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(Quinze heures dix minutes)
Le Président (M. Joly): Alors, bonjour! Il me fait plaisir
de vous accueillir à cette commission et de déclarer la
séance ouverte.
Je vous rappelle que le mandat de la commission est de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 142, qui est
la Loi modifiant la Loi sur les relations du travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction et modifiant d'autres dispositions législatives.
Mme la secrétaire, avons-nous des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet) remplace Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata); M.
Bourdon (Pointe-aux-Trembles) remplace M. Blais (Masson); M. Dufour
(Jonquière) remplace Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve).
Le Président (M. Joly): Pour le bénéfice des
gens qui sont ici et des membres de la commission, je vous rappelle qu'hier, au
moment d'ajourner, nous avions disposé du premier amendement qui avait
été déposé et soumis par le député de
Joliette et qui avait été rejeté.
Loi sur les relations du travail,
la formation professionnelle et la
gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction
Définitions Association sectorielle
d'employeurs (suite)
Je rappelle aussi aux membres de cette commission que nous avions un
deuxième amendement, soumis aussi par le député de
Joliette, lequel est actuellement sur la table, prêt à être
débattu, jugeant de sa recevabilité. Sauf que pour le rendre
conforme, en vertu de l'article 193, je comprends qu'à l'article 3.1, on
pourrait peut-être reformuler un peu en disant: Et par l'ajout du
paragraphe suivant. Alors, c'est la seule chose que je pense qui devrait
être ajoutée afin de le rendre conforme. Et comme l'article 193 me
permet de le faire, M. le député de Joliette, je vous reconnais
comme étant l'auteur de la motion.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. J'ai tout
cancellé pour être avec vous cet après-midi afin de pouvoir
continuer à débattre d'un projet de loi qui, à mon point
de vue, a une importance capitale, parce que ça touche
énormément de travailleurs. J'avais déposé un
amendement... deux amendements, hier. C'est effectivement vrai que vous avez
disposé de un en vous refusant de définir un terme qui
était déjà défini dans la loi R-20,
intitulée R-20, c'est-à-dire l'«association
d'employeurs» qui regroupait donc l'ensemble des associations patronales
dans l'industrie de la construction.
Le deuxième amendement que j'ai déposé, toujours
à l'article 1, et corrigé suite à votre suggestion, est le
suivant. Je voudrais tout d'abord le présenter. Ce qu'on vise, à
toutes fins pratiques, là... Je vais le lire, puis après
ça, bien, je l'expliquerai. Il s'agit de la définition de la
«convention collective sectorielle», c'est-à-dire que c'est
une entente écrite incluse dans la convention collective relative aux
conditions de travail conclue par un secteur entre une ou plusieurs
associations de salariés représentatives et une association
sectorielle d'employeurs.
Elle s'inscrit carrément dans la logique de ce qu'on a
discuté hier soir, d'autre part, dans le sens suivant: il y a un tronc
commun qui sera négocié puis qui va aller à l'ensemble des
secteurs, des quatre secteurs, mais il est bel et bien clair, et nous
l'acceptons, nous, d'emblée, qu'il y a des objets spécifiques qui
sont négociés par les tables sectorielles et que ça,
ça doit être pris en compte non pas par la table du tronc commun
mais par la table sectorielle comme telle.
Comme nous avons acheté, nous, le consensus qui a eu lieu au
Sommet, à 19 contre 8 et 1 abstention, en ce qui regarde la
négociation par secteur et une seule convention collective, étant
donné qu'on achète ce consensus, nous, d'une seule convention
collective mais quatre tables sectorielles qui négocient leurs objets
spécifiques, il faut donc définir, à toutes fins
pratiques, ce que c'est qu'une convention collective sectorielle. C'est une
entente écrite mais qui est incluse dans la convention collective
automatiquement, sans faire l'objet de discussion par un autre secteur, pour
toute la partie sectorielle. Autant on peut forcer les employeurs à
s'entendre sur un tronc commun, et on le définit, le tronc commun,
à l'article 48 de la loi 142.
Je vous rappelle que les seuls objets sur lesquels il doit y avoir tronc
commun en vertu de la présente loi, c'est la sécurité
syndicale, y compris le précompte des cotisations syndicales; c'est la
représentation syndicale; c'est la procédure de règlement
de griefs; l'exercice des recours à rencontre des mesures
disciplinaires; l'arbitrage; le régime complémentaire d'avantages
sociaux de base; tout fonds d'indemnisation que les parties aux
négociations dans chacun des secteurs jugent nécessaires.
Donc, ça, il faut qu'on retrouve ce tronc commun dans les quatre
conventions collectives ou les quatre
secteurs. Donc, pour être logique, il y a une convention
collective avec un tronc commun, mais il y a des conventions collectives par
secteur. Donc, ce qu'on propose d'ajouter, c'est la définition de ce
qu'est une convention collective sectorielle: c'est une entente entre la partie
syndicale qui, elle, peut être multiple, en autant que c'est des
associations représentatives, d'autre part et je dis bien
«associations représentatives», pour se rendre conformes
à la loi et l'association patronale de ce secteur.
Donc, dans certains secteurs, il se pourrait que la majorité soit
tellement forte, d'une centrale syndicale, qu'elle soit seule ou pratiquement
seule à la table, face à un seul patron également. Ce
n'est pas impossible, ça.
Donc, ce qu'on veut, c'est bien démontrer que c'est une
convention collective sectorielle mais qui fait partie de «la»
convention collective parce que «la» convention collective, sans
qualificatif, c'est la convention collective incluant le tronc commun et
l'entente écrite sectoriellement. C'est dans ce sens-là qu'on a
décrit cela au paragraphe 3.1, G.l, pour permettre une clarification
très claire. Et ça spécifie d'une certaine façon,
par le libellé qu'il y a là, le genre d'autorité que les
parties ont. Dès qu'on décide qu'il y a un tronc commun à
l'ensemble des quatre, il faut aussi spécifier que c'est
l'autorité sectorielle sur tout ce qui est spécifique. C'est un
peu ça qu'on veut démontrer, que ça fera partie de
l'entente ou de la convention collective qui, elle, sera votée dans
chacune des associations; mais la partie relevant du sectoriel relèvera
exclusivement du sectoriel alors que les autres devront voter individuellement,
si j'ai bien compris. Les quatre secteurs devront voter sur le tronc commun, si
tronc commun il devait y avoir.
Hier, dans les faits, on a débordé beaucoup par rapport
aux amendements. Le seul amendement qu'on a voté hier, au-delà de
tout ce qui s'est dit, le seul amendement, c'était la reconnaissance de
l'association d'employeurs qui, à toutes fins pratiques, n'est pas
définie, je ne sais pas pourquoi. On ne veut pas la définir, je
ne comprends pas pourquoi, mais on la crée; ça, je comprends
pourquoi. On la crée en vertu de l'article 94. On décrit
même le nombre de délégués par association
patronale: trois, trois, trois. On dit qu'il y a deux observateurs: tuyauterie
et électricien, mais on refuse de définir, au début, ce
qu'est l'association d'employeurs. On dit qu'on va y avoir recours, qu'on va
utiliser tous les services. On va utiliser la grande expertise que, ces
gens-là, on ne veut pas leur reconnaître.
Donc, nous, on dit: II y a une convention collective qui va comprendre
un tronc commun et il y a une convention collective qui va comprendre des
ententes sectorielles. Et le tout, c'est une convention collective. On ne peut
pas définir une convention collective sans tronc commun. De la
manière que j'ai posé les questions, hier, au ministre et
à son sous-ministre, ils m'ont répondu à plusieurs
reprises: Bien, ils peuvent s'entendre dans chacun 'es secteurs sur une
convention. C'est vrai. Je reconnais ça, moi. Mais, s'ils ne s'entendent
pas sur le tronc commun, est-ce qu'ils ont en main une convention collective?
Parce qu'il y a obligation d'avoir un tronc commun. Ils vont avoir une entente
sectorielle, mais qui ne fera pas partie intégrante d'une convention
collective tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas entente sur le tronc commun.
(15 h 20)
Même si le ministre nous dit: Oui, mais le décret va
subsister entre-temps. À un moment donné, le décret va
prendre fin. À un moment donné, l'article 51 va être
sauté. Ce n'est toujours pas le ministre qui va négocier le
décret. Donc, pour clarifier les choses, on va essayer d'y aller non pas
par dessins, parce que je n'ai pas de tableau, mais par images, pour essayer de
me faire comprendre.
Il y a un tronc commun obligatoire. Ce qu'on ne sait pas, au moment
où on se parle et pendant six heures hier, on n'a pas
réussi à le clarifier c'est: qui a la
responsabilité de la négociation du tronc commun applicable aux
quatre secteurs? Ça, on ne le sait pas. Ça pourrait être le
nouvel organisme, en autant que les parties le veulent bien; ça pourrait
être chaque partie qui va négocier un tronc commun. Ça
ferait un drôle de tronc commun. S'ils ne veulent pas donner ça
à leur organisme, chaque partie peut s'en aller négocier, par
exemple, la façon de régler le grief. Mais pour que ce soit
entériné, il faut qu'il y ait au moins une majorité des
secteurs, si j'ai bien compris, qui acceptent le tronc commun.
Ils pourraient se retrouver d'une façon assez bizarre. Je vais
vous donner un exemple: L'APCHQ négocie le tronc commun. Elle essaie de
le vendre à l'ACQ. L'ACQ dit: Non, je ne veux rien savoir de toi.
L'Association des constructeurs de routes et grands travaux dit: Moi, je ne
veux rien savoir de toi. Eux autres se retournent de bord, puis disent: Nous
autres, on prend le décret, puis on l'applique textuellement. On le
transforme dans notre convention collective comme tronc commun. L'APCHQ, qui
aurait été la seule à négocier son tronc commun, se
retrouve obligée de prendre ce que l'ACQ et les grands travaux ont
décidé sans même négocier. Ça pourrait
être aussi drôle que ça.
Remarquez bien, je n'ai jamais vu une relation de travail du genre, mais
ça a l'air qu'on innove. Je suppose que les volontés du futur
chef: être clair, être non ambigu, être sans détour,
avoir une transparence totale, je suppose que ça fait partie du discours
et cette loi-là s'inscrit dans la clarté, la clairvoyance, la
transparence et la non-ambiguïté. Mais vous ferez vos jeux, vous
déciderez. Tirez tête ou bitche! Qui va décider du tronc
commun? Vous ne le savez pas personne. Puis d'après ce que j'ai compris
hier, il n'y a pas grand monde qui a été capable de l'expliquer,
du ministre au sous-ministre, du sous-ministre à Salaberry-Soulanges,
à Vimont. Je n'ai absolument rien compris des explications, si ce n'est
que le grand voeu pieux: on veut responsabiliser les gens. Ça, ça
a fait beaucoup d'écho, hier soir, la grande responsabilisation, en
indiquant... Pourtant, il dit: Ils ont besoin d'être aidés. On
veut les responsabiliser, puis ils
ont besoin d'être aidés, et le projet de loi est pour vous
aider dans l'ambiguïté. C'est à peu près ce que j'en
retire moi, d'hier soir: six heures de frustrations, à toutes fins
pratiques, puis d'incompréhension d'un fonctionnement normal en
relations de travail.
Donc, aujourd'hui, on va essayer, au moins, de définir le terrain
de jeux, là, comment il se divise, puis on va essayer de comprendre
qu'est-ce que ce sera, la convention collective. On a une convention
collective, dorénavant, et non pas un décret. Ça, on est
d'accord. Ça transperce assez clairement dans le projet de loi. Par le
fait qu'on sorte le ministre, on change notre terminologie. On va dire: On ne
se fiera plus à lui pour amender un décret ou le prolonger, mais
on aura nécessairement une convention collective qui sera conclue de
gré à gré, selon les rapports de force entre les deux
groupes, patronal et syndical. Au besoin, ils pourront profiter d'une
conciliation ou d'une médiation, mais ce sera les règles,
à peu près, du Code du travail qui s'appliqueront, sauf,
peut-être, que les délais pourraient être un peu distincts.
Donc, ça, ça va.
Cette convention collective future se divise donc en deux parties: une
partie qui est propre à chacune des tables sectorielles ou des groupes
d'employeurs oeuvrant dans différents secteurs, une convention pour le
résidentiel, pour ce qui en reste. Si le ministre continue à
opter pour la déréglementation, ils vont négocier à
une table sectorielle du résidentiel pour à peu près 15 %
des travaux dans le résidentiel.
La première table va signer une convention sectorielle. La
deuxième table va signer, pour l'institutionnel et le commercial, les
objets spécifiques: deuxième convention sectorielle. L'industriel
va signer une convention spécifique: troisième convention
sectorielle industrielle. Et la quatrième convention sectorielle, ce
sont les grands travaux.
Donc, nos quatre conventions sectorielles seront enrichies d'un tronc
commun. Donc, tout ce qui regarde les sept points prévus à la
clause ou à l'article 48, l'ancien article 61.1, là, il y aura un
tronc commun, c'est-à-dire des clauses communes à toutes les
tables sectorielles, à toutes les conventions sectorielles. On ne pourra
pas avoir deux types de sécurité syndicale, deux types de
représentation syndicale, deux types de procédures de grief, ni
quatre, encore moins quatre, il y en aura une seule. Donc, pour en avoir une
seule, il va falloir que le monde se parle. Mais ils se parleront soit par
leurs tables sectorielles, soit par le nouvel organisme créé on
ne sait pas comment, on ne sait pas quand, puis on ne sait pas comment
ça va se faire non plus.
Mais il y a une affaire qui est certaine: il y aura des conventions
sectorielles et il y aura un tronc commun, peu importe qu'il y ait des
mécanismes appropriés ou pas. Pour le moment, il y aura un tronc
commun qu'on devra retrouver dans chacune des conventions sectorielles.
Donc, à toutes fins pratiques, on aura une convention collective
avec un tronc commun et quatre conventions spécifiques à des
secteurs spécifiques. C'est pour ça qu'on se permet d'introduire
la définition de «convention collective sectorielle», parce
qu'il se pourrait très, très bien qu'on ne s'entende pas sur les
troncs communs: il n'y a pas de mécanisme. Mais il y a une affaire qui
est certaine, c'est qu'on pourrait, je suppose, la définir comme
étant une entente écrite qui est incluse dans la convention
collective, qui est relative aux conditions de travail conclues pour un secteur
entre une ou plusieurs associations de salariés représentatives
et une association sectorielle d'employeurs. donc, si l'apchq, pour prendre un
exemple, conclut son entente sectorielle pour ses 10 % ou 12 % de travaux
résidentiels, qui resteront dans le résidentiel mais assujettis
à la construction, elle pourrait se retrouver avec une convention
sectorielle mais ne pas avoir une convention collective au sens de la loi 142.
parce que la loi 142 prévoit une convention collective avec un tronc
commun et des ententes sectorielles. donc, c'est pour clarifier sur le plan
légal le portrait qui est bien identifié, qu'on fait du
fonctionnement des relations de travail qu'il y aura dans l'industrie de la
construction.
Donc, j'utiliserai le reste de mon temps pour répondre soit
à des questions, s'il y a des mésententes sur
l'interprétation, ou bien à la fin de tout, comme vous
voudrez.
Le Président (M. Joly): II vous reste quelques minutes, M.
le député, que je reconnaîtrai en temps et lieu, en temps
opportun.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Cherry: M. le Président, notre collègue, le
député de Joliette, disait: On a passé six heures, hier,
à débattre de ça parce que, comme il l'a dit, c'est
fondamental, c'est important, c'est à partir de ça qu'on
définit. Alors, là, j'ai réécouté la
façon dont il a soutenu l'amendement qu'il nous propose aujourd'hui. Je
suis pas mal convaincu que les gens qui nous écoutent, à moins
d'être des initiés, doivent avoir de la difficulté à
saisir c'est quoi la différence entre le débat qu'on a fait hier
soir puis celui qu'on amorce aujourd'hui. On recommence encore... ou on
continue. Je m'excuse, ce n'est pas «on recommence», on continue
à parler de ça.
Il y a des gens qui nous ont écoutés, hier soir,
même s'ils n'étaient pas présents, qui aujourd'hui
faisaient la remarque... ils disaient que... Et c'était normal, hier, on
était préoccupés... puis on est préoccupés
aussi de la façon dont vont être composées, vont être
représentées les parties patronales. C'est ça qui est
notre préoccupation. Comme le député de Joliette vient de
le dire, on a débattu six heures là-dessus, puis là on
continue encore aujourd'hui, parce qu'on dit: C'est extrêmement important
comment les patrons vont réussir ensemble, comment on va les doter d'une
structure qui va les amener à... (15 h 30)
Dans un premier temps, il y a des gens qui disaient: Le Sommet aura eu
la qualité d'amener ces gens-là à se parler. C'est
déjà excellent, ils ne se parlaient
pas avant. Ils l'admettaient eux autres mêmes qu'ils ne se
parlaient pas avant. D'autres ont fait la remarque que, même maintenant
qu'ils ont déjà exprimé leur désapprobation par
rapport à tel aspect du projet de loi, ils ne se sont même pas
échangé des informations concernant leur mémoire, entre
eux, avant le temps, même s'ils partagent la même opinion. C'est la
même chose. C'est pour vous dire qu'on a des grands pas à faire
pour que ces gens-là établissent un minimum de confiance entre
eux, même quand ils expriment sur la place publique leur
intérêt pour partager la même opinion sur tel aspect du
projet de loi. Ça, c'est deuxièmement.
Ce que le Sommet a réussi à faire, aussi, c'est que ces
gens-là se parlent. Mais, quand on regarde la façon dont les
organismes qui s'opposent à la façon dont on veut faire ce projet
de loi là concernant la structure patronale, quand on arrive
à la composition de l'AECQ, son fonctionnement, les mandats qui lui sont
confiés et ses modalités on s'aperçoit, là,
que, même s'ils étaient d'accord pour confier des choses à
l'AECQ, aussitôt qu'on rentre sur la façon dont, un, ça
doit être composé, la représentativité de chacun,
les mandats qu'on peut confier, là, on s'aperçoit que, encore une
fois, il y a encore passablement de chemin à faire pour amener les
parties à véritablement partager une définition commune
des préoccupations, que, quand ils les expriment, ça a l'air
qu'ils disent la même chose, mais, quand on va dans l'application, en
tout cas, là, ça ne transpire pas tout à fait de la
même façon.
Puis, évidemment, j'ai également entendu des commentaires
de gens qui nous ont écoutés hier soir, qui n'étaient pas
présents, qui, eux, disent: Vous semblez énormément
préoccupés, vous autres, les législateurs, par la
façon dont les patrons... Puis, il ne faut pas... Il faut faire bien
attention. Il faut faire ci et faire ça. Mais là, il faut leur
donner un tronc commun, puis il faut s'assurer qu'ils vont tous dire pareil,
mais ils disent: Nous autres, les syndicats, ça n'a pas l'air à
vous bâdrer trop, trop, de nous laisser personne qui est majoritaire dans
le fonctionnement. Ça, ça n'a pas l'air de vous
préoccuper. J'ai été obligé de dire: Attention,
vous autres, même si personne n'est majoritaire, vous avez quand
même un objectif commun qui est plus facile à concilier que par
rapport au niveau des patrons. Mais je vous le dis, ça, c'est un
reproche que j'ai entendu de gens avec qui j'ai parlé ce matin, en
disant, en s'adres-sant aux deux parties: Vous semblez, les
législateurs, être bien, bien, bien préoccupés par
la façon dont les patrons vont être représentés.
Mais il dit: Nous autres, là, continuez à nous laisser
divisés. Puis là ça n'a pas l'air à vous
préoccuper trop, trop. Alors, là, tu es obligé de refaire
tout, même s'il y a eu un Sommet, même s'ils sont habitués.
Et ceux qui étaient au Sommet vous le diront: même sur des
propositions qui venaient du côté syndical, il n'y a pas toujours
eu unanimité. On s'apercevait que, dans les délégations
syndicales, même au Sommet, il y a du monde qui se prononçait de
façon différente, pour c'^s raisons que j'ai déjà
décrites, parce que le corporatisme, ça ne joue pas juste d'un
bord.
Alors, j'aimerais ça que le député de Joliette
il a dit qu'il voulait se garder un peu de temps, puis, même, il
pourrait prendre un peu du mien, là, s'il a besoin, O.K., juste pour
qu'on enchaîne...
Une voix: ...
M. Cherry: Non, non. Quand tu veux comprendre, il faut que tu
profites du temps nécessaire. Quand tu joues l'horloge, c'est facile. Tu
dis: Je vais lui montrer que je veux lui donner du temps, mais je vais parler
jusqu'à 30 secondes avant la fin, puis on n'a pas réglé
comme ça. On a tué du temps, mais on n'a pas fait de
démarche, vraiment, pour avancer.
Par rapport aux six heures pendant lesquelles on a débattu, hier,
par rapport à la structure patronale puis l'amendement qui finalement a
été défait puis, là, par rapport à celui que
vous nous proposez aujourd'hui, par rapport à hier puis par rapport
à aujourd'hui, vous les exprimez comment, les différences d'hier
à aujourd'hui? Hier, ça a été battu. Je suis
certain que vous ne revenez pas avec exactement la même chose, là.
C'est quoi, la différence d'aujourd'hui? Et dans quel sens, par rapport
à vos amendements qui ont été battus hier, là,
ça fait je suis certain que c'est ça, votre intention
ça fait progresser le débat? C'est sur ça que
j'aimerais entendre le député de Joliette.
M. Chevrette: C'est qu'hier...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Hier, on a
essayé de démontrer qu'il était important d'avoir la
définition d'une association d'employeurs. C'est ça, le gros de
la discussion, même si ça a débordé sur la
déréglementation. Mais l'objet même de l'amendement, hier,
ne portait que sur la définition de l'association d'employeurs.
Ce que cet amendement vient faire ici, il ne parle plus de l'association
des employeurs, mais il définit, par exemple, il précise ce que
sera une convention sectorielle. C'est parce que, par rapport au projet de
loi... Je ne sais pas qui a composé le projet de loi. Le sous-ministre,
hier, nous a dit qu'il était mal foutu. Je suis d'accord avec lui,
énormément. C'est vrai qu'il est mal foutu. Il n'y a pas de suite
logique. On est obligé de recourir à trois ou quatre sections du
projet de loi pour venir à bout de découvrir la structure logique
du projet de loi. Comme il y a obligation qui est faite d'avoir un tronc commun
mes collègues vont vous en parler tantôt vous savez
très bien que, quand on oblige à un tronc commun, on oblige
à une table centrale. Et, quand on parle de spécificités
réservées à chacun des secteurs, ça veut dire qu'un
secteur n'a pas d'affaire à l'autre secteur, et on ne définit pas
qu'une entente sectorielle est claire de son entité elle-même. Ce
qu'on vous dit ici, comme on définit le mot «convention
collective», qui,
elle, comprend un tronc commun et le contenu des tables sectorielles,
bien, on définit, nous, ici c'est pas plus malin que ça,
c'est exactement la même chose dans les secteurs public et parapublic
une table centrale qui négocie le monétaire, ça,
c'est dans la fonction publique, mais les secteurs définissent leurs
clauses spécifiques. Sauf que, quand ils retournent à la table
centrale et qu'ils se sont entendus, tout le monde à la table centrale
sur le monétaire, ils incorporent leurs conventions sectorielles, et
ça devient la convention collective pour chacun des groupes. C'est
exactement ça qu'on vous propose. Ce n'est pas imaginatif, ce n'est pas
révolutionnaire, c'est pour bien démontrer que la convention
collective de chacun des groupes devra avoir son contenu sectoriel et la partie
du tronc commun, et c'est ce qui fera une convention collective. Ce n'est pas
plus malin que ça.
Le Président (M. Joly): Vous aurez tous compris
tantôt, quand M. le ministre permettait d'utiliser son temps de parole,
que c'était avec le consentement unanime des membres en vertu de
l'article 155. II n'y a pas de problème?
Alors, il y a M. le député de Labelle qui a demandé
la parole.
M. Léonard: M. le Président, je n'ai pas eu
l'occasion de parler hier. Je ne veux pas reprendre l'amendement qu'il y a eu
hier. Il reste que, pour comprendre ce que je vais dire par la suite, ce serait
important tout simplement d'y revenir. Le gouvernement et beaucoup de citoyens
sont d'accord sur la déréglementation, et je pense que c'est une
approche qui a été suivie par les gouvernements depuis une
dizaine d'années et qui s'est faite, réalisée dans un
certain nombre de domaines de la société. Je crois qu'il y a eu
des avantages comme des inconvénients, mais il y a des avantages
à de la déréglementation. C'est un fait.
Maintenant, on veut apporter ce modèle dans la construction.
Quand je regarde le projet de loi qui est là, je me pose cette question
par rapport à la déréglementation: Qu'est-ce qu'on
déréglementait et vers quoi on s'en allait? Je ne veux pas
prétendre être un spécialiste de la construction, loin de
là. C'est un domaine que je connais un peu, comme tout le monde, pour y
avoir touché par les bureaux de comté, parce qu'on a plein de
témoignages même si, à l'occasion, quand même, de
façon personnelle, de toute façon, on a toujours quelque chose
à construire le long de sa vie. Donc, ça nous amène
à nous intéresser à ces choses.
Mais, oui, il y a des aspects de déréglementation qui
touchent les syndiqués. Mais, ici, dans les points qui nous
intéressent en tout cas, pour les amendements qui sont là
je me suis posé la question sur la façon dont on
déréglementait les associations patronales. J'ai l'impression
que, si je résume ma perception, on a déréglementé
un certain nombre de choses qui concernent plutôt la main-d'oeuvre, les
syndiqués, surtout ceux qui sont dans le domaine résidentiel,
mais qu'on est allé en sens inverse en ce qui concerne les associations
patro- nales et les entrepreneurs. Généralement, quand on
déréglemente, on essaie de simplifier les projets de loi et de
simplifier le dispositif général, et il m'aurait semblé
qu'on aurait pu traiter ou régler la question de l'AECQ, qui
représentait les quatre secteurs, et faire un projet de loi qui assurait
un dispositif, par la suite, qui faisait que les choses pouvaient se
régler à l'intérieur des différents intervenants.
(15 h 40)
Or, ce qu'on trouve, c'est que, dans ce projet de loi, on en est
à définir quatre secteurs. Grande surprise, quelqu'un qui fait de
la législation ailleurs, il se dit: Bon, on ne vient pas de simplifier,
on vient de compliquer, ne serait-ce que de voir qu'un modèle
mathématique, lorsque vous introduisez quatre secteurs avec un
élément de coordination, vous venez de compliquer les choses
parce qu'il y a les relations entre les quatre secteurs qui posent des
problèmes et les relations de chacun par rapport à
l'élément coordonnateur qui en pose d'autres et, là, vous
avez en quelque sorte tout ce qu'il faut pour multiplier la
réglementation éventuellement. C'est ce qui se passe dans toute
espèce de loi: si on prend les lois du revenu, vous créez une loi
du revenu, on impose l'impôt sur le revenu, le premier projet de loi,
ça a quelques articles. Mais on se retrouve 20 ans après avec une
multitude d'articles. Et vous connaissez l'épaisseur de la loi de
l'impôt sur le revenu à l'heure actuelle: exactement la même
chose.
Le ministre est en train de s'aligner en donnant des pouvoirs à
quatre associations patronales. Hier, on a battu l'amendement. Je ne veux pas
discuter de cet aspect de la question mais de l'oeuvre que chacun des quatre
secteurs va produire. Parce que c'est là qu'on va pouvoir juger l'arbre
à ses fruits. Il y aura des conventions collectives, il y aura des
ententes, et je pense qu'on va retrouver là, en rapport avec les
relations de quatre secteurs, toutes espèces de querelles de bornage que
l'on trouve quand chacun est supposé être défini et
recevoir un champ déterminé. La différence entre
institutionnel et résidentiel, ça peut être plus difficile
qu'on pense à définir pour différentes sortes de raisons.
L'industriel et le résidentiel, même chose. On est en train de
dire que c'est rendu commercial et industriel, huit logements et plus. Vous
voyez un autre qui est à sept, etc.; des questions de bornage.
Maintenant, dans une convention, et je pense que mon collègue de
Joliette pose la bonne question: Est-ce qu'il y a quatre conventions ou une
convention? Est-ce que, finalement, le tronc commun dont on parle va être
un tronc commun qui lie les parties ou qui ne lie pas les parties? Ça,
ça me paraît drôlement majeur à savoir. J'ai une
expérience complètement différente, mais qu'on se rappelle
les lois de l'aménagement, M. le Président, vous savez que
ça a été un drôle de débat au Québec,
que d'arriver à passer une loi de l'aménagement, parce qu'il y
avait des municipalités vraiment autonomes, chacune dans son territoire
et puis qu'on n'était jamais arrivé à faire un
schéma d'aménagement qui faisait qu'il y avait une planification
du territoire, jamais, tant qu'on
n'a pas créé une table centrale avec un pouvoir sur la
conformité des décisions par rapport à un schéma
central. Vous aurez la même chose dans le domaine de la construction. Un
tronc commun? Il va falloir qu'on décide s'il y a quelqu'un qui a le
pouvoir de le définir et qui a quelque pouvoir aussi de le mettre en
force. C'est incontournable. Et, si l'on regarde ce qu'il y a ici, ou bien le
ministre va avoir quatre associations, puis chacune va être autonome dans
son secteur, avec toutes les conséquences que cela implique, ou il y
aura une association avec un tronc commun obligatoire, incontournable, avec les
pouvoirs qui suivent ceux qu'on aura donnés à l'association, ou
bien il n'y en aura pas. Et là vous aurez quatre secteurs dans le
domaine de la construction. La suite des événements, les
années vont passer et chacune va s'en aller avec son projet de loi, avec
sa réglementation, avec ses décrets, et vous allez multiplier au
moins par quatre vos problèmes, et probablement plus que par quatre.
Parce que, au-delà de ça, il y aura en plus les querelles de
bornage entre chacune parce qu'il n'y aura personne dans le décor pour
mettre le couvercle sur la marmite, ça reviendra au ministre de le
mettre. Et là le gouvernement va être amené à
s'impliquer non seulement dans chacun des secteurs, mais dans les relations
entre chacun des secteurs. Vous allez avoir de drôles de
problèmes.
Alors, je pense que l'amendement de mon collègue vise à
clarifier cette situation-là. Il faut absolument, absolument, à
mon avis, que ce soit très clair dans la loi, et il me semble qu'une loi
doit être claire, lorsqu'on la vote, pour ceux qui vont en être les
sujets. Et donc, si vous en créez quatre parce que j'ai
l'impression que c'est ça que vous entendez créer vous
allez dans une voie où vous allez multiplier ultérieurement la
réglementation. Si votre objectif, c'est de déréglementer,
sous cet aspect des choses, à mon sens, vous faites fausse route, et
puis vous ne réglerez pas les problèmes: ils vont se multiplier
au fil des années, j'en suis convaincu.
Alors, M. le Président, c'est un peu les éléments
que je voulais faire valoir, parce que le document qui va être la
convention collective, c'est un document qui va devoir être
négocié entre les parties, travailleurs et patrons. Mais,
au-delà de ça, votre patron, il est unique ou il est quadruple?
C'est important de le savoir. Essayer prétendre définir un tronc
commun en ne forçant pas les parties ou en ne créant pas une
table centrale avec les pouvoirs suffisants pour l'«enforcer», je
pense que, si vous ne faites pas ça, vous êtes en train de nous
dire que vous aurez dorénavant quatre associations de constructeurs.
C'est ça que vous êtes en train de dire. Alors, après, vous
aurez les problèmes qui vont suivre. Je ne sais pas si le ministre veut
réagir...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Jonquière. Excusez, non. Je reconnais M. le ministre en réplique,
s'il vous plaît.
M. Chen/: O.K. Juste pour être certain qu'on peut donner
une suite à ça; autrement, des fois, on répond
partiellement au dernier intervenant, et on a oublié...
M. Chevrette: Vous vous...
M. Cherry: Non, mais le député de Labelle, il a
raison, il se dit: L'intention du législateur, ça ne doit pas
être pour compliquer les lois, il dit, ça doit être pour les
simplifier. Vous avez débuté votre intervention comme ça,
je veux dire, bon. Alors, il dit: Dans le moment, il y en a une, et là
vous voulez aller à quatre. Tu sais, moi, j'ai le goût
d'être d'accord avec lui et de dire: Ils ont, d'après moi, ce
qu'il y a de plus simple; ils n'en ont rien qu'une, ça fait depuis 1976,
et ils ont trouvé le moyen de ne pas la faire fonctionner. Donc, on
regarde pourquoi on passe de une à quatre: Ce n'est pas par caprice,
là. Ce sont les parties qui sont venues nous dire lors des
prolongations, en avril 1993 et en juin 1993, ils ont dit: Faites quelque
chose, là. Ça ne marche plus, le système. Et pourtant, je
le rejoins: ils en ont une. Mais, par contre, ils sont venus nous dire toute la
frustration qu'ils ont vécue parce qu'ils en ont rien qu'une, qu'il y en
a qui ne se sentent pas représentés. C'est tout ça qu'on a
entendu. Et là on se dit: Bon, ça va être compliqué
de façon énorme parce qu'on va en proposer quatre. Et là
il paraît que ça va être épouvantable.
J'essaie juste de faire la comparaison avec l'Ontario: l'Ontario, vous
avez 25 conventions provinciales par métier; vous avez 173 locaux
régionaux par métier, ça en fait 198, et eux autres,
là, ils réussissent à s'entendre et à signer des
conventions. Ça fait que je ne suis pas en train de dire qu'il faut
aller à 198, là, ce n'est pas ce que je dis, du tout, du tout, du
tout, ce n'est pas ça que je suis en train de dire. Mais je suis en
train de dire qu'il y a des gens qui trouvent moyen, avec un système
beaucoup plus compliqué, de s'entendre, et, nous, on en a une, une seule
association patronale avec les résultats que, bon, O.K., donc, ça
ne marche pas.
Donc, ce que je veux dire par là, c'est qu'il est important de
saisir que l'intention, c'est de trouver une formule qui va faciliter le
mot, là responsabiliser les parties. Et quand vous ajoutez, vous
dites: Oui, mais il y en a qui, par leur champ d'activité, vont avoir
des opérations dans des secteurs différents. Au départ, je
rappelle que 85 % des employeurs au Québec ont cinq travailleurs et
moins. Ça fait que, tu sais, ce n'est pas bien, bien compliqué
à suivre, là; ça ne prend pas une comptabilité
bien, bien longue pour suivre ça.
Je tiens à vous dire qu'à l'intérieur du
décret actuel ils ont des particularités qui sont propres
à des champs d'activité, même pour ceux qui doivent aller
dedans; ils reconnaissent qu'il y a des spécificités qui sont
propres. Et, ça, ça fonctionne. (15 h 50)
Tu sais, on ne crée pas quelque chose de tout à fait
nouveau. Donc, à partir du moment où on responsabilise de
façon sectorielle les associations d'employeurs par rapport à
leur champ d'activité économique, on leur indique qu'il y a
là un tronc commun. Donc, comme ils
ne voudront pas et je rejoins des préoccupations qui
étaient exprimées hier soir comme ils ne voudront pas que
ça leur coûte plus cher, ils ne se doteront pas surtout
qu'ils sont actifs, plusieurs d'entre eux, dans des secteurs différents
ils ne voudront pas, là, multiplier les coûts puis avoir
des systèmes différents, là. Ils vont s'assurer que,
finalement, une majorité d'associations d'employeurs, s'ils ne sont pas
capables de faire l'unanimité, vont s'entendre majoritairement et vont
dire: Voici la façon dont on fonctionne dans le tronc commun pour
l'ensemble des associations d'entrepreneurs. L'idéal, c'est qu'ils
auraient tous la même façon de fonctionner, et là, à
ce moment-là, le tronc commun va être facile à
définir, ils vont dire: Collectivement, c'est ça qu'on dit.
Mais... Et, là, pour fins de discussion, si on arrive à la
situation où il semble qu'on a décidé d'en cibler une en
disant: Celle-là, elle ne voudra jamais s'entendre on a entendu
ça hier bon, bien, pour celle qui ne voudra jamais s'entendre,
là, si les autres décident de s'entendre, ça va constituer
une majorité, ça, et, à ce moment-là, ça va
être ça qui va faire pour tout le monde.
De la même façon que du côté syndical,
à partir du moment, là parce qu'ils sont présents
dans différents secteurs, mais à des degrés de
représentativité différents mais, à partir
du moment où celui qui a la majorité ou les deux qui ont la
majorité décident, conviennent que ça sera ça, ceux
qui ont des minorités dont ils font partie, bien, ça fait
partie... ils sont obligés de suivre. Alors, pourquoi, quand on arrive
à l'association patronale, on pense que ce monde-là, ils ne
trouveront jamais moyen de coordonner leurs coûts, ne trouveront jamais
moyen de... Il faut absolument qu'on définisse tout de suite qu'ils ne
sont pas capables de s'assumer. Alors, c'est simplement pour répondre,
là, des premiers commentaires que vient de faire le député
de Labelle, M. le Président.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Labelle. Oui, je pense que...
M. Léonard: Je pense que le ministre va exactement dans
mon sens quand il essaie de réfuter ce que je lui dis. Aujourd'hui, il
dit: On avait une association, l'AECQ. Là, il dit: II y en a quatre.
Dans deux ans, vous serez à 12 ou à 16, puis c'est en termes
géométriques, oui. Puis vous l'avez dit: en Ontario, il y en a
198. Allez-vous avoir 198 secteurs? Et le problème, je le repose: Est-ce
qu'une loi ne doit pas légiférer pour l'ensemble et être la
plus simple possible, avec des critères généraux
universels? C'est ça, l'objectif d'une loi et non pas de régler
le cas de chacun, un par un, à travers une loi. Ça, c'est
vraiment aller trop loin. Et là vous en avez quatre, secteurs. Demain,
vous allez vous retrouver à 15, puis vous allez retrouver ce qu'il y a
en Ontario: 198. C'est évident. C'est évident parce que chacun a
des choses spéciales puis, idéalement, chaque contracteur
pourrait avoir sa loi à lui. Donc, vous êtes en train
d'éclater les choses. Et c'est ça qui est le pro- blème.
Moi, je pense que l'effort du ministre doit porter sur les grands
éléments universels ou les «universaux», je
pourrais dire qu'il doit y avoir dans une loi et, après
ça, qui puissent s'appliquer à tous. Sinon, vous allez vous
ramasser avec des problèmes majeurs.
Deuxièmement, votre deuxième objectif. Vous dites: Oui,
ils vont s'entendre. Mais, quand on regarde l'article 48, les secteurs ou les
domaines qui vont faire l'objet d'ententes sont très, très,
très restreints. Ils portent juste, juste à la convention
collective. Ce n'est pas quelque chose qui va faire que le secteur
lui-même va mieux s'administrer. Ça va être juste pour les
fins de la négociation, et pas au-delà de ça. Ça,
c'est un problème parce que vous allez être amenés pour le
reste... En dehors de la négociation, justement, il va y avoir autre
chose qui va se passer, et là vous allez être amenés encore
là à réglementer. Moi, je pense que, là-dessus,
ça dépend sur quoi on donne un pouvoir à l'organisme
central. Si on limite ce pouvoir à des choses strictement liées
juste à la négociation, bien, là, vous n'irez pas loin.
Vous n'aurez pas un secteur, vous ne donnerez pas à une association les
moyens de s'administrer correctement puis de se définir des objectifs
comme secteur, mais, vous, vous allez être amenés à le
faire.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député...
M. Léonard: Et cela va vous amener à la
décentralisation... à la déréglementation...
Le Président (M. Joly): ...juste... M. Léonard:
...de la réglementation.
Le Président (M. Joly): Juste apporter un point. Hier,
j'ai toléré que certains membres fument ici en commission et c'a
dégénéré, si on peut dire, d'une façon
excessive, là, à aller jusqu'au cigare. Alors, les gens me
connaissent sur ma rigidité...
Une voix: ...cigare.
Le Président (M. Joly): Oui. Partant de là, comme
je ne peux pas...
M. Chevrette: Je suis pro-cigarette.
Le Président (M. Joly): ...comme je ne peux pas permettre
le cigare, je ne peux pas permettre non plus la cigarette. Alors,
j'apprécierais que les membres soient respectueux, parce que, rendu
à minuit le soir, pour les non-fumeurs, on me fait mention que c'est
excessivement difficile et sur la gorge et sur les yeux. Ceux qui sont
habitués ont développé cette tolérance, mais on me
fait mention que les gens qui ne sont pas habitués n'ont pas
développé ni l'endurance ni la tolérance. Alors, je
m'excuse, mais je me devrai de vous demander, pour
ceux qui devront fumer, d'aller peut-être vous retirer dans les
endroits appropriés. Alors, je vous remercie. M. le député
de Labelle.
M. Léonard: Je termine, M. le Président, parce que,
quand je faisais référence tout à l'heure à un
schéma d'aménagement dans le monde municipal, on a
créé une table qui était la MRC et qui faisait,
définissait le schéma d'aménagement. Et les gestes
posés par la suite en termes d'urbanisme devaient être conformes
au schéma déterminé par la table, mais la table, elle,
avait des pouvoirs d'«enforcer» la conformité des
règlements d'urbanisme, et donc, vous avez un noyau décisionnel
important et tout le reste était jugé en termes de
conformité.
Alors, je pense que c'est un exemple, tout exemple cloche ou toute
analogie cloche, mais il reste quand même que c'est justement dans le
secteur de la planification du développement qu'on retrouve cela, le
principe de la conformité, qui s'applique à travers des
municipalités très différentes les unes par rapport aux
autres.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Labelle. M. le député de Jonquière. M. le ministre,
s'il vous plaît, en réplique.
M. Cherry: Juste pour répliquer au député de
Labelle. Il dit que parce qu'on va en élargissant, c'est peut-être
le prélude à... Je lui rappellerai que, comme proposition du
Sommet, le secrétariat avait proposé trois... Pour fins de
débat, c'était une mise au jeu pour voir ce qu'ils voulaient. On
avait dit: II n'y a rien de dogmatique. Mais pour susciter la discussion en
Sommet, on avait dit: Nous autres, ce qu'on propose, c'est trois secteurs. Bon,
il y en a... Si ma mémoire est bonne, le Conseil provincial avait dit:
Nous autres, on en voudrait cinq. Et, finalement, ils ont réussi
à convenir que ce serait quatre. Donc, les parties elles-mêmes,
ça découle de ce qu'elles ont exprimé comme souhait et se
sentiraient à l'aise, mieux représentées à
l'intérieur d'un cadre comme celui-là, tant patronal que
syndical. Donc, il faut vous dire que ceux qui ont suivi le Sommet vous
le diront une des propositions, c'était trois. Nous autres, on a
dit: Comme mise au jeu, trois. On ne dit pas que c'est ça et pas autre
chose, mais vous autres? Il y a eu d'autres propositions. Donc, les parties
disent que, dans l'avenir, elles se sentiront plus à l'aise pour
négocier de façon différente, même si je vois le
député de Joliette qui se fait aller la tête. Je ne suis
pas en train de faire le débat sur une convention, quatre secteurs ou
quatre secteurs, une... Ce n'est pas ça que je veux faire. Mais je dis
que le député de Labelle exprime la crainte que, en se dirigeant
à quatre, il dit: Est-ce que vous n'êtes pas en train, là,
de préparer le prélude à aller plus loin? Tout ce que je
reviens, je dis: Les intervenants du secteur... Lui, il dit: C'est
compliqué, je ne suis pas un expert là-dedans. Bien, les experts,
ceux qui sont supposés bien connaîti ^ ça, ont
énormément de difficulté à s'entendre avec rien
qu'une AECQ et un décret pour tout le monde. C'est eux qui nous ont
suggéré d'aller en élargissant, qu'ils se sentiraient plus
à l'aise là-dedans. C'est tout ce que je veux répondre,
pas d'autre chose.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, moi, je pense que
chacun doit être libre de signer la convention collective qu'il veut,
à condition de respecter des éléments qu'on veut voir
apparaître partout et sur lesquels quelqu'un va pouvoir, va avoir un
certain pouvoir. Quand vous dites que vous pourriez avoir quatre secteurs ou
cinq, vous pourriez en avoir 198 comme en Ontario. Le but de la loi, c'est
d'être la même pour tous. C'est ça. C'est ça, mon
point. Et pour le reste, laissez la loi assez flexible pour que chacun signe
des conventions à l'intérieur d'autres lois, si on veut, des lois
de relations du travail et tout ça, mais ce n'est pas là... Mais
que chacun ait de la liberté là-dedans. Mais, si vous-même
vous allez spécifier quatre secteurs, vous allez être
amenés à en spécifier plus, puis on ne pourra plus... Vous
aurez beaucoup de difficulté à revenir en arrière
après. Bon j'arrête, j'ai fait mon point.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Labelle. M. le député de Joliette. Vous voulez intervenir sur
le même point? (16 heures)
M. Chevrette: Bien, c'est parce que, M. le Président, il
ne faut pas mêler les gens. On est déjà assez
mêlés sans que le ministre ne nous mêle davantage. Le
consensus qui a eu lieu, c'est: une convention, quatre secteurs, pour permettre
au monde dans chacun des secteurs de discuter de leurs propres affaires. C'est
ça, le consensus majoritaire 19.8: une convention. Mais, quand tu dis
une convention, quand tu affirmes ça, quand quelqu'un affirme ça,
avec un tronc commun, c'est parce que, si on veut un tronc commun et si les
parties reconnaissent que ça prend un tronc commun, ça suppose
qu'il y a une structure pour négocier ce tronc commun là et qu'il
se dégage un consensus de chaque côté, que ce soit du
côté syndical ou du côté patronal, qu'il y ait un
tronc commun. On peut être en opposition, syndicat-patron, mais on ne
peut pas arriver avec quatre propositions sur la représentation
syndicale, du côté patronal. C'est ça, la folie furieuse du
projet de loi. On pourrait théoriquement arriver à quatre
propositions distinctes sur la représentation syndicale. On pourrait
arriver à quatre propositions distinctes sur la procédure de
règlement de grief, mais la loi dit: Tu en auras rien qu'une. Tu les
laisses faire, chacun dans leur secteur, tu vas arriver à quatre choses
différentes, et tu dis qu'il y en a un qu'il faut qu'il gagne.
Battez-vous!
La commission Cliche avait conclu à quoi? Si le patron n'est pas
capable de s'unifier vis-à-vis d'une procédure quelconque, c'est
un rapport de force qu'il ne regarde plus. C'est ça, fondamentalement,
M. le ministre. C'est ça qu'il faut comprendre. Que vous ne l'aimiez
pas, l'AECQ, que vous en vouliez une,
nouvelle structure, ça, c'est de vos affaires, c'est votre choix
et c'est votre droit. Que l'APCHQ n'aime pas l'AECQ, c'est son choix. Mais ce
qui n'est pas du choix de l'APCHQ, par exemple, c'est qu'on veuille
«bordelliser» les relations patronales-syndicales et qu'on ait une
seule voix au niveau des patrons, quand il s'agit d'un tronc commun, et une
seule voix à la table syndicale, quand il s'agit des mêmes sujets,
parce que c'est un tronc commun, et le patron n'a pas d'obligation
légale, selon les réponses que vous nous avez données, en
tout cas, hier. N'importe qui peut négocier son tronc commun. Ça
te fait tout un tronc commun, ça!
Il me semble que, logiquement, si on impose un tronc commun, on dit:
Pour négocier ce tronc commun, vous n'avez pas le choix, ça va
être dans le carcan suivant que vous allez le faire. Entendez-vous,
tapez-vous dessus, enguirlandez-vous, mais c'est ça. C'est ça qui
est la grande faiblesse de votre projet de loi, c'est que vous ouvrez
vous-même les portes à la chicane, et on dirait que ça vous
fait plaisir, à l'aide de votre discours, que de... responsabilisation.
On n'est pas là pour faire des voeux pieux, on est là pour dire
que ça doit être efficace. Et la décision que l'on prend
comme législateur, c'est en vue d'une très grande
efficacité. C'est exactement ça, M. le ministre. Il ne faut pas
mêler les choses. Je pense qu'on se comprend au moins sur l'essentiel.
Pour négocier un tronc commun, il faut imposer une structure pour
négocier le tronc commun, sinon on s'amuse, on ne légifère
pas.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Joliette. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, j'écoute attentivement
les différents intervenants, et on sent, avec l'apport du ministre, un
certain désabusement. Il revient régulièrement à
l'effet que depuis trois ans qu'il est ministre du Travail et que les
intervenants ne s'entendent pas. Il faut peut-être se rappeler que
ça prend beaucoup de patience pour faire son travail, mais lorsqu'on
vient trop désabusé on ne fait plus le travail que les gens
s'attendent qu'on fasse.
Je me rappelle que... Et, ça, ça me fait penser et je me
pose la question, je pose la question au ministre, à savoir: Est-ce que
c'est vraiment sa loi? Je me rappelle, il y a quelques années, le
ministre des Affaires municipales, M. Picotte, s'était fait passer une
petite loi, très vite, concernant un transfert au profit des commissions
scolaires. M. Picotte n'avait même pas vu passer la «puck» ni
la rondelle, et la loi est passée. Ça, ça a
été le prélude à la loi 145. Il faut être
conscient que, lorsqu'on commence à déranger et à changer
des choses, ça demande une continuité. Donc, dans le projet qu'on
a devant nous, qui a fait suite à un sommet et à deux
prolongations de décret, j'ai comme l'impression que le ministre ne
contrôle pas sa loi. Ça, c'est dérangeant pour les
intervenants parce que, nous, comme Opposition, et pour tous ceux qui ont
assisté au Sommet, qui étaient parties prenantes, il y avait des
positions, il n'y a pas eu beaucoup de consensus, mais où il y en a eu,
où il y a eu consensus, les parties auraient été en droit
de s'attendre à ce que le ministre respecte les consensus.
D'ailleurs, j'ai ici en main un écrit qui est signé par la
main du ministre, où on parle qu'on voulait confier des mandats
exclusifs de négociation sectorielle, mais aussi et ça,
c'est important un mandat partagé en ce qui a trait au tronc
commun, sans entrave à l'aboutissement de la négociation
sectorielle. Donc, on n'en a pas inventé, nous autres, un tronc commun
puis un mandat partagé. C'était écrit. Ça n'a pas
été retenu. C'est pour ça qu'on dit: Est-ce que le
ministre possède sa loi? Est-ce qu'il est vraiment l'auteur de sa loi?
S'il n'est pas l'auteur de sa loi, de la loi qu'il nous présente, donc
il y en a d'autres, les vrais, les vrais, là, ils ne sont pas ici, ce
qui fait que, quand même qu'on fait beaucoup de représentations,
le ministre reste comme gelé.
Il ne peut pas nous répondre: Oui, je vous écoute
attentivement puis j'ai l'intention de faire suite à vos
représentations. On sent que, le mandat, il n'est pas ici. Est-ce qu'il
faudrait suspendre notre assemblée puis demander aux vrais auteurs de la
loi qui se cachent en arrière d'eux autres d'être ici pour qu'on
puisse leur parler puis leur dire la vérité entre quatre yeux? Ou
entre huit yeux, parce que j'ai comme l'impression que, dans ce
gouvernement-là, il y en a peut-être deux qui conduisent, deux ou
trois. Ça fait peut-être entre 10 et huit, avec les deux, puis
six, ça ferait huit yeux. Huit yeux. Est-ce que c'est ça qui est
la vraie histoire qui nous préoccupe actuellement? On ne peut pas, parce
qu'on est tanné de voir qu'il y a des gens qui ne s'entendent pas,
arrêter de faire des efforts. Il faut, au contraire, qu'on force les gens
à se parler. Et, là, par le projet de loi qu'on a devant nous, on
ne les oblige pas à se parler. Puis on ne les force pas, parce que le
fait de créer des ententes particulières pour chacun fait qu'ils
pourront aller chacun leur chemin. Ils seront peut-être des gens qui se
regarderont les uns par rapport aux autres, à savoir lequel tire les
marrons du feu. Et ça, ça n'amènera pas une meilleure
entente entre les parties, à mon avis, le fait qu'il y ait des
conventions complètement séparées sans qu'on puisse
s'entendre sur un minimum, un minimum de choses.
D'ailleurs, dans le mémoire que je cite ou que j'ai cité
tout à l'heure, on voit bien que le ministre avait bien compris ce qui
s'était passé au Sommet. Moi, je dis depuis le début: Le
ministre avait bien diagnostiqué les problèmes. Il avait bien
regardé les problèmes. On était d'accord,
là-dessus. Il y avait des points sur lesquels tout le monde pouvait
s'entendre. Mais quand vient le temps de donner le remède, on est en
train de donner un remède de cheval tout en sachant... Pas pour sauver
le bébé, mais pour le tuer, parce que c'est le commencement de la
dégradation ou la continuité d'une dégradation certaine
parce que, quand on parlait d'existence de caractéristiques communes aux
quatre conventions collectives, ça faisait bien... à ce que je
sache, ça veut bien dire un tronc commun quelque part. Ça veut
dire qu'il y a
un minimum de choses sur lesquelles on s'entend. On parlait de
sécurité, le règlement de griefs, mesures d'arbitrage,
régime des avantages sociaux, les fonds d'indemnisation, comment on
payait les salaires, quels étaient les avantages sociaux. Il y avait des
choses sur lesquelles on s'entendait, mais ça, c'était à
une condition, c'était à la condition qu'il y ait un tronc commun
quelque part. Et ce tronc commun, on ne le retrouve plus parce qu'on est rendu
avec des conventions collectives séparées. Il faudrait
peut-être faire preuve de... peut-être de reprendre, puis que le
ministre nous fasse la preuve qu'il est vraiment l'auteur de la loi, qu'il
n'est pas... que ce n'est pas une loi qui est sans père et sans nom.
Elle doit avoir quelqu'un, cette loi-là, qui la dirige.
Une voix: Un père adoptif. (16 h 10)
M. Dufour: Comme c'est là... Bien là, je ne sais
plus. On ne peut plus... Asteur, on peut avoir... Bon. Je sais que la
société est permissive, aujourd'hui, mais pas tant que ça.
Là, c'est votre nom qui est sur ce projet de loi. À ce que je
sache, c'est le ministre du Travail qui nous propose le projet de loi: Normand
Cherry, ministre du Travail. Bien, seulement, comme ce n'est pas... On n'est
pas en période d'adoption. Vous nous présentez un projet de loi.
Donc, s'il y a d'autres pères qui ne sont pas ici, pour nous autres,
c'est difficile d'essayer de vous influencer ou de changer des règles.
Mais je reviens à la nécessité qu'on a... Si on veut avoir
une crédibilité... Est-ce que le ministre a décidé,
lui, que ça ne le dérangeait pas trop? Est-ce que les pressions
qu'il a de la part de l'interne sont plus fortes que ce qui vient de l'externe?
Ça, c'est une autre histoire. Moi, je ne suis pas dans la peau du
ministre. La seule chose que je me pose comme question... Ce n'est pas possible
que le ministre du Travail, qui a une expérience, qui vient du milieu du
travail, qui a, en même temps, une grande expérience des
négociations, puisse accepter... et ça, c'est l'enfance du
minimum qu'on a, c'est de savoir que les relations collectives ou les
négociations collectives, ça se fait avec un minimum de balises
puis un cadre bien approprié. Mais ce que vous nous proposez, ce n'est
pas tout à fait ça. Vous nous proposez qu'à l'avenir il y
ait quatre conventions collectives sur lesquelles il n'y aurait pas
nécessairement d'entente commune. Mais ça aurait
été important d'arriver à au moins une acceptation
normale. J'ai ici les Relations industrielles, ça sort des
Presses de l'Université Laval, et c'est un article où on dit que
la convention collective est un acte à durée limitée, et
à chaque renouvellement, toutes ses composantes peuvent être mises
en cause. Des conditions de travail peuvent être abolies, d'autres
remaniées, certaines rendues sont moins avantageuses à la
convention collective renouvelée.
Donc, on voit bien que, à l'intérieur de ce qu'on fait,
c'est que pendant de nombreuses années, au moins 25 ans, 21 ans, depuis
la commission Cliche, il y a eu un certain nombi * de balises imposées
par décret. Les gens ont été habitués à
travailler dans un cadre. Et par le projet de loi que vous nous
présentez, le cadre n'existera plus. Autrement dit, vous le changerez
complètement et vous laisserez à chaque partie la
possibilité de négocier. Puis il y a un point qui, pour moi, est
fondamental. Ceux qui sont dans la construction d'habitations, on a
essayé de vous faire la preuve, déjà, que huit logements
et moins, c'est fort. Vous savez ce qui va arriver avec les huit logements et
moins. Vous conservez le résidentiel. Donc, le résidentiel que
vous conservez, c'est neuf logements et plus. Est-ce que, sensément...
Parce que c'est ça, ça va rester réglementé. Il n'y
aura pas de convention collective, les huit logements et moins. Il y en aura
peut-être qui se négocieront. Je ne sais pas jusqu'à quel
point. Le danger qu'on a par rapport à ça, c'est que tous les
neuf logements et plus, est-ce qu'on peut, décemment ou
sensément, plutôt sensément, qualifier ça de
résidentiel? Moi, j'ai des doutes un peu et je doute qu'on puisse
conserver ça dans un décret séparé comme
résidentiel. Neuf logements et plus. Ça devient du commercial ou
de l'institutionnel ou de l'industriel. Ça devient gros, neuf logements
et plus. Y avez-vous pensé, M. le ministre? Ça demande des
services communs. Il peut y avoir des systèmes de climatisation.
Ça s'apparente beaucoup plus à du commercial qu'à du
résidentiel comme tel, d'autant plus que les propriétaires de
huit logements et plus, ils vont avoir à faire face, eux autres,
à des demandes différentes. Vous savez ce qui va se passer,
à mon point de vue? C'est que les gens, ils ne sont pas... Les
constructeurs pourraient avoir six unités de huit logements
séparées. Puis je ne sais pas, je n'ai pas la réponse,
mais quelle serait la réponse que vous pourriez nous donner,
là-dessus? Vous pourriez avoir six unités de huit logements qui
seraient construites sans déréglementer et, après la
déréglementation, après que les maisons seraient
construites, on pourrait les faire d'une façon telle qu'on pourrait les
relier ensemble, tôt ou tard. Ça ferait un beau 48 logements,
ça.
Maintenant, dans le projet de loi que j'ai devant moi, je vous dis que
c'est possible qu'on puisse le faire. On pourrait aller jusque-là, et,
là, vous tombez dans des proportions où les sommes d'argent sont
très importantes. Et ça c'est un danger qui nous guette. On
pourrait, après ça, se donner des services communs; ils
pourraient se donner. Comment on va faire la répartition? Moi, je ne le
sais pas. À première vue, ça me semble, en tout cas,
dangereux, en le réglementant, ou que le projet de loi
déréglemente de cette façon-là. Il y a un danger
potentiel qui existe, pour moi, et il est très fort.
Donc, on va garder quoi? Pourquoi garder une convention collective
supplémentaire? Parce que c'est votre projet de loi, et j'en discute,
là; je ne dis pas que vous avez raison. Je dis: Pourquoi est-ce que vous
avez l'intention de garder un secteur résidentiel quand, en
réalité, il n'existera plus? Le résidentiel, pour nous, et
à moins qu'on fasse fi de tout ce qu'on connaît sur le terrain,
quand vous parlez à quelqu'un qui veut se construire une
résidence, je ne pense pas que personne ne va vous dire: Je me construis
un bloc de huit
logements; il va vous dire: Je me bâtis une résidence. Il
pourrait, au pire aller, un logement ou deux. Plus que ça, là,
ça devient presque du placement. Donc, ça fait appel à une
autre notion. Mais si le neuf logements qui, à mes yeux, pourrait
représenter des investissements de 500 000 $, à peu près,
là, dépendamment de la qualité du logement, mais je pense
qu'on ne charrie pas en disant que quelqu'un bâtit neuf unités, 60
000 $, 70 000 $, ce n'est pas forcé, hein je ne parle pas de la
région de Montréal, là; j'essaie de parler de chez nous,
dans la région ça veut dire au-dessus de 600 000 $
d'investissements. Et il y a beaucoup de commerces qui n'investissent pas 600
000 $; il y en a... Prenez les postes d'essence: des fois, ils n'investissent
pas 600 000 $, et ils ont un poste d'essence. Et il y en a qui se font un petit
dépanneur quelque part, ils n'investissent pas beaucoup, et ça
porte le nom de «dépanneur». Qu'est-ce que vous voulez? Ce
n'est pas dit dans la loi que le dépanneur qui vaut 100 000 $ ou 200 000
$, qui est à peu près la valeur de deux propriétés,
ça, ça ne sera pas assujetti. Ça va être
assujetti.
Comprenez-vous, il y a une espèce de contradiction, là, un
peu, quelque part, tu sais. Des investissements qui seront mineurs vont
être assujettis, et des investissements majeurs ne le seront pas. Bien,
moi, je vous dis que ça m'inquiète, quand je pense comment on
passe à côté des lois, là. C'est tellement facile.
Moi, je n'ai pas vu de lois encore qui sont incontournables. Toutes les lois
sont contournables. Il faut essayer, par exemple, quand on les fait, les lois,
de se protéger. Mais je vous passe un papier que l'hypothèse que
je donne à l'effet qu'on pourrait construire six unités de huit
logements sur le même terrain... Elles sont toutes
désassujet-ties, et on pourrait, après ça, les relier, et
je ne sais pas comment on pourrait repoigner le bébé, là.
On l'a perdu. C'est lors de la construction qu'on prend la décision.
Après, ils vont finir par la faire, la réunion, et vous ne serez
plus capable de récupérer votre loi; elle va être
lâchée.
Donc, pour moi, il y a une difficulté certaine par rapport
à ça. Donc, on garde un secteur, dans ce qu'elle va nous
proposer, non seulement vous ne nous proposez pas le tronc commun; vous nous
proposez, en fait, quatre conventions collectives sectorielles
séparées ce n'est pas obligatoire qu'elles soient ensemble
et en même temps, il y en a une qui, à mes yeux, n'a plus
sa raison d'être, parce que le neuf logements et plus, on ne devrait pas
le voir ici, parce qu'il faut qu'il s'apparente à quelque chose. On ne
garde pas des conventions collectives par plaisir. Moi, l'APCHQ, je n'ai rien
contre eux autres, je n'ai rien pour eux autres. Pour moi, dans mes yeux, c'est
des gens qui sont dans le commerce, qui sont dans l'industrie, et ils essaient
de faire des affaires, bon, ils essaient de vivre, de gagner leur croûte.
Je ne veux pas la leur enlever. Ce que j'essaie de dire, c'est: Est-ce que ces
gens-là ont la capacité et est-ce qu'ils ont le droit d'avoir les
mêmes prétentions qu'ils ont fait valoir depuis le début,
à l'effet qu'ils veulent protéger le petit contribuable?
Bien, tu sais, moi, le manteau de la veuve et de l'orphelin... Vous
savez, j'en connais, des gens qui se sont drapés dans des grands
manteaux publics là pour faire plaisir à tout le monde, pour les
protéger, mais qui, dans le fond, surveillent le mieux leurs
intérêts. Je ne conteste pas ce droit-là pour eux autres;
je leur conteste juste le droit d'être à des tables de
négociation quand ils n'auront plus rien à négocier, parce
qu'ils seront probablement dans une autre entente, une autre négociation
et qu'ils représenteront d'autres intérêts au moment
où ils seront désassujettis. (16 h 20) moi, je pense que c'est un
problème qu'on doit regarder et examiner; moi, j'attire votre attention
très fortement là-dessus: si on désassujettit, il faut le
faire avec la visière levée; il faut s'assurer qu'on atteigne nos
objectifs. l'objectif, c'était de mettre de l'ordre dans l'industrie,
pas de rempirer ce qui existait. c'était aussi, à partir de
certains consensus, d'amener les gens à travailler ensemble, ce qu'on
fait, à mon point de vue. je ne prétends pas que j'ai la
vérité parfaite, mais il y a des éléments de
vérité, probablement, dans ce que je dis, puis il y a des
éléments, aussi, de lumière qui doivent s'allumer pour le
ministre du travail. si, demain matin, on accepte qu'il y ait quatre
conventions collectives séparées dont une ne représente
pas les mêmes intérêts... il faut qu'elles aient plus ou
moins leur raison d'être, parce qu'on a dit: on désassujettit
à peu près 85 % du secteur résidentiel. c'est à peu
près ça? bon. si on enlève huit logements et moins, il y a
85 % du secteur résidentiel qui est enlevé. pourquoi on va
accepter que ces gens-là aient une convention collective
séparée quand on sait que neuf logements et plus, ça
s'apparente plus aux autres? tu sais, dans le fond... et je pense qu'il faut
s'assurer de ça. moi, je ne veux pas qu'on arrive avec... je pense qu'on
aurait l'air un peu curieux. pour 15 % d'une section, on va accepter qu'il y
ait une association qui représente au même titre que les... les
grands travaux, il n'y a pas d'objection, ils sont tous assujettis à 95
%...
Le Président (M. Joly): Je vous demanderais de conclure,
M. le député, s'il vous plaît.
M. Dufour: Oui. On sait que l'industriel, le commercial, tout
assujetti, pas de problème. Mais le résidentiel, 85 %
désassujettis puis on leur garderait pareil une place avec trois droits
de vote. Je vous dis, M. le ministre, je vous demande encore, si c'est encore
le temps, d'examiner les points de vue que je vous exprime. Moi, je vous le
dis, il ne faudrait pas... Puis je l'ai répété plusieurs
fois, je vais vous le dire encore: II ne faut pas que le bien qu'on fait soit
pire que le mal qui existe.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, en vertu de
l'article 246, votre droit de réplique, cinq minutes. Jusqu'à
cinq minutes.
M. Cherry: Merci, M. le Président. J'avais l'occasion,
hier, de répondre à notre collègue de Jonquière par
rapport au pourcentage, au degré qui est désassujetti. Bon. Je
disais: À l'heure actuelle, on convient, selon les informations qui nous
ont été fournies par l'organisme, que 85 % du logement devient
désassujetti quand on parle de huit logements et moins. Mais quand on
essaie de briser ça, c'est quand on parle de quatre et moins, c'est 75
%. En d'autres mots, c'est le bungalow, le duplex, le triplex. Jusqu'à
quatre, ça, c'est 75 %. Quand on passe de quatre à six, on ajoute
un 5 % additionnel. Comme vous voyez, il y en a très peu de six. Et
quand on passe de six à huit, là, c'est un autre 5 %. Comme vous
voyez, ce n'est pas la... On couvre vraiment, aller jusqu'à quatre, 75 %
du champ d'activité. Pourquoi huit? Parce que, selon les orientations
qui nous ont été données, on dit, à l'heure
actuelle, puis surtout les gens des régions nous disent... Parce qu'il
ne faut pas seulement penser en fonction de la construction des grands centres.
Il faut penser en fonction des régions, aussi. Il y a de plus en plus de
gens qui souhaitent continuer à habiter dans leur région, mais ne
peuvent pas nécessairement le faire dans leur demeure traditionnelle
qu'ils ont, pour toutes sortes de raisons. Elle est devenue trop grande, etc.,
bon. Par contre, les gens tiennent quand même à rester dans leur
patelin, dans leur municipalité, dans leur village. Alors, pour
continuer à les conserver là, je pense que, de plus en plus, il
va y avoir un type de construction qui va combler le six puis le huit pour
s'assurer que les gens vont continuer à faire ça, mais, en
même temps, pour assumer un coût moindre en les regroupant dans un
huit ou dans un six au point de vue des charges, les frais de services et ces
affaires-là. Les travaux qu'il faut que la municipalité
amène... bon. Alors, ils prétendent que ça va devenir une
façon de répondre aux logements de l'avenir pour continuer
à conserver les gens dans leur région, dans leur village, dans
leur municipalité à des coûts plus abordables que si on
laissait passer plus de quatre dans un autre secteur. C'est ça qu'est
l'objectif. C'est pour ça que j'utilisais hier les termes «la
construction de l'avenir». Bien sûr, les gens, ils n'en ont pas. Us
ne voient pas ça, ils disent: Pourquoi parlez-vous de ça? Il y a
des gens qui disent: Voyons donc! Moi, dans mon village, dans ma
municipalité, je n'en ai pas, de huit logements. Il n'y en a pas dans le
moment, mais on veut s'assurer que les gens vont continuer à habiter
leur région, qu'ils vont pouvoir le faire en se regroupant pour diminuer
les charges tout en ayant une qualité de vie. C'est pour ça qu'on
a parlé du huit, c'est dans ce sens-là. Mais, comme je vous dis,
dans le moment, vous avez raison de dire que ça ne représente pas
une partie importante. C'est vrai, après quatre, c'est 5 % chaque fois
qu'on passe de quatre à six et de six à huit. Mais la
préoccupation est celle-là. Il y a des gens qui sont dans le
domaine municipal et ailleurs et qui développent là-dedans, qui
nous ont dit: Vois devriez être sensibles à ça. Si on ne
fait pas ça, on va se ramasser avec des coûts. Souvent, ils nous
parlent de logement social, ils nous parlent de toutes sortes de choses de
même, on va retrouver ça de plus en plus là-dedans. Il faut
prévenir pour être capable, comme société, de
répondre à ça.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Pointe-aux-Trembles, s'il vous plaît.
M. Bourdon: M. le Président, c'est un peu affligeant
d'entendre parler le ministre parce que, visiblement, pour ce qui est du
résidentiel, il n'y connaît rien. M. Léo Marcotte a
construit dans l'est de l'île de Montréal, à Le Gardeur,
à Repentigny et à Rivière-des-Prairies, dans les
dernières années, 2200 logements. Son récent
succès, ce sont les maisons dites évolutives. Mais là il
faut aller voir ce que ça fait, ça. Mettons qu'il fait 100
maisons évolutives jumelées. Eh bien là, avec votre
patente à gosse, il va être sollicité de décider que
c'est 50 groupes de quatre et qu'il a des clients en copropriété
qui lui en achètent quatre. Là, ça va bien. Là,
moi, je ne parle pas de la boule de cristal de Cartierville, je parle
d'où ça construit dans l'est de l'île. Et, là,
qu'est-ce qui va arriver? Va-t-il se fonder 50 unions ouvrières en vertu
du Code du travail pour chaque petit groupe de quatre? Lui, 50 syndicats, il va
trouver que sa salle de conférence n'est pas assez grande. Voyons, vous
ne connaissez pas ça et vos fonctionnaires ne connaissent pas ça.
Les hauteurs qu'ils regardent, c'est à Sainte-Foy. Oui, mais Sainte-Foy
n'est pas le Québec.
En plus, c'est quoi la démarcation, dans la vraie construction,
entre le résidentiel et le commercial? Même à
Jonquière, c'est qu'il peut y avoir des magasins au
rez-de-chaussée et il y a des logements au-dessus. Alors, qu'est-ce qui
va arriver? Ils vont être accrédités en vertu du Code du
travail, ils vont recevoir la convention et la maison va être finie.
Comment ils vont faire pour collecter la rétro? Parce que le
constructeur va l'avoir fini, son contrat. Il va dire: Essayez d'apitoyer le
nouveau propriétaire.
Ça a déjà existé avant 1969. Les gars de la
Manie, quand ils essayaient de négocier la rétroactivité
avec Atlas Construction, ce n'était pas commode parce que le barrage
n'était pas fini, mais leur contrat pour le tunnel était fini,
lui. Ça fait qu'il disait: Je ne peux pas vous payer la rétro,
Hydro-Québec ne voudra pas m'en payer. Alors, les gars approchaient
l'équipement lourd du bout du tunnel. Là ils voyaient la
lumière au bout du tunnel. Ils négociaient sur les bulldozers et
ils disaient: Ça va faire un bel éboulement de bulldozers. Et
là on téléphonait à Hydro et on s'entendait.
Dans le résidentiel, ce que vous proposez, c'est un cauchemar.
Une chatte n'y retrouvera pas ses petits, et les consommateurs vont être
pris. Et là le ministre dit à mon collègue de Labelle: Ils
vont faire des chalets de huit étages sur le bord des lacs. Ce n'est pas
encore parti pour ça. Alors, M. le Président, je parle...
M. Audet: Je ne veux pas interrompre inutilement mon
collègue de Pointe-aux-Trembles...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: ...que je félicite parce que, en plus, il a
été réélu candidat...
M. Bourdon: Par huit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Audet: ...c'est juste pour le ramener...
M. Cherry: Un dans chaque logement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Audet: Je vous demanderais de le ramener à
l'amendement, s'il vous plaît, qui...
M. Bourdon: M. le Président, je m'excuse... Le
Président (M. Joly): Oui, je pense...
M. Bourdon: ...j'ai pu m'étendre, parce que j'ai
été président de L CSN-construction sept ans.
Le Président (M. Joly): Non, mais c'est parce que
ça faisait longtemps...
M. Bourdon: Alors, j'en ai vu un peu, et les fonctionnaires ne
les ont pas vus.
Le Président (M. Joly): Alors, si vous voulez... M.
Bourdon: Bon, je reviens à l'amendement.
Le Président (M. Joly): À l'amendement, s'il vous
plaît.
M. Bourdon: Dans le résidentiel...
Le Président (M. Joly): Je pense que le système de
son est assez bon.
M. Bourdon: Je parlerai bien à la hauteur que je veux, M.
le Président.
Le Président (M. Joly): Mais si vous voulez qu'on vous
suive, parce que, là, on essaie de suivre l'écho.
M. Bourdon: Je ne parlerai pas plus que huit étages.
N'ayez pas peur.
Le Président (M. Joly): Vous êtes pas mal
grimpé, là. (16 h 30)
M. Bourdon: Mais dans le résidentiel, il va y en avoir
combien de conventions collectives? 500? 1000? Là, on va battre
l'Ontario. Enfin, on va être les premiers pour le nombre de conventions
collectives, parce que, ma foi, le Code du travail va s'appliquer. On va avoir
le droit de syndiquer ceux qui vont en faire moins que neuf. Et, là,
ça va être un beau chiard, parce que c'est le patron qui va
décider du syndicat comme dans le bon vieux temps, avant la commission
Cliche. Parce que s'il engage des FTQ, ils vont se syndiquer FTQ; s'il engage
des CSD, ils vont se syndiquer CSD et s'il engage des CSN, ils vont se
syndiquer CSN. Alors, c'est quoi, l'affaire? Dans le résidentiel,
l'APCHQ, qu'est-ce qu'elle fait bien? À peu près rien, parce que,
même son plan de garantie des maisons neuves, ça ne garantit rien.
Quand l'APCHQ a été fondée, il y avait trois ou quatre
permanents. Ils sont rendus à 200. Parlons-en du corporatisme! Tout le
monde est contre le corporatisme du voisin; le sien, il est correct! Alors, le
consommateur, il va se trouver devant quoi? On va dire: Pour la garantie de
cinq ans des maisons neuves, c'est peut-être bien, parce que l'APCHQ
n'aime pas payer la garantie, comme les assurances n'aiment pas payer les
victimes d'accidents d'auto ou des cambriolages ou de n'importe quoi. On va
dire: Pour le prix, il y a une petite clause annexe dans ton contrat d'achat de
maison parce que, s'il y a de la rétro à payer, tu vas payer ta
part de la rétro. Sinon, ils vont venir molester le nouveau
propriétaire, parce qu'ils vont dire: Tu ne nous a pas payé le
juste prix. Alors, là, prévoyons 500 conventions collectives dans
le résidentiel. Et ça va être un beau chaos, comme avant la
commission Cliche.
L'autre aspect, ce pourquoi l'amendement parle du tronc commun, c'est
que le tronc commun, nous autres, on est appelés à arbitrer
souvent, trop souvent. O.K. Le moins possible.
J'aimerais ça que les fonctionnaires baissent le ton. À
cette heure que je baisse, c'est à eux autres de baisser, là.
Le Président (M. Joly): Non, mais c'est parce que, vous
comprendrez, là... Je m'excuse, là. Je m'aperçois, en
arrière, là, que ça discute peut-être un petit peu
trop fort. Alors, si vous voulez que le député continue à
avoir un ton modéré...
M. Bourdon: C'est ça.
Le Président (M. Joly): ...il s'agirait qu'en
arrière, qu'il ne soit pas, disons, envahi.
M. Bourdon: Or, donc, on dit, nous, que le tronc commun, il
faudrait essayer de regarder ce qui s'est fait dans le secteur public. Pas sur
la planète Mars, au Québec! Ça, les fonctionnaires de
Sainte-Foy devraient le savoir, c'est proche de leur vécu intime. Les
centrales y allaient à reculons vers le front commun le tronc
commun, puis, en même temps, le front commun. Puis, là, ils ont
subi l'affront commun: en 1972, M. Bourassa a mis tout le monde en prison: M.
Laberge, M. Pépin, puis M. Charbonneau.
Mais, revenons à ce que nous disons dans l'amendement. Mais, je
regrette, l'amendement, il s'applique
au résidentiel. Personne ne va m'empêcher d'en parler. J'ai
vu construire quelques maisons.
Le Président (M. Joly): On ne veut pas vous empêcher
d'en parler. On veut juste... souhaiter que vous parliez sur l'amendement.
M. Bourdon: Je parle sur l'amendement, M. le Président. Le
résidentiel, là, quand il y aura 500 conventions collectives en
vertu du Code du travail, comment on va harmoniser les neuf logements avec les
huit logements? Et c'est separable à l'infini. Parce que, même aux
Verrières, on pourra constituer, si on en construit une phase 2, des
petites sociétés qui vont, chacune, commander à un
constructeur qui, lui, va être le tronc commun; 50 fois quatre logements.
Mais, ça, ça ne sera pas possible de s'entendre, puis ça
va être la guerre, puis ça va être la négociation
permanente. Puis, là, les centrales vont dire: On dépose un grief
pour avoir de la rétro pour un immeuble qui est terminé.
Mais ça, notre tronc commun, qu'est-ce qu'il dit? Il force les
intéressés à s'assire à s'asseoir,
excusez-moi; mais, «s'assire», c'est du vieux français du
XVIIe siècle et à convenir des règles entre eux,
entre elles, les associations, en gardant un rôle à l'AECQ. Parce
que, la commission Cliche a imposé l'AECQ parce que, quand il y avait
2000 interlocuteurs, il y avait 2000 incendies, il y avait 2000
problèmes. Puis, là, le ministre veut battre l'Ontario. Dans le
résidentiel, on va finir par en avoir 1000, 1100, 1200. Mais, ça,
qu'il en parle à celui que Power Corporation nous a
délégué. M. Desmarais, il pourrait apprendre ça, la
construction résidentielle. Il s'agit juste de l'initier. Faites venir
ceux qui décident, les vrais! Parce que, nous autres, comme
députés, on a en commun avec les ministériels que si la
loi n'a pas de sens, si les parties ne conviennent pas d'un tronc commun qui a
de l'allure... Parce que, va-t-il y avoir un fonds de pension pour chaque
région? Ça va-t-il être dans le tronc commun ou dans le
front commun? Ou est-ce que les députés vont le recevoir dans le
front?
Prenez juste vos quatre associations, là, multipliées par
17 régions parce que le sentiment régional est
développé au Québec ça en ferait 68. Puis,
ils vont venir ici, dire: On ne s'entend pas là-dessus. C'est sûr
qu'il faut responsabiliser les parties, mais l'APCHQ elle-même devrait se
responsabiliser pour son plan de garantie des maisons neuves ou de la
rénovation où elle répond plus mal que l'ensemble de nos
fonctionnaires qui répondent le plus mal. Le corporatisme, là,
ça serait peut-être de faire comment il dit ça, le
ministre Tremblay? vite, d'accord, puis bien du premier coup et à
tout coup. Parce que, moi, dans mon comté, j'ai eu des gens qui avaient
à se plaindre: Je n'ai même pas pu parler à l'APCHQ. Ils ne
voulaient même pas lui faire rencontrer un agent de réclamation,
parce qu'ils disaient: La garantie, c'a changé de nom de
propriétaire, puis on ne veut plus s'en occuper, puis on ne veut pas
payer.
Donc, il _ a des apprentis sorciers assis derrière le ministre,
puis il y a qu'on a deux premiers ministres pour un bout. Moi, je n'ai qu'un
chef, mais les libéraux ont un seul chef et deux premiers ministres.
Moi, c'est celui que les membres ont élu...
M. Cherry: Ça fait une couple de jours qu'on ne l'a pas
vu. Ha, ha, ha!
M. Bourdon: C'est ça. Mais je reviens à ça:
Laissez faire les apprentis sorciers qui vous disent: On va tout
déréglementer. Il y aura 500 conventions collectives dans le
résidentiel. Puis, là, ça joue sur le nombre de logements.
C'est un jeu stupide de gens qui n'ont jamais vu la construction. C'est de un
logement, fait par un individu en Beauce bien oui! avec du beau
bois vert qui sèche le plus longtemps. Mais, en Beauce, ils ne sont pas
rendus à huit. Je suis passé en revenant des États, et ils
ne sont pas rendus à huit. Bon, puis on va leur dire: Les
libéraux vous disent de bâtir par huit pour être sûrs
de payer la main-d'oeuvre plus cher. Ils vont dire: Oui, c'est bien
encourageant, on va plutôt faire deux-quatre, ou bien donc quatre-deux,
ou bien donc des bungalows tout seuls. Mais là, c'est le
résidentiel qui va être dans le chaos. Puis l'APCHQ va avoir tout
son petit change pour en sortir.
Puis, en plus, des règles trop différentes dans une
industrie où les travailleurs voyagent d'un secteur à l'autre.
Parce que l'électricien de Vallée-Jonction qui revient de la Baie
James, s'il lui manque quatre semaines de timbres pour
l'assurance-chômage, puis qu'il a un ami entrepreneur en construction, il
va aller en faire de l'électricité dans le résidentiel.
Bien oui!
M. Jolivet: Mais sans assurance-chômage.
M. Bourdon: Mais là ça va être officiel que
c'est au noir, puis, comme contribuables, on paiera notre part. Puis c'est une
façon de voir les choses. Le casino, je parle de quelque chose qui
est... Le casino, là, il y en a des membres de la FIPOE qui sont
allés travailler au casino. D'habitude, ils sont dans les barrages ou
dans les centres commerciaux, puis, là, ils ont rénové le
pavillon de la France pour en faire un casino. Puis, là, le gars, il va
dire: Ah, là, je n'ai pas de délégué parce qu'ici
ce n'est pas pareil. Mais dans le résidentiel j'avais un
délégué, mais je ne le voyais jamais vu que ça se
promenait pas mal puis que la convention n'était pas finie. Puis, quand
je l'ai vu, le délégué, puis j'ai fait le grief,
c'était sur ma rétro. Il n'y avait pas de rétro, les
maisons étaient vendues. Mais c'est ça, là, le cauchemar
qu'on veut nous amener. Et si le ministre ne décide pas de mettre son
pied à terre pas le pied du député de Vaudreuil;
son pied à lui, à terre puis d'avoir des règles
où on dit: II y a un tronc commun. Accordez-vous donc, c'est si beau
l'accordéon! Puis, si vous ne vous accordez pas, on n'est pas aveugles,
on va accorder vos pianos. Bien, si on ne le fait pas, on va se
réveiller avec 500 conventions collectives dans le résidentiel,
des conflits à n'en plus finir. Puis les gros constructeurs
d'habitations, ils n'en veulent pas de votre loi
comme elle est faite actuellement. Parce que, eux autres là, ils
sont comme l'AECQ. Léo Marcotte, avant de partir une rangée de 60
maisons évolutives, il aimerait ça savoir combien la
main-d'oeuvre va coûter un peu avant la fin du chantier. Il ne veut pas
une loterie du prix de la main-d'oeuvre, lui. Puis, ça ne veut pas dire
qu'un taux différent, négocié par les
intéressés dans le résidentiel et la rénovation,
que ça n'aurait pas de bon sens. (16 h 40)
Mais le gars qui commence une maison, il dit: J'aimerais ça
savoir combien la main-d'oeuvre va me coûter. Et puis, est-ce que j'ai un
chèque de rétro à faire? Puis, en économie, quand
on ne sait pas ce qui va arriver, on prévoit le pire. Le consommateur,
là, il va être bien gagnant. L'entrepreneur, il va dire:
Écoute bien, je te charge 18 $ l'heure, puis je vais te mettre une
clause que je te donne une ristourne si je m'en tire mieux avec la CSN qu'avec
la FTQ. Là, le travailleur qui va apprendre que sa rétro est
à la banque, il va dire: Pas une ristourne à celui qui a
acheté la maison; vous allez plutôt me donner un rabais, puis je
n'en veux pas, de la ristourne.
Alors, ça, là, c'est matière à
réflexion. Il faudrait peut-être que les fonctionnaires aillent
voir c'est quoi de la construction résidentielle, un peu partout au
Québec, et que le député de Vaudreuil oublie qu'il est
député de Vaudreuil. Il va être aussi chef du parti, puis
premier ministre de tout le Québec.
M. Cherry: Pas vrai?
M. Bourdon: II paraît. Et, par ailleurs, il faudrait lui
dire que Power, ils ne connaissent pas ça bien, bien, la construction
résidentielle, parce qu'ils ne sont pas là-dedans. Le 1 500 000
000 $ qu'ils ont siphonné du Québec pour amener en Europe,
ça n'était pas pour construire des bungalows. Ils se sont mis
dans des grosses ligues.
Le Président (M. Joly): Excusez, M. le
député. Pourriez-vous revenir à la pertinence, s'il vous
plaît. L'article 211 vous le commande dans le livre de règlements.
Alors, si vous voulez juste faire du temps pour faire du temps, moi, vous me le
dites, puis, à ce moment-là, bien... Les parlementaires auront
des décisions à prendre. Alors...
M. Bourdon: M. le Président, je parle sur
l'amendement.
Le Président (M. Joly): Non, vous ne parlez pas sur
l'amendement quand vous parlez de Power Corporation.
M. Bourdon: Parce qu'il couvre le résidentiel, n'est-ce
pas?
Le Président (M. Joly): Quand vous parlez de Power
Corporation, là...
M. Bourdon: Alors, écoutez bien, là: J'utilise mon
temps de parole pour parler du chaos duquel on veut soustraire la loi par un
amendement que le ministre écoute et entend, lui. Alors, écoutez,
si vous voulez vous faire remplacer parce que vous êtes tanné de
m'en-tendre, mais, ça, ce n'est pas grave.
Le Président (M. Joly): Ah, non, non. Ça, ça
faisait longtemps que je ne vous avais pas vu, puis...
M. Bourdon: Bon, alors, si ça ne vous fait rien, je vais
parler de l'amendement.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît. M.
Bourdon: C'est pertinent, je pense? Le Président (M. Joly):
Oui.
M. Bourdon: Puis, écoutez, Paul Desmarais ne vous
chicanera pas si vous dites que vous ne m'avez pas entendu.
te Président (M. Joly): M. le député! M.
Bourdon: II ne vous chicanera pas. Le Président (M. Joly): M.
le député!
M. Bourdon: II n'est pas chicanier comme moi, Paul Desmarais.
Le Président (M. Joly): Non. D'ailleurs, je suis content
que vous le connaissiez, c'est un...
M. Bourdon: Alors, je parle sur l'amendement. Mind you?
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, baissez le
ton, M. le député.
M. Bourdon: Mind you?
Le Président (M. Joly): M. le député,
baissez le ton, puis soyez respectueux.
M. Bourdon: Je suis respectueux. Mais je m'indigne que vous
vouliez m'empêcher de parler...
Le Président (M. Joly): Je ne vous empêche pas du
tout...
M. Bourdon: ...de l'amendement qui est devant vous.
Le Président (M. Joly): Je ne vous empêche pas de
parler. Vous pouvez parler à la vitesse que vous voulez, à la
hauteur que vous voulez.
M. Bourdon: Puis pour le temps prévu.
Le Président (M. Joly): Mais je vous demande d'être
pertinent.
M. Bourdon: Je suis pertinent.
Le Président (M. Joly): C'est votre jugement.
M. Bourdon: Je relis: convention collective sectorielle. Pour
votre information, M. le député de Fabre...
Le Président (M. Joly): M. le Président.
M. Bourdon: ...M. le Président, les bungalows sont
construits dans un secteur qui s'appelle le résidentiel. Ça ne
fâche pas Paul Desmarais que je dise ça, M. le ministre?
Alors, l'amendement dit qu'une convention collective sectorielle
pourrait être négociée par les intéressés
puis qu'on se référerait à un tronc commun. Et que, ce
tronc commun, il faudrait que les intéressés le
définissent et il faudrait que nous, les législateurs, on le
trace. Parce qu'on dirait, autrement: C'est le désordre. Puis on n'aura
pas Paul Desmarais pour s'en sortir: il n'est pas intéressé
à être élu député. Il aime mieux nommer des
premiers ministres que de solliciter le suffrage. Et, à cet
égard...
Le Président (M. Joly): Je vous demanderais de conclure,
s'il vous plaît, M. le député.
M. Bourdon: II me reste combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Joly): II vous reste une minute,
monsieur. Et puis, comme je sais que vous êtes difficile à
arrêter, là...
M. Bourdon: Alors, dans la minute qu'il me reste, je dis que si
le gouvernement veut avoir moins de chaos puis moins de cauchemars dans la
construction, notre amendement ferait qu'il y aurait un peu plus d'ordre. Et
que, si on me charge de le faire, j'ai une maison aux Éboulements, je
suis même prêt à aller voir M. Paul Desmarais à
Pointe-au-Pic pour lui expliquer qu'il n'en mourra pas si l'amendement est
adopté. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Pointe-aux-Trembles.
Alors, tous ceux qui avaient demandé le droit de parole, c'a
été fait? Alors, vous vous manifestez si vous voulez vous
prévaloir de la parole. M. le député de Beauce-Nord?
Une voi: : ...on en a assez entendu, je pense.
Une voix: Tu ne parles pas?
M. Jolivet: Mais c'est... j'ai demandé. Il m'a
donné...
Le Président (M. Joly): En vertu, disons, de l'article
245, alors je vais reconnaître M. le député de Laviolette.
M. le député.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Quand je suis
arrivé dans l'enseignement... Je vais aller avec un historique, M. le
Président, pour bien comprendre la raison pour laquelle, quand on parle
du tronc commun, on demande qu'il y ait une formule qui permette aux gens de
pouvoir le négocier plus facilement que la proposition qui est devant
nous.
Quand j'étais dans l'enseignement, les premières
années, il y avait une convention collective qui était
négociée pour les institutrices de niveau primaire. Il y en avait
une autre qui était pour les enseignants de niveau secondaire, parce que
c'étaient en majorité des hommes. Il y en avait une qui
était de niveau rural, et il y en avait une autre qui était de
niveau urbain. Et il y en avait d'autres qui ne regroupaient ni les
frères ni les soeurs des congrégations religieuses. De telle
sorte que vous aviez dans les conventions collectives à travers le
Québec des différences de la place où vous
étiez.
Je me souviendrai, parce que, c'est arrivé, en 1967, ce qu'on a
appelé dans notre langage, au niveau de l'enseignement, le bill 25. Le
bill 25 a introduit la négociation nationale tranquillement, pas vite
parce que, avant que ça aboutisse à la première
négociation de la convention collective, en 1968, avec le front commun
de 1972, on est arrivé dans un contexte où on avait
différents paliers, et qui amenaient par le fait même des
commissions scolaires à amener, par la négociation et mon
collège, le député de Joliette, en fait souvent mention
à ce qu'on utilise le maillon le plus faible avec un syndicat le
plus fort pour faire le «pattern», le cadre général
qui servait à l'autre négociation, ailleurs. Je l'ai connu, j'en
ai même, comme président, profité en termes de
négociation.
La commission scolaire dans laquelle j'étais qui
était la commission scolaire de Grand-Mère, à
l'époque, en 1964 est arrivée avec la mise en place des
commissions scolaires régionales. Et tous les gens de niveau secondaire
avaient été mis à la porte au mois de mai, tel que
prévu par la loi, pour arriver à une renégociation. Et
ça a pris un mois après l'ouverture des classes à travers
le Québec qui était le lendemain de la fête du
Travail nous avons commencé le travail le 9 octobre, parce que
nous avions l'intention de négocier quelque chose qui conviendrait
à nos demandes.
Le «pattern» qui avait été dessiné
à ce moment-là par la commission scolaire régionale de la
Mauricie a servi à d'autres, ensuite. Et ça, c'était le
mode de négociation que l'on connaissait. Pour ceux qui sont de mon
âge et qui ont connu les conventions collectives, si tu étais un
enseignant homme, marié, de niveau secondaire,
tu avais un salaire plus haut même si tu étais un homme de
niveau secondaire, mais célibataire. Ce qui était anormal, parce
qu'on faisait le même travail, on avait les mêmes diplômes.
Donc, il est arrivé toute la négociation qui a amené, avec
le bill 25, quelque chose qui a permis aux femmes d'accéder au
même salaire qu'un homme, compte tenu de ses années
d'expérience, compte tenu de ses années de scolarité.
Ça, ça a été négocié au niveau
national.
Mais on s'est aperçu en cours de route que cette
négociation nationale, il y avait des divergences d'opinion quant aux
modalités d'application. Donc, l'année 1972, c'est le grand front
commun; l'année 1976, c'a été des conventions collectives
qui et là, je l'ai dit à l'époque avaient
été données parce qu'il y avait une élection dans
les airs; on s'en souviendra toujours, au mois de novembre 1976,
l'élection de l'époque. Mais la convention collective qui
était négociée à ce moment-là avait
amené des conditions salariales qui se sont répercuté dans
le temps. Mais je vous dirai toujours qu'on dit toujours, dans le principe: The
sky is the limit. Dans cette convention collective, comme on avait
intégré à l'intérieur des échelles de
salaire l'indexation annuelle, c'était... moi, je disais: Over the sky
is not the limit. C'était tellement exponentiel en termes de coûts
qu'il a fallu faire des correctifs dans les années qui ont suivi.
Mais je vous dirai simplement qu'il y avait une partie de
négociation nationale et il y avait une partie de négociation
sectorielle. C'est-à-dire, la commission scolaire régionale de la
Mauricie, incluant toutes les commissions scolaires autour, qui étaient
les locales, formant la régionale, avaient une négociation dans
une convention signée localement. Ce qu'on propose ici, c'est justement
d'en arriver à éviter des erreurs qui ont été
commises ailleurs et qui ne devraient pas, à mon avis, être
commises ici. Et le ministre, je le sais très bien, en est conscient et
saura écouter nos propos puis pourra, j'en suis assuré,
décider, si son jugement est bon, des amendements qui doivent être
apportés. (16 h 50)
Actuellement, en vertu de ce qui est prévu par la loi, on a une
possibilité ça, ça m'inquiète de voir
des gens continuer à se chamailler entre eux, parce qu'ils devront
déterminer un tronc commun. Ce que j'ai bien compris des discussions que
mon collègue, le député de Joliette, a eues avec le
ministre et tous mes autres collègues, c'est qu'il est possible qu'un
des organismes prenons l'APCHQ, ou prenons l'ACQ ou les grands travaux
décide de négocier un tronc commun, et que ce tronc
commun, par l'imposition à l'une ou à l'autre des parties, vienne
un peu amener de la pagaille si on peut l'appeler comme telle des
difficultés, un chaos, peu importe comment on peut l'appeler. Parce
qu'il s'agira que la majorité des employeurs soit parce qu'ils
sont en nombre, ou parce qu'ils sont en nombre d'employeurs comme tels, ou en
nombre d'heures travaillées impose à l'autre sa vision des
choses, la façon dont il voit, en vertu de l'article qui est
prévu par la loi, l'article 48, les conditions prévues pour ce
tronc commun; donc, les clauses concernant la sécurité syndicale,
la représentation syndicale, la partie des griefs, etc. Et...
Si je comprends bien, M. le Président, nous avons entendu que
l'on irait de l'autre côté entendre, et qu'on suspendrait les
travaux pendant ce temps-là?
Le Président (M. Joly): Donc, ceci dit, étant
donné que nous sommes appelés à l'Assemblée
nationale, je suspends les travaux pour une période
indéterminée.
(Suspension de la séance à 16 h 52)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Joly): Alors, la commission reprend ses
travaux. Au moment de suspendre, nous avions, comme personne qui profitait de
son temps de parole, M. le député de Laviolette à qui il
reste sept minutes à son temps de parole... excusez, 13 minutes au temps
de parole. J'avais fait l'inverse; alors, comme vous voyez, je fais amende
honorable, M. le député. Et nous étions toujours sur
l'amendement présenté par M. le député de
Joliette.
Alors, M. le député de Laviolette, je vous reconnais votre
droit de parole pour 13 minutes.
M. Jolivet: M. le Président, j'étais en train
d'expliquer la façon dont, dans l'historique de la négociation au
niveau de l'enseignement, dont j'étais, en termes de
responsabilité, à l'époque, mais je le faisais dans
l'ensemble de ce qu'on a appelé le front commun de l'époque
où il y avait donc une table centrale. La table centrale
réunissait toutes les centrales syndicales devant l'ensemble des
patrons. Donc, quand on parle des patrons dans le contexte de ces
lois-là, c'était le gouvernement qui avait une
responsabilité par le ministère de l'Éducation,
c'était la fonction publique pour les gens des fonctionnaires,
c'étaient les commissions scolaires, c'étaient les centres
hospitaliers, donc le ministère de la Santé et des Services
sociaux. Donc, il y avait une table centrale et, après ça, on
avait pour chacune des activités, soit dans la santé et services
sociaux, une chose, dans l'enseignement, autre chose, dans le groupe des
fonctionnaires, autre chose; donc, c'était ce qu'on appelait le
sectoriel, (20 h 10)
Ce que le ministre nous propose, c'est d'aller à l'inverse. C'est
de dire: J'ai une table, actuellement, centrale, qu'on le veuille ou qu'on ne
le veuille pas. En vertu de la loi, cette table centrale là, je la
défais puis je propose à chacun le ministre dit toujours:
pour les responsabiliser la possibilité de se regrouper, pour le
tronc commun, avec une partie du sectoriel où chacun pourra
déterminer les conditions de travail, les conditions salariales, des
conditions qui sont propres à cette table sectorielle. Mais quand je
prends le projet de loi tel quel,
à l'article 48 qui amende l'article 61 par l'insertion d'un
nouveau 61.1, on parle donc des clauses qui doivent être communes aux
conventions collectives de chacun des secteurs.
La difficulté que nous voyons, M. le Président, c'est
l'imposition, s'il n'y a pas entente avec les différents partenaires qui
sont l'APCHQ, l'ACQ et les grands travaux, la possibilité, à ce
moment-là, que deux des organismes ou un organisme qui possède le
plus grand nombre à la fois d'employeurs et, dans certains cas, le
nombre d'heures travaillées, la possibilité d'imposer à
l'autre puisque, s'il n'y a pas entente, il va falloir que quelqu'un
l'impose ce tronc commun là. Et, ça, on retrouve ça
dans les réponses données par le ministre hier et le
sous-ministre, dans lesquelles ils indiquaient que s'il n'y a pas entente il va
falloir que quelqu'un décide, et ce sera le gouvernement ou encore la
majorité. Et, là, j'ai cru comprendre par les réponses du
ministre hier que l'AECQ actuelle n'a jamais donné satisfaction, selon
les dires du ministre, aux groupes de l'Association qu'on appelle l'APCHQ. dans
ce contexte-là, le ministre nous disait que, même s'ils
représentaient 56 %, 60 % même, des heures travaillées,
ça ne représentait pas l'ensemble des employeurs. à ce
moment-là, ça veut dire que, si on part du principe du plus grand
nombre d'employeurs et que l'apchq négocie seule le tronc commun, elle
en arriverait peut-être à l'imposer aux autres, si on part du
principe que c'est le plus grand nombre d'employeurs. si on part du principe du
plus grand nombre d'heures travaillées, à ce moment-là, ce
serait peut-être l'aecq actuelle moins l'apchq qui deviendrait donc
responsable de la décision. il va falloir que quelqu'un tranche. si on
ne s'entend pas, il va falloir qu'on tranche.
Alors, moi, je pense que le ministre va à l'inverse de ce qui
devrait être, à mon avis, et l'amendement proposé par notre
collègue, le député de Joliette et leader de l'Opposition,
c'est d'abord de remplacer dans le texte de la loi actuelle... Au lieu de faire
comme l'indique le troisième paragraphe, quand on dit: «par le
remplacement, dans la deuxième ligne du paragraphe g, des mots "en vue
d'un décret" par les mots "pour un secteur" et, dans la troisième
ligne, des mots "l'association" par les mots "une association
sectorielle"», nous, on dit: On devrait d'abord commencer par reprendre,
dans la loi actuelle, à l'article 1 g et enlever les mots «en vue
d'un décret», ce qui fait que le texte deviendrait... Qu'est-ce
qu'une convention collective? Une convention collective, c'est une entente
écrite relative aux conditions de travail conclues entre une ou
plusieurs associations de salariés représentatives et
l'association d'employeurs.
La deuxième demande qu'il fait, c'est d'ajouter 3.1. Le 3.1
serait le suivant, par l'ajout du paragraphe suivant, g 1. Donc, le g qu'on
connaît dans la loi actuelle serait avec un nouveau g 1. Qu'est-ce qu'une
convention collective sectorielle? Donc, si vous regardez bien, on parle d ine
convention collective qui est une entente écrite; et une convention
collective sectorielle, c'est une entente écrite, toujours, incluse dans
la convention collective, donc la grande convention collective, et relative aux
conditions de travail conclues pour un secteur entre une ou plusieurs
associations de salariés représentatives et une association
sectorielle d'employeurs.
On part du principe que le ministre nous a indiqué qu'il voulait
avoir quatre secteurs. Notre collègue, le député de
Joliette, a dit: II n'y a pas d'objection à ce qu'il y ait quatre
secteurs, mais à condition que ça soit en dessous, si tu veux,
par rapport à superposé par dessus une convention collective
globale, laquelle convention collective globale régirait le tronc
commun, et le sectoriel serait les conditions négociées par les
associations sectorielles d'employeurs. Ça pourrait être une
logique bien plus simple, à mon avis, et on éviterait de patauger
dans l'ensemble de la loi actuelle par rapport à la loi qui existe au
niveau de la définition de ce que c'est, l'AECQ, la R-20 dont on parle
depuis hier. Et, dans ce contexte-là, il me semble que ce serait dans
une logique plus simple, moins compliquée et moins susceptible d'amener
des problèmes.
Le tronc commun, donc, devant être négocié par
l'organisme prévu à 94... 93, 94? Un instant, je vais vous le
donner comme il faut, parce que je suis toujours mêlé entre les
deux. C'est 94, c'est ça. Il dit: «Les associations
d'entrepreneurs doivent...», etc. C'est elles qui auraient à
négocier le tronc commun parce que, s'il doit y avoir tronc commun,
elles doivent s'entendre au moins sur ce que doit être le tronc commun.
Sinon, la façon que le ministre propose, c'est que chacune
négocie séparément, et celle qui est capable de l'imposer
aux autres l'impose; si elle n'est pas capable de l'imposer, c'est le ministre
qui va décider. Jamais je ne croirai, il doit y avoir quelqu'un quelque
part... À moins que le ministre m'indique que ce n'est pas la
réalité et que je comprends mal, ça, ce serait le tronc
commun. Dans la deuxième partie, c'est la partie dont le ministre nous
parle, des quatres secteurs, et, ça, cette convention collective
sectorielle serait incluse dans la convention globale mais avec des secteurs
d'activité.
Et, moi, je vous donne typiquement ce qui est actuellement dans
l'enseignement. Pour ceux qui connaissent la façon dont ça se
produit, c'est que la CEQ représente tous les salariés du secteur
de l'enseignement de niveau primaire et secondaire, quelques associations de
niveau cégep et quelques associations de niveau universitaire. Ils ont,
en même temps, des représentants pour le personnel non enseignant,
ce qu'on appelle les PNE dans le contexte. Donc, cette convention collective
dont le tronc commun est négocié natio-nalement peut faire
l'objet ensuite, entre chacune des associations... Je prends l'exemple: la CEQ
étant l'association nationale, le syndicat dans lequel j'étais,
qui était le STEM, le Syndicat des travailleurs de l'enseignement de la
Mauricie, négociait localement des aménagements à la
convention collective nationale, permis par la convention collective nationale.
Qu'est-ce qui serait permis dans ce cas-ci? C'est les conditions
salariales,
c'est les conditions de travail, différentes d'un secteur
à l'autre, que ce soit le résidentiel, l'institutionnel, le
commercial, l'industriel et les grands travaux.
Alors, M. le Président, ce serait une logique plus simple
où une chatte, comme disait mon collègue de Joliette,
retrouverait ses petits chats. Mais ce n'est pas ce que le ministre nous
propose. Alors, j'aimerais, avant de continuer, comprendre de la part du
ministre si cette logique lui agrée. J'aimerais ça l'entendre
dire, le ministre, si cette façon de voir les choses lui
agrée.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, est-ce que vous
aimeriez répliquer à la demande de M. le député de
Laviolette?
M. Cherry: A-t-il terminé sa...
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez
terminé votre présentation?
M. Jolivet: Non, je pose une question, parce que je pense que
c'est important pour la continuité.
Le Président (M. Joly): C'est parce qu'il vous reste deux
minutes.
M. Jolivet: Bien, dans deux minutes, s'il me répond, je
vais lui répondre après, moi.
Le Président (M. Joly): Merveilleux! Alors, M. le
ministre... Aimeriez-vous finir, en fait, votre présentation?
M. Jolivet: Non, c'est parce que, moi, je pose une question pour
pouvoir terminer mes deux minutes.
Le Président (M. Joly): Ah, bon, parfait. Alors,
monsieur...
M. Cherry: Je «peux-tu» demander de me
repréciser votre question, s'il vous plaît?
M. Jolivet: Je vais recommencer. Je vous ai parlé d'une
convention collective dans laquelle il y a un tronc commun et, en dessous, des
conventions sectorielles. Est-ce que vous trouvez que c'est plus logique dans
cette formule-là que la proposition que vous faites? Est-ce que
ça crée moins de problèmes?
M. Cherry: Dans le fond, c'est le débat qu'on a fait hier
et qu'on reprend aujourd'hui sous une autre forme. C'est que nous autres, ce
qu'on suggère dans le projet de loi, c'est les associations sectorielles
qui ont le mandat de décider la partie patronale à aller se
chercher des mandats et de décider, chacun à l'intérieur
de... Et, à partir de ce moment-là, il va falloir que l'ensemble
des associations patronales, qu'une majorité... Parce que c'est comme
ça qu'il faut parler; l'idéal, ce serait qu'ils s'entendent tous.
Ça, ça serait l'idéal. Donc, à ce moment-là,
le contenu du tronc commun, il ne poserait pas de problème. Et je pense
que c'est plausible de penser qu'une forte majorité va le faire, parce
qu'on l'a invoqué à plusieurs reprises, ils chevauchent dans des
secteurs différents. Donc, ils ont tout intérêt à
harmoniser ça, tu sais, dans les faits, là, dans la pratique,
pour s'assurer d'une homogénéité de fonctionnement...
M. Jolivet: Juste une petite question, d'abord... (20 h 20)
M. Cherry: ...ils ont intérêt à le faire.
Donc, quand on dit: C'est utopique de penser qu'ils vont s'entendre, je ne
pense pas que c'est utopique de penser que des gens d'affaires ont
intérêt à le faire. Mais, la différence, c'est que
ça va être une majorité d'employeurs qui aura
«décidé de».
M. Jolivet: Juste une question. La majorité d'employeurs,
est-ce que vous parlez, à ce moment-là, d'une majorité
d'employeurs comme entité légale ou si vous y allez sur la
majorité des heures travaillées par ces employeurs-là?
M. Cherry: Non. Je n'y vais pas par la majorité des heures
travaillées.
M. Jolivet: Donc, vous y allez pour les employeurs. Et vous
m'avez dit hier...
M. Cherry: Parce qu'il faut d'abord qu'ils aillent se chercher
des mandats de leurs membres.
M. Jolivet: Oui.
M. Cherry: Parce qu'une des choses... Je prends votre question,
c'est: Y allez-vous sur les heures? Un des problèmes de l'actuelle AECQ,
telle qu'elle est composée puis je ne l'accable pas, là,
c'est ce que j'ai entendu comme désavantage on me dit: II y a
environ une centaine d'employeurs au Québec qui, à cause de leur
volume et de leur nombre d'heures, représentent environ 40 % de
l'ensemble de l'activité du secteur. Donc, c'est ce qui est
utilisé par ceux qui critiquent le fonctionnement de l'AECQ, en disant:
Ils ne répondent qu'à de gros entrepreneurs, et en voici une
quarantaine, une cinquantaine ou une centaine qui, à eux seuls, à
cause de leur poids par rapport aux heures exécutées, imposent
presque ça à l'ensemble.
Donc, là, ce qu'on fait, nous, c'est qu'il faut que les
associations, les quatre qui sont présentes, la majorité de
ça, entre elles, décident de ce que va être le
fonctionnement du tronc commun.
M. Jolivet: Donc, si vous parlez du nombre d'employeurs,
ça veut dire que...
M. Cherry: Par rapport aux heures enregistrées aussi,
hein.
M. Jolivet: Oui. Mais, si vous parlez du nombre d'employeurs,
ça veut dire qu'à ce moment-là...
M. Cherry: Par secteur.
M. Jolivet: ...vous inversez ce qui existe actuellement.
Actuellement, vous dites: Cent employeurs qui représentent 40 %, 50 %
des heures travaillées imposent aux autres. Là, ce que vous
êtes en train de me dire, c'est que ceux qui sont avec moins d'heures de
travail mais qui sont plus nombreux en termes d'employeurs vont imposer aux
autres, à l'inverse. C'est ça que je comprends.
M. Cherry: Non. Ça va marcher par une majorité qui
doit se dégager.
M. Jolivet: Mais la majorité va être où?
M. Cherry: De la même façon... M. Jolivet: La
majorité va être où?
M. Cherry: On va changer de côté de la même
façon que du côté syndical. Aussitôt que tu as
atteint 50 % à l'intérieur d'un secteur... Même, supposons
que je prends pour acquis que, avec un potentiel, les cinq associations
syndicales sont toutes présentes, bien sûr, à des
degrés différents, mais personne n'a la majorité dans le
secteur a, b ou c. O.K.? À partir du moment où l'ensemble de deux
ou de trois fait les 50 %, même si les autres ne sont pas d'accord, ils
l'acceptent parce que la majorité a décidé. On transpose
ça du côté de la représentativité
patronale.
M. Jolivet: Oui, mais la représentativité
patronale, vous me dites que l'APCHQ, c'est celle qui, par le fait même,
possède le plus grand nombre d'employeurs. Est-ce que c'est elle, par le
plus grand nombre d'employeurs, qui va imposer à un plus petit nombre
mais ayant le plus grand nombre d'heures, le tronc commun? Est-ce que c'est
possible? Comment ça va se faire? Qui va décider que la
majorité existe quelque part? La majorité va être quoi?
Ça veut dire que l'APCHQ doit s'entendre toute seule chez elle, l'ACQ
doit s'entendre toute seule chez elle, les grands travaux tout seuls chez eux.
Comme association, après ça, ils vont se retrouver deux contre un
pareil, ou un contre deux. Je ne sais pas, là.
M. Cherry: Prenez pour acquis, là...
M. Jolivet: Je ne prends rien pour acquis, moi, dans le
travail.
M. Cherry: Et pourtant, je vous retransmets l'argument qu'on a
entendu souvent. On dit: Ça va être difficile parce que de
nombreuses entreprises oeuvrent dans des secteurs différents. Là,
je vous dis que le problème qui est sou'evé en théorie,
c'est une impossibilité de s'entendre. Dans la pratique, ces
gens-là ont intérêt à faciliter le fonctionnement,
parce que nombreuses sont ces entreprises-là qui oeuvrent dans les
différents secteurs. Donc, ils vont intervenir dans ces
secteurs-là pour maximiser l'harmonisation, pour faciliter le
fonctionnement. Il me semble que c'est... En tout cas, c'est des gens
d'affaires, ils ont l'habitude de faire ces choses-là.
M. Jolivet: Bien, vous me dites que depuis nombre d'années
ils ne s'entendent pas et vous dites aujourd'hui: Par mon projet de loi, ils
vont commencer à s'entendre. C'est ça que j'entends,
là.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Laviolette...
M. Jolivet: J'ai terminé mon temps.
Le Président (M. Joly): ... malheureusement, je me dois de
mettre un terme à...
M. Jolivet: Mais c'était bon pareil.
Le Président (M. Joly): Oui, moi, j'ai trouvé
ça très intéressant. J'imagine que tous les parlementaires
aussi. Alors, compte tenu que tantôt nous avions une entente avec M. le
ministre, en vertu de 155, M. le député de Joliette, je vous
reconnais quelques minutes.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Si j'ai fait la
motion, c'est parce que je croyais que le ministre voulait aider,
précisément, à responsabiliser les gens. Et, pour les
responsabiliser, je croyais que le tronc commun qu'on oblige à avoir
dans les quatre secteurs serait négocié par la structure qui
propose, à toutes fins pratiques, qui comprend les secteurs. Et je
m'aperçois que, plus on plaide, plus on explique, moins ça donne
de quoi et moins c'est clair de l'autre bord.
En d'autres mots, M. le Président, on ne saura pas, après
avoir adopté ou rejeté ces amendements-là, on ne saura pas
qui va négocier le tronc commun, on ne saura pas comment ces
négociations-là vont se faire, on ne saura pas qui va piloter le
tronc commun, comment ça va s'adopter en fin de course. On sait une
chose, c'est que c'est le décret qui s'applique s'ils ne s'entendent
pas, alors que le législateur doit donner des outils
précisément pour faciliter des relations de travail dans
différents secteurs.
C'est vraiment incompréhensible de voir jusqu'à quel point
on est bloqué, on n'est pas réceptif à des formules qui
ont fait leurs preuves ailleurs, qui ont été mises à
l'épreuve dans plusieurs secteurs de travail et qui ont servi. Le
ministre ne veut pas. Donc, M. le Président, quand bien même je
prendrais trois heures de plus pour essayer de le convaincre qu'il est en train
de mettre sur pied un système bordélique, un système qui,
loin de responsabiliser, va conduire à des culs-de-sac, à des
confrontations entre secteurs... On lui offre l'opportunité de dire:
Faites donc vos arbitrages entre vous avant d'aller vous asseoir pour
négocier un tronc commun.
C'est ça qu'on lui dit. On lui dit que les structures
sectorielles vont négocier leurs points d'affinité entre elles et
que ça va former une convention collective spécifique en ajoutant
le tronc commun qui aura été négocié par l'ensemble
des patrons face à une structure syndicale représentative, puis
on aura à ce moment-là un tronc commun négocié
correctement qui s'incorporera à chacune des conventions sectorielles.
C'est ce qu'on lui dit.
Ce n'est pas sorcier, ça se comprend ordinairement par du monde,
parce qu'il y a beaucoup de secteurs qui l'ont utilisée, cette
formule-là. Et je ne comprends pas qu'on s'obstine, de façon
acharnée même, à nous faire croire qu'on ne comprend pas,
de l'autre côté, les objectifs que nous poursuivons. On poursuit
carrément l'objectif de remettre de l'ordre le plus possible mais
à partir d'une structure qui favorise et non pas une structure qui
divise. Et, moi, à mon point de vue, M. le Président, on va dire
comme ils disaient dans le temps qu'ils étaient dans l'Opposition: Vous
vivrez avec. Ça sera un gâchis qu'on sera obligé de
réparer.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, avant de disposer
de l'amendement soumis par M. le député de Joliette, est-ce que
vous auriez quelques commentaires?
M. Cherry: Simplement pour vous dire, M. le Président,
qu'on va prendre le vote et, quand on passera à l'article 2, je
déposerai un amendement là-dessus; et les cinq premiers
amendements que j'ai à déposer, pour suivre dans l'ordre, je les
déposerai en même temps pour qu'on puisse en prendre
connaissance.
Le Président (M. Joly): Parfait, merci.
M. Dufour: Est-ce que ce sont tous les amendements?
Le Président (M. Joly): Non, c'est les cinq premiers.
C'est l'article 1.
M. Dufour: Très bien.
Le Président (M. Joly): Alors, M. le secrétaire,
pourriez-vous procéder à la mise aux voix, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
I
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. Cherry (Sainte-Anne)?
M. Cherry: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre.
Le Secrétaire: M. Bordeleau (Acadie)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Secrétaire: M. Joly (Fabre)?
M. Joly: Contre.
Le Secrétaire: pour: 4 contre: 7
Le Président (M. Joly): Donc, l'amendement est
rejeté. Alors, l'article 1 est toujours appelé. Alors, M. le
ministre... Non. Ce que j'ai pu comprendre, vous avez des amendements.
M. Cherry: Je suis rendu à 2, là.
Le Président (M. Joly): Non, non.
M. Cherry: On dépose nos amendements?
Le Président (M. Joly): C'est toujours sur l'article 1,
là.
M. Cherry: Sur le paragraphe 2° de l'article 1.
Le Président (M. Joly): Donc, O.K., à ce
moment-là, l'article 1 du projet de loi 142 est toujours sur la table,
et vous me mentionnez que vous avez des amendements à soumettre,
toujours sur l'article 1, paragraphe 2°. Donc, s'il vous plaît... Et,
nécessairement, d'autres amendements.
M. Chevrette: Vous distribuez vos cinq amendements d'une
claque?
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: Correct.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Laviolette, s'il vous plaît.
M. Jolivet: Est-ce qu'on peut savoir, de la part du ministre, sur
l'ensemble des 97, combien il y en a, d'amendements à venir? Est-ce
qu'il va les déposer en vrac?
M. Cherry: II y a des concordances. Dans les cinq que je donne,
il n'y a pas des affaires... Ce n'est pas tous des majeurs, c'est toutes des
affaires... Tu vas le voir là-dedans.
M. Jolivet: Non, mais, M. le Président, pour les besoins
de notre travail, est-ce que le ministre peut déposer aussi en vrac tous
les autres amendements à venir? Est-ce qu'il les a? Il ne les a pas
encore finis?
M. Cherry: Pas à ce moment-ci.
M. Jolivet: II ne les a pas encore finis. Il ne peut pas les
déposer en vrac à ce moment-ci, non.
M. Dufour: Est-ce qu'on peut s'attendre à les avoir
demain? (20 h 30)
Le Président (M. Joly): Bien, en tout cas, nous sommes
toujours sur l'article 1, et, déjà, les amendements sont ici.
Alors, à ce moment-là, j'imagine...
M. Chevrette: Si je comprends bien, vous déposez cinq
amendements à l'article 1. C'est ça? Est-ce qu'on peut les avoir,
là?
M. Cherry: Oui.
Le Président (M. Joly): Alors, pour le
bénéfice des parlementaires...
Une voix: On est mieux d'y aller comme ça, graduellement,
M. le Président, que d'y aller en ...
Le Président (M. Joly): Mais, quand même, on va en
disposer un à la fois.
(Consultation)
Amendements déposés
Le Président (M. Joly): Oui, les amendements sont, en
fait, à être distribués par les gens responsables. Alors,
j'imagine que les gens intéressés à recevoir des
amendements se devront de patienter quelques minutes de façon à
ce qu^ nous puissions reproduire en quantité nécessaire lesdits
amendements. Alors, je pense que la première responsabilité,
c'est de distribuer les amendements aux parlementaires.
M. Audet: ...
Le Président (M. Joly): Comme vous voyez, je vous ai
deviné, M. le député de Beauce-Nord. Nous avons des choses
en commun.
M. Audet: M. le secrétaire, on vous remercie.
Le Président (M. Joly): Alors, en vertu de l'article 197
de notre règlement, je juge le premier amendement... Oh, je m'excuse,
est-ce que les parlementaires n'en ont pas?
M. Chevrette: Non, non, j'en ai seulement quatre. Je veux
avoir...
Le Président (M. Joly): Vous en avez seulement quatre?
M. Chevrette: ...les cinq avant de parler.
Le Président (M. Joly): Alors, moi, j'ai le paragraphe f
à amender, paragraphe v, paragraphe w, paragraphe x et paragraphe y.
Est-ce que...
M. Chevrette: II me manque le x.
Le Président (M. Joly): Alors, à ce
moment-là, nous allons nous conformer et vous...
M. Chevrette: Non, x, je l'ai.
Le Président (M. Joly): ...donner les paragraphes, les
amendements en question.
M. Chevrette: V, w, x...
Une voix: Y, l'as-tu?
M. Chevrette: Non. Je n'ai pas le y.
Le Président (M. Joly): Donc, le premier amendement
à l'article 1, paragraphe f, se lit comme ceci: Remplacer le paragraphe
2° de l'article 1 par le suivant:
Par l'insertion, dans la première ligne du deuxième
alinéa du paragraphe f et après le mot «comprend», de
«l'installation, la réparation et l'entretien de machinerie de
production, telle que définie par règlement, sauf que lorsque ces
travaux sont effectués par des salariés permanents de
l'utilisateur ou du fabricant ou par des salariés habituels d'une
personne dont l'activité principale est d'effectuer de tels travaux et
qui en est chargée à titre exclusif par le fabricant et
comprend».
M. Chevrette: Je voudrais avoir cinq minutes, M. le
Président, pour lire les cinq, là.
Le Président (M. Joly): Bon. Alors, à la demande de
M. le député de Joliette, nous suspendons nos travaux pour cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 35)
(Reprise à 20 h 53)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
Au moment de suspendre, vous vous souviendrez que nous avions cinq amendements
déposés par M. le ministre, amendements touchant l'article 1. Et
M. le député de Joliette m'avait demandé un temps de
suspension de cinq minutes. Alors, maintenant, je devrais normalement
reconnaître M. le ministre, à moins que vous ayez des choses, M.
le député de Joliette.
M. Chevrette: Pour le bon fonctionnement, M. le ministre...
Le Président (M. Joly): Oui.
M. Chevrette: M. l'ex, futur, ou je ne sais pas quoi.
Le Président (M. Joly): L'ex, futur? M. Chevrette:
Non, le futur.
Le Président (M. Joly): Parlons plutôt au futur
qu'au passé.
M. Chevrette: Je parlais de moi, M. le Président. Non,
blague à part, étant donné... Pour y aller dans l'ordre,
c'est parce qu'on a apporté un amendement à 3, nous autres, 3 g.
Là, on revient avec un amendement au 2. Ce que je suggère, pour
le fonctionnement là, c'est que vous demandiez s'il y a des amendements
paragraphe par paragraphe, parce qu'on va se promener un peu tout croche dans
l'article. Ce serait plus logique.
Le Président (M. Joly): D'ailleurs, c'était
l'intention que j'avais de procéder. Alors, c'est pour ça que
vous les voyez libellés, si on peut dire, à la pièce, un
par un.
Alors, M. le ministre, j'imagine que vous aimeriez vous aussi
procéder amendement par amendement, un par un?
M. Cherry: Oui, c'est ça. Sur l'article 1, c'est
ceux-là.
Le Président (M. Joly): Sur l'article 1 toujours. Donc,
celui concernant le paragraphe f. C'est ça?
M. Cherry: C'est ça.
M. Dufour: Bien oui, c'est le deuxième paragraphe. Il va
nous le présenter là.
Le Président (M. Joly): D'ailleurs, j'ai
déjà lu le premier amendement.
M. Dufour: II faut qu'il le lise, il faut qu'il le
présente.
Le Président (M. Joly): Mais c'est déjà
fait. C'est déjà déposé, présenté. Je
l'ai lu. En tant que président, je l'ai lu. Alors, je ne pense pas que
ce soit une question de tuer le temps là. C'est une question de
présenter et de débattre sur l'amendement. Alors, M. le
ministre.
M. Cherry: Je peux bien le relire, et après ça
donner les explications. Je ne sais pas...
M. Chevrette: C'est selon les méthodes habituelles de la
législation, M. le ministre.
M. Cherry: Et l'habitude, c'est que le ministre le lit.
M. Chevrette: Ça fait trois ans et demi.
Le Président (M. Joly): Je me suis permis de le lire, M.
le ministre...
M. Cherry: C'est ça. Il me semblait que je les lisais
d'habitude.
Le Président (M. Joly): ...en imaginant que ce serait du
bon français quand même.
M. Chevrette: Donc, faites comme d'habitude, M. le ministre.
M. Cherry: O.K. Donc, il s'agit de remplacer le paragraphe 2°
de l'article 1 par le suivant:
Par l'insertion, dans la première ligne du deuxième
alinéa du paragraphe f et après le mot «comprend», de
«l'installation, la réparation et l'entretien de machinerie de
production, telle que définie par règlement, sauf lorsque ces
travaux sont effectués par des salariés permanents de
l'utilisateur ou du fabricant ou par des salariés habituels d'une
personne dont l'activité principale est d'effectuer de tels travaux et
qui en est chargée à titre exclusif par le fabricant et
comprend».
Pour le paragraphe 2, cela a pour objet de prévoir le principe de
l'assujettissement de la machinerie de production dans le secteur industriel au
champ d'application de la loi, sous réserve des exceptions
mentionnées dans cette disposition.
Le paragraphe 2 a pour objet de préciser que les salariés
habituels d'une personne dont l'activité principale est d'effectuer les
travaux visés à cette disposition et qui en est chargée
à titre exclusif par le fabricant sont exclus du champ
d'application.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Question très directe. Par rapport au
paragraphe 2 de la loi 142, quel est l'effet de votre amendement?
M. Cherry: O.K. Le secteur... Ce qu'on avait, ça disait:
Dans le secteur industriel. Donc, la façon dont il était
écrit avant l'amendement, c'est que c'est comme si ça voulait
limiter la machinerie de production uniquement au secteur industriel. Donc, on
enlève «dans le secteur industriel» parce qu'on nous a fait
des remarques que, écrit comme ça, ça pouvait avoir comme
résultat de limiter la machinerie de production uniquement au secteur
industriel.
M. Chevrette: Donc, ça élargit le champ
d'application non seulement au secteur industriel mais dans tous les
secteurs.
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: Donc, c'est un élargissement du champ de
l'application par rapport...
M. Cherry: Ce n'est pas assujetti présentement. La
machinerie de production n'est pas présentement assujettie.
M. Chevrette: Je n'ai pas parlé d'assujettissement. Je
vous ai parlé... M. le ministre, suivez bien ma question.
M. Cherry: C'était ça, l'intention.
M. Chevrette: Par rapport à votre libellé
premier.
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: J'ai pesé chaque mot, là.
M. Cherry: Ça élargit.
M. Chevrette: À l'article 1, paragraphe 2, que vous venez
de modifier, est-ce que vous élargissez ou pas le champ d'application
quant à la machinerie?
M. Cherry: Ça, ce bout-là, oui.
M. Chevrette: Je vais vérifier quelque chose, ça ne
sera pas long.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Drummond. Excusez-moi. Dû au fait que M. le ministre est en
consultation...
M. St-Ro«.h: Oui, peut-être laisser finir M. le
ministre et que M. le député de Joliette...
Le Président (M. Joly): ...peut-être qu'on pourra se
réserver le temps, là, pour questionnement d'ici quelques
minutes.
(Consultation)
M. Chevrette: Est-ce que l'utilisateur...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Il y a plus que
ça d'effacé, là. Moi, je voudrais demander au ministre de
bien nous l'expliquer, là. Il nous donne une réponse que je crois
correcte...
M. Cherry: J'ai enlevé «ou de son
distributeur» mais j'avais compris que votre première question
c'était par rapport à «industriel».
M. Chevrette: Non, je comprends. L'élargissement,
ça, c'est réglé. Je viens de comprendre que vous
élargissez à d'autres secteurs que celui de l'industriel...
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: ...la question de l'équipement.
M. Cherry: C'est ça.
M. Chevrette: Mais là, ma deuxième question, c'est:
Avant, dans votre texte, c'était marqué «sauf lorsque ces
travaux sont effectués par des salariés permanents de
l'utilisateur».
M. Cherry: Et là, on enlève «ou de son
distributeur» et on remplace ça par «des salariés
habituels d'une personne dont l'activité principale est d'effectuer de
tels travaux et qui en est chargée à titre exclusif par le
fabricant et comprend». (21 heures)
M. Chevrette: Un instant, ça s'en vient là.
L'utilisateur puis le fabricant... ou par des salariés habituels dont
l'activité principale est d'effectuer des travaux... et qui en est
chargé à titre exclusif par les fabricants et comprend. Quels
sont les motifs, quant à élargir, là, pour lesquels vous
avez enlevé le mot «utilisateur»?
M. Cherry: O.K.
M. Chevrette: Parce que dans la notion d'utilisateur...
M. Cherry: On le laisse là...
M. Chevrette: C'est parce que c'était... Ici, il y avait
mésentente entre les groupes qui ont déambulé devant
nous.
M. Cherry: Le mot «utilisateur» est encore là,
M. le député...
M. Chevrette: Non, non, mais: lorsque ces travaux sont
exécutés par des salariés permanents à l'emploi du
fabricant ou de l'utilisateur... O.K., c'est parce que vous avez ajouté
une phrase.
M. Henry (Jacques): Oui, c'est ça. Pour remplacer...
M. Cherry: Le distributeur.
M. Henry (Jacques): C'est pour remplacer «ou de son
distributeur».
M. Dufour: Moi, je voudrais poser...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Jonquière, oui, s'il vous plaît.
M. Dufour: Hier, on a... C'est-à-dire, la semaine
dernière, on a eu des représentations par l'Association des
manufacturiers et le Conseil du patronat. Les deux recommandations allaient
dans le même sens. Si je comprends bien, ce que vous proposez, c'est que
vous donnez suite à leur demande.
M. Cherry: C'est ça. Suite à des
représentations qui nous ont été faites...
M. Dufour: Ça veut dire que l'utilisateur, lui...
Ça répond quand vous parlez des employés de
l'utilisateur.
M. Cherry: Dans un premier temps, si vous me le permettez, pour
une meilleure compréhension, voici les trois groupes qui... Dans un
premier temps, vos employés réguliers à vous, ceux qui
s'occupent, par exemple, de votre maintenance régulièrement,
ceux-là y ont droit. Lorsqu'il s'agit d'acquérir une pièce
d'équipement on le sait, bien souvent, pour maintenir la
garantie, le fabricant exige que ce soient ses techniciens à lui qui se
chargent de l'installation. Souvent, c'est pour le maintien de la garantie.
Donc, et vos employés à vous, régulièrement
à ça, dans un deuxième temps, et les employés du
fabricant, celui qui va vous vendre, et troisièmement, par des
salariés habituels d'une personne dont l'activité principale est
d'effectuer de tels travaux et qui est en charge à titre exclusif.
Par exemple, de plus en plus dans nos entreprises, vous avez du
contrôle numérique, vous avez de la robotique, vous avez tout
ça, et il s'est développé dans ces secteurs-là, que
ce soit dans Faluminerie, que ce soit dans les mines, que ce soit dans la
foresterie, les scieries, tout ça, il s'est développé dans
ces régions-là des gens qui ont acquis une expertise pour
permettre de donner du service quand l'utilisateur en a besoin.
Donc, ce qu'ils sont venus nous dire, le CPQ et l'Association des
manufacturiers du Québec, ils sont venus nous dire: Au fil des
années, dans nos régions, nos entreprises ont
développé une compétence, des qualités de service,
et ça, on souhaiterait le maintenir, y avoir accès. Donc,
ça veut dire, vos employés réguliers, ceux du fabricant,
ceux à qui vous confiez régulièrement. .. Et si le
changement est trop majeur comme, par exemple, une ligne à la General
Motors, là, vous appelez des gens de la construction pour
compléter.
M. Dufour: Ça va. Moi, j'ai compris, excepté quand
vous me donnez... Vous avez deux notions que vous embarquez là-dedans,
que vous mettez dans le paragraphe ou dans l'amendement. Vous parlez des
salariés permanents de l'utilisateur ou du fabricant. Comment on va
faire pour savoir si c'est... C'est quoi, la notion de permanent?
M. Cherry: C'est défini dans la loi. Les gens qui
travaillent pour vous, ceux qui sont sur votre «payroll» à
tous les jours, par exemple, vos électriciens ou vos
électroniciens, parce que, de plus en plus, ce sont des machines
à contrôle numérique et de l'électronique, vos
électroniciens qui, régulièrement, travaillent pour vous,
quand ça ça arrive, bien souvent... Tiens, je vais vous donner
l'expérience où j'étais. Quand on décidait
d'acquérir de la nouvelle machinerie, bien souvent, les gens qui
étaient pour voir à l'installation et à l'entretien
c'est déjà défini dans la loi c'est eux autres vos
employés réguliers. Mais ce qui arrive, si vous en avez besoin
pour une couple de jours, une couple d'heures, ça va, mais vous ne
pouvez pas monopoliser ce que vous avez comme ressources
régulières rien que pour faire de l'installation et de
l'entretien, et là vous êtes obligé de négliger vos
autres affaires. Mais si vous ne voulez le faire qu'avec vos employés
réguliers, ce ne sont pas les gens de la construction qui viennent faire
ça, ce sont les vôtres. Dans un premier temps.
Dans un deuxième temps, ce sont, et là on le
définit encore: «ou du fabricant», et j'ai expliqué
tantôt ce que ça veut dire. Celui qui dit: Pour que j'aie la
garantie, il faut que ça soit mes techniciens avec ton monde. On va
travailler ensemble, mais c'est moi qui vais avoir la responsabilité. Si
tu veux, au cas que ça ne fonctionne pas, pouvoir m'appeler et dire: Tu
es responsable, à ce moment-là, il faut que ça soit moi
qui voie, avec mes techniciens, à l'installation. Je suis le fabricant.
Ou, troisièmement, ce que j'ai dit tantôt, on nous dit
qu'énormément, dans les 10-15 dernières années,
s'est développée une expertise dans les régions que,
aujourd'hui, on ne voudrait pas voir tassée uniquement par des gens de
la construction. Donc, les gens à qui tu confies, tu donnes un contrat
d'entretien, ton contremaître, que ça soit n'importe quelle
équipe, il sait que s'il y a un problème, qu'une machine ne
marche pas, il prend le téléphone, il t'appelle, et tes
techniciens y vont. C'est tes gens à qui tu confies habituellement ce
travail-là. Eux autres aussi, ils y ont accès et c'est ce qu'ils
sont venus nous dire de protéger, et ce qu'on retrouve comme
amendement.
M. Dufour: O.K. Mais votre notion du salarié permanent, je
comprends que pour l'utilisateur, ça peut se défendre, mais quand
vous parlez du fabricant, le fabricant, il engage un employé; il ne
tombe pas permanent nécessairement. «Va-tu» falloir faire
une enquête quand quelqu'un va envoyer... S'il n'est pas permanent,
ça prend au moins six mois d'après la définition...
M. Cherry: Non.
M. Dufour: Bien oui! La loi, là...
M. Cherry: O.K.
M. Dufour: Je m'excuse, mais j'ai vu ça quelque part.
Salarié permanent: Tout salarié qui fait habituellement des
travaux d'entretien de bâtiment ou d'ouvrage de génie civil et
tout salarié qui, depuis au moins six mois, travaille à la
production dans un établissement. Ça, c'est la définition
d'un salarié permanent. Mais est-ce que...
M. Cherry: Par rapport à la CCQ.
M. Dufour: Oui, pour quelqu'un qui est l'utilisateur. Mais le
fabricant, est-ce que, là-dedans, il est compris? Parce qu'il fabrique
en usine. Il n'est pas couvert nécessairement par le décret.
M. Cherry: Je vous donne un exemple. Vous décidez de faire
changer un moulin à papier, par exemple. Il est bien possible que la
machinerie que vous allez installer, le fabricant soit en Norvège. C'est
possible que vous achetiez de l'équipement qui vient comme ça.
Donc, il est possible que lui vous assure... Quand il vous négocie, pour
que vous puissiez le tenir responsable de la qualité de son installation
et son fonctionnement, il va dire: C'est compris dans le contrat. Moi, je vais
envoyer x nombre de mes techniciens qui vont aller là, qui vont
travailler avec les tiens, et si tu as des ressources localement qui vont
l'entretenir après, on va tout l'installer et travailler ensemble. Mais
pour que vous puissiez vous, comme acheteur, comme acquéreur, être
capable de maintenir la garantie vous le tenez responsable de
lui, là, il va exiger que ça soit ses gens à lui qui
soient en charge de l'installation. Et de nombreux fabricants font ça.
Par exemple, de plus en plus, quand on acquiert de l'équipement, par
exemple, pour l'informatique... Je ne parle pas, là, d'un terminal sur
votre bureau, mais quand il s'agit de «master», vous ne pouvez pas
toucher à ça autrement. Si vous ne le faites pas faire par eux
autres, fini, vous n'êtes pas capable.
M. Dufour: M. le ministre, ce que je comprends, moi, c'est que
lorsque ces travaux sont effectués par des salariés permanents de
l'utilisateur...
M. Cherry: Oui.
M. Dufour: ...les salariés permanents, ils sont couverts
par des conventions collectives.
M. Cherry: Oui.
M. Dufour: C'est expliqué, dans la loi, c'est
marqué six mois. Mais le fabricant, il n'est pas couvert
là-dedans. Vous dites... Parce que «ou», ça veut dire
la même chose. Ça voudrait dire que ces travaux sont
effectués par des salariés permanents du fabricant.
M. Cherry: C'est ça, oui.
M. Dufour: Donc, les salariés du fabricant, où vous
l'avez, la définition du fabricant? Parce que le fabricant, à ce
que je sache, ça peut être fait ailleurs, ça.
M. Cherry: Oui,
M. Dufour: C'est quoi, comment vous la définissez, cette
permanence-là, pour le fabricant?
M. Cherry: Non.
M. Dufour: Parce que là, moi, je dois dire... Les gens,
là... D'abord, vous savez que les employés dans l'industrie, ils
n'aiment pas qu'il y ait de la sous-traitance. Ils appellent ça de la
sous-traitance et souvent, ils négocient et ils disent: Nous autres, on
va faire les travaux plutôt que... Je connais ça. On a quelques
industries qui sont en perte de vitesse, mais on connaît nos industries
et on sait comment ça fonctionne. Et là, si vous me dites que
ça prend des salariés permanents du fabricant, donc, il va
falloir aller voir dans la convention ou comment le fabricant... Quand est-ce
qu'il décide qu'un employé est permanent ou pas? Après
deux mois, je m'excuse, il n'y a pas beaucoup d'industries qui reconnaissent la
permanence d'un employé. Pour moi, ce n'est pas le bon mot qui est
choisi pour le fabricant.
M. Cherry: En tout cas, moi, je peux vous dire...
Évidemment, là...
M. Dufour: C'est votre interprétation, mais quand
ça va aller, par exemple... S'il y avait un litige, ce n'est pas vous
qui allez l'interpréter.
M. Cherry: Non, mais ce que je voudrais dire à notre
collègue de Jonquière, M. le Président, c'est que, bien
sûr, c'est la CCQ qui va intervenir, et la CCQ a une façon de
déterminer ça. Vous avez raison. Si c'est quelqu'un que vous
venez d'engager il y a trois jours, parce que vous venez d'avoir le contrat et
vous dites: Ça, c'est un de mes employés permanents. Là,
vous avez raison que ça va être questionné. Mais le but,
c'est de le mettre bien clair, c'est de permettre au fabricant qu'il vienne
avec son équipe pour protéger l'installation et maintenir la
garantie. Autrement, celui qui vous le vend, si vous ne respectez pas
ça, vous ne pouvez pas exiger par
après qu'il vienne vous assurer de son bon fonctionnement. C'est
comme ça que ça marche de plus en plus, la robotique. Partout
à cette heure ça marche comme ça.
M. Dufour: Si j'applique selon ce que je comprends, ça
veut dire que le fabricant aurait un employé qui n'a pas un statut
permanent, il ne pourrait pas travailler sur l'installation, à mon point
de vue. Parce que les gens qui vont voir le travail, ils vont aller
là-bas. Il peut bien engager, le fabricant, un technicien. Comment il va
prendre de l'expérience s'il ne fait pas d'installation? Il va
être obligé de prendre sa permanence où? Dans la
fabrication, mais il ne pourra pas le faire dans l'installation. Pour moi, il y
a quelque chose qui me pousse à dire que vous avez amené une
notion qui, pour le fabricant, ne s'applique pas de la même
façon.
M. Cherry: On a une décision du commissaire de la
construction. Je vais demander au sous-ministre adjoint, responsable du dossier
de la construction, de vous la lire. Peut-être que ça pourrait
aider, la définition de «fabricant».
Le Président (M. Joly): M. le sous-ministre Henry, s'il
vous plaît.
M. Henry (Jacques): Sans la lire, peut-être vous dire que
le commissaire à la construction qui est chargé de clarifier ces
affaires-là, quand il arrive un problème. .. Il a rendu un
jugement, le 23 octobre 1992, dans lequel il précise la notion de
fabricant qui définit la notion de salarié habituel. Ce qui aide
à l'interprétation par la Commission, parce qu'il y avait un
petit bout déjà qui était assujetti, et ces
problèmes-là étaient déjà rencontrés.
(21 h 10)
Alors, donc, vous avez raison de soulever qu'il peut y avoir certaines
difficultés d'interprétation, mais le législateur a
prévu un mécanisme qui est le commissaire. Il y a eu des
difficultés, et il a rendu des jugements, et la notion a
été clarifiée et elle a fait jurisprudence. Mais on pourra
vous faire parvenir ce texte-là si vous le souhaitez et d'autres
décisions similaires. Mais le législateur, dans le temps, avait
prévu ce mécanisme-là.
Le Président (M. Joly): Avant de reconnaître M. le
député de Drummond, je vais reconnaître brièvement
M. le député de Joliette.
M. Dufour: Parce que j'avais encore...
M. Chevrette: Moi, c'est là-dessus, juste un petit point.
Comment vous conciliez ça avec l'article 19.2, de la loi des relations
du travail dans l'industrie de la construction?
M. Cherry: L'article 19?
M. Chevrette: L'article 19.2.
Le Président (M. Joly): Les relations du travail.
M. Henry (Jacques): Toutes les concordances ont été
faites avec les autres dispositions.
M. Chevrette: Non, non, mais je le demande.
M. Henry (Jacques): Oui, oui, ce ne sera pas long.
(Consultation)
M. Henry (Jacques): 19.2?
M. Chevrette: La loi des relations du travail dans l'industrie de
la construction, chapitre III, champ d'application, paragraphe 2 de la loi
19...
M. Henry (Jacques): Oui. Alors, nul ne peut?
M. Chevrette: Ce n'est pas «nul ne peut», c'est
«aux travaux d'entretien et de réparation [...]»
M. Henry (Jacques): O.K., c'est correct. C'est ça.
M. Cherry: ... aux employeurs et aux salariés de
l'industrie de la construction toutefois ne s'applique pas aux exploitations
agricoles, aux travaux...
M. Chevrette: J'ai dit: Comment conciliez-vous les deux?
M. Henry (Jacques): Ce ne sera pas long. (Consultation)
Le Président (M. Joly): J'ai ici une demande de la part de
M. le ministre. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Cherry: M. le Président, conformément à
l'article 165 du règlement de l'Assemblée, je fais motion pour
ajourner les travaux de cette commission sine die.
M. Chevrette: Puis vous m'expliquerez ça demain?
M. Cherry: Bien oui. M. Chevrette: O.K.
Le Président (M. Joly): Alors, la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 15)