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(Onze heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Gobé): Mesdames, messieurs, si
vous voulez bien prendre place, la commission de réconomie et du
travail va maintenant entreprendre ses travaux. S'il vous plaît!
Alors, bonjour, mesdames et messieurs, il me fait plaisir de vous
accueillir dans cette salle de l'Hôtel du Parlement. Je déclare
donc maintenant, le quorum étant constaté, cette séance
ouverte.
Organisation des travaux
Je rappellerai, avant de faire lecture de notre mandat, à toutes
les personnes qui sont présentes dans cette salle, qu'il est de
tradition, dans ce parlement et dans cette salle, que le public n'intervienne
pas ou évite des manifestations d'acquiescement ou de
réprobation, ceci pour permettre la bonne marche des débats et de
respecter le droit à la parole de chaque intervenant, qu'il soit
député ou qu'il soit invité à comparaître et
à exposer son point de vue devant cette commission.
Nous allons sans plus tarder, maintenant, faire lecture du mandat de
cette commission, aujourd'hui, et nous pourrons par la suite commencer. Alors,
la commission de l'économie et du travail est maintenant réunie
aujourd'hui, conformément à l'article 51 de la Loi sur les
relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction, pour entendre le Syndicat de
la construction de la Côte-Nord de Sept-îles inc., la Centrale des
syndicats démocratiques, la CSN-construction, le Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction (international), la
FTQ-construction et l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec quant aux raisons motivant l'impossibilité de parvenir
à une entente relativement aux modifications à apporter au
décret de la construction.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais informer les membres que j'ai
reçu une lettre du Syndicat de la construction de la Côte-Nord,
qui s'intitule... «Monsieur, notre organisme ne pourra être
présent à la commission de l'économie et du travail
convoquée aujourd'hui, le 14 juin. Je vous prie d'agréer,
monsieur, l'expression de nos sentiments les meilleurs.» Et c'est
signé par Sylvain Faucher, représentant SCCN. (11 h 20)
Donc, ceci mettra peut-être quelques changements à notre
horaire de la journée. Nous commencerons donc par entendre les
représentants de la CSD et, par la suite, les représentants de la
Confédération des syndicats nationaux, CSN-construction. Par la
suite, à 15 heures, le Conseil provincial du Québec des
métiers de la construction (international); à 16 heures, la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec,
FTQ-construction, et, de 17 heures à 18 heures environ, l'Association
des entrepreneurs en construction du Québec. Est-ce qu'il y a
consentement des membres de la commission pour déroger oui
à cet ordre du jour, vu que le Syndicat n'est pas là? Donc, il y
a consentement. Donc, nous y dérogeons, et la lecture que je viens de
faire devient le nouvel ordre officiel des travaux de cette commission.
M. le secrétaire, avez-vous des remplacements à annoncer
aujourd'hui?
Le Secrétaire: Oui. M. Bélanger (Laval-des-Rapides) est
remplacé par M. Gauvin (Montmagny-L'Islet); M. Charbonneau (Saint-Jean)
est remplacé par M. Richard (Nicolet-Yamaska); M. Blais (Masson) est
remplacé par M. Dufour (Jonquière); M. Chevrette (Joliette) est
remplacé par M. Morin (Dubuc) et M. Jolivet (Laviolette) est
remplacé par M. Garon (Lévis).
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, M. le
secrétaire. Je demanderais aux membres de bien vouloir conserver,
peut-être, le silence, le temps qu'on fasse un peu la mise en place de
nos travaux. Il n'est pas prévu à notre horaire de
déclarations ou de remarques préliminaires. Par contre, si
quelques membres, d'un côté ou de l'autre, désirent prendre
2 ou 3 minutes afin d'ouvrir cette commission, la présidence y
consentirait. Alors, M. le ministre, M. le critique officiel de l'Opposition,
est-ce que vous avez 2, 3 minutes à prendre chacun? Oui. Alors, donc,
par consentement et pour, peut-être, faciliter l'ouverture du
débat, M. le ministre, pour 2 ou 3 minutes.
Remarques préliminaires M. Normand
Cherry
M. Cherry: Merci, M. le Président. D'abord, bien
rapidement, comme j'ai l'habitude de le faire dans les travaux de cette
commission, en vertu de l'article 51 de la loi, nous avons, comme vous l'avez
souligné, M. le Président, l'obligation d'entendre les parties
pour qu'elles viennent nous expliquer ce qui s'est passé dans la
prolongation de 45 jours que nous avons mise à leur disposition. Nous
avons mis à leur disposition, également, durant la même
période, les services d'un conciliateur auxquels se sont ajoutés
les services du sous-ministre adjoint, responsable du dossier de la
construction au ministère du Travail. Donc, il est important que cette
commission
entende ce qui s'est déroulé et en quoi consiste
l'état de la situation au moment où on se parle, et qu'ils nous
fassent part de l'impasse, avec les raisons qui les amènent devant nous,
encore une fois, ce matin, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. M.
le critique de l'Opposition officielle, vous avez maintenant la parole pour 2
ou 3 minutes, vous aussi.
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, le prévisible est
arrivé. En fait, lors de la dernière séance d'audiences,
qui a résulté en une prolongation du décret de 45 jours,
c'était prévisible dans le sens qu'on s'est bien rendu compte,
nous, et la plupart des intervenants, que 45 jours étaient insuffisants
pour arriver à une solution négociée. Le ministre a eu
beau invoquer tous les patrons du ciel, tous les saints patrons, pour que le
miracle se produise, il ne s'est pas produit et il ne se produira pas,
même aujourd'hui. Donc, il est important de se rappeler que les
problèmes sont connus. Mais, même si les problèmes sont
connus, les solutions sont difficiles à appliquer, surtout de la part du
gouvernement qui ne manifeste pas une volonté très, très
forte de s'impliquer dans d'autres domaines que ceux qu'il choisit,
c'est-à-dire la langue où, là, il est prêt à
aller de l'avant, et dans certaines formules de taxation où il frappe
sur le contribuable.
Quant au domaine des relations ouvrières, bien, on n'a
qu'à constater et à regarder autour de soi pour voir qu'il n'y a
pas une grande évolution et que les relations ouvrières ont
tendance à se détériorer. Et ce n'est pas avec la venue ou
l'imposition d'un décret qu'on va améliorer ces relations de
travail. Donc, le gouvernement demeure avec ses problèmes. Nous, on va
les subir comme les travailleurs, mais il demeure que, même après
l'entente des mémoires, c'est prévisible, aujourd'hui, que, de
un, on n'aura pas de solution, deux, on ne fera que repousser les solutions aux
problèmes qui confrontent le monde de la construction.
Donc, là-dessus, bien sûr, comme Opposition, on va
être disposés à écouter les groupes attentivement,
et à se faire une opinion, même si, d'avance, on peut
prévoir qu'il y aura, à la fin de la journée, une
imposition d'un décret. De quelle durée? C'est peut-être la
seule inconnue qu'on a, mais, pour nous, on sent bien que la durée va
être assez longue, parce que je ne crois pas que la volonté est
là de régler le problème.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, M. le
porte-parole de l'Opposition officielle.
Ceci, donc, nous permet maintenant de pouvoir commencer les auditions.
Les représentants de la CSD sont déjà arrivés, ils
sont en avant. Je vous rappelle que vous avez 20 minutes pour faire valoir,
présenter votre position et, par la suite, de part et d'autre de cette
commission, 20 minutes seront allouées à chacun des
représentants. S'il advenait qu'un député
indépendant vienne, nous verrions à réaménager le
temps pour lui laisser une petite plage de quelques minutes pour faire valoir,
lui aussi, ses opinions.
Alors, messieurs, si vous voulez vous présenter et aussi
présenter les gens qui vous accompagnent.
Auditions Centrale des syndicats démocratiques
(CSD)
M. Fournier (Michel): Merci, M. le Président. Eh bien, M.
le Président, MM., Mmes les députés, M. le ministre du
Travail, je vais tout d'abord vous présenter les gens qui
m'accompagnent. En commençant, à ma gauche, Martin Ouellet,
conseiller syndical à la construction à la CSD; ici, j'ai Louis
Tremblay, du Service de recherche CSD; à mon extrême droite, c'est
Jean-Guy Lévesque, conseiller syndical à la construction, ainsi
que Daniel Simard, aussi conseiller à la construction.
Eh bien, je n'ai pas l'intention de faire une présentation
exhaustive; je vais plutôt vous faire un bref résumé des
recommandations que nous avons déposées au Groupe de travail sur
l'industrie de la construction, le 27 mai dernier, recommandations qui se
retrouvent dans un mémoire dont vous avez eu copie, ainsi que le
critique de l'Opposition.
Les négociations se sont terminées sans qu'aucune entente
ne soit possible. Les positions des parties représentées à
la table de négociation étant trop éloignées pour
espérer une entente, nous nous retrouvons encore dans une impasse,
impasse que nous avions d'ailleurs prévue lors de la commission
parlementaire tenue le 30 avril dernier. Le Groupe de travail sur l'industrie
de la construction a déposé son rapport le 8 juin 1993. Ce
rapport renferme des propositions intéressantes pour améliorer
plusieurs aspects de l'industrie de la construction. Cependant, le groupe de
travail détruit le mérite de certaines propositions en demandant
d'exclure du décret de la construction le secteur résidentiel. Il
admet lui-même, par ailleurs, que cette mesure n'apportera pas de
solution au travail au noir puisqu'il propose de faire des études sur
les impacts économiques et budgétaires des mesures fiscales afin
d'inciter le donneur d'ouvrage à faire effectuer des travaux dans la
légalité. La CSD est aussi en total désaccord avec les
recommandations du Groupe concernant le régime de santé et de
sécurité du travail. L'approche adoptée par le Groupe fait
subir à la travailleuse et au travailleur les effets de l'absence de
prévention sur les chantiers et de l'insécurité d'emploi
qui y régnent.
Face à l'impasse des négociations, et pour permettre une
réflexion qui doit amener des changements importants au processus actuel
de négociation dans l'industrie de la construction, la CSD recommande
que le gouvernement du Québec prolonge le décret de la
construction pour une période de 12 mois. Cette période doit
être productive et permettre au gouvernement et aux représentants
patronaux et syndicaux de l'industrie de la
construction d'adopter de nouvelles orientations qui traceront la toile
de fond pour un avenir meilleur. La CSD croit que cet avenir passe par la
modernisation des relations de travail dans l'industrie de la construction,
l'accroissement de la flexibilité et la démocratisation de
l'industrie.
Dès septembre, le gouvernement du Québec doit
déposer un projet de réforme de l'industrie de la construction et
un avant-projet de loi. Ils doivent contenir, notamment, une modification du
régime de négociation afin que toutes les parties soient
impliquées dans le processus de négociation, la reconnaissance de
l'ancienneté des travailleurs et des travailleuses par l'employeur,
l'établissement d'un système de placement centralisé,
ainsi que la reconnaissance du pluralisme syndical.
Ce projet de réforme ferait l'objet d'une commission
parlementaire publique à l'automne, suivie par le dépôt et
l'adoption, avant Noël, d'un projet de loi réformant le
régime de négociation. Les parties patronale et syndicale
auraient ensuite 6 mois pour conclure une convention. Ce délai doit
permettre soit une entente des parties, ou bien l'application du droit de
grève ou de lock-out si la recommandation de la commission de
médiation est rejetée par l'une ou l'autre des parties. Cette
période de 1 année est donc cruciale pour permettre une
réforme en profondeur de l'industrie de la construction et mettre fin
à l'intervention systématique du gouvernement dans l'arbitrage
des conflits de travail de ce secteur important de l'économie. (11 h
30)
Vous avez en annexe du document qu'on vous a déposé, les
recommandations qu'on a faites au Groupe de travail sur l'industrie de la
construction. Je vais vous lire les plus importantes, c'est-à-dire en
commençant par la page 6: L'emploi dans la construction. La CSD
recommande que la rénovation ainsi que l'installation
d'équipement de production soient réintégrées dans
le champ d'application du décret, sauf pour celles effectuées par
les salariés permanents réguliers des entreprises, pour le cas
des secteurs industriel, commercial et institutionnel. On sait qu'en 1991 il
s'est dépensé plus d'argent en rénovation qu'en
construction neuve, c'est-à-dire 4 300 000 000 $ pour la
rénovation, contre 3 800 000 000 $ pour la construction neuve.
La CSD recommande aussi que l'accès et la protection des emplois
soient les objectifs prioritaires du prochain décret. Le décret
doit contenir des dispositions assurant une véritable
sécurité d'emploi.
La CSD recommande l'établissement d'un système de
placement centralisé avec priorité régionale par lequel
les travailleuses et les travailleurs seraient placés en fonction de
leurs qualifications et de leur ancienneté.
La CSD recommande que, dans le but de stabiliser l'emploi, l'État
respecte et divulgue un calendrier de réalisation des grands travaux
publics.
Enfin, la CSD recommande que l'industrie soit organisée pour
qu'elle réponde favorablement au défi de la nouvelle
main-d'oeuvre et des changements technolo- giques, notamment en branchant le
régime d'apprentissage sur la réalité de l'industrie.
Je vous propose ensuite d'aller à la page 7, au point 2.2: Le
placement centralisé. Qu'est-ce qu'on entend par le placement
centralisé? Donc, la CSD recommande que la loi soit amendée pour
confier en exclusivité le placement des travailleuses et des
travailleurs, en tenant compte de la liste de rappel de l'employeur, à
un organisme central, neutre et indépendant. À
l'épuisement de la liste de rappel de l'employeur, les règles
fondamentales seraient la priorité régionale et
l'ancienneté de disponibilité, c'est-à-dire offrir
l'emploi disponible à la travailleuse ou au travailleur
enregistré en chômage depuis le plus longtemps.
Je vous invite à aller à la page 12: Le régime de
négociation. La CSD recommande que la loi soit amendée pour
démocratiser le processus de négociation. Pour ce faire, on doit
garantir la constitution d'une table de négociation unique et centrale,
garantir la participation de toutes les associations représentatives au
processus de négociation.
Pour ce qui est du processus de négociation, la CSD recommande
d'amender la loi pour constituer une commission de négociation
formée de 3 personnes compétentes dans le domaine des relations
de travail. Après une période de 60 jours de négociation,
une des alternatives suivantes serait choisie: la conclusion d'une entente
à soumettre aux travailleuses, aux travailleurs et aux employeurs ou le
recours à la commission, qui se transforme alors en commission de
médiation. Elle aurait 30 jours pour tenter une entente. À
défaut de quoi, la commission de médiation soumettrait aux
parties un projet d'entente devant faire l'objet d'un scrutin postal
auprès de tous les travailleurs, travailleuses et entrepreneurs, tenu
avec le maximum de garanties possible d'efficacité et
d'intégrité sous la responsabilité d'un président
neutre. Le rapport du scrutin postal serait produit dans les 30 jours suivant
le rapport de la commission. Pour chacune des parties, la majorité
absolue de ceux et celles qui auraient voté serait requise pour
l'acceptation ou le rejet du rapport. Suivant le résultat, l'exercice du
droit de grève ou de lock-out suivrait son cours.
Donc, c'est la fin de notre présentation, M. le ministre, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M.
Fournier, je vous remercie beaucoup. Nous allons donc maintenant passer
à la période de débat. M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Cherry: Merci, M. le Président. D'abord, si mes
informations sont exactes, la CSD, vous ouvrez votre congrès
aujourd'hui, à 14 heures. Donc, je pense que vous avez beaucoup de
mérite d'avoir accepté, au pied levé, comme ça, de
vous présenter devant nous.
Je reconnais que le but de l'exercice d'aujourd'hui, c'est, bien
sûr, de nous expliquer ce qui s'est passé dans le délai
additionnel de 45 jours, qui fait
qu'on n'a pas été capables de convenir du résultat
de la négociation. Comme vous n'êtes pas partie d'ailleurs,
vous le soulignez là-dedans il est difficile pour vous
d'expliquer ce qui s'est passé dans ce délai de 45 jours. Vous
profitez plutôt de l'occasion qui vous est offerte de venir nous faire
certaines propositions. Vous parlez des travaux qui ont été faits
par un groupe de députés concernant tout l'aspect de la
construction. Ça rend votre contribution à un exercice comme
celui de ce matin, par rapport au but premier, un peu plus difficile, mais
quand même, je pense que vous...
Dans la page 1, là, vous dites: «Le groupe de travail
détruit le mérite de certaines propositions en demandant
d'exclure du décret de la construction le secteur
résidentiel.» J'aimerais ça vous entendre là-dessus,
là. Pourquoi vous prenez une position aussi ferme que celle-là,
en disant qu'en excluant... J'aimerais vous entendre, dans un premier
temps.
M. Founder: O.K. On dit que, avec la recommandation du groupe de
députés d'exclure le résidentiel du décret, on
court à, si vous voulez, la fin de l'industrie de la construction telle
qu'on la connaît. Exclure le résidentiel du décret ferait
en sorte que les entrepreneurs seraient dans un libre marché. Ils
emploieraient pratiquement n'importe qui, à des salaires qui seraient
probablement plus près du salaire minimum que du salaire du
décret. La santé et sécurité, telle qu'on la
connaît aujourd'hui, malgré ses failles, il n'y en aurait plus du
tout. Et de 130 000 travailleurs de la construction, présentement, que
l'on connaît aujourd'hui, on se retrouverait probablement avec 300 000
dans pas grand temps: tout le monde s'improviserait travailleur de la
construction. Je ne sais pas pourquoi on voudrait que le secteur de la
construction soit ouvert à n'importe qui, quand on sait qu'un
travailleur qui va faire application chez Alcan ou chez Pratt & Whitney, il
attend son tour. Pourquoi, dans la construction, il devrait rentrer et que la
porte devrait être grande ouverte? Si on sort le résidentiel du
décret, c'est ça qui va arriver: tout le monde va entrer dans
l'industrie de la construction. Ça va être la jungle!
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Cherry: O.K. Évidemment, là, de la façon
dont vous l'avez commenté, vous n'avez pas fait la distinction que le
groupe de travail, là, présuppose: que les gens qui
travailleraient dans la construction maintiendraient de la formation et de la
compétence. De la façon dont vous l'exprimez, c'est comme si tout
le monde pouvait le faire. Je ne pense pas que ce soit ça qui fait
l'objet du rapport, mais enfin, là, dans un premier temps.
Également, vous avez fait référence aux 130 000. Je
pense que c'est ça, le chiffre que vous avez utilisé: 130 000
travailleurs dans l'industrie de la construction; le chiffre qui est
véhiculé le plus fréquemment est 120 000, il me semble,
là. Bon, O.K. Est-ce que le chiffre de 120 000 est celui qui est
utilisé en fonction du nombre de cartes émises, par rapport
à ceux qui exercent de façon régulière leur
activité? Est-ce que vous êtes capable d'en faire la
compartimentation, là? Parce que, souvent, le chiffre
véhiculé, c'est: il y a 120 000 travailleurs dans l'industrie de
la construction. Quels sont ceux qui, effectivement, parce qu'ils ont une
carte, là, exercent de façon régulière sur
l'ensemble des 120 000? On sait qu'il y en a qui possèdent plus qu'une
carte, parce qu'ils ont de l'habileté dans plus un métier ou d'un
corps d'occupation. Mais, est-ce qu'il y en a, et, si vous le savez, quel est
le nombre de ceux qui possèdent une carte, soit pour continuer à
utiliser leur activité au service de commissions scolaires, de
municipalités ou d'entreprises, mais dont l'objectif, et, année
après année, ne rapporte pas d'activité dans le secteur
proprement dit de la construction? Est-ce que vous avez ces
chiffres-là?
M. Fournier: C'est évident que, quand on parle de 120 000
ou de 130 000 cartes en circulation dans l'industrie de la construction, ce
n'est pas, justement, 130 000 individus qui exercent un emploi dans la
construction. Il y a bien des gens, comme vous le dites, qui ont un
dépanneur ou un taxi et qui ont leur carte de construction. Et il y a
aussi les gens qui travaillent dans les hôpitaux ou dans les
écoles, ou un petit peu partout, qui conservent leur carte de
construction. Sauf que vous savez, aussi, qu'en mars 1992 la CCQ nous disait
qu'il y avait 34 000 personnes qui n'avaient pas fait 1 heure dans
l'année 1991-1992, et on récidive, en mars 1993, en disant qu'il
y en a 38 000 qui n'ont pas fait 1 heure en 1992, 38 000 travailleurs qui n'ont
pas fait 1 heure en 1992. Ce n'est pas seulement parce qu'ils ont un taxi ou un
dépanneur; c'est simplement parce que les heures ont beaucoup
diminué, aussi. (11 h 40)
J'aimerais aussi répondre à une question à laquelle
vous avez fait allusion, en premier lieu, en disant qu'on n'était pas
aptes à répondre du pourquoi il n'y avait pas eu entente dans les
45 derniers jours.
Il est évident, M. le ministre, de par votre passé,
vous connaissez c'est quoi, un petit peu, négocier une convention
collective que, si on ne s'est pas entendus, depuis 10 ou 12 ans, ce ne
sera pas 45 jours qui vont faire la différence. Et c'est pourquoi on
vous demande de faire une réforme en profondeur du processus de
négociation actuel.
M. Cherry: O.K. Vous dites que, selon les derniers chiffres, bien
sûr, il y a 38 000 personnes qui détiennent une carte, qui n'ont
pas rapporté 1 heure, et, bien sûr, il y a une bonne partie de
ça qui est à cause de la diminution de l'activité
économique. Vous référez à 38 000. Si on se
réfère, en comparaison, aux années
précédentes, il y en a combien de ces gens-là qui, bon an,
mal an, même quand l'activité était comparativement
meilleure que la dernière fois, année après année,
possédaient une carte, mais ne rapportaient pas d'activité,
par
apport aux 38 000 que vous avez cités?
M. Founder: Malheureusement, je ne peux pas /ous répondre.
Je n'ai pas la donnée officielle, mais je situerais ça environ
autour de 15 000, peut-être, qui ont in emploi connexe, qui sont
pompiers, qui sont policiers, qui ont un dépanneur ou un taxi, comme on
disait tout à l'heure, qui possèdent une carte, mais qui n'en
profitent pas pour travailler. Et dans un boom économique comme dans le
temps du Stade olympique ou de la Baie James, ces gens-là, probablement,
travaillaient dans l'industrie.
M. Cherry: O.K. Et vous avez également
référé que ça fait 10, 12 ans que le
système, tel qu'on le connaît, a obligé les gouvernements
qui se sont succédé à décréter dans
l'industrie de la construction. J'aimerais vous entendre sur le pourquoi,
indépendamment des gouvernements en place, il a toujours fallu que le
gouvernement intervienne.
M. Founder: Pourquoi? Probablement à cause du
système de négociation qui ne répond pas aux besoins de
l'industrie. Présentement, de la partie syndicale, il y a 2 syndicats
qui se font entendre; de la partie patronale, il y a 7 patrons et il y en a
une, entre autres, qui représente les 7 autres, qui est l'AECQ. Et on a
vu, tout le long des négociations, que l'APCHQ, entre autres, s'est
ingérée dans les négociations via les médias. Veux,
veux pas, elle a participé aux négociations en sensibilisant
l'opinion publique sur le fait qu'il fallait déréglementer. Donc,
si l'APCHQ avait été à la table de négociation,
probablement qu'elle aurait fait valoir ces points à la table de
négociation, des points que l'AECQ a dit ouvertement qu'elle ne
partageait pas. Donc, encore là, je vous dis que, s'ils ne se sont pas
entendus depuis les 10, 12 dernières années, c'est que le
régime de négociation n'est pas adéquat.
M. Cherry: Vous avez fait allusion aux recommandations du groupe
de travail des députés. Parmi les choses qui sont mises de
l'avant dans ce document de travail, il est question de tenir un sommet ou un
forum appelons-le comme... le titre à l'automne, qui
élargirait l'ensemble des intervenants, plutôt que de se limiter
uniquement à la partie traditionnelle, en vertu de la loi syndicale et
patronale, qui élargirait le débat. Comment vous réagissez
à ça, et auriez-vous l'intention d'y participer? Comment vous
réagissez à cette proposition-là du groupe de travail?
M. Founder: II est bien évident qu'un sommet ou un forum,
appelez-le comme vous voulez, qui se tiendrait avec des partenaires qui
auraient vraiment la volonté de venir s'exprimer, puis pas seulement
s'exprimer pour chialer, mais vraiment, en arrivant là avec des
correctifs, on pourrait sûrement sortir des bonnes idées d'un
forum semblable. Ça serait même souhaitable. Probablement que la
réforme des négociations que l'on propose en ce moment
ressortirait aussi dans un sommet comme ça. Faire valoir tous les bons
côtés de la chose.
M. Cherry: O.K. Est-ce que vous...
M. Founder: Si vous permettez...
M. Cherry: Oui.
M. Founder: ...Louis voudrait intervenir.
M. Tremblay (Louis): Pour compléter, M. le ministre, il y
a eu passablement de rapports et d'études sur l'industrie de la
construction. Je pense qu'il faut faire une mise au jeu, à l'automne,
avec un projet de réforme, quitte à ce que vous l'amendiez par la
suite. Mais il faut qu'il y ait une mise au jeu, avec un projet de
réforme sur la table. Et ça pourrait être suivi d'un forum,
sommet ou commission parlementaire publique, élargie afin que tous les
partenaires viennent. Mais il faut qu'il y ait un projet sur la table pour
qu'on aboutisse enfin à quelque chose.
M. Cherry: D'autres s'exprimeront plus tard aujourd'hui, mais il
y a des gens qui souhaitent que le sommet de la construction qui est
souhaité par des parties soit élargi aux représentations
traditionnelles, tant patronales que syndicales. Et M. Founder, qui s'exprimait
tantôt, faisait allusion au comportement d'une des associations
patronales dans le présent décret. Donc, ne croyez-vous pas qu'il
serait utile que, plutôt que chacun tente de faire des interventions par
le biais des médias, on ait un forum avec l'ensemble des intervenants
non seulement en fonction des relations de travail, mais sur l'ensemble de
l'activité économique du secteur de la construction? Quelle est
votre réaction par rapport à un forum de cette nature-là?
Croyez-vous que ça pourrait avoir des effets bénéfiques?
Accepteriez-vous d'y participer?
M. Founder: Je vous disais tout à l'heure que c'est
évident que ça aurait des effets positifs. Il y aurait
peut-être des choses qui sortiraient dans un forum comme ça, qui
ne se sont jamais dites ou qu'on ne pense pas qu'elles puissent se dire, parce
qu'il y a tellement de choses cachées dans notre industrie, que
ça ferait vraiment du bien. Mais, comme le disait Louis tout à
l'heure, il est important qu'on amorce, par un projet de loi, une
réforme du processus de négociation dans l'industrie de la
construction. Écoutez, il ne faut pas se le cacher, historiquement, les
Québécois, ils n'aiment pas ça, le changement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Founder: Donc, historiquement, les Québécois
n'aiment pas le changement. Le changement dans l'industrie de la construction
ou, si vous préférez, le progrès dans l'industrie de la
construction, il s'est arrêté
quelque part au milieu des années soixante-dix. Ça n'a pas
avancé depuis ce temps-là. C'est lourd à porter, le
dossier de la construction, c'est sale, mais il va falloir qu'un jour quelqu'un
se salisse les mains. C'est important.
M. Cherry: II faut dire aussi, si je me permets, et c'est
peut-être mon dernier commentaire, M. le Président, pour
compléter ma période... Parce qu'il me semble que c'est facile de
décrier le système qu'on a au Québec, mais, quand on
compare au point de vue des arrêts de travail, de la qualité de la
production, et tout ça, il faut quand même dire qu'au
Québec notre record dans ce domaine-là se compare avantageusement
à d'autres provinces au Canada. Donc, il n'y a pas que des
défauts. C'est important, parce que, autrement, on peut facilement
laisser courir que tout ce qu'on a, ce n'est pas bon complètement. C'est
un système qui avait son utilité; on se souvient comment il a
été amélioré. Et là, ce qui serait
proposé, et ça fait partie du groupe de travail des
députés, et c'est pour ça que j'ai voulu vous entendre
là-dessus c'est un forum élargi, pour l'ensemble de
l'activité économique du secteur de la construction, et je
reprends vos paroles: Pour permettre de dire en public des choses qui trop
souvent sont dites en privé, mais qui auraient là, à
l'intérieur de ce forum-là, l'occasion de pouvoir être
dites publiquement, dans le but d'améliorer ce qu'on a
déjà et de corriger des choses qui se devraient d'être
corrigées.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Il
n'y a pas d'autres membres de votre côté qui veulent poser des
questions, intervenir? Non. Très bien, merci. Nous allons maintenant
passer la parole à l'Opposition officielle. M. le député,
vous avez la parole.
M. Dufour: Oui, merci, M. le Président. Dans votre
mémoire, vous dites: «Les négociations sont
terminées sans qu'aucune entente ne soit possible.» Et, vous nous
dites, dans le même souffle: On l'avait prévu. Est-ce que,
réellement, vous lancez le gant ce matin et vous dites: II n'y a pas de
solution, il nous reste juste une alternative, c'est le décret? Est-ce
que vous croyez que c'est vraiment le cas? Est-ce que vous êtes heureux
du résultat, actuellement? En supposant qu'on en serait venus à
une entente, qu'est-ce qui aurait été, pour vous autres, le prix
d'une entente à partir du décret ou de la prolongation du
décret de 45 jours?
M. Founder: Dire qu'on est contents du résultat, ce n'est
pas vrai; on n'est pas contents du résultat. Mais, comme le disait tout
à l'heure le ministre du Travail, le système qu'on a
actuellement, il est vieux de plusieurs années, il a été
testé et retesté. Malheureusement, ça ne fonctionne pas;
c'est le temps de le changer, et l'on croit fermement que, si on assoyait
à une table toutes les parties concernées, il y aurait
sûrement moyen... Il y aurait sûrement des «scrapes»
là. Tu ne peux pas asseoir une gang de monde comme ça, qui a des
intérêts un petit peu divergents ou différents, sans que
ça fasse des étincelles, c'est évident. Mais il va
falloir, à un moment donné, se parler, tous les gens de
l'industrie, pour en venir à une entente. Tant que ça va
être toujours des groupuscules, si on peut dire, qui vont être
assis à une table et qui vont essayer de régler les
problèmes de l'industrie au complet, on n'y arrivera pas. Et surtout pas
en diluant le produit, comme on le fait présentement,
c'est-à-dire qu'on fait 19, 20, 25 tables de négociation, on
parle d'un métier, on parle d'un autre métier, il y a de la
surenchère; on n'arrivera jamais à s'entendre de cette
façon. Jamais! (11 h 50)
M. Dufour: Vous parlez de la prolongation d'un décret de 1
an. Entre-temps, vous donnez aussi certaines suggestions pour un nouveau projet
de loi, pour un projet de loi qui pourrait prévoir d'autres
mécanismes. Un an de prolongation de décret, est-ce que vous le
voyez avec des changements ou pas? Parce que, lorsqu'il y a prolongation de
décret, il pourrait y avoir des changements d'apportés par le
gouvernement. Est-ce que vous croyez... ce n'est pas dit, j'imagine que c'est
implicite, j'aimerais vous l'entendre dire: Le décret, est-ce qu'il y a
modification ou pas? C'est quoi? Si vous le prolongiez de 1 an et que le
gouvernement décidait de faire quelques petites modifications à
l'interne, qu'est-ce que vous penseriez de ça? Parce que ce n'est pas
clair, clair dans votre mémoire que c'est une prolongation de 1 mois, de
1 an, sans qu'il y ait modification quelconque.
M. Fournier: Je crois que d'émettre des modifications
majeures dans le décret actuel, si on n'a pas été
consultés, les travailleurs dans le champ, on est aussi bien de ne pas
en faire. Parce que, moi, je les vois, je les côtoie, les gens, dans le
champ, comme on dit. Les travailleurs de la construction sont prêts
à beaucoup de choses. Ils sont prêts peut-être à une
diminution de salaire. Peut-être, si on leur donne une garantie qu'ils
vont travailler. Un gars qui gagne 22 $ de l'heure et qui travaille 400 heures
par année, il ne fait pas un salaire; il est mieux sur l'aide sociale.
C'est évident qu'on ne peut pas prolonger le décret actuel en
effectuant des modifications majeures, mais plutôt prolonger le
décret dans l'espérance que le monde va s'asseoir, qu'il va
penser à un projet de loi, une réforme qui nous amènerait
vers un contrat social. Le mot est à la mode ces temps-ci: un contrat
social, c'est-à-dire tous les intervenants assis à la table. On
discute de quelque chose et on règle quelque chose. Pas régler
quelque chose en prolongeant et en apportant des modifications qui ne
serviraient à rien, entre autres.
M. Dufour: Quand vous parlez de contrat social, venant de votre
bouche, moi, ça me surprend un peu. Parce qu'un contrat social,
ça se fait entre des parties qui sont en vie, pas des parties à
moitié mortes. Il n'y a
)as de travail. Un contrat social dans des conditions îomme
ça, c'est difficile à faire. Un contrat social, c'est in
échange entre des parties qui sont vigoureuses, qui 3nt des choses
à négocier et des choses à échanger. Mais, dans
votre cas, à mon point de vue, il n'y a pas de monnaie d'échange.
La preuve, c'est que tout le monde est essoufflé. Ils ont la langue
tirée. Le contrat social, si je peux travailler à n'importe quel
prix; c'est un peu ça, le travail au noir. Et vous le dites, puis vous
le dénoncez. Ça, ça me semble clair.
M. Fournier: Si vous me permettez, comment voulez-vous que les
parties en place aillent chercher les vitamines nécessaires pour se
revigorer et discuter quand on est dans un contexte d'immobilisme où
même les gouvernements ne bougent pas? C'est malheureux, mais je ne pense
pas que personne va avoir la vigueur pour discuter dans ce
contexte-là.
M. Dufour: Je pense que votre constat de la dernière
phrase est plus juste que le premier. Parce que, pour moi, un contrat social,
il faut qu'il y ait des choses qui se produisent. Sans ça, on
n'assistera jamais à ça. Ça sera, soit une imposition,
soit... Parce qu'il n'y a plus moyen de rien faire.
Est-ce que vous croyez réellement... Par exemple, avec une
prolongation de 1 an, en supposant qu'on suive vos recommandations, que le
gouvernement ait le goût de suivre vos recommandations, avec tout ce qui
se passe depuis toujours, et les 6 mois où vous dites: «Ce
délai doit permettre soit une entente des parties, ou bien l'application
du droit de grève ou de lock-out si la recommandation de la commission
de médiation est rejetée par l'une ou l'autre des parties»,
est-ce que vous croyez que ça ne serait pas dangereux qu'il se produise
des événements à travers ces temps-là? Est-ce que
c'est réaliste, votre suggestion, selon votre point de vue?
M. Fournier: C'est évident qu'il pourrait se produire des
choses, comme il s'en est produit par le passé et comme il s'en produit
aussi dans le secteur privé. Mais il faut prendre des risques. Si on
change le système de négociation et si on demande aux gens de se
prononcer par un vote postal sur les demandes qui seront sur la table, soit des
demandes négociées ou des demandes recommandées par la
commission de médiation, probablement que c'est eux autres, les gars,
les filles de la construction, les vrais travailleurs de la construction, qui
pourraient nous donner la réponse. Comme je vous disais, tout à
l'heure, souvent, les gars dans le champ ne sont pas consultés.
M. Dufour: Est-ce que, selon votre expérience, 1 an, c'est
suffisant pour permettre de faire une rénovation profonde des relations
de travail qu'on connaît dans le domaine de la construction? Dans le peu
de temps, moi, que je regarde le dossier d'une façon plus directe et
plus précise, tout le monde nous dit: Vous connaissez les
problèmes qu'on vit; vous savez quelle en est la nature, de ces
problèmes-là; vous avez tout ça dans des mémoires
et dans des représentations qu'on a faites, et malgré tout, on
n'arrive pas à des conclusions. Est-ce que vous croyez qu'au cours de 1
an, même en suivant vos recommandations telles que vous les proposez, il
est possible de croire, là, que ça peut se faire dans une
période si courte? Parce que vous avez dit, tout à l'heure,
aussi, et ça, je l'ai retenu: Les Québécois, ils sont un
peu allergiques au changement.
M. Fournier: Nous croyons, nous autres et on le dit,
d'ailleurs, en page 2 de notre document que, si cette période
était productive, avec la volonté des gens, avec un projet de loi
sur la table qui serait peut-être la vitamine qui entraînerait les
gens à débloquer, si vous voulez, après un forum, comme le
suggère le ministre du Travail, où tous les
éléments seraient sur la table, probablement qu'en dedans de 1
an, on serait capables d'en venir à une entente qui serait de beaucoup
supérieure, je pense, à ce qu'on a aujourd'hui, qui serait
adaptée aux réalités d'aujourd'hui. C'est le temps
d'encadrer l'industrie de la construction; c'est le temps de la mettre à
l'ère de l'an 2000. Comme je vous le disais tout à l'heure, on
est arrêtés dans les années soixante-dix.
M. Dufour: Oui, mais la mettre à l'an 2000, et vous nous
dites, en même temps: Ça prend plus de parties. Ça veut
dire que c'est un changement majeur que vous proposez. Vous proposez,
d'abord... Moi, je pense que le forum qu'on a ici, à l'Assemblée
nationale, c'est bon, mais il faut être avancés plus que ce qu'on
est là pour un échange, là, plus concret entre les
parties. Vous proposez qu'il y ait plus de parties assises à la
même table, tant de la part des ouvriers que de la part des
employés, quand il y a beaucoup de temps.
Et, quand on sait, par exemple, tous les efforts moi, je pourrais
les qualifier, même, d'inutiles qui sont faits depuis de
nombreuses années pour améliorer le système ou
l'industrie, on sent bien qu'il y a quelque chose qui ne marche pas. Et puis,
le forum que vous proposez, est-ce qu'il pourrait être efficace ou pas?
Encore là, moi, je n'ai pas de réponse à ça. Je me
dis: II va falloir que quelqu'un se montre un peu plus vigoureux à
quelque part. Ce n'est pas vrai que ça tombe, ça, comme la pluie,
là. S'il n'y a aucun effort de fait, là, pour arranger le
problème, on ne pourra pas... Et on ne sent pas cette
volonté-là. Moi, je ne la sens pas; je ne sais si, vous autres,
vous la sentez; moi, je ne sens pas de volonté de régler les
problèmes. Donc, on reste dans l'expectative. Et cette
année-là, que vous proposez, est-ce que vous croyez qu'elle va
être utile ou bien si elle va être perdue complètement?
C'est repousser toujours le problème en avant.
M. Fournier: Je vous trouve, personnellement,
démotivé et démotivant. C'est évident qu'avec ce
qu'on vit présentement, c'est démotivant. Et, quand tu sais que
tu as 45 jours ou que tu as si peu de temps pour t'entendre, c'est
évident que tu laisses border les choses et que,
plutôt que de t'asseoir à la table et de refuser des
choses, tu n'y es plus, à la table, tu n'y vas plus, à la table.
C'est pour ça qu'on recommande que le ministre dépose tout de
suite un projet de loi, s'entende sur quelque chose. S'il dépose un
projet de loi ou un avant-projet de loi concernant les modifications au
régime de négociation plus de monde, plus d'intervenants
autour de la table, plus de gens qui pourraient peut-être changer les
discussions actuelles probablement qu'il y aurait moyen de s'entendre en
dedans de 1 an, mais toujours en ayant la volonté de régler les
problèmes.
M. Dufour: Est-ce que vous croyez qu'il y a... Le décret
couvre, actuellement, l'ensemble de l'industrie. Il y a un décret.
Est-ce que vous croyez que sortir du décret le domaine de la
construction résidentielle je parle de la petite, là, 4
logements et plus: ça devrait demeurer dans le plus élevé
ça serait une partie de la solution aux problèmes que vous
vivez? (12 heures)
M. Fournier: au contraire, sortir le résidentiel du
secteur de la construction, tout ça a été orchestré
pour une question d'argent, c'est évident: l'incapacité de payer
des gens. je vais vous donner un exemple d'un menuisier qui travaille à
la construction de maisons. il gagne présentement autour de 22 $ de
l'heure. c'est le gars qui va faire du solage, qui va faire des
«truss», qui va faire des armoires de cuisine, qui va faire des
escaliers. c'est lui, l'artiste. ce n'est pas le gars qui est sur les
chantiers, à la baie james, puis qui fait du coffrage. puis, là,
on propose de couper son salaire de 50 %, tout d'un coup, ou de 20 %, selon
l'aecq, à cause de l'incapacité de payer. il y a sûrement
moyen de s'arranger autrement que ça. quand on regarde le ratio
compagnons-apprentis, pour les menuisiers, c'est 5 compagnons pour 1 apprenti.
seulement par le fait de changer le ratio de 2 compagnons pour 1 apprenti,
exemple, au lieu de 6 personnes, dans une maison, qui seraient 5 compagnons et
1 apprenti, on se ramasse avec ou 3 ou 4 compagnons pour 2 apprentis. ça
coupe le prix de la maison, ça. c'est un exemple d'entente qui pourrait
être faite, qui, je ne pense pas, chambarderait l'industrie. on dit que,
pour installer une hotte de poêle, ça prend 5 corps de
métiers. quand on parle de flexibilité, pourquoi, dans des
travaux mineurs comme ça, on ne laisserait pas les corps de
métiers un petit peu plus libres? ça couperait les coûts,
aussi, plutôt que de faire venir un ferblantier pour la poser, la hotte
de poêle.
Donc, quand je vous dis qu'il y a des arrangements possibles autour de
soit un forum ou une table élargie, il y a sûrement des
arrangements possibles qui ne pénaliseraient pas les travailleurs et qui
couperaient le prix de revient.
M. Dufour: Vous nous dites qu'on pourrait être plus
flexible. Vous autres, vous êtes prêts à le faire. Elles
nous répondront peut-être durant la journée, mais est-ce
que vous croyez que les autres centrales sont prêtes à cette
flexibilité?
M. Fournier: Je n'ai pas à répondre pour elles.
Elles vont passer après nous autres. Puis on a, comme je vous le disais
tout à l'heure, des idées d'avant-garde. J'espère que les
autres le seront autant.
M. Tremblay (Louis): M. Dufour, pour revenir sur la construction
résidentielle, un des problèmes de la construction
résidentielle, c'est la capacité de payer des consommateurs,
largement taxés, directement et indirectement. Ça, ça nuit
à la construction résidentielle. Aussi, les dettes des
gouvernements; les taux d'intérêt sont plus élevés
parce que nos gouvernements sont endettés. Les consommateurs, ça
leur nuit, autant pour rénover que pour construire de nouvelles
résidences. Il y a moyen de faire un bout de chemin,
là-dessus.
M. Founder: Et pour ajouter à cela, si on allait
directement avec la recommandation de l'APCHQ de couper le salaire de 50 % dans
le résidentiel, notre fameux menuisier de tout à l'heure, il
tomberait à 12 $ de l'heure. Qui c'est qui va les acheter, les maisons?
À 12 $ de l'heure, quand même tu travaillerais 2000 heures par
année, tu vas gagner 24 000 $ comme salaire. Qui c'est qui va les
acheter, les maisons? Là, ça va bien, à 12 $ de l'heure en
dessous de la table. Mais, quand le résidentiel va être sorti du
décret, ça ne sera plus 12 $ de l'heure en dessous de la table;
ça va être 12 $, peut-être 15 $, mais
déclarés, avec toutes les taxes que ça impose. On ne
réglera pas le problème du travail au noir avec ça.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Labelle, vous avez demandé la parole.
M. Léonard: Oui. Merci. D'abord, j'aurais une question,
parce que, quand vous proposez de reporter de 1 an, je me pose la question de
savoir ce qui va se passer durant cette année-là. Vous dites: II
faut qu'il y ait un projet de loi qui soit déposé, un
avant-projet de loi, à tout le moins. J'ai l'impression que vous donnez
la partie facile au ministre en disant un avant-projet de loi, ce qui ne commet
pas trop le gouvernement, alors qu'il devrait y avoir quelque chose de plus
solide que ça sur la table, à mon sens, compte tenu des
discussions qu'on a depuis longtemps là-dessus. Mais il va se passer
aussi autre chose. D'ici 1 an, il y aura des élections, puis je pense
que ce gouvernement-là arrive à son mandat. De toute
façon, c'est 1 an et 3 mois, parce que ça fera 5 ans le 25
septembre. Est-ce que vous pensez que le gouvernement va continuer à
travailler à pleine vapeur durant ce temps-là ou est-ce que vous
ne lui laissez pas l'occasion de se défiler par rapport à de
véritables engagements, si vous dites: Dans 1 an, on en reparlera?
M. Fournier: Comme je vous disais tout à l'heure, le
décret de la construction, on a des problèmes avec ça
depuis 10 ou 12 ans. Avant M. Cherry, il y avait d'autres ministres du Travail;
on était dans la même impasse. C'est évident: s'il y a une
volonté politique de
égler le problème dans l'industrie de la construction,
i'il y a une volonté politique de récupérer les 500 000
000 $ à 800 000 000 $ qui se font en travail au loir, qui ne viennent
pas en taxes au gouvernement, s'il f a une volonté politique de
régler le problème, ça peut îe régler, qu'il
y ait des élections qui s'en viennent ou qui ne s'en viennent pas.
même qu'il aurait plutôt intérêt à le
régler, le problème, s'il y a des élections qui s'en
viennent.
M. Léonard: Ah, moi, je ne vous le fais pas dire, vous
êtes en bien meilleure position de négociation à ce
moment-là. Mais je voudrais ajouter, par rapport à celui qui est
intervenu à votre gauche, qu'effectivement il y a des déficits,
il y a eu une avalanche de taxes, et les questions que l'on soulève,
c'est justement que les taxes et les impôts ont été
augmentés parce qu'il y a de plus en plus d'évasion fiscale. Il y
a de la contrebande sur le tabac, et de tout ce qu'on veut, mais, en
particulier, assez souvent, parce que c'est le coin le plus spectaculaire, on
mentionne le travail au noir dans la construction. Ça, à mon
sens, c'est d'une urgence capitale, parce que, durant ce temps-là, c'est
un cercle vicieux. Si on ne règle pas cette affaire, finalement, on est
obligé, par ailleurs, d'augmenter les taxes, etc., ce qui fait que,
finalement, celui qui investit, retarde tout le temps et, de plus en plus,
parfois, ne fait même pas ses travaux.
Pour moi, je trouve que, là-dessus, il devrait y avoir des
propositions très concrètes, très claires, sur la question
du travail au noir. Parce que, dans l'économie gouvernementale, pour
moi, c'est comme une gangrène, un cancer: plus vous le laissez, pire
ça devient. Tiens, je vais vous donner juste un exemple. En fin de
semaine, quelqu'un me parlait: dans une municipalité, il y a eu 26
constructions résidentielles, maisons neuves. Il y en a eu 23, me disait
un contracteur, faites illégalement; ils en ont fait 3 seulement
à 2 contracteurs. Ils n'ont pas fait grand-chose dans l'année,
mais ça vous donne l'ampleur et, quand vous mentionnez 500 000 000 $,
600 000 000 $, 700 000 000 $ de travail au noir, je ne suis pas sûr que
c'est ça. Je pense que ça peut être pas mal plus que
ça aussi. Je ne sais pas comment vous réagissez à
ça, mais, moi, je trouve que c'est urgent. Et même d'attendre 1
an, ça veut dire je vais reprendre l'expression que j'ai
utilisée lors du dernier discours sur le budget: On fait payer les gens
honnêtes pour ceux qui travaillent dans l'illégalité.
Ça, c'est urgent de régler ça.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Labelle.
Ceci met fin...
Une voix: II n'y a pas de réponse?
Le Président (M. Gobé): Vous avez une petite
réponse à faire? Je vous en prie, allez-y.
M. Tremblay (Louis): Je vais essayer d'être court. C'est
justement pourquoi on veut retourner la rénovation domiciliaire dans le
décret et faire respecter le décret. Si le décret est
respecté et si on se donne des mesures fiscales pour aider les
consommateurs, il y a moyen de réduire le travail au noir et de faire
travailler les travailleurs de la construction légalement; entre autres,
par des mesures sur le placement, la reconnaissance de l'ancienneté. Du
moment qu'on va se donner des règles d'ancienneté sur les
chantiers par employeurs, avec un placement régional, les travailleurs
de la construction, ils ne courront pas pour leur survie. Ils vont avoir une
garantie qu'ils vont être rappelés. Ils ne chercheront pas
à se couper le cou. Ils vont avoir des garanties de travailler et, avec
une activité économique plus forte aussi, les gens vont
travailler.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci beaucoup. Ceci
met fin à votre intervention. Au nom des membres de cette commission, je
tiens à vous remercier. Vous allez pouvoir vous retirer.
J'inviterai les représentants du groupe suivant, soit ceux de la
CSN-construction, à bien vouloir se présenter en avant et, pour
ce faire, je vais suspendre les travaux 2 minutes. La commission est
suspendue.
(Suspension de la séance à 12 h 9)
(Reprise à 12 h 11)
Le Président (M. Gobé): Mesdames et messieurs, s'il
vous plaît, je vous prierais de bien vouloir regagner vos places et, s'il
y en a qui ont des meetings à faire, de les faire à
l'extérieur de la salle. À l'ordre, s'il vous plaît!
Bonjour! Il me fait plaisir de saluer les représentants de la
CSN-construction. Avant de vous inviter à prendre la parole, je viens de
recevoir votre mémoire; les membres de la commission ne l'ont pas, donc,
nous allons en faire faire la distribution. Je demanderais donc au
Secrétariat de la commission de bien vouloir distribuer à chacun
des membres une copie de votre petit mémoire. Alors, sans plus tarder,
le porte-parole peut maintenant se présenter et présenter les
gens qui l'accompagnent, et vous pourrez commencer presque aussitôt votre
présentation. Vous avez la parole, monsieur.
Confédération des syndicats nationaux
(CSN-construction)
M. Lemieux (Olivier): Olivier Lemieux, président de la
CSN-construction; André Paquin, trésorier de la
fédération; Roger Trépanier, notre responsable négo
aux dossiers provinciaux; Jean-Luc Cloutier, v.-p., région du centre;
Gilles Tardif, région de l'ouest; à droite, Jacques Thuot,
coordonnateur de la CSN-construction; Edouard Duchesne, vice-président
de la fédération pour la région de l'est.
Le Président (M. Gobé): Alors, messieurs, bonjour.
Vous avez maintenant 20 minutes pour faire votre présentation.
M. Lemieux (Olivier): M. le Président, M. le ministre,
membres de la commission, la CSN-construction se représente de nouveau
devant la commission parlementaire de l'économie et du travail pour
faire valoir les points de vue qu'elle a déjà exposés en
bonne partie, le 30 avril dernier, en ajoutant des aspects touchant le contenu
du décret que nous n'avions pas abordés lors de cette
présentation. Nous tenons cependant à exprimer
l'exaspération de nos membres face aux interventions
répétitives du gouvernement qui, depuis plusieurs années,
multiplie les comités et les consultations qui ne font que tourner en
rond puisque peu des suggestions, malgré le sérieux que nous
mettons dans ces travaux, ont jusqu'à maintenant eu de suite. À
titre d'exemple, depuis 1984, l'industrie demande de récupérer
dans le champ d'application de la loi l'ensemble des travaux de construction et
de rénovation, à l'exclusion de l'entretien et des
réparations.
Pour nous, il est essentiel que les travailleuses et les travailleurs de
la construction recouvrent leur droit de négocier leurs conditions de
travail avec les employeurs, en l'occurrence l'AECQ. Cela nous semble
indispensable et nécessaire, plus particulièrement à
l'heure actuelle, dans le secteur de la construction résidentielle
où le gouvernement a inclus dans le décret une définition
et des dispositions qui, depuis plusieurs années, ne s'y retrouvaient
qu'à titre expérimental. Les conditions de travail dans le
secteur de la construction d'immeubles de 8 logements ou moins, dont 75 % de la
superficie est occupée à des fins d'habitation, doivent
absolument faire l'objet d'une négociation entre les parties afin
d'obtenir une entente qui ne soit pas imposée par un tiers.
Nous répétons encore une fois le message que nous avons
adressé à la commission en avril, à savoir que nous sommes
opposés à toute nouvelle déréglementation. Nous
invitons le gouvernement à respecter l'engagement qu'il avait pris en
1988 de réserver la construction neuve aux vrais travailleurs de la
construction. Nous sommes donc consternés par la première
recommandation du groupe de députés libéraux qui vient de
proposer de donner accès à tous les chantiers aux entrepreneurs
autonomes, et ce, à peine quelques mois après que le gouvernement
eut adopté la loi 185. On s'interroge sur le sérieux des travaux
de ce comité qui veut soustraire au décret toute la construction
résidentielle. Cela ne réglera pas les problèmes du
travail au noir et ne sera pas profitable aux consommateurs, tout en privant
l'État de revenus fiscaux dont il a actuellement besoin.
Selon les données de la Commission de la construction du
Québec, on évalue que le nombre d'heures non
déclarées dans la construction résidentielle neuve est
passé de 40 % en 1988 à 60 % en 1991. Une partie de cette
augmentation est certes le propre des propriétaires occupants, mais il y
a quand même une bonne part qui est imputable au travail au noir.
Advenant que le gouvernement choisisse de prolonger le décret, il serait
essentiel, à notre avis, de le modifier sur les clauses concernant le
régime d'assurance, le fonds d'indemnisation, le fonds de
perfectionnement et de recyclage, le comité de classification,
l'ancienneté et la protection du pouvoir d'achat des travailleuses et
des travailleurs de la construction. nous voulons également rappeler
à la commission, comme nous le soulignions en avril, que les hausses des
coûts de construction, que plusieurs imputent aux coûts de
main-d'oeuvre pour réclamer des baisses de salaires, sont, en fait, dues
à d'autres raisons. selon une étude menée par le service
de recherche de la csn à partir des données de statistique
canada, la main-d'oeuvre ne représente que 22 % du coût d'une
maison neuve. le gouvernement devrait veiller à ce que le pouvoir
d'achat des travailleurs de la construction soit maintenu par rapport à
la hausse du coût de la vie, d'autant plus que leurs revenus ont
été drastiquement abaissés par la diminution du nombre
d'heures travaillées.
Il faut garantir la solvabilité du régime d'assurance en
renouvelant le certificat actuariel. Selon le rapport des actuaires, le
régime était déficitaire de 26 000 000 $ au 31
décembre 1992, à cause de la réduction du nombre d'heures
travaillées. Pour maintenir le régime d'assurance actuel, il
faudrait y investir 0,35 $ de plus de l'heure travaillée. Le
gouvernement devrait donc prendre les mesures nécessaires pour que les
employeurs épongent les déficits et maintiennent les
bénéfices. En 1991, le nombre de travailleurs ayant fait au moins
1 heure de travail s'élevait à 105 729, dont 91 824
étaient assurés, ce qui laisse, grosso modo, 14 000 personnes qui
doivent subir une imposition d'impôt sans être éligibles aux
bénéfices d'assurance. Cette proportion de cotisants volontaires
est passée de 6 % à 16 % entre 1989 et 1993. Plusieurs
travailleurs sont donc pénalisés par les dispositions du dernier
budget de M. Levesque, puisqu'une partie des contributions payées par
l'employeur pour 1993 sera considérée comme du revenu imposable,
alors qu'ils ne seront éligibles aux bénéfices qu'en
janvier 1994 ou même ne le seront jamais. Une fois de plus, les
travailleurs de la construction se trouvent brimés par des mesures
législatives qui ne tiennent pas compte des particularités de
l'industrie. Nous croyons qu'il y a là une injustice qui doit être
corrigée.
Suite à une entente entre la Commission de la construction du
Québec et la Régie des rentes du Québec, il a
été convenu d'étaler sur 6 années l'application de
l'article 60 de la loi 116. Le coût de cette mesure 0,20 $, selon
le rapport actuariel a été étalé sur une
période débutant le 1er mai 1993 et se terminant le 1er mai 1999.
Le gouvernement devrait donc adapter le décret en fonction de cette
résolution du conseil d'administration de la Commission de la
construction du Québec, en date du 26 novembre 1992.
Le décret devrait également être modifié afin
de
tenir compte de la décision du conseil d'administration de la
Commission de la construction, qui stipule que les heures apparaissant au
rapport mensuel remis à la Commission de la construction du
Québec pour un travail effectué dans la période de
référence ne soient pas présumées faire partie
d'une banque d'heures aux fins d'application des dispositions du décret
relatives aux banques d'heures, à moins que le contraire puisse
être démontré, auquel cas, le conseil devra être
saisi de chaque dossier.
Les mandats du comité paritaire constitué pour
étudier et administrer le plan de formation par le perfectionnement et
le recyclage des travailleurs de la construction devraient aussi être
révisés afin que les dispositions du décret soient
conformes à la loi sur les relations de travail. La Cour
supérieure a été saisie d'une requête de l'APCHQ,
suite au décret 1883-92, qui vise à ordonner à la
Commission de la construction de cesser de percevoir des employeurs toutes
sommes dues en vertu de ce décret et de ne pas disposer ou se
départir des sommes déjà prélevées.
Pour faciliter l'insertion des nouveaux assujettis, nous demandons qu'un
comité composé de la partie patronale et de toutes les
associations syndicales représentatives des travailleurs de la
construction soit créé pour définir les classifications de
ces nouveaux assujettis à la loi, afin qu'elles soient mieux
appropriées à leur situation particulière.
Comme nous l'avons souligné devant cette commission en avril, il
est primordial que les travailleurs de la construction obtiennent une forme
d'ancienneté par chantier suivant le principe du premier
embauché, dernier mis à pied.
Par ailleurs, nous voulons également rappeler qu'il faut que le
gouvernement élabore une politique de relance de l'industrie de la
construction. Nous avons déjà suggéré
l'instauration de crédits d'impôt pour les consommateurs qui ont
recours à des entrepreneurs enregistrés à la Commission de
la construction du Québec et à des vrais travailleurs de la
construction. Nous avons aussi proposé la construction de logements
sociaux, particulièrement dans la région de Montréal. Le
dernier budget ne prévoyait aucune mesure de relance de l'emploi et les
projets de construction institutionnels et le développement et la
réfection du réseau routier ne semblent pas figurer parmi les
priorités gouvernementales. Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, M. Lemieux.
Maintenant, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Cherry: Merci, M. le Président. Je crois qu'il faut
dire également, dans votre cas, et ça, c'est pour la
première fois, que, à cause de la représentativité,
vous n'êtes pas partie à la table, comme telle, de
négociation. Donc, le but de l'exercice d'aujourd'hui, comme je le
disais à ceux qui vont ont précédés, n'étant
pas... N'ayant pas participé à la table, aux rencontres, durant
ces 45 jours de prolongation, il est injuste de tenter de vous poser des
questions par rapport à l'activité comme telle de la table, mais
je vois que, quand même, vous continuez à suivre le dossier de
très près. D'ailleurs, les appels fréquents que vous
faites à nos bureaux nous indiquent le souci que vous avez
là-dedans. (12 h 20)
Vous parlez de coûts, par exemple, du fonds d'indemnisation, de
perfectionnement, en page... Vous ne les avez pas numérotées.
Quand vous arrivez au niveau de l'assurance, vous parlez de 0,35 $ l'heure.
Dans la même page, au dernier paragraphe, «Régime
supplémentaire de rentes», vous parlez de 0,20 $ additionnels. On
est rendus à 0,55 $ additionnels de l'heure. Et là, ensuite, dans
les mêmes paragraphes, vous parlez de la partie qui serait imposable
d'après le nouveau budget. J'aimerais ça que vous alliez plus
loin là-dessus, sur les montants actuels et les nouveaux que vous
ajoutez. Quand vous ajoutez une contribution de 0,20 $ additionnels, quand vous
ajoutez une contribution de 0,35 $ de l'heure additionnels, ça fait
quoi, là? Ça aurait quoi, comme impact, et par rapport à
la taxation, maintenant? J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Lemieux (Olivier): En tout cas, si on commence par le point
assurance, le dernier budget Leves-que a inclus une mesure disant que le
régime d'assurance incluait le régime salarial. Les primes
d'assurance payées par ton entrepreneur ou ton boss devenaient une prime
qui se rajoute à ton salaire. Ce qu'on constate pour la construction,
comme je le dis dans le document, il y en a 14 000 qui vont payer des primes
d'environ 0,40 $ de l'heure, parce que, dans la construction, c'est 0,70 $ de
l'heure pour le régime d'assurance, mais il y en a une partie qui va
pour l'assurance-salaire. Le 0,40 $ sera imposable. Je veux dire que les 14 000
qui vont faire 1 heure dans la construction, un exemple, vont être
taxés sur le 0,40 $ de cette heure-là par-dessus leur salaire et,
au gouvernement, ils vont payer une partie d'impôt là-dessus. On
pense que c'est complètement injuste qu'une partie des travailleurs de
la construction paie pour une assurance s'ils n'ont même pas droit aux
bénéfices. Et même parmi ceux qui pourraient se qualifier
pour être assurés, s'ils se qualifient en fin d'année,
s'ils se qualifient fin 1993, ils vont payer les primes sur le surplus; ils ne
seront pas assurés en 1993, ils vont être assurés à
partir du 1er janvier 1994, et ils vont être taxés pour cette
partie-là. On trouve que, là-dessus, si vous décidiez de
prolonger le décret, il devrait y avoir une mesure pour exclure ces
gens-là, parce qu'ils sont doublement pénalisés. Ils vont
payer pour un service qu'ils n'ont pas. Donc, on pense que le ministre se doit
de prévoir une mesure pour que ces gens-là ne paient pas pour un
service qu'ils n'auront pas.
Au niveau des régimes complémentaires de rentes, si on
fait un peu d'histoire, on se rappelle que l'industrie voulait être
soustraite à la loi 116, mais le gouvernement a dit: La construction,
c'est tout le monde
embarque dans le régime! Mais ça occasionne un surplus au
Régime de rentes qui coûte 0,20 $. On dit: Comme c'est le
gouvernement qui nous impose une mesure, s'il décide de la prolonger,
qu'il trouve les façons pour qu'on ne soit pas pénalisés
parce qu'on subit une mesure gouvernementale.
Au niveau du fonds d'indemnisation, à l'heure actuelle, on sait
qu'en crise économique, comme je vous représente au C.A. de la
CCQ, à chaque conseil d'administration, on a une pile de faillites
à peu près tous les mois, et le fonds, à l'heure actuelle,
a un gros problème de liquidités. On pense que, si vous
décidez de prolonger, dans votre sagesse vous devriez prévoir que
le fonds, qui garantit la paix pour les travailleurs qui ont des chèques
NSF, ou des primes non payées, ne fasse pas faillite, entre guillemets.
On pense que c'est fondamental.
En tout cas, c'était les 3 gros points qu'on voulait cibler si
jamais vous décidiez de prolonger, parce que, au niveau du régime
d'assurance il ne sera plus solvable, et ça a pris 20-25 ans à
construire un régime qu'on pense adéquat pour l'industrie de la
construction. À cause d'une crise économique, le régime
pourrait être non solvable dans quelques mois. Il nous reste
jusqu'à la fin de septembre pour trouver des solutions. On pense que le
gouvernement, en agissant comme bon citoyen, devrait prévoir, si vous
décidez de prolonger, des mesures.
M. Cherry: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Cherry: ...vous venez de dire qu'il n'y a que quelques mois
à la suite desquels il faudra que des décisions soient prises.
Prenons pour possibilité... Vu que vous siégez là, au
niveau de la gestion de ces avantages-là, c'est quoi le scénario
le plus probable? Qu'est-ce qui arriverait si, disons, par exemple, au mois
d'octobre ou au mois de novembre, vos actuaires vous disaient, par rapport aux
bénéfices à payer, par rapport aux entrées de
fonds... C'est quoi la phase suivante sans de nouvelles injections? Comment
ça se passerait?
M. Lemieux (Oliver): Disons qu'on va être sur une mer
très houleuse. J'ai l'impression que l'industrie a fait preuve de
maturité jusqu'à maintenant, et j'ai l'impression en tout
cas, dépendamment du rapport des actuaires qu'on aura à
s'asseoir au conseil d'administration de la CCQ et à regarder les
éventuelles portes qui nous restent. Tu sais, il y a plusieurs choses
qui peuvent être faites, mais, en même temps, c'est certain
qu'à l'heure actuelle c'est toujours le petit qui est pris pour payer et
assumer.
Je trouverais très malheureux d'être obligé
d'arriver devant les membres et de leur expliquer, en novembre ou en
décembre, que les frais dentaires ne sont plus payés ou, exemple,
que les chiros, c'est fini. Tu sais, c'est des mesures, en fait, pour diminuer
les prestations.
Je pense que, au moment où on se parle, en période de
crise économique, ce serait bien malvenu de «chopper», eh
bien, «chopper», d'enlever des bénéfices appartenant
aux travailleurs, qu'ils ont depuis, mettons, 10, 15 ans, et de leur dire:
À partir de maintenant, c'est fini! Je pense qu'on peut faire un bout
pour l'industrie, mais, en même temps, je pense que le gouvernement doit
faire son bout aussi.
M. Cherry: Quels sont les coûts de ces avantages-là
et quelles sont leurs répartitions, l'employeur et la contribution des
employés, pour maintenir les avantages de la protection que vous avez
actuellement? C'est quoi les coûts?
M. Lemieux (Olivier): Au moment où on se parle, la partie
payée par les entrepreneurs est de 0,70 $, dont environ 0,20 $ qui vont
pour la partie assurance-salaire.
M. Cherry: 0,70 $ de l'heure. M. Lemieux (Olivier): De
l'heure.
M. Cherry: De l'heure. Et vous suggérez d'y ajouter...
M. Lemieux (Olivier): Ce qu'on dit et c'est pour que le
régime demeure solvable et qu'on puisse indexer les
bénéfices qui s'y rattachent ce serait un coût
d'environ 0,35 $ de l'heure.
M. Cherry: Donc, ce que vous suggérez, c'est pour
maintenir les services, la gestion, tel que ça se fait dans le moment,
pour reprendre votre expression, sans «chopper» les
bénéfices, sans diminution des bénéfices. Je pense
que c'est ça, le mot que vous cherchiez. Ça veut dire que vous
suggérez qu'il faudrait ajouter, pour le maintien des mêmes
avantages, 0,35 $ additionnels l'heure.
M. Lemieux (Olivier): Oui.
M. Cherry: Faire passer ça de 0,70 $ à 1,05 $, ce
qui équivaudrait à 50 % d'augmentation pour le maintien des
mêmes avantages à l'heure actuelle. C'est ça?
M. Lemieux (Olivier): Oui, c'est ça, selon les actuaires,
là. Donc, je ne suis pas actuaire, mais selon les données qu'on
possède.
M. Cherry: O.K. Vous avez également, M. Lemieux,
référé tantôt... Vous siégez sur le
comité qui traite des faillites pour assurer la protection des gens qui
ont des heures travaillées. De quelle façon vous traitez
ça quand vous découvrez qu'il y a de ces
salariés-là qui réclament une partie de leur argent qui
aurait pu être comptabilisé en banque d'heures? Est-ce que vous
avez
une procédure pour ça?
M. Lemieux (Olivier): En fait, lors d'un des derniers C.A., on
s'est aperçu... Et la résolution qui a été prise
par le conseil d'administration, c'a été de dire: Quand les
heures sont entrées sur le «payroll» de l'entreprise ou du
contracteur comme des heures travaillées, nos travailleurs n'ont pas
à être pénalisés, donc, devaient être
payés par le fonds d'indemnisation. Si c'est complètement au
noir, entre guillemets, le fonds ne paie pas. On n'a jamais payé pour le
travail au noir. Mais, quand on s'aperçoit qu'il y en a, disons, qui ont
raffiné le système et que les heures sont dans les livres de
l'entrepreneur et que ce n'est pas de la fraude, puis que c'est nos gens qui
sont pénalisés, bien, à ce moment-là, le fonds
paie. C'est dans ce sens-là.
M. Cherry: O.K. Même si les banques d'heures, d'aucune
façon, ne sont reconnues dans le décret de la construction, vous
reconnaissez que, lors de la vérification des livres, si certaines de
ces heures-là ont été effectuées,
rapportées, et ont pu être comptabilisées, comme vous
dites, de façon raffinée, même si c'est illégal,
vous voulez qu'au niveau de l'indemnisation le travailleur ne soit pas
pénalisé, mais qu'il soit bien compensé pour ces
heures-là, même si les banques d'heures, c'est illégal.
C'est ce que vous dites?
M. Lemieux (Olivier): Oui, mais c'est parce que, en même
temps, les régimes ont eu leur part comme le gouvernement a eu sa part
d'impôt, le Régime de rentes, la CCQ. Tout a été
payé, excepté que l'entrepreneur fait un chèque NSF avec
des déductions. Si le fonds paie, tous les gens vont être
payés, autant le gouvernement que la Commission de la construction qui
vit une période un peu austère de ce temps-là. On
connaît le déficit de la CSST. Donc, on pense que, pour toute
l'industrie de la construction le régime s'en trouve bonifié.
Donc, on pense qu'on devrait prendre des dispositions pour que le fonds ne
fasse pas faillite dans les mois qui viennent ou soit solvable. (12 h 30)
M. Cherry: O.K. J'en ai parlé à vos
prédécesseurs et je vous réfère la même
question. Par le groupe de travail des députés, il est
proposé qu'il se tienne ils ont utilisé les 2 mots
un forum ou un sommet. Personnellement, je préfère
«sommet». S'il y avait à l'automne un sommet de la
construction où les partenaires seraient élargis, au lieu de
restreindre ça uniquement à ceux qui sont impliqués dans
le décret de la construction, à savoir l'association patronale,
l'AECQ et les associations syndicales, mais un élargissement de
l'ensemble des intervenants dans le secteur de la construction, est-ce que vous
accepteriez de participer à un forum de cette nature-là?
M. Lemieux (Olivier): Si c'était un forum qui inclurait
les intervenants dans l'industrie, même si ce n'est pas
directement...
M. Cherry: Donnez-nous des exemples.
M. Lemieux (Olivier): exemple: s'il y avait des participants du
gouvernement fédéral, je ne sais pas, moi; des gens du
fédéral qui n'ont aucun rapport de près ou de loin
à l'industrie, qui étaient là. moi, je pense qu'ils n'ont
aucune raison d'être sur un forum de cette nature-là. mais, si
c'est des gens, par exemple, peut-être, des donneurs d'ouvrage, style
hydro-québec par la bande, hydro, via la baie james ou sm3,
peut-être, qui va être annoncée un jour... ce n'est pas un
intervenant direct, mais, quand ça va bien, c'est 20 % à 25 % de
nos travailleurs de la construction qui travaillent pour hydro-québec.
donc, on pense qu'hydro pourrait être un intervenant. c'est dans ce
style-là.
Si c'est des gens qui n'ont aucun rapport à l'industrie comme
telle je vais donner un exemple comme les villes, les maires...
De ce temps-là, il y a des secteurs au Québec où les
maires ont l'air à aimer le dossier de la construction. Eh bien, je
pense que les maires... À l'heure actuelle, la plupart des travaux qui
se font dans les municipalités, à moins que vous décidiez
que c'est autre chose, ne sont pas directement liés aux travaux de la
construction. Donc, eux, ils se font entendre beaucoup de ce temps-là.
Je ne suis pas sûr que ce soit des intervenants valables à ce
forum-là, parce que c'est comme des tiers, disons,
éloignés. Je ne sais pas si vous comprenez.
M. Cherry: Mais j'aimerais avoir votre réaction sur un
élargissement. À l'heure actuelle, quand on parle de
construction, on ramène toujours ça à la notion des
relations de travail: 1 association patronale reconnue par la loi et les 5
associations syndicales. Est-ce que vous croyez qu'il y aurait du
mérite, des avantages à ce qu'il y ait un forum élargi,
qu'on déborde de uniquement ces 5 ou 6 intervenants-là et qu'on
fasse un vrai forum public sur l'ensemble de l'activité
économique du secteur de la construction au Québec?
M. Lemieux (Olivier): Oui. Je pense qu'il y aurait certainement
des avantages si on avait comme donnée de base: l'industrie de la
construction, c'est tout ce qui est fait à pied d'oeuvre. On part de
là et, moi, je pense qu'on peut faire un forum, et ça devrait
être constructif et on participerait; il n'y a aucun problème
là-dessus. Moi, je pense que, si on s'entend et que toutes les parties
autour de la table se disent: O.K., on fait un forum, et, en bout de ligne, on
essaie d'atterrir... Parce que je sais que, dernièrement, il y a une
province où, eux autres, pour définir la construction, c'est:
tous travaux faits à pied d'oeuvre. Si on part de là, je n'ai
aucun problème. Mais, si on fait un forum et qu'en bout de ligne on
s'aperçoit qu'on perd une autre partie de l'économie qui est
faite en construction, eh bien, je me questionnerais. Construction, ça
veut dire des travaux faits à pied d'oeuvre. Si on part de là, je
n'ai pas de problème parce que je pense que c'est fondamental. C'est
vrai que c'est un marché captif, la construction.
Quand tu fais un édifice, ce n'est pas pour l'amener à
Chicago le lendemain. Mais, si on partait d'une base comme ça, je n'ai
aucun problème de participer à un tel forum.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Je
passerai donc maintenant la parole au représentant officiel de
l'Opposition, ou au représentant de l'Opposition officielle,
plutôt. Pardon! Vous avez la parole, M. le député.
M. Dufour: M. le Président, moi, il y a quelque chose qui
m'intrigue. Il n'y a pas un groupe qui passe devant nous sans qu'il fasse
allusion au travail au noir. «C'est-u» un mot magique, ça,
le travail au noir, pour exclure toute discussion ou bien si, dans les faits,
ça existe vraiment? Ou c'est un mal nécessaire ou c'est un mal
qu'on ne peut pas extirper? Tout le monde parle du travail au noir. Tout le
monde est au courant qu'il y a du travail au noir. Tout le monde sait qu'il y a
de la contrebande. Tout le monde sait qu'il y a des choses qui ne sont pas
correctes. Ça continue à se passer au vu et au su de tout le
monde. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Mais, vous, dans votre
expérience, est-ce que c'est...
Même le groupe libéral qui a été mis sur
pied, dans son étude je l'ai lue dit: II y a du travail au
noir. Ils donnent certaines recommandations. Mais, à un moment
donné, ils disent: On n'applique pas les lois. Vous autres, est-ce que
c'est juste une formule pour se donner bonne conscience ou bien si le travail
au noir, ça peut se régler? Si ça ne se règle pas,
on va arrêter d'en parler; si ça peut se régler, parlons-en
pour vrai.
M. Lemieux (Olivier): En tout cas, moi, je suis
profondément convaincu que, s'il y avait une volonté politique de
régler le travail au noir, on pourrait le faire. Dans une des
recommandations du groupe des 7, on dit: On devrait mettre en application la
186. Ce que je trouve bizarre, c'est le gouvernement libéral qui a mis
en place la 186, c'est lui qui légifère et c'est lui qui est
maître de ses lois. Pourquoi elle ne s'applique pas? Puis c'est une des
recommandations du groupe des 7. J'ai parlé à certains
députés et je leur ai posé la question: Pourquoi vous avez
fait une recommandation comme ça? C'est vous autres qui décidez
quand ça s'applique. Pourquoi qu'elle ne s'applique pas? Une des
recommandations, c'est l'application de la 186. On trouve ça aberrant un
peu, là.
Pour le travail au noir, à l'heure actuelle, on évalue,
disons, pour donner les mêmes données, que 25 000 000 $ à
30 000 000 $ par année d'heures sont soustraites au fisc. On a
donné, à plusieurs reprises, des choses qui ne seraient pas bien,
bien... On ne virerait pas le monde à l'envers. Le pouvoir aux
représentants syndicaux de vérifier les cartes sur les chantiers,
on ne l'a même pas. Ça se fait, mais, disons que, dans la loi,
ça n'y est pas. Le pouvoir de fermer certains chantiers où c'est
évident... La CCQ a passé, les inspecteurs de la
CCQ ont constaté que les travaux étaient faits au noir,
mais les travaux continuent. Il y a une amende d'émise et les travaux
continuent. Et tous ces petits détails-là font que les gens de
l'industrie, les travailleurs de la construction, s'aperçoivent de
ça.
Il y a des vrais sur le chantier et il y a les autres. Les vrais nous
appellent le soir. Il y a un gros chantier en banlieue sud de Montréal
qui se fait présentement. Samedi, dimanche, aucune heure de temps
supplémentaire. Et c'est un gros chantier du gouvernement, en plus.
Plusieurs millions qui ont été annoncés. J'ai eu plein
d'appels en fin de semaine, disant: Olivier, dis au monde de passer. Les heures
sont comptabilisées pour le samedi. Je suis sûr que tout le monde
dans la salle ici est au courant et sait quel chantier. Et c'est un des gros
chantiers; c'est un des plus gros de la région de Montréal,
à l'heure actuelle. Et, le samedi, les heures ne sont pas dans les
livres. Et c'est des vrais travailleurs. C'est des travaux financés par
le gouvernement. Il y a des gens qui sont venus me voir, chez moi, parce que
ça se trouve dans la banlieue sud et je demeure là. Et c'est
camouflé!
Donc, c'en est un, exemple. C'en est une des mesures qui ne
renverseraient pas le monde à l'envers. Le pouvoir aux
représentants syndicaux de vérifier les cartes, le pouvoir aux
inspecteurs de la CCQ de fermer les jobs quand ils réalisent que,
réellement, c'est vrai. Ça pourrait être au niveau de la
CSST, lorsqu'il y a des manquements à la sécurité. On a un
de nos travailleurs qui est mort au lac Robertson, samedi matin, tué sur
la Côte-Nord. Il n'y avait pas encore de représentant en
prévention. S'il y avait eu quelqu'un chargé d'appliquer le code
de sécurité je déborde un peu
peut-être que notre gars serait encore vivant aujourd'hui, au moment
où on se parle. On dirait que les lois sont là, les
règlements sont là on a un beau code de la
sécurité, on a un beau décret mais c'est dans
l'application. Et quand tu laisses couler des petites choses, là, le
système s'installe. Celui, qui est au noir, il dit: Tu es niaiseux
d'être dans les livres. Moi, écoute, je fais 600 $ par semaine.
À ce moment-là, tu es obligé d'instaurer un ticket
modérateur. L'argent ne rentre plus. Tu es obligé de faire payer
les frais aux étudiants. Tout le système est en train de
dégringoler à cause de ça. Et ça ne prendrait pas
des mesures astronomiques; on l'avait compté une fois. Si tu calcules
tous les représentants syndicaux, c'est autour de 250, 300, autant que
les inspecteurs de la CCQ, mais il n'y a pas de pouvoir. Tu constates et la
seule façon de les sortir, tu arrives avec une gang de bras et tu te
ramasses sur la première page dans les journaux. Et là, c'est
l'industrie comme telle qui est discréditée. Et ça ne
serait pas des mesures qui renverseraient la terre entière, là;
des petites mesures concrètes. Et tu fais des gains à tous les
jours. Et le système serait avantagé. Quand les dûs
seraient payés à l'État, la CCQ, peut-être qu'elle
serait moins dans le trouble, peut-être que la CSST serait moins dans le
déficit.
M. Dufour: Moi, je retiens ce que vous dites
concernant le travail au noir. Et je partage, en grande partie, ce que
vous dites, dans le sens que le travail au noir, la contrebande de
cigarettes... Un paquet de cigarettes, ça peut se cacher facilement, ou
un carton de cigarettes, ce n'est pas gros, gros. Mais quelqu'un qui mettrait
sa maison sur sa fesse, ça serait un peu plus compliqué à
transporter et à cacher. Ça se voit, des constructions, un peu
partout, ça ne se cache pas facilement. Et tout le monde le sait! Et on
se l'est fait dire, voilà 45 jours ou voilà 44 jours: c'est 700
heures de travail, à peu près, une maison résidentielle,
et ils en déclarent 300. Il y en a 400 quelque part qui sont parties
dans le paysage. (12 h 40)
Donc, moi, je retiens ça; sans ça, on parle pour parler.
Tout le monde parle de travail au noir, comme si c'était un mal
nécessaire qu'on ne peut pas contourner. Si c'est ça, et que tout
le monde est d'accord que c'est le système dans lequel on veut vivre, on
n'en parle plus, on vient de fermer un livre. Arrêtons de nous conter des
histoires et des blagues, là! Le travail au noir, si c'est une
calamité, ça peut se corriger. Et, moi, je pense que ça
peut se corriger, mais à la condition qu'il y ait une volonté
politique de le faire, en appliquant les lois, en se servant de ce qui existe
pour le contrer et essayer de trouver des mécanismes qui existent
déjà. On n'inventera pas la roue, ça existe
déjà; qu'on applique les lois, puis qu'on arrête d'en
parler et qu'on passe à autre chose.
Vous nous dites, en même temps, que vous voyez une prolongation de
décret. Vous la voyez combien longue, cette prolongation de
décret? Combien vous la voyez longtemps?
M. Lemieux (Olivier): Bien, suite à l'article, je suis
obligé de dire 1 an. Ha, ha, ha! Non, je pense que c'est un minimum de 1
an et, en même temps, M. le ministre disait tantôt un forum. Nous
autres, on pensait peut-être à des états
généraux de la construction ou à une place, peu importe le
nom; on va dire un forum parce que M. le ministre l'a dit tantôt. Mais je
ne suis pas entièrement convaincu que si on prend l'ensemble des
problèmes, on peut réaliser... Je pense qu'on peut faire des
bouts si on cible, disons, les 5 principaux irritants ou les 3 principaux
irritants, si on dit qu'on veut parler du travail au noir, peut-être de
la formation, de l'entrée des jeunes, il y a bien des choses. Si on
poigne toutes les choses de front, je pense qu'on va avoir de la misère
à atterrir. Mais, si le forum avait des cibles, si on dit le travail au
noir au début, on essaie de trouver des solutions qui satisfont tout le
monde, la formation professionnelle, la compétence des travailleurs de
la construction, moi, je pense qu'on peut cibler les principaux irritants. Et
je pense qu'en bout de ligne ce serait bon pour l'industrie et qu'on arriverait
à des résultats, en ayant des cibles. Un forum «at
large», on peut déborder. Moi, je pense que, si on a les
principaux intervenants économiques et qu'on se dit: Bon, O.K., disons,
la relance de la construction... On est à peu près au plus bas
qu'on n'a jamais été.
M. Dufour: Bien, là, vous êtes en frais de nous
amener Alice au pays des merveilles, si vous parlez de la relance de la
construction. On ne l'a pas à nulle part.
M. Lemieux (Olivier): Non, mais il pourrait y avoir des mesures
incitatives.
M. Dufour: Des relances depuis les 7 dernières
années, je n'en ai pas vu beaucoup, moi. J'ai vu beaucoup plus de...
M. Lemieux (Olivier): Non, moi, j'ai l'impression, M. Dufour,
que, si on trouve des façons de contrer une partie du travail au noir...
Une des autres recommandations aussi qu'on avait à l'époque, que
nos amis les entrepreneurs n'aimeront pas, on disait: O.K., un entrepreneur qui
se fait poigner 2 ou 3 fois à faire effectuer des travaux au noir par
des travailleurs, sa licence pourrait être suspendue. Moi, je pense que
ce serait une mesure incitative, mais pas nécessairement la
première fois, parce qu'on passerait pour des gros méchants. Mais
si, mettons, après 2 récidives, ton permis est suspendu, moi, je
pense que ça pourrait être une chose.
Je pense aussi qu'au niveau de la relance une mesure de crédit
d'impôt... L'année prochaine, c'est une année
électorale. Moi, je pense que le gouvernement serait bienvenu de dire:
O.K., on relance l'industrie par une formule de crédit d'impôt,
peut-être pas du style Corvée-habitation où on est
payé durant 1 an et demi, 0,12$ de l'heure et, en bout de ligne, on a
réussi à faire entrer nos vrais après. Mais je pense que,
s'il y a une formule de crédit d'impôt, et que les gens de
l'industrie participent à l'élaboration... Ça pourrait
être régi aussi peut-être par... Je parlais des maires
tantôt... On pourrait donner un incitatif pour que les villes nous
donnent des permis qui sont octroyés. Quand tu fais une construction,
ça te prend un permis de ta ville, et c'est une façon de se
financer pour les municipalités. Donc, ça pourrait être
assorti, peut-être... J?uis, je laisse le soin au législateur de
trouver les formules, mais en passant par les villes. Là, on aurait tous
les chantiers du Québec, et ils n'auraient pas le choix, s'il n'y a pas
de permis de construction, ils n'auraient pas de crédit d'impôt.
Donc, je pense que ça pourrait être une mesure incitative.
Des mesures sur le noir, ça donne de l'argent pour des
crédits d'impôt, et tu pourrais y aller d'une relance de
l'industrie, mais effectuée par des vrais entrepreneurs et des vrais
travailleurs de l'industrie de la construction. Mais pas une formule
biaisée où on s'apercevra au bout de 1 an que nos gens ne
travaillent pas et que c'est fait par n'importe qui. Après 18 mois de
Corvée-habitation, on a réussi un peu à assainir, en tout
cas, à faire travailler nos vrais, même si on payait 0,12$ de
l'heure. Mais je pense, moi, qu'il y a des façons. Là, il y a des
rumeurs qui circulent pour SM3, je ne sais pas quelle est l'idée du
gouvernement, mais
j'ai l'impression que si tu pars la roue c'est une question, ça,
de crédibilité ou de confiance.
Les consommateurs actuels ne consomment pas, mais, comme on le disait
tantôt, c'est toujours les mêmes qui payent les taxes, et là
la seule façon pour la construction de survivre, c'est les taxes sur les
matériaux de construction dans la petite construction. Mais il faut se
rappeler aussi qu'on en a sorti de la construction. Toute la rénovation,
la hotte de poêle dont on parlait tantôt, le bras de galerie, ce
n'est pas régi par le décret. Je ne comprends pas pourquoi on en
parle encore. Ce n'est plus assujetti, mais c'est vrai que, dans la population,
ce n'est pas clair pour tout le monde que la rénovation pour un
propriétaire occupant, ce n'est plus de la construction. Mais beaucoup
de gens encore confondent les 2.
M. Dufour: Vous avez dit tout à l'heure que le travail au
noir, c'était une question d'appliquer les règlements. Puis,
là, vous êtes prêts à attendre 1 an, au bout du
décret, pour essayer de trouver des formules. Suis-je correct ou pas
correct, là, parce que j'essaie de trouver où on peut se
retrouver? C'est que, si c'est la non-application des lois qui fait qu'il y a
du travail au noir, bien, appliquons-les! On n'a pas besoin de sommet pour
ça. On pourrait peut-être, quelque part dans le temps, trouver
d'autres formules, mais on devrait commencer par le commencement. On a des
lois. Tout à l'heure, vous avez dit: Si on les appliquait, on pourrait
contrer une bonne partie du travail au noir, sinon au complet. Donc, est-ce que
vous persistez à dire que ça prend votre sommet en plus pour le
régler ou pas?
M. Lemieux (Olivier): À l'heure actuelle, si on prend la
loi 186, l'essentiel de la loi, c'a été de doubler ou de tripler
les amendes. Quand nos travailleurs... Je vais vous donner un exemple:
Saint-Jérôme. Il y avait 300 cas, un matin, faits par des
travailleurs illégaux; le juge a passé un cas, mais il a absous
le monsieur qui était un père de famille. Il a dit: Je ne suis
pas pour condamner quelqu'un qui essaie de gagner sa vie. Mais, dans la
région des Laurentides, à l'heure actuelle, ça s'est su,
ça a fait boule de neige. Bien, ils ont dit: On se fait poigner, on ne
paie même pas; tu passes devant le juge, puis il t'absout.
Moi je pense qu'au niveau des législations... Puis, je comprends
le juge aussi. La personne qui est en avant de lui a 2 ou 3 enfants; elle s'est
fait pincer à travailler de façon illégale. Aller la
condamner par-dessus ça! Je pense que, peut-être, on a fait fausse
route, mais il faut rajuster le tir. Ce n'est pas au niveau des amendes, je
pense. Moi, c'est de donner à l'industrie des moyens pour le contrer, le
fameux travail au noir. Qu'il nous donne le pouvoir à nous autres de
vérifier, aux inspecteurs de la CCQ aussi, aux inspecteurs de la CSST
aussi, puis ceux qui seront pinces, les entrepreneurs qui embauchent des
travailleurs au noir, après la deuxième récidive, la
licence est suspendue puis, je pense que ça ne serait pas long qu'on
pourrait régler un paquet de problèmes, mais il faut que
ça se fasse.
M. Dufour: Est-ce que vous croyez que 1 an... Vous parliez de
décret, tout à l'heure. Pour quel temps vous placez ça,
là? Un an? «C'est-u» à peu près ça?
Rien que oui ou non et je vais enchaîner avec ma question. Quand vous
voyez une prolongation de décret, c'est pour combien de temps?
M. Lemieux (Olivier): Parce que je réalise, et je retiens
l'introduction du ministre tout à l'heure, que c'est vrai que nous ne
sommes pas à la table des négociations, mais il y a quand
même des affaires qu'on sait.
M. Dufour: Oh, vous les vivez.
M. Lemieux (Olivier): Dans la construction tout est secret, mais,
en même temps, tout se sait. Disons qu'il n'y a pas eu de progrès
substantiels, à ce qu'on me dit. Puis, je ne suis pas sûr que de
donner 3 mois ou 6 mois, il pourrait y avoir d'autres progrès
substantiels. Mais, si on se donnait 1 an avec une mesure là, on
disait un forum; que ce soit un forum ou des états
généraux, peu importe le titre puis que le ministre,
disons, prolonge, il met en place une structure, puis on dit: O.K., on se
revoit telle date et là tout le monde est intervenu, on a trouvé
une espèce de consensus...
Et puis, en même temps, je ne voudrais pas que ce soient des tiers
qui décident pour les gens de l'industrie. Puis, on est là
aujourd'hui, parce que c'est un peu ça. On s'est entendus, lors du
dépôt de la loi 185; on s'est fait entendre dans la même
salle où patrons et syndicats étaient d'accord sur le champ
d'application. Et ce n'est pas encore en place. Donc, les gens de l'industrie
commencent à perdre confiance dans les gouvernements. On s'entend,
patrons et syndicats sur quelque chose, puis la loi passe et ce n'est pas
ça. Puis, ça, c'était unanime. C'est rare qu'on fait
l'unanimité patrons et syndicats. Pour une fois, on était
unanimes, on s'entend, les projets sont passés, puis ce n'est pas
ça. Permettez-moi de douter un peu. (12 h 50)
Mais je pense qu'on a fait la réflexion, puis on est prêts
à donner... Parce qu'on n'a pas le choix. Si on veut que l'industrie
survive, il faut absolument s'asseoir, cibler les vrais problèmes de
l'industrie, les plus irritants, quitte à prendre 2 ans, 3 ans pour les
autres choses après. Mais, au moins, les 3 ou 4 plus gros irritants, les
régler, puis continuer ou changer le mode de négo,
peut-être, mais trouver des façons pour que chacun y trouve son
compte et que l'industrie survive à la crise qu'on passe actuellement.
Sans cela, tout le monde va être perdant, autant les gouvernements, les
travailleurs de l'industrie et les entrepreneurs de l'industrie. Personne ne va
être gagnant, là-dedans.
M. Dufour: Si je regarde votre mémoire aussi concernant la
prolongation du décret, vous semblez nous
iire: Bah! c'est pressé, mais vous pensez qu'un décret le
1 an, ça ne serait pas de trop pour mettre un peu d'ordre dans le
processus. Et vous dites: «Advenant que le gouvernement choisisse de
prolonger le décret, il serait essentiel, à notre avis, de le
modifier sur les clauses concernant le régime d'assurance, le fonds
d'indemnisation, le fonds de perfectionnement et de recyclage, le comité
de classification, l'ancienneté et la protection du pouvoir d'achat des
travailleuses et des travailleurs de la construction.»
Donc, qu'est-ce qui vous permet de croire que le gouvernement va toucher
à tout ça, puis qu'il ne vous fera pas mal, qu'il va juste
toucher pour améliorer les travailleurs, qu'il ne touchera pas ailleurs?
Ça ne vous inquiète pas un peu? Moi, je veux bien croire en votre
confiance, mais, si, vous autres, vous prétendez ou vous demandez un
certain nombre de modifications au décret, il y en a d'autres, par
contre, aussi, qui ont les mêmes visées et les mêmes
ambitions. Vous allez jusqu'à dire: Protéger le pouvoir d'achat
des travailleuses et des travailleurs. Ça veut dire rajouter un petit
peu d'argent dans les salaires, si je comprends bien. Ça veut dire
ça, un peu. Mais, qu'est-ce qui vous permet de croire que le
gouvernement pourrait aller dans le sens de vos revendications?
M. Lemieux (Olivier): Moi, je pense que le gouvernement a un
devoir, c'est de s'organiser pour que le régime actuel, même si on
le critique, fonctionne quand même. L'industrie comme telle, on s'est
donné un régime d'assurance, si je prends celui-là;
là, il est en danger à cause d'une période de
récession économique. Moi, je pense que le gouvernement, dans sa
sagesse, se doit, s'il décide de prolonger, d'au moins préserver
un minimum pour qu'une partie de la société... Surtout que les
travailleuses et les travailleurs de la construction, à l'heure
actuelle, sont très frappés par la récession; qu'au moins
leur régime d'assurance ne soit pas touché par la crise qui est
vécue actuellement. On sait que c'est temporaire. Probablement, et je
l'espère en tout cas, que, d'ici quelques années, l'industrie va
avoir repris, mais on pense que c'est un irritant fondamental à l'heure
actuelle. Les gens vont effectuer peut-être une moyenne de 500 à
600 heures, cette année; peut-être qu'ils ne seront même pas
couverts par le régime. Et, en plus, il y a la fameuse taxe que je
disais tantôt du dernier budget Levesque. Ils vont être doublement
taxés.
Mais il y a aussi dans ma recommandation, ce que je dis... Pour nous
autres, ce qui est le plus gros irritant, c'est la partie
déréglementation, si jamais le ministre ouvrait la porte à
une certaine déréglementation du secteur résidentiel.
Parce que, en période de récession économique, on peut
dire que, grosso modo, dans l'ensemble des régions du Québec, ce
qui fonctionne, c'est le secteur résidentiel: autour de 60 %. Quand il y
a de grands travaux, disons que c'est différent, mais, à l'heure
actuelle, et pour une partie de l'année prochaine aussi, selon les
données qu'on possède, le résidentiel est l'essentiel
quasiment de la construction. Donc, ce qu'on dit, c'est de ne pas toucher
à ça, là.
M. Dufour: Vous n'avez aucune assurance.
M. Lemieux (Olivier): Je n'ai aucune assurance?
M. Dufour: Bien, aucune assurance dans le sens que...
Écoutez un peu, vous êtes en négociations. La
négociation sur la construction, ça dure depuis combien de
temps?
M. Lemieux (Olivier): Là, disons que, officiellement,
depuis janvier jusqu'à maintenant.
M. Dufour: Bien, ça, ça ressemble à 6 mois.
Et il n'y a eu aucune entente, vous le dites: Ce n'est pas possible d'avoir
d'entente. Vous demandez une prolongation. Avec un gouvernement qui n'a pas
bougé trop, trop, est-ce que vous pensez que vous avez des chances
d'obtenir ce que vous demandez?
M. Lemieux (Olivier): Bien, moi, j'ai l'impression que le
gouvernement se doit de trouver une façon de débloquer le dossier
et je pense que ça pourrait être une des façons de
débloquer le dossier si jamais le ministre prolongeait en maintenant,
disons, le régime d'assurance et les choses qu'on a mentionnées
dans notre «rapport», et en créant le forum dont il parlait
tantôt, avec une solution en bout de ligne, si tous les intervenants sont
là. Moi, je pense qu'il faut donner une chance à l'industrie; on
ne peut pas se permettre de continuer et de mettre en danger l'industrie de la
construction comme telle. C'est fondamental et, même si ça va mal
cette année, ça va être 17 000 000 000 $ ou 18 000 000 000
$, l'industrie de la construction. Dans les bonnes années, ça
peut aller jusqu'à 25 000 000 000 $, 26 000 000 000 $, 27 000 000 000
$.
Moi, je pense que c'est essentiel à l'économie du
Québec et on ne peut pas se permettre qu'un secteur essentiel comme la
construction... Parce qu'on dit: «Quand le bâtiment va, tout
va.» C'est encore vrai aujourd'hui, mais il faut qu'il aille de la bonne
façon. Si tout est fait au noir, ça veut dire que tout ce qui est
relié indirectement à l'industrie de la construction, bien,
ça vient d'arrêter. Parce qu'on dit que 1 emploi dans la
construction égale 7 emplois ailleurs. Et je pense que c'est encore
vrai.
M. Dufour: Ma dernière question, parce qu'il n'y a pas
beaucoup de temps...
Le Président (M. Gobé): C'est ça, M. le
député de Jonquière. Allez-y rapidement.
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Gobé): Le temps est
écoulé, mais...
M. Dufour: Est-ce que vous croyez... Parce que, là, on
vient de trouver une clé aujourd'hui. Si on faisait un sommet,
seriez-vous contents, seriez-vous prêts à y participer? Il y a 2
intervenants: Oui, oui, on embarque. Est-ce que vous croyez que cette
solution-là aurait pu arriver bien avant ça? Parce que ça
fait quelques années qu'on a quelques petits problèmes, et
ça fait quelques années qu'on légifère. Est-ce que
vous croyez en cette formule-là, vraiment? Est-ce que vous êtes
vraiment convaincus que c'est pour amener à régler des
problèmes, des solutions?
M. Lemieux (Olivier): Moi, j'ai l'impression qu'on est rendus
à une étape où on n'a pas le choix. Je pense qu'on va
être condamnés une façon de parler, ce n'est pas
dans le sens péjoratif à trouver des solutions, autant de
la partie syndicale que de la partie patronale, si on veut sauver l'industrie.
Et c'est pour ça que je pense que, à ce moment-ci, disons, le
climat est favorable à une telle approche. Je pense que c'est une des
dernières chances qu'on a. Sans ça, on va se ramasser comme
à New York et ça va être le «free for all», et,
autant l'État que les partenaires de l'industrie, on est faits.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Viger, rapidement, une petite question. Allez-y, allez-y, je vous en prie.
Allez-y, allez-y, vous avez la parole.
M. Maciocia: Merci, M. le Président. À propos du
travail au noir, vous admettez avec moi, M. Lemieux, que des membres,
même de votre syndicat, comme d'autres syndicats, font du travail au
noir. Ça, c'est clair. D'après vous, quelle est la raison pour
laquelle ces gens-là, même membres d'un syndicat, font du travail
au noir? Quelles sont les raisons?
Deuxièmement, pourquoi ils le font? Et qu'est-ce que vous faites
pour essayer de contrer cette possibilité-là, qui est tellement
réelle, de vos membres qui font aussi du travail au noir? Et quelles
sont les pénalités, au cas où vous en prenez quelques-uns,
sur les chantiers, qui font du travail au noir?
M. Lemieux (Olivier): C'est vrai qu'on est conscients que, parmi
nos membres, il y a des gens qui cèdent aux pressions. Je pense que le
principal phénomène qui cause ce problème: aucune
protection de l'emploi, aucune garantie. Si, minimalement, quand, moi, je m'en
vais travailler pour toi, il y avait un minimum de régime
d'ancienneté: tu commences à travailler, O.K., tu es le premier
embauché, tu sais que tu vas être le dernier sorti. Donc, tu as
plus intérêt à faire respecter le décret et le code
de sécurité, parce que tu as une certaine protection. À
l'heure actuelle, comme tu n'as pas de protection et qu'il n'y a pas de
perspectives... Quand il y a beaucoup d'emplois, disons que c'est moins
évident le travail au noir, mais quand l'individu regarde et qu'il n'y a
aucune perspective, qu'il n'y a pas de projets de relance... Avant ça,
on disait: Bon, la Baie James s'en vient, la Côte-Nord s'en vient; mais,
à l'heure actuelle, il n'y a pas de gros projets d'annoncés. Nos
gens, à l'heure actuelle, ce qu'ils essaient, c'est de survivre. Et,
comme je le répétais à une autre commission parlementaire,
les gens de l'industrie sont très fiers. Ils aiment mieux faire du
travail au noir que recevoir de l'aide sociale. Je le répète et
c'est... On en a tous les jours qui passent à nos bureaux et, pour eux,
retirer de l'aide sociale, c'est comme, entre guillemets je ne sais pas
si ça va être mal interprété, mais, eux, ils sont
fiers être sous-évalués ou perdre leur notion de
compétence. Ils aiment mieux travailler et, au moins, faire vivre leur
famille, aussi. S'il y avait beaucoup de travail, on ne vivrait pas le
phénomène de la même façon. Il faut dire, aussi,
qu'en période de récession économique, s'ils n'ont pas
d'emploi sur les gros chantiers, eh bien, ils sont pris pour aller faire de la
rénovation.
M. Maciocia: Oui, mais qu'est-ce que vous faites pour essayer
d'enrayer ça ou de contrer ça? Parce que c'est un
problème; si c'est un problème, il faut essayer de le
régler. Et, s'il y a des membres de votre syndicat qui font du travail
au noir, il faudrait quand même que vous essayiez de les empêcher,
j'imagine. Quelles sont les pénalités que vous allez donner
à ces gens-là, en cas que vous les preniez sur les chantiers de
construction?
M. Lemieux (Olivier): À l'heure actuelle, moi, je me
sentirais très mal placé pour pénaliser des gens qui
veulent gagner leur vie dans une industrie, et ils n'en ont pas la
possibilité.
M. Maciocia: Alors, vous allez prendre seulement les autres?
M. Lemieux (Olivier): Non, chez nous, nous autres, ce qu'on dit:
Pour travailler au noir, il faut que tu aies un employeur. Moi, je pense que,
si on serre la vis aux entrepreneurs, on est prêts à faire notre
bout, du côté syndical. Mais, à l'heure actuelle, il faut
qu'il y ait sur papier, je pense, des mesures incitatives. Je serais
prêt, moi. Exemple, comme une des recommandations de Picard-Sexton, si la
licence est suspendue pour l'entrepreneur qui embauche des gars au noir, on
pourrait peut-être regarder des choses de notre côté, aussi,
en disant: O.K., si tu travailles au noir et c'est connu que le
gouvernement a une volonté réelle d'enrayer le travail au noir
l'entrepreneur perd sa carte et, le travailleur, son permis pourrait
être suspendu pour x temps. Moi, je pense qu'on pourrait regarder des
affaires. Mais il faut absolument que l'industrie sache qu'il y a une
volonté réelle. Si vous, comme entrepreneur, vous savez que vous
perdez votre permis si vous allez en deçà des lois et si, pour
les gens qui travaillent pour vous, c'est la même chose, eh bien, j'ai
l'impression que, en dedans de 3, 4 mois, on va enrayer au moins
jo % à 40 % du travail au noir.
M. Maciocia: Ce ne sont pas seulement des entrepreneurs...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Viger, malheureusement, j'avais une question de la part de M. le
député de Nicolet-Yamaska et je vous ai passé sur
l'excédent de temps, et je me dois de lui passer la parole. M. le
député de Nicolet-Yamaska, vous avez la parole. Je vous
demanderais de répondre assez rapidement et on va terminer la
séance par la suite. M. le député. (13 heures)
M. Richard: Merci, M. le Président. Tout à l'heure,
vous avez mentionné que vous aviez une tendance favorable vers un forum
ou l'équivalent, et vous avez émis des doutes sur
l'élargissement des partenaires. Entre autres, vous avez dit: Le monde
municipal, exemple, je ne suis pas certain que ça devrait faire partie
de cette discussion-là. Mais, quand on arrive au travail au noir et
quand on arrive au contrôle, parce que vous avez bien mentionné
qu'il y avait un problème de contrôle, à un moment
donné, le monde municipal, effectivement, qui émet les permis,
pourrait devenir un partenaire, inévitablement, dans une nouvelle
formule de contrôle. Parce qu'il est l'émetteur de permis, il
pourrait avoir un contrôle dès le départ. C'est parce
qu'à ce moment-là, en étant questionné, vous avez
un peu identifié le partenaire, entre autres.
M. Lemieux (Olivier): Non, non, mais s'il y avait un
échange. C'est comme un peu dans les suites de Picard-Sexton. On
voulait, entre guillemets, les gens qui ont produit le rapport, donner une
place aux municipalités. Mais, à ce qu'on me dit, depuis, il y a
une grosse réticence à collaborer avec l'industrie de la
construction comme telle. Mais, s'il y avait moyen de resserrer, moi, je pense
que tout est relatif. S'ils veulent collaborer, bien, on est prêts
à le faire. Mais, à ce qu'on me dit, à l'heure actuelle,
ils trouvent que c'est de la paperasse de plus, puis c'est d'autres irritants
pour eux. Mais, si jamais on trouvait une façon de les intégrer
ou de collaborer plus étroitement, je n'ai aucun problème.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Lemieux. Avant de
suspendre les travaux, j'aimerais informer les participants que nous
reprendrons cet après-midi à 15 heures. Nous entendrons le
Conseil provincial du Québec des métiers de la construction;
ensuite, la Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec et l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec. Il y a un décalage de 1 heure en avance. C'est pour
ça que je me permets de le rappeler maintenant.
Ceci met fin à nos travaux pour ce matin. Je tiens à vous
remercier de votre participation et je suspends les travaux à 15 heures,
cet après-midi, en cette salle.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 15 h 6)
Le Président (M. Gobé): Alors, mesdames et
messieurs, la commission de l'économie et du travail va maintenant
entreprendre ses travaux et, avant de procéder à la
première audition, j'aimerais rappeler les règles qui vont
régir nos travaux de cet après-midi. Alors, tout d'abord, je
rappellerai aux nombreux auditeurs ou aux nombreux participants qui sont dans
les tribunes que les règles non écrites, mais de courtoisie des
commissions parlementaires font que, lorsqu'il y a audiences publiques, le
public ou les assistants, en général, essaient de s'abstenir de
toute intervention, approbation ou désapprobation envers les gens qui
témoignent ou qui font une présentation, ceci afin de respecter
au maximum la liberté d'expression des gens et aussi le temps imparti
qui est quand même assez restreint dans quelques cas.
Le temps imparti, maintenant, pour chaque intervenant, sera de 20
minutes pour faire sa présentation; durée maximale de 20 minutes,
ça peut être moins. Et, par la suite, les représentants du
côté gouvernemental autant que de l'Opposition ont, eux aussi,
chacun une période de 20 minutes. La présidence peut... Pardon!
C'était 20 minutes ce matin, mais je vois que nous avons avec nous le
député indépendant de Drummond et, lorsqu'il y a un
député indépendant, il peut avoir une période de 5
minutes dans les débats, qui est aménagée à
l'intérieur de l'enveloppe de chacun des 2 partis.
Alors, voilà, ce sont, en gros, les règles qui
régissent ces travaux de commission parlementaire. Nous sommes là
pour écouter les gens nous sommes des parlementaires qui
ont des choses à dire, des messages à nous communiquer, des
positions à faire valoir, et pour en débattre avec eux; ceci dans
le meilleur intérêt de l'administration de l'État et de
l'appareil législatif. Alors, nous sommes là pour travailler
ensemble et non pas pour nous confronter. Nous sommes là pour essayer
d'écouter les gens, pour dégager des consensus et essayer de
trouver des solutions, ce qui est généralement le rôle des
parlementaires. Les commissions parlementaires ont été
créées à cet effet-là et les audiences publiques,
pour renforcer, justement, ce rôle du parlementaire en permettant
à toutes les parties d'une société de pouvoir s'exprimer
librement, dans le respect de la démocratie et de la liberté.
Alors, sans plus attendre, je demanderai maintenant au
représentant du premier groupe, soit le Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction, section internationale, de
bien vouloir se présenter. Je connais le président, M. Pouliot.
Alors, je dirai: M. Pouliot, si vous voulez présenter les gens qui vous
accompagnent et, par la suite, vous pourrez commencer votre
présentation.
Conseil provincial du Québec
des métiers de la construction
(international)
M. Pouliot (Maurice): Sûrement M. le Président,
M. le ministre du Travail, Mmes et MM. les membres de la commission
parlementaire, pour débuter, je vais vous présenter les gens qui
m'accompagnent. À mon extrême gauche, le confrère Yvan
Bertrand, qui est le secrétaire-archiviste du conseil provincial et
aussi représentant syndical, locaux 1929 et 929, tireurs de joints et
finisseurs de ciment; le confrère Maurice Mongeon, qui est gérant
d'affaires du local charpentiers-menuisiers, 134; le confrère
Gérard Cyr, gérant d'affaires du local 144; le confrère
Pierre Labelle, qui est directeur général, adjoint au
président du conseil provincial; et le confrère Jules
Gagné, qui est gérant d'affaires du local des chaudronniers et
«boilermakers». (15 h 10)
II nous fait plaisir de participer à la présente
commission parlementaire. Je voudrais aussi vous mentionner que le conseil
provincial fait partie de la coalition syndicale, avec la FTQ-construction, qui
va sûrement se faire entendre par la suite, donc, on a un certain
rôle qu'on a joué lors des différentes rencontres depuis le
mois de février 1993. Le conseil provincial représente 31,7 % des
travailleuses et travailleurs de l'industrie de la construction, soit plus de
45 000 travailleurs, et est composé de 32 locaux qui lui sont
affiliés, dont 13 métiers qui sont majoritaires, où on a
une majorité absolue. Et ces métiers-là ne sont pas
exclusivement ou uniquement dans ce qu'on appelle l'industrie lourde de la
construction au Québec. Ce degré de
représentativité a été obtenu suite à
l'adoption du projet de loi 185. Le conseil provincial a obtenu 935 nouveaux
syndiqués, et on a la comparaison avec les autres centrales syndicales.
Donc, je pense que, de loin, on est la centrale syndicale qui a obtenu le plus
d'allégeances syndicales des travailleurs. ïl faut aussi
mentionner, je pense, que le projet de loi 185 a eu comme conséquence de
retarder l'avancement dans les régimes de négociation, qui
devaient débuter en octobre, par un maraudage. On n'est pas contre un
maraudage, mais on aurait pu le tenir, peut-être, dans un autre temps que
celui-là. Je pense que la période pour débuter les
négociations, qui était octobre, avant la date d'expiration du
décret, quant à nous, est effectivement une meilleure date que
février, lorsqu'on n'a simplement que quelques mois pour négocier
le renouvellement de la convention collective.
Je pense que, malgré l'enjeu du renouvellement de notre
convention collective, on ne peut pas nécessairement dire qu'il y a eu
une négociation. Quant à nous, il n'y a pas eu réellement
de négociation; il y a eu des discussions, il y a eu des
échanges, il y a eu, ce que certains de mes confrères qualifient
de «meubler le temps». On a «meublé le temps» on
n'a pas négocié, on étirait, on attendait, disons. De la
part de l'AECQ, ils attendaient simplement le 14 juin pour se retrouver, encore
une fois, en commission parlementaire.
Qu'il me soit permis de vous mentionner ce que, lors des
différentes discussions qu'on avait eues, bon, bien, on disait:
Ça, c'est 1 refus, c'est 1 suspens, et on va remettre ça à
un peu plus tard. Le même scénario s'est fait aux tables
particulières, parce que, dans le protocole d'entente, on s'était
entendus verbalement. Il y avait effectivement une table centrale et des tables
de métiers ou spécialités ou occupations qui
négociaient. Depuis le mois de février, il y a eu 6 petits
articles, et c'est des articles très mineurs, qui n'ont absolument rien
à faire avec le monétaire. À titre d'exemple, à
l'intérieur du décret, actuellement, il y a un oubli, si on veut.
On parle, à l'article 5.03, des matériaux nouveaux. Donc, on dit:
S'il y a des matériaux nouveaux, ça ne change pas les
juridictions de métiers, spécialités ou occupations. Le
mot «spécialités» n'était pas là, donc;
il a fallu discuter pratiquement 1 journée pour avoir un accord
et je vois le sous-ministre qui sourit avoir un accord sur une chose
aussi stupide que ça. Donc, c'est le genre de discussions qu'on a eues
à vivre, effectivement, lors de la présente ronde de
négociations.
On a tenté par différents moyens... L'AECQ croyait qu'elle
pouvait régler les problèmes de l'industrie de la construction
dans la présente négociation. L'intention du conseil provincial
était de négocier une convention collective, pas de régler
les problèmes généraux de l'industrie. Il y a plusieurs
problèmes qui relèvent de différentes législations;
on en a entendu parler ce matin en abondance: la loi 185, la loi 186,
différents rapports de comités et ainsi de suite. Et on pense
qu'on ne pouvait pas régler ça. Si on avait pu simplement
s'entendre sur une convention collective, pour nous, ça aurait
été une bonne chose. d'un autre côté, l'aecq
exigeait d'avoir des coupures; il fallait rationaliser le décret de la
construction, il fallait aussi couper les salaires des travailleurs de la
construction. elle parlait de 20 % dans le domiciliaire, 5 % dans l'industriel.
l'apchq, un peu plus vicieuse, elle, disait: bien, on va couper ça
à 50 %, les salaires. il va y avoir un salaire minimum, et ça
peut aller en haut; et le fonds de formation professionnelle, bien,
effectivement, comme vous le savez, elle conteste ça. c'est à la
cour. donc, on pense qu'il n'y a pas de logique dans la question du
régime de négociation, et, lorsqu'on en voit une tout de
même, il faut le reconnaître, l'apchq, ça représente
assez de travailleurs qui exigeait une coupure, en gros, de 50 %, il
nous apparaissait totalement impossible de conclure une convention collective.
je pense qu'il faut le mentionner, qu'il faut mettre en relief la faillite
totale du régime de négociation, tel que nous le connaissons
actuellement. nous l'avons déjà dénoncé à
plusieurs occasions, m. le président, et nous continuons de dire que le
régime de négociation dans l'industrie de la construction est
drôlement malade.
D'ailleurs, on peut se rappeler que le prédécesseur de M.
Cherry, M. Séguin, avait admis en commission parlementaire, en 1990, que
c'était fini, l'imposition du décret, qu'il était pour
modifier la loi, le régime de relations de travail dans l'industrie de
la construction, dans sa forme actuelle. Mais, malheureusement, on sait ce qui
est survenu: M. Séguin a quitté, et on se retrouve, encore une
fois, dans 2 commissions parlementaires,
1 au mois d'avril et puis 1 au mois de juin. Donc, ça devient,
effectivement, quant à nous, un problème substantiel, le
régime de négociation.
Il y a eu, depuis l'adoption du projet de loi 290 en 1968, pas moins de
19 modifications majeures à la loi. Et l'une d'entre elles, bon,
évidemment, c'est le projet de loi 201, adopté par l'ex-ministre
du Travail, M. Jean Cournoyer, en 1974, qui a introduit la notion que le
ministre du pouvoir... Peu importe de quel gouvernement on parle, ça a
toujours été pareil. Cet article-là, bien, est là,
et on ne peut pas laisser le vide juridique: le ministre est obligé
d'intervenir. Lorsque ça va bien, ça va bien, il faut continuer
pour que ça aille bien. Lorsqu'on est en récession, on nous dit:
Écoutez, on est en récession. Effectivement, on ne peut pas
laisser le vide juridique.
C'est ce qu'on vous demande, M. le ministre, surtout, d'enlever
l'article 51 de la loi et de laisser le rapport de force s'exercer dans
l'industrie de la construction. Ou bien donc vous nous dites très
clairement: Les petits gars et les petites filles de l'industrie de la
construction, vous n'avez plus le droit de négocier. C'est fini, cette
affaire-là. Le ministre du Travail a le pouvoir et il a une
épée de Damoclès en haut de sa tête, et chaque fois,
effectivement, que ça arrive, il va nous rentrer l'épée,
soit sur un côté ou sur l'autre. Donc, nous, on commence à
être tannés de ça. La dernière convention collective
qui a été conclue entre les parties dans la construction remonte
à 1980 et, à ce moment-là, il y avait eu effectivement un
vide juridique. Il y avait eu aussi une autre convention collective qui avait
été conclue en décembre 1976, à la création
de l'AECQ. Encore là, il y avait eu un vide juridique.
Donc, lorsqu'on veut nous parler que le gouvernement est toujours dans
l'obligation d'imposer les conditions de travail, je pense que ce n'est pas le
cas. On a déposé des demandes normatives à l'AECQ, au mois
de juin. On a dit: On ne parlera pas de monétaire; on va parler d'un
gel, et on va essayer de discuter sur les clauses normatives. L'AECQ, il
semblerait qu'elle a été insultée des propositions qui
étaient tout de même des propositions syndicales pas
coulées dans le béton pour faire avancer le dossier. C'est
à la demande du conciliateur, M. Dufresne, qu'effectivement on a dit:
Écoutez, on va faire un bout. On va laisser le droit de gérance
aux patrons, puis on va avoir des clauses...
Le décret, il y a des choses là-dedans qui sont totalement
inacceptables. J'écoutais les autres intervenants parler du travail au
noir. Je pense que, si on change des choses là-dedans, on peut
peut-être freiner une partie du travail au noir, mais ce n'est pas en
voulant tout changer à l'intérieur du décret de la
construction. Il y a des clauses à changer. On était ouverts, je
pense, le conseil provincial et la FTQ, pour regarder les choses ensemble, pour
essayer de conclure une convention collective, mais pas avec des intentions qui
ne sont pas de notre compétence. Ce qui est de la compétence des
parties syndicales, c'est, effectivement, de renouve- ler la convention
collective qui peut, éventuellement, devenir un décret si on
demande l'extension juridique de notre convention collective.
Je pense que c'est une chose qui est drôlement à clarifier
et on pense, encore une fois, que, si le ministre du Travail laisse le
décret de la construction mourir ce soir, à minuit, il y a des
articles dans la convention collective, entre autres, l'article 32.04, qui
prévoient le maintien des conditions de travail. Il n'y aura pas,
effectivement, de grève demain matin dans l'industrie de la
construction. Par contre, l'AECQ va être obligée de s'asseoir avec
nous et de négocier réellement une convention collective.
On a demandé à plusieurs occasions au ministre du Travail
de faire des déclarations, le 30 avril, qu'il n'était plus pour
intervenir. Encore une fois, on pense que le ministre a l'intention
d'intervenir. Donc, on ne pense pas que la déréglementation va
créer des emplois dans l'industrie de la construction. Donc,
évidemment, nous, on sait que, lorsque la loi 31 a été
adoptée, je ne pense pas que ça ait créé aucun
emploi, loin de là. Il y a, évidemment, la question des avantages
sociaux qu'on a, en tout cas... (15 h 20)
Vous avez, à la page 16 de notre mémoire, les heures qui
étaient travaillées. On va chercher ça. En 1966, il se
travaillait, dans l'industrie de la construction au Québec, 196 000 000
d'heures. On se rend compte, 10 ans après, qu'on diminue à 136
000 000 d'heures; en 1986, 87 900 000 heures, et, avec le résidentiel
dans le décret, la Commission de la construction du Québec
prévoit environ 67 000 000 d'heures. Et on sait qu'ils se trompent
toujours un petit peu; donc, ça peut être 66 000 000 ou 65 000 000
d'heures. Et il y a toujours le même bassin de travailleurs de la
construction: 120 000 travailleurs qui ont des cartes de compétence de
la CCQ: occupation ou apprenti ou compagnon. Donc, ça diminue toujours,
la question des heures dans l'industrie de la construction. et, lorsqu'on nous
parle de réduire les coûts dans le résidentiel de 20 % ou
de 50 %, je pense qu'il faudrait comprendre que la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction représente, dans une maison
unifami-liale, environ 22 % du coût général de la maison.
l'augmentation du coût du bois, qu'on vient de subir, les consommateurs
du québec, y est pour beaucoup plus qu'une diminution sur les salaires
des travailleurs et travailleuses de l'industrie de la construction, tant sur
les travaux résidentiels et aussi d'entretien sur l'industrie
lourde.
Si on compare le prix d'une maison entre Montréal, Toronto ou
Hamilton, et les autres provinces, on va se rendre compte qu'au Québec
ce n'est effectivement pas nous autres qui avons la main-d'oeuvre la plus
dispendieuse. D'ailleurs, effectivement, on a un rapport qui nous le dit, c'est
clair, de M. Baril, qui nous vient du ministère du Travail, qui fait une
comparaison des différents salaires un peu partout. Le Québec
n'est pas
en haut, il est juste un petit peu en bas de la moyenne des salaires
payés à travers le Canada.
Et, quant à nous, c'est totalement inacceptable, encore une fois,
lorsqu'on voit l'APCHQ, alors que, d'un côté, on pourrait voir,
disons, améliorer la main-d'oeuvre au Québec avec le fonds de
formation professionnelle... On se rappelle qu'on a eu des problèmes
à l'obtenir. Là, on l'obtient pour avoir une main-d'oeuvre
meilleure, plus compétente, plus recyclée: Première chose
qu'on sait, des procédures sont entamées par l'APCHQ pour faire
objection à l'intention des parties qui ont signé le fonds de
formation professionnelle. Et ça, ça nous laisse, à un
moment donné, un petit goût amer concernant l'APCHQ. Je pense que,
à un moment donné, lorsqu'il y a eu des discussions, encore une
fois, je me répète, il n'y a pas eu, à mon avis,
réellement de négociation.
En terminant, je voudrais simplement vous mentionner que, dans l'annexe
qu'on a, on se rend compte, au niveau du déficit sur les avantages
sociaux, qu'il y a 5000 employeurs qui participent volontairement aux
régimes d'avantages sociaux, si on parle du régime
d'assurance-santé, salaire, maladie, sur une base volontaire. Ce n'est
pas bien, bien compliqué pour eux. Ils ont le crayon, ils marquent les
heures qu'ils veulent, ils envoient ça à la Commission de la
construction du Québec, et la CCQ est obligée d'enregistrer les
heures. Et, lorsqu'un employeur paie dans notre régime 1 $, il en
collecte 2 $. C'est de là qu'on se retrouve avec un déficit de 26
000 000 $ au 31 décembre, et que le déficit va aller en
augmentant à 75 000 000 $, selon les actuaires, si, effectivement, il
n'y a pas d'argent additionnel de mis là-dedans. Donc, je pense qu'il va
falloir qu'on regarde ça très sérieusement.
Quant à nous, on pense que vous aviez, M. le ministre, fait des
déclarations nous mentionnant très clairement que l'industrie de
la construction s'en allait vers la qualité totale. Si vous aviez suivi
les recommandations du rapport Picard-Sexton, probablement qu'on serait vers
une qualité totale, mais, malheureusement, il y a beaucoup de
recommandations qui n'ont pas été suivies et, au terme des
négociations, c'est 0, c'est un échec lamentable. Je pense qu'une
modification à la loi s'applique. Nous, on a des formules à
suggérer au ministre du Travail; une, c'est une négociation par
métier, spécialité, occupation de a à z, un peu
comme cela s'applique partout sur le continent nord-américain.
Ça, c'est une formule: Ou on pourrait trouver une formule de
négociation par différents secteurs d'activité, qui
peuvent être le résidentiel, l'institutionnel, l'industriel et le
commercial, et l'autre secteur pourrait être le génie civil. Je
pense qu'il y a des choses qui peuvent être faites ou qui doivent
être faites au niveau du régime de relations de travail. Mais,
pour l'instant, notre demande au ministre du Travail est de ne pas
légiférer, et de laisser le décret dans un vide juridique.
Et là, on va s'asseoir et là on va régler les
problèmes de l'industrie de la construction, relativement, encore une
fois, au renouvellement de notre convention collective. On ne pourra pas
régler le problème d'impôt, et le problème de la
CSST, et tous ces problèmes-là, c'est faux. Mais peut-être
qu'on peut régler ce problème-là. Donc, je vais terminer
là-dessus, et je suis prêt à répondre aux
questions.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, M. Pou-liot.
Vos 20 minutes sont, en effet, maintenant écoulées.
Avant de passer la parole à M. le ministre, j'aimerais poser une
question à M. le député de Drummond, à savoir si
vous avez l'intention d'intervenir, car je dois répartir le temps entre
les 2 groupes, et je... de...
M. St-Roch: Là, on verra, M. le Président, à
mesure...
Le Président (M. Gobé): Bien, je voudrais le savoir
maintenant...
M. St-Roch: ...que nos travaux se dérouleront.
Le Président (M. Gobé): Parce que ça va
être 20 minutes, 20 minutes; sinon, ça va être 17 et 17.
M. St-Roch: Alors, si je n'interviens pas, M. le
Président, à la fin, chacun des partis aura 2 minutes et
demie.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
député. Alors, M. le ministre, vous avez la parole pour 20
minutes.
M. Cherry: Merci, M. le Président. Vous l'avez
répété en dernier, mais j'ai pris, au commencement, que
vous avez dit: La négociation, dans sa forme actuelle, c'est une
faillite totale. Ce que vous préconisez, c'est de laisser s'exercer le
rapport de force. Pouvez-vous nous expliquer de quelle façon
s'exercerait le rapport de force, selon votre entendement, et quelle sorte
d'impact ça aurait sur la relation de la négociation?
M. Pouliot: Bien, la relation, évidemment... L'article du
décret, M. le Président, prévoit le maintien des
conditions de travail à l'expiration du décret, à
l'article 32.04, qui a été conclu entre les parties. Donc,
l'impact serait: ceux qui travaillent sur les chantiers de construction et qui
respectent le décret de la construction ou la convention collective qui
continue à s'appliquer pourraient continuer à travailler sur les
chantiers de construction. Il pourrait survenir, effectivement, des moyens de
pression à gauche ou à droite, comme il en existe dans tout
secteur d'activité. Par contre, là, ça, ça nous
amènerait à dire qu'effectivement les parties vont être
obligées de s'asseoir et là, à ce moment-là, on va
commencer à négocier. Parce que, encore une fois, je pense, M. !e
Président, qu'il n'y a pas eu de négociation: il y a eu des
échanges, il y a eu des discussions, il y a eu des caucus, il y a eu des
suspens, il y a eu en
masse de refus, et on n'avait même pas parlé du
monétaire. Donc, l'impact serait, à mon avis, qu'on pourrait
s'entendre sur la conclusion d'une convention collective.
M. Cherry: O.K. Vous venez de le dire, mais, dans la prolongation
de 45 jours, il y a quand même eu 23 rencontres de métiers et
occupations, vous avez eu 8 rencontres à la table centrale, vous avez eu
4 rencontres ex parte, et, évidemment, on s'est rencontrés,
là, jusqu'à tôt samedi matin ou tard vendredi soir, entre
nous. Mais, durant ces rencontres-là, les 23 rencontres de
métiers, là, il s'est passé quoi, durant ces
périodes-là?
M. Pouliot: II s'est passé, M. le ministre, qu'on a
meublé le temps. C'est ça? Bon. Meubler le temps; c'est
ça. Un moment donné, c'est un caucus à gauche, un caucus
à droite; on est dans le corridor, on attend, et là, souvent,
bien, l'AECQ nous revenait: Refus, refus! sur des affaires très
insignifiantes dans le décret, qui n'ont pratiquement pas de
conséquences. Vous l'avez, il y a 6 articles qui ont été
paraphés. On ne s'entendait même pas sur la période des
vacances de la construction. Les 2 dernières semaines complètes
de juillet, habituellement, c'est les vacances de la construction; et, en
hiver, c'est la même chose. Là, on ne savait pas si c'était
le 19 décembre, ou bien donc le 23 ou le 24 décembre. On a
passé du temps, là-dessus, inutilement.
Donc, si vous voulez savoir ce qu'on a fait, encore une fois, on a pas
fait grand-chose. Il y a eu un boycottage systématique pour le
renouvellement de la convention collective, et, à notre avis, tant et
aussi longtemps que le ministre ne dira pas, là: Les petits gars, vous
allez vous asseoir et régler vos problèmes, que toujours, avec en
haut de la tête l'épée, il va nous dire: Si vous ne vous
entendez pas, moi, je vais encore intervenir... N'allez pas nous prolonger le
décret encore pour un autre 45 jours, c'est une perte de temps, à
notre avis, inutile! (15 h 30)
M. Cherry: O.K. Vous avez entendu, ce matin je sais que
vous étiez présent lors des groupes qui vous ont
précédé la possibilité que se tiendrait,
dans quelque temps, à l'automne, un sommet sur l'industrie de la
construction, avec une contribution élargie, si vous voulez sortir des
relations traditionnelles, uniquement l'AECQ, d'un côté, et les
associations syndicales, de l'autre, mais vraiment, une contribution de tous
ceux pour qui l'industrie, l'activité économique du secteur de la
construction est extrêmement importante. J'aimerais connaître votre
réaction à ça, dans un premier temps, et dans le sens...
Est-ce que c'est quelque chpse à quoi vous souhaiteriez participer?
M. Pouliot: M. le Président, nous souhaitons participer
certainement à cette commission qui fait suite, je pense, à
l'excellent rapport Picard-Sexton: qu'il y ait un genre de sommet ou un forum
élargi. Et, quant à nous, on voudrait avoir plus que
l'association patronale et les associations syndicales. Je pense que le
ministre de l'Industrie et du Commerce a peut-être quelque rôle
à jouer là-dedans. Si on veut parler d'étalement des
travaux, la planification des travaux dans l'industrie de la construction, il y
a beaucoup de choses à faire là-dedans, et, quant à nous,
on n'exclut pas, non plus, la participation du fédéral, parce
qu'ils ont peut-être un mot à dire là-dedans, sur
différents projets au Québec, tant qu'on va être dans le
régime actuel.
Donc, quant à nous, on est effectivement d'accord qu'il y ait une
table de concertation, un forum ou un séminaire appelez ça
comme vous voulez, ça veut dire la même chose puis qu'on
regarde très sérieusement les problèmes de l'industrie de
la construction. Il est totalement inacceptable qu'on ait, à un moment
donné, un rôle cyclique comme celui qu'on a, actuellement, dans
l'industrie de la construction. Le règlement, le certificat de
délivrance, n'a pas réglé le problème dans
l'industrie de la construction. Mais, pour répondre à votre
question, effectivement, on est d'accord avec ça et que les 2
corporations, aussi plombiers, électriciens, quand on parle des
associations traditionnelles, participent à ce forum-là,
sûrement. Même, on vous le demande.
M. Cherry: Ha, ha, ha! Merci. Une des choses, au début de
la présente ronde de négociations, qui semblait, du moins, au
niveau du langage, faire l'unanimité des intervenants actuels de la
construction, que ce soit l'association patronale ou les associations
syndicales, c'était le fléau du travail au noir. Est-ce que,
durant les 3 mois de négociation, plus la prolongation de 45 jours, ce
sont des sujets que vous avez abordés? Est-ce qu'il y a eu des solutions
de mises de l'avant? Et est-ce que vous souhaiteriez nous entretenir... En tout
cas, moi, ça m'intéresserait de savoir qu'est-ce que, vous
autres, vous discutez. C'est votre industrie, c'est votre pain, puis votre
beurre, c'est votre quotidien. Comment est-ce que, vous autres, vous voyez
ça?
M. Pouliot: Écoutez, pour répondre à votre
question, oui, effectivement, le travail au noir, il en a été
question abondamment, et c'est là qu'est un des échecs concernant
les négociations. L'AECQ croyait pouvoir régler tous les
problèmes, entre autres, du travail au noir par le truchement de la
négociation. On nous est arrivé avec un document des intentions
de l'AECQ relativement à l'élimination ou pour essayer de freiner
le travail au noir. Nous, on voit ça d'une certaine façon. Je
pense que, si on veut freiner ou éliminer le travail au noir, la
première chose que ça prend, ce sont des jobs. Il faut
créer des emplois, au Québec. Il faut qu'il y ait des
investissements, au Québec. Ça, c'est le facteur no 1. On ne peut
peut-être pas régler ça, ici, en commission parlementaire,
mais tant et aussi longtemps que les gros chantiers de construction, au
Québec, ne débutent pas, ça a comme conséquence,
évidemment, d'inciter le travail au noir. Ça, c'est 1.
Qu'on donne des pouvoirs aux représentants syndicaux, qu'ils
aient le droit, comme l'ont mentionné
certains de mes confrères ce matin, de vérifier les
cartes, pas juste la CCQ, qu'on ait un tribunal de la construction c'est
une vieille demande qu'ils formulent depuis de nombreuses années
sous la responsabilité du ministre du travail; qu'on ait toutes les
clauses pénales qui, actuellement, relèvent du ministère
de la Justice, qu'elles reviennent à la Commission de la construction du
Québec, comme c'était avant l'adoption de la loi 119, la loi, en
1986, de M. Paradis, qui nous a enlevé les amendes et le pouvoir de
loger des plaintes. Mais, par contre, les amendes s'en vont, effectivement, au
Conseil du trésor. Ce qu'on redemande, c'est l'argent, et qu'on puisse
poursuivre les travailleurs. Et aussi, un des reproches, je pense, c'est que le
ministre devrait mettre en application ses projets de loi ou ses lois 185 et
186, qu'il y ait des ententes avec les municipalités pour freiner le
travail au noir. Les permis de construction et tout ça, ça doit
travailler ensemble. La Régie du bâtiment; vous savez, il n'y a
pas eu grand rencontre, à venir jusqu'à date, avec la
Régie du bâtiment, puis les parties, suite à l'adoption de
la loi 186. Je pense que des mesures...
On pourrait sûrement donner suite, aussi, au rapport Poulin, qui a
été adopté en 1991. Je pense que c'est un rapport de
certains députés du Parti libéral, ça, qui
disaient: Pour freiner, à un moment donné, arrêter un peu
le travail au noir, donnez des crédits d'impôt, donnez des
pouvoirs à la CCQ. Ça existe, ça, ces rapports-là
et la partie qui peut nous intéresser, c'est en décembre 1991.
Bon. Ça, ça en est, des formules.
Mais il est évident, M. le ministre, qu'on ne peut pas, par le
truchement d'une négociation, régler tous ces
problèmes-là. Mais, lorsqu'on a parlé de clauses de
préavis, c'est-à-dire de mises à pied permanentes, de
mises à pied temporaires, c'est quoi, une mise à pied? L'AECQ
était insultée qu'on demande ça, qu'on demande une
sécurité d'emploi. Vous savez, le rapport de la commission
Cliche, en 1974-1975, parlait d'une sécurité d'emploi et de
revenu dans l'industrie de la construction. Ça, on ne peut pas parler de
ça en 1993. On peut parler de couper les salaires, de ne pas respecter
le représentant en prévention. Ça, ce n'est pas
important.
Les travailleurs se font tuer à toutes les semaines sur les
chantiers de construction. Ce n'est pas grave! Un policier se fait tuer;
ça, c'est grave! Ça, ça fait les premières pages
des journaux. Mais le travailleur de la construction, lui, il passe dans les
derniers. Ça, quant à nous, c'est inacceptable. Si vous me posez
la question: Oui, il y a eu des discussions, mais, quant à nous,
ça sort de notre compétence. On veut essayer de régler,
encore une fois, la convention collective pour les travailleurs de l'industrie
de la construction. C'est notre intention.
Il peut y avoir d'autres rencontres. Il y a un comité de travail
qui existe avec l'AECQ, la FTQ, la CSN, le conseil provincial. Mais, les
premières discussions: II faut couper les salaires. Ce n'est pas en
coupant les salaires qu'on va créer des emplois; pas à notre
avis. On peut faire des formules d'accommodement, que ce soit sur la
polyvalence, sur le ratio, sur les clauses non productives; il y a des choses
qu'on était prêts à regarder. Mais, tout de suite, on nous
dit: Non, il faut couper moins 20 % ça, c'est l'AECQ et
l'APCHQ, c'est moins 50 %. Là, on a un problème.
M. Cherry: O. K. Sur un autre sujet vous y avez
passé rapidementj'aimerais vous entendre de façon un peu
plus explicite sur les avantages sociaux et la situation du fonds. Vous avez
parlé de la nécessité d'un montant qui serait
ajouté. Il en a été question ce matin avec les
intervenants qui vous ont précédé. J'aimerais vous
entendre à ce sujet-là. C'est quoi, les montants? C'est quoi, le
type de couverture? Qu'est-ce que vous souhaitez protéger?
M. Pouliot: Écoutez, si on parle du régime
d'assurance, vous avez, en annexe de notre mémoire, le rapport des
actuaires de la Commission de la construction du Québec. Donc, ce qu'on
nous dit, c'est effectivement 0, 178 $ pour la première année,
qu'il faudrait mettre là-dedans. Mais tout dépend si on parle
d'une convention collective de 1 an, 2 ans ou 3 ans. Parce que, au rythme
où ça va, là, le déficit estimé est de 75
000 000 $. Vous avez ça dans l'annexe, le rapport MLH + A.
Donc, on parle, un peu plus loin, qu'il faut avoir 0, 178 $; je ne sais
pas si les membres de la commission me suivent, " là. Ça, c'est
simplement pour combler le déficit au niveau de
l'assurance-santé, salaire et maladie, au niveau du régime de la
carte MEDIC. Donc, nous, on dit que, sur une base de 3 ans, parce qu'il faut
aussi relier ça à la loi 116, qui nous impose, à un moment
donné, qu'il faut rajouter des cents de l'heure, si jamais le
ministre... On parle de 0, 28 $ de l'heure, sur une base d'un certain nombre
d'années. Mais, si, effectivement, on nous parle de 1 an, il faut mettre
au moins, un minimum, 0, 20 $ de l'heure pour le déficit, pour
l'assurance, juste pour maintenir ce qui en est, et 0, 09 $ de l'heure pour
couvrir simplement les articles de la loi 116. Je ne vous parlerai pas,
effectivement, de la loi 146 qui a eu des implications au niveau administratif
de notre régime, la loi sur le patrimoine familial, là.
Vous avez aussi, en annexe, la lettre de M. Lemire, adressée au
conseil provincial, le 18 mai 1993. On vous dit qu'effectivement il y a 5000
employeurs qui participent aux régimes. Donc, il y a un problème,
mais les actuaires, de la Commission de la construction du Québec
pensentde signer la solvabilité du régime. Ça
prend là-dessus. Il y a, à certains points, des
contrôles qu'on va exercer; le conseil d'administration de la CCQ des
membres du comité mixte vont essayer d'exercer certains contrôles
au niveau de la participation volontaire. Mais, ce que vous mentionnait aussi
le représentant de la CSN ce matin, le budget de M. Le-vesque a eu comme
conséquence d'imposer une taxe additionnelle aux travailleurs sur les 0,
40 $ de l'heure qui sont payés entièrement par les patrons. Il y
a 0, 70 $
de l'heure pour le régime d'assurance, mais il y a 0,40 $ qui
vont être imposables, environ, selon la CCQ. Donc, c'est une double
taxation. Donc, pour le déficit, c'est les chiffres qu'entrevoit la
Commission de la construction du Québec. (15 h 40)
M. Cherry: O.K. Vos 0,17 $ de l'heure additionnels, en
totalité, on parle de quoi? 14 000 000 $, 15 000 000 $? De quoi vous
parlez de plus?
M. Pouliot: Non, non. C'est 0,178 $ de l'heure, ça, c'est
basé sur 67 000 000 d'heures. La Commission de la construction, les
actuaires prennent leurs chiffres des prévisions d'heures. Et 0,178 $ ne
comble pas le déficit accumulé, actuellement, de 32 000 000 $,
parce que, au 31 décembre, il y avait un déficit de quelque 26
600 000$...
M. Cherry: Oui.
M. Pouliot: ...26 601000$. Mais, aujourd'hui, c'est plus gros que
ça, parce qu'à tous les mois le déficit s'élargit
et l'argent n'entre pas pour les raisons, bon... Il y a tout le
désengagement de l'État. Lorsque l'État décide de
ne plus payer les lunettes ou les soins dentaires, bien, automatiquement, on
pellette ça dans la cour de la Commission de la construction du
Québec. Et beaucoup de choses semblables sont survenues: certains
médicaments, qui étaient payés avant, ne le sont plus, les
soins dentaires, l'hôpital à l'extérieur du Québec.
Et ça a eu comme conséquence, encore, de siphonner le
régime d'assurance des travailleurs de la construction.
M. Cherry: O.K. Je pense que ce montant...
Le Président (M. Gobé): II vous reste 4 minutes, M.
le ministre.
M. Cherry: Quatre minutes? O.K., ça va. Donc, dans votre
présentation initiale, vous avez fait référence à
5000 employeurs qui sont membres de la CCQ. Vous avez dit: C'est eux qui
contrôlent. Ils rapportent les heures qu'ils veulent et, après
ça, si je vous cite bien, vous avez dit: Ils perçoivent 2 $ pour
chacun qui contribue. Est-ce que je vous cite bien?
M. Pouliot: Oui, oui, vous me citez très bien.
M. Cherry: O.K. Et là vous avez dit: La CCQ est
obligée de les prendre. Comme j'ai eu des informations qui disaient que,
par règlement, la CCQ pourrait ne pas être obligée de les
prendre, puis, vu que, vous, vous siégez là, j'aimerais ça
que vous m'expliquiez pourquoi vous avez utilisé le mot
«obligation». On m'a informé que, possiblement, ça
pourrait être autrement.
M. Pouliot: Oui, mais, M. le ministre, ça fait 3
commissions parlementaires qu'on me dit «possiblement».
Donc, à savoir si c'est la CCQ, bien, il y a une chose qui est
sûre, c'est que c'est le ministre du Travail qui doit publier toutes les
modifications au règlement 14. Ça, c'est de la compétence
du ministre. À cette heure, est-ce que c'est le ministre du Travail? Il
y a un comité qui travaille, actuellement, à la CCQ, le
comité des avantages sociaux, il y a le comité mixte dont font
partie le confrère Cyr et le confrère Mongepn, chez nous, qui
regarde ça, pour essayer de fermer un peu les robinets pour ne pas que
tout le monde puisse «bypasser» le régime. Mais ça,
ça ne sera pas suffisant. Reste à savoir lorsque le travailleur a
un droit acquis il a déjà contribué et
décide de devenir un employeur, il peut continuer à participer au
régime sur une base volontaire. Et c'est là qu'est le
problème. C'est lui qui a le crayon et c'est lui qui marque le nombre
d'heures qu'il veut. Et je fais référence, simplement, à
la lettre de M. Lemire, encore une fois, qui est dans l'annexe, juste
après les avantages sociaux, la lettre du 18 mai 1993, qui nous dit,
à la deuxième page: Les employeurs participants. Et ça ne
sera pas suffisant pour, effectivement, freiner, en tout cas, couvrir le
déficit de l'assurance.
M. Cherry: Ça ne sera pas suffisant.
M. Pouliot: Ça ne sera pas suffisant, non. Ça va
exercer certains contrôles, mais... Je ne dis pas qu'il n'y en a pas. Il
y en a déjà eu, mais il y a tellement, vous savez... Vous fermez
une porte et il y en a 2 autres qui s'ouvrent. Donc, c'est un peu ça, le
régime, à la CCQ, qui existe actuellement.
M. Cherry: O.K. Mais je reviens à ma question et je
termine avec ça, M. le Président: Est-ce que, effectivement, la
CCQ peut, d'autorité, décider de ne pas les inclure? Ou est-ce
que, d'après vous, elle en a l'obligation, vu qu'ils ont
déjà été travailleurs et qu'ils deviennent,
maintenant, employeurs? Vu que vous siégez là, j'aimerais
ça vous entendre là-dessus, là.
M. Pouliot: La CCQ, à mon avis, peut, par voie de
règlement, arrêter ça avec l'autorisation du ministre du
Travail. Modifier le règlement, ça doit se faire, comme je vous
l'ai expliqué, par le truchement du comité mixte et du conseil
d'administration de la Commission qui dépose une requête au
ministre du Travail qui, lui, par la suite, décide s'il y donne suite,
oui ou non. Et je pense que ça pourrait se faire et ça pourrait
régler une partie du travail. D'ailleurs, c'est pour ça que
ça fait 5 à 6 mois qu'on travaille là-dessus, pour essayer
de fermer les robinets à ceux qui peuvent contribuer sur une base
volontaire et, en termes clairs, exploiter le système d'assurance des
travailleurs de l'industrie de la construction.
M. Cherry: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre.
Merci, M. Pouliot. Maintenant, M. le député de
Jonquière, vous avez la parole pour une période de 20
minutes.
M. Dufour: Merci, M. le Président. Vous nous dites, par un
communiqué de presse: «Une seule solution: le vide
juridique.» En supposant que le ministre ne bouge pas, bon, il y a un
vide juridique, qu'est-ce qui arrive?
M. Pouliot: Bien, si le ministre ne bouge pas, M. le
Président, il y a un vide juridique. Je l'ai expliqué, je pense,
assez clairement. On va s'asseoir, les parties, et on va continuer ou on va
débuter les négociations. Je ne devrais pas dire
«continuer». Là, on va débuter les
négociations pour le vrai et là on a des fortes chances de
s'entendre^ Et l'AECQ ne pourra plus jouer à la cachette, dire:
Écoutez, on va avoir encore le ministre. Le ministre, il a retiré
ça, ce n'est plus dans ses mains. C'est dans les mains des parties. Le
conseil provincial international et la FTQ construction vont être
obligés de s'asseoir, puis de négocier comme on l'a toujours
fait, et aussi l'AECQ. Elle ne pourra plus se cacher en arrière de
l'écran du ministre, puis dire: Ton article 51, sers-toi-en encore pour
un autre 30 jours, pour un autre 45 jours. On vous l'a dit, le 30 avril,
ça ne donne rien, une prolongation. Laissez le vide juridique, laissez
les parties... Ou bien donc dites-nous très clairement: Les travailleurs
de la construction, oubliez ça, votre droit à la
négociation. Votre droit à la grève, vous n'avez plus le
droit à ça. Le droit de lock-out, vous n'avez plus le droit
à ça. Ce qu'on a dit au mois de février, on le
répète au mois de juin: on n'a pas changé de langage. Par
contre, l'AECQ est en train de dire: M. le ministre par des
pétitions imposez-nous un décret, rationalisez le
décret, coupez les salaires, M. le ministre. On n'a jamais dit
ça, nous autres! On demande au ministre de se mêler de ses
affaires, en termes clairs!
Le Président (M. Gobé): Alors, je rappellerai aux
membres qui assistent de bien vouloir garder le calme et le contrôle, car
il y a des gens qui ont la parole, actuellement et, pour parler, il faut avoir
le droit de s'adresser aux parlementaires, venant de la présidence.
Donc, je souhaite que ça continue dans une bonne ambiance comme
celle-ci, mais dans le respect des paroles autorisées.
M. Dufour: Ce matin, on a reçu 2 groupes de vos
collègues, qui ne sont pas de la même allégeance, mais qui
font partie des négociations. Sinon, au moins, si ce n'est pas des
négociations, ils sont obligés de vivre avec ce qui est
négocié sur la table. Ils ont semblé nous dire, eux,
qu'ils avaient besoin... Ils avaient plutôt l'air de nous dire: On a
besoin d'un décret pour continuer plutôt que de dire: On n'en a
pas besoin. C'est quoi, votre perception par rapport à ça? Parce
que vous avez entendu, ce matin, les 2 groupes qui sont venus nous parler, la
CSD, puis la Confédération, la CSN. Ils sont venus nous dire, eux
autres, qu'ils croyaient que la seule façon, c'était d'abord par
un décret, une prolongation de décret.
M. Pouliot: Oui. Effectivement, c'est ce qu'ont demandé la
CSN, puis la CSD, et, si c'est la formule la pire qui peut être
envisagée, nous aussi, on dit au ministre: Prolongez le décret de
1 an, à condition de changer le régime de relations de travail
dans l'industrie de la construction, qui est malade. Le régime, au
Québec, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, il est
drôlement malade. Et, chaque fois qu'on revient en commission
parlementaire, c'est toujours dans la même salle; les ministres, les
personnages changent, mais on vous explique toujours le même
«record». Donc, il faut changer le régime.
Si le ministre prend un engagement de modifier le régime de
relations de travail dans l'industrie de la construction, de mettre un peu
d'argent pour les avantages sociaux pour combler le déficit qui existe
actuellement, prend l'engagement de retirer l'article 51 de la loi, encore une
fois, le beau cadeau que nous a donné M. Jean Cournoyer le 24
décembre 1974... C'était une belle boucle, puis un beau cadeau:
il nous donnait 0,85 $ de l'heure, mais il nous enlevait notre droit à
la négociation. Donc, si le ministre peut prendre des engagements
là-dessus, on n'a aucun problème de vivre 1 an avec des
commissions de travail et d'essayer de modifier la loi. Mais, en s'assurant que
la loi va être modifiée pour que la loi soit vivable, que les
représentants syndicaux, dans l'industrie de la construction, soient
d'autre chose que des percepteurs de cotisations, qu'on puisse faire respecter
notre convention collective, il m'apparaît que ce n'est pas une chose qui
est exagérée.
Vous savez, lorsqu'on compare notre convention collective aux
conventions collectives des gens de différents organismes, comme la
ville de Montréal, si on veut, ou Imperial Tobacco, ils ont des
conditions drôlement supérieures à nous autres: les
vêtements sont fournis, les clauses d'ancienneté, les clauses de
sécurité d'emploi. Dans l'industrie de la construction, on a 0.
Et, pourtant, encore une fois, c'est une des recommandations du rapport
Picard-Sexton et du rapport de la commission Cliche. Mais ceux-là, ce
n'était pas important. C'était plus important de mettre des
locaux en tutelle, c'était plus important de créer l'AECQ. Ils ne
se sont même pas entendus entre eux autres pour la création de
l'AECQ; c'est le gouvernement du Québec qui a été
obligé de les unir par la loi 192. Ça, c'était important.
Mais la sécurité d'emploi pour les travailleurs de la
construction, même s'il s'en tuait 75 par année, 50, pouah!
ça change quoi? On est encore dans ce régime-là, n'oubliez
pas ça. Ça fait 20 et quelques années et on vit encore de
même.
Alors, quant à nous, si le ministre veut prolonger le
décret et régler le problème des avantages sociaux, avec
des arguments, à un moment donné, des engagements, on est
d'accord là-dessus, il n'y a aucun problème. On a même
suggéré ça au ministre du Travail: II
faut changer la structure de négociation. Mais, ce qu'on
préfère, le conseil provincial, c'est un vide juridique et on
pense, encore une fois, qu'on peut s'entendre lorsque, à un moment
donné, on va débuter pour vrai les négociations avec la
coalition et l'AECQ. (15 h 50)
M. Dufour: Mais, pour vous qui avez une expérience assez
grande de négociation ou de visites parlementaires, comme vous dites
vous allez peut-être avoir le droit de nommer un sénateur
un jour; on ne sait jamais qu'est-ce qui vous dit qu'aujourd'hui...
M. Pouliot: Ou un député. Ha, ha, ha!
M. Dufour: ...un engagement, quel qu'il soit, serait plus valable
à vos yeux que tout ce qui s'est passé dans les dernières
années? Il ne faut toujours pas se cacher; moi, je ne ferai pas
l'autruche. Vous avez dit: Les gens changent. C'est vrai, j'étais ici la
dernière fois, au mois d'avril, mais, avant ça, ce n'était
pas moi, et il y en a beaucoup ici qui n'étaient pas là. Les
acteurs changent, mais c'est toujours à peu près les mêmes
décisions. Donc, ceci veut dire qu'il y a quelque chose de faux à
quelque part. Ce n'est pas possible qu'on soit toujours dans la même roue
et qu'on avance quand on fait du surplace ou qu'on va à reculons; on
n'avance pas.
Donc, par rapport à ça, qu'est-ce qui me garantit ou
qu'est-ce qui peut vous garantir, vous laisser croire, comme les 2 intervenants
de ce matin qui l'ont sorti d'un chapeau disant: On va faire un sommet... Tout
le monde est de bonne humeur. Mais qu'est-ce qui vous garantit ça? La
parole du ministre? Est-ce que ça engage vraiment le gouvernement? Parce
que le rapport Picard-Sexton, ça a été nommé par le
gouvernement. Il n'est pas en application. Le comité spécial,
bon, il est sur table ça ne fait pas longtemps, il n'est pas en force.
À ce que je sache, il y a beaucoup de commissions parlementaires,
à moins qu'on fasse juste une parodie. Moi, j'ai dit qu'on actait, que
c'était répétitif. Juste acter pour le plaisir de le
faire, je n'aime pas ça, faire de la répétition. J'aime
mieux des répétitions générales, les vraies, mais
juste des petites répétitions, ça ne marche pas.
Qu'est-ce qui vous garantit, vous, comme groupe, que ce qu'on dit
aujourd'hui, ça pourrait être beaucoup plus valable et ce serait
correct, ça répondrait à vos besoins?
M. Pouliot: II n'y a absolument rien qui me prouve que ça
va être ça qui va être mis en application. Vous savez, je
peux parler du rapport Cliche, on peut parler du rapport
Sexton-L'Heureux-Frenette, on peut parler de la table de travail qu'avait mise
sur pied l'ex-ministre du Travail, on peut parler du rapport Scowen, on peut
parler du rapport Poulin, on peut parler du rapport Picard-Sexton, on peut
parler du rapport des 7 députés, il y a plein de rapports qui
sont là, qui sont déjà sur la table, il y a beaucoup de
choses qui ont été faites. Moi, je n'ai pas d'engagement du
ministre du
Travail qui m'a dit qu'effectivement il était pour donner suite
à la requête du conseil provincial, si c'est la volonté du
gouvernement. Et, dans le gouvernement, il n'y a peut-être pas juste le
parti actuellement en poste, qui est au pouvoir; il y a aussi le parti de
l'Opposition, il y a peut-être aussi un autre parti.
Donc, s'il y a une volonté de la part du gouvernement qu'il y ait
un engagement de modifier le régime de relations de travail, de
négociation dans la construction, bien, nous, écoutez, il peut
nous arriver le même truc qui est arrivé en 1990. Si c'est
ça votre question, oui, on peut se faire encore avoir. Mais, je pense
que c'est nuisible à l'industrie de la construction et, encore une fois,
on a une industrie qui est malade; donc, il faut essayer de la soigner. Moi, je
ne suis pas un médecin général. Je connais un peu
l'industrie de la construction et je pense qu'il faut être aveugle ou
naïf pour dire que le régime de relations de travail dans la
construction... Ça ne fonctionne pas! Ça fonctionne très
mal, c'est échec par-dessus échec. Donc, il faut changer
ça, essayer de guérir le malade. Je n'ai pas plus de promesses
que ça.
M. Dufour: Dans un sommet, tel que proposé, est-ce que
vous croyez que tout peut être remis en question?
M. Pouliot: Oui. Quant à moi, tout peut être remis
en question, sûrement. Et, si on parle de déréglementation,
quant à nous, si on veut déréglementer, on peut tout
déréglementer et on va revenir sur le Code du travail avec une
formule d'accréditation. Ça, on est ouverts à ça.
Si vous voulez parler de déréglementation, on va en parler, mais
ce n'est pas le fait d'avoir déréglementé l'industrie de
la construction, avec la loi 31, qui a éliminé le travail au
noir; c'est ça qui a amplifié le travail au noir. Les 2
corporations et l'APCHQ continuent de charger les mêmes taux de salaire
aux consommateurs, même si ces taux de salaire là ne s'appliquent
pas dans l'industrie de la construction. Logez des appels, appelez les
corporations des électriciens et des plombiers, demandez leur
vous avez une «switch» à faire réparer ou une
toilette comment est-ce qu'il faut charger, elles vont vous dire: 50 $,
55 $ de l'heure. Pourtant, ce n'est pas assujetti au décret. Donc, le
fait d'avoir déréglementé, à notre avis, a comme
conséquence d'augmenter le travail au noir; pas le freiner,
l'inverse.
M. Dufour: En supposant que le décret soit
prolongé, est-ce que vous êtes d'avis que certains acquis doivent
être protégés spécifiquement et
améliorés? Par exemple, ce matin, on a eu le mémoire qui
parlait de régime supplémentaire de retraite, de certains
irritants qui sont causés par le dépôt du budget du
gouvernement actuel, parce que, là, on va sur une vision un peu plus
large. Comment vous voyez ça, vous autres?
M. Pouliot: Bien, écoutez, ce qu'on a demandé
pour l'instant, je pense qu'il faut... Il est évident, si on...
On ne peut pas négocier, je pense, avec le ministre du Travail, la
question de 1 an. Il est impossible avec l'AECQ de s'entendre. D'ailleurs, le
ministre l'a bien mentionné, vendredi, on s'est quittés sur les
petites heures, samedi matin. Donc, il n'y a pas eu d'entente possible; donc,
il pourrait y avoir une prolongation de 1 an. Ce n'est pas ce qu'on lui
recommande, mais, au pis-aller, c'est la formule mitoyenne, et de mettre un peu
d'argent, relativement aux avantages sociaux. Il y a un problème
sérieux sur le régime des avantages sociaux. Si on veut
embarquer, donner des pouvoirs aux représentants syndicaux sur les
définitions de préavis de mises à pied temporaires,
permanentes ou ces choses-là, bien, là, on va embarquer encore
une fois dans une autre négociation qui va se terminer nulle part. Donc,
quant à nous, on pense que le régime de négociation doit
être changé dans l'industrie de la construction et que, si le
ministre intervient ce qui n'est pas, encore une fois, notre
volonté à ce moment-là, il devrait tenir compte du
besoin du régime d'assurance-santé, salaire, maladie des
travailleurs de la construction, et de la loi qu'a adoptée le
gouvernement, la loi 116.
M. Dufour: À ce moment-ci, vous parlez du vide juridique
on en a parlé amplement vous nous dites: Oui, au
pis-aller, on pourrait peut-être accepter 1 an, mais il faut qu'il se
produise quelque chose. Et, le quelque chose c'est que, moi, je vois, par
exemple, une situation qui est déplorée par tous les
intervenants: le travail au noir. Est-ce que vous croyez qu'il y a moyen, dans
le régime actuel, avec les lois qui vous régissent, est-ce que
c'est possible de contrer le travail au noir?
M. Pouliot: Oui, il est possible de contrer, dans un fort
pourcentage, le travail au noir dans l'industrie de la construction. Un, le
rapport Poulin donnez-y suite! Ça, c'est votre rapport du gouvernement.
Deuxièmement, donnez des pouvoirs, à un moment donné, aux
représentants syndicaux, des pouvoirs à la Commission de la
construction du Québec. Et, ce qui est encore en haut de tout ça,
c'est que le ministre de l'Industrie et du Commerce est ici: qu'il crée
des jobs, qu'il amène du travail sur les chantiers de construction.
Vous savez, c'est bien plus avantageux, encore aujourd'hui, de
travailler au blanc que de travailler au noir, même si les impôts
sont élevés, et on sait tout ça. Il devrait y avoir une
campagne de sensibilisation, qu'on a débutée avec les centrales
syndicales, et l'AECQ a commencé à dire: Écoute, si tu
n'es pas au courant, quand tu travailles au noir, tu n'as rien dans ton
Régime de rentes, tu n'as rien qui va, aussi, sur ta paie de vacances,
dans ton régime d'assurance. En tout cas, il y a beaucoup de choses
où il faudrait donner les informations sur les avantages du travail au
blanc, mais on entend juste parler du travail au noir. Et je pense qu'il y a
des choses... Comme je l'ai mentionné au ministre du Travail, sur la loi
186, qu'il ait des relations avec la
Régie du bâtiment, la Commission de la construction du
Québec. Et le ministère de la Justice, qu'il redonne à la
CCQ le pouvoir de poursuite. Je pense qu'il y a beaucoup de choses à
faire, mais je ne suis pas... Je n'irai pas vous dire que ça va
éliminer le travail au noir à 100 %, mais je peux vous dire qu'on
peut faire un grand bout, qu'on peut en éliminer beaucoup de travail au
noir dans la construction. (16 heures)
M. Dufour: Actuellement, on voit des petits feux, quelques petits
feux. Ça ne veut pas dire qu'il y a une situation terrible, là,
au Québec, qui se produit. Selon votre expérience, avec la
prolongation du décret actuel, avec quelques accommodements, par
exemple, concernant les irritants qu'on voit, concernant le dépôt
du budget Levesque, le dernier budget, est-ce que vous croyez qu'on pourrait
arriver à une paix sociale, là, relative, pour la prochaine
année? En supposant, bien sûr, que le ministre s'engage à
faire un sommet, qu'il s'engage à donner suite à des
recommandations, etc., est-ce que vous croyez qu'on pourrait avoir une certaine
paix sociale, d'ici à ce temps-là?
M. Pouliot: Bien, écoutez, je pense... Si vous me parlez
des petits feux, là, je ne sais pas exactement de quoi vous me parlez,
de quels petits feux vous me parlez, mais, de toute évidence, je pense
que si...
M. Dufour: Eh là, M. Pouliot, moi, je ne veux pas vous le
cacher. À un moment donné, il se fait des... Il y a des gens qui
vont sur les chantiers de construction, ils vont voir si les gens ont leur
carte de compétence. Chez nous, il y a eu un camion qui a viré
à l'envers. C'est un accident. Il a probablement viré tout seul,
mais il a viré.
M. Pouliot: Non.
M. Dufour: On entend parler, à quelque part, qu'il y a eu
un petit quelque chose sur un chantier. Moi, je ne veux pas dramatiser,
là.
M. Pouliot: Non, non.
M. Dufour: Je suis un travailleur moi-même. Je connais
ça un peu, là. Je ne suis pas un travailleur de la construction,
mais je suis un travailleur. Ça arrive, de temps en temps. Et ça,
c'est... Je ne veux pas... Je n'exagère pas. Je dis: Si, demain matin...
Parce que, avant les 45 jours, ça ne s'est pas produit, ces
cas-là; dans les 45 jours du décret, là, depuis qu'elle
est imposée, la prolongation, il s'est produit des petites affaires. Je
vous dis: Selon votre compréhension, votre connaissance ce n'est
pas plus grave que ça, c'est une opinion que je vous demande; vous
n'êtes pas obligé de me la donner est-ce que vous croyez
que prolonger de 1 an, ça permettrait de continuer à pouvoir
«operationaliser», là, ce qui se passe sur les chantiers, un
peu partout?
M. Cyr (Gérard): Oui, je pense qu'on peut, quand
même, confirmer, ici, qu'il peut y avoir une paix sociale dans
l'industrie avec une prolongation, tout en tenant compte des demandes qu'on a
proposées au ministre du Travail avec un forum pour venir à bout
d'étudier les modalités des prochaines structures de
négociation. Mais, quand il y a des petits feux, qu'on parle de petits
feux, là, il faut quand même regarder que la coupe Stanley a
été gagnée et 10 000 000 $... Et ils ont gagné. Et,
nous autres, on est en train de tout perdre. Il ne faut pas, quand même,
nous demander toujours de maintenir la paix et fouiller dans les poches des
travailleurs, et qu'il ne se passe jamais rien. On dit: Oui,
éventuellement, il peut y avoir une possibilité qu'on ait une
paix sociale, en autant qu'on ait des garanties pour modifier les structures de
négociation dans l'industrie de la construction. Je pense que oui.
M. Pouliot: Ce qu'on peut faire, on peut prendre l'engagement
que, si le ministre donne suite à notre deuxième recommandation,
on va recommander à nos membres, à nos 45 000 membres, de
respecter le décret de la construction et de s'assurer, finalement,
qu'il y ait une paix sociale. Mais on n'a pas le contrôle absolu sur nos
45 000 membres. Mais, nous, on va prendre l'engagement de parler à nos
membres. Moi, je parle pour le conseil provincial, je ne peux pas parler pour
les autres.
M. Dufour: Moi, je vois que le ministre est bien content,
là. L'idée du sommet, probablement, lui sourit bien fort,
là. Mais, pour une garantie de succès de ce sommet-là,
comment vous verriez l'encadrement de ça? Là, le ministre dit: On
pourrait faire un sommet. On va mettre du monde ensemble et, bon, on va essayer
de trouver quelque chose, là, pour les négociations, et telle
chose pour les avantages sociaux, bon. «C'est-y» bon de
déréglementer? On «devrait-y» avoir 2 sortes de
décrets: un pour le résidentiel, un autre pour... C'est un peu
ça. Mais, vous autres, est-ce que vous voyez juste le ministère,
le ministre s'engager dans un sommet, dans la tenue d'un sommet? Est-ce que
vous êtes partie prenante avec d'autres partenaires de votre groupe?
M. Pouliot: Nous, ce qu'on voit, c'est un engagement du ministre
de modifier le régime de négociation dans l'industrie de la
construction. Ça peut être différent de ce que vous
pensez.
M. Dufour: On ne le sait pas.
M. Pouliot: Nous, on dit que, le régime de
négociation, il est malade et il faut soigner le malade. Ça, ce
n'est pas nécessairement la politique du gouvernement, là,
l'étalement des travaux, et, encore, je reviens sur différents
rapports, Picard-Sexton, etc. Donc, quant à nous, c'est le
régime. Il y a des choses à participer à un sommet
économique. Il y en a eu beaucoup, des som- mets économiques.
Corvée-habitation, entre autres, ça découle, ça, du
sommet économique. Ça nous a coûté 27 000 000 $ de
notre argent, ça, aux travailleurs de la construction, pour une relance
dans l'industrie de la construction en 1982. Donc, il y a beaucoup de choses,
là-dedans.
Mais, moi, c'est un engagement du ministre qu'il va modifier le
régime de relations de travail dans l'industrie de la construction. Il
reste à savoir c'est quoi, la construction résidentielle. Est-ce
que c'est un condominium? Est-ce.que c'est un triplex, un duplex, un
semi-détaché? Il y a beaucoup de questions qui peuvent amener
là. Mais, que le ministre du Travail dise: Moi, là,
indépendamment du sommet... Là, on va participer au sommet. Mais
ce qu'on veut du ministre, c'est un engagement qu'il va modifier le
régime de négociation. Ça, c'est notre condition, notre
prémisse.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, M. Pouliot.
Merci. Ceci met donc fin à cette audience. Vous pouvez vous retirer, M.
Pouliot, ainsi que les gens qui vous accompagnent. Et je demanderais aux
intervenants suivants, soit les représentants de la FTQ-construction, de
bien vouloir venir.
Mesdames et messieurs, si vous voulez bien prendre place. La commission
de l'économie et du travail va maintenant reprendre ses travaux. Il nous
fait plaisir d'accueillir les représentants de la FTQ-construction, qui
vont témoigner devant nous pour une période de 1 heure. Je vous
rappelle que vous avez 20 minutes pour vous adresser aux membres de la
commission et, par la suite, chacun des côtés aura, lui aussi, 20
minutes afin de discuter, dialoguer ou échanger avec vous.
Avant de commencer, j'aimerais demander à votre porte-parole de
bien vouloir se présenter, et de présenter aussi les gens qui
l'accompagnent.
Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ-construction)
M. Lavallée (Jean): M. le Président, M. le
ministre, Mmes et MM. les membres de cette commission, ça me fait
plaisir de vous présenter les personnes qui m'accompagnent à la
FTQ-construction, soit, à mon extrême gauche, Roger Poirier, du
local des briqueteurs, local 100; Jean-Marc Thouin, des opérateurs de
machinerie lourde, local 791; à mon extrême droite, Ludger
Synnett, du local AMI, des manoeuvres; Gérard Bédard, directeur
général adjoint de la FTQ-construction; et Yves Paré,
directeur général de la FTQ-construction.
Le Président (M. Gobé): Alors, bonjour, messieurs.
Avant de vous donner la parole, je demanderais au Secrétariat de bien
vouloir faire distribuer votre mémoire, qui vient de nous parvenir, et
qu'il soit numéroté comme pièce déposée
à cette commission. Alors, sans plus attendre, vous pouvez donc,
maintenant, commencer votre exposé, les membres de la
commission étant en train de prendre connaissance de votre
mémoire.
M. Lavallée: Nous voilà, encore une fois, devant
cette vénérable commission parlementaire afin de donner au
ministre les raisons motivant l'impossibilité de parvenir à une
entente relativement aux modifications à apporter au décret. (16
h 10)
Nous ne savons plus quoi dire au ministre. Nous avons l'impression
d'avoir tout dit. Nous avons l'impression d'avoir tout dit. Nous avons
l'impression de répéter année après année
les mêmes rengaines concernant la structure de négociation. Nous
avons l'impression d'être entendus, mais non écoutés. Nous
avons l'impression de jouer un jeu politique pour donner l'impression de
justice et de démocratie.
Comment faire, M. le ministre, pour convaincre cette auguste
assemblée du bien-fondé de nos démarches afin de trouver
des solutions raisonnables pour régler les problèmes de
l'industrie de la construction? Comment peut-on espérer être
écoutés par l'ensemble des membres présents à cette
commission parlementaire alors qu'avant même d'entendre les parties les
décisions sont déjà prises?
Nous avons à maintes et maintes reprises étalé de
long en large tous les problèmes du processus de négociation dans
l'industrie de la construction. À tour de rôle, les gouvernements
se sont donné comme mission de régler les problèmes de
relations de travail à coups de décrets et d'impositions de
conditions de travail contre la volonté des parties, ou du moins contre
la volonté de la partie syndicale.
Nous faisons face à une association patronale unique
créée par une loi spéciale pour garantir la puissance des
entrepreneurs. Or, cette association patronale a réussi à faire
l'unanimité contre ses positions tant du côté syndical que
de la part des autres associations d'entrepreneurs dites traditionnelles. Plus
personne ne veut faire confiance à cette association d'entrepreneurs
qui, de toute manière, n'a aucun respect pour les structures existantes
tant patronales que syndicales. L'AECQ, c'est la suprématie. L'AECQ,
c'est le symbole de l'affrontement. L'AECQ, c'est l'arrogance crasse
d'individus qui se croient supérieurs. À plusieurs reprises au
cours de commissions parlementaires, nous avons demandé au gouvernement
le démantèlement de l'AECQ et le retour d'une structure de
négociation avec les associations patronales dites traditionnelles.
La preuve est maintenant faite: il ne peut y avoir de conclusion d'une
convention collective dans le système actuel de relations de travail
dans l'industrie de la construction. Nous ne savons plus combien de commissions
d'enquête il faudra encore pour convaincre le gouvernement qu'il est
temps de mettre en place un système de négociation. Il y a eu par
le passé bon nombre de comités d'étude, commissions
d'enquête, etc., sur le régime de négociation, qui ont tous
abouti sur les tablet- tes. Dans presque la totalité des recommandations
de ces comités, les personnes tant patronales, sauf l'AECQ, que les
représentants syndicaux recommandaient une structure qui permettrait aux
associations patronales traditionnelles d'être présentes aux
tables de négociation et d'avoir le droit de discuter des conditions de
travail qui les régissent. L'AECQ n'a jamais accepté ce processus
de négociation, gardant jalousement son monopole que la loi lui donnait.
L'Association des entrepreneurs en construction du Québec n'a pas une
attitude arrogante uniquement envers les associations syndicales
représentant les travailleurs, mais aussi envers quelques associations
patronales dans l'industrie de la construction.
Nous savons aussi qu'il est impossible de conclure une convention
collective avec l'AECQ puisque cette Association devra aller devant ses membres
pour faire accepter une telle entente. Or, connaissant la compétition
entre certaines associations patronales, il est fort probable que l'entente
serait refusée. Donc, il est plus facile pour l'AECQ de se faire imposer
les conditions de travail par le gouvernement que d'affronter, comme en 1982,
la gang de l'APCHQ d'Orner Rousseau. C'est pourquoi, depuis cette date, il n'y
a jamais eu de convention collective négociée. Il y a eu 2
prolongations de 1 année et 3 impositions du gouvernement, soit 1
imposition de 2 ans en 1984 et des impositions de 3 ans en 1986 et 1990.
M. Paré (Yves): Alors, il est bien clair dans notre esprit
que l'AECQ va dire à la commission parlementaire que les associations
syndicales ne veulent pas négocier, ne veulent pas accepter de
réduire leurs conditions de travail, etc., etc. Nous pouvons affirmer
que nous avons tenté toutes sortes de propositions pour en arriver
à faire ouvrir un dialogue autre que celui tenu devant les
caméras de télévision. L'AECQ, avant même que ne
débute toute forme de négociation, a imposé des
prémisses inacceptables aux associations syndicales, rendant presque
impossible quelque entente que ce soit. L'AECQ, en exigeant que les
associations syndicales reconnaissent le bien-fondé de leurs exigences
de réduire les salaires de 20 % dans le secteur résidentiel et de
5 % dans les autres secteurs, venait d'annoncer clairement qu'il n'y aurait pas
d'entente.
Tout de même, nous avons accepté, par l'entremise du
conciliateur, Pierre N. Dufresne, en présence du sous-ministre adjoint,
Jacques Henry, de négocier en mettant de côté les exigences
de l'AECQ. De notre part, nous n'avions aucune contrainte quant aux sujets
à être discutés, que ce soit des clauses normatives ou
monétaires. Nous avons répondu à toutes et chacune des
demandes du conciliateur. Nous avons été présents, nous
avons échangé. Nous avons été les seuls, le
côté syndical, à déposer des contre-propositions
écrites sur des sujets discutés préalablement. Si, pour
l'AECQ, ne pas accepter ses exigences constitue un refus de négocier,
nous avons refusé de négocier. Cependant, pour nous, le fait
d'exiger de la partie syndicale d'accepter les coupures
e conditions de travail avant que ne débutent les
négo-iations constitue un refus de négocier de la part de
AECQ.
Afin de comprendre les véritables intentions de AECQ, il faut
revenir en arrière de quelques semaines our savoir qu'ils demandaient au
gouvernement d'im-ioser un décret, tout en s'assurant des coupures
qu'eux roulaient voir au décret. Comment, maintenant,
peu-rent-ils faire croire qu'ils avaient l'intention de
négocier ine convention collective, sachant à nouveau que le
gouvernement interviendrait afin d'imposer des condi-ions de travail au secteur
de la construction? Malheu-eusement, c'est justement ce que vous faites
présente-nent!
Comment peut-on encore croire à la structure actuelle? Comment
peut-on envisager une nouvelle extension du décret sans qu'il y ait des
modifications d'apportées au système de négociation,
à quelque part dans le temps? Le problème que nous vivons, c'est
l'incompréhension de l'industrie. Le système de
négociation va mal; alors, il faut déréglementer non pas
le système de négociation, mais le champ d'application. Ça
n'a aucun sens! Pour pallier à une mauvaise structure de
négociation, certains députés proposent d'exclure la
construction résidentielle et une foule d'autres
déréglementations, alors que le malaise n'est pas celui qu'on
veut guérir.
Nous profitons de cette commission parlementaire pour répondre au
rapport des députés ministériels sur la
réglementation dans l'industrie de la construction. Nous ne pouvons que
déplorer cette prise de position de la part d'élus qui n'ont pas
pris le temps d'évaluer, même sommairement, les impacts de leurs
recommandations. Nous n'entrerons pas dans les détails de chacune des
recommandations, mais nous serions heureux, si le groupe de travail le demande,
d'échanger sur ces recommandations.
Il y a toutefois un point sur lequel nous insistons, à l'item 6
du rapport, concernant la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, CSST. Au deuxième paragraphe, il est
écrit et je cite: «Notre groupe de travail a reçu à
cet effet l'aval de l'ensemble des intervenants pour envisager une
éventuelle participation financière de l'employé.»
Nous tenons à préciser que, lors de notre rencontre du groupe, il
n'a même pas été question de ce sujet. Nous ne connaissons
pas les prises de position des autres intervenants, mais quant à nous,
il n'est pas question d'une participation financière de
l'employé. Quant à l'ensemble du rapport, nous pouvons affirmer
que c'est un rapport incolore, inodore et insipide.
Concernant le dossier du travail au noir, beaucoup de gens en parlent,
mais très peu agissent concrètement pour stopper ce cancer qui
ruine complètement l'industrie. La loi 185 a apporté quelques
outils pour aider à contrer le travail au noir eh augmentant les
amendes, allant jusqu'à la perte de la carte de compétence d'un
travailleur reconnu coupable de travailler au noir. Nous attendons toujours le
pendant patronal. La loi 186 tarde à être mise en application par
la Régie du bâtiment. Il y a donc 2 poids, 2 mesures, dans cette
industrie.
Nous avons, encore une fois, tenté de mettre sur pied une table
de concertation patronale-syndicale pour contrer le travail au noir.
L'orientation patronale tournait toujours vers le punitif envers les
travailleurs, mais ceux qui l'encouragent ou qui forcent le travail au noir
sont toujours représentés devant les tribunaux par la même
association qui accuse les syndicats de tous les maux de la terre, soit encore
l'AECQ.
Nous voulons, honnêtement et sincèrement, travailler en
profondeur afin de régler les problèmes de l'industrie de la
construction, mais nous n'accepterons pas de réduire l'actif humain au
rang d'esclaves pour entrepreneurs véreux et malhonnêtes. Nous
sommes à votre entière disposition pour répondre à
toutes les questions que vous jugerez utile de nous poser.
Un fait qu'on aimerait apporter. Plusieurs questions sont posées.
Comment il se fait qu'il ne peut pas y avoir d'entente? Il est clair
qu'à chaque mois, ou 2 mois précédant l'expiration du
décret il y a toujours comme un «build-up» qui se fait dans
l'atmosphère autour de cet honorable édifice, à l'effet
que les parties doivent, avant l'expiration de la convention collective de
travail, s'entendre, ou le ministre va être «obligé»
d'intervenir. Et c'est le mot obligé qu'on ne comprend pas. Le ministre
peut, par la loi, intervenir, mais il n'y a pas une obligation automatique que
le ministre doit imposer des conditions de travail.
Et, à chaque fois que, ça, ça commence à
être perçu, que le ministre va imposer des conditions de travail,
trouvez-moi une seule raison valable pour que l'association des entrepreneurs
essaie de trouver des solutions. Il n'y a pas à se forcer. Ça va
être plus simple de se les faire imposer, et on le dit. Parce qu'il faut
admettre une chose: à la dernière négociation, on aurait
accepté des coupures, pas du taux horaire, mais des coupures dans des
primes, des coupures dans différentes conditions de travail, bon, les
frais de déplacement, que l'AECQ n'aurait pas pu signer l'entente.
Même si on avait accepté des reculs sur plusieurs points, ils
n'auraient pas pu, à moins d'une diminution importante du taux horaire
à l'AECQ; ils savent très bien qu'ils se feraient ramasser dans
leur assemblée par l'APCHQ. (16 h 20)
Je veux dire, on peut bien se conter toutes sortes d'histoires, mais
dans la vraie vie, la vraie façon dont ça procéderait,
ça serait comme ça. Alors, l'AECQ préfère dire au
ministre: Impose-le-nous ils n'ont pas à affronter qui que ce
soit pour dire: Bien, ce n'est pas de notre faute, les conditions nous
ont été imposées. Et c'est là, le problème
qu'on a; c'est l'intervention du ministre, ou la possible intervention du
ministre. Et vous remarquerez, avant l'expiration, 1 semaine avant le 30 avril,
les associations patronales demandaient au gouvernement, au ministre,
d'imposer. Là, à 3, 4 jours de l'expiration des 45 jours,
qu'est-ce qu'on entend? Les associations d'employeurs disent au ministre:
Impose, mais surtout n'oublie pas de couper.
Alors, c'est ça, le problème qu'on vit. On laisse au
ministre la responsabilité unique de l'Association des employeurs en
construction, l'AECQ, celle de s'occuper des relations de travail. On tasse de
côté notre responsabilité, et on dit au ministre: Fais-la
donc à notre place. Et c'est ce qui se fait depuis 1982, la
dernière fois qu'il y a eu une entente où la partie patronale
s'est fait revirer de bord. Il n'y a jamais eu d'entente depuis ce
temps-là, toujours des impositions. Pourquoi? Alors, on vient de vous
l'expliquer, le pourquoi; c'est plus facile de dire: Ce n'est pas de notre
faute, c'est le ministre, que d'affronter nos membres; parce que les
associations des employeurs ne sont pas habituées à affronter des
membres. Nous autres, on est habitués.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci beaucoup.
M. Lavallée: Et, nous aussi, on recommande au ministre le
vide juridique, comme le conseil provincial l'a mentionné.
Le Président (M. Gobé): Merci. M. le ministre, vous
avez maintenant la parole pour une période de 20 minutes.
M. Cherry: Merci, M. le Président. Comme vous étiez
présents, je ne vous répéterai pas les mêmes
questions que j'ai posées à vos prédécesseurs:
Qu'est-ce qui a fait que, pendant les 23 rencontres de métiers et
d'occupations dans les derniers 45 jours, il y en a eu 8 à la table
centrale, bon, où ça n'a pas marché? En lisant votre
mémoire, vous dites: Ça ne marchera jamais tant que vous ne
changerez pas la structure. Et, là, j'espère avoir compris, vous
dites: Ça ne sert à rien. Il y a même un endroit,
là, j'ai pris une note... En tout cas, là, vous êtes bien,
bien clairs là-dedans. Vous demandez de laisser s'exercer le rapport de
force. Vous demandez le vide juridique. Vous autres, qui avez passablement
d'expérience là-dedans, à quelle occasion y a-t-il eu un
vide juridique qui a été laissé par les gouvernements et,
les fois où ça a été fait, ça s'est conclu
combien de fois par entente et combien de fois par loi spéciale?
M. Paré (Yves): D'abord, le mot «vide
juridique» fait peur à beaucoup de monde, hein. Je veux dire,
l'impression qu'on a, de la part du gouvernement, quand on parle d'un vide
juridique, c'est comme si on tombait dans les limbes, là, demain matin.
On ne tombera pas dans les limbes, demain matin, là, s'il n'y a plus,
par législation, de décret de la construction. Quand la
convention collective de General Motors expire le 31 décembre, le 1er
janvier, ce n'est pas la mort de tout le monde. Alors, pour nous autres,
laisser aller l'expiration de la convention de travail, ce n'est pas pire que
n'importe quelle autre convention collective de travail. La différence,
c'est que, là, ça touche beaucoup de monde. Ce qui est important,
pour nous autres, le rapport de force, ce n'est pas de dire: Demain matin, on
s'en va et on sort tout le monde sur les chantiers de construction. En 1979, il
y avait eu une extension de 3 mois par le ministre Pierre Marc Johnson. Il
avait ex-tensionné le décret: il finissait le 31 juillet 1979 et,
le 31 juillet 1979, il n'est pas réintervenu. Le décret a fini,
point, à la ligne. Les gens ont continué à travailler, les
employeurs ont continué à contracter, ça a très
bien été. Et je vais vous dire une chose, je vais vous affirmer
une chose: Jamais le décret, la convention collective de travail n'a
été aussi respectée; il n'y a pas un employeur qui osait
ne pas payer les conditions de travail, parce qu'il savait que, lui, on pouvait
l'arrêter de travailler, alors qu'on aurait laissé les autres
travailler.
Aujourd'hui, tout le monde excusez l'expression fourre le
système. Pourquoi? Parce que personne ne peut rien leur faire. On peut
aller sur le chantier et dire à l'employeur: Eh, là, tu ne paies
pas le temps supplémentaire. Savez-vous ce qu'il nous répond?
Veux-tu bien aller chez le diable! Faites, prenez des poursuites, on va prendre
des poursuites: ça vaut 0.
Donc, en 1979, il y a eu, 8 mois de temps ou 9 mois de temps, pas de
convention collective de travail. Ça a négocié, on a
conclu une convention collective de travail et, pour la première fois
dans l'histoire, il y a eu une rétroactivité de 12 jours dans
l'industrie de la construction. Ça ne s'était jamais vu. Et on a
eu une entente avec une rétroactivité de 12 jours.
En 1976, il y a eu ce qu'on appelle et que vous appelez «vide
juridique». Il y a eu expiration de la convention collective de travail,
il y a eu négociation entre le 1er août... et, vers le 15
décembre, il y a eu conclusion d'une convention collective de travail
que les parties ont acceptée.
Les autres fois, il y a toujours eu la menace d'une imposition du
ministre, et, depuis la création de l'AECQ et depuis, surtout, 1982, le
refus des employeurs d'accepter l'entente vous rappelez-vous de 10-10?
l'AECQ n'a jamais voulu accepter une convention collective de travail
parce qu'elle se savait oppressée par en arrière, d'autres
associations lui poussent dans le derrière.
Alors, il peut y avoir expiration de la convention comme de n'importe
quelle autre convention collective de travail, puis ça finira là.
Demain matin, la terre n'arrêtera pas de tourner parce que le
décret est expiré. On va, je pense, donner aux parties leurs
responsabilités. L'AECQ ne pourra pas dire: Bien, le ministre va nous
imposer un gel. Ou, nous autres, le ministre va donner 2 % ou 3 % et on va
dire: Là, c'est notre bébé. À un moment
donné, il va falloir qu'on s'entende. Si ce n'est pas le 15 juillet,
ça va être au moins le 1er octobre; sinon, ça va être
le 1er janvier. Mais il va falloir qu'on s'entende. Et c'est ça qu'on
souhaite, qu'on nous laisse aller, puis qu'on fasse... Quand on parle d'exercer
des moyens de pression, ça va de 1 employeur à 2 employeurs, et
je peux vous assurer qu'on va régler peut-être 50 % du
problème du travail au noir juste avec cette position-là. Parce
que les employeurs n'essaieront pas de fourrer le système.
M. Cherry: Et combien de fois, durant les pério-les
auxquelles vous avez référé, les gouvernements,
lépendamment de celui qui était là, ont été
obligés l'avoir recours à des lois spéciales pour mettre
fin à des situations?
M. Paré (Yves): II y a eu aussi un vide juridique în
1986 et on a fait 9 jours de grève. Pas 9 jours :onsécutifs,
là. On ne rentrait pas le vendredi ou, des fois, on ne rentrait pas le
lundi. Alors, pendant 8, 9 semaines, on a eu 8 jours ou 9 jours de grève
et là le ministre du Travail, au nom de la sécurité
publique, alors qu'il n'y avait rien eu, a imposé les conditions de
travail pour 3 ans: On vous donne 2 mois pour vous entendre; si vous ne vous
êtes pas entendus, vous avez le même décret pendant 3 ans de
temps. Alors, c'est clair, on a réglé quelques petites patentes,
puis, bonjour, 3 ans de convention.
M. Cherry: O.K. Dans un autre ordre d'idées, vous avez
entendu le souhait qui est exprimé par ceux qui vous ont
précédés, par celui qui vous parle, de la tenue, à
l'automne, d'un sommet économique de la construction, un sommet
élargi, pour qu'on cesse uniquement de parler de construction en
fonction des relations de travail, mais bien qu'on élargisse le
débat à ceux pour qui l'industrie de la construction est
importante. Vous avez fait référence à quelques
associations, plus tôt, qui parlent toujours à l'extérieur.
Pourquoi ne pas créer un véritable débat où ces
gens-là pourraient participer, où on pourrait, comme
collectivité québécoise, avoir une meilleure idée
de ce qu'il en retourne? C'est quoi, votre réaction à ça?
Et, si oui, est-ce que c'est un genre d'activité auquel vous accepteriez
de participer?
M. Lavallée: C'est clair, M. le ministre, que c'est une
activité à laquelle on accepterait de participer. On ne veut pas
un sommet, par exemple, où on va inviter l'Association des
consommateurs, puis, etc., etc., les «oiseauxlogues», puis
nommez-les! Mais on veut un vrai sommet des représentants de
l'industrie. J'aimerais avoir M. Tremblay assis à ce sommet-là,
le ministre de l'Industrie et du Commerce sur les grappes industrielles et tout
ça, pour qu'on puisse parler de nos problèmes. J'aimerais avoir
le ministre des Finances, assis là; j'aimerais avoir les
municipalités, assises là. J'aimerais qu'on puisse en faire une
vraie discussion pour, une fois pour toutes, vider le sujet de la
négociation j'aimerais avoir le ministre du Travail aussi, comme
de raison, assis là puis embarquer dans ce qu'on peut faire pour
le travail au noir. On ne pourra peut-être pas le régler au
complet dans l'immédiat, mais on pourrait faire un maudit bout.
Ça serait facile! Il y a les recommandations, dans Picard-Sexton, qui
ont fait état de comment on pourrait régler le travail au noir.
Tu as le rapport Poulin, qui est à peu près les mêmes
intervenants du rapport des 7, qui, malheureusement, nous ont produit un
rapport qu'on a décrit dans notre mémoire, que je ne qualifierai
pas à nouveau. On serait capables de faire un travail constructif.
Dernièrement, on parlait du décret, puis j'ai la
déclaration du ministre, M. Tremblay, qui était allé
à Vancouver, justement, dans un colloque concernant les barrières
tarifaires ainsi que les mouvements de main-d'oeuvre. Puis il déclarait,
dans ça, que le décret, c'est peut-être les autres
provinces qui devraient s'ajuster, avoir des meilleures conditions qui
pourraient se marier avec les nôtres quand on a des choses qui
fonctionnent. La loi, on la critique, on ne dit pas de la jeter par-dessus
bord.
C'est sûr que si on veut revenir avec l'accréditation
traditionnelle puis déréglementer, comme Maurice le disait tout
à l'heure, qu'on se revire de bord, qu'on déchire la loi, puis
qu'on retourne dans le champ comme auparavant, avec nos conventions
collectives, qu'on aille accréditer, puis tout ça. Mais je pense
que ce n'est peut-être pas ça, le but visé. On a une loi
qui a amené à faire un équilibre dans la province,
à faire des conditions de travail uniformes; on a vécu ça.
Moi, je me rappelle, quand on a réussi à aller chercher
l'équité salariale, la parité salariale, les
Îles-de-la-Madeleine allaient chercher 1$ de l'heure, 1,50 $, 1,60 $ de
l'heure d'augmentation par année, quasiment; puis, à
Montréal, on avait 0,25 $ par année, sur 3 ans. (16 h 30)
Le décret, la loi a fait que, au fil des ans, on a acquis une
paix sociale. Malheureusement, le hic qu'il y a dedans encore est, la partie
qu'il faut modifier, c'est la structure de négociation. C'est clair et
net là-dessus. Mais on est d'accord à participer; on a de quoi
à dire, on va avoir les experts nécessaires, et soyez
assurés qu'on y tient beaucoup.
On en a discuté, on voulait faire une espèce de petite
affaire de 2 jours qui n'a pas de conséquence. Rappelez-vous, le sommet,
quand on a sorti Corvée-habitation; il y en a qui ont l'air à
l'oublier. Voilà 10 ans, on était des sauveurs, des
libérateurs, c'était effrayant, avec Corvée-habitation, on
venait d'injecter 1 800 000 000 $, de créer 35 000 jobs, on a construit
33 000 maisons sur Corvée-habitation. On a pris 27 000 000 $ de notre
régime de retraite, on était bons dans l'habitation, là,
c'était correct. Maintenant, dans l'habitation, on n'est plus bons, il
faudrait désyndiquer, il faudrait enlever ça complètement.
Je veux dire que, quand c'est bon, on nous félicite, et, dès que
l'économie va mal, on dit que ça dépend des salaires et
que c'est les travailleurs de la construction, dans l'habitation, qui
pourraient faire la différence.
J'espère qu'on va avoir l'occasion d'en reparler de ça. Ce
n'est pas le fait de réduire les conditions de travail et les salaires
dans la construction qui va faire vendre 1 maison de plus. Si on était
capable de nous démontrer, que de réduire nos salaires, ça
créerait 20 000 jobs demain matin, on va embarquer. Qu'on nous
démontre que ça va créer seulement 1 job, on va embarquer
aussi. Mais, ce n'est pas le cas. On n'est pas capable de nous le
démontrer. Je pense qu'on aurait beaucoup plus de temps pour pouvoir
développer ces
différentes thèses-là dans un sommet, et pas un
petit sommet de 2 jours, un sommet qui devrait avoir des suivis et des
recommandations à apporter.
M. Paré (Yves): Un sommet si vous permettez
qui permettrait une meilleure connaissance de l'industrie de la construction,
c'est clair qu'on va embarquer là-dedans. Mais, si c'est un sommet dans
le but de déréglementer, c'est-à-dire d'utiliser un peu ce
moyen-là pour pouvoir faire ce que certains recommandent, par exemple,
sortir le résidentiel, non! Si c'est un sommet ou une rencontre, des
états généraux, dans le but de connaître plus
à fond l'industrie de la construction, d'avoir les meilleurs
procédés de construction, d'avoir de meilleures relations de
travail sur la construction, on dit oui, sans aucune hésitation. Et on
espère qu'il n'y a pas d'arrière-pensée de dire: On va
utiliser ce moyen, tantôt, pour exclure.
Parce que ce que le président disait, ce que Jean disait: Oui,
Corvée-habitation, les travailleurs de l'industrie de la construction se
sont impliqués monétaire-ment là-dedans, et, aujourd'hui,
en plus d'avoir mis 27 000 000 $ de leur argent, les 12 000 000 $ de surplus
ont été pris par le gouvernement pour permettre encore à
des entrepreneurs d'aller construire d'autres maisons à des meilleurs
taux d'intérêt et, très souvent, au noir qui
ne paient pas leur impôt au gouvernement. Et là, comme
conséquence de tout ça, maintenant, sortons tout le
résidentiel. Ils ont assez payé, ces caves-là; et ces
caves-là, c'est les travailleurs!
Tantôt on a eu une question du député de Chicou-timi
ou de Jonquière...
M. Dufour: Jonquière.
M. Paré (Yves): ...à l'effet: Est-ce qu'il y a une
paix sociale? Je peux vous dire une chose: Les travailleurs sont rendus
essoufflés. Les travailleurs, quand ils voient des gens travailler 60
heures par semaine, quand ils pourraient être sur le bien-être
social dans 1 mois, ils vont se battre. Que qui que ce soit décide des
règlements qu'il voudra, quand vous enlevez le pain de la bouche d'un
travailleur, vous le rendez agressif. Ça, c'est clair!
M. Cherry: O.K. Vous étiez présents quand il a
été... Vous faites référence à ceux qui vous
ont précédés, sur la situation des avantages sociaux. On
en a parlé vendredi soir ensemble; votre mémoire n'y fait pas
référence de façon particulière. J'aimerais
ça vous entendre sur la situation et peut-être profiter de
l'occasion aussi... Vous avez entendu vos prédécesseurs aussi qui
disaient que la Commission de la construction du Québec est
obligée de retenir, parmi ses contributeurs, les employeurs; j'aimerais
ça vous entendre là-dessus. Vous siégez, vous autres,
à la CCQ, et j'ai des raisons de croire ce qu'on me dit, que, par
règlement, la Commission de la construction du Québec pourrait
décider d'exclure ces gens-là comme contributeurs.
M. Paré (Yves): Sur le premier volet de votre question,
à l'effet: Est-ce qu'on a un besoin dans les avantages sociaux? si on se
ramasse pas de convention collective de travail demain matin, on pourra
régler notre affaire. Donc, on ne demande pas au ministre de nous donner
quoi que ce soit, parce qu'on demande que, demain matin, il n'y ait plus de
décret, qu'on puisse s'occuper de nos affaires.
Quant à une possible modification aux règlements à
l'intérieur de la Commission de la construction, on nous dit que oui.
Depuis au moins 1 an, on essaie d'avoir la véritable
interprétation. Est-ce qu'on peut, légalement... On nous dit,
aussi: Un instant, là! Vous n'avez pas nécessairement le droit,
parce que, par la charte des droits et libertés, vous ne pouvez pas
donner un droit à une personne et l'enlever à l'autre dans un
même règlement. Alors, on nous dit: Ce n'est pas sûr qu'on a
le droit de le faire.
Alors, l'autre point, c'est que le ministre du Travail devra
entériner le règlement, mais, au départ, on dit que le
règlement peut être facilement contestable. Parce qu'on ne pourra
pas dire que Jean Lavallée a le droit de mettre 1 $ de l'heure et que
Yves Paré, il n'aura pas le droit de mettre 0,01 $. Alors, ça, la
loi, ils nous disent que ça n'est pas clair. Il faut qu'on regarde
ça plus à fond, et c'est ce qu'on étudie, à la
Commission de la construction. Mais, soyez assuré que, si on a comme
information que, oui, on peut le faire, on va vous soumettre un
règlement qui va faire en sorte que les illégaux et les
profiteurs ne viendront pas je vais dire comme Maurice dit sucer
notre régime.
M. Cherry: O.K. Si vous aviez le choix, donnez-moi donc, par
ordre de priorité, de quelle façon vous vous attaqueriez, vous
autres, au travail au noir. Parce que, s'il y a un sujet qui fait
l'unanimité, et des entrepreneurs et des associations, c'est bien de
s'attaquer au travail au noir. J'aimerais ça vous entendre. Si vous
aviez à travailler, là, par priorité, quelles seraient les
premières façons avec lesquelles vous vous attaqueriez à
ce fléau-là?
M. Paré (Yves): Je veux dire, donner plus de pouvoirs aux
intervenants dans l'industrie de la construction; la première chose
à faire, c'est celle-là. Plus de pouvoirs concrets. Pas le
pouvoir de tickets, là. Du côté des travailleurs, le
gouvernement, par la loi 185, a dit: Par obligation, un travailleur qui serait
pris à travailler illégalement au noir pourrait, à une
deuxième ou une troisième infraction, perdre sa carte de
compétence pour une durée de 2 mois ou 3 mois. D'accord? Mais le
gars qui l'engage, là, l'employeur, là, qui, lui, le fait
travailler au noir, ne perd pas sa licence. On nous a dit: Par 186, il va y
avoir un système de démérite qui va être mis en
application. Sauf que ça fait 1 an de ça et on n'en entend pas
parler, de ça. Et là, le travail au noir prolifère.
Alors, l'employeur, là, moi, je veux bien trouver des solutions.
On a accepté ces pénalités-là envers les
ravailleurs. Il faudrait que les employeurs qui travail-ent dans ce
sens-là soient aussi pénalisés. Et ça, c'est
irgent! Parce que dénoncer le travailleur et laisser vivre 'autre qui
l'incite, parce que le receleur est aussi )ire que le voleur, là
nous autres, notre problème, il «t là. Oui, on en a
parlé et, je ne sais pas à combien de reprises, on a dit au
gouvernement du Québec: Vous perdez 800 000 000 $.
Et, avant vous, votre prédécesseur était aussi
ministre du Revenu. On ne comprenait pas que le gouvernement le ministre
du Revenu, qui était ministre du Travail acceptait de se faire
frauder pour 500 000000$ à 600 000 000 $ par année sans dire un
mot. Et on ne le comprend pas encore. Parce que, en parler, c'est beau. On dit:
Tout le monde en parle. Mais, comment réagir? Et je vais
référer aux paroles que le président avait
déjà employées devant le ministre et devant le premier
ministre: Prenez les boubous ma-coutes, faites juste annoncer que vous allez
les mettre dans les livres des entrepreneurs et vous allez couper de 50 % le
travail au noir. Parce que, là, excusez l'expression, la chienne va les
prendre, et ils vont dire: Won! il ne faut pas que je me fasse pincer, moi.
alors, commençons par ça. commençons par faire respecter
les lois. donnons des pouvoirs et admettons qu'on règle 75 %, d'ici 6
mois, du travail au noir. la balance, à force d'usure, à force de
discussions et de persuasion, on va aller chercher les autres 20 % ou 25 %. on
n'aura jamais 100 % de travail au blanc, mais, si on est capables de
régler 95 % du travail au noir, ça va être
déjà assez bien, et c'est ce qu'on pense qu'on peut faire. mais
il faut que tout le monde tire dans le même sens parce que trouver des
solutions, là, pour punir les travailleurs et laisser faire ceux qui les
encouragent, c'est-à-dire les entrepreneurs qui embauchent des
travailleurs, bien, on a un problème.
M. Lavallée: juste un point. il faudrait, aussi,
dénoncer les entrepreneurs fautifs. ça, c'est clair lorsqu'on
voit dans les journaux, tout dernièrement, qu'il y a un entrepreneur,
à laval, qui est poursuivi par la commission, et il est accusé
d'avoir incité ses travailleurs à se parjurer. et ça, on a
les preuves de ça. et, comme yves le mentionnait, qu'on fasse simplement
certaines déclarations et que le ministre du revenu et le premier
ministre disent: c'est fini, les folies, au québec! on va aller
vérifier les livres des employeurs, c'est clair qu'on va être
capable. en partant, 50 % vont décider d'en déclarer, des heures.
il va falloir agir énergiquement.
De notre côté, là et ce n'est pas drôle
de dire ça en pleine commission parlementaire lorsqu'on prend des
travailleurs, c'est rendu qu'on les dénonce. On les dénonce au
Revenu, on les dénonce à la CSST, on les dénonce à
l'assurance-chômage; on dénonce l'employeur aussi. On est rendus
qu'on fait ça. On a contacté des personnes pour savoir à
qui faire les plaintes, parce qu'un travailleur qui travaille au noir, il est
en train de tuer son confrère. Il faudrait faire de la publicité,
aussi sur les avantages qu'on perd à travailler au noir et les avantages
qu'on gagne à travailler au blanc. (16 h 40)
On les a, les idées. On est capables de fonctionner, mais on a
besoin du pouvoir politique pour nous aider dans ce domaine-là. Vous
avez tout en main, les lois 185 et 186, on n'a tout simplement qu'à
forcer la réglementation et à mettre les inspecteurs de la
Régie au travail, et à mieux protéger les inspecteurs de
la Commission. Il y a un rapport que je vais vous déposer, que je vous
donnerai, M. le ministre, concernant des points qui se passent dans
l'Outaouais. Les inspecteurs de la Commission sont menacés de mort, sont
attaqués par des «pitbulls», des vrais
«pitbulls», des petits chiens «pitbulls», j'ai les
preuves, j'ai les noms. La police est en présence des inspecteurs de la
Commission pour aller faire respecter le décret, puis ils disent: Vous
êtes mieux de vous en aller à cause que ça va revirer mal,
ici. On en a parlé au comité des 7. Les gens sont au courant de
ce qui se passe dans l'Outaouais.
M. Paré (Yves): Vous savez, dans le cas du... Juste, si
vous permettez, 2 petites secondes. Je dois admettre une chose, c'est que la
partie patronale, depuis 7 ou 8 mois, en a trouvé une solution pour
contrer le travail au noir: couper les salaires des travailleurs. Ça,
c'est la seule solution, je pense, c'est la sauce à tous les maux qui
existent. Alors, ça ne va pas bien, les relations de travail: Sortons le
résidentiel! Ça ne va pas bien, de telle façon, le travail
au noir: Coupons les salaires! Ça va tout régler, ça. On
pense que non; il y a d'autres choses à faire que ça, et ce n'est
pas en coupant les conditions de travail qu'on va régler le
problème du travail au noir. et, le vrai problème fondamental du
travail au noir, il y en a 2 principaux. d'abord, il y a la fiscalité;
ça, je pense que tout le monde va admettre que, quand il te reste 50 %
de ta paie, si ton salaire est de 25 $ et que le boss t'en offre 15 $ en
dessous de la table, c'est encore plus payant de travailler à 15 $.
alors, il y a la fiscalité qui est un problème au niveau du
travail au noir. l'autre problème, c'est aussi le manque d'emplois.
alors, quand il n'y a pas d'ouvrage, c'est sûr que c'est au plus offrant
ou au moins offrant, ou au moins demandant. l'employeur qui a besoin d'un
charpentier-menuisier, quand il en a 5 qui vont se présenter pour
l'emploi, bien, il est clair qu'il négocie les conditions de travail.
et, si tu n'es pas content de ça, tu restes chez toi.
Et, je veux dire, ce matin, il y a eu une manifestation sur un chantier,
ici, à Québec, parce qu'il y avait un type, un travailleur, un
peintre, qui avait été mis dehors vendredi passé, parce
qu'il refusait, justement, d'être payé en dessous de la table et
de ne pas avoir le taux du décret. On l'a sacré dehors! Ce n'est
pas plus compliqué que ça: Tu n'es pas d'accord avec ça,
va-t'en! Il y en a 25 qui la veulent, ta job. Alors, ils sont allés 50
gars sur la job ce matin, et, heureusement, ils
ont réussi à le faire réengager.
Mais, c'est ça, le problème qu'on vit. Si tu n'acceptes
pas ces conditions-là, reste chez toi! On a beau dire n'importe quoi,
bon, la vraie solution, c'est qu'il va falloir qu'on mette la hache dans la
façon dont la fraude se fait. Ce n'est pas vrai que c'est en coupant les
salaires qu'on va réussir à régler des problèmes de
même; c'est en rentrant dans les bureaux et dans les livres des
entrepreneurs.
M. Lavallée: Juste un point, aussi, un point très
important. C'est rendu que les entrepreneurs refusent l'accès aux livres
des inspecteurs de la CCQ, qu'on est obligés de prendre une injonction
pour aller vérifier les livres. Je vous dis que j'aimerais ça
voir le ministre du Revenu, avec ses inspecteurs, se voir refuser
l'accès aux livres. Ça irait assez vite, les procédures.
On est rendus qu'on cache les livres; on a 2 «sets» de livres. On
est obligé de prendre des injonctions. J'ai un dossier qu'on va vous
faire parvenir là-dessus, aussi, où la Commission de la
construction a été obligée d'en prendre dans le cas de
chocs électriques.
M. Cherry: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): C'est là tout le
temps qui vous était imparti, M. le ministre. M. le député
de Jonquière, vous avez la parole.
M. Dufour: Merci, M. le Président. Je pense que vous avez
fait une démonstration assez claire que le travail au noir il peut
être contré, il peut être diminué, à la
condition qu'il y ait une volonté politique. Et les raisons du malaise
sont bien identifiables et identifiées: il manque de travail et la
fiscalité est difficile à vivre. Donc, je pense que, de ce
côté-là, on pourrait peut-être échanger
beaucoup, beaucoup, beaucoup. Mais, s'il n'y a pas de volonté politique,
à quelque part, le problème va demeurer.
On se rend bien compte même qu'on est rendus au 14 juin 1993; la
fin du décret, c'est à minuit, ce soir. Qu'est-ce que vous croyez
qui va se passer à minuit?
M. Paré (Yves): On souhaite qu'il ne se passe rien, que la
lune soit claire et que, demain matin, il fasse soleil. Qu'est-ce que vous
espérez qu'on souhaite? Surtout pas l'intervention du ministre! Mais,
c'est cette crainte-là; on dirait, et je l'ai dit tout à l'heure,
que le monde va arrêter de tourner à minuit s'il n'y a pas un
autre décret qui est en vigueur. Mais, pas du tout, ça ne
changera rien. Demain matin, le charpentier-menuisier qui est en train de
travailler à 212, 3e Avenue, il va se présenter à sa job
et il va travailler à 212, 3e Avenue. Il n'y a personne qui va aller lui
casser la gueule. Le décret va continuer de s'appliquer, la convention
va continuer de s'appliquer, et, je peux vous assurer que, d'ici 2 jours, 3
jours, on va informer les entrepreneurs qu'on espère qu'ils vont
respecter le décret et qu'ils vont payer toutes les conditions du
décret. Et je peux vous assurer que du travail au noir, il va en
diminuer un maudit paquet, parce qu'il va avoir peur que, quand on va le
poigner, on va avoir le droit de l'arrêter. C'est ça, la maudite
différence!
C'est qu'à partir de demain matin, à minuit, ce soir, un
entrepreneur qui ne respecte pas les conditions de travail, on a le droit de
grève avec lui. On «pourrait-u» dire: Bon, bien, demain
matin, toi, tu es 1 semaine à ne pas travailler parce que tu travailles
en dessous de la table, puis tu paies au noir? Peut-être qu'au bout de 1
semaine il va dire: Vous avez raison, les gars, je vais respecter le
décret. Puis, il recommencera à travailler. C'est juste ça
que je veux dire. Il n'y aura pas de claques sur la gueule, il n'y aura pas de
coups de poing, puis il n'y aura pas de feux. Je pense que la convention
collective va être mieux respectée qu'en temps légal du
décret de la construction.
Parce que, là, ils ne le respectent pas, ils le bafouent, puis
ils savent que personne ne peut rien leur faire. Poursuis un employeur... Bon,
il a employé 3 gars, pas de carte. Les 3 gars, ça va leur
coûter chacun 200 $ ou 300 $ d'amende. Lui, ça va lui coûter
500 $ d'amende dans 1 an et demi, 2 ans. Il «est-u» mort de rire?
Il se sacre bien de la Commission de la construction, de la FTQ, du Conseil, de
la CSN, puis du ministre. Il y en a qui sont venus le dire, ici, en commission
parlementaire, l'automne passé: Faites les lois que vous voudrez, on va
s'ajuster. Et il y en a qui s'ajustent. Il n'y aura pas de morts, puis il n'y a
personne qui va se faire tuer à minuit et une minute.
M. Dufour: Mais, indépendamment du point de vue que vous
venez d'exprimer, qui est un point de vue, tout de même, qui est
basé sur des situations qui se sont déjà produites dans le
passé, selon votre expérience, selon les rencontres que vous avez
eues durant les dernières années, selon les échanges que
vous avez eus, est-ce que vous croyez 5 minutes qu'il pourrait ne pas y avoir
décret à minuit?
M. Paré (Yves): Non, parce que si, le ministre, son
intention était de ne pas prolonger le décret, il n'aurait pas
fait tout ce travail-là en commission parlementaire. Je le souhaite
encore. J'espère que son idée, contrairement à ce que j'ai
écrit... Parce que j'ai écrit que son idée devait
être faite, là. Si ce n'est pas vrai, je vais vous dire une
affaire: Je vais m'en excuser publiquement. Et je souhaite que le ministre
encore, là, il a jusqu'à minuit ce soir pour prendre sa
décision il fasse l'essai de dire: II n'y a pas de décret.
Je ne m'en mêle pas, les petits gars, là; mettez vos culottes
longues, maintenant, puis allez régler vos conditions de travail. Je
souhaiterais qu'il fasse ça, puis je lui dis, en tant que ministre du
Travail, s'il a encore cette possibilité-là, s'il a ce
mandat-là du Conseil des ministres puis du gouvernement, bravo, parce
que c'est ce qu'on lui demande de nous faire.
Puis il n'y a rien qui va empêcher, à part ça, qu'il
prépare son sommet pareil. On va y assister, même si
an est en négociations, là. Ça n'empêchera
pas l'autre, là. Parce qu'on est capables de faire la part des choses,
nous autres, contrairement à certaines associations où, si tu
n'acceptes pas une affaire, ils ne vont pas dans l'autre. Nous autres, on est
capables de faire la part des choses. On est capables, nous autres, de faire 2
choses à la fois: marcher, puis mâcher de la gomme. Il y en a qui
ne sont pas capables de faire ça.
M. Dufour: On va dans le sens qu'il y a un sommet de
convoqué. Tout à l'heure, j'ai posé la question à
ceux qui vous ont précédés, là: Est-ce que tout
peut être remis en cause lors du sommet? Vous avez semblé dire que
non. Je ne sais pas, là.
M. Paré (Yves): Non. Ce que j'ai dit, c'est s'il y avait
une idée préconçue d'avance, si le but de ce
sommet-là, c'est la déréglementation, on a dit que c'est
clair qu'on... Mais, si le but c'est réellement de regarder, et
je ne mets rien de côté d'étudier, puis
d'écouter les parties, puis les intervenants de l'industrie, qu'il n'y a
pas d'idée préconçue, on est ouverts à toutes les
discussions.
M. Dufour: Je ne sais pas s'il y a juste moi qui avais mal
compris, mais il me semblait que...
M. Paré (Yves): Peut-être que j'avais mal
exprimé mon affaire, mais...
M. Dufour: Bien, moi, en tout cas, j'avais mal compris.
M. Paré (Yves): Je m'en excuse.
M. Dufour: Ça éclaircit que tout peut être
remis en question. On peut échanger, écouter; ça ne veut
pas dire qu'on est obligé d'acheter.
M. Paré (Yves): Non, c'est vrai.
M. Dufour: C'est comme quelqu'un qui marchande, ça, en
fait.
M. Paré (Yves): C'est ça.
M. Dufour: Puis je comprends exactement ce que vous voulez nous
dire, mais après le questionnement. Qu'est-ce qui vous laisse penser
que, cette fois-ci, ce serait la bonne? Parce que, s'il y a un sommet, on ne
déplace pas du monde, on ne prépare pas quelque chose s'il ne se
produit rien. Dans le passé, les expériences que vous avez eues,
il y a déjà eu des rencontres patronales, gouvernementales,
puis... Bon. Qu'est-ce qui vous fait penser que ça pourrait être
la bonne, puis qu'il pourrait se produire quelque chose suite à ce
sommet-là?
M. Lavallée: Je pense que les échecs du
passé vont amener à modifier le régime. Ça fait 20
ans que ce régime-là existe. Il a apporté des bonnes
choses, mais il est temps, maintenant, de remodeler certaines situations dans
ce propre régime-là. Nous, on a proposé une façon
de pouvoir modifier le système en divisant la négociation par
secteurs et en donnant des pouvoirs aux associations traditionnelles du secteur
d'être assises à la table de négociation. Ça a
déjà été discuté aussi dans un rapport qui
avait été le rapport de la table de travail sur le régime
de négociation. Ça avait été discuté
là.
Je pense que ça fait tellement d'années, à chaque
commission parlementaire qu'on vient, on dit que le système, le
régime de négociation, de la façon dont il est
établi, ne favorise pas la conclusion d'une convention collective. Je
pense que le temps est venu, et je crois fermement que, lors de ce
sommet-là, on va conclure qu'il faut changer notre régime. C'est
ça qui nous amène à penser que c'est le temps de le faire.
Ça fait 20 ans que le régime existe et il est temps d'y apporter
des modifications importantes. (16 h 50)
M. Paré (Yves): Si vous pensez, si vous avez envie de
faire plaisir aux associations syndicales, donnez-nous le pouvoir de
négocier nos conventions collectives de travail selon nos structures,
une convention par métier. En Ontario, les charpentiers-menuisiers
négocient leur convention, les plombiers négocient leur
convention, les manoeuvres négocient leur convention collective. Si vous
voulez nous faire plaisir, c'est ce qu'on souhaiterait avoir, c'est ce qu'on
souhaiterait.
Maintenant, il reste que: Est-ce que ça va être le sommet
qui va le déterminer? Je ne le sais pas, mais c'en est une façon
de négocier. Il y en a d'autres, mais celle-là, c'est la plus
belle et c'est celle qu'on souhaiterait. Maintenant, il appartient au
gouvernement de nous le donner, ce pouvoir-là. Mais, au pis-aller, une
négociation par secteur, on est prêts à embarquer, mais il
faut embarquer le monde là-dedans, parce que le monopole patronal contre
une division syndicale... Ça, c'était le juge Cliche qui avait
dit ça en 1975. Le juge Cliche n'avait pas dit juste ça. Le
problème, c'est que les gouvernements n'ont appliqué que ce qui
faisait l'affaire des entrepreneurs: mise en tutelle des syndicats, ça,
ça a été fait, ça n'a pas été long,
tiens, 12 jours après le rapport, clac, 4, 5 syndicats mis en tutelle,
O.K.; la création d'une association patronale unique, parce que les
syndicats étaient trop forts. Alors, là, les gouvernements ont
réussi à affaiblir tellement les syndicats. Mais, là,
l'association patronale unique, c'était assorti d'autres choses,
ça, parce que Cliche avait fait, je pense, 50 ou 60 recommandations. Il
y en avait toujours bien une qui disait: Donner, par exemple, en contrepartie
aux travailleurs une sécurité d'emploi et une
sécurité de revenu. Sur celle-là, on n'a jamais
été capables de faire bouger qui que ce soit et on est
traités de toutes sortes de mots quand on prononce les mots
«sécurité d'emploi». Savez-vous qu'un travailleur de
la construction qui travaille pour Alfred Construction depuis 18 ans, quand il
le met à pied, lui, il a 48 heures d'avis à lui donner? Pas 12
semaines de paie, 48 heures d'avis:
Va-t'en chez toi! Alors, c'est ça le problème dans
l'industrie de la construction: aucune sécurité d'emploi.
Alors, la sécurité d'emploi, c'est la
sécurité physique, aussi, des travailleurs. On en a parlé
tantôt. On n'est pas capables d'en arriver à des ententes de mise
en application de certaines lois qui doivent exister au Québec parce que
le secteur de la construction est toujours exclu. Et Maurice parlait, cet
après-midi, de décès, de morts dans l'industrie de la
construction: 117 morts en 5 ans dans l'industrie de la construction, 117,
messieurs, là. Ce n'est pas 14 policiers en 20 ans; c'est 117
travailleurs en 5 ans. Mais, c'est des hommes, des êtres humains, aussi.
Mais, ça, on se sacre bien de ça. Le représentant en
prévention Maurice l'a dit, aussi ce n'est pas grave
ça. Des travailleurs, il y en a en masse: un autre. L'échafaud
tombe, dépêchez-vous à le remonter; il y en a 3 de morts,
ce n'est pas grave, on va les remplacer. C'est ça qui se passe dans
l'industrie de la construction.
Et, si le sommet peut permettre qu'on aille démontrer à la
population que les travailleurs de la construction, ce ne sont pas des gras
dur, et dire aux élus et au ministère qu'on n'est pas des
sauvages... Ils n'ont pas d'inquiétude, ils n'ont pas besoin de venir
nous rencontrer avec une «pole» de 25 pieds, comme on en entendait
parler: La construction, ne touche pas à ça. Aïe! c'est
dangereux, c'est une gang de sauvages. Ce n'est pas vrai. On est des
êtres humains, on veut gagner notre vie, on veut la gagner honorablement
et on ne veut pas baiser le cul de personne pour être obligés de
travailler. Et c'est ce que l'APCHQ suggère, des salaires entre 12 $ et
25 $. Alors, si tu as la langue longue de même, tu vas avoir 25 $; si tu
as une petite langue, tu vas avoir 12 $. C'est ça le problème que
l'APCHQ veut avoir!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré (Yves): Le problème de l'APCHQ, c'est
qu'elle a une oreille trop attentive, ici, parmi des élus. Et ça,
ça nous désappointe, une association qui montre aux gens comment
frauder le système parlementaire, les lois et les règlements. Et,
quand ils viennent rencontrer des gens, ils ont l'air d'être applaudis,
ces gens-là, parce que le rapport qui a été
présenté des 7, Omer Rousseau l'aurait écrit, et il
n'aurait pas pu en mettre autant que ça. Il aurait été
trop gêné d'en mettre. Et ça, on va se réserver le
droit de leur dire à ce comité-là. On espère qu'ils
vont nous appeler.
M. Dufour: Oui, je pense bien que, lorsque vous nous
dénoncez la situation du travail au point de vue des dangers,
santé et sécurité, moi, j'achète ça
facilement. D'ailleurs, je n'ai jamais compris qu'il y en a pour qui une mort
à un autre endroit que sur un chantier de construction, c'est presque un
drame. C'est la même vie humaine, que ce soit un policier, que ce soit un
pompier, quelqu'un veut gagner sa vie. D'ailleurs, le métier le plus
dangereux, si je ne me trompe pas, je pense que c'est travailleur agricole,
parce qu'il travaille dans des conditions... C'est à cause de la nature
du métier qu'il exerce. C'est presque impensable que ça devienne
vraiment sécuritaire. C'est vraiment des conditions extrêmes.
Ceci étant dit, je pense que j'achète ça
facilement. Moi, en tout cas, je partage votre point de vue. Une mort
accidentelle, c'est une mort de trop. Je pense qu'il y a moyen
d'améliorer, et ça, ça demandera un effort continu de pas
mal de monde, pas juste des travailleurs, mais de l'employeur, des
gouvernements. Quand on va ailleurs, on ne se surprend pas de voir des mesures
de sécurité pas mal plus fortes qu'ici. Quelqu'un qui voyage le
moindrement et voit des travaux de construction en Europe, par exemple, vous
allez voir qu'ils annoncent longtemps d'avance qu'il y a un chantier de
construction. Vous commencez à vous en rendre compte plusieurs
kilomètres avant d'arriver sur les lieux, qu'il y a des travaux routiers
qui sont en train de s'effectuer. Donc, ils attachent de l'importance à
ça. Nous autres, on devra probablement faire notre examen de conscience.
Ça coûte cher, ça, à une société
aussi. Ce n'est pas juste la mort comme telle. C'est aussi
qu'économiquement parlant on a des raisons d'être prudents et de
mettre des efforts là-dessus. Je pense que, là-dessus, on est
prêts à acheter ça facilement.
Lorsque vous parlez du sommet ou qu'on parle d'un sommet élargi
le ministre tout à l'heure en a parlé, mais on n'est pas
ici pour questionner le ministre vous voyez qui, à ce sommet?
M. Lavallée: Comme je le mentionnais tout à
l'heure, j'aimerais voir le ministre de l'Industrie et du Commerce. On a besoin
de parler avec lui. On a besoin de parler avec le ministre du Travail.
M. Dufour: II n'est pas chanceux de ce temps-ci.
M. Lavallée: On a besoin de parler avec le Revenu, avec
les municipalités. C'est ce genre de personnes qu'on aimerait voir. On
aimerait voir les associations patronales traditionnelles assises là,
pas uniquement l'AECQ. On veut parler de nos problèmes de l'industrie.
On veut essayer de convaincre des gens. Les municipalités, c'est un gros
donneur d'ouvrage. Il y a des recommandations dans Poulin et il y a des
recommandations dans Picard-Sexton, qui sont très claires concernant les
municipalités. On voudrait leur dire, on voudrait leur expliquer,
essayer de les convaincre. On a des places où on a des bonnes ententes
avec les municipalités. Je peux vous dire qu'avec le syndicat des cols
bleus de la ville de Montréal, de plus en plus, on travaille ensemble et
en équipe pour éviter le travail au noir. Mais on veut avoir ces
gens-là alentour de la table pour qu'on puisse en discuter beaucoup plus
profondément.
M. Dufour: Est-ce que vous accepteriez que d'autres
représentants syndicaux aussi soient là?
M. Lavallée: Dans quel sens?
M. Dufour: D'abord, je veux dire la CSN, la CSD...
M. Lavallée: Certainement, certainement. Les centrales
syndicales, les associations patronales traditionnelles, l'AECQ, les autres
groupements que je vous ai mentionnés. Je veux dire que ça
n'exclut pas, non plus, comme le mentionnait Maurice, le fédéral,
advenant le cas où il y aurait de quoi à aller chercher là
et qu'on aurait des possibilités par rapport qu'il y a certains contrats
qui sont sous sa juridiction. On est ouverts. On veut avoir une place pour
pouvoir discuter de nos problèmes et on veut avoir les personnes qui
sont en autorité pour pouvoir nous donner des réponses.
M. Dufour: Donc, vous pourriez avoir jusque des
représentants des entrepreneurs indépendants.
M. Lavallée: Non, ça, là, les
entrepreneurs... M. Dufour: Non? Pas si loin que ça. M.
Lavallée: Les illégaux, non.
M. Paré (Yves): Les entrepreneurs
indépendants...
M. Lavallée: II ne faut pas être masochistes, on
n'est pas rendus à ce point-là.
M. Paré (Yves): C'est quoi, les entrepreneurs
indépendants?
M. Dufour: Quelqu'un qui... On a le problème de la double
allégeance; quand il est entrepreneur, il n'est pas... Il n'y a pas
beaucoup de monde.
M. Lavallée: Ce n'est pas des entrepreneurs
indépendants. C'est la Corporation des maîtres
électriciens, c'est la corporation des maîtres plombiers. Ils
viendront l'expliquer.
M. Paré (Yves): Ce sont des entrepreneurs qui font partie
d'associations d'entrepreneurs. Le problème qu'on a... La loi 185 est
très mal perçue par des personnes qui ne sont pas
habituées là-dedans. Elle est très simple, la loi 185.
Elle dit à Yves Paré: Tu as un choix: ou bien tu es un
entrepreneur ou bien tu es un salarié. Tu as le choix. Si tu es un
entrepreneur, tu es un entrepreneur; tu engages du monde. Tu peux travailler
avec lui. Tu as le droit de travailler, mais tu engages du monde.
Le problème qui survient de ces entrepreneurs, c'est eux autres
qui veulent avoir le double. Ils veulent le droit d'être l'employeur,
donc d'aller travailler seuls sur le chantier de construction, et le droit
d'avoir les mêmes conditions. Mais ça, c'est lui qui se les paie.
Or, il va déclarer l'impôt qu'il veut. Il déclare les
heures qu'il veut. Il fait ce qu'il veut. Alors, si chaque citoyen pouvait
s'incorporer comme ça, comme vous le faites dans la loi 185, je serais
mort de rire. Si je pouvais m'appeler Yves Paré incorporée demain
matin et payer juste 31 % d'impôt, je serais mort de rire et je dirais:
Je suis d'accord avec ça!
C'est ce que vous faites avec ces entrepreneurs autonomes là?
C'est cette classe de salariés-entrepreneurs qui vont contracter sur le
chantier de construction, qui se mettent 2, 3, 4, 5 ensemble, qui
compétitionnent les vrais entrepreneurs qui ont 10, 12, 15
employés. C'est ça que la loi 185 leur a permis de faire. Tout ce
qu'ils ont à faire, c'est d'utiliser la loi, et là, je vais
répéter encore le même mot que j'ai employé tout
à l'heure: Ils fourrent le système! Ils sont des entrepreneurs
salariés. Ils se paient les salaires qu'ils veulent, les conditions
qu'ils veulent, et déclarent les impôts qu'ils veulent. Il met son
char, lui, sur le compte de dépenses. Donc, il a droit à une
allocation d'automobile. Il prend une partie de sa maison comme
déduction d'impôt, son téléphone, ainsi de suite.
Alors, c'est un salarié qui a une petite coche de plus que les autres,
qui peut s'en mettre un petit peu plus dans les poches. C'est ça, la
différence.
Puis, quand il va travailler pour Jos Bleau Construction, là,
lui, il paie 40 heures, admettons, à 20 $ de l'heure, il prend un
chèque de 800 $, puis il lui donne. Un chèque clair de 800 $.
Puis, là, lui, vu qu'il est incorporé, bien, il déclare ce
qu'il veut. Le travailleur, quand il va travailler pour Jos Bleau Construction,
puis qu'il gagne 800 $, bien, il reçoit un chèque de 400 $, c'est
ça qu'il reçoit. Tandis que l'entrepreneur incorporé, lui,
il reçoit 800 $, puis il déclare ce qu'il veut. Alors, c'est
ça, le problème. Et, si on veut faire une classe sociale au
Québec comme ça, moi, j'embarque avec ça, mais tout le
monde, pas rien que les entrepreneurs en contraction, là: les
représentants syndicaux, les voyageurs de commerce, tout le monde
devrait avoir le droit de faire ça, juste s'incorporer, puis on paie les
impôts qu'on veut. On embarque là-dedans 100 milles à
l'heure. Mais, arrêtons de protéger cette classe de monde
là qui joue sur 2 tableaux pour pouvoir fourrer les 2 systèmes.
(17 heures)
M. Dufour: Quand la loi 185 a été adoptée,
est-ce que vous aviez vu ce problème-là?
M. Paré (Yves): Oui, on l'avait vu, ce
problème-là.
M. Dufour: Est-ce que vous aviez été aussi... M.
Paré (Yves): Certainement.
M. Dufour: Je m'excuse. Vous excuserez mon ignorance, là,
moi, je...
M. Paré (Yves): Oui. Puis, on avait demandé au
ministre, tel que ça avait été convenu en 1988 alors qu'il
y avait eu entente pour exclure les rénovations
domiciliaires du décret de la construction... Il devait y avoir 2
catégories de personnes sur les chantiers de construction: des
entrepreneurs, puis des travailleurs. On n'a jamais pu obtenir ça. Il y
a toujours eu des entrepreneurs, puis, entre les 2, là, des
entrepreneurs-travailleurs, là, qui venaient fourrer le système.
Une secousse, ça s'appelait les artisans. Ils ont dit: Parfait, il n'y
en aura plus d'artisans. Là, ils les ont appelés les
entrepreneurs autonomes. C'est la même maudite affaire, sauf que le nom
change! Alors, là, il y a encore des entrepreneurs autonomes qui
viennent, puis ils jouent un peu. De temps en temps, ils se déclarent
comme salariés; de temps en temps, ils se déclarent comme
entrepreneurs, puis, envoie par là! Puis, quand il travaille pour un
entrepreneur, il se fait payer sous son nom de compagnie. Il devient un
sous-traitant. Alors, paie-moi au nom de ma compagnie, puis, là, je vais
mettre ma maison, mon bureau, je vais mettre mon char, mon gaz sur mes
dépenses, puis il ne paie presque pas d'impôt. Puis, là, il
se déclare 25 heures à la CCQ par semaine. Puis, là, il va
chercher «full pin» d'assurance. C'est ça, le
problème!
Alors, ce qu'il y a de malheureux, c'est que, sans connaître trop,
trop le système, il y en a qui le défendent. C'est donc de
valeur, ce pauvre gars, il a double allégeance. Bien, oui, c'est parce
qu'il en veut de la double allégeance. Puis, là, il dit:
Laissez-moi la double allégeance, mais forcez-moi pas à payer du
syndicat. C'est ça, son problème. C'est rien qu'à cause
qu'il paie du syndicat que ça le fâche.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci beaucoup.
M. Paré (Yves): Enlevez-lui ça, puis, il va
être bien content avec le système qu'il y a là.
Excusez!
Le Président (M. Gobé): Je vous en prie. Vous
pouvez terminer.
M. Paré (Yves): Non. J'ai terminé.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé?
Alors, ceci met donc fin à votre présentation. Au nom des membres
de la commission, je tiens à vous remercier, ainsi que les gens qui vous
accompagnent. Vous allez pouvoir vous retirer. J'appelle maintenant les membres
de l'Association des entrepreneurs en construction du Québec.
(Suspension de la séance à 17 h 5)
(Reprise à 17 h 6)
Le Président (M. Gobé): Mesdames et messieurs, si
vous voulez bien regagner vos places, la commission va maintenant reprendre ses
travaux.
Alors, je vous remercie. Nous allons procéder maintenant à
l'audition des représentants de l'Associa- tion des entrepreneurs en
construction du Québec, et j'ai reçu leur mémoire. Je
demanderai donc au Secrétariat de bien vouloir en faire la distribution
à chacun des membres de cette commission et, pendant ce temps, je
demanderai à son porte-parole de bien vouloir se présenter et de
présenter les gens qui l'accompagnent.
Association des entrepreneurs en construction du
Québec (AECQ)
M. Couillard (Reynald): M. le Président, je me
présente, je suis Reynald Couillard, président de l'AECQ. M. le
Président, M. le ministre du Travail... Je vais les présenter
après. M. le ministre de l'Industrie et du Commerce, MM. et Mmes les
membres de la commission, j'aimerais vous présenter les gens qui sont
assis avec moi, à la table. Il y a M. René Malo, qui est un
entrepreneur et trésorier de l'Association; Pierre Dion, directeur
général adjoint; Robert Brown, directeur général;
et Mario Olivier, premier vice-président, qui est un entrepreneur.
Le Président (M. Gobé): Alors, bonjour, messieurs.
Il me fait donc plaisir de vous accueillir à cette commission.
M. le député de Drummond, vous avez un point à
mettre à l'ordre du jour ou quelque chose, là?
M. St-Roch: Oui, M. le Président. Vous aviser que je vais
prendre mes 5 minutes, à la suite de mon collègue de
Jonquière.
Le Président (M. Gobé): Bon. Alors, M. le
député de Drummond, la présidence verra à accorder
du temps pour que vous puissiez poser des questions, suite à
l'intervention du représentant de l'Opposition.
Alors, ceci étant réglé, je vous passe maintenant
la parole, vous pouvez commencer votre présentation.
M. Couillard: Merci, M. le Président. Tel que promis il y
a 45 jours, nous sommes présents à la deuxième commission
parlementaire que vous convoquez dans le cadre de la présente
négociation de la convention collective. Selon les rumeurs, informations
officielles à la radio à 15 heures, cet après-midi, nous
reviendrons une troisième fois, mais dans 6 mois seulement.
Le bateau est plein de trous, mais il faut continuer à naviguer
encore 6 mois, jusqu'à ce qu'on trouve quelqu'un pour le réparer.
Normalement, selon l'article 51 de la loi sur les relations de travail dans
notre industrie, toujours en vigueur à notre connaissance, nous
devrions, à l'occasion de cette commission parlementaire, vous exposer,
et je cite l'article 51: les «raisons motivant l'impossibilité de
parvenir à une entente relativement aux modifications à apporter
au décret».
Il y a 45 jours, nous vous avons expliqué les enjeux de la
négociation et les motifs pour lesquels nous n'avons pu parvenir
à une entente. Pour diverses
onsidérations, dont certaines externes au processus de
légociation, le gouvernement a prolongé le décret de 45
ours. aujourd'hui, on revient devant vous et nous nous etrouvons dans le
même cul-de-sac, et ce, malgré tous es efforts
déployés avec l'aide du conciliateur et du ;ous-ministre adjoint
pour débloquer les négociations. 'jous n'avons pas
été capables d'avancer d'un seul cran, ^u contraire, la coalition
syndicale a affiché encore plus dairement son refus inconditionnel
à toute forme de rationalisation. pendant ce temps, l'industrie continue
de j'effriter: le travail au noir est en pleine effervescence, le taux de
chômage varie de 40 % à 60 % selon les métiers, la
situation financière des entreprises est des plus précaires, la
coalition syndicale pose des actes de vandalisme et d'intimidation, comme dans
le bon vieux temps.
Des membres du Parlement élaborent des recommandations sur des
sujets qui nous concernent et les employeurs demeurent sans réponse
quant à leur demande de rationalisation. L'absence d'une entente
prévoyant une rationalisation des conditions de travail pénalise
les consommateurs de nos services: le gouvernement, les travailleurs et les
employeurs de la construction, sauf les associations syndicales qui, à
chaque jour, gagnent du statu quo. Voilà un constat assez
déplorable. (17 h 10)
Alors qu'un groupe de députés du gouvernement recommande
une réduction des coûts pour le secteur résidentiel, que
divers employeurs hors construction indiquent clairement devant le
comité Laberge-Lavallée que les coûts du décret sont
trop élevés pour les consommateurs et que les quelque 18 000
employeurs de l'industrie vous disent qu'il faut réduire les
coûts, on parle, dans les corridors du parlement, de reporter
l'échéance du décret de 6 mois, ainsi qu'à la
radio. Nous sommes laissés dans des tergiversations et des jeux
politiques qui entourent la négociation de notre convention collective.
Le processus de négociation, tel qu'établi, nous place dans une
situation d'impuissance. Nous sommes tributaires du gouvernement, car la seule
autre option serait de s'entendre avec la coalition syndicale qui ne veut rien
savoir.
Nous sommes conscients de l'envergure des problèmes qui rongent
notre industrie. Nous arrêtons de confondre qualification des
entrepreneurs, ratio, déficit de la CSST, juridiction de métiers
avec les dossiers de la négociation de la convention collective.
Employeurs et travailleurs sont en attente depuis janvier dernier; une
prolongation de 6 mois signifie un embarras pour nous, nous plonge dans
l'incertitude, et une mobilisation accentuée des associations syndicales
vers la violence. L'intérêt public exige l'imposition d'un
décret rationalisé, aujourd'hui même.
Pour le lendemain, nous souhaitons la mise sur pied d'états
généraux sur l'industrie de la construction. Il y a 45 jours,
nous vous avons indiqué notre ouverture à discuter, avec tous les
intervenants concernés, des problèmes qui nous touchent, et ce,
dans un cadre qui nous permettrait d'atteindre un consensus et des solutions
durables. Pour nous, les états généraux s'imposent.
Maintenant, M. Robert Brown, directeur général, va vous
entretenir sur la négociation qu'on a eue.
M. Brown (Robert): M. le Président, je pense qu'on nous a
donné, tantôt, beaucoup plus d'importance qu'on n'en
mérite. Et là, je fais référence aux propos des
gens qui nous ont précédés; et, chose certaine, on ne va
certainement pas accepter la paternité de tous les maux qu'on nous a
imputés. La seule chose dont on ne nous a pas tenus responsables, c'est
de la mauvaise température de l'été dernier. Et, si vous
leur aviez donné un petit peu plus de temps, probablement qu'ils
auraient trouvé le moyen de nous donner cette
responsabilité-là également.
Le 30 avril dernier, on vous avait indiqué assez clairement dans
le mémoire et, d'ailleurs, le mémoire qu'on vous a
déposé est le même que nous avions déposé le
30 avril dernier, avec un addendum qui apparaît à la
première partie du document qu'il était absolument inutile
de poursuivre la négociation parce qu'il n'y avait pas
possibilité de s'entendre. On reviendra aux motifs tantôt. On vous
avait aussi indiqué, à cette époque-là, que tout ce
qu'on faisait, c'était reporter l'échéancier d'une
commission parlementaire, et c'est ce qu'on vient faire aujourd'hui. On nous
donne raison. Et, si ce qu'on entend à la radio est, malheureusement, le
cas, il semblerait qu'on va revenir vous voir quelque part au mois de
décembre, avec une nouvelle commission parlementaire, pour disposer du
décret.
Malgré notre grande insatisfaction par rapport à la
prolongation du décret, l'AECQ a été de bonne foi, a
négocié de bonne foi. On a répondu à l'invitation
du conciliateur; plus encore, on s'est plies et j'insiste, on s'est
plies à l'insistance, à la demande de la coalition
syndicale de négocier non seulement à une table centrale, mais
également à des tables de métier, parce que, selon ce
qu'elle nous dit: On est structurés de même. D'ailleurs, la
FTQ-construction, qui nous a précédés, a dit: M. le
ministre, si vous voulez nous faire plaisir, imposez, dans le mécanisme,
la négociation par métier. Je ne suis pas convaincu que la CSD
serait d'accord avec ça, je ne suis pas convaincu que la CSN serait
d'accord avec ça et je ne suis pas convaincu, non plus, que l'AECQ soit
d'accord avec ça, parce que je présume qu'on est en droit, nous
aussi, de demander de négocier selon notre structure interne. Mais,
ça a l'air que ça ne compte pas, et on l'a laissé de
côté, ce principe-là. On a dit: M. le conciliateur, si
ça peut faire avancer la négociation, on embarque!
Effectivement, il y a eu au moins 1 rencontre à chacune des
tables de métier. Il y a quelques métiers qui ont
été rencontrés à 2 occasions et, évidemment,
le scénario était prévisible. Il était
prévisible, parce qu'on a un mandat très clair de notre
«membership», et je vais y revenir souvent, parce que c'est
important dans l'appréciation des événements qui nous ont
conduits en commission parlementaire aujourd'hui. On a beau parler de l'article
51, on a beau parler de l'intervention du
ministre sous quelque forme que ce soit, mais il y a une chose qu'il
faut retenir, c'est qu'on travaille avec un mandat.
On a beau nous traiter d'élitistes, on a beau prétendre
qu'on se situe au-dessus de tout le monde, mais ce qu'on doit faire, et on en
est fiers, c'est de respecter intégralement le mandat de nos membres.
Parce que, entre se faire donner des coups de pied dans les fesses par la FTQ
et le conseil provincial, parce qu'on ose négocier le mandat de nos
membres, et se faire donner des coups de pied dans les fesses par nos membres,
par notre assemblée générale, croyez-moi, le choix est
très facile.
Alors, ce qu'on a fait aux tables particulières, c'est tenter de
faire des échanges avec les métiers. C'est impossible, pour la
raison bien simple: si on demande de rationaliser le coût de
main-d'oeuvre, nos membres ne nous donnent pas la possibilité
d'échanger 1 piastre pour 4 trente-sous; ce n'est pas le mandat qu'on
avait. Alors que, il faut savoir et, si vous avez lu le mémoire
déposé au 30 avril dernier, vous l'avez constaté
que la partie syndicale est en demande sur un nombre important de clauses
normatives, mais également monétaires, parce que ça va
bien dans la construction. Et la solution qu'il faut apporter à nos
problèmes dans la construction, c'est qu'on va augmenter les coûts
de main-d'oeuvre: II y a une certaine logique, mais je ne suis pas fort,
fort en mathématiques j'ai beaucoup de difficulté à
assimiler cet élément-là.
Donc, ce qu'on a tenté de faire, avec la partie syndicale,
à des tables de métier, c'est de dire: Nous aussi, on est en
demande. Comment réagissez-vous à nos demandes? Et il y avait 2
réactions: la première: On ne veut rien savoir; la
deuxième, et c'était la porte de sortie facile pour avoir l'air
de bonne foi: Bien, nous autres, on veut que ce soit la table centrale qui
traite de cette question-là. Si bien qu'il n'y a eu aucun consensus aux
tables particulières, et, compte tenu du mandat qu'on avait et on
le dit bien ouvertement je dois vous dire qu'il n'y avait pas grand
place pour manoeuvrer.
Au niveau de la table centrale, le ministre a mentionné 8
rencontres formelles, tantôt, aux journalistes; j'étais
derrière lui, j'ai tout entendu. Je ne contredirai pas ce
chiffre-là, sauf pour vous dire qu'il y a eu 10 rencontres avec le
conciliateur; et ceux qui nous ont précédés avaient raison
de dire que, finalement, le dossier n'a pas avancé. Là, il faut
être imbécile pour prétendre que 6 ou 7 consensus sur des
clauses normatives qui n'ont aucune espèce d'incidence comme solution
à nos problèmes... Ce n'est rien pour être fier. Et,
effectivement, il n'y a pas eu possibilité d'avancement à la
table centrale.
Notre objectif, à nous je vous le répète et
c'est un mandat clair c'est de rationaliser les coûts de
main-d'oeuvre. Évidemment, ça fait sursauter les gens: Comment
est-ce que des employeurs peuvent oser demander de réduire des
coûts de main-d'oeuvre? Surtout quand vous pensez au concept traditionnel
des grands traités de relations de travail, sur la notion des droits
acquis: Vous, comment osez-vous, les employeurs, demander des coupures? Bien,
c'est la force du marché, et, si c'est bon dans l'ensemble des secteurs
économiques, je présume bien humblement que ça doit
également être bon dans le secteur de la construction. Nous avons
osé demander de la rationalisation et, malgré les
déclarations que j'ai entendues ici de la part de la partie syndicale
je vise la coalition malgré les belles paroles qu'on a
entendues dans les médias, transmises par les porte-parole de la partie
syndicale, malgré les belles paroles prononcées par les membres
de la coalition devant le comité des députés, je dois vous
dire qu'entre dire des choses et faire des choses, il y a une marge.
À partir du moment où, avant même la prolongation du
décret, un porte-parole syndical nous dit: Ça fait 25 ans qu'on
se bat pour faire des gains et il n'est pas question de toucher à ces
gains-là, qu'on vienne nous dire qu'on est de mauvaise foi, soit; mais
je ne suis pas convaincu que c'est l'évaluation qu'en font nos membres.
Qu'on nous dise qu'on ne veut pas négocier, soit; mais ce n'est pas tout
à fait l'interprétation qu'on fait du mandat qu'on a
exécuté à la table centrale et à la table
particulière. Ce qui s'est fait, contrairement à ce que les gens
qui nous ont précédés ont dit, c'est qu'ils ont, pour
employer leur expression, «meublé le temps».
Évidemment, ça va vous faire curieux, et je vais vous dire qu'on
n'est même pas fiers de tenir des discours contradictoires, un peu comme
des enfants, là: Mon père est plus fort que le tien; non, c'est
le mien.
J'ai l'impression que c'est un peu comme ça qu'on peut avoir
l'air devant vous autres, et c'est une industrie qu'on tente de rehausser. On
veut améliorer l'image de l'industrie de la construction, qui est mal
perçue dans le public, qui est mal perçue, également,
parmi vous autres. C'est l'establishment qui s'organise comme il le veut bien
au conseil d'administration de la CCQ, peut-être au conseil
d'administration de la CSST. C'est des gens qui font semblant qu'ils
s'engueulent et, après qu'ils se sont engueulés, ils vont prendre
une bière ensemble. Mais ce n'est pas une image qu'on veut cultiver.
L'image qu'on veut cultiver, c'est une industrie qui veut se prendre en main,
et, pour ce faire, il faut faire des choix, et c'est ce que notre
«membership» a décidé de faire.
Alors, quand la partie syndicale a dit qu'elle voulait négocier,
je m'excuse, elle ne voulait pas négocier. Est-ce qu'ils ont fait, comme
nous, le constat que... Et je suis un petit peu tanné de toujours
revenir au même secteur d'activité. C'est comme si c'était
dans celui-là seulement qu'il y avait des problèmes, ce qui n'est
pas le cas. Tout le monde accepte le fait qu'il y a des problèmes au
niveau résidentiel; on n'a pas besoin d'en faire une grande description.
(17 h 20)
Est-ce que vous savez, ou est-ce que vous vous rappelez, si vous avez lu
notre document, notre mémoire, que la partie syndicale a demandé
une définition plus
estrictive de la notion de construction résidentielle? ça
/a mal. leur solution, à eux, c'est qu'on va restreindre a
définition, si bien que la règle particulière qui
s'appli-juait au niveau de l'horaire de travail va s'appliquer à moins
de travaux dans le résidentiel. je vous le répète: le ne
suis pas fort, fort intellectuellement, mais ce que j'ai compris, moi, c'est
qu'il y avait une différence entre ce qu'ils expriment publiquement et
ce qu'on retrouve dans le cahier de demandes.
Il y a une règle particulière, également, qui
existe pour certains petits travaux industriels et commerciaux. Ils ont
demandé de l'éliminer. Ça aussi, c'est probablement une
méthode très originale de régler notre problème de
travail au noir et notre problème de marché. Parce que le
marché ne peut plus payer les services d'employeurs et de travailleurs
professionnels. C'est la raison pour laquelle on a des problèmes au
niveau du champ d'application.
Alors, pour faire une longue histoire courte, compte tenu de
l'immobilisme à la table de négociation... Et je ne reprocherai
jamais à la partie syndicale de ne pas vouloir faire des concessions si
elle n'en a pas le mandat, mais qu'on ne nous reproche pas d'être de
mauvaise foi et qu'on se cache derrière l'article 51 de la loi. On va y
revenir tantôt. C'est l'AECQ, madame, messieurs, qui a cassé la
table de négociation. On ne voulait certainement pas que le conciliateur
fasse rapport qu'il y a utilité de prolonger encore une fois le
décret de la construction pour une période quelconque parce que
les gars se parlent. Oui, oui, on s'est parlé, on s'est parlé de
toutes sortes de choses, mais on n'a absolument rien réglé.
Alors, l'AECQ a décidé de se retirer de la table de
négociation il y a une dizaine de jours.
Qu'est-ce qui a fait échec à cette
négociation-là? Contrairement à leurs prétentions
et c'est la partie à laquelle je faisais allusion tantôt:
Mon père est plus fort que le tien ils nous accusent de vouloir
nous cacher derrière le ministre, est-ce que je peux suggérer que
l'inverse peut être également vrai? Est-ce que je peux vous
suggérer que, pour la partie syndicale, ce qu'ils ont fait, c'est le
pari suivant: ils savaient très bien que, pour signer une convention
collective avec nous autres, il fallait qu'ils laissent de l'argent sur la
table. Alors, le pari qu'ils ont pris, c'est que le ministre du Travail
n'aurait pas le courage de sabrer dans nos conditions de travail dans le cas
d'un décret imposé; donc, on peut s'en sauver, au pire, entre
guillemets, avec le statu quo, alors que, si on s'entend avec l'AECQ,
là, on va devoir laisser de l'argent sur la table. Évidemment, ce
n'est pas le discours qu'ils vont tenir; c'est normal, c'est de bonne guerre.
Mais la situation, madame, messieurs, c'est celle-là.
Pourquoi est-ce qu'on n'a pas été capables de s'entendre?
C'est peut-être parce que et ça, je ne suis pas capable
d'en faire la démonstration, mais on est capables de le percevoir
à la table de négociation il y a des moments où on
voyait qu'il y avait une certaine contradiction au niveau du discours de la
coalition syndicale qui était constituée de 2 organisations. D'un
côté, il y a une association syndicale qui dit: II n'est pas
question de faire une seule coupure. Et, 30 secondes après, l'autre
centrale: Bien, peut-être qu'on peut regarder s'il y aurait moyen de
régler des questions de travail au noir, etc. Alors, où
avance-t-on avec ça? Sur la seule définition de
«construction résidentielle», nous avons eu, lors de la
même discussion, 6 interprétations différentes du texte que
la partie syndicale nous déposait. Alors, essayez de comprendre, essayez
de vous démerder avec ça.
Pourquoi, également, est-ce qu'il n'y a pas eu d'entente? Et,
selon moi, c'est l'aspect le plus important, et j'apprécierais que vous
preniez note de ça: ce sont nos mandats respectifs. Je vous le disais
tantôt, la partie syndicale est en demande sur du normatif et
également sur à peu près toutes les clauses
monétaires. Nous sommes en demande de rationalisation. Alors, ce n'est
pas, là, un syndicat qui demande S, puis qu'on offre 2; c'est le
syndicat qui demande x et, nous autres, on demande moins x. Alors,
indépendamment qu'il y ait l'article 51 ou pas dans la loi, dans le
cadre de la présente négociation, il n'y aurait aucune chance
d'arriver à une entente. Et, à ce que je sache, ça fait
partie normalement de notre processus de négociation.
J'aimerais relever peut-être 3 commentaires que la partie
syndicale a faits tantôt pour qualifier un peu son attitude à la
table de négociation. Je pense que c'est la FTQ-construction et,
si je me trompe d'intervenant, je m'en excuse en réponse à
une question du député du Parti québécois, à
savoir: Est-ce que vous allez vous présenter au forum si, effectivement,
il y a convocation? Et une des réponses, ça a été
de dire: Si c'est pour déréglementer, il n'en est pas question;
si c'est pour faire des aménagements, peut-être. L'attitude de la
partie syndicale à la table de négociation, c'est: Si ça
fait notre affaire, c'est un bon processus, puis, quand ça ne fait pas
notre affaire, c'est un mauvais processus.
Il y a aussi, je pense, une certaine contradiction de la pensée
syndicale au niveau du résidentiel. Us nous ont dit, ils vous ont dit
ici tantôt, puis j'ai lu dans les journaux des déclarations assez
évidentes, puis qui s'imposaient d'elles-mêmes, qu'ils s'opposent
à la proposition du groupe de travail des députés à
l'effet de désassujettir le résidentiel. Mais rappelez-vous ce
que je vous ai dit tantôt: Ils veulent réduire l'application de la
clause existante. On a un maudit problème avec ça! Comme
association, l'AECQ, qui représente les 18 000 employeurs, n'est pas
d'accord non plus à désassujettir le résidentiel,
probablement pour des raisons différentes ou certaines raisons
différentes de la partie syndicale. Mais, là, on fait quoi, avec
ça? Ils n'acceptent pas de réduire les coûts de
main-d'oeuvre pour le résidentiel et, de l'autre côté, ils
veulent que le résidentiel reste dans le décret. Avec cette
attitude-là aussi, on a un sérieux problème.
Et, dernier élément qui m'a fait un peu sourire il
ne faut pas se surprendre, ils le font à chaque négociation
la coalition demande que le mandat de négociation soit
retiré des mains de l'AECQ ou bien qu'on le partage avec les
associations traditionnelles. On
comprend pourquoi ils le demandent et, si on était à leur
place, nous aussi, on le demanderait. J'ai déjà entendu
peut-être que ça a été mentionné ici: Ah,
nous, les syndicats, on serait capables de s'entendre avec les associations
traditionnelles, elles sont raisonnables. Mais il me semble avoir entendu
tantôt certains commentaires à l'égard de l'APCHQ, et il
semble qu'à certains égards l'harmonie ne soit pas aussi
évidente.
On a demandé, le 30 avril dernier, que le gouvernement impose un
décret qui tienne compte de nos demandes, de nos revendications; nous le
demandons encore. Pourquoi le demande-t-on? Il y a un problème de
chômage, et on ne va pas aller dans le détail, vous l'avez dans
notre mémoire. La situation financière des entreprises est
très précaire et j'espère qu'il y en a, quelque part, qui
ont un peu d'intérêt pour la situation de nos entreprises au
Québec, et je ne parle pas juste des entreprises de construction. Le
travail au noir, je n'ai pas besoin d'en dire davantage.
Alors, pourquoi le gouvernement doit-il rationaliser les conditions de
travail dans un décret? Je fais référence à
l'article 51, qui, des fois, peut être utilisé à bon
escient, et je le cite: «Le gouvernement peut aussi, sur la
recommandation du ministre, prolonger, abroger ou modifier le décret
sans le consentement de l'association d'employeurs ou des associations de
salariés quand il est d'avis que dans l'intérêt public,
cette solution est la seule qui puisse remédier à la situation
existante.» Par expérience, il y a eu intervention du gouvernement
lorsque la situation économique des entreprises le justifiait, lorsqu'il
y avait des pressions de donneurs d'ouvrage qui voulaient que leur usine soit
prête à temps pour s'attaquer à leur production; en tout
cas, ça a été jugé suffisant. Dans certains cas,
c'était parce qu'il y avait des problèmes sur des chantiers.
Quelqu'un a fait allusion tantôt je pense que c'est la FTQ
aux 9 jours de grève. Est-ce que je peux vous rappeler qu'on a fait
également 3 jours de lock-out, et c'est suite à l'exercice du
droit de grève et de lock-out que le gouvernement, le ministre Paradis,
est venu nous enlever ces droits-là? Alors, ce que je dis, c'est que
l'article 51 a été utilisé à plusieurs sauces. Si,
à votre avis, la situation économique de l'industrie, qui n'est
pas à la veille de se relever, selon les estimations de
l'activité économique de la construction pour les 3 prochaines
années, ce n'est pas suffisant pour que le gouvernement assume la
responsabilité que les parties et je le dis très
ouvertement n'ont pas été capables d'assumer
elles-mêmes, là, je ne sais pas ce que l'article 51 fait
là.
Ce qu'on vous demande, M. le ministre, c'est d'intervenir, d'imposer un
décret de 3 ans. Pourquoi 3 ans? Bien, il faut au moins que l'ensemble
de l'industrie soit capable de planifier. Si, effectivement, la proposition que
vous soumettrez à votre Conseil des ministres, c'est une extension pour
6 mois, je ne sais pas exactement où ça va nous conduire, mais,
si on veut chercher l'harmonie, si on veut chercher un minimum de planification
dans le travail de nos entreprises, la même planification chez les
donneurs d'ouvrage, je pense qu'on peut avoir un petit problème.
Entre-temps, depuis la prolongation de votre décret, M. le
ministre, il y a 2 rapports qui ont été déposés, et
ils sont très significatifs. Je vais y aller rapidement. Le rapport du
groupe de travail Laberge-Lavallée sur le champ d'application... Et, je
vous rappelle que Laberge, c'est Louis Laberge, l'ancien président de la
FTQ. Ce qui est intéressant dans ce rapport-là, c'est qu'ils
indiquent très clairement que les différents intervenants,
même industriels, ceux qui ont la capacité de payer on ne
parle pas du consommateur résidentiel ces gens-là ont dit
qu'ils trouvaient le décret trop dispendieux et que ça avait un
effet sur leurs coûts de construction et de production. Donc, les
produits qu'ils vendent sont trop dispendieux. Ce n'est pas nous qui le disons,
ce sont les donneurs d'ouvrage. Si c'est le cas, on va devant le comité
pour tenter de sauver notre champ d'application. Si on n'est même pas
capables de le faire, est-ce que vous pensez qu'on va être capables de
rapatrier certaines parties du champ d'application qu'on a perdues en cours de
route, incluant celui que le gouvernement nous a enlevé?
Les intervenants, devant le même comité, ont fait
référence aux contraintes du règlement de placement. Ils
ont fait référence à la rigidité des
définitions de métiers. J'entendrais Maurice Pouliot dire: Brown,
ce n'est pas à la table de négociation qu'on va régler
ça. Mais, ça fait partie d'un tout et, dans votre question que
vous allez poser sur les états généraux, on peut supposer
que c'est le genre de discussion qui ferait partie des états
généraux.
Je me permets de citer un petit passage du comité
Laberge-Lavallée, qui veut dire beaucoup: «II nous a bien fallu
faire une constatation importante, que les gens de la construction devront
faire un jour eux aussi et il y a une partie des 2 qui ne l'a pas encore
faite le domaine de la construction a beaucoup changé, mais les
structures de l'industrie, ses règles de fonctionnement ne semblent pas
avoir évolué au même rythme (...) Il ne s'agit
évidemment pas de lancer la pierre à qui que ce soit, mais
plutôt de sonner l'alarme, car il nous semble que le temps presse.»
C'est l'alarme, également, que nous sonnons. (17 h 30)
II y a eu un deuxième rapport, et celui-là a fait
brouiller les eaux un peu, c'est le rapport du groupe de travail des
députés sur les irritants de la législation dans
l'industrie de la construction. Il y a eu une réaction immédiate
de la partie syndicale: N'osez pas toucher au secteur résidentiel! Ce
n'est pas grave si les conditions de travail sont trop dispendieuses, vous
n'avez pas le droit, au nom de je ne sais trop quoi, d'y toucher. Ce que je
peux vous dire, c'est que, pour nous, si on ne partage pas l'ensemble des
solutions à l'intérieur du cahier et même le groupe
de travail a dit avoir peu d'expérience; donc, ils intervenaient avec
une certaine réserve je le répète, si on n'est pas
d'accord avec toutes les propositions, je dois vous dire qu'on est
drôlement d'accord avec les objectifs. Et les objectifs, c'est
le faire en sorte que notre réglementation colle à la
éalité des années quatre-vingt-dix et, également,
que 'ensemble des coûts, les coûts directs de notre décret
et es coûts indirects imposés par notre réglementation,
soit compatible avec la capacité de payer. Moi, je vous dis out de suite
qu'on est ouverts à une discussion dans le groupe, soit dans le cadre du
forum proposé par le comité de députés... Je dois
vous dire que, le 30 avril, nous avions nous-mêmes signalé notre
intention de provoquer de tels états généraux, si
c'était nécessaire.
Ce qu'on retient de ça, c'est que le Parti libéral, qui
est au pouvoir, est d'accord avec une formule de rationalisation. Prenons pour
acquis que les consommateurs, ceux qui paient les services, les employeurs, les
travailleurs professionnels, sont eux aussi d'accord avec une formule de
rationalisation; ils ne sont pas masochistes. Est-ce que je peux vous dire
qu'il y a un certain nombre de travailleurs qui sont aussi d'accord avec une
formule de rationalisation, quelle qu'elle soit? Et je pense que ça a
été mentionné, ce matin, par des intervenants syndicaux,
et c'est aussi ce que certains sondages nous indiquent.
Alors, la question qu'on se pose: Qu'est-ce qui empêche le
ministre du Travail d'imposer un décret qui tient compte de la
volonté d'une majorité d'intervenants? Maintenant, si,
effectivement, M. le ministre, votre intention, c'est de prolonger le
décret pour une période de 6 mois, inévitablement le
diagnostic qu'on a fait le 30 avril est celui qu'on va faire, je ne sais pas,
le 14 ou 15 décembre. On n'a pas été capables de
s'entendre avec la coalition et ça, ils le reconnaissent
au cours des 4 premiers mois de la négociation, on n'a pas
été capables de s'entendre au cours des 45 jours d'extension du
décret. Compte tenu que ce sont les mêmes parties, compte tenu que
ce sont les mêmes règles de négociation, compte tenu que
nos employeurs, qu'on a rencontrés la semaine dernière, nous ont
dit: II n'est pas question de modifier une virgule de notre mandat, qu'est-ce
qui vous ferait dire qu'on serait capables d'arriver à une entente?
Alors, je termine parce que vous m'avez alloué plus de temps que
ce à quoi je pense, j'ai droit, M. le Président. Je vous en
remercie. Je reviens à une proposition qu'on a faite le 30 avril qui est
celle des états généraux. Il est important, d'abord, qu'on
fasse une distinction des dossiers. Au tout début, le comité de
députés, à mon avis, a mêlé un certain nombre
de dossiers. On mêlait les problèmes de contingentement, de cartes
de compétence, de règlement de placement avec la
négociation; ce sont 2 choses complètement différentes.
Et, d'ailleurs, probablement qu'on aurait été capables de
s'entendre sur plusieurs modalités, n'eût été qu'on
avait le décret dans les jambes. Et c'est une des raisons pour laquelle
on vous demande, M. le Président, d'imposer un décret.
Mettons-le de côté et vous allez voir qu'à partir du
moment où, de part et d'autre, on n'aura pas à répondre
à notre «membership» sur des conditions de travail, on
n'aura strictement qu'à concentrer nos efforts sur l'ensemble de la
réglementation qui va nécessiter, même, beaucoup plus
d'énergie qu'on en a mis dans la négociation. On pense que, dans
le cadre des états généraux où il y aurait d'autres
intervenants que les intervenants traditionnels, à savoir les centrales
syndicales, les associations patronales traditionnelles et l'AECQ, il n'y a pas
de restrictions à ce niveau-là, sauf celle selon laquelle, je
suppose, on devrait faire intervenir dans un dossier une partie qui est
intéressée. Je verrais très mal je vais vous donner
un exemple un peu farfelu l'association des propriétaires
d'immeubles à logements venir intervenir à une table qui va
traiter du processus de négociation. Je ne pense pas que ce soit utile
et je ne pense pas que ce soit l'intention de qui que ce soit qui voudrait
proposer des états généraux.
Mais, chose certaine, nous devons passer par cette
étape-là parce que notre régime, comme Maurice Pou-liot
l'a mentionné, est malade. Il n'est pas malade parce que la partie
syndicale n'est pas capable d'avoir de vide juridique, il n'est pas malade
parce que la partie syndicale ne peut pas exercer son droit de grève ou
son droit de tordage de bras sur les chantiers. Il y a au moins 2 personnes de
la commission qui ont demandé à M. Pouliot: Comment vous
exerceriez votre droit de vide juridique? J'attends encore la réponse,
je ne l'ai pas entendue. Peut-être que c'était un petit peu
gênant d'y répondre.
Alors, M. le ministre, je conclus en vous disant, au nom du bien de
l'industrie, pas celui des employeurs, pas celui des travailleurs, pas celui
des consommateurs, celui de l'ensemble de l'industrie: S'il vous plaît,
servez-vous de l'article 51 qui a été prévu pas juste pour
donner de la rétroactivité de 0,85 $ pour finir des travaux des
chantiers olympiques, qui a été, je suppose aussi, inclus pour
régler des problèmes comme ceux qu'on connaît
présentement. Les 2 parties ne seront jamais en mesure de s'entendre,
dans le cadre de la présente négociation, en raison des mandats.
Et, dans ce contexte-là, nous vous soumettons très humblement, M.
le ministre, qu'il serait utile et nécessaire que vous interveniez dans
le sens que nous l'avons mentionné.
Le Président (M. Gobé): Alors, je vous remercie. En
effet, on vous a laissé terminer votre présentation, et ceci,
d'un commun accord entre les 2 partis.
Aussi, je vous aviserai qu'il vous reste, M. le ministre, 15 minutes, le
porte-parole de l'Opposition officielle aussi, et M. le député de
Drummond, 3 minutes. Alors, M. le ministre, vous avez la parole. Le temps
tourne.
M. Cherry: Merci, M. le Président. Nous avons convenu de
vous laisser excéder vos 20 minutes parce qu'on pense que, bien
sûr, le fait qu'il y a eu 4 associations syndicales qui sont intervenues
et 1 association patronale il semble en tout cas, à celui qui
vous parle c'est une façon un peu d'équilibrer les choses
et de vous permettre d'aller plus loin là-dedans.
S'il y a une chose qui faisait consensus en tout
cas, la perception que j'en avais et que j'en ai toujours à vous
entendre, une autre journée comme celle d'aujourd'hui s'il y
avait un point où l'ensemble des intervenants dans le secteur de la
construction avait un but commun, c'était celui du travail au noir dans
l'industrie. Celui-là, ça me semblait d'une unanimité,
là... J'ai dit: Bon, s'ils ne peuvent pas s'entendre parce que,
bien sûr, j'aurais souhaité que les 45 jours vous permettent de
vous entendre sur plusieurs choses il me semble qu'au moins sur ce qui
constitue la plus grande menace à votre industrie comme entrepreneurs et
comme travailleurs, au moins sur celle-là, vous auriez pu, vous auriez
dû c'est l'espoir que j'entretenais profiter de ces 45
jours-là pour, au moins, identifier ensemble des pistes de solution.
Alors, ma question: Est-ce que vous en avez discuté? Si oui,
est-ce qu'il y a eu des pistes de solution d'identifiées?
«C'est-u» le problème à l'intérieur de la
négociation? Qu'est-ce qui fait que les gens dont le pain et le beurre
sont menacés quotidiennement par un fléau qui s'appelle le
travail au noir ne sont pas capables de s'asseoir puis de profiter d'une
occasion comme celle-là, avec la présence d'un conciliateur, avec
la présence d'un sous-ministre adjoint, et dégager des pistes de
solution pour protéger ce qui est leur gagne-pain? J'ai besoin de vous
entendre là-dessus. Ça m'aiderait.
M. Brown: M. le ministre, on a indiqué, au moment
où on a justifié notre cahier de demandes, que nos demandes de
rationalisation auraient un effet direct sur le travail au noir. Ce qu'on avait
indiqué très clairement, d'autre part, et on l'a
répété pour éviter qu'on soit l'objet de discours
démagogiques ce que ça n'a pas empêché
c'est que ce n'était pas «la» solution pour combattre le
travail au noir; c'est une des solutions.
Évidemment, là où ça a constitué un
problème, c'est à partir du moment où on s'est
retrouvés en négociations. Alors qu'à notre table de
concertation sur le travail au noir avec la FTQ, le conseil provincial et la
CSN-construction, on discutait de ça, on a l'emmerde de la table de
négociation dans les jambes, dans le sens suivant et je pense que Yves
Paré l'a mentionné tantôt. C'est évident qu'à
partir du moment où vous retenez une prémisse selon laquelle le
coût de main-d'oeuvre a une incidence sur le travail au noir,
c'était en tout point compatible avec notre cahier de demandes. Et la
partie syndicale a dit, et c'était de bonne guerre à cette
époque-là parce qu'on commençait de s'asseoir à la
table de négociation: Bien, écoutez, si vous nous obligez
à accepter cette hypothèse-là, là, on a un
problème. On a dit, pour ne pas faire casser la table de concertation:
O.K., on va la tasser de côté, on va la suspendre, on va finaliser
le dossier de la négociation et on reviendra. Parce que, M. le ministre,
on s'entend sur un très grand nombre de mesures. Parce qu'à
l'intérieur des propositions que nous avons faites ou que la partie
syndicale a faites il y a des mesures administratives, il y des mesures
d'application réglementaires, il y a des mesures qui font intervenir les
municipalités, différentes organisations qui interviennent dans
le milieu, etc.
Je vous disais que le seul obstacle qu'on a dans la discussion qu'on a
tenue jusqu'à date, c'était le concept selon lequel les
conditions de travail ont une incidence quelconque sur le travail au noir. Et,
plus encore, à la table de négociation, la partie syndicale nous
a dit très clairement et je ne fais pas d'interprétation,
c'est presque le mot à mot: Selon nous, la partie syndicale, le
coût du décret n'intervient d'aucune espèce de façon
dans le travail au noir. C'est évident qu'on a un sérieux
problème. Mais, si on isole cet élément-là, il n'y
a aucun doute dans notre esprit qu'on est capables de faire un maudit grand
bout. Et ça pourrait... Je ne vous dirai pas que ce serait suffisant
pour enrayer le travail au noir, mais ce serait suffisant pour porter
échec au travail au noir. Mais on a un problème avec ça,
M. le ministre. (17 h 40)
On ne peut pas, d'un côté, prévoir des mesures
coercitives, des mesures policières, et je ne sais trop quoi, pour
supporter un décret qui, à notre avis, est trop dispendieux. Pour
la partie syndicale, c'était emmerdant d'accepter le concept ou la
prémisse avant d'aller à la table de négociation. Je dois
vous dire qu'on a le même maudit problème. Parce que, si la partie
syndicale s'attend à ce qu'on embarque dans des mesures coercitives
tu sais, les visites sur les chantiers, là, moi, j'appelle
ça, que ça leur fasse plaisir ou pas, des jobs de bras
c'est évident, M. le ministre, qu'on ne sera pas d'accord. D'abord, par
principe, on n'est pas d'accord avec de telles mesures, et, si c'est pour faire
appliquer artificiellement un décret qui est cliniquement mort,
là, on a un problème. Mais il reste suffisamment de mesures qui
ne sont pas directement reliées au décret pour nous permettre de
faire un très grand bout.
Moi, je prends pour acquis, si on recommence à se parler, si on
est capables de se parler d'une façon civilisée et de se traiter
d'une façon civilisée, peut-être qu'au lendemain de je ne
sais trop quoi, d'une entente j'essaie de le dire sans rire ou de
l'imposition d'un décret, on va revenir à la table et on va, pour
une fois, se comporter comme des parties sérieuses, et non pas des gens
qui agissent strictement selon des intérêts corporatistes.
M. Cherry: O.K. Concernant le sommet qui fait l'objet de... Tous
les gens ont été consultés là-dessus, et vous en
avez tantôt dit: C'est nous qui avions suggéré quelque
chose de cette nature-là. Je crois que vous souhaitiez peut-être,
comme organisme, l'AECQ, en tenir un entre vous. Évidemment, ce que je
propose, c'est vraiment un sommet de la construction élargi, où
il n'y aurait pas uniquement les gens qui sont à la table de
négociation, mais bien d'autres intervenants pour qui le secteur
d'activité de la construction est extrêmement important.
Évidemment, ça aurait aussi, il me semble, l'avantage...
Là, je vous incite à réagir là-dessus. Les
propositions... Vous dites: On serait capables de s'entendre sur les aspects du
travail au noir. Évidemment, un sommet, ça se fait en public,
ça. Il ne s'agit pas
avoir un langage quand la porte est fermée, entre >us, et un
deuxième. Un sommet, tout ça, se passera s façon publique.
Donc, le comportement des uns et « autres pourra être suivi par les
médias et évalué issi par l'ensemble de la population.
Mais, comme il nous reste peu de temps, vous nez déclaré,
M. Brown, le 21 mai, je crois, la journée u congé, de la
fête de Dollard ou de la reine Victoria, épendamment: Nous allons
débuter des négociations de icon sérieuse. Nous avons
l'intention de déposer des repositions. Qu'est-ce qui s'est passé
entre le 21 et la emaine dernière où vous avez
décidé de quitter la table e négociation? Effectivement,
est-ce que vous avez 'Oursuivi, selon la déclaration que vous aviez
faite le '4... C'est bien ça, le 24?
M. Brown: Je pense que c'est le 24, oui.
M. Cherry: Vous aviez déclaré que vous com-nenciez
à négocier sérieusement. Vous aviez l'intention ie faire
des propositions. Est-ce que, effectivement, ces gestes-là ont
été posés? Et, par la suite, qu'est-ce qui vous a
amenés, presque 10 jours plus tard, à vous retirer de la
table?
M. Brown: Je vais qualifier, si vous me permettez, M. le
ministre, ma déclaration. Ce que j'avais indiqué à ce
moment-là, c'est qu'on allait s'attaquer, à partir de cette
semaine c'était, je pense, le mardi au vrai
problème de notre décret, c'est-à-dire tout l'aspect
directement et indirectement à incidence monétaire. Parce que
tout ce qu'on avait fait depuis la reprise des négociations, le 6 mai
dernier, en présence du conciliateur, c'est tenter de développer
une certaine relation entre les 2 parties. Si bien que ce qu'on faisait, selon
l'expression qu'on utilisait à la table, on discutait de normatif
léger.
Mais, vous savez, à partir du moment où vous ne pouvez
même pas vous entendre sur une définition à inclure dans le
décret, qui serait en tout point conforme à la définition
prévue dans votre loi-cadre, on a un maudit problème. Et
ça, on en a rencontré tout le long. Alors, ce qu'on ne voulait
pas, c'est perdre du temps à la table de négociation. On ne
voulait pas qu'on nous fasse meubler du temps à la table de
négociation. Alors, ce que j'ai dit le 24, c'est que notre intention
était de nous attaquer aux clauses sérieuses du décret.
C'est dans ce sens-là que je l'ai mentionné, M. le ministre. Et,
effectivement, avec l'intervention du conciliateur, nous avons commencé
à discuter de vrais dossiers, en commençant par la section 21, si
je me rappelle bien, la section des horaires de travail, où nous sommes
en demande et ce, d'une façon assez substantielle.
Et, sur toutes nos demandes, on a essuyé des refus
catégoriques. Ça nous donnait déjà une indication
qu'on pressentait bien avant même.le début de la
négociation, à savoir que la partie syndicale je vais
être poli quand je vais dire ça; ils vont probablement m'en
remercier probablement n'avait pas le mandat de discuter de nos demandes
de rationalisation.
On a fait cet exercice-là pendant quelques jours. Puis, je vous
donne un peu l'événement, là, qui a conduit à la
rupture de la table; il y a une déclaration d'un porte-parole syndical
qui dit: Si vous pouviez nous proposer des mesures pour enrayer le travail au
noir qui s'adresseraient aux employeurs... En d'autres mots, qu'est-ce que vous
allez faire, vous autres, contre les employeurs qui vont travailler au noir? 11
dit: Peut-être qu'on serait ouverts. Alors, on convoque un
exécutif le lendemain matin, on fait accepter ou adopter un certain
nombre de mesures. Ce n'était même pas limitatif; on était
disposés à en déposer davantage. On les indique
verbalement à la partie syndicale, et M. Yves Paré a même
dit que c'était positif. Compte tenu de son langage, je dois vous dire
que, probablement que, si on ne l'avait pas retenu de chaque côté
de la chaise, il serait tombé en bas de sa chaise. C'était
probablement très, très positif. Alors, on s'attendait, nous,
à ce qu'il y ait ouverture. Et, la coalition a dit: Oui, on pressentait
que vous alliez ouvrir, on est disposés à vous présenter
une contre-proposition, à laquelle les gens ont fait allusion
tantôt. Permettez-moi d'avoir une opinion différente sur le
contenu de la contre-proposition.
Je vais vous donner un exemple, juste pour illustrer un peu notre
prétention. Nous étions en demande pour qu'il y ait une
période de probation de 5 jours pour l'employeur. En d'autres mots,
parce que vous n'embauchez pas qui vous voulez, vous avez des règles de
contingentement, vous avez des règles de placement, et, dans certains
cas, vous avez même des bureaux, des agences syndicales de placement qui
vont vous obliger à embaucher Pierre, Jean ou Jacques, et, à ce
moment-là, vous êtes pris avec un travailleur et vous n'avez pas
l'opportunité de vérifier s'il est en mesure de faire le travail
pour lequel vous l'avez embauché. Ce qu'on demandait, et on ne
considérait pas que c'était déraisonnable, c'est que
l'employeur dispose d'une période de 5 jours pour une période de
probation.
Alors, la partie syndicale, quand on a présenté la demande
la première fois, a dit: Non, il n'en est pas question. Et ils sont
revenus avec une contre-proposition. Ils ont dit: On est prêts à
accepter une période de probation de 5 jours en autant que vous
acceptiez notre demande je m'excuse, j'ai un blanc de mémoire
sur le régime d'ancienneté. Alors, je ne sais pas si vous
connaissez un peu les relations de travail. Vous avez une idée?
Seriez-vous prêts à échanger un régime
d'ancienneté contre une période de probation de 5 jours?
Contrairement à ce que les gens qui nous ont
précédés nous ont indiqué, est-ce que vous pensez
à un régime d'ancienneté dans l'industrie de la
construction où l'employeur embauche selon la durée du chantier,
où il n'a même pas, bien souvent, le choix de sa main-d'oeuvre?
D'autre part, pour avoir droit à une période de probation de 5
jours, vous allez devoir accepter le concept d'une règle comme celle que
je viens de vous décrire. Et je vous fais grâce des autres
contre-propositions ou des autres échanges que la partie syndicale
était prête à
faire. Je dois vous dire qu'au moment où on a
décidé de suspendre pour étudier plus à fond la
contre-proposition les porte-parole syndicaux avaient de la difficulté
à garder leur sérieux.
Alors, on a analysé, M. le ministre, la contre-proposition. On
devait les rencontrer le jeudi, à 15 heures. On devait étudier la
contre-proposition, ce que nous avons fait. Notre comité de
négociation a évalué l'ensemble de la situation et nous
avons décidé qu'il était inopportun de faire accroire au
ministre du Travail, aux membres de cette commission, que, si on restait
à la table de négociation, même si on n'échangeait
rien, avec le temps ou par épuisement, on arriverait à une
entente. Ce que nous avons fait, c'est qu'on s'est retirés de la table
parce qu'il n'y avait rien à faire. De la même façon, M. le
ministre, qu'on vous indique, aujourd'hui, avec toutes les pressions possibles
qui pourraient nous être opposées, malgré tous les leviers
qui pourraient être utilisés contre nous, qu'il n'y a rien
à faire parce que nos mandats respectifs sont trop distants l'un de
l'autre. Alors, c'est la raison pour laquelle on est sortis de la table.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup. C'est
là tout le temps qui vous était imparti, M. le ministre. Je
passerai donc maintenant la parole à M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui, merci, M. le Président. Je vous ai
écouté attentivement concernant le travail au noir. Vous avez
dénoncé certaines pratiques, certaines façons de
procéder, mais, tout à l'heure, on entendait le pronostic des
intervenants précédents qui, d'une part, dit: Pour nous, le
travail au noir, ça découle d'abord, 1, d'un manque de travail
évident sur le terrain; deuxièmement, de la fiscalité qui
est imposée. Est-ce que vous croyez que la fiscalité qu'on
connaît actuellement, qui est imposée à l'ensemble des
travailleurs, ça a de l'influence sur le travail au noir ou bien si
ça ne rentre pas là? (17 h 50)
M. Brown: Je ne suis pas économiste, M. le
député. Je ne vais que répéter ou faire part du
contenu d'un sondage qu'on a effectué auprès d'employeurs, et
d'un sondage indépendant qu'on a fait effectuer également par des
firmes extérieures auprès de travailleurs. Et, dans les 2 cas,
les 2 groupes ont identifié 2 sources à peu près au
même rang. La marge est tellement infime que, finalement, on les situe
les 2 au même rang comme étant catalyseurs du travail au noir. Il
y avait le coût des taxes et des impôts et il y avait les taux de
salaires. Et ça, je vous rappelle que c'est ce qui est sorti du sondage
qu'on a effectué auprès des travailleurs.
À partir du moment puis, c'est ce que les
économistes prétendent où vous vous retrouvez avec
un écart très important entre le taux au blanc et le taux au
noir, inévitablement, vous allez avoir une augmentation du travail au
noir. Et plus vous réduisez et c'est notre théorie
l'écart entre le taux au blanc et le taux au noir, plus vous êtes
susceptible de récupérer des heures qui sont effectuées au
noir, parce que les professionnels de la construction, à savoir les
travailleurs à l'emploi d'employeurs professionnels, en tout cas, je dis
sans gêne qu'ils vont faire des travaux d'une meilleure qualité
que n'importe quel Jos Bleau.
M. Dufour: Est-ce que vous croyez que l'application des lois
telles qu'on les connaît, pas juste avoir des lois... Vous avez dit tout
à l'heure qu'il y avait une différence entre le langage et le
faire. Mais, je veux dire, il y a une différence entre une loi, puis
l'application de la loi. Avec l'application des lois qu'on connaît et des
règlements qui régissent le système de construction,
est-ce que vous croyez qu'il est possible de diminuer le travail au noir?
M. Brown: Fort probablement. Évidemment, le
règlement de placement que votre parti a introduit de
mémoire, je pense que c'est en 1977 ou 1978 évidemment, on
se rappelle sa raison d'être: c'était pour garantir les emplois
aux vrais travailleurs de la construction. Mais, évidemment, si
l'intention était bonne, il y a certaines applications qui sont
emmerdantes, parce que ça fait en sorte que l'employeur, dans certains
cas, ne peut pas donner du travail à un salarié parce qu'il ne
correspond pas à la définition prévue dans le
règlement, qui est celle du salarié permanent. Alors, c'est un
règlement qui est censé régler un problème et,
finalement, qui en cause un autre. Si vous parlez des définitions de
métiers, les définitions de métiers sont très
compartimentées. Ça fait obstacle à toute forme de
polyvalence. Dans bien des cas, vous êtes obligé de mettre
à pied un salarié parce que, techniquement, il ne possède
pas la qualification, la carte je ne dis pas la compétence
pour faire le travail.
Quand vous parlez des ratios compagnons-apprentis qui n'ont pas
été modifiés depuis une vingtaine d'années, si ce
n'est pas plus, évidemment, à partir du moment où vous
voulez introduire des nouveaux salariés dans la construction
parce que vous voulez, éventuellement, remplacer votre main-d'oeuvre
vieillissante et que vous avez l'obstacle réglementaire des
ratios compagnons-apprentis, bien ça, c'est une autre indication de cas
où les règlements, probablement au moment où ils ont
été introduits, c'était de bonne foi, puis c'était
pour régler des problèmes, mais on ne peut pas toujours
prévoir les nouveaux problèmes qui vont découler de cette
réglementation. C'est dans ce sens-là que les états
généraux sont extrêmement importants. Il faut non seulement
accoler notre décret à la réalité des années
quatre-vingt-dix, mais c'est aussi vrai pour certaines dispositions de la
loi.
Mais ceci dit, M. le député, on ne prétend pas,
nous, qu'il faut renverser tout le système. On ne prétend pas que
toutes nos lois, puis tous nos règlements ne fonctionnent plus, mais il
y a des dispositions, à l'intérieur de ça, qu'il faut
carrément revoir. Et il faut surtout éviter de faire du
«patchage», et éviter, ce que les gouvernements qui se sont
succédé ont eu, malheureusement, l'idée de
faire, qui est de réagir en catastrophe. Ce qu'il faut faire,
c'est une planification un peu plus longue, et c'est pourquoi la proposition du
groupe de députés de prévoir des états
généraux pour une période de 6 mois, à notre avis,
c'est nettement insuffisant. Ce qu'on dit dans notre mémoire, c'est
peut-être 1 an, c'est peut-être même 18 mois. Écoutez,
juste les définitions de métiers, ça n'a pas
été modifié, sauf des amendements mineurs, depuis 1969 ou
1970. Il y a des problèmes du côté syndical à
s'entendre sur de nouvelles définitions. Il y a des problèmes,
également, du côté patronal, pour s'entendre sur de
nouvelles définitions. Si quelqu'un prétend que ça peut se
faire en 6 mois, bonne chance! Mais, moi, je n'y crois absolument pas.
M. Dufour: Comment vous vivriez ça, un vide juridique qui
a été proposé par des groupes d'intervenants? Ils ont dit:
Laissez faire les règles du jeu. Comment vous vivriez ça, vous
autres?
M. Brown: Laisser faire les règles du jeu, ça veut
dire qu'ils acquièrent le droit de grève, qu'on acquiert notre
droit de lock-out. Je dois vous dire que, dans la présente
négociation, on a fait l'évaluation chez nous par rapport
à notre droit de lock-out, comme, je suppose, la partie syndicale l'a
faite pour le vote de grève. Notre lecture à nous, pour notre
groupe, le groupe qu'on représente, c'est que le peu d'employeurs qui
ont la chance ou la malchance d'avoir des contrats parce que les
contrats se donnent à des prix assez bas, je vous remercie ceux
qui ont cette chance ou cette malchance n'auraient peut-être pas le
goût de se sacrifier au nom de la collectivité. Je peux
présumer, M. le député, que le même concept, la
même appréciation peut se faire à l'égard des
travailleurs qui ont la chance de travailler.
Donc, est-ce qu'effectivement, de part et d'autre, on pourrait exercer
notre droit de lock-out ou de grève? Je ne suis pas certain. Mais,
évidemment, il y a une question... Deux fois, je l'ai dit tantôt,
vous avez posé la question, de part et d'autre à M. Pouliot:
Ça voudrait dire quoi, dans les faits, vivre le vide juridique? Je n'ai
pas entendu la vraie réponse qui est celle de dire: Convaincre les
employeurs de faire des concessions qu'ils n'ont pas le goût de faire. Je
n'ai pas besoin de qualifier la façon de le faire, là, ça
ne serait pas honnête de ma part. Mais c'est ça, le vide
juridique: l'exercice du droit de grève et du droit de lock-out et,
selon la culture de notre industrie, convaincre des gens de faire des choses
qu'ils n'ont pas le goût de faire.
M. Dufour: Est-ce que vous croyez que...
M. Couillard: Au-delà du vide juridique, M. le
député...
M. Dufour: Oui.
M. Couillard: ...il faut aussi comprendre qu'on a
négocié depuis quand même le mois de février, le 8
février de cette année, en aucune façon, la partie
syndicale n'a fait de mouvement quelconque pour négocier à la
table de négociation. Elle n'a que meublé le temps. Elle se
refuse totalement à la rationalisation dans l'industrie de la
construction, bien que l'ensemble de l'économie du Québec y voie
un avantage énorme. Au-delà du vide juridique, ça
n'apporterait rien.
M. Dufour: Mais, est-ce que... Bon, en fait, on pourrait
peut-être épiloguer assez longtemps là-dessus, puis on
pourrait rester avec chacun des opinions contraires. Mais, pour moi, c'est
surtout d'avoir vos prises de position à vous autres, je pense, qui est
intéressant, comme je l'ai fait avec d'autres intervenants. Vous, est-ce
que vous croyez sincèrement que c'est réaliste, à quelque
part, de demander que ce décret soit imposé pour une durée
de 3 ans avec un recul sur beaucoup de clauses qui concernent les
syndiqués? Est-ce que vous croyez que le gouvernement qu'on a en face de
nous, après tout ce qu'on a vu, pourrait faire ça? Et,
deuxièmement, est-ce que vous pensez que les employés...
Une voix: C'est souhaitable.
M. Dufour: II pourrait peut-être le souhaiter, mais je
pense que ça prend d'autre chose que ça. Est-ce que vous croyez
que vous pourriez, d'une façon quelconque, avoir un certain... que
ça serait vivable sur les chantiers si, ça, c'était
accepté? Peut-être que ce serait lancer un peu la perche au
ministre pour le sauver un peu, mais je pose la question bien franchement, bien
honnêtement, parce que c'est une question de fond, là, que je
pose.
M. Brown: D'abord, à votre première question, je
vous dirais qu'il n'y a personne de mieux placé que vous pour
répondre à ça, parce que vous avez vécu une
expérience de couper les salaires de la fonction publique. Et, à
ce que je sache, les gouvernements qui vous ont suivi ont pris bonne note de
votre expérience, et, surtout, des conséquences politiques du
geste que vous avez posé. Je ne le qualifie pas, là, je fais
juste répondre de cette façon-là.
Moi, je vous dirais que ce n'est peut-être pas la tradition, ce
n'est peut-être pas politiquement et je ne suis pas politicien
la chose à faire. Mais, vous savez puis c'est facile pour
nous de le dire, là, c'est pour ça que je qualifie ma
réponse; je ne veux pas avoir l'air du type qui connaît tout,
là à partir du moment où un gouvernement est
obligé d'assumer des responsabilités, assumer des
responsabilités, ça veut dire, des fois, poser des gestes que tu
n'as pas le goût de faire politiquement, mais, si tu t'es donné la
peine de te faire élire, c'est peut-être parce que tu as le
goût de changer des choses. Et le présent gouvernement a une belle
opportunité d'assumer une responsabilité et, je le
répète, je l'ai mentionné tantôt ce que les
parties n'ont pas eu le courage, n'ont pas été capables de
faire.
Ça, il faut le reconnaître quand même. Et c'est
malheureux qu'on doive s'adresser au ministre du Travail pour dire: Fais la job
à notre place! Mais, chose certaine, vu la situation économique,
la situation des entreprises, la situation des salariés, la situation
des consommateurs, dites-moi qui est contre.
Et je vais m'introduire dans votre deuxième question, quand vous
dites: Qu'est-ce qui arriverait sur les chantiers? Écoutez, là,
ce n'est pas de gaieté de coeur qu'on demande de couper les conditions
de travail des travailleurs de la construction. Évidemment, il y a des
gens qui aimeraient nous dépeindre comme étant des ogres, des
gens qui sont antisalariés, antisyndicaux. Puis, je ne vous vise pas
quand je dis ça; je vois votre réaction, là. Je ne pense
pas qu'on puisse nous prêter de telles intentions. Je dois vous dire que
les employeurs paient la note également, au moment où on se
parle. Est-ce qu'il va y avoir des problèmes sur les chantiers? On ne
s'attend pas à ce que les travailleurs disent: Merci, gouvernement, ou
merci, AECQ, d'avoir réduit nos conditions de travail! Mais, si on est
honnête intellectuellement, il faut avoir le courage, il faut avoir une
vision, si on est chef syndical, pour faire ça. Peut-être qu'on
est capables de faire la démonstration qu'on va échanger une
rationalisation des coûts de main-d'oeuvre pour une
récupération d'heures au noir, pour une
récupération d'heures qui sont effectuées
légalement en dehors du champ d'application. Probablement qu'on va
être capables de récupérer un certain nombre d'heures et
faire en sorte qu'on va augmenter le nombre d'heures, ce qui pourrait largement
compenser la baisse de rémunération.
Et je vais aller plus loin, M. le député, et je termine
là-dessus. Ce ne sont pas tous les travailleurs qui sont en
désaccord avec une rationalisation. Je ne prétends pas que la
majorité des travailleurs viendrait nous donner une tape dans le dos. Ce
n'est pas ce que je vous dis. Mais, écoutez, à partir du moment
où on décide d'assumer une responsabilité, il faut aller
jusqu'au bout, il faut avoir le courage de ses convictions. Mais, je vous
répète: C'est facile pour moi de faire cette
réflexion-là, je suis assis de ce côté-ci de la
table.
M. Dufour: Si je continuais à échanger avec vous,
je vous demanderais, parce que je veux juste aller sur votre hypothèse:
Est-ce que vous seriez prêts à ouvrir tous vos livres aux
syndiqués?
M. Brown: Dans quel sens vous posez la question?
M. Dufour: C'est parce que, en fait, on peut contrôler le
salaire d'un employé.
M. Brown: Oui.
(18 heures)
M. Dufour: Moi, je ne peux pas contrôler les profits d'un
employeur. Donc, dans un échange normal, en supposant que ça
pourrait se suivre et cheminer, est-ce que vous ne croyez pas que les
employés pourraient demander d'aller un petit peu plus loin dans la
démarche, à savoir: Est-ce que, moi, j'ai le droit d'être
partenaire, ou si je dois juste subir, ou si je dois vivre avec des
décisions qui seraient prises?
M. Brown: Je vais vous répondre de la façon
suivante. C'est une question que plusieurs journalistes nous ont posée.
Est-ce que ça ne se fait pas, cette rationalisation, sur le dos des
travailleurs? Évidemment, s'il n'y avait aucune forme de compensation,
comme celle que je viens de vous décrire, bien, là, il y aurait
un problème, ce qui ne serait pas le cas. Je dois vous dire qu'il y a un
ticket modérateur implicite ou intrinsèque dans la construction.
Y a-t-il une industrie ou un secteur économique, dans la province de
Québec, où il y a autant de compétiteurs que dans
l'industrie de la construction? Ma prémisse est fausse parce que ce
n'est pas tout le monde, tous les employeurs qui ont la compétence, la
technologie, je m'excuse, ou même l'envergure pour soumissionner sur
n'importe quel projet.
Mais, comment pensez-vous qu'un employeur peut je vais charrier,
juste pour illustrer mon point de vue prévoir un profit de 10 %
aujourd'hui, qu'il va garder dans sa poche et espérer obtenir un
contrat? C'est irréaliste, ça ne tient pas debout. Dans ce
sens-là, M. le député, le ticket modérateur qui
s'applique quotidiennement, dans l'industrie de la construction, c'est le
phénomène de la compétition. Et celui qui pense être
capable de faire des profits sur le dos des travailleurs, il n'aura pas
l'opportunité de le faire parce que, pour y arriver, il faut avoir un
contrat, et il n'obtiendra pas de contrat.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup. M. le
député, cela met fin au temps. M. le député de
Drummond, il vous reste 3 minutes.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Alors, vous allez
comprendre, M. le Président, que ma première réaction sera
une réflexion suite à la parole de M. Brown, lorsqu'il disait:
Ton père est plus fort que moi. Moi, j'ai l'impression, à
observer depuis 3 ans, que l'orchestre joue, les passagers s'amusent et le
bateau est en train de couler. Je pense que c'est la façon dont je
décrirais plus précisément votre situation dans
l'industrie de la construction.
J'ai été un de ceux, en 1990, qui ont fait la promotion,
avec le ministre du Travail du temps, d'une commission parlementaire
élargie itinérante. Lorsqu'on s'est réunis ici, au mois
d'avril, on a juste à regarder mes remarques de conclusion et mes
remarques d'ouverture... Aujourd'hui, on l'appelle un sommet au lieu d'une
commission parlementaire itinérante. Moi, je ne m'enfargerai pas avec
les mots, je vais accepter le sommet.
Faire un vide juridique, par contre... Je retiens ce que M. Pouliot et
les dirigeants, aussi M. Paré de la FTQ, ont mentionné, que, si
on était assurés, pendant une certaine période de temps,
qu'on pourrait avoir un
«ret... Et, à mon avis, je vais mettre cartes sur table
unédiatement, M. le ministre, pas plus de 6 mois, rec obligation de
résultat cette fois-ci. Je ne vous crois is, M. Brown, lorsque vous
affirmez qu'on ne peut pas igler, revoir les paramètres de la
construction en 6 lois. Bon Dieu! si on a été capables de nous
proposer harlottetown en moins de six mois, si on a été capa-les
de faire de grandes négociations, dans quelque îcteur
d'activité que ce soit, moi, je crois que des ommes et des femmes de
bonne volonté, qui vont 'asseoir dans un sommet et regarder tous les
paramè-res...
Parce que je pense que les problèmes, on les onnaît. Il y a
un problème au niveau des négociations les conventions
collectives. Il y a un problème, aussi, lui est le vieillissement de la
population, et j'ai eu 'occasion de tabler là-dessus au mois d'avril.
Qu'on le feuille ou qu'on ne le veuille pas, il va falloir réaliser
lu'avec le vieillissement de la population, avec la masse les «baby
boomers» qui se déplacent, le secteur de la ;onstruction, au
niveau locatif, sera en reprise seulement yers l'an 2000, et celui du bungalow
s'en va en dépérissant à partir de 1995 jusqu'à
dépassé 2000. Alors, c'est beaucoup plus que les 3 ans dont on
parle. Alors, on a besoin de regarder une négociation et une approche
fondamentale de gestion intégrée.
J'avais dit aussi, au mois d'avril, qu'il serait normal que la
Société d'habitation du Québec, qui est un des grands
donneurs d'ouvrage ici, au niveau de la construction, que les
municipalités... Il y a aussi des grands travaux au niveau du
gouvernement provincial, au niveau des institutions et, aussi, je pense qu'il y
a moyen d'inclure, au niveau des grands paramètres de la grande
construction industrielle, une gestion et une planification
intégrées. Tant qu'on ne regardera pas ça, on sera encore
assis ici.
Moi, ça fait 3 ans, depuis 1990, que je suis membre de cette
commission; on a fait décret après décret. Alors, M. le
ministre, je pense, moi, que de reconduire le décret pour 3 ans, ce
serait prolonger, puis projeter en avant les problèmes qu'on n'aurait
pas réussi à résoudre. Alors, moi, j'espère que la
conclusion de cette commission-là va être, au maximum, au maximum,
un décret de 6 mois, avec obligation de notre part, en tant que
parlementaires et je l'ai dit au mois d'avril, et je le
répète d'arriver au mois de décembre
jusqu'au 17 décembre avec tout le pouvoir législatif que
le législateur a ici, pour être capables de régler et
d'apporter les mécanismes ou solutions.
Et aussi, en passant, M. Brown, je regarde votre problématique
et, en tant qu'ex-employeur, ayant toujours cru, moi, à l'implication au
niveau de la santé et sécurité au travail, je pense, moi,
lorsque je regarde les taux qui sont payés aujourd'hui au niveau de la
construction, qu'il y aurait avantage aux partenaires de s'asseoir et de
regarder l'approche prévention des accidents. On serait capables
peut-être de dégager des marges de manoeuvre, au niveau des primes
du 100$, qui seraient drôlement intéressantes au niveau du
consommateur que nous sommes pour garder les prix bas.
Puis, il y a tout le phénomène aussi de la formation
professionnelle et du recyclage. Tous les intervenants ont été
d'accord à participer, puis ils voulaient avoir le ministre de
l'Industrie et du Commerce, le ministre du Travail, puis le ministre du Revenu,
puis le ministre des Finances. Je vais vous rajouter qu'on devrait avoir le
ministre de l'Éducation, aussi, présent. Parce que, tôt ou
tard, il va falloir réaliser les guerres qui se passent au niveau des
régions pour avoir toutes les options professionnelles au niveau de
chacune des commissions scolaires. Avec ça, on va continuer, quand je
regarde les 10 prochaines années au niveau de la construction, à
former des gens qui vont simplement grossir la masse de ceux qui ne seront pas
employables ou employés parce qu'il n'y en aura pas d'ouvrage. Ne nous
leurrons pas, appelons une pomme, une pomme. Alors, il va falloir qu'au niveau
des régions, aussi, avec le ministre de l'Éducation, on prenne
conscience qu'on est peut-être mieux de commencer à contingenter,
même si ça affecte un peu le prestige de chacune des commissions
scolaires qui ne pourront pas donner toute la vaste gamme des programmes de
formation. Alors, ceci étant dit...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: ...M. le Président, je vais vous demander de
conclure, avec votre grande générosité de 3 minutes...
Le Président (M. Gobé): Vous avez eu 3 minutes et
demie déjà.
M. St-Roch: Je vais conclure en disant, M. le ministre, que
j'espère, moi, qu'avant la fin de 1993 on sera capables de s'asseoir,
d'avoir dégagé un vaste consensus sur chacun des
paramètres. Puis, ceux qui sont plus intéressés, ils
auront juste à regarder mes remarques de conclusion et d'ouverture
d'avril, puis vous allez voir la position. Alors, si on veut aller dans un
sommet élargi pour apporter une solution, vous aurez toujours le support
du député de Drummond, M. le ministre.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Drummond. M. le député de
Jonquière, un mot de la fin, rapidement, 1 minute en terminant.
Remarques finales M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, je pense bien que ce qu'on avait prévu il
y a 45 jours, ça se produit. Le ministre trouve une voie
d'évitement jusqu'à un certain point, mais qui est difficile
à ne pas prendre: c'est qu'il doit y avoir un sommet. Moi, ce que je
souhaiterais, c'est que le ministre, pour une fois, se mouille un peu. C'est
qu'il nous
dise, qu'il publie un livre blanc, s'il le faut, qu'il donne un peu des
indications de quelle façon il veut y aller. À ce
moment-là, on se met en consultation, puis, là, il y a des
chances qu'on aboutisse à quelque part. Si on laisse ça, un
«free for all», où tout le monde a son mot à dire,
puis personne ne fait quelque chose, personne ne s'engage, moi, je pense que
c'est du laisser-faire, et on ne peut pas accepter aujourd'hui qu'une
prolongation de décret ne soit là que pour gagner du temps. Il
faut qu'il y ait un aboutissement. L'aboutissement, il me semble qu'on se l'est
fait dire... Ça ne fait pas longtemps que j'ai ce dossier-là,
moi. Si je continue, je vais dire que c'est un dossier pourri qui n'est pas
vivable, qui n'est pas acceptable par qui que ce soit. On sent bien qu'il y a
des malaises. Mais, des malaises, d'habitude, on essaie de les régler.
Et, si on prend cette décision-là de les régler, bien,
poussons notre réflexion jusqu'au bout, puis notre volonté de
régler le problème une fois pour toutes.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre, en terminant.
M. Normand Cherry
M. Cherry: Alors, M. le Président, l'exercice
d'aujourd'hui, même si le fait de le convoquer est quand même
décevant, dans le sens que notre premier but a toujours
été le même, que les parties puissent en venir à un
accord... Je pense qu'aujourd'hui ils sont venus nous faire la
démonstration que dans le contexte dans lequel c'est... Puis, tout le
monde a invoqué ses raisons, mais je pense que c'est M. Brown qui l'a le
mieux défini; il a dit: À cause de nos mandats respectifs, il n'y
avait aucune possibilité qu'on puisse s'entendre. À mon avis, le
contexte économique est le grand responsable de ça. Ceux qui les
ont précédés nous ont décrit de quelle façon
le mode de négociation, ils prétendent, ne peut pas leur
être juste, leur rendre ça de façon équitable.
La responsabilité de celui qui vous parle dans ce
dossier-là, dans un premier temps, c'est, bien sûr, avant que la
journée se termine, de faire les recommandations au Conseil des
ministres, à savoir quel est le chemin à suivre. Et ce qui a fait
l'unanimité aujourd'hui, ça a été quand même
la tenue d'un sommet, d'un sommet élargi, d'un sommet de façon
publique pour assurer que l'ensemble de la collectivité
québécoise va pouvoir avoir l'ensemble des messages de ceux qui
souhaitent faire de cette industrie-là quelque chose de valable. Le
président ne l'a pas dit aujourd'hui je parle du président
de l'AECQ mais, dans les rencontres qu'on a eues fréquemment
ensemble, il souhaitait toujours pouvoir revaloriser l'image de l'industrie de
la construction, l'image des entrepreneurs, l'image des travailleurs. Alors, il
me semble que le sommet est la première étape d'une
démarche comme celle-là. Je pense que, comme collectivité
québécoise, on a besoin de ça.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le ministre, au
nom de tous les membres de cette commission, je tiens à remercier les
représentants de la csn, de h csd, de la ftq et de l'aecq. ceci, donc,
met fin i nos travaux. je remercie aussi le secrétariat de la commission
et tous les gens qui ont participé. la commission est ajournée
sine die.
(Fin de la séance à 18 h 10)