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(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Joly): Bonjour. Il me fait plaisir de
vous accueillir à nouveau à cette commission. Je déclare
la séance ouverte et je vous rappelle que le mandat de la commission est
de procéder à l'audition de la Commission de la santé et
de la sécurité du travail, dans le cadre de l'examen des
orientations, des activités et de la gestion de cet organisme.
Mme la secrétaire, avons-nous des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Kehoe
(Chapleau) remplace M. Audet (Beauce-Nord); M. LeSage (Hull) remplace Mme
Dionne (Kamouraska-Témiscouata); M. Dufour (Jonquière) remplace
M. Chevrette (Joliette); et Mme Blackburn (Chicoutimi) remplace Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve).
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, Mme la
secrétaire.
M. le président Shedleur, vous connaissez déjà la
procédure, alors j'apprécierais si vous pouviez nous introduire
les gens qui vous accompagnent et aussi nous parler de la façon dont
vous avez l'intention d'exécuter le déroulement de cette
journée.
M. Shedleur (Pierre): Merci beaucoup, M. le Président. Je
vais vous présenter, à mon extrême gauche, M. Donald
Brisson, vice-président aux relations avec les clientèles et les
partenaires...
Le Président (M. Joly): Bonjour, M. Brisson.
M. Shedleur (Pierre): ...Mme Noël, toujours directrice de
bureau; et, à ma droite, M. Pierre Rhéaume, directeur
général de la planification.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. J'ai cru
comprendre que vous auriez, un peu comme hier, le même
procédé, une présentation, et que, par après,
nécessairement, les parlementaires échangeraient avec vous et les
membres qui vous accompagnent. Alors, votre présentation peut durer
combien de temps, à peu près, M. Shedleur?
M. Shedleur (Pierre): Je crois trois quarts d'heure, maximum.
Le Président (M. Joly): Parfait.
M. Shedleur (Pierre): Ça devrait être trois quarts
d'heure.
Le Président (M. Joly): Parfait. Alors, déjà
nous avons distribué aux parlementaires, afin de suivre d'une
façon un peu plus religieuse encore avec vous... Alors, à
vous.
Stratégie et démarche de
réalignement Présentation du sujet
M. Shedleur (Pierre): Merci beaucoup, M. le Président.
Alors, hier, on a beaucoup parlé des problèmes de la CSST, des
problèmes réels, des problèmes que vous vivez dans vos
comtés. Or, cet avant-midi, je souhaite vous entretenir des solutions
qu'on a mises de l'avant. Et l'objectif de ces solutions, c'est de ramener un
sain équilibre financier à la CSST et vraiment de répondre
adéquatement aux besoins des travailleurs et des travailleuses. Dans le
fond, ce que l'on souhaite, c'est que le travailleur et la travailleuse
accidentés se sentent appuyés par la CSST dans leur processus de
retour au travail, tel que le prévoit la loi. C'est notre objectif.
Alors, le plan de présentation. Contexte de la
réorganisation; stratégie et démarche de
réalignement, quelques éléments; exemples de changement
des façons de faire on a dit, hier, qu'on vous ferait part de la
problématique et des solutions qui sont mises de l'avant et de celles
qui s'en viennent et, dernièrement, un processus
d'amélioration continue.
Des problèmes d'envergure. Alors, la CSST a deux grands
problèmes. Le premier, c'est le mécontentement de ses
clientèles, tant travailleurs qu'employeurs. Il s'agit de parler avec
les centrales syndicales, avec les travailleurs, avec les associations
patronales, et je dirais même avec les élus. Je pense que les gens
étaient mécontents des services aux clients.
Le deuxième grand problème, ce sont les déficits de
la CSST. Au cours des 10 dernières années, nous avons eu huit
déficits sur 10. Donc, on peut voir l'impact. Normalement, lorsqu'on a
un déficit important, au moins il y a une clientèle qui est
satisfaite. Or, à la CSST, malgré des déficits importants,
on se retrouve avec des travailleurs et des employeurs insatisfaits. C'est
quand même assez unique. On avait un gros problème parce que nous
avions une relation perdant-perdant, comme on vous l'a expliqué hier,
puisque le travailleur, fréquemment, ne retournait pas au travail,
n'avait peut-être pas tout le soutien auquel il devait s'attendre de la
CSST. Et, en plus, on chargeait ces coûts-là aux
employeurs. Donc, c'était une relation perdant-perdant, et c'est
ça qu'on veut changer. On souhaite avoir une relation
gagnant-gagnant.
Quels sont maintenant les principaux problèmes internes de la
CSST? Il y a des problèmes internes, puis, vous allez voir, il y a des
problèmes sur la manière dont on doit travailler avec nos
principaux partenaires à la CSST. D'abord, parmi nos principaux
problèmes, il y en a trois. Une organisation cloisonnée. Ce n'est
pas propre à la CSST. Au cours des dernières années, il
s'agit de voir les réorganisations administratives qui se sont faites
dans le secteur privé pour voir que le manque de communication parmi le
monde à l'interne et la façon aussi d'obtenir l'information font
en sorte que l'organisation est cloisonnée, que l'information circule
mal et que nous avons beaucoup de problèmes à cet
égard-là. Donc, c'était un de nos problèmes
importants. (10 h 10)
Deuxième problème important, c'étaient les
façons de faire traditionnelles. Or, là aussi, on n'est pas
différents d'ailleurs. Ailleurs comme chez nous, nous avons souvent
travaillé de façon procédurière, cloisonnée
et, en plus, de façon linéaire et judiciarisée. Donc, ces
façons traditionnelles là ne sont pas propres non plus à
la CSST. Il s'agit de lire des journaux et de voir comment ça fonctionne
souvent dans d'autres entreprises.
Et, dernièrement, il faut l'admettre, le client a
été oublié. Donc, problèmes importants, mais, je
tiens à le souligner, nullement insolubles.
Comme vous le savez, la CSST, tout le monde lui fait des suggestions. On
a voulu vous en montrer quelques-unes, des suggestions. Il s'agit de lire les
journaux, et on voit que tout le monde a la solution. Il y en a pour qui
c'était: Privatisez. D'autres: Coupez les prestations; faites une
enquête publique; déjudiciarisez; revenez aux anciennes rentes;
arrêtez les fraudeurs et les abuseurs; augmentez les taux; et j'en passe.
Mais disons que souvent ce sont des suggestions qui ne sont pas
supportées par les faits et qu'il faut analyser plus profondément
avant de faire des modifications.
Nous, on croit, à la CSST, la haute direction croit et je crois
personnellement qu'il y avait beaucoup à faire avant de faire les
modifications au système sur le plan législatif. Nous
prévoyons travailler plus en équipe avec les gens et avoir plus
une relation gagnant-gagnant, comme je vous le mentionnais tantôt.
Maintenant, notre réorganisation. Bien sûr, compte tenu du
temps, et ça me fera plaisir de répondre à vos questions
tantôt, nous avons essayé de vous résumer ça,
quelles sont les grandes considérations majeures de la
réorganisation. D'abord, on s'est dit: II faut donner une chance
à cette loi en revenant au principe même et à l'esprit de
la loi afin de revoir nos façons de gérer. Donc, on est partis
avec cette prémisse-là. Et le premier point qu'on s'est dit: il
faut faire vivre la loi en reprenant globalement nos façons de faire.
Vous le savez, c'est une loi qui est complexe, qui n'est pas simple. Donc, il
faut faire vivre la loi et repenser nos façons de faire.
Le deuxième, c'est qu'il faut impliquer de façon constante
et soutenue le personnel de la CSST. Je tiens ici à souligner que le
personnel de la CSST est un personnel de très grande qualité,
avec l'expérience et les connaissances nécessaires pour faire le
virage. D'ailleurs, il faut souligner ici la qualité et le
dévouement quotidien du monde. On oublie que c'est vrai, les
problèmes que vous apportez, mais il y a des gens qui travaillent tous
les jours pour essayer de donner un bon service à leurs concitoyens et
concitoyennes. Mais ce n'est pas facile non plus lorsqu'une loi est complexe.
Directives, procédures, tout ça mis ensemble, ça complique
leur vie. Le vrai problème, c'était que les façons de
faire traditionnelles ne fonctionnaient plus dans le cadre, entre autres, de
l'assurance-invalidité.
On l'oublie, la CSST, avec du remplacement de revenus, c'est de
l'assurance-invalidité. Il s'agit de parler avec les compagnies
d'assurances privées pour voir à quel point c'est complexe,
l'assurance-invalidité et comme c'est facile aussi de déraper. Et
je tiens aussi à souligner que le personnel de la CSST, lui aussi,
déplore les difficultés que vit le régime de santé
et sécurité au travail et la mauvaise image que ça
amène à la CSST. Ce n'est pas facile, travailler dans un contexte
semblable, et il ne demande pas mieux que de participer au réalignement
de la CSST.
La troisième considération, c'est qu'il faut
réorganiser la CSST selon des principes d'action et un modèle de
gestion adaptés à l'évolution des besoins de nos
clientèles. Alors, on dit: Ce n'est pas propre non plus à la
CSST. Nos clientèles, le type de clientèles que nous avons a
changé. On a moins d'accidents lourds parce qu'il y a moins
d'activité économique dans les secteurs lourds. Les mines, les
papetières, au niveau de ces secteurs-là, au niveau de la
construction, il y a moins d'activité économique. Notre
clientèle s'est donc déplacée. On a plus de maux de dos
qu'on en avait auparavant; on a plus de gens dans le secteur des services; on a
une clientèle qui vieillit. Donc, ce sont, dans le fond, tous des
paramètres dont il faut tenir compte et auxquels il faut s'adapter et,
pour ça, il nous fallait revoir notre modèle de gestion et nos
principes d'action.
Bien sûr, il y a toujours un idéal dans la vie.
L'idéal pour la CSST, c'aurait été ce que vous voyez
à l'écran et ce n'est pas une blague
l'idéal, c'aurait été de fermer pour réflexion. Je
sais que ça peut faire rire du monde, je comprends, mais je peux vous
dire que des entreprises privées, c'est ce qu'elles font. Je vais vous
en nommer deux au Québec que vous connaissez: GM, à Boisbriand, a
fermé son usine pendant plusieurs mois afin de revoir sa chaîne de
production pour aujourd'hui fabriquer des Camaro de très grande
qualité, et des Camaro pour toute l'Amérique du Nord. Donc, que
vous soyez en Californie, au Texas ou ailleurs, elles viennent du
Québec, les Camaro, et elles sont de très grande qualité.
Mais ils ont fermé! Ils ont fermé pour réorganiser, amener
de la nouvelle technologie, mettre plus d'argent dans la formation. Prenons un
autre exemple. Ça adonne que c'est dans le même secteur, mais
Hyundai, à Bromont, à toutes fins utiles, est
fermée. Alors, ce n'est pas une blague.
Je crois que, compte tenu de lois complexes, des nouveaux produits que
nous avons à mettre de l'avant, il aurait fallu faire une
réflexion, et l'idéal, c'aurait été
celui-là. Bien sûr qu'on ne peut pas. On ne peut pas. Et c'est
là qu'il faut quand même souligner l'effort que le personnel de la
CSST doit faire pour tout changer. Il doit vivre avec les anciennes
façons de faire pour certains dossiers et embarquer dans les nouvelles
façons de faire. C'est un énorme changement de culture
organisa-tionnelle et ce n'est pas simple. C'est pour ça qu'on va
demander à tout le monde, aussi, d'être tolérant et
patient, parce qu'on ne peut pas changer une boîte de cette
envergure-là en quelques semaines.
Mais nous avons quand même une stratégie, une
stratégie de démarche de réalignement pour modifier
progressivement mais résolument la CSST. Je vais vous présenter
maintenant quelques éléments de la stratégie et
démarche de réalignement.
D'abord, il s'agissait de refaire les ponts à l'intérieur
de la CSST. Je vous disais tantôt que c'était une organisation qui
était cloisonnée, je vous dirais, à partir d'en haut
jusqu'en bas, que les gens se parlaient peu, se parlaient, bien sûr, au
café. Mais les agents d'«indem», lorsqu'ils avaient leurs
dossiers, les traitaient, et, lorsqu'ils étaient terminés, selon
eux, les transféraient aux conseillers en «réadap»,
etc. Donc, c'était une approche séquentielle,
procédurière. Mais le personnel a fait exactement ce qui lui
avait été demandé avec les procédures
traditionnelles, qui ne fonctionnent plus. Donc, il nous fallait refaire le
pont entre les gens pour travailler en équipe, compte tenu aussi de la
complexité. (10 h 20)
Hier, il y a des gens parmi vous qui disaient: II y a des expertises de
toutes sortes, médicales, qui nous arrivent sur nos bureaux. Imaginez un
agent d'«indem» qui voit arriver des avis médicaux souvent
contradictoires, des fois deux, trois avis, pour le même travailleur, de
ses médecins traitants ou de ses spécialistes. Ce n'est pas
simple, ça. Alors donc, c'est complexe et il faut prendre le temps de se
parler. Donc, il fallait faire un libre-échange de l'information. Il
faut que notre monde se parle, il faut que l'information circule, il faut que
les agents d'«indem» puissent parler plus rapidement aux
conseillers en «réadap» versus parler aux médecins,
essayer de comprendre les cas pour travailler sur les cas qui nous sont
présentés.
Il fallait aussi permettre la libre expression des opinions. Il fallait
le réaffirmer. Bien sûr que tout le monde peut s'exprimer. Mais il
fallait le réaffirmer en disant: II faut que les problèmes
montent à la haute direction. Et ce n'est pas parce que vous montez un
problème à la haute direction que ça va être retenu
contre vous. Nous voulons, et je veux, comme président, connaître
les problèmes. Et, après, avec le personnel de la CSST, on peut
trouver des solutions. Mais la première chose, il faut les identifier,
les problèmes, il faut qu'ils circulent, il faut qu'ils montent à
la haute direction pour qu'on puisse les travailler. Et, seulement
après, lorsqu'on a la bonne information, lorsqu'on a permis aux gens de
s'exprimer, on peut demander de la solidarité dans les décisions.
Si on envoie des directives sans consultation, sans avoir fait des groupes de
travail pour se comprendre, bien sûr qu'il risque d'y avoir peu de
solidarité dans les décisions et des applications fort
différentes d'un milieu à l'autre. Il fallait donc travailler sur
l'interne au début, refaire les ponts et, on pourrait dire,
réapprendre à travailler ensemble, en équipe.
Le mode de fonctionnement qui est préconisé maintenant
à la CSST, ce sont des comités intervice-présidences,
à des tables où on assied, pour nos grands dossiers, des gens de
toutes les vice-présidences, incluant beaucoup de gens des
régions. On y tient parce que ce sont les gens qui donnent les services
en direct à la population. Donc, on a des comités
inter-vice-présidences pour permettre de finir par avoir le portrait
exact de ce qui se passe par rapport à une problématique, et
aussi sans tenir compte de la hiérarchie. L'époque de la
hiérarchie est un peu terminée. Chez nous, elle s'est
terminée. Nous sommes tous dans la même équipe, puis il
faut travailler pour donner des services à nos clients travailleurs et
employeurs. Donc, la hiérarchie, bien sûr qu'il y en aura
toujours, une certaine hiérarchie, mais il faut que la hiérarchie
soit moins importante et que l'on travaille plus ensemble pour trouver des
solutions. C'est en quelques mots juste le mode de fonctionnement, mais c'est
un changement de culture profond.
Il fallait aussi travailler par grands dossiers. Ce qu'on a
décidé, c'est de travailler par grands dossiers, donc de revenir,
de se recentrer sur notre mission première de la CSST. Donc, les grands
dossiers, dans notre tête, c'est la réadaptation, le
médical, l'indemnisation, la prévention-inspection et la
déjudiciarisation. Rien n'est simple à la CSST. C'est vrai pour
vous et c'est vrai pour nous. À chacun des grands dossiers qu'on
approche, eh bien, ce que vous voyez à l'écran, il faut tenir
compte de tout ça: les aspects informatiques de formation, les impacts
légaux de jurisprudence bien sûr, chacun a son opinion, en
plus les aspects financiers et statistiques, les politiques à
modifier, tous les processus opérationnels, l'aspect médical, qui
est une matière première extrêmement importante chez nous,
les communications et nos ressources humaines. Comme vous pouvez voir,
là, pour chacun des dossiers, tous ces sujets-là doivent
être touchés et ajustés en général. Donc, il
n'y a rien de simple, et chacun peut avoir son opinion. C'est pour ça
qu'il fallait travailler en équipe, pour trouver des solutions à
ces grands dossiers.
Nous avons aussi décidé d'amener de nouveaux principes
d'action à la CSST, et le premier, c'est celui... Nous ne sommes pas
à la Saint-Valentin, mais, quand même, l'intervenant de
première ligne, c'est le coeur de notre organisation. Ce sont ces
gens-là, en région, qui donnent les services.
«Région», ça inclut Montréal, Québec,
Chicoutimi, etc. C'est les gens qui donnent le service en direct à la
population. C'est eux qui donnent
les services, et c'est là que la CSST va recentrer ses
énergies. Et on va soutenir nos effectifs et les mettre au service de
nos clients.
Je l'ai mentionné hier, suite à une question, il n'y a pas
eu de coupure en régions, dans les 20 % des coupures de cadres, il n'y a
eu aucune coupure, aucune coupure au niveau de la réduction des
effectifs, et on n'anticipe aucune coupure dans les deux prochaines
années. Nous avons décidé d'en faire un projet
prioritaire, de soutenir les régions, de soutenir les intervenants de
première ligne pour qu'on mette nos énergies à donner de
meilleurs services à nos clients.
La deuxième, les façons de faire qui rapportent, les
identifier et les partager. Eh bien, il faut respecter les différences
régionales. Oui, je crois qu'on n'a pas les mêmes
problématiques. Il y a des régions où les secteurs lourds
sont plus importants. Il y a d'autres régions où c'est le secteur
des services, et on pourrait voir les différences. Il y a des secteurs
où le chômage est touché beaucoup moins que d'autres
secteurs ou d'autres régions. Il faut donc accepter, à la CSST,
de ne peut-être pas avoir des politiques et des directives exactement les
mêmes, pour pouvoir permettre à chacune des régions de se
faire un consensus dans les approches et les façons de faire, et de
respecter ça.
Mais, en même temps, on se dit: II faut les partager, les bons
coups. Il se fait des bons coups à beaucoup d'endroits. Et j'ai en
tête... j'en nomme un, bon coup. Ça adonne que la
députée est ici, c'est dans la région de Chicoutimi, au
niveau de la réadaptation, au niveau de l'ergonomie. Ils ont une
approche ergonomique très intéressante pour essayer d'aider les
travailleurs accidentés à retourner au travail. Eh bien,
ça, ça a été partagé par d'autres
régions. Il y en a d'autres qui ont accepté d'aller dans cette
approche. D'autres nous ont dit: Ça ne va pas avec la culture de notre
région. On a fait d'autres choix. Donc, c'est ça qu'on veut dire
par «les identifier et les partager»; pas les garder juste dans une
région, mais les partager lorsque c'est un bon coup.
Une nouvelle façon de coopérer des réseaux
d'expertise et des projets concertés. Alors, on pense qu'il nous faut,
au central, venir supporter les régions dans des cas plus complexes. Il
y a des cas, entre autres, d'admissibilité fort complexes, des cas de
maladie professionnelle fort complexes, et des régions qui, dans
certains cas de maladie professionnelle ou d'admissibilité pointue,
peuvent ne pas avoir, des fois, la compétence régionale, parce
que c'est un cas qu'ils ne voient que rarement, pour trancher ce cas-là.
Donc, un des rôles du central, ça va être de venir supporter
les régions, de mettre l'information au service des autres, d'en faire
l'inventaire et de diffuser l'information à ces
régions-là, qui auront toujours le loisir d'accepter ou pas ce
qui se fait ailleurs, mais de venir les supporter.
Des décisions de qualité, une nécessité
absolue. Il faut absolument on l'a mentionné hier, et je crois
qu'on a très bien reçu le message des parlementaires que
la contestation, ça doit cesser. Nous sommes d'accord avec vous et nous
voulons éviter toute la judi- ciarisation. Pour ça, il faut
mettre plus de temps à une qualité de décision initiale,
savoir sur quoi on décide et aussi ce qu'on va faire avec des cas plus
complexes, etc. Donc, c'est ça qu'on veut dire par une
nécessité absolue, justement pour éviter la confrontation,
la contestation et la judiciarisation.
Et, dernièrement, la mesure de notre progression, une
chaîne cohérente d'information avec un minimum d'indicateurs. Je
dis bien: Un minimum d'indicateurs. Bien sûr qu'il nous faut savoir le
fonctionnement dans les régions, comment ça fonctionne, pour
pouvoir les soutenir et les aider. Il nous faut donc des indicateurs
d'information, mais un minimum. Juste pour vous donner une idée, j'avais
demandé, lorsque je suis arrivé en poste comme président
et chef des opérations: Voulez-vous me faire l'inventaire de tous les
rapports qui existent que les régionaux doivent faire aux centrales? Ils
en ont fait l'inventaire, il y en avait 89. Je les ai regardés un par
un. Je ne sais pas à quoi ils servent et je n'en ai jamais eu
besoin.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Shedleur (Pierre): Alors, aujourd'hui, j'ai demandé
qu'on en réduise le nombre, et probablement que chaque région a
gagné presque l'équivalent d'une personne temps plein juste en
éliminant ça, et on a pu prendre cette personne-là pour la
réaffecter à d'autres besoins au niveau des clients. Aujourd'hui,
il y a six rapports et, je vous dis, il y en a trop. Alors, on va
peut-être baisser ça à un ou deux rapports. Donc, c'est
pour vous dire que, quand on peut faire des économies, en termes
d'efficacité, c'est ça que ça signifie. Imaginez, sur le
plan informatique, ce que ça coûte, faire ces rapports-là,
rapports qui étaient lus par deux, trois individus. Donc, on a mis fin
à ce genre de rapports là. Mais, il nous faut quand même
des indicateurs.
Comme vous pouvez le voir, ce sont des principes d'action nouveaux. Et
ce dont je viens de vous parler, c'est le mode de fonctionnement qui doit
favoriser la libre circulation de l'information, la libre expression des
opinions, afin d'avoir une solidarité dans les décisions et la
façon de travailler. De plus, on veut travailler par grands dossiers,
qui sont à toutes fins utiles les volets de notre mission, et on s'est
donné les principes d'action que je viens de vous présenter. Et
tout ça, pourquoi? Eh bien, pour ce que vous voyez à
l'écran: pour le client, pour un meilleur service à notre
clientèle et afin d'atteindre nos objectifs. (10 h 30)
Malheureusement, au cours des dernières années et
ce n'est aucunement la faute du personnel de la CSST, et je tiens à le
dire ces procédures-là et ces directives ont fait qu'on
s'est éloigné de la dimension humaine, qu'on s'est
éloigné du client et qu'on a plutôt traité des
dossiers. Il va falloir qu'on revienne et qu'on parle à des humains, et
qu'on pense qu'il y a des gens qui sont affectés par les accidents de
travail, et non pas... un dossier.
Donc, toute cette philosophie de gestion dont je viens de vous parler a
été présentée aux directeurs régionaux et
à plusieurs cadres des comités de gestion de toutes les
vice-présidences, et j'endosse évidemment cette nouvelle
approche. Bien sûr, je l'ai mentionné, il faut être
tolérant, il faut être patient. Une philosophie de gestion,
ça prend un peu de temps avant, disons, de pouvoir descendre à
tous les niveaux d'une organisation.
Maintenant, avec cette nouvelle philosophie de gestion, nous avons
attaqué deux dossiers, deux dossiers importants, deux dossiers où
on peut le mentionner les coûts étaient importants,
et non seulement les coûts importants, c'est qu'on n'atteignait pas nos
objectifs de service à la clientèle. Alors, le maintien du lien
d'emploi, c'est le premier dossier, qui est la réadaptation, mais
même avant la réadaptation, il y a le maintien du lien d'emploi et
l'approche médicale, pour avoir de meilleures communications.
Or, dans ces dossiers, au niveau du maintien du lien d'emploi, nous
avons travaillé comme je viens de le mentionner par
comités inter-vice-présidences et par grands dossiers. Les
travaux ont débuté en novembre 1992, et, à la fin mars
1993, donc, moins de cinq mois, environ quatre mois, avec le personnel de la
CSST, nous avons été capables de poser un diagnostic et de
trouver des solutions. Et nous avons implanté les solutions que je vais
vous présenter tantôt, pour les maux de dos, à compter de
mai 1993, et on a généralisé l'approche à compter
de janvier 1994.
Quant au dossier médical, nous avons débuté nos
travaux de diagnostic et d'analyse et essayé de trouver des solutions en
avril 1993, et, au mois d'août ou septembre 1993, nous avions fini nos
analyses, nos validations régionales, et le dossier était
implanté en décembre 1993 et généralisé en
janvier 1994.
Donc, ce dont je vais vous parler, c'est des choses qui, au moment
où on se parle, devraient fonctionner adéquatement à la
CSST dans les régions. Je tiens à faire une mise en garde
immédiatement. Tous les dossiers des années
précédentes ne peuvent pas être traités de cette
manière-là; ils font partie des vieux dossiers, des nouvelles
approches. Ce sont les nouveaux dossiers à compter de 1994.
Un petit rappel. Pourquoi on avait choisi la réadaptation et le
maintien du lien d'emploi? On voit qu'il y a une hausse des coûts
extrêmement importante entre 1989 et 1992, et ça, ça
n'inclut pas le coût des réserves actuarielles; ce ne sont que des
déboursés. Hier, je sais qu'on a parlé de réserves
actuarielles à quelques reprises. Ça, ce sont des
déboursés. Donc, comme vous pouvez voir, en termes de
déboursés, bien sûr que les réserves actuarielles
sont ajustées en fonction du comportement de gestion.
Le nombre de cas on vous en parlait hier a augmenté
de 85 % au niveau des séquelles mineures. C'est des hausses importantes,
surtout lorsqu'on sait il manque une diapositive qu'ils
coûtent 142 700 $. Et, comme on vous mentionnait hier, le travailleur, en
général, perdait son emploi, et, d'autre part, l'employeur se
voyait facturer 142 700 $ sur son compte pour des séquelles mineures.
Donc, une relation perdant-perdant. mais, lors de notre analyse de la
situation, on a voulu faire le portrait statistique de ces travailleurs et
travailleuses et on a constaté que c'est des gens, en moyenne à
60 %, qui ont entre 25 et 44 ans, donc, des gens dans la force de l'âge,
mais, par contre, peu scolarisés. comme vous pouvez voir à
l'écran, 60 % ont entre 25 et 44 ans, et 50 %, primaire, 28 %, non
terminé et, secondaire, 22 %, non terminé.
Donc, pour eux, le maintien du lien d'emploi, le droit de retour au
travail prend une importance capitale, surtout dans la situation
économique actuelle et dans la situation difficile de l'emploi. Or, ces
chiffres-là ont été montrés à notre
personnel pour leur signifier qu'il était important d'agir rapidement
pour aider nos travailleurs accidentés. C'était la diapositive de
tantôt. juste aussi un rappel. non seulement c'était malheureux
pour le travailleur, mais pour l'employeur, ce n'était pas plus heureux
parce que, imaginez une facture de 150 000 $ aux employeurs au taux
d'unité ça, c'est des petits employeurs ça
représente une hausse de 4 % pendant cinq ans. c'est pas mal loin du
taux d'inflation. pour les employeurs au taux personnalisé, c'est 4 %
pendant cinq ans pour la partie du taux de l'unité et 4 % pendant trois
ans pour le taux personnalisé. ça commence à être
des hausses significatives. et, pour les emplois aux régimes
rétrospectifs, pour chaque dollar imputé à
l'intérieur de la limite par réclamation, on implique une
cotisation d'environ 2 $. donc, ce sont des sommes très importantes.
mais je voudrais ici détruire un mythe, si c'est possible. on mentionne
souvent que les personnes sur la csst sont des gens qui vivent peut-être
à l'aise. bien sûr que les gens qui reçoivent 90 % du net
les premiers six mois reçoivent plus de 90 % du net pour les raisons
suivantes: c'est à cause du taux marginal d'impôt. mais, pour les
gens qui sont accidentés à long terme, qui sont sur le
régime à long terme, eh bien, vous avez la situation à
l'écran. pour les travailleurs accidentés qui font 25 000 $, ce
qui est à peu près le salaire moyen du québec, une
indemnité de 90 % du net donne 19 770 $. bien sûr que ça,
ça dure une certaine période.
Le revenu net de l'emploi convenable, comme vous le savez, il faut se le
rappeler, une fois que la personne a le droit, admettons, à la
réadaptation, qu'elle a une incapacité et qu'elle n'est pas
capable de retourner dans son emploi ou qu'elle n'est pas capable de retrouver
un emploi dans son entreprise, eh bien, elle entreprend la réadaptation
professionnelle pour l'aider à se retrouver un emploi dit
«convenable et non disponible», comme on parlait hier. Or, 16 000 $
est à peu près le chiffre moyen utilisé à la CSST.
Le vrai chiffre, c'est 15 400 $. Alors, donc, lorsque la personne a fini sa
période de recherche d'emploi, on présume qu'elle est capable de
faire ce travail-là et on paie la différence, ce qui signifie,
pour le travailleur accidenté, qu'il va recevoir 5 044 $, dans notre
exemple, et en moyenne 97 $
par semaine, bien sûr, non taxables. Mais vous comprendrez
qu'à 5 000 $, aujourd'hui, c'est difficile de vivre. Donc, les
travailleurs accidentés à long terme, où on applique un
emploi convenable je ne parle pas des travailleurs accidentés
paraplégiques ou des cas graves comme ça, ceux-là
reçoivent 19 770 $ à vie, je parle de ceux qui sont
considérés comme capables de retourner soit dans leur emploi ou
dans un emploi convenable. Bien sûr, là, les paraplégiques,
les gens en chaise roulante ou autres, ils reçoivent 19 770 $ à
vie. Pour les autres, c'est des sommes semblables. Donc, on peut voir que les
travailleurs ne s'enrichissent pas avec le régime, mais aussi, on peut
voir, il faut constater que, pour les employeurs, une facture de 150 000 $,
comme tantôt, ils ne peuvent pas, aussi, assumer ça très
longtemps pour des incapacités de 2 % ou 3 %. Donc, c'était
vraiment une relation perdant-perdant avec nos deux clients.
Voilà donc, en quelques mots, la problématique qu'on vient
de vous expliquer. Maintenant, ça me fait plus plaisir de vous parler de
la solution. Au moins, on a trouvé des solutions et on est à
l'écoute de vos questions et des commentaires que vous ferez
tantôt pour les enrichir, les améliorer. Nous sommes toujours
prêts à nous améliorer et on ne demande pas mieux. (10 h
40)
La solution que je vais vous présenter émane donc des
travaux internes effectués par le personnel de la CSST. Ce n'est pas la
solution du président. C'est la solution qui a fait l'objet de nombreux
débats à l'interne. J'en ai présidé les
débats, bien sûr, et j'ai l'intention de continuer à
présider tous les débats importants de la CSST dans les
comités internes. Ce n'est pas éclatant, mais c'est très
important pour réorganiser l'entreprise. Alors, la solution qui est ici
a impliqué environ 90 personnes à un moment ou à un autre
pour donner leur accord à la solution. d'abord, il faut se dire que plus
on a une séquelle mineure... dans le fond, la csst, ce qu'elle dit: plus
il y a une séquelle mineure, plus on veut travailler sur le maintien du
lien d'emploi. d'abord, c'est le gros bon sens. si quelqu'un a une
séquelle de 2 % ou 3 %, normalement, il a plus de chances d'être
capable de retourner à son travail que si vous avez une
incapacité de 40 % ou 50 %. c'est juste le gros bon sens. bien sûr
qu'il y a des cas à 2 % qui sont incapables de retourner dans le travail
qu'ils effectuent et bien sûr aussi qu'il n'est pas question de forcer
qui que ce soit à retourner dans un travail qu'il n'est pas capable de
faire ou qui peut être dangereux pour sa santé. mais, quand
même, tous les 2 % ou 3 % d'incapacité, il est impossible non plus
qu'on parte avec l'idée que ce sont tous des gens qui vont être
incapables d'exercer un emploi à vie. donc, il faut les regarder, il
faut travailler sur le maintien du lien d'emploi.
Il faut aussi se dire qu'il est très important d'essayer de
protéger l'emploi du travailleur où il est actuellement parce
qu'on connaît et on sait comment il est difficile pour ces
gens-là, peu scolarisés, comme on vous a montré
tantôt, de retrouver un emploi à l'exté- rieur de
l'entreprise où ils sont. Même pour des gens instruits, c'est
difficile actuellement. Et c'est pour ça qu'on a appelé ça
le «maintien du lien d'emploi», que vous avez d'ailleurs dans la
documentation qu'on vous a fournie. Ici, je vous montre une brochure qui vous
donne un peu la philosophie.
Alors, comment on y arrive? Ce qu'on a voulu faire, c'était de
casser la chaîne de formulaires et de lettres standard que vous voyez
à l'écran. La CSST, auparavant, on intervenait, en moyenne, dans
les cas de réadaptation, au bout de 600 jours 600 jours
étant 20 mois. Bien sûr que le travailleur risque d'être
plus «chronicisé» à la fin de 600 jours qu'au
début. Deuxièmement, ce travailleur-là a peu de chances
d'être capable de retourner à son travail, son droit de retour au
travail étant d'une année ou de deux, dépendant de
l'importance de son entreprise.
Donc, ce qu'on a voulu faire, c'est d'intervenir au bout de 90 jours
afin de supporter le travailleur dans son droit de retour au travail. C'est un
droit qui est inscrit dans la loi. Et bien sûr qu'il n'est pas question
d'intervenir pour des cas lourds au bout de 90 jours. Là, on parle de
séquelles mineures. Quelqu'un qui a des séquelles importantes,
bien sûr qu'on n'interviendra pas au bout de 90 jours pour essayer de le
retourner dans son emploi. Mais on devra au moins avoir un contact avec,
connaître c'est quoi ses problèmes, c'est quoi la solution
éventuelle. Peut-être qu'il n'y en a pas et qu'il devra être
indemnisé à vie par la CSST. Mais on le saura rapidement et on
arrêtera immédiatement les contestations que, trop souvent, on a
faites dans le passé. Donc, on va arrêter. Si ce sont des cas
lourds, on ne demandera pas de contre-expertise médicale, on n'ira pas
harceler qui que ce soit. On va l'identifier comme un cas lourd, quelqu'un qui,
probablement, ne pourra pas retourner au travail, et on va l'indemniser. Il a
le droit, dans le fond, à tous les égards.
Mais, pour les autres qui ont une capacité de retour au travail,
le temps est important pour eux pour retourner dans leur emploi, surtout dans
la situation actuelle. Et tout ça va se faire par un travail
d'équipe interne, c'est-à-dire par l'agent d'indemnisation, le
conseiller en réadaptation qui va regarder le dossier au bout de 90
jours, le médecin de la CSST qui va regarder le dossier. Et,
après, nous allons intervenir auprès du travailleur pour lui
expliquer les enjeux, pour voir qu'est-ce qu'on peut faire pour le retourner,
l'aider et le supporter dans sa démarche de retour au travail. Et aussi,
on va rencontrer le syndicat sur le lieu de travail pour lui demander de nous
aider aussi. Et, finalement, on va rencontrer l'employeur pour lui montrer
l'importance, même financièrement pour lui, et aussi des
responsabilités qu'il a vis-à-vis de son travailleur. Et je peux
déjà vous dire que tout ce monde-là collabore très
bien actuellement avec la nouvelle approche.
Maintenant, des moyens pour maintenir le lien d'emploi. Parce que,
souvent, on disait que ça semblait mission impossible. Or, là
encore, je pense que c'est mission possible. Adapter les postes de travail,
c'en est
une façon de faire. Et on a constaté que, souvent,
l'adaptation de postes de travail, c'était par des petites choses,
c'était de changer une chaise, d'adapter le niveau des tables et de
revoir un peu la chaîne de production. Et ce sont souvent des sommes
mineures, moins de 5000 $, et le travailleur peut reprendre son travail.
Peut-être que dans l'ancienne façon de faire, il ne peut pas, mais
avec des petits ajustements, il le peut. C'est mieux d'investir 5000 $ que de
se faire envoyer une facture, comme employeur, de 150 000 $. Ça, les
employeurs comprennent très bien le message et collaborent
actuellement.
Aménager l'horaire de travail. Des fois, un travailleur a besoin
de revenir graduellement au travail, de maintenir son lien avec son entreprise.
Au lieu de le laisser chez lui tout seul, peut-être à se
«chroniciser», de retourner dans son milieu de travail avec ses
amis, les gens qu'il rencontre le plus souvent, et de reprendre contact avec le
milieu de travail. On sait qu'après un certain nombre de mois, si on
n'est pas en contact avec le milieu du travail, on perd le goût aussi, on
perd les habiletés et on se fait oublier même par ses
collègues de travail.
Procéder aussi à l'assignation temporaire. C'est une
mesure qui est dans la loi, c'est un droit. Les employeurs ont le droit de le
faire. Mais je tiens ici à souligner que l'assignation temporaire a
aussi ses exigences. Exigences qu'on surveille. Exigences qui font que les
employeurs doivent obtenir l'accord du travailleur et du médecin
traitant. Donc, ça ne peut pas se faire dans le dos du travailleur ou de
son médecin traitant, ça doit favoriser en plus la
réadaptation du travailleur et ça ne doit pas mettre en danger sa
santé et sa sécurité. Donc, il y a des règles par
rapport à l'assignation temporaire, et ça ne doit pas se faire
n'importe comment.
Alors, comme vous pouvez voir, au niveau de la réadaptation, en
quelques diapositives, on a essayé d'aller vous chercher l'essentiel
pour vous montrer comment on travaille maintenant au niveau de la
réadaptation pour corriger cette chaîne qui nous amenait à
intervenir beaucoup trop tard et pas assez dans les milieux de travail pour
régler nos problèmes.
Maintenant, la deuxième problématique, c'était
notre approche médicale. Pour l'approche médicale, là
aussi nous avons travaillé par comités
intervice-présidences et aussi par validation, comme je vous disais, des
approches avant de les implanter à travers le Québec. Alors donc,
c'est encore là une approche qui a été
développée par le personnel de la CSST, et ça a une grande
implication.
Je vais essayer de vous expliquer cette diapositive, qui semble complexe
à première vue, qui est extrêmement importante. On dit
souvent: les gens sont sur la CSST. On entend ça
régulièrement. Alors, ce que je voudrais vous dire, c'est
qu'avant d'être souvent sur la CSST, ils sont plus sur le système,
je dirais, hospitalier et le système de santé que sur la CSST. Au
tout début, lorsqu'il y a un accident de travail, le travailleur ne s'en
vient pas à la CSST, il s'en va à l'hôpital, il s'en va
voir son médecin. Il ne s'en vient pas à la CSST tout de suite.
Donc, au début, le processus médical est extrêmement
important, et d'ailleurs, il l'est tout le long de sa réhabilitation.
Et, le médecin, par loi, a la responsabilité du diagnostic, du
traitement, des limitations fonctionnelles temporaires, de l'évaluation
des séquelles, etc. Ce n'est pas la CSST, c'est le médecin
traitant.
Bien sûr, dans le passé, nous sommes probablement
intervenus un peu trop, on a peut-être contesté un peu trop, mais
je crois et j'espère, hier, vous avoir démontré la
nouvelle orientation de la CSST et les chiffres qui démontrent que les
contestations à la CSST sont minimes, si on regarde par rapport au
volume d'accidentés au Québec.
Donc, il faut bien comprendre que la CSST n'a pas la
responsabilité médicale du travailleur, c'est le réseau de
la santé. La CSST, sa responsabilité, c'est la protection du
revenu du travailleur. La protection du revenu du travailleur passe par
l'indemnisation. Donc, on l'indemnise à 90 % du net, et par le maintien
du lien d'emploi et la réadaptation, c'est là que le rôle
de la CSST peut être plus important pour intervenir. (10 h 50)
On a constaté par contre que, pour toute l'information
médicale, il était capital d'obtenir la bonne information
rapidement pour savoir à quel cas nous avions affaire. Et,
malheureusement, l'information est souvent incomplète ou
imprécise ou ambiguë. Et j'aimerais vous montrer visuellement ce
que l'on reçoit comme formulaires, ce serait important, si vous le
permettez. C'est ça que nous recevons comme formulaires à la
CSST, des petits formulaires que vous connaissez très bien. Il y a un
petit carreau de deux pouces par trois pouces, c'est marqué: Diagnostic
final ou diagnostic et évolution de la pathologie des traitements.
Ça a deux pouces par trois pouces. Vous comprendrez qu'avec une si
petite case, deux pouces par trois pouces, on peut difficilement, pour des cas
complexes, avoir une information de qualité. C'est sûr que quand
c'est des petits cas, ce n'est pas problématique. Si c'est moins de 14
jours, ce n'est pas problématique, deux pouces par trois pouces. Mais
quand vous utilisez les mêmes formulaires pour aller chercher
l'information pour des cas plus complexes, et il y en a, bien sûr que
c'est inapproprié, et il arrive toutes sortes de problèmes
d'admissibilité, et là, on entreprend la machine de contestation.
C'est ça qui se produit. Et, soit dit en passant, les employeurs qui
contestent les accidentés ont les mêmes formulaires parce que, par
leur médecin... Évidemment, ce n'est pas l'employeur mais le
médecin de l'employeur qui peut obtenir ces informations-là. Mais
ils n'ont pas plus, eux non plus, pour travailler.
Et l'autre formulaire qu'on a, c'est ça, ce qu'on appelle une
information médicale complémentaire, et c'est très clair,
c'est marqué: Rapport du médecin qui a charge, et il n'y a pas de
question. Évidemment, les questions sont différentes et, souvent,
ne sont pas précises. Pourquoi? Parce que la seule information que nous
avions à la CSST pour travailler, c'était le petit formulaire.
Avec
un petit formulaire comme ça c'est difficile pour un agent
d'indemnisation ou un conseiller en réadaptation et même pour un
médecin de la CSST de poser des questions intelligentes sur le gros
formulaire. Donc, on avait un problème opérationnel important au
départ, à savoir, comment on va aller chercher notre
information.
C'est pour ça qu'il nous est apparu important de faire
partenariat entre notre médecin de la CSST et le médecin
traitant. Pourquoi? Pour éviter des ambiguïtés. Vous savez,
le petit formulaire de deux pouces par trois pouces, ou demander une
information complémentaire sans jamais parler à personne, et
c'est impossible d'obtenir cette information-là, de qualité.
Donc, ça ne pouvait amener qu'une machine à contestations parce
que, des ambiguïtés, c'est facile, on le dit, et les
médecins vont vous le dire, ce n'est pas une science exacte, là.
Donc, c'est le processus, la façon de travailler.
Ce que l'on veut, c'est éviter les contestations inutiles. On
vous l'a déjà démontré, la CSST a
déjà commencé à travailler de cette façon,
et on conteste environ 125 cas par mois actuellement, selon les trois derniers
mois de 1993. Donc, c'est à peu près 1500 cas, 1800 cas maximum
sur 130 000 cas, c'est 1,5 % des cas. Ce n'est pas énorme. Et ce qu'on
veut, c'est aider le travailleur à maintenir son lien d'emploi. On
pourrait ici vous démontrer et on l'a fait à notre conseil
d'administration lorsqu'on a présenté ces nouvelles approches
que, dans certains cas, si nous étions intervenus rapidement et
si on avait connu la situation, le travailleur serait retourné au
travail. Mais, compte tenu des ambiguïtés sur les formulaires et la
période de contestation, bien, ces gens-là ont perdu leur droit
de retour au travail fréquemment, et on est embarqués dans une
machine de contestations.
Donc, l'objectif n'est pas du tout d'influencer le médecin
traitant. C'est de permettre au médecin régional de comprendre le
formulaire, ce que le médecin traitant a écrit, et qu'aucun
changement ne sera fait à moins que le médecin traitant le
souhaite. Et je tiens à resouligner ce que j'ai mentionné hier,
dans des cas où nous ne sommes pas d'accord, nous allons aviser le
médecin traitant parce que c'est un partenaire important et nous
avons d'excellents médecins au Québec pour lui dire si on
est en désaccord et que s'il souhaite aller chercher une expertise
à l'extérieur, nous acceptons et nous allons payer. Donc, je
crois que c'est une très bonne volonté.
M. Chartrand (Michel): Allez-vous en changer, des médecins
régionaux?
M. Shedleur (Pierre): Intervention de la CSST...
M. Chartand (Michel): Celui de l'Âbitibi, par exemple?
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M.
Chartrand. S'il vous plaît. Ça va bien, là.
M. Chartrand (Michel): M. le Président, excusez-moi.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît.
M. Chartrand (Michel): Je voulais savoir s'ils étaient
pour...
Le Président (M. Joly): Non, excusez, on aura tout le
temps voulu. D'ailleurs, je demanderais à M. le président de nous
passer les anciens formulaires, et s'il y a des formulaire nouveaux, à
ce moment-là...
M. Chartrand (Michel): C'est l'invention du juge Frechette.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît. Merci.
C'est correct.
M. Shedleur (Pierre): Alors, dans l'intervention de la CSST,
avant, la CSST traitait du papier. On ne traitait pas des clients, on ne
traitait pas des gens. Alors, ce qu'on veut faire aujourd'hui, on veut faire le
point. On veut faire le point rapidement pour aider nos travailleurs. Je vous
l'ai dit hier, les délais d'attente d'hospitalisation, nous sommes en
négociation avec le ministère de la Santé et des Services
sociaux pour que nos travailleurs soient pris en main après 30 jours
pour leur permettre de retourner au travail. Bien sûr, sans enlever aucun
lit à la population en général, ce n'est pas notre
objectif, mais dans les lits non occupés. C'est pour aider notre
travailleur. Mais ça, il faut connaître sa situation. Donc, au
bout de 60 jours, on fait un bilan médical, et c'est possible, parce
qu'il ne nous reste que 15 % de nos clients au bout de 60 jours. Les autres
sont retournés au travail. Donc, on regarde la situation médicale
de notre travailleur, et plusieurs dans ces 15 % là, c'est des cas
simples, c'est-à-dire que quelqu'un s'est cassé une jambe, on
sait qu'il va revenir dans un mois. Donc, il n'y a pas d'intervention à
faire. C'est pour voir les dossiers plus complexes, ce qu'on peut faire pour
les aider. Et on fait la même chose à 90 jours, 120 jours et 180
jours pour l'aider à retourner au travail, toujours dans l'objectif du
maintien du lien d'emploi.
Je tiens à resouligner ici qu'il n'est pas question que, pour les
travailleurs accidentés lourds, on fasse des interventions incorrectes.
Une fois qu'on va le voir, après 60 jours, que c'est un accidenté
lourd, j'ai demandé à mon personnel de donner un traitement royal
à ces gens-là. Ils ont déjà assez subi de torts
qu'il faudrait les aider et qu'ils ont droit à toute la couverture
d'assurance de la loi 42.
Donc, c'est l'approche au niveau médical, de façon
opérationnelle. Les avantages qu'on y voit? C'est une détection
hâtive des empêchements au retour au travail. On pourrait vous en
donner de nombreux exemples. Hier, j'ai entendu, parmi les parlementaires,
quelqu'un dire: Dans tel ou tel cas, chez nous, le travailleur aurait
été prêt à retourner au travail. C'est même
la
CSST qui s'objectait, des fois. Donc, c'est ça. On veut
éliminer ces barrières-là pour l'aider à retourner
au travail. Et, soit dit en passant, le travailleur ne perd rien. S'il lui
arrive une rechute, une récidive ou une aggravation, nous allons payer.
Nous allons le reprendre. Mais on veut l'aider à maintenir son lien
d'emploi qui est si important aujourd'hui.
Identification hâtive des besoins de réadaptation. Si on
peut savoir au bout de 90 jours ou 60 jours qu'on a un travailleur susceptible
d'aller en réadaptation, je pense que ça serait peut-être
important d'aller voir l'employeur, de faire adapter le poste de travail, avoir
une discussion rapide. Parce que, bien sûr, l'employeur, après un
certain temps, n'a plus d'incitatif financier. Il ne reste que le droit de
retour au travail. Donc, il faut aussi intervenir rapidement pour montrer
à l'employeur qu'il a des intérêts aussi financiers de
faire des modifications souvent dans son usine. Il ne faut jamais oublier que
le droit de retour au travail expire, pour la majorité des travailleurs,
au bout de deux ans.
Soutien au médecin traitant. Le médecin traitant, on l'a
souvent accusé de façon incorrecte. Le médecin traitant
est laissé seul, souvent seul. Le médecin traitant, il est dans
son bureau. Il reçoit un travailleur. Il ne connaît pas souvent le
milieu de travail. Il ne connaît pas les problèmes qu'a ce
travailleur-là. Donc, ce qu'on veut faire pour l'aider, c'est d'aller
visiter le milieu de travail avec les syndicats, aller voir si on pourrait
faire des adaptations du poste de travail, pour informer le médecin
traitant. Bien sûr que le médecin traitant, il ne pourra pas
arrêter sa pratique et aller voir l'usine. Donc, il faut l'aider, le
médecin traitant, dans sa prise de décision. C'est un
professionnel, d'abord, le médecin traitant. Les travailleurs, il ne
faut pas l'oublier, ont le choix de leur médecin traitant. Ils peuvent
prendre les décisions qu'ils veulent, c'est leur responsabilité
professionnelle, et j'ai confiance qu'ils prennent les bonnes décisions
pour leurs clients.
Prévention d'une approche de contestation. Justement, en sachant
de quoi on parle, rapidement, au lieu de dire: On va contester pour savoir ce
qui se passe, on va travailler ensemble sur la conciliation, de se rapprocher
de nos clients pour travailler ensemble. C'est l'objectif de la CSST de
soutenir nos clients accidentés. Et finalement, s'il y a renforcement du
partenariat interne à la CSST, ça permet maintenant à nos
agents d'indemnisation, nos conseillers en réadaptation, nos
médecins, de se pencher sur des dossiers pour aider quelqu'un à
se sortir de cette situation difficile qu'il n'a pas voulue. (11 heures)
Bien sûr, notre défi, c'est de changer nos façons de
faire, et c'est un énorme défi. Il ne faut pas se leurrer, c'est
un énorme défi. Il faut que le contrat soit clair avec tout le
monde. Il faut que le travailleur sache qu'il a le droit à la
réadaptation, mais si on va en réadaptation professionnelle, il
peut perdre son emploi. Est-ce qu'on serait mieux de travailler sur son emploi
actuel, avec son employeur, pour adapter le poste de travail ou trouver
d'autres solutions? Il faut rendre ça clair. Il faut lui dire, au
travailleur, qu'il n'aura pas 90 % du net toute sa vie. un jour ou l'autre, on
va lui appliquer un emploi convenable et il va se retrouver dans la situation
qu'on vous montrait tantôt, de 5 000 $, dans un cas, de 25 000 $, en
général entre 5 000$et6000$ et pour les gens de 35
000 $ brut, entre 9 000 $ et 10 000 $. il faut lui dire ça pour qu'il
puisse savoir comment il peut manoeuvrer avec ça, comment il peut s'en
sortir. donc, nous, ce qu'on a décidé, c'est de changer nos
façons de faire avec tout le monde, travailler au niveau du travailleur,
essayer de l'aider, de le soutenir durant sa démarche pour maintenir son
lien d'emploi, pour ceux qui sont capables de retourner à l'emploi. pour
les autres, les cas lourds je tiens à vous souligner,
statistiquement, il y en a moins qu'avant leur donner toute l'aide
morale et toute l'aide qu'on peut leur fournir dans ces
situations-là.
Pour les employeurs, il faut leur faire réaliser qu'il y a des
incitatifs financiers pour eux de reprendre leurs travailleurs et aussi qu'ils
ont une responsabilité. Je peux vous dire que les employeurs que j'ai
rencontrés, ils sont d'accord, ils veulent fonctionner de cette
façon-là. Donc, ils voient eux-mêmes qu'ils ont des
incitatifs financiers là-dedans.
Pour les syndicats ou les représentants des travailleurs, ils ont
à représenter leurs travailleurs syndiqués, et c'est
normal. Us me l'ont dit: On veut être impliqués pour les aider.
Dans certains cas, même quand les conventions collectives sont
difficiles, même de retrouver un autre poste on le sait, comment
elles sont, des fois, les conventions bien, ils m'ont promis de m'ai-der
pour aider les travailleurs à se retrouver un emploi. Donc, les
syndicats ont eu beaucoup d'ouverture d'esprit.
Les médecins, les médecins traitants, c'est des
médecins de grande qualité qu'on a au Québec. Moi,
personnellement, je suis prêt à l'affirmer. Au niveau des
médecins, il faut travailler proche des médecins pour les
soutenir. Souvent, ils n'ont pas toute l'information. Donc, comment on peut
travailler ensemble? Et je vous dirais, ça n'apparaît pas, mais je
peux vous dire qu'on est ici aussi pour travailler en partenariat avec les
élus, pour écouter ce que vous avez à nous dire et, s'il
le faut, changer nos façons de faire. On est ouverts. Mais vous
comprendrez aussi que, pour le personnel de la CSST, c'est un énorme
changement de culture et que c'est en cours actuellement. Bien sûr qu'il
va y avoir des ratés. Il n'y a rien de parfait du premier coup, mais on
travaille dans ce sens-là.
Ça termine le deuxième grand dossier, qui est
terminé actuellement. Il faut dire que ça prend du temps, changer
ces choses-là. Il y a des systèmes informatiques à
changer, il y a de la formation à donner, il y a la façon de
travailler en région, l'organisation du travail. Tout ça est
à revoir, en général, pour toutes les solutions à
trouver à ces problèmes.
On a trois grands dossiers actuellement en chantier. L'indemnisation. La
dernière rencontre de notre grande table inter-vice-présidences
aura lieu la semaine
prochaine; on est en train de trouver des solutions là aussi.
Plusieurs problèmes. Je pourrais vous en donner déjà... Je
vais vous en donner juste deux: la formation de nos agents
d'«indem» est déficiente; deuxièmement, juste la
définition d'«admissibilité» est
problématique. Les gens ont de la difficulté à saisir le
sens de l'admissibilité. Donc, on a des problèmes là
aussi. Mais, au mois de mai, on devrait avoir terminé nos travaux, avec
les solutions trouvées par le personnel qui vit ça tous les jours
et qui les connaît, lorsqu'on leur permet de s'exprimer et
d'échanger.
Au niveau de la déjudiciarisation je l'ai mentionné
hier dossier extrêmement important, et, je dirais, pour toutes les
parties. Une approche de confrontation ne mène nulle part. Et
probablement qu'on va proposer des modifications. Je vais proposer... en tout
cas, à mon conseil d'administration en premier, et j'espère qu'il
sera d'accord par la suite de proposer des modifications au gouvernement pour
essayer de déjudi-ciariser le régime. Et sûrement qu'on
aura des propositions intéressantes.
Quant à un autre dossier, dossier extrêmement important,
celui de la prévention-inspection. C'a été
mentionné ici hier. Prévention-inspection, un dossier
d'envergure. C'est toute la loi 17. Je dois direheureusement et
malheureusementj'ai une bonne puis une mauvaise nouvelle. Je ne sais pas,
on va commencer par la mauvaise. Nous n'avons pas commencé à
travailler sur ce dossier-là actuellement. Ça ne veut pas dire
qu'il ne se fait rien, mais on ne l'a pas abordé encore parce qu'on
était trop occupé par les autres dossiers que vous avez vus,
autant celui de la «réadap», du médical, de
l'«indem» que de la déjudiciarisation. La capacité de
notre personnel, je dirais, d'intégrer et de revoir toutes ces
façons de faire en même temps a ses limites aussi, et la
capacité de son président aussi et de son équipe. Donc, on
a commencé par les places où ça faisait le plus mal, et je
suis certain qu'avec les mesures qu'on va trouver en
prévention-inspection ça va aussi faire baisser la
fréquence et la gravité. C'est un dossier qui va commencer en
avril 1994 par une table inter-vice-présidences, et je vais
personnellement la présider et poursuivre les travaux, et ça me
fera plaisir de venir vous rendre compte de ça plus tard.
Maintenant, il me reste deux acétates... un: stratégie et
démarche de réalignement. On veut aller vers un processus
d'amélioration continue. Lois, mission, raison d'être, eh bien,
c'est vous, MM. les parlementaires, mesdames, qui avez décidé de
ces lois-là! L'objectif de la CSST, c'est de tout faire pour les faire
vivre, ces lois-là et, s'il y a des lacunes, de les souligner au
gouvernement et aussi à l'Assemblée nationale. Nous, notre
objectif, c'est de les faire vivre, et on pense être en mesure de les
faire vivre actuellement. Et de quelle façon? C'est en changeant les
façons de faire sur le plan opérationnel, et je pense que nos
principes d'action vont guider les gens de la CSST. Notre plan de match
j'espère qu'il sera meilleur que ceux des Nordiques, par les temps
qui courent le plan de match au niveau de la réadaptation,
l'approche médicale, etc., ce dont je vous ai parlé tantôt,
nous allons revoir tous les volets de notre mission, et l'objectif, c'est un
processus d'amélioration continue. Nous allons implanter, d'ici le mois
de juin, un processus d'amélioration continue. Nous allons prendre les
dossiers maintien du lien d'emploi, la réadaptation et l'approche
médicale, nous allons déjà en faire un bilan, même
une année après son implantation. Qu'est-ce qui fonctionne bien?
Qu'est-ce qui fonctionne mal? Qu'est-ce qui peut être
amélioré? Et c'est ça qu'on va faire continuellement pour
que la CSST puisse s'améliorer régulièrement, constamment,
pour mieux servir la population. Merci.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M.
Shedleur. Alors, compte tenu qu'aujourd'hui nous suspendrons nos travaux
à 12 h 30, alors, on s'aperçoit que l'enveloppe de temps est
déjà pas mal entamée. Alors je demanderais à chacun
des parlementaires de se discipliner davantage et d'essayer d'aller directement
dans le vif du sujet, autant avec des courtes questions, et j'imagine que M.
Shedleur, si possible, pourrait aussi donner des courtes réponses, le
plus possible, parce que, le temps nous manquant, nous aimerions sûrement
avoir toute la valeur d'échanges avec vous et votre équipe, M.
Shedleur. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
l'Acadie. M. le député, s'il vous plaît.
Commentaires et questions Évolution des
effectifs de la CSST
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Juste une
information. Sur un des acétates, vous faisiez référence
au personnel de la CSST. Est-ce que vous avez une idée en tête,
actuellement, de l'évolution au niveau du personnel de la CSST? Comment
c'a évolué dans les dernières années? Est-ce qu'il
y a eu augmentation? Est-ce qu'il y a diminution selon les différentes
catégories, ceux qui sont plus directement au niveau du service à
la clientèle versus ceux qui sont plus au niveau de l'administration
comme telle?
M. Shedleur (Pierre): Actuellement, il y a environ 3800
employés à la CSST, et je peux vous dire que, dans les
régions je n'ai pas le chiffre ici avec moi, ils vont
peut-être le chercher entre-temps je sais qu'on a ajouté,
si on retourne même depuis 1988, 1989, on a ajouté peut-être
400 personnes environ dans les régions. Et, comme je le mentionnais
tantôt, aucune coupure n'a été annoncée dans les
régions, ni en 1992, ni en 1993, ni en 1994, et il n'y en aura pas non
plus en 1995. En tout cas, tant que je serai là, il n'y aura pas de
coupure dans les régions pour plusieurs années, avant qu'on ait
pu reprendre le contrôle de donner de meilleurs services à nos
clients. On pense qu'avec les effectifs en région, actuellement, et des
coupures que nous avons faites, par contre, au central des coupures, il
faut s'entendre, il
y avait des postes vacants, des choses semblables on a pris ces
postes-là, on les a retournés en région parce que c'est
là que se donne le service à la clientèle... Donc, je n'ai
pas le chiffre d'évolution en région, mais on pourrait vous le
faire parvenir à la commission si c'est le désir des
parlementaires.
M. Bordeleau: Est-ce que vous avez une idée de
l'évolution du total comme tel, mettons dans les dernières
années, du personnel de la CSST? Vous dites 3800, actuellement, mais
comment c'a évolué?
M. Shedleur (Pierre): Malheureusement, on ne l'a pas, mais on
pourra peut-être... quelqu'un faire un appel au bureau, s'il vous
plaît. On va vous donner ça tantôt.
M. Bordeleau: Si vous pouvez le faire parvenir au
secrétariat de la commission, à ce moment-là, les
différentes catégories, l'évolution au cours des
dernières années.
M. Shedleur (Pierre): D'accord. Merci.
M. Bordeleau: Encore juste une question d'information. Les
indemnités de remplacement de revenu, est-ce que c'est
indexé?
M. Shedleur (Pierre): Oui, c'est automatiquement
indexé.
M. Bordeleau: Totalement?
M. Shedleur (Pierre): À l'inflation, oui.
M. Bordeleau: À l'inflation.
M. Shedleur (Pierre): À l'inflation. Donc, c'est pour
ça que, hier, dans notre débat qu'on avait sur la réserve
pour fluctuations du taux de rendement réel, c'est très important
en période inflationniste, extrêmement important d'avoir ces
réserves-là.
Impact du réalignement sur le
déficit
M. Bordeleau: O.K. Dans votre stratégie et démarche
de réalignement, disons, on conçoit bien un souci de donner,
évidemment, un meilleur service à la clientèle, une
préoccupation majeure de ce côté-là. Ce qui est
moins évident, c'est quel impact ça va avoir, cette nouvelle
stratégie, ce réalignement-là, sur le déficit comme
tel. Est-ce que vous avez une idée de l'impact que ça va avoir
justement à ce niveau-là? On voit bien qu'évidemment
ça devrait amener une meilleure qualité des services, mais, sur
le déficit plus précisément, est-ce qu'on sait ce qui va
se passer? Est-ce que vous avez des prévisions? (11 h 10)
M. Shedleur (Pierre): Nous n'avons pas fait de prévisions
de combien on peut économiser par la nouvelle approche. mais je crois
qu'il s'agit de retourner à la durée d'indemnisation dont on vous
parlait hier, qui a monté en flèche de plus de 50 % au cours des
quatre dernières années. il s'agit de réduire de 10 jours
seulement et revenir vers ce qui était normal avant, parce que c'avait
été plus vers 45 jours... dans le fond, de 1980 à 1989,
à peu près, c'a toujours été entre 43 et 47 jours.
là, on est à peu près à 69 jours. il s'agit...
disons qu'on baisse de 10 jours, on va aller chercher un 80 000 000 $. quant
aux journées du passé, on était à 24 jours, par
coeur, alors qu'on était à 12 jours auparavant. il y aurait une
amélioration de quatre jours. on irait chercher un autre, je dirais, 200
000 000 $. donc, on peut voir que, au niveau de l'«indem»,
«réadap», je dirais qu'on parle de centaines de millions.
combien? on verra. l'objectif premier, ce n'est pas l'économie...
l'économie va en résulter; ça va être un
résultat. parce que les travailleurs ont des droits, et, si les droits
faisaient que les coûts ne baissent pas, là on serait
obligé de revenir devant vous, mm. les parlementaires, pour vous dire:
on a un problème, ou bien, la loi coûte plus cher. qu'est-ce qu'on
fait? mais on pense qu'avec les nouvelles approches les coûts vont
baisser de plusieurs centaines de millions.
Impact du réalignement sur les coûts de
réadaptation
M. Bordeleau: Dans les coûts de la réadaptation
comme telle, plus précisément... On voit bien le lien avec la
durée d'indemnisation, évidemment, ça apporte des
coûts supplémentaires, mais l'augmentation des coûts de
réadaptation, la nouvelle stratégie que vous allez mettre en
place, quel effet ça aurait de ce côté-là, de
façon plus précise, sur les coûts de la
réadaptation?
M. Shedleur (Pierre): Voyez-vous, si on regarde la hausse qu'on
avait dans les chiffres qu'on vous présentait, d'environ 1800 à
3300, c'est 1500 cas, disons à 150 000 $, ça fait 225 000 000 $.
Disons qu'on réussit à retourner un travailleur dans ce qu'il est
capable de faire; 1000 cas, on peut aller économiser 100 000 000 $.
C'est ça, la CSST, c'est des gros chiffres. Lorsqu'on regarde... Mais
n'oubliez pas, on est dans un système d'invalidité long terme de
remplacement de revenu. Donc, quand on parle d'une facture de 150 000 $, 1000
travailleurs, c'est 150 000 000 $. C'est des sommes importantes. Donc, si on
peut réussir à faire vivre la loi... La loi... L'esprit de la
loi... Il y en a, des parlementaires qui étaient là bien avant
moi, mais j'ai lu les galées, je me suis bien informé
là-dessus, c'est que l'esprit de la loi, c'était d'abord de
protéger le droit de retour au travail de ces travailleurs-là
accidentés; c'était aussi de favoriser leur
réintégration sur le marché du travail par la
réadaptation et, plus que ça, ils avaient décidé
même que c'était possible de subventionner des adaptations de
postes de travail. Donc, il y avait plusieurs mesures prévues dans la
loi, d'excellentes mesures; il s'agit maintenant de les travailler et de
travailler dans le sens de retourner au travail. Mais c'est sûr que, si
on attend 20 mois, eh bien, là, le système de remplacement de
revenu devient un système de rente viagère mais en
remplacement de revenu. Là, ça coûte cher.
M. Bordeleau: O.K. Dans cette perspective-là de
stratégie de réalignement, est-ce que vous prévoyez,
disons au cours de la prochaine année, avoir à suggérer ou
à demander des modifications législatives?
M. Shedleur (Pierre): Actuellement, avec les travaux que j'ai en
main, disons que je ne peux pas parler du dossier de
prévention-inspection, il n'est pas débuté, mais, pour les
autres, comme je l'ai mentionné hier, la réadaptation, le
médical, je ne vois aucune modification législative à
demander. Au niveau de la déjudiciarisation, je crois que oui. Au mois
de mai, le rapport devrait demander des modifications législatives, mais
je ne crois pas que ce serait des choses majeures. Quant à
l'indemnisation, pour l'instant on n'en voit pas, mais disons qu'il nous reste
encore quelques travaux à faire avant de voir clair complètement.
Au moment où on se parle, je n'en aurais pas besoin à
l'indemnisation non plus pour l'instant. Pour l'instant.
M. Bordeleau: O.K. Juste un dernier point. Hier, on a
parlé des régimes à taux de l'unité pour les petits
employeurs. Est-ce que vous avez une idée... Vous parlez aussi de...
Bon, éventuellement, vous pensez peut-être à tenir compte
du dossier, au fond, d'un employeur, dans une formule qui resterait à
développer, qui pourrait varier, à ce moment-là, d'un
employeur à l'autre tout en étant quand même basée
sur un taux uniforme. Est-ce que vous avez une idée des revenus de la
CSST venant du régime de taux uniforme au niveau de l'unité par
rapport à ce que ça coûte pour les employeurs qui cotisent
dans cette forme-là?
M. Shedleur (Pierre): Je n'ai pas les chiffres avec moi, mais on
pourrait vous dire le taux de l'unité, quelles sont les cotisations au
rétro; la même chose pour le taux personnalisé. On pourrait
vous fournir ça dans les prochains jours.
M. Bordeleau: Si vous pouviez le faire parvenir à la
commission.
M. Shedleur (Pierre): Ça va me faire plaisir.
M. Bordeleau: Ça va. C'est tout pour moi, merci.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
député de l'Acadie. M. le député de
Jonquière, s'il vous plaît.
Sommes dues par le gouvernement au niveau des
inspections
M. Dufour: Merci. Je pense qu'on a eu une présentation
intéressante, de ce qu'on voit, mais je pense aussi qu'on peut
questionner justement dans le sens qu'on parle beaucoup du maintien de l'emploi
puis de la réadaptation, mais vous avez dit: Pour l'inspection, on n'est
pas rendus là. Mais, moi, je voudrais vous amener tout de suite sur la
question que si, actuellement, le gouvernement, qui était engagé
par loi à payer pour les inspections, ne le fait pas... Et il y a eu un
décret cette année pour enlever encore 10 000 000 $. Donc,
là, moi, je veux bien qu'on ait soin des gens qui sont malades, mais il
faudrait peut-être les empêcher autant que possible d'être
malades, parce que, là, ce n'est pas une maladie contagieuse, un
accident de travail. C'est un accident que, souvent, on pourrait
prévenir s'il y avait des inspections plus rigoureuses puis si on
surveillait puis si on sensibilisait l'employeur et les employés au
danger que ça représente.
Donc, comment vous vous sentez par rapport à ça? Vous
êtes en attente, là, puis vous êtes en démarche pour
une meilleure réorganisation. Puis on apprend, nous, qu'il y a un
décret qui vient de couper 10 000 000 $, puis il vous en doit 40 000 000
$ en plus. Qu'est-ce qu'on fait avec les inspections?
M. Shedleur (Pierre): D'abord, la CSST est en négociation,
effectivement, avec le gouvernement pour les sommes qu'il nous doit au niveau
de l'inspection. On a un désaccord sur les sommes qu'il nous doit, et
c'est en pourparlers avec le secrétariat du Conseil du trésor.
D'ailleurs, au dernier conseil d'administration, j'ai fait passer une
résolution où on a délégué les membres du
comité administratif pour négocier avec le gouvernement pour en
arriver à une entente sur le désaccord sur les sommes au niveau
de l'inspection. Vous avez raison, il y a eu un décret qui coupait de 10
000 000 $ les sommes, mais ce que je tiens à vous dire, c'est que, nous,
à la CSST, ça n'a coupé aucun poste et qu'on a l'intention
de maintenir le même nombre d'inspecteurs et que, au niveau des services,
on ne bougera pas là-dessus, indépendamment de la coupure des 10
000 000 $. Pour les raisons que vous avez invoquées vous-mêmes, je
pense qu'il faut faire l'inspection. Il faut peut-être, à part
ça, l'améliorer, être plus rigoureux. Tout reste à
voir dans nos travaux du dossier de prévention-inspection. Donc, c'est
un litige financier avec le gouvernement, mais il n'y a pas de coupures de
services puis il n'y a pas de coupures d'inspecteurs.
M. Dufour: Non, mais vous admettez, par exemple, que ça
fait un poids supplémentaire au point de vue du déficit. Puis,
quand j'examine les cas, là, dans le nombre d'inspecteurs, on n'y trouve
pas notre compte dans beaucoup. Je regarde, il y a deux groupes qui ont des
inspecteurs, puis trois autres groupes où il n'y en a pas. Vous avez les
bâtiments et travaux publics, qui ont environ 20 000 entreprises au
Québec: il y a cinq inspecteurs pour tout ça. Ça a l'air
d'une grosse farce. Cinq inspecteurs pour l'ensemble des bâtiments et
travaux publics. Il n'y en a pas! Ça fait que, moi, je ne comprends
rien. L'industrie chimique, il y a 558, il y en
a 31, c'est un peu mieux. Forêts et scieries, quand on sait
l'étendue de tout ça, il y a 2800, il y en a 61. Puis c'est de
même sur toute la ligne. Il y a 205 inspecteurs pour le groupe où
il y a à peu près le plus d'accidents: bâtiments et travaux
publics, industries chimiques, forêts, mines, carrières, puits de
pétrole, fabrication de produits en métal. Il y a 205 inspecteurs
pour tout ça, et ça, ça veut dire 22, 24, à peu
près 26 000 entreprises réparties à travers le
Québec. Ça ne fait pas beaucoup de monde pour faire de la
prévention puis pour aussi faire des inspections comme telles, et il y a
10 000 000 $ d'affectés; ce n'est pas suffisant. (11 h 20)
Vous avez le groupe 2, il y en a 139, peut-être un petit peu
mieux, mais, encore là, ce n'est pas... Je suis sûr que le nombre
est insuffisant; et tous les autres, il n'y en a pas. Ça fait que
ça marche au bon vouloir de l'entreprise comme telle de se doter d'un
inspecteur ou pas. C'est inquiétant, à mon point de vue, de
traiter des questions aussi importantes parce que, quand le mal est fait, moi,
je veux bien qu'on fasse de la réparation... puis un accident, bon, on
le dit, ça devrait être l'exception puisque c'est un accident.
Mais, si on ne met pas plus d'accent sur la prévention, sur les
inspections, on n'y arrivera pas, et ça, les coûts vont continuer
à augmenter, et, moi, je trouve que c'est partir de là.
Ça, c'est le noeud du problème d'après moi.
M. Shedleur (Pierre): Au niveau, en tout cas, du dossier de
prévention-inspection, comme je vous l'ai mentionné, on est au
niveau de faire le diagnostic, mais, effectivement, il y a un certain nombre de
problèmes... Ce qu'on me dit, c'est que les chiffres... vous les avez
pris à la page 201?
M. Dufour: Page 198.
M. Shedleur (Pierre): Page 198.
M. Dufour: Oui, 198. Puis l'autre, bien, le décret, vous
ne l'avez pas... C'est correct. Ça fonctionne. Puis il y a le rapport
annuel qui... le rapport d'activité.
M. Shedleur (Pierre): C'est ça. C'est la page...
M. Dufour: À la page 62. Et ça, c'est des
établissements de 21 travailleurs et plus, là.
M. Shedleur (Pierre): Oui, c'est ça. Nous, en tout cas, on
a plus d'inspecteurs que ça dans nos livres... Je voudrais juste vous
souligner, il y a peut-être une erreur d'interprétation. C'est
que, voyez-vous, en haut, c'est marqué: Représentants à la
prévention. Ce n'est pas pareil. Ce n'est pas nos inspecteurs. Les
représentants à la prévention, c'est les gens dans les
entreprises. La loi, comme vous pouvez voir, la loi 17 prévoit, au
niveau de la prévention, quatre choses: Programme de prévention.
Les groupes 1 et 2 doivent soumettre un programme de prévention, un
programme de santé, un comité de santé et
sécurité puis un représentant à la
prévention.
M. Dufour: Oui.
M. Shedleur (Pierre): Ça, ce n'est pas les effectifs de la
CSST. Ça, c'est le nombre de représentants à la
prévention que les entreprises ont affectés. Et c'est les groupes
1 et 2.
Nous, on a 175 inspecteurs et il y a 289 personnes qui travaillent en
inspection chez nous. Il peut y avoir des inspecteurs, mais il y a tout le
personnel technique aussi qui est en arrière. Donc, au total, on a
presque 300 personnes, 289. Mais, par contre, est-ce suffisant? C'est une
question qui est là depuis fort longtemps. Évidemment, la
réponse, je ne l'ai pas aujourd'hui. On va analyser ça. Mais il
ne faut pas oublier que, dans nos 170 000 employeurs, 93 % de ces
employeurs-là, ce sont des petites entreprises, comme je disais, au taux
de l'unité. C'est le dépanneur du coin, c'est le garage. C'est
très, très difficile, en termes d'inspection, de passer toutes
ces personnes-là, tous ces établissements-là. Je pense
qu'il va falloir se concentrer où il y a les 80 % des travailleurs.
De plus, je pense qu'on devra réaligner notre inspection vers les
entreprises où on sait que ça va mal. Donc, on a un changement de
cap à faire là aussi pour mettre nos énergies aux bons
endroits. Mais, effectivement, est-ce qu'on en a assez? C'est des débats
qu'on va avoir. Est-ce qu'on fait le bon travail? Est-ce que c'est assez
rigoureux? Tout ça reste à être analysé au cours des
prochains mois, et on va y travailler. Mais je veux assurer les membres de
cette assemblée qu'il n'est pas question pour l'instant de couper aucun
inspecteur à la CSST, malgré notre désaccord avec le
gouvernement sur les sommes qui sont impliquées. D'ailleurs, je dois
vous dire que nous avons poursuivi le gouvernement, ce qui est rare. C'est ce
que la CSST a fait pour protéger ses droits, et on pense qu'on a une
bonne cause.
M. Dufour: On souhaite que ce soit une bonne cause et que vous la
gagniez dans le sens que les travailleurs vont y gagner nécessairement.
Mais, quand on parle... C'est sûr que, quand on parle des chiffres, il
faut avoir les mêmes bases. Moi, je suis obligé de prendre ce que
j'ai ici, là. Représentants à la prévention... Vous
parlez de comités de santé et de sécurité, il y en
a seulement 15. Il y a 773 entreprises de plus de 20 travailleurs. Donc, il
serait supposé y avoir un comité de sécurité chaque
fois qu'il y a 20 travailleurs au moins par entreprise. Il y en a 771, puis on
en a seulement 15. En autant que mes souvenirs sont exacts, on a passé
une loi il n'y a pas tellement longtemps où on exigeait qu'il y ait un
comité de sécurité qui se mette en place. On pourra passer
les lois qu'on voudra, mais on ne les fait pas respecter, nos lois.
M. Shedleur (Pierre): Dans les groupes 1 et 2...
M. Dufour: C'est dans la construction, en plus.
M. Shedleur (Pierre): Oui. Dans la construction, c'est un autre
secteur. Mais les groupes 1 et 2, selon nos informations
évidemment, si vous en avez d'autres, on va les vérifier
les employeurs respectent la loi 17 par rapport au comité de
santé, les représentants en prévention. On n'a pas de
plaintes des syndicats actuellement là-dessus. Mais vous avez raison, il
y a d'autres groupes qui ne sont même pas touchés. Les groupes 4,
5, 6, eux, ne sont pas touchés, vous avez raison; le groupe 3 n'est
touché que partiellement. Mais les groupes 1 et 2, en tout cas, selon
les informations, si vous avez des entreprises qui ne respectent pas la loi 17,
bien, ça va nous faire plaisir d'intervenir, parce que ce serait
incorrect. Mais, dans les autres groupes, 4, 5, 6, c'est vrai que,
actuellement, il n'y a aucune mesure prévue.
Le Président (M. Joly): Malheureusement, j'ai encore sept
ou huit intervenants et, comme j'accorde 10 minutes à chacun ce
que j'ai fait, il y a le député de l'Acadie qui a commencé
à 11 h 7 pour finir à 11 h 15, le député de
Jonquière, 11 h 15 à 11 h 26, 11 h 27 maintenant, je vais
reconnaître M. le député de Chapleau, s'il vous
plaît.
Attitudes depuis le début du
réalignement
M. Kehoe: Merci, M. le Président. Je comprends que
l'organisation, le travail dont on parle actuellement, ça a
commencé il y a tout près d'un an. Vous avez commencé
à faire de la réorganisation puis de
1'«implementation» des différentes propositions que vous
faites aujourd'hui. Je me demande: Depuis ce temps-là,
concrètement, est-ce qu'il y a eu des changements? Moi, je parle
toujours concernant les deux problèmes d'envergure, bien sûr, la
question du déficit pas des surplus, il n'y en a pas eu
dernièrement mais surtout le mécontentement des
clientèles. Nous autres, comme députés, dans nos bureaux
de comté depuis que je suis député, ça fait
13 ans, et je pense que c'est là que j'ai le plus de problèmes
puis le moins de satisfaction, le moins de rapports... Vous l'avez dit que
c'est le travailleur, l'employé qui est le perdant, enfin tout le monde.
C'est une critique générale, généralisée,
puis je me demande: Ça a commencé, la réorganisation;
c'est un gros bateau à faire changer de direction. Il y a un travail
énorme à faire. Dans les documents que vous nous avez soumis,
vous avez des principes généraux, globaux, mais, effectivement,
les résultats jusqu'à date, est-ce qu'il y en a eu? Parce que,
nous, personnellement, dans le comté... Moi, je suis à la fois
avocat et député puis comme les deux, j'en ai
déjà eu des causes comme avocat, avant que... j'ai mal
viré et je suis devenu député j'ai eu des causes de
ça et jamais je n'ai eu satisfaction avec la CSST. Il y a toujours eu,
à la dernière minute, un autre examen, un autre avocat, une autre
opinion, un autre appel, un autre... Enfin, le gars est mort de vieillesse ou
il n'avait plus d'argent. J'exagère, mais juste pour faire le point;
c'est que, dans ce domaine-là, vraiment, quand vous parlez des
changements de réorganisation basés sur trois
considérations majeures, il faut impliquer de façon constante et
soutenue le personnel de la CSST. Je pense que ça va de soi. Mais
ça va de soi aussi de faire changer l'attitude de certaines personnes,
certains de vos inspecteurs, certains de vos employés et certains de vos
experts, la façon de faire. Que ce soient des avocats, que ce soient des
médecins, vous autres, vous prenez l'attitude que, si le type, à
un moment donné, quand il y a le moindrement divergence d'opinion entre
deux experts, l'expert de l'employé qui est blessé et l'expert de
la CSST, automatiquement, c'est la CSST qui prend le dessus. Ça a
toujours été comme ça. Globalement, ce que j'essaie de
dire, et je pose la question: Depuis que vous avez commencé la
réorganisation, est-ce que, dans ce domaine-là, il y a eu des
changements dans le trop de mécontentement de la clientèle?
M. Shedleur (Pierre): Je pense que vous avez bien
résumé la problématique à laquelle on fait
face.
M. Kehoe: Oui, mais c'est facile de résumer; c'est
difficile de trouver une solution.
M. Shedleur (Pierre): Je pense qu'on a trouvé des
solutions, on les a élaborées aujourd'hui. Je veux juste rappeler
qu'on a commencé à revoir nos façons de faire. Ce que vous
disiez: II faut revoir nos façons de faire parce qu'il y a une question
d'attitude, même du personnel. Comme je le disais, ce n'est pas le
personnel qui est en cause, il y avait des directives, des façons de
faire qui ne fonctionnaient pas, des façons de faire traditionnelles.
Évidemment, à partir du moment où on décide de
changer ces choses-là et les résultats, il se passe un certain
temps. Regardons en novembre 1992, on a commencé à la fin
novembre 1992, on peut presque dire décembre 1992 et, au mois de mai, on
implantait une nouvelle façon de faire en réadaptation pour les
maux de dos. Dans le médical, on a commencé en avril 1993 et, en
décembre, on implantait.
M. Kehoe: Qu'est-ce que vous avez fait spécifiquement,
concrètement? (11 h 30)
M. Shedleur (Pierre): C'est toute la nouvelle approche. Je
parlais au niveau de la réadaptation. On attendait 600 jours avant
d'intervenir; maintenant, au bout de 90 jours, on intervient dans les dossiers.
Donc, dans ces cas-là, normalement, on devrait être capable de les
retourner au travail. Mais on va les aider, on va parler à l'employeur.
Parce qu'on disait que les employeurs ne les reprenaient pas, ils ne les
reprenaient pas parce que, si on attend 20 mois avant de les retourner au
travail, il y en a qui ont déjà perdu leur droit de retour au
travail et il y en a qui, au bout de 20 mois, il fallait des fois avoir
d'autres traitements. Donc, on arrivait très proche du 24 mois, qui
était le droit de retour au travail
pour les autres. Donc, ils perdaient un peu de façon presque
automatique. Donc, là, l'intervenant, après 90 jours, en
identifiant des choses qu'il a à faire, bien, je pense que les
résultats vont être positifs. Ce que je peux déjà
vous dire, avec les nouveaux cas, et c'est là qu'il faut et que je
demande à tout le monde, dans le fond, d'être tolérant un
peu envers la CSST, c'est que là, à partir du moment où on
change quelque chose, et les résultats complets, ça prend un peu
de temps.
En réadaptation, on a commencé avec les maux de dos, et
les gens on commencé à voir comment on pourrait traiter les maux
de dos pour aider les travailleurs. Là, actuellement, à compter
de janvier, la nouvelle approche des 90 jours est supposée être
appliquée de façon générale dans toutes les
régions. Donc, là, les nouveaux dossiers vont être
traités, à mon avis, selon l'approche dont on vous a parlé
aujourd'hui, qui m'ap-paraît une approche de partenariat et d'implication
des gens, je veux dire, donc du travailleur lui-même, de son
médecin, de l'employeur, du syndicat, bon, de tout le monde qu'on pense
qui peut nous aider à trouver la solution. On est prêts à
subventionner certaines adaptations de postes de travail.
Donc, je pense qu'on a réglé le problème, sauf que
les dossiers de 1992 ou du début de 1993, et même jusqu'à
octobre 1993, si ce n'étaient pas des maux de dos, c'est clair que
ceux-là étaient traités selon l'ancienne approche. Donc...
malheureusement... C'est avec les nouvelles approches à compter de 1994
que, là, vous allez voir les effets dans vos bureaux de
comté.
Pour les autres dossiers, et il y en a beaucoup...
M. Kehoe: Beaucoup.
M. Shedleur (Pierre): ...mettons, en arrérages, et qui
sont là, malheureusement, je ne pourrai rien faire, parce que mon monde,
mon personnel ne pourra pas régler les nouveaux dossiers de 1994 plus
reprendre l'approche des dossiers de 1991 ou de 1992. Là, ils vont
manquer de temps, ils ne seront pas capables physiquement de tous les traiter.
Donc, c'est pour ça que vous n'avez pas encore vu, je dirais, toutes les
nouvelles approches au niveau, mettons, de l'impact dans vos comtés.
Ce qu'on me dit actuellement, c'est qu'il y a 1500 cas qui ont
été pris en charge là-dessus auprès de ces genres
de dossiers là. Donc, dans ces dossiers-là, normalement,
l'approche, elle est correcte. Je peux vous dire parce que je circule
beaucoup au Québec et je parle à beaucoup de monde que,
dans les entreprises et même au niveau des travailleurs, ils sont
beaucoup plus satisfaits à cet égard-là. Mais c'est les
nouveaux dossiers, là. Pour les vieux dossiers, je ne peux rien faire.
Ils sont là et, souvent, ils sont engorgés dans des
dédales de contestation ou ailleurs. Donc, on ne peut pas régler
ça rapidement.
Donc, c'est pour ça que les impacts, vous allez les voir sur les
dossiers de 1994, en 1994, pour les approches de réadaptation et pour
l'approche médicale.
Et vous allez avoir une partie de fin de 1993, un certain nombre de
dossiers qui ont commencé. Disons qu'à partir d'octobre 1993 on
devrait avoir un changement de comportement là-dessus.
M. Kehoe: Dans ce domaine, donc, vous avez parlé des maux
de dos.
M. Shedleur (Pierre): Mais, à compter de 1994, tous les
dossiers seront traités avec l'approche des 90 jours: identifier les
problèmes, ce qu'on peut faire, et du travail d'équipe.
Délais d'appel
M. Kehoe: Est-ce que ça veut dire que, dans l'ensemble,
les délais pour faire entendre en appel, ça va être les
mêmes qu'actuellement? Parce que, actuellement, les délais,
l'engorgement dans le système pour les appels, quelqu'un qui veut en
appeler d'une décision prise par la CSST, ça prend je ne
me rappelle pas le délai que ça prend ça peut
prendre jusqu'à, je ne sais pas si vous dites quatre mois ou quatre
ans?
Une voix: Quatre ans.
M. Kehoe: Quatre ans, bien, c'est... Je pense que je n'ai pas vu
si longtemps que ça, mais ça prend assez de temps que la
personne, souvent, entre-temps, ne reçoit pas de pension ou est dans une
situation... Moi, j'ai vu des cas où elle ne recevait pas de pension,
elle finissait... La CSST a décidé de couper le traitement, oui,
et la pension, puis il y avait je ne sais pas combien de délai,
jusqu'à quatre ans, je pense que c'est beaucoup... Mais, entre-temps,
qu'est-ce que le type fait? La question que je pose, c'est le délai.
M. Shedleur (Pierre): Le délai.
M. Kehoe: Est-ce que ça a commencé à
améliorer dans ce domaine-là?
M. Shedleur (Pierre): II y a des bonnes et des mauvaises...
Disons, il y a des choses heureuses et des moins heureuses. Au niveau du Bureau
d'évaluation médicale, on l'a vu hier dans la
présentation, en général les gens attendaient 85 jours
avant qu'on s'en occupe. Maintenant, c'est rendu à 15 jours. Donc, en
moins de 15 jours, on reçoit le rapport médical et on peut
intervenir. Donc, au niveau du Bureau d'évaluation médicale, qui
était l'ancien arbitrage médical, les problèmes de
délais sont réglés, les problèmes
d'arrérages sont réglés. Donc, c'est une chose de faite au
niveau du BEM.
Au niveau des bureaux de révision, le dossier n'est pas encore
réglé, et on va le régler au cours des prochains mois.
Ça va prendre un certain temps. Actuellement, le délai est de 300
jours. Et le délai d'attente à laCALP...
M. Kehoe: De 300 jours?
M. Shedleur (Pierre): De 300 jours au bureau de révision,
et au niveau de la CALP, c'est deux ans et demi.
Mais la seule façon de régler le dossier, comme je le
mentionnais hier, c'était au niveau de la qualité de la
décision. Il faut se rapprocher de nos clients, les aider, les soutenir
et éviter les contestations inutiles. Donc, je pense qu'au niveau
médical on a réussi et on est passé de 85 jours à
15 jours. Il n'y a plus d'arrérages, de «backlogs», si vous
aimez mieux, et, en plus, le volume a baissé de beaucoup. la commission
est de moins en moins impliquée. sur 130 000 cas en contestation, on a
à peu près 2000 cas, c'est moins de 2 %, et il y a à peu
près l'équivalent de 2000 cas au niveau, mettons, des avis, mais
qui n'est pas une contestation. donc, la csst s'est retirée
tranquillement au cours de 1993 de toutes ces contestations-là au niveau
médical. donc, je pourrais dire qu'au niveau médical ça
fonctionne très bien. les impacts sont déjà, au moment
où on se parle, présents, et la nouvelle approche médicale
du respect du médecin traitant et qu'on lui permette de faire appel
à d'autres médecins aussi, je pense que le médical, on est
sur la très bonne voie et ça va bien et, en 1994, ça
devrait être un succès.
Quant au bureau de révision, lui, ça fait appel plus aux
approches de qualité de dossiers. Si, en réadaptation, on ne
retourne pas le monde travailler, si on ne s'en occupe pas et qu'il y a des
avis différents, je veux dire, les gens contestent. Donc, ça
passe par une amélioration de la qualité de nos services, et
c'est là-dessus qu'on travaille avec les nouveaux produits.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M. le
président. M. le député de Chapleau, malheureusement, vous
aussi, votre temps est écoulé. Et je me sens quasiment
forcé de lire le règlement parce que je m'aperçois, M. le
président Shedleur, que la qualité de votre présentation a
suscité un tel intérêt sur le sujet que la bisbille est en
train de prendre entre nous, les parlementaires, sur l'attribution du
temps.
M. Shedleur (Pierre): Ce n'est pas de ma faute.
Le Président (M. Joly): Ça a créé un
tel engouement que... Le règlement dit: «Sauf dispositions
contraires, un député peut s'exprimer une seule fois sur une
même question. Son temps de parole est de dix minutes pour une motion de
forme...» Donc, je pense avoir été juste, peut-être
ferme, peut-être...
Une voix: ...
Le Président (M. Joly): Non, mais c'est la même
chose, si vous voulez, que les commissions parlementaires, exactement la
même chose. L'article 209. Alors, c'est un petit peu...
Une voix: ...
Le Président (M. Joly): Non. Si vous voulez consentir
votre temps de parole au porte-parole officiel de votre formation, je suis
prêt à avoir cette latitude de lui reconnaître le temps de
parole. Alors, c'est entre vous autres que vous devez vous entendre. Moi,
j'attribue le temps qu'il faut. J'administre la règle, j'administre la
procédure et j'administre le règlement. Alors, c'est pour
ça que je vais reconnaître maintenant M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, une question de
règlement. C'est simplement pour vous dire qu'on ne perdra pas de temps
à la discuter, mais on est en commission parlementaire, on reçoit
un organisme, il y a une plus grande latitude normalement qui est
donnée. C'est notre porte-parole pour l'Opposition et, dans ce
contexte-là, M. le Président, tout en constatant la bonne
volonté du président de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, en espérant que ces paroles qui sont
dites ne seront pas, comme d'autres qu'on a entendues dans le passé,
fumée sans feu...
Le Président (M. Joly): Sans action.
M. Jolivet: ...sans action au bout de la course, comme dit le
Président, je vous demanderais de reconnaître le
député de Jonquière pour mon droit de parole de 10
minutes.
Le Président (M. Joly): Parfait. Merci. M. le
député de Jonquière.
Interventions auprès du médecin
traitant
M. Dufour: Je vous remercie. Merci surtout à mon
collègue du comté de Laviolette pour sa grande
compréhension.
Tout à l'heure, on a parlé de l'inspection, mais, aussi,
dans votre programme, vous parlez de la réadaptation, et il semble que
ça peut causer des problèmes puisqu'il y a des interventions
directes qui vont se faire. Même si vous nous dites que vous respectez
l'opinion du médecin, il y a des interventions qui pourraient se faire
directement par la CSST auprès du médecin traitant, ce qui fait
que l'employé pourrait être tenu à l'écart. Je fais
allusion à un article qui a paru dans Le Devoir, où on
l'intitule: «La nouvelle politique de réadaptation pourrait faire
perdre le droit de contestation à des milliers d'employés».
Donc, il pourrait y avoir des tractations sans que le travailleur le sache,
puis, comme le travailleur n'a plus le droit de contester le médecin,
ça pourrait amener des problèmes assez grands.
Donc, la question que je pose par rapport à ça: Est-ce que
le processus qu'on engage où l'employeur peut encore intervenir
directement... est-ce qu'on n'est pas en frais de créer une nouvelle
judiciarisation, ce de quoi on voulait s'éloigner tantôt? On veut
l'enlever, puis
on prend d'autres méthodes qui font qu'on se rapproche encore du
judiciaire. Donc, il y a des coûts qui vont se faire, puis c'est au
détriment de qui? Et ça, je ne sais pas si, comme
président, vous avez le contrôle, parce que j'ai envie de vous
poser dans la même question... On parle des dossiers à partir de
l'an 1 ou du jour 1 de votre règne, mais les anciens dossiers, qu'est-ce
qu'on fait avec? Est-ce qu'il vont tramer dans le décor ad vitam
aeternam?
(Consultation)
M. Shedleur (Pierre): D'abord, pour l'approche médicale,
il n'est pas question que nos médecins influencent quelque
décision que ce soit, et on informe le travailleur, je veux dire,
lorsqu'on parle au médecin. Et là il faut comprendre la CSST,
sa... (11 h 40)
M. Dufour: Est-ce qu'on l'informe par écrit ou si on
l'informe verbalement?
M. Shedleur (Pierre): Verbalement.
M. Dufour: Ah! mais ça, ça n'a pas tout à
fait la même valeur, à mon point de vue.
M. Shedleur (Pierre): Oui, mais le problème que nous
allons avoir, là on peut embarquer une machine à papier. C'est
ça, le problème, actuellement.
Une voix: Oui, c'est vrai, il a raison.
M. Shedleur (Pierre): On vous l'a montré, tous les
formulaires... Si on s'embarque à s'envoyer du papier, ça veut
dire des délais. Ça va vouloir dire des contestations parce qu'il
va y avoir de plus en plus d'ambiguïtés. C'est ça qu'on
vient de faire avec les formulaires. Et, à ma connaissance,
actuellement, je n'ai eu aucune plainte avec la nouvelle approche, au moment
où on se parle, où il y aurait eu ingérence de nos
médecins.
Je peux d'ailleurs vous dire qu'avant d'implanter la nouvelle approche
on a consulté la Fédération des médecins du
Québec des omnipraticiens et des spécialistes et
ils nous ont donné leur support. Us ont dit que c'était une bonne
approche et que c'était correct de communiquer de cette
façon-là et qu'ils étaient d'accord en autant que
ça respectait les règles professionnelles. Or, nos
médecins sont aussi des médecins. S'ils posaient des gestes
incorrects, ils pourraient être blâmés professionnellement.
Je peux vous dire, donc, que la Fédération des médecins
omnipraticiens, entre autres, nous a supportés dans cette
démarche-là.
Vous comprendrez que si on commence à s'envoyer des papiers sans
arrêt... D'abord, ce n'est pas la culture des médecins, le papier,
et, deuxièmement, bien, on va se perdre en ambiguïtés, en
formulaires et en contestations. Donc, on est allé chercher ce support
médical qui était extrêmement important pour nous et, en
aucun cas, je tiens à le dire, on va intervenir pour influencer le
processus médical. Plus que ça, on dit aux médecins
traitants, quand on n'est pas d'accord: On va vous contester; si vous voulez
une autre expertise, prenez-en une. C'est tout un changement d'attitude,
ça. Je crois qu'on prend la bonne voie. La voie du formulaire, c'est la
voie bureaucratique, ça. C'est la voie où on ne se comprendra
pas.
Je tiens aussi à faire une précision par rapport à
cet article-là du Devoir qui était erroné
à plusieurs égards, soit dit en passant, et, entre autres, quand
il disait qu'on ne peut plus contester le médecin. C'est qu'il ne faut
pas oublier que, selon l'ancienne loi, la loi des accidents du travail,
lorsqu'un travailleur ne pouvait pas se trouver un médecin, là,
la CSST lui désignait un médecin. Mais, bien sûr, compte
tenu que ce n'était pas son libre choix, bien, là, il avait le
droit de contester ce médecin-là qui lui avait été
désigné; ce n'était pas le sien. Or, maintenant, c'est un
problème réglé avec la loi 42. Avec la loi 42, il y a la
prépondérance de son médecin traitant. C'est lui qui le
choisit. Bien sûr que, là, de contester son propre médecin,
ça n'a pas été retenu lors des débats.
Donc, il faut apporter des nuances à cet article-là qui,
à mon avis, ne donne pas la réalité des faits. Et avant de
s'insurger, comme il disait, contre les nouvelles approches, il faudrait
commencer par les faire vivre, et qu'il nous apporte, cet avocat-là,
dans le fond, des preuves de ce qu'il dit, de ce qu'il avance. D'ailleurs, je
tiens à vous souligner que c'est un avocat et que je pense que la
judiciarisation, il n'est peut-être pas contre; on en vit, hein, des
fois!
Le Président (M. Joly): M. le président, est-ce
qu'il y aurait possibilité, pour le bénéfice des
parlementaires, que nous puissions avoir en main ces formulaires-là
auxquels vous faites référence, si vous en avez en
quantité suffisante, sinon, peut-être...
M. Shedleur (Pierre): On va en faire venir pour cet
après-midi.
Le Président (M. Joly): ...on fera une photocopie aussi...
Parce qu'il me semble que ça peut être intéressant de voir
avant et après, ce que vous aviez là, le deux par trois pouces,
puis, maintenant, votre nouveau formulaire.
M. Shedleur (Pierre): C'est ça. Le Président (M.
Joly): Merci.
M. Shedleur (Pierre): On n'a pas, par contre, M. le
Président, je voudrais le souligner, on n'a pas ajouté de
formulaires. Justement, ce qu'on a dit: Voici les formulaires avec lesquels on
devait travailler. Or, c'est inadéquat. Et, au lieu d'ajouter d'autres
formulaires et commencer à s'envoyer des papiers, on s'est dit: On est
mieux par une communication téléphonique avec
les médecins pour se comprendre. D'ailleurs, les médecins,
en général, qu'on a rencontrés préfèrent
ça que de se voir envoyer d'autres papiers. Ils nous disent qu'ils ont
assez de papiers dans leurs cabinets qu'ils ne savent plus lesquels nous
envoyer ou envoyer à la RAMQ ou ailleurs. Donc, on n'est pas tout seuls.
Là, ils ont tellement de papiers. Alors, là, on s'est dit: On va
arrêter les papiers, on va plutôt se parler pour travailler,
mettons, avec le travailleur.
Le Président (M. Joly): Parfait. Merci. M. le
député de Jonquière, s'il vous plaît.
Processus de contestation et de
judiciarisation
M. Dufour: Oui. Bon, on va prendre ce que vous nous dites pour le
moment parce que, je veux dire, on peut bien dire que c'est erroné, mais
il y a les gens aussi qui sont à l'intérieur du processus qui
sentent certainement des choses. Par exemple, est-ce que vous croyez que, dans
le processus judiciaire qu'on a maintenu jusqu'à maintenant, où
c'est normal que les syndicats comme tels, la CSST comme telle ou les patrons
soient à l'intérieur du processus d'évaluation puis de
décision puis d'inspection, un peu de tout, au point de vue
judiciaire... Le patron peut contester, il peut amener... Le syndicat
défend. Là, on commence une grosse contestation. Moi, je n'ai pas
les coûts. Combien ça coûte, ça? Combien ça
pourrait coûter, tout le système de judiciarisation qu'on a en
marche?
M. Shedleur (Pierre): En frais d'administration, ça
coûte 65 000 000 $ environ, incluant la CALP, les bureaux de
révision. C'est environ 65 000 000 $ que ça coûte.
M. Dufour: 65 000 000 $ juste pour la CSST.
M. Shedleur (Pierre): Oui, juste les frais... bon, l'entretien de
la CALP, les frais de la CALP, c'est à peu près 25 000 000 $; les
bureaux de révision; bon, reconsidération, conciliateur, etc.
Mais c'est environ 65 000 000 $, 64 100 000 $.
M. Dufour: Est-ce que vous croyez qu'on pourrait avoir un
processus plus léger ou moins complexe?
M. Shedleur (Pierre): Oui.
M. Dufour: Et est-ce que vous croyez que les patrons devraient
être dans le processus pour la contestation à partir du
début? Parce que vous le dites, quand un médecin se prononce et
qu'il y a une lésion... il y a une incapacité de 15 %, 20 %,
là on commence le processus de contestation. Il y a quelque chose qui ne
tourne pas.
M. Shedleur (Pierre): D'abord, je crois que ça pourrait
être plus déjudiciarisé, qu'il y ait moins... Et c'est le
comité de déjudiciarisation, qui va déposer son rapport au
plus tard en mai qui devrait nous permettre de faire des demandes au conseil
d'administration et au gouvernement de modifications législatives,
probablement. Là-dessus, je crois que, oui, il faut faire des
changements à cet égard-là, et nous allons probablement,
comme je vous dis, au mois de mai environ ou au plus tard en juin, faire des
propositions de modifications au gouvernement. En tout cas, moi,
là-dessus, ça m'appa-raît qu'il faut poser des gestes.
Quant à, je dirais, l'intervention des gens dans le
régime, d'abord, je crois personnellement que le paritarisme à la
CSST, c'est positif. Les débats se font alentour d'une table. Ce n'est
pas toujours facile. J'imagine que ça doit être pareil à
l'Assemblée nationale. Je veux dire, c'est le processus
démocratique. Ça peut être lourd des fois, mais c'est
démocratique et, lorsqu'il se prend des décisions, c'est beaucoup
plus stable à long terme et on a des chances de voir vivre des choses.
Donc, à cet égard, moi, je considère que le paritarisme
est très, très positif dans le système à la CSST et
qu'il y a possibilité de vivre ça. Je ne vous dis pas que c'est
facile, mais c'est possible, et c'est normal que ce soit difficile, les gens
n'arrivent pas avec les mêmes points de vue, les mêmes
intérêts. Mais je dois vous dire qu'il y a beaucoup plus de
consensus, que les gens s'imaginent, que de non-consensus. Donc,
là-dessus, je suis très favorable à ça.
Quant aux interventions des gens dans les tribunaux, dans les
différentes instances, c'est une question de droits et de
libertés des personnes, aussi. Il y a une charte. Bon, le travailleur,
on ne peut pas l'empêcher d'en appeler des décisions que la CSST
prendrait; c'est tout à fait correct. Mais on ne peut pas empêcher
un employeur à qui on charge une somme d'en appeler aussi. On lui charge
un montant, puis il n'aurait pas de droit de regard sur ce qu'on lui charge.
Or, moi, je ne suis pas avocat, mais il me semble que, si on me chargeait de
quoi sur mon compte MasterCard ou Chargex et que je n'aurais pas le droit de
rien dire, je ne suis pas sûr que j'aimerais ça. Donc, je pense
que c'est une question de permettre aux gens, travailleurs et employeurs, d'en
appeler. Bien sûr, ça fait que c'est lourd, mais je ne vois pas
actuellement comment on pourrait s'en sortir, de permettre... Si on ne
permettait pas à un groupe ou un autre d'en appeler, je pense qu'on
aurait d'autres problèmes.
Mais c'est difficile à gérer tout ça. C'est pour
ça qu'il faut revoir nos façons de faire pour éviter cette
mécanique-là de contestation. Je vous l'ai montré hier
avec des chiffres puis je vous le disais, la CSST a réduit de beaucoup
ses contestations actuellement, a changé ses approches, et le volume de
contestations baisse et ça fonctionne. On le voit actuellement, on le
voit surtout dans les trois derniers mois de 1993, elle commence à voir
son impact. Donc, c'est possible tout en gardant les droits à tout le
monde, employeurs et travailleurs. On le voit, le résultat semble assez
concluant. Si la CSST
conteste 2000 cas par année, c'est moins de 2 %; ce n'est pas si
énorme que ça. donc, c'est sûr que tout ne peut pas passer
sans avoir été analysé, quand même. donc, ça
m'apparaît être des droits justifiés aux gens, actuellement,
et je n'ai pas d'autres solutions pour donner ces droits-là à ces
gens-là.
M. Dufour: Est-ce que ça coûterait moins cher si
on...
Le Président (M. Joly): Je vous inviterais à
conclure, M. le député, s'il vous plaît. (11 h 50)
M. Dufour: ...si on surveillait et on appliquait la loi? Parce
qu'on dit: On fait revivre la loi. Revivre la loi, c'est le client, c'est
l'approche de protéger le client. Moi, je comprends qu'au point de vue
de... qu'au conseil d'administration ce soit paritaire, mais le paritarisme qui
s'en va jusqu'en bas... Il a été un temps où ce qu'on
connaissait au point de vue de l'assurance automobile, ce n'était pas
tout à fait le même système qu'on a aujourd'hui. Est-ce
qu'il est déjudiciarisé pour autant? Je pense que c'est un peu
plus difficile. En tout cas, il y a une chose certaine, c'est que, pour la
tôle, c'est payé, puis ça finit là. L'assurance est
générale pour tout le monde.
Vis-à-vis le travailleur comme tel, bon, tout ce
système-là, il est lourd puis il a tendance à s'engorger,
puis on va toujours le «complexer» au fur et à mesure qu'on
va vouloir le... Si on ne le simplifie pas d'une façon draconienne, on
va toujours essayer de le com-plexifier. Donc, si on ne veut pas arriver
à ça, il faut regarder d'autres méthodes. Ce n'est pas
parce que ça s'est fait comme ça que ça doit continuer
comme ça nécessairement. Moi, je pense qu'il y a d'autres
endroits, peut-être au Canada ou ailleurs, où il y a des
systèmes qui s'appliquent. Il y a beaucoup moins d'avocats puis de
casse-tête puis de contestations. Il me semble qu'on devrait en venir
à ça. Quand le diagnostic est posé puis le
diagnostic donne un pourcentage d'incapacité assez grand bien,
là, ce n'est pas le temps de faire des grimaces, de sauter en l'air.
C'est quelqu'un qui souffre quelque part, puis la personne veut soit se
réadapter ou avoir un revenu décent. Moi, je ne vois pas qu'on
peut donner prise aux tribunaux. Il ne faut pas traiter tout le monde, non
plus, comme si c'étaient des gens malhonnêtes.
M. Shedleur (Pierre): En tout cas, ce n'est pas du tout notre
intention de les traiter comme ça.
M. Dufour: Bien, j'espère que ce n'est pas ça. Moi,
je verrais ça mal. Mais, trop longtemps... Quand je regarde ce qui s'est
fait en 1992 par la CSST...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député...
M. Dufour: ...12 000 contestations, puis, en 1993, 7300 dans six
mois... C'est pourquoi les raisons de la contestation? Ce n'est pas juste pour
le «fun». Ça veut dire qu'on examine et qu'on voit, puis la
CSST a un doute dans son esprit. Ça ne peut pas tout être du monde
malhonnête là-dedans. Jamais je croirai! Donc, si on fait un
système en fonction...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député, un peu de bonne volonté.
M. Dufour: ...du peu nombreux, là, ça ne marche
pas.
M. Shedleur (Pierre): En tout cas, M. Dufour, si vous permettez,
d'abord, je pense que c'est un système lourd qui est complexe, mais
c'est ça qu'on essaie de faire avec nos nouvelles façons, de le
simplifier. Je pense qu'on le voit avec la réadaptation, ce qu'on vous a
présenté aujourd'hui, on veut intervenir dans un délai de
90 jours. On veut le faire avec toutes les parties. On veut impliquer le
travailleur, l'employeur, les syndicats, les médecins traitants. Donc,
on intervient, tout le monde. Il me semble que ça simplifie les
règles, là. Au niveau du médecin régional, on va
faire un bilan médical à 60, 90, 120 jours. On est en train de
faire ça, et on pense que les contestations sont à la baisse. Les
chiffres que je vous ai fournis au niveau du Bureau d'évaluation
médicale le démontrent, et ce n'est plus la CSST, elle est
très peu présente actuellement. Donc, on essaie de se retirer
graduellement de la contestation et de la confrontation. Ça, vous avez
raison, on était trop présent, j'en conviens, et c'est pour
ça qu'on se retire.
Quant aux niveaux d'appel, comme je vous le dis, on devrait vous faire
des propositions. Ailleurs, dans d'autres provinces, il y a des bureaux de
révision qui ne sont pas paritaires. Mais c'est un choix qui vient,
mettons, de la loi 17, du paritarisme, et le bureau de révision dans les
autres provinces, c'est une instance administrative de la Commission des
accidents du travail. Ça, ça a été rejeté
lors des débats qui ont eu lieu au Québec en disant: Bon, bien,
ce n'est pas un vrai bureau de révision, c'est des gens internes de la
Commission qui se révisent. Et les gens mettaient en doute la
qualité de ce genre de décision là. Alors, les autres
provinces ont continué à opérer comme ça. Je ne
porte pas de jugement, c'est un fait. Nous, au Québec, on a fait un
autre choix, on a dit: On va faire un bureau de révision paritaire, qui
est un tribunal avec tous les pouvoirs. Et il y en a un deuxième, la
CALP. Donc, c'est sûr, au Québec, on a un niveau de plus. Et ce
sont toutes ces choses-là qu'on regarde au niveau du comité de
déjudi-ciarisation afin d'améliorer cette machine lourde sur le
plan judiciaire, c'est un fait.
M. Dufour: O.K.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le
président.
Avant de reconnaître M. le député de Masson, je vais
reconnaître M. le député de Drummond.
Évaluation des médecins de la
CSST
M. St-Roch: Merci, M. le Président. M. le président
de la CSST, hier, j'ai touché brièvement, dans une de mes
interventions, à la page 28, au graphique 28, où vous avez:
Intervention de la CSST. Je sais qu'on pensera peut-être aujourd'hui que
le député de Drummond était «politically
correct». Je ne serai pas «politically correct». Il y a des
vaches sacrées au Québec. Il faut voir comment c'était
à un moment donné et questionner.
Une des plaintes que j'ai, moi, puis j'y ai touché
brièvement, je le répète, hier, avec mes nombreux cas de
comté, c'est les fameux médecins de la CSST. Alors, je vais
redevenir «politically correct» en prenant des mots qui sont
à la mode. Moi, j'ai la perception que le système souffre d'un
complexe ou d'une maladie qu'on pourrait appeler iatrogène, qui est:
maladie ou problème causé par les médecins. Est-ce que,
à la CSST, dans sa nouvelle révision, dans sa nouvelle vision,
qui me plaît jusqu'ici, ce que vous voulez implanter pour 1994
mais je ne vous ai pas entendu, moi, parler et évaluer le rôle du
médecin qui représente la CSST... Puis, moi, ma perception de la
CSST, c'est un des beaux filets sociaux qu'on s'est donnés au
Québec pour, lorsqu'arrive une fatalité, qu'on ait quelque chose
qui fasse en sorte qu'on soit capable d'avoir des mécanismes correcteurs
puis un filet de sécurité qui empêche les individus, hommes
ou femmes, d'aller, comme on voit dans d'autres pays, dans la dèche.
À ce moment-ci, moi, ce que je regarde, dans mes nombreux cas de
comté j'ai des cas pour lesquels je n'ai aucune raison de mettre
en doute les travailleurs et les travailleuses qui viennent témoigner
pour dire: Voici la manière dont j'ai été traité
est-ce qu'il y a un processus d'évaluation des médecins de
la CSST qui va être impliqué? Est-ce que vous allez être
capable de regarder puis j'imagine, au niveau statistique... à
partir des statistiques des bureaux de révision et à partir des
statistiques de la Commission d'appel... on est capable de voir, à un
moment donné, que, s'il y a un problème quelque part et que c'est
toujours alentour de la même région ou des mêmes
médecins... que la CSST devrait être capable d'arriver et
d'apporter un mécanisme de solution, de dire: Dans le respect... Parce
que le problème que vous avez, majeur, c'est de regagner la
crédibilité de la population, des travailleurs et des
travailleuses envers le système. Puis, quant à moi, ça va
passer à partir du moment où on va être capable de regarder
cette vache sacrée là et de dire: Ce syndrome d'iatrogène,
on va le corriger à la CSST.
M. Shedleur (Pierre): Une excellente question, M. le
député. D'abord, au tout début, je vais venir à la
défense des médecins de la CSST. De façon
générale, nous avons d'excellents médecins. Là
aussi, comme partout ailleurs, c'est la courbe normale. Il peut y avoir
certains médecins de moindre qualité, mais c'est la courbe
normale. Et on pourrait y amener nos médecins; vous seriez
étonnés de la qualité des médecins de la CSST.
Mais qu'est-ce qu'on a fait avec nos médecins? D'abord, ils
n'avaient jamais le droit de parler aux autres médecins à
l'extérieur. Il y avait comme un interdit. Donc, ils ne pouvaient pas
communiquer avec le médecin traitant pour comprendre. La seule chose
qu'ils recevaient, c'est ce que je vous ai montré tantôt, les
formulaires. Je veux dire, il faut être pas mal devin quand vous avez un
formulaire de deux par trois avec quelque chose de général, puis
là, essayer de faire votre travail de médecin CSST. C'est
très, très, très pénible. Donc, ils n'avaient pas
ce qu'il fallait pour faire leur travail. Puis ils n'avaient pas le droit
d'appeler le médecin traitant pour comprendre ce qu'il avait
marqué. Donc, évidemment, il y avait une arme, puis qui
était la dernière, qui était de dire: Je ne comprends pas
comme il faut le dossier, puis ils disaient: Bien, on va demander une
contre-expertise. Donc, ils ont été dans cette
situation-là, les médecins de la CSST. C'est pour ça que
je dis qu'il faut venir à la défense des médecins.
Ça ne veut pas dire que tous sont parfaits. Dès qu'on va
identifier des médecins qui ne se comportent pas de manière
correcte et professionnelle chez nous, nous allons intervenir et nous ne
laisserons pas faire ça. Mais je crois qu'il ne serait pas
approprié de juger tous les médecins de la même
façon et de dire qu'ils sont tous malhonnêtes. C'est faux. Donc,
il faut être honnête et faire une analyse correcte. Donc, c'est
pour ça que nos médecins ont travaillé selon les
directives qu'ils ont reçues et ils ne pouvaient pas avoir
l'information, souvent, et la seule arme qu'ils avaient, c'était la
contestation. Il se peut qu'il y ait un certain nombre de médecins, et,
s'il y en a, qu'on nous donne les noms pas ici, j'espère
et on va regarder si c'est vrai qu'il y a des problèmes, comme toute
autre personne de la CSST qui se comporterait de façon incorrecte. Avec
des noms, nous allons faire les analyses et on va faire une enquête
là-dessus. Parce qu'on ne laissera pas quelques individus
détruire la crédibilité ou le système qu'on veut
mettre de l'avant.
L'objectif de notre médecin de parler au médecin traitant,
c'est de préciser le diagnostic. On va vous envoyer des copies des
formulaires, mais, dans deux pouces par trois pouces, c'est très
difficile de comprendre, des fois, des diagnostics. Donc, pour bien
comprendre... Pourquoi bien comprendre? Pour identifier les facteurs de
gravité susceptibles de prolonger la durée. Est-ce que
l'accidenté a besoin de traitements plus rapidement? Hier, je vous
parlais qu'il y avait des durées jusqu'à 350 jours pour des
travailleurs avant des délais d'attente d'hospitalisation. Nous autres,
il faut le savoir, ça, si c'est un cas problématique qui a besoin
d'être opéré pour voir ce qu'on peut faire pour intervenir
auprès d'hôpitaux pour que les délais d'attente soient
moindres. Mais ça, il faut le savoir. Sur la petite feuille
de deux pouces par trois pouces, ce n'est pas indiqué, ça,
là.
Ensuite, si on veut enrichir notre intervention auprès du
travailleur et de l'employeur, au niveau du retour au travail, si le
travailleur a des problèmes particuliers, il faut le savoir pour qu'on
puisse dire à l'employeur: Est-ce que vous pourriez ajuster votre poste
de travail? Est-ce que vous pourriez faire telle chose? Et là le
travailleur pourrait retourner au travail. (12 heures)
Donc, ce sont toutes des informations qu'on n'avait pas. Et donc, c'est
ce qu'on cherche, trouver cette information-là de meilleure
qualité pour venir supporter le travailleur dans sa démarche et
aussi le médecin traitant. Je l'ai dit tantôt, le médecin
traitant n'est pas capable, et probablement que la majorité ne se
déplaceront pas pour aller visiter tous les milieux de travail. Donc,
qu'est-ce qu'il faut faire? Il va falloir qu'il y ait des gens qui donnent
l'information à ces médecins-là, professionnellement, pour
qu'ils prennent des décisions.
Je conclus en vous disant que si jamais il y a des médecins qui
se comportent de façon incorrecte, nous voulons le savoir et nous allons
intervenir. Mais je pense que la grande majorité de nos médecins
est de très grande qualité. D'ailleurs, ça me ferait bien
plaisir de vous les présenter. Vous seriez surpris de la qualité.
Mais ils travaillaient aussi avec les directives qu'ils ont reçues.
Ressources en prévention des maladies
professionnelles
M. St-Roch: Alors, les prochains cas de comté qu'on aura,
on vous les référera, M. le président.
Une autre chose, parce que le temps file vite. Dans le graphique... Vous
avez mentionné d'ailleurs, au niveau de la prévention et de
l'inspection, qu'on va repartir les travaux à partir d'avril...
D'entrée de jeu, hier, je ne vous ai fait aucune cachette en vous
disant: Quant à moi, c'est la pierre angulaire du prochain
système de la CSST basé sur la prévention. Mon
collègue de Jonquière y a touché énormément
au niveau du nombre d'inspecteurs.
Moi, il y a une autre avenue que j'aimerais regarder avec vous aussi,
parce que, lorsqu'on parle de prévention, c'est toute l'application, et
je m'y référais hier aussi, des technologies modernes. Puis je
vais prendre un problème qui est bien particulier, à l'heure
actuelle. Est-ce que, dans vos programmes et dans votre investigation qui va
débuter à partir d'avril, vous allez faire appel à
l'expertise des spécialistes du privé ou du milieu public au
niveau de certaines... Et je vais prendre les fameux problèmes d'audio,
en exemple, où on me dit, pour avoir fouillé cette partie de
dossier là, qu'à l'heure actuelle, oui, on fait des
préventions, on examine nos travailleurs, on examine en usine et on joue
strictement au niveau des décibels. Puis je peux vous dire
qu'aujourd'hui on s'aperçoit qu'à cause de problèmes
congénitaux puis à cause aussi de problèmes qu'on peut
détecter, ce n'est pas juste les décibels, mais il y a la
fréquence des sons, dans l'aigu ou dans le lourd, qui peut affecter des
travailleurs et des travailleuses.
Puis on me dit qu'aujourd'hui on serait capable d'avoir des
systèmes de prévention. Au Heu de prendre trois ou quatre jours
pour faire un groupe de travailleurs dans une usine, on pourrait prendre trois
semaines, aller voir les postes de travail, regarder chacun des
paramètres, regarder l'examen de l'ouïe de nos travailleurs et de
nos travailleuses et nous dire: Bien, si on continue, où il n'y a pas de
problème d'ouïe, dans cinq ans, dans 10 ans, ce travailleur ou
cette travailleuse-là aura un problème à cause de telle ou
telle raison.
Puis ça, quand je regarde au niveau des préventions,
à l'heure actuelle, à moins que ça ait
énormément changé depuis les quelques années que je
suis en vie politique, nos inspecteurs gardent la quincaillerie puis la
plomberie. Mais de dire: Je vais garder un poste de travail puis
ça, c'est un autre exemple est-ce que vous allez faire appel
à toute la science de l'ergométrie aujourd'hui et dire: On prend
un poste de travail pour être capable de regarder. Puis un travailleur
qui fait un geste répétitif dans cette tâche-là
pendant x années, on peut déjà prévoir une usure de
la hanche, un problème de dos ou de coude. Ça, ça devrait
faire partie des nouvelles préventions et techniques. Puis, lorsque vous
allez réexaminer ce secteur d'activité là, on va
être capable d'approcher ça avec cette vision moderne qui
était peut-être un peu plus pointue que la prévention
traditionnelle de la quincaillerie, puis des problèmes
électriques, puis de manutention, puis de trous, puis d'eau qui filtre,
puis d'échafauds.
M. Shedleur (Pierre): Merci beaucoup. Bien, c'est tout le
débat, tout le débat un peu de la prévention-inspection
qu'on veut débuter en avril 1994. Mais je peux quand même vous
donner des réponses partielles aujourd'hui.
Je peux vous dire que nous allons utiliser toutes les ressources
humaines et technologiques à notre disposition pour aider à
trouver des solutions. Je peux vous dire qu'à l'IRSST, on en a
parlé hier, c'est spécial au Québec, on a un institut de
recherche. Et j'en suis aussi le président et j'ai bien l'intention de
m'assurer que les recherches que fait cet institut-là viennent nous
supporter dans nos démarches de prévention-inspection et qu'on
identifie les places qui sont plus problématiques et comment ils peuvent
venir nous aider là-dessus.
Donc, on va établir, avec l'IRRST, une planification
stratégique pour réorienter ça. Donc, certains de leurs
travaux probablement vont venir nous supporter. Donc, on a des chercheurs de
très grande qualité à notre disposition. Actuellement, on
a peut-être sous-utilisé l'IRSST, je dirais, dans nos solutions de
prévention-inspection.
Il y a aussi les associations sectorielles paritaires desquelles, je
crois, la CSST a la responsabilité de se rapprocher, de nous donner de
l'information pour qu'eux-mêmes puissent agir encore plus correctement
dans les secteurs où ils sont. Je peux vous dire là que
nous allons utiliser tous les outils qui sont là. Voyez-vous, ee
n'est pas des modifications de lois. C'est là. Comment on peut faire
pour travailler ensemble en partenariat pour éliminer, mettons, le plus
possible de dangers à la source et améliorer la situation.
Il y a des CH-DSC, des régies régionales maintenant sur
toute la question des services de santé. Je ne vous cacherai pas qu'il y
a des problèmes. Vous venez de le mentionner actuellement pour toute la
question des problèmes de surdité. Là, on a des
problèmes. On va s'en occuper là aussi. Donc, comme vous pouvez
voir, on a l'intention, lors des travaux qu'on va faire au niveau de la
prévention-inspection, d'utiliser tant les ressources humaines connues,
IRSST, ASP, et ailleurs dans les universités pour nous aider à
prendre les bonnes décisions et à supporter les entreprises. Et
on a l'intention aussi de s'assurer que les services de santé, en
santé communautaire, dans lesquels on investit environ 40 000 000 $ par
année, ça vient supporter, aussi, tout le travail qu'on fait en
prévention et inspection. Donc, c'est ça qu'on va faire comme
débat. Et comment on va faire pour corriger ça? Est-ce que nos
inspecteurs, actuellement, qui vérifient plus de quincaillerie, bien,
effectivement, c'est ce qu'on me dit, que c'est ce qui se fait beaucoup. Alors,
comment on pourrait changer ça pour améliorer la qualité,
mettons, de notre inspection au Québec actuellement? Alors, on va
travailler là-dessus aussi. Alors, ce sont toutes des choses que, lors
de notre comité, on va travailler pour se donner de nouvelles
orientations, des nouvelles façons de faire à la CSST.
Et je termine en vous disant que la question des gestes
répétitifs, là encore vous avez raison, M. le
député, mais on s'en vient prochainement avec un dossier, dans
les prochains mois, où on va proposer des solutions au niveau de la
question des gestes répétitifs. Mais, vous le savez très
bien, ça peut toucher l'organisation du travail, ça peut imposer
aux entreprises d'investir dans leurs usines en toutes sortes
d'investissements. Mais on va faire la preuve aux employeurs que c'est payant
de faire ça et que ça va protéger la santé des
travailleurs. Donc, les gestes répétitifs, d'ici quelques mois,
on devrait avoir des solutions à proposer dans nos approches. Donc, la
CSST va se faire une tête, comment on va gérer ça, et je
peux vous dire que, dans les gestes répétitifs, on a
associé l'IRSST là-dedans. Donc, on a utilisé nos
ressources humaines, nos chercheurs, on a demandé aux médecins de
nous donner des opinions là-dessus, et on s'en vient avec des
propositions auprès des entreprises là-dessus.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. Malheureusement,
c'est terminé.
Alors, M. le député de Masson, s'il vous plaît.
Appréciation de la nouvelle approche
M. Blais: Merci, M. le Président. M. le président,
je n'ai aucune question à vous poser, mais je vais faire un petit
exposé. Je suis un élu, comme tous les autres autour de cette
table, et, dans mon bureau de comté, comme dans les autres bureaux de
comté, on sent un mécontentement indescriptible envers la CSST.
Les accidentés sont mécontents parce qu'il sont mal servis, les
employeurs parce qu'ils sont mal compris. J'ai l'impression que ceci existe
parce qu'il y a quatre grands cancers qui grugent la CSST et, par ricochet, les
employeurs et les accidentés: la procédurite, la
«médicinite», la «judiciarite», et la
«déficite».
Cependant, je veux absolument vous dire ceci: Je suis charmé par
la présentation que vous nous faites. Je suis charmé de deux
façons: par la conviction que vous y mettez et par le contenu que vous
nous présentez. Je vous trouve un semeur d'espoir. Bien sûr, on ne
peut pas vous donner carte blanche, on va attendre que ça vienne, mais
je suis charmé par la présentation que vous faites. J'ai
l'impression que vous donnez aux ordinateurs une âme, et que vous voulez
traiter des clients non pas comme des numéros de dossier dans un
ordinateur mais comme des personnes qui ont besoin de soutien. Ça, au
moins, vous manifestez ça, et je vous en sais gré. Vous voulez
donner de l'efficacité à la machine. J'ai l'impression que les
gens qui tournent autour de vous et qui travaillent avec vous sont très
encouragés. Il faudrait que je les voie, je ne les ai pas vus. Je suis
persuadé qu'ils sont très encouragés parce qu'ils voient
une lueur. On vous a toujours frappé sur la tête, à la
CSST, avec raison jusqu'à aujourd'hui. Mais j'ai l'impression que vous
semez l'espoir là aussi, et dans votre personnel et dans ceux que vous
servez. J'ai l'impression que vous voulez respecter les accidentés que
vous ne considérez pas comme des numéros. Quand vous avez dit
tantôt: les cas lourds ont assez de souffrir d'être
accidentés pour le reste de leurs jours, nous allons dorénavant,
dans le futur, leur donner un traitement royal. Mais de la bouche d'un
président de la CSST, c'est encourageant pour les élus de voir
ça, donner confiance à la clientèle. (12 h 10)
II y a une chose, par exemple, ce sont beaucoup de gens qui vont
être plus sévères que, moi, j'essaie de l'être.
J'essaie d'être pondéré parce que je suis fatigué
des problèmes de la CSST, j'ai mon superconvoi. Je vais vous donner le
bénéfice du doute parce que vous semblez d'une grande
détermination et très sincère. Je tiens à vous
dire, et ceux surtout qui sont responsables directement de ce dossier il
y a Mme Blackburn qui l'a fait et il y a M. Dufour maintenant ce sont
des gens qui sont perspicaces et qui vont vous suivre au pas, parmi les
élus de l'Opposition. On va vous donner la chance. Moi, je suis
prêt à vous donner la chance parce que vous semblez innovateur et
vous semblez sincère et vous semblez aussi connaître votre dossier
à fond. C'est emballant de voir les bases que vous nous
présentez, mais ne lâchez surtout pas parce que, nous autres, on
ne vous lâchera pas.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Masson.
En réaction, M. le président Shedleur.
M. Shedleur (Pierre): Alors, je ne sais pas quoi dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Vous n'êtes pas
habitué à ça?
M. Shedleur (Pierre): Non, on n'est pas habitués à
ça, mais je voudrais dire au nom du personnel de la CSST un gros merci
de nous supporter. On veut faire vivre la loi et changer les procédures,
les façons de faire. Notre monde est bien engagé. Il faut
accepter qu'il y a aussi des humains à la CSST; il va y avoir des
erreurs de parcours, mais on est prêts à se corriger et vous aurez
toujours accès au président ainsi qu'à ses
vice-présidents pour faire corriger les situations inacceptables que
j'ai entendues ici aujourd'hui. On veut aller dans le sens du respect de nos
clients, et ça me fera plaisir de travailler, dans le fond, pour
l'Assemblée nationale, pour les gens, pour que ces lois-là
fonctionnent correctement. Je vous remercie beaucoup.
Motivation et implication au sein de la CSST
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup. Alors,
à mon tour, j'aimerais moi aussi me prévaloir de mon droit de
parole et j'aimerais vous référer à la page 9 de votre
présentation où vous parlez de refaire les ponts à
l'intérieur de la CSST. Donc, c'est un peu dans le même ordre
d'idées que mon collègue de Masson soulignait. Vous semblez
très enthousiaste. Vous êtes aussi enthousiasmé par
l'approche qui a été mise de l'avant et qui, déjà,
semble produire des réactions positives quant aux résultats
escomptés. Mais on dit toujours qu'une once d'action vaut mieux que 1000
livres d'intentions. Donc, déjà on a couché sur papier les
orientations. Bien sûr on a identifié les problèmes, on
identifie les solutions potentielles et maintenant il faut passer à
l'action.
Tout ça, c'est bien beau. On contacte une partie de votre
équipe, qui semble autant motivée que vous-même, M. le
président, vous pouvez l'être parce qu'on a eu la chance
quand même d'échanger dans les moments où on n'était
pas officiellement assis en session, et on s'aperçoit que votre
équipe aussi est motivée. Mais, maintenant, ce sont vos chefs de
file qui sont avec vous. De quelle façon c'est descendu en bas? Parce
que vous avez mis au centre de votre réforme, si on peut l'appeler comme
ça, un peu ce que le ministre Côté avait fait: le client
d'abord, le bénéficiaire d'abord. Alors, je pense qu'il est
drôlement important que l'on sache maintenant si l'équipe qui est
en dessous de vous est prête à suivre les orientations que vous
avez données. Et, si vous êtes bien organisé pour mettre
des suivis aux 30 jours, aux 60 jours et aux 90 jours dans tous les dossiers
comme tels, est-ce que vous êtes équipés vis-à-vis
de votre personnel pour, justement, faire en sorte que ça se
réalise et est-ce que vos subalternes, si on peut les appeler comme
ça, vos associés je pense que le mot
«associés» est un peu plus approprié
s'attendent à ce que vous soyez aussi rigide dans vos suivis avec eux
que vous l'avez été dans votre présentation avec nous?
Quand je parle de rigidité, je parle que ça a
été clair, ça a été direct, ça a
été limpide. Donc, on sent cette grande volonté de faire
arriver des choses. Parce qu'on dit toujours qu'il y a trois ou quatre
catégories de gens: les gens qui font arriver les choses; les gens qui
regardent ce qui arrive et les gens qui se demandent ce qui arrive. Alors,
ça me rassure de savoir que vous êtes de ceux qui veulent faire
arriver des choses. Mais est-ce que ceux qui sont en bas de vous, qui sont
là comme exécutants, sont prêts à exécuter
toute la philosophie que vous avez mise de l'avant?
M. Shedleur (Pierre): Merci beaucoup, M. le Président. Je
vais vous expliquer d'abord, pour vous montrer que ce n'est pas, dans le fond,
l'affaire d'une personne. Dans le fond, je représente une équipe,
je représente les gens de la CSST, et toute personne qui dirait qu'elle
a réussi ça tout seule, si on tourne le bateau de bord, je pense
que ce serait un gros mensonge. Donc, je peux vous dire que toutes les
discussions qu'on a eues à l'interne pour déterminer notre
nouveau mode de fonctionnement, ce dont je parlais, par équipes, par
grands dossiers, la façon de faire, eh bien, ça, a
été discuté au niveau de gens qui sont ici aujourd'hui,
dont mon adjoint, à droite, Pierre Rhéaume, qui a
participé très fortement, ainsi que ma directrice de bureau, plus
le comité de direction. Après, on a fait un colloque au mois de
mars dernier et on a impliqué tous les directeurs régionaux et
les cadres stratégiques de la Commission pour dire: Est-ce qu'on trouve
que ces principes d'action là et ce mode de fonctionnement là
sont adéquats? Il y a eu des débats. Il y a des gens qui ont dit:
Oui, on pense que c'est ça qu'il faut faire. Donc, on a eu une
adhésion à ce nouveau mode de fonctionnement provenant des cadres
stratégiques, dans un premier temps.
Par la suite, on leur a demandé de rencontrer leurs
équipes régionales, leur personnel pour leur expliquer les enjeux
et la raison pour laquelle on est là, comme fonctionnaires, pour servir
la population. Je sais que ça a été fait dans toutes les
régions aussi. Ça a été expliqué à
leurs cadres, à leur comité de gestion régional, à
leur personnel.
Par la suite, pour bien m'assurer que le message passait, j'ai fait une
tournée régionale. Je suis allé rencontrer le personnel,
échanger avec eux et expliquer la situation. Ça a duré,
dépendant des régions, de trois à quatre heures
j'ai mangé, soit déjeuner, dîner; on vient qu'on a
hâte de revenir chez nous pour manger chez nous pour
échanger avec le comité de gestion. Donc, j'ai fait une
tournée de toutes les régions il y a 21 régions qui
étaient impliquées et, par la suite, on n'a pas
arrêté là. J'ai demandé d'être présent
à toutes les
rencontres mensuelles des directeurs régionaux, justement pour
être branché sur ce qui se passe en région. Donc, je
rencontre les directeurs régionaux à tous les mois. Il y a une
journée complète prévue pour les points de discussion que
j'ai, les problèmes qui me sont amenés, soit par le cabinet du
ministre, soit par les députés, soit par les journaux, les
députés d'Opposition ou ministériels. On ramasse les
problèmes et on en parle. On discute de ce qui se fait dans les autres
vice-présidences, c'est quoi, l'impact en région. Ils apportent
leurs problèmes et on en parle. Donc, on a un suivi régulier et
on tient des comités de direction, le président avec les
vices-présidents, à peu près aux deux semaines, plus un
comité de direction élargi, à peu près aux deux,
trois semaines, sur des dossiers plus complexes, comme je parlais hier, du
dossier des surpayés. Il fallait que la CSST se fasse une idée et
il a fallu regarder ça sur tous ces côtés.
Comme vous pouvez voir, là, il y a des mécanismes
prévus. Mensuellement, on suit tout ça et le comité de
direction de la CSST, la haute direction, suit de très près tout
ce qui se fait. Donc, il y a toute une structure de suivi qui est mise de
l'avant, qui va dans le sens pas de trouver qui que ce soit en défaut,
mais si quelqu'un a un problème, qu'est-ce qu'on fait avec? J'entendais
ce matin... S'il y a des problèmes avec un médecin dans une
région, le directeur régional doit me dire: Moi, avec mon
médecin, j'ai un problème. Parfait. On va intervenir. Besoin d'un
autre médecin? Parce qu'il en faut un, on va le changer. On va vous
donner les ressources. Donc, on veut que ces problèmes-là...
Et, pour 1994, on a appelé ça, à l'intérieur
de la CSST «Le défi 1994». On a demandé à
toutes les directions régionales de nous présenter un plan
d'action: Comment vous allez faire vivre la réadaptation pour retourner
le monde au travail et adapté à chacune des régions. Vous
le savez encore plus que moi, comme parlementaires, que les régions ne
sont pas pareilles. Il y a des problèmes différents. Je pense
qu'hier, on l'a vu avec M. le député d'Ungava, peut-être
que les problèmes ne sont pas les mêmes qu'à
Montréal. Il y a des problématiques. Donc, on ne peut pas avoir
les mêmes directives et les mêmes façons de faire. Donc, on
a dit à chaque région: Présentez-nous votre plan d'action.
Vous avez des marges de manoeuvre là-dessus, mais il faut que la
réadaptation fonctionne pour les travailleurs. Il faut qu'ils retournent
au travail. Et la même chose au niveau de la nouvelle approche
médicale. Ils devaient déposer un plan pour nous assurer du
fonctionnement. Donc, on a mis plusieurs mécanismes, M. le
Président, pour essayer que ça fonctionne et on va suivre
ça de près.
Je terminerais en disant: probablement qu'on va connaître des
problèmes et probablement qu'il va y avoir, des fois, des
résistances c'est humain dans certains endroits mais je
peux vous dire que j'ai... On le sent dans la tournée des
régions. Je le sens dans mes discussions que j'ai avec le personnel. On
a un support. Les gens veulent que ça fonctionne bien, et on
espère que vous allez nous faire part des problèmes que vous avez
dans vos régions, dans certains cas, ou des problématiques
particulières, et je vous promets qu'on va intervenir. D'ailleurs, cet
après-midi, sur le service à la clientèle, nous allons
vous dire un peu comment on veut gérer ça. (12 h 20)
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. Ce qui me rassure
et m'encourage, M. le président, aussi, pour l'avenir, tant pour les
résultats que les objectifs que vous visez, c'est de savoir que,
nécessairement... Comme M. le député de Masson disait
tantôt: Ne lâchez pas, parce qu'on ne vous lâchera pas. Mais
c'est un peu la même chose dans toutes les sociétés
d'État ou dans tous... En fait, les mécanismes où on se
doit de donner un service à la clientèle, service auquel la
clientèle a droit, de par ses impôts, de par ses taxes et ainsi de
suite. Donc, si le modèle que vous êtes en train de mettre en
place, un modèle qui, suite à votre déclaration, disait
réapprendre à travailler ensemble en équipe, faire en
sorte que dans la consultation, il n'y a rien qui est retenu contre votre
personnel qui en fait des suggestions ou qui en fait des recommandations, donc,
établir cette complicité, cette connivence entre vous autres,
dans votre équipe. J'imagine que si votre modèle fonctionne, il
pourra aussi fonctionner ailleurs dans d'autres sociétés
d'État et aussi, des fois, dans d'autres ministères, où la
perfection n'existe pas, mais il reste toujours de la place pour de
l'amélioration.
Donc, vous servez, un peu à votre façon, comme chef de
file dans le réaménagement du service à la
clientèle. Tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas compris que chacune
de ces tribunes-là, que chacune de ces forces ou que chacun de ces
pouvoirs, c'est au service du client et non pas au service des
fonctionnaires... Et je pense que, chez vous, on l'a bien compris. Et ça
me rassure et ça m'encourage sachant que, tantôt, le plagiat aura
sa place, et quand c'est positif, je pense que c'est permis. Je vous remercie,
M. le président.
Je vais maintenant reconnaître Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Dufour: Avant que vous reconnaissiez la prochaine ou le
prochain intervenant, j'aimerais faire une proposition à l'effet que les
travaux qu'on a actuellement sur ce bloc puissent être continués
à 14 heures cet après-midi, possiblement pour 45 minutes, parce
que le temps n'est pas divisé également. Le bloc de ce matin
était seulement de deux heures et demie. Cet après-midi, on va
être quatre heures.
Le Président (M. Joly): Oui.
M. Dufour: Donc, s'il y aurait possibilité, on pourrait
continuer.
Le Président (M. Joly): Je n'ai pas d'objection, en autant
que M. le président et son équipe soient d'accord à se
plier à ce changement d'horaire, sans en
être avisés à l'avance. Alors, moi, je n'ai pas
d'objection à le faire. Comme vous voyez, c'est un engouement qu'on a
pour apprendre et aussi être capables de vous supporter et être
capables d'apporter des critiques constructives et suggestions
constructives.
Alors, il reste encore quelques minutes. Est-ce que, Mme la
députée, vous aimeriez vous prévaloir, disons, de votre
temps de parole ou vous aimeriez mieux qu'on reprenne cet après-midi
avec vous?
Mme Blackburn: Qu'on reprenne après?
Le Président (M. Joly): À ce moment-là,
ça me permettrait de suspendre les travaux jusqu'à 14 heures.
Mme Blackburn: Très bien.
Le Président (M. Joly): Alors, nous suspendons les travaux
jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 22)
(Reprise à 14 h 9)
Le Président (M. Joly): Alors, la commission reprend ses
travaux. Nous en sommes rendus à la quatrième et dernière
étape, qui est le service à la clientèle.
Une voix: Non, il reste les...
Une voix: ...
M. Dufour: C'était ce matin.
Le Président (M. Joly): Oui, vous avez raison.
J'apprécie que vous me rappeliez à l'ordre. Alors, compte tenu
que tous les parlementaires n'avaient pas eu le loisir, la possibilité
de s'exprimer sur le dernier sujet, il me restait une demande de deux
intervenants, soit Mme la députée de Chicoutimi, M. le
député de Labelle, et possiblement un troisième, M. le
député d'Ungava. Mme la députée de Chicoutimi, je
vous accorde la parole.
Approche concernant les médecins
experts
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, je pense savoir que la Direction régionale du
SaguenayLac-Saint-Jean est assez favorable aux nouvelles orientations de
la CSST parce que, forcément, on a tous, chacun dans nos régions,
des rapports avec les bureaux régionaux. C'est peut-être ce qui
explique un peu les résultats plutôt intéressants qu'ils
ont obtenus, ce que vous souligniez ce matin. Moi, je voudrais revenir un petit
peu à cette idée que vous avez de dire: On ne prend pas tous les
accidentés de travail, d'entrée de jeu, comme étant des
fraudeurs potentiels. C'est déjà un bon discours, parce que je
dois dire et vous n'êtes pas responsable de ça que
des membres de votre conseil d'administration ont eu tendance à
répandre cette idée qu'un travailleur social...
c'est-à-dire un accidenté de travail et un assisté social,
c'étaient potentiellement des fraudeurs. Si vous êtes en train de
changer cette mentalité-là, je pense que vous aurez marqué
un point extrêmement intéressant. (14 h 10)
Je veux revenir à toute l'approche que vous proposez quant
à l'examen ou aux expertises médicales. Par le passé, il y
a eu des médecins qui ont à la fois été experts
pour la CSST et qui ne se sont pas gênés pour être experts
pour la partie patronale. Il y a comme quelque chose qui rend mal à
l'aise. On prend connaissance, aujourd'hui, d'un article de la presse, le
Journal de Québec, qui fait état d'un médecin qui a
été expert pour la CSST parce que c'était un
conducteur automobile qui a eu un accident d'automobile alors qu'il
était à son travail, c'est un voyageur de commerce et qui,
ensuite, le même médecin, a été aussi l'expert de la
SAAQ. On a comme un problème.
Est-ce que ce genre de situation est susceptible de se
répéter, compte tenu qu'en 1991 et, moi, j'ai des
inquiétudes là-dessus il y avait 254 médecins au
registre; 13 médecins ont procédé à plus de 51 % de
toutes les expertises médicales pour la CSST. Il y a là comme une
espèce de... Ce petit circuit risque de mener à une espèce
d'uniformisation dans la nature et le genre des jugements qui sont rendus.
J'ajoute que, dans mon comté, dans mon bureau, quelqu'un est venu, et
ils ont vraiment minuté la durée de l'examen de l'expert de la
CSST, et ça avait duré exactement trois minutes. Ils ont
décrété que monsieur était apte au travail. Et
là, connaissant un peu le système, il avait amené des
témoins. Alors, entre le moment où il est entré dans le
bureau du médecin et celui où il en est ressorti, c'avait
duré trois minutes. Alors, je me dis: Ces situations-là sont
probablement exceptionnelles, vraiment marginales, mais c'est ça qui
fait qu'on a cette réputation à la CSST. Est-ce que, dans votre
nouveau modèle, on va corriger ces situations? Et comment allez-vous
pouvoir amener une plus grande collaboration entre le médecin traitant
et le médecin de la CSST, compte tenu du jugement qui a
été rendu à cet égard qui fait que le
médecin de la partie qui a à payer n'a pas à
établir de rapport avec le médecin traitant?
M. Shedleur (Pierre): merci, mme la députée.
d'abord, je vais vous dire que, si 13 médecins ont fait, en 1991, vous
disiez 51 %, bien, je pense que ce n'est pas acceptable. je vais m'occuper de
ça. on va prendre bonne note de vérifier ce que font les
directions régionales à cet égard. mais j'aimerais, en
même temps, en profiter pour expliquer le fonctionnement aux membres de
la commission. selon la loi, on est tenu de déposer au conseil
d'administration une liste des médecins que la csst a l'intention
d'utiliser comme médecins experts. à défaut que la liste
soit approuvée par le conseil d'administration, c'est la liste
déposée.
Bien sûr qu'il y a des médecins, à l'occasion
et ils sont très peu nombreux, je tiens à le souligner
qu'on aurait peut-être souhaité éliminer de la liste. Mais,
après discussion avec nos services juridiques, il y avait comme un
jugement professionnel qu'on portait sur eux, et, en les éliminant de la
liste, le danger, c'est qu'on prêtait flan à une poursuite de ces
médecins-là contre la CSST pour jugement professionnel.
C'est pour ça que, à toutes fins utiles, on prend les
médecins qui veulent, dans le fond, travailler à la CSST. On
prend les noms puis on les met sur la liste, et, compte tenu qu'ils sont
médecins, on vérifie avec leur fédération. Et, par
la suite, tous ces médecins-là sont supposés être de
la même qualité et à qui on peut faire
référence.
Mais ce que je peux vous garantir aujourd'hui, je vais vérifier
si c'est vrai que 13 médecins et je ne mets pas ça en
doute, mais je suis étonné plutôt que de mettre ça
en doute, là qu'on utilise 13 médecins pour 51 %. En tout
cas, à première vue, ça ne m'apparaît pas correct,
à moins que ce soient des neurochirurgiens. On sait qu'il y en a
à peu près 30 au Québec, là; ça se peut que,
sur les 30, il y en ait juste 13 qui veuillent travailler avec nous autres.
Mais je vais vérifier ça et je vous promets que, si c'est le cas,
ça va changer, parce qu'il n'y a aucune directive donnée de faire
affaire avec un médecin plutôt qu'un autre. C'est laissé
aux régions de prendre des médecins correctement et d'être
très honnêtes. Et même, ce qu'on demande aux directeurs
régionaux... Et je leur ai dit moi-même et je l'ai même dit
au conseil d'administration: on sait qu'il y a certains médecins qui
sont sur la liste qui, peut-être... ce serait mieux qu'ils ne soient pas
utilisés, que ça amène de la confrontation. J'ai
demandé aux directions régionales de ne pas utiliser ces
médecins-là, quand ils le savent. Alors, je prends très
bonne note... J'ai demandé à mon équipe d'en prendre note.
Nous allons vérifié ça et nous allons voir ce qu'on peut
faire pour arrêter ça parce que ce n'est pas acceptable que 13
médecins... À moins qu'il y ait des cas d'exception, soit des
neurochirurgiens ou des cas semblables, mais, au moins, il doit y avoir une
explication à être donnée aux élus là-dessus;
il y a quelque chose. Alors, on prend bonne note de ça, et ce n'est pas
du tout dans l'orientation qu'on veut suivre.
Je tiens en même temps à souligner que, maintenant, au
lieu, nous, de demander des fois, un avis externe comme je le
mentionnais hier nous allons proposer au médecin traitant d'en
choisir un, expert. Donc, on va un peu régler le problème de
cette façon-là. À moins que le médecin traitant
préfère qu'on le fasse, on le fera à ce
moment-là.
Problèmes reliés aux maux de dos
Mme Blackburn: En page 17 de la présentation que vous avez
faite ce matin, Portrait statistique des bénéficiaires en
réadaptation... Et c'est une étude que vous avez menée sur
1500 dossiers de bénéficiaires en réadaptation ayant subi
une affection vertébrale. Là, j'éprouve de la
difficulté à interpréter votre tableau parce que, pour le
faire, il aurait fallu qu'on ait la pyramide d'âge des travailleurs
québécois, ensuite on aurait pu savoir si la fréquence
d'accidents était plus élevée chez les moins
scolarisés, les hommes, les femmes. Alors, ça, je n'ai pas...
ça ne me permet pas de faire cette lecture-là. Mais une lecture
que ça me permet de faire, c'est que je constate que vous avez eu une
attention toute particulière pour les dossiers touchant les affections
vertébrales. Et le discours qu'on entend, mais systématiquement,
quand on veut avoir un discours méprisant à l'endroit des
accidentés de travail, c'est de dire: On sait bien, il a mal au dos!
Entendant, avec le petit sourire de côté, que ce n'est pas un
malade, c'est un menteur. C'est fatalement un menteur s'il dit qu'il a mal au
dos ou qu'il s'est blessé au dos. Alors qu'on sait que c'est vrai, les
médecins le disent, de plus en plus d'experts le confirment, mais il ne
semble pas qu'on ait vraiment adopté j'y suis venue un peu hier,
là-dessus une véritable politique et une véritable
approche plus médicale, qui nous permettrait de déceler
réellement les maux de dos et puis de prévenir,
c'est-à-dire soit qu'on change... qu'on ait des postes de travail plus
ergonomiques et qui permettent un peu de prévenir ces cas-là. Je
n'ai rien entendu qui me permette de penser que vous allez vous attaquer au
gros problème, qui est le problème de dos et qui fait rigoler
à peu près tous les employeurs, comme de quoi, si vous avez mal
au dos, ce n'est pas vrai que vous avez mal à quelque part. Moi, si j'ai
mal au dos, ça ne me dérange pas trop, trop: je suis assise et je
ne fais pas d'efforts. Mais, si j'ai mal au dos et que je suis sur une
chaîne de montage ou en train d'être serveuse à une caisse
chez Métro ou Provigo, ce n'est pas le même problème.
Une voix: Brouetter du ciment.
Mme Blackburn: Ou encore, oui je vais dire comme mon
collègue brouetter du ciment ou tourner des malades dans un
hôpital. Alors, ça, c'était la question. Je ne peux pas
bien lire ce que ça veut dire et je ne vois pas vraiment vos
intentions.
Et, une autre question brève: Est-ce que, en matière de...
Vous avez l'intention de proposer des modifications à la
législation. Est-ce que vous le ferez en matière d'inspection? Et
est-ce que vous pensez que les inspecteurs devraient relever du ministre du
Travail et non pas de la CSST? Parce que... Puis là je pense qu'il n'y a
pas besoin d'explication, je pense que...
M. Shedleur (Pierre): C'est d'excellentes questions. D'abord,
peut-être en termes d'information, Mme la députée, au
niveau de la fréquence, ce n'est pas dans le tableau, mais, au niveau de
la fréquence des accidents, plus les travailleurs sont jeunes, plus la
fréquence est élevée. Par contre, au niveau de la
gravité, plus ils sont âgés, plus la gravité...
Donc, ça nous fait dire que les gens plus âgés ont souvent
plus d'expérience et font plus attention, mais, lorsqu'il en arrive un,
c'est plus
grave. Et les jeunes, souvent, n'ont pas eu toute la formation et,
même dans les écoles, même s'il y a des cours maintenant,
c'est très élémentaire. Donc, à ce
moment-là, ils arrivent sans toute la préparation, des fois, dans
certains milieux. Donc, en termes de fréquence, les gens sont plus
jeunes et, en termes de gravité, ce sont les gens plus
âgés. (14 h 20)
Quant aux maux de dos, en tout cas, moi, je partage votre opinion, Mme
Blackburn, que ce ne sont pas des faux maux de dos. Bon, la majorité,
c'est des vrais; c'est exceptionnel, ceux qui ne le sont pas. C'est que, je
crois que, d'abord, on l'a vu par certaines analyses médicales, qu'il
est même difficile avec certaines radiographies de l'identifier, mais les
médecins nous disent qu'il y a des maux de dos quand même. Donc,
il y a un problème aussi, je dirais, technologique, même
d'identifier les maux de dos. Alors, il y a des radiographies qui ne les
montrent pas, et il y en a quand même. Alors, on croit qu'il faut avoir
une approche différente dans les maux de dos, à ce
moment-là. Et c'est ça qu'on avait commencé avec les maux
de dos. Vous avez raison, c'est un problème majeur et c'est pour
ça qu'on a utilisé aussi le docteur Spitzer, qui nous a dit... au
niveau du docteur Spitzer, qui a fait une étude qui est de
renommée internationale maintenant, un docteur de l'université
McGill, qui dit que, d'abord, ils sont vrais donc, ça, je pense
que c'est rassurant et qu'il y a plusieurs façons de travailler.
Entre autres, il faut peut-être que le travailleur reste actif dans la
mesure du possible sinon sa situation risque de se «chroniciser».
alors, donc, on a appliqué un peu le rapport spitzer à
l'intérieur des maux de dos, mais ça, ça se fait en
collaboration avec le médecin traitant. il n'y a rien qui va se faire si
le médecin traitant n'est pas d'accord. alors, donc, au niveau des maux
de dos, ils sont vrais. ceux qui pensent qu'ils sont faux, bien... probablement
que plusieurs d'entre nous en ont aussi, alors, je pense que c'est des vraies
choses, des vrais problèmes pour les travailleurs. il faut aussi
travailler, une fois qu'on a admis qu'il y a 2 %. je sais que, souvent il y a
eu des contestations, soit des employeurs, soit de la csst. et des
contestations de 2 %, je me suis dit: on est mieux de travailler sur la
capacité résiduelle, sur les 98 %. qu'est-ce qu'on peut faire
pour les aider à retourner au travail? donc, c'est ça, la
démarche du maintien de l'emploi. on a essayé de trouver des
solutions et de prendre toute l'information qu'on avait. donc, au lieu de les
nier et de s'embarquer dans un affrontement médical, et là,
évidemment, compte tenu qu'il y a des systèmes de radiographie
qui ne performent pas aussi et ce n'est pas de la faute des
médecins ni des radiologistes bien, il y a des débats
médicaux incroyables, et, à la fin, on oublie qu'en
arrière des contestations il y a quelqu'un. et là, tout à
coup, le temps file, le temps file, et le droit de retour au travail même
se perd. alors, c'est pour ça qu'on a voulu arrêter ça par
le maintien du lien d'emploi.
Maintien du volet «inspection» à la
CSST
Et, bien rapidement, au niveau de la législation, maintenant, au
niveau de l'inspection, il est trop tôt pour savoir s'il y aura des
propositions. J'attends que mon comité... On va analyser ça et on
pourra être plus en mesure vers le mois de juin ou septembre de le savoir
à cet égard-là. Quant aux inspecteurs, par rapport
à la CSST, bien, c'est un grand débat. Personnellement, comme je
ne peux pas donner une réponse précise aujourd'hui, on va faire
l'étude, on va regarder ça, mais il y a deux thèses qui
s'affrontent. Ailleurs, dans les autres provinces, c'est le ministère du
Travail où les inspecteurs sont logés. Moi, en principe, je
n'aurais pas de problème non plus de vivre avec ça, c'est une
solution possible. Mais il y a aussi des avantages à ce que ce soit
à la CSST parce qu'on a le volet prévention. Alors, en tout cas,
selon les études que j'ai lues là-dessus, la meilleure
intervention, c'est celle qui travaille prévention et inspection, les
deux ensemble; un peu les choix qui ont été faits dans la loi 17,
c'est-à-dire d'amener le monde à parler de prévention et,
si ça ne marche pas, on a toujours le moyen coercitif de l'inspection.
Le danger, peutn&tre, d'avoir deux organisations en parallèle, c'est
qu'un inspecteur pourrait dire une chose et un autre, au niveau de la
prévention, pourrait dire autre chose. Donc, là, il y aurait
peut-être un affrontement entre deux organisations qui diraient des
choses différentes à un employeur. Donc, c'est un débat
qui est ouvert. Ce n'est pas mathématique. On va essayer de le cerner,
mais surtout de faire mieux vivre ça à la CSST.
Résultats attendus des mesures de
réinsertion
Mme Blackburn: À combien estimez-vous vos chances de
succès dans la volonté, qui me semble assez ferme, de travailler
au retour au travail de vos accidentés, avec l'attitude traditionnelle
ou connue des employeurs, qui ont beaucoup, beaucoup de réticences? Je
reviens encore avec les maux de dos, je dirais que c'est presque
particulièrement vrai dans ce cas-là parce qu'ils savent que
quelqu'un qui a un problème à la colonne, il est possible qu'il
ait des rechutes si on n'a pas changé le poste de travail, si on n'a pas
modifié le rythme, surtout dans le travail répétitif ou
encore où il faut faire des efforts physiques. Alors, cet employeur a
tendance à ne pas mettre beaucoup d'énergie dans la
réinsertion. Alors, c'est quoi, vos chances de succès? Je ne dis
pas que l'effort ne sera pas important, je pense que vous exprimez
là-dessus une volonté intéressante, mais c'est quoi, les
chances de succès réelles, au moment où on se parle, alors
qu'on connaît la compétition? On invoque beaucoup ça. Il
faut que l'employé soit productif. Il est un peu chiâleux, il a
déjà mal à la colonne puis, en même temps, il dit:
J'ai mal dans le dos. Puis là il est susceptible d'avoir mal dans le dos
deux mois après son retour au travail. C'est quoi, les chances
réelles de succès dans ce dossier? Parce que ça va
conditionner le reste, je pense, à la fois vos cours...
Le Président (M. Joly): C'était la dernière
question, Mme la députée.
Mme Blackburn: Oui, je vous remercie.
M. Shedleur (Pierre): Moi, j'estime... Je ne peux pas mettre un
pourcentage, mais il doit être très élevé, je vais
vous dire pourquoi. C'est que la CSST n'avait peut-être pas fait son
travail d'information adéquatement auprès des employeurs. Quand
les employeurs ont appris, ceux qu'on rencontre, que ça coûte 150
000 $ pour un mal de dos à 2 % ou à 3 %, ils se disent:
Peut-être qu'il faudrait changer les choses, là. Ils ne savaient
pas que ce serait une facture semblable, ils ne s'imaginaient pas que la
facture était pour être de cette envergure-là. Alors, donc,
on a un argument extrêmement important auprès d'eux en leur
disant: Écoutez, si vous ne les reprenez pas, si vous n'adaptez pas...
D'ailleurs, c'est un de nos points qu'on a mentionnés dans un des
acétates ce matin: adapter le poste de travail, ça coûte
souvent 500 $, 1000 $. Changer une chaise, ce n'est pas des sommes
astronomiques, sinon ça risque de coûter 150 000 $. C'est la
première fois qu'ils entendaient ce message-là. Bien sûr
qu'eux étaient plus préoccupés par les coûts de la
CSST, tandis que les syndicats sont plus préoccupés d'avoir un
régime avec des bons bénéfices. Mais c'est tout
attaché ensemble à un moment donné, et les gens ne
l'avaient pas vu. Notre rôle, c'est d'aller leur expliquer ça, aux
employeurs.
On a eu un colloque avec le Conseil du patronat la semaine
passée; il y avait à peu près 160 employeurs. Ils
étaient renversés d'entendre ces choses-là, au mois de
juin dernier. Donc, on a procédé à une sensibilisation des
employeurs, qui seraient bien mieux d'investir 3000$, 4000$, 5000$ en
adaptation de postes de travail que de faire... Mais ils ne le savaient pas,
ils ne voyaient pas l'impact financier chez eux. Et ça, on leur a dit en
plus: N'oubliez pas, il y a les coûts indirects. Tout dépendant
des études, ça va de une à sept fois. Sept fois, c'est
probablement exagéré, mais, au moins une fois, c'est
énorme. Ça fait que imaginez la facture qu'ils paient! Il faut
qu'ils se disent que les coûts indirects sont au moins
l'équivalent, et peut-être le double. Donc, ça commence
à être des arguments. Mais on n'a jamais utilisé ces
arguments-là dans le passé pour leur expliquer et les inciter
à faire de la prévention. Donc, c'étaient des nouveaux
arguments qu'ils n'avaient jamais entendus, qu'ils n'avaient jamais vus et,
compte tenu qu'ils ont des intérêts financiers en termes
d'efficacité, comme vous mentionniez, s'ils ne s'en occupent pas, on va
leur charger ces coûts-là et les coûts indirects aussi, et
il va y avoir de l'insatisfaction dans leurs usines en plus. On leur dit: Vous
êtes bien mieux de travailler à poser des gestes positifs comme
ça, ça va vous coûter moins cher. Et je peux vous dire que
les gens embarquent actuellement, ceux qu'on rencontre, et ils sont
intéressés...
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup.
M. Shedleur (Pierre): ...mais il reste beaucoup à
faire.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. M. le
député de Labelle, s'il vous plaît.
Réactions du conseil d'administration et du
ministre du Travail
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je vous
écoute depuis hier matin et j'écoutais aussi mon collègue
de Masson ce matin et, bon, effectivement, lorsque nous vous posons des
questions, c'est un peu désarmant parce que vous nous répondez:
Bien, c'était tout croche jusqu'ici, mais, dorénavant ou
«désormais», selon un mot célèbre, ça
sera différent. Et ça m'a donné le goût de vous
poser une question parce que, à mon sens, ça se peut que
ça soit le cas comme ça peut être autre chose aussi. Votre
conseil d'administration, dans les politiques que vous voulez mettre de
l'avant, vous appuie totalement, et le ministre vous appuie totalement?
M. Shedleur (Pierre): Actuellement, je peux vous dire qu'au
niveau du ministre... C'est un appui sans condition du ministre Cherry et du
ministre...
M. Léonard: II doit donner quand même quelques
conditions. Comme ministre, il faut qu'il en mette quelques-unes.
M. Shedleur (Pierre): Bien...
M. Léonard: Condition de résultats au moins.
M. Shedleur (Pierre): Non. Le ministre Cherry, compte tenu de ses
antécédents, voulait faire vivre ces deux lois-là. Lui
aussi ne souhaitait pas, je veux dire, être obligé de rouvrir ces
lois-là sur le plan politique, et je pense que vous le comprenez
très bien. En tout cas, je peux vous dire que les fois que j'ai eu des
discussions avec le ministre Cherry, qui était...
M. Léonard: Mais là ce n'est plus lui qui est
là maintenant.
M. Shedleur (Pierre): Mais le ministre Marcil, actuellement, je
l'ai rencontré déjà à quelques reprises et il m'a
dit qu'il supportait ces nouvelles approches-là.
M. Léonard: Bon...
M. Shedleur (Pierre): Alors... Mais, quant au conseil
d'administration, on a fait des présentations, les deux
présentations au niveau de la réadaptation et au niveau du
médical beaucoup plus... Le C.A., je leur ai demandé de venir
entendre ça, et on a passé une demi-journée sur chacune
des approches. On a répondu à leurs questions, et plusieurs,
comme vous, ont dit: C'est ça qu'on dénonçait, ou tel
problème. Les syndicats ont
dit: On le disait que nos travailleurs n'étaient pas... on ne
s'en occupait pas assez correctement. Et les employeurs disaient: Regardez la
facture! Actuellement, on peut dire qu'on a l'appui et, comme vous, en disant
qu'ils vont nous surveiller.
M. Léonard: Qu'est-ce qui explique que, jusque-là,
les ornières aient été tellement profondes durant 10 ans
qu'on n'ait pas pu corriger le tir avant cela?
M. Shedleur (Pierre): D'abord, en 1988-1989, on a eu des surplus,
et en 1990, c'est arrivé, disons, que surtout dans les derniers six
mois, et là, ça s'est détérioré très,
très, très rapidement après. Alors... (14 h 30)
M. Léonard: Le Conseil du patronat est d'accord avec la
nouvelle orientation, ou le conseil, ou les membres représentant les
associations patronales, devrais-je dire pudiquement, sont d'accord avec la
réorientation, puis la même chose du côté syndical.
C'est paritaire, après tout, le conseil d'administration, là?
M. Shedleur (Pierre): Oui. Alors, ils n'ont pas voté
là-dessus. Il n'y avait pas de vote à prendre. Ils m'ont dit
qu'ils étaient très contents des orientations puis ils
souhaitaient que ça fonctionne bien, mais qu'ils nous auraient à
l'oeil, comme vous l'avez mentionné vous autres aussi. Je pense qu'il y
en a qui étaient sceptiques. Ils ont dit: On espère que ça
va fonctionner. Parce qu'ils sont très conscients qu'il y a des enjeux
sociaux importants et économiques en arrière. Mais ils
étaient contents, d'abord, enfin, de comprendre la problématique
et qu'il y avait des pistes de solution d'avancées. Mais les gens voient
aussi qu'il y a un gros changement de culture en arrière de ça.
Ils savent qu'il n'y aura pas de tours de magie en trois semaines, et c'est
pour ça qu'on a commencé vers la fin novembre 1992, et là
on commence à voir les résultats. Puis il va y avoir des
ratés encore, mais on s'en va dans la bonne voie. Je pense qu'ils ont
reconnu que c'était la bonne voie, mais qu'il restait beaucoup à
faire.
M. Léonard: Alors, en quelque sorte, ils ont fait
eux-mêmes un mea culpa.
M. Shedleur (Pierre): Bien, un mea culpa! Je pense que c'est
peut-être l'interne qui a fait le mea culpa, M. Léonard.
Actuellement, l'interne...
M. Léonard: Moi, je pense que, dans une boîte, la
direction est responsable. Le conseil d'administration, c'est le premier
responsable si une boîte ne marche pas. Dans ma lecture des institutions,
c'est ça. Et, jusqu'à nouvel ordre, je n'en changerai pas. C'est
pour ça que je vous dis que c'est désarmant. Vous venez nous
dire... Quand on pose des questions, on soulève des cas, vous nous dites
toujours: Bon, bien oui, effectivement, ça allait mal; on corrige. Moi,
je suis tout à fait d'accord pour qu'on corrige, sauf qu'à un
moment donné il y a quelqu'un qui devrait répondre quelque part.
Alors, pour moi, la première direction, c'est le ministre et le
gouvernement, et il y a aussi le conseil d'administration. Les deux. Quand vous
nous dites que ça va changer pour le mieux, je suis d'accord parce que
je pense qu'il y en avait grandement besoin. Mais je m'inquiète un peu
des appuis. Si je comprends, s'ils ont fait un acte de contrition parfait puis
que, là, ils disent que, oui, on y va, et on s'en va dans la bonne
direction, très bien.
Processus de contestation
Mais je vais aller un peu plus loin. Par exemple parce que la
réalité, des fois, nous rattrape toutes les contestations,
ça coûte 65 000 000 $ à la CSST et j'imagine que, si vous
nous disiez aujourd'hui: II n'y en aura plus de contestations, bien là,
il y aurait peut-être une autre explosion des coûts parce que ce
serait trop... il y aurait une espèce de laxisme. Et, donc, je me dis
qu'il va y en avoir quand même un peu, des contestations. Quels sont les
principes qui font qu'on maintienne le droit de contestation à la CSST,
qu'on ne le réfère pas, disons, aux patrons, par
hypothèse... Je mets une hypothèse sur la table parce que
j'imagine qu'il va y en avoir d'autres contestations et qu'il faut qu'il y en
ait parce que, la nature humaine étant ce qu'elle est, il y aura des
exagérations de part et d'autre. Ne spécifions pas, là,
pour les besoins de la discussion, mais il reste que c'est une question qui
peut se soulever. La contestation, est-ce que le droit de contestation est
situé au bon endroit? Est-ce que ça ne vous met pas juge et
partie en quelque sorte si c'est vous qui l'avez plutôt que les
associations d'employeurs? Je pose cette question.
Et je vous en poserai une autre. Je vais vous la poser tout de suite.
Les médecins. Vous nous avez dit ce matin que là, lorsqu'ils
communiquaient entre eux, ils le feraient oralement, pour éviter la
paperasserie, et je soupçonne aussi, puis je pense que vous l'avez dit
même, que les médecins n'aiment pas trop la paperasse; sauf que,
d'un point de vue de société, c'est un peu agaçant que
ça se fasse oralement. On dit couramment dans le métier
«sur la gueule». Il peut se passer bien des choses au
téléphone; c'est ça qui est agaçant. Là, il
y a le droit des personnes qui sont en cause derrière ça.
Voyez-vous, c'est là où je dis: La réalité nous
rattrape; le droit aux contestations puis la façon dont ça se
fait. Comment disposez-vous de ces remarques?
M. Shedleur (Pierre): Je crois que c'est clair, les grandes
questions que vous posez, parce que ça touche, dans le fond, les droits
et libertés des personnes lorsqu'on parle de contestation. La loi a
permis aux parties de pouvoir, mettons, contester lorsque les gens
étaient, mettons, insatisfaits. Je vais être bien honnête
avec vous, je ne vois pas comment on pourrait enlever ça aux parties
impliquées, aux travailleurs, ni à l'employeur, parce que les
deux...
M. Léonard: Non, non, mais de part et d'autre... Mais la
CSST, c'est elle qui a le droit de contester.
M. Shedleur (Pierre): La CSST, elle a une... D'abord, je veux
dire qu'au niveau du BR, du bureau de révision pour la
réparation, elle n'est pas là dans les 25 000 contestations.
C'est que les gens contestent notre décision. Donc, ce n'est pas nous
autres. Où on était présent, c'est au niveau du Bureau
d'évaluation médicale. Mais nous, bien sûr qu'on ne
conteste pas nos propres décisions. Donc, au bureau de révision,
ce sont les travailleurs, à très haut pourcentage on va me
donner le chiffre là qui contestent...
M. Léonard: Ils contestent vos décisions.
M. Shedleur (Pierre): ...bien, nos décisions. Donc, ce
n'est pas nous. Bien sûr que les employeurs aussi peuvent les contester,
mais ce sont surtout les travailleurs à qui, souvent, on a dit non, ou
bien parce qu'ils ne sont pas d'accord sur l'emploi convenable utilisé,
ou peu importe la raison. Donc, ce sont les travailleurs qui nous contestent en
grande partie au niveau de la réparation. La CSST ne conteste pas.
M. Léonard: Parce que ce que vous me dites...
M. Shedleur (Pierre): La CSST rend une décision et
quelqu'un conteste.
M. Léonard: Ce que vous me dites, vous êtes toujours
en défense.
M. Shedleur (Pierre): Dans ce cas-là, oui, dans le sens
que, nous, on rend une décision, et la décision peut être
contestée par le travailleur ou par l'employeur. Pas par le syndicat ni
par l'association patronale. Où on est présent, par contre, c'est
au Bureau d'évaluation médicale. Là, on a un pouvoir.
Comme on vous a donné des chiffres, on était trop présent
et on s'est retiré actuellement. Je vais vous donner un exemple. Au
niveau des avis, lorsqu'on reçoit un dossier et que ce
dossier-là, je veux dire, il est incomplet pour déterminer,
mettons, les limitations fonctionnelles ou les incapacités, on n'est pas
capable de le fermer, le dossier. On dit au médecin traitant: Est-ce que
vous pourriez le fermer? Mettons, il ne le ferme pas. Là, ce qu'on fait,
on l'envoie au BEM, au Bureau d'évaluation médicale, pour le
fermer. Ce n'est pas une contestation. Bien sûr que, dans certains cas
où on trouve que c'est exagéré, dans à peu
près 2000 cas, c'est moins de 2 %... en tout cas, la projection qui s'en
vient, 2 % de cas, disons, ça ne m'apparaît pas, au départ,
exagéré, 2 %, où on n'est pas d'accord avec les gens... Et
on pense que ça devrait être un maximum. Et surtout avec les
nouvelles approches, on va demander au médecin traitant, si on a un
point de vue différent: Est-ce que vous pourriez demander à un
autre médecin spécialiste, puis on va accepter ce point de vue
là? Parce que, de toute façon, on pige dans les mêmes
médecins spécialistes. Ça fait qu'on a dit: On va changer,
ça va être plus respectueux de tout le monde et ça va
donner plus de crédibilité au processus médical. C'est
parce que ce n'est pas nous qui allons choisir. Tantôt, on parlait des 13
médecins, donc il faut mettre fin à ça. C'est pour
ça qu'au niveau des droits de la contestation je ne vois pas comment on
peut arrêter ça aujourd'hui. Je pense que c'est des droits aux
travailleurs et aux employeurs. La CSST n'était présente qu'au
niveau de l'évaluation médicale, et on se retire, à toutes
fins utiles. Quand à votre...
M. Léonard: Ce que je retiens, en tout cas,
là-dessus, c'est que vous êtes plutôt en défense en
termes juridiques.
M. Shedleur (Pierre): Ou on est en défense dans le sens
que c'est nos décisions.
M. Léonard: Sauf qu'au Bureau d'évaluation
médicale, là, c'est vous qui, quand même, agissez pour
déterminer le pourcentage d'invalidité.
M. Shedleur (Pierre): Pardon? M. Léonard: C'est
ça qui est contesté. M. Shedleur (Pierre): Oui. M.
Léonard: O.K.
M. Shedleur (Pierre): Bien, vous avez raison, on est en
défense dans le sens de la réparation, vous avez parfaitement
raison, parce qu'on a rendu notre décision. Or, quelqu'un la conteste
à ce moment-là.
M. Léonard: O.K.
M. Shedleur (Pierre): Alors, là, la façon de
régler ça, je pense, c'est de prendre des décisions de
meilleure qualité, de mieux cerner la problématique, de mieux
comprendre. Si, au niveau médical, on doit prendre toujours 13
médecins, puis qu'il y a des biais, bien, c'est sûr que ça
doit être contesté. Et c'est à ça qu'on veut mettre
fin, à ces choses-là, tranquillement, puis avoir des
évaluations correctes. Les travailleurs et les travailleuses ont droit
à une évaluation médicale correcte. Et nous, là...
je ne veux pas, moi, intervenir au niveau des médecins pour leur dire
quoi faire. Je pense qu'ils sont professionnels, et qu'ils nous donnent les
résultats puis on va les appliquer. C'est normal, dans un système
semblable, qu'il y ait, à l'occasion, quelques contestations.
Donc, au niveau du BR, c'est plus d'améliorer la qualité
de nos décisions. Pour améliorer la qualité de nos
décisions, il faut être plus près des travailleurs, il faut
mieux comprendre les choses parce que les décisions contestées,
des fois, c'est l'admissibilité. Puis on en parlait, il y a des
problèmes de formation dans l'admissibilité de notre monde. On va
améliorer la formation de notre monde.
Deuxièmement, au niveau de la réadaptation, c'est
sûr que si on ne s'entend pas sur l'emploi convenable ou des choses
à faire, bien, là, le travailleur va aussi contester. Donc, plus
on va se rapprocher, qu'on se comprend, qu'on comprend ce qui est le mieux...
Bien sûr que nous ne pourrons jamais remettre au travailleur son
incapacité. C'est que, tout le monde, il faut qu'il comprenne que,
là, on travaille avec le résidu, mettons, la capacité
résiduelle du travailleur pour améliorer son sort. Quant au
médecin, il y a une question culturelle, que c'est vrai, je pense qu'il
n'aime pas le papier nécessairement. Puis je vais vous dire que,
jusqu'à un certain point, je serais inquiet que les médecins
aiment le papier. J'aime mieux qu'ils aiment la médecine. Et ceux qui
étudient trop de papiers, en tout cas en ce qui me concerne, je risque
d'aller voir un autre médecin. C'est ça que je dis à mon
monde de l'interne.
M. Léonard: Bien, c'est ça, nous aussi. Nous aussi,
on aime mieux qu'ils aiment mieux la médecine.
M. Shedleur (Pierre): C'est ça.
M. Léonard: Cependant, il y a quand même d'autres
impératifs dans la vie. Il n'y a pas que la médecine. (14 h
40)
M. Shedleur (Pierre): D'ailleurs, vous avez raison, et c'est pour
ça qu'on a un certain nombre de formulaires. Mais ce dont on s'est rendu
compte, ces formulaires-là, ils sont bons pour les 14 jours et moins. Un
formulaire de deux pouces par trois pouces pour quelqu'un qui va manquer quatre
jours, c'est suffisant, ça. Il n'y a pas de problème. Pour
quelqu'un qui a une jambe brisée, puis c'est clair, puis ça prend
trois mois, il n'y a pas de problème, le formulaire de deux pouces par
trois pouces, c'est suffisant. Puis il y a une information médicale
complémentaire, il n'y a pas de problème. Où on se rend
compte... c'est lorsqu'il y a toutes sortes d'incertitudes,
d'ambiguïtés. Prenons les maux de dos, c'est un bel exemple
où, là, les avis médicaux nous arrivent tous
différents: l'employeur, le travailleur. Et on a des cas qu'on pourrait
vous montrer, des travailleurs avec des diagnostics différents de ces
médecins. Donc, parce que ce n'est pas une science précise aussi,
et, comme je vous le disais, la science a aussi ses limites, la technologie a
ses limites. Alors, nous, on s'est dit: II faut essayer de comprendre. Notre
médecin, s'il ne parle pas, si on ne se parle pas, on ne peut pas
trouver une solution au travailleur, sinon on va s'envoyer du papier puis c'est
sûr que ça va finir en contestation. On peut vous dire: C'est
verbalement, il n'y aura pas de changement dans le diagnostic. Le travailleur,
il faut qu'il soit informé que son médecin traitant va changer de
quoi. Et, s'il y a des problèmes, on va intervenir. Mais, jusqu'ici, il
n'y en a pas eu, puis je n'anticipe pas que les médecins traitants
changeraient leur opinion parce que, tout à coup, on aurait une
conversation. Je doute beaucoup de ça personnelle- ment. Moi, je suis
professionnel moi-même, comme vous, M. Léonard. Je ne pense pas,
si je recevais un téléphone d'un confrère de classe, que
je vais changer mon opinion sur un document lorsque c'est ma
responsabilité professionnelle qui est en jeu. J'ai très
confiance dans ces médecins-là.
M. Léonard: Oui, mais c'est l'autorisation à
communiquer puis les traces qui en restent. Moi, je comprends, je n'aurais pas
d'objection puis, de toute façon, dans la vie, c'est comme
ça qu'un spécialiste communique ou que mon médecin
de famille communique avec un spécialiste. Mais il me demande la
permission avant à chaque fois. Il me demande la permission. Puis la
question, c'est: Si vous dites qu'oralement ils peuvent communiquer, puis qu'il
n'y a rien, aucun écrit qui démontre qu'avant il y a eu une
permission accordée de communiquer, je trouve que... en tout cas,
peut-être que j'ai mal compris la situation, mais je trouve que ça
ne va pas, il y a quelque chose qui ne va pas. Et, encore une fois, ça
ne veut pas dire... 99 % des cas, ça va bien se passer puis les
résultats vont être heureux, mais il y a peut-être 1 %,
peut-être même plus des fois, où ça peut prêter
à discussion et à contestation... pas à contestation dans
le sens juridique du terme, mais quand même où les droits de
l'individu risquent d'être affectés. C'est ça, mon
point.
M. Shedleur (Pierre): Ce que je peux vous dire, d'abord, les
autres méthodes, on les a regardées; c'était une
méthode bureaucratique, de papier, et ça, ça ne menait
nulle part et ça menait à la confrontation. Celle du verbal:
d'abord, je veux vous dire qu'on ne peut pas vous garantir aujourd'hui qu'on
avertit le travailleur dans tous les cas. Je vais voir, cette
question-là, si on ne peut pas l'améliorer. Ça peut
être juste un coup de téléphone, et on pourrait le faire.
En tout cas, je retiens votre point là-dessus. Mais ce que je peux vous
dire, c'est que nous, à l'intérieur, par contre, lorsque notre
médecin parle, il prend des notes, il reste un écrit chez nous,
et, si ça change quoi que ce soit, il avise le médecin traitant
et il envoie un document écrit à ce moment-là, lorsqu'il y
a un changement. Donc...
M. Léonard: C'est a posteriori que ça se fait.
M. Shedleur (Pierre): Oui. Bien, supposons que ça change
de quoi... Supposons que c'est juste une information supplémentaire pour
bien saisir et comprendre, ça ne change rien au diagnostic du
médecin traitant, bien, dans nos dossiers, nous autres, on a un
écrit qui dit, bon, qu'on comprend bien la problématique, qu'ils
se prennent des notes. Si ça avait comme effet de changer quoi que ce
soit, là il y a un écrit que notre médecin va envoyer au
médecin traitant là-dessus. Mais on prend bonne note de ce que
vous dites...
M. Léonard: Mais vous êtes conscient que ça
peut poser des problèmes, à tort ou à raison. S'il y a
des
changements par la suite, même si le médecin traitant ou
surtout si le médecin traitant est d'accord avec les changements qu'il y
a par la suite, est-ce que quelqu'un qui voit ça de l'extérieur
ne peut pas être amené à dire: Bien, le spécialiste
a infléchi le diagnostic de base puis, finalement... Bon, ça peut
se faire au détriment de l'une ou de l'autre partie. C'est ça, le
point. Je comprends que ça puisse se passer, mais, à tout le
moins, il me semble qu'il faut une autorisation au départ, une
autorisation.
Le Président (M. Joly): C'était la dernière
question, M. le député.
M. Léonard: J'ai de la misère à en
sortir.
M. Shedleur (Pierre): Nous, en tout cas, notre objectif, ce n'est
pas du tout de changer le diagnostic, c'est de comprendre la
problématique.
M. Léonard: Oui, oui.
M. Shedleur (Pierre): Mais on prend bonne note, et ce qu'on
pourrait faire pour améliorer ça au niveau du travailleur. Mais
notre objectif, ce n'est aucunement de changer le diagnostic. De toute
façon, s'il y avait un changement de diagnostic, le travailleur va
être informé aussi du changement de diagnostic.
M. Léonard: Ah! mais a posteriori.
M. Shedleur (Pierre): Oui, oui, mais, je veux dire, on va
regarder ce qu'on peut faire, mais je...
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, M.
Shedleur.
Nous en sommes maintenant rendus à la dernière
étape de notre mandat, qui est de vous entendre sur le service à
la clientèle. Alors, tout comme dans les trois autres cas, vous avez une
façon assez appréciée dans la présentation, soit de
documentaire visuel plus le documentaire que vous nous avez ici
distribué... Vous prévoyez combien de temps, monsieur?
M. Shedleur (Pierre): Excusez-moi. O.K. On parlait encore du
dossier, là. O.K. Ça va. Excusez-moi. Là, 10 minutes
à peu près.
Le Président (M. Joly): Une dizaine de minutes.
Parfait.
M. Shedleur (Pierre): Une dizaine de minutes.
Le Président (M. Joly): Merci. Alors, si vous voulez, nous
allons demander à ce qu'on baisse... Parfait, c'est déjà
fait. Alors, vous avez tout le temps nécessaire, M. Shedleur.
Service à la clientèle
Présentation du sujet
M. Shedleur (Pierre): Merci beaucoup, M. le Président.
Alors, ce qu'on souhaite le plus ardemment, c'est l'amélioration du
service à notre clientèle, qui d'ailleurs est notre raison
d'être. Encore plus comme fonctionnaires, je crois qu'on est là au
service de la population.
Alors, je ne vous apprendrai rien, après une journée et
demie et plus que nous sommes ensemble, qu'en revenant sur le
mécontentement des clientèles on a constaté qu'il y avait
un mécontentement des clientèles mais aussi des partenaires. Les
deux. Or, au niveau des principales sources d'insatisfaction, on trouve la
judicia-risation, les défaillances du processus de retour au travail,
les lacunes de prévention ainsi que les cotisations tant
décriées par les employeurs. Donc, on peut dire actuellement que
nos clientèles étaient plus ou moins satisfaites mais
également nos partenaires. Donc, parmi les partenaires, il faut
l'admettre, la communauté médicale a été à
la fois prise à... On les a déjà tenus responsables de ce
qui se passait alors que ce n'est pas vrai. Donc, de part et d'autre,
clientèles et partenaires mécontents.
Ce que j'ai constaté à ce moment-là, c'est que le
service à la clientèle était une responsabilité qui
était éclatée dans l'organisation. Juste pour vous situer
un peu, nous avions à l'époque une vice-présidence aux
relations avec les bénéficiaires avec un mandat quand même
limité. Il y avait un bureau des plaintes et, en plus, il y avait une
vice-présidence à la planification et à la programmation,
à l'époque, qui s'occupait de la majorité des partenaires
mais pas de tous les partenaires. Donc, on peut voir qu'il y avait au moins
trois groupes qui intervenaient régulièrement et
fréquemment auprès des clientèles et des partenaires, et
de façon, je dirais, non intégrée. Il devenait donc
difficile pour nos clientèles et nos partenaires de savoir même
à qui, des fois, s'adresser à la Commission et de trouver des
solutions. Donc, j'ai constaté qu'il y avait un problème
important.
Mais il faut se rappeler que, au niveau de la CSST, c'est complexe, il
faut l'admettre. Il faut l'admettre. Il ne faut jamais l'oublier, c'est 2 400
000 travailleurs assurés chez nous, 170 000 employeurs et 130 000
travailleurs accidentés annuellement. De ces 130 000 là, un bon
nombre deviennent des rentiers, comme on dit, des gens qui vont recevoir des
rentes un peu le reste de leur vie. Donc, une partie des 130 000 s'accumule
après. Alors, donc, ça fait que c'est complexe. Il y a du volume
aussi. Dans le volume, ce n'est pas toujours facile de réussir aussi.
(14 h 50)
Les partenaires, ils sont nombreux, diversifiés, et on a voulu
vous en mentionner un peu pour vous montrer comment ce n'est pas simple aussi:
les établissements de santé publics, les services de santé
et services sociaux, l'éducation, les médecins, les
fédérations médicales, les syndicats, les cliniques
privées, les associations sectorielles paritaires, la RAMQ, la
Régie des
rentes, et j'en passe. C'est pour vous donner une idée, on a
voulu vous montrer ça, c'est parmi les plus importants de ceux
qui sont à l'écran que ça fait beaucoup de
partenaires avec qui entretenir de bonnes relations. Et la CSST, pour
réussir, n'a pas le choix, n'a pas le choix de s'entendre avec tous ces
partenaires-là. Si nous avons de mauvaises relations avec les centrales
syndicales, ou avec les cliniques privées, ou avec les hôpitaux,
ou avec les associations patronales, ou la RAMQ, ou peu importe, eh bien, je
veux dire, on ne pourra pas réussir. Donc, on est dans une situation
où nos partenaires, où on pense... en général, ce
sont des fournisseurs de services, et que l'on paie. On ne peut même pas
exiger, il faut avoir une attitude de client. C'est ça que je dis au
monde, il faut avoir une attitude de client, être respectueux et trouver
des terrains d'entente. Donc, ça fait beaucoup de groupes avec qui
entretenir des bonnes relations, des relations harmonieuses, échanger,
discuter. Et tous ces groupes-là ont des positions différentes,
souvent sur plusieurs sujets, et il faut chercher à trouver en plus des
consensus. Donc, vous pouvez voir là, il y a une complexité
humaine, en arrière de ça, de relations. Et comme je le dis des
fois, on est condamné à réussir dans nos relations avec
tous ces groupes-là, sinon on va avoir de la difficulté à
rendre des services de qualité.
Le mécontentement de nos clientèles et de nos partenaires
parce que plusieurs partenaires l'étaient aussi nous
indiquait clairement l'urgence et la nécessité de nous recentrer
sur le client. Non seulement il fallait revoir nos façons de faire, il
fallait aussi revoir toutes nos relations avec les clientèles,
partenaires, et aussi leur donner un accès direct à un
très haut niveau de la Commission afin de tenir compte de leur point de
vue dans l'organisation. C'est la conclusion à laquelle je suis
arrivé lorsque je suis arrivé comme président du conseil
d'administration. C'est une responsabilité qui ne m'incombait que
partiellement lorsque j'étais président et chef des
opérations. Non seulement on avait des clientèles importantes,
mais on avait aussi des partenaires importants, et il fallait absolument
modifier notre structure pour les placer dans un endroit stratégique.
C'est ce que nous avons fait.
Alors, au niveau de l'organigramme, nous avons décidé de
reconnaître à nos clientèles et à nos partenaires
une place privilégiée. Maintenant, nous avons créé
une vice-présidence aux relations avec les clientèles et les
partenaires, pas juste une vice-présidence aux relations avec les
bénéficiaires avec un mandat restreint, mais un mandat avec
toutes les clientèles et tous les partenaires de la CSST. Et j'ai tenu
à ce que ce soit directement sous ma responsabilité afin de
m'assurer que nous allons donner de meilleurs services à nos clients et,
aussi, qu'on ait de meilleures relations avec les partenaires et que je puisse
intervenir en toute impartialité par rapport aux opérations.
Nous avons aussi divisé cette vice-présidence en deux
directions, la Direction des relations avec les clientèles et la
Direction des relations avec les partenaires.
Le mandat de cette vice-présidence, c'est de s'assurer que l'on
favorise à tous les niveaux des relations harmonieuses avec les
clientèles et les partenaires. Donc, c'est une responsabilité
importante et, comme vice-président, M. Brisson, qui est à ma
droite, a cette responsabilité-là, de s'assurer, au comité
de direction, que la dimension humaine de la CSST soit toujours tenue comme une
responsabilité première et de s'assurer que les politiques, les
directives et tout ce qu'on fait, ça fait en sorte que nos clients vont
être satisfaits à la fin.
En plus, comme vice-président, M. Brisson a comme
responsabilité de promouvoir la mission de la CSST, nos orientations et
nos façons de faire. Mme Blackburn mentionnait tantôt les
employeurs. Oui, mais il faut leur parler, aux employeurs, il faut leur
montrer, aux employeurs à reprendre leurs travailleurs, que c'est
même payant de reprendre leurs travailleurs. En plus d'être une
responsabilité sociale, c'est payant. Il s'agit de parler à
plusieurs qui ont réussi dans leurs entreprises, parce qu'il y a des
entreprises qui ont bien réussi. Eh bien! je pense qu'il faut la faire,
la promotion, mais il faut aller leur expliquer, il faut prendre le temps de
leur expliquer ces choses-là. Et dans la Direction des relations avec
les clientèles, ce que l'on souhaitait, c'était, entre autres,
d'avoir un bureau des plaintes, mais beaucoup plus que ça,
c'était aussi de faire l'évaluation de la satisfaction de nos
clientèles et ainsi, par nos plaintes et par cette
évaluation-là impartiale qu'on demandera à
l'extérieur, plus des études internes, de rectifier le tir vers
une meilleure satisfaction des clientèles.
Quant à la Direction des relations avec les partenaires, une de
ses responsabilités, c'est d'assurer la qualité des relations
avec les instances politiques, les organismes patronaux et syndicaux et les
autres groupes. À ce titre, aujourd'hui, je suis content de pouvoir
avoir le privilège de vous annoncer, députés, que les
directeurs régionaux vous rencontreront à votre demande pour vous
expliquer et vous donner une porte d'entrée privilégiée
compte tenu de votre rôle dans la société
québécoise, de pouvoir avoir un appel direct, de pouvoir savoir
ce qui arrive avec vos dossiers. Nous allons demander aux directeurs
régionaux de procéder à des contacts; je sais qu'il y en a
dans certaines régions, mais de le faire systématiquement.
De plus, M. Brisson, qui est ici à ma droite, sera aussi une
personne privilégiée à défaut qu'une région
vous donne satisfaction. M. Brisson a apporté beaucoup de cartes
d'affaires. On vous fera parvenir des cartes d'affaires, des numéros de
téléphone. Et M. Brisson interviendra et vous donnera une
réponse. Ça ne signifie pas que ça va être un oui
tout le temps, mais on va vous expliquer pourquoi c'est un non. Donc, il est
important d'expliquer aux gens quand c'est un non. Donc, on veut, pour les
élus, leur permettre d'avoir une place privilégiée pour
pouvoir régler leurs cas de façon positive et d'avoir des
réponses intelligentes. Ça va me permettre aussi, par Donald, de
connaître, par cette vice-présidence, les problèmes qui se
vivent un peu partout dans la Commission et de faire les rectifications. Et,
compte tenu que
M. Brisson siège aussi au comité de direction, et bien, on
peut s'assurer ainsi qu'on va améliorer nos processus.
Nous avons décidé que ces relations harmonieuses devaient
être basées sur l'écoute, justement pour éviter ce
que j'ai entendu ici des fois, que certaines personnes disent que tout le monde
est fraudeur. Or, ce n'est pas le cas. Donc, il faut avoir de l'écoute,
du respect, de la confiance, de la transparence, ce qu'on essaie de faire
à la CSST, d'admettre nos torts et de se corriger, de l'ouverture pour
corriger ce qu'il y a à corriger et aussi de la concertation.
D'ailleurs, la concertation est intégrée dans nos lois, et c'est
la volonté des législateurs.
Alors, c'est notre défi au niveau des relations avec les
clientèles, c'est notre défi, et c'est ça qu'on travaille
actuellement. Bien sûr, on part de loin, mais on a bien l'intention
d'atteindre nos objectifs. Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Shedleur. Compte tenu
que nous avons une enveloppe de temps un peu plus généreuse qui
est à notre disposition, je suis prêt à accepter qu'on
déborde peut-être de quelques minutes ce que le règlement
nous accorde et si, à la toute fin, il demeurait quelques questions en
suspens, on pourra peut-être reconnaître un deuxième droit
de parole à nos élus.
M. Jolivet: M. le Président, juste avant d'aller plus
loin, simplement pour les besoins de la cause, compte tenu que c'est la
dernière rencontre qu'on a, cet après-midi...
Le Président (M. Joly): Exactement.
M. Jolivet: ...on pourrait préserver 10 minutes de chaque
bord, cinq à 10 minutes pour les conclusions, comme on fait de coutume,
pour notre porte-parole.
Le Président (M. Joly): Je n'ai pas d'objection, si on
s'entend. Où je ne m'entends pas, c'est quand on change les
règles du jeu...
M. Jolivet: En cours de route.
Le Président (M. Joly): ...en cours de route.
M. Jolivet: Alors, on s'entend.
Le Président (M. Joly): Si on s'entend, si tout le monde
est d'accord avec ça...
M. Jolivet: O.K.
Le Président (M. Joly): La même chose pour M. le
député de Drummond. D'ailleurs, vous connaissez mon grand sens de
la démocratie et du respect des droits des individus. Alors, ça
me fait plaisir.
Alors, d'entrée de jeu, je vais reconnaître M. le
député de l'Acadie.
Une voix: ...
Le Président (M. Joly): M. le député de
l'Acadie, non? Alors, je vais passer la parole à M. le
député de Jonquière, où un premier 15 minutes vous
est accordé, M. le député de Jonquière, et, par
après, on pourra y revenir.
Commentaires et questions Traitement des cas en
litige
M. Dufour: Oui. J'ai l'impression qu'en écoutant le
dernier bloc, le service à la clientèle, on ne peut pas
être contre la vertu, parce que tout ce qu'on dit là-dedans c'est
d'être à l'écoute, le respect... D'ailleurs, tous les gens
qui font de la politique, c'est à peu près leur façon de
procéder au début, c'est qu'ils sont pour l'écoute, le
respect, la confiance, la transparence, l'ouverture, la concertation, mais,
dans les faits, ce n'est pas toujours comme ça que ça arrive. M.
Shedleur a l'avantage... il n'est pas supposé être un politicien,
il est un président d'organisme nommé. Donc, quand on examine
ça, est-ce que ça aura les effets escomptés? On est juste
dans l'expectative.
Pour le passé, c'est quoi qui se produit? On a vu tout à
l'heure qu'il y a beaucoup de cas qui n'ont pas été
réglés. Je comprends qu'on commence par le 1, ou le jour 1, et on
s'en va avec un nouveau président, une nouvelle philosophie, une
nouvelle approche, etc. Mais tous les cas qui n'ont pas été
réglés, comment on va les traiter? Est-ce qu'on va les traiter
avec autant de mesures? Parce qu'on ne peut pas arrêter le temps; vous
l'avez dit ce matin: on est bloqué quelque part. Donc, on ne peut pas
fermer les portes pendant trois semaines ou un mois ou trois ans et dire: On va
régler tout le passé et, après ça, on va
régler le futur.
Moi, je trouve que ce que vous nous dites, c'est plein de bon sens. Je
ne pense pas que personne autour de la table puisse dire quoi que ce soit
contre ça. Mais les cas qui n'ont pas été
réglés? Parce qu'on jugera l'arbre à ses fruits. Autrement
dit, lorsque vous aurez produit pendant un an, et on le proposera ou on le
suggérera probablement, c'est que c'est bon qu'on ait des commissions
parlementaires, qu'on puisse examiner.... Ça ne corrige pas
nécessairement, mais ça donne un peu plus d'imputabilité
aux responsables. (15 heures)
Donc, on ne peut pas porter un jugement sur le futur, on peut juste dire
que les intentions que vous manifestez, ça a bien du bon sens. Mais,
pour le passé, cette ouverture que vous manifestez, comment vous allez
l'atteindre?
M. Shedleur (Pierre): D'abord, ce dont je me rends compte en
entendant les parlementaires, c'est
qu'on a porté un peu le même diagnostic des
mécontentements des clientèles que vous. Donc, moi, ça me
rassure de voir que le diagnostic posé par l'organisation, par son
personnel... D'abord, pour eux, d'entendre ça... On a fait une
tournée des régions, et c'était dur pour eux d'admettre
qu'il y a eu des problèmes de cette envergure et qu'il fallait changer.
Or, le diagnostic étant le même un peu que ce que j'entends ici,
ça me rassure parce que les solutions, on les a creusées, et je
crois qu'on s'en va dans le bon sens. Donc, là-dessus, moi, je suis un
peu... Dans le fond, ça me réconforte de voir qu'on a
peut-être pris la bonne direction par rapport à ça parce
qu'il y a un diagnostic qui semble le même, qui n'est pas facile, et il y
a beaucoup de choses à corriger.
Quant aux cas antérieurs, ce que je voulais dire ce matin, ce
n'était pas une question d'attitude. C'était plutôt la
question des travailleurs où on a attendu 20 mois avant d'intervenir et
qui sont en processus de réadaptation physique ou professionnelle. Bien
sûr qu'on ne peut plus rien faire, presque. Le processus est trop
avancé. Par contre, ça ne nous empêche pas d'avoir du
respect. Ça ne nous empêche pas d'être à
l'écoute. Ça ne nous empêche pas d'avoir de l'ouverture, de
la transparence et d'essayer de travailler en concertation pour terminer le
dossier. Mais ce que je voulais dire par «des plus vieux dossiers»,
on ne peut pas s'attendre à des miracles, en termes de solution. Bon.
Les droits de retour au travail, s'ils sont perdus, nous ne pouvons pas les
récupérer. Donc, c'est ça que je voulais mentionner, mais
l'attitude du monde, les approches dans les relations et autres, je pense que
ça, ça peut changer même pour les dossiers
antérieurs, et je suis certain que les gens ne nuancent plus nouveaux
dossiers ou anciens dossiers par rapport au respect.
Même sur le plan médical, les contestations qu'on
évoquait, avant, les contestations étaient autant dans les
nouveaux que les anciens dossiers. Là, on a arrêté
ça. Donc, on les arrête aussi dans les anciens dossiers. Donc, je
pense qu'on va voir, même pour les autres dossiers, une
amélioration. Mais ceux qui ont perdu le droit de retour au travail ou
sont rendus trop ou il y a trop eu de contestations, eh bien, c'est dans ce
sens-là que je dis que ceux-là vont nous échapper. Mais il
y a quand même des choses qui devraient s'améliorer au moins dans
les relations avec nos clientèles: plus de respect, plus de confiance
entre les gens. Donc, il y a ça qui va s'améliorer, même
dans ces dossiers-là.
M. Dufour: Mais les problèmes qu'on peut déceler,
où on a constaté... Vous avez dit à plusieurs reprises que
des dossiers peuvent durer trois ans et demi et plus. Ce ne sont pas tous des
dossiers... Il y a des dossiers techniques, mais il y a des dossiers
d'évaluation là-dedans. Ça, vous avez... Il y en a qui
sont judiciaires, judiciarisés, et il y en a d'autres que c'est des
dossiers d'évaluation. Est-ce que vous vous engagez, par exemple,
à les réexaminer à la lueur de l'expertise que vous avez?
Il y a des dossiers possiblement que, même si le processus est
engagé, j'imagine que tant que la décision n'est pas prise, vous
pouvez examiner et voir si, à sa face même... Vous savez, il y a
des fois qu'avec des yeux neufs je ne parle pas de mes lunettes, elles
sont brisées, mais avec des yeux qui vont bien, là on peut
voir des choses différemment, et ça peut nous permettre de porter
des jugements autres, mais pas mettre la même personne dessus. Ça,
c'est l'erreur qu'on fait. La personne donne un point de vue et elle se
prononce quatre fois ou cinq fois pour le même point de vue. Ça
fait qu'il y a des chances qu'elle rende toujours la même
décision.
M. Shedleur (Pierre): Dans le fond, je peux répondre
partiellement dans le sens que, au niveau des dossiers au bureau de
révision, où il a quand même 300 jours de délai,
mais je veux ajouter des conciliateurs et voir même, pour certains de ces
dossiers, si on ne pourrait pas améliorer dans le sens que vous
mentionnez. Ça, c'est sûr, je voulais le signifier hier. Il va
falloir que j'engage d'autres conciliateurs pour voir ce qu'on pourrait faire
pour améliorer. quant aux dossiers qui sont rendus à la calp,
ça, c'est peut-être plus délicat, plus difficile parce
qu'ils ont comme sorti de notre contrôle. ils sont rendus à un
palier judiciaire où il est difficile pour nous d'intervenir. mais je
prends bonne note de ce que vous me mentionnez et je vais voir ce qu'on
pourrait faire, s'il y a des choses qui pourraient être faites. bien
sûr que si c'était juste des questions d'évaluation, au
niveau du barème, supposons qu'on ne s'entend pas sur
«c'est-tu» 6 % ou 8 %, si c'est ça, je serais plutôt
favorable qu'on règle à 8 % parce que ça ne coûtera
pas si cher que ça, parce qu'il n'y a pas beaucoup d'argent
là-dedans. ça coûte plus cher d'entendre la cause que
d'autre chose, de toute façon.
Donc, je trouve que c'est une excellente suggestion et je vais voir s'il
n'y a pas des dossiers de ce type-là. Par contre, il y a beaucoup de
dossiers qui sont contestés par l'employeur. Je n'y pourrai rien. Il
exerce son droit. Ou bien il peut y avoir des choses plus fondamentales sur
lesquelles on n'était pas d'accord puis que c'est encore le cas. Mais on
peut voir certains dossiers, en tout cas, au moins ceux qui sont au niveau du
barème, là. Si c'était ça, je pense qu'il y a des
choses qui peuvent se régler peut-être plus rapidement. Ça
fait que je vais regarder ce qu'on peut faire dans ces dossiers-là.
C'est une excellente suggestion. Je vous remercie.
M. Dufour: Moi, je trouve intéressant que le dernier bloc,
on puisse s'entendre en tout cas sur la plupart des points que vous avez
soulevés, puis ça nous permet peut-être de faire une
discussion un peu plus large sur l'ensemble des dossiers ou des blocs qu'on a
étudiés.
Rappelons-nous qu'au début, on a constaté que la
Commission, la CSST avait un déficit de 3 700 000 000 $, déficit
qui ne s'arrêtera pas. On peut bien se dire: cette année,
ça a du bon sens, on a juste 300 000 000 $ de déficit. Ça
demeure tout de même un
déficit. Ce n'est pas... Puis une entreprise qui fait des
déficits, normalement, ça ne dure pas longtemps. Puis moi, je
pense que la CSST est là pour durer. On peut la corriger, on peut
l'améliorer puis, vous l'avez dit, faire revenir la loi.
Attitude face aux déficits annuels de
fonctionnement
Dans tout ce qu'on s'est dit depuis deux jours, on peut parler de
certains correctifs, certaines suggestions que les parlementaires ont
soulevés. Vous en avez soulevé aussi de votre part. Est-ce que
vous avez en tête de quelle façon on va résorber ce
déficit? On peut bien dire... On en a discuté puis on l'a
effleuré hier. On a parlé... Les gens qui se disciplinent
eux-mêmes ont de la difficulté parce que, devant des
problèmes, bien, ils décident que les montants d'argent ou les
sommes supplémentaires qui pourraient être affectées
à améliorer le déficit peuvent être
diminuées, d'ailleurs peuvent être enlevées, et ça
s'est fait. Ça s'est fait par résolution du conseil
d'administration, même si c'est unanime.
Donc, on peut changer des règles. Moi, je pense qu'il y a du
laxisme un peu là-dedans. Même si c'est paritaire, au nom de la
démocratie, on ne peut pas faire n'importe quoi. Il y a des constats
puis il y a des raisons. Ce n'est pas parce que le gouvernement est en
déficit que tout le monde doit être en déficit. Moi, je
pense qu'il y a des choses qui doivent nous gouverner. On n'est pas
obligé de suivre des mauvais exemples. Puis ce n'est pas la même
chose.
Il y a une loi qui nous dit qu'il faut faire ça comme ça.
On a des responsabilités, on a des obligations. Est-ce que vous avez
l'intention c'est ça, la question de proposer des
changements radicaux qui permettent, sur un certain nombre d'années,
à la CSST de non seulement avoir l'intention de remplir ses obligations
puis la volonté de remplir ses obligations, mais qu'elle les remplisse
purement et simplement, tel que la loi l'a préconisé au
départ? Est-ce que vous avez, vous pensez avoir cette
autorité-là ou si nous, comme parlementaires, on doit aller
chercher un peu plus loin?
M. Shedleur (Pierre): II y a une question d'appréciation
puis il y a une question d'opinion dans votre question, M. le
député. Je vais distinguer ça en deux ou trois blocs.
D'abord, il y a le déficit d'opération. Vous dites: est-ce que
lés déficits vont arrêter? En ce qui me concerne, je veux
que ça cesse, les déficits. Ça hypothèque l'avenir
du Québec, ça hypothèque l'avenir de la CSST. Or, chez
nous, je vais tout faire pour que ça cesse mais dans le respect aussi
des droits des travailleurs.
Dans le déficit d'opération, je pense que la
réorganisation en cours, la façon de travailler me rend
très optimiste actuellement de pouvoir éliminer le
déficit, soit en 1994 ou en 1995 au plus tard. Donc, pour le
déficit d'opération, la réorganisation de l'entreprise qui
a été entreprise me permet d'être extrêmement
optimiste au cours des deux prochaines années.
Et vous parlez de changements radicaux. C'en est un changement radical
lorsque je vous présente aujourd'hui la nouvelle philosophie de gestion
chez nous. Une philosophie de gestion de travail d'équipe, une
philosophie de gestion de pro-clients, de se rapprocher des partenaires. C'est
tout un changement, ça. Lorsqu'on parle d'arrêter la confrontation
au niveau du Bureau d'évaluation médicale ou ailleurs, c'est un
énorme changement.
Bien sûr que vous avez raison. Entre le moment où on fait
les changements, où on perçoit ça, il y a du temps qui se
passe un peu. Mais ça, je pense qu'on n'y peut rien. Donc, au niveau du
déficit d'opération, je crois que la réorganisation qui
est en cours actuellement devrait donner des fruits. D'ailleurs, on le sent
actuellement. (15 h 10)
Quant au déficit dit accumulé, pour ne pas qu'on se
méprenne dans les termes de déficit, je crois que la politique de
capitalisation qu'on a fait adopter au C.A, et qui élimine le
déficit bon, il y en a deux morceaux, comme on vous expliquait
hier matin: un qui va se finir en 2003 et l'autre 2013, sur 20 ans; on a mis
0,32 $ pour éliminer ce déficit-là m'apparaît
être des façons de faire suffisantes pour nous garantir
qu'à l'avenir les déficits ne devraient plus être
là. Donc, il fallait jouer sur les deux niveaux: le déficit
d'opération et le déficit qu'on a accumulé au cours des
dernières années. C'est ce qu'on a fait. On a mis 0,32 $ pour
éliminer notre hypothèque qu'on a de déficit, et,
deuxièmement, le déficit d'opération par une
réorganisation administrative complète de toutes nos
façons de faire.
D'ailleurs, ce n'est pas propre à la CSST. Il s'agit de lire
Fortune Magazine, de lire des livres de Michael Porter, ou à
l'administration de voir ce qui se fait un peu partout aux États-Unis et
même au Canada pour voir que, où il y a le plus d'argent à
faire, ce n'est pas en arrêtant les services aux clients. C'est en
faisant la «réingénierie» de processus, en
améliorant nos façons de faire. C'est ce qu'on fait, dans le
fond. On n'a rien inventé. On a juste décidé de le faire.
C'est juste ça.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le président. M.
le député de Drummond, s'il vous plaît.
Employabilité des accidentés du
travail
M. St-Roch: Oui, merci, M. le Président. Alors, comme mon
collègue, je pense que le service à la clientèle est
très bien présenté, et surtout dans la foulée des
deux derniers jours. Moi, il y a un volet que je n'ai pas eu le temps de
toucher, sur lequel j'aimerais échanger avec vous. C'est ce que je
considère l'employabilité de nos travailleurs et de nos
travailleuses. À la lecture de tous les graphiques que vous avez
présentés, on remarque qu'il y a beaucoup d'accidents qui vont
être de 25 à 44, et lorsqu'on regarde le taux aussi de
scolarisation de ces individus-là.
Si vous combinez ça avec la globalisation des
marchés, il m'apparaît, moi, et encore là, avec
l'expérience du vécu quotidien de député, lorsqu'on
arrive avec des travailleurs et des travailleuses... Et Dieu sait qu'on a
vécu des réorganisations d'entreprises qui ont été
majeures. On n'a pas à faire la liste des fermetures ici. À
travers tout ça, il y a des travailleurs et des travailleuses qui
avaient des handicaps, et l'employeur du temps avait assumé son
rôle de bon employeur de réengager ces personnes-là.
Prenons l'exemple de quelqu'un qui a eu une chirurgie au dos, qui se ramasse
demain matin avec une incapacité on pourrait prendre votre
exemple de 25 000 ou de 35 000 et carrément sur
l'assurance-chômage et qui essaie d'aller se trouver un emploi. or, la
phobie, moi, que je dénote à l'heure actuelle chez les
travailleurs, et je ne sais pas comment la csst peut regarder ça dans
son mandat, c'est que le prochain employeur qui voudrait engager un travailleur
ou une travailleuse qui aurait eu une chirurgie assez sévère, il
n'y a pas un employeur qui va prendre le risque parce qu'il va dire: dans le
cas d'aggravation, là, je vais être pris avec un débat de
spécialistes à savoir «c'est-u» une rechute de la
première blessure ou si c'est à cause d'une condition
prédominante que j'avais chez moi, et là, il se voit... prenez
quelqu'un qui était à 5000 $ par année, de se voir passer
à quelque chose... à quelqu'un qui devient complètement
invalide et qui était invalide à 40 %, 50 %, 60 %, les montants
vont devenir substantiels.
Là, il se voit pris avec le débat de dire: est-ce que
c'est moi qui vais être pris à assumer du 5000 $ à aller au
montant nouveau? Quelle est l'intention de la CSST de gérer cette
problématique-là, et aussi, dans le lien que vous voulez
maintenir à l'emploi pour bien des employeurs? Et je ne veux pas me
faire leur porte-parole, c'est juste à échanger et à vivre
dans un milieu qui est industriel comme le mien que, si on reprend qu'on
maintient trop longtemps le lien d'emploi et s'il y a aggravation, ce n'est
peut-être plus 150 000$. C'est peut-être 200 000 $, c'est
peut-être 300 000 $ ou 400 000 $ que ça coûtera.
On aurait peut-être beaucoup plus intérêt à
briser le lien d'emploi immédiatement, d'aller en procédure et
aller en appel pour pouvoir passer l'échéancier d'un an ou de
deux ans, suivant le cas de l'entreprise. Or, est-ce que quelque chose est
prévu dans votre réorganisation, dans votre vision pour
s'attaquer à cette problématique-là?
Et j'aurai une autre question aussi en ce qui concerne
l'employabilité, surtout au niveau de la réadaptation.
M. Shedleur (Pierre): Merci, M. le député. C'est
une très grosse problématique que vous soulevez et qui est aussi,
en plus, réelle dans le quotidien. D'abord, ça me permet de
réaffirmer la raison pourquoi on a travaillé sur le maintien du
lien d'emploi. Dans la loi, il était prévu un des droits de
retour au travail d'une année ou de deux années, dépendant
de l'importance des entre- prises. C'est pour ça qu'on s'est dit: il
faut s'assurer qu'on va travailler pour un prompt et durable retour au travail
de ces gens-là.
On vous l'a montré avec les statistiques au cours des deux jours,
ce n'est pas les séquelles majeures qui ont augmenté elles
ont même baissé, si on regarde les statistiques c'est les
séquelles mineures. Des cas de 5 % et moins, surtout, où il y a
eu une hausse importante. Dans le cas des 5 % et moins, il peut y avoir des cas
d'exception, mais la majorité, ce sont des gens qui peuvent retourner au
travail avec des ajustements quelconques, soit d'adaptation de postes de
travail, soit en ayant un autre emploi ou autre. C'est pour ça qu'on
trouvait qu'il était extrêmement urgent et important pour la CSST
d'intervenir tôt et aussi de convaincre tout le monde alentour que c'est
profitable à tous. Pour le travailleur, parce qu'il va se retrouver dans
une situation où l'économie risque de le frapper et de ne pas
avoir de place à retourner au travail, comme vous avez mentionné,
et avec raison. Surtout avec la globalisation des marchés, ce n'est pas
facile, si vous avez un secondaire II, de vous retrouver un emploi puis que
vous avez 45 ans.
Donc, c'est une raison de plus pour qu'on renforce notre approche de
maintien du lien d'emploi. Et nous, on veut être là pour
protéger le travailleur, pour le faire jouer, le faire exercer ce droit
de retour au travail là. Et je n'hésiterai pas à le faire,
et la CSST n'hésitera pas, dans les cas où le travailleur peut
retourner, à dire à l'employeur: vous devez le reprendre. Et,
à la limite, on va défendre le travailleur dans ce
temps-là. Parce que, l'autre chose, il y a des travailleurs, s'ils ne
retournent pas, les coûts vont augmenter. Et si c'est les employeurs qui
sont «autopersonnalisés», ils font augmenter les coûts
pour les autres employeurs qui, eux autres, les reprennent, parce qu'il ne faut
oublier, c'est une mutuelle d'assurances, tout ça. Donc, ça ne
fait que confirmer qu'il faut aller vers le droit de retour au travail et aussi
vers le maintien du lien d'emploi et renforcer nos actions de bien comprendre
le travailleur et de l'aider à retourner au travail.
Vous avez soulevé une autre situation au niveau des rechutes
possibles et des inquiétudes que ça peut soulever au niveau des
employeurs. Je suis content de pouvoir vous dire qu'il ne devrait pas y en
avoir. Et c'est pour ça que les employeurs ne comprennent pas toutes les
règles du jeu des fois, et qu'il va falloir aller les leur expliquer.
C'est un des mandats de M. Brisson, entre autres, de leur expliquer ces
choses-là.
On a passé une politique d'imputation, politique que j'ai
négociée pendant plus de deux ans avec le Conseil du patronat.
Et, dans cette politique-là, il est dit que lorsqu'il y un coût de
rechute, récidive ou aggravation, les coûts sont reliés
à l'événement d'origine. Alors, à ce
moment-là, pour les événements d'origine, pour les
employeurs qui sont au régime rétrospectif, ils ont des choix de
limites par réclamation. Et, en général, lorsqu'il arrive
un cas de rechute important, souvent, ça ne leur coûte plus rien
parce qu'ils sont assurés, parce
qu'on est une compagnie d'assurances. Lorsqu'un employeur fait un choix
de limite par réclamation et qu'il prend une fois le maximum annuel
assurable, disons, 48 000 $, eh bien, tous les coûts excédant 48
000 $, la CSST lui a chargé une prime d'assurance pour
l'excédent.
Lorsqu'on retombe dans les coûts de rechutes, récidives ou
aggravations, bien, souvent, ça dépasse la limite par
réclamation. La limite par réclamation, par contre, peut aller
jusqu'à trois fois le maximum annuel assurable. C'est un choix de
l'organisation de l'entreprise. Mais souvent, dans ces cas-là, les
coûts dépassent la limite par réclamation et, à
toutes fins utiles, l'employeur est protégé par sa police
d'assurance qu'il a prise à la CSST.
Donc, on a fait ça justement pour protéger le travailleur
dans le sens de l'aider à retourner au travail, pour dire à son
employeur: tu vois, ça ne coûte rien de plus de le reprendre.
Donc, ça va dans un sens extrêmement positif, cette politique
d'imputation dont tout le monde ne comprend pas encore les détails, je
dirais.
Alors, de plus en plus, les gens commencent à mieux saisir cette
politique d'imputation. Mais vous aviez parfaitement raison, c'est une des
inquiétudes des employeurs de dire: si je le reprends, puis il y a eu un
cas de rechute, quels sont les coûts qui vont m'être
imputés? En général je ne dis pas dans tous les cas
les gens ont atteint leur limite par réclamation, et c'est
au-delà de la limite par réclamation.
Quant aux employeurs «autopersonnalisés»,
l'excédent de 20 % du maximum annuel assurable ne leur est pas
chargé. C'est la partie assurance de la CSST qui paie là aussi.
Donc, il ne devrait pas y avoir d'inquiétude chez les employeurs. Mais
votre question, je la comprends, et vous avez raison en plus, beaucoup
d'employeurs ne maîtrisent pas bien ça, et ça les
inquiète. C'est pour ça, je le disais tantôt, qu'il nous
faut une vice-présidence en relation avec les partenaires pour
promouvoir nos politiques, nos orientations, pour aller expliquer ça
à nos partenaires, entre autres, patronaux, les associations patronales
et leur expliquer: voyez-vous, ça, vous ne devriez pas être
inquiets, et les règles de jeu ont été pensées en
conséquence parce qu'on est en assurance. Alors, il nous reste beaucoup
à faire en termes de promotion et d'explication de ces
régimes-là. (15 h 20)
M. St-Roch: Un autre volet, M. le Président. Lorsqu'il
arrive finalement de consolider un dossier dans la fameuse année de
recherche d'emploi, souvent on va voir des travailleurs ou des travailleuses
puis, de toute façon, avec des secondaire II ou III qui diraient: bien,
moi, je veux changer d'orientation. Je veux aller finir mon secondaire, je veux
aller au collégial. Et, à un moment donné, on
s'aperçoit qu'au niveau de la consolidation on arrive... Je vais prendre
un cas bien pratique de chez moi, qu'on a consolidé, à un moment
donné, quelqu'un qui a toujours rêvé d'aller comme
technicien en aéronautique, et la CSST a dit: on n'est pas là
pour augmenter les revenus des gens ou faire un accroisse- ment de richesse. Ta
tâche, c'était ça, c'est ça que tu paies. Et,
à moins que vous me disiez que je fais erreur, si un travailleur se
relocalise avec un emploi plus cher qu'il avait avant, la compensation,
l'indemnité, à ce moment-là, il n'y en a pas à
payer par la CSST. Le fameux 150 000 $ dont on parle, par travailleur ou
travailleuse, moi, je peux vous dire que cette personne-là est
allée compléter son cégep et aujourd'hui elle travaille et
est devenue un patron dans un secteur d'aéronautique, et la
compensation, elle n'a plus à la payer parce que le salaire qu'elle a
aujourd'hui est beaucoup plus substantiel, mais elle a été
obligée de l'assumer de ses poches. Parce que, au moment où on a
consolidé le dossier, on a dit: on n'est pas là pour faire de
l'enrichissement dans ce dossier-là.
Alors, moi, je me demande s'il n'est pas possible, à un moment
donné et j'admets que ça va être du cas par cas
qu'un travailleur, au lieu de lui donner 5000 $ par année ou 9700
$ ou quel que soit son salaire je prends vos deux exemples ici, qui
feraient 150 000 $ si on lui avançait 10 000 $ ou 15 000 $
immédiatement, il va être capable de se classifier dans un emploi
qui va être à salaire supérieur. C'est vrai qu'il y a un
enrichissement, c'est vrai que ce n'est peut-être pas le rôle de la
CSST. Mais, strictement en homme d'affaires, quand je regarde sur 150 000 $, si
ça en a coûté 20 000 $, je viens d'en sauver 120 000 $.
Alors, à long terme, avec des politiques, peut-être faire
le point avec... Tout à l'heure on va voir les ministériels nous
arriver, je l'espère, avec de la formation professionnelle. C'est
peut-être là qu'on pourrait avoir un pont entre la CSST et le
ministère de l'Emploi et au niveau du recyclage et de la formation. Il y
a peut-être moyen d'avoir un pont, finalement, aujourd'hui parce que ce
travailleur-là, avec la mondialisation et le manque d'emploi qu'on a
ici, s'il s'en va chez lui, vous avez raison, 5040 $, je n'ai jamais vu
personne qui s'est mis millionnaire avec ça avec la CSST. Avec
l'employabilité et le ministère de l'Emploi, et lorsqu'on aura eu
une entente fédérale-provincialej'espère un jour
ou une entente quelconque au niveau du recyclage, est-ce que vous allez
regarder et bâtir ces ponts-là? De dire, globalement,
finalement... Parce que ce qu'il faut regarder, la CSST, comme je l'ai dit ce
matin, c'est un des filets de sécurité, mais elle a
été une des entités parmi un des paramètres, une
des facettes de la vie québécoise. Alors, si on est capable de
travailler avec le ministère de l'Emploi pour réinsérer
nos travailleurs et nos travailleuses, même s'ils s'enrichissent, moi je
dis: Bravo! La CSST va avoir quelqu'un qui va contribuer beaucoup plus
son employeur par ricochet parce qu'il gagne plus. On a
réinséré quelqu'un au niveau humain, et c'est fantastique.
Et, finalement, en tant que collectivité, on est regagnant parce qu'on
n'a pas des déficits à supporter un jour.
M. Shedleur (Pierre): Alors, M. le député, je me
dois, à ce moment-là, de retourner... D'abord, il y a deux
parties. Il y a une partie légale. Dans la loi, il
n'était pas prévu, dans l'esprit de la loi et même
par rapport au texte légal, que la CSST était là pour
venir hausser les capacités, dans le fond, de scolarité ou autre,
ou les capacités du travailleur en emploi. Ce n'était pas le
mandat de la CSST. Comme vous le mentionnez très bien, c'est
plutôt probablement le mandat d'une autre société
québécoise, la société québécoise de
la main-d'oeuvre qui devra avoir, j'imagine, cette
responsabilité-là. Donc, ce n'est pas dans notre loi. Si on
procédait à vouloir, admettons, dans le fond, hausser la
scolarité des travailleurs ou aller dans ce sens-là, et pas au
meilleur coût, comme dit la loi, de toute façon, l'employeur
risquerait de contester cette réclamation-là; on se retrouverait
devant les bureaux de révision ou même à la CALP. Et la loi
est relativement claire là-dessus. Je dis «relativement
claire» parce qu'il y a toujours place à jugement. Et c'est
là qu'au niveau de la réadaptation j'ai dit au personnel de la
CSST: il n'y a pas de directive qui peut s'appliquer; il n'y en pas. Les gens
étaient surpris quand je suis arrivé et que je leur ai dit qu'il
fallait mettre le papier de côté et revenir sur le
côté humain et le jugement. Nous avons des professionnels à
la CSST, des conseillers et des conseillères en réadaptation de
qualité, et ils ont de l'expérience et ils ont la formation
académique; et là, on appliquait les directives. Or, on a
habituellement un travailleur ou une travailleuse accidenté devant nous,
la loi nous dit qu'on n'est pas là pour faire une surenchère sur
le plan de la scolarité, mais elle dit aussi que, si on est capable de
retrouver un emploi en investissant dedans à un moindre coût,
c'est ça qu'il faut faire. Alors, si le moindre coût c'est de
payer deux ans de scolarité et, vraiment, il y a de l'emploi au bout, je
crois que ça serait un bon jugement de le faire. On pourrait aller
défendre notre décision au bureau de révision, si
l'employeur contestait, et s'organiser pour supporter le travailleur dans des
cas comme ça.
Bien sûr, je ne crois pas que, de façon
générale, ce soit notre mandat, nous autres, de monter la
scolarité, actuellement, en tout cas telle que la loi est
rédigée. Là, il y a une question légale. Mais, je
pense qu'il faut qu'on fasse preuve de plus de jugement dans des cas
particuliers. Et c'est là qu'on dit qu'on est ouverts lorsque vous
rencontrez des problèmes ou si on a pu manquer de jugement à
l'occasion pour intervenir et de voir des cas particuliers. Mais c'est bien
sûr que ce n'est pas la majorité des travailleurs du Québec
en réadaptation à qui ça peut convenir, ce genre
d'approche là parce que la majorité a un secondaire II, III
maximum. Alors, ce n'est vraiment pas la majorité et ce sont des gens
plutôt qui ont besoin qu'on protège le lien d'emploi qu'ils ont
actuellement.
Selon les études qu'on voit un peu partout aux États-Unis
et même au Canada, on se rend compte que, où ça fonctionne
le mieux, ce sont les endroits où on protège le droit de retour
au travail, c'est-à-dire qu'on retourne dans le même emploi ou
dans la même entreprise. C'est là que le travailleur a des
meilleures chances de protéger son revenu, et c'est normal parce que,
souvent, il a de l'ancienneté dans cette entreprise-là, puis le
salaire est en conséquence. Il y a souvent une meilleure protection en
cas de mise à pied, etc. Donc, c'est la meilleure solution. C'est pour
ça qu'on travaille sur le maintien de l'emploi en premier.
Une fois que ça n'est pas possible, au niveau de la
réadaptation, il y a les cas lourds. Bien, les cas lourds, là, on
va leur donner le traitement royal, c'est ça que je vous disais, et on
va avoir de la compassion. Il n'est pas question de commencer à demander
des contre-expertises puis achaler le monde avec des choses semblables. Il
reste les autres cas où on n'a pas pu maintenir le lien d'emploi dans
les entreprises où ils travaillaient. Qu'est-ce qu'on fait? Et
là, il y a une question de jugement, mais, en même temps, la loi
dit qu'on n'est pas là pour augmenter la capacité,
nécessairement, des travailleurs sur le plan de la scolarité.
Donc, c'est un peu ça qu'on essaie de travailler, mais comme vous pouvez
voir, on n'est pas dans quelque chose de mathématique, là.
M. St-Roch: Alors, M. le Président, j'ai bien pris note
que M. Brisson va être à notre disposition. Ça me fera
plaisir de vous faire parvenir et vous mettre en contact avec les ressources de
notre milieu, à bout de bras, un projet-pilote et une étude qu'on
a faite après que les dossiers étaient consolidés par la
CSST, lorsqu'on voyait des gens de 45 ans et moins s'en aller chez eux avec des
pensions entre 5000 $ et 10 000 $, pour voir s'il n'y avait pas moyen, avec le
cégep puis avec une psychologue qui a osé, elle aussi,
rêver avec son député, puis quelqu'un qui était pour
les travailleurs... On pourra vous mettre au parfum de quelques
dossiers-pilotes qui ont donné des résultats qui sont
drôlement intéressants. La problématique, lorsqu'on a
discuté, dans le temps, avec vos prédécesseurs,
c'était exactement la légalité de la loi qui disait: on
n'est pas là pour contribuer à enrichir un travailleur. Puis, la
défense qu'on a toujours faite, on disait: vous n'enrichissez pas le
travailleur, ces cas-là, rendus à la fin, de mémoire, un,
c'était 140 000 $ et un autre de 120 000 $, sur la vie normale du
travailleur, que vous aurez de moins à payer. Alors, on aidait la
CSST.
Alors, là, c'est une des choses, moi, sur laquelle je veux vous
mettre au parfum. Peut-être que ça prendrait une modification
législative, à ce moment-ci, pour vous donner cette
latitude-là, en admettant que vous n'êtes pas là pour
augmenter la scolarité et en faisant le pont aussi avec la nouvelle
vision au niveau de la formation professionnelle. Il y a peut-être
quelque chose là qu'on pourrait regarder.
Et, en terminant, brièvement, ça va être
plutôt un commentaire qu'une question. Moi, je reviendrai tout à
l'heure à la conclusion aussi. M. le Président me donnera
quelques minutes...
Le Président (M. Joly): Juste brièvement, M. le
député.
M. St-Roch: Oui, très brièvement, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Ce que je veux dire, c'est que
vous vous référez aux services potentiels de M. Brisson, mais
est-ce que, M. Shedleur, vous souhaitez qu'on passe auparavant par la direction
régionale, par les directeurs régionaux en premier avant, disons,
de faire un «backlog» là?
M. Shedleur (Pierre): Oui. Nous, ce qu'on souhaite, c'est que les
parlementaires, admettons, puissent avoir un accès direct au directeur
régional. Je sais que plusieurs d'entre vous l'ont dans certaines
régions. On veut juste renforcer ça, et ça va être
exprimé clairement aux directeurs régionaux. Mais aussi, on se
dit qu'il peut arriver des problématiques où on n'est pas
d'accord avec notre directeur régional. Alors, M. Brisson va être
là pour recevoir vos plaintes, et on vous promet des réponses
à tous vos dossiers.
M. St-Roch: M. le Président, j'avais compris, moi, dans le
cas d'individus, on s'en va avec notre directeur général, mais
lorsqu'on ose suggérer des politiques d'ensemble qui pourraient regarder
la CSST, on pourrait faire appel à ce moment-là à M.
Brisson tout en maintenant le lien avec le directeur régional. Moi, il y
a...
Le Président (M. Joly): Parfait, merci! Très
rapidement. Je vous ai déjà permis de déborder là,
parce que vous êtes rendu pratiquement à 20 minutes.
M. St-Roch: Ah! Vous êtes d'une
générosité exemplaire, M. le Président. (15 h
30)
C'est strictement une réflexion, puis un commentaire, puis une
inquiétude que j'ai, moi, parce que, avec tout ce que j'ai entendu
depuis deux jours, je pense que c'est réjouissant. Ça a
été souligné par d'autres collègues, je pense qu'on
s'en va dans la bonne direction.
Traitement des cas en litige (suite)
Ce qui m'inquiète, moi, parce que tous les nouveaux cas depuis le
mois d'octobre, vous avez raison, j'ai remarqué, moi, une baisse
drastique dans mes bureaux. C'est les anciens cas qui restent. Ce pourquoi je
suis inquiet, moi, c'est qu'à un moment donné, vous savez, les
anciens cas vont refaire surface puis, dans le monde dans lequel on vit, on
prend toujours ce qui est plus sensationnel et on garroche ça en
pâture à tout le monde parce que ça fait sensation.
L'accumulation des dossiers qui restent là versus la nouvelle
procédure, que l'ancien ne vienne pas enterrer vos efforts et que
l'image, finalement, nous apparaisse comme étant stagnante. Alors, je ne
sais pas comment vous allez pouvoir réagir pour donner cette
vision-là, de dire: Hé! il y a deux parties de dossier, on s'en
va de l'avant, mais il nous reste ça encore comme accumulation à
régler.
M. Shedleur (Pierre): D'abord, ça va nous faire plaisir de
vous recevoir pour voir l'expérience que vous avez pu vivre dans votre
comté. On est acheteur de toutes bonnes idées pour le bien de la
société.
Quant à l'autre question, pour les anciens cas, écoutez,
c'est un problème. Je pense que M. le député, M. Dufour,
tantôt mentionnait, bon: Qu'est-ce qu'on peut faire peut-être avec
la CALP ou... Je vais me pencher là-dessus. J'ai vu vos
préoccupations, au cours des deux jours, sur les anciens cas. Comme
administrateur, je me suis dit: Je ne peux pas faire les deux. Mais là
je vais voir ce que je pourrais faire peut-être pour les anciens cas.
Est-ce qu'il y aurait moyen de trouver une solution à ces anciens cas?
Il y en a sûrement. M. Dufour mentionnait: S'il y avait des débats
sur des petites incapacités, puis on est en dispute sur des «on
"va-tu" payer 8 % ou 9 % ou 10 %?»... Je veux arrêter ça. Si
c'est ça, on va arrêter ça. Il faut que je regarde ce que
j'ai dans mes cas devant les tribunaux. Évidemment, il y en a beaucoup.
Ça fait qu'on va procéder à une analyse et voir si on ne
pourrait pas en régler. Donc, ça, je vais regarder ça.
Quant aux cas en traitement, je peux vous garantir une chose, c'est la
bonne attitude, d'arrêter la confrontation médicale que vous avez
connue. Normalement, elle ne devrait plus être là, autant pour les
nouveaux que pour les anciens cas. Ça, c'est supposé être
terminé. Deuxièmement, nos avocats ne sont pas supposés,
en région, procéder, je dirais, à des poursuites ou quoi
que ce soit sans autorisation de leur directeur régional. Donc,
là aussi, il devrait y avoir un changement d'attitude et de
comportement. Je pense aussi que les gens, comme nos conseillères en
réadaptation, les conseillers en réadaptation, dans les nouveaux
cas, interviennent systématiquement et essaient de les retourner au
travail, dans leur emploi. Pour les anciens cas, peut-être que la partie
est jouée ou elle est jouée partiellement. Ça ne veut pas
dire qu'il n'y aura pas d'efforts de faits. Il va se faire des efforts. Mais ce
que je veux dire, on n'est pas capable de garantir les résultats autant
qu'avec la nouvelle approche. Donc, il va se faire de quoi avec les anciens
cas, mais disons que le côté de taux de réussite dont
parlait Mme la députée, Mme Blackburn, on ne peut pas le garantir
dans ceux-là autant qu'avec les nouveaux cas.
On voulait être très honnête avec vous, mais on peut
vous garantir l'attitude, on peut vous garantir que la contestation
médicale, on va y mettre fin, on peut vous garantir qu'au niveau
juridique on va arrêter de poursuivre, si on poursuivait, on peut vous
garantir qu'on va faire des efforts. Mais il y a peut-être eu des
étapes de franchies, capitales, qui nous empêchent aujourd'hui
peut-être de retourner et de réussir le même cas qu'on
réussirait avec la nouvelle approche. On voulait aussi être
très honnête avec vous parce que vous les vivez, ces
cas-là, dans vos comtés. On ne voulait pas vous conter de
blagues. Je crois que ce serait tout à fait inacceptable de faire
ça aux élus de la population.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le président.
Mme la députée de Chicoutimi, pour, après,
reconnaître M. le député de l'Acadie, pour, après,
revenir à M. le député de Labelle.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député de Laviolette sera avant M. le député de
Labelle. Alors, ça peut peut-être vous permettre de patienter
davantage.
Invocation de la condition préexistante
Mme Blackburn: Depuis deux jours, vous nous dites que vous
voudriez mettre en place une procédure, une philosophie qui ferait que
l'affrontement deviendrait l'exception et non pas la règle, comme
ça l'est actuellement. Il y a un cas que je vous donne, je ne vous
demande pas de le régler ici, mais j'aimerais que vous le regardiez: Guy
Leblanc, de Joliette. Il serait à sa quatrième comparution devant
la CALP. Je ne veux pas régler le cas ici. Mais je me rappelle en
vous écoutant ça m'est revenu votre
prédécesseur avait ce charme aussi pour nous dire: Soumettez-moi
vos cas. Puis, évidemment, comme vous êtes responsable, comme
j'étais à l'époque responsable du dossier pour tout le
Québec, j'avais des cas qui me venaient d'un peu partout du
Québec, avec le résultat que, je dois le dire, et je ne veux pas
mettre en doute votre parole, mais je dois vous dire que je n'ai pas vu
beaucoup de ces dossiers-là se régler en passant par le bureau du
président. Je pensais qu'il fallait le dire parce que j'ai eu
là-dessus plus souvent de déceptions que d'occasions de me
réjouir de la décision d'avoir communiqué directement avec
le bureau de la présidence. Je ne doute pas de votre bonne
volonté, mais j'ai cru comprendre que l'appareil était tellement
lourd que, même quand le président intervenait, il n'y avait
quasiment rien à faire.
Alors, moi, je voudrais intervenir sur une pratique de plus en plus
courante, de plus en plus courante, c'est d'invoquer la condition
préexistante. Ça, là, c'est devenu une façon pour
la CSST de dire: Vous aviez des prédispositions avant,
décalcification, ostéoporose, n'importe quoi. Mais qui n'en fait
pas un peu rendu à 50 ou 55 ans? Peut-être même qu'il y en a
qui commencent à 45 ans. Mais les suites, les séquelles, elles
seraient moins graves s'ils travaillaient assis dans un bureau que s'ils
forçaient dans une entreprise. Qu'est-ce qui vient avant ou après
le travail qui provoque une détérioration ou
accélère la détérioration? Alors, ça, c'est
les cas les plus fréquents que je retrouve, c'est-à-dire
«condition préexistante», et ça semble être
devenu la fuite en avant, ça, la façon d'effacer des dossiers
puis de dire: Fini, il n'y a plus d'appel là-dessus. Puis c'est
difficile à prouver, ça. Pour celui surtout qui est obligé
de payer les expertises médicales pour démontrer qu'il n'y avait
pas de condition préexistante, il se décourage, il met un x
là-dessus et il s'en va à l'aide sociale.
Je vous laisse parce que je ne pense pas que vous puissiez me
répondre aujourd'hui là-dessus, puis je ne souhaite pas parce que
je pense que c'est complexe. Et c'est utilisé de plus en plus par les
médecins, par vos experts. Ça, ça crée des
situations qui créent des injustices criantes. Moi, j'ai un travailleur
qui a eu un accident. Il est tombé dans un convoyeur dans une scierie,
il s'est déchiré les muscles de l'épaule. Il a
été opéré. Ils l'ont retourné au travail.
Résultat: il a travaillé avec l'autre bas, puis il s'est
détérioré l'autre bas. Mais on dit ça: Ce n'est pas
ton travail qui a fait ça; condition préexistante, parce que tu
avais l'autre épaule amochée. Alors, vous voyez, c'est
devenu...
M. Shedleur (Pierre): Vous me l'apporterez, ce cas-là,
madame.
Mme Blackburn: Oui, je vous l'apporterai. Et là on est en
train de... Là, c'est le retour à l'emploi et, résultat,
on l'a envoyé pour être «moppeur». Excusez, je
n'arrive pas...
M. Shedleur (Pierre): Mais, ce cas-là, madame, à
première vue, m'apparaît...
Mme Blackburn: Pathétique.
M. Shedleur (Pierre): II y a un problème de gros bon sens
là. On va s'en occuper. Ça nous fera plaisir.
Mme Blackburn: Je vous l'enverrai.
M. Shedleur (Pierre): Donald est là; on va prendre le nom,
on va s'en occuper.
Recours aux services de chiropraticiens
Mme Blackburn: Mais je ne veux pas régler les cas ici.
Deux questions me préoccupent. Une première sur la
démarche qui a été faite par les chiropraticiens, qui
estiment que l'obligation que vous leur faites de passer par une
recommandation, une prescription médicale, alourdit le système
et, évidemment, ça fait que c'est plus cher,
particulièrement dans les cas de maux de dos. Il y a des travailleurs
qui trouveraient suffisant d'avoir quelques traitements de chiro, puis
ça passerait, alors que, là, ça bloque dans la machine du
médecin. Avez-vous l'intention, là-dessus, de modifier la loi
pour pouvoir reconnaître l'intervention du chiro en première
ligne?
Et comme vous avez une philosophie de dire qu'il faut faire de la
prévention plutôt que de travailler à la guérison ou
au curatif quoique je n'ai pas senti ça encore de façon
très, très, très certaine est-ce que vous avez
l'intention d'intervenir pour qu'on puisse reconnaître d'autres secteurs?
On sait que les secteurs légaux on a appelé 1 et 2
les forêts, les mines, la construction ont été reconnus
comme étant des secteurs d'intervention en matière de
prévention. Là, on a tout le
secteur des hôpitaux, celui des municipalités. On a je ne
sais plus combien de secteurs. Probablement que celui des services, non plus,
n'est pas reconnu. Et c'est là qu'on commence à trouver vos moins
de 5 % qui travaillent beaucoup dans ces secteurs-là. Alors, est-ce que
vous avez l'intention de reconnaître d'autres secteurs et est-ce que le
gouvernement se montrera réceptif à cette idée de
reconnaître le secteur des services publics? Parce qu'on sait que
ça crée des obligations à l'employeur, ne serait-ce que la
sécurité dans les laboratoires dans les hôpitaux
vous en savez quelque chose dans les écoles, et ainsi de suite?
(15 h 40)
M. Shedleur (Pierre): Merci, Mme la députée.
D'abord, pour la question du chiro, la CSST est favorable à
l'utilisation des chiros. Bien sûr que la loi prévoit que c'est le
diagnostic ou le traitement... plutôt le traitement doit être
prescrit par le médecin traitant. Alors, si nous modifions la loi, ce
serait complètement venir bouleverser le rôle du médecin
traitant dans la loi et, là, ça voudrait dire qu'il y aurait
comme deux médecins qui pourraient se prononcer sur le dossier du
travailleur. Ce qui amène, à ce moment-là, le
problème de savoir qui est le médecin traitant, et ça
devient un chaos administratif. Dans les autres provinces où le chiro
est reconnu comme médecin, il n'existe pas, dans la loi de ces autres
provinces-là, par contre, la primauté du médecin traitant.
Donc, on est comme pris, là, entre deux feux, entre deux
problèmes importants. Si on reconnaît la question du chiro, la
problématique, pour nous, c'est: Qu'est-ce qu'on fait avec le
médecin qui a charge, le médecin traitant selon la loi? On ne
peut pas, sur le plan administratif, mettons, avoir deux médecins
traitants. Donc, il y a comme un choix à faire. Malheureusement, je ne
peux pas en parler plus que ça parce que la cause est devant la Cour
supérieure, et je pourrais avoir des problèmes légaux. Je
me suis même avancé un peu, mais je ne peux pas en débattre
plus que ça sans avoir des problèmes. On me dit que la cause...
bien, on ne me le dit pas, je sais qu'elle est devant la Cour
supérieure. Il ne faut pas que j'en débatte trop, sinon ça
pourrait m'amener des problèmes. Mais le problème de fond, c'est
qu'on aurait deux médecins traitants, selon notre loi, alors que, dans
les autres lois des autres provinces, le médecin traitant ou qui a
charge n'a pas primauté comme chez nous. Donc, c'est un gros
débat, ça, éventuellement. Je pense qu'on devra trancher,
éventuellement.
Une voix: ...
Groupes prioritaires
M. Shedleur (Pierre): Pardon? Donc, il y avait ça.
La deuxième chose que vous avez soulevée, c'est la
question des groupes prioritaires. Ce n'est pas un problème qui est
simple. Depuis 1984, le dossier des groupes prioritaires n'a pas avancé.
Les groupes 1 et 2 sont couverts, comme vous le savez, et le groupe 3,
partiellement. Alors, 4, 5 et 6 ne le sont pas. Et, au niveau du groupe 3, le
représentant en prévention pour le comité de santé
et sécurité n'a pas été reconnu. Alors, là,
il n'y a pas eu, je dirais, de consensus. Les gens ne s'entendent pas au C.A.
sur la couverture des groupes 4, 5 et 6. Il n'y a pas entente entre les
parties. Il n'y a pas de consensus là-dessus actuellement. Les
débats se poursuivent à ce niveau-là.
Alors, pour l'instant, je n'ai pas de solution miracle. À partir
du moment où les gens ne s'entendent pas, il n'y a pas de consensus,
est-ce qu'on devrait imposer aux gens un mode de fonctionnement? Quand c'est
trop coercitif, c'est très dangereux que ça ne donne pas ses
impacts. C'est une loi, la loi 17, qui fait appel au paritarisme, qui fait
appel à la concertation, qui fait appel à la bonne volonté
des gens et, si les principaux acteurs sont en désaccord et qu'on impose
des choses, il y a un danger. C'est pour ça que, lors de mon
comité sur la prévention-inspection, c'est une de mes
préoccupations, à savoir comment je peux arriver pour
étendre les mesures de prévention dans les autres secteurs, et
là on va voir: Est-ce qu'il y a d'autres modalités que la loi
prévoit et on atteindrait les mêmes objectifs? Est-ce qu'il y a
d'autres façons de faire qui nous permettraient d'atteindre les
objectifs, parce que... Et peut-être que, là, il faudrait des
modifications législatives. Je l'ignore. Mais je peux vous dire que
c'est une de mes préoccupations. Maintenant qu'on a pas mal
travaillé au niveau de la réparation depuis mon arrivée en
fonction, mon intention, c'est de me consacrer beaucoup au dossier de la
prévention-inspection à compter d'avril. Et c'est une de mes
priorités, ça aussi, les groupes prioritaires: Qu'est-ce qu'on
fait avec ça. C'est bloqué depuis 10 ans. Dans le fond, ça
n'a pas avancé. Alors, il y a des problèmes sérieux quand
quelque chose est arrêté depuis 10 ans. Et d'arriver d'une
manière coercitive, si vous me demandez aujourd'hui: Est-ce que vous
êtes pour ça? je craindrais que les résultats ne seraient
pas là si on arrivait de façon coercitive.
Évaluation des besoins de
capitalisation
Mme Blackburn: Dans un tout autre ordre d'idées, le
déficit. En 1992, la tarification était de 2,50 $ et le revenu
réel se situait à 2,24 $, c'est-à-dire un manque à
gagner de 0,26 $. Est-ce que vous avez, avec vos actuaires, essayé
d'évaluer un peu, de faire des projections qui vous permettraient de
minimiser l'écart entre le réel et le planifié...
Une voix: L'objectif.
Mme Blackburn: ...et l'objectif? Et la deuxième question,
toujours sur la question du déficit. On sait qu'il y a des États,
évidemment, c'est différent des pays aussi, qui paient tout
simplement tous les ans ce qu'on évalue qu'il en coûterait. Alors,
il y a deux philosophies là-dedans. Mais, au Canada, je pense qu'il y a
la
colombie-britannique qui est capitalisée à 106 % ou
à 107 %. l'ontario, il me semble, ça fait longtemps que je ne
suis pas revenue à ces données-là, c'était 40 %.
bon. il y a là-dedans des philosophies qui varient selon, je dirais, les
experts. il y a des experts qui pensent que la capitalisation à 100 %,
ce n'est pas vraiment une obligation absolue parce qu'ils estiment que, si la
csst fait bien son travail, on surestime ses besoins de capitalisation, parce
que moins vous avez d'accidents, moins dans le futur ces accidents devraient
vous coûter cher. donc, il y aurait une réévaluation
à faire quant aux besoins de capitalisation. alors, je voulais juste
savoir comment on se situe en termes de comparaison. et la cotisation moyenne
prévue cette année de 2,75 $, vous pensez en rapporter
combien?
M. Shedleur (Pierre): Les taux, pour resituer ça, d'abord,
la Colombie-Britannique n'est plus à 106 %. Elle a connu un
déficit, et elle est rendue à peu près à 95 %.
Évidemment, elle a une excellente performance malgré tout, mais
elle a connu un déficit et elle procède elle-même
actuellement à une réorganisation. J'ai rencontré, au mois
d'octobre dernier, les commissions d'accidents de travail, dont un des
vice-présidents, le président n'étant plus là, et
elles vont procéder à une réorganisation complète
aussi de leurs services pour s'assurer de ne plus avoir à baisser leur
taux de capitalisation. l'ontario est à environ 38 % actuellement. c'est
à peu près le taux. mais ça bouge. c'est à peu
près ça; c'est 36 %, 37 %, 38 %, 39 %. ça bouge tout le
temps dans ces taux-là. et la csst est à 53 %. quant à
savoir: est-ce qu'on doit capitaliser à 100 % ou pas? vous avez raison,
il y a des débats qui disent que, oui, il y en a d'autres qui disent que
non. c'est justement, ces débats-là ont amené longtemps
les employeurs à ne pas vouloir capitaliser à 100 %. bon, je le
disais l'autre jour, le groupe sobeco avait avancé l'idée que ce
n'était pas sûr que c'était essentiel de la capitaliser
à 100 %. j'ai toujours été un ardent défenseur de
la capitalisation à 100 %, personnellement, parce que je me dis: ii faut
protéger à long terme le fonds des travailleurs;
deuxièmement, il faut s'assurer qu'on va avoir l'argent. et si on n'est
pas capitalisé, peut-être qu'on ne pourra jamais
l'améliorer, ce régime-là. peut-être qu'on pourrait
l'améliorer, mais, lorsqu'on est
«décapitalisé» ça ne porte pas à
l'améliorer. donc, je pense que, pour les travailleurs à long
terme, c'est mieux que le régime soit capitalisé à 100 %.
mais, deuxième chose, pour les employeurs, il est très important
de ne pas transférer dans le fonds des coûts entre les
générations. on ne connaît pas le futur. lorsqu'on n'est
déjà capitalisé qu'à 53 %, tout à coup on
connaîtrait j'espère que ça n'arrivera pas
dans 10 ans, une grosse crise économique et que ça nous
ramène à 40 %, puis on baisse comme ça, le danger,
après, c'est de couper les bénéfices des travailleurs.
c'est pour ça que j'ai toujours été un ardent
défenseur d'être capitalisé à 100 %, et ce que j'ai
dit aux employeurs à l'époque: les compagnies d'assurances
privées, le milieu privé capitalise à 100 %; pourquoi la
csst, qui est une compagnie d'assurances publique, ne devrait pas avoir le
même objectif d'être capitalisée à 100 % pour
protéger les travailleurs et, je dirais, les employeurs?
Au niveau des employeurs, la réalité des coûts, j'en
ai parlé hier matin, j'y reviens, c'est important, la
vérité des coûts ou des taux, c'est essentiel pour les
amener à faire de la prévention. Au niveau de la
prévention, si on ne charge pas les coûts aux employeurs
d'aujourd'hui puis qu'on a eu une mauvaise expérience, mais pourquoi,
l'année prochaine, ils vont en faire, de la prévention? Donc, la
vérité des coûts, malheureusement, c'est une façon
dure d'amener le monde à se rectifier, mais ça en est une bonne
aussi. Je crois qu'il faut ajuster les taux aux employeurs en fonction de leurs
performances et leur dire que, justement, il existe des mesures de
prévention. Parce que, si on ne fait pas ça, bien,
peut-être qu'ils ne les reprendront pas au travail, peut-être
qu'ils n'investiront pas en prévention. alors, je me dis que la
réalité des coûts est essentielle et importante, à
mon point de vue en tout cas. c'est toujours la thèse que j'ai
défendue, qui n'est pas acceptée par tout le monde, mais c'est la
thèse que j'ai défendue, qu'il faut que le régime soit
capitalisé à 100 % pour les travailleurs à long terme,
puis, pour les employeurs, la vérité des coûts, c'est la
meilleure façon d'amener les employeurs à faire de la
prévention et plutôt d'investir en prévention que de nous
envoyer des cotisations. j'espère, un jour, si c'était possible,
ne plus avoir de cotisations et qu'ils mettent de l'argent en prévention
pour l'éviter. c'est ça, l'important. je suis sûr que je me
retrouverai un emploi, je ne suis pas inquiet. donc, c'est ça qu'il faut
faire comme approche au niveau des employeurs.
Et l'autre chose, je l'ai mentionnée hier, pour l'avenir du
Québec, de recevoir des nouveaux investissements et de les amener avec
des dettes avant de partir, je ne suis pas certain que c'est une bonne
façon. Je vous mentionnais qu'il y a des entreprises qui sont venues
s'installer au Québec et qui m'ont posé la question: Est-ce qu'on
devra contribuer au déficit de la CSST? La réponse, c'est oui. Ce
n'est pas une invitation extrêmement intéressante. C'est pour
ça que je crois qu'il faut que la vérité des coûts
soit là pour éviter ce genre de situation là. (15 h
50)
Quant aux taux, sur les taux de... par coeur, le Québec a 2,75 $
en 1993. On les a en 1994... en tout cas, 2,75 $. C'est 2,95 $ en Ontario et
3,23 $ à Terre-Neuve. Ce qu'il faut dire, en Ontario, à 2,95 $,
c'est qu'ils n'assurent pas tous les mêmes groupes que nous. En Ontario,
les banques, les compagnies d'assurances, plusieurs groupes semblables, de taux
plus bas que les autres taux des secteurs primaires ou construction,
n'étant pas assujettis, mettons, à payer des taux à la
Commission des accidents du travail, ça fait en sorte que son taux moyen
semble plus élevé que le nôtre. Mais,
lorsqu'on met ça sur des bases comparables, je vous dirais,
là, qu'à 0,20 $ près, 2,75 $, 2,95 $, on est à peu
près ail même niveau de taux avec l'ontario. il y a
peut-être un petit écart, là, plus ou moins 5 %, mais
disons qu'on peut dire qu'avec l'ontario on est à peu près au
même niveau de taux moyen actuellement, malgré qu'en apparence
2,95 $ semblent plus élevés. mais n'ayant pas les secteurs
légers, bien, ça monte le taux moyen dans le fonds de
façon artificielle. et l'autre, c'est terre-neuve, 3,23 $, alors...
Mme Blackburn: ...davantage l'écart entre vos
prévisions...
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
malheureusement, je vous ai déjà accordé 20 minutes.
Mme Blackburn: Non, mais c'était la question.
L'écart entre la prévision de cotisation et...
Le Président (M. Joly): Non, mais je suis bien, bien
d'accord.
Mme Blackburn: En tout cas, vous me répondrez
tantôt.
Le Président (M. Joly): Toutes les questions sont bonnes,
toutes les réponses aussi, mais je me dois d'être respectueux.
Une voix: Ah! toutes les réponses sont bonnes...
Le Président (M. Joly): Ça, ça restera
à définir. Ce sera à vous d'en juger et de les commenter
dans les remarques de clôture, M. le député. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de l'Acadie, s'il vous
plaît.
Traitement des cas en litige (suite) et délais
au bureau de révision
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Tout à
l'heure, on vous a parlé des cas en suspens, au fond, qui sont en
traitement actuellement depuis un certain nombre d'années. Je veux tout
simplement aller dans le même sens que mes collègues et souhaiter
qu'il y ait une attention particulière qui soit apportée à
ces cas-là pour essayer de faire en sorte qu'on puisse
accélérer le processus, ou s'il y a des mesures qui peuvent
être prises. Parce qu'il y a quand même des cas qui sont assez
pathétiques. Je pense, par exemple, à une personne qui
était venue à mon bureau, et qui a eu un accident en 1990.
Actuellement, depuis 1992, elle ne reçoit plus d'indemnisation. Son
médecin, qui la suit depuis 1990, régulièrement, refait un
constat d'incapacité de retourner au travail. La personne est
allée voir des médecins à la demande de la CSST, durant 10
minutes et, durant cette période-là, on a décidé
que, oui, elle était capable de retourner au travail. De l'autre
côté, on a un médecin, le même médecin qui
suit la personne depuis trois, quatre ans. On a ces deux
éléments-là, et qu'est-ce qui a le plus de
crédibilité? Je ne suis pas en mesure de juger, je ne suis pas
médecin. Et, concrètement, ce que cette personne-là vit,
on dit: Oui... La personne dit: Je pourrais peut-être faire un travail de
surveillant; si j'en avais un travail de surveillant, je suis bien prêt
à l'essayer; il n'y en a pas. Une personne qui a 58 ans, qui va
l'engager? Alors, sa petite réserve qu'elle avait, la personne l'a
mangée tranquillement. Puis elle commence à penser qu'elle ne
pourra peut-être pas garder sa maison. Et ça, le cas se poursuit
au niveau des différents niveaux de contestation.
Évidemment, je souhaiterais qu'on essaie de ne pas oublier ces
cas-là et de faire des efforts particuliers pour qu'on puisse arriver
à des règlements équitables dans ces cas-là
aussi.
Maintenant, je veux revenir sur... Tout à l'heure, vous disiez,
si j'ai bien compris, qu'actuellement les délais au bureau de
révision sont de 300 jours, présentement. C'est ça?
M. Shedleur (Pierre): C'est exact.
M. Bordeleau: Depuis la loi 35, quand la Commission rend une
décision, ça devient effectif immédiatement.
M. Shedleur (Pierre): C'est exact.
M. Bordeleau: Ça veut dire que la personne, ses
indemnités cessent si on décide qu'elle doit retourner au
travail. La personne veut contester, va au bureau de révision et, encore
là, ça peut mettre des personnes dans des situations quand
même assez difficiles parce que, si ça prend 300 jours avant
d'avoir une décision, à savoir: Est-ce qu'on a droit à
l'indemnité ou non? et que, durant cette période-là, la
personne n'a pas d'indemnités, évidemment, on n'est pas sans
prévoir qu'il peut y avoir dans certains cas des problèmes
financiers importants.
Quand vous dites que c'est 300 jours actuellement, est-ce que vous avez
un objectif précis de faire en sorte qu'à ces
étapes-là... de restreindre les délais ou de faire en
sorte qu'on puisse accélérer le processus? Est-ce que vous avez
un objectif précis à ce niveau-là? Ça me
paraît long, 300 jours. C'est le premier niveau de contestation,
ça, le bureau de révision, hein?
M. Shedleur (Pierre): C'est exact.
M. Bordeleau: Alors, la personne, si ses indemnités
finissent, qu'elle conteste, ça veut dire que ça va prendre un an
avant qu'elle puisse savoir si elle avait raison ou si elle avait tort, et,
durant cette année-là, bien, il faut qu'elle vive.
M. Shedleur (Pierre): Alors, M. le député, d'abord,
pour votre premier cas, de 1990, normalement, elle a sûrement
passé en arbitrage médical ou au Bureau d'évaluation
médicale, qui doit avoir eu à trancher la problématique,
j'imagine. S'il y avait un désaccord entre
le médecin, la CSST puis son propre médecin, normalement,
le BEM ou l'arbitrage médical doit l'avoir tranché. Mais s'il y a
un problème, mon ami Donald est ici pour répondre à
ça. C'est ça qu'on va faire; on va les regarder un par un, s'il
vous semble qu'il y a des problématiques.
M. Bordeleau: C'est un cas que je vous ai déjà
soumis, d'ailleurs.
M. Shedleur (Pierre): Oui? M. Bordeleau: À la CSST,
oui.
M. Shedleur (Pierre): On va le regarder une deuxième
fois.
Deuxième chose. Je veux aussi vous dire... Je voudrais
peut-être, mettons, vous apporter une information supplémentaire
sur la loi 35. Le BRP, le bureau de révision, il est exécutoire,
mais pas... Si la CSST paie, c'est au bureau de révision que ça
arrête, pas à la première instance. Évidemment, si
on a dit que les gens, mettons, ne devaient pas être admis, sur le plan
de l'admissibilité, bien sûr qu'il n'y a pas de paiement de la
part de la CSST. Mais ce que la loi 35 a changé, ce n'est pas ça.
C'est au niveau du bureau de révision que c'est exécutoire, et
non pas à la CSST. Bien sûr que, si le travailleur, on l'a admis,
puis qu'au bureau de révision il y a renversement, là, on va
arrêter les paiements, contrairement à ce qui existait auparavant.
Je vais vous dire aussi que, dans des cas extrêmes, il y a un article de
loi qui nous permet, dans des cas d'urgence, d'intervenir auprès des
travailleurs pour leur faire une avance s'il y a des cas d'exception.
Évidemment, il faut qu'ils prouvent l'urgence à ce
moment-là.
Quant aux 300 jours, vous avez parfaitement raison. À mon point
de vue, c'est trop long, 300 jours. Je visais trois mois. Mais j'ai eu une
discussion avec ma directrice du bureau de révision, qui m'a dit: En bas
de quatre mois, c'est à peu près impossible, quatre à six
mois, parce que même les parties ne sont pas prêtes, souvent. Soit
que les parties qui contestent doivent monter leur propre dossier, il y a des
délais... Donc, probablement que ça va être entre quatre et
six mois. C'est ça, mon objectif. Moi, le plus bas possible. Je trouve
que 300 jours, c'est beaucoup trop long. J'espère qu'on pourrait situer
ça entre quatre et six mois, en ce qui me concerne, et c'est ça
que j'ai donné comme objectif.
Présence des PME au conseil d'administration de
la CSST
M. Bordeleau: Parfait. Juste une question aussi d'information.
Est-ce que, au niveau du conseil d'administration, bon, je ne sais pas qui est
là présentement, mais est-ce que vous avez l'impression que le
point de vue des petits entrepreneurs est bien représenté, est
pris en compte, ou si le point de vue qui est le plus largement diffusé
ou mis sur la table est celui des entreprises peut-être de plus grande
envergure? On en a parlé hier; disons, dans le cas de petites
entreprises, évidemment, les coûts de la csst, c'est un des
coûts qui font augmenter, au fond, les coûts de main-d'oeuvre et
les coûts de production éventuellement. alors, c'est seulement un
des éléments. et, dans certains cas que j'ai vus, par exemple, il
y a eu des augmentations de plus de 100 % en deux ans. alors, là aussi,
on se demande: est-ce que, au conseil d'administration, vous avez le son de
cloche des petits entrepreneurs et est-ce que c'est pris en
considération à ce niveau-là?
M. Shedleur (Pierre): D'abord, je crois que oui, les petits
employeurs, ça, on en a pris en considération. Il y a un
représentant du secteur de la construction dont 80 % des membres ont
moins de 10 employés. Alors, une personne connaît très bien
les petits comme les plus gros. Mais disons qu'ils connaissent très
bien, donc, le secteur de la construction et les problématiques des
petits employeurs.
M. Bordeleau: Au niveau de la fabrication?
M. Shedleur (Pierre): De la fabrication, on a plutôt un
représentant au niveau du service au détail, il y a aussi des
petits employeurs dans cette association-là, et il représente le
service au détail. Quant à la fabrication, on a quelqu'un qui,
dans le fond, représente un peu l'Association des manufacturiers du
Québec. Bien sûr que c'est plus un peu de la grosse entreprise
à cet égard-là, mais on peut dire, au départ, qu'il
y a deux groupes, deux membres qui ont beaucoup... ou d'où ils sont
issus, il y a beaucoup de petits employeurs. Il y a aussi le CPQ, M. Dufour,
dont presque toutes les associations sont membres, au CPQ, donc, et je sais
qu'il se tient une table mensuelle et, entre autres, qu'il y a des discussions
sur ce qui se passe à la CSST. Donc, les petites associations patronales
qui sont invitées mensuellement à sa table échangent sur
la CSST. Alors, j'ai l'impression qu'elles sont bien représentées
au C.A. quant à la question... vous dites qu'il y a peut-être eu
un cas de 100 %. c'était un cas sûrement d'exception parce que, de
façon générale, les taux sont limités à une
hausse de 15 % plus la hausse du taux moyen. donc, il peut y avoir eu un cas
d'exception, de changement de classification, par exemple; un employeur qui
était mal classé, qui change de classement. il peut être
arrivé un problème de ce genre-là. mais c'est des cas
d'exception et c'est des petits taux. (16 heures)
M. Bordeleau: Alors, merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de l'Acadie.
M. le député de Laviolette, s'il vous plaît.
Scepticisme quant aux effets réels du
réalignement
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je vais
peut-être détonner, parce qu'on est dans une discussion un
peu, depuis ce matin, où on félicite, on félicite;
à un moment donné... Moi, je vais faire l'inverse, je vais faire
mon travail de député de l'Opposition et de vieux schnock, comme
on dit dans mon coin, dans la mesure où, là, j'ai du
chiâlage aussi à faire parce que, de la façon dont vous me
le dites, c'est un peu comme si vous étiez en train de m'endormir, et,
moi, je n'aime pas ça.
Je n'aime pas ça parce que j'ai entendu du monde venir ici nous
dire exactement ce que vous avez dit, et ça n'a rien changé. J'ai
entendu la même chose d'un ministre du Revenu, à l'époque,
qui nous disait: vous allez voir, ça va changer. Allez voir le gars,
chez nous là, il a payé 5000 $ de taxe de vente. Le gars qui
vendait les morceaux a dit: Ce n'était pas à toi à payer
ça, c'était à moi. Ce qui fait qu'il a dit: Donne-le-moi,
et tu le réclameras au ministère du Revenu. Ça fait deux
ans. Savez-vous ce qu'on a répondu la semaine passée? On lui
répond, à ce cher monsieur-là, que c'est de valeur, on ne
rembourse pas les taxes de vente données, envoyées au
ministère du Revenu. Vous savez, entre ce qu'on me dit ici et ce qu'on a
dans la réalité, il se passe bien des choses. Et, tout à
l'heure, quand vous avez dit: Ma direction régionale va vous donner un
numéro de téléphone; on l'a déjà! Quand vous
me dites: Vous allez avoir un contact direct avec le vice-président;
ça ne me dérange pas. Si j'en avais eu besoin j'y aurais
été. Donc, comme député, tout ce que vous venez de
m'an-noncer, à toute la population qui va lire nos affaires, c'est que
vous nous donnez plus d'ouvrage qu'on en avait encore. Et on veut en avoir
moins, parce que si ça se réglait avant, on n'aurait pas besoin
d'intervenir.
Je vous donne juste un exemple. Pendant cinq ans, entre 1971 et 1976,
dans les représentations syndicales qu'on faisait à
l'époque sur des enseignants, au niveau de Fassurance-chômage, on
a gagné un procès au Manitoba, un deuxième procès
au Manitoba, un troisième procès au Manitoba, dans la mesure
où, toutes les fois qu'on gagnait, ils changeaient le règlement
de telle sorte qu'on perdait la fois suivante. Au bout de la course, on a
finalement perdu, et là on n'avait plus moyen, il n'y avait plus de
possibilités. J'étais représentant syndical, et à
toutes les fois qu'on appelait F assurance-chômage, la porte se
fermait.
J'ai été élu le 15 novembre 1976. Le premier cas
que j'ai eu à La Tuque, le lendemain, quand je suis allé
remercier du monde, c'était un gars qui m'appelle, qui me dit: j'ai un
problème d'assurance-chômage. J'appelle à
l'assurance-chômage, parce que je suis habitué de monter les
dossiers, nom, adresse, numéro de téléphone, etc. La
personne qui me répond me dit: M. le député, savez-vous
que vous avez un numéro spécial pour répondre à vos
demandes? Les numéros d'assurance sociale de 0 à 4, c'est tel
numéro de téléphone; de 5 à 9, c'est tel autre
numéro de téléphone, et quand le dernier chiffre est un 0,
un 5 ou un 9... J'ai dit: là, expliquez-moi donc quelque chose, vous
autres. Avant, j'étais le représentant de ces gens-là,
j'étais obligé de faire des procès pour régler mes
problèmes, et maintenant que je suis rendu député, vous me
donnez un numéro de téléphone pour régler les
problèmes. Ce «serait-u» que vous étiez capables de
les régler avant?
C'est un peu ça, ma question. C'est que, là, vous me
dites: on va régler les problèmes, amenez-les-moi, je vais les
régler. À un moment donné, vous allez en avoir trop,
là. Moi, j'aimerais bien mieux que le gars ou la fille en bas qui
s'occupe du dossier le règle. Mais avant de le régler, il
faudrait bien qu'il n'arrive pas. Et, là, c'est mon problème.
C'est qu'on a parlé de prévention, d'inspection, et je n'ai pas
les réponses satisfaisantes. Quand le président disait: on a les
bonnes réponses, moi, je dis: non, je n'ai pas les bonnes
réponses. Moi, je suis député, j'ai besoin de voir ce qui
ne va pas, ce qui doit être changé, et c'est votre rôle de
faire ce que vous faites là. Au niveau positif, je ne veux pas vous
critiquer, je vous dis simplement que, selon le langage d'autrefois, on disait
qu'il fallait le voir pour le croire, alors qu'on sait très bien que
pour croire, il ne faut pas voir. J'aime mieux, moi, constater les faits, et
c'est dans ça qu'on va pouvoir vous dire si vous aviez raison de nous
dire ça aujourd'hui. Mais, d'ici ce temps-là, j'ai des
doutes.
J'ai des doutes profonds, parce que c'est une machine qui est
très grosse, qu'il faut revirer rapidement, et moi, ce qu'on me donne
comme réponse: si tu as des problèmes comme député,
appelle à tel numéro de téléphone, et si ça
ne va pas là, appelle à tel autre numéro de
téléphone et on va le régler ton problème. Ce n'est
pas vrai, parce que j'en ai à tous les ministères dont j'ai
besoin, ministère du Revenu, ministère du Loisir, Chasse et
Pêche, peu importe. Quand j'ai un problème, j'appelle quelqu'un au
cabinet du ministre pour vérifier telle affaire ou j'appelle le gars, le
fonctionnaire ou la fille qui est fonctionnaire, j'essaie de régler mes
problèmes. Mais là, vous venez juste de dire aux gens: si vous
avez des problèmes parce que ça, ça va en
additionner davantage allez voir votre député; lui, il a
une porte d'entrée spéciale. Moi, je vous dis: réglez-le
donc avant de me l'envoyer.
Et là j'aimerais bien savoir, la question de l'inspection, on en
a parlé un peu rapidement ce matin, l'inspection sur les secteurs qu'on
a, là, bien, ils ne sont pas tous en place. Et sur ceux qui sont en
place, il y en a qui ont augmenté, d'autres ont diminué et
d'autres sont restés stationnaires. Et, à partir de ça, on
apprend que le gouvernement, d'un autre côté... Parce que, quand
vous me parlez de M. Cherry, avec ce qu'il a fait sur la loi sur la
construction, ça ne m'impressionne pas pantoute. Ce n'est pas parce
qu'il a été représentant syndical qu'il n'a pas fait
quelque chose qui, à mon avis, n'est pas bon. Mais là, ce n'est
plus lui qui est là, c'est un autre. Mais l'autre qui est là, on
a vu ce qu'il a fait aujourd'hui. Moi, je suis député de
l'Opposition et je parle comme un gars de l'Opposition. Des gens de mon
comté viennent me dire ça. Alors, je suis obligé de vous
dire que ce n'est pas parce que vous faites référence à
lui que je vais vous croire. C'est quand je vais voir les actions à tous
les jours qui vont m'indiquer qu'il y a eu un changement majeur que je vais le
croire.
Je vais vous donner juste un exemple pour y arriver. Ma
secrétaire en a réglé un avant-hier. Je l'ai
appelée pour savoir le mot, parce que c'est un mot qu'on n'emploie pas
souvent. Le gars, ça fait trois mois qu'il est suivi par son
médecin traitant; c'est à la hanche qu'il a un problème.
Puis là c'était en contestation. Moi, j'ai dit: l'argent va se
gaspiller, parce que ce n'est pas vrai, ça n'a pas de maudit bon sens.
Ma secrétaire va voir ce que le gars de la CSST lui a dit: II a dit:
Écoutez, c'est les abducteurs. Oh, mon Dieu Seigneur! Elle est
allée voir dans le dictionnaire et dans un dictionnaire médical:
abducteurs, c'est dans l'aine. Comme dirait Richard, c'est des tuyaux.
Là, on lui a dit: Écoute, est-ce qu'il serait possible qu'entre
médecins vous vous parliez, comme vous disiez tout à l'heure,
mais là, en faveur du plaignant? C'est qu'on disait au plaignant: va
voir ton médecin. Dis à ton médecin d'appeler le gars de
la CSST pour que lui indique que ce n'est pas à l'aine que tu as mal,
c'est à la hanche. Ce n'est pas pareil.
Donc, ce n'est pas voilà un mois, six mois, deux ans,
c'était hier puis avant-hier. Donc, je vous dis qu'il y a beaucoup
encore à faire.
C'est pour ça qu'ici, aujourd'hui, on essaie de vous entendre.
Tout ce qu'on a est très intéressant. Je peux vous
féliciter. Vous avez le tour de nous répondre. Vous avez le tour
de nous dire: on va régler vos problèmes. Ce n'était pas
bon hier, mais ça va être bon demain. Je ne le crois pas tant que
je ne l'ai pas vu. C'est ça que je voulais juste vous dire parce que,
moi, personnellement, de l'ouvrage, j'en ai par-dessus la tête puis je
suis capable d'en prendre quand même parce que j'ai des employés
qui peuvent s'en occuper. Mais ne m'en donnez pas trop si vous êtes
capables de le régler avant. Je ne sais pas si mon message est clair,
mais c'est ce que je pense.
Le Président (M. Joly): M. le président Shedleur,
s'il vous plaît.
M. Shedleur (Pierre): D'abord, j'espère qu'on ne vous
donnera pas d'ouvrage, M. le député. Quand vous dites que vous
avez des doutes profonds j'ai bien noté «des doutes
profonds» vous n'êtes pas le seul. Quand on a
rencontré les centrales syndicales pour leur expliquer les nouvelles
approches, il y en a qui disaient: on est sceptiques; mais ils sont
obligés d'admettre aujourd'hui que ça commence à
fonctionner. On en a 1500 cas. On en a, c'est un début. Je peux bien
dire: je ne ferai rien, je vais laisser aller la machine. Non, j'ai
été nommé pour faire de quoi. Actuellement, je fais de
quoi. Je peux vous donner les noms. On en a fait 1500, puis on commence
à les régler avec la nouvelle approche. Bien sûr qu'il y a
le passé. Il faut que je sois honnête avec vous aussi. Je ne peux
rien y faire. J'ai dit: on va faire des efforts. On va regarder un peu, mais je
ne veux pas conter de mensonges. Je peux aller dire aux parlementaires: je vais
rétablir des choses de 1991 ou de 1992 si les gens ont
déjà perdu leur droit de retour au travail, et ce serait inexact
de vous dire ça.
Alors, j'essaie d'être honnête et de vous donner
l'information la plus honnête possible. Mais il me semble là que
vos doutes profonds, on pourrait peut-être... J'espère qu'à
la fin, là, tantôt, ils vont être un petit peu moins
profonds parce qu'on vous a démontré qu'on a des nouvelles
approches. Ça, ce n'est pas dans les airs, là. Il y a de
nouvelles approches, je pense, qu'on a mises de l'avant, comme en
réadaptation au niveau médical, et je crois que j'en ai un paquet
de dossiers. Je suis au courant de ce qui se passe dans les régions.
Ça fonctionne beaucoup mieux que ça fonctionnait. Ça ne
veut pas dire que tout est réglé. Quand vous dites qu'il en reste
beaucoup à faire, vous avez raison. On ne nie pas ça. On est en
processus de changer.
Évidemment, il faut bien qu'il y ait un départ un jour. Il
faut bien qu'il y ait un départ. Et ce que je voulais, c'est que
ça soit un processus de changement profond, qui soit durable, et pour
ça, il fallait que j'associe mon personnel. Je ne peux pas
décider ça de mon bureau. Donc, il a fallu que j'associe le
monde. Il a fallu sensibiliser le monde. Il a fallu que je fasse des
tournées des régions. Il a fallu qu'on se reparle de la culture.
Donc, il y a du temps qui s'écoule... et pour que les gens embarquent
actuellement.
Mais je pense qu'on se présente ici avec quand même
certaines réalisations et on est ouverts à l'amélioration
parce qu'il peut y avoir des choses, encore, même parmi les nouveaux
produits qu'on va lancer, qui sont à améliorer. En
réadaptation, des dossiers, je pourrais vous en donner plusieurs. On en
a énormément qui fonctionnent de la bonne façon
actuellement et qui vont dans le bon sens. Ce sont des cas de succès et
les syndicats qui étaient impliqués et les employeurs sont
eux-mêmes étonnés par rapport aux changements. Mais, bien
sûr, il n'y a pas encore de volume, on commence. (16 h 10)
Alors, je pense que c'est ça qu'il faut constater. Au niveau
médical, ça va mieux. On a eu même le support de la
fédération médicale, je veux dire du Dr Richer, qui a dit
publiquement que c'était une approche très correcte que l'on
faisait et qu'enfin on va pouvoir parler avec la CSST et s'entendre. Il me
semble que c'est une amélioration par rapport à ce qui se
passait.
Alors, je pense qu'on est en train de les régler. On en a fait
des choses. Au Bureau d'évaluation médicale, on ne conteste
à peu près plus de cas. On vous a donné les chiffres; je
vous ai donné les derniers chiffres du mois de décembre, du mois
de novembre. Donc, je pense qu'il y a des choses positives qui ont
été faites, mais bien sûr que ce n'est que le début,
et je peux comprendre votre frustration et vos doutes pour les autres dossiers
auparavant et que, là, vous avez encore plus de vieux dossiers que de
nouveaux dossiers. Alors ça, je comprends ça, mais là, il
faut laisser aller les nouvelles approches pour... Vous étiez dans le
milieu scolaire, vous le savez, on change un programme en secondaire I, et
ça prend cinq ans avant qu'il fasse toute la machine du secondaire.
Donc, il faut attendre de voir les résultats.
Mais je pense qu'on s'est présenté ici, on a montré
des choses, d'abord la philosophie de gestion de l'organisation qu'on a mise
sur la table. On vous a donné des acétates, on ne l'a pas
caché. Deuxièmement, on vous a montré les nouvelles
approches en réadaptation médicale. On vous a dit où on
s'en allait dans les autres dossiers. Ça m'apparaît quand
même des choses positives. Mais vous aviez raison sur le fond, il y avait
beaucoup de choses qui ne fonctionnaient pas, et on y travaille.
M. Jolivet: M. le président, je ne mets pas en doute votre
bonne foi. Ce n'est pas ça que je dis. J'ai hâte de voir des
résultats. Vous me dites: c'est sûr que ça peut prendre un
bout de temps. Il y a une chose certaine, c'est que, quand je parle du cas dont
je parlais tout à l'heure, c'est l'équivalent de ceux qu'on a
souvent et qui continuent à arriver. Ils disent à l'individu: tu
as mal au dos... Prenons le cas du mal de dos. Là, on est rendu qu'on ne
conteste plus le mal de dos, on dit: c'est vrai que tu as mal au dos, mais
c'est bien de valeur, c'est parce que tu vieillis, tu fais de l'arthrose. Sauf
que le gars dit: moi, je me suis cassé des vertèbres à
telle place; ça se «peut-u» que, si je ne m'étais pas
frappé dans l'accident que j'ai eu, je n'aurais pas ça,
l'arthrose, aujourd'hui? Peut-être que l'arthrose que j'avais tout
le monde doit en avoir; j'en ai, moi le fait de travailler et de me
faire frapper par un billot ou quelque chose comme ça, ça se
«pourrait-u» que l'arthrose ait été
accélérée?
Je pense que c'est ça qu'il faut commencer à regarder.
Parce que, là, on dit: écoute, là, on va te contester en
disant que tu as l'arthrose et que c'est de la
dégénérescence naturelle et inquiète-toi pas, c'est
bien de valeur, ce n'est pas un accident de travail. Mais il me semble qu'un
jour, quand j'ai reçu un billot dans le cou, il y a eu certainement
quelque chose. Moi, c'est ces cas-là que j'ai dans le bois chez nous. Et
ils disent: ils me contestent, ils disent que j'avais mal au cou avant parce
que j'ai eu le malheur de lui dire que, des fois, quand je me levais le matin,
je n'étais pas trop, trop... j'étais raqué. Alors, il dit:
c'est ça, c'est ça, ton affaire.
Bien là, c'est ça qu'on vit, nous autres. C'est la
réalité que je vous donne là, et j'ai hâte de voir
comment ça va changer quand ma secrétaire va appeler pour
convaincre le gars ou la fille à la CSST et dire: écoute,
ça se «pourrait-y» que le morceau de bois, ça lui ait
fait mal? C'est ça que je veux savoir, là. Est-ce que je peux
penser que, dans quelque temps, ça va être différent, en
termes de pensée?
M. Shedleur (Pierre): D'abord, le cas dont vous parlez, il y a
trois mois... C'est en décembre qu'on a commencé la nouvelle
approche médicale... Alors, ça se peut qu'il ait passé
avant. Et les derniers cas dont on vous parlait tantôt, en
décembre, on n'a contesté que 125 cas à travers le
Québec. Sur une base annuelle, c'est 1500, 1600 cas sur 130 000
réclamations. Ça fait qu'il ne doit pas y en avoir trop de la
CSST peut-être de l'employeur un peu plus, mais pas de la CSST.
Là, on s'en va vers moins de 2000 cas par année sur 130 000.
C'est à peu près 1,5 %, 1,75 % de toutes les réclamations
faites à la CSST. Donc, j'imagine qu'il ne doit pas y en avoir partout
au Québec. Donc, moi, les chiffres que je vous donne aujourd'hui, je
crois, vont dans le bon sens, et il faut poursuivre vers ça. Et, vous
avez raison, il faut arrêter la contestation et il faut arrêter de
nier que quelqu'un a mal au dos, et travailler avec la capacité
résiduelle du travailleur, voir ce qu'on fait. Donc, c'est
là-dessus qu'on travaille, mais les chiffres que j'ai de novembre, de
décembre, me permettent de croire qu'on est dans la bonne direction.
M. Jolivet: juste une petite chose en terminant, en vous disant
que ce qui nous fait le plus mal là ou ce qui fait le plus mal à
la csst on a parlé avec le président tout à l'heure
ce n'est pas les cas que vous réglez; on n'en entend pas parler
on est habitués, nous autres c'est ceux que vous ne
réglez pas. et nous, c'est ceux-là qu'on a, d'autant plus que ce
sont normalement des gens qui ont le temps de venir nous voir et de nous
expliquer de long en large toutes les démarches qu'ils ont faites, tous
les rapports médicaux qu'ils ont produits. là, il faut les
conseiller, des fois, il ne faut pas se tromper, et on dit: je te donne un
conseil, mais tu es mieux de vérifier auprès d'un autre parce que
moi, j'essaie de te donner la meilleure connaissance que j'ai d'un cas comme
celui-là, mais mon conseil peut être bon ou mauvais. je fais
toujours attention avec une personne qui vient me voir à mon bureau en
lui donnant un conseil, parce qu'elle va dire: j'ai suivi son conseil et j'ai
manqué mon coup. et, si je donne un bon conseil et qu'elle
réussit, elle ne vient pas me le dire. on est habitués à
ça, nous autres aussi. ça fait 17 ans que je suis
député puis j'ai fait 13 ans dans le syndicalisme enseignant, je
suis habitué à tout ça. mais je dis simplement que ce qui
nous fait mal et ce qui vous fait mal, c'est les cas qui ne sont pas
réglés et qui, eux autres, nous amènent
énormément de temps, d'appels, de discussions pour convaincre les
gens qu'ils ont peut-être raison.
M. Shedleur (Pierre): M. le député, si vous le
permettez, c'est que la nouvelle approche médicale qu'on vous a
présentée aujourd'hui on a déjà les
chiffres, on les fournira, on n'aura pas peur de les fournir on ne fait
presque plus de contestations. On s'attend à 2000 cas par année.
Ça, ça veut dire... Écoutez, sur 130 000 cas, c'est quand
même quelque chose de raisonnable. Et on a dit: on va avertir le
médecin traitant, en plus. Et s'il y a une ambiguïté, s'il
veut choisir un expert avant qu'on conteste, on va accepter. Je pense qu'il y a
un gros changement là. Et on s'en va vers le bon côté, je
crois.
Pour les anciens cas, vous avez raison. On a contesté des choses
qu'on n'aurait pas dû contester. Je le reconnais. Je le sais, et c'est
pour ça que j'ai demandé qu'on change ça. Ce
n'était pas acceptable, et, malheureusement, je ne peux pas vous dire
autre chose que ça.
Mais les chiffres de contestations mensuels, je les ai. Je pourrais vous
les fournir. C'est une preuve tangible en tout cas qu'on ne conteste presque
plus et que la nouvelle approche fonctionne.
Malheureusement, il y a les vieux cas qui sont embourbés dans la
machine de contestations parce que s'il y a trois, quatre, cinq avis
médicaux qui sont sur la table... Des fois, les travailleurs en ont
deux, trois qui se contredisent en passant. Vous le savez, vous avez assez
d'expérience. Et là, nous autres, on est pris avec tout
ça. C'est rendu à la CALP ou au BR, et c'est très
difficile et complexe d'en sortir. Il faut arrêter ça avant que
ça devienne compliqué et que là, ça mange le temps
de tout le monde au Québec, les députés, et ça rend
tout le monde insatisfait à la fin. C'est pour ça qu'il faut les
prendre dès le départ pour corriger ça, et je suis
d'accord avec vous autres que c'était inacceptable.
Le Président (M. Joly): Merci.
M. Jolivet: Je vous dirai qu'on a de l'expérience pour
voir qui nous trompe, hein? Parce qu'on dit toujours à l'individu qu'on
appelle, à la CSST: On regarde les deux revers de médaille avant
de prendre une décision comme député. Des fois, on sait
à l'avance qui nous trompe, mais, des fois, ils ont raison en
maudit.
Le Président (M. Joly): Merci.
M. Shedleur (Pierre): Si vous permettez.
Le Président (M. Joly): Oui. M. le président, s'il
vous plaît.
M. Shedleur (Pierre): C'est pour ça que,
là-dessus... Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Allez.
M. Shedleur (Pierre): Quand je disais que je voulais vous aider,
ce n'était pas vous nuire. Si jamais vous avez un cas dont on ne sait
plus quoi faire avec, je vous dis: envoyez-le-nous, on va essayer de vous aider
ou, au moins, on va vous dire pourquoi on a dit non, pour que vous ayez quelque
chose d'intelligent à dire à votre commettant. C'est ça
qu'on veut faire. On ne veut surtout pas vous donner plus d'ouvrage.
Le Président (M. Joly): Je suis content que vous veniez
d'apporter cette nuance, M. le président, parce qu'il ne faut pas,
à mon sens, comme élus, s'attendre à ce que, à
chaque fois qu'on vous réfère un cas, ça se règle
positivement. Moi, je dis que nul n'est tenu à l'impossible. Moi, ce qui
me rassure, c'est le fait de savoir qu'on a un point de chute, qu'on a un
contact et qu'on va aller dans le fin fond du dossier, qu'on va être
capables d'accorder toute l'attention particulière qu'il faut et qu'on
pourra donner une réponse, justement, intelligente.
Moi, ce qui m'horripilait le plus, c'est quand je ne recevais pas de
réponse parce que les gens, j'imagine, étaient autant mal
à l'aise que nous autres de toujours nous répondre dans la
négative. Alors, aujourd'hui, on sait que ce à quoi on s'attend,
comme parlementaires, ce n'est pas toujours la réponse positive, mais on
s'attend au moins d'être tenus au courant dans le cas du suivi puis dans
l'évolution. Alors, ça me rassure, M. le président, de
vous entendre sur ça.
Et je reconnais M. le député de Labelle.
Représentativité du conseil
d'administration de la CSST
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je voudrais
revenir un peu à la question qui faisait l'objet de notre
après-midi, au tout début, à tout le moins, celle des
relations avec la clientèle. Vous avez dit que vous aviez
créé une vice-présidence Service à la
clientèle. C'est intitulé comme ça. Mais vous avez dit
aussi que c'était compris dans un sens large, en ce sens que des
partenaires étaient aussi visés par cette vice-présidence.
Et les partenaires, bien, c'est un vaste éventail; il y a une
espèce de roue de fortune que vous avez donnée à la page
4. Mais la question que cela me pose, c'est ce que va faire cette
vice-présidence par rapport au rôle que joue le conseil
d'administration. Parce qu'un conseil d'administration doit prendre des
décisions en ayant en main des éléments d'information
suffisants, satisfaisants, et ensuite, souvent, on nomme, on désigne sur
des conseils d'administration, pas en totalité mais en partie, à
tout le moins, des gens qui représentent des partenaires de la
Commission ou d'une entreprise. Alors, moi, c'est la première question
que je pose. (16 h 20)
C'est cette question que je pose parce que, au fond, il y a une question
qu'on n'a pas abordée beaucoup, mais qui est, à mon sens,
déterminante sur le fonctionnement de la CSST: Est-ce que, à
votre avis, le conseil d'administration est bien constitué? Il est
paritaire, et le président, en fait, départage les positions en
cas d'égalité, pratiquement. Et cela nous amène quand
même à poser des questions parce que, à côté
d'une vice-présidence relations avec les partenaires, il y a aussi un
conseil d'administration, et je vais y revenir dans une deuxième
question sur le type de décisions que ce conseil a prises.
M. Shedleur (Pierre): Moi, je pense que le conseil
d'administration est bien constitué et je crois que le paritarisme est
une excellente chose à notre conseil d'administration. Ça permet
aux points de vue des deux parties d'être amenés là dans
une table permanente de discussion. Ça devient comme une
négociation permanente, une discussion permanente. Or, le fait que les
grandes centrales syndicales soient représentées... Il y en a
d'autres, bien sûr; on ne peut pas toutes les asseoir là, il
manquerait de place, mais la FTQ représente à peu près 450
000 membres au Québec, la CSN, plus de
200 000, la CSD, à peu près 60 000, 65 000. Donc, on a des
gens qui, dans le quotidien, défendent les travailleurs,
représentent les travailleurs, donc, apportent le point de vue des
travailleurs.
Sur l'autre côté, nous avons les employeurs, dont le CPQ
qui représente les 125 associations les plus importantes. Donc, tout
ça mis ensemble, je crois que c'est une table intéressante qui
nous permet d'avoir des discussions de qualité et qui amène les
points de vue des deux parties.
M. Léonard: Les partenaires avec qui vous voulez
établir des relations par le biais d'une vice-présidence, ne
devraient-ils pas, d'une façon ou de l'autre, être
représentés au conseil d'administration? Par exemple, les
médecins, ils jouent un rôle important au conseil de la CSST?
M. Shedleur (Pierre): Pas nécessairement. Je crois que le
régime de santé et sécurité n'est pas là
pour protéger les médecins. Il est là pour protéger
les travailleurs, et c'est les employeurs qui paient. Or donc, on a les deux
parties importantes: ceux qu'on veut assurer, les assurés qui sont les
travailleurs, qui sont représentés, et les employeurs; les
autres, ce sont les fournisseurs de services qu'on a appelés
«partenaires» parce que ce sont des fournisseurs de services qui
nous sont imposés par la loi qui dit: vous utilisez le réseau de
la santé... Donc, on n'a pas le choix de ces partenaires-là.
C'est pour ça que, au lieu de les appeler «des fournisseurs de
services», on les appelle «des partenaires». C'était
l'esprit de la loi 17, d'amener une concertation, une participation des gens.
Or, au C.A., on a, à mon point de vue, les deux parties qui devraient
être là, personnellement.
Attitude face aux déficits annuels de
fonctionnement (suite)
M. Léonard: En tout cas, c'est votre point de vue.
Maintenant, en regard du type de décisions qui ont été
prises récemment là-dessus, notamment en 1992, par rapport
à l'état financier de 1992, on voit que le déficit devait
être résorbé et que, par rapport à une
décision de 0,11 $, le conseil a reculé et l'a reporté
à l'année suivante. Je sais qu'on pourrait faire toutes sortes de
critiques et de gorges chaudes aussi sur les déficits gouvernementaux.
Néanmoins, à la CSST, cela implique que les déficits vont
devoir être reportés aux années ultérieures. C'est
ça, la solution qui a été prise. Est-ce que vous ne
trouvez pas... Est-ce que vous pouvez expliquer comment un conseil
d'administration en arrive à prendre une telle décision alors
qu'il sait très bien que ce seront les entreprises de demain qui vont
devoir payer, etc.?
Je comprends qu'il y a autour d'une page un petit paragraphe sur la
régularisation de la cotisation d'une année sur l'autre, mais
cependant, cela m'amène quand même à vous poser la
question. Comment un conseil d'administration peut en arriver à cette
décision? Remarquez que ce n'est pas la seule, parce que le
déficit accumulé, c'est un cadavre dans le placard de 3 700 000
000 $; c'est quelque chose! Et je peux vous dire qu'il y en a eu des
décisions qui n'ont pas été correctes dans le
passé, qui expliquent ce qui est arrivé. Alors, est-ce que le
problème réside dans la composition du conseil d'administration
ou autrement?
M. Shedleur (Pierre): D'abord, le problème...
M. Léonard: C'est parce que, là, je comprends que
vous, vous disiez que c'est parfait comme c'est là. C'est
peut-être la première fois au cours de ces deux jours que
j'entends dire que la loi antérieure était parfaite,
antérieurement. Mais, au fond, c'est eux qui ont pris cette
décision-là qui a entraîné la constitution du
déficit accumulé.
M. Shedleur (Pierre): Moi, sur la loi 42, la question m'a
été posée directement, en disant: est-ce que vous voulez
des grosses modifications? Je réponds honnêtement: en
réadaptation, je n'en ai pas demandé; pour le processus
médical nouveau, je n'en ai pas demandé. J'ai mentionné
aux parlementaires que, au niveau de la déjudi-ciarisation, j'en aurais
probablement besoin. Actuellement, je ne vois pas d'autre modification.
C'était de revoir toute notre façon de faire. On n'est pas tout
seuls.
M. Léonard: O.K. Ça, c'est votre fonctionnement
interne.
M. Shedleur (Pierre): fonctionnement, réorganisation,
«réingénierie» de processus, comme on voit dans les
grandes entreprises. on a fait probablement les mêmes erreurs que les
grandes entreprises. or donc, au niveau des engagements non capitalisés
du déficit, bon, cela a toujours été, de 1984 à
1993 ce n'est pas d'hier que les taux de capitalisation
étaient en bas de 60 %. donc, ce n'est pas nouveau. alors, pourquoi le
c.a. peut prendre une décision lui-même? c'est que la loi
l'autorise, en fin de compte, actuellement, à déterminer le
niveau de cotisation et de pourvoir au financement de la csst.
Le débat qui est en arrière cela a
été mentionné ici dans des débats
précédents au niveau de la capitalisation: Est-ce qu'on
doit être capitalisés à 100 %? Alors, là-dessus,
beaucoup de gens ne partagent pas le même point de vue, et, pour la
première fois, j'ai réussi, en débat, à amener le
conseil d'administration, en 1990, à accepter de recapitaliser. C'est
vrai qu'entre-temps, à un moment donné, ils l'ont suspendu et ils
ont réintroduit en 1993, au mois de juin dernier, une
recapitalisation.
Mais je peux vous dire que le débat à savoir si un
régime comme le nôtre doit être pleinement
capitalisé, est ouvert. Ça dépend à qui vous
parlez, aux économistes, aux actuaires. C'est pour ça qu'il peut
être acceptable pour un conseil d'administration, dans une situation de
crise, disons-le 791 000 000 $ de déficit et des impacts sur
l'économie de charger tout ça aux employeurs, de suspendre
temporairement la politique de
capitalisation. Je dis bien «temporairement». La preuve,
c'est que, en juin dernier, ils ont réintroduit la politique de
capitalisation, et on va l'éliminer sur 20 ans. Donc, c'était une
question de temps et à quel moment.
M. Léonard: Vous convenez qu'il s'agit là quand
même, au vu des résultats, d'un déficit accumulé de
3 700 000 000 $, d'une marge discrétionnaire, à la disposition du
conseil d'administration, qui est exorbitante compte tenu des résultats,
encore une fois. Et donc, est-ce qu'on ne pourrait pas être
amenés... Il me semble qu'on est ici, c'est un mandat de la
commission... Est-ce qu'on ne peut pas se poser la question à savoir si
la loi est bien conçue, quelle que soit l'origine. Par exemple, dans les
municipalités, il s'accumulait des déficits d'opération
jusqu'à ce que le gouvernement décide que le déficit d'une
année courante antérieure devait être
budgétisé dans les dépenses de l'année suivante. Et
c'a réglé la question. Il n'y en avait plus de déficit. Il
n'y en a plus dans les municipalités.
Alors, je m'étonne un peu, par exemple, que ça n'ait pas
été soumis au conseil. Je comprends que là, il s'agit de
résorber aussi les déficits antérieurs, mais est-ce que
ça ne devrait pas être ou faire partie d'une modification
éventuelle à la loi?
M. Shedleur (Pierre): C'est un débat qui reste entier et
qui, définitivement, peut être débattu.
M. Léonard: Vous n'avez pas d'opinion là-dessus,
vous?
M. Shedleur (Pierre): On a chacun nos opinions.
M. Léonard: Bien, la vôtre? La vôtre? Vous
êtes le président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Shedleur (Pierre): Moi, comme président, à
partir du moment où j'ai au moins une résolution qui me garantit
une volonté des gens d'éliminer le déficit, compte tenu
que c'est une résolution qui doit obtenir la majorité pour
être renversée, et que je pense que c'est peut-être plus
souple qu'une loi... Mais ça pourrait être une loi. On peut vivre
avec les deux. On a connu, au cours des dernières années, des
déficits d'envergure. Peut-être que, dé tout charger
ça, demain matin, aux employeurs, il y aurait eu des pertes d'emploi.
Donc, c'est peut-être...
M. Léonard: Non, mais là, étant donné
qu'il y a 3 700 000 000 $ d'accumulés, je comprends que ça ne se
fait pas dans une année. Là, un instant, il y a 10 ans
derrière. Disons qu'on résorbe ça, là, sur des
périodes de 10 ans ou de 15 ans, c'est une chose, mais
dorénavant, pour les opérations ordinaires, courantes, est-ce que
ça devrait être en équilibre et procéder avec un
mécanisme comme celui qui est appliqué dans les
municipalités, à l'heure actuelle?
M. Shedleur (Pierre): C'est une possibilité. Je pense que
c'est un débat.
M. Léonard: Mais vous, vous ne pouvez pas dire si vous
seriez d'accord vraiment, que c'est une chose que vous recommanderiez.
M. Shedleur (Pierre): Moi, je peux vivre avec les deux, quoi
qu'on puisse avoir une loi et qu'on puisse avoir une résolution. La
résolution...
M. Léonard: Comme gestionnaire, avec des perspectives sur
l'avenir, est-ce que c'est une recommandation que vous feriez? (16 h 30)
M. Shedleur (Pierre): Moi, je crois que la résolution
actuelle, compte tenu de la composition du conseil d'administration paritaire,
les syndicats n'ont pas intérêt à voter, mettons, à
suspendre cette résolution-là à moins de situation grave.
Or, on sait que même si c'est une loi, s'il y avait eu une situation
grave, peut-être qu'on aurait suspendu cet article-là pendant un
an ou deux. Ça arrive, ça. On a déjà vu ça.
Donc, c'est important de... Je pense que les deux sont possibles. L'important,
au moins, c'est qu'on ait une résolution, qu'il y ait une volonté
des membres de l'éliminer, le déficit.
M. Léonard: Mais, M. le Président, j'insiste quand
même parce que c'est une question importante, parce qu'il n'y a rien
qui... Vous nous dites des choses, mais il n'y a rien qui nous dit que,
ultérieurement, les mêmes décisions qui ont conduit
à ce cadavre ne pourraient pas être prises.
Je veux élargir un peu plus parce que, dans vos états
financiers, je les ai regardés aussi à la lumière de ce
que vous m'avez répondu hier, et ce que je constate quand même,
c'est qu'il y a beaucoup d'écritures qui conduisent à une
régularisation des états financiers courants, et ça, c'est
une pratique, à mon sens, qui a toujours été
désavouée parce que cela donne une idée corrigée
des résultats des opérations. Je fais référence,
par exemple, à vos états financiers, Prévision
révisée 1993. J'additionne tout ça.
Ce qui concerne les résultats antérieurs qui sont inclus
dans les résultats financiers ordinaires courants de l'année,
c'est 157 000 000 $, modifications aux hypothèses et à la
méthode de calcul. C'est dit, mais c'est dans le corps de l'état
financier courant. Deuxièmement, je l'ai souligné hier, un autre
101 000 000 $, fluctuation du taux de rendement réel. Cela corrige la
réalité, 101 100 000 $. Puis, ensuite, éléments
inclus précédemment affectés aux engagements non
capitalisés au 31 décembre 1989, à compter du 1er janvier
1990, 57 900 000 $. Je totalise, ça fait 316 000 000 $ sur un
excédent des dépenses sur les revenus des opérations
courantes de 323 900 000 $. C'est-à-dire que, au fond,
le déficit des opérations courantes, courantes
strictement, c'est de 7 900 000 $... 7 900 000 $, c'est ça.
Comment ça se fait qu'on a une telle discrétion,
finalement, dans des écritures qui nous amènent à
corriger? Je vais juste vous dire que... Je ne vous accuse pas, là. Je
dis que l'exemple vient de haut, par exemple, du ministre des Finances, qui a
pelleté des surplus... pas des surplus, mais des déficits
à gauche et à droite, ici, au gouvernement, parce qu'on a pris
l'habitude de faire toute espèce d'écriture qui faisait qu'on
n'avait pas une vue correcte des états financiers ordinaires, des
institutions ou des commissions.
Si vous considérez, par exemple, ce qui s'est passé aux
États-Unis, l'an dernier, il y a deux ans, lorsque l'institut des
comptables, des CP A américains a décidé que les
déficits actuariels sur les caisses de retraite devaient être
comptabilisés, toutes les entreprises américaines ont dû
corriger leurs états financiers. Mais elles l'ont fait en faisant une
divulgation, une fois, totale, et elles ont affecté les surplus et non
pas les états financiers courants. Ça, c'est une façon de
dire que, dans le passé, on s'est trompé et que là,
dorénavant, on fait une correction. Pour Boeing, ça a
impliqué des milliards de dollars; ils ont fait une perte dans une
année à cause de ça. Mais c'était très
clair. Là, à chaque année, on fait des corrections; on
fait des corrections aux années antérieures. Quand je regarde vos
prévisions, vous avez fait des corrections en 1992 de 121 300 000 $,
ensuite, de 112 700 000 $, une autre de 172 700 000 $. Donc, je l'ai dit hier,
c'est de 400 000 000 $ dont il s'agit. Et ça, ça fait
référence aussi à des discrétions qui sont
données aux conseils d'administration et aux pouvoirs dont disposent les
conseils d'administration. C'est pour ça que je vous pose la question.
Je me pose la question: Si on peut régulariser comme ça les
états financiers, si le conseil d'administration est bien
constitué et peut et est capable politiquement, politiquement, de
prendre les décisions qui s'imposent dans les circonstances, si le
conseil d'administration reporte à plus loin...
Le Président (M. Joly): Je vous inviterais à
conclure, M. le député, s'il vous plaît.
M. Léonard: ...à plus loin le moment où il
doit boire la tasse amère... bon, bien, c'est ça qui s'est fait
dans le passé à la CSST. Est-ce que vous trouvez que le conseil
d'administration est bien constitué puis que les règles de
divulgation des états financiers sont correctes par rapport à ses
gestes?
M. Shedleur (Pierre): Alors, évidemment, c'est une opinion
qui m'est posée sur la composition du conseil d'administration. Moi, je
prétends encore que les syndicats et les employeurs présents
là, c'est correct. C'est une formule adéquate. Il pourrait y en
avoir une autre, mais, moi, je peux très bien vivre avec, et je pense
que les grands enjeux, ce sont eux: les employeurs qui paient les primes, et
les travailleurs qui sont les accidentés, les syndicats les
représentent. Or, ça m'appa-raît une composition d'un C.A.
qui m'apparaît...
M. Léonard: À ce moment-là, il faut modifier
les règles de fonctionnement pour que les mêmes choses ne se
reproduisent pas, donc. Donc, il faut restreindre ces pouvoirs. Non?
M. Shedleur (Pierre): Non. Je crois que les gens... Il faut se
rappeler la façon dont ça s'est produit. Je ne pense pas que GM
ait restreint les pouvoirs de son conseil d'administration lorsqu'il y a eu un
déficit, ou IBM dernièrement. Je crois qu'il y a eu des
corrections qui ont eu à être apportées et que le C.A. doit
être prêt. Il faut se rappeler le déficit, la façon
dont ça a procédé.
En 1990, on a appris le déficit au mois de mars. Dès le
mois de mai, on est intervenu, compte tenu que, là, on se demandait si
on devait couper au niveau des bénéfices, ce qui se passait. Les
parties ont demandé que ce soit envoyé au CCTMO. C'est ce qui a
été fait, et il y a eu un six mois de discussions pour voir s'il
n'y avait pas moyen d'en arriver à un consensus. Comme vous le savez,
c'est un consensus social, je veux dire, qui est en arrière de
ça, et donc, on est prudent avant de toucher à ces
dossiers-là, et c'est pour ça qu'on avait permis aux parties un
six mois. Après, le gouvernement est intervenu par la loi 35 et en me
demandant de procéder à une réorganisation. Donc, il y a
eu ces six mois-là de discussions.
Quant aux états financiers, la règle qui a
été utilisée aux États-Unis, parce que disons qu'on
est dans la même profession, c'est une règle exceptionnelle. Selon
l'Ordre des comptables agréés, l'Institut canadien des comptables
agréés, toutes les dépenses, normalement, même
d'ajustements antérieurs, doivent passer par l'état des revenus
et dépenses, ou notre état qu'on a ici à la page 3, auquel
vous faites référence. Or, c'est exactement ce que l'on fait.
D'ailleurs, c'est le Vérificateur général qui met son
étampe là-dessus, et ça correspond aux normes de
l'Institut canadien des actuaires.
Je reviendrais sur les 101 000 000 $ de fluctuation du taux de rendement
réel. La façon de le présenter, on est immunisé, et
ce n'est pas une dépense du tout pour nous autres. Ça revient
à notre débat des 3 % d'hier. Je pense que c'est assez technique.
Mais, actuellement, tout ce qui est au-dessus des 3 %, on est immunisé,
et il y a 101 000 000 $ chaque côté. Ça ne joue aucunement
dans le déficit en bas. Vous avez une note aux états financiers
qui explique de quoi est composé le montant de 323 000 000 $, et c'est
carrément des questions d'opération. Quant aux 157 000 000 $ de
changement d'hypothèses et de calcul, c'est les façons de faire
lorsque, aux cinq ans, on revoit la table, mettons, de mortalité, parce
que la population meurt, mettons, six mois plus tard; au lieu d'être
à 75, c'est à 75,5 ou à 76, ça fait que la table de
mortalité est inadéquate. Et là, à ce
moment-là, on prend des réserves. Donc, ce sont des normes, des
façons de faire qui sont correctes sur le plan comptable actuellement,
et c'est vraiment un déficit
d'opération que nous avons. D'ailleurs, le Vérificateur
général lui-même a signé ces états financiers
là dans les dernières années. Mais, évidemment,
c'est fort complexe, tout ça. (16 h 40)
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le
président. Merci, M. le député. M. le député
d'Ungava, s'il vous plaît.
Coûts en réadaptation et relations avec
les cliniques privées
M. Claveau: Ah oui! Merci, M. le Président. Moi, je
voudrais revenir sur deux ou trois questions qui me préoccupent encore
à travers tout ça, parce que je suis un peu comme mes
collègues: malgré les belles réponses, je suis sceptique.
Je ne voudrais pas parler des cas de comté, mais j'ai encore eu un cas
pathétique ce matin à mon bureau, qui vient de m'être
rapporté, à 2 h 30 cet après-midi, et où j'imagine
qu'il faudrait peut-être s'entendre sur un glossaire, enfin, ou un
dictionnaire qui permettrait de pouvoir... que tout le monde puisse parler le
même langage lorsque l'on définit des termes ou des façons
de faire, enfin, surtout quand on parle de réadaptation. Dans le domaine
de la réadaptation, il y a de moins en moins de choses qui me semblent
évidentes là-dedans. Vous savez, j'ai l'impression qu'on utilise
une belle dynamique pour envoyer les gens dans une voie de garage, pour les
sortir du marché du travail, enfin, ou pour les refiler au plus sacrant
à l'aide sociale parce que c'est peut-être là qu'ils
coûtent le moins cher pour là CSST, je ne le sais pas. Vous savez,
quand on a, par exemple, des gens qui ont de gros problèmes, prenons
tout le groupe de mineurs qui a été compensé pour le
syndrome de Raynaud. Je ne sais pas si vous savez c'est quoi le syndrome de
Raynaud. J'en fais, moi. Je pourrais vous montrer, le matin, quand on n'est pas
capable de se fermer la main pour lever une feuille de papier. Je sais ce que
c'est que le syndrome de Raynaud, j'ai le problème. On n'est pas capable
de se fermer les poings plus que ça. Et, moi, je n'en fais pas beaucoup.
J'en connais qui en font énormément. Mais là on essaie de
les recycler dans toutes sortes de choses en prétendant qu'ils sont
capables de les faire. On leur donne deux ans de réadaptation, enfin, et
un an de recherche d'emploi et, après ça, bingo!
démerde-toi avec ton problème. Ils n'ont pas plus de mains
après trois ans qu'ils en avaient avant. Et il n'y a personne qui va les
engager. Si tu n'es pas capable de travailler dans une mine ou dans une
industrie forestière parce que tu as mal aux mains, tu n'es pas plus
capable de travailler dans les bureaux, tu ne tiens pas ton crayon. Bon.
Ça, il faudrait être capable de le comprendre un jour ou l'autre.
Là, on parle de réadaptation. Moi, je viens «du poil sur
les dents», comme il y a des gens chez nous qui disent.
Une voix: Du poil sur les dents. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Je regarde, entre autres, dans la question de la
réadaptation, j'ai ici un document qui a été
présenté, j'imagine, à la CSST, par mon Dieu! je
vais reprendre l'en-tête très précisément la
Fédération des physiothérapeutes en pratique privée
du Québec, bon, qui fait une espèce d'historique des relations
qu'ils ont avec eux autres à partir d'une entente signée en mai
1988, puis toute une série de démarches, de problèmes,
etc., jusqu'à la résiliation de cette entente-là,
finalement, qui a été tout simplement, je dirais, faite de
façon unilatérale par la CSST, le 22 décembre 1992 alors
qu'une lettre a été envoyée aux établissements en
disant: Bon, bien, ceux qui veulent continuer à travailler avec nous
autres, il n'y aura plus d'entente.
Puis je regarde le tableau que vous nous avez proposé, en page
15, ici, quand on parle des coûts de la réadaptation. Moi, il y a
quelque chose... en tout cas, je ne sais pas si c'est un simple fait du hasard,
mais l'entente en question, enfin, ou l'intervention systématique des
cliniques privées dans le domaine de la réhabilitation ou de la
réadaptation en physiothérapie et en ergothérapie s'est
faite en mai 1988. On a commencé à opérer là-dedans
de façon plus précise en 1989. Bon, là, il y a eu toutes
sortes d'histoires. Mais on parle ici que, de 1989 à 1992, on a une
augmentation des coûts de 158 % au niveau de la réadaptation.
Puis, je ne le sais pas, c'est peut-être juste, là, le fait du
hasard, mais cette période-là, de 1989 à 1992, correspond
intégralement à la période de démêlés,
de mai 1988 à décembre 1992, qu'il y a eu entre la CSST et les
cliniques privées quant aux tarifs, à l'utilisation, aux
façons de faire, à la disponibilité, etc.
Est-ce que c'est là le fait du hasard ou est-ce qu'il y a quelque
part un lien direct entre l'utilisation et les démêlés que
vous avez eus avec les cliniques privées et l'augmentation des
coûts en réadaptation au niveau de la CSST?
M. Shedleur (Pierre): Alors, il n'y a pas de lien direct du tout.
Ce qui s'est produit, c'est que, en 1988-1989, à cette époque,
les cliniques privées... habituellement, on utilisait surtout le service
de physiothérapie des hôpitaux, mais, selon la loi, les cliniques
privées avaient le droit aussi. Or, on avait ouvert aux cliniques
privées la possibilité, à ce moment-là, de donner
des traitements par nos directions régionales, puis il y avait aussi des
travailleurs, il faut dire, à cette époque-là, qui
n'avaient pas eu tous les... qui étaient en attente de traitements.
Donc, une des solutions qui avaient été utilisées,
c'était de demander aux cliniques privées de donner des
traitements. Sauf qu'on s'est rendu compte qu'il y avait une hausse des
délais et une hausse du nombre de travailleurs... des délais et
du nombre de traitements, hausse du nombre non seulement des délais,
mais du nombre de traitements. Et, suite à ça, on a
décidé de regarder ça de façon plus
précise.
Je peux vous dire qu'aujourd'hui on a rectifié, justement, compte
tenu de cette entente-là, qu'on a convenu non seulement avec le secteur
privé, mais aussi avec le secteur des hôpitaux... on a convenu
qu'il devait
y avoir des prises en charge à l'intérieur de
délais rapides, sinon il y avait des pénalités
financières. Or, aujourd'hui, je peux vous dire que le délai
moyen d'attente a baissé. Il était de sept jours en 1989; il
était rendu à quatre jours et demi en 1992. Et le nombre de
traitements moyen, il était entre 26 et 30 traitements alors qu'à
l'époque, même avant ça, 1989, il a déjà
été dans les 30, 35 traitements, et même plus. Alors, je
crois que c'est l'inverse. Je pense que cette entente-là nous permet
d'avoir de meilleurs services et d'obliger un peu ces cliniques-là
à recevoir nos travailleurs accidentés dans des meilleurs
délais pour qu'ils aient leurs traitements corrects. Donc, ça n'a
pas de lien entre les deux.
M. Claveau: Mais, si je comprends toute l'explication, en fait,
le cheminement du processus de mars 1987, finalement, où ont
commencé les premières réunions préparatoires au
projet-pilote jusqu'en décembre 1992, où vous avez envoyé
une lettre en date du 22 décembre 1992... Vous avez envoyé une
lettre aux cliniques en disant que les cliniques qui se retiraient de l'entente
allaient avoir un tarif de 31 $, puis les autres, bien, tant pis ou à
peu près. Si je comprends bien, vos relations avec les cliniques
privées ne sont pas tout à fait au beau fixe, contrairement
à ce qu'on a pu, hier, supposer, que tout allait bien partout. En tout
cas, d'après ce que je vois de l'opinion de la fédération
des praticiens en clinique privée, ce n'est pas évident que
ça va si bien que ça.
M. Shedleur (Pierre): Je n'ai jamais dit, d'abord, que tout
allait bien. Je pense que le monde ne m'aurait pas cru, d'abord. Au niveau du
problème des cliniques privées, il y avait un débat sur le
tarif, quel était le niveau du tarif. On a eu des discussions avec le
secteur public et on en est arrivés à un tarif, et le secteur
privé réclamait plus que le secteur public. C'est pour ça
qu'on a dit: Bien, voici les tarifs. On ne voyait pas pourquoi on aurait
accordé plus au secteur privé qu'au secteur public. Mais, bien
sûr, il y a une négociation là, parce qu'il y a des tarifs
en arrière de ça. Donc, il y a eu des discussions. Eux auraient
souhaité plus. Nous, on a dit: On n'est pas pour donner plus au secteur
privé qu'on donne au secteur public, et on en est arrivés
à cette entente-là.
Choix du médecin traitant et du
spécialiste
M. Claveau: Je vais revenir sur la question du choix du
médecin traitant puis du spécialiste. Là, malgré
tout ce qui nous a été dit, moi, je vois des problèmes
à l'horizon. Ma foi, le ciel est très sombre là, en ce qui
me concerne, en tout cas, de ce que je vois qui s'en vient là-dedans.
Là, vous nous dites que le médecin traitant, qu'on peut choisir
n'importe où au Québec, comme on l'a dit hier, mais que, par
contre, tu ne peux pas te faire payer plus que 100 km pour aller le voir... En
tout cas, ça, c'est une autre dynamique. J'ai remis une lettre ce matin,
où on me dit qu'on va me faire une exception chez nous. Ça date
du 11 janvier, si je ne me trompe pas, 1994; ça ne fait pas longtemps
là, où on dit: Bon, on peut peut-être faire des exceptions,
mais il y a un règlement, puis on va l'appliquer de façon
très stricte. J'ai copie de la lettre ici. Ça a été
écrit à Saint-Félicien, le 11 janvier 1994, où on
me dit: C'est 100 km, la distance moyenne, puis, pour le reste, bien, tu peux
le prendre n'importe où où tu veux, mais tu paieras pour le
surplus. Donc, c'est un peu comme dire à un cul-de-jatte que c'est de sa
faute s'il ne court pas le mille en cinq minutes, tu sais. Je comprends qu'on
te donne la possibilité, mais on ne te donne pas les moyens. Bon. Mais,
en tout cas, là, vous dites ça. Donc, on choisit le
médecin. Le médecin choisit le spécialiste. Ce
spécialiste-là devient le spécialiste de la CSST, si je
comprends bien.
Une voix: ...
M. Claveau: Non, la CSST a le sien. Un autre?
M. Shedleur (Pierre): Non, non.
M. Claveau: Expliquez-moi ça.
M. Shedleur (Pierre): C'est qu'on a dit: Au lieu de contester
le... de l'envoyer voir un spécialiste nous-mêmes, on dit au
médecin traitant d'en choisir un...
M. Claveau: Oui.
M. Shedleur (Pierre): ...puis on va prendre ce
diagnostic-là.
M. Claveau: Ah! bien, ça devient votre
spécialiste.
M. Shedleur (Pierre): Bien, c'est le spécialiste du
médecin traitant. C'est lui qui l'a choisi...
M. Claveau: Oui, le spécialiste du médecin
traitant, mais qui est aussi le spécialiste de la CSST puisque vous
autres, vous n'en avez pas d'autre.
M. Shedleur (Pierre): Bien, on ne veut pas justement faire
ça. On ne veut pas aller en confrontation. Ce qu'on souhaite, c'est
d'utiliser le médecin traitant; c'est une des assises de la loi 42.
Donc, on dit: On va le respecter. Dans certains cas... mettons qu'on avait un
point de vue différent avec le médecin traitant, on avait une
liste de médecins auxquels on pouvait envoyer quelqu'un. C'est tout
à fait légal, c'est ce qui s'est fait. On a dit: On va changer
ça. D'abord, il y en a trop. On va changer ça.
M. Claveau: II y en avait 13 qui étaient très
disponibles là.
M. Shedleur (Pierre): On a décidé de changer
ça. Et, après, ce qu'on se dit maintenant: Au lieu de
prendre nos médecins, on va demander souvent dans des cas: Est-ce que
vous pourriez demander un autre avis à un spécialiste quand c'est
un cas d'ambiguïté? Puisque, de toute façon, les
médecins spécialistes qu'on a, c'est les mêmes que les
médecins traitants ont pour demander une opinion. Et, justement, pour
donner plus de crédibilité à notre processus
médical, ce qu'on dit: Bon, choisis-le, le médecin
spécialiste. Ce n'est pas nous autres qui le choisissons. Donc, on ne
pourra pas nous accuser à la CSST de choisir un médecin qui irait
contre un travailleur. C'est justement, on veut donner de la
crédibilité au processus médical.
M. Claveau: Mais c'est ça. Là, vous me dites,
à ce moment-là, que vous allez accepter d'emblée
l'interprétation du spécialiste choisi par le médecin
traitant, que vous ne contesterez plus ça d'aucune façon.
M. Shedleur (Pierre): Bien, d'aucune façon... On a dit
qu'on va se garder un pouvoir. On l'a dit, on a à peu près 12S,
150 cas qu'on conteste, maximum, par mois. C'est 1800 cas par année sur
130 000 réclamations.
M. Claveau: Oui, d'accord, on en a parlé. (16 h 50)
M. Shedleur (Pierre): Je ne prendrai jamais un engagement de dire
qu'on n'aura jamais de contestations. Ce serait irresponsable de dire
ça.
M. Claveau: Oui, mais, là, vous autres, vous vous gardez
le droit, donc, de contester le médecin qui va, qui est.. Vous vous
gardez le droit de le contester.
M. Shedleur (Pierre): Mais si, dans un cas où on demande
au médecin traitant de choisir un médecin spécialiste,
bien, j'imagine qu'on va respecter le jugement du médecin
spécialiste. Mais on ne peut pas, si le médecin et l'employeur
étaient en désaccord, là on ne pourra rien y faire.
M. Claveau: Puis le travailleur, lui, quelle possibilité
il lui reste de contester l'évaluation du médecin
spécialiste, même s'il a été choisi par son
médecin traitant? Ce n'est pas évident que le spécialiste
va quand même... Si, vous autres, vous vous gardez le droit de le
contester, il faut que le travailleur se garde le droit de le contester
aussi.
M. Shedleur (Pierre): Mais on ne le contestera pas dans un cas de
même. Si on demande au médecin traitant de choisir un
médecin spécialiste, et qu'on va accepter cette
décision-là, on n'ira pas le contester après, là.
Je veux dire, on va l'utiliser.
M. Claveau: Oui, mais, moi, il y a un vieux principe que mon
père m'a appris quand j'étais jeune, c'était de ne jamais
mordre la main qui te nourrit. C'est qui qui paie le médecin
spécialiste, et c'est qui qui paie tout ça? C'est la CSST. Ce
n'est pas le travailleur. C'est la CSST, par le biais de l'employeur. Moi,
là, écoutez, d'expérience, j'ai vu couler l'eau en dessous
des ponts, aussi, dans toutes ces histoires-là, l'expérience,
là, je sais que la CSST va toujours garder la possibilité de
contester le rapport qui va être fait par le médecin
spécialiste. Le médecin spécialiste, lui, la main qui le
nourrit, c'est la CSST, c'est clair, ça fait qu'il a
intérêt à se garder un peu en bonnes relations avec son
payeur, d'autre part.
Puis le travailleur, lui, si, pour une raison ou une autre, il n'est pas
satisfait de l'expertise qui va lui être faite par le médecin
spécialiste qui va avoir été choisi par son médecin
traitant soit dit en passant, il n'aura peut-être pas eu
nécessairement le choix du médecin traitant aussi, parce que,
s'il ne peut pas se déplacer à plus que 100 km pour aller
chercher son médecin traitant, en tout cas, chez nous, tu commences
à être drôlement limité, tu comprends bien, puis
c'est le cas dans d'autres régions aussi, on n'est pas tout seuls
à ce moment-là, c'est quoi qui reste comme possibilité au
travailleur de contester le spécialiste? Parce qu'il peut arriver, comme
disait mon collègue de Laviolette tantôt, que le gars, il y ait,
quelque part, des problèmes dans son évaluation et qu'il pourrait
demander une révision de ça. Mais, lui, il n'en a pas de
possibilité. Vous autres, vous pouvez toujours la refuser, l'expertise,
mais lui, à quelle place il peut la refuser? C'est ça que je veux
savoir. Y a-t-il moyen que son médecin traitant fasse appel à une
deuxième évaluation si, vous autres, vous contestez la
première? Est-ce que lui peut retourner faire une deuxième
évaluation aussi?
M. Shedleur (Pierre): Mais bien sûr, il a le choix de son
médecin traitant. Alors, supposons qu'il décide qu'il change de
médecin, on n'y peut rien.
M. Claveau: Oui, mais moi, des médecins traitants,
là, je veux dire...
M. Shedleur (Pierre): Les médecins traitants, ce n'est pas
des spécialistes. C'est qu'il décide qu'il change de
médecin. On ne peut pas l'empêcher. C'est ce qu'ils font
d'ailleurs actuellement. Alors, on ne l'empêche pas. Et la CSST paie pour
les médecins traitants aussi. Et le travailleur va où il veut. Il
va où il veut, il prend le médecin qu'il veut, il choisit le
médecin qu'il veut. On ne l'empêche pas, on ne lui dit pas qui
prendre, et ça va être encore comme ça. Donc, il n'y a
aucun danger d'influence du médecin traitant, il le choisit, il le
choisit actuellement, puis il n'y a pas de changement puis il n'y aura pas de
changement sur le médecin traitant. D'ailleurs, ce serait contre la loi
de faire ça. Donc, il y a un libre choix du médecin traitant
actuellement, ce qui est une bonne chose.
M. Claveau: Donc, il peut changer de médecin traitant 10
fois en cours de dossier...
M. Shedleur (Pierre): Oui.
M. Claveau: ...puis, les 10 fois, il peut arriver avec un nouveau
spécialiste.
M. Shedleur (Pierre): Oui. M. Claveau: Ah bon!
M. Shedleur (Pierre): Oui, mais il y en a des cas de même,
et c'est justement là qu'on se rend compte, avec certains travailleurs,
quand ça se produit, que même les médecins traitants que le
travailleur a choisis, quand il en a pris plusieurs, qu'il y a
ambiguïté et qu'ils ne s'entendent même pas sur le diagnostic
de leur patient... Ça fait que, imaginez là, le travailleur a
choisi ce n'est pas la CSST là, ce n'est pas l'employeur
le travailleur a choisi, il est allé voir trois médecins, et il a
trois avis différents. Alors, nous, on est pris des fois avec ça
et c'est problématique parce que l'employeur, s'il regarde ça
puis, là, il reconteste, et c'est là l'imbroglio de toute la
contestation médicale qu'il faut arrêter. Il faut s'asseoir avec
le travailleur et essayer de lui trouver une solution à son
problème. Et la vraie solution au problème du travailleur qui est
apte encore à retourner au travail, c'est d'essayer de lui retrouver un
emploi dans la compagnie où il était. C'est ça. Parce que
le but là, c'est de le retourner au travail.
M. Claveau: Oui.
M. Shedleur (Pierre): c'est sûr que les gros cas, ce n'est
pas ça. les gros cas, c'est de les payer en fonction de la loi 42,
à 90 % du net et d'avoir beaucoup de compassion et de les soutenir dans
leur démarche de réadaptation sociale, dans ces cas-là.
pour les plus petits cas, 2 %, 3 %, 4 %, 5 %, 6 %, c'est dommageable, c'est
problématique. là, ce qu'il faut faire, c'est de travailler pour
retourner ce monde-là dans leur emploi. et si on arrive avec une
multitude d'avis ou d'opinions médicales, bien sûr que là
ça va être très difficile de s'entendre, et c'est là
toute la contestation, la machine de contestations que vous dénoncez, et
avec raison. et c'est ça qu'on veut arrêter. on veut s'asseoir et
on veut une expertise médicale qui est correcte. et que le travailleur
choisisse son médecin, c'est la loi, et on respecte ça.
M. Claveau: O.K.
M. Shedleur (Pierre): et on ne veut plus, même, contester,
dans la mesure du possible. dire qu'il n'y en aura aucune, aucune, je pense que
ce serait irresponsable. mais, quand on parle de 2000 cas sur 130 000 au
québec, c'est moins de 2 %. il faut faire attention, là. je pense
que...
M. Claveau: Oui, mais...
M. Shedleur (Pierre): C'est un minimum.
M. Claveau: ...c'est parce que...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député.
M. Claveau: Une dernière, une dernière...
Le Président (M. Joly): C'est parce que la dernière
est souvent longue. Alors, je vous la reconnais, mais je vous la reconnais
courte.
M. Claveau: Vous me la reconnaissez. Je veux quand
même...
Le Président (M. Joly): Essayez de faire une petite
synthèse de tout ça, là.
M. Claveau: Bon. O.K. Merci, M. le Président. Je vais
tenter de synthétiser.
Quand on parle justement de réhabilitation, de retour à
l'ouvrage, de réintégration dans l'emploi, puis tout ça,
écoutez, il y a des cas qui arrivent, ce n'est pas des cas qui sont
vieux. C'est des cas qui... Un cas, là, je pourrais vous en parler, de
la semaine passée, je vais vous en parler pour voir si, justement, c'est
possible que ça se fasse, ou si c'est possible que ça arrive, ou
si c'est possible que ça n'arrive plus. O.K.?
Le gars, il est malade, un accident, bon, brisé dans le dos. Il a
une définition de tâches qui est contestée. Lui, il
conteste sa définition de tâches qu'on lui fait parce qu'il a un
poste d'hygiéniste, mais un hygiéniste sous terre, dans une mine.
Alors, il conteste sa définition de tâches. Le reste, tout est
beau, mais au niveau de la définition de tâches, il n'est pas
d'accord. Ça fait que la compagnie lui dit, l'employeur lui dit: Bien,
écoute bien, toi, tu te retires de la contestation sur la
définition de tâches, tu acceptes la définition de
tâches de la compagnie, qui est officiellement inscrite dans la
convention de travail, même si ce n'est pas tout le temps ça que
tu fais, tu prends cette définition de tâches là ou bien
non ne reviens plus nous voir, parce que tu ne travailleras plus. Ça
fait que le gars se présente, évidemment, en arbitrage. Bien,
là, ça fait trois ans de ça. Il se présente, en
tout cas, puis il retire sa plainte sur sa description de tâches. Donc,
on revient sur la description de tâches de départ. Puis,
là, finalement, il est réhabilité à l'ouvrage, il
retourne travailler pendant trois ans, puis, encore là, il sort en
morceaux, tellement en morceaux dans la colonne qu'ils ont été
obligés de l'ouvrir par en avant pour aller lui mettre des
«rods» parce qu'ils n'étaient pas capables d'y aller par en
arrière. Bon, c'est vrai, ce que je vous dis là. Bon,
là...
Le Président (M. Joly): ...la question, s'il vous
plaît. C'est parce que c'est long, hein!
M. Claveau: Oui, la question s'en vient. C'est un petit peu long,
mais c'est intéressant.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Non, mais je suis d'accord,
là. Je suis bien, bien d'accord...
M. Claveau: Non, mais ce que je veux dire là, c'est
que...
Le Président (M. Joly): ...mais, là, je vous
inviterais à conclure, M. le député.
M. Claveau: ...du jour au lendemain, on dit au gars: Tu retournes
à l'ouvrage; ta définition de tâches, c'est ça; tu
retournes à l'ouvrage ou bien non tu te mets sur l'aide sociale. Ce qui
est effectivement arrivé. Là, mon gars, il est sur l'aide
sociale. Parce que, du jour au lendemain, il a reçu une lettre, le lundi
matin, de la CSST disant: C'est fini, tu retournes à l'ouvrage, tu es
capable de faire la job que tu faisais avant. Puis le médecin dit: Toi,
tu n'as pas le droit de lever plus que 15 lb. Mais là, à la CSST,
on comprend qu'un hygiéniste, c'est quelqu'un qui se promène avec
des «Q-Tips» et des brosses à dents, je suppose, parce
qu'ils disent: 15 lb, un hygiéniste, ça ne lève pas
ça. Sauf qu'un hygiéniste sous terre, ça a pour 17 lb
d'équipement à la ceinture en partant, minimum, 15 à 17
lb, avec son «wescott», sa batterie, sa ceinture...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député!
M. Claveau: ...puis ses bottes à bananes. Bon, c'est le
minimum qu'il a d'équipement, il est déjà
«overload» avant de commencer à travailler.
Le Président (M. Joly): La question, s'il vous
plaît, autrement, je conclus.
M. Claveau: Puis on dit: Non, tu es un hygiéniste, puis tu
es capable de reprendre la job que tu faisais avant. Puis, du jour au
lendemain, on le coupe et on l'envoie sur l'aide sociale. Ça, c'est
arrivé...
Le Président (M. Joly): M. le député...
M. Claveau: ...en date du 14, 15 janvier de cette année.
Est-ce que ça fait partie des nouvelles politiques?
Le Président (M. Joly): Vous avez oublié un
détail important, la longueur des «rods» qu'ils ont mis
dedans. S'il vous plaît! Merci. M. Shedleur, peut-être...
M. Claveau: Je vois bien que vous prenez ça au ridicule,
là.
Le Président (M. Joly): Non, mais on pourrait
peut-être...
M. Claveau: Vous vous en foutez que les gens aient des
problèmes de dos.
Le Président (M. Joly): Non, non, ce n'est pas
ça.
M. Claveau: Mais, pour moi, c'est un problème
important.
Le Président (M. Joly): Mais vous prenez chacun des cas de
comté, on les règle ici...
M. Claveau: Non, non, ce n'est pas des cas de comté, c'est
qu'on travaille avec des cas précis pour faire comprendre l'ensemble
plutôt que de flatter dans le sens du poil comme vous faites depuis le
début, là: tout est beau, tout est fin, moi, j'aime ça,
là.
Le Président (M. Joly): M. le député, on
vous a fait mention que vous aviez un point de chute...
M. Claveau: Bien, vous irez jouer, vous irez orchestrer votre
symphonie ailleurs. Nous autres, on parle des vrais problèmes.
Le Président (M. Joly): ...dans la personne du
vice-président, M. Brisson, qui, sûrement, pourra vous
répondre sur vos cas de comté. Alors, c'est nécessairement
intéressant...
M. Claveau: Bon!
Le Président (M. Joly): ...c'est sûrement le reflet
de certains de nos cas dans chacun de nos comtés, mais il ne faut pas
nécessairement faire subir à tout le monde chacun des cas que
vous pouvez avoir.
M. Claveau: Ce n'est pas des... M. le Président,
c'est...
Le Président (M. Joly): Je ne vous ai jamais parlé
d'un de mes cas de comté, puis...
M. Claveau: Question de règlement. Ce n'est pas une
question que c'est des cas de comté. C'est des exemples précis
qui nous permettent de nous comprendre. Plutôt que de travailler en
l'air, dans les nuages, là, en valsant...
Le Président (M. Joly): Où on accroche toujours sur
le même détail. Donc...
M. Claveau: ...on essaie de travailler sur des cas précis
qu'on connaît pour savoir si ça peut se répéter ou
pas.
Le Président (M. Joly): Alors, M. Shedleur, est-ce que
vous auriez un commentaire à apporter au cas type présenté
par M. le député d'Ungava? S'il vous plaît,
brièvement, M. Shedleur. (17 heures)
M. Shedleur (Pierre): Brièvement, c'est assez
difficile pour moi... Je n'ai pas le cas, là. Je veux dire, c'est
un cas, peut-être, qui est complexe aussi. Je ne le sais pas. Une chose
qui est sûre, au tout début de votre intervention, vous parliez
d'une entente entre l'employeur et le travailleur. Lorsqu'il arrive de telles
ententes, la CSST n'est pas présente, elle ne le sait pas.
Peut-être que l'entente est incorrecte. Peut-être qu'il y a des
choses qui se passent entre les gens. Mais ça, on ne peut pas le savoir,
on n'est pas là. Donc, lorsqu'il arrive des ententes entres les parties,
localement, on est incapables, après ça, de vérifier ces
choses-là, et c'est un problème pour nous autres aussi, donc, de
savoir qui dit vrai, après. Donc, c'est un problème, et
ça, on n'y peut rien. Ça, on ne pourra jamais faire de quoi s'il
y a des ententes entre les parties sur place et que ça ne nous est pas
acheminé.
Quant au cas dont vous parliez, s'il y a déjà eu un
accident, je ne le connais pas, mais c'est un cas de rechute, j'imagine, et,
s'il est en problème majeur comme ça de la façon
dont vous le décrivez, en tout cas probablement qu'il n'est plus
capable, jamais, de travailler, cet homme-là ou cette
personne-là. Donc, écoutez, les opérations comme celle
dont vous venez de parler, ça doit être tout un cas. Donc,
j'imagine qu'il doit avoir une incapacité, un niveau d'incapacité
très élevé, il doit donc être très
près d'une incapacité totale, parce que de la manière dont
vous en parlez, des «rods» en avant, coupé partout...
M. Claveau: ...reconnaît pas.
M. Shedleur (Pierre): Donc, il doit avoir une incapacité
de haut niveau. Or, j'ai de la misère à comprendre que le monde,
si le niveau d'incapacité est très élevé, comment
ça se fait qu'on aurait pu lui couper ses indemnités.
M. Claveau: Le problème...
M. Shedleur (Pierre): Mais là je n'ai pas le détail
du cas. C'est très difficile à...
M. Claveau: ...il est dans le glossaire, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît,
monsieur...
M. Claveau: Le problème, il est dans le glossaire. Il est
dans la façon de définir la tâche. Le gars, on dit:
Même si tu as mal dans le dos, tu es classé hygiéniste.
Mais il faut savoir ce que c'est, un hygiéniste sous terre. Ce n'est pas
un gars qui se promène avec des «Q-Tips». Bon. On dit donc:
Ça, c'est ta définition de tâches. Cette
tâche-là, tu es capable de la faire. Donc, tu n'es pas
incompétent ou tu n'es pas invalide par rapport à la tâche
que tu faisais avant, sauf que, dans la vraie vie, ce n'est pas le cas parce
que la définition de tâches, enfin, le mot ne correspond pas
à ce qu'est la vraie job en dessous de la terre, parce qu'un
hygiéniste qui tombe en bas de la «track» avec un moteur
Clayton de 51, là, il a bien beau s'appeler hygiéniste, c'est lui
qui règle son moteur, tu comprends, et ça, ça demande des
bras et du dos.
Le Président (M. Joly): Parfait. Je vous remercie. Je vous
remercie beaucoup.
M. Claveau: Mais ça, ça ne fait pas partie de la
définition de tâches, à la CSST. Ce n'est pas...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, monsieur!
Coupez le son, s'il vous plaît! Merci. M. le député, le son
a été coupé. Alors, automatiquement, je pense que
ça reflète le message que je veux vous passer. Alors, vous
écrirez sûrement à qui de droit, à des personnes qui
sont en poste, qui sont responsables et qui sauront sûrement vous
répondre. Alors, compte tenu que nous avons passé, nous avons
épuisé le pourquoi nous étions ici aujourd'hui,
exceptionnellement, je vais reconnaître, pour quelques minutes, chacune
des formations et aussi M. le député de Drummond, dans des
remarques, si on peut dire, de clôture, mais très brèves,
et ce, afin d'éviter la redondance. Alors, je vous reconnais trois
à quatre minutes. Je vais commencer par M. le député de
l'Acadie, s'il vous plaît.
Remarques finales M. Yvan Bordeleau
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Je pense que les
deux journées qu'on a passées ensemble, au fond, ont mis en
évidence de façon très claire l'inquiétude que les
gens ont vis-à-vis de la CSST compte tenu du passé, des
dernières années, et cette inquiétude-là s'est
à la fois, disons, manifestée chez les parlementaires, chez les
employeurs et les employés. Je pense qu'on avait sûrement raison
et vous en conviendrez, je pense de s'inquiéter et de se
questionner depuis un certain temps sur l'avenir de la CSST. Vous nous avez
présenté une nouvelle vision et aussi une volonté d'agir,
je pense, qui crée beaucoup d'espoir. Vous voulez vous attaquer au
déficit accumulé. Vous voulez aussi faire en sorte de faire
disparaître les déficits d'opération, d'augmenter la
qualité des services aux clients. Alors, je pense que,
évidemment, ce sont des points sur lesquels tout le monde avait des
questions, et l'important aussi, c'est qu'au niveau... vous voulez aborder ce
problème-là, disons, en mettant l'accent sur la gestion, la
gestion du fonctionnement, la gestion des procédures de traitement tout
en conservant, disons, l'importance d'offrir des services à la
clientèle. Il y a certaines approches que vous avez exposées qui
sont intéressantes et qui nous semblent prometteuses. Je pense à
la déjudiciarisation, qui va sûrement apporter des
améliorations sensibles, là, au traitement des cas qui sont
présentés à la CSST.
Il reste un point en suspens, je pense, qui est important et sur lequel
vous avez dit: On n'a pas eu le temps de se pencher encore beaucoup
là-dessus. Mais je pense
que c'est un aspect, disons, qui sera peut-être prioritaire dans
les mois qui vont venir, c'est celui de la prévention. Parce que,
évidemment, tout ce dont on a parlé, là, on a parlé
du traitement des cas et on a mentionné à quelques reprises: Si
on pouvait faire en sorte que ces cas-là n'arrivent pas, c'est
peut-être là qu'on aurait les meilleures économies,
à la fois financières et à la fois le point de vue humain.
Alors, je pense que, quand on se reverra la prochaine fois, je pense que
ça serait intéressant de voir, au fond, quelles ont
été les mesures qui ont été prises du
côté de la prévention-inspection.
Alors, je pense que l'attitude qu'on a, c'est qu'on a des attentes qui
sont élevées. On a beaucoup d'espoir et, comme on le mentionne
souvent, on donne la chance au coureur. Je pense que ce sont les
résultats qui vont faire foi de tout, de la réussite ou des
échecs. Mais, compte tenu des mesures qui ont déjà
été entreprises, on commence à voir des résultats
concrets. Je pense que c'est très positif, et on a sûrement
hâte de voir les résultats avec une période de temps un
petit peu plus longue pour pouvoir évaluer l'amélioration.
Alors, je veux vous remercier, au fond, de votre présentation et
souligner que, personnellement et au nom de mes collègues, je pense
qu'on a beaucoup apprécié votre attitude d'ouverture et de
transparence dans cette discussion sur la CSST. Alors, je vous remercie de
votre présentation encore une fois et je vous souhaite bonne chance
à vous et à vos collègues de la CSST. Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de l'Acadie. M. le député de Drummond, s'il vous plaît.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Oui, je vous remercie, M. le Président. Oui,
je tiendrais à joindre ma voix à celle des collègues.
C'est sûr et certain, lorsqu'on a abordé cette
problématique-là, d'évaluation de la CSST à
même le vécu quotidien que nous avons dans nos bureaux de
comté, je pense qu'on était sceptiques. Puis on était,
comme mon collègue l'a souligné, en extrême demande. Mais
je dois vous féliciter, M. le président, vous ainsi que votre
équipe parce qu'on a vu le support aussi que votre équipe vous a
donné au courant de ces deux jours d'audition, le support qu'elle vous a
donné et cette nouvelle philosophie que vous voulez intégrer
à l'intérieur de l'organisation.
Je pense que ce que j'ai vu, du moins, dans vos acétates, est
porteur d'avenir. Je dois vous avouer que la conclusion... vous connaissant
d'ailleurs depuis nombre d'années, je suis assuré que votre
dynamisme, et surtout votre humanité est un gage peut-être plus
prometteur que dans le passé. Et je vais terminer là. Mais je
demeure avec des inquiétudes. Et le premier souhait que j'aimerais
élaborer est que, si jamais vous sentez qu'il faut ouvrir le processus
législatif pour vous donner les outils nécessaires, bien, on
pourra le faire d'une façon rapide parce que, moi, je demeure convaincu
après toutes les tentatives que vous ferez avec le lien d'emploi
qu'il faudra agir, nous, les législateurs, pour revoir et forcer
peut-être davantage ce fameux lien d'emploi là.
La prévention. J'ai pris bonne note que vous allez débuter
vos travaux en avril 1994 et j'émets le souhait que ce ne sera pas
simplement axé vers la quincaillerie et la plomberie, mais que tout ce
qu'on a eu la chance d'élaborer dans le peu de temps qu'on avait au
niveau de toutes les technologies modernes de recherche et de
développement est beaucoup plus axé vers les individus, vers tout
ce qui est physiologique et vers les nouvelles attitudes, les nouveaux
comportements qui feront partie aussi de cette nouvelle gamme d'outils que la
CSST se donnera.
J'ai touché brièvement ce matin... puis je vais, avant de
terminer, peut-être utiliser mon mot de «iatrogène»,
cette maladie ou ces problèmes créés par les
médecins. Et j'aimerais vous dire en boutade... Lorsque vous avez
échangé avec mes collègues concernant la paperasse qu'on
devrait éviter, pour avoir vu quelques dossiers médicaux de mes
commettants lorsqu'on avait des problèmes avec la CSST, j'ai eu le
goût de vous dire en boutade: De voir comment nos médecins
écrivent, si on veut prévenir les maladies iatrogènes avec
l'écriture, vous avez raison d'insister sur les conversations
téléphoniques parce que, à ce moment-là, on se
comprendra peut-être mieux que lorsqu'on essaie de lire le jargon.
Mais j'ai mentionné aussi ce matin, au niveau de la
médecine, lorsque je parlais des médecins de la CSST, pour
être sûr et certain que ce soit bien entendu et bien compris envers
les médecins aussi que vous avez un intérêt dans votre
région, dans mon esprit. L'intervention était faite vers vos
médecins et spécialistes. J'ai noté aussi que la nouvelle
approche que vous allez avoir versus le médecin et versus le
spécialiste, qui pourraient être choisis par le médecin
traitant, je pense, moi, que c'est porteur d'avenir et je vois là une
des solutions qui nous aideront peut-être à éliminer
beaucoup de cas pathétiques qu'on a eu la chance de vivre dans le
passé.
La dernière chose, avant de conclure, M. le Président,
brièvement, c'est l'implication de la loi 198. J'ai
énormément de réserve, et je dois vous avouer, M. le
Président, que je vais suivre ça avec énormément de
minutie parce que vous m'avez convaincu, durant votre présentation, que
l'ajout du personnel que vous avez donné nous permet peut-être
d'envisager cette baisse de jours et l'impact qu'elle aura sur le
déficit.
Alors, je souhaite de tout coeur que le président du Conseil du
trésor, la présidente du Conseil du trésor aujourd'hui et
surtout les techniciens et les fonctionnaires à ce
ministère-là vous donneront vos deux ans de répit que vous
demandez avant d'appliquer. Parce que je pense que vous avez raison: en vertu
de tout ce qui a été accumulé dans le passé, nous
aurons besoin de ce répit-là pour être capables de
rattraper puis être capables de projeter. (17 h 10)
Alors, vous aurez toujours le support du député de
Drummond, et je souhaite, moi, que... Pendant longtemps on n'a pas eu la
chance, nous les parlementaires, d'échanger avec la CSST.
J'espère, moi, que dans les comptes rendus que la CSST fera et dans la
mise à jour, elle enverra à notre secrétariat de la
commission de l'économie et du travail aussi ces rapports-là qui
nous permettront d'une façon officieuse de faire le suivi, de
garder les contacts et d'espérer, finalement, que ce qui est le
plus fondamental en bout de piste, pour moi, c'est que le filet de
sécurité, qui est fantastique, qu'on s'est donné, nous,
ici, en tant que collectivité québécoise, qui s'appelle la
CSST, pourra être maintenu, puis, j'espère, résorber le
déficit et être capables de le bonifier dans les années
à venir. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Drummond. M. le député de Jonquière, s'il vous
plaît.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, M. le Président. Je pense qu'on avait
raison d'exercer le mandat qui nous a été confié, un
mandat de surveillance sur l'organisme de la CSST. Et le mandat de surveillance
n'est pas tout à fait comme celui d'un mandat d'initiative; ça
n'a pas pour effet d'aller chercher des coupables ou d'aller chercher, à
la grandeur, des orientations que, nous, on peut donner comme parlementaires.
Ça n'a que pour effet d'examiner ce qui se passe à
l'intérieur, le présent et le futur. On a élargi, aller
jusque par le passé, parce que, un des points qui nous
préoccupait le plus, c'était effectivement les déficits et
la façon dont on traitait la clientèle. Je pense que
vis-à-vis du déficit, une des premières questions qu'on a
posées, c'était concernant la capitalisation, qui peut
actuellement se régulariser par résolution du conseil
d'administration. Je mets en doute un peu cette façon de procéder
puisqu'on peut assez facilement changer les règles. on parle beaucoup de
«paritarisme» à l'intérieur de la csst. on sait qu'il
y a environ 30 % des travailleurs et travailleuses qui sont syndiqués.
il y a 70 % des travailleurs et travailleuses qui ne sont pas syndiqués.
comment sont-ils représentés, ces gens-là? je pense que
c'est une question de fond qu'on pose. on parle aussi des déficits
actuariels. encore là, ça peut être une bataille de
chiffres puisqu'on peut parler d'une capitalisation en se basant sur un taux de
3 %, tel qu'expliqué par le président et où il est
convaincu du bien-fondé de son opinion. on peut arguer
différemment que ça pourrait être 4 % ou 5 %, et ça
changerait toutes les règles du jeu et tous les chiffres.
fondamentalement, il y a une chose certaine, c'est que le déficit, il
faut y faire face, il faudra aussi qu'on s'accumule des montants pour le
financer ou pour s'assurer que celles et ceux qui sont à
l'intérieur ou sont couverts par la csst aient des fonds suffisants pour
couvrir leurs besoins. trop longtemps, on a permis à des gens de
critiquer la csst. et, moi, je pense, à ce moment-ci, que... je
m'adresse aux employeurs qui, allègrement, ont frappé à
tour de bras sur la csst, quand on sait qu'une des causes du déficit est
en partie due à leur incurie vis-à-vis de leur refus de
réintégrer des travailleurs et travailleuses à leur emploi
en faisant des modifications. parce que, lorsqu'on dit que chaque cas va
coûter 150 000 $, ce n'est pas l'ouvrier, ce n'est pas l'employé
qui décide, là, à ce moment-ci, c'est l'employeur. et ce
même employeur-là dit: ça ne marche pas, et on veut payer
des taux plus bas. bien, je pense qu'ils font partie du problème, ils ne
font pas partie de la solution, et eux autres aussi ont à faire l'examen
de conscience et devront aussi répondre de leurs critiques. Il faut que
ça change de ce côté-là. Il faut qu'on devienne
responsable. Vous l'avez dit: II faut appliquer la loi, il faut être
responsable. Et une des façons d'être responsable, c'est de faire
face à ses obligations.
Bien sûr aussi qu'il y a des points où la CSST a beaucoup
contesté. Vous nous avez ouvert la perspective que ça ne sera
plus le cas, ou ça va être moins le cas. Moi, je pense qu'on doit
s'en réjouir parce qu'on peut bien avoir une société de
droit, ça ne donne pas tous les droits. Une société de
droit, ça veut dire que, lorsqu'il y a des injustices, on peut les
corriger; mais, quand les injustices deviennent une règle commune, ce
n'est pas correct. Donc, je pense que, ça, j'en prends note et on devra
le faire.
C'est clair aussi que, au point de vue des emplois convenables, c'est
une décision de législateur. On devra peut-être
s'interroger aussi, dans le temps: C'est quoi un emploi convenable pour la
personne? Est-ce que c'est vrai que l'emploi convenable pour tous les cas... Le
débat a été fait, mais je pense qu'il n'est pas
terminé pour autant.
Quant à ce qui concerne le processus de judiciari-sation, on en a
parlé en long et en large, il faut le simplifier, à mon point de
vue. Il faut arriver, avec l'expérience qu'on a, avec les vécus
à travers la CSST, il est possible, à mon point de vue, de
simplifier le processus encore plus.
On peut bien parler de réparation, on peut bien parler de
montants qu'on donne aux employés pour leur permettre de vivre pour
remplacer leur revenu d'appoint, mais tant qu'on n'aura pas été
plus fortement au point de vue de l'inspection et de la prévention, on
prêchera dans le désert, à mon point de vue. Il faut que,
obligatoirement, on réussisse à se donner des mesures; ça
existe ailleurs, il s'agit de sortir un peu, là. Et on voit ailleurs que
les mesures de prévention puis de sécurité sont beaucoup
plus appliquées dans beaucoup de domaines, dans la construction, entre
autres. Et les taux qu'on rencontre sont trop élevés, il faut
absolument que, ça, ça soit non seulement votre priorité,
mais que ça soit la priorité de tous les partenaires dans ce
dossier-là.
Le Président (M. Joly): M. le député,
déjà, nous avons...
M. Dufour: La question des médecins... Ça prendrait
peut-être deux, trois minutes supplémentaires, parce que je
pense...
Le Président (M. Joly): C'est déjà
beaucoup.
M. Dufour: ...qu'on a pris deux bonnes journées pour
écouter et...
Le Président (M. Joly): Parce qu'il faudrait que je donne
le même temps aux autres membres.
M. Dufour: Oui. Oui, oui. Vous pourrez leur redonner
après, moi je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Joly): Non, mais c'est parce qu'ils n'en
veulent pas, puis on a basé l'entente...
M. Dufour: Ah bon!
Le Président (M. Joly): Donc, là, vous voulez
changer l'entente?
M. Dufour: Bien non.
Le Président (M. Joly): Bien oui.
M. Dufour: Ce n'est pas ça.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, allez, M.
le député.
M. Dufour: Ça ne sera pas long. Les médecins...
Moi, il y a juste un point où je suis un peu inquiet, c'est lorsque vous
dites qu'ils sont tous excellents, nos médecins. Vous n'avez pas mis en
doute à nul moment qu'il peut y avoir des médecins dans votre
groupe qui, même en étant compétents, pourraient avoir
des... pourraient émettre certaines restrictions. Ce n'est pas parce
qu'ils sont des médecins de la CSST qu'ils sont meilleurs. Mais je vous
invite à revoir les notes écrites, et vous allez voir que vous
l'avez dit. C'est sûr que c'est une base sur laquelle on doit se baser et
qu'on doit l'appliquer.
Les articles ou les groupes de travailleurs 3, 4, S, 6 qui, après
14 ans de promulgation de la loi, ne sont pas encore... où la loi n'est
pas appliquée, c'est inacceptable, à mon point de vue. Il faudra
y revenir et le faire.
En fait, M. le président, je veux vous remercier pour le travail
que vous avez présenté à la commission. Je pense que ce
que nous avons demandé, c'était peut-être exigeant, mais
ça permet à la CSST de se mettre sur un pied d'alerte et avertir
tous les intervenants que vos engagements ou lés orientations que vous
avez données à la Commission, nous, on va les surveiller, on va
regarder ce qui se passe à travers ça, et on verra bien les
résultats parce que, dans le fond, c'est les résultats qui
comptent.
Donc, là-dessus, je voudrais vous remercier encore une fois au
nom de ma formation et vous dire que la présence de ce
côté-ci a été suffisamment nombreuse pour vous
démontrer tout l'intérêt que nous avons manifesté,
et la demande de cette commission était, à notre point de vue,
nécessaire puis devrait donner de bons résultats. Je vous
remercie, M. le président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
À mon tour, M. le président. Au nom des membres de cette
commission, il me fait plaisir, moi aussi, de vous remercier et de vous dire
que nous avons hautement apprécié toute cette ouverture d'esprit,
cette disponibilité et cette grande coopération. On sait que,
à peu d'avis, on a souvent exigé toutes sortes de documents et
ainsi de suite, et tout ceci afin de permettre aux parlementaires de mieux se
préparer, mieux s'équiper afin de vous bien recevoir. C'est
sûr que toute la présentation a demandé aussi, autant
à vous qu'à votre équipe, cette vigilance qui nous a
permis, nous, dans souvent peu de mots, ou peu de photos, ou peu de portraits,
de mieux comprendre ce qui se vivait et aussi ce que vous avez l'intention de
nous présenter au niveau de l'évolution de ce dossier qu'on croit
si prioritaire.
S'il y en a qui souhaitaient voir, comme on dit, toutes sortes de
cadavres ou toutes sortes de choses, peut-être qu'ils ont
été déçus, mais, aujourd'hui, vous nous prouvez
hors de tout doute que quand il y a un leadership, on peut facilement
s'accrocher avec l'espoir en souhaitant que les changements et les
résultats soient le fruit de tout le travail que vous avez mis.
Donc, au nom des membres de notre formation, au nom des membres de cette
commission, il me fait aussi plaisir de vous remercier. Est-ce que vous
aimeriez rajouter quelque chose, M. Shedleur? (17 h 20)
M. Shedleur (Pierre): Très rapidement, d'abord, moi aussi
je voudrais vous remercier. C'est ma première expérience, et je
dois dire que je trouve ça extrêmement correct. D'abord, je
comprends les inquiétudes que plusieurs ont mentionnées parce
qu'il y a des humains qui sont en arrière de ça. Je comprends
aussi vos inquiétudes lorsqu'on voit des déficits et le
mécontentement des clientèles. Donc, je peux vous dire que la
haute direction a pris des bonnes notes. Nous allons voir ce que l'on peut
faire pour corriger le plus possible la situation.
Moi, je tiens à vous remercier beaucoup, je veux dire, dans le
fond, du support. Je sens qu'il y a un support pour que la CSST tourne de bord.
Je comprends aussi que vous nous ayez à l'oeil, je trouve ça
extrêmement correct, c'est le rôle. Et j'espère que la CSST,
et j'en suis même certain, va pouvoir changer ses façons de faire,
améliorer ses services à sa clientèle pour enfin donner un
bon service à la population accidentée. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le président.
Donc, la commission ayant terminé ses travaux, ajourne sine die.
(Fin delà séance à 17 h 21)