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(Seize heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Joly): Alors, je déclare la
séance ouverte, et je rappelle que notre mandat est de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 142, Loi
modifiant la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et
la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction et modifiant
d'autres dispositions législatives.
Mme la secrétaire, avons-nous des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. MacMillan
(Papineau) remplace M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine); M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet) remplace M. Forget (Prévost); M. Fradet (Vimont)
remplace M. Leclerc (Taschereau); Mme Blackburn (Chi-coutimi) remplace M. Blais
(Masson) et M. Dufour (Jonquière) remplace M. Claveau (Ungava).
Le Président (M. Joly): Je vous remercie beaucoup, Mme la
secrétaire.
Je rappelle aux membres de cette commission qu'au moment de suspendre,
vendredi, nous avions appelé l'article 1. Donc, je dépose
à nouveau sur la table l'article 1.
Organisation des travaux
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette, oui, s'il vous plaît.
M. Chevrette: ...avant qu'on ne plonge dans la technique,
étant donné que le ministre a laissé entrevoir qu'il avait
écouté, qu'il avait réfléchi et qu'il aurait des
amendements à déposer, parce qu'on peut commencer techniquement
à l'article 1, mais, si ça conditionne un paquet d'amendements...
Est-ce que les amendements sont prêts, d'abord? Est-ce qu'on peut les
avoir pour, éventuellement, éviter qu'on en dépose ou
qu'on travaille pour en faire si jamais on est tombé d'accord? Quelle
est l'orientation du ministre quant au fonctionnement de l'étude de ce
projet de loi, compte tenu du fait que, dans ses réponses aux questions
en Chambre tantôt, devant les caméras de télévision
également, il a laissé sous-entendre qu'il y aurait, au moins sur
certains chapitres, des amendements? Est-ce qu'on peut savoir sur quels
chapitres et de quelle nature sont ces amendements?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: Merci, M. le Président. D'abord, aussitôt
qu'il sera possible, et j'expliquerai pourquoi il n'est pas possible
immédiatement de déposer des amendements dans l'ensemble...
À cause des mesures de sécurité, les gens n'ont pas pu
travailler dans leurs bureaux normaux, chez nous, au ministère du
Travail, donc il a fallu modifier notre façon de travailler, ce qui fait
qu'à l'ouverture de l'étude article par article, aujourd'hui, je
ne peux pas vous déposer l'ensemble des modifications
Je peux vous indiquer, par exemple, la nature des amendements sur
lesquels on travaille et peut-être que, dans quelques heures, à la
reprise ce soir, on pourra vous les déposer. Quand les gens sont
habitués à travailler avec leur informatique et leurs affaires,
et là qu'il faut qu'on les déplace dans d'autres bureaux, et
qu'ils n'ont pas les mêmes facilités, ça a comme
résultat que les gens peuvent continuer à travailler, mais pas
avec le même rythme et pas avec la même qualité avec
lesquels ça peut se faire d'habitude. Mais, maintenant, tout retombe
dans l'ordre et on va... (16 h 20)
M. Léonard: Le ministre est en train d'admettre qu'il
travaille au noir.
M. Cherry: Pardon?
M. Léonard: Le ministre est en train d'admettre qu'il
travaille au noir. Ha, ha, ha!
M. Cherry: Alors, bien sûr, M. le Président, et pour
répondre à la préoccupation exprimée par notre
collègue de Joliette, dans les avantages sociaux, par exemple, il y
aurait un projet de loi pour bonifier ça, donner des directives, par
exemple, à la CCQ pour assurer une protection. Dans la définition
des secteurs, des préoccupations qui ont été
exprimées, par exemple, par des membres de votre formation et par
vous-même, donc il y aura une redéfinition qui devrait clarifier
davantage la composition des secteurs pour la négociation, en quatre
secteurs par exemple, le résidentiel, et tout ça, dans le sens de
mieux définir.
par exemple, il y a une préoccupation concernant la
façon, dans le moment, dont le résidentiel est défini dans
l'actuel décret de la construction quand c'est un projet d'habitation
dont au moins 75 % de la construction est du résidentiel, en d'autres
mots s'il y a un petit dépanneur dans le bas. c'est des
préoccupations qui ont été soulevées par vous
autres. donc, il va y avoir une clarification là-dessus. tant que 75 %
de l'ensemble du projet demeurera de l'habitation, même s'il y a un petit
dépanneur dans le bas ou une petite clinique médicale, par
exemple, ça continuera à être dans le secteur
résidentiel assujetti plutôt que d'être
carrément au commercial. Ça, je pense que c'est une
préoccupation qui a été exprimée par des gens de
votre formation et des gens qui sont venus devant nous autres.
Concernant le placement, là, les mesures transitoires, il y aura
également certaines clarifications concernant la machinerie de
production et il y aura également, concernant le régime de
négociation, là, quelques clarifications, aussi, là-dedans
et quelques explications sur la qualification professionnelle des
salariés.
(Consultation)
Le Président (M. Joly): Bon. Alors, les explications ayant
été fournies, j'imagine, à la satisfaction de M. le
député de Joliette, j'imagine qu'on peut débuter avec
l'article 1, qui est sur la table. Alors, s'il vous plaît, M. le
ministre, la parole est à vous.
Loi sur les relations du travail,
la formation professionnelle et la
gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction
Définitions Association sectorielle
d'employeurs
M. Cherry: O.K. Donc, le paragraphe 1°, là, a pour
objet d'identifier l'agent patronal de négociation collective dans
chacun des secteurs. Cette disposition doit se lire avec la modification
proposée au paragraphe 1° de l'article 22 du projet de loi.
M. Chevrette: Mais, M. le Président, est-ce que... M. le
Président, je m'excuse si je vous dérange, mais...
M. Cherry: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je m'excuse de vous avoir dérangé, M.
le Président. Je vous comprends...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Très sérieusement, je comprends
l'explication du ministre, mais c'est à ce stade-ci que se fait le
débat, très concrètement, de la structure patronale de
négociation. Est-ce que je comprends bien? C'est parce que c'est
relié à bien des endroits. L'article 1 est conditionnel à
l'article 73 du projet de loi, si j'ai bien compris la structure du projet de
loi, et toute définition de départ, si on les libelle ici, nous
lie pour toute la structure du projet de loi. Parce que, si on lit l'article
73, c'est à l'article 73 du projet de loi, M. le Président, que
l'on retrouve le pouvoir, ou le nouveau rôle, ou la nouvelle
définition de l'association d'employeurs, ou l'obligation qui est faite
aux structures sectorielles de se donner une association de coordination.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Chevrette: Est-ce que j'ai bien compris votre projet de
loi?
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, moi, dans un premier
temps, dans ce cas-là, je voudrais prendre la parole sur l'article 1
avant de proposer un amendement.
Le Président (M. Joly): Alors, la parole est à
vous, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, ici, je suis
persuadé qu'il y a passablement d'individus qui seraient contre,
probablement, ce que je vais dire, mais je vais dire quand même ce que je
ressens très sérieusement et pour lequel je suis en
désaccord même avec un groupe syndical et avec quelques groupes
patronaux.
M. le Président, je me souviens, quand on a étudié
assez longuement l'industrie de la construction, qu'un des problèmes
majeurs dans cette industrie, M. le Président, c'était la
division patronale, la division patronale, qui n'avait pas de porte-parole
unique, où on s'entrecoupait les uns les autres, qui ne
présentait pas ou à peu près jamais une position unique
alors qu'ils faisaient face... Les syndicats ont beaucoup cette tendance,
même si le pluralisme syndical existait, ils ont cette tendance, dans des
approches concrètes, à faire des fronts communs avec beaucoup
plus de facilité que le monde patronal. Et c'était une des causes
profondes de la faiblesse du rapport de force entre le patron et les
syndicats.
C'a été observé, c'a été mis en
preuve, M. le Président, que beaucoup d'employeurs, même,
agissaient en toute connaissance de cause, mais de collusion avec certains
groupes syndicaux pour l'atteinte d'objectifs qui ne sont même pas les
leurs, par exemple aviser d'un monopole syndical le ministre sait ce que
je veux dire et que c'était beaucoup par collusion que les
employeurs payaient allègrement des 100 $ en dessous de la table
à des délégués parce qu'ils craignaient des
représailles. Et ils ont dit justement, c'est-à-dire que la
preuve a été faite qu'une structure qui s'occupait des relations
de travail comme telles avait cette chance d'uniformiser les relations
patronales en termes de fonctionnement. Et c'a fait l'objet d'une
recommandation très spécifique à l'enquête
Cliche.
Et ça, je peux vous dire une chose, je suis très surpris,
puis je suis en profond désaccord à part de ça. Puis,
au-delà de ce que l'ACQ peut venir nous dire, puis l'APCHQ, je suis
convaincu profondément que le fait de
faire disparaître une structure qui peut être
réaménagée, qui n'est peut-être pas parfaite,
l'AECQ, là... Moi, je ne veux pas défendre la structure de
l'AECQ, je veux défendre la notion de porte-parole unique avec des
représentations bien correctes sur le sectoriel pour des
spécificités, comme j'ai dit tout le temps de la... Il n'y a pas
personne de surpris, j'ai posé la question à tout le monde quand
ils ont témoigné. Mais, à mon point de vue, on peut
modifier si on le veut la structure unique, mais c'est une des conditions sine
qua non de fonctionnement qui a de l'allure dans l'industrie de la construction
du côté patronal.
Moi, je me rappelle ce que j'ai vécu comme témoignage,
puis je ne veux pas rappeler la commission Cliche pour le plaisir de la
rappeler, là, c'est passé puis ça fait plusieurs
années, mais je connais trop bien aussi le monde patronal.
Ceux-là même qui aujourd'hui pour des raisons x pourraient
très bien vouloir quelque chose, ils seront les premiers à le
redemander très prochainement parce qu'il va y avoir... Vous savez, il
va se bâtir des petits réseaux dans chacune d'elles, et la seule
chose que la loi prévoit, c'est de se donner une structure de
coordination.
Moi, je prétends, M. le ministre et M. le Président, qu'on
va arriver à quelque chose où les chicanes vont continuer entre
les secteurs, alors que, si obligation légale est faite, il y aura un
fonctionnement unique, une jurisprudence unique qui se développera. Et
ça n'empêche pas, je pense, de dire: Bien, l'AECQ,
dorénavant, par exemple... Si l'APCHQ ne l'aime pas là, bien,
elle pourrait dire: Moi, j'ai deux, trois représentants directs à
l'AECQ, l'ACQ, deux, trois représentants directs. Peu importe,
là, moi, je suis prêt, je suis ouvert à toute formule, mais
c'est ça la structure de négociation. Quand arrivent les tables
sectorielles, exactement comme on fait en éducation, exactement comme on
fait en santé, il y a une table, il y a une convention collective, puis
il y a des secteurs particuliers ou des chapitres particuliers sur les
spécificités du résidentiel, une spécificité
sur l'institutionnel ou le commercial, l'industriel puis les grands travaux.
(16 h 30)
Mais là vous avez une chance, M. le ministre. Et, si je vous ai
écouté tantôt bien comme il faut, pour faire des
ouvertures, il faut qu'un tronc commun soit adopté si on ne veut pas
avoir des empiétements et des « conflits continuels en arbitrage,
et désavouer des conventions collectives parce que ça ne respecte
pas le tronc commun, et tout. On court après ça si on n'a pas une
structure correcte. Ça, c'est clair. Alors que, du côté
syndical, vous savez très bien qu'il y a des majorités qui se
détachent très facilement, présentement, avec le Conseil
des métiers et la FTQ. Ils peuvent négocier seuls maintenant, ou
à peu près. donc, moi, à mon point de vue, on se
prépare le plus beau des carnavals, m. le président, sous
prétexte qu'on se rend à la demande de l'apchq, qui, à 75
% et le ministre lui-même l'a dit tantôt dans le
quatre et moins, ne sera plus là. ils vont être là pour 15
% maximum, mais ils auront une table sectorielle spécifique, selon votre
loi. Ce sera rien qu'une coordination. Quel rôle le coordonnateur va
jouer, surtout s'il veut ouvrir la porte au maintien d'avantages et de
bénéfices marginaux pour les travailleurs? Si on veut avoir un
tronc commun qui s'étende même à ceux qui sont
déréglementés, si j'ai bien compris l'ouverture que le
ministre a faite tantôt, s'il est bien sérieux dans son ouverture
de donner aux travailleurs droit au chapitre des avantages marginaux, ça
suppose, je suppose, le fonds de pension. J'ai supposé que
c'était la question des assurances, j'ai supposé que
c'était la question des vacances, j'ai supposé que c'était
la question des jours fériés. Je suppose que, quand on parle
d'avantages marginaux et de bénéfices marginaux, on parle un peu
de tout ça.
Comme on n'a pas d'amendement, ici, aux normes minimales de travail pour
la construction, comme on n'a pas d'amendement au Code du travail pour la
syndicalisation je me demande bien si on a trois associations ou quatre
associations distinctes sans un chapeau non pas de coordination, mais un
chapeau juridique dans l'application moi, je me demande où on
s'en va, je me demande où on s'en va. Parce que c'est important,
à mon point de vue, si c'est une question de crédibilité
de l'organisme.
Parce que ce qui m'a frappé, c'est que les maîtres
plombiers, par exemple, M. Brière, il nous a dit l'importance d'une
seule convention collective. Il nous l'a dit avec emphase, à part de
ça. Les électriciens, par esprit de fatalisme, je pense, ont dit:
Nous autres, on ne fera plus rien ou à peu près. C'est le
message, mais ils ne s'objectent pas à une seule structure. À ce
que je sache, le seul groupe qui s'est vraiment objecté de façon
systématique, qui en a plus que le client en demande et qui est
désassujetti complètement se prononçait carrément
contre l'AECQ.
Mais, moi, j'oublie l'AECQ dans sa formule actuelle. Une
représentation directe à une structure de gens
délégués, pas de gens nommés par le ministre qui
nomme un représentant du ministère du Travail, un
représentant de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du
revenu et un représentant de l'Éducation, non, non, une structure
patronale construite de délégués sectoriels, mais qui a
une reconnaissance juridique et on a nos tables sectorielles, comme on a
dans la santé ils négocient leurs
spécificités, et ça fait une convention collective avec
des clauses spécifiques pour chacun des secteurs.
Uniquement, M. le ministre, pour la bonne marche dans
l'interprétation la jurisprudence, vous le savez très
bien, dans le domaine du travail, comment c'est important si chaque
organisme sectoriel se met à se bâtir des systèmes
d'arbitrage, des systèmes de règlement de griefs qui leur sont
propres... Un coordonnateur de négociation, ce n'est pas un maître
d'oeuvre de la gérance des relations de travail, absolument pas. Je
pense qu'on n'est pas dans une industrie où on a des entités
fixes, immuables, on est dans une industrie où,
par exemple, la syndicalisation... Et on aura beaucoup de questions
là-dessus quand arrivera le temps: Amendez-vous le Code du travail?
Avez-vous des amendements à nous donner sur l'accréditation,
comme le groupe Audet nous le demandait, comme le rapport Scowen le
suggérait? Arrivez-vous avec des amendements aux normes minimales de
travail?
Tout ça, là, dès le départ, je vous pose le
problème d'une autorité supérieure, dans les relations de
travail, entité qui pourrait être formée directement des
délégués des quatre secteurs, mais, au moins, ne pas avoir
exclusivement à coordonner des tables. Quelle autorité morale
auront-ils pour négocier, M. le ministre, quand c'est une structure de
coordination, alors qu'une structure de décision, par exemple sur le
tronc commun dont vous avez parlé vous en avez parlé, du
tronc commun ils se frotteront les oreilles entre eux autres puis
décideront majoritairement? C'est ça qu'est le jeu de la
démocratie, même entre patrons.
Puis, vous-même, vous les forcez, si j'ai bien compris toujours...
Je sais que c'est tellement technique, les projets de loi. Quand on joue avec
cl, c.2, ce n'est pas toujours facile de se retrouver. Si on fait quatre
secteurs assez maîtres de leur spécificité, ça,
ça ne crée pas de problème. Mais, dans le tronc commun,
qui va décider de quoi? Si ce n'est pas une structure juridique,
basée sur un article de loi, chacun des secteurs va décider que
ça ne marche pas, et on va se retrouver devant quoi? Parce que c'est un
voeu pieux un peu. Obligation est faite aux parties, si j'ai bien compris, en
vertu de l'article 73... Je vais y référer immédiatement:
La Loi incorporant l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec est modifiée:
Ie par le remplacement du paragraphe a de l'article 2 par le
suivant: «a) d'agir à titre de mandataire de ses membres pour les
fins de la négociation d'une convention collective suivant la Loi sur
les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction;»; 2° par la
suppression du paragraphe c de l'article 2.
On fait disparaître, dès le départ, la notion
d'association d'employeurs, puis, quand on revient à l'article 73, on
dit: «agir à titre de mandataire de ses membres pour les fins de
la négociation». Donc, ça va être quoi? Est-ce que
c'est par règlement? Pourquoi on ne fixe pas juridiquement les
délégués, que des délégués forment la
structure qui aura la responsabilité du tronc commun?
Le tronc commun, vous vous en mêlez, M. le ministre, dans votre
loi. Vous dites ce qui fait partie du tronc commun. Donc, par ricochet, tout ce
qui ne fait pas partie du tronc commun appartient aux secteurs. Pourquoi ne pas
reconnaître juridiquement tout de suite l'association d'employeurs et
dire que les sectoriels formeront cette structure directement, par
délégation directe, et non pas par nomination du ministre?
Automatiquement, vous avez votre structure juridique, responsable de la
négociation du tronc commun et responsable de la gestion des relations
du travail, entre guillemets. Ça, ça évitera, à mon
point de vue, un énorme paquet de problèmes dans l'industrie de
la construction.
Par exemple, l'APCHQ est prête à mettre des dizaines de
milliers, plus que ça, s'il le faut, pour essayer de détruire
l'AECQ actuelle. Us nous l'ont dit à nous autres mêmes, je ne vous
invente rien quand je vous dis ça: On est prêts à se
cotiser et à les avoir. Ce n'est pas une question de les avoir,
là, c'est une question de trouver une structure de négo. C'est
pour ça que je posais la question à chaque groupe: Seriez-vous
d'accord un peu avec le fonctionnement du système de l'éducation,
où on n'a pas une structure de coordination, entre guillemets, on a une
structure reconnue par la loi pour négocier, pour canaliser les efforts
et l'argent? Plutôt que d'avoir à multiplier indûment les
structures, par exemple les contentieux, les arbitrages et tout, dans quatre
sections différentes, il me semble qu'on peut faire oeuvre utile en se
servant de ce qui a servi ailleurs, qui n'a pas créé de
problèmes, au contraire, et qui, à mon point de vue, a
contribué dans le secteur du patronat... Même s'ils ne
l'admettront pas, je suis convaincu que le fait qu'on les ait amenés
à une table... Il y a quand même eu cinq conventions de
signées sur huit. Ça, tout le monde dit qu'il n'y a jamais eu
d'entente. J'écoutais le ministre: II n'y a jamais eu d'entente. Il y en
a eu cinq conventions de signées sur huit. C'est cinq sur huit qu'il y a
eu. Dans les faits, c'est ça.
M. Cherry: Deux vraies. (16 h 40)
M. Chevrette: À ce moment-là, je pense qu'on ferait
oeuvre utile, au lieu de bâtir quelque chose qui, à mon point de
vue, risque une seule chose, de placer... En tout cas, moi, étant
donné que la centrale... Prenez la FTQ, par exemple, puis je le dis
comme je le pense. Ils vont négocier majoritairement à plusieurs
tables sectorielles. Lui, le patron, va être unique. Il va prendre le
plus faible de leur gang, puis il va se négocier un pattern, je suis
sûr de ça, puis, après ça, venez-vous-en, les
autres. Les fiers-à-bras qui ont un employé puis qui ne
déclarent pas une heure à la CCQ, ils vont suivre le bateau en
maudit. C'est de même que ça a marché, puis c'est de
même que ça va remarcher.
Dans la construction, puis on en parlait avant, quelques
députés, il y a malheureusement trop d'individus qui sont devenus
des entrepreneurs en construction, beaucoup plus des donneurs d'ouvrage que de
vrais professionnels, bâtisseurs dans la construction. Et ça,
c'est le cas. On bâtit avec la réalité d'aujourd'hui. Et
plus on va donner à ces gens-là l'opportunité d'avoir du
pouvoir dans une structure, plus vous allez vous ramasser avec des
problèmes. Parce que, eux autres, ils font le profit sur le gars qui
fait l'ouvrage. Donc, ils se balancent un petit peu de... C'est pour ça
que, quand ils viennent faire les purs devant nous autres, c'est un petit peu
agaçant, parce que leur marge de profit, eux autres, c'est sur la marge
de celui qui réalise la job. Ils disent: «C'est-u»
effrayant, le salaire qu'ils ont fait! Ils lient
toute la question de salaire à l'échec, par exemple, de la
construction résidentielle présente. Voyons!
Moi, je peux vous dire... Je me promenais à Lachenaie en fin de
semaine, sur la 640, puis une maison neuve, tu peux en avoir une pour 344 $ par
mois. J'ai été surpris, moi, M. le ministre, d'entendre tous les
beaux discours de ceux qui ont déferlé devant nous. Ce n'est pas
la maison neuve qui est dure à acheter, présentement, c'est la
maison de cinq, six ans que tu vends, qui est difficile à vendre parce
que tu veux toujours rattraper au moins ta plus-value. Puis, c'est normal,
comme citoyen qui a bâti une maison résidentielle. Mais tu vois
ça le long des routes à Lachenaie, à Terrebonne, à
Mascouche puis il y a une autre place que j'ai vue à
Sainte-Thérèse, des gros panneaux, là, de huit par huit.
Tu peux avoir ta maison pour 344 $ par mois. Les salaires coûtent donc
bien cher dans le résidentiel! quand on lie toute notre formule à
ça, là, on fait dur un peu, là. ce n'est pas seulement les
salaires, là. ne venez pas me faire accroire ça, là. je
voudrais bien, moi, qu'on aille chercher toutes les factures des entrepreneurs
puis qu'on leur demande s'ils ont payé le 15 % en plus, sur le
matériel. j'aimerais ça les entendre au bout de la table, moi, si
je pouvais les questionner tout au cours du projet de loi. je leur dirais:
comment t'as fait sur cette maison-là? as-tu acheté les
matériaux, ce qui représente 50 % de la bâtisse, sans payer
ton 15 %? donc, s'ils ont payé 30 000 $ de matériaux, vous
êtes vous imaginé la passe qu'ils viennent de faire
là-dessus par rapport à la portion du 20 % que représente
la main-d'oeuvre sur la construction dans le domiciliaire? juste le 15 % des
matériaux qu'ils vont chercher au noir, là, ils font la passe
bien plus vite que vous pensez.
C'est pour ça, moi, que je n'aime pas quand on se fait dire que
c'est une seule cause. Je n'aime pas ça. Puis, personnellement, si le
ministre voulait bien, moi, je proposerais l'amendement suivant. À moins
que mes collègues veuillent parler sur l'article 1, j'aurais un
amendement à l'article 1. Je déposerai donc, M. le
Président, cet amendement et je l'expliquerai par la suite, à
moins que vous vouliez des explications pour la recevabilité.
Le Président (M. Joly): II faudrait peut-être faire
la lecture de votre amendement, M. le député, s'il vous
plaît.
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez une seule et
unique copie?
M. Chevrette: Non, je vais vous en donner une. Donc, le
paragraphe 1° de l'article 1 est modifié par: 1 ° le
remplacement, dans la première ligne, des mots «le
remplacement» par les mots «l'ajout»; 2° par la
suppression, dans la première ligne, des mots suivants «c par
le»; 3° par le remplacement, dans la première ligne du
deuxième alinéa, de la lettre «c» par la lettre
«c.2».
En d'autres mots, ce que ça veut dire, c'est que vous
maintiendriez la définition d'association d'employeurs, qui est
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec, et,
deuxièmement, on ajouterait l'alinéa suivant... Parce qu'il
faudrait que j'amende les deux, il faudrait déposer les deux
feuilles.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez d'autres
copies, M. le député. Parce que, autrement...
M. Chevrette: Est-ce que je peux déposer l'article 3
aussi?
Le Président (M. Joly): ...je vais être
obligé de demander d'aller faire reproduire ledit amendement.
M. Chevrette: Oui, mais c'est parce que... Le Président
(M. Joly): Ça peut être...
M. Chevrette: ...imaginez-vous, si le ministre n'a pas
été capable de faire travailler sa gang, nous autres, on en a un
employé.
Le Président (M. Joly): Non, non, j'en suis bien
conscient, sauf que je ne vous demande pas de les déposer, si vous
voulez, tout d'un bloc, vous non plus, là. Ce n'est pas ça que je
demande. Je demande si au moins on peut devancer...
M. Chevrette: Oui, mais, moi, je suis prêt à ce que
vous suspendiez.
Le Président (M. Joly): ...au niveau de...
M. Chevrette: Même les intéressés qui veulent
en avoir pour voir où on s'en va...
Le Président (M. Joly): ...la procédure, là,
parce que, dans le fond, moi, je n'ai pas d'objection.
M. Chevrette: Bien, O.K., d'abord, on va attendre. Allez le
faire, puis on va l'expliquer après.
Le Président (M. Joly): O.K. S'il vous plaît...
Alors, la commission va suspendre ses travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 46)
(Reprise à 17 h 19)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses
travaux.
Au moment de suspendre, nous avions, ici, un dépôt de deux
amendements à l'article 1, deux amendements soumis par le
député de Joliette, lesquels amendements
ont été pour le bénéfice des
parlementaires distribués. Alors, suite à ce temps
d'arrêt, nous allons continuer de travailler, M. le député
de Joliette, M. le ministre, et j'en conviens que les amendements sont
recevables. Donc, je ne sais pas si vous voulez discuter davantage...
M. Chevrette: Eh bien, là, oui!
Le Président (M. Joly): ...pour expliquer davantage,
justement. Et j'imagine que M. le ministre aura aussi à discuter sur les
amendements comme tels. (Ï7h20)
M. Chevrette: En fait, ce que je propose, c'est, suite à
mon exposé, pour essayer de donner corps... et il manquera sans doute
une proposition. Je la ferai, probablement à ce moment-là,
à 73, cependant, pour être cohérent avec ce que j'ai dit.
C'est qu'en réintroduisant la notion d'association d'entrepreneurs, mais
en définissant, cette fois-ci, la notion d'association sectorielle
d'employeurs, je réactive une structure nationale avec des secteurs. Et
on sera cohérent sur toute la ligne lorsqu'on arrivera aux
négociations sectorielles. On dira que c'est une convention collective
spécifique à un secteur, qui va dans la convention collective
globale. Parce que la notion de décret versus la notion de convention,
on l'a très bien compris dès le départ, au niveau des
audiences, on a dit qu'on était d'accord parce que c'est toute la notion
de l'interférence du ministre du Travail dans le processus de la
négo. Ça, on s'est déclaré en accord sur le projet
de loi.
Donc, l'objectif est bien clair, c'est d'en arriver à bien
préciser qu'il ne sera pas nécessaire, par exemple... Ça
sous-tend de quoi, ça! Je vous donne un exemple. Si on ne va pas vers
cet amendement-là, à toutes fins pratiques, la notion de
coordination étant définie seulement à l'article 73... Et
je veux attirer votre attention; on est obligé d'aller vers ça
parce que, pour expliquer ce qu'on veut faire au départ, on va
être obligé d'aller voir ce que 73 dit: «d'agir à
titre de mandataire de ses membres pour les fins de la négociation d'une
convention collective suivant la Loi sur les relations du travail, la
formation...». Donc, «mandataire de ses membres pour les fins de la
négociation», c'est donc la notion de coordination que le ministre
a introduite. Je négocie sectoriellement, mais, pour un tronc commun
quelconque à être défini dans d'autres articles, il y a un
mandataire. On ne précise pas comment est constituée cette
association de mandataires. Est-ce que c'est par des
délégués directs? Je ne le sais pas. Ou si obligation est
faite aux structures de se définir une structure de mandataires? Je ne
le sais pas. Mais, tel que décrit, c'est pour négocier une
convention.
Je vous donne un exemple de l'importance de ce que l'on vise. C'est que,
présentement, l'application d'une convention, aussi, ça fait
partie des règles du jeu. Est-ce qu'on va forcer l'ACQ, par exemple,
à avoir tout un département d'application de la convention
collective, de s'engager des arbitres, de s'engager des procureurs? Avant,
c'était l'AECQ qui faisait ça. Il y a un potentiel, là, il
y a une expertise, là, et c'est réuni dans une seule association.
Là, qu'est-ce qu'on dit? C'est un mandataire pour fins de négo.
Ce n'est pas marqué «pour fins d'application des contrats
collectifs», à l'article 73. Et je voudrais bien, si ce n'est pas
ça que dit la loi, qu'on me le dise tout de suite.
Moi, ce que je comprends, c'est que l'association mandataire n'est
là que pour fonction de négo. Et, à ce compte-là,
moi, je pense que ça justifie encore plus mon amendement, parce qu'un
mandataire ou un organisme s'occupant de relations de travail, composé
de délégués directs, va pouvoir faire des mises en commun
d'application de contrats collectifs aussi, et non pas seulement de
négo. Parce que, quand tu négocies, après que ton contrat
est signé, est-ce qu'on va forcer l'APCHQ à avoir un service
d'application de relations du travail? Par exemple, pour les
bénéfices marginaux, si c'est le mandataire du tronc commun, il
va se débloquer une expertise qu'on va retrouver, si on leur dit qu'ils
ne sont pas mandataires exclusivement pour la négo, mais aussi pour
l'application et la gestion des troncs communs; au moins, ça! Sinon,
ça nous donne quoi? C'est un suçon.
Moi, je vous dis à quoi ça ressemble, ça,
là, ce qu'on s'est dit là. Je ne suis pas sûr qu'on l'ait
dit directement de même au ministre, mais, dans mes mots, il va le
comprendre, parce que j'ai un langage assez direct. C'est comme si on disait:
Oui, l'AECQ, on va peut-être la calmer; on va lui donner le pouvoir de
coordonner les négos. Ce n'est pas ça que j'ai entendu des
patrons, sauf l'APCHQ. Que je prenne les maîtres en tuyauterie, que je
prenne les électriciens, que je prenne l'ACQ, que je prenne l'AECQ,
naturellement, il est bien évident que tout le monde, à part
l'APCHQ, désirait avoir une structure commune pour fins non
seulement de négos, je le répète de gestion et
d'application des contrats collectifs de travail.
Et, M. le ministre, je ne pense pas que les employeurs qui ont
déambulé devant nous visaient à multiplier les
dépenses pour une association sectorielle. C'est une économie
d'échelle, ça, que de donner un système comme celui que je
propose pour l'employeur. Sinon, vous allez multiplier les dépenses,
chaque secteur va oeuvrer dans son coin. Puis, la loi dit bien: Mandataire pour
fins de négo. Relisez-le comme il faut et dites-moi le contraire, si ce
n'est pas vrai. J'aimerais entendre le ministre là-dessus. C'est quoi,
son objectif, par rapport à... Il faut relier les deux; on n'a pas le
choix, là. Si on règle les définitions, il faut
nécessairement regarder un peu le pouvoir, quitte à ce qu'on le
bonifie plus tard.
Mais, c'est quoi, l'objectif? Parce que, moi, j'ai bien entendu, au
cours des audiences, que, mise à part l'APCHQ, il n'y a personne qui ne
voulait pas bénéficier de l'expertise, ne voulait pas
bénéficier du travail qui se faisait là. Peut-être
que la composition, par exemple, ça, je peux vous dire, on l'a entendu
souvent, mais ça, la composition, on peut la régler
différemment. Ça se règle par un amendement assez clair,
ça: La composition de la structure nationale, ou de l'AECQ
réformée, sera la suivante: trois délégués
par chaque secteur.
Oui, tu peux y aller.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Je comprends ce que le député de
Joliette avance comme argumentation. D'abord, je pense que le conseil
d'administration de l'AECQ est modifié par l'article 94 un petit peu
comme vous le spécifiez, là. C'est qu'à partir de
ça il va y avoir trois membres désignés par l'Association
provinciale l'APCHQ trois membres par l'ACQ, trois membres par
les grands travaux, un observateur par la Corporation des maîtres
mécaniciens et un observateur désigné par la Corporation
des maîtres électriciens. Et pourquoi les observateurs? Je pense
si ma mémoire est bonne que c'est que ces
corporations-là n'ont pas demandé...
Une voix: N'ont pas de mandat.
M. Marcil: .. .n'ont pas de mandat, parce que ce sont des
corporations.
La question, dans le fond, que je poserais au député de
Joliette: Le fait que, déjà, il y a un conseil d'administration
qui regroupe, de façon égale, toutes les associations et
qu'à l'article 73 on dit: «d'agir à titre de mandataire de
ses membres pour les fins de la négociation d'une convention
collective», comme je suppose qu'il va y avoir une économie
d'échelle que de mandater l'AECQ de négocier la convention
collective, soit par secteur, en incluant, peut-être, des membres du
secteur touché par la négociation, vous ne pensez pas, là,
en excluant et tout en endossant ce que le député de Joliette a
avancé, en disant que l'APCHQ n'est probablement pas
intéressée à... Disons que c'est ça,
l'hypothèse, que l'APCHQ n'est pas intéressée à
mandater l'AECQ de négocier les conventions collectives, mais que les
trois autres associations, eux autres... l'ACQ, c'est-à-dire, et les
grands travaux, eux, ont décidé de mandater l'AECQ, vous ne
trouvez pas que le mandat pourrait se concrétiser par les
règlements de l'AECQ ou ainsi de suite, par les composantes
elles-mêmes? Ça ne serait pas une bonne façon
comment je pourrais dire? au lieu que le gouvernement l'impose...
M. Chevrette: Non.
M. Marcil: Ce n'est pas...
M. Chevrette: C'est que vous allez... Vous savez très bien
que, quand je parle d'économie d'échelle, là...
M. Marcil: Oui, oui.
M. Chevrette: À supposer que l'AECQ dise non... l'APCHQ
dise non...
M. Marcil: Elle dit non, hein.
M. Chevrette: ...à la nouvelle AECQ, parce qu'elle dirait:
Moi, je ne veux que cette structure en fonction du mandat de négocier,
en vertu de 73, O.K., s'il n'y a pas d'autres obligations, donc les trois
autres associations, qui accepteraient une mise en commun, comme vous dites,
pour un groupe, verront probablement leur cotisation remonter. Parce que,
appliquer, par exemple, un contrat collectif pour quatre cotisants... Parce
qu'une cotisation pour fins de négociation et une cotisation pour fins
de négociation et d'application, ce n'est pas la même nature de
sous.
M. Marcil: O.K. En d'autres mots... M. Chevrette: On se
comprend bien?
M. Marcil: Oui, oui. En d'autres mots, s'il y avait une mesure
incitative...
M. Chevrette: Moi, je dirais que...
M. Marcil: ...une mesure incitative, là, pour les trois
parties...
M. Chevrette: Mais qu'est-ce qui vous a amené... Je vais y
aller autrement...
M. Marcil: Oui. Je comprends ce que vous voulez dire.
M. Chevrette: ...parce qu'on cherche à faire la
lumière. Qu'est-ce qui vous a amené à désassujettir
la notion de gestion pour ne laisser ça qu'à la
négociation? Pourquoi? C'est ça que je ne comprends pas.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: O.K. Pour aider à la compréhension du
député de Joliette, en référant constamment
à l'unique mandat de négociation, vous remarquerez qu'à
l'article 61.1...
Une voix: L'article 48.
M. Cherry: Pardon, l'article 48, 61.1, dit: «Les clauses
portant sur les matières suivantes doivent être communes aux
conventions collectives de chacun des secteurs». Donc, voici la
définition du tronc commun: la sécurité syndicale, y
compris le précompte des cotisations, la représentation
syndicale, la procédure des griefs...
Une voix: L'article 48.
M. Cherry: Donc, ça ne se limite pas uniquement à
la négociation, mais bien...
M. Chevrette: Non.
M. Cherry: ...quand vous voulez, à
l'après-négociation, qui est...
M. Chevrette: Non, non. M. le Président, je vous
arrête. J'arrête le ministre. (17 h 30)
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Les clauses portant sur les... Non, c'est parce
qu'on s'arrête, là, mais ce n'est pas par impolitesse, là,
pour lui enlever...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je comprends.
M. Chevrette: C'est que je veux expliquer au ministre que la
clause, ici, c'est eux qui vont négocier les formules, ce ne sont pas
eux autres qui vont appliquer les conventions. Je m'excuse! Quand vous dites
que la procédure de règlement de griefs... C'est que la
procédure de règlement de griefs de tout le monde va être
la même, négociée par la nouvelle AECQ;
M. Cherry: Oui. Il ne faut jamais oublier...
M. Chevrette: Mais l'application des griefs, là, le
règlement des griefs...
M. Cherry: O.K. Oui. Parfait!
M. Chevrette: ...lui, il n'est pas dans la clause.
M. Cherry: O.K. Et là, maintenant, je vous ramène
à l'article 41. O.K.?
M. Chevrette: Oui. L'article 41. M. Cherry: Excuse-moi,
l'article 22. M. Chevrette: Lequel? M. Cherry: L'article 22,
Guy.
M. Chevrette: Grouillez pas! On va aller voir 22.
M. Cherry: 2°...
M. Chevrette: Par le suivant: «Toutefois, une association
sectorielle d'employeurs peut, totalement ou partiellement, en confier le
mandat à l'Association des entrepreneurs en construction».
M. Cherry: O.K.?
M. Chevrette: Quel mandat?
M. Cherry: De négo.
M. Chevrette: Bon. Écoutez bien, là.
M. Cherry: Elle peut totalement, partiellement ou
complètement.
M. Chevrette: Non, on ne parle pas de la même chose.
M. Cherry: Mais je veux dire, là, si on se promène
d'un texte à l'autre, il y a quand même une chose de base qu'il
faut dire.
M. Chevrette: Non.
M. Cherry: La première intervention du
député de Joliette, M. le Président, était la
suivante. Il a dit: C'est quoi la base de ça? Pourquoi vous prenez cette
approche-là? Comment tout ça se lie ensemble? C'est ça, la
base. Autrement, il faut regarder...
La base de ça, c'est la suivante. La volonté de Cliche,
à l'époque, c'était de responsabiliser les parties. Il
faut que ce soit eux autres qui prennent leurs décisions. Là,
c'était à l'intérieur d'une seule convention collective.
Là, ce qu'on propose maintenant, c'est qu'il y en ait quatre et que,
à l'intérieur de chacune de celles-là, les associations
prennent leurs responsabilités. Elles vont décider si elles
veulent la négocier complètement ou elles vont décider si
elles veulent déléguer complètement ou partiellement cette
responsabilité-là à l'AECQ.
Et là je vous avoue -- je vais vous parler des trois ans et deux
mois d'expérience que j'ai comme ministre du Travail c'est que
je l'ai déjà dit, mais, à ce moment-ci, là
elles sont toujours en train de se plaindre qu'elles ne sont jamais ou
presque jamais adéquatement représentées par l'AECQ,
l'AECQ ne parle jamais en leur nom comme il faut, l'AECQ n'est
influencée que par combien de fois j'ai entendu ça?
les gros entrepreneurs. Elles me disent: M. le ministre, 30 ou 40
entrepreneurs, avec le nombre d'heures puis le volume, peuvent imposer leur
diktat à l'AECQ, et ça, à ce moment-là, ça
déferle sur l'ensemble des autres secteurs. Ils ne sont jamais capables
de prendre soin de nos particularités. Bon, ça, c'est une
chose.
Les employeurs nous ont dit: Puis, quand on essaie de faire des
assemblées de façon sérieuse, prendre soin de nos
affaires, on est toujours envahi par toutes sortes d'entrepreneurs d'autres
secteurs, qui mélangent. Et, là, par le nombre ou les heures, on
n'est jamais capable de s'assurer de nos préoccupations
d'activité dans notre secteur. On voudrait parler en notre nom, on
voudrait être capable de les assumer ou on veut être capable de les
déléguer. Et je suis convaincu que, comme moi... Puis, c'a
été la volonté, à l'époque, de regrouper les
employeurs à l'intérieur d'une association
unique. Mais vous admettrez, comme moi, que ça, là, c'est
un des arguments le plus fondamental contre la présente structure. C'est
pour ça qu'on va ailleurs. Ils (lisent: C'est la loi qui nous a
obligés, nous autres, les employeurs, à tous être
ensemble.
Donc, ce qui soutient toute la présente législation, c'est
de dire: Les employeurs, on va les amener à quatre secteurs. Et
ça, je le soulève, là. Il y a à peine six mois ou
un an, si on avait tenté, n'importe quel côté, là,
ici, de convaincre les parties mêmes de considérer quatre
secteurs, ils nous auraient revirer. C'était un, puis c'était
comme ça, puis c'était un acquis. Là, maintenant, ils le
reconnaissent. Donc, ce qu'on dit: Responsabilisez-vous davantage;
assumez-vous. Ceux qui veulent le faire, faites-le! Ceux qui ne veulent pas le
faire, déléguez-le! Puis si, finalement, maintenant que le
secteur de l'APCHQ, avec sa partie déréglementée, serait
celui-là, ils décident de le faire, là, c'est parce que,
elles, les parties, auront pris la responsabilité de le faire
plutôt que de dire encore une fois: Ça sera encore par
législation qu'on sera obligé de. En tout cas, je ne peux pas
parler pour depuis que l'AECQ a été créée suite
à Cliche, en 1965, mais je peux parler des trois années comme
ministre du Travail.
Là, ça, c'est le perpétuel reproche qui est fait au
système: On est obligé d'être membre de l'AECQ, ils ne
s'occupent pas de nous autres, ils ne nous respectent pas. Et, d'ailleurs, on
était présent, puis le député de Joliette
l'était, on n'a qu'à reprendre le mémoire de la
Corporation des maîtres électriciens. On n'a qu'à lire,
là-dedans, de la façon dont ils définissent comment ils
ont été traités par leur association qu'est l'AECQ: avec
arrogance, avec... Enfin, je ne veux pas reprendre tous les objectifs, puis les
qualificatifs pour décrire ce qui a été fait. Alors, ce
qui sous-tend ça, assumer ses responsabilités, ça veut
dire, nous autres, les employeurs, notre secteur, on veut être capable de
donner des mandats ou on veut être capable d'assumer les mandats. Mais
c'est nous, par secteur, qui allons le faire. Ce n'est pas par une loi qui va
nous obliger à.
Et c'est ça, le sens d'assumer ses responsabilités, M. le
Président, c'est ça que ça veut dire. Je le sais que c'est
un changement de culture important, là. Je suis conscient de ça.
Mais il y a une chose, aussi, dont je suis également conscient, c'est
que la formule actuelle... Ils sont venus, puis ceux qui étaient
présents lors de la prolongation, au mois d'avril, du décret de
45 jours et ceux qui sont revenus au mois de juin pour la prolongation des six
mois étaient unanimes: M. le ministre, la formule qu'on a, de un,
là, changez-nous ça! Ça n'a plus de bon sens, ça ne
marche plus! O.K.?
Remarquez que le sommet de la construction a eu l'avantage, pour la
première fois, de donner la parole aux associations. Parce que, avant,
ils ne pouvaient le faire que par l'AECQ, association qu'ils décrivent
eux-mêmes comme n'étant pas le bon porte-parole qui les
représentait bien et qui était dominée par un groupe
d'employeurs, puis d'entrepreneurs importants, qui, par leur nombre d'heures et
souvent dans les gros travaux...
Il semble évident que les grands travaux disent: Nous autres, on
veut confier ça à l'AECQ. Ils sont confortables avec ça,
les grands travaux; tant mieux pour eux autres. C'est correct s'ils le veulent.
Mais pourquoi ce serait le gouvernement qui imposerait aux autres secteurs,
imposerait... La loi leur permet de le déléguer. Il me semble
qu'il y a là une obligation de s'assumer puis de se responsabiliser
qu'on ne retrouvait pas avant. Parce qu'une chose qui va changer parce
qu'il faut regarder ça dans un tout où ils sont
unanimes... Puis le député de Joliette le sait très bien;
ils ont dit: Que le gouvernement se retire de là-dedans! Cinquante et
un, ça, ils sont unanimes: Que le gouvernement saute, qu'il ne s'en
mêle plus! On va s'occuper, nous autres, de nos propres affaires. O.K.?
Mais ça, là, ça va changer tout le comportement des
assemblées, tant patronales que syndicales, dans chacun des secteurs.
Parce que, là, ils ne pourront plus, pour la première fois, se
fier que, finalement, qu'ils aient le comportement qu'ils voudront, rationnel
ou irrationnel, en bout de ligne ils n'ont qu'à ne pas s'assumer parce
que le gouvernement va légiférer. Là, pour la
première fois, avec ça ils vont être obligés de
s'assumer, et leur comportement, à l'intérieur de leurs
assemblées.
Tu sais, dans le moment, c'est facile, tu donnes un mandat à ton
monde... et puis je pense que les gens de l'AECQ, à l'heure actuelle,
disaient: Nous autres, dans nos associations, là, le mandat qu'on avait
à la dernière négociation, c'était moins 20, ne
bouge pas de là, moins cinq, on ne veut rien savoir. Parce que,
finalement, tu peux, cette année, prendre une attitude comme
celle-là en disant d'avance: Bien, ça ne marchera pas, puis,
finalement, le gouvernement tranchera. O.K.? Donc, cette fois-ci, ils vont
être obligés, avec quatre secteurs et plus de 51, quand ils auront
fait une première ronde de négociations dans chacun des secteurs,
de s'assumer entièrement dans les mandats qu'ils vont donner à
leur organisme. Parce que, là, les conséquences de leur
flexibilité ou non-flexibilité vont avoir comme résultat
qu'il va y avoir une convention ou il n'y en aura pas. Et ça, là,
si certains sont inquiets d'être obligés de s'assumer, je pense
qu'on a, nous, la responsabilité, comme législateurs, de les
amener dans ce sens-là, mais, en même temps, en protégeant.
Si une association ne désire pas l'assumer, bon, bien, c'est correct, si
elle décide de ne pas l'assumer et de le confier à quelqu'un qui
est plus compétent. (17 h 40)
Mais ça, c'est un reproche, M. le Président, qui est fait
à la présente structure, de un, pour tout le monde, c'est que...
Enfin, je ne veux pas me répéter, là; c'est pour
ça, je pense, qu'il faut les responsabiliser. Et, dans ce
sens-là, il faut qu'eux autres décident pour eux autres ce qu'ils
veulent dans leur mieux-être et dans le meilleur intérêt de
leur industrie.
Et, pour terminer dans ma réplique, on a tous été
agréablement impressionnés par la présentation de mon ami
Brière, de la corporation des tuy auteur s. Mais je vous rappelle que
les tuyauteurs, comme la Corporation
des maîtres électriciens, sont également membres
parce qu'ils sont actifs dans ces champs d'activité là
à l'APCHQ, ils sont membres à l'ACQ, ils sont membres dans
d'autres secteurs, et c'est là qu'ils devront aller exercer et
s'exprimer. Et, s'ils veulent le confier à l'AECQ, là, le mandat,
bien, c'est d'aller à l'intérieur de leur champ d'activité
et d'aller l'exprimer là, plutôt que de dire: On est un
allié de l'AECQ, mais on comprend que les secteurs dans lesquels on est
membres et on est actifs, c'est beaucoup plus pour être capables de faire
du social et de l'économique, et donner notre carte, et s'assurer qu'on
fait partie de la sous-traitance. Ça va plus loin que ça: On veut
qu'ils s'assument complètement dans leur champ d'activité; on les
responsabilise. Je le sais qu'il y en a qui sont mal à l'aise avec
ça, mais c'est la seule façon qu'ils vont finalement accepter de
s'assumer et que le vrai monde va parler au nom du vrai monde.
Combien de fois j'ai entendu et je suis certain que le
député de Joliette l'a entendu, lui aussi se faire
décrire évidemment, par une association autre que celle
dont il nous parle dire, par exemple: L'association une telle, ah! ils
parlent de leur «membership», mais ce ne sont pas des vrais
entrepreneurs dans ce sens-là: ce sont des vendeurs de tapis, ce sont
des... Alors, finalement, là, les vrais entrepreneurs, actifs dans ce
champ d'activité là, basé sur les heures qu'ils font dans
ce type d'activité là, vont aller à leurs
assemblées et vont prendre les décisions concernant leur champ
d'activité; pas les professionnels autres que les vrais gens actifs
là-dedans. Et ça, c'est le sens de la responsabilisation.
Peut-être que les associations pourront continuer d'avoir des membres
honoraires ou des membres autres, mais elles ne pourront plus, au nom
d'être membre de l'organisation A, invoquer qu'ils peuvent participer aux
assemblées. C'est ceux qui auront enregistré des heures dans ce
secteur-là, comme employeurs, qui pourront prendre les décisions
appropriées à leur champ d'activité.
Ça, c'est nouveau; ça, c'est un changement de culture dans
l'industrie de la construction au Québec. Mais je pense qu'on en est
là; il faut leur permettre ça. Et, encore une fois, je le
répète: S'ils ne veulent pas l'assumer, s'ils
préfèrent que ça va être mieux assumé par
l'AECQ, ils peuvent le faire.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Joliette, en réplique? Vous vouliez...
M. Chevrette: Ce n'est pas en réplique, M. le
Président. Je pense qu'on ne parle pas de la même chose, et je
vais essayer de m'expliquer bien comme il faut, cette fois-ci, pour que le
ministre me comprenne.
À l'article 73, le ministre confie un mandat de
négociation à l'AECQ sur des objets spécifiques de
négociation. On se comprend bien? Les objets spécifiques de...
Non, non, 73; vous donnez un mandat de négo.
M. Cherry: Oui, mais pas sur des objets spécifiques.
M. Chevrette: Mais à 48... Excusez, à 22, d'abord
je vais essayer de le trouver, là vous m'avez
décrit vous-même le tronc commun, là. Je ne me souviens
plus du numéro, là. Pardon? C'est quel...
Une voix: C'est sur le tronc commun, c'est 48.
M. Chevrette: L'article 48.
M. Marcil: Les articles 48 et 22, je crois. Le...
M. Chevrette: Bon. À l'article 48: «Les clauses
portant sur les matières suivantes doivent être communes aux
conventions collectives de chacun des secteurs». Donc, c'est
évidemment l'AECQ qui va négocier le tronc commun. Comment
voulez-vous qu'à chaque table sectorielle on négocie une
même clause? Voyons, la logique, là! Moi, je ne parle pas des
bebelles théoriques, là! Si je crée quatre tables de
négociation et que je dis: Négociez la même formule de
griefs... Ce n'est pas le même employeur. Comment vous allez arriver
à avoir quatre clauses de règlement de griefs identiques, si ce
n'est pas négocié par un?
Écoutez, là, la logique de votre propre projet de loi...
Je m'excuse, avec tout le respect que j'ai pour ceux qui vous conseillent, j'ai
présupposé que, si vous donniez, à 73, dans une logique
d'une démarche intellectuelle, si vous donniez le mandat de
négocier, à 73, à l'organisme de coordination,
c'était pour l'asseoir juridiquement pour pouvoir imposer un tronc
commun sur la représentation syndicale, la procédure des
règlements de griefs, pour ne pas qu'une association se ramasse à
un délégué de chantier chaque fois où il y en a
cinq, ou l'autre en a sept et l'autre en a huit. J'ai supposé que
ça serait un seul organisme qui négocierait ça, voyons!
Sinon, ça aurait été pire, mon argumentation, que celle
que je vous ai fournie. Donc, je prends pour acquis que l'organisme
créé en vertu de 73, pour négocier 48, ça, c'est
une chose. Mais j'ai bien dit que 73 ne donne que le mandat de
négociation, et non pas d'application, même des conventions de ce
tronc commun.
Et, deuxièmement, vous m'arrivez en disant: L'article 22.
L'article 22, tout ce qu'il fait, c'est que, si l'ACQ veut confier sa
négociation sectorielle à l'AECQ, elle peut le faire. Ça,
j'ai compris ça. Mais, écoutez, en toute logique, quand tu t'en
vas négocier, il y a un tronc commun qui va être
négocié par qui? Au bon vouloir des secteurs? Ce n'est pas
ça que votre loi dit; ce n'est pas ça. Je suppose que ce n'est
même pas ça que vous vouliez dire; sinon, ce serait le monde
à l'envers. Vous imposeriez des clauses communes sans les forcer
à négocier en commun. Je ne pense pas que ça soit ce que
vous proposiez, M. le ministre.
Moi, tel que je le lis, le projet de loi, je suppose que vous voulez que
l'AECQ, ou la nouvelle AECQ, telle que composée en vertu de 94, mais
dont le mandat
est à l'article 73 c'était pour négocier 61
ou 48 de la loi je suppose que, ça, c'est unique. Sinon, vous
venez de me dire que l'APCHQ pourrait vouloir ne pas négocier la
procédure de règlement de griefs par l'AECQ. À ce
moment-là, c'est une convention toute seule. Comment voulez-vous leur
imposer une clause similaire à tout le monde? Je veux dire, la logique
et le gros bon sens, ça dit ça.
Si j'y allais par questions, pour qu'on se comprenne. Il va y avoir une
nouvelle AECQ, composée de trois délégués par
secteur. Est-ce que c'est à la table unique que vont se négocier
la sécurité syndicale, la procédure syndicale, la
représentation syndicale, la procédure de règlement de
griefs, l'exercice de recours? Est-ce que ça va se négocier
à une seule table?
M. Cherry: Ça va se négocier par la coalition
patronale, qui siège à une seule table, qui siège à
l'AECQ. C'est ça, l'affaire.
M. Chevrette: Donc, la nouvelle AECQ, formée par 94, dont
le mandat de négocier est à 73, va négocier les points
prévus à 48. C'est bien ça?
M. Cherry: C'est ça.
M. Chevrette: On a bien compris?
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: Donc, l'article 22 ne joue en rien, à ce
moment-là, M. le ministre, pour ces sujets-là?
M. Cherry: Oui, oui.
M. Chevrette: Est-ce que l'article 22 a une influence sur
l'article 48, oui ou non?
M. Cherry: Ce n'est pas l'AECQ, c'est la coalition. Il faut
toujours se souvenir de ça. La coalition patronale, elle, a
intérêt à s'entendre pour avoir une façon de
procéder.
M. Chevrette: C'est qui, ça, la coalition patronale?
M. Cherry: C'est ceux qui vont composer... M. Chevrette:
En vertu de 94...
M. Cherry: ...les nouveaux groupes. Ils ont intérêt,
eux autres...
M. Chevrette: Oui, mais le nouveau groupe est formé en
vertu de 94?
Une voix: C'est les trois associations sectorielles, la coalition
patronale.
M. Cherry: Bien oui, c'est ça!
M. Chevrette: Est-ce que c'est ça qui est prévu par
94?
Une voix: Ce n'est pas l'AECQ actuelle, c'est la future AECQ.
M. Cherry: Bien oui, la nouvelle AECQ. Vas-y donc, Jacques.
M. Chevrette: Non, non, mais «c'est-u» bien 94?
M. Henry (Jacques): Oui, oui. Il est prévu que le conseil
d'administration de l'AECQ est changé, le 15 janvier, par trois membres,
trois membres, trois membres de chaque association sectorielle.
M. Chevrette: Donc, c'est une nouvelle AECQ, ça?
M. Henry (Jacques): Bien oui! La coalition patronale, c'est les
trois associations sectorielles qui dirigent l'AECQ et qui vont
négocier, en coalition patronale, le tronc commun, en donnant ou pas des
mandats aux fonctionnaires de l'AECQ.
Une voix: Mais c'est deux choses différentes,
là.
M. Chevrette: Oui, mais, M. le sous-ministre, là, le petit
Jos Bleau, dans le champ, il veut comprendre quelque chose. Imaginez-vous que,
si on ne se comprend pas, ici, là, vous allez avoir bien de la
facilité à faire comprendre ça, toi, à M.
Tartempion sur la rue Saint-Timothée à Montréal?
Vous dites qu'il y a une nouvelle structure; appelez ça la
coalition patronale, appelez ça comme vous voudrez.
«C'est-u» la nouvelle structure patronale 94, oui ou non? (17 h
50)
M. Henry (Jacques): Oui. Le principe de base du projet de loi, ce
sont les mandataires sectoriels qui ont le mandat de négocier, et, au
niveau du tronc commun, ils sont ensemble pour le faire, parce que c'est un
tronc commun.
M. Chevrette: Est-ce qu'en vertu de l'article 94... M. le
Président, on n'est pas à la période de questions.
Le Président (M. Joly): Allez, allez, allez. M.
Chevrette: Pour une clarification. Le Président (M. Joly):
Allez, allez.
M. Chevrette: Est-ce que, en vertu de l'article 94, vous ne
forcez pas les patrons, dans une nouvelle structure, à négocier
le tronc commun de l'article 48, oui ou non? Voyons!
Une voix: Bonne question! Bonne question! Une voix: C'est
la nouvelle AECQ.
Le Président (M. Joly): En fait, pour fins de
compréhension, quand vous référez à 94, ce n'est
pas l'année 1994, mais l'article 94.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Non, mais obligation est faite en vertu de
l'article 94.
M. Henry (Jacques): Les agents négociateurs, en vertu de 1
et complété par 22, je pense, ce sont les associations
sectorielles pour tout.
M. Chevrette: Mais, M. le Président... Le
Président (M. Joly): M. le député.
M. Chevrette: ...je vais demander au sous-ministre... J'ai fait
du syndicalisme pendant 17 ans, et c'est la première fois que je verrais
une pareille folie. Et je vais vous l'expliquer. Comment voulez-vous obliger du
monde à négocier dans un tronc commun si vous laissez un pouvoir
au secteur? Ce n'est pas ça que vous faites, d'ailleurs, dans la logique
de votre loi, M. le sous-ministre. Vous prenez la peine de rédiger
l'article 94 pour leur faire obligation de se regrouper pour négocier le
tronc commun. Sinon, votre projet de loi n'aurait ni queue ni tête
d'imposer des clauses uniques en laissant le pouvoir à un secteur. Vous
savez que ça n'aurait pas d'allure. Comment voulez-vous que
l'APCHQ...
Je vais vous donner un exemple concret. Vous dites que l'article 1
constitue le pouvoir de négociation; c'est ça que vous venez de
me répondre.
M. Henry (Jacques): Combiné à 22.
M. Chevrette: Pardon?
M. Henry (Jacques): Combiné à 22.
M. Chevrette: Combiné à 22. L'article 22, pour
votre information, retrouve son sens exclusivement sur les objets
spécifiques aux secteurs, M. le sous-ministre, parce que vous savez
très bien que l'article 22... Écoutez, j'en ai fait, des
relations de travail, assez pour vous dire que ça n'aurait ni queue ni
tête ce que vous me répondez, si vous ne créez pas
l'obligation juridique de négocier un tronc commun. C'est la seule
logique, de dire que les clauses sont uniques pour tous les groupes, sinon
ça n'aurait ni queue ni tête que de dire: Le pouvoir est aux
secteurs. C'est à eux, complété par 22, la
«facultativité». Si c'est facultatif, votre article 48 n'a
ni queue ni tête.
Une voix: Ni tête. Ça n'a pas de bon sens!
M. Chevrette: Ça ne tient pas debout! Ça ne
résiste pas à l'analyse. C'est contre un processus intellectuel
rationnel, normal et logique. Expliquez-moi le contraire! J'aimerais que vous
me l'expliquiez, parce que c'a ni queue ni tête autrement, pour le
vrai.
M. Henry (Jacques): Ce que le projet de loi dit j'essaie
d'être clair, parce que c'est compliqué c'est qu'il y a
quatre conventions, et les agents négociateurs uniques sont les
associations traditionnelles. Ce que le projet de loi dit, également,
par-dessus ça, c'est qu'on les oblige à se regrouper dans un
organisme de coordination et de support, qui est l'AECQ, dont on modifie le
C.A. en fonction de l'orientation du projet de loi.
M. Chevrette: Oui.
M. Henry (Jacques): Et le projet de loi ne prévoit pas
enlever la possibilité, pour cette AECQ-là renouvelée, de
faire des relations de travail sur mandat des associations traditionnelles.
Jusque-là, j'espère que j'ai été clair.
M. Chevrette: Ça, ça va bien.
M. Henry (Jacques): Le projet de loi rajoute également
que, aux fins de faciliter la transition d'un système à l'autre,
de une convention depuis fort longtemps, 1968 à quatre
conventions laquelle convention renferme déjà des
éléments de tronc commun le minimum de ça, sans
incidence financière directe, je pense, là, dans les clauses qui
sont là il y en a, mais indirectes aura été
conservé dans un tronc commun, et elles ont obligation, les associations
mandataires sectorielles, de le négocier.
Alors, comme on les force à se regrouper dans un organisme de
coordination, qu'elles vont diriger elles-mêmes, il tombe sous le sens
qu'elles vont le négocier en coalition patronale, parce qu'elles ne
pourraient pas le faire autrement. Ça ne se peut pas, négocier
dans chaque...
Le projet de loi prévoit également un processus de
ratification distinct entre chacune des conventions sectorielles, les clauses
des conventions sectorielles et celles du tronc commun, allant jusqu'à
dire que, s'il n'y a pas d'entente sur le tronc commun, une convention
collective sectorielle peut avoir son existence légale, le tronc commun
du décret, s'il n'a pas été changé dans ce
secteur-là, demeurant celui qui prévaut jusqu'à ce qu'il
soit ratifié selon le processus prévu pour le secteur
concerné.
Évidemment, en addition, quatre fois, ça peut avoir l'air
compliqué, mais, pour les gens qui négocient, ça donne
comme résultat net quatre je vous dis ce qui est prévu
conventions sectorielles autonomes et un tronc commun, qui, s'il y avait
impasse, ne peut pas empêcher l'adoption d'une convention sectorielle.
C'est ce qui est prévu.
M. Chevrette: Non, mais comment pouvez-vous légalement...
Vous allez m'expliquer ça, si c'est... Il faudrait quasiment aller
à la législation ou les faire venir ici. Comment pouvez-vous,
légalement, obliger les parties à un tronc commun et les laisser
libre d'accepter ou pas les conventions collectives négociées
dans le tronc commun? Expliquez-moi ça sur le plan juridique, vous.
Êtes-vous avocat?
M. Henry (Jacques): II y a obligation de négocier la
convention collective sectorielle qui comprend des clauses sectorielles
j'essaie d'être clair pour lesquelles ils ont un mandat exclusif
et qui comprend des clauses de tronc commun pour lesquelles Us n'ont pas un
mandat exclusif, en vertu du projet de loi qui est là.
M. Chevrette: Oui, mais en vertu de l'article 1...
M. Henry (Jacques): Oui.
M. Chevrette: ...doublé de l'article 22...
M. Henry (Jacques): Oui.
M. Chevrette: ...expliquez-moi, si l'APCHQ pour prendre un
exemple concret décide qu'elle ne donne pas de mandat à
l'organisme de coordination et qu'elle veut négocier, elle, toute seule,
tout, en quoi la loi va la forcer à ne pas adopter sa propre convention
collective, si je suis le raisonnement que vous venez de nous donner?
M. Henry (Jacques): Elle ne peut pas... S'ils ne veulent pas
négocier en concertation avec les trois autres, c'est ce que vous
soulignez, ou les deux autres ça va? alors qu'est-ce qui
se passe? C'est ce que vous me suggérez. Alors, le processus qui est
là prévoit que, donc, en coalition ou pas, supposons que l'AECQ
ne veut pas, les deux autres qui représentent les trois autres
conventions...
M. Chevrette: Non, non. J'ai donné l'exemple de l'APCHQ
qui voudrait...
M. Henry (Jacques): Elle ne veut pas, l'APCHQ, supposons; les
autres négocient. Or, le processus de ratification est différent.
C'est-à-dire que, quand va arriver le temps de soumettre au vote
patronal je ne parle pas des syndicats l'adoption du tronc
commun, que l'APCHQ ait négocié ou pas, qu'elle soit d'accord ou
pas, qu'elle soumette ou pas elle est obligée de le soumettre
à ses membres; ils pourraient le rejeter c'est une
majorité simple de l'ensemble des votes qui permet l'adoption du tronc
commun en tenant compte du poids relatif des heures de chaque secteur
dans l'ensemble des heures de l'industrie de la construction. C'est
compliqué, là, mais c'est comme ça.
M. Chevrette: Mais prenons l'exemple où l'APCHQ...
M. Henry (Jacques): Ah! ils vont se ramasser avec le tronc commun
légal dans leur convention, si c'était le cas.
M. Chevrette: Et s'ils le rejettent... Même s'ils le
rejetaient?
M. Henry (Jacques): Même s'ils le rejetaient, parce que le
processus de ratification du tronc commun est au vote majoritaire simple de
l'ensemble des heures par rapport au poids relatif des secteurs, comme pour les
syndicats.
M. Chevrette: À ce moment-là, pourquoi m'avez-vous
répondu tantôt que, sur le plan juridique, elle était libre
de donner le mandat ou non? Parce que, moi, je prétendais que l'article
94 de votre projet de loi crée l'obligation de négocier en
cartel.
M. Henry (Jacques): C'est que...
M. Chevrette: II crée l'obligation de négocier en
cartel, puisque le fruit de cette négociation est obligatoirement
adopté de force, même si tu ne veux pas. Donc...
M. Henry (Jacques): Pour le tronc commun.
M. Chevrette: Pour le tronc commun, oui. Mais, c'est ça
que j'essaie de dire depuis le début, puis je pense que le
député de Salaberry-Soulanges m'a suivi passablement dans mon
cheminement, parce que je dis qu'en vertu de 94 il y a obligation de
négocier en commun le tronc commun prévu à 48. Et,
à mon point de vue, à ce moment-là, l'article 22 ne vient
que donner un semblant de leurre, sur le tronc commun, de pouvoir. Moi, je
croyais que 22 c'était de dire: Bien, si vous voulez négocier
pour et en mon nom les objets qui sont spécifiques, je l'accepte aussi.
Mais ça, c'est une liberté pour le sectoriel. Mais, pour le tronc
commun, il me semble que c'est un non-sens. Bon Dieu! Le bon sens, la logique
des choses, là...
Le Président (M. Joly): Avant de suspendre nos travaux,
peut-être que M. le sous-ministre voudrait donner une explication.
M. Henry (Jacques): Je pense que, à ce moment-là,
je n'ai pas été clair, tout à l'heure, face à 22.
Le sens de 22, c'est que, comme la base, c'est que ce sont les associations
sectorielles qui sont agents négociateurs, que, de par l'effet des
autres articles dont on parlait, elles sont obligées de se coaliser pour
le tronc commun, avec un effet dont je parlais, c'est que l'article 22,
ça a pour effet qu'elles peuvent confier à
l'AECQ, qui n'en a pas, a priori, de mandat de né-go... elle
pourrait en obtenir officiellement par le biais de l'article 22...
M. Chevrette: Sectoriel.
M. Henry (Jacques): ...qu'il soit de tronc commun ou qu'il soit
de clause sectorielle...
M. Chevrette: Tu sais bien que ça n'a pas d'allure.
M. Henry (Jacques): ...pour l'ensemble de la convention.
Autrement dit, si l'APCHQ ne veut pas s'occuper de tronc commun, elle pourrait
le déléguer à l'AECQ, et ça serait l'AECQ
nouvel organisme de support à la coordination, mais qui peut se faire
donner un mandat plus les deux autres traditionnels, qui
négocieraient le tronc commun.
M. Chevrette: Mais, poussez-le plus loin. Non seulement elle
confie le mandat à l'AECQ de négocier le tronc commun, mais elle
ne voudrait pas... Selon votre logique, en vertu de 22, elle pourrait refuser
de le déléguer à l'AECQ. Vous me répondez: Bien,
écoutez, elle hérite automatiquement du bloc ou du tronc commun,
même si elle n'est pas d'accord. Qu'est-ce que ça donne de mettre
dans une loi... Un législateur ne parle pas pour ne rien dire, à
moins que ça ait changé ces derniers temps, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
(18 heures)
M. Chevrette: Qu'est-ce que ça vous donne de mettre dans
la loi une «facultativité» d'adhérer au tronc commun,
alors qu'il en hérite obligatoirement? Voyons! En tout cas, on va le
reprendre à 20 heures, parce que ça n'a pas d'allure.
Le Président (M. Joly): Alors, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures, dans le même salon.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 9)
Le Président (M. Joly): Alors, la commission reprend ses
travaux. Au moment de suspendre, nous avions toujours l'article 1 sur la table,
et les deux amendements avaient été déposés par M.
le député de Joliette. Nous avions largement discuté des
deux amendements comme tels. J'avais admis la recevabilité, et plusieurs
points ont été amenés par M. le sous-ministre concernant
les articles 22, 73, 94 et 48. Alors, compte tenu qu'il y avait encore, je
pense, à débattre du sujet, je reconnais maintenant M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Nous avions
entamé la discussion en particulier à cause de l'article 22 qui
traitait de la «facultativité» d'adhérer ou non
à la structure qui était prévue à 94 pour
réaliser le mandat de l'article 73. La facultativité dans 22.
Donc, ma question simple, c'est: Pourquoi, d'abord, ne pas la définir,
cette structure-là, au départ? Pourquoi on fait sauter
l'Association des entrepreneurs en construction, qui est prévue à
94, dans les définitions? (20 h 10)
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: Vu qu'on reprend... Rapidement, je rappelle, M. le
Président, à notre collègue de Joliette que ce qui guide
la philosophie de base de ça, c'est la responsabilisation. C'est quatre
conventions, quatre secteurs. C'est ça qui est la base, pour que les
gens qui vont parler de leur secteur en parlent en connaissance de cause. Puis,
s'ils donnent des mandats, qu'ils les donnent en fonction des choses qui leur
sont propres. Je ne veux pas aller plus loin pour en ajouter inutilement, mais
c'est ça qui est le fondement de notre affaire.
M. Chevrette: Oui, je comprends. Mais vous utilisez, à
l'article 94... Allons le voir: «Les associations d'entrepreneurs
doivent, avant le 15 janvier 1994, désigner des membres pour former un
nouveau conseil d'administration de l'Association des entrepreneurs en
construction». Pourquoi ne définissez-vous pas, dans les
définitions, au départ, l'Association des entrepreneurs en
construction? C'est ça ma question précise, pour partir.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: Quatre secteurs, quatre conventions uniques.
Là, vous, qu'est-ce que vous souhaiteriez? Que ce soit fait de
façon différente...
M. Chevrette: Non, non.
M. Cherry: ...pour préciser ce qui est ça,
l'intention?
M. Chevrette: Non, mais, M. le ministre, si vous sentez le
besoin, à l'article 94...
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: ...de dire que les associations d'entrepreneurs,
les quatre...
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: ...créent un nouveau... «pour former
un nouveau conseil d'administration de l'Association des entrepreneurs en
construction du Québec»,
pourquoi ne pas définir, au départ, l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec?
M. Cherry: À chaque fois qu'on la nomme, on en parle au
long. Donc, c'est important qu'on sache comment, ça, c'est
composé. Autrement, on pourrait revenir, si on ne définit pas
ça va être quoi, la nouvelle AECQ, à partir du 15
janvier... Il faut qu'on fasse la distinction bien nette entre celle que tout
le monde a connue depuis 1976 et celle qui va être en fonction à
partir du 15 janvier, comment elle va être composée, comment elle
va prendre ses mandats.
M. Chevrette: Oui, mais, M. le ministre, vous avez une
terminologie dans votre projet de loi. Vous reconnaissez que l'Association des
entrepreneurs en construction, dans la loi, va exister en vertu de l'article
94. C'est correct? Pourquoi ne pas définir que l'Association des
entrepreneurs en construction sera la structure issue de la formation
suggérée à l'article 94? Pourquoi vous ne la
définissez pas? Je veux savoir pourquoi. Parce que, dans une loi, on
définit les joueurs. Vous ne définissez pas ce joueur au
début. Vous définissez les associations sectorielles, mais vous
ne définissez pas la créature que vous créez à 94,
ce qui est contraire, ordinairement, au principe législatif de
définir chaque joueur, chaque artisan, chaque intervenant.
M. Cherry: Dans la loi, à l'heure actuelle, pour faire la
comparaison avec la nouvelle, R-20, là ça parle d'une
association d'employeurs.
M. Chevrette: R-20?
M. Henry (Jacques): Article 1.
M. Cherry: Article 1.
M. Henry (Jacques): La loi actuelle.
M. Cherry: La loi actuelle. Ça ne définit pas
l'AECQ, parce qu'elle a sa loi constituante.
M. Chevrette: Oui, mais à l'article c de la loi
existante...
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: ...le, vous définissez «"association
d'employeurs": l'Association des entrepreneurs en construction du
Québeo. C'est correct? À l'article le de la loi existante.
M. Cherry: Mais on ne définit pas l'AECQ.
M. Chevrette: Non, mais vous dites que c'est «l'Association
des entrepreneurs en construction du Québec», dans les
définitions.
M. Henry (Jacques): De l'«association
d'employeurs».
M. Chevrette: Donc, «association d'employeurs»...
M. Henry (Jacques): Égale AECQ... M. Chevrette:
...égale AECQ. M. Henry (Jacques): ...au sens de R-20. M.
Chevrette: Égale AECQ?
M. Henry (Jacques): ...dans la loi R-20, dans la loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction.
M. Chevrette: Bien, moi, dans les définitions, chapitre I,
article le, c'est l'AECQ, l'association des employeurs?
M. Henry (Jacques): Oui, «association d'employeurs»,
c'est une définition dans R-20, qui dit que c'est l'AECQ. La
définition de l'AECQ est dans sa loi constituante, qu'on amende par 90.
On n'a pas besoin de la définir, elle est déjà
définie. Elle a sa loi propre, l'AECQ, elle n'est pas dans R-20. R-20
parle d'«assôciation d'employeurs»; ça, c'est
enlevé. Mais l'AECQ, on n'a pas besoin de la définir, c'est dans
sa loi constituante, qui demeure active, qui est juste amendée pour dire
qu'on change son mandat. C'est pour ça que ce n'est pas défini,
l'AECQ; c'est la seule raison. Vous l'avez au début du projet de loi, je
pense.
M. Chevrette: Chinoiseries maudites!
M. Henry (Jacques): Les lois modifiées par ce projet, il y
a la loi incorporant l'AECQ (1976, chapitre 72) au début
complètement. Donc, l'AECQ ayant sa loi constitutive, sa
définition est dedans. Ce projet-là, à 90, il apporte des
modifications à son C.A., «that's it». Tout le reste de la
loi demeure, plus les autres amendements qu'on faits à la loi de l'AECQ
en cours de route. Donc, elle garde sa loi constituante, elle garde son titre
et on change ses mandats. C'est pour ça que ce n'est pas défini,
si c'est ça votre question.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Dans le mandat... Allons au mandat tout de suite.
Si j'ai bien compris, le mandat n'est que pour négocier, en vertu de
l'article 48, et... C'est ça, 48. Pourquoi enlever le mandat de
l'application de ce qu'ils vont négocier? C'est le tronc commun?
M. Henry (Jacques): C'est que, si vous prenez l'article 72,
paragraphe 6°...
M. Chevrette: Un instant. L'article 72?
M. Henry (Jacques): ...paragraphe 6° juste avant 73
ça parle de l'AECQ aussi. Article 72, paragraphe 6°, à
droite. Alors, vous avez l'article 34 qui est modifié par ce qu'on
ajoute. Alors, à droite, 34: «L'association visée à
l'article 32 c'est l'AECQ doit s'occuper exclusivement de
relations du travail». Ça, c'est pour dire qu'elle n'a pas de
mandat autre que les relations de travail O.K.? dans le projet de
loi qui est là. Là, on ajoute: «et de la coordination des
négociations des conventions collectives suivant la Loi R-20
sur les relations du travail» dans la main-d'oeuvre de la
construction. «Elle doit déposer...»
Donc, l'article 72, paragraphe 6°, ajoute un mandat à 34.
Elle s'occupe de relations de travail. Ce n'est pas un mandat, mais ça
parle de ses fonctions. Elle s'occupe de relations et elle s'occupe de
coordination, parce que ce n'était pas dans son mandat.
L'article 73 qui suit, il dit... Ça parle toujours de l'AECQ, la
loi de l'AECQ. On remplace le paragraphe a. Qu'est-ce qu'il disait, lui? Il
disait qu'il y avait une relation directe avec les entrepreneurs ou, si vous
voulez, les employeurs professionnels. C'est remplacé par... Elle est
mandataire de ses membres donc, les trois traditionnels mais le
paragraphe b continue: «de fournir à ses membres les services de
relations du travail», puisqu'elle garde un mandat de relations du
travail. Puis, elle continue à agir comme représentante des
membres pour soutenir les intérêts de ses mandataires.
Donc, cette loi-là amende R-20 et, au passage, amende la loi de
l'AECQ en en conservant l'essentiel, mais en modifiant sa mission. Elle garde
une mission exclusive de relations de travail tributaire des mandats des
associations sectorielles, puis elle ajoute... On lui ajoute un mandat de
coordination.
M. Chevrette: Non, mais ce...
M. Henry (Jacques): Et, si vous allez à l'article 22, ils
peuvent lui donner des mandats de négos s'ils veulent, mais c'est selon
leur volonté. C'est pour la charpente de la loi. C'est parce que
ça se promène d'un bout à l'autre.
M. Chevrette: Donc, si on comprend bien votre loi, parce qu'il va
falloir qu'elle soit interprétée, cette loi-là, par du
monde... Si on a de la misère à se comprendre ici dans ce que
vous voulez dire, ça va être beau dans le champ! Ce que je veux
expliquer ici, M. le Président, c'est que chaque association sectorielle
d'entrepreneurs, en vertu de l'article 22, est libre de donner ou pas des
mandats de négociation. Chaque fois que je dirai une fausseté, je
vous invite à le dire tout de suite. On va voir si on comprend votre
loi. En vertu de l'article 22, donc, chaque association sectorielle est libre
de donner un mandat de négociation ou pas, sur l'ensemble de la
convention, à part de cela, y compris le tronc commun. Donc, un exemple:
l'APCHQ pourrait vouloir dire qu'elle ne donne aucun mandat de
négociation, ni des clauses sectorielles, ni des clauses du tronc
commun. Je ne veux rien savoir d'eux autres! Bien compris jusque-là?
En plus de ça, ils sont libres d'adhérer ou pas à
la structure proposée à l'article 94.
M. Henry (Jacques): Faux. Obligatoire de par la loi d'appartenir
à l'organisme et de le financer. Obligatoire et impératif.
M. Jolivet: Ils participent, mais ils ne négocient pas
avec eux autres.
M. Chevrette: Obligatoire et impératif, sans aucune
obligation de donner un mandat, même sur le tronc commun.
M. Henry (Jacques): Us peuvent, mais ils ne sont pas
obligés.
M. Jolivet: Mais ils paient. Ils sont cotisés.
Mme Blackburn: Ils paient, mais ils ne sont pas obligés de
les plumer.
M. Henry (Jacques): Et le processus de ratification du tronc
commun dont on parlait... Évidemment, il faut savoir où c'est
qu'il est. Il est à l'article 28 de la loi qui, lui aussi, amende la loi
de l'AECQ. Malheureusement, ça se balade comme ça, je m'en
excuse. La loi, elle a une drôle de structure. Je n'y peux rien. Donc, si
vous allez à l'article 28, à 44.2, c'est: «Une entente
relative aux dispositions communes mentionnées à l'article 61.1
ça, c'est le tronc commun intervenue entre les associations
sectorielles d'employeurs et une ou plusieurs associations de salariés
représentatives».
Là, il va y avoir un papillon là-dessus, qui va dire:
«intervenue entre une ou des associations sectorielles». Il va y
avoir un papillon, O.K.? On reprend: «...à un degré de plus
de 50 %, peut être conclue par les parties en l'absence d'une entente sur
les dispositions spécifiques à un secteur. «Un vote
distinct doit être tenu à l'égard des dispositions communes
visées au tronc commun de 61 à l'article 61.1
conformément à l'article», etc.
Donc, pour fermer" la boucle complètement, comment ça
marche l'AECQ, il faut combiner 22, 28, 48, 72, 73, malheureusement. La loi est
structurée de même, je n'y peux rien.
M. Chevrette: Théoriquement, est-il possible... M.
Henry (Jacques): Pardon?
M. Chevrette: Oui, vous avez dit quoi? (20 h 20)
M. Henry (Jacques): Malheureusement, à cause de la
structure de la loi, ce n'est pas tout dans le même chapitre. Donc, il
faut se promener d'un bout à l'autre.
M. Chevrette: Non, c'est parce qu'on légifère pour
le commun des mortels, en plus.
M. Henry (Jacques): Oui, je sais bien.
M. Jolivet: Je comprends.
M. Chevrette: Je vous suis très bien.
M. Henry (Jacques): Ça remonte à 1968.
M. Chevrette: 1968?
M. Henry (Jacques): 1968, la loi R-20, oui.
M. Chevrette: Vous n'aviez pas l'AECQ en 1968, certain. C'est en
1975.
M. Henry (Jacques): Non. 1975, l'AECQ. Mais la loi, sa structure,
c'est depuis 1968: le bill 290, M. Bellemare.
M. Chevrette: Oui. M. Cournoyer. Mais ce que je veux vous
expliquer, ce que je veux bien comprendre, c'est que FAPCHQ n'a pas
négocié le tronc commun, ou l'a négocié, puis les
deux autres groupes peuvent l'avoir renversé.
M. Henry (Jacques): Sur le tronc commun, s'agissant du tronc
commun, avec ce qui est écrit dans 28, vous avez tout à fait
raison.
M. Chevrette: Bon!
M. Henry (Jacques): Au même titre qu'au niveau d'une
coalition syndicale ils peuvent également, sans représenter tout
le monde, accepter ou renverser de quoi. Parce que c'est une loi d'extension,
ça. Alors, c'est étendu aux autres quand il y a une
majorité plus un. Elle le devient automatiquement. Il n'y a plus de
décret, mais c'est une loi d'extension, parce que, l'ancêtre,
c'était la loi des décrets, avant 1968. Ça demeure une loi
d'extension. Elle devient automatique.
M. Chevrette: Je connais ça un peu. M. Henry (Jacques):
Ça va?
M. Chevrette: L'APCHQ je continue mon exemple
ne...
M. Henry (Jacques): Oui.
M. Chevrette: ...participe pas à la structure de
l'AECQ.
M. Henry (Jacques): Oui.
M. Chevrette: Elle est obligée de payer sa
cotisation...
M. Henry (Jacques): Oui.
M. Chevrette: ...mais elle recommande de voter contre la
convention parce qu'elle n'est pas d'accord avec le tronc commun.
M. Henry (Jacques): C'est un vote distinct, par exemple, sur ce
bout-là, pour son secteur.
M. Chevrette: Oui. Qu'est-ce qui arrive?
M. Henry (Jacques): Elle reste prise avec ses clauses
sectorielles et, si le tronc commun est accepté par les autres, il lui
est imposé en vertu de l'extension. C'est une loi d'extension.
M. Chevrette: Puis, vous appelez ça de l'harmonie,
vous?
M. Jolivet: Elle n'aura jamais la majorité de l'AECQ.
M. Henry (Jacques): Non. Sur le tronc commun, non.
M. Chevrette: Si c'est si simple que ça, moi, je vais
demander au ministre de me l'expliquer.
M. Cherry: Pardon?
M. Chevrette: J'ai dit: Si c'est si simple que ça, ce que
vous venez d'expliquer, je vais demander à M. le ministre de me
l'expliquer.
M. Cherry: Je peux bien vous répéter les
mêmes explications. J'espère que... Je vais essayer de le dire
dans les mêmes mots. C'est que, quand on veut responsabiliser les
secteurs, puis qu'on veut qu'il y ait un tronc commun qui fonctionne, je pense
que le meilleur exemple pour tenter d'illustrer ça... Et j'ai vu votre
réaction quand le sous-ministre adjoint vous l'a donné. Quand tu
marches, quand tu fonctionnes à l'intérieur d'un organisme,
aussitôt que tu as une majorité, ça s'applique à
l'ensemble.
Comment ça fonctionne, à l'heure actuelle, du
côté syndical? À partir du moment où une
majorité, que ce soit composé de la CSN puis du Conseil ou que ce
soit composé de la FTQ puis du Conseil, à partir du moment
où la majorité s'est exprimée favorablement à
quelque chose, les autres secteurs, d'accord ou pas, parce que la
majorité a décidé, ils sont dedans. Ça, c'est du
côté syndical.
Du côté patronal, que l'ensemble de la majorité des
secteurs qui composent l'AECQ dans sa nouvelle
structure, que la majorité des entrepreneurs aient
décidé que c'est ça... L'idéal, c'est qu'ils soient
tous d'accord. Ça, c'est l'idéal. Mais, s'ils ne le sont pas,
ça ne veut pas dire qu'ils vont empêcher le fonctionnement parce
qu'une minorité ne deviendrait pas d'accord par rapport à la
majorité. Alors, c'est la même chose du côté syndical
et du côté patronal, si on veut qu'il y ait un minimum de
cohérence puis de fonctionnement. Autrement, tu pourrais en avoir un
qui, du principe que, lui, il n'est pas d'accord, même s'il est
minoritaire, empêche le fonctionnement. Tu sais, ça ne peut pas
arriver, ça, dans la vraie vie.
M. Jolivet: Ça améliore quoi, ça?
Mme Blackburn: Qu'est-ce que ça améliore?
M. Chevrette: Ça change quoi?
M. Cherry: J'ai essayé d'améliorer votre
compréhension. Il semble que je n'ai pas plus réussi que le
sous-ministre.
M. Chevrette: Non, non. Ça change quoi, par rapport
à la situation actuelle, sur les majorités?
M. Cherry: Mais non, mais vous sembliez préoccupé
par comment est-ce que ça se peut que l'APCHQ parce que je
reprends votre expression...
M. Chevrette: Non, non. Vous m'avez dit que votre objectif...
Vous avez commencé même votre intervention, M. le ministre
on a la chance d'avoir des bonnes oreilles vous avez commencé par
dire que vous vouliez responsabiliser les parties et vous terminez en disant:
II faut bien qu'il y ait une majorité qui tranche. Je vous demande:
Qu'est-ce que ça change par rapport à la situation actuelle, les
majorités?
M. Henry (Jacques): Du côté patronal, il reste juste
l'AECQ qui négocie. Les associations traditionnelles ne sont pas
associées à la négociation.
M. Chevrette: Non, non, le tronc commun?
M. Henry (Jacques): Puis, à partir du moment où
vous avez quatre conventions et que vous ne voulez pas empêcher... que
vous ne voulez pas enlever l'autonomie du négociateur patronal unique
d'une convention sectorielle, il faut que vous vous arrangiez, si vous voulez
impérativement avoir un tronc commun, pour ne pas qu'il soit
empêché d'être ratifié par l'une des parties.
M. Jolivet: Mais, si l'APCHQ...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ...si l'APCHQ, qui n'est jamais majoritaire dans le
contexte actuel, négociait toute seule la partie du tronc commun, qui
pourrait être meilleure que ce qu'offraient les autres associations, elle
serait obligée, parce qu'elle est toute seule, minoritaire, d'accepter
l'autre. C'est ça que vous me dites?
M. Henry (Jacques): C'est un choix qui a été fait
là-dedans...
M. Jolivet: Ah oui!
M. Henry (Jacques): Quand on a quatre conventions, quatre
secteurs, ou il y a un tronc commun ou il n'y en a pas, hein? Pousser plus loin
la responsabilisation, ça aurait été de dire:
Décidez s'il y en a un ou pas. Négociez-le et vous vous
arrangerez sur la mécanique, comment ça fonctionne. Mais, pour
éviter que ça ne porte juste là-dessus, le choix qui a
été fait, c'est de dire: II va y en avoir un; il est dans la loi,
il est le minimum. Puis, le bout qui est resté, c'est: Arrangez-vous sur
la manière de négocier, sauf que, pour le ratifier, voilà
comment ça marche, de par le législateur. C'est un choix qui a
été fait...
M. Chevrette: Oui.
M. Henry (Jacques): ...mais il aurait pu ne pas y avoir de tronc
commun...
M. Chevrette: Mais reprenez votre... Prenez votre article
94...
M. Henry (Jacques): ...et là, à ce
moment-là... M. Chevrette: ...monsieur... M. Henry (Jacques):
Oui.
M. Chevrette: ...poussez ça au ridicule, juste une minute.
Prenez l'article 94 et poussons-le au ridicule. Le ministre dit: II faut que je
sorte du décret et il faut que je m'arrange pour que les parties se
débrouillent.
M. Cherry: II faut quand même qu'il y ait un minimum
de...
M. Chevrette: Oui, oui.
M. Cherry: ...consensus, parce que tu sais...
M. Chevrette: L'APCHQ, l'ACQ et l'ACRGTQ décident de ne
pas former votre structure. Qui négocie pour et au nom des trois
associations pour le tronc commun?
M. Henry (Jacques): C'est interdit. Ils sont obligés.
M. Cherry: C'est ça, c'est interdit de faire ça.
Ils sont obligés d'avoir une structure.
M. Chevrette: Bien, comment vous me conciliez... O.K. Bien,
comment conciliez-vous votre réponse, d'abord, que vous venez de me
donner, mon cher M. le sous-ministre, avec la réponse que vous m'avez
donnée avant le souper, en disant qu'en vertu de l'article 22 ils
étaient libres?
M. Henry (Jacques): C'est qu'ils ne sont pas libres d'avoir un
tronc commun...
M. Chevrette: C'est simple, hein. M. Cherry: Bien non!
M. Henry (Jacques): Oui. M. Chevrette, ils ne sont pas libres
d'avoir un tronc commun. Ils ne sont pas libres de former l'organisme. Mais, un
coup que ces deux choses-là sont faites, ils sont libres d'abandonner ou
pas le pouvoir qui leur est donné dans l'article 22, d'être
négociateur unique, en tout ou partie.
M. Jolivet: C'est bien responsabilisé, ça.
M. Chevrette: Vous conciliez ça comment avec la
responsabilisation?
M. Henry (Jacques): Ah! bien là, ça va avec... Ce
n'est pas direct avec la responsabilisation, ça va avec l'approche de
base qui consiste à dire: Quatre conventions, quatre agents patronaux
uniques. À partir du moment où ce n'est plus ça, ça
peut être structuré autrement, vous avez raison. Mais, tant que
vous gardez le cap sur quatre conventions et quatre agents patronaux uniques,
avec obligation d'un minimum de tronc commun, puisque ça a
été demandé...
M. Chevrette: Mais, au Sommet, ce n'était pas une
convention puis quatre tables sectorielles?
M. Henry (Jacques): La proposition principale du Sommet, ce
n'était pas ça; il y a eu un sous-amendement dans ce
sens-là. Mais la proposition qui est présentée à
travers ce projet de loi là, c'est quatre conventions, quatre agents
patronaux.
M. Chevrette: Une convention collective avec quatre tables
sectorielles: AECQ, pour; ACQ, abstention; APCHQ, contre; ACGRTQ, pour; CMEQ,
pour; CMMTQ, pour; FTQ-construction, contre; Conseil provincial, pour; CSN,
pour; CSD, pour; SCN, pour. Vous aviez les deux tiers, exactement, de ce que
vous aviez demandé au début du Sommet, en disant que vous
respecteriez les consensus de la structure de négociation. Comment
conciliez-vous ça avec le consensus majoritaire qu'il y a eu au Sommet,
la structure que vous proposez? (20 h 30)
M. Cherry: Quand vous prenez connaissance de l'ensemble de ce qui
s'est passé, vous remarquerez qu'il y a eu des votes qui ont
été... Ça, là, vous avez un sous-amendement. Mais,
quand tout ça était regroupé à l'intérieur
de la motion principale, c'est là que c'a été
défait. Alors, ça, c'est dans un premier temps.
Et, pour revenir à une partie de votre question...
M. Chevrette: Non, mais «c'est-u» vrai ou si c'est
faux, ça, la proposition qui a eu lieu, là? Une convention
collective avec quatre tables sectorielles, soit résidentielle,
institutionnelle et commerciale, industrielle, génie civil et voirie. Le
vote se prend et vous avez 19 pour, 8 contre. Vrai ou faux? Avec une
abstention.
M. Cherry: Oui, mais, ça, c'est un sous-amendement. Quand
ils votaient par bloc...
M. Chevrette: Bien, sous-amendement ou pas, quand je sous-amende
une proposition, ça fait partie du vote. Le vote...
M. Cherry: J'essaie de vous rapporter ce qui s'est passé
au Sommet, là. C'est comme ça que ça s'est
passé.
M. Chevrette: Oui, mais ont-ils voté pour ça, oui
ou non?
M. Cherry: À partir du moment où ils le brisaient
en sous-amendement, ils réussissaient à s'entendre sur un
sous-amendement. Mais, quand ils le regroupaient à l'intérieur
d'une motion principale, là, à ce moment-là, chacun
repartait de son côté. Parce que, si vous continuez plus loin,
vous allez voir que le lendemain de ces votes-là...
M. Chevrette: On a tous les consensus du Sommet, là.
M. Cherry: Parce que l'AECQ, là, pour vous dire, par
exemple, a fait une proposition. Puis je peux vous la lire, là: On
suggère de maintenir l'AECQ comme porte-parole patronal unique aux fins
de la négociation collective, de modifier les statuts de l'Association
pour y prévoir un conseil d'administration formé de 37 membres,
représentants régionaux, sectoriels, ainsi que de faire place aux
associations traditionnelles et, enfin, de mettre en place un comité de
travail mandaté pour jeter les bases nécessaires à la mise
sur pied d'une association unique, laquelle dispenserait tous les services. Ce
dernier volet ne fait pas partie intégrante de l'amendement
proposé. Ça, c'a été proposé par l'AECQ,
secondé par l'AECQ. Et, quand le vote a été pris
là-dessus, l'AECQ a dit: Je propose une association unique, qu'on soit
le porte-parole. Il y a eu quatre votes pour, les quatre votes de l'AECQ, et
les 26 ont été contre. Tant patronaux que syndicaux ont
voté contre ça, dans le même Sommet.
M. Chevrette: M. le ministre, vous parlez d'une association. Moi,
je vous parle du consensus sur une convention. «C'est-u» correct,
là? On va parler de la même chose, si ça ne vous
dérange pas. Je vous pose une question. Je ne vous la pose pas sur
l'AECQ, moi, là. Je vous pose une question: Est-il exact, oui ou non,
qu'au sommet de la construction il y a eu un vote majoritaire, 19-8 avec une
abstention, pour avoir une seule convention collective et quatre secteurs de
négociation pour des fins spécifiques? Oui ou non? Ce n'est pas
dur de dire la vérité, là. «C'est-u» oui ou
bien si c'est non?
M. Cherry: Je m'excuse. Moi, là, je vous dis la
vérité, j'essaie de comprendre vos questions et j'essaie d'y
répondre.
M. Chevrette: Bien, c'est...
M. Cherry: Si le but de l'exercice, ce soir, c'est de dire que,
quand je peux ne pas être d'accord avec vous, je ne vous dis pas la
vérité, là, je suis d'accord avec vous, on va passer
plusieurs heures ici pour tenter de s'entendre.
M. Chevrette: Mais, là...
M. Cherry: J'y étais, au Sommet. Vous n'y étiez
pas. Je ne vous le reproche pas.
M. Chevrette: Mais, là, vous m'avez répondu...
M. Cherry: Mais, mosus, si on veut essayer de se comprendre, on
va essayer de définir les choses telles qu'elles sont.
M. Chevrette: Vous me répondez sur un vote que l'AECQ a
fait. Ce n'est pas ça que je vous demande. Je vous pose une question
spécifique. Y a-t-il eu une proposition disant: Une seule convention
collective avec quatre tables sectorielles, oui ou non? Y a-t-il eu un vote
là-dessus? Que t'appelles ça un sous-amendement ou un
sous-sous-amendement, «ça-tu» été un voeu
majoritaire, ça, oui ou non? C'est ça que je veux savoir.
Ça ne doit pas être un mystère.
M. Cherry: Mais, de la même façon que je vous l'ai
dit tantôt, vous ne voulez pas en tenir compte, de l'autre. Et l'autre,
pourtant, je vous dis, c'est 26 contre ça puis quatre pour.
M. Chevrette: Oui, mais, l'autre, on en parlera après.
M. Cherry: II n'y avait que l'AECQ qui votait pour
elle-même dans celle que je viens de vous lire.
M. Chevrette: M. le ministre, je ne veux pas parler...
M. Cherry: Mais ça, c'est encore beaucoup plus
précis de la volonté de l'ensemble des parties.
M. Chevrette: On va en parler de l'AECQ, tantôt. Je vous
demande s'il y a eu un vote sur ce que je vous demande, oui ou non?
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges, s'il vous plaît.
M. Marcil: Ce que je veux essayer de faire comprendre... Je
comprends que le député de Joliette comprend bien aussi,
là. Au Sommet, à la première proposition, à la
proposition globale, les gens ont voulu la scinder. Sur une partie de la
proposition, il y a eu un sous-amendement d'apporté qui a
été voté. Mais, dans le cadre de la proposition globale,
c'a été rejeté. Donc, à ce moment-là, c'est
comme nos motions chez nous. À un moment donné, lorsqu'on
dépose une motion, il y a un amendement à la motion, puis les
gens peuvent être pour l'amendement à la motion, puis, lorsqu'on
vote ensuite sur la motion amendée, les gens sont contre. C'est
simplement ça. C'est une question de mécanique de
procédure. Mais, dans les faits, vous avez raison.
M. Chevrette: Moi, c'est ça que je veux savoir.
M. Marcil: Dans les faits, oui, ça avait été
apporté. Mais c'est une partie; il faut le voir dans son ensemble.
M. Chevrette: Non, non, mais c'est parce qu'on peut être
très bien, M. le député de Vaudreuil-Soulanges...
M. Marcil: Salaberry, s'il vous plaît. M. Chevrette:
...Salaberry-Soulanges... Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous savez très bien qu'on peut être
pour une table unique, une convention unique, dis-je, on peut être pour
quatre tables sectorielles, mais on peut bien vouloir que ça soit un
autre type d'association. C'est pour ça que je dissocie les deux. Je ne
comprends pas qu'on me donne la question de l'AECQ dans le décor. Je
veux savoir s'il y avait un voeu majoritaire des participants pour avoir une
seule convention et quatre tables sectorielles; c'est ça que je veux
savoir, dans un premier temps.
Je le sais, qu'il y a eu des amendements et des sous-amendements; je
sais ça, là. Mais, moi, là, je dissocie un vote contre une
table de négociation par rapport à un vote contre une
association... quatre pour une seule convention, je dissocie ça d'une
structure, là. Je veux savoir s'il y avait véritablement un voeu
d'en arriver à une seule convention collective. C'est ce que j'ai
ressenti, moi, des gens qui sont venus ici témoigner,
là, tout le groupe, j'ai senti qu'il y avait une volonté
d'avoir une seule convention et j'ai senti qu'il y avait une volonté,
également, d'avoir quatre tables sectorielles. Ça, je pense que
c'était clair.
La deuxième chose qui était moins claire, c'est que, tout
ça, ça soit fait dans l'AECQ actuelle; ça, je vous donne
raison. Mais, quand je vous pose une question sur un point précis, je ne
vous demande pas de me répondre sur un sous-amendement. Je pense qu'on
est capables d'être assez cartésiens pour discuter chaque chose.
Je vous dis que, majoritairement, il y a du monde dans l'industrie, autant du
monde patronal que du monde syndical, qui voulait une seule convention et qui
voulait quatre tables sectorielles pour des problèmes
spécifiques. Mais ça, ça ne dispose pas de la structure
AECQ; ça, je n'en disconviens pas. Mais, si on s'entend pour dire: Oui,
c'est vrai, ça change le portrait; c'est ça que je veux dire. Et,
là, je prends pour acquis que le député de
Salaberry-Soulanges m'a répondu que j'avais raison.
Donc, ma question additionnelle, à ce moment-là: Comment
le ministre, qui modifie lui-même le rôle de la structure AECQ, ou
la nouvelle AECQ, en vertu de 94, là... Je voudrais savoir pourquoi vous
restreignez au mandat de négocier seulement. Comme je l'ai
demandé avant de souper, de façon spécifique, pourquoi
restreindre le mandat de la nouvelle AECQ à un mandat de
négociation seulement? Alors que, moi, j'ai compris, dans les
interventions d'à peu près tout le monde... À l'exception
de l'APCHQ, tout le monde qui est venu témoigner a dit: C'est une
économie d'échelle, c'est une expertise qui est reconnue, ce sont
des mises en commun qui vont nous coûter moins cher. Pourquoi
limitons-nous le mandat exclusivement à la négociation, et non
pas à la gestion même?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
(Consultation)
Le Président (M. Joly): M. le ministre. (20 h 40)
M. Cherry: C'est qu'à l'heure actuelle, on le sait, le
rôle de l'AECQ, c'est de négocier; elle négocie pour tout
le monde. Dans la nouvelle AECQ, composée des secteurs, ceux qui ont le
mandat de négocier, ce sont les secteurs et, si l'AECQ
récupère en partie ou en totalité de chacun des secteurs
le mandat de négocier, parce que chacun des secteurs aura bien voulu le
lui confier... Ça, là, c'est la base de tout l'aspect
responsabilisation de chacun des secteurs. À l'heure actuelle, l'AECQ,
de par la loi, c'est elle qui parle pour tout le monde, et son mandat, c'est de
négocier. Là, ce qu'on dit, c'est que la nouvelle AECQ,
composée de quatre secteurs distincts, obtiendra son mandat de
négocier, partiel ou total, de par la volonté de chacun des
secteurs de bien lui confier. C'est toute une distinction. Et il faut se
souvenir que chacune des associations devra aller à ses membres, devra
aller chercher ses mandats, décider de les exécuter ou de les
confier à l'AECQ. Parce que, à l'heure actuelle, l'AECQ dit: Je
vais chercher mes mandats de l'ensemble de mes membres et c'est de là le
conflit qu'il y a tant de secteurs qui se plaignent de ne pas être
représentés, écoutés, bien traités à
l'AECQ.
Donc, ce qu'on dit à l'AECQ à partir de maintenant, c'est:
Vous n'en avez plus de mandat de négocier. Le mandat de négocier
est donné à chacun des secteurs. S'il y a des secteurs qui
souhaitent vous le donner, en partie ou en totalité, ils vont le faire.
Mais c'est bien sûr, quand un secteur vous confiera un mandat, là,
il aura été le chercher de ses membres actifs dans ce
secteur-là, dans un premier temps, et, dans un deuxième temps,
vous devrez l'exécuter. Et il faut savoir aussi qu'ils devront retourner
à leurs membres pour le faire valider. À l'heure actuelle,
ça se fait... c'est noyé dans le melting-pot de tous les
entrepreneurs, et là les gros nous disent: On arrive là et c'est
un paquet de petits entrepreneurs et on n'est pas capables.
M. Chevrette: Mais, M. le ministre...
M. Cherry: puis là les gros disent: nous autres, on est 40
ou 50 entrepreneurs et c'est nous autres qui sommes responsables de 60 % des
heures de travail et pourquoi... parfait, là, on les compartimente, ni
plus ni moins, puis on leur dit: entre vous autres, parlez-vous et
établissez vos mandats, prenez-les de vos membres, donnez-les ou
gardez-les...
M. Chevrette: Mais juste...
M. Cherry: ...mais, à ce moment-là, vous êtes
obligés d'aller les faire valider par votre monde aussi, parce qu'il n'y
aura plus d'article 51 pour vous couvrir.
M. Chevrette: J'essaie de combiner la réponse que vous
venez de donner avec ce que votre sous-ministre nous a dit tantôt.
M. Cherry: Oui.
M. Chevrette: II y a obligation de former la nouvelle AECQ. Il y
a obligation d'y adhérer et il y a obligation de payer.
M. Cherry: O.K.
M. Chevrette: Bon. Après avoir créé
l'obligation d'adhérer, l'obligation de payer, vous dites: Ils sont
libres maintenant de donner le mandat de négocier ou pas. Écoutez
une minute, là. On ne rit pas, là. On ne fait pas de loi pour...
et on ne dit pas n'importe quoi. S'il y a obligation d'adhérer à
une structure, s'il y a une obligation de payer pour la structure, comment
pouvez-vous concilier l'obligation de négocier un tronc commun par cette
structure en vertu de 94 et l'article 22, qui dit qu'il y a une liberté
de donner le mandat ou pas?
Franchement, la responsabilisation, vous allez «bordeliser»
complètement l'industrie.
Savez-vous ce qui va arriver, M. le Président? Je vais le dire au
ministre ce qui va arriver, moi. La nouvelle AECQ, il y a des groupes qui vont
dire: Nous autres, le régime syndical, aïe, mon oeil!
M. Cherry: Voulez-vous recommencer?
M. Chevrette: II y en a qui vont dire, par exemple. .. Je donne
un exemple, ce n'est peut-être pas le bon à part cela, mais peu
importe, c'est à titre d'exemple. Le régime syndical, nous, on
dit à la nouvelle AECQ: Tu ne vas négocier aucun rôle pour
le délégué de chantier. As-tu compris? Ou bien un
rôle mitigé.
M. Cherry: Je m'excuse, pour vous aider, l'exemple n'est pas bon
parce que c'est interdit par la loi de négocier ces
affaires-là.
M. Chevrette: Non, non. Le tronc commun.
M. Cherry: II y a des choses qui ne sont pas
négociables.
M. Chevrette: Non, non, mais, je m'excuse là, j'ai pris
l'article 48. Je vais prendre le libellé exact. La représentation
syndicale du délégué de chantier, ça doit
être négociable, c'est marqué au point 2. Correct?
Une voix: Us peuvent le faire quand même, maintenant.
M. Chevrette: Non, non, mais je donne un exemple où
l'APCHQ dit: Moi, des délégués de chantier, là, je
donne le mandat à l'AECQ de ne presque pas négocier
là-dessus, je ne veux rien savoir. Les grands travaux disent: Moi,
ça ne me dérange pas. L'ACQ dit: Ça se tolère en
autant que j'ai 10 travailleurs avant qu'on en nomme un. Ou bien, ils sont deux
groupes et ils disent oups! on «brake».
Vous savez ce qui va arriver, M. le ministre, s'il n'y a pas une table
unique pour concentrer tout ça? La pression va se faire à partir
du contenu sectoriel et on va dire: Réglez-nous ça et dites-le
à vos représentants à l'autre table, mes sacrifices, parce
qu'on ne réglera jamais ici. On le sait comment ça marche, on en
a fait de la négociation. Le chantage va commencer, et ils appellent
ça de la responsabilisation.
Moi, je ne comprends pas pourquoi... Je suis aussi bien de
présenter formellement notre proposition, je pense, M. le
Président, parce que, manifestement, il y a de l'incompréhension
dans le tableau. Je fais donc motion formelle...
Le Président (M. Joly): Mais c'était
déjà formel.
M. Chevrette: Vous l'avez acceptée?
Le Président (M. Joly): Oui, oui.
M. Chevrette: Donc, nous, au lieu de proposer le remplacement,
c'est l'ajout. On pense que c'est important de dire qu'il y a une association
pour la négociation, quatre secteurs, M. le Président, et puis,
après ça, qu'on dise carrément que le paragraphe... qu'on
définisse «convention sectorielle»: c'est une entente
écrite incluse dans la convention collective et relative aux conditions
de travail conclues par un secteur entre plusieurs associations de
salariés représentatives et une association sectorielle
d'employeurs.
En d'autres mots, on dit: II y a une convention, il y a quatre tables,
il y a des ententes sectorielles qui seront incluses à la convention
collective et vous allez avoir une convention collective avec des contenus
sectoriels, puis ce sera véritablement un contrat collectif. Et
ça répond au voeu de tout le monde, à ce que j'ai bien
compris, à l'acception de l'APCHQ. Et ça, ça devient donc
un consensus.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: J'ai une question d'information, de directive,
là. Le député de Joliette, présentement,
dépose une motion. C'est ça? Est-ce que ce sont les amendements
du début, ça?
Le Président (M. Joly): Oui, oui. M. Marcil: C'est
les mêmes?
M. Chevrette: Bien non, mais c'est parce qu'on a
procédé par question, depuis le début.
M. Marcil: Oui, oui, je comprends, là. C'est parce
que.T.
Le Président (M. Joly): Oui. Ce que j'ai laissé,
c'est la libre discussion, là...
M. Chevrette: C'est ça.
M. Marcil: Non, mais je veux juste savoir, là, c'est
que...
Le Président (M. Joly): ...pour en arriver à cerner
la...
M. Marcil: ...ici, j'ai deux amendements... Le
Président (M. Joly): Exactement. M. Marcil: ...qui ont
été déposés.
M. Chevrette: Oui. C'est-à-dire que tu as l'article 1,
deux amendements sur l'article 1.
M. Marcil: Oui, c'est ça. Mais, là, le
député de Joliette dépose une autre motion. C'est
ça?
M. Chevrette: Non.
Le Président (M. Joly): Non, non. Ce sont les deux
mêmes.
M. Chevrette: Non, c'est parce que ce que je dis: Étant
donné qu'on ne s'entend pas au niveau des clarifications...
M. Marcil: Oui.
M. Chevrette: ...à donner, il faut peut-être aller
sur le fond de l'amendement dans ce cas-là.
M. Marcil: O.K. Donc... M. Chevrette: Article 1,
1°.
M. Marcil: ...présentement, on va disposer des amendements
qui avaient été déposés?
M. Chevrette: C'est ça.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette, si je comprends bien le fond de sa pensée, c'est qu'il veut
aller expliciter davantage le pourquoi de son amendement. Parce qu'on parle
ici, actuellement, au lieu de remplacement, d'ajout. Alors, c'est ça qui
fait toute la distinction au niveau de l'amendement, dans l'amendement no
1.
Alors M. le député de Joliette, je pense que vous avez des
explications supplémentaires à donner pour valider le fond de
vôtre pensée.
M. Chevrette: Ce ne sera pas long. Donc, si on prend la loi 142,
nous, au lieu de l'intituler: Par le remplacement du paragraphe c par le
suivant, on dit: Remplacer le mot «remplacement» par le mot
«ajout», parce qu'on va ajouter, on va rapatrier, pour que ce soit
très clair ce qu'on veut dire, le texte de la définition de ce
que c'est que l'association des employeurs en construction du Québec.
Ensuite, on va intituler les associations sectorielles c.2, au lieu de c: cl,
ce serait la définition qu'on retrouve dans une autre loi, là,
Association des entrepreneurs en construction du Québec; c.2, ce sera le
c que vous avez ici dans votre loi 142. Et, si je continue pour le global,
là... On en explique un à la fois, je suppose?
Le Président (M. Joly): Oui. Ce serait peut-être
moins compliqué parce qu'on a déjà eu assez de
difficultés à s'en sortir.
M. Chevrette: Donc, c'est le c de l'ancienne loi R-20 que vous
abolissiez que, nous, on remet à c.2, et on remet la définition,
votre définition d'«association sectorielle», qui devient
donc... Et, dans la même loi, on a l'association des employeurs en
construction du Québec qui est constituée en vertu de 94, puis
vous avez également vos associations sectorielles, pour bien
démontrer les définitions de tout. (20 h 50)
Vous sentiez le besoin de définir la même chose dans R-20.
L'association d'employeurs est très bien définie dans R-20,
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec. Et vous avez,
dans le même article, l'association sectorielle d'employeurs, là,
c'est défini, APCHQ, ACQ, ACRGTQ. Vous avez donc les deux sur le
même portrait. Et, à mon point de vue, ça a l'avantage de
clarifier la définition d'abord d'une association qui est dûment
reconnue en vertu de l'article 94, qui a un mandat en vertu de 73 de
négocier quelque chose dont on ne sait pas s'ils vont donner le mandat
en vertu de 22, et pour aboutir à je ne sais pas quoi.
Et c'est l'avantage... À mon point de vue, on
légifère pour le monde, on veut qu'ils se comprennent. Dans
l'industrie de la construction, il va exister une association d'employeurs qui
est formée des quatre secteurs sectoriels, en vertu de la composition
même définie à 94; ça, c'est l'association
d'employeurs et c'est très bien dit dans 94... association
d'entrepreneurs, dis-je. Et vous aurez également, à ce
moment-là, dès le départ, des organismes définis
qui sont des acteurs dans le présent projet de loi et une association
d'entrepreneurs qui va avoir les mandats qu'on va bien lui donner et une
association d'entrepreneurs sectoriels qui, eux, sont définis
également. Et, là, vous avez véritablement le portrait de
tous les acteurs, en termes de la définition.
Quand on dit «entrepreneurs», en passant, M. le ministre,
c'est aussi pour inclure les deux structures qui sont observatrices dans votre
structure prévue à 94 mais qui font partie du décor de la
composition dans 94 aussi. On dit «entrepreneurs» parce que
ça contient aussi les entrepreneurs en électricité qui
sont observateurs et les entrepreneurs en tuyauterie; Corporation des
maîtres électriciens et la corporation des maîtres en
tuyauterie. Et, quand vous l'avez défini dans R-20, quand votre
sous-ministre tantôt disait: On amende des lois, R-20 est bien
prévu à l'article c, «association d'employeurs»,
c'est l'Association des entrepreneurs en construction du Québec. Il
était au début de la Loi sur les relations du travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre. On amende cette
législation. Vous, vous faisiez sauter l'association d'employeurs; nous
autres, on la ramène.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: C'est ça. La différence fondamentale
entre ce que vous proposez, c'est que nous autres... Parce qu'ils n'ont plus le
mandat de négo.
M. Chevrette: C'est faux. S'il y a une chose qui est claire, M.
le ministre, c'est un mandat de négo seulement qu'ils ont.
M. Cherry: Uniquement si un des secteurs lui confie en partie ou
en totalité. C'est là, la différence.
M. Chevrette: Bien oui, mais vous ne le créeriez pas pour
le fun. Je m'excuse, là. Si uniquement... Avez-vous l'intention de
donner des directives à l'ACQ, et aux grands travaux, et à
l'APCHQ de ne pas leur donner le mandat? Voyons! Ça ne tient pas debout.
Vous ne créeriez pas une créature juridique... Et vous nous dites
que vous créez cette créature juridique, que vous obligez les
associations à payer, vous les obligez à adhérer, vous les
obligez à négocier le tronc commun, et il dit: Rien que s'il lui
donne le mandant. Voyons! Ça ne tient pas debout sur le plan juridique.
Je ne sais pas où vous vous en allez.
M. Cherry: ...en santé et sécurité.
M. Chevrette: Bien oui! Ça ne tient pas debout. Ça
ne tient pas debout sur le plan juridique. Depuis quand que vous créez
une structure pour rien et vous la faites payez eux autres? Enlevez-leur
l'obligation de payer, au moins, si vous dites que ça ne donne rien. Ils
vont être fiers.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Drummond, s'il vous plaît.
M. St-Roch: Oui, M. le ministre. Pour bien comprendre, dans la
foulée de mon collègue de Joliette... Un législateur,
d'habitude, ne légifère pas seulement pour les mois à
venir. Une loi peut être là pour cinq ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans,
avant d'être renouvelée.
Le Président (M. Joly): Juste un instant, s'il vous
plaît.
(Consultation)
Le Président (M. Joly): Oui. Alors, la commission va
suspendre ses travaux quelques petites minutes, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 20 h 55)
(Reprise à 21 h 7)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
Nous en étions toujours aux commentaires de M. le député
de Drummond qui avait, je pense, une question à poser.
M. St-Roch: Oui. M. le ministre, simplement pour compléter
ma formation et mon éducation sur le projet de loi 142, je vais faire un
cas hypothétique avec vous, là, mais qui pourrait fortement
arriver parce que, lorsqu'on fait un projet de loi, il y a une
pérennité dans le temps, là. On ne fait pas ça pour
six mois; ça peut durer un an, cinq ans, 10 ans avant qu'on ne le
modifie. Alors, je prends 94. Puis, à l'heure actuelle, disons que
l'APCHQ décide, à un moment donné, qu'elle garde tous ses
pouvoirs, puis qu'elle ne les confie pas à la table sectorielle de
négociation. Elle dit: Moi, je m'occupe de ça en vertu de 1 et de
28. Deux ans après, l'ACQ dit: Bien, moi, pour mes
intérêts, non, je pense que je suis assez grand garçon, je
négocie pour moi, puis je vais tout négocier ça. Puis, six
mois après, bien, on reste avec une association dans le tronc commun.
Mais, mettons qu'elle n'aime pas, à ce moment-là, la direction
qui est là, puis qu'elle dit: Moi, je négocie, qu'est-ce qui
arrive, à ce moment-là, avec l'association d'entrepreneurs?
Est-ce que ce n'est pas possible que chacune d'elles, finalement, décide
d'aller à part entière, chacune de son côté, puis
qu'il reste, en haut, une structure, si je vous ai bien suivi dans vos
explications, là, qui va collecter les primes puis qui va s'occuper de
gérer, vous l'avez mentionné, les clauses de santé et
sécurité? C'est tout ce qui restera en haut.
M. Marcil: Je peux parler?
M. Cherry: O.K. Vas-y donc. Peut-être que tu vas t'exprimer
plus clairement que moi.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Dans le moment, là, ce que je comprends,
toujours, de la mécanique de tout ça, là puis je
pense que ça se tient à l'article 34, où on parle
du mandat de l'AECQ dans la loi actuelle, on dit que l'association visée
par l'article 32, qui est l'AECQ, doit s'occuper exclusivement de relations de
travail dans l'industrie de la construction. O.K.? On ajoute, par l'amendement
au sixième paragraphe... Là, on lui dit qu'elle doit s'occuper
exclusivement des relations de travail dans l'industrie de la construction,
puis on lui ajoute: et de la coordination des négociations des
conventions collectives suivant la Loi sur les relations du travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de
la construction. Ça, je pense que c'est assez clair, là.
O.K.?
Puis, à l'article 73, lorsqu'on apporte l'amendement, dans la loi
actuelle, on dit, en a: sans limiter la généralité
prévue à l'article 34 de ladite loi, la Corporation a pour objet
d'étudier, promouvoir, protéger et développer les
intérêts des employeurs dans l'industrie de la construction au
niveau des relations de travail. Nous, on remplace ça par: «d'agir
à titre de mandataire de ses membres pour les fins de la
négociation d'une convention collective suivant la Loi sur les relations
du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction».
Là, je reviens à l'article 73...
M. Chevrette: Non, mais avant, vous avez...
M. Marcil: Avant 72, 72, 6° versus l'article 34 actuel,
là, qu'on vient d'amender. Là, on clarifie. Son mandat, il est
là. On lui en ajoute. La seule chose qu'on change, dans le fond, dans la
loi actuelle, c'est comme si on lui enlevait le droit de négocier la
convention collective. On met un tronc commun à 48. O.K.? Dans la
pratique, comment ça pourrait s'exercer? C'est que, en l'expliquant,
j'essaie, là, de me poser des questions. (21 h 10)
On dit que le tronc commun... On a sept items ici, O.K.? Les parties en
soi, les trois parties, l'ACQ, les grands travaux et l'APCHQ, demain matin,
pourraient dire: On donne à l'AECQ le mandat de négocier ce tronc
commun là, les sept. Il pourrait arriver, donc, qu'on lui donne... Bon,
bien, là, on va le rentrer dans les statuts et règlements,
là. Ça va être écrit, parce qu'il va falloir qu'ils
nous disent ce qu'ils donnent à l'AECQ, il va falloir que la
majorité des gens l'adoptent. Mais, si j'allais, là, dans un cas
extrême, si l'APCHQ, elle, décidait demain matin de dire: Nous
autres, on va le négocier tout seuls, ce tronc commun là, on ne
le donne pas à l'AECQ O.K.? mais que l'ACQ et les grands
travaux, eux autres, décident ensemble de le négocier, eux autres
aussi, à la fin, lorsqu'ils vont avoir chacun terminé leur
négociation, l'APCHQ pourrait la proposer aux deux autres, sa
négociation, et, si les deux autres la refusaient, ça ne
s'appliquerait pas.
Mais, si un des trois décide de négocier à part et
puis qu'il doit le faire entériner par la majorité des membres,
tant qu'il n'y a pas majorité, ils ne peuvent pas l'appliquer. C'est
ça, dans le fond, la «game», c'est de les amener à
faire un genre de consensus, donc ce qui fait qu'au bout de la ligne et au
point de vue pratique ils vont se devoir de mandater l'AECQ de le faire, parce
que les grands travaux pourront dire à l'AECQ: Occupe-toi de ma
négociation, moi, je ne m'en occupe pas, et l'ACQ pourrait dire la
même chose. Il va falloir qu'ils s'entendent pour le donner, le mandat,
et il va falloir qu'ils l'écrivent quelque part. Ils ne pourront pas le
changer du jour au lendemain tout le temps, à chaque fois qu'il va y
avoir une négociation. C'est ça, je pense, qu'il faut qu'ils
fassent. C'est l'exercice qu'ils n'ont jamais réussi à faire,
dans le fond. C'est l'exercice qu'il faut qu'ils apprennent à faire. Et,
au moment où... Parce que c'est une question de culture. On ne l'a pas
encore, on n'a pas amené ces... Parce que ces associations-là
aussi ont pris de l'expérience et voudraient être reconnues. Donc,
c'est une question de s'apprivoiser entre elles, de se développer des
relations entre les trois associations et de s'entendre sur à peu
près une même ligne, une même façon.
Il y a deux choix. On pourrait dire: Par la loi, on l'impose. On ne
changera pas le problème que l'on vit présentement. On va
rencontrer les mêmes associations dans un an, deux ans; elles vont venir
nous dire: Bien, ils ne nous représentent pas bien. Ou bien, là,
tu leur dis: On vous donne un cadre dans lequel vous pouvez vous le donner, le
mandat. Si vous ne le voulez pas et s'il n'y a pas entente entre vous, bien, il
n'y a rien qui va se faire. Il faut qu'il y ait une entente entre eux autres
pour que ça se réalise. C'est un petit peu ça.
Je pense que, moi, je l'explique... Moi, je le comprends comme
ça. Est-ce que c'est ça que ça veut dire, M. le
ministre?
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette, s'il vous plaît, oui.
M. Marcil: Moi, je le comprends de même.
M. Chevrette: Votre objectif, comme législateur,
là, quand vous avez défini l'article 48, c'est parce que vous
vouliez, je suppose à moins que vous vouliez parler pour ne rien
dire, ce qui me surprendrait retrouver dans les quatre conventions la
même clause de sécurité syndicale; vous vouliez retrouver
dans les mêmes quatre conventions la représentation syndicale;
vous vouliez que les quatre conventions aient la procédure de
règlement des griefs, la même procédure de règlement
des griefs; vous vouliez parce que vous parlez de clause commune
que l'exercice du recours à rencontre des mesures disciplinaires soit la
même clause; vous vouliez que l'arbitrage, la formule d'arbitrage soit la
même clause; vous vouliez que le régime complémentaire
d'avantages sociaux de base soit le même; vous vouliez que tout fonds
d'indemnisation par les parties aux négociations dans chacun des
secteurs, que les secteurs jugent nécessaire, vous vouliez que ça
soit une même clause. Quand tu veux que ce soit une même clause
partout, tu t'arranges pour nommer un porte-parole pour l'ensemble des quatre
tables. Ce n'est pas sur une base volontaire ou pas, ça.
M. Marcil: O.K.
M. Chevrette: II me semble que c'est la logique, M. le
député de Salaberry-Soulanges. Tout pattern de négociation
dans le secteur public et parapublic, c'est clair, clair que c'est de
même que ça marche. Là, vous laissez même la porte
à la «bordelisation»: qu'une association ne veuille pas, une
autre voudrait, une autre, il faut qu'elle cotise pareil, il faut qu'elle paie
pareil. Qu'est-ce que vous cherchez?
Si vous dites que c'est un tronc commun, la meilleure façon, pour
un législateur, d'être clair, c'est qu'il dise: Ces
clauses-là, pour être communes, ça se négocie
là, que tu le veuilles ou pas. Si vous avez pris la peine de dicter sept
points, je me demande bien pourquoi vous n'avez pas dit: C'est l'Association,
la nouvelle Association des entrepreneurs en construction du Québec.
C'est ça, fondamentalement. Sinon, vous risquez quoi? Vous risquez
qu'une soit prise avec ces clauses, puis c'est le sous-ministre, tantôt,
qui a répondu ça, à part de ça. Il a même
ajouté: Bien, ils seront pris avec les clauses de leur entente
sectorielle, puis ils n'auront pas le tronc commun, puis ça va
être tout un problème. On leur imposera.
Moi, je pense qu'un législateur, s'il sait que tu
peux «bordéliser» quelque chose, c'est bien mieux de
mettre les choses claires au départ.
M. Marcil: Monsieur...
M. Chevrette: Tu dis: J'impose un tronc commun par loi.
M. Marcil: Non. Le tronc commun, là, ça ne vient
pas du gouvernement, du ministre du Travail. Ça vient dans leur demande,
ça. C'est la première des choses.
M. Chevrette: Bien oui, mais on l'impose pareil par loi.
M. Marcil: Juste une deuxième affaire. Mais, M. le
député, pour fins de discussion, si je suivais votre
raisonnement, si on suivait votre raisonnement, il ne faudrait pas abolir
l'article 51, dans ce cas-là. Si vous voulez que les gens
redécouvrent ou apprennent à développer une autre
méthode de négociation... Parce qu'on pourrait, à ma
connaissance... À moins que je ne me trompe; vous connaissez plus
ça que moi, là. Au niveau des parties syndicales dans la
construction, il n'y a pas une obligation de mise en commun. Ils le font
d'eux-mêmes. Mais pourquoi les parties patronales ne le feraient pas
d'elles-mêmes?
M. Chevrette: Non, mais vous dites...
M. Marcil: C'est ça, la question. Pourquoi on serait
obligé...
M. Chevrette: Mais, vous me donnez un exemple...
M. Marcil: Non. Pourquoi on serait obligé, par loi, de
dire: Obligatoirement, c'est l'AECQ qui fait ça? Puis on modifie le
conseil d'administration, puis on leur dit, au conseil d'administration:
À partir d'aujourd'hui, toutes les parties vont être
représentées de façon équitable. Vous êtes
membres d'un conseil d'administration. L'AECQ, c'est quoi? C'est une
organisation, ils ont un conseil d'administration, et puis il faudrait leur
dire, en plus: On vous oblige à négocier ça. À ce
moment-là, on devrait se revirer de bord, puis dire aux parties
syndicales: Vous autres, vous allez faire la même affaire. On va
développer un tronc commun, puis vous allez être obligé...
pas de vous... Là, dans le fond, on les oblige à s'entendre, mais
on ne les oblige pas à le faire.
M. Chevrette: Mais, quand vous sentez le besoin, dans une clause
de loi, de dire: «Les clauses portant sur les matières suivantes
doivent être communes aux conventions collectives de chacun des
secteurs», c'est une obligation légale de faire, ça. Oui ou
non? C'est une obligation légale d'avoir une clause commune sur les
sujets qu'il y a là.
Si je suivais votre logique de laisser faire, vous mettriez une clause
très vague: Les quatre associations patronales concernées
pourront mettre en commun ce qu'elles veulent. Si je suis votre logique de
responsabilisation, pourquoi vous sentez le besoin de faire une obligation
d'avoir des clauses communes en refusant que ce soit négocié de
façon claire? Vous êtes logique ou vous ne l'êtes pas. Si
vous êtes logique, puis vous prenez la «trail», ce qu'on
appelle le sentier ou le chemin de la responsabilisation, enlevez-moi l'article
48. Ils décideront d'en mettre 14, points en commun, s'ils le veulent,
ils en mettront 22 ou ils en mettront un ou deux. Ça ne
répond...
M. Marcil: Je comprends, mais on ne peut pas...
M. Chevrette: ...pas du tout à l'argumentaire que vous
donnez par rapport à...
M. Marcil: Non, non. On ne peut pas avoir quatre systèmes
d'arbitrage; on ne peut pas avoir quatre systèmes de régime
complémentaire d'avantages sociaux; on ne peut pas avoir quatre
procédures de règlement de griefs. C'est tout le même
monde, dans le fond, qu'on touche au bout de la ligne. On leur donne au moins
ce cadre-là. Il me semble que je trouve ça logique,
là.
M. Chevrette: Non, mais «c'est-u» à titre
indicatif...
M. Marcil: Je veux dire, ce n'est pas moi qui ai écrit la
loi, mais je l'aurais écrite comme ça.
M. Chevrette: ...ou s'il est à titre impératif? Des
voix: Impératif. M. Marcil: Impératif.
M. Chevrette: Bon. Il est impératif. Si vous vous
permettez d'être impératif sur un tronc commun, pourquoi vous
laissez des clauses qui permettent la chicane et la
«bordélisation», alors que vous pourriez, dans un même
souffle, dire: On ne peut pas laisser un tronc commun qu'on met obligatoire,
négocié par une structure facultative? Voyons! Ça n'a pas
de bon sens.
M. Marcil: Je comprends ce que vous voulez dire. Je comprends ce
que vous voulez dire, mais, dans les faits, ils n'auront pas le choix de
mandater l'AECQ pour le faire, au bout de la ligne.
M. Chevrette: Mais pourquoi?
Mme Blackburn: S'ils veulent bloquer. (21 h 20)
M. Marcil: Parce que, si une association patronale on
prend souvent l'APCHQ; on va reprendre l'APCHQ si l'APCHQ
décidait, demain matin, de
négocier elle-même, parce que, théoriquement, elle
peut négocier son tronc commun, elle pourrait le faire. Elle
décide de le faire et puis, après l'avoir négocié,
après avoir eu une entente, elle se retourne de bord puis elle demande
à l'association des grands travaux puis à l'ACQ: Êtes-vous
d'accord avec ça? Si les deux disent non, elle ne peut pas l'appliquer.
Il faut qu'il y ait une entente majoritaire pour que ce soit applicable. Donc,
moi, je pense que la logique va faire en sorte qu'ils vont prendre le mandat et
qu'ils vont dire à l'AECQ: Fais-le donc.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Vimont, vous avez des choses à rajouter avant de reconnaître M. le
député de Drummond?
M. Fradet: Tout simplement, en tout cas, moi, je ne suis pas
sûr que ce serait bien d'adopter ces amendements-là pour la simple
et bonne raison que, lorsque les associations patronales sectorielles sont
venues nous rencontrer, elles nous ont dit: Elle ne nous représente pas
comme il faut; l'AECQ ne nous représente pas comme il faut. Il y a des
associations patronales qui nous ont dit: L'AECQ nous représente comme
il faut.
Ce qu'on dit aujourd'hui aux patrons, dans ce projet de loi là,
c'est: Arrangez-vous. Si vous voulez donner le mandat de la négociation
de l'ensemble de la convention collective à l'AECQ, vous pouvez le
faire. Si vous ne voulez pas le faire, vous n'êtes pas obligés de
le faire. Alors, là, ils ont l'entière liberté, bien
entendu, à l'exception du tronc commun qui, à mon avis, est
essentiel à être négocié pour l'ensemble des
secteurs. Mais, là, on dit aux patrons: Si vous voulez vous mettre
ensemble... Et ils auront le mandat de leurs membres. L'ACQ ira chercher le
mandat de ses membres. Et on nous a dit, en plus, à la commission
parlementaire la semaine passée, qu'ils sont tous obligés, tous
les entrepreneurs sont obligés d'être membres de l'AECQ, mais ils
sont aussi, pour la plupart, membres des autres associations respectives, l'ACQ
et les autres. Alors, c'est le même monde. Entendez-vous! On ne veut pas
diviser la partie patronale, mais ils sont capables de se parler, M. le
député, puis de s'entendre.
M. Chevrette: Savez-vous quelle était la grande cause de
la faiblesse du monde patronal dans les années 1968 à 1971, 1972?
Savez-vous ça? C'est exactement ce que vous proposez.
M. Fradet: Oui, mais, le contexte, M. le député, a
évolué. On n'est plus en 1972, on est rendu en 1993...
M. Chevrette: Non, on n'est pas en 1972...
M. Fradet: ...et la partie patronale, si elle est raisonnable,
elle devra aussi s'unir pour négocier et pour améliorer le
système de construction.
M. Chevrette: ...mais les années de croissance, M. le
député de Vimont, sont finies. Ça va être la jungle
tantôt.
M. Fradet: Pourquoi ça serait la jungle dans ce
secteur-là?
M. Chevrette: Et je peux vous... Non, mais, laissez-moi finir ma
réponse. Je peux vous dire une chose, moi...
Le Président (M. Joly): Adressez-vous à la
présidence, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le Président. M. Fradet:
Non, mais on discute...
Le Président (M. Joly): Je suis bien d'accord, mais,
encore...
M. Chevrette: Non, non, vous avez raison.
Le Président (M. Joly): ...je dois avoir une raison
d'être ici, moi là.
M. Chevrette: Mais, est-ce que je peux vous expliquer, M. le
Président? On crée des obligations de faire à du monde,
puis on ne leur donne pas le moyen de s'en sortir. Les arbitrages, dans un
tronc commun, ils vont se faire entre les patrons. C'est le sous-ministre qui
me l'expliquait. Il a dit: Ils vont le faire entre eux autres, l'arbitrage.
Normalement, c'est ça qu'ils vont faire. Ils devraient siéger sur
la structure et ils devraient se battre entre eux autres et décider:
Bien, le régime syndical, ça va être ça. Il va
peut-être y avoir six votes contre trois, mais ça va être
ça qui va être négocié. ça, je comprendrais
cela, mais c'est la réponse que vous nous donnez qui ne tient pas debout
et qui ne résiste pas à l'analyse. c'est que vous me dites: en
vertu de l'article 22, ils ne sont même pas obligés d'aller se
frotter les oreilles. bien, voyons! on veut quoi? on «veut-u» une
partie patronale qui va se bâtir un petit empire jusqu'à ce
qu'elle craque toute seule ou si on veut une partie patronale qui a un tronc
commun vraiment identique? de quoi ça va avoir l'air que l'apchq
négocie, par exemple, son système d'arbitrage? elle s'en va voir
l'aecq, l'aecq dit: moi, je ne veux rien savoir de ça. toi, tu es
désassu-jettie à 85 %, à part ça, il ne te reste
que 15 %, veux-tu nous sacrer la paix sur la formule d'arbitrage! l'apchq,
excusez, vis-à-vis, je ne sais pas, moi... elle va voir l'acq et elle
dit à l'acq: voici ce que, moi, j'ai pensé. et omer, ce n'est pas
la moitié de ses forces, ça, de négocier ça
à 85 %, désassujetti. il est habitué à en avoir
plus que le client n'en demande, lui. donc, ce n'est pas la moitié de
ses forces d'aller négocier un système d'arbitrage qui ne tient
pas debout. puis, l'acq dit: écoute bien, là, tu ne m'imposeras
pas ça, ça n'a pas de bon sens.
Là, vous allez étaler au grand jour des discordes au lieu
de dire: Bien, battez-vous entre vous autres avant d'aller négocier.
Battez-vous sur le mandat d'aller négocier. Ça, ce serait plus
logique. Là, on dit au monde: Battez-vous donc avant même... Allez
négocier, et vous vous chicanerez pour avoir négocié
quelque chose. On est mieux de se frotter les oreilles pour avoir un contenu
commun avant d'aller négocier que d'aller négocier et,
après ça, se battre sur des contenus qu'on aura
négociés, qui peuvent être divergents d'un secteur à
l'autre.
C'est ça qu'on disait qui ne marchait pas. Au-delà des
problèmes que l'AECQ a vécus, oublions l'AECQ comme structure et
pensons donc à un système où le patronat va pouvoir
définir ses mandats correctement avant, au moins sur le tronc commun;
après ça, on va aller négocier. Il me semble que ça
va de soi, ça. Je ne peux pas croire quelle formule bâtarde on est
en train de mettre sur papier, qui va mener à toutes sortes de
culs-de-sac puis des chicanes davantage entre patrons, en plus. Ça va
juste accentuer les chicanes. Je ne sais pas comment ça peut
fonctionner, ça. C'est bien beau de dire responsabiliser, mais, quand on
veut responsabiliser puis qu'on leur crée l'obligation d'avoir un tronc
commun, on doit être capable de décider du tronc commun avant.
Ça ne résiste pas, ça. Très franchement, ça
ne résiste pas à l'analyse, pas une minute.
Le Président (M. Joly): Alors, M. le ministre, avant de
reconnaître M. le député de Drummond et Mme la
députée de Chicoutimi. j M. Cherry: Rapidement, je pense
que, quand vous faites la comparaison avec ce qui se passait avant Cliche...
Maintenant, on se souvient qu'à l'époque puis vous encore
probablement mieux que quiconque, parce que vous avez siégé
à cette commission-là la chicane, c'était: C'est
qui, le porte-parole du côté patronal? Puis c'est quoi, le mandat?
Vous vous souvenez de ça.
Tandis que, là, ce qu'on définit dans la loi... C'est pour
ça que faire la comparaison entre les deux et ne pas tenir compte de
ça, il me semble qu'on oublie des éléments. Tandis que,
là, maintenant, ce qu'on définit, c'est qui a le mandat dans
chacun des secteurs, c'est qui est le porte-parole. Puis, une fois qu'on l'a
défini dans la loi, on dit: C'est lui, là. On dit: II peut
l'exercer, le conserver ou il peut le déléguer en tout ou en
partie. Donc, comparer avant Cliche et maintenant sans tenir compte de
ça, je pense qu'on met de côté un élément de
base fondamental dans le type de comparaison pour dire qu'on va revenir
à ce que c'était avant Cliche. Vous le savez, c'était
ça, le problème, à l'époque.
M. Chevrette: Pourquoi le député de
Vaudreuil-Soulanges m'a dit tantôt, en me répondant...
Salaberry-Soulanges, excusez. Il m'a dit, M. le Président je n'ai
pas rêvé; il y a du monde dans la salle, ici, qui ont compris la
même chose que moi il a dit: L'APCHQ pourrait aller
négocier, par exemple, la procédure de règlement des
griefs. Elle pourrait négocier tout le tronc commun. Ce n'est pas moi
qui ai répondu ça, là, c'est eux autres. Entendez-vous
pour avoir une version unique, de votre bord.
M. Marcil: On s'entend sur ça, M. le
député.
M. Chevrette: Non, mais je n'ai pas fini ma réponse.
M. Marcil: À titre d'exemple, on a dit: L'APCHQ pourrait
vouloir négocier son propre tronc commun. Mais, pour l'appliquer, il
faut qu'il soit adopté par la majorité des associations, autant
les grands travaux... Si elle est la seule à vouloir l'appliquer, elle
ne peut pas l'appliquer. C'est ça, dans le fond, que ça veut
dire.
M. Chevrette: M. le député de
Salaberry-Soulanges...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: ...le législateur doit se donner le maximum
de chances au départ. Si on décide d'un tronc commun, il faut
d'abord que le tronc commun soit défini entre eux autres. Par exemple,
la formule de grief, est-ce qu'il y a deux étapes ou s'il y en a une, ou
s'il y en a trois? Est-ce qu'on passe par une plainte d'abord avant de
déposer un grief? Est-ce que ça prend des mises en demeure de
rectifier, un avertissement ou deux?
M. le ministre, vous seriez peut-être mieux d'écouter au
lieu de lire le rapport Cliche. Vous auriez dû le lire avant, vous auriez
peut-être compris des choses.
M. Marcil: Non, non, mais ce n'est pas fin de dire des choses
comme ça.
M. Chevrette: Bien non, mais, je veux dire, c'est sérieux,
ce qu'on fait là.
M. Marcil: Mais oui, c'est justement, c'est sérieux.
M. Chevrette: Ce n'est pas des folies, là. Le tronc
commun, si on décide de le rendre obligatoire, on doit obliger à
une mise en commun avant que ce ne soit négocié et non pas
après. Là, il y a un député qui me répond:
L'APCHQ pourrait négocier son tronc commun. Son tronc commun ou le tronc
commun des quatre secteurs? Je pensais que, l'article 48, ce n'était pas
le tronc commun de l'APCHQ. Je pensais que, l'article 48, c'étaient des
clauses communes aux quatre secteurs.
M. Marcil: Je vais juste...
M. Chevrette: Donc, il me semble que, si c'est commun aux quatre
secteurs, ils doivent s'entendre
avant sur les propositions qu'ils vont aller défendre à
leur table sectorielle, au moins. Mais elles vont être communes. Il me
semble que c'est le gros bon sens, l'enfance de l'art.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges, s'il vous plaît.
M. Marcil: Je veux juste compléter, peut-être, M. le
Président. Si l'APCHQ, par hypothèse, négociait un tronc
commun et que les deux autres secteurs l'acceptaient, ça deviendrait le
tronc commun de tous les secteurs.
M. Chevrette: Oui, mais, comment pouvez-vous, M. le
député de Salaberry-Soulanges, prendre le risque de faire
discuter des clauses de tronc commun par une association, alors que vous leur
dites que ça doit être commun aux quatre? Pourquoi vous ne prenez
pas la précaution juridique de dire que c'est négocié par
un seul porte-parole? Voyons, on ne peut pas laisser des trous béants de
même.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Drummond, s'il vous plaît. (21 h 30)
M. St-Roch: Oui, M. le Président. M. le Président,
pour essayer d'éclairer ma lanterne, supposons qu'en vertu de 22 l'APCHQ
décide de négocier son tronc commun puis je vais prendre
juste un exemple, là, la représentation syndicale puis
qu'elle dise: Bien, moi, j'ai négocié dans mon tronc commun, puis
j'ai un sur 10, un représentant à tous les 10. L'ACQ dit: Moi, je
suis assez grand garçon pour négocier mon tronc commun. Elle,
elle en négocie un sur 40. Puis les grands travaux disent: Bien, moi, je
vais laisser ça à l'AECQ, de négocier ça, puis eux
autres ils négocient un sur 20. Qu'est-ce qui s'applique?
M. Marcil: Ça ne s'applique pas.
M. Chevrette: Là, ils sont pris avec une clause
sectorielle.
M. St-Roch: II n'y a plus de tronc commun. M. Chevrette:
Non, c'est faux. M. Marcil: Ils doivent s'entendre.
M. Chevrette: C'est faux, M. le Président, la
réponse. Je vais vous expliquer pourquoi. Lisez votre article 94. Si
ça ne marche pas, poussez-le au ridicule. C'est le ministre qui nomme
son conseil d'administration si ça ne fonctionne pas. Et il vient de
rentrer dans le décret alors qu'il voulait en sortir. Par l'abolition de
l'article 51, il vient de se rendre roi et maître en vertu du dernier
paragraphe de l'article 94. Il vient de se rendre le négociateur du bloc
du tronc commun.
M. Marcil: Moi, M. Président, je vais intervenir pour la
dernière fois sur les amendements...
Le Président (M. Joly): Oui, je suis très patient.
Alors, M. le député de Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: ...et, après, je vais demander le vote. C'est
bien clair. C'est que dans le projet de loi on reconnaît quatre secteurs,
et on dit aux gens des quatre secteurs: Vous allez négocier vos
conventions collectives par secteur. Vous avez un tronc commun. Et, au moment
où vous allez avoir négocié vos quatre conventions
collectives, le décret actuel tombe et l'article 51 disparaît.
Comprenez-vous? Si ça prend un an, ça prendra un an. Si ça
prend deux ans, ça prendra deux ans. Us vont pouvoir commencer selon les
dates du décret, à partir du 15 octobre 1994, le temps de tout
mettre les choses en application. Ça suppose que c'est une nouvelle
façon de faire, c'est un nouveau processus de négociation.
On comprend que, comme ça n'a jamais existé, il faut que
les gens apprennent à le faire. Et, tant et aussi longtemps qu'ils
n'arriveront pas à le faire, on dit que l'État demeure dans
l'action. Au moment où ils vont réussir à le faire,
l'État se retirera de l'action parce que le nouveau processus va avoir
été compris, adopté par tout le monde.
Et c'est la même chose, dans le fond, qui s'applique pour l'AECQ,
c'est une nouvelle organisation. L'AECQ représente tous les employeurs
du Québec. Les associations patronales représentaient les
entrepreneurs de leur secteur, mais pas la totalité parce qu'il n'y
avait pas une obligation de le faire. Ils sont entrés dans le jeu. On
est en 1993. On veut que tout le monde participe. La preuve, au Sommet, on a
invité l'AECQ et toutes les associations patronales, de même que
les corporations. S'il y avait eu une résistance au départ... Je
pense que ça a été le premier pas qui a été
fait de la part de l'AECQ et des associations, d'avoir voulu participer
ensemble à un sommet. Sinon, l'AECQ aurait bien pu dire: Nous, on n'y va
pas. On est tout seul ou bien on n'y va pas. Ils auraient pu réagir
comme ça. Les gens ont réagi en maturité, dans le sens
qu'ils ont dit: Les associations vont prendre place autour de la table au
même titre que nous autres. Et il y a eu un partage des votes, même
si le partage des votes n'a pas été nécessairement
accepté par la totalité des représentants.
Au moment où on accepte ça, on le traduit dans un projet
de loi pour changer les choses. Donc, on dit: Prenez ce cadre-là, qui
correspond en majorité à ce que les gens voulaient avoir. On ne
reviendra pas dans la mécanique, savoir si c'est un et quatre ou quatre;
l'important, c'est de garder un mécanisme en haut, d'amener les gens
à comprendre et àaccepter leur mécanisme et de leur
déléguer des pouvoirs ou des mandats tout en définissant
également les mandats, les statuts et règlements. Le mandat de
l'AECQ ne change pas; à part le côté négociation,
tout le reste, on l'amplifie, même.
On fait la même chose avec les syndiqués au
niveau du processus. Donc, c'est une nouvelle culture qu'il faut
changer. Et, au bout de la ligne, l'objectif final, c'est de se retirer, comme
gouvernement, de la négociation au niveau de l'industrie de la
construction. On ne peut pas, demain matin, maintenir les mêmes
modèles. Il faut changer les modèles. Il faut amener les gens
à comprendre leur modèle, à vivre avec, à
développer leur propre expertise, à se donner des missions entre
eux et à les déléguer à une tête unique sur
laquelle ils siègent parce qu'ils sont membres du conseil
d'administration.
J'imagine que les gens vont embarquer dans ça. Je veux dire,
c'est un «deal», probablement. On se dit: Peut-être que, non,
ils n'embarqueront pas. Dans le contexte actuel, ça ne se parle pas.
Avec ça, ils vont être obligés de se parler et de se
comprendre. Moi, je pense que, au bout de la ligne, ça va être
positif pour tout le monde. Je suis convaincu, à sa face même,
qu'au niveau de l'unité de pensée, l'unité d'action et en
termes d'économies d'échelle les associations n'auront pas le
choix de déléguer des mandats à l'AECQ pour elles.
Ça, j'en suis convaincu parce que, sans ça, M. le
député de Joliette...
Et je vous comprends quand vous le dites: Si l'APCHQ décide de
développer son propre service juridique, et l'ACQ, etc., qui va payer au
bout de la ligne? C'est le membre, en bas, qui va payer, c'est l'entrepreneur.
L'entrepreneur ne voudra pas accepter des augmentations, tous les ans, de son
«membership». À un moment donné, les gens vont dire:
Arrêtez un peu, on a un organisme, on se parle et on
délègue des mandats. C'est l'objectif. Sinon, on est aussi bien
de tout réglementer encore et de maintenir les gens dans le même
pattern, la même chicane, et l'État va toujours intervenir
à la fin.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président, je continue encore mon
exemple, parce qu'on me dit, à ce moment-là, qu'il n'y a pas
d'entente possible avec l'exemple que j'ai donné tantôt. Je pense
que je n'ai pas besoin d'y revenir. Or, qu'est-ce qui arrive, dans les faits,
le pratico-pratique s'il n'y a pas d'entente? Si aucune des parties ne dit: Je
ne cède pas, il arrive quoi?
M. Henry (Jacques): Vous parlez du tronc commun?
M. St-Roch: Je parle toujours du tronc commun, je parle toujours
avec mon exemple: les trois parties ont négocié chacune leur
tronc. Il y a trois troncs communs qui ont été acceptés
par chacun, puis on me dit que c'est impossible, là, qu'il n'y aurait
pas un accord, que ça ne s'applique pas, le tronc commun, à ce
moment-là. Qu'est-ce qui arrive?
M. Henry (Jacques): Mais la loi prévoit que les clauses
qui sont mentionnées là sont celles du décret actuel, qui
sont maintenues tant et aussi longtemps qu'ils ne les changent pas en vertu de
ce qui est proposé. S'ils ne les changent pas, c'est les clauses de
l'actuel décret qui vont faire partie des conventions sectorielles, et
il y a une mécanique d'arbitrage qui va être introduite au cours
de la présente session.
M. Chevrette: Mais elles ne sont pas dedans, là. M.
Henry (Jacques): Non.
M. Chevrette: Vous comprendrez qu'on discute de ce qu'il y a
dedans, M. le sous-ministre.
M. Henry (Jacques): Oui.
M. Chevrette: Parfait. Je voudrais vous dire que, pour un groupe
qui veut responsabiliser les employeurs, ça fait drôle, votre
affaire. Vous imposez un tronc commun, vous ne les laissez même pas
discuter entre eux. À l'article 96, s'ils n'amendent pas leur
règlement, qu'est-ce que vous dites: «Le gouvernement peut
modifier les statuts et règlements visés au premier
alinéa. À défaut par le conseil d'administration de
modifier et de transmettre de tels statuts au gouvernement avant le 1er avril
1994, ce dernier peut lui-même procéder aux
modifications.»
Franchement, vous les responsabilisez pas mal! Vous vous gardez à
peu près tous les pouvoirs de changer n'importe quoi. Franchement,
là, c'est quoi, votre objectif? Avez-vous un objectif de
responsabilisation, oui ou non? Si vous en avez un, voulez-vous leur sacrer la
paix? Et, si vous n'en avez pas, bien, prenez-les pour au moins les
responsabiliser correctement et de façon ordonnée. Ça ne
tient pas debout, votre affaire.
M. Marcil: Est-ce qu'on peut prendre le vote, M. le
Président?
Le Président (M. Joly): Oui, je vais reconnaître Mme
la députée de Chicoutimi avant d'en arriver au vote. Mme la
députée, oui.
Mme Blackburn: Alors, écoutez, si c'est simple comme
ça pour tout le monde, bravo! Je n'en ai pas l'impression.
Quelques questions. Je sais que les clauses actuelles de la convention
collective prévues à 48 et 61.1, qui sont l'espèce de
tronc commun obligatoire, les règles actuelles prévues dans les
conventions collectives actuelles s'appliquent jusqu'à ce que de
nouvelles règles soient négociées. Pendant combien de
temps? Deux ans? Deux ans. S'il n'y avait pas entente par voie de
négociations sur ce tronc commun, les règles actuelles
s'appliqueraient jusqu'à quand?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: L'article 86 ne met pas de limite et, si vous voulez,
on va le relire: «Les dispositions du décret de la construction
portant sur les sujets visés à l'article 61.1 de la loi nouvelle
sont réputées être des clauses communes applicables aux
conventions collectives de chacun des secteurs jusqu'à ce qu'elles
soient modifiées, renouvelées ou remplacées
conformément à la loi nouvelle.»
Donc, si ça prend un an, si ça en prend deux... Il faut
prévoir parce que juste si ça peut vous aider il
faut se souvenir qu'en 1975, quand l'AECQ a été
créée, ils n'ont pas encore décidé d'adopter leurs
statuts. C'est de ça qu'on parle. Parce que, là, ils
étaient uniques, ils n'avaient pas à se préoccuper de
ça et, plus c'était simple pour eux autres, plus ça leur
permettait de garder leur champ tout seuls. Et c'est ça qui a fait qu'on
a été témoins de frustrations qui nous étaient
posées ici. Depuis que c'est là-dedans, ils l'avaient le pouvoir,
ils ne l'ont pas fait. C'est pour ça qu'il faut se garder d'eux
autres.
Ce n'est pas une culture de s'entendre, dans cette industrie-là.
Je pense qu'on va en convenir, tout le monde. Ils n'ont pas l'habitude de. On
les a vus, tout le monde, défiler les uns après les autres.
C'était plus important de se chicaner que de s'entendre. Et, là,
quand on remet l'organisme, l'AECQ, en discussion, là, tout d'un coup,
les gens qui l'ont critiquée depuis quasiment le temps qu'elle existe,
tout d'un coup, ils la sentent menacée, là, ils viennent nous
dire: Attention, là! Aïe! Êtes-vous en train de nous enlever
ce qu'on a l'habitude de démolir chaque fois qu'on en a la chance? Nous
autres, on leur dit: Non. Celle qui va exister maintenant, ça va
être la vôtre, ça va être celle que vous avez
créée, à laquelle on vous oblige à participer. On
les oblige à se responsabiliser. Je le sais, qu'ils ne sont pas
habitués à ça. Ce à quoi ils sont habitués,
c'est à blâmer le gouvernement pour ce qu'ils ont
développé comme mode de fonctionnement: ne pas s'entendre. C'est
ça qu'ils ont développé. Alors, là, on les oblige
à se responsabiliser. (21 h 40)
Mais, bien sûr, on prend des précautions parce qu'on sait
qu'ils ne feront pas ça demain matin ni après-demain. Ils n'ont
pas l'habitude de. Mais, une fois que ça va être passé et
une fois que ça va être en vigueur, ce sont quand même des
gens responsables et raisonnables, ils vont apprendre à. Et, comme le
disait mon collègue tantôt, c'est les mêmes hommes qu'ils
représentent. Ceux qui sont membres de l'APCHQ, là, puis qui sont
actifs dans d'autres secteurs, ils sont membres là et ils payent aussi
sur une base volontaire, obligatoire à l'AECQ et volontaire ailleurs.
À partir de maintenant, ne pensez pas qu'ils vont laisser leurs
représentants continuer les chicanes de personnalités et toutes
sortes d'affaires. Ils vont dire: La facture, c'est nous autres qui la
ramassons au bout. «Time out», là. Si on n'a pas choisi le
bon monde pour s'entendre, si on s'est délégué des gens
pour continuer à perpétuer les chicanes de personnalités,
que ce soient en référence à Orner, et avant
c'était Michel Dion... Je peux en parler, il est parti à cette
heure. C'était l'homme qui était responsable de toutes les
fautes, et c'est Orner qui est responsable pour l'autre. Ah! Et, quand ce n'est
pas Guilbault, puis... Il s'agit d'avoir cette job-là juste un peu de
temps pour savoir que, bien souvent, les personnalités sont plus
importantes que les débats de fond dans ce secteur-là.
On les oblige, pour la première fois, à se mettre
ensemble. Ils se chicaneront entre eux autres la porte fermée. Mais, au
nom de l'intérêt collectif qu'est l'industrie, ils sont
obligés de s'entendre. C'est de ça qu'ils n'ont pas l'habitude,
et c'est de ça qu'ils ont peur. Et c'est pour ça qu'ils font
toutes sortes de lobbies dans le moment, et j'en suis conscient. Mais il faut
qu'ils apprennent à s'entendre. Il faut qu'ils placent
l'intérêt supérieur de l'industrie au-delà de leur
intérêt corporatif. Et, ça, ce n'est pas facile, je le
sais, j'en suis conscient.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...moi, je pense que le ministre est en train de
nous entraîner et d'entraîner toute l'industrie de la construction
sur une fausse piste. S'il y a un tronc commun, pourquoi est-ce qu'il n'y a pas
une association? Première question. La deuxième, ce qu'on voit
là-dedans, c'est que ça va prendre, bon, la convention collective
en vertu de l'article 61.1, prévue à 86. Les clauses de
l'actuelle convention ou du décret s'appliquent jusqu'à ce qu'on
en négocie des nouvelles. Quand ça fera trois, quatre, cinq ans
et qu'ils n'auront pas réussi à s'entendre sur de nouvelles
clauses du tronc commun, on va dire: Voilà, ça ne fonctionne pas,
on abolit le tout et on recommence.
Parce que le problème: là, on est en train de consacrer le
travail au noir dans le domiciliaire. Il va probablement, tranquillement, se
déplacer, c'est prévisible. Il est passé de la
rénovation à la construction neuve et il va passer du
domiciliaire à l'industriel. C'est un classique. Et, sur ces
clauses-là, étant donné qu'il n'y a pas un
négociateur, ça va leur prendre trois ans, quatre ans, cinq ans
à négocier. Et d'autant plus que, si certaines dispositions sont
lourdes à porter je pense à celles de la
représentation syndicale ou des procédures de griefs il y
en a qui peuvent être avantageuses avec le temps, et je pense
particulièrement au fonds d'indemnisation. Le fonds d'indemnisation
aujourd'hui et dans cinq ans, j'imagine que ça ne doit pas être
tout à fait le même. Alors, ça va devenir avantageux pour
eux de ne pas renégocier, et ils vont traîner ça.
Alors, moi, j'ai hâte de voir... Ce n'est pas que j'aie hâte
de voir, parce que je pense que c'est mal foutu. Ça semble vouloir
régler un problème; plutôt que de le régler,
ça va l'envenimer de manière à ce qu'à un moment
donné on dise: Ça n'a plus de bon sens, il n'y a rien qui
fonctionne, on a tout essayé, rayons ça. Ça
n'existe nulle part en Amérique du Nord. On connaît votre
système, on connaît, là-dessus, là, la faction
néolibérale. Tout ce qu'elle veut, c'est s'aligner sur ce qu'il y
a ailleurs sans prendre en compte qu'ailleurs ça existe, mais sous
d'autres formes qui donnent sensiblement les mêmes résultats. Sauf
que, quand on veut se comparer, on dit toujours: Ça n'existe pas
ailleurs, on est en situation de libre-échange, il faut gommer tout
ça et recommencer.
La loi que vous êtes en train de nous donner et de donner à
la construction, c'est à ça que ça va mener. Ils ne
s'entendront jamais s'il n'y a pas une association pour négocier.
Qu'est-ce que vous allez faire de l'AECQ? Ils vont cotiser à l'AECQ et
en plus à l'association sectorielle. Là, ils n'ont pas le choix
d'en laisser tomber une; il va falloir qu'ils fassent les deux, là. Je
ne sais pas combien ça coûte; il faudrait que je leur demande
combien ça coûte pour une entreprise de taille moyenne, cotiser
aux deux associations. S'il y en a une, qui plus est, elle a des bonnes
chances, là, de rester sur le banc pendant trois ans parce qu'ils ne
veulent rien lui donner, ils ne veulent pas s'entendre avec.
M. Marcil: Est-ce que je pourrais vous poser une question?
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Est-ce que je pourrais vous poser une question?
Mme Blackburn: Allez-y donc!
M. Marcil: O.K.?
Mme Blackburn: Ça peut vous éclairer.
M. Marcil: II y en a une, association, présentement,
patronale, puis il n'y en pas, d'entente. On décrète toujours. Si
je suis votre raisonnement, est-ce que, au niveau syndical, il devrait y avoir
seulement un porte-parole syndical? Est-ce qu'on devrait fusionner les parties
syndicales pour qu'il y ait seulement un syndicat, qu'on fasse une
fédération de syndicats, qu'il y ait un seul
représentant?
M. Chevrette: Oui. Mme Blackburn: Oui.
M. Marcil: C'est à Mme Blackburn que je pose la
question.
M. Chevrette: Oui, je le sais. Dans ce cas-là, on pourrait
demander au sous-ministre de répondre.
M. Marcil: Non, non. Je comprends, mais je la pose.
M. Chevrette: Ou demander au ministre de le faire.
M. Marcil: O.K. Mais je vous la pose, M. le député
de Joliette, d'abord.
M. Chevrette: «C'est-y» correct? Je vais te
répondre, moi. Dans le syndicat, c'est prévu, c'est l'association
majoritaire qui négocie.
M. Marcil: Oui. Il n'y en a pas une.
M. Chevrette: Et, ce que vous nous avez répondu pour les
patrons, ce n'est pas ça du tout. Vous nous avez dit que chacun pouvait
négocier son tronc. C'est vous-même qui l'avez dit. C'est
très différent, M. le député de
Salaberry-Soulanges.
Mme Blackburn: ...
M. Chevrette: Deuxièmement...
M. Marcil: Non, non. Vous déformez, M. le
député.
M. Chevrette: Non, non. Je ne déforme pas.
M. Marcil: Je n'ai pas dit qu'il peut y avoir trois troncs
communs différents, là. Je n'ai pas dit ça.
M. Chevrette: Non, non. Vous avez dit que chacun pouvait
décider de négocier son tronc...
M. Marcil: O.K. J'ai dit: Théoriquement...
M. Chevrette: ...puis essayer de le faire gober aux autres, alors
que, du côté syndical, vous savez très bien que les
normes...
Mme Blackburn: C'est majoritaire.
M. Chevrette: ...c'est un principe de pluralisme syndical qui a
été accepté.
M. Marcil: C'est 15 %.
M. Chevrette: Non, non, mais le porte-parole majoritaire est
porte-parole à la table, vous le savez. Les autres peuvent
présenter des propositions, c'est clair, ça. Donc, il les
définit, les règles du jeu, ce que vous ne faites pas du
côté patronal. Vous ne définissez pas les règles du
jeu. Vous dites qu'ils sont libres d'adhérer à l'association.
C'est ça que vous dites. Et, plus que ça, vous dites mêmes
que, s'ils décident de ne pas y aller pantoute, à votre structure
que vous proposez, c'est vous autres qui allez nommer les représentants.
Est-ce à dire que le ministre du Travail, Cherry, pourrait proposer un
conseil d'administration parce que ses groupes, ses associations patronales
décident de ne pas y aller? C'est
eux autres qui négocieraient avec les syndicats un tronc commun
qu'ils seraient obligés de prendre? C'est ça que vous me
dites?
M. Marcil: Non. Je dis que l'article 86 s'applique s'il n'y a pas
d'entente.
M. Chevrette: Non, l'article 86 ne s'applique pas.
Mme Blackburn: À 86, c'est les règles actuelles qui
s'appliquent.
M. Chevrette: Les règles actuelles... Non, non. Quand le
ministre se garde le pouvoir en vertu de 94, M. le député de
Salaberry-Soulanges, quand, en vertu de 94, il nomme toute une équipe,
ils vont décider ce qu'ils veulent. Ils «vont-u»
décider ce qu'ils veulent, oui ou non?
M. Marcil: Bien oui! Mais l'article 94... On ne ferait pas cette
loi-là si le gouvernement avait l'intention d'utiliser... On ferait
seulement un article. On l'appellerait l'article 1, qui serait l'article
94.
M. Chevrette: Non, non, mais pourquoi vous vous gardez cette
porte-là si vous ne voulez pas empiéter, si vous voulez les
responsabiliser? Vous n'avez pas besoin du dernier paragraphe si vous voulez
les responsabiliser. C'est ça. C'est quoi, le dernier paragraphe?
Ça va dans le sens de la responsabilisation des groupes? Expliquez-moi
ça. L'article 94, dernier paragraphe, c'est pour les responsabiliser?
L'article 94, dernier paragraphe.
M. Cherry: Dernier paragraphe: «À défaut par
les associations c'est ça d'entrepreneurs de former un
nouveau conseil d'administration, le ministre peut désigner des membres
pour exercer les fonctions de ce conseil, jusqu'à ce qu'il soit
formé conformément aux statuts». Pour former le conseil.
O.K.? Donc, vous me dites: Si vous voulez les responsabiliser, ne mettez pas
ça là.
M. Chevrette: Ils vont être obligés de
s'entendre.
M. Cherry: Mais, s'il y en a une qui décide de boycotter,
ça veut dire que le conseil ne fonctionnera jamais.
M. Chevrette: Mais, M. le ministre...
M. Cherry: Donc...
M. Chevrette: Prenez 96...
M. Cherry: ...c'est pour nommer le monde au conseil.
M. Chevrette: Oui. Bien oui! Mais, si vous nommez trois gars,
là, trois de vos «chums» ça peut arriver que
vous ayez des tendances à ça, vous aussi vous nommez trois
de vos «chums» qui ne correspondent pas du tout aux vues de l'AECQ
ou bien de l'APCHQ, vous nommez trois de vos «chums»... En plus de
ça, à 96, vos gars, en vertu de 94, ils vont faire leurs
règlements, puis, en vertu de 96, à part de ça, vous
pouvez approuver; c'est vous qui approuvez les règlements de
l'Association des entrepreneurs.
Mme Blackburn: S'ils décident de ne pas...
M. Chevrette: Si les règlements ne font pas leur affaire,
en plus, qui va les changer? Il va leur dire: Faites-le. Ça fait une
drôle de responsabilisation, ça.
Mme Blackburn: Bien oui!
M. Chevrette: Regardez 96 en liaison avec 94, puis dites-moi que
vous responsabilisez votre structure.
M. Cherry: J'ai répondu à notre collègue de
Chicoutimi, tantôt. Lors de la création de l'AECQ, en 1975, il
fallait qu'on approuve leurs statuts, puis, 15 ans après, ce n'est pas
encore fait.
Mme Blackburn: Oui, oui, mais, ça, ce n'est pas...
M. Cherry: II a fallu que le gouvernement le fasse. Il a fallu
que le gouvernement le fasse parce que, l'Association, elle ne l'a pas
fait.
Mme Blackburn: Non. Ce n'est pas ça qu'on dit ici, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est que les
règlements sont préparés par l'Association, mais
l'Association les transmet au gouvernement pour approbation. Si le gouvernement
décide que, même s'ils sont préparés par
l'Association, il ne les approuve pas, qu'est-ce qui arrive?
M. Cherry: II faudrait voir les...
Mme Blackburn: Vous allez leur dire: Modifiez-les dans tel sens,
tel sens?
M. Cherry: Non. Il faudrait voir les raisons pour lesquelles le
gouvernement ne les approuverait pas. Il faudrait qu'il y ait des choses
là-dedans qui seraient contraires à l'esprit et aux
volontés du législateur.
Mme Blackburn: Oui. À ce moment-là... (21 h 50)
M. Cherry: On se comprend là, tu sais.
Mme Blackburn: ...c'est indiqué qu'il faut que le
règlement soit conforme à la loi. C'est comme minimal. C'est une
règle générale qui s'applique partout, ça,
c'est-à-dire qu'un règlement ne peut pas aller à
l'encon-tre de la loi. Alors, ça, ça va de soi. Mais, quand on
dit «pour approbation», ça veut dire que, pour une raison
qui pourrait appartenir à un gouvernement, on peut décider que
les règlements qui sont préparés et acceptés par
l'Association pourraient ne pas être approuvés par le
gouvernement. Parce que vous ne dites pas qu'ils pourraient de pas être
approuvés s'ils n'étaient pas conformes à la loi. Parce
que ça existe dans d'autres lois, ça aussi, mais on le dit,
généralement. Vous vous laissez là une latitude qu'on ne
retrouve pas dans d'autres lois, parce que, si vous avez...
M. Cherry: C'est conforme. Je m'excuse, c'est conforme à
ce qui s'est fait en 1975, lors de la création de l'AECQ. Et c'est pour
ça, parce que l'AECQ n'a jamais proposé ses statuts, que c'est le
gouvernement qui est obligé de le faire. C'est comme ça que
ça s'est passé. Là, tout ce qu'on dit, ils vont le faire,
mais, bien sûr, il faut s'assurer... Tu sais, ce que vous dites, c'est:
Vous ne devriez pas être obligé de marquer ça là,
ça va de soi, ça va de soi-même. Mais je pense qu'on a
l'obligation de s'assurer que ce n'est pas parce qu'ils font des
règlements qu'automatiquement on estampille ça sans pour autant
s'assurer que ça respecte l'esprit du législateur.
Mme Blackburn: Non. M. Cherry: Non?
Mme Blackburn: Vous retrouvez des dispositions dans d'autres lois
où il est dit que le règlement est déposé. Et le
seul motif pour lequel le gouvernement peut modifier le règlement d'un
organisme, c'est pour des motifs qui feraient que le règlement va
à rencontre des dispositions de la loi. Ça, là-dessus, je
le sais, j'en ai négocié un comme ça.
M. Cherry: Mais, encore une fois, je suis obligé de vous
dire que, selon la culture de ce secteur-là, là, il faut lui
donner un encadrement pour les encourager à s'entendre. Ils sont si peu
habitués à faire ça.
Mme Blackburn: Non, non, ce n'est pas ça. Vous les
responsabilisez ou vous ne les responsabilisez pas. Que vous les obligiez,
à l'intérieur de deux ans, à se donner un
règlement, que vous les obligiez à se donner un règlement,
j'en suis. Mais que vous leur disiez: Après ça, ce
règlement, s'il ne fait pas notre affaire, on pourra vous demander de le
changer, ce n'est pas la même chose, là. Les obliger à un
règlement, c'est une chose avec laquelle je peux facilement être
d'accord avec le ministre. Mais vous leur dites après ça que
c'est vous qui devez l'approuver, entendant par là, parce que les
législateurs ne parlent pas pour ne rien dire, que, si vous l'approuvez,
vous avez un droit de regard et vous pouvez même demander de le modifier
pour des raisons autres que celles qui voudraient qu'il soit incompatible avec
la loi, ce règlement. Et c'est ça. On pourra y revenir, mais,
à mon avis, ce n'est pas comme ça qu'on responsabilise les
parties.
Et, moi, si j'étais cette partie, je dirais: On se donne des
règlements, tels que stipulé, sur lesquels il faut s'entendre
à 80... «Les statuts et règlements ainsi modifiés
doivent pourvoir notamment à la composition du conseil d'administration,
au remplacement de ses membres, à la détermination du quorum
[...] à la façon d'établir et de percevoir les
cotisations». Alors, tout est indiqué là-dedans.
Alors, pourquoi est-ce que le gouvernement se garde le pouvoir de les
approuver et non pas seulement qu'ils soient déposés? Et, s'ils
ne respectent pas la loi, le gouvernement peut intervenir, mais pas pour
d'autres raisons. Ici, il n'y a rien de tel qui est dit là-dedans. Vous
les responsabilisez, ou pas?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: Mais, en même temps, il ne faut pas penser que
c'est un miracle et que, demain matin, tu sais, ils vont, tu sais... Il faut
les amener à, tu sais. Je le sais que c'est plate, mais, qu'est-ce que
vous voulez, on n'a pas le choix. Il faut vivre avec l'expérience de ces
gens-là depuis de nombreuses années, et ce qu'ils sont venus,
encore récemment, nous témoigner, tu sais. Il faut les aider, les
amener et les encourager pour faire le plus loin possible, mais ne pas penser,
là, que, parce que, nous autres, comme législateurs, on va
décider ça et voter ça, ça va fonctionner tout seul
demain matin.
Et je reviens encore, je reviens, là, parce que ça semble
important pour vous, et vous avez raison, l'AECQ a été
créée en 1975. Il a fallu que le gouvernement approuve ses
statuts; elle n'a pas trouvé moyen de le faire d'elle-même. Mais
c'est le même monde, l'AECQ et les gens qui vont être membres des
associations sectorielles. C'est ceux qui, en vertu de la loi, à l'heure
actuelle...
Mme Blackburn: On ne parle pas de la même affaire pantoute,
là.
M. Cherry: ...sont obligés d'être membres de l'AECQ.
C'est le même, même monde.
Mme Blackburn: On ne parle pas de la même chose. Dans votre
article 96, vous avez même une date d'échéance. Vous dites:
«...le premier conseil d'administration prévu à l'article
94 doit modifier, avant le 1er avril 1994 ce qui est assez rapide
les statuts et règlements de l'Association des entrepreneurs en
construction du Québec et les transmettre au gouvernement pour
approbation.»
Moi, j'en ai sur le terme «approbation». Que vous leur
donniez un échéancier en disant: Vous ne l'avez pas fait avant,
là, vous allez vous retrousser les manches, vous allez le faire, je vous
dis, j'en suis. Mais, de là à dire que, pour n'importe quelle
raison, parce qu'il n'y a rien de spécifié, vous vous gardez le
droit de les approuver sans qu'on indique s'ils vont à rencontre ou
s'ils ne respectent pas les dispositions de la loi, là, il y a quelque
chose qui ne va pas. On responsabilise ou on ne responsabilise pas. Et, avec
ça, là, on maintient en tutelle. La menace: Si vous ne le faites
pas à notre goût, on est capable de rentrer des affaires
là-dedans, ça n'a pas de bon sens. C'est ça que je vous
dis. Vous en ferez ce que vous voudrez.
Moi, je me dis que le plus grand service qu'on pourrait se rendre...
Non, pas le plus grand service. Ce qu'on pourrait faire, on pourrait faire ce
que le Parti libéral faisait en 1985 avant les élections,
c'est-à-dire qu'ils disaient au Parti québécois: Vous ne
voulez rien entendre, votre loi est pourrie, on vous la laisse, passez-la. On
pourrait vous la laisser passer, parce que c'est vrai que cette loi-là
est pourrie, sauf qu'on pense aux travailleurs, nous, puis on dit que ça
n'a pas de bon sens. C'est pour ça qu'on travaille.
M. Cherry: Mais, madame, pour répondre à
ça...
Mme Blackburn: Pas sûr, pas sûr. Allez dire ça
aux 30 000 qui sont désassurés.
M. Cherry: ...je sais que vous saisissez bien le pourquoi du
«avril 1994». C'est pour les obliger à se doter d'une
structure qui va faire qu'il va y avoir une véritable négociation
qui va être entamée en 1994. Il faut leur indiquer la voie. C'est
ça qu'il faut faire. Vous dites: Si vous voulez les responsabiliser
complètement, laissez-les donc faire tout seuls puis vous allez voir
s'ils sont responsables ou pas. Mais, si on veut, comme gouvernement, se
libérer de l'obligation d'appliquer SI puis de toujours intervenir, il
faut accélérer, si vous voulez, qu'ils fassent les premiers pas
qui vont nous libérer, comme législateurs, d'intervenir.
Mme Blackburn: Ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai dit au
ministre: Vous avez raison avec le 1er avril 1994, mais vous ne pouvez pas les
responsabiliser si vous dites en même temps: Je les garde en tutelle
parce que c'est moi qui approuve les règlements. C'est ça que
vous dites, et c'est là qu'est le problème.
Deuxième chose, comment pouvez-vous dire qu'il faut les mettre
à la table rapidement en les obligeant à se donner un
règlement avant le 1er avril 1994, alors que, dans la loi, il y a un
tronc commun mais il n'y a pas d'association qui a l'obligation de
négocier ce tronc commun, les négociations étant
sectorielles? On ne peut pas tenir deux discours, hein. Vous voulez les asseoir
vite, il faut qu'ils fassent les négociations, et ils ne savent
même pas si quelqu'un va leur confier un mandat. Ça n'a pas de bon
sens, votre affaire.
Le Président (M. Joly): Avant de passer à la mise
aux voix, tel que demandé par le député de
Salaberry-Soulanges, je vais entendre M. le député de
Jonquière, s'il vous plaît.
M. Dufour: Oui. D'abord, je dois m'excuser, je n'ai pas pu
assister au début de la commission parlementaire. Il y avait d'autres
lois qui étaient appelées à l'Assemblée nationale,
puis ça m'a obligé à être présent de l'autre
côté plutôt qu'ici. Peut-être que je ne serai pas dans
le ton, mais j'ai certaines informations, tout de même, que j'aimerais
avoir.
Je pense que le débat qui a lieu actuellement concernant la
représentativité et la façon qu'on la compose, ça a
une importance réelle. Je ne veux pas en rajouter, il y a eu pas mal
d'échanges à ce sujet-là. Mais je sais qu'il y a une
échéance qui arrive puis qui est près d'arriver,
là. Le 14 décembre 1993, il y a une fin de décret. La loi,
j'ai bien l'impression que vous avez l'intention de la faire adopter avant le
14 décembre, ou vous avez l'intention de la retirer puis vous ne nous le
dites pas. Ce ne serait peut-être pas bête. Je voulais juste vous
le suggérer.
En supposant, parce que, là, je suis obligé d'aller avec
ce que vous avez, l'intention que j'ai, c'est un projet de loi qui s'appelle le
projet de loi 142, qui est devant nous... Il y a un décret qui est en
marche. QVest-ce qui arrive avec les conventions actuelles avec ce projet de
loi, s'il est accepté, soit modifié ou pas?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: On va amener un amendement pour préciser ce qui
va arriver avec ça, là. Ça va faire partie...
M. Dufour: Donc, vous allez avoir des mesures transitoires qui
vont dire que le décret s'applique j'imagine, là
jusqu'à ce que les conventions soient négociées.
M. Cherry: Ça va ressembler à ça, oui.
M. Dufour: Oui. Je comprends. Quel est l'intérêt de
l'employeur à vouloir... D'abord, est-ce que ce sera
considéré comme une première convention collective? Parce
que ça change de partenaires en cours de route. Avant, ils
négociaient avec l'AECQ et, après que le projet de loi sera
adopté, ils vont discuter avec une association. Donc, qu'est-ce qui va
arriver? Est-ce que ça va être considéré comme une
première convention collective ou en prolongement de convention
collective?
M. Cherry: Non. (22 heures)
M. Dufour: Bien, vous me dites non, mais, légalement,
là, vous savez, ils changent d'employeur, ils changent
d'accréditation.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: C'est une première convention collective, mais
le Code du travail, par rapport au secteur de la construction, l'esprit de la
première convention n'est pas applicable, parce qu'on sait que, dans le
Code du travail, il y a une distinction entre à qui le Code s'applique
et comment ça s'applique dans le secteur de la construction.
M. Dufour: Donc, ça ne serait pas une première
convention.
M. Cherry: Pas au sens du Code, si on veut.
M. Dufour: Pas au sens du Code. Quel serait
l'intérêt... Vous me dites: II faut qu'ils négocient et il
faut que ça fonctionne, il faut que ça marche. C'est ça
que vous voulez d'abord. Quel est l'intérêt de l'employeur
à vouloir régler rapidement la convention collective, lorsqu'on
sait que, avec tout le mécanisme prévu, on va à
l'arbitrage, etc., et il n'y a pas d'effet de clause rétroactive qui
s'applique, ce sont toutes des clauses, si l'arbitre se prononce, par rapport
à? Est-ce qu'il n'y a pas un danger, dans ce que vous nous
présentez, qu'il n'y ait jamais de réelles négociations ou
que les négociations se fassent toujours avec la menace que c'est
à la fin? Parce qu'il y a quelque chose qui se produit à travers
tout ça, si vous regardez les articles. Il y a un endroit où,
à quelque part, on dit je pense que c'est dans l'article 26
qu'il n'y a pas de rétroactivité. Donc, est-ce que
ça, c'est de nature à améliorer les relations de travail?
Parce que ça rentre un peu dans ce cadre-là.
M. Cherry: Vous, comme moi, étiez présent la
semaine dernière et vous avez vu de quelle façon... On a
entendu... Je pense que je pourrais référer à n'importe
quelle association qui disait: Laissez-nous le mandat de négocier,
laissez-nous notre affaire, on va prendre nos responsabilités. Ne nous
faites pas ça tout de suite. Vous allez voir que ça... Vous vous
en souvenez? C'était la semaine passée, mercredi et jeudi
passés. Pourquoi, là, quatre, cinq jours après, il
faudrait penser que, là, tout à coup, ils décideraient de
ne plus se responsabiliser, de ne plus vouloir faire ça et
continueraient de retomber dans la façon permettez-moi
traditionnelle qu'ils ont eue de faire les choses presque tout le temps? Ou
bien donc il faut leur offrir une façon de fonctionner qui va leur
permettre de faire ça, ou bien donc tout le monde, comme
collectivité, on va lever les bras et on va dire: Dans le secteur de la
construction, il faut, depuis fort longtemps et pour encore fort longtemps,
continuer à décider à leur place. Je ne suis pas capable
de faire ça.
Je vois quelqu'un qui est en arrière qui disait, il y a à
peine trois, quatre jours: Écoutez, là, renfermez-nous ensemble,
donnez-nous x temps et, si ce n'est pas correct, achetez-nous une paire de
culottes courtes pour tout le monde. Le gouvernement ne peut pas
légiférer comme ça. Je sais que l'expression qu'il avait
ça voulait dire: Je suis convaincu qu'on va réussir à
s'entendre et on va réussir à faire quelque chose. C'était
ça, le message qui nous était donné.
Moi, je pense que, en modifiant la façon de fonctionner, en les
responsabilisant par secteur, en les obligeant à se doter d'une
structure, des porte-parole, des mandats, un tronc commun, je pense que,
là, on les amène dans ce qui... En tout cas, c'est l'objectif
qu'on a, améliorer et responsabiliser, mais c'est un processus qui...
Qu'est-ce que vous voulez, ils ont l'habitude de fonctionner comme ça.
Moi, je veux lé croire, quand ils me disent qu'ils veulent se
responsabiliser, et je leur en offre l'occasion par ça.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Joliette, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Oui, c'est une sous-question par rapport à
la question du sous-ministre, une sous-question pour un sous-ministre. Il vient
de répondre à mon collègue, en vertu de la loi 290, que ce
ne sera pas une première convention au sens du Code. Ceux qui
négocieront sous le Code du travail qui sont désassujet-tis,
est-ce que ce sera une première convention collective?
M. Henry (Jacques): Ce qui a été dit, c'est que la
loi R-20, une convention signée sous l'égide de R-20, ce n'est
pas une première sous l'égide du Code, puisque c'est extrait du
Code.
M. Chevrette: Je ne vous pose pas cette question-là.
M. Henry (Jacques): Ceux qui sont en dehors...
M. Chevrette: Vous seriez bon en Chambre, vous, pour contourner
les questions. Ma question est directe.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Henry (Jacques): Ceux qui sont en dehors...
M. Chevrette: Ceux qui sont désassujet-tis
«c'est-u» clair, ça...
M. Henry (Jacques): Oui, oui, qui vont négocier sous le
Code...
M. Chevrette: Oui, ceux qui vont négocier sous le Code du
travail, est-ce que ça va être une première, oui ou
non?
M. Henry (Jacques): Sous l'égide du Code, que je connais
moins bien, j'imagine que oui, mais je ne peux pas vous répondre.
M. Chevrette: Merci. C'était la question que je vous avais
posée.
Le Président (M. Joly): Est-ce que, M. le
député de Jonquière, vous avez encore...
M. Dufour: Oui, je voulais un peu compléter. Je remercie
mon collègue pour sa... C'est une précision importante, mais il y
a peut-être des subtilités qui m'échappent. Moi,
j'étais sous l'impression que ça pouvait être une
première convention, mais, là, ça éclaircit plus.
Parce que, pour les gens qui sont dehors du secteur, ils seront... Moi, en tout
cas, j'ai l'impression que, oui, c'est une première convention.
Si je continue mon questionnement, je vous demande s'ils ont de
l'intérêt à vouloir négocier. Vous nous dites: Oui,
ils nous l'ont tous dit. Ils vous l'ont tous dit? Moi, je pense que tous les
corps, les syndiqués ou les syndicats vous ont dit: Oui, on est
prêt à négocier dans les règles qu'on connaît.
Dans les nouvelles règles, ce n'est pas si évident que ça
qu'ils vous l'ont dit ou qu'ils nous l'ont dit. Ça n'a pas
été aussi clair dans mon esprit. Pour moi, là, il faudrait
aller les requestionner pour le savoir.
Moi, je dis: Les syndicats qui sont venus ici nous ont dit: ôtez
les règles, laissez-nous faire, on va régler ça entre nous
autres. Ça, ça me semblait clair, ça. Ils l'ont dit
à trois reprises. On a eu trois commissions: deux commissions
parlementaires qui avaient pour but de prolonger le décret et on en a eu
une troisième commission parlementaire. Ça, ça me semble
assez clair. Mais, de la part de l'employeur, ça ne me semble pas aussi
clair, parce qu'il y avait des réticences dans les deux premières
commissions parlementaires, et je ne crois pas qu'ils aient été
aussi clairs que ça la semaine dernière, concernant d'enlever
toutes les règles puis on va s'entendre. Ça, c'était le
langage syndical, d'après moi, pas le langage de l'employeur, parce que
l'employeur, si on est rendus là, à mon point de vue, c'est parce
qu'ils ont insisté pour avoir des balises et avoir des règles
différentes, ils ont forcé plus.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Dufour: Oui, peut-être répondre, et, après
ça, j'aurais une ou deux questions.
M. Cherry: Oui. Juste rapidement, quand vous
référez aux commissions parlementaires de prolongation du
décret et d'avril et de juin, qui nous amènent jusqu'à
maintenant, et quand vous référez au langage syndical, je pense
que vous conviendrez avec moi que le langage était le suivant: M. le
ministre, ne prolongez pas le décret...
M. Dufour: C'est absolument ça.
M. Cherry: ...laissez-nous le vide juridique...
M. Dufour: C'est ça.
M. Cherry: ...laissez-nous exercer notre rapport de force,
hein?
M. Dufour: Oui, oui, c'est ça. M. Cherry:
C'était ça, le langage. M. Dufour: Oui, oui, c'est
clair.
M. Cherry: Laissez-nous le vide juridique, laissez-nous exercer
notre rapport de force. C'est quoi, là? Pourquoi souhaitaient-ils un
vide juridique? Pour que, quand ils faisaient des actions comme on a vu
récemment, ils ne puissent pas être sous l'empire, là, de
violer la loi R-20 et le décret. Laissez-nous le vide juridique; en
d'autres mots, là, si j'essaie de traduire ça en leurs paroles:
Laissez-nous aller vider les chantiers, et vous ne pourrez pas nous imposer des
amendes. Ils appelaient ça comme ça, exercer le rapport de force,
ce qu'ils ont décidé de faire, là, la semaine
dernière. Parce que, tant que le décret existe, ils n'ont pas le
droit de faire ces gestes-là. Alors, ils disaient: Arrêtez de
prolonger le décret quand on ne s'entend pas. Laissez-nous le vide
juridique, laissez-nous exercer notre rapport de force. C'était
ça, leur langage. Il faut le comprendre dans ce sens-là. C'est
juste pour être bien certains qu'on interprète la parole des gens
de la même façon.
Alors, les syndicats, c'est ça qu'ils nous disaient. Mais vous
vous souviendrez que la dernière fois, au mois de juin, ils disaient: M.
le ministre, laissez-nous le vide juridique, laissez-nous exercer notre rapport
de force, mais, en attendant, ajoutez donc x cents de l'heure de plus dans le
pot pour que ça balance nos avantages sociaux. Et, à part de
ça, ne vous en mêlez pas, laissez-nous exercer notre affaire. J'ai
prolongé et je n'ai pas mis de cents dans le pot.
M. Dufour: Ça, peut-être que la dernière
phrase que vous dites, moi, je ne l'ai pas... Ça n'a pas
été dit, je pense, à la commission parlementaire.
M. Cherry: De laquelle vous parlez? M. Dufour: De rajouter
de l'argent... M. Cherry: Ah oui! M. Dufour: ...dans le pot.
M. Cherry: Ah oui! je serais prêt à vous le signer,
là. Maurice...
M. Dufour: En tout cas, ça m'a échappé, ce
bout-là.
M. Cherry: Non, non, mais ils disaient, là, parce
qu'ils étaient déficitaires dans les avantages sociaux:
Mettez donc tant d'argent et... Je serai prêt à vous le
déposer, je le lisais encore la semaine dernière. Ils disaient:
Pour qu'on soit au moins équilibrés, on est x millions dans le
trou, mettez donc tant de cents de l'heure. Ils disaient: Laissez le vide
juridique, ne prolongez pas le décret, laissez-nous exercer notre
rapport de force, mais n'oubliez pas, là, que, si vous le prolongez,
mettez de l'argent dedans, parce que, nous autres, on ne veut pas arriver dans
le trou avec ça, là, à cause des heures.
Évidemment, je l'ai prolongé, et je n'ai pas rajouté
d'argent, ce qui a eu comme résultat que, au mois de septembre, ils ont
pris des décisions, des mesures, si vous voulez, là, pour tenter
de répondre à la situation, qui est le déficit des
avantages sociaux à la CCQ.
M. Dufour: Remarquez bien que je ne vous ai pas mis les mots dans
la bouche. Si vous me dites que, pour eux, le vide juridique, c'était le
droit de vider les chantiers et puis de brasser la cabane, moi, je n'avais pas
compris ça tout à fait comme ça. Là, vous
interprétez. Si vous aviez accepté le vide juridique, ça
veut dire que l'employeur et l'employé avaient le droit de lock-out ou
de grève, et, à ce moment-là, il aurait pu y avoir un vote
des groupes, et il aurait pu y avoir autre chose. Parce que le scénario
que vous imaginez pourrait être différent, dépendamment
d'où on est. Bien non, mais ça existe par décret. Il n'y
en a pas, de vide, nulle part.
Le Président (M. Joly): O.K. M. le député de
Salaberry.
M. Marcil: II ne l'invente pas, c'est parce qu'il regarde la
télévision depuis une semaine.
M. Dufour: Non, non... Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: ...ce n'est pas ça. Oui, mais, là, il y
a un décret, encore.
M. Marcil: Et ça se fait, n'oubliez pas.
M. Dufour: Mais, quand ils disent... Il n'y a pas...
M. Marcil: Non, non, ils ne respectent pas le décret
présentement.
M. Dufour: II n'y a pas de vide juridique actuellement. Non, je
m'excuse.
M. Marcil: Non, non, non, je comprends... M. Cherry: C'est
ce que je dis...
M. Marcil: ...mais ils le font quand même dans
l'illégalité.
M. Cherry: ...et, donc, ils sont illégaux. Une voix:
C'est illégal. M. Marcil: C'est illégal, ce qu'ils
font. M. Dufour: Comprenons-nous.
M. Cherry: Non, mais c'est ça que j'essaie de vous
expliquer...
M. Dufour: Non, non, non...
M. Cherry: ...M. le député de Jonquière.
Dans le moment, ce qu'ils font, ils le font dans l'illégalité,
parce qu'il y a un décret, qui est en vigueur jusqu'au 14
décembre, qui leur défend de vider les chantiers, qui leur
défend de faire la grève, qui leur défend,
là...
Mme Blackburn: ...les individus. (22 h 10)
M. Cherry: Non, non. Ah! ça, là... Ce qui leur
défend...
Mme Blackburn: En tout cas, c'est ce qu'un juge a dit chez
nous...
M. Cherry: Oui, oui. O.K. Ça, ça leur est
défendu...
Mme Blackburn: .. Je juge Bergeron.
M. Cherry: O.K.? Ils nous disaient: Laissez-nous donc le
vide.
Mme Blackburn: II a refusé.
M. Cherry: Pourquoi ils voulaient le vide? Laissez-nous exercer
notre rapport de force.
M. Dufour: Bien là, c'est votre interprétation.
M. Cherry: Mais, quand tu exerces ton rapport de force, c'est
qu'il y a un vide. Ça fait que je ne peux pas te poursuivre pour
être dans l'illégalité quand tu poses des gestes comme ils
posent présentement. C'est comme ça qu'il faut le comprendre.
Puis, comme dit mon collègue, là, si vous pensez que
j'interprète, là, je regarde la télévision à
tous les soirs, depuis une semaine, puis...
M. Dufour: Non, non, mais il demeure, M. le ministre, que,
actuellement, dans le cas actuel que vous soulevez, il n'y en a pas, de vide
juridique. Donc, il y a un décret, mais, moi, je ne porterai pas de
jugement sur ce qui se passe ou ce qui ne se passe pas. Je pense que tout le
monde le voit, puis, bon, on a le droit chacun à notre opinion.
Moi, je prétends que, si les syndicats demandent
qu'on laisse un vide juridique, ce n'est pas nécessairement pour
sortir les gars du chantier. C'est d'abord pour avoir une épreuve de
force, mais ça pourrait prendre des procédures normales qui sont
des arrêts de travail avec des avis de grève, des lock-out. C'est
ça, pour moi, une épreuve de force, comme il existe dans toute
convention normale. On ne l'a pas essayé, ça, depuis quelque
temps. Ça fait que, moi, je suis prêt à laisser tomber
ça, là. On n'ira pas plus loin dans cette
discussion-là.
On dit et vous nous dites: On veut changer puis améliorer les
relations de travail, mais vous acceptez, par contre, d'avoir quatre
conventions collectives séparées avec des coûts
supplémentaires, puis des négociations qui sont
nécessairement pas à la même table, au départ,
à moins qu'il y ait un miracle, que les gens s'entendent. Ce qui veut
dire qu'il y a un danger qu'il se produise que les conventions collectives
deviennent de plus en plus disparates et que, là, ça va se
produire comme dans d'autres cas où ça va être des
conventions collectives qui vont se jouer une contre l'autre pour savoir
laquelle qui est la meilleure, puis il y a quelqu'un qui va payer le prix.
Moi, j'en ai vécu, des expériences de conventions
collectives où c'est toujours la meilleure qui remporte, c'est toujours
l'idéal à atteindre. Et, dans les conventions comme on a
proposé, s'il y en a trois, l'uniformité, elle ne sera pas
là, parce que chaque groupe va vouloir avoir la meilleure convention,
chaque groupe va vouloir faire la meilleure convention. Donc, à ce
moment-là, il va y avoir des demandes, il va y avoir des épreuves
de force qui vont se faire à l'intérieur des négociations
des conventions collectives. Est-ce que vous pensez que... Moi, je me demande
ce que vous pensez, mais je pense réellement que le bien que vous
recherchez à forcer la négociation va faire qu'il va y avoir une
escalade à quelque part qui va se produire dans le temps.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: M. le Président, notre collègue de
Jonquière semble invoquer que, parce que, présentement, il n'y a
qu'une seule convention collective, qu'il y a un seul décret qui couvre
tous les secteurs, il n'y a pas de particularité, à
l'intérieur du décret actuel, qui tienne compte de, donc,
à ce moment-là, ça existe. Et là, vous, ce que je
pense, et je ne veux pas vous placer de mots dans la bouche, vous...
M. Dufour: Vous me faites dire des choses que je n'ai pas dites,
M. le ministre.
M. Cherry: Non. Vous avez dit, par exemple...
M. Dufour: Je suis assez grand garçon pour dire ce que je
veux dire. Ha, ha, ha!
M. Cherry: ...que ça va faire des conventions collectives
disparates. Je pense que c'est les mots que vous avez utilisés...
M. Dufour: Oui.
M. Cherry: ...ça va faire des conventions collectives
disparates. Quelqu'un pourrait dire, en voulant dire la même chose que
vous: Probablement que ça va faire des conventions collectives qui vont
mieux refléter la réalité économique du secteur
d'activité économique dans lequel ça va se
négocier. Et, ça aussi, je pense que ça peut s'exprimer de
cette façon. Parce que, à l'heure actuelle, à
l'intérieur du même décret, ils n'ont pas les mêmes
heures de travail, dépendamment si vous êtes sur les routes ou si
vous êtes dans d'autres secteurs. Même à l'intérieur
des métiers, ils n'ont pas tous le même genre de contribution
à leur caisse de retraite. Il y en a qui ont décidé
d'investir, tel type de métier, plus d'argent dans leur fonds de pension
que d'autres. Ça, ça l'a permis, à l'heure actuelle.
Donc, vous ne pensez pas que, quand on aura des conventions collectives
qui vont refléter non seulement le métier, mais le secteur, le
champ d'activité économique là-dedans, on met plus de
chances de notre bord, que l'entente qui va arriver de ça va
refléter puis va rapprocher plus les préoccupations de ce secteur
d'activité économique là plutôt qu'un métier
qui est actif dans plusieurs secteurs? Je pense que c'est un défi qu'a
le secteur de l'industrie de la construction de s'ajuster à cette
réalité-là.
M. Dufour: C'est parce que... M. Cherry: C'est un
défi, ça.
M. Dufour: Nous autres, on ne pense pas. On pense qu'il y a une
adaptation qui va se faire. Ce que je prétends, c'est que la nouvelle
formule de négociation, il n'y a pas d'endroits communs ou il n'y a pas
de tronc commun pour canaliser la négociation. Elle peut se faire
complètement séparée sans qu'on ne tienne compte des
intérêts de l'un et de l'autre, et on verra bien. Moi, je ne pense
pas que... Ce que vous faites ou ce qu'on fait actuellement, dans une
convention, vous ne le verrez pas. Ça ne prendra pas de temps, par
exemple, qu'il va y avoir des changements majeurs qui vont probablement se
produire, et la structuration que l'on prévoit va devenir une
déstructuration du milieu, et ça, avec tout ce que ça
comporte. Si c'est ça que vous cherchez, c'est...
Dans le fond, ce que vous nous dites, vous recherchez une
déréglementation complète, mais on n'a probablement pas le
courage de le faire au complet, ça fait qu'on va faire des petits
morceaux, puis, à la longue, bien, on finira par tout démancher
ça. Dans le fond, c'est le principe de la main qui passe dans le
tordeur: tu commences par le bout des doigts et tout le reste y passe. Moi, je
suis convaincu que ce que vous recherchez, et ça, vous ne nous le dites
pas, ce qu'on vous a demandé de faire, c'est une
déréglementation
complète. On commence avec des éléments et,
après ça, on va y aller correctement sur tout l'ensemble.
Moi, je pense que l'AECQ est là juste de façade, elle est
là pour un petit bout de temps, puis, si les scénarios que vous
avez dans l'idée, c'est vraiment: On va l'appliquer au complet un de ces
jours et l'AECQ va sauter, elle s'en ira, elle n'aura plus de
nécessité, à moins qu'il y ait autre chose qui se produise
entre-temps.
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous avez d'autres
commentaires, M. le député de Jonquière? Mme la
députée de Chicoutimi? Parce que la mise aux voix a
été demandée.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre nous disait
tout à l'heure que c'était logique qu'il y ait des conventions
collectives variables selon le secteur d'activité. Il disait: C'est
sûr qu'ils vont se mettre à table. Ça, ça va
être un peu plus conforme à la réalité, beaucoup
plus que le travailleur qui change de secteur d'activité.
Mais j'ai peine à suivre le ministre. Juste pour gérer
ça, comment le gouvernement va-t-il contrôler les
déclarations des employeurs qui vous diront: Mon employé a
travaillé 15 heures dans le domiciliaire, donc il ne paie pas de
cotisations x, y, z; il a travaillé, pendant la même semaine, 10
heures dans l'industriel, ce ne sont pas les mêmes conditions, puis il
n'a peut-être pas les mêmes cotisations, et, le 20 heures
additionnel, il l'a travaillé dans un autre secteur et il n'a pas les
mêmes conditions? Comment allez-vous contrôler les
déclarations de cet employeur-là par rapport aux
déductions d'impôt, par rapport aux cotisations, par rapport aux
cotisations de la CSST qui vont devenir variables? Elles le sont
déjà par rapport au secteur d'activité. Sur les structures
d'acier, par exemple, c'est un peu plus cher, bon, et ainsi de suite. Comment
est-ce que vous allez contrôler ça, juste vous, le
contrôler? Je ne vous demande pas comment l'administrer pour les
employeurs, là.
M. Cherry: Rapidement, il faut se souvenir que, ça, c'est
le rôle de la CCQ, c'est pour ça qu'elle est là. Et,
deuxièmement, je rappelle aussi que 85 % des entreprises dans le secteur
de la construction ont cinq travailleurs et moins. Comprenez-vous?
Mme Blackburn: Mais je ne demande pas comment l'employeur va le
contrôler, mais comment le gouvernement, qui... Actuellement, on sait
comment... Si vous pouviez le contrôler, ça serait
déjà fait, à cause du travail au noir, là.
M. Cherry: C'est à travers la CCQ que ça va se
faire. C'est pour ça qu'il y a un organisme pour faire ça.
Mme Blackburn: Oui, mais pourquoi... Il fau- drait que vous
m'expliquiez d'abord pourquoi vous n'avez pas appliqué la loi 186, puis
pourquoi est-ce que les règlements d'application de cette loi-là
n'ont toujours pas été promulgués? Pourquoi est-ce qu'on
se retrouve avec une loi qui n'est pas appliquée deux ans et demi
après son adoption? C'étaient des lois qui venaient
contrôler un certain nombre de choses. Si vous me dites que tout à
coup la CCQ va réussir à contrôler ce que le gouvernement
n'a pas contrôlé après deux ans d'adoption de la loi, il y
a comme un problème. Les lois 185, 186, parlez-nous-en un peu. On s'est
battus un petit bout là-dessus, une fois, quelque part, il y a deux
ans.
M. Cherry: Bien sûr, quand vous référez
à 186, vous avez raison quand vous invoquez qu'il y a des aspects de la
loi qui ne sont pas encore en application.
Mme Blackburn: Quel est le pourcentage d'articles qui ont
été mis en vigueur?
M. Cherry: II faut se souvenir... La base de ça, et je
vous le rappelle parce que c'est important, c'est qu'on a quand même
fusionné six ou sept lois différentes pour créer la
Régie du bâtiment, dans 186. Il y avait des lois là-dedans
qui dataient de 1904 et d'autres du début des années trente.
Donc, avant même, ta première base... Et ça, c'est long.
C'est un peu comme quand tu fais lever une ville. Tu commences par faire tous
tes travaux, tu sais, poser tes égouts, tes aqueducs, ton filage. Tout
ce temps-là, tu dis: Ça ne paraît pas, il me semble qu'il
ne se fait rien puis il s'investit des sommes importantes. (22 h 20)
Donc, ce que la Régie du bâtiment a fait, c'est s'assurer
qu'on va fusionner tout ça et qu'il va y avoir une concordance,
ça va être modernisé. Puis, parallèlement à
ça, il y a d'autres travaux qui se font. Et là vous allez voir,
dans les mois qui viennent... C'est pour ça qu'on est plus à
l'aise maintenant de dire que, par exemple, dans l'aspect, par exemple, des
plans de garantie, on parle pour le printemps 1994. Non, mais ça,
ça en est un aspect. Le système de points de
démérite... Mais, avant de faire ça, il fallait s'assurer,
d'abord, qu'on va moderniser, qu'on va regrouper et moderniser le regroupement
de l'ensemble de ces différentes lois là.
Tu sais, tu commences par le commencement, autrement... Il faut que
ça s'applique sur quelque chose qui est solide puis qui est concret. Et
ça, c'est long, c'est fastidieux, je le sais, mais ça prenait
d'abord cette démarche-là, ce qui devient tes assises pour
l'ensemble des autres choses. Et parce que ça a été fait,
pas au rythme où on l'aurait souhaité, je le reconnais aussi...
Ça ne s'est pas fait au rythme où on l'aurait souhaité,
mais, quand tu prends des gens qui étaient au ministère du
Travail puis que tu les transfère à la Régie du
bâtiment du Québec, tu fais la réorganisation du
ministère, tu partages les gens, tout ça en même temps,
ça change la façon de penser, de se comporter. Il y a des gens
qui ont fait des choix, qui ont préféré rester au
ministère
plutôt que d'aller à la Régie du bâtiment du
Québec. Avant que tout ça soit réorganisé, que tu
fasse travailler tout ce monde-là ensemble et que ton plan, ton
cheminement, ton plan critique pour en arriver au résultat... Mais,
là, on sent que ça fonctionne de mieux en mieux.
L'échéancier est de mieux en mieux respecté. Il y a des
délais dans certains, mais on y arrive.
Mme Blackburn: Écoutez, M. le ministre... Le
Président (M. Joly): Mme la députée...
Mme Blackburn: M. le Président, je ne veux pas contredire
le ministre...
Le Président (M. Joly): ...M. le député de
Laviolette meurt d'impatience de poser ses questions.
M. Jolivet: Finissez, finissez.
Mme Blackburn: Écoutez, la loi 185, ça a
créé un fouillis pire que ce qui existait avant, et vous le
savez. On est passés de l'entrepreneur autonome à l'entrepreneur
qui était de temps en temps un entrepreneur puis artisan, puis,
tantôt, il devenait le syndiqué. Alors, une affaire qui n'a pas de
bon sens, vous le savez mieux que moi, et tous ceux qui sont dans le
système savent qu'on n'a rien corrigé avec ça.
La loi 186, dites-moi combien... C'était prévu...
J'écoutais, l'autre jour, le député de Salaberry-Soulanges
vous dire qu'ils avaient appliqué le rapport Sexton-Picard. Excusez,
mais, moi, je l'ai lu, le rapport Sexton-Picard, je l'ai relu quand vous avez
fait votre déclaration. C'est rire un peu du monde de dire de pareilles
choses, ça n'a pas de bon sens, et d'autant que la partie qui a
été un peu appliquée à titre d'essai, dans la loi
186, n'a jamais été mise en vigueur, jamais. Le ministre
pourrait-il me dire, à ce moment-là, sur quoi repose la critique
du Vérificateur général lorsqu'il parle de la Régie
du bâtiment, si ça va si bien qu'il nous le dit?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: Le rôle du Vérificateur
général, ce n'est pas de dire ce qui va bien, c'est de dire ce
qu'il suggère qui devrait être améliore. C'est ça,
le rôle du Vérificateur général. Ce n'est pas de
vous donner un point pour un bon bulletin, c'est de vous dire où il y a
une tache sur votre feuille. C'est ça, sa job, c'est ça qu'il
fait, et il nous l'a indiqué, puis on va agir en conséquence. Le
rôle d'un vérificateur... Vous dites: Si ça va si bien. Le
rôle du Vérificateur général, ce n'est pas de nous
dire où ça va bien, c'est pour nous dire où ça
mérite d'être corrigé, et, surtout un organisme qui vient
d'être restructuré comme celui-là, tu sais, je suis content
qu'il fasse ça, ça nous indique les pistes de solution, puis on y
donne suite dans le respect de ce qui est le rôle du
Vérificateur.
Mme Blackburn: Le Vérificateur général prend
toujours soin d'indiquer que, dans certains secteurs, il y a eu une
réponse favorable à ses commentaires précédents et
ça a bien fonctionné. Le Vérificateur
général, là-dessus, ne fait pas juste dire: Ça va
mal, ça va mal, ça va mal. Il dit: On avait fait des
recommandations, la chose a été corrigée, il y manque
encore des choses. Alors, contrairement à ce que le ministre dit, ce
n'est pas juste quelqu'un qui ne voit que la face négative des choses.
Il dit un certain nombre de choses qui ont été
améliorées, ensuite il souligne les corrections qui devraient
être apportées. Alors, je pense qu'on ne peut pas dire n'importe
quoi.
M. Cherry: Toujours en se rappelant que la Régie du
bâtiment a une vie d'environ 18 à 20 mois. Il faut se souvenir de
ça aussi.
Mme Blackburn: Oui, mais ils ne partaient pas de zéro.
Voyons, il y avait quand même des organismes antérieurs qui
avaient une tradition, une culture, et, selon le ministre, ça devait
être quelque chose de parfait. Je lui fais confiance, si c'est parfait
comme 185, on va avoir du plaisir.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Laviolette, s'il vous plaît. On vous a attendu, M. le
député de Laviolette, parce qu'on savait que vous mouriez d'envie
de poser des questions.
M. Jolivet: Vous avez bien fait de m'attendre. Je vais faire des
commentaires, en commençant, si vous me le permettez.
Le Président (M. Joly): Allez.
M. Jolivet: Je n'ai pas parlé beaucoup à cette
commission parce que j'ai suivi les discussions beaucoup plus à un autre
niveau, soit par les moyens de communication que l'on possède dans nos
bureaux et avec les discussions que j'ai eues avec mes collègues. Mais
le ministre a fait une sorte de point, un peu, en parlant de ce qu'il a
interprété comme étant les interventions faites par les
organismes qui sont venus devant nous, en disant: Au Sommet, ça a
été difficile. Voilà deux ans, trois ans, on n'aurait pas
pensé de même, mais les gens s'entendaient sur quatre secteurs de
négociation. Là, je parle de ce qui est prévu par
l'article 1.
Et j'aimerais faire mention au ministre, qui a probablement reçu
aujourd'hui une lettre de l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec qui provient du bureau du président, M. Reynald Couillard,
qui indique au ministre la façon dont il a vu, aussi, l'ensemble des
discussions jusqu'à maintenant, d'autant plus qu'il fait mention du fait
que le ministre a l'intention de déposer des amendements...
On a vu tout à l'heure, M. le Président, au début
de la commission, vers les 16 heures, le ministre nous dire: Ça viendra,
ça viendra. Alors, on aura l'occasion
de regarder ces amendements-là. J'espère que, lorsque le
ministre sera prêt à les déposer, il pourra nous les
déposer en vrac pour qu'on ait le temps, aussi, de les regarder de notre
bord. Je ne sais pas s'il a l'intention de jouer à cache-cache comme
d'autres, mais... Souvent, on propose des amendements au fur et à mesure
qu'on avance, mais, si le ministre veut qu'on avance rapidement dans 98
articles, 97, je ne me souviens plus là, 97, c'est ça, qu'on
puisse avoir la chance de voir où sont vraiment ces changements
primordiaux qu'il a l'intention d'apporter. Et, comme on va l'entendre ce soir
au Point, le député de Saint-Maurice ayant
représenté la partie ministérielle à une
émission de télévision qui passera après les
nouvelles, dans quelques minutes...
M. Cherry: Présentement.
M. Jolivet: Bien, c'est en marche présentement. Alors,
j'ai hâte de les voir parce qu'il a fait mention de certains amendements.
On verra si vraiment c'était l'intention du ministre. Mais, à ce
moment-ci, la lettre nous indique, et je me permets de la lire et le. ministre
pourra la commenter ensuite... Je pense que c'est important qu'on l'ait devant
nous. On dit: «M. le ministre, à quelques heures du
dépôt des amendements qui peuvent être encore
apportés au projet de loi 142, nous souhaitons à nouveau, par la
présente, vous souligner le fondement et l'appui des prétentions
formulées par notre association concernant le régime de
négociation applicable dans l'industrie de la construction. «au
départ et là ça traite du premier article le
nouveau processus de négociation avancé dans le projet de loi 142
repose sur l'existence éventuelle de quatre conventions collectives dans
l'industrie de la construction. nous vous rappelons que, lors d'un sondage
récent mené par la firme crop auprès de tous les
employeurs oeuvrant dans l'industrie, les deux tiers se sont prononcé
contre l'existence de conventions collectives pour chaque secteur
d'activité. pour les employeurs, cette solution représente un
frein à leur mobilité intersectorielle qui, nous le rappelons,
touche 75 % des employeurs».
Là, je fais mention de ce qui est écrit dans le
deuxième paragraphe de la lettre, mais j'interviens en disant au
ministre, par rapport à ses prétentions, par rapport à
celles des autres, d'autant plus qu'on parle de la mobilité
intersectorielle, que ce n'est pas une lettre qui date d'il y a deux semaines,
c'est de ce matin. «D'autre part, lors des auditions tenues devant la
commission parlementaire de l'économie et du travail, plusieurs
intervenants ont revendiqué le maintien d'une seule convention
collective qui serait toutefois négociée sectoriellement, dont la
Corporation des maîtres électriciens du Québec, la
Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du
Québec, l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec, la CSN-construction et la CSD-construction. Également,
d'autres organisations vous ont signalé leur accord avec les positions
défendues par notre association, dont l'Association des
propriétaires de machinerie lourde du Québec inc. et le
comité conjoint des entrepreneurs en mécanique et
électricité industrielle qui est regroupé au sein de
l'Association de la construction du Québec, dans les termes
appelé l'ACQ. «de plus, toutes ces associations d'entrepreneurs
ont indiqué qu'il fallait garder un porte-parole patronal unique pour
les fins de négociation de la convention collective, rôle que
notre association remplit actuellement et dont le maintien a été
clairement souhaité par l'envoi de lettres d'appui à cet effet
par des employeurs qui représentent plus de 56 % des heures
travaillées dans notre industrie. parmi ces derniers, plusieurs sont
membres ou agissent à titre d'administrateurs de l'association de la
construction du québec ou de ses filiales tel qu'indiqué dans la
liste ci-jointe».
Dans la liste ci-jointe, on vous indique toutes les lettres d'appui
qu'ils ont reçues des membres au sein de l'Association. Pour eux, la
division des mandats de négociation au sein de plusieurs associations
n'entraînera que l'augmentation des coûts et, à plus ou
moins long terme, une diminution de leur mobilité intersectorielle.
«Enfin, rappelons que notre association a été
créée suite à des constats formulés par la
commission Cliche, qui a noté, à l'époque, la faiblesse et
l'incohérence des politiques de relations de travail des employeurs,
alors qu'ils étaient représentés par les associations
traditionnelles d'entrepreneurs. (22 h 30) «Donc, à cet
égard, le projet de loi 142 représente un recul pour les
employeurs c'est leur prétention, toujours. Notre proposition
s'ajuste à cette réalité, soit un porte-parole unique avec
adhésion obligatoire, mais, selon les voeux de nos partenaires, la
composition du conseil d'administration de l'AECQ inclura la participation des
employeurs des associations traditionnelles et des corporations».
Et il termine en disant: «Nous espérons que, lors de
l'étude du projet de loi 142 devant la commission de l'économie
et du travail, vous tiendrez compte de ces dernières
représentations qui reflètent l'opinion et le souhait de la
majorité des employeurs qui oeuvrent dans notre industrie. Dans
l'attente de vos [...] veuillez recevoir...» Bon.
Donc, la lettre qui vous est envoyée aujourd'hui par Reynald
Couillard, qui est président, indique encore la position qu'il
maintient. Vous, dans les propositions que vous amenez, vous dites: On veut les
responsabiliser, ils n'ont jamais été capables de s'entendre, on
va les forcer à s'entendre, puis ça va permettre la
responsabilisation. En quoi, par rapport à la demande qu'ils vous font
encore, à nouveau, avec les amendements qui vont être
apportés, vous allez être capables de répondre maintenant
à leurs demandes? Est-ce que vous allez continuer à
prétendre que vous faites ce que vous croyez être le mieux en les
forçant, comme vous le dites si bien, là, depuis le début,
à s'entendre?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: M. le Président, rapidement, à mon
collègue de Laviolette, si je pars de la lettre qui nous est
adressée, et, selon un sondage, là, qui dégage une large
représentativité des employeurs, il semble que tout ce
monde-là serait d'accord pour confier leur mandat à un
porte-parole. C'est quoi la préoccupation que, quand ils seront en
secteurs, ils ne confieront pas ces mandats-là à l'AECQ, s'il y a
un sondage qui indique que tout ce monde-là n'attend que l'occasion
d'exprimer ça? Elle est où la préoccupation, vous
pensez?
M. Jolivet: Je vous pose la...
M. Cherry: Est-ce que vous comprenez ce que j'essaie de dire? Ils
disent: On a fait faire un sondage, puis, M. le ministre, croyez-nous,
là, la vaste majorité des employeurs au Québec dans le
secteur de la construction souhaite, désire, insiste pour avoir un
porte-parole unique. Nous autres, on dit: La loi prévoit quatre secteurs
et permet de déléguer à l'AECQ les mandats qu'ils veulent.
Et je ne veux pas mettre en doute ce qu'il dit, là. À ce
moment-là, ce n'est qu'une question de temps pour que les associations
patronales, là, profitent de l'occasion puis disent: Enfin, on a la
chance de, nous, déléguer à l'AECQ, plutôt que de se
le faire imposer, depuis la création de l'AECQ. C'est juste ça
que je vous dis. Mais, à ce moment-là, ils ne pourront plus venir
nous reprocher, nous, comme législateurs, d'avoir imposer la
création de l'AECQ, mais auront bien décidé, eux, de se
doter de la sorte d'AECQ qu'ils veulent. Et ça, là, c'est une
différence fondamentale dans le fonctionnement.
Alors, moi, là, pour donner suite à la lettre que vous
venez de lire, il ne devrait pas y avoir d'inquiétude sur le rôle
futur que va jouer l'AECQ dans l'ensemble des activités de
négociation dans la construction, il semble que les gens n'attendent que
l'occasion de les bénir. Ils l'auront eu, le mandat. C'est leurs membres
qui le leur auront donné. Elle est où la
préoccupation?
Le Président (M. Joly): Alors, on me demande une
suspension de quelques minutes.
M. Jolivet: Ah bien, j'aurai l'occasion de répondre
à la question du ministre...
(Suspension de la séance à 22 h 33)
(Reprise à 23 h 7)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
Au moment de suspendre nos travaux, la parole avait été
donnée au député de Laviolette. Alors, M. le
député de Laviolette, c'est encore toujours à vous la
parole.
M. Jolivet: Je vais attendre que le ministre m'écoute.
Le Président (M. Joly): M. le ministre. M. Jolivet:
Je ne suis pas pressé.
Le Président (M. Joly): M. le ministre est vivement
intéressé à vous écouter, M. le
député de Laviolette. Alors, M. le député de
Laviolette, s'il vous plaît.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Le ministre
était en train de me dire qu'il n'avait pas d'objection à ce que
les gens se prennent en main et déterminent après ça de
quelle façon ils vont former l'AECQ. J'aimerais lui poser la question
suivante, parce que, si j'ai bien compris, en vertu de l'article 94, il
détermine comment les associations d'entrepreneurs doivent exister.
Cette Association des entrepreneurs en construction du Québec, selon la
nouvelle formule, neuf membres, deux observateurs, alors qu'actuellement l'AECQ
existe, pourquoi défaire c'est un peu ce que j'ai compris
pourquoi revenir en arrière? Pourquoi défaire et leur dire
après ça: Vous allez vous refaire?
C'est ça, dans le fond, que le ministre est en train de proposer.
Il dit: Vous existez, vous existez parce que le gouvernement vous a dit que
c'est de même que ça va fonctionner. Là, vous nous dites:
Je vous défends. Je vous dis: Voilà comment vous allez, en vertu
de l'article 94, vous refaire. Si ça ne marche pas, je vais vous faire
faire une autre démarche: je vais vous imposer. Moi, j'aimerais savoir
sur quelle logique le ministre se base pour me répondre ce qu'il m'a
répondu tout à l'heure.
M. le Président, j'avais bien raison d'attendre parce que le
ministre ne m'a pas écouté.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, je pense
qu'il...
M. Jolivet: Ou il ne m'a pas entendu, je ne sais pas.
Le Président (M. Joly): ...est en train, disons, de
régler un autre problème.
M. Jolivet: Je recommence. Je recommence, M. le Président,
parce que je veux être sûr qu'il m'a bien compris.
Le Président (M. Joly): Vous vous référez
toujours à l'article 94?
M. Cherry: O.K. Correct. Si vous voulez recommencer, allez-y,
mais il me semble que tout votre rationnel découle de la lettre que vous
m'avez lue tantôt. (23 h 10)
M. Jolivet: Mais je vous demande, vous, sur quoi... Je ne vous
demande pas ce que, moi, je pense. Je vous demande, vous, ce que vous pensez.
Vous là, vous me dites depuis longtemps que... J'ai écouté
ce qui s'est dit ici. J'ai écouté les réponses qui ont
été données
à mes collègues. Vous nous dites: L'AECQ, qui existe comme
telle, actuellement, elle a été imposée par l'État.
Bon. Là, il dit: Moi, j'agis autrement. Je leur dis: Désormais,
la nouvelle AECQ, vous allez la former.
Parce que vous répondez... Suite à la lettre que je vous
ai lue, vous m'avez répondu tout à l'heure que, si, les
employeurs, c'est ça qu'ils veulent, il vont la former l'AECQ. À
l'article 94, vous dites: Voilà comment la nouvelle AECQ va être
formée. Vous leur donnez jusqu'à un délai, le 15 janvier
1994. Puis, vous dites: Si jamais vous ne vous entendez pas, je vais vous
l'imposer. Pourquoi vous détricotez quelque chose que vous allez
être obligé de retricoter tout à l'heure, pour les besoins
de ce que vous me dites à l'article 94? Dites-moi le donc, sur quelle
base?
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: M. le Président, j'ai l'impression d'avoir
répondu à cette question-là à un
prédécesseur, que ce soit le député de
Jonquière ou le député de Joliette, qui a posé
ou même la députée de Chicou-timi, je pense que
ça serait plus exact exactement le même genre de question.
Le député de Laviolette, de façon particulière,
parce que je suis convaincu qu'il a été présent aux
prolongations de l'actuel décret, aux deux occasions... Je me souviens,
je le vois encore en face de moi, que ce soit au mois d'avril ou que ce soit au
mois de juin. Donc, il était présent. On se souviendra du langage
qui était tenu devant nous autres.
Évidemment, quand il est question de prolongation de convention
collective, les seuls qui peuvent intervenir devant nous, ce sont les gens qui
sont signataires du décret, à savoir l'AECQ, au nom de l'ensemble
des parties patronales, et, bien sûr, les associations syndicales,
chacune au nom de leur groupe. Vous allez vous en souvenir, les associations,
tant syndicales que patronales, sont venues nous dire: M. le ministre, s'il y a
une chose qu'il faut changer, c'est le mode de négociation, c'est la
façon dont on fonctionne dans le secteur de la construction. Il y en a
même qui ont poussé la franchise jusqu'à dire... Je pourrai
faire le relevé des notes sténogra-phiques, et, si ma
mémoire est bonne, c'est M. Olivier Lemieux, le président de la
CSN-construction, qui disait, au mois de juin: M. le ministre, il faut
être franc, il faut le reconnaître, les parties, chacune notre
tour, à tour de rôle, dépendamment du contexte
économique, on s'est assis sur notre steak, puis on a attendu que le
gouvernement décrète pour, après ça, les deux, le
blâmer de la décision qu'il avait prise parce qu'on n'a pas
réussi à s'entendre. Ces paroles-là, je vous assure
qu'à une virgule près vous allez les retrouver dans le
procès-verbal de la prolongation du décret du mois de juin.
Donc, ils ont dit: Changez ça, ça n'a pas de bon sens. Les
gens qu'on a entendus... Parce que, avant, on n'entendait dans ce
secteur-là que l'AECQ, au nom de tout le monde. Les autres n'y avaient
pas droit, ils n'étaient pas partie à. Là, faisant les
consultations au Sommet, remarquez que c'est la première fois, dans ce
secteur d'activité économique, qu'on amène même les
parties, même l'AECQ, à reconnaître la
nécessité de secteurs. Ça a pris le cheminement des
événements des derniers mois, le constat qu'ils ont fait que
ça ne peut plus continuer comme ça, pour les amener à
reconnaître que oui.
Donc, il faut absolument qu'on leur offre l'occasion de remplir leurs
responsabilités, mais à l'intérieur d'une façon
nouvelle de fonctionner, parce que, celle qui est là, elle ne fait pas.
C'est un constat d'échec, ils sont tous venus nous le dire. Ça,
c'est un constat d'échec. Mais, bien sûr, quand on veut prendre
une formule nouvelle, tu ne peux pas prendre une formule nouvelle puis garder
la même en même temps. Tu ne peux pas faire une omelette sans
casser des oeufs.
Donc, bien sûr que, là, on les oblige. Quand on parle du
mot responsabilité, il ne faut pas penser que, parce qu'ils l'ont fait
très peu ou pas souvent dans les 10, 15 dernières années,
il s'agirait de modifier ça sans se réserver des façons
d'encadrer, que tout ça va se faire tout seul, puis que, finalement...
Il y a des gens qui sont venus ici la semaine passée, qui nous ont dit
ça, mais, vous et moi, on a suffisamment d'expérience pour savoir
qu'il faut les amener à, qu'il faut leur offrir la possibilité de
les remplir, leurs obligations. Ça, je le sais que ce n'est pas facile;
je le sais que ça embarrasse des gens; je le sais que c'est bousculer
des façons traditionnelles de faire les choses, mais les façons
traditionnelles qu'on bouscule sont celles qui, ils sont unanimes, n'ont pas
marché.
M. Jolivet: Mais le ministre parle de négociation de
conventions collectives qui ont toujours débouché sur des
décrets. Moi, je lui parle de la façon dont les organismes de
négociation sont formés. Le ministre ne m'a pas indiqué
qu'il était irréel de penser que la majorité des
employeurs dans le secteur et c'est donné par la lettre, les noms
des groupes qui représentent un pourcentage de 56 % des heures
travaillées par l'ensemble des employeurs, n'auront jamais, jamais,
à ce moment-là, la capacité de ramener dans le même
giron parce que ceux qui parlent, c'est ceux qui sont la majorité
ceux qui sont de l'APCHQ. Le ministre est bien conscient de ça.
Il comprendra très bien. Ce qu'il est en train de dire, en vertu de
l'article 94 du projet de loi, c'est qu'ils vont devoir s'entendre. Qu'on le
veuille ou qu'on ne le veuille pas, ils vont devoir s'entendre, parce que,
s'ils ne s'entendent pas, il va les obliger. C'est ça que je comprends,
moi. Je comprends ça rapidement. Ils vont former une association, puis
on donne la façon dont ça va être fait: trois membres de
ci, trois membres de ça, trois membres de ça, plus deux
observateurs.
Moi, ce que je dis au ministre... Les gens disent: L'ensemble des gens,
qui représentent 56 % si je ne me trompe pas; je vais reprendre
le chiffre exact des heures travaillées dans notre industrie,
disent qu'il ne
devrait y avoir qu'un porte-parole patronal unique. Quand c'est une
question de majorité, le ministre devrait comprendre ça. Souvent,
les gens nous disent, les gens nous disent: Arrêtez de parler à
eux autres, parlez-moi à moi. Ce que je suis en train de dire, c'est que
le ministre... Quand on parle de majorité, souvent, les gens nous
disent: Ton gouvernement. J'ai toujours le bonheur de leur répondre:
Notre gouvernement. Ce n'est pas le mien, celui qui est en face. C'est notre
gouvernement comme société, mais j'ai accepté le verdict
de la population.
Dans ce contexte-là, je dis, en fait, tout de go, que, le
ministre, ce pourquoi il propose l'article 94, c'est pour faire plaisir
à un groupe qui s'appelle l'APCHQ, qui ne représente pas la
majorité des heures travaillées au Québec. Le ministre
pourra bien me répondre, comme il a répondu à ses
collègues, que ça ne représente pas la majorité des
employeurs, ça, ce n'est pas de mes affaires, à ce
niveau-là, au niveau de la discussion que j'ai avec lui. C'est pour
ça que je dis au ministre: Pourquoi il y a quelque chose qui existe et
que vous le défaites?
Puis, sous la formule de responsabilisation, vous dites: Vous allez vous
réentendre sur la formule que je vous dis et, si vous ne vous entendez
pas, je vais vous l'imposer. C'est quelle base que le ministre... Sur quelle
base il se base pour faire ça, autrement que de vouloir répondre
à l'APCHQ, purement et simplement? Il sait que c'est peut-être
là le problème, parce que le ministre nous dit toujours: Ces
gens-là ne se sont jamais sentis défendus par l'AECQ.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: M. le Président, vous dites: M. le ministre, il
y a quelque chose qui existe et vous voulez le démancher. M. le
Président, ce qu'il y a de fondamental, c'est qu'on veut quatre
conventions collectives de quatre secteurs distincts.
M. Jolivet: Ah! c'est votre base, ce que vous m'avez toujours dit
depuis tout à l'heure. Je l'ai compris...
M. Cherry: mais non, mais... c'est ça, là.
où on diffère, c'est qu'on veut les responsabiliser. ce que vous
me dites, vous... vous dites: m. le ministre, ne vous en faites pas, j'ai la
preuve en main que 56 % de tout ce monde n'attend que l'occasion de mandater
l'aecq de parler en son nom. mais, je dis: m. le président, merveilleux
si c'est pour être ça!
Supposons, pour poursuivre votre raisonnement, que ça arriverait
comme vous le soutenez, ça serait quoi la différence entre une
AECQ telle que prononcée par ses membres et celle qui existe
présentement? La différence, c'est que celle qui existe
présentement a été une obligation
décrétée par le gouvernement. Veux, veux pas, tu vas
être membre de l'AECQ, et c'est ça que tu as à faire.
Tandis que, là, maintenant, il y aurait une AECQ, et celle qui sera
l'AECQ sera celle de la volonté librement exprimée d'une
majorité de ses membres.
M. Jolivet: Mais, M. le ministre... Mais, M. le ministre...
M. Cherry: II me semble que c'est un gros, gros changement.
M. Jolivet: Non, M. le ministre, c'est justement là que
vous ne comprenez pas.
Le Président (M. Joly): M. le député, juste
peut-être laisser...
M. Jolivet: Excusez. M. le Président, c'est là que
le ministre ne comprend pas.
Le Président (M. Joly): Oui, mais vous vous adressez
à moi...
M. Jolivet: Oui, oui.
Le Président (M. Joly): ...et, à ce
moment-là, disons, que ça va être moins difficile pour vous
d'attirer l'attention de M. le ministre. Alors...
M. Jolivet: Bien, c'est ce que j'ai fait tout à l'heure,
mais je n'ai pas été capable quand même.
Le Président (M. Joly): Non, non, si,
nécessairement vous me faites signe, un tantinet soit peu, soyez
assuré que je suis tout yeux, tout oreilles. (23 h 20)
M. Jolivet: Alors, M. le Président, moi, je pars du
principe suivant: le ministre, à l'article 94, indique comment va
être composée la nouvelle AECQ. O.K.? Je n'ai jamais dit que
c'était 56 % des membres des employeurs. J'ai dit: 56 % des heures
travaillées sont faites par ces employeurs. Ça représente
une majorité du travail fait dans l'ensemble du Québec. Il est
capable de comprendre ça. Une fois...
Une voix: ...
M. Jolivet: Ça n'a pas d'importance. Ça n'a pas
d'importance pour moi parce que, justement, ce pourquoi vous faites le travail,
c'est pour permettre à l'APCHQ c'est clair? qui ne
représente pas la majorité des heures travaillées dans le
secteur, d'être composée à l'intérieur de la
nouvelle AECQ et peut-être de mettre les bâtons dans les roues.
Ça ne marche pas. Qui va décider au bout de la course? C'est
ça que je veux savoir.
Actuellement, l'État décide parce que, justement, ils
n'étaient pas capables de s'entendre: Vous le défaites, vous
allez vous entendre. Ceux qui représentent 56 % des heures
travaillées disent: Tout le monde a demandé,
y inclus des syndicats, qu'il y ait une seule convention collective,
comme il le dit, négociée sectoriellement. Il a dit ça.
Là, ce que vous dites, vous, c'est que vous partez du principe qu'il y
aura quatre conventions collectives qui seront négociées dans
quatre secteurs différents, puis, à ce moment-là, ce que
vous dites, vous: Ils vont s'entendre, puis, s'ils ne s'entendent pas, en vertu
de l'article 94, je vais l'imposer. sur quelle base vous dites que les gens
vont être capables de s'entendre et que vous ne serez pas obligé
de l'imposer? si, demain matin, vous êtes obligé de l'imposer, on
n'est pas plus avancés qu'on est là, actuellement. moi, c'est
rien que ça que je veux dire. on n'est pas plus avancés. s'ils ne
s'entendent pas, croyez-vous que ceux qui représentent 56 % des heures
travaillées vont s'entendre avec les autres? bien non! si c'est
ça qui arrive au bout de la course, il va arriver quoi? il va arriver
que vous allez l'imposer.
Le Président (M. Joly): II faudrait que vous me fassiez
signe, automatiquement, quand vous avez fini parce que vous reprenez
aussitôt. Je ne peux pas reconnaître M. le ministre. Alors, je n'ai
pas d'objection. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Cherry: Rapidement, pour répondre à la
présentation de l'argumentation du député de Joliette.
M. Jolivet: Laviolette.
M. Cherry: Laviolette. Excusez-moi...
M. Jolivet: Jolivet.
M. Cherry: ...Joliette étant son collègue. Je
l'avais à l'esprit.
M. Chevrette: C'est parce que vous me voyez dans votre soupe.
Le Président (M. Joly): Ha, ha, ha!
M. Cherry: Non, je vous vois en commission parlementaire,
ça me suffit!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Un petit conseil: continuez donc.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cherry: m. le président, notre collègue, le
député de laviolette, si je prenais son raisonnement, il dit:
voici des employeurs qui représentent 56 % de toutes les heures
travaillées. donc, ce sont ces gens-là, parce qu'ils sont
majoritaires dans les heures, qui devraient tracer la voie puis la ligne
à faire.
Pour tenter de comprendre, pour voir si je saisis bien: supposons qu'au
Québec, sur les 18 000 entrepre- neurs qu'il y a au Québec, vous
en aviez une centaine qui, par leur importance, leur imfluence dans les grands
travaux, représentent 56 % des heures travaillées, si je suis
votre raisonnement, ce sont ces 100 employeurs-là, au Québec, qui
dicteraient l'ensemble de la ligne de conduite aux 17 900 autres, qui ont des
particularités qui leur sont complètement
étrangères à ces 100, pour suivre le raisonnement,
à cause du nombre d'heures qui viendraient des grands travaux?
Je tiens à vous dire... Ça, M. le Président, notre
collègue, le député de Laviolette, je suis certain qu'il
doit s'en souvenir de ça. Un reproche que j'ai entendu depuis les trois
ans que je suis ministre du Travail, qui a été
véhiculé et qui, apparemment, est vrai depuis fort longtemps,
,'est un reproche qu'on a toujours fait à l'AECQ, c'est-à-dire
qu'à l'AECQ c'est toujours les gros qui mènent. C'est toujours
les gros employeurs, à cause de leur nombre de votes. Nous autres, les
petits, on n'a pas notre place. On n'est pas capables de s'exprimer et ce n'est
jamais fait en fonction de nos particularités. Il paraît que,
ça, c'est la tare fondamentale de pourquoi l'AECQ a été
blâmée, à tort ou à raison, de tous les
défauts qu'il y a eu. Ils disent: On n'est pas là, c'est rien que
les gros qui mènent là-dedans.
Donc, si je reprends votre raisonnement, parce que les gros
contrôleraient plus de 50 % des heures, si on faisait ça, on
retomberait dans le même péché où on était
encore avant.
M. Jolivet: Bien...
M. Cherry: Donc, moi, ce que je dis, c'est que, si c'est aussi
vrai que ça, en nombre puis en heures, ils vont leur donner, le mandat.
D'ailleurs, on le voit, et le premier groupe qui a dit: Moi, il n'y a pas de
problème, c'est l'AECQ, c'est les grands travaux. Mais il faut que les
autres, qui vont être dans l'AECQ, se sentent à l'aise aussi. La
meilleure façon de sécuriser ça, c'est par secteur, en
déléguant des gens, et eux autres vont donner les mandats.
Là, ils vont être assurés que l'AECQ va
véritablement parler au nom de chacun des secteurs, parce que l'AECQ
aura pris ses mandats des gens qui lui auront donnés, puis qui lui
auront dit: Tu t'en vas là, tu parles en mon nom. C'est comme ça
que tu parles, parce que c'est important pour moi, pour mon secteur. Je ne suis
pas les grands travaux, je ne fonctionne pas comme ça, j'ai une autre
économie. Ce n'est pas le gouvernement qui paie, c'est mon consommateur.
J'ai besoin de particularités qui me sont propres.
Ça, ça fait tout un changement dans la façon dont
l'AECQ va se comporter, «au nom de». Au lieu de devenir une
association unique, elle va devenir une fédération qui va
s'assurer de bien représenter chacun des secteurs qui lui aura
confié un mandat. Ça, c'est toute une différence
fondamentale, et je suis certain que le député de Laviolette est
capable de saisir ça.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Laviolette, s'il vous plaît.
M. Jolivet: Je vais reprendre l'article 94, et je vais lire le
dernier paragraphe: «À défaut par les associations
d'entrepreneurs de former un nouveau conseil d'administration, le ministre peut
désigner des membres pour exercer les fonctions de ce conseil,
jusqu'à ce qu'il soit formé conformément aux statuts
visés à l'article 96.»
Quand on parlait de l'article 96 on en a fait mention on
disait qu'il y avait, et je le lis: «96. Malgré les dispositions
du Règlement sur l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec (R.R.Q., 1981, chapitre R-20, r. 2.1), le premier conseil
d'administration prévu à l'article 94 doit modifier, avant le 1er
avril 1994, les statuts et règlements de l'Association des entrepreneurs
en construction du Québec et les transmettre au gouvernement pour
approbation.»
Ma collègue en a parlé de la question d'approbation. On
parle des statuts et règlements que lé gouvernement peut modifier
etc. Tout ce que je vous dis, M. le Président...
Je repose la question au ministre: S'ils ne s'entendent pas, c'est le
ministre qui va décider? Pourquoi, à ce moment-là, s'ils
ne s'entendent pas, alors qu'on a quelque chose qui vit... Parce que,
là, il fait mention juste des négociations. Il fait juste parler
du pouvoir qu'ils ont de défendre les gros par rapport aux petits...
M. Cherry: J'écoute.
M. Jolivet: Non, vous ne pouvez pas m'écouter en
même temps que vous en écoutez un autre.
Le Président (M. Joly): Ha, ha, ha! Voulez-vous
répéter votre question, M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: Non, non. C'est parce que je n'ai pas encore
commencé... fini ma question.
M. Marcil: On va être fins. Je ne lui parlerai pas. Je vais
vous laisser... On va le laisser vous écouter, d'abord!
M. Cherry: Je suis tout ouïe, tout yeux, tout oreilles!
M. Jolivet: Ce que je veux juste dire, c'est que le ministre, il
va la faire l'organisation, puisqu'ils ne s'entendront pas. Il va la faire.
C'est vrai ou pas vrai? Oui, mais admettons qu'ils ne s'entendent pas...
Pourquoi, à ce moment-là, défaire ce qui existe pour
refaire quelque chose d'autre? S'ils ne s'entendent pas, on va revenir au
même niveau. Là, vous me dites: La seule différence, c'est
qu'ils vont aller par mandat vers l'Association. En tout cas, moi j'ai de la
misère à comprendre ça.
M. Cherry: M. le Président, notre collègue, le
député de Laviolette, dit: S'ils ne s'entendent pas, le ministre
va décider. C'est ça? J'ai bien saisi votre question?
M. Jolivet: Bien, c'est ce qui est marqué, là.
M. Cherry: Bon. Vous dites: Donc, si ça ne marche pas,
puis que le ministre va décider, pourquoi vous changez quelque chose qui
existe déjà? J'ai bien saisi votre question?
M. Jolivet: Oui.
M. Cherry: Bon. Quelque chose qui existe déjà. Ils
sont venus nous confirmer que, ça, ça ne marche pas. O.K.? Donc,
on leur offre la possibilité de modifier ça, de se donner des
mandats, de s'assurer qui va le faire. Moi, je suis obligé de penser,
après les consultations qu'on a faites, puis les gens qu'on a entendus,
qu'ils ne souhaitent que l'occasion de manifester leur volonté de
s'entendre puis de négocier leurs affaires. C'est ça qu'ils sont
venus nous dire.
Pourquoi je partirais, suivant votre raisonnement, du principe qu'ils ne
s'entendront pas, donc que je vais être obligé de le faire? Il
fallait se rendre là. Au moins, ils ne pourront pas blâmer le
législateur de leur avoir imposé. Mais le législateur aura
été obligé de décider, parce que, l'occasion leur
ayant été offerte de le faire, ils auront refusé de
s'assumer. Donc, tous les beaux langages qu'on a entendus, d'acceptation, de
responsabilisation et qu'ils ne souhaitaient que, là, on sera
obligé de se regarder puis de dire: On l'a fait, on leur a offert, puis
ça ne sert à rien. Ils ont juste attendu qu'encore une fois le
gouvernement décide pour eux autres, parce que eux autres n'ont pas
été capables. Là, ils ne pourraient plus nous le
reprocher.
Ça, je pense que c'est un geste de maturité. S'ils ne sont
pas capables de l'assumer, je vous assure que... Qu'ils arrêtent de nous
demander d'enlever 51, s'ils ne sont même pas capables de s'entendre sur
un organisme qui parlerait en leur nom avec chacun des secteurs.
M. Jolivet: Donc, l'APCHQ, l'ACQ, puis les gros travaux, trois
organisations qui sont prévues par l'article 94, plus les
représentants des mécaniciens et des électriciens qui, eux
autres, sont des représentants qui sont observateurs. Bien compris,
là? À partir de ça, comment le ministre peut m'indiquer
qu'à ce moment-ci, l'APCHQ ayant donné son opinion bien claire
sur la façon dont elle veut mener ses choses, elle va être capable
de s'entendre avec les deux autres, sinon de l'imposer par le ministre? Comment
vous allez m'expliquer, si jamais vous êtes obligé de l'imposer,
qu'il y ait un changement par rapport à ce qui est là? (23 h
30)
M. Cherry: Pour cibler l'APCHQ... L'APCHQ a été
bien claire en disant: On est convaincu qu'on pourrait. Nous autres, on veut
s'assurer qu'ils parlent en notre nom. Je le répète encore, pour
la la xième fois, ça, parce que c'est ça le reproche qui
nous est fait. Bon.
L'APCHQ a maintenant, aura maintenant la responsabilité de
fonctionner en vertu de ça. Maintenant qu'elle pourra être
assurée que, si elle décidait de le confier à l'AECQ,
l'AECQ exécutera le mandat qu'elle lui a confié, plutôt que
de se faire noyer à l'heure actuelle puis dire: Ce n'est jamais en
fonction de nous autres... Il faut donner aux parties le sens des
responsabilités, d'être capables de donner des mandats à
leurs porte-parole, ou de les assumer en partie ou en totalité, ou de
les déléguer. Mais, quand elles vont les déléguer,
elles vont être bien sûres que c'est bien ça qu'elles
veulent leur faire dire. Parce qu'il y a une autre réalité aussi
qui existe à cause de la structure actuelle de la loi, et je l'ai
exprimée la semaine dernière: le seul organisme qui
possède véritablement l'expertise, c'est l'AECQ. Les parties
veulent pouvoir s'en prévaloir, certaines l'ont indiqué, mais
elles veulent être bien certaines que le mandat va venir de nous autres
et qu'elles vont l'exécuter selon ce qu'on veut. Et ça, c'est
fondamental. Fondamental. Et c'est là qu'on diffère. Mais c'est
ça, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Comme
dernière intervention sur la motion présentée par M. le
député de Joliette, M. le député de Joliette
lui-même. M. le député.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, quand vous parlez
je ne m'adresse pas à vous, mais c'est au ministre que je parle
quand vous dites que la future structure, la nouvelle AECQ, sera
formée de la façon suivante: trois représentants
désignés par l'Association de la construction du Québec,
trois par l'APCHQ, est-ce que vous pouvez m'expliquer, avant que je fasse mon
intervention, pourquoi vous donnez trois représentants, donc trois votes
sur neuf à un secteur que vous déréglementez au bout, huit
logements et moins? Comment vous allez m'expliquer que vous donnez le tiers des
votes à une structure qui s'appelle l'APCHQ, dont les membres en haut de
huit logements seront surtout dans le commercial et dans l'institutionnel?
Expliquez-moi pourquoi vous donnez ça à l'APCHQ, puis,
après ça, je ferai mon intervention.
(Consultation)
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Cherry: On a donné le même poids aux trois agents
négociateurs. Puis leur mandat, ce n'est pas de l'empêcher de
fonctionner, c'est de la faire marcher.
M. Chevrette: Non, mais, dans le tronc commun, je m'excuse. Ce
n'est pas une réponse, ça, M. le ministre, vous le savez. Vous
créez une structure. Vous leur dites: Vous avez chacun trois
représentants. Mais, un des trois représentants, vous en
déréglementez 85 %. Donc, vous avez toutes les chances possibles
qu'en haut de neuf logements et plus ce soient des gens qui vont faire partie
peut-être de l'ACQ, peut-être de l'institutionnel, puis c'est bien
évident parce que vous n'aurez plus de petits dans ça, là.
Donc, ils vont avoir à décider quelle position patronale, en
vertu de l'article 48, ils vont avoir sur tous les points de l'article 48 que
vous avez décidés. Puis il y en a un de ces trois-là, du
tiers, qui n'a à peu près plus de monde, sauf du monde qui peut
patauger dans deux autres secteurs. Moi, je saisis mal, personnellement, le
pourquoi de cette proposition-là. Ils vont avoir à décider
de la sécurité syndicale, de l'arbitrage, c'est tout. Mais le
fort de l'APCHQ, il ne sera plus dans l'objet de négociation si vous
suivez votre logique, si vous maintenez la déréglementation.
Moi, je comprends que votre projet de loi a probablement
été préparé dans la foulée de votre
mémoire au Conseil des ministres du 3 novembre. C'est fort possible que
vous ayez logé une commande à vos législateurs en disant:
Écoutez, moi, j'étais contre la déréglementation
dans mon mémoire, dans la partie confidentielle, au Conseil des
ministres, appuyée par la partie publique, et, comme je ne parlais pas
de déréglementation dans ce mémoire, ou la partie
confidentielle, je me devais donc de bâtir un projet de loi où les
trois blocs seraient tiers, tiers, tiers, parce qu'à ce moment-là
je ne parlais pas de déréglementation. Mais votre projet de loi,
vous ne l'avez pas changé par la suite, si bien que vous vous retrouvez
sur un conseil d'administration, tiers, tiers, tiers, avec 85 % de
déréglementés et, qui plus est, vous nous annoncez un
amendement ce soir, M. le ministre, où vous allez dire que là
où il y a une petite clinique médicale ou un petit
dépanneur, en plus de ça, ça va faire aussi partie du
résidentiel. Donc, vous avez à peu près tout
déréglementé de l'APCHQ et vous maintenez le tiers, le
même tiers, la même force sur cette structure-là à un
groupe qui n'est à peu près plus existant au niveau de la
structure de négociation pour le chapeau. Franchement, je veux bien que
l'on improvise, mais, si vous voulez des chances minimums à ce que les
gens s'entendent entre eux, il va falloir au moins qu'on tienne compte des
forces en présence.
Moi, c'est drôle, j'ai écouté toutes vos
réponses et, à chaque fois, vous vous êtes targué de
vouloir les responsabiliser. Comme objectif, il n'y a rien de plus beau. Mais,
quand on veut responsabiliser du monde... D'abord, vous leur dites: Tout ce que
vous m'avez dit, je ne vous crois pas; vous êtes venus me dire des
choses, je ne vous crois pas; donc, moi, j'ai la vérité, j'ai la
science infuse, je veux vous responsabiliser, voici ce que je fais: vous ne
vous entendrez pas? je vous nommerai à votre place, moi, en vertu de
l'article 94. C'est ça que vous dites, M. le ministre. Il faudrait qu'un
tantinet il y ait une cohérence dans les objectifs, dans le discours.
Vous savez, ça me fait penser à ce qu'on utilisait comme
discours, nous autres, de certains syndiqués qui avaient le verbe
à gauche et le geste à droite. Ils prêchaient pour la veuve
et l'orphelin, puis, quand ils arrivaient dans leurs conventions collectives,
ils demandaient la lune. Et pourtant, dans leurs discours, c'était le
grand partage.
Vous me faites penser à ça ce soir. Puis je vais vous
expliquer ce que je ferais si on veut responsabiliser au niveau de l'objectif,
M. le Président.
Si vous reveniez au consensus du sommet où 19 à huit, donc
les deux tiers, ce que vous demandiez au début du sommet de la
construction... Vous disiez: Si j'ai les deux tiers, je vais respecter ces
consensus-là. Il y a un consensus au Sommet qui est d'avoir une seule
convention collective, quatre secteurs pour négocier les objets
spécifiques, et puis voilà une cohérence, puis il y aura
un tronc commun, un tronc commun que vous négociez en fonction d'une
convention collective. Là, on peut parler de clauses communes. Mais,
depuis 20 heures, et même avant le souper, de 16 heures à 18
heures, on s'est fait donner toutes sortes de réponses. On s'est fait
donner toutes sortes de réponses. On s'est fait donner des
réponses en disant que le tronc commun pourrait être
négocié individuellement. Ça fait tout un tronc commun,
ça! On s'est fait donner des réponses à l'effet qu'une
partie pourrait négocier son tronc commun. Si elle réussit
à l'imposer aux deux autres, voilà, ça fera un tronc
commun. Puis, si chaque association négocie son tronc commun, il n'y a
pas d'entente possible au tronc commun, ce sera le décret existant qui
va être prolongé jusqu'aux prochaines. Franchement, une chatte n'y
retrouverait pas ses petits!
Une voix: C'est dur à comprendre.
M. Chevrette: Une chatte n'y retrouverait pas ses petits! On dit:
C'est quoi l'objectif? L'objectif, c'est de dire qu'il y a quatre secteurs qui
vont négocier spécifiquement leurs clauses qui leur
appartiennent, qui leur sont propres, qui sont différentes d'un autre
secteur. C'est pour ça qu'on fait quatre tables sectorielles. On dit: Le
deuxième objectif, il y a un tronc commun: mêmes clauses de
griefs, mêmes clauses d'arbitrage, mêmes clauses de
représentation syndicale, mêmes clauses d'exercice de recours de
mesures disciplinaires, mêmes clauses de régimes
complémentaires et d'avantages sociaux, tronc commun. Mais, pour avoir
un tronc commun, servez-vous du modèle existant qui a servi dans
plusieurs secteurs! Il y a une table centrale où on négocie le
tronc commun et il y a des tables sectorielles où on négocie les
conditions particulières. Ça remonte en haut, chacun part et va
faire voter son monde dans sa structure. C'est ça. On se donne les
chances minimales de réussir ses objectifs. (23 h 40)
Là, vous venez de nous arriver, M. le ministre, puis,
franchement, quelqu'un qui connaîtrait un petit peu les relations de
travail, qui aurait écouté vos réponses ce soir, il
dirait: Bon, qu'est-ce qu'il nous propose? Je veux responsabiliser. Ah! c'est
beau. Il l'a répété 40 fois: Je veux responsabiliser les
employeurs et je vous dis que, s'ils s'assoient et qu'ils négocient,
ça va aller bien. Cependant, ils pourront négocier
individuellement le tronc commun. S'il réussit à vendre le tronc
commun aux deux autres, aux trois autres, ils réussiront à avoir
un tronc commun. S'ils refusent ce tronc commun là,
négocié par un groupe, eh bien, ils auront le décret pour
s'appuyer en attendant. Et, s'ils ne réussissent pas à
négocier ce tronc commun là, il n'y aura pas de tronc commun, ils
seront pris avec leurs clauses sectorielles dans leur secteur. Puis ça,
je veux remettre de l'ordre dans l'industrie de la construction, s'il vous
plaît. Je veux permettre aux groupes de s'entendre et je vous dis que,
moi, j'ai la science infuse là-dessus.
C'est un peu ça que le ministre nous passe comme message depuis
16 heures cet après-midi. Mais, M. le ministre, quand on veut être
pris au sérieux dans les relations de travail, on part d'un objectif et
on dit: Qu'est-ce qui va répondre le mieux à l'objectif? Quand
vous me dites: Quatre tables sectorielles pour négocier les clauses
spécifiques, moi, je suis d'accord avec vous. C'est impensable qu'on
aille négocier avec les grands travaux une clause spécifique au
résidentiel. Je suis d'accord avec vous pour ça. Je comprends
qu'ils ont des problèmes particuliers. D'ailleurs, M. Orner Rousseau
avait compris ça. Il avait signé ça avec la FTQ. Il
était d'accord avec ça, lui. Vous avez dit: Tu n'en as pas assez,
Orner, tu n'en as pas assez demandé, je vais t'en donner plus. Puis, ce
soir, vous m'annoncez: Je vais lui en donner encore un peu plus parce que,
là, une clinique médicale puis un petit dépanneur, ce sera
considéré dans ton... En as-tu assez, Omer? Si tu n'en as pas
assez, dis-le-moi; demain, j'annoncerai un autre amendement. Ça ne
marche pas de même en relations de travail, M. le ministre. Ça ne
marche pas de même quand on veut négocier quelque chose de
sérieux. Ça ne marche pas de même.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous pouvez bien rire, mais, moi, je ne trouve pas
ça drôle. Je trouve ça même irresponsable, bon Dieu!
Je le dis, je le pense, je trouve ça irresponsable.
Quand tu veux un secteur, un tronc commun maintenant, tu dis: Quelle est
la manière d'arriver à un tronc commun? «C'est-u»
l'APCHQ qui va essayer de négocier son tronc commun? Si elle
réussit à le vendre à l'ACQ puis si elle ne réussit
pas à le vendre aux grands travaux, bien, entre-temps, ce sera le
décret. Oui, mais tu dis: Écoute, je veux un tronc commun
immuable; vous étiez d'accord pour me faire mettre ça dans la
loi; bien, il y aura un seul négociateur pour un tronc commun.
Là, vous allez avoir une clause commune partout. Mais vous allez me dire
que ça a de l'allure, ce que vous proposez? Voyons! En relations de
travail, n'importe quel petit CRI, conseiller en relations industrielles, qui a
fait son cours à Laval, ou à Montréal, ou à
l'Université du Québec, vous dirait: C'est imbécile! Et,
moi, je vous dis: C'est imbécile, absolument imbécile et
irresponsable, parce que, s'ils ne s'entendent pas, c'est le vide juridique,
puis là c'est le décret qui va prévaloir pendant un an,
deux ans, puis ça va bien aller dans l'industrie de la construction.
Vous oubliez qu'il y a un
agent négociateur, par exemple, qui, lui, est majoritaire et qui
va faire le tour de vos trois, quatre groupes divisés sur le tronc
commun. Puis qu'est-ce qui va arriver? Des pressions? Vous allez en vivre en
Jésus Marie! Vous allez revenir exactement aux années
soixante-dix là-dessus. C'est ça qui va arriver.
Et ça, je pense que les maîtres en tuyauterie et les
maîtres électriciens ont compris ça quand ils sont venus
s'asseoir ici. S'il y a deux groupes qui ont été très
précis et qui n'avaient pas l'air à faire un «power
trip» quand ils se sont assis là, c'étaient eux autres. Ils
ont dit: Ça prendrait quelque chose de structuré puis d'unique.
Moi, c'est de même que je l'ai compris. Puis ne venez pas me dire que ce
n'est pas ça qui s'est passé, là. J'ai peut-être
caricaturé à peine pour bien me faire comprendre, mais, dans les
faits, c'est ça.
Et, plus que ça, le ministre dit: J'enlève l'employeur,
l'association d'employeurs; je l'enlève, c'est écrit dans leur
loi. Comment ça se fait que, dans R-20, il le définissait? Il
refuse de définir un des agents ou un des acteurs dans la
présente loi. Pourquoi? On ne le sait pas. On ne le sait pas. Son
sous-ministre a répondu que c'était marqué dans une loi.
Dans R-20, c'était important de le définir, le principal acteur,
parce qu'il avait un rôle à jouer. C'est ce qu'on vous dit dans
votre loi R-20, qu'il peut être appelé à jouer un
rôle, en tout cas. Vous ne le définissez même pas. Je ne
sais pas où vous vous en allez, moi. Je ne comprends pas où vous
allez. Vous bâtissez des lois pour du monde. On ne rit pas du monde et on
ne place pas une législation en situation d'être pire que ce l'est
présentement. On veut améliorer une situation.
Moi, je suis d'accord avec un tronc commun, M. le ministre. Je suis
d'accord avec un tronc commun, mais un tronc commun où ils se frotteront
les oreilles entre eux autres, puis ils négocieront un seul tronc
commun, pas un tronc commun qui va être essayé par l'APCHQ, un
tronc commun qui va être essayé par l'ACQ, un tronc commun qui va
être essayé par les grands travaux et, après ça, ils
vont essayer de vendre ça l'un à l'autre. C'est avant, qu'on se
frotte les oreilles, puis qu'on va déposer une proposition au syndicat
qui, lui, est majoritaire à la table et qui va dire: Voici ce que les
employeurs des quatre secteurs veulent comme tronc commun; la
négociation, c'est ça. La négociation commence. Qu'est-ce
qui arrive, M. le ministre, dans la pratique? Les syndicats vont faire des
contre-propositions. Chaque groupe a trois délégués. Us
préparent des compromis, mais ils sont toujours d'accord entre eux. Ce
n'est pas un tronc commun qui va être négocié ici et
là. La logique et la pratique des relations de travail vous dictent de
clarifier les choses avant même que vous commenciez. Ce que vous
êtes en train de faire, c'est une structure bordel ique où chacun
va faire son «power trip». «C'est-u» clair? Parce qu'il
va se penser plus fin que l'autre puis il va s'essayer de négocier avec
la FTQ un tronc commun. Vous dites: Ce n'est pas possible. Avant même que
vous déposiez votre loi, qu'est-ce qu'a fait l'APCHQ? Elle a
signé avec la FTQ, avant même.
Elle s'est essayée sur un petit cadre. Pensez-vous qu'elle ne
s'essaiera pas sur le tronc commun? Voyons!
M. le Président, c'est l'enfance de l'art. Ce n'est pas croyable
de voir qu'on ne cherche pas à clarifier des choses. Il n'y a rien de
mieux en relations de travail que d'avoir une législation claire,
limpide, précise. Votre futur chef l'a dit à l'ENAP vendredi, il
a dit: C'est fini, les discours flous, pas clairs, ambigus. Venez-vous me dire
qu'en relations de travail ce que vous proposez ce n'est pas flou, ce n'est pas
ambigu?
À part de dire que vous voulez les responsabiliser, qu'est-ce que
vous dites concrètement? Quel signal vous donnez aux employeurs?
Arrangez-vous, puis, si le bordel prend, je le réglerai. Vous
étiez supposé être d'accord pour vous retirer
complètement du processus. Mais vous retirer complètement du
processus, là... Vous dites que c'est eux qui ont demandé
l'article 48, le tronc commun. Si c'est eux autres qui vous l'ont
demandé, qu'est-ce que vous attendez pour leur dire: Oui, le tronc
commun, c'est ça, puis, à moins d'une entente unanime entre les
parties, ce ne sera pas d'autre chose? Je suis surpris même que, dans
votre flamboyant discours de responsabilisation, il n'y ait pas une clause qui
dirait, par exemple, à 8°: sur tout autre sujet où
l'unanimité patronale existe. Ça aurait pu, ça. C'est
ça, une responsabilisation, et ce serait logique. S'ils sont unanimes
sur ces sept-là, qu'est-ce qui vous dit que, dans un an d'ici, ils ne
seront pas unanimes sur un huitième point? Qu'est-ce qui vous dit qu'ils
ne seront pas unanimes sur un neuvième point? Bien, il n'y a pas de
problème. Les clauses portant sur les matières suivantes devaient
être communes aux conventions; il n'est pas dit qu'ils peuvent s'entendre
sur d'autres. Un texte de loi, ça parle par lui-même, ça.
Un législateur ne parle pas pour ne rien dire.
Une voix: Ah! on ne sait jamais.
M. Chevrette: En tout cas, si on ne sait jamais, j'espère
que tu changeras de bord à ce moment-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Parce que, moi, je pense qu'ici il faut dire qu'un
législateur ne parle pas pour ne rien dire. C'est clair, ça?
Puis, dans les relations de travail, on a eu assez d'exemples dans le
passé, dans le secteur de la construction en particulier. Dans le
secteur de la construction, s'il n'y a pas des lignes maîtresses, des
lignes directrices, s'il n'y a pas des volontés de faire des
volontés de faire, f-a-i-r-e, pas des bras de fer des
volontés d'agir claires, moi, je pense qu'on ne dit rien. Qu'est-ce que
ça veut dire, ça, le discours de la responsabilisation, quand on
ne sait même pas comment va se négocier un tronc commun? Qu'est-ce
que ça veut dire, ça?
J'ai jasé tantôt avec certains dirigeants d'entreprises
patronales. Ils disent: Écoutez bien, un tronc commun, c'est un tronc
commun. Ce n'est pas un tronc
commun qui va être commencé par... négocié
par M. Rousseau puis qu'il va essayer de le vendre aux autres. Ce n'est pas un
tronc commun par l'ACQ qui va essayer de le vendre aux autres après. Un
tronc commun, ça les oblige à se frotter les oreilles entre eux,
à s'asseoir puis à décider de leur tronc commun, puis
comment ils vont le négocier, puis quels sont les consensus entre eux.
Ça, c'est d'être responsables quand tu légifères.
À mon point de vue, c'est quelque chose qui colle aux
réalités de la vie, aux réalités des relations de
travail. Pour les clauses spécifiques, ils n'ont pas à se piler
sur les pieds ni un ni l'autre. Chacun négocie ses clauses
spécifiques. (23 h 50) mais, si je regarde bien le projet de loi,
à toutes fins pratiques, le projet de loi, il a été
rédigé avant même qu'on assiste au sommet, à toutes
fins pratiques. ce projet de loi là a été
rédigé conformément à son mémoire, en plus,
au conseil des ministres, sur la partie confidentielle où il ne parlait
pas de déréglementation. puis là, comme ils ont
décidé de déréglementer, ils n'ont pas eu le temps
d'ajuster toutes leurs flûtes là-dedans, si bien qu'ils offrent
à l'apchq, tant mieux pour eux, mais ils leur offrent le tiers des
sièges en déréglementant probablement 90 %, si j'ai bien
compris, là. c'est rendu à 90 % avec l'amendement, probablement,
parce qu'il nous parlait d'un petit 5 % ici et d'un petit 5 % là.
là, ce soir, il a ajouté le dépanneur puis la clinique
médicale.
Une voix: ...pas déréglementé.
M. Chevrette: Bien, vous avez dit tantôt que ce ne serait
pas considéré comme commercial s'il y avait un petit
dépanneur.
Une voix: Dans le résidentiel
réglementé.
M. Marcil: Ça pourrait être considéré
dans le résidentiel réglementé.
Une voix: Syndiqué, syndiqué résidentiel.
M. Marcil: Comme ça existe présentement.
M. Chevrette: Ah! puis si ça se fait dans les huit?
Une voix: Ça tombe syndiqué résidentiel.
M. Chevrette: S'il y en a six, avec une petite clinique?
M. Marcil: C'est ça.
Une voix: Syndiqué résidentiel.
M. Chevrette: Bon. Parce que, de la manière que ça
a été présenté, c'était à peu
près sûr, là, que c'était huit et moins avec un
petit dépanneur puis une petite clinique. En tous les cas, ça
fait 85 % du résidentiel qui se voit reconnaître le tiers de
représentativité à la structure. Ça, c'est clair.
Ça, ce n'est pas démenti, ça.
Moi, M. le Président, il me semble qu'on devrait y aller par
étapes. Définir d'abord l'un des acteurs; c'est l'association
d'employeurs. C'est quoi? C'est l'association qui est définie en vertu
des articles 73, 94, etc., c'est les représentants... Le conseil
d'administration est formé des représentants des associations
sectorielles. Ça, c'est de un.
De deux, il a le mandat de négocier, mais il a aussi le mandat de
l'expertise, c'est-à-
M. Marcil: M. le député, est-ce qu'on devrait
remettre ça en question?
M. Chevrette: Non, non, j'essaie d'expliquer... M. Marcil:
Non, non, je sais.
M. Chevrette: Non, j'explique la logique de la liberté.
Vous dites qu'ils sont libres. Est-ce qu'ils ont la liberté de payer ou
pas la cotisation à la nouvelle AECQ? Vous m'avez répondu: Non.
Vous dites: Ils ont la liberté de donner le mandat de négocier ou
pas. Oui, oui, c'est ça que vous avez répondu. Ne vous
dédites pas, là. Ça fait assez de fois ce soir, là,
que ça passe d'alpha à oméga, là. Restez
accroché au bon sens.
M. Marcil: Ha, ha, ha! C'est la première fois que vous
soulevez ça.
M. Chevrette: Vous avez dit très clairement qu'il y avait
obligation de payer la structure de la nouvelle que vous proposez.
Une voix: Oui, avant le souper.
M. Chevrette: Vous m'avez dit ça avant de souper.
Une voix: Oui.
M. Chevrette: J'espère que c'est la même
réponse. C'est M. Henry qui me l'a donnée. «C'est-u»
la même? Bon, ce n'est pas pire, ils maintiennent la ligne sur ça.
Donc, il y a obligation de payer pour les services puis il y a une
liberté de s'en servir. Depuis quand on oblige du monde à payer
des services qu'on n'est pas obligé de prendre? Expliquez-moi donc
ça, dans votre grande logique. Expliquez-moi, dans votre grande logique,
le bienfait de la responsabilisation de ces beaux employeurs là, quand
vous les obligez à payer et que vous les mettez libres de se servir de
cette nouvelle structure ou pas? Franchement, là, on
«pourrait-u» se cacher les jambes, en bas, un peu, là? Vous
ne trouvez pas que ça a l'air matelot en goguette, ça? Obliger du
monde à payer une cotisation pour des services que je ne suis pas
obligé de prendre.
Une voix: C'est ce qui se fait présentement.
M. Chevrette: Imaginez-vous que ça paraît bien. Une
grosse forme de responsabilisation. Moi, ce que j'ai compris des employeurs,
mis à part un groupe, ce que j'ai compris...
Une voix: ...
M. Chevrette: Non, ne donnez pas l'exemple... n'essayez pas de me
sortir l'exemple du syndicat qui paie une cotisation. Je vais vous dire
pourquoi. C'est que vous êtes obligés de les défendre, et
c'est ce qui justifie la cotisation, et le précompte syndical, et la
formule Rand. Écoutez, là, je l'ai enseigné à
l'Université du Québec. Je sais un peu ce que je dis,
là.
M. Marcil: Je ne vous parle pas de cotisation syndicale, moi. Je
vous parle des avantages sociaux. Vous avez 50 % des travailleurs qui cotisent
aux avantages sociaux et qui n'ont même pas le droit de les
utiliser...
M. Chevrette: Ah!
M. Marcil: ...parce qu'ils ne réussissent pas à
enregistrer 600 heures.
M. Chevrette: Bien oui, mais, là, vous allez... M.
Marcil: Bien oui, mais c'est ça.
M. Chevrette: ...ajouter 100 000 travailleurs de plus. Il va y en
avoir rien que plus qui vont se faire avoir, voyons!
Des voix: Non, non, non.
M. Marcil: Non, il ne faut pas charrier, là.
M. Chevrette: Ou 50 000, ou 20 000. Ne me sortez pas
ça.
M. Marcil: Non, non, mais je veux dire...
M. Chevrette: Vous déréglementez, en plus.
Donc...
Une voix: ...juste clarifier l'exemple...
M. Chevrette: M. le Président, je «peux-tu»
continuer?
M. Marcil: Tu peux toujours continuer.
Le Président (M. Joly): II vous reste quelques minutes.
Moi, je suis prêt à vous le concéder, parce que vous avez
sûrement remarqué que j'ai largement débordé notre
règle de procédure, article 209. En temps normal, une fois, le
parlementaire se doit, disons, ou peut intervenir. J'ai permis à tout le
monde, j'ai donné cette latitude pour faire en sorte qu'on jette les
balises et qu'on s'entende bien pour la balance du projet de loi. Donc, moi,
d'ici quelques minutes, je vais ajourner sine die. Mais, si vous voulez
bénéficier des quelques minutes qu'il reste, je vous les
concède.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, ce que je dis au
ministre, c'est que, dans tout son discours...
Une voix: ...
M. Chevrette: ...dans tout son discours de responsabilisation, il
n'assume pas la cohérence dans son projet de loi. Moi, je dis que les
employeurs en général, très majoritairement, à
l'exception d'un groupe, ce qu'ils désirent, je pense, puis j'en suis
convaincu, c'est d'avoir une structure qui les respecte, mais une structure qui
est leur porte-parole pour leur tronc commun. Je suis sûr de ça,
moi. Je suis convaincu de ça. Puis le ministre, à ne pas se
rendre à cela, contribuera, à mon point de vue, à faire de
la division patronale.
Puis vous allez me dire: Oui, mais ça ne doit pas te faire de la
peine, toi. Je m'excuse, mais je me rappelle de ce que j'ai vécu. Je me
rappelle de ce que j'ai vécu. Puis, au-delà même de mon
statut syndical, du passé syndical, pour qu'il existe un rapport de
force important et, à mon point de vue, indispensable dans l'industrie
de la construction, on doit assumer une cohérence au niveau patronal, et
ça, j'en suis persuadé. Puis je suis persuadé que, si vous
laissez toute la porte ouverte, d'une façon tout à fait non
fondée à part de ça, c'est non fondé, votre
raisonnement là-dessus vous avez le droit, je le respecte, mais
je ne le partage pas vous allez mettre une structure qui ne permettra
même pas d'avoir une cohérence d'un côté de
table.
Puis ne vous demandez pas... Vous remarquerez, regardez les votes, si le
ministre s'arrêtait deux minutes puis qu'il regardait les votes de son
sommet, puis qu'il
les étudiait, puis qu'il regardait qui a voté contre une
convention unique, regardez-les comme il faut, qui a voté contre une
convention unique et quatre secteurs, puis, vous allez voir, vous allez tout
comprendre. D'un côté, c'est pour le monopole syndical, puis de
l'autre par le biais de la division patronale, puis, de l'autre
côté, c'est une structure qui ne veut absolument pas être
dans une structure patronale, qui veut être toute seule, toute seule,
toute seule.
Le Président (M. Joly): M. le député, je
vous inviterais à conclure, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Et ça, monsieur, regardez-le, votre vote,
analysez-le, puis il serait peut-être temps que vous le compreniez.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
Je vais maintenant procéder à la mise aux voix sur la motion
présentée par le député de Joliette, motion no 1
qui disait que le paragraphe 1° de l'article 1 est modifié par le
remplacement, dans la première ligne, des mots «le
remplacement» par les mots «l'ajout»; deuxièmement,
par la suppression, dans la première ligne, des mots suivants «c
par le» et, troisièmement...
M. Chevrette: Ce serait peut-être intéressant de le
voter paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Joly): ...par le remplacement, dans la
première ligne du deuxième alinéa, de la lettre
«c» par la lettre «c.2».
Alors, la mise aux voix est appelée. Mme la secrétaire,
pourriez-vous, s'il vous plaît...
M. Chevrette: M. le Président, comment vous
procédez, là?
Le Président (M. Joly): Je procède globalement
parce que, dans le fond, je pense que ce qui avait à être dit a
été largement dit. Compte tenu que c'est l'ensemble, disons, de
l'amendement que nous votons, alors j'appelle le vote sur l'ensemble de la
motion.
Une voix: II est minuit, M. le Président, (minuit)
Le Président (M. Joly): Oui, c'est justement, il reste une
minute. Alors, c'est pour ça que je procède. S'il vous
plaît, Mme la secrétaire, pourriez-vous appeler...
La Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Je suis naturellement pour, madame. Moi, je suis
cohérent.
La Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)? M. Dufour:
Pour.
La Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
La Secrétaire: M. Cherry (Sainte-Anne)?
M. Cherry: Contre.
La Secrétaire: M. Marcil (Salaberry-Soulanges)?
M. Marcil: Contre.
La Secrétaire: M. Fradet (Vimont)?
M. Fradet: Contre.
La Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
La Secrétaire: M. Lafrenière (Gatineau)?
M. Lafrenière: Contre.
La Secrétaire: M. St-Roch (Drummond)?
M. St-Roch: Pour.
La Secrétaire: Pour. M. Joly (Fabre)?
Le Président (M. Joly): Contre.
La Secrétaire: pour: 4 contre: 6
Abstentions: 0
Le Président (M. Joly): Donc, la motion, rejetée,
c'est-à-dire l'amendement, rejeté. Et la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)