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(Quatorze heures quatre minutes)
Le Président (M. Joly): Bonjour. Il me fait plaisir de
vous accueillir à cette commission. Je vous rappelle que le mandat de la
commission est de procéder à l'audition de la
Société de développement de la Baie James dans le cadre de
l'examen de son rapport annuel 1991-1992. Mme la secrétaire, avons-nous
des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Marcil
(Salaberry-Soulanges) remplace M. Charbonneau (Saint-Jean) et Mme Bégin
(Bellechasse) remplace M. Gobé (LaFontaine).
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. Je vous rappelle
que les heures qui nous sont accordées, c'est de 14 heures à 18
heures et que l'entente qui est intervenue fait qu'on a 20 minutes pour
l'exposé de l'organisme, et le reste du temps est alloué pour
échange entre les parlementaires. Alors, j'imagine que vous avez des
remarques préliminaires.
Organisation des travaux
M. Chevrette: Oui. Avant que l'on débute, étant
donné que, moi, j'avais cru comprendre que c'était de 14 heures
à 17 heures, j'ai pris des rendez-vous à 17 heures, quitte
à ce qu'on se rencontre, l'adjoint parlementaire à
l'Énergie et moi, pour fixer peut-être d'autres rencontres si on
n'avait pas terminé. Si on a terminé, on a terminé. Parce
que ce sont des organismes que j'ai convoqués et je ne savais pas.
Le Président (M. Joly): Moi, je n'ai pas d'objection. Je
vais administrer le temps qui m'est donné...
M. Chevrette: Non, mais on s'arrangera entre les 2 formations
politiques.
Le Président (M. Joly): ...et l'entente qui est prise
entre les parlementaires de façon à ce que ces gens qui ont pris
la peine de se déplacer, nécessairement, puissent être
capables aussi de s'exprimer et de dire ce qu'il en est, selon les
questionnements qui seront bien soumis par les parlementaires.
M. Chevrette: J'aurais, cependant, des remarques
préliminaires.
Le Président (M. Joly): M. le député, je
vais vous reconnaître, mais, avant ça, j'aimerais quand même
remercier les membres de cette commission.
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Joly): Alors, vous savez que c'est la
première fois que je préside la commission de l'économie
et du travail. C'est grâce à la confiance qui m'est
accordée par les 3 partis qui sont, si on peut dire, en action ici au
Parlement. Alors, je tiens à vous remercier du vote de confiance que
vous m'avez accordé. Et je vais garantir l'impartialité tout au
long de ma présence comme président au niveau de cette
commission.
M. Chevrette: Vous incarnez, M. le Président, le fait que
l'absence paie.
Le Président (M. Joly): Oui, parce que tout ça
s'est déroulé en mon absence. Alors, je vois que les travaux
continuent de bien se dérouler même quand je ne suis pas
là.
M. Jolivet: M. le Président, on pourra toujours vous dire
publiquement que, n'eût été notre vigilance,
peut-être que vous ne seriez pas nommé encore.
Le Président (M. Joly): On m'a fait mention que vous aviez
insisté largement de façon à ce que je sois
nommé.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Joly): Mais j'imagine qu'il y avait
sûrement une bonne idée en arrière de ça.
M. Jolivet: Bien sûr! C'était de faire, comme je le
disais la semaine dernière, le couple Joly-Jolivet.
Le Président (M. Joly): Alors, il me fait plaisir de
retrouver les parlementaires au sein de cette commission. Je vous assure,
justement, de mon impartialité et je vais essayer d'administrer en toute
justice et équité le livre de règlements qui nous est
confié par l'Assemblée.
Alors, M. le député de Joliette.
Remarques préliminaires
M. Guy Chevrette M. Chevrette: M. le Président, vous savez
que je
suis critique en matière d'énergie, à l'exception
des mines qui relèvent de mon collègue d'Ungava, de tout le
secteur énergétique. Et c'est en grattant et en fouillant mon
dossier de façon encore plus approfondie que j'ai découvert que
la loi régissant la SDBJ les oblige annuellement à venir
présenter devant cette commission un rapport et qu'ils sont redevables
devant une commission parlementaire. Donc, après autant d'années
d'oubli, ils ne seront sûrement pas surpris de voir que je ne fais que me
conformer à mon rôle de parlementaire, dans le respect des lois et
des règlements de cette Assemblée, pour pouvoir les questionner
sur un passé qui ne sera pas récent nécessairement
puisqu'ils n'ont jamais été questionnés. Dans l'histoire
du parlementarisme, à ce jour, les parlementaires ne s'y étaient
pas attardés ou avaient omis de se conformer à un des articles de
votre loi constituante qui vous oblige à vous présenter devant
les parlementaires et à répondre aux questions.
Nous aurons sans doute, à ce moment-là, beaucoup plus de
questions que prévu et nous aurons à faire appel à votre
mémoire, y compris à la mémoire de ceux qui vous
entourent, M. le Président, pour piger dans le passé ou puiser
dans le passé, puisqu'il y a des questions qui vont remonter aussi loin
qu'en 1985, sûrement en tout cas, pour savoir un peu ce qui se passe
à la SDBJ, ce qu'elle était ou ce qu'elle est devenue, ce qu'elle
fait présentement.
Donc, dans cette optique-là, c'était, d'abord et avant
tout, pour le respect de nos législations et, deuxièmement, je
pense qu'on ne peut pas ignorer une société d'État qui
brasse quand même quelques millions. On ne peut pas se permettre de ne
pas les interroger de temps à autre, parce qu'on interroge des
structures d'État qui administrent beaucoup moins qu'eux et on le fait
annuellement.
Donc, c'est dans cette optique-là, M. le Président, que je
voudrais prévenir les membres de la SDBJ, ses représentants,
autant ses employés cadres que son bureau d'administration, que nous ne
serons pas nécessairement dans un questionnement tout à fait
logique d'année en année. Nous allons y aller plutôt en
vrac, avec des informations que l'on a pu nous-mêmes puiser à
gauche et à droite, et faire des vérifications sur la gestion qui
remonte quand même à quelques années, comme je le dis,
à cause du fait que ça n'a pas été fait dans le
passé. Et je ne voudrais pas qu'on s'offusque si, en bon
québécois, on dit qu'on va à la pêche. Je pense que
le droit le plus strict des parlementaires, c'est de connaître le
passé. Puis, comme le passé est garant de l'avenir, eh bien, avec
l'aide du passé, on va vous aider à assurer votre avenir.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le
député de Joliette. Je vais maintenant demander à M.
Goyette, président de la Société de développement
de la Baie James, de bien vouloir nous présenter les gens qui
l'accompagnent, s'il vous plaît.
Exposé du président du conseil
d'administration de la Société
de
développement de la Baie James (SDBJ)
M. J. Yvon Goyette
M. Goyette (Yvon): Merci. M. le Président de la
commission, honorables membres de l'Assemblée nationale, je dois d'abord
vous mentionner que la Société de développement de la Baie
James, dont je préside depuis 2 ans le conseil d'administration, est
très heureuse d'avoir été convoquée pour vous
entretenir de ses activités. (14 h 10)
Pour me seconder aujourd'hui, je suis accompagné de M. Donald
Murphy, à mon immédiate droite, qui est président de la
Société; à mon extrême droite, de M. Réal
Lavigne, directeur du contentieux et secrétaire général;
à ma gauche, M. Michel Létourneau, directeur
général et, à mon extrême gauche, M. Ronald Brideau,
directeur des services administratifs. Si on est pour parler d'histoire, M. le
président Murphy a quand même plus de 18 ans dans la
Société. Je pense qu'il y a des réponses qu'on va pouvoir
vous fournir aujourd'hui.
Depuis plus de 20 ans, la Société de développement
de la Baie James oeuvre à la mise en valeur du territoire de la Baie
James. Elle s'acquitte ainsi du mandat qui lui a été
assigné par le gouvernement du Québec. Nous résumerons
très brièvement l'essentiel de ces 2 décennies pour en
arriver aux orientations et aux mandats qui sont siens aujourd'hui. Nous ferons
également état des activités que la SDBJ a
réalisées en 1991 et 1992.
Développer les ressources naturelles. Concrétisant la
volonté du gouvernement du Québec de mettre en chantier les
grands projets hydroélectriques de la Baie James, le 14 août 1971,
la Société de développement de la Baie James naît
avec la promulgation de la Loi sur le développement de la région
de la Baie James et du Nord québécois. Elle reçoit le
mandat de «susciter et effectuer le développement des richesses
naturelles qui se trouvent dans le territoire, voir à l'administration
et à l'aménagement de ce territoire aux fins d'en favoriser la
mise en valeur en donnant priorité aux intérêts
québécois».
Il faut souligner que la SDBJ a joué un rôle important dans
les discussions qui ont mené à la Convention de la Baie James et
du Nord québécois dont elle a été cosignataire en
1975.
En 1978, la SDBJ est entièrement déchargée du
développement des ressources hydriques. La Société
d'énergie de la Baie James, jusqu'alors filiale de la SDBJ, est
rattachée à Hydro-Québec. Entre 1983 et 1988, la SDBJ
réduit considérablement ses activités pour, par la suite,
régionaliser ses opérations. En 1989, le Conseil des ministres
confirme notre vocation comme structure de services et structure de
développement économique régional. Depuis 1990, nos
activités sont totalement régionalisées et s'effectuent
à partir de 3 bureaux situés dans le Nord-du-Québec:
Chibougamau,
Matagami et Radisson, et non plus à partir de Montréal,
avec quelque 400 employés.
Un vaste territoire. Après ce bref rappel historique, il semble
opportun de décrire sommairement l'environnement dans lequel
évolue la SDBJ, c'est-à-dire le territoire de la Baie James qui
est partie intégrante du Nord-du-Québec. Ce territoire a une
superficie de 350 000 km2 et comptait, en 1990, approximativement 29
790 habitants. Les allochtones représentent 63 % de la population et
vivent actuellement principalement dans les pôles urbains, à
savoir Chibougamau, Chapais, Lebel-sur-Quévillon et Matagami, alors que
les 9000 Cris sont répartis dans 9 villages, dont 5 sont accessibles par
route. Si la base économique des allochtones est surtout associée
à l'exploitation minière et forestière, celle des
autochtones tient aux activités dites traditionnelles. Cependant, depuis
quelques années, on assiste à la création d'entreprises
autochtones importantes comme la Compagnie de construction Cris, Crée
Energy, Air Creebec, pour ne nommer que celles-ci. Cette présence de 2
cultures fait partie de la réalité quotidienne de la SDBJ et
influence fortement ses interventions.
La mission de la SDBJ. La Société de développement
de la Baie James soutient une vision intégrée et à long
terme de la région. Je dis bien à long terme. La création
d'emplois durables et enracinés, et la diversification des
activités économiques figurent en tête de ses
préoccupations. Bref, notre mission est de contribuer à mettre le
territoire de la Baie James en état de produire. Cosignataire de la
Convention de la Baie James et du Nord québécois, la SDBJ
participe activement à créer un climat de confiance entre les
nations autochtones et les communautés allochtones présentes sur
le territoire.
Des actions basées sur un plan de développement. C'est sur
la base d'un plan de développement quinquennal, 1991-1996, que sont
conduites nos opérations et activités. Ce plan définit les
paramètres des interventions de la SDBJ et fait foi des valeurs
associatives qui sont nôtres sur le territoire. Le plan de
développement tient compte de la double vocation de la SDBJ. La
connaissance de la région, l'aide-conseil et le partenariat constituent
les fondements des actions en matière de développement
régional, alors que la sous-traitance gouvernementale, la gestion de
projets et d'infrastructures sont les champs d'activité de la SDBJ comme
structure de services. À ce chapitre, la SDBJ est propriétaire et
gestionnaire de l'aéroport de La Grande Rivière, de même
que d'un parc immobilier disponible pour les développeurs et autres
usagers. Elle entretient près de 1000 km de routes, dont la route
Matagami-Radisson, longue de 625 km. Elle confie ces travaux à des
sous-traitants régionaux, générant ainsi des
retombées économiques cour le Nord-du-Québec.
A titre de structure de développement économique, elle est
partenaire/actionnaire dans le secteur minier et dans le domaine de la
distribution de produits pétroliers. Elle intervient dans les dossiers
de concertation et de régionalisation qui animent le milieu. La SDBJ
agit en partenariat avec d'autres intervenants sur le territoire, comme les
villes de Chibougamau, Chapais, Lebel-sur-Quévillon, Matagami, la
municipalité de la Baie James, les corporations de développement
économique, les ministères, Hydro-Québec, la
Société d'énergie de la Baie James, les conseils de bande,
etc., entre autres, par l'entremise de divers comités.
Rapport d'activités 1991-1992. Nous ne reviendrons pas en
détail sur les activités mentionnées
précédemment pour faire davantage place aux réalisations
de l'année 1991-1992. Le gouvernement du Québec nous a
confié la responsabilité des aspects financiers de la
construction de la route du Nord qui reliera Chibougamau à Nemiscau. Il
s'agit d'un investissement de 73 000 000 $ échelonné sur 2 ans,
injecté par les gouvernements fédéral et provincial,
Hydro-Québec et l'entreprise régionale Barrette-Chapais.
En plus de ses activités à caractère
opérationnel, comme l'entretien routier et la gestion de
l'aéroport, la SDBJ a été le maître d'oeuvre de la
construction de la nouvelle aérogare de La Grande Rivière,
terminée en juillet 1991. Les coûts ont été
partagés entre HydroQuébec, 3 750 000 $, et Transports Canada, 3
000 000 $. La réalisation de ce projet s'est faite à
l'intérieur des prévisions. D'autre part, nous avons entrepris un
programme quinquennal de réfection de la route Matagami-Radisson, au
coût de 25 700 000 $. (14 h 20)
La SDBJ a accru sa connaissance du milieu nordique en participant
financièrement à plusieurs études dans le domaine agricole
et le secteur forestier. À titre d'exemple, citons l'étude sur le
repérage par télédétection des zones
d'agrégats recouverts d'une mince couche d'argile. Ces recherches ont un
impact direct sur le coût des travaux de construction et de
réfection de routes, en détectant les gravières et les
sablières à proximité.
Sur le plan du partenariat, la SDBJ s'est activement engagée dans
des dossiers régionaux, notamment celui de la régie de la
santé et des services sociaux et celui de la mise en place d'une
association touristique régionale, d'un conseil régional de
développement et aussi d'un conseil régional des loisirs. Nous
avons travaillé étroitement avec la Conférence des
municipalités nordiques et la société NORD formée
d'agents de développement du territoire de la Baie James. La SDBJ a
également participé aux travaux du Comité de gestion du
plan de développement touristique de la région
Nord-du-Québec.
La SDBJ a apporté son aide pour la structuration d'une
corporation de développement économique à Joutel, de
même que dans le secteur de Beaucanton, Villebois et Val-Paradis.
D'autres dossiers à caractère économique ont requis notre
contribution, comme ceux du sentier de motoneige entre le Saguenay
Lac-Saint-Jean et le Nord-du-Québec, de la mise en activité d'une
usine de cogénération à Chapais et du maintien d'un centre
de services financiers à Radisson.
Sur le plan corporatif, l'année 1991-1992 a été
importante. Un protocole d'entente avec les Pétroles Bemee inc.,
compagnie distributrice de produits
pétroliers à l'aéroport de La Grande
Rivière, est intervenu relativement aux installations et
équipements dont la SDBJ est propriétaire sur ce site. La SDBJ
Wiichiituun Development Corporation, Tawich Development Corporation et Air
Inuit ltée en sont les 4 partenaires. La SDBJ a conclu des ententes
triennales avec SOQUEM, Exploration Cache et Minnova ayant trait à 6
propriétés minières qu'elle possède dans la
région. Les partenaires s'engagent à y investir 1 750 000 $ en
travaux d'exploration. Advenant l'exploitation de ces propriétés,
la SDBJ en recevra des royautés.
Des relations d'affaires avec les autochtones. La SDBJ a
développé des relations d'affaires avec les autochtones,
établies dans le respect mutuel. Nous travaillons sur plusieurs dossiers
corporatifs et d'intérêt commun avec des partenaires autochtones.
Nous ferons état ici des plus importants. La SDBJ octroie
approximativement 25 % des travaux d'entretien routier à des entreprises
autochtones, et ce, dans le but d'intégrer davantage celles-ci aux
circuits économiques régionaux. Ainsi, Chee-Bee Construction
entretient la route entre Chisasibi et le kilomètre 600 depuis 3 ans.
C'est aussi une entreprise autochtone qui entretient la route menant à
la rivière Témiscamie. La création de la compagnie Les
Pétroles Bemee est une première. Les 3 ethnies oeuvrant sur le
territoire, soit les Cris, les Inuit et les allochtones, se sont
associées à cette entreprise. La SDBJ a aussi étroitement
associé les Cris aux discussions entourant l'implantation d'une
association touristique.
Dans le secteur minier, la SDBJ a approché le holding Crée
Company concernant la mise en place d'un fonds d'investissement minier dans le
Nord-du-Québec. Elle sert également d'intermédiaire entre
les promoteurs des projets miniers Eastmain et Grevet et les communautés
de Mistassini et Waswanipi.
En matière de formation, l'aide technique de la SDBJ a
été demandée pour mettre sur pied une formation de
prospecteur minier à l'intention des autochtones. Nous participons
à 4 comités réunissant allochtones et autochtones, soit le
Comité de gestion du plan de développement touristique pour le
Nord-du-Québec, le Comité conjoint chasse, pêche,
piégeage, comme observateurs, le Comité de sécurité
publique et le Comité de liaison Chisasibi/LG 1. Ainsi, en se
côtoyant chaque jour dans diverses occasions, une meilleure
compréhension s'installe entre allochtones et autochtones.
Pour conclure, en régionalisant ses opérations, la
Société de développement de la Baie James se trouve au
centre de l'action dans la région Nord-du-Québec. Au cours des
prochaines années, les enjeux seront importants pour cette région
qui met en place les mécanismes nécessaires au
développement d'une économie qui lui soit propre. La SDBJ occupe
une place stratégique dans ce processus.
M. le Président et membres de cette commission, merci. Nous
sommes à votre disposition pour répondre aux questions que vous
jugerez pertinentes. Je dépose ce texte pour votre information, en plus
d'une série d'autres documents qui vous serviront et pour votre informa-
tion et pour vos questions. Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Goyette. Je
relève juste le dernier propos que vous avez soulevé en disant
que vous répondrez «aux questions que vous jugerez
pertinentes». Alors, je m'occuperai de juger de la pertinence et,
à ce moment-là, je reconnaîtrai si oui ou non on doit aller
de l'avant avec les questions autant qu'avec les réponses.
M. Chevrette: Je suppose qu'il y a eu un lapsus.
Le Président (M. Joly): Alors, je vous remercie
beaucoup.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): C'est pour vous montrer qu'on vous
écoutait, aussi. Alors, M. le député de Joliette.
Discussion générale
M. Chevrette: Oui, M. le Président, j'ai eu la
même réaction que vous, je me suis dis: J'espère que nous
pourrons juger de l'opportunité également des réponses, si
elles sont opportunes ou pas. Mais je suppose que vous avez fait un lapsus et
que vous vouliez répondre à toutes nos questions...
M. Goyette: Absolument.
M. Chevrette: ...et que vous n'avez pas à juger de leur
opportunité ou pas. C'est ce que j'ai compris.
M. Goyette: Donc, je retire du texte ces quelques mots...
M. Chevrette: C'est bien.
Le Président (M. Joly): Ha, ha, ha!
M. Goyette: ...immédiatement; donc, on n'aura pas à
les rayer plus tard.
M. Chevrette: C'est bien, M. le maire.
Le Président (M. Joly): Ça enlève
l'ambiguïté, si vous voulez, l'équivoque.
M. Chevrette: J'allais dire: Bienvenue, M. le maire de la
municipalité, bienvenue, M. le président de la
Société. Est-ce que vous avez d'autres chapeaux que j'ignore,
dans le Nord?
M. Goyette: Non, je n'ai pas d'autres chapeaux.
M. Chevrette: Vous avez ces 2 là. Je voudrais remercier le
promaire au nom du maire de m'avoir
acheminé également le rapport annuel de la
municipalité de la Baie James. C'est signé par le promaire
je suppose que c'est en votre nom parce que, à la première
lecture qu'on fait de tout ce qui se passe en haut, c'est à se demander
si ce n'est pas le même monde qui occupe toutes les directions. C'est la
première remarque qu'on peut faire comme profanes qui ne connaissons pas
tous les rouages du Grand-Nord. Mais, quand on voit le président de la
SDBJ être à la fois maire de la municipalité de la Baie
James et son vice-président être promaire de la
municipalité de la Baie James, on se dit: Qui mène en haut?
Est-ce que c'est une société d'État qui a à la fois
le contrôle de la municipalité ou bien c'est quoi? Y a-t-il une
démocratie locale? J'en doute, à voir ça. Et vous me
permettrez, comme première réaction, d'exprimer ce constat qui
n'est pas hypothétique, qui est noir sur blanc, écrit dans les
rapports. On remarque que ce sont les mêmes personnes qui occupent
à la fois les postes de direction... Il y a un M. Beaulac, à part
de ça, à la municipalité, si j'ai bien lu.
Une voix: Dulac. (14 h 30)
M. Chevrette: Dulac, excusez. Il y a donc 3 membres sur 5, dans
la photo en tout cas, qui sont membres de la corporation de
développement de la Baie James, tout en étant également au
conseil municipal. Ce sera un sujet qu'il faudra sans doute traiter au cours de
notre questionnement.
Modification du mandat de la SDBJ
Mais je voudrais commencer par un petit peu d'histoire, parce que, si
j'ai bien compris, c'est en 1978 que la société de
développement ou la SEBJ s'est mise à relever
d'Hydro-Québec, d'une certaine façon, pour qu'en 1985 vous
sembliez commencer à voler de vos propres ailes. Et vous appuyez sur
1989. Moi, je voudrais savoir d'abord si, en 1985, il y a des actes juridiques
qui créent un changement; si c'est en 1986, peu importe, mais, autour de
1985, on sent qu'il y une modification du mandat. Est-ce que c'est à la
suite d'un décret? À la suite d'un nouveau mandat donné
par le gouvernement? Est-ce que c'est par arrêté en conseil? Si
oui, est-ce qu'on peut l'avoir? Ou, si c'est en 1989 que vous avez une
modification juridique, est-ce que c'est par décret, par un
arrêté en conseil? Est-ce qu'on peut l'avoir? C'est la
première question que j'aurais à poser.
Le Président (M. Joly): M. Goyette, s'il vous plaît,
ou les membres qui vous accompagnent.
M. Chevrette: N'importe lequel.
M. Goyette: Je vais demander que M. Murphy amorce la
réponse et, au besoin, notre conseiller légal.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M.
Murphy.
M. Murphy (Donald R.): D'abord, je tiens à souligner que,
depuis 1971 la création il faut comprendre que la loi
disait que la Société de développement de la Baie James,
de par la création même par la loi, se situait au-dessus de la
Société d'énergie de la Baie James. Donc, c'est pour
corriger un peu. Le changement qui est arrivé en 1978, c'est que la
Société d'énergie de la Baie James a été
retirée, si vous voulez, du giron de la société de
développement. Donc, ce qui était développement
hydroélectrique a été replacé sous
Hydro-Québec. Donc, la société de développement
conservait tous les autres mandats de développement sur le territoire,
à l'exception du domaine de l'hydroélectricité.
Suite à un regard sur la Société, en 1983, le
gouvernement a demandé, en quelque sorte, de démobiliser la
Société de développement de la Baie James, qui,
disons-nous-le, à ce moment-là, comportait à peu
près 400 employés, mais situés, je dirais, à 90 %
à Montréal. Donc, entre 1983 et 1987, ça a
été la démobilisation, j'oserais dire, complète de
la Société de développement de la Baie James, surtout dans
ses bureaux de Montréal. Il est évident qu'au niveau du
territoire la Société avait toujours la propriété
de routes, l'entretien, et ça, ça s'est continué au niveau
du territoire. Et, en 1998, d'ailleurs, suite à un travail qui a
été effectué au niveau du Nord-du-Québec par un
comité élargi présidé, à ce
moment-là, par M. Rémy Trudel et son groupe, les gens ont
déposé au gouvernement du Québec un document demandant de
pouvoir conserver sur le territoire une société qui,
disons-le-nous, a une belle loi pour penser à un développement
dans une région aussi éloignée avec ses
particularités. Et, si ma mémoire est bonne, je pense que c'est
en 1989 que le Conseil des ministres a déposé une décision
ministérielle à l'effet de consacrer la société de
développement avec 2 mandats bien précis qu'on vous a
mentionnés.
M. Chevrette: Vous l'avez juridiquement? Cette décision,
est-ce que vous l'avez?
M. Murphy: Oui, sûrement.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a possibilité de la faire
circuler auprès des membres?
M. Murphy: Me Lavigne va vous la déposer.
M. Chevrette: Donc, si je comprends bien, entre 1983 et 1987,
c'est ce qu'on a appelé la période de la coquille vide où
il y avait plus ou moins de travail à faire par la SDBJ, ce qui l'a
forcée à se départir d'une très grande
majorité de ses ressources humaines au profit, je suppose, d'autres
structures ou purement et simplement se délester de sa main-d'oeuvre. Et
c'est en 1989 que vous retrouvez un certain mandat plus précis, qui est
celui de voir au développement économique du Grand-Nord, et quel
autre mandat vous avez dit?
M. Murphy: Le mandat qui touche le développement et, tel
que vous l'avez dans le libellé...
M. Goyette: Une structure de services. M. Murphy: ...une
structure de services.
M. Chevrette: Voudriez-vous m'expliquer en quoi consiste le
mandat structure de services?
M. Létourneau (Michel): Si vous permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M.
Létourneau.
M. Létourneau: ...je vous référerais au
document «Plan de développement» qui était inclus
dans la pochette tantôt. Si vous allez à la page 4,
brièvement, vous avez un sommaire un peu du type d'activités en
fonction de ces 2 mandats-là, c'est-à-dire le mandat de structure
de développement régional qui porte sur 3 niveaux d'intervention
qu'on aura sûrement l'occasion de vous préciser: connaissance de
la région, aide-conseil et partenariat; et structure de services qui
traite de 3 dimensions: sous-traitance gouvernementale, gestion de projets et
gestion d'infrastructures.
Rapidement, parce que votre question est sur ces 3 dimensions-là,
sous-traitance gouvernementale, c'est qu'en régionalisant totalement la
société de développement et compte tenu que la
reconnaissance de la région administrative Nord-du-Québec a
été faite en 1987 aussi dans la même volée des
changements, la société de développement avait aussi le
mandat d'un peu représenter le gouvernement ou les différentes
directions des ministères sur le territoire. Quand on parle de
sous-traitance gouvernementale, on avait déjà, à ce
moment-là, l'amorce d'un climat économique plutôt faible et
ce qu'on entretenait comme discussion avec les différents
ministères, c'était de leur dire: Est-ce que vous ne pourriez
pas, par exemple, régionaliser les directions Nouveau-Québec ou
Nord-du-Québec en région et, si vous n'êtes pas capables,
compte tenu des budgets, etc., est-ce que, nous, nous ne pourrions pas
sous-traiter en région des services pour les différents
ministères? C'était cette dimension-là.
Gestion de projets, rapidement, c'était toute la question
d'entreprises régionales, de développement d'entreprises
particulières qu'on pouvait, nous, initier dans la région. Et
gestion d'infrastructures, on parlait tantôt de la gestion de routes, de
la gestion d'aéroports. Et même, dans gestion de projets, on se
référait tantôt à la construction de
l'aérogare de La Grande-Rivière. Brièvement, là,
c'est les 2 paliers d'intervention.
Ententes particulières entre la SDBJ et
Hydro-Québec
M. Chevrette: Mis à part le mandat officiel du
gouvernement, qu'on va recevoir, je suppose, d'une minute à l'autre,
est-ce qu'il y a d'autres ententes particulières, par exemple, entre la
SDBJ et Hydro-Québec? Est-ce qu'il n'y aurait pas eu une entente, tout
dernièrement, entre Hydro-Québec je dis «tout
dernièrement», c'est peut-être une couple d'années,
là et SDBJ pour des actions précises,
spécifiques?
M. Murphy:oui, je pense que... je vous dirai: oui, effectivement.
il y a, d'ailleurs, je pense, plusieurs travaux qui sont faits par la
société de développement. il faudrait peut-être,
d'abord, vous préciser que, depuis 1988, la société de
développement de la baie james est une société qui
s'autofinance. le rapport que vous avez devant vous montre que la
société de développement s'autofinance à 96 %.
donc, elle s'alimente à partir de travaux de sous-traitance qu'elle fait
pour hydroquébec, entre autres, mais aussi pour différents
intervenants sur le territoire. et, dans les faits, je peux vous signaler
qu'à même une entente avec hydro-québec hydro confie
à la société de développement de la baie james tout
l'entretien des routes sur son territoire. là, on vous parlait de 1000
km de routes. c'est fait par ce qu'on appelle le comité de
gérance des routes de la baie james, avec des budgets qui viennent
à 100 % d'hydro-québec. donc, la portion d'une route qui a
été construite à 99 % par hydro et 1 % par sd; nous avons
une entente de gérance sur cette route-là dans laquelle,
justement, nous administrons l'entretien des réseaux routiers.
Je vous signale que c'est fait dans une approche... Parce que faut-il
vous dire que présentement, et depuis 1988, la société de
développement a moins de 60 employés dans toute sa structure
administrative et sur le terrain parce que nous favorisons l'entreprise
régionale. Donc, on n'a pas reconstruit des boîtes qui s'occupent
d'entretien. On utilise les entrepreneurs locaux et régionaux pour faire
ce genre d'entretien là. Mais tout ça est fait dans une approche
de sous-traitance avec laquelle vit la Société de
développement de la Baie James, donc, en prenant des mandats pour des
tiers.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a seulement des ententes concernant
l'entretien des routes ou s'il y a d'autres ententes avec Hydro-Québec?
(14 h 40)
M. Murphy: L'aéroport de La Grande-Rivière tombe
sous le même comité de gérance. M. Létourneau,
est-ce que vous en voyez d'autres?
M. Létourneau: Non, moi, je n'en vois pas. Peut-être
pour référer à la dimension historique, pour essayer
peut-être de vous donner le plus d'éclairage possible, il y avait,
au moment de la décision de créer la Société de
développement de la Baie James, bon, vous vous rappelez, les barrages
d'Hydro-Québec, la SEBJ, le développement, les infrastructures,
pour mener à la création de ces infrastructures-là, la
société de développement et, pour s'occuper des
populations qui étaient à
l'intérieur de ce grand territoire-là, la
municipalité de la Baie James.
En cours de route, vous allez retrouver, dans le document de
tantôt, qu'on demande à la Société de
développement de la Baie James également d'offrir en
priorité, si on veut, ses services à la disposition
d'Hydro-Québec et de la Société d'énergie de la
Baie James. Je ne sais pas si c'est un peu dans cette dimension-là.
M. Chevrette: II n'y a aucune entente particulière autre
que ça...
M. Létourneau: Autre que ça là... M.
Chevrette: ...à votre connaissance? M. Létourneau:
Non.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez copie de ces ententes?
M. Létourneau: Oui. Ici, non, mais... M. Chevrette:
Non, non, mais...
M. Létourneau: Oui, oui, on peut vous les faire
parvenir.
M. Chevrette: Ça, il n'y a pas de problème si vous
ne les avez pas.
M. Létourneau: C'est adopté par le conseil.
M. Chevrette: Étant donné qu'on vous a rarement
questionnés, vous ne pouviez pas amener toute votre documentation.
M. Murphy: On trouve ça excellent. M.
Létourneau: Effectivement.
M. Chevrette: Mais je suppose que le courrier fonctionne assez
vite.
M. Murphy: Très rapidement. M. Chevrette:
Purolator... M. Murphy: Le fax.
M. Chevrette: ...Dicom, le fax. Je vous donnerai tout ça
s'il le faut, mais j'aimerais ça avoir ça. À votre
connaissance, donc, il n'existe que 2 ententes, à savoir
l'aéroport de La Grande-Rivière et également l'entretien
des routes.
M. Létourneau: Oui.
M. Chevrette: C'est ce que vous m'affirmez aujourd'hui.
M. Murphy: Oui. M. Chevrette: O.K.
M. Murphy: Je pourrais peut-être ajouter qu'avec
Hydro-Québec, sans avoir des ententes sur des choses précises,
nous nous rencontrons régulièrement sur la question des relations
avec les autochtones, des choses qu'on peut faire. Je pense à la
formation. On est constamment, je dirais, à talonner Hydro-Québec
en disant: II y a des choses que nous pouvons faire pour générer
des emplois. Comme on le fait avec les allochto-nes du territoire, il est
évident que nous tentons d'intégrer aussi les autochtones
à toute l'activité économique et je pense que c'est le
seul moyen d'arriver à avoir une paix sociale. Comme les jeunes des
communautés blanches, les jeunes des communautés autochtones
s'instruisent de plus en plus et, nous, notre rôle étant de
développer les autres économies, il est évident qu'on
travaille en étroite collaboration pour tenter de générer
toutes sortes de créations d'emplois qui pourraient influencer
l'intégration des autochtones à une vie économique la plus
normale possible.
Dans ce sens-là, on a ce que j'appellerais des comités de
relations d'affaires avec Hydro. Ce n'est pas des ententes précises qui
amènent des déboursés d'argent, mais plutôt de
tendre vers une philosophie parce que Hydro, au début, avait
opté, par exemple, pour une formation technique dans une école de
formation à LG 3. Nous, on préconise beaucoup plus une approche
près de la communauté autochtone, donc, les intégrer au
réseau d'entretien routier, à l'entretien des installations
pétrolières, au transport du pétrole, des choses qu'ils
utilisent journalièrement ou hebdomadairement. Je pense que c'est la
méthode pour laquelle nous avons plutôt opté en termes de
société de développement.
Politique d'embauché
M. Chevrette: Au moment où on se parle, quel est le nombre
d'employés exact à la SDBJ? Vous avez dit 60 tantôt. Est-ce
que c'est ça?
M. Goyette: C'est 58 probablement aujourd'hui; 60 c'est un
chiffre...
M. Chevrette: 58 à 60 employés.
M. Goyette: Oui.
M. Chevrette: Quel est le ratio cadre-employés?
M. Létourneau: Rapidement, je vais le faire de
mémoire. Un directeur général, 4 directions de service et
l'ensemble des... Un pour 10, rapidement, à l'oeil.
M. Chevrette: Ratio 1-10.
M. Létourneau: Oui, à peu près.
M. Chevrette: Vous êtes 5 cadres.
M. Létourneau: Oui. Quand je vous dis: Directeur
général, directions de service, à partir de là, il
y a évidemment différents secteurs d'activité, mais un peu
dans le ratio que vous vouliez, 1-10.
M. Chevrette: Quand vous parlez de 5 cadres, c'est 5 cadres
supérieurs.
M. Létourneau: Oui.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a des cadres
intermédiaires?
M. Létourneau: Oui, 3 chefs de division. M. Chevrette:
Trois?
M. Létourneau: Trois dans l'ensemble de la
Société. Peut-être vous préciser aussi, dans le
même ordre d'idées, que l'ensemble des employés de la
Société de développement de la Baie James est à
contrat, donc, tous des contractuels. Il n'y a pas d'employés permanents
au sens de la fonction publique.
M. Chevrette: Est-ce qu'il en est de même pour les
cadres?
M. Létourneau: Oui, oui, tout le monde. Il n'y a pas une
personne dans la Société, sauf le personnel
syndiqué...
M. Chevrette: Étant donné que vous avez une
dérogation quant à l'embauche et à la politique salariale
à la SDBJ et que, d'autre part, en vertu de votre loi, si j'ai bien
compris votre législation, pour avoir la dérogation, vous
êtes obligés de promulguer vos politiques, est-ce que vous avez
vos politiques salariales?
M. Goyette: Absolument, on a des politiques salariales
établies et écrites.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez nous la faire
parvenir?
M. Goyette: Absolument.
M. Chevrette: Vous avez une politique d'embauché
aussi?
M. Goyette: Une politique d'embauché. M. Chevrette:
C'est également par écrit?
M. Goyette: Oui. Avec concours, etc.
M. Chevrette: Ça va faire un fax occupé, mais vous
nous l'enverrez également pour les membres de la commission.
Le Président (M. Joly): Oui, vous allez faire parvenir
ça au Secrétariat de la commission et le Secrétariat
s'occupera de nous envoyer ça.
M. Létourneau: Si vous permettez...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M.
Létourneau, oui.
M. Létourneau: Merci. Vous avez également, dans la
pochette qu'on vous a donnée, un code d'éthique tant
qu'à vous parler de ces documents-là de la
société de développement, ainsi que 2 politiques d'octroi
de contrats de services et d'acquisition de biens aussi qu'on vous a
apportés.
M. Chevrette: Juste 1 minute, je n'ai pas saisi. Juste 30
secondes.
(Consultation)
M. Chevrette: Voulez-vous me répéter ce que vous
avez dit, s'il vous plaît?
M. Létourneau: Je vous disais, en complément
d'information... Vous sembliez demander l'ensemble des politiques. Je faisais
référence à la pochette qui vous a été
donnée où on retrouve un code d'éthique. Au moment
appelons ça ainsi de la relance...
M. Chevrette: Oui.
M. Létourneau: ...de la Société, on a fait
ces démarches-là...
M. Chevrette: Ça, on va les prendre un après
l'autre.
M. Létourneau: ...ainsi que les 2 politiques dont on
parlait, d'acquisition de biens et d'octroi de contrats de services.
Modification du mandat de la SDBJ (suite)
M. Chevrette: Mais revenons au mandat lui-même, tel
qu'édicté par le gouvernement, le 10 mai 1989, par Benoît
Morin, au point 4: «que le gouvernement reporte, pour le moment, tout
amendement à la Loi sur le développement de la région de
la Baie James, étant entendu que les pouvoirs actuels de la
Société lui permettent de remplir son rôle de structure de
services et d'organisme de développement régional, et que les
autres amendements envisagés ne sont pas indispensables
dans l'immédiat». C'est quoi, ça, «les autres
amendements envisagés»?
M. Goyette: Je ne peux pas vous répondre. On ne sait pas
ce que le législateur voulait...
M. Chevrette: Mais ça ne vous a pas frappés? M.
Goyette: Non.
M. Chevrette: Quand vous avez reçu cette lettre-là,
vous n'avez pas demandé au législateur: Qu'est-ce que c'est que
cette affaire-là?
M. Murphy: Historiquement, je pense qu'il avait été
envisagé des changements pour fermer complètement la
Société de développement de la Baie James. Je pense que
c'est une vision qui a été envisagée au moment de la
démobilisation et je pense que c'est à ce moment-là qu'il
y a eu un paquet de documents... Là, retrempons-nous entre 1983 et 1987.
Je pense que les gens ont découvert, d'abord, que, parce que la
Société était cosignataire de la Convention, ça
demandait pratiquement la réouverture de la Convention. Il y a eu un
paquet de choses qui ont cheminé de ce côté-là, en
termes d'avis légaux et autres. Je pense que c'est à ça
qu'on fait référence.
M. Chevrette: Mais non, M. Murphy, parce que la période de
démobilisation, c'est vous qui me l'avez décrite, c'est vous qui
m'avez fixé les dates, entre 1983 et 1987. Nous sommes en 1989 au moment
où on écrit cela et on dit que «les autres amendements
envisagés ne sont pas indispensables dans l'immédiat». Ce
n'est sûrement pas de la démobilisation qu'on parle. On parle donc
d'une restructuration puisqu'on a accepté déjà, en 1987,
de vous donner un mandat élargi dans les faits, confirmé en 1989.
C'est après la période de démobilisation.
M. Murphy: Je figure beaucoup plus qu'entre 1987 et avant... Je
vous le dis aisément parce que, quand nous avons reçu la
décision ministérielle en 1989, pour nous, les gens du
territoire, c'était un petit peu la confirmation de ce que l'on
souhaitait. Et, d'ailleurs, dans le document qui avait été
déposé, si ma mémoire est bonne, c'était le
ministre des Affaires municipales, à ce moment-là, qui s'occupait
de la société de développement. Le document du
comité avait été déposé, je crois que c'est
en novembre 1989, si ma mémoire est bonne, et je pense que c'est en
réponse à ce document-là que nous avons reçu ici
cette confirmation-là. Mais je vous souligne quand même que, pour
les gens du territoire, nous avons cru longtemps que la Société
disparaîtrait de la mappe. Et, nous, il est évident qu'on
travaillait beaucoup plus pour la régionaliser. (14 h 50)
Dans un territoire d'aussi grande étendue, avec autant de
développement, il est évident que cette loi-là est une
belle loi pour s'occuper du développement. Je pense que la faiblesse
que, nous faut-il se replacer comme gens de territoire on
décriait le plus à ce moment-là, c'est que la
Société, au lieu de s'ancrer dans son territoire, c'est une
boîte de 400 employés qui s'est créée à
Montréal. Et je ne veux pas les décrier en disant que ce qu'ils
ont fait pendant ces années-là était totalement
négatif. Ils ont rempli des mandats beaucoup plus spécialement
à ce moment-là pour Hydro-Québec. Et c'est pourquoi,
d'ailleurs, à la fin de la démobilisation des travaux de la
rivière La Grande, quand ça a commencé, le déclin,
il est évident qu'il y a eu un manque à gagner pour faire vivre
une aussi grosse boîte à Montréal, avec pratiquement plus
de mandats d'Hydro-Québec.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez eu, depuis 1989, des
suggestions d'amendements de la part des ministres concernés?
M. Murphy: Non. Ce qu'on sait, c'est qu'il y a eu un
comité...
M. Chevrette: Est-ce que ce n'était pas plutôt des
amendements projetés pour créer une véritable
municipalité à la Baie James, par exemple?
M. Goyette: Non. J'aimerais peut-être, si vous me le
permettez, M. Chevrette, revenir sur cette notion de municipalité parce
que vous l'avez effleurée au début. Faut-il comprendre que,
à l'article 36, c'est la loi même qui dit que le conseil de la
Société de développement de la Baie James agit comme
substitut du conseil municipal.
M. Chevrette: Je comprends.
M. Goyette: Et je vous ajoute simplement que, par contre... J'en
parle aisément, puisque ma venue, moi, à la société
de développement, s'est faite plutôt en 1987. Avant ça,
j'étais plutôt attitré à la municipalité de
la Baie James.
M. Chevrette: Je comprends l'affaire. C'est parce que j'essaie de
deviner un peu... Parce qu'un législateur ne parle pas pour ne rien
dire. Correct? Vous êtes arrangé comme moi, vous ne le savez pas.
Donc, il y a quelqu'un qui a parlé pour ne rien dire ou bien il avait
quelque chose entre les 2 oreilles quand il a parlé, et à 2
occasions. Si je vous réfère au point 5 qui suit, c'est la
même chose: «que le ministre des Affaires municipales examine la
possibilité d'introduire les amendements requis en matière
d'aménagement et d'urbanisme dans une prochaine modification de la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme». Si mon expérience
parlementaire m'aide un peu, c'est sans doute parce qu'on avait des
visées à l'époque. J'essaie de... Je ne comprends pas que
vous ne le sachiez pas parce que, ordinairement, on dit aux dirigeants: Voici,
peut-être que j'aurai des
amendements dans tel ou tel domaine, mais, pour le moment, je m'en tiens
au mandat que je vous donne. Tu peux deviner en filigrane que c'est des
amendements, d'abord, au statut de l'aménagement qui relève
normalement soit des municipalités ou d'une MRC. Mais, compte tenu du
fait qu'en haut du 50e parallèle, si j'ai bien compris, ce
n'était pas régi par les lois de l'aménagement du
territoire comme telles, je suppose que c'est quelque chose du genre. On ne
vous en a jamais fait part?
M. Murphy: Moi, remarquez que cet aspect-là... C'est parce
que, ici, nous, on se sent un peu mal à l'aise parce que,
évidemment, on porte 2 chapeaux. Il est évident qu'il y a le
chapeau de la Société de développement de la Baie James,
que l'on traite dans le rapport, et il y a aussi le conseil de la
municipalité de la Baie James qui se rapporte directement au ministre
des Affaires municipales et le conseil agit quand même
séparément dans 2 réunions de conseil, 2 visions, et aussi
avec une vision où, à la base, dans toutes nos
communautés, sauf une, il y a eu des élections
démocratiques où chacun des conseils de localité a
été nommé. Il ne reste que le cas de Radisson qu'on doit
rencontrer avec l'approche de la permanence qui s'en vient à court
terme. Dans la balance du territoire, il y a des conseils au niveau de chacune
des agglomérations du territoire.
M. Chevrette: Répétez-moi donc ça,
là. Il y a eu des élections?
M. Murphy: Dans chacune des localités, des
agglomérations du territoire, il y a des élections et ces
gens-là ont leur conseil de localité. Je parle de Joutel,
Villebois, Val-Paradis, Beaucanton.
M. Chevrette: Oui, les 3.
M. Murphy: II reste le cas de Radisson à régler. Et
le cas de Radisson vient avec la permanence, avec la fin des travaux de LG 1 et
de LG 2A. Il est évident que là on pense à Radisson comme
une ville permanente et non plus comme une ville de chantier.
M. Chevrette: O.K.
M. Murphy: À ce moment-là, ça va demander
une forme démocratique aussi.
M. Chevrette: Selon vous, où en sont les pourparlers que
le ministre délégué aux Mines et aux Affaires
autochtones... Je suppose que c'est le très honorable Savoie qui
envisage la possibilité d'amender la loi en vue de confier ça aux
autochtones. Est-ce que vous connaissez le déroulement des
événements?
M. Murphy: Ça, c'est un autre dossier qui touche la
Société de développement des autochtones de la Baie James,
SODAB, qui n'a rien à faire avec la société de
développement. Et, d'ailleurs, je peux vous dire que c'est fait,
ça. La Société de développement des autochtones,
l'actionnariat était 51 % Société de développement
de la Baie James. Et je pense que, d'un commun accord entre les autochtones et
nous, compte tenu que 100 % de l'argent est affecté au
développement autochtone, ils ont senti le besoin d'intégrer
ça avec Eeyou corporation, et je pense que tout ça est
réglé depuis déjà 3 ou 4 ans.
M. Chevrette: O.K. Donc, vous oeuvrez avec 2 mandats
spécifiques et quelques ententes administratives, entre guillemets, avec
Hydro-Québec. Allons-y gaiement, là, pour ce que vous faites
concrètement. Vous étiez propriétaire ou, en tout cas,
vous avez investi passablement de millions dans une mine qu'on appelle la
mine...
Investissement dans la mine Joe Mann M. Murphy:
Joe Mann.
M. Chevrette: ...Joe Mann. M-a-n-n. Combien avez-vous investi
dans ça?
M. Murphy: À ma connaissance, dans l'ensemble du dossier
des mines de la Société de développement de la...
M. Chevrette: Mais pour celle-là, Joe Mann.
M. Murphy: Pour Joe Mann, malheureusement, je ne pourrais pas
vous donner le montant. C'est bien avant mon...
M. Chevrette: 30 000 000 $, ça «as-tu» de
l'allure?
M. Murphy: Moi, je pense que c'est beaucoup trop. Je vous donne
mon opinion personnelle, dégagée.
M. Chevrette: Bien, il va falloir que vous me donniez les vrais
chiffres, parce que vous l'avez vendue par la suite. Vous devez savoir combien
vous l'avez vendue.
M. Murphy: Oui.
M. Chevrette: Combien?
M. Murphy: On a vendu ça pour 2 500 000 $ d'argent
comptant et...
M. Chevrette: 2 800 000 $, non? M. Murphy: 2 500 000
$.
M. Chevrette: 2 500 000 $? Et vous aviez investi combien
dedans?
M. Murphy: Et 3 000 000 $ dans le capital-actions de Campbell
Resources qui est l'acquéreur.
M. Chevrette: Des actions ordinaires?
M. Murphy: Des actions... Et avec un siège au conseil
d'administration.
M. Chevrette: Évaluées à combien, vos 2 800
000 $ d'actions?
M. Murphy: Les actions, présentement, sont sur le
marché à... Nous les avons vendues à quoi? 0,60 $, une
moyenne de 0,60 $.
M. Chevrette: Ça vaut 1 400 000 $? M. Murphy:
À peu près.
M. Chevrette: 1 400 000 $, c'est ça. Je reprends donc ma
question. Si vous savez combien vous l'avez vendue, vous devez savoir combien
vous avez investi. Combien vous avez investi dans la mine Joe Mann?
M. Murphy: Ça fait des années, mais je pense que
c'est dans l'ordre d'à peu près 14 000 000 $, mais je pourrais
demander à nos gens, compte tenu que c'est antérieur à
nous, de sortir les chiffres.
M. Chevrette: Oui, je comprends, mais c'est un actif d'une
société d'État. Vous comprendrez qu'on est en droit de le
savoir, comme parlementaires, indépendamment que ce soit avant vous.
M. Murphy: Ah, évidemment!
M. Chevrette: Ça fait 18 ans que vous êtes
là, vous.
M. Murphy: Non, à la municipalité, mais je
n'étais pas du côté de la société de
développement et encore moins dans le groupe qui gérait à
partir de Montréal, à ce moment-là.
M. Chevrette: II n'y en a pas un pour qui ça fait 18 ans,
qui vous accompagne?
M. Murphy: Non, malheureusement pas.
M. Chevrette: Vous n'avez pas investi, il y a 18 ans, dans Joe
Mann?
M. Murphy: Joe Mann, ça doit dater des années 1982,
1983.
M. Chevrette: Donc, ça fait, mettons, 12 ans. Vous allez
me dire combien vous avez investi. Quels sont les motifs qui vous ont
forcés à vendre après avoir investi autant?
M. Murphy: Moi, je pense que l'argumentation des conseils de ce
temps-là... Je pense que la Société, à ce
moment-là, avait investi dans la mine Joe Mann et que, suite à la
chute du prix de l'or, à la crise de 1982, ils ont arrêté
la production parce qu'ils perdaient mensuellement de l'argent. Et c'est suite
à la reprise du marché de l'or que la société
Campbell est arrivée, parce qu'elle opérait des mines dans le
secteur de Chibougamau, et qu'elle a fait une offre d'affaires à la
Société de développement de la Baie James, qui s'est
transportée dans une négociation comme celle que vous...
M. Chevrette: Mais vous n'êtes pas membre du conseil
d'administration de Campbell?
M. Murphy: Oui.
M. Chevrette: Bon! On va essayer de remonter la filière,
d'abord. Si vous êtes membre de Campbell, vous savez, quand vous avez
vendu à Campbell, qu'une des conditions, ça a été
que vous l'avez troquée pour un siège au conseil
d'administration.
M. Murphy: Oui, exactement.
M. Chevrette: Bon! Si vous l'avez troquée pour un
siège, vous savez exactement ce que représentaient, à ce
moment-là, les actifs. À la page 23 de votre propre rapport, il y
a eu «radiation d'actifs miniers suite à l'abandon des projets
d'exploration et d'opération minières». Je suppose que,
lorsque Joe Mann s'est mise à mal aller, il y a eu radiation parce que
ça... Quels sont les motifs de la radiation?
M. Murphy: Non. Je pense que la radiation touche un mandat
beaucoup plus large. On ne parle pas que de Joe Mann, à ce
moment-là. Je vais tenter de vous brosser le tableau de la connaissance
que j'ai sur le dossier minier. La Société de...
M. Chevrette: Non, non, non. Excusez, là. On ne se mentira
pas, personne. Je sais bien que ce n'est pas ça que vous voulez faire,
mais prenez la page 23, là: Projet d'exploration, 14 000 000 $. Mine Joe
Mann...
M. Murphy Oui.
M. Chevrette: ...12 000 000$, une radiation de 12 000 000 $
d'actifs. Moi, je n'invente pas ça, là.
M. Murphy: C'est ça.
M. Chevrette: Je le lis dans vos rapports, là. (15
heures)
M. Murphy: C'est ça. Moi, je prenais le total des 2, la
grande radiation qui était l'ensemble... La
décision qui a été prise par la
société de développement, c'était de se retirer
complètement de ce que j'appelle l'opération minière.
C'est-à-dire qu'il existait, au Québec, des gens dans
l'opération, qu'on pense à SOQUEM, qu'on pense à d'autres.
La Société a pris une décision de se retirer de
l'exploitation minière. Et ça, je pense que c'est directement la
décision qui a amené la Société à regarder,
à partir de ce matin-là, ce qu'elle avait comme potentiel
d'investissement et non plus en termes d'opération. Et faut-il dire que
tenter d'opérer Joe Mann, à ce moment-là, à partir
de Montréal comme ça s'est fait...
M. Chevrette: O.K.
M. Murphy: ...on l'a tous décrié.
M. Chevrette: Mais est-ce que vous pouvez vous engager, M. le
président, par l'intermédiaire du président de la
commission... Écoutez, c'est les deniers de l'État, ça,
quand même.
M. Murphy: Exact.
M. Chevrette: La Société de développement de
la Baie James, la SEBJ, Hydro-Québec, je pense qu'on a une petite part
d'actions dans ça, nous autres. On doit être en mesure de savoir,
indépendamment du fait que vous n'y soyez pas à ce
moment-là... Ce n'est pas une question de faire le procès...
M. Murphy: Non, non.
M. Chevrette: Je veux savoir combien il y a de sous d'engloutis
dans cette aventure minière. Je veux savoir combien d'actions au
complet, là, pas des chiffres à peu près. Si c'est 30 000
000 $, c'est 30 000 000 $; si c'est 20 000 000 $, c'est 20 000 000 $. Je ne
veux pas inventer de chiffres, là, mais on nous dit que c'est beaucoup
de sous. Je veux savoir exactement combien il y a eu d'argent d'investi dans
cette aventure minière. Et, quand vous l'avez vendue pour 2 000 000 $ et
quelques, équivalant à 1 400 000 $ à peu près en
valeur réelle, là...
M. Murphy: Plus 2 500 000 $, quand même...
M. Chevrette: Oui.
M. Murphy: ...comptant, là.
M. Chevrette: Et la radiation de 12 000 000 $, ça doit
être des pertes, ça?
M. Murphy: C'est des pertes, effectivement.
M. Chevrette: Donc, on veut avoir le portrait exact. Je pense
qu'on doit être capable, là...
M. Murphy: Oui, je pense...
M. Goyette: M. le Président, on pourra fournir, là,
un état de la situation d'il y a, je ne sais pas, 10 ou 14 ans à
aujourd'hui dans le dossier Joe Mann-Campbell. Ça, ça prendra
peut-être pas un retour de télécopieur, mais quelques
jours. On va le faire faire avec l'aide de nos...
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez aussi, en même
temps, dans ce cas-là... Les projets d'exploration, c'est gros,
ça, 14 000 000 $.
M. Murphy: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez donner une certaine forme
de ventilation, en tout cas, même si elle n'est pas
détaillée, au moins grossière, pour qu'on sache un
peu...
M. Murphy: Oui. D'ailleurs je pense qu'il sera facile, d'abord,
de vous faire le tableau de ce qui reste à la société de
développement en termes de propriétés, d'ententes, parce
qu'il y a quand même aujourd'hui des valeurs qui sont relativement
grandes, en termes de valeur d'actions que détient la SD. Je pense au
dossier MSV que nous venons de régler à Chibougamau. Bien, il est
évident qu'on a vendu la moitié des actions de Campbell, il y a
quelques mois, pour pouvoir repartir les mines de Westminer à
Chibougamau, et on a acheté ces actions-là à 0,24 $.
Aujourd'hui, elles doivent valoir 2,40 $. Donc, il y a tout un profil beaucoup
plus large que je ne demande pas mieux que de vous...
M. Chevrette: Ça veut donc dire qu'à la mine
Campbell vous n'avez que 50 % de ce que vous aviez gardé.
M. Murphy: Moins que ça maintenant. Il nous reste à
peu près 125 000 actions dans Campbell.
M. Chevrette: Non, mais je veux dire par rapport à ce que
vous aviez laissé au moment du démantèlement de Joe
Mann...
M. Murphy: Oui.
M. Chevrette: ...pour aller vous bâtir, c'est-à-dire
une vente à Campbell et un poste de direction; sur cet actif-là,
il vous reste à peine 50 % ou à peu près.
M. Murphy: Beaucoup moins. Sur 2 800 000 actions en gros...
M. Chevrette: Oui.
M. Murphy: ...il nous en reste 120 000. C'est à peu
près 1 % du capital.
M. Chevrette: Et vous conservez quand même votre poste au
conseil?
M. Murphy: On le conserve parce que je pense que les gens, au
niveau de Campbell, ont reconnu avec le temps que le fait d'avoir quelqu'un qui
vient du secteur et qui est capable de donner l'heure juste, ça a une
valeur. Faut-il comprendre que Campbell est une société qui
était contrôlée à partir de Dublin, en Irlande, avec
plusieurs membres du conseil d'administration américains, et que non
seulement les Canadiens, mais les Québécois, on était
complètement évacués de ce conseil-là. Alors, pour
nous, une des valeurs, ça a été d'intégrer un
conseil et d'influencer le contenu québécois dans les
démarches qui...
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes un membre nommé
par le gouvernement?
M. Murphy: Oui. Vous voulez dire...
M. Chevrette: Par arrêté en conseil ou bien
par...
M. Murphy: C'est-à-dire comme président de la
Société ou comme...
M. Chevrette: Non, comme membre du conseil d'administration de
Campbell.
M. Murphy: Non.
M. Goyette: Non, c'est le conseil d'administration de la
Société qui délègue.
M. Murphy: C'est-à-dire que je suis nommé à
l'assemblée des actionnaires. Il n'y a pas d'obligation, mais ils me
mettent sur la «slate» et, à l'assemblée annuelle, je
suis élu au conseil comme un membre du conseil d'administration.
Autofinancement
M. Chevrette: page 8. ce ne sera pas long, c'est parce que c'est
compliqué, votre affaire. à la page 21 de votre rapport annuel
1991-1992, vous allez m'expliquer le paragraphe en haut, les conventions
comptables, infrastructures, entre autres la phrase suivante: «au cours
de l'exercice terminé le 31 décembre 1985, une dévaluation
de 7 526 000 $ a été enregistrée afin d'en refléter
la valeur de réalisation.» vous allez m'expliquer ça,
d'abord, dans un premier temps. ça veut dire quoi, ça? parce que
c'est dans votre rapport de 1992. moi, voici ce que j'ai
interprété, je vais vous le dire, comme profane. vous arrivez
à un déficit de 4,4 %, l'année dernière. vous avez
dit 96 % tantôt, mais, plus précisément, c'est 94,6 %. mais
ça, peu importe, c'est juste pour vous montrer qu'on vous
écoute.
On dirait qu'il y a une justification à partir du passé, y
compris dans le mot du directeur général qui dit à peu
près ceci je vais me retrouver: «Sur le plan financier, la
SDBJ tend à l'autofinancement de ses activités. Le présent
exercice...». C'est lui qui affirme ceci: «...l'obligation de
rembourser une dette de 3 000 000 $ devant initialement être
absorbée par le gouvernement du Québec sont principalement
responsables de cette situation.»
Donc, on voit qu'il y a une justification tout au long de votre rapport,
que vous essayez de justifier que, si vous ne vous êtes pas
autofinancés, c'est parce qu'il y a du monde qui n'a pas
été correct en cours de route, y compris le gouvernement qui
initialement devait vous donner 3 000 000 $. Et il y a dévaluation... Je
voudrais que vous fassiez le rapport entre ça et les 3 000 000 $ que le
gouvernement devait vous payer, puis qu'il n'a pas payés.
M. Goyette: Je pense qu'on va commencer par la question des 3 000
000 $.
M. Chevrette: Correct.
M. Goyette: Étant donné que notre directeur
général fait partie d'un comité mixte, il pourrait nous en
expliquer et la composition et le pourquoi.
M. Létourneau: M. Murphy me corrige au fil du temps.
Merci. Au moment de la démobilisation, quand le gouvernement a
décidé de démobiliser la Société de
développement de la Baie James, il a fait une évaluation des
coûts, des dettes de la Société et avait
déterminé je pense que c'est de l'ordre de 17 000 000 $
le coût de la dette à rembourser pour liquider la
société de développement. Et il était prévu
qu'il y avait des versements annuels pour rembourser cette dette-là.
Quand on parle des 3 000 000 $, c'est que, entre la période
annoncée de démantèlement, de démobilisation de la
Société et toutes les discussions qui ont mené à
l'idée de la reprise de la Société et de la
réorganisation en région, les versements ont été
faits. Entre le moment où la société de
développement M. Murphy le disait tantôt est
passée des Affaires municipales sous l'égide de l'Énergie
et des Ressources, il y a eu 3 000 000 $ qui étaient là, qui
n'ont pas été transférés à la
société de développement à cet
égard-là. Parce que, là, on parlait d'un montant d'argent
pour démobiliser la Société et il y avait, à ce
moment-là, toute la volonté de restructurer la
Société. À partir du moment où on est entré
en jeu, si on veut, avec le plan de développement, la nouvelle vision de
réorganisation et tout ça, on composait avec, effectivement, 3
000 000$ qui devaient venir appelons ça ainsi de cette
succession-là, mais qui ont plutôt été
intégrés dans un objectif d'autofinancement de la
société de développement.
M. Chevrette: Ça fait partie des 60 000 000 $ de
déficit accumulé?
M. Létourneau: Oui, on peut dire ça. Les 60 000 000
$ prennent leur source au moment de la création de la
société de développement, où le gouvernement avait
dit: On s'engage à verser 10 000 000 $ par année pendant 10 ans
à la Société. Et, après 6 ans, le gouvernement a
arrêté. Il a jugé que la Société avait
suffisamment d'argent pour vaquer à ses occupations ou à son
financement sans ça. Mais c'est beaucoup plus tard, là.
Là, je vous parle au moment de l'annonce de démobilisation. On a
évalué la dette à 17 000 000 $ dans ce temps-là.
Entre toutes les discussions qui ont mené peut-être sur une
période de 4 ans à la volonté de réorganiser
en région, il y a 3 000 000 $ qui n'ont pas suivi, si on veut
caricaturons ça entre le ministère des Affaires
municipales et celui de l'Énergie et des Ressources, et qui ont
plutôt fait l'objet d'un objectif d'autofinancement qui était
intégré dans ça.
Si on le retrouve dans ce rapport annuel d'activité, c'est
simplement que nous, quand on est arrivés à la
Société, à ce moment-là, il y avait,
évidemment, comme vous dites, tout l'héritage du passé,
dans le fond, de la Société qui est là. Et c'était
aussi de démêler ça parce que c'est effectivement
complexe et d'arriver à bien camper la Société pour
les 5 prochaines années, à partir du plan de développement
où on avait mis cet objectif-là. Donc, on parlait
d'autofinancement à 95,6 % ou d'un déficit de 4,4 %. Mais c'est
là qu'ils se situent, ces 3 000 000 $. (15 h 10)
M. Chevrette: Pour l'année 1992-1993, est-ce qu'il y a un
déficit?
M. Létourneau: D'opération ou si vous voulez dire
les 3 000 000 $?
M. Chevrette: bien, vous avez déclaré, dans votre
rapport de 1991-1992, que vous avez 4,4 % de déficit d'opération.
est-ce que vous en avez un en 1992-1993?
M. Létourneau: Oui, plus petit que ça. M.
Chevrette: Combien?
M. Létourneau: Sauf erreur, de l'ordre de 2 % et quelques,
sous réserve. Je peux vous...
M. Chevrette: Puis, l'année passée, ce
n'était pas 3 000 000 $; donc, c'est quoi?
M. Létourneau: Non, mais il y a toujours ces 3 000
000$.
M. Chevrette: Vous les traînez, là? M.
Létourneau: Oui, c'est ça.
M. Chevrette: Vous justifiez pour combien sur le déficit
de 2 % et quelques?
M. Létourneau: Ce qui est arrivé, c'est que,
là... Je vous donne un exemple: 3 000 000 $ qu'on doit financer; mettons
«rough» 350 000 $ ou 400 000 $, les taux d'intérêt
ajoutés, puis tout ça. Les 3 000 000 $, évidemment,
coûtent moins cher à financer. Donc, ça aide
considérablement à réduire le déficit en utilisant
le même barème, si on veut, là. Mais, la
société de développement, son objectif, dans le plan de
développement, d'autofinancement, évidemment, c'était de
mettre sur pied une structure qui ferait en sorte qu'avec des ententes de
services, comme on vous disait tantôt, avec Hydro-Québec on
augmenterait le chiffre d'affaires et, donc, qu'on pourrait, à
même l'augmentation du chiffre d'affaires, arriver à
résorber ce déficit-là. Ce que je peux vous dire, c'est
qu'on est en voie de le faire. On avait fait, à ce moment-là, des
perspectives d'un plan quinquennal de financement et on avait identifié
que, à partir de la quatrième année, on pourrait faire des
surplus.
M. Goyette: Et, dans nos prévisions de cette année,
on devrait avoir un léger surplus pour la première fois. Pour
répondre à...
M. Chevrette: On va se parler de ça tantôt. Revenons
à la page 21, à la phrase que je vous ai citée. Quelle est
la justification de cette référence, au 31 décembre 1985,
à une dévaluation? C'est dû à quoi?
M. Goyette: Moi, je vais répondre comme je le comprends et
je vais demander au directeur des services administratifs si je ne suis pas
juste. On a fait des travaux pour 407 000 $, comme vous voyez. Il y avait 400
000 $ qui avaient été payés par la SEBJ. Donc, il y avait
une différence de 7500 $ dans nos livres. Quand la
Société...
M. Chevrette: Ce n'est pas des millions, ça, monsieur?
M. Goyette: Des millions, des millions.
M. Chevrette: O.K. C'est parce que je ne vous trouvais pas
très haut, là. Ha, ha, ha!
M. Goyette: Quand il y a eu une décision, disons, d'abolir
ou de diminuer grandement les activités de la Société,
dans ce temps-là, il y a une transaction qui a été faite,
une convention comptable qui faisait disparaître la balance aux livres de
ces actifs. C'est une radiation. Quand on est pour fermer une compagnie, on
radie ce qui reste, ce qui n'a pas été réinstallé,
disons, après la nouvelle décision de continuer les
activités de la Société.
M. Chevrette: Est-ce que ça faisait partie, ça, de
l'étude du comité dont parle, en page 8, votre directeur des
infrastructures: «Conformément à son mandat, la SDBJ met
ses infrastructures routières et aéroportuaires
à la disposition d'Hydro-Québec», etc.?
M. Létourneau: Quand on vous parlait tantôt du
comité de gérance de la route, c'est effectivement ça.
Pour opérer cette route-là, pour gérer ça,
Hydro-Québec et la SEBJ ont décidé de confier ce
mandat-là à la Société de développement de
la Baie James, donc, sous l'égide du comité dont on vous parlait
tantôt, et les frais d'entretien, de rénovation, de
réparation ou peu importe appelons ça comme ça
de la route sont assumés par Hydro-Québec et la SEBJ et
gérés par ce comité-là, le comité de
gérance de la route, qui est constitué de membres
d'Hydro-Québec, de la société d'énergie et de la
Société de développement de la Baie James.
M. Chevrette: Tantôt, M. le Président de la
commission, je vous ai demandé que la SDBJ nous fasse parvenir la
politique salariale.
Le Président (M. Joly): Je l'ai pris en note,
monsieur.
M. Chevrette: J'apprécierais que vous nous fassiez
parvenir également la masse salariale entre cadres et employés
pour qu'on puisse avoir une idée comment ça se compare avec
d'autres sociétés d'État.
M. Goyette: M. Chevrette, pour quelle année vous parlez,
là? Pour l'année que nous discutons dans le moment?
M. Chevrette: Donnez-moi les 2 dernières, là.
Ça doit évoluer au même rythme que le gouvernement?
M. Goyette: Cette année et l'année
passée.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes liés par... Bien,
étant donné qu'il y a eu des ajustements salariaux avec
l'État depuis 2, 3 ans, il serait peut-être intéressant de
voir évoluer votre masse conformément à l'évolution
de la masse salariale de la fonction publique. Donc, on pourrait
peut-être rétroagir de quelques années pour voir si vous
avez suivi le même rythme ou pas des directives du Trésor, par
exemple.
M. Goyette: C'est bien. M. le Président, nous allons
fournir ce rapport.
M. Chevrette: C'est un peu pour faire les comparaisons. Bien
sûr que, s'il y a des variations d'employés, vous les noterez.
M. Goyette: D'accord.
Le Président (M. Joly): Je vois que M. Létourneau
prend les mêmes notes que nous, ici. Alors, on pourra toujours, s'il y a
des doutes quant aux documents requis, communiquer avec le secrétariat
de la commission.
Politique d'embauché (suite)
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a des coutumes ou des pratiques
d'embauché du personnel ou si c'est laissé au bon vouloir du
moment?
M. Goyette: Je ne comprends pas la question, M. Chevrette.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez une politique
d'embauché?
M. Goyette: Est-ce qu'il y a une politique d'embauché?
Oui. Est-ce que vous parlez plutôt des cadres ou en
général?
M. Chevrette: En général.
M. Goyette: Oui, il y a une politique d'embauché.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez déplacé tout
votre personnel de Montréal vers les 3 bureaux ou presque?
M. Goyette: Non.
M. Chevrette: Combien il vous en reste à
Montréal?
Une voix: II n'y en a plus.
M. Chevrette: II n'en reste plus, bon.
M. Goyette: II n'y a plus personne à Montréal.
M. Chevrette: Maintenant, quand vous avez à employer,
quelle sorte de grille, de critères avez-vous? Supposons que c'est un
employé de soutien, priorité est donnée aux
employés de la place, oui ou non?
M. Goyette: Je pense que M. le directeur...
M. Létourneau: Oui? O.K. Exemple, bon, quelqu'un pour
travailler sur la route, supposons que ça prend un ingénieur.
Bon, bien, on va en affichage public pour dire: Voici, la société
de développement requiert un ingénieur pour telle, telle et telle
fonctions. Le lieu de travail: Matagami, Radisson ou Chibougamau, par exemple.
Les conditions sont x, y, z selon la politique de rémunération
qu'on va vous faire parvenir et toutes ces données-là. À
partir de là, il y a la même procédure, c'est-à-dire
le comité de sélection avec le service de la direction des
ressources humaines. Règle générale, à
compétence égale, par exemple, on va favoriser des gens de la
région, c'est clair, parce que, compte tenu que, nous, on reste en
région, qu'on habite en région, vous savez comme moi que c'est
beaucoup plus facile...
Dans le fond, je vais présenter ça
différemment.
La problématique qu'on vit, le principal écueil, c'est
l'acclimatation à la région. Est-ce que, par exemple, un cadre ou
une cadre qui va venir en région va aimer ça vivre dans le Nord?
Parce que c'est particulier. Est-ce que le conjoint ou la conjointe ou les
enfants vont trouver leur compte là-dedans? Donc, c'est au départ
beaucoup plus facile d'intégrer quelqu'un qui vient de la région
ou des 2 régions limitrophes; je pense à l'Abitibi...
M. Chevrette: Et au niveau des professionnels?
M. Létourneau: c'est la même chose pour tout le
monde, ce que je vous dis, là. et on a un taux de rotation de personnel,
contrairement peut-être à différents ministères, par
exemple, ou à d'autres sociétés, qui se situe
avantageusement autour d'à peu près 1 % ou 2 % ou 3 %.
M. Chevrette: Question directe: Vous faites-vous imposer des
choix de professionnels, oui ou non?
M. Létourneau: Réponse directe: Non, absolument
pas.
M. Goyette: Jamais! Moi, je vais vous dire, ça fait 3 ans
que je suis là, presque 3 ans, et je dois être fier parce que je
dis aux gens: Je n'ai jamais eu un téléphone ou une remarque pour
me dire que tel et tel professionnels devraient être
considérés.
M. Chevrette: Avez-vous une politique...
M. Goyette: Ça, c'est mon cas, M. Chevrette, M. le
Président.
Politique d'octroi de contrats
M. Chevrette: Oui, je ne le nie pas, je n'ai pas le droit.
Avez-vous une politique d'octroi de contrats?
M. Goyette: Absolument!
M. Chevrette: Est-ce qu'elle est écrite?
M. Murphy: Oui, vous l'avez dans la pochette.
M. Chevrette: On vient de l'avoir, là. Je ne l'ai pas eue,
moi, la politique d'octroi de contrats. D'après ce que je peux voir,
vous avez peu d'employés. Donc, vous êtes des gens qui donnez
beaucoup de contrats ou de sous-contrats. Dans certains cas, c'est des
sous-contrats. D'ailleurs, vous allez m'expliquer ça tantôt. C'est
parce qu'on remarque des firmes de l'extérieur qui ont beaucoup de
contrats. Là, je vais vous demander de me définir c'est quoi,
ça, LB ou BL, plus tard. Il y a beaucoup de contrats à BL ou LB,
je ne me rappelle plus trop, trop, et ce n'est pas des gens du milieu,
ça. Donc, c'est pour ça que je vous demande si vous avez une
politique d'octroi de contrats. J'aimerais qu'on l'ait. Quelle est votre
procédure, vous autres, quand vous avez un sous-contrat ou un contrat
à donner? Pour les besoins de la cause je ne l'ai pas lue
je veux que ça soit consigné ici. (15 h 20)
M. Létourneau: Bon. On vous a donné...
Évidemment, on vous l'a donnée, là. Vous n'avez
effectivement pas eu le temps de la lire.
M. Chevrette: Je viens de l'avoir, les articles 20 à
32.
M. Létourneau: Je comprends ça. Rapidement, pour
vous l'expliquer, quand on octroie des contrats il y a les contrats de
services ou d'acquisition de biens, mais j'imagine qu'on parle de contrats de
services on a une politique qui tend à favoriser les
entrepreneurs régionaux, c'est-à-dire qu'on est également
soumis à de l'affichage. Bon, par exemple, on est soumis à
l'affichage public pour des contrats de tel type, et il y a des affichages qui
sont soit régionaux, soit provinciaux, dépendamment du volume ou
de l'ampleur du contrat. Au moment où on donne le contrat, par exemple,
on stipule que, pour avoir le contrat, au moment de la signature du contrat, la
firme X, Y ou Z qui obtient le contrat par appels d'offres publics doit faire
en sorte de régionaliser une partie de ses activités ou
d'être en région. Et on a identifié quelques
créneaux, c'est-à-dire que la firme qui a le contrat doit nous
prouver ou nous démontrer que l'endroit où on fait les paies,
où on traite les plaintes... qu'il y a un service d'affaires en
région. C'est comme ça qu'on les fait, par appels d'offres
publics.
M. Chevrette: Mais... Je ne sais pas. Vous savez que des
règles écrites, ça, c'est beau dans les faits, mais, quand
on regarde certains volumes...
Politique d'embauché (suite)
Mais, avant, je vais vous poser la question: Est-ce que vous tenez
compte de la prime d'éloignement dans vos contrats? Au niveau de la
SDBJ, si vous engagez quelqu'un, est-ce que vous comparez son salaire avec une
prime d'éloignement comme ça se fait dans d'autres secteurs du
public, parapublic, par exemple?
M. Létourneau: C'est parce que là on n'est pas...
Là, vous êtes dans les ressources humaines.
M. Chevrette: Oui. Là, je reviens aux ressources humaines.
Je vais revenir aux contrats. C'est parce que j'ai oublié cette
question-là au niveau des salaires.
M. Létourneau: O.K. Quand on...
M. Murphy: Je pense que, dans la question de la prime... Il me
fait plaisir que vous posiez la question
parce que je crois que nous sommes probablement la seule
société d'État, paragouvernementale ou gouvernementale,
où, au nord... On a une prime d'éloignement, chez nous, de
l'ordre de 2435 $ par année qui est là depuis 1976, qui n'a
jamais été indexée. Et je pense que c'est facile... Si
vous comparez ça avec le monde de l'éducation, de
l'hôpital, on parle plutôt de l'ordre de 7000 $ ou autres. Nous, on
a volontairement, au niveau du conseil, tenté d'abolir cette notion de
prime là parce que ça vient fausser un peu le débat du
territoire. C'est que les gens qui se déplacent pour une prime sont
habituellement des gens qui ne restent pas longtemps. Ce n'est pas des gens qui
ont opté de vivre dans le Nord; c'est des gens qui sont venus chercher
une prime pour faire quelques bonnes années et s'en retourner
après. Donc, nos employés ont effectivement une prime
d'éloignement. Quand je pense aussi...
M. Chevrette: Y compris ceux localement embauchés?
M. Murphy: Ah oui.
M. Chevrette: Tout le monde a la prime de 2400 $.
M. Murphy: Tout le monde a la prime dans le secteur de Matagami,
Lebel-sur-Quévillon, Chibougamau, 2435$ par année, et, quand on
se situe au niveau de Radisson, nous avons la politique dite gouvernementale
qui est là. Et je vous dis que notre tendance est aussi, avec le temps,
à abolir ça, à ramener ça à une approche
salaire qui fait que les gens vont venir au nord pour d'autres choses que pour
une garantie d'un retour sur un emploi ailleurs ou une prime.
M. Chevrette: O.K. pour ça.
M. Murphy: Je ferais peut-être allusion, M. Chevrette,
à une école de pensée qui a circulé dans le Nord
pendant quelques années, quand on parlait, par exemple, de la permanence
de Radisson. Un certain temps, on a senti la volonté gouvernementale
d'occuper le Nord, de l'occuper avec une approche de permanence. Sauf qu'au
lieu de le faire d'une façon rattachée à l'économie
du milieu on a plutôt tenté de le faire avec, j'appelais ça
ainsi dans le temps, une économie de fonctionnaires. On a pensé,
par exemple, à amener moult fonctionnaires pour conserver Radisson, mais
une économie de fonctionnaires, ça n'existe pas. Les
fonctionnaires sont là pour donner un service à quelqu'un d'autre
et le quelqu'un d'autre n'était pas là.
La nouvelle approche vise beaucoup plus à développer une
économie rattachée à l'aéroport, rattachée
à des services qui sont plus au nord, à intégrer le monde
à l'emploi d'Hydro. Parce que vous savez qu'on a livré, à
Hydro, beaucoup de débats sur la question de l'embauche. La
prévision sur le 8-6 à partir de Montréal, on s'y est
attaqués férocement en région, parce qu'elle faisait en
sorte que, si nos jeunes voulaient travailler à la Baie James, ils
auraient dû, dans cette philosophie-là, déménager
à Montréal pour pouvoir travailler au nord. Donc, on a
gagné avec ça un peu de régionalisation vers les
régions limitrophes, mais l'autre pas, même au niveau de
Québec, c'est de les convaincre qu'installer des gens à Radisson
en permanence, c'est économique et rentable avec un horizon à
long terme.
M. Chevrette: Quelles sont les pratiques concernant le
fonctionnement des bureaux locaux? Par exemple, à Matagami, Chibougamau,
Radisson, il y a des pratiques, il y a des politiques de gestion entourant ces
centres-là. Est-ce qu'ils sont autonomes, les 3? Ils sont sûrement
chapeautés par...
M. Goyette: Par la direction générale.
M. Chevrette: ...la direction générale, mais est-ce
qu'ils ont une vie autonome au niveau de chacun des sous-centres? Ce n'est pas
connu du tout, ça.
M. Létourneau: Je suis content que vous demandiez
ça parce que c'est, je dirais, le principal défi qui m'a
amené personnellement, comme directeur général, dans le
Nord, connaissant d'abord la structure parce que j'avais travaillé
à la municipalité de la Baie James. Mais ce n'est pas simple et
ça prend un degré, je pense, d'innovation pour arriver à
gérer si peu de gens vous l'avez dit tantôt dans un
territoire aussi immense, à partir de 3 bureaux.
Ce qu'on a fait, c'est qu'on a distribué les différents
services en fonction des champs de responsabilité. Par exemple, je vous
donne un exemple de la gestion de la route de Matagami, LG 2 et les
aéroports. C'est clair que, sur 600 km et quelques de routes, il y a du
personnel qui est situé à Radisson et il y a aussi du personnel
qui est situé à Matagami; dépendamment des points de
gestion ou des secteurs d'activité, il y a des directions de service qui
fonctionnent en relais, si on veut, pour assumer le travail à cet
égard-là. Et, à partir de Chibougamau, il y a d'autres
notions aussi et d'autres services qui sont offerts là. Ce que ça
demande, ça demande une autonomie et une imputabilité de chacun
de ces pôles-là et de chacun des directeurs de service, c'est
clair, et des employés qui y travaillent. Et aussi ça demande une
intégration et une connaissance rapide ou simultanée presque des
différentes données et des opérations de gestion. Donc, on
est en train actuellement de construire 3 réseaux locaux, si on veut,
qui vont constituer un grand réseau dans l'ensemble du territoire de la
Baie James.
C'est d'autant plus intéressant qu'au niveau de la technologie ce
n'est pas simple parce que, bon, dans des villes urbanisées, c'est
facile de parler d'un réseau téléphonique, des modems,
etc. Mais quand on pense qu'à Radisson il n'y avait pas, jusqu'à
tout récemment parce que je ne veux pas dire qu'ils ne l'ont pas
encore le réseau 1-800, par exemple, ou des réseaux
qui font en sorte qu'on pourrait avoir des économies
substantielles au niveau des appels téléphoniques...
La poste, par exemple, qui est beaucoup plus lente. Purolator, Dicom ou
ces firmes-là n'opèrent pas de la même façon.
Souvent, ça peut prendre 1 semaine avant que des documents arrivent.
Ça demande toute une gestion qui est très différente et
qui est stimulante aussi en même temps à cause des acteurs qui
sont les différentes personnes, les secrétaires, les cadres, tout
le monde qui travaille à cette gestion-là, et aussi de toute la
dynamique, la problématique reliée à l'ensemble des
régions. C'est un peu comme ça que ça fonctionne,
rapidement, pour faire un topo, là. Chacun des pôles est vraiment
décentralisé en fonction de sa situation stratégique et
géographique.
M. Chevrette: Mais la politique d'embauché est la
même pour chacun...
M. Létourneau: Ah, oui, oui. M. Chevrette: ...des
sous-centres.
M. Létourneau: Oui. Il y a une politique d'embauché
générale, si on veut, et un des facteurs de réussite,
quand je vous parlais de mobilité du personnel, chose qu'on ne sent pas,
nous, c'est que, quand on a besoin de quelqu'un, par exemple, puis que le poste
est à Radisson ou à Matagami ou à Chibougamau, lorsqu'on
affiche le poste, c'est écrit: travailler pour la société
de développement, poste X, Y, l'emploi est situé à
Matagami, à Chibougamau ou à Radisson. Donc, les gens qui
postulent à ce poste-là savent où ils vont et savent
où ils vont travailler. Il n'y a personne chez nous, comme M. Murphy le
disait tantôt, qui va aller à la société de
développement en souhaitant par après, quand il a obtenu sa
permanence, lire un tableau d'affichage et se faire pistonner dans sa
région d'origine ou ailleurs, comme on le voit souvent dans les grosses
sociétés. (15 h 30)
Politique d'octroi de contrats (suite)
M. Chevrette: Revenons aux contrats que vous octroyez. En vertu
de l'article 5.2 de la Loi sur le vérificateur général, ce
que je comprends, c'est que vous êtes exemptés des règles
générales d'application dans ce secteur-là. En retour,
cependant, vous devez afficher vos politiques. Moi, je voudrais savoir...
À la lecture même de votre grille d'analyse que vous nous
décrivez entre les articles 20 et 30, ce que vous venez de nous passer,
ça ne justifie pas que vous procédiez sans appel d'offres.
Pourriez-vous m'expliquer pourquoi vous procédez sans appel d'offres,
dans certains cas?
M. Létourneau: Pour les contrats de services, on
procède par appels d'offres.
M. Chevrette: Les contrats en général. Je ne vous
ai pas parlé plus de services. Vous donnez des contrats. Il y a des
contrats qui ne sont pas soumis à des appels d'offres. Pourquoi?
M. Létourneau: En bas de 10 000 $, je pense,
peut-être...
M. Chevrette: Beaver Asphalt, c'est pas mal plus haut que 10 000
$.
M. Létourneau: Non, mais c'est pour ça que je vous
dis que l'ensemble des contrats qui sont donnés par la
Société...
M. Goyette: C'est toujours en soumissions. M.
Létourneau: ...c'est en soumissions. M. Goyette: Je ne peux
pas voir l'exemple...
M. Chevrette: Dans le cas de la construction de la route du Nord,
pourquoi vous n'êtes pas allés en soumissions?
M. Goyette: Dans le cas de la construction de la route du Nord,
ce n'est pas nous qui avons attribué les contrats.
M. Chevrette: C'est qui?
M. Goyette: C'est le ministère des Transports.
M. Chevrette: Quelle entente avez-vous avec le ministère
des Transports?
M. Goyette: On a une entente qui dit que nous sommes les
emprunteurs-payeurs.
M. Chevrette: Comment?
M. Goyette: Nous sommes les emprunteurs-payeurs et nous payons;
c'est dit noir sur blanc.
M. Chevrette: C'est vous autres qui payez la route du Nord.
M. Goyette: Nous payons la route du... Nous empruntons l'argent
nécessaire pour le gouvernement du Québec et nous payons sur
demande du ministère des Transports ce qui a à être
payé hebdomadairement ou sur demande. Est-ce que vous avez une copie de
ce contrat-là?
M. Chevrette: Non, non, on veut l'avoir.
M. Goyette: Ah! Ça va me faire plaisir de vous...
M. Chevrette: Ce n'est pas pour rien que je vous
pose des questions.
Une voix: On en prend note.
M. Goyette: Bien, c'est parce que c'est un document qui est
public.
M. Chevrette: C'est parce que je manque... Si je l'avais lu et si
j'étais satisfait, je ne vous poserais pas la question. C'est parce que
ça a fait l'objet, un petit peu, de parlote, cette histoire-là.
Vous êtes des emprunteurs-payeurs et vous n'avez aucun contrôle sur
l'octroi du contrat. C'est bien ça?
M. Létourneau: C'est ça.
M. Chevrette: On vous dit: Tu paies la route et c'est nous autres
qui choisissons le contracteur. «C'est-u» ça?
M. Goyette: Le contracteur a été choisi... Je pense
que ce serait une longue histoire et je vais laisser la partie légale
vous l'expliquer, parce que, dans la Convention de la Baie James...
M. Chevrette: J'aimerais mieux la partie politique. ..
M. Goyette: Bien, moi, je vais...
M. Chevrette: ...ou administrative. Ça revient au
même. Politique et administration, pour moi, c'est...
M. Goyette: Dans la Convention de la Baie James, il y avait
certaines choses...
M. Chevrette: Avec un grand P, je voulais dire.
M. Goyette: ...à réaliser et, dans ces
réalisations-là, il y avait la route du Nord, comme il y avait la
route de Wiminchi et d'Eastmain. Et le gouvernement ou le ministère
devait je pense qu'il y a une parole, comment on dit ça?
avantager prioritairement les autochtones ou les sociétés
autochtones. La décision a été faite... Ça, ce
n'est pas la société de développement. Nous, on a
été informés que le gouvernement avait
décidé de donner, dans un contrat négocié, à
Crée Construction la construction de cette route-là. Donc, la
Société n'a aucunement négocié avec Crée
Construction et n'a aucunement choisi Crée Construction.
M. Chevrette: Donc, le ministère des Transports...
M. Goyette: Ils rie les ont aucunement même
rencontrés pour en discuter. On n'a pas eu à rencontrer
Crée Construction. On a rencontré le ministère des
Transports...
M. Chevrette: Qui vous a dit: C'est Crée Construction.
M. Goyette: ...qui nous a dit que c'est Crée
Construction.
M. Chevrette: O.K. Puis Crée Construction, je suppose que
c'est eux autres qui pourraient nous expliquer le sous-contrat de Beaver.
Une voix: Avec ses sous-traitants, oui.
M. Chevrette: Et pourquoi ils n'ont pas été en
soumissions publiques? Ça, personne ne peut l'expliquer?
M. Goyette: Crée Construction pourrait peut-être
vous l'expliquer.
M. Chevrette: Bien, je suppose qu'elle a hérité du
contrat. Elle pourrait plutôt nous dire que ce serait Elkas qui devrait
nous expliquer la façon dont il l'a octroyé. Je suppose que
Crée était bien fière de l'avoir.
M. Murphy: Oui, évidemment. Je pense que c'est une vision
qui vient de l'approche faite autant par Hydro-Québec que le
gouvernement fédéral, qui tend à favoriser les
sociétés autochtones. Et cette route-là est
essentiellement une route qui... Dans l'entente de la Baie James, il y a un
endroit où on dit que le gouvernement s'engage à rattacher les
communautés entre elles, puis il est évident que les gens de
Nemiscau, au fait, devaient redescendre, faire, je ne sais pas, 500, 600 km,
faire le fer à cheval. Donc, la décision de la route, c'est une
décision qui... Le besoin de la route, ça vient de la
Convention.
M. Chevrette: Je vous arrête, M. Murphy. En vertu pas du
décret, mais de la décision, appelez ça comme vous
voudrez, de ce que vous nous avez déposé tantôt, il est
écrit que c'est vous autres qui avez le mandat des infrastructures
routières, aéroportuaires, etc. Comment m'expliquez-vous qu'en
vertu du nouveau mandat qui vous est donné, en 1989, vous
n?ayez pas décidé de l'appliquer? Parce que vous en
aviez le mandat écrit du ministère, du gouvernement; c'est vous
qui êtes responsables de ça, là, et là vous venez me
dire aujourd'hui que, pour la construction de la route du Nord, qui a
été donnée aux Cris par le ministère des
Transports, vous êtes des agents-payeurs et emprunteurs...
Des voix: Et collecteurs.
M. Chevrette: ...alors que, selon votre mandat que vous venez de
me donner, dans vos mains, en 1989, vous n'êtes pas des
emprunteurs-payeurs. Ce n'est pas ça que dit le gouvernement. Il dit que
vous êtes responsables et mandataires de toutes les infrastructures.
Comment vous pouvez concilier ça avec le décret de 1989?
Vous êtes là. Vous n'êtes pas des pantins. Ils vous ont dit
que vous renaissiez; après le grand vide de 1983 à 1987, vous
n'étiez plus des pantins qui ne faisaient plus rien, là. On vous
donne un rôle spécifique par décret gouvernemental. Vous me
déposez le décret vous-mêmes je vous remercie,
d'ailleurs, de l'avoir fait et il est bien dit que c'est vous autres qui
avez tout le développement, là. Puis, là, vous venez me
dire: En plus d'être emprunteur-payeur, moi, je paie, mais je n'ai rien
à dire. Ce n'est pas moi qui fais les soumissions, ce n'est pas moi qui
octroie les contrats; je paie béatement, indépendamment de ma
politique...
Vous nous avez déposé votre projet de politique; c'est
entre les articles 20 et 30. Vous avez pris la peine de me les
spécifier; comme j'ai la méthode Evelyn Wood, je peux lire assez
vite. C'est vous autres qui avez cette responsabilité-là. Vous
faites des appels d'offres publics, vous analysez les contrats, vous donnez des
contrats. Dans ce cas précis, c'est plusieurs millions de dollars, ce
contrat-là; comment m'expliquez-vous que vous vous contentiez du
rôle d'emprunteurs-payeurs, alors que, selon votre nouveau mandat de 1989
et votre politique d'octroi de contrats, c'est bel et bien établi
à la Société de développement de la Baie James?
M. Murphy: Je peux vous signaler peut-être M.
Létourneau pourra terminer compte tenu qu'il était
impliqué pour vous situer géographiquement,
historiquement, toutes les routes qu'entretient la Société de
développement de la Baie James; c'est le côté ouest, donc
la route Matagami-Radisson. Mais faut-il vous signaler que, pour tout le
secteur de Chibougamau allant vers Mistassini, le ministère des
Transports opère dans ce secteur-là avec un bureau, je ne sais
pas si c'est de district, mais c'est le seul secteur de notre territoire
où le ministère des Transports est effectivement impliqué
comme tel. C'est la seule structure au niveau de notre territoire. Donc, cette
route-là se situe dans un territoire qui était au
ministère des Transports.
Je pense qu'il n'y a pas de cachette que, quand le gouvernement nous a
demandé, à nous, de nous impliquer, c'était beaucoup plus
parce qu'il y avait une difficulté au niveau gouvernemental de
collecter, d'une part, les montants d'argent qui venaient du
fédéral, parce que le fédéral avait peur que
ça s'en aille dans le fonds consolidé de la province, et de
collecter en même temps Hydro-Québec et une entreprise
privée, qui est Barrette-Chapais, qui, elle aussi, fournit pour cette
route-là. C'est un peu parce que tout le monde faisait
l'unanimité en disant: Bien, si c'est la SD, il y a moins de risque que
les montants d'argent soient pris et envoyés dans le fonds
consolidé de la province. Et c'est à partir de là qu'ils
ont dit: La SD, pourriez-vous collecter, si le fédéral vous a
envoyé de l'argent, avez-vous objection? Parce que, dans les montants
d'argent qu'il y a là, il y a 25 000 000 $ qui viennent du
fédéral; à ma connaissance, il y a 10 000 000 $ qui
viennent d'Hydro-Québec, parce que, la route, ils s'en servaient pour
leurs lignes; et il y avait Barrette-Chapais qui fournissait. Donc, on est un
peu le regroupement, sur le plan financier, pour l'entrée d'argent de
tout le monde, et, à partir du fait qu'on avait l'argent, il est
évident qu'il faut le débourser. (15 h 40)
M. Chevrette: Mais le 22 octobre 1991, vous écriviez
à l'honorable Robert Bourassa c'est M. Goyette qui écrit
et vous lui disiez combien c'est important pour vous autres comme
société de développement, pour la communauté crie,
pour le secteur minier; vous argumentiez avec beaucoup d'insistance comme quoi
le gouvernement devait vous autoriser à faire cette route. Et on voit
par la suite, dans les documents qu'on a réussi à avoir ici et
là, un décret qui vous autorise, le 30 septembre 1992, à
toutes fins pratiques, à aller chercher plus d'argent, donc à
emprunter non pas x millions, mais à défoncer jusqu'à 40
000 000 $ votre marge de manoeuvre pour bâtir cette route. Moi, je suis
surpris parce que, sur le territoire, quand on fait un barrage
hydroélectrique ou qu'on développe une région, c'est
Hydro-Québec qui donne les contrats partout. Est-ce qu'on vous a
donné une explication rationnelle comme quoi la SDBJ ne devait pas
procéder elle-même à l'octroi des contrats? Est-ce qu'on
vous en a donné une, logique, là, à part de dire que le
contrat était pipé d'avance, puis qu'on savait d'avance à
qui irait le sous-contrat?
M. Murphy: Je peux peut-être, moi, vous donner une
explication. Je me souviens d'un temps où, nous autres, la
société de développement, nous avons ~efusé de nous
impliquer trop étroitement parce que ce dossier-là avec les Cris
cheminait déjà depuis plusieurs années, et c'était
une approche de contrats où l'aspect technique des travaux a
été avancé sans qu'on y soit; ça s'est toujours
fait avec le ministère des Transports. Et il est évident que
s'insérer à la dernière minute et prendre des
responsabilités sur le plan technique sans avoir participé aux
travaux sur le terrain... Parce que, pour une route de cette
longueur-là, vous vous imaginez bien qu'il y a eu beaucoup de
«specs» qui ont été faites dans les années
antérieures quand nous n'étions pas là et que le
ministère des Transports y était. Je me souviens personnellement
qu'on avait fait ajouter un article dans le protocole, l'article 2.1, qui
faisait en sorte qu'on ne voulait prendre aucun engagement sur le plan
technique parce qu'on n'avait pas participé à la construction des
plans et du suivi.
M. Chevrette: Mais, M. Murphy, quand on construit une route,
indépendamment de qui prépare les plans, les appels d'offres,
c'est conformément à des devis fixés par des
spécialistes que vous pouvez prendre n'importe où. Combien de
fois Hydro-Québec fait faire des devis par d'autres, par des firmes
spécialisées de l'extérieur, même si, parfois, et
souvent, elle a les professionnels pour le faire à l'intérieur?
Combien de fois on va en appels d'offres sur des devis qu'on a commandés
à des
professionnels X? Ce qui est inexplicable... Vous semblez me dire,
là: C'était paqueté d'avance, c'était
discuté longtemps d'avance et, pour ce contrat-là, il
n'était pas question de suivre la politique établie d'appel
d'offres officiel, c'était pipé d'avance. C'est un peu ça
que vous me dites dans votre réponse.
M. Murphy: Non.
M. Goyette: Je m'excuse, là, il ne faudrait pas nous
mettre des mots dans la bouche, parce que... Nous, on considérait...
M. Chevrette: Bien, ça, là, monsieur... M.
Goyette: Non, pipé d'avance.
M. Chevrette: Non, non, mais vous avez le droit de ne pas les
prendre, puis, moi, j'ai le droit de ne pas prendre vos réponses.
M. Goyette: On n'est pas impliqués dans le
«pipage», si vous voulez. En tout cas...
M. Chevrette: C'est d'autres qui ont pipé, là. M.
Goyette: ...ce n'est pas consciemment.
M. Chevrette: Si ça peut vous faire plaisir, on sent bien
que la pipe est ailleurs. C'est correct?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Goyette: Écoutez, on croyait, et on le croit encore,
que le ministère des Transports avait une responsabilité sur ce
territoire-là. Nous, notre objectif, c'est le développement
économique de la région Nord-du-Québec et surtout son
occupation par les allochtones. Et, si on veut le développer au point de
vue économique, on a besoin de cette route-là pour se rendre
à des mines très intéressantes.
M. Chevrette: Vous allez me...
M. Goyette: Le SaguenayLac-Saint-Jean aussi nous priait de
faire des démarches pour encourager le développement, la
construction de cette route. Donc, on l'a fait.
M. Chevrette: Mais, M. Goyette, vous allez me concilier ça
maintenant avec vos beaux voeux pieux, d'abord. Ça, c'est vous,
là. Si la pipe n'est pas de vous, là, les voeux pieux, c'est
vous. Comment conciliez-vous l'octroi de ce contrat et les sous-contrats
relatifs à cette route-là quand tout le monde que j'ai vu dans
votre région est en beau fusil du fait qu'il n'a même pas pu
«coter» comme sous-contractant et qu'il n'a pas pu travailler dans
le milieu? Expliquez-moi donc ça d'abord par rapport à vos bons
voeux. Parce que j'en ai rencontré des dizaines de contracteurs,
à Chapais, à Chibougamau, dans tout le
SaguenayLac-Saint-Jean, j'en ai rencontré en Abitibi, et ils
auraient aimé «coter» au moins sur des sous-contrats de
routes aussi longues; ils étaient capables de faire beaucoup de travaux
reliés à une immense route de ce genre, que ce soit sur le
chargement, sur le creusage, il y a beaucoup d'équipements, et le tout a
été confié à des Cris et, par ricochet, à
Beaver Asphalt. Expliquez-moi donc comment ça réalise vos bons
voeux de faire travailler les gens du milieu, M. Goyette. Il y a des limites
à me faire emplir.
M. Goyette: M. Chevrette, il y a des choses qu'on peut faire et
des choses qu'on ne peut pas faire.
M. Chevrette: Bon, bien, n'affirmez pas, au départ, que
c'était ça.
M. Goyette: II reste que ce qu'on a fait, c'est qu'on a
parlé nombre de fois au ministère des Transports et à
Crée Construction pour leur rappeler qu'il devrait y avoir un
encouragement à donner des contrats à nos gens locaux. Mais il
reste qu'on n'avait pas le pouvoir. Et vous savez, M. Chevrette, quand on n'a
pas le pouvoir, c'est difficile de faire exécuter...
M. Chevrette: C'est bien mieux de dire au départ: Nous
n'avons pas d'affaire dans ça, on s'est fait remettre à l'ordre,
que d'essayer de nous faire accroire que l'objectif de la SDBJ a toujours
été ça et qu'elle a réussi à faire en sorte
que ce soient les gens du milieu qui travaillent. Ne m'amenez pas la route du
Nord comme exemple de faire travailler les gens du milieu, s'il vous
plaît! Parce que j'ai 2 oreilles et je sais écouter et entendre.
Et je l'ai fait, ce Grand-Nord-là, moi, quasiment paroisse par paroisse,
et partout on m'a dit que c'était de la «bullshit». C'est
clair!
M. Goyette: Je ne sais pas qui vous a dit que nous avions
spécifiquement dit qu'on faisait travailler des gens sur la route du
Nord.
M. Chevrette: Ce n'est pas ça que je dis.
M. Goyette: Mais, la route du Nord, il ne faut pas oublier une
chose, c'est que ce n'est pas fait seulement pour le temps de la construction.
La route du Nord rapportera à l'économie du
Nord-du-Québec. Ça va rapporter au Nord-du-Québec dans les
années à venir. Je pense que le Nord-du-Québec a besoin
d'infrastructures routières pour se rendre dans le fond des mines, dans
la forêt.
M. Chevrette: M. Goyette, vous n'essaierez pas de me faire
dire...
M. Goyette: Donc, ce n'est pas seulement la période de 2
ans.
M. Chevrette: Oui, mais vous n'essaierez pas de me faire dire que
je suis contre la route du Nord.
M. Goyette: Ah non, non!
M. Chevrette: Vous n'essaierez pas de me faire dire ça. Ne
jouez pas sur les mots, vous non plus. Vous n'aimez pas ça qu'on joue,
hein! Bien, vous non plus, ne jouez pas. On n'a jamais dit qu'on était
contre la route du Nord, au contraire; partout où je suis passé,
cette route-là, elle était voulue à 150 %. On sait
ça. Et, nous autres aussi, on était d'accord. Et nos
députés qui représentent le coin étaient doublement
d'accord.
Ce qu'on vous dit, c'est que les voeux pieux de la SDBJ n'ont pas
été mis en pratique dans ce cas précis. Là
où ça aurait pu amener des dizaines et des dizaines, des
centaines d'emplois pour les gens du milieu, ce contrat-là a
été pipé d'avance. Que ce ne soit pas par la SDBJ, je veux
bien accepter vos explications. C'est correct, là? Mais les
résultats par rapport aux objectifs de la SDBJ, ce n'est pas
exclusivement les retombées d'après-route. Pour les gens du
milieu dans le domaine de la construction de routes, c'était une mine
d'or. Puis ne me dites pas que la mine d'or leur a servi. Ce n'est pas, du
moins, ce qu'on m'a dit à Chapais, ce qu'on m'a dit à
Chibougamau, ce qu'on m'a dit au Lac-Saint-Jean et ce qu'on m'a dit dans
d'autres régions du Québec, comme en Abitibi. Ce n'est pas
ça qu'on m'a dit, à moi. C'est exactement le contraire. On n'a
pas eu accès parce que c'était pipé d'avance. Pipé
d'avance, on ne sait pas pourquoi.
Bien sûr, vous allez invoquer et M. Murphy l'a fait, je
pense, assez élégamment, en disant: Oui, mais il y avait un lien
avec la communauté autochtone. Puis ce n'est pas la communauté
autochtone qui a réalisé la route, dans les faits. Vous le savez.
C'est un sous-contrat à Beaver Asphalt. On le sait, ça aussi. Y
a-t-il des raisons? «C'est-u» une raison de «bondage»
financier? Je ne le sais pas. Mais qu'on soit transparent et qu'on le dise au
monde. C'est juste ça que je dis. Et ne me dites pas que ça a
fait travailler du monde du milieu. Ce n'est pas vrai. Ça, là, je
vais vous en amener à la centaine, si vous en voulez, dans votre
assemblée générale annuelle, et ils vont venir vous le
dire, ce que je vous dis là. Je ne me fais que le porte-parole de ces
gens-là, pas plus que ça. Je m'excuse d'avoir élevé
la voix, mais c'est parce qu'il y a mésentente, sans doute, sur les
perceptions.
Je vais vous en demander une autre, d'abord, dans le même
style.
(Consultation)
M. Chevrette: Juste une sous-question à la
présente. Prenez donc la page 24 de votre rapport annuel, au point 13.
On sent très bien que c'est le ministère des Transports
là, on en a une preuve écrite. On le savait que c'était le
ministère des Transports aussi, nous autres, qui avait fait ça.
«Procéder aux paiements à l'entrepreneur en
conformité avec les recommandations du ministère des Transports
du Québec», ça veut dire quoi, ça? (15 h 50)
M. Létourneau: Oui. «Procéder aux paiements
à l'entrepreneur», c'est que, dans le contrat qu'on vous a fait
parvenir, vous allez voir, dans la procédure administrative pour
effectuer les modes de paiement, qu'il y avait, entre autres, toute une
série de projets réalisés. En gros, le contrat
était décortiqué en petits morceaux et, à partir du
moment où, nous, on devait émettre... C'est une question de
contrôle sur les normes routières et sur la façon dont les
routes sont profilées, etc., etc. La procédure, c'était
qu'après vérification du ministère des Transports et
acceptation par le ministère des Transports de la nature des travaux qui
avaient été faits en fonction des différentes
étapes le ministère nous disait: Voici, vous pouvez
procéder au paiement de la facture x, y, z.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez copie des sous-contrats?
M. Létourneau: Non, on n'a jamais eu copie des
sous-contrats.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes en droit, comme
agents-payeurs, d'avoir les copies des sous-contrats?
M. Létourneau: II faudrait voir au niveau légal,
mais, à l'intérieur du rôle qu'on avait à jouer,
bien balisé, avec le ministère des Transports à cet
égard-là, on n'avait pas à gérer l'ensemble des
sous-traitants.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a une convention entre le
ministère des Transports et la SDBJ?
M. Létourneau: C'est ce qu'on vous a donné qui fait
état de la façon dont on va payer.
M. Chevrette: Ce que vous venez de donner, là?
M. Létourneau: Oui, les modes de paiement, là, ce
qu'on va vous faire parvenir. Je ne sais pas si vous l'avez eu.
M. Chevrette: Non, mais est-ce qu'il y avait une convention
écrite, dûment signée?
M. Létourneau: Oui, oui, oui. Sur la façon de
gérer ça et...
M. Chevrette: O.K.
M. Jolivet: C'est des contrats que vous parlez, là?
M. Létourneau: Oui, oui.
M. Chevrette: Non, non. C'est de la convention.
M. Létourneau: Non, non, non, pas le contrat, la
convention, la procédure administrative entre le ministère des
Transports et la SD pour payer.
M. Jolivet: Je le sais, mais vous avez dit: Ce qu'on vous a
déposé. Je vous pose la question: Est-ce que...
M. Létourneau: Non, mais je pensais que vous l'aviez eu,
là.
M. Jolivet: Le contrat, on ne l'a pas encore. M.
Létourneau: O.K.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez copie du contrat entre les
Cris et le ministère?
M. Létourneau: Entre les Cris et le ministère,
non.
M. Chevrette: Vous n'avez pas ça? M. Létourneau:
Non.
M. Chevrette: Vous êtes agents-payeurs, vous autres, puis
vous n'avez pas le contrat.
M. Létourneau: Pour ce rôle-là, oui.
M. Chevrette: Vous avez décidé de payer ce qu'on
vous disait de payer, puis vous n'avez pas le contrat. Votre juriste n'a pas
copie du contrat?
M. Létourneau: Non. Ce qu'on a, c'est nous et le
ministère des Transports.
M. Lavigne (Réal): Non. M. Chevrette: Pardon?
M. Lavigne: La seule entente qu'on a, c'est l'entente qui a
été signée entre la Société...
Le Président (M. Joly): Me Lavigne.
M. Lavigne: ...et le ministère des Transports, à
l'intérieur de laquelle il est clairement indiqué qu'à la
Société de développement de la Baie James on n'a aucune
responsabilité directe ou indirecte en ce qui concerne l'attribution de
contrats de sous-traitance ou autres.
M. Chevrette: Ha, ha, ha! C'était ficelé en maudit!
C'est là qu'est la pipe, là. Vous n'aviez même pas la
possibilité de congédier un sous-contractant qui ne faisait pas
l'affaire, vous autres.
M. Létourneau: Non, parce que ce n'est pas nous qui
procédions à l'évaluation des travaux.
M. Chevrette: C'est ça. Et on ne vous a même pas
donné une copie du contrat, là.
M. Goyette: Nous étions le banquier seulement.
M. Chevrette: Pardon?
M. Goyette: Nous étions le banquier.
M. Chevrette: Le banquier.
M. Goyette: On collectait l'argent et on payait sur un bon...
M. Chevrette: Mais comment ça se fait que vous expliquez
que vous êtes gérants... Vous n'êtes pas gérants du
projet?
M. Goyette: On n'est pas gérants de projet.
M. Chevrette: Non? Est-ce qu'il y a possibilité que vous
fassiez la demande comme banquier? Je n'ai jamais vu un banquier prêter
sans avoir copie d'un contrat, moi. Pourriez-vous m'expliquer pourquoi vous
n'avez pas exigé copie d'un contrat?
M. Goyette: On a un contrat en bonne et due forme avec le
ministère des Transports. Le ministère des Transports, c'est le
gouvernement; on a confiance que le gouvernement va nous repayer, donc.
M. Chevrette: Bien, ce n'est pas trop, trop, là... Votre
D.G. dit qu'il traîne 3 000 000 $. Vous devez avoir une maudite
confiance.
M. Létourneau: C'est un autre dossier, ça.
M. Chevrette: C'est une autre affaire, mais la confiance
règne dans les textes officiels, il me semble. Quand ça fait
votre affaire, vous avez confiance, puis, quand ça ne fait pas votre
affaire, vous leur renotez de vous remettre l'argent. Est-ce que vous avez
exigé ou pas le contrat, oui ou non?
M. Goyette: Si on a exigé?
M. Chevrette: Est-ce que vous avez exigé le contrat avec
Crée Construction et le ministère des Transports?
M. Goyette: Non, on n'a pas exigé le contrat.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes prêts à en
faire la demande?
M. Goyette: Si on veut bien nous l'accorder, on est prêts
à faire la demande, oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes prêts à le
demander, au moins?
M. Goyette: On n'a pas d'objection à demander le contrat.
On n'a pas la garantie qu'ils vont nous le fournir, mais on n'a pas d'objection
à le demander.
M. Chevrette: Bien, il n'y a pas de cachette, c'est des
dépenses publiques, ça. C'est l'argent de tout le monde,
ça. Est-ce que vous pourriez le demander et nous l'envoyer, le contrat?
Est-ce que vous pourriez prendre au moins cet engagement-là? S'ils vous
le refusent, ce ne sera pas vous qui serez condamnés; ce sera le
ministère des Transports. On le sait, là. Est-ce que vous
pourriez prendre l'engagement de le demander?
M. Goyette: Nous prenons l'engagement de le demander.
M. Chevrette: Et, si vous l'avez, de nous l'expédier?
Une voix: Oui.
M. Goyette: Absolument.
M. Chevrette: Merci, M. Goyette. C'est à se parler qu'on
se comprend. Est-ce que vous connaissez les conditions de la sous-traitance
dans ce contrat avec la compagnie Crée?
M. Goyette: Non.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez demandé des
explications à quelqu'un au ministère des Transports?
M. Goyette: On n'a pas demandé quelles étaient
leurs règles en ce qui concerne l'attribution des sous-contrats.
Étant donné que c'était un contrat clé en main, je
pense que le contracteur général qui avait le contrat clé
en main devait s'occuper de ces sous-contrats.
M. Chevrette: O.K.
M. Jolivet: J'aurais une petite question.
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Dans votre texte, au point 13, vous dites:
«Procéder aux paiements à l'entrepreneur.»
L'entrepreneur, si je comprends bien, c'est la compagnie Crée?
M. Létourneau: Crée Construction, oui.
M. Jolivet: Qui, eux autres, vous envoient une facture d'un
sous-contrat qu'ils ont donné à quelqu'un.
M. Létourneau: C'est-à-dire qu'ils nous envoient
une facture... Ils appellent ça un état, une forme d'état
de situation qu'ils soumettent au ministère des Transports. Le
ministère des Transports prend ce même état d'avancement
des travaux et nous dit: Voici, après vérification, veuillez
procéder au paiement de la facture x...
M. Jolivet: Donc, vous payez...
M. Létourneau: ...direct à Crée
Construction.
M. Jolivet: Vous payez...
M. Létourneau: Oui.
M. Jolivet: ...à un contracteur qui a donné des
sous-contrats avec la permission du ministère des Transports sans
vérifier ce qu'il en est. Autrement dit, vous vous fiez sur le
ministère des Transports.
M. Létourneau: Bien, le libellé de l'entente entre
la Société et le ministère des Transports, c'est que le
ministère des Transports assumait toute la responsabilité quant
à la construction, au respect des normes...
M. Jolivet: Donc, tout ce que vous faites vous autres,
c'est...
M. Létourneau: ...de construction de la route, ce que le
ministère fait, dans le fond, partout sur les autres routes. Le
ministère a les mêmes prérogatives.
M. Jolivet: O.K.
M. Chevrette: Est-ce que vous connaissiez les dirigeants de
Beaver?
M. Goyette: Non.
M. Chevrette: Non? Vous êtes bien les seuls au
Québec à ne pas les connaître.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: On «peut-u» arrêter 2
minutes?
Le Président (M. Joly): Alors, la commission va
suspendre...
M. Goyette: Si vous demandez: Est-ce que... Le
Président (M. Joly): Excusez.
M. Goyette: ...vous les connaissez personnellement? c'est ce que
j'ai entendu.
M. Chevrette: Mais, ça, on s'en reparlera dans 2
minutes.
Le Président (M. Joly): La commission suspend ses travaux
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 57)
(Reprise à 16 h 11)
Le Président (M. Joly): Alors, la commission reprend ses
travaux. Alors, M. le député de Joliette, s'il vous plaît,
la parole est à vous.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. On va y aller sur un
autre contrat. Tant qu'à être sur les contrats, on va essayer de
vider la notion des contrats. Vous parlez de contrats de gestion, de contrats
d'entretien, de contrats en général. Quelqu'un me rapporte
«c'est-u» vrai, «c'est-u» pas vrai? je ne le sais pas
par exemple, qu'il y a eu un contrat d'entretien et de gestion de la
halte routière no 381, entre Matagami et Radisson. Dans un premier
temps, on aurait refusé de renouveler le contrat de l'entrepreneur en
place et la SDBJ aurait donné la gestion du garage et du
casse-croûte à contrat. Ensuite de ça, on dit: De
même, l'entreprise qui possède le contrat d'entretien de la route,
qui est Les Constructions du Saint-Laurent, l'aurait transféré
à un sous-contractant, aux entreprises Soyer, S-o-y-e-r ou Sayer,
je ne sais pas trop qui elles-mêmes sont la
propriété de Laurent Levasseur. Connaissez-vous ça?
M. Murphy: Oui.
M. Chevrette: C'est un ancien de la SDBJ, ça, Laurent
Levasseur?
M. Murphy: Oui.
M. Chevrette: Qu'est-ce qu'il fait là, lui, comme ancien
président qui obtient des sous-contrats, même, on me dit, sur une
base... Pourriez-vous nous sortir les sous-contrats que vous avez
signés...
M. Murphy: Bien, je vais...
M. Chevrette: ...depuis quelques années, là?
M. Murphy: Je vais corriger. D'abord, c'est parce que je n'ai
aucune idée... Quand vous me parlez de M. Levasseur et que vous me
parlez du 381, il n'y a absolument on me corrigera aucune
relation d'affaires entre aucun contrat qui touche le 381 ou le tronçon
de route entre le 257 et le 600. C'est un contrat. Je vais vous entretenir un
peu sur ce qui s'est passé au 381.
M. Chevrette: On va juste clarifier une chose avant.
M. Murphy: Oui.
M. Chevrette: Les Constructions du Saint-Laurent ont bien un
sous-contrat d'entretien?
M. Murphy: Oui, entre le 257 et le 600.
M. Chevrette: Est-ce que les entreprises Saint-Laurent ont
confié un sous-contrat à une entreprise de Laurent Levasseur?
M. Murphy: Non.
M. Chevrette: Vous êtes sûr de ça?
M. Murphy: Je peux vous assurer que non.
M. Chevrette: Vous affirmez ça.
M. Murphy: Je l'affirme sans aucune crainte.
M. Chevrette: C'est beau.
M. Murphy: Sans aucune crainte.
M. Chevrette: Bon. Pourquoi avoir refusé le contrat du
381, le renouvellement?
M. Murphy: Bon, moi, je pense qu'il faut ramener ça...
Pour le 381, il y avait un contrat qui était donné à Blais
& Langlois, et son contrat est venu à expiration, comme ça se
voit normalement. À ma connaissance, c'était un contrat de 3 ans,
et il aurait voulu qu'on reconduise le contrat. Il est évident que nous
avons dit: Non, nous allons en soumissions publiques. Par contre, je vous
souligne que la volonté de ce contrat-là... Je vous explique que,
le 381, c'est un contrat de route et que, sur cette route-là, il y a un
relais routier d'assez grande importance, dans lequel il y a gîte,
couvert et gazoline. Et, nous, nous sommes à discuter avec les
autochtones d'Eastmain pour les intégrer à l'économie.
Donc, au 381, nous voulons intégrer les autochtones d'Eastmain compte
tenu que, dans ce secteur-là, c'est à peu près le seul
développement sur lequel ils peuvent miser dans le futur en termes de
développement. Et, par le fait même, nous avons soustrait du
contrat de la route ce qui est le contrat de gestion du 381 lui-même.
Donc, nous sommes allés en soumissions sur le tronçon de
route. Le contracteur en question a soumissionné; il n'a pas eu le
contrat. Il n'est pas le plus bas; donc, on suit...
M. Chevrette: C'est qui qui l'a?
M. Murphy: Là, c'est Les Constructions du
Saint-Laurent.
M. Chevrette: Qui l'ont donné à qui?
M. Murphy: Qui l'ont fait eux-mêmes, le contrat de la
route.
M. Chevrette: Non, mais la halte, là?
M. Murphy: La halte, elle est séparée. Nous n'avons
pas donné ça à l'intérieur du même
contrat.
M. Chevrette: C'est qui qui a le contrat de la halte?
M. Murphy: La halte routière: il y a 1 secteur, qui est le
pétrole, qui a été séparé. Nous sommes en
train de créer une compagnie dans laquelle on veut impliquer les
autochtones. Donc, la gazoline a été séparée. La
cuisine et ce que j'appellerais l'entretien sont donnés à un
contracteur en alimentation.
M. Chevrette: Qui?
M. Murphy: Sodexho, qui est je ne sais pas le terme
français une personne qui fait du «catering». Un
traiteur. Une compagnie qui se spécialise comme traiteur. Et je pense
qu'ils ont eu le contrat en bonne et due forme, de la manière dont on le
fait avec tous nos contrats. On est allés en recherche de
propositions.
M. Chevrette: Est-ce que la compagnie que vous avez formée
pour le pétrole est une compagnie à numéro ou si c'est une
compagnie avec un nom identifié?
M. Murphy: Non. Au 381 nous opérons avec une compagnie qui
s'appelle Les Pétroles Taïga.
Une voix: Qui a été changé par le mot
Nisk.
M. Murphy: Nisk, qui signifie «outarde» en cri. Parce
qu'il y a une vision d'intégration des autochtones.
M. Chevrette: Qui sont les dirigeants de cette compagnie?
M. Murphy: Présentement, c'est la société de
développement qui opère elle-même ses équipements
à elle. Et nous sommes en négociations avec le chef de bande
d'Eastmain, avec M. Gilpin, en vue d'une intégration. Ce qu'on s'est
fixé, c'est qu'aussitôt que la route sera terminée
parce qu'ils sont en construction de route, ce village-là ils
seront intégrés à l'économie de cette halte
routière là, qui devient pour eux autres un facteur de
développement économique en termes de possibilité de
pourvoirie, de création de jobs reliées au fonctionnement des
cuisines, de la gazoline et autres. Donc, on a fait la même chose que
nous avons faite dans le secteur de Radisson avec les gens de Chisasibi. On les
a intégrés à l'aéroport dans une compagnie
similaire.
M. Chevrette: Revenons à la route. Est-ce que Les
Entreprises du Saint-Laurent effectuent elles-mêmes leur contrat?
M. Murphy: Oui. Je vais laisser parler le directeur
général.
M. Létourneau: À ma connaissance, oui. Oui. Vous
demandez si c'est Les Entreprises du Saint-Laurent qui opèrent? Oui.
M. Chevrette: Ils n'ont donné de sous-contrat à
personne?
M. Létourneau: Non, non. En tout cas, pas à ma
connaissance. Surtout pas si vous faites le lien avec M. Levasseur de
tantôt. Je n'ai jamais entendu parler de ça.
M. Chevrette: Non, mais ce n'est pas parce que vous n'en avez pas
entendu parler que ce n'est pas possible.
M. Létourneau: Non, mais c'est ce que je vous dis,
d'aucune façon. D'ailleurs, ces contrats-là, c'est des contrats
publics. C'est le comité de gérance, la structure dont on vous
parlait tantôt, qui gère ça.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a une liberté d'octroyer des
sous-contrats dans les contrats qui se signent avec vous autres?
M. Goyette: II peut y avoir un sous-contrat, mais seulement on
doit être avisés parce qu'il y a toute la question de
l'environnement, etc., vous êtes au courant.
M. Chevrette: Donc, vous n'avez jamais été
avisés de ça.
M. Murphy: Je reste sincèrement persuadé que c'est
eux autres qui font le contrat, parce que je connais les gens des Constructions
du Saint-Laurent, sur ce tronçon-là. J'y passe assez souvent et
je les vois sur la route avec leur machinerie.
(Consultation)
M. Chevrette: Vous ne connaissez pas ça, vous autres,
constructions Sayer ou Soyer? Ça ne vous dit rien?
M. Murphy: Sayer? Non.
M. Chevrette: Ou Soyer. Moi, je l'ai écrit S-o-y-e-r, mais
je peux avoir une faute; c'est fait par téléphone.
Une voix: Ce n'est pas Sayeur? M. Chevrette: Sayeur?
M. Murphy: II y avait comment ils s'appelaient
Sayeur inc., de Matagami.
M. Chevrette: Pardon?
M. Murphy: II y avait Sayeur inc., une compagnie qui était
à Matagami, déjà.
M. Chevrette: Qui faisait quoi?
M. Murphy: Contracteur de chemins forestiers, entretien
routier.
M. Chevrette: C'était la propriété de qui,
Sayeur?
M. Murphy: Au temps où je connaissais ça,
c'était André Sayeur.
M. Chevrette: Ils ne font pas de travaux, présentement,
pour vous autres?
M. Murphy: Sayeur? Non. Je suis persuadé que Sayeur ne
fait pas de travaux.
M. Chevrette: Ils n'ont pas de sous-contrat d'aucune firme qui
oeuvre pour vous autres?
M. Murphy: Non.
M. Chevrette: C'est beau. La route de Radis-son, qui est
près de l'aéroport, là, c'est une route d'à peu
près 30 kilomètres?
M. Murphy: C'est-à-dire que, de l'aéroport, sur la
route principale, à Radisson, il y a à peu près 30
kilomètres. Donc, c'est la grand-route, mais...
M. Chevrette: C'est qui qui a ce contrat d'entretien
là?
M. Murphy: L'entretien, c'est Construction du... Non, c'est
Chee-Bee.
Une voix: Chisasibi.
M. Murphy: Les autochtones de Chisasibi.
M. Chevrette: Depuis quand?
M. Murphy: Depuis 2 ans, à ma connaissance.
M. Chevrette: Quel était le contracteur
précédent? (16 h 20)
M. Murphy: Les Constructions du Saint-Laurent.
M. Chevrette: Construction Polar, ça vous dit de quoi?
M. Murphy: Construction?
M. Chevrette: Polar.
M. Murphy: Polar, non. Polaire, peut-être.
M. Chevrette: Polaire?
M. Murphy: Construction Polaire, ils ont le contrat du 66 au
257.
M. Chevrette: C'est la propriété de qui,
ça?
M. Murphy: Une bonne question. Moi, je pense que, quand vous
parlez de M. Levasseur, ça peut être là-dedans qu'il est
impliqué, mais...
M. Chevrette: Claude Hubert, ça vous dit de quoi?
M. Murphy: Claude Hubert, oui, c'est un exemployé de la
structure municipale, mais sûrement pas propriétaire.
M. Chevrette: Est-ce qu'il n'y aurait pas eu une fusion avec
Levasseur pour précisément former une compagnie qui obtiendrait
des contrats d'entretien?
M. Murphy: Moi, ce que je peux vous dire, c'est que M. Hubert,
qui a été le trésorier de la municipalité de la
Baie James, travaille, mais je serais tout à fait surpris s'il
était actionnaire dans Polaire. Je pense qu'il agit comme directeur des
opérations, à ma connaissance. Et, à ma connaissance,
quand nous sommes allés en soumissions il y a 2 ou 3 mois, je sais
qu'ils ont été les plus bas soumissionnaires sur le contrat du 66
au 257.
M. Chevrette: Est-ce que Polaire n'aurait pas obtenu des
sous-contrats de Beaver, elle?
M. Murphy: Je ne crois pas.
M. Chevrette: Est-ce que vous pouvez vérifier?
M. Murphy: Moi, je pense que Polaire a eu un autre contrat,
l'été passé. Quand vous me parliez d'en haut de Radisson,
de l'aéroport à Radisson, le réasphaltage a
été fait. C'est plus que le réasphaltage, c'est l'emprise
même qui a été refaite, et je sais que c'est eux qui
étaient les plus bas soumissionnaires. Ça, c'est eux autres qui
ont eu le contrat.
M. Chevrette: II y a eu un contrat de réfection et
un contrat d'entretien aussi.
M. Murphy: Et un contrat d'entretien. Un contrat d'entretien,
c'est un contrat de 3 ans ça, c'est dans la partie plus au sud
et, sur le contrat de réfection de la route, à
l'intérieur de ce dont on vous parlait, des 25 000 000 $ sur 5 ans, le
plan quinquennal, ils étaient les plus bas soumissionnaires cette
année et c'est eux autres qui ont eu le contrat.
M. Chevrette: Ils l'ont réalisé eux-mêmes, ce
contrat d'asphaltage?
M. Murphy: À ma connaissance, oui, mais je ne...
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez clarifier ce
bout-là, parce que nos informations ne sont pas précises, nous
non plus, mais vous vérifierez s'il n'y a pas de sous-contrat de Beaver
à Polaire, ou encore l'inverse.
M. Murphy: Ça pourrait être plutôt
l'inverse.
M. Chevrette: Ça peut être l'inverse si vous me
dites que Polaire à été le plus bas soumissionnaire.
M. Murphy: Ça, je...
M. Chevrette: Pour voir s'il y a un sous-contrat de donné
pour la réalisation de ce contrat-là.
M. Murphy: O.K. parce qu'il se peut que... Dans la question
d'asphaltage, habituellement c'est le mode de fonctionnement
c'est que les... C'est rare que celui qui fait toute l'infrastructure est
automatiquement celui qui fait l'asphalte, là. On va vérifier.
Moi, pour ne pas avoir fait ce tronçon-là cet été,
je ne pourrais pas vous dire qui a fait le contrat d'asphalte, mais on va vous
répondre là-dessus.
M. Chevrette:. De toute façon, étant donné
que vous n'avez pas d'engagements financiers, vous autres, où on peut
vérifier d'un mois à l'autre, est-ce qu'on pourrait avoir la
liste des contrats de ceux qui sont allés en appels d'offres en vertu de
votre directive?
Une voix: Absolument.
M. Chevrette: La liste et à qui a été
octroyé le contrat.
M. Murphy: Oui.
M. Chevrette: S'il y a des sous-contractants, vous le
marquez.
Le Président (M. Joly): Pour quelle période, M. le
député de Joliette?
M. Chevrette: La période allant de la reprise du mandat en
1987, parce que c'est en 1987 que vous avez commencé à octroyer
des contrats...
M. Murphy: Jusqu'à la période que nous analysons
ici, 1991-1992?
M. Chevrette: Oui, oui. M. Murphy: O.K.
M. Chevrette: Si vous en avez des juteux qu'on ne connaît
pas, en 1992-1993, vous nous le direz.
M. Murphy: Ah non! Il n'y a aucun problème. D'ailleurs,
nous allons vous faire parvenir ce qu'on appelle les bordereaux d'ouverture de
soumissions. C'est fait par le contentieux à chaque ouverture, ce qui
fait qu'il y a un procès-verbal. On va vous faire parvenir ça.
Aucun problème.
M. Chevrette: O.K. Ça ne sera pas long. Vous n'avez aucune
compagnie du nom soit de BL ou LB sur votre territoire? Ça ne vous dit
rien, ça?
M. Murphy: II y a BLC.
M. Chevrette: BLC, c'est qui?
M. Murphy: BLC, c'est Blais & Langlois, de Matagami, qui
avait le contrat du 381 dont on parle. Je sais qu'il a contesté
beaucoup. Il aurait voulu qu'on lui octroie, sur une base de
négociation, un contrat pour une année supplémentaire. Et
puis, nous, notre décision était prise d'aller en soumissions
publiques. Et puis, bon, il n'a pas été le plus bas; il ne l'a
pas eu. Je présume que ça l'a un petit peu
désappointé, mais c'est le jeu des soumissions.
M. Chevrette: Parlant de contrats toujours, est-il exact que vous
êtes en train de négocier un contrat avec le MLCP pour la
réserve faunique de Mistassini?
M. Murphy: Non, Michel.
M. Létourneau: Non, on n'est pas en train de
négocier un contrat avec le MLCP. Ce qu'on est en train de faire, c'est,
compte tenu on vous en parlait dans le plan de développement
des différents secteurs d'activité, évidemment,
dans le Nord, le secteur du tourisme est un secteur à haut potentiel au
niveau du développement économique. Et on est à discuter
avec les bandes autochtones dans le secteur de Waconichi et baie de
Pénicouane, etc. Vous savez on faisait le lien tantôt
qu'il y a 2 associations touristiques régionales qui sont en
train de se mettre sur pied; avec la perspective aussi des différents
conseils régionaux dans la réforme qu'on appelle de l'OPDQ, il va
y avoir des secteurs d'activité à «prioriser» et tout
ça. Dans cette dimension-là,
on a discuté de tourisme avec les intervenants locaux, entre
autres la Conférence des municipalités nordiques et certains
pourvoyeurs qui s'intéressent au tourisme. Et, dans la foulée du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui se
désengage au profit de gestionnaires de l'extérieur
ça peut être des corporations à but non lucratif ou
d'autres types de structures on a amorcé des discussions pour la
réserve de Waconichi, à savoir: Est-ce que la
Société de développement de la Baie James pourrait
être intéressée à gérer ou à prendre
en charge la réserve de Waconichi, par exemple, pour essayer de
voir...
M. Chevrette: Oublions la notion de contrat. Est-ce qu'il y a eu
des démarches faites par la SDBJ avec les groupes
intéressés qui sont tous de l'extérieur? Si je comprends
bien, là, vous n'êtes pas dans le décor.
M. Létourneau: Pour ce dont je vous parle, on est dans le
décor. Oui, oui.
M. Chevrette: Vous faites partie de ces
corporations-là?
M. Létourneau: Oui, oui.
M. Chevrette: Mais ces corporations-là ont leur propre
charte, même si vous en faites partie.
M. Murphy: Ce sont toutes des corporations régionales,
c'est ça.
M. Chevrette: O.K. Mais est-ce qu'il y a eu des pourparlers avec
le MLCP pour que des responsabilités du MLCP soient confiées
à ces groupes-là? Quand je dis: Êtes-vous en pourparlers,
ça peut être la SDBJ qui parle en leur non, peu importe. Ça
peut être les groupes eux-mêmes. Est-ce qu'il y a des
pourparlers?
M. Murphy: II y a un cas qui nous a été soumis par
le MLCP; c'est le cas de Waconichi, dans le secteur de Chibougamau, où
le ministère opère lui-même une pourvoirie qui s'appelle la
pourvoirie Waconichi. Et le MLCP nous a demandé si nous étions
intéressés, compte tenu qu'eux autres l'opèrent, mais que
c'est une activité de 5, 6 semaines par année. Faut-il comprendre
aussi que le MLCP au Nord-du-Québec n'est pas du tout
régionalisé en termes de direction. La direction du
Nord-du-Québec est à Québec. Et il est évident
qu'opérer Waconichi à partir de leur bureau de Québec,
pour eux autres, c'est un gros problème. Nous avons des bureaux à
Chibougamau. Et là ils nous l'ont offert et ont dit: Est-ce que vous
seriez intéressés? Moi, je peux vous dire qu'une réponse
que nous avons faite, au moment où on se parle, à M. Claude
Despatie, c'est de dire: Si on n'est pas capables de générer plus
d'activités que vous autres 5, 6 semaines par année
on va arriver au même résultat que vous autres.
Donc, nous sommes à regarder à l'interne s'il n'y a pas
des possibilités que nous puissions organiser dans cette pourvoirie
qui, me dit-on, a beaucoup de gueule en termes d'infrastructures
quelque chose qui pourrait la rendre rentable. Je peux vous dire les pistes
qu'on regarde présentement. Parce que, chez les autochtones, un des gros
problèmes, présentement, c'est qu'ils opèrent des
pourvoiries et ils ont de la difficulté à s'adapter aux
critères, je dirais, de l'économie nord-américaine, aux
standards. Et l'idée qu'on a mise sur la table présentement,
c'est de voir s'il n'y aurait pas possibilité, à Waconichi, avec
une entente avec l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec
et d'autres, de peut-être en faire une école où on pourrait
former les autochtones pour qu'ils puissent aller, après ça,
opérer leurs pour-voiries avec une meilleure connaissance de ce que la
clientèle souhaite avoir dans leurs pourvoiries.
M. Chevrette: Est-ce que le MLCP est obligé de passer par
vous sur le territoire...
M. Murphy: Non.
M. Chevrette: ...ou s'il aurait pu, par exemple, passer par
l'entreprise privée? (16 h 30)
M. Murphy: Effectivement. Moi, je pense qu'il faut comprendre
qu'aucun ministère n'est assujetti à la Société de
développement de la Baie James. C'est pourquoi on parle beaucoup dans
nos documents, et avec eux autres, d'une approche de partenariat. Le message
qu'on passe aux ministères: Nous, on a décidé, comme
structure, de vivre dans le Nord et de vivre le Nord. Et ce qu'on dit aux
ministères, compte tenu qu'eux autres ont un gros problème de
rétention d'employés... Vous savez que les gens optent pour aller
au nord avec l'idée que ça va leur donner une promotion quand ils
vont être rapatriés au sud. Nous, on n'a aucun de nos
employés qui rêve de revenir au sud parce que, quand on les
embauche, on n'a rien au sud du 49e parallèle. On est
dédiés au Nord et, quand la personne opte pour venir travailler
pour nous autres, il est évident qu'elle ne peut pas demander un
transfert même en Abitibi, même au SaguenayLac-Saint-Jean; on
n'a pas d'autres choses en dehors du territoire de la Baie James. Donc, c'est
un choix de vie et, dans ce sens-là, on dit: Ça devient une force
vis-à-vis des ministères.
Les ministères qui ont de la difficulté dans la
rétention de leur personnel, on leur dit: Donnez-nous peut-être un
contrat de sous-traitance, on va remplir vos mandats, mais, nous autres,
ça va être avec des gens qui vont vivre sur le territoire et qui
ne demanderont pas, 1 an après, d'être transférés
ailleurs. Donc, c'est une approche un peu stratégique dans l'occupation
du territoire.
M. Chevrette: Est-ce qu'ils vous ont offert également la
gestion des équipements dans la baie de Péni-couane?
M. Murphy: Pas à ma connaissance à moi. En tout
cas, moi, j'ai entendu parler de Waconichi, mais je ne pense pas qu'il y ait eu
d'autres débats sur d'autres... Si on arrivait à prendre une
entente sur un des équipements, je ne dis pas qu'ils n'auraient pas
peut-être le goût d'embarquer dans d'autres après, mais, au
moment où on se parle, je pense que c'est limité à
Waconichi. Parce que c'est à quelque dizaines de milles de notre bureau
de Chibougamau; donc, ça avait un avantage pertinent.
M. Chevrette: Ils oeuvrent seulement en temps de pêche?
M. Murphy: Ces pourvoiries-là ne fonctionnent que pour la
pêche; donc, vous comprendrez que la saison est relativement courte.
M. Chevrette: II y a possibilité de chasse au caribou?
M. Murphy: Même pour la chasse, ça n'opère
pratiquement pas.
M. Chevrette: Non?
M. Létourneau: C'est ce créneau qu'on voudrait, si
on intervient, développer, rendre plus polyvalent. On ne peut pas faire
vivre ça juste...
M. Chevrette: Parce que, quand vous m'avez dit 5, 6
semaines...
M. Létourneau: Oui, c'est ça. C'est juste pour la
pêche.
M. Chevrette: II y a des pourvoiries beaucoup plus au sud qui
opèrent quand même 15, 16, 20 semaines.
M. Murphy: Ah, qui opèrent... C'est ça! M.
Létourneau: Ah oui!
M. Chevrette: C'est pour ça que je trouvais ça
surprenant, 5, 6 semaines.
M. Murphy: Si vous demandiez au MLCP l'occupation de leurs
pourvoiries dans le Nord, surtout celles du secteur de Chibougamau, c'est 5, 6
semaines. Il y a de la pêche de juin à la mi-juillet, puis,
après ça, malheureusement, il y a peu d'activités.
Waconichi est sur une île, d'ailleurs; donc, c'est un autre
problème. Tu ne peux pas t'en servir pour la chasse.
M. Chevrette: La grande inquiétude, en haut,
là-dessus en tout cas, les échos que j'en ai c'est
surtout la vingtaine d'employés qui y oeuvrent, qui voient bien que le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche n'a plus
d'intérêt...
M. Murphy: Hum, hum!
M. Chevrette: ...et puis qui ont la trouille de se trouver...
Parce que c'est des employés saisonniers qui vont arracher quelques
timbres en tout cas, on sait comment ça marche ...
M. Murphy: Exact.
M. Chevrette: ...et qui se verraient le bec à l'eau
complètement, là.
M. Murphy: Oui. On peut au moins vous assurer d'une chose: quand
on a ce genre de débat au niveau du territoire, il est évident
que, quand on a déjà des personnes qui sont ancrées dans
le milieu, par le fait de les intégrer à un développement
qui est nôtre, si elles sont déjà impliquées dans le
milieu, on n'a pas besoin de les importer d'ailleurs comme main-d'oeuvre. Je
pense que ça a une importance. Est-ce qu'on peut les sécuriser
par un discours de même? C'est une autre grande question. Je ne penserais
pas.
M. Goyette: M. Chevrette, j'ajouterais aussi que, si l'entreprise
privée peut s'impliquer dans le projet, nous, ça ne nous
intéresse pas d'être là. Si on est pour être
là, on va trouver notre rentabilité ou on ne sera pas là.
C'est pour ça que dans le moment il y a très peu
d'intérêt.
M. Létourneau: Puis, dans la même dimension, on
parlait tantôt de projets divers de sous-traitance, par exemple. Quand on
utilise cette expression-là, advenant le cas où il y aurait des
conditions favorables qui feraient en sorte que, pour le développement
économique régional, ce serait très important qu'on
intervienne, puis qu'il y aurait une occasion d'affaires, nous, à la
Société, on ne grossit pas le nombre de ressources humaines en
fonction des différents projets. Les gens qui travaillent là,
à ce moment-là, comme M. Murphy l'a dit, ce sont des
résidents du secteur de Chibougamau-Chapais et, à partir de
là, j'imagine que, pour n'importe quel employeur potentiel, il faut
qu'il embauche ces gens-là. Ces gens-là ont de l'expertise aussi
à ne pas négliger là-dedans.
Possibilité de créer une MRC au nord du
49e parallèle
M. Chevrette: O.K. Je voudrais, dans les minutes qui restent,
tout en demandant au président... On se reprendra sur le détail
de vos opérations un peu plus tard, probablement avec le code
d'éthique. Je voudrais parler pendant quelques minutes de la double
structure à laquelle vous appartenez en haut du 50e parallèle.
Ça m'apparaît important, moi, dans la perception qu'on peut avoir
du développement parce que vous êtes le seul
territoire qui n'appartient pas à une MRC bien structurée,
comme telle, et on me dit que ça pourrait contribuer... Les gens qui
connaissent ça un peu dans le milieu, en particulier les gens de
l'Abitibi et de l'Ungava, nous disent: S'il y avait une MRC bien
structurée, on pourrait probablement réduire de beaucoup les
frictions administratives et ça pourrait améliorer la
concertation parce qu'on aurait des municipalités en bonne et due forme
qui siégeraient là-dessus. Est-ce que vous y voyez des
inconvénients à cela, vous autres?
M. Goyette: D'abord, moi, je n'y vois pas d'inconvénients.
Si, dans l'évolution normale de la région du
Nord-du-Québec, on peut se structurer comme le reste du Québec,
tant mieux, parce que, nous, ce que nous voulons et c'est très
important de comprendre ça aujourd'hui c'est l'occupation du
territoire. Donc, si on veut occuper le territoire après y avoir investi
plus de 20 000 000 000 $ il y a un potentiel énorme dans les
mines, il nous reste de la forêt organisons le territoire de la
façon la plus propice pour que nous occupions, nous les allochtones, le
territoire avant qu'on se fasse dire, comme il s'est passé au Labrador,
qu'on n'était pas là et que ce n'est pas à nous. Donc,
qu'on nous arrive avec des propositions concrètes, nous allons nous
asseoir, y participer et les réaliser.
M. Chevrette: Parce qu'il existe, quand même, ce qu'on
appelle là-bas des comités locaux de gestion.
M. Goyette: Oui, absolument.
M. Chevrette: Vous les avez nommés tantôt:
Villebois, Val-Paradis, Beaucanton.
M. Létourneau: Villebois, Val-Paradis, Rousseau.
M. Goyette: Joutel.
M. Chevrette: Et puis Radisson en a un.
M. Goyette: Radisson...
M. Chevrette: C'est vous autres, ça?
M. Goyette: Non. Radisson, c'est nous, dans le moment. Vous allez
comprendre pourquoi. Radisson était de 1800, 1500 et, dans le moment,
quoi, 800; on s'en va vers 500. On est dans une période où il y a
un va-et-vient dans la population. D'ici 2 ans, on aura trouvé la
population qui serait la plus stable. Est-ce que ce sera 400 ou 500? À
ce moment-là, on devra organiser une gestion locale. À la demande
de la personne qui vous parle... C'est moi qui ai dit à la population:
Commencez à y penser, parce qu'il faudrait vous asseoir et que vous vous
occupiez de vos affaires.
On a une réunion la semaine prochaine, parce que là on m'a
dit qu'ils y avaient pensé. Ça fait 1 an que j'ai lancé la
demande, l'offre, si vous voulez, et puis on me dit que, la semaine prochaine,
ils seront prêts à venir nous dire ce qu'ils en pensent. Nous, on
a en tête un échéancier qui n'est pas de 5 ans, qui est
assez court, pour dire: Bon, voici, on connaît les prévisions
d'Hydro SE pour les populations. À telle date, on devrait avoir une
gestion locale, la même chose que Joutel, la même chose que
Villebois, Val-Paradis, et on leur a demandé d'aller, depuis 1 an, voir
ce qui se passe dans les autres gestions locales pour voir comment ils vont
organiser ça. Donc, on devrait avoir des élections un jour;
bientôt, j'espère, pas loin. Dans 12 mois, je pense qu'on pourrait
organiser la transition. Plus ou moins 12 mois.
M. Murphy: Oui. Me permettez-vous d'ajouter ceci, quand
même, pour faire un parallèle? L'idée d'avoir, au nord du
49e, donc, entre le 49e et le 55e faut-il se mettre dans la tête
que c'est un cinquième du Québec ce qu'on appelle une MRC,
il est évident que ce n'est peut-être pas ce qui est
souhaité et souhaitable, parce qu'une MRC, c'est limité au mandat
d'aménagement, c'est l'aménagement du territoire. Je vous
souligne, quand même, que la municipalité de la Baie James,
entièrement régionalisée, a présentement un
règlement d'urbanisme, de zonage sur l'ensemble de son territoire, un
rôle d'évaluation sur l'ensemble du territoire où la
municipalité est financée comme une municipalité normale
à même son rôle d'évaluation. (16 h 40)
Ce qui manque, et ça on en est conscients, c'est comment
enclencher la relation entre les municipalités partenaires de
Chibougamau, de Chapais, quand on parle de l'aménagement qui les
entoure, elles. Et, sur ça, on a une discussion entre les
municipalités à la CMN, une approche qui va probablement viser
plus des ententes intermunicipales ou un organisme d'aménagement de
secteurs qui devrait se bâtir. Mais on est très positifs, on n'est
pas en guerre. On fait le même constat: comment marier
l'aménagement de chacune des municipalités qui est
enclavée dans le territoire, nos municipalités partenaires, avec
notre aménagement?
M. Chevrette: Mon objectif n'était pas, non plus, de
démontrer qu'il y a des problèmes. Vous dites bien que c'est des
gens du Nord qui veulent rester là, puis qui veulent y vivre. Puis,
s'ils veulent y vivre un peu de la façon dont vit la structure
organisée ailleurs, je pense qu'on doit leur offrir l'opportunité
de vivre en communauté organisée comme ailleurs, en sachant
d'ores et déjà que, dans ces milieux dits éloignés,
si on veut garder une présence humaine et un développement
économique, ça suppose des barèmes différents de
soutien. Je pense qu'il n'y a pas un épais qui ne comprendrait pas
ça. Ça, je saisis ça.
Mais, à partir de là, il me semble, moi, que, s'ils
avaient une structure politique bien à eux, la concertation entre eux,
ça n'empêcherait pas une présence gouvernementale pour
soutenir les efforts au
développement, ne serait-ce que supporter les dossiers, à
un moment donné, les aider à l'élaboration des dossiers,
apporter l'expertise. Ce n'est pas dans une communauté de 300 ou 400
qu'on va trouver l'expertise professionnelle, je comprends ça, pour
conduire des dossiers. On peut avoir plein de bonne volonté, mais
ça peut s'arrêter là.
Donc, ma préoccupation était plutôt de dire: Bien,
on leur offre au moins l'opportunité de se structurer comme n'importe
quelle autre communauté, puis de se donner une voix politique, entre
guillemets avec un grand «P» et non pas un petit
«p» dans l'octroi de contrats, par exemple, au
ministère des Transports, qui ferait en sorte que ces gens-là
aient une structure politique bien à eux, leurs élus, leurs
représentants, et puis qu'ils puissent se donner une voix
régionale. Moi, je dis une MRC. S'ils ne veulent pas appeler ça
une MRC, qu'ils appellent ça le regroupement du Nord, moi, je m'en fous,
peu importe là, mais qu'on sente qu'il y a une présence politique
sur le plan du territoire. C'est dans ce sens-là. Et, si vous n'avez pas
d'objection, au contraire, moi, je pense qu'on devrait le favoriser
même.
M. Goyette: C'est nous qui avons stimulé cette approche.
Ce dont on parle aujourd'hui, c'est nous qui avons stimulé...
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez me donner les populations,
à titre de renseignement, par exemple, là, approximativement?
Mettons Villebois.
M. Murphy: Villebois, à peu près 400. Ville-bois,
Val-Paradis, Beaucanton, les 3 ensemble, c'est à peu près 1050 de
population, donc 350 ou 400 de population chacune.
M. Chevrette: Par municipalité. M. Murphy: C'est
ça.
M. Chevrette: Ce que Radisson fera également dans quelques
années.
M. Murphy: Oui, peut-être. Radisson devrait s'arrêter
alentour de 500, normalement. Et Joutel, présentement, est à peu
près à 800.
M. Jolivet: C'est plus gros que Clova.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Non, mais c'est ça.
M. Murphy: C'est un petit peu plus gros que Clova,
exactement!
M. Chevrette: C'est plus gros que plusieurs de nos petites
municipalités au Québec, quand même.
M. Murphy: Ah oui, oui!
M. Chevrette: C'est pour ça que je dis ça en
toute...
M. Murphy: Et on vous signale le sentiment d'appartenance dans
ces paroisses-là; qu'on parle de Villebois, Val-Paradis ou Beaucanton,
c'est des paroisses qui ont au-delà de 50 ans, des paroisses agricoles.
D'ailleurs, c'est une caractéristique de ces villages-là qui sont
dans la partie sud du territoire, qui sont plutôt à vocation
agricole: le sentiment d'appartenance est très, très fort.
M. Chevrette: En Abitibi, dans certaines circonscriptions
électorales, il y a des municipalités qui ne regroupent
même pas ça.
M. Murphy: Oui, 250.
M. Chevrette: C'est évident, ça. Je ne me souviens
plus du nom même. Je pense à Belleterre, Belle-combe, puis...
M. Murphy: Fugèreville, Lorrainville, Laverlo-chère
...
M. Jolivet: Landreville.
M. Chevrette: Landreville, oui.
M. Murphy: Qu'on pense simplement au sud de VVR, dans le
comté qui est là, de M. Gendron, il y a 52 petites paroisses,
puis je ne sais pas s'il y a 30 000 de population.
M. Chevrette: Exact. En Abitibi-Ouest, j'en ai fait pas mal dans
ce coin-là, puis il y a des petits villages où l'esprit de la
communauté, par exemple, est très, très fort.
M. Murphy: D'ailleurs, on pourrait peut-être vous donner
une petite primeur là-dessus, c'est que c'est réellement une
préoccupation de ce qu'on appelle les petites collectivités, au
point où il va y avoir une annonce dans 15 jours, de l'Université
du Québec en Abitibi-Témiscamingue, qui se préoccupe
beaucoup de ce phénomène et de ce problème de
dépeuplement des petites communautés. Avec la fondation de
l'université et le Mouvement Desjardins, il va y avoir l'annonce de la
création d'une chaire sur le développement des petites
collectivités, parce qu'il faut étudier un peu ce
phénomène-là au Québec. Nos petits villages sont en
train de se vider, ils ne se régénèrent pas en termes de
jeunesse. Le Mouvement Desjardins, lui, a des caisses populaires un peu
partout. Donc, eux autres aussi, ils sont préoccupés par
ça. Et, nous, on se rend compte qu'on a attaché beaucoup
d'importance à ces petites paroisses-là et on rencontre un
nouveau phénomène, c'est qu'à cause du
développement minier au nord de ces paroisses-là on
commence à se rendre compte que ces villages-là sont en train de
revivre à partir d'une économie où les vieux s'en vont
dans des endroits comme La Sarre et les jeunes viennent occuper les maisons et
les rénovent. Eux autres, se sont rapprochés du
développement minier, de Casa-Berardi et autres. Donc, c'est un
phénomène intéressant à étudier en termes de
stabilité au territoire.
M. Chevrette: Un des arguments qui militent en faveur de cette
reconnaissance politique, on me dit qu'il y a beaucoup de chevauchements
administratifs présentement entre, par exemple, la SDBJ et la
municipalité de la Baie James.
M. Murphy: J'essaie de voir où, M. Chevrette, et
sincèrement je ne pourrais pas retrouver où, parce que le seul
endroit... Nous avons 2 structures. La seule chose qui se chevauche, c'est que
1 fois par mois le conseil se réunit. En après-midi, il va se
réunir comme conseil SDBJ et, en soirée, en séance ouverte
avec le public, comme conseil de la municipalité. La municipalité
a son directeur général et son fonctionnement tout à fait
autonome, un fonctionnement municipal à 100 % suivi, d'ailleurs, par le
ministère des Affaires municipales. En termes de structure, ils ne sont
même pas dans la même boîte. Il y a seulement le conseil SD
qui, comme le dit la loi, agit comme substitut du conseil municipal, et
ça, c'est 1 fois par mois, à la réunion mensuelle de la
municipalité où la direction générale vient
déposer ses...
M. Goyette: M. le Président, j'ajouterais juste sur
ça qu'on n'aura pas besoin de scinder les 2 entreprises, parce que c'est
déjà fait. Mais on peut vous dire: Pour rationaliser, nous avons
le même département de communication. Nous avons le même
département de ressources humaines. Si vous regardez, aujourd'hui, le
rapport que vous avez devant vous, vous allez voir aux ressources humaines
qu'aujourd'hui ce département-là englobe et la MBJ et la SDBJ.
C'est une question de rationalisation, c'est tout. C'est pour
économiser, en fait, dans les 2 parties.
M. Chevrette: Vous êtes responsables de
l'aménagement du territoire...
M. Murphy: Oui.
M. Chevrette: ...présentement.
M. Goyette: En tant que municipalité, oui.
M. Chevrette: Mais, par rapport au développement du Nord
québécois, là, les comités locaux n'ont pas
d'autorité. Ils ne sont pas assujettis à la loi 125 sur
l'aménagement du territoire et l'urbanisme.
M. Murphy: C'est-à-dire qu'au lieu d'appliquer la loi 125
il y a une réglementation municipale en urba- nisme, en construction et
en zonage, qui a été faite selon le principe où chacune
des localités l'a approuvée localement, avec des séances
publiques, tel qu'on le fait dans des municipalités normales. Les
développeurs, que ce soit Hydro ou les contracteurs, sont venus en
séance publique faire leurs commentaires.
M. Chevrette: Mais ce n'est pas reconnu par la loi.
M. Murphy: Bien, c'est l'ancienne loi qui permettait aux
municipalités d'avoir leur réglementation.
M. Chevrette: Oui, mais c'est des TNO. Au sens juridique, ce sont
des TNO, des territoires non organisés.
M. Murphy: Sauf que la municipalité est une
municipalité, au sens de la loi, qui couvre l'ensemble du
territoire.
M. Chevrette: De la Baie James.
M. Murphy: La municipalité de la Baie James.
M. Chevrette: Mais les comités locaux de gestion?
M. Murphy: Oui. Ils ont leur conseil local.
M. Chevrette: C'est assis sur quelle base juridique?
M. Murphy: C'est que la loi nous permet, à la
municipalité, de créer ce qu'on appelle des localités.
C'est prévu aussi dans la loi. Donc, on crée des
localités.
M. Chevrette: Donc, vous avez l'entier... M. Murphy: On
leur donne des pouvoirs. M. Chevrette: ...contrôle, sur le plan
juridique... M. Murphy: Ah!
M. Chevrette: ...en vertu de votre loi, sur tous les
comités locaux de gestion.
M. Murphy: C'est-à-dire que... Bien, au sens... M.
Chevrette: Sur le plan strictement juridique.
M. Murphy: On a l'obligation, quand il y a 500 de population et
tout ça, de créer une localité, O.K.? Et, nous, on est
allés plus loin quand il n'y en avait pas 500. On s'est dit: Pourquoi
celui qui en a 350 ne pourrait pas être aussi... C'est là qu'on a
créé les comités locaux de gestion au lieu des conseils de
localité;
donc, par une ordonnance de la municipalité.
M. Chevrette: Je comprends ça. Je ne sais pas si l'aviseur
pourrait me renseigner là-dessus, mais, strictement sur le plan
juridique, ces comités n'ont pas force de loi, parce qu'ils n'ont pas
500 en vertu de l'ordonnance, d'abord.
M. Lavigne; Absolument. C'est qu'au moment de la création
de ces localités-là il y avait une population de 500; par la
suite, la population a diminué. Sauf que l'ordonnance date des
années antérieures. Ce que la municipalité fait, c'est une
délégation partielle d'autorité. Par contre, toutes les
décisions adoptées par le conseil d'une localité sont
transmises sous forme de procès-verbal, comme dans une
municipalité normale, à la municipalité de la Baie James
pour être entérinées. Selon la loi, la municipalité
peut désigner les gens qui vont constituer le comité ou elle peut
demander à la population d'élire ses représentants qui
vont siéger sur ce comité-là, et on applique les
prescriptions de la Loi sur les cités et villes en ce qui concerne les
élections. (16 h 50)
M. Murphy: Et sans exception depuis 1976...
M. Chevrette: Eux autres, les faites-vous élire?
M. Murphy: Toujours par élections. Depuis 1976, toujours
des élections.
M. Chevrette: En d'autres mots, il dit: Moi, je suis élu,
mais il faut que je fasse rapport à la municipalité de la Baie
James qui, elle, est contrôlée par la Société de
développement de la Baie James.
M. Goyette: En pratique, M. Chevrette...
M. Chevrette: Mon cheminement... C'est un syllogisme,
ça...
M. Goyette: Non, mais en pratique, M. Chevrette...
M. Chevrette: ...ce n'est pas un sophisme.
M. Goyette: En théorie, peut-être. En pratique, vous
pourriez visiter Joutel ou les autres localités, et demandez-leur
comment on intervient.
M. Chevrette: Non. Je ne veux pas faire le procès...
M. Goyette: Très peu ou pas.
M. Chevrette: Je ne veux pas faire le procès du
fonctionnement, M. Goyette.
M. Goyette: C'est le contraire, ils viennent nous voir.
M. Chevrette: J'essaie de vous expliquer que, pour moi, une vraie
structure juridique, c'est des gens qui ont plein droit sur leur territoire,
qui peuvent faire leur schéma d'aménagement, qui ne sont pas
assujettis à une autre municipalité. C'est toute une autre
dynamique. C'est dans ce sens-là. Ce n'est pas pour dire que vous avez
mal fait avec Joutel...
M. Murphy: Non, non.
M. Chevrette: ...pas Joutel, Villebois ou bien l'autre. Ce n'est
pas ça. C'est parce que je veux démontrer que ce
fonctionnement-là ne te donne pas la plénitude de tes droits. On
connaît ça, nous autres, au Québec, des pouvoirs
délégués. On en a quelques-uns.
M. Létourneau: mais, si vous me permettiez,
là-dessus, on a encore pas mal de chemin à faire. même au
niveau régional, c'est juste depuis 1987 que la région
nord-du-québec est reconnue comme une région administrative au
même titre que les autres au québec. ça fait juste 6 ans,
ça, et c'est 20 % du territoire du québec. quand on prend toute
la démarche de la consultation qui avait eu lieu suite à la loi
125 sur l'aménagement du territoire et tout ça, longtemps...
parce que la dernière consultation qu'il y a eu dans le cadre des
différentes périodes de consultation, ça a
été celle sur le territoire de la baie james, à la demande
des intervenants régionaux, d'ailleurs. et l'option qui était la
plus retenue, c'était de faire parce que vous parlez des mrc
une bande de territoire entre le 49e et le 50e parallèle
où les 4 municipalités dites enclavées, chapais,
chibougamau, matagami et quévillon, étaient majoritairement
situées. il y avait un scénario qui disait: faisons une mrc de
cette bande-là et on va régler le problème politique des
municipalités qui sont là. et l'ensemble du restant du territoire
était un peu comme un tno ou un territoire qui serait resté
à la municipalité de la baie james, mais essentiellement
occupé par des autochtones.
Et, dans les discussions qui ont eu lieu lors d'une consultation
à Radisson, et la partie autochtone et la partie non autochtone ont
manifestement émis l'opinion que la cohabitation à
l'intérieur de cette grande région-là, qui est 49-55,
était fort possible parce que les gens qui y vivaient étaient des
gens enracinés, si on veut, dans cette région-là. Et c'est
suite à ça qu'il y a eu toute la démarche pour
reconnaître la région Nord-du-Québec, qu'on appelle 10A,
10B, 10C, et la partie inuit qui dépasse le territoire de la Baie James,
notre territoire d'intervention, la partie crie et la partie non autochtone.
Mais l'ensemble du territoire de la Baie James avait été exclu de
la Loi sur l'aménagement; donc, impossible de créer une MRC. Et,
juste au plan technique, 350 000 km2 à diviser, supposons, en
4 municipalités qui étaient là, techniquement, ce
n'était pas...
C'est compliqué. Toute cette dynamique-là est
compliquée parce que c'est une nouvelle région, avec des gens peu
nombreux comparativement à l'ensemble des autres régions du
Québec, dispersés un peu partout
sur le territoire, plus 3 ethnies qui interviennent avec
différentes logiques, différentes cultures, différentes
notions socio-économiques. Le débat, maintenant, est ouvert
à l'effet de créer 3 espèces de conseils régionaux.
Au lieu d'un CRD comme on voit un peu ailleurs, il y en aura 3 chez nous, par
les différentes ethnies, et un grand conseil qui chapeautera ça,
qui verra à établir les liens entre chacune de ces
communautés-là, ce qui n'est pas simple au départ, mais
qui est quand même intéressant et qui est passionnant à cet
égard-là.
M. Chevrette: Vous avez 3 comités de gestion élus,
dont vous êtes fiers...
M. Murphy: Quatre. Joutel aussi.
M. Chevrette: Joutel aussi, 4. Pourquoi pas Baie James?
M. Murphy: Radisson, vous voulez dire? M. Chevrette:
Radisson.
M. Murphy: Radisson, on est rendus là. Radisson, c'est
que, concrètement, dans 7, 8 mois d'ici, ça va être la fin
des chantiers. Il faut dire que Radisson, présentement, est assise sur 2
genres de population: des populations, je dirais, plutôt stables et 50 %
qui sont des gens de chantier. Il est évident que la fin des chantiers
au niveau de Radisson, c'est pour nous, en termes de municipalité,
déjà une cloche qui sonne en disant: Voici, ceux qui vont rester,
ce sont les éléments permanents; eux autres seront bien
placés pour s'élire un conseil. Mais il est évident
qu'avec des gens qui viennent et qui repartent à tous les 3 mois, parce
qu'ils sont sur un contrat, ces affaires-là, il est extrêmement
difficile de penser à créer une structure stable au niveau de
Radisson.
M. Chevrette: Est-ce que ça vous a été
imposé par Hydro-Québec ou si c'est une décision de la
SDBJ?
M. Murphy: Aucunement, SDBJ, MBJ. M. Goyette: La gestion
locale de Radisson?
M. Chevrette: Le fait que vous contrôliez Radisson?
M. Goyette: Jamais!
M. Chevrette: C'est vous autres qui avez décidé
ça, d'attendre la fin des travaux?
M. Goyette: C'était un fait quand je suis rentré
là et, 1 an après, je leur ai dit: II est temps, là, de se
prendre en main à Radisson. Puis, vu qu'il y avait une variation de
population prévue, les gens ont peut-être tardé à
revenir nous voir pour dire qu'ils étaient prêts.
La semaine passée, j'ai reçu un communiqué du
comité de citoyens nous demandant de les rencontrer la semaine
prochaine, qu'ils avaient des propositions à nous faire. Ça veut
dire qu'ils y ont pensé depuis 1 an, depuis que je leur ai offert de
devenir indépendants, si vous voulez.
M. Chevrette: Ce n'est pas répugnant. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Chevrette: Être capable de voler de ses propres ailes,
c'est ordinairement un signe de maturité.
M. Murphy: Exactement.
M. Chevrette: Je suis heureux de vous l'entendre dire, messieurs.
Vous devriez passer le message à vos congénères.
M. Goyette: Mais c'est avec un petit «i».
M. Chevrette: Pardon?
M. Goyette: J'ai dit: Avec un petit «i».
M. Chevrette: Qui?
M. Jolivet: Un petit «i».
M. Chevrette: Ah! Un petit «i»?
M. Goyette: Ce n'est pas une grande communauté.
M. Chevrette: Si c'est bon pour une petite communauté,
c'est bon pour une grande communauté, mon cher monsieur, surtout quand
elle est homogène et qu'elle a des droits ancestraux. Si les autochtones
du Québec ont le droit de revendiquer la plénitude des... Vous
m'avez ouvert une maudite belle porte; je pourrais vous entretenir
jusqu'à 18 heures.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est parce que j'ai promis que ça finirait
à 17 heures. Donc, oui, on pourra y aller, là. Ce que je
suggère, en terminant, c'est qu'on puisse s'entendre
ultérieurement avec...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député de Joliette, je pense que la responsabilité va
être une responsabilité au niveau des 2 leaders. Alors, nous,
notre mandat va être terminé. Par après, l'entente...
M. Chevrette: Oui, oui. Moi, je parlais comme leader au monde
ici.
Le Président (M. Joly): Oui, mais, par contre, je ne peux
pas engager mon leader. Comprenez-vous?
M. Chevrette: Je comprends, mais, si on peut s'entendre, c'est
parce que je n'ai pas touché à des items précis pour avoir
des clarifications. C'est la première fois qu'on se rencontre, il a
fallu débroussailler l'histoire un peu, là.
M. Goyette: C'est une première expérience.
M. Chevrette: Donc, il reste tout le rapport annuel où
j'aimerais fouiner un peu et votre code d'éthique que vous nous avez
déposé ce matin.
Le Président (M. Joly): En fait, si je comprends bien, on
est en train de rattraper ce qui n'a pas été fait depuis 15
ans.
M. Chevrette: II pourrait y en avoir encore pour un bon 2, 3
heures, puis ça permettrait de faire le tour.
Le Président (M. Joly): Moi, je n'ai pas d'objection,
lorsqu'on sera convoqués.
M. Chevrette: Je pense bien que c'est même à
l'avantage de la SDBJ, à mon point de vue.
M. Murphy: Oui.
M. Goyette: Moi, si j'avais une recommandation à faire...
Je ne sais pas si je le peux, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Oui.
M. Goyette: On va avoir, avec l'actionnaire, notre nouveau
rapport pour l'année 1993, puis je pense qu'on devrait mettre tout
ça, parce que, là, revenir...
M. Chevrette: Ce serait mieux.
M. Goyette: Et, nous, c'est très coûteux de
déplacer tout notre monde à Québec, à
Montréal ou ailleurs. Ça fait qu'on voyage le moins possible.
Le Président (M. Joly): J'imagine aussi que, vu la date de
la prochaine consultation qui est incertaine, vous aurez, à ce
moment-là, soumis les documents, ou la majeure partie des documents,
pour nous permettre...
M. Goyette: Absolument. M. Murphy: Oui, oui.
Le Président (M. Joly): ...de faire les évaluations
nécessaires.
M. Chevrette: Non, mais c'est intéressant, la suggestion
que le président a faite, parce que ça nous permettrait
d'être à la page. Au lieu de travailler sur 1991-1992, on
travaillerait sur 1992-1993 et je pense qu'on pourrait, à ce
moment-là, se donner, même à nous, 1 semaine ou 15 jours
pour la lecture, pour la préparation.
Le Président (M. Joly): Sans, pour autant, oublier le
passé.
M. Chevrette: Bien, là, le passé, on en a fait le
tour, quand même, pas mal. Je n'ai pas l'intention de le ressasser. Je
questionnerai plutôt le rapport 1992-1993, il sera plus à la page,
puis ça pourra éviter d'autres questions, d'ailleurs. Quand on
n'a jamais questionné un organisme, il faut bien commencer par
s'enquérir de ce qu'ils font, quel est leur degré d'autonomie,
voir si ça les chatouille quand on les questionne.
M. Goyette: Ça ne nous chatouille pas du tout, parce qu'on
est très à l'aise.
M. Chevrette: Bien oui.
M. Goyette: On n'a pas à se confesser si on n'a pas
péché. On le fait juste par habitude.
M. Chevrette: C'est vrai, mais j'en connais des...
M. Goyette: Mais c'est déjà perdu, cette
habitude-là.
M. Chevrette: Mais j'aime ça, des pécheurs qui
aiment ça se vanter de leurs péchés.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, M. Murphy, vous avez
quelque chose à rajouter. Excusez.
M. Murphy: Je me permets simplement de vous dire que, pour nous,
on est heureux, parce que la démarche qu'on fait ici, on a l'impression
d'avoir fait la même démarche au forum des sous-ministres, au
COMPADR. On appelle ça contaminer un peu les gens au Nord. Puis, il est
évident qu'on vit une problématique spéciale, qui ne peut
pas être réglée toujours avec des solutions du Sud, et
ça nous permet, à ce moment-là, que vous nous compreniez
un peu mieux. (17 heures)
Le Président (M. Joly): M. le député de
Drummond, vous aviez un commentaire?
M. St-Roch: Ah, plus que ça, M. le Président. Je
vois qu'il y a une entente qui a été prise pour 17 heures. Vu
qu'il n'est pas dans l'habitude du député de Drummond
d'interférer dans les ententes, je vais en prendre la
responsabilité, parce que c'était 5 minutes. Je dois en conclure
aussi, suite aux propos que j'ai entendus, qu'il y aura une autre rencontre.
Alors, dans cette foulée-là, j'aurai des questions, moi aussi,
à poser lors d'une prochaine rencontre...
Le Président (M. Joly): II me fera plaisir de vous
reconnaître.
M. St-Roch: ...qui, j'imagine, pourrait être avant la fin
de l'année. Alors, c'est pour avertir nos invités.
Le premier commentaire, M. le Président: Oui, on a, je dirais,
l'obligation, nous les gens du Sud, lorsque je regarde la problématique
future du Québec, avec tout ce que comporte l'administration de votre
territoire, de nous rendre familiers et de réaliser que c'est un
cinquième du territoire. Alors, moi, dans la prochaine rencontre qu'on
aura, j'aimerais regarder avec vous... Parce qu'à l'intérieur de
vos rapports aussi vous avez fait beaucoup d'études au niveau du
développement de l'agriculture et au niveau de la foresterie. Alors,
j'aimerais, moi, qu'on regarde quelles sont les études que vous avez
faites, qu'est-ce que ça a impliqué comme coûts et aussi
quel est le potentiel que vous avez déterminé dans un avenir
immédiat. Parce que, si on veut occuper le territoire davantage,
ça va être une des propositions clés.
Un autre domaine sur lequel j'aimerais échanger avec vous
et vous y touchez, d'ailleurs, M. le président, dans votre rapport
c'est cette mise en place, avec le milieu autochtone, d'une
société de holding pour le développement minier. Le
concept, moi, me plaît énormément en tant que
député. J'aimerais qu'on regarde aussi et échanger avec
vous ça va vous donner la chance de vous préparer
une des choses que j'ai toujours questionnées à
Hydro-Québec. Ça va vous donner la chance de regarder ça
parce que vous avez une longue tradition de développement du Nord. Moi,
ce qui m'a toujours chatouillé, à un moment donné, c'est
qu'on fasse des barrages au Québec sans prendre en considération
ce que le sous-sol pouvait contenir. Puis, est-ce qu'on a perdu, nous... J'ai
été, moi, en tant que porte-parole de ma collectivité
drummondvilloise, payeur de taxes québécois, actionnaire du
Québec et occupant du Québec aussi. On a pris une
décision, est-ce que c'était valable? Est-ce que, dans bien des
cas, on ne serait pas mieux de retarder des projets et de faire de
l'exploration?
Je mets ça avec la création de votre société
de holding. Moi, j'aimerais qu'on investigue parce qu'on nous promet d'autres
développements hydroélectriques. Alors, j'aimerais
échanger avec vous pour voir si, à votre avis vous allez
avoir la chance de consulter vos gens de votre milieu on a fait des
erreurs au niveau du potentiel minier de cette partie du territoire là.
Lorsque je regarde en haut du 55e parallèle, il y a d'autres grands
projets là. Alors, essayons d'éviter des erreurs en haut du 55e,
parce que je pense, là, qu'on a le temps de regarder, de corriger et de
prendre des actions avant de faire quoi que ce soit.
Ça, c'est, M. le Président, des questions que j'aurai
à demander, lors de notre prochaine rencontre, à nos
invités. Merci d'être venus nous sensibiliser, nous, les gens du
Sud. Et, oui, vous avez un milieu qui va être drôlement important
pour l'avenir du Québec, à mon humble avis, surtout si c'est vrai
que, pour nos petits-fils, lorsqu'il y aura un réchauffement de la
planète, vous serez probablement le Sud du Québec et, nous ici,
on sera la Floride. Alors, vous avez l'avantage de faire une planification qui
va être adéquate pour les 50 prochaines années. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Drummond. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, moi, je dois vous dire que
je souhaiterais avoir des banquiers aussi fins qu'eux autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, à vous...
M. Goyette: M. le Président...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît. M.
Goyette.
M. Goyette: ...je vais vous faire une remarque. Dans le Nord du
Québec, il faut se débrouiller beaucoup parce qu'il n'y a pas de
Caisse de dépôt, de caisses Desjardins, de fonds de
solidarité. Partout où on cogne, ils ne sont pas là; il
faut se débrouiller nous-mêmes. Ça fait que, si vous pouvez
nous aider à convaincre ces gens-là... Mais, d'abord, il faut
comprendre le dossier du Nord du Québec et l'importance de l'occupation
du Nord du Québec.
Le Président (M. Joly): On dit toujours que les paroles
s'envolent et les écrits restent. Comme c'est enregistré,
j'imagine qu'on pourra y référer. Alors, messieurs de la
société de développement, merci d'avoir été
présents.
La commission, ayant complété son mandat, ajourne ses
travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 17 h 4)