c'est 5 000,
5 000 employés et 900 employeurs. O.K.? Moi, j'aimerais savoir
de vous c'est quoi que vous voulez qu'on fasse. Est-ce qu'on va parler de formation, qualification, reddition de
comptes, les élections des représentants, des conditions de travail? Parce que, tantôt, là, au début, là,
les gens peuvent nous demander des redditions de compte, ces choses-là, mais, par la suite, ils vont peut-être bien
demander... ils vont dire : Aïe! On veut aussi parler de nos conditions de
travail.
M. Picard :
Je dirais, une assemblée générale... Vous en tenez, des assemblées générales?
M. Harvey
(Guy) : J'en fais à tous les mois.
M. Picard :
Le même ordre du jour disponible sur le Web. Ce n'est pas plus compliqué que
ça.
M. Harvey (Guy) : ...mais c'est parce que moi, je n'ai pas
5 900 membres, là, j'ai environ 1 100 à
1 200 membres. Ce n'est pas pareil pantoute, là, sur le Web.
M. Picard :
O.K. Qu'est-ce que je viens de dire, il peut s'appliquer à
13 000 assujettis, là, je ne vois pas le problème, là. Puis ça va se
peaufiner avec les années.
Je vais aller sur un
autre sujet. Vous avez entendu — vous avez assisté aux travaux, là — lorsque
certaines personnes proposent que les inspecteurs relèvent de la CNESST,
qu'est-ce que vous en pensez? Je sais que...
M. Harvey
(Guy) : Je suis contre ça.
M. Picard :
Parce que, chez vous, ça va bien, c'est ça?
M. Harvey (Guy) : Je suis contre ça parce que nous, là, on se
gouverne, puis, si nos inspecteurs ne sont pas en mesure... Parce que nos inspecteurs à nous, ils ne
font pas juste prendre les personnes en défaut, les employeurs en
défaut, là, nous, on a instauré sur le
site... on a fait toute la facturation en ligne. Puis, pour faire ça, c'est nos
inspecteurs qui sont allés dans les
entreprises pour éduquer les employeurs. Si on envoie ça tout à l'extérieur, ça
veut dire qu'on n'a plus de crédibilité.
Nous autres, on a une grande crédibilité auprès des... En tout cas, on pense.
Ça fait que ça serait nous enlever ça.
M. Picard :
Ça pourrait s'appliquer par secteur...
M. Harvey
(Guy) : Bien, s'il y a un secteur qu'ils ont de la misère, qu'ils le
fassent. Mais nous autres, on n'en a pas, de misère.
• (20 h 50) •
M. Picard :
Bien, je vous dirais, là, je vais
conclure là-dessus. Puis prenez-le pas négativement, là, parce que ça a l'air à très bien aller chez vous. Puis j'ai bien
aimé la présentation, vous parlez beaucoup de formation, puis c'est
important, la formation.
Mais vous avez
répondu tantôt à Mme la ministre : Faire nos affaires entre nous autres.
C'est justement le problème de certains
comités — puis je
ne parle pas du vôtre, là — c'est vraiment ça parce que, les premières journées, là, on se faisait dire : C'est privé, là, nos
affaires. Vous n'avez pas affaire là bien, bien, vous autres, le gouvernement,
là, les parlementaires. Mais je ne vous vise
pas, là. Mais ça reflète... ça, pour moi, c'est négatif. Mais, dans votre cas,
c'est positif parce que ça va bien.
M. Harvey (Guy) : ...répondre, si vous voulez, en 30 secondes. Si vous voulez, si les
gens du ministère pensent qu'on n'est
pas corrects, il peut y avoir quelqu'un. Mais tantôt, quand je voulais dire ça,
c'est que nous autres, là, on est capables de négocier nos choses entre
nous autres, ce n'est pas de faire ça en vase clos, là.
M. Picard :
Vous comprenez, M. Harvey, que nous, on a entendu des choses...
M. Harvey
(Guy) : Oui, je comprends.
M.
Picard : ...justement, des gens disaient : Bien, ça se
négocie entre eux autres, là, puis nous on est plus ou moins au courant.
On l'a entendu tous, là, c'est... Mais, comme je vous dis, le chapeau ne vous
fait pas, là.
M. Harvey (Guy) : Je regarde mon collègue, là, si je n'étais pas correct, je suis pas mal
sûr qu'il me remettrait à ma place, et, à l'inverse, ce serait la même
affaire.
M. Picard :
Il n'y aurait pas d'échange de parapluie.
M. Harvey
(Guy) : Pas cette soirée-là.
Le Président (M.
Cousineau) : Ça va? M. le député, est-ce que vous avez d'autres
questions?
Une voix :
...
Le Président (M.
Cousineau) : Ça va. Mme la ministre.
Mme Vien :
Oui, moi, j'en aurais une.
Une voix : ...
Mme
Vien : Non, non, ça ne sera pas si pire que ça, vous allez
voir. Certains comités paritaires... en fait, certaines personnes qui sont venues ici nous suggèrent que
ce ne soient plus les comités paritaires qui procèdent à l'inspection puis à...
Une voix : ...
Mme Vien : Excusez, on m'a
dit que tu n'avais pas posé la... Oh! excusez, c'est parce que j'ai dû
m'absenter cinq minutes. Toutes mes excuses.
Le Président (M. Cousineau) :
Allez-y, Mme la ministre.
Mme Vien : Ils l'ont abordée,
cette question-là?
M. Picard : Oui, mais ça ne
s'applique pas à eux, ça va très bien.
Le Président (M. Cousineau) :
...le reposer pour voir.
M. Picard : Mais vas-y, il
va...
Mme Vien : Non, je ne veux
pas vous faire répéter pour rien.
M. Harvey (Guy) : Non, non, mais ce
qu'on disait, c'est que nous, là, les inspecteurs, ils ne servent pas nécessairement juste à faire de la misère, nos
inspecteurs sont proactifs à aider des employeurs quand ils ont un
problème. On les visite, on les rencontre, on les éduque.
Exemple, nous
autres, à Québec, sur le site Internet, quand on a mis les rapports en ligne,
bien, c'est nos inspecteurs qui sont
allés rencontrer des employeurs pour les aider à être capables... Ça fait
que... une plainte, chez nous, on n'en reçoit pas des tonnes. Comme Yvan a dit tantôt, 50 000 $ de
réclamations dans une année... Chez nous, là, à Québec, je ne sais même
pas si c'est 5 000 $. Dans la Mauricie, ce n'est même pas
2 000 $ de réclamations. Ça fait que c'est quoi, le problème? On n'a
pas ce problème-là. Ça fait que donnez-nous pas des problèmes quand on n'en a
pas.
Mme Vien :
Non, non. Nous autres, ce qu'on veut, c'est apporter des solutions puis avoir
le meilleur système possible. Bon, bien, merci beaucoup, messieurs.
C'est avec vous qu'on conclut.
Le
Président (M. Cousineau) : Mais, avant de terminer avec vous,
je crois que vous avez un lien à nous transmettre, un lien pour un
document que vous avez... d'accord? Bien...
M. Harvey (Guy) : Au bureau? Bien,
c'est parce que je peux remettre la copie...
Le
Président (M. Cousineau) : Oui. Mais Mme la secrétaire va aller
chercher la copie. M. Harvey puis M. Domingue, je vous remercie beaucoup
pour votre présentation.
Et puis, pour ce qui est de la commission, qui a
accompli son mandat, j'ajourne les travaux jusqu'à mercredi le 19 octobre, après les affaires courantes. Bonne
soirée à tous et à toutes, puis n'oubliez pas, les parlementaires, il y
a sûrement un vote qui s'en vient dans quelques minutes.
(Fin de la séance à 20 h 54)