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(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Audet): Si vous voulez prendre place,
s'il vous plaît, la commission de l'économie et du travail va
reprendre ses travaux. À l'ordre, s'il vous plaît! Je
déclare la séance de la commission de l'économie et du
travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la commission qui est de
procéder à une consultation générale sur la
proposition de plan de développement 1993 à 1995
d'Hydro-Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Charbon-neau (Saint-Jean) par M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Leclerc
(Taschereau) par M. Fradet (Vimont), M. Blais (Masson) par M. Baril
(Arthabaska) et M. Claveau (Ungava) par Mme Marois (Taillon).
Le Président (M. Audet): Merci. Est-ce que les membres de
la commission ont pris connaissance de l'ordre du jour?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'ordre du jour est
adopté?
M. Chevrette: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Adopté. Alors, je vous
rappelle brièvement le déroulement de nos travaux pour ce matin.
De 10 heures à 10 h 30, il y aura présentation par
Hydro-Québec de sa proposition tarifaire. Ensuite suivra une
période d'échanges des parlementaires jusqu'à 12 h 30,
où nous suspendrons pour le lunch. Alors, puisque les gens
d'Hydro-Québec ont pris place, je les invite à nous faire part de
leur proposition tarifaire.
Documents déposés
M. Drouin (Richard): M. le Président, en guise de
préalable, juste mentionner que nous avons déposé
auprès de la commission quelques documents qui avaient été
demandés, à savoir les comparaisons ou les prévisions du
prix du gaz pour les années à venir. Nous avions
mentionné, hier, que nos prévisions étaient à peu
près en ligne avec celles d'autres compagnies bien connues.
Deuxièmement, on nous avait demandé de déposer
également un discours sur les affaires internationales qui avait
été prononcé, la semaine dernière, à
Montréal. Alors, nous déposons ça. Je pense que ça
complète avec le dépôt du discours d'aujourd'hui.
Présentation de la proposition tarifaire pour
1993-1994
M. le Président, Mme la vice-première ministre, M. le
leader parlementaire de l'Opposition, mesdames, messieurs, la séance
d'aujourd'hui est consacrée à l'étude de la proposition
tarifaire d'Hydro-Québec pour 1993-1994. Cette proposition correspond
à l'orientation que nous vous avons soumise dans notre proposition de
plan de développement et dans notre engagement de performance.
Hydro-Québec veut s'engager devant ses clients et devant son
actionnaire à aligner ses hausses tarifaires sur l'inflation. Comme je
vous l'ai exprimé précédemment, nos clients ont
placé le caractère prévenant et personnalisé du
service au premier rang de leurs attentes à l'endroit
d'Hydro-Québec. Au second rang de leurs attentes, ils ont exprimé
la volonté que les hausses tarifaires n'excèdent pas l'inflation.
Outre l'alignement des hausses de tarifs à l'inflation, notre
proposition tarifaire comporte un autre volet important, à savoir la
réduction de l'interfinancement.
Sans entrer dans les détails de cette proposition, j'aimerais
souligner le fait que les résultats de nos consultations, de même
que les commentaires exprimés devant cette commission par les auteurs de
nombreux mémoires, font ressortir un consensus autour d'une tarification
tendant à refléter de plus en plus les coûts de
fournitures. Hydro-Québec vise une situation d'équilibre à
différents points de vue: équilibre entre l'offre et la demande,
équilibre entre l'amélioration du service de contrôle de
nos charges, équilibre entre nos efforts de rationalisation et le
respect de nos employés.
On se souviendra qu'un long cycle de faible hydraulicité avait
exercé une pression sur notre équilibre
énergétique. Grâce aux apports hydrauliques de l'an dernier
qui ont dépassé de 5 % la moyenne des 50 dernières
années, nos réservoirs, à la fin du mois de
décembre, étaient remplis à 70 % de leur capacité,
ce qui constitue pour nous un retour à l'équilibre.
Il ne faudrait pas pour autant oublier le caractère cyclique de
l'hydraulicité. Hydro-Québec continuera de connaître des
années de vaches maigres et des années de vaches grasses à
ce sujet. Pour éviter que de tels cycles ne se reflètent sur nos
tarifs que nous voulons, je le répète, maintenir stables en
dollars constants, nous proposons la création d'un compte de
stabilisation. Un tel compte constitué pendant les années de
forte hydraulicité permettrait de faire face aux mesures exceptionnelles
requises durant les cycles de faible hydraulicité.
Le maintien de l'équilibre entre l'offre et la demande
d'électricité d'ici l'an 2000 tient également à la
variété des moyens qui nous permettront de répondre
à
la croissance des besoins. D'ici l'an 2000, nos programmes
d'efficacité énergétique entraîneront des
économies d'énergie de plus en plus significatives. Les centrales
hydroélectriques du complexe La Grande, phase II, seront progressivement
mises en service et nous pourrons compter sur l'apport
énergétique des producteurs privés.
Même si la mise en service de nouvelles centrales à la Baie
James, d'ici 1995, aura pour effet d'augmenter nos charges totales au cours des
prochaines années, il faut reconnaître que ces installations nous
fourniront de l'électricité à un coût relativement
peu élevé. Avec un prix de revient moyen de 0,03 $ le
kilowattheure livré à Montréal, ces nouvelles centrales ne
peuvent être concurrencées par aucun autre mode de production dans
l'état actuel de la technologie. Hydro-Québec vise
également un équilibre entre l'amélioration de la
qualité du service et le contrôle des charges.
Ayant reconnu que nous devions faire des efforts de rattrapage au
chapitre de la qualité du service, nous avons mis en oeuvre, à
partir de 1990, de nombreux programmes d'amélioration sans pour autant
laisser la bride sur le cou aux charges d'exploitation. Pour reprendre une
expression populaire, Hydro-Québec a retroussé ses manches. En
deux ans, l'entreprise a enregistré des gains importants au chapitre du
degré de satisfaction de sa clientèle. Nous entendons poursuivre
nos efforts d'amélioration tout en contrôlant la croissance de nos
charges d'exploitation par le biais d'une productivité accrue. (10 h
10)
Ceci m'amène à vous parler de la troisième
situation d'équilibre que nous visons, l'équilibre entre nos
efforts de rationalisation et le respect de nos employés. Contrairement
à d'autres entreprises publiques ou privées, Hydro-Québec
ne prévoit pas le recours à des mesures radicales et douloureuses
comme de mises à pied massives. Nous devons certes améliorer
notre productivité pour parvenir à donner un meilleur service
à notre clientèle avec des tarifs alignés à
l'inflation, mais nous voulons le faire en respectant notre personnel. Pour les
trois prochaines années, nous visons des gains de productivité de
9,5 %, ce qui signifie une réduction de l'effectif global d'environ 1500
personnes. je rappelle que cette réduction des effectifs de 1500
personnes se réalisera, là, dans un contexte où nous
prévoyons effectivement que la demande au québec va augmenter de
4 % par année pendant les trois prochaines années. notre ratio
d'employés par milliard de kilowattheures vendus passera ainsi de 217
à 184. ces efforts se poursuivront par la suite jusqu'à ce que
nous ayons atteint des gains de productivité d'au moins 20 %. de tels
gains nous rapprocheront sensiblement des objectifs que nous nous sommes
fixés dans notre vision d'entreprise.
Grâce aux mécanismes mis en place par le Défi
performance et grâce à la collaboration des syndicats, je suis
convaincu que nous pouvons atteindre nos objectifs d'amélioration de la
productivité en limitant le nombre de mises à pied et en
permettant à nos employés de poursuivre leur carrière au
sein de l'entreprise.
L'ensemble de ces équilibres que nous voulons maintenir sont
reflétés dans notre proposition de plan de développement,
dans notre engagement de performance et dans notre proposition tarifaire.
Ensemble, ces trois documents forment un tout dont les différents
éléments contribuent au maintien de l'équilibre. Les
engagements et orientations qu'ils contiennent nous permettront de
réaliser notre vision.
Nous avons décidé de nous engager pour les deux prochaines
années à des hausses alignées sur l'inflation, même
si de telles hausses sont inférieures à l'augmentation
prévue de nos coûts de fournitures. Nous aurions aimé nous
engager dès maintenant pour une troisième année.
Cependant, les risques, notamment ceux associés à
l'hydraulicité, sont potentiellement trop importants. D'ici l'an 2000,
les mesures de gestion que nous implanterons permettront d'aligner la
croissance des coûts de fournitures sur l'inflation.
Nous jugeons cette proposition suffisante pour maintenir la santé
financière et l'équilibre de l'entreprise. Nous la jugeons aussi
nécessaire pour éviter éventuellement des hausses brutales
qui se révéleraient douloureuses surtout si elles devaient
survenir dans une période de faible croissance économique. Pour
nos clients, cette proposition est un gage de sécurité et de
stabilité.
Dans la continuité, M. le Président, de la
présentation que nous faisons sur notre demande tarifaire, je
demanderais à M. Pierre Bolduc, qui est vice-président
exécutif, Commercialisation, Affaires internationales, et qui est
accompagné également de M. Gilles Roy, de vous faire une
présentation plus spécifique de notre demande.
Le Président (M. Audet): M. Bolduc.
M. Bolduc (Pierre): M. le Président, le document
Proposition tarifaire pour 1993 et 1994, qui a déjà
été déposé à cette commission, contient tous
les éléments d'ajustement aux tarifs d'Hydro-Québec qui
sont proposés avec les principales explications qui s'y rattachent. Je
vais tenter en quelques minutes d'en dresser les faits saillants et d'ajouter
certaines explications complémentaires.
Les éléments moteurs de cet ajustement de tarifs sont, au
départ, l'évolution des coûts de fournitures de
l'électricité qui en sont la justification principale, mais
pondérée par l'engagement d'Hydro-Québec et l'attente
très claire de sa clientèle de ne pas avoir des hausses de tarifs
qui dépassent l'inflation prévue en même temps que
l'incorporation de plusieurs mesures, encore une fois, demandées lors de
la consultation publique, qui vont dans le sens de simplifier la tarification,
d'y ajouter un signal de prix qui favorise l'efficacité
énergétique. Et, de l'ensemble de ces éléments
découlent les recommandations proposées au document qui a
été déposé.
Prenons d'abord l'aspect évolution des coûts de
fournitures. Hydro-Québec établit, pour fins de recommander des
ajustements tarifaires globaux et par catégorie de clientèle sur
une base très scientifique et comptable, le coût attribuable
à chacune de ses catégories de
clients. Comme nous l'avons souvent expliqué, cet exercice se
fait en tenant compte de façon totalement distincte des ventes qui ne
sont pas assujetties aux règlements tarifaires, soit les exportations et
les contrats particuliers à long terme, et à ne pas attribuer
d'aucune façon les coûts associés à ces
catégories de vente à la base tarifaire pour ses clients
assujettis aux règlements.
Ces coûts de fourniture pour les clients assujettis aux
règlements tarifaires sont ensuite majorés par un rendement
attendu pour la rémunération normale de l'avoir propre
d'Hydro-Québec et, en ajoutant cette marge bénéficiaire,
on obtient ce que nous appelons le prix cible applicable à chacune des
catégories tarifaires. les prix cibles de l'électricité
pour l'année 1993 et pour les clients assujettis aux règlements
tarifaires augmentent de 2,8 %. sur la période 1993-1995, qui correspond
à l'engagement de performance, ces prix cibles augmentent de 3,5 %.
donc, au départ, nous avons un ajustement à faire pour respecter
l'engagement prévu de ne pas dépasser les prévisions de
hausse de l'inflation et, pour cette raison, les hausses qui sont
recommandées sont légèrement inférieures à
l'évolution de nos prix cibles et sont effectivement plafonnées
par nos prévisions d'inflation. on en obtient une hausse de tarifs
générale recommandée, pour l'année 1993, de 2,3 %
et une hausse, pour 1994, de 2,7 %. la proposition tarifaire couvre une
période de 2 ans afin de garantir à la clientèle une
meilleure stabilité des prix de l'électricité dans la
période de reprise économique qui s'amorce.
Hydro-Québec assure donc à ses clients que le prix de
l'électricité n'augmentera pas plus vite que l'inflation, et le
chiffre de 2,7 %, pour l'année 1994, est sujet à révision
en fonction de ce que sera effectivement la prévision d'inflation au
début de 1994. Donc, si l'inflation prévue à ce
moment-là est inférieure, la hausse sera ajustée en
conséquence. La hausse de 1994 ne sera remise en question qu'en cas
d'événement majeur exceptionnel.
Pour se permettre de demander une hausse de tarifs inférieure
à l'augmentation de ses prix cibles qui reflètent ses coûts
de fournitures, Hydro-Québec s'est évidemment engagée dans
un pari et s'engage dans une situation qui va nécessiter un resserrement
de tous ses volets financiers. Comme M. Drouin vous en a parlé, il s'y
est associé un exercice d'accroissement de productivité qui
constitue un défi pas très facile à relever et, en
même temps, Hydro-Québec accepte temporairement de resserrer un
peu davantage ses critères financiers, je dirais, à la limite de
ce qui est acceptable dans une perspective où les
phénomènes qui mettent une pression sur la hausse des coûts
de fournitures, soit la mise en service de nouveaux équipements de
production comme LG 2 A, en 1993, et les autres centrales de La Grande, phase
II, en 1994 et 1995. Ces phénomènes-là vont avoir un effet
temporaire et, après 1994, Hydro-Québec compte pouvoir rattraper
ces critères financiers tout en respectant l'engagement de hausses ne
dépassant pas l'inflation. (10 h 20) selon les différentes
catégories tarifaires, maintenant, la hausse proposée n'est pas
uniforme. c'est là qu'intervient le principe de correction de
l'interfinancement. actuellement, le secteur résidentiel n'assure pas
toute la rentabilité souhaitée et, depuis plusieurs
années, hydro-québec poursuit un objectif à très
long terme de réduire graduellement l'interfinancement entre les
catégories tarifaires. ce phénomène est bien
illustré en 1992 où on constate que, pour les clients du secteur
résidentiel, qui constituent 47 % des ventes d'hydro-québec,
ceux-ci n'apportent que 17,9 % des bénéfices
d'hydro-québec, donc, une marge bénéficiaire
inférieure à ce qu'elle devrait être, alors que les clients
des petite et moyenne puissances, qui ne comptent que pour 32 % des ventes
d'hydro-québec, contribuent à 66 % des
bénéfices.
À long terme, ce phénomène, outre le strict aspect
inégalité qu'il produit entre différentes
catégories de clients, constitue un risque majeur pour
Hydro-Québec, un risque assez semblable à des
phénomènes qu'on a constatés dans d'autres domaines, par
exemple, le téléphone, où, suite à un
interfinancement prolongé et à un changement structurel, on se
retrouve, à un moment donné, dans des situations où il
faut appliquer des hausses totalement inacceptables pour
rééquilibrer une situation.
C'est clair que si les clients du tarif G et M, par une situation
concurrentielle de moins en moins favorable, devaient, tout à coup, se
tourner vers des formes d'énergie différentes, ça
créerait une situation très, très serrée à
Hydro-Québec, à court terme, où une bonne partie des
bénéfices qui proviennent de ce secteur-là devraient,
très brusquement, être transférés à ses
autres clients. On se retrouverait dans une situation où le secteur
résidentiel ne pourrait plus et aurait à subir des hausses encore
plus rapides certainement que l'inflation proposée et les
légères corrections d'interfinancement que nous essayons
d'incorporer dans la hausse tarifaire de cette année.
La différenciation pour correction de l'interfinancement que nous
proposons est, je dirais, presque symbolique. En augmentant
légèrement le secteur résidentiel plus que la moyenne, au
rythme où nous le faisons cette année, il faudrait 40 ans de
correction avant d'avoir effacé complètement l'interfinancement
qui existe actuellement. Et, en fait, la correction que nous proposons, ce
matin, va plutôt empêcher un accroissement du
déséquilibre qu'un retour vers un équilibre normal. Juste
pour citer un chiffre, si on devait, demain matin, corriger d'un seul coup
l'interfinancement, il faudrait augmenter les tarifs résidentiels de 12
%. Donc, c'est une situation où la correction proposée est
plutôt sur une base d'un principe et d'établir un cheminement qui
se continuera dans les années à venir. sur cette base-là,
les hausses de tarifs proposées sont, en moyenne, de 2,3 %, en 1993, et
de 2,5 % pour le secteur résidentiel, alors qu'elles sont à 2,1 %
pour les secteurs petite et moyenne puissances. pour le tarif grande
entreprise, c'est l'augmentation moyenne de 2,3 % qui est proposée. en
1994, selon le même principe, la hausse moyenne de 2,7 % est
répartie sur une
base de 2,9 % au secteur résidentiel et de 2,5 % pour le secteur
petite et moyenne puissances.
Certains autres ajustements sont proposés au règlement
tarifaire. En particulier, au secteur résidentiel, nous amorçons,
en 1993, une expérience-pilote de tarifs différenciés dans
le temps. C'est une approche qui nous est recommandée depuis longtemps
par de nombreux intervenants, qui se pratique un peu partout dans le monde et
qui se veut un moyen de donner aux clients un moyen de réduire leur
facture d'électricité en choisissant l'heure ou la journée
pendant lesquelles ils utilisent certains appareils électriques. Nous
devons, étant donné l'ampleur et la complexité d'une telle
tarification, procéder d'abord par une expérience-pilote qui va
porter sur 600 clients en 1993 et qui pourra, vers 1995, être offerte en
option à tous nos clients résidentiels. juste pour vous illustrer
un peu comment fonctionne ce tarif, durant des heures de pointe qui sont entre
6 heures et 11 heures du matin et 15 heures et 22 heures de l'après-midi
les jours de semaine, pendant les mois d'hiver, le tarif en pointe qui sera de
0,13 $ du kilowattheure, s'appliquera, alors que, pendant toutes les autres
heures de l'année, qui correspondent à 80 %, 90 % des heures du
temps, un tarif réduit à 0,0325 $ sera offert aux clients.
Ça veut dire que chaque client aura l'option, avec cette
tarification, de choisir les heures ou il utilise des appareils et pourra assez
facilement, par une gestion de son utilisation, réduire sensiblement sa
facture d'électricité tout en faisant profiter
Hydro-Québec d'un bénéfice, puisque ça diminuera la
demande en pointe et, éventuellement, c'est une situation avec laquelle
tout le monde se retrouvera gagnant.
Pour le tarif résidentiel de base, nous proposons aussi une
tarification qui n'est pas uniforme en fonction des heures d'utilisation. La
dernière tranche du tarif résidentiel augmentera un peu plus vite
que l'augmentation moyenne, alors que la première tranche augmentera un
peu moins vite. En fait, par rapport à une hausse moyenne de 2,5 %, la
dernière tranche, celle qui dépasse 30 kWh par jour, va augmenter
de 3 %, alors que la première tranche va augmenter de 2,2 %. C'est,
encore une fois, une façon de donner un meilleur signal de prix pour
encourager l'efficacité énergétique et donner quand
même un service de base pour les gens qui utilisent moins
d'électricité et moins affectés par l'inflation.
Dans les autres secteurs, pour conclure, nous avons, comme vous le
savez, engagé un dialogue relativement difficile avec nos clients de
grandes entreprises sur de nombreux sujets où ils se plaignent,
évidemment, de la diminution de l'écart comparatif qu'ils avaient
au Québec par rapport à d'autres secteurs où
l'électricité est disponible. Un des moyens que nous avons
essayé de mettre au point pour améliorer la situation
concurrentielle des clients grande entreprise, c'est la tarification
saisonnière. Depuis plus d'un an, nous avons exposé à nos
clients différents scénarios de tarification saisonnière
selon lesquels les tarifs d'électricité pour les grandes
entreprises seraient plus bas en été et plus élevés
en hiver, tout en étant, en moyenne, neutres par rapport à leur
niveau actuel.
Ces propositions-là, qui vont dans le sens des orientations
tarifaires souhaitées par Hydro-Québec et acceptées par la
ministre de l'Énergie, constituent, selon nous, une façon, encore
une fois, d'arriver à des solutions gagnantes pour toutes les parties.
La réticence de nos clients, qui se situe un peu dans leur
traditionnelle réaction négative à des changements qu'ils
ne connaissent pas, nous amène, pour l'instant, à ne pas
recommander la tarification saisonnière en 1993. Mais nous comptons
travailler très fort à convaincre les clients du
bénéfice pour eux de ce genre de tarification. Nous
espérons pouvoir recommander, au cours de l'année 1993, par
règlement spécial ou par décret, l'implantation d'une
telle tarification lorsque les modalités en auront été
discutées davantage avec les clients.
Pour les autres tarifs, les tarifs généraux, nous
poursuivons et terminons la restructuration du tarif M qui s'est poursuivie
depuis quelques années. Nous avons fait une refonte du tarif G9 pour les
clients à faible facteur d'utilisation, ce qui va permettre, dans
plusieurs cas, de réduire la facture d'électricité pour
certains clients comme les fonderies et les centres de ski. Le reste des
recommandations sont des ajustements d'ordre technique relativement
mineurs.
Pour conclure, si je peux me permettre... (10 h 30)
Le Président (M. Audet): Deux minutes.
M. Bolduc: ...je dois dire que la situation concurrentielle des
tarifs d'Hydro-Québec demeure très, très avantageuse.
À Toronto, on paie encore 55 % plus cher l'électricité
qu'à Montréal. Ces augmentations sont extrêmement
importantes pour la santé financière d'Hydro-Québec.
L'augmentation de 1993 va ajouter 152 000 000 $ par année aux revenus
d'Hydro-Québec; celle de 1994 va ajouter 186 000 000 $.
Donc, c'est un total de 338 000 000 $ qui vont se retrouver dans le
cadre financier de 1995 d'Hydro-Québec. C'est pratiquement la
moitié du bénéfice d'Hydro-Québec, cette
année-là. Donc, c'est une faible augmentation pour les clients.
Ça ne dépasse pas l'inflation, mais pour Hydro-Québec,
c'est essentiel à sa santé financière. Merci, M. le
Président.
Période de questions
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, pour les membres de
la commission, je vais rappeler brièvement l'enveloppe de temps. Alors,
il y aura un premier bloc de 30 minutes pour la formation ministérielle.
Ensuite, suivra un bloc de 30 minutes pour l'Opposition officielle. Il restera
un bloc de 10 minutes pour M. le député de Drummond.
Alors, je vais maintenant reconnaître Mme la ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Efforts de rationalisation en 1992
Mme Bacon: Merci, M. le Président. De façon
générale, Hydro-Québec a rencontré ses
objectifs financiers en 1992. Pour les trois prochaines années,
HydroQuébec prévoit globalement un maintien de sa situation
financière, bien qu'il y ait une légère
détérioration, là, au cours des années 1994 et
1995. Ce cadre financier repose sur des hausses tarifaires à l'inflation
et sur des gains cumulatifs de productivité de 9,5 % d'ici 1995.
Au regard de la hausse tarifaire, Hydro-Québec propose de
l'établir à l'inflation pour les deux prochaines années et
en se gardant, toutefois, une porte ouverte pour 1994. J'aurai l'occasion de
revenir sur cette proposition un peu plus tard. Pour l'instant, j'aimerais
m'attarder aux gains de productivité et aussi au contrôle des
charges de l'entreprise, compte tenu qu'ils constituent quand même des
conditions essentielles au maintien des tarifs au plus bas niveau possible.
On va se rappeler qu'en 1992 le gouvernement a approuvé une
hausse tarifaire de 3,5 % au lieu de 5,5 %. Dans le cadre de cette
décision, on a demandé à Hydro-Québec de
réduire ses dépenses du même montant, soit 73 000 000 $,
pour atteindre le bénéfice net prévu à 700 000 000
$ au budget de 1992. On remarque que le bénéfice réel,
à savoir 724 000 000 $, a légèrement dépassé
la prévision. Est-ce que vous pouvez nous indiquer les efforts de
rationalisation qu'Hydro-Québec a réalisés pour atteindre
ces objectifs financiers en 1992? Entre autres, pouvez-vous nous indiquer les
principaux postes de dépenses visés et les montants qui sont en
cause?
M. Drouin: Oui, madame. Michel Labonté,
vice-président, Finances et Administration.
M. Labonté (Michel): M. le Président, pour
l'année 1992, disons que l'écart entre ce que nous avions
budgété et notre réel, effectivement, s'est
concrétisé par un favorable de 46 000 000 $ au cours de
l'année.
Ça se compose essentiellement, disons, de deux
éléments principaux, les éléments sur lesquels nous
avons un contrôle, parce qu'il y a plusieurs éléments... il
y a eu des plus et des moins sur des éléments sur lesquels nous
n'avons pas directement contrôle. Mais les éléments sur
lesquels nous avons un contrôle, effectivement, les 46 000 000 $ se
répartissent à peu près comme suit: 15 000 000 $
favorables au niveau de l'achat de combustible. Nous avons arrêté
plus tôt le fonctionnement de la centrale de Tracy devant
l'hydrau-licité qui était au-delà de la moyenne, à
un moment donné, et 31000 000$ favorables globalement qui consistent en
une rationalisation de dépenses, ce qui nous explique globalement les 46
000 000 $, parce que je passe à côté des
éléments favorables et dévaforables ailleurs sur lesquels
on n'a pas d'élément de contrôle précis.
Mme Bacon: Aviez-vous visé auparavant des postes de
dépenses où vous vouliez réduire les frais d'exploitation?
Et est-ce que vous avez des montants là-dessus ou c'est tout simplement
des montants que vous nous donnez, 15 000 000 $, 31 000 000 $, là...
M. Labonté: Bien, il y a eu des postes très
précis.
Mme Bacon: Vous parlez de rationalisation. Est-ce que la
rationalisation s'est faite toute seule ou vous aviez quand même des
postes visés?
M. Labonté: Non, mais, à titre d'exemple, un des
objectifs que nous nous étions fixé, en début
d'année, et qui a été réalisé, c'est, entre
autres, la réduction du temps supplémentaire qui a
été de l'ordre de 30 000 000 $. C'est un élément,
je pense, très significatif de contrôle direct dans la gestion. Il
y a eu certaines rationalisations au niveau des dépenses d'entretien et
au niveau de certaines activités de base qui avaient été
préidentifiées.
Mme Bacon: Je n'ai pas tout à fait la même lecture
que vous. On constate que l'effort de compression des dépenses
d'exploitation vous parlez de 46 000 000 $ c'est en partie
attribuable à des circonstances extérieures comme des retards
dans certaines activités de base, le faible nombre de tempêtes, le
ralentissement de certains projets ou des programmes et des conditions
favorables d'hydraulicité.
Est-ce qu'Hydro-Québec peut nous expliquer pourquoi elle n'a pas
entrepris de compresser davantage ses charges d'exploitation en 1992? Et
pourquoi, aussi, des charges d'exploitation ont-elles augmenté de 5,3 %
en 1992, soit un taux de croissance trois fois plus élevé que le
taux d'inflation vécu qui était à 1,5 %?
M. Labonté: D'abord, pour répondre en partie
à votre question, il y a certains... Je ne vous ai pas fait mention
qu'il y a eu certains retards dans les projets programmes. Effectivement, je
vous ai parlé qu'au début, il y avait une série de plus et
de moins. Dans les projets programmes, effectivement, on a eu 30 000 000 $ de
favorables. Par contre, c'est venu très largement compenser une
expérience défavorable au niveau des mauvaises créances de
l'ordre de 25 000 000 $. Donc, on a eu une série de positifs et de
négatifs, mais qui se sont à peu près compensés et
sur lesquels on ne s'impute pas, je veux dire, d'éléments de
contrôle.
Les éléments sur lesquels nous avons eu un contrôle,
on vous les donne: le temps supplémentaire de 30 000 000 $, c'est un
élément sur lequel on a eu un contrôle; certaines autres
dépenses d'entretien sur lesquelles... et les activités de base,
en général, de l'ordre de 15 000 000 $. Mais j'ai enlevé
là-dedans les projets programmes, qui ont été en retard de
30000 000 $, et l'efficacité énergétique, qui a
été en retard de 24 000 000 $. ça, je ne l'ai pas
compté dans les éléments attribuables à une gestion
serrée. les éléments attribuables à une gestion
serrée nous ont rapporté 31 000 000 $ et, globalement, entre ce
que nous avions budgété et ce que nous avons
réalisé.
Mme Bacon: Mais vos charges d'exploitation ont quand même
augmenté de 5,3 %. C'est un taux de croissance de trois à quatre
fois plus, plus élevé que le taux d'inflation qui est à
1,5 %. Et s'il y a des développements qui ne sont pas faits, je
n'appelle pas ça, moi, des compressions de dépenses.
M. Labonté: Oui, mais les éléments que je
viens de mentionner dans les 46 000 000 $ ne sont pas des
éléments qui ne se sont pas faits, qui ne sont pas reliés
à des retards. Les éléments qui sont liés à
des retards, on en a, on a des éléments qui s'annulent à
peu près. On a 30 000 000 $ de favorables sur les projets programmes qui
sont attribuables à des retards, 24 000 000 $ dans l'efficacité
énergétique.
Par contre, ces éléments favorables là ont
été compensés par des éléments
défavorables sur lesquels nous n'avons pas de contrôle
immédiat, c'est-à-dire les mauvaises créances, pour
à peu près 25 000 000 $, et certaines radiations d'avant-projets
pour près de 29 000000$ à 30 000000$. Donc, ces
éléments-là, globalement, s'annulent. Les 46 000 000 $
favorables sont explicables par les autres éléments que j'ai
mentionnés tantôt. C'est vrai que, là-dessus, il y a 15 000
000 $ qui sont dus à la réduction des combustibles de Tracy.
C'est parce que si...
Quand on regarde par rapport à 1991, j'ai d'autres données
qu'on peut essayer de mentionner, ici. C'est vrai que, globalement, quand on
regarde, nos charges ont augmenté de 5,3 % entre 1991 et 1992.
Cependant, quand on enlève certains éléments qui sont non
reliés aux activités de base, tels la gestion de la faible
hydrau-licité, l'amortissement des subventions et des radiations
majeures on les a à la page 56, ici, de «Engagement de
performance» notre taux de croissance n'est que de 2,9 % quand on
tient compte de ces ajustements-là.
Mme Bacon: ...on n'aime pas les comparaisons, là, mais
j'aimerais quand même vous mentionner que d'autres services publics
et je vais vous le redire: BC Hydro, Saskatchewan Power ont
affiché à certains moments des réductions de leur charges
d'exploitation au cours de la dernière décennie et dans un
contexte de croissance d'activités, et ces observations-là
soulèvent, là, la question suivante: Quels sont les facteurs
sous-jacents à cette barrière infranchissable que semble
être un taux de croissance de charges d'exploitation inférieur
à l'inflation?
M. Delisle (André): Je pense que quand vous comparez
à BC Hydro, il y a un facteur très important dont vous devez
tenir compte, c'est que BC Hydro, la nouvelle capacité de production qui
est développée dans cette province-là, dans le territoire
qu'ils desservent, n'est pas développée à
l'intérieur de BC Hydro. Elle est développée dans les
industries des pâtes et papiers, etc., etc., et, donc, le personnel
équipement, par exemple, d'Hydro-Québec qui développe nos
projets, nous, de la Baie James, il est chez nous, il est dans nos
employés, et le personnel, éventuellement, de production, de
trans- port qui va opérer des centrales à BC Hydro, il est dans
les entreprises privées. (10 h 40)
Le personnel est donc dans les entreprises privées, et c'est par
le prix d'achat de l'électricité que BC Hydro, en fait, voit ses
charges augmenter et non pas dans les charges d'exploitation, alors que nous,
quand on met en service LG 2 A ou quand on met en service différentes
centrales, les employés sont chez nous. Et, à cet
égard-là, on est un peu uniques en Amérique du Nord dans
le sens qu'on est une des seules utilités publiques qui voit la
croissance à sa charge comblée par des équipements qui
sont possédés par l'utilité publique, qui sont
opérés par l'utilité publique. Donc, vous devez faire
très attention, quand vous comparez la croissance des charges
d'exploitation d'Hydro-Québec avec d'autres utilités publiques,
dont BC Hydro.
Mme Bacon: ...une autre question, M. Delisle, et c'est trop
facile. Est-ce que vous êtes en train de me dire qu'il faut faire
davantage de faire-faire? Et est-ce qu'on devrait confier à l'entreprise
privée l'exploitation ou la construction de barrages pour réduire
les frais d'exploitation?
M. Delisle: Non, non, je ne suis pas en train de vous dire
ça. Non, parce que, dans nos coûts totaux, là, nous, on a
30 % qui sont des charges d'exploitation. Là, on discute de ces 30
%.
Mme Bacon: Vous savez, il y a des firmes d'ingénieurs qui
seraient contentes d'entendre ça, là.
M. Delisle: non, non. donc, bc hydro, l'augmentation de ses
coûts en matière de production, transport, elle est dans ses
achats d'énergie. d'accord? elle n'est pas dans ses charges
d'exploitation. dans les 100 % de charges totales, il y a 30 % qui sont des
charges d'exploitation, on le sait; il y a 70 % qui sont des autres charges et
des charges d'intérêt, etc. et, donc, la croissance des charges de
bc hydro est plus dans les autres charges, alors que nous, la nôtre, elle
est plus forte dans les charges d'exploitation, parce qu'on a plus de mises en
service d'équipements qu'on opère nous-même. je pense...
vous comprenez?
Le Président (M. Audet): M. Labonté.
Mme Bacon: Bien, la question, c'est: Est-ce que le privé
aurait les mêmes charges d'exploitation? C'est des questions faciles qui
viennent.
M. Delisle: Mais nous, on vous a dit, dans le discours de M.
Drouin, que nos équipements qu'on amène, la phase II de La
Grande, c'est à 0,03 $ le kilowattheure, arrivé à
Montréal. Il n'y a personne qui peut nous battre là-dessus. Je
veux dire, c'est certain qu'on est... Donc, les équipements qu'on
amène, c'est des équipements qui sont très
compétitifs et qui battent la concurrence en termes de filière
alternative, et puis on est
capables de les exploiter, je pense, d'une façon qui est assez
efficace. Donc, il n'y a pas de problème avec les choix qu'on fait.
Le Président (M. Audet): M. Labonté.
M. Labonté: Si je peux juste me permettre. Quand on fait
des comparaisons là-dessus, entre autres, peut-être, avec BC
Hydro, mais avec d'autres réseaux, sur la croissance des charges
d'exploitation, il faut être bien conscient que les réseaux
thermiques ont connu, parce que le prix des combustibles a baissé, une
réduction de leurs charges d'exploitation importante ou de la croissance
de leurs charges due à la baisse des prix de combustibles, et nous, on
n'est pas affectés du tout par ça. Notre structure de
coûts, elle est relativement fixe à cause de l'hydraulique, et le
gros de notre charge relié à l'hydraulique, il est dans la charge
d'intérêt et d'amortissement et il est fixe.
Alors, dans les réseaux thermiques, dans leurs charges
d'exploitation, ils ont l'achat de combustibles, puis, quand les prix baissent
comme c'a été le cas, si on fait des comparaisons, il faut
être très prudent pour ajuster, pour la partie combustibles qui
est très importante dans leur cas, qui est à peu près
nulle pour nous, n'eût été de la gestion de la faible
hydraulicité.
Mme Bacon: II faut peut-être être prudent, mais on
peut aussi être inquiet de la compétitivité de notre
électricité par rapport à d'autres services, d'autres
utilités.
M. Drouin: Dans des périodes où le prix des
combustibles...
Mme Bacon: Bien, on regarde nos voisins, là.
M. Drouin: C'est clair, ça. Dans la période
où le prix des combustibles est très bas puis on en a
parlé, au début de la commission parlementaire, de l'influence du
prix du gaz, par exemple, sur les exportations d'Hydro-Québec au sud de
la frontière, c'est clair. Et il y en a qui sont venus vous voir ici,
durant la commission parlementaire, et qui vous ont mentionné, par
exemple, qu'une entreprise comme Tennessee Valley offrait des tarifs à
l'industrie qui étaient plus bas qu'au Québec, mais il faut le
regarder dans la conjoncture que ces entreprises-là vivent, à ce
moment-ci. Tennessee Valley a des surplus d'énergie énormes dus
à l'exploitation de centrales nucléaires qui sont
exploitées sans qu'il y ait toute la charge utile pour eux. Donc, ils
vendent à très grand rabais.
L'an dernier, un des modèles qu'on nous avait soulevé ici,
en commission parlementaire, c'était Bonne-ville Power. J'aimerais qu'on
ressorte le dossier de Bonneville Power, cette année, pour constater que
c'est une situation totalement différente. Fort heureusement, ici, on a
l'hydraulicité, on a l'hydroélectricité. Ça nous
cause des problèmes en termes de fluctuation des réservoirs dus
à la faible ou à la forte hydraulicité. On essaie d'en
tenir compte, ici, en proposant notre fonds de stabilisation, mais il reste que
le combustible ne nous coûtant absolument rien, je veux dire, on a une
conjoncture avantageuse, globalement, à l'égard de toutes les
autres sources d'énergie.
Une voix: Mais peut-être...
Mme Bacon: mais est-ce qu'il ne serait pas nécessaire,
dans une période comme celle qu'on connaît en ce moment, puis,
justement, avec tout ce que vous nous dites... même si vous n'aimez pas
qu'on fasse des comparaisons, là, parce qu'il y a quand même des
chiffres qui sont importants, il y a des différences entre 1990, 1 702
000 000 $ de total de charges, bc hydro, pour 1 671 000 000 $ en 1991, un
écart de -1,8 %.
M. Drouin: Oui, mais...
Mme Bacon: C'est important, mais est-ce qu'il ne faudrait pas
faire des efforts dramatiques, M. le président, dans les frais
d'exploitation, à une période comme la nôtre, comme on fait
au gouvernement?
M. Drouin: Écoutez, mais écoutez, on en fait des
efforts, et je suis prêt à vous les expliquer dans les
détails. On en fait des efforts. Ce qui est important et Dieu
sait, quand vous dites qu'on n'aime pas se faire comparer, ce n'est pas vrai,
on veut se comparer et c'est notre... Ça fait partie des nouveaux
engagements qu'on a. C'est de faire du «bench marking», comme
disent les Américains, c'est-à-dire de se comparer à
d'autres industries et de se comparer continuellement sur la main-d'oeuvre, sur
les coûts, etc.
Mais ce qui est important de comprendre dans ce que M. Delisle a
mentionné, c'est que les coûts d'achat d'énergie
auprès de producteurs indépendants ne rentrent pas dans les
charges d'exploitation. Ça rentre dans les coûts totaux ou dans
les coûts du capital et des autres, et des achats d'énergie, comme
nous on l'indique aussi. La partie des achats d'énergie n'est pas dans
les charges d'exploitation que vous voyez, là. Donc, quand on
achète auprès de producteurs indépendants, comme d'autres
réseaux peuvent le faire, ces charges-là rentrent dans les
coûts totaux d'exploitation et non pas dans les charges
d'exploitation.
Mme Bacon: J'avais les charges totales, M. le président.
Les charges totales, c'est inclus là-dedans.
M. Drouin: O.K. O.K. Mais, alors, si vous voulez, M. le
Président, qu'on embarque sur les charges totales, je veux dire, j'ai
aussi d'autres explications là-dessus.
Mme Bacon: J'ai d'autres questions...
M. Drouin: Très bien.
Mme Bacon: ...vous allez avoir le temps de le
dire, M. le président. Au cours de la commission parlementaire du
printemps dernier, vous nous avez indiqué que vous aviez fait un effort,
que vous feriez un effort de rationalisation, et vous avez prévu, de 107
000 000 $ à l'époque, qui touchaient particulièrement le
temps supplémentaire... Alors, il y avait moins 16 000 000 $, le
personnel temporaire, un autre 16 000 000 $, services achetés, un 12 000
000 $, dépenses de personnel, 12 000 000 $, et services professionnels,
17 000 000 $.
J'aimerais que vous m'indiquiez, là, dans quelle mesure, parce
que ça doit être ciblé, ça, quand on fait un budget,
ces cibles-là ont été atteintes.
M. Drouin: O.K.
Mme Bacon: C'était la planification financière de
l'année 1992. Vous aviez prévu un effort de rationalisation de
107 000 000 $.
M. Labonté: Oui, bien, écoutez, sur certains
points, effectivement, au niveau du temps supplémentaire, M. le
Président, nous avions visé 16 000 000 $; notre réel a
été de 20 000 000 $. Au niveau du personnel temporaire, notre
budget avait été 16 000 000 $; notre réel a
été de 27 000 000 $. Au niveau des services achetés, je
n'ai pas tout à fait le même chiffre que vous. J'arrivais, moi,
à 59 000 000 $ en moins, et notre réel a été de 105
000 000 $.
Mme Bacon: C'est parce que le montant global était de 107
000 000 $. On n'a pas les mêmes chiffres, là?
M. Labonté: Parce que la réduction des services
achetés, on avait 59 000 000 $. C'était 12 000 000 $, plus 17 000
000$, plus 30 000 000$. C'est ça. Ça faisait 59 000 000 $. Et
notre réel a été de 105 000 000 $.
Mme Bacon: Toujours à la même commission
parlementaire, et je pense que de manière à illustrer les efforts
d'Hydro-Québec en regard du contrôle de ses charges
d'exploitation, vous avez indiqué, et je vous cite, M. Drouin: Au cours
de l'année 1992, la masse salariale d'Hydro-Québec n'augmentera
pas. Et, par ailleurs, le document «Engagement de performance»
relève que, pour 1992, la charge globale de travail ne s'est pas
réalisée, il y a eu des retards dans les activités de
base, d'efficacité énergétique, certains projets et
programmes, et, dans ce contexte-là, on devrait même s'attendre
à une réduction de la masse salariale. L'année
financière 1992 est terminée. Pouvez-vous m'indiquer quelle a
été l'évolution de la masse salariale et qu'en serait-il,
en 1993?
M. Labonté: Oui, en dollars constants, l'évolution
de la masse salariale, excluant les charges additionnelles reliées aux
fonds de pension, a connu une croissance de 39 000 000 $, c'est-à-dire
que nous sommes passés de 1 652 000 000 $ à 1 691 000 000 $.
Mainte- nant, l'écart s'explique... (10 h 50)
Mme Bacon: M'avez-vous dit en dollars constants, M.
Labonté?
M. Labonté: Oui, en ajustant... En dollars constants de
1992.
Mme Bacon: En vrais dollars, c'est combien?
M. Labonté: Bien, en dollars de 1992, c'est 1 691 000 000
$, et ça se compare... Je l'ai en dollars constants de 1992,
l'année d'avant à 1 652 000 000 $, mais ça s'est
exprimé en dollars de 1992. C'est donc une augmentation de 39 000 000 $.
L'augmentation de 39 000 000 $ n'est pas occasionnée par une
augmentation du nombre d'années-personnes, parce qu'il y a même eu
une diminution légère par rapport à ce que nous avions
projeté, mais due essentiellement à deux facteurs: un premier
facteur explicatif qui est de l'ordre de 17 000 000 $, qui est un changement
par rapport au moment où nous nous étions présentés
en commission parlementaire, au niveau des cotisations aux régimes de
RRQ, CSST et de l'assurance-chômage; et un autre 15 000 000 $, qui
étaient une variation de notre salaire moyen, c'est-à-dire qu'on
projette toujours un niveau de salaire sur les permanents et sur les
temporaires, et on obtient un salaire moyen. Et la composition entre les
permanents et temporaires a été légèrement
différente de ce que nous avions prévu, et ça explique un
autre 15 000 000$.
Et de résiduel, c'est au niveau des charges, c'est-à-dire
de certains avantages sociaux. Nous n'avions pas le réel de 1991, et on
a commis une erreur de quelques millions dans la projection. Quand on a eu le
réel de 1991, il était plus élevé que ce que nous
avions anticipé, de sorte que, pour 1992, ça explique
l'écart.
Donc, pour résumer, en termes d'années-personnes, on a
même eu un résultat légèrement inférieur
à notre projection, et les 39 000 000 $ supplémentaires ont
été occasionnés par les phénomènes que je
viens d'expliquer. Maintenant, à compter de 1993, en dollars constants,
excluant les charges additionnelles liées aux fonds de pension, c'est
une décroissance. On passerait, en dollars de 1992, de 1 691 000 000 $,
en 1992, pour atteindre, en 1995, en dollars de 1992, 1 615 000 000 $. donc, on
voit une décroissance régulière de la masse salariale en
dollars constants de 1992, à compter de 1993, dès cette
année.
Mme Bacon: Je pense qu'il va falloir regarder nos chiffres, M.
Labonté, parce que moi, en dollars courants, là... Vous me parlez
toujours en dollars constants. Ce n'est pas la même chose.
M. Labonté: II y a une augmentation.
Mme Bacon: bien, moi, j'ai 80 000 000 $ d'augmentation pour 5,5 %
d'augmentation. je n'ai pas de réduction de masse salariale.
M. Labonté: En dollars courants, effectivement, oui, je
peux à peu près corroborer vos chiffres. En dollars constants,
c'est une diminution, cependant.
Politique de rémunération
Mme Bacon: Pour respecter son engagement tarifaire de hausse
à l'inflation, Hydro-Québec devra assurer un contrôle,
évidemment, pas besoin de le redire, très serré de ses
charges d'exploitation qui sont conçues en majeure partie de charges
salariales. Et, l'an dernier, Hydro-Québec comparait sa politique de
rémunération à celle d'autres entreprises de même
nature, en soulignant que l'écart favorable à ses employés
avait diminué au cours des ans. Quelle est l'évolution
récente de l'écart de rémunération de vos
employés au regard du marché de comparaison?
M. Drouin: là, l'évolution des écarts de la
rémunération des salaires proprement dite est partie de 1982 avec
un écart, une avance, sur le marché de comparaison, de 14,8 %
là, je parle de la moyenne générale. ça a
descendu graduellement au cours des années pour finir dans les chiffres
suivants pour les trois dernières années: en 1991, 4,8 %, 1992, 6
%, mais, 1993, ça redescend à 4,9 % dans nos projections. quant
à la rémunération globable, c'est-à-dire qui
comprend les avantages sociaux et tout, ça part de 21 % d'écart
avec le marché et nous rattrapant graduellement vers 10,5 % qui sont
prévus pour l'année 1993.
Mme Bacon: Est-ce que vous avez en valeur monétaire la
somme que représente l'écart de rémunération
favorable aux employés d'Hydro-Québec?
M. Drouin: En valeur monétaire, c'est 10 %, 75 000 000
$.
Mme Bacon: En ce qui a trait à l'évolution de
l'écart de la rémunération des employés
d'Hydro-Québec, le document «Engagement de performance» ne
fait pas mention de ça. Est-ce que vous pouvez nous dire les cibles que
votre société vise dans ce domaine-là?
M. Drouin: Bien, au fur et à mesure,
premièrement... On a vu qu'au cours des années, ça fait
déjà quelques années qu'on a eu des négociations
avec nos employés. Je pense bien qu'on s'engage dans des
négociations prochainement, dépendant, bien sûr... On sait
que, de plus en plus, on suit ce qui se passe au niveau du secteur public. Et,
dans ce sens-là, je veux dire que je pense qu'on va voir un peu quel est
le déroulement des négociations, au cours des prochains mois.
Notre convention collective expire le 23 décembre 1993. Dans ce
sens-là, ça fera partie de l'ensemble de la négociation
qui prendra place. Ça a toujours été dans l'objectif de
l'entreprise d'essayer d'aligner l'ensemble de nos salariés aux
salariés du marché de comparaison. Dans ce sens-là, je
pense qu'on a progressé énormément puisque, au niveau des
salaires, en 1993, on ne sera que d'une avance de 4,9 % ou 5 %. on se rappelle
des souvenirs que je peux avoir dans les négociations du secteur
public que, lorsqu'on est rendus à 3 %, par exemple,
d'écart, à plus ou moins, que c'est des seuils de
tolérance qui s'acceptent très bien dans les marchés de
comparaison. alors, on est déjà à 4,9 %, et je pense qu'on
a fait des gains énormes en termes de ramener le niveau de nos
rémunérations, des rémunérations de nos
employés à ceux du marché de comparaison.
Mme Bacon: Est-ce qu'on pourrait imaginer qu'Hydro-Québec
se donnerait comme cible un gel de sa masse salariale?
M. Drouin: Bien, écoutez, je veux que ce soit clair que
c'est un objectif. Vous savez que nous sommes liés par des conventions
collectives, par des accréditations et que nous devons négocier
avec nos employés, nos syndicats. C'est clair que c'est un objectif
d'avoir la croissance minimale et une croissance zéro par les temps qui
courent, compte tenu de l'avance sur les marchés. Mais il ne faut pas
oublier non plus que les syndicats d'Hydro-Québec sont intimement
liés à l'ensemble de la négociation des secteurs public et
parapublic du gouvernement du Québec.
Mme Bacon: Quelle est la politique de rémunération
des heures supplémentaires pour chaque catégorie
d'employés à Hydro-Québec? Je vais vous en donner des
exemples, puis on pourra peut-être... parce qu'on ne fera pas tout le
tour, là, mais disons pour les ouvriers, pour les professionnels et pour
le personnel d'encadrement.
M. Drouin: M. Gonthier va répondre à cette
question.
M. Gonthier (Jean-Marie): M. le Président, si on commence
par le personnel d'encadrement, il y a du surtemps à temps et demi qui
est payé pour les cadres de maîtrise et les cadres de premier
niveau. Ensuite, dans le personnel syndiqué, vous avez du temps et demi
et du temps double qui peut être payé dépendant des
circonstances. Ça se compare, actuellement, à l'ensemble du
marché; sauf une partie des cadres intermédiaires, tous les
autres, ça se compare au marché.
Mme Bacon: Vous n'avez pas de temps triple? Non?
M. Gonthier: Pas à ma connaissance.
M. Drouin: Écoutez, il faut faire attention sur le concept
du temps triple parce qu'il y a des concepts qui se véhiculent en
relations du travail sur le temps triple. Lorsqu'on fait travailler quelqu'un,
par exemple, un jour férié, il est payé pour sa
journée fériée, payé pour sa semaine où il
travaillait, puis là, il travaille en plus de ça. Alors,
ça équivaut... Quelqu'un peut faire un calcul et arriver à
du temps triple, mais ce n'est pas du
temps triple, c'est du temps double. Alors, il n'y a pas... Je ne pense
pas qu'on puisse dire qu'il y ait, dans nos conventions collectives, un concept
de temps triple.
Mme Bacon: J'essaie de regarder dans nos cabinets, par exemple.
Nos adjoints n'ont pas de salaire supplémentaire quand ils font des
heures supplémentaires, et Dieu sait qu'ils en font. Est-ce que vous
trouvez ça normal qu'un personnel d'encadrement ait droit à une
politique de rémunération des heures supplémentaires?
M. Drouin: Quant à moi, je dirais que la réponse
est non. (11 heures)
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette, une demi-heure.
Tarif résidentiel
M. Chevrette: Merci, M. le Président. J'essaierai de me
faire le porte-parole des 3 000 000 de consommateurs qui espèrent que
leurs politiciens et politiciennes puissent, eux aussi, espérer
l'objectif zéro. Tout autant qu'Hydro peut l'espérer dans
l'augmentation de sa masse salariale, le consommateur québécois
espère et souhaite également le point zéro sur
l'augmentation tarifaire. Et c'est un peu ce que j'essaierai de faire
aujourd'hui par mon questionnement pour tâcher de convaincre la ministre
et le gouvernement, compte tenu de la conjoncture difficile sur le plan
économique, de ne pas avoir d'appétit en ce qui regarde
l'augmentation des tarifs pour 1993-1994. si on se permet de geler les
salaires, on pourrait geler les tarifs, d'autant plus qu'au cours des cinq
dernières années on a exigé du consommateur
québécois 26,3 % d'augmentation de tarif
d'hydroélectricité et ça ne tient pas compte de la tps et
de la tvq qui se sont appliquées là-dessus au cours des deux
dernières années, de sorte que c'est une augmentation faramineuse
pour le consommateur québécois, et ils sont 3 000 000 de
consommateurs à hydro-québec, 3 000 000 d'actionnaires.
Je me suis mis à rêver. Après cinq semaines de
commission parlementaire, on fait de beaux rêves et on fait des
cauchemars. Avant-hier, c'était le cauchemar. Je voyais le gouvernement
tordre les bras d'Hydro-Québec pour signer des contrats à partage
de risques qui vont nous coûter une fortune jusqu'à la fin de
l'échéance. Et je voyais Hydro-Québec être contre,
mais se le voir imposer et essayer, par la suite, de composer avec cette
situation.
Puis, dans le même cauchemar, je voyais toujours le gouvernement,
qui ne pouvait avoir de dividendes, se retourner de bord et imposer 0,5 % pour
les frais de garantie et aller chercher un autre 200 000 000 $ et quelques pour
faire en sorte qu'Hydro-Québec se présente devant nous et dise:
Bien écoutez, vous nous avez tordu le bras sur les contrats secrets,
ça nous coûte une couple de 100 000 000 $ par année, on a
réussi à en avoir quelques autres années, les perspectives
ne sont pas trop roses d'ici 1995. On a les frais de garantie, on a eu la
hausse sur la taxe de capital et, le dindon de la farce dans ça... Parce
qu'Hydro ne peut pas dire que le gouvernement est trop vorace, Hydro ne peut
pas se plaindre, elle reçoit un ordre du bunker ou bien directement du
cabinet de la ministre, et elle signe les contrats, elle facture et elle
paie.
D'autre part, j'ai fait un rêve hier, c'est que la même
ministre, consciente des erreurs de son gouvernement et des siennes au cours
des dernières années, pour réparer ses gaffes, annoncerait
aujourd'hui qu'il n'y aurait aucune augmentation de tarif pour les deux
prochaines années ou, tout au moins, pour la première
année. Ce n'est pas ce que j'avais écrit avant que la commission
parlementaire ne débute. J'avais un texte que j'avais soustrait, bien
sûr, de mon exposé de départ, sachant que la proposition
tarifaire ne viendrait qu'à la dernière journée, mais je
vais en faire une courte lecture. C'est quelques pages.
On sait présentement que le marché d'exportation fait
à peine ses frais. On sait également que le marché des
contrats à partage de risques nous coûte une fortune. Vous aurez
remarqué que ça ressemble à mon cauchemar, et
c'était le 23 février, ça. Et que dire des frais de
garantie de plusieurs centaines de millions de dollars imposés l'an
dernier et auxquels j'ai fait sérieusement opposition? Il y a donc un
marché qui paie plus que sa part pour ces belles aventures, c'est celui
des simples consommateurs québécois. Dans le plan de
développement, proposition 1993, on propose tout simplement à ce
marché des augmentations de tarif. En résumé, on propose
d'introduire des tarifs qui varieront selon les saisons. C'était le 23,
je n'avais pas entendu M. Drouin dire qu'il ne l'imposerait pas de force. On
propose d'aligner des hausses tarifaires sur l'inflation, on propose de
diminuer significativement l'interfinancement des marchés.
J'aimerais faire remarquer à cette commission que la facture
d'électricité varie selon les saisons. Le prix du kilowattheure
des clients résidentiels, qui touche près de 3 000 000 de
clients, prend en compte des phénomènes saisonniers. La
consommation d'électricité coûte cher en hiver, surtout
pour ceux qui se chauffent à l'électricité.
Je tiens à rappeler à Hydro-Québec qu'il n'est pas
nécessaire de nous imposer un signal de prix. On le sait
déjà. Malheureusement, les clients résidentiels ne peuvent
pas chauffer leur maison l'été et la climatiser en hiver. C'est
une modification de comportement de consommation impossible au Québec.
Hydro-Québec devrait être au courant de cela. Elle devrait aussi
savoir que les clients au tarif L, c'est-à-dire les clients industriels
grande puissance, n'ont pas besoin de se faire imposer un tarif saisonnier
obligatoire. La marge de manoeuvre qu'ils avaient pour modifier leur
comportement a été utilisée avec le programme de puissance
interruptible. C'est pour cela qu'ils vous disent d'ailleurs, dans leur
mémoire, d'offrir ce tarif en option plutôt que de le rendre
obligatoire.
La tarification d'aujourd'hui est déjà le reflet d'une
tarification saisonnière. À ce sujet, Hydro-Québec
ne propose rien de neuf. Hydro-Québec propose également
d'aligner les hausses de tarifs sur l'inflation. Quel concept merveilleux! Les
grands stratèges d'Hydro-Québec devraient savoir que
l'évolution de leurs coûts unitaires peut être tantôt
en dessous de l'inflation, tantôt nulle et, effectivement, tantôt
au-dessus de l'inflation, surtout avec le développement des
marchés proposés. à cet effet, on constate une grande
cohérence entre le plan de développement, proposition 1993, et la
proposition tarifaire pour 1993 et 1994. l'inflation prévue par
hydro-québec est de 2,3 % en 1993 et de 2,7 % en 1994, alors que les
hausses de tarifs demandées sont de 2,5 % en 1993 et de 2,9 % en 1994
pour les 3 000 000 de clients résidentiels.
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Hydro-Québec dévie
rapidement de ses propres orientations. On va me dire et redire que c'est
à cause de l'autre orientation qui est de diminuer de façon
significative l'interfinancement entre les marchés; là-dessus, je
suis d'accord, et allons-y sérieusement. Hydro-Québec dessert
trois grands marchés, elle les assujettit au règlement tarifaire,
les contrats particuliers et les exportations. Je demande donc à Hydro
de me présenter la situation de F interfinancement entre ces trois
grands marchés. Ensuite, on parlera de la situation de F
interfinancement à l'intérieur du marché des assujettis au
règlement tarifaire.
J'aimerais faire une petite référence au tableau 3.1 de la
page 18 de la proposition tarifaire 1993-1994. On constate que la marge
bénéficiaire du total des ventes assujetties au règlement
tarifaire est estimée à 17 % en 1992. Ce que l'on remarque en
particulier, c'est que la marge bénéficiaire chute à 10,7
% lorsqu'on ajoute, bien sûr, le marché des contrats particuliers
et celui des exportations.
Le problème de F interfinancement est réel, mais pas
à l'endroit où Hydro-Québec le situe dans sa proposition
tarifaire pour 1993-1994. J'aimerais donc voir déposer à cette
commission le rendement équivalent sur l'avoir propre de chacun de ces
trois grands marchés pour chaque année, et ce, jusqu'à la
fin des contrats à partage de risques, ceci, à partir de
1992.
Il serait également intéressant de connaître la part
de financement que fournissent les petites et moyennes entreprises pour les
contrats à partage de risques. Ceci nous permettrait une analyse plus
éclairée pour les prochaines semaines. (11 h 10)
Sur les orientations tarifaires, j'en conclus qu'Hydro-Québec ne
propose rien de plus que ce qui existe déjà en matière de
tarification saisonnière. Elle propose l'inflation sur le plan et la
stagflation dans la proposition tarifaire, et cherche également à
diminuer F interfinancement au mauvais endroit, soit le marché qui
assure sa rentabilité. C'est ce que j'avais écrit le 23 et que je
maintiens ce matin, M. le Président, pour en arriver à un
questionnement.
Contrats à partage de risques
Tout d'abord, que je le veuille ou pas, il faut que je revienne aux
contrats particuliers, et je vais vous expliquer pourquoi. J'ai eu la chance de
rencontrer même un Américain qui sait tout ça, lui, qui
connaît les dossiers, puis qui dit que ça circule très
allègrement aux États-Unis, et qui est membre d'une de ces
compagnies touchées par les contrats. Il ne comprend vraiment pas le
raisonnement qu'on ne puisse pas en parler ici, puisque, eux autres, ils les
ont en main et s'en servent même. Us se servent même des contrats
secrets là-bas pour négocier leurs propres tarifs avec leurs
autorités hydroélectriques ou les sources
énergétiques qu'ils ont. Puis nous, ici, on ne peut pas en
parler: C'est dangereux, les Américains peuvent faire quelque chose! Les
Américains se servent du nôtre pour se négocier des
avantages chez eux. Ça m'apparaît un petit peu quétaine
dans notre cas, là. On paie, on assume tout le déficit pendant je
ne sais pas combien d'années, et il ne faut surtout pas en parler parce
que les Américains pourraient peut-être nous taper sur les doigts.
Puis, eux autres, ils rigolent, ils se bidonnent et ils se servent de nos
contrats pour négocier des avantages comparables.
Franchement, je ne sais pas comment on peut résister longtemps
à la discussion où on dit: Fais attention, n'en parle pas, il ne
faut surtout pas que tu noircisses le dossier; j'arrête en 1995, je ne
suis pas rendu en 2010 parce que ça pourrait peut-être nuire
à... Puis, j'en ai parlé à plusieurs
Québécois aussi qui connaissent le secteur hydroélectrique
et qui disent que c'est de la bouillie pour les chats.
Je serai quand même prudent, mais ce n'est pas vrai que je vais
laisser passer ça, parce qu'on sait que ça a une influence sur
les tarifs, et je vais essayer de le démontrer. Même hier, le
président d'Hydro-Québec m'a dit, en réponse à mes
questions, qu'à moins d'une catastrophe on ne pouvait pas changer ces
contrats-là. C'est le mot «catastrophe» à part de
ça qui a été utilisé, il Fa repris.
Donc, si on ne peut rien changer, il y a du monde qui va payer pour les
équilibres, c'est tous les autres. Je vais vous poser une autre
question, ce matin, relativement à ça. Vous allez me dire s'il y
a une clause qui vous protège dans les contrats secrets contre
l'obligation de fournir l'électricité à ceux qui ont
signé le contrat et qui feraient de l'expansion. Est-ce que vous
pourriez refuser de leur fournir du jus additionnel ou si vous êtes
obligés automatiquement en vertu des contrats signés?
M. Drouin: De fournir de l'électricité pour une
expansion d'une aluminerie? La réponse, c'est qu'on n'a pas de clause
qui nous oblige à en fournir, sauf dans deux situations: celle de Norsk
Hydro où il y a une entente pour de la capacité additionnelle, et
Alouette II, qui est une addition possible, qu'on a prévue dans nos
prévisions de la demande.
M. Chevrette: C'est combien de mégawatts, ça?
M. Drouin: C'est 360 MW, une autre ligne d'alu-minerie à
Sept-Iles, et, dans le cas de Norsk Hydro, c'est 175 MW. Dans ces deux
cas-là, c'est les deux
seuls cas qui sont bien arrêtés dans le temps, ou avec des
fenêtres possibles d'utilisation ou d'appel des options. Dans les autres
cas...
M. Chevrette: Donc, en tout, combien ça fait de
mégawatts pour les deux?
M. Drouin: 360 MW plus 175 MW: 535 MW à peu
près.
M. Chevrette: Donc, il y a une obligation pour 535 MW.
M. Drouin: II y a une option pour ça.
M. Chevrette: Mais s'ils connaissent de l'expansion, vous
êtes obligés?
M. Drouin: Oui, oui, oui.
M. Chevrette: Vous ne pouvez absolument pas bloquer cela,
d'aucune manière?
M. Drouin: Non, mais comprenons-nous bien, il y une fenêtre
dans le temps où ils doivent exercer l'option au-delà de laquelle
ils perdent l'option, en ce sens qu'ils doivent exercer une option. Là,
ma mémoire est...
M. Chevrette: La fenêtre est comment large?
M. Drouin: Pardon? C'est une fenêtre de trois ans: de 1994
à 1997.
M. Chevrette: De 1994 à 1997...
Une voix: De mémoire; approximatif.
M. Chevrette: .. .pour Alouette. Et Norsk Hydro?
M. Drouin: Ils doivent nous donner un avis de deux ans avant de
pouvoir obtenir l'électricité. Mais en dehors de ça, on
n'en a pas.
M. Chevrette: Est-ce qu'Hydro-Québec pourrait me faire
parvenir les coûts en équipement pour fournir les alumineries?
Vous les avez évalués? Vous évaluez les emplois, vous
évaluez les retombées, vous évaluez les impôts.
Est-ce que vous pourriez m'envoyer ce que ça vous a coûté
en équipement additionnel pour fournir les alumineries? Parce que
ça fait partie de l'analyse financière, ça,
j'espère, à Hydro.
M. Drouin: Est-ce que vous entendez les coûts, par exemple,
pour amener une ligne, disons, à Des-chambault pour fournir
l'électricité?
M. Chevrette: C'est l'équipement que vous avez dû
faire parce que vous avez signé un contrat et que vous avez
accepté. Comment ça vous coûte, ça? Parce que vous
ne le faites pas. C'est très beau ce que vous m'avez envoyé, vous
avez mis les côtés positifs; vous avez oublié d'avoir
beaucoup de rigueur et de me donner tout le portrait. Ça a
coûté des équipements, ça, aux
Québécois. Comment ça a coûté, ça?
M. Drouin: Je ne sais pas si on l'a ici, mais on peut très
bien...
M. Chevrette: Non, non. Mais je veux dire, au moins, est-ce que
vous pourriez prendre l'engagement de me les envoyer?
M. Drouin: Oui, oui, sûrement.
M. Delisle: Mais il reste quand même qu'en termes de
transparence, on a déposé un plan de développement et,
dans ce plan-là, à la page 59, on a un scénario qui
s'appelle le scénario 1C où on montre ce que ça
coûte à Hydro-Québec, quelle est la rentabilité pour
Hydro-Québec d'avoir justement une nouvelle ligne d'aluminerie, au
Québec, à la marge. On compare ça, à ce
moment-là, aux équipements qu'on devrait construire à la
marge, et on a indiqué là-dedans... On voit qu'on parle de 540
000 000 $ de pertes ou de rentabilité globale négative pour
Hydro-Québec. On a déjà rendu ces chiffres-là
publics, peut-être pas exactement sous la forme que vous voulez, M. le
député, mais on a déjà rendu l'ensemble de ces
chiffres-là publics.
M. Drouin: M. Bolduc va ajouter un complément
d'information.
M. Bolduc: Je pense que si on parle du coût pour alimenter
ces contrats-là... Imaginons que ça n'ait pas été
des contrats particuliers, mais que ça a été des
implantations industrielles normales. Le coût de les alimenter, c'est le
coût de fourniture du tarif L, et ce sont des charges tout à fait
identiques à nos clients «grande entreprise» auxquels nous
attribuons les coûts de fourniture de tarif L. Donc, si on parle de
coût unitaire pour les contrats à partage de risques, le
coût pour HydroQuébec, c'est le même que pour les grandes
entreprises, et c'est celui qui est reflété dans le tarif L.
M. Chevrette: Vous tentez un raisonnement qui m'apparaît
contradictoire à ce sujet. Vous dites d'abord que la perte de 245 000
000 $ en 1993 n'a pas d'effet sur les hausses de tarif que vous demandez. Ces
pertes seraient absorbées, vous dites, là, à même
vos critères financiers que vous acceptez de voir baisser. Vous
justifiez ensuite, dans le mémoire tarifaire, vos demandes
d'augmentation pour les deux prochaines années en disant que c'est le
minimum que vous devez obtenir pour garantir votre stabilité
financière, c'est-à-dire maintenir ces mêmes
critères financiers à un niveau acceptable pour les
prêteurs internationaux. Il est donc clair que les pertes des contrats
particuliers ont un impact, à ce moment-là, très important
sur les tarifs. Je voudrais donc savoir de votre part quelles seraient les
augmentations de tarif sans ces pertes. Ne serait-il pas possible
même d'un gel et peut-être même d'une diminution pour la
première année?
M. Bolduc: comme je l'expliquais tout à l'heure, les
hausses de tarif sont faites en fonction des coûts de fourniture
spécifiquement allouées aux différentes catégories
de clients. pour les clients assujettis au règlement tarifaire, la
hausse de tarif est composée de ce coût de fourniture de base et
d'une cible de rendement sur le capital d'hydro-québec. si on n'avait
pas, à hydrô-québec, autre chose que des clients
assujettis, notre cible de rendement sur le capital d'hydro-québec, qui
est un rendement de 12 %, équivaudrait à une marge
bénéficiaire d'à peu près 17 % sur nos ventes. (11
h 20) ce que nous demandons comme rendement pour les clients assujettis au
règlement tarifaire correspond exactement à ce rendement de 17 %.
le reste des ventes d'hydro-québec qui, comme on l'a expliqué
dans les jours précédents, comporte une marge
bénéficiaire négative, amène la marge
bénéficiaire totale d'hydro-québec à 10,7 %; 10,7 %
de marge bénéficiaire, c'est la même chose qu'un rendement,
ça équivaut ou ça correspond, en termes de bilan
financier, à un rendement de 7,4 % sur l'ensemble
d'hydro-québec.
M. Chevrette: ii y a une chute de 7 %.
M. Bolduc: Hydro-Québec a toujours tenté, dans sa
planification financière, dans un contexte où on ne tenait pas en
ligne de compte les fluctuations causées par les
phénomènes de marché, comme les fluctuations du prix de
l'aluminium, les fluctuations de l'hydraulicité qui peuvent rendre nos
exportations temporairement moins rentables sur une base de moyenne à
long terme, Hydro-Québec a toujours visé un rendement de 12 % sur
l'ensemble de son capital. À ce moment-là, c'est peut-être
intéressant de revenir... Je ne l'ai pas ici, mais si vous regardez le
plan de développement d'Hydro-Québec de 1990, qui a
été établi alors qu'on projetait, autant pour les contrats
à partage de risques et d'autres éléments, un rendement
global sur nos ventes basé sur cet objectif-là, on
prévoyait, dans le plan de développement de 1990, pour 1992 et
1993, un rendement global de l'ordre de 12 %, ce qui équivalait, dans
les scénarios financiers de l'époque, à des profits de 1
000 000 000 $ en 1992 ou en 1993, si on retourne à ces scénarios,
avec des hausses de tarif telles qu'elles étaient prévues
à l'époque. Tout le reste étant égal, on aurait eu
normalement, avec une absence de pertes pour les contrats à partage de
risques, un rendement plus élevé.
M. Chevrette: Mais, M. Bolduc, je ne veux pas que vous me
refassiez le monde par rapport à ces contrats-là. Ce que je vous
pose...
M. Bolduc: Regardez, je vais vous...
M. Chevrette: ...comme question, là, clairement:
Ça en a-tu ou ça en n'a pas d'influence? Comment ça
se fait qu'Hydro-Québec dépense autant d'énergie et
d'argent à essayer de justifier des contrats que vous ne vouliez
même pas au départ dans votre propre structure, mais qu'on vous a
imposé? Il ne serait pas mieux de constater le dégât et
dire: On part d'un état de fait et on va essayer de diminuer ou
d'atténuer les coûts, plutôt que de vous battre comme des
forcenés, d'engager temps, argent et énergie pour vous
bâtir un argumentaire qui ne résiste pas à l'analyse?
M. Drouin: M. le Président, dans les engagements de
performance, il y a un petit tableau, à la page 59, qui répond
exactement à la question du leader parlementaire. À la page 59,
vous avez un tableau sur les coûts de fourniture qui démontre que,
pour l'année 1993, les coûts de fourniture sont de 2,6 %, et nous
demandons une augmentation de 2,3 %. En 1994, les coûts de fourniture
sont 3,9 %... Et ça, M. le Président, ça exclut les
exportations et ça exclut les contrats à partage de risques.
C'est pour ça que c'est important. Je le disais l'an dernier: On traite
ça comme une compagnie séparée. Les coûts de
fourniture imputés aux alumi-neries et imputés aux exportations
ne sont pas dans les coûts de fourniture imputés aux autres
classes de clients. C'est tout simplement ça.
Alors, pour répondre à votre question, M. le
Président, même si nous n'avions pas les alumineries, nous aurions
des coûts de fourniture de cette nature-là.
M. Chevrette: C'est parce que vous avez accepté je
l'ai dit dans mon texte de vous contenter de moins, compte tenu de la
conjoncture. Mais ce n'est pas ça la question que je vous ai
posée. Si vous ne voulez pas y répondre, c'est votre droit, mais
je note que vous n'y répondez pas. Quand je vous dis: Est-ce que
ça a une influence, oui ou non? Si vous me répondez non, vous
allez m'expliquer comment vous allez arrimer ça de façon
cohérente avec ce que vous m'avez dit hier, où même ces
contrats-là les soustraient aux frais de garantie qui sont
nécessairement répartis sur les autres, à ce
moment-là. Ne venez pas nous dire qu'il n'y a pas d'influence. Ou bien
vous vous contredites, ou bien on ne comprend rien, mais la facture globale de
ce manque à gagner, par rapport aux obligations qui sont venues
après... Parce que les frais de garantie, vous ne pouviez pas les
deviner quand vous avez signé, quand on vous a tordu le bras pour que
vous les signiez. Vous ne pouviez pas deviner cette facture-là, mais
elle va se payer par qui? Ne venez pas me dire qu'il n'y a pas d'influence sur
la tarification. Si ce n'est pas à ce moment-ci, ça va venir, il
y a quelqu'un qui va la payer, la facture. Et comme par hasard, le domestique
que je veux représenter de la façon la plus
adéquate aujourd'hui paie même plus cher que l'inflation.
Ça doit être parce que c'est rentable, vos contrats à
partage de risques; ça doit être parce que ces contrats-là
paient les frais de garantie; ça doit être parce que ces
contrats-là paient les augmentations sur le capital, la taxe sur le
capital. Voyons!
M. Drouin: Tout ce qu'on dit, M. le Président, c'est qu'on
fait moins de profits. C'est clair! Donc, c'est l'actionnaire qui en supporte
le coût, ce ne sont pas les consommateurs. C'est ça que j'essaie
de vous expliquer. Il y a une très grande différence entre les
consommateurs et l'ensemble des Québécois. Je veux dire... Vous
avez raison de dire qu'il y a 300 000 000 $ ou 250 000 000 $ de moins dans les
profits de l'entreprise, mais ce n'est pas imputé aux consommateurs.
C'est important qu'on fasse la distinction. Vous avez raison dans toute votre
argumentation en disant que l'entreprise a moins d'argent dans ses profits,
mais on ne vient pas le chercher au niveau du consommateur, c'est au niveau des
Québécois en général que ça se traduit. Mais
là, il faut regarder l'impact que c'a eu de positif pour l'ensemble des
Québécois, et pas juste l'impact sur Hydro-Québec, parce
que l'impact positif sur l'ensemble des Québécois, c'est celui
des investissements, c'est celui des retombées, c'est celui des emplois
créés. Et là, il faut faire un exercice pour voir ce que
ça donne.
M. Delisle: Et cet exercice-là, il a été
fait dans le plan de développement. On a montré dans le plan de
développement, dans le scénario 1C...
M. Chevrette: Je l'ai vue, la page. Ce n'est pas ça que je
veux savoir.
M. Delisle: ...que pour une nouvelle aluminerie, on perdrait 540
000 000 $ actualisés, mais que l'État québécois
aurait 465 000 000 $ de plus d'impôt, sans compter le fait qu'il y a des
emplois. Donc, c'est ça la logique. Je pense qu'on a mis le doigt
dessus...
M. Jolivet: Le restaurateur, lui, il paie quand même son
dépôt.
M. Chevrette: Je voudrais revenir à ma question. La
santé financière d'Hydro peut en être affectée.
Parce que vous avez projeté, vous avez fait des prévisions, vous
avez fait une ligne et vous avez dit: À partir de là, voici
moyennement comme ça pourra ou bien nous coûter ou bien nous
rapporter, je suppose. Parce que vous planifiez, vous vous permettez de
planifier le coût de Gaz Métropolitain, vous devez planifier chez
vous au moins l'évaluation de vos pertes ou de vos gains?
Comme ça ne rapporte pas, comme vous avez eu un imprévu
avec le dumping russe, est-ce que vous aviez fait, avant de signer les
contrats, l'évaluation des possibilités au niveau des alumineries
à travers le monde? Est-ce que vous aviez fait une étude
là-dessus pour voir s'il en partirait d'autres et puis s'il y aurait des
livraisons additionnelles? Est-ce que vous avez cette étude?
M. Drouin: M. Labonté.
M. Labonté: À ma connaissance, ce qu'on fait, c'est
que, habituellement dans ce secteur-là, et je pense que ça a
été mentionné par M. Delisle quand on a
déposé les projections de vente à long terme, c'est qu'il
y a des firmes spécialisées qui ont été
consultées, effectivement, et qui se spécialisent, je dirais,
dans la projection sur l'évolution de la demande et de l'offre en tenant
compte des coûts de production des différents producteurs,
effectivement, dans le monde.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez une étude
là-dessus au sein d'Hydro et est-ce que vous pourriez nous la faire
parvenir? Les projections sur l'offre et la demande dans l'aluminium avant de
signer les contrats secrets? Est-ce que vous pourriez me la faire parvenir,
s'il vous plaît?
M. Drouin: Je ne pense pas qu'on ait d'étude
spécifique... Oui?
M. Delisle: En fait, on a même déposé, dans
le cadre de la consultation publique, un document qui montrait qu'au moins
l'année passée, quand on parlait de l'année passée,
que les pertes qu'on avait étaient à l'intérieur un peu de
la fourchette qu'on s'était fixée au moment de la signature des
contrats. C'est un document public, ça.
M. Chevrette: Je connais votre fourchette... M. Delisle:
O.K.
M. Chevrette: ...et j'ai vu vos dessins, et ça ne
correspond pas, à mon point de vue, à une réalité.
Mais ça, en temps et lieu, on va en parler de façon plus pointue.
Moi, je ne vous parle pas de fourchette, là. On me dit qu'il est
impensable qu'Hydro-Québec ait signé de tels contrats, rouvert
d'autres qui étaient signés dans un contexte de surplus
énergétique, qui est ABI et Pechiney, Reynolds, dis-je, vous avez
rouvert ça, et il serait impensable qu'une société d'Etat
qui s'engage à aussi long terme n'ait pas eu une étude entre les
mains sur la tendance de l'offre et de la demande à travers le monde,
par exemple. Est-ce que vous avez ça?
(Consultation)
M. Labonté: Je pense qu'on peut répondre de la
façon suivante: au niveau de l'offre-demande, il y a eu des
consultations à partir des firmes spécialisées, puis je
pense que c'est RSI qui était une des deux firmes qui ont
été consultées, et sur la base de leur propre banque de
données. C'est un secteur très spécialisé qui
modélise à peu près toutes les alumineries dans le monde,
qui essaie de déterminer également le niveau de leurs
coûts; donc, au niveau de l'offre-demande, oui, il y a des gens, mais
ultraspécialisés qui ont été consultés,
parce que c'est au-delà des capacités d'Hydro-Québec
d'avoir, à l'intérieur de six mois, développé un
modèle tel qu'une ou deux firmes spécialisées dans le
monde peuvent le faire et ont pris une décade à bâtir.
Donc, au niveau de l'évolution de l'offre et la
demande, qui tenait compte du coût de production de chacune des
installations dans le monde, je dirais, libre, parce qu'à
l'époque la Russie était toujours un bloc à part, oui, il
y a eu des consultations, mais ce n'est pas des études propres à
Hydro, c'est des études de consultants, et on a, je dirais,
acheté ces études-là, mais ce n'est pas des études
qu'on peut rendre publiques comme ça, parce qu'elle ne nous
appartiennent pas. C'est des études auxquelles on a souscrit durant
cette période-là. (11 h 30)
Au niveau de l'évolution du prix, en tenant compte des
prévisions d'équilibre offre-demande, on a fait nos propres
prévisions d'analyse de sensibilité si le prix dérapait de
tant et de tant au-dessus d'un prix tendanciel moyen de long terme. Oui,
ça, à ce moment-là, on a fait nos propres études de
sensibilité à l'interne et c'est ces études-là, je
pense, qui récemment ont été déposées lors
de la consultation publique. Mais il faut bien distinguer les deux. Dans un
cas, il n'y a pas eu d'étude spécifique à Hydro, parce que
c'est trop spécialisé, et ces firmes-là ont pris des
décades pour bâtir ces données.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. À
l'intérieur de la tarification et des 80 %, il y a une question que je
demandais à Hydro-Québec et qui a été
répondue par M. Bolduc, suite aux entreprises qui sont assujetties au
tarif M ou L. Lorsqu'on voulait faire du développement qui amenait une
période de pointe, on les facturait pour la période du mois. J'ai
eu la réponse que c'était tellement norme qu'on ne pouvait pas
faire d'exception.
Est-ce qu'il y a possibilité, au niveau de la tarification qu'on
étudie présentement, ce matin, d'avoir une exception pour inclure
le développement dans vos normes et vos rigides règlements?
M. Drouin: M. le Président, suite à la
question...
M. St-Roch: J'aimerais avoir des réponses brèves,
là, parce que j'ai plusieurs questions.
M. Drouin: ...du député de Drummond, l'autre jour,
on s'est penchés sur cette hypothèse-là et on va vous
donner une réponse.
M. Bolduc: Nous sommes à explorer à
l'intérieur d'un tarif déjà approuvé, qui s'appelle
«tarif de rodage», l'applicabilité possible du cas en
question. Mme Cécile Dion, peut nous donner quelques commentaires
additionnels.
M. St-Roch: Brièvement, madame, parce que j'ai juste 10
minutes.
Mme Dion (Cécile): Rapidement. Nous avons dans notre
règlement tarifaire actuellement un tarif de rodage des entreprises qui
veulent roder un équipement particulier, par exemple, qui crée
des pointes et qui, par la suite, n'est pas utilisé. Il existe
actuellement un tarif de rodage. Ce qui n'existe pas, c'est un tarif de
démarrage pour de nouvelles entreprises. Le tarif de rodage existe
uniquement pour les entreprises existantes et il est de notre intention
d'introduire un tarif de démarrage et de nouvelles entreprises.
M. St-Roch: Mais à l'intérieur des entreprises
existantes, c'est là qu'était ma question, si une entreprise veut
faire un développement, qu'elle veut utiliser son équipement qui
est là, que ce n'est pas du démarrage, elle existe, elle a eu une
décroissance de ses unités de production, elle veut faire un
démarage pour un produit, un développement pour trois, quatre
jours, vous allez l'inclure parce que ce n'est pas du démarrage de
nouvel équipement en tant que tel.
Mme Dion: Nous avons déjà cette
tarification-là et on peut roder un équipement durant six mois de
temps.
M. St-Roch: Mais ce n'est pas du rodage. J'ai quatre fours
électriques. Demain matin, j'en ai trois d'arrêtés parce
que je n'ai pas de production. Je veux faire le développement d'un
nouveau produit qui m'amène à opérer ma quatrième
unité pendant seulement 48 heures et, après ça, je vais
l'arrêter, mais ça va me créer une pointe. Est-ce que
ça va être couvert dans votre...
Mme Dion: Oui, ça va être couvert dans ça.
Tarif biénergie et serriculture
M. St-Roch: Je vous remercie. M. le Président, au
début de nos interventions, le 23 et le 24, on a parlé
énormément du développement de la serriculture au
Québec, et on a vu aussi comment nos serriculteurs avaient
été affectés, à un moment donné, par la
faible hydraulicité: changer de la biénergie à aller
pratiquement au gaz.
On a un autre problème qui se développe avec la
serriculture, et je pense qu'on arrive à une croisée des chemins,
qu'on pourra voir disparaître la plupart de nos serriculteurs s'il n'y a
pas une action drastique qui est prise.
Suite à cette politique-là de biénergie qui
était valable jusque vers 1989 à 0,035 $ du kilowattheure, on a
gardé pour nos serriculteurs la même politique de biénergie
au niveau de l'éclairage. Or, ils sont allés, la majorité,
vers les produits fossiles, gaz ou pétrole ou mazout, et on leur
chargeait 0,035 $ du kilowattheure pour l'éclairage.
On sait, lorsqu'on regarde un hectare, c'est des montants qui sont
substantiels. Apparemment, depuis décembre, Hydro-Québec est en
train de négocier et d'imposer une nouvelle tarification qui
s'élèverait à 0,077 $ du kilowattheure. Ceci amène
des coûts qui sont faramineux par hectare, c'est des augmentations de
0,035 $ à 0,077 $ sous prétexte que ce n'est plus de la
biénergie pour l'éclairage. Est-ce qu'Hydro-Québec a
l'intention, maintenant, d'établir un tarif qui va permettre à
nos serriculteurs d'exister et de continuer à croître au
Québec? Parce qu'à 0,077 $ si vous regardez les coûts d'une
serre, c'est à peu près 17 000 $ à 18 000 $ par hectare en
janvier.
Et je vais rajouter en disant que les serriculteurs sont prêts
à utiliser la fameuse politique de biénergie même pour
l'éclairage lorsque la température atteint -12°, que
l'éclairage serait coupé pour permettre, dans les périodes
de pointe de décembre, janvier, de passer au travers. Alors, avec ces
augmentations-là, c'est énormément à craindre.
M. Drouin: Je vais demander à M. Gilles Roy de vous...
M. Roy (Gilles): Oui. Il faut bien préciser ce qui arrive
aux serriculteurs. Les serriculteurs bénéficient, et c'est un
avantage pour eux, du tarif biénergie depuis les années
quatre-vingt. Ce qui est arrivé en cours de route, c'est que ce
tarif-là a évolué, bien sûr. Il était, au
début, indexé au prix du pétrole. Le prix du
pétrole, on le sait, dans les années quatre-vingt, a connu des
baisses, ce qui a amené le prix de la biénergie à la
baisse et ce qui a amené les serriculteurs à prendre l'habitude
d'un tarif très bas. Ce qui est arrivé en 1989-1990, c'est que
c'était la fin des contrats indexés et puis les serriculteurs,
comme les autres clients biénergie d'ailleurs, sont revenus à un
tarif que vous mentionnez, aux alentours de 0,03 $; il est actuellement
à 0,0325 $. Ils continuent à bénéficier de ce
tarif-là et ça continue d'être un avantage pour eux.
À ce que vous mentionniez, il n'y a aucune intention
d'Hydro-Québec, actuellement, de changer la situation des serriculteurs
par rapport à la biénergie. Le tarif biénergie
évolue, par contre; nous avons introduit, dans la dernière
réglementation tarifaire, un tarif pointehors-pointe, ce qui
n'existait pas avant, qui ne devrait pas affecter personne parce que, au moment
de la pointe, les gens ne sont pas censés... Comme vous l'avez bien dit,
d'ailleurs, ils sont censés s'effacer. Le tarif, qui est actuellement
à 0,0324 $, ou quelque chose comme, s'applique pour tous les
serriculteurs. Il n'y a aucune intention d'Hydro-Québec de changer cette
politique-là vis-à-vis des serriculteurs dans la mesure où
ils se plient aux conditions de s'effacer, à partir du moment où
les températures sont plus froides que -12° ou -16°,
dépendant des zones géographiques.
M. St-Roch: Vous nous parlez...
M. Roy: II est peut-être intéressant d'ajouter, en
passant, que la condition qu'on fait au Québec aux serriculteurs, si on
la compare, par exemple, au tarif agricole en Ontario, est très
avantageuse.
M. St-Roch: Vous parlez de serriculteurs biénergie,
à 0,0325 $, mais le serriculteur qui aurait transféré ses
unités de chauffage au gaz naturel, un exemple, et qui garderait son
électricité il était chargé au tarif de la
biénergie on me dit que, à l'heure actuelle, ce
serriculteur-là, qui aurait transféré ses
équipements au niveau du chauffage, Hydro voudrait imposer un tarif de
0,075 $ du kilowattheure pour son éclairage.
M. Roy: Bien, Hydro voudrait lui charger le tarif
général qui s'impose à ce type de consommation; à
partir du moment où le serriculteur n'utilise plus, comme vous le dites,
notre produit pour sa consommation, n'a plus le statut de client
biénergie, la charge d'électricité qu'il peut avoir se
doit d'être tarifée au tarif général qui est aux
alentours, effectivement, de 0,07 $ le kilowattheure.
M. St-Roch: Moi, j'aimerais demander à HydroQuébec
de regarder... Parce qu'on a toléré à un moment
donné... Parce qu'on a convaincu ces serriculteurs d'aller vers la
biénergie. Lorsqu'on a coupé la serricul-ture du niveau
biénergie, parce qu'on avait une faible hydraulicité, à ce
moment-là, on a maintenu pour l'éclairage le tarif de
biénergie. Moi, je demande à Hydro-Québec de
reconsidérer son tarif parce que c'est la mort de la serriculture,
à un moment donné, les serriculteurs qui utilisent seulement le
chauffage, de leur charger 0,077 $; on les fait disparaître au
Québec et il n'y en a pas.
Alors, ça va devenir quelque chose qu'autant le ministre de
l'Agriculture et que le gouvernement du Québec devraient peut-être
examiner. Mais pour le moment, imposer à 0,077 $ du kilowattheure pour
l'éclairage, avec les conditions qu'on a ici, qui demandent surtout en
décembre, en janvier et en février des coûts de 17 000 $
à 18 000 $ par hectare, je connais très peu de serriculteurs qui
vont passer au travers. Quand je regarde dans une situation de
développement économique global, la plupart des serriculteurs
sont en région; c'est une des manières qu'Hydro-Québec
pourrait maintenir le service de biénergie pour l'éclairage,
même si on n'utilise pas la biénergie, parce qu'on leur a
demandé de sortir et les serriculteurs seraient prêts,
à l'heure actuelle pour aider aussi et pour compenser lorsque
vous arrivez dans les périodes de pointe l'hiver, à partir de
-12°, de couper leur éclairage pour éviter des surcharges
à Hydro-Québec. Alors, si vous me mentionnez que ça va
rester à 0,077 $, il va y avoir des cris au secours qui vont être
donnés tout à l'heure.
M. Roy: Mais il faut préciser encore. Vous dites que les
serriculteurs se sont fait couper la biénergie, ce n'est pas tout
à fait exact. Il est exact qu'en 1990, Hydro-Québec a offert
à la totalité de ses clients biénergie de racheter, et
à bon prix d'ailleurs plusieurs s'en sont prévalu
de racheter temporairement la consommation biénergie; on se rappelle
pourquoi, à cause des périodes de faible hydraulicité, et
plusieurs serriculteurs ont participé à ce programme-là.
Ceux qui ont voulu revenir, comme tous les autres clients biénergie qui
ont voulu revenir comme consommateurs biénergie, peuvent
revenir comme consommateurs biénergie dans les mêmes
conditions. Évidemment, ceux qui veulent rester au gaz et qui veulent
avoir une partie de leur consommation qui ne correspond pas au concept
biénergie, nous nous devons d'appliquer la tarification
générale.
M. St-Roch: Alors, vu que c'est une proposition seulement, je
demande...
Le Président (M. Audet): C'est terminé.
M. St-Roch: ...à Hydro-Québec de
considérer...
Le Président (M. Audet): C'est terminé, M. le
député.
M. St-Roch: ...dans sa proposition finale cette
recommandation.
Le Président (M. Audet): Merci. Ça termine notre
premier bloc. On va suspendre pour un petit deux minutes, question de prendre
une petite pause-santé pour se dégourdir un peu. On va reprendre
dans deux minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 35)
(Reprise à 11 h 45)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Veuillez prendre place, s'il vous plaît. Nous allons reprendre nos
travaux. Si vous voulez prendre place, nous reprenons nos travaux. Nous en
sommes à notre deuxième bloc. Il y a deux blocs répartis
entre la formation ministérielle et l'Opposition officielle de 20
minutes chacun, et ensuite un bloc pour le député de Drummond de
10 minutes. Je vais maintenant reconnaître Mme la ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Avant de questionner HydroQuébec, M. le
Président, vous me permettrez de faire certaines remarques suite
à la grande sortie théâtrale du député de
Joliette.
Au sujet de l'utilisation de l'électricité pour soutenir
le développement industriel, j'aimerais vous rappeler quelques
statistiques qui concernent l'implantation et l'expansion des entreprises au
Québec. Disons que depuis 1984 les entreprises qui ont choisi de
s'établir ou de consolider leur position chez nous ont consacré
quelque 8 000 000 000 $ j'aimerais qu'il m'écoute, M. le
Président, ça peut peut-être aider à sa connaissance
des choses des investissements directs et indirects de 8 000 000 000 $
qui ont créé et qui ont maintenu environ 8000 emplois par
année et auxquels il faut ajouter plus de 41 000 emplois liés
à la construction. Leur chiffre d'affaires global équivaut
à 6 000 000 000$ annuellement, le rachat de biens et services est
évalué à 1 200 000 000 $ par année et leur masse
salariale an- nuelle se chiffre à 600 000 000 $.
Plusieurs de ces entreprises sont implantées dans des
régions éloignées de grands centres urbains, ce qui ne
peut qu'être bénéfique pour le développement
régional; et il n'y a qu'à aller parler aux gens de
Sept-îles pour savoir comment eux apprécient avoir ce genre
d'industrie chez eux, puisqu'ils retournent dans leur région.
Je tiens à rappeler que ce genre de contrats existe dans
plusieurs pays; on n'est pas les seuls à avoir ce genre de contrats. On
ne peut affirmer que les contrats à partage de risques et
bénéfices sont des contrats secrets, les principes en sont
publics, le nom des bénéficiaires aussi, et seules demeurent
confidentielles les modalités exactes des arrangements financiers. Et,
à ce sujet-là, je ne pensais pas que le député de
Joliette rejoindrait à ce point en duo le député de
D'Arcy-McGee.
Le gouvernement continue de croire à l'importance d'utiliser
l'électricité pour appuyer sa politique industrielle et
contribuer au développement économique du Québec. Le
gouvernement tient compte de l'intégration de ces entreprises aux
grappes industrielles, retenues par la politique industrielle ou de l'impact de
ces entreprises sur le développement régional. Que le
député de Joliette aille faire le même discours à
Sept-îles, qu'il aille faire le même discours dans Portneuf et il
m'en donnera des nouvelles, M. le Président.
On a vu, à d'autres époques, et à une époque
pas si lointaine, un certain gouvernement que le député de
Joliette a bien connu qui a donné littéralement des subventions
à des entreprises pour qu'elles viennent s'établir au
Québec. C'était tellement généreux, M. le
Président, qu'ils ont senti le besoin de les rouvrir pour qu'ils soient
moins généreux que ce qu'ils avaient donné.
M. le Président, je comprends que le député de
Joliette veuille faire la cour à 3 000 000 de personnes ce matin.
J'aimerais ça qu'il écoute les réponses
d'Hydro-Québec et qu'il comprenne que ces charges n'affectent aucunement
aucunement la tarification qui est demandée par
Hydro-Québec.
Reprenons maintenant la discussion. Vous avez mentionné
précédemment que votre...
M. Chevrette: Aviez-vous deviné mes propos puisque vous
vous êtes préparée par écrit- pour me
répondre? Ha, ha, ha!
Croissance des charges de la caisse de
retraite
Mme Bacon: Non, mais je le connais mon dossier, M. le
Président. Vous avez mentionné précédemment que
votre masse salariale avait augmenté suite à des charges
additionnelles de la caisse de retraite. Quels sont les facteurs qui expliquent
cette croissance qui me semble imprévue des charges de la caisse de
retraite? Quels sont les montants en cause en 1992 et pour les années
suivantes? Et est-ce que les employés participent également
à cet effort de rehaussement de la caisse de retraite? (11 h 50)
M. Drouin: M. le Président, en vue de répondre
à cette question et probablement à quelques autres questions sur
les charges d'exploitation et les coûts totaux de l'entreprise,
j'aimerais déposer quelques documents et prendre quelques minutes pour
expliquer un peu la structure des coûts totaux et, dans ça, M. le
Président, Mme la ministre va trouver la réponse que nous
mentionnons relativement aux charges de retraite.
Documents déposés
D'abord, premièrement on dépose les documents
je voudrais référer les parlementaires à la page 53
de l'«Engagement de performance». À la page 53 de
«Engagement de performance», on retrouve tout d'abord... et c'est
important. Ce qu'on a développé à Hydro-Québec,
c'est des critères relativement aux coûts unitaires.
Jusqu'à ce qu'on nous établisse que nous ne sommes pas sur la
bonne voie en calculant la progression ou la diminution de nos coûts en
regard des coûts unitaires, nous allons et nous pensons que nous sommes
dans la bonne voie relativement à cette façon de voir le
progrès de l'entreprise relativement à ses charges et à
ses coûts d'exploitation.
À la page 53, ce qui est important de démontrer ici... et
c'est ça qui a un impact énorme sur l'augmentation de tarif que
nous proposons aujourd'hui. Dans le bas de la page 53, vous voyez: Coûts
du capital et autres charges. Ça, c'est la partie des coûts de
l'entreprise qui est un peu hors du contrôle de l'entreprise dans le sens
que, dans la mesure où on a de l'amortissement, des immobilisations
qu'on construit, il y a des charges de capital. On a parlé des taxes et
des autres droits. Vous verrez que l'augmentation, entre 1992 et 1995, de ces
charges est de 1 225 000 000 $. Ça, ça veut dire que, dans
l'augmentation de tarif qu'on propose, il y a 1 225 000 000 $ sur trois ans
relativement à des charges d'amortissement, d'intérêt, de
capital, de taxes qui sont réellement reliées aux immobilisations
de l'entreprise ou, évidemment, aux droits que l'on paie au
gouvernement, par rapport à un chiffre de 230 000 000 $, qu'on verra un
petit peu plus loin, qui est relié à des charges d'exploitation
pour la même période. Donc, 1 225 000 000 $, dont l'explication se
retrouve en haut de la page 53. Et vous voyez le total mentionné, de 1
225 000 000 $: production, transport, distribution, etc., tous les nouveaux
équipements, et qui imposent des charges d'amortissement.
À gauche, c'est là que le tableau est important, à
la page 52, dans le même document. Vous voyez que pour atteindre les
coûts, pour atteindre notre niveau d'augmentation des tarifs à
l'inflation, nous sommes obligés, en termes de coûts unitaires, de
nous imposer une diminution de 9,5 à laquelle la ministre faisait
allusion, de 9,5 à l'horizon 1995.
Mais, par ailleurs, vous voyez que les 1 225 000 000 $ viennent nous
donner des coûts énormes durant la période en question
à cause des nombreuses mises en service d'ici l'année 1995, et
ces coûts se reflètent comme comme étant à 2,7, 5,9
et 8,9, pour un total de coûts unitaires pour l'année 1993 de 0,07
%, pour l'année 1994, de 2,8 %, et pour l'année 1995, de 3,6
56.
Maintenant, si on va un petit peu plus loin dans le même document,
aux pages 56 et 57, vous voyez l'indicateur que nous nous sommes donnés
dans l'objectif, dans la cible d'amélioration qui est la cible 26, qui
consiste à diminuer les charges d'exploitation en termes de coûts
unitaires qui étaient à leur maximum en 1991, à 102,6, et
qu'on veut voir atteindre 90,5 en 1995. Et c'est là qu'on voit les 9,5
entre 1992 et 1995.
Le tableau qu'on vient de vous faire circuler, qui est un tableau qui
est intitulé «Évolution des charges d'exploitation»,
est une ventilation du tableau qu'il y a à la page 56 avec plus de
détails. Et c'est là qu'on retrouvera les différentes
charges pour les 230 000 000 $ que nous avons comme augmentation des charges
entre 1992 et 1995.
Alors, si on peut descendre ce tableau, juste pour voir les
différents items, on voit que le premier item, en haut, c'est les
charges d'exploitation telles qu'on les connaît. C'est-à-dire, on
se comprend bien, que ces charges d'exploitation ne sont que 30 % des
coûts totaux de l'entreprise pour une année donnée. Les 70
%, c'est ce qu'on a vu à la page 53 tantôt, c'est-à-dire
les coûts du capital, etc. Ça, ça compte pour 70 % des
coûts totaux alors que ce qu'on examine dans ce tableau-ci, c'est 30 % de
nos coûts qui sont dans ça.
Les charges d'exploitation sont à 1 983 000 000 $ en 1993. Il y a
des éléments sur lesquels, là encore, il y a un
contrôle qui n'est pas excercé par l'entreprise: la faible
hydraulicité bon, pour cette année, bien sûr, on
voit que ça diminue l'amortissement des subventions
ça, c'est au niveau de l'efficacité énergétique
et les radiations, c'est-à-dire, à un moment donné,
un projet qui vient trop loin dans le temps plutôt que de le tenir dans
les livres comme étant un projet d'investissement, on en fait une
radiation. Et ça, pour l'année 1993, c'est 73 000 000 $.
Après ça, on voit les programmes majeurs. Les programmes
majeurs pour l'année 1993, on se souvient, en économie
d'énergie, on nous dit, bien sûr, qu'on n'en fait pas assez.
Alors, il y a 81 000 000 $ pour l'année 1993, et il y a la
qualité du service. Ça, c'est des programmes
d'amélioration de la qualité du service qu'on appelle PAQS, le
programme d'amélioration de la maintenance qu'on appelle PAM. Ces deux
programmes-là sont des programmes qui prendront fin en 1996 et qui font
en sorte qu'on a pu remettre le réseau en marche et en très bonne
marche.
Après ça, les mauvaises créances; ça aussi,
difficulté de contrôle, vous le savez, et la charge de retraite.
La charge de retraite on pourra donner des explications plus
détaillées elle passe en 1992 de 83 000 000 $ à 120
000 000 $ et, par la suite, à 155 000 000 $ et à 169 000 000
$.
Tout ça pour dire que notre augmentation des charges en dollars
courants, lorsqu'on fait abstraction de certains de ces sujets-là et de
ces points-là que je viens de mentionner, n'augmenteront annuellement,
durant la
période de trois ans en 1992-1995 et là, vous le
voyez, dans la croissance annuelle, il y a une colonne qui indique 1992-1995
que de 1,6 % en dollars courants, alors que l'inflation prévue
à hydro-québec est de 2,3 % pour l'année courante, 2,7 %
pour l'autre, l'année 1994, et 3 % pour l'année 1995. le
gouvernement, hier, a annoncé que l'inflation serait de l'ordre de 2,6
%, mais nous maintenons toujours notre hypothèse à 2,3 %. et on
voit, en dollars constants, par conséquent, une diminution réelle
des charges d'exploitation pour les trois ans de 1,7 %. c'est ce que traduit le
tableau que je vous ai fait voir précédemment qui s'appelle:
évolution des charges d'exploitation unitaire correspondant aux ventes
totales pondérées.
Ce qui est important que vous voyiez également, accompagné
de ce tableau-là, c'est réellement un genre d'historique de
l'évolution de certains facteurs à HydroQuébec en 1982. La
raison pour laquelle nous avons pris 1982, c'est parce que c'est à un
moment où l'entreprise, aux prises avec des difficultés
financières importantes, a dû apporter des éléments
importants de rationalisation et, par conséquent, faire des coupures que
j'ap-pelerais assez draconiennes pour pouvoir respecter ses ratios et ses
critères financiers. (12 heures)
Alors, dans les tableaux qui sont des tableaux avec les graphiques, vous
voyez que le premier en haut, c'est les effectifs versus les ventes totales
d'électricité. Vous voyez qu'il y a une diminution des effectifs
et on trouve une situation à peu près idéale en 1987
où le ratio effectifs-ventes totales était à son meileur.
On voit, par conséquent, qu'au cours de la reprise et
j'évoque ici les difficultés que l'entreprise a eues au niveau de
la continuité du service et du service à la clientèle
la reprise a nécessité l'injection de personnel
additionnel, si bien qu'on revoit la situation idéale en 1995,
c'est-à-dire lorsqu'on aura effectué cette rationalisation.
Les autres tableaux, c'est juste pour vous montrer que, effectivement,
on revoit des creux à peu près aux mêmes périodes,
c'est-à-dire diminution d'effectif par rapport à la puissance
installée, à des périodes qui tournent autour de
1987-1988, périodes où l'entreprise a vécu des
difficultés sérieuses relativement à la continuité
du service et à l'entretien de son réseau. Et la page suivante
fait la relation entre, justement, cette continuité du service et
l'effectif dans l'entreprise. Et les pages précédentes, ça
démontre que le temps d'interruption annuel par client a augmenté
sensiblement au milieu de la période 1987-1988 parce qu'on a eu des
problèmes en termes d'entretien du réseau.
Ce que ça tend à démontrer et là, les
deux autres graphiques sont la même chose le taux de satisfaction,
vous le voyez, il y a un creux terrible en 1989-1990 et qui tend à
remonter en 1992, comme on le soulignait hier c'est qu'en termes de
rationalisation, en termes de réorganisation, il y a des limites
à ce que l'on puisse, évidemment, faire des ponctions dans le
personnel d'Hydro-Québec ou dans les services qu'Hydro-Québec
offre. Et c'est ce qui nous a amenés, au cours des années 1988
jusqu'à aujourd'hui 1989 à 1992 à
effectivement ajouter du personnel pour s'assurer que ce service soit
rétabli en bonne condition.
Alors, la réponse à votre question, c'est que les charges
de retraite, dans le tableau qui vous a été
présenté dans l'évolution des charges d'exploitation,
augmentent à l'année 1992 de 83 000 000 $ à 169 000 000 $.
Ce n'est pas parce qu'on a accordé des bénéfices
additionnels, c'est parce qu'il y a eu des événements qui peuvent
s'expliquer. Et je pense que le vice-président...
Mme Bacon: S'il vous plaît, parce que j'ai beaucoup de
questions...
M. Drouin: Oui, mais c'est tellement important qu'on puisse vous
montrer cette ventilation...
Mme Bacon: Oui, c'est pour ça que je vous ai posé
la question.
M. Drouin: ...parce que, finalement, on découvre que ce
sur quoi on a un contrôle en termes des dépenses est très
limité et, par conséquent, c'est très difficile de jouer
dedans sans affecter la qualité du service.
M. Labonté: M. le Président, je pense qu'il y a
deux éléments qu'il faut mentionner de manière à
bien comprendre l'évolution de la charge de retraite au cours des
années. Le premier facteur d'explication, qui est d'ordre structurel,
prend effet à compter de 1990. Il y a deux choses importantes. On voit,
d'ailleurs, un saut de 22 000000 $ à 71000000$. Premièrement,
c'est l'assujettissement, à compter du milieu de l'année, des
employés occasionnels aux bénéfices de retraite par
l'introduction de la loi 116. Et, pour Hydro-Québec, les employés
occasionnels représentent à peu près 5000 personnes,
près de 20 % des employés totaux. Donc, ça a
créé une augmentation de la masse salariale assujettie à
des cotisations de façon importante dans cette année-là.
Deuxièmement, en 1990, autre phénomène structurel, nous
avons révisé on le fait périodiquement; ça
faisait cinq ans que ça n'avait pas été fait
l'espérance de vie de la population et, effectivement,
l'espérance de vie est plus longue. Donc, l'impact structurel de
l'introduction d'une espérance de vie plus longue, ce qui augmente le
coût du régime, ça se fait sur cinq ans et ça a son
plein effet à la fin de l'année 1994. Donc, ça, c'est deux
phénomènes que je dirais structurels.
Le phénomène cyclique, maintenant, qui est d'ordre plus
conjoncturel, explique les très bas niveaux des milieux des
années quatre-vingt 1987, 1988, 1989. C'est essentiellement
lié à deux choses: les très hauts taux de rendement sur
les marchés financiers, que ce soit le marché des actions comme
celui des obligations, liés à des très hauts taux
d'inflation ont fait en sorte que les actifs de la caisse rapportaient de
façon phénoménale. On aborde un cycle différent.
L'inflation baisse, et les rendements sur les marchés financiers ne sont
pas là. Donc, ça, c'est l'élément qui est, je
dirais, conjoncturel, et on n'est pas la seule caisse de retraite à
subir ces
contrecoups. Dans le secteur privé, vous regarderez, l'ensemble
des caisses de retraite font face à ce phénomène
conjoncturel là. Les rendements décroissent, l'inflation baisse,
et ça affecte de façon négative le coût de la charge
de retraite pour les régimes à prestations
déterminées.
Mme Bacon: Juste un oui ou un non, parce que je n'ai plus le
temps. Est-ce que les employés participent à cet effort-là
de rehaussement de la caisse de retraite ou si c'est seulement
Hydro-Québec?
M. Labonté: Le taux de participation est demeuré,
je dirais, constant, c'est-à-dire 100, 180; les employés
participaient à 100 et l'employeur à 180. Le régime de
retraite permet de hausser le niveau des employés, qui est à 5,83
et pouvant aller jusqu'à 6,3. Pour ce faire, il faut cependant que le
régime soit déficitaire, chose qu'on projette sous peu devant le
coût, mais on ne peut pas l'augmenter en vertu du régime tant que
le régime n'est pas déficitaire. Il y a toujours un surplus, mais
il a fondu de façon phénoménale en 1992 sur le plan
comptable, passant de 300 000 000 $ à 74 000 000 $ à la fin de
1992.
Mme Bacon: Les cotisations des employés n'ont pas la
même croissance.
Le Président (M. Audet): Merci. C'est terminé.
M. Labonté: Non. Elles ont la même croissance que la
masse salariale, à 5,83 depuis un certain nombre d'années;
l'employeur, 1,8 fois ça. On ne peut pas augmenter les 5,83 jusqu'au
maximum du règlement qui est à 6,3 avant qu'il n'y
ait un déficit constaté, ce qui devrait arriver sous peu.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je voudrais,
d'entrée de jeu, tout d'abord, dire que je ne courtise pas les 3 000
000, je les défends les 3 000 000 de consommateurs, et que je ne crains
pas d'aller dire ce que je pense n'importe où au Québec,
n'importe quand, et que je peux également justifier des aberrations,
moi, en disant: Allez justifier devant du monde que, des fois, on a des visions
à court terme et qu'on oublie qu'à moyen et long termes on nous a
placés dans le pétrin. Je ne peux pas demander à
Hydro-Québec de me dire que vous avez été forcés de
signer un contrat. Us ne me le diront jamais. Bien, moi, je le sais. Et
ça se dit à l'intérieur d'Hydro-Québec, partout,
qu'ils ont été forcés de signer ces contrats-là. On
ne peut pas leur demander officiellement de dire ça, ils ne le diront
jamais, ni dans le montant, ni dans le temps actuel. C'est évident,
ça. Ça, je sais ça. Hydro a toujours eu l'obligation de
défendre les décisions de l'État, mais on sait, à
l'intérieur, ce qui s'est dit. Et c'est hypothéquer, à mon
point de vue, l'avenir, la santé financière d'Hydro-Québec
à moyen et long termes. C'était un commentaire.
Contrats à partage de risques (suite)
J'ai des questions très pointues, très précises,
qui demandent très peu d'explications. Existe-t-il une étude de
faisabilité préalable à la signature du contrat de Norsk
Hydro, oui ou non?
M. Drouin: Je demande à M. Labonté, parce que M.
Labonté a été, comme vous le savez... Pas celui-là.
Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II répond oui ou non.
M. Drouin: En d'autres moments, il a été
impliqué. ..
M. Chevrette: Ça ne demande pas un roman, c'est une
question pointue. C'est parce que j'en ai plusieurs petites et...
M. Drouin: Je le sais, mais c'est parce que... Écoutez,
c'est des choses qu'on peut vérifier, mais c'est parce que ce n'est pas
toujours le même monde qui a négocié ces
contrats-là. On ne peut pas imputer ça tout au même
monde.
M. Chevrette: Non, mais je ne parle pas du contrat, je parle de
l'étude qui a précédé, M. Drouin.
M. Drouin: Oui, mais c'est parce que, si c'est une étude
de préfaisabilité, c'est en fonction de la négociation
d'un contrat.
M. Chevrette: Oui.
M. Labonté: Oui, sur le marché du magnésium,
parce que Norsk Hydro...
M. Chevrette: Oui. C'est ça. J'ai demandé
carrément Norsk Hydro.
M. Labonté: ...c'est surtout le magnésium, sur la
même base, avec la même firme, SRI, à l'époque, je
pense, qui se spécialise mondialement...
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut avoir accès à cette
étude de préfaisabilité?
M. Drouin: Soyons clairs. S'il y a des documents à
Hydro-Québec qui traitent de ce genre de choses là en termes
d'études, de rapports de consultants ou quoi que soit, je pense qu'il
n'y a pas de problème à les rendre disponibles.
M. Chevrette: Merci. Avez-vous étudié contrat par
contrat? Avez-vous fait des projections jusqu'en 2010, oui ou non?
M. Labonté: II y a eu des analyses de sensibilité
à long terme, mais des projections jusqu'en l'an 2010, qui est
au-delà de l'horizon de planification, je dirais non.
M. Chevrette: À partir de la ligne... Pardon? Le
Président (M. Audet): À l'ordre...
M. Chevrette: Mes questions semblent agacer plus la ministre que
vous...
M. Drouin: Non, mais elles m'agacent aussi.
Mme Bacon: Non, c'est parce qu'il y a un sérieux,
là...
M. Drouin: Juste une seconde. Je vais faire le point sur un
point, là, et vous pourrez me poser n'importe quelle question par la
suite. Suite à la parution, dans un journal, hier matin, du
questionnement qu'on a eu lundi matin, je suis informé que le
ministère des Affaires internationales du Québec a
déjà commencé à recevoir des
téléphones de Washington. Je vous le dis carrément et je
n'en dirai pas plus.
M. Chevrette: Je vais poser mes questions. Avez-vous
planifié ou avez-vous fait des projections sur ce que pourraient
être les manques à gagner ou les bénéfices jusqu'en
2010 et plus? (12 h 10)
M. Drouin: Je vais vous répondre ce que je vous ai
répondu l'autre soir, c'est qu'on a fait, en termes de projections
financières, des hypothèses pessimistes pour voir quel impact
ça pouvait avoir sur nos cadres financiers. Mais prévoir
très précisément le phénomène de
dents-de-scie qu'on vous a montré et qui s'est passé par le
passé... On les a mis sur une base que je dirais «flat»,
parce qu'on voulait se donner de la marge de manoeuvre.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez fait ça pour chaque
contrat également?
M. Drouin: Je pense qu'on l'a fait pour l'ensemble. Le portrait
qu'on vous a déposé, ça...
M. Chevrette: Au global... M. Drouin: Sur les 13
contrats.
M. Chevrette: Au global, vous me répondiez hier soir que
vous pensiez obtenir au moins la couverture de vos frais de fourniture, si j'ai
compris votre question vous me corrigerez si j'ai mal compris. Par
rapport au tarif L, est-ce que vous avez évalué, d'ici un horizon
2000, 2010, le manque à gagner par rapport au tarif L?
M. Drouin: Bien, je vais vous faire un calcul à l'inverse:
si on peut penser réaliser les coûts de fourniture
c'est-à-dire, les coûts de fourniture, c'est les coûts
d'hydro-québec pour fournir l'électricité sans contenir la
marge bénéficiaire ou le profit nous envisagerions ou nous
souhaitons et je pense que c'est avec les projections qu'on a
pouvoir réaliser ce que j'appelle un «break even»,
c'est-à-dire l'équivalent des coûts de fourniture. comme la
marge bénéficiaire avec le tarif l peut être de l'ordre de
15 % ou 17 %, bien, évidemment, à l'inverse, on peut dire que ce
serait 15 % à 17 % en bas du tarif l comme tel, si les projections se
matérialisent.
M. Chevrette: Est-il exact que vous pourriez perdre
jusqu'à 2 000 000 000 $ de manque à gagner avec ces
contrats-là, dans un horizon actuel, mettons, jusqu'en 2010?
M. Drouin: Oui, mais il ne faut pas oublier que si on
mentionne... C'est parce que vous pouvez faire quelques calculs avec ce qu'on a
déposé pour le passé, et ça donne
déjà 400 000 000 $ ou 500 000 000 $, ou enfin, des montants.
Alors, il faut faire attention, parce que lorsqu'on parle en dollars courants,
vous savez, 2 000 000 000 $, ça peut vouloir dire 700 000 000 $ en
dollars d'aujourd'hui. Alors, je n'ai pas fait le calcul et je n'ai pas de
chiffres qui me démontrent ce que vous venez de me dire, mais, je veux
dire, l'énoncé pourrait être valable dans la mesure
où on parle de ce type d'hypothèses qui sont très
difficiles à faire pour un horizon aussi long.
Établissements des coûts de fourniture et
tarification
M. Chevrette: Vous avez créé un groupe de travail
sur la tarification avec les grandes entreprises consommatrices, les
consommateurs industriels d'électricité. En date du 1er mars
1993, M. McNally recevait de M. Michael Mazzarello une confirmation, sauf qu'il
demande plus d'argent pour les fonctionnements du comité. Vous avez sans
doute eu connaissance de cette lettre-là, qui est adressée
à M. McNally. Comment se fait-il que vous oeuvrez avec un seul secteur
quand on parle de tarification, et que les autres catégories de
consommateurs ne fassent pas partie d'une étude de tarification, et que
ce soit un seul secteur qui....
M. Drouin: J'ai vu votre intervention. M. le Président,
j'ai vu l'intervention du leader là-dessus, et moi-même, un peu,
j'ai été surpris de penser qu'on pourrait n'avoir des discussions
qu'avec un secteur. Ce n'est pas l'intention de l'entreprise. L'intention de
l'entreprise relativement à des hypothèses, des discussions de
tarifs, on en a eu avec plusieurs groupes. L'association des consommateurs est
impliquée. On a des groupes consultatifs. Ce n'est pas notre intention
d'avoir des discussions sur des révisions tarifaires uniquement avec un
groupe de consommateurs. Je pense qu'il y a une méprise
là-dessus, et l'intention de l'entreprise, c'est réellement de le
faire à l'égard de l'ensemble des consommateurs.
M. Chevrette: Je suis content que vous me répondiez tout
ça, parce que la grande entreprise, si j'ai bien compris au cours des
mémoires, remet en question, souvent, les coûts de fourniture, la
façon dont vous les calculez. Est-ce qu'il y aurait possibilité
d'avoir la méthodologie par écrit, parce que, que voulez-vous
qu'on leur réponde? C'est assez technique, et j'aimerais personnellement
avoir la procédure. «C'est-u» les finances? Qui, à
Hydro-Québec peut nous fournir ça? Quelle catégorie?
M. Drouin: On me dit qu'on a déjà publié
effectivement notre méthodologie de calcul des coûts de fourniture
dans un mémoire tarifaire. M. Roy.
M. Roy: II y a eu ici vous me pardonnerez si je fais
erreur sur les dates, mais si je me souviens bien en 1986, 1987, 1988,
en tout cas deux années de suite, des annexes au plan de
développement qui ont exposé la méthode des coûts de
fourniture d'Hydro-Québec, qui a peu changé depuis. On discute
actuellement avec certains groupes de cette méthode-là, et c'est
disponible à n'importe qui qui veut en prendre connaissance.
M. Chevrette: Est-ce qu'Hydro a des équipes sur pied pour
revoir ça ou si la méthodologie... Vous me dites qu'elle n'a pas
changé?
M. Roy: II y avait eu, en 1987 et je vous fais la
même réserve sur la date des ajustements à la
méthodologie des coûts de fourniture, et puis elle a
évolué depuis. Mais, fondamentalement, les principes qu'on avait
mis dans une des annexes du plan de développement à ce
moment-là sont encore ce qui nous sert de base, fondamentalement. Mais
on a des discussions constamment, parce que c'est la science qui est en
évolution.
M. Drouin: Et j'indique immédiatement au leader que nous
sommes tout à fait disposés à faire l'examen et la revue
de ces coûts de fourniture pour voir s'ils reflètent très
bien. Nous, nous sommes toujours à l'affût de l'information et de
ce qui se fait sur le plan technique, sur le plan mondial, dans ce domaine.
D'ailleurs, je dois vous dire qu'Hydro-Québec International fournit, par
le biais d'Hydro-Québec, des expertises à beaucoup
d'utilités dans le monde relativement à l'établissement
des coûts de fourniture et de la tarification. Alors, on a des bons
experts chez nous, et on est prêts à livrer cette
expertise-là.
M. Chevrette: Non, mais, tel que je le comprenais, c'est que
l'association des consommateurs industriels veut voir avec vous les
modifications à la façon de calculer les coûts de
fourniture. Je ne sais pas si je me trompe, là.
M. Drouin: Oui, M. Bolduc.
M. Bolduc: M. le Président, je pense qu'il est important
de situer les discussions avec les clients industriels dans le contexte qui a
été évoqué plus tôt. Il s'agit de discussions
qui portent fondamentalement sur la tarification saisonnière, qui font
l'objet, comme nous l'avons dit, d'échanges assez en profondeur. Et ces
discussions sur les avantages et les modalités de la tarification
saisonnière ont amené les comités de travail à,
justement, voir la tarification saisonnière dans le contexte des
coûts de fourniture qui, justement, sont différents en
été et en hiver. C'est dans ce contexte-là qu'avec ces
groupes particuliers nous avons commencé un certain approfondissement.
Ce n'était pas, au départ, sur les coûts de fourniture
mais, le but de tout l'exercice avec eux, c'est d'arriver à des
conclusions sur la tarification saisonnière.
M. Chevrette: C'est parce qu'il y en a parmi eux qui veulent vous
voir changer la méthodologie. Ils nous l'ont dit, même, au niveau
des mémoires, ici.
M. Drouin: Exact. Ils posent des questions.
M. Chevrette: Changer la méthodologie même de
l'analyse des coûts de fourniture.
M. Drouin: Sur la tarification saisonnière, il ne faudrait
pas se méprendre. Je veux dire... Je pense que... Partout dans le monde,
il y a une tarification saisonnière qui s'implante de plus en plus, et
je pense qu'on a intérêt à l'implanter. Je vous le dis, on
va consulter, mais il y a réellement, en bout de ligne, un
intérêt, parce que ce n'est pas exact, partout dans le monde, que
les tarifs sont les mêmes ou les coûts de fourniture sont les
mêmes en hiver ou en été. Il y a une différence dans
les coûts de fourniture et, nous, on pense que c'est neutre pour
l'entreprise de savoir... Autrement dit, si elle garde exactement le même
profil de charge pendant une année, avant la tarification
saisonnière ou après, il n'y aura pas d'augmentation. Mais il y a
une incitation à changer son profil de charge et, dans ce
sens-là, ça peut être avantageux.
M. Chevrette: M. Couture a déjà affirmé que
le tarif D ne faisait pas ses coûts. Je ne me souviens pas à quel
endroit, là, je vous ai lu. N'est-il pas exact que le tarif D rapporte,
en bénéfices nets, entre 105 000 000 $ et 150 000 000 $ par
an?
M. Couture (Armand): Je ne me rappelle pas, M. le
Président, la citation que le leader de l'Opposition fait, mais
j'aimerais ça si vous pouviez m'indiquer à quelle occasion j'ai
pu dire ça, parce que je ne pense pas que ça correspond à
mes convictions.
M. Chevrette: Donc, si ce n'est pas vos convictions, vos
convictions vous disent que ça rapporte combien par année?
C'était l'objet de ma dernière question, hier
après-midi.
M. Drouin: Oui.
M. Roy: je peux vous donner les années que vous voulez,
là, dans notre cadre financier, mais, en 1992, le
bénéfice, la marge bénéficiaire selon les
définitions qu'on a données ici à maintes reprises,
là, pour le tarif d est de 184 000 000 $, ce qui correspond
à 7 % de rendement, parce que les produits totaux sont de l'ordre de 2
500 000 000 $. bon. on a toujours dit, en même temps, que 7 %,
c'était en bas de ce qu'on souhaitait. on l'a exprimé
quelquefois. la marge bénéficiaire souhaitée est aux
alentours de 15 %; donc, à 7 %, on est à la moitié. puis
nos affirmations, je pense, par rapport aux bénéfices du tarif d,
ont toujours été dans ce sens-là, de dire que nous faisons
certains bénéfices avec cette catégorie de clients
là, mais nous n'atteignons pas le rendement ou la marge
bénéficiaire que nous souhaitons de cette catégorie de
clients là.
M. Chevrette: Oui, mais vous prenez pour acquis... Par
l'abolition, en tout cas par la dénivellation de F interfinancement,
vous voulez en arriver à ce que chaque catégorie se ressemble sur
la part qu'elle apporte à l'entreprise. Mais je pense...
M. Drouin: On n'arrivera jamais à ça. M.
Chevrette: Non, mais, c'est ça.
M. Drouin: Je ne pense pas qu'on arrive à ça, mais
c'est parce que...
M. Chevrette: J'étais pour vous demander comment vous
allez faire ça.
M. Drouin: Hein?
M. Chevrette: J'étais pour vous demander comment vous
allez faire ça sans assommer le monde.
M. Drouin: en fait, quand je dis qu'on n'arrivera pas à
ça, c'est parce que, je veux dire... on a entendu ce matin qu'avec ce
qu'on propose ça prendrait 40 ans pour réaliser l'harmonisation.
mais, là où il nous apparaît y avoir une disparité
importante, c'est que les 7 % au domestique, ça se traduit par 32 % et
34 % dans la moyenne puissance et dans la petite puissance. c'est là
qu'il y a une disparité. tu sais, ne pas corriger au complet et dire
qu'il y aurait 12 % dans une catégorie et 16 % dans l'autre... on
parlait du signal de prix. c'est clair que le tarif g, petite puissance et
moyenne puissance... et, dans ça, m. le président, il y a des
centres d'accueil, il y a toutes sortes de choses dans ce type de commerces ou
d'organisations. et la marge bénéficiaire de 32 % et 34 % par
rapport aux 7 % au niveau du domestique nous apparaît être une
disparité trop importante.
M. Chevrette: Le projet-pilote... (12 h 20)
M. Couture: M. le Président...
Le Président (M. Audet): M. Couture.
M. Couture: ...peut-être que je pourrais revenir sur la
citation que vous me faites faire. Je pense que ce que j'ai dit sur les tarifs
et la profitabilité, c'est qu'elle varie de région en
région dans la province, et que nous avons une politique de tarification
uniforme, de sorte que, dans les zones très éloignées, par
exemple aux Îles-de-la-Madeleine ou sur la Côte-Nord, il y a
effectivement des tarifs domestiques qui sont en bas du coût, alors que,
pour les grands centres, évidemment, la profitabilité est plus
grande. Et, lorsque vous regardez dans nos statistiques, vous trouvez des
moyennes. Un des avantages, évidemment, de la société
HydroQuébec, c'est que la tarification est réellement uniforme
partout, avec des endroits, bien entendu, où il peut y avoir des prix en
bas du coût de fourniture; c'est l'exemple des régions
éloignées.
M. Chevrette: Quels sont vos espoirs de gains par le tarif DH,
à la page 31 de votre mémoire tarifaire?
M. Drouin: M. Roy.
M. Chevrette: Le quantum, là, combien?
M. Roy: Bien, les espoirs de gains, si vous... La raison pour
laquelle on propose une expérience-pilote, justement, c'est pour se
mettre dans la position d'être capables de faire une meilleure
évaluation de ces gains-là. J'écoutais vos
énoncés tantôt. Nous sommes bien conscients que le
chauffage, par exemple, est une charge qui est difficilement
déplaçable. Nous sommes conscients qu'il y a au Québec un
certain nombre de contraintes à la pratique d'une tarification de ce
type-là. D'autre part, ça nous a été
exprimé, et beaucoup de gens l'ont exprimé ici durant la
commission parlementaire, je pense. On parle de signal de prix juste, on parle
de refléter le mieux possible nos coûts dans nos tarifs. C'est
à l'intérieur...
M. Chevrette: C'est combien?
M. Roy: ...de cette stratégie-là que ça se
situe.
Mais, actuellement, ce que nous proposons ici, c'est une
expérience-pilote auprès de 600 clients. Nous allons mesurer
comment les clients sont capables de réagir par rapport à cette
expérience-pilote là et, compte tenu des résultats qu'on
va obtenir, on sera dans une meilleure position pour évaluer des gains
et voir s'il est à-propos d'extrapoler à l'ensemble de la
clientèle.
Mais je ne peux pas vous énoncer, à ce moment-ci, les
gains que nous pouvons faire. Nous pouvons faire des hypothèses sur:
est-ce que les clients vont accepter de prendre leur douche en dehors des
périodes de pointe, d'utiliser leur lave-vaisselle en dehors des
périodes de pointe aussi, de déplacer certaines quantités
de chauffage.
M. Chevrette: On est sûrs pour un, il va laver plus tard. L
y en a un qui l'a dit qu'il ferait son lavage vers 23 heures. Mais on en a un.
Je ne sais pas s'il est dans le groupe des 600.
M. Drouin: on peut prendre ça avec un grain de sel. il
faut être conscients, quand même... on donne beaucoup d'importance
à la portion chauffage, c'est vrai. chez le client
québécois moyen, le chauffage représente à peu
près 60 % de sa consommation on parle des gens qui sont
chauffés à l'électricité donc, c'est un peu
abusif de dire aussi qu'il existe donc à peu près 40 % de la
consommation qui est «gérable». je n'ose pas dire
«facilement», mais il y a quand même des fenêtres, ici,
qui donnent 12 heures par jour à prix inférieur, qui vont
permettre, on le croit, à un certain nombre de clients d'adapter leur
consommation. et de même pour le chauffage. avec les thermostats
programmables, avec les nouvelles technologies, on pense qu'il y a des
déplacements possibles et on pense qu'il y a là-dedans...
Une voix: Le chauffage de l'eau.
M. Roy: Le chauffage de l'eau...
M. Chevrette: Monsieur... C'est M. Roy?
M. Roy: Roy. C'est ça.
M. Chevrette: Ça ne risque pas de... Par exemple, les
heures que vous marquez là, dans la page 31, il faudrait baisser le
thermostat à l'inverse de ce qu'il est présentement, à
toutes fins pratiques. Vous ne croyez pas, les jeunes couples qui travaillent
les deux, qui sont pris à sortir des garderies avec les enfants...
M. Drouin: Comprenons-nous bien, M. le Président. ..
M. Chevrette: C'est une habitude de consommation impossible,
ça.
M. Drouin: Bien... Non, ça se fait ailleurs. Alors, c'est
pour ça qu'il faut essayer de voir si on ne peut pas le faire ici. Puis,
deuxièmement, il y a une économie à le faire. Je veux
dire, c'est clair que, lorsqu'on aurait un tarif comme ça à la
grandeur du Québec, le consommateur y trouverait son avantage-
M. Chevrette: Oui.
M. Drouin: Prenons le chauffe-eau, par exemple. Vous savez,
arrêter le chauffe-eau entre 17 heures et 20 heures, il n'y a rien
d'impossible dans ça. Et, en faisant ça, on diminue la
pointe.
M. Chevrette: Et la pointe de 15 à 22 heures, M.
Drouin, pour le jeune couple qui travaille les deux avec
deux enfants en garderie, là, entre vous et moi...
M. Drouin: Écoutez, je me...
M. Chevrette: Ce n'est pas M. Ciaccia qui va faire son lavage
à 23 heures, ça, là!
M. Drouin: Non, non.
M. Chevrette: II faut qu'on leur donne leur bain, à ces
enfants-là, en pleine période de pointe. Donc, si vous leur
donnez en période de pointe avec une tarification différente,
vous risquez de pénaliser encore davantage ce jeune couple là. Il
y a une discussion de fond à faire là-dessus.
M. Drouin: Écoutez...
Le Président (M. Audet): Merci. C'est terminé.
M. Drouin: Dans ce cas-ci, soyons très clairs.
Contrairement à l'industriel, si on avait un tel tarif, il serait tout
à fait optionnel. Il serait tout à fait optionnel alors que, dans
l'industrie, c'est difficile de le rendre optionnel. Parce que c'est facile
pour celui qui possède deux industries ou deux entreprises d'en mettre
une sur le tarif différencié et l'autre sur le tarif
régulier et de changer les charges. Mais, dans le cas du
résidentiel, c'est optionnel.
Le Président (M. Audet): Merci. M. Roy: M.
le...
Le Président (M. Audet): Oui, vous voulez ajouter?
Brièvement.
M. Roy: Je veux ajouter un petit point, quand même, une
précision. Il faut lire la page à la grandeur. On peut bien dire
que, pour 1500 heures par année, les prix vont être plus
élevés, mais pour 8500 heures par année les prix vont
être plus bas pour quelqu'un qui participerait à ce genre de
tarification.
M. Chevrette: De 15 à 22 heures.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. C'était dans
vos dernières remarques, M. le président d'Hydro-Québec.
Ce qui est le danger aussi, avec les tarifs saisonniers: qu'un industriel qui
aurait une usine de fabrication aux États-Unis et une au Canada puisse
aussi renverser sa production pour faire aux États-Unis lorsque les
coûts sont bas et ramener au Québec, ici. Alors, le saisonnier, je
pense que c'est une des choses qu'il fau-
dra qu'Hydro-Québec regarde.
D'une façon un peu plus globale, on arrive pratiquement à
la fin. On vit dans un monde où planification intégrée et
aussi considération des externalités ne sont pas juste des mots;
il va falloir les prendre en considération. Je dois vous avouer, moi,
qu'à ce moment-ci, lorsque je regarde vos engagements de performance
et... Finalement, dans vos premiers engagements parce que je n'aime pas
«cible», j'aime mieux «engagement» ou
«objectif» quand je regarde le premier qui est
l'augmentation de la satisfaction de la clientèle, ça veut dire
aussi l'image corporative de l'organisation. Lorsque je remets ça dans
un tout, au niveau de la tarification, c'est beaucoup de contacts avec la
clientèle dans un endroit où on est plus vulnérables,
nous, les humains, lorsqu'on va jouer dans notre portefeuille. C'est là
qu'on met nos actions puis nos mots. Moi, je remarque qu'à ce moment-ci,
et depuis le mois de décembre principalement... Et je peux le
comprendre, parce que les trois prochaines années, autant pour
Hydro-Québec que pour le gouvernement du Québec que pour
l'ensemble de la société québécoise, seront les
trois plus difficiles années que nous aurons à vivre, parce qu'on
est en train de peaufiner tout le réajustement sur une base de
mondialisation. Moi, je remarque une radicalisation d'Hydro-Québec
devant sa tarification et de ses politiques tarifaires et une rigidité
à appliquer des normes qui peuvent mettre en danger beaucoup de vos
objectifs ou de vos engagements de performance. (12 h 30)
Je regarde, moi, la lettre que vous avez envoyée.
Hydro-Québec exige une garantie de paiement. Je n'aurais jamais
osé envoyer ceci, moi, libellé de cette façon-là,
à mes clients lorsque j'étais dans l'entreprise privée,
parce qu'il y avait un choix. Je pense que le plus grand défi
d'Hydro-Québec dans les trois prochaines années, c'est de
réaliser qu'elle est dans une situation de monopole, qu'elle est seule
à faire face à la clientèle.
Maisons d'hébergement
Ceci étant dit, je vais prendre un exemple bien
spécifique. Parce que j'ai toujours maintenu aussi, lorsque
j'étais dans le privé, qu'une organisation se doit d'avoir une
conscience sociale et d'assumer un rôle social. Or, présentement
et on l'a toujours considéré dans le passé
je vais revenir aux maisons d'hébergement à but non lucratif. On
sait que, dans la foulée des années 1982, il s'est
créé, à partir du milieu, beaucoup d'hébergement
pour aider surtout les démunis et les sans-logement. Alors, ces
gens-là... Ça ne fait pas partie de l'État. La plupart
sont en deçà de neuf chambres. Autrefois, on leur donnait, on
leur consentait le tarif domestique normal, mais c'était
antérieur à toute votre grande réglementation. Mais,
aujourd'hui, on dit: Ces unités-là, ce n'est pas du domestique
normal, parce qu'on le place... Puis l'ensemble de la clientèle, lorsque
vous regardez votre réglementation, n'a pas accès à toutes
les pièces. Or, on sait que lorsqu'on a une famille d'accueil qui
accueille des jeunes ou des moins jeunes, jusqu'à neuf, pour ça,
on donne le tarif domestique. Lorsqu'on regarde cette corporation à but
non lucratif, bien, on dit: Parce qu'il y a un petit bureau parce que
c'est sûr et certain qu'il faut qu'ils fassent la gestion on
considère ça comme une place d'affaires puis, à ce
moment-là, on accroît les montants.
Lorsque je regarde, moi... Puis l'analyse que j'ai faite un peu
partout... Parce que, vous savez, on n'a pas encore adopté la loi 73.
Mon département de recherche, je dois vous en passer un papier qu'il est
beaucoup moins volumineux que celui d'Hydro-Québec. Lorsque je regarde
l'ensemble de ces maisons-là, on parle des facturations qui peuvent
jouer des augmentations de 3000 $ à 5000 $. Alors, c'est
très minime. Si je mets ça dans l'ensemble de votre tarification,
dans l'ensemble de vos revenus, je pense que c'est réellement les
fractions que M. le trésorier laisse tomber lorsqu'il fait son rapport
aux actionnaires.
Je demanderai à Hydro-Québec ses commentaires, à ce
moment-ci, et, surtout, de nous donner l'assurance qu'elle va réviser
cette réglementation-là pour faire en sorte que les maisons
à but non lucratif qui ont moins de neuf chambres... Puis, même si
elles ont un petit appartement où elles font de l'administration, qui
n'est pas accessible à l'ensemble des citoyens... Je vais vous rappeler
que, dans une maison d'accueil privée, à neuf chambres, les
locataires n'ont pas accès à la chambre, règle
générale, des maîtres. Alors, je pense que c'est quelque
chose qui est fondamental. Ce serait un signal que vous pourriez envoyer aussi
au milieu communautaire, qui revaloriserait l'image, qui ferait en sorte,
lorsqu'on regarde la tarification que je finirai cet après-midi
la tarification globale, de faire accepter un peu les augmentations.
Le Président (M. Audet): M. Bolduc.
M. Bolduc: Le problème soulevé est
extrêmement pressant, et nous en sommes conscients. Nous avons
démarré depuis plusieurs mois un exercice pour essayer de
clarifier toute cette question des centres d'accueil, des maisons qui ont une
caractéristique très proche du résidentiel. Et le travail
avance beaucoup. Et dans les semaines, sinon les quelques mois qui viennent,
nous allons pouvoir amener, je pense, des solutions à cette
problématique.
M. St-Roch: M. Bolduc, vous n'avez rien compris. Écoutez,
j'aimerais, moi, que le signal s'en aille aussi dans toute votre organisation,
parce que, au moment où on se parle, on menace de couper
l'électricité à certaines maisons de cette
nature-là. On nous a dit: Voici le procédé. On est rendus
à aller jusqu'au Protecteur du citoyen de votre organisation. Et il y a
même des cas que M. le président recevra maintenant, parce qu'on
nous a dit: La décision est irréversible. Vous avez à
payer, et les factures sont envoyées présentement aux nouveaux
tarifs. Puis on dit: Si vous ne payez pas, on vous coupe. Puis, à
l'heure actuelle, le seul, apparem-
ment, qui pourrait renverser la décision, c'est M. le
président et chef de l'exploitation. Je pense qu'il y a
déjà un cas dans ses mains, mais ce cas-là n'est pas
unique, parce qu'on voit une tendance qui va se développer à la
grandeur du Québec. Est-ce qu'il serait possible d'avoir un temps
d'arrêt et de penser que ces gens-là... On a affaire à ceux
qui font du bénévolat, qui s'adressent aux plus démunis de
notre société.
M. Bolduc: Je pense que nous allons très rapidement
essayer de trouver une solution à cette situation qui, comme vous le
comprenez, dans une grande entreprise comme Hydro, doit être
appliquée avec des règles relativement arbitraires pour
l'ensemble du Québec. Mais nous arrivons à une meilleure
clarification de ces normes-là, et s'il y a des cas particuliers,
entre-temps, qui demandent une attention, on va leur accorder un maximum
d'attention à court terme.
M. St-Roch: Mais vous me forcez à réagir encore en
disant qu'on se doit d'appliquer des règles arbitraires. Moi, je pense
que c'était peut-être vrai, et la soupe aux légumes avec
les mêmes épices à la grandeur du Québec, mur
à mur... J'espère qu'on est en 1993. On a des défis
énormes à relever. Les conditions des régions ne sont pas
les conditions de Montréal. Montréal n'est pas... J'espère
qu'on va être capables, à l'intérieur autant du
gouvernement que d'Hydro-Québec, d'arriver à donner une souplesse
de discrétion au niveau de la gérance. Parce que, ça
aussi, ça peut vous servir. Et quand je parle d'externalité et de
planification intégrée, si vous donnez à vos directeurs de
services, à vos vice-présidents cette latitude, à un
moment donné, d'apporter un peu de baume, bien, ça, on appelle
ça des satisfactions qui ne sont pas monétaires mais qui font en
sorte qu'on est fiers de travailler dans une organisation qui inclut aussi une
culture qui est sociale, qui est revalorisante. Et, ça, ça peut
rapporter énormément de dividendes, à un moment
donné, au niveau de l'argent, lorsqu'on parle de satisfaction de notre
personnel, parce que ça aide à rencontrer notre objectif de 0,8 %
sur trois ans, ce qui est tout un défi à relever pour
HydroQuébec.
M. Drouin: Je vais juste mentionner, sur les propos du
député de Drummond, que, vous savez, quand on parle de ce type de
clientèle là, on parle de 8000 établissements au
Québec, qui sont pour des personnes âgées, ou des
résidences de communautés religieuses, etc. On en a 8000. Vous
savez, ce que vous soutenez comme argumentation pour celles qui ont neuf
pensionnaires ou moins peut très bien s'appliquer pour ceux qui en ont
plus également. En plus de ça, vous savez, on reçoit des
lettres à tous les jours pour avoir des tarifications spéciales
pour les arenas, pour, bon... Vous avez parlé des serricultures,
tantôt. On en a à profusion dans l'entreprise.
Vous savez, notre objectif, nous autres, c'est d'essayer d'être
équitables. C'est évident que c'est difficile, des fois,
lorsqu'on étudie des cas particuliers, mais faire un cas particulier par
rapport à 100 autres personnes qui ont droit ou qui pourraient avoir
droit à ce cas particulier là, on doit, à un moment
donné, faire la mesure des choses. Et toute la tarification et
l'ensemble du traitement qu'on fait à nos clients sont dans le but
d'être très équitable à l'égard des uns et
des autres. C'est le seul commentaire que je veux faire, tout en vous disant
tout de même que nous examinerons de très près, et avec des
résultats dans un bref délai, les propos que vous nous avez tenus
relativement à la clientèle visée.
M. St-Roch: Qu'on arrête les procédures.
Le Président (M. Audet): Merci. C'est terminé.
Alors, ça met fin à notre premier bloc de la journée. Je
vais suspendre les travaux jusqu'après les affaires courantes, soit vers
15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 37 )
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux. Je rappelle brièvement le mandat de la commission, qui est de
procéder à une consultation générale sur la
proposition de plan de développement 1993-1995 d'Hydro-Québec.
Nous en sommes au dernier bloc de nos travaux de la journée. Nous aurons
une période d'échanges et de questions qui durera environ 1 h 30,
et le temps est réparti comme suit: 20 minutes pour la formation
ministérielle; suivront ensuite 20 minutes pour l'Opposition officielle
et 5 minutes pour le député de Drummond. Et nous reviendrons
ensuite avec 20 minutes pour la formation ministérielle et 20 minutes
pour l'Opposition officielle, pour terminer avec 5 minutes pour le
député de Drummond. Ensuite, nous conduirons nos travaux avec les
principales interventions de clôture, que ce soit de la formation
ministérielle, de l'Opposition et du député de Drummond.
Alors, j'invite maintenant M. le député de Saint-Hyacinthe pour
les 20 minutes de la formation ministérielle.
Exigence de dépôts en garantie
M. Messier: Merci, M. le Président. J'aimerais
vérifier la cohérence du discours et la réalité que
nous vivons, chacun dans nos comtés, avec soit M. Couture ou M. Drouin
M. Couture, que j'ai rencontré il y a peut-être quelques
semaines, et j'ai déposé une plainte à son égard,
et je n'ai pas eu de feed-back par rapport à ça. Je voudrais
savoir, parce qu'on lisait dans le discours de M. Drouin, aux pages 9 et 10,
qu'HydroQuébec était pour la concertation régionale, et on
voulait, peut-être en page 10, intégrer un volet économique
en concertation avec des organismes régionaux, donc commencer à
s'impliquer possiblement financièrement dans le développement
économique régional.
Ma question vient de l'article 411 des règlements concernant les
dépôts. Et je pense que la question a été
posée. Malheureusement, n'étant pas membre de la commission
parlementaire, j'ai demandé à remplacer quelqu'un aujourd'hui
pour vous poser la question en commission parlementaire concernant l'article
411. Il me semble que vous avez travesti un petit peu le mot ou le verbe
«pouvoir» par le mot «devoir». Au niveau de l'article
411, au niveau des dépôts, il est indiqué que la
société peut exiger des dépôts. Et vous l'avez
travesti en disant qu'on dit que la société «doit».
Donc, vous le faites pour l'ensemble des commerces, l'ensemble des entreprises.
J'ai soumis un cas, on peut le dire ouvertement, Olymel. Et vous exigez, suite
à une simple fusion de deux organismes Olympia et Turmel
vous exigez un dépôt de 500 000 $ pour strictement une fusion
d'organismes, un changement de raison sociale. Et j'ai fait part de certaines
appréhensions vis-à-vis de l'organisme tel quel pour
régler ce dossier. Je pense que vous nuisez au développement
économique du Québec lorsque vous faites une... «coast to
coast». C'est-à-dire que, sans regard au passé des clients
que vous avez, vous exigez des dépôts relativement importants.
Ma première question vient du fait que vous avez des mauvaises
créances de 55 000 000 $ de prévues pour 1993. J'aimerais savoir
les mécanismes que vous avez mis en place pour diminuer d'autant ces
mauvaises créances. Et j'ai d'autres questions à vous poser quant
aux mécanismes de crédit que vous faites.
M. Drouin: Alors, je vais demander à M. Lanoue de vous
répondre.
M. Messier: Monsieur?
Une voix: Lanoue. (15 h 20)
M. Lanoue (Roger): Roger Lanoue. Nous avons mis plusieurs
mécanismes en place, effectivement, pour réduire les mauvaises
créances de la situation où on est. Il faut être conscient
que nous avons à organiser l'obtention de quelque 6 500 000 000 $ de
revenus et que, dans la période économique difficile que nous
vivons, ce n'est pas forcément facile à organiser. Ce qu'on perd
se répercute et se chiffre en mauvaises créances. On en a une
grande partie au résidentiel. Et, pour le résidentiel, les
principaux moyens d'action que nous avons mis en place sont les suivants:
premièrement, être beaucoup plus systématiques dans la
prise de renseignements des clients résidentiels lorsque, en
particulier, ils déménagent ou emménagent;
deuxièmement, une campagne, qui a commencé ce mois-ci, pour bien
faire connaître nos pratiques de facturation et de recouvrement à
tout le monde; et, troisièmement, être beaucoup plus proactifs
pour rappeler les clients qui ont négligé de payer leur compte,
avant que ces comptes-là ne deviennent trop gros, et donc avant qu'ils
n'aient un niveau d'endettement qui rende difficile le remboursement.
Dans le marché clientèle d'affaires, donc
clientèles commerciale et industrielle, les principaux moyens mis en
place sont, d'abord, la prise de dépôt lorsqu'il y a, comme je le
disais hier, un nouveau risque financier. C'est le cas, par exemple, d'Olymel.
Quand une compagnie change sa raison sociale, que les responsables deviennent
différents, en ce qui nous concerne, comme risque financier, ça
devient un nouveau risque, un nouvel abonnement. Et, dans ce sens-là,
nous sommes en négociations avec Olymel pour déterminer un
dépôt ou une garantie de paiement pour l'ensemble des commerces
coiffés par Olymel.
Deuxièmement, il y a aussi, évidemment, des pratiques
beaucoup plus diligentes de rappel, de contact avec les responsables des
comptes, de façon, là encore, à ce que les comptes
n'augmentent pas dans le temps.
M. Messier: Mais, est-ce que vous prenez pour acquis que le
passé est garant de l'avenir? Donc, la garantie que Olympia avait avec
vous, ou que Turmel avait avec vous, était relativement bonne, sinon
excellente, et le fait de fusionner deux organismes, vous considérez
ça comme un nouveau risque, et là vous devez, en tout cas, vous
exigez je pense que l'approche clientèle fait défaut
à ce niveau-là pour une certaine période de temps.
D'ailleurs, la fusion s'est faite il y a un an, et c'est par mégarde
qu'on vous a avisés, je pense, à ce niveau-là. Et c'est
vraiment là que vous exigez 500 000 $ de dépôt. Donc,
l'entreprise doit garantir ça. Ça va lui coûter une affaire
comme quelque 30 000 $ pour quatre ans, et je trouve un petit peu aberrante
cette solution. Je l'avais déjà posée à M. Couture
et je n'ai pas eu nécessairement de feed-back par rapport à
ça, mais je pense qu'il y a une dichotomie entre la
réalité et votre discours. Vous voulez être proactifs mais,
d'autre part, vous exigez des garanties, il me semble, un petit peu trop fortes
des entreprises.
M. Lanoue: II faut voir si c'est trop fort. On veut offrir aux
clients un service prévenant et personnalisé, oui, un service
prévenant et personnalisé en échange de revenus que le
client doit payer. On peut mettre beaucoup d'énergie pour s'assurer que
le client reçoit d'Hydro-Québec les services dont il a besoin,
mais, en retour, il faut se faire payer; c'est aussi une responsabilité
qu'on a vis-à-vis de l'ensemble des clients d'Hydro-Québec.
Alors, pour ce faire... Le contexte a évolué
récemment, et nous avons maintenant une nouvelle loi canadienne des
faillites qui rend la faillite plus facile qu'avant. Par cette même loi,
nous ne sommes plus un créancier privilégié. Alors,
étant donné que, dans notre type d'affaires, une utilité
publique, ce crédit de l'ensemble de l'électricité qui est
consommée par le client... Nous sommes persuadés que la tendance
lourde, dans les utilités publiques de gaz et
d'électricité à travers le Canada, va être de plus
en plus d'exiger des dépôts de la part des clients commerciaux et
industriels.
Et, comme vous l'avez signalé, c'est presque par mégarde,
dans le cas d'Olymel, que nous l'avons su. C'est exact. Parce qu'il est
physiquement impossible,
pour Hydro-Québec, de suivre la solvabilité des 330 000
comptes commerciaux et industriels qu'on peut avoir. On ne peut pas demander
à Hydro-Québec de suivre, dans le temps, la solvabilité de
chacun, donc on s'en remet à la bonne foi et à la bonne
volonté des clients pour nous informer de la responsabilité
légale de chacun des abonnements que nous devons desservir.
M. Messier: Vous me dites que...
Le Président (M. Audet): Monsieur, monsieur, excusez. M.
Drouin voulait ajouter là-dessus.
M. Drouin: Je veux juste mentionner, d'une façon
générale, que c'est vrai qu'on ne peut pas dire que le
passé est garant de l'avenir. Je veux dire, regardez le contexte
économique actuel et regardez les entreprises comme on les
connaît. Qu'on prenne Olympia & York, qu'on prenne le Trust
Général, qu'on prenne toutes les entreprises qui sont des
clients, bien sûr, à un moment donné ou l'autre, de
l'entreprise, on ne peut pas prendre de risques comme on en prenait avant. La
loi de faillite a été amendée. Elle ne nous protège
plus sur le plan des privilèges. Ça a un impact important sur
l'entreprise puisque nous tombons au rang d'un créancier ordinaire. Et,
dans ce sens-là, c'est important qu'on prenne aussi des mesures, parce
que l'impact là-dessus, c'est que tout l'argent qu'on perd au niveau des
mauvaises créances a un effet sur l'ensemble du reste de la
clientèle.
Alors, c'est vrai qu'on ne peut pas prendre pour acquis que le
passé est garant de l'avenir. Bien sûr, on ne s'est pas
adressé à tous nos clients pour dire: Envoyez-nous un
dépôt, mais lorsqu'il se présente une situation nouvelle...
Et j'ai eu sur mon bureau des cas tout à fait, comme je vous dis,
difficiles à refuser, mais si on établit une règle et
qu'on y passe outre, je veux dire, à ce moment-là, on n'a plus de
raison de la tenir. Quand la FTQ a déménagé, je veux dire,
c'était un nouveau client pour nous autres, dans de nouvelles
circonstances, et puis il y a un dépôt qui a été
versé. Je ne peux pas prendre d'exemples, mais il y en a partout, de ces
exemples-là de personnes pour lesquelles, si on ne fait pas...
Vous savez, ceux qui sont en retard de plus de 30 jours: 537 000
clients. Et alors, il faut qu'on fasse quelque chose. Ce n'est pas juste une
question de mettre des avocats en marche et des choses comme ça, c'est
de prévenir le mal. Et c'est pour ça qu'on est obligés de
le faire, à notre grand désarroi, croyez-nous. C'est la loi qui a
changé et qui nous empêche d'être privilégiés
là-dessus. Le ministère du Revenu, autrefois, et
HydroQuébec étaient privilégiés. Regardez l'affaire
de Malenfant, on a été obligés d'aller en cour pour savoir
si on restait privilégiés ou pas. Le ministère du Revenu a
gagné là-dessus parce que ça s'est fait, apparemment, le
changement de la loi de faillite, et ça a été maintenu par
le tribunal. Mais, à partir de maintenant, on est dans une situation
où... Combien de faillites, en 1992, auxquelles on a fait face? 5500
faillites. Ça, c'est des cho- ses... On ne peut plus rien
récupérer si on n'est pas privilégiés. C'est
zéro en termes de récupération.
M. Messier: Peut-être ma dernière intervention, M.
Drouin. J'aimerais ça qu'Hydro-Québec utilise du discernement. Le
règlement vous dit que vous pouvez faire du cas par cas, et là
vous le faites... vous devez, c'est-à-dire que vous demandez à
tout le monde de... Les cas que j'ai vus, vous le demandez à tout le
monde. Le règlement vous dit très bien que vous pouvez le faire.
Donc, utilisez le cas par cas et regardez, pour le meilleur
développement économique du Québec, ce que vous êtes
capables de le faire. Je vais laisser la parole à mon collègue,
Yvan.
Le Président (M. Audet): Vous avez terminé, M. le
député? M. le député de l'Acadie, vous souhaitez
intervenir? Vous avez la parole.
Maisons d'hébergement (suite)
M. Bordeleau: Oui. Parfait. Merci, M. le Président. M.
Drouin, je voudrais revenir sur l'intervention qu'on a eue juste avant de
quitter pour l'heure du lunch, sur la question des résidences pour
personnes âgées. L'intervention dont il a été
question à ce moment-là référait à des
résidences de moins de neuf chambres. Je voudrais peut-être
élargir cette question-là aussi, parce qu'il faut bien se situer
dans le contexte où une personne qui va en résidence, une
personne âgée, au fond, elle n'y va pas par choix. C'est sa
résidence à elle et, pour toutes sortes de considérations,
elle doit aller en résidence, et ça devient sa résidence
permanente au même titre que si elle était demeurée dans sa
résidence. Et ça n'a rien à voir avec le fait qu'une
personne doive aller dans une résidence de moins de neuf chambres ou de
plus de neuf chambres. Alors, fondamentalement, ce qu'il faut retenir, c'est
que l'individu qui va s'établir dans une résidence, peu importe
la grandeur, y va et s'établit là d'une façon permanente.
Alors, qu'est-ce qui justifie que cette personne-là, au moment où
elle demeure dans sa résidence ou dans son logement, paie un tarif
domestique et, au moment où elle doit aller s'établir dans une
résidence, est sujette à un tarif qui est commercial? Et
ça a directement une incidence c'est évident sur le
prix qu'elle va payer pour vivre dans cette résidence-là. Alors,
ça veut dire qu'une personne âgée qui va vivre en
résidence doit payer un tarif commercial et va payer plus cher son
électricité que la personne qui, elle, peut demeurer dans sa
maison ou dans son logement. Alors, ce point-là, au fond, me
paraît un point qu'on doit retenir. Et aussi le fait qu'une
résidence pour personnes âgées, ce n'est pas une entreprise
commerciale. Ce n'est pas un hôtel où les gens passent et ont
toutes sortes de services et sont là d'une façon très
temporaire. Là, il s'agit d'un cas où la personne
s'établit là d'une façon permanente. Alors, ça ne
me semble pas du tout être le cas d'une entreprise commerciale et
comparable à une entreprise commerciale. (15 h 30)
Dans ce contexte-là aussi, il faut rappeler que ce genre
d'entreprises là est exempt des taxes d'affaires. Alors, c'est une
façon de reconnaître que ce n'est pas une entreprise commerciale.
L'autre raison qui démontre clairement que ce n'est pas une entreprise
commerciale, c'est que les résidences pour personnes âgées
sont assujetties à la Régie du logement qui a juridiction
exclusive à l'égard du logement non commercial.
Alors, on considère, à ces différents niveaux
là, qu'il ne s'agit pas d'entreprises commerciales, alors
qu'Hydro-Québec utilise les tarifs commerciaux pour ces
logements-là. Alors, il me semble qu'il y a une question
d'équité, aussi, là-dedans et qu'on doit prendre en
considération, indépendamment de la limite du neuf, qui me semble
artificielle, qu'il s'agit de personnes qui vont résider là et
que ça devrait être considéré comme basé sur
le tarif domestique et non pas sur le tarif commercial. Parce que les gens,
indirectement, les personnes âgées, vont avoir à payer plus
cher si on leur charge un tarif commercial et ils devront assumer des
coûts qui ne sont pas équitables comparativement aux gens qui
vivent dans un autre contexte.
M. Drouin: M. Bolduc pourrait vous donner des
éléments là-dessus.
M. Bolduc: Les critères qui font qu'un client est
considéré comme résidentiel ou, il faut bien le dire, la
catégorie qui s'appelle le tarif G ou M, ça s'applique au
commercial, à l'institutionnel et à l'industriel en fonction
d'une catégorie d'usage. Le mot «commercial» n'est qu'un des
volets de ce genre de tarif. L'aspect commercial n'est pas un des
critères qui détermine l'appartenance à une
catégorie tarifaire ou une autre, c'est l'aspect de la nature de la
charge. Une charge de nature résidentielle, c'est-à-dire une
charge qui correspond à un format de consommation d'une résidence
normale où il n'y a pas d'autre activité que, disons, le vivre et
le couvert, comme on l'appelle, nous amène à calculer des
coûts de fourniture qui sont à la base du tarif D. D'autres
clients, qui comprennent des institutions comme les hôpitaux, les
écoles et toutes sortes de clientèles qui n'ont pas
nécessairement des vocations commerciales, mais qui ont une forme de
charge qui est différente du résidentiel, se voient appliquer les
tarifs G ou M à cause de la nature des coûts de fourniture qui
sont entraînés par ces catégories-là. Il est
évident, et je le dis en passant, que si on parvenait, comme on essaie
de le faire, à corriger l'interfinancement qui existe entre les deux
catégories, beaucoup des problèmes qui sont soulevés par
ces appartenances à une catégorie disparaîtraient. Et c'est
un peu des retombées de notre situation d'interfinancement excessive que
nous voulons corriger.
Il reste que nous sommes conscients, et nous avons entrepris et nous
continuons maintenant, compte tenu de l'évolution de certaines
institutions qui ont passé d'un caractère plus d'institution
parahospitalière, si je peux dire, vers des institutions beaucoup plus
petites, décentralisées, qui se rapprochent d'une vocation
résidentielle... Nous sommes conscients qu'il y a une zone grise qui
devient de plus en plus difficile à trancher, et nous sommes activement
dans, disons, une démarche très avancée pour
établir des critères qui vont faciliter beaucoup mieux la tenue
en compte d'un caractère vraiment résidentiel. Les
résidences pour personnes âgées qui vont répondre et
qui vont se rapprocher d'une charge domiciliaire vont, à ce
moment-là... Dans quelques mois, nous pensons pouvoir arriver à
des critères qui vont mieux permettre de tenir compte de cette nouvelle
réalité là qui est de plus en plus présente au
Québec. Je peux vous promettre que toute charge qui va s'apparenter au
résidentiel, qu'elle soit même sous une forme de vocation plus
institutionnelle, va nous amener à en tenir compte dans
l'établissement de ces critères-là. Toutes les pressions
que nous recevons vont nous amener très rapidement, maintenant, à
mieux établir ce partage.
M. Bordeleau: Je voudrais juste rappeler, à ce
niveau-là, qu'il y a eu des démarches qui ont été
entreprises auprès d'Hydro-Québec, en novembre 1991, sur ce
problème-là en particulier, et on est en 1993. Alors, c'est
évident que s'il doit y avoir une décision dans les mois qui
viennent, je pense que ce sera apprécié.
Juste en terminant... Est-ce que vous pourriez nous dire c'est quoi la
différence de pourcentage entre le tarif domestique et le tarif qui est
appliqué aux résidences pour personnes âgées?
M. Bolduc: Ça peut aller jusqu'à 35 % à 43 %
de différence.
M. Bordeleau: Alors, ça...
M. Bolduc: C'est une différence énorme à
cause du problème, en particulier...
M. Bordeleau: Ça demeure une différence...
M. Bolduc: ...de l'interfïnancement. C'est pour ça
que nous sommes très, très conscients de la
problématique.
M. Bordeleau: Alors, ça demeure une différence
importante en fonction de la catégorie de clientèle qui est
touchée et qui a une marge de manoeuvre, souvent, qui est relativement
limitée. Alors, on souhaite qu'une solution soit apportée le plus
rapidement possible là-dessus. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Sur le même
sujet, je voudrais peut-être ajouter un élément qui
pourrait aider à la reconsidération du dossier des centres
d'accueil. J'ai eu à en parler même ce midi, avec le
président, il n'y a pas de cachette. Vous savez que, bien souvent, les
personnes âgées qui y résident n'ont que leur pension de
vieillesse comme revenus, et quand bien
même que le propriétaire voudrait aller chercher un
pourcentage additionnel, ce serait une incapacité pour la personne d'y
demeurer à l'intérieur. Je pense que c'est un argument qui est
assez fort dans la balance, parce qu'on est portés à croire que
ces gens-là, il leur reste bien de quoi. C'est à peu près
100 $ qu'il leur reste, comme dans les centres d'accueil, comme dans les autres
institutions d'ordre public. On sait que, bien souvent, c'est dans ces
endroits-là, qui ont quand même des soins assez extraordinaires
pour l'argent qu'ils ont à débourser, et je pense que,
étant associés au tarif commercial, ils n'arrivent pas, c'est
clair. J'ose espérer qu'on pourra mettre de l'ordre dans ces 8000
clients dont la responsabilité vous incombe, je crois.
M. Drouin: M. le Président, effectivement, Mme la ministre
de l'Énergie de même que le leader de l'Opposition m'ont fait part
d'un dossier se rapportant à ce problème des centres d'accueil,
et nous allons apporter une attention toute spéciale à ces
dossiers.
M. Chevrette: Merci. Donc, il nous reste peu de temps cet
après-midi pour regarder certains aspects, mais je voudrais vous
entendre, dans un premier temps, sur l'étude sur la tarification
d'Hydro-Québec faite par Robert McCullough, qui est un Américain
qui a fait une étude assez approfondie, poussée, qui a fait
l'objet d'une parution dans les journaux, en juin dernier, si ma mémoire
est fidèle, étude que j'ai eu la chance également de
regarder. C'est assez volumineux, merci. C'est assez technique aussi. Mais on
sait que M. Robert McCullough allait jusqu'à prétendre
qu'Hydro-Québec devrait augmenter ses tarifs d'une façon
extraordinaire: 310 % d'ici l'an 2010 je vous avoue que ça prend
un bon verre d'eau pour avaler ça et puis 60 % d'ici 1999. Est-ce
que vous avez pris connaissance de cette étude?
M. Couture: M. le Président, en réponse à la
question de M. le leader de l'Opposition, je voudrais dire que nous avons
rencontré M. McCullough suite à la publication de son
étude. Nous avons regardé avec lui les différents
paramètres qui avaient servi dans le modèle et nous avons
posé une série d'une cinquantaine de questions qui nous
apparaissaient être des hypothèses à corriger ou des
calculs à corriger. Nous attendons toujours la réponse de M.
McCullough, qui, aujourd'hui, nous demande nos propres modèles pour
essayer d'opérer avec nos propres modèles d'ordinateurs pour
essayer de refaire ces calculs-là.
M. Chevrette: O.K. Mais vous n'avez pas eu d'autres
échanges depuis que vous vous êtes rencontrés?
M. Couture: Nous avons régulièrement des
rencontres, particulièrement dans le contexte d'un accord que nous avons
passé avec les Cris, dans le contexte de l'étude du projet
Grande-Baleine. Nous nous rencontrons toutes les semaines et nous faisons des
échanges techniques. Nous leur donnons les modèles de calcul que
nous faisons, mais nous hésitons un peu plus à fournir les
modèles d'ordinateurs qui ont été développés
et qui sont notre propriété, de sorte que nous donnons les
méthodes de calcul, les «flow sheets», comme on les appelle,
mais nous sommes toujours en discussion avec eux.
M. Chevrette: La base de leur comparaison se fait avec quelle
centrale américaine?
(15 h 40)
M. Couture: Je ne pourrais pas vous dire quelle centrale
américaine, mais, M. McCullough vient de Bonneville Power, il y a
plusieurs années. Alors, nous avons rencontré les gens de
Bonneville Power pour essayer de voir un peu plus, de comprendre les
modèles qu'ils utilisaient et nous n'avons pas réussi à
avoir une liaison directe avec la compagnie Bonneville Power.
Chauffage à l'électricité
M. Chevrette: Bon. On va revenir à du plus pointu.
Chauffage à l'électricité. Quelle est la partie du tarif D
qu'on pourrait considérer dans le chauffage? Il y a des proportions de
faites, sans doute. On sait qu'il y en a pour l'éclairage
général, la climatisation, mais le chauffage comme tel, ça
représente quoi?
M. Drouin: Vous parlez du domiciliaire, sans doute?
M. Chevrette: Oui, oui. Parce qu'on fera la distinction avec le
commercial après.
M. Roy: La proportion du chauffage dans la consommation
résidentielle... Bon, j'ai ça ici. Je m'excuse du petit
délai. Je vous donne les chiffres en 1992 pour 43 TWh de consommation au
secteur domestique. Le chauffage représente...
M. Chevrette: Voulez-vous parler un petit peu plus fort, M. Roy?
Je ne vous entends pas.
M. Roy: Je m'excuse. En 1992, sur 43 TWh, le chauffage
représentait 20 TWh, un peu moins que la moitié. Le chauffage
d'espace, on s'entend bien.
M. Chevrette: En termes de profit, c'est les mêmes
proportions?
M. Roy: Disons que nos méthodes d'évaluation de
coûts de fourniture fonctionnent sur la base des grands marchés
dans le domestique: le G, le M, le L. Nous faisons certaines tentatives
d'évaluation par usage même à l'intérieur des
marchés. Ça donne des résultats approximatifs. Sur cette
base-là, je vous dirais que le chauffage est un usage qui a tendance
à être un peu plus rentable que le reste de nos usages
domestiques.
Si on considère l'ensemble de la charge domestique, on a trois
grands usages qui sont: le chauffage d'espace, le chauffage de l'eau et les
électroménagers. La partie chauffage, selon nos
évaluations à l'intérieur
du modèle domestique, est au moins aussi rentable que les autres,
probablement un peu plus rentable pour nous que les autres usages, la raison de
ça étant certaines personnes trouvent ça surprenant
que le chauffage... Il ne faut pas oublier qu'on a une tarification
à deux tranches progressives et que le chauffage électrique paie
en grande majorité la deuxième tranche, qui est 20 % plus
élevée que la première.
M. Chevrette: II y a des groupes environnementaux qui ont
prétendu que, par exemple... Pas environnementaux, ce sont des groupes
industriels qui ont prétendu devant nous que le chauffage à
l'électricité coûtait une fortune à
Hydro-Québec et que, même à certaines périodes de
pointe, vous vous serviez de la centrale au mazout de Tracy, donc, vous
polluiez pour fournir de l'électricité à un coût x,
de sorte que ce n'était pas rentable. Je voudrais vous entendre
là-dessus.
M. Roy: Comme vous dites, ils ont prétendu. Ce qu'on vous
a dit ce matin, c'est que l'usage domestique, en général,
génère une marge bénéficiaire de l'ordre de 7 %,
et, ce qu'on vous a dit aussi, c'est inférieur à ce qu'on
pourrait souhaiter. Le chauffage respecte à peu près cette
même rentabilité, tout étant compté et tout pris en
compte. Le fait que, évidemment, le chauffage est fortement
concentré dans les périodes de pointe, l'optimisation de notre
réseau et la façon dont on l'organise prend ce fait en compte.
Et, dans l'évaluation de nos coûts de fourniture, ces
phénomènes sont comptés. Le secteur domestique nous
coûte effectivement 0,05 $ le kilowattheure par rapport à 0,03 $,
par exemple, pour la grande puissance. Mais on vend à 0,055 $, 0,06 $ et
on génère un bénéfice, comme je vous ai dit, de 7 %
pour l'ensemble de l'usage.
Programme de biénergie
M. Chevrette: Le programme de biénergie, vous êtes
assez muets sur ça. Est-ce à dire que vous allez le laisser
tomber, est-ce que vous allez exclusivement répondre à la demande
de vos clients en fonction de l'hydroélectricité, ou s'il reste
quelque chose d'important au niveau de la biénergie?
M. Roy: ce qu'on constate, c'est que la biénergie, dans le
cas d'une résidence neuve, c'est difficile à vendre. même
si on en faisait la promotion, dans une résidence neuve, avec les normes
d'isolation, le chauffage électrique est à peu près 30 %
meilleur marché que n'importe quelle autre source de chauffage. alors,
la biénergie, c'est utile pour la transformation de systèmes de
chauffage, pour les rendre plus efficaces. par exemple, les maisons qui ont un
chauffage à l'eau ou un chauffage à l'air chaud, on va remplacer
la fournaise par une fournaise à biénergie et, par
conséquent, amener des économies intéressantes, d'autant
plus que tout le système dans la maison n'a pas besoin d'être
changé. alors, nos programmes de biénergie s'adressent à
ce type de marché là qui est bon pour les entrepreneurs en
plomberie, etc. Mais aller s'engager je sais qu'il y a eu des
représentations de faites dans un programme de biénergie
à l'intérieur des maisons nouvelles, je veux dire, c'est un
marché qui est quasiment mort en partant à cause de la
différence énorme entre les prix. si vous me permettez, m. le
président, juste sur la question du chauffage... on entend souvent
ça, que chauffer à l'électricité, c'est utiliser
une énergie noble pour des fins de chauffage. on entend ça
régulièrement, des gens nous disent ça. mais il ne faut
pas oublier une chose. si on chauffait à l'électricité qui
est produite par une centrale au charbon, à l'huile, au gaz, dont le
degré d'efficacité est peut-être de 60 %, 65 %, 70 %
maximum, c'est clair que ce ne serait pas pratique. mais chauffer à
l'électricité lorsqu'on produit de l'électricité
avec de l'eau et dont l'efficacité de production
énergétique est de l'ordre de 95 %, là, c'est
réellement rentable de faire ça. dans 20 ans, on ne va
peut-être plus en avoir, des centrales hydroélectriques. mais
quand on regarde l'histoire du québec comme telle, on a commencé
à se chauffer au bois. après ça, c'a été du
charbon, après ça, c'a été de l'huile, puis,
aujourd'hui, c'est de l'électricité. dans 20 ans d'ici, il y aura
peut-être d'autres formes de chauffage, mais, en attendant, pour
l'ensemble des québécois, se chauffer à
l'électricité, ce n'est pas vrai que c'est un gaspillage.
M. Chevrette: Quel est le parc présentement à la
biénergie? À combien vous évaluez le parc de...
M. Roy: II y a environ, en gros, au secteur résidentiel,
100 000 clients. Puis, il ne faut pas oublier, pour ajouter aux propos de M.
Drouin, qu'on est aussi actifs dans les secteurs commercial, institutionnel et
industriel, où il y a 7000 clients environ. On est actuellement actifs
à installer de la télécommande puis à changer
toutes les modalités de gestion de ces clients-là. Donc, on
continue à être actifs dans la biénergie. Au secteur
résidentiel, on a un programme actif, actuellement, de conversion.
Coûts du chauffage selon les types
d'énergie
M. Chevrette: m. drouin, vous avez affirmé que
c'était 30 % de moins, une maison chauffée à
l'électricité, par rapport à d'autres types
d'énergie.
M. Drouin: Dans une nouvelle construction.
M. Chevrette: Est-ce que vous soutenez ces mêmes chiffres
dans le commercial?
M. Drouin: Bien non!
M. Chevrette: Dans le commercial, est-ce que vous êtes
d'accord avec ceux qui prétendent que ça coûte beaucoup
moins cher avec, par exemple, le gaz naturel qu'avec
l'hydroélectricité?
M. Drouin: Dans certains cas, oui.
M. Chevrette: Pourquoi dites-vous «dans certains
cas»?
M. Drouin: bien, c'est parce que ça dépend si c'est
une ancienne installation ou une nouvelle installation et, enfin, comment c'est
organisé. mais c'est clair que, quand on a une marge
bénéficiaire de 40 % et quelques sur l'électricité
qui est vendue au commercial, on fait plus d'argent, donc ça coûte
plus cher à celui qui se sert de l'électricité. par
conséquent, le gaz est plus compétitif, à ce
moment-là. mais ce qu'on constate aussi, c'est qu'il y a près de
50 % des clients qui pourraient s'en aller à l'utilisation de
l'électricité pour des fins de chauffage et payer meilleur
marché, s'en aller vers le gaz, puis qui n'y vont pas pour d'autres
raisons que des raisons financières.
M. Chevrette: Quelles sont les raisons, selon vous?
M. Drouin: Bien, je vais vous donner un exemple. Un centre
d'achats qui serait chauffé au gaz, comment attribuer à chacun
des locataires le prix du chauffage attribué à ça, sinon
par des nonnes de pieds carrés, alors qu'on peut avoir des compteurs? Il
y a toutes sortes de choses qui entrent en ligne de compte. On a une
étude puisque je pense que vous aimez qu'on produise des
études fort intéressante sur le chauffage de l'espace et
le rôle des formes d'énergie...
M. Chevrette: Je ne l'ai pas, celle-là, M. Drouin. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Drouin: ...mais qui donne un peu ces tendances-là. Vous
savez, dans les maisons, dans les blocs d'appartements... On a vécu
ça à plusieurs endroits. La transformation du chauffage de
l'électricité au gaz d'un bloc d'appartements, il y a des
pétitions signées par des locataires à l'effet qu'ils ne
veulent pas avoir le gaz dans le bloc d'appartements. On le voit, ça. Je
veux dire, c'est concret, ce que je vous dis là. Alors, ce n'est pas
juste une question de prix, c'est une question aussi d'habitude, de tendance et
je le dirai entre guillemets de caprice. (15 h 50)
M. Chevrette: Mais est-ce que ce n'est pas inquiétant?
Parce que vous le dites vous-même: Dans 20 ans, moi, je ne sais pas ce
qui arrivera. Est-ce que ce n'est pas inquiétant qu'il y ait une seule
source d'énergie, par exemple l'hydroélectricité,
là? S'il y a une conversion éventuelle à bon
marché... On sait très bien que les normes de construction ne
sont pas modifiées, donc ça coûterait une fortune à
des gens pour se convertir à une source d'énergie moins
coûteuse. Est-ce que vous ne croyez pas que... Je comprends que ce n'est
pas tout le monde qui va retourner à une énergie polluante.
Ça n'a pas l'air à être la tendance, actuellement, mais il
y en a qui retournent au bois, par exemple, de plus en plus.
M. Drouin: Oui, oui. Écoutez, nous, là...
M. Chevrette: Au maïs.
Une voix: Ils chauffent au maïs.
M. Drouin: oui, oui. tout ce qu'on dit, là-dessus, c'est
qu'on laisse les forces du marché jouer dans ça. là
où on peut agir sur le marché parce qu'il y a une
rentabilité puis parce qu'il y a une demande sur le marché, tant
mieux. mais, ce que je voulais dire, tu sais, c'est tout le concept de ce que
le québec a fait en termes de se donner une autonomie
énergétique, à partir des années soixante-dix,
quand les premières crises du pétrole sont arrivées. je
veux dire, c'est tout ce concept-là qui est en place. ne nous leurrons
pas. ce ne sont pas juste les programmes d'hydro-québec. c'est le
programme du canada, c'est le programme du québec, c'est le programme
des compagnies d'électricité. alors, c'est tout ce
concept-là qui fait en sorte qu'aujourd'hui là on a le
marché d'électricité, au québec, qui est de 70 %.
95 % des nouvelles résidences, au québec, au moment où on
se parle, quand même qu'on agirait sur le marché, 95 % des
résidences et je suis très conservateur c'est le
chauffage électrique. l'entrepreneur ne veut rien savoir. c'est le
meilleur coût possible, 30 % d'économie. l'acheteur est
intéressé par ça et puis c'est une maison qui est bien
isolée. il y a des normes, vous les avez évoquées
vous-même, les normes de r-2000, etc.
On a essayé, aux Îles-de-la-Madeleine, de forcer du monde
à utiliser le pétrole en subventionnant le pétrole, parce
qu'on a une centrale au diesel. Les gens paient de 1000 $ à 2000 $
additionnels par foyer . Il y en a 35 % de ça qui paient de 1000 $
à 2000 $ additionnels par foyer pour rester à
l'électricité, malgré les subventions qu'on leur donne.
Alors, c'est un peu ça, là, qui est...
M. Chevrette: Je n'ai pas l'intention de commencer une
confrontation...
M. Drouin: Non, non.
M. Chevrette: ...sur des chiffres avec le gaz naturel, mais c'est
parce qu'il y a des chiffres qui émanent même du ministère
de l'Énergie, que j'ai vus et qui mettent en comparaison le mazout,
l'électricité, le gaz naturel. Ça sort du
ministère. Ce sont des documents publics. Mme la ministre, pas
d'enquête, s'il vous plaît.
M. Drouin: Puis notre document l'évoque.
M. Chevrette: On peut comparer, à ce moment-là, les
différentes utilisations. Mais ce serait intéressant d'avoir un
forum dans lequel chaque tenant de l'énergie pourrait expliciter ses
données, puis qu'on puisse voir les tenants et aboutissants de tout
cela. Parce que ce qui est toujours embêtant, en l'occurence avec vous
autres, c'est que vous faites les projections pour les autres,
vous établissez les coûts pour les autres, vous faites des
projections de prix pour les autres, puis on ne peut pas avoir les autres pour
vous confronter.
M. Drouin: Je ne veux pas qu'il y ait méprise. Quand j'ai
parlé du prix de l'électricité, du chauffage
électrique versus le gaz, je n'ai pas parlé juste du coût
de l'énergie comme tel.
M. Chevrette: Non, non. Vous avez parlé du coût
d'installation.
M. Drouin: C'est ça. Puis l'immobilisation qui...
M. Chevrette: J'ai compris. Je ne suis pas vite, mais assez pour
ça! J'ai compris ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On ne peut rien lui apprendre.
M. Chevrette: Pour les faibles revenus, M. Drouin, il y a
plusieurs mémoires, je ne dirai pas la majorité, mais il y a une
bonne dizaine de mémoires qui ont parlé de tarification
spéciale pour les faibles revenus, ce qui pourrait peut-être
éviter les fameuses mauvaises créances dont vous parliez
tantôt, qui se situent, m'a-t-on dit, à 25 000 000 $.
M. Drouin: Plus que ça.
M. Chevrette: Je pense que j'ai entendu ça de votre
bouche, ce matin.
M. Drouin: Plus que ça.
M. Chevrette: Ce n'est pas une information que je détiens
d'ailleurs, c'est de vous.
M. Drouin: Celles que vous détenez de nous autres sont
aussi fiables que celles que vous obtenez par la bande.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: J'allais dire, M. Drouin, que même certaines
informations par la bande sont écrites, alors que les vôtres sont
nuancées verbalement et ne correspondent pas à
l'écrit.
M. Drouin: Alors, votre question...
M. Chevrette: Avez-vous pensé établir une
tarification pour les faibles revenus en concertation, par exemple, avec le
ministère du Revenu ou, je ne sais pas, avec la Sécurité
du revenu ou quelque chose du genre?
M. Drouin: La réponse, c'est oui, on y a pensé, et
le résultat de cette pensée-là, c'est qu'on a tendance
à ne pas y aller. La raison pour ça, c'est qu'on devient juge
dans un domaine qui ne nous regarde réellement pas, c'est-à-dire
de décider qui et à quel moment et quand une personne devient
eligible à un tel tarif ou à une telle condition. Il y a des
organismes, au gouvernement, qui sont chargés de ça, et je dois
vous dire qu'on s'en est sortis en disant: Ce n'est pas notre place,
réellement, que de se transposer en une agence de bien-être
social.
M. Chevrette: Là-dessus, on ne diverge pas d'opinions, M.
Drouin.
M. Drouin: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Drouin: Seulement là-dessus?
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Bien, c'est un commencement.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Drummond. Vous avez cinq
minutes.
Exigence de dépôts en garantie
(suite)
M. St-Roch: Merci, M. le Président. J'avais cru
comprendre, suite aux échanges que nous avions eus hier et ce matin,
avec les réponses à mon collègue de Laviolette et à
moi-même, concernant les garanties de paiement, qu'il y avait une
certaine ouverture de la part de la direction d'Hydro-Québec à
regarder et à atténuer. Mais suite aux réponses qui ont
été données à mon collègue de
Saint-Hyacinthe, vous me voyez encore bien plus inquiet, parce que je revois un
raffermissement, de dire: On reste conformes à ce qu'on a
déjà établi. Alors, ma question est celle-ci... Parce que
je suis inquiet, moi... Lorsqu'on regarde 500 000 $, là, pour une
entreprise je lisais ça par lettre de garantie ou par
dépôt, c'est tout un effet, ça, sur le fond de roulement.
Est-ce qu'on demande cette garantie-là, maintenant, pour tous ceux qui
veulent s'établir de nouvelles industries au Québec? Et ma
question va être plus précise. On a annoncé, voilà
trois ou quatre semaines, un grand complexe dans le parc de Bécancour.
Est-ce qu'on a exigé une lettre de crédit? Ou est-ce qu'on a
exigé un dépôt pour la consommation estimée de la
part de cette grande entreprise là?
M. Drouin: À quelle entreprise faites-vous allusion? C'est
juste pour...
M. St-Roch: Bien, celle qui a été annoncée
à Bécancour. Là, j'ai un blanc de mémoire. Celle
qui va...
M. Drouin: O.K.
M. St-Roch: ...produire un produit de base pour être
utilisé, là, au niveau de la pétrochimie.
M. Chevrette: Petresa?
M. Drouin: Petresa.
M. St-Roch: Oui, Metesa.
M. Drouin: Petresa.
M. St-Roch: Petresa.
M. Drouin: II faudrait que je puisse vérifier,
là.
M. St-Roch: Vous me voyez doublement inquiet avec votre
réponse, parce que plus j'écoute les échanges... Moi, je
regarde aussi dans votre plan de développement, et vous avez, au niveau
des électrotechnologies, un bon paquet de mégawatts, là,
à dire qu'on veut attirer les nouvelles industries. Or, quand je regarde
les mémoires qui ont été présentés devant
nous, là, des industries qui utilisent l'électricité,
avoir des comptes d'électricité de 30 000 000 $, 35 000 000 $ par
année, là, je pense qu'on va reconnaître que c'est
très fréquent. Pour faire des mathématiques simples,
disons 36 000 000 $. Ça voudrait dire que cette personne-là
serait obligée de vous déposer une garantie bancaire de 6000
000$...
M. Drouin: Alors, écoutez...
M. St-Roch: ...avant de s'établir ici. On met en danger,
je pense, le développement économique du Québec.
Bon, ça, ça va pour les nouveaux venus. Mais je regarde,
moi, un paquet de petites industries de chez moi, là. Je pense que
ça va être dangereux pour eux autres, là, si jamais ils...
On est à l'ère de l'informatique. J'admets qu'il y a eu 5000
faillites au Québec, et on est passés par une récession
qui est peut-être aussi pire que celle de 1929 ou 1930, à l'heure
actuelle, mais je ne comprends pas, moi, que, avec l'aide de l'informatique, on
ne peut pas donner une chance à un client, et dire, bien, au bout de 30
jours, quand il est en retard, si c'est dans le commercial, dans la
restauration, dans l'industriel, je le mets sur une cote d'alerte, et dans deux
mois, je lui envoie un avertissement, et deux mois après, là,
à ce moment-là, je lui dis: Ça s'en vient risqué,
c'est un risque qui s'accentue. Je vais lui demander un dépôt pour
poursuivre les affaires. Parce que moi, je suis drôlement inquiet,
là, aujourd'hui. Si vous ne regardez pas ça pour assouplir
ça, on va avoir toutes sortes de problèmes, et surtout en
région.
M. Drouin: Écoutez, je ne peux que répéter
ce que j'ai dit en réponse à une question tantôt. Vous
savez, l'ère de penser que les industries ou les commer- ces vont
toujours avoir une pérennité et être toujours solvables, le
gros point, dans ça, je le dis, et ça a un impact sur l'ensemble
de la clientèle d'Hydro-Québec, c'est que les amendements
à la loi de faillite ont changé le cours normal des choses, et il
est important pour nous qu'on prenne les mesures pour pouvoir percevoir les
sommes d'argent. Je veux dire, ce qu'on fait là n'a rien, absolument
rien de différent de ce qui se passe dans l'ensemble de l'industrie
électrique en Amérique du Nord. La seule différence, c'est
que nous avions peut-être manifesté, au cours de certaines
années, un laisser-aller dans la demande des dépôts en
question. Mais en Amérique du Nord, non seulement ça, mais dans
la plupart des cas, le dépôt qu'on demande, c'est pour tout le
temps. C'est-à-dire que là, actuellement, nous, on demande des
dépôts pour une période de quatre ans, mais en
Amérique du Nord, dans l'ensemble de l'industrie électrique, on
demande un dépôt jusqu'à la fin de l'entreprise, si je peux
dire. Donc, il y a toujours un montant d'argent laissé en fiducie chez
l'électricien pour garantir le compte de cette personne-là. (16
heures)
Vous savez, cette démarche-là dont vous faites
état, elle s'applique également dans la location d'espaces. Les
gens qui louent des espaces pour partir une industrie ou un commerce, le
propriétaire exige, au départ, un dépôt pour
garantir le loyer. On sait ça. Ce n'est rien de nouveau dans l'ensemble
de l'industrie. Je ne fais que répéter que nous sommes bien
ouverts à trouver toutes sortes de formules, mais ce qui est important,
c'est que l'on puisse percevoir les comptes afin d'éviter de rabattre
ces comptes-là sur l'ensemble des Québécois dans une
tarification additionnelle.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant passer
à la deuxième partie, le bloc ministériel. Vous avez 20
minutes, Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Coûts des grands projets
Mme Bacon: Pour respecter son engagement tarifaire à
l'inflation, Hydro-Québec souligne qu'elle devra également
contrôler le coût des projets majeurs de production et de transport
en cours de réalisation. Pour les projets en cours de construction,
à savoir Brisay, Laforge 1, La Grande 1, Bécancour, la
douzième ligne de transport, la réfection de Manie 5,
évidemment, Hydro-Québec s'engage à respecter un
coût total de 5 200 000 000 $. Est-ce que l'engagement de contrôler
les coûts des projets majeurs de production de transport ne serait pas
plus contraignant et peut-être, j'oserais dire, plus crédible,
s'il imputait une somme à chacun des projets? Et est-ce que l'entreprise
est prête à s'engager aussi loin? M. Couture?
M. Couture: Évidemment, nous avons des budgets qui
s'appliquent par projets. Alors, ce qui est mentionné dans le document
auquel vous référez c'est 3200 MW, je crois, pour 5 200
000 000 $ - c'est
l'ensemble. On pourrait le diviser par projets. On pourrait le diviser
par partie de projets, parce qu'à l'intérieur de projets comme LA
1, on pourrait avoir cinq grands blocs qui comprennent la préparation
des infrastructures, les centrales, les digues, etc., mais si on le divise en
blocs, normalement, la pratique courante est d'avoir des imprévus qui
sont plus forts. En prenant l'ensemble des blocs, ça nous permet
d'être plus serrés sur la somme totale. Plus c'est divisé,
plus les aléas sont grands. Alors là, on veut avoir un montant
global pour l'ensemble, pour être plus restreints, si vous voulez, dans
les imprévus qui pourraient survenir sur ces projets-là.
Mme Bacon: Est-ce que ça ne serait pas plus motivant pour
chaque chef de projet si c'était fragmenté, M. Couture?
M. Couture: C'est que les chefs de projet ne contrôlent pas
nécessairement la programmation. Je vais vous donner un exemple.
Mme Bacon: Le contrôle des coûts, le contrôle
des coûts.
M. Couture: Sur LG 1, nous avons commencé avec un
échéancier qui devait être, je crois, en 1996, et, en cours
de route, étant donné que nous étions très
serrés sur la puissance de pointe on avait besoin de ce
projet-là on a accéléré deux fois: en 1995
et 1994. Alors, le chef de chantier ne contrôle pas cet aspect-là,
c'est la corporation qui le contrôle, et, chaque fois, on a fait un
ajustement de budget. Ce qui a résulté, c'est que le coût
total n'a pas varié sensiblement. Nous avons économisé en
frais d'intérêts et les coûts de construction ont
augmenté dû à l'accélération. Alors, une fois
qu'on a établi la programmation, c'est sûr que les gérants
de projets doivent se conformer à leur budget, y compris une marge
d'imprévus. Nous avons deux marges d'imprévus: une par projet et
une pour l'ensemble des projets qui sont faits, disons, par la
Société d'énergie de la Baie James.
Mme Bacon: Peut-être M. Filion, mais rapidement.
M. Filion (Yves): Oui, très rapidement. Je voudrais juste
vous dire que, effectivement, vous avez raison. Je pense que la gestion des
projets à HydroQuébec est faite par projet et
l'imputabilité des gestionnaires est par projet. Le rendre compte est
par projet et l'évaluation du rendement est basée sur la
performance qu'ils obtiennent dans la réalisation des projets par
projet. Maintenant, ici, au niveau de l'engagement de performance, c'est
globalisé, parce que, finalement, il peut y avoir des imprévus
sur un projet qui, finalement, peuvent être rattrapés sur un
autre. Ce qui est important au niveau de l'engagement dé performance, je
pense, c'est de respecter les investissements sur l'horizon de trois ans, mais
globalement.
Mme Bacon: Merci beaucoup. Le compte de stabilisation devrait
assurer une plus grande stabilité tarifaire. Si Hydro-Québec
avait eu un tel compte pour se prémunir du cycle de faible
hydraulicité qu'elle vient de connaître, est-ce que le niveau des
tarifs serait aujourd'hui le même? Et, entre autres, est-ce que ce compte
est neutre au plan tarifaire dans une perspective de long terme?
M. Delisle: Je pense que, effectivement, ce compte est neutre au
point de vue tarifaire dans une perspective de long terme, puisque, dans les
périodes de forte hydraulicité, on se trouve à mettre de
l'argent en réserve qui est utilisé dans les périodes de
faible hydraulicité. Donc, il y a une neutralité à cet
égard-là, et on pourrait même ajouter qu'en
améliorant la marge de manoeuvre financière de l'entreprise,
puisqu'on aurait un risque qui serait sous contrôle, ça pourrait
peut-être, dans certaines périodes, nous permettre de faire des
opérations qu'actuellement on ne se permet pas, puisque notre situation
financière est trop serrée.
Révision de la hausse tarifaire en 1994
Mme Bacon: Vous proposez de fixer la hausse tarifaire à
l'inflation sur deux ans, mais vous ajoutez que la hausse de 2,7 % du 1er mai
1994 pourrait être révisée pour refléter le taux
d'inflation prévu par Hydro-Québec en janvier 1994. Et vous
ajoutez également que la hausse à l'inflation en 1994 ne sera
remise en cause qu'en cas d'événement exceptionnel. Est-ce que
vous pourriez nous préciser ce que vous entendez par l'expression
«événement exceptionnel»? Et quelle est la
probabilité, selon vous, que la hausse tarifaire proposée en 1994
soit révisée?
M. Delisle: En fait l'événement exceptionnel qu'on
a à l'esprit, ce serait une très faible hydraulicité cet
été. À ce moment-là, par exemple, si on avait un
-20 TWh cet été, ça nous empêcherait, en 1995, de
faire les ventes. Vous savez, dans notre cadre financier, on a 180 000 000 $,
si je me rappelle bien, de ventes d'énergie excédentaire pour
équilibrer le cadre financier 1995. Si on perdait une vingtaine de
térawattheures cet été, on ne serait plus à
même de réaliser ces ventes-là, donc il faudrait
réévaluer la situation.
Mme Bacon: À partir de quel écart par rapport au
montant de 713 000 000 $ prévu comme bénéfice net en 1994
allez-vous considérer qu'un événement exceptionnel
justifie une révision de la hausse tarifaire en 1994? Est-ce que vous
vous êtes fixés des écarts? Vous parliez des 180 000 000 $
possibles, mais...
M. Delisle: Je dois dire que non. Mme Bacon: II n'y en a
pas? M. Delisle: Non.
Mme Bacon: Si la conjoncture fait en sorte que le
bénéfice net prévu pour 1994 soit supérieur d'un
montant important, comptez-vous demander une révision à la baisse
de la hausse tarifaire de 1994?
M. Drouin: Quand vous avez parlé du bénéfice
net, vous avez dit 1994. Vous vouliez dire sûrement le
bénéfice net 1993.
Mme Bacon: Non, il me semble que c'était 1994.
M. Delisle: en fait, ce qui arrive, ce qu'il faut que vous
voyiez, c'est qu'hydro-québec malgré les coûts de
fournitures qui croissent beaucoup plus rapidement que l'inflation, et
malgré le fait que, en 1995, on a une situation assez délicate,
comme on s'est engagés à avoir des tarifs à l'inflation
d'ici la fin du siècle, on prend ce risque-là. si jamais on avait
des ventes plus grandes, je ne sais pas, en 1994, qui nous amenaient un gain
supplémentaire, j'ai l'impression qu'hydro-québec voudrait garder
ses bénéfices pour améliorer sa situation
financière. parce que, vous le savez, nos critères financiers, on
les laisse chuter. on va faire 6 % de rendement, je pense, si je me rappelle
bien, sur l'avoir propre. dans le contexte actuel, je pense qu'on voudrait
plutôt garder cet argent-là pour être en mesure de faire
face à des chocs ou à des mauvais coups qui s'en viennent. il
faut voir qu'on a 14 000 000 000$. en fait, on a 7 000 000 000$... si on se met
en 1993, on a 7 000 000 000 $ environ de revenus et 7 000 000 000 $ de
dépenses. 1 % d'erreur là-dessus, c'est 140 000 000 $. donc,
c'est très fragile, cet univers-là. et si on veut vraiment,
à moyen terme, être en mesure de les maintenir, les tarifs
à l'inflation, et d'avoir une entreprise en équilibre, il faut
avoir une situation financière saine.
Mme Bacon: Est-ce qu'une inflation inférieure à 2,3
% en 1993 vous amènerait à revoir la hausse tarifaire de
1994?
M. Delisle: II est certain qu'il va falloir définir le
concept... Quand on dit qu'on veut s'engager à l'inflation à long
terme, est-ce qu'on va définir un concept d'inflation cumulative ou non?
À partir de 1993, on dit qu'on s'engage à l'inflation. Il va
peut-être falloir, à un moment donné, commencer à
tenir compte, effectivement, des niveaux d'inflation inférieurs à
nos prévisions. Il est possible... En fait, c'est une chose qu'il va
falloir qu'on regarde dans le futur, mais, pour le moment, je pense qu'on n'a
pas de réponse précise là-dessus.
Interfinancement entre les catégories
tarifaires
Mme Bacon: Au début des travaux de la commission, on a
fait état du fort taux de pénétration du chauffage
électrique, même dans les marchés où la position
concurrentielle de l'électricité est la moins favorable. Est-ce
que vous pouvez nous indiquer depuis combien d'années il y a
interfinancement entre les catégories tarifaires? Quels ont
été les effets de cette situation jusqu'à maintenant?
M. Roy: L'interfinancement existe, de mémoire
d'Hydro-Québec. C'est un phénomène assez structurel, le
fait qu'on a interfinancé le tarif domestique au détriment des
tarifs G et M.
Mme Bacon: Quand vous prêchez l'interfinancement...
Une voix: ...
Mme Bacon: ...bien, je pense en termes des régions aussi,
là est-ce que vous prêchez contre HydroQuébec?
M. Roy: Je ne suis pas sûr que je comprends bien la
question.
Mme Bacon: C'est un peu l'histoire d'Hydro-Québec,
là, quand on regarde ça.
M. Drouin: Parce qu'on augmenterait le domestique.
Mme Bacon: Bien oui.
M. Drouin: Bien, tantôt, on vous mentionnait, ou je
mentionnais, à une question du leader de l'Opposition, que notre
position sur le marché résidentiel est quand même
avantageuse...
Mme Bacon: Oui.
M. Drouin: ...à l'heure actuelle. Alors, réduire
l'interfinancement, ça ne nous élimine pas le marché
résidentiel, à notre avis.
Mme Bacon: Vous n'avez rien à ajouter?
M. Roy: Bien, notre marge je pense qu'on l'a bien dit
la marge concurrentielle dans le nouveau marché étant 30 %
favorable à l'électricité, je pense qu'il se dégage
de ça une possibilité évidente qu'on pourrait redresser ce
phénomène-là sans mettre en danger aucun les ventes qu'on
fait à ce secteur-là. Et puis, il en résulterait
évidemment plus d'équité, croyons-nous, et c'est l'opinion
de nos clients aussi, et des risques financiers diminués.
Mme Bacon: Dans le document «Engagement de
performance», et je vous réfère à la page 61,
là, HydroQuébec souligne que la mesure prise au niveau de
réduire, justement, l'interfinancement tient compte des
difficultés de la conjoncture économique actuelle. Est-ce qu'on
doit comprendre qu'Hydro-Québec entend proposer des
différenciations de hausses tarifaires encore plus importantes dans le
futur? (16 h 10)
M. Bolduc: je pense que la période sur laquelle, au rythme
actuel, il faudrait étaler les corrections ce matin, je parlais
de 40 ans nous indique bien que, pour atteindre un niveau
d'interfînancement un peu plus modeste... je pense qu'on n'imagine jamais
qu'on va l'éliminer complètement, mais si on pouvait le
réduire à une marge de l'ordre de 10 %, il est assez
évident que si, dans des années données, la conjoncture
d'hydro-québec était telle qu'on pouvait je rêve
peut-être, là recommander des hausses de tarif globales
inférieures à l'inflation, sensiblement inférieures
à l'inflation même, on pourrait en profiter, à ce
moment-là, pour accentuer une certaine correction sans dépasser,
pour le résidentiel, l'inflation, avoir des marges un peu plus grandes
pour le corriger. mais ce sera vraiment en fonction de la conjoncture globale.
je pense que, quand on parle, cette année, de 0,2 % de
différence, entre 2,3 % et 2,5 %, à la marge, c'est tellement
petit que ça nous paraît quelque chose qui n'affectera pas les
choix commerciaux des clients, c'est bien évident, mais c'est le maximum
que nous pensons pouvoir faire actuellement.
M. Drouin: on pourrait peut-être, d'ailleurs, en profiter,
puisque le gouvernement a annoncé, hier, que ses prévisions de
l'inflation étaient de 2,6 % pour l'année courante. alors, au
résidentiel, on est encore à l'intérieur de l'inflation en
demandant 2,5 %.
Mme Bacon: C'est entendu, pas écouté. Des voix:
Ha, ha, ha!
Mme Bacon: À la page 19 de la proposition tarifaire, vous
affirmez que F interfinancement entre les catégories tarifaires
présente, à long terme, des risques commerciaux et financiers
qu'il importe de diminuer progressivement. Et on sait que, d'une part, il y a
une grande diversité dans les caractéristiques des clients
abonnés aux tarifs G et M et que, d'autre part, la concurrence avec les
autres formes d'énergie ne se produit que dans un nombre limité
d'applications, soit essentiellement les procédés de chauffe.
Est-ce que vous pouvez préciser pour quels marchés et quelles
applications la concurrence est la plus susceptible de menacer les ventes
d'Hydro-Québec et quelle proportion de vos ventes vont à ces
marchés-là?
M. Bolduc: Les marchés commercial, surtout, et industriel,
où, actuellement, la différence entre d'autres sources
d'énergie et l'électricité est assez significative,
constituent potentiellement un risque qu'il est très difficile, pour
Hydro-Québec, de contrôler. M. Drouin, tout à l'heure, a
expliqué pourquoi, dans beaucoup de cas, les choix ne semblent pas
suivre rapidement l'évolution de cette concurrence-là, mais on
peut imaginer qu'une campagne très articulée, très forte
et très efficace de marketing de nos concurrents que nous n'avons
pas vraiment vue jusqu'ici pourrait commencer à faire balancer
les choses, et avec une concentration aussi forte de nos
bénéfices je citais les chiffres, ce matin, là,
pour 30 % du marché...
Une voix: 30 % des ventes génèrent 70 % des
revenus.
M. Bolduc: ...30 % des ventes qui génèrent plus de
60 % des revenus ça prendrait un assez faible transfert pour
affecter sensiblement nos revenus totaux, alors, nos bénéfices
totaux. à ce moment-là, bien, il faudrait tout rabattre sur le
résidentiel, et c'est très sensible. même si ce
n'était pas un grand changement, la concentration qui est là
constitue une vulnérabilité que pas beaucoup d'entreprises,
là, dans le secteur privé, accepteraient de garder longtemps.
Mme Bacon: Sur l'horizon du plan que vous avez, quelle serait la
croissance du nombre de clients? Est-ce que vous pouvez prévoir?
M. Drouin: Sur les trois ans?
Mme Bacon: La même chose que votre plan, même nombre
d'années.
M. Delisle: Le nombre de clients? En termes d'abonnements, sur
l'horizon de l'engagement de performance...
Mme Bacon: de l'engagement, oui.
M. Delisle: ...4,9 %. Mme Bacon: 4,9 %?
M. Delisle: Oui, d'augmentation des abonnements.
Mme Bacon: Au cours des travaux de la commission, il y a certains
intervenants du secteur industriel qui ont exprimé des
préoccupations en regard de la méthode d'allocation des
coûts d'Hydro-Québec. J'aimerais ça que vous nous
expliquiez les principes qui guident l'allocation des coûts
d'Hydro-Québec entre les différentes catégories de clients
d'Hydro.
M. Drouin: Alors, notre expert en coûts de fourniture, M.
Roy, va vous en donner, des principes, ou des éléments.
Mme Bacon: Brièvement, monsieur.
M. Roy: Je vais essayer d'être bref, effectivement.
M. Drouin: C'est un sujet qui est long quand même.
M. Roy: C'est un sujet qui peut être long. Je vais essayer
de vous donner seulement les très, très, très
grandes lignes de la méthode et la façon dont on
l'applique. En fait, nos coûts de fourniture nous sont connus, comme vous
l'imaginez bien, par postes comptables. Nous payons tant de taxes, nous payons
tant d'intérêts, nous payons tant de salaires, et puis la
méthode de coût, là, malheureusement, on ne tarife pas par
postes comptables, on tarife par catégories de clients. Donc, la science
des coûts de fourniture, dans le fond, c'est un processus qui consiste
à imputer la responsabilité de nos coûts à des
catégories de clients.
Donc, la méthode, elle consiste fondamentalement, d'abord,
à ventiler nos coûts par types d'équipements qu'on a
à Hydro-Québec: équipement de production,
équipement de transport, équipement de distribution. On a aussi
des frais fixes d'abonnement. Ceci étant fait, on essaie ensuite de
ventiler ça par périodes de production: période de pointe,
période intermédiaire, période de base, et puis par types
d'équipements, aussi, de pointe et de base. Finalement, les coûts
sont alloués à chaque catégorie de clients, selon son
profil particulier et selon la façon dont chaque catégorie
utilise l'énergie durant chacune de ces périodes-là. Donc,
chaque catégorie de clients, dépendant de sa contribution, par
exemple, en période de pointe, dépendant de sa contribution en
période intermédiaire ou de sa contribution en période de
base, se voit allouer des coûts qui sont conséquents avec son
comportement.
La discussion qui a eu lieu ici, je crois, a été faite
principalement par les clients de la grande entreprise, qui, à partir du
fait qu'ils ont un profil régulier à travers l'année,
prétendent, donc, qu'ils ne contribuent pas à la création
du phénomène de pointe et qu'ils ne devraient donc pas payer une
certaine partie des équipements de pointe. C'est une affirmation que
nous ne partageons pas. Nous avons un parc d'équipements qui est
optimisé pour l'ensemble de nos clients. On a des clients qui ont des
profils extrêmement différents entre les catégories, et
puis cette diversité-là a tendance à profiter à
l'ensemble. La diversité est plutôt profitable à l'ensemble
de nos clients, et puis nous, nos méthodes d'allocation de coûts
tiennent compte de ce phénomène-là. (16 h 20)
Le dernier phénomène que je voudrais mentionner, sans
aller trop en détail, c'est que les clients industriels qui ont, par
exemple, un profil très régulier, bon, prétendent qu'une
certaine partie des équipements qui sont installés ne leur sont
pas utiles. Les calculs très spécifiques que nous avons faits
là-dessus démontrent aussi que ce n'est pas réel. Les
équipements de pointe, par exemple, que nous mettons en service pour
satisfaire la demande résidentielle continuent à être
utiles pour l'ensemble de notre clientèle en matière de
réserves. On sait que si nous avions seulement des clients industriels,
par exemple, avec 85 % à 90 % d'afflux, pour caricaturer, là,
ça voudrait dire qu'on serait en pointe à l'année longue.
Donc, quand on en arrive à calculer nos risques, notre réserve,
nos risques d'être en manque d'équipement augmenteraient de
façon extrêmement considérable.
Je vais vous donner quelques indications qui sont des calculs
spécifiques qu'on a faits. Actuellement, on peut fonctionner grâce
à cette diversité-là avec à peu près 10 %
d'équipements de réserve. Si on avait un profil régulier
à 85 % ou 90 % d'afflux, c'est 30 % et plus d'équipements de
réserve qu'on devrait avoir pour satisfaire le type de clients comme
ça, et ces clients-là, ça leur coûterait à
peu près 10%àl5%de plus que ce que ça leur coûte
actuellement. Donc, ces choses-là, on est prêts à en
discuter. On a d'ailleurs des discussions ouvertes on l'a
mentionné ce matin dans les groupes de travail sur nos
coûts de fourniture, et ces choses-là, on est tout disposés
à partager ça avec nos clients.
Le dernier petit point qui confirme peut-être dans la
réalité on nous demande des fois des affaires
concrètes et d'être pragmatiques aussi. Le réseau d'Alcan
qu'on connaît bien c'est un client industriel dont on
connaît bien le profil pour satisfaire ses besoins, fonctionne
avec 39 % de réserves, en plus avec un gros voisin qui peut l'aider
quand il est mal pris. En fait, c'est à peu près ça, un
portrait rapide des coûts de fourniture et la raison d'où... On
pense qu'on attribue à chaque catégorie de clients sa
responsabilité correcte.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
Conséquences d'un gel des tarifs
M. Chevrette: Oui. Merci, M. le Président. À 17 h
15, la ministre vous annonce que c'est un gel des tarifs pour la prochaine
année. Quelles sont les incidences sur Hydro-Québec?
M. Drouin: Une question hypothétique.
M. Chevrette: Oui, mais vous n'êtes pas en Chambre pour me
répondre ça, M. Drouin.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Labonté: Pour la prochaine année, pour
l'année 1993, un gel supposerait un manque à gagner de 90 000 000
$ et nous ramènerait à un niveau de couverture des
intérêts très, très près du 1 %. On
baisserait encore, 1,03 % de taux de couverture d'intérêts. Donc,
c'est évident que notre bénéfice net chuterait en
conséquence, donc à 670 000 000 $.
M. Chevrette: Comment vous pouvez m'expli-quer, M.
Labonté, qu'un gel des tarifs en 1993, qui ne représente que 90
000 000 $, vous met en péril et que les contrats secrets, qui vous
coûtent 250 000 000 $, n'ont aucune influence? Expliquez-moi ça.
Ayez la bonté de m'expliquer ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Labonté: Tout ce que je peux vous dire, c'est que, avec
90 000 000 $ de bénéfices de moins, quand
on regarde globalement les ratios de l'entreprise et en tenant compte
des risques auxquels on fait face, on est très serrés.
M. Chevrette: Bien oui, mais, M. Labonté, je suis content
que vous me répondiez ça, mais depuis le matin... J'ai
essayé tout Favant-midi de vous démontrer que, sur la
santé financière, les contrats à partage de risques
avaient une influence. Là, vous me dites que c'est un manque à
gagner s'il y a un gel de tarifs cette année. C'est 90 000 000 $.
Ça devient quasiment «borderline», catastrophique, et ce
n'était pas grave puis ça n'a aucun impact, les contrats à
partage de risques. Expliquez-moi ça concrètement. Essayez
d'expliquer ça au peuple qui peut avoir... Parce que vous allez
peut-être être en direct, là. On va mettre les
caméras sur vous et expliquez au peuple que les avantages consentis dans
les contrats à partage de risques nous coûtent 250 000 000 $ et
que ce n'est pas grave, mais que ça serait très grave, 90 000 000
$, dans un gel de tarifs. Expliquez-moi ça pour que je puisse
l'expliquer à la population.
M. Drouin: M. le Président, je pense que... Des
voix: Ha, ha, ha! Une voix: Sauvé!
M. Drouin: ...il est important de constater que si nous
réclamions une augmentation de tarifs qui dépasse les coûts
de fourniture que ces clients-là devraient payer, vous auriez raison de
dire: vous demandez plus d'argent que ça coûte pour fournir les
clients, et, dans ce cas-là, vous demandez de l'argent pour payer des
contrats à partage de risques. ce n'est pas le cas. je le
répète. à la page 59 du document «engagement de
performance», c'est clairement mentionné que, pour 1993, les
coûts de fourniture pour fournir l'électricité aux clients
assujettis, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas des alumineries ou de
l'exportation ou des contrats à partage de risques, ce qui est de
l'exportation, ça nous coûte 2,6 % pour ces catégories de
clients: domestique, commercial, institutionnel et industriel. ça nous
coûte 2,6 %, et on demande 2,3 % d'augmentation. et, dans ce
sens-là, on ne vient pas, en demandant 2,3 %, essayer de couvrir un
manque à gagner dans une autre catégorie qui pourrait être
celle que vous avez mentionnée.
M. Chevrette: Ce n'est pas ma question, M. Drouin.
M. Drouin: Oui, oui, c'est votre question.
M. Chevrette: Ce n'est pas ma question. Ma question, c'est que
vous signez un contrat qui vous assure un manque à gagner. Ça, ce
n'est pas grave. Mais un avantage consenti à 3 000 000 de personnes,
ça, ça met en péril la santé financière.
M. Drouin: Non, mais une minute, là.
M. Chevrette: Comment 90 000 000 $ peuvent mettre plus en
péril la viabilité ou la santé financière
d'Hydro-Québec, alors que vous consentez 250 000 000 $ puis ça ne
vous affecte pas pantoute?
M. Drouin: Quand on signe des contrats à partage de
risques et de bénéfices, c'est dans l'hypothèse qu'on
puisse faire des pertes pendant certaines années et des gains pendant
d'autres années. Je répète ce que je disais à la
dernière commission parlementaire: Nous traitons les contrats à
partage de risques et les exportations comme étant une filiale
d'Hydro-Québec et dans laquelle vous avez raison on perd
200 000 000 $ ou 240 000 000 $. Ça fait ça de moins en termes de
profits. Mais les clients qui sont assujettis aux tarifs ne sont pas
pénalisés par ça. C'est important de le dire. dans ce
sens-là, lorsque vous dites: si on enlève 90 000 000 $ de revenus
dans l'entreprise pour l'année courante, ça a un impact sur les
critères financiers. et pas juste celui dont m. labonté vous a
donné une lecture, mais ça a un impact sur les critères
financiers. vous me direz: bien, est-ce que 40 000 000 $ ont un impact? est-ce
que 30 000 000 $ ont un impact? ça a un impact. dans la mesure où
on charge le juste prix et on demande la juste augmentation, on se met dans une
situation d'avoir le moins d'impacts possible. c'est sûr que nous serions
dans une bien meilleure situation à 900 000 000$ de profits plutôt
qu'à 700 000 000$, mais l'important dans ça, c'est que,
même si on perd, dans une filiale, un montant d'argent, on ne charge pas
plus aux autres catégories, on charge pour les trois prochaines
années moins dans les trois ans, selon ce qu'on dit, en maintenant nos
tarifs à l'inflation. on charge 2,3 % pour des coûts de fourniture
de 2,6 %, on charge 2,7 % pour des coûts de fourniture de 3,9 % et on
charge 3 %, en 1995, pour des coûts de fourniture de 4,2 %.
Dans ces trois années-là, il y a bénéfices
et avantages pour les clients québécois, parce qu'on leur charge
moins à cause de l'engagement qu'on a pris de maintenir les tarifs
à l'inflation. Et on leur charge moins que ce que ça nous
coûte pour leur fournir l'électricité. Pourquoi ça
nous coûte cher? C'est parce que, durant ces trois
années-là, il y a des mises en service importantes qui
amènent des coûts du capital que j'ai mentionnés ce matin
de 1 125 000 000 $. Et on pense que, pour la fin du siècle, si je peux
m'exprimer ainsi, c'est-à-dire de 1995 à 2000, où il y
aura moins de mises en service, à ce moment-là, on va pouvoir
rattraper la santé financière de l'entreprise toujours en
maintenant nos taux à l'inflation.
M. Chevrette: oui, mais après des hausses de 26,3 % au
cours des cinq dernières années, le citoyen
québécois pourrait s'attendre, lui aussi, à un respir
autant, par exemple, que les alumineries. je vous donne un exemple: si le taux
de l'aluminium chutait de 0,03 $ la livre par rapport à actuellement,
vous rectifieriez les
taux à la baisse pour eux autres.
M. Drouin: Je dois vous dire... M. Chevrette: Non, je vous
dis...
M. Drouin: ...qu'ils sont pas mal rendus au plus bas. Ha, ha, ha!
S'il faut qu'ils descendent encore... Ha, ha, ha!
M. Chevrette: oui, mais j'ai déjà vu des gens venir
devant moi puis dire qu'ils avaient des objectifs de 5,6 %, qu'ils
étaient rendus à 2 %, puis qu'ils espéraient, dans un an,
avoir le double. ça change, vous savez. vous savez qu'il y a des choses
qui sont imprévisibles aux deux mois, comme disait m. bolduc. ce sont
des choses qui peuvent changer. est-ce que ça ne peut pas se produire?
puis, encore là, vous seriez pénalisés parce que vous vous
êtes accrochés à un prix de la livre dans l'aluminerie.
puis ça, ce n'est pas dangereux, ça? ça ne touche pas le
monde, ça? à un moment donné, la santé
financière d'hydro va être affectée. quand vous me dites
que 90 000 000 $, ce serait très dangereux, ce n'est pas plus dangereux
qu'une chute dramatique, par exemple, dans vos contrats que vous avez
signés. (16 h 30)
M. Labonté: Le seul point que j'aimerais rajouter, M. le
Président, en réponse à ce point-là, c'est que,
dans notre structure de coûts, elle évolue et elle est surtout
liée aux charges en capital, et c'est structurel. Notre structure de
coûts, inévitablement, au cours des trois prochaines
années, on vous montre les chiffres ici et on fait un genre de sacrifice
en demandant des hausses tarifaires qui sont inférieures à
l'évolution de notre structure de coûts. Mais ça, je
dirais, c'est coulé dans le béton, c'est à 85 % des
charges de capital qui sont à peu près inévitables au
cours des trois prochaines années, alors que, sur le prix de
l'aluminium, on fait face à un phénomène, je dirais,
conjoncturel. Il peut augmenter demain matin, ça n'affecte en rien notre
structure de coûts comme telle. Notre structure de coûts, elle,
elle évolue; et nos coûts de fourniture ils
évoluent, comme on le montrait, je pense, à 85 %, 84 % pour
être plus précis ils sont liés à des charges
de capital qui sont inéluctables au cours des trois prochaines
années.
M. Drouin: M. le Président, je voudrais juste ajouter un
élément. C'est que, le leader de l'Opposition fait souvent
état de l'augmentation des tarifs au cours des cinq dernières
années. Je pense qu'on sait dans quel contexte nous étions au
cours des cinq dernières années. Ça a été
les années d'hydraulicité les plus faibles qu'on n'a jamais eues
dans notre historique. Mais si on veut être juste envers l'entreprise, je
pense qu'il faut mentionner que, depuis 1964, les tarifs d'Hydro-Québec
ont augmenté, en moyenne, au niveau de l'inflation. Ça, je pense
que c'est mieux en termes de performance que n'importe quelle autre source
d'énergie. Je dirais, en comparaison avec ce qui se passe dans le
réseau voisin, où les taux sont d'environ 50 % à 55 % plus
élevés que ceux d'Hydro-Québec je parle de
l'Ontario je pense que les choix qui ont été faits au
Québec pour l'hydroélectricité et tout ce que ça
représente en termes d'autonomie énergétique sont
réellement apparents et parlent par eux-mêmes.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais, parce que...
Il me reste combien de temps, là?
Une voix: Sept minutes.
Qualité du service à la clientèle
industrielle
M. Chevrette: Sept minutes. Oh! il va falloir que j'aille vite!
Petite question en ce qui regarde des compagnies spécifiques qui sont
venues devant nous Eka Nobel, entre autres qui se sont
plaintes... Ces gens-là se sont plaints du comportement d'Hydro
vis-à-vis l'analyse de la situation, disant que vous reconnaissiez la
situation, que vous ne donnez pas de suite je ne sais pas trop si ce
n'est pas eux autres, à part ça, qui ont reçu une
réponse avec un crayon de mine sur la copie même.
Une voix: ...
M. Chevrette: Ce n'est pas eux autres, ça?
M. Drouin: Ah non, ça me surprendrait!
M. Chevrette: C'est peut-être un autre, ça, on vous
l'enverra, celle-là aussi.
M. Drouin: On est bien mieux équipés que
ça.
M. Chevrette: II y a également Norton Céramiques,
de Shawinigan, qui est venue et qui s'est plainte de la façon
cavalière, un peu, dont Hydro-Québec entreprenait les
discussions, puis, «Bonjour Luc!». Qu'est-ce que vous avez à
répondre à ça, sur...?
M. Drouin: Moi, je vais vous répondre bien franchement
là-dessus. Il y a peut-être des cas isolés. D'ailleurs, Eka
Nobel, je dois vous dire, en passant, que le vice-président
exécutif l'a rencontré tout récemment, et je me propose de
le rencontrer parce que je pense qu'il a présenté un dossier
sérieux sur lequel non seulement en commission parlementaire,
mais chez nous on est prêts à se pencher et à
essayer de voir quelles sont les formules qu'on peut développer, compte
tenu que, lui, est un de ceux qui font affaire avec un réseau
américain qui s'appelle «TVA», et dont j'ai fait
mention.
Mais je veux juste vous dire qu'Hydro-Québec, chaque
année, fait une réunion de tous ses clients industriels, de tous
ses grands clients industriels. J'ai eu l'occasion, l'automne dernier, de
participer de nouveau à cette réunion-là. Moi, le son de
cloche que j'ai eu en présence de tout ce monde-là dans une
salle, dans un
auditorium, c'était qu'Hydro-Québec s'était
améliorée grandement dans ses relations avec ses clients, en ce
sens que nous avons maintenant des représentants commerciaux qui sont
assignés personnellement à des clients industriels et qui les
rencontrent sur une base personnelle. Vous dire qu'il n'y a pas de cas
d'exception, ce serait mentir parce que je suis sûr qu'il y en a et pour
des raisons de personnalité, des raisons, enfin, diverses, que vous
connaissez. Mais nous avons eu, à l'occasion de cette
réunion-là et c'est la quatrième à laquelle
je participais nous avons eu, sur acétates, une
présentation par l'association ou par les groupes qui
représentent nos clients industriels, qui nous ont
présenté, sur acétates, tous les éléments de
l'amélioration de la qualité de notre service, en ayant un
dernier acétate avec le mot «félicitations». Moi, je
dis que ceux qui viennent ici, il y a des cas isolés, et ça se
peut, ça. Mais, dans le fond, je pense qu'on peut constater qu'il y a
une très grande amélioration dans notre relation avec nos
clients, tant industriels que commerciaux et institutionnels. Il va toujours y
avoir des cas isolés, et on va essayer de les régler de la
meilleure façon possible.
M. Chevrette: Vous me pardonnerez de changer de sujet rapidement,
parce que je veux toucher à une autre question. On n'a pas
d'acétate, mais on vous dira merci, tantôt.
Des voix: Ha, ha, ha! Politique d'octroi de contrats
d'ingénierie
M. Chevrette: Pour le développement régional, j'ai
une lettre, ici, adressée par M. Gaston-R. Bolduc, administrateur
d'études d'avant-projets, à M. Guy LeBlanc, président de
la Corporation de gestion du développement du bassin de la
rivière Saint-Maurice, et dans laquelle M. Bolduc répond: En
réponse à votre demande faite à M. André Laporte,
il me fait plaisir de vous donner ci-après la liste des consultants
retenus par Hydro-Québec pour réaliser les études
préliminaires complémentaires de Rapide-des-Forges. J'avais rendu
publique cette information lors de notre conférence de presse, etc.
Une voix: Le 12 mars.
M. Chevrette: Le 12 mars. Tant mieux si vous l'avez vue. Vous
n'êtes pas en retard.
M. Lemire: C'est déjà vu.
M. Chevrette: Ce que je voudrais demander à M. Drouin ou
à M. Bolduc: Étant donné que ce n'est sans doute pas par
soumission publique que s'est fait le choix de ces firmes-là, Nove
Environnement inc., Trois-Rivières; Groupe HBA experts-conseils, de
Drummond; CDG Environnement ltée, de Cap-de-la-Madeleine; Ethnoscop
inc., de Saint-Lambert; SOTAR, de Laval; Pierre Landry, de Montréal et
Rousseau, Sauvé, War- ren, de Montréal, est-ce qu'il n'y a pas
lieu de favoriser des firmes du milieu, davantage, dans ce genre de projets,
compte tenu, par exemple, du taux de chômage dans la région de
ShawiniganSaint-Maurice? Même Drummondville n'est pas dans leur
bassin, dans le fond; elle est dans la même région administrative,
mais ce n'est pas dans le bassin de chômage... quand on parle de
Trois-Rivières en montant, c'est très différent. Est-ce
qu'il n'y a pas lieu d'élargir vos horizons par rapport aux choix
répétés? On me dit qu'il y a des gens qui héritent
passablement de contrats sur une base très régulière.
Est-ce que c'est à cause de l'expertise particulière qu'ils ont?
C'est pour quelle raison? Parce qu'il y en a qui se posent des questions.
Comment ça se fait, ce choix-là? Est-ce que ça se fait par
vous autres? Est-ce que ça se fait à un autre niveau?
Recevez-vous des directives? Parce que, vous savez, il y a toutes sortes de
rumeurs qui circulent, que les contrats de professionnels, par exemple, au
niveau gouvernemental, il y a des «boss» pour attribuer ça.
Comment faites-vous ça, vous autres? Expliquez-moi donc ça.
M. Drouin: M. Couture va vous expliquer comment ça s'est
fait dans ce cas-ci, ça va peut-être vous donner un peu... ou M.
Filion. M. Filion.
M. Filion (Yves): Alors, je vais vous donner, d'abord, un premier
principe général; ensuite, peut-être qu'on ira plus en
détail dans le cas de Rapide-des-Forges. Vu qu'il s'agit d'une centrale,
dans le domaine de l'ingénierie de centrale, Hydro-Québec
fonctionne avec des noyaux de firmes spécialisées par domaine.
Donc, dans l'ingénierie de centrales, des firmes qui peuvent
réaliser une centrale hydroélectrique au complet, au
Québec, il y a quatre grandes firmes qui ont développé
cette expertise-là et avec lesquelles nous entretenons des relations
particulières pour qu'elles puissent maintenir une continuité
d'expertise et utiliser cette expertise-là même à
l'étranger, donc de rayonner au niveau international à partir de
leur expérience.
Il y a aussi, nécessairement, pour essayer de faire profiter le
plus de firmes possible, d'autres sous-domaines spécialisés dans
lesquels nous avons constitué, aussi, d'autres noyaux de firmes
compétentes dans le domaine. Donc, en gros, le principe est un noyau de
firmes spécialisées par domaine stratégique, par rapport
à la conception, qui nous rendent des services et sur la base d'une
continuité, ce qui fait que nous ne voulons pas qu'une firme se retrouve
avec une expertise qu'elle va utiliser occasionnellement. Elle doit, pour
maintenir une expertise... vu qu'Hydro-Québec est à peu
près le seul donneur d'ouvrage au Québec dans le domaine des
centrales hydroélectriques, nous nous sentons l'obligation d'avoir une
politique de ce genre-là pour maintenir une continuité.
Alors, ce principe-là a été appliqué et est
appliqué partout sur le choix des firmes, au niveau des installations.
Dans le cas plus...
M. Chevrette: Ça me fait penser à
l'étudiant, ça:
Pas d'expérience, pas de travail, je ne t'engage pas parce que tu
n'as pas d'expérience.
Quand est-ce qu'ils vont la prendre, l'expérience, à
partir de votre raisonnement? (16 h 40)
M. Filion (Yves): Dans le cas... Écoutez, on a aussi,
nécessairement, une politique comme je le disais tout à
l'heure d'essayer de favoriser, autant que possible, les firmes dans le
domaine de leur expertise et, plus particulièrement, dans le cas des
firmes régionales où on essaie de trouver... de scinder les
contrats, parce que, là, c'est vraiment un exemple où on essaie
de scinder les contrats pour pouvoir faire profiter le plus grand nombre de
firmes.
Dans le cas qui nous concerne, on parle de l'aménagement de
Rapide-des-Forges, qui est une étude où on confie à
l'externe je vous donne un chiffre en résumé aux
alentours de 300 000 $. Et on vous a donné une liste de six firmes.
Alors, je pense que c'est certainement démontrer un effort, et ce
partage a été fait pour, justement, favoriser trois firmes
régionales qui pouvaient contribuer à l'étude. Alors... Et
je peux vous dire aussi, au niveau régional... J'ai répondu
à une question, je crois, avant-hier sur cet
élément-là à l'effet qu'on a entretenu, à
date, avec la région de la Mauricie, des relations pour connaître
les offres de service et l'expertise que pouvaient nous offrir les firmes
régionales pour essayer d'en tenir compte dans les contrats à
venir de services professionnels pour le développement du bas et du haut
Saint-Maurice. Il y a même des firmes qui ont décidé de se
former en consortium pour pouvoir nous offrir une plus grande expertise et
profiter davantage des retombées économiques.
M. Jolivet: Ce n'est pas de la construction, ça,
là! C'est des urbanistes.
Le Président (M. Audet): Merci, merci. C'est
terminé, monsieur le député.
M. Filion (Yves): ... de services professionnels.
M. Jolivet: Non, mais... Oui, mais écoute, chez
nous...
Le Président (M. Audet): Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Drummond. Vous avez cinq
minutes.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Pour finir mon intervention précédente, est-ce que vous
auriez l'amabilité de nous faire parvenir sur Pretre-sa, s'il y a eu, la
demande?
Une voix: Oui, oui.
Augmentation du tarif domestique
M. St-Roch: Ceci étant dit, ce matin, nous avons
réalisé c'était connu déjà
qu'il y aurait une aug- mentation de 338 000 000 $ au secteur domestique
demandé sur deux années, soit 1993 et 1994. Alors, soit dit en
passant, pour faciliter la tâche des deux ministres des Finances
autant fédéral que provincial pour 52 600 000 $ encore aux
consommateurs. Alors, j'espère qu'ils vous enverront une lettre de
félicitations avec ces augmentations-là. ceci étant dit,
à la page 14 du document 7 sur la tarification, vous envisagez aussi
d'augmenter et de refaire une redistribution, les 30 premiers kw versus le
résiduel, au niveau du chauffage, qui représente un
différentiel de 5 % entre l'actuel et l'envisagé. est-ce que
cette augmentation... parce qu'il y a quand même 78 % des factures qui
seront en hausse. est-ce qu'elles sont incluses dans les 338 000 000 $ ou si
elles sont exclues? vous avez 338 000 000 $ que vous demandez, à l'heure
actuelle. 2 500 000$ pour 1993-1994, 2 900 000 $, ce qui fait 338 000 000 $.
bon, ça, c'est une demande. une autre chose: vous faites la demande au
niveau de la tarification, j'imagine, que vous envisagez, au tableau 2.1 de la
page 14. ce différentiel...
Une voix: 14?
M. St-Roch: Du document Orientations et tarification à
long terme, le document 7. Alors, à ce moment-là, vous voulez
faire passer les... après les premiers 30 kW, de 0,0536 $ à
0,0556 $. Alors, il y a une augmentation, là. Est-ce que cette
augmentation-là fait partie de l'augmentation demandée de 338 000
000 $, ou est-ce que c'est au-dessus?
M. Bolduc: Dans le mémoire tarifaire, l'augmentation
proposée est de 2,3 %, en moyenne globale. Donc, c'est l'effet net de
tous les autres ajustements. C'est inclus dans l'ensemble. Ça va donner
un résultat moyen de 2,3 %. Donc, c'est inclus.
M. St-Roch: Je vais préciser. Dans le tarif domestique, si
je prends l'année 1993-1994, vous demandez au domestique 2,5 %
d'augmentation.
M. Bolduc: C'est exact.
M. St-Roch: À l'intérieur des 2,5 % d'augmentation,
cette modification-là est incluse.
M. Bolduc: Oui, elle est incluse. M. St-Roch: À la
page...
M. Roy: on vous a dit ce matin que les 2,5 % se
répartissaient en 3,0 %, pour la deuxième tranche, et 2,2 %, pour
la première, pour la moyenne de 2,5 %, tout est inclus.
Justement, sur vos 338 000 000 $, je ne sais pas d'où ça
vient. Nous avons retiré, en 1992, 2 600 000 000 $ du secteur
domestique. Nous allons augmenter à 2 800 000 000 $. Donc,
l'augmentation du secteur domestique est d'environ 200 000 000 $, selon
les calculs qu'on peut avoir, correspondant à notre demande.
M. St-Roch: À la page 15, vous soulignez: Soulignons que
cette réforme n'aura pas l'effet d'augmenter les revenus globaux
d'Hydro-Québec. Par contre, elle n'est pas neutre au niveau des revenus
de la catégorie domestique. J'aimerais avoir une interprétation
parce que, si ça n'augmente pas les revenus globaux, par contre,
ça augmente les tarifs domestiques, il y a une équation quelque
part et quelque chose qui va absorber cette augmentation-là.
Une voix: Vous référez à un document qui
avait été déposé à la demande de la ministre
responsable, qui nous a demandé, en dernière commission
parlementaire, en 1990, de nous fixer nos orientations.
M. St-Roch: Moi, je fais référence ici, à:
Orientations tarifaires à long terme, le document 7.
M. Roy: exactement. c'est un document qui a été
inspiré de nos orientations tarifaires. et, un des
éléments de nos orientations tarifaires est, effectivement, dans
le secteur domestique, d'accroître la progressivité de ce
tarif-là, avec une croissance plus rapide dans la deuxième
tranche. et, tel que vous l'indiquez, nous avons actuellement un écart
d'environ 20 % entre la première et la deuxième tranche, et nous
voulons faire migrer cet écart vers 25 %.
Cette opération peut être neutre ou peut ne pas être
neutre. C'est de la mathématique, bien sûr. La ministre nous a
d'ailleurs commenté, quand on a proposé nos orientations, qu'elle
tenait à ce que cette opération soit neutre, qu'on ne fasse pas
de redressement de Pinterfinancement via cette opération, et nous avons
pris cet engagement que, si on devait redresser P interfinancement, ce ne
serait pas à travers ce calcul, d'augmenter plus rapidement la
deuxième tranche. Puis, ce qu'on demande pour 1993-1994 est neutre. Nous
avons toujours notre moyenne, par exemple, de 2,5 % en 1993 et de 2,9 %, et le
fait qu'on augmente plus rapidement la deuxième tranche ne change pas
cette moyenne. Les calculs que vous mentionnez tiennent compte explicitement ou
comptent tout l'argent résultant.
Le Président (M. Audet): Merci. M. St-Roch:
J'aurais à...
Le Président (M. Audet): Alors, oui, vous voulez
peut-être ajouter quelque chose, M. Drouin, brièvement?
M. Drouin: Non, non, je voulais juste dire que, quand on publie
le document des orientations tarifaires, on n'a pas encore déposé
le mémoire tarifaire. C'est le mémoire tarifaire qui fait foi de
la demande d'augmentation de tarifs. Il faut réellement se
référer au mémoire tarifaire pour voir la mécanique
que l'on propose. Les orientations sont une chose, mais le mémoire est
réellement ce qui fait l'objet de la demande.
Le Président (M. Audet): D'accord.
Alors, ça met fin à ce bloc d'échanges. Nous allons
suspendre deux, trois minutes, avant de revenir avec les remarques finales.
La commission est suspendue.
(Suspension de la séance à 16 h 47)
(Reprise à 16 h 51)
Le Président (M. Audet): Si vous voulez prendre place,
s'il vous plaît, nous allons reprendre nos travaux.
Alors, nous en sommes maintenant rendus au stade des remarques
finales.
Le temps sera réparti ainsi: 15 minutes pour M. le
député de Drummond, 15 minutes pour la formation de l'Opposition
officielle, et nous terminerons avec une quinzaine de minutes pour le discours
de clôture de Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. Chevrette: M. le Président, de notre côté,
je vais partager mon temps quelques minutes à la fin. Vous
m'arrêterez à peu près à 11, 12 pour que je laisse
à Mme Marois le soin de terminer mon point.
M. Drouin: M. le Président, sans soulever une question de
privilège, je voudrais, avant les discours, remercier les membres de la
commission parlementaire et vous, M. le Président, au nom
d'Hydro-Québec et de la direction d'Hydro-Québec, pour la
façon dont on a pu s'expliquer et échanger avec les
parlementaires. Alors, j'en profite pour remercier tous ceux et celles qui ont
participé à cette commission-là.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, M. le
député de Drummond, vous avez 15 minutes.
Remarques finales M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
M. le Président, dans moins d'une heure, nous mettrons un terme
aux travaux de la commission qui s'est penchée sur le plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec. À la fin de ces
cinq dernières semaines nous aurons entendu 83 organismes venus nous
présenter 88 mémoires, totalisant 2240 pages de texte,
combinées aux 1128 pages de la présentation
d'Hydro-Québec, en incluant les 55 pages du document intitulé
«La stratégie québécoise d'efficacité
énergétique»; c'est un total de 3426 pages de texte que les
parlementaires auront eu à consulter.
De ces audiences, je crois que nous pouvons dégager les consensus
suivants: L'hydroélectricité est
encore le premier choix en matière d'énergie;
l'efficacité énergétique doit être
privilégiée comme premier moyen pour satisfaire à la
demande; la réduction des coûts doit être poursuivie pour
maintenir l'effort de fournir de l'électricité au plus bas
coût possible; la privatisation de la société ne devrait
pas faire partie du plan 1993-1995; le processus de la planification
intégrée des ressources ainsi que la considération des
external ités devront être accentués comme outils de
gestion d'Hydro-Québec; la mise en place d'une politique
énergétique au Québec; la mise en place d'un office
indépendant pour évaluer et entendre les propositions de toutes
les options énergétiques au Québec; et finalement, le
développement de l'éolien et du solaire passif à
être encouragés.
De plus, les points suivants méritent d'être
soulevés et adressés: La création d'un fonds de
stabilisation; l'opportunité d'identifier des rivières
patrimoniales à être conservées intactes pour les
générations futures; l'implication d'Hydro-Québec à
la création de fonds de développement régional; la
tarification d'Hydro-Québec pour le résidentiel, les petites et
moyennes entreprises; la politique de recherche et développement
d'Hydro-Québec, i&u niveau du plan, maintenue et accrue
idéalement au-delà des 2 % prévus; l'utilisation du
solaire passif; l'établissement de normes plus serrées en
matière d'efficacité énergétique; un refus de
l'industrie aux tarifs saisonniers; le besoin pour Hydro-Québec
d'impliquer ses travailleurs et travailleuses dans un programme de gestion des
coûts combiné à un programme de recyclage des ressources
humaines; les problèmes de la santé reliés à la
consommation d'électricité, en principal, l'effet
électromagnétique.
Les consensus dégagés ainsi que les points
d'intérêt majeurs soulevés m'amènent à
formuler les recommandations suivantes.
La première: À cause de l'ampleur du programme
d'efficacité énergétique et de son importance dans la
réalisation du plan de développement 1993-1995, que la commission
de l'économie et du travail entende, une fois l'an, Hydro-Québec,
pour le dépôt des résultats obtenus en efficacité
énergétique. Et, deuxièmement, le Bureau
d'efficacité énergétique, dont la mission, telle que
stipulée à la page 49 du document sur la stratégie
québécoise d'efficacité énergétique, est de
jouer, et je cite: «un rôle d'organisme de suivi,
d'évaluation» pour qu'on puisse en faire l'analyse de son
rapport.
Deuxièmement, que la commission de l'économie et du
travail entende, une fois l'an, Hydro-Québec, sur son rapport de
réduction des coûts, en conformité avec son objectif de
contenir les frais d'exploitation à 0,8 % d'accroissement pour la
période 1992-2000.
Troisièmement, que le gouvernement prépare une politique
énergétique et la soumette à la consultation au cours des
12 prochains mois.
Quatrièmement, que la commission de l'économie et du
travail reçoive les mémoires et entende les
intéressés en audience publique pour la création d'un
organisme ou d'un office indépendant sur les propositions de toutes les
options énergétiques, et surtout, qu'elle déter- mine,
suite à ces audiences, s'il doit être consultatif ou
décisionnel.
Cinquièmement, que la planification intégrée soit
incluse, d'ici un an, comme outil de gestion chez Hydro-Québec.
Sixièmement, qu'un programme de recherche
accéléré soit entrepris afin de déterminer les
paramètres des externalités à être inclus dans les
coûts de production, et qui devront faire partie du plan de
développement 1995-1997.
Septièmement, devant la fragmentation des communautés et,
surtout, comme le disait Charles Taylor, devant cette inaptitude de plus en
plus grande des gens à former un projet commun et à le mettre
à exécution, il s'impose la création d'un programme de
recherche sur, premièrement, l'évolution des valeurs sociales qui
sont à la base des méthodologies de planification à grande
échelle et, deuxièmement, la validité pratique des
méthodologies fondées sur les principes de la planification et de
la gestion intégrée des ressources dans une perspective de
collaboration transdépartementale et de développement
durable.
Huitièmement, que le programme de recherche et
développement soit modifié de la façon suivante: 1,8 %
pour 1993, 1,9 % pour1 1994, 2 % pour 1995 et 2,8 % pour l'horizon
2000.
Neuvièmement, dans le but de maintenir la serri-culture au
Québec, que le tarif pour l'éclairage des serres soit maintenu
à 0,035 $ du kilowattheure, même si la biénergie n'est pas
utilisée.
Dixièmement, qu'un moratoire sur le harnachement de
l'Ashuapmushuan et de la Moisie soit décrété par le
gouvernement jusqu'à la tenue d'un large débat au sein de la
société québécoise sur l'identification d'un
certain nombre de rivières du Québec à être
conservées à l'état vierge pour les
générations futures.
Onzièmement, pour pallier au moratoire sur les rivières
mentionnées ci-haut, accélérer le programme
d'investissement sur les rivières déjà
harnachées.
Douzièmement, la politique de soumission au plus bas
soumissionnaire conforme doit être revue afin d'inclure dans la grille
d'évaluation le contenu en innovation et le programme de recherche et de
développement du soumissionnaire.
Treizièmement, qu'un programme de recherche soit entrepris
dès 1993 sur les sites potentiels de l'établissement
d'éoliennes, afin d'accumuler les données pertinentes à la
faisabilité d'un tel projet.
Quatorzièmement, la création d'un fonds de stabilisation
m'apparaît souhaitable et pourrait être concrétisée
à partir de la vente des surplus de haute hydraulici-té. Ce fonds
pourrait être plafonné à deux ans de faible
hydraulicité, et l'excédent versé en paiement de la dette
ou pour l'accroissement à 35 % du taux d'autofinancement.
Quinzièmement, la révision des normes des bâtiments
en efficacité énergétique.
Seizièmement, la vérification des plans d'urbanisme en
concertation avec le monde municipal et les associations professionnelles
concernées, afin d'encoura-
ger l'utilisation du solaire passif pour une meilleure orientation des
rues.
Dix-septièmement, la tarification que l'objectif de maintenir
l'augmentation au taux d'inflation soit accordée pour 1993, 1994 et 1995
seulement, et soit ramenée à zéro, par la suite.
Dix-huitièmement, clarifier et harmoniser la politique de
recouvrement des mauvaises créances ainsi que la gestion des comptes
clients, commerces et petites entreprises, en introduisant une approche moins
«normée» et moins rigide.
Dix-neuvièmement, que l'amélioration des programmes de
communication soit maintenue et accélérée, surtout en ce
qui a trait à la vulgarisation des connaissances accumulées au
grand public.
Et vingtièmement, afin de s'assurer que la
crédibilité des institutions soit maintenue, que la commission
d'économie et du travail prenne connaissance, premièrement, des
autorisations gouvernementales données à Hydro-Québec en
vertu de son plan et, deuxièmement, que le plan final soit
évalué par la commission d'économie et de travail pour en
apprécier les modifications.
M. le Président, ces recommandations ne se veulent pas
exclusives, mais sont un reflet des perceptions et convictions que j'ai
accumulées au cours de ces cinq dernières semaines.
En terminant, permettez-moi, M. le Président, de vous remercier
pour la façon dont vous vous êtes acquitté de votre
tâche, de même qu'à vous, M. le secrétaire, ainsi
qu'à tout votre personnel, un merci sincère pour la collaboration
et l'aide que vous m'avez apportées. (17 heures)
À ceux et à celles qui ont présenté des
mémoires, merci aussi pour votre confiance en nos institutions et,
surtout, au rôle que peuvent assumer les commissions parlementaires dans
notre système démocratique. Aux dirigeants d'Hydro-Québec,
mes remerciements pour leur diligence à répondre à mes
interrogations, et surtout pour la sobriété de la documentation
fournie.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député.
Je vais maintenant reconnaître la formation de l'Opposition
officielle.
M. le député de Joliette, vous disposez de 15 minutes, et
je vous arrêterai vers les 11 minutes environ.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
Tout d'abord, moi aussi, je remercie ceux qui ont témoigné
devant nous pendant ces cinq longues semaines, assez ardues pour un leader
d'une formation politique, et en même temps de suivre un débat
intéressant.
Merci à Hydro-Québec pour les réponses
déjà fournies. Merci pour celles qu'ils nous fourniront, parce
qu'il y a un grand nombre de questions que j'ai soulevées, auxquelles je
n'ai pas encore de réponse. J'en aurai sans doute, puisque c'a
été pris en note, et j'en ai même demandé ce matin
des additionnelles. Je suis convaincu que j'aurai d'excellentes
réponses, dans les meilleurs délais, si elles existent.
Je voudrais, M. le Président, dans un premier temps, parler de
tarifs parce que la journée a été consacrée aux
tarifs. Et, à mon point de vue, Hydro-Québec devrait refaire ses
devoirs en matière de tarification, parce qu'elle dit qu'elle colle
à l'inflation, en ce qui regarde tout le monde, mais, les tarifs
domestiques, c'est clair que c'est en haut de l'inflation. Et,
deuxièmement, la conjoncture économique actuelle nous oblige
à faire un spécial pour les consommateurs
québécois. On me dira que je courtise. Ce n'est pas une question
de courtiser les consommateurs, c'est de les défendre. je pense que 26,3
% dans le cours des cinq dernières années, plus la tvq, plus la
tps, c'est assez. un peu de respir. et, si on est capable de consentir des
faveurs à des secteurs industriels, on est capable, dans une
période aussi difficile, de permettre aux citoyens de respirer. et je
suis convaincu que la ministre ne peut faire autrement que d'aller dans le
même sens que l'opposition et de demander formellement à
hydro-québec, cet après-midi, de faire un effort pour
éliminer... il me semble qu'il y a une série de choses qui
peuvent être corrigées à hydro-québec pour aller
chercher ce nombre de millions qui correspondent à peu près
à la somme indiquée pour une augmentation tarifaire.
Il me semble qu'il y a possibilité, dans une entreprise où
on brasse autant de milliards de dollars, d'en arriver à faire, au moins
pour la présente année, un gel complet des tarifs. D'autant plus
qu'on demande même aux travailleurs dans tous les secteurs du public, du
parapublic... dans le privé on a même demandé à des
gens de consentir à des baisses de salaires de 4 % et de 5 %. Il me
semble que dans la conjoncture économique actuelle, après avoir
assisté à tout cela, on doit demander véritablement
à Hydro-Québec de présenter une demande nulle pour au
moins l'année en cours. Au moins.
Ceci dit, la commission et je suis convaincu que la ministre va
abonder dans mon sens a dégagé de grands consensus.
D'autres presque quasi unanimes, d'autres majoritaires, mais fortement
majoritaires. Je pense, entre autres, au débat élargi sur la
problématique énergétique. Moi, je n'attaque pas
Hydro-Québec en disant que les citoyens veulent avoir une commission de
l'énergie, où on tiendra compte de toutes les sources
énergétiques. Quarante pour cent, que ça
réprésente, Hydro-Québec. Mais il y a 60 % qui ne sont pas
touchés ici. On demande toute la pression de l'économie
d'énergie, par exemple, et de l'efficacité
énergétique à un seul secteur.
Ce n'est pas ça, une politique énergétique.
HydroQuébec fait partie d'un tout, et ce n'est pas pour rien que les
gens demandent un large débat sur la problématique
énergétique au Québec. Et, en allant dans la même
foulée, les gens ont demandé, aussi, la création d'une
commission sur l'énergie, où on pourrait avoir des
contre-expertises, parce qu'il faut bien l'admettre,
Hydro-Québec est juge et partie dans son secteur. Elle n'est
contre-expertisée par personne. On lui pose une question, elle a
réponse à tout. C'est ça. En plus, avec l'argent, elle va
chercher ses justifications même par contrat à l'extérieur,
après avoir bien expliqué ce qu'il fallait écrire. Vous
savez très bien ce que je veux dire, M. Drouin. Je pourrais vous donner
des exemples à vous-même.
Donc, la création d'une véritable commission de
l'énergie qui pourrait soupeser et donner l'information aux
citoyens.
Je disais ça à un journaliste, ce midi. La clé pour
une décision éclairée, c'est l'information. Là, on
obtient des informations d'Hydro-Québec, par exemple, sur des
projections de prix du pétrole. C'est Hydro-Québec qui nous fixe
ça. C'est un concurrent. Ça n'a pas de bon sens! La commission de
l'énergie aurait beaucoup plus de crédibilité. Et je pense
qu'elle éviterait les doutes qu'on manifeste, que des gens manifestent.
Et ça, je pense que c'est un consensus qui est clair.
La planification intégrée des ressources, c'est un autre
consensus très majoritaire au niveau des mémoires que nous avons
entendus. Et j'ai cru comprendre qu'Hy-dro n'était pas
rébarbative à ce consensus majoritaire, au contraire, qu'elle
était prête à emboîter le pas avec encore plus
d'agressivité, si j'ai bien compris les propos du président.
Quant à l'efficacité énergétique, je ne suis
pas le seul qui a manifesté des réticences. Il y a plus de la
moitié qui a manifesté des réticences. S'il y a un
consensus là-dessus, c'est les réticences ou de
l'incrédulité de la part de plusieurs citoyens. Et, ça,
vous en êtes peut-être responsables. Vous avez changé
tellement souvent vos propres objectifs, puis vous nous avez même
annoncé que ça pourrait changer dans deux mois. C'est difficile
d'asseoir quelque chose sur du solide, puis de croire que vous vous en allez
sur du solide en matière d'efficacité énergétique.
Ce n'est pas seulement moi qui l'ai dit. J'ai réussi à vous le
faire dire, même. J'étais très heureux ce soir-là
parce que je sentais qu'il n'y avait pas quelque chose de solide dans le plan
de développement, là-dessus, que c'était plutôt pour
faire plaisir. Je n'étais pas gêné pour le dire à
l'ouverture, et je le maintiens encore aujourd'hui, que la commission
parlementaire a été, peut-être, convaincante dans ce
sens-là.
C'est qu'on veut bien, ça paraît bien, il fallait en mettre
pour tout le monde. Mais 1 000 000 000 $ au-dessus de l'argent, en
efficacité énergétique, il faut avoir des
résultats, puis il ne faut qu'ils changent aux deux mois. Il faut que
ça s'en aille de façon croissante. Il ne faudra pas croire qu'en
l'espace d'un an vous allez devenir doublement efficaces par rapport à
quatre, cinq ans. Je pense qu'il faut des outils de contrôle,
d'évaluation. Et, ça, ça n'a pas été une
démonstration hors de tout doute raisonnable.
Pour ce qui est de l'impopularité des tarifs saisonniers pour
l'industrie, c'est un consensus au niveau de l'industrie. Mais j'ai bien cru
comprendre que, ça, ça avait déjà été
compris à ce niveau-là, en tout cas. Je comprends qu'il y a des
consensus qui ne regardent pas Hydro-Québec, qui regardent la ministre.
La création d'une commission, un débat public sur
l'énergie, c'est la ministre. On verra si son gouvernement tient
à le faire. Mais, ça, je comprends que ça ne peut pas
relever d'Hydro-Québec.
L'isolation thermique des bâtiments, c'est revenu dans plusieurs
mémoires. Même si on a eu des réponses là-dessus, je
ne trouve pas... Je trouve, moi, que dans un contexte c'est le gros bon sens.
Tu parles avec des citoyens qui nous disent tous: Si on isolait comme il faut
nos maisons, nos entreprises, nos commerces, on viendrait de faire un gain
sûr pour l'avenir. On a bien beau sortir toutes sortes de projets, ce
n'est pas convaincant, ce n'est pas dans... Le coup de barre serait
véritablement au niveau de l'isolation thermique des
bâtiments.
Rentabilité des contrats à partage de risques. Je me suis
fait le porte-parole d'un bon nombre qui doutent sérieusement... Le
président, ce matin, disait qu'ils avaient évalué la... je
ne me souviens plus du terme qu'il a utilisé, je l'avais en tête,
encore tantôt. Les sensibilités. Il disait ça, ce matin.
Évaluer les sensibilités. Vous n'avez pas évalué
les sensibilités. Vous avez évalué à partir de
scénarios, et vous le savez très bien.
Vous savez très bien que c'est une catastrophe. Je ne vous
demanderai pas de m'en faire la preuve. De toute façon, vous n'avez plus
l'occasion. Mais, à mon point de vue, c'est une catastrophe qu'on va
traîner longtemps. C'est une erreur qu'on va traîner longtemps.
D'ailleurs, Hydro-Québec, sans le dire, le reconnaît, parce que,
dans votre plan de développement, vous reconnaissez qu'il est temps
qu'on aille vers des usines de transformation, qui créent beaucoup plus
d'emplois. Et c'est une façon très habile de nous dire: Oui, on a
fait une erreur, on la reconnaît, et voici notre réorientation. Et
je vous en remercie. Je l'ai lu dans votre plan de développement. Je
considère que vous avez vu clair, mais ça vous a
été imposé, et vous n'aviez pas le choix.
En ce qui regarde les ponctions gouvernementales qui diminuent la marge
de manoeuvre d'Hydro-Québec, je suis entièrement d'accord avec
vous. Vous le dites, encore là, avec beaucoup de diplomatie. Mais vous
publiez maintenant ce qu'on vient se chercher dans vos poches, que ce soit en
taxes sur le capital, que ce soit en taxes scolaires, en taxes municipales, en
frais de garantie. Tout cela totalisera, dans quelques années à
peine plus de 1 000 000 000 $, annuellement. C'est évident que ça
risque d'affecter la santé financière d'Hydro-Québec. (17
h 10)
Enfin, pour le gaz naturel, je pense que j'ai dit ce que j'avais
à vous dire. Il y a eu des discussions qui, entre vous et moi, sont un
peu cocasses. C'est rendu que c'est Hydro qui fait les projections pour
d'autres. Moi, je trouve ça un petit peu déplacé.
Ça devrait être une commission de l'énergie qui se penche
là-dessus; ça n'a pas de bon sens.
Quant au maintien du tarif sur l'inflation, je vous l'ai dit
tantôt...mais ce sont là quelques consensus qui se sont
dégagés de la commission. Je voudrais remercier
Hydro de son apport. Si je vous ai occasionné de l'ouvrage,
faites-vous en pas, je continuerai, parce que j'ai l'intention d'être
très informé et de demander de plus en plus d'information,
d'exiger des réponses à mes questions. Je crois que c'est
là notre rôle comme Opposition, comme parlementaires d'abord, et
comme Opposition aussi.
Je vous remercie.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. Mme la députée de Taillon. Vous disposez
d'environ quatre minutes.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Oui, d'accord. Merci beaucoup, M. le
Président.
Je remercie mon collègue de pouvoir me permettre d'intervenir
à cette table.
Après quelques semaines de consultation, je pense qu'il faut,
effectivement, remercier Hydro-Québec pour nous avoir
éclairés sur un certain nombre de points de vue qui
étaient débattus ici. Il faut aussi souligner la participation
fort pertinente et utile de plusieurs groupes qui ont pris la peine de venir
nous présenter leurs propositions.
Il est évident que c'est juste qu'un certain nombre de consensus
se dégagent, et, moi, je veux m'attarder, évidemment,
particulièrement à ceux qui concernent l'environnement. J'en
retiens quatre de ceux-ci.
D'abord, dans un premier temps et ce n'est pas inutile qu'on puisse se
le dire autour de cette table, la filière hydroélectrique semble
être acceptée comme la principale pour la production
d'électricité, et ce, dans certaines conditions,
évidemment je pense à la protection du territoire; bien
sûr, on pense à certaines discussions autour de rivières
patrimoniales ou sites touristiques ou autres qui ont fait l'objet de
débats ici donc, dans certaines conditions, celle qui reste aussi
la moins dommageable pour l'environnement.
Secondement, je dirais, ou deuxièmement, c'est un autre
consensus, aussi, qui va dans le même sens, mais dans le sens des
économies d'énergie, cette fois-là, dans le sens de ce
qu'on appelle l'efficacité énergétique, qui doit, à
notre point de vue, rester une préoccupation tout à fait
constante et prioritaire pour Hydro-Québec, et, dans ce sens, je crois
qu'il serait souhaitable et mon collègue a mentionné
combien il était nécessaire que l'on ne soit pas toujours juge et
partie que l'on étudie toutes les filières sur lesquelles
on nous a fait des propositions, qui peuvent sembler, évidemment,
originales qu'il s'agisse de l'énergie éolienne ou de
l'énergie solaire mais qui méritent toute notre attention,
je crois, comme membres de cette commission, M. le Président.
Troisièmement, bien sûr, l'approche intégrée
doit être adoptée par la société d'État, et
ce, sans réserve, à notre point de vue, pour évaluer
l'impact de ses choix de développement.
Enfin, il nous apparaît que, pour élaborer une
véritable politique énergétique pour le Québec, un
large débat public sur l'énergie est souhaité par
l'ensemble des intervenants, et je vous dirais, M. le Président, d'un
point de vue plus global, il faut que le gouvernement et je m'adresse
ici au gouvernement assume un véritable leadership sur cette
question et qu'il applique, lui aussi, une approche intégrée.
À cet égard, je vais vous dire que j'ai été
déçue de constater l'absence du ministre de l'Environnement
à notre table de travail. Je peux comprendre qu'il soit très
occupé par ses nouvelles fonctions, mais il a cependant deux adjoints
parlementaires qui auraient pu, à une occasion ou l'autre, venir
participer à nos travaux. Alors je crois que, pour un gouvernement qui
veut inscrire ses actions dans l'optique du développement durable, il
aurait été primordial que les préoccupations
environnementales du gouvernement soient présentées lors de cette
consultation.
Si maintenant et je terminerai avec cela ces
préoccupations environnementales du gouvernement sont absentes lors de
cette consultation, on peut espérer qu'elles soient présentes
lors d'un débat public sur l'énergie, et ce débat,
à mon point de vue, loin de nous faire perdre du temps, pourrait
être perçu comme une façon pour le Québec de se
solidariser, de se solidariser autour d'un projet qui mobiliserait la
société québécoise. On sait quelles
difficultés on rencontre à chaque fois qu'on veut faire,
justement, un nouveau projet de développement parce qu'un certain nombre
de consensus ne sont pas faits. La question énergétique ne
relève pas seulement de simples calculs économiques; elle touche
l'ensemble de nos activités quotidiennes. Elle peut aussi, comme
ça a été le cas au cours des dernières
années, modeler notre développement; notre avenir en
dépend, M. le Président.
Alors, je vous remercie, à mon tour, ainsi que vos adjoints et
toutes les personnes qui ont bien voulu contribuer à nos travaux pendant
tout le temps qu'ils se sont tenus.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée.
Je vais maintenant reconnaître Mme la ministre de l'Énergie
et des Ressources.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Alors, M. le Président, la commission
permanente de l'économie et du travail se penche depuis maintenant un
peu plus d'un mois sur la proposition du plan de développement
d'Hydro-Québec 1993. Depuis le 23 février, la commission a ainsi
entendu des commentaires provenant de divers milieux sur les orientations
privilégiées par la société d'État et sur
les différents choix de société qui en
découlent.
La commission a, par ailleurs, analysé la proposition tarifaire
pour 1993-1994 ainsi que l'engagement de performance d'Hydro-Québec.
C'était la première fois qu'Hydro-Québec soumettait un
plan triennal, élaboré au terme d'une consultation publique, et
que ce plan faisait,
à son tour, l'objet d'une commission parlementaire. Et je peux
affirmer que l'exercice s'est révélé stimulant et des plus
constructifs. Ce sont 88 organismes ou individus qui ont pris la peine, depuis
novembre dernier, de préparer un mémoire, et nous en avons
entendu la presque totalité, soit 83 groupes et individus. Ainsi, des
représentants du secteur de l'énergie, du monde des affaires, des
milieux municipaux, syndicaux, patronaux, environnementaux, des groupes de
consommateurs et des communautés autochtones ont eu l'occasion de
procéder à une étude sérieuse de la proposition de
plan de développement d'Hydro-Québec.
Ils ont fait part de leurs réflexions en allant au-delà du
discours habituel. Toutes ces interventions nous ont permis de constater
à nouveau que l'électricité occupe une place importante au
Québec, que la majorité des gens veulent participer à son
développement. Cette volonté d'engagement m'apparaît
d'ailleurs comme un signe avant-coureur d'une concertation véritable et
nécessaire pour l'avenir. Je crois que nous pouvons aborder une nouvelle
phase d'échange sur l'énergie, qui se caractérise par une
plus grande maturité. Et j'aimerais d'ailleurs signaler combien
j'apprécie l'appui apporté par mes collègues et
l'Opposition officielle au nouveau processus et je n'oublierai pas le
député de Drummond de consultation que nous avons mis en
place.
Dans le plan de développement que nous venons d'étudier en
commission parlementaire, Hydro-Québec continue de privilégier la
filière hydroélectrique et propose différents moyens pour
satisfaire les besoins futurs des Québécois en
électricité. La société d'État a d'abord
dû procéder à une évaluation de nos besoins
énergétiques en tenant compte de ses objectifs d'économie
d'énergie et de l'impact qu'auront les différents programmes
d'efficacité énergétique. D'une façon
générale, on peut dire que les groupes et les individus qui ont
soumis un mémoire s'entendent sur les grands enjeux sous-jacents aux 32
orientations proposées par HydroQuébec, et plusieurs
éléments font même l'objet d'un large consensus. Par
exemple, la grande majorité de ceux qui se sont exprimés sont
d'accord avec la société d'État sur la
nécessité d'améliorer l'efficacité
énergétique et, ainsi, de mieux contrôler notre
consommation énergétique. Mais nombreux sont ceux qui
s'interrogent sur le niveau des objectifs et la détermination de
l'entreprise à les réaliser.
J'ai noté, aussi, un fort consensus autour de la filière
hydroélectrique, que ce soit sous la forme de grands projets ou par les
petites et moyennes centrales, et, de toute façon, des formes
d'énergie disponibles actuellement, c'est celle qui est la plus fiable
et qui a le moins d'impacts négatifs sur l'environnement.
Économiquement, écologiquement et socialement,
l'hydroélectricité est, plus que jamais, une composante
essentielle du développement durable de la planète. Mais on exige
désormais que la société d'État, avant
d'accroître ses capacités de production, améliore d'abord
le réseau existant, soutire le maximum du potentiel des économies
d'énergie; et il semble également bien clair qu'on accorde un
rôle de première filière d'appoint à la
cogénération, ainsi qu'une place à la filière
éolienne en réseau non relié.
Enfin, on reconnaît la valeur d'Hydro-Québec comme
instrument de développement économique et régional.
L'aménagement du potentiel hydroélectrique du Québec ne
s'est-il pas traduit, jusqu'à maintenant, par d'importantes
créations d'emplois et le développement d'une expertise
mondialement reconnue? Pour accroître encore les retombées
régionales des projets, on souhaite, par contre, que la
société d'État se concerte davantage avec le milieu,
qu'elle fasse appel aux services d'entrepises performantes dans le cadre d'une
politique de faire faire, et qu'elle mette en place un maillage plus
serré avec les organismes qui peuvent l'appuyer.
Les communautés locales, les communautés autochtones nous
ont d'ailleurs fait connaître leur désir d'être
associées efficacement aux projets qui seront réalisés
dans l'avenir. (17 h 20)
La proposition du plan de développement qui a été
soumise par Hydro-Québec semble donc, d'une manière
générale, rejoindre les attentes de la plupart des groupes et des
individus, ce qui ne veut pas dire que le plan reçoit un appui unanime.
De fait, une certain nombre de ceux qui ont fait connaître leur opinion
à la commission ont soulevé plusieurs questions qui
méritent notre attention. Certains milieux s'interrogent ainsi sur le
potentiel réel et réaliste d'économie d'énergie, ou
encore sur la place qu'on laisse à des filières
énergétiques telles que la cogénération,
l'éolien ou le nucléaire.
D'autres, encore, ont exprimé leur crainte que la
société québécoise fasse les frais des avantages
consentis à certaines industries énergivores. Je suis convaincue
que les régions profitent largement des retombées de ce type
d'industrie ainsi implanté et que l'économie
québécoise tout entière en tire profit. Je voudrais
répéter ce que j'ai dit ce matin, 8 000 000 000 $
d'investissements directs et indirects ont créé ou maintenu 8000
emplois par année, auxquels il faut ajouter 41 000 emplois liés
à la construction. Leur chiffre d'affaire global équivaut
à 6 000 000 000 $ annuellement. Le rachat de biens et services est
évalué à 1 200 000 000 $ par année, et leur masse
salariale annuelle se chiffre à 600 000 000 $. Je pense que ça
vaut bien, M. le Président... et vous me permettrez d'ajouter les 500
000 000 $ de l'amiante, l'aventure Quebecair, Marie Perle, et j'en passe.
Les prix de l'électricité ont aussi fait l'objet de
controverses. Certes, personne ne veut des hausses de tarifs supérieures
à l'inflation. Tandis que les uns demandent que les tarifs soient
établis en tenant compte des difficultés financières de
certaines catégories de consommateurs, les autres souhaitent une
diminution de l'interfinancement, un meilleur signal de prix pour favoriser une
utilisation plus rationnelle de l'électricité et la prise en
compte de toutes les externalités.
Les commentaires qui sont parvenus à la commission parlementaire
de l'économie et du travail débordaient parfois du cadre strict
du plan de développement d'Hydro-Québec et portaient davantage
sur la politique
énergétique du Québec. De fait, après
l'évolution des dernières années, et l'adoption, en
décembre dernier, de la stratégie d'efficacité
énergétique, je crois qu'il est maintenant temps d'amorcer la
réflexion et je voudrais que le député de Joliette
m'écoute qui permettra d'actualiser la politique
énergétique.
Je ne vous cacherai pas qu'il s'agira d'un exercice rigoureux et
exhaustif dans le cadre duquel nous devrons procéder à une
consultation structurée portant sur des questions précises. Nous
devrons obtenir l'opinion des experts, des organismes directement
concernés par le sujet. Et je serai particulièrement attentive au
processus qui sera choisi, de façon à ce que non seulement il
assure une véritable participation démocratique, mais aussi qu'il
mène à des choix collectifs clairs, fondés sur la
réalité des faits.
Il ne faut pas oublier, en effet, que nous devrons
réévaluer les positions québécoises en
matière d'énergie à la lumière de
l'évolution des tendances, ici comme dans le monde, en tenant compte des
derniers développements scientifiques et technologiques ainsi que de la
gestion intégrée des ressources. Nous devrons également
maintenir les positions que nous avons déjà prises en faveur du
développement durable et d'une utilisation intelligente de nos
ressources.
L'exercice que nous terminons aujourd'hui nous sera d'ailleurs
très profitable au moment d'actualiser la politique
énergétique, car il nous a permis de mieux cerner les perceptions
et les attentes de la population québécoise en la matière.
Quant à la création d'une éventuelle régie de
l'énergie, cette proposition pourrait éventuellement être
considérée dans le cadre des réflexions sur
l'actualisation de la politique énergétique.
Cependant, pour ce qui est de la privatisation d'Hydro-Québec ou
de la municipalisation de la distribution de l'énergie que certains ont
demandée lors de la commission, ce sont des questions qu'il faut
écarter du débat actuel. À ce moment-ci, il faut nous
pencher sur la proposition du plan de développement
d'Hydro-Québec pour 1993-1995. Le document qui nous a été
soumis porte la marque de l'exercice de consultation qui a été
mené par Hydro-Québec au cours de l'an dernier. Il constitue, de
fait, une bonne base de travail. Mais je crois qu'il pourra encore être
amélioré, notamment sur le plan de l'efficacité
énergétique, des retombées économiques, de la
recherche et développement et des dépenses d'exploitation.
Par exemple, en matière d'efficacité
énergétique, il m'apparaît important qu'Hydro-Québec
précise un peu mieux ses moyens d'action et soit en mesure d'assurer un
suivi réel de ses interventions. Je m'attends ainsi que la
société propose des mesures originales, appropriées
à ses différentes clientèles, qu'elle s'engage à
développer des outils précis d'évaluation des programmes
d'efficacité énergétique.
Hydro-Québec devra, par ailleurs, conformément au souhait
émis par plusieurs, indiquer de quelle façon elle entend
maximiser les retombées économiques de ses différents
investissements et, notamment, s'assurer que les régions où elle
intervient en tirent les bénéfices.
La société d'État est déjà fort
active dans le domaine de la recherche et du développement, mais je
crois qu'elle peut mieux cibler ses secteurs de recherche, et investir encore
davantage dans les équipements liés à la consommation
d'électricité et dans la mise au point des
électrotechnologies. Elle pourra ainsi développer avec des
partenaires manufacturiers québécois des produits encore plus
performants, qui garantiront une meilleure utilisation de
l'électricité et qui pourront percer sur les marchés
internationaux.
Par ailleurs, il ressort clairement qu'Hydro-Québec devra faire
davantage d'efforts pour rationaliser ses dépenses d'exploitation. Il
est inadmissible que l'entreprise n'ait pas encore réussi à mieux
contrôler ses dépenses. Il s'agit, pour une entreprise
gouvernementale, de se montrer solidaire de l'ensemble de la
société québécoise et de contribuer efficacement
à l'amélioration de la compétitivité de
l'économie québécoise.
Au cours des prochaines semaines, le gouvernement devra se prononcer sur
le plan de développement, l'engagement de performance et les demandes
tarifaires d'Hydro-Québec. Il aura à faire ces arbitrages en
gardant à l'esprit plusieurs contraintes, telles que la santé
financière de la société d'État,
l'intérêt des consommateurs, les niveaux et l'évolution des
tarifs, ou encore l'impérieuse tâche de soutenir l'économie
et le développement économique du Québec. Il conviendra,
là aussi, de faire davantage avec les ressources disponibles et, donc,
de retenir les mesures promettant le plus de bénéfices aux
moindres coûts.
Je m'en voudrais de passer sous silence la qualité des documents
déposés par Hydro-Québec. La société
d'État a su répondre aux exigences gouvernementales
identifiées dans le cadre du nouveau processus de consultation et
d'examen du plan de développement. Je me réjouis
qu'Hydro-Québec ait réussi à relever ce défi.
Je désire, en terminant, M. le Président, remercier
sincèrement les centaines de personnes qui ont préparé les
mémoires, qui se sont déplacées pour nous expliquer leur
point de vue sur la proposition du plan de développement
d'Hydro-Québec et sur la situation énergétique au
Québec.
Je veux également remercier mes collègues
députés, qu'ils soient membres du parti ministériel ou
membres de l'Opposition, pour l'intérêt qu'ils ont porté
à nos travaux.
Cette expérience a permis de démontrer que la commission
permanente de l'économie et du travail constitue une institution
crédible pour l'étude du plan de développement
d'Hydro-Québec et des demandes tarifaires, quoique en aient dit
certaines personnes.
Soyez assuré, M. le Président, que les commentaires, les
recommandations que nous avons reçues dans le cadre de cette commission
parlementaire nous permettront d'améliorer et d'enrichir le plan de
développement d'Hydro-Québec. Après cette commission, nous
serons ainsi en mesure de répondre encore plus adéquatement aux
attentes de la collectivité québécoise et d'assurer le
bien-être d'aujourd'hui sans hypothéquer l'avenir, ce qui est le
sens véritable du développement durable.
Je m'en voudrais, en terminant, M. le Président, de ne pas
remercier les gens de la commission, le secrétaire de la commission et
les membres du secrétariat qui nous ont aidés, ceux qui ont
assuré la mise en ondes de ces débats et de remercier tout le
monde. Au cours de ces cinq semaines, je pense que chacun a bien
travaillé, et je suis assez fïère de cette commission
parlementaire, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci.
Alors, vous me permettrez, moi aussi, en tant que président, de
prendre quelques secondes pour remercier les gens d'Hydro-Québec de leur
disponibilité, d'avoir accepté de participer à nos
travaux, ainsi que les intervenants, tous ceux et celles qui sont venus se
faire entendre ici.
En tant que président, je veux aussi remercier mes
collègues députés, les membres de la commission
parlementaire. Vous savez, les règles de procédure qui nous
régissent ne sont pas toujours faciles, et je pense que, grâce
à leur bonne collaboration, on a pu avoir des travaux qui se sont
très bien déroulés et qui, je l'espère aussi,
grâce aux nombreux échanges que nous avons eus, nous ont permis de
mieux connaître et, j'espère aussi, peut-être,
d'apprécier davantage l'importance de cette richesse, cet outil de
développement économique qu'est Hydro-Québec.
Alors sur ce, je vais ajourner...
Une voix: ...quelque chose à dire.
Le Président (M. Audet): Oui, Mme la ministre veut
ajouter.
Mme Bacon: Deux secondes. Vous me permettrez, M. le
Président, je ne voudrais pas allonger le débat, mais je voudrais
remercier les fonctionnaires du ministère de l'Énergie et des
Ressources qui ont fait un travail colossal au cours des dernières
semaines, et même avant, et remercier en particulier mon
sous-ministre, le sous-ministre adjoint à énergie, et tous ceux
et celles qui ont collaboré avec lui.
Merci beaucoup. Et mon cabinet.
Le Président (M. Audet): Alors, la commission a accompli
son mandat.
Nous allons ajourner nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 30)