(Quatorze heures trois minutes)
La Présidente (Mme
Vien) : Alors, mesdames messieurs, bon après-midi. Bienvenue à ces
audiences de consultations particulières et
auditions publiques également qui se poursuivent aujourd'hui sur le projet de
loi n° 36, qui est la Loi
sur la Banque de développement économique du Québec. Comme toujours, chers
collègues et chers invités, si vous avez des téléphones cellulaires qui
sont, bien sûr, allumés, je vous demanderais d'éteindre les sonneries pour
mieux vous entendre et vous comprendre.
Mme la secrétaire,
est-ce que nous avons des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Claveau (Dubuc) est remplacé
par M. Chapadeau (Rouyn-Noranda—Témiscamingue);
M. Arcand (Mont-Royal) est remplacé par Mme Vien (Bellechasse); M. Ouellette
(Chomedey), par M. Drolet (Jean-Lesage).
Auditions
(suite)
La Présidente (Mme
Vien) : Bien. Nous allons tout de suite débuter avec nos premiers
invités, qui sont du Chantier de l'économie
sociale. Je présume, Mme Neamtan, que vous en êtes la porte-parole, bien
entendu, vous êtes bien connue.
Alors, vous aurez 10 minutes pour nous faire part de l'essentiel de votre
mémoire ou de vos réflexions, également pour nous présenter les
personnes qui vous accompagnent, 10 minutes, et après quoi s'ensuivront
des échanges entre vous et les parlementaires. On vous écoute, madame.
Chantier
de l'économie sociale (CES)
Mme Neamtan (Nancy) : Alors, merci à tout le monde pour l'invitation. Et je suis accompagnée
donc par, à ma gauche, Philippe Garant, qui est directeur général du
RISQ, le Réseau d'investissement social du Québec, Jacques Charest, qui est directeur de la Fiducie du
Chantier de l'économie sociale, et de François Vermette, qui est
coordonnateur du développement au chantier.
Pour ceux et celles qui ne connaissent pas le chantier, c'est un réseau de
réseaux qui regroupe des entreprises
collectives, coopératives, sans but lucratif, des organisations de
développement local, des pôles régionaux et différents acteurs qui
soutiennent le développement de l'entrepreneuriat collectif au Québec.
Alors,
merci beaucoup pour l'invitation. On allait faire ça à quatre, mais, comme on a
juste 10 minutes, je pense que je vais le passer rapidement, et mes
collègues pourraient répondre aux questions, au besoin.
Alors, on voudrait
commencer, premièrement, en saluant ce projet de loi. Pour nous, évidemment,
qui avons comme mission de soutenir le développement des entreprises, c'est
toujours rassurant, comme on dit, de constater qu'il y a des efforts faits pour la consolidation et le renforcement de
la capacité d'agir du gouvernement, et particulièrement au niveau d'une
certaine cohérence dans l'action. Et ce qui est important, on pense aussi, dans
cette loi-là, c'est son intention de soutenir le développement dans toutes les
régions du Québec.
C'est
sûr que pour les entreprises d'économie sociale, comme toute entreprise, il y a
un besoin réel de financement. Pendant
longtemps, il y a beaucoup de ces jeunes entreprises qui naissaient à partir
des missions sociales, écologiques, culturelles
qui n'avaient pas accès à du financement autre que, bon, soit des subventions
soit des contributions, etc., et, depuis de nombreuses années, on a
travaillé fort avec beaucoup d'autres pour développer une offre de financement plus développée, parce que c'est ce que ça prend
pour ces entreprises-là de réaliser leur plein potentiel. Et ce qu'on
trouve intéressant dans ce projet de loi, c'est effectivement cette
reconnaissance des besoins financiers d'investissement des entreprises collectives. On croit que c'est très
important de pouvoir, dans les stratégies de développement, soutenir ce
que nous appelons une économie plurielle, donc où chacun joue son rôle, que ce
soit l'entreprise privée, l'entreprise publique et l'entreprise collective. Et
je pense qu'on pense qu'il n'y a pas de hiérarchisation,
il n'y en a pas un qui est plus légitime que l'autre, chacun doit jouer son
rôle dans le développement de nos collectivités. Puis on considère même…
Et ça a été appuyé par des gens, quand même, qui s'y connaissent, on a une
citation de Henry Mintzberg que ça fait partie d'une des forces de l'économie
québécoise.
Bon, ce qu'on trouve
qui est un pas en avant par rapport à ce qu'il y a dans le passé, parce que c'est
clair qu'Investissement Québec, depuis de nombreuses années, a un certain
soutien au développement des entreprises d'économie
sociale, c'est cette reconnaissance dans la mission même de la banque. Et ici
on voit ça en cohérence aussi avec le
projet de loi sur l'économie sociale, qui, on espère, sera aussi étudié en
commission parlementaire très rapidement. Ça crée un environnement et un cadre institutionnel pour le
développement de l'économie sociale, puis on s'en réjouit.
C'est
évident… Bon, on pense que le projet de loi est intéressant, en autant, bien
sûr, qu'il apporte une plus-value pour le développement économique du
Québec, et donc l'idée, c'est de ne pas faire table rase de tout ce qui s'est
passé antérieurement mais de se construire sur nos acquis pour continuer à
avancer. C'est pour ça qu'on a pris le temps, dans le mémoire, de faire juste
un rappel historique du rôle qu'Investissement Québec a joué dans le soutien à
l'économie sociale dans les dernières années.
Bon, on commence avec l'histoire du
RISQ, le Réseau d'investissement social du Québec, qui a été le premier fonds dédié exclusivement aux entreprises
collectives, qu'on a créé en 1997, qui a été capitalisé sans l'apport d'Invest
Québec, c'étaient plutôt des contributions du secteur privé, et des dons, et
une contribution du gouvernement du Québec à
l'époque, mais ça a fait école, le RISQ, dans le sens que ça a démontré la
possibilité et le potentiel pour nos entreprises
d'avoir accès à des produits d'investissement. Dans ce cas-là, c'étaient des
prêts sans garantie. Et on rappelle aussi
qu'une des choses qui a beaucoup aidé dans les premières années du RISQ, c'est
le fait qu'Invest Québec avait offert des garanties de prêt. Et donc c'est
un exemple de comment l'action gouvernementale a soutenu d'une façon… un effet de levier ou de rassurer les partenaires
pour pouvoir continuer à développer une offre avec un ensemble de
partenaires. Bon. Alors, malheureusement,
bon, on avait même eu, à un moment donné, une entente avec une enveloppe
dédiée. Ça, ça a disparu, mais on voit déjà comment cette
complémentarité a été bénéfique pour tout le monde.
• (14 h 10) •
Bon,
en 2007, on a créé la Fiducie du Chantier de l'économie sociale, qui est aussi,
je pense, assez connue. C'était une
innovation financière à l'époque — et
encore aujourd'hui — dans
le sens que ça offrait du capital patient. Donc, on passait du prêt sans garantie à ce qu'en tout cas
on peut considérer comme de la quasi-équité, en reconnaissant que les
entreprises collectives ont besoin aussi d'avoir de l'argent à long terme qui n'est
pas considéré juste du passif. Et là aussi
on a vu une évolution du rôle de l'intervention gouvernementale, parce qu'en
passant d'un garant sur garantie de prêt Investissement Québec est
devenue un investisseur, et qui reçoit un rendement comme investisseur, et,
jusqu'à présent, a reçu ses rendements d'une façon régulière. Bon.
Et
peut-être juste aller un peu plus loin pour dire que tout l'ensemble de ce
marché ou ces formes d'investissement a maintenant pris beaucoup d'ampleur,
et il y a maintenant, depuis un peu plus d'un an, un nouveau réseau. Il y a le Réseau Capital qui regroupe le capital de risque.
Il y a le Réseau de la finance solidaire et responsable ou, on appelle,
CAP Finance qui regroupe le Fonds de solidarité, Fondaction, la fiducie, le
RISQ, le crédit communautaire, etc., donc tous ceux… les CLD sont présents, tous les intervenants qui agissent en
faveur de l'entrepreneuriat collectif d'une manière ou d'une autre. Et ça démontre un peu la façon que
les acteurs au Québec travaillent en complémentarité puis en synergie pour maximiser les impacts de leurs interventions,
et c'est un peu dans cet esprit-là, dans le fond, que notre
recommandation principale, dans notre
mémoire, et ce qu'on tient le plus à coeur, c'est de dire que la Banque de
développement représente un pas en
avant, en autant, bien sûr, qu'elle vient rajouter quelque chose puis qu'elle
vient travailler en complémentarité avec
les acteurs pour aller toujours plus loin. Et ça, on y reviendra. Ce n'est pas
quelque chose de statique, c'est quelque chose qui doit constamment
évoluer, particulièrement dans le domaine de la finance solidaire.
Alors,
c'est pour ça qu'on a une recommandation, à la page 8 de notre mémoire, où
est-ce qu'on dit… La politique qui
doit être adoptée par le conseil d'administration de la banque, on propose
qu'on rajoute un cinquième point, c'est-à-dire l'enjeu de la complémentarité avec les acteurs et institutions
financières non gouvernementaux, pour assurer qu'il y ait toujours cette
préoccupation de ne pas remplacer mais que ça soit une plus-value. Et, dans ce
cadre-là, évidemment, compte tenu de cette
importance-là, ça nous permet d'arriver avec des propositions touchant la
question de la présence des gens qui
connaissent l'économie sociale au sein de cette nouvelle institution, la Banque
de développement, à savoir qu'il y a
déjà eu une vice-présidence Économie sociale à Investissement Québec, qui a
disparu dans les dernières... je pense, la dernière année, au moment de
la fusion avec la SGF. On pense que c'est important de la rétablir, cette
vice-présidence-là, mais on pense aussi qu'il faut aller plus loin, c'est-à-dire
que… Et on donne quelques exemples. Ce matin même, on était avec l'Autorité des
marchés financiers pour discuter des enjeux liés à l'encadrement du «crowd funding», parce que de plus en plus des
nouvelles formes de financement sont en train d'évoluer sur le marché,
et donc on essaie d'en tenir compte pour voir comment ça peut être un
instrument de plus pour nos entreprises. C'est la même chose qu'on travaille avec les fondations, par exemple, qui veulent
de plus en plus prendre une partie de leurs actifs pour investir dans
les entreprises d'économie sociale. Donc, il y a des enjeux autour de ça.
Alors,
tout ça pour dire que ce qu'on pense, c'est que le marché de la finance
solidaire… Et on ne le voit pas juste au Québec, on le voit au niveau
international. Par exemple, la semaine dernière, le gouvernement fédéral a
sorti un rapport avec des recommandations, des idées autour de la finance
solidaire. On le voit au niveau international, c'est discuté à la Commission
européenne puis un peu partout…
La Présidente (Mme
Vien) : Je vous prie de m'excuser, madame. En conclusion.
Mme Neamtan (Nancy) : …que c'est extrêmement important, donc, d'avoir des gens autour du
conseil d'administration, un comité permanent pour pouvoir aviser la
banque.
Et,
finalement, ce qu'on dit aussi, on parle de l'importance dans la démarche, aux
niveaux local et régional, de tenir compte, évidemment, des CLD, mais
aussi on apporte une série de recommandations pour renforcer le rôle des CLD. Je pense que, les CLD, l'association est
venue ici la semaine dernière. On s'entend avec eux autres sur toutes
les mesures qui sont là pour améliorer leur performance, compte tenu qu'ils
vont être la porte d'entrée.
Et finalement, dans
la dimension régionale, on trouve extrêmement important que, dans toute la
planification, les représentants de
l'économie sociale soient associés à toute la planification régionale. Et, dans
ce cas-là, dans chacune des régions du Québec, il y a 20 pôles
régionaux. On espère qu'ils seront associés formellement aux démarches de
planification stratégique qui vont guider les orientations et les actions de la
banque.
La Présidente (Mme Vien) : Vous êtes très disciplinée, madame. Merci beaucoup,
merci infiniment. Mme la ministre, la parole est à vous pour une période
d'échange de 16 minutes à peu près.
Mme Zakaïb : Mme Neamtan, M. Vermette, M. Charest, M. Garant,
merci de vous être déplacés. Merci d'avoir pris du temps puis de l'énergie
à produire votre mémoire.
J'ai
quelques questions pour vous. On sait que les entreprises d'économie sociale
sont présentes dans toutes les
régions du Québec, qu'il y a des entreprises… En fait, c'est des entreprises,
les entreprises d'économie sociale. C'est une propriété différente, c'est une propriété collective, mais c'est quand
même des entreprises, elles sont présentes partout au Québec. Et, selon
les statistiques qui ont été portées à mon attention, les entreprises d'économie
sociale seraient plus résilientes que les entreprises traditionnelles. Comment
vous expliquez ça?
Mme Neamtan (Nancy) : Bien, nous, ce qu'on dit souvent, c'est que les entreprises d'économie
sociale naissent des besoins ou des
aspirations des collectivités. Elles ont un fonctionnement de transparence et
sont portées par un groupe. Alors,
quand une entreprise naît d'un besoin ou vraiment d'une aspiration collective,
avant que les gens laissent mourir ces entreprises-là, ils vont tout
faire, tout faire pour assurer leur survie. Et donc on le voit.
Et
d'ailleurs peut-être Philippe Garant pourrait parler un peu de la façon que ces
entreprises sont analysées, mais c'est clair pour nous. C'est que le
facteur de risque le plus important, c'est le soutien de la communauté, puis,
quand l'entreprise est soutenue par sa
communauté, les chances qu'elle ferme, là, sont… Ça peut arriver puis ça
arrive, mais c'est beaucoup moindre. Et on a même vu par le passé, par
exemple, des vérificateurs dire qu'il fallait rayer puis mettre, comment on
appelle ça…
Une voix :
Radier.
Mme Neamtan (Nancy) : …radier des entreprises, en disant : Ce n'est pas possible, et,
l'année après, ce qu'on appelle des
entreprises phénix, elles renaissent parce qu'il y avait un besoin, et donc les
gens, ils ont tenu à ce que ça reste là. Donc, je pense que c'est comme
ça qu'on l'explique.
Évidemment, on fait
un travail rigoureux de «due diligence» quand on investit aussi, on ne fait pas
ça juste de bon coeur mais avec une rigueur.
Et peut-être parler un peu du guide d'analyse qu'on a… On a développé aussi
des technologies ou des nouvelles techniques de les analyser.
M. Garant
(Philippe) : Tout à fait.
La Présidente (Mme
Vien) : M. Garant.
M. Garant (Philippe) : Un des éléments qui nous permet d'analyser une
entreprise d'économie sociale à travers le guide, c'est l'ancrage dans
le milieu, comment l'entreprise arrive à prendre racine et d'où elle vient. D'autres
éléments que le guide nous permet de mettre
de l'avant, c'est l'aspect démocratique. Donc, c'est une entreprise
collective, donc c'est un groupe d'individus qui cherchent à répondre à un
besoin, et comment ce groupe d'individus là prend parti, participe aux décisions de l'entreprise, c'est un autre élément
qui justifie la longévité de ces entreprises-là. Et plusieurs qu'on a
connues, à travers les 15 ans du RISQ, les entreprises ont connu des
cycles, comme n'importe quelle autre entreprise,
mais ont réussi à se remettre sur pied face à cet ancrage, face à la volonté
d'un milieu de maintenir ses activités.
Mme Zakaïb :
Un des buts, un de nos buts en voulant créer la Banque de développement
économique, c'est de combler les lacunes en financement. Vous avez, j'imagine,
comme nous, identifié quelles seraient les lacunes en financement pour ce qui
est de l'économie sociale. Pourriez-vous nous en parler un peu plus?
M. Charest (Jacques) : D'accord. Bien, écoutez, oui, comme on l'a fixé
très rapidement, il y a un écosystème, à l'heure actuelle, qui est en place depuis des années en financement de
l'économie sociale. Ce qu'on voit, je vous dirais rapidement, comme lacunes, on a essayé de créer…
La plus grande force puis le plus grand défi, disons, d'une entreprise d'économie
sociale, c'est le fait qu'elle est collective. Donc, c'est sa force, elle est
collective, mais son grand défi dans un
financement, lorsqu'on a atteint une certaine taille où est-ce qu'il y a besoin
d'un financement, c'est justement qu'elle est collective, donc elle ne
peut pas, comme les autres entreprises sur le marché privé, vendre une partie
de l'entreprise. Quand on investit dans une
entreprise d'économie sociale comme nous, on l'a fait, c'est à très long
terme.
Je
pense, un des besoins à combler aussi, c'est encore aller plus loin dans cette
démarche-là. C'est-à-dire nous, on investit 15 ans, il y a des
remboursements d'intérêts, là, à la fin, mais on voit que, là, il y a des
entreprises qui ont besoin vraiment d'un
autre type de capital de risque, ou très patient, ou… quand on aura atteint nos
buts, comme dans toutes les entreprises privées. Pas dans toutes les
entreprises mais dans beaucoup d'entreprises, on sait que la rentabilité va être
dans cinq ans, dans 10 ans et… ou dans trois ans — on
espère plus tôt — et,
d'ici là, on ne peut pas payer de rendement, on ne peut pas payer les
rendements. Donc, d'aller vraiment… quand vous parlez de capital patient, oui, lorsqu'on va vers un scénario à plus long terme et
aussi un peu ce que faisait, je dirais, Investissement Québec, qui est
plus dans la garantie de prêt, donc de
supporter les autres partenaires financiers qui sont là, qui peuvent prendre un
certain risque, qui ont besoin de garanties, c'est vraiment là, donc,
très rapidement, vers soit le type de garantie, le rehaussement de crédit, comme on appelle, ou d'aller vraiment vers
du capital très patient et de supporter les entreprises dans leur
démarrage, avant même qu'elles puissent avoir des revenus suffisants.
Mme Zakaïb :
En fait, c'est de compenser les fonds propres.
M. Charest (Jacques) : Bien, c'est
ça.
Mme
Zakaïb : Dans
notre jargon, on dit : Ça manque de capitalisation, parce qu'on n'utilise
que l'effet de levier. Finalement, on
met du prêt, on met du prêt, mais il n'y a pas de fonds propres dans ces
entreprises-là. Ça fait qu'il faut trouver
des outils financiers qui vont compenser ce qu'on a, ce qu'on appelle des fonds
propres dans les entreprises dites plus
traditionnelles, d'où l'importance de laisser longtemps les… ce qu'on appelle
du capital patient. C'est pour permettre à l'entreprise, à même ses
profits, de se constituer un genre de fonds de réserve qui équivaudrait aux
fonds propres.
• (14 h 20) •
M. Charest (Jacques) : Oui, c'est
exactement ça. Le but de la fiducie, au départ, c'était ça. On a fait une
étape, il faut aller plus loin. Je pense que, quand on veut être
complémentaire, c'est d'aller plus loin vraiment dans les fonds propres.
Mme Neamtan (Nancy) : Et aussi dans
la taille des entreprises, parce que la fiducie peut aller jusqu'à 1,5 million, et, comme elle va à 35 %,
on parle donc de projets de 5 millions, mais là on voit l'ambition de nos…
Nos entrepreneurs sont de plus en plus
importants, il y a des projets immobiliers… En tout cas, je vais donner un
exemple. On sait, au Québec, comment il y a
un recyclage de beaucoup d'édifices religieux, etc. Il y a donc des projets
immobiliers extrêmement importants qui peuvent servir à la communauté et qui
peuvent…
Et je dirais
qu'un autre élément au niveau de la banque, comme on dit dans le mémoire, c'est
qu'un peu comme au tout début Invest
Québec est venue offrir un package de garantie de prêt, puis ça a sécurisé les
premières initiatives des investisseurs dans ça, bien c'est ça qu'on
dit, c'est qu'il y a d'autres sources de financement privées, mais souvent un
partenariat avec l'État fait en sorte qu'on va pouvoir lever puis passer les
premières craintes qu'il y a, parce qu'il y a toujours cette vision que c'est
plus risqué, même si les statistiques montrent que c'est moins risqué.
Donc, il y a
toute cette nouvelle culture, et là un partenariat avec la banque serait
important. Puis c'est pour ça que c'est
important de suivre l'évolution de ce qui est en train de se passer dans le
marché de la finance solidaire, «impact investment» et tout ce
domaine-là qui est en pleine expansion.
Mme
Zakaïb : Vous parliez de ce
qu'Investissement Québec faisait. C'est ma compréhension que maintenant
Investissement Québec ne fait plus ça, c'est différent d'avant.
Mme Neamtan (Nancy) : ...change, c'est
ça.
Mme
Zakaïb : Vous nous parlez de
ce qui était passé chez Investissement Québec. Aujourd'hui,
Investissement Québec ne fait plus ce rôle-là, ne joue plus ce rôle-là en
grande partie.
M. Charest (Jacques) : Depuis ce
que... Hasard ou coïncidence? Depuis la fusion, si on veut, avec la SGF, Investissement Québec est passée vers du prêt
direct plutôt que de la garantie de prêt, offre encore ces garanties de
prêt mais beaucoup moins attrayant. Avant,
l'essentiel, en économie sociale, de l'investissement de la part d'Investissement
Québec était en garantie de prêt — là, on parle de quelques mois, un an, là — était
en garantie de prêt. Maintenant, c'est plus en prêt direct. Et il y avait un
prêt de capitalisation qui n'est plus là non plus.
Mme Zakaïb : Est-ce que vous avez
des questions, Mmes, MM. les députés?
La Présidente (Mme Vien) : Mme la
députée des Îles-de-la-Madeleine? D'accord, on vous écoute.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : Oui. En fait de soutien technique, pour faire avancer, justement, au
niveau du financement de nos entreprises en économie sociale, qu'est-ce que
vous attendez de la Banque de développement économique du Québec? Qu'est-ce qui
pourrait être aidant pour l'économie sociale?
Mme
Neamtan (Nancy) : Bien, je
pense que... C'est sûr que nous, on est d'accord avec le choix qui est fait
de s'appuyer sur le réseau des CLD, parce
que c'est vraiment nos premiers partenaires. Comme on a mentionné, on
travaille en écosystème. Et, comme on dit, l'enjeu et le choix même pour la
banque d'une façon plus globale, on pense que c'est
un bon choix, parce que c'est l'enjeu financier aussi, c'est l'enjeu de risque,
là, si le milieu est en arrière. Donc, moi, je ne pense pas que la
banque doive venir remplacer, mais ça semble… D'après nous, ce n'est pas le
choix qui a été fait. Mais, c'est sûr, qu'il puisse y avoir la complémentarité…
Bon, il y a
une loi-cadre qui, on espère, sera appuyée par l'ensemble des formations
politiques, sur l'économiesociale,
qui dit effectivement que les ministères doivent tenir compte des entreprises
collectives dans leurs politiques et programmes.
Donc, dans le fond, l'enjeu, ce serait d'assurer qu'on a un accès à l'ensemble
des aides qui sont offertes à la PME
mais évidemment adaptées à la réalité de l'économie sociale, et là la banque,
en fusionnant, si on comprend bien, un certain
nombre de programmes, on pense qu'il y a plus de chances à ce qu'il y ait une
harmonisation puis une cohérence dans
tout ça. Mais, une fois cela dit, c'est pour ça qu'on dit : C'est
important que les gens qui connaissent l'économie sociale soient
associés un peu partout à cette démarche-là, pour être sûr que, les nuances et
les différences, là, qui ne sont pas des
différences inéquitables, mais c'est juste une réalité différente, on puisse en
tenir compte dans toute la démarche de réflexion et de transition vers
ça et éventuellement dans l'évolution de son travail.
Mme Zakaïb : D'ailleurs, vous parlez
de complémentarité beaucoup dans votre mémoire, puis presque tous les intervenants nous parlent de complémentarité.
Je pense que ça va être le cas avec ceux qui s'en viennent également.
Vous
nous suggériez d'ajouter un cinquième point à l'article 7 qui dit :
«Le conseil d'administration de la banque
établit une politique régissant ses interventions financières qui prévoit
notamment...» Puis vous vouliez qu'on rajoute un cinquième point.
Pouvez-vous revenir sur ça puis nous dire exactement pourquoi?
Mme Neamtan (Nancy) : C'est-à-dire qu'on veut que ça soit une partie de base de la
philosophie de la banque, on trouve
ça important, et, comme ça change tout le temps… Parce qu'il peut y avoir une
volonté, tu sais, de vous comme ministre présentement, dans le contexte,
de le faire, mais, bon, en loi, c'est là pour longtemps. Donc, on pense, c'est important que ça soit toujours une préoccupation,
d'autant plus… Comme on disait tout à l'heure, le marché évolue. Tu
sais, par exemple, nous, on a des investisseurs privés qui sont prêts à
investir dans les entreprises d'économie sociale qui ne l'étaient pas il y a 10 ans, alors, tu sais… ou
cinq ans. Il y a tout un marché en évolution, alors il faut s'ajuster
pour toujours apporter cette plus-value-là.
Puis on se dit : Si le privé peut le faire avec les mêmes conditions, bien
la banque pourrait faire d'autre chose pour aller un peu plus loin.
Donc, c'est pour ça, cette préoccupation. C'est de dire : Si on le mettait là, ça pourrait rassurer des gens, là,
et ça va s'assurer qu'à l'avenir ça va être toujours un critère de… Parce
que, si on regarde, par exemple, les
objectifs de rendement, bien, si ça, c'est le premier critère, je peux le
comprendre. Mais, si l'objectif de rendement, c'est de venir remplacer
les acteurs existants, bien ça, ça pourrait poser un certain problème.
La Présidente (Mme
Vien) : Mme la ministre… ou d'autres collègues du côté ministériel.
Mme Zakaïb : Moi, en fait, j'aimerais avoir votre réaction. Dans peu de temps, on va
rencontrer le Conseil du patronat.
Nous avons reçu leur mémoire. Je vais vous citer un extrait puis j'aimerais
avoir vos commentaires sur ce que je vais vous citer. C'est à la
page 9, en haut de la page du mémoire du Conseil du patronat, et là on
parle de l'économie sociale. On dit :
«Par ailleurs, le soutien particulier et louable de la banque à l'économie
sociale ne devrait pas se faire au détriment de la survie et de la
croissance d'entreprises légitimes du secteur privé qui oeuvrent dans des
domaines correspondants.» J'aimerais vous entendre sur cette citation.
Mme Neamtan (Nancy) : Bien, on aime la partie «louable». Sur la question, bien c'est
toujours… bon, ils ne sont pas ici devant nous, mais c'est toujours
cette préoccupation qu'on a, tu sais, de savoir… puis c'est pour ça qu'on a dit, d'une façon peut-être un peu plus polie :
Ce n'est pas une hiérarchisation de qu'est-ce qui est meilleur que d'autre.
On pense que… Tu sais, quand nous, on parle d'une économie plurielle, on dit qu'il
y a des secteurs où est-ce que les entreprises d'économie sociale, les
entreprises privées classiques et les entreprises publiques cohabitent, et
chacun joue son rôle. C'est la même chose
dans beaucoup de secteurs. Puis même il y a des secteurs où est-ce que, d'après nous, évidemment, on pense
que les entreprises collectives ont des avantages indéniables puis
méritent d'être plus développées, comme dans d'autres secteurs c'est le secteur
privé plus classique. Moi, je ne pense pas
qu'on soit… Par exemple, encore dans
les mines, etc., il y a des enjeux qui ne sont pas encore de notre ressort,
bien qu'il existe des coopératives minières dans d'autres pays.
Mais,
en tout cas, une fois cela dit, donc, on trouve ça dommage. Parce que ce qui
est en arrière de ça, c'est toujours de
dire : Les entreprises d'économie sociale vivent aux crochets de l'État, et
j'aimerais bien une fois qu'on puisse faire
la comparaison entre les soutiens qu'il y a pour les entreprises collectives et
les entreprises privées classiques. Nous, on a toujours revendiqué ce qu'on
appelle — excusez-moi
l'expression — «a
level playing field», c'est-à-dire d'avoir
accès à des outils qui sont les mêmes mais ne sont pas… c'est-à-dire qui sont
similaires, qui sont équivalents mais
évidemment qui tiennent compte de la réalité de nos entreprises. Donc, dans ce
sens-là, je trouve ça dommage. Et je pense qu'il n'y a pas de concours
entre l'entreprise privée classique et les entreprises d'économie sociale. Chacun a sa place et, dans le fond,
chacun doit avoir la possibilité d'entreprendre de la manière qu'il
considère qui est la plus appropriée, donc
il ne devrait pas y avoir de la discrimination, une hiérarchisation dans le
type d'entreprise qui est soutenu.
Mme Zakaïb :
…ce que vous dites, c'est que les deux sortes d'entreprise, si on peut les
appeler comme ça, sont complémentaires et peuvent survivre, peuvent très bien
cohabiter les unes avec les autres sans qu'il y ait nécessairement de
hiérarchisation.
Mme Neamtan
(Nancy) : C'est une… Oui.
Mme
Zakaïb : Puis,
quand vous parlez du soutien de l'État, j'imagine que vous parlez du fait
qu'entre autres les entreprises d'économie sociale n'ont pas accès à
toute la gamme de crédits d'impôt auxquels peuvent avoir accès les entreprises
légitimes, si on prendrait...
Mme Neamtan (Nancy) : On a, par le passé, déjà fait quelques études de cas, quand on avait eu
des accusations comme ça, pour apprendre, pour démontrer que, dans le
fond, ce n'étaient pas nos entreprises qui étaient pénalisées, c'était le
contraire, à cause, justement, des crédits d'impôt.
Mme Zakaïb : Mais vous le voyez, vous, sur le terrain, que c'est possible que les
entreprises privées comme les entreprises d'économie sociale cohabitent.
Puis c'est un système économique qui est d'autant plus solide parce qu'il y a…
Puis je pense que les entreprises d'économie sociale sont plus aptes à passer
au travers des cycles, également, que les entreprises plus traditionnelles.
M. Charest
(Jacques) : Bien, écoutez, juste, oui…
La Présidente (Mme Vien) :
…monsieur.
M. Charest (Jacques) : Pardon?
La Présidente (Mme Vien) :
30 secondes.
• (14 h 30) •
M. Charest (Jacques) :
30 secondes, O.K. Bien, écoutez, oui, ça m'a fait rigoler quand j'ai vu
que j'étais maintenant illégitime. Mais en
quoi est-ce qu'une coopérative de travailleurs qui ouvrirait un commerce est
moins légitime, est plus concurrentielle qu'une entreprise privée qui
ouvrirait un même commerce sur la même rue où il y en a un autre pareil? Je ne vous dirai pas que c'est la
loi du marché au plus fort, mais de dire que c'est illégitime de le faire,
lorsqu'il n'y a pas plus d'aide de l'État ou d'autre chose, c'est un...
La Présidente (Mme Vien) : Ce sera
votre mot de la fin, monsieur.
M. Charest (Jacques) : Bien, c'est…
Donc, je ne pourrai pas qualifier le terme.
La
Présidente (Mme Vien) :
Merci. Vous pourrez voir avec M. le porte-parole en matière de
développement économique et responsable de la Capitale-Nationale pour le parti
de l'opposition officielle, bien entendu, s'il veut avoir davantage d'éclaircissements.
La parole est à vous pour à peu près 15 minutes.
M. Hamad : Merci, Mme la Présidente.
Vous faites bien ça, je vous félicite. Mme Neamtan, M. Vermette,
M. Charest et M. Garant, bienvenue. Merci d'être là aujourd'hui.
Je joins ma
voix à vous, en passant, pour répondre à la ministre. Je pense qu'elle le sait
aussi, mais elle voulait vous
entendre. C'est clair qu'il n'y a pas… Moi, je pense que c'est une
complémentarité, l'économie sociale, à l'autre économie. On l'appelle
«économie sociale», mais c'est une base économique importante. Et on se
souvient très bien, Mme Neamtan, on a
travaillé ensemble pour le Pacte pour l'emploi, et l'économie sociale a joué un
rôle important pour aider le Québec à
passer à travers la crise. Et évidemment, en passant, ça travaille ensemble aussi.
L'économie traditionnelle, si on veut
l'appeler ainsi, a besoin de la sous‑traitance, puis des fois l'économie
sociale vient supporter cette économie-là. Moi, j'en ai vu quand j'étais ministre de l'Emploi. À plusieurs
endroits, au Saguenay, à Québec, à Montréal, partout dans les régions, on voit des petites entreprises
d'économie sociale qui ne sont pas loin d'une grande entreprise puis
peuvent faire de la sous-traitance aussi à cette entreprise-là en même temps. L'avantage
de l'économie sociale, c'est qu'on a une
mission sociale qui permet à des travailleurs ou des gens qui veulent retourner
sur le marché du travail à aller dans ces entreprises-là, c'est un
endroit très propice pour les aider en même temps.
Évidemment,
le seul bémol là-dessus, il ne faut pas se mettre, mettons, un qui fait la
compétition à l'autre, une entreprise qui reçoit beaucoup de
subventions, et l'autre n'en reçoit pas, puis on commence à faire des prix différents
puis là on vient de déstabiliser le marché. Ça, je pense que c'est... Il
demeure que c'est la loi du marché qui doit maintenir la position.
J'ai lu
attentivement votre mémoire. J'ai une question pour commencer. À la conclusion,
page 12, juste m'expliquer exactement,
parce que vous n'avez pas eu assez de temps de présenter votre mémoire. Le
dernier paragraphe, expliquez-moi donc c'est quoi que vous voulez dire
exactement, alors : «La création de la Banque de développement [...] doit
pouvoir soutenir la pluralité économique du Québec…» Dites-moi donc exactement
c'est quoi que vous voulez dire.
Mme
Neamtan (Nancy) : Bien, en
tout cas, je pense que c'est un peu ce que vous avez évoqué. C'était que,
pour nous, quand on parle d'une économie plurielle, c'est-à-dire qu'on
reconnaît qu'on a une économie qui est… Pendant longtemps, tu sais, quand les gens référaient à l'économie, il y avait
l'économie privée, les entreprises à capital-actions, il y avait l'État, puis entre les deux il n'y a rien
qui existait. Ça fait que nous, on insiste beaucoup sur la question de l'économie
plurielle en disant que, non, il y a différentes formes d'économie, et donc l'économie
sociale, elle joue un rôle important dans
notre économie au même titre que le secteur privé et le secteur public. C'est
simplement ça. Et donc, par la mission de la banque, etc., ça respecte ça.
Et, je dirais aussi, M. Hamad, c'est que
cette complémentarité, elle va au-delà de juste la sous-traitance. Il y a même des… De plus en plus, on voit des fonds
hybrides, tu sais. Bon, le meilleur exemple… Si le président du conseil d'administration du chantier était ici, il vous
parlerait de la laiterie dans l'Outaouais, qui est, je pense, la première
laiterie qui est née au Québec depuis
quelques décennies, qui est un mélange d'une coopérative de consommateurs — parce
que les consommateurs de la région voulaient pouvoir acheter du lait qui était
transformé dans leur région — les travailleurs qui ont créé une
coopérative de travailleurs actionnaires et les anciens cadres de cette
entreprise-là qui ont investi. Et donc on voit de plus en plus… Alors, non
seulement on a une économie plurielle, mais on a de plus en plus des entreprises, à la limite, plurielles,
avec des fonds… L'important, c'est que ça crée de l'activité économique,
ça répond aux besoins de la communauté, et l'avantage, c'est que ça appartient
aux Québécois et Québécoises.
M. Hamad : Oui, je pense qu'on est d'accord
là-dessus, Mme Neamtan. Et là je comprends davantage.
Mais, tu
sais, je suis-tu obligé de créer la banque pour reconnaître votre rôle? Je ne
pense pas, hein? Je pense que le gouvernement doit reconnaître votre
rôle avant de créer une banque. Êtes-vous d'accord avec ça?
Mme
Neamtan (Nancy) : Je pense
que le gouvernement doit reconnaître notre rôle dans tous les ministères
et dans tous les projets de loi, effectivement.
M. Hamad : Et je n'ai pas besoin de
créer une banque pour reconnaître votre rôle, je peux le reconnaître sans créer
une banque.
Mme
Neamtan (Nancy) : Bien, je
ne crois pas que ça soit l'objectif du projet de loi, mais on est contents
que cette banque soit créée puis qu'elle reconnaît notre rôle. En tout cas,
je...
M. Hamad : Non, mais, ce que vous
dites là-dedans, il y a comme un genre de conditionnel. Si vous créez la banque, on aimerait avoir deux choses. La
première, c'est qu'on devrait avoir une vice-présidence, à la banque, d'économie
sociale puis qu'on soit représentés. C'est
normal. Si la banque n'existe pas, bien vous n'êtes pas là, mais, si la
banque existe, vous voulez avoir une place,
et ça, c'est tout à fait logique. Ce que vous demandez à l'article 7, la
modification, tout à fait logique, et la pluralité de l'économie, c'est tout à
fait logique. Mais ces trois éléments-là ensemble, c'est que c'est en cas de
création d'une banque, hein?
M. Vermette (François) : Je peux
répondre?
La Présidente (Mme Vien) : M.
Vermette, oui, allez-y.
M. Vermette (François) : Oui. Alors,
il y a certainement plusieurs façons possibles d'arriver à un même résultat;
nous, on pense que cette façon-là est une bonne façon. Il en existe peut-être d'autres,
mais elles ne sont pas devant nous, on ne
peut pas se prononcer. Mais on pense que celle-là, c'est une bonne façon
d'arriver au résultat qui est celui de la cohésion, celui de la
reconnaissance, entre autres, de l'économie sociale.
Alors, pour
nous, donc, c'est une bonne initiative. Peut-être qu'il aurait pu y en avoir de
d'autres types, de d'autres sortes
qui auraient donné des résultats semblables. On n'a pas à se prononcer sur
ceux-là, puisqu'ils sont hypothétiques, mais, sur celui qui est devant
nous, on pense que c'est une bonne affaire.
M.
Hamad : Vous n'êtes pas
dans… On est dans l'hypothétique, parce que le projet de loi, il est
hypothétique tant qu'il n'est pas approuvé, là. O.K.?
Alors, je
reviens à ma question : Est-ce que je suis obligé de créer une banque pour
reconnaître ça? Je peux… Par exemple, le gouvernement peut décider, en
reconnaissance de votre rôle, de dire à Investissement Québec : On va créer la même chose qu'on ferait avec la banque,
la même structure, là, le même rôle, la même tâche, sauf qu'au lieu de créer une banque puis vous mettre là-dedans on
prend Investissement Québec puis on met l'économie sociale, une branche
là-dedans avec une vice-présidence, avec toutes les trois demandes, là :
la pluralité de l'économie, la représentativité au sein du conseil et une
vice-présidence de l'économie sociale. Ça se fait-u ou ça ne se fait pas?
La Présidente (Mme Vien) : M.
Vermette, à la question.
M.
Vermette (François) :
Peut-être. Là, ça se fait dans ce projet-là, alors, pour nous, on se prononce
sur celui-là.
M. Hamad : Mais moi... Vous êtes là
pour répondre aux questions, là, c'est… Alors, la question est simple.
M. Vermette (François) : …la
réponse, c'est : Ça se fait avec ce projet-là, alors on est satisfaits.
M.
Hamad : Non, non. Ce n'est
pas ça, la question. La question, je vous dis, là : On a-tu besoin d'une
banque pour atteindre les trois objectifs que vous demandez si on le fait avec
Investissement Québec? C'est ça que je vous demande, là.
M. Vermette (François) : Je ne peux
pas répondre à cette question-là parce que…
M.
Hamad : Mais ce n'est pas à
vous, la question, c'est à vous quatre, là. Il y en a-tu un qui peut répondre,
là?
La Présidente (Mme Vien) : Mme
Neamtan.
Mme Neamtan (Nancy) : Bien, je pense
que… C'est-à-dire que, bon, qu'on l'appelle une banque ou qu'on l'appelle d'autre chose, l'objectif qu'il y a,
c'est de développer une cohérence plus grande dans l'intervention
gouvernementalequi a, par exemple,
le renforcement des liens avec les CLD, etc. L'offre de nouvelles façons
d'investir dans les entreprises et notamment dans l'économie sociale,
nous, on pense que c'est tous des plus, là, pour le développement économique du Québec. Bon, qu'on l'appelle une banque ou on
l'appelle d'autre chose, bien on pense que… Puis on pense qu'il y a
toujours des enjeux de capitalisation des entreprises, et il va toujours y
avoir un besoin, pour l'État, non seulement de réglementer là-dedans, mais d'être
un partenaire puis d'accompagner.
On est conscients que les choses changent tout
le temps. Donc, on pense que ça, c'est un pas dans la bonne direction, mais c'est
pour ça aussi qu'on invite la banque à être à l'écoute des changements dans le
marché, pour toujours continuer à évoluer au fur et à
mesure que le marché… notamment de la finance solidaire, et des «impact
investments», et toutes ces nouvelles formes de financement qui tiennent compte
d'autres retombées que les… que ça continue.
La Présidente (Mme Vien) : Merci. M.
le député, vous voulez…
M. Hamad : Le gouvernement a déposé
la loi-cadre qui reconnaît l'économie sociale à travers l'ensemble des ministères, vous êtes sûrement au courant. Et donc, dans
cette loi-là, on peut ajouter ces trois affaires-là, puis là on oblige tout le monde à travailler dans
une direction unique, pas juste la banque, ça peut être tout le monde
aussi. Alors, vos trois demandes vont être
là. C'est encore plus fort qu'elles soient dans une loi générale que créer une
banque pour répondre à votre attente.
La Présidente (Mme Vien) : Mme
Neamtan, risquez-vous une réponse?
• (14 h 40) •
Mme
Neamtan (Nancy) : Bien,
c'est-à-dire que je pense qu'on les voit comme complémentaires. On pense
que le projet de loi, effectivement, sur… la loi-cadre sur l'économie sociale
va forcer une réflexion puis une reddition de comptes,
etc., au gouvernement pour être sûr que les entreprises d'économie sociale
reçoivent le soutien qu'elles méritent. En même temps, là on est vraiment… En même temps, on sait que le nerf de
la guerre, dans le développement économique, c'est l'accès à du capital adapté à la mission puis à la réalité des
besoins des entreprises, donc n'importe quoi… et, dans ce sens-là qu'on
prend ce projet de loi, qui va faire avancer la capacité du gouvernement de le
faire d'une manière cohérente, puis en partenariat avec les acteurs, et à
partir des régions, etc., on trouve ça intéressant. En tout cas, je…
M.
Hamad : …CLD, maintenant.
Vous demandez que «les CLD devraient être renforcés comme porte d'entrée
et comme organisation d'accompagnement des entreprises et des projets d'économie
sociale». Vous savez que le gouvernement
finance une bonne partie des CLD, hein? Et encore la même question : On
a-tu besoin de créer une structure pour obliger les CLD d'être une porte
d'entrée pour l'économie sociale, pour le financement, et organiser son rôle? On a-tu besoin de créer une structure pour faire
ça tant qu'on peut… demain matin on dit aux CLD : On vous finance,
puis on va mettre une condition?
Puis, en
passant, ils vont être très heureux d'avoir ce mandat-là. De renforcer comme porte
d'entrée, on peut le dire : Écoutez, là, on va vous renforcer comme
porte d'entrée. Moi, comme gouvernement, je décrète ça. C'est moi qui finance — je ne me souviens pas combien, mais, d'après moi,
80 %, si ma mémoire est bonne — puis je vous dis : Là, là, vous
allez travailler pour l'économie sociale davantage et vous allez être mesurés
sur vos actions sur le terrain sur l'économie sociale. Alors, ça répond à votre
quatrième recommandation.
J'ai-tu besoin de créer une banque, puis là on
met une structure, fusionner des conventions collectives puis mettre du monde, puis prendre un an avant, ou
deux, ou trois, je ne sais pas combien d'années, pendant que vous, vous
attendez, vous rêvez avoir la porte d'entrée de l'économie sociale? Demain
matin, on peut l'imposer.
La Présidente (Mme Vien) : Mme
Neamtan.
Mme
Neamtan (Nancy) : Bien,
juste peut-être pour clarifier, quand on parle des CLD, nous, on pense que
ça ne prendrait pas… Du point de vue de l'économie sociale, c'est plutôt des
recommandations qu'on fait à l'Association des
CLD. On le met dans le cas de la loi-cadre sur l'économie sociale et pas
seulement au niveau de la banque, mais ce qu'on dit, c'est complémentaire. Effectivement, on ne voit pas un grand
chambardement dans les CLD, dans l'action en économie sociale. Il doit y
avoir… On veut juste assurer que ce processus soit constamment amélioré, pour
être sûrs que, sur tout le territoire du Québec, il y ait un bon service, parce
qu'à partir du moment où est-ce que la banque devient…
que le CLD devient l'entrée pour l'appui de la Banque de développement c'est
important que les CLD soient tous prêts et accueillants pour ces
entreprises-là, mais on ne demande pas des changements, pour être précis. On
fait juste mentionner que c'est important que ça soit comme ça.
M.
Hamad : Mais moi, je pense,
Mme Neamtan, que tous les CLD aujourd'hui, sans la banque, doivent avoir
accès à l'économie sociale. Alors, je vous dis, je n'attendrai pas de créer une
structure pour profiter de cette structure-là. En plus, je vais avoir de l'ouvrage en masse pour mettre la structure en
place, puis là je vais travailler les CLD en même temps. Je vais aller direct au but. Le but, c'est
quoi? C'est que les CLD, d'ailleurs, sont plus présents dans l'économie sociale que d'autres. Puis ils ne sont pas égaux,
le niveau de service n'est pas égal, pour toutes sortes de raisons, mais
je suis un bâilleur de fonds important, comme le gouvernement du Québec, et je
peux imposer aujourd'hui.
Donc, dans
votre mémoire, en passant, là, les quatre recommandations, on peut le faire.
Bien, la vice-présidence, c'est parce qu'il y a une structure, on oublie
ça. La pluralité de l'économie, ça, c'est une politique gouvernementale. Les CLD, c'est que demain matin on s'impose, on
dit : Aïe, l'économie sociale, c'est important, vous allez être
mesurés sur le nombre d'interventions
d'économie sociale que vous faites dans l'année, puis on met un critère dans le
financement. Puis l'autre élément après ça : «Le renforcement de l'intervention
gouvernementale sera bénéfique, et une meilleure cohésion des interventions…», c'est clair qu'on va toujours, comme
gouvernement, essayer d'harmoniser l'intervention.
Dans le fond, je
regarde votre mémoire puis je me demande… C'est parce qu'on a dit qu'on a un
projet de loi de banque de développement que
vous répondez à la banque, mais, dans le fond, là, si j'écoute — puis
je profite de la présence de la
ministre — votre
demande, c'est que les CLD soient attentifs davantage à l'économie sociale et
les aider dans leur rôle, et l'autre élément,
c'est que, dans l'économie, vous avez un rôle à jouer, il faut le reconnaître
puis l'harmoniser. Puis moi, je voulais aller plus loin, mais vous ne voulez
pas. Moi, je mettrais plus votre rôle dans la loi sur l'économie sociale qu'on a mise là, qui vous permet… Là, c'est votre
porte d'entrée principale, elle va être là, parce que la loi-cadre, si elle est adoptée, elle est plus
large que celle-là. Parce que vous le savez très bien, que la banquen'interviendra pas partout, mais il y a d'autres
éléments qui peuvent être intéressants dans les gestes du gouvernement, dans ses politiques, parce que la banque ne
viendra pas dire au gouvernement quelles politiques il doit mettre en
place, il va faire ses propres politiques. Qu'est-ce que vous en pensez?
La Présidente (Mme
Vien) : Brièvement.
Mme Neamtan
(Nancy) : Je suis tout à fait d'accord avec vous, M. Hamad. Nous, vous
nous connaissez assez pour savoir qu'on n'a pas attendu la Banque de
développement ou d'autre chose pour travailler avec les CLD, etc., pour améliorer. Il n'en demeure pas moins que nous
ne sommes pas capables, au moment où on se parle, de répondre à l'ensemble des besoins de capitalisation des
entreprises, les nouveaux besoins, les nouveaux potentiels, puis, s'il y a besoin, c'est parce que nos
entrepreneurs sont de plus en plus ambitieux puis ont de plus en plus des
beaux projets qui méritent un financement
puis un partenariat avec l'État. Donc, c'est dans ce sens-là et dans la
cohérence qu'on pense que la banque est un pas en avant, mais de toute
façon, comme j'ai dit, vous nous connaissez, on continue à travailler fort pour
l'économie sociale partout.
La Présidente (Mme Vien) : Merci beaucoup, M. le député de Louis-Hébert. Je
passe maintenant la parole au député de La Prairie. Bonjour. Alors,
la parole est à vous…
M. Le
Bouyonnec : Bonjour, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Vien) : Bonjour. La parole est à vous pour à peu près quatre minutes.
M. Le Bouyonnec : Oui, merci. J'en profite pour saluer, là, mes collègues, le député de
Berthier, la collègue des Îles-de-la-Madeleine — d'ailleurs,
avec le beau temps qui s'en vient, ça va me donner l'occasion d'aller faire un
tour dans votre beau coin de pays — le député de Jean-Lesage
aussi; alors, nos invités, Mme Neamtan que j'ai déjà eu l'occasion de
rencontrer, MM. Vermette, Charest et Garant — c'est ça?
Dans
le cadre d'une nouvelle fusion comme ce qui est proposé avec la Banque de
développement économique du Québec et
certains fonctionnaires du ministère des Finances et de l'Économie, évidemment,
une des préoccupations qu'on pourrait
avoir, c'est que, dans le cadre de cette fusion-là, certains services puissent
disparaître ou que certains services ne soient pas administrés de la même manière, parce que, dans tout
changement de structure, ça peut se produire, même si les intentions
sont les meilleures. Et je trouve ça intéressant, votre mémoire, là, qui démontre
que, d'ailleurs, dans la précédente fusion,
celle qui a conduit à la fusion entre la SGF et puis Investissement Québec,
déjà vous, comme représentants d'économie sociale, vous aviez remarqué
que malheureusement il y avait quelque chose qui avait été échappé. Puis ce que je comprends de votre
mémoire, c'est de dire : Bien là, on en profite. On aimerait ça que nous
ne soyons pas oubliés à nouveau et que l'économie sociale puisse être aux
premières loges, là, dans la nouvelle Banque de développement économique du
Québec.
Et
je fais le lien avec votre vouloir de renforcer, finalement, les CLD comme
porte d'entrée, parce qu'on sait très bien
que beaucoup de CLD à travers le Québec sont près proches de dossiers de
l'économie sociale. Et une préoccupation que nous avions, au niveau du deuxième groupe d'opposition, c'est
qu'éventuellement, en grossissant encore davantage l'outil de développement économique, nous allions
arriver avec des offres de services à tellement de niveaux différents qu'il
allait devenir difficile d'avoir du discernement et puis, pour quelqu'un qui
arrive avec un petit dossier, d'être aussi
bien servi que quelqu'un qui arrive avec un plus gros dossier, autrement dit
que des gens qui étudieraient un dossier d'économie sociale mais qui ont
passé leur carrière dans le capital de risque au niveau de la haute technologie
puissent, un, ne pas avoir d'intérêt ou,
deux, ne pas comprendre la dynamique de l'économie sociale. Et c'est pour ça
que, lorsque je vois aussi votre demande
d'avoir un titre, donc — c'est
vrai que c'est intéressant d'avoir un vice-président — je
me demande : Est-ce que c'est vraiment ça, la véritable demande de vos
groupes, ou plutôt d'avoir davantage de moyens, d'avoir des équipes spécialisées, qu'effectivement, dans les CLD, vous
ayez plus de moyens — quand je
pense moyens, je pense moyens
financiers — avec des
gens davantage capables de bien évaluer l'impact d'un projet d'économie
sociale qui pourrait être apporté, de telle sorte que, dans votre cas, ce
serait plus de dire plus petit et mieux, mieux distribué, plus de moyens, avec
des gens plus spécialisés, plutôt que de vous fondre dans une grande
institution que deviendrait éventuellement la Banque de développement
économique du Québec?
En fait, si je répète
ma question : Est-ce que, dans les modèles que vous avez analysés, il y
avait parmi vous, dans vos discussions, des gens qui disaient : Plutôt que
d'y aller pour le titre de vice-président, peut-être on devrait demander plus d'argent au gouvernement ou
peut-être qu'on devrait demander une filiale à part entière, distincte, un
peu comme ressource qui soit au niveau de l'économie sociale pour qu'on puisse
s'assurer d'être servis convenablement?
La Présidente (Mme
Vien) : Merci. Alors, la réponse devra être courte, brève et
touchante.
Mme Neamtan
(Nancy) : Nous, on fonctionne selon un principe de subsidiarité. Nous,
on pense que ce qui peut être fait au niveau
local doit être fait au niveau local, et je pense que, les CLD, c'est pour ça
qu'on dit : Il faut les renforcer dans l'accompagnement.
Mais il y a des grands… il y a des
stratégies de développement, des fois, parce que c'est innovant, ça n'a
jamais été fait, ou parce qu'il y a du
potentiel, tu sais… En tout cas, on n'a pas le temps, mais il y a des marchés,
il y a de plus en plus
d'investisseurs privés qui cherchent un rendement social, un rendement… tu
sais, on parle de «triple bottom line». Alors, ça, c'est des stratégies, des grandes stratégies par rapport aux
marchés financiers, d'aller capter une partie de ça, d'investissement
privé pour les entreprises d'économie sociale. Et ça, je pense, ça peut être
fait juste au niveau d'une vision
stratégique et de voir quel est le rôle de la banque, et ça, je pense que, dans
ce sens-là, ça prend une vice-présidence.
Donc, je pense que
chacun a son rôle. Il y a un rôle pour le local, mais il y a aussi un rôle pour
le national.
La Présidente (Mme Vien) : Merci. M. Vermette, M. Charest, M. Garant, Mme
Neamtan, merci de vous être déplacés aujourd'hui.
Je suspends quelques
instants, le temps que le Conseil du patronat s'installe. À tout de suite.
(Suspension de la séance à
14 h 50)
(Reprise à 14 h 53)
La Présidente (Mme
Vien) : Alors, nous reprenons nos travaux maintenant avec nos invités
qui nous viennent du Conseil du patronat du Québec. Alors, bonjour. Nous avons
M. Dorval, le président. M. Dorval, bonjour.
Conseil du patronat du Québec
(CPQ)
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Bonjour.
La Présidente (Mme Vien) : Vous nous présenterez la personne qui vous
accompagne. Comme toujours… Vous connaissez les règles du jeu, puisque
ce n'est pas la première fois que vous vous présentez ici :
10 minutes pour faire état de
l'essentiel de votre mémoire, après quoi s'ensuivent des discussions entre vous
et les parlementaires. Ça vous va?
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Très bien.
La Présidente (Mme Vien) : Alors, vous pouvez nous présenter madame, qu'on a
l'habitude de voir ici aussi.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Oui. Merci, Mme la Présidente. Alors, à côté de moi
est Mme Norma Kozhaya, qui est économiste en
chef et directrice de la recherche au Conseil du patronat du Québec et qui va
m'aider à répondre à toutes vos questions.
La Présidente (Mme
Vien) : Présentez-nous votre mémoire, cher monsieur.
M. Dorval (Yves-Thomas) : Alors, nous démarrons. Simplement d'abord vous
remercier, remercier la Commission de l'économie et du travail de lui
fournir l'occasion de présenter nos commentaires au sujet du projet de
loi n° 36, Loi sur la Banque de développement économique du Québec.
D'entrée de jeu,
soulignons que le Conseil de patronat du Québec souscrit à plusieurs des
objectifs énoncés, dont celui de soutenir le
développement économique du Québec et de ses régions, de même que les objectifs
desimplification, de cohésion et de
meilleur accompagnement des entrepreneurs. Le conseil estime néanmoins que
cette nouvelle structure devra relever des défis considérables, et certaines
questions se posent sur sa capacité d'assumer efficacement toutes les facettes
de ce vaste mandat.
L'analyse
que nous avons faite dans notre mémoire n'est pas exhaustive, faute de temps — vous
comprendrez que ça a été quand même très
bref en termes de temps pour se préparer. Néanmoins, elle présente les faits
saillants des avantages et des défis associés à la mise en place d'une
telle structure.
Selon le conseil, il
est impératif que cette structure gouvernementale puisse répondre de façon
appropriée aux besoins variés des divers
types d'entreprise qui profiteront de ses services, pas seulement à certains
secteurs privilégiés. Les domaines
d'intervention de cette organisation seraient nombreux et diversifiés. On
souligne entre autres l'appui à l'innovation
et à la productivité dans les entreprises privées, ce qui semble tout à fait
pertinent et vise juste. Le conseil croit
toutefois qu'il serait souhaitable d'identifier aussi comme domaine
d'intervention spécifique la commercialisation, tant au Québec que sur
les autres marchés.
La volonté d'offrir
aux entreprises des services-conseils d'accompagnement pour le développement de
leurs affaires ainsi que dans le cadre de
leurs démarches auprès des ministères et organismes constitue certainement une
bonne nouvelle. L'orientation de guichet unique n'est toutefois pas claire
entre la nouvelle organisation proposée et les CLD, qui, eux-mêmes, ne peuvent
couvrir tous les types d'entreprise.
L'article 3
du projet de loi stipule pour sa part que ce service comprend également la
coordination des interventions de ces
ministères et organismes à l'égard de tout projet que le gouvernement considère
comme stratégique. À ce propos, le conseil s'interroge à savoir si la
coordination des interventions des ministères et organismes n'est pas une
fonction qui relève davantage du niveau ministériel ou du niveau politique.
Un des mandats de la
nouvelle structure serait l'élaboration d'une stratégie de développement pour
chaque région. Celle-ci aurait donc en même
temps un rôle de soutien, notamment financier, des entreprises et un rôle
d'élaboration d'une stratégie économique. Une question se
pose alors : L'élaboration d'une telle stratégie ne devrait-elle pas être
la prérogative du gouvernement ou des
ministères impliqués? Il nous semble peu usuel qu'un organisme comme une
agence gouvernementale soit responsable de l'élaboration d'une stratégie de
développement économique, même régionale.
L'harmonisation
des orientations de la nouvelle organisation et de son action dans toutes les
régions du Québec peut représenter,
par ailleurs, un défi majeur. Comment la structure proposée permettra-t-elle de
s'assurer d'une meilleure cohésion
entre la politique et les orientations économiques québécoises? Je pense qu'on
assiste présentement à un débat particulièrement
intéressant pour nous éclairer, le fait que, par exemple, dans la région de
Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine,
on veut, à juste titre, pouvoir développer
et appuyer l'industrie éolienne mais en même temps une politique
économique panquébécoise qui touche les tarifs d'Hydro-Québec et qui peut avoir
aussi une incidence en matière de coûts et de retombées
pour l'ensemble de la société, qui pourrait être perçue différemment sur le
plan régional du plan panquébécois.
Pour
ce qui est de Montréal, la décision de placer l'intervention sur une base
métropolitaine et de tenir compte des grappes
existantes est la bonne, mais ajoutons qu'il serait important que le poids
économique de la région de Montréal, qui représente la moitié du PIB de
la province, de la population et de l'emploi du Québec, soit pleinement
reconnu.
Une saine gestion des
fonds publics commande d'être toujours prudent et de ne pas surestimer la
capacité du secteur public de jouer un rôle
dans la gestion des risques, ce qui constitue plutôt une force du secteur
privé. En fait, c'est la base même de
l'entrepreneurship. À cet égard, nous nous questionnons sur les articles du
projet de loi permettant de créer d'autres
filiales. Le gouvernement — c'est une question — se réserve-t-il le droit de créer
éventuellement une société d'État pour entreprendre l'exploration et l'exploitation
des ressources naturelles? Quand on regarde certains articles de loi, on
pourrait se poser la question. C'est une question importante à préciser, à mon
avis, si c'est une intention.
D'un
autre côté, le conseil exprime son appui aux dispositions de l'article 130
qui modifie la Loi sur le ministère du
Développement durable, de l'Environnement et des Parcs pour prévoir que le
ministre vire au Fonds du développement économique les sommes déterminées
par le gouvernement pour l'exécution de certains mandats. Remarquons que le
gouvernement pourrait faire la même chose actuellement avec la structure
existante.
Le
Conseil du patronat estime en outre que le gouvernement devrait sans doute
faire preuve de grande prudence dans
la mise en place de la nouvelle structure, et ce, principalement pour deux
raisons : l'écart notable qui existe entre les mandats, les missions et le type d'activité qui
caractérisent ses trois filiales principales ainsi que la nature différente
de leurs milieux de travail. Force est de constater, par ailleurs, que les
différentes activités de la nouvelle organisation comporteraient des niveaux de
risque différents et seraient assujetties à des processus de décision
variables.
• (15 heures) •
Offrant
un capital qui se veut complémentaire, il apparaît essentiel que la nouvelle
structure évite de faire une concurrence
déloyale aux institutions financières ou aux fonds privés de capital de risque
existants. À ce titre, l'expression nuancée
dans le projet de loi qui dit «cherche à compléter l'offre», à
l'article 5, ne semble pas garantir que l'organisation s'interdira toute concurrence directe avec les
institutions du secteur privé. Il serait nécessaire que celle-ci agisse
vraiment en complémentarité et évite toute
duplication avec le secteur privé qui est déjà présent dans le financement des
projets d'investissement. Par exemple, on voit dans la loi de la Banque de
développement du Canada l'utilisation du mot «doit»
plutôt que «cherche à» lorsqu'on fait référence au fait qu'on doit être
complémentaire par rapport à ce qui existe. On pourrait ajouter aussi
dans l'article 7 un cinquième point qui mentionnerait la complémentarité avec
les services existants des autres
institutions financières, ça pourrait être une autre façon de compléter qui
pourrait, je pense, rassurer les interventions… les intervenants du
secteur des finances public… privé, pardon.
L'expérience — et
notamment mon expérience personnelle, puisque j'ai eu la chance de… ou la
difficulté de travailler à la réorganisation de grandes institutions — démontre
qu'une réorganisation de l'ampleur de celle requise prend du temps et monopolise beaucoup l'attention du personnel touché,
incluant les gestionnaires. Cette attention serait détournée de leurs fonctions principales pendant
plusieurs mois, voire plus d'une année, alors que la situation actuelle exige
que tous les efforts soient consacrés en priorité au développement économique.
Dans le même ordre d'idées, il faudrait souligner
que l'une des qualités recherchées pour le choix d'un président et même des
membres de la direction serait d'avoir une expérience et un leadership
reconnus dans la réalisation d'une telle réorganisation.
Regrouper
deux organismes aux cultures, aux orientations professionnelles et aux milieux
de travail différents ne représente
certes pas une tâche facile sur le plan de la gestion du changement et
l'harmonisation des actions.L'accompagnement
des entrepreneurs et l'élaboration des politiques publiques constituent deux
activités bien distinctes qui relèvent d'univers culturels différents.
Avec la cohabitation des professionnels en provenance d'Investissement Québec,
de la SGF anciennement et du ministère des Finances que suppose la création de
la nouvelle organisation, il s'avérerait essentiel de trouver les moyens de
faire en sorte que tout le monde soit sur la même longueur d'onde.
De plus, une question
se pose à savoir si les compétences des personnes qui seraient transférées des
autres organismes à la nouvelle structure correspondront à celles qui seraient
requises pour répondre aux besoins. Quant aux coûts encourus, il faut aussi
compter avec la possible obligation pour celle-ci de créer de nouveaux postes,
car on offrirait aux employés actuels le choix d'intégrer ou non la nouvelle
structure, donc de la réintégrer dans la fonction publique, ce qui amènerait l'obligation
de combler des postes vacants dans la nouvelle organisation.
Par
ailleurs, pour ce qui est de la rémunération, même si l'objectif de contenir
les coûts est valable, il est quand même
un peu paradoxal que… Et ça, je ne m'adresse pas au projet de loi seulement
ici. C'est le cas de plusieurs, et c'était le cas pour l'ancien gouvernement comme pour le gouvernement actuel dans
la création des agences. Il est quand même un peu paradoxal que le
gouvernement offre, d'une part, une certaine flexibilité, une autonomie à des
organismes comme ses diverses agences et n'hésite pas à retirer cette
flexibilité, d'autre part, en imposant des paramètres en matière de
rémunération, des technologies de l'information, et ainsi de suite. Autrement
dit, on cherche à donner de la flexibilité en créant des agences, puis après ça
le Conseil du trésor vient rechercher cette possible flexibilité en donnant des
paramètres généraux à tous les autres.
Notons finalement que le projet de loi
prévoit confier au président-directeur général des responsabilités
énormes et très stratégiques, et le processus devant mener à sa nomination
devrait reposer sur un profil de compétence et d'expérience à toute épreuve.
Bref,
je pourrai peut-être répondre à plusieurs questions. Je conclurais en disant
que le Conseil du patronat souscrit aux objectifs du projet de loi
poursuivis dans la mesure où la mission de l'organisation consisterait
principalement à renforcer le soutien
nécessaire à certains projets d'investissement, à faciliter l'accès à certaines
clientèles à l'aide financière de
l'État, à alléger la charge administrative imposée aux entrepreneurs et à leur
offrir un accès simplifié aux services, ainsi qu'à favoriser une plus
grande cohérence des interventions économiques en région.
On
s'interroge toutefois à savoir si la création d'une nouvelle structure
permettra d'atteindre ces objectifs de façon moins coûteuse et plus efficace que ne le permettrait une amélioration
des organismes et des mécanismes d'aide existants. En somme, il importe
d'abord et avant tout de se poser deux questions fondamentales : Quelle
sera la réelle valeur ajoutée par rapport à
ce qui existe déjà? Et la création de ce nouvel organisme est-elle vraiment
nécessaire pour atteindre les objectifs économiques que se fixe le
gouvernement?
Espérons
que ces quelques commentaires du Conseil du patronat contribueront positivement
et constructivement à la réflexion des parlementaires.
La Présidente (Mme Vien) : Bien. Merci beaucoup, M. Dorval. Tout de suite,
immédiatement, je cède la parole pour une période de 24 minutes au
côté ministériel et à Mme la ministre.
Mme Zakaïb : Bonjour, M. Dorval. Bonjour, Mme Kozhaya. On a déjà eu l'occasion d'en
discuter ensemble, de ce que vous
voyez comme organisme qui pourrait soutenir le développement économique au
Québec. Vous avez mentionné dans votre mémoire l'importance d'avoir une
meilleure cohésion, une meilleure simplification, accompagnement des
entreprises. Qu'est-ce que vous décelez comme lacune, dans ce qui existe
présentement, qui vous fait en venir à la conclusion qu'une meilleure cohésion
est nécessaire?
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Première des choses, je dirais que, pour ce qui est
des entreprises, de façon générale…
Évidemment, ce n'est pas le même niveau pour la petite entreprise, la moyenne
que la grande entreprise, leurs services
d'expertise internes ou les ressources qu'elles peuvent avoir les amènent dans
un processus qui est très différent les
unes des autres. Mais, de façon générale, lorsqu'une entreprise veut démarrer
ou a besoin d'aide dans son processus de développement pour devenir plus
grande ou même pour passer à de nouvelles étapes, c'est certain que c'est un dédale, souvent, faire affaire avec
l'État. Vous savez, il y a un comique, il y a une bande dessinée qui s'appelait
Astérix, je pense que c'était Les
12 travaux, où est-ce que… Je pense que les gens savent très bien de
quoi je parle. Lorsqu'on arrive dans la fonction publique, on se fait
renvoyer d'une porte à l'autre.
Donc,
une des choses que vous m'aviez parlé personnellement, c'était la possibilité
d'accompagner ces entreprises-là avec
des gens qui vont les aider à circuler dans ce dédale et d'obtenir réponse à
leurs besoins et… Mais, en même temps qu'on
dit ça — là, je
me mets dans la peau du fonctionnaire qui est responsable d'accompagner
l'entreprise — comment peut-on faire en sorte aussi de
faire accélérer les choses mais en tenant compte d'une façon éthique, juste,
équitable pour tout le monde que les décisions soient prises par les
différentes autorités?
Alors,
autrement dit, nous, on est d'accord puis on… J'ai siégé sur le groupe de
travail du rapport Audet, qui a été entériné
par les deux gouvernements et qui vise à trouver une façon, justement, d'aider
les entreprises à aller… à franchir ce dédale-là d'une façon plus
efficace. Alors, dans ce sens-là, je pense que c'était un objectif que vous
poursuiviez, que vous m'aviez annoncé, et
que vous dites : Ce serait important qu'on ait ce genre de ressource là.
Et vous avez même rajouté, à ce
moment-là, que… Le service au client, de transformer la perception de
l'entreprise comme étant quelqu'un qu'on doit coordonner, enregistrer vers quelqu'un qu'on veut accompagner comme
un client, c'est de la musique aux oreilles des entrepreneurs, c'est de
la musique aux oreilles des entreprises, mais en même temps ça prend une
culture spéciale pour faire ça, ça prend une volonté, puis en même temps on ne
peut pas s'immiscer dans les décisions des différentes autorités, des certificats pour les autorisations de XYZ. Alors, quand
vous me posez cette question-là, je vous dis : Oui, il y a
énormément d'appétit, pour les entreprises, pour avoir des voies facilitantes,
mais en même temps il y a une réalité qui va les rattraper peut-être.
Et
je vous ai mentionné aussi en dernier lieu que la culture des gens qui font ce
genre de travail là, ce n'est pas nécessairement la même que pour occuper
une force… Faire de la réglementation ou assurer la conformité à la réglementation, c'est une chose; avoir une
entreprise comme client, de faire en sorte qu'elle puisse réussir, c'en est une
autre. Et là tout le défi va résider dans comment on peut intégrer des
cultures, des façons d'approche, des façons de faire dans une mêmeorganisation, et c'est là où est-ce qu'on a
dit : Bravo si on y arrive. Il faut y arriver, mais en même temps c'est
tout un défi.
Mme Zakaïb : Je suis d'accord avec vous qu'il y a tout un défi culturel, mais, selon
moi, le défi culturel se pose qu'on
crée la Banque de développement ou qu'on utilise des structures existantes. Je
pense que là-dessus vous allez me rejoindre,
parce que, si on veut que l'entrepreneur soit considéré comme un client même
dans les structures qui existent maintenant, on a un grand défi
culturel. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça?
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Tout à fait d'accord, Mme la Présidente. Je suis tout
à fait d'accord avec ce que la ministre dit présentement.
Mme Zakaïb : Donc, il faut qu'on
trouve une façon de stimuler un changement culturel dans ce qui existe, que ce
soit au ministère des Finances et de l'Économie, à nos bureaux régionaux, parce
que, là, il faut vraiment, dans le projet de loi, séparer les gens qui font de la réglementation,
c'est-à-dire ceux qui sont au ministère, et ceux qui offrent des
services, donc les bureaux régionaux, et ce qui se fait présentement chez
Investissement Québec. Si on veut que l'entrepreneur
soit au centre, si on veut vraiment faciliter la vie de l'entrepreneur, il faut
qu'on ait un changement culturel, et tout changement culturel doit avoir
un élément déclencheur. Il faut qu'il y ait une nécessité de changement. Pour
qu'il y ait un changement, il faut qu'il y ait une nécessité de changement.
• (15 h 10) •
Je vous
amène, parce qu'on en a parlé… Vous en avez parlé vous-même, puis on en a parlé
beaucoup entre nous, de l'importance
d'avoir quelqu'un qui va faire arriver les projets, quelqu'un qui va faire en
sorte que, face aux différents ministères
concernés — vous en
parliez tantôt — on les
implique plus tôt, par exemple pour le ministère de l'Environnement, ou qu'on coordonne les services. Puis peut-être
qu'on a mal compris le deuxième alinéa de l'article 3, parce que vous en
parlez dans votre mémoire. Nous, c'est ce qu'on cherchait à faire quand on
disait : «Ce service comprend également la
coordination des interventions de ces ministères et organismes à l'égard de tout
projet que le gouvernement considère stratégique.» Donc, de coordonner l'intervention
des ministères dans les projets stratégiques, c'est ce qu'on pensait mettre en place avec le deuxième alinéa. Le
deuxième alinéa de l'article 3 servait à ça, à avoir quelqu'un à la banque
dont le métier, ça va être de… dont le
mandat, en fait, la description de tâches, ça va être de faire arriver des
projets, de les faire arriver avec
les différents ministères puis de les faire arriver avec les différentes
institutions qui peuvent financer ce genre de projet là.
Vous avez
beaucoup parlé de complémentarité. En fait, tous les intervenants nous parlent
de complémentarité, j'imagine, un peu parce que tout le monde est heurté
présentement, à travers le Québec, sur le fait que les outils gouvernementaux, principalement Investissement
Québec, ne sont pas complémentaires à ce qui existe. J'imagine que ça, c'est
une des raisons qui fait en sorte que tout le monde nous parle de
complémentarité.
Vous avez
suggéré, pour aider à faire en sorte que le projet de loi soit plus conséquent
au niveau de la complémentarité, peut-être un amendement à l'article 7
en ajoutant un cinquième alinéa. Vous n'êtes pas les seuls. En fait, il y a
plusieurs personnes qui nous en ont présenté un, qui nous ont présenté un
amendement. On a eu tantôt l'amendement suivant
qui nous a été suggéré : la complémentarité avec des acteurs et des
institutions financières non gouvernementales… non gouvernementaux, plutôt, parce que c'est «acteurs et institutions», donc
donner un mandat au conseil d'administration de la banque d'établir une politique qui régirait ses interventions
financières qui prévoit notamment — puis on ajouterait un cinquième
alinéa — la
complémentarité avec des acteurs et des institutions financières non
gouvernementaux. Est-ce que c'est quelque chose auquel vous souscririez aussi?
M. Dorval (Yves-Thomas) : Oui, tout
à fait. En fait, c'était le sens d'une suggestion d'ajouter un alinéa.
Mais je
ramène quand même qu'à l'article précédent, à l'article 4, si je ne me
trompe pas, où la… Excusez-moi, c'est à l'article… Non. Quand on dit
«cherche à».
Mme Zakaïb : On le cherche, là. En
fait…
M. Dorval (Yves-Thomas) : C'est à l'article 5,
on dit : «…la banque cherche à compléter l'offre…»
Mme Zakaïb : L'article 5, O.K.
M. Dorval (Yves-Thomas) : Je
comprends, mais pourquoi on ne dit pas tout simplement «doit compléter l'offre»,
ne doit pas «chercher à» mais doit le faire, un? Et c'est par rapport à ça.
Donc, je suis
d'accord avec le genre de proposition. En fait, ça va dans le sens de la
proposition… Le libellé exact, là, je
vous laisse la sagesse, aux parlementaires, aux élus, de trouver la bonne
formulation, mais, nous, ça va dans ce sens-là.
Mais j'aimerais, si vous me permettez, Mme la
Présidente, juste dire un mot sur la coordination et l'interprétation de l'article précédent, quand vous avez mentionné ça.
Vous savez, il y a plusieurs chemins qui mènent à Rome. Dans le fond,
là, les structures, ce n'est pas ça qui est important, ça dépend des gens qui
sont dedans.
Alors, vous,
votre proposition, c'est de dire : Bien, en créant cette structure-là, ça
va amener les gens peut-être à voir
les choses différemment. Ça dépend toujours sur quel siège, quelle expérience
de vie on a, sur quel... Moi,personnellement,
j'ai toujours eu comme impression que ça dépend toujours des hommes ou des
femmes qui font vivre ces structures-là.
Ce n'est pas important, ultimement, la structure, c'est la façon dont les
hommes et les femmes vont y arriver.
Et, quand on disait le mot «coordination», c'est
parce que peut-être que là je me trompe un peu, mais une fonction
ministérielle, à mon avis, c'est une fonction qui vise à développer des
politiques, les administrer, puis des agences,
c'est les opérateurs. Quand on parle de coordination interministérielle puis
qu'on confie ça à une agence, je ne sais
pas, là, tu sais. Peut-être dans mon petit sens commun personnel, je me dis
toujours : Il me semble qu'on dégage… Parce que l'imputabilité, ça
s'en va à un conseil d'administration. Coordonner des ministères à travers un
conseil d'administration, versus le ministre
dont la responsabilité… a des responsabilités politiques et administratives…
C'était peut-être un peu pour ça qu'on a
souligné le mot «coordination». Puis je demeure quand même toujours sur ce
fragile équilibre entre qu'est-ce qui est
des opérations puis qu'est-ce qui est de l'ordre de l'administratif politique,
là. Pour moi, c'est quand même deux choses séparées.
Mme
Zakaïb : En fait, on parlait
de coordination des différents ministères… des interventions des
ministères, non pas de coordination des
ministères mais de coordonner l'intervention du monde, d'agir un peu comme un
gestionnaire de projet le ferait, de s'assurer que tout le monde est au bon
endroit au bon moment.
Pourquoi l'article… Je
vais revenir sur l'article 5, là, «la banque cherche à compléter l'offre». En
fait, j'ai eu beaucoup de discussions avec
les juristes parce que j'étais comme vous, moi, je voulais mettre «doit», on a
eu beaucoup de discussions avec les rédacteurs, parce que, selon les
juristes, si on écrit «la banque doit compléter l'offre», ça pourrait avoir comme conséquence, par exemple, que
la filiale Ressources Québec ne puisse pas investir seule dans une
entreprise en capital-actions parce qu'elle doit nécessairement être
complémentaire, donc, quand elle prend une participation, elle n'est plus complémentaire, et que, là, des
gens pourraient prétendre qu'une telle intervention serait ultra vires
des pouvoirs que lui a conférés la loi. Ça fait que les juristes ont choisi de
mettre… En tout cas, selon eux, «cherche à compléter
l'offre», ça oblige la banque à… c'est une obligation de moyens et non une
obligation de résultat. Mais je suis d'accord
avec vous. Toute suggestion pour améliorer le projet de loi pour s'assurer de
la complémentarité va être vue d'un très
bon oeil de notre formation gouvernementale, parce qu'on veut vraiment que la
banque agisse en complémentarité.
Au cours de
ma carrière ainsi que… ça a été encore plus vrai dans les derniers mois, avant
que je décide de me lancer en
politique, j'ai beaucoup entendu dire qu'Investissement Québec n'était pas
complémentaire, qu'Investissement Québec prenait la place de différents
acteurs, et c'est certain qu'on veut éviter ça, puis je pense que, de chez vous
aussi, c'est une des… Peut-être que vous
pourriez élaborer là-dessus, là, ce que vous cherchez comme
complémentarité. Outre le terme dans la loi, là, qu'est-ce qui, selon vous,
doit être complémentaire? Et pourquoi c'est important, cette
complémentarité-là?
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Bien,
essentiellement, je vous dirais que, quand on analyse un projet… Parce
que, quand je dis un projet, une demande
d'entreprise, un besoin quel qu'il soit, que ce soit de création, de
développement ou de passer à un autre niveau, il y a différents niveaux
d'intervention qu'on doit regarder. Dans le fond, il y a celui où on dit… Puis on analyse un projet à sa face même.
Puis peut-être que le projet, dans le fond, il ne le mérite pas parce qu'il
n'est pas viable, puis il ne doit pas y
avoir de financement. Ça, c'est une chose. Ça, ce n'est pas compliqué,
normalement on ne devrait pas le financer.
D'un autre côté, il y a des projets ou des… la réalité, qui devraient pouvoir
se faire avec les outils financiers existants, on n'a pas besoin d'aide
financière. Si on vient faire de l'aide financière gouvernementale, elle devient en concurrence de ce qui existe sur
le marché. Puis, je dirais, entre les deux, c'est qu'un projet peut être
bon, ne pas réussir, je dirais, à trouver
tout le financement nécessaire, et c'est là où est-ce que la complémentarité
peut arriver.
Puis là,
évidemment, dans votre proposition, il y a deux types… bien, plusieurs types
d'interventions. Ça peut être des prêts garantis, ça peut être du financement
dans l'équité, ça peut être toutes sortes de choses, prises de
participation, puis ça peut être tout simplement des prêts. L'idée ici, c'est
de faire attention. Par exemple, c'est que, si vous avez un projet où la banque intervient d'un côté comme,
peut-être, prêteur, elle ne peut pas intervenir, à ce moment-là, comme
dans l'équité, ou dans le capital-actions, ou dans la participation.
Alors, ça va toujours être délicat, ça, la façon
dont l'organisation, la nouvelle structure devra, je dirais, contribuer à… Il ne faut pas qu'elle se place en
conflit d'intérêts à quelque part. Puis, deuxièmement, comme je disais
tout à l'heure, je pense que le principe,
c'est de ne pas financer les choses qui ne doivent pas être financées, et ça,
ça comprend les projets qui ne sont pas acceptables et les projets qui
peuvent trouver leur financement dans le domaine du privé. Puis à quelque part entre les deux, dans le fond, c'est
juste lorsque le financement privé n'est pas suffisant que, là, l'État
peut intervenir, parce que l'État, son rôle, c'est d'aider, c'est d'appuyer, c'est
de faciliter, ce n'est pas de faire la job à la place des autres.
C'est un peu
ça qui est un peu notre idée. Je ne sais pas si je m'exprime clairement. Moi,
c'est clair, là. Je ne sais pas… Pour moi, c'est clair.
• (15 h 20) •
Mme
Zakaïb : C'est très clair
pour moi aussi, M. Dorval. Je pense que là-dessus nos pensées se rejoignent,
c'est important que l'État soit
complémentaire. En fait, ce que les banques font, laissons faire les banques.
Ce que les sociétés de capital de
risque font, laissons faire les sociétés de capital de risque. En fait, l'État
est là pour suppléer, pour faire en sorte que les projets se financent
et pour combler les lacunes. En fait, ce qu'on cherche à faire avec la banque,
c'est de combler les lacunes dans le financement présentement disponible pour
les entreprises au Québec.
Maintenant, dans votre mémoire, vous vous
questionnez sur le défi que va représenter la fusion. Comme toute fusion, il y
a effectivement un défi. Il y a un défi de culture, il y a un défi d'intégrer
les gens.
Vous parlez qu'il y a plusieurs bureaux à
travers le Québec. En fait, Investissement Québec a des bureaux, le ministère a
également des bureaux, puis, à terme, tous ces gens-là vont devoir travailler
ensemble. Pour l'instant, on n'a pas l'intention de renégocier les baux, mais
tous ces gens-là vont devoir travailler ensemble.
Vous parlez également des CLD, puis je voudrais
vous ramener là-dessus, parce que je pense que la structure de la banque est
peut-être méconnue. En fait, effectivement, on va fusionner ensemble
Investissement Québec et les bureaux régionaux du ministère des Finances et de
l'Économie, ce qui veut dire qu'à terme, dans les mêmes bureaux, on va avoir
des gens dont le métier, ça va être de soutenir, d'accompagner les entreprises
et d'autres personnes dont le métier, ça va être de financer.
Les CLD, eux,
leur rôle est un rôle d'accompagnement, un rôle qui est complémentaire à celui
de la banque, si on peut dire. En fait, quelqu'un qui va se présenter à
un CLD avec un projet va être traité au niveau du CLD, quelqu'un qui va se présenter à la banque avec un projet va
être traité au niveau de la banque. Il y a quelqu'un qui va s'occuper de
faire arriver son projet, comme vous le disiez tantôt, dans la mesure où le
projet, naturellement, est viable. On ne va pas dépenser des ressources puis de l'argent si le projet n'est pas viable.
Mais, si le projet est viable, il y a quelqu'un dont le mandat, ça va
être de faire en sorte que ce projet-là se réalise.
On va
également regarder les différents outils, que ce soient ceux des CLD… Puis là
je vous rappelle que les CLD ne peuvent pas investir plus que
200 000 $, 250 000 $, peu importe dans quelle région ils
sont.
Donc, les CLD et la banque vont agir
en complémentarité ensemble, on va devoir arrimer tout ça, mais on n'intègre
pas les CLD dans cette structure. Les CLD
demeurent ce qu'ils sont, continuent de relever de chacune des MRC, mais
il faut qu'il y ait une certaine cohésion.
Présentement,
il n'y a pas de cohésion, pas de cohérence dans les interventions de l'État. Il
n'y a pas de suivi qui se fait entre un projet qui rentre par un CLD
puis qui a besoin de sommes d'argent additionnelles, comme il n'y a pas non plus de cohérence entre les créneaux ACCORD
puis les grappes industrielles qui sont traités au gouvernement puis l'investissement qui provient d'Investissement
Québec. J'imagine que vous allez être d'accord avec moi. Il faut
soutenir par exemple, dans la métropole, les
grappes. Il y a des projets du ministère pour aider les gens à travailler
ensemble, mais, quand on parle de
financement puis qu'on regarde Investissement Québec, il n'y a pas de
cohérence. En fait, Investissement Québec
regarde les dossiers selon ce que les dossiers arrivent sur leurs bureaux puis
décide si, oui ou non, ces dossiers-là font
du sens à investir, mais il n'y a personne qui regarde de quelle façon on peut
soutenir nos entreprises des grappes ou qui peuvent regarder les chaînes
de valeur de nos grappes industrielles puis dire à quel endroit ces chaînes de
valeur là sont faibles, de quelle façon on
peut aider à renforcir, modifier l'offre de certaines entreprises, par exemple,
pour permettre de combler les chaînes
de valeur de nos grappes, puis de regarder quel est l'accompagnement que ces
entreprises-là auraient besoin pour modifier leur offre puis de quel
financement ils ont besoin. Il n'y a personne qui fait ça parce qu'il n'y a personne dont c'est le mandat de faire du
développement économique. Ça fait que c'est un peu… Puis, je pense, c'est
important qu'on le dise, la banque va servir à ça. Quand on parle que la banque
va servir à faire du développement économique, c'est de ça dont on parle.
On
a beaucoup parlé, vous et moi, de la nécessité d'avoir plus de moyennes
entreprises au Québec, et, pour ça, il faut
soutenir des petites puis les aider à grandir. On ne peut pas dire à
Investissement Québec… Investissement Québec n'a pas ce mandat-là puis Investissement Québec… à moins qu'on prenne
Investissement Québec, qu'on intègre les bureaux régionaux puis que finalement on fasse tout ce qu'on veut faire, puis
qu'au lieu d'appeler ça Banque de développement économique on continue
d'appeler ça Investissement Québec, là, mais Investissement Québec comme on la
connaît aujourd'hui n'a pas le mandat de cibler les entreprises qui peuvent
devenir des moyennes entreprises puis de les accompagner,
alors que, si on donne un mandat de développement régional à chacune des
régions en disant : Vous allez cibler
les entreprises, vous allez les accompagner… C'est un peu ce qu'on cherche à
faire par la Banque de développement. Et
je prends un peu de votre temps pour expliquer tout ça parce que j'ai
l'impression que finalement on se dit : On n'a pas besoin de la banque, mais, tout ce qu'on veut
faire avec Investissement Québec pour qu'ils arrivent à combler les lacunes,
que ce soit en financement, au niveau des
stades de développement d'entreprise comme les lacunes en développement
économique, si on lui ajoute tout ça, bien on va créer l'équivalent d'une
banque de développement économique.
Puis
maintenant je comprends qu'il y a des défis. Je suis d'accord avec vous, ils
sont énormes, les défis de fusion. Mais
on a fusionné Investissement Québec et SGF, puis je pense qu'on a été capables
puis que finalement l'économie du Québec ne s'en est pas trop ressentie.
Ça fait qu'on n'a qu'à se relever les manches puis à se dire : Bien, c'est
là qu'on s'en va. Puis le projet est tellement
emballant que je pense qu'on peut amener les gens à embarquer dans ça
puis se dire : On va dorénavant faire
du développement économique au Québec puis on va le faire dans nos bureaux dans
toutes les régions. Puis ça va s'appeler
Banque de développement économique du Québec parce qu'on va appeler un chat un
chat.
La Présidente (Mme
Vien) : Mme la ministre, je vois que… Oui, vous prenez du temps, vous
avez le droit de le faire.
Mme
Zakaïb :
…
La Présidente (Mme Vien) : Absolument, c'est votre droit le plus légitime.
Mais il y a un collègue chez vous qui aimerait poser une question.
Mme Zakaïb :
...j'ai terminé.
La Présidente (Mme
Vien) : M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : ...une réponse par rapport à…
Mme Zakaïb :
Non, je n'ai pas besoin de… Ce n'était pas vraiment une question.
La Présidente (Mme
Vien) : C'était un commentaire.
Mme Zakaïb :
C'était plus un commentaire.
M. Villeneuve : Un commentaire, d'accord. Alors, bonjour, madame. Bonjour, monsieur.
Moi, je vous amène à la page 9 de
votre mémoire et je veux juste voir avec vous s'il n'y a pas une… je ne
parlerai pas d'incohérence, là, mais une contradiction, je dirais
plutôt, lorsque vous dites… Au niveau de la réorganisation, hein, de créer
cette Banque de développement là, ça amène inévitablement une réorganisation,
bien sûr. Ça amène des gens de différentes cultures à s'associer, à travailler
ensemble pour éventuellement créer ce qu'on appelle un guichet unique, qui va
permettre non seulement de retrouver au même endroit un ensemble de services,
mais qui va aussi permettre — et Mme la ministre en parlait — en
amenant ce changement de culture là, d'amener un accompagnement par rapport aux
entrepreneurs, ce qui n'est quand même pas rien.
Et
je donne souvent l'exemple… Quand je parle de guichet unique, je donne souvent
l'exemple de Drummondville, l'incubateur
d'entreprises, où il y a, à l'intérieur de la bâtisse, beaucoup d'intervenants
qui, si l'incubateur n'était pas là, ils seraient dispersés sur le
territoire, et ce qui amènerait une complication supplémentaire pour les
entrepreneurs qui voudraient, évidemment,
soit augmenter leur chiffre d'affaires ou grossir, si on peut dire ça comme ça,
se développer. Ça les amènerait à des complications supplémentaires.
Puis, quand
je regarde le deuxième… le paragraphe plus loin, vous dites qu'il y a
50 % des gens consultés — ça, c'est
auprès de vos membres — qui,
eux, disent que «l'offre actuelle semble morcelée en une multitude de services dispensés
par de nombreux organismes». C'est exactement ça que la banque veut corriger.
Alors, je
veux juste vous entendre par rapport à peut-être cette contradiction ou à tout
le moins… Je comprends la mise en
garde : Attention, ça risque d'être un défi. Bien oui, mais pourquoi ne
pas le relever, justement, ce défi-là, pour s'assurer que nos entrepreneurs enfin puissent trouver un guichet unique
et un accompagnement pour réaliser pleinement leurs projets ou leur
expansion?
La Présidente (Mme Vien) : Merci. M.
Dorval, une réponse rapide.
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Oui. Bien,
vous savez, on l'a dit, on l'a écrit, on le répète : On souscrit aux
objectifs de rendre la vie plus facile pour les entreprises, les aider, les
accompagner, etc. Et ce qu'on dit, c'est : Vous avez fait une proposition
qui est celle à l'intérieur d'une nouvelle structure. Ce qu'on vous dit, c'est
que nous, on souscrit aux objectifs. Il y a
plusieurs chemins qui mènent à Rome, vous avez choisi celui-là. Nous, on dit,
finalement, que ça dépend des gens à l'intérieur, comment ils vont
arriver à Rome ensemble, travailler ensemble.
Alors, c'est
un choix politique que vous prenez, de dire : On y va de cette façon-là.
Nous ce qu'on vous dit, c'est qu'ultimement on est d'accord avec l'objectif
d'amener les gens à travailler ensemble. Maintenant, ça ne se fait pas en
criant ciseau, puis on vous alerte.
Moi, je vais
vous donner ma petite expérience personnelle. À un moment donné, j'ai eu à
gérer la réorganisation de deux importantes institutions financières au
Québec, puis on a perdu deux ans et demi dans la réorganisation pendant que les concurrents, eux autres, ils passaient
plus loin. Alors, on a été obligés de dire, essentiellement, à un moment
donné : On va oublier ces choses-là puis on va travailler ensemble.
Ce n'est pas
facile, ce n'est pas évident, parce que, le monde à l'intérieur qui ont été
embauchés avec un profil pour répondre à un certain emploi, ce n'est pas
nécessairement la même chose qu'on va leur demander demain. Alors, il faut les accompagner, il faut faire de la formation, et
ainsi de suite. Mais, dans le cas précis du gouvernement, ce n'est
pas : Tu le fais puis tu le fais bien ou tu t'en vas, c'est : Tu le
fais ou tu es réintégré dans un ministère à quelque part. Alors, la question
ici, ce n'est pas tout à fait la même logique, la même dynamique.
La Présidente (Mme Vien) : Merci, M.
Dorval.
M. Dorval (Yves-Thomas) : Nous, ce
qu'on dit...
La Présidente (Mme Vien) : M.
Dorval, on va devoir...
M. Dorval
(Yves-Thomas) : … — ça devait
très bref, je m'excuse — on
souscrit aux mêmes objectifs. Vous avez
fait ce choix-là, c'est légitime. Nous, on vous dit juste : Mais ne
sous-estimez pas tout ce qui va autour de ça, qui peut amener, pendant
ce temps-là, bien du, comment je pourrais dire ça… du détournement d'attention.
La
Présidente (Mme Vien) : …M.
Dorval. Alors, on va passer la parole maintenant au député de Louis-Hébert,
porte-parole en développement économique. La parole est à vous pour
21 minutes.
• (15 h 30) •
M.
Hamad : Merci, Mme la
Présidente. Il était tellement bon que j'étais prêt à donner notre temps pour
continuer, parce que ça valait la peine de l'entendre.
Alors, M.
Dorval, Mme Kozhaya, bienvenue. M. Dorval, sincèrement, là, je n'ai pas beaucoup
de questions, parce qu'honnêtement on l'avait dit, nous autres,
exactement ce que vous avez dit. Pas mot à mot, mais c'est exactement notre
position. En fait, vous posez les bonnes questions.
Quand vous
voyez… Par expérience, lorsqu'on voit les entreprises du Québec puis… tous les
entrepreneurs nous disent : Ça prend un guichet unique, ça prend…
Alors, ça, c'est un principe fondamental que personne au Québec ne peut être
contre. Personne au Québec ne peut être contre le principe d'offrir ou d'essayer
d'offrir un guichet unique aux entrepreneurs, et nous, on est d'accord avec ça,
tout le monde est d'accord. La question n'est pas là. La question est sur les
moyens que ce gouvernement-là a décidé de prendre pour atteindre l'objectif.
Et, par
expérience… J'ai eu l'honneur de diriger cinq ministères, Mme la Présidente.
Dans les cinq ministères, il y en
avait… en fait c'est cinq économiques, puis on avait des projets à faire la
coordination, les agences étaient là pour suivre les directions, les politiques du gouvernement qui sont établies
dans les ministères. Et, au ministère du Développement économique, qui n'est
pas le même ministère aujourd'hui, je comprends que la ministre ne voit pas ça nécessairement clairement, parce qu'on en a
arraché deux gros morceaux, ce ministère-là. On a enlevé tout ce qui est
recherche et développement, on a enlevé tout le commerce extérieur. Alors, c'est
un ministère amputé, aujourd'hui, mais on
avait des gens, des gens très compétents — et ils sont encore là, dans ces ministères-là — qui
avaient le mandat de faire la coordination des projets stratégiques.
Et
en plus, dans le discours inaugural et dans le budget, la première ministre,
elle, elle disait qu'elle mettait en place
un groupe d'action ministériel pour la mise en oeuvre des projets
d'investissement privés. Ça, ce groupe-là, c'est le groupe qu'on avait
avant, justement, pour faire la coordination entre différents intervenants,
pour prendre un projet industriel puis le
réaliser. Donc, ça vient avec vous encore, c'est d'accord avec vous dans le
sens que c'est le gouvernement qui
fait cette coordination, et là ce n'est pas une agence qui va coordonner les
ministères. Puis même, dans le
discours du budget, il y avait une autre affaire aussi : création des
conseils de développement économique régionaux. Ça, je ne sais pas c'est
quoi, mais c'était là pour faire la coordination.
C'est un
changement culturel. Il faut provoquer le changement, oui. L'objectif guichet
unique, oui. Coordonner les dossiers
stratégiques, oui. Tout ça, on est d'accord. Mais, lorsqu'on arrive sur le
moyen, on n'est pas sûrs que ce moyen-là est le seul et unique efficace
et on n'a aucune idée comment ça va marcher.
On sait à date que tous les gens d'affaires, ils
ont dit la même chose que vous, M. Dorval. Ce qu'ils ont dit, la chambre de commerce, ils ont dit : On veut
avoir un plan, faites un plan avant. Elle ne l'a pas mis dans son
communiqué de presse vendredi, mais ils
demandaient de mettre un plan, dire comment vous allez le faire. Les banquiers,
ils ont dit aussi que, la complémentarité, ils ont des inquiétudes, puis
vous aussi, vous dites dans votre conclusion que c'est… «En somme, il importe d'abord et avant tout de se
poser deux questions fondamentales — la
première : Quelle sera la réelle valeur ajoutée de la BDEQ par
rapport à ce qui existe déjà?» Ce qu'on lui dit : C'est quoi, la
différence? Combien d'emplois de plus vous
allez créer? Combien de dossiers de plus qu'on va traiter? Combien
d'investissements de plus qu'on va aider? Parce que, là, on fait quelque
chose, puis il faut que ça vaille la peine.
La deuxième
question que vous posiez : La création de ce nouvel organisme est-elle
vraiment nécessaire pour atteindre les objectifs? On a reçu tantôt l'économie
sociale, la gang de l'économie sociale, et, lorsqu'on leur a posé la question : Vos demandes, là, ça peut-u se
faire sans avoir la banque?, bien, après quelques questions, ils ont fini par
dire timidement oui. On a posé aux CLD
quelques questions dans la même direction, la réponse était oui. Il y a plein
des gens… Évidemment, avec
l'expérience on sait ça : lorsqu'on a une loi, une consultation, les gens
en profitent pour arriver avec des demandes,
des choses qu'ils veulent faire, puis là ce n'est pas… Mais à date il y a comme
un consensus, tout le monde est arrivé là. La majorité des demandes
peuvent se faire sans avoir la banque, sauf que les gens, ils disent : Si
la banque là-bas est existante, je peux-tu
avoir un poste de vice-président? Je peux-tu être dans le conseil d'administration?
Est-ce qu'on peut améliorer les CLD?
Mais, tout ce qu'on peut faire, on peut tout faire ça sans avoir la banque.
Donc, on est exactement à la même place sur le questionnement.
Et vous, vous avez ajouté plusieurs éléments
aujourd'hui, vous avez parlé de votre expérience de deux ans et demi. Nous, ce qu'on a soulevé : la fusion
SGF-Investissement Québec, c'est deux organisations qui étaient dans le
même secteur d'activité défini, c'est-à-dire Investissement Québec faisait des
prêts, SGF faisait les garanties de prêt, puis là on a complété deux offres qui étaient ensemble, qui a permis…
D'ailleurs, en passant, lorsqu'on a fait la fusion, on a mis un objectif
d'économie de 15 millions et on l'a atteint. Sur les ressources humaines,
il y avait un grand défi, ce n'est pas réglé
non plus. En partie il est réglé, il y a des conventions collectives à signer.
Mais là ce qu'on fait, là, on prend des parties du gouvernement du Québec, on prend des gens qui sont dans… Ils
ont comme mandat de faire des stratégies, des politiques, ce qu'un gouvernement a besoin. Ce n'est pas une agence qui
va faire ça pour un gouvernement. On a besoin des gens, les «brains», ces «brains» là, la matière
grise, pour faire des politiques et des stratégies. Ce n'est pas l'organisation
qu'on va évaluer sur son rendement qui va
donner une stratégie. Hydro-Québec, c'est le gouvernement qui fait sa stratégie énergétique. Hydro-Québec fait
sa stratégie de commercialisation, de business, mais c'est le
gouvernement qui fait sa stratégie énergétique.
Alors, à partir de la stratégie économique du gouvernement, on demande aux
agences de réaliser la stratégie. Là, ce
qu'on fait, c'est comme on dit à Hydro-Québec : Fais ta stratégie, fais
tout ça, facture, fais les prix, puis
organise avec tout, puis développe. Alors là, c'est la vision d'ensemble, et
les objectifs gouvernementaux, des fois, peuvent être différents que les agences. Alors là, ce qu'on voit
actuellement, ce qu'on a besoin, on n'est pas nécessairement… on ne va pas dire non à la banque, mais je pense
qu'il y a des questions qui se posent qui nous permettent d'aller là, et
ce que j'ai constaté dans votre mémoire.
Quand vous avez parlé du rapport Audet que je
vais vous parler, que vous avez été un acteur important dans le rapport Audet,
la mise en place du rapport Audet, un des éléments du rapport Audet — peut-être
nous en parler davantage — c'était
d'essayer de faciliter, simplifier, en fait c'est simplifier la réglementation
pour les entreprises, et en fait on
parlait, par exemple, d'avoir le transactionnel avec les entreprises davantage
avec le gouvernement, d'avoir… Mettons l'entreprise, chez eux, ils
peuvent avoir le transactionnel direct, et ce qui permet de simplifier la
réglementation. Et je connais votre expérience. Vous savez que demain matin, à
la banque — puis
vous jouez un rôle important à la CSST — ça ne sera pas le conseiller
de la CSST, en même temps, qui va parler d'investissement, va parler de bilan financier, va parler de relations de travail, va
parler des fonds privés, va parler de capital de risque. On se comprend
que l'agent doit être un superman qu'on va
payer… On ne paiera pas un superman à 50 000 $ pour faire tout ça,
là, avoir toute cette expertise-là. Donc, il y a une expertise qui
manque aussi, il faut aller la chercher.
Alors,
comment vous voyez la suite du rapport Audet par rapport au positionnement à la
banque? Est-ce qu'on devrait davantage mettre le focus sur le rapport
Audet puis essayer de rendre les services rendus par le gouvernement plus
efficaces pour atteindre le même objectif, guichet unique et efficacité?
M. Dorval (Yves-Thomas) : Merci. Mme
la Présidente, un — je
vais essayer de résumer brièvement — au niveau du rapport Audet ou
des mesures de simplification, la première des choses, c'est certain que c'était
destiné aux ministères, chaque ministère, de
prendre des mesures au sein des ministères pour que ça aille plus vite. Je
conviens que d'avoir un accompagnateur, puis
surtout pour la petite entreprise, en particulier, c'est excellent, parce qu'un
accompagnateur, ça aide une entreprise qui n'a pas beaucoup de services
d'expertise à l'interne de faire le chemin dans le dédale, comme je le mentionnais tantôt, des
10 travaux d'Astérix ou quelque chose comme ça. Cependant, ça n'accélérera
pas la prise de décision de tel ou tel
ministère. Ça dépend d'abord et avant tout — c'était ça, l'essentiel du rapport
Audet — de
demander à chaque ministère de faire un bout de chemin.
Puis là on va
se dire les choses telles qu'elles le sont. Actuellement, beaucoup
d'entreprises sont freinées par des décisions
qui prennent du temps au niveau du ministère du Développement durable, c'est
clair que c'est un ralentissement énorme
de ce côté-là. Je ne veux pas accuser le ministère, je ne sais pas, je ne
comprends pas le processus exactement. Mais je sais une chose : il y a beaucoup de projets qui sont ralentis à
cause… en tout cas qu'on me dit, là, qu'ils sont ralentis à cause de la lenteur de décision. Alors, si on
rajoute un conseiller qui va amener l'entreprise à aller chercher son
autorisation, c'est super, sauf que l'autorisation ne viendra pas plus vite.
Alors, pour
répondre à votre question, pour répondre à la question du député de
l'opposition, la première question qu'on doit se poser, c'est :
Comment accélérer les décisions qui sont prises dans chaque ministère? C'est ça
qui est le plus important. Mais il faut que ces décisions-là ne soient pas
prises non plus de façon inconsidérée, là, d'une façon équitable, juste, et, je
dirais, qui font du bon sens et qui font du jugement.
Pour ce qui
est de la structure, et vous avez abordé rapidement tantôt les questions de
conseil d'administration, etc., il y
a un point très important qu'on mentionne dans notre mémoire. Peu importent les
organisations gouvernementales, il faut
que les profils des individus qu'on sollicite pour les conseils
d'administration ou pour la direction, ce soient des gens qui sont reconnus pour des profils, avec une
expérience reconnue. Et c'est pour ça d'ailleurs qu'on dit que, même les
gens qui sont dans des conseils
d'administration comme ceux-là, c'est important d'avoir une rémunération aussi
pour s'assurer de leur implication et de leur travail à fond dans la
recherche, dans l'étude et dans les décisions qui seront prises.
• (15 h 40) •
Pourquoi je
vous dis ça? Rapidement, parce qu'il y a un autre constat que je fais
actuellement, et ça, peu importent les
couleurs politiques ou autres : on a et on continue de créer des agences.
Moi, je ne suis pas contre ça, parce que la réalité, c'est qu'on cherche d'avoir des moyens, d'avoir
plus d'autonomie, plus de flexibilité, etc., mais la réalité, c'est que
c'est quand même aberrant de voir que parce
que, la fonction publique, on n'est pas capable d'aboutir et d'arriver à nos
fins on est obligé de passer en créant des
agences à gauche, à droite pour obtenir la flexibilité qu'on n'est pas capable
dans la fonction publique. Le vrai
problème, c'est de se donner dans la fonction publique la flexibilité qu'on a
besoin pour atteindre nos objectifs,
pas de créer des agences. Et le plus drôle, puis je le vois, ça, certaines
organisations où je suis présentement, c'est
qu'après ça le Conseil du trésor va arriver avec des nouvelles politiques, des
nouvelles directives, de toute façon, pour…
en tout cas vous comprenez ce que je veux dire, là, mettre mur à mur les
choses, ce qui fait qu'à la fin du compte, de toute façon, ils n'auront
pas plus de flexibilité.
Alors, tout ça, là, c'est des beaux objectifs en
théorie. Mais je reviens à la question de : Tous les chemins mènent à
Rome. Il faut d'abord travailler sur ce qu'on a présentement, les individus,
les ministères, etc., et ne pas penser que
les agences qu'on crée par la suite vont régler le problème des autres. Et ça,
c'est tous gouvernements confondus, ça fait que je ne fais pas de
partisanerie ici quand je dis ça, là. C'est vrai pour tout le monde.
Mais, cela
dit, on ne peut pas être contre les objectifs que la ministre a mentionnés,
qu'on recherche. Puis en même temps c'est frustrant de voir qu'on est
obligés toujours de passer par des structures puis des changements, etc., pour arriver à nos objectifs que normalement le
gouvernement devrait arriver en disant : Bien, on va faire en sorte que,
comme État, on va régler le problème, plutôt que de créer d'autre chose. Cela
dit, c'est la réalité, on dirait.
La Présidente (Mme Vien) : M. le
député.
M. Hamad : On a parlé de
coordination interministérielle. Je me souviens, au ministère du Développement économique on avait des champions, ce qu'on
appelait des champions. Quand il y avait une entreprise qui venait pour investir, on nommait un champion, et ce
champion-là, à l'intérieur du ministère, faisait la coordination.
Investissement Québec, c'est un joueur, puis
des fois c'est le ministère des Finances que c'est un autre joueur, des fois
c'est le ministère de l'Environnement. Et je me souviens qu'il y avait
une minière qui avait à peu près… Une fois que le projet avançait, il y avait 14 ou 20 permis à obtenir — je
ne vais pas la nommer — et
là elle faisait face à un mur de permis à obtenir. Ça a pris, je pense,
un an et quelques avant de l'obtenir. Alors là, il y avait un genre de
coordination interministérielle à l'intérieur du ministère, mais Investissement
Québec, les autres, c'était un joueur parmi d'autres, parce que ce n'étaient
pas uniquement les Finances qui... c'est-à-dire ce n'est pas seulement le prêt
qui décidait le projet, c'est l'ensemble des
services. Et vous le mentionnez bien, l'environnement, c'est un élément
important, dans un projet, parce que les permis peuvent affecter l'échéancier
d'un projet. Puis, lorsqu'on veut avoir un retour sur le rendement plus rapide,
l'échéancier est retardé, évidemment il y a des pertes à la fin de journée.
Il y avait
aussi la coordination au niveau des permis. Par exemple, on parlait de
construction, la disponibilité de main-d'oeuvre,
etc., donc il y avait un autre rôle à jouer à ce niveau-là. Il y avait les
Finances sur établir les crédits, etc.
Donc, comment aujourd'hui on arrive, on crée une
agence ou une banque — en
fait, c'est une banque — et
là cette banque-là, elle va avoir le pouvoir
de faire la coordination avec les autres, je pense que ça va être très
difficile sur le plan opérationnel. Vous,
là, dans votre mémoire, vous avez parlé de la valeur. Quelle est la valeur
ajoutée de la banque? Qu'est-ce que vous vous attendez d'avoir comme
valeur ajoutée?
M. Dorval
(Yves-Thomas) : En fait,
s'il y a une nouvelle organisation, la vraie valeur ajoutée, c'est très
difficile à calculer, là, mais l'idéal, ce serait d'être en mesure de dire que,
si on ne l'avait pas, on serait à un niveau x de projets financés, d'emplois
créés, de toute une batterie d'indicateurs de nature particulièrement
économique mais qui ont un impact direct…
Quand on parle d'économie, là, ça a un impact direct sur le social aussi, c'est
juste que, là, on l'aborde sur le plan financier, là, quand on parle d'une institution
comme celle de la banque. Mais, si on implante ça, ça nous donne ça de plus comme valeur ajoutée; si on ne l'implante
pas, on ne l'a pas. Alors, c'est ça, la vraie valeur ajoutée. Et, à mon
avis… Encore une fois, je ne doute pas de la
bonne volonté de tous les individus. On a à travailler, dans chaque ministère,
dans chaque secteur, en fonction de chaque domaine d'intervention pour faire en
sorte que ça aille plus vite et puis, quand je dis que ça aille plus vite, que
ce soit plus... qu'on puisse l'appuyer.
Je pense
qu'il y a des projets qui sont présentés actuellement, puis ce qu'il faut
comprendre, c'est qu'il y a beaucoup de cash, il y a beaucoup de
liquidités dans certaines entreprises qui sont prêtes à faire certains
investissements, mais il n'y a pas beaucoup
de potentiel en termes de marché, parce que l'économie ne va pas nécessairement
au plus rapide. Donc, les entreprises
qui ont un investissement à faire, elles font du magasinage. Elles vont voir
aux États-Unis, elles vont voir en
Europe, elles vont voir au Canada, elles vont voir dans telle province, puis,
au Canada, elles vont voir au Québec, en Ontario, en Colombie-Britannique,
etc. Alors, ils sont en train, là… Ils ont le choix parce qu'il n'y a pas
beaucoup de projets, ils ont le choix d'investir, puis là ils regardent qui va
lui offrir la meilleure condition.
C'est plate un petit peu, là, parce qu'on est
dans une surenchère. Ça fait qu'on voit des États aux États-Unis — on
l'a vu, là — qui
ont attiré des entreprises d'ici, qui les ont amenées chez eux parce qu'ils ont
fait de la surenchère. Puis on dit :
Dans certains domaines, il ne faut peut-être pas faire de la surenchère, parce
que peut-être que la valeur ajoutée pour l'économie n'est peut-être pas
là, alors… Mais ça prend une décision, ça, dans une politique.
Je pense que la ministre est en train de
regarder une politique justement à ce niveau-là, mais une politique
industrielle, là, une politique économique, là, de développement économique, ça
inclut tout. Ça inclut l'innovation, ça
inclut l'énergie, ça… Je regarde les projets actuellement qui sont présentés.
Dans plusieurs cas, ce qu'on demande, c'est
du terrain, c'est de l'énergie, c'est de la main-d'oeuvre, des relations de
travail moins chères, des coûts de masse salariale moins chers, des coûts d'énergie moins chers, etc. Et le
Québec se vante énormément de ses tarifs d'électricité. Je peux vous
dire que, dans d'autres pays présentement, on la donne pratiquement, l'électricité,
dans plusieurs cas. Pourquoi? Parce qu'ils ont vu là le moyen d'attirer l'investissement
chez eux.
Alors, le
produit derrière tout ça… Mais là je parle plus des moyens de grande
entreprise, à ce moment-ci, ce qui est
différent de la petite entreprise, je le conçois, mais là on parle d'une
organisation qui fait de tout, là, hein, c'est pour ça que j'aborde cet
aspect-là. Mais il y a la petite entreprise aussi qu'il faut s'occuper. Et je
sais qu'il y a des bonnes intentions
derrière la petite entreprise et l'accompagner à persévérer et à durer dans le
temps, parce qu'on en a, de la petite entreprise qui est créée.
Malheureusement, on a probablement plus de faillites de petite entreprise qu'on
a vraiment, là, d'entreprises qui se
développent et qui croissent. Alors, il y a du travail à faire dans tous les
domaines. Il ne faut pas penser, là,
qu'il y a un problème, il y en a plusieurs. Il faut attirer de l'investissement
puis il faut en même temps faire en sorte que nos petits entrepreneurs
puissent grandir. Et puis je sais que tout le monde est bien intentionné.
La Présidente (Mme Vien) : M. le
député de Louis-Hébert, une question avec une réponse, brièvement.
M. Hamad : Combien de temps qu'il
reste?
La Présidente (Mme Vien) : À peu
près deux minutes.
M. Hamad : Deux minutes.
La Présidente (Mme Vien) : Trois
minutes, pardon.
M. Hamad : Correct, on a du temps.
Oui, je suis d'accord avec vous, M. Dorval. Je suis convaincu que le gouvernement est bien intentionné par ce projet de
loi, c'est les questions qui se posent sur le chemin qu'on prend. Et je
comprends de vous qu'évidemment cette inquiétude-là, en disant qu'il y a une inquiétude
pour atteindre les objectifs, évidemment,
c'est comme dans une entreprise privée : si on a des gros problèmes, à un
moment donné on va négliger de s'occuper
de la clientèle, s'occuper de la production, s'occuper de la comptabilité puis
les finances, puis on va finalement faire reculer l'entreprise,
peut-être aller vers la faillite. Puis ce que vous dites : Dans un
contexte comme aujourd'hui, l'économie est
fragile, très fragile. On voit déjà Radio-Canada qui dit : Avec les
mesures du gouvernement du Québec, on va
perdre 15 000 emplois. Et là ce n'est pas le temps de commencer à jouer
dans les structures mais plutôt le temps de s'occuper directement de l'économie, puis essayer d'investir davantage,
puis avoir des mesures concrètes qui amènent des rendements ou des
investissements. C'est un petit peu ça que vous êtes en train de dire?
M. Dorval
(Yves-Thomas) : Ce qu'on est
en train de dire, c'est qu'effectivement ce qu'il faut s'occuper,
actuellement, c'est qu'il faut faire en sorte de maximiser les investissements
à court terme, à moyen terme et à long terme puis il faut aussi faire en sorte
d'aider le plus possible nos petits entrepreneurs à grandir.
Alors, je ne
pense pas qu'on soit en désaccord ici sur les objectifs, encore une fois.
Comment les atteindre, c'est une façon
de voir les choses, mais, les entreprises, ce qu'elles veulent actuellement,
au-delà d'avoir dans certains cas, pour les petites entreprises, un
accompagnateur, là, ce qu'elles veulent avoir, c'est des décisions, des
décisions rapides, des décisions structurantes. C'est ça qu'elles veulent. Puis
évidemment je ne vous cacherai pas que ce qu'elles veulent aussi, c'est de voir réduire leurs taxes sur la
masse salariale pour les aider à dégager plus d'argent pour investir, mais
ça, c'est un autre débat.
La Présidente (Mme Vien) : M.
Dorval, merci. M. le député de La Prairie, vous êtes prêt?
M. Le Bouyonnec :
Oui.
La Présidente (Mme Vien) : C'est à
votre tour.
• (15 h 50) •
M. Le Bouyonnec : Merci, Mme la
Présidente. Tout à l'heure, j'ai oublié de saluer Mme la ministre, je m'en excuse. J'étais comme obnubilé par la présence de
Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine, alors je vous ai oubliée.
M. Dorval,
Mme Kozhaya, merci beaucoup. Merci pour la qualité de votre mémoire. Je pense
que, malgré le peu de temps dont vous avez disposé, vous avez su bien
faire avec peu de temps. Cependant — et je ne voudrais pas vous mettre les mots à la bouche, donc c'est pour ça
que je vais tenter de vous poser quelques petites questions — j'en
conclus de votre mémoire que vous reconnaissez que le but est noble, par contre
que le moyen est discutable et puis que les résultats sont incertains.
Vous avez soulevé des points très intéressants
où vous avez en fait mis en doute, d'une part, par exemple, le véritable guichet unique, c'est-à-dire la question
de la coordination puis de la synchronisation. Allons-nous avoir
vraiment un guichet unique et/ou unifié, dépendamment du terme qu'on utilise?
Vous avez
aussi indiqué que, pour vous, la coordination interministérielle à travers une
agence, c'était quelque chose qui
n'était pas nécessairement compatible puis qui pouvait éventuellement créer des
distorsions. Et d'ailleurs ça me faisait penser… C'est vrai que, si
jamais quelqu'un se présente avec un chapeau de banquier pour aller frapper à
la porte du ministère de l'Environnement sur
un projet, par exemple, bien peut-être que ce fonctionnaire au ministère
de l'Environnement va dire : Bien,
écoute, toi, tu es un banquier; ton but, c'est de faire du rendement. Moi, mon
objectif, c'est de défendre l'environnement. De ce fait, peut-être qu'un
fonctionnaire, donc, du ministère d'Économie et Finances serait plus… mieux accueilli dans un cas comme le
cas d'espèce que je vous mentionne, et donc que le soutien financier aux
entreprises, qui est un métier très
particulier, n'est pas nécessairement miscible avec de l'élaboration
stratégique qui se passe à un autre niveau. Donc, en termes de
structures, je retiens cette intervention de votre part.
Par ailleurs,
il y avait quelques questions que j'avais. Je me disais : Êtes-vous en
faveur… Et vous pouvez retenir les questions, compte tenu que j'ai peu
de temps. Donc, vous allez pouvoir réagir à la fin de mon intervention.
Article 3
puis article 4.4°, la banque propose des services-conseils. Et donc, en
tant que représentants du Conseil du
patronat, est-ce que vous trouvez pertinent qu'une agence gouvernementale offre
des services de soutien technique, de plan d'affaires, etc., en
compétition éventuellement avec le secteur privé?
Deuxième question : Est-ce que vous trouvez
que le nom est important, avec la dénomination «banque», sachant que c'est une loi fédérale, hein, la
Constitution canadienne a fait en sorte que la Loi sur les banques est gérée
par le fédéral? Est-ce que l'organisation
pourrait continuer de s'appeler, selon vous, Investissement Québec — est-ce
que ça fait une différence pour les entrepreneurs que ce soit un nom plutôt que
l'autre? — et
nous faire l'économie d'un débat fédéral-provincial?
Est-ce que vous trouvez aussi qu'il y aurait dû
y avoir des économies au niveau d'attrition dans la fusion? C'est-à-dire que
vous avez soulevé le fait que peut-être ça allait nous amener à avoir davantage
de fonctionnaires sur le «payroll» du gouvernement plutôt qu'une diminution.
Et,
simplement en conclusion, est-ce que vous trouvez qu'en termes de gouvernance
le fait que nous ayons un conseil d'administration de la banque avec
13 membres et un deuxième conseil d'administration avec 11 membres en dessous… et avec Capital Émergence et
Ressources sans conseil d'administration est une structure qui vous
apparaît, dans les circonstances, adéquate?
La Présidente (Mme Vien) : M.
Dorval, en substance et en synthèse, là, parce qu'il vous reste très peu de
temps pour répondre.
M. Dorval (Yves-Thomas) : C'est
évident que, comme représentant d'employeurs, à chaque fois que le gouvernement veut offrir des services-conseils, ça
peut être une concurrence, à ce moment-là, avec le secteur privé qui
fait la même chose. Alors, en ce sens-là, on n'est jamais favorables à la
duplication de la concurrence, parce qu'il y a un côté qui est subventionné, l'autre
qui ne l'est pas. Ça, c'est clair.
Cependant, il faut comprendre aussi que des
petites entreprises parfois n'ont pas l'expertise, les ressources à l'interne, et ils ne sont même pas au courant de
comment ils doivent procéder pour aller chercher l'expertise. C'est là
où un accompagnateur, parfois… Je l'ai vu,
moi, du côté d'Emploi-Québec, au niveau de la gestion des ressources
humaines, par exemple, ou de la formation,
hein? Avant de commencer à embaucher quelqu'un, venir faire la formation chez
vous, il faut d'abord commencer à
considérer qu'est-ce que sont mes besoins de formation. Alors, dans ce sens-là,
il peut y avoir des services au
niveau de l'État, au niveau des régions, au niveau de la petite entreprise qui
peuvent être les bienvenus. Mais, quand on arrive à l'offre de services,
là, à ce moment-là, ça devrait être plus une référence pour ce qui existe sur
le territoire pour venir à l'aide que de remplacer des firmes existantes. Je ne
sais pas si je suis clair de ce côté-là.
Au niveau de l'appellation de la banque, je vais
être très clair avec vous. Je trouve que… En tout cas, il y a des associations
qui vous diraient qu'elles ne veulent pas s'immiscer là-dedans parce que c'est
politique. Moi, je pense que ce n'est pas
utile, pas, en tout cas, avec le mandat qu'on voit là. Mais c'est là. C'est là
depuis une plateforme, alors on va
vivre avec. Parce qu'appeler ça… Moi, personnellement, ce n'est pas une banque,
là, mais ça fait partie de la vie.
C'est là, puis je ne commencerai pas à me battre contre ça. Mais ça, si vous me
demandez mon opinion personnelle, ce n'est pas nécessaire d'avoir le mot
«banque».
Au
niveau de produire des économies, c'est clair. Si on fait une restructuration…
Et ça, je peux vous dire que, dans toutes celles auxquelles j'ai passé,
il fallait identifier la valeur des synergies et des économies qu'on va faire à
travers ça et les
atteindre, puis il y avait un suivi pour les atteindre. Si on n'a pas ça,
évidemment, là, à ce moment-là, on ne rencontre pas un objectif de
réduire les coûts de la fonction publique, etc.
Puis,
quand j'ai parlé de la question des postes, ce n'est pas compliqué, dans la loi
c'est prévu : un fonctionnaire qui ne veut pas intégrer la nouvelle
agence, il va être intégré au gouvernement. Alors, si le gouvernement a besoin
de beaucoup de main-d'oeuvre puis qu'il a de
la misère à attirer de la main-d'oeuvre, c'est tel que tel, mais à quelque
part tu vas être obligé quand même d'embaucher des gens dans les postes qui
vont se vider. Donc, à quelque part, au total, il va y avoir une croissance,
mais peut-être ça va répondre aux besoins du gouvernement dans d'autres
ministères.
Mais
rappelez-vous que beaucoup de cette main-d'oeuvre-là est dans les régions. Je
ne suis pas sûr, sûr, sûr qu'ils vont réintégrer des ministères, je ne
sais pas comment est-ce qu'ils vont procéder quand...
La Présidente (Mme Vien) : M. Dorval, je regrette, j'ai déjà accordé un
peu plus de temps parce que j'en avais accordé
aux autres collègues, mais je vais devoir vous interrompre. Toutes mes excuses.
Merci de votre grande contribution.
Je suspends quelques
instants, le temps de recevoir l'autre groupe. Merci.
(Suspension de la séance à
15 h 55)
(Reprise à 16 heures)
La Présidente (Mme Vien) : Alors, nous reprenons nos travaux, nos auditions
sur le projet de loi n° 36. Je vous rappelle que c'est la Loi
sur la Banque de développement économique du Québec.
Alors,
nous accueillons avec plaisir dans votre Assemblée, dans notre Assemblée
nationale, le Conseil québécois de la
coopération et de la mutualité et son porte-parole, Gaston Bédard, directeur
général par intérim. Bonjour, M. Bédard. Les dames qui vous
accompagnent, vous nous les présentez. Et vous avez 10 minutes pour nous
livrer l'essentiel de votre message.
Conseil québécois de la coopération
et de la mutualité (CQCM)
M. Bédard (Gaston) :
Excellent. Merci beaucoup. Merci d'avoir pris quelques minutes pour nous
recevoir, aussi entendre nos réflexions par rapport à ce projet de loi, le
projet de loi n° 36. Effectivement, deux personnes m'accompagnent aujourd'hui, du Conseil québécois
de la coopération et de la mutualité : Mme Marie-Joëlle Brassard, qui est notre directrice de la recherche et du
développement au conseil québécois, et aussi Mme Hélène Dumais, à ma
gauche, qui assume la responsabilité des communications et des relations
gouvernementales.
Je
présume que vous connaissez bien le Conseil québécois, mais permettez-moi très,
très brièvement de juste vous rappeler qui est le Conseil québécois de
la coopération et de la mutualité. Ça existe depuis 1940. Il réunit en fait, le
conseil, l'ensemble du monde coopératif et mutualiste au Québec, que vous
connaissez sûrement.
Quelques chiffres
pour se rappeler l'ampleur de ce mouvement, qui est important au niveau social,
au niveau économique aussi du Québec. C'est tout près de 100 000 emplois,
en fait, actuellement dans le monde coopératif et mutualiste. Ce sont des actifs qui dépassent les 250 milliards de
dollars, un chiffre d'affaires, en fait, pour l'ensemble du monde coopératif, qui est près de 30 milliards
annuellement, c'est quand même considérable. Tout à l'heure, j'ai parlé
de 250 milliards d'actif, j'ai bien dit des milliards. Ce sont des
montants importants.
Vous savez que, dans
les coopératives, on retrouve d'ailleurs dans notre monde coopératif le premier
et le cinquième plus grand employeur au
Québec, entre autres, par Desjardins et par La Coop fédérée. Et bien sûr le
monde coopératif couvre beaucoup de créneaux, d'activités, que ce soit dans le
domaine de la foresterie, des funérailles, de l'alimentation,
de l'agriculture, de l'habitation, de la santé aussi, des services à domicile.
Dans le domaine de l'éducation, nous sommes aussi présents, et d'autres
secteurs que je passe rapidement.
Ça fait
que c'est pour vous résumer qui était, en quelques mots, le Conseil québécois
de la coopération et de la mutualité mais se rappeler que c'est un lieu
de convergence, un lieu de coordination, un lieu de rencontre, pour nous, et
non une instance hiérarchique de ce monde de la coopération, qui est un monde
très, très décentralisé.
Maintenant,
au niveau du projet de loi n° 36, vous faire part, bien sûr, de
certaines préoccupations, mais juste avant vous rappeler que, pour nous, on a l'impression, puis c'est heureux… Ça
s'inscrit vraiment sous le signe de la pluralité à deux niveaux, en fait au niveau des acteurs — ça,
c'est important pour nous, j'y reviens dans quelques minutes — et aussi au niveau des régions et des localités. Ça aussi, c'est sous le signe de
la pluralité et, pour nous, c'est vraiment quelque chose qui est un
plus, quelque chose qui est moderne, quelque chose qui est porteur pour l'avenir.
L'accès,
en fait, je l'ai un peu mentionné, c'est important pour nous d'avoir cet accès
unique, cet accès harmonisé qui touche aussi bien les entreprises dites
traditionnelles ou privées que les entreprises coopératives, mutualistes ou
encore les associations à activités marchandes. Donc, un lieu qui réunit tout
ce beau monde-là pour contribuer au développement socioéconomique du Québec,
pour nous, c'est un facilitant. On peut avoir d'autres moyens de le faire, mais
c'est un des moyens qui peut être très intéressant.
Le deuxième élément
qui, pour nous, nous paraît aussi important, c'est qu'on tient compte de l'ensemble
des particularités des régions et aussi des
localités. Ça, pour nous, c'est important, puis c'est bien précisé dans le
projet de loi n° 36. On y
retrouve à plusieurs places les ancrages régionaux, les ancrages au niveau
local aussi. Pour nous, c'est un plus, surtout qu'on sait que les
organisations coopératives, mutualistes plus particulièrement sont un peu
partout au Québec. Donc, cet ancrage est un plus pour faciliter, bien sûr, nos
relations avec la banque éventuellement.
Finalement,
je dirais aussi que… Bien, je passerais directement aux recommandations, si
vous me permettez, compte tenu du temps, en fait surtout nos réflexions. Il y a
peut-être deux libellés qu'on aimerait voir bonifiés ou modifiés, au niveau du
projet de loi, et quelques réflexions qu'on aimerait aussi vous soumettre très
brièvement.
Au
niveau du libellé, on voit dans le chapitre I, à l'article 2 plus
particulièrement, qu'on parle des entreprises au tout début, et un peu plus loin on parle de soutenir les coopératives et
les mutuelles. Pour nous, ça, puis on le dit bien dans notre mémoire, c'est important de bien voir les
coops, les mutuelles comme des entreprises et non un secteur à part qu'on
soutient. C'est plus qu'une suggestion. Pour nous, c'est un incontournable pour
bien voir l'apport qu'on attend de ces entreprises plus collectives.
Le
deuxième, en fait, c'est l'article 7, on va vous en parler tout à l'heure.
On parle de complémentarité. Pour nous, c'est important de s'assurer que
les activités de la banque, avec ses composantes, soient assurément
complémentaires aux activités actuellement
des forces ou des acteurs terrain, autant dans la partie financière que dans la
partie des services. Et peut-être
qu'à l'article 7 on pourrait bonifier le libellé. Je n'ai pas vraiment de
suggestion concrète au niveau du mémoire, à ce niveau-là, mais verbalement vous dire qu'on pourrait parler d'une
politique davantage pour parler de cette complémentarité, une politique
ou des règles à établir pour parler de complémentarité. Pour nous, c'est
important. Et je me permettrais également de
suggérer éventuellement la mise en place d'un comité avec des partenaires
terrain pour s'assurer des règles du jeu et de la mise en place de ces
activités complémentaires. Pour nous, ça, c'est important.
Maintenant, quelques
préoccupations également plus globales. L'expertise, si on veut soutenir le
monde coopératif et mutualiste, ce sont des
modèles d'organisation qui sont particuliers, qui ont du vécu, qui sont… je ne
dirais pas à part, mais qui ont leurs
particularités. Donc, il est important que la banque, dans sa restructuration,
avec ses filiales, tienne compte des besoins d'expertise en matière de
coop et de mutuelle pas juste dans l'attribution des fonds, éventuellement, ou soutenir au niveau des fonds,
mais aussi au niveau des services-conseils qu'on va retrouver
éventuellement dans la DEQ, si je ne me fais pas défaut puis si je ne me trompe
pas, et ça, ça va être important de développer,
s'assurer d'avoir une bonne expertise. Et on dit bien dans notre mémoire
également que, cette expertise, on peut aller la chercher en
complémentarité ou en soutien aussi avec les secteurs coopératifs qui existent
un peu partout au Québec et aussi des
modèles de coopérative qui sont déjà en région comme les coopératives de
services, les coopératives de développement régional. Ça fait que ça, c'est,
pour nous, important. Donc, l'expertise, on a beau avoir la plus belle structure du monde, mais, si on n'a pas
l'expertise ou la compétence nécessaire, je ne suis pas sûr qu'on va
pouvoir vraiment aider ces entreprises-là à aller chercher leur plein
potentiel.
La
banque, pour nous, est importante. On a des créneaux d'excellence sur lesquels
on est très actifs, on parle des énergies
renouvelables, de l'économie de proximité, et, pour nous, il est
important — puis
c'était une réflexion — que la banque consacre aussi… réserve des fonds et de
l'expertise pour soutenir cette forme d'économie à développer davantage
au Québec. Et on sait que les coops et les mutuelles sont très, très présentes.
D'ailleurs,
vous avez à la page 24 un ensemble d'exemples qui sont travaillés
actuellement par La Coop fédérée, et,
aux pages 13 et 14 de notre mémoire, on parle bien d'énergie renouvelable
et les différentes d'activités que l'ensemble du monde coop… sur
lesquelles ils sont au niveau des énergies renouvelables. Je vous rappelle d'ailleurs
qu'on a publié en 2011 — Mme
Brassard, c'est bien ça? — un
document qui rappelle nos actions en matière d'économie d'énergie renouvelable.
Et
finalement c'est la même chose au niveau des économies de proximité. On
explique un peu davantage c'est quoi,
l'économie de proximité. En fait, c'est du développement économique des régions
par les régions, pour les régions. Puis on a un exemple qui est un grand
succès depuis des années, qui est Boisaco, à Sacré-Coeur. C'est un exemple d'économie
de proximité qu'on doit, selon moi, soutenir davantage, et la banque a un rôle
à ce niveau-là également à jouer dans ses programmes éventuellement à mettre en
place.
Mme Zakaïb nous a
aussi annoncé dans son communiqué de presse la mise en place éventuelle d'une
vice-présidence d'économie sociale. On salue cette initiative éventuellement.
On souhaiterait seulement que cette vice-présidence
soit, dans le nom, davantage représentative des entreprises qu'on veut soutenir
par cette vice-présidence. Si on parle de coops, de mutuelles, d'associations
à activités marchandes, nous, on dit : Pourquoi qu'on ne parle pas d'une
vice-présidence en lien avec ces secteurs d'activité ou ces secteurs d'entreprise
carrément?
Et finalement, le
dernier, en fait, c'est un programme qui existait déjà, qui est arrêté, qui n'a
pas été renouvelé en 2012. C'est le
programme d'aide à la capitalisation des entreprises d'économie sociale, qui,
j'imagine, va se retrouver dans les activités éventuelles de la banque,
de la façon qu'on définit la banque et ses activités. Ce programme a été arrêté en 2012. C'est un programme qui était apprécié,
qui a fait vraiment beaucoup pour les petites entreprises d'économie
sociale, des coopératives aussi au Québec.
En
fait, permettez-moi quelques chiffres. De 2002 à 2012, c'est un total de
295 millions d'investissement qui a été fait à partir de ce programme, 1 684 nouveaux emplois, donc
tout près de 1 700 emplois, et un maintien de tout près de 2 200 emplois. Donc, c'est un programme qu'on
souhaite, via la banque ou via une autre structure, qu'il soit remis en
place.
Ça faisait le tour
principalement de nos réflexions et quelques suggestions également, Mme Vien.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme Vien) : Bien, on vous remercie infiniment. Vous avez été
très discipliné, M. Bédard. Alors, la parole, maintenant, est au côté
ministériel, Mme la ministre, pour environ 16 minutes, et je vous cède la
parole maintenant.
Mme Zakaïb : Merci, Mme la Présidente. M. Bédard, Mme Brassard,
Mme Dumais, bonjour. Ça nous fait plaisir de vous avoir avec nous. Merci d'avoir pris du temps puis des énergies
pour déposer un mémoire qui est très complet.
J'aurais
quelques questions. Vous semblez voir une différence entre les termes «économie
sociale» et «économie sociale, coopératives et mutuelles». Certaines
personnes pourraient penser que ce n'est que de la sémantique, mais pourriez-vous nous
expliquer en quoi c'est si important de toujours dire «sociale, coopératives et
mutuelles»? Et en quoi l'économie sociale n'englobe-t-elle pas également
les coopératives et les mutuelles?
M. Bédard
(Gaston) : En fait, j'aurais
aimé garder cette réponse-là quand on va parler de la loi-cadre sur...
ou la loi en économie sociale, mais permettez-moi un début de réponse quand
même.
Notre appellation, peut-être qu'elle n'est pas
claire. En fait, on ne veut pas parler nécessairement d'économie sociale, coopérative et mutualiste. L'économie
sociale peut inclure effectivement les coopératives, mais, pour nous, il
est important, surtout qu'on sait que les
coops et mutuelles représentent plus ou moins 75 %, 80 % de
l'économie sociale plus privée — on ne parle pas de l'aspect
État, si vous me permettez — de
mieux définir les entreprises concernées. Donc,
quand on parle d'économie, on parle d'économie sociale, qui réfère aux coops,
aux coopératives, aux mutuelles et aux associations, mais pas toutes les
associations, parce qu'il y a des associations qui sont plus communautaires. On
parle des associations à activités
marchandes, donc économiques avec des finalités sociales comme les coops,
comme les mutuelles, je le définis dans mon
sens. Donc, éviter toute ambiguïté par rapport à la forme d'entreprise qui est
concernée par l'économie sociale. C'est pour
ça que, pour nous, c'est important d'amener, tu sais, plus que de la sémantique
ou juste un libellé. C'est de bien
reconnaître… en fait plus que reconnaître. C'est de faire un appel, via un nom,
un appel, aux coopératives et aux mutuelles, si je parle de ces deux-là
plus particulièrement, à leur contribution au développement comme elles le font
actuellement, au développement socioéconomique du Québec.
Puis une
petite histoire rapide, très brève. Ici, on a aussi d'autres organisations,
jusqu'à aujourd'hui, qui représentaient l'économie sociale par leur
appellation. Ça aussi, ça apporte de la confusion. Puis on en a jasé avec
beaucoup de personnes qui sont dans le marché de tous les jours, là, dans le
développement, ils disent : Où vous vous situez?
Vous n'êtes pas de l'économie sociale. On est-u en train de vous ramener sous
le chapeau de l'économie sociale? On
dit : Non, on est de l'économie sociale, mais c'est une famille parmi
d'autres familles de l'économie sociale active.
Donc,
j'essaie de vous répondre en disant : C'est important. Plus que de la
reconnaissance, c'est comme s'assurer qu'elles sont bien incluses dans
cette forme d'économie qu'on appelle économie sociale.
Dans d'autres
pays, pour avoir fait un petit peu de recherche… je ne suis pas l'expert des
experts, ce serait plus Mme Brassard qui est beaucoup plus experte
que moi en cette matière, mais en fait il y a moins de confusion ailleurs, puis ils peuvent parler d'économie solidaire,
sociale et solidaire… ou il y a différents noms, là, qu'on a osé mettre
dans notre prochain mémoire, si vous nous appelez ici, qui va expliquer un
petit peu davantage, d'ailleurs, le pourquoi.
Mais, quand
on parle de la vice-présidence, si vous me permettez, Mme Zakaïb, la vice-présidence, on parle de quelque chose de beaucoup plus technique. C'est un
peu comme si on parle d'une vice-présidence du développement du secteur agroalimentaire, on va parler d'une
direction qui touche tel secteur. Là, ici, cet appel, ce n'est pas juste cet
appel de coeur, on le dit aussi pour que les entreprises concernées par cette
vice-présidence-là soient bien comprises, c'est clair où elles sont attachées
pour être soutenues. Ça fait que c'est dans ce sens-là ici qu'on parle davantage
d'un nom qui est beaucoup plus évocateur des entreprises qu'on veut soutenir.
Mme Zakaïb : Ensuite, je vais
revenir sur l'article 2 de la loi. Vous suggérez une modification pour que
le premier alinéa… Puis là je vais lire le
texte, on dit : «Ces interventions peuvent, notamment, viser à soutenir…»
Là, on parle des interventions de la
banque dans le cadre de la grande mission générale qu'on lui
donnerait, qui est de soutenir notamment
par des interventions financières le développement économique du Québec dans
toutes ses régions, conformément à la politique économique du
gouvernement. Ces interventions, donc, peuvent notamment viser à soutenir…
Le premier alinéa dit : «1° la
création, l'implantation, la croissance et la rétention des entreprises au
Québec», et vous voudriez modifier ça pour «des entreprises privées,
coopératives, mutualistes et des associations à activités marchandes» et, si j'ai bien compris, donc, biffer le quatrième paragraphe
qui dit : Soutenir le secteur de la coopération et l'économie
sociale. C'est ça, votre demande? Et je comprends que vous voulez faire ça
parce que, selon vous, ce n'est pas un secteur, la coopération et l'économie
sociale, mais c'est transversal. Est-ce que c'est ça, le but de votre…
M. Bédard
(Gaston) : C'est exactement
ça, Mme Zakaïb. C'est que, pour nous, on considère les coopératives et les mutuelles comme des entreprises avec des
finalités qui sont différentes. C'est sûr qu'on ne cherche pas l'optimisation
de notre capital, ce n'est pas ça qui est cherché
par le monde coopératif et mutualiste, je pense que c'est bien connu,
mais on veut le voir vraiment comme des entreprises qui contribuent au
développement socioéconomique du Québec, comme vous le souhaitez. Et enfin le quatrième alinéa de cet article,
l'article 2 du chapitre I, c'est qu'on ne veut pas se voir
juste comme un secteur aux côtés mais bien partie prenante.
Ça fait que… Est-ce que le libellé qu'on vous
propose est exact? Vous l'avez dit tantôt, en peu de temps on a dû travailler à une réflexion. On a consulté un
peu notre secteur, parce que vous comprenez que le conseil québécois, c'est
un peu tout le monde, ce n'est pas nous tout
seuls dans notre bureau. Ça fait qu'il semble qu'il se dégage un
consensus d'essayer de bien faire reconnaître que le monde coopératif et
mutualiste, ce sont des entreprises, puis bien le voir soit dans le premier
alinéa ou le voir autrement dans l'article — là, on vous a fait une
première suggestion — ce
qui n'empêche pas, comme on a dit dans le sous-alinéa 1° qui est proposé,
de reconnaître des particularités dans leurs modèles de gouvernance.
Mme Zakaïb : Avez-vous des
questions, mes collègues?
La
Présidente (Mme Vien) : Mme
la députée des Îles-de-la-Madeleine ou M. le député de Berthier? Mme la
députée.
Mme Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : Peut-être, oui, merci.
La Présidente (Mme Vien) : Oui,
allez-y, je vous en prie.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : Alors, bonjour. Vous avez parlé… Dans vos préoccupations au
niveau de l'expertise, justement, est-ce que
la Banque de développement aurait l'expertise pour travailler avec les
coopératives, tout ça? Est-ce que vous pouvez nous en dire plus par
rapport à ça, réexpliquer peut-être un petit peu plus en détail?
M. Bédard
(Gaston) : En fait, si vous
me permettez, je n'ai pas utilisé «aurait de l'expertise». Ce n'était pas
sous forme de question comme sous forme de
préoccupation, sans vouloir vous reprendre, respectueusement. C'était que,
pour nous, c'est important de s'assurer que la
banque, dans ses intentions, tout comme on l'a vu dans d'autres structures
qui existent actuellement, il y ait une certaine expertise. Il y a des
expertises qui se sont perdues, d'autres expertises qui se sont ajoutées. Nous, il est important, dans ses composantes, aussi
bien dans sa décentralisation souhaitée, dans ses portes d'entrée
locales, de s'assurer que, les gens, pour bien soutenir ce modèle d'entreprise,
il y ait de l'expertise.
Vous savez, quand on a rencontré de vos gens du
ministère au Trésor, je leur ai un peu expliqué, surtout avec la loi n° 1 sur les contrats publics, qu'il y
a des choses qui nous paraissent difficiles, nous, à atteindre en termes
d'attentes, parce qu'on est des coops puis on ne peut pas demander des
cautionnements à tous les propriétaires tandis qu'on a peut-être 1 000
membres, ou 1 million de membres, ou 5 millions de membres. Là, je
vous donne un exemple un peu simple, mais c'est surtout ça qu'on veut s'assurer,
que, dans la bonne volonté de supporter ces organisations-là pour qu'elles
continuent à prendre leur envol, continuent à apporter de la richesse pour le
Québec… s'assurer qu'on a l'expertise pour nous soutenir.
Ça fait que,
l'expertise, il y en a localement aussi, puis on vous dit dans nos propos, dans
le mémoire, que ça va nous faire plaisir aussi de contribuer dans des
analyses ou autres, par nos secteurs d'activité ou nos personnes, à cette
expertise-là, sans prétendre remplacer votre expertise. Est-ce que ça répond,
madame?
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : …je pense, ça éclaire. Et comment la Banque de développement
pourrait, justement avec l'expertise, accélérer ou diversifier le développement
des coopératives sur le territoire? Comment vous voyez le lien entre le
développement des coopératives sur le territoire et l'action que pourrait avoir
la banque?
• (16 h 20) •
M. Bédard
(Gaston) : Dans notre
mémoire, on est revenus sur des éléments qui… Je ne sais pas si on a
utilisé la bonne sémantique. On a fait
attention de ne pas parler de fonds dédiés, parce que c'est une autre chose. On
a parlé, bien sûr, d'énergie renouvelable, on a parlé d'économie de
proximité. On n'a pas parlé de coopérative de proximité mais d'économie de proximité. J'ai donné l'exemple de
Boisaco, qui est bien étoffé dans notre mémoire aussi. Et on dit que la
banque, outre son expertise-conseil, en complémentarité avec ce qui existe dans
nos secteurs d'activité, que ce soit à La
Coop fédérée, a déjà beaucoup d'expertise; qu'on parle de Desjardins, a
beaucoup d'expertise; qu'on parle de mutuelle, a beaucoup d'expertise.
Il faut que ce soit complémentaire, surtout pour les coops un petit peu plus
humbles en termes de structure, d'organisation.
Et aussi, au
niveau des fonds, on a parlé des fonds réservés ou des argents qui aident cette
économie de proximité qui est surtout supportée par des coopératives,
beaucoup par des coopératives et des mutuelles, et, pour nous, il faut avoir
des programmes incluant des fonds pour soutenir surtout le démarrage et
certaines initiatives d'économie de proximité
ou encore dans le domaine des énergies renouvelables où on a besoin également
d'avoir des fonds de démarrage, surtout des fonds quand on explore des
nouveaux secteurs d'activité, qu'on puisse avoir des fonds qu'autrement on en a
moins dans les organisations qui existent déjà, qui soutiennent le
développement coopératif, mutualiste et aussi associatif à valeur marchande
dont on retrouve dans le mémoire, parce qu'on a donné toute une série d'exemples
déjà d'institutions, d'organisations financières qui soutiennent le monde
coopératif, mutualiste et associatif.
Mme Richard (Îles-de-la-Madeleine) :
…complémentarité, c'est…
M. Bédard (Gaston) :
Complémentarité, effectivement.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : Oui, ça va dans ce sens-là, je pense. Alors, je vais laisser Mme la
ministre…
La Présidente (Mme Vien) : Merci,
Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine. Mme la ministre.
Mme
Zakaïb : Oui. Je vais
revenir sur la complémentarité. Tous les groupes nous en parlent, tous les
groupes nous parlent de complémentarité, et je me rends compte que, malgré tous
les efforts qu'on a faits quand on a rédigé la loi, il y a place à
amélioration. Alors, plusieurs groupes nous ont suggéré, à bon escient, je
crois, de modifier l'article 7 pour
ajouter un cinquième alinéa qui parlerait de complémentarité. Puis d'ailleurs,
dès que ce sera possible, on déposera… — je pense que ça s'appelle un
papillon — pour
parler de complémentarité.
Chez vous,
quand on parle au niveau des coopératives, je pense que c'est un peu comme pour
les gens d'économie sociale qui sont
venus avant vous. Mon expérience ainsi que les différentes rencontres que j'ai
eues avec les gens de ce que
j'appellerais la propriété collective me disent que le plus grand enjeu, c'est
l'absence de capital, en fait l'absence de fonds propres, parce que, que
ce soient des coopératives d'économie sociale ou des OBNL, il y a peu d'argent
investi par des investisseurs. Alors, il y a l'effet de levier qui est très
grand, il y a beaucoup de prêts.
Quels sont, selon vous,
les outils financiers qui pourraient être utilisés pour justement pallier à ce
manque de fonds propres? Puis peut-être que, quand vous parliez du programme d'aide
au soutien, là, qui a été arrêté en 2012… Vous
y faisiez référence, mais, comme je ne connais pas beaucoup ce programme-là,
est-ce que vous pourriez nous donner plus de détails quant au besoin d'outils
financiers pour vraiment être capable de donner aux coopératives ce dont elles…
de leur fournir ce dont elles ont besoin en termes de capitaux?
M. Bédard
(Gaston) : Pour ce qui est
du programme d'aide à la capitalisation, ça touchait davantage les
petites coops. C'est un programme qui a été
intéressant, qui allait sur du capital de risque où on était moins admissibles
pour des prêteurs traditionnels. Même
dans le monde coop ou le monde de l'économie sociale, O.K., il y a comme un
démarrage où on a besoin d'un partenaire, un
grand frère, puis ça, ça a aidé à créer… Il y a eu 300 ou 400 projets, plus
de 300 projets qui ont été réalisés, puis ça a créé de l'emploi.
Ça, c'est une chose, mais je faisais référence à
d'autre chose, si vous me permettez, Mme Zakaïb. Ça, c'est important, je ne veux pas sous-estimer ce
programme-là qui a fait ses preuves puis qui a aidé. Puis on sait que les
petites entreprises ou petites organisations coopératives peuvent devenir
grandes un jour si c'est nécessaire. Si ce n'est pas nécessaire, on ne concourt
pas à être grand nécessairement.
Par contre,
on en a beaucoup d'autres, comme on l'a mis dans notre mémoire, beaucoup
d'autres organisations qui soutiennent le capital de nos coops, que ce
soit CRCD, via des programmes bien arrêtés, que ce soit Fondaction, Filaction. On en a toute une série, même des fonds
qui existent, de disponibles via nos CLD, au niveau des régions. Il y a déjà des choses de… Puis, les gens, ce qu'ils me
disent, c'est qu'on a des fonds, mais on n'a pas toujours les demandes,
puis certains disent : Il manque de fonds. Je pense, actuellement, on est
en train de s'organiser pour en avoir un peu
plus, de fonds, puis il y en a. Mais il y a la phase I de démarrage, la
phase exploratoire, la phase où on est ambivalent entre deux, où les
gens sont prêts à mettre… les communautés sont prêtes à mettre un peu d'argent,
mais on a besoin d'un coup de pouce, un grand frère — je
vais l'appeler ainsi, si vous me permettez — et là la banque, elle peut
contribuer.
Je comprends très bien les objectifs de rentabilité,
de saine gestion des fonds publics. J'ai bien vu ce que vous avez dans le projet puis moi-même, comme payeur de taxes, d'impôt,
je salue cette prudence-là par rapport à nos argents qu'on confie à l'État pour stimuler l'économie. Par
contre, il y a un réel besoin de ce côté-là, de ce capital-là. Ce n'est pas
juste de la capitalisation pure, c'est du capital de démarrage, d'exploration,
puis ça, c'est important. Dans les régions
surtout, en énergie renouvelable, c'est doublement important, puis en économie
de proximité c'est doublement important.
On a réussi
avec Boisaco. Si vous lisez la petite histoire de Boisaco, on a une SPEQ
là-dedans, il y a plusieurs choses. Ça a été
vraiment formidable puis c'est encore un grand succès aujourd'hui. Il faut doubler,
tripler, quadrupler ce genre d'initiative puis qui nous amène à rayonner
à l'extérieur du Québec avec ce genre d'organisation. Je ne sais pas si ça
répond en partie à votre question.
Mme
Zakaïb : Je pense
que mon collègue avait une question aussi.
La Présidente (Mme Vien) : M. le
député, rapidement.
M. Villeneuve : Je lance…
La Présidente (Mme Vien) :
Mais vraiment rapidement. Il reste une minute, question et réponse.
M.
Villeneuve : Oui, merci. Je
lance quelques chiffres… Bonjour à vous d'abord. Je lance quelques
chiffres : économie sociale,
7 000 entreprises, plus de 100 000 emplois, 8 % du
PIB. C'est quand même quelque chose de… c'est considérable quand on est
rendu à cette hauteur-là. Et ma question, dans le fond, c'est — je ne
sais pas si c'est chiffré ou
chiffrable : Est-ce qu'Investissement Québec, présentement, c'est
suffisant comme… Et je pense que la réponse sera : Ce n'est pas
suffisant. Vous venez de le dire en partie, là. Mais est-ce qu'on est capable
de chiffrer les projets qui… les entreprises
qui ne naissent pas, ou qui ne démarrent pas, ou qui s'arrêtent parce que
justement ce capital de risque là ou ces argents-là ne sont pas là pour
soutenir ces entreprises-là? Est-ce que c'est chiffré? Est-ce que c'est chiffrable?
Est-ce qu'il y a un travail de fait à ce niveau-là pour faire une évaluation au
niveau national?
M. Bédard
(Gaston) : Non.
Malheureusement, au moment où on se parle, il y a, bien sûr, quelques écrits,
mais je n'ai pas des données qui seraient valables à vous présenter aujourd'hui
de ce côté-là.
Souvent, les
initiatives, par contre, ce que je dois vous dire puis ce qu'on nous dit sur le
terrain, elles meurent un peu dans l'oeuf parce qu'ils savent qu'ils n'ont
pas accès à certains fonds exploratoires, puis ça s'arrête là souvent, à part de quelques cas d'exception qui persistent
énormément. Mais sinon… C'est ce qu'on nous dit. Mais, les autres
données, je n'ai pas de données assez exactes à vous fournir actuellement.
La
Présidente (Mme Vien) :
Merci. Merci, M. Bédard. Merci beaucoup. Merci, M. le député. M. le député
de Louis-Hébert, c'est à votre tour.
M.
Hamad : Merci, Mme la
Présidente. Alors, M. Bédard, bienvenue à l'Assemblée nationale. Mme
Brassard, Mme Dumais. Honnêtement, je suis resté sur mon appétit un petit peu,
j'avais envie d'en savoir plus, puis une chance qu'on a 20 minutes pour
vous poser des questions.
D'abord, j'ai constaté… Vous parlez du
modèle Boisaco. Vous êtes très fiers de ce modèle-là puis vous trouvez
que c'est un succès au Québec.
M. Bédard
(Gaston) : Boisaco est un bel exemple, puis il y en a d'autres quand
on parle de grandes coopératives. Mais parlons de Boisaco, qui est une
coopérative à la fois de proximité, une coopérative de solidarité, une coopérative de travailleurs. C'est un modèle
hybride pas mal le fun qui à quelque part a… je ne dirai pas «a sauvé une région», ce serait prétentieux, mais qui a
gardé une vitalité économique bien importante dans la région puis en
plus a développé au fil du temps, avec une
contribution des partenaires locaux, aussi, je dirais, une expertise, un
savoir-faire qui est encore très présent aujourd'hui.
M. Hamad :
Vous savez que Boisaco, c'est un modèle d'intervention que le gouvernement a
fait dans les dernières deux années, et on a
réussi à sauver Boisaco de la faillite, là, vous êtes au courant de ça. Donc,
le modèle qui était en place, il était tellement efficace que vous l'avez
mis dans votre mémoire pour parler de Boisaco. Il y a eu des coordinations
interministérielles, il y a eu des interventions au ministère, il y a eu des
interventions d'Investissement Québec. On a
travaillé avec les actionnaires, surtout la coopérative, puis on a réussi tous
ensemble de faire… de réussir de mettre Boisaco… Puis vous voyez que
vous êtes très fiers.
Donc,
dans la même veine, là, si je prends Boisaco, puisqu'elle est citée dans votre
exemple, quelle est la différence aujourd'hui,
si on a la Banque de développement, par rapport à l'ancien modèle pour Boisaco?
Qu'est-ce que ça ferait? Quelle est la différence de plus? Est-ce qu'on
fait un plus gros Boisaco? On va-tu créer deux fois Boisaco, avec la Banque de
développement, ou ça serait le même modèle qu'aujourd'hui?
M. Bédard (Gaston) : Vous allez peut-être trouver que je radote un peu, M. Hamad, mais je
vais me permettre juste de revenir
sur des propos de départ, parce que je ne peux pas vous dire que ce serait un
plus gros Boisaco, ou un plus grand succès, ou un moins grand succès. Je
dois être honnête avec vous, je dois vous répondre avec transparence. Sauf que, si on a un lieu unifié, un guichet
unique davantage harmonisé, convergent sur les actions, que ce soit au
niveau national qu'au niveau local ou
régional, il me semble… Puis je vous ai entendu tantôt dans votre
intervention — permettez-moi
d'y revenir — en
disant : C'est sûr qu'on ne peut pas être contre ce genre de modèle
qui créé ça. Il faut juste s'assurer…
C'étaient nos propos de départ, si vous me permettez, de s'assurer que… Quand
on arrive avec quelque chose de
nouveau, il y a toujours des gains et des pertes. Il faut s'assurer qu'on ne
perd pas ce qui est essentiel en termes de plus qu'on avait déjà. L'expertise,
il faut la retrouver, sinon la développer; la coordination, la développer encore davantage. On a une plateforme peut-être
qui est unique qui va faciliter ça. Le lien ou l'ancrage avec les
régions, il faut s'assurer que, ce qu'on a
déjà, on le bonifie avec le nouveau modèle. Ce serait une tentative de réponse,
M. Hamad, là.
• (16 h 30) •
M. Hamad :
Si je reviens à vos recommandations, maintenant, je prends… Vous avez sept
recommandations, alors, à la page 22, et nous avons pris le temps de
regarder vos recommandations. Je pense que les premières quatre
recommandations, ça va dans le sens : Si la banque existe, bien on vous
recommande de faire ça, coordination, avoir les ressources puis… autrement dit
comment on peut améliorer la présence de la banque si elle existe. Donc, ça,
c'est conditionnel que la banque existe. Ça
ne change rien demain matin pour vous, parce que, si la banque n'est pas là,
bien ça ne s'applique pas.
Par
contre, il y a trois autres recommandations, 5, 6, 7, que vous recommandez des
choses que le gouvernement doit
faire. La première, c'est le développement des énergies renouvelables et des
projets qui reposent sur l'économie de proximité. Vous demandez à la
banque, mais cette demande-là peut être faite au gouvernement, de dire :
Investissez sur les énergies renouvelables, et ce que le gouvernement fait
maintenant, le gouvernement précédent a fait.
Donc,
vous, vous dites que ça, c'est une bonne piste, continuez à le faire. Mais
est-ce que ça prend une banque pour investir dans les énergies
renouvelables?
M. Bédard
(Gaston) : Est-ce que vous me posez la question?
M. Hamad :
Oui.
M. Bédard
(Gaston) : Écoutez…
M. Hamad :
Est-ce que ça prend une banque?
M. Bédard
(Gaston) : Oui, bien je… En fait, je ne sais pas. Je fais juste vous
dire que, pour nous, c'est une préoccupation, d'investir dans ces énergies-là.
Si on crée un lieu, je dirais, qui tend à essayer de cerner des priorités
davantage comme c'est écrit dans le projet puis que, la mission de la banque,
on dit que là-dedans il y a un créneau, selon
nous… on va laisser vos experts regarder ça également, selon nous est un lieu
important, puis que la banque devrait aussi réserver, parce qu'elle est
là pour investir, des fonds en démarrage, en exploration ou autres dans cette
forme d'économie. Si on n'a pas la banque,
selon moi, M. Hamad, il faut y réfléchir aussi pour trouver une manière de
faire qui fait en sorte qu'on soit
bien coordonnés pour supporter ces énergies renouvelables, cette économie
d'énergie renouvelable et les économies de proximité, comme on a parlé
tout à l'heure.
M. Hamad :
Dans le passé… Bien, jusqu'à aujourd'hui, puisque la banque n'est pas là, vous
travaillez… Mme Simard, dans le temps, travaillait avec votre président, dans
le temps il y avait un président qui était là. Vous travaillez
avec le gouvernement, le ministère. Vous avez une excellente relation, je
pense, en tout cas ce que les gens me disaient, peut-être ce n'était pas le
cas. Et vous avez un lien très privilégié avec le ministre, le gouvernement, le
ministère, et on travaille ensemble les
programmes. Et d'ailleurs je ne sais pas si vous vous rappelez, vous faites
partie intégrante de la stratégie de l'entrepreneuriat et vous avez… il y avait
deux éléments, le modèle coopératif, une force à développer.
Donc,
vous avez réussi quand même, par l'importance de votre industrie, de votre rôle
dans l'économie, d'être intégrés dans
la stratégie d'entrepreneuriat et vous avez des liens très privilégiés avec le
ministère, hein? Et là on crée une structure
entre vous et le ministère qui s'appelle la banque. Là, vous allez avoir le
banquier pour parler de vos affaires puis les stratégies.
Comment
vous allez vous sentir là-dedans, vous, là, avec une nouvelle structure? Entre
le ministère puis vous, il va y avoir une structure. Donc, vous pouvez
aller, bien sûr, voir la ministre, je suis convaincu qu'elle va vous
accueillir, mais là la ministre va dire : Bien, je vais regarder à la
banque sur les stratégies. Donc, il y a une structure entre vous deux
maintenant. Comment vous voyez ça, vous?
M. Bédard
(Gaston) : En fait, notre réflexion, qui a été de courte durée, parce
que vous savez qu'on nous a déposé le projet
de loi ça ne fait pas tellement longtemps, on ne s'est pas vraiment arrêtés sur
la structure. On apprécie, et vous
l'avez dit, jusqu'à maintenant le lien privilégié qu'on a avec ce qu'on
appelait autrefois le MDEIE, aujourd'hui qu'on appelle le MFE — MFE,
en fait, on devrait dire. On apprécie ce lien-là. Puis on sait que la banque
est sous, aussi, ce ministère-là, et, pour
nous, ça, ça nous… je ne dirais pas «nous conforte», mais ça nous dit qu'on
maintient cette relation qu'on a privilégiée d'affaires, de soutien.
Maintenant, via la
banque, est-ce qu'il va y avoir autant de fluidité? Nous le souhaitons. Même si
on ne l'a pas écrit dans notre mémoire, ça,
c'est important, de ne pas créer de structure qui fait que ça alourdit notre
approche, mais que ça demeure aussi fluide qu'on a actuellement.
Par
contre, et je le redis, ce qu'on apprécie, actuellement on avait des instances
qui existaient. Là, on va comme travailler avec une instance plus
unifiée. Si c'est le cas, si ça fonctionne, ça pourrait être un facilitant, c'est
bien sûr. On l'espère.
M. Hamad :
Vous pensez que ça va être unifié? Si vous avez, mettons, des problèmes
d'exportation pour vos coopératives,
vous allez passer par la banque pour faire l'exportation. Si vous avez un
problème d'environnement, vous allez passer par la banque. Si vous avez,
je ne sais pas, moi, au niveau fiscalité, parce que vous avez beaucoup d'éléments
de fiscalité… Je me souviens quand je vous ai visités, là, puis rencontré tous
les membres du conseil d'administration, il
y avait plein de questions qui ne touchaient pas uniquement ce que le ministère
du Développement économique faisait. Alors, vous pensez que la Banque de
développement va répondre à toutes ces questions-là?
M. Bédard (Gaston) :
Non.
M. Hamad :
Non. O.K.
M. Bédard
(Gaston) : Non, absolument pas.
M. Hamad :
Donc, ce n'est pas unifié, unifié, là, c'est impossible.
M. Bédard (Gaston) : Je pense que la banque va... Selon ce que nous, on a vu, il y a des
éléments auxquels elle s'engage à
répondre, puis il y a des éléments qui vont appartenir, selon nous, encore à
d'autres ministères, ou d'autres spécialités, ou d'autres instances, ou
d'autres structures.
M. Hamad :
Donc, ce que vous dites : Il faut que la banque engage d'abord des experts
pour comprendre votre business, ce que vous recommandez, hein, avoir des
experts. Quand ils vont traiter des dossiers de mutualité, des coopératives, il faut avoir du monde qui savent de
quoi qu'ils parlent et, par la suite, quand vous allez voir ce monde-là,
il faut qu'ils comprennent vos besoins. Puis
il va le transmettre à son vice-président Coopératives, affaires sociales, il
va parler à son président, puis le président va appeler après au bureau de la
ministre pour dire : Écoutez, là, il y a des besoins à ce niveau-là, et par la suite votre demande va être soumise.
Mais là, s'il n'est pas dans le bon ministère, vous allez en voir un
autre, vous allez faire une autre présentation. C'est-u ça un petit peu?
M. Bédard (Gaston) : En fait, si vous me permettez juste une réaction à vos propos, nous,
pour l'instant, quand on parle de spécialité, de gens qui ont une
expertise, on parle en fonction, bien sûr, de la mission de la banque. Si on touche d'autres domaines, ce n'est pas là qu'on
retrouve des spécialistes dans notre domaine. Nous, c'est vraiment en
fonction de la mission de la banque, c'est-à-dire que certaines expertises en
matière de services-conseils, de modèles d'organisation,
de développement, ça, on dit : Soyez bien complémentaires parce que déjà
on en a, des services-conseils qu'on s'auto-organise.
Deuxièmement,
la banque a aussi une contribution économique, financière palpable, monétaire
sur différents volets, et, pour nous, l'expertise, c'est dans ce
domaine-là. Pour comprendre notre modèle d'organisation, notre modèle de
capitalisation ou notre modèle d'investissement dans les organisations de
démarrage, ça, c'est important. Notre expertise
était davantage… Ce qu'on propose dans notre mémoire est davantage en lien avec
ces éléments de base de la mission, M. Hamad.
M. Hamad : Moi, ce qui m'a frappé… Les coopératives au
Québec, d'abord, c'est l'ADN des Québécois. Les coopératives, c'est notre ADN. Et d'abord c'est des emplois qui ne se
transfèrent pas. Contrairement à une entreprise, elle est sur des roues puis elle peut partir n'importe
quelle journée, surtout lorsqu'elle est une propriété étrangère, bien
les coopératives au Québec restent. Et ce qui m'a toujours impressionné, c'est
le nombre d'emplois. C'est à peu près 100 000…
92 000 emplois et 175 milliards d'actif. C'est énorme, énorme comme
industrie au Québec. Alors, une industrie comme ça, je pense qu'elle devrait être privilégiée avec le
gouvernement, parce qu'un gouvernement qui cherche à créer des emplois, je pense, le premier élément, c'est une
coopérative, parce que d'abord ça implique les travailleurs dans la
gestion de leur entreprise. Puis, si ma mémoire est bonne, la survie était plus
haute que la moyenne. Je ne me souviens pas combien, cinq ans, six ans, la
survie plus haute que la moyenne québécoise.
M. Bédard (Gaston) : Dans les cinq premières années, c'est deux fois plus élevé au niveau
des coops en termes de survie, dans
les cinq premières années, et c'est quand même un fort pourcentage au bout de
10 ans aussi, plus élevé que l'entreprise traditionnelle en termes
de survie.
M. Hamad :
Chaque dollar qu'on investit, on a deux fois plus de chances qu'une entreprise
moyenne, là, ordinaire, et donc… alors ce rôle-là qui est important.
Et,
dites-moi, je reviens… À partir de ça puis votre expérience Boisaco… Vous
m'avez donné une réponse, mais j'aimerais ça avoir plus de détails.
Demain matin, vous croyez que la structure de la banque va faire mieux que ce
que vous avez fait pour Boisaco? Je reviens à Boisaco parce que c'est un bel
exemple.
M. Bédard
(Gaston) : En fait, elle doit, M. Hamad, faire autant et, j'espère,
parce qu'on grandit comme organisation, elle
doit faire mieux. Là, je le dis humblement, là, mais elle doit faire autant et elle
doit faire mieux. Si on met en place
des choses, c'est pour aller plus loin, si vous me permettez, c'est pour
pousser encore nos capacités, notre potentiel,
éventuellement. Ça fait qu'elle doit faire mieux, puis c'est dans ce
sens-là qu'on lançait nos messages aussi.
M. Hamad :
…vous connaissez… On connaît votre rôle dans la région de Québec, vous êtes un
acteur important. Et d'ailleurs vous
êtes un président de conseil d'administration d'un centre hospitalier majeur à
Québec et vous êtes en train de faire la fusion, hein? Et la fusion
entre les centres hospitaliers à Québec, c'est un grand défi pour vous, et
évidemment vous le faites parce que vous êtes sûr que ça va être meilleur,
hein? Oui? Non?
M. Bédard
(Gaston) : Oui, absolument.
M. Hamad :
Absolument.
M. Bédard
(Gaston) : C'est ma croyance profonde.
M. Hamad :
Puis ça va être des étapes importantes, majeures, hein, puis vous allez
consacrer beaucoup de temps à ça. Oui?
M. Bédard
(Gaston) : Absolument.
• (16 h 40) •
M. Hamad :
Alors là, la banque, on fait une fusion avec des gens qui sont au ministère,
des gens qui sont à Investissement Québec
puis… Alors, pensez-vous que, pendant ce défi-là… Est-ce que ça va être une
consommation de temps importante, des défis majeurs? Est-ce qu'au lieu
de faire ça peut-être on peut investir davantage? Mettons… Si on avait la
fusion de la banque, puis Boisaco, en même temps, arrive, pensez-vous que l'attention
va être 100 %?
M. Bédard
(Gaston) : En fait, il est important… M. Hamad, je comprends bien
votre question, là, mais c'est important de…
En parallèle, il ne faut pas échapper ce qu'on fait actuellement. Je pense que
ça bouge beaucoup au Québec. L'économie
est effervescente, il y a beaucoup de choses qui se passent. Dans le domaine
des coopératives, des mutuelles, vous
le voyez dans les journaux, il y a beaucoup d'activité, puis il ne faut pas
échapper aussi ces organisations-là puis le support accordé, ce qui n'empêche pas, comme n'importe quelle autre
organisation, de penser aussi à demain s'il y a des choses à améliorer. Ça,
je vous réponds avec toute honnêteté.
Tantôt,
vous avez fait référence au domaine de la santé. Effectivement, comme président
bénévole, pour moi, il est important à la fois de penser à l'avenir puis
à la fois de ne pas échapper aussi le soin aujourd'hui du patient, de la
patiente. Là-dessus, je vous donne raison qu'il ne faut pas échapper les deux.
M. Hamad :
Mais vous êtes d'accord que faire une fusion, c'est un grand défi?
M. Bédard (Gaston) : C'est un défi. Ça demande beaucoup d'énergie effectivement, je dois vous l'admettre,
en ce qui me concerne, pour ce que j'en connais, des regroupements puis des
fusions.
M. Hamad :
Actuellement, vous n'avez pas nécessairement une vision claire de la forme de
la banque puis comment ça va marcher. Vous avez des principes, c'est…
M. Bédard (Gaston) : Ce que j'ai...
M.
Hamad : L'unique principe, c'est qu'on va vous offrir un guichet
unique.
M. Bédard (Gaston) : Ce que j'ai, c'est, bien sûr, ce qu'on a vu dans le projet de loi, les
communiqués de presse, les échanges, ce qu'on a entendu jusqu'à
maintenant, et on a réagi par rapport à, bien sûr, ces propos-là.
M.
Hamad : O.K., merci.
La
Présidente (Mme Vien) : M. Bédard, Mme Dumais, Mme Brassard, ça met
fin à cet entretien. Alors, merci beaucoup pour votre contribution.
Je suspends quelques
instants, le temps de recevoir les gens de la CSN.
(Suspension de la séance à
16 h 42)
(Reprise à 16 h 45)
La Présidente (Mme Vien) : Alors, nous poursuivons nos consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 36, la Loi sur la Banque de développement
économique du Québec. Nous avons le plaisir de recevoir, en cette fin de journée, la Confédération des
syndicats nationaux et également Fondaction — j'ai oublié de mentionner tout à l'heure, quand j'ai suspendu les travaux,
Fondaction. Alors, je reconnais maintenant M. Pierre Patry. Bonjour, M.
Patry.
Confédération des syndicats nationaux (CSN) et Fondaction
M. Patry
(Pierre) : Bonjour.
La Présidente (Mme Vien) : Bienvenue à votre Assemblée nationale. Vous avez
des gens qui vous accompagnent, merci de nous les présenter. Et tout de
suite après je vous invite à nous présenter vos réflexions, votre mémoire, et s'ensuivront
des échanges entre vous et les parlementaires. Ça vous va?
M. Patry
(Pierre) : Très bien.
La Présidente (Mme
Vien) : La parole est à vous.
M. Patry (Pierre) : Bien, les gens qui m'accompagnent, il y a M. Beaulieu, qui est
président-directeur général de Fondaction,
et M. Picard, Marc Picard, qui est directeur général de la Caisse d'économie
solidaire. Et, comme vous avez pu le
constater, le mémoire qu'on vous présente est présenté par la CSN, Fondaction
mais aussi quatre autres organisations qui
sont toutes issues de la CSN ou encore de Fondaction, dans un deuxième temps.
Donc, à grands traits, je voudrais quand même vous les présenter, puis
on va aller plus rapidement sur le contenu.
Comme
CSN, évidemment, comme organisation syndicale, on représente plus de 2 000
syndicats, 300 000
travailleuses et travailleurs dans différents lieux de travail dans toutes les
régions, tous les secteurs d'activité au
Québec. On est évidemment préoccupés par les questions d'emploi, par les
questions d'économie réelle, c'est au coeur de notre action, et on a
constaté dans notre histoire que, pour être plus percutant sur ces
questions-là, il était pertinent de créer des outils d'intervention économique
pour soutenir la CSN là-dessus.
Fondaction est une de
ces institutions-là, qui a été créée en 1995 par une loi constitutive de l'Assemblée
nationale. Fondaction, aujourd'hui… depuis 1996, ça a permis de maintenir et de
sauvegarder 30 000 emplois. C'est 120 000
actionnaires, en majorité des femmes, ce qui n'est pas peu dans ce domaine-là
de l'épargne individuelle. Outre les investissements en entreprise, ça
investit également dans une quarantaine de fonds partenaires et spécialisés, dont
bon nombre oeuvrent au niveau des technologies vertes et du développement
durable.
La Caisse d'économie
solidaire Desjardins, c'est un volume d'affaires de 1,4 milliard de
dollars, un actif de 716 millions. Ça compte plus de 2 500 membres et
ça oeuvre principalement, depuis 1971, en fait, pour financer des coopératives
et des associations partout au Québec, y compris dans le Grand Nord québécois.
Les
autres organisations qui ne sont pas ici mais qui se joignent à nous pour le
mémoire, il y a MCE Conseils, qui est
une firme de consultants qui fait environ 200 mandats d'intervention en
entreprise par année dans le monde syndical ou dans les entreprises d'économie sociale, et il y a Filaction et
Neuvaction qui sont des organisations qui sont nées de l'initiative de Fondaction, Filaction pour venir
compléter l'action de Fondaction dans les investissements de moins
grande portée en termes de valeur mais qui
se caractérise par sa souplesse et sa capacité de s'adapter aux besoins des
différents milieux, notamment dans les
régions ressources. Quant à Neuvaction, mise aussi sur pied par Fondaction,
c'est l'une des deux entreprises agréées au Canada pour donner de la
formation sur la Global Reporting Initiative, là, sur la triple reddition de
comptes, et ça accompagne les entreprises qui veulent prendre le tournant du
développement durable.
Donc,
c'est l'ensemble des institutions que nous avons créées qui nous présentent ce
mémoire-là aujourd'hui, projet de loi n° 36 sur la banque. Je vais
maintenant céder la parole à M. Beaulieu, qui va aborder la question des enjeux
et du projet de loi de la banque à proprement parler.
M. Beaulieu
(Léopold) : D'abord mentionner que nos organisations reçoivent
favorablement ce projet de loi, et on tient à souligner l'importance que nous
accordons à cette initiative gouvernementale. C'est vrai cependant qu'on se serait attendu à
ce que le gouvernement fasse d'abord connaître sa politique industrielle avant
de procéder au projet de loi sur la banque, parce qu'en fait la banque
est au service de la politique de développement industriel.
• (16 h 50) •
Et on doit dire que
le projet de loi marque des points qu'on trouve positifs et qui sont
importants. D'abord, il y a un effort important d'harmonisation entre les
différentes organisations publiques appelées à intervenir dans le développement des entreprises de manière à mieux
répondre à des besoins non satisfaits des entrepreneurs sur chacun des territoires dans un cadre cohérent et transparent.
On croit que les efforts de coordination, ça, c'est des initiatives qui
sont à encourager. Et, dans la mesure où la nouvelle Banque de développement va
permettre en outre à l'État québécois d'augmenter
les effets de levier des interventions de la banque auprès des entreprises
grâce à la complémentarité avec les institutions existantes, pour nous,
c'est quelque chose d'extrêmement important, et, tel que c'est formulé, on n'est
pas certains du tout. Même qu'on doute un
peu que cette complémentarité souhaitée entre nos institutions et les
institutions publiques soit assurée.
Depuis
la fusion d'Investissement Québec avec la SGF, on a constaté un changement
significatif des pratiques de la
société d'État, et, depuis ce temps-là, Investissement Québec ne propose
pratiquement plus de garanties en partenariat avec les autres institutions financières mais bel et bien des prêts qui
souvent vont se retrouver en concurrence avec des institutions sur le
terrain. Alors, ça, pour nous, c'est quelque chose à faire très attention. Loin
de nous de dire que la concurrence ne doit
pas exister entre les entreprises sur le terrain, mais que ce soient les fonds
publics qui servent à ça, là, ça pose un problème, alors qu'il y a des
besoins non satisfaits qui sont extrêmement importants.
Et, par rapport à ça,
ça pose aussi le problème du mandat d'autofinancement de la société. D'une
part, on transfère des dépenses
ministérielles dans une grande société. Ensuite, on lui donne le mandat de
s'autofinancer. Lorsqu'elle vient
répondre à des besoins non satisfaits locaux, dans les régions, ce n'est pas
toujours ce qu'il y a de plus payant à court terme. Et, par conséquent, pour s'autofinancer, qu'est-ce qu'elle va
faire? Elle va gruger, elle va empiéter sur des offres existantes d'institutions
et des besoins déjà satisfaits.
Par ailleurs, à l'autre
bout, en termes de financement d'ordre plus structurel, les besoins sont
criants de ce côté-là pour réussir à
transférer et à faire en sorte de disposer d'une économie plus verte, et des
investissements majeurs que seul un État peut faire sont attendus, sont
espérés, de telle sorte que, là aussi, c'est en complément, mais à l'autre bout
de la chaîne des institutions qui sont en mesure de… des institutions privées.
Donc,
nous, ce qu'on prévoit et ce qu'on trouve aussi, c'est que non seulement il y
avait cette volonté de travailler, d'exiger l'autonomie en accroissant
puis en en mettant plus dans le panier auquel… satisfaire pour l'autofinancement,
d'autre part il y a aussi le mode de rémunération. Le mode de rémunération est
relié au volume d'affaires, beaucoup au
volume d'affaires et aux revenus générés par Investissement Québec
présentement. Or, ça, ça vient en
contradiction avec une volonté d'agir en complémentarité, si les gens sont
rémunérés non pas sur la complémentarité ni sur l'ampleur des projets qui auront été développés, déployés avec
l'intervention de la... mais plutôt sur la recherche de développement du volume d'affaires et puis de
revenus générés pour la société. Donc là, il y a quelque chose qu'il
nous semble nécessaire de rajuster comme
tir. Et, du côté de l'économie sociale, bien, quand on sait que l'État
reconnaît que c'est important de soutenir ce type de développement, il n'est
pas le seul à devoir prendre charge du financement des entreprises d'économie
sociale.
Donc,
c'est pour ça qu'on a un certain nombre de propositions, sur lesquelles je vais
revenir tout à l'heure, et porter aussi
votre attention sur le fait que des revenus… Très bien. Alors, les revenus, je
reviendrai, si jamais je suis questionné, mais la liste des recommandations, elle est là. D'augmenter les effets
de levier des interventions de la banque auprès des entreprises grâce à
la complémentarité avec les institutions existantes, pas leur concurrence. Le
projet de loi devrait être modifié pour
retirer la partie des services-conseils, qui va alourdir les frais d'opération, et
laisser les firmes-conseils faire leur travail. Il y a notamment le mode
de rémunération lié à l'ampleur des projets, j'en ai parlé. On souhaiterait qu'il n'y ait pas seulement qu'un comité de
transition mais qu'on prévoie dans la loi un comité consultatif qui est
composé notamment de partenaires financiers qui pourraient s'assurer de la
complémentarité souhaitée puis qui pourraient avoir…
pouvoir faire des recommandations au ministre responsable. Ça, ça
nous semble important. Redonner aux acteurs socioéconomiques un rôle à
jouer aussi dans la gouvernance des CLD. La responsabilité de la coordination
des plans de développement local et
régional, on n'est pas… La banque devrait les soutenir plutôt que les
coordonner, les plans de développement.
Favoriser aussi le développement de la biodiversité entrepreneuriale québécoise
avec des écosystèmes de financement.
On propose de contribuer l'application d'une politique industrielle qui se tourne
vers la transition écologique de
l'économie, soutenue par une fiscalité environnementale servant de levier. Il y
a là quelque chose qui déborde du projet de loi mais qui est néanmoins nécessaire en soutenance à la politique de
développement industriel pour être capable de pouvoir progresser. La
question du développement durable, je pense, fait consensus au Québec et elle
devrait donc utiliser la capacité d'emprunt
de l'État pour mobiliser ses grands projets et utiliser l'effet levier de ses
partenaires pour ne pas trop alourdir la dette publique. C'est le
résumé, Mme la Présidente, en peu de temps.
La Présidente (Mme Vien) : Vous m'avez vue faire de grands signes, je vous
remercie de votre collaboration, deux minutes, trois minutes. J'ai le
rôle ingrat d'être le préfet de discipline si on veut aller rondement dans nos débats.
M. Beaulieu… M. Beaulieu, oui, merci beaucoup de votre discipline.
Alors, tout de suite la parole du côté ministériel avec Mme la ministre.
Mme Zakaïb :
Bonjour. Bonjour, M. Beaulieu, M. Patry, M. Picard. Tout d'abord,
je tiens à saluer le travail exceptionnel
que font vos organisations, qui sont des parties prenantes de l'économie du
Québec, et le travail exceptionnel qui
a été fait par Fondaction, par la Caisse d'économie solidaire Desjardins pour
soutenir nos entreprises, nos entrepreneurs puis soutenir des pans
importants de notre économie.
Maintenant, je suis
heureuse d'apprendre que vous recevez favorablement le projet de loi et que
vous avez certains commentaires, certaines choses que vous aimeriez voir
améliorées. J'aimerais qu'on discute de certaines d'entre elles.
Tout d'abord,
vous mentionnez que la banque devrait être au service de la politique
industrielle. Je suis parfaitement d'accord
avec vous, la banque va devoir appliquer la politique industrielle et
manufacturière du gouvernement. Maintenant, nous prévoyons, si tout va
pour le mieux et que le projet de loi est adopté, de la banque, à cette
session-ci, pouvoir mettre en place la
politique industrielle en même temps qu'on ouvrira les bureaux de la banque,
parce que la politique industrielle ne nécessitera pas de commission
parlementaire. Nous allons déposer un projet de politique bientôt, nous allons
pouvoir faire des consultations sur ce projet de politique, et tout ça devrait
être mis en place en même temps
Pour ce qui
est de la complémentarité, parce qu'on en a énormément parlé, chaque groupe
vient nous parler de complémentarité,
avant d'entrer dans les solutions j'aimerais que vous me parliez un peu… On
dit : Chat échaudé craint l'eau froide. J'imagine que, quand vous
me parlez de complémentarité, c'est parce que vous avez déjà été échaudés. J'aimerais que vous me disiez qu'est-ce qui
existe, qu'est-ce qui fait aujourd'hui que la complémentarité, c'est
devenu si important, puis que tout le monde en parle. J'imagine que c'est parce
que vous avez été échaudés, puis vous pourriez peut-être en parler un petit peu
plus.
M.
Beaulieu (Léopold) : Oui. Je
vous dirais que, pendant plusieurs décennies, hein, jusqu'au moment de la
fusion SGF-Investissement Québec, cette complémentarité… Moi, je peux vous
parler pour Fondaction, je peux vous parler pour Filaction particulièrement et
également pour la Caisse d'économie solidaire. D'ailleurs, Marc Picard pourrait
parler de l'expérience de la caisse plus récente. Cette complémentarité-là,
elle s'est construite avec un écosystème d'institutions qui savaient se placer
en complémentarité, l'expression est juste.
Le mandat
gouvernemental a changé avec la fusion SGF et Investissement Québec, qui
forçait Investissement Québec à rechercher l'autofinancement et à se
déployer. Présentement, le projet en remet dans le panier de charges en transférant des dépenses ministérielles avec
une activité-conseil. Ça veut dire que l'entrepreneur, il va non
seulement être accompagné dans les méandres
des programmes gouvernementaux… Ça, c'est excellent. Je trouve que cette
initiative, elle est belle. Elle réduit la
complexité, elle rend les choses plus simples et puis… Bon. Et on sait mieux se
préparer, et tout ça. Mais le travail
de consultant pour améliorer un plan d'affaires, pour construire un plan
d'affaires alors que vous êtes la banque
pose un problème, pose un problème de conflit de rôle, là, il nous semble, qui
peut faire en sorte que l'entrepreneur qui se casse le nez, hein, il
puisse prétendre que c'est de votre faute.
Mme Zakaïb : O.K., je comprends.
• (17 heures) •
M.
Beaulieu (Léopold) : Alors,
il nous semble qu'il y a là des distinctions à maintenir non seulement pour
des arguments de coûts, mais pour des
arguments de responsabilités et de rôles complémentaires, qui sont, là aussi,complémentaires mais requis et utiles,
d'autant plus que… Bon, tantôt je vous parlais de MCE Conseils ou de
Neuvaction. Et on n'est pas les seuls, hein?
Il y a sur le terrain… Les CDR, les CLD, bon, sont des organisations soutenues
par Québec qui ont un rôle important
à cet égard. Bon, il nous semble que là-dessus il y a du peaufinage important à
faire si on ne veut pas… Et il y a
aussi… À l'intérieur même de l'organisation, ça va être quelque chose à
stabiliser puis à réorganiser s'il y a ces additions de rôles les uns
aux autres. Voilà.
Mme Zakaïb : Je vais au moins régler un de ces
problèmes-là : il n'y a personne à la banque qui va faire des plans
d'affaires. Le rôle des gens-conseils à la banque, c'est de faire arriver les
projets face aux différents ministères et de s'assurer que la complémentarité
des outils de financement soit présente.
Maintenant,
vous parlez d'écosystème. Effectivement, au Québec, il y a un écosystème assez
impressionnant de financement d'entreprise. Puis là je ne vous donnerai
pas la tribune pour dire à quel point il peut être fragilisé par les actions du
gouvernement fédéral, mais admettons que les actions...
Une voix : ...
Mme Zakaïb : Bien, on serait tous
les deux d'accord, on serait tous d'accord là-dessus, là. Mais admettons que le
gouvernement fédéral revient sur sa position. Dans cet écosystème-là, selon
vous, quels sont les besoins qui ne sont pas satisfaits présentement?
M.
Beaulieu (Léopold) : Il y a
nécessité d'un soutien au démarrage des entreprises. Il y a déjà des
dispositions existantes, et ces efforts-là sont définitivement précieux, mais,
comme je le disais tantôt, la rentabilité ne vient pas tout de suite, et, quand vous êtes dans des entreprises un peu plus
intensives en capital, ça prend un certain temps avant que les choses
puissent se réaliser. Avec le mandat d'autofinancement que vous donnez, ça veut
dire qu'il va falloir rechercher aussi de la
part d'Investissement Québec des investissements rentables à plus court terme,
et là c'est là que se pose la
difficulté. Si l'État n'est pas sur un registre de plus longue durée pour
soutenir puis pour amorcer des efforts de développement local et
régional…
Les
institutions qui s'approvisionnent en capitaux ne le font pas aux mêmes
conditions que l'État, et cet avantage et cette pertinence de l'État d'intervenir à ce niveau-là de même qu'au
niveau des mégaprojets, c'est les deux endroits où c'est extrêmement nécessaire, surtout si on veut
faire le transfert vers une économie plus verte. Ça, c'est fondamental.
Et il faut renforcer l'écosystème plutôt que de l'affaiblir, et, pour aller
chercher des revenus et de la rentabilité, la banque va
devoir s'en aller sur un terrain qui est déjà occupé — c'est
ça qu'on essaie de vous soumettre — pour que les choses soient
plus levier les unes par rapport aux autres que concurrentes entre elles, entre
les initiatives gouvernementales avec
l'argent du public et les autres initiatives d'économie collective, hein? Il y
a aussi l'économie sociale qui est présente, et il y a tout le réseau
des institutions de la finance socialement responsable.
Alors,
par rapport à ça, il nous semble qu'il y a plus à regarder. Et tout ne peut pas
être résolu, puis c'est pour ça qu'on
vous fait la recommandation de prévoir dans la loi un comité consultatif qui
puisse être accompagnant et pouvant faire
ses recommandations au ministre en cours de chemin. Tout ne peut pas être
réglé, je suis tout à fait d'accord avec vous, au moment du décollage, une fois qu'on démarre, puis après ça tout
est réglé, comme si… Non, ce n'est pas vrai que tout va être… Vous ne marcherez pas… Ce n'est pas un pilote
automatique, hein? Alors, il y aura définitivement, nécessairement des
ajustements constants en cours de chemin, et c'est ce souci-là de tirer le
meilleur avantage de nos potentialités conjuguées, c'est ça qui nous apparaît
essentiel. Et on aime le projet dans la mesure où il va faire ça, et c'est la
raison pour laquelle on propose, dans la loi, un comité consultatif.
Mme Zakaïb :
J'en prends bonne note. C'est un des points qu'on va étudier très
attentivement.
Il
y a des gens qui sont venus, des groupes qui ont passé avant vous qui nous ont
suggéré également de modifier l'article 7 de la loi,
l'article 7 qui dit que le conseil d'administration de la banque établit
une politique régissant ses interventions
financières qui prévoit notamment… et là de rajouter un cinquième point qui
dirait «la complémentarité avec les acteurs et institutions financières
non gouvernementaux».
M. Beaulieu (Léopold) : Je vous soumets respectueusement que ce n'est pas
ça, le sens de notre recommandation, et
elle ne serait pas satisfaite par un comité de plus du conseil
d'administration. Moi, j'ai eu le privilège de siéger pendant peut-être 17 ans à ce qui est devenu
Investissement Québec, là, jusqu'à la fusion avec la SGF, et puis je vous dirai
que j'ai beaucoup apprécié l'expérience. Et
cette société-là a toujours fonctionné au meilleur, avec la recherche la plus
grande du respect de son mandat et de ses mandataires, de ses mandants. Ce que
l'on vous demande, ce n'est pas un comité de plus
du conseil d'administration, c'est un comité consultatif qui est en situation
de pouvoir conseiller, de pouvoir fournir un avis au ministre
responsable.
Mme Zakaïb : Ce que vous suggérez — je
crois avoir bien compris — c'est
un comité formé de gens du milieu du
financement au Québec qui se réunirait périodiquement pour s'assurer que la
complémentarité est maintenue, qui suggérerait des solutions directement
au ministre pour que le ministre puisse rajuster, comme vous disiez tantôt, si
besoin est. C'est ce que j'ai compris de votre demande.
M. Patry (Pierre) : ...Mme la ministre, ajouter un alinéa, si on comprend bien, là, dans
l'article 7 qui parle du conseil d'administration de la banque, là, qui
établit une politique régissant ses interventions financières qui prévoit notamment… puis là il y aurait un alinéa sur la
question de la complémentarité. Bon, ça peut être bien, mais encore
faut-il se donner les moyens pour que cette
complémentarité-là s'opère. Et la meilleure façon de se donner ces moyens-là,
c'est d'avoir un comité consultatif des gens qui travaillent sur le terrain à
cet égard-là, qui sont capables de voir là où les problèmes se produisent, pour qu'on soit continuellement en réaction
pour s'assurer que la banque joue son rôle en termes de levier. Parce que nous, on accueille
favorablement la création de la banque, mais elle ne doit pas se substituer…
ou agir sur le terrain qui est le terrain des autres. Et le meilleur garde-fou
pour ce faire, ce n'est pas un alinéa dans la loi, quoique ça puisse peut-être
être acceptable. C'est la création d'un comité consultatif qui, lui, va y
veiller, à cette complémentarité-là.
Mme
Zakaïb :
Je comprends.
M. Beaulieu (Léopold) : Parce que, dans les règles de gouvernance, un
comité du conseil d'administration, bien il rend ses comptes au conseil
d'administration.
Mme Zakaïb :
Non, j'ai compris ce que vous vouliez dire.
M. Beaulieu
(Léopold) : Nous, ce qu'on vous demande, c'est un comité consultatif
qui puisse faire ses recommandations au ministre.
Mme Zakaïb : J'ai compris ce point-là. Je voudrais également vous rassurer sur un
fait. En fait, je pense que la majorité
des gens au Québec ne le savent pas, mais présentement Investissement Québec a
ses fonds propres puis gère aussi ce
qu'on appelle le Fonds de développement économique du Québec. Et, quand c'est
des interventions qui proviennent du Fonds
de développement économique du Québec, c'est des interventions directes
d'argent de l'État, et, dans ces cas-là, les objectifs de rentabilité ne sont pas là. Et la Banque de
développement économique va également, dans les grands projets entre autres, gérer ce Fonds de développement
économique, qui, lui, n'a pas d'obligation de résultat quant au
rendement et quant à… Tantôt, vous
disiez : Avec tous les mandats que vous donnez à la banque, c'est certain
que la banque va avoir de la
difficulté à être rentable. Quand la banque va utiliser ses fonds propres,
c'est différent que quand elle gère le Fonds de développement
économique. Et, comme Investissement Québec le fait maintenant, la banque va
gérer le Fonds de développement économique, en fait va administrer le Fonds du
développement économique. Et la banque, comme on en a déjà parlé, va bénéficier de fonds, comme un fonds de
200 millions pour l'électrification des transports, un fonds qui va
dans le lien du développement durable dont vous parliez tantôt.
Selon vous, est-ce que
cette vision-là de confier à la banque le soin... Puis là je vais en mettre un
peu plus, parce que la banque va également s'occuper des programmes d'exportation,
des programmes d'innovation. Même si ces
programmes-là viennent de d'autres ministères, quand on parle de guichet unifié,
c'est qu'on veut tout mettre au même endroit.
Vous qui avez beaucoup oeuvré dans le domaine du développement durable, est-ce
que la venue de ces fonds-là, c'est quelque chose qui est, selon vous,
profitable pour le Québec?
• (17 h 10) •
M. Beaulieu
(Léopold) : Je trouve que
l'intention affirmée dans le projet de loi est louable, est tout à fait…
Nous, on l'accueille favorablement. Ce qui nous inquiète, c'est les
dispositions, qui ne sont peut-être pas suffisantes ou satisfaisantes de ce point de vue là. L'accompagnement des entreprises,
des entrepreneurs pour bien travailler en cohérence avec les programmes existants, cet
accompagnement-là, nous, on l'appuie, on le reconnaît comme nécessaire, utile.
Et, si le gouvernement veut faire jouer ce rôle-là à la banque, il le lui fait
jouer, puis ce sera tant mieux, ça contribuera à simplifier les choses puis à réduire le temps, bravo. Cependant, il y a
le reste de la fonction conseil dont je vous ai parlé tantôt. Ça, pour nous, c'est incompatible, puis comme celle
de coordonner des plans de développement régionaux. Que ce soit la ville de Montréal ou que ce soit la
capitale nationale ou autre chose, ça nous semble un peu déborder, parce
que c'est davantage ailleurs que ça devrait
être… Je m'excuse de la distraction, mais… Oui, il va être mort, là, tantôt.
Alors, les…
La Présidente (Mme Vien) : J'ai d'ailleurs
oublié de demander à ceux et celles qui étaient avec nous cet après-midi d'éteindre
leurs sonneries de téléphone. Je ne sais pas si… Ça va aller? Parfait. On
continue, monsieur, allez-y. N'y voyez pas d'offense.
Une voix : …
M. Beaulieu (Léopold) : Mais on doit
normalement savoir le fermer quand on arrive dans une instance comme ici,
madame.
La Présidente (Mme Vien) : …allez-y,
continuez, il n'y a pas d'offense. Continuez, il n'y a pas d'offense.
M. Beaulieu (Léopold) : Alors, je m'en
excuse, mais il est fermé, là.
Mme
Zakaïb : Vous
pouvez continuer.
La Présidente (Mme Vien) : Oui. Vous
étiez sur Montréal, monsieur.
M.
Beaulieu (Léopold) : Oui.
Bien, je disais qu'il y a une responsabilité gouvernementale, bien sûr, à
encadrer l'ensemble des politiques de développement. Mais est-ce que c'est à la
banque de le faire? Je ne crois pas. Elle plutôt placée au service de ça qu'en
coordination ou en responsabilité de ça.
Mme Zakaïb : Avez-vous des
questions?
La Présidente (Mme Vien) : Mme la
députée des Îles-de-la-Madeleine, oui, allez-y, on vous écoute.
Mme Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : Je
voulais peut-être revenir justement sur le soutien au démarrage. Vous avez dit à quel point c'est important que la
banque soit là au démarrage. Est-ce que vous pensez que le Capital
Émergence peut jouer un rôle dans ça? Puis comment pourrait-il le faire? Est-ce
qu'on pourrait améliorer ce qu'on a mis de l'avant avec cette section-là?
M. Beaulieu (Léopold) : Oui,
absolument. Il y a eu des expériences, et je crois… je ne sais pas bien si le
programme existe encore avec Investissement Québec, à l'époque, quand ils
contribuaient à la capitalisation des coopératives,
mais ils s'avançaient jusqu'à un certain pourcentage, et ça, ça rendait
accessible le financement par d'autres institutions,
que ce soient les fonds régionaux, les SOLIDE, les CLD, Filaction, et de la
banque ou la Caisse d'économie solidaire, ou tout ça. Donc, ces
choses-là se conjuguaient, se conjuguaient bien, c'est de ça qu'on parle. Donc,
oui.
La Présidente (Mme Vien) : Ça va? Ça
va, de ce côté-ci? Oui, M. le député de Berthier, ça va aller? M. le
porte-parole en matière économique.
M.
Hamad : Merci. Merci,
M. Beaulieu. Très intéressant, en passant, et c'est direct et clair, c'est
bon. M. Patry, M. Picard. En fait, c'est bon, vous allumez des
lumières pas mal intéressantes, et ce que vous dites, dans le fond, là : L'idée d'une banque qui est un guichet
automatique... un guichet unique, plutôt, un guichet unique, c'est une très
bonne idée. C'est ça que vous dites. Puis
là, après ça, une fois qu'on a dit ça, là vous avez commencé à regarder la
fonctionnalité, parce que, dans le fond, votre expérience, les trois, vous êtes
dans ce domaine-là, et là vous avez allumé des lumières pas mal. Et même, à la
limite, même vous avez dit : Attendez un peu, là, faites donc votre
politique industrielle pour commencer, puis on va voir la banque après. C'était
votre première intervention. Après ça, vous avez dit : Laissez les régions développer, puis aidez au lieu de venir
puis dire : Bien là, les banquiers, là, à la petite banque de… la Banque
de développement va faire ça, on va amener les idées, etc.
Puis l'autre idée… En passant, le
Fonds de développement économique, il est géré par Investissement
Québec, mais les décisions, de dire : On investit, ce n'est pas
Investissement Québec qui prend cette décision-là, c'est un comité ministériel
qui analyse le pour… Et ce n'est pas fait sur un choix mais plutôt sur des
critères précis : création d'emplois qui est un élément important, le soutien
régional. Mais par la suite Investissement Québec fait la gestion.
Maintenant,
vous avez raison dans votre réflexion. Si on amène le programme au complet, on
amène aussi les fonctionnaires qui faisaient l'analyse de l'autre côté
avec le gouvernement, on les amène dans la banque avec une stratégie globale. Alors, vous avez vraiment mis
le doigt sur un point important, là, et on vous rejoint là-dessus. Donc,
vous avez… En fait, c'est un mais. C'est un
oui pour la banque, mais il y a un mais. Puis le mais, c'est en majuscules
pas mal, là. C'est plein d'éléments soit
dans le fonctionnement soit dans les stratégies. Puis vous avez dit que, les
plans de développement local, là,
laissez le monde développer puis laissez les gens travailler, mais supportez-les,
par exemple. La complémentarité, ça,
on l'a vu, il y a plusieurs intervenants qui sont venus dire ça.
C'est quand même… Malheureusement, ce
n'est pas écrit clair dans ça, dans votre mémoire, mais il fallait vous
entendre pour entendre ça. Alors, ce n'est pas écrit dans le mémoire. Si les écrits restent, au moins
les galées, ici, il va rester ce que vous avez dit, parce que c'est
important, ce que vous avez dit.
Dans
les recommandations que vous avez apportées ici, vous avez à peu près une
dizaine de recommandations, et là
nous autres, on a pris une par une les recommandations, voir c'est quoi, mais
il y a des recommandations où vous n'avez pas besoin de la banque pour l'atteindre, comme objectifs. Exemple, les
plans de développement régionaux, ça, vous l'avez dit, que la banque contribue à l'application d'une politique
industrielle tournée vers la transition écologique de l'économie, soutenue par une fiscalité
environnementale servant de levier, ça, en fait, le gouvernement peut faire sa politique qui fait ça.
La banque devient comme un outil, là, mais, si la banque n'est pas là, vous n'en avez pas besoin. Et vous le savez, vous
connaissez le domaine de la forêt. La politique sur le bois, c'est vous,
l'artisan. Vous n'avez pas besoin de la banque pour faire ça, vous l'avez fait
avec un comité. Vous avez amené des recommandations au gouvernement qui sont
tellement bonnes que le gouvernement a suivi vos recommandations.
Donc,
la majorité de vos recommandations sont faites sur une base qu'il y a une
banque puis on fait quoi, tu sais, là, bon,
comité consultatif en dehors du conseil d'administration, et tout ça. Mais,
quand je reviens à la vraie vie, là, ce que vous êtes en train de nous
dire : L'idée d'un guichet unique, très bon. Ça, là, en passant, tout le
monde, le patronat, les syndicats, on est à
la même place, tu sais, guichet unique, là, tout le monde aime ça. C'est une
vertu, là, tu sais. Ça fait
que personne n'est contre la vertu. Mais, lorsqu'on continue notre
conversation, les mais commencent à sortir, et votre mais aujourd'hui, c'est…
Vous avez plusieurs mais, là.
Donc,
si je comprends bien, vous, vous dites : Faites votre politique
industrielle, et là il y a des affaires, là, qui sont majeures dans ça. Et, en passant, la loi ne
prévoit pas ça, là. La loi ne décrit pas, par exemple, la politique de
placement détaillée comme vous l'avez dit,
la loi ne décrit pas que… Il y a plein d'éléments qui ne sont pas dans la loi.
Même si on l'adopte, la loi, telle quelle est aujourd'hui, ça n'enlève
pas ni n'ajoute ce que vous recommandez, parce que vous parlez plus de structure de fonctionnement, et la loi ne parle pas de
ces détails-là plus précis. Alors, si je comprends bien votre
recommandation aujourd'hui, qui n'est pas écrite, mais vous l'avez dit, c'est :
Attendez un peu, faites votre politique
industrielle. Il y a des lumières rouges allumées, il faut les, vraiment,
sécuriser. Il faut être sûr que ces éléments-là ne sont pas à la banque,
puis ils ne doivent pas être faits de cette façon-là, parce qu'il y a un
danger.
Un élément que vous
avez mentionné : Tu demandes un rendement, puis ils vont gérer le fonds
avec les fonctionnaires qui sont là. Avant,
ils étaient au ministère, ils peuvent dire au ministre : Aïe, le projet
est bon, ou : Le projet n'est pas bon, mais là ils relèvent de leur
boss, qui relève du président de la banque. Alors là, ce n'est plus les mêmes
recommandations qu'on a. Ils ne sont pas en communication avec le gouvernement,
ils vont passer par leur V.P. Qu'est-ce que vous en pensez? En fait, c'est vos
paroles.
M. Beaulieu
(Léopold) : Oui, bien, voilà, comme vous avez dit tout à l'heure, il y
a plein de choses qui vont pouvoir
s'ajuster, qui vont pouvoir bouger. Alors, la relation et la correspondance
avec la politique de développement industriel, ça, c'est requis que ce
soit affirmé, et la ministre vient de nous dire que l'effort sera fait en
simultané, de mise en place de la banque, avec en même temps… qui va découler
et qui va être en relation avec la politique de développement industriel.
Je peux comprendre qu'entre
le moment où l'Assemblée nationale va avoir voté la Loi sur la Banque de développement et le moment où elle va être en
opération il y a sans doute un temps qui va s'écouler pour que plusieurs
des… Et ça va être une grande société.
Enfin, on espère qu'elle va l'être un peu moins que celle annoncée, mais ça
va être une grande société tout de même. Et
c'est sûr que, pendant ce temps-là, j'imagine que l'Assemblée nationale va
continuer à travailler. Et, si on nous dit
qu'on va nous présenter la banque de... pas la banque, pardon, mais la
politique dedéveloppement
industriel, soit, mais c'est clair qu'il faut une politique de développement
industriel pour que la banque puisse opérer d'une manière qui est
cohérente avec les objectifs de développement économique.
Et, quand on parle… Si vous admettez qu'on puisse
parler d'une politique de développement industriel, moi, je vous soumets
respectueusement que c'est aussi pertinent d'avoir une fiscalité qui soit, elle
aussi, organisée pour qu'on puisse faire le passage vers le
développement durable et que les grands leviers de l'État ont besoin d'être en
cohérence par rapport à ça.
M. Hamad :
Quand vous parlez… Le grand besoin au Québec, tout le monde est d'accord avec
vous, je pense que c'est l'amorçage.
C'est les fonds d'amorçage et évidemment les besoins importants pour les
entreprises, pas juste le fonds mais les supporter puis les amener à un
niveau après qui permet de continuer dans les affaires. On a-tu besoin de la
banque pour faire ça, vous, selon votre expérience à Fondaction?
M. Beaulieu
(Léopold) : Je n'ai pas bien entendu votre question.
M. Hamad : Avez-vous besoin de la Banque de développement
économique du Québec pour répondre à cette problématique-là qui est le
fonds d'amorçage ou l'amorçage d'entreprise?
M. Beaulieu
(Léopold) : Je pense que la Banque de développement économique du
Québec va être utile à l'amorçage et au
développement local et régional dans la mesure où elle saura se concentrer là
où il y a des besoinsqui sont non
satisfaits et sur les mégaprojets.
• (17 h 20) •
M. Hamad :
Et, si on prend Investissement Québec que vous connaissez, le nouvel
Investissement Québec aujourd'hui, et on
lui donne le mandat d'amorçage et… les grands projets, c'est déjà là, en passant,
mais l'amorçage, alors est-ce que ça règle le problème ou ça prend une
banque pour ça?
M. Beaulieu (Léopold) : Là, c'est une question de point de vue. Si vous
faites tout faire à Investissement Québec, tout ce qui est prévu dans la
Banque de développement, elle va se retrouver avec certaines contradictions
peut-être en termes de mission. Et puis,
vous savez, si c'est bonnet blanc, blanc bonnet, moi, je n'irai pas faire de
discussion là-dessus.
Mais
cependant, ce qui est appelé à travers le projet de banque de développement,
nous, on soutient cette approche et cette préoccupation. Puis, comme
vous le mentionniez, avec un guichet qui fasse que les entrepreneurs sachent mieux où se diriger, bravo. Ça, je
pense que ce serait un changement important. Si vous me parlez d'un
Investissement Québec qui n'est plus
l'Investissement Québec d'aujourd'hui et qui correspond à la Banque de
développement, bien là, moi, je
n'irai pas faire de la bataille sur le nom, mais je vous soumets qu'il y a là
des responsabilités d'envisagées qui sont nécessaires pour le Québec.
M. Hamad :
…fonds d'amorçage qu'on a lancé il y
a, je ne me souviens pas, là, un an
ou deux, je pense, je ne me souviens
pas, je pense que la FTQ était là-dedans, je ne me souviens... Êtes-vous
là-dedans? Dans le fonds aussi, hein?
M. Beaulieu (Léopold) : On a été en partenariat avec certains puis on a
été… Bon, il y a tout l'enjeu de la relève entrepreunariale. C'est
55 000 entreprises qui vont changer de propriétaire au cours des
prochaines années; une trentaine de mille,
on ne sait pas où ils vont aller. Il y a des besoins d'investissement de
différents types, selon les différentes étapes d'évolution des entreprises, et
c'est clair qu'il faut faire attention à notre écosystème d'institutions
financières en mesure d'apporter du soutien aux entreprises. Ça, c'est
fondamental, et il nous semble qu'il y a du rajustement de tir à assurer. Dans
le mandat, il faut le concentrer davantage, et le comité consultatif pouvant
faire rapport au ministre nous apparaît essentiel comme assurance que c'est ça,
l'intention.
Et
le mandat, je répète, le mandat d'autonomie financière de la société avec
l'argent du public dans des secteurs qui vont être moins payants, ça va
le faire empiéter dans des secteurs qui sont occupés, et ça, c'est un problème.
Et ça a commencé avec la fusion de la SGF
avec Investissement Québec. Alors, je trace la ligne et je vous dis :
Avant… Et ce n'est pas partisan, ce que je dis, mais avant cette
complémentarité-là était jouée. Il y a une extension, il y a une amélioration
recherchée par le projet de loi. Il ne faudrait pas par ailleurs en restreindre
ou en diminuer la qualité, de ce qui se fait, par rapport à ce qu'on veut
développer.
Donc,
oui, on accueille les améliorations qui sont proposées par ce projet, mais on
dit : Attention, en faisant ça, de ne pas… Vous savez, quand on veut raccourcir une branche, autant que
possible il ne faut pas la raccourcir du côté du tronc.
M. Hamad :
Puis vous pensez que ce projet de loi, si on va tel qu'il est, il va aller vers
le tronc?
M. Beaulieu (Léopold) : Bien, je soumets qu'il y a une intention de
renforcement et d'amélioration clairement affirmée, dans le projet de
loi, dont les moyens ne sont pas assez précisés. Même si on convient que ça ne
dit pas tout, il y a des règles du jeu, là,
il y a des grands enjeux. Pas la politique d'investissement. Les grands
principes doivent être mieux
précisés. Et le comité consultatif, essentiel pour pouvoir aviser le ministre,
et non pas un comité… Moi, je n'ai rien contre les comités qui relèvent d'un conseil d'administration, c'est de
la saine gouvernance, mais on parle ici d'autre chose.
M. Hamad :
Bien, on est à la même place. Ce que vous dites, là, le principe de guichet
unique, servir les entrepreneurs, je pense
qu'il n'y a personne contre ça ici. Puis, quand vous arrivez dans la mécanique,
là vous avez des questions puis là vous dites : Oups! Là, il faut
qu'on regarde ça davantage, il faut préciser parce qu'il n'y a pas de réponse à
vos éléments. Et là vous avez cité plusieurs…
Selon
vous, je ne sais pas si vous le savez, mais est-ce que cette banque-là va créer
plus d'emplois au Québec? Avez-vous
l'assurance de ce que vous avez vu, que cette banque-là va créer plus d'investissement?
Est-ce qu'il va y avoir plus de services aux entreprises? Est-ce qu'il va y
avoir plus de monde servi?
M. Beaulieu (Léopold) : Je crois que, dans la mesure où elle se donne ces
règles, certaines règles d'efficacité et de non-empiètement mais de concentration et de... oui, il y aura du temps
de sauvé, ce sera plus de chances aux entrepreneurs, et aux entreprises,
et aux efforts de développement local et régional de progresser. À ces
conditions-là, cependant.
M. Patry
(Pierre) : Puis c'est d'autant important de faire le lien avec la
politique industrielle. C'est pour ça qu'on en parlait tantôt, que dans les
10 dernières années, au Québec, il s'est perdu 160 000 emplois dans
le secteur manufacturier. Donc, de faire le lien avec la politique
industrielle, développer le secteur manufacturier — puis c'est affirmé à l'intérieur de la loi — c'est
capital, d'autant que c'est des bons emplois, parce que, là, dans une
perspective de transformation écologique de l'économie, bien là la
banque peut avoir son utilité tout à fait à cet égard-là.
M.
Beaulieu (Léopold) : C'est ça. Et, étant donné que de toute manière
les budgets rencontrent toujours des limites,
hein, bien, que les ressources de l'État soient concentrées sur des
mégaprojets, c'est structurant pour l'économie québécoise, et à l'amorçage et en accompagnement du développement local
et régional il y a là des interventions qu'aucune autre institution financière privée n'est en
mesure de faire. Alors, c'est cette catégorie d'intervention là qui est
requise et qui est souhaitée, parce que l'État est capable d'avoir une vision à
plus long terme que celles auxquelles sont requises les institutions privées et
que, d'autre part, à part les salaires, l'État est le premier à tirer avantage
en taxes et en impôt des bons résultats que ces investissements vont apporter,
que ces interventions financières vont apporter.
M. Hamad :
C'est clair. Vous avez parlé de Québec, Montréal, les plans de
développement. Les CLD demandent
d'intervenir là-dedans. Évidemment, quand on prend la ville de Québec, la ville
de Québec a une organisation qui s'appelle Québec International, il y a
les chambres de commerce puis il y a la ville de Québec qui regardent son plan
de développement, et là on va arriver avec la banque pour dire à Québec :
On va faire le plan de développement de la région de Québec. On va travailler
avec les autres, mais...
M. Beaulieu (Léopold) : …comprendre, c'est, de la même manière quand je
parlais l'écosystème, tantôt, et des institutions
qui accompagnent, que ce soit dans l'économie collective, on a parlé des CLD,
hein, avec leur mission puis on souhaiterait qu'il y ait une représentativité des
corps intermédiaires qui soit plus présente que maintenant dans les CLD, il y
a un retour là qui nous apparaît nécessaire. Quand on parlait d'économie
collective — puis
je vais arriver à Québec — quand il y a de l'économie
collective, vous avez les CDR, qui sont les coopératives de
développement régional, qui font de
l'accompagnement des nouveaux projets de coopérative. Ça fait partie de
l'écosystème, ça en fait… Voyez-vous? Alors, c'est ça qu'il faut essayer d'encourager,
de continuer à soutenir.
Et, d'autre part, ce que vous mentionnez, c'est
qu'il est important que la région de Québec se donne, avec le caractère particulier qui est le sien… C'est la
capitale nationale, oui, ça concerne l'ensemble des Québécoises et des Québécois,
puis en même temps il y a une dynamique de formulation de sa propre
détermination qui est importante sur ce territoire-là comme sur les autres. Il
ne nous semble pas que ce soit le rôle de la banque de coordonner ça. Mais, si on a mal compris et si on dit qu'elle se
place au service du plan de développement du Grand Montréal puis de la capitale nationale, nous, on applaudit, là, c'est
correct. On comprend ça, ça va. Ce n'est que cette préoccupation-là qu'on a.
M. Hamad :
C'est bon pour moi. Terminé. Merci.
La Présidente (Mme
Vien) : Merci beaucoup, M. le député de Louis-Hébert. M. le député de
La Prairie, la parole est à vous.
• (17 h 30) •
M. Le Bouyonnec : Mme la Présidente, merci. M. Beaulieu, bienvenue. Merci pour votre
excellent mémoire. Puis bonjour à vos collègues, M. Picard,
M. Patry.
Et
puis mon collègue de Louis-Hébert, le critique en économie, là, de l'opposition
officielle, a fait un petit lapsus, mais
ce lapsus-là m'a fait réfléchir, quand il a parlé d'un guichet automatique,
puis je me suis dit : C'est peut-être ça que tous les entrepreneurs souhaitent, là, lorsqu'ils
s'adressent à IQ, c'est de pouvoir éventuellement avoir un guichet qui,
sans parler de guichet automatique, soit un guichet efficace. On a souvent
entendu dans le passé qu'IQ, à travers les années,
et surtout aussi suite à la fusion SGF, etc., n'avait pas nécessairement toute
la souplesse pour accueillir des projets d'entrepreneur et que finalement il y avait une bureaucratie quand même
qui s'installait dans une grande organisation, ce qui n'est pas normal. Une des questions qu'on
pourrait se poser : Quand on grandit cette organisation-là encore
davantage, lorsqu'on multiplie les missions, puis les mandats, puis les niveaux
d'intervention, peut-être qu'on prend un risque. Et puis c'est un peu l'introduction
dans votre mémoire, là, la citation que vous indiquiez, là, que, dans le fond,
peu importe l'objectif, le résultat peut être décevant si on cherche à trop en
faire.
Vous
avez clairement indiqué qu'au niveau de la politique de développement
économique, ça, vous croyez que c'est
le rôle du gouvernement, que c'est le rôle des intervenants du milieu, soit en
région soit au niveau de la métropole, de
la capitale nationale, même au niveau des autres régions; qu'éventuellement les
CLD, les MRC, etc., sont peut-être les mieux
placés, et qu'une banque de développement économique du Québec doit être un
outil pour réaliser, finalement, ces plans de développement mais ne doit
pas se substituer à ces organisations-là dans la création du plan en question.
Ce
qui a été clair aussi : vous refusez — et je pense que là-dessus je partage un peu votre
opinion — de
voir la banque aussi avoir un double
mandat d'offrir des produits financiers tout en étant consultant en même temps.
Il y a un mélange de genres qui
effectivement pourrait porter à confusion, sans oublier le fait que ça rentre
un peu en compétition aussi avec le secteur privé puis ça fait en sorte
qu'on pourrait avoir des difficultés à ce niveau-là. Mais aussi on sait très bien qu'aujourd'hui, dans l'écosystème dont
vous avez parlé, si jamais vous avez une belle business avec des actifs
puis un cash-flow, que vous avez besoin
d'emprunter de l'argent, vous allez voir les banques à charte, d'une manière
générale, ou les caisses populaires puis,
avec un bon collatéral, vous allez avoir comme une dette senior, puis, pas de
problème, on va vous prêter, puis ça ne
coûtera pas trop cher, ça coûtera un «prime» plus 1,5 %, plus 2 % ou
plus 3 %, dépendamment. À l'autre bout du spectre, au niveau privé,
on va avoir des organisations qui vont vous prêter à des taux de mezzanine qui sont... c'est presque du prêt usuraire, si on
pousse ça. Entre les deux, il y avait des organisations comme les fonds
fiscalisés, à qui on a dit : Vous n'êtes pas une banque, mais vous n'êtes
pas non plus à l'autre bout du spectre, puis, par les crédits d'impôt
remboursables, on va vous inciter à prendre un petit peu plus de risques.
IQ,
dans ma compréhension, historiquement, comme les interventions
gouvernementales, c'est encore un petit peu plus risqué. C'est qu'on disait : On va aller encore un petit peu
plus loin, aider des projets soit qui sont en déroute, soit des projets qui exigent que le gouvernement mette du
cash sur la table pour attirer des étrangers. Donc, c'est là qu'on vous voit. Dans votre mémoire,
ça semble indiquer qu'avec la dernière mouture SGF-IQ on est plutôt dans une
direction où on s'éloigne, là, du
rôle du gouvernement de prendre à bras-le-corps des projets qui sont plus
risqués puis d'avoir des critères de rendement qui sont peut-être
préservation du capital… ou préservation du capital moins, tenant compte de la
création d'emplois et puis des impôts, puis etc. J'aimerais vous entendre
là-dessus.
M. Beaulieu
(Léopold) : Bien, c'est dans ce sens-là. C'est la chaîne de
financement. Quand je parle de l'écosystème,
c'est la chaîne de financement. Et, dans la mesure où on est capable de se
placer en complémentarité pour que des besoins qui sont présentement non
satisfaits le deviennent davantage, on joue gagnant, on joue gagnant, alors qu'autrement,
si on est sur un terrain où il y a déjà une réponse à des besoins, c'est plus
compliqué et ça pose toutes sortes de questions
par rapport à l'utilisation des fonds publics, et l'utilisation de fonds
publics dont on a tellement besoin pour organiser et penser le
développement à plus long terme. Et c'est l'État qui est en mesure de disposer
d'une réflexion et d'une stratégie de moyen et de long terme. C'est ça qui
différencie ça d'une institution privée.
M. Le Bouyonnec : ...je n'avais pas réalisé que vous aviez été, comme vous l'avez dit, de
longues années aussi au conseil d'administration d'IQ. Si vous aviez une
idée ou une recommandation à formuler pour cette commission, en préparation,
là, des amendements éventuels à la loi proposée, afin de rendre plus efficace
que ce soit Investissement Québec ou Investissement Québec qui changerait de
nom de telle sorte que les entrepreneurs se sentent mieux servis, davantage accompagnés, plus rapidement,
avec une réponse oui ou non mais plus rapide pour éviter de traîner dans
les dédales bureaucratiques souvent, là,
d'une fonction publique un peu trop lourde, qu'est-ce que vous
recommanderiez?
M. Beaulieu
(Léopold) : Il y a des vertus dans le projet de loi, comme au début de
mon intervention je le mentionnais, et ce
n'est pas actuellement dans le mandat d'Investissement Québec que de venir
répondre à ça. Alors, c'est clair
qu'il faut des modifications dans ce sens-là, dont je parlais au début du
mémoire... de mon intervention. Ce n'est pas au début du mémoire, mais c'est
au début de mon intervention. C'est précisément à la page 9 de notre
mémoire, l'avant-dernier paragraphe. Pour nous, ça, c'est important, ce qui est
mentionné là, et ça ne fait pas partie du mandat actuel d'Investissement
Québec. Alors, ça, je pense que c'est souhaitable, c'est souhaitable.
Par
contre, il y a aussi cette... Le mandat donné par le gouvernement à
Investissement Québec aujourd'hui, sans aucun autre changement, conduit
justement à développer des rapports non pas de complémentarité, mais de plus en
plus de concurrence, parce que vous allez
lui demander d'aller financer des choses qui ne seront pas rentables à court
terme. Pour être capable d'aller chercher son autofinancement, elle va empiéter
sur le terrain d'où se trouve déjà le privé. Là, vous avez juste à ne rien
changer, là, puis ça va accentuer ça.
M. Le
Bouyonnec : Mme la Présidente, est-ce qu'il me restait du temps?
La Présidente (Mme Vien) : M. le député de l'opposition officielle vous
offre son temps restant, alors à peu près pour une minute encore.
M. Le Bouyonnec : Merci encore de votre générosité, cher collègue. M. Beaulieu, à ce
moment-là… Et je suis sûr qu'il y a
moyen d'améliorer — parce
que le secteur privé le demande — d'améliorer
le fonctionnement d'InvestissementQuébec
pour la rendre encore plus efficace, plus à propos, plus arrimée dans les
stratégies de développement régional, etc. Mais, afin que nous atteignions cet objectif, est-ce que vous, vous
seriez d'avis qu'effectivement les fonctionnaires du ministère de l'Économie
et Finances demeurent où ils sont aujourd'hui pour faire les politiques et que
la réforme dont on parle aussi se concentre sur l'actuelle Investissement
Québec?
M. Beaulieu
(Léopold) : Il y a une partie envisagée, qu'on a cru comprendre, de
conseil aux entrepreneurs, et je ne parle pas de l'accompagnement dans les
programmes, là, pour être capable de bien comprendre les exigences des
programmes puis les mettre en complémentarité les uns aux autres. Et aussi une
base interministérielle, c'est quelque chose
d'intéressant et d'important. Mais la partie plus conseil aux entreprises qui
serait… qui peut se situer je ne sais pas trop où, il y a... ça, ce n'est
pas... on ne souhaite pas ça.
Donc,
dans le... est-ce que c'est tout le monde qui devrait être rapatrié?
Certainement qu'il faut en rapatrier pour être capable de rencontrer
cette nouvelle mission de la Banque de développement. Maintenant, dans des
fonctions qui sont compatibles avec l'activité de la banque et la mission de la
banque comme on la propose…
La Présidente (Mme
Vien) : Merci, monsieur.
M. Beaulieu (Léopold) : …alors là ça pourrait faire des modifications sur
les rapatriements. Mais, oui, ça prend du rapatriement, à mon avis.
La Présidente (Mme Vien) : Merci,
M. Beaulieu. Merci beaucoup. M. Patry et M. Picard, merci
également de votre contribution. Mmes, MM. les parlementaires, merci beaucoup.
Alors, j'ajourne les travaux à demain,
14 mai, 10 heures. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 17 h 38)