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(Neuf heures huit minutes)
Le Président (M. Forget): Je déclare la
séance de la commission de l'économie et du travail ouverte. Je
rappelle que le mandat de la commission est de procéder à une
consultation générale sur la proposition de plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Charbon-neau (Saint-Jean) par M. Fradet (Vimont); M. Blais (Masson) par Mme
Marois (Taillon) et M. Claveau (Ungava) par M. Baril (Arthabaska).
Auditions
Le Président (M. Forget): Alors, je vais faire lecture de
l'ordre du jour: Environnement Jeunesse; le Conseil de l'industrie de
l'hydrogène; la MRC du Fjord-du-Saguenay et Cascades inc. Est-ce que
l'ordre du jour est accepté?
Une voix: Accepté.
Le Président (M. Forget): J'invite Environnement Jeunesse
à prendre place. Je rappelle le temps alloué pour la
période de présentation et la période d'échanges:
l'exposé de l'organisme est de 20 minutes et la période
d'échange de 40 minutes. Alors, je demanderais au porte-parole de se
présenter et de présenter ses invités.
Environnement Jeunesse (ENJEU)
Mme Hudon-Fecteau (Eve-Lyne): Bonjour! Je suis Eve-Lyne Fecteau,
d'Environnement Jeunesse. Alors, c'est Philippe Dunsky, qui est mandaté
par ENJEU, qui a préparé le mémoire. Alors, madame,
messieurs, bonjour. C'est avec fierté et grand plaisir qu'Environnement
Jeunesse participe à l'élaboration du plan de
développement 1993 d'Hydro-Québec. Nous vous présentons la
position des jeunes actifs dans le domaine de l'environnement face à ce
plan. (9 h 10)
ENJEU est un regroupement qui existe depuis 1979. Il compte aujourd'hui
près de 100 groupes de jeunes répartis à travers le
Québec, principalement dans les institutions d'enseignement, tant au
secondaire, au collégial qu'à l'université. Près de
1000 membres individuels appuient également nos activités
d'éducation relatives à l'environnement.
Le domaine de l'énergie n'est qu'un des domaines qui
intéressent ENJEU. En effet, la gestion des déchets, les
transports, les questions relatives aux jeunes et autres occupent une place
importante au sein de notre organisme. Malgré cela, depuis 1991, nous
nous impliquons plus attentivement relativement au dossier
énergétique du Québec.
Nous participons, entre autres, au processus d'examen de Grande-Baleine
et de Sainte-Marguerite ainsi qu'à deux comités conjoints avec
Hydro-Québec. Nous avons également collaboré avec
l'Association québécoise pour l'évaluation des impacts.
Pour parfaire nos connaissances, nous avons visité, pendant trois
semaines, plusieurs experts en énergie de l'Ouest du Canada et des
États-Unis. En 1991, nous avons organisé un
référendum sur l'énergie où plus de 12 000 jeunes
se sont prononcés en faveur d'un débat public sur
l'énergie ainsi que pour la taxation de l'essence. Cette activité
s'est méritée le prix Ovation décerné par le
Regroupement Loisir Québec.
Par notre présence ici ce matin, nous répondons à
l'appel de nos aînés qui se demandent: Mais où sont les
jeunes? Nous avons produit ce rapport avec sérieux. Nous y avons mis
notre temps, notre argent et nos idées nouvelles. La qualité de
nos apports dans le domaine de l'énergie a été, à
plusieurs reprises, reconnue lors des rencontres mentionnées
précédemment. Il n'en tient qu'à vous maintenant de
considérer comme telle notre position, et vous verrez que les jeunes se
manifestent.
Ceci dit, nous sommes convaincus que le plan de développement
d'Hydro-Québec représente des choix de société
cruciaux. À une époque comme la nôtre, où la
conscience de la fragilité de notre écosystème et
même de notre économie est acquise par plusieurs, la remise en
question de certaines orientations s'impose. Notre avenir à nous, les
jeunes, est en train de se jouer; la consommation d'énergie est un des
enjeux déterminants de la société dans laquelle nous
vivrons.
Philippe Dunsky a donc été mandaté par ENJEU pour
s'exprimer au nom des jeunes sensibles au sort de la planète sur le
développement d'Hydro-Québec 1993. C'est avec à la fois
notre expérience et notre jeunesse que nous vous soumettons ces
propositions de principe et ces solutions. Je laisse donc la parole à M.
Dunsky. Merci de votre attention.
M. Dunsky (Philippe): Bonjour. Mesdames et messieurs, d'abord, je
voudrais vous remercier pour cette opportunité qui nous est offerte de
vous présenter le point de vue d'Environnement Jeunesse sur le plan de
développement de 1993, proposé par Hydro-Québec.
Comme vous avez pu le constater, notre mémoire a tenté de
faire le survol de la plupart des enjeux majeurs reliés à ce
domaine des plus importants. Dans la
période de temps qui nous est accordée aujourd'hui,
j'aimerais n'aborder que quelques-uns de ces mêmes enjeux. Les trois
enjeux dont je voudrais vous entretenir aujourd'hui sont les suivants: 1°
le traitement des mesures de gestion de la demande; 2° les processus de
concertation; 3 e la régie de l'énergie du
Québec.
Premièrement, si nous discutons du traitement accordé aux
mesures de gestion de la demande, c'est parce qu'on croit qu'il existe un
problème important, à l'heure actuelle, concernant ce sujet. En
effet, il y a trois aspects principaux qui, pour ENJEU, Environnement Jeunesse,
sont d'une importance primordiale dans le traitement des mesures de gestion de
la demande. Ce sont, premièrement, la demande qu'on fait aux
consommateurs de payer des dépenses d'investissement initiales au lieu
de les facturer à long terme, comme on le ferait pour
l'électricité; deuxièmement, le fait que le service public
ne reçoit aucun revenu pour ses dépenses en efficacité
énergétique; et, troisièmement, les
caractéristiques différentes des mesures du côté de
l'offre et de celui de la demande qui ne sont prises en compte nulle part dans
le processus de classement économique.
Donc, on va commencer par la première, par le fait qu'on demande
aux consommateurs de payer des dépenses d'investissement initiales pour
la gestion de la demande. Environnement Jeunesse croit que les mesures du
côté de la demande sont, à l'heure actuelle,
pénalisées par le fait qu'elles ne sont pas livrées aux
consommateurs de la même façon qu'on livre des kilowattheures du
côté de l'offre. C'est-à-dire que, tandis que, dans le cas
de l'électricité, Hydro-Québec paie tous les coûts
de production, de transport et de distribution et livre ensuite
l'électricité directement chez le consommateur, dans le cas de
l'efficacité, on demande au consommateur de payer les dépenses
d'investissement initiales en lui disant qu'éventuellement il devrait
récupérer ses investissements en épargne. On traite les
mesures du côté de la demande de façon contraire à
celle dont on traite les mesures du côté de l'offre.
Donc, comme nous l'avons proposé dans notre mémoire, nous
croyons que le traitement des mesures du côté de la demande
devrait être modifié afin de le rendre semblable au traitement
pour le côté de l'offre. Ce qui veut dire qu'Hydro-Québec
se chargera d'aller directement chez le consommateur et de lui installer des
économiseurs d'énergie, comme elle installe présentement
l'entrée de courant d'électricité. Le fardeau des
dépenses d'investissement initiales doit être assumé par
celui qui est vraiment capable de les supporter à court terme,
c'est-à-dire Hydro-Québec.
Deuxièmement, le fait que le service public, Hydro-Québec,
ne reçoit aucun revenu pour ses dépenses en efficacité
énergétique. Actuellement, à moins que la mesure
d'économie d'énergie coûte moins cher, non seulement que
son coût évité, mais que son coût évité
moins les revenus perdus, cette mesure n'est pas rentable pour
Hydro-Québec. Mais pourquoi faisons-nous une différence entre la
production et l'efficacité énergé- tique de cette
façon-là?
En produisant de l'électricité, Hydro-Québec rend
un service à la clientèle. En revanche, elle demande un
remboursement. Le cas des mesures d'économie d'énergie devrait
être le même. Hydro-Québec rend un service
énergétique à sa clientèle. Alors, pourquoi
pénaliser Hydro-Québec pour avoir choisi cette option contre
l'option production en ne lui permettant pas de récupérer ses
dépenses par les consommateurs? Il y a là une question
d'injustice contre l'option efficacité énergétique.
Environnement Jeunesse croit qu'Hydro-Québec devrait avoir le
droit de demander un remboursement pour ses dépenses en
efficacité énergétique, comme il lui est permis de le
faire pour les moyens de production. Donc, en suivant notre proposition
qu'Hydro-Québec devrait payer toutes les dépenses initiales
d'investissement, elle devrait aussi se permettre de récupérer
ses dépenses par le consommateur. Dans le cas où il est vraiment
impossible de récupérer ses dépenses de cette
façon-là, d'autres façons existent, dont le Electric
Revenue Adjustment Mechanism, ou ERAM, dont HydroQuébec et la ministre
de l'Énergie connaissent sûrement les principes.
Troisièmement, le fait que les caractéristiques
différentes des mesures du côté de l'offre et de celui de
la demande ne sont prises en compte nulle part dans le processus
décisionnel ou le processus de classement économique. Chacun des
moyens de fournir les services énergétique fiables au
consommateur a ses propres caractéristiques. En effet, chaque option
porte différents niveaux de coûts et de bénéfices,
tant sur le plan environnemental que celui de la création d'emplois, de
la flexibilité économique, de la disponibilité des
ressources, des risques d'investissements dus à l'incertitude ou au
temps de mise en oeuvre, etc.
Pourtant, dans le contexte actuel de planification, on ne tient compte
nulle part ni de ces coûts ni de ces bénéfices particuliers
à chacune des options. Environnement Jeunesse croit que, pour pouvoir
être en mesure de garantir le meilleur approvisionnement d'énergie
au moindre coût, toutes ces caractéristiques doivent être
incorporées, et ce de façon explicite, à un endroit
où un autre de la planification. Pour ce faire, on pourrait utiliser la
méthode des externalités pour certains de ces enjeux dont
l'environnement et la création d'emplois. Quant aux risques financiers
et la disponibilité des ressources, on pourra incorporer ces
considérations dans le taux d'actualisation utilisé. Finalement,
pour les risques associés au temps de mise en oeuvre, on pourra adopter
l'utilisation d'une courbe d'acquisition des ressources qui tienne compte des
propriétés particulières de chacune des options.
Peu importe la façon de le faire, il faut, sans
hésitation, commencer à incorporer tous les coûts et tous
les bénéfices de chacune des options afin de pouvoir les comparer
de la meilleure façon possible. Ne pas le faire équivaudrait,
pour reprendre une expression que j'aime beaucoup de la part de M. Richard
Cowarth, le Chairman du Vermont Public Service Board, à faire la
mathé-
matique de l'autruche, c'est-à-dire que, même si on
reconnaît qu'il existe des coûts non calculés, on se met la
tête dans le sable pour ne pas avoir à les considérer.
Une fois que tous les aspects de chacune des ressources sont
comparés de façon équitable, et que toutes les options,
qu'elles soient du côté de l'offre ou de celui de la demande, sont
traitées sur le même pied, le Québec sera finalement en
mesure d'entrer dans la nouvelle ère d'une planification
énergétique grandement améliorée. Quand cela sera
fait, nous sommes convaincus que ce sont les Québécois et
Québécoises qui seront les vrais gagnants. (9 h 20)
Maintenant, le deuxième thème: les processus de
concertation, et non pas de consultation. Je voudrais maintenant vous parler de
cet enjeu qui, pour nous autres, est très important. Contrairement
à la position officielle d'Hydro-Québec, son processus de
consultation n'a pas connu un succès total, comme notre service public
essaie souvent de le démontrer. Ce processus de consultation, qui s'est
déroulé durant l'hiver et le printemps passés,
représente peut-être un avant-goût de ce qu'on pourrait
éventuellement faire ensemble. Ça aura été une
ouverture, un début, une introduction peut-être, mais le temps est
maintenant venu pour la tenue d'un véritable, pour ne pas dire
désirable, processus de concertation.
Environnement Jeunesse a participé de façon très
active à tous les niveaux, voire à chaque rencontre de chacun des
niveaux du processus de consultation. De plus, nous sommes le seul groupe qui
participe actuellement au sein des deux comités
Hydro-Québec-Groupes chargés de l'élaboration
d'études sur la planification intégrée des ressources
ainsi que sur les stratégies industrielles axées sur
l'électricité. Donc, en ayant participé à
l'ensemble de cette expérience, nous avons eu l'opportunité de
voir jusqu'où ce type de processus pourrait aller. Nous croyons qu'il
pourrait aller beaucoup plus loin.
En effet, Environnement Jeunesse croit que le Québec est
mûr pour un véritable processus de concertation dans lequel une
variété de groupes, représentant des intérêts
divers de l'ensemble de la société, pourront discuter et arriver
idéalement à des consensus face aux décisions importantes
que doit prendre Hydro-Québec pour remplir les besoins et les voeux de
l'ensemble de la communauté québécoise. De plus, nous
sommes convaincus qu'une majorité des groupes québécois,
qu'ils soient de nature environnementale, syndicale, entrepreneuriale ou autre,
sont maintenant assez matures dans leur compréhension du dossier
énergétique pour pouvoir atteindre de tels consensus.
Finalement, non seulement nous croyons que les Québécois
sont prêts pour un tel processus, nous croyons que ce dernier est devenu
essentiel pour le bien-être de notre société. Tous savent
très bien, peut-être même trop bien, à quel point le
domaine de l'énergie au Québec a réussi à susciter
d'importantes divisions au sein de la communauté
québécoise dans les dernières années. De plus,
l'image de notre province à l'échelle internationale, et surtout
avec nos voisins du Sud, s'est extrêmement
détériorée à cause de ce même dossier.
Ces tensions, ces divisions et ces détériorations de notre
image ne s'apprêtent qu'à s'intensifier dans un avenir prochain.
Pour Environnement Jeunesse, la meilleure façon de contrer ces
problèmes-là est de tenter d'arriver à un consensus social
où les intérêts de toutes et de tous seront
idéalement servis. La tenue d'un véritable processus de
concertation est donc possible et désirable. Nous suggérons donc
fortement que la commission parlementaire assume ses responsabilités en
permettant, de cette façon, un véritable consensus
pan-québécois.
Troisièmement, la fameuse régie de l'énergie du
Québec. La reconnaissance de ses propres limites est toujours le
meilleur exemple de ses propres capacités. C'est ce que nous avons dit
déjà dans notre mémoire et c'est ce que nous
répétons ce soir. Mesdames et messieurs, je vous prie de
comprendre à quel point il est difficile d'être assis devant vous
et de nous interroger sur votre compétence dans ce domaine. Mais nous
devons le faire.
Le domaine de l'énergie, nous le constatons depuis que nous nous
impliquons dans ce domaine, est extrêmement complexe. Ça prend,
pour Hydro-Québec, au-delà de 25 000 employés pour le
maîtriser, et même là nous ne sommes pas tout à fait
certains qu'Hydro-Québec ait réussi.
Que le domaine de l'énergie soit d'une complexité
énorme n'est qu'un fait. Mais, un autre fait, c'est que l'étude
et l'éventuelle autorisation, en quelques semaines, d'un plan de 10 ou
15 ans, comportant des investissements de l'argent public de plus de 50 000 000
000 $ et des impacts énormes sur presque tous les enjeux importants
auxquels fait face la société québécoise, ne
devraient pas être faits par quelques hommes et femmes n'ayant aucune ou
presque aucune expertise dans le domaine de l'énergie. On ne doute pas
de vos compétences en politique ni de vos compétences
personnelles, qu'elles soient sur le plan économique, celui du droit ou
autre, mais vous n'avez simplement pas les compétences pour
étudier et évaluer un domaine aussi grand, aussi complexe et
aussi important que celui de l'énergie.
Si on vous dit ça, c'est parce que ça nous inquiète
énormément. Je ne me gênerai pas pour vous dire que, dans
la communauté énergétique, qu'elle soit ici au
Québec ou ailleurs, l'évaluation du plan de développement
d'Hydro-Québec par votre commission parlementaire est reconnue tout
simplement comme étant une farce. On ne s'attend pas à ce qu'une
vraie évaluation soit entreprise. On ne s'attend pas plus à ce
que les meilleures décisions en matière énergétique
soient prises. Ni les groupes dits écologiques, ni les groupes de
recherche, ni les industries, ni même Hydro-Québec ne s'attendent
à ce que le plan soit évalué de la meilleure façon
possible. Il y a donc, évidemment, une lacune énorme dans la
politique énergétique québécoise.
Ce que nous proposons aujourd'hui, ce que nous avons déjà
proposé dans notre mémoire et ce que plusieurs organismes
proposent, et ce depuis longtemps, c'est la création d'une régie
de l'énergie du Québec.
C'est une régie qui devrait se doter de personnes
compétentes dans le domaine de l'énergie. Ces personnes-là
devraient aussi avoir le temps ainsi que les ressources pour pouvoir
très bien évaluer les plans d'Hydro-Qué-bec ainsi que ceux
de Gaz Métropolitain. Une régie qui est capable d'étudier,
d'évaluer et de prendre des décisions sur le sort du domaine de
l'énergie au Québec tant au niveau des différents moyens
de production et des options du côté de la demande qu'aux
différentes façons de planifier, de faire les prévisions
et autres facettes inhérentes à ce domaine. Nous
répétons une dernière fois que la reconnaissance de ses
propres limites est toujours le meilleur exemple de ses propres
capacités. Nous espérons que vous, les membres de la commission
de l'économie et du travail, tiendrez fortement à ce fait. Encore
une fois, mesdames et messieurs, j'espère que vous avez eu
l'opportunité de lire notre mémoire, car c'est avec le plus grand
respect qu'on vous l'a remis. J'espère aussi être capable de
répondre à toute question que vous aurez à me poser. Je
vous remercie.
Le Président (M. Forget): Je vous remercie. Alors, Mme la
ministre de l'Énergie et des Ressources, à vous la parole.
Mme Bacon: Alors, je voudrais vous remercier de votre
participation à, j'espère, pas une farce, mais un processus de
consultation, si vous me permettez de vous le dire ce matin. J'espère
que les 80 et quelques groupes qui sont venus nous rencontrer n'ont pas pris
cette commission pour une farce mais pour un endroit très
démocratique qui nous permet d'étudier le dossier du plan de
développement d'Hydro-Québec. Que ce soit notre commission
parlementaire, que ce soient d'autres commissions parlementaires, je pense
qu'ici c'est le jeu de la démocratie qui se joue. Et il ne faudrait pas
appeler ça une farce. En tout cas, moi, je me permets de diverger
d'opinion avec vous. Mais je suis quand même heureuse de constater que
des représentants de la jeunesse aient autant à coeur de
collaborer à l'exercice de réflexion que nous avons mis, depuis
au-delà d'un mois, sur le dossier du plan de développement
d'Hydro-Qué-bec et je pense que, par moments, ça déborde
aussi sur l'ensemble des énergies au Québec.
Dans votre mémoire, vous recommandez qu'Hy-dro-Québec
mette en place, parallèlement à son processus de consultation,
des tables de concertation portant, notamment, sur les externalités.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment vous entrevoyez le
déroulement d'un exercice pareil et, peut-être, quels sont les
résultats qu'on pourrait escompter?
M. Dunsky: Merci. Alors, pour ce qui est du processus, il y a
plusieurs processus qui ont déjà été entrepris un
peu partout en Amérique du Nord. Le plus récent, je pense que
c'est au Vermont où il y avait un processus de concertation sur la
question des externalités uniquement. C'est un processus où il y
aurait et là je pourrais peut-être lancer des idées
parce qu'il y a différentes façons d'aborder cette
questions-là, d'aborder un tel processus de concertation. Mais, par
exemple, on pourrait demander au milieu environnemental, au milieu syndical, au
milieu de l'industrie, etc., de se trouver des représentants qui
pourraient représenter ces différents domaines, dans un processus
où, par exemple, ces gens-là se rencontreraient à chaque
semaine, à chaque deux semaines, à chaque mois, avec des experts
et avec des ressources pour engager des experts sur la question, pour
échanger sur les différentes possibilités, les
différentes façons d'évaluer les externalités.
Comme je le disais, il y a différentes expériences qui se
sont déjà vécues dans d'autres juridictions
là-dessus. Il y en a une, par exemple, où, essentiellement, on a
mis des gens dans les salles, on a fermé les portes, puis on ne les a
pas laissé sortir de là pendant x heures par jour, pendant x
semaines, jusqu'à ce qu'il y ait des consensus sur la majorité
des dossiers que ces gens-là étudiaient. Ça s'est
passé surtout en Californie. Donc, il y a différentes
façons de le faire, mais, ce qui est sûr, c'est qu'il faut avoir
un processus de concertation sur les externalités parce que les
externalités, on le constate, il y a des dizaines et même des
centaines de façons de faire, de les évaluer, de les prendre en
compte dans le processus de classement économique ou dans d'autres
processus décisionnels. (9 h 30)
Mme Bacon: Selon vous, l'utilisation du test de
rentabilité «Tous y gagnent» permettrait des
économies de 300 000 000 $ et la création de 34 000 emplois en 10
ans. Pour ce qui est des emplois, c'est à peu près comparable aux
prévisions d'Hydro-Québec et la principale différence se
situe au niveau des économies d'énergie que vous évaluez,
dans votre texte, à 27,9 TWh, dans un scénario moyen que vous
proposez, soit trois fois plus que celles qui sont envisagées par
Hydro-Québec. Est-ce que vous pourriez peut-être, pour le
bénéfice de la commission et pour faire notre éducation,
nous expliquer les grandes lignes de l'approche qui vous permet
d'espérer des résultats aussi élevés que 27,9 TWh,
tout en projetant des tarifs plus faibles?
M. Dunsky: Alors, d'abord, je vais dire que le résultat,
surtout pour ce qui est du potentiel d'efficacité
énergétique, et je l'ai dit, je pense, un peu partout dans le
mémoire, c'est un résultat très préliminaire. Je ne
voudrais pas dire ici ou essayer de dire que c'est certain ou que même
nous on est presque certains que ça pourrait être une
réalité, les 27,9 TWh. Ça, il faudrait l'étudier
davantage et, on le dit, on serait prêts à l'étudier
davantage d'ici quelques mois.
Maintenant, pour ce qui est du processus pour ce test-là,
l'idée, c'est assez simple, et c'est ce que nous avons dit dans la
présentation ce matin, c'est tout simplement de mettre le
côté de l'offre et le côté de la demande sur le
même pied, c'est-à-dire en permettant à Hydro-Québec
de demander un tarif pour l'efficacité énergétique
auprès de sa clientèle. En permettant à
Hydro-Québec de demander un tarif pour l'efficacité
énergétique, Hydro-Québec pourrait dépenser
beaucoup plus en efficacité énergétique,
évidemment, parce que
des dépenses seraient comblées par des revenus. Ça,
ça explique peut-être pourquoi on permettra plus
d'efficacité énergétique de rentrer là-dedans.
Maintenant, pourquoi on pourrait baisser les dépenses des
Québécois dans ce domaine? C'est tout simplement parce que les
mesures d'efficacité énergétique, en
général, sont moins chères que les mesures du
côté de l'offre. Je vous donne l'exemple. Je sais
qu'Hy-dro-Québec, actuellement, d'après ses tests de
rentabilité, choisit toutes les options du côté de la
demande qui sont rentables, qui coûtent moins cher que les mesures du
côté de l'offre. Néanmoins, on regarde, mettons, un petit
graphique et on voit que le coût moyen des mesures du côté
de l'offre, la production, s'avèrent à peu près 0,065 $ le
kilowattheure et le coût moyen des dépenses d'Hydro-Québec
en efficacité énergétique est d'à peu près
0,022 $ le kilowattheure. Donc, il y a, par kilowattheure, mettons, beaucoup de
mesures entre les 0,022 $ et les 0,067 $ qu'on pourrait aller chercher en
permettant à Hydro-Québec un revenu sur ses dépenses.
Mme Bacon: Je n'ai pas saisi comment vous arrivez à 27
TWh. C'est trois fois plus qu'Hydro-Qué-bec quand même! Il faut
que vous ayez fait des calculs pour arriver à 27. Et le fait d'avoir un
coût pour l'efficacité énergétique, comment
ça peut affecter toute la tarification? Vous parlez de cents, mais
ça va affecter la tarification.
M. Dunsky: Ah oui! c'est certain. Il faudrait tout simplement,
pas tout simplement, mais refaire la tarification pour qu'Hydro-Québec
offre à sa clientèle deux options de tarification: une option qui
est uniquement un tarif pour l'électricité et une autre option
qui est une option de facturer la clientèle pour, d'une part,
l'électricité et, d'autre part, l'efficacité
qu'Hydro-Québec installe chez elle.
Maintenant, comme je le disais, on va étudier cette question
davantage dans les mois à venir. À prime abord, je pense qu'il
pourrait y avoir une difficulté assez énorme dans le cas du
secteur résidentiel. Dans le cas du secteur industriel, par contre,
c'est le contraire. On pourrait assez facilement connaître et quantifier
les économies d'énergie qu'on pourrait atteindre dans les grandes
industries, à titre d'exemple. Et, quand on peut quantifier les
économies d'énergie qu'on met en place dans une industrie, on
peut aussi quantifier, à partir de la consommation normale de cette
industrie, l'argent que cette industrie va épargner. À partir de
là, on peut facturer l'industrie pour l'efficacité
énergétique qu'Hydro-Québec a mise dans l'industrie. Ce
n'est pas une recommandation, je dirais, nouvelle. Ce n'est pas
complètement nouveau. Ça se fait d'ailleurs en Californie. Je
pense que c'est le Sacramento Utility ou le Sacramento Power Corporation qui
fait ce même genre de test et surtout de tarification pour
l'efficacité. Ils ne le font pas sur une base de cents par
kilowattheure, mais sur une base mensuelle. La compagnie
d'électricité facture l'industrie, facture le commerce sur une
base mensuelle pour les économies d'énergie qu'elle vient
d'installer.
Mme Bacon: ii y a un récent sondage d'hydro-québec
auprès de sa clientèle qui a démontré que la hausse
des tarifs constitue une des principales préoccupations. et, dans ce
contexte, est-ce que vous ne croyez pas que la société en
général serait prête à accepter l'ajout d'une prime
totale de 50 %, tel que vous proposez, sur les options du côté de
l'offre, et les inévitables hausses de tarifs qui s'ensuivent?
M. Dunsky: je ne le sais pas. je ne sais pas si la
société québécoise est d'accord ou n'est pas
d'accord avec une prime de 50 % sur les mesures traditionnelles du
côté de l'offre. je ne pourrais pas me prononcer pour la
population québécoise. je pense que, quelque part, il faut
inclure les coûts externes dans nos évaluations
coûts-bénéfices. j'espère fortement
qu'hydro-québec va faire cet exercice le plus tôt possible. ce
qu'on propose ici, ce n'est pas de mettre une prime à long terme de 50
%, c'est de mettre une prime entre-temps, tout simplement d'ici à ce
qu'hydro-québec réussisse à vraiment évaluer les
vrais coûts externes de chacun de ses projets. alors, une prime de 50 %,
c'est uniquement provisionnel. si les québécois et les
québécoises sont prêts pour ça ou sont d'accord avec
ça, je ne le sais pas, mais je pense que, pour au moins commencer
à intégrer la question environnementale dans nos décisions
économiques, il faudrait le faire.
Mme Bacon: Est-ce qu'il me reste encore du temps?
Le Président (M. Forget): Votre temps est
écoulé.
Mme Bacon: C'est fini? On reviendra.
Le Président (M. Forget): Alors, merci, Mme la ministre.
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Je vous remercie, M. le Président. Je
voudrais remercier le porte-parole d'avoir pris du temps, dépensé
des énergies pour venir nous faire profiter de votre science, nous qui
sommes des membres du salon de l'incompétence.
Je pense qu'on en tirera sans doute des bénéfices
extrêmes à vous avoir lu et à vous avoir entendu. J'ose
espérer que l'expérience que vous vivez d'autre part,
aujourd'hui, vous permettra de comprendre que, quand on veut donner des
leçons, qu'on se permet de donner des leçons, ça fait
partie aussi de l'expérience de la vie parce qu'il y a un petit ton
d'arrogance dans votre mémoire qui est agaçant. Je ne sais pas
pourquoi vous faites ça, d'ailleurs, ce n'est pas ça qui donne
plus de sérieux au mémoire. Je ne comprends pas pourquoi.
Qu'est-ce que vous diriez si vous étiez assis ici? Juge-riez-vous que
vous avez la compétence de nous écouter si j'étais
à votre place?
M. Dunsky: Si j'avais la compétence d'évaluer
le
plan d'Hydro-Québec ou...
M. Chevrette: Si vous vous asseyiez à ma place et que je
m'asseyais à votre place et que je vous disais que vous participez
à une farce et qu'on n'a pas la compétence de juger d'un
rapport... Si vous vous permettez de venir donner des avis, c'est parce que
vous jugez que vous avez la compétence de donner un avis.
M. Dunsky: Je pense que j'ai la compétence de donner un
avis. Je pense que tout le monde a la compétence de donner un avis. Par
contre, dans un processus décisionnel sur un plan aussi important que
celui-là, moi, je ne pense pas que j'aie la compétence. C'est
clair.
M. Chevrette: Mais, dans une société
structurée et organisée, ça prend quelqu'un pour prendre
une décision en bout de course. Et c'est à partir d'avis
d'experts. Quand il se dégage des consensus de la commission, par
exemple, sur une dizaine de points majeurs... Il y a 85 groupes très
compétents, comme le vôtre, qui sont venus donner des avis. Est-ce
que vous nous reconnaissez au moins la capacité intellectuelle
d'être capables de dégager des consensus, puis d'y aller dans ce
sens-là? Et c'est ça la démocratie, c'est ça le
processus. C'est parce que, de la manière que vous le rédigez, je
vous avoue franchement, ça a l'air pédant. C'est comme si vous
aviez la compétence de vous exprimer et qu'on n'aurait pas la
compétence d'écouter et de comprendre. (9 h 40)
M. Dunsky: Bien non. Je m'excuse si c'est comme ça que je
me suis exprimé. Ce n'est pas ça que je voulais dire. Je ne
voulais pas m'interroger sur vos compétences à écouter du
monde avec différentes opinions. Je ne m'interrogeais pas non plus sur
vos compétences personnelles en quoi que ce soit. Simplement, dans le
domaine de l'énergie, moi, je ne suis pas expert. J'imagine qu'on peut
dire assez facilement que vous n'êtes pas des experts non plus. Expert,
c'est un grand mot. Mais il existe des experts au Québec en
matière d'énergie et il existe même des experts qui ne
travaillent pas pour Hydro-Québec qui pourraient, je pense, avoir le
meilleur aperçu du plan de développement, puis prendre les
meilleures décisions sur le plan de développement.
M. Chevrette: Mais une politique de développement
énergétique, que ce soit dans n'importe quel pays du monde,
ordinairement, puise son origine à partir d'un gouvernement élu
qui, lui, doit avoir la sagesse et la compétence de s'entourer
d'experts. C'est pour ça qu'il y a un ministère de
l'Énergie, qu'il y a HydroQuébec, qu'on ne doit pas laisser cela
à Hydro-Québec seule, je suis d'accord avec vous parce qu'ils
sont les seuls à avoir l'expertise, puis, s'il n'y a pas d'autres
personnes pour nous renseigner, on risquerait peut-être d'être
biaises... Mais le processus comme tel, auquel vous participez, c'est de venir
donner votre opinion, même sur... Vous attaquez même
Hydro-Québec dans son processus de consultation. Vous dites que c'est un
peu pour la frime que c'a été fait. Ce n'est pas une
véritable concertation. En tout cas, c'est ce que je retire de votre
texte, ce avec quoi, je pourrais être d'accord avec vous. Mais je voulais
vous amener à réfléchir, en un mot, sur le fait que, dans
toute société structurée, organisée, ça
prend quelqu'un, à un moment donné, pour trancher en bout de
course. Et, pour trancher en bout de course, ça prend une
autorité; une autorité qui est conférée par le
peuple, dans les circonstances. Moi, je pourrais être d'une
incompétence totale, ce avec quoi je pourrais être d'accord avec
vous si vous m'attaquiez personnellement. Je vous dirais: Bien oui, mais j'ai
eu le courage de me présenter, de me faire élire et d'essayer de
comprendre. Et, si les citoyens jugent que je ne comprends rien, que je prends
de mauvaises orientations, ils ont la capacité de me changer à
tous les quatre ans, moi, ce qui n'est pas le cas dans bien des structures
dites de société, même au niveau du fonctionnarisme, par
exemple.
Donc, c'est dans ce sens-là que je voulais attirer votre
attention. Quand vous venez devant une commission, moi, je ne vous demande pas
de nous flatter, mais c'est de profiter de l'occasion pour vous faire
comprendre que le processus qu'on vit présentement, c'est parce qu'on
n'en a pas d'autres. Ça pourrait être une commission
indépendante sur l'énergie, mais qui, en bout de course, ne peut
pas décider de toute une politique énergétique parce que
la richesse naturelle appartient au peuple. Donc, l'orientation ultime, il faut
qu'elle soit prise par les gouvernants. Que les gouvernants prennent de
meilleurs processus pour en arriver à se faire renseigner, à se
faire conseiller pour prendre la meilleure décision, je suis d'accord
avec vous autres, mais, ulti-mement, il faut bien comprendre qu'on ne peut pas
se départir d'une responsabilité. Prenez un groupe
d'intérêts qui se retrouverait en pouvoir de décision, puis
qui dirait, demain matin, qu'Hydro-Québec c'est un organisme pour
l'entreprise, pour la grande industrie, point. Qui pourrait se battre à
ce moment-là pour que cette richesse naturelle, convertie en forme
d'énergie, puisse servir l'ensemble de la collectivité? C'est
dans ce sens-là. Vous me suivez?
M. Dunsky: Vous avez raison. Je pense que c'est une question
importante. La question qui se pose, c'est: À quel point l'Etat
participe dans les décisions du peuple? Puis différents
États, puis différentes personnes répondent
différemment. L'État ne prend pas des décisions, par
exemple, pour les industries, mais il prend les décisions pour
Hydro-Québec. C'est vague, il n'y a pas de règles du jeu
là-dessus. Nous, ce qu'on pense, c'est que, dans le cas de
l'énergie au Québec, ça ne devrait pas être une
décision entièrement politique. Évidemment, la politique a
sa place à jouer dans ça, c'est clair. Vous êtes les
élus. On est en démocratie. Les élus ont évidemment
une place dans les décisions. On ne dit pas le contraire. Mais on dit,
par exemple, qu'on devrait se doter des meilleurs experts que nous
possédons, ici, au
Québec, pour évaluer des choses aussi importantes.
Maintenant, qu'on mette en place une espèce de commission ou de
régie sur l'énergie au Québec, puis qu'en bout de ligne la
régie fasse des recommandations au gouvernement, ça, ça
pourrait être intéressant. Ça relève toujours des
élus de prendre des décisions ultimes, mais après avoir
reçu l'avis d'un groupe d'experts qui ont eu le temps, les ressources,
etc., pour les évaluer; ça, ça pourrait être
intéressant.
On ne nie pas l'importance du gouvernement, évidemment. Si,
quelque part, comme vous dites, il y avait un ton d'arrogance dans ce qu'on
disait, je ne pense pas que c'était voulu. Mais, parfois, personne ne
dit ce qu'il pense. Puis, quand on dit que l'opinion qu'on vient de vous donner
est non seulement la nôtre, mais est partagée par la vaste
majorité des intervenants dans ce domaine, c'est parce que c'est vrai.
Et, s'il n'y a personne d'autre qui va le dire, bien, c'est à nous de le
dire.
M. Chevrette: Juste un petit exemple. Si c'est vrai que tous les
groupes pensent que... Prenez un exemple très concret. Il y a des
consensus majeurs qui se dégagent. Par exemple, si Mme la ministre,
demain matin, devait conclure que, je ne sais pas, moi, les tarifs devraient se
limiter à, qu'elle crée une commission d'énergie, qu'elle
aille dans le sens, par exemple, de l'interfinancement proposé par les
groupes, ça aurait servi à quoi? Ce n'est pas une farce,
ça? C'est grâce à l'influence des quelque 80 groupes ou des
65 qui sont d'accord que vous en êtes arrivé à gagner, que
vous en êtes arrivé à gagner votre point de vue, puis
à le faire partager par ceux et celles qui dirigent. Et c'est loin
d'être un processus de... Si c'était une farce, je vais vous dire
quelque chose, ça ferait trois semaines que je serais parti d'ici, parce
qu'il y a du redondant en maudit depuis trois semaines, puis on a
écouté patiemment. Puis je pense que, même cet
après-midi, on va dégager des consensus qui découlent de
vos mémoires. Et vous faites partie de ceux-là. Vous vous
inscrivez dans le sens des consensus sur deux, trois points.
Donc, c'était juste ça mon message que je voulais vous
passer parce que tu es bien plus réceptif quand les gens viennent te
livrer leurs convictions que s'ils t'attaquent avec un bon coup de poing. Moi,
si vous me donnez un coup de poing, je ne suis pas sûr que je vais vous
écouter. Moi, je ne suis pas le Christ, je ne vous présenterai
pas mon autre joue, comprends-tu?
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, M. le
député de Joliette. Alors, je passe la parole au
député de l'Acadie.
M. Bordeleau: Oui. Alors, comme le temps passe vite, je vais vous
poser seulement une question. À propos de l'émission des gaz
à effet de serre, vous faites référence à une
déclaration du chef d'équipe du Freshwater Institute, qui a
déclaré qu'il était plausible que certains
réservoirs émettent autant de gaz à effet de serre qu'une
centrale alimentée au charbon, au pro rata des mégawatts
produits. Les travaux de cet institut-là ont porté sur des
étangs naturels, au Manitoba et en Ontario. Si on revient au
Québec, pour mettre en perspective un peu cette
déclaration-là, les chercheurs d'Hy-dro-Québec et les
chercheurs aussi de l'Université de Sherbrooke estiment qu'à
partir des travaux portant sur des réservoirs hydroélectriques du
Grand-Nord québécois la contribution de la production de gaz
à effet de serre serait de 30 à 50 fois moindre à partir
des réservoirs que la contribution d'une centrale thermique classique
pour la même production d'énergie. Pourtant, vous recommandez que
tous les plans futurs de construction hydroélectrique soient mis en
attente jusqu'à ce que les résultats de l'étude finale du
Freshwater Institute soient disponibles.
Alors, est-ce que les travaux et les études menés, au
fond, à l'extérieur du Québec dans des contextes
complètement différents, dans des milieux de
références différents, vous apparaissent plus
crédibles que les travaux et les études qui ont été
menés ici au Québec, à ce niveau-là? (9 h 50)
M. Dunsky: Absolument pas. Et je pense que j'ai exprimé
dans le mémoire qu'Environnement Jeunesse n'est pas d'accord ou en
désaccord avec les hypothèses que lance M. Rudd et ses
collègues au Freshwater Institute. Ce qu'on disait, par contre, c'est
que 1'«experimental lakes ecosystem» que fait le Freshwater
Institute dans le Nord-Ouest de l'Ontario présentement, c'est la
première fois qu'on fait une vraie évaluation
expérimentale de cette façon. Toutes les autres études
sont des hypothèses de laboratoire, dont celles d'Hydro-Québec et
de la vaste majorité des chercheurs qui croient, plus ou moins, aux
données qu'Hydro-Québec avance.
Nous, on espère fortement qu'Hydro-Québec a raison, mais,
étant donné que c'est la première fois, que ça se
fait de façon expérimentale et qu'il y a des chances, juste des
chances que ça puisse être vrai, si jamais c'est vrai, on est dans
le trouble, ici au Québec. Puis j'espère fortement qu'ils n'ont
pas raison, mais, s'ils ont raison, on a un problème ici au
Québec. Et, ce qu'on dit dans le mémoire, c'est qu'il faudrait
attendre pour s'assurer que ce n'est pas vrai.
M. Bordeleau: Oui, mais si... D'abord, juste signaler encore une
fois que ces études-là sont faites dans des étangs
naturels, ce qui n'est pas du tout le cas des réservoirs du Grand-Nord
ici. C'est des contextes complètement différents et, dans ce
contexte-là aussi, vous dites qu'il faudrait attendre, mais, au niveau
des besoins énergétiques, on fait quoi, à court terme, si
on ne développe pas l'hydroélectricité, disons, à
partir des éléments qu'on a actuellement en main? On a quand
même une expérience de plusieurs années où il semble
bien que ce genre de problème là, ce soit la solution, au fond,
la moins pénalisante du côté des gaz à effet de
serre. Alors, on fait quoi, demain matin? Il faut quand même planifier
pour les 10 prochaines années pour faire en sorte d'être capable
de répondre aux besoins.
M. Dunsky: Absolument. Si on parle d'une étude du
Freshwater Institute qui sera prête, je pense, en début 1995, on
dit d'attendre deux ans, deux ans de plus. Attendre deux ans de plus, ça
représente plus ou moins 2 TWh dans les prévisions de demande, il
me semble.
Donc, on pourrait facilement, par exemple, remettre Hydro-Québec
à un objectif d'exportation, maintenant, de 1500 MW, donc, 8,5 TWh, je
pense, pour l'an 2004 à peu près, si on remettait cet objectif
pour 2006 pour attendre les résultats. Ça, c'est un exemple d'une
façon qu'on pourrait faire. Évidemment, je ne suggère pas
de remplacer, pour les deux ans que je voudrais qu'on attende,
l'hydroélectricité par le charbon, c'est clair. Mais on pourrait,
par exemple, remettre l'objectif d'exportation pour deux ans.
M. Bordeleau: On vous remercie.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de l'Acadie. Alors, Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Ça me fait
plaisir à mon tour de vous souhaiter la bienvenue à notre table.
Évidemment, vous aurez compris qu'on avait quelques remarques à
faire sur vos commentaires quant au processus démocratique que l'on a
choisi pour consulter les gens. Ce qu'il faut se dire, c'est que, quand on nous
élit, quand on nous choisit, on choisit des gens responsables qui
pourraient, aussi, ne pas consulter du tout, mais qui choisissent de le faire
par les outils que l'Assemblée nationale met à leur disposition
et, pour vous rassurer, il y a eu pas mal d'experts qui sont venus nous
rencontrer.
Mais, cela étant dit, c'est un choix de forum. Vous
suggérez, vous, que nous allions vers un autre forum pour qu'on ait un
débat sur les questions énergétiques et je pense que c'est
souhaitable aussi qu'on élargisse ce forum-là. Je partage donc
votre point de vue à cet égard. Cependant, ce que j'aimerais
savoir de vous, parce qu'on aura à en débattre encore
sûrement pendant les semaines et les mois qui viennent, c'est: Comment
envisagez-vous la tenue d'une telle consultation? Vous mentionnez même la
nécessité, évidemment, ça va de soi, qu'il y ait,
non seulement une consultation, mais une concertation quant aux choix
énergétiques que le Québec devrait privilégier.
Alors, comment vous l'envisagez, cette consultation-là ou ce
processus de concertation? Qui devrait y participer? Pendant combien de temps?
Quels devraient être les outils utilisés pour ce faire: des
débats, des panels, des rencontres, des consultations d'experts? Comment
tout ça devrait se passer? J'imagine que vous avez pensé à
un scénario, puisque vous suggérez que cela se tienne.
M. Dunsky: Alors, je veux juste m'assurer que je comprends bien.
Vous parlez des processus de concertation ou du processus décisionnel
par une régie?
Mme Marois: Non. En fait, dans votre document, vous proposez
qu'il y ait un débat et, d'une part, vous dites: Le Québec est
mûr pour un véritable processus de concertation dans lequel une
variété de groupes représentant des intérêts
divers de l'ensemble de la société pourront discuter et arriver
à des consensus face aux décisions importantes que doit prendre
Hydro-Québec. Et là vous suggérez donc que ce débat
s'engage. Vous dites aussi, d'autre part, que vous souhaiteriez
évidemment dégager du processus politique toute l'analyse qui
concernerait les choix d'Hydro-Québec, entre autres par une
régie. Mais, ça, c'est un outil qui pourrait être retenu
suite à une consultation ou qui pourrait, même dès
maintenant, être retenu si on le souhaitait.
Mais moi, c'est sur le processus de consultation de débat et de
concertation. Comment vous le voyez? Qui, voyez-vous, devrait y participer?
Pendant combien de temps, etc?
M. Dunsky: Alors, je pense qu'il y a deux choix qui nous sont
offerts pour faire des espèces de processus de concertation, comme je
disais. Il y a l'idée, que plusieurs mettent de l'avant, d'un grand
débat public sur l'énergie, sur toutes les questions
reliées à l'énergie. C'est une possibilité. Une
autre possibilité, c'est de faire, comme je le mentionnais dans le
mémoire, des processus de concertation sur différents
thèmes en particulier, dont les externalités, l'actualisation du
futur, etc. Je pense, mais même là ce n'est pas plus fort que
ça, que l'idée de faire différents processus de
concertation sur différents thèmes en particulier au même
temps... Je ne trouve pas le mot en français, mais au même
temps.
Mme Marois: Au même moment, là... M. Dunsky:
Au même moment.
Mme Marois: ...selon les différentes sphères de...
les différents sujets que l'on voudrait aborder, par exemple le gaz
naturel, les différentes sources énergétiques ou la
question des externalités ou autre chose.
M. Dunsky: Exact.
Mme Marois: Vous dites que ça pourrait être en
parallèle, dans le fond.
M. Dunsky: En parallèle. C'est précisément
ça. Alors, on pourrait... Moi, je pense que je favorise un peu plus
ça au lieu de tout un grand débat sur l'énergie, mais,
néanmoins, j'avoue que cette option-là aussi est
intéressante. Si on faisait des processus de concertation
parallèles sur différents thèmes en particulier, qui
devrait participer? Bien, évidemment, il devrait, d'une part, ne pas y
avoir trop de participants. Je ne suggérerais pas qu'on ait un processus
comme Hydro-Québec a fait avec son processus de consultation, où
on aurait une centaine de groupes. Avec une centaine de groupes, un consensus
ne se dégagerait probablement pas. Je pense plutôt à un
groupe restreint de représentants; un représentant, mettons, de
plusieurs groupes environnemen-
taux ou un représentant de plusieurs groupes syndicaux, etc., sur
différentes thématiques, comme je l'ai dit.
Pour ce qui est du temps accordé, encore là, ça
dépend du sujet. Par exemple, on pourrait faire un processus de
concertation sur la question des externalités, peut-être à
l'intérieur de six mois. Je dis ça comme ça.
Peut-être huit mois. Ça dépend de l'intérêt
des gens, ça dépend des différentes ressources qu'on met
à la disponibilité des gens si on décide de financer
entièrement la participation des groupes ou si on demande aux groupes de
se présenter quand ils peuvent, les week-ends, les fins de semaine ou
les soirs. Ça, c'est une question aussi, mais je ne verrais pas pourquoi
ça devrait prendre plus de six à huit mois, mettons, pour un
thème en particulier.
Et, pour ce qui est des ressources, bien, là, je
suggérerais évidemment que les groupes qui participent à
un tel processus reçoivent les ressources nécessaires pour y
participer, donc, pour engager des experts pour les représenter.
Mme Marois: C'est un peu comme ça que vous le voyez. Je
pense que j'ai fini mon temps.
Le Président (M. Forget): Le temps est
écoulé.
Mme Marois: Une phrase, peut-être, si vous me permettez, M.
le Président. Je pense que c'est intéressant, sauf que vous
constatez que ce n'est pas nécessairement une tâche facile que de
mettre ça en oeuvre comme processus et, dans le fond, les embûches
que ça soulève dans la proposition que vous faites, par exemple,
c'est de dire: Si on veut se concerter, il faut que tous les partenaires soient
concernés. Si on a un représentant, il devra faire un travail
préalable ou par la suite. Alors, ce n'est pas nécessairement un
débat facile à faire, mais je crois qu'il est souhaitable qu'on
le fasse. Merci.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, Mme la
députée de Taillon. M. le député de Drummond. (10
heures)
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Alors, un peu dans la
même ligne que mes collègues. À la lecture de votre
mémoire, il y a des choses avec lesquelles je suis en accord et d'autres
moins en accord, mais j'ai respecté le ton. La présentation que
vous avez faite ce matin apporte une tout autre dimension. On dit toujours: Des
fois, regarder le passé, ça nous aide à mieux se camper et
mieux s'orienter pour l'avenir. Lorsque vous mettez en doute un processus de
consultation, comme vous le faites ce matin, parce que vous faites allusion
aussi aux 25 000 employés d'Hydro-Québec, puis que même eux
ont de la difficulté, j'aimerais vous rappeler qu'à un moment
donné la société Hydro-Québec, en 1973, si ma
mémoire est fidèle, lorsqu'on a présenté le plan de
développement d'Hydro-Québec, on prévoyait plusieurs
centrales atomiques le long du Saint-Laurent. J'aimerais vous rappeler aussi
que c'est une commission parlementaire, ce sont des hommes et des femmes
politiques qui, après avoir entendu tout le monde, ont dit:
Non, on va développer l'hydroélectricité. Et je
pense qu'aujourd'hui, lorsque je regarde le rapport Brundt-land, la sagesse des
hommes et des femmes politiques de la demie des années soixante-dix a
encore prouvé qu'un processus démocratique comme le nôtre
avait sa place, puis qu'ils pouvaient prendre des décisions. Parce que,
dans quelque domaine que ce soit, puis je l'ai dit d'ailleurs dans mes
remarques préliminaires, je ne croyais pas avoir le monopole de la
vérité, mais il reste qu'à entendre 85 mémoires, en
lire deux autres aussi, on est capables de dégager des grands consensus,
comme mes collègues l'ont exprimé, et aussi surtout faire appel
au flair et au pif du gros bon sens.
Ceci étant dit, j'aurai juste une question de fond, aussi, parce
que plusieurs groupes sont venus nous voir... Lorsqu'on parle de financement,
on a vu des épisodes aussi qui ont découlé de cette
commission parlementaire dans La Presse, lorsqu'on voit que c'est
Hydro-Québec qui finance, et vous le mentionnez aussi dans votre
mémoire, à la page 12, que, par contre, les sommes
n'étaient pas suffisantes pour la participation des groupes à la
deuxième partie de la consultation... Or, moi, en tant que
parlementaire, j'ai vu des gens me dire, puis j'ai entendu dire aussi, puis on
l'a vu dans les résultats que j'ai mentionnés tantôt dans
les journaux: Lorsqu'on reçoit de l'argent d'Hydro-Québec, on dit
que les mains sont attachées; si c'est pour aller consulter
Hydro-Québec, ça va; si c'est pour sortir d'Hydro-Québec,
on a les mains attachées. Alors, j'aimerais savoir de votre part, vous
représentez quand même un bon groupe de gens: Est-ce qu'on
continue le financement à même les mêmes sources qui ont
été données ou si ce serait un organisme, le
ministère de l'Énergie ou quelqu'un d'autre, qui devrait donner
le financement aux organismes?
M. Dunsky: Je pense qu'idéalement ça devrait
être une certaine section ou partie du ministère de
l'Énergie qui crée un fonds pour la participation des gens dans
ce processus. Moi, personnellement, je ne crois pas totalement à toutes
les accusations qui veulent que les gens qui reçoivent de l'argent
d'Hydro-Québec sont achetés, etc., mais je pense
qu'idéalement ce serait un financement qui parviendrait du
ministère de l'Énergie et des Ressources, parce que nous ne
pouvons pas participer à des processus comme ça, à
n'importe quoi en fait, sans que ça s'autofinance. Pour nous autres,
ça nous a pris beaucoup de temps et d'argent, beaucoup de fins de
semaine et de soirs, même payer des gens pour la traduction, etc., et on
n'a tout simplement pas ces ressources-là.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Drummond, je voudrais vous remercier. Au nom des membres de la commission, je
vous remercie de votre participation. Alors, nous allons suspendre deux petites
minutes, et j'inviterais le Conseil de l'industrie de l'hydrogène
à bien vouloir prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 10 h 4)
(Reprise à 10 h 7)
Le Président (M. Forget): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Je vous rappelle les
règles de présentation. Vous avez 20 minutes pour
présenter votre mémoire et une période d'échanges
de 40 minutes. Alors, je vous demande de vous présenter.
M. Champagne (Richard D.): Richard Champagne,
président-directeur général du Conseil de l'industrie de
l'hydrogène.
Le Président (M. Forget): Merci. Alors, présentez
votre mémoire.
Conseil de l'industrie de l'hydrogène
M. Champagne: Donc, le mémoire que nous présentons
aujourd'hui porte sur le développement des technologies de
l'hydrogène et constitue une prise de position de notre Conseil devant
votre commission parlementaire. Le Conseil a choisi de présenter un
choix sur les orientations souhaitables de la politique économique du
Québec.
Permettez-moi, dans un premier temps, de présenter notre Conseil
de l'industrie de l'hydrogène. Premièrement, il y a 10 ans, nous
présentions devant la commission parlementaire de l'énergie, des
mines et des ressources un mémoire avec cinq grandes recommandations sur
les politiques énergétiques du Québec. Ces cinq
recommandations-là ont été approuvées par le
gouvernement dans les années subséquentes. Donc, permettez-moi de
rétablir notre confiance dans ces institutions que sont les commissions
parlementaires et aussi notre intérêt à y participer.
Donc, le Conseil de l'industrie de l'hydrogène a comme mission de
favoriser le développement des technologies de l'hydrogène et
leur utilisation dans des applications industrielles et commerciales au
bénéfice de l'industrie et de la population en
général. Pour remplir notre mission, nous avons quatre grands
objectifs. Le premier, c'est de promouvoir la recherche et le
développement, mais avec une orientation industrielle;
deuxièmement, de représenter l'industrie auprès des
gouvernements; troisièmement, de rechercher et d'encourager des projets
d'utilisation, et j'aurai l'occasion, un peu plus loin, de vous faire part de
ces réalisations-là au Québec. Finalement, en 1992, notre
Conseil approuvait un quatrième objectif qui est d'accroître le
ratio hydrogène-carbone dans l'ensemble énergétique
canadien et de promouvoir l'utilisation de l'hydrogène comme moyen pour
améliorer la qualité de l'environnement. (10 h 10)
Le Conseil a été fondé en 1982, et nous comptons de
nombreuses réalisations dont, entre autres, au Québec, en 1985,
une usine d'hydrogène liquide de 45 000 000 $, Hydrogenal; en 1986, une
usine de peroxyde d'hydrogène de 50 000 000 $, Oxychem; en 1987, une
usine d'hydrogène liquide, encore, de 35 000 000 $, à Magog, avec
la compagnie Airco. Hydrogenal II, c'est-à-dire le premier projet que
nous avons lancé en 1985, a triplé sa capacité de
production et, aussi, les électrolyseurs qu'ils utilisent ont
été exportés; cette technologie de pointe a
été exportée au Brésil, donc des retombées
considérables pour l'industrie. En 1986, le Conseil complétait
les études de préfaisabilité du projet-pilote
Euro-Québec et, finalement, en 1993, en janvier, on lançait le
prototype de la première automobile à l'hydrogène avec la
compagnie Mazda, dans le cadre du Salon de l'auto de Montréal.
Le Conseil gère un programme de recherche et développement
de 1 000 000 $ par année. En 1984, le gouvernement canadien
dépensait quelque 10 000 000 $ en recherche et développement en
matière d'hydrogène et l'industrie dépensait une somme
équivalente. Donc, on avait, à ce moment-là, un programme
national canadien de 20 000 000 $. Donc, depuis les coupures drastiques du
gouvernement fédéral en matière d'hydrogène, le
programme canadien et les efforts industriels sont de l'ordre d'une dizaine de
millions de dollars présentement.
Le Conseil participe à l'évaluation des programmes des
chaires universitaires dans le secteur de l'hydrogène. Il participe
également aux études et à la promotion visant la mise en
place d'un institut de recherche sur l'entreposage, le transport et la
sécurité de l'hydrogène, à l'Université du
Québec à Trois-Rivières. On considère ce secteur
comme stratégique. Et nous avons complété, depuis
l'année 1982, quelque 35 études tech-nico-économiques qui
ont servi aux implantations industrielles.
En ce qui concerne l'avenir de l'hydrogène, le Conseil de
l'industrie de l'hydrogène a privilégié une transition
évolutive vers l'hydrogène comme vecteur
énergétique de l'avenir, contrairement à plusieurs
organisations qui ont été mises de l'avant lors de la crise du
pétrole où on préconisait des changements drastiques, que
tout devait être propre et, à ce moment-là, de
privilégier l'hydrogène comme carburant. Notre industrie a
été très pragmatique et a privilégié une
transition évolutive, et cette transition a porté fruit.
On voit aujourd'hui que la conjoncture énergétique et les
exigences environnementales de plus en plus contraignantes ne peuvent
qu'être bénéfiques à notre industrie dans les
prochaines années. La nécessité d'accroître notre
efficacité énergétique et la recherche d'une meilleure
qualité de vie mettront de plus en plus en évidence le rôle
que le Conseil de l'industrie de l'hydrogène a joué. Plus que
jamais, les industriels, les gouvernements et les universités doivent
conjuguer leurs efforts afin de faire d'une industrie en émergence une
industrie apte à jouer un rôle de premier plan en vue d'assurer le
développement durable de l'économie.
Le Conseil de l'industrie de l'hydrogène croit fermement que les
exigences de compétitivité et de protection de l'environnement
accentueront le besoin de concertation et de partage de risques au sein de
l'industrie et rendront encore plus important le rôie de cataly-
seur qu'il joue auprès de ses membres.
Nos relations avec le gouvernement du Québec datent de 1983,
lorsque nous avons déposé un mémoire devant la commission
parlementaire. Par la suite, le ministère de l'Énergie et des
Ressources accordait, à ce moment, son soutien financier à
l'implantation du Conseil et a aidé grandement aux opérations de
notre Conseil, et, nécessairement, les retombées les plus
importantes de notre industrie sont venues au Québec. Le
ministère de l'Énergie et des Ressources du Québec a
financé les activités de recherche des chaires universitaires.
Nous avions fait des recommandations sur les universités les plus aptes
à prendre cette responsabilité.
Également, le gouvernement du Québec a financé, de
concert avec certains autres ministères, la seconde phase du projet
Euro-Québec, c'est-à-dire les études de
faisabilité, de 4 200 000 $. Également, le gouvernement du
Québec a financé des études de faisabilité d'un
institut de recherche en hydrogène sur l'entreposage, le transport et la
sécurité, à l'Université du Québec à
Trois-Rivières. Enfin, il a accordé son appui financier à
tous les projets que j'ai mentionnés tout à l'heure, les projets
industriels.
Il a donc été possible pour le Québec de se
positionner de façon stratégique dans ce nouveau secteur
industriel, et c'est certainement la province au Canada qui a montré le
plus de vision en matière d'hydrogène.
En ce qui a trait à la conjoncture actuelle, à ce jour,
les efforts de recherche ont surtout porté sur le développement
des technologies de production par electrolyse de l'eau. L'avènement de
l'institut de recherche en hydrogène, à Trois-Rivières,
permettra de développer un nouveau secteur en matière de
transport et d'entreposage de l'hydrogène. Cependant, la conjoncture
économique actuelle et les restrictions budgétaires
gouvernementales qui en découlent risquent de compromettre beaucoup du
travail qui a été fait au niveau des développements
technologiques. Il s'agit maintenant de développer des produits, de les
mettre à l'échelle industrielle et de les commercialiser ici
pour, ensuite, s'attaquer aux autres marchés.
La diversité des interventions gouvernementales par autant de
ministères, aujourd'hui, en matière d'hydrogène au
Québec risque de diluer les ressources disponibles.
Donc, ce sont certaines constatations que nous avons faites ces
dernières années. Nos recommandations sont à l'effet d'une
concertation des intervenants, des actions à entreprendre et des
objectifs poursuivis; cela représente la pierre angulaire du
développement économique de l'hydrogène au Québec.
S'il est un choix stratégique qui mérite d'y investir des
efforts, c'est dans le regroupement des intervenants.
Le Conseil de l'industrie de l'hydrogène croit que le
gouvernement du Québec devrait accentuer le programme des chaires
universitaires en hydrogène. Il devrait finaliser le financement de
l'institut de recherche en hydrogène, à Trois-Rivières,
mettre de l'avant un programme visant le développement et l'implantation
de projets utilisant l'hydrogène dans les secteurs commer- ciaux,
industriels et du transport présentant des avantages environnementaux.
Il devrait «prioriser» l'émergence d'une grappe industrielle
de l'hydrogène, favoriser la concertation de tous les intervenants en
travaillant en étroite coopération avec le Conseil de l'industrie
de l'hydrogène et en utilisant ses services d'évaluation,
d'information, de recherche et de gestion d'activités et de programmes,
de promotion et de développement de réseaux tant au niveau
national qu'international.
Nous considérons que la mise en oeuvre de ces recommandations
permettra au Québec de bénéficier d'une industrie de haute
technologie résolument tournée vers l'avenir et lui permettra de
jouer un rôle de chef de file tant au plan canadien qu'international.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Forget): Merci, M. Champagne. Mme la
ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: M. Champagne, je vous remercie de votre contribution
à cette commission parlementaire. Je crois que votre mémoire
présente un point de vue qui est axé sur une exploitation
optimale de l'énergie par la recherche et développement et, dans
ce sens, il nous amène à entrevoir des perspectives d'avenir
intéressantes et prometteuses en relation avec la filière
hydrogène.
Les coûts de l'hydrogène demeurent apparemment relativement
élevés. On entend ça souvent dans les milieux de
l'énergie. Est-ce que vous pourriez nous dire comment ils se comparent
à ceux des carburants conventionnels on pense à essence,
gaz naturel, propane et nous indiquer comment vous croyez qu'il serait
possible de rendre la filière hydrogène davantage concurrentielle
au plan commercial?
M. Champagne: Cette concurrence, si on la prend selon les normes
et les règles que l'on connaît aujourd'hui dans notre
économie, il est certain que l'hydrogène en tant que carburant
est plus dispendieux. Je me réfère au mémoire des jeunes
qui ont précédé tout à l'heure. Lorsqu'on calcule
les externalités, les problèmes causés à
l'environnement en utilisant les hydrocarbures, on se rend vite compte que,
pour comparer le coût de l'hydrogène aux autres carburants, si on
veut justifier l'utilisation de l'hydrogène, il faut calculer aussi les
problèmes que causent les hydrocarbures à l'environnement et
à la santé humaine. Donc, je vais vous citer un exemple bien
précis qui fait en sorte que ce n'est pas nécessairement les
coûts qui sont la base d'un choix dans les carburants. (10 h 20)
Lorsque, au début du siècle, on a décidé de
choisir entre deux technologies, le diesel et la locomotive au charbon,
à la vapeur, et qu'on a choisi le diesel, ce n'est pas parce que le
diesel était meilleur marché; tout au contraire, il était
plus dispendieux que le charbon. Ce n'est pas qu'il y avait aussi une
pénurie de charbon; il y avait des quantités considérables
de charbon. Si on a choisi le diesel, c'est qu'à ce moment-là
cette technologie était plus efficace, elle était plus propre et
elle était
plus facile à utiliser. Donc, ce sont ces choix de technologies
que devront faire les populations. dans l'état de la californie, les
gens ont décidé qu'ils en avaient assez de mourir du cancer du
poumon, parce qu'on attribue, dans la seule ville de los angeles, 50 000
décès par année causés par le smog des automobiles.
donc, ils ont décidé et c'est un choix de
société de se donner des réglementations
extrêmement sévères sur l'émanation des
véhicules. ils ont décidé qu'en 1998 2 % an parc
automobile de la californie aura une émission zéro. donc, il n'y
a pas de choix. il y a deux véhicules qui peuvent offrir ces
performances; c'est l'automobile à l'électricité et
l'automobile à l'hydrogène. donc, la question, à savoir si
l'hydrogène est concurrentiel aujourd'hui dans nos marchés
actuels, il n'est pas concurrentiel.
Toutefois, ce que le Conseil a privilégié, ce sont des
niches d'application où les conjonctures font en sorte qu'il est plus
économique. Je vais vous donner un exemple très précis.
Dans les mines souterraines, on en a plusieurs au Québec, lorsque les
mines sont profondes, on doit construire des puits de ventilation très
importants qui coûtent plusieurs millions de dollars, et les
véhicules utilisent le diesel, donc il y a des changements d'air et on
doit réchauffer cet air-là. Donc, il est possible d'utiliser des
véhicules à l'hydrogène très sécuritaires
dans les véhicules miniers souterrains, et le coût de
l'hydrogène supplémentaire est compensé par les
économies au niveau, justement, de ce puits de ventilation qui est
beaucoup plus petit, et il y a beaucoup moins d'échange d'air et de
coûts d'opération pour alimenter la mine en air propre. Donc, ce
sont des niches d'application où l'utilisation de l'hydrogène
comme carburant fait du sens et est économique et pratique, puis qu'on
verra l'hydrogène se développer. Et l'exemple de la Californie
est évident.
Mme Bacon: Est-ce qu'on peut dire que le développement de
la filière hydrogène pourra avoir un impact sur la demande
d'électricité au Québec?
M. Champagne: ii est certain, quand on considère
l'utilisation de l'hydrogène comme carburant, nous avons des
données qui confirment que, si tous les véhicules de la
planète se transformaient à l'hydrogène, seulement 10 % du
potentiel mondial hydroélectrique pourrait suffire à alimenter
ces véhicules. donc, effectivement, il y a des limites à produire
de l'hydrogène électrolytique. il faut bien comprendre
qu'à long terme nous visons le solaire, c'est-à-dire
l'utilisation de la pile photovoltaïque pour produire de
l'hydrogène électrolytique. donc, effectivement, il y aurait des
possibilités très intéressantes pour le québec
d'utiliser et de mieux gérer son parc énergétique en
utilisant l'hydrogène. comme vous savez, l'électricité ne
s'entrepose pas. un moyen de le faire, c'est en produisant de
l'hydrogène et, à ce moment-là, utiliser
l'hydrogène, lorsqu'on en a besoin, dans la pile à combustible
qui, lui, se reconvertit en électricité. donc, effectivement,
l'hydrogène peut jouer un rôle très important, et
hydro-québec examine défini- tivement cette
possibilité.
Mme Bacon: Comment les entreprises avec lesquelles vous
collaborez perçoivent-elles les développements qui se feront
à long terme et pour lesquels il faudra vraisemblablement attendre
encore plusieurs années pour obtenir des retombées?
M. Champagne: Oui, c'est un voeu de confiance, parce que les
membres de notre Conseil, les grandes entreprises, les quelque 25 grandes
entreprises canadiennes qui participent aux activités du Conseil de
l'industrie de l'hydrogène et financent le Conseil, ce ne sont
probablement pas ces entreprises qui vont devenir les industries de
l'hydrogène de l'avenir. Toutefois, ces entreprises voient des
bénéfices à court terme. C'est-à-dire, les
réglementations plus sévères en matière
d'environnement demanderont des technologies avancées, demanderont plus
d'hydrogène dans leurs procédés. Je donne l'exemple, en
particulier, de l'essence que nous utilisons dans nos véhicules
d'aujourd'hui; les réglementations font en sorte qu'on doit enlever les
aromatiques, le soufre et d'autres composantes nocives de l'essence actuelle
et, pour ce faire, on a besoin de l'hydrogène. Donc, de là leur
intérêt à participer dans un conseil qui développe
des technologies, ce qui leur permettra d'accéder à de nouvelles
sources et aussi à de nouvelles technologies qui leur permettront
d'utiliser de plus en plus d'hydrogène dans leurs activités
courantes.
Toutefois, les industries qui vont le plus en bénéficier,
ce sont de petites et moyennes entreprises aujourd'hui qui ont des orientations
technologiques et des capacités qui vont leur permettre de
développer les équipements, que ce soient des piles à
combustible, des électrolyseurs ou des métaux, des
réservoirs avancés, qui vont devenir l'industrie de l'avenir en
matière d'hydrogène.
Mme Bacon: II y a plusieurs entreprises japonaises qui
étudient la possibilité d'importer de l'hydrogène pour
répondre à des besoins énergétiques du Japon.
Est-ce que le Conseil de l'industrie de l'hydrogène est favorable
à la promotion d'exportation massive d'hydrogène et quel
rôle le Conseil pourrait-il jouer par rapport à des projets
d'exportation d'hydrogène du Québec, ou d'ailleurs au Canada,
vers le Japon?
M. Champagne: Toute cette philosophie du transport
d'énergie, de grandes quantités d'énergie vers d'autres
continents a été développée en 1984 par le Conseil
à l'occasion de la Conférence mondiale de l'hydrogène,
où nous avions complété des études de
préfaisabilité qui définissaient un avantage certain pour
les Canadiens, et les Québécois en particulier, de
développer les technologies qui permettront de développer des
énergies renouvelables à travers le monde et de les exporter sous
la forme d'hydrogène. Donc, on a lancé cette idée en 1984.
On a fait les études de préfaisabilité dans le cadre de
l'Agence internationale de l'énergie, et le Québec, dès
1988, je crois, ou 1939, s'est lancé
résolument dans la poursuite de ce concept dans le cadre du
projet Euro-Québec, c'est-à-dire de faire la preuve et la
démonstration que l'on pouvait transporter de l'énergie propre,
de l'hydroélectricité, sous la forme d'hydrogène liquide
vers l'Europe. Le même besoin se fait sentir par d'autres pays qui ont de
la vision en matière d'énergie, et les Japonais viennent
d'approuver un plan sur 27 ans. Leur intérêt, c'est de
démontrer qu'ils peuvent accéder, parce que ce pays n'a pas
d'énergie comme telle, ils n'ont pas d'énergie propre en
quantité suffisante, donc accéder à travers le monde
à de l'énergie sous la forme d'hydrogène. Et le seul
vecteur connu de l'homme aujourd'hui pour transporter de grandes
quantités d'énergie d'un continent à l'autre, c'est
à travers l'hydrogène.
Notre intérêt en tant que Conseil n'est pas d'exporter nos
énergies renouvelables. Au contraire, c'est de les utiliser ici pour
notre développement économique. Par contre, nous voyons là
une possibilité pour le Canada et le Québec de développer
des technologies qui vont être les technologies de l'avenir. Le Conseil
s'est battu résolument, justement dans le cadre du projet
Euro-Québec, pour s'assurer que le Québec est un partenaire
à part entière dans le développement de ce vecteur
énergétique et de ce transfert d'énergie sous forme
d'hydrogène.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: merci, m. le président. je voudrais tout
d'abord parler de votre conseil. vous sem-blez dire qu'il est amoché un
peu par le soutien qu'on lui donne. à la page 12: le ministère de
l'énergie et des ressources accordait, à ce moment, son soutien
financier à l'implantation du conseil, et ce, pour une période de
démarrage de cinq ans. ce financement représentait, à la
fin de la période, près de 30 % des besoins financiers du
conseil. depuis, ce financement a été réduit à
moins de 10 %. pourquoi?
M. Champagne: C'est parce qu'au tout début on était
en lancement de cette nouvelle initiative. On avait besoin de soutien financier
plus important. Toutefois, l'industrie a pris la relève et nos besoins
sont moins importants. Toutefois, il y a tout lieu de croire qu'un support plus
important du gouvernement du Québec nous permettrait de faire un travail
plus intense. Il y a des étapes qui méritent d'être
franchies. Nous considérons, en tant qu'industriels au Québec,
qu'il y a des choses intéressantes, des potentiels importants. (10 h
30)
Toutefois, le support du gouvernement du Québec, je dois dire, il
a été indéfectible, et c'est la seule province qui
supporte les frais d'opération de notre Conseil depuis notre existence
en 1983. Donc, on est très satisfaits du support qu'on a eu du
gouvernement du Québec. Il est certain que, si on avait des sommes sup-
plémentaires, on pourrait définitivement aller vers des
activités qui permettraient des retombées. on voit que, depuis
les apports du gouvernement du québec au conseil qui datent des quelques
dernières années, quand on regarde les réalisations
à partir de 1986, on a un peu moins de réalisations au
québec qu'on avait dans les premières années, et c'est
certain, parce que le gouvernement dépensait 30 % de nos budgets. on a
mis beaucoup plus d'attention à la province de québec qu'aux
autres provinces. aujourd'hui, les provinces de l'alber-ta et de la
colombie-britannique semblent aussi très actives et, aussi, le manitoba
s'intéresse énormément au transport d'énergie vers
le japon, à partir de leur potentiel hydroélectrique.
Donc, effectivement, on serait très satisfaits d'avoir une
augmentation de budget de la part du gouvernement du Québec. Toutefois,
on doit dire que c'est une province qui a cru, qui a supporté le Conseil
depuis ses débuts, et nous en sommes très heureux.
M. Chevrette: Vous souhaitez que votre secteur d'activité
devienne une grappe industrielle, si j'ai bien lu et retenu votre
mémoire. Est-ce que vous avez eu des rencontres avec le promoteur des
grappes, l'actuel ministre de l'Industrie et du Commerce, qui gère en
même temps le Fonds de développement technologique?
M. Champagne: Non.
M. Chevrette: Vous n'avez pas eu de discussion
là-dessus.
M. Champagne: Nous n'avons pas eu de discussion. On a lu sur le
domaine des grappes industrielles. Nous croyons qu'un tel concept pourrait
s'apparenter au secteur de l'hydrogène. Nous croyons que l'accès
au portefeuille et au Fonds de développement technologique serait un
outil important pour développer des technologies de l'hydrogène
ici, au Québec. Bon, c'est la politique et le jargon à la mode,
donc, d'emblée, nous pensons que c'est une façon d'accéder
à un support supplémentaire pour développer les
technologies de l'hydrogène. Et c'est dans ce contexte-là que
nous avons identifié la possibilité de créer une grapppe
industrielle sur l'hydrogène.
M. Chevrette: Mais si c'est un secteur de pointe, comme on semble
le dire, l'accès au Fonds de développement technologique
entre vous et moi, il n'y avait pas tellement d'argent de
dépensé; il y avait beaucoup de liquidités dans ce Fonds,
je crois que c'était 60 000 000 $ par année, si ma mémoire
est fidèle, 300 000 000 $ de prévus sur cinq ans ça
pourrait être une source extrêmement importante au niveau du
développement de ce secteur.
M. Champagne: Tout à fait.
M. Chevrette: Parce qu'il y a 68 000 000 $ de
dépensés, me dit-on, sur 300 000 000 $ et quelques.
M. Champagne: Tout à fait. Je pense que c'est un Fonds
très intéressant pour notre secteur, et on pense qu'il y a
possibilité d'utiliser une partie de ces sommes-là pour
positionner l'industrie québécoise et promouvoir le
développement industriel.
M. Chevrette: Votre secteur compte combien d'emplois
actuellement? Comment on peut évaluer le nombre d'emplois
générés par l'hydrogène?
M. Champagne: C'est très difficile. Vous savez, il y a
deux types: il y l'hydrogène qui est utilisé aujourd'hui dans les
secteurs industriels traditionnels...
M. Chevrette: En pétrochimie.
M. Champagne: ...pétrolières, produits chimiques.
Et vous savez, l'hydrogène, c'est un des produits qui est produit en
quantité, en termes de poids, un des plus importants au monde, plus que
la plupart des métaux connus. Et si vous vous rappelez un peu votre
chimie, l'hydrogène, c'était le numéro 1 dans le tableau
de Mendeleïev, le plus léger des éléments.
M. Chevrette: Oui. C'est loin, par exemple.
M. Champagne: Donc, c'est tout à son crédit d'en
avoir autant produit aujourd'hui. C'est un produit qui existe, mais qui existe
dans des industries fermées, que ce soit l'industrie des fertilisants,
les raffineries, l'industrie des produits chimiques tels que le
méthanol, donc, ce sont des grands utilisateurs d'hydrogène, de
très grandes quantités d'hydrogène.
Ce que l'on promeut aujourd'hui, c'est une nouvelle vocation de cet
hydrogène-là, c'est-à-dire d'aider ces industries
chimiques et pétrolières à améliorer la
qualité de leurs produits en mettant plus d'hydrogène; c'est
toujours une question du ratio hydrogène-carbone. Plus on met de
l'hydrogène, plus on améliore les carburants et les produits
chimiques. Donc, c'est dans ce sens-là que nous jouons un rôle
très étroit avec ces industries-là, et c'est des
quantités considérables qu'elles utilisent. Toutefois, on se
prépare au développement des technologies qui permettront
d'utiliser l'hydrogène éventuellement avec les énergies
renouvelables lorsque les hydrocarbures disparaîtront.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez nous expliciter un peu
un peu, un peu beaucoup, pas mal, passablement pour le
bénéfice de tout le monde, le projet Euro-Québec? En quoi
ça consiste? Qu'est-ce que ça vise? Qu'est-ce que ça
génère?
M. Champagne: Comme je le disais tantôt, ce projet
s'inscrit dans une politique et une philosophie des industriels canadiens de
promouvoir l'échange d'énergie entre continents. Donc, dès
1984, nous avons lancé l'idée et nous avons fait les
études de préfaisabilité. Par la suite, le Québec a
pris la pole et a mis de l'avant, avec ses ministères, des études
de faisabilité et a pro- cédé aux phases
subséquentes.
En quoi consiste le projet? C'est de démontrer que l'on peut
transporter de l'énergie propre d'un continent à l'autre, et la
seule façon de le faire, connue de l'homme aujourd'hui, c'est par
l'intermédiaire de l'hydrogène. Donc, on veut démontrer,
et le projet avec l'Europe constitue une démonstration à partir
des technologies existantes, que ça peut se faire.
L'intérêt n'est pas pour le Québec et n'est pas pour le
reste des provinces de l'Ouest, qui ont un projet semblable avec les Japonais,
d'exporter de l'hydroélectricité vers l'Europe, malgré que
ce serait beaucoup plus rentable que d'envoyer ça vers les Etats-Unis,
comme on le fait actuellement, étant donné que nous avons une
valeur ajoutée, c'est-à-dire qu'il y a une transformation de
cette énergie ici. Mais, notre intérêt, c'est de
développer les technologies qui sont reliées à
l'hydrogène.
Tout à l'heure, compte tenu des expertises et des
compétences des Québécois entre autres, on pourra aller
ailleurs dans le monde, développer des barrages. Je pense au Zaïre
où on a 5000 MW facilement exploitables. On pourrait, à ce
moment-là, utiliser les compétences de nos utilités
publiques pour aller développer ces barrages à l'étranger,
fabriquer de l'hydrogène avec la technologie que nous possédons
qui est la plus avancée au monde, l'électrolyse de l'eau, avec
des efficacités de l'ordre de 80 %, 85 %, et produire cet
hydrogène et le livrer aux pays qui en ont besoin et à des pays
tels que le Japon, qui n'a pas d'énergie. Toute son énergie est
exploitée, il importe des hydrocarbures actuellement, et sa population
s'interroge sur ses activités, parce que la seule filière qu'ils
ont pour produire de l'électricité actuellement, à part
les hydrocarbures, c'est le nucléaire, et il y a des
préoccupations de plus en plus importantes au Japon sur le
nucléaire. Donc, la population fait des pressions.
Et c'est de là le projet que nous avons avec les provinces de
l'Ouest qui s'intéressent à «accéder» de
l'hydroélectricité sous la forme d'hydrogène. Donc, on
veut mettre à profit nos capacités en tant que développeur
hydroélectrique, en tant que fabricant d'hydrogène, et de tout
gérer cette logistique pour transporter d'un continent à l'autre
cet hydrogène-là. Et c'est là. On est après... Et
l'intérêt des industriels, c'est de développer les
technologies et les maîtriser, être le maître d'oeuvre de ces
systèmes de transport d'énergie d'un continent à l'autre,
et c'est ça que vise le projet Hydro-Québec... pas le projet
Hydro-Québec, Euro-Québec, et le projet Canada-Japon avec les
Japonais.
M. Chevrette: Croyez-vous que votre point de vue serait mieux
considéré si nous pouvions compter sur la présence, au
Québec, d'une commission de l'énergie qui regarde toutes les
facettes des sources énergétiques au Québec plutôt
que se limiter exclusivement en fonction d'un plan de développement
d'Hydro, comme on fait présentement?
M. Champagne: Ah! c'est une question bien importante. Le
problème n'est pas au Québec. Le pro-
blême est au niveau canadien. C'est qu'au niveau canadien
l'hydrogène ne joue pas tellement une importance comme il devrait le
faire. Il y a eu des commissions parlementaires, il y a eu une dizaine
on les a listés à un moment donné de groupes
très importants, de scientifiques, d'économistes, d'industriels
qui se sont réunis pour faire le point sur le secteur de
l'hydrogène, comment ça se faisait que le gouvernement canadien
ne misait pas sur ce secteur-là. Il en est résulté la
chose suivante. (10 h 40)
C'est que, dans toute la grille des possibilités
énergétiques canadiennes, les hydrocarbures sont
contrôlés par le gouvernement fédéral,
l'électricité est contrôlée par les provinces. Il
n'y a pas d'intérêt au niveau du ministère de
l'Énergie fédéral d'accélérer la
filière hydrogène et de supporter la filière
hydrogène. À ce moment-là, au niveau national, canadien,
cette filière est un peu entre deux planches. Ce qui fait que les
provinces n'ont pas les moyens de jouer le développement de ce vecteur
énergétique seules. Chacune a ses priorités. L'Alberta,
elle, a du gaz et du pétrole; elle voit les sables bitumineux, elle
aurait besoin d'hydrogène. Il y a un agenda en matière
d'hydrogène. Le Québec, l'Ontario, chacune a ses filières.
Ce qui veut dire qu'au niveau canadien, si ce n'est de la concertation que font
les industriels dans le cadre du Conseil de l'industrie de l'hydrogène,
il n'y a pas de politique et d'orientation énergétique qui
favoriserait le développement de la filière hydrogène. Et
c'est en cette absence que le Québec a pris, depuis une douzaine
d'années, des décisions allant dans la direction d'une politique
favorisant l'hydrogène. Et les raisons sont évidentes, c'est
qu'on a un potentiel hydroélectrique très important et, pour les
deux ou trois prochaines décennies, les grandes quantités
d'énergie propre seront produites à partir de
l'hydroélectrique. Donc, c'est, de là, de l'intérêt
du Québec de jouer sur cette filière-là et il le fait
quand même avec ses moyens. Mais le problème de base, c'est de
rétablir au Canada un programme important de recherche et
développement, de remettre les 20 000 000 $ qu'on avait en 1984. C'est
là qu'il faut relancer la balle.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Joliette. M. le député de
Saint-Maurice.
M. Lemire: M. Champagne, M. le président-directeur
général, j'aimerais faire certains comparatifs. Le gouvernement
du Québec a déjà entrepris d'importantes actions pour le
développement de cette filière énergétique qu'est
l'hydrogène. Vous avez eu des appuis financiers aux activités du
Conseil de l'industrie de l'hydrogène. On a assisté à la
création de chaires universitaires telles que l'Université
McGill, l'École polytechnique, l'Université de Sherbrooke; au
financement conjoint d'études et de projets de démonstration avec
la Communauté européenne; à des travaux de
développement de la technologie de l'électrolyse avec Noranda,
Electrolyser et Hydro-Québec. Vous avez eu aussi, comme on l'a dit
tantôt, un projet de coopération avec le Japon en matière
de recherche et développement. Moi, ce que j'aimerais savoir: Comment,
de votre point de vue, cet effort se compare-t-il avec ce qui se fait ailleurs
au Canada et ailleurs dans le monde?
M. Champagne: Ailleurs au Canada, il y a présentement
trois provinces qui sont actives dans le secteur de l'hydrogène. Il y a
le Manitoba qui a aussi un potentiel hydroélectrique important. Il y a
1'Alberta; elle, sa filière hydrogène est plus reliée aux
hydrocarbures; elle a un programme avec le gouvernement fédéral
qui dépense 1 000 000 $, 1 500 000 $ depuis quelque quatre ans. La
Colombie-Britannique, qui, aussi, a un potentiel hydroélectrique et de
gaz naturel, s'intéresse à la filière. Donc, leur approche
est reliée au développement de technologies compatibles avec leur
parc énergétique. Donc, ils ont eu beaucoup moins de
succès à date que le Québec, parce que le Québec a
été le premier à supporter les initiatives de concertation
industrielle du Conseil, et c'est pour ça qu'on voit les
retombées: les usines qu'on a lancées ici, au Québec,
alors que, dans l'Ouest canadien, on a réussi à lancer une usine
très importante qui est une usine d'ammoniac, la première au
monde qui dépend strictement de l'accès à de
l'hydrogène sous-produit. C'était la première usine.
Habituellement, une usine d'ammoniac produit son hydrogène et, dans ce
cas-là, suite à un inventaire du Conseil, on avait
réalisé qu'en Alberta il y avait 600 tonnes-jour
d'hydrogène qui était non utilisé ou brûlé.
Donc, c'est des quantités considérables. Et là il y a eu
une usine d'ammoniac de taille mondiale qui s'est créée à
partir de cet hydrogène sous-produit.
Donc, il y a des provinces qui ont des intérêts
différents, mais c'est dans cette complémentarité qu'on
voit les possibilités pour le Canada de jouer une partie très
importante et de prendre le leadership. Nous avions, en 1984, le leadership
mondial en matière d'hydrogène, et le Québec, avec son
électrolyseur, avait influencé la plupart des pays
industrialisés, à ce moment-là. Depuis 1984, il y a des
pays qui, comme l'Allemagne et le Japon, dépensent des centaines de
millions de dollars par année à développer des
technologies de l'hydrogène. C'est strictement par le fait que
l'industrie au Canada travaille ensemble dans le cadre du Conseil et,
deuxièmement, que nous avons un potentiel énergétique
important au Canada que nous jouons encore un rôle significatif sur la
scène internationale.
Toutefois, si on ne va pas de l'avant avec des investissements
importants dans la technologie, on ne supporte pas l'industrie, parce que,
comme je le mentionnais tout à l'heure, les industries importantes qui
sont là, ce ne sont pas les industries de l'avenir de
l'hydrogène. Ce sont les petites entreprises comme Electrolyser,
Ballard, de petites entreprises qui vont devenir les industries de
l'hydrogène de l'avenir, et celles-là n'ont pas les
capacités financières de faire les développements
technologiques c'est là que le rôle des gouvernements doit
entrer en ligne de compte alors que les grandes entreprises telles que
Shell, Esso, qui font partie du Conseil, elles, leur intérêt,
c'est
d'acheter des équipements de l'hydrogène, ce n'est pas de
les développer. Ce ne sont pas des développeurs, ce sont des
acheteurs d'équipements. C'est dans le cadre de cette
concertation-là qu'on peut, en tant qu'industrie, ici, au Canada et au
Québec, jouer un rôle plus important.
Mais il faut bien comprendre que d'autres pays... le Japon, en
décembre dernier, votait un programme de 27 ans de 1 700 000 000 $ pour
supporter la filière hydrogène, donc ils sont très
sérieux. On a décidé, nous, en tant qu'industrie, de
travailler avec eux, de travailler aussi avec les Russes, on a signé une
entente très importante. Les Russes, on a développé des
liens avec eux depuis 1984 et, en 1992, on signait une entente-cadre faisant du
Conseil de l'industrie de l'hydrogène le partenaire
privilégiée de la Russie. On a accédé, dans des
ententes bilatérales qui ont suivi, à 23 technologies, dont 5 des
plus avancées au monde, dont une, entre autres, qui pourrait voir le
jour à Montréal-Est, justement. C'est une technologie qui permet
de dissocier l'anhydride sulfureux, le H2S; les
procédés actuels connus dans le monde de l'Ouest permettent
seulement de récupérer le soufre, et ce procédé
allemand... pas allemand, mais russe, qui utilise le plasma à froid
permet de récupérer l'hydrogène et le soufre. C'est une
avance technologique intéressante, efficace et qui permet aussi de
protéger l'environnement parce que c'est un procédé
propre, alors que, le procédé actuel, c'est un
procédé qui contribue aux pluies acides. Donc, c'est dans ce
cadre-là qu'on se situe en tant que Conseil de l'industrie de
l'hydrogène, tant au Canada qu'au Québec, mais aussi sur la
scène internationale.
M. Lemire: À ce moment-ci, comment percevez-vous le
rôle d'Hydro-Québec dans ce domaine-là?
M. Champagne: II est clair qu'Hydro-Québec a un rôle
à deux volets. D'une part, il est un producteur
d'hydroélectricité, d'électricité, de là son
intérêt à examiner cette filière qui utiliserait
cette énergie pour produire de l'hydrogène, donc un client
important potentiel. D'autre part, je pense qu'Hydro-Québec aussi peut
jouer un rôle très important vis-à-vis les autres
partenaires en matière de recherche et développement. La
crédibilité de l'IREQ est bien établie et, à cet
égard, un programme de recherche important à l'IREQ en
matière d'hydrogène contribuerait définitivement au
développement du secteur au Québec. Le programme a
été diminué considérablement dans les
dernières années, compte tenu que le gouvernement
fédéral n'appuie plus ce secteur-là comme il le faisait
avant. Il y avait plusieurs programmes combinés et, à ce
moment-là, les programmes d'Hydro-Québec ont été
diminués d'une façon importante. Je pense qu'il y aurait lieu de
réexaminer cette possibilité-là et, définitivement,
la capacité scientifique des gens d'Hydro-Québec pourrait
certainement contribuer au développement de technologies importantes,
comme ils l'ont fait dans le domaine des électrolyseurs, par
exemple.
M. Lemire: Merci. (10 h 50)
Le Président (M. Forget): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Maurice. Alors, M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez des relations étroites
avec l'IREQ, le CRIQ, par exemple, également, en fonction de
développer des technologies encore plus de pointe, plus à
point?
M. Champagne: Oui. Définitivement, l'IREQ est un des
joueurs les plus importants dans notre portefeuille de recherche et
développement. D'ailleurs, il prend une bonne partie de notre programme
annuel. Il est fait en collaboration avec les investissements que fait l'IREQ.
Les industriels aussi participent à ce programme-là, financent
des activités de l'IREQ. Donc, le programme a diminué ces
dernières années, mais il est quand même important, un des
programmes importants. Il regarde des technologies très avancées,
comme la pile à combustible réversible qui pourrait jouer le
rôle tant d'électrolyseur que de pile à combustible. C'est
un secteur prometteur. On a de belles compétences à l'IREQ. Oui,
on travaille très étroitement avec eux. D'ailleurs, les membres
de l'IREQ ont présidé notre comité de recherche
scientifique pendant un certain nombre d'années. Aujourd'hui, ce sont
d'autres industriels qui président, mais ils sont très
actifs.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes au courant si le CRIQ a
des projets concrets, par exemple, sur la table de travail?
M. Champagne: Non, malheureusement. Le CRIQ avait appliqué
pour le Conseil, pour devenir membre du Conseil; on leur avait dit qu'on leur
donnerait un statut privilégié, puis ils ont trouvé que
2000 $, c'était trop par année. Puis le Conseil a dit: S'ils
n'ont pas 2000 $, ils ne sont pas sérieux. Donc, le CRIQ n'est pas
membre du Conseil. On le regrette parce qu'on pense qu'il pourrait contribuer
définitivement.
M. Chevrette: Ils ont refusé ça pour 2000 $, le
CRIQ?
M. Champagne: Oui.
M. Chevrette: Je vais dire comme vous.
M. Champagne: Ce n'était pas sérieux.
M. Chevrette: Ce n'était pas sérieux. Je vous
remercie, M. Champagne.
M. Champagne: Ça m'a fait plaisir.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Joliette. M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Vous avez
partiellement répondu à mes questions, parce qu'à la page
16 de votre mémoire je pense que c'est là que j'ai
détecté le cri d'alarme de votre organisation. Vous avez couvert
la première partie du haut, qui était le leadership mondial, dont
j'étais au courant qu'on l'assumait et qu'on a perdu. Mais c'est la
partie du bas aussi qui m'intrigue, parce que vous semblez indiquer qu'avec le
peu de ressources maintenant qu'il nous reste on est en train de les saupoudrer
à peu près un peu partout à travers les différents
ministères. Est-ce que ce serait de bonne guerre, parce qu'on est dans
l'ère des créations de centres de spécialité ou de
recherche, que, dans la foulée aussi de ce que vous mentionniez au
niveau de la formation d'une grappe industrielle, on fasse une espèce de
centre de spécialité ou un parc technologique consacré
directement à cette technologie-là? Parce qu'il n'y a pas de
doute, vous avez raison, c'est la technologie de l'avenir.
M. Champagne: Oui. Non, je pense que ce qu'on veut mentionner
ici, c'est que, depuis quelques années, il y a moins de concertation au
niveau des intervenants au Québec qu'il y en avait auparavant. C'est que
le gouvernement a décidé, de son côté, de se lancer
résolument dans ce programme de transfert d'énergie sous forme
d'hydrogène avec la Communauté économique
européenne, et c'est le gouvernement qui a pris le leadership, alors
qu'auparavant le gouvernement avait décidé, à travers le
ministère de l'Energie et des Ressources, d'utiliser le Conseil de
l'industrie de l'hydrogène pour examiner toute cette filière et
tout ce développement au Québec. Donc, étant donné
qu'il a investi plus d'argent, il a décidé, dès 1989-1990,
de prendre en main cette concertation non pas seulement au plan technologique,
mais aussi au plan industriel. Et c'est là que nous, le Conseil, on a
pris un recul effectivement, du moins au Québec. À ce
moment-là, on a moins de concertation qui se fait, il y a plusieurs
intervenants, et on réalise une chose, c'est que, quand on veut jouer
dans cette partie-là de l'hydrogène, c'est international,
ça prend des gros sous. Et, dans ce sens-là, on réussira
seulement si on travaille ensemble, d'une façon concertée.
Donc, le message qu'on passe ici, c'est qu'il y a peut-être un
petit peu moins de concertation qu'il y en avait dans les années
passées. Certains membres qui font partie du programme de
développement du ministère... Bien, en fait, il y a trois
ministères qui pilotent le projet Euro-Québec... il y a plusieurs
industriels qui ne sont pas membres du Conseil, et on pense qu'il y aurait
avantage à devenir membres du Conseil. Ces gens-là sont
aidés présentement par le gouvernement, sont concertés par
les ministères pour s'occuper d'un secteur que plusieurs d'entre eux ne
connaissaient pas auparavant. Je pense qu'on a développé une
synergie, une façon de faire, des banques de données, de
l'information, qui est unique au monde. D'ailleurs, on a des demandes de
plusieurs industriels d'autres pays qui veulent participer à nos
activités. On pense que ces industriels-là qui ont
été motivés par le gouvernement à s'associer et
à participer au programme devraient être membres de notre Conseil.
Donc, on a perdu un peu de vitesse, effectivement, au Québec, à
ce moment-là. Toutefois, ça n'empêche pas qu'il y a des
sommes importantes qui se dépensent dans le secteur de
l'hydrogène, et on en est très heureux au Québec.
Toutefois, pour faire face tout à l'heure à une concurrence
très importante des pays d'Europe, entre autres, je pense qu'une
concertation industrielle serait très nécessaire.
M. St-Roch: Merci.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, M. le
député de Drummond. Le député de D'Arcy-McGee
voudrait prendre la parole, et ça prend le consentement de la
commission. Est-ce que vous donnez le consentement?
Une voix: I am not sure. Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Consentement de ma part, M. le Président.
Une voix: I will be generous.
Le Président (M. Forget): II faut être unanimes pour
le consentement. Est-ce qu'il y a consentement?
Une voix: I will be generous.
M. Chevrette: Moi, je vais me montrer très
généreux et j'espère que cette
générosité se transposera de temps à autre en
Chambre de la part du député de D'Arcy-McGee.
Une voix: Ce qui est rare.
Le Président (M. Forget): On a consentement. Alors, M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: C'est juste une petite question sur le processus de
transformation de l'électricité par l'électro-lyse
à l'hydrogène. Est-ce que vous avez des études importantes
sur la question de sécurité de ce processus de transformation? Je
présume qu'il y a des usines ici qui font, par l'électrolyse,
cette transformation. Est-ce que vous avez des études sur la
sécurité de ça et même sur l'impact environnemental
de cette transformation?
M. Champagne: Au niveau de la sécurité, des
électrolyseurs existent dans le monde depuis plusieurs années.
D'ailleurs, la compagnie qui a développé les grands
électrolyseurs au Québec et dans 90 pays où elle vend ses
petits électrolyseurs, il n'y a pas d'incident. C'est une technologie
extrêmement sécuritaire compte tenu des propriétés
de l'hydrogène. Étant plus léger que l'air, lorsqu'il y a
un échappement quelconque, il se
dissipe dans l'atmosphère, et est très sécuritaire
comme élément et comme carburant.
En ce qui a trait aux grands électrolyseurs, il n'y en a pas
beaucoup dans le monde qui ont été implantés. L'usine la
plus importante de grands électrolyseurs avancés, c'est l'usine
Hydrogenal, à Bécancour, où on a 7 MW
d'électrolyseurs installés, et la prochaine usine sera au
Brésil, où on a fait la duplication du projet au Québec
là-bas, et on va porter cette usine-là à 14 MW. Donc, ce
sont des systèmes très avancés de détection qui
sont là et, définitivement, l'hydrogène, la maîtrise
de l'hydrogène en industrie est considérée, sous sa forme
à l'état naturel, comme un gaz des plus sécuritaires.
Donc, le record sécurité de l'hydrogène en industrie est
très, très positif. C'est certain qu'il y a des mythes
reliés au domaine du gaz et à l'hydrogène, mais on peut
facilement y répondre.
M. Libman: Merci.
Le Président (M. Forget): Je remercie le
député de D'Arcy-McGee. Au nom des membres de cette commission,
M. Champagne, je vous remercie beaucoup de votre participation. Alors, nous
allons suspendre pour deux petites minutes, et je vais inviter la
municipalité régionale de comté du Fjord-du-Saguenay
à bien vouloir venir prendre place à la table.
(Suspension de la séance à 10 h 59)
(Reprise à 11 h 1)
Le Président (M. Forget): La commission de
l'économie et du travail reprend ses travaux. Je rappelle que le temps
alloué pour la période de présentation, la période
d'exposé de l'organisme est de 20 minutes, la période
d'échanges est de 40 minutes. Alors, je demande au porte-parole de
l'organisme d'identifier, de présenter les personnes qui
l'accompagnent.
MRC du Fjord-du-Saguenay
M. Halley (Jean): M. le Président de cette commission, MM.
et Mmes de la commission parlementaire, mon nom, c'est Jean Halley,
préfet de la MRC du Fjord. M'accompagne ici le préfet
suppléant et maire de Chicoutimi, M. Ulric Blackburn, à ma
gauche; j'ai également le directeur général de la MRC du
Fjord, M. Rénald Gaudreault, à ma droite, et un conseiller pour
nous à la table de la MRC, M. Guy Dufort.
Le Président (M. Forget): Je vous invite à
présenter votre mémoire.
M. Halley: Vous nous excuserez un petit peu. Le malentendu, en
fait, c'est qu'on avait déposé une proposition de la table de la
MRC du Fjord concernant l'objet pour lequel on est devant vous ce matin. Le
malentendu: on n'avait pas compris qu'on se devait de faire parvenir un rapport
à l'avance au niveau de cette commission. Cependant, vous verrez, on
pensait que notre proposition était assez claire. Mais on
précisera quand même, dans la documentation que vous avez, l'objet
de cette proposition, et on pourra également répondre à
vos questions s'il y a des précisions additionnelles. Je pense qu'on
pourra s'entendre malgré le malentendu!
Le mardi, 12 janvier dernier, des représentants
d'Hydro-Québec de la région SaguenayLac-Saint-Jean ont
exposé aux membres de la MRC du Fjord-du-Saguenay, alors réunis
en assemblée régulière, les orientations du plan de
développement 1993-1995 de la société d'État. Les
élus de notre MRC ont apprécié cette démarche
d'information et de consultation. Ils ont manifesté leur
intérêt à ce plan de développement en faisant
parvenir une résolution décrivant leurs préoccupations.
Dans cette résolution, les membres de la MRC du Fjord-du-Saguenay
demandent d'instaurer une politique énergétique strictement
destinée aux régions périphériques productrices
d'électricité et/ou dont le territoire est ou sera
traversé par d'importantes infrastructures de transport
d'énergie, en particulier, dans la région
SaguenayLac-Saint-Jean, laquelle politique pourrait contribuer à
stimuler le développement économique dans lesdites
régions. D'ailleurs, une copie de cette résolution est jointe
à ce mémoire. C'est avec plaisir et confiance que la MRC du
Fjord-du-Saguenay a accepté l'invitation de détailler l'esprit de
sa résolution par ce mémoire qu'elle dépose aujourd'hui
devant cette commission de l'économie et du travail.
Nous avons pris connaissance de la proposition d'un plan de
développement 1993-1995 en retenant les orientations 19, 20 et 21 comme
étant les orientations les plus susceptibles d'influencer notre MRC. Ces
orientations représentent, pour nous, des opportunités, en plus
de permettre de partager avec le gouvernement notre vision de la contribution
d'Hydro-Québec à notre restructuration économique.
S'appuyant sur ces orientations, notre mémoire revêt
davantage un caractère d'énumération de principes qu'une
approche technique. Alors, nous sommes des élus, on a laissé la
technique aux autres, et on regarde surtout sur le plan politique les
retombées économiques possibles pour nos régions.
La MRC du Fjord-du-Saguenay recouvre au Saguenay une superficie de 44
000 km carrés, regroupant 20 municipalités situées de part
et d'autre du Saguenay, et compte 175 000 habitants. Je pense, pour le
renseignement de cette commission, qu'à part les villes de Laval et de
Longueuil, c'est en fait la plus grosse MRC du Québec, si on
considère les municipalités rurales qui la forment avec les trois
grandes villes. Les territoires non organisés TNO occupent
la plus grande superficie avec 39 500 km carrés. C'est pour ça
que, lorsqu'on va parler de corridors qu'on traverse, on a du terrain, et il va
y en avoir des lignes qui vont traverser notre territoire.
La MRC du Fjord-du-Saguenay, son économie traditionnelle à
maturité. Comme vous le savez, la grande industrie regroupant
l'exploitation forestière, la
production de l'aluminium et l'exploitation minière a
été le fondement du développement, de la croissance et de
l'essor économique de notre territoire. Les papetières et les
industries de bois de sciage se sont établies chez nous à cause
des largesses de la forêt, et Alcan à cause du potentiel
hydroélectrique que représentent les rivières, les
ressources naturelles de cette région. Cependant, au début des
années quatre-vingt, l'économie générée par
cette grande industrie est entrée dans sa phase de maturité. Ceci
s'est traduit par une rationalisation de la main-d'oeuvre, elle-même
entraînant des mises à pied. De plus, notre économie glisse
d'une façon inquiétante vers une phase de déclin. Il
s'agit de regarder à l'heure actuelle les études
démographiques pour démontrer qu'il y a un dépeuplement
beaucoup plus poussé que dans d'autres régions. cette situation
se reflète, d'ailleurs, dans trois des principaux indicateurs du
marché du travail: chômage à 14,6 %, taux d'activité
à 57,7 %, rapport emploi-occupation à 49,2 %. je ne veux pas vous
citer davantage de données statistiques démontrant cet
état de fait puisque vous êtes déjà
sensibilisés à cette situation. laissez-moi vous dire, cependant,
que nous sommes déficitaires d'environ 6000 emplois, et la perte de la
dernière année est astronomique avec 4500 emplois.
Ce que je veux que vous reteniez est ceci: Nous ne comptons plus sur la
grande entreprise pour assurer notre survie économique. Le renouveau
économique de notre région s'appuiera désormais sur le
développement de nos PME et PMI existantes et sur la création de
nouvelles.
C'est ici que s'inscrit notre réflexion sur le plan de
développement 1993 d'Hydro-Québec dont la contribution pourrait
nous aider à amorcer et à franchir cette phase de transition
entre l'économie traditionnelle que nous avons connue depuis une
centaine d'années et le renouveau économique de la prochaine
décennie. C'est aussi l'avis des commissaires industriels et des
directeurs généraux des CADC que nous avons consultés.
La MRC du Fjord-du-Saguenay, territoire ressource
hydroélectrique. Depuis plus de 65 ans, l'eau des rivières de
notre territoire alimente les grandes, moyennes et petites centrales
hydroélectriques pour une capacité installée d'environ
3000 MW. Ici, naturellement, j'inclus le réseau d'Alcan. Des lignes de
transport et de distribution de l'énergie produite ici ou ailleurs
serpentent à travers notre territoire. Qu'il s'agisse de mentionner
qu'à l'intérieur du schéma d'aménagement de notre
MRC nous connaissons déjà d'avance un corridor d'environ 12 km de
largeur qu'on a réservé strictement pour des passages de lignes
électriques provenant du Grand-Nord.
En vertu de la Loi sur le régime des eaux et en vertu du bail de
la Péribonka, Alcan verse annuellement environ 30 000 000 $ au
gouvernement québécois en redevances pour l'utilisation de l'eau
des rivières Péribonka et Saguenay or, 30 000 000 $, on
nous dit que c'est un chiffre très conservateur parce qu'on n'a pas pu
connaître l'ensemble des retombées qui sont versées par
Alcan au niveau du gouvernement de sorte que pour les 20 prochaines
années ces redevances totaliseront un minimum de 600 000 000 $.
Notre vision. Face à l'état de notre situation
économique en phase de transition et au caractère de
«ressource hydroélectrique» qu'est notre territoire, nous
proposons à Hydro-Québec de passer de fournisseur
d'électricité à partenaire du renouveau économique
de la MRC du Fjord-du-Saguenay. D'abord, nous demandons au gouvernement
québécois de créer un fonds régional de
développement économique avec les sommes que lui verse et lui
versera annuellement Alcan comme redevances. Ce fonds pourrait porter le nom
«héritage hydroélectrique» et seuls les
intérêts pourraient servir au développement
économique selon une politique établie entre le gouvernement et
des représentants du milieu. Et, ça, ça s'inscrit avec un
système de décentralisation préconisé à
l'heure actuelle par nos gouvernements. (11 h 10)
Aussi, nous demandons à Hydro-Québec de procéder
immédiatement à l'élargissement du champ d'application de
son programme d'octroi de crédits mis à la disposition des
collectivités touchées par des projets de centrales et de lignes,
de sorte que des crédits peuvent être octroyés à la
création ou au développement des PME et des PMI. Nous
souhaiterions que cette politique soit rétroactive et puisse être
appliquée à des lignes existant depuis plusieurs
années.
Alors, nous connaissons les redevances qu'Hydro-Québec fait
à l'heure actuelle au niveau des territoires touchés, mais pour
les lignes qui sont déjà là depuis des années,
où il n'y a jamais rien eu de versé, on vous dit que ceci
pourrait aider au développement économique de nos régions
par ce fonds régional.
En plus, qu'il s'agisse de petits barrages ou d'usines de
cogénération, nous demandons qu'une politique tarifaire soit
adaptée et disponible aux PME et aux PMI établies ou qui
s'établiront à proximité de producteurs privés
d'électricité. Finalement, nous demandons à
Hydro-Québec d'alléger sa politique tarifaire de puissance
annuelle souscrite pour les PME et les PMI éner-givores, de sorte que
seule la consommation réelle soit payée. Ainsi, ces industries ne
seront pas obligées de payer pour de l'énergie électrique
qu'elles ne consomment pas. Selon nos commissaires industriels, cette mesure
seule rendrait les PME et les PMI compétitives sur le plan mondial.
Alors, voilà l'essentiel de notre réflexion sur le plan de
développement hydroélectrique d'Hydro-Québec. Ce plan
propose un ensemble d'orientations que prendra son développement durant
les prochaines années. À la MRC du Fjord-du-Saguenay, nous avons
retenu les orientations 19, 20 et 21 puisqu'elles représentent pour nous
des opportunités garantissant son devenir économique.
L'économie traditionnelle basée sur la grande entreprise
est en mutation qui se traduit par des taux de chômage
élevés de 14,6 %, alors que l'ensemble du Québec se situe
à 12,8 %. Les jeunes quittent la région puisque le nombre de
personnes ayant 15 ans et plus et possédant un emploi diminue. En effet,
le rapport em-
ploi-population était de 50,4 % en 1991 comparativement à
49,2 % déjà en 1992.
Puisque nous avons été, sommes et serons une région
ressource, et puisque notre devenir économique s'appuiera
désormais sur la PME et les PMI, nous demandons au gouvernement du
Québec de créer un fonds monétaire pour le
développement économique avec les 30 000 000 $ que lui verse
annuellement Alcan; à Hydro-Québec d'élargir
immédiatement à la création de PME et de PMI son programme
d'octroi de crédits à la collectivité et de favoriser par
une politique tarifaire adaptée les PME et les PMI.
Au nom de la MRC du Fjord-du-Saguenay, je vous remercie de votre
invitation, d'une part, de présenter à cette commission nos
préoccupations face au plan de développement 1993-1995
d'Hydro-Québec et de lui communiquer notre vision de sa participation
à notre renouveau économique.
Et avant de passer au questionnaire, naturellement, en soumettant ce
rapport, je ne voudrais pas passer outre aussi à la satisfaction, en
fait, que nous avons des actions posées déjà par
Hydro-Québec, que ce soit dans sa nouvelle approche du milieu, que ce
soit au niveau de la réorganisation de son organisation qui nous a
permis, au niveau de la région, d'aller chercher des emplois
présentement et des emplois dans les prochaines années au niveau
de l'ensemble de cette réorganisation.
Ce que je voudrais vous dire ici aujourd'hui: Si on n'a pas
truffé de statistiques et de chiffres ce rapport, c'est qu'on n'est pas
des techniciens, naturellement, comme je le disais tout à l'heure. Ce
qu'on veut dire, en fait, c'est au niveau des politiques gouvernementales. Je
sais que vous l'avez déjà entendu dire à maintes reprises,
qu'elles sont un petit peu du tapis mur à mur. C'est-à-dire que
quand on prend une décision d'appliquer des politiques, que ce soit au
niveau d'Hydro-Québec ou autre chose, elles s'étendent dans
l'ensemble du Québec. Et même si nos populations vont alimenter,
en fait, les grandes régions du Québec, on se dit chez nous quand
même: C'est assez! Pour nous, on n'a pas d'autres choix que d'avoir des
politiques de retour de crédits, comme on vous le suggère
à l'heure actuelle, qui nous permettraient de développer et aussi
d'attirer chez nous des petites entreprises qui permettraient de garder nos
jeunes, au moins nos génies, dans notre région. Alors, je vous
remercie.
Le Président (M. Forget): Alors, on vous remercie
beaucoup.
Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Alors, messieurs, je voudrais vous remercier de vous
présenter à la commission parlementaire et de nous faire
connaître votre vision des choses, et particulièrement votre
vision régionale. Je suis un petit peu surprise de voir que vous mettez
de côté rapidement tout le dossier du développement
régional qui a été mis de l'avant par mon collègue,
M. Picotte. Et ce n'est pas du tapis mur à mur. À ce moment-ci,
avec la création des conseils régionaux de développement,
les priorités se font en région. Peut-être que les budgets
se ressemblent, mais, même là, il y a des modulations de budget
suivant les régions et les besoins. Est-ce que vous mettez ça de
côté tout à fait quand vous faites vos propositions dans
votre mémoire?
M. Halley: Absolument pas. On ne met pas de côté ces
suggestions. Et une réponse rapide que je pourrais vous faire
là-dessus, c'est que quand même au niveau de ma
municipalité propre si je ne prends pas le territoire de la MRC
du Fjord on tente, à l'heure actuelle, de se développer au
niveau un petit plus industriel. C'est-à-dire qu'on voit que nos
industries de base, en fait, on doit ne plus s'en occuper; la forêt n'est
déjà plus ce qu'elle était; l'aluminium ne produit pas la
sous-traitance qu'il produisait avec des diminutions astronomiques d'emplois,
donc, on tente de se tourner vers de nouveaux créneaux.
On a extrêmement de difficulté à trouver des sommes
monétaires, même si on a des plans de développement
régional... Alors, en fait, on va parler de quoi? Au niveau de notre
région, on n'a pas de programme tant et aussi longtemps que les
applications du dernier sommet économique ne seront pas révolues
en 1996. Donc, les 3 000 000 $ qui sont dévolus aux régions
à l'heure actuelle pour le développement régional ne sont
applicables pour nous qu'après cette période-là seulement.
Nous avons des budgets au niveau du CRCD. Je siège au conseil
d'administration et je suis au courant de 700 000 $ et d'un autre 125 000 $.
Mais dans une région qui perd des emplois comme on en perd à
l'heure actuelle, et qui cherche à se trouver des nouveaux
créneaux de développement, ce sont des montants très
minimes par rapport aux besoins que nous avons.
Mme Bacon: Vous demandez de créer un fonds régional
de développement économique avec les sommes que verse Alcan
à titre de redevances hydrauliques. Sur l'essentiel, Alcan verse des
redevances au trésor public, évidemment, compte tenu qu'elle
utilise notamment un bien public, à savoir l'eau. Par ailleurs, l'usage
de la ressource hydraulique permet à Alcan de générer des
activités commerciales qui bénéficient directement
à votre région. Moi, j'aimerais savoir sur quel principe le
gouvernement devrait utiliser les montants tirés d'un bien qui
appartient à la collectivité québécoise au profit
d'une seule région.
M. Halley: Je me doutais qu'une question comme ça nous
serait posée, évidemment. C'est parce que notre mémoire
tourne autour, complètement, de «région-ressource».
Je veux dire, on ne s'est jamais fié, par exemple, sur d'autres
régions du Québec pour s'alimenter en énergie
électrique au niveau de la région chez nous. Au départ,
c'est Alcan qui a le plus bénéficié, depuis les
années 1927, 1929, de l'ensemble de l'eau qui coule dans nos
rivières, Péribonka et Saguenay. Et plus tard sont venus
s'ajouter quelques petits... On ne peut pas parler d'Hydro-Québec au
niveau de notre région encore, mais il n'en demeure pas moins
qu'Hydro-Québec a
des projets de développement, qu'on parle d'Ashuap-mushuan,
peut-être un nouveau projet sur la Péribonka, de petites centrales
qui sont à l'heure actuelle... Parce qu'on parle aussi de petites
centrales.
Vous dites «qui appartiennent à la collectivité
québécoise», mais au niveau d'une région qui voit
partir ses gens comme on le voit chez nous, à l'heure actuelle,
l'idée qu'on a développée que les ressources
énergétiques appartenaient à la collectivité
québécoise se tourne maintenant pour dire: Ça provient
quand même de nos régions. Et on a apprécié, en
fait, ce que les usines de papier, ce que les gens ont fait dans le
passé avec le nombre d'emplois élevé qu'on avait dans le
temps pour ces choses-là, mais, à partir du moment où, en
fait, notre population diminue dangereusement, les gens chez nous se disent
maintenant: Ce n'est plus une collectivité québécoise,
probablement, qui sert à l'ensemble des Québécois, mais
ces ressources-là sont sur nos territoires à nous. C'est dans ce
sens-là qu'on propose cette chose-là.
Mme Bacon: Mais si ce principe-là devait s'étendre
également à l'ensemble des régions, pour d'autres secteurs
que l'électricité, est-ce que vous avez bien analysé les
avantages, les inconvénients pour les régions et pour le
Québec, au fond, avant de formuler cette recommandation-là? (11 h
20)
M. Halley: C'est-à-dire qu'à partir du rapport
qu'on vous a déposé ce matin c'est évident qu'on est
prêt à s'asseoir et à discuter de tout ce portrait au
niveau économique, tant pour notre région que pour les autres
régions du Québec. Ce qu'on vous rapporte, c'est une discussion
qui s'est déroulée chez nous, dans notre territoire, et qui se
déroule dans d'autres MRC près de chez nous, à l'heure
actuelle. On se dit, à l'intérieur de ça: C'est vrai qu'au
niveau d'autres régions du Québec il pourrait survenir des choses
identiques et ça peut faire partie de demandes d'autres régions
du Québec. On est prêts à s'asseoir et à discuter.
Avec la consultation qu'Hydro-Québec fait, c'est ce volet-là
qu'on voudrait voir ajouter, à l'heure actuelle, avec des
représentants du gouvernement et d'Hydro-Québec; c'est ce
volet-là qu'on veut voir ajouter au niveau de cette consultation,
à l'heure actuelle, qui se fait par Hydro-Québec et par le
gouvernement.
Mme Bacon: Est-ce que vous remettez en cause que ce soit le
gouvernement qui redistribue la richesse à l'ensemble des
Québécois?
M. Halley: Absolument pas. On ne veut pas remettre en cause cette
chose-là, c'est une demande qu'on fait au gouvernement du Québec,
et comme d'autres régions pourraient faire d'autres demandes dans
d'autres secteurs d'activité en particulier, je n'ai pas à
regarder... À l'heure actuelle, je me fie au niveau de l'ensemble de la
ressource forestière, de l'ensemble de la ressource minérale, de
l'ensemble de la ressource énergétique qu'il y a au niveau de la
région SaguenayLac-
Saint-Jean, de l'ensemble de ces lignes de transport qui vont passer
à travers notre territoire. On sait déjà qu'il y a une
ligne 12 qui s'en vient, on en connaît déjà une
treizième qui va passer sur le territoire de notre MRC, une
quatorzième et une quinzième. Alors, c'est tout ça qu'on
dit: 1 %, ce n'est peut-être plus suffisant. quand on a commencé
à appliquer cette politique de redistribution de 1 %, c'était une
chose, ça correspondait peut-être aux besoins du moment;
aujourd'hui, par contre, par rapport à ce qui se passe, le
phénomène qui se passe chez nous, on dit: ça devrait
être quelque chose d'additionnel.
Mme Bacon: Est-ce que vous étendez votre demande, par
exemple, aux mines, aux forêts? Parce qu'il y a des arbres qui partent
d'une région. Est-ce que vous étendez ça à des
mines qui sont exploitées dans une région ou seulement au niveau
de l'eau qui fait l'électricité chez nous?
M. Halley: Écoutez, à l'heure actuelle, nous
n'avons pas touché aux petits barrages qu'Hydro-Price peut avoir chez
nous, qui occupent la rivière Shipshaw ou Chicoutimi, quelque chose
comme ça. C'est minime comme redevances, semble-t-il, puis on n'a pas pu
obtenir les chiffres très précis, on ne les a pas avancés.
Alors, c'est évident qu'on inclut aussi cette
possibilité-là. Au niveau, par exemple, de la forêt et de
ces choses-là, on n'a pas voulu se rattacher, dans ce rapport-là,
au niveau de ces ressources du bois. Cependant, j'ai l'impression que d'autres
personnes pourraient éventuellement le faire. Mais nous autres, en tout
cas, on s'est limités, notre MRC, dans notre territoire, au niveau des
ressources hydroélectriques.
Mme Bacon: Vous parlez d'une tarification
préférentielle pour les PME, PMI, comme celle que vous proposez
dans votre mémoire; ça entraînerait un manque à
gagner pour Hydro-Québec. Dans votre esprit, qui devrait financer
ça, ce manque à gagner? Est-ce que c'est le gouvernement?
M. Halley: Je pense qu'on a quand même deux propositions
qui se tiennent. On a dit: Est-ce qu'on pourrait regarder la création
d'un fonds? Est-ce qu'on pourrait regarder, en même temps, une diminution
tarifaire? Et c'est dans ce cadre-là que les deux suggestions sont
faites à l'heure actuelle. Nous pourrions éventuellement, lors de
discussions, si on est prêts à regarder ce nouveau portrait, en
fait, par rapport à cette nouvelle réalité
économique de notre région, regarder de quelle façon on
pourrait supporter ces choses-là. C'est-à-dire qu'on n'a pas
voulu, en fait... Si on arrive puis qu'on ne fait qu'une seule demande, on
risque de s'en faire couper énormément.
L'autre chose qu'on veut voir aussi, c'est que de plus en plus notre
paysage va être drôlement changé aussi par l'ensemble des
lignes hydroélectriques de ces grosses infrastructures qui vont venir de
la rive nord. Quand on considère certaines redevances par rapport
à
la situation économique, on peut en rajouter. On revient toujours
sur le fait qu'il y a réellement un manque. Malgré une nouvelle
politique de développement des régions du ministre Picotte et ces
choses-là, à chaque fois que nous avons des demandes à
faire pour du développement en entreprise, il manque de capitaux. Quand
une entreprise prend jour chez nous, on ne peut pas la dire concurrentielle
avec celle qui va se développer à Montréal, au sud de
Montréal ou près de Québec. Et, pourtant, on paie le
même taux d'électricité, même si on est très
près des ressources énergétiques.
Mme Bacon: II est vrai que les entreprises à forte
consommation d'électricité ont souvent tendance à
s'implanter en région plutôt que dans les grands centres. Dans ce
contexte-là, vous ne croyez pas que la proposition concurrentielle des
tarifs québécois d'électricité, les efforts
réalisés pour attirer des industries même à forte
consommation d'électricité, ça constitue
déjà un soutien important au développement
économique régional.
M. Halley: Ce qui est fait à date, on le reconnaît.
Je vous l'ai dit tout à l'heure, même s'il n'est pas dans le
mémoire, ce qui est fait à date, on le reconnaît. Je
reviens toujours avec ça et je vais me répéter, Mme la
ministre, mais notre situation, à l'heure actuelle, au niveau
régional, demande plus que ça.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, Mme la
ministre.
Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Alors, ça me
fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue à mon tour. Je reconnais
bien l'imagination des gens de votre région dans la proposition que vous
nous faites. Cela étant dit, j'ai aussi un peu les mêmes craintes
ou appréhensions que semble vouloir manifester la ministre, ou du moins
le même questionnement, particulièrement sur la création de
ce fonds dû aux redevances, à cause, évidemment, de
l'impact que cette demande-là pourrait susciter dans les autres
régions qui seraient tout aussi légitimées de le faire. Je
pense à mon collègue de la Mauricie. Je pense à des gens
comme ceux de PAbitibi qui, eux, bon, évidemment, sont davantage
tributaires de ressources naturelles comme les mines, etc.
Donc, dans ce sens-là, je me demandais si vous aviez
exploré d'autres avenues. Je peux comprendre cependant l'état de
situation que vous faites, qui est bien réel et qui concerne les
difficultés économiques auxquelles vous êtes
confrontés, et aussi le fait qu'il y a des investissements significatifs
qui ont été faits dans la région et qui, maintenant, se
rétrécissent un peu, jusqu'à un certain point, avec
l'effet que ça donne quant aux questions d'emplois. Mais est-ce que vous
avez exploré d'autres avenues quant à la mise en place d'un fonds
de l'ordre de celui que vous proposez?
Il existe actuellement, à travers le Québec, des
expériences de création de fonds d'aide à l'emploi,
à l'entreprise où les différentes institutions
financières se réunissent. Même chez vous, il y a une
expérience, enfin, dans votre grande... dans la grande région, il
y a une expérience, à cet égard-là. Mais est-ce que
vous avez songé à des avenues comme celles-là qui
rejoindraient l'essentiel de vos préoccupations, mais qui ne poseraient
pas ou ne soulèveraient pas toutes les difficultés que nous
voyons apparaître aussitôt qu'une proposition comme celle-là
est déposée sur nos tables?
M. Halley: Alors, en ce qui concerne les autres régions,
nous y avons pensé. Au moment, tout à l'heure, où Mme la
ministre me posait la question «est-ce que, pour les autres
régions du Québec...», ce qui m'est venu à l'esprit,
c'est que nous en avons discuté également chez nous. On a
considéré la situation de l'Abitibi-Témiscamingue, toute
cette région-là au complet, la région de la Mauricie
aussi, on y a pensé quand on a préparé un petit peu notre
proposition, notre résolution; ça a été
discuté, c'est bien évident. Mais on se dit, à l'heure
actuelle: on pose un premier geste au niveau d'une région. On l'a
posé dans le sens aussi qu'on entend parler tellement de
décentralisation, à l'heure actuelle, que les gouvernements
veulent faire, veulent nous refiler graduellement des responsabilités au
niveau des régions, responsabilités, pour nous, je vais vous
dire, au niveau de la MRC du Fjord, qu'on est prêt à prendre,
certaines responsabilités.
Alors, on s'est dit: Si on nous reporte graduellement des
responsabilités additionnelles, pourquoi ne pas trouver un moyen
quelconque pour nous former un fonds régional qui nous permettrait
d'absorber graduellement ces responsabilités-là? D'un autre
côté, vous posez la question: il existe des fonds
régionaux. Je me doute de l'allusion que vous faites à certains
fonds à l'heure actuelle, dont on peut bénéficier. C'est
évident qu'on peut bénéficier de certains fonds à
l'heure actuelle. Nous avons aussi des fonds fédéraux, à
l'heure actuelle, au niveau des centres d'aide aux entreprises qui peuvent nous
aider à créer certaines entreprises. Mais, malgré cela
encore, ce sont des fonds limités. Alors, qu'on parle de fonds au niveau
du Fonds de solidarité, au niveau de la petite PME, c'est 50 000 $
maximum. Si on va au niveau des centres d'aide aux entreprises, c'est 75 000 $
maximum.
Je travaille à l'heure actuelle... Tu sais, un maire, dans une
petite municipalité, est aussi un agent de développement
industriel. Et comme je suis un gars à la retraite, bien, je fais
beaucoup de travail, je fais beaucoup d'heures supplémentaires pour
essayer de développer ma municipalité. Mais je sais, à
l'heure actuelle, pour prendre des contacts dans tous les ministères,
qu'il n'est pas facile de sortir des sommes d'argent pour le
développement de la petite entreprise. Il y a une foule de
réglementations qui, à un moment donné, font que ce n'est
pas un produit considéré comme un produit fabriqué.
Là, c'est un projet, par exemple, une entreprise environnementale, et
là on ne peut pas aller chercher d'argent. Ça aurait
créé 15 ou 20 emplois; malheureuse-
ment, on ne peut pas y aller parce que les programmes gouvernementaux ne
le permettent pas. (11 h 30)
Alors, ça nous permettrait, en région, en fait, avec un
fonds, avec des décideurs régionaux... On nous demande de prendre
davantage de décisions en région; bien, avec des décideurs
régionaux, on pourrait éventuellement, en fait, être
capables de disposer des sommes nécessaires pour partir ce genre
d'entreprises. Et, d'un autre côté, peut-être qu'on aura
d'autres choses à proposer à la ministre aussi sur un fonds
régional. Je lui parlerai sommairement de ça tout à
l'heure, on aura d'autres propositions à lui faire pour permettre au
milieu de se développer et de pouvoir gérer en région ces
fonds qui nous permettent de développer des nouveaux créneaux
d'entreprises.
Mme Marois: D'accord. Mais vous êtes conscients, donc,
qu'une demande comme la vôtre susciterait une telle demande ailleurs et,
donc, pourrait amener le gouvernement, par quelque parti politique qu'il soit
dirigé, à devoir réfléchir à l'implantation
de mesures semblables pour les autres régions sur la base d'une autre
constante ou d'autres réalités si c'était le cas. Vous
êtes bien conscients de ça quand même.
M. Halley: Et pourquoi pas! D'ailleurs, dans notre proposition,
nous parlons des régions périphériques. Alors, même
si nous présentons un mémoire pour la MRC du Fjord, on parle des
régions périphériques qui auraient des potentiels
énergétiques situés sur leur territoire dont elles
pourraient bénéficier des retombées.
Mme Marois: Mais vous ne rejetez pas non plus, par contre,
l'utilisation d'autres outils qui sont en train de naître au
Québec.
M. Halley: Absolument pas.
Mme Marois: Même si ces outils-là ont leur limite,
j'en conviens, j'en connais dans un certain nombre de régions, il reste
que ça répond aussi à des besoins précis et que
ça a un impact, en termes d'effet de levier, sur l'emploi et sur
l'économie des régions.
M. Halley: On ne les rejette absolument pas et, pour nous autres,
ça fait partie de l'ensemble. On a déjà commencé
à travailler avec ces différents fonds d'intervention.
Maintenant, moi, je vous dis, par expérience personnelle, qu'on a
de la difficulté à développer certains secteurs. Et, si
notre région perd ses emplois de la grande entreprise, il faut dire
qu'on perd énormément de génies, de techniciens, à
l'heure actuelle. Je regarde seulement au niveau, par exemple, de l'usine
d'Alcan, à Jonquière; on est rendus à 9 années...
des gens de 9 à 10 ans qui sont à l'extérieur de l'usine.
Dans le secteur des emplois de cols blancs, on est rendus à 15 ans de
service dehors, et ces gens-là ne s'attendent pas d'être
réembauchés. Donc, on a besoin de développer d'autres
créneaux de développement qui peuvent nous permettre de
récupérer ces personnes-là, qui ont une vaste
expérience en entreprise. En tout cas, pour moi, pour ma part, à
l'heure actuelle, dans les programmes qu'on a présentement, dont on peut
bénéficier, soit que les sommes soient très minimes...
Parce que je siège aussi sur le Fonds d'interventions régionales
où on a à disposer du budget de 125 000 $. Vous vous imaginez ce
qu'on fait dans une région de 300 000 avec 125 000 $. Trois projets,
l'autre jour, et nos 125 000 $ on va le dire en bon
québécois étaient pétés. O.K.? On a
750 000 $ au niveau de la région, à l'heure actuelle, en
attendant que ce qui avait été promis par le sommet
économique puisse être appliqué, mais, encore là, on
n'a pas commencé à distribuer ce montant-là dont on sait
qu'il est déjà... Les demandes sont le double, le triple, et
davantage encore, tu sais. Alors, c'est ça un petit peu qu'on fait.
Mme Marois: Oui.
M. Halley: C'est pour ça qu'on fait cette
demande-là.
Mme Marois: Je vous reconnais bien comme ancien responsable de
commission de formation professionnelle dans vos préoccupations à
l'égard, entre autres, de l'emploi. Je pense que vous soulevez des
problèmes réels et je pense qu'on est bien conscients de
ça.
Je voudrais vous amener sur un autre aspect. Peut-être d'abord une
toute petite question plus pointue. Ça m'étonne un peu quand vous
me dites que vous ne pouvez pas avoir accès au Fonds de
développement régional, tel que prévu dans le nouveau plan
du ministre responsable du développement régional, qui est de
l'ordre de 3 000 000 $ par région administrative.
M. Halley: Oui.
Mme Marois: J'avais l'impression que c'était universel,
là, peu importe qu'on ait tenu un sommet il y a un an, deux ans, trois
ans.
M. Halley: Je pense qu'il y a deux régions au
Québec, à l'heure actuelle, qui ont des périodes de temps
pour appliquer ce qui a été promis au niveau des sommets
économiques. J^es projets, qui avaient été soumis au
nombre de 66 chez nous, au niveau de la région, qui ont
été approuvés, en fait, ces projets-là vont venir
à maturité en l'année 1996. En attendant, en fait, dans la
politique gouvernementale, on ne peut pas bénéficier de ces 3 000
000 $ là. Cependant, il faut dire aussi, à la décharge de
ça, que les projets qui ont été acceptés au sommet
économique se développent graduellement. Il y en a qui tombent en
cours de route, et on nous dit que cet argent-là pourra devenir
récurrent. C'est bien évident qu'on les surveille
énormément aussi, mais, pour le moment, donc, ça va aller
jusqu'en 1996, tant et aussi longtemps que l'ensemble des projets ne seront
pas...
Mme Marois: Ne seront pas mis en oeuvre. M. Halley: ...mis
en oeuvre.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: J'ai...
Le Président (M. Forget): On va revenir.
Mme Marois: Oui, d'accord. Je reviendrai sur une autre
question.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la
députée de Taillon.
Mme la ministre de l'Énergie.
Mme Bacon: Vous nous demandez que la tarification
préférentielle de l'électricité soit
réservée à certaines régions du Québec. Je
reviens encore là-dessus. On sait que, l'uniformité territoriale
des tarifs, ça constitue un des principes fondamentaux de la
tarification de l'électricité au Québec depuis que le
gouvernement a nationalisé le secteur de l'électricité.
Est-ce que vous remettez en cause le principe qui avait été
adopté, je pense, par l'ensemble de la population? Et si vous le
remettez en cause, pourquoi vous le remettez en cause?
M. Halley: Bon, voici. Je pense qu'on ne veut pas revenir sur le
passé, Mme la ministre. Ce que nous avons connu au niveau de la
nationalisation de l'électricité, qui a amené, en fait,
l'uniformité des tarifs électriques... Parce que nous
étions une région privilégiée, même au niveau
domiciliaire, auparavant, lorsque Alcan fournissait l'énergie
électrique au niveau de la région; on le reconnaît et on ne
veut pas revenir là-dessus.
Le seul secteur en particulier qu'on veut toucher à l'heure
actuelle est le secteur de développement des petites PME. On chante, on
dit à travers le Québec à l'heure actuelle, et, en fait,
tous les ministères sont d'accord avec ça, que la nouvelle vision
maintenant au niveau des entreprises qui vont créer de l'emploi, c'est
les petites PME, les petites PMI. Alors, on se dit: On ne veut pas retoucher
à ça au niveau de la population dans son ensemble. Mais on dit:
II y a des secteurs en particulier, en fait, au niveau de l'entreprise, de
cette petite PME, de cette petite PMI, qui pourraient en
bénéficier.
On ne veut pas revenir sur le choix global que les
Québécois se sont donné dans le temps sur cette
question-là, mais on veut y aller d'une façon plus pointue au
niveau de la petite entreprise, ce qui pourrait faire en sorte qu'une
région comme la nôtre où, par exemple, un entrepreneur
s'établit, où les tarifs de transport sont plus
élevés et la concurrence est difficile souvent à cause de
ça, bien, ça pourrait permettre, en fait, de compenser pour les
coûts additionnels de production en région comme la
nôtre.
Mme Bacon: Quand vous parlez de petites et moyennes entreprises,
c'est seulement pour le SaguenayLac-Saint-Jean?
M. Halley: Ce que je vous ai dit: À l'heure actuelle, on
présente le mémoire pour notre région, mais, dans notre
proposition qu'on vous a déposée, on parle des régions
périphériques.
Mme Bacon: Le tarif préférentiel que vous
préconisez s'appliquerait à l'ensemble de votre région, si
je comprends bien.
M. Halley: Oui.
Mme Bacon: Est-ce que vous souhaiteriez, sur la base du
même principe, que les crédits qui sont reliés à des
projets de centrales, de lignes, soient répartis aussi dans l'ensemble
de votre région plutôt que d'être réservés aux
MRC?
M. Halley: Ça, à l'heure actuelle, c'est bien
évident qu'au niveau des régions c'est aussi un débat.
Probablement que vous avez eu des mémoires déjà qui vous
ont présenté ces choses-là dans notre région
même. Alors, c'est évident que nous, ce dont on parle à
l'heure actuelle, au niveau de deux MRC, en particulier... Au niveau de la
région, quand on parle de ces choses-là, on parle de
redistribution régionale. Quand on parle de régional, on parle de
la région 02, des régions qu'on connaît à l'heure
actuelle au niveau du Québec. Alors, c'est dans cet esprit-là que
nous parlons, nous autres, à l'heure actuelle.
Mme Bacon: Quel genre d'initiatives pourraient être
retenues pour favoriser le développement économique
régional et quels critères devraient être employés
pour le choix des initiatives? Parce que ça va prendre des
critères pour les choix.
M. Halley: Pour les choix de petites entreprises?
Mme Bacon: Le genre d'initiatives qui pourraient être
retenues pour favoriser le développement régional?
M. Halley: Je ne le sais pas. Est-ce que l'initiative que nous
vous suggérons à l'heure actuelle n'est pas suffisante pour le
développement régional?
Mme Bacon: Non. J'aurais aimé ça que vous soyez
plus précis peut-être pour votre région.
M. Halley: Pardon?
Mme Bacon: Peut-être plus précis pour votre
région. Quel genre d'initiatives vous voyez? Vous voulez un fonds, vous
parlez de 30 000 000 $, et vous-même vous nous demandez que ce soit
rétroactif. Il y a beaucoup d'argent là-dedans, M. Halley; vous
êtes un peu gourmand. Vous allez faire quoi avez ça? Quelle
sorte d'initiatives vous allez nous proposer si on vous donne demain
matin 600 000 000 $, disons?
M. Halley: O.K. Je vais y aller rapidement, puis après
s'il y en a d'autres qui veulent ajouter quelque chose... Je sais qu'à
l'heure actuelle...
Mme Bacon: M. Blackburn doit avoir des choses à dire pour
Chicoutimi. (11 h 40)
M. Halley: Si, à l'heure actuelle, au niveau de la
région, on travaille avec l'ensemble de nos commissaires industriels
à se développer de nouveaux créneaux d'entreprises
reliés directement à nos ressources naturelles qui vont à
l'extérieur de la région et là je vais parler, par
exemple, du bois, je vais parler du papier, je vais parler des mines et je vais
parler d'autres ressources qu'on laisse aller à l'extérieur
à l'heure actuelle et qu'on laisse aller se transformer à
l'extérieur de la région et qu'on pourrait transformer chez nous
si on avait les moyens financiers nécessaires pour aider les petits
entrepreneurs à se lancer dans ces nouveaux créneaux-là
ces nouveaux créneaux-là ne sont pas faciles, c'est des
risques que les gens doivent prendre souvent. Ce n'est pas facile de
développer et c'est dans ces secteurs en particulier où on
oriente notre action régio-nalement, à l'heure actuelle, à
partir du CRCD, du Conseil régional de concertation et de
développement, où le programme est soumis présentement, et
c'est le voeu exprimé par l'ensemble des municipalités.
Je parle aussi au niveau de l'agroforestier. Alors, quand on regarde,
par exemple, où il va partir... Dans ma municipalité, on est
producteurs de pommes de terre. Notre pomme de terre part de chez nous et va se
faire transformer au Nouveau-Brunswick ou ailleurs. Alors, on se dit: Pourquoi
on ne serait pas capable de la transformer chez nous? Dans les programmes qui
existent à l'heure actuelle au niveau du développement, il n'est
pas facile je le sais, j'en ai marché dernièrement encore
d'aller chercher des subventions. Ce n'est pas reconnu
nécessairement dans les grappes industrielles, c'est de nouvelles choses
qu'on veut partir chez nous pour recréer de l'emploi et c'est dans ces
secteurs-là d'activité, en particulier, qu'on veut avoir des
sommes d'argent à placer pour être capables de
développer.
Mme Bacon: M. Blackburn, vous vouliez ajouter quelque chose?
M. Blackburn (Ulric): Je voudrais rajouter. Vous parlez
d'initiatives; actuellement, à mon sens en tout cas, il y en a deux. On
a, par exemple, avec SOCCRENT, des ententes avec des cégeps pour faire
des études justement dans les nouvelles technologies et travailler
là-dedans. Ça, c'est une initiative qu'on prend dans notre
secteur. Évidemment aussi, il y a des initiatives qui font
qu'actuellement on demande à tous ceux qui auraient des idées
pour partir de l'industrie, partir n'importe quoi qui donnerait du travail aux
gens, de présenter leurs idées; nous autres, on va essayer de
travailler avec eux autres. Mais, ça, ça prend de l'argent,
ça prend passablement d'argent. Je pense qu'on a deux initiatives qui
sont très bonnes, qui vont donner des résultats, mais est-ce
qu'on pourra réussir... Évidemment, actuellement, c'est les
municipalités qui sont obligées de mettre de l'argent
là-dedans; c'est normal, il faut en mettre aussi. On est capables d'en
mettre pour une partie, mais ça nous prend d'autres choses qui vont nous
aider justement à supporter ces petits et moyens entrepreneurs qui vont
arriver avec des idées qu'on va développer ensemble, et surtout
par la recherche qu'on fait actuellement.
Mme Bacon: Quand on regarde...
M. Blackburn (Ulric): Sur le plan régional, je pense que
M. Halley en a parlé tout à l'heure...
Mme Bacon: Oui.
M. Blackburn (Ulric): ...on a été les initiateurs,
nous autres, dans notre secteur, d'une rencontre de tous les maires des villes
du SaguenayLac-Saint-Jean. On est en train de développer une
solidarité dans ce secteur-là. C'est encore des initiatives qui
vont faire qu'au bout on va réussir quelque chose. Mais quand on arrive
pour partir des projets, vraiment, c'est toujours l'argent qui manque au
bout.
Mme Bacon: Quand on regarde la part des coûts de
l'électricité dans les coûts de production des PME, par
exemple, on constate que c'est souvent inférieur à 5 %. Est-ce
que vous croyez que des tarifs préférentiels constitueraient une
incitation ou un incitatif suffisant pour rentabiliser la PME en
région?
M. Halley: On pense que c'est un des critères sur lesquels
on devrait se baser pour la rendre d'abord... je parlais surtout pour la rendre
concurrentielle à la même entreprise, par exemple, qui est
située aux abords de la métropole. Alors, il est évident
qu'il y a des coûts additionnels en région pour n'importe quelle
petite entreprise. nous étions en forum encore récemment et il y
avait les petits entrepreneurs qui nous donnaient des comparaisons entre des
coûts qu'un entrepreneur de montréal peut avoir et un entrepreneur
de la région. on n'a qu'à lire un exemple très rapide, et
je n'entrerai pas dans les détails. lorsque le type part de chez nous,
de la région, d'abord, 85 % doit être exporté à
l'extérieur pour n'importe quelle fabrication qui se fait en
région. en général, c'est ça, et même
jusqu'à 90 %. alors, pour aller trouver les marchés, au
départ, juste le billet d'avion, ça lui coûte 400 $; le
gars qui est près du marché, à montréal, ça
lui en coûte zéro. alors, déjà, au niveau de la
concurrence, c'est un problème en région.
C'est ça qu'on dit, c'est ça qu'on demande. L'ensemble de
ces coûts-là fait que la petite entreprise chez nous, dans le
même genre de produits, n'est pas concur-
rentielle, ou elle est obligée d'abaisser
énormément ses profits par rapport à l'entreprise qui est
située près des grands centres; et ça tourne toujours
autour de ça.
Je voudrais vous dire, Mme la ministre... Je reviens toujours avec mon
exemple de la petite municipalité. Savez-vous que chez nous, à
l'heure actuelle, on a 20 $ par tête, annuellement, pour du
développement industriel dans notre petite municipalité? Et,
ça, on le prend à même les taxes des contribuables. Alors,
on met déjà 0,20 $ à 0,25 $ des 100 $ d'évaluation
pour essayer de se développer et essayer de placer de l'argent pour que
les petits entrepreneurs puissent se déprendre. Et, ça, c'est
malgré tous les programmes qui existent à l'heure actuelle, parce
qu'il y a des programmes très compartimentés où de petites
municipalités ne peuvent pas adhérer comme les villes, par
exemple. Ça veut dire que ça nous prend de l'argent, il en
manque, et c'est pour ça qu'on vient vous voir et qu'on vous fait des
propositions.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, Mme la
ministre.
Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Ça va aller essentiellement dans le même
sens et ce sera ma dernière question, M. le Président. D'une
part, à la page 4 de votre mémoire, vous faites mention du
déficit que vous auriez en termes d'emplois en disant:
«Laissez-moi vous dire cependant que nous sommes déficitaires
d'environ 6000 emplois.» Quand vous dites «déficitaires
d'environ 6000 emplois», c'est par rapport à quoi? Par rapport
à la situation que vous avez connue dans le passé ou par rapport
à la situation de chômage à laquelle vous êtres
confrontés maintenant?
D'autre part, dans la foulée des dernières questions de la
ministre, et là c'est toujours à la page 7 de votre
mémoire, vous dites: «Selon nos commissaires industriels, cette
mesure et là on parle évidemment de la politique tarifaire
pour les PME et les PMI seule rendrait des PME et des PMI
compétitives sur le plan mondial.»
J'aimerais ça que vous m'identifiiez nommément des
secteurs industriels très précis, avec des entreprises qui
pourraient être concernées par une mesure comme celle-là,
puisque vous affirmez que, selon les commissaires industriels, cela rendrait
les entreprises compétitives au plan mondial.
M. Halley: Je vous ai dit tout à l'heure que je ne voulais
pas toucher au plan technique, mais je peux vous donner une chose, par exemple,
je peux répéter ce que j'ai répondu tout à l'heure
à Mme la ministre. C'est dans le sens de dire que l'ensemble des petites
PME chez nous, qui ont besoin d'aller sur le marché mondial pour la
compétition, elles sont réellement non compétitives
à l'heure actuelle par rapport aux coûts de transport, par rapport
aux coûts de déplacement pour la vente.
La semaine dernière, justement, on avait un colloque qui se
tenait à Jonquière, et il y avait des jeunes entrepreneurs au
niveau d'une autre technologie. Ils sont obligés d'exporter à
l'extérieur de la région 95 % de leurs produits. Leur
marché présentement est l'Europe, et leur marché, c'est
américain. Mais quand tu pars de chez nous et que tu donnes 400 $, et
que tu es obligé d'y aller avec trois techniciens pour être
capable de faire tes ventes... Alors, c'est tout ça, à l'heure
actuelle, le pourquoi d'une telle demande. S'il y avait, pour cette petite
entreprise-là qui produit, une facture d'électricité qui
était diminuée, à cause d'un service tarifaire, de
quelques milliers de dollars par année, c'est ça qui pourrait
faire peut-être la compétition, la compétitivité sur
le plan mondial.
Mme Marois: Quant au déficit sur l'emploi...
M. Halley: Le déficit de 6000 emplois, c'est une question
historique aussi. Je vous disais, par exemple, que notre économiste a
sorti dernièrement en région, un économiste du
Québec, qu'il y avait eu dans les 18 derniers mois, seulement dans les
deux grands secteurs aluminium et papier, une perte de 4500 emplois. Alors,
ça, c'est historiquement qu'on peut rappeler qu'on est en déficit
par rapport, par exemple, à ce qu'on a déjà connu pendant
une certaine période de temps.
Mme Marois: D'accord. Merci.
M. Halley: Par rapport au niveau de l'emploi.
M. Blackburn (Ulric): Peut-être une petite réponse,
s'il vous plaît...
Mme Marois: M. Blackburn.
M. Blackburn (Ulric): ...à la question que vous avez
posée de vous donner l'exemple d'industries. On va penser à STAS,
chez nous, qui fabrique, ce qui a été fait à Alcan, de la
machinerie pour d'autres alumineries, qui dépense beaucoup
d'électricité. On va penser à Benoît Allard, qui est
dans le même genre aussi. C'est à des industries comme ça
qu'on pense; on ne pense pas à de la petite industrie qui fait... C'est
de la transformation et c'est de la fabrication de matériel ou de...
Mme Marois: ...secondaire donc surtout. M. Blackburn (Ulric):
C'est ça.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la
députée de Taillon.
M. le député de Laviolette.
M. Joli vet: Oui. Pour peut-être vous encourager je
ne veux pas vous décourager vous dire que notre région a
fait la même demande que vous autres d'une façon
différente, dans la mesure où on sait que le plan de mise en
valeur environnementale ne touchait que
des dossiers environnementaux. ça débordait un peu sur des
dossiers municipaux, on peut le regarder comme tel, d'autant plus que l'offre
faite dans le plan de développement d'hydro-québec est de 2 %,
incluant la question économique, ce qui n'était pas dans le
détail précédent, dans la mise en valeur environnementale.
vous savez qu'il y a des problèmes aussi d'ajustements avec la sdi, avec
le ministère de l'industrie et du commerce; vous êtes au courant
de ça. même chez nous, une question a été
posée à ceux qui sont venus pour la corporation de gestion du
développement du bassin de la rivière saint-maurice. on leur a
dit: vous demandez juste 3 % ; pourquoi faire vous n'en demandez pas plus? us
ont répondu: c'est le minimum. c'est le minimum dans la mesure où
ils disent, comme vous: hydro-québec est venue utiliser nos
rivières. on n'a pas d'objection, vu que c'est fait, mais on veut que
dans le futur il y ait un vrai partenariat. (11 h 50)
Ma question va porter sur ça. Est-ce que vous avez compris, dans
les discussions que vous avez eues probablement avec Hydro-Québec, du
moins les gens de votre région, soit ceux qui étaient pour
l'Ashuapmus-huan ou ceux qui sont contre peu importe, ils ont
parlé dans tous les cas, en particulier ceux qui étaient pour la
MRC du coin, de la possibilité d'un partenariat avec Hydro-Québec
avez-vous senti chez HydroQuébec un changement de culture?
Hydro-Québec est habituée d'arriver on va prendre des mots
bien québécois avec ses grands sabots et là,
aujourd'hui, ils sont obligés de subir certaines autres formes de
pression. Est-ce que vous avez compris, dans les discussions avec eux autres,
si vous en avez eu, que le vrai partenariat est en train de s'installer?
M. Halley: De ce côté-là, je pense que je
l'ai souligné rapidement tout à l'heure lors de la terminaison de
mon rapport, il est évident qu'on apprécie les efforts qui sont
faits à l'heure actuelle et pour nous, en région je ne
sais pas, je ne connais pas les autres régions du Québec
c'est évident qu'il y a un rapprochement qui se fait; il est tangible et
on s'aperçoit qu'Hydro-Québec veut de plus en plus et
particulièrement, je pense, au niveau des régions... J'ai eu
affaire récemment, l'année dernière, avec la haute
direction, et ce n'est pas si évident; mais en région, en tous
les cas, avec les gens, il y a un rapprochement qui se fait, puis ils sont
intéressés à nous rencontrer, ils sont
intéressés à travailler avec nous. Ça, c'est
très clair; c'est très clair de ce
côté-là.
Maintenant, ça ne nous empêche pas quand même... On
leur a exposé ces problèmes-là, à l'heure actuelle
chez nous, en région, au niveau du vice-président
régional; il est au courant de ces dossiers-là et il est au
courant aussi des demandes qu'il y a dans d'autres MRC où on parle, par
exemple, du harnachement de l'Ashuapmushuan. On en demande beaucoup plus. Ils
sont au courant de ça. Il y a réellement un partenariat qui
s'établit à l'heure actuelle. À chaque fois qu'il y a un
petit projet, on s'assoit, on en discute; il n'y a pas de problème de ce
côté-là.
M. Jolivet: ii y a des gens là, je vais agir comme,
un peu, un avocat du diable qui disent que le fait de recevoir
d'hydro-québec 1 % de mise en valeur environnementale, possiblement 2 %
peut-être à un autre niveau, ça a pour effet d'enlever aux
élus municipaux, qui voient arriver une belle manne, leur esprit
critique quant aux tours de transmission, quant aux travaux sur l'ashuapmushuan
plutôt que sur la péribon-ka. est-ce que, pour vous autres, c'est
un problème?
M. Halley: Absolument aucun problème. Je peux vous
répondre là-dessus chez nous. D'ailleurs, la MRC du Fjord,
à l'heure actuelle, s'est prononcée en faveur du harnachement de
toutes les rivières possibles dans la région. Alors, tu sais, le
problème de ce côté-là ne nous cause aucune
inquiétude quant à ça au niveau des revendications qu'on
pourrait avoir envers Hydro-Québec. En tout cas, je ne sais pas si
d'autres peuvent rajouter... Je pense que M. Blackburn est là pour le
dire, ça n'a même pas été apporté au niveau
de notre table de la MRC.
M. Jolivet: Alors, je vous pose une question qui me vient
à l'esprit parce que, là, je revois des gens de chez vous qui
sont venus ici, comme d'autres ailleurs au Québec. Vous
considérez que toutes les rivières au Québec devraient
être harnachées ou considérez-vous et
l'Ashuapmushuan est un exemple qu'elles pourraient être
conservées comme rivières patrimoniales, pour dire à nos
enfants plus tard c'était quoi une rivière? Parce que si elles
sont toutes harnachées, on ne pourra jamais le dire. Est-ce que vous
croyez qu'il devrait y avoir au Québec des rivières
patrimoniales, dont l'Ashuapmushuan pourrait en être une?
M. Halley: Bon! Ça, ça dépend de quelle
façon on se place. Il y a possiblement, dans certaines régions du
Québec, des choix à faire, mais, pour nous, à l'heure
actuelle, au niveau de la région SaguenayLac-Saint-Jean et de la
MRC du Fjord d'une façon particulière, avec la situation
drastique de chômage qu'on vit à l'heure actuelle, on se dit: La
Péribonka, c'est déjà prévu; l'Ashuapmushuan, c'est
déjà prévu. On se dit: Ça doit se faire.
M. Jolivet: Bon! L'Ashuapmushuan, vous savez que c'est
prévu dans 20 ans peut-être, je ne sais pas, mais pas
aujourd'hui.
M. Halley: Bien, nous autres, si ça pouvait être
prévu dans cinq ans, on pourra l'avancer, si vous avez besoin de nous
autres.
M. Jolivet: C'est terminé?
Le Président (M. Forget): II reste une minute.
M. Jolivet: O.K. Non, c'est parce que, à ce
niveau-là justement, si, en temps de chômage, de crise
économique, on pense comme vous pensez, c'est peut-être là
que des gens disent: Ils ont perdu leur esprit critique. Dans le fond, si on
veut qu'au Québec on ait des petits projets, peut-être que ce
serait mieux prenons la Péribonka qui est déjà
utilisée de l'utiliser au maximum, compte tenu qu'elle a
été utilisée, et laisser vierge une, deux ou trois
rivières au Québec. L'Ashuapmushuan fait partie de celles que les
gens envisagent comme étant possible de conserver à l'état
naturel. Est-ce que vous croyez que c'est justement ce que vous me dites qui
donne peut-être l'impression à des gens de penser que vous
êtes «at large» pour tout harnachement sur toutes les
rivières?
M. Halley: Votre impression est peut-être juste
jusqu'à un certain niveau, mais peut-être pas autant que vous
l'avancez à l'heure actuelle, au niveau de cette situation de crise
économique.
M. Jolivet: Vous remarquez bien que j'ai dit que je faisais
l'avocat du diable.
M. Halley: D'accord. Non, non, c'est correct, j'ai compris.
Le Président (M. Forget): M. le député de
La-violette, je vous remercie.
M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Je dois vous avouer
qu'à la lecture seulement de la résolution que nous avions et au
dépôt de votre document ce matin, vous remettez en question des
grands pans de mur de la politique et de la philosophie du développement
régional. Je ne pense pas, personnellement, que ça va être
ce matin qu'on va être capables d'avoir tous les tenants et aboutissants,
c'est quelque chose qui mérite d'y penser, puis ça va être
un pensez-y bien. Parce que chez vous vous l'avez mentionné
d'ailleurs très bien c'est toute la composante électrique.
Ailleurs, ce sera au niveau minier. Ailleurs, ce sera au niveau de la
forêt. Alors, il y a toute une problématique. Puis quand on remet
ça au niveau d'un gars de région comme moi, au coeur du
Québec, ce seront d'autres contextes qui vont être là.
D'une façon un peu plus générale, vous avez
touché aussi la petite et la moyenne entreprise, les
phénomènes d'exportation et de mondialisation des marchés.
Je pense qu'on aurait peut-être aussi intérêt à
regarder, au niveau d'une politique gouvernementale à ce
moment-là, je pense, qui déborde le cadre de cette commission, de
regarder un concept de mise en marché qui se rapprocherait
peut-être du concept japonais des sociétés d'import-export
qui pourraient permettre aussi à des petites entreprises de
région d'avoir, par l'entremise d'agents manufacturiers à travers
le monde, des représentants. On peut, à ce moment-là, se
déplacer de façon bien ponctuelle et utiliser au maximum les
dollars qu'on a.
Ceci étant dit, vous avez entendu comme moi le mémoire
avant, lorsqu'on parlait d'hydrogène. Ça, quant à moi,
c'est l'avenir. On va sortir du pétrole, on va sortir du gaz. Puis quand
on regarde un échéancier de 30 à 40 ans, c'est
l'hydrogène. C'est à long terme, je l'admets, mais ne pensez-vous
pas, à un moment donné aussi, à travers une
réflexion, qu'on a fait très peu? Il va falloir regarder ces
grandes industries énergivores parce que, si on veut développer
de l'hydrogène, il va falloir faire de l'électrolyse en quelque
part.
À l'heure actuelle, quand je regarde le plan de
développement d'Hydro-Québec, si ma mémoire est
fidèle, il y a encore 150 MW pour attirer de la moyenne entreprise qui
serait énergivore. Il pourrait y avoir une politique,
c'est-à-dire, au lieu de faire la construction des lignes qui passent
sur votre territoire, on va déplacer ces usines-là. Puis
ça, ça va être dans des régions comme la
vôtre, où est-ce qu'on n'aurait pas à utiliser des
kilomètres de lignes, et qui créerait toute une nouvelle
dynamique au niveau du développement industriel de vos
régions.
M. Halley: Écoutez, si, à un moment donné,
vous voulez ramener des entreprises dans nos régions parce qu'on est
plus près des ressources énergétiques, on est parfaitement
d'accord avec ça, c'est dans ce sens-là que je le comprends.
Maintenant, je vous ai dit tout à l'heure, et je le répète
encore, les propositions qu'on fait... On connaît l'envergure des
propositions qu'on a sur la table à l'heure actuelle, mais on a toujours
en arrière de la tête... En fait, dans notre esprit, pour nous
autres, à l'heure actuelle, c'est que, de plus en plus, on remet des
responsabilités aux régions, on remet des responsabilités
au niveau des municipalités. On n'est pas contre.
Je me souviens qu'antérieurement, même si je n'étais
pas au niveau municipal, des municipalités cherchaient à avoir
plus de responsabilités. Alors, on se dit: Dans le cadre de
responsabilités additionnelles, au niveau des régions, pourquoi
ne pas leur donner aussi, avec cette responsabilité-là, des
ressources financières ou qu'on arrête au niveau... C'est
évident, je comprends. Ce n'est pas facile pour les politiciens au
niveau, par exemple, du gouvernement comme tel, de dire: Je vais aller donner
de mes pouvoirs; alors, qu'est-ce que je vais faire au niveau de Québec?
On ne veut pas aller jusque-là, mais c'est ça pareil. Si on
étudie tout le problème, toute l'envergure des propositions qui
pourraient nous parvenir de toutes les régions
périphériques suivant les ressources qu'elles ont, ça
pourrait arriver à une diminution de certains pouvoirs centraux.
Ça ne sera pas facile. Mais, en tout cas, on pense que c'est à ce
prix-là, à un moment donné, qu'il va falloir que les
régions se prennent réellement en main et qu'elles se
développent.
M. St-Roch: Un bref commentaire, M. le Président. La
décentralisation ne me fait pas peur, même si je suis le
député, puis je vais aller plus loin que vous.
M. Halley: Oui, allez!
M. St-Roch: Au niveau du développement régional, au
lieu d'être allé au niveau des régions, si j'avais eu
à décider, ça aurait été au niveau des
MRC.
M. Halley: Merci. C'est ce que nous pensons aussi.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Drummond, merci.
Au nom des membres de la commission, je vous remercie beaucoup de votre
participation à cette commission parlementaire.
Nous allons suspendre pour deux petites minutes la commission, et
j'inviterais le groupe Cascades à prendre place à la table des
témoins.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 12 h 5)
Le Président (M. Forget): Je rappelle le temps
alloué pour la période de présentation et la
période d'échanges: les exposés de l'organisme, 20
minutes, la période d'échanges, 40 minutes. Alors, je demanderais
au représentant de bien se présenter et de présenter son
invité.
Cascades inc.
M. Lemaire (Bernard): Bernard Lemaire, président du
conseil de Cascades, et Me Jacques Gauthier, du groupe Cascades. Je suis ici
aujourd'hui pour présenter un mémoire. Je pense que je voudrais
qu'on puisse le lire. Au début, Me Gauthier va lire le mémoire
et, moi, je voudrais faire un exposé sur les problèmes d'un
producteur privé d'électricité au Québec. Je pense
que je vous ferai l'exposé sur ça après la
présentation. Je pense que j'aimerais vous sensibiliser à ce
qu'on a à subir, les frustrations et les problèmes qu'un
producteur privé peut avoir dans la production
d'électricité dans le contexte actuel. Alors, je vous ferai une
démonstration, mais je pense que notre mémoire va dire un peu les
contradictions qui arrivent aux producteurs privés, et peut-être
les modifications que cette commission pourra peut-être apporter pour
nous aider. Comme producteurs privés, on n'est pas encore assez
découragés pour ne pas continuer. Alors, on est prêts
à continuer de l'avant, avec un peu d'aide.
M. Gauthier (Jacques): Alors, Mme la vice-première
ministre, Mme la députée, messieurs. En prenant connaissance de
la proposition de plan de développement 1993 d'Hydro-Québec, et
compte tenu de l'immense intérêt de la société
Cascades inc. dans le développement et l'exploitation de sites
hydrauliques et thermiques de production d'électricité, il nous a
semblé pertinent de commenter la proposition d'Hydro-Québec
à la lueur de notre expérience dans ce secteur au cours des
dernières années.
Il ressort clairement du plan que la production privée
d'électricité au moyen de centrales thermiques par
cogénération ou de petites centrales hydroélectriques
constitue pour Hydro-Québec un moyen de production accessoire au moyen
principal que continue de «prioriser» la société
d'État, soit la mise en place de mégaprojets comme
Grande-Baleine, Nottaway-Broad-back-Rupert et Sainte-Marguerite. Selon nous,
c'est précisément à la base de cette priorité chez
Hydro-Québec que prennent naissance les difficultés des
producteurs privés.
La réalisation de petites centrales hydroélectriques passe
par des moyens de mise en oeuvre totalement différents de ceux visant la
réalisation de mégaprojets et suppose une cohérence entre
les différentes instances décisionnelles chez
Hydro-Québec, impliquées dans la production privée.
Malheureusement, cette cohésion, selon nous, n'existe pas, et il en
résulte un laxisme profondément nuisible à la
réalisation des projets privés.
J'attire votre attention, à la page 63 du plan, où on peut
retrouver la citation suivante: «Parmi toutes les options
étudiées, la filière hydroélectrique et certains
équipements thermiques utilisant du gaz naturel en particulier
les centrales à cycle combiné ou de cogénération
ressortent comme les plus intéressantes. Les centrales
hydroélectriques se divisent en trois catégories: les grandes,
les moyennes et les petites. Les centrales construites sur les grandes
rivières constituent le fondement de la filière principale. [...]
Quant aux petites centrales hydroélectriques, nous favorisons les
propositions des producteurs privés portant sur des centrales de moins
de 25 MW et offrant un prix d'achat comparable au coût des
équipements évités dans notre réseau.»
Or, bien que la direction générale d'Hydro-Québec
semble accepter le principe de la production privée au Québec, il
est clair, selon nous, que celle-ci va totalement à rencontre de la
priorité que s'accorde HydroQuébec et qui consiste à
produire de l'électricité à partir des grands complexes,
ceux énumérés précédemment. Les
gestionnaires régionaux d'Hydro-Québec, le personnel
affecté à la construction des barrages et des centrales, les
techniciens et ingénieurs affectés à l'intégration
des réseaux sont tous des acteurs qui perçoivent chaque kilowatt
d'électricité provenant de la production privée comme une
menace à leur emploi et à leur expansion.
Les nombreuses étapes que doit franchir un promoteur avant de
procéder à l'exploitation de ses installations électriques
génèrent également d'énormes contraintes. L'octroi
d'un site d'exploitation hydroélectrique par le ministère de
l'Énergie et des Ressources ou par un propriétaire privé
constitue une formalité essentielle pour un producteur privé.
Toutefois, il ne s'agit là que de l'étape la plus simple et la
moins contraignante pour le promoteur à l'intérieur du processus
de développement d'un projet de production privé.
Outre les exigences environnementales exigées par les
ministères québécois et fédéral de
l'Environnement, qui peuvent occasionner plusieurs mois de délai avant
l'émission des permis sollicités, le promoteur devra notamment
négocier avec Hydro-Québec un contrat
d'achat d'électricité. De plus, il devra satisfaire aux
exigences de divers départements techniques chez Hydro-Québec,
qui s'acharneront à contrôler le respect des nombreuses normes
d'exploitation utilisées chez HydroQuébec, et qui sont
généralement disproportionnées et inapplicables à
un petit projet privé. Ces normes varient souvent d'une région
à l'autre et relèvent généralement du responsable
régional qui supervise son réseau. (12 h 10)
Et que dire du modèle de contrat d'achat
d'électricité qu'Hydro-Québec propose à tous ces
producteurs privés? On y retrouve notamment des dispositions qui fixent
de nombreuses pénalités pouvant affecter le producteur ainsi que
divers frais annuels d'exploitation pour répondre aux normes
d'Hydro-Québec. Le contrat oblige également le producteur
à obtenir une multitude d'autorisations, tant au plan de la conception
et de la construction que de l'exploitation des installations. Bien que l'on
invite ces derniers à en négocier le contenu, la
société d'État refuse de créer des cas d'exception.
Or, tous les contrats doivent se ressembler fidèlement; peu de marge de
manoeuvre n'est tolérée et, en définitive, il n'y a
guère de négociations. Le contrat devient donc une entente
à laquelle le promoteur doit adhérer et, à défaut,
il reçoit une fin de non-recevoir à ses revendications. À
cet égard, la suprématie décisionnelle dont jouit
HydroQuébec sur le contenu du contrat lui permet d'imposer aux
producteurs des obligations et des responsabilités souvent
irréalistes et contradictoires avec les normes qu'elle s'impose à
elle-même.
À titre d'exemple, le producteur s'engage auprès
d'Hydro-Québec à produire annuellement un volume de
kilowattheures minimal dont il sera garant à même des
dépôts sous forme de cautionnement ou de lettres de
crédits. S'il fait défaut de respecter cet engagement, il devient
en défaut auprès d'Hydro-Québec qui dispose alors d'un
nombre considérable de recours contre le producteur. Ce dernier ne peut
invoquer que quelques cas de force majeure énumérés
limitativement au contrat. Il ne peut, en outre, invoquer le
phénomène d'hydraulicité pour se dégager de son
obligation de livrer l'électricité auprès
d'Hydro-Québec. C'est donc dire qu'il se porte garant de
phénomènes naturels ayant parfois des influences sur les
débits d'eau requis pour fournir l'énergie prévue au
contrat.
Or, à la page 11 du plan, on peut y lire ce qui suit:
«Enfin, pour pallier le principal risque associé à nos
activités, soit la fluctuation de l'hydraulicité [...] nous
proposons la création d'un fonds de stabilisation. Les revenus
découlant des ventes d'énergie excédentaire durant les
années de forte hydraulicité seraient utilisés pour
éponger les charges spéciales des mauvaises années.»
Alors, bien que la société d'État reconnaisse le
problème pour elle-même, elle le nie pour le producteur
privé.
Quant au prix d'achat d'électricité, Hydro-Québec
impose au producteur privé une augmentation annuelle équivalente
à l'indice des prix à la consommation, mais qui ne pourra jamais
excéder 6 % du prix de base et qui ne sera jamais inférieure
à 3 %. Les producteurs s'enga- gent ainsi pour une période de 15
à 20 ans, à leurs risques et périls.
Pourtant, à la page 10 du plan, on retrouve la déclaration
suivante: «Pour la période 1993-2000, nous entendons aligner
l'augmentation de nos tarifs sur l'inflation. Bien que la hausse puisse
dépasser le taux de l'inflation certaines années, la progression
moyenne des tarifs d'électricité n'exéderait pas la
progression de l'inflation pour l'ensemble de la période.»
Les illustrations qui précèdent ne sont que quelques
exemples de la contradiction qui prévaut à l'intérieur des
politiques d'Hydro-Québec. Bien que nous puissions en
énumérer plusieurs autres, nous sommes d'avis que ces
contradictions ne peuvent persister indéfiniment puisqu'elles imposent
aux producteurs des risques incalculables qui les mettent en péril, en
plus de décourager toute une génération d'entreprises
susceptibles de créer pour le futur un noyau d'expertise en production
privée d'électricité.
Dans un contexte aussi rigoureux, le financement de projets de
production privée devient très difficile, voire même
impossible. Peu de producteurs au Québec ont les moyens financiers pour
payer comptables, ingénieurs, avocats et spécialistes de toutes
formations nécessaires à l'analyse et à
l'élaboration d'un projet de production privée dans la forme
qu'exige Hydro-Québec.
Or, avant même de pouvoir discuter avec une institution
financière, le promoteur devra avoir reçu l'aval de la
société d'État, à la condition, bien sûr,
d'avoir respecté toutes ses exigences. Il est donc fréquent que
le producteur n'atteigne pas cette étape ou que l'institution
financière sollicitée décline l'invitation en raison des
nombreuses contraintes légales, techniques, écologiques,
financières qu'impose Hydro-Québec. D'ailleurs, plusieurs projets
ont été jusqu'à maintenant octroyés à un
nouveau promoteur, puisque celui à qui le site avait été
alloué initialement n'a pu réaliser son projet. Si
Hydro-Québec veut réellement encourager la formation d'un
réseau de producteurs privés au Québec, elle doit lui
accorder des chances de se développer; elle doit, selon nous, lui
permettre de bénéficier des mêmes opportunités qui
ont permis à la société d'État de progresser au
cours des 30 dernières années.
À cet effet, Hydro-Québec doit cesser d'imposer son
monopole à l'intérieur de toutes les décisions qui
mènent à l'élaboration d'un projet de production
privée. Elle doit également accepter les recommandations des
producteurs privés, assouplir les rigueurs techniques habituellement
rattachées à la réalisation de mégaprojets.
Elle doit notamment amender les lois pertinentes afin que
l'électricité produite privément puisse être vendue
directement à l'entreprise privée à qui elle pourrait
bénéficier. Cette mesure aurait pour effet d'équilibrer le
prix de l'électricité, qui devrait normalement découler de
l'offre et de la demande.
À ce stade-ci de la réflexion d'Hydro-Québec sur la
production privée au Québec, nous souhaitons que la
société d'État accorde davantage d'importance à la
fourniture d'électricité produite privément au
Québec.
Nous recommandons qu'Hydro-Québec revoie en profondeur sa
politique de développement de la production privée en s'inspirant
davantage de l'expertise du secteur privé et des recommandations qu'il
pourrait formuler. Nous souhaitons l'harmonisation et l'assouplissement des
normes de conception et d'exploitation des sites de production
d'électricité imposées par Hydro-Québec.
Le Présidait (M. Forget): Je vous remercie.
M. Lemaire: Mme la ministre et MM. les députés,
comme vous le savez, Cascades est le seul producteur
d'électricité à base de gaz de cogénération.
On a un plan qui opère depuis trois ans. On en a mis sur papier
plusieurs, mais aucun ne s'est réalisé. On a
réalisé le plan peut-être parce qu'on a pris de vitesse
Hydro-Québec qui ne s'était pas préparée à
un contrat de production d'électricité. On a construit. Ils nous
ont soumis, après, entre 10 et 15 contrats pour la fourniture
d'électricité. Les avocats, les techniciens révisaient, et
révisaient, et révisaient pour en arriver aujourd'hui,
après trois ans et un peu plus de production, à ne pas avoir de
contrat avec Hydro-Québec, et à produire sans contrat, à
produire sans financement et à produire sans approvisionnement de gaz.
Cascades est l'otage d'Hydro-Qué-bec dans le moment, dans sa
cogénération.
Hydro-Québec dit: Moi, pour que je t'accorde un contrat de
cogénération, tu dois me fournir un contrat de gaz, ferme, de 15
ans. Tu veux avoir un contrat de 15 ans, tu dois me fournir un contrat ferme de
15 ans. Hydro-Québec me met immédiatement otage des fournisseurs
de gaz qui savent bien que, moi, avec une centrale, je dois, pour avoir un
contrat d'Hydro, avoir un contrat de gaz. Si je signe un contrat de gaz
à ce moment-ci avec les fournisseurs de gaz qui, pour 15 ans, voient des
choses mirobolantes pour eux dans le gaz et veulent me charger un prix
où l'installation sera en faillite, parce que les coûts du gaz...
Comme je ne peux pas avoir de contrat d'Hydro qui ne veut pas me donner de
contrat parce que je n'ai pas de contrat de gaz, je ne peux pas me financer.
Alors, vous pouvez voir la frustration qu'on a quand Hydro-Québec essaie
de ne pas laisser les forces économiques aller seules. Les forces
économiques: Hydro-Québec achète mon
électricité; moi, je veux négocier mon gaz. Si je veux
négocier à un an parce que le gaz «spot», dans le
moment, est très bon marché, je peux acheter du gaz
«spot», mais comme je ne peux pas faire, si je veux financer...
Parce qu'Hydro me dit: Je ne te donnerai pas de contrat
d'électricité, comme tu n'as pas de gaz. Alors, voyez-vous, on
tourne en rond. On tourne en rond, parce qu'on ne laisse pas faire les forces
économiques. Pourquoi Hydro demande un contrat à long terme de
fourniture de gaz? Pour s'assurer que nous allons fournir de
l'électricité: 30 MW! 30 MW d'électricité dans un
réseau de 40 000 MW.
On a des entreprises qui ferment à droite et à gauche, qui
font ces 30 MW là peut-être une fois par mois, à tous les
mois, de ce temps-ci. Alors, quelle est l'influence de 30 MW sur cette
obligation? On nous oblige en disant: Aïe! nous voulons signer un contrat
avec toi; nous voulons être certains que tu vas nous fournir
l'électricité pour laquelle tu as signé un contrat. Et,
comme on l'a dit dans notre mémoire, on nous oblige à fournir
tant de kilowatts par année, en sûreté, dans la
période d'hiver, où, eux, dans le mémoire, ne veulent pas
s'engager envers le public à être capables de fournir ça
à des bons coûts. (12 h 20)
Alors, vous voyez l'attitude d'Hydro qui se mêle et qui essaie par
tous les moyens de nous gérer, de gérer notre manière
d'entreprise privée, comment elle doit agir. On nous demande de voir le
financement. Ce sont des experts du financement, à Hydro,
peut-être, mais dans des mégaprojets et non dans des petites
centrales où on peut faire jouer le court terme avec le long terme, et
tout. Alors, on nous demande d'approuver le financement du projet. alors, c'est
tout ça qui fait des frustrations et qui fait que, des projets, il y en
a un seul au québec, de cogénération, c'est celui de
cascades. c'est un projet qui est l'otage d'hydro-québec parce que,
demain matin, elle peut me dire: tu n'as pas de contrat, je ne prends plus ton
électricité. peut-être que les forces politiques feront
qu'elle ne fera peut-être pas ça, mais, légalement, elle
serait en droit de ne pas acheter notre électricité dans le
moment. elle serait en droit de nous dire: vous n'avez pas de contrat de gaz,
je n'achète pas votre électricité à long terme. si
cascades, avec son partenaire, n'avait pas pu financer le projet à 100
%, bien, on n'aurait pas pu faire ce projet-là. alors, on l'a fait. et
pourquoi il n'y en aura peut-être pas d'autres? pourquoi c'est
très difficile d'en faire? ce sont les exigences
d'hydro-québec.
Une autre fustration qu'on a subie dans la cogénération:
on avait construit une centrale de cogénération de 16 MW; on
voulait l'augmenter à 30 MW. On a eu affaire au ministère de
l'Environnement. Comme on ajoutait plus de 10 MW, il fallait passer par une
étude d'impact. Comme vous le savez, une production de plus de 10 MW:
étude d'impact. On augmentait de 15 MW, on voulait nous faire faire une
étude d'impact. On prenait des turbines qui n'étaient pas
efficaces et on installait des turbines neuves. Les turbines neuves prenaient
moins de gaz, utilisaient moins de gaz pour produire 15 MW
d'électricité de plus. Alors, les émissions
atmosphériques n'avaient pas augmenté du tout pas du tout
mais on nous demandait une étude d'impact quand même, parce
que la loi étant faite comme elle est faite, augmentation de 10 MW:
étude d'impact. Alors, avec le ministre Paradis, on a eu des rencontres.
On a dit: M. le ministre de l'Environnement, on pollue moins l'air. La seule
chose que l'on crée de plus, ce sont des mégawatts
d'électricité qui passent par les mêmes fils
installés, sans aucun changement physique, électrique. S'il y a
plus de mégawatts qui passent dans les fils, est-ce qu'on augmente le
danger de pollution? Alors, parce qu'on mettait des outils efficaces, on ne
pouvait pas. Alors, c'est pour cette raison qu'on a eu des frustrations dans
notre cogénération.
Hydraulicité. Nous sommes producteurs d'électricité
à base d'hydraulicité à East Angus. Nous avons mis en
marche il y a deux mois une petite centrale de 2 MW. Nous envisageons de mettre
en marche, sur la rivière du Cochon, deux autres centrales nous
avons pris des droits et sur la rivière Jacques-Cartier aussi, et
quelques autres endroits. Cascades énergie veut devenir un producteur en
hydraulicité. Mais, encore une fois, on se heurte à
Hydro-Québec dans un autre domaine. Si vous avez une petite centrale de
1 MW ou 2 MW, vous savez que ça peut produire entre 400 000 $ et 700 000
$ d'électricité par année. C'est très peu. Mais
quand on va voir les gens d'Hydro-Québec, il semble que, pour eux, ces
fameux 1 MW ou 2 MW peuvent faire que la province dé Québec sera
dans un black-out parce qu'on produit 1 MW, 2 MW. On nous oblige à avoir
des protections. Nous voulons ajouter au réseau, à Forestville, 1
MW. Nous allons le faire. On exige que le total de nos coûts de
protection soient de 500 000 $; 500 000 $ pour une production de 1 MW!
Alors, c'est pour ça que, dans notre mémoire, on dit que
c'est disproportionné par rapport à la capacité de
production de ces petites centrales là. Dans la
cogénéra-tion, quand on parle de 30, 50, 75 MW, si ça
change, s'il y a un arrêt, ça peut causer quelques
problèmes. Mais quand on parle de 1 MW, 2 MW et 5 MW dans le
réseau d'Hydro-Québec... Mais on nous oblige à cette
fameuse protection qui est à l'épreuve de tout et on ne prend
aucun risque. Alors, c'est pour nous très difficile de...
Le Président (M. Forget): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît.
M. Lemaire: Pardon?
Le Président (M. Forget): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît.
M. Lemaire: Oui.
Le Président (M. Forget): Le temps est
écoulé.
M. Lemaire: Alors, je pense que ce sont les frustrations qu'on
a.
Je voudrais ajouter un point aussi, c'est que, comme je suis de la
région de Drummondville, il y a des barrages qui sont à
Drummondville, M. le député, qui devaient être
privatisés; peut-être qu'Hydro-Québec voulait remettre ces
barrages-là. Je voudrais, madame, qu'on voie la production qui a
été faite dans ces barrages-là dans les 5 ou 10
dernières années à Drummondville, dans les deux barrages
à Drummondville. Quels sont les coûts des études qu'on a
faites pour remettre ces barrages-là en production, plus modernes?
Quelle sera la rentabilité de ces barrages-là dans le futur?
Hydro-Québec a décidé que ce serait elle qui les ferait
maintenant, et non de les remettre à l'entreprise privée. Alors,
je pense que c'est un économique... On verra où
Hydro-Québec... Les entreprises privées seraient beau- coup plus
efficaces en prenant les sites, les petits sites d'Hydro-Québec, et en
les rendant privés. Alors, c'est un peu ce que je voulais dire dans ce
mémoire-là, et la frustration des entrepreneurs privés,
les problèmes des producteurs privés
d'électricité.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup. Mme la ministre
de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: M. Lemaire, M. Gauthier, je vous remercie d'être
venus nous rencontrer et de nous faire part de vos frustrations. On essaie de
vous comprendre, je pense, tant vous que les petits producteurs de petites
centrales hydroélectriques aussi. Il n'y a pas que la
cogénération où il y a certaines frustrations. Par contre,
les petites centrales de 25 MW et moins nous demandent d'augmenter à 100
MW. Alors, peut-être que la cogénération a des
débuts plus lents, et plus difficiles, et plus pénibles. Quand
vous parlez de 40 MW, moi, je le mettrais sur 760, parce que, en ce moment, la
cogénération, Hydro-Québec accepte d'en faire pour 760 MW.
J'aimerais mieux ça que 40 MW; je pense qu'on va rester dans les
proportions de la cogénération.
Mais est-ce que vous trouvez qu'il serait sage, quand même
je n'essaie pas de défendre Hydro-Québec pour
Hydro-Québec d'acheter l'électricité d'un fournisseur sans
s'assurer qu'il va être en mesure de produire, de livrer tout au cours de
la période de son contrat? Et, malgré l'absence de contrat avec
HydroQuébec, vous vendez ce que j'ai compris quand
même votre électricité à Hydro-Québec?
M. Lemaire: Oui. On l'accepte. On me paie.
Mme Bacon: Sans contrat?
M. Lemaire: Sans contrat.
M. Gauthier: Ça fait plus de trois ans.
Mme Bacon: Mais est-ce que vous acceptez quand même, M.
Lemaire, qu'il faut s'assurer que les gens vont être en mesure de
produire? Parce que vous disiez tantôt: Ils veulent qu'on s'assure,
pendant une période de 15 ans, qu'on va avoir le gaz nécessaire
pour produire.
M. Lemaire: Mais, madame, le risque...
Mme Bacon: Vous trouvez que, 15 ans, c'est trop long?
M. Lemaire: Les 760 MW que vous dites, ça
représente 1,5 % de toute la production d'Hydro-Québec. Alors,
est-ce que le risque est si important pour Hydro-Québec qu'elle fasse
des exigences semblables? Est-ce que tout le monde, ces 760 MW là vont
tomber en même temps? Je ne crois pas. Et ça représente 1,5
% de toute la production qu'Hydro-Québec fait. Alors, vous voyez
l'impact. Les mesures comparées à l'impact
que ça pourrait avoir qu'un petit 1 MW soit... Je pense que si
vous me disiez dans des régions bien définies, peut-être
que ça pourrait avoir un impact pour HydroQuébec; une centrale
importante dans une région éloignée, ça pourrait
avoir une influence. Mais quand on est au coeur, comme nous, au coeur du
Québec, et tout, quelle est l'influence d'un petit producteur qui
s'arrêterait pour un manque, je ne sais pas, un problème
technique? La rivière Saint-François... On a un été
très sec, on ne produit pas. On nous demande de garantir la production,
ce qu'eux ne s'engagent pas à faire, et ils ont un parc de centrales
énorme que, nous, on n'a pas; on est dans une région bien
définie.
Alors, je ne sais pas si ces 760 MW doivent avoir toutes ces exigences,
et surtout sur Fhydraulicité. Vous savez que vous dites 25 MW, mais il
n'y en a pratiquement pas à 25 MW; c'est tous des plus petits que
ça. C'est encore plus petit. Hydraulicité. C'est que ça
fait un impact économique dans les régions, l'investissement dans
les régions, un peu partout à travers la province de
Québec. Ce n'est pas centralisé. Alors, je pense qu'on pourrait
être beaucoup moins sévère sur l'hydraulicité. Quand
on parle des projets de cogénération de 140 MW ou 200 MW, je
comprends un peu que ça peut avoir une certaine influence. Dans
l'hydraulicité, ils ont mis 25 MW, mais la plupart sont de 5 MW. Alors,
je ne pense pas que ça ait une influence qu'on devrait avoir les
mêmes exigences des producteurs privés et développer
l'expertise. On verra un peu plus tard.
Mme Bacon: C'est parce que, quand on parle en termes de
cogénération, Hydro-Québec va utiliser ça comme
possibilité de réserve utile de pointe. Et je pense qu'à
ce moment-là c'est peut-être pour ça qu'ils sont plus
exigeants. Je ne dis pas que je suis d'accord avec tout ce qu'ils vous
demandent, mais c'est peut-être que les exigences sont plus
sérieuses par rapport à la pointe dont ils ont besoin, et ils
vont se servir de la cogénération pour leur pointe. (12 h 30)
Vous mentionnez à plusieurs reprises dans votre mémoire
que les normes d'exploitation d'Hydro-Québec sont
disproportionnées et inapplicables à des petits projets. Vous
avez donné des exemples qui vous semblent excessifs, mais avez-vous des
solutions plus simples qui pourraient garantir la qualité des services
à l'ensemble des utilisateurs d'électricité?
M. Lemaire: On a de l'expérience. C'est qu'on est en
Europe, comme vous le savez, et on en produit, de l'électricité,
en Europe. Et on voit que c'est beaucoup moins compliqué.
J'espère qu'à notre prochaine visite les gens
d'Hydro-Québec vont rencontrer des gens qui sont dans la région
où on opère, en Savoie, et où il y a beaucoup de petits
barrages. À cause des montagnes, on fait des petits barrages, les
producteurs privés. On est loin de demander les protections qu'on nous
demande ici pour l'exploitation de ces choses-là. Alors, on veut
collaborer avec eux pour leur montrer.
On pense que c'est complètement exagéré de demander
ces protections-là. On est en production de cogénération
dans nos usines en Europe, cogénération, hydraulicité,
gaz, biomasse. On a tout. On fabrique. Quand on n'opère pas, on livre
à EDF et on n'a pas ces contraintes, cette peur, cette phobie de faire
tomber le réseau dans ces périodes-là. Alors, je pense
qu'on devrait être moins exigeant. Ce n'est pas facile pour un petit
producteur privé d'aller dire aux gens d'Hydro-Québec: Voyons
donc! on ne peut pas avoir cette influence-là sur votre réseau.
On nous dit oui, et on nous sort des grandes théories, mais je sais que
ça ne se fait pas à cette échelle-là ailleurs. Mais
ici...
Mme Bacon: Est-ce qu'ils vous parlent de réserve de
pointe, M. Lemaire, quand ils...
M. Lemaire: Non. Mme Bacon: Non.
M. Lemaire: Les réserves de pointe, je pense que c'est
important quand on parle de produire en période de pointe. C'est un
problème d'Hydro ici, peut-être parce qu'on ne donne pas assez
d'avantages aux industriels. C'est un des points que je voulais mentionner tout
à l'heure, les avantages aux industriels. Je vous l'ai appris, à
la dernière commission parlementaire, quand j'ai dit: Donnez à
l'entreprise privée, et vous allez voir ce qu'on va pouvoir faire pour
Hydro-Québec. Vous avez vu le programme qui s'est fait dans les
pâtes et papiers. Il a été souscrit à plus que ce
dont Hydro avait besoin pour certaines périodes.
Alors, il y a beaucoup d'autres choses qui peuvent être faites de
cette manière-là pour éviter les pointes. Mais
certainement qu'Hydro veut la garantie d'une certaine hydraulicité en
période de pointe. Mais, encore une fois, avec l'hydraulicité
maximum qu'on nous a dit qu'on pourrait avoir, c'est près de 400 MW qui
pourraient être produits. Alors, l'influence est tellement peu
importante... Ils n'arrêteront pas tous en même temps, parce que
c'est réparti sur un parc énorme. Il va y en avoir 40, 50, alors
on va peut-être en avoir une, mais pourquoi pénaliser parce qu'il
y a une période et quelque chose? On exagère cette
chose-là.
Dans le contexte, je pense, on ne laisse pas assez à l'entreprise
privée. Si vous dites: À 100 MW, bien, là, on pourra
peut-être être un peu plus exigeant, car ça peut affecter.
Mais pour aider au développement des petites, on ne doit pas être
si exigeant de ces petits producteurs là. On traite pareil une
cogénération à Montréal-Est, de 200 MW, qu'un petit
producteur de 0,5 MW ou de 1 MW. C'est traité de la même
manière. On les traite de la même manière: sur les
influences, sur la garantie, et c'est tout. On leur demande les mêmes
choses, et ça n'a pas d'influence sur leur réseau, cette
chose-là. Alors, c'est pour ça que je dis qu'il y a de
l'exagération.
M. Gauthier: Si vous me permettez, je voudrais...
Mme Bacon: Oui, allez, M. Gauthier.
M. Gauthier: ...ajouter un élément. Vous avez
demandé s'il y avait des solutions plus simples que ce qu'Hydro exige
présentement. À titre d'exemple, lorsque l'on commence à
négocier le contrat d'achat d'électricité, il y a des
études de faisabilité technique que le promoteur, bien entendu, a
réalisées avant de se lancer dans une affaire comme ça.
Mais parce que c'est prévu dans la bible d'Hydro-Québec que la
même étude de faisabilité technique doit être refaite
par Hydro-Québec, par une firme d'ingénierie de son choix et aux
frais du producteur, parce que c'est écrit, on doit la refaire, que ce
soit 1 MW, 2 MW ou 100 MW.
La même chose pour les études d'intégration au
réseau. Lorsqu'on envisage de mettre en exploitation une centrale de 2
MW d'électricité, on doit produire un rapport
d'intégration. Quel sera l'impact de l'intégration de cette
centrale-là dans le réseau? Alors, les études
d'ingénierie qui doivent être complétées à la
base de ces études-là sont des études aussi complexes et
aussi complètes pour une centrale de 1 MW ou 2 MW que pour une centrale
de 50 MW.
Alors, c'est vraiment dans la philosophie c'est pour ça
qu'on faisait référence à l'attitude de base que le
problème naît. C'est qu'on ne «ségrègue»
pas la différence entre un projet qui a vraiment un impact majeur dans
l'intégration du réseau d'avec un projet de moindre importance
comme ceux dans lesquels la plupart des producteurs se lancent. Et jamais, soit
dit en passant, on ne nous a indiqué que l'électricité
produite éventuellement par les producteurs privés serait une
électricité destinée à la demande de pointe.
Jamais. Au contraire, on nous fait référence toujours à
des plans dans lesquels la production d'Hydro-Québec dans une telle
région représente un pourcentage x, et l'apport du producteur
privé va le combler. Alors, c'est pour ça qu'on ne fait pas de
différence entre les deux.
Mme Bacon: Quand vous faites la comparaison, M. Lemaire, avec vos
contrats que vous signez en Europe, par exemple, est-ce qu'on exige de vous la
même durée de contrat qu'on exige ici? Moi, j'aimerais que vous
m'en disiez davantage, si on peut faire les comparaisons.
M. Lemaire: Non.
Mme Bacon: Parce que vous me semblez dire que c'est beaucoup plus
facile là-bas de produire qu'ici.
M. Lemaire: Non, on n'exige pas... Dans nos usines, ça a
été intégré avec les usines, alors c'est beaucoup
plus facile. Ce n'est pas des productions... Ce qui arrive, c'est qu'on est
payé au coût évité. Alors, c'est une chose
séparée. On s'était intégré à
même l'usine; le coût de vente est le même que le coût
qu'on paye. Alors, c'est beaucoup plus facile. On n'a pas de contrat vraiment
si l'opération est intégrée. Parfois, c'est nous qui
utilisons l'électricité de notre production; parfois, bien, si on
en a en surplus, on la leur revend. Mais ils acceptent de racheter les surplus
d'électricité sans des contraintes de l'ordre et des exigences de
longueur de 15 ans qu'on peut avoir parce que, parfois, c'est la période
de remboursement des prêts.
Mais c'est pour ça que je disais: Laissons les forces
économiques du marché faire les choses. Hydro nous dit: Tu dois
avoir un contrat, un financement de 15 ans ou tu dois avoir un contrat de base
de 15 ans. Le financier, si je suis capable de négocier avec mon
financier, il va se contenter d'un contrat de cinq ans, renouvelable
après cinq ans. C'est moi qui vais me financer, c'est moi qui ai
à me financer, et non Hydro-Québec qui doit me dire comment je
dois me financer et comment je dois faire la chose. Moi, je veux continuer
à produire de l'électricité, certainement pour 15 ans,
mais dans les conditions les plus favorables économiquement pour moi.
Pourquoi? Dans le moment, si je signais aujourd'hui, avec ma
cogénération, un contrat de gaz, nous serions en perte pour les
15 prochaines années. Avoir un financement de 15 ans dans le moment, si
je l'avais fait il y a trois ans, je n'aurais pas de rentabilité, parce
que je me serais financé, environ pour 15 ans, à 13 %.
Aujourd'hui, parce que j'attends, je vais probablement avoir un financement aux
alentours de 8 %.
Alors, voyez-vous, si on laisse faire... Si Hydro avait exigé que
j'aie mon contrat, elle m'aurait forcé à me financer
immédiatement et à signer mon contrat de gaz
immédiatement. Mais, si je n'avais pas eu les moyens financiers
d'attendre, on aurait une cogénération qui ne serait et qui
n'aurait jamais été rentable. On aurait été en
perte le reste de nos jours, et ça aurait été... Tandis
que, là, on va probablement avoir un projet... Dans le moment, notre
projet est rentable, même très rentable parce qu'on a pour nous le
gaz «spot» qui n'est pas cher, et on a des taux
d'intérêt flottants, qu'on pourrait financer. Alors, on a un
projet très rentable parce qu'on laisse faire les forces
économiques seules. Voyez-vous, c'est ça que je dis: Laissons
faire les forces économiques toutes seules et, nous, industriels, c'est
à nous de régler nos problèmes.
Mme Bacon: Une dernière, une petite rapide. Est-ce que
vous préféreriez des conventions d'interconnexion, par exemple,
au lieu d'un contrat à long terme avec Hydro-Québec?
M. Lemaire: Le contrat à long terme, certainement que le
financier l'aime, mais on pourrait dire que les taux fixés pourraient
être fixés pour une période de cinq ans, et dire: Bien, on
va l'acheter. Je pense qu'Hy-dro-Québec, au commencement, avait un
contrat de ce type-là. Elle s'engageait à l'acheter. Mais,
maintenant, c'est passé dans les mains de plusieurs avocats et de
plusieurs techniciens. Alors, vous savez, les avocats, ce que ça peut
faire...
Mme Bacon: Ça aurait été mieux? Ha, ha, ha!
(12 h 40)
M. Lemaire: Ça peut dire: Bien, certain que tu ne
seras pas seul. Parce que le technicien dit: J'ai besoin de ceci. Bien,
là, on va te faire un autre règlement supplémentaire.
Alors, le contrat épaissit, épaissit, parce que le technicien et
l'avocat qui travaillent ensemble, ça vous fait tout un contrat! Parce
que, lui... Alors, on se protège l'un de l'autre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la ministre. Alors,
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Là, je
comprends mieux les propos qu'Hydro-Québec avait tenus en nous disant
qu'à long terme la cogénération ne serait pas si rentable
que ça au Québec, puis qu'il y avait une différence avec
celle aux États-Unis. Vous avez probablement des contacts ou des gens
qui travaillent à ce niveau-là. Et on nous disait que
l'entreprise qui fabriquait la cogénération était à
la merci, d'une certaine façon, des prix d'achat de gaz. Je ne parlerai
pas de biomasse, parce que ça peut être une possibilité.
Et, en arrière, celui qui vend la vapeur est aussi à la merci de
celui qui va la vendre. Alors, à ce moment-là, souvent, dans des
entreprises comme les pâtes et papiers, même si l'entreprise de
pâtes est participante à l'entreprise qui fait la
cogénération, elle n'est pas nécessairement la seule.
Et, dans ce contexte-là, Hydro-Québec nous disait que ce
n'était pas si rentable que ça. Alors, ce qui me reste, avec ce
que vous dites aujourd'hui, c'est la réflexion suivante: Est-ce
qu'Hydro-Québec veut avoir la cogénération? Est-ce
qu'Hydro-Québec veut avoir des petits barrages? Est-ce que ça la
dérange, autrement dit, d'avoir ça, avec les exigences qu'elle
vous pose?
M. Lemaire: Je pense que, oui, ça les dérange.
C'est l'incursion des privés dans leur domaine qui était une
chasse gardée. Je comprends. Naturellement, je les comprends. Mais je
pense qu'économiquement, pour le Québec, pour être
compétitifs, il faut toujours laisser des forces, d'autres forces. Les
monopoles, et tout, font qu'on n'arrive pas à être
compétitifs. La productivité diminue d'année en
année quand on n'a pas de compétition. Alors, certainement que ce
n'est pas vu d'un bon oeil.
Pour ce qui est de la cogénération au gaz comparée
à l'hydraulicité, Hydro-Québec a certainement un peu
raison. Je vais toujours favoriser l'hydraulicité par rapport au gaz,
à la cogénération. Mais c'est peut-être un avantage
dans les pâtes et papiers, la cogénération, quand on peut
utiliser la vapeur. d'une manière ou d'une autre, vous savez qu'on
utilisait à peu près des quantités de gaz pareilles sans
cogénérer. alors, c'est un avantage dans les usines de
pâtes et papiers, parce qu'on est un utilisateur de vapeur et qu'on peut
augmenter la rentabilité à tout près de 80 %. alors, dans
les pâtes et papiers, la cogénération, quand on peut
utiliser la vapeur, je pense que c'est un avantage qu'on devrait utiliser. mais
fabriquer de l'élec- tricité par cogénération avec
condensât, je ne pense pas. Je pense que, notre hydraulicité, on
doit la pousser au maximum. Ça, c'est mon point de vue.
M. Jolivet: Donc, ça veut dire que vous n'êtes pas,
à moins que je me trompe, de ceux qui pensent qu'on doit avoir la
cogénération tous azimuts. Toute possibilité, on doit tout
apprendre...
M. Lemaire: De la cogénération? M. Jolivet:
Oui.
M. Lemaire: Non, moi, je ne suis pas de ceux-là. Je
préférerais voir l'hydraulicité se développer plus
que la cogénération. Moi, c'est ma vision. La
cogénération, c'est utile à certains endroits où on
peut utiliser le maximum de l'énergie, où on brûle quand
même... Quand on brûle notre vapeur, à moins de la faire
électriquement... On a besoin de vapeur dans une usine de pâtes et
papiers. Alors, on peut combiner les deux. Et je pense que, dans ces points
précis, ça peut être un avantage.
M. Jolivet: Avec les États-Unis, avez-vous des
discussions, des rencontres avec des gens qui parlent, justement, de la
cogénération américaine par rapport à celle au
Québec? Est-ce qu'il y a une différence dans votre esprit?
M. Lemaire: Oui, oui. Je suis allé voir. Je suis
allé en voir justement il y a deux semaines. Je suis allé en
Californie voir un site qui est en vente, et tout ça. Oui, j'ai pu voir
ce que c'est. Mais l'électricité était vendue à
0,11 $. Alors, comparez à ici. On a besoin, en Californie... C'est tout
complètement contraire à nous. Ils utilisent... Cette
usine-là opérait pratiquement seulement l'été,
parce que c'est pour l'air climatisé, alors que le gaz peut être
meilleur marché, puis elle vendait l'électricité à
0,11 $. Alors, on n'est pas du tout dans un contexte pareil à ici
où on veut préserver notre avantage de
l'électricité qui est bon marché. Je pense que c'est
ça qu'il faut regarder. Et, pour faire ça, peut-être que
les producteurs privés peuvent aider à garder ça.
Vous avez eu le mémoire de l'industrie des pâtes et
papiers, où on se plaint qu'on a perdu cet avantage-là.
Peut-être qu'en faisant du privé un peu, on va pouvoir garder cet
avantage qu'on avait de production de l'électricité à bon
marché au Québec. Il ne faudrait pas le perdre. Et je pense que
c'est un peu en mettant une contrepartie privée qu'on va réussir
à garder cet avantage-là qui a diminué de beaucoup dans
les 10 dernières années.
M. Gauthier: Je voudrais simplement préciser qu'il y a une
firme d'ingénierie actuellement, américaine, qui a
été sélectionnée par un prêteur avec lequel
on travaille actuellement, qui est venue faire une vérification des
installations qu'on voulait financer, et on m'a dit ceci: À 0,05 $ le
kilowattheure, avec un prix de gaz de 1,50 $ le gigajoule au Québec, il
n'y aura jamais de
cogénération. Et le type était renversé de
voir les exigences qu'Hydro-Québec nous imposait, et sa réaction
a été de dire: Si vous passez à travers ça, vous
êtes à peu près le seul projet qui va se
réaliser.
Imaginez, le gigajoule, actuellement, aux États-Unis, est
à 1 $, et l'électricité est à 0,10 $. Nous autres,
c'est à 1,50 $ ou 2 $ actuellement, contre 0,05 $ le kilowattheure.
M. Lemaire: L'article 5... Moi, je dis, en tout cas, de la
cogénération, à l'article 5, ça peut se faire comme
on a fait à Kingsey, où la vapeur est tout utilisée dans
l'usine immédiatement, et non de condensât. On ne condense pas du
tout. Autrement, il y a beaucoup de projets d'annoncés, mais, moi, j'ai
de la misère à y croire.
M. Jolivet: Donc, pour répondre, peut-être, à
l'objection qu'Hydro-Québec peut amener, à l'effet de dire: Si
vous avez x kWh de production par rapport à ce qui est
prévisible... Ce que l'on sent, en tout cas... On a même
remarqué, je pense, que Kruger a laissé tomber à cause de
l'«environnemental» de son projet. Ça veut dire qu'ils
n'atteindront jamais l'objectif de quelque 700 kWh demandés.
M. Lemaire: À moins qu'on ait un revirement. Vous savez
qu'on creuse des puits au Québec. Intermont est après... Bow
Valley en fait dans le moment et, s'il y a une découverte de gaz, on
aura du gaz très bon marché; peut-être que ça
pourrait avoir lieu. Mais, au prix du gaz dans le moment, c'est impossible.
C'est absolument impossible au prix... Négocier un contrat de 15 ans,
dans le moment, c'est absolument impossible de faire quelque chose au
Québec.
M. Jolivet: Ça, là, c'est le contexte. Là,
vous avez un contexte d'un contrat demandé par Hydro-Québec sur
une longue durée, dans un contexte, comme vous dites, actuellement,
où, là, je peux en vendre sans avoir aucun contrat. Donc, je peux
suivre les forces du marché. Vous dites que ce serait possible, à
ce moment-là.
M. Lemaire: Bien dans le moment, parce qu'on en a un. Mais je
vous dis franchement, c'est une aventure qu'on a faite. On a fait une aventure
qui va réussir. On a diminué beaucoup ies coûts de
construction. On est efficace. C'est fini. C'est rentable dans le moment,
à la condition qu'on paie le gaz environ 1,40 $.
M. Jolivet: Le contrat qui vient d'être signé avec
Tembec, avec d'autres, avec de la biomasse, est-ce que ce serait une des
solutions, dans la cogénération, à ce
moment-là?
M. Lemaire: La biomasse, ça peut être rentable, mais
le problème de la biomasse, c'est le financement. Comment on peut
garantir qu'on aura des écorces pour 15 ans? C'est le problème de
faire un projet biomasse.
M. Jolivet: C'est la même sorte de contrat dans l'un comme
dans l'autre, à ce moment-là? C'est ça?
M. Gauthier: C'est la même chose. C'est la même
structure. Dans le cas de biomasse, Hydro-Québec nous dit: Amenez-nous
un contrat de fourniture d'écorces ou de débris forestiers pour
une durée de 15 ans ferme. Imaginez! il n'y a pas une espèce
d'entreprise qui peut garantir ça.
M. Lemaire: Les scieries ferment, les usines de papier produisent
moins d'écorce.
M. Gauthier: C'est ça.
M. Lemaire: Est-ce qu'on peut avoir 15 ans? Quelqu'un qui peut
penser sur 15 ans, vous savez, ce n'est pas facile. C'est une
intégration qui doit se faire avec une usine, et c'est possible d'en
faire, quand même.
M. Jolivet: Mais, pour revenir à une des parties de votre
réponse, tout à l'heure, au niveau de l'Association des
industries forestières, qui représente l'ensemble des
industriels, eux autres disaient qu'il fallait aller vers la
cogénération. Donc, c'est un peu comme une sorte de
panacée. On a l'impression que la cogénération va
régler les problèmes des pâtes et papiers. Vous êtes
en train de me dire aujourd'hui: Avec les contrats qu'Hydro-Québec nous
demande, avec les difficultés à long terme, ce n'est pas
sûr que ce soit la solution d'avenir. Comment va-t-on résoudre ce
problème-là?
M. Lemaire: Le résoudre avec... Le prix du gaz va
être un facteur très important. Si on n'a pas du gaz meilleur
marché que 1,50 $, on n'a pas d'avantages si les coûts
d'Hydro-Québec n'augmentent pas. C'est ce qu'on a vu, ce que les
pâtes et papiers ont vu. C'est parti d'environ 0,02 $ à 0,036 $ en
l'espace de 10 ans. Et, si on a la même progression, peut-être que
la cogénération va arrêter cette... On rencontre le point
où la cogénération devient rentable. C'est peut-être
le moyen. Et, si on était capable de signer un contrat de gaz de 15 ans,
on pourrait dire: Les contrats d'Hydro, ça va arrêter là;
il n'y aura plus d'augmentation. On pourrait arriver à faire ça.
C'est un peu la panacée que ça pourrait apporter; on pourrait
corriger un peu ce qu'Hydro s'est laissée aller à dire: On
augmente nos coûts sans être restreints. Parce que ça allait
bien dans les pâtes et papiers, alors, on a laissé augmenter les
coûts. Mais, aujourd'hui, on paie le prix de ce manque de
productivité. (12 h 50)
M. Jolivet: Passons à la deuxième partie qui est
celle des petits barrages, maintenant, de quelques mégawatts. Ce que
vous dites, c'est que les conditions qui sont posées dans votre contrat
par Hydro-Québec, c'est des conditions qu'elle ne se pose pas à
elle-même. Donc, prenons l'exemple de faire
l'hydroélectricité. Ça veut dire que, dans ce
contexte-là, qu'est-ce que vous
proposeriez pour ces formes de contrat là, qui pourrait permettre
d'avoir une forme de rentabilité pour vous autres sans nuire à
Hydro-Québec?
M. Lemaire: Elle l'a automatiquement. Elle nous paie plus cher en
période où elle a besoin d'électricité de pointe.
Si le pauvre gars n'est pas capable de produire, a un trouble en période
des quatre mois d'électricité de pointe, ne peut pas produire, il
perd assez d'argent sans avoir la pénalité d'Hydro par en
arrière. Parce que le gars fait son argent dans ces quatre
mois-là. On fait notre argent dans les quatre mois. Alors, c'est
ça que je dis des forces du marché: le propriétaire d'un
barrage, s'il y a de l'eau, il va la faire toute passer à cette
période-là. S'il a un barrage de réserve, il va la faire
s'écouler en cette période-là pour pouvoir collecter plus
d'argent d'Hydro. Mais, en plus de ça, on nous met une
pénalité parce qu'on n'a pas rencontré cette
chose-là, soit que ça a été un bris
mécanique, soit qu'il y a eu quelque chose. Alors, c'est un poids
supplémentaire quand ça arrive à un financement. Le
financier regarde: Ouais, si tu arrives... Qu'est-ce qui va te garantir? Prends
une police d'assurance. Alors, encore augmenter un coût. À cause
d'une demande d'Hydro, on fait augmenter le coût parce qu'on va prendre
une police d'assurance de bris, de ci, de ça, qui nous coûte de
l'argent, probablement pour rien, mais c'est toutes ces choses-là qui
font qu'on n'est pas...
M. Jolivet: Ce que vous dites, c'est qu'Hydro-Québec, 1
MW, 2 MW, 25 MW, ça ne serait pas alarmant pour elle si elle ne les
avait pas. C'est ce que vous dites? Et Hydro-Québec va prendre
l'argument inverse: Si j'ai un contrat avec toi, c'est parce que je ne l'ai pas
produit ailleurs ou parce que j'ai décidé de te laisser produire,
et c'est moi qui en subis le contrecoup.
M. Lemaire: oui, et c'est pour ça que je dis que ça
représente 1 % de tout. en hydraulicité, ça
représente 1 %, même pas 1 % de tout ce qu'hydro produit. alors,
l'impact sur hydro qu'il y en ait un qui a eu une badloque... parce qu'il veut
toujours produire dans ces périodes-là. il veut toujours
produire, parce qu'on nous paie plus cher. alors, il veut tout le temps
produire. ce n'est pas une volonté de ne pas fournir hydro, mais il va
être un producteur. alors, ils ont seulement à dire: sur tant, ils
vont nous produire 90 %. et je pense qu'ils ne se tromperont pas, parce que les
barrages sont situés un peu partout dans la province. alors,
l'hydraulicité n'est pas toujours pareille à travers la province.
alors, le risque pour eux que, dans les cantons-de-1'est, il y ait eu moins de
pluie qu'en abitibi, bien, là, je pense que c'est ce qui arrive; ce
n'est pas certain qu'ils vont avoir ça. alors, eux partagent le risque
que nous autres on n'est pas capable de partager.
M. Jolivet: Dans vos discussions avec HydroQuébec, vous
avez certainement apporté des expériences de l'extérieur,
de telle sorte qu'il y a une expérience plus vaste qui permettrait de
savoir, à long terme, si c'est profitable ou pas profitable, à
peu près comme un gars qui, une année, fait un contrat de
déneigement, et ça adonne que cette année-là il n'y
a pas beaucoup de neige; il fait de l'argent. L'année suivante, par
exemple, il y a des méchantes tempêtes, et c'est lui qui en baise
un coup, comme on dit en québécois. Ce que vous dites, c'est
qu'il faudrait permettre ces fluctuations-là possibles
tout en garantissant que ça ne nuira pas à la santé
financière d'Hydro-Québec et au besoin de produire de
l'électricité pour la population. C'est ce que j'entendrais.
M. Lemaire: Je pense que oui, puis Hydro-Québec a
construit déjà ses unités de pointe. Us viennent de faire
une centrale au gaz pour l'électricité de pointe. Il y a Tracy
qui est pour l'électricité de pointe. Us les ont, ces
garanties-là. Peut-être qu'ils sont obligés de les
répartir, mais c'est tellement minime, encore une fois, pour le
producteur privé, que je pense que ce n'est pas les
pénalités... Dans toute entreprise, il y a des risques. Quand on
essaie de prévoir tout... Ça serait tellement facile
d'administrer si on était capable de tout prévoir. Et si Hydro
avait été capable de prévoir, dans sa sagesse... Je pense
qu'elle peut voir aujourd'hui où elle en est. Elle a des surplus. Elle
ne sait plus. Elle n'a plus besoin.
Alors, eux aussi, ils ne sont pas capables de prévoir 5 ans
d'avance. Ils ont fait des erreurs. C'est humain. C'est la nature des choses,
mais c'est les forces économiques. C'est que, quand on est en affaires,
il faut penser à ces choses-là. Il faut réagir. Mais,
là, si on laisse à l'entreprise privée, elle réagit
peut-être mieux qu'une boîte de la grosseur d'Hydro-Québec.
On peut prendre des décisions plus rapides pour corriger des
défaillances ou quelque chose. On est capable. Et c'est pour ça
que je dis, même, que dans l'entreprise on devrait être capable de
laisser à l'entreprise... Si on donne une «incentive»
à l'entreprise, elle va en trouver, des moyens d'économiser
l'électricité en période de pointe, je peux vous le
garantir. On le vit ailleurs. Il y en a, des moyens «incentive»; on
est obligé de ne pas utiliser l'électricité à
certains moments pour aider à...
Le Président (M. Forget): Alors, M. le
député de...
M. St-Roch: Merci, M. le Président. À vous
écouter, M. Lemaire, j'ai le goût de vous lire la maxime anglaise:
«There is several ways to skin a cat». Parce qu'avec toutes les
exigences qu'on peut mettre, à un moment donné, ce n'est pas une
bonne manière de garder les compétiteurs qui sont à
l'extérieur. Je comprends peut-être un peu mieux aussi pourquoi
HydroQuébec, dans son plan de développement, nous a dit
qu'à partir de l'an 2000, la cogénération, ça ne
serait plus rentable. C'était une des raisons pour lesquelles elle
donnait 740 kW.
Vous avez mentionné aussi les coûts de réfection des
barrages sur la Saint-François. Il y en a un, les études sont
terminées. Il a été annoncé. C'est
27 000 000 $ que ça va coûter pour le remettre ultramoderne
et l'utiliser le plus près possible de 90 % du temps.
Ce que j'aimerais toucher avec vous, c'est un peu cette
problématique-là, parce que lorsqu'on parle de gaz on parle aussi
de cogénération et on parle aussi de chauffage. Comme vous le
savez, ici, on a eu toutes sortes de mémoires. On est au dernier; c'est
le quatre-vingt-cinquième, et non le moindre. On nous a dit que le
coût du gaz, il y avait tellement de réserves que les prix
seraient stables l'inflation à peu près d'ici
jusqu'à l'an 2000. Est-ce que c'est ça que vous percevez? Parce
que ceux qui nous font les propositions d'aller vers le chauffage au gaz au
niveau du résidentiel, c'est ce qu'ils nous disent, que ça serait
beaucoup plus avantageux, même lorsqu'on regarde dans le temps. Est-ce
que, d'après votre expertise, c'est ce qu'on peut prévoir d'ici
la fin de l'an 2000, le prix actuel du gaz plus l'inflation?
M. Lemaire: D'après mon expérience des
hydrocarbures, je me dis qu'on n'a pas à s'y fier. C'est
dépendant d'une guerre dans le Golfe, c'est dépendant de toutes
sortes de choses. Les hydrocarbures ont leurs fluctuations, vont avoir leurs
fluctuations. Celui qui pourrait dire que ça va être
prévu... C'est pour ça qu'on nous charge si cher si on veut avoir
un contrat de 15 ans, parce qu'on pense qu'il peut y avoir des moments, des
«peaks». Alors, c'est pour ça que, moi, j'ai toujours, dans
ma société, voulu vivre avec le moment présent. Cascades,
chez nous, on n'a jamais fait des emprunts à long terme. On a toujours
le taux flottant. Moi, je me suis toujours battu. Dans les 30 ans que j'ai
été là, taux flottant. Alors, on subit, dans ces
périodes-là. Habituellement, les prix augmentent. Mais quand tes
prix sont bas, et les taux d'intérêt sont bas, et, toi, tu es pris
avec un taux d'intérêt, là, bien, tu t'en vas en faillite.
Tandis que, quand tu es haut, bien, ça ne va pas mal; tu es comme les
autres. Mais quand tu es bas... C'est pour ça que j'ai toujours voulu
qu'on suive...
Alors, s'il y avait une augmentation des prix des carburants ou du gaz,
certainement qu'il y aurait une augmentation des prix de
l'électricité, de tout, comme ça s'est fait. Ça
s'est fait pourquoi? On a augmenté l'électricité parce que
la force... Alors, ça se balance. Il y a plusieurs sources
d'énergie. On va peut-être à l'huile lourde. Pourquoi on a
arrêté d'utiliser le «bunker C» quand
Hydro-Québec a eu des surplus? On a complètement
arrêté. Chez nous, on était complètement
électrique, pour l'électricité. On a profité de ce
qu'Hydro avait; elle pouvait nous vendre de l'énergie à bon
marché, on en a profité. Maintenant, on a le gaz. On prend du gaz
au lieu de prendre du «bunker C». Il y a toujours un moyen de s'en
sortir, mais est-ce que ça va être stable? Les réserves de
gaz ont augmenté beaucoup. C'est vrai qu'il y a des réserves
importantes qui ont été découvertes dernièrement,
et il y en a peut-être beaucoup d'autres à être
découvertes. Mais on va voir, avec les années.
Je pense que le principe d'utiliser le gaz, c'est d'éviter les
pointes d'Hydro-Québec. À ce moment-là, c'est quelque
chose qui peut... Si on peut éviter ces fameuses pointes qui
coûtent une fortune au réseau pour fournir de
l'électricité pour 8 jours ou 10 jours par année,
où on construit un réseau qui coûte une fortune pour les
pointes... Alors, c'est d'éviter ça. Et si on peut utiliser le
gaz ou une autre source pour éviter ces fameuses pointes là, je
pense que c'est la formule à utiliser.
M. St-Roch: Et si je vous entends bien, le contrat type, autant
pour les petits barrages que pour la cogénération, ça ne
serait pas un contrat de 15 ans; peut-être un contrat de 5 ans,
j'imagine, comme vous l'avez mentionné.
M. Lemaire: Cinq ans, renouvelable. M. Gauthier:
Renouvelable.
M. St-Roch: ...au niveau des prix, et renouvelable après
ça. Et Hydro s'engage à s'acheter des...
M. Lemaire: Qui engage à l'acheter pour 15 ans, par
exemple.
M. St-Roch: Et on ne met pas d'obligation au niveau du
financement ni au niveau de l'approvisionnement dans le cas de la
cogénération?
M. Gauthier: Si vous me permettez. La difficulté,
actuellement, c'est qu'on s'engage avec Hydro-Québec pour 15 ans,
à un tarif déterminé qui s'«inflationne» de 3
% à 6 %. Et, déjà, l'inflation, on ne sait pas ce qu'elle
va être dans 15 ans. Alors, nous, on se lie automatiquement avec un
contrat de gaz de 15 ans qui, lui, peut parfois... On a vu des clauses
d'inflation de 7 % dedans. Quand tu arrives devant le financier avec ça,
le financier regarde ton «économique», et il dit: Ça
ne marche pas. Alors, ce qu'on dit, c'est: Allons-y pour une période
plus courte; marions-nous et laissons le temps arranger les choses, finalement.
C'est ce qu'on dit. Une période de 5 ans, ça nous permet de
prévoir. Ça nous permet aussi d'être responsables et de
voir à ce que nos engagements soient sécurisés, mais pas
pour 15 ans. C'est impossible.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Drummond, on vous remercie. Au nom des membres de la commission, MM. Lemaire et
Gauthier, on vous remercie beaucoup de votre participation à cette
commission parlementaire.
Mémoires déposés
Je dépose les mémoires des 83 organismes qui se sont
présentés devant la commission ainsi que les 5 mémoires
reçus pour dépôt, soit le Comité de la protection de
la santé et de l'environnement de Gaspé inc., Mme Estelle
Lacoursière et la Municipalité régionale de comté
de Manicouagan, Natural Resources Defence Council, l'Ordre des
ingénieurs du Québec.
La commission suspend ses travaux jusqu'à après les
affaires courantes. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 20)
Le Président (ML Gobé): Mesdames et messieurs,
bonjour, bon après-midi. La commission de l'économie et du
travail va donc maintenant reprendre ses travaux. Je vous rappellerai
brièvement le but de notre séance de cet après-midi qui
est de procéder à une consultation générale sur la
proposition de plan de développement 1993-1995 de la compagnie
Hydro-Québec.
Je vous ferai aussi lecture rapide de l'ordre du jour pour cet
après-midi de nos activités. Alors, dès maintenant, nous
allons entendre les commentaires et conclusions d'Hydro-Québec sur les
interventions du public, ceci pour une période de 45 minutes. Par la
suite, nous entendrons, jusqu'à 18 heures, les commentaires et questions
des parlementaires, tant du côté du gouvernement que de
l'Opposition et, bien entendu, une période de temps sera
réservée aussi à M. le député de
Drummond.
Alors, M. le Président d'Hydro-Québec, il me fait plaisir
de vous saluer. Je vous demanderai de bien vouloir présenter les gens
qui vous accompagnent et vous pourrez par la suite commencer votre
intervention.
M. Drouin (Richard): Merci, M. le Président. J'ai,
à ma droite, le président et chef de l'exploitation, M. Armand
Couture, et le vice-président planification générale,
à ma gauche, André Delisle. Au fur et à mesure que des
sujets pourront être soulevés relativement à
différents secteurs de l'entreprise, j'aurai l'occasion d'introduire les
personnes habilitées à répondre à certaines des
questions.
Documents déposés
Vous me permettrez, M. le Président, avant de passer à
notre réflexion sur la commission parlementaire, de procéder
à un dépôt de documents, avec votre permission. Les
documents que nous désirons déposer sont en réponse
à des demandes de certains membres de la commission, au cours de notre
première journée de comparution devant la commission. Alors, il y
aura peut-être, après que j'aurai fait ma présentation,
certaines interventions pour expliquer certains de ces documents-là. Il
y en a qui parlent par eux-mêmes, d'autres qui méritent un peu
d'explications. Alors, je fais la liste des documents que nous déposons:
Un document sur la situation concernant les centrales hydroélectriques
de moyenne envergure, document qui avait été demandé; un
deuxième sur les investissements des producteurs privés pour
chaque combinaison de la proposition de plan de développement 1993; un
troisième document, c'est les investissements de la clientèle et
d'Hydro-Québec en économies d'énergie pour chaque
combinaison de la proposition de plan de développement 1993; un autre
document, prévision d'économies d'énergie par
marché. On nous avait demandé également le
dépôt du dossier Robertson. Alors, ça fait l'objet d'un
dépôt cet après-midi. Un autre document sur le bilan des
impacts des contrats à partage de risques et de bénéfices;
un document sur les prévisions des prix de l'aluminium; un document sur
des explications sur la marge bénéficiaire, et un dernier
document sur les économies d'énergie réalisées et
le coût par secteur.
Le Président (M. Gobé): M. le président,
j'accepte le dépôt de ces documents au nom de la commission. Ils
seront numérotés à partir du chiffre séquentiel 7d
et chiffres subséquents. Alors, les documents sont donc
déposés. Je vous remercie.
M. Drouin: Alors, je vous remercie, M. le Président.
À la suite de la présentation que je ferai, nous aurons
l'occasion de commenter quelques-uns de ces documents-là.
Commentaires et conclusions d'Hydro-Québec sur
les interventions du public
Alors, M. le Président, Mme la vice-première ministre, M.
ou Mme de l'Opposition, mesdames et messieurs, l'étude de la proposition
de plan de développement d'Hydro-Québec s'achève
aujourd'hui. Après un mois de travail, les membres de cette commission
ont pu approfondir les orientations proposées par Hydro-Québec et
entendre les représentations des divers groupes et organismes sur le
sujet. Personnellement, je me réjouis du fait que 87 mémoires
sont venus apporter un éclairage différent à nos
propositions sur l'avenir électrique du Québec. Ces interventions
témoignent de l'intérêt que portent un grand nombre
d'organismes et nos concitoyens aux orientations proposées par
Hydro-Québec. La qualité et la sérénité des
interventions témoignent également de la pertinence du processus
de consultation publique mis en place pour l'élaboration de la
proposition de plan de développement. Ce processus aura en effet permis
de fournir aux groupes intéressés les données utiles pour
tirer leurs propres conclusions sur le développement de
l'électricité au Québec.
Les questions soulevées par ces mémoires correspondent
généralement aux grands thèmes abordés dans la
proposition de plan de développement. Cela indique également que
la consultation nous a permis de bien cerner les préoccupations de la
société, même si les solutions que nous proposons ne font
pas nécessairement l'unanimité.
Les mémoires ont aussi fait ressortir plusieurs attentes
spécifiques. Certaines visent des programmes tarifaires, d'autres des
fonds de recherche et d'autres, encore, des partages de retombées
économiques. Ceci démontre que, pour un grand nombre
d'intervenants, le rôle et les activités d'Hydro-Québec ont
des répercussions qui dépassent largement la fourniture du
service électrique. Nous en sommes très conscients et vous
assurons que les contributions contenues dans ces mémoires ainsi
que les représentations faites en commission alimenteront nos
réflexions et nos décisions. Nous désirons
néanmoins souligner que les ressources dont nous disposons ne sont pas
illimitées, tout spécialement dans le contexte de notre
engagement à maintenir la croissance des tarifs au niveau de
l'inflation. Il y a donc des choix à faire.
Au cours de ces travaux, plusieurs questions ont été
soulevées quant à notre vision et à plusieurs des 32
orientations de notre proposition de plan de développement. Nous
souhaitons profiter des quelques heures qui viennent pour répondre
à vos principales préoccupations.
Une des questions soulevée par plusieurs mémoires est
celle de la substitution de l'électricité par d'autres sources
d'énergie. Le Québec devrait-il abandonner le chauffage
électrique et favoriser le mazout et le gaz naturel? Rappelons que le
chauffage électrique s'est avéré un choix judicieux pour
notre clientèle tout en augmentant l'autonomie énergétique
du Québec et la qualité de notre environnement.
Dans des cas précis, ces formes d'énergie offrent certains
avantages pour quelques marchés particuliers concentrés surtout
dans le secteur commercial, institutionnel et industriel. Cependant, même
dans ces secteurs, l'électricité occupe une part du marché
de plus en plus en croissance, car ces clients semblent considérer
d'autres facteurs que le seul prix de l'énergie.
En dehors des mesures entreprises par HydroQuébec favorisant la
substitution dans des cas spécifiques, comme par exemple notre programme
biénergie, l'entreprise ne pense pas qu'elle doit s'engager plus
à fond dans des programmes de substitution, car, en
général, il nous semble qu'une substitution importante offrirait
peu d'avantages au Québec. Nous demeurons ouverts à diverses
possibilités, mais nous pensons qu'il appartient à nos clients de
décider de leurs sources d'énergie en disposant de toute
l'information pertinente. En fait, le véritable enjeu soulevé par
cette question est celui de l'utilisation rationnelle des différentes
sources d'énergie possibles. À notre avis, la rationalisation de
la consommation énergétique passe surtout par l'économie
d'énergie.
Différents mémoires ont également fait ressortir
l'importance de planifier le développement en y intégrant
l'ensemble des ressources et en tenant compte des externalités. Notre
proposition de plan constitue un pas important vers la planification
intégrée des ressources. L'efficacité
énergétique y est pleinement incluse comme moyen
d'équilibrer l'offre et la demande. De plus, la proposition
présente et évalue plusieurs scénarios en tenant compte de
leurs répercussions environnementales autant que leurs impacts
économiques pour l'entreprise et pour le gouvernement du Québec.
Nous reconnaissons la pertinence de poursuivre dans cette voie et avons
même fait de l'étude des externalités une orientation de
notre proposition de plan de développement.
Jusqu'à présent, le concept des externalités a
surtout été utilisé aux États-Unis pour
évaluer les meil- leures options pour produire
l'électricité. Comme la production d'électricité
aux États-Unis est principalement d'origine thermique,
l'évaluation des externalités porte essentiellement sur la
pollution de l'air. Au Québec, compte tenu de l'importance des
ressources hydrauliques, il faudra de nouvelles études pour bien
évaluer les externalités propres à ce mode de production.
(15 h 30)
Hydro-Québec apporte d'ailleurs toute sa collaboration et son
expertise aux travaux entrepris sur cette question par le groupe-conseil en
énergie mis sur pied à l'initiative de la ministre de
l'Énergie et des Ressources. Au cours de vos travaux, il a aussi
été beaucoup de questions de nos activités de recherche,
développement et démonstration. Hydro-Québec investit des
sommes importantes en RDD et certains souhaiteraient de notre part une
implication plus soutenue dans des domaines comme l'efficacité
énergétique, la protection de l'environnement et les
énergies nouvelles.
Nous avons décidé d'augmenter nos efforts dans ces
domaines et de le faire avec des partenaires industriels et universitaires,
principalement québécois, en favorisant des projets à
effet de levier. Dans l'ensemble de nos secteurs de recherche, nous avons mis
en marche neuf projets de maillage représentant pour Hydro-Québec
des investissements de 46 000 000 $ au cours des cinq prochaines années.
Ces projets font appel à un réseau de 38 partenaires qui y
investiront avec nous environ 211 000 000$.
Le contenu des mémoires en matière de développement
régional a soulevé des questions de partenariat avec le milieu et
de la planification intégrée de l'ensemble de nos
activités dans une région. Plusieurs mémoires
prônent une plus grande ouverture de l'entreprise aux attentes
régionales. On souhaite qu'Hydro-Québec privilégie la
coopération et la concertation régionales. Les suggestions en ce
sens sont nombreuses. On suggère, par exemple, que l'entreprise
crée un fonds de développement économique régional,
financé soit par le programme de mise en valeur de l'environnement, soit
par des royautés provenant de revenus générés par
les projets hydroélectriques dans la région concernée.
Dans notre proposition de plan de développement, nous nous sommes
déjà engagés à réviser le programme de mise
en valeur de l'environnement, à l'intérieur des enveloppes
budgétaires déjà prévues, pour y intégrer un
volet économique en concertation avec les organismes
régionaux.
Hydro-Québec devra donc développer des outils et des modes
de gestion lui permettant d'établir une approche plus globale et mieux
intégrée de concertation avec le milieu pour l'ensemble de ses
activités en région.
Nos coûts de fourniture ont aussi fait l'objet de plusieurs
interrogations. Comme ces coûts sont à la base même de notre
politique et de nos structures tarifaires, nous croyons qu'il est essentiel que
tous nos clients en comprennent les éléments constitutifs et
entendons tenir des discussions très franches à ce sujet lors des
prochains mois.
La réglementation de l'industrie de l'électricité
et
les institutions qui la gouvernent ont aussi été l'objet
de plusieurs mémoires et recommandations. Bien qu'il ne nous appartienne
pas de définir les encadrements qui doivent régir nos
orientations et activités, nous demeurons disposés à
collaborer avec le gouvernement à toute réflexion qu'il pourrait
poursuivre sur ce sujet.
En terminant, j'aimerais rappeler que le plan de développement
qui a fait l'objet de vos travaux depuis un mois est une proposition. Nous
croyons toutefois qu'il s'agit d'une proposition réaliste et solide,
fondée sur 32 orientations claires qui devraient nous permettre de
répondre aux attentes de notre clientèle tout en contribuant au
maximum au développement économique et durable du
Québec.
Nous y avons intégré les principales attentes et
préoccupations exprimées lors de notre consultation publique. En
tant qu'actionnaire d'Hydro-Québec le gouvernement du Québec doit
maintenant prendre des décisions qui orienteront nos activités
des prochaines années.
Nous entreprendrons, au cours de la prochaine année, un second
cycle de consultation qui nous conduira au dépôt d'une nouvelle
proposition de plan de développement en 1995. Nous profiterons des
prochains mois pour discuter avec les intervenants du processus et des
modalités qui nous permettront d'améliorer les conditions de
réalisation de cette consultation.
Nous aurons aussi l'occasion de définir avec eux le prochain
agenda de nos discussions dont les travaux de cette commission nous permettent
déjà d'identifier certains thèmes.
Le plan de développement d'Hydro-Québec doit donc
être un instrument dynamique et souple, car la conjoncture
énergétique est influencée par de nombreux facteurs. Il
doit permettre au gouvernement de statuer sur nos orientations et à nos
concitoyens et partenaires de participer à leur définition. Nous
souhaitons en outre qu'il nous fournisse les moyens de réaliser notre
vision qui correspond aux attentes de nos clients et de la
société que nous desservons.
Alors, M. le Président, avant de prononcer ce court discours,
j'avais mentionné que nous pourrions donner quelques explications
relativement aux documents que nous avons déposés cet
après-midi. Le premier document sur lequel nous pourrions faire quelques
commentaires serait celui de la situation concernant les centrales
hydroélectriques de moyenne envergure. Il y avait eu une question
à ce sujet-là et on nous avait demandé d'en produire la
liste. Je vais demander à M. Yves Filion, vice-président
exécutif par intérim du groupe équipement, de commenter le
document.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci M. le
président. Je rappellerai aux autres intervenants que vous
désignerez de bien vouloir s'identifier afin que les services de
transcription puissent prendre votre nom en note. Alors, vous avez la
parole.
M. Filion (Yves): Bien. M. le Président, le document qu'on
dépose vise à répondre à la question de
l'état des connaissances d'Hydro-Québec dans le domaine des
centrales de moyenne envergure. Nous vous présentons un document sur
lequel j'aimerais d'abord faire un à-propos sur la définition des
centrales de moyenne envergure qui, dans le plan de développement, ont
été définies comme des centrales dont la puissance
installée variait entre 25 et 100 MW. Alors, nous désirons
élargir un peu cette définition pour plutôt parler d'un
aménagement dont le potentiel peut satisfaire en partie le besoin de
puissance additionnelle dans une année donnée.
Alors, je pense que c'est un point important puisqu'il y a des
aménagements, dans la liste qui suit, dont la puissance installée
dépasse de quelque peu 100 MW, et on n'a pas voulu exclure ces
aménagements-là d'une liste sur une notion arbitraire d'une
limite qui se situait à 100 MW.
Nous vous présentons aussi trois niveaux d'études qui
correspondent à des niveaux différents des connaissances.
D'abord, les études sommaires qui visent à définir si un
site présente un potentiel aménageable intéressant. Alors,
c'est une étude qui se fait assez rapidement et sur la base de
paramètres généraux.
Ensuite, une étude préliminaire qui va beaucoup plus en
détail, qui analyse les aspects techniques, économiques et
environnementaux, et qui permet de comparer un site par rapport à un
autre, donc, un niveau de détail plus intéressant.
Finalement, un avant-projet qui, lui, vise à répondre
à un besoin identifié dans le plan des installations ou dans le
plan de développement, si vous voulez, et qui, à ce
moment-là, implique que l'on enclenche un processus avec le
ministère de l'Environnement du Québec, c'est-à-dire une
demande de premier décret et des consultations au niveau des publics
concernés.
M. Drouin: Alors, je pense que ça complète les
informations sur ce document. Le prochain document que nous pourrions commenter
est celui du dossier Robertson et je demanderais à M. Couture de bien
vouloir faire quelques commentaires.
Le Président (M. Gobé): M. Couture.
M. Couture (Armand): M. le Président, Mme la ministre,
madame, messieurs, je vous réfère au document qui a
été déposé et qui débute par un
avant-propos. Cet avant-propos fait l'historique des décisions qui ont
amené la réalisation du projet du lac Robertson. Alors, il y a
enfin cinq résolutions, soit du conseil d'Hydro-Québec, soit du
comité exécutif, qui vont du 20 décembre 1989, alors que
le projet avec sa solution hydraulique du lac Robertson avait été
approuvé, des revues qui ont été faites en 1991, qui ont
fait l'objet de résolutions en 1992 il y en a eu plusieurs
et qui ont confirmé le choix de la solution hydraulique. (15 h 40)
Alors, en cours de route, il y a deux facteurs qui ont augmenté
les coûts considérablement, soit la soumission pour les travaux de
génie civil et la logistique de
chantier, et la préparation des plans et devis
détaillés du système de transmission, c'est-à-dire
les lignes et postes qui doivent desservir la région. Alors, il en est
résulté une autorisation de négocier avec le plus bas
soumissionnaire conforme pour réduire les prix de la soumission
reçue, et, d'autre part, une revue de l'étude économique
qui voulait savoir si la justification du choix du projet hydraulique
était toujours valable. Alors, à ce moment-là, des
études ont été refaites et, dans un premier temps, il est
apparu qu'il pourrait être remis en cause, c'est-à-dire qu'on
pourrait retourner à une solution diesel et le conseil a demandé
que des études soient poursuivies sur une période plus longue,
soit 50 ans, la durée de vie d'une installation hydraulique, pour voir
la sensibilité du choix au prix du carburant, aux paramètres
économiques et à la durée de l'étude.
Alors, suite à ces revues, il a été
décidé de confirmer la solution du lac Robertson en solution
hydraulique et c'est ce qui apparaît à la dernière
résolution. Et vous avez, attachés à ces
résolutions, les documents qui ont été soumis au conseil
pour prendre ses décisions. Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Couture.
M. Drouin: Alors, M. le Président, le prochain document
que nous pourrions commenter, c'est celui du bilan des impacts des contrats
à partage de risques et de bénéfices. M. Pierre Bolduc,
vice-président exécutif, commercialisation et affaires
internationales.
Le Président (M. Gobé): Vous avez la parole.
M. Bolduc (Pierre): M. le Président, le document
intitulé «Impacts des contrats à partage de risques et
bénéfices 1984-1992» apporte des réponses à
des questions qui avaient été soulevées par cette
commission. On y présente, pour la période en question, tout
d'abord les investissements associés à l'ensemble des 13 contrats
à partage de risques qu'Hydro-Québec a signé et qui
incluent les activités d'Hydro-Québec elle-même pour ses
équipements de production, transport et autres équipements
associés aux besoins d'électricité de ses consommateurs de
grandes entreprises et les investissements effectués par les clients
eux-mêmes dans la construction des installations en question.
Au total, pour la période 1984 à 1992, on y voit des
investissements de presque 10 000 000 000 $, 9 980 000 000 $, et on
présente, par la suite, les emplois soutenus par ces investissements
qui, encore une fois, sur la période 1984 à 1992, totalisent 146
000 personnes-année. On a tenté d'évaluer de façon
aussi précise que possible les retombées fiscales
associées à ces contrats et on obtient, au niveau du gouvernement
fédéral, des retombées de 560 000 000 $ et, du
gouvernement du Québec, des revenus de 930 000 000 $ pour la
période en question. Quant aux pertes et aux gains associés aux
contrats d'électricité eux-mêmes, par rapport au tarif
normalement applicable, l'ensemble des contrats se solde par un déficit
de 366 000 000 $ sur la même période.
Le Président (M. Gobé): Merci. M. le
président.
M. Drouin: Merci. Et maintenant sur les prévisions du prix
de l'aluminium, M. André Delisle.
M. Delisle (André): également, c'est un document
qui répond à des questions qui ont été
posées lors de notre première comparution. au graphique a, en
fait, on peut voir qu'il y a eu une assez grande volatilité au niveau de
l'industrie de l'aluminium dans les dernières années. plusieurs
raisons expliquent ça. d'abord, du côté de la
capacité mondiale de production, elle s'est accrue de 14,7 millions de
tonnes à 15,9 millions de tonnes entre 1989 et 1992. du
côté de la demande, également, il y a eu une croissance,
mais de seulement 2 % entre 1989 et 1992, si bien qu'à l'année
1992 on a fait les inventaires mondiaux de l'aluminium qui se sont accrus
à 3,2 millions de tonnes, ce qui se situe à deux fois la norme
qui est environ de six semaines d'inventaire. une des raisons qui expliquent
cette situation, bien entendu, c'est l'écoulement de la production
provenant de la communauté des états indépendants.
En termes d'évolution prévisible, ce que vous voyez, c'est
qu'on prévoit un retour à l'équilibre d'ici 1996.
L'année passée, au niveau du suivi du plan de
développement, l'équilibre, on le voyait plutôt à
l'année 1994. Ce qui provoquerait cet équilibre-là, c'est,
d'une part, une rationalisation du côté des capacités en
production il y a actuellement, d'arrêté temporairement, 1
600 000 tonnes de capacité et, aussi, la reprise
économique. Au graphique B, vous pouvez voir nos prévisions en
termes de prix. Comme je mentionnais, on prévoit un retour à
l'équilibre à l'année 1996 avec un prix à 0,75 $ US
la livre en dollars de 1988. Par contre, on peut voir qu'il y a d'autres
prévisions que nous, et il y a des prévisions qui sont beaucoup
plus... qui amènent le prix de la livre à 1,20 $ en l'an 2000
alors que d'autres sont inférieures.
Quant à la question spécifique de savoir quelle
était notre vision de ce qui se passerait du côté de la
Communauté des États indépendants, leur capacité de
production est d'environ 4 400 000 tonnes annuellement et la prévision
qui est ici présume une stabilisation de la situation dans ces
pays-là. D'une part, suite aux réformes économiques, il y
aurait des capacités pour à peu près 1 500 000 qui
seraient fermées et, également, la reprise un peu graduelle de
l'économie dans ces pays ferait en sorte que la demande augmenterait.
Donc, la prévision qui est ici présume une stabilisation de la
situation à court terme du côté de la Communauté des
États indépendants.
Le Président (M. Gobé): Merci. M. le
président, vous avez la parole.
M. Drouin: Alors, un dernier commentaire sur un document, celui
de la marge bénéficiaire. M. Pierre Bolduc.
Le Président (M. Gobé): M. Bolduc.
M. Bolduc: on nous avait posé la question à savoir
comment s'expliquait la différence entre la marge
bénéficiaire de 17 % associée à l'ensemble des
ventes d'hydro-québec, compte tenu que certains contrats, en particulier
les contrats à partage de risques et les exportations, ne sont pas
comptabilisés sur la même base que les ventes assujetties au
règlement tarifaire d'hydro-québec. les ventes assujetties au
règlement tarifaire, en 1992, donnaient une marge
bénéficiaire de 17 %. en introduisant l'effet des contrats
à partage de risques et des exportations, cette marge
bénéficiaire est réduite à 10,7 %. l'explication de
ce phénomène provient du déficit des contrats à
partage de risques dont nous avons déjà parlé, qui baisse
la marge bénéficiaire globale de 4 %, et aussi d'une
rentabilité négative en 1992 sur les contrats d'exportation, qui
baisse la marge bénéficiaire de 2,3 %. donc, ceci explique le
passage de 17 % à 10,7 %. il est opportun de situer le
phénomène de baisse de marge bénéficiaire
associé à l'effet des contrats d'exportation, qui est un
phénomène de nature plutôt comptable qu'économique.
c'est que les activités d'exportation d'hydro-québec sont
évaluées en fonction d'amortissements de tous les investissements
d'intercon-nections et de lignes de transport, qui se font sur une base
linéaire à long terme. ceci veut dire que, pendant les
années où nous avons des surplus importants, évidemment,
il se dégage des marges bénéficiaires très
élevées. durant les années d'hydraulicité moins
forte, où nous exportons beaucoup moins, la marge
bénéficiaire diminue, d'une part.
Un autre élément qui explique cette marge
bénéficiaire réduite, c'est qu'un de nos principaux
contrats actuels, qui est la vente d'énergie en Nouvelle-Angleterre, se
fait en fonction de prix indexés au coût des sources thermiques
d'énergie, qui sont actuellement à un niveau très bas,
donc, qui produisent des revenus relativement moins élevés. (15 h
50) dans une perspective à plus long terme, vous avez, avec le document,
un tableau qui montre l'évolution de la marge bénéficiaire
des exportations d'hydro-québec depuis 1983. et on voit que cette
activité a produit des bénéfices nets cumulatifs de 1 200
000 000 $ sur la période et des marges bénéficiaires
dépassant généralement 30 % lorsque nous exportions des
quantités importantes. donc, les équipements que nous
amortissons, sur le plan comptable d'année en année, ont
déjà été payés bien des fois. en termes
économiques, la rentabilité est évidente. en termes
comptables, l'année 1992 présente cette rentabilité
réduite, à cause des facteurs que je viens d'expliquer.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci beaucoup. M.
Drouin, vous avez la parole.
M. Drouin: Alors, M. le Président, ça termine les
commentaires que nous voulions faire à l'égard du
dépôt de documents que vous nous avez autorisés à
faire au début de la séance.
Le Président (M. Gobé): Alors, je vous remercie
beaucoup. Est-ce que je dois comprendre que cela met fin à votre
présentation, et que nous pouvons passer à la période de
discussion?
M. Drouin: C'est exact.
Le Président (M. Gobé): Alors, c'est très
bien. Donc, avant de passer à cette période, je rappellerai que,
suite à une entente intervenue entre les membres de la commission, au
début de la séance, chacun des groupes disposera de 50 minutes
environ, par tranches de 30 minutes, pour commencer par le gouvernement,
ensuite, l'Opposition. Le député indépendant de Drummond
aura, lui, 10 minutes. Par la suite, nous reviendrons du côté du
gouvernement. À ce moment-là, je regarderai le temps qui reste
jusqu'à 18 heures, pour le répartir équi-tablement, en
tenant compte des intérêts de l'Opposition et du gouvernement, et
en tenant compte aussi que M. le député de Drummond a
demandé aussi à avoir quelques minutes par la suite. Alors, vu
qu'il y a consensus sur cette entente, on va pouvoir maintenant commencer, et
je demanderais à Mme la vice-première ministre de bien vouloir
prendre la parole.
Période de questions
Contribution des intervenants à la
consultation
Mme Bacon: Merci, M. le Président. Il y a certains
intervenants qui remettent en cause le processus de consultation qui a
mené à la proposition du plan de développement, dans la
mesure où les participants n'avaient pas nécessairement les
connaissances requises pour porter un jugement éclairé en la
matière. Après l'expérience que vient de vivre
Hydro-Québec, quel jugement portez-vous sur la contribution des
intervenants et sur le processus de consultation, notamment en ce qui concerne
la permanence d'un tel processus?
M. Drouin: Ma réponse instantanée, c'est: Positif,
une expérience positive, dans le sens où, premièrement,
nous avons pu, à Hydro-Québec, permettre un échange
très fructueux entre les différents intervenants et le personnel
d'Hydro-Québec chargé de la consultation. J'ai, pour ma part, M.
le Président, assisté aux séances préliminaires de
mise en place du processus de consultation. Nous avions invité une
centaine de groupes à participer à cette consultation. Il y en a
près de 70 qui y ont participé très activement, et je dois
vous dire que l'atmosphère et la convivialité se sont
développées au fur et à mesure que la consultation s'est
déroulée.
Nous avons commencé, si je me rappelle bien, en novembre 1991;
ça s'est déroulé jusqu'au mois de juin 1992, et on a eu
l'occasion de les rencontrer, d'abord au début, et, par la suite, dans
la présentation de certains mémoires qu'ils ont voulu faire
directement à la haute direction d'Hydro-Québec. Nous en retenons
donc qu'il s'agit d'une expérience positive; positive, parce qu'elle
a permis, tant du côté des groupes consultés,
d'échanger, d'obtenir de l'information d'Hydro-Québec sur les
différents sujets consultés. Et, à ce sujet-là, le
simple fait que nous ayons mis de l'avant quatre sujets importants de
consultation, à savoir: l'efficacité énergétique,
les industries à forte consommation, les exportations, les moyens de
production, ça a développé une crédibilité
à l'égard du processus.
Finalement, en toute dernière ligne, au mois de novembre dernier,
une heure avant de présenter au grand public notre proposition de plan
de développement, nous nous sommes présentés pour faire
part du résultat de la consultation aux groupes consultés.
D'abord, ils y étaient en très grand nombre, et ils nous ont
manifesté sans équivoque, pour la très grande part d'eux,
leur très grande satisfaction relativement au processus. Donc, en
conclusion sur la question de Mme la ministre, je dois dire que c'est positif;
nous croyons au processus; nous croyons que nous pouvons en tirer un grand
avantage en obtenant des suggestions de la part de ceux qui sont
consultés, et nous croyons également qu'Hydro-Québec a
avantage à faire connaître mieux à ces groupes sa
façon de planifier, sa façon de prévoir l'offre et la
demande et sa façon de faire des études économiques et de
les faire comprendre par ces groupes-là.
Planification intégrée des ressources
Mme Bacon: II y a beaucoup d'intervenants à cette
commission qui se sont exprimés sur la question de la planification
intégrée des ressources, comme voie privilégiée
pour satisfaire les besoins énergétiques au moindre coût et
de façon plus acceptable socialement. Ces intervenants rappelaient que
l'approche en question est maintenant employée par Ontario Hydro, ainsi
que par plusieurs utilités publiques américaines.
J'ai plusieurs volets dans ma question, mais je pense que vous
êtes capable de réunir une bonne réponse. Quels sont les
moyens envisagés par Hydro-Québec pour intégrer davantage
cette approche à ses mécanismes de planification, et dans quelles
mesures les divers intervenants intéressés au domaine des
external ités seront intégrés au processus d'études
et d'analyses d'Hy-dro-Québec?
M. Drouin: M. le Président, j'ai l'occasion, sur une base
régulière, de participer à un comité mis en place
par Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources, qui est un
groupe-conseil qui s'est penché sur le dossier de l'efficacité
énergétique et qui a reçu un mandat additionnel
relativement à la planification intégrée des ressources.
Au premier chef, je l'ai mentionné dans l'énoncé que j'ai
fait en début de séance, nous sommes d'accord avec le concept de
la planification intégrée des ressources. Nous aurions voulu
mettre dans notre texte que nous nous sommes conformés au concept de la
planification intégrée des ressources, mais ça aurait
été trop, que de dire ça, parce que nous n'avons pas
encore atteint le degré de connaissance et de raffinement qui nous
permet de dire que nous avons produit un plan de développement ou une
proposition de plan qui répond à tous les concepts de la
planification intégrée des ressources. La planification
intégrée des ressources, pour nous, est la voie de l'avenir, en
termes de planification, parce qu'elle ne consiste pas uniquement à
planifier un produit d'électricité au moindre coût, mais
à tenir compte de tous les coûts, y inclus les coûts sociaux
reliés au développement des ressources.
Deuxièmement, je pense que, cette partie-là, nous en avons
tenu compte d'une façon bien complète dans notre plan, celui de
tenir compte du dossier d'efficacité énergétique et
d'intégrer dans l'offre que nous planifions tout notre dossier
d'efficacité énergétique comme faisant partie des moyens
de l'offre de l'entreprise.
L'autre aspect qui fait partie de la planification
intégrée des ressources qui nous apparaît très
important, c'est la consultation parce qu'une planification
intégrée des ressources sans consultation empêche
l'entreprise d'obtenir les intrants justement sociaux, économiques,
environnementaux qui peuvent nous parvenir de l'extérieur.
Finalement, vous l'avez mentionné, celui du dossier des external
ités. Je l'ai évoqué également dans
l'énoncé du début. Sur le plan des externalités, je
pense qu'il y a beaucoup de travail à faire parce que ce qui a
été fait en Amérique du Nord ne répond pas
nécessairement à notre conception des externalités sur le
plan de la fourniture de l'électricité à même les
ressources hydrauliques. Là où on a tenu compte des
externalités, dans la plupart des cas, c'est au niveau, bien sûr,
des émissions de CO2 dans l'atmosphère et, par
conséquent, de la pollution, et on attribue un facteur à cette
source d'énergie, entre guillements, polluante, de façon à
ce que le prix en soit plus élevé et que les argents
consacrés à l'efficacité énergétique soient
plus élevés aussi et, par conséquent, donnent de meilleurs
résultats. Ça, cette partie-là, M. le Président,
ça reste pour nous à définir, à bien concevoir
comment on peut ajuster le dossier des externalités à celui d'une
production hydroélectrique. (16 heures)
Évaluation des programmes d'efficacité
énergétique
Mme Bacon: Tout en souscrivant à l'objectif
d'économie d'énergie d'Hydro-Québec, l'Association des
ingénieurs-conseils du Québec a souligné, devant les
membres de la commission, l'importance d'un suivi rigoureux de ce programme
d'économies d'énergie et, à ce titre, les activités
d'Hydro-Québec laissent perplexes certains intervenants. Moi, j'aimerais
savoir de vous quelles sont les démarches que vous avez entreprises en
ce qui concerne les économies d'énergie?
M. Drouin: Je vais demander à M. Bolduc de répondre
à cette question, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): M. Bolduc, si vous voulez
prendre la parole.
M. Bolduc: M. le Président, il est tout à fait
exact que l'évaluation des résultats d'un programme
d'efficacité énergétique pose un défi majeur. Les
kilowattheures économisés ne peuvent pas être
mesurés sur un compteur comme les kilowattheures vendus. Ils sont le
résultat d'une série d'efforts qui dépasse plusieurs
disciplines, à partir des communications, de la formation, de la
sensibilisation aux comportements des consommateurs et, évidemment, tout
le volet technique des appareils et des matériaux qui servent à
augmenter l'efficacité énergétique et dépendent
beaucoup du comportement et de l'utilisation que les gens vont faire des
résultats des programmes commerciaux d'Hydro-Qué-bec, ainsi que
de leur permanence, c'est-à-dire: est-ce que les gens vont continuer,
pendant des périodes aussi longues que prévues, d'utiliser et de
mettre en application les mesures d'efficacité énergétique
préconisées?
Hydro-Québec a suivi de très près
l'évolution de la nouvelle science qu'on peut appeler de cette
façon, de l'évaluation d'impacts des programmes
d'efficacité énergétique. Plusieurs États
américains ont développé quelques années d'avance
sur nous, et le savoir-faire le plus respecté et le plus universellement
accepté dans ce domaine est maintenant disponible. Pour mesurer le
résultat de nos programmes actuels, nous avons préparé,
depuis environ six mois, un appel de proposition à des firmes qui
seraient formées de consortium des entreprises américaines les
plus avancées dans le domaine et d'entreprises québécoises
capables d'accepter un transfert technologique pour devenir des experts en
évaluation impartiale et scientifique de l'efficacité
énergétique.
Nous avons reçu, il y a trois semaines, les propositions des
firmes intéressées à effectuer ce travail et nous allons
adjuger les contrats dans les quelques semaines qui viennent. À partir
de ces contrats, neuf de nos principaux programmes d'efficacité
énergétique vont être évalués
scientifiquement et objectivement d'ici la fin de l'année 1993 pour
venir confirmer ou ajuster nos évaluations provisoires de
résultats. Et, en même temps, tous les nouveaux programmes qui
sont maintenant lancés vont être adaptés, au moment
même du développement et du lancement des programmes, à une
méthodologie d'évaluation qui va être prévue
à l'avance dans le déroulement de ces programmes.
C'est évident que c'est un défi majeur. Je pense que
toutes les entreprises québécoises qui vont participer à
cet ensemble de contrats et à ce transfert technologique vont nous
amener des résultats dans lesquels, l'an prochain, nous seront à
même, je pense, de vous donner une évaluation et un degré
de satisfaction et de confiance aussi élevé que n'importe quelle
autre entreprise en Amérique du Nord là-dessus.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Bolduc. Mme la
ministre.
Mme Bacon: Merci, M. le Président. La
Fédération nationale des associations des consommateurs du
Québec a présenté, dans son mémoire, ses
préoccupations à l'égard de la proposition du plan de
développe- ment sous l'angle des familles à faibles revenus. Elle
mentionnait, notamment, l'impact important des coûts de l'énergie
sur les revenus de ces familles, faisait état, aussi, de la condition
souvent précaire de l'enveloppe thermique de leur logement, et elle
parlait même de la salubrité énergétique des
logements. Dans le cadre de son projet d'efficacité
énergétique, est-ce que vous pourriez nous indiquer de quelle
façon Hydro-Québec a pris en compte la question de
l'amélioration de l'enveloppe thermique des logements et,
peut-être, nous préciser si une attention particulière a
été portée aux parcs de logements loués à
des fins résidentielles?
M. Bolduc: M. le Président, nous avons exploré
différents programmes d'efficacité énergétique en
fonction de catégories particulières de clientèles et il y
a eu des expériences de cette nature également mises en place aux
États-Unis. Et, dans le cadre de la planification plus complète
des prochains programmes d'efficacité énergétique, nous
comptons regarder de très près, d'une part, la priorité,
la priorisation des secteurs où nos programmes d'efficacité
énergétique vont être amenés à apporter le
plus rapidement des résultats. Nous voyons, actuellement, une
préférence, en termes de stratégie et d'optimisation, vers
des programmes universels, mais nous pensons que les programmes peuvent
être amorcés et mis en place en priorité dans les secteurs
où les besoins sont les plus forts en termes de certains quartiers ou de
certaines régions du Québec où le potentiel
d'économie d'énergie va très rapidement donner des
résultats. Et souvent, dans la plupart des cas, ces priorisations
coïncident avec des clientèles de milieux moins favorisés
qui vont leur permettre d'en bénéficier plus rapidement.
Ce ne seront donc pas des programmes axés spécialement sur
une catégorie de clientèle, mais axés sur des secteurs ou
des régions qui vont en bénéficier le plus rapidement. Et,
dans le cadre d'isolation de maisons, je pense que nous avons
déjà constaté qu'il ne serait pas très rentable
d'avoir des programmes massifs d'isolation de maisons en maçonnerie ou
en brique et ainsi de suite, mais les maisons, surtout dans les secteurs
ruraux, qui sont en bois ou en matériaux moins difficiles à
modifier feront l'objet de programmes qui devraient amener des résultats
dans le sens qui est demandé ici.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Bolduc.
Combustibles fossiles
Mme Bacon: L'École polytechnique nous a fait remarquer
qu'Hydro-Québec avait négligé, dans sa proposition du
plan, la substitution d'électricité par les combustibles
fossiles. Selon l'École polytechnique, la structure tarifaire actuelle
continue d'encourager la pénétration du chauffage à
l'électricité qui est responsable d'une forte demande en
énergie, en puissance à installer, et des problèmes
d'appoint. Avec un coût marginal de l'électricité pour le
chauffage de 0,092 $ du kilowattheure et un prix de vente de 0,054 $,
l'École
considère que la poursuite d'une telle approche est
coûteuse socialement et s'effectue au détriment des producteurs
d'hydrocarbure et de l'ensemble des contribuables. Est-ce que vous pourriez
nous exposer les motifs qui ont conduit Hydro-Québec à ne pas
retenir la substitution comme étant une option valable à son
plan?
M. Bolduc: Oui. M. le Président, Hydro-Québec a
tenté, au cours des derniers mois, d'évaluer de façon
très, très poussée, en tenant compte des plus
récentes tendances des prix des combustibles, la rentabilité
d'une substitution ou la rentabilité comparative des différentes
formes d'énergie pour la société, c'est-à-dire en
ne prenant pas en compte seulement le tarif payé par le client mais en
tenant compte du coût marginal de chacune des formes d'énergie,
donc en tenant compte d'un chiffre correspondant aux 0,092 $ du kilowattheure
pour le chauffage résidentiel. Et, en incorporant à l'ensemble de
cette étude-là, évidemment, des coûts d'installation
qui sont toujours relativement plus élevés pour des formes de
chauffage autres qu'électriques, nous arrivons à la constatation
que les résultats sont pratiquement égaux, c'est-à-dire
qu'il est très difficile d'affirmer avec certitude qu'une solution est
plus rentable que l'autre pour la société et, évidemment,
tout ça dépend d'une très grande dépendance de la
variation future des prix des combustibles.
Pour cette raison-là, nous ne nous sentons pas, à
Hydro-Québec, capables ou nous ne pensons pas qu'il serait responsable
de notre part de trancher, au nom de nos clients, dans une situation quasi
égale et avec beaucoup d'incertitude. Nous préférons
laisser les lois du marché jouer en fonction des signaux de prix que
nous tentons d'améliorer constamment. Nos recommandations, en
tarification différenciée dans le temps, en tarification
saisonnière dans certains secteurs et en augmentant la dernière
tranche du tarif résidentiel, vont justement dans le sens de donner
à la clientèle un meilleur signal de prix. (16 h 10)
Nous remarquons cependant que, dans le secteur commercial où le
signal de prix est déjà très, très clair, où
le coût de chauffage électrique est beaucoup plus
élevé pour un client que le coût de chauffage au gaz
naturel, par exemple, ça n'amène pas de façon massive les
clients à substituer le gaz naturel à
l'électricité. Et les autres avantages que le client
perçoit dans le chauffage électrique semblent l'amener à
maintenir quand même son choix dans ce sens-là.
L'autre volet qui nous est de plus en plus évident, c'est que,
dans la nouvelle construction, surtout la nouvelle construction
résidentielle, les promoteurs, les entrepreneurs ne veulent pas ajouter
au coût des maisons les 20 % ou 30 % additionnels que représente,
au niveau du chauffage, l'installation de systèmes centraux de chauffage
parce que le marché résidentiel n'accepterait tout simplement pas
d'acheter des maisons à ces prix-là. Donc, il est
extrêmement difficile de forcer une substitution et, pour l'ensemble de
ces raisons-là, la seule forme de substitution que nous continuons
à promouvoir, c'est celle de la biénergie qui, en
général, s'adresse à des clientèles qui, sans nos
programmes et nos subventions en biénergie, deviendraient des
clientèles à chauffage électrique. Donc, par la promotion
de la biénergie dans les résidences et les installations
existantes, nous pratiquons une forme de substitution, mais c'est la seule qui
nous paraît raisonnablement à conseiller et rentable autant pour
le client que pour la société.
Mme Bacon: Dans le cadre, encore une fois, des travaux de la
commission, l'Association de l'huile à chauffage du Québec,
l'Association des distributeurs indépendants des produits
pétroliers ont présenté une offre de partenariat faite
à Hydro-Québec dans le cadre du programme biénergie
résidentielle. Et cette offre-là s'inscrivait dans le programme
actuel d'Hydro-Québec et impliquait une participation financière
des membres de ces associations pétrolières. Et, selon elles,
HydroQuébec a rejeté je m'excuse de vous le dire, M. le
président de façon cavalière leur offre. C'est ce
qu'on nous a dit.
Alors, pourriez-vous expliquer à cette commission les raisons qui
motivent la décision d'Hydro-Québec? Et, du point de vue des
clients, est-ce que l'offre faite par les associations
pétrolières aurait présenté certains attraits,
même si vous n'aviez pas envie de les accepter?
Le Président (M. Gobé): M. le président. M.
Bolduc?
M. Bolduc: Nous sommes très intéressés
à un partenariat avec les distributeurs de produits pétroliers et
nous avons, pendant plusieurs années, fonctionné sur la base de
ce partenariat. Récemment, les distributeurs de produits
pétroliers ont exercé beaucoup de pression pour que nous
modifiions les conditions du programme biénergie, de façon
à augmenter sensiblement la consommation de mazout, c'est-à-dire
qu'au lieu d'avoir une consommation de mazout correspondant à nos
périodes de pointe où, en termes énergétiques
globaux, pour la société, ça constitue une solution
optimale, ils suggéraient que nous augmentions la température
à laquelle la transition se fait vers le chauffage au mazout. Ça
voudrait dire, par exemple, qu'une journée où il fait à
peu près zéro degré, comme aujourd'hui, on chaufferait
encore au mazout au lieu de chauffer à l'électricité.
Cet ajustement des programmes démolit pratiquement toute la
rentabilité et le sens économique d'une formule biénergie
telle que nous la préconisons. Beaucoup de tests et d'analyses de
marché ont indiqué que, dans des conditions comme
celle-là, les clients préféraient s'en aller au tout
à l'électricité. Donc, ça serait, je dirais,
autodestructeur pour le marché des distributeurs pétroliers parce
que, plus on pousse les gens vers une solution qui utilise moins
d'électricité et plus de mazout, plus ils ont tendance, à
cause des autres avantages, à s'en aller tout électrique, ce qui
éliminerait complètement le marché des
pétrolières dans ce sens-là.
Alors, nos discussions avec les pétrolières ont
malheureusement achoppé sur ce point-là qui nous paraît
extrêmement crucial et stratégique dans tout le
déroulement d'un programme comme celui de la biénergie. Nous
espérons reprendre le dialogue sur une base, disons, de respect mutuel
de certains principes de base et je pense que, compte tenu de
l'énoncé que nous faisons maintenant et que nous avons
répété, on pourra reprendre avec eux le dialogue pour un
certain partenariat dans les années qui viennent.
Mme Bacon: D'accord.
Le Président (M. Gobé): Merci. Madame...
Mme Bacon: J'ai encore du temps?
Le Président (M. Gobé): II vous reste cinq
minutes.
Aménagement de l'Ashuapmushuan et fonds de
développement régional
Mme Bacon: Au niveau des moyens de production, on a eu le
Regroupement pour la protection de l'Ashuapmushuan qui, évidemment,
s'oppose fermement à tout développement hydroélectrique de
cette rivière et mentionne l'existence d'alternatives. Et une de ces
alternatives consiste à optimiser le potentiel de production
hydroélectrique de rivières déjà
harnachées.
Dans la région du SaguenayLac-Saint-Jean, on nous a
parlé de la rivière Péribonka qui répond à
cette condition et présente encore un potentiel hydroélectrique
à exploiter évalué à 392 MW. Et le Regroupement a
fait d'ailleurs état du peu d'études qui ont été
réalisées sur la Péribonka: environ 700 000 $ qui ont
été dépensés en études, quand on les compare
à 30 000 000 $ qui ont été consacrés à
l'Ashuapmushuan. Alors, qu'est-ce qui a incité Hydro-Québec
à concentrer ses études sur la rivière Ashuapmushuan tout
en délaissant d'autres rivières qui semblent aussi avoir un
potentiel intéressant?
M. Drouin: Je vais demander à M. Couture de
répondre à cette question.
Le Président (M. Gobé): M. Couture, vous avez la
parole.
M. Couture: M. le Président, Mme la ministre, nous
poursuivons des études sur les deux rivières et
l'intérêt plus grand, peut-être, pour l'Ashuapmushuan est
qu'il nous apparaît, au moment précis d'aujourd'hui, que
l'énergie produite par cette rivière serait sensiblement plus
économique que celle qui pourrait être produite par la
Péribonka. Mais nous poursuivons les études sur la rivière
Péribonka également. Il y a un site qui est disponible et qui
s'insère à l'intérieur de centrales qui sont la
propriété d'Alcan. Alors, pour être capable d'opérer
une centrale sur la Péribonka de façon raisonnable, il faut
prendre des arrangements sur l'utilisation de l'eau en différents temps
de l'année. Et les contraintes d'Alcan et les contraintes
d'Hydro-Québec ne sont pas les mêmes, c'est-à-dire qu'on
gère surtout la Péribonka actuellement en fonction des niveaux
d'eau du lac Saint-Jean. Alors, ça nous crée des contraintes et
ça augmente, en fait, le prix de revient moyen du kilowattheure de cette
rivière. Mais, tant que nos études ne seront pas
terminées, nous n'aurons pas un signal exact du prix de revient de
l'énergie qui pourrait être développée sur la
Péribonka.
Alors, lorsque nous aurons ces chiffres-là, bien entendu, nous
allons considérer un tel développement à
l'intérieur d'un programme d'équipement en fonction de l'ordre de
priorités, selon le prix de revient. Et si l'Ashuapmushuan, dont les
études d'avant-projet sont en cours, continue de montrer un coût
de revient très bas, à ce moment-là, il y aura des
décisions à prendre parce que, notre compréhension, c'est
que, comme il y a beaucoup de gens qui s'y opposent, il y a beaucoup de gens
aussi qui aimeraient qu'on la développe. Alors, il y aura une
décision sans doute difficile à prendre, à savoir si
l'avantage économique de développer l'Ashuapmushuan devra
être fait en priorité par rapport à d'autres
rivières au Québec.
Mme Bacon: Au niveau du développement régional,
encore au cours de cette commission parlementaire, il y a plusieurs groupes qui
ont indiqué la nécessité de créer un fonds de
développement régional et il y en a certains qui ont
demandé la création d'un fonds permanent qui serait
autogéré par le milieu, alimenté par une mise de fonds
initiale, des entrées récurrentes provenant de revenus qui sont
générés par le projet comme, par exemple,
Ashuapmushuan.
L'argumentation sur laquelle ces gens-là s'appuient est à
l'effet de privilégier un développement économique de long
terme pour leur communauté plutôt qu'un baume économique
fini dans le temps et suscité par la construction des moyens de
production. Les intervenants jugent aussi que la proposition actuelle
d'Hydro-Québec, en regard de l'élargissement du champ
d'application du programme de mise en valeur pour englober des mesures
liées au développement régional, est insuffisante. Comment
accueillez-vous cette proposition et comment pourrait-elle, par exemple,
s'insérer au sein d'une composante de développement
économique du programme de mise en valeur? (16 h 20)
M. Drouin: D'abord, premièrement, M. le Président,
c'est clair qu'Hydro-Québec veut s'impliquer davantage et
s'intégrer davantage dans le développement régional et
être partie un peu avec les différents milieux impliqués,
que ce soient les MRC, que ce soient les municipalités ou, enfin, tous
les intervenants régionaux. Seulement, il faut bien comprendre et
je pense que je l'ai souligné au début qu'il y a certaines
limites et beaucoup de limites à ce qu'Hydro-Québec peut faire
dans l'ensemble de la société québécoise. Certains,
au cours de cette commission parlementaire, nous ont fait la suggestion de nous
occuper uniquement de l'électricité, de la fourniture de
l'électricité et d'agir comme une compagnie
d'électricité, point. D'autres ont dit que nous
devrions être plus impliqués dans les milieux culturels et
artistiques, à certains moments donnés. on vient avec le
développement régional; on vient avec des subventions aux
industries. il y a une série de choses. et je regardais à tous
les jours les demandes qui sont faites ou les suggestions qui sont faites. rien
ne se perd, puis rien ne se crée dans ce bas monde. et c'est clair que
si nous devions mettre 2 %, 3 %, 5 % des coûts des projets dans un fonds
de développement régional, bien, évidemment, c'est parce
qu'on va récupérer ces 2 %, 3 % ou 5 % de notre
société québécoise, soit par la tarification ou par
d'autres moyens pour percevoir des fonds. jusqu'où on veut qu'on aille,
hydro-québec, en termes de la mission de développement
économique? on reconnaît qu'on a un rôle à jouer et
qu'on doit s'intégrer dans cette dynamique de développement
régional. mais je pense qu'il y a des limites à ça, sinon,
c'est la société québécoise qui va payer pour.
peut-être que c'est ça, mais on croit que c'est mieux de
générer des fonds additionnels pour le gouvernement du
québec qui, à son tour, avec les élus, peuvent en faire la
redistribution à bon escient, suivant les politiques de ce
gouvernement-là. vous savez, nous générons 1 300 000 000 $
de profits à l'intérieur de la société
hydro-québec, actuellement. nous en versons, comme vous le savez,
quelque 600 000 000 $ au gouvernement sous forme de redevances, taxes et
droits. évidemment, dans les équilibres du gouvernement, les 700
000 000 $ de profits nets sont, bien sûr, des profits comme dans
n'importe quelle autre entreprise, mais c'est clair, que si on verse 5 % ici, 3
% là, ça va diminuer quelque part et, à ce
moment-là, le tarif va augmenter ailleurs, et puis on va être dans
une situation où, finalement, on jouera le rôle d'agent de
développement économique parallèle à celui de
fournisseur de l'énergie hydroélectrique.
Nous, on pense que c'est intéressant dans la mesure où on
a mis 1 % ou 2 % au niveau de la valeur environnementale qu'on veut
élargir au niveau du développement économique, parce qu'on
pense que, au cours des dernières années, on a eu des suggestions
intéressantes de la part des régions sur des projets qui
dépassent les projets à nature environnementale. Mais, aller
participer à un fonds de développement régional, on aurait
beaucoup d'hésitation, je pense, à cause des implications
financières que ça occasionne pour l'entreprise et pour le
Québec.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Drouin. Cela met
fin à la première période de 30 minutes allouée du
côté du gouvernement. Je vais donc maintenant passer du
côté de l'Opposition et c'est Mme la députée de
Taillon qui va donc être la porte-parole pour l'Opposition. Madame.
Mme Marois: Alors, je vous remercie, M. le Président.
Ça me fait plaisir de vous saluer à mon tour. Je voudrais, bien
sûr, d'abord, excuser mon collègue, le député de
Joliette, leader de l'Opposition et porte-parole en matière
énergétique, parce qu'il est retenu en Chambre, à ce
moment-ci, ce qui explique qu'il ne soit pas là.
M. Jolivet: II critique le gouvernement.
Mme Marois: Qui en a bien besoin! Cela étant dit, je vais
donc tenter de prendre la relève avec mes collègues et voir avec
vous à soulever un certain nombre de questions qui nous
préoccupent de ce côté-ci de la table et sur lesquelles
nous aimerions pouvoir revenir avec vous. Je pense que, le président de
la société me connaissant un peu, il ne va pas s'étonner
de ma première remarque. Et ce sera une remarque, parce que je sais que,
demain, on va aborder la question, mais je ne peux pas m'empêcher de la
faire. Je regarde la liste des personnes qui l'accompagnent. Je vois 11
personnes qui semblent toutes aussi compétentes et
représentatives de l'institution, je n'ai aucun doute à ce sujet,
mais qui sont tous bien cravatés, puisque ce sont tous des
vice-présidents et, dans ce sens-là, je trouve que d'une
année à l'autre, parce que j'ai eu l'occasion d'être
là à d'autres moments, aussi, à cette commission, il n'y a
pas beaucoup de changement. Je sais qu'on va revenir sur cette question demain.
Peut-être que le président pourra nous parler longuement des
programmes qui s'appliquent au sein de la société et qui
permettent à des femmes d'occuper des postes de responsabilité
dans son organisation. N'est-ce pas? Je pense que ce serait intéressant
que les gens de la commission sachent ce qu'il fait à cet égard
au sein de son organisation.
Consensus issus de la consultation
Cela étant dit, j'aimerais revenir un petit peu sur les consensus
qui se sont dégagés par les différents mémoires qui
ont été présentés. Je vais juste rapidement en
mentionner un certain nombre et, par la suite, je viendrai avec des questions
un petit peu plus pointues.
D'abord, je pense que ça fait quasi unanimité, je dirais,
le fait qu'on souhaite un débat élargi sur toute la
problématique énergétique. Je suis bien consciente
qu'Hydro-Québec a une grande responsabilité, bien sûr, dans
la contribution à ce débat que nous pourrions avoir, mais,
évidemment, un certain nombre de groupes qui sont venus ont
mentionné et je pense que c'était légitime de le
faire que ça risquait de mettre la société,
jusqu'à un certain point, dans un conflit, si on lui demandait à
elle de tenir ce débat-là ou de l'engager, et, donc, qu'on devait
le dégager peut-être de la société, mais que ce
débat ait lieu, sur tout ce qui concerne notre avenir
énergétique.
Un deuxième élément a fait largement consensus
consensus, disons... oui, consensus, mais pas unanimité, bien
sûr la création d'une commission sur l'énergie.
Là aussi, ça a été présenté par un
bon nombre d'organismes qui ont défendu des mémoires devant
nous.
Vous avez abordé tout à l'heure la planification
intégrée des ressources. Ça, c'est venu d'une façon
à peu près systématique, de la part des groupes qui se
préoccupent, bien sûr, d'environnement, mais d'économie
d'énergie, de planification en général, au plan
énergétique. J'y reviendrai; je sais que vous l'avez
abordé dans votre présentation avec la ministre, mais
j'aimerais qu'on pousse un petit peu plus loin.
Une certaine incrédulité vis-à-vis les objectifs
d'efficacité énergétique. On nous a redéposé
des documents aujourd'hui. Évidemment, vous comprendrez qu'on n'a pas pu
les lire. Vous nous les avez présentés sommairement. Je
reviendrai avec des éléments un petit peu plus précis.
Évidemment, l'impopularité du tarif saisonnier pour la grande
industrie, on l'a abordée un petit peu. L'isolation thermique des
bâtiments, la ministre y faisait référence tout à
l'heure. Plusieurs mémoires ont appelé au renforcement de normes
d'isolation qui serait un des meilleurs moyens d'économiser
l'énergie. Vous avez parlé du fait qu'on ait une approche
peut-être plus ciblée qu'universelle à cet
égard-là. Ce serait intéressant, peut-être, d'y
revenir. La question de la rentabilité des contrats à partage de
risques. Je sais que vous nous avez déposé, là encore, des
documents. Mais, si je ne m'abuse, la demande portait et là,
évidemment, je suis arrivée à la commission après
qu'elle eut débuté ses travaux, à titre de porte-parole en
matière environnementale, donc il y a peut-être un certain nombre
d'informations qui m'ont échappé au départ. Mais il me
semble que mon collègue avait souhaité qu'on ait des
prévisions quant à l'impact des contrats jusqu'à l'an
2000, si je ne m'abuse. Alors, ce serait intéressant que vous nous en
reparliez. Je vais revenir avec des questions précises sur cela.
Évidemment, le président de la société, M.
Drouin, en faisait état, les ponctions gouvernementales qui sont faites,
soit sous forme de taxe sur le capital, ou frais de garantie imposés par
le gouvernement, qui ont un impact sur la marge de manoeuvre
d'Hydro-Québec. Des doutes ont été exprimés aussi
quant au maintien des tarifs sur le niveau d'inflation. Ce sont, je pense, un
certain nombre de consensus ou d'éléments qui sont revenus
très largement appuyés par un certain nombre de groupes. Sur
chacune de ces questions, je pourrai revenir.
Ma première question, plus globale, c'est évident
qu'Hydro-Québec ne peut pas répondre à toutes les demandes
qui sont présentées là, et on peut le comprendre aussi.
Mais, ce que je voudrais savoir, puisque c'est évident que vous avez
procédé à l'analyse de chacun des mémoires et, de
toute façon, c'est votre responsabilité de le faire et ça
va de soi: Qu'est-ce que vous avez l'intention si vous avez l'intention
de le faire de modifier très concrètement et je dis
«très concrètement» dans votre proposition de
plan de développement pour tenir compte, justement, de certaines des
recommandations des groupes qui sont venus nous faire des propositions ici? (16
h 30)
M. Drouin: Écoutez, ce que j'ai mentionné au
début de notre présentation, c'est que nous avons, bien
sûr... Notre proposition était sur la table, il y a des
suggestions qui sont faites. Bien sûr, le gouvernement doit réagir
à ces commentaires qui ont été faits et à notre
proposition. Nous, on se dit prêts, et nous examinons l'ensemble des
suggestions qui sont faites pour s'assurer que, dans la mesure du possible, les
suggestions qui peuvent être faites à des coûts acceptables
seront incorporées dans la mesure où on y croit.
Il y a des choses sur lesquelles on a répondu très
clairement. La substitution, on n'y croit pas. Si la politique gouvernementale
en matière d'énergie devait changer et nous amener à la
substitution, on devra réviser notre position. Mais il y a des choses
sur lesquelles c'est clair en termes de position qu'on a prise. Sur le reste,
nous demeurons tout à fait ouverts à des discussions avec la
ministre de l'Énergie et le gouvernement relativement à des
dossiers qui ont été présentés ici, en commission
parlementaire. Nous en ferons l'étude, nous compléterons cette
étude à l'aide des présentations qui ont été
faites, parce que plusieurs des présentations ajoutaient aux
mémoires qui avaient été d'abord présentés,
et on fera, à ce moment-là, le nécessaire pour s'assurer
que l'on puisse implanter ce qui est possible d'implanter et ce qui, bien
sûr, est utile d'implanter.
Mme Marois: Je comprends bien votre réponse, mais elle ne
me satisfait pas. Bon. Vous nous dites: II y a des choses auxquelles on ne
croit pas: la substitution. Parfait, c'est clair. On n'y croit pas; la
démonstration ne nous apparaît pas suffisante, etc. C'est ce que
vous nous dites. Parfait. Mais il y a des choses précises, et je vais
revenir sur un des points que je soulevais tout à l'heure dans mon
intervention, l'impopularité du tarif saisonnier pour la grande
industrie.
M. Drouin: On ne l'a pas implanté. Alors, il n'est pas
question pour nous autres, à ce moment-ci... On a dit qu'on en ferait la
discussion avec la grande industrie et qu'il n'était pas question pour
nous autres de l'implanter au mois de mai tel que prévu. Donc, c'est un
dossier qui est tout à fait, tout à fait en discussion. Pour
nous, ce serait très malaisé d'implanter un tarif qui ne serait
pas accepté par un groupe de consommateurs. On pense qu'il y a quelque
chose d'intéressant, on pense qu'il y a une neutralité dans ce
tarif-là et qui permet de replacer certaines charges dans le temps
à travers l'année. Mais, écoutez, si ce n'est pas
possible, on ne le fera pas. Par conséquent, nous, on l'a mis dans le
plan comme étant une possibilité et on a renoncé à
l'implanter compte tenu de la consultation qu'on a faite par la suite.
Mme Marois: Donc, dans ce sens-là, vous nous dites, par
exemple sur ça: On va être attentifs aux représentations
qui ont été faites, et cela nous amène déjà
à dire: On ne l'implantera pas maintenant. Vous gardez en tête,
cependant, que vous pourriez le faire, mais suite à des discussions.
M. Drouin: Oui, et ça, Mme... M. le Président,
pardon...
Le Président (M. Gobé): ...M. le président.
Mme Marois: Moi, ça ne m'embarrasse pas
tellement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Drouin: Et ça, dès l'énoncé que
nous avons fait lors de la publication du plan de développement, nous
avions déjà annoncé nos couleurs là-dessus. On fait
une expérience-pilote dans le domaine de cette tarification au niveau
domiciliaire et, au niveau industriel, on consulte et on veut s'assurer que
l'on puisse soit convaincre nos clients que c'est une bonne chose ou soit
réajuster notre tir.
Planification intégrée des
ressources
Mme Marois: D'accord. On va passer à un autre
élément qui a aussi été, à chaque fois je
pense, présenté par tous les groupes préoccupés par
les questions environnementales, mais préoccupés aussi par les
questions d'économies d'énergie et d'alternatives au choix que
l'on pourrait faire, et c'est cette fameuse planification
intégrée des ressources.
Tout à l'heure, vous avez répondu à la ministre
à cette question-là en mentionnant là, j'ai pris un
certain nombre de notes que vous étiez engagés dans cela,
dans le domaine des external ités: Nous sommes d'accord, on n'a pas
cependant atteint tous les degrés de recherche utiles que l'on
souhaiterait avoir pour répondre vraiment aux exigences. Mais vous
êtes restés assez vague. Je vais reprendre l'exemple que vous
donniez tout à l'heure, ou c'était un de vos
vice-présidents qui parlait de l'Ashuapmushuan et du choix par rapport
à la Péribonka, que soulevait d'ailleurs la ministre. Est-ce que
pour vous, dans une approche intégrée de planification des
ressources, cela va de soi que, si on est confrontés à cette
réalité-là dans la région à laquelle on
songe... la possibilité, avec des contraintes, de se tourner vers la
Péribonka versus le harnachement de l'Ashuapmushuan, avec, aussi, toutes
les contraintes qu'on y rencontre, présentées, bien sûr,
par les groupes, mais qui sont des contraintes réelles dans le sens
où on veut conserver un domaine patrimonial important dans ce
secteur-là qui peut avoir des retombées touristiques... ça
rentre, entre autres, dans l'évaluation, évidemment, des
externalités, à mon point de vue, et dans la planification
intégrée des ressources. Mais, par exemple, dans la perspective
du projet qui est là, est-ce que vous êtes prêts ou est-ce
que vous allez le faire, déposer, par exemple, les études qui
pourraient concerner la Péribonka, en termes d'alternatives à un
choix entre l'Ashuapmushuan, rien ou la Péribonka?
M. Drouin: M. Couture.
Mme Marois: C'est à titre d'exemple que je pose la
question, sauf que c'est un cas réel auquel vous êtes
confrontés.
M. Couture: M. le Président, c'est un très bon
exemple de problème de planification que nous rencon- trons et, dans
chaque cas de projet, nous allons de plus en plus vers ce qui est appelé
la planification intégrée des ressources. Nous n'osons pas dire
actuellement que nous le faisons de façon intégrale, parce qu'il
y a des problèmes qui sont associés à la valeur
patrimoniale, à la beauté des sites, à la pêche,
à l'utilisation pour d'autres fins que des ressources...
Mme Marois: Oui, à des fins touristiques, à des
fins de loisirs, etc.
M. Couture: ...énergétiques, le canot, tout ce que
voulez, et qui sont très difficiles à chiffrer ou à
balancer, si vous voulez, dans un bilan avantages et inconvénients,
contre d'autres données qui sont de nature technique et
économique. Mais nous poussons cette analyse le plus loin possible
actuellement et nous faisons des comparaisons entre les projets.
C'est sûr que, dans notre approche, nous essayons tout d'abord de
faire une mitigation des impacts environnementaux. Alors, si vous avez des
problèmes reliés à la pêche, nous avons des
approches techniques pour s'assurer que la productivité du territoire
est maintenue même, si vous voulez, avec le développement des
ressources. Si nous regardons l'aspect patrimonial, il y a des endroits, des
rivières qui sont réservées pour fins patrimoniales et qui
comportent des développements hydroélectriques. Alors, ce n'est
pas tout à fait incompatible, quoique, à première vue, on
pourrait peut-être penser que ça l'est.
Alors, nous essayons de mettre tout ça en balance pour avoir une
image complète. Et vous savez que vous avez un processus qui se veut une
étude d'impact et qui doit mettre tous ces
éléments-là sur la table pour en discuter publiquement. La
plupart des grands projets aujourd'hui sont l'objet de discussions avec le
public, de sorte qu'on puisse avoir une décision qui est une
décision, parfois, de société, à savoir si la
rivière peut être l'objet d'un aménagement
hydroélectrique. Mais nous croyons que, pour prendre la décision,
il faut surtout attendre le résultat des études. Pour
l'Ashuapmushuan, les études de l'avant-projet phase II ne sont pas
terminées, donc nous n'avons pas mis sur la table, si vous voulez, tous
les éléments qui nous permettraient, de façon rationnelle,
de prendre une décision et de comparer tous les aspects qui doivent
être considérés dans une approche de planification
intégrée, si on va jusque-là... regarder, entre autres,
les mesures de mitigation qui sont proposées et qui font l'assentiment
des experts, des experts en pêche ou en valeurs patrimoniales, et qu'on
puisse apporter un jugement avec tous les éléments de ce
problème-là sur la table. Alors, nous allons faire ça pour
l'Ashuapmushuan avec les études de l'avant-projet phase II et nous
ferons la même chose, si c'est intéressant, avec la
Péribonka, de sorte qu'on puisse comparer, qu'on puisse avoir tous les
éléments et prendre les décisions appropriées.
M. Drouin: M. le Président, si je peux juste
ajouter un élément en réponse à la question.
Le Président (M. Gobé): Oui.
M. Drouin: La planification intégrée des
ressources, pour nous, et, dans ce sens-là, c'est ce à quoi nous
voulons adhérer, c'est qu'au lieu de tenir compte uniquement de la
valeur économique d'un projet il y a d'autres valeurs dans notre
société à tenir compte, et c'est là-dessus que nous
sommes disposés à travailler à l'intégration de ces
valeurs-là. Je disais que, par exemple, dans l'étude des
externalités, qui est une partie intégrante de la planification
intégrée des ressources, l'on tient compte, aux
États-Unis, par exemple, des émissions de gaz carbonique. Bien,
on pourrait trouver, à l'égard des projets
hydroélectriques, des valeurs à respecter et qui
amèneraient une quantification plus précise du préjudice
causé par un projet de cette nature-là. Alors, ce qui est bien
clair dans tout ce qui est ressorti des mémoires, c'est qu'on doit s'en
aller vers la planification intégrée des ressources, tenir compte
des valeurs autres qu'économiques, c'est-à-dire les valeurs
environnementales et les valeurs sociales, et aussi tenir compte de l'ensemble
des ressources disponibles pour satisfaire les besoins, c'est-à-dire les
économies d'énergie ou l'efficacité
énergétique, et les autres sources d'énergie: qu'on parle
du gaz, du charbon, de l'huile ou de quelque autre source d'énergie,
qu'on parle des énergies renouvelables: les éoliennes, le
solaire, etc., et d'intégrer l'ensemble de ces
disponibilités-là pour que le choix de société soit
à son meilleur.
Mme Marois: Je vous suis tout à fait, je suis tout
à fait d'accord avec ce que vous nous apportez et je pense que ça
rejoint les points de vue qui ont été émis ici auxquels
nous croyons aussi. Maintenant, est-ce qu'on peut s'entendre, ou est-ce que je
peux vous entendre sur cela, à savoir que, dans tout nouveau projet qui
pourrait se présenter, il y aura cette étude des
externalités et cette véritable planification
intégrée des ressources, en termes d'alternatives, projet par
projet?
M. Drouin: Évidemment, l'intention est de s'en aller vers
la planification intégrée des ressources, mais tout est
relié au degré de connaissance qu'on a relativement aux projets
qui sont envisagés ou aux externalités reliées à
ces projets-là, qui nous permettrait d'avoir une quantification plus
précise. Dans ce sens-là, je pense que l'intention est là.
Mais, de dire que nous serons là demain matin, je pense qu'il y a un
chemin à parcourir. M. Dubeau, qui est notre vice-président
à l'environnement, pourrait peut-être ajouter à
l'élément que je viens de mentionner.
M. Dubeau (Daniel): M. le Président...
Le Président (M. Gobé): M. Dubeau, vous avez la
parole. (16 h 40)
M. Dubeau: Merci. M. le Président, il est impor- tant de
rappeler qu'Hydro-Québec réalise ses projets d'équipements
conformément aux directives émises par le ministre de
l'Environnement du Québec et, dans le cadre des avant-projets, donc,
nous étudions les impacts potentiels d'un projet, nous tentons, bien
sûr, de les quantifier en fonction de les atténuer, et les budgets
requis pour les mesures d'atténuation font partie des coûts des
projets, de sorte que beaucoup d'externalités sont déjà
internaiisées. Il reste, cependant, des choses comme, par exemple, le
paysage. Il n'existe pas une façon connue, selon nous, une
méthodologie crédible pour évaluer la valeur d'un paysage.
Donc, il y a des choses comme ça qui sont difficilement quantifiables et
sur lesquelles nous voulons travailler pour tenter de définir des
méthodes qui seraient crédibles aussi pour l'opinion publique,
pour qu'ils puissent suivre le raisonnement selon lequel on va tenter
également de tenir compte de ces choses-là, qui n'ont pas en soi,
a priori, une valeur économique.
Mme Marois: Alors, c'est intéressant, ce que vous soulevez
là, parce que, effectivement, il y a eu des groupes qui sont venus,
entre autres, sur les questions... c'est-à-dire de s'assurer d'avoir de
l'énergie disponible par des moyens alternatifs, et, entre autres, la
question des éoliennes, évidemment, est venue à quelques
reprises. Et un certain nombre de questions qui ont été
soulevées ici ont fait état du fait que l'on changerait un peu le
paysage et que ça risquait peut-être de créer un certain
nombre d'encombrements visuels qui n'étaient pas nécessairement,
non plus, souhaitables.
M. Dubeau: Et du bruit.
Mme Marois: Bon. Alors, ça, c'est bien évident
aussi. Mais, dans ce sens-là, c'est d'autant plus important qu'on
commence à développer et qu'on consolide les outils qu'on a pour
être capables d'évaluer de tels impacts, avec, bien sûr, des
limites, tout étant relatif, dans un certain nombre de secteurs, je suis
bien consciente, mais, au moins, on en tient compte. Et, quand on a à
prendre la décision, on la prend dans un contexte où on a la
meilleure information possible, compte tenu des données que l'on
possède à ce moment-là.
M. le Président, si vous permettez, j'ai un certain nombre
d'autres questions. Comme il reste peu de temps, j'ai mon collègue qui
voudrait prendre quelques moments sur cette demi-heure, maintenant, et je
reviendrai sur un autre thème...
Le Président (M. Gobé): Oui.
Mme Marois: ...lorsque j'aurai à nouveau la parole
après la deuxième séance de débat.
Le Président (M. Gobé): Oui. D'autant plus
qu'à la lecture de l'horloge je vois qu'il vous reste à peu
près cinq minutes, ce que M. le député Laviolette pourrait
faire. Par la suite, le député de Drummond a 10 minu-
tes, ça nous amène vers 17 heures. Donc, nous pourrons
recommencer après, 25, 25, 10, pour le député de
Drummond...
Mme Marois: Ça va.
Le Président (M. Gobé): Quelques mots, pour
terminer, Mme la ministre... Ça va très bien comme ça.
Mme Marois: D'accord.
M. Jolivet: II reste à peu près huit minutes?
Le Président (M. Gobé): Donc, M. le
député de Laviolette, je vous passe la parole.
M. Jolivet: Huit minutes à peu près? Vous m'avez
dit: Cinq minutes.
Le Président (M. Gobé): Sept minutes et demie
à huit minutes.
Programme de cogénération
M. Jolivet: O.K. Moi, je vais aller sur un dossier qui a
terminé la matinée, la cogénération. Moi, j'ai cru
comprendre qu'on parlait, à Hydro-Québec, de la difficulté
de la cogénération dans la mesure où, en termes de
coûts, on ne possède pas, pour quelqu'un qui est une compagnie qui
utilise la cogénération je parlerai du gaz à ce
moment-là la possibilité de déterminer le prix du
gaz à long terme. Puis, d'un autre côté, à
côté de ça, le fait que la compagnie qui produit, à
partir de ça, la vapeur n'est pas nécessairement la compagnie qui
est celle qui l'achète. Alors, à partir de ça, on arrive,
aux deux extrémités, à avoir un non-contrôle,
à la fois au niveau de l'achat et de la vente.
Dans ce contexte-là, les gens sont venus nous dire ce matin que,
là, Hydro-Québec demandait tellement de choses compliquées
par rapport à ce qui existe ailleurs qu'effectivement vous avez raison
de dire que ça ne marchera peut-être pas à long terme au
niveau du Québec. Ils nous disaient que, dans les contrats, on les
obligeait à obtenir de la part du vendeur de gaz un long terme de 15 ans
et qu'en conséquence il est évident qu'ils ne peuvent pas agir de
cette façon-là. Alors, il y a des gens qui ont parti la
cogénération et qui, au bout de la course, se retrouvent à
n'avoir aucun contrat avec vous autres, puis ils sont toujours sur la question
fluctuante quant au prix «spot» du gaz.
Alors, moi, j'aimerais avoir votre avis. Vous avez certainement eu un
rapport de ça ce matin. J'aimerais savoir quelles sont les raisons pour
lesquelles HydroQuébec demande de telles conditions pour si peu en
termes de mégawatts ou de kilowatts.
M. Drouin: M. Bolduc va répondre à cette
question.
M. Bolduc: Oui. M. le Président, le but du programme de
cogénération dans lequel Hydro-Québec a choisi
d'évoluer, tel que décrit au plan de développement, c'est
d'en faire une source d'appoint à son programme de centrales
hydroélectriques. Ce choix-là a été fait à
partir de représentations, et d'études, et de promesses de
différents organismes associés au gaz naturel aux entreprises qui
utilisent la vapeur associée à la cogénération, et
à partir de l'exemple qui nous est donné un peu partout en
Amérique du Nord à l'effet que cette source d'énergie peut
être concurrentielle au coût évité
d'Hydro-Québec dans ses projets hydroélectriques. Sur la base de
ces attentes qui ont été créées par les promoteurs
de la cogénération, nous avons indiqué un prix, un tarif
auquel Hydro-Québec serait également, au point de vue
économique... serait égal quant à un choix de
développement hydroélectrique ou de cogénération.
Et c'est sur cette base-là que le tarif offert aux
cogéné-rateurs a été établi.
Déjà, les paramètres économiques ont
évolué et, avec la baisse des taux d'intérêt et la
baisse des prévisions d'inflation, le tarif que nous offrons aux
cogénérateurs comporte un certain avantage, un certain
bénéfice additionnel. Parce que, si nous avions à refaire
aujourd'hui le calcul, nous aurions probablement à ajuster, à la
baisse même, quelque peu ce tarif-là.
M. Jolivet: Mais ma question va bien plus...
M. Bolduc: Mais une des bases de cette approche-là, c'est
que les développeurs, les promoteurs de la cogénération
nous ont dit: Nous pouvons obtenir un prix du gaz à long terme garanti,
et c'est à cause de ça que c'est concurrentiel à un projet
hydroélectrique où tous les coûts sont dans la
construction, et qu'il n'est plus sujet, puisqu'il n'y a pas de combustible,
par la suite, ou il y a de très faibles frais d'exploitation, il n'est
plus sujet aux aléas des fluctuations futures des prix de combustible.
Et la plupart des grands développeurs actuellement en négociation
avec nous ont négocié ou continuent de négocier, comme
ça s'est fait ailleurs en Amérique du Nord, des contrats
où le gaz est indexé de façon très limitée
et très contrôlée et qui leur permet de nous offrir un
tarif qui est concurrentiel avec une source comme
l'hydroélectricité.
M. Jolivet: Mais qu'est-ce qui vous oblige à demander
d'avoir un contrat de 15 ans sur l'achat du gaz, au moment où les gens
disent: On peut jouer sur la fluctuation des prix plutôt que sur un taux
fixe qu'on ne peut pas nous garantir, d'une certaine façon, parce qu'il
y a des gens qui ne pensent pas de même? (16 h 50)
M. Bolduc: Tout ce que nous demandons aux promoteurs, c'est de
nous garantir, à nous, un tarif fixe pour l'électricité
qu'ils vont nous vendre. S'ils sont prêts à prendre le risque
d'acheter le gaz sur un marché fluctuant et que les institutions
financières et les banques peuvent les financer sur cette
base-là, Hydro-Québec ne les oblige pas à avoir un contrat
de gaz fixe. Tout ce-
qu'on les oblige à faire, c'est de s'engager et donner des
garanties financières de pouvoir nous livrer pendant 15 ans
l'énergie à un prix prédéterminé, à
ne pas venir, dans 5 ans ou dans 10 ans, si les prix du gaz explosent, voir
Hydro-Québec en demandant: Voulez-vous doubler vos tarifs parce qu'on
n'arrive plus? Si on s'expose à ce genre de situation là, toute
notre politique de cogénéra-tion devient faussée en termes
de choix économique par rapport à des projets
hydroélectriques où le coût est garanti. Pour nos clients,
on ne peut pas prendre de chances. On fait un choix qui implique les
combustibles et on offre un prix qui va permettre de garantir à nos
clients qu'on n'aura pas des hausses subites de tarif de
cogénération qui vont se retrouver dans les tarifs
d'électricité.
M. Jolivet: Dans leur argumentation, ils vont plus loin en
disant... Ils demandent de garantir des choses que même
Hydro-Québec ne garantit même pas, puisque Hydro-Québec,
sur Fhydraulicité l'eau dans les barrages, ces
choses-là... ça fait en sorte qu'ils nous demandent de garantir,
sur une rivière qui pourrait avoir un problème une année,
de le garantir pendant 15 ans. Ils disent: On ne peut pas faire ça,
c'est impossible de garantir ce qu'Hydro-Québec ne peut pas même
nous garantir.
M. Bolduc: On essaie de rendre les deux propositions
égales, c'est-à-dire que, dans le cas des projets
hydroélectriques, on inclut, dans nos programmes et dans nos
coûts, des réserves pour couvrir les risques associés
à ces projets-là, et, dans le cas du gaz, on ne demande rien
d'autre qu'un service égal à un prix compétitif, autrement
on ferait, encore une fois, subventionner par nos clients un choix non
compétitif, et on est obligés d'amener des conditions que la
plupart des promoteurs, actuellement en négociation avec nous, sont
prêts à nous offrir. Je sais qu'il y en a certains qui ont des
difficultés, mais les promoteurs qui ont négocié, qui ont
planifié leurs projets sur la base d'une expérience et d'une
ouverture aux différentes possibilités, actuellement... Et ce
n'est que quelques promoteurs qui nous reprochent ces conditions-là. Les
autres sont prêts à les rencontrer.
M. Jolivet: Mais vous imposez une pénalité s'ils
n'entrent pas dans les conditions. Alors, ça veut dire que vous avez un
moyen de tordre le bras.
M. Bolduc: C'est exact... Une voix: ...
M. Bolduc: ...mais, comme nous avons à peu près
trois fois plus de propositions que nos besoins, je pense qu'il est sain, comme
saine gestion, d'utiliser cette situation de concurrence pour obtenir les
meilleurs contrats pour nos clients...
M. Jolivet: On reviendra.
M. Bolduc: ...puis les meilleurs tarifs à long terme.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Bolduc. Merci, M.
le député de Laviolette. M. le député de Drummond,
je vous passe la parole pour une dizaine de minutes.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. D'entrée de
jeu, dans mes remarques préliminaires, j'avais dit que j'abordais cette
commission-là en tant que représentant pas simplement des
clients, mais des actionnaires aussi, de la circonscription de Drummond,
d'Hydro-Québec. J'avais établi, d'entrée de jeu aussi,
l'importance pour nous, les parlementaires, de faire en sorte qu'au sortir de
cette commission Hydro-Québec ait encore de meilleures chances de
devenir le vaisseau amiral du Québec comme elle a toujours
été.
Il y a différentes facettes que j'aimerais toucher, j'aurais
besoin de plus que 10 minutes, mais je vais essayer de mettre ça par
blocs.
De la consultation à la concertation
Si je compare à 1990, lorsqu'on a eu la même commission,
Hydro-Québec était dans un mode d'information. Je l'ai vue
évoluer, à travers les mémoires qui nous ont
été présentés, dans un mode de consultation de plus
en plus, même s'il y a encore des imperfections. Mais elle devra aller
plus loin, elle devra se mettre dans un mode de concertation. À partir
de ces trois critères-là, c'est de cette analyse-là que
j'essaierai de partir puis de regarder différents mémoires qui
ont une importance, je pense, stratégique sur Hydro-Québec.
Alors, quand je regarde au niveau de votre plan de développement
soumis, il y a un des paramètres qui est excessivement important, c'est
le contrôle des coûts d'Hydro-Québec. Pour maintenir le
point 8, c'est tout un défi. D'ailleurs, plusieurs mémoires nous
l'ont fait remarquer, c'étaient surtout des gens venant de l'industrie
qui sont habitués aux réductions de coûts, au
contrôle des opérations. Ils nous ont admis que c'était
excessivement difficile. Lorsqu'on veut contrôler les coûts,
c'est-à-dire, il y a un outil qui est plus important, ce qui fait la
force vive, finalement, d'une organisation, ce sont ses ressources humaines.
Dans les mémoires qui nous ont été présentés
ici par les porte-parole des cadres, ou des salariés, ou des
employés d'Hydro-Québec, j'ai cru dénoter deux tendances:
une qui était au niveau de l'information seulement, lorsqu'on descend de
plus en plus vers le bas de l'organisation, puis il y en a une autre qui se
dirigeait plus vers la consultation, lorsqu'on regardait les ingénieurs
et les cadres. Moi, il m'apparaît que c'est un point faible dans le plan
de développement d'Hydro-Québec au niveau des moyens de
communication et au niveau des techniques qui auront à être
utilisés pour faire en sorte que, du plus petit niveau jusqu'au P.-D.G.
d'Hydro-Québec, tout le monde soit dans la même chaloupe à
ramer dans la même direction. Alors, on a eu des mémoires ici qui
nous ont présenté cette faiblesse-là. Je dois
vous dire que ça me préoccupe, peut-être par
déformation professionnelle parce que, lorsque j'avais, un jour, un
chapeau de privé dans des multinationales, aussi, j'ai toujours cru que
la base, notre organisation, c'était notre force vive. Et si on n'est
pas capables d'avoir un consensus à l'intérieur, puis un partage
des objectifs à aller chercher, on se met dans une position de
confrontation. Et si ça arrivait à Hydro-Québec, moi, je
vois une vulnérabilité vers le maintien d'un de ces points
majeurs qui est le maintien de 8.
Alors, j'aimerais savoir, M. le Président, à ce moment-ci,
quelle action... Vous avez entendu les mémoires. Je sais que vous les
avez lus. On vous en a fait la synthèse. Quels sont les moyens d'action
qu'Hydro-Québec va s'assurer pour que tous, à l'intérieur
de l'organisation, hommes et femmes d'Hydro-Québec, aient cette
fierté de l'organisation et contribuent aux grandes réalisations
de cet objectif-là?
M. Drouin: M. le Président, je pense qu'on est conscients
des mémoires qui ont été présentés. On a eu
même l'occasion de rencontrer le syndicat ou les deux syndicats qui ont
présenté un mémoire au nom des ingénieurs et des
chercheurs. C'est clair, et vous l'avez souligné, je veux dire, vous
avez énoncé notre intention en posant votre question. On a
parlé beaucoup de l'écoute des clients. On a
systématiquement implanté l'écoute des clients. On a
parlé de la Table des tables. On a parlé des consultations, de la
consultation publique. Mais, au-delà de ça, il y a
l'écoute des employés. Et c'est clair que ça fait partie
de nos intentions au cours des prochaines années, comme ça l'a
été dans le passé, de descendre plus bas dans la structure
tout notre dossier Défi performance, qu'on aura probablement
l'occasion d'évoquer dans les journées qui suivent, contient les
éléments très importants d'amélioration des
processus et, par conséquent, de retourner vers la base qui est
la plus près de nos clients, et que ces employés-là de
première ligne et ces cadres-là de premier niveau soient ceux et
celles qui, au premier chef, sont à l'écoute de notre
clientèle et nous permettent de satisfaire les besoins de la
clientèle.
Alors, oui, notre intention et notre volonté, c'est de continuer
cette écoute de nos employés, de s'assurer une plus grande
collaboration de nos syndicats et de collaborer nous-mêmes avec eux dans
toute la démarche. Si on devait vous l'avez mentionné
faire un parallèle avec 1990, je pense qu'on verrait une nette
amélioration, et on y voit une nette amélioration par rapport
à la situation qu'on a vécue dans les années qui ont
précédé le règlement du conflit de travail en 1990
et qui faisait en sorte que l'entreprise était dans un état
très difficile. Alors, je pense qu'on a fait un grand progrès
là-dessus, mais on doit continuer.
M. St-Roch: Un autre volet, c'est au niveau de l'image
d'Hydro-Québec. Je pense qu'il y a eu de l'amélioration aussi au
niveau de la diffusion et de la vulgarisation de l'information, surtout au
niveau de la protection de l'environnement et au niveau des connais- sances
accumulées. Moi, je demeure encore convaincu qu'il va falloir
qu'Hydro-Québec fasse davantage encore pour vulgariser cette
information-là, pour qu'on soit mieux en mesure de départager,
à travers les groupes d'écolos, qui dit blanc, qui dit noir.
Mais il nous est apparu aussi et surtout à l'intérieur de
cette planification intégrée et des externalités qui vont
être de plus en plus en vogue... moi, je crois détecter qu'il y a
une faiblesse. D'ailleurs, le Groupe de recherche en éthique
environnementale nous l'a clairement indiqué, plus on va
s'éloigner vers les externalités, plus on va vouloir dessiner,
évaluer ce que c'est, une rivière patrimoniale, ce qu'elle va
valoir dans 75 ans ou 100 ans, alors qu'il nous manque énormément
de connaissances à l'heure actuelle au niveau des comportements des
sociétés... Ce qu'on remarque, et je pense que vous le remarquez
aussi à travers votre consultation, c'est une fragmentation de l'opinion
des collectivités et des consensus... réunissent de moins en
moins de personnes. Si vous avez le plus gros pourcentage à 38 %,
ça va être difficile de faire un consensus, d'avoir un projet.
Alors, il nous est apparu qu'il faudrait qu'il y ait de la recherche de faite.
On nous a mentionné des sommes, 500 000 $ sur une période de 10
ans, pour être capable d'aller détecter, puis être capable
de se développer des outils qui pourraient être avantageux pour le
Québec. Alors, je sais que ce n'est pas simplement la
responsabilité d'Hydro-Québec, mais, au niveau de la recherche,
c'est un domaine sur lequel j'aimerais vous entendre réagir, puis
combinez à ça aussi... (17 heures)
Lorsque nous avons eu le mémoire de l'Université de
Montréal, il nous a été mentionné qu'une des
critiques qu'on faisait envers Hydro-Québec, malgré qu'il y ait
de très bonnes relations, encore là, qui étaient
peut-être celles du député de Drummond aussi, en même
temps... c'est que vous avez tellement de connaissances accumulées que,
dans bien des domaines, bien des secteurs, vous étiez les chefs de file,
mais que c'était excessivement difficile d'avoir accès à
ces banques de données pour être capable de former d'autres
jeunes. En admettant, puis ils l'ont faite, la réserve, puis on l'a fait
faire aussi, qu'il y a des choses qu'Hydro-Québec se doit de garder,
parce que c'est quand même son patrimoine industriel, puis qu'elle est
quand même en compétition, alors que c'est normal qu'il y ait des
avantages, mais qu'il y aurait beaucoup plus d'ouverture, puis, là, je
ne parle pas simplement d'environnement, je parle d'une façon globale au
niveau des acquis d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Gobé): M. Drouin, si vous voulez
répondre à la question du député de Drummond.
M. Drouin: Je pense que le député de Drummond a dit
des choses qui sont tout à fait exactes, et Dieu sait que les ententes
que nous avons avec les universités à travers le Québec,
et pas juste l'Université de Montréal... On a des chaires dans
différents secteurs: en environnement; à Sherbrooke, le
béton; à l'Université
de Montréal, c'est autre chose. Je pense qu'Hydro-Québec
ne demande pas mieux que de partager énormément ses connaissances
avec les universités et l'ensemble des écoles
spécialisées du Québec, soit en environnement, soit en
génie. Je suis surpris un peu de l'énoncé de
l'Université de Montréal, mais, tu sais... Je regarde toute la
collaboration qu'on a avec l'École polytechnique, je veux dire, c'est
presque en constante communication à tout point de vue et à tout
niveau. Avec l'Université du Québec à Montréal.
Avec McGill, on a plusieurs projets en éthique environnementale, en
santé environnementale, on a énormément de projets. Avec
l'Université Laval.
Alors, moi, je ne peux que répondre très positivement
à ce que vous avez énoncé en disant: Oui, nous sommes tout
à fait disposés à partager les connaissances, puisque,
dans notre mission, c'est justement de s'assurer que notre
«know-how» québécois puisse être exporté
via les universités, via les maisons d'enseignement ou encore les firmes
d'ingénierie ou toutes les industries qui sont installées au
Québec et qui travaillent avec nous dans des domaines très
spécialisés.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, M. Drouin.
Le temps est dépassé, M. le député de Drummond,
mais vous aurez l'occasion de revenir pour un autre 10 minutes, un peu plus
tard. Je vais donc maintenant passer la parole à Mme la ministre de
l'Énergie et des Ressources et vice-première ministre. Il vous
reste, madame, 23 minutes environ.
Mme Bacon: Au niveau des retombées économiques,
l'Association de la construction du Québec s'est montrée
préoccupée par les retombées économiques
générées par les projets d'Hydro-Québec et cette
Association-là nous a souligné alors l'importance
qu'Hydro-Québec prenne en considération l'organisation
fragmentée des entrepreneurs en construction et s'adapte à leur
réalité. Une des pistes pour ce faire réside dans le
fractionnement des contrats et, selon l'Association, cette façon de
procéder permettrait de qualifier un nombre plus important
d'entrepreneurs se trouvant présentement exclus des processus
d'adjudication en raison de la taille même des contrats, et c'est une
approche qui accentuerait considérablement les retombées
économiques régionales. Concrètement, est-ce que vous
pourriez nous préciser de quelle façon Hydro-Québec prend
en compte la réalité exposée par cette Association et
comment vous pouvez adapter vos pratiques?
M. Couture: M. le Président, nous avons ces demandes de
fractionner les contrats pour, entre autres, privilégier les petits
entrepreneurs et les entrepreneurs en région. Nous avons des demandes,
aussi, de la part des entrepreneurs un peu plus forts qui voudraient que nous
ayons une industrie de la construction au Québec qui soit robuste et qui
puisse s'attaquer à des projets, disons, entre 50 000000$ et 100000000$.
Lorsque nous regardons un grand projet, nous essayons de répartir, si
vous voulez, les contrats pour être capables de satisfaire l'industrie en
général. Ça prend des contrats de plus grande envergure
pour une quantité d'entrepreneurs québécois qui se servent
de nos projets comme base pour aller travailler à l'extérieur et
développer une expertise québécoise, et on ne peut pas
négliger, si vous voulez, cette classe d'entrepreneurs, et ça
prend aussi beaucoup de contrats, peut-être plus petits, pour que
certains des bénéfices restent en région et pour qu'on
encourage d'autres entrepreneurs à progresser graduellement vers des
contrats plus gros. Alors, nous faisons un effort concerté de regarder
l'ensemble d'un projet pour être capable de satisfaire à la fois
les différentes classes d'entrepreneurs qui existent au
Québec.
La rivière Saint-Maurice
Mme Bacon: Vous connaissez la Corporation de gestion du
développement du bassin de la rivière Saint-Maurice.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: C'est un organisme de concertation qui regroupe les
principaux intervenants économiques et sociaux associés au
développement de cette rivière. Vous saviez bien que vous ne vous
en échapperiez pas, de cette question-là. Alors, il y a des
députés, des municipalités, des MRC, des
communautés autochtones, des entreprises. Des porte-parole de la
Corporation, évidemment, sont venus nous faire part, à cette
commission, de leur mécontentement à l'égard du
comportement d'Hydro-Québec et, selon eux, Hydro-Québec agit de
mauvaise foi en plus de semer la zizanie dans la région. On nous a dit
qu'on jouait le nord contre le sud, le sud contre le nord. Nous avons
été assez sensibles, quand même, aux propos tenus par la
Corporation en raison des échanges sur le sujet, à l'occasion de
la commission, et aussi avec les députés qui représentent
la région et la direction d'Hydro-Québec. Le ton des
conversations et des discussions était loin de refléter
l'harmonie, ce qui semble être encore le cas un an plus tard, parce que
ça fait longtemps que ça discute dans la Mauricie. Moi,
j'aimerais savoir si vous êtes en mesure de commenter les
déclarations qu'on a eues ici, à cette commission,
là-dessus?
M. Drouin: M. Couture va répondre. Des voix: Ha,
ha, ha!
Mme Bacon: Oui, oui. Je m'attendais bien à ce qu'il le
fasse.
M. Couture: M. le Président, nous avons fait beaucoup
d'efforts pour rencontrer la corporation de développement
régional du Saint-Maurice au cours des derniers mois et, de fait, nous
avons ajusté nos actions à l'écoute de ce groupe qui
représente quand même une importance considérable dans la
région. Entre autres choses, nous avons suspendu les travaux de
réfection du
projet La Gabelle, à la demande de la corporation de
développement régional, pour étudier une alternative qui
était de développer à la place un nouveau barrage, un
nouveau site, au Rapide-des-Forges. Ces études sont en cours
présentement, à la demande de la corporation. Nous avons
rencontré aussi les gens qui sont plus concernés par le barrage
La Gabelle, nous avons rencontré les gens qui sont concernés par
le Haut-Saint-Maurice et nous essayons d'arrimer nos actions de telle
manière qu'on puisse, à partir de la concertation avec le milieu,
trouver des solutions raisonnables.
La difficulté est que le langage public est un petit peu
différent du langage que nous avons en privé avec ces
représentants du milieu. C'est bien entendu qu'actuellement il y a une
demande ou des attentes considérables de la part de la corporation de
développement régional pour que nous augmentions, si vous voulez,
les montants de mises en valeur, que nous puissions les mettre à la
disposition de la région même avant l'approbation des projets, ce
qui nous crée certains problèmes, et qui voudrait que nous
adoptions comme politique de rendre la rivière Saint-Maurice navigable.
Alors, nous avons certaines hésitations, évidemment, à
rencontrer toutes ces attentes qui impliqueraient des centaines de millions de
budget pour Hydro-Québec. Alors, nous procédons aux études
pour satisfaire la demande de la corporation et nous espérons qu'avec
l'avancement de ces études le dialogue continue, qu'on pourra en venir
à concilier des attentes sans doute raisonnables de la part du milieu,
mais qui n'entraîneront pas nécessairement des centaines de
millions de dollars en dépenses pour nous. (17 h 10)
Alors, nous continuons la concertation, nous discutons avec eux. Nous
procédons, entre-temps, à certaines études. Nous essayons
de faire plaisir à la corporation et nous essayons d'éviter
certaines actions qui pourraient les mettre en rogne.
Mme Bacon: Peut-être une sous-question: Est-ce qu'il est
vrai que les contrats qui sont donnés ne sont pas donnés dans la
région de la Mauricie, mais sont donnés ailleurs, comme à
Montréal, par exemple?
M. Couture: Nous avons une politique, évidemment, comme je
l'ai mentionné tout à l'heure, pour les entrepreneurs, de
répartir les contrats et de toujours regarder l'aspect régional
lorsque nous sommes à l'intérieur d'une région
donnée. Alors, les contrats, normalement, pour un projet donné,
tiennent compte des capacités des firmes de la région et des
compétences que nous retrouvons à travers toute la province. Nous
évitons de vouloir cloisonner, si vous voulez, les régions, parce
que, dans la région de Trois-Rivières en particulier, lorsqu'on
regarde l'ensemble de la province, la quantité de contrats qui sont
accordés aux firmes régionales est un peu plus
élevée que la moyenne provinciale. Alors, dans l'ensemble, les
firmes de la région travaillent partout en province. Mais quand on a un
projet particulier comme, par exemple, l'étude du Rapide-des-Forges, on
regarde en fonction des compétences, et je pense que M. Filion pourrait
nous dire comment, dans ce cas précis, les contrats ont
été répartis.
Mme Bacon: J'aurais envie de vous demander : Avez-vous
trouvé des compétences dans la région? Parce que eux
disent qu'ils en ont, des compétences.
M. Couture: Oui. Si je vous dis, au point de vue provincial, la
moyenne de la région obtient plus de contrats...
Mme Bacon: Non, mais pour ces dossiers spécifiques, M.
Couture.
M. Filion (Yves): Je peux répondre, M. le
Président, à la question de façon plus précise.
Nous avons, il y a deux ans, rencontré les intervenants de la
région pour leur faire part de notre programme dans le Saint-Maurice et
leur faire part également de quelles pourraient être les
possibilités au niveau des firmes de la région et des
entrepreneurs au niveau de la région. Alors, c'est évident
qu'à l'étape où nous sommes actuellement dans le
déroulement des travaux on ne peut pas parler, pour l'aménagement
du Saint-Maurice, de retombées au niveau des entrepreneurs parce que les
travaux ne sont pas commencés.
Mme Bacon: Au niveau des études.
M. Filion (Yves): Nous sommes à l'étape des
études. Maintenant, à l'étape des études, je peux
vous dire qu'il y a plusieurs firmes régionales qui, suite aux
rencontres que nous avons faites et suite aux nombreuses offres de service qui
nous ont été faites, à partir de l'expertise qu'elles ont,
ont été amenées à collaborer aux études, et
j'en ai ici une liste assez longue que je pourrais vous transmettre. Sur le
complexe Shawinigan seulement, ça dépasse les 2 000 000 $ en
termes d'études réalisées dans la région. Alors,
c'est quand même, je pense, une contribution importante.
Maintenant, on essaie de le faire, ça, dans le domaine des
expertises qui sont déjà existantes au niveau régional.
Alors, je pense qu'on ne veut pas, non plus, mettre une firme dans une
situation où elle va devoir développer une expertise pour un
mandat particulier et que, par la suite, il n'y aura pas de continuité
dans ce domaine-là, ce qui, au point de vue affaires, n'est pas
nécessairement rentable et profitable. Donc, c'est clair qu'il y a une
partie du travail qui va devoir être faite par des firmes à
l'extérieur de la région, mais nous faisons également
beaucoup d'efforts pour pouvoir retenir au maximum les firmes
régionales. Dans certains cas, il y a même des consortiums qui se
sont formés pour nous faire, de façon plus précise,
augmenter leur force de travail et nous transmettre leur possibilité de
participer au développement futur du Saint-Maurice. Alors, je peux vous
dire qu'on est très, très ouverts et nous apportons beaucoup
d'attention à cette réalité-là.
Projet de centrale thermique de Canatxx
Mme Bacon: Merci beaucoup. Si on regarde certains
scénarios par rapport aux moyens de production, et encore et toujours
dans le cadre de la commission parlementaire, il y a la société
Canatxx Energy Ventures qui est venue ici exposer un projet de centrale
thermique qu'elle propose à Hydro-Québec, et je pense que, si ma
mémoire est fidèle, c'est depuis trois ans qu'elle nous dit
être en discussion avec Hydro-Québec. Comment conciliez-vous
l'analyse des coûts thermiques envers l'hydroélectricité,
que vous faites en page 50 de la proposition du plan de développement,
compte tenu des prétentions de la société Canatxx de
produire de l'électricité à partir d'une centrale
thermique au coût évité d'Hydro-Québec qui est
basé sur le coût de l'hydroélectricité?
M. Drouin: M. Filion.
M. Filion (Yves): Je pense que ça dépend beaucoup
de l'utilisation du projet en question de Canatxx. Je peux vous répondre
aujourd'hui au niveau de l'utilisation du projet de Canatxx sur la base d'une
réserve énergétique. Alors, je n'oserais pas aller dans
les autres détails, dans les autres rôles, par exemple, fourniture
d'énergie de base ou centrale de pointe, puisque nos études n'ont
pas été faites.
De façon globale, je dirais qu'une centrale thermique qui est
utilisée pour fins de réserve énergétique n'est pas
tellement avantagée pour compétitionner un aménagement
hydroélectrique qui, lui, est utilisé comme réserve
énergétique. Et la raison est bien simple, c'est qu'une centrale
hydroélectrique utilisée comme réserve
énergétique permet de disposer, en période de forte
hydraulicité, de surplus qui peuvent être vendus sur les
marchés comme énergie excédentaire, ce qui entraîne
une source de revenus intéressante, alors qu'une centrale thermique qui
a comme vocation uniquement d'agir en termes de réserve
énergétique implique un investissement important dès le
début et un facteur d'utilisation qui est relativement faible, soit
entre 20 % et 30 %, ce qui fait que ça prend vraiment, je dirais, un
projet qui est très fortement optimisé et qui peut compter sur
des coûts de carburant à très bon marché pour
pouvoir compétitionner une centrale hydroélectrique au niveau
réserve hydraulique.
Alors, cela étant dit, ce sont les grandes lignes, c'est
sûr que le projet de Canatxx va devoir être évalué
dans tous ses détails en fonction des différents
paramètres et du rôle qu'il pourrait jouer éventuellement
dans le réseau d'Hydro-Québec.
Mme Bacon: Mais, après trois ans, M. Filion, vous n'avez
pas terminé votre évaluation?
M. Filion (Yves): Je pense que c'est plutôt Canatxx qui est
aussi en évolution, dans le sens que le produit qu'elle offre à
Hydro-Québec évolue en fonction de la définition ou en
fonction des possibilités qui se clarifient et en fonction aussi de ce
qu'Hydro-Québec est prête à payer en fonction du produit
qui est offert. On sait que, dans les relations qu'il y a actuellement avec
Canatxx peut-être que M. Bolduc pourrait ajouter tout à
l'heure il y a une évolution au niveau de Canatxx en fonction de
son produit également qui se fait actuellement.
Mme Bacon: Quand Hydro-Québec sera-t-elle en mesure de
statuer sur les besoins de ce dossier-là?
M. Filion (Yves): II faudrait voir où en est le dossier.
Je ne sais pas si...
M. Bolduc: Les propositions de Canatxx évoluent
continuellement, et nous l'avons vu récemment, en fonction d'approches
à l'approvisionnement en gaz. Le projet de Canatxx est
intéressant dans la mesure où il pourrait offrir de
l'électricité produite à partir de gaz, mais sur une base
interruptible, c'est-à-dire seulement lorsque nous sommes en
période d'hydraulicité faible, par exemple, et rester quand
même rentable sans rien produire peut-être pendant un certain
nombre d'années lorsque nous sommes en forte hydraulicité. Alors,
Canatxx étudie, entre autres, des stockages de gaz dans certaines
régions, entre autres au Michigan, et, à chaque fois que nous les
rencontrons, ils nous amènent des possibilités nouvelles ou
peut-être plus intéressantes. C'est un dossier en évolution
constante qui, dans le cadre actuel de nos programmes, n'est pas perçu
chez nous comme urgent, c'est-à-dire que le remplacement que ce projet
pourrait faire dans nos programmes hydroélectriques se situe vers la fin
de la décennie. C'est un projet qui, même selon Canatxx, pourrait
se construire en trois ans. Donc, notre perception à nous, c'est qu'il
faut prendre le temps de le voir évoluer, de l'analyser, et il se peut
que dans les deux ou trois prochaines années ça peut
être aussi long que ça nous puissions convenir d'un
intérêt. Mais il n'y a pas une urgence en termes du besoin
d'Hydro-Québec d'un projet comme celui-là.
Mme Bacon: Mais est-ce que vous donnez l'heure juste à
Canatxx, parce qu'on n'a pas eu l'impression qu'ils l'avaient... Parce que,
après trois ans... Je comprends que vous dites que le dossier
évolue. Nous, on avait l'impression que vous gardiez ça dans
votre petite poche en arrière et de dire: Si on en a besoin, on le
prendra; à un moment-donné, on dira oui. Ce n'est pas
ça?
M. Drouin: Je veux juste mentionner que j'ai eu l'occasion, M. le
Président, de rencontrer moi-même les gens de Canatxx tout
récemment. Il faut dire très clairement que le projet qui nous a
été présenté dans l'appel d'offres que nous avons
fait en 1991... dans ce cadre-là, ce projet-là ne se qualifiait
pas parce que ce n'était pas un projet de cogénération.
Par la suite, ils ont modifié régulièrement leur approche.
Moi, je les ai rencontrés il y a presque deux mois. On a, à ce
moment-là, convenu
qu'il y aurait des échanges additionnels, qu'ils nous feraient
part des nouvelles propositions qui permettraient peut-être de
rentabiliser un tel projet dans le cadre de ce que M. Bolduc vient de
mentionner.
Je voudrais juste demander à M. Delisle d'apporter une
précision additionnelle.
Mme Bacon: M. le Président, mon temps s'écoule, et
je voulais vous questionner sur une autre question importante.
M. Delisle: Une façon de réconcilier les
coûts aussi, c'est que le projet que vous avez dans le plan, c'est en
l'an 2000, avec des prix du gaz qui sont plus élevés, alors que
Canatxx, c'est maintenant et, à ce moment-là, l'écart,
comme vous dites, n'est pas très loin de nos coûts
évités.
Le Président (M. Gobé): Merci. Mme la ministre.
Expertise dans le domaine nucléaire
Mme Bacon: Bien qu'un consensus assez important existe au
Québec sur les mérites de l'option hydroélectrique ou
hydraulique par rapport à tout autre moyen de production
d'électricité, plusieurs intervenants ont fait ressortir
l'importance pour le Québec de maintenir une expertise dans le domaine
du nucléaire. Dans ce contexte-là, j'aimerais savoir si la
réalisation d'une centrale nucléaire supplémentaire sur le
site de Gentilly pourrait représenter un intérêt pour le
Québec?
M. Drouin: M. Filion.
M. Filion (Yves): M. le Président, comme vous le savez
probablement, Hydro-Québec possède déjà une
expertise dans le domaine du nucléaire, puisqu'elle a elle-même
réalisé la gérance de projet et la construction de la
centrale nucléaire de Gentilly II qui a été mise en
service en 1982. De plus, il y a, à Gentilly II même, un noyau
d'expertise dans le nucléaire important, puisque Hydro-Québec est
entièrement responsable de l'exploitation et de la maintenance de cette
centrale. Alors, nous avons actuellement dans nos rangs des
spécialistes, je dirais, qui sont en mesure de bien évaluer
l'option nucléaire pour la comparer aux autres filières de
production d'énergie électrique. (17 h 20)
Je dirais que la considération principale est que le
nucléaire ne compétitionne pas les projets disponibles
actuellement au point de vue hydroélectrique. Je pense que le
nucléaire, actuellement, dans une évaluation relativement...
peut-être pas très optimiste, mais à tout le moins
très réaliste, se situe autour de 0,057 $ le kilowattheure, alors
que nous pouvons compter sur plusieurs projets dont le coût varie entre
0,038 $ et 0,041 $ le kilowattheure. Alors, uniquement sur la
considération économique, il y a là une
évidence.
D'autre part, je pense que, éventuellement, il va falloir
aussi... il faudrait aussi regarder d'autres considérations qui sont
plus de nature environnementale et sociale. Mais je dirais que c'est un
débat qui pourrait se présenter lorsque nous serons, à ce
moment-là, au niveau décisionnel.
Centrales hydroélectriques de 25 MW et
moins
Mme Bacon: Au niveau encore et toujours des moyens de production,
dans le cadre de la commission, il y a l'Association des producteurs
privés d'hydroélectricité qui nous a dit
s'inquiéter de l'intérêt que semble porter
Hydro-Québec au regard du développement des petites centrales
hydroélectriques, et l'Association fait référence à
la possibilité, évoquée dans l'annexe des moyens de
production, qu'Hydro-Québec aménage de telles centrales. Le
mémoire de l'Association recommande aussi que tous les sites de 25 MW ou
moins soient réservés au secteur privé, exception faite
des sites déjà en exploitation, ceux d'Hydro-Québec
exploités d'ici deux ans ou de ceux qui s'intègrent dans
l'aménagement des complexes hydrauliques plus importants. Quel serait
l'impact de l'adoption de cette recommandation sur la planification et
l'opération d'Hydro-Québec?
M. Filion (Yves): M. le Président, je ne suis pas certain
d'avoir bien compris la question. Est-ce qu'on parle des centrales de moins de
25 MW?
Mme Bacon: Oui, les petites centrales de 25 MW et moins. C'est
parce que l'Association n'a pas l'impression qu'Hydro-Québec les regarde
avec beaucoup de sérieux. C'est un programme avec lequel on doit
composer. Ils aimeraient bien être pris plus au sérieux par
Hydro-Québec.
M. Filion (Yves): Disons que je vais donner, M. le
Président, une première partie de la réponse et M. Bolduc
pourra compléter.
Hydro-Québec a réalisé, au cours des
dernières années, une évaluation d'à peu
près tous les sites de petites centrales, pour se positionner, à
savoir si ces sites-là étaient intéressants pour
Hydro-Québec ou non. Il y en a plusieurs sur lesquels nous avons
statué qu'ils n'étaient pas intéressants et qui ont
été, finalement, remis au ministère de l'Énergie et
des Ressources pour qu'ils puissent être offerts à des promoteurs
privés. Il y a quelques sites encore sur lesquels les études ne
sont pas terminées. Mais dans un horizon, je dirais, d'ici un an et
demi, deux ans, nous aurons, à toutes fins pratiques, terminé les
études sur tous les sites de moins de 25 MW qui appartiennent à
Hydro-Québec et qui sont en exploitation ou qui ont été
désaffectés il y a quelques années. Alors, ça
permettra de clarifier et de finaliser la position d'Hydro-Québec sur
les sites de moins de 25 MW.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, M. Filion.
Cela met fin, madame, au temps qui vous était imparti.
Mme Bacon: Oui.
Le Président (M. Gobé): Je passerai maintenant la
parole à M. le député de Joliette. M. le
député, vous avez la parole pour 24 minutes.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Tout d'abord, je
m'excuse à nouveau, j'étais pris de l'autre
côté.
Le Président (M. Gobé): Nous vous excusons. Nous
comprenons ça.
M. Chevrette: J'ai lu en diagonale votre énoncé de
départ qui ressemble étrangement au plan de développement.
Il y a beaucoup d'intentions, mais très peu de choses
arrêtées et concrètes, de réponses directes aux
attentes. Je prends, entre autres, un point précis, c'est le programme
de développement régional. Vous parlez d'améliorer le plan
de mise en valeur environnementale. Mais les demandes concrètes faites
par les municipalités de la Haute-Mauricie, de la région du
SaguenayLac-Saint-Jean en ce qui regarde un programme de
développement régional, non pas ponctuel à partir d'un
pourcentage x donné une année et, après ça:
Bonjour, Luc, débrouillez-vous avec ça... vous ne répondez
pas du tout à cela. Vous répondez partiellement en fonction du
besoin des clients en ce qui regarde la chauffe ou le chauffage à
l'hydroélectricité, en disant que c'est à vos clients
à décider. Sauf que, dans une politique énergétique
globale, il pourrait y avoir une attitude différente: plutôt que
de faire de la promotion pour un type d'énergie, par exemple, si on
recherche un équilibre... Je comprends que ce n'est peut-être pas
le rôle d'Hydro-Québec comme tel, et c'est pour ça qu'on
demandait, nous, un débat plus large sur le plan
énergétique. Mais vous répondez et vous donnez raison
implicitement et explicitement à tous ceux qui disent que vous n'avez
pas une vision de l'énergie globale... Vous parlez de votre
énergie en fonction de vos préoccupations
hydroélectriques, mais vous n'allez pas dans le sens précis des
demandes des citoyens qui se disent inquiets de l'utilisation des
différentes sources énergétiques ou des énergies
alternatives.
Contrats à partage de risques et de
bénéfices
Je voudrais m'attarder sur deux points en particulier,
l'efficacité énergétique et les contrats à partage
de risques, et, soit dit en passant, je vous avais demandé vos
projections jusqu'en l'an 2000 et plus, et vous me répondez jusqu'en
1992 alors que, dans un autre document j'ai eu le temps de fouiner assez
rapidement en ce qui regarde le prix de l'aluminium, d'autre part, vous
vous permettez de faire une ligne droite entre différentes courbes de
cinq ans. Ça aurait été intéressant de voir la
même projection des pertes ou des revenus par rapport aux courbes que
vous avez décidées, parce que vous prenez la pointe de 1993, si
je comprends bien, 1994, et vous tirez une ligne en disant: Nous, c'est
à peu près ça notre global au bout. Je ne suis pas certain
qu'avec les courbes de cinq ans, dans le prix de l'aluminium en
général, on puisse faire ça, parce qu'on escompte des
choses qui peuvent être très variables par la suite.
D'abord, prenons les contrats à partage de risques, puisque je
viens d'y faire allusion. Vous faites beaucoup d'états, vous
développez... vous développez sur les emplois, vous
développez sur les retoipbées fiscales et vous vous rendez
jusqu'en 1992. Est-ce que vous avez des évaluations de faites à
l'interne je pèse mes mots... À l'interne, avez-vous des
évaluations de faites jusqu'en l'an... quelle année?
M. Drouin: On en a au moins jusqu'en... Vous parlez de
l'évaluation du prix de l'aluminium ou de...
M. Chevrette: Non, des pertes éventuelles ou des revenus
bruts, des revenus nets.
M. Drouin: On en a jusqu'en 1995. On a une évaluation
jusqu'en 1995 à peu près. Les chiffres: pour 1993, c'est de
l'ordre de 300 000 000$ et quelques; pour 1994, c'est 271 000 000 $; pour 1995,
c'est 237 000 000 $. Quant à la courbe, est-ce que vous permettez
à M. Delisle de vous donner...
M. Chevrette: Oui, mais, avant, pourquoi vous ne l'avez pas fait
tout autant que votre courbe de l'aluminium, puisque c'était facile
à faire? Si vous vous permettez de faire une évaluation des prix
de l'aluminium, il était facile de faire une évaluation des
pertes ou des profits.
M. Delisle: Je pense que la raison pour laquelle on ne l'a pas
fait, c'est justement un peu celle que vous avez évoquée
vous-même dans votre préambule. C'est que c'est la valeur de
ça. Si vous regardez le graphique B dans l'historique, on voit qu'il y a
une très, très grande volatilité des prix de l'aluminium.
Nous, pour les fins de confection de notre cadre financier, on doit se
référer à une valeur et on doit avoir une valeur un peu
conservatrice, donc on met 0,75 $ en termes réels en dollars de 1988.
Ça vaut pour un certain temps et ça vaut pour les fins de notre
cadre financier. Mais de véhiculer dans le public des chiffres qui
seraient fonction de cette hypothèse-là noircirait probablement
indûment la rentabilité pour Hydro-Québec des contrats
à partage de risques et de bénéfices, parce que, autant on
vient de connaître dans le cycle économique un prix très,
très bas compte tenu des déséquilibres qu'on a vus dans le
marché, autant on peut anticiper en toute logique dans les années
qui viennent d'avoir une augmentation des prix de l'électricité
qui va suivre les cycles économiques et qui va, à ce
moment-là... les prix de l'aluminium qui vont en fonction des cycles
économiques, et qui va, à ce moment-là, permettre, en
fait, une vue plus intéressante de la rentabilité de ces
contrats-là. Donc, pourquoi véhiculer indûment des chiffres
qui n'ont pas
une grande valeur? C'est un peu ça, je pense, qui est notre
réserve.
M. Chevrette: Non, mais vous comprendrez que, pour nous, c'est
drôlement important, et pour les citoyens qui ont à assumer une
facture d'hydroélectricité, de savoir quels sont... C'est
basé sur quoi, votre histoire? Par exemple, il y a quelqu'un du
ministère de l'Énergie qui me disait dernièrement qu'il y
a une double erreur dans la question des contrats à partage de risques.
Une erreur, d'abord, sur le tarif L. On me dit qu'Hydro-Québec parle de
dérapage du tarif L parce qu'il n'y avait pas... il y a eu une
augmentation plus forte dans les années 1990-1992 1986
peut-être même, je ne me souviens pas des années
précises et ceci constitue, à ce moment-là, par
rapport au tarif L, un premier dérapage. Et le deuxième
dérapage, c'est précisément le fait que vous n'avez pas
prévu ça. Vous ne pouviez peut-être pas le prévoir,
mais il y avait un problème également du fait que le dumping
russe est arrivé et qui a changé des données par la suite,
d'où deux gros problèmes majeurs face aux contrats secrets.
Est-ce que vous partagez ce point de vue? (17 h 30)
M. Delisle: Effectivement, en fait, là, le tarif L, dans
les dernières années, a augmenté plus rapidement que ce
que l'entreprise avait à l'esprit quand elle a signé ces
contrats-là il y a quelques années. Donc, ça explique
quand on compare la rentabilité par rapport au tarif L, puis c'est les
chiffres que M. Drouin vous a donnés. Effectivement, en fait, si le
tarif L s'était comporté comme on anticipait au moment de la
signature de certains de ces contrats-là, les pertes seraient moins
importantes. Par contre, on vous a effectivement, ici, présenté
dans le petit document sur les prix de l'aluminium l'impact qu'on sent durement
dans le marché de l'aluminium de l'excédent de production dans
les pays de la Communauté des États indépendants, et on
voit qu'actuellement, en fait, à la fin de 1992, il y avait un surplus
égal à 3 200 000 tonnes dans le marché, et ça a
fait que les prix sont allés à des niveaux anormalement bas, et
c'est, encore là, ce qui explique les pertes qu'on encourt.
M. Chevrette: En fait, vous avez changé... vous avez
recouvré tout d'un coup une prudence, parce que, quand vous êtes
passés la première fois, c'était facile de faire les
projections, et là on arrête à 1992, en ce qui regarde les
pertes, entre autres.
M. Delisle: Là, M. Drouin vous a donné jusqu'en
1995.
M. Chevrette: Oui, il vient de m'en donner trois. Si je continue
à le questionner, est-ce qu'il va m'en donner trois autres, puis est-ce
que je vais me rendre à 2010, trois par trois? C'est ça que je
veux savoir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Drouin: Je pense que M. Delisle vous a donné la
réponse, à savoir comment on doit traiter ces chiffres-là
et même ceux que j'ai donnés. Je veux dire, là on est dans
le court terme. Évidemment, on peut faire toutes sortes de... Quand on
regarde le tableau auquel a référé M. Delisle et qu'on
regarde les dents de scie qu'il y a dans ce tableau-là pour le
passé, je veux dire, c'est clair que, quand on essaie d'extrapoler des
prix de l'aluminium pour le futur, ce n'est pas aussi précis.
M. Chevrette: Mais, M. Drouin, vous comprendrez que les dents de
scie depuis 1972, c'est ça qui devait guider la prudence pour la
signature des contrats. Si les dents de scie sont aussi prononcées, de
1972, dans votre tableau j'ai mis mes verres pour bien les voir... Il y a
des dents de scie faramineuses; par exemple, en 1978-1980, une dent de scie qui
est pas mal haute, là; en 1988, il y en a toute une. C'est à
partir de là, c'est à partir de ces dents de scie là que
ça doit servir de prudence. S'il y avait une ligne droite comme vous
faites là, vous ne risquez pas de... C'est peut-être pour
ça que vous n'osez pas me donner trop de chiffres. Vous avez peur que,
d'une année à l'autre, je vous assomme avec ça, je
suppose?
M. Drouin: Oui. Sauf que la ligne droite qu'on tire, là,
c'est une ligne conservatrice. C'est une ligne qu'on considère comme
conservatrice pour la planification financière de l'entreprise, et on
pense que ça va se réaliser... au pire, ça va se
réaliser là, et que ça peut aller au-delà de
ça.
M. Chevrette: O.K.
M. Drouin: C'est pour ça qu'on a tiré cette
ligne-là.
M. Chevrette: Mais prenons votre ligne. Quels sont les revenus
bruts et les pertes nettes ou les bénéfices nets à partir
de votre ligne d'ici un horizon de 2010?
M. Delisle: On n'a pas les chiffres avec nous actuellement. Les
chiffres qu'on a arrêtent à 1995.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez nous les faire parvenir,
s'il vous plaît? À partir de votre hypothèse de ligne
droite, si vous en faites une hypothèse...
M. Drouin: Tout en vous mettant en garde... Bien sûr qu'on
peut vous faire parvenir des chiffres, mais tout en vous mettant en garde que
ces chiffres-là, pour des fins de planification financière, sont
des chiffres minimums. On peut très bien véhiculer ces
chiffres-là et les diffuser, mais ça peut créer une
impression qui est tout à fait fausse par rapport à ce qui va se
réaliser dans la réalité. Alors, si vous voulez qu'on les
produise, on va les produire.
M. Chevrette: Mais, M. Drouin, vous planifiez, à
Hydro-Québec. Vous planifiez en fonction d'une
donnée que vous vous fixez, en tout cas, d'une projection que
vous vous fixez. Moi, ce que je veux savoir... C'est que vous avez
planifié à partir d'un taux de rendement moyen sur la
durée du contrat. Vous devez savoir, sur la durée du contrat,
à ce moment-là, comment, au net, ça peut faire, ou des
pertes ou des profits. Voyons! Sinon, ce ne serait pas sérieux à
Hydro-Québec.
M. Delisle: M. le Président, c'est que, effectivement, on
planifie et, quand on regarde le passé pour servir d'exemple pour le
futur, on voit des cycles importants. Donc, par rapport au futur, quand ces
contrats-là sont signés, on estime un prix moyen qui est le prix
moyen des hauts et des bas de cycle. Le problème qui arrive maintenant,
c'est qu'on sort du bas de cycle et, quand on regarde le futur, nous, on fait
l'hypothèse encore du prix moyen alors que, suivant nos
hypothèses historiques, on devrait plutôt éventuellement,
au fur et à mesure que la reprise économique va se produire,
connaître des prix de l'aluminium qui vont aller au-delà des 0,75
$ en dollars de 1988, et donc, là, commencer à permettre de
combler les pertes qu'on a connues dans le passé.
M. Chevrette: Je ne doute pas de ça.
M. Delisle: Mais, par hypothèse, nous, c'est très
difficile de prévoir, entre 1996 et l'an 2000, un cycle du prix de
l'aluminium. Vous l'avez dit vous-même tout à l'heure: Qu'est-ce
qui va se passer dans les pays de la Communauté des États
indépendants? Dépendant de ce qui va arriver dans les jours qui
viennent, les semaines qui viennent, ça a des impacts très
importants sur le genre de...
M. Chevrette: Oui, mais oublions les États
indépendants. Exclusivement sur les pointes existantes depuis 1972, M.
Delisle, vous avez tiré une ligne oubliez-le, le deuxième
facteur, si vous avez peur, là exclusivement à cause du
premier qui est cyclique, vous le savez, le prix de l'aluminium est cyclique,
et, quand on regarde les pointes, c'est à peu près cinq ans.
M. Delisle: Mais on peut...
M. Chevrette: Vous avez tiré une ligne pour faire votre
planification stratégique et financière. Dans votre grande
stratégie, vous avez fixé au moins un minimum de taux de
rendement de ça, ces contrats-là? Vous l'avez planifié,
non seulement en fonction de 1992, mais vous l'avez planifié pour la
durée du contrat, parce que ça a une incidence sur la
santé financière d'Hydro. Ce que je veux savoir, c'est: Est-ce
que vous escomptez, au bout de la course, des profits ou des pertes, et
basé sur quelle pointe que vous avez choisie pour tirer votre... Est-ce
que c'est la pointe de 1993, en passant?
M. Delisle: Deux choses, et c'est très difficile d'oublier
les pays des États indépendants, parce qu'ils produisent pour 4
400 000 tonnes...
M. Chevrette: Non, non, je comprends.
M. Delisle: ...puis c'est ça qui explique le
déséquilibre, en grande partie, du marché aujourd'hui.
Donc, c'est très difficile, d'un point de vue d'analyse, de les mettre
de côté. Par ailleurs, peut-être qu'il y a une façon
de répondre à votre question, c'est qu'à l'origine, quand
les contrats ont été signés, l'hypothèse et
l'objectif, c'était, oui, de mettre en risque nos
bénéfices futurs, mais c'était, à ce
moment-là, de tirer de ces contrats-là une rentabilité qui
était... qui se rapprochait, en fait, de la rentabilité du tarif
L. Donc, l'exercice auquel vous nous conviez, il a été fait dans
le passé quand les contrats ont été signés. Par
contre, maintenant, plusieurs de ces contrats-là ont plusieurs
années de passées, et là on vient de se payer un des
pires...
M. Chevrette: Mais on vous avait demandé de nous le donner
jusqu'en 2010, pour la longueur du contrat, et vous avez arrêté en
1992. Pourquoi?
M. Delisle: Mais la raison, c'est que... En fait, on vous a
donné aussi jusqu'en 1995. La raison, c'est une question, en fait, de ne
pas...
M. Chevrette: Je veux des réponses à mes questions,
là.
M. Delisle: ...véhiculer de l'information qui est
inutilement négative à l'égard de contrats comme
ceux-là. C'est simplement ça.
M. Chevrette: Non, mais il ne faut pas avoir peur de... C'est une
société d'État publique, là. Vous n'êtes pas
dans l'entreprise privée, ici, là. C'est les actionnaires,
là; c'est les Québécois, ils ont le droit de savoir si,
l'an prochain je vous remercie de la réponse, j'aurais dû
continuer à questionner pour 1996... Est-ce que vous avez une
réponse pour 1996, M. Drouin?
M. Drouin: Non, je ne l'ai pas, la réponse, pour 1996.
M. Chevrette: Donc, vous allez aller la chercher et vous allez me
la donner?
M. Drouin: Non, c'est juste parce que... Je veux dire, c'est
clair qu'on ne pourrait pas prévoir le prix de l'aluminium en dents de
scie, comme il est prévu, comme on l'a vu dans le passé. Donc, on
est obligés de tirer une ligne, vous l'avez dit vous-même, et on a
tiré cette ligne-là à partir de 1996 ou 1997, on a
tiré cette ligne-là pour jusqu'à la fin. C'est clair
qu'avec l'historique vécu et ce qu'on s'attend pour le futur on ne
réalisera pas, peut-être, les objectifs qu'on s'était
fixés à l'origine, mais, au moins, on peut peut-être
s'attendre de faire un «break-even», parce que, dans le tarif L, il
y a d'incorporée, bien sûr, la marge bénéficiaire.
Alors,
ce qu'on peut souhaiter, c'est qu'on ne soit pas en dessous de nos
coûts de fourniture. C'est pour ça qu'on a mis ce type de chiffres
là; premièrement, pour être conservateurs dans notre
planification et ne pas incorporer, dans notre planification à long
terme, des revenus dont on n'est pas sûrs. Alors, c'est dans ce
sens-là qu'on l'a mis là. Et nous, notre objectif, c'est
d'essayer enfin, pas notre objectif c'est d'essayer de
réaliser au moins les coûts de fourniture dans ça.
Je dirai, en plus, que, sur ces contrats-là, M. le
Président, il y a ce qu'on appelle des clauses de «hardship»
en français, j'essaie de traduire ça, on me dit que c'est
d'«inéquité» et c'est des clauses qui
permettent, à un moment donné dans le temps, de
réévaluer s'il y a certaines choses au moins essentielles dans le
contrat qui ont été réalisées et, si elles n'ont
pas été réalisées, il y a une possibilité de
réouverture. Alors, évidemment, ça, ça rend le
contrat encore moins à risque. Mais ce que je dis, c'est: Ça
paraît évident, à ce moment-ci, qu'on ne réalisera
pas ce qu'on pensait être le tarif L sur l'ensemble de la durée du
contrat, mais, au moins, qu'on puisse tenter de réaliser
l'équivalent des coûts de fourniture avec une marge
bénéficiaire qui ne serait pas le 15 % que l'on calcule
être, aujourd'hui, normal dans le cas du tarif L, mais qu'on puisse
réaliser une certaine marge bénéficiaire et qui ne nous
mettrait pas à perte au niveau du contrat.
M. Chevrette: Je suis bien d'accord avec vos explications. C'est
la deuxième fois que vous me la servez, parce que je me rappelle ce que
vous m'aviez dit la première fois. Mais comment voulez-vous... Si je
n'ai pas ces données-là, si je veux les connaître, quel est
le moyen que je dois prendre...
M. Drouin: On va vous les transmettre, M. le
Président.
M. Chevrette: Bon. C'est ça que je veux savoir. Ce
n'était pas plus long que ça.
M. Drouin: On va les faire, puis on va vous les transmettre
avec...
M. Chevrette: Les contrats à partage de risques, une
dernière question sur ça avant de passer à
l'efficacité énergétique. Est-ce que ça fait
partie, la portion de ces contrats... Est-ce qu'on a des frais de garantie
à payer à l'État en ce qui regarde la portion de ces
contrats-là?
M. Drouin: Je ne comprends pas, là. M. Chevrette:
En d'autres mots... M. Drouin: La dette...
M. Chevrette: La dette. Vous payez des frais de garantie sur la
dette. (17 h 40)
M. Drouin: Écoutez. Poser la question, c'est y
répondre. C'est clair que l'ensemble de notre dette est soumise aux
frais de garantie.
M. Chevrette: O.K. Est-ce que la portion et c'est
là ma deuxième question est-ce que les signataires du
contrat à partage de risques, dans le tarif qu'ils paient... est-ce que
ce 0,5 % est assumé aussi par ces signataires ou si c'est assumé
par l'ensemble des autres consommateurs?
M. Drouin: Bien, je pense qu'il faut dire que l'ensemble des
coûts reliés à une construction de projet sont
assumés par l'entreprise et que, dans...
M. Chevrette: Mais vous répartissez vos tarifs, vous avez
signé un contrat... Je vais me réexpliquer plus clairement, M.
Drouin, parce que je veux avoir une réponse très claire
là-dessus. Vous avez des contrats à partage de risques qui ont
été fixes, c'est-à-dire qui évoluent selon le prix
de l'aluminium, mais cela a cadré le paiement ou la tarification pour
ces gens-là, pour les compagnies énergivores. Quand vous arrivez
à une année 1992 où on vous impose des frais de partage de
risques je suppose que ça représente 200 000 000 $, 300
000 000 $, mettons un chiffre rond est-ce que vous refilez une partie de
cette facture des frais de garantie aux alumineries qui ont signé des
contrats à partage de risques ou si ce 300 000 000 $ n'est pas
assumé par les autres consommateurs?
M. Drouin: II n'est pas assumé par les autres, puis il
n'est pas assumé par...
M. Chevrette: II est assumé par l'avoir propre, vous allez
me dire.
M. Drouin: Bien, il est...
M. Chevrette: Mais vous allez modifier vos tarifs pour les autres
sans pouvoir les modifier pour les grandes compagnies énergivores.
M. Drouin: Bien, c'est clair, parce que c'est des contrats. C'est
des contrats qui comportent des clauses, comme vous le savez, qui sont
déterminées, mais...
M. Chevrette: Donc, en bout de course, est-ce que je peux
affirmer...
M. Drouin: Non, mais ce qui est important relativement à
votre question, c'est que l'on ne fait pas assumer les frais de garantie
reliés aux projets qui desservent des alumineries. Autrement dit, les
frais de garantie font partie de nos coûts de fourniture et les
coûts de fourniture des ventes aux alumineries ne sont pas assumés
par les autres clients d'Hydro-Québec.
M. Chevrette: M. Drouin, est-ce que les tarifs fixés par
les contrats à partage de risques ou découlant
du contrat à partage de risques... À supposer qu'une
année, pour la santé financière d'Hydro, à cause de
ces frais-là, à cause des surtaxes sur le capital, à cause
de l'hydraulicité, vous devez changer les tarifs pour assurer une
meilleure santé financière, est-ce que ça affecte
également les contrats à partage de risques ou ceux qui les ont
assumés?
M. Drouin: La réponse, c'est non.
M. Chevrette: Donc, en bout de course, est-ce que c'est faux de
prétendre, devant cette assemblée, ici, que ceux qui ont
signé des contrats à partage de risques, eux ne seront jamais
influencés par quelque catastrophe que ce soit, puis quelque coût
additionnel que ce soit que l'État pourrait imposer, puis ce serait
toujours les autres consommateurs qui devraient assurer la santé
financière d'Hydro?
M. Drouin: Dès que vous mentionnez une clause de
catastrophe, je suis obligé de dire que ces contrats contiennent une
clause de catastrophe et...
M. Chevrette: La faible hydraulicité ne fait pas partie
des catastrophes?
M. Drouin: Bien, la faible hydraulicité, à long
terme, pourrait éventuellement déboucher sur le fait que le
tarif... La réalisation des profits ou des revenus dans le cas des
alumineries ferait en sorte qu'on pourrait rouvrir ces contrats-là.
Alors, dès que vous parlez de ça, oui. Mais, dans le contexte
normal, c'est clair que ces contrats-là sont fermés.
M. Chevrette: Ça répond à ma question. C'est
ce que je détenais comme information également.
Programme d'isolation des maisons
L'efficacité énergétique. À
Hydro-Québec, vous avez fait l'objet de nombreux commentaires sur
l'efficacité énergétique. Vous avez lu les
mémoires, nous dites-vous, on a même votre synthèse, donc
vous les avez lus, c'est certain, vous les avez très bien
compilés. Je trouve ça intéressant. Ça m'a
évité de l'ouvrage, merci. Mais ceci dit...
M. Drouin: Ça veut dire qu'il y a des choses qu'on vous
transmet.
M. Chevrette: Oui, oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est parce que c'est public, ça. Ce n'est
pas public, ça?
M. Drouin: Certainement.
M. Chevrette: Bon. J'y ai pensé que vous étiez
ouvert de même. D'ailleurs...
Pour revenir à l'efficacité, pour être
sérieux, vous avez... Je me souviens très bien de ce que M.
Bolduc nous a dit le premier soir, qu'il pouvait changer ses objectifs
d'efficacité énergétique peut-être dans deux mois,
il ne le savait pas... Il y avait des impondérables. Je suis bien
d'accord avec tout ça. Mais, ceci dit, il reste que les gens croient peu
ou pas au fait que, dans une seule année, vous pensez doubler ce que
vous auriez fait pendant quatre ans, d'abord, et maintenir le cap des 9,3 TWh
sur l'an 2000 leur apparaît assez aléatoire pour ne pas dire plus,
leur apparaît même trop optimiste à cause du manque d'outils
de contrôle ou à cause du manque d'évaluation. Pour
certains, la gamme des raisons est peut-être différente, selon les
mémoires qu'on a lus, mais il y a beaucoup de gens qui doutent
personnellement de vos objectifs, d'autant plus que ça a changé
tellement souvent que vous leur avez quasiment donné raison de douter,
parce que c'est vous autres mêmes, dans vos propres plans de
développement antérieurs, qui modifiaient quasi annuellement vos
objectifs d'économie d'énergie. Donc, à partir de cela et
à cause d'articles aussi qui sont sortis dernièrement, je ne sais
pas, qui ont un certain fondement, vous auriez calqué en matière
d'économie d'énergie la Florida Power ou je ne sais pas trop
quoi...
Une voix: ...
M. Chevrette: ...l'adopter. Mais ce sera plutôt des
engagements de performance, puis on les verra probablement demain, si je peux
me dégager pour venir.
Ceci dit, avec les sommes d'argent qui sont considérables, c'est
1000000000$, 2000000000$, 3 000 000 000 $, les gens qui regardent ça
froidement avec un gros bon sens, ils disent: On vit dans un pays où le
climat est très radical; plutôt que de s'amuser à certains
petits projets, pourquoi ne pensons-nous pas à un véritable
programme d'isolation des maisons, et, à injecter autant d'argent, c'est
des emplois extraordinaires, et on s'attaque au vrai problème où
il y a des pertes d'énergie épouvantables, dans des milieux
même, vous le savez, très défavorisés, et on
pourrait contribuer à créer de l'emploi et à
répondre à un besoin réel, que tout le monde
connaît, à partir du gros, gros jugement et du gros, gros bon
sens? Qu'est-ce que vous répondez à ça?
M. Drouin: Je pense que je vais demander à M. Bolduc de
répondre à cette question-là. D'ailleurs, la ministre de
l'Énergie avait posé la question précédemment.
M. Chevrette: Je m'excuse, je n'y étais pas.
M. Drouin: Non, c'est correct.
M. Chevrette: Je m'excuse.
Le Président (M. Gobé): M. Bolduc, vous avez
la parole.
M. Bolduc: La question de programmes massifs d'isolation des
maisons, je pense qu'il faut la placer dans son contexte du parc
québécois domiciliaire. M. Boivin, il y a un an et demi, avait
fait un discours sur l'efficacité énergétique, à
Montréal, qui avait résumé beaucoup...
M. Chevrette: Une phrase qu'il a regrettée. Il s'est fait
retrousser vite.
M. Bolduc: ...cette question-là et qui avait
soulevé, comme vous le savez, beaucoup d'attentes sur ces
différents programmes. Mais un des points qu'il avait mentionnés,
c'était que, depuis 20 ans au Québec, les différents
programmes d'efficacité énergétique, d'isolation et
d'amélioration de la qualité thermique des résidences,
ça a fait baisser la consommation moyenne des ménages au
Québec, d'énergie totale, de 48 000 kWh à 28 000 kWh.
Ça veut dire que notre parc résidentiel, actuellement, est un des
mieux isolés au monde. Ça ne veut pas dire que certaines maisons
et c'est des points que je soulevais plus tôt cet
après-midi dans les milieux ruraux, les maisons en bois, des
maisons qui n'ont pas été isolées, disons, comme l'ont
été des maisons de banlieue, des grandes villes, et ainsi de
suite, ne pourraient pas en bénéficier, et nous comptons, dans
ces cas particuliers, incorporer et nous sommes à incorporer dans nos
programmes d'efficacité énergétique des mesures qui vont
s'adresser à cette partie de notre parc résidentiel. Mais, soyons
réalistes, il ne s'agit pas d'un pourcentage très
élevé du parc résidentiel au Québec. (17 h 50)
Un programme massif d'isolation, si on prend des chiffres assez
simplistes... C'est difficile de refaire l'isolation d'une maison normale de
banlieue, disons, en maçonnerie, pour moins de 10 000 $ à 20 000
$ par maison. Si on parle de 1 000 000 d'habitations au Québec ou de 1
000 000 de logements qui feraient l'objet comme ça, on ne parle plus de
1 000 000 000 $ ou de 2 000 000 000 $, on parle de 10 000 000 000 $ ou de 20
000 000 000 $ que ça impliquerait. Il n'y a aucun calcul
économique qui justifierait des investissements de cet ordre de grandeur
là et, étant donné la nature déjà
très poussée de la qualité d'isolation des
résidences au Québec, ça n'en vaudrait pas du tout la
chandelle en termes de calcul d'efficacité énergétique.
C'est pour ça que les 2 000 000 000 $ du programme actuel, ce n'est pas
pour s'amuser dans des petits projets. C'est pour être le plus efficace
possible pour obtenir le maximum de résultats d'un investissement qui se
compare, dans une approche intégrée de gestion des ressources,
à nos coûts alternatifs. On ne peut pas investir 5 fois ou 10 fois
plus cher dans l'isolation que ça coûterait pour produire
l'énergie économisée. Je pense que ce serait un gaspillage
absolument inacceptable au Québec.
Donc, le programme, tel qu'il est conçu, va, de façon
pointue, identifier une certaine partie du parc résidentiel, mais qui
est relativement minoritaire, qui va avoir besoin d'un programme d'isolation,
mais à l'intérieur des montants et de la rentabilité qui
est prévue, et il va se concentrer sur les applications que
j'appellerais légères, d'étanchéification des
portes et fenêtres, d'étan-chéification de choses aussi
simplistes que des prises de courant et des mesures de contrôle par des
thermostats plus efficaces qui coûtent assez peu en termes
d'investissements et qui rapportent beaucoup en termes d'économies
d'énergie. C'est la seule façon que nous allons pouvoir produire
nos objectifs d'efficacité énergétique à
l'intérieur des budgets qui sont là.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Bolduc. C'est
là tout le temps imparti pour cette intervention. Je passerai
maintenant, pour le reste du temps, la parole tel qu'entendu, d'ailleurs
à M. le député de Drummond. Il vous reste à
peu près huit minutes, M. le député.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Je vais me fier
à votre diligence pour m'arrêter lorsque mon temps sera
écoulé.
M. le Président, j'aimerais attaquer à ce moment-ci le
volet qui est toute la petite et moyenne entreprise. Lors des audiences, on a
eu plusieurs mémoires, plusieurs regroupements d'associations aussi sont
venus nous dire, au niveau de l'efficacité énergétique,
que, si on faisait du cas par cas et si on prenait la peine de s'asseoir avec
chacune de ces industries-là, il y aurait peut-être des choses
fantastiques qu'on pourrait faire, au lieu d'essayer d'introduire des mesures
globales. Ça, c'est mon commentaire sur l'efficacité
énergétique. Je pense que vous avez eu la chance d'en prendre
connaissance.
Tarif pour les PME
Mais il y a deux autres volets aussi, c'est surtout au niveau du
développement et ça attaque aussi une partie de votre plan de
développement. Il y a deux organisations pour ne pas les nommer,
il y a Eka Nobel inc. et il y a aussi Norton Céramiques qui sont venues
nous voir. Dans un cas, je dois vous avouer que j'ai été
estomaqué. Lorsqu'on veut se développer pour créer de
l'emploi ici, dans le cas d'une de ces organisations-là, on nous a dit,
et là c'est la fameuse pointe, que, si on dépasse dans un mois
une pointe qui est plus élevée, on est chargé pour le mois
au complet, qu'on a voulu faire un essai, qu'on a essayé de s'entendre
au niveau de la région. Apparemment, ça va fantastique
ça, c'est un autre commentaire que je ferais à ce moment-ci
au niveau régional, il y a toujours une bonne collaboration.
C'est lorsqu'on s'en va, j'aurais le goût de vous dire, en boutade, au
piège social, ou au siège social d'Hydro-Québec, que,
là, on commence à avoir des difficultés... pour faire en
sorte qu'une de ces entreprises n'a pas été capable de faire son
essai ici, au Québec, qu'elle a été obligée de le
faire en Norvège. On voit tout de suite un transfert de technologie qui
s'en va là-bas et, si le procédé est bon, on revient.
Alors, il y a toute cette problématique-là. Puis ces deux
entreprises-là
nous ont mentionné clairement qu'elles s'en venaient de moins en
moins compétitives aussi au niveau de la tarification, et il y a
peut-être des projets à coups de 50 000 000 $ à chacun de
ces endroits-là qui pourraient être faits si on pouvait s'asseoir
et être capables de négocier et avoir une nouvelle vue, une
nouvelle tarification et une meilleure compréhension.
M. Drouin: M. Bolduc.
M. Bolduc: Tout d'abord, M. le Président, sur le point des
tarifs concurrentiels, nous avons rencontré ces mêmes entreprises
régulièrement, et encore il y a à peine deux semaines,
pour bien comprendre les comparaisons qui sont faites. Actuellement, il existe
un endroit aux États-Unis, qui est le territoire desservi par la
Tennessee Valley Authority, où, à cause de surplus
énergétiques très.élevés sur plusieurs
années on a construit trop de centrales nucléaires
on a, sur un horizon assez long, la possibilité d'offrir des tarifs
excédentaires qui ressemblent un peu aux tarifs excédentaires
qu'Hy-dro-Québec a pu offrir dans les années quatre-vingt
lorsqu'elle avait elle-même des surplus énergétiques et qui
ont amené l'implantation, au Québec, de beaucoup d'industries.
Actuellement, cette entreprise-là offre des tarifs qui, dans certains
cas, sont compétitifs ou inférieurs aux tarifs réguliers
qu'Hydro-Québec peut offrir à ses clients.
Nous n'avons pas actuellement de surplus. Nous venons de terminer une
période d'hydraulicité faible et nous espérons, bien
sûr, aller, là aussi, dans une pointe vers le haut et se
retrouver, dans les années qui viennent, avec certains surplus
disponibles. Nous étudions très vite. Nous avons dans nos tiroirs
une foule de programmes qui pourraient tirer le maximum de retombées
positives de ces surplus-là, qui incluraient des incitatifs, des rabais
tarifaires pour des nouvelles entreprises ou des entreprises qui voudraient
augmenter leur production. Mais je pense que ce que nous essayons de faire
comprendre à ces clients-là, c'est la stabilité à
long terme qu'offrent les tarifs d'Hydro-Québec qui, une fois qu'on
enlève ces rabais spéciaux, sont encore les plus
compétitifs en Amérique du Nord. il y a à peine un an, les
mêmes clients nous parlaient des tarifs très bas de bonneville
power administration dans le nord-ouest des états-unis. or, en un an,
cette situation s'est complètement renversée. bonneville power
est en déficit et ils ont dû restreindre à 75 % ou 80 %,
selon les cas, la consommation de leurs grands clients industriels parce qu'ils
manquent d'énergie. et, il y a un an, on nous citait ça en
exemple comme attrait par rapport aux conditions au québec. donc, je
pense que ces situations-là, il faut les regarder dans leur ensemble, et
nous essayons de faire le mieux possible avec les clients.
M. St-Roch: Vous m'avez répondu aux questions de
vérification, mais je n'ai pas eu de réponse encore au niveau de
l'industrie qui irait vous voir, qui dirait à Hydro: J'ai une
expérience à faire; ma production est stable, mais cette
expérience-là, sur une période de 48 heures, va m'amener
une pointe; est-ce que je peux faire mon essai sans être
pénalisée pour toute la durée du mois? Lorsqu'on regarde
ces industries-là, que c'est à coups de millions de dollars par
année, on peut comprendre qu'un mois, un essai, ça peut
représenter plusieurs dizaines de milliers de dollars, ce qui fait que
ce n'est pas concurrentiel. Et moi, c'est ça que je ne suis pas capable
de comprendre d'Hydro-Québec dans un cas comme ça, c'est
de la recherche et du développement qu'on laisse aller faire
l'essai en Norvège, et c'est sûr et certain que, lorsque tu
envoies l'idée ailleurs, pour avoir évolué sur cette
scène-là aussi, il y a beaucoup plus de chances que l'idée
va être adoptée ailleurs au lieu d'être adoptée ici.
Alors, pourquoi, n'est-il pas possible à ces industries-là
d'avoir une permission d'Hydro-Québec: On va payer à taux normal
cet excès de consommation sans avoir la pénalité pour
surconsommation?
M. Bolduc: Le problème, et nous en sommes très
conscients, c'est qu'Hydro-Québec vit dans un contexte de
réglementation où ses tarifs font l'objet d'un règlement
tarifaire, qui demandent un décret du gouvernement et qui doivent
être appliqués avec énormément de rigueur, et tout
arrangement particulier qui n'est pas en fonction du règlement
tarifaire, ça devient ce qu'on appelle, comme on l'appelait tout
à l'heure, un contrat particulier, et c'est extrêmement lourd et
compliqué pour nous de pouvoir offrir ça, à des
très courts délais, à des clients. Donc, c'est une
situation qu'on aimerait pouvoir contourner, nous allons essayer de le faire,
mais il faut être conscients que le contexte qui réglemente les
contrats d'électricité est quand même assez rigide.
M. St-Roch: Mais je pense qu'il y aurait avantage au niveau de la
réglementation à avoir une exception lorsque c'est
réellement pour de la recherche et du développement, et qu'on
perde une journée ou deux.
Ma dernière question, mon temps s'écoule, malheureusement,
rapidement. Au niveau de 1'electrification et de l'utilisation de
l'électricité dans le transport en commun, j'ai reçu une
lettre qui touche un peu HydroQuébec indirectement. Ce serait
plutôt au niveau de la recherche et du développement. Est-ce que
vous êtes associés au niveau de la recherche et du
développement avec la compagnie Deshaies pour la fabrication ou le
développement d'un autobus électrique?
M. Drouin: Avec EDF?
M. St-Roch: Deshaies, oui.
Une voix: Deshaies.
M. Drouin: Deshaies?
Une voix: II n'y a pas d'association.
M. Masson (Louis): II n'y a pas d'association,
bien qu'il y ait déjà eu des contacts pour faire
des...
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous pourriez
vous nommer pour les fins d'enregistrement, monsieur?
M. Drouin: M. Louis Masson.
M. Masson: Louis Masson, planification du réseau,
vice-président...
Le Président (M. Gobé): C'est bien, M. Masson. Vous
avez la parole.
M. Masson: II y a eu des contacts dans le passé pour faire
des expertises, mais il n'y a pas d'association dans le moment pour le
développement conjoint.
M. St-Roch: Parce qu'on se retrouve encore dans une belle
situation où on va acheter encore des autobus conventionnels en
utilisant une technologie étrangère qui aurait très peu de
retombées au Québec, où une entreprise
québécoise qui, peut-être, avec un coup de pouce au niveau
de la recherche et du développement, pourrait développer des
véhicules qu'on pourrait exporter à partir de cette
technologie-là. On y reviendra dans un autre forum.
M. Drouin: Sur ce plan-là, je veux juste vous dire qu'on
fait des expériences actuellement relativement à l'utilisation de
l'hydrogène dans des moteurs d'autobus et de camion de façon
à rencontrer les normes environnementales de Los Angeles.
Là-dessus, on est en collaboration avec les communautés
européennes et la STCUM à Montréal pour faire des
expériences sur un moteur à hydrogène avec gaz
naturel.
Le Président (M. Gobé): Alors, ceci met donc fin
aux travaux de notre journée. La commission ayant accompli son mandat
pour ce jour, je vais donc ajourner les travaux à demain matin, 10
heures, à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine. Alors, la commission est
maintenant ajournée. Bonne soirée à tout le monde!
(Fin de la séance à 18 heures)