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(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Jolivet): Mesdames et messieurs, si vous
voulez prendre siège, je suis prêt à débuter le
travail. Je déclare la séance ouverte et je rappelle le mandat
qui nous a été donné en vertu d'une décision
à l'Assemblée nationale: c'est de procéder à
l'étude de la directive 4 de la Société
générale de financement du Québec, annexée au
décret 85-93 du 27 janvier 1993. Je vous rappelle que l'avis de
convocation nous indique, à la demande du président de la
commission, M. Guy Bélanger: «Je vous avise que la commission de
l'économie et du travail se réunira le jeudi 8 avril 1993, de 10
heures à 12 h 30 et après les affaires courantes jusqu'à
18 heures à la salle...», où nous sommes actuellement.
Alors, je demande à la secrétaire d'annoncer s'il y a des
remplacements.
La Secrétaire: Oui. M. Bergeron (Deux-Montagnes) remplace
M. Bélanger (Laval-des-Rapides); M. Richard (Nicolet-Yamaska) remplace
M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine); M. Philibert (Trois-Rivières)
remplace M. Lemire (Saint-Maurice); Mme Carrier-Perreault
(Chutes-de-la-Chaudière) remplace M. Blais (Masson) et Mme Marois
(Taillon) remplace M. Chevrette (Joliette).
Le Président (M. Jolivet): Alors, je demande à ce
moment-ci aux membres de la commission de nous déterminer de quelle
façon ils ont l'intention de procéder. Mme la
députée.
Mme Dionne: Oui, M. le Président, je sollicite le
consentement de cette commission pour que le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie participe aux travaux de la commission.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a consentement?
Non. M. le député de Drummond lève la main.
M. St-Roch: Oui, M. le Président. Pour des motifs que le
bureau du leader connaît et aussi pour une deuxième raison:
lorsqu'on a fait la commission de l'économie et du travail concernant le
plan d'Hydro-Québec, il y a des questions qui ont été
posées de la part du député de Drummond et aussi,
jusqu'à un certain point...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, si
vous voulez arrêter juste un instant...
M. St-Roch: Non, bien, juste vous donner une explication, et je
conclus, M. le Président, très vite. On est encore dans l'attente
des réponses concernant Petresa de la part d'Hydro-Québec et,
pour cette raison, je ne donne pas mon consentement. Et je suggérerais
même qu'on reporte cette commission jusqu'à temps qu'on ait les
informations.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. La première
chose, c'est que vous ne donnez pas votre consentement à ce que le
ministre soit membre de la commission, si je comprends bien. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Motion proposant d'entendre le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie
Mme Dionne: Oui, M. le Président. Compte tenu qu'on n'a
pas consentement, je ferais une motion, selon l'article 164: «Que la
commission, afin d'accomplir le mandat qui lui est imparti par la loi, entende
le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.»
Le Président (M. Jolivet): À ce moment-là,
vu qu'il y a un délai de 15 jours, est-ce que vous avez le consentement,
si jamais la motion était adoptée, à l'effet que le
ministre accepterait d'y participer, Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata?
Mme Dionne: Oui. Je pense qu'on pourrait déjà,
compte tenu que le ministre est dans cette salle, avoir son consentement tout
de suite, maintenant, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant, parce que,
là, vous me dites que ce n'est pas ça. Alors, j'aimerais que vous
interveniez, mais on pourra demander, à ce moment-là, au
ministre, tout à l'heure, si jamais la motion était
adoptée, s'il accepte.
Mme France Dionne
Mme Dionne: D'accord. Alors, M. le Président, comme vous
le savez, la loi de la SGF est très claire et relève du ministre
de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Et, dans les
règlements et les directives qui sont impartis à la SGF, cette
directive demande à la commission parlementaire d'entendre la SGF sur le
dossier, à tout le moins de débattre du dossier. Comme vous le
savez, la SGF est une compagnie qui est constituée en vertu de la loi de
la SGF du Québec. Le gouvernement du Québec a approuvé, le
27 janvier 1993, une nouvelle directive émise à la SGF par le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie; cette directive
autorise la SGF à investir dans un projet Petresa Canada, ce que ne lui
permettait pas la directive 2 approuvée par le gouvernement le 21
novembre 1979.
II est clair, d'après la directive, que les procédures en
vigueur sont que la commission parlementaire doit entendre et débattre
ce dossier. Et, dans ce sens, nous avons besoin de la présence,
d'entendre le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie pour
s'assurer que les directives sont bien suivies et que le dossier répond
à la responsabilité du ministre.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a quelqu'un...
M. le député de Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Oui, M. le Président. Sur la motion de Mme la
députée de...
Le Président (M. Jolivet):
Kamouraska-Témiscouata.
M. St-Roch: ...Kamouraska-Témiscouata. Oui, la loi dit
qu'il faut que nous entendions la Société générale
de financement lorsqu'il y a un décret qui est émis. Je ne
plaiderai pas sur ce point, M. le Président, parce qu'il serait normal
qu'on l'entende. Seulement, il reste une chose: lorsqu'on est des
parlementaires, lorsqu'on veut entendre un ministre sur une directive, je pense
qu'on se doit aussi d'avoir tous les faits. Alors, si vous remontez au
début de ce dossier qui a donné l'autorisation à la SGF de
s'impliquer jusqu'à la hauteur de 49 % dans Petresa, il y a eu d'autres
négociations aussi, qui ont été parallèles, avec
une autre société d'État qui relève aussi de la
commission de l'économie et du travail et qui est
Hydro-Québec.
Lorsqu'on a regardé le plan de développement
d'Hydro-Québec, M. le Président et je suis intervenu sur
des directives, à ce moment-là, au niveau de la tarification et
au niveau des dépôts on a demandé des questions qui
étaient spécifiques à Hydro-Québec. Et, à ma
connaissance, après vérification, ce matin, avec le
secrétariat, nous n'avons pas encore reçu les réponses
concernant les modalités entre Petresa et Hydro-Québec. Alors, je
pense, moi, que dans le but... Puis prendre l'opportunité aussi d'avoir
M. le ministre, ici présent, avec nous. On devrait regarder l'ampleur de
ce décret-là, parce qu'il y aura des débouchés
futurs, dans beaucoup d'autres projets d'organisations, qui viendront.
Alors, mon but, M. le Président, n'est pas, à ce
moment-ci, de refuser qu'on entende le ministre, n'est pas que la commission de
l'économie et du travail se refuse à entendre et à
compléter son mandat, mais seulement de reporter jusqu'à temps
qu'on ait les informations d'Hydro-Québec. On est encore au tout
début d'une session et on pourra revenir, à ce moment-là,
M. le Président, avec tous les faits qui nous permettraient, en tant que
parlementaires, d'accomplir notre mandat.
Et je vous avise que je ne suis pas capable de supporter la motion de
Mme la députée et que je voterai contre. (10 h 10)
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'au- tres
interventions?
Mme Dionne: Oui, M. le Président. J'aimerais seulement
ajouter que c'est selon l'article 15 de la loi de la SGF du Québec qu'on
est ici ce matin, et qu'on doit travailler en commission parlementaire. Et
c'est important que le ministre puisse être entendu, avec le
président de la Société générale de
financement. Et, si la commission parlementaire choisit parce que je
pense qu'on peut le faire par voie de vote de le faire, j'aimerais aussi
que le président de la SGF soit entendu.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres...
Oui, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Alors, je comprends, M. le Président, qu'il y a
une motion de Mme la députée de Kamouraska-Témiscouata, un
si beau comté! Cette motion est à l'effet... Peut-on la relire,
M. le Président, nous la relire?
Le Président (M. Jolivet): Oui, la motion est à
l'effet d'entendre le ministre... que le ministre siège comme membre de
la commission parlementaire.
Mme Dionne: Non, M. le Président. Le Président
(M. Jolivet): Excusez-moi.
Mme Dionne: La motion est à l'effet que la commission
entende le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Le Président (M. Jolivet): Entende. Excusez-moi. C'est
ça, excusez-moi. Entende.
Mme Harel: Donc, que le ministre vienne témoigner devant
la commission, si je comprends bien, M. le Président. Et est-ce que la
motion inclut également que l'on entende le président de la
SGF?
Mme Dionne: II pourrait être accompagné du
président de la SGF, effectivement, selon l'article 170 de notre
règlement.
Le Président (M. Jolivet): Mais je tiens à vous
dire que ce n'est pas l'objet de la motion que vous avez faite.
Mme Dionne: Non, j'ajoutais ça comme complément
d'information, mais je peux le retirer pour le moment si on doit
débattre la première motion.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve a d'autres...
Mme Harel: M. le Président, évidemment, nous sommes
ici, nous, de l'Opposition, pour favoriser le
débat ce matin. Et, ce que nous souhaitons, bien
évidemment, c'est que le président de la SGF soit entendu. La
directive pourrait être adoptée par la commission, sans même
avoir eu un débat de fond, si nous ne procédions pas de cette
façon.
Je veux, par ailleurs, M. le Président, vous dire que nous
comprenons parfaitement bien les motifs fort compréhensibles en vertu
desquels le député de Drummond a souhaité refuser son
consentement. Nous comprenons que, compte tenu de l'attitude du leader du
gouvernement et du bureau du leader envers le député de Drummond,
et compte tenu des refus de répondre aux questions qu'il avait
formulées en commission parlementaire lors de l'étude
d'Hydro-Québec, nous comprenons parfaitement qu'il agisse ainsi.
Cependant, nous souhaitons, évidemment, ce matin, procéder
à l'examen de la directive qui est devant nous et nous souhaiterions
qu'il soit clairement formulé que le ministre et le président de
la SGF seront sur place pour répondre à nos questions.
Le Président (M. Joli vet): La première chose qu'il
faut d'abord débattre, pour le moment, c'est que c'est en vertu de
l'article 164 de nos règlements qui dit: «Lorsqu'une commission
désire entendre un ministre, elle doit», etc. Et là on aura
la question à poser au ministre, s'il est d'accord pour laisser tomber
le délai de 15 jours si la motion est adoptée, mais ça ne
nous empêche pas d'avoir à procéder à l'étude
de la directive en vertu de la loi; donc, le président de la
Société générale de financement devrait être
là. Je pense que si on s'entend sur ça...
Mme Dionne: Alors, ça va.
Le Président (M. Joli vet): Donc, on va commencer par une
première motion. Est-ce que je comprendrais très bien qu'il y a
une deuxième motion à l'effet d'entendre aussi le
président de la Société générale de
financement?
Mme Dionne: Exactement. On avait prévu de procéder
par deux motions.
Le Président (M. Joli vet): O.K. Sur cette motion, est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Non? Donc, nous allons procéder
à l'adoption de cette motion à l'effet d'entendre le ministre, en
vertu de l'article 164 de nos règlements. Allez, Mme la
secrétaire.
M. St-Roch: Sur division.
Le Président (M. Joli vet): Sur division. Donc, cette
première motion étant adoptée, est-ce que je crois
comprendre qu'on pourra... Oui. Sur division. Donc, est-ce que je peux
comprendre qu'il y a une deuxième motion maintenant?
Mme Dionne: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Joli vet): Mme la
députée.
Motion proposant d'entendre Le Président de la
Société générale de financement
Mme Dionne: C'est une motion en vertu de l'article 170 de notre
règlement: «Que la commission, afin d'accomplir le mandat qui lui
est imparti par la loi, entende M. Marc Fortier, qui est président de la
Société générale de financement.»
Le Président (M. Joli vet): Est-ce qu'il y a entente?
M. St-Roch: Sur division.
Le Président (M. Joli vet): Sur division. Alors, M. le
ministre, vu que vous êtes ici présent, je peux vous poser la
question: Refusez-vous le délai de 15 jours?
Mme Harel: Renoncez-vous?
M. Tremblay (Outremont): Oui, et je suis prêt à
témoigner.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joli vet): Alors, installez-vous. Nous
allons prendre quelques instants de répit, le temps de s'installer.
(Suspension de la séance à 10 h 15)
(Reprise à 10 h 17)
Le Président (M. Joli vet): Avant de débuter par
les remarques préliminaires des membres de la commission, puisqu'il y a
des remarques préliminaires, j'aimerais faire une correction aux
invitations des membres de la commission. Nous avions dit: Mme Marois
remplaçant M. Chevrette; j'aimerais qu'il y ait consentement, parce
qu'il y a eu un changement. Ce serait M. Dufour, de Jonquière, qui
remplacerait M. Chevrette, de Joliette.
M. St-Roch: II y a consentement, M. le Président.
Le Président (M. Joli vet): Consentement. Alors,
commençons par les remarques préliminaires.
M. Dufour: M. le Président. Le Président (M.
Joli vet): Oui.
M. Dufour: En principe, là, j'aurais été
supposé... Les transferts auraient dû être faits concernant
ma présence ici.
Le Président (M. Jolivet): C'est ça, c'est une
erreur qui a été...
M. Dufour: Parce que je ne cherche pas de travail, moi. Si vous
me dites que je ne suis pas membre, je vais m'en aller.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Jolivet): Nous passons.... S'il vous
plaît! Il faut qu'on puisse travailler convenablement. J'invite donc les
membres de la commission à des remarques préliminaires. Je
débuterais par la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
Remarques préliminaires Mme France
Dionne
Mme Dionne: Oui, M. le Président. L'article 4 de la loi de
la Société générale de financement du Québec
prévoit que la Société a pour but d'assurer la gestion
d'un groupe industriel dans le but d'exploiter des entreprises dans certains
secteurs jugés prioritaires pour le développement
économique du Québec. La SGF tire la capacité juridique
d'investir dans le secteur industriel donné, soit d'une autorisation
spécifique prévue dans la loi, soit d'une directive émise
par le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. La loi
prévoit aussi que cette directive doit être approuvée par
le gouvernement, être déposée à l'Assemblée
nationale et faire l'objet d'un débat en commission parlementaire.
La notion de directive a été introduite dans la loi en
1978. Cela comporte certaines exigences à l'égard des
opérations de la SGF mais permet, par ailleurs, un meilleur arrimage
entre les priorités du gouvernement et l'action de la
Société. Trois directives émises à ce jour:
numéro 1, 1979, concernant les activités dans lesquelles la SGF
était présente au 31 décembre 1978; numéro 2, 1979,
autorisant la Société à investir dans le projet
Pétromont; numéro 3, 1982, autorisant la Société
à investir dans le secteur de la biotechnologie.
La directive no 4, plus large que la directive no 2, permet à la
SGF, dorénavant, d'investir dans les secteurs des produits du
pétrole et du charbon et des industries chimiques. Plus
précisément, cela permet à la SGF d'investir dans le
projet Petresa Canada. Petresa Canada inc. construira et exploitera une usine
de fabrication d'alkylbenzène linéaire (ABL) à
Bécancour dans le comté de mon collègue,
député de Nicolet-Yamas-ka d'une capacité de
production pouvant atteindre 100 000 tonnes métriques par année.
l'arrivée de petresa canada est intéressante, parce qu'elle fait
entrer le québec dans un nouveau créneau de la
pétrochimie, un créneau à forte croissance. en effet,
à l'échelle mondiale, le taux de croissance prévu pour les
10 prochaines années est de 5 %, et de 3 % pour l'amérique du
nord. le projet petresa canada requerra un investissement de l'ordre de 160 000
000 $. la construction de l'usine débutera à l'été
1993 et sa mise en exploitation est prévue au printemps 1995. Pendant la
construction, le projet créera environ 850 emplois directs et indirects,
étalés sur la période de construction, environ 1 an et
demi. Il en résultera une valeur ajoutée totale de l'ordre de 90
000 000 $ et des entrées fiscales, pour les deux paliers de
gouvernement, de près de 15 000 000 $. L'exploitation de l'usine
créera environ 220 emplois directs et indirects, dont environ 75
à l'usine même. Il en découlera une valeur ajoutée
annuelle de l'ordre de 50 000 000 $ et des recettes fiscales annuelles de plus
de 10 000 000 $. (10 h 20)
Le projet Petresa Canada bénéficiera de
l'élimination complète des tarifs américains sur l'ABL
depuis le 1er janvier 1993, dans le cadre de l'Accord de libre-échange
entre le Canada et les États-Unis, ce qui lui permettra de
pénétrer le marché américain et de concurrencer les
autres producteurs nord-américains sur une base égale. Le projet
pourra également profiter de l'ouverture du marché mexicain
à l'ABL suite à l'application de nouvelles normes
environnementales dans ce pays. L'usine sera dotée d'une technologie
très moderne représentant une percée technologique majeure
en matière de respect de l'environnement et de qualité de
produits. L'ABL est entièrement biodégradable, il ne s'accumule
pas dans l'environnement; 25 années d'utilisation commerciale en font la
preuve. L'ABL est transporté partout dans le monde par route, chemin de
fer et bateau; le ministère des Transports des États-Unis
considère l'ABL comme un produit non dangereux.
Le projet Petresa Canada s'inscrit dans la stratégie industrielle
du Québec en contribuant à renforcer la grappe industrielle de la
pétrochimie et en ouvrant la porte à d'autres
développements potentiels en amont et en aval. En effet, la nouvelle
directive no 4 remplace la directive no 2 et étend la portée de
l'action de la SGF aux secteurs des produits du pétrole et du charbon et
de l'industrie chimique. Ce faisant, la nouvelle directive renforce la grappe
industrielle de la pétrochimie et favorise, bien sûr, le
développement d'entreprises situées, comme je l'ai dit tout
à l'heure, en amont et en aval, puisque certains créneaux
d'activité de cette grappe chevauchent les deux secteurs ci-haut
mentionnés.
Et pour des informations additionnelles, M. le Président, M. le
ministre et la SGF pourront faire une présentation plus
détaillée du projet Petresa Canada.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Léonard: Est-ce que je pourrais demander... Le
Président (M. Jolivet): Oui.
M. Léonard: ...à Mme la députée de
déposer son texte? Parce qu'il y a beaucoup d'informations factuelles
là-dedans, dont on est plus ou moins au courant. Est-ce...
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas
d'obligation...
M. Léonard: ...qu'elle pourrait simplement en faire une
photocopie...
Le Président (M. Jolivet): ...mais, si elle le
désire, on pourrait.
M. Léonard: ...et le distribuer à la
commission?
Mme Dionne: Les informations, c'est un résumé de ce
qu'on retrouve dans le document qui a été présenté
à tous les membres de la commission.
M. Tremblay (Outremont): C'est un résumé de
ça.
Mme Dionne: C'est un résumé de celui-là,
là. M. Tremblay (Outremont): Vous l'avez tous.
Le Président (M. Jolivet): Mais, d'une façon ou de
l'autre, si vous n'avez pas d'objection, on pourrait en faire des
photocopies...
M. Iéonard: Moi, je n'ai pas ça.
Mme Harel: Je nel'ai pas, moi.
Mme Dionne: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Jolivet): ...et la distribution,
Mme Dionne: Oui.
Le Président (M. Jolivet): D'accord?
Mme Dionne: Pas de problème.
Le Président (M. Jolivet): Alors, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Léonard: Un instant, là, je n'ai pas... Mme
Harel: Bien, oui. Le Président (M. Jolivet): II y a... Mme
Dionne: Oui.
Mme Harel: Alors, on nous dit que c'est un document, M. le
Président, que nous aurions obtenu ce matin. C'est ce que nous devons
comprendre, n'est-ce pas? Nous ne l'avions pas reçu encore.
M. Tremblay (Outremont): Lequel document? Mme Dionne: Ce
document...
Le Président (M. Jolivet): Bon, O.K. D'une façon ou
d'une autre, on va vous le faire parvenir.
Mme Harel: Alors, je souhaiterais qu'on puisse le distribuer
à tous les membres de la commission. Nous ne l'avions pas. On comprend
que tous les députés ne sont pas nécessairement
égaux, même si nous sommes tous membres de la commission. Certains
avaient le document, d'autres ne l'avaient pas.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Écoutez, il y a juste
une chose que, peut-être... Je vais essayer de clarifier la situation,
là. Ce document-là aurait été distribué ce
matin. Du moins...
Une voix: Le 6 avril.
M. Léonard: II est daté du 8.
Le Président (M. Jolivet): On me dit le 6 avril.
M. Léonard: II est daté du 8. La date, ici: le 8.
Mais, moi, c'est la première fois que j'en prends connaissance.
Mme Harel: Moi aussi.
Le Président (M. Jolivet): O.K. En tout cas, disons qu'on
va essayer de trouver la raison pour laquelle... J'en donnerai plus de
détails tout à l'heure.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, avec votre
permission, j'aurais une lettre adressée, le 2 avril 1993, à la
commission de l'économie et du travail, au Secrétariat des
commissions à l'Assemblée nationale. Le document a
été remis et, au plus tard, il aurait dû être en la
possession des députés mardi dernier. Nous regrettons infiniment,
mais ce n'est pas la faute de la Société générale
de financement et du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie
qui a remis tous ces documents mardi dernier à la commission.
Le Président (M. Jolivet): Écoutez, on va
vérifier, là, puis on vous donnera plus de détails tout
à l'heure.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, permettez-moi de saluer parmi
nous la présence du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, de même que la présence du président de la
Société générale de financement, M. Fortier. Je
comprends que la dernière fois que s'est tenue une commission
parlementaire chargée d'étudier une directive concernant la SGF,
c'était en novembre et décembre 1979. Alors, il y a de ça,
maintenant, presque 14 ans. Alors, vous comprendrez que, pour nous, cette
présente commission revêt une importance
particulière pour nous permettre de faire le bilan et, en
même temps, nous permettre de faire le point sur l'avenir de la
Société générale de financement, étant
donné tous ces chambardements majeurs que l'économie a connus
durant les toutes dernières années.
Alors, je rappelle qu'en 1979 la commission qui ne devait pas
s'appeler, à l'époque, économie et travail, puisque nous
sommes un résultat de la réforme de 1984 mais, en 1979, la
commission parlementaire s'était penchée sur la pertinence
d'investir dans un consortium qui impliquait Gulf, Union Carbide et la SGF dans
le projet de Pétromont. Évidemment, nous y reviendrons. C'est
là un dossier qui m'intéresse personnellement beaucoup, vous
savez pourquoi. Je suis députée d'une circonscription qui est
située dans l'est de Montréal. Cette région, en fait,
était caractérisée encore il y a peu de temps par des
grandes vocations industrielles en matière de trains, de bateaux et de
raffineries et, en l'espace d'une décennie, le chantier naval de la
Vic-kers, qui était le premier chantier naval au Canada, construit en
1912, avec une cale sèche en eau profonde, est fermé, les trains,
l'ensemble des industries ont presque agonisé; on pense à la
Canadian Steel Foundries, à la Canadian Steel Wheel à MLW
Bombardier et aux shops Angus, et quatre des six raffineries sont
fermées.
Et on comprend que, pour relancer l'emploi et l'économie, on nous
a fait miroiter, en particulier au moment de la campagne électorale de
1989, une nouvelle locomotive à laquelle nous nous sommes
associés, nous, les députés de l'Opposition dans l'est de
Montréal, et qui était celle de la pétrochimie. On nous
annonçait la création de 25 000 emplois; ça a fait l'objet
d'une annonce sous un chapiteau au Jardin botanique, où certains d'entre
nous devaient être présents, évidemment. Et nous y
reviendrons puisque, aujourd'hui, on nous propose un nouveau secteur
d'activité industrielle dans le secteur de la fabrication des produits
du pétrole et du charbon et de la fabrication des produits chimiques de
toute nature avec la présentation de cette directive no 4 qui va
permettre à la SGF d'avoir ces nouvelles activités.
Ceci dit, M. le Président, c'est vraiment, je pense, le bon
moment pour échanger sur l'avenir de la Société
générale de financement qui a été constituée
en 1962; c'est littéralement un bébé de la
Révolution tranquille. Et c'est comme ça, finalement, que
ça a été présenté à la population du
Québec dans le cadre de la stratégie de développement
économique où l'État québécois occupait le
rôle central et névralgique comme levier du développement
économique. Et au moment où on assiste à tous ces
changements qui bouleversent profondément les frontières
économiques et les rapports économiques entre les États
que l'on pense au GATT ou au libre-échange
évidemment, la question qui se pose est celle de savoir quel est
l'avenir des sociétés d'État. Est-ce qu'elles vont encore
être capables d'investir dans le secteur économique?
Et, évidemment, à la lumière des récents
dossiers on pense au dossier de Norsk Hydro, on pense à tous ces
dossiers de partage de risques mon collègue, le
député d'Ungava, qui est ici, avec nous, ce matin seulement, qui
devra nous quitter cet après-midi, souhaiterait pouvoir amorcer un
échange avec le ministre et le président de la SGF sur cette
question, puisqu'on a vu le Québec obligé de renégocier le
contrat de Norsk Hydro suite aux décisions du département du
Commerce américain d'imposer des tarifs sur les produits de Norsk
Hydro.
On comprend que la SGF gère des actifs de plus de 1 200 000 000 $
et est présente dans des secteurs qui ont connu des difficultés.
On pense, évidemment, à MIL dans le domaine de la construction
navale, on pense aux produits forestiers avec Domtar, à la
pétrochimie avec Pétromont j'y reviendrai et,
évidemment, au matériel de transport sur lequel nous reviendrons.
(10 h 30)
Concernant la directive, précisément celle qui a
amené, donc, la convocation de la présente commission, on apprend
qu'il y a un groupe de lobbying américain, qui représente des
intérêts de Vista, qui fait pression actuellement sur le
gouvernement de Washington pour intervenir dans le dossier de Petresa. On
reproche la participation de la SGF dans le projet, participation, je crois, de
49 % dans un projet total de 160 000 000 $. Et les craintes que ce
compétiteur, si je comprends bien, de Petresa... Les craintes qui sont
exprimées par Vista sont à l'effet que la SGF pourrait intervenir
en injectant des fonds pour supporter un éventuel déficit. Et,
à cet égard, nous échangerons certainement sur
l'implication de la Société et, évidemment, sur les
limites de l'intervention de la SGF en cas de difficultés
financières. Je pense que c'est le moment d'en préciser les
modalités.
Alors, comme vous voyez, M. le Président, ce qui nous
intéresse au plus haut point, évidemment, ce sont les
perspectives d'avenir, quels sont les créneaux d'avenir, quelles sont
les perspectives d'avenir de la SGF, et nous souhaitons profiter de l'expertise
de M. Fortier pour en discuter aujourd'hui. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Drummond. Il n'y a pas d'autres personnes? Allez, M. le député de
Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Alors, peut-être
dans le but, dans les remarques préliminaires, d'éclaircir un peu
et d'apporter un éclairage sur la décision que j'ai prise au
début: ça ne se veut en rien un refus de consentement à M.
le ministre d'intervenir dans ce débat-là, de même qu'au
président de la SGF, mais je déplore, encore une fois de plus,
que nous faisions face ici à de la législation qui
m'apparaît, dans un contexte moderne, comme étant
dépassée.
On demandera à une commission parlementaire, aujourd'hui, de se
pencher sur une décision qui a été adoptée et
sanctionnée, basée sur un style de gestion qui date
déjà de 15 ans; à ce moment-là, on utilisait les
parlementaires comme des estampillages, «rubber-
stamp», pour ne pas prendre le mot français. Alors, c'est
un peu le sentiment que j'ai ici en tant que parlementaire. On me demande
d'entériner ce décret qui a été passé par le
gouvernement.
Je souhaite, Mme la députée de Hochelaga-Mai-sonneuve...
Votre description, j'y souscris, mais je crois qu'on devrait avoir
l'opportunité, nous, les parlementaires, d'avoir des débats
beaucoup plus élargis parce que, à ce moment-là, vous
seriez à la merci, comme moi, de la part des collègues, et des
deux côtés, ici, de recevoir l'autorisation et de la part
de M. le ministre pour déborder sur la directive 4. Parce que le
mandat qui nous est confié aujourd'hui par l'Assemblée nationale,
c'est strictement de regarder la directive no 4. Et on pourrait utiliser le
règlement, encore une fois, d'une façon abusive pour
éviter d'élargir le débat.
Ceci dit, M. le Président, la première remarque
s'adressera à M. le ministre. Lorsque je regarde une loi qui date
déjà de 1979, je pense qu'il serait temps de l'actualiser et de
la rendre beaucoup plus moderne. Et on devrait modifier, dans chacun de nos
projets de loi... Et je l'ai mentionné à plusieurs reprises,
au-delà des années quatre-vingt-dix, que je fais la bataille...
Dans chacun des projets de loi, nous devrions avoir une clause
crépusculaire qui nous permettrait de réviser une loi, et de
l'actualiser, et de la moderniser, et d'actualiser cette loi-là pour que
les décrets soient présentés à la commission
parlementaire avant d'être sanctionnés par le Conseil des
ministres pour qu'on puisse, nous, les parlementaires, avoir cet
éclairage-là un peu plus élargi, qui ferait en sorte qu'on
pourrait, à ce moment-ci, regarder une problématique dans son
ensemble.
Et lorsqu'on a regardé, M. le ministre, avec Hydro-Québec,
son plan de développement, c'est une des choses dont je me suis
inquiété de l'avenir, moi, et qui peut affecter des
sociétés d'État telles que la Société
générale de financement, qui a été un outil de
développement important pour la collectivité
québécoise et que, à l'intérieur même des
programmes de décentralisation, à l'heure actuelle, de GATT,
d'ALENA ou de libre-échange, on se devra de conserver. Mais il faut
être capable de les englober d'une façon globale parce que, vous
allez voir, on reviendra certainement aux crédits dès qu'on aura
obtenu les réponses d'Hydro-Québec.
On se fait dire, d'un côté, qu'Hydro-Québec est en
train d'implanter une politique qui va faire en sorte que les entreprises
nouvelles, petites et moyennes, ou les commerces seront obligés de
déposer deux mois de consommation d'électricité avant
d'être capables d'avoir leur branchement. Alors, la question qu'on avait
posée à Hydro-Québec: Est-ce que cette politique-là
s'est appliquée à Petresa, et est-ce qu'elle va s'appliquer,
à l'avenir, dans les autres genres d'industries? On n'a eu aucune
réponse.
Alors, il n'est pas de mon intention, M. le Président, de prendre
du temps pour faire des mesures dilatoires. Je déplore qu'on soit encore
obligés, en tant que parlementaires, de mettre un estampillage sur
quelque chose qui est déjà pris. Ça se veut, d'un autre
côté peut-être le seul côté positif
une séance d'informa- tion qui nous permettra, si on a une
collaboration de la part des ministériels, d'avoir un peu plus
d'éclairage sur la Société générale de
financement. Mais je pense, moi, qu'on devra réviser nos lois pour faire
en sorte qu'une commission parlementaire ait le mandat obligatoire de regarder
des sociétés comme la Société
générale de financement à une période qui est fixe,
qu'on puisse connaître à l'avance les grands
échéanciers, les grandes orientations de
développement.
En terminant, M. le ministre, j'espère qu'on verra bientôt
un projet de loi à l'Assemblée nationale, qui fera en sorte que
la loi constituante de la Société générale de
financement inclura, avec une clause crépusculaire, les grandes
orientations financières, les grandes orientations au niveau des
ressources humaines qu'elle pourra contenir, et une révision, aussi, qui
pourra faire en sorte qu'on puisse intervenir avant que des décisions
majeures ne soient prises. Et ceci est important, à mon avis, dans le
développement futur de la collectivité québécoise.
Parce que, comme Mme la députée de Hochelaga-Mai-sonneuve l'a
mentionné, oui, la Société générale de
financement est un des grands acquis de la Révolution tranquille, mais
quand on regarde les années soixante... 30 ans après, je regarde
la Société générale de financement, je regarde la
Caisse de dépôt, je regarde toutes les grandes politiques
que ce soit au niveau de la santé... qu'on a mises en place, et
on arrive, tel que dans une loi de la balistique, à une période
où on est au maximum de croisée et, maintenant, on est en ligne
où il n'y a plus d'ascension. On est à l'époque, en vertu
du décloisonnement, de la mondialisation, de regarder le mode
d'opération de ces grandes sociétés pour faire en sorte
qu'on puisse avoir cet outil de développement dans notre coffre d'outils
pour être capable de développer l'an 2000. Et, à bien des
égards, tel qu'on voit évoluer des situations, il a
été mentionné, avec les problèmes auxquels on aura
à faire face aussi au niveau de toutes les restrictions... Parce que, ne
nous leurrons pas, les traités qui sont signés à l'heure
actuelle avec le Mexique ou avec les États-Unis feront en sorte que nos
partenaires américains... Puis, ça, je les ai toujours
admirés pour ça. «God bless America first» et,
après ça, on regardera pour nos voisins à
côté. Alors, ça va être une raison
supplémentaire, M. le ministre, d'actualiser nos lois pour qu'on puisse
avoir la chance, avec les moyens qu'on a, de faire en sorte qu'on puisse
contribuer au développement du Québec.
Sur ceci, M. le Président, je suis prêt à continuer
nos travaux.
Le Président (M. Jolivet): Avant de donner la parole
à un autre député qui voudrait intervenir, je voudrais
clarifier la situation du document pour le bénéfice de tout le
monde, pour les membres de la commission parlementaire. Je ne l'avais pas
reçu. Ma secrétaire vient de me l'envoyer; il vient d'arriver au
bureau. C'est simplement pour dire qu'il y a peut-être eu, entre la
transmission du bureau du ministre ou de la Société... Je ne sais
pas lequel des deux l'a fait parvenir à la commission; c'est
peut-être le service de messagerie qui
a mal fonctionné, mais il y a une chose certaine, c'est que,
comme député et membre de la commission, je ne l'ai reçu
que ce matin.
Alors, je voulais juste clarifier la situation. Je pense que l'erreur
provient probablement du fait qu'au lieu de l'avoir envoyé de main
à main on l'a envoyé par système de messagerie, puisqu'il
est daté d'envoi du Secrétariat des commissions le 6.
Normalement, le 6, on aurait dû le recevoir chacun dans notre bureau,
avec signature comme quoi on l'avait reçu. Ça aurait
été plus clair que de le recevoir par système de
messagerie, en retard. En tout cas, ce que je vous dis, c'est que le
Secrétariat des commissions l'a transmis le 6; alors, le
Secrétariat l'avait donc reçu avant le 6. Simplement pour
clarifier cette situation-là, c'est entre les deux qu'il a
été en difficulté de transmission. Alors...
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Joli vet): Oui?
M. Léonard: On l'a reçu seulement ce matin.
Le Président (M. Joli vet): Oui, c'est ce que je dis,
seulement ce matin. Moi aussi, je ne l'avais pas eu.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais, M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Tremblay (Outremont): Le député de Drummond l'a
reçu le 6 avril.
M. St-Roch: M. le Président, c'est l'avantage, des fois,
d'avoir de l'ostracisme et d'être au troisième. On est plus
près des commissions. Comme ça, on peut les avoir plus
rapidement. Il y a au moins un bon côté à un
côté négatif.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, pour clore le débat parce qu'on ne passera pas notre temps
sur ça on va corriger la situation dans le futur. Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je lis ici le
Journal
des débats de novembre 1979, lorsque la directive no 2
avait été discutée en commission parlementaire et,
à l'époque, le député Scowen se plaignait
amèrement parce qu'il n'avait obtenu les documents que la veille. Alors,
si je comprends bien, plus ça change, plus ça empire, parce que,
là, on ne les a reçus que ce matin.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nico-let-Yamaska voulait prendre la parole, je pense?
M. Richard: M. le Président, seulement à titre
d'information, entre autres pour notre collègue, le député
de Drummond, dans le cas de Petresa, il n'est aucunement question de contrat
à partage de risques.
Premièrement, la... (10 h 40)
Une voix: ...
M. Richard: Non, non, je sais mais... Parce qu'on faisait
allusion aux contrats à partage de risques. Dans le cas de Petresa, on
sait que la consommation va être en gaz naturel, et
l'électricité entre très peu en ligne de compte;
même, il n'y a aucune forme de négociation pour un tarif
particulier d'électricité.
M. St-Roch: Ce n'est pas ça qui était le point, M.
le député de Nicolet-Yamaska.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a quelqu'un
d'autre qui veut avoir un droit de parole? Sinon, je passerai à
l'étape normale des auditions. En vertu de la façon de
procéder normalement, le ministre ou la Société pourrait
avoir 20 minutes pour présenter et, après ça, en
alternance, selon le principe normal, sur l'heure qui reste, il y a 20 minutes
de part et d'autre, du côté ministériel et du
côté de l'Opposition, et un temps pour le député de
Drummond. Alors, M. le ministre, à vous la parole.
Auditions
M. Tremblay (Outremont): Je vous remercie beaucoup, M. le
Président. Je voudrais assurer les membres de la commission de la
collaboration de l'équipe ministérielle. Et, en ce qui concerne
la remarque du député de Drummond, qu'on aurait peut-être
intérêt à actualiser la loi, je dois lui assurer que c'est
une possibilité que nous considérons très
sérieusement. Mais, à cause de la venue du projet Petresa, nous
avons préféré, dans un premier temps, assurer la
réalisation de cet important projet pour le développement
économique du Québec et, dans un deuxième temps, dans le
contexte du plan de développement de la SGF, et suite également
aux remarques de la députée de Hochelaga-Maisonneuve,
l'actualisation de la loi devient éventuellement une
nécessité.
Sur ce, j'aimerais céder la parole, avec la permission des
membres de l'Opposition, au président de la Société
générale de financement. Considérant que vous n'avez pas
reçu le document, il peut vous expliquer brièvement le projet
Petresa Canada et, par la suite, on pourra répondre à toutes vos
questions.
Le Président (M. Jolivet): M. Fortier, vous avez la
parole.
Exposé du président de la
Société générale de financement (SGF)
M. Marc Fortier
M. Fortier (Marc): Merci, M. le Président. Petresa Canada
est une compagnie qui est régie selon les lois du Québec.
Ça a été mentionné tantôt qu'elle
construira et exploitera une usine de fabrication d'alkyl-benzène
linéaire à Bécancour, usine dont la capacité de
production pourra atteindre 100 000 tonnes métriques.
L'alkylbenzène linéaire n'est pas un produit très connu,
alors vous me permettrez de le décrire brièvement. C'est un
liquide incolore et inodore qui est utilisé commercialement depuis 25
ans. C'est un produit pétrochimique qui entre dans la fabrication du
sulfonate d'alkyl-benzène, que l'on appelle le SAL, et le SAL est un
produit biodégradable qui est le surfactant le plus utilisé dans
les détergents domestiques et industriels. En fait, ce sont les
composantes actives des détergents, et qui remplacent les phosphates
qui, eux, n'étaient pas biodégradables, comme vous le savez. en
amérique du nord, les principaux clients sont proctor & gamble,
lever brothers, colgate-palmolive, et qui représentent environ 70 % de
la demande totale. en 1992, la demande mondiale d'abl est évaluée
à 1,8 million de tonnes métriques, l'amérique du nord,
incluant le mexique, représentant 25 % du marché. l'usine de
bécancour approvisionnera le marché nord-américain
où il n'existe présentement que deux producteurs d'abl, soit
vista chemical et monsanto, les deux étant installés aux
états-unis. il est important de souligner, m. le président, qu'il
n'existe aucune semblable usine au canada et que toute la production de cette
usine sera exportée à l'extérieur du québec puisque
les marchés totaux de cette usine qui produira 100 000 tonnes sont
respectivement de 30 000 tonnes au canada mais c'est situé en
ontario 300 000 tonnes aux états-unis et environ 100 000 tonnes
au mexique. alors, c'est une usine qui fera entièrement de l'exportation
dans le cadre du libre-échange.
L'ABL est fabriquée à partir de paraffine normale et de
benzène, qui sont deux produits pétrochimiques. Les paraffines
normales n'étant pas disponibles localement, elles sont
importées, cependant que le benzène, lui, est produit au
Québec en quantité suffisante. Ainsi, le projet de Petresa Canada
permettra de transformer un produit disponible localement et d'y apporter une
valeur ajoutée importante. Le projet, tel que nous l'avons
mentionné tantôt, nécessitera un investissement de 160 000
000 $. La construction débutera à l'été 1993 et la
mise en exploitation est prévue pour le printemps 1995.
Petresa Canada résulte d'un partenariat à 51 % avec la
société espagnole Petroquimica Espanola S.A., dont le nom
abrégé est Petresa, et à 49 % par la SGF. La compagnie
espagnole Petresa est une filiale à part entière de la compagnie
CEPSA. Compagnie fondée en Espagne en 1929, CEPSA est la
société pétrolière privée la plus importante
d'Espagne. C'est une société qui a des actifs de l'ordre de 5 000
000 000 $ et un avoir propre de l'ordre de 2 000 000 000 $, ce qui en fait une
société de taille importante. Elle compte plusieurs filiales dans
l'industrie pétrochimique et elle exploite en Espagne la plus grande
usine intégrée de fabrication d'ABL au monde. Petresa exporte
déjà à travers le monde, notamment en Amérique du
Nord depuis 1987.
Le projet de Petresa permettra de disposer d'une base à partir de
laquelle les marchés canadien, américain et mexicain seront
desservis, comme je l'expliquais. Ainsi, le Québec devient la tête
de pont d'une société européenne qui veut s'implanter en
Amérique du Nord et ce, grâce au traité de
libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Le projet pourra
également profiter de l'ouverture du marché mexicain à
l'ABL suite à l'application de nouvelles normes environnementales au
Mexique, des normes qui sont maintenant plus sévères. Les besoins
actuels du Mexique sont également comblés uniquement par des
importations, comme c'est le cas du Canada.
La technologie employée est à la fine pointe. On utilisera
un nouveau procédé qui porte le nom de CEPSA-UOP DETAL et,
contrairement aux autres producteurs d'alkylbenzène, Petresa Canada
utilisera un procédé de fabrication qui n'a recours à
aucun catalyseur à l'acide hydrofluorique, ce qui représente une
percée technologique importante en matière de respect de
l'environnement et de qualité du produit. Le produit est
entièrement dégradable, tel que je l'ai mentionné, et ne
s'accumule pas dans l'environnement. L'usine sera construite et
exploitée en respectant toutes les normes environnementales en
vigueur.
D'ailleurs, M. le Président, je me permets une remarque. C'est
que le projet Petresa Canada a été... Les études
environnementales ont été soumises au MENVIQ, qui a donné
son approbation, et la société Petresa a décidé, de
son propre chef, de prendre les devants et de rendre ces études
environnementales publiques, une chose qui a été faite
auprès des autorités municipales de Bécancour. Et,
ensuite, ça a été suivi d'une conférence de presse
à Bécancour, qui a eu lieu lundi dernier. Et, la façon
dont je juge que ça a été bien perçu par les
médias, c'est que, mardi matin, on en a assez peu parlé dans les
journaux. Alors, il faut croire qu'il n'y avait pas de mauvaise nouvelle du
côté de l'environnement. On a plutôt parlé des
questions de droits compensatoires ou plutôt des objections de Vista
auxquelles Mme la députée Harel faisait référence
un peu plus tôt. Mais, essentiellement, c'est un projet qui, sur le plan
environnemental, ne pose aucune difficulté. Le système
d'approvisionnement en eau de l'usine, d'ailleurs, est conçu pour
utiliser un minimum d'eau, en recycler le maximum dans l'usine, traiter les
effluents sur place. Les rejets atomosphériques en provenance de
l'opération de l'usine sont peu nombreux, ils sont conformes aux normes
et exigences environnementales et ne sont pas perceptibles par le nez
humain.
J'indiquais que l'usine utilise les paraffines normales et le
benzène. Les paraffines normales sont un produit qui a une
volatilité peu élevée et qui représente peu de
risque. Quant au benzène, il s'agit d'un produit pétrochimique
qui, comme tel, est classé comme un produit dangereux mais qui est
cependant très largement manipulé dans l'industrie
pétrochimique, selon des normes très strictes. Il faut savoir
qu'il se produit 1 000 000 000 de tonnes de benzène par année
à travers le monde, dont 115 000 tonnes au Québec; vous en
retrouvez dans l'essence, quand vous allez à la pompe
pour faire le plein. C'est un produit pétrochimique qui est
très courant. Une fois amalgamées par le procédé
chimique, ces matières sont inoffensives.
J'aimerais traiter très brièvement de la question du choix
du site de l'usine. Évidemment, nous le savons tous, le Québec a
été choisi parmi d'autres régions de l'Amérique du
Nord comme site de l'implantation de la première usine d'ABL de Petresa
sur ce continent. Le Québec représentait certains avantages.
Le premier, M. le Président, c'est l'abolition des tarifs entre
le Canada et les États-Unis, dont je viens de traiter, qui nous permet
d'exporter sans payer de droits aux États-Unis.
Le deuxième, c'est l'utilisation du port de Québec, qui
était déjà utilisé par Petresa. Petresa entrait
déjà son produit d'Espagne ici, à Québec, et elle
connaissait bien le Québec. Ça nous a favorisés,
puisqu'elle était déjà familière avec nous.
L'ouverture du fleuve Saint-Laurent à la navigation 12 mois par
année permet d'importer par bateau les matières premières
comme les paraffines, et permettra également l'exportation de l'ABL sur
les marchés du Sud des États-Unis, du Mexique et d'outre-mer,
puisque ce sont des marchés mondiaux. (10 h 50)
L'approvisionnement en benzène peut être effectué
par des producteurs locaux, tel que je l'ai mentionné. L'accès
facile au système ferroviaire permet de desservir les clients canadiens
et américains. La plupart se situent dans le coeur industriel de
l'Amérique du Nord, dans la région du Nord-Est. Alors, ils
peuvent être desservis facilement par chemin de fer.
On avait également la disponibilité d'un site
approprié pour ce type d'usine. La région du parc industriel de
Bécancour représentait pour notre partenaire une qualité
d'infrastructure qu'ils ont jugée égale ou supérieure aux
sites concurrents ailleurs en Amérique du Nord, puisque c'est celui
qu'ils ont choisi.
Également, la présence de la SGF qui est
déjà active, d'une part, dans le secteur nord-américain de
la pétrochimie et qui, d'autre part, joue un rôle clé dans
le milieu industriel québécois constituait pour Petresa, qui est
une société étrangère, un partenaire industriel et
financier stratégique.
La participation de la SGF. On a mentionné tantôt que la
SGF avait un actif de 1 200 000 000 $. Ses participations dans des entreprises
procurent de l'emploi à 17 000 personnes, et la SGF est l'un des groupes
industriels les plus importants au Québec. Nous sommes présents
avec nos partenaires dans différents secteurs de l'économie du
Québec: dans l'aluminium, dans la pétrochimie, dans les produits
forestiers, dans la construction navale, dans les équipements
énergétiques et dans le matériel de transport. La
Société compte parmi ses partenaires des sociétés
parmi les plus importantes au monde, qui sont au Canada, aux États-Unis,
du Japon, de la France, de l'Allemagne, des Pays-Bas, d'Autriche et,
maintenant, de l'Espagne.
Forte de l'expertise qu'elle a acquise dans le montage et la mise en
oeuvre de grands projets, la SGF s'est engagée depuis 1989 dans toutes
les étapes de la réalisation du projet Petresa Canada. Et ce
projet représente pour la SGF une occasion d'investissement dans le
secteur des produits chimiques associé à la grappe industrielle
de la pétrochimie. La SGF peut ainsi diversifier ses activités
pétrochimiques dans un créneau qui est moins cyclique et plus
spécialisé que la production d'oléfines. Le projet ajoute
également un nouveau partenaire européen à notre
réseau international.
Notre participation, M. le Président, y est de 49 %. C'est un
niveau qui est conforme à la politique d'investissement de la SGF en
vertu de laquelle elle souhaite s'associer, sans prendre une position de
contrôle, à des partenaires privés qui sont en mesure
d'apporter à un projet une technologie avancée, l'accès au
marché et une expertise d'exploitation. La SGF investira 36 000 000 $
dans ce projet, à même ses fonds propres. Et je dois souligner que
le projet n'a bénéficié et ne bénéficiera
d'aucune subvention.
On a déjà traité des retombées
économiques. Il y aura également une synergie à souligner
avec le centre pétrochimique de Montréal-Est, puisque les
produits du benzène, qui sont produits dans les raffineries de
Montréal-Est, seront utilisés pour l'usine de Petresa et y
ajouteront une valeur ajoutée. Également, ça nous permet
de renforcer notre masse critique et de maintenir et de développer une
main-d'oeuvre spécialisée de qualité dans le
développement du domaine pétrochimique.
Enfin, l'ingénierie détaillée et la construction de
l'usine seront confiées à une société
québécoise, en vertu d'un contrat clé en main.
Alors, c'est les commentaires, M. le Président, que je souhaitais
soumettre sur le projet.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Juste parce que la
vérité a ses droits et que je dois faire mon mea culpa, je le
fais, M. le président, pour le bienfait du service de notre
secrétariat: les documents, à part trois documents, ont
été transmis par la poste, les autres ayant été
remis au plus tard à la fin de l'après-midi du 6, dans chacun des
bureaux, signés par des gens qui les ont reçus. Alors, c'est
peut-être une transmission quelque part qui s'est mal faite, mais je dois
dire, à mon mea culpa personnel, puisque ma secrétaire ne me
l'avait transmis que ce matin, que le document a été transmis le
6.
Période de questions
Ceci étant dit, cette correction étant faite, les premiers
qui veulent questionner maintenant, vous avez, selon le principe, 20 minutes de
questionnement, M. le député de Nicolet-Yamaska étant le
premier.
M. Richard: Non, ça va.
Le Président (M. Jolivet): Non. Ça va? Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président. Vous
présentez cette directive no 4. D'ailleurs, la ques-
tion s'est posée à nous: Quelle est la directive no 3?
Ici, à la Bibliothèque de l'Assemblée nationale, on n'en a
pas retrouvé la trace. Alors, je me suis demandé pour quelle
raison on passait comme ça, on faisait le pont entre la directive no 2
et la directive no 4.
M. Fortier: La directive no 3, Mme la députée, a
été adoptée le 22 septembre 1982 je vais parler
plus près du micro elle porte le numéro 2218-82, et elle
traite de la biotechnologie.
Mme Harel: Alors, je vous remercie. On va d'ailleurs transmettre
cette information à la Bibliothèque de l'Assemblée
nationale, qui en avait perdu la trace. Vous nous présentez...
Le Président (M. Joli vet): II y a peut-être une
façon de le faire plus rapidement, si vous êtes d'accord. Il
pourrait nous la transmettre, et nous en ferions une photocopie
immédiatement.
M. Fortier: Bien, oui.
Mme Harel: Ah, oui, tout à fait.
Le Président (M. Joli vet): Alors, d'accord.
Portrait de l'industrie pétrochimique au
Québec
Mme Harel: Merci, M. le Président. Tel que
présenté, le projet Petresa, dans ce document, là, dont
nous avons obtenu copie ce matin, ne nous donne pas la vision d'ensemble de
l'évolution du secteur de la pétrochimie, des perspectives
d'avenir en matière de pétrochimie. On y lit simplement ceci, et
puis c'est un peu court, finalement: que «le projet Petresa Canada
s'inscrit dans la stratégie industrielle du Québec et contribue
à renforcer la grappe industrielle de la pétrochimie». Mais
où en est cette grappe-là? Que devient-elle? Et,
évidemment, pour que l'arbre ne nous empêche pas de voir la
forêt, là, je pense bien qu'il faudrait nous élaborer le
portrait du secteur de la pétrochimie, de ses perspectives d'avenir.
Également, j'aimerais bien que vous nous indiquiez, puisque les
paraffines normales, là, qui seront utilisées dans la fabrication
de l'ABL, et le benzène... À l'opposé du benzène,
qui, je le comprends, est produit au Québec en quantité
suffisante, et particulièrement dans les usines de Montréal-Est,
ce n'est pas le cas pour les paraffines normales. Et vous nous dites, à
la page 17 du document, qu'un projet de production de paraffines normales se
classifierait dans le grand groupe industriel des produits du pétrole et
du charbon. C'est donc dire qu'avec la directive no 4 ça
élargit...
M. Fortier: Tout à fait.
Mme Harel: ...le mandat éventuel de la SGF, y compris
à cette production de paraffines normales. C'est ça qu'il faut
comprendre?
M. Fortier: C'est exact.
Le Président (M. Joli vet): M. Fortier.
M. Fortier: C'est exact, votre compréhension est exacte.
C'est que l'industrie pétrochimique ne correspond pas
nécessairement à la description qui en est donnée dans la
nomenclature du Bureau de la statistique, où on a, d'une part, le
secteur dit du charbon, du pétrole et de la pétrochimie, et,
d'autre part, celui de la chimie. Et l'exemple de l'alkylbenzène
linéaire en est un bon. Les intrants sont dans le secteur de la
pétrochimie, la production elle-même de l'ABL est dans la chimie,
et les sortants, si vous me permettez l'expression, c'est-à-dire ce qui
se fait en aval, tel que le sulfonate d'alkyl-benzène, fait aussi partie
de la chimie. Et c'est vrai de plusieurs secteurs d'activité. Alors,
c'est pour s'adapter à la réalité de l'industrie et du
secteur de la pétrochimie, de ce que nous appelons pétrochimie et
chimie, si vous voulez, que nous avions souhaité que ce soit
élargi.
Je veux revenir à votre première question, si vous me
permettez, M. le Président, de répondre à la
première question sur la grappe de la pétrochimie en tant que
telle. Vous avez raison de dire qu'il ne faut pas que l'arbre cache la
forêt. Je sais que vous parliez de l'arbre, mais l'arbre, pour nous,
c'est le «linear alkylben-zene»; alors, on appelle ça, en
langage de métier, «l'AB», ou l'ABL. Mais il faut
comprendre, M. le Président...
Et d'abord, peut-être, si vous me permettez de tracer en deux
minutes un portrait global de ce que représente l'industrie au
Québec: l'industrie de la pétrochimie et de la plasturgie au
Québec compte 700 établissements qui totalisent un chiffre
d'affaires de 7 000 000 000 $ et qui emploient 27 000 salariés. Les
activités sont concentrées dans la région de
Montréal, et ça constitue un élément
stratégique pour le développement de la région
métropolitaine. L'avenir du secteur est fonction de facteurs de
première importance, tels que la proximité du marché
nord-américain, l'approvisionnement en matières premières
à des coûts compétitifs, la formation de la main-d'oeuvre,
la recherche et le développement, particulièrement dans le
secteur des plastiques. Et également, un élément
clé de la pétrochimie, c'est Pétromont dont on pourra
parler plus particulièrement, puisque c'est celui dans lequel la SGF est
impliquée plus directement. (11 heures)
Le sous-secteur de la pétrochimie lui-même compte 85
établissements et 4000 emplois qui sont divisés en quatre
secteurs d'activité. D'abord, en amont, il y a les activités de
raffinage dans trois raffineries, soit celles de Shell et Petro-Canada dans la
région de Montréal-Est et celle d'Ultramar qui est ici, en face
de Québec. Ce sont trois usines de taille majeure: celle de Petro-Canada
est de l'ordre de 80 000-85 000 barils-jour de production, les deux autres sont
de l'ordre de 120 000 barils-jour de production.
II y a également un deuxième secteur, c'est celui de la
pétrochimie primaire avec Pétromont, qui est la filière
des oléfïnes les oléfines, c'est essentiellement,
dans notre cas, l'éthylène et le polyethylene qui sont des mots
peut-être plus courants que le mot «oléfine» et
Petro-Canada dans la filière des aromatiques ou de la pétrochimie
fine.
Également, il y a deux autres secteurs d'activité. Il y a
d'abord les secteurs en aval qui ont des liens d'approvisionnement avec la
pétrochimie primaire: Pétromont dans le polyethylene, tel que je
viens de le mentionner; Union Carbide dans une activité qui est à
l'extérieur de Pétromont, leur propre activité dans
l'oxyde d'éthylène; et il y a aussi la société
Himont, ou Himont, qui fabrique du polypropylene.
Un quatrième secteur, toujours en aval de la production
pétrochimique, donc dans la transformation, mais sans liens
d'approvisionnement avec la pétrochimie primaire, c'est-à-dire
que les approvisionnements peuvent venir de l'extérieur du Québec
contrairement à ceux que je mentionnais. Il y a une foule de
sociétés. Je me permets de nommer quelques noms: Monsanto, Dow
Chemical, Reichhold, Borden, Nacan, Novacor, Scott, Huntsman, Recochem, Neste.
Alors, c'est un secteur important qui n'est pas toujours bien connu du grand
public parce que ce ne sont pas des sociétés qui fabriquent des
biens de consommation avec leur nom de marque de commerce pour la consommation
courante, mais ce sont tout de même des sociétés
très importantes.
Le secteur, M. le Président, de la pétrochimie a connu,
effectivement, au cours des dernières années, comme le soulignait
Mme Harel, un certain déclin il y a eu fermeture de raffineries.
Il y a quatre raffineries qui ont fermé au Québec, il y a eu la
fermeture de Kemtec mais il y a aussi eu une restructuration de ce
secteur qui est un secteur fort important.
Pétromont et Himont, en particulier, qui constituent le coeur de
la pétrochimie, ont procédé à des investissements
majeurs au cours des dernières années. Elles utilisent les
meilleures technologies dans leur domaine respectif. Himont, par exemple, a
fait pour plus de 200 000 000 $ d'investissents au cours des dernières
années. Quant à Pétromont, elle s'est restructurée
et a augmenté sa productivité. Pétromont a
rationalisé ses opérations d'éthylène en
concentrant ses activités à Varennes et ils ont fermé
l'unité d'éthylène à Montréal-Est.
Cependant, ils ont, d'une part, modernisé l'usine
d'éthylène à Varennes en informatisant les
procédés et en donnant à l'usine une flexibilité
d'exploitation; d'autre part, ils ont fait également une expansion de la
capacité de production d'éthylène, la faisant passer de
220 000 tonnes à 265 000 tonnes. Nous avons repositionné l'usine
de Montréal-Est, où nous ne faisions plus
d'éthylène, dans le polyethylene avec le procédé
Unipol et nous y avons investi des montants de l'ordre de 150 000 000 $ il y a
deux ans. nous avons réduit, de façon majeure, les coûts
fixes de pétromont afin d'en assurer la compétitivité
à l'échelle nord-américaine: on a eu des réductions
de nos coûts fixes de l'ordre de 45 % au cours des deux derniè-
res années; on a réduit nos coûts d'approvisionnement
grâce à la signature de nouveaux contrats de transport avec le
Canadien National; et nous avons réorganisé les activités
de la société à Montréal-Est. Jusqu'à il y a
quelques années, la société Union Carbide offrait par un
contrat de services... administrait Pétromont. C'est changé,
maintenant. Pétromont s'administre elle-même avec son propre
groupe de gestion autochtone et, en réalité, administre
également l'usine chimique de Union Carbide pour le compte de Union
Carbide. Alors, c'est un revirement complet, c'est une gestion autochtone ici
qui fait ça et Union Carbide a fermé ses bureaux à
Toronto.
L'industrie pétrochimique est une industrie très cyclique
où les entreprises doivent être compétitives. On est
effectivement dans un monde globalisé où on a besoin d'une grande
expertise et on a besoin de sociétés qui sont très solides
financièrement. Alors, c'est pour ça que ça prend des
sociétés plus de la taille de Union Carbide que des
sociétés de la taille qu'avait Kemtec ou qu'avaient les
actionnaires de Kemtec. C'était le problème. Actuellement, on est
dans une situation conjoncturelle qui n'est pas facile, dans une situation de
bas de cycle, et nous prévoyons la reprise en 1995. Les forces de
l'industrie, c'est la proximité avec le marché du nord-est
américain, les importations de matières premières et
exportations de produits finis via la voie maritime du Saint-Laurent; on a un
noyau d'entreprises, une industrie de raffinage qui est encore importante et
une infrastructure compétitive au niveau de l'ingénierie, de la
construction, des équipements et du transport.
L'avenir de la pétrochimie, je crois, passera par Soligaz, le
doublement éventuel de Pétromont, la consolidation
d'activités autour de Pétromont avec la possibilité d'y
avoir d'autres projets utilisateurs de l'éthylène, comme c'est le
cas pour le projet du polyethylene, également des projets
spécialisés avec des producteurs internationaux, tels que celui
de Petresa Canada, qui est un pas dans la bonne direction.
Je vous indiquais tantôt... juste retrouver le bon document... Je
pense que je l'ai ici. Oui. Si vous me permettez, rapidement, M. le
Président...
Le Président (M. Audet): Brièvement, M.
For-tier.
M. Fortier: Pardon?
Le Président (M. Audet): Rapidement.
M. Fortier: Oui, d'accord.
Le Président (M. Audet): On a des enveloppes de temps
à respecter, là.
M. Fortier: Ah bon. D'accord. Je vais faire ça très
rapidement, M. le Président. Mais on ne soupçonne pas, encore une
fois, parce que la pétrochimie n'est pas un secteur qui est près
de la population, on ne soup-
çonne pas tout ce qui s'est fait en pétrochimie. J'y vais
très rapidement: la modernisation de l'usine d'éthylène
à Varennes, de 1985 à aujourd'hui, on a investi 60 000 000 $;
l'expansion de l'usine de Varennes de 225 000 à 260 000 tonnes
d'éthylène, on a investi 51 000 000 $; la nouvelle usine Unipol,
qui est à Montréal-Est et qui produit 200 000 tonnes de
polyethylene à haute densité, 126 000 000 $. On a fait d'autres
investissements reliés surtout à la santé, à la
sécurité et à l'environnement, de 43 000 000 $, pour un
total de 280 000 000 $ auxquels on doit ajouter le projet dont on est
particulièrement fiers, celui de Petresa, pour 160 000 000 $, ce qui
fait un total de 440 000 000 $ au cours des six ou sept dernières
années. Alors, c'est loin d'être un secteur inactif.
Le Président (M. Audet): D'accord. Merci. Je vais
maintenant reconnaître M. le député d'Ungava. Vous pourrez
revenir. Ce sont des blocs de 10 minutes, normalement, en vertu du
règlement...
M. Claveau: O.K.
Le Président (M. Audet): ...qui sont impartis pour chaque
député.
M. Claveau: Oui.
Le Président (M. Audet): Alors, vous avez 10 minutes, M.
le député d'Ungava, questions et réponses,
évidemment.
M. Claveau: O.K. Je vous remercie. Je vais faire des
questions...
Le Président (M. Audet): Alors, si vous voulez avoir du
temps un peu, des questions brèves et des réponses
brèves.
M. Claveau: Si vous me donnez la parole, M. le Président,
oui.
Le Président (M. Audet): Je ne prends pas votre temps,
là. D'accord. Allez-y.
Petresa et les marchés d'exportation
M. Claveau: Très rapidement, alors, je vais m'adresser au
président de la SGF. Vous justifiez, évidemment, la
rentabilité de votre projet dans tout le contexte du
libre-échange nord-américain, y incluant, évidemment, le
Mexique. Vous vous situez comme tête de pont pour, éventuellement,
pénétrer le nouveau marché mexicain qui risque de s'ouvrir
après les modifications de la législation mexicaine en ce qui
concerne les détergents. Moi, je trouve ça très bien comme
idée, effectivement, sauf qu'il y a des contestations. Ce n'est pas tout
le monde qui est d'accord avec ça. Vous devez le savoir encore plus que
moi. J'aimerais savoir, dans un premier temps, comment vous vous situez,
là-de- dans? Quelle sorte d'approche vous avez contre le lobby,
finalement, qui essaie de vous empêcher de participer dans ce consortium
ou de trouver la bête noire, la bebite? J'aimerais aussi, dans un
deuxième temps, que vous me commentiez, dans la même ligne de
pensée, les contrats à partage de risques dans lesquels la SGF
est déjà impliquée en ce qui concerne Bécancour et
Alouette et qui sont, eux aussi, sujets à contestation. (11 h 10)
M. Fortier: Oui, M. le Président. Je prenais note des
questions, puisqu'il y en avait deux. Au niveau de la pénétration
du marché américain, votre question, M. le député,
supposait que nous voulons pénétrer le marché
américain. Il y a une clarification que j'aurais dû apporter,
tantôt. Petresa, la société mère de Petresa Canada,
notre partenaire, est déjà présente sur le marché
américain. Alors, c'est plus qu'une bonne idée que nous avons.
Nous sommes déjà présents sur le marché
américain par l'entremise de notre partenaire, mais la
différence, c'est que, là, on produira ici plutôt
qu'importer d'Espagne. Dans le système actuel, ils sont assujettis
à des droits d'entrée puisque ça vient d'Espagne. Quand
ça viendra du Québec, il n'y a pas de droits qui sont
applicables.
Nous avons voulu être de la plus extrême prudence et de la
plus grande transparence dans le montage du projet pour nous assurer qu'il n'y
aurait, puis je vous le dis très clairement, aucune subvention d'aucune
sorte pour ce projet. Vous pouvez imaginer que si Petresa réussit
à vendre sur le marché américain à partir de
l'Espagne et à payer des droits, à partir du Québec, nous
serons compétitifs. Je ne veux pas partir de débat public avec
des compétiteurs éventuels, mais, ce que je peux vous dire, c'est
que ceux qui se plaignent ou qui ont des craintes sont des
sociétés déjà établies aux États-Unis
qui ont des usines moins modernes et moins compétitives. Ça, je
peux vous assurer ça. Il y avait, à un moment donné, vous
vous en rappellerez sans doute, c'était du domaine public, il avait
été offert à notre société ou à notre
projet un prêt de la SDI; la société l'a refusé.
Ça a paru aussi dans la Gazette officielle. Cette offre de
prêt a été annulée. Il n'y a pas de subvention dans
le projet et nous ne sommes absolument pas inquiets des enquêtes qui
pourraient être faites par les autorités américaines, si
tel était le cas. Mais encore faudrait-il qu'il y ait une plainte
fondée, d'après ce que je comprends, ou qu'il y ait au moins,
sinon une plainte fondée, une plainte qui ait un certain fondement. On
n'en est pas là. On entend du bruit, on entend des gens qui font des
déclarations aux journaux, mais il n'y a eu aucune plainte formelle. Il
faudrait qu'il y ait une substance, pour qu'il y ait une plainte, et, à
notre point de vue, il n'y en a aucune, substance, pour qu'il y ait une telle
plainte. C'est ma réponse à votre première question.
Contrats à partage de risques
Quant à votre deuxième, au niveau de contrat à
partage de risques, la société Petresa ne signera pas de
contrat à partage de risques avec Hydro-Québec. Il faut
vous dire que le facteur électricité dans le projet Petresa
n'était pas un facteur de localisation, n'était pas un facteur de
décision et n'est pas un élément important. D'ailleurs,
même le chauffage des lieux est fait avec le gaz naturel. Les produits et
les intrants, bien, j'ai mentionné tantôt ce que c'était,
alors il n'y a pas d'électricité vraiment d'utilisée,
là. Je ne connais pas tous les détails techniques.
Peut-être pour un moteur électrique ou deux, puis pour allumer les
ampoules électriques... Alors, l'électricité n'est pas un
facteur.
M. Claveau: Ma question ne se situait pas nécessairement
au niveau de Petresa. C'étaient plutôt les commentaires parce que
vous savez qu'on sort d'une commission parlementaire avec Hydro-Québec
où il a longuement été question des contrats à
partage de risques. Alors, on a le point de vue d'Hydro-Québec sur ce
genre de contrat. Il serait peut-être intéressant de prendre
quelques minutes avec l'opportunité qui nous est offerte pour avoir le
point de vue de la SGF aussi qui, elle, bénéficie
déjà de deux contrats à partage de risques pour le moins,
à travers Bécancour et Alouette.
M. Fortier: Alors, pour ce qui est des contrats
électriques avec les alumineries pour les questions de partage de
risques, il faut, pour situer cette question dans son contexte, revenir au cas
de Norsk Hydro qui n'est pas un cas dans lequel nous sommes impliqués,
mais c'est le cas qui a fait jurisprudence, si vous me permettez... Pardon?
M. Claveau: Qui a fait déborder le vase.
M. Fortier: Bien, enfin, ça a fait jurisprudence. Au fond,
c'est une bonne chose que ça ait été clarifié.
Ça a levé une incertitude, si vous voulez, sur l'industrie. La
plainte a été étudiée et jugée, et elle a
été jugée par le tribunal américain, qu'il y avait
certains aspects du contrat à partage de risques avec Norsk Hydro qui
pouvaient être sujets à des mesures compensatoires, mais,
ça, je sais que c'est en appel. Donc, je ne peux évidemment pas
me prononcer sur une question qui est en litige, qui est devant les tribunaux.
Cependant, il a été jugé, et ça ce n'est pas en
appel, que les contrats à partage de risques eux-mêmes
n'étaient pas des subsides et que ça ne donnait pas lieu à
des mesures compensatoires. Et les contrats des alumineries auxquels la SGF est
partie par l'entremise de ses partenariats sont du même ordre au niveau
des partages de risques et ne sont pas, à notre avis, des subsides et ne
sont pas compensa-bles en eux-mêmes. D'ailleurs, il n'y a eu aucune
plainte à ce sujet-là. Maintenant que la question a
été clarifiée pour Norsk Hydro, je pense que ça
enlève toute incertitude à cet égard-là.
M. Claveau: J'aimerais avoir votre opinion sur le
bien-fondé de ces contrats-là en ce qui concerne l'entreprise.
Est-ce que, définitivement, c'est quelque chose qui semble être
une piste d'avenir pour vous, par exem- ple, de la SGF, dans le cas où
vous auriez d'autres projets du même ordre? Et est-ce que ça
représente, au moment où on se parle, définitivement des
économies substantielles de la part des entreprises, dans la mesure
où le prix des métaux est plutôt bas?
M. Fortier: C'est bien difficile de vous dire si ça
représente des économies substantielles parce que ce sont des
économies substantielles par rapport à quoi? Ce que je peux vous
dire...
M. Claveau: Par rapport à ce que vous auriez à
payer d'électricité si vous la payiez au taux normal au moment
où on se parle, en comparaison au prix du produit fini sur les
marchés internationaux.
M. Fortier: Je vous avoue que je n'ai pas ces calculs-là.
Nous, on a, en partenariat avec les entreprises que vous connaissez: dans le
cas d'ABI, c'est les sociétés Pechiney Reynolds, Alumax et, dans
le cas d'Alouette, c'est les sociétés Hoogovens, VAW, Austria,
Kobe et Marubeni. Quand nous avons négocié avec
Hydro-Québec, évidemment, c'est une industrie qui est cyclique,
je ne sais pas quelles étaient les projections qui ont été
faites à ce moment-là, je peux tout de même vous parler de
ce qu'il en est aujourd'hui. Les alumineries québécoises,
à ce moment-ci, sont au-dessus du seuil de rentabilité parce
qu'elles sont parmi les plus efficaces, les plus modernes au monde,
peut-être aussi parce qu'elles ont des contrats électriques
avantageux, c'est possible, mais elles n'ont pas une rentabilité normale
parce que toute l'industrie souffre, au moment où on se parle. Je peux
vous citer un chiffre qui apparaîtra dans le rapport annuel de la SGF,
prenons l'exemple d'Albecour, qui est notre filiale qui détient notre
intérêt dans ABI, nous aurons cette année un profit de
l'ordre de 12 000 000 $. Ça peut sembler beau, mais, quand vous avez un
investissement de 500 000 000 $, vous avez un retour sur l'investissement
d'à peu près 2 %, 2,5 %. Alors, toute l'industrie souffre.
L'industrie québécoise souffre moins parce qu'elle est parmi les
plus compétitives au monde, donc on fait nos frais. Mais l'industrie
européenne ne fait pas ses frais.
Je vais vous donner quelques chiffres, très rapidement. Le prix
de l'aluminium a déjà été à 0,80 $ et
à 1,00 $, il y a à peine quelques années; il est
actuellement à 0,52 $, 0,53 $. Selon nos projections, il devrait
être à 0,80 $, 1,00 $ d'ici environ trois ans. Mais, dans
l'intervalle, à 0,52 $, les producteurs européens, en moyenne,
leur coût de production, c'est de 0,60 $ à 0,70 $. Et ce n'est
pas, que je sache attention, je ne suis pas un expert dans le domaine
qu'une question de leur coût d'électricité, c'est
aussi que leurs usines sont beaucoup plus vieilles. Les nôtres sont les
plus modernes et les meilleures au monde. Parce que c'est chez nous, on oublie
parfois de se vanter, mais, vraiment, quand on regarde la liste de toutes les
usines à travers le monde, on a vraiment ce qu'il y a de mieux et nous
sommes les seuls à pouvoir faire leurs frais actuellement.
Le Président (M. Jolivet): C'est correct? Est-ce qu'il y a
quelqu'un, du côté ministériel, qui... Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Richard: Moi, dans le sens de la question de notre
collègue d'Ungava, je veux seulement vous citer une partie de
Péditorial de M. Claude Bruneau, du quotidien régional Le
Nouvelliste, de Trois-Rivières, qui fait allusion aux contrats de
partage de risques. Il dit ceci: «II faut se rappeler que le tout
Québec se félicitait, il n'y a pas si longtemps, du boom de
l'aluminium. Sans ces contrats alléchants, il n'y aurait sans doute pas
eu les alumineries ni les 8000 emplois directs et indirects et leur effet
d'entraînement. Nous en serions encore à faire pression sur le
gouvernement pour qu'il utilise notre formidable potentiel
hydroélectrique comme levier. Maintenant que nous perdons de l'argent ou
qu'au mieux nous subissons un manque à gagner, certains voudraient
rouvrir les contrats, les mêmes contrats, et les mêmes personnes,
sans doute, s'insurgeaient quand le Québec a voulu rouvrir les
conventions de ses employés. Un contrat est un contrat, c'est ainsi que
nous voyons les choses. Terre-Neuve voulait dénoncer le contrat de
Churchill Falls, grâce auquel Québec achetait cette
électricité 10 fois moins cher que celle produite à la
Baie James. La Cour suprême nous a donné raison, en 1984, et, en
fait, on continue toujours à payer un prix ridiculement bas, fixé
en 1969, et on a ce prix-là jusqu'en 2034. «Enfin et
là je viens au niveau régional si les alumineries sortent
gagnantes du pari sur l'énergie, il reste difficile d'évaluer un
grand nombre de retombées de leur venue au Québec. Aux points de
vue régional et local, on a plutôt l'impression que nous avons
grandement bénéficié, compte tenu des emplois
créés chez nous et de l'effet mobilisateur que le
démarrage du parc de Bécancour a eu sur notre milieu.»
Et, en ce qui concerne le parc d'État, le parc de
Bécancour, l'aluminerie a été l'élément
moteur des autres entreprises qui s'y sont installées depuis. Ça
fait qu'actuellement il y a au-delà de 2000 personnes qui travaillent
dans le parc de Bécancour et qui sont des gens, pas seulement de la
région du coeur du Québec, ce sont des gens de partout au
Québec et ils ont été reliés directement au fait
que l'aluminerie a été l'élément qui a amené
d'autres entreprises dans le parc provincial. (11 h 20)
Maintenant, Petresa s'y ajoute, il n'y a pas de partage de risques,
mais, puisqu'on pose une question sur le partage de risques, en ce qui
concerne, en tout cas, la région du centre du Québec, ça a
été un avantage majeur pour l'établissement de
l'aluminerie et, au niveau économique, ça a un impact
énorme, pas seulement au niveau des emplois créés à
l'aluminerie comme telle, évidemment, mais encore plus, je dirais, pour
tous les emplois secondaires et tertiaires qui s'y greffent au niveau
d'entreprises qui ont des contrats ou des sous-contrats, en période de
construction, évidemment, mais aussi en période
d'opération de l'entreprise. Alors, ça a un impact majeur sur
l'économie du Québec et, particulièrement, sur
l'économie du centre du Québec.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée
de... Oui?
M. Dufour: Le député de Nicolet-Yamaska n'a pas de
question, il fait juste une remarque; moi, je suppose qu'il ouvre une porte ou
il ouvre un débat qui n'est pas là, ce matin...
Le Président (M. Jolivet): Non, mais d'une façon ou
d'une autre, écoutez, il avait le droit de faire ça dans ses
remarques préliminaires, il l'a pris à ce moment-ci...
M. Dufour: Je veux bien qu'on parle des emplois
créés, mais je voudrais bien aussi qu'on parle des emplois qu'on
perd.
Le Président (M. Jolivet): Bien, vous aurez la
chance...
M. Dufour: Parce que ce n'est pas vrai, ce qu'il se dit, ce n'est
pas clair.
Le Président (M. Jolivet): Vous aurez la chance de prendre
la parole. Vous pourrez le faire. M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Oui. Merci, M. le Président. Alors, pour
clarifier cette situation électrique, je sais, M. For-tier, que vous
n'étiez pas présent à Hydro-Québec, mais je vais
vous remettre dans le contexte et je vais vous dire ce qui m'inquiète,
moi, en tant que député. HydroQuébec, en novembre,
décembre dernier, a émis une directive disant que toute nouvelle
entreprise, tout nouveau commerce se devrait de déposer deux mois de
consommation électrique. Même dans le cas d'un transfert d'une
industrie existante du point A au point B, on le traite comme un nouveau client
et on veut lui remettre. Alors, moi, je m'étais inquiété,
parce que je me suis dit que dans le but d'un développement du
Québec, et surtout lorsque je regarde le domaine où une
société comme la SGF est impliquée, vous avez des endroits
où vous pouvez être impliqués, dans le futur, dans des
usines ou dans des types d'opération qui demandent
énormément de consommation électrique. Lorsqu'on regarde
les électrotechnologies, avoir des factures de 30 000 000 $ par
année, c'est fréquent. Alors, si on prend 30 000 000$ par
année et qu'Hydro-Québec maintient ses directives d'avoir deux
mois immobilisés pendant quatre ans, je connais très peu
d'industriels qui vont allonger 6 000 000 $ payés à un taux qui
est déterminé comme étant celui des bons de la Banque
Nationale, pendant une période de quatre ans. Alors, c'est un levier qui
peut prévenir la création d'emplois, autant de la petite et
moyenne entreprises.
Ma question à Hydro-Québec, elle est celle-ci:
Dans le cas des négociations, parce que c'était suite
à ces directives-là que vous avez fait l'annonce, est-ce qu'on a
demandé à Petresa, pour la consommation estimée
d'électricité, de déposer en fiducie, pendant quatre ans
de temps, l'équivalent de la consommation de deux mois
d'électricité?
Le Président (M. Jolivet): M. Fortier.
M. Fortier: M. le Président, d'abord, je veux donner une
réponse générale et une réponse
particulière. La réponse générale, c'est que je
n'étais absolument pas au courant de cette politique
d'Hydro-Québec, je l'apprends à l'instant. Et la réponse
particulière, c'est que le contrat de Petresa avec Hydro-Québec
n'est pas encore signé parce que, comme je vous l'ai mentionné
tantôt, pour nous, le contrat électricité, ça n'a
vraiment aucune importance dans ce projet-ci, et j'insiste sur ce projet-ci,
parce que ce n'est pas un élément important. Alors, je ne suis
absolument pas au courant.
Transformation de matières premières au
Québec
M. St-Roch: Je ne vous mettrai pas de pression parce que le
problème se situe, je pense, à un autre niveau. On va attendre
les réponses d'Hydro-Québec. On aura aussi la chance de revenir,
dans un contexte un peu plus global, lors de l'étude des crédits
avec le ministère de l'Industrie et du Commerce. Je pense que le
ministre va convenir que ça peut être un frein majeur au
développement. d'une façon un peu plus large, lorsque je regarde
les investissements de la société générale de
financement... et mes collègues ont touché à ce qui
concerne les alumineries. j'ai mentionné en 1990, je l'ai
répété en 1993, lorsqu'on a fait le plan de
développement d'hydro-québec, on sera en mesure d'évaluer
et de juger, à mon humble avis, la pertinence et les chances
d'opportunité du québec d'avoir investi dans les alumineries dans
cinq ans d'ici, aux alentours de 1998, entre 1998 et 2000, et, pour moi, la
clé... ma question va être celle-ci: lorsque je regarde des
investissements comme petresa, il y a un élément qui est mieux
que l'aluminium parce qu'on a un élément de valeur
ajoutée, parce qu'on est déjà au deuxième niveau,
mais est-ce que, d'une façon générale, c'est vrai pour
l'aluminerie parce que vous détenez, dans certains cas, jusqu'à
25 % de production, je pense que le rôle futur... je disais qu'on
était rendu à la fin d'une courbe balistique dans la
foulée des années soixante. on a utilisé la sgf, avec
raison, pour créer des masses critiques. petresa en est un autre exemple
dans le domaine où vous allez aujourd'hui, au niveau de la
pétrochimie, mais, si on reste là, on se casse la gueule, quant
à moi, lorsqu'on regarde vers l'an 2000. alors, la prochaine
génération, ça va être de créer, la
deuxième et la troisième génération... est-ce que
la sgf, dans son grand moyen de développement, va être capable de
dire: avec mon 25 % que j'ai des productions de l'aluminerie, je vais avoir le
man- dat ou je vais aller le chercher si je ne l'ai pas et je
vais le demander aux parlementaires et au ministre de l'Industrie et du
Commerce, pour commencer à créer ces industries de
deuxième génération? Est-ce qu'il va être maintenant
dans l'intention de la SGF, avec Petresa, parce que le grand marché et
où il est payant et là je suis obligé de mettre mon
chapeau du gars qui vient du privé, parce que j'ai vu poindre les
sulfonates et alkyles sulfonates dans le passé, je pourrais même
vous faire des formules chimiques, si vous le désirez... Où
est-ce qu'est réellement l'argent, c'est dans la création de ces
savons-là? Or, à ce moment-ci, est-ce qu'il est de l'intention de
la SGF, comme politique globale, de dire: Maintenant qu'on a mis en place les
grandes infrastructures, on s'attaque, on va aller créer cette
deuxième génération et cette troisième
génération?
M. Fortier: La réponse, M. le Président, c'est oui,
et sans hésitation; c'est effectivement l'un de nos principaux
défis, auxquels nous nous attaquons, d'utiliser notre position dans
l'aluminium primaire, notre main-d'oeuvre qualifiée et notre situation
dans le marché de libre-échange pour faire de la transformation
au Québec dans l'aluminium. La réponse, c'est oui: Quand nous...
On est en train d'écrire notre rapport annuel; quand on le
déposera, vous allez voir qu'on en parle, que c'est effectivement l'un
de nos secteurs clés dans lesquels nous entendons nous
développer. Il faut faire plus de transformation et faire plus de valeur
ajoutée, au Québec, dans tous les domaines; pas juste dans la
transformation de l'aluminium, mais dans tous les domaines, il faut qu'on ait
plus de valeur ajoutée. La réponse, c'est oui. On a d'ailleurs
des projets actuellement en chantier, qui sont en discussion.
M. St-Roch: C'est là, finalement, quand je regarde le
secteur de l'aluminium...
M. Fortier: Vous avez raison.
M. St-Roch: ...moi, qu'on pourra réellement conclure,
à la fin, si les contrats de risques partagés auront
été valables ou non. Venant du milieu du privé, à
un moment donné, il faut créer une masse critique avant
d'être capable d'agir et d'être capable d'avoir un levier
d'influence. Mais, moi, je pense que, au niveau de Petresa, entre autres
parce que, là, vous allez faire face, ça va bien le grand
marché, finalement, où est-ce que l'argent va être
parce que vous arrivez, vous avez mentionné, d'ailleurs, vous avez
effleuré le sujet dans vos remarques, qu'on était une industrie
qui était cyclique, parce que qui dit alkylsulfonate dit aussi: La
grande industrie textile, elle se déplace de plus en plus vers l'Asie,
et, tantôt, vous allez voir revenir ça vers l'Afrique, là,
parce que l'industrie textile suit toujours les salaires, en règle
générale, au niveau primaire, à bas revenus. Alors, je
pense qu'il serait intéressant, dans les plus brefs délais
et ce n'est pas une recommandation, mais un voeu que j'émets à la
SGF qu'on soit capables de regarder toute cette deuxième
génération, parce
qu'il y a, associées avec les alkylsulfonates, il y a beaucoup de
choses qui peuvent en découler aussi, qui seraient d'un
intérêt, parce qu'on crée de l'emploi, finalement, qui est,
comme M. le ministre se plaît à dire, à valeur très
fortement ajoutée.
Le Président (M. Jolivet): D'accord...
M. Fortier: Oui, oui...
Le Président (M. Jolivet): ...voulez-vous...
M. Fortier: ...c'est ça, nous sommes d'accord.
Le Président (M. Jolivet): ...M. Fortier.
M. Fortier: Nous sommes d'accord. Vous prêchez à un
converti. D'ailleurs, la politique de la SGF est le reflet de la politique du
gouvernement. C'est un peu ce qui avait été exprimé par
notre ministre responsable, et c'est le mandat que la SGF a.
M. St-Roch: On juge un arbre aux fruits qu'il porte. Alors, on
jugera aux fruits que vous porterez.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Merci. M. le Président, M. le
président Fortier, je voudrais vous poser un certain nombre de
questions, là. Une première que je veux éclaircir d'abord:
Vous avez mentionné dans votre texte que Petresa avait un chiffre
d'affaires de 5 400 000 000 $, mais, dans votre exposé, vous avez
parlé d'un capital, d'actifs de 5 000 000 000 $. Est-ce que c'est les
deux chiffres qui sont de 5 000 000 000 $? Parce que le chiffre d'affaires
inscrit au document, c'est 5 400 000 000 $, mais, les actifs, vous avez
parlé aussi de 5 000 000 000 $.
M. Fortier: Effectivement, c'est le cas. C'est peut-être
une erreur que j'ai faite, mais effectivement, ils ont des actifs de 5 000 000
000 $...
M. Léonard: De 5 000 000 000 $ aussi.
M. Fortier: ...ils ont également un chiffre d'affaires de
5 000 000 000 $. C'est peut-être pour ça que j'ai fait la
confusion, mentalement, parce que...
M. Léonard: O.K.
M. Fortier: ...c'est les deux...
M. Léonard: C'est parce que vous mentionnez...
M. Fortier: ...et des avoirs propres de 2 000 000 000$.
M. Léonard: ...5 400 000 000$ dans le chiffre d'affaires
annuel 1991, je pense.
M. Fortier: C'est une société... C'est une
société, M. le député, qui est à peu
près de la même taille qu'était Petro-Canada, avant
qu'ils... Là, ils sont, je pense, un peu moins que ça, mais ils
avaient justement ça, 5 000 000 000 $ d'actifs, 5 000 000 000 $ de
chiffre de ventes.
M. Léonard: Oui.
M. Fortier: C'est une coïncidence que ce soient les deux
mêmes chiffres.
M. Léonard: O.K.
M. Fortier: Mais ça vous donne une idée de la
taille de l'entreprise.
Motifs de l'émission de la directive 4
M. Léonard: Oui. Je voudrais revenir sur la
nécessité de venir ici, devant la commission, avec une nouvelle
directive. La directive 2 vous parlait de pouvoir intervenir dans des produits
du pétrole, du charbon et dans la production d'oléfines et autres
produits connexes. Pourquoi, à ce stade-ci, avez-vous besoin d'une
nouvelle directive? En quel... Pourquoi c'est si nécessaire qu'on
reprenne la directive antérieure, et pourquoi l'autre ne suffisait
pas?
M. Fortier: La directive 2, M. le Président, M. le
député, ne nous autorisait qu'à être dans le secteur
des oléfines...
M. Léonard: Oui, mais...
M. Fortier: ...donc, éthylène et polyethylene. Elle
ne nous autorisait absolument pas à faire le projet Petresa.
C'était une nécessité d'ordre législatif et,
également, juridique, parce qu'il faut que nous soyons,
évidemment, autorisés à agir dans un domaine pour pouvoir
y faire des investissements. Après vérification avec nos
conseillers juridiques, ils ont dit: Ça vous prend une nouvelle
directive. Donc, d'où l'objet de la demande de directive.
M. Léonard: Mais, à ce moment-là, est-ce
qu'à chaque fois qu'il y aura, disons, un nouvel investissement on
risque de revenir devant la commission, ici, ou... C'est... Ça me
paraît un peu tatillon, en quelque sorte. (11 h 30)
M. Fortier: Je ne pense pas, M. le Président, M. le
député. Il faut comprendre que la SGF, en vertu de sa loi et en
vertu des directives actuelles, est autorisée à agir dans tous
les secteurs où elle était avant 1978; elle est autorisée
à agir dans tous les secteurs dans lesquels elle agit
présentement. Et cette directive-ci, je vous dis ça sans les
réviser, mais celle-ci semblait beaucoup plus
contraignante parce qu'elle ne parlait que des oléfines. Mais
prenons l'exemple de l'aluminium. Tantôt, un de vos collègues
soulevait la question: Est-ce qu'on pourra faire de la transformation de
l'aluminium et peut-être même en obtenir l'autorisation? La loi de
la SGF est très claire là-dessus parce que, l'aluminium, c'est
dans la loi. On a le droit, dans l'aluminium, de faire tant du primaire que du
secondaire, et, tout ça, c'est très large.
Alors, on n'a jamais senti, à ce jour, que la loi sur la SGF et
que les directives nous posaient des contraintes. Quand j'arrive au bureau le
matin, j'ai toujours à l'esprit le mandat de la SGF qui est de faire du
développement industriel, mais je vous avoue que je n'ai jamais eu
besoin de relire, tous les matins, les directives ministérielles qui
autorisent la SGF. On a toujours eu les coudées franches. Là,
ça adonne qu'on a ce projet-là qui nous fait voir que l'ancienne
directive était trop restreignante. Alors, on s'est dit: Puisqu'on veut
oeuvrer dans ce secteur qui est une grappe industrielle importante,
profitons-en pour élargir pour ne pas qu'on soit obligés, dans ce
cas précis, de procéder avec la lourdeur d'une directive
ministérielle par projet.
M. Léonard: Donc, à partir de directives que vous
nous proposez, que vous avez ce matin, vous pourriez faire ou vous pourriez
vous intéresser à une foule d'autres projets dans le secteur de
la pétrochimie?
M. Fortier: Tout à fait. C'est exact. Maintenant, nous
sommes autorisés, en vertu de la directive 4, à agir dans les
deux secteurs qui sont... Là, je reviens à ce que je disais
tantôt, deux secteurs qui sont définis par le Bureau de la
statistique. Je pense que c'est la Loi sur le Bureau de la statistique.
Une voix: Non, ce n'est pas ça.
M. Fortier: La classification des activités
économiques telle que définie par le Bureau de la statistique du
Québec, qui prévoit un secteur qui s'appelle pétrole,
charbon, pétrochimie, et l'autre secteur qui s'appelle chimie, qui sont
deux secteurs différents pour eux. Nous, on s'est dit: Au lieu de
fonctionner par classification, puisque les projets dans la vraie vie ça
ne fonctionne pas par classification, soyons autorisés dans les deux.
À ce moment-là, ça nous permet de travailler.
M. Léonard: Êtes-vous en train de nous dire que
c'est le Bureau de la statistique, finalement, qui nous impose d'émettre
une nouvelle directive? Ça a l'air un peu...
M. Fortier: Ce n'est pas ce que j'ai dit, non.
M. Léonard: ...je ne sais pas, moi, du
«gratouillage» de texte, en quelque sorte.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça. Oui.
M. Léonard: Bon. Là, au moins, cette
fois-là, on va être couverts pour beaucoup plus large que
maintenant.
M. Fortier: Tout à fait.
Investissements de la SGF dans Petresa
M. Léonard: Bon, au moins. Ça, ça me
rassure. Je voudrais revenir sur une affirmation que vous faites, je ne sais
plus à quelle page de votre texte, mais il y a les deux dernières
lignes du bas de la page où vous dites que la SGF s'implique pour 36 000
000$ et... «Elle investira 36 000 000 $ à même ses fonds
propres» et, si je comprends, elle va mettre 80 000 000 $ environ dans le
projet. 49 %, autour de 49 %.
M. Fortier: On emprunte de la banque.
M. Léonard: Le reste, c'est des emprunts. O.K. Des
emprunts du projet Petresa lui-même.
M. Fortier: C'est exact.
M. Léonard: Donc, c'est les actions, 36 000 000 $.
M. Fortier: C'est exact, M. le Président. Il y aura un
financement du projet avec un consortium bancaire. C'est actuellement en
négociation. Je ne peux malheureusement pas vous en donner les
détails parce que ce n'est pas conclu au moment où nous nous
parlons.
M. Léonard: Non, je ne veux pas... M. Fortier: Ah
bon!
M. Léonard: ...entrer dans les négociations.
Absolument pas.
Maintenant, vous ajoutez une phrase qui me fait, en tout cas... qui me
fait tiquer, disons. Tiquer. «Le projet n'a
bénéficié d'aucune subvention», et vous avez
ajouté tout à l'heure que vous aviez dû refuser un
prêt de la SDI. Vous l'aviez fait. En tout cas, vous l'avez refusé
pour ne pas, je suppose... Je suppose que c'est en relation aussi avec ce petit
bout de phrase que vous avez mis là. Est-ce que, selon vous, les
pratiques actuelles de la SDI confinent à ce que ces prêts,
transformés en participation, constituent des subventions?
M. Fortier: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le
député. J'ai fait deux affirmations qui étaient
séparées l'une de l'autre.
M. Léonard: Oui.
M. Fortier: Je vous ai dit que nous n'avions pas besoin, que le
projet se tenait par lui-même et que sa qualité et sa
rentabilité étaient telles que nous avions décidé
que nous n'avions pas besoin de subvention. Ce
n'est pas le rôle de la SGF que de courir après les
sociétés étrangères pour leur offrir des
subventions à même les fonds publics si elles n'en ont pas besoin,
des subventions ou des prêts, si elles n'en ont pas besoin.
M. Léonard: Oui. Là, vous êtes en train de me
dire que, quand c'est bon, vous n'avez pas besoin de la SDI. Donc, par
corollaire, j'entends que, quand ce n'est pas très bon, la SDI
s'implique.
M. Fortier: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Léonard: Vous savez, on pourrait déduire cela de
vos propos, mais c'était d'une telle rentabilité que la SDI
n'avait pas besoin de s'impliquer. Mais cela tend à confirmer
peut-être qu'on peut se poser des questions sur les prêts
participatifs de la SDI qui sont transformés en actions à terme
et que ça devient, à toutes fins pratiques, des subventions. Bon!
Je comprends que vous n'avez pas pris de risque sur ce
côté-là et que le projet était bon en lui-même
et que vous avez procédé. Très bien.
Participation de la SGF au secteur forestier
Sur un autre plan, dans le secteur forestier, la SGF est très
présente. Elle est présente parfois avec la SDI aussi et vous
avez des projets où la SDI est présente?
M. Fortier: La SGF est impliquée strictement dans
Domtar.
M. Léonard: Oui. Domtar.
M. Fortier: On a des actions dans Domtar, mais on n'est pas
impliqué dans d'autres secteurs des pâtes et papiers.
M. Léonard: Aucun autre secteur, aucun autre projet?
M. Fortier: Non, non.
M. Léonard: Sauf de la transformation des...
M. Fortier: La SGF était dans Donohue autrefois, mais,
ça, ça a été vendu il y a fort longtemps.
Une voix: Ils étaient dans Windsor?
M. Léonard: Dans Matane, Donohue Matane?
M. Fortier: On n'est pas dans ça du tout, nous autres.
Non, non. Donohue, ça a été...
M. Léonard: Non, non. La SGF n'est pas là. C'est
REXFOR.
M. Fortier: On est simplement, la SGF, dans le secteur des
pâtes et papiers...
M. Léonard: C'est la SDI qui était à
Matane.
M. Fortier: ...peut-être pour clarifier, M. le
Président.
M. Léonard: Ce n'était pas assez bon pour vous,
Donohue Matane?
M. Fortier: Non, écoutez. Donohue, M. le
député, je n'étais pas à la SGF, mais ce que je
sais de l'histoire, c'est la SGF qui a monté Donohue et qui, ensuite, en
a fait la privatisation, ce qui a été un autre bon coup de la
SGF. Ça a été fait avant mon temps, alors je me sens bien
à l'aise d'en parler. Ça fonctionne avec l'entreprise
privée et c'est à eux qu'il faut poser les questions à
savoir si ça va bien ou pas. Nous n'y sommes pas...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: ...nous avons vendu Donohue et nous l'avons bien
vendue, à l'époque. Alors, c'est tout ce que j'en sais. Le seul
intérêt de la Société générale de
financement dans le secteur, c'est qu'elle détient un bloc de 24 % dans
une société publique qui s'appelle Domtar.
M. Léonard: Et là il n'y aura pas de mesures de
rétorsion du milieu américain, aucun problème
là?
M. Fortier: Pas que je sache.
M. Léonard: C'est du capital-actions?
M. Fortier: Oui, oui.
M. Léonard: C'est du capital-actions?
M. Fortier: Oui, oui, oui, tout à fait.
Le Président (M. Joli vet): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président.
Subventions et mesures compensatoires
Évidemment, une des difficultés qui se présentent
est liée au fait qu'il y a une absence d'entente sur la
définition d'une subvention dans les accords. Vous parliez tantôt
de la jurisprudence qui émanait des décisions dans le dossier de
Norsk Hydro. Vous nous disiez que les mesures compensatoires qui, dans ce
dossier-là, avaient été imposées, l'avaient
été pour des raisons autres que les contrats à partage de
risques et que, finalement, ce n'était pas parce que ces contrats
avaient été signés à partage de risques que pour
autant ils pouvaient donner ouverture à des mesures compensatoires.
D'autre part, certainement avez-vous été informé
des prétentions du compétiteur de Petresa à l'effet qu'une
nouvelle usine sur le continent nord-américain ne pourrait pas survivre
économiquement, étant donné que le marché
était saturé et que la survie dépendrait d'octrois
gouvernementaux. Alors, j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Fortier: II y a un document que je cherchais, mais je peux
vous parler de mémoire. Ceux qui ont prétendu qu'il n'y avait pas
de place en Amérique du Nord ne tiennent pas compte de deux choses.
Premièrement, on est déjà présents sur le
marché nord-américain je l'ai mentionné
tantôt alors, c'est un déplacement de volume, dans un
premier temps. Deuxièmement, il y a une société qui a
même annoncé qu'elle souhaitait faire un projet au Mexique, un
projet pour construire une usine de 120 000 tonnes. La société
Vista a annoncé récemment je n'ai pas la date le 8
février 1993 attendez, oui le 8 février 1993,
qu'ils avaient signé un MOU, un «memorandum of
understanding», avec la société Pemex,
société d'État au Mexique, pour construire une usine
d'alkylbenzène linéaire d'une capacité de 120 000 à
140 000 tonnes à un coût de plus de 250 000 000 $ US. Alors, il y
a plusieurs conclusions que vous pouvez tirer de ça. Ça, ce sont
les gens qui nous disent qu'il n'y a pas de place dans le marché. Leur
usine semble coûter 250 000 000 $ US, puis, troisièmement, c'est
eux qui s'associent avec une société d'État, ce qu'ils
disent qu'il ne faut pas faire. Alors, je vous laisse tirer vos
conclusions.
Mme Harel: Je comprends, par les réponses que vous nous
avez données, que la SGF examine la possibilité de s'introduire
dans le secteur de la production de paraffine normale. C'est ce que je dois
comprendre?
M. Fortier: Je m'excuse, madame, j'ai manqué le tout
début de votre question.
Mme Harel: Je comprends, par les réponses que vous nous
avez données, que vous envisagez de pouvoir introduire l'activité
de la SGF dans le secteur de la paraffine, de la production de paraffine
normale qui doit être importée, là.
M. Fortier: La directive que vous avez devant vous ce matin nous
le permettrait. C'est effectivement une possibilité, mais nous
souhaitons marcher avant de courir, évidemment. Là, on
amène ce projet-ci et effectivement, éventuellement, c'est une
possibilité qu'il y ait des usines en amont ou en aval, mais nous n'en
sommes pas là dans le projet. On va commencer par construire notre usine
et en faire un succès grâce à nos ingénieurs
québécois, puis à nos gens qui vont bien contrôler
nos budgets, puis on va pénétrer nos marchés
nord-américains puis, une fois qu'on aura fait nos preuves avec ce
projet, on pourra considérer ces autres possibilités, mais,
effectivement, la directive nous le permet. (11 h 40)
Projet Soligaz
Mme Harel: Vous nous avez, tantôt, fait un bilan de
l'activité dans le secteur de la pétrochimie. Je vous assure que
j'en referai une lecture attentive dans le Journal des débats.
Cependant, vous avez rapidement glissé sur tout le projet de
l'acheminement par pipeline des butanes et des propanes, donc vous avez
glissé très vite sur le projet Soligaz et notamment,
également, sur les directives qui devaient venir de la part du
gouvernement fédéral pour minimiser les effets polluants des
hydrocarbures et qui devaient accélérer un projet comme celui de
la production des MTBE. Où est-ce qu'on en est rendu? Également,
où en sommes-nous quant à la construction des cavernes, du
pipeline, de l'usine de MTBE elle-même?
M. Fortier: La question de l'usine de MTBE, il faut bien
comprendre quel est le rôle de la SGF. Je ne peux malheureusement parler
que du rôle de la SGF puisque je ne suis pas au courant de tous les
autres secteurs. Le projet de MTBE, ça n'a jamais été un
projet de la SGF et, que je sache, la SGF n'y a jamais été
impliquée. Ce que j'en sais, c'est ce que j'en apprends comme tout le
monde. Ce que je sais, c'est qu'il n'est pas encore fait, mais c'est un projet
qui est mis de l'avant par une autre société que la
nôtre.
Le projet Soligaz est un projet, aussi, qui est porté par une
autre société que la nôtre. Ce que je peux vous dire,
c'est... Je peux vous en parler en tant qu'actionnaire de Pétromont,
à 50 %, avec Union Carbide. Soligaz fait partie de la grappe
industrielle. On le sait. C'est un projet qui demeure important pour le centre
pétrochimique de Montréal. Au moment où on se parle,
évidemment, la conjoncture du secteur de la pétrochimie
étant ce qu'elle est, le projet doit s'adapter à la conjoncture
et, en autant que Pétromont est concernée pour le moment, les
efforts, nous les faisons porter sur le développement des
marchés. C'est plus important, à court terme, quand l'industrie
ne va pas bien, de s'assurer de vendre nos produits et de bien les vendre;
notre problème est plus à la sortie qu'à l'entrée,
à ce moment-ci, si vous me suivez.
Mme Harel: Vous n'avez pas...
M. Fortier: C'est plus, donc, en aval plutôt qu'en amont,
si vous voulez.
Mme Harel: On comprend, donc, que Pétromont n'aurait pas,
présentement, les problèmes d'approvisionnement qu'elle disait
avoir pour justifier l'acheminement par pipeline.
M. Fortier: C'est exact en ce sens que les besoins de volume de
Pétromont, actuellement, sont de l'ordre de 15 000 barils par jour parce
que le doublement de l'usine de Pétromont ne s'est pas encore fait. Le
jour où le doublement de l'usine de Pétromont se fait ou le jour
où le projet Soligaz se fait, pardon, le projet MTBE, je
m'excuse, ou quelque autre projet semblable, là, les volumes
à être transportés justifient un pipeline. Il faut
comprendre que l'économique d'un pipeline puis vous êtes
peut-être familière avec le domaine c'est que les
coûts fixes sont très importants, les coûts de
l'infrastructure, mais les coûts variables d'utilisation sont
négligeables. Alors, pour justifier un pipeline, il faut qu'il y ait des
volumes importants, à défaut de quoi les frais fixes vous
coûtent trop cher.
Mme Harel: Mais est-ce qu'on n'est pas devant la situation de la
poule et l'oeuf: parce qu'il n'y a pas de volume important, il n'y pas de
projet ou il n'y a pas de projet parce qu'il n'y a pas de volume important?
M. Fortier: Ah bien, je pense que le problème je
vous l'ai mentionné c'est dans le secteur aval. La situation
actuelle de la pétrochimie est extrêmement déprimée,
et c'est vrai à travers l'Amérique du Nord. Alors, qu'on ait plus
ou moins d'approvisionnement, ce n'est pas ce qui rétablit les prix dans
le marché, comprenez-vous?
Mme Harel: Tantôt..
M. Fortier: Un peu comme dans l'aluminium dont je parlais
tantôt. Si le prix est à 0,52 $, ce n'est pas parce qu'on a des
problèmes d'alumine ou de bauxite. C'est parce qu'on a des surplus dans
le marché.
Mme Harel: Justement, tantôt, dans l'aluminium, vous
prévoyiez avec précision que, dans trois ans, les prix
reviendraient à la normale de 0,80 $, nous disiez-vous. Qu'est-ce que
vous prévoyez pour la pétrochimie?
M. Fortier: En fait, je ne prévoyais pas
nécessairement avec précision, je ne veux pas poser à
l'expert. C'est les prévisions du CRU, c'est les prévisions des
maisons spécialisées auxquelles sont abonnées toutes les
grandes sociétés, Alcan, nous-mêmes et tout ça, et
qui sont des prévisions faites par des spécialistes. Ça ne
veut pas dire qu'elles sont nécessairement justes. Seul l'avenir nous le
dira. Mais ce ne sont pas mes prévisions.
Dans le cas de la pétrochimie, on prévoit que les
marchés devraient reprendre en 1994-1995 pour l'éthy-lène
et le polyethylene. Encore là, vous savez, les projections, ça
arrive qu'on se trompe et ça arrive qu'on se trompe dans un sens comme
dans l'autre. Il est déjà arrivé qu'on s'est
trompé, soit trop haut, soit trop bas.
M. Léonard: Ce n'est pas comme le ministre des Finances,
c'est toujours dans le mauvais sens!
Mme Harel: Et quand prévoit-on un déblocage du
projet de Soligaz?
M. Fortier: Je ne sache pas qu'il est bloqué. Mme
Harel: Alors, on en est où maintenant, quant à la
construction des cavernes?
Le Président (M. Joli vet): M. le ministre.
M. Fortier: Ce n'est pas nous qui pilotons le dossier,
madame.
M. Tremblay (Outremont): C'est un projet qui est important. Il
est prévu dans la stratégie de développement, la grappe
industrielle de la pétrochimie et des plastiques. Des efforts
considérables ont été faits au niveau de l'obtention des
permis pour l'environnement. C'est un projet qui est important. La conjoncture
économique nous demande de réévaluer les données du
projet et, dans les semaines qui viennent, nous devrions avoir l'information
nécessaire pour prendre une décision sur l'implantation du projet
Soligaz qui demeure un projet qui est prévu dans la stratégie de
développement industriel des grappes industrielles de la
pétrochimie.
Mme Harel: Je comprends donc que vous allez procéder
j'ai bien compris à une réévaluation du
projet. C'est ce qu'il faut comprendre ce matin?
M. Tremblay (Outremont): Le projet fait partie du
développement stratégique de la grappe de la pétrochimie
et des plastiques. Pétromont est un élément important de
cette grappe. La priorité de Pétromont, à court terme,
c'est le développement de marchés. Lorsque nous recevrons les
données et les projections financières de Pétromont, nous
serons en meilleure position pour évaluer les délais
d'implantation du projet Soligaz au Québec.
Mme Harel: Oui. Où en sont les relations avec Pipeline
Interprovincial ltée?
M. Tremblay (Outremont): Pour le moment, on parle d'un projet qui
est adapté à la conjoncture économique, donc,
l'implantation d'une caverne et, également, l'installation d'un
quai.
Mme Harel: Est-ce que toutes les directives nécessaires au
projet ont été émises par la Commission nationale de
l'énergie?
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas cette information. (11 h
50)
Mme Harel: M. le Président, il y a déjà
quatre ans... J'ai un dossier extrêmement volumineux. Pour le
bénéfice de mes collègues de la commission parlementaire,
je vais le remettre à la secrétaire de notre commission... et je
souhaiterais que vous fassiez circuler. C'est une trentaine de pages,
simplement des titres des journaux publiés, depuis deux ans seulement,
sur l'annonce, à diverses périodes, de ce projet. Remarquez que
le gouvernement a déjà fait une élection, en 1989,
annonçant 25 000 emplois suite à la réalisation du projet
Soligaz. Alors, je comprends qu'à la fin de ce deuxième
mandat le gouvernement est en train d'en réévaluer la
portée. Mais, M. le Président, j'aimerais...
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée,
je vais vous demander de conclure parce que votre 10 minutes est
dépassé, mais je prends pour acquis...
Une voix: C'est un sujet très important.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais elle aura l'occasion
de revenir. J'ai pris pour acquis que, comme il n'y a pas de
dépôt, je vais simplement accepter que soit distribué le
document. Je vais passer la parole au député de Nicolet-Yamaska
et je reviendrai ensuite avec le député d'Ungava.
Petresa et la protection de l'environnement
M. Richard: M. le Président, c'est à titre
d'information et de détail additionnel, pour les fins des membres de la
commission, en ce qui a trait à tout le milieu environnemental pour le
projet de Petresa. Je sais qu'il y a plusieurs démarches qui ont
été faites; j'ai participé à certaines d'entre
elles. Je pense qu'il serait important, puisque c'est le dossier particulier
que nous traitons, que vous fassiez, M. le Président, la nomenclature et
les détails avec certaines précisions de tout le dossier
environnemental. Et on sait quelle préoccupation les gens ont à
l'instant où on parle d'une industrie pétrochimique.
Première interrogation qu'on a, normalement, dans le milieu, c'est:
Est-ce que ça va être polluant? Est-ce que ça attaque
l'air? Quelles sont les émanations? Est-ce que c'est de l'azote? Bon. Si
vous pouviez, s'il vous plaît, faire un topo de ça pour renseigner
les membres de la commission.
M. Fortier: Avec plaisir, M. le Président. Alors, je vais
le faire très brièvement. D'abord, il y a la question de la
technologie que j'ai touchée tantôt, brièvement. C'est le
procédé le plus moderne qui existe au monde, le
procédé UOP Cepsa, qui utilise un nouveau catalyseur solide et
inerte qui n'utilise pas l'acide hydro-fluorique. Ça représente
une percée technologique importante dans le respect de l'environnement
et la qualité du produit. Je dois vous dire que ce sera la
première au monde qui utilisera ce procédé.
Quant aux matières premières utilisées, M. le
Président, les paraffines, je l'ai mentionné, c'est un produit
pétrochimique, c'est un peu semblable au diesel. Je mentionne ça
pour ne pas que les gens croient que c'est de la cire. Ce n'est pas de la
paraffine à chandelle.
Une voix: ...
M. Fortier: De l'huile à chauffage. Merci. C'est ce que je
voulais dire aussi, de l'huile à chauffage. Je vois que les membres de
la commission sont plus experts que moi, alors, merci. Le benzène, j'en
ai parlé également tantôt, c'est un produit qui est bien
documenté, connu, qui est utilisé d'une façon
extrêmement large à travers le monde. On en produit un milliard de
tonnes par année. C'est traité selon les normes d'hygiène
industrielle les plus strictes. Le produit lui-même, l'ABL, est
biodégradable, il ne s'accumule pas dans l'environnement. Il est
transporté à travers le monde, M. le Président, en bateau,
en camion-citerne, en wagon, et il n'est pas considéré comme une
matière dangereuse.
Au niveau de la gestion des rejets liquides, les objectifs de Petresa
Canada sont de diminuer la consommation d'eau, de diminuer les rejets d'eau
usée, de produire un effluent sans toxicité et de respecter les
limites du MENVIQ. L'un des moyens pour atteindre les objectifs, M. le
Président, c'est que nous utilisons des échangeurs à air
pour refroidir nos procédés, ce qui diminue nos besoins en eau de
91 %. C'est-à-dire qu'on utilise un dixième de l'eau qu'on
utiliserait normalement avec un refroidissement à l'eau. On
récupère à la source les contaminants, on réutilise
les eaux usées comme eau de refroidissement et, ensuite, il y a des
unités de traitement pour les eaux usées; avec, comme
résultat, un seul effluent qui va à l'égoût pluvial
et il n'y a aucune toxicité aiguë. D'ailleurs, on m'a
expliqué ça, j'ai trouvé ça intéressant,
c'est qu'on passe l'eau à travers des bassins de tests dans lesquels on
a des poissons et on s'assure que les poissons peuvent vivre dans nos bassins
pendant au moins quatre jours; après quatre jours, on renvoie l'eau au
fleuve. Alors, s'ils vivent dans les bassins, vous pouvez imaginer qu'ils sont
capables de vivre dans le fleuve.
Il y a très peu de rejets dans l'atmosphère. Les rejets
sont conformes aux normes et aux exigences du MENVIQ, ça va de soi, et
qui plus est, je le mentionnais tantôt, il n'y a aucune odeur qui est
détectable par les sens olfactifs humains. Ça
génère peu de déchets. Il n'y a aucun entreposage sur le
site de quelque déchet que ce soit pour plus d'un an. Il n'y a aucun
site d'enfouissement qui est prévu. Il n'y a pas de dégradation
du climat sonore, l'usine n'est pas typiquement bruyante. Les critères
du MENVIQ, à ce sujet, sont qu'à la limite du site c'est 70
décibels et, à la résidence la plus rapprochée,
c'est 40 décibels, ce qui est inférieur à une thermopompe
de maison, où je pense que c'est 50 décibels. Alors, les odeurs
sont non détectables.
Avant la mise en opération de l'usine, il y aura
élaboration d'un programme suivi de contrôles afin de s'assurer du
respect des normes et des limites, pour les rejets liquides, solides et gazeux
et avoir un contrôle adéquat des opérations. M. le
Président, c'est, en gros, les normes qui seront respectées. Je
me permets de souligner que, comme l'usine sera voisine de Palumine-rie de
Bécancour, je l'ai fait visiter à de nos investisseurs
internationaux qui ont été absolument épatés,
abasourdis de voir comme c'est propre, comme il y a peu de bruit dans nos
alumineries. Chez Petresa, on entend que les normes semblables les plus
strictes soient respectées. Je dois vous dire que ça impressionne
beaucoup, M. le Président, nos partenaires internationaux et nos
partenaires internationaux éventuels. Quand je fais un lien entre nos
alumineries et notre projet, quand les gens de Petresa sont venus pour nous
rencontrer au
Canada, eux aussi avaient des projets d'entente avec des gens comme
Pemex et des sociétés américaines.
Il y a bien des gens qui ont couru après eux. Vous pouvez
imaginer que c'est un concours de beauté, à un moment
donné. Quand on leur a fait visiter nos alumine-ries, ils ont
tiré au moins- deux conclusions. D'abord, qu'on était un
partenaire majeur de classe internationale, qu'on était capable de faire
des projets de plus d'un milliard de dollars, et qu'on faisait de beaux projets
qui se tenaient bien sur le plan technique. Alors, ils se sont dit: S'ils sont
capables de faire un projet de 1 000 000 000 $, ils sont capables d'en faire un
de 200 000 000 $ avec nous. Ça a beaucoup aidé à la
crédibilité du Québec. Profitons-en donc pour se vanter
à l'occasion entre nous-mêmes.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Unga-va.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Ungava, on n'est pas en
Ouganda.
Le Président (M. Jolivet): Ungava.
Niveau des salaires et bénéfices
marginaux au Mexique
M. Claveau: J'aurais trois questions à poser, la
première concernant justement encore la question du libre-échange
nord-américain, et tout ça. Moi, il y a tout le temps quelque
chose, il y a plein de choses qui me chicotent dans cette histoire-là
parce qu'il y a des bons côtés, semble-t-il, au
libre-échange, mais il semble y en avoir des mauvais aussi.
Je suppose que vos experts, vos analystes évaluent
différents scénarios concernant des contestations possibles que
vous pourriez avoir, surtout du côté justement de Vista et tout
ça. Alors, on parlait, tout à l'heure, justement d'une entente de
Vista-Pemex qui pourrait se réaliser, qui deviendraient des concurrents
directs de votre projet. Est-ce que vos analystes et vos experts, vos avocats
dans le domaine, pensent que les niveaux de salaires et de
bénéfices marginaux très bas qui se trouvent au Mexique,
en collaboration d'ailleurs avec les politiques du gouvernement mexicain et
Pemex, qui est une société d'État, pourraient être
considérés comme des subventions déguisées à
l'implantation d'entreprises et une concurrence déloyale envers les
entreprises québécoises?
M. Fortier: Oui, c'est ça. Il faut comprendre. D'abord, je
dois vous dire que je ne suis absolument pas un expert sur les questions de
libre-échange. Je ne pense pas que les niveaux de salaires soient des
mesures com-pensables parce que ce ne sont pas des subsides, mais la question
est hypothétique en ce sens que je suis loin d'être sûr
qu'ils aient un vrai projet, au Mexique. Si vous voulez mon avis personnel, ils
n'en ont pas, de projet, au Mexique. Ils ont parlé qu'ils avaient un
MOU. Des MOU, là, qu'on appelle un anglicisme, des «memorandum of
understating», monsieur, je vais vous en apporter des boîtes ici.
J'en ai plein les bureaux, à la SGF, parce que, pour un projet que vous
avez vu aujourd'hui, ici, vous voyez la pointe de l'iceberg, parce que, pour
faire un projet à la SGF, il faut en regarder 10, 50 et, des fois, il
faut en regarder 100. Si je vous apportais la liste de tous les projets qu'on
n'a pas faits, je prendrais beaucoup du temps de cette commission.
Ça me semble être... je pense que le meilleur mot, c'est le
mot anglais. Ça ressemble à des «scare tactics».
C'est à ça que ça ressemble, si vous voulez mon avis. J'ai
bien hâte de voir s'il se fera, le projet, parce que, vous savez, le
marché, il y a deux gros producteurs. Il en arrive un troisième,
c'est sûr que personne n'aime ça, là, quand on est
déjà deux à la table. On va combler des besoins qui sont
préexistants, qui sont réels dans le marché, mais je doute
qu'après qu'on aura fait notre projet, qui est au moins deux ans en
avance sur le leur, parce que ça nous a tout de même pris trois
ans pour le faire, je doute qu'il s'en fasse un autre après. Mais, si le
leur s'était fait, on n'aurait peut-être pas fait le nôtre.
Il y a des limites dans le marché. Alors, c'est loin d'être fait.
Mais c'est mon opinion personnelle, l'avenir nous le dira. (12 heures)
M. Claveau: De toute façon, je comprends très bien
votre réponse, sauf que la question d'une façon plus
générale se posera sûrement un jour ou l'autre. Avec le
Mexique dans un libre-échange nord-américain, il est fort
probable que se pose, peut-être pas nécessairement chez vous, mais
de façon générale, avant longtemps, la question de la
concurrence interprétée à travers les niveaux de salaires
et de bénéfices marginaux. On sait qu'au Mexique la main-d'oeuvre
n'est pas tout à fait au même prix qu'au Québec ni,
d'ailleurs, que dans l'ensemble des États-Unis.
Choix de Bécancour pour l'établissement
de Petresa
En contrepartie, une autre question, j'aimerais que vous commentiez
l'utilisation du site de Bécancour. Si on regarde ça, c'est
certain que le site de Bécancour a probablement un certain nombre
d'avantages, j'en conviens, mais, quand on parle de transport maritime, autant
pour les intrants que pour le transport du produit fini, probablement que le
port de Sept-îles ou le port de la ville de La Baie et,
éventuellement, même le port de Québec sont beaucoup plus
accessibles et beaucoup plus proches que le port de Bécancour; toutes
les difficultés de la voie maritime du Saint-Laurent sont
évitées en partie. D'un autre côté, comme Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve le disait, certains
représentants ministériels pour le moins se sont vantés de
la relance de l'est de Montréal à travers la pétrochimie,
dossier que nous avons endossé, d'ailleurs. Là, il y aurait un
projet qui aurait pu entrer dans ce domaine-là. Il y a des installations
portuaires, des installations ferroviaires, des installations
aéroportuaires, des installations routières, tout ce qu'il faut
dans la région de Montréal pour,
éventuellement, donner des services similaires à ceux de
Bécancour, et pourtant l'est de Montréal se voit
marginalisé.
Alors, d'un côté comme de l'autre, les régions plus
périphériques qui sont bien situées sur le plan
géographique en termes d'accès maritime, d'accès
routier... Vous savez, des réseaux d'égout et d'aqueduc, il y en
a à Sept-îles et il y en a Chicoutimi, au même titre qu'il
peut y en avoir à Trois-Rivières, parce qu'on parle des
réseaux d'égout et d'aqueduc, enfin, de tous les services
municipaux disponibles. Donc, d'une part, des régions comme
celle-là n'ont, semble-t-il, pas été envisagées
dans le projet et, d'autre part, il y a une région très centrale,
à Montréal, qui a besoin d'un coup de pouce aussi pour se
relever, puis qui, normalement, devait faire partie, en termes
géographiques, du noyau de la pétrochimie
québécoise et qui, aussi, a été
abandonnée.
Alors, j'aimerais, moi, qu'on m'explique très, très,
très précisément pourquoi, finalement, la région de
Bécancour, qui, somme toute, semble défavorisée à
peu près à tous les niveaux, tant sur le transport maritime que
sur le transport ferroviaire, aéroportuaire, le transport routier, la
proximité des marchés aux États-Unis et,
éventuellement, l'exportation vers les marchés américains
à travers les Grands Lacs pour atteindre Chicago, etc. Ça aurait
sûrement fait très bien ou tout aussi bien à partir de
Montréal que de Bécancour. La même chose, l'arrivée
des produits ou le départ des produits vers le Mexique par le golfe
Saint-Laurent se seraient probablement faits tout aussi bien à partir de
Sept-îles que de Bécancour, ou à partir de la ville de La
Baie. Alors, pourquoi, finalement, Bécancour, qui se trouve au centre de
ça et qui, somme toute, n'a pas l'air pour le moins plus
avantagée que n'importe quel autre site, a-t-elle été
choisie, et qu'on n'a jamais entendu parler d'étude de sites concernant
les autres opportunités d'implantation à travers le
Québec?
Le Président (M. Jolivet): M. Fortier, ou M. le ministre,
un des deux.
M. Fortier: Non, ça va, je peux répondre.
Effectivement...
M. Tremblay (Outremont): Ce n'est pas très gentil pour
vous autres, ça, les députés...
M. Claveau: Vous êtes rarement gentil pour les
régions comme le Lac-Saint-Jean, l'Abitibi, etc.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M.
Fortier.
M. Fortier: C'est à moi de répondre? Bon. Alors, M.
le Président, nous avons, de concert avec la société
Petresa, fait des études de sites, de nombreuses études de sites
au Québec. Les études de sites ont été faites avec
l'expertise propre de Petresa, qui a déjà des usines, et
également avec des sociétés québécoises.
Pour en nommer une, SNC-Lavalin a participé, en fait a été
le principal expert qui a étudié différents sites au
Québec. Pour nous, ce n'était pas une chicane, à savoir si
le site devait être à un endroit plutôt qu'à un autre
au Québec. Là, je ne vous parle que de la SGF. Pour nous,
c'était une chicane, à savoir si le site s'intallerait au
Québec ou s'il s'installerait aux États-Unis ou au Mexique.
Alors, vous pouvez être assurés que notre partenaire, compte tenu
du fait que c'est lui qui amenait non seulement la majorité des fonds,
mais surtout, il faut bien le reconnaître, l'expertise et l'accès
au marché, c'est lui qui a ça... Nous autres, on amène 49
%, on aura 49 % des profits. Il amène 51 %, il aura 51 % des profits.
Mais il amène plus que ça aussi. Sans lui, il n'y en a pas de
projet. La SGF n'aurait jamais fait ça seule. Maintenant, sans nous, il
pouvait avoir un projet, parce qu'il lui suffisait de le faire aux
États-Unis ou même en Ontario. Il a considéré le
faire à Sarnia, j'aurais dû souligner ça tantôt,
parce qu'il y a quand même un noyau, une masse critique à Sarnia.
Je ne vous apprends rien, hein! Enfin. Et ils nous ont choisis, nous. On les
trouvait bien beaux et bien fins. Et le site qu'ils ont
préféré, c'est Saint-Romuald. C'est non seulement le site
qu'ils ont préféré au Québec, c'est le site qu'ils
ont préféré en Amérique du Nord. Alors, moi,
j'applaudis pour le Québec. Je ne peux pas me prononcer et faire un
débat sur les différents sites qu'ils ont regardés. C'est
le site qu'ils ont choisi...
M. Claveau: Saint-Romuald, vous dites?
M. Fortier: Je m'excuse. Je voulais dire Bécancour.
Une voix: Oui, oui, c'est Bécancour, le site. O.K. C'est
correct.
M. Fortier: Oui, je voulais dire Bécancour, parce que,
effectivement...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: ...il y a eu le site...
M. Claveau: Donc, ils ont parlé de Saint-Romuald.
M. Fortier: Un «Freudian slip».
M. Claveau: Donc, il a été question de
Saint-Romuald dans le dossier.
M. Fortier: Tout à fait. Il a été question
de Saint-Romuald et d'autres sites. On a regardé plusieurs sites au
Québec.
M. Claveau: Mais quels sont les avantages qui ont fait que c'est
Bécancour? Je veux bien qu'on me dise que c'est Bécancour qui a
été choisie. Ça, on le sait. Mais à partir de quoi?
C'était quoi, la grille d'ana-
lyse? Quels sont les éléments? Je ne peux pas croire qu'il
n'y a pas eu quand même un petit peu d'opinion qui a été
émise soit par la SGF ou par des représentants gouvernementaux
québécois.
M. Fortier: Oui. Je peux vous en témoigner. Effectivement,
il y a des représentants gouvernementaux qui auraient souhaité
que le site soit installé à Saint-Romuald plutôt
qu'à Bécancour, pour des raisons de développement
économique et de développement régional que le ministre
peut définir avec plus de compétence que moi. Mais,
effectivement, oui, le site de Saint-Ro-muald aurait peut-être
été préféré par le gouvernement. Sauf que,
comme je le mentionnais, à un moment donné, ce n'était pas
un débat entre Bécancour et Saint-Romuald, parce que notre
partenaire voulait aller à Bécancour. C'était un
débat entre Bécancour et l'extérieur. Alors, pour ne pas
perdre le projet, on a trouvé à l'avantage du Québec
qu'ils s'installent à Bécancour. Mais, sur ces autres questions
de politique gouvernementale, vous pouvez comprendre que ce n'est pas moi qui
ai la compétence pour vous répondre.
M. Claveau: II reste que ma question, en tout cas, on n'y a pas
répondu à ma satisfaction dans la mesure où j'aimerais
qu'on connaisse les critères, finalement, le genre de discussion.
M. Fortier: Je ne peux pas vous répondre pour mon
partenaire. Mais ce que je peux vous dire, c'est que les coûts de
construction, d'implantation et d'installation à Bécancour
étaient les moins coûteux. Les infrastructures publiques
étaient déjà toutes en place. D'ailleurs, notre partenaire
a été très impressionné par la qualité des
infrastructures, je dois vous dire. Et ça a été un facteur
de localisation important de voir toutes ces autoroutes, de voir ces chemins de
fer, de voir la présence d'autres usines. C'est toutes des choses qui
les influencent.
M. Claveau: Des autoroutes à Bécancour, il n'y en a
pas une tonne.
M. Fortier: Pardon?
M. Claveau: Des autoroutes à Bécancour, il n'y en a
pas une tonne.
M. Fortier: II y a deux autoroutes Montréal-Québec,
une de chaque côté du fleuve. Je peux vous dire que, quand ils
sont venus, ils ont dit: Vous avez deux autoroutes de chaque côté
du fleuve qui vont de Montréal à Québec et, en plus, il
n'y a pas de péage; on n'en revient pas. Nous autres, il y a bien des
choses qu'on prend pour acquis...
M. Claveau: II y a encore 40 km...
M. Fortier: ...mais c'est des étrangers qui arrivent ici
et qui portent un jugement.
M. Claveau: Si je comprends bien... Le Président (M.
Jolivet): M. le député.
M. Claveau: ...le ministère des Transports a un projet de
40 km d'autoroute entre le pont de Trois-Rivières et la 20.
M. Fortier: Ce n'est pas ça. Je vous parle d'impression
créée auprès d'investisseurs étrangers, tout
simplement. Je ne peux pas répondre en leur nom.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
d'une façon ou d'une autre...
M. Claveau: J'aurais une autre question.
Le Président (M. Jolivet): ...peut-être que le
député de Nicolet-Yamaska pourrait, puisqu'il a la parole, vous
en donner davantage.
M. Claveau: Je n'ai plus de temps?
Le Président (M. Jolivet): Non.
M. Claveau: J'avais une autre question.
Le Président (M. Jolivet): C'est de valeur, pour le moment
plus de temps. M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Richard: Merci, M. le Président. Seulement un
détail additionnel. Évidemment, on s'interroge au départ.
C'est une région, ce n'est pas Montréal ni Québec, c'est
vraiment une région, le centre du Québec. C'est un parc
d'État, un parc provincial. Il est effectivement en plein centre de la
province. Il ne peut pas être plus centré que ça. Il est en
relation directe avec le grand réseau autoroutier qui est l'autoroute 20
et l'autoroute 40. Et on est à la jonction, le lien entre la rive nord
et la rive sud par l'autoroute 55. Donc, au niveau routier et autoroutier, il
est en excellente situation géographique. En plus, à l'ensemble
des services dont peut se doter un parc, quelle que soit sa grosseur, il y a
l'ensemble des services au maximum, du gaz naturel à aller au service
ferroviaire, à aller au quai en eau profonde. Il y a tous les atouts
pour recevoir ce type d'industrie et, en plus, il y a une capacité
portante exceptionnelle au Québec. C'est d'ailleurs une des raisons pour
lesquelles le parc d'État avait été formé... on se
rappellera, dans le temps, c'était d'abord et avant tout pour la Sidbec,
la sidérurgie, à l'époque de M. Jean Lesage. Alors, le
parc, au niveau de sa situation géographique, au niveau de ses
accès par le fleuve ou par le réseau autoroutier, il est
excessivement bien situé. (12 h 10)
C'est une des raisons, pas seulement pour Petresa, c'était aussi
pour Aluminerie de Bécancour, pour ICI Canada, pour Didier, pour
HydrogenAL, pour Norsk Hydro, pour Oxychem, pour Recyclage d'aluminium,
pour SKW, en fait, de très grandes entreprises qui prennent
énormément de surface et qui font des produits de base, qui sont
situées dans le parc de Bécancour. Alors, les partenaires
à côté de Petresa vont être des très grandes
entreprises qui sont aussi dans le même scheme. En fait, il n'y a pas,
à date, en tout cas, dans le parc provincial, d'industrie secondaire ou
tertiaire. L'industrie secondaire et tertiaire, actuellement, elle est
réservée aux parcs municipaux qui sont en
périphérie, et je pense que c'est sain que ce soit comme
ça. Mais, comme site, c'était un site potentiel, et il y a une
logique à ce que ce soit allé à Bécancour. Mais il
était préférable qu'ils viennent à Bécancour
puisqu'il y avait un élément qui manquait, entre autres, à
Saint-Romuald, qui était le gaz naturel, à ce que je sache, et,
si on voulait avoir l'usine dans des délais de quelques années,
il manquait cet élément-là à Saint-Romuald.
Ça ne veut pas dire que Saint-Romuald n'était pas un site
potable. Mais un des sites potables au Québec, pour des fins
industrielles, c'est sûrement le parc provincial, qui vous appartient
à vous, M. le député, et à moi, et à
l'ensemble des citoyens du Québec. C'est pourquoi Petresa s'en va
là.
M. Claveau: Les retombées de taxation municipale ne
retombent pas sur nous.
M. Richard: Non, mais, par contre, elles retombent dans la grande
région 04 et M. le président, actuellement, qui est le
député de Laviolette, a des retombées des impacts des
industries qui sont dans le parc provincial de Bécancour.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président. Alors, si j'étais
le député de Nicolet-Yamaska, je serais drôlement inquiet,
après la description qu'a faite M. Fortier, pour mon autoroute 30. Je
pense que le ministre des Finances va suivre le débat ici. Vous allez
avoir toute une tâche à justifier votre autoroute 30, M. le
député.
Ceci étant dit, juste une clarification, si j'ai bien compris vos
explications, puis pour confirmer un peu une analyse personnelle. Lorsque je
regarde un projet comme Petresa, lorsqu'on regarde au niveau de la
main-d'oeuvre, le nombre d'emplois créés, finalement, c'est de la
main-d'oeuvre qui est très haut de gamme, règle
générale, qui est très spécialisée, puis
ça joue très peu au niveau des évaluations de coûts
de main-d'oeuvre lorsqu'on regarde des projets de cette nature-là versus
le Mexique. Alors, la structure salariale, qui est beaucoup plus basse au
Mexique, n'aura probablement aucun effet sur des projets de type Petresa, ou
d'aluminerie, ou ces choses-là, parce que, finalement, quand je regarde
la valeur au niveau salarial, sur l'ensemble des coûts
d'opération, c'est probablement en deçà de 10 %.
M. Fortier: C'est vrai, l'intrant main-d'oeuvre n'est pas
à un coût majeur, mais, en plus de ça, on m'a dit, à
moi, M. le Président, mais je n'ai pas vérifié
moi-même, que les salaires dans l'industrie pétrochimique au
Mexique étaient relativement élevés. Il y a des secteurs
au Mexique où les salaires sont assez élevés. Dans les
secteurs mous, ils sont bas, mais ils ont des secteurs de pointe, eux aussi.
Puis, dans les secteurs de pointe, les salaires sont élevés, en
général, parce que ce n'est pas un élément
clé, en aérospatiale et tous ces secteurs-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui. M. le Président, je vous
remercie beaucoup. J'entendais le député de Nicolet-Yamaska. Tout
à l'heure, ce qu'a dit le président de la SGF, quand il a dit
que, oui, il y avait eu des pressions à l'intérieur du
gouvernement pour que ça aille ailleurs qu'à Bécancour, je
vois que vous avez gagné, M. le député, je vous
félicite, à l'encontre de votre ministre. Alors, moi, je pense
que le parc de Bécancour...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Je pense, effectivement, que le parc de
Bécancour est un équipement industriel majeur au Québec.
Tous les gouvernements y ont contribué, depuis M. Jean Lesage. Quant
à moi, qu'il y ait de l'industrie lourde qui s'y installe, j'en suis
très heureux, puis je ne le dis pas à rencontre d'autres
régions du Québec, mais on a construit là un noyau dur de
l'industrie lourde au Québec, à Bécancour. Il y a des
installations, on a mis des dizaines et des dizaines de millions de dollars en
termes de parc industriel. J'ai eu, à l'occasion, à renouveler
l'entente Canada-Québec, au moment où je négociais avec le
fédéral là-dessus, et je pense que tout le monde s'entend
qu'il y a là un équipement majeur.
Je veux revenir au projet lui-même, M. le Président. Quand
j'entends des projets comme cela surtout quand on part, tout le monde
est très heureux, très dynamique, très enthousiaste
il me revenait à l'idée l'expérience malheureuse de
Kemtec, où la SDI a été impliquée, puis, je pense,
la SGF par Pétromont, mais là j'aimerais ça...
Aucunement.
M. Fortier: Jamais, pas du tout.
M. Léonard: Aucunement là-dedans. Bon, j'aime bien
vous l'entendre dire, puis je vois que, là, vous avez des projets
sérieux. Vous excluez la SDI parce que vous tenez à ce que
ça garde des odeurs sérieuses, un tel projet. Écoutez, je
ne peux pas faire autrement que le mentionner parce que j'ai bien noté,
par exemple, entre les deux états financiers de la SDI cette
année, les pertes l'an passé étaient estimées...
les pertes anticipées sur les prêts des opérations de la
SDI étaient estimées à 125 000 000 $; c'est monté
tout à coup à 348 000 000 $ par l'effet de la bonne
administration, entre guillemets, du ministre actuel, du ministère de
l'Industrie et du Commerce.
Croissance du marché de
l'alkylbenzène
Bon, revenons au projet. Vous avez dit que vous aviez
considéré ce projet avec Petresa, pour un volume de 100 000
tonnes; coût, 160 000 000 $. Vista fait des mémos sur un projet de
250 000 000 $ U.S.; ça veut dire au-delà de 300 000 000 $
canadiens sur 120 000, 140 000 tonnes. Vous en concluez que leurs
prévisions ou leur projet est plus ou moins sérieux à
partir de là parce que, déjà, en partant, le coût de
revient à la tonne, en tout cas, l'investissement à la tonne est
beaucoup moins élevé à la SGF que là-bas. Est-ce
que vous avez creusé davantage là-dessus? Est-ce que c'est de
là que vous en concluez...
M. Fortier: Non, M. le Président, je n'ai pas... J'ai
simplement énoncé certains faits qui étaient portés
à ma connaissance et, si je me rappelle mes mots exacts, vous pourrez le
relire dans le Journal des débats, je vous ai dit: Tirez vos
propres conclusions. Je n'en ai pas tiré, moi, de conclusions parce que
je n'ai pas suffisamment d'éléments pour le faire. Mais je vous
informais de ce dont j'étais informé, tout simplement. Tout ce
que je connais, moi, c'est notre projet. Puis, notre projet, c'est un bon
projet. Si quelqu'un d'autre veut en faire un autre ou faire miroiter ou
promettre, menacer, n'importe quoi, ce n'est pas vraiment mon affaire.
M. Léonard: Non, je comprends. Mais ce que vous avez dit,
puis je ne veux pas vous mettre en boîte là-dessus, je ne voudrais
pas que vous deveniez trop prudent...
M. Fortier: Vous voulez me mettre en boîte sur autre chose
si vous ne voulez pas me mettre en boîte là-dessus, quoi?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: sur l'analyse du marché, vous faites un
projet, vous, de 100 000 tonnes, alors que vista prévoyait 120 000, 140
000 tonnes. sur quoi vous êtes-vous basés pour évaluer que
la croissance du marché serait d'environ 100 000 tonnes dans un avenir,
je suppose, prévisible? donc, sur quoi vous êtes-vous basés
pour établir la taille du projet, que petresa a établi la taille
du projet? vous êtes quand même partenaires là, à
presque 50 %.
M. Fortier: Attention, je ne suis pas un expert dans les domaines
techniques, mais, pour établir la taille du projet, il y a deux
facteurs. Évidemment, il y a les besoins du marché, mais il y a
aussi le facteur technique. Je veux dire, si l'usine est trop petite, ce n'est
pas rentable. Dans les secteurs de la pétrochimie, comme vous le savez,
il faut qu'il y ait assez de volume, il faut qu'il y ait une masse critique,
puis qu'il y ait une taille minimum. D'accord? Alors, ils ont fait une usine
sur le plan technique qui a une taille suffisante pour avoir la
rentabilité alliée au volume.
M. Léonard: Ça se compare à d'autres projets
dans le monde, cette taille-là?
M. Fortier: Oui, tout à fait. D'ailleurs...
(Consultation)
M. Fortier: Aux États-Unis, il y en a au moins deux qui
sont en bas de 100 000 tonnes puis qui sont des usines plus vieilles. Celle de
Baltimore, qui est à Vista, est de 120 000 tonnes. Celle de Petresa, en
Espagne, qui est la plus grande usine intégrée au monde, comme je
l'ai mentionné, a 195 000 tonnes.
Maintenant, sur la question des marchés, M. le
député, deux ou trois points à souligner. D'abord, on ne
vient pas, je le répète, ajouter 100 000 tonnes dans le
marché. On vient déplacer une partie des volumes
déjà exportés par Petresa. Ça, c'est le premier
point. Le deuxième point, c'est que, le marché mexicain, il n'en
existait pas. Il vient de s'ouvrir, le marché mexicain, et il n'y a pas
de producteurs au Mexique, et, en plus, il n'y avait pas de consommation au
Mexique.
M. Léonard: O.K.
M. Fortier: Je vous rappelle les chiffres que je vous donnais
précédemment: Canada, 30 000 tonnes, en Ontario; Québec,
zéro; Ontario ou Canada, 30 000 tonnes; États-Unis, 300 000
tonnes; Mexique, c'est 120 000 ou 130 000 tonnes, sujet à
vérification, mais je vous donne un ordre de grandeur. C'est un
marché qui est en croissance continue à travers le monde. On
parle de 5 % par année. En Amérique, on parle de 3 % seulement,
parce que le marché des détergents est déjà un
marché qui est déjà très présent en
Amérique compte tenu de notre niveau de vie. Évidemment, vous
êtes conscient de ça. (12 h 20)
De plus, ça, je ne sais pas comment le marché va
réagir, mais il est peut-être possible qu'on déplace
d'autres volumes existants parce que nous serons plus compétitifs.
Définitivement, nous serons plus compétitifs, parce qu'on aura
l'usine la plus récente et la plus moderne en Amérique du Nord.
C'est d'ailleurs ce qui fait craindre nos concurrents.
M. Léonard: À partir d'un volume prévu, je
suppose, à moyen et court terme, de 100 000 tonnes, est-ce qu'il y a des
projections pour agrandir l'usine? Si jamais ça marchait, que vous
déclassiez vos concurrents...
M. Fortier: Oui.
M. Léonard: ...à ce moment-là, est-ce que
vous avez des capacités d'expansion prévues à
l'intérieur du projet?
M. Fortier: Tout à fait. D'ailleurs, oui, je suis content
que vous posiez la question, parce que, dans les
facteurs de localisation du site au Québec et ailleurs, la
capacité de doublement de l'usine a été un facteur
absolument clé, c'est-à-dire que nous cherchions un site qui nous
permettait de façon certaine de pouvoir doubler l'usine pour en faire ce
que nous appelons une usine miroir, c'est-à-dire une usine... enfin, qui
est faite en symétrie, si vous voulez, une deuxième, une usine
jumelle, si vous voulez. C'est ce qui, d'ailleurs, posait dans certaines
régions et je ne veux pas passer trop du temps de cette
commission sur ça c'est ce qui posait, pour certains terrains
dans certaines régions, une difficulté, c'est que l'implantation
d'une première usine, ça allait bien, mais, quand on arrivait
pour la deuxième, il n'y avait pas assez de terrain ou la configuration
du terrain était plus problématique, etc., et là les
coûts augmentaient. D'ailleurs, dans nos évaluations de
coûts que nous avons fait faire par SNC-Lavalin et les experts de
Petresa, on a évalué les coûts pour la première
usine et les coûts pour l'installation de la deuxième
déjà, pour ne pas se retrouver, dans trois, quatre ou cinq ans,
que le Québec puisse perdre cette opportunité, puis qu'elle aille
s'installer au Mexique.
Moi, maintenant, d'ailleurs je l'ai dit déjà à mes
collègues à la SGF, on s'est déjà dit ça, on
l'a, l'usine. Évidemment, il y a des experts dans notre équipe
qui vont la mettre en place, qui auront l'expertise technique et qui
respecteront les budgets. Moi, ce pour quoi je travaille actuellement, c'est la
phase II. Je veux déjà m'assurer que si on fait bien les choses,
puis qu'on pénètre bien les marchés, dans trois ou quatre
ans, on pourra vous annoncer, je l'espère, une bonne nouvelle. On verra
après qu'on aura complété la phase I.
M. Léonard: Donc, vous avez des ambitions en termes de
marché.
M. Fortier: Tout à fait.
M. Léonard: Sur le plan des infrastructures de transport,
bon, évidemment, c'est lié par bateau, par voie maritime. Mais,
quand on parle du marché nord-américain, vous voyez plutôt
l'approvisionnement par la voie ferroviaire, ou par la voie maritime, ou
autrement, ou par route? Vos 100 000 tonnes, vous allez les transporter
comment, en d'autres termes?
M. Fortier: Au niveau du marché, pour sortir le produit,
il y a une grande partie qui va sortir par chemin de fer, parce qu'on va servir
le Canada, donc l'Ontario, et le Nord-Est des États-Unis par chemin de
fer. Je pense qu'il y en a une partie aussi par bateau. Je pourrais
vérifier avec mon collègue, le vice-président,
pétrochimie, qui m'accompagne, qui est derrière moi. Au niveau de
l'exportation vers le Sud des États-Unis et ce qu'on appelle la
côte... le golfe du Mexique, dis-je, et le Mexique, ça, c'est
définitivement par bateau et, encore là, ça
nécessitait dans la recherche d'un site un accès tel qu'on l'a
mentionné, un port en eau profonde, etc.
La phase II va dépendre beaucoup de comment nous allons
pénétrer le marché mexicain et aussi comment les autres
joueurs vont s'enligner, hein? On ne peut pas le savoir trois, quatre ans
d'avance, mais, définitivement, c'est dans nos plans, oui, puis le site
est prévu pour ça, oui, il y a toutes les infrastructures.
M. Léonard: Est-ce que le coût de transport est un
élément important dans la concurrence ou si...
M. Fortier: Je ne pense pas, M. le député, parce
que...
M. Léonard: C'est parce que...
M. Fortier: Je vais demander à mon collègue. Mais,
puisque Petresa et les autres aussi, c'est un marché mondial, puis ils
exportent un peu partout, ça ne doit pas être...
(Consultation)
Le Président (M. Joli vet): Écoutez... M.
Léonard: Attendez un peu. Il va...
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui, je le sais. C'est
juste pour vous dire qu'il reste cinq minutes. Après ça, nous
allons suspendre.
M. Léonard: O.K.
M. Fortier: Le facteur de transport n'est pas un facteur
clé. Ça voyage de façon continentale.
M. Léonard: Ni pour l'approvisionnement, ni pour la
livraison. C'est...
M. Fortier: Les approvisionnements, c'est la même
chose.
Une voix: Les approvisionnements, c'est un peu cher...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Vous pouvez...
(Consultation)
M. Fortier: Les approvisionnements, non plus. Mais remarquez que
c'est un peu la même chose que pour le pétrole. On parlait
tantôt des paraffines, puis M. le député soulignait que
ça ressemble à l'huile à chauffage, que de l'huile
à chauffage, puis du diesel, puis du pétrole, puis tout
ça, vous pouvez transporter ça par bateau à travers le
monde, hein? Alors, c'est la même chose. C'est des produits du même
genre, de même nature.
M. Léonard: Au fond, c'est un fait, c'est comme vous le
disiez tout à l'heure, la localisation de l'usine
aurait pu se faire un peu partout, le site...
M. Fortier: N'eût été le traité de
libre-échange qui fait de nous une zone de libre-échange, mais
qui, en même temps, fait une forteresse, aussi, à l'inverse,
hein?
M. Léonard: Oui.
M. Fortier: C'est que celui qui n'est pas installé en
Amérique du Nord, comme l'Espagnol ne l'était pas, lui avait de
la difficulté à pénétrer le marché
nord-américain. Alors, dans le cas qui nous occupe, le traité de
libre-échange a joué le rôle clé du facteur de
localisation parce que, ce qui s'y oppose à ça, c'est les
barrières tarifaires, parce qu'il y en a, des barrières
tarifaires pour entrer aux États-Unis. Il y en avait. Je veux dire, il
n'y en a pas pour le Canada, mais il y en a pour l'extérieur. Et celles
qu'il y avait entre le Canada et les États-Unis ont été
levées le 1er janvier 1993.
M. Léonard: O.K. Par rapport aux fournisseurs
européens, c'est les Européens qui nous fournissaient ce que nous
importions...
M. Fortier: Tout à fait. Petresa, entre autres.
M. Léonard: ...eux perdent des marchés. Est-ce que,
sur ce plan-là, il n'y aura pas de mesures de concurrence intense pour
garder leur marché à partir du moment où vous vous
installez? Vous vous estimez en meilleure position que tous les autres
producteurs, à toutes fins pratiques?
M. Fortier: II faut comprendre que Petresa fait partie du groupe
CEPS A. C'est une multinationale intégrée. Ce que l'on sait,
nous, c'est combien on va en produire ici et qu'on est capable de le vendre. De
toute façon, si les Européens viennent nous concurrencer ici, je
ne vois pas en quoi ça va nous faire peur. Eux autres vont avoir des
tarifs, nous autres, on n'en a pas. Et, qui plus est, M. le
député, nous pouvons très bien produire au Québec
et vendre en Europe aussi.
M. Léonard: Aussi.
M. Fortier: N'oubliez pas ça parce que, si Petresa
était capable de vendre ici, rien ne nous en empêche. On n'a
vraiment pas d'inquiétude compte tenu de notre
compétitivité et compte tenu de la taille, de la solidité
de notre partenaire et de son niveau d'intégration internationale. Il
n'y a vraiment pas de craintes à ce niveau-là.
M. Léonard: Vous dites qu'il y aura 75 emplois à
l'usine même. Dans le projet de Vista qu'on a vu, enfin, le mémo
de Vista, comme vous dites, il était prévu 200 emplois. Vous
pensez que c'est des estimations...
M. Fortier: Je n'en sais rien.
M. Léonard: Vous n'en savez rien.
M. Fortier: Je serais obligé de spéculer pour vous
répondre, M. le député. Je ne le sais pas.
M. Léonard: O.K. Mais vous parlez de 75 emplois directs
plus, donc par la suite, 150 emplois indirects, parce que vous avez
parlé dans l'ensemble de 225 emplois directs et indirects. Où
est-ce que vous les situez davantage, les indirects?
(Consultation)
M. Fortier: Je sais que c'est calculé selon les
modèles économétriques du BSQ, mais je pourrai vous
fournir les détails après, peut-être, si...
M. Léonard: Ah! ce n'est pas des emplois liés
directement? C'est des services. Ça va créer... C'est tout
à fait le modèle économétrique, il n'y a pas autre
chose.
M. Fortier: C'est ça.
M. Léonard: II n'y a pas d'effets de sous-traitance qui
sont inclus dans les 225 emplois?
(Consultation)
M. Fortier: On me dit que dans le modèle du BSQ,
effectivement, ça comprend la sous-traitance et tous ces autres services
périphériques qui vont être rendus à l'usine.
Exemple, il peut y avoir de l'entretien, enfin...
M. Léonard: C'est parce que j'essayais de voir si la
théorie des grappes était très efficace en l'occurrence et
qu'on avait déjà vu les autres raisins qui étaient
accolés à la grappe.
M. Fortier: Ah!
M. Léonard: Si je comprends... Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joli vet): Alors, nous aurons l'occasion
de surveiller ça cet après-midi, après la période
de questions et les affaires courantes. Nous reviendrons normalement, si tout
va bien, vers 15 heures, jusqu'à 18 heures maximum.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 15 h 30)
Le Président (M. Jolivet): Nous reprenons nos travaux que
nous avons laissés à l'heure du dîner, à midi
trente, toujours dans le but de rappeler que le mandat de la commission est de
procéder à l'étude de la directive no 4 à la
Société générale de financement du
Québec, annexée au décret 85-93 du 27 janvier 1993,
en vous rappelant que nous avons, sans être obligés d'aller
jusqu'au bout, jusqu'à 18 heures. Alors, à ce moment-ci, la
parole était au député de Labelle qui avait
terminé. Et je crois comprendre qu'il y a peut-être d'autres
personnes qui veulent intervenir.
Mme Dionne: M. le Président, on pourrait attendre quelques
instants.
Le Président (M. Joli vet): Je peux suspendre quelques
petites secondes.
Mme Dionne: Je pense que ce serait sage, M. le
Président.
(Suspension de la séance à 15 h 31)
(Reprise à 15 h 33)
Le Président (M. Joli vet): Nous sommes prêts
à «redébuter». Je donne la parole à Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Projet Soligaz (suite)
Mme Harel: M. le Président, je comprends que ma prochaine
question s'adresse plus particulièrement au ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie. Je comprends que, dans le secteur de la
pétrochimie québécoise, la surcapacité mondiale de
production a fait baisser les prix, a eu, enfin, une pression sur la baisse des
prix de vente. Et je comprends cependant que, dans le document publié
tout récemment par le ministère et qui s'intitule «Le
secteur manufacturier et le commerce au Québec en 1992», on
pouvait y lire ceci, et je cite: Pour se maintenir et éventuellement se
développer, l'industrie québécoise aurait avantage
à améliorer la situation de ses approvisionnement en
matière première. À cet égard, la
concrétisation du projet Soligaz, même dans sa forme
réduite, serait bénéfique.
Alors, faut-il comprendre que, dans la réévaluation dont
le ministre nous parlait ce matin du projet Soligaz, dans les semaines qui
viennent il était question des semaines qui venaient dans la
bouche du ministre il sera question d'une décision qui permettra
d'aller de l'avant concrètement avec une date de départ dans le
projet d'approvisionnement de Soligaz?
M. Tremblay (Outremont): Le projet Soligaz adapté à
la conjoncture économique comprend la construction d'un quai, d'une
caverne de 950 000 barils pour l'entreposage du propane, des installations de
distribution et d'amélioration des infrastructures, de
déchargement des trains chez Pétromont. Donc, dans la phase I, il
n'y aura pas de pipeline. Alors, à la question de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve ce matin, à l'effet
qu'une autorisation serait requise de l'Office national de l'énergie, ce
n'est pas le cas parce qu'il n'y a pas de pipeline. Par contre, le projet
Soligaz a reçu les permis de Transports Canada pour le quai et,
également, les permis au niveau de l'environnement. Ce qu'il nous reste
à évaluer, c'est les données financières de
Pétromont, un utilisateur de Soligaz, et ces données
financières devraient nous être remises dans les semaines qui
viennent.
Donc, il est prématuré de fixer une date pour le projet,
mais ce projet fait toujours partie du développement de la grappe
pétrochimique au Québec.
Mme Harel: M. le Président, je comprends, dans la
réponse que le ministre vient de faire, que l'approvisionnement va se
faire par train et par bateau. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Tremblay (Outremont): Oui.
Mme Harel: Alors qu'il est plutôt question de construire un
quai et une seule caverne. Pour quand est-ce que cette construction est
prévue?
M. Tremblay (Outremont): C'est difficile de répondre
à cette question parce que ça dépend de la conjoncture
économique. Le nouveau projet a été adapté à
la conjoncture économique et la priorité, dans un premier temps,
doit être donnée à la réussite de Pétromont
qui double ses efforts pour développer des marchés. Alors, dans
les semaines qui viennent, donc, on parle possiblement avant la mi-juin, on
devrait avoir les nouvelles projections financières, les nouvelles
données financières également de Pétromont et,
à ce moment-là, je pourrai répondre de façon plus
précise à la question de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, le projet initial
prévoyait la construction de trois cavernes, c'est bien ça, de
propane, d'un quai et d'un pipeline. Là, le ministre nous parle d'un
projet qui serait réduit à une seule caverne et un quai avec un
approvisionnement par train et par bateau. Ça, on le comprend. Ce qu'on
comprend difficilement, c'est qu'à ce stade-ci le ministre ne puisse pas
encore nous dire quand il entend débuter les travaux.
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas de contrôle sur la
conjoncture économique et les personnes responsables de Pétromont
sont en train de préparer les projections de vente ou les projections de
marché pour les années qui viennent. Sur réception de ces
documents, on sera en mesure d'évaluer, de façon beaucoup plus
précise, quand on pourra donner suite au projet Soligaz.
Vente éventuelle de Kemtec
Mme Harel: Et, du côté de l'usine
pétrochimique de Kemtec, qu'arrive-t-il? Je comprends que vous
êtes toujours à la recherche d'une firme intéressée
à acquérir les actifs de l'entreprise. Où est-ce que c'en
est?
M. Tremblay (Outremont): Le gouvernement a fait des efforts
considérables pour maintenir les actifs de Kemtec pour une vente
éventuelle. Nous sommes, depuis maintenant un an et demi, à la
recherche d'un partenaire industriel qui, dans un premier temps, a les
ressources financières, deuxièmement, a l'expertise technique et,
troisièmement, a un réseau de distribution pour démarrer
Kemtec. Nous n'avons pas encore trouvé ce partenaire et, selon les
informations préliminaires que nous avons, il va s'avérer assez
difficile de trouver un partenaire qui veuille relancer le projet de
Kemtec.
Mme Harel: Alors, qu'est-ce que vous avez en vue quant à
cette usine?
M. Tremblay (Outremont): Présentement, il reste un peu
d'argent pour maintenir en veilleuse les actifs de Kemtec. Le jour où il
n'y aura plus d'argent, le gouvernement sera appelé à se poser la
question de savoir si on doit injecter des fonds additionnels pour maintenir
les actifs. Et cette réponse serait négative, selon toute
probabilité, parce que les efforts qui ont été faits
depuis maintenant un an et demi sur la scène internationale pour trouver
un partenaire à Kemtec se sont avérés non fructueux.
Mme Harel: Quand vous nous dites qu'il reste un peu d'argent,
vous évaluez qu'il reste combien de temps?
M. Tremblay (Outremont): Quelques mois. Jusqu'à la fin du
mois de juin.
Mme Harel: Alors, à la fin de juin, vous nous dites que
vous aurez à soumettre une décision à vos
collègues. C'est ce qu'on doit comprendre aujourd'hui? (15 h 40)
M. Tremblay (Outremont): Je ne pense pas avoir à soumettre
une décision à mes collègues parce que la décision,
au niveau ministériel, de maintenir en veilleuse les actifs a
été prise en fonction du flux monétaire de Kemtec, de la
réalisation de certains inventaires et des comptes recevables qui ont
servi à maintenir en veilleuse les actifs. Le jour où il n'y aura
plus d'argent, il s'avérera possiblement inutile de revenir au Conseil
des ministres à moins qu'il y ait un partenaire, un partenaire avec des
ressources financières, de l'expertise technique et un réseau de
distribution pour réactiver ce dossier, d'autant plus que le dossier est
présentement entre les mains d'un syndic qui réalise les comptes
à recevoir et les inventaires et certains actifs qui ne sont pas
reliés directement à la continuité des opérations.
Et c'est le syndic qui sera appelé à prendre des décisions
dans un avenir rapproché.
Mme Harel: Mais qui a procédé à la recherche
d'une firme susceptible d'acquérir ces actifs?
M. Tremblay (Outremont): Le syndic a retenu les services de la
firme Arthur D. Little, qui a une expertise bien particulière dans le
secteur de la pétrochimie et qui a tenté et qui tente encore de
trouver un acheteur ou un partenaire sur la scène internationale.
Mme Harel: Et ça représenterait combien de perte
si, comme vous le dites, il n'y avait plus le maintien en veilleuse des
actifs?
M. Tremblay (Outremont): C'est difficile à évaluer
parce qu'il y a deux niveaux de perte. Le premier niveau de perte, c'est sur
les actifs. Ces actifs avaient été achetés en
pièces détachées de Porto-Rico. Alors, est-ce qu'on va
trouver un acheteur qui pourrait prendre possession de ces actifs-là? Et
l'autre perte potentielle, qui est assez importante, c'est la
décontamination des sols parce que l'usine, semble-t-il, serait sur des
sols qui sont contaminés et une évaluation préliminaire
parlait d'un coût potentiel de 50 000 000 $.
Création d'emplois
Mme Harel: M. le ministre, dans cet investissement qui est fait
présentement, on constate qu'au mieux il y aura, je crois, un total de
220 emplois directs et indirects et plus précisément 75 emplois
dans l'usine elle-même. Alors, on constate que, pour un investissement de
160 000 000 $, il y a, de création d'emplois directs, environ une
centaine à peine, moins d'ailleurs qu'une centaine, et on peut
facilement évaluer à presque 2 000 000 $ le coût des
emplois créés. Évidemment, ça interpelle, si vous
voulez, la question de la création d'emplois, au Québec. Ce n'est
pas à ce coût qu'on peut espérer remplir l'engagement que
vous vous plaisez à offrir aux Québécois, à savoir
la création de 500 000 emplois d'ici l'an 2000, c'est-à-dire
d'ici sept ans. Faut-il comprendre que la perspective des grappes industrielles
consolidées, c'est la perspective d'un secteur très
concurrentiel, qui relève hautement les exigences de
compétitivité internationales, mais qui est très peu
créateur d'emplois?
M. Tremblay (Outremont): Je ne peux pas être d'accord avec
cette affirmation qui doit être qualifiée. Je reconnais, au
départ, que la situation économique n'a pas été
facile au cours des dernières années. Par contre, dans certains
secteurs industriels, il y a eu une création d'emplois. Quand la
députée de Hochelaga-Maisonneuve se réfère au
projet de 160 000 000 $ qui créerait 75 emplois directs et 150 emplois
indirects, pour un total de 225, je dois dire qu'on doit regarder
l'investissement de la Société générale de
financement, qui est de 36 000 000 $, et l'autre investissement, c'est un
investissement d'une entreprise étrangère, la compagnie
espagnole. Donc, je voudrais juste réduire un peu les chiffres. Il ne
faut pas employer 75 par rapport à 160 000 000 $, il faut regarder la
participation gouvernementale qui est de 36 000 000 $.
Je ne doute pas qu'il y a un défi important pour le secteur de la
pétrochimie et la plasturgie et c'est dans ce sens-là que je
référerais la députée de Hochelaga-Mai-
sonneuve aux pages 173 et suivantes de «L'Atlas industriel du
Québec» et c'est clairement identifié, les défis de
la grappe industrielle de la pétrochimie et de la plas-turgie. Par
contre, certains secteurs industriels, même dans un ralentissement
économique, ont contribué au développement
économique et technologique du Québec. L'aérospatiale,
c'est un bel exemple, il y avait 28 000 emplois en 1989; présentement,
cette industrie compte 32 500 emplois. Il y a une création d'emplois au
niveau des technologies de l'information. Le projet Ericsson, juste pour en
citer un, un investissement de 178 000 000 $ d'une entreprise suédoise,
a présentement créé 325 emplois de haut niveau, au niveau
du génie-conseil, et un potentiel de 200 emplois additionnels. Le
secteur pharmaceutique, c'est un secteur où il y a création
d'emplois. on parlait de la mode et des textiles. le défi de la mode et
des textiles c'était de consolider ce secteur qui est très
important pour le grand montréal particulièrement, le centre de
montréal, et, depuis que nous avons, avec tous les partenaires, incluant
les détaillants, mis en place la nouvelle étiquette signée
«mode québec, qualité québec», on
s'aperçoit que les ventes des produits augmentent
considérablement et nos entreprises commencent à réussir
au niveau de la scène internationale. à titre d'exemple,
peerless, qui est à montréal, exporte 44 % de plus de ses
produits aux états-unis, dans un contexte de libre-échange. et je
pourrais continuer pour dire que, dans d'autres secteurs industriels, il y a
une création d'emplois.
Si on regarde le secteur de l'équipement de production, de
transport et de distribution d'énergie électrique, dans le
comté de la députée d'Hochelaga-Maison-neuve, l'entreprise
Alcatel a consolidé ce secteur qui était très important.
Entre autres, pour les technologies de l'information et de la fibre optique,
nous avons consolidé 85 emplois avec un mandat mondial, avec la
conséquence qu'on peut peut-être bâtir dans le secteur des
équipements de production, de transport et de distribution
d'énergie électrique.
J'ai toujours dit et je prétends encore que la
stratégie des grappes industrielles, c'est une vision globale du
développement économique du Québec à moyen et
à long terme. Ça peut engendrer des résultats à
court terme, mais, l'objectif, c'est de créer 525 000 emplois d'ici l'an
2000, avec la conséquence qu'on pourrait commencer au Québec
à parler de plein emploi et, si nous nous fions uniquement aux
statistiques qui sont véhiculées entre autres par Statistique
Canada, si rien n'était fait au Québec, de cycle
économique en cycle économique, en 1997, le taux de chômage
serait toujours à 12 % et un taux de chômage de 12 % ne permet pas
de créer une société porteuse d'avenir.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je ne voudrais pas
qu'il y ait un détournement de débat parce qu'on aura l'occasion,
je crois, d'ici deux semaines, de faire ce débat de fond lors des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce. Je crois que
nous pourrons faire la démonstration que la stratégie des grappes
indus- trielles est inversement proportionnelle à la stratégie de
création d'emplois. (15 h 50) cependant, bien évidemment, il y a
une réalité qui s'impose, de toute évidence, c'est que ce
sont les entreprises de 50 employés et moins qui ont créé
au-delà de 80 % des emplois, depuis 10 ans, et au québec encore
plus même, je dirais, qu'au canada. les chiffres sont assez
éloquents à cet égard. il faut juste comprendre que
c'était le cas pour la noranda, c'est le cas pour pétro-mont, et
puis c'est le cas pour toutes ces grandes entreprises qui ont été
secouées par des exigences de productivité et qui ont
réussi à réaliser des défis de productivité
en diminuant le nombre d'employés.
Alors, ce n'est pas l'objet de mon propos comme tel cet
après-midi, parce que, contrairement à la SDI, je ne crois pas
que la mission de la SGF en soit une qui concerne particulièrement la
création d'emplois. Je pense que la mission de la SGF est celle de
développer, de redéployer le développement industriel dans
des secteurs stratégiques de l'économie québécoise,
et je crois qu'il faut vraiment distinguer la mission de la SDI.
Malheureusement, il y a eu un détournement de la mission de la SDI. Je
ne veux pas entrer là-dedans aujourd'hui, mais c'est évident, on
le voit très bien: en l'espace de cinq ans, 47 % des subventions ou des
montants d'argent consacrés par la SDI l'ont été, il y a
cinq ans, à la PME, et maintenant ça a chuté à 27 %
seulement; pourtant, c'est par cette intervention de la SDI que l'on pourrait
soutenir la création d'emplois. Je comprends que là n'est pas
comme tel le rôle de la SGF, mais je serais vraiment désireuse,
avant de terminer cet échange, aujourd'hui, que nous puissions
connaître la vision du développement de la direction de la SGF:
Quels sont les secteurs d'avenir dans lesquels la SGF entend poursuivre son
activité?
Le Président (M. Jolivet): M. Fortier.
M. Tremblay (Outremont): Je voudrais juste...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre...
M. Tremblay (Outremont): ...prendre une seconde, avant de
céder la parole au président de la société
générale de financement. je suis entièrement d'accord avec
la députée de hochelaga-maisonneuve: ce sont les pme qui vont
créer des emplois, au québec, et plus de 95 % des emplois qui
sont créés au québec le sont par des petites et moyennes
entreprises. le véritable défi, c'est de s'assurer, lorsqu'on a
un investissement majeur, que la sous-traitance soit dirigée vers des
petites et moyennes entreprises dans toutes les régions du
québec. pourquoi? parce qu e présentement, au québec, la
sous-traitance industrielle totalise 3 000 000 000 $, et, au cours des
prochaines années, selon les informations que nous avons, cette
sous-traitance pourrait représenter 30 000 000 000 $ parce que les
grandes entreprises, qui produisent dans leurs usines, présentement, 70
% de leur production, vont possible-
ment en produire 30 %, pas dans tous les secteurs industriels, mais dans
un bon nombre de secteurs industriels.
Donc, toute la stratégie des grappes industrielles est
basée, dans un premier temps, sur la réalisation, oui, de projets
industriels importants. C'est ces projets qui nous donnent une
crédibilité sur la scène internationale et qui nous
permettent des mandats internationaux comme, par exemple, Bombardier va
chercher un contrat de métro, et, à La Pocatière, va
créer 700 emplois; même chose avec les motoneiges: elle va
créer 500 emplois à Valcourt. Mais, l'orientation, c'est de
regrouper dans des secteurs industriels des grands donneurs d'ordres avec les
petites et moyennes entreprises dans toutes les régions du
Québec, avec la conséquence que, dans un premier temps, les
décideurs apprennent à mieux se connaître et, dans un
deuxième temps, ces mêmes personnes sont beaucoup plus
sensibilisées au fait de sous-traiter avec des petites et moyennes
entreprises dans toutes les régions du Québec. Alors, sur
ça...
Mme Harel: On comprend, M. le Président, que la seule
vision que le ministre a de l'avenir des PME est celle de sous-traiter et non
pas celle de d'exporter sur des marchés extérieurs.
M. Tremblay (Outremont): Non, M. le Président. Si on veut
faire un débat, moi la députée
Ho-chelaga-Maisonneuve mentionnait tout à l'heure que ce n'est pas la
place pour discuter de tout ce débat je suis prêt à
le faire, mais, si on veut en discuter sérieusement, ça va
prendre assez de temps. On va avoir huit heures et demi de crédits, je
suis prêt, mais toute l'orientation... Et je le dis de plus en plus,
l'avenir économique du Québec passe par l'Amérique latine
et par l'Asie, principalement, la Chine. Alors, nous sommes tous d'accord, et
l'Opposition aussi, pour ouvrir les marchés, et l'aide à
l'exportation, c'est la sixième variable esentielle pour permettre
à nos entreprises d'être concurrentielles sur la scène
internationale.
Le Président (M. Joli vet): M. Fortier.
Perspectives d'avenir pour la SGF
M. Fortier: Merci, M. le Président. Alors, Mme Harel, pour
répondre à votre question, je pense que pour savoir où on
s'en va sur le plan de la stratégie, il faut toujours comprendre
d'où l'on vient. Alors, je vous dirais d'abord d'où vient la SGF.
Vous souligniez ce matin, avec justesse, que la SGF n'est pas venue en
commission parlementaire depuis plus de 10 ans. Sur cette partie-là, je
vais être très bref, mais j'aimerais vous souligner ce qu'a fait
la SGF dans les 2 dernières périodes quinquennales, de 1982
à 1987 et de 1988 à 1992, très brièvement. La SGF a
investi, soit directement ou avec ses partenaires, dans l'Aluminerie de
Bécancour, 1 200 000 000 $. Par l'entremise de Dom-tar, on a
créé le navire amiral qu'est l'usine de papiers fins de Windsor
à un coût également de 1 000 000 000 $. on a
modernisé les usines de dono-hue et on y a investi tout près de
300 000 000 $, et, par la suite, nous les avons vendues. je l'ai
mentionné ce matin, mais c'est tout de même des investissements
qui avaient été créés par l'action de la sgf. c'est
une entreprise qui a été par la suite privatisée, comme
vous le savez, elle appartient au groupe québécor.
également, nous avons fait des investissements de dizaines de millions
de dollars dans bio-méga, pour un total de 2500 000 000 $, pour la
période de 1983 à 1987. quant à la période
1988-1992, les chiffres sont du même ordre lorsqu'on compte le 1 300 000
000 $ de l'aluminerie alouette, la troisième série de cuves de
l'aluminerie de bécancour qui nous a permis d'augmenter la
capacité de 50 %, ce qui a représenté un investissement de
500 000 000 $ et, par-dessus, il y a eu la modernisation des usines de
varennes, d'abord pour pétromont, et également, la
création de l'usine de polyethylene pour montréal-est, dont j'ai
parlé ce matin, pour un autre montant de 220 000 000 $. nous avons par
ailleurs souscrit à cette nouvelle entreprise qui est gec alsthom
électromécanique, qui est, au fond, la réorientation
stratégique de nos anciens chantiers de tracy pour, maintenant, comme
vous le savez peut-être, faire des turbines génératrices
d'énergie sur un mandat nord-américain. en fait, je devrais
plutôt dire sur un mandat mondial, parce que beaucoup de nos turbines qui
sont faite ici, à tracy, sont vendues un peu partout à travers le
monde et notre partenaire, qui est majoritaire à 65 %, c'est la
compagnie gec alsthom du grand groupe gec et alcatel alsthom et on vend de nos
turbines jusqu'en chine.
Alors, pendant ces deux périodes quinquennales, bon an, mal an,
nous avons investi en fonds propres environ un quart de milliard de dollars,
à chacune des deux périodes et nous avons
généré 2 000 000 000 $ d'investissements. Je tenais
à vous souligner cela parce que notre programme, pour les 5 prochaines
années, aurait pu vous sembler autrement ambitieux parce qu'on vise
encore à générer des investissements de l'ordre de 2 000
000 000$.
Alors, très brièvement, on regarde l'environnement
externe. On a fait une réflexion. Évidemment, c'est notre
rôle de penser à ces questions stratégiques, puis la
réflexion que nous nous sommes faite, c'est celle du fait que
l'économie canadienne et l'économie québécoise ont
été traditionnellement fondées sur les ressources
naturelles et sur les industries cycliques. Je pense qu'il est important,
maintenant, de mettre l'accent sur la valeur ajoutée et sur la
productivité. Les opportunités, dans les années
quatre-vingt-dix, seront de créer des usines de taille mondiale qui
soient compétitives, l'exemple de Petresa est patent à cet
égard et, également, il faudra se tourner vers des
créneaux à plus forte valeur ajoutée, se déployer
à l'échelle continentale et viser les secteurs de la haute
technologie. (16 heures)
Au Québec, pour ce qui est des projets à plus grande
valeur ajoutée, je pense que nous devrons égale-
ment regarder des projets, possiblement, de moindre envergure que ceux
que je vous ai mentionnés et qui seraient issus de l'entreprenariat
local et je pense qu'il est important de créer des champions, au
Québec.
À ce titre, notre mission en étant une, comme vous le
souligniez à juste titre tantôt, de développement
industriel, nous agissons je pense que vous avez eu l'occasion de le
voir en partenariat, toujours en partenariat avec le secteur
privé, soit parce qu'il nous donne la technologie, l'accès au
marché ou encore la discipline du marché et la discipline de la
profitabilité nous permettant d'intervenir dans des secteurs
stratégiques, et, évidemment, on le fait à
l'intérieur des politiques économiques mises de l'avant par le
gouvernement. Nous tenons non seulement à développer nos
investissements, mais nous devons aussi assurer le maintien, à long
terme, des investissements que nous avons actuellement pour s'assurer de leur
qualité.
Un exemple dont on peut parler brièvement, c'est celui de Domtar,
qui est une société en restructuration. C'est évident que
nous sommes une société de développement, puis on veut
créer de nouveaux projets, mais il ne faut pas jeter ce qu'on a pour
partir après ce qu'on n'a pas aussi. Il apparaît très
important à la SGF de s'assurer que nos investissements actuels, que nos
portefeuilles actuels sont rationnalisés au niveau de la
productivité, au niveau des technologies, au niveau des attaques de
marché, au niveau de «refocuser» dans des secteurs où
nous pouvons être les meilleurs. C'est pour ça que je vous citais
l'exemple de l'usine de Windsor, parce que, dans le domaine des papiers fins,
Domtar peut être l'un des meilleurs en Amérique du Nord, mais ils
ne peuvent pas être les meilleurs dans tous les secteurs.
Autrefois, quand la frontière canadienne nous préservait
de la concurrence américaine, c'était plus facile d'être
dans différents secteurs, mais, maintenant que les marchés sont
ouverts puis que c'est un marché nord-américain, c'est une tout
autre partie qui se joue et on a un rôle d'orientation stratégique
fondamentale à jouer dans ces secteurs, à la SGF,
également dans les entreprises que nous avons, puis il ne faut jamais
les oublier.
Cela étant dit, nos champs d'action pour l'avenir sont à
trois volets. Le premier, c'est celui du montage et de l'implantation de ce que
nous appelons, dans le jargon à l'intérieur de l'entreprise chez
nous, des projets «greenfield». Alors, «greenfield»,
c'est des projets prés verts, mais j'avoue que, des projets prés
verts, ça ne dit pas grand-chose. C'est de monter des projets à
partir de rien. Le projet Petresa, c'en est un exemple d'un projet
«greefield», d'où les alumineries également,
c'est-à-dire, en gros, partir un projet avec une bonne idée, des
marchés, une technologie, un partenaire et de l'argent. Ça, c'est
le premier secteur.
Le deuxième, c'est le développement de groupes industriels
d'envergure nord-américaine. Je viens d'en parler brièvement,
dans le cas de Domtar. Et, le troisième, c'est d'être un
partenaire stratégique et financier visant la création de chefs
de file au Québec.
Si vous me permettez, M. le Président, de continuer à
abuser du temps de la commission, je vais développer ces trois volets,
brièvement. Souhaitez-vous que je le fasse?
Le Président (M. Jolivet): Moi, je n'ai aucune
objection.
M. Fortier: Ou si c'est suffisant.
Mme Harel: On n'a jamais l'occasion de vous entendre. Je crois
que c'est un...
Le Président (M. Jolivet): Écoutez, c'est parce que
j'étais en train de dire que ça fait 10 ans qu'il n'est pas venu,
il parle beaucoup, il a des choses à dire.
M. Fortier: II y a 10 ans, je n'étais pas là,
j'étais encore à la petite école, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Jolivet): Non, mais je parle de la
Société générale de financement.
M. Fortier: Je comprends. Je plaisantais.
Le Président (M. Jolivet): Donc, on vous permet de
continuer. Quand vous aurez terminé, je laisserai la parole à la
députée de Kamouraska-Témiscouata qui a des questions et
on reviendra à la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mais je suis certaine que la députée de
Kamouraska-Témiscouata apprécie d'en connaître mieux sur la
SGF.
Mme Dionne: Effectivement. D'ailleurs, je l'avais
déjà écouté auparavant, ce matin, et je trouve
ça très intéressant. Mais, tout à l'heure, ce ne
sera peut-être pas une question comme une réponse à donner
à la députée de Hochelaga-Maisonneuve...
Le Président (M. Jolivet): Ah, bon! D'accord. On verra
à ce moment-là. Donc, on va permettre à...
Mme Dionne: ...quand mon temps de parole sera arrivé.
Le Président (M. Jolivet): ...M. Fortier de continuer.
D'accord.
Mme Dionne: Merci.
M. Fortier: Mais je n'en ai que pour une minute ou deux pour
conclure là-dessus. Et, s'il y a besoin de clarification, je pourrai
répondre à Mmes ou MM. les députés, s'ils le
souhaitent.
Alors, quand je parle de projets «greenfield», la
SGF a démontré sa capacité, dans ce rôle
traditionnel, de créer des projets structurants, de classe
nord-américaine et de classe mondiale. Nous voulons élargir nos
critères de décision pour tenter de cibler vers des projets
à plus forte valeur ajoutée que vers des projets qui ne sont que
dans les secteurs primaires, compte tenu du fait que, dans les secteurs
primaires, c'est très intensif au point de vue capital,
évidemment.
Les secteurs particulièrement visés dans ces projets
«greenfield», si vous me permettez l'expression, c'est la
transformation des métaux légers, en particulier, les
matériaux avancés, le matériel de transport,
l'aérospatiale et les technologies de l'information.
Nous souhaitons, avec la toute petite équipe que nous avons,
continuer à mettre l'accent sur la prospection internationale en le
faisant avec des réseaux de partenaires internationaux et en faisant des
maillages avec des institutions et des organismes du Québec, à
l'extérieur. Je pense, évidemment, aux maisons du Québec;
je pense au MICT, au MAI, mais je pense également et on a
beaucoup de discussions déjà et des projets d'entamés avec
de telles sociétés; un exemple que je peux me permettre de vous
donner à la Caisse de dépôt et placement du
Québec qui a décidé d'internationaliser ses placements et
qui est en train d'entrer dans des réseaux internationaux. On fait
beaucoup d'échanges d'informations, de projets, de contacts et nos
efforts vont porter particulièrement sur l'Europe et sur l'Asie. nous
visons dans ces projets, comme c'est le cas habituellement, des participations
de 50 % ou moins. nous ne cherchons pas à prendre le contrôle des
entreprises puisque nous croyons que nous ne devons pas nous substituer au
secteur privé, mais être plutôt le catalyseur et le
rassembleur dans les projets.
Le deuxième volet, celui que je mentionnais tantôt des
groupes industriels d'envergure nord-américaine, c'est toujours en
partenariat autour des blocs d'actifs de la SGF. Je vous donnais l'exemple de
l'industrie de la forêt et des pâtes et papiers où nous
avons, effectivement, une société qui était d'envergure
nationale et qui doit, maintenant, être d'envergure internationale,
c'est-à-dire qu'elle doit réorienter son développement
dans des créneaux d'excellence où elle peut compétitionner
avec les meilleurs en Amérique du Nord parce qu'il n'y a plus de
barrières tarifaires.
Le cas de Domtar... Il y a une partie qui est connue publiquement. La
société, comme on le sait, est une société publique
dont les actions sont inscrites en Bourse, puis, quand elle a fait des
financements, il y a eu des documents qui sont publics. Et je peux y
référer très brièvement. Domtar souhaite s'orienter
particulièrement dans le secteur des papiers fins papiers
spécialité, papiers commodité, papiers fins, c'est des
tablettes de papier, c'est des choses Xérox, c'est du papier de
qualité par opposition au papier journal, par exemple, où
ils sont moins compétitifs, ou peut-être les matériaux de
construction et des choses comme ça, où il est important qu'il y
ait des regroupements, mais qu'il se crée des champions qui sont en
mesure de compétitionner à l'échelle
nord-américaine. Il est particulièrement intéressant de
savoir que les secteurs d'excellence de Domtar sont ceux où les actifs
les plus importants sont situés au Québec, malgré que ce
soit une société, comme vous le savez, d'envergure nationale.
Également, un autre secteur qui nous apparaît
particulièrement important, c'est celui de l'aluminium.
Évidemment, nous en avons parlé ce matin, madame, vous vous en
rappelez, la SGF s'est fixé comme objectif de se servir comme levier de
sa position privilégiée dans le secteur primaire, où elle
a des industries à la fine pointe de la technologie et de la
compétitivité, et, également, de son réseau
international. Je pense qu'on peut dire, sans fausse modestie, qu'on fait
partie des ligues majeures, ne serait-ce que par la qualité des
partenaires que nous avons, et nous souhaitons, avec eux, bâtir des
entités d'envergure qui soient plus présentes dans la valeur
ajoutée, c'est-à-dire dans la transformation.
Également, nos participations, nous souhaitons les faire toujours
à un niveau qui nous confère une capacité d'influence
stratégique, et c'est le cas. Nous ne sommes pas que des banquiers qui
investissent de l'argent, nous ne sommes pas des partenaires silencieux. (16 h
10)
Le troisième d'ailleurs, ça me permet d'introduire
le troisième volet, celui de partenaire stratégique et financier
c'est celui de l'identification et de la création de chefs de
file potentiels au Québec dans des domaines à plus forte valeur
ajoutée et dans les domaines de haute technologie. Il y a des
entreprises au Québec qui sont au stade de la PME, mais en étant
plus près du «M» que du «P», c'est-à-dire
en étant plus... Je continue. Non, ça va. Alors, il y a des
entreprises au Québec, madame, des PME qui sont plus près du
«M», c'est-à-dire qui sont plus des entreprises de taille
moyenne, des entreprises, disons, d'une centaines d'employés, par
exemple, qui peuvent avoir un chiffre d'affaires de quelques dizaines de
millions de dollars qui ne sont pas de toutes petites entreprises, mais qui
doivent passer au stade suivant. Puis, passer au stade suivant, ce n'est pas
toujours facile. C'est commode d'avoir un partenaire stratégique qui a
une pensée à long terme, qui a des fonds importants, qui a un
réseau international, et qui a une ouverture sur les marchés
étrangers. Et nous pensons que nous pouvons jouer un rôle
important au Québec pour prendre certaines de nos entreprises
championnes et en faire des vrais chefs de file, au Québec, en se
tournant sur les marchés de l'exportation, parce que nous sommes
tournés, nous, beaucoup je pense que, culturellement, là,
on le voit, par notre portefeuille aussi sur l'international, et je
pense que l'avenir de ces sociétés québécoises, de
passer de moyennes à grandes entreprises, c'est de se tourner vers
l'international. On pense à des entreprises locomotives, au
Québec, comme Bombardier: Bombardier n'a pas besoin de la SGF, mais
rappelons-nous ce qu'était Bombardier il y a 15 ans, 10 ou 15 ans: C'est
le genre d'entreprise qu'on pouvait prendre, mais au fond, ils fabriquaient
simplement des motoneiges pour un marché qui était relativement
local, et aujourd'hui on en a fait un chef de file.
C'est un exemple d'un de ces succès dans lesquels nous pourrions
intervenir.
J'ai voulu faire la distinction entre la «P» et la
«M», parce que la Société générale de
financement n'est pas impliquée avec les petites entreprises. Ce n'est
pas parce qu'on ne les croit pas importantes, mais nous ne sommes pas
équipés pour faire ça. La Société
générale de financement est constituée de 15 personnes
dans le personnel clérical; vous avez ici à peu près la
moitié de la SGF avec vous. C'est des gens qui interviennent au niveau
stratégique, mais on ne peut pas suivre des dizaines et des dizaines, ou
des centaines d'investissements de 1 000 000 $ par ci, par là; ce n'est
pas notre rôle. On laisse ça à d'autres qui peuvent le
faire de façon plus compétente que nous.
Alors, en gros, M. le Président, Mme Harel, c'est les
orientations stratégiques de la SGF. Nous prévoyons, selon nos
projections financières, être en mesure de faire environ 2 000 000
000 $ d'investissents au cours des cinq prochaines années dans ces
secteurs, donc, de matériaux légers, matériel de
transport, technologies de l'information, création de chefs de file,
aérospatiale. Il est évident que, 2 ans ou 3 ans d'avance, je ne
peux pas vous dire: c'est le projet x, y, z qu'on va faire, parce que, comme je
le mentionnais ce matin, en tout temps, on a beaucoup de fers au feu et on en
poursuit plusieurs, et, pour 10 que vous poursuivez, bien, il y en a un qui
aboutit. Alors, c'est, en gros, ce que je voulais dire. Si j'ai
été un peu long, je m'en excuse. Quand je reviendrai, dans 10
ans, j'essaierai d'être plus bref, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Ha, ha, ha! Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata.
Mme Dionne: Oui, merci, M. le Président. J'interviens
à ce moment-ci, et c'est peut-être en relation avec ce que le
président de la SGF vient de dire. Quand on a parlé de valeur
ajoutée et des secteurs d'activité dans lesquels la SGF voulait
faire ses priorités d'avenir, on a parlé de matériel de
transport. Tout à l'heure, j'écoutais la députée de
Hochelaga-Maisonneuve parler des grappes industrielles et dire qu'elle ne
voyait pas comment ça pouvait être la stratégie de demain,
et que la création d'emplois, au Québec, relevait beaucoup plus
des PME que des grandes entreprises. Sauf qu'il y a un lien, je pense,
là, qu'elle n'a pas fait et, compte tenu qu'on s'en va dans le
congé pascal, je me dis que ce serait peut-être le temps de le
faire.
Le Président (M. Jolivet): Donnez-lui l'absolution.
Mme Dionne: C'est ça. Avant de lui donner l'absolution,
c'est de lui expliquer, effectivement, ce lien-là qui manquait
peut-être dans sa réflexion. Prenons le matériel de
transport en commun: Bombardier La Pocatière, c'est dans mon
comté, et je pense que c'est une façon évidente de prouver
l'importance des grappes industrielles. Pour être accrédité
auprès de Bombardier
La Pocatière, ce n'est pas facile. Les fournisseurs de
Bombardier, on les retrouve en Ontario, on les retrouve un peu partout, mais,
dans la région immédiate, ils ne sont pas aussi nombreux qu'on le
voudrait. Alors, il y en a à Grand-Mère, bien sûr, mais on
aimerait beaucoup plus en avoir dans Kamouraska, par exemple, dans
Rivière-du-Loup, dans L'Islet, et ils ne sont pas suffisamment nombreux.
Un des problèmes, c'est que ce n'est pas facile d'être
accrédité auprès de Bombardier puisqu'on doit
répondre à des exigences internationales. Alors, pour ce faire,
dans la région, on a, premièrement, fait une étude,
à savoir: est-ce qu'on peut faire de la sous-traitance? Il y a la
volonté d'en faire et il y a des PME, peut-être, sauf qu'il
manquait un lien, un maillon important: Comment se faire accréditer,
comment avoir les ressources nécessaires? Et les grappes industrielles,
dans ce sens-là, viennent vraiment répondre à ça,
puisqu'on a des centres spécialisés on en a un un
centre spécialisé qui s'est donné comme mandat de faire le
lien justement pour que nos entreprises puissent être
accréditées, puissent avoir un produit le plus performant
possible, puisque c'est un produit qui s'en va sur le marché
international, en compétition, bien sûr, avec le Japon, les
États-Unis, l'Italie, etc.
Alors, dans ce sens-là, pour ce qui est du matériel de
transport, il est certain que c'est très important de pouvoir mettre
tout le monde ensemble pour que nos entreprises, nos PME puissent être
accréditées auprès de Bombardier, puis c'est dans la
région. Mais c'est tout un défi à relever et, pour ce
faire, ça prenait des ingénieurs compétents que les
entreprises n'avaient pas le moyen de se payer, il fallait une intervention au
niveau collégial le centre spécialisé l'a
donnée et ça prenait aussi des PME au niveau de la
recherche et développement, comme Pocatec qui est venue par un projet,
comme MÉTRO PLUS, faire le lien pour qu'on puisse avoir plus de petites
entreprises spécialisées.
Un premier contrat, ça part une petite entreprise. Alors, si
c'est pour Bombardier, pendant un temps, c'est important. Et, par la suite, si
la petite entreprise veut faire de l'exportation, elle a à tout le moins
acquis une crédibilité auprès d'une entreprise qui a une
vocation internationale. Alors, je pense que c'est tout à fait logique
de dire qu'un premier contrat pour Bombardier pour une grande entreprise
ce n'est pas suffisant, mais c'est le début qui est important.
Et, par la suite, les petites entreprises du coin se disent: Oui, on ne peut
pas avoir seulement un seul client, on se doit d'avoir d'autres clients qui
sont un peu partout au Québec, au Canada ou en Amérique du Nord,
et elles seront beaucoup plus compétitivess qu'ils l'étaient au
départ.
Alors, je pense que la grappe industrielle du transport en commun, pour
Kamouraska-Témiscouata, pour Montmagny-L'Islet et jusqu'à
Rimouski, c'est très important et ça va être une
façon pour nous autres de pouvoir accréditer nos PME ou nos gens
qui sont déjà là mais qui ne peuvent se développer,
parce qu'il y avait un problème de maillage. Alors, moi, je suis
très heureuse qu'on ait une grappe industrielle dans le transport en
commun et les gens ont déjà commencé à s'en
servir.
Alors, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneu-ve, moi, je
voulais vous dire que c'est important que ça se fasse et qu'on ait des
sous-traitants dans le milieu, en région, et que ce soient des PME qui
puissent, à partir, justement, d'un maillage avec une grande entreprise,
avec des maisons d'enseignement, se spécialiser et, par la suite,
exporter et rester peut-être à un niveau de petites entreprises,
mais très crédibles au niveau international. Alors, c'est une
démarche, je trouve, qui est beaucoup plus logique. Ce n'est pas une
démarche de rêveur. C'est, je pense, une démarche
importante qui doit être faite dans ma région et je pense que
ça va aussi servir l'est de Montréal.
Le Président (M. Joli vet): D'une façon ou d'une
autre, on pourra avoir la chance d'en discuter longuement lors des
crédits. J'ai l'impression que c'est déjà amorcé
à ce moment-ci, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. le Président, j'aimerais poursuivre
l'échange sur la vision du développement des secteurs d'avenir.
Je comprends qu'il y a une grappe industrielle dans le transport en commun.
J'espère qu'on en verra les effets cette semaine et que le Conseil des
ministres prendra la bonne décision dans le dossier des trains de
banlieue parce qu'on ne peut pas toujours prétendre qu'il y a des
orientations et ne pas prendre les décisions quand elles s'imposent.
Malheureusement, la décision des trains de banlieue est retardée
de semaine en semaine puis il y a une urgence, n'est-ce pas, à
décider.
Ceci dit, je comprends que la SGF est également dans le
matériel de transport, notamment en matière de l'industrie de
l'automobile. Et, en prenant connaissance du rapport annuel, je dois vous dire
que c'est peut-être le seul secteur d'activité où j'ai
été surprise de retrouver la SGF du fait que l'usine est
située à Nashville dans l'Illinois. Alors, vraiment, je me suis
dit que j'allais vous demander quelles sont les raisons qui vous ont
amenés à investir dans un secteur d'activité comme
celui-là.
M. Fortier: C'est une excellente question. D'abord, il faut
comprendre que la SGF a fait une entente avec la société Magna
International, société canadienne qui est bien connue, qui est la
plus grande société dans le domaine des pièces
automobiles. L'entente stratégique entre Magna et la SGF comportait deux
volets. Le premier, c'était un investissement dans Ligma, à
Nashville, comme vous l'avez souligné. Le deuxième, ça
devait être suivi d'industries en amont et en aval au Québec,
c'est-à-dire que c'était un projet qui prévoyait... Encore
dans le cadre nord-américain parce que vous savez que l'industrie
automobile nord-américaine est intégrée depuis longtemps.
Elle l'était même avant le traité de libre-échange.
Alors, c'était un investissement avec une contrepartie d'investissements
au Québec. Cependant, mes prédécesseurs étant des
hommes sages ça s'est fait avant que je ne sois là
l'entente prévoyait que, si jamais les investissements au Québec
ne se matérialisaient pas à l'intérieur d'une certaine
période donnée, la SGF aurait le droit de se retirer de ces
investissements aux États-Unis et avait un droit d'être
rachetée, ce qu'on appelle en langage de métier un
«put», qui est peut-être le terme anglais qui le
décrit le mieux. Alors, la SGF a le droit, au moment où on se
parle, de se retirer de cet investissement et de récupérer CBI.
(16 h 20)
Ce que nous souhaitons faire parce que notre but n'est pas
simplement de courir après des fonds, c'est beaucoup plus de faire du
développement économique à l'avantage du Québec,
évidemment nous sommes à ce moment-ci, au moment où
je vous parle, en négociation et en discussion avec notre partenaire
pour sortir de cet investissement et/ou de faire des projets d'investissements
au Québec dans le secteur des pièces automobiles au moment
précis où je vous parle. Je ne peux malheureusement
puisque c'est une négociation avec un partenaire privé
vous en donner le détail, mais je puis vous assurer que ce n'est pas un
investissement qui restera avec un seul investissement aux États-Unis,
les bras croisés. Ça avait été prévu par mes
prédécesseurs.
Mme Harel: M. le Président, le projet étant un
projet de fabrication de pièces d'automobiles au Québec,
j'imagine, c'est ça?
M. Fortier: Tout à fait, tout à fait, madame.
Mme Harel: Tantôt, vous parliez d'attaques de
marchés. Est-ce que vous envisagez, par exemple, l'achat de
réseaux de distribution?
M. Fortier: On n'est pas vraiment dans la distribution. Votre
question est générale, mais...
Mme Harel: Dans les secteurs d'activité où vous
êtes impliqués.
M. Fortier: Remarquez que ça dépend. Dans les
entreprises qu'on a, Domtar a des réseaux de distribution. Dans
l'aluminium, on est dans l'aluminium primaire. On en fait notre propre vente,
mais on n'a pas besoin d'un réseau de distribution. C'est un
marché international.
Mme Harel: Quand vous parliez des entreprises de taille moyenne
et de l'importance stratégique d'exporter sur les marchés
extérieurs, est-ce que ça ne met en cause le fait qu'il y a une
difficulté, une première difficulté qui se
présente, qui est celle d'avoir accès à des marchés
de distribution qui sont déjà...
M. Fortier: Oui, je pense qu'il faut faire du maillage à
cet égard-là. Mon Dieu, je prend un exemple. Je n'aime pas nommer
des sociétés. Mais prenons une société XYZ du
Québec. Nous, on est en relation avec GEC Alsthom, par exemple. Avec GEC
Alsthom,
on a un mandat international dans les turbines. Des gens comme GEC
Alsthom ou Alcatel Alsthom ont besoin de sous-traitants, comme Northern Telecom
a besoin de sous-traitants, d'ailleurs, puisque ce sont des compétiteurs
dans le domaine de l'information. Il y a des sociétés au
Québec, et on en a déjà plusieurs d'identifiées
avec lesquelles on a commencé à discuter, puis on songe à
faire des partenariats en maillage avec de grandes sociétés
étrangères que nous connaissons déjà, où on
peut être une troisième patte, où on peut être ceux
qui leur ouvrent la porte, si vous voulez, de ces grands réseaux
où ils peuvent agir, par exemple, à titre de sous-traitants.
Il faut comprendre que c'est des sous-traitants qui doivent être
agréés. Tantôt, Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata soulignait la difficulté auprès des
grands donneurs d'ouvrage. C'est le même problème non seulement
pour Bombardier, mais dans l'aéronautique, dans les secteurs de la
technologie d'information, tous ces secteurs à haute technicité.
Il faut aider les gens à passer du stade de la petite entreprise pour
être en mesure de travailler avec les entreprises dans les ligues
majeures. Alors, c'est dans ce sens-là où on peut jouer un
rôle.
Mme Harel: Diriez-vous globalement que l'année 1992 a
été plus facile pour l'équipe que vous dirigez que
l'année 1991?
M. Fortier: Je ne sais pas si c'a été plus facile
pour eux. Il faudrait que je le leur demande. Ha, ha, ha!
Mme Harel: Parce que, moi, j'ai seulement le rapport annuel de
1991 que vous avez signé et dans lequel vous annonciez l'intention de la
SGF de réévaluer l'ensemble de son portefeuille ainsi que ses
stratégies pour l'année 1992. Alors, je dois comprendre que c'a
été complété et que ce que vous nous
énonciez tantôt était le résultat de ce que vous
aviez fait en 1992.
M. Fortier: C'est exact. C'était le résultat de
notre réflexion stratégique. C'est exact.
Mme Harel: Et, l'an passé, vous aviez eu besoin d'un
emprunt, je crois, de l'ordre de 100 000 000 $. Qu'en est-il cette
année?
M. Fortier: Cette année, non seulement on n'a pas besoin
d'emprunt mais, selon nos prévisions, nous... D'ailleurs, on n'avait pas
nécessairement besoin d'un emprunt l'an dernier. Il faut bien se
comprendre. La SGF a des fonds propres qui sont tout à fait suffisants
pour soutenir son plan de développement.
Mme Harel: Vous aviez demandé au gouvernement la
possibilité de les utiliser. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Fortier: Pardon?
Mme Harel: Vous aviez demandé, à ce
moment-là, à votre actionnaire, le gouvernement, la
possibilité d'utiliser...
M. Fortier: Oui, je vais vous expliquer, en deux mots, pourquoi.
C'est que beaucoup de nos investissements sont peu liquides et nous ne
souhaitions pas nous en départir à ce moment-ci, pour
différentes raisons. Deux cas: là où on a nos
investissements les plus importants, c'est très simple: dans le cas de
l'aluminium, on veut se servir de notre position dans l'aluminium primaire
comme levier pour faire de la transformation et, dans le cas de Domtar, nous
sommes pour Domtar un partenaire financier et stratégique important.
Pour nous, dans la conjoncture actuelle, plutôt que de liquider des
investissements pour redéployer nos investissements dans les besoins de
fonds que nous avions, nous avons cru préférable d'emprunter du
gouvernement, mais nous serons en mesure, selon notre plan stratégique
et financier, de rembourser à l'intérieur des délais
prévus qui est un délai de 3 ans. Mais ça aurait
été facile, par exemple, de vendre l'aluminium. Si on voulait, on
pourrait avoir des acheteurs demain matin pour notre situation, notre position
dans l'aluminium, parce qu'on a une position dans les meilleures alumineries au
monde. Mais on pense que, stratégiquement, il est important d'utiliser
ces actifs pour faire quelque chose de mieux avec et, en ce faisant, on sera en
mesure de dégager des fonds qui nous permettront de rembourser le
gouvernement et de dégager des fonds qui vont nous permettre
également de se redéployer dans d'autres secteurs, ce qui avait
été l'exemple de Donohue où on a vendu, 300 000 000 $,
puis ces fonds ont été utilisés dans de nouveaux projets.
Parce que la SGF n'a pas non plus pour mandat de se bâtir un empire,
c'est-à-dire qu'on ne cherche pas nécessairement à se
bâtir une société de 10 000 000 000 $, mais on pourra
redéployer nos actifs vers les secteurs à plus forte valeur
ajoutée.
Situation de MIL Davie
Mme Harel: Je m'en voudrais que l'on termine l'échange
sans aborder la question de MIL. Quel est l'avenir que vous
prévoyez?
M. Fortier: Vous parlez des chantiers maritimes. La situation de
MIL...
Mme Harel: Malheureusement, mon collègue de Lévis
était absent aujourd'hui.
Une voix: C'est triste.
Mme Harel: Sinon, il était des nôtres,
évidemment.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: On est triste.
Une voix: Joyeuses Pâques! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: Bon. Alors, l'avenir des chantiers maritimes de MIL,
il faut comprendre que, dans la situation actuelle, la société
MIL Davie, dans la construction navale, est impliquée à
compléter ses deux gros mandats, le programme TRUMP et le programme CPF.
Comme vous le savez, dans un cas, c'est la réfection de destroyers et,
dans l'autre cas, c'est la construction et le parachèvement des trois
frégates. Ces programmes doivent se terminer à la fin 1994 et je
ne vous cacherai pas que le carnet de commandes est vide au moment où
nous nous parlons. Le marché traditionnel des chantiers maritimes au
Canada en général, et de celui de MIL, c'était le
marché gouvernemental et le gouvernement fédéral
était le donneur d'ouvrage. Le gouvernement fédéral...
Mme Harel: II est resté aussi.
M. Fortier: Pardon?
Mme Harel: II est resté...
M. Fortier: Oui. Vous avez raison.
Mme Harel: ...en fait, donneur d'ouvrage, mais à
l'extérieur du Canada.
M. Fortier: Oui. Quand je dis «était»,
là, il l'est encore, mais c'est juste qu'il ne semble pas avoir beaucoup
d'ouvrage à donner, selon toutes les indications que nous avons. Nous
regardons, actuellement, les diverses options pour la réorientation du
chantier maritime afin de faire bon usage des forces que nous y avons, soit une
main-d'oeuvre compétente et des installations qui sont ici, dans la
région de Québec.
Maintenant, quelle que soit la solution à une
réorientation des chantiers, je pense qu'il y a deux ou trois
éléments importants à retenir. Le premier, c'est que nous
avons un urgent besoin nous en avons fait part au gouvernement
fédéral, d'ailleurs de contrats à court terme qui
nous permettront d'assurer le maintien des emplois et la survie des chantiers
pendant que nous tentons d'analyser les possibilités de
réorientation du chantier. Nous avons fait des demandes dans ce
sens-là auprès des gouvernements et il y a différentes
possibilités qui sont en train d'être regardées. (16 h
30)
Deux conditions importantes pour la survie des chantiers, c'est de
s'assurer que nous obtenons, donc, des contrats de transition, si vous voulez,
et que nous continuions à améliorer l'organisation du travail et
la productivité. L'organisation du travail et la productivité des
chantiers maritimes n'étaient pas de niveau mondial jusqu'à il y
a quelques années. Il y a eu des progrès assez
intéressants de faits grâce à un partenariat qui est en
train de s'établir entre la direction et les travailleurs, et je pense
que c'est du domaine public. Il y a eu beaucoup de progrès de faits
depuis un an ou un an et demi au niveau du climat du travail, au niveau de la
productivité. Il demeure encore, au niveau de l'organisation du travail
et de la flexibilité des tâches, beaucoup de travail à
faire pour que nous soyons compétitifs, et je pense que les deux parties
en sont conscientes.
L'autre élément, et c'est le dernier, qui m'apparaît
important, c'est celui de s'assurer que nous puissions agir sur une base
commerciale parce que nous n'avons pas des fonds illimités et on doit
pouvoir devenir compétitifs avec notre entreprise.
Alors, en gros, c'est tout ce que je puis en dire à ce
moment-ci.
Mme Harel: Alors, je vous remercie. M. le Président, je ne
sais pas si c'est l'occasion pour...
Le Président (M. Jolivet): C'est les remarques de la fin.
Allez-y.
Mme Harel: ...la clôture de nos travaux. Alors, je ne sais
pas, est-ce que...
Le Président (M. Jolivet): Oui.
Mme Harel: Vous me donnez la préséance. C'est bien
ça?
Une voix: Madame.
Conclusions
Mme Harel: M. le Président, on dit, en
général, que les institutions de la Révolution tranquille
se font brasser le camarade de ce temps-ci. En fait, si on regarde du
côté d'Hydro-Québec, ou de la Caisse de dépôt,
ou de la SDI, il y a quand même tous les jours ou presque dans les
journaux l'occasion d'en débattre, c'est le moins qu'on puisse dire. Et
c'était étonnant à quel point la SGF était
restée silencieuse, finalement. On se rend compte aujourd'hui que c'est
parce que c'est essentiellement des décisions d'affaires qui ont
été prises. Je crois comprendre que vous répondiez, cet
après-midi, à la question que nous posions ce matin: Est-ce que
la SGF a encore un rôle déterminant à jouer dans le
développement économique du Québec? Oui, dans son
redéploiement. Moi, je suis très satisfaite de l'échange
que nous avons eu aujourd'hui, et je vous souhaite bonne chance à
vous-même et à toute votre équipe.
M. Fortier: Merci infiniment, madame.
Le Président (M. Jolivet): Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata.
Mme Dionne: Oui, M. le Président. Tout d'abord, j'aimerais
remercier le ministre et toute l'équipe de la SGF, M. Fortier en
tête, de la disponibilité qu'ils ont eue envers la commission. Je
pense que l'arti-
cle 15 de la Loi sur la Société générale de
financement du Québec demandait qu'il y ait commission parlementaire.
C'est fait, le mandat est réalisé. J'aimerais terminer en
rappelant que la SGF, bien sûr, c'est un des joyaux qui ont
été mis de l'avant en 1962 par le gouvernement libéral du
temps. Je suis bien heureuse de voir qu'au fil des années on continue
à travailler très fort. Je souhaite qu'ils aient des chances dans
tous leurs investissements et que ces investissements aient des
retombées dans toutes les régions du Québec puisqu'on en a
bien besoin. En terminant, j'aimerais souhaiter de Joyeuses Pâques
à tous les membres de la commission ainsi qu'à nos
invités.
Le Président (M. Jolivet): Alors, dans ce contexte, je
constate que nous avons rempli notre mandat qui était de procéder
à l'étude de la directive no 4 à la Société
générale de financement du Québec, annexée au
décret 85-93 du 27 janvier 1993. En conséquence, ayant
terminé notre mandat, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 34)