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(Neuf heures deux minutes)
Le Président (M. Audet): Je déclare la
séance de la commission de l'économie et du travail ouverte. Je
vous rappelle le mandat de la commission qui est de procéder à
une consultation générale sur la proposition de plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Bélanger
(Laval-des-Rapides) par M. Marcil (Salaberry-Soulanges); M. Bordeleau (Acadie)
par M. Fradet (Vimont) et M. Charbonneau (Saint-Jean) par M. Philibert
(Trois-Rivières).
Le Président (M. Audet): Et il n'y en a pas d'autres?
D'accord.
Alors, est-ce que les membres de la commission ont pris connaissance de
l'ordre du jour?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'ordre du jour est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Audet): Alors, ce matin, nous recevons,
dans un premier temps, le Regroupement national des conseils régionaux
de l'environnement du Québec s'il pouvait s'avancer, s'il vous
plaît ensuite, suivra l'Association minière du
Québec et nous terminerons avec la Région-laboratoire de
développement durable du SaguenayLac-Saint-Jean.
Alors, madame et monsieur, je vous souhaite la plus cordiale bienvenue
au nom des membres de la commission. Je vous rappelle brièvement notre
procédure. Vous disposez d'une vingtaine de minutes pour nous faire part
de votre exposé; ensuite, suivront une quarantaine de minutes. Avant de
débuter votre exposé, je vous inviterais à vous
présenter pour les fins du Journal des débats. Vous pouvez
débuter votre présentation. On vous écoute.
Regroupement national des conseils régionaux de
l'environnement du Québec (RNCREQ)
Mme Paquin (Ginette): Mon nom, c'est Ginette Paquin. Je suis
présidente du Conseil régional de l'environnement de la
région de Québec et j'ai représenté le Regroupement
national des conseils régionaux à la consultation
d'Hydro-Québec. Malheureusement, M.
Marc Turgeon, qui est président du Regroupement national des
conseils régionaux de l'environnement et qui est lui-même
président du conseil régional de l'Outaouais, ne pourra pas venir
ce matin parce que c'est un bénévole et qu'il n'a pas pu se
déplacer; il est dans l'Outaouais. Alors, je me suis fait accompagner
par Richard Legault. C'est le directeur du conseil régional de
Québec.
Nous allons commencer par vous présenter le Regroupement
national...
Le Président (M. Audet): Excusez, madame. C'est M. Legault
ou Lebeau?
Mme Paquin: Richard Legault.
M. Legault (Richard): Richard Legault.
Le Président (M. Audet): Legault.
Mme Paquin: C'est le directeur de notre conseil régional
à Québec.
Le Président (M. Audet): Merci.
Mme Paquin: Nous allons commencer par vous présenter
brièvement le Regroupement national des conseils régionaux de
l'environnement du Québec. M. Legault va vous les présenter.
M. Legault: Bonjour à tout le monde. Alors, le
Regroupement national, c'est un regroupement de 10 conseils régionaux
actuellement et il regroupe et représente les 10 conseils
régionaux dont vous voyez la liste ici bas. Le Regroupement constitue
une table nationale d'échanges et de concertation entre les conseils
régionaux afin de contribuer à ce que les régions du
Québec se dotent de stratégies d'action et d'outils pour
promouvoir le développement durable et la gestion intégrée
des ressources.
Plus tard, en tout cas, si vous avez des questions sur le type de
«membership», ça représente les milieux
environnementaux, syndicaux, éducatifs, de recherche et
socio-économiques. Alors, vous avez une liste ici, en dessous, des
conseils régionaux. Je vais vous la faire, si vous ne l'avez pas.
Ça représente le Conseil régional de l'environnement des
Basses-Laurentides; le Conseil régional de l'environnement de
Chau-dière-Appalaches; les conseils régionaux de l'environnement
de l'Est du Québec, de l'Estrie, de la Côte-Nord, de la
Montérégie, de la région de Québec, de
Lanaudiè-re, du SaguenayLac-Saint-Jean et de l'Outaouais.
Merci.
Mme Paquin: Alors, on passe au mémoire. Avant d'aller
directement au mémoire, d'ailleurs que je ne suivrai pas à la
lettre, je vais vous présenter un peu le contexte dans lequel s'inscrit
notre mémoire. Nos commentaires sur un plan de développement
s'inscrivent dans un contexte mondial de changements structurels où nous
devons, comme tous les pays, devenir compétitifs, réduire nos
coûts, améliorer le rendement de nos ressources, évoluer
vers des activités à moins forte intensité de
matière première et d'énergie et où, dans ce
contexte, nous sommes appelés à faire des choix difficiles.
En matière d'énergie, la production de masse, selon nous,
est maintenant dépassée parce qu'elle génère de la
surconsommation et que nous sommes dans une période d'économie.
Nous sommes actuellement également dans une période d'incertitude
concernant la croissance de la demande à cause justement de l'importance
que prennent maintenant les économies d'énergie et les
énergies alternatives qui deviennent de plus en plus
intéressantes. Nous avons donc besoin de flexibilité et, si nous
construisons des barrages maintenant, dans une telle période
d'incertitude, nous risquons de faire des erreurs importantes. Il vaut donc
mieux s'orienter à court terme vers des moyens de production plus
flexibles, plus diversifiés et vers la conservation de
l'énergie.
Je passe maintenant au mémoire. La consultation publique
d'Hydro-Québec en 1992 n'a pas permis un changement substantiel de ses
positions en matière d'énergie. Elle a déposé une
proposition qui s'appuie encore essentiellement sur le harnachement complet de
toutes les rivières québécoises jugées rentables.
Il en résulte que la proposition de plan de développement
d'Hydro-Québec est faible sur au moins deux aspects: Hydro-Québec
sous-estime le potentiel d'efficacité énergétique et se
fixe un objectif d'efficacité énergétique trop bas;
deuxièmement, elle ne donne pas crédit à des options
d'offres qui, par leur nature modulaire et leurs moindres effets
environnementaux, pourraient offrir une meilleure protection globale au
Québec même si leurs stricts coûts de production sont plus
élevés a priori. Entre parenthèses, si on appliquait la
méthode de planification intégrée des ressources, ces
options d'offres, évidemment, deviendraient plus compétitives par
rapport à l'hydroélectricité.
Le RNCREQ propose donc dans son mémoire des moyens de hausser
l'objectif d'efficacité énergétique, questionne entre
autres l'analyse d'Hydro-Québec sur les éoliennes et
présente les éléments principaux d'un scénario de
très faible augmentation de la demande, scénario qui devrait
être ajouté au scénario présenté par
Hydro-Québec dans son plan de développement 1993, car il
permettrait à la société québécoise d'avoir
devant elle de véritables choix. je commence par les moyens de hausser
l'objectif d'efficacité énergétique, brièvement. il
faudrait avoir une approche volontariste et proactive. les citoyens, selon
nous, sont prêts à embarquer. l'exemple d'écokilo, avec une
participation de 50 % de la clientèle, nous le démontre. Il
faudrait également, pour hausser l'objectif d'efficacité
énergétique, examiner les potentiels autres que technologiques
par exemple, les potentiels du côté du recyclage, des
densités d'occupation du territoire, les habitations multifamiliales, la
structure industrielle qu'on devrait réorienter vers des secteurs de
pointe et faire un inventaire, bref, plus exhaustif de tous les
potentiels. on voudrait, à cet effet, en matière
d'efficacité énergétique, qu'hydro-québec fasse une
simulation des potentiels d'efficacité énergétique en
incluant les quatre éléments suivants: une simulation du
potentiel structurel; une simulation d'une hausse du potentiel
technico-écono-mique de 50 %; une simulation d'une
accélération de la commercialisation des mesures
d'efficacité énergétique de 50 % et une liste des
conditions nécessaires pour hausser la vitesse de commercialisation et
la discussion de ces conditions. et on aimerait que les résultats de ces
simulations soient intégrés à la proposition
d'hydro-québec avec des commentaires.
D'autres façons d'augmenter l'objectif d'efficacité
énergétique seraient de ne pas limiter le critère de
sélection des mesures d'efficacité énergétique
à leur rentabilité immédiate. Dans certains cas, il
faudrait recourir aux meilleures technologies à cause de leur effet
d'entraînement en termes de développement industriel
technologique. Il faudrait miser aussi sur la baisse des coûts des
mesures d'efficacité énergétique dans le futur si on les
promeut de façon active. (9 h 10)
Hydro-Québec doit envisager également de s'approvisionner
chez les manufacturiers si cela permet des économies additionnelles
importantes. Elle doit hausser le taux de participation visé pour sa
clientèle, qui est de 34 %, en s'orientant, par exemple, vers les
contacts directs avec la clientèle et l'installation directe de mesures
d'efficacité énergétique. Elle devrait concevoir des
programmes pour éliminer les obstacles à la
pénétration commerciale des mesures d'efficacité
énergétique, incorporer à ces programmes une option de
financement pour les citoyens et entreprises démunis et, enfin, utiliser
la tarification comme outil persuasif en mettant de l'avant des hausses
tarifaires sélectives bien ciblées et basées sur
l'élasticité-prix de la demande, c'est-à-dire geler le
tarif actuel sur l'usage de base et hausser celui des derniers kilowattheures
consommés au niveau où le marché intègre
l'efficacité énergétique à une vitesse
optimale.
Dans le résidentiel, ça pourrait entraîner la
création d'un troisième et peut-être d'un quatrième
bloc tarifé à un niveau beaucoup plus haut que 0,055 $ le
kilowattheure. Et, dans les autres secteurs, on propose des formules du type de
celle suggérée par British Columbia Hydro, que je ne vous
décris pas, qui est décrite dans le mémoire.
Je voudrais dire un mot aussi sur les industries à forte
consommation d'électricité et les exportations
d'hydroélectricité. Selon nous, ces choix ne favorisent pas le
Québec. Nous pensons qu'ils servent plutôt à combler
l'écart entre la demande naturelle du Québec et
la production des ouvrages prévus. Nous ne croyons pas à
la justification économique de ces choix. Les arguments
économiques nous apparaissent utilisés, selon nous, a posteriori,
pour justifier la construction de nouveaux barrages. Nous demandons donc
l'abandon du développement artificiel de ces deux crénaux.
Au niveau des moyens de production, nous voulons noter la faiblesse de
l'analyse d'Hydro-Québec au sujet des éoliennes et dans sa
façon de répondre à un scénario de très
faible augmentation de la demande. Concernant la filière
éolienne, au moins, Hydro-Québec a reconnu un potentiel important
dans ce secteur, mais le coût, à service équivalent,
c'est-à-dire lorsqu'on tient compte des équipements pour garantir
la puissance, est estimé à 0,085 $ le kilowattheure. C'est encore
très haut.
L'hypothèse d'Hydro-Québec, c'est que l'équipement
d'appoint pour garantir la puissance doit se trouver du côté du
producteur. Nous, nous pensons qu'il pourrait se retrouver du côté
de l'utilisateur, c'est-à-dire les utilisateurs de chaudières
multicombustibles. On pourrait, en effet, concevoir un parc d'éoliennes
dont la taille, en puissance, serait plus ou moins proportionnelle au parc
optimal de chaudières multicombustibles. À ce moment-là,
les éoliennes pourraient produire de la chaleur dans les
chaudières multicombustibles et, si le vent n'est pas suffisant, les
équipements hydrauliques pourraient prendre la relève lorsqu'ils
sont disponibles et, lorsqu'ils ne le sont pas, ce seraient les combustibles
fossiles qui prendraient la relève pour alimenter les
chaudières.
Donc, il pourrait être avantageux, au Québec, d'avoir un
parc d'éoliennes qui serait couplé à notre parc
hydraulique. Et, selon nous, aucun surcoût ne devrait être
imputé au parc d'éoliennes pour des équipements d'appoint
puisqu'ils existent déjà sous forme de chaudières
multicombustibles chez les utilisateurs.
Alors, ça aurait des effets de baisse de l'usage des combustibles
fossiles et une possibilité d'épaulement du système
hydraulique dans des périodes de faible hydrau-licité. Alors,
pour nous, les éoliennes devraient bénéficier d'un
crédit plutôt que d'un surcoût.
Je passe maintenant au scénario de très faible
augmentation de la demande. Selon nous, un tel scénario manque dans
l'éventail de ceux qui ont été étudiés par
Hydro-Québec. Pour nous, il s'agirait d'un scénario sans ajout
d'industries à forte consommation d'électricité et sans
ajout au niveau des exportations. Alors, ce qui veut dire que, sans ces
industries et sans les exportations, l'écart entre les moyens existants
et engagés et les besoins sans développement de marché,
incluant la réserve énergétique requise, tomberait, en
l'an 2000, 2005 et 2010, de 9, 23 et 34 TWh à 8, 11 et 22 TWh
respectivement. Et, si, en efficacité énergétique, on
ajoutait 5 et 10 TWh à ce qu'Hydro-Québec prévoit en 2005
et en 2010, l'écart tomberait à ce moment-là, en l'an
2000, 2005 et 2010, à 8, 6 et 11 TWh respectivement. Un si faible
écart ne justifierait plus la construction de mégaprojets. Il
faudrait donc combler l'écart par une combinaison appropriée de
chauffage solaire passif et actif, les éoliennes, la biomasse et
peut-être quelques petits projets hydroélectriques pour l'an 2005
et 2010. Pour l'an 2000, cependant, il faudrait prévoir une
filière de transition pour combler l'écart plus grand en l'an
2000 qu'en l'an 2005.
Donc, on peut conclure de ceci que la construction de mégaprojets
est rendue nécessaire uniquement par les exportations, puisque, lorsque
soustraites du scénario les exportations et un peu les industries, on
constate qu'il devient préférable, pour des raisons de
flexibilité et de court délai de réalisation, de recourir
à d'autres moyens pour satisfaire la demande. On doit donc, de ce fait,
imputer aux exportations tous les effets environnementaux des
mégaprojets qu'Hydro-Québec prévoit dans sa proposition.
Il faudrait donc ajouter ces «externalités» au prix de
l'électricité vendue aux États-Unis.
Donc, pour conclure, malgré la consultation publique qui a
été fort intéressante, par ailleurs, cette consultation
n'est pas allée assez loin et n'a donc pas donné les
résultats attendus. En dépit des représentations de
plusieurs groupes, Hydro-Québec a refusé d'envisager toute
modification substantielle qui la conduise à remettre en question la
construction de mégaprojets.
La proposition de plan de développement 1993 présente donc
au moins les six problèmes suivants: Hydro-Québec doit
intégrer les «externalités» au coût des
filières étudiées; Hydro-Québec n'a pas
étudié les potentiels structurel et culturel d'efficacité
énergétique; Hydro-Québec n'a pas étudié
tout l'éventail des possibilités permettant
d'accélérer la commercialisation des mesures d'efficacité
énergétique; selon toute vraisemblance, Hydro-Québec
gonfle les prévisions de la demande pour justifier la construction de
mégaprojets; Hydro-Québec a négligé
d'étudier un scénario de prévisions minimales de la
demande, alors qu'un tel scénario est possible et probablement
avantageux pour le Québec; Hydro-Québec a négligé
d'inclure l'étude d'un scénario incluant le recours aux sources
nouvelles et renouvelables éolien, solaire passif et actif,
biomasse pour satisfaire pleinement la demande d'un scénario de
prévisions minimales.
En conséquence, nous estimons que la proposition de plan de
développement 1993 déposée par HydroQuébec ne
reflète pas l'éventail complet des options qui s'offrent au
Québec et qu'elle néglige de sélectionner les projets les
moins dommageables pour l'environnement. Nous invitons donc le gouvernement et
les membres de la commission à demander à Hydro-Québec
d'ajouter les éléments ci-haut mentionnés à sa
proposition afin que nous puissions faire un choix éclairé.
Merci.
Le Président (M. Audet): Merci beaucoup, madame,
monsieur.
Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Alors, Mme Paquin, M. Legault, j'aimerais vous
remercier d'être venus nous rencontrer ce matin et de participer à
cette commission, et particulièrement pour l'éclairage nouveau
que vous apportez
concernant la planification intégrée des ressources.
Vous ne semblez quand même pas satisfaits de la consultation
publique d'Hydro-Québec, vous le mentionnez dans votre mémoire,
et vous nous dites que ça n'a pas changé la substance des
positions d'Hydro-Québec. Quelle sorte de modifications devraient
être apportées à ce processus de consultation s'il ne vous
semble pas satisfaisant? Comment il devrait être fait, ce
processus-là? (9 h 20)
Mme Paquin: Là, je ne sais pas comment il devrait
être fait, mais ce que je constate, c'est qu'au moment où on s'est
laissé ça commençait à être
intéressant parce que, là, on avait assimilé toute
l'information de part et d'autre, si vous voulez. On avait beaucoup
d'informations à assimiler, on a eu beaucoup de documents qui nous ont
été passés, et tout ça. Alors, quand on s'est
laissé, on était peut-être rendu aux aspects qui sortent
des champs traditionnels, si vous voulez. On en était rendu aux
discussions sur le nouveau ou les aspects plus imaginatifs, les choses que les
groupes auraient pu apporter, mais on aurait eu besoin de continuer
peut-être pour qu'Hydro-Québec amène, comme je l'ai dit
dans mon mémoire, là, des scénarios qui sortent des
scénarios traditionnels, si vous voulez, des scénarios qui
impliquent des nouvelles sources d'énergie et beaucoup plus
d'efficacité énergétique.
Ça aurait été possible de le faire, probablement,
si on avait eu suffisamment de temps, alors que ça n'a pas
été fait. On est resté un peu sur notre appétit, si
vous voulez, parce que, comme je l'ai dit au début de mon
mémoire, je continue à penser qu'on est à un moment
crucial au Québec, là, au niveau des changements, et que les
économies de toutes sortes, y compris les économies
d'énergie, ça va devoir se faire. Et nous, au Québec, on
est quand même pris dans un contexte bien particulier. On construit des
barrages et ces barrages-là, on veut les construire bientôt,
à la fin des années quatre-vingt-dix et pendant les années
2000, de sorte que c'est très bientôt, et on doit se
préparer d'avance à la construction de nos barrages. Donc, ce
n'est pas très flexible comme situation et on sait qu'on est dans une
période de changement et on n'a pas... Si on s'embarque dans les
barrages, on perd notre flexibilité, de un, et on perd l'occasion de
s'orienter vers des champs de développement qui pourraient être
intéressants pour le Québec dans le futur, de développer
une expertise dans des champs qui pourraient être intéressants
pour le Québec pour le futur. Alors, c'est tous ces
aspects-là.
D'autres pays qui ont d'autres types d'énergie, peut-être
qu'ils peuvent prendre le temps d'y penser depuis longtemps, mais, nous,
étant donné qu'on est pris entre les barrages et la construction
des barrages pour l'année x et la conservation d'énergie, on
aurait avantage à préciser nos prévisions de la demande,
de un, à se donner des objectifs très serrés, en termes de
croissance, pour aller vers une croissance zéro et d'essayer de mettre
de l'avant des solutions qui soient, d'abord, diversifiées et flexibles,
surtout, à court terme.
Mme Bacon: Est-ce que la forme des consultations, le processus de
consultations doit être maintenu? Vous dites que vous n'avez pas eu
suffisamment de temps et que c'est une question de temps qui vous fait
déplorer de ne pas tout retrouver peut-être dans le plan, la
programmation d'Hydro-Québec.
Mme Paquin: Disons qu'on a pris beaucoup de temps, hein? Vous
savez que ça a pris beaucoup de temps.
Mme Bacon: C'est pour ça que j'étais surprise quand
vous avez dit: On n'a pas eu assez de temps.
Mme Paquin: Oui, mais, en même temps, le temps a
passé beaucoup à l'échange d'informations, comme je l'ai
mentionné tantôt.
Mme Bacon: Et non les solutions.
Mme Paquin: II y avait beaucoup d'informations techniques
à ingurgiter pour des gens qui ne sont pas familiers avec ce type
d'informations là, mais, en même temps, je pense que, si ça
se répète l'année prochaine, là, ou cette
année, je ne le sais pas, les gens vont partir à un niveau plus
avancé, si vous voulez. À ce moment-là, ils seront plus
à même de pousser plus loin le...
Mme Bacon: Mais vous n'en avez pas contre le processus, quand
même, de consultations?
Mme Paquin: Non, non, pas du tout, non.
Mme Bacon: Ah! d'accord. C'est ça que je voulais
vérifier avec vous.
Vous affirmez que la méthode d'Hydro-Québec, au niveau de
la planification intégrée des ressources, vous apparaît non
conforme à l'esprit et à la pratique. «L'application
rigoureuse de cette méthode conduit à faire une évaluation
des coûts externes à la fois quantitative et qualitative et
à imputer au coût marginal [...] un surplus
équivalent.» Quels moyens, selon vous, permettraient de faire
mieux dans le domaine, compte tenu de l'expérience américaine,
mais que cette expérience-là s'applique quand même surtout
à la production thermique d'électricité? C'est une
expérience qui est différente, l'expérience
américaine.
Mme Paquin: Je comprends que ça peut être une
expérience différente, mais vous pouvez quand même
appliquer des coûts environnementaux ou des coûts sociaux à
des projets hydroélectriques aussi, des coûts politiques, bon.
Ça se fait aussi même si on n'a pas d'exemple... Je ne sais pas si
on a des exemples de pays ou d'États qui ont exactement notre
expérience, mais ça se fait sûrement puisque, nous autres,
on a produit un texte pour la consultation où on a listé
plusieurs types de coûts qu'on pourrait associer aux projets
hydroélectriques. Et là vous faites la même chose avec les
autres types d'énergie et avec l'efficacité
énergétique. Et vous
pouvez comparer lesquels sont plus avantageux en termes de coûts,
une fois que vous avez ajouté les coûts environnementaux, les
coûts sociaux et les coûts politiques, les coûts de
dépollution, par exemple, les coûts des pertes de territoires.
Mme Bacon: C'est parce que, dans les projets
d'Hydro-Québec, déjà, au départ, dans les
études, les coûts sociaux, il y a plusieurs coûts qui sont
déjà inclus.
Mme Paquin: Oui, il y a déjà des coûts, mais
il y en a très peu de coûts.
Mme Bacon: Oui. Ce qu'on ne voit pas dans les projets thermiques,
par exemple, c'est différent.
Mme Paquin: C'est sûrement différent. Ce n'est pas
les mêmes types d'impacts...
Mme Bacon: Non.
Mme Paquin: ...environnementaux, c'est sûr, mais la
perturbation du territoire, les innondations de territoires, la perte de
certaines espèces ou la perturbation de certaines espèces
fauniques, de la flore, la perte de territoires, les lignes
hydroélectriques qui passent un peu partout sur le territoire, c'est
toutes des espèces de coûts soit environnementaux pour un et
sociaux pour d'autres, des gens qui doivent être expropriés, qui
doivent déménager, et tout ça. C'est des coûts,
ça aussi. Puis, les coûts du paysage qui est plein de lignes
hydroélectriques partout.
Mme Bacon: Oui, c'est pour ça que c'est difficile de
comparer avec le thermique. Ça ne se compare presque pas.
Mme Paquin: Mais je ne comprends pas pourquoi vous voulez
absolument comparer avec le thermique.
Mme Bacon: C'est parce que vous me parlez des États
américains. Dans les États américains, on fait beaucoup
plus de thermique qu'on fait de l'hydroélectrique.
Mme Paquin: Oui, mais c'est sûr...
Mme Bacon: Alors, ce n'est pas comparable.
Mme Paquin: Bien, ce n'est pas comparable, on n'est pas
obligé de se comparer nécessairement... Pour faire une
planification intégrée des ressources, on n'est pas obligé
nécessairement de faire exactement comme le voisin. On peut utiliser le
même modèle, mais en l'adaptant à notre situation
particulière au Québec. Ce n'est pas parce qu'on produit autre
chose qu'on ne peut pas faire une planification...
Mme Bacon: Non, non, ça n'empêche pas la
planification, mais c'est parce que c'est difficile à com- parer. C'est
ça que j'essaie de dire.
Mme Paquin: Oui, je comprends.
Mme Bacon: Vous semblez reprocher à HydroQuébec de
vouloir faire appel aux forces du marché dans le cadre de son projet
d'efficacité énergétique. Vous affirmez que l'existence
d'un important potentiel d'efficacité énergétique souligne
les faiblesses du marché et que, si le marché est vraiment fort,
il aurait tiré avantage des mesures d'efficacité
énergétique. Comment pouvez-vous concevoir ou expliquer, vous,
ces faiblesses de marché et de quelle façon peut-on y
remédier?
Mme Paquin: C'est ce que j'ai dit dans le texte. Les faiblesses
du marché, c'est qu'on n'a pas encore accès à beaucoup de
choses sur le marché qui nous permettent d'améliorer notre
efficacité énergétique un peu partout. Ça veut dire
qu'on est en retard, au Québec, au niveau des produits disponibles sur
les marchés.
Les moyens... Ce que je disais dans le texte, c'est
qu'Hydro-Québec contourne les marchés lorsque nécessaire,
c'est-à-dire fasse affaire directement avec les manufacturiers pour
avoir des produits, négocier avec les manufacturiers pour avoir des
produits à meilleur coût et soit les vendre elle-même aux
distributeurs ou les distribuer elle-même.
Mme Bacon: Vous faites aussi référence, dans votre
mémoire, au concept de potentiels structurels et culturels. Moi,
j'aimerais que vous nous expliquiez ce que vous entendez par potentiels
structurels et culturels.
Mme Paquin: bien, les potentiels structurels, c'est, par exemple,
le recyclage. si, au lieu de produire avec de la matière vierge, on
produit des produits recyclés avec de la matière recyclée,
ça, c'est un potentiel qui est là, d'efficacité
énergétique, puisque ça sauve 50 % d'énergie de
produire avec des matières recyclées plutôt qu'avec de la
matière vierge. on sait que, par exemple, dans le secteur de
l'aluminium, l'industrie de l'aluminium utilise beaucoup d'énergie,
alors que, si on produisait l'aluminium avec de la matière
recyclée, ça serait beaucoup moins énergivore comme
production. donc, on aurait là un potentiel d'efficacité
énergétique, si on peut dire, une économie
d'énergie qui serait disponible pour d'autres usages.
La densité d'occupation du territoire, c'est un autre potentiel.
Si on concevait nos villes en axant plus sur la densité du territoire
que sur l'étalement urbain, ça permettrait des économies
d'énergie aussi puisque les maisons qui sont étalées sur
le territoire, il y a une perte. Quand les maisons sont plus
rapprochées, elles se protègent elles-mêmes des vents, et
tout ça. Au niveau du pétrole, évidemment, il y a le
transport qui est beaucoup plus onéreux quand les villes sont
étalées. Et, au niveau des habitations, bien, les habitations
multifamilia-les, c'est la même chose, ça consomme beaucoup moins
d'énergie que des habitations unifamiliales qui sont un peu à
tous les vents, alors que les habitations multifami-
Hales sont regroupées ensemble.
La structure industrielle, c'est un peu la même chose. On a ici,
au Québec, une structure industrielle qui est très
énergivore. Alors, si on décidait de s'orienter vers des
énergies de pointe, ça dégagerait un potentiel
d'économies d'énergie aussi de ce côté-là.
C'est des exemples comme ça, mais il y en a sûrement beaucoup
d'autres. (9 h 30)
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci.
Maintenant, je reconnais le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci. Merci de votre présentation, d'autant
plus que vous réitérez votre position habituelle sur la question.
Mais j'aimerais, suite à certaines questions que vous avez
posées, parler de ce que vous dites: On a été
consulté, on a manqué de temps, dans le sens, si j'ai bien
compris, que la rencontre donnait beaucoup de techniques, mais que vous n'avez
pas eu la chance de donner plus de vos informations. Vous dites: On est
satisfait quand même, mais, en même temps, pendant que vous
parliez, vous avez dit qu'il faudrait faire de véritables choix.
Je reprends la page 10 de votre mémoire quand vous dites qu'on
pourrait, dans les circonstances, prévoir combler l'écart par une
combinaison appropriée des moyens suivants: chauffage solaire passif,
actif on comprend, ça va dans votre philosophie
éolienne et biomasse. Je reviendrai sur ces deux parties-là, mais
je vous dirai: Étant donné que vous aviez à
répondre à une question qui était celle du plan de
développement d'Hy-dro-Québec pour les années à
venir, est-ce que vous croyez que c'est suffisant comme consultation ou si
cette consultation-là pourrait être plus appropriée si elle
tenait compte de l'ensemble de toutes les formes d'énergie et pouvoir,
à ce moment-là, avoir un vrai débat sur ce que
décide la société québécoise sur les
énergies à venir? Est-ce que vous pouvez peut-être
élaborer davantage votre position?
Mme Paquin: En fait, quand on s'est laissé, on
commençait justement à la consultation, je parle,
là à parler des énergies alternatives.
Évidemment, c'est sûr qu'à ce moment-ci Hydro-Québec
semble penser que les coûts sont trop élevés, mais je pense
qu'il faut passer par-dessus ça parce que les coûts vont diminuer
très rapidement dans l'avenir. C'est ce qu'on pense. On pense...
M. Jolivet: Écoutez, est-ce que vous croyez que c'est
Hydro-Québec qui doit faire cette consultation-là ou si ça
devrait être une organisation, une commission indépendante
à laquelle le gouvernement demanderait de faire une étude sur
l'ensemble de toutes les énergies? Parce que
l'hydroélectricité représente environ 40 % de
l'énergie au Québec.
Mme Paquin: C'est sûr qu'une commission indé-
pendante serait un autre type de consultation. La consultation avec
Hydro-Québec, c'est un type de consultation qui nous informe de ce
qu'Hydro-Québec fait, et qui nous fait voir ses limites, ses forces et
ses faiblesses, et qui nous amène à voir qu'Hydro-Québec
ne veut ou ne peut pas aller plus loin, parce que, je ne sais pas, elle a ses
limites elle aussi, à un moment donné, du côté
politique, entre autres. À ce moment-là, une commission
indépendante aurait peut-être un pouvoir plus fort étant
donné qu'elle serait dégagée un peu des contingences de
tous les jours et des contingences de rendre compte à un gouvernement.
À ce moment-là, ce serait plus neutre et plus objectif et il y
aurait probablement plus d'experts de l'extérieur qui pourraient venir
présenter... D'ailleurs, ça, c'est peut-être une faiblesse
de la consultation d'Hydro-Québec, l'absence de voies extérieures
qui auraient pu venir apporter des éléments différents de
ce qu'Hydro-Québec nous présentait, nous faire voir l'autre
côté de la médaille, si vous voulez.
M. Jolivet: Juste pour vous donner un exemple typique de la
limite d'Hydro-Québec, mais aussi du pouvoir qu'elle a de
déterminer des choix, je vous donne un exemple. Dans ma propre
région, en 1976, quand j'ai été élu pour la
première fois, le village de Parent était non relié au
réseau. On a fait des démarches pour avoir ce dont vous parlez,
la biomasse. C'est un jardin de bois là-bas, alors on a dit: On va faire
ça. On a fait une étude parce qu'on disait: Reliez-nous au
réseau Baie James par le poste La Vérendrye. Ils ont dit:
Ça n'a pas de bon sens, c'est trop dispendieux, le service non
relié d'Hydro-Québec.
Quand on a fait l'étude de l'usine thermique puis qu'on a dit: Ce
serait potable, envisageable, c'est là qu'ils nous ont reliés
directement au réseau de La Vérendrye et, aujourd'hui, on a
l'électricité directement du réseau de la Baie James.
Avant, ce n'était pas possible, puis, compte tenu qu'on était
capable de le faire et comme c'était une sorte de monopole au niveau
hydroélectricité, ils ont dépassé,
«overpassed» l'ensemble de l'activité, puis l'usine
thermique, qui était expérimentale là-bas pour l'ensemble
du Québec, n'existe pas. C'est un exemple que je voulais vous
apporter.
Mais je veux revenir sur la question des éoliennes et de la
biomasse. Vous êtes un organisme qui prône que l'environnement soit
le plus sain possible. Dans ce contexte-là, est-ce que vous croyez
justement que la biomasse n'est pas dommageable à l'environnement,
premièrement, et, deuxièmement, les éoliennes, si on prend
ceux qui prônent des éoliennes tout le long de la côte sud
et nord du Saint-Laurent à partir de Rivière-du-Loup en
descendant ou de l'autre côté, est-ce que vous croyez que ce n'est
pas non plus, au niveau visuel, quelque chose qui ne serait pas potable non
plus? Comment vous voyez ça?
Mme Paquin: Évidemment, il ne faudrait pas en mettre
partout non plus. Il faudrait choisir des emplacements effectivement qui sont
appropriés pour ce type de structure. Je suis certaine que, dans
certaines régions, il
y aurait ce type d'emplacement possible.
Maintenant, concernant la biomasse, ce qu'on pensait surtout, on pensait
plus à la biomasse du type déchets, résidus de bois,
déchets. Comme on a déjà des déchets dont on ne
sait que faire, ce n'est pas parce qu'on est pour qu'on utilise
nécessairement les déchets pour l'énergie. On
préférerait qu'il y ait plus de réutilisation et de
recyclage des déchets. Mais, à la dernière limite, quand
on ne peut pas faire de recyclage et de réutilisation et qu'on a des
déchets, soit des résidus de bois, ou des déchets
domestiques, ou des déchets de toutes sortes, plutôt que de les
laisser là, qu'on les utilise pour produire de l'énergie, mais ce
n'est pas... Évidemment, ce n'est pas des moyens sur grande
échelle. C'est des moyens qui sont adaptés à certaines
régions pour certains besoins particuliers. Ce n'est pas de la
production de masse, autrement dit, c'est des productions adaptées
à certaines régions, adaptées à certains...
M. Joli vet: Ça m'amène à une question
à laquelle vous n'avez pas répondu dans votre mémoire,
peut-être parce que vous ne voulez pas y répondre ou parce que
vous n'avez pas décidé d'y répondre, je ne sais pas. La
cogénération. Quelle est votre idée de la
cogénération? Parce que, quand on parle de résidus du
bois, ça peut être utilisé à être
brûlé, à fabriquer la vapeur, ça peut être
autre chose, ça peut être le mazout qui peut être
utilisé. J'aimerais connaître votre opinion sur la
cogénération.
Mme Paquin: Bien, disons que la cogénération, je
n'ai pas étudié ça moi-même en détail, mais
on n'est pas contre, en partant, la cogénération. On trouve que
c'est une possibilité qui peut être intéressante dans
certaines situations. Mais il faudrait voir dans quelles situations justement.
Il faut voir au cas par cas.
M. Jolivet: Est-ce que vous demanderiez, à ce
moment-là, d'avoir une étude au niveau environnemental
générique ou bien une étude cas par cas dans ces
cas-là?
Mme Paquin: On peut avoir les deux. On peut avoir une
étude générique pour commencer et, après, on peut
faire des études plus cas par cas. On aurait déjà une
bonne idée avec une étude générique.
M. Jolivet: À la page 9 de votre mémoire au
deuxième paragraphe, vous dites: «Nous demandons donc l'abandon
pur, simple et définitif du développement artificiel du
créneau des industries à forte consommation
d'électricité et des exportations.» Mais, si l'exportation
prenons ce cas-là était bénéfique et
rentable pour le Québec, et il y a des gens qui disent que le fait
d'exporter notre électricité aux États-Unis, ça les
empêche d'utiliser des combustibles fossiles, de telle sorte qu'on a
moins de retombées acides, d'autre part, est-ce que, pour vous autres,
vous vous dites: On la rejette complètement, il n'en est plus question?
Est-ce que vous croyez que c'est souhaitable de faire ça?
Mme Paquin: C'est-à-dire qu'ici ce que j'ai
présenté, c'est un scénario de très faible demande.
Ça veut dire que, dans un scénario de très faible demande,
dans une période, comme j'ai dit, d'incertitude et où on a besoin
de flexibilité, on serait mieux de jouer tranquille pour quelques
années. Et, pour avoir ce scénario de très faible demande
qui nous permettrait d'éviter la construction de barrages, parce que,
une fois construits, on ne peut pas revenir en arrière, il vaudrait
mieux jouer pas d'exportations pour le moment pour permettre d'atteindre cette
croissance plus basse d'électricité à court terme...
M. Jolivet: Et là vous dites... (9 h 40)
Mme Paquin: ...en attendant que les économies
d'énergie puissent faire leur effet, couplées aussi à
d'autres énergies alternatives. Parce que, nous autres, on pense que les
économies d'énergie, l'efficacité
énergétique ça va grimper assez vite dans le futur. Et
c'est pour ça que les prévisions de la demande pourraient
être amenées à baisser plus que ce qu'Hydro-Québec
dit, dans un certain délai. Mais, à court terme, ce n'est pas le
cas parce que ça ne pénètre pas assez vite sur les
marchés, ça ne se fait pas assez rapidement. C'est pour ça
qu'on voudrait des solutions un peu temporaires pour le court terme.
M. Jolivet: En fait, vous dites deux choses: c'est
qu'Hydro-Québec surestime les besoins en électricité et
sous-estime l'efficacité énergétique, et ça,
couplé à ça, si les deux étaient à une
façon réaliste, peut-être qu'on aurait moins besoin de
barrages et de grands projets.
Mme Paquin: Je n'ai pas compris votre deuxième. .. Elle
sous-estime les besoins et sous-estime...
M. Jolivet: C'est: surestime les besoins
d'électricité à venir et sous-estime l'efficacité
énergétique.
Mme Paquin: Ah oui! O.K. Oui, c'est ça. Bien
sous-estime... Nous autres, on pense qu'au niveau technologique ça se
développe très rapidement. Ce qui est difficile, c'est de passer
du technologique au technico-économique et à la
pénétration commerciale, mais surtout à la
pénétration commerciale, et on pense que, si Hydro-Québec
faisait des efforts plus grands, la pénétration commerciale
pourrait être meilleure. Mais on pense que, de toute façon,
l'économie d'énergie et l'efficacité
énergétique, ça va grimper au niveau technologique et
technico-économique, de sorte que, si on construit nos barrages et que,
tout à coup, on s'aperçoit qu'on s'est trompé dans nos
prévisions, ce qu'on pense qu'on est en train de faire, on ne pourra
plus revenir en arrière. Non seulement on ne pourra plus revenir en
arrière, mais ce ne sera plus avantageux de faire des économies
d'énergie parce qu'on va avoir un gros bloc d'énergie, parce
qu'on construit souvent des mégaprojets, donc on produit des gros blocs
d'énergie, et, quand on a un gros bloc d'énergie, il faut le
vendre. Alors, là, on génère de
la surconsommation.
Alors, loin d'aller vers l'économie d'énergie et
l'efficacité énergétique, on se trouverait à faire
le contraire, à générer de la surconsommation. C'est
ça qu'on veut éviter. C'est avoir des solutions qui permettent de
voir si, effectivement, les économies d'énergie ne vont pas
être plus élevées qu'on le pense et, couplées aussi
avec les alternatives qu'on pourrait mettre de l'avant, on pourrait
éviter la construction de barrages. On a déjà beaucoup de
barrages, je pense.
Le Président (M. Fradet): Merci. Maintenant, je vais
reconnaître M. le député de Saint-Maurice.
M. Lemire: Moi, j'aimerais vous parler du développement
durable. Vous semblez mettre en doute l'adhésion d'Hydro-Québec
au principe de développement durable, d'après ce que vous avez
présenté comme mémoire.
Et vous savez que le concept de développement durable a
été défini dans le plan de développement en 1990,
à la première page de l'annexe sur l'environnement dans le
rapport d'Hydro-Québec. Et considérant que le rapport Brundtland,
de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement,
définit le développement durable... C'est défini comme un
développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de
répondre à leurs besoins. Le rapport Brundtland stipule aussi que
la réduction de la consommation d'énergie doit être le
premier moyen à envisager pour atteindre le développement durable
et qu'ensuite il convient de développer en priorité les
ressources renouvelables. C'est ce qui est dit dans le rapport Brundtland. Ma
question: Que pensez-vous de l'approche d'Hydro-Québec vis-à-vis
du développement durable consistant à accorder la priorité
aux économies d'énergie et, ainsi, à améliorer le
réseau existant avant de développer davantage la filière
hydroélectrique qui est une ressource renouvelable? C'est assez
compliqué, mais...
Mme Paquin: Non, mais je me demande ce que vous voulez me faire
dire. C'est que, effectivement...
M. Lemire: Je veux vous faire dire: Est-ce que vous pensez
qu'Hydro-Québec se préoccupe de...
Mme Paquin: ...de développement durable.
M. Lemire: Vous avez l'air d'avoir un doute
qu'Hydro-Québec...
Mme Paquin: Bien oui, j'ai un doute. Ha, ha, ha! Je pense qu'on
n'a pas la même conception du développement durable. Ce que je
veux dire, c'est que, effectivement, il y a une petite percée du
côté de l'efficacité énergétique, c'est ce
que j'ai dit dans mon mémoire, mais c'est vraiment insuffisant. Il
faudrait, comme je l'ai mentionné, hausser nos objectifs en
matière d'effica- cité énergétique et en
matière d'économies d'énergie, en regardant aussi les
autres potentiels que j'ai mentionnés tantôt, les potentiels
structurels et les potentiels culturels. Le développement durable, en
fait, c'est s'orienter effectivement vers des activités à moins
forte intensité de matières premières et d'énergie
et améliorer le rendement de nos ressources. En termes
économiques, c'est un peu ça que ça veut dire.
Or, au Québec, on fait beaucoup de première transformation
avec l'aluminium, entre autres, les industries à forte consommation et
on produit, on utilise beaucoup d'énergie, puisqu'on subventionne des
industries très énergivores comme les alumineries aussi, alors
que, si on voulait faire du développement durable, on devrait s'orienter
vers des activités à moins forte intensité de
matières premières et à moins forte intensité
d'énergie. C'est ce que la commission Brundtland dit et recommande aux
pays développés pour permettre aux pays du tiers monde de
pouvoir, eux, utiliser un peu plus d'énergie, un peu plus de
matières premières. Donc, on demande aux pays
développés de faire l'inverse pour faire un équilibre
parce qu'on ne peut pas consommer de façon illimitée; la terre a
ses limites aussi. Et améliorer le rendement de nos ressources,
ça veut dire produire plus avec ce qu'on a déjà.
M. Lemire: J'aimerais vous parler de tarification. Vous reprochez
à Hydro-Québec de ne pas tabler ses tarifs pour induire des
comportements plus favorables à l'efficacité
énergétique. Et, dans son annexe sur les orientations tarifaires
à long terme, Hydro-Québec propose plusieurs orientations
tarifaires reliées à l'efficacité
énergétique. Par exemple, dans le secteur résidentiel,
elle propose d'augmenter le caractère saisonnier du tarif domestique et
d'offrir un tarif expérimental de type horo-hebdo-saisonnier. C'est ce
qui est proposé dans le plan de développement. Que pensez-vous de
ces différentes orientations tarifaires proposées par
Hydro-Québec aux consommateurs?
Mme Paquin: Moi, ce que je voudrais savoir ça ne
réapparaissait pas clair c'est en quelle année ils vont
les faire, ces changements.
M. Lemire: Bien, c'est une des raisons pourquoi on a une
commission, c'est dans le but d'entendre et d'écouter. Et
Hydro-Québec se proposait de mettre ça en 1993.
Mme Paquin: C'est en 1993? On veut mettre en application ce type
de tarification en 1993, dès 1993, à tout le monde ou si c'est un
projet-pilote?
M. Lemire: Écoutez, c'est déjà en discussion
présentement. Il y a déjà des consultations, il y a
déjà eu des envois et des analyses de faites chez certains
consommateurs. Maintenant...
Le Président (M. Fradet): Très rapidement, M. le
député.
M. Lemire: ...qu'est-ce que vous pensez de ça, vous
autres? Est-ce que vous pensez qu'on devrait s'en aller là-dedans?
Mme Paquin: Bien, moi, je trouve ça intéressant. Je
trouve ça intéressant de tarifer plus cher dans les
périodes de pointe, si vous voulez, donc dans les périodes
où on doit aller chercher, de toute façon, de l'énergie en
plus grande quantité pour fournir, parce que, là, c'est la pointe
qui est en cause.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député.
M. Lemire: II faut bien comprendre que c'est à titre
expérimental.
Le Président (M. Fradet): M. le député,
votre temps est maintenant écoulé, malheureusement. Alors, je
vais reconnaître le député de Laviolette. Je m'excuse, M.
le député de Saint-Maurice.
M. Jolivet: Merci, M. le Président.
Je vais continuer sur la question d'énergie, d'efficacité
énergétique. C'est 40 %, l'hydroélectricité. Est-ce
que vous croyez que c'est juste Hydro-Québec qui doit faire la
publicité de l'efficacité énergétique? Vous avez
des gens qui sont venus nous voir, qui sont des vendeurs de gaz naturel,
d'autres, des vendeurs de pétrole, des gens qui disent: Nous autres
aussi, on en aurait des efficacités et d'ailleurs on en fait, on en a.
Mais ce qu'il semble, actuellement, c'est qu'Hydro-Québec prône ce
qui est bon pour elle, comme entreprise, mais est-ce que vous croyez que c'est
juste à eux autres de faire ça? Parce que vous dites dans votre
document, à un moment donné, à la page 5, «il faut
de plus en plus penser à des contacts directs avec la clientèle
et à l'installation directe des mesures d'efficacité
énergétique.» Vous avez des places où vous dites:
«Le succès retentissant du programme ÉCOKILO au niveau de
la participation», etc. Mais est-ce que vous croyez que les citoyens,
avec tout ce qu'on en connaît, sont assez sensibilisés? Est-ce
qu'il y aurait des choses à faire de plus? (9 h 50)
On va avoir tout à l'heure quelqu'un qui vient représenter
un projet d'expérimentation des mesures d'économies
d'énergie venant du SaguenayLac-Saint-Jean, qui nous donne des
mesures qu'ils font chez eux pour inviter les gens à devenir de plus en
plus efficaces au niveau énergétique. Mais est-ce que ça
touche seulement l'hydroélectricité ou si ça touche tout
le reste?
Mme Paquin: Oui, effectivement, tout le monde est
concerné, même plus que ça, pas juste dans le secteur de
l'énergie, dans tous les secteurs il va y avoir des économies
à faire de coûts, entre autres. Mais, effectivement, tous les
producteurs d'énergie sont concernés, chacun de leur
côté. Maintenant, comment les amener à...
M. Jolivet: Autrement dit, la question est: Est-ce que c'est
seulement à Hydro-Québec de faire la publicité sur
l'efficacité énergétique ou si ça devrait
être autre chose? Et je reviens à ma question du début:
Est-ce qu'une commission indépendante...
Mme Paquin: Oui, bien, c'est ça...
M. Jolivet: ...parlant de tout ça aurait un effet
bénéfique sur la société
québécoise?
Mme Paquin: Bien, c'est ça, c'est la politique
énergétique qui est en cause là. Si vous voulez toucher
tous les types d'énergie, à ce moment-là, il faut vous
donner une politique énergétique complète et
élaborée qui touche tous les secteurs. À ce
moment-là, ce serait le ministère de l'Énergie qui serait
à la base de cette politique-là, et le gouvernement du
Québec devrait se donner une politique pour que tout le monde travaille
dans le même sens au niveau des économies d'énergie.
M. Jolivet: À la page 3 et à la page 4, vous avez
d'autres approches. Vous dites, dans le milieu de votre page 3: «Par
contre, parler d'approche coercitive pour des mesures n'ayant aucun lien direct
avec le comportement enveloppe thermique, par exemple, éclairage
commercial, moteurs industriels, etc. est abusif.» Mais vous ne
croyez pas qu'on va devoir arriver, dans certains cas, à des formules
comme celles-là au niveau des industries?
Et, à la page 4, vous dites: «Pourquoi ne pas limiter notre
risque en promouvant activement une plus grande densité d'occupation du
territoire». Quels sont les moyens qu'on a, comme société,
si on n'est pas conscient de l'efficacité énergétique,
d'en arriver à prendre des moyens incitatifs mais sans être
coercitifs pour le moment? Est-ce qu'on va devoir passer à des moyens
coercitifs? Est-ce que vous croyez que l'État, comme gouvernement,
malgré tout ce qu'il peut faire actuellement comme ministère de
l'Énergie et des Ressources, ou Hydro-Québec devrait faire
davantage et aller même, dans certains cas, au niveau industriel et au
niveau municipal, à mettre des mesures coercitives? Est-ce que vous
croyez que ça devrait aller là?
Mme Paquin: Bien, c'est-à-dire que je pense qu'il faut
être d'abord beaucoup plus proactif, là, parce que, si on attend,
si on est juste un petit peu incitatif, là, avec des programmes de
promotion de l'énergie, et tout ça... Alors, ce que j'avais
mentionné, les contacts directs avec la clientèle, ça,
c'est très bon. Les analyses énergétiques obligatoires,
par exemple, dans différents secteurs, les gens d'Hydro-Québec
vont faire l'analyse d'une institution, d'une industrie et même d'un bloc
de logements et ils peuvent présenter une analyse aux personnes
concernées et leur présenter un plan d'installation de ce qu'il
faut pour améliorer le rendement de leur institution, industrie ou bloc
de logements, si vous voulez, et leur fournir un plan de financement pour
financer cette amélioration-là. Ce serait un programme
intégré, là, qui permettrait d'avoir un contact direct
avec
la clientèle, de faire l'analyse du bilan
énergétique du client et de lui proposer un plan de mise en
application des mesures dans son cas.
M. Jolivet: II y a M. Legault qui voudrait peut-être donner
une dernière... Mon temps va être écoulé
après ça.
M. Legault: Oui, je voudrais juste ajouter un mot. Je pense qu'il
faut aussi regarder ça au niveau global, et je pense que le gouvernement
du Québec n'a pas fait encore de choix de société du
développement durable. On l'a dit dans nos discours des années
1985, 1986. On sait que le conseil de la conservation a fait des propositions
là-dessus, mais je crois que, si le gouvernement du Québec fait
un choix de société dans ce type-là, tous les
ministères vont être concernés, pas juste Énergie et
Ressources, et je pense que le choix de faire des politiques environnementales,
de gérer de façon plus environnementale, y compris
l'énergie dans chacun des ministères et avec les entreprises avec
le Bureau de l'efficacité énergétique, pourrait amener des
solutions très imaginatives dans tous les domaines. Et, quand ce
choix-là va être fait au niveau global, je pense que ça va
se répercuter à tous les autres niveaux.
M. Jolivet: Merci.
Mme Paquin: Je voulais juste ajouter une petite chose. Nous, on
travaille dans la région de Québec et nos partenaires, entre
autres la Chambre de commerce du Québec métropolitain semble
très intéressée à faire quelque chose pour
améliorer l'efficacité énergétique de ses
partenaires, si vous voulez. Ils ont même un programme avec le Bureau de
l'efficacité énergétique. Donc, c'est pour vous dire que
les institutions, les commerces, les gens ont l'air prêts. Il s'agit de
leur donner les moyens pour aller de l'avant, parce que les gens sont
prêts, mais il s'agit d'avoir les bonnes façons d'y aller.
J'ajouterais à ce que j'ai dit tantôt, aussi, qu'il faudrait
peut-être étendre la loi sur l'économie d'énergie
aux bâtiments existants parce que, là, elle couvre les nouveaux
bâtiments, mais les bâtiments existants, c'est un gros
problème au niveau de l'économie d'énergie.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
À la lecture de votre mémoire, moi, je suis venu à
la conclusion qu'on demande peut-être beaucoup à
Hydro-Québec et dans des champs d'activité où elle est
là simplement pour répondre au lieu d'établir et
d'être chef de file. Vous avez mentionné la densité du
territoire. Vous avez mentionné le transport en commun. Vous parlez
d'efficacité énergétique et oui, j'en suis, mais, à
l'heure actuelle, ne croyez-vous pas qu'on déborde un peu
d'Hydro-Québec et que ça revient un peu dans le sens des
questions de mes collègues de Saint-Maurice et aussi de Laviolette,
qu'il faut arriver, à un moment donné, à déborder
ça globalement? et je vais vous donner un exemple. à l'heure
actuelle, je regarde au niveau du chauffage. il me semble que c'est ça
qui va avoir le plus d'impact dans les années à venir sur les
fameuses pointes où on est obligé de développer et de
construire énormément. quand je regarde le plan de
développement d'hydro-québec, si on recule en arrière, on
était à 40 % vers les années soixante. on nous dit
présentement qu'il y a 73 % à peu près d'immeubles
résidentiels qui sont à la chauffe électrique. quand je
regarde l'horizon des années 2000, 2001, on prévoit être
à 82 %. si on s'en vient avec toutes les économies
d'énergie pour les mesures qui sont existantes, lorsqu'on arrive dans la
construction neuve et c'est là qu'est la problématique,
parce qu'on ajoute à peu près 40 000 unités par
année et si on continue à garder nos plaques
électriques, nos gains ne seront pas là. on va les avoir
probablement au niveau de contenus énergétiques, oui, mais au
niveau des pointes, non, parce qu'on ne rencontre pas les normes.
À ce moment-ci, il m'apparaît, moi, à tout le moins,
soit qu'on y va d'une mesure incitative où on demande à
Hydro-Québec d'installer deux compteurs, un pour la chauffe et un pour
la consommation normale pour les maisons neuves, ou qu'on s'en va
carrément avec une législation qui dirait: Bien, à partir
d'aujourd'hui, il va falloir que les nouvelles habitations soient avec la
biénergie, par exemple.
Mme Paquin: Oui, c'est ça, ça pourrait être
la biénergie, mais il faudrait s'orienter pas juste vers la
biénergie traditionnelle, biénergie solaire, passif et actif,
entre autres. Pour les maisons nouvelles, il faudrait... Il y a des maisons qui
commencent à sortir comme projets-pilotes sur le marché, des
maisons performantes qui n'utilisent presque plus d'énergie, presque pas
d'énergie, qui sont presque autonomes par elles-mêmes. Ça
s'en vient, ça commence. C'est sûr que c'est encore dispendieux,
mais je pense que, là-dessus, avec un peu de subventions, il y aurait
moyen, là, pour certains aspects, en tout cas, comme le chauffage
solaire passif et actif, ça pourrait être une forme de
système, l'actif, entre autres, pour le chauffage de l'eau. Ça
pourrait être introduit dans les nouvelles maisons.
M. St-Roch: Je pense que je vais aller un peu plus loin.
Ça pourrait partir aussi des plans d'urbanisme où on ferait juste
réorienter les rues et on pourrait peut-être avoir passivement une
économie de 20 %. Mais, dans un autre domaine, la consommation
d'énergie étant ce qu'elle est, c'est très difficile, je
pense, dans nos temps modernes, d'essayer de prédire l'avenir. Alors, on
a juste à demander à nos économistes et je pense qu'ils
vont conclure la même chose que nous. Comme mesure de
sécurité... Parce que, hier, lorsqu'on parlait des
éoliennes, à la question que je demandais à l'Association
canadienne, on m'a dit que la première chose que ça prendrait,
c'est une cartographie du Québec. Quand j'ai demandé
l'échéancier, on m'a dit 10 ans avant de connaître
réellement la carte ici, pratico-prati-
que au Québec, pour être capable d'avoir des
développements durables. Alors, éoliennes, oui, mais ça me
paraît un échéancier, là, qui s'en va dans le
temps.
L'énergie solaire, oui, il y a des choses qu'on peut faire
à l'heure actuelle, mais, encore là, on parle toujours d'un
fameux échéancier qui semble jouer de 8 à 10 ans. Ne
croyez-vous pas, comme mesure alternative, que, au lieu de parler de grands
barrages sur des rivières qui ne sont pas encore harnachées, qui
sont vierges, on devrait un peu mettre ça de côté et voir
ce que les autres mémoires nous ont dit aussi ici, qu'il y a des
rivières qui ont déjà commencé à être
harnachées où il y a encore du potentiel à
développer? Alors, on nous a parlé de la Péribonca, on
nous a parlé du Haut-Saint-Maurice, qu'alternativement c'est là
qu'on devrait mettre nos efforts pour finir ce qui est harnaché, parce
que ces groupes-là nous ont dit aussi qu'il y a peut-être des
choses qu'on peut faire pour recorriger les inconvénients qu'on avait et
redonner du développement régional, redonner une industrie
récréotouristique. Alors, dans le plan de développement
d'Hydro-Québec, est-ce qu'on ne devrait pas demander de faire ce
changement-là, c'est-à-dire: Concentrons-nous, dans un premier
temps, à harnacher et à compléter ce qui est
déjà fait, qui est là... (10 heures)
Le Président (M. Audet): En conclusion, M. le
député.
M. St-Roch: Oui, je vais conclure, M. le Président. Donc,
allons dans les efficacités énergétiques et
développons, soit avec Hydro-Québec ou avec le ministère
de l'Énergie et des Ressources, la cartographie du Québec au
niveau éolien.
Mme Paquin: Ça me surprend que vous me dites que ça
prend tant de temps que ça. Vous dites que ça prend, pour avoir
une cartographie...
M. St-Roch: C'est ce qu'on nous a dit hier soir, madame.
Mme Paquin: Parce que, aux États-Unis, ils ont
implanté des éoliennes en 10 ans. En tout cas, sem-ble-t-il que
ça s'est implanté en une dizaine d'années. Est-ce que
c'est terminé?
Le Président (M. Audet): C'est terminé, madame,
monsieur. Alors, au nom des membres de la commission, je vous remercie de votre
présentation.
Nous allons suspendre deux minutes afin de permettre à
l'Association minière du Québec de prendre place.
(Suspension de la séance à 10 h 2)
(Reprise à 10 h 4)
Le Président (M. Audet): Alors, nous recevons maintenant
l'Association minière du Québec. Messieurs, au nom des membres de
la commission, je vous souhaite la plus cordiale bienvenue. Je vous rappelle
brièvement nos règles de procédure. Vous disposez d'une
vingtaine de minutes pour nous faire part de votre exposé. Avant de
présenter votre exposé, toutefois, je vous invite à vous
présenter, à vous identifier, ce qui est important pour le
Journal des débats. Ensuite, suivra une période
d'échanges d'une quarantaine de minutes. La parole est à vous. On
vous écoute.
Association minière du Québec
(AMQ)
M. Cayouette (Patrice): M. le président de cette
commission, Mme la vice-première ministre, Mmes et MM. les
députés, mesdames et messieurs. Je voudrais tout d'abord nous
présenter. Moi-même, je suis le directeur général de
Mines Gaspé, de Minéraux Noranda, à Murdochville; à
ma droite, M. Dan Tolgyesi, directeur général de l'Association
minière du Québec; M. Pierre Guilbault, ingénieur
principal de QIT-Fer et Titane; M. André Lavoie, agent de communication
à notre Association, et ici, à ma gauche, Me Jean Roberge,
adjoint au directeur général de l'Association.
Au nom de l'Association minière du Québec, je remercie la
commission de l'économie et du travail pour l'opportunité qu'elle
nous offre de présenter les commentaires de notre association concernant
le plan de développement triennal d'Hydro-Québec. Par la
même occasion, nous félicitons Hydro-Québec pour cette
initiative qui permet à ses clients et aux intervenants
socio-économiques de commenter et, qui sait, peut-être même
d'orienter son plan de développement.
L'Association minière du Québec regroupe l'ensemble des
producteurs miniers du Québec à l'exception des mines d'amiante.
En plus des mines de fer, ses membres exploitent des mines d'or, des mines de
métaux de base, tels que le cuivre et le zinc, et des mines de
minéraux industriels, tels que le niobium et le graphite.
L'industrie minière offre plus de 20 000 emplois directs aux
Québécois et aux Québécoises. Même si sa
production de 2 700 000 000$ en 1992 a légèrement fléchi
par rapport à 1991, elle constitue néanmoins encore environ 1 %
du produit intérieur brut et près de 7 %, environ 1 900 000 000$,
des exportations de la province. Cette part des exportations démontre
clairement l'importance de notre industrie dans la balance commerciale du
Québec.
Les sites miniers étant dans les régions
périphériques, l'industrie minière a plus souvent
qu'autrement une vocation régionale. Les villes telles que Chibouga-mau,
Matagami, Joutel, Schefferville, Fermont, Murdochville et plusieurs autres ont
vu le jour seulement et uniquement grâce à la découverte
des minéraux et à l'exploitation de cette richesse collective du
sous-sol québécois. Malgré ce régionalisme
géographique, l'industrie minière fait et a toujours fait face
à la concurrence mondiale. Ce que beaucoup d'autres industries
découvrent depuis un certain temps, l'industrie minière le vit
depuis des décennies. Pour réussir, l'industrie
minière doit mettre tout en oeuvre: découvrir des
gisements, améliorer sa productivité, innover et diminuer ses
coûts. Malheureusement, malgré tous les efforts et les
progrès marqués dans ces domaines, la composante du coût
d'énergie électrique n'arrête pas d'augmenter.
Le présent mémoire décrit la situation du
marché de l'électricité au Québec et commente le
plan de développement d'Hydro-Québec tel que perçu par
l'industrie minière. M. le Président, nous n'avons pas
l'intention de lire de façon intégrale tout le texte. À ce
moment-ci, je vais céder la parole au directeur général,
M. Dan Tolgyesi, qui va élaborer et/ou commenter sur la série des
12 recommandations se trouvant aux pages 14 et 15 du présent
mémoire. Est-ce que ça vous convient?
Le Président (M. Audet): Ça va, monsieur. Ça
va bien. Allez-y.
M. Cayouette: Merci.
M. Tolgyesi (Dan): Merci, M. le Président.
Je vais procéder ainsi: je vais lire seulement la recommandation
et je vais émettre quelques courts commentaires.
La première recommandation: Hydro-Québec devrait maintenir
comme objectif principal de fournir un produit fiable et de qualité,
à un coût moindre et supporté par un excellent service.
À certaines exceptions près, tel que nous allons le discuter au
point suivant, Hydro-Québec livre un produit de bonne qualité
supporté par un service qui s'améliore. Malheureusement, à
cause du monopole qu'elle détient en ce qui concerne l'énergie
électrique, le rapport qualité-prix n'est pas sa
préoccupation principale, comme c'est le cas dans les autres entreprises
de services. Ainsi, elle peut améliorer son produit sans égard au
prix qu'il en coûtera, car ce prix est transféré au
consommateur qui n'a d'autre choix que de le payer. (10 h 10)
La deuxième recommandation: Les limites de variation de la
tension, présentement établies à 10 % en vertu des
contrats avec les clients, devraient être ramenées à 8 %.
Les mines étant, en général, au bout de la ligne
électrique subissent davantage les conséquences des variations de
la tension. Une diminution des limites améliorera l'alimentation et
éliminera ainsi certains inconvénients subséquents.
La recommandation no 3: Lorsque l'amélioration du produit ou de
ses services engendre des coûts supplémentaires pour ses clients,
Hydro-Québec doit participer équitablement aux coûts
additionnels pour assurer une rentabilité mutuelle. Parce qu'on peut
dire que certains changements ou ajustements unilatéraux sont faits par
Hydro-Québec avec l'objectif d'améliorer le réseau sans
tenir compte des installations ou des besoins des clients qui sont, par la
suite, contraints de faire les rajustements à leurs frais. Comme
exemples, nous pouvons citer la ligne de 25 kV, le télémesurage
ou les cinq minutes flottantes qui sont à l'étude
présentement par HydroQuébec. Dans ces cas, Hydro-Québec
nous a placés devant le fait accompli sans aucune compensation, mais
devant des coûts qu'on a été obligés de
défrayer.
Numéro 4: La préoccupation tarifaire devrait être
prioritaire pour Hydro-Québec. Nous avons pu lire à la page 18
des Propositions, et je cite: «...ce prix est tributaire des choix et des
orientations qui seront retenus à la fois en matière de services
et en matière d'offre et de demande.» Fin de la citation. Nous
sommes d'avis que le prix doit être tributaire d'autres facteurs aussi.
Les entreprises qui ont comme source énergétique
l'électricité n'ont d'autre choix que celui de
l'amélioration constante qui est, pour elles, une question de survie.
Les entreprises minières, contrairement à HydroQuébec, se
retrouvent au bout de la chaîne industrielle, elles n'ont plus à
qui transférer leurs coûts et elles sont obligées de les
absorber.
Recommandation no 5: La politique énergétique et la
politique du développement économique de la société
québécoise sont du ressort gouvernemental. HydroQuébec, en
tant que partenaire important et privilégié du
développement, devrait tenir compte tout autant de ces politiques que
des préoccupations de ses clients actuels. Nos commentaires sont que le
rôle d'Hydro-Québec n'est pas de se substituer au gouvernement
pour établir les politiques énergétiques ou celles du
développement de la société. Les entreprises qui
exploitent les richesses naturelles, telles que les mines et la forêt, ou
qui font de la transformation, telles que les alumineries et les fonderies,
sont présentement au Québec surtout parce qu'elles ont
trouvé un endroit où, grâce à l'abondance des
ressources hydrauliques, le coût d'énergie électrique est
bas et concurrentiel. Toutefois, si le «visionnarisme» du
développement économique et social élimine cet avantage,
il n'y aurait plus aucune raison pour les grandes entreprises de
s'établir ou de rester ici.
Sixièmement: L'Association minière du Québec appuie
l'option d'Hydro-Québec en matière d'efficacité
énergétique et elle supporte ses efforts en recherche et
développement. Effectivement, l'industrie minière ne peut que
souscrire aux propositions d'Hydro-Québec dans ce domaine, car,
malgré une présence marquée de l'énergie
électrique sur les sites miniers, l'électricité est
sous-util isée comme source de locomotion des équipements miniers
sous terre. Pourtant, son efficacité, son rendement et sa
propreté environnementale lui permettront, suite au développement
de l'équipement approprié, de devenir la source
énergétique tant convoitée dans les mines.
Septièmement: Les programmes d'économies d'énergie
et d'efficacité énergétique devront améliorer la
rentabilité des entreprises et ne devraient pas être des sources
additionnelles de tarification. Les programmes tels que la
cogénération, les moteurs à haut rendement, analyses et
initiatives énergétiques et certains autres sont fort louables.
Toutefois, il ne faudrait pas que les efforts qu'Hydro-Québec
réalise pour rationaliser ses opérations résultent dans un
simple transfert du personnel qui éliminerait une partie des gains
obtenus suite aux efforts technologiques.
Huitièmement: Une autorisation plus fréquente de
la révision de la puissance souscrite à la baisse incitera
davantage l'entreprise à une diminution de sa consommation et à
une économie d'énergie. Les récents tarifs pour la grande
puissance, le groupe L, tiennent compte des dépassements occasionnels et
permettent une certaine flexibilité dans le contrôle des
coûts. Malheureusement, tandis qu'une augmentation de la puissance
souscrite est permise une fois par période de consommation, sa
diminution est limitée à une fois par période de 12 mois
suivant une révision. Ainsi, l'entreprise est placée devant un
dilemme de payer certaines pénalités ou d'augmenter sa puissance
souscrite. Dans ce dernier cas, pendant les 12 mois suivants, il n'y a plus
d'incitatifs pour l'entreprise pour économiser l'énergie, parce
que la puissance souscrite est fixée. neuvièmement: dans le but
de maintenir la capacité concurrentielle de ses clients,
hydro-québec devrait améliorer sa productivité et
réviser ses structures des coûts de façon à ce que
la croissance moyenne des tarifs soit inférieure à l'inflation et
devrait diminuer progressivement pour se retrouver sous les 50 % d'inflation
à la fin du présent plan triennal. le maintien des augmentations
des coûts à l'intérieur de l'inflation, c'est là une
démonstration tangible des efforts qu'hydro-québec met pour
contrôler ses coûts. par ailleurs, dans le monde minier
d'aujourd'hui, nous ne parlons même pas de maintenir, mais bien de
diminuer nos coûts si nous voulons survivre. ainsi, hydro-québec,
avec ses augmentations limitées à l'inflation, démontre
clairement qu'elle est dans une bande à part, dans une bande où
le contrôle des dépenses n'est pas nécessairement la
préoccupation principale.
Dixièmement: Hydro-Québec ne devrait pas, au nom du
gouvernement, être le percepteur d'une taxe déguisée. Le
prix de son produit devrait refléter les coûts de production et
des services qu'elle fournit à ses clients actuels et potentiels, tout
en tenant compte de son objectif principal, fournir l'électricité
au meilleur coût possible. Étant le seul fournisseur d'un produit
essentiel, Hydro-Québec jouit d'un avantage incomparable envers toutes
les autres entreprises québécoises. Elle peut se permettre de
fixer ou de se faire imposer le taux de ses bénéfices et
établir le prix de ses produits sans être inquiétée
par la concurrence, au moins pas à court et à moyen terme. Tandis
que les autres entreprises se battent pour leur survie, compressent leurs
dépenses et annulent leurs dividendes, Hydro-Québec montre une
rentabilité, paie un dividende pour ainsi assurer au gouvernement une
source de revenus qui peut être à l'abri des regards indiscrets,
mais qui peut être ajustée à sa guise.
Onzièmement: Si Hydro-Québec doit réviser sa
méthode de calcul du coût moyen de fourniture
d'électricité, elle devrait tenir compte de tous les coûts
réels, particulièrement ceux de la production, du transport et de
l'entretien. Une tarification est acceptable si elle est juste et si elle
reflète une distribution exacte des coûts. Il existe une
différence importante entre les groupes tarifaires en ce qui concerne
les coûts de la répartition, de la réparation et de
l'abonnement, tandis que l'écart est très faible en ce qui
concerne les coûts de production et du transport. Si on se fie aux
données fournies par Hydro-Québec, les coûts de la
production et du transport de l'électricité augmentent
sensiblement dans les périodes intermédiaires et surtout lors des
périodes de pointe. En se référant encore aux documents
fournis par Hydro, il est clair que ce n'est pas les groupes tarifaires de
grande puissance L qui sont la cause de ces périodes d'excès.
Douzièmement: Considérant les conséquences que le
tarif saisonnier entraînerait sur les opérations minières
et métallurgiques, l'Association minière du Québec
s'oppose à l'implantation d'un tel tarif. Toutefois, elle est d'avis
qu'une telle tarification pourrait s'appliquer à certaines entreprises
qui, en collaboration avec Hydro-Québec, trouveraient un
bénéfice mutuel à son utilisation.
Les entreprises minières de la transformation primaire ont
conçu leurs installations en fonction d'une opération continue
étendue sur l'année. Elles ne peuvent pas produire durant
l'été seulement et rester fermées en hiver. La production
est régularisée par l'offre et la demande du marché et non
pas par les saisons. Un tarif saisonnier aura des implications néfastes,
car il augmentera les coûts d'opération, réduira la
rentabilité et, du même coup, diminuera la
compétitivité. Toutefois, cette situation particulière de
l'industrie minière n'empêche pas l'existence possible
d'entreprises dans d'autres secteurs d'activité économique qui
disposent de la flexibilité nécessaire et peuvent déplacer
leurs productions en fonction des saisons, ou des tarifs journaliers, ou en
fonction des heures. Il ne faut cependant pas oublier qu'un déplacement
de la production entraînera nécessairement un arrêt, donc
une augmentation du chômage saisonnier.
C'est tout, M. le Président. (10 h 20)
Le Président (M. Audet): D'autres commentaires à
ajouter? Ça va?
Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Alors, M. le président, messieurs, j'aimerais
vous exprimer mes remerciements de vous voir participer à ce processus
de consultation publique qui est un processus important. Nous allons porter
certainement une grande attention à votre mémoire et aux avis,
aux recommandations que vous nous faites. J'aimerais également profiter
de cette occasion, comme ministre responsable des mines, pour souligner les
efforts déployés par l'industrie minière
québécoise pour rendre plus compétitifs nos produits
miniers et non seulement sur nos marchés, mais aussi sur les
marchés mondiaux. si je reviens à votre mémoire, à
la page 4, vous souhaitez que les limites de variation de la tension et de
l'intensité du courant électrique, présentement
établies à 10 % en vertu des contrats avec les clients, soient
ramenées à 8 %. est-ce que vous pourriez nous donner les raisons
qui justifient une telle recommandation de votre part et est-ce qu'elle est
réalisable? est-ce que ce sont
les coûts, les exigences techniques... Il y en aura des
coûts et des exigences techniques pour réaliser cette baisse de 10
% à 8 %.
M. Tolgyesi: II faudrait que je vous dise que nous ne sommes pas
exactement en mesure de vous dire c'est quoi. Nous savons que ça
coûtera certains montants d'argent, un certain investissement. Par ce
point, ce que nous voulions seulement souligner, c'est que... Vous savez, en
Abitibi, les mines sont en général éloignées, au
bout des lignes électriques. Il y a les municipalités où
il y a une mine ou deux mines et peut-être trois sur la même ligne.
Ces mines, avec les équipements qu'elles ont, les lignes sont
chargées à la limite, et il y a une question à se poser,
à savoir si on devrait augmenter la capacité de la ligne ou
construire une nouvelle ligne, ou s'il y aurait moyen, par d'autres moyens
technologiques ou techniques, de s'assurer que cette variation de tension sera
limitée, sera ramenée à quelque chose qui est plus, je
dirais, raisonnable.
Le raisonnable, c'est quand il n'y en a plus, mais, disons, on ne
s'attend pas, non plus, à ce qu'on en arrive là, parce que le
réseau d'Hydro-Québec, c'est quelque chose... comme un poumon qui
travaille, qui a des hauts et des bas. On s'attend seulement que le produit qui
est livré au bout de la ligne pour nos clients ou nos membres soit d'une
qualité qui leur permette d'opérer. Parce qu'il y a certaines
conséquences; si la tension tombe en bas de certaines limites, il y a un
déclenchement de certains moteurs qui nous causent des
difficultés. Alors, on ne s'est pas arrêté à
chiffrer c'est quoi le coût, Mme la ministre, mais on désirerait,
en coopération avec Hydro-Québec, voir s'il y aurait moyen de
diminuer cette variation dans le circuit.
Mme Bacon: D'accord. À la page 8 de votre mémoire,
vous mentionnez, et je vous cite: «L'Association minière du
Québec appuie l'option d'Hydro-Québec en matière
d'efficacité énergétique et elle supporte ses efforts en
recherche et développement.» L'automatisation des
procédés d'extraction et d'affinage, la fabrication de produits
à une plus haute valeur ajoutée constituent une stratégie
de croissance de premier plan pour votre industrie, l'industrie minière.
Quelles sont, selon vous, les avenues possibles de collaboration avec
Hydro-Québec en matière d'efficacité
énergétique, de recherche et développement sur les
électrotechnologies?
M. Tolgyesi: Nous avons des projets... Vous savez, l'Association
minière, en 1991, a mis en place une structure qui s'appelle SOREDEM,
qui est la Société de recherche et développement minier,
qui a pour but de trouver les avenues pour améliorer la technologie,
trouver les nouvelles technologies. Cette Société travaille en
collaboration avec les centres de recherche, avec l'Université Laval,
avec le CRIQ, avec HydroQuébec aussi, pour déterminer
jusqu'à quel point nous pouvons électrifier, par exemple, les
mines. Parce que, présentement, comme je l'ai mentionné
tantôt, l'électricité est présente sur nos sites,
mais elle n'est pas utilisée à sa pleine capacité, parce
que nos mines sont si vieilles, ou le réseau a été fait...
par exemple, mines sigma a converti son réseau à 60 cycles il y a
à peu près six ans seulement. ça veut dire qu'il y a des
progrès qu'on a faits, qu'on doit faire encore. n'oubliez pas aussi
qu'une mine souterraine comme sigma peut avoir 150 km de corridors souterrains.
alors, ce n'est pas si simple de convertir cette mine à
l'électricité. mais, par exemple, encore une fois, dans le cas de
mines sigma, on essaie de développer les équipements
électriques, ou électriques et hydrauliques, qui diminueraient la
consommation énergétique, parce que, présentement, tout
marche à air comprimé, et l'efficacité
énergétique de l'air comprimé est à peu près
de même pas de 35 %, comparée à l'efficacité
énergétique de l'électricité qui est de 95 % ou 99
%.
Alors, on essaie de développer les nouvelles technologies en
coopération avec Hydro-Québec avec les opérations
minières, d'utiliser ou d'adopter les technologies qui existent
ailleurs, mais qui sont utilisées de certaines façons qui ne
correspondent pas nécessairement à nos réalités, de
les amener ici et de les utiliser.
Nous parlons aussi d'automatisation des circuits. Les concentrateurs,
c'est les opérations qui opèrent en continu, 24 heures par jour.
Alors, en collaboration, par exemple, avec l'Université Laval, il y a
les programmes d'automatisation, d'utilisation de la haute technologie de
l'ère spatiale qui sera utilisée, qui sera
transférée dans les contrôles des procédés,
par exemple, dans nos opérations. Alors, tous ces efforts sont faits,
comme je l'ai dit, naturellement en collaboration avec Hydro-Québec, qui
est une composante importante dans ces démarches.
Mme Bacon: L'orientation fondamentale d'Hydro-Québec
consiste, évidemment, à fournir l'électricité aux
meilleures conditions et aussi à optimiser l'avantage comparatif que
constitue l'hydroélectricité pour le Québec. Or, à
la page 5 de votre mémoire, vous faites cette recommandation, et je vous
cite à nouveau: «La préoccupation tarifaire devrait
ère prioritaire pour HydroQuébec.» Qu'est-ce qui vous
amène à penser qu'Hydro-Québec n'accorde pas ce
degré de priorité aux tarifs? Pouvez-vous suggérer des
choses à Hydro-Québec pour corriger cette situation-là, si
vous pensez qu'il y a une situation à corriger?
M. Tolgyesi: Comme nous l'avons dit, la préoccupation
tarifaire d'Hydro-Québec n'est pas nécessairement la principale,
parce que, souvent, Hydro-Québec, de la façon qu'elle
établit ses prix, le prix de son bien, c'est en fonction strictement des
objectifs peut-être de développement et d'autres, mais pas
nécessairement de performance. C'est tout récemment seulement
qu'on a remarqué, chez Hydro-Québec, un désir de parler de
la qualité, par exemple la qualité totale, de parler de
déterminer la façon dont on établit les coûts, ce
qui est déjà courant dans les entreprises minières.
Le fait qu'on fasse de la concurrence mondiale depuis que les prix des
biens sont sur le marché mondial, nous ne pouvons pas faire autrement
que de dimi-
nuer, d'essayer de limiter nos coûts, et de toutes les
façons. Et on pense qu'à certains moments Hydro-Québec se
préoccupe aussi d'autres choses que, par exemple, seulement fournir
l'électricité à un meilleur coût. Naturellement, ces
intérêts d'Hydro-Québec engendrent certains coûts,
certains coûts additionnels. Selon ses orientations ou selon ses choix
qu'elle va faire, elle va ajuster le coût en conséquence et elle
va le transférer au consommateur qui n'a pas d'autre choix que de
l'accepter, parce qu'il n'a pas d'autres ressources pour pallier, pour
remplacer l'énergie électrique. (10 h 30)
Dans cet objectif-là, nous pensons qu'Hydro-Québec devrait
davantage regarder ses opérations, se concentrer davantage sur ses
coûts et essayer de fournir l'électricité à un
meilleur prix possible.
Mme Bacon: À la page 4 de votre mémoire, vous
faites cette recommandation, et je vous cite à nouveau: «Lorsque
l'amélioration du produit ou de ses services engendre des coûts
supplémentaires pour ses clients, Hydro-Québec doit participer
équitablement aux coûts additionnels pour assurer une
rentabilité mutuelle.» Est-ce que vous pourriez illustrer votre
recommandation, peut-être par un exemple typique, ou nous indiquer des
pistes éventuelles pour l'application de cette
idée-là?
M. Tolgyesi: Oui. On a parlé qu'il y a certaines choses
qu'Hydro-Québec fait, décide unilatéralement, elle nous
met devant le fait accompli. J'ai parlé de la ligne de 25 kV, par
exemple, qui nous est arrivée comme ça. À un moment
donné, Hydro-Québec a amené la ligne de 25 kV. Elle a dit:
Vous l'avez et arrangez-vous avec. Mais, nous, on n'était pas
prêts. On a dit: II faudrait faire les transformations; il faudrait
installer les transformateurs pour diminuer, pour ajuster ce courant-là
à ce qu'on a présentement en place. Hydro-Québec a dit:
Ça, c'est vos problèmes. Ils nous ont mis devant le fait
accompli.
Le télémesurage, par exemple, ils ont décidé
qu'à un moment donné ce serait mieux pour le réseau et
pour les opérations d'Hydro-Québec que ce serait fait de
même. On n'était pas prêts. On a été, encore
une fois, placés devant un fait accompli, qui nous est tombé
comme ça et nous a engendré des coûts additionnels. On a
dit: Bon, c'est pour le bénéfice d'Hydro, sûrement, mais il
faudra que ça corresponde à nos besoins aussi ou, au moins, si
ça va correspondre à long terme, il faudrait qu'on s'entende sur
la façon qu'on va faire la transformation.
Alors, j'ai ces deux exemples-là. Est-ce que vous en avez
d'autres, messieurs?
Mme Bacon: D'accord. Juste avant de terminer, M. le
Président, j'aimerais juste vous faire remarquer qu'il n'y a pas de
dividendes qui ont été payés au gouvernement par
Hydro-Québec en 1990, 1991 et 1992. Les derniers ont été
payés en 1989. Il n'y en a pas depuis.
M. Tolgyesi: II faudrait dire aussi, Mme la ministre, qu'il y a,
pas nécessairement des dividendes, mais on peut parler aussi des taxes
que le gouvernement...
Mme Bacon: Oui.
M. Tolgyesi: ...recueille aussi.
Mme Bacon: Ils en paient comme tout le monde, M. Tolgyesi.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Merci. Mais vous n'êtes pas sans savoir qu'on
est d'accord avec vous, avec votre recommandation à l'effet
qu'Hydro-Québec ne devrait pas, au nom du gouvernement, être un
percepteur de taxe déguisée. Je pense bien que, nous, on va
s'entendre facilement avec vous sur cette question-là, peu importe ce
qui vient d'être dit. mais il reste une chose, c'est qu'au niveau de
votre projet, à la page 10, si je me reporte à cette page, vous
dites, commençant à la page 9: «de ce tableau, ainsi que
des données des tableaux 4 et 5, il ressort clairement que plus de 74 %
des coûts sont et là vous faites allusion à ce qui
est dit dans le projet d'hydro-québec relativement
incompressibles.» et vous continuez en disant: «avec cette
structure des coûts et avec une croissance annuelle moyenne des charges
et des intérêts de 4,3 %, il sera très difficile de
maintenir l'augmentation des coûts en bas du taux d'inflation
estimé à 3,5 %, et ce, malgré les efforts
qu'hydro-québec déploiera pour augmenter sa productivité
de 20 %.»
Et je m'en vais à votre recommandation qui suit. Je veux juste
voir s'il y a une contradiction entre les deux parties, parce que ce que vous
semblez dire, c'est que vous jugez irréaliste l'objectif de maintenir au
niveau de l'inflation des tarifs, alors que vous dites: «Dans le but de
maintenir la capacité concurrentielle de ses clients,
Hydro-Québec devrait améliorer sa productivité et
réviser ses structures des coûts de façon à ce que
la croissance moyenne des tarifs soit inférieure à l'inflation et
devrait diminuer progressivement pour se retrouver sous les 50 % d'inflation
à la fin du présent plan triennal.» J'aimerais que vous me
disiez, entre ce qui est dit en haut et votre recommandation, s'il y a
compatibilité ou incongruité, je ne sais pas.
M. Tolgyesi: Nous disons qu'Hydro-Québec, comme c'est une
donnée essentielle, elle participe au vice inflationniste. Maintenant,
si on dit seulement que l'on maintient l'inflation, on se maintient, on se
limite au niveau de l'inflation, au fond, on n'améliore pas
nécessairement les choses. On les maintient, ou peut-être
même on les augmente. Parce que, si le coût de
l'électricité augmente l'inflation, quand cette inflation arrive,
Hydro-Québec va rajuster l'augmentation des prix à l'inflation.
Mais ce qu'on veut dire, M. le dépu-
té, c'est qu'il faudrait regarder toutes les avenues. ce n'est
peut-être pas suffisant, une augmentation de productivité de 20 %.
c'est ça qu'on veut dire, peut-être qu'il y a d'autres choses
qu'il faudrait regarder.
M. Joli vet: Mais comment vous voyez qu'HydroQuébec
pourrait augmenter sa productivité de 20 %? Comment voyez-vous
ça? De quelle façon devrait-elle agir?
M. Tolgyesi: II y a peut-être différentes avenues.
Il y a peut-être, jusqu'à un certain point, le
développement technologique. Il y a peut-être
l'amélioration de la productivité dans le sens qu'il y a certains
ajustements qu'il faut faire à Hydro-Québec de façon
qu'elle gère ses opérations. Il y a sûrement l'augmentation
de la productivité du personnel. Je vous parle de l'expérience
que nous vivons aussi. Il y a peut-être certaines coupures
qu'Hydro-Québec devrait faire, comme nous faisons aussi. Il y a les
périodes où on dit: II n'y a plus de gras, il y a même l'os
de temps en temps, il n'est pas tellement épais. On coupe dans tout ce
qu'on peut. On pense que toutes ces avenues-là, il faudrait
qu'Hydro-Québec les regarde et aussi peut-être regarder la
façon qu'ils font le développement, qu'ils ont fait les
constructions.
Peut-être qu'il y a les innovations technologiques dans ce
domaine, aussi, qui peuvent être appliquées et qui nous
permettraient de sauver, par exemple, sur les constructions des barrages. Il y
a peut-être aussi une paix sociale. Je ne sais pas, si je regarde dans le
passé, il y a plusieurs années, la construction des barrages a
peut-être coûté aussi énormément cher parce
qu'il y avait certaines perturbations durant la construction. Alors, je parle
qu'il y a peut-être une variété de possibilités.
M. Jolivet: Et vous croyez que, pour que sa capacité
concurrentielle soit préservée, en plus de l'amélioration
de sa productivité, elle devrait réviser ses structures des
coûts, de façon, comme vous le dites, à ce que la
croissance diminue sous les 50 % d'inflation à la fin du présent
plan triennal. Est-ce que vous croyez que c'est possible? Est-ce que c'est
réalisable? Comment?
M. Tolgyesi: Je pense que oui. Si vous regardez dans les
entreprises minières, je vais vous dire quelque chose, on n'a pas de
choix, parce que, si on produit l'or, actuellement il se vend 328 $ l'once, on
n'a pas plus pour. La question n'est pas si on veut, ou on aimerait, ou on
désire, la question est qu'on n'a pas plus pour. Alors, tout ce qu'il
faut faire, c'est s'arranger pour que nos coûts, incluant nos dettes,
rentrent dans ces valeurs-là.
Maintenant, comme j'ai dit tantôt, Hydro-Québec a un
avantage parce qu'elle peut établir le prix de son bien, tout en
incluant un taux de rentabilité de 12 %. Il n'y a aucune entreprise...
les entreprises font des prévisions, mais, actuellement, elles ne font
pas ça.
M. Jolivet: À la page 5, pour revenir à la partie
de la tarification, vous dites, dans le deuxième paragraphe, au milieu:
«Les entreprises qui exploitent les richesses naturelles
là, vous en nommez sont présentement au Québec
surtout parce qu'elles ont trouvé un endroit où les ressources
hydroélectriques abondantes rendaient le coût d'énergie bas
et concurrentiel.» À ce moment-là, si vous parlez d'une
diminution à 50 % du coût de l'inflation à la fin du plan
triennal, quelle serait, pour vous, la limite à laquelle devraient
être haussés les tarifs pour éviter de perdre cette
capacité concurrentielle?
M. Tolgyesi: À quel niveau fixer l'augmentation des
coûts d'Hydro-Québec pour préserver la capacité
concurrentielle. C'est ça?
M. Jolivet: En fait, c'est parce que vous avez des entreprises
qui demandentje prends l'exemple des industries forestières
qui demandaient, pour les années à venir, de diminuer de 1 %,
pour les prochaines années, les tarifs. Est-ce que vous croyez que c'est
une de vos demandes ou est-ce que c'est, pour vous autres, plus ou moins que
ça? Est-ce que vous croyez que les gens qui s'objectent à
ça en disant qu'on ne devrait pas faire ça, qu'on devrait
peut-être plutôt préserver les petites et moyennes
entreprises que les grandes entreprises énergivores... Est-ce que vous
croyez que c'est une façon de régler le problème? (10 h
40)
M. Tolgyesi: Non. Vous savez, je pense qu'il y a des
retombées dans les mines, il y a des retombées directes sur les
emplois. Je peux vous citer un exemple. Je vais prendre l'exemple de QIT, pas
parce que monsieur est ici, mais parce que c'est un exemple qui est très
frappant. À Havre-Saint-Pierre, il y a une mine qui emploie 300
employés, qui travaillent 11 mois par année, et qui fournit le
travail à QIT Sorel où il y a 1600 employés, et il y a 100
personnes en plus au bureau à Montréal. Ça, ça veut
dire que les retombées... On parle des retombées
économiques. Quand vous regardez maintenant ces 300 emplois, ce qu'ils
fournissent à Sorel, c'est 1600 emplois, mais il y a tout ce qu'il y a
autour de ces entreprises-là, tous les fournisseurs. Alors, quand vous
parlez de maintenir l'emploi dans les mines, vous parlez de toute une
chaîne, et on parle aussi des petites et moyennes entreprises qui,
éventuellement, deviendront les fournisseurs pour les plus grosses.
Alors, c'est dans ce sens-là que, je pense, qu'il faudrait... Si
on se préoccupe seulement ou on dit: Bien, O.K., il faudrait
préserver les petites et moyennes entreprises, à un moment
donné, les petites et moyennes entreprises vont fournir quoi et à
qui?
M. Jolivet: Mais vous savez que, dans l'interfï-nancement,
on dit toujours que c'est elles qui paient plus cher que les grandes
entreprises, les petites et moyennes entreprises, aussi, et le système
québécois est basé aussi sur les petites et moyennes
entreprises.
Alors, je reviens à la page 10 où vous parlez de
50 %, «sous les 50 % d'inflation à la fin du présent
plan triennal». j'essaie de voir si vous dites: si on n'atteint pas
ça, on a des risques d'avoir de la difficulté à être
de plus en plus concurrentiels. est-ce que je comprends bien votre raisonnement
dans ce sens-là?
M. Tolgyesi: C'est vrai. Ça, c'est vrai.
M. Jolivet: À la page 3, au premier paragraphe, vous
dites: «En effet, l'utilisation de la haute technologie et de
l'équipement électronique de plus en plus sensible exige
désormais un courant constant. Les limites actuelles de variation
fixées à 10 % dépassent largement les écarts
acceptables pour une telle technologie.» Est-ce que vous croyez
qu'Hydro-Québec, avec les moyens qu'elle a actuellement ou la recherche
qui pourra être ajoutée, est capable de le faire des maintenant ou
est-ce qu'elle pourrait faire mieux dans le futur?
M. Tolgyesi: Je ne pense pas qu'elle puisse le faire maintenant.
Ce que je pense, éventuellement c'est une proposition qu'on
appelle c'est qu'on dit qu'il faudrait regarder cet aspect-là,
cette option-là, parce que, comme nous l'avons mentionné,
l'industrie minière, c'est une industrie périphérique. On
ne cherche pas et on ne trouve pas les mines en plein milieu de
Montréal. Malheureusement pour nous; heureusement, peut-être, pour
les gens. Mais on cherche de plus en plus à l'extérieur. On s'en
va vers le Nord. Ça veut dire qu'on rallonge les lignes
électriques, on additionne les distances à parcourir et on dit
qu'éventuellement, quand on arrive à ce point qu'il faudrait
ajouter peut-être une autre mine à la ligne électrique, il
faudrait regarder de quelle façon on peut s'assurer que cette
entreprise, elle va recevoir un courant qui est continu, qui n'a pas beaucoup
de variation dans la tension. C'est dans ce sens-là que nous avons fait
la recommandation.
M. Jolivet: Et là vous parlez, si j'ai bien compris, de 10
% à 8 % en termes de...
M. Tolgyesi: Oui.
M. Jolivet: Dans une de vos recommandations, vous dites, à
la deuxième recommandation: Les variations de la tension et de
l'intensité du courant devraient baisser, être ramenées
à 8 %. C'est dans ce sens-là que vous faites votre
recommandation.
M. Tolgyesi: Oui.
M. Jolivet: Avant de passer la parole à un autre parce que
le temps s'écoule, à la page 12, vous dites: «La production
minière est régularisée par l'offre et la demande du
marché et non pas par les saisons.»
M. Tolgyesi: C'est ça.
M. Jolivet: «Par conséquent, toute imposition d'un
tarif saisonnier aura des implications néfastes sur l'industrie
minière, réduira grandement sa rentabilité et, du
même coup, diminuera d'une façon importante sa
compétitivité.» Je pense que vous n'êtes pas les
seuls, d'ailleurs, à le dire; il y a plusieurs entreprises, plusieurs
groupes qui le disent, et tout ce qu'on va espérer pour vous autres,
parce que je pense que c'est important dans le contexte de la
compétitivité à laquelle vous devez faire face, c'est
qu'à la fois le ministère de l'Énergie et des Ressources
et Hydro-Québec comprennent votre demande. Mais, si vous avez d'autres
choses à ajouter, ça me fera plaisir de l'entendre.
M. Tolgyesi: Peut-être que tu peux élaborer
là-dessus?
M. Guilbault (Pierre): Ce qui arrive, c'est que ce n'est
peut-être pas une solution unique à étendre à toute
la province de Québec dans un coup sec comme ça. Si
Hydro-Québec venait nous voir, nous proposait son problème, nous
montrait son problème, peut-être que chaque entreprise, qui a sa
façon de voir les choses, pourrait aider. C'est surtout la pointe qu'on
cherche, les 300 heures. Si Hydro-Québec se présentait à
toutes les manufactures et disait: J'ai 300 heures où je suis
très pénalisée dans l'année, est-ce que vous pouvez
faire quelque chose pour nous? ce n'est pas nécessairement une solution,
mais une multitude de solutions. Chaque compagnie peut participer; certaines
compagnies peut-être avec du délestage, certaines compagnies
peut-être avec des tarifs saisonniers, peut-être d'autres
compagnies avec moins 15 % dans le jour et le droit de fonctionner dans la nuit
à reprendre cette énergie-là.
Chaque compagnie a ses capacités internes, ça
dépend de sa production. Et de ne pas arriver d'emblée et dire:
On va instaurer des rabais tarifaires, ou quelque chose du genre, saisonnier
saisonnier, ça affecte beaucoup de compagnies, on ne peut pas
et de ne pas y aller seulement avec un item. Mais venez nous voir, puis
vous resteriez surpris des solutions qui seraient apportées et qui
pourraient être équitables, parce qu'une compagnie ce serait d'une
façon; une autre compagnie, ce serait d'une autre façon. Il y a
moyen de calculer ça pour que ça reste équitable.
M. Jolivet: Ce n'est donc pas juste la mine, c'est l'usine aussi
comme telle. En tout cas, je reviendrai tout à l'heure, je vais avoir la
chance de revenir.
M. Guilbault: Dans les usines, définitivement,
c'est...
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Vimont.
M. Fradet: Merci, M. le Président.
C'était d'ailleurs une de mes questions, parce que, hier, on
recevait une compagnie, Eka Nobel, qui nous disait être
préoccupée aussi par cette proposition d'Hy-dro-Québec. Je
voudrais savoir: Est-ce que votre production est constante à
l'année dans l'industrie minière?
Ne pourriez-vous pas avoir une période de pointe
l'été par rapport à l'hiver? C'est une production
constante?
M. Tolgyesi: C'est une production qui est constante, je vais vous
dire, parce qu'on est limité physiquement. On peut sortir de sous terre
une certaine quantité de minerai, ça prend un certain temps
à le monter, et on ne peut pas dire: On va produire plus. Il y a une
seule façon, c'est peut-être qu'on puisse entreposer notre
produit, dans certaines périodes. Mais, même là, nous
n'avons pas beaucoup de jeu qu'on peut se permettre, dans les mines.
M. Fradet: Merci. Je voudrais peut-être juste revenir pour
faire un petit commentaire sur les dividendes dont vous nous avez fait part
tout à l'heure, et il fallait bien que ça vienne. Ce que je
trouve drôle depuis que je fais de la politique, et ça ne concerne
peut-être pas nécessairement l'industrie minière, c'est
qu'on a tendance, lorsqu'on est dans l'Opposition, à dire: Ah! moi, je
suis d'accord avec vous; effectivement, HydroQuébec ne devrait pas
donner de dividendes au gouvernement et ne devrait pas percevoir des taxes ou
faire de la répartition de la richesse parce que c'est le rôle du
gouvernement.
Mais souvenez-vous que vous étiez là lorsque le Parti
québécois était au pouvoir entre 1976 et 1985 et que les
dividendes ont été inventés par le Parti
québécois, les dividendes d'Hydro-Québec. Alors, moi, je
ferais attention, des fois, aux appuis qu'on obtient lorsqu'on est de l'autre
côté de la table en disant: Oui, oui, moi, je suis d'accord avec
vous; les dividendes, je ne suis pas d'accord avec ça. Et je mettrais
peut-être même au défi le député de Laviolette
si, éventuellement, le Parti québécois prenait le pouvoir,
je le mettrais au défi, dans le premier mandat, d'éliminer
ça, et je ne suis pas convaincu que ça arriverait. D'ailleurs, je
ne souhaite pas que le Parti québécois prenne le pouvoir, non
plus, et je vais m'efforcer qu'il ne le prenne pas, mais si ça
arrive...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Pour le moment, il n'est pas question pour vous
autres. Regardez ça, là.
M. Fradet: Mais si ça arrive... M. Jolivet: Pose ta
question. Une voix: Ça n'arrivera pas.
M. Fradet: Alors, en ce qui concerne les dividendes, il faut
faire attention aux promesses qu'on nous fait de l'autre côté de
la table.
Pour continuer dans le même domaine, on parle de tarification.
Vous souhaitez qu'Hydro-Québec augmente au maximum à 50 % de
l'inflation ses tarifs. La compagnie Lévesque Beaubien est venue nous
voir ici et nous a dit qu'elle, contrairement à ce
qu'hydro-québec a promis, ne s'engagerait pas dans une promesse
d'augmentation des tarifs à l'inflation parce que hydro-québec
n'aurait pas la marge de manoeuvre pour le faire. et, vous, vous semblez dire,
comme une autre entreprise qui est venue nous voir hier: au contraire, moi, je
pense qu'hydro-québec ne devrait pas augmenter ses tarifs à
l'inflation, 50 %, ou peut-être même les réduire en ce qui
concerne les entreprises énergivores. est-ce que vous avez
analysé le schéma structurel d'hydroquébec pour savoir si,
effectivement, ils ont les moyens de faire ça?
M. Tolgyesi: Je vais juste émettre un commentaire en ce
qui concerne les dividendes.
M. Fradet: Oui, je vous le permets.
M. Tolgyesi: On l'a adressé à Hydro-Québec,
on l'a adressé indépendamment. Ce n'était pas au
gouvernement, indépendamment des partis. On espère qu'il y ait un
certain contrôle...
M. Fradet: Je savais que vous le saviez, mais je voulais le
rappeler au député de Laviolette.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tolgyesi: Ha, ha, ha! Indépendamment de quel parti sera
au pouvoir. (10 h 50) en ce qui concerne la tarification en fonction de
l'inflation, nous avons regardé c'est quoi la mosaïque
d'établissement des tarifs pour hydro-québec. effectivement, on a
trouvé que, oui, il y a 75 %, 76 %, je pense, des tarifs qui sont
incompressibles. ça dépend des intérêts, par
exemple. 76 %, c'est les intérêts, l'amortissement, les taxes,
l'achat d'électricité additionnelle et peut-être seulement
25 % à 28 %, c'est les salaires et avantages sociaux. mais il faut dire
que le taux d'intérêt aussi est en fonction de l'inflation. c'est
un cercle qui est, je ne veux pas dire vicieux, mais il est assez fermé,
et il y a l'influence d'un facteur sur l'autre. et, nous, on considère
qu'hydro-québec, ça, c'est un des facteurs qui influencent
l'inflation aussi. alors, si elle fait les efforts... et, quand vous regardez
le système tarifaire, il y a 12 % de bénéfices nets qui
sont incorporés déjà dans le prix. ça veut dire que
c'est la seule entreprise qui peut se permettre de le faire et elle engendre
aussi peut-être, par cette imposition de 12 % qu'elle s'impose
elle-même ou qu'elle se fait imposer, peu importe, mais, par ce
fait-là, elle détermine d'avance: je veux avoir un
bénéfice de 12 %, peu importe ce qui arrive, mais peut-être
que tu causes du tort aux entreprises qui sont dans la province. et la
retombée économique, peut-être, peut être meilleure
si ce n'est pas nécessairement hydroquébec qui
génère ce profit-là. mais, en baissant le tarif, ça
va donner une énergie à meilleur marché à la
collectivité.
Le Président (M. Audet): Merci.
Vous voulez ajouter, monsieur? Brièvement.
M. Guilbault: juste un commentaire sur les 50 %. les compagnies,
elles aussi, ont des tarifs incompressibles. les compagnies ont réussi
à faire de très bonnes choses dernièrement, les compagnies
privées. hydro-québec a des gestionnaires chevronnés, elle
est très, très puissante, elle est très bien
structurée. je ne verrais pas pourquoi ils ne seraient pas capables, eux
aussi, de faire ça. chez nous, nous faisons moins 2 % pendant...
ça fait huit ans qu'on fait moins 2 %, et mon collègue essaie de
faire moins 5 % cette année. je ne vois pas pourquoi hydro-québec
ne serait pas capable de le faire. il s'agit d'y penser.
Pour répondre à Mme la ministre tantôt qui disait:
Avez-vous des exemples? Hydro-Québec suit méthodiquement les
normes de qualité qu'elle a et elle vient nous imposer ces
normes-là. On lui dit: Notre compagnie n'a pas besoin d'avoir cet
équipement-là, chez nous. On nous répond: C'est la norme,
on te l'installe. On n'a pas besoin si puissant que ça, si gros, mais
c'est la norme. Ça fait que, dans la structure d'Hydro-Qué-bec,
le respect des normes fait que, systématiquement, c'est tout de suite le
plus gros coût qui sort, et on le voit lorsqu'on transige avec eux
autres, du point de vue technique que je parle.
Il y a une foule de choses dans ce style-là. On dirait que les
individus dans la structure ont les mains attachées. Lorsqu'on discute
vraiment à la table et on sort les chiffres techniques, on se rend
compte, ils disent: Ah oui! oui, oui, Hydro-Ontario fait ça, Alberta
Power fait ça, Tennessee Power fait ça, mais, nous ici, il faut
qu'on installe telle chose; à telle page, dans telle norme, dans telle
installation, il faut que tu installes ça. Ça coûte
très cher, ça, ce suivi-là.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Guilbault: Des exemples comme ça, on pourrait en sortir
plusieurs aussi.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Lavio-lette.
M. Joli vet: Oui. Mon temps a été grugé,
mais je suis bien content de la réponse. Je vais juste ajouter au
député de Vimont, et ça ne vous regarde pas, ça
nous regarde, lui et moi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Si le dividende a été inventé
d'une certaine façon selon les normes normales, il reste quand
même qu'eux ont inventé les taxes, et c'est ça que j'ai
compris de votre demande et c'est dans ce sens-là que j'ai parlé
tout à l'heure.
Je vous dirai à ce moment-là, en termes de question, pour
terminer: Est-ce que vous utilisez le gaz naturel? Et quelle serait votre
opinion, quant à l'effica- cité énergétique, de
regarder pas seulement 40 % de l'énergie produite au québec et
hydroélectrique, mais l'ensemble de toutes les énergies? est-ce
que vous voyez qu'un débat qui est actuellement centré sur
hydro-québec, parce que c'est ça qu'on a à étudier,
ne devrait pas, à votre avis, aller plus loin et aller dans une
politique globale énergétique demandée par l'état
et non pas par hydro-québec pour comprendre les bons côtés
et les mauvais côtés de chacune des énergies au
québec, qu'elles soient douces ou habituelles, connues?
M. Tolgyesi: Dans les mines comme telles, l'utilisation du gaz
n'est pas nécessairement répandue parce que, comme je l'ai dit,
on est dans les régions éloignées où...
M. Jolivet: Là, vous parlez des mines, mais je parle aussi
des industries, parce que...
M. Tolgyesi: Les industries de transformation, par exemple,
à Sorel. Il y en a d'autres à Montréal, par exemple,
à Home, à Noranda. Mais, en général, en grande
majorité, c'est l'électricité qu'on utilise comme
énergie. Par contre, on pense qu'il faudrait regarder peut-être
s'il y a d'autres sources énergétiques aussi qui peuvent
être utilisées et qui peuvent faire l'objet d'un débat,
peut-être pas nécessairement par Hydro-Québec,
peut-être que ça devrait être appelé par le
gouvernement, pour établir c'est quoi, les avenues les plus
rentables.
M. Jolivet: Et vous seriez intéressés, si elle
était demandée, cette commission indépendante, à y
participer?
M. Tolgyesi: Pourquoi pas? Si on voit que ça correspond
à nos besoins, à nos intérêts, oui.
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond, vous avez des questions?
M. St-Roch: Oui, M. le Président. Le Président
(M. Audet): Allez-y.
M. St-Roch: Merci. Étant le seul député
indépendant, on ne parlera pas de taxes ni de dividendes. Lorsque vous
regardez la composition des demandes de tarification d'Hydro-Québec,
moi, il y a une chose, personnellement, qui me préoccupe, et vous y avez
touché un peu, vous l'avez effleurée. Quand vous regardez
l'augmentation des coûts directs de production et du transport, on parle
de 0,8 % avec les 20 % qui étaient déjà en
deçà de l'inflation, mais, lorsqu'on rajoute la composante de
financement, à cause des investissements qui sont prévus, on
parle de 1 000 000 000 $ pour la même période, et ça va
grimper alentour de 3,4 %.
Alors, il m'apparaît que la situation d'Hydro-Québec
devient une situation un peu plus critique, que, si on continue les
investissements massifs, comme on s'en va là, parce qu'on prévoit
à peu près entre 40 000 000 000 $ et 50 000 000 000 $,
automatiquement, vous n'avez pas le choix, vous allez avoir cette
pression-là au niveau des taux. Alors, les seules manières qu'il
va peut-être falloir regarder, c'est d'être capable d'amortir, de
baisser davantage notre dette à long terme, à l'heure actuelle,
avant de regarder des investissements futurs. Ça, ça va passer
juste par une manière, ça va être des économies
d'énergie, en premier lieu, qui vont nous donner ce temps de
répit pour amortir et pour rembourser nos dettes.
Vous avez mentionné tout à l'heure aussi, dans votre
exposé et il y a eu une réponse de monsieur, ici,
où il l'a très bien signalé aussi qu'au niveau des
économies d'énergie il y aurait peut-être
possibilité d'ôter... Parce que, si on ôte cette fameuse
pointe, on peut faire un bon bout sans mettre des millions en investissement.
Alors, vous avez touché ce procédé de communication
là avec Hydro-Québec, qu'il y aurait peut-être des
possibilités. Si Hydro-Québec allait dans votre secteur et
vous êtes des gens du milieu des régions; vous vivez, vous aussi,
comme nous, on ne vit pas en vase clos si cette attitude, cette culture
d'organisation était développée, de s'asseoir avec chacun
des clients individuels, de dire: Qu'est-ce qu'on peut faire en tant que
partenaires, ensemble, pour réduire, dans un contexte
d'équité? est-ce que vous ne croyez pas que ce serait une des
solutions qui pourraient nous permettre d'éviter des grands
investissements à long terme qui ont un effet majeur au niveau de la
tarification?
M. Tolgyesi: II faudrait que je vous dise qu'on constate, chez
Hydro-Québec, cette ouverture de plus en plus. Ils viennent nous voir,
effectivement, et on travaille en coopération. Quand je parlais
tantôt de la recherche, ils y siègent. Par exemple, nous avons un
comité de recherche à l'Association minière, et
HydroQuébec fait partie de ce comité de recherche, siège
sur ce comité. En plus, nous ne pouvons que constater aussi que, dans
les opérations, il y a effectivement une amélioration des
relations. Il y a beaucoup plus de communication et beaucoup plus d'ouverture
de la part d'Hydro-Québec qu'il n'y en avait il y a un certain nombre
d'années. Alors, effectivement, Hydro-Québec travaille
très fort dans le but de savoir de quelle façon économiser
l'énergie pour retarder la construction... des nouvelles constructions,
par exemple.
M. St-Roch: II y a très peu de temps qui m'est
alloué. Lorsque je regarde votre graphique 1, la production de cuivre,
et votre graphique 2, la production de zinc, et qu'on regarde vos courbes
1987-1990, on s'aperçoit qu'en 1987 les coûts étaient
inférieurs aux États-Unis, dans les deux cas. Et, à mon
grand étonnement, lorsque je regarde 1990, c'est exactement
renversé. Alors, les États-Unis sont meilleur marché que
le Canada, maintenant, au niveau des coûts de production de cuivre, et
c'est la même chose pour le zinc. Est-ce que le facteur électrique
est une des composantes majeures de ce changement de situation radical?
M. Tolgyesi: II faudrait que vous considériez dans
ça aussi qu'il y a plusieurs autres facteurs. Ce n'est pas
nécessairement seulement le coût de l'électricité
comme tel. Il y a, par exemple, la grosseur de mines que vous ouvrez. Si vous
ouvrez des mines à ciel ouvert, comparé aux mines souterraines,
les mines à ciel ouvert, leurs coûts d'opération sont plus
bas. Ce n'est pas uniquement ou seulement la composante électrique qui
est là.
M. St-Roch: Vous n'avez pas une idée du pourcentage qui
aurait pu contribuer?
M. Tolgyesi: Non. (11 heures)
M. St-Roch: Parce que je remarque à votre graphique 3,
aussi, quand vous indiquez les courbes de tarification au niveau du
Québec et au niveau des États-Unis. Nous, on a une progression
qui est constante tandis qu'il semble qu'aux États-Unis ils soient
à la baisse.
M. Tolgyesi: Disons qu'ils ne sont pas nécessairement
à la baisse, mais ils n'augmentent pas.
Le Président (M. Audet): Merci. Très, très
brièvement, le temps est écoulé.
M. St-Roch: Une très brève question. Dans une
politique de développement à plus long terme, si on a besoin de
grands barrages un jour, en tant qu'industrie, est-ce que vous ne croyez pas
qu'on devrait adopter les mêmes techniques comme certains pays l'on fait,
qu'avant de faire de l'ennoiement on devrait avoir une prospection
systématique qui est faite, avant de noyer ces grandes superficies?
Est-ce que ça devrait faire partie de l'élément
politique?
M. Tolgyesi: Je pense que les services géologiques du
gouvernement en font une grande partie, ils font la reconnaissance, ils font la
reconnaissance sur ces territoires-là. Maintenant, je veux vous dire
que, même si on regarde comme il faut un terrain, ça ne veut pas
nécessairement dire que... Quand on dit qu'il n'y a rien là,
ça ne veut pas nécessairement dire qu'il n'y aura plus rien
là, ou vice versa. Alors, c'est quelque chose de difficile à nous
demander.
M. St-Roch: Parce qu'on peut regarder strictement au niveau
géologique...
Le Président (M. Audet): Merci. C'est terminé, M.
le député.
M. St-Roch: ...mais au niveau forage aussi.
Le Président (M. Audet): Alors, messieurs, un
bref commentaire très rapidement, le temps est
écoulé.
M. Cayouette: L'Association minière du Québec
souhaite et demande à Hydro-Québec de revoir l'ensemble de ses
coûts afin de diminuer au maximum les possibilités de hausse de
tarifs. Cette façon d'agir va nous permettre, nous, de l'industrie
minière, d'accroître notre capacité concurrentielle. Merci
de nous avoir écoutés.
Le Président (M. Audet): Merci, messieurs.
Alors, nous allons suspendre deux minutes afin de permettre à la
Région-laboratoire de développement durable de s'installer.
(Suspension de la séance à 11 h 2)
(Reprise à 11 h 6)
Le Président (M. Audet): À l'ordre! La commission
reprend ses travaux. Nous recevons maintenant la Région-laboratoire de
développement durable. Alors, messieurs, madame, si vous voulez prendre
place, s'il vous plaît. Au nom des membres de la commission, je vous
souhaite la plus cordiale bienvenue et je vous rappelle brièvement nos
règles de procédure. Vous avez une vingtaine de minutes pour nous
faire part de votre exposé et vous présenter tout d'abord, ce qui
est bien important; ensuite suivra une période d'échanges d'une
quarantaine de minutes. Vous avez la parole. Si vous voulez vous identifier,
s'il vous plaît.
Région-laboratoire de développement
durable du SaguenayLac-Saint-Jean
M. Villeneuve (Réjean): Merci, M. le Président.
Bonjour, mesdames et messieurs. Au départ, moi, je suis
Réjean Villeneuve, vice-président de la Région-laboratoire
de développement durable; à ma droite, Pierre Tremblay,
administrateur à la Région-laboratoire de développement
durable, et Mme Yolande Plante, directrice générale.
Nous avons déposé un mémoire au sujet du plan
triennal d'Hydro-Québec dans une approche de collaboration.
Premièrement, je vais vous tracer un bref historique de notre structure,
qui est relativement jeune. La Région-laboratoire existe depuis environ
deux ans. Elle est la suite du sommet économique où elle a
été choisie comme premier projet dans l'ensemble de la
région du SaguenayLac-Saint-Jean. Les gouvernements provincial et
fédéral ont participé financièrement à son
démarrage pour les trois premières années de
fonctionnement. À partir de l'an prochain, on va avoir atteint
l'autonomie financière, on va fonctionner par nos propres moyens au
niveau du financement.
Globalement, la Région-laboratoire est composée
actuellement d'environ 51 bénévoles qui proviennent d'à
peu près tous les secteurs de la société au niveau de la
région, tant au niveau de l'éducation, du domaine de la
santé, du domaine environnemental, de l'industrie, la grande industrie,
que de la PME. Notre concept, c'est de pouvoir analyser les projets dans un
principe de développement durable, donc en tenant compte de tous les
aspects. C'est pourquoi on a invité à participer tous les
éléments du milieu, de la région. (11 h 10)
Notre objectif. Hydro-Québec a clairement identifié le
développement durable comme un de ses objectifs depuis 1989 et
reconnaît l'importance de la participation de la population dans ses
démarches. Nécessairement, au niveau de la
Région-laboratoire, notre objectif fondamental, c'est d'essayer, de
réaliser des expériences dans notre milieu, sur
différentes actions qui sont, à notre avis, favorables à
un concept de développement durable, de les essayer, d'assurer un suivi
de ces expériences-là et de bonifier, lorsque c'est possible, les
résultats afin d'en arriver à des solutions plus douces au niveau
social. On considère donc, dans ce contexte-là, qu'il pourrait
être intéressant qu'il y ait une association entre notre
organisme, Hydro-Québec et le Bureau de l'efficacité
énergétique pour réaliser certaines expériences en
région, principalement au niveau de la stratégie d'application de
certaines mesures, parce qu'on reconnaît, au niveau de l'entreprise, ses
connaissances techniques et sa volonté de réaliser des
activités permettant de réduire la consommation,
d'atténuer les facteurs de pointe qui sont un des problèmes qui
nous apparaissent fondamentaux. Il faut, à notre avis, faire ça
avec la population. Souvent, on s'est aperçu que certains programmes,
même si on pense à l'intervention des gens qui nous ont
précédés, ne sont pas toujours adaptés à la
situation des clients ou à la situation des gens qui vivent, qui
consomment. C'est vrai dans l'industrie et c'est vrai aussi au niveau de la
population. Souvent, l'intention est bonne, mais les manières
d'appliquer ne donnent pas toujours les résultats escomptés.
Nous, depuis quelques années, on a travaillé beaucoup avec
la population et on pense qu'avant d'appliquer des politiques à grande
échelle, il faut les expérimenter à petite échelle
avec des groupes cibles, assurer un bon suivi et vraiment analyser les
résultats, mais on parle surtout au niveau social, la participation des
gens. La solution technique, lorsqu'on l'applique, est-ce qu'on a la
réaction à laquelle on doit s'attendre des gens et jusqu'à
quel pourcentage? On pense que ça pourrait permettre d'améliorer,
d'ajuster les programmes, les stratégies d'implantation et d'augmenter
les chances d'avoir de meilleurs résultats au niveau de la mise en
application à plus grande échelle par la suite.
Pour ce faire, on a présenté quelques exemples
d'application. Notre objectif, à ce niveau-là, n'était pas
de faire une revue exhaustive de tout ce qui pouvait être
réalisé, mais plutôt un aperçu. Aussi, dans notre
esprit, ce serait vraiment dans un travail de collaboration où les choix
des applications pourraient être faits et aussi au niveau des choix des
expériences qui pourraient être réalisées. Il y a
certains éléments que je voulais quand même relever. Par
exemple, il y a des aspects qui, souvent, pourraient donner de bons
résultats, mais on doute beaucoup de l'implication des gens. Nous, on
a
déjà réalisé, avec Hydro-Québec, une
expérience depuis deux ans, qui est une émission de
télévision qui est quelque chose de relativement court, où
on invite les gens à économiser, à réduire leur
consommation d'énergie, d'électricité pendant une
demi-heure, et on mesure la consommation au fur et à mesure de
l'émission, avec l'aide d'Hydro-Québec, pour que les gens
puissent voir les résultats.
Depuis deux années qu'on réalise l'expérience, les
résultats sont très concluants, dans le sens qu'on a une bonne
participation de la population, et on observe réellement une diminution
de consommation d'électricité, quand on fait cette
expérience-là. Nécessairement, c'est une expérience
qui est relativement courte, dont les effets à long terme ne sont pas
très importants. Par contre, ce que cette expérience
démontre, c'est que la population est quand même ouverte à
faire des efforts et, si on développe les bons outils qui lui permettent
de voir ce qu'elle consomme, de savoir quand ce serait plus important qu'elle
réduise sa consommation, si on lui donne les outils de comment le faire,
si, ça, c'est bien fait, on peut s'attendre à avoir des
résultats intéressants. C'est dans cette approche-là qu'on
demande à Hydro-Québec de former un comité de travail avec
la Région-laboratoire pour expérimenter certaines solutions de ce
type-là.
Globalement, je ne voulais pas faire un résumé du texte
qu'on vous a déposé parce que tous les gens qui sont ici
présents l'on déjà consulté. Moi, je serais ouvert
à la discussion.
Le Président (M. Audet): Vous êtes prêt
à discuter. D'accord.
Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Madame, messieurs, j'aimerais d'abord vous
féliciter des efforts que vous faites dans votre région, en
particulier pour sensibiliser la population au développement durable et
pour l'amener à réduire sa consommation d'énergie.
J'aimerais aussi, de façon spéciale, vous féliciter
d'avoir mis en place votre programme aussi efficace qu'original, qu'on appelle
«Clic», pour sensibiliser la population à la
nécessité de réduire la consommation d'énergie et
pour l'impliquer aussi, par des gestes concrets, dans la poursuite d'objectifs
d'efficacité énergétique. Je pense que c'est important de
le faire et d'autres devraient l'imiter.
L'opération «Clic, le geste qui compte» en est
à sa deuxième année d'opération. C'est une
activité unique au Québec. J'aimerais peut-être en savoir
davantage par rapport au suivi que vous exercez de votre opération.
Est-ce que les mesures qui sont prises par les consommateurs lors
d'événements sont abandonnées par la suite ou sont
maintenues, et dans quelle proportion? L'une ou l'autre, c'est suivant le suivi
que vous en faites.
M. Villeneuve: Les expériences qu'on a
réalisées jusqu'à maintenant, dont «Clic»
et je peux aussi déposer aujourd'hui, pour vos besoins, une
cassette de l'émission, pour ceux qui peuvent être
intéressés à la visionner sont des
expériences qui sont, jusqu'à maintenant, plutôt
ponctuelles. À moyen terme, notre objectif est d'assurer un suivi plus
à long terme de nos expériences, mais c'est nos capacités
limitées, nos capacités financières et de personnel
limitées qui nous permettent difficilement d'assurer un suivi à
plus long terme.
Au niveau de l'émission «Clic», il faut aussi
comprendre que, déjà, pour Hydro-Québec, de réussir
à faire une émission interactive où les données
sont fournies directement à la population aux minutes près, c'est
quelque chose qui a été relativement difficile pour elle. On a
même envisagé de le faire au niveau provincial pour notre
deuxième expérience avec Hydro et, finalement, à cause des
problèmes justement techniques qui y étaient rattachés,
Hydro n'a pas pu embarquer dans une approche comme ça. Par contre, on a,
entre autres, aussi suggéré à Hydro-Québec de
donner une information journalière de la consommation électrique
à la population, justement dans le but d'une poursuite de cette
expérience, parce qu'on est conscients qu'actuellement les
expériences qu'on fait sont trop ponctuelles. On fait une
expérience ponctuelle et, à cause du manque de suivi, elle n'a
pas tout l'impact qu'elle devrait avoir.
On a demandé à Hydro-Québec, à partir du
moment où on avait fait l'émission cette année, de donner
l'information sur la consommation journalière à la population, un
peu comme on donne la météo. Notre idée, c'était
justement, à ce moment-là, au niveau sensibilisation, d'avoir un
impact à long terme, puis aussi les gens finiraient par être
conscients et connaître les chiffres. Comme avec la météo,
quand on parle de 20°, on sait c'est quoi, qu'ils sachent que, pour la
région, quand on parle de tant de mégawatts, on est haut ou bas
et, à ce moment-là, on voulait même suggérer des
démarches aux gens selon le niveau de consommation qu'on avait. C'est ce
qu'on vise avec l'émission «Clic» pour l'année
future. Au lieu de faire une émission, on vise plutôt une
série, une campagne, finalement, d'émissions pour avoir un impact
plus à long terme et aussi un suivi. (11 h 20)
On a fait aussi un souper-bénéfice qui avait deux
objectifs: financer la Région-laboratoire, mais... Par exemple, lors du
dernier souper-bénéfice, on avait 500 personnes. On a fait une
petite expérience au niveau de la récupération. On a
implanté, lors du souper, une série de procédures qu'on
montrait aux gens pour diminuer la quantité de déchets. Sur 500
personnes, on a produit moins d'un sac de déchets à la fin du
souper. On a présenté aux gens comment on a fait ça, puis
pourquoi, puis où il est possible de récupérer les
déchets.
Il y avait, par exemple, une cinquantaine de repas
supplémentaires qu'on a donnés aux organismes de soupe populaire.
Il y avait, sur place, une petite papeterie scolaire qui fabrique du papier
à partir des restes de papier qu'on avait. Avec ça, on a fait,
encore là, une sensibilisation, mais qui est très ponctuelle.
Puis, effectivement, on est conscient là aussi qu'on a de la
misère avec notre suivi à cause de notre capacité, mais
c'est là
qu'on veut aller.
Mme Bacon: II y a quand même des gestes importants de
posés. Est-ce qu'il est possible de réduire, de déplacer
la demande en pointe de façon significative dans le marché
résidentiel, et quelles sont les conditions d'une réduction ou
d'un déplacement de la demande, selon vous? Comment on peut y
arriver?
M. Villeneuve: Premièrement, à partir des
résultats d'Hydro-Québec, la pointe est due... le marché
résidentiel est celui qui cause le plus de pointe, le marché
domestique. Donc, à notre avis, c'est un des endroits où il y a
le plus d'efforts à fournir, puis aussi, c'est un endroit où
c'est possible, techniquement, de les faire. Donc, ce qui manque, c'est la
volonté ou l'accord des gens pour les faire. Pour donner certains
exemples qui peuvent... Par exemple, si on avait des réseaux de
chauffage résidentiels, qui pourraient être des groupes de
résidences peut-être de 10 ou 20 maisons, qui seraient
ajustés avec tout simplement un petit automate programmable pour
éviter des opérations de chauffage en même temps, on
pourrait permettre d'atténuer la pointe d'une façon
intéressante.
Mais, à ce moment-là, il faut vérifier la
faisabilité sociale. Est-ce que des groupes de personnes, une rue par
exemple, seraient prêts à partager un effort puis, à la
limite, peut-être accepter que la maison refroidisse d'un degré de
plus parce que, actuellement, on est en train de chauffer la maison du voisin?
C'est aussi... Mais des solutions de ce type-là, si elles sont
applicables, peuvent, à mon avis, permettre d'atténuer les
pointes de façon importante.
Mme Bacon: Est-ce que vous pourriez nous dire si vous avez fait
des estimés par rapport à des budgets annuels nécessaires
à l'élaboration de vos coopératives d'énergie,
d'économies d'énergie ou la mise en place de la proposition que
vous faites, et quelle pourrait être la durée d'une entente
tripartite entre vous, Hydro-Québec et le BEE, par exemple?
M. Villeneuve: On n'a pas fait d'estimé des coûts
parce que la liste de suggestions qui sont là, à notre avis, doit
être analysée. Pour nous, c'est la première étape.
C'est d'analyser les différentes possibilités
d'expérimentation, d'établir celles qui sont les plus
intéressantes, donc d'établir quels résultats potentiels
on peut avoir et quelle démarche est nécessaire. On n'a pas
réellement établi les coûts à ce
niveau-là.
Mme Bacon: Vous en avez discuté avec
HydroQuébec?
M. Villeneuve: Oui, on a discuté à partir des
résultats qu'on a au niveau... On travaille avec HydroQuébec avec
«Clic», avec l'autre démarche parce que... Par exemple, la
démarche dont je parlais tout à l'heure avec «Clic»
de donner l'information journalière, pour nous, c'en est une,
expérience, qui peut être intéressante parce que, à
notre avis, pour que les gens puissent prendre des décisions, puis agir
de façon responsable... parce qu'il y a différentes
possibilités. Puis les différentes possibilités peuvent
être expérimentées. Il y a des méthodes coercitives,
il y a des méthodes, comme l'exemple que je donnais tantôt,
où la personne accepte de faire l'expérience, mais n'a pas de
décision à prendre. Il y a les méthodes tarifaires
où, à ce moment-là, la personne a une pression seulement
reliée au coût, puis il y a aussi l'approche où on demande
une collaboration des gens.
Dans notre esprit, il n'y en a pas une qui doit être
favorisée plus qu'une autre tant qu'elles ne sont pas
expérimentées. Dans notre esprit, la première étape
de ce comité-là, qui pourrait durer quatre mois environ on
s'était fait un petit plan pour cette étape-là
permettrait d'établir un programme où on dirait: On va
expérimenter telle, telle, telle chose dans tel cadre, avec tel
protocole expérimental et établir, à ce moment-là,
les délais.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: D'abord, félicitations pour votre travail,
votre initiative d'autant plus intéressante que, quand on est des
pionniers, on en a connu d'autres dans la région d'Arthabaska, en
particulier sur la récupération, des gens qui sont des pionniers
et qui font avancer les choses. Dans ce sens-là, c'est de même que
j'ai compris votre travail.
Vous nous dites dans le résumé, au troisième
paragraphe: «Nous suggérons la mise en place d'un comité de
travail conjoint comprenant Hydro-Québec, le Bureau de
l'efficacité énergétique et la Région-laboratoire
de développement durable du SaguenayLac-Saint-Jean visant à
expérimenter en région, avec les populations, des mesures
d'économies d'énergie.» C'est la première chose que
vous dites dans votre résumé.
Quand on va à votre rapport, vous arrivez à la page 2, au
paragraphe suivant la vingt-neuvième recommandation. Vous dites:
«La reconnaissance de la région du SaguenayLac-Saint-Jean
comme site privilégié d'expérimentation dans
l'approfondissement des connaissances dans le domaine de l'efficacité
énergétique constitue donc un choix logique et porteur
d'avenir.» Bon! Vous vous campez en disant ce qu'on veut et ce que vous
demandez. Mme la ministre vous a dit: Est-ce que vous en avez parlé avec
Hydro-Québec? Moi, je vais aller plus loin dans cette demande-là:
Avez-vous parlé avec Hydro-Québec en région? Avez-vous
parlé avec Hydro-Québec au siège social, avec les gens qui
s'occupent de l'efficacité énergétique? Est-ce que vous
avez eu les réponses? Quelles sont-elles? Parce que ceux-là
devant nous autres, j'ai l'impression qu'ils ne donnent pas les réponses
que vous voulez.
M. Villeneuve: Effectivement, on a une expérience de
travail avec Hydro-Québec depuis deux ans qui a donné des
résultats très variables. On a, dans le
cadre du premier souper-bénéfice, commenté, d'une
manière, à notre avis, douce, campé le projet de
harnachement de la rivière Ashuapmushuan par rapport au concept de
développement durable. On n'a pas pris de position sur...
M. Joli vet: J'avais une des questions qui était de vous
demander votre position. Vous ne la direz pas, là.
M. Villeneuve: On n'a pas pris position sur le projet. Tout ce
qu'on a dit à ce moment-là, c'est que, dans un contexte de
développement durable, il faut avoir une vision globale des choses et on
n'est pas capable et on considère que ça ne serait
même pas conforme au concept de décider, dans une analyse
comme les études d'impact sont réalisées actuellement,
très étroites, si un projet est conforme à un projet de
société de développement durable ou pas. Il faut le
regarder dans une approche beaucoup plus globale. Dans notre esprit,
c'était nécessaire, avant de prendre des décisions dans
des projets de cette envergure-là, d'avoir une vision beaucoup plus
globale vers où, comment on veut gérer nos politiques,
l'énergie, en général, au Québec, et même
dans un contexte mondial, globalement. ..
M. Jolivet: Donc, c'est au niveau régional. Mais, quand le
régional fait des rencontres, il y a aussi des gens du national...
M. Villeneuve: Oui.
M. Jolivet: ...du siège social qui viennent. Alors, pour
ne pas vous camper et vous obliger à répondre sur l'Ashuapmushuan
dans la mesure où on pourrait vous poser la question: Est-ce que vous
êtes d'accord avec une rivière patrimoniale, etc.? je ne vous la
poserai pas pour vous éviter des réprimandes, si vous me
permettez l'expression, mais j'aimerais quand même savoir: Est-ce que le
siège social vous a donné des réponses?
M. Villeneuve: Globalement, à ce moment-là,
justement pour... Parce que j'ai fait un détour. À ce
moment-là, on a eu des problèmes avec le régional. Il y a
eu un froid qui a duré une période de temps assez longue,
où les collaborations, même pour l'émission
«Clic», et tout, ont été très difficiles. On a
tout de même réussi à refaire les liens jusqu'à un
certain point, puis on a une certaine collaboration actuellement du
régional. On a aussi des communications avec le central, finalement; on
a une rencontre, entre autres, de prévue la semaine prochaine avec
quelqu'un du central au sujet de ce mémoire-là. (11 h 30)
M. Jolivet: Justement, hier, on avait notre région qui
était ici, qui avait les mêmes réticences, compte tenu,
justement, de la nouvelle culture qu'on veut amener à
Hydro-Québec avec les citoyens de notre milieu. Je vous pose la
question: Est-ce que vous avez été associé, est-ce que
vous avez été des gens qui ont participé au programme
ÉCOKILO?
M. Villeneuve: La Région-laboratoire, comme telle, n'a pas
été associée au programme ÉCOKILO.
M. Jolivet: Pourtant, vous travaillez dans l'efficacité
énergétique et sur l'économie de kilowattheures.
M. Villeneuve: D'ailleurs, Hydro-Québec cherche à
participer avec la population et à s'intégrer au niveau de la
population, mais, de ma perception, est quand même réticente
à travailler avec des groupes qu'on pourrait dire... Nous, on n'est pas
un groupe de pression.
M. Jolivet: Mais vous provenez quand même d'un sommet
économique qui représentait la population. Vous avez dit que vous
aviez été les premiers choisis. On peut vous dire que notre
groupe dans notre région avait été, non pas choisi dans
les textes, mais au niveau des propositions, mais comme étant une des
choses à faire. C'est en marche dans ce sens-là. On sent une
réticence quelque part.
M. Villeneuve: Ah oui! Moi, c'est évident.
Hydro-Québec aime pouvoir faire de la consultation, mais en autant
qu'elle la contrôle, si on y va plus directement. Elle va consulter la
population, elle va travailler avec la population, mais travailler avec un
groupe qui aurait jusqu'à donner un avis sur les méthodes de
consultation, à porter un jugement personnel, à date on n'a pas
encore réussi à avoir une collaboration d'Hydro-Québec
pour aller jusque-là.
C'est un peu ce qu'on vise avec la demande qu'on fait actuellement. On
vise une collaboration plus ouverte où on pourrait vraiment discuter de
fond des programmes à partir du début, plutôt que...
M. Jolivet: II y a des gens qui sont venus, ils ont dit justement
qu'Hydro-Québec, des fois, semble consulter, mais l'impression qu'on a,
c'est que, finalement, elle vient nous dire ce qu'elle veut et, après
ça, débrouillez-vous avec ça. Dans le contexte
d'ÉCOKILO, est-ce que la formule qui a été utilisée
a été... Moi, je me souviens, à l'époque, avant ces
programmes-là, de la photographie aérienne pour nous dire par
où la chaleur sortait de la maison par l'infrarouge, je ne sais pas
quoi, là. Après ça, vous avez eu le programme nouvellement
ÉCOKILO, où, là, on a demandé de remplir des
formules et de voir ça sans, dans certains cas, la visite des lieux.
On se retrouve avec un papier et on reçoit un thermomètre
pour mettre dans notre frigidaire. On reçoit des nouveaux morceaux pour
les chantepleures et, ensuite, dans d'autres cas, c'est la pomme de douche. En
tout cas, peu importe, on se retrouve avec un beau cadeau qu'on reçoit,
sauf qu'on ne sait pas pourquoi. Alors, même si on a un papier qu'on
reçoit un peu plus tard, nous disant: Voilà ce que vous deviez
faire comme corrections, sans avoir visité la maison, est-ce que
vous
croyez que c'est normal?
M. Villeneuve: Dans l'approche qu'on recommande... Admettons
qu'on aurait implanté ce comité-là il y a quelques
années, je crois que l'approche qu'on aurait suggérée,
c'est qu'un programme de ce type-là aurait été
expérimenté sur une zone petite pour... et aussi suivi de
façon plus détaillée. Quand on parle du programme
ÉCOKILO, qui s'implante à la grandeur de la province, c'est
sûr que ce n'est pas possible d'assurer un suivi relativement de fond
d'une intervention d'envergure de même, ce serait trop dispendieux.
Dans l'approche qu'on voit, c'est qu'avant d'implanter à grande
échelle un programme de ce type-là, ce serait de l'implanter
à plus petite échelle, d'assurer un suivi beaucoup plus
détaillé, de voir vraiment le comportement des gens, à
savoir vraiment si on a un impact, si on doit le prévoir et être
capable de dire, finalement: Oui, donc, si on l'applique à la grandeur
de la province, ça va représenter tant de mégawatts,
ça va représenter telle modification de comportement au niveau de
la population et, après, on l'implante d'une façon globale.
M. Jolivet: Mais vous ne croyez pas qu'Hydro-Québec
je ne veux pas prendre sa défense l'a testée avant, cette
affaire-là? Est-ce qu'elle l'a expérimentée ailleurs?
Vous, vous dites: On voudrait être la région expérimentale
à plus petit impact pour le moment, mais assurer un suivi. Vous croyez
qu'Hydro-Québec, dans votre esprit à vous autres, aurait fait
ça sans aucune vérification de l'utilisation.
M. Villeneuve: Ce qu'on suggère, c'est
qu'Hy-dro-Québec le fasse avec des groupes au niveau de la population
parce que, effectivement... Par exemple, j'ai été au courant
avant Noël qu'Hydro-Québec s'apprêtait à implanter un
plan au niveau des industries, au niveau des programmes de réduction de
la consommation. Ils ont effectivement été voir, entre autres,
certains centres de ski pour voir comment le centre de ski réagirait.
Donc, ça veut dire qu'il y a une démarche à ce
niveau-là pour faire des essais. Sauf qu'on pense qu'il y a des lacunes
au niveau de l'implication de la population dans les démarches. On croit
pouvoir fournir, même si c'est peut-être audacieux ou
prétentieux, une certaine expertise dans l'analyse et l'implantation de
programmes dans le milieu et pour vraiment en assurer un suivi.
M. Jolivet: Je reviendrai. J'aurais d'autres questions.
Le Président (M. Audet): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Je vous remercie, M. le Président.
Alors, c'est à mon tour de vous souhaiter la plus cordiale des
bienvenues. Peut-être juste faire une rectification au niveau du
programme ÉCOKILO, M. le Président. C'est qu'avant
qu'Hydro-Québec implante ce programme-là ici même c'est un
programme qui avait été testé de façon très
positive aux États-Unis. C'est un programme qui a été
implanté là-bas au préalable et, suite à l'analyse
des résultats et de l'efficacité de ce programme-là,
ça a été implanté au Québec par
HydroQuébec, mais ce n'est pas quelque chose qui a été
improvisé comme tel.
M. Jolivet: ...moi sans visiter la maison. M. Farrah: Non,
mais je ne vous dis pas... M. Jolivet: Non, mais écoute.
M. Farrah: Je ne vous dis pas que vous envoyez un document. Je
vous dis juste... Tantôt, vous avez dit que ça a été
fait de façon improvisée. Ce n'est pas le cas parce que...
M. Jolivet: Je n'ai pas dit ça. Je n'ai jamais dit
ça.
M. Farrah: Bien, c'est ça que vous vouliez dire, M. le
Président.
M. Jolivet: Non, non, non. Je n'ai jamais dit ça.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Par ailleurs, au niveau de votre groupe, vous...
Quelle évaluation faites-vous du degré de connaissance du public
sur les coûts qu'entraîne la demande de pointe? Est-ce que le
public est vraiment conscientisé à cela? Est-ce qu'ils sont
conscients des coûts que ça occasionne à
Hydro-Québec et de l'effet au niveau de la tarification, etc.?
M. Villeneuve: Premièrement, j'aimerais refaire une petite
parenthèse sur le programme ÉCOKILO. Moi non plus, je n'ai pas...
J'ai été loin de dire qu'Hydro-Québec n'a pas fait de...
Je suis convaincu qu'Hydro-Québec a fait des évaluations. Qu'elle
se soit basée sur des expériences américaines, ma
réaction, c'est peut-être de dire que de faire certaines
expériences dans notre milieu, des fois, ça ne donne pas toujours
les mêmes résultats que dans d'autres pays, au niveau social,
parce que la mentalité est différente, surtout si on tient...
Moi, je travaille dans un domaine parallèle, qui est le traitement des
eaux usées, et, avant d'importer des technologies de traitement d'eaux
usées, on doit faire attention parce qu'il y a eu des erreurs à
ce niveau-là, entre autres.
M. Farrah: Sauf qu'on doit admettre, si vous me permettez, qu'il
y a une participation extraordinaire de la part des Québécois et
des Québécoises face à ce programme-là.
M. Villeneuve: Moi, la question, c'est... Une
question que je me pose, en tout cas, c'est: Donc, quelle
efficacité on avait prévue avant de l'implanter et est-ce qu'on a
atteint les objectifs?
Votre question, c'est au niveau de la participation du public. Ah! O.K.
La perception du public.
M. Farrah: Le degré de connaissance... M. Villeneuve:
O.K.
M. Farrah: ...du public des coûts qu'entraîne la
demande de pointe.
M. Villeneuve: Oui. Effectivement, on pense... D'ailleurs, c'est
pourquoi on est constitués. On pense que les gens manquent de formation
et d'information. Mais, dans le domaine énergétique, c'est pareil
comme dans le domaine de la récupération. À un moment
donné, les gens sont noyés d'informations. Ils ont de la
misère à faire un discernement sur ce qui est vrai, ce qui est
faux, ce qui est plus ou moins vrai, et souvent on... On observe donc une
pointe de sensibilisation avec une perte par la suite parce que les gens
disent: Bon, ça ne sert à rien, de toute façon, quelqu'un
me dit: Ce que je fais, ça sert à quelque chose; quelqu'un
d'autre dit: Ça ne sert à rien. Je pense que c'est là
qu'on a des faiblesses fondamentales. Il faut réussir à
développer des programmes qui vont sensibiliser la population, qui vont
bien l'informer et qui vont lui permettre de croire que, ce qu'elle fait,
ça sert à quelque chose parce que...
Je pense que l'exemple du programme ÉCOKILO en est un bon. Moi,
les réactions que j'ai eues dans mon entourage, c'est que... Supposons
que tout le reste a été bon, mais, en tout cas, au niveau... Les
gens ont vraiment l'impression que, ce qu'ils font, c'est presque du fla-fla ou
du jeu. C'est très difficile de responsabiliser des gens s'ils n'ont pas
l'impression que, ce qu'ils font, ça sert à quelque chose, et je
pense qu'à ce niveau-là, effectivement, donc, ils ne sont pas
conscients de l'impact de ce qu'ils pourraient faire sur la pointe, entre
autres. Si on était capables vraiment de leur démontrer que leur
impact est non négligeable et avec les moyens à appliquer, on
pourrait avoir des résultats à long terme, à ce
moment-là.
M. Tremblay (Pierre): Mais c'est...
M. Farrah: Oui. Allez-y, il n'y a pas de problème. (11 h
40)
M. Tremblay (Pierre): c'est tellement vrai que, lors de
l'émission «clic», on vérifie. on dit que c'est 50
000 personnes sur une population de 300 000 qui participent à
l'émission, qui posent le geste qui compte. de plus, quand on voit, au
niveau de la sensibilisation et du geste concret de la
récupération dans notre région, les secteurs du
saguenaylac-saint-jean qui participent à la
récupération, ça ne se dément pas depuis le
début, c'est 80 %, 85 % des gens qui participent et qui,
hebdomadairement, récupèrent. ils mettent leurs bacs. alors, ce
que les gens attendent d'abord, ça fait tellement longtemps qu'on
leur tape sur l'épaule pour les sensibiliser c'est de savoir:
Bien oui, mais c'est quoi qu'il faut faire comme geste? Indiquez-le-nous,
montrez-le, puis on veut mesurer après ça, voir si c'est vrai que
ça a un impact. Parce qu'on entend souvent des informations comme: On
récupère et on entend qu'à Montréal, des fois, les
gens qui ont récupéré ont enfoui; là, les gens sont
démobilisés, ils disent: Ça se «peut-u»?
Donc, après ça, en région, on est confronté
aussi, des fois, avec des mesures qui sont vicieuses un peu comme ça,
mais les gens sont prêts.
M. Farrah: Des signaux contraires.
M. Tremblay (Pierre): Pardon?
M. Farrah: C'est comme des signaux contraires.
M. Tremblay (Pierre): Bien oui, voilà. Mais, au niveau de
la sensibilité, oui, les gens sont extrêmement sensibles puis
prêts à participer, mais il faut pouvoir leur donner les moyens de
le faire.
Il y a un petit commentaire que Réjean ne dira pas, mais, moi, je
vais le dire parce que j'ai travaillé beaucoup au niveau de
l'émission «Clic» avec Hydro. Dans une rencontre de
production parce que vous posiez tantôt les questions avec le
national les gens du national sont descendus parce qu'ils ont des
problèmes techniques et ils ont peur. En ayant une baisse qu'on a
reportée de 20 MW dans notre région durant la demi-heure, une
baisse de 20 MW de consommation, au niveau national, on la projette entre 400
MW et 600 MW de baisse si on la faisait au niveau du Québec. Les
ingénieurs au niveau de la gestion du pouvoir ont peur que, quand les
gens vont rembarquer à la fin de l'émission, il y ait une
surcharge et qu'il y ait des impacts extrêmement négatifs.
Là, ils sont venus dans la région pour voir comment, socialement,
on impliquait la population, puis aussi consulter des ingénieurs
régionaux pour voir quelle projection ils pourraient en faire au niveau
national pour compenser ces mesures négatives là.
Quand ils nous ont annoncé qu'ils voulaient le faire
nationalement, là on disait: Écoutez, le concept, on le fait
depuis deux ans, on va être heureux de s'associer avec vous autres. Mais
là ils nous ont dit: On n'a pas besoin de vous autres. On s'excuse
là, on va le faire. Oui, mais on a dit: Le concept est
enregistré. Allez-vous composer un peu avec nous autres? Eh bien, ce
n'est pas dans nos intentions. Eh bien, là, on se dit: Effectivement, on
va aller en commission parlementaire, on va aller en discuter un petit peu. Y
a-t-il moyen d'envoyer un signal par le haut, de dire: Bien, allons faire des
expériences un peu plus sur le terrain avec les gens?
M. Farrah: Ça vous prendrait un brevet. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Farrah: Par ailleurs, vous proposez d'expérimenter avec
différents types de tarification, dans le but de modifier la demande de
pointe en particulier. Pour-riez-vous élaborer cette proposition et nous
dire comment, selon votre connaissance du marché, différentes
tarifications pourraient être acceptables pour la clientèle?
M. Villeneuve: Personnellement, j'ai expérimenté la
biénergie qui est un mode de tarification à deux étages,
qui donne des résultats intéressants, sauf que je
considère qu'elle pourrait avoir un potentiel beaucoup plus grand si
c'était plus facile pour les usagers d'avoir des moyens pour voir,
premièrement, ce qui se passe, voir notre consommation. Quand la
lumière rouge allume, est-ce qu'on est en train de consommer beaucoup?
Est-ce qu'on a des appareils qu'on peut fermer, puis est-ce que ça va
avoir un impact? On n'a rien là-dessus. C'est très difficile pour
une personne de prendre des décisions parce qu'elle n'est pas consciente
de l'impact. Quand on parle d'expérimenter des programmes de
tarification, c'est plus que de dire: On sort des chiffres puis on l'essaie.
C'est vraiment de monter un programme complet et de s'assurer qu'on a le
résultat optimal avec le programme.
M. Farrah: Puis tu vois sur une facture quelque chose, la
consommation.
M. Villeneuve: Même plus que ça. Ce qu'on avait
envisagé, entre autres, maintenant, avec les automates et les petits
contrôles, c'est que les gens aient de disponible une lecture de ce
qu'ils consomment ou une lecture de ce que ça coûte, parce que,
souvent, des kilowattheures, pour des gens, ça ne dit rien, c'est du
chinois. Même avec des petits modules relativement simples, de leur
donner tout de suite des outils, de dire: Si tu fais telle action, tu vas
sauver tant, tu vas...
M. Farrah: Pour pouvoir réagir tout de suite aussi, pas un
mois plus tard quand tu reçois ta...
M. Villeneuve: Oui. Bien, c'est ça, quand tu reçois
ta facture, tu dis: Maudit! ça m'a coûté cher, le mois
passé. Ce qu'on voit, nous autres, c'est vraiment d'expérimenter
des programmes de tarification, mais aussi de développer des outils qui
permettent d'augmenter l'impact du programme de tarification.
M. Farrah: Merci. Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Laviolette.
M. Joli vet: Les compteurs étant à
l'extérieur des maisons unifamiliales, il n'y a rien qui
empêcherait avec l'électronique d'avoir un petit compteur
intérieur directement relié, sur lequel tu as tout
«compute» ce qui est la réalité. C'est des choses
à vérifier.
Juste une petite chose. Vous avez un vidéo que vous avez
mentionné tout à l'heure. C'est évident qu'on en veut une
copie. Mais, pour votre besoin à vous autres, si jamais un jour vous
revenez encore, en espérant que vous n'aurez pas affaire à
revenir et que ce sera réglé, vous auriez pu l'intégrer
avec les appareils ici, nous le passer durant votre présentation de 20
minutes. Je vous le dis en passant. deuxièmement, au niveau de
l'efficacité énergétique, là on parle
d'hydro-québec parce qu'on est dans le programme d'hydro-québec.
mais, entre vous et moi, c'est 40 % de la consommation
énergétique au québec. il y a autre chose que ça.
est-ce que, avec le bureau de l'efficacité énergétique,
vous visionnez aussi d'autres choses, le gaz, le mazout, ces choses-là?
qu'est-ce que vous faites en plus?
M. Villeneuve: Juste pour refaire une petite parenthèse au
niveau d'une expérience que, moi, j'ai vu faire par quelqu'un et les
impacts que ça peut donner au niveau du chauffage à l'huile,
c'est quelqu'un qui est un peu un patenteux. Il l'a tout simplement
branché sur son compteur pour savoir le nombre d'heures que son
chauffage à l'huile fonctionne dans une journée. Rien qu'avec
ça, une petite calculatrice, il s'est aperçu que, la nuit, son
chauffage à l'huile fonctionnait beaucoup plus que le jour. Il a
modifié sa gestion de sa maison parce que... Pourtant, tout le monde
sait que, la nuit, on pourrait baisser... Comment on le dit? Tout le monde sait
que, la nuit, on pourrait baisser le chauffage et que c'est là qu'on
dépense le plus. Mais là il l'a vu. Eh! mon chauffage à
l'huile fonctionne six heures la nuit, deux heures le jour; c'est la nuit que
je gaspille et je n'ai pas besoin de chauffage. Il a baissé son
chauffage. C'est pour donner un exemple de ce dont on discutait
tantôt.
Au niveau de l'énergie, nécessairement je me trouve
à répéter ce que j'ai dit au début, quand on avait
fait un commentaire lors d'un souper-bénéfice. C'est que,
l'énergie, il faut qu'elle soit vue dans son ensemble. On ne peut pas
regarder seulement l'électricité. Notre vision à long
terme de chez nous, de ce qu'on suggère, ce serait d'avoir une sorte de
centre de recherche au niveau énergétique en économies
d'énergie et en gestion d'énergie, à la
Région-laboratoire. Dans ce contexte-là, nécessairement,
on voit ça beaucoup plus large à moyen terme que la seule gestion
de l'électricité.
M. Jolivet: Donc, le fait de faire une commission parlementaire
actuellement sur le programme d'Hydro-Québec pourrait être
élargi. Est-ce que, d'après vous, comme plusieurs le
suggèrent, une commission indépendante, commandée par
l'État, pour regarder l'ensemble de toutes les énergies au
Québec, leur utilisation, leurs possibilités au niveau
efficacité énergétique ainsi que protection de
l'énergie, serait un forum plus approprié que la seule commission
parlementaire sur Hydro-Québec?
M. Villeneuve: À notre avis, c'est le seul moyen
d'évaluer des interventions par rapport au concept de
développement durable ou pas.
M. Jolivet: Et vous seriez prêts à y participer.
M. Villeneuve: Nécessairement. Sinon, on va
répéter toujours ce qu'on dit. Si on nous demande de regarder une
intervention ponctuelle, on n'est même pas capables, à notre avis,
de dire si c'est conforme à un projet de société. Parce
que, pour nous autres, le développement durable, c'est un projet de
société; donc, il y a des choix sociaux et politiques à
faire. Mais, pour faire des choix sociaux, il faut regarder le problème
dans son ensemble, puis, à un moment donné, établir:
Est-ce qu'on est prêts à se serrer la ceinture ou pas? Et
jusqu'à quel point? Puis, à quel endroit? Un coup que la
politique globale est établie, après ça, bien, on essaie
de la suivre.
M. Jolivet: Au niveau du Bureau de l'efficacité
énergétique, quels sont donc vos contacts par rapport...
Là, vous avez parlé d'Hydro-Québec. J'aimerais entendre
parler d'autres versions. Est-ce qu'eux vous appuient? Quels sont les appuis
tangibles qu'ils vous donnent? Et quelles sont, à ce moment-là,
les possibilités pour votre organisme de pouvoir avoir l'appui
nécessaire, qui, dans le contexte actuel, devrait recevoir l'appui, en
tout cas à mon avis, enthousiaste d'Hydro-Québec, ce qui ne
semble pas être le cas?
M. Villeneuve: Au niveau du Bureau de l'efficacité
énergétique, on a déjà eu un appui au niveau de la
préparation de l'émission «Clic» avec une
réception enthousiaste de nos projets et avec un intérêt
majeur. À ce niveau-là, on a un appui actuellement sans
problème du Bureau de l'efficacité énergétique. Ils
sont très intéressés à s'intégrer à
une démarche comme ça.
M. Jolivet: Vous voulez être la région-pilote, un
peu cobaye, de l'utilisation de l'efficacité énergétique.
Est-ce que vous êtes en contact avec d'autres groupes au Québec
qui prônent la même chose que vous? Et ces contacts-là vous
permettent-ils de penser que vous êtes en avance très largement
sur l'ensemble des régions au Québec? (11 h 50)
M. Villeneuve: Au niveau de l'action qu'on réalise dans
son ensemble, de la manière qu'on la réalise, on pense que,
encore là sans être prétentieux, on a une approche qui est
suivie de très près par l'UNESCO, entre autres. On a encore eu
une rencontre il y a quelques semaines de quelqu'un de l'UNESCO qui est venu
voir ce qu'on faisait au niveau de la Région-laboratoire, qui est sorti
encore emballé et surpris de la manière qu'on essaie d'appliquer
ça chez nous et de la manière qu'on interagit avec la
population.
On a aussi avant, à peu près au mois d'août, eu la
visite d'un nouveau groupe, je ne peux pas le nommer exactement, responsable du
développement durable au niveau du gouvernement du Québec, qui a
passé une journée chez nous pour voir ce qu'on faisait, qui a
aussi reconnu l'intérêt de nos expériences et... On n'a pas
eu d'autres nouvelles, mais ils nous avait même demandé si on
était disponible pour des campagnes d'information et de formation
à donner au groupe du gouvernement lui-même. Donc, on pense qu'on
a une démarche... De toute façon, avec l'ordre de grandeur des
moyens qu'on a, on ne peut pas dire qu'on fait tout, mais on pense qu'on a une
démarche qui est spéciale et on a vraiment, à mon avis, un
pas d'avance là-dessus.
M. Jolivet: Dans d'autres régions du Québec, vous
n'avez pas des groupes comme ceux-là, à votre connaissance, qui
fonctionnent?
M. Villeneuve: On a parlé dernièrement à des
gens de Sherbrooke, entre autres, de l'université de Sherbrooke, et la
vision globale... Moi, je m'arrête souvent à dire aux gens que le
développement durable, ce n'est pas la protection de l'environnement. La
protection de l'environnement a amené le concept de développement
durable, mais le concept de développement durable, c'est beaucoup plus
large que ça. Il faut le regarder vraiment dans son ensemble. Ça
inclut, par exemple, des programmes de réduction de consommation de
cigarettes. Et, à toutes les fois que je donne cet exemple-là,
souvent, on me dit: C'est quoi, ça et le développement durable?
Mais le but, c'est d'augmenter la qualité de la vie, puis en utilisant
le mieux possible nos ressources. C'en est un, moyen. Ce qu'on a
décelé, à date, dans la majorité des groupes, au
Québec, c'est que c'est encore plus orienté sur la protection de
l'environnement, sur l'environnement, tandis que, nous, c'est plus
orienté sur un projet de société global et, donc,
l'approche est relativement différente.
M. Jolivet: Disons que la commission d'aujourd'hui nous permet de
connaître votre expérience, votre travail. Espérons
qu'Hydro-Québec le reconnaîtra comme on pense qu'il doit
être reconnu. Deuxièmement, espérons que ça va
peut-être amener des gens à aller vous faire une réunion
avec «Le Point», n'importe quoi, qui vous permettra de vous faire
connaître à travers le Québec pour que d'autres vous
imitent. Alors, moi, je vous souhaite la meilleure des chances.
M. Villeneuve: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Oui, vous avez posé le principe de base, je pense, qui est la
pierre angulaire, que les gens vont poser des actions lorsqu'ils savent que
ça va servir à quelque chose. Étant issu d'une
région où récupération, recyclage et
réutilisation veulent dire quelque chose on a vécu
à peu près ce que vous vivez moi, je ne peux pas faire
autrement que de vous encourager à continuer. Puis, oui, je souscris
aussi à votre principe qu'il va falloir déborder de la protection
de l'environnement pour aller vers un concept un peu plus large qu'est le
développement durable dans le sens que vous l'avez
décrit.
Votre idée de donner la consommation énergétique du
Québec au niveau de l'électricité à tous les jours,
ça, ça me paraît... Certains matins, ce serait plus
agréable que d'avoir la météo qu'ils vont nous
prévoir, d'autant plus qu'Hydro-Québec semble être capable
de le faire parce qu'elle va nous le donner à peu près une ou
deux fois par année lorsqu'on atteint le point de consommation maximum.
Alors, je pense que c'est une initiative qui est louable. C'est là qu'on
va avoir besoin aussi de nos grands médias d'information, d'embarquer,
aussi, la population avec nous, de dire, bon, bien, à l'intérieur
d'un bulletin de météo... de donner ça, c'est à peu
près un élément de nouveauté, je pense.
Ceci étant dit, puis j'hésite quasiment à vous
poser la question suite à vos commentaires... Je ne voudrais pas vous
mettre dans le trouble avec HydroQuébec et refroidir les relations que
vous avez, mais je vais prendre la chance de le faire quand même. Vous
avez pris connaissance des moyens qu'Hydro-Québec nous propose au niveau
de l'efficacité énergétique et de l'énergie qu'on
pense qu'on devrait sauver. Il y a des intervenants avant vous qui sont venus
nous dire que c'était très optimiste, alors que, lorsqu'on
regarde les économies de 3,3 TWh, qui sont quand même
substantielles, vous avez énormément de perspectives, vous voyez
les objectifs qu'on se donne, vous avez tout ce merveilleux laboratoire que
vous êtes en train d'aller chercher au niveau de l'implication des gens.
Moi, j'aimerais et je ne veux pas vous mettre dans le trouble, j'insiste
encore... Devant tout ça, quelle est votre réaction? Est-ce qu'on
a une chance de réussir sur ce plan-là ou si on s'en va
pour prendre un terme d'aviation dans des turbulences forcées
dans trois ans?
M. Villeneuve: Si ce programme-là est implanté de
la manière traditionnelle, générale de notre
société, depuis 20 ans, quand on veut implanter quoi que ce soit,
les possibilités d'en arriver au résultat sont très
faibles, à notre avis. Par contre, dans une approche nouvelle où
la population serait impliquée de façon beaucoup plus
responsabilisée on en parle beaucoup ces temps-ci et elle ne
l'est pas actuellement, à notre avis on est convaincu qu'il y a
moyen d'avoir des résultats meilleurs que ceux-là. Et, pour avoir
fait de très petites expériences, style des groupes de cinq ou
six personnes, des expériences de sensibilisation presque personnelle,
c'est surprenant comme les gens comprennent bien et ont le goût de...
C'est facile de leur donner le goût, en autant que c'est bien
présenté. À ce moment-là, c'est possible d'obtenir
les résultats qui sont... Mais ça demande un effort, au niveau de
la société, important.
M. St-Roch: Alors, M. le Président me signale que j'ai
encore une petite question. Avec le développement technologique
et je vais prendre des termes modernes domotique et immotique... Alors,
au niveau des maisons, aujourd'hui on a développé les ordinateurs
que l'on voit dans les salons d'habitation. On a donné, au niveau
gouvernemental, énormément d'argent au niveau de la conception,
de la réalisation de thermostat intelligent, et ces choses-là. On
nous parle aujourd'hui de coûts qui ne sont pas astronomiques, de 2000 $
à 2500 $, qui font ce que vous dites où on peut voir la
consommation en dollars, en cents, en kilowatts et qui ont aussi la
faculté de nous donner des points d'alarme. À un moment
donné, ça peut être une alarme du genre détecteur de
fumée qui nous dit: Vous dépassez votre planification.
Mais, quand je regarde le plan d'Hydro-Québec, ça
m'apparaît très, très loin; on effleure le terme, à
un moment donné. Est-ce que vous ne croyez pas que, pour réussir
ces économies-là, ça devrait être
réavancé, ça, qu'Hydro-Québec devrait donner
davantage, parce qu'on dit qu'on va aider à l'intérieur du 2 000
000 000 $ de subventions, qu'on va accélérer ça, parce
que, ça, ce serait un signal qui irait avec votre concept?
M. Villeneuve: Oui. D'ailleurs, dans la liste des exemples qu'on
a donnés, c'en est un. On pense qu'il faut développer des outils.
Dans mon esprit, les outils informatiques, maintenant, on n'a même plus
besoin d'en parler, tout le monde utilise ça. Et même que les
coûts que vous citez sont très élevés parce qu'un
automate spécifique à un usage comme ça pour les gens,
ça pourrait être plutôt de l'ordre de 200 $ à 300 $
que de l'ordre de 2000 $ ou 3000 $.
M. St-Roch: Ce que je donnais, c'était la maison
intelligente au complet, l'électricité au complet.
M. Villeneuve: Au complet. Ah! O.K., avec toutes les...
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, madame, messieurs,
au nom des membres de la commission, je vous remercie de votre
présentation.
Nos travaux reprendront le mardi 16 mars, à 9 heures. Alors,
ça termine nos travaux pour aujourd'hui. Alors, j'ajourne les travaux de
la commission.
(Fin de la séance à 11 h 59)