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(Neuf heures cinq minutes)
Le Président (M. Fradet): Je déclare la commission
de l'économie et du travail ouverte et je vous rappelle que le mandat de
la commission est de procéder à une consultation
générale sur la proposition de plan de développement
1993-1995 d'Hydro-Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Bélanger (Laval-des-Rapides) par M. Fradet (Vimont); M. Char-bonneau
(Saint-Jean) par M. Camden (Lotbinière).
Le Président (M. Fradet): Merci. Je ferai maintenant la
lecture de l'ordre du jour de cet avant-midi. À 9 heures, nous
entendrons les représentants de l'École polytechnique, à
10 heures, la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du
Québec et, de 11 heures jusqu'à midi, la Corporation de gestion
du développement du bassin de la rivière Saint-Maurice. Est-ce
que l'ordre du jour est adopté? Adopté.
Alors, je vous rappelle, messieurs, que vous disposez de 20 minutes pour
présenter votre mémoire, et le reste du temps est divisé
entre la partie ministérielle et les membres de l'Opposition, ainsi que
le député indépendant qui aura, s'il le désire, un
cinq minutes d'intervention.
Une voix: II n'est pas obligé.
Le Président (M. Fradet): Alors, il n'est pas
obligé, mais, s'il le désire, il a le droit.
Une voix: II n'est pas obligé, mais il aime ça.
Le Président (M. Fradet): Le président pourrait
présenter ses collègues et commencer sa présentation.
École polytechnique
M. Bazergui (André): M. le Président, Mme la
ministre, MM. les députés, je me présente, André
Bazergui, je suis le directeur de l'École polytechnique de
Montréal, moi-même ingénieur en mécanique, donc, de
formation; à ma droite, M. Daniel Rozon, qui est le directeur de notre
institut de génie énergétique, et, à ma gauche, M.
Normand Brais, professeur au même institut. Je peux commencer?
Le Président (M. Fradet): Allez-y, monsieur. M.
Bazergui: On vous a remis des feuilles d'ap- point. Vous avez en main le
document complet que nous avons préparé, et les feuilles, c'est
simplement pour vous permettre de suivre. On a mis ça sous forme de
tableaux. Je vais indiquer, au moment où j'arriverai, les divers
tableaux auxquels vous ferez référence. Ma présentation
est une forme légèrement sommaire par rapport au texte qui vous
est présenté.
C'est donc la quatrième fois que Polytechnique vient commenter
les projets de développement d'Hydro-Québec devant cette
commission. Étant l'une des plus importantes institutions de formation
d'ingénieurs et de spécialistes en sciences appliquées au
Québec et au Canada, l'École polytechnique s'est toujours
intéressée aux questions techniques soulevées par le plan
de développement d'Hydro-Québec et elle se réjouit de
l'opportunité qui lui est offerte de contribuer aux discussions
publiques sur le plan de développement 1993.
L'École polytechnique a participé activement à la
consultation mise sur pied par Hydro-Québec en se joignant à
près de 25 ateliers thématiques entre janvier et mai 1992.
L'École a également fait part de ses premières impressions
à la haute direction d'Hydro-Québec en présentant un
argumentaire lors de la séance sur l'interdépendance des choix,
à la fin du mois de mai 1992. Nous sommes convaincus que
l'élaboration du plan a grandement bénéficié de la
consultation et nous souhaitons fortement que cette expérience se
poursuive sur une base permanente.
Pour la première fois, également, le gouvernement du
Québec a demandé à Hydro-Québec de présenter
toutes les options et de justifier ses choix dans la préparation du plan
1993. Nous tenterons de voir comment Hydro-Québec s'est acquittée
de cette obligation. Nous examinerons plus en détail certaines lacunes
qui nous sont apparues dans le plan proposé, plus
particulièrement au niveau des moyens envisagés pour
répondre à l'offre et à la demande et au niveau de leur
impact sur le développement économique du Québec. Nous
aborderons enfin le rôle futur d'Hydro-Québec dans la
planification énergétique du Québec et dans la mise en
oeuvre d'une politique énergétique du gouvernement.
Premièrement, la présentation des options et la
justification des choix. Le nouveau plan de développement
d'Hydro-Québec diffère des précédents dans sa
présentation et dans son contenu. Un effort remarquable a
été voué à la présentation
détaillée des options dans les annexes au document principal.
Quoique nous ne soyons pas en parfait accord avec la justification des choix ou
avec tout le contenu du plan, nous sommes d'avis que la qualité de la
présentation s'est grandement améliorée par rapport au
plan de 1990.
Tout d'abord, les points forts. L'École polytechnique appuie
plusieurs aspects importants proposés dans le
plan. D'abord, nous appuyons Hydro-Québec dans ses objectifs
d'amélioration du service à la clientèle et de la
qualité du produit. Deuxièmement, dans la conjoncture actuelle
d'une timide reprise économique et alors que plusieurs de ses
partenaires encourent des difficultés financières
sérieuses, nous admirons la sagesse d'Hydro-Québec de vouloir
aligner les hausses tarifaires sur l'inflation, tout en prenant les moyens pour
assurer la santé financière de l'entreprise.
Troisièmement, nous appuyons le programme d'économies
d'énergie du plan qui vise une réduction de la demande de 9,3 TWh
en l'an 2000.
Quatrièmement, nous sommes d'accord avec la proposition
d'Hydro-Québec concernant leur développement des marchés:
a) nous considérons que la promotion des électrotechnologies doit
être poursuivie vigoureusement à cause de leur impact favorable
sur la productivité; b) de la même façon, une implantation
ciblée et limitée des industries à forte consommation
contribuera au développement industriel du Québec; c) enfin, nous
appuyons l'intention d'Hydro-Québec de poursuivre sa politique de vente
à l'exploitation en raison de sa rentabilité évidente pour
le Québec. (9 h 10)
Cinquièmement, en ce qui concerne les moyens de reproduction,
l'École polytechnique appuie la volonté d'Hydro-Québec
d'assurer un approvisionnement fiable en électricité à
moindre coût pour sa clientèle. A) nous appuyons la poursuite du
programme hydroélectrique. Plusieurs projets rentables sont
identifiés dans le plan. À moyen terme, le plus important de ceci
est le projet de Grande-Baleine. Selon nous, le problème n'est pas de
savoir si nous devons réaliser ce projet, mais bien de déterminer
quand et comment ce projet peut être mis en oeuvre. B) nous reconnaissons
toutefois que, comme pour les autres projets hydroélectriques de moindre
envergure, des contraintes sociales ou environnementales peuvent en retarder ou
même en interdire la réalisation.
Sixièmement, nous sommes heureux de constater
qu'Hydro-Québec envisage d'augmenter le recours à la production
privée par cogénération et, septièmement, enfin,
nous trouvons très intéressante l'expérience-pilote
envisagée aux Îles-de-la-Madeleine dans le secteur des
éoliennes.
Des questions sur la justification des choix. Nous croyons
qu'Hydro-Québec s'est très bien acquittée de son
obligation de présenter toutes les options, en particulier à
l'annexe 3 du plan. Le plan contient une quantité importante
d'informations pertinentes qui résument très bien le potentiel
actuel des différentes technologies pour la production
d'électricité. Parmi toutes les possibilités
évoquées, certaines sont retenues et constituent les grandes
orientations du plan.
Et là je vous réfère au tableau 1 qui est en votre
possession. Dans ce tableau, il s'agit des orientations par ordre de
priorités telles que définies par HydroQuébec. Alors, je
résume: premièrement, l'amélioration du réseau et
des économies d'énergie; deuxièmement, le choix de
l'hydroélectricité comme filière principale de production;
troisièmement, le choix de quelques filières d'appoint pour faire
face aux aléas de la demande, incluant la cogénération au
gaz naturel; quatrièmement, des avant-projets de centrales
hydroélectriques de moyenne envergure et, cinquièmement, un
programme de démonstration d'éoliennes.
Nous sommes d'accord avec la plupart des éléments du plan.
Plusieurs critères de choix ont conduit à cette orientation. Et
là je vous réfère au tableau 2. Les critères de
choix, vous en avez six: la rentabilité économique, l'impact sur
les tarifs, le maintien de la santé financière, bien sûr,
de l'entreprise, la flexibilité d'adaptation des moyens, la
compatibilité avec le développement durable, et, enfin, les
retombées économiques, bien sûr, pour le Québec.
Nous croyons qu'au niveau des quatre premiers critères l'analyse
d'Hydro-Québec est très rigoureuse. Par ailleurs, l'analyse
d'Hydro ne nous semble pas aussi complète au niveau des deux derniers,
soit la compatibilité avec le développement durable et les
retombées économiques pour le Québec.
L'efficacité énergétique et les économies
d'énergie. Des investissements de l'ordre de 2 000 000 000 $ sont
prévus dans le programme d'économies d'énergie pour
atteindre l'objectif de 9,3 TWh en l'an 2000. Comme Hydro-Québec
s'engage à limiter l'augmentation des tarifs au taux de l'inflation, la
marge de manoeuvre d'Hydro pour générer les fonds servant au
programme d'économies d'énergie s'en retrouvera réduite.
La réussite du programme n'est pas assurée et la demande risque
donc d'être plus élevée que prévu, d'où la
nécessité de considérer la flexibilité d'adaptation
dans les critères de choix des moyens de production.
Par ailleurs, le problème de l'efficacité
énergétique fait partie intégrante de toute la politique
énergétique du Québec. Alors que le plan de
développement 1993 vise uniquement la satisfaction des besoins futurs en
électricité, nous croyons que cette limitation a conduit, entre
autres, à sous-estimer les bénéfices de la substitution
dans le plan 1993. Nous y reviendrons un peu plus loin.
Considérons pour l'instant le choix de la filière
hydroélectrique comme principal moyen de production. Le choix de la
filière hydroélectrique et le développement durable.
Hydro-Québec propose la construction de barrages hydroélectriques
comme moyen exclusif pour satisfaire la demande de base qui croîtra,
selon son évaluation et après les mesures d'économies
d'énergie, au taux moyen de 1,8 % par année d'ici l'an 2010.
Le choix exclusif de l'hydroélectricité est fondé
principalement sur les critères de rentabilité. En regard de la
seule alternative plausible pour la production de base, c'est-à-dire les
centrales nucléaires, l'avantage des projets hydroélectriques
quant au coût global actualisé est très marqué. En
autant que l'impact des projets soit jugé acceptable, cet avantage
justifie à lui seul la poursuite du programme de construction de
barrages. Mais il y a lieu, cependant, de mettre les choses en perspective et
de reconnaître qu'il y a des limites à ce
développement.
Il y a sûrement des limites techniques au develop-
pement hydroélectrique. Avec les années, le génie
québécois a appris à repousser ces limites en
déplaçant les montagnes et en détournant les
rivières. On note en particulier que l'École polytechnique, avec
son projet Castor, a contribué à cet effort. Ainsi, les limites
techniques permettent d'envisager un développement
hydroélectrique qui dépasse largement les besoins
prévisibles des 20 prochaines années.
Par ailleurs, les coûts associés au développement
hydroélectrique sont inévitablement croissants d'un projet
à l'autre, indépendamment de l'inflation. Il y a donc des limites
économiques à ce type de développement en comparaison avec
les autres moyens de production ou avec la gestion de la demande. Il y a aussi
des limites environnementales qui ne peuvent être évitées
par des mesures d'atténuation qui excluront certains projets a
priori.
En annexe 3 du plan, Hydro-Québec propose une analyse des
différents moyens de production selon les impacts environnementaux.
Malheureusement, cette comparaison n'est effectuée qu'au plan des
filières énergétiques dans le plan 1993 et ne
reflète pas l'impact environnemental qui peut varier
considérablement d'un projet hydroélectrique à l'autre.
Cette approche conduit à un choix monolithique des filières alors
que, selon nous, le plan doit identifier des projets individuels. Afin de
résoudre ce problème, Hydro-Québec aurait sans doute
intérêt à progresser le plus rapidement possible vers une
planification intégrée des ressources qui tiendra compte des
facteurs environnementaux dans le calcul des coûts, alors qu'ils sont
actuellement considérés comme des
«externalités».
Selon nous, la démonstration que le développement accru de
nos ressources hydroélectriques est conforme avec le principe de
développement durable n'a pas été faite dans la
proposition du plan 1993. En particulier, nous aimerions savoir en quoi les
autres moyens de production identifiés dans le plan ne rencontrent pas
aussi bien ce critère. Peut-être l'explication de cette omission
se trouve-t-elle dans la vision d'entreprise elle-même
énoncée au début du document principal, en conclusion du
sommaire. En 1991, en effet, dans le cadre de l'objectif de qualité
totale visant à mobiliser son personnel, lors du lancement du programme
Défi performance, Hydro-Québec adopte le principe du
développement durable et propose la mise en valeur de la ressource
hydroélectrique comme moyen pour l'atteindre.
En somme, nous nous étonnons de voir apparaître dans cet
énoncé capital de la mission d'Hydro-Québec le choix a
priori d'un seul des moyens de production disponibles. En admettant
implicitement que l'érection des futurs barrages dans le Nord
québécois est la seule voie possible pour assurer le
développement durable du Québec, cet énoncé laisse
peu de place aux explications souhaitées et semble tracer la voie
à l'adoption exclusive de la filière hydroélectrique.
Pour un développement plus diversifié. Le plan de
développement contient un grand nombre de mesures qui vont très
loin pour assurer un approvisionnement fiable et économique en
électricité pour les 20 prochaines années. Nous croyons
cependant que l'approche du plan est un peu trop limitative à long
terme, aussi bien du point de vue de l'offre que de celui de la demande.
En ce qui concerne la production de base, nous considérons
qu'Hydro-Québec, en adoptant la filière hydroélectrique de
façon exclusive, limite sa marge de manoeuvre et néglige
d'exploiter tout son potentiel de développement économique du
Québec. Mais, en fait, en élargissant son ouverture à la
production privée par cogénération au gaz naturel,
Hydro-Québec s'est déjà engagée dans la voie de la
diversification. Nous croyons cependant que l'exclusion totale des centrales
nucléaires comme moyen de production dans le plan de
développement d'Hydro n'est pas clairement justifiée. En ce qui
concerne la demande, nous croyons qu'un recours trop restreint à la
substitution, particulièrement dans le domaine du chauffage domestique,
limite l'influence qu'Hydro-Québec peut exercer sur la demande future
d'électricité.
Les centrales nucléaires. Nous reconnaissons
qu'Hydro-Québec a, de façon générale, bien
présenté, dans les annexes, les avantages et les
inconvénients de cette technologie. Nous trouvons cependant que
l'argumentation d'Hydro concernant le nucléaire mérite un examen
plus serré. L'annexe a de notre mémoire qui, d'ailleurs, est
résumé à la dernière page du document qui vient de
vous être distribué je vous ai mis quelques points
saillants pour faciliter le suivi suggère que le coût de
référence du nucléaire cité par HydroQuébec
comporte un niveau d'incertitude très élevé avec plusieurs
hypothèses qui semblent le pénaliser par rapport aux autres
moyens de production.
C'est sans doute au niveau des retombées économiques qu'il
est regrettable d'avoir exclu les centrales nucléaires. On fait beaucoup
de cas, dans le plan 1993, que la filière hydroélectrique
possède la création d'emplois la plus élevée, soit
10,8 années-personnes par million de dollars en 1992, alors que le
nucléaire n'en fournit que 9,1. Cet avantage nous semble très
marginal compte tenu qu'en valeur absolue et pour la même quantité
d'énergie produite une centrale nucléaire soutient beaucoup plus
d'emplois directs et indirects, comme le démontre le tableau 3 qui,
d'ailleurs, est tiré du document d'Hydro-Québec.
Alors, vous voyez dans le tableau 3 qui est devant vous qu'en fait, sur
une base d'années-personnes, les centrales hydroélectriques,
calculées sur 50 ans de durée de vie, génèrent 103
700 emplois, alors qu'une centrale nucléaire en génère 225
290. Tel qu'il est suggéré en annexe 3 du plan, nous croyons
qu'il est primordial de considérer la qualité de ces emplois, et
je cite ce que dit Hydro-Québec: Les emplois reliés à
l'exploitation des centrales nucléaires sont des emplois
nécessitant une main-d'oeuvre qualifiée et ils sont bien
rémunérés. Fin de la citation. En négligeant ce
facteur de qualité des emplois, on adopte une vision à
très court terme des retombées économiques. (9 h 20)
Mentionnons enfin que, contrairement aux projets
hydroélectriques, dont la majeure partie des retombées
découle des emplois dans le secteur de la construction, une portion plus
importante des dépenses d'investissement des centrales nucléaires
a trait à la fabrication d'équipements majeurs. Quoiqu'une bonne
partie de ces équipements soit fabriquée hors Québec,
l'expertise et la capacité de fabrication ont déjà
existé de façon importante au Québec, et il en reste
encore. Le Québec continue d'ailleurs de bénéficier des
commandes pour les installations hors Québec Ontario,
exportations. La technologie nucléaire est donc encore bien
intégrée à la structure économique du Québec
et il est important qu'elle le demeure.
En plus de favoriser substantiellement le développement
industriel du Québec, l'addition d'une centrale nucléaire au
réseau d'Hydro-Québec pourrait servir des intérêts
stratégiques à long terme. Avec le choix exclusif de la
filière hydroélectrique, nous croyons qu'Hydro devient plus
vulnérable aux groupes d'intérêts qui s'opposent à
ses projets. De plus, les contraintes environnementales et sociales qui sont
associées au développement des ressources hydroélectriques
risquent d'introduire éventuellement des limites à ce
développement.
Nous ne suggérons pas de recourir au nucléaire. Qu'on se
comprenne bien, nous sommes tout à fait favorables à
l'hydroélectricité. Il n'est pas question de proposer de se
lancer dans la construction massive de centrales nucléaires le long du
Saint-Laurent. Cependant, compte tenu que les centrales nucléaires sont
classées au deuxième rang en ce qui concerne les coûts, au
premier rang quant aux impacts environnementaux, par Hydro-Québec
même, et, selon nous, au premier rang quant aux retombées
économiques, nous proposons simplement que la liste des projets
envisagés pour combler les besoins d'énergie à l'horizon
2010 soit étendue pour inclure la construction de centrales
nucléaires sur le site de Gentilly.
L'option que nous favorisons serait de construire une seule centrale
CANDU 600 qui pourrait servir d'alternative aux projets hydroélectriques
de moyenne envergure. En démarrant le processus d'acceptation au cours
des deux prochaines années, une date de mise en service la plus
hâtive vers l'an 2002 nous semble réaliste. D'autres tranches
pourraient s'ajouter par la suite sur le même site.
La substitution vers les combustibles fossiles. Un deuxième
élément qui nous semble avoir été
négligé dans la proposition du plan 1993 concerne la substitution
de l'électricité par des combustibles fossiles. À l'heure
actuelle, le rôle réservé à la substitution se
limite à réduire les problèmes de la pointe dans le cadre
de programmes biénergie.
La structure tarifaire d'Hydro-Québec encourage la poursuite de
la pénétration du chauffage électrique des locaux. En
effet, le coût marginal de l'électricité pour le chauffage
est évalué actuellement à 0,09 $ du kilowattheure, alors
qu'il est vendu au coût moyen de l'ordre de 0,056 $ du kilowattheure. Le
tableau 4, encore en votre possession, démontre qu'à 0,09 $ du
kilowattheure, le chauffage électrique résidentiel n'est pas
compétitif avec le gaz ou le «fuel». On assiste ainsi
à une forme de subvention déguisée qui favorise la
poursuite de la tendance actuelle au détriment des producteurs
d'hydrocarbures et de l'ensemble des contribuables. De plus, cette tendance
vient aggraver le problème de la pointe.
J'attire votre attention, au tableau 4, sur les derniers chiffres en
bas, le montant annuel par habitation. Une habitation typique qui consomme 20
000 kW par an, en fait, coûte à l'Hydro, basé sur le
coût marginal de l'électricité, 680 $ par maison, par
année, alors que le gaz naturel rapporte en économies à
l'Hydro 220 $ par année.
En reconnaissance de cette situation, le plan propose d'introduire
graduellement à l'avenir, une tarification différenciée
selon les saisons afin de donner un signal de prix plus fidèle. Cette
mesure est perçue comme incitative plutôt que coercitive et vise
à encourager les clients à mieux cibler leurs économies
d'énergie. Cette attitude progressive est très prudente, car, si
la tarification différenciée était beaucoup plus radicale
en allant, comme certains le souhaitent, jusqu'à la tarification au
coût marginal, le résultat serait sans doute
désastreux.
Hydro-Québec affirme que plusieurs groupes se sont opposés
à la substitution lors de la consultation à cause de la pollution
atmosphérique qu'elle implique. Cet argument est trompeur si l'on
considère que, pour satisfaire une partie de la pointe d'hiver
occasionnée par la demande de chauffage domestique, Hydro-Québec
importe l'électricité des réseaux voisins où la
production thermique domine et fait fonctionner la centrale de Tracy qui
brûle du mazout lourd.
Le rôle d'Hydro-Québec dans la politique
énergétique. Nous croyons que le mandat d'Hydro-Québec
pourrait être élargi pour permettre des subventions à la
substitution établies en fonction des coûts évités
pour satisfaire la demande future en chauffage domestique. On ne parle pas de
changer des choses qui existent déjà. Cela pourrait se faire, par
exemple, par le biais de subventions à l'achat de fournaises en
collaboration avec les municipalités et les entrepreneurs. Les
substitutions pourraient leur être accordées pour assurer
l'implantation de moyens de substitution dans des nouveaux
développements résidentiels et ainsi limiter l'augmentation
éventuelle du chauffage domestique à l'électricité.
Ainsi, nous encourageons l'intégration de l'urbanisme dans la
planification énergétique et une plus grande concertation avec
les municipalités.
Nous réalisons cependant que le potentiel de la substitution ne
pourra vraiment se réaliser que dans le cadre d'une politique
énergétique globale à laquelle, compte tenu du bassin
considérable de ses compétences, Hydro-Québec pourrait
contribuer de façon plus importante. Même si elle semble
globalement conduire à une plus grande efficacité
énergétique, la substitution des besoins futurs
d'électricité par le gaz naturel ou par le «fuel»
dans le secteur du chauffage est limitée, à l'heure actuelle, par
la nature concurrentielle des rapports entre Hydro-Québec et les
distributeurs d'hydrocarbures,
incluant le gaz naturel.
Selon nous, la politique énergétique du Québec
devrait viser un partage plus optimal du marché
énergétique en fonction des forces et des faiblesses de chacune
des sources d'énergie. Selon nous, le gouvernement du Québec
devrait encourager Hydro, Gaz Métropolitain et les
pétrolières à se concerter pour assurer une
pénétration rentable de la substitution.
Nous proposons donc une politique énergétique...
Le Président (M. Fradet): Je m'excuse, M. le directeur. Je
vous inviterais à conclure. Votre temps est maintenant presque
écoulé.
M. Bazergui: J'ai terminé.
Le Président (M. Fradet): Merci.
M. Bazergui: Je peux lire les conclusions?
Le Président (M. Fradet): Allez-y, oui. Pas de
problème.
M. Bazergui: Alors, donc, tout en étant
généralement favorable au plan de développement
proposé par Hydro, notre analyse de la proposition du plan de
développement 1993 nous a conduit à émettre les trois
recommandations suivantes.
Premièrement, nous recommandons que le développement du
nucléaire se poursuive, mais qu'il se limite à une seule nouvelle
centrale de type CANDU 600 sur le site de Gentilly. Cet investissement
permettra de maintenir l'expertise québécoise dans ce domaine
pour la prochaine génération et, surtout, il renforcera la
participation du Québec à une grappe industrielle canadienne dont
le marché à l'exploitation est prometteur.
Deuxième recommandation. La politique énergétique
du Québec ne doit pas se limiter à la simple valorisation de
l'électricité. Nous recommandons qu'Hydro-Québec
prévoie une part beaucoup plus grande à la substitution de
l'électricité par les hydrocarbures, particulièrement pour
la nouvelle demande dans le secteur du chauffage domestique. En outre, nous
encourageons l'intégration de l'urbanisme dans la planification
énergétique et une plus grande concertation entre le
ministère de l'Énergie et des Ressources, Hydro-Québec et
les municipalités.
Finalement, afin de favoriser un partage plus optimal du marché
énergétique en fonction des forces et des faiblesses de chacune
des sources d'énergie, nous recommandons que le mandat
d'Hydro-Québec soit élargi pour assurer sa participation à
la mise en oeuvre d'une politique globale de l'énergie au Québec.
Nous croyons que la réalisation d'une telle politique serait grandement
favorisée par l'importance des compétences de l'entreprise et par
son degré de rapprochement de toute la clientèle
québécoise. Selon nous, le gouvernement du Québec devrait
encourager Hydro-Québec, Gaz Métropolitain et les
pétrolières à se concerter pour assurer une
pénétration rentable de la substitution.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le directeur.
Je reconnais maintenant Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: Merci, M. le Président.
Je voudrais, messieurs, vous remercier de votre participation à
cette commission parlementaire et mentionner aussi la qualité de votre
présentation, de votre contribution, et je pense que ça consiste
en une critique fort constructive du plan de développement
d'Hydro-Québec.
Toutefois, vous reprochez à Hydro-Québec d'adopter
exclusivement la filière hydroélectrique pour satisfaire les
besoins de base. Vous préconisez la construction d'au moins une autre
centrale nucléaire et vous justifiez cette centrale par la
qualité des emplois qui y sont reliés, par le fait que la
technologie du nucléaire est encore bien intégrée à
la structure économique du Québec, qu'il est important qu'elle le
demeure, et vous ajoutez que l'addition d'une centrale nucléaire
pourrait servir les intérêts stratégiques à long
terme du Québec.
Moi, j'aimerais que vous nous en disiez davantage, aujourd'hui, par
rapport aux avantages du nucléaire, jusqu'à quel point et
à quel coût nous devrions maintenir une expertise du
nucléaire au Québec.
M. Bazergui: D'accord, je vais peut-être demander à
mes collègues, qui sont pas mal plus spécialisés que moi
dans le domaine, quoique je doive vous dire que moi-même, j'ai eu
l'occasion, en tant qu'ingénieur en mécanique, de participer
énormément au design et à la conception
d'éléments de centrales nucléaires au Canada et à
l'étranger.
Je dois vous dire aussi que nous revenons d'un voyage en Corée
où, parmi les filières qui ont été retenues, la
filière CANDU, qui est la filière à laquelle nous
participons, est celle qui semble attirer le plus de faveur à ce
niveau-là. Puis la Corée, exceptionnellement, est le seul pays au
monde à avoir adopté en même temps la filière CANDU
et la filière américaine parce qu'elle croit à la
qualité de cette filière et en son niveau de
sécurité.
Alors, ceci étant dit, nous ne nous basons pas seulement sur la
question des emplois directs, indirects que ça génère,
quoique nous croyions que c'est un élément essentiel, mais nous
croyons aussi que la filière nucléaire offre aussi des garanties
de qualité de production dans un climat, je crois, qui va être
tout à fait... Même Hydro-Québec le mentionne qu'au niveau
des retombées, pollution, etc., c'est la filière qui semble la
plus intéressante. Je vais laisser la parole à Daniel Ro-zon.
Le Président (M. Fradet): Allez-y, M. Rozon. M. Rozon
(Daniel): Merci. Je crois que, dans
votre question, vous avez mis l'emphase un peu peut-être sur
l'aspect stratégique de notre recommandation. Aussi je ne pense pas que
vous mettez en doute l'aspect, disons, qualité des retombées
économiques...
Mme Bacon: Non, non.
M. Rozon: ...et vous connaissez bien aussi la participation des
entreprises québécoises dans...
Mme Bacon: Mais, en fait, je me disais: Jusqu'à quel
coût on doit aller pour garder cette expertise?
M. Rozon: Oui, bien, au niveau des coûts, justement, il y a
peut-être une certaine confusion qui existe actuellement. C'est un
reproche que j'ai fait dans le cadre de la consultation d'Hydro-Québec
à laquelle j'ai participé assez étroitement, au niveau de
l'évaluation des coûts du nucléaire. Justement,
l'expression elle-même le traduit lorsqu'on parle du coût du
nucléaire, alors que, contrairement, pour ce qui est des projets
hydroélectriques, on va parler du coût d'un projet en
particulier.
Lorsqu'on veut comparer le coût d'un projet avec le coût
d'une filière, c'est comme comparer des pommes avec des oranges. Je
préférerais de beaucoup qu'on parle du coût d'un projet
particulier d'une centrale nucléaire qui serait construite à une
date précise et pour laquelle on aurait établi, on aurait
fixé, disons, des choix particuliers qui doivent être faits dans
le cadre d'un projet en particulier. Donc, il faudrait procéder à
une étude d'avant-projet et déterminer, par exemple, quelles
caractéristiques on désire retenir pour la centrale
nucléaire. Autrement dit, il y a toutes sortes de centrales
nucléaires. (9 h 30)
II y a énormément de choses qui se disent actuellement
dans les médias concernant les problèmes que connaît Hydro
Ontario. Il ne faudrait pas se laisser berner par ce qui est raconté. Il
ne faudrait s'imaginer que les problèmes qu'a encourus Hydro Ontario
s'appliquent nécessairement à ce qu'Hydro-Québec pourrait
faire. On n'est pas obligé de répéter les erreurs d'Hydro
Ontario, et puis, en particulier, on n'est pas obligé de se lancer dans
un mégaprojet de centrale à plusieurs unités qui a
entraîné, en fait, Hydro Ontario avec des retards. Ça a
occasionné, disons, des dépassements de coûts de l'ordre de
6 000 000 000 $ dans le cas de Darlington.
Ce n'est pas à ça qu'on s'expose lorsqu'on suggère
de construire une centrale unique de 600 MW. Le type de centrale qu'on propose
également est justement celui qui a la meilleure performance au monde,
actuellement, qui a été retenu par la Corée. Il y a trois
centrales de type CANDU 600 qui sont en construction, actuellement, en
Corée. On a l'impression que le coût d'une centrale de 600 MW
serait, en fait, inférieur au coût de la filière qui est
cité par Hydro-Québec. Il y a aussi la technique avec laquelle
Hydro-Québec a calculé le coût du nucléaire qui
comprend des corrections qui, en principe, ne devraient pas, selon nous,
être appliquées, qui viennent augmenter, disons, sensiblement le
coût qui est cité. À vrai dire, l'écart de
coût qui existe entre les projets hydroélectriques, pour lesquels,
je n'ai aucun doute, Hydro-Québec sait les calculer, et le coût de
la filière nucléaire n'est peut-être pas si grand qu'on le
pense lorsqu'on parle d'un projet spécifique.
Jusqu'où on doit aller? Là, c'est bien difficile à
dire ça en chiffres. Est-ce qu'on peut se permettre de payer 5, 10, 15,
20 ou 25 % plus cher pour bénéficier de retombées
économiques, disons, d'une plus grande qualité pour assurer un
avenir plus certain, si on peut dire? Parce qu'il y a aussi cet
aspect-là lorsqu'on parle de l'aspect stratégique de notre
recommandation. Je crois que ce ne serait pas sage pour nous de se lancer ou de
poursuivre exclusivement le développement de la filière
hydroélectrique dans l'attente, si vous voulez, d'une technologie comme
la fusion ou bien non les énergies nouvelles pour prendre la
relève éventuellement, parce qu'on risque d'être
obligé d'attendre jusqu'en l'an 2050 pour que ce soit possible.
Alors, il faut voir qu'il existe, comme partout ailleurs au monde, une
place très importante à assurer par la fission et par le gaz pour
prendre la relève du pétrole, puis ça, ça va se
réaliser au Québec aussi. Donc, les intérêts
stratégiques du Québec exigent qu'on soit prêt à
prendre la relève de l'hydraulique. Et puis, comme ce n'est pas demain
la veille, si on peut dire, il faut quand même poursuivre dans cette
voie-là, et ce qu'on vous recommande, donc, c'est de procéder ou,
du moins, qu'Hydro-Québec inclue dans son plan de développement
au moins une centrale, ce qui ne compromet pas du tout le plan comme tel. C'est
relativement marginal. On parle d'une centrale sur 6000 MW. C'est 600 MW, donc
c'est moins que 10 %, mais ça permettrait quand même, d'un point
de vue stratégique, de conserver notre position par rapport à
cette option-là.
Mme Bacon: C'est ce qui vous fait dire dans votre mémoire
qu'une population mieux informée accepterait plus facilement le
nucléaire. Est-ce qu'on déplore le manque d'information?
M. Rozon: On n'a pas abordé le sujet en détail...
Mme Bacon: C'est une question de culture.
M. Rozon: ...mais, effectivement, si vous voulez me faire parler
je déplore que la population ne soit pas très bien
informée, hein!
Mme Bacon: Oui, M. Bazergui.
M. Bazergui: La population est très
désinformée. C'est une petite distinction.
Mme Bacon: À la lecture de votre tableau 4, au niveau du
chauffage résidentiel, on y mentionne la substitution par le gaz
naturel. Est-ce qu'elle s'effectuerait au détriment des consommateurs
avec une hausse... Ça me semble une hausse de plus de 22 % du prix
de
vente du kilowattheure. Quand on regarde, 0,056 $ le kilowattheure en
moyenne, pour l'électricité, et le gaz naturel, 0,685 $, est-ce
que ce n'est pas au désavantage du consommateur?
M. Bazergui: Je vais laisser mon spécialiste, Normand
Brais, répondre à cette question.
Le Président (M. Fradet): Allez-y, M. Brais.
M. Brais (Normand): Dans la structure tarifaire actuelle, je
dirais que oui, et c'est exactement l'argumentation qui est
présentée ici. C'est que, dans les signaux de prix que
reçoit le consommateur, aujourd'hui, étant donné le faible
coût d'investissement des équipements de chauffage
électrique, les plinthes électriques coûtant moins cher
qu'une fournaise au gaz naturel, on a tendance à choisir
l'électricité, et c'est la raison, finalement, qui explique le
succès du chauffage électrique dans les 20 dernières
années. C'est une question de prix, effectivement, pour le consommateur.
Le prix est plus bas parce qu'il est, comme on dit, effectivement,
subventionné, parce que, dans les faits, il coûte beaucoup plus
cher à Hydro-Québec.
Par contre, là-dedans, il ne faut pas y voir que du mal, parce
que le principe même étant de faire payer, si on veut, aux
industries le chauffage domestique aux citoyens, alors, c'est un peu le
principe du financement, de l'interfinancement des services, qui n'est pas
remis en cause ici. Seulement, on a empêché, en faisant ça,
une pénétration naturelle, si on veut, du gaz, qui se serait
produite, comme ça s'est produit en Ontario et ailleurs, au
détriment, justement, du chauffage électrique.
Alors, on a renforcé la position du chauffage électrique
qui est une position qui, à long terme, n'est pas défendable,
parce qu'on arrive avec des facteurs de puissance, des facteurs d'utilisation
du réseau qui décroissent au fur et à mesure qu'on
augmente le chauffage électrique. La pointe, le problème de la
pointe devient incontournable. Alors, effectivement, selon les signaux de prix,
selon la structure tarifaire actuelle, ce serait plus cher pour le consommateur
au gaz naturel, et c'est la raison pour laquelle les gens optent pour le
chauffage électrique.
Le Président (M. Fradet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître le critique de l'Opposition officielle et
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
Je voudrais revenir sur la perception... Vous attaquez Hydro,
c'est-à-dire vous l'attaquez, entre guillemets. Vous ne l'attaquez pas;
vous la flattez, dans le fond. Vous dites qu'Hydro a une mauvaise perception du
nucléaire, mais vous ne croyez pas que les politiciens,
également... Parce que, entre vous et moi, la politique
énergétique, ce n'est pas Hydro qui la décide. Ce n'est
pas Hydro qui va décider si le gouvernement veut un équilibre
entre l'utilisation des diverses sources énergétiques. C'est pour
ça que je suis... Votre texte est bien fait dans ce sens-là parce
que vous parlez de contribution des pétrolières, de Gaz
Métropolitain et d'Hydro-Québec à l'élaboration
d'une politique, mais l'initiative, elle doit venir de l'État.
Donc, sans le recommander formellement, vous recommandez
l'élaboration d'une politique énergétique globale,
à la lecture de votre texte. Pourquoi n'en faites-vous pas une
proposition ferme? Parce que beaucoup de groupes qui ont déambulé
devant nous pour présenter des mémoires ont recommandé
clairement un débat sur l'énergie global au Québec et
l'élaboration d'une politique d'énergie qui tient compte de
toutes les sources énergétiques? Est-ce que vous seriez
prêt à participer à ce genre de débat public qui
conduirait à l'élaboration d'une politique, puis à la
création de structures, à ce moment-là, qui pourraient
être indépendantes d'une source d'énergie en particulier?
parce que, là, on est à discuter de
l'hydroélectricité, mais c'est 40 % des sources d'énergie
du québec. l'autre 60 %, il est où? l'efficacité
énergétique, c'est sur 40 %. on fait tout porter sur une seule
source d'énergie, toute la pression de l'efficacité
énergétique. moi, ça m'apparaît un petit peu
aberrant. et, comme spécialiste, un peu, à votre manière
et dans votre secteur, j'aimerais ça vous entendre réagir
à mes propos.
M. Bazergui: Nous sommes très heureux que vous posiez la
question parce que, effectivement, nous croyons qu'en nous adressant,
justement, à un groupe de parlementaires qui ont dans leur
capacité la possibilité d'élaborer, de forcer et
d'encourager l'élaboration de politiques énergétiques...
Je crois que nous espérions justement, que nous puissions être
appelés à répondre dans ce sens-là. Bien sûr
que nous serions disposés à participer à ce genre de
débat. C'est pour ça que nous avons pris très au
sérieux toute la période de consultation qu'a lancée
Hydro-Québec et que nous avons trouvée extrêmement utile
parce que, pour nous aussi, ça a été
révélateur. Nous qui sommes très
spécialisés, qui avons une espèce de facette technique de
certaines choses, on a écouté des interventions qui nous ont
semblé extrêmement sages. Enfin, ça nous a ouvert les
yeux.
Je pense que, justement, ça permet un dialogue intéressant
et important, d'après moi, de toutes sortes d'intervenants. Mais il ne
faut pas non plus accabler les gens de technique, les gens de science,
simplement d'avoir une idée biaisée. Je pense que ce genre de
débat doit se faire et doit continuer à se faire. Et la
consultation d'Hydro a été dans ce sens-là. Maintenant,
c'est Hydro qui l'a menée, mais je pense que c'était
déjà une ouverture qu'on n'avait pas vue dans le passé. Et
nous sommes à votre disposition pour participer à toute forme de
consultation de ce type-là.
M. Chevrette: On sait que le nucléaire, il n'y en a pas
gros autour de la table qui risqueraient une réponse en disant: Je suis
pour le nucléaire, parce que... Oh boy! Il y en a deux. Mon test a
été raté. Ha, ha, ha! (9 h 40)
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: C'est de votre côté.
M. Chevrette: Je n'ai pas l'impression que... Vous dites que la
population, si j'ai bien compris une des réponses je pense que
c'est M. Rozon; ah! c'est vous est mal informée. Moi, je pense
que c'est plus que de l'information; je pense que c'est une question de
sécurité. Avec ce qui est arrivé à Tchernobyl, avec
les différents incidents à travers le monde, je crois plus que
c'est un sentiment d'insécurité qu'une question d'information,
parce qu'il y a des gens qui ont été tentés, à
cause précisément des avantages que vous notez... Effectivement,
quand on lit froidement les avantages que présente le nucléaire,
on ne peut pas faire autrement, si on est brillant un petit peu, un tantinet,
tu comprends que ça peut... Et il y a des milieux, qu'on le veuille ou
pas, où c'est le seul moyen d'approvisionnement en source
d'énergie à travers le monde qu'ils peuvent avoir. Donc, il faut
se rendre à l'évidence, dans certains cas. Vous ne croyez pas que
c'est vraiment plutôt une question d'insécurité du public?
Comment y pallier, si vous croyez fondamentalement que cette source
d'énergie est importante dans le cadre d'une politique
énergétique?
M. Bazergui: Excellente question. Vous avez mis le doigt dans le
trou. C'est une question fondamentale, et on réfléchit beaucoup
à cette question-là. J'aimerais demander à Daniel Rozon,
parce que je lui ai posé beaucoup de questions dans ce sens-là...
J'ai dit: Écoute, moi-même, quand je rentre chez nous, ma femme me
pose des questions. Alors, on a tous ce problème-là. Alors, je
vais demander à Daniel de donner un certain nombre d'arguments qui, je
crois, sont très révélateurs. Alors, si vous permettez,
monsieur.
M. Rozon: Enfin, la commande est grande.
M. Chevrette: Vous avez un bon contrat. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rozon: C'est quoi la distinction entre manque d'information et
ignorance? Je ne sais pas. Les gens n'hésitent pas à traverser le
pont malgré le fait qu'ils savent bien que le pont de Québec
s'est déjà écroulé. Les gens n'hésitent pas
à prendre l'avion malgré le fait qu'ils savent bien que les
avions s'écroulent, que ça arrive. En fait, si les scientifiques
ou si des techniciens comme nous autres regardent les probabilités, ils
vont se rendre compte que les probabilités sont beaucoup plus grandes
lorsque vous prenez l'avion pour aller à Toronto, à
Montréal ou quoi que ce soit, que vous ne vous rendrez pas au bout,
qu'il arrive un accident comme Tchernobyl. Au niveau de Tchernobyl, il faut
faire la distinction, je dirais, entre une Mercedes et une Lada,
c'est-à-dire qu'il y a une composante technologique à
considérer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rozon: Non, non. C'est vrai. Il y a une composante
technologique à considérer.
M. Chevrette: C'est parce qu'il y a des farces...
M. Rozon: II est arrivé, disons, un autre accident majeur
dans... deux accidents majeurs, en fin de compte, dans l'industrie
nucléaire: l'accident de Tchernobyl et l'accident de Three Mile Island.
Dans l'accident de Three Mile Island, ça a été une
catastrophe. La compagnie a perdu complètement, disons, quelque 1 000
000 000 $. Le coeur du réacteur a fondu. Il y en a pratiquement la
moitié qui a fondu, etc. Il n'y a aucune relâche à
l'atmosphère. Pourquoi? Parce qu'il y avait une enceinte de confinement,
puis il y a des systèmes qui ont fonctionné, alors que le design
de Tchernobyl est complètement différent. Donc, il y a des
explications techniques qui font en sorte qu'on a entendu parler de Tchernobyl,
parce que, s'il y avait eu un minimum de protection et des systèmes le
moindrement efficaces, on n'en aurait jamais entendu parler de Tchernobyl et
ça ne représenterait pas, disons... on ne ferait pas
l'association symbolique qu'on fait avec cet accident-là et,
évidemment, disons, la bombe ou quoi que ce soit.
Donc, il y a une composante technologique qui n'est pas connue de la
population. Il n'y a pas suffisamment de gens qui prennent le temps pour
expliquer ces choses-là, pour traduire en termes que les gens peuvent
comprendre, pour se rendre compte que, finalement, le risque qui est
associé avec le développement de l'industrie nucléaire
n'est pas plus élevé, sinon, en fait, il est moins
élevé, et je pense qu'Hydro-Québec le reconnaît,
d'ailleurs. Il y a une citation, dans la proposition d'Hy-dro-Québec, un
des documents d'Hydro-Québec, qui dit que l'énergie
nucléaire est la forme la plus sûre autant en exploitation qu'en
cas accidentel pour les travailleurs aussi bien que pour la population.
Alors, du point de vue, disons, de l'impact, si on peut dire, global sur
l'environnement, en considérant même les aspects de
sûreté, l'énergie nucléaire se compare très
bien, sinon favorablement à toutes les autres filières, sauf
qu'il y a un contenu symbolique émotif qui est extrêmement
difficile à dépasser. Mais l'humanité a déjà
connu des périodes comme ça quand l'électricité
elle-même a été introduite.
On m'a raconté ou j'ai déjà lu à quelque
part que, dans les premiers hôtels où on a introduit
l'électricité pour la première fois, là, je ne sais
pas, vers la fin du XIXe siècle, il y avait une petite pancarte qui
disait: N'ayez pas peur, vous pouvez allumer la lumière; ce n'est pas
dangereux, c'est inodore, sans saveur. Au début du XIXe siècle,
lorsque les trains sont entrés en opération, on rassurait les
gens qu'il n'y avait pas de danger d'aller à 50 milles à l'heure
parce que les gens avaient peur qu'ils ne pourraient pas respirer à une
vitesse folle comme ça.
Donc, le problème, c'est l'inconnu. Alors, on parle de
psychologie, à ce moment-là. Alors, le seul moyen de combattre
ça, c'est par l'information et aussi, je dirais, par un peu plus de
responsabilités. Il faudrait peut-être qu'Hydro-Québec et
le gouvernement aussi, par incidence, se montrent un peu plus responsables,
parce que c'est un fait, ça fait déjà partie de notre
société. Il y a une centrale à Gentilly, puis il y en a
beaucoup en Ontario, il y en a énormément en France, etc. Il faut
que les gouvernements soient assez responsables pour rassurer la population sur
les faits, peut-être mieux informer et faire attention de ne pas se
laisser embarquer, disons, par des propos alarmistes que certains groupes
d'intérêts ont intérêt eux-mêmes à
promouvoir.
Il y a le problème des déchets aussi qui traumatise
énormément de monde.
Une voix: Oui.
M. Rozon: Je ne voudrais pas prendre tout le temps de la
commission. Je pourrais vous en parler, mais il y a bien d'autres sujets, je
pense, que vous aimeriez discuter.
M. Chevrette: Bien, c'était mon autre question.
M. Rozon: II y a d'autres questions qui vont venir. Si vous
voulez, on pourra y revenir, mais...
M. Chevrette: Je vais vous la poser tout de suite. C'était
ça, ma deuxième question dans la suite logique.
Le Président (M. Fradet): M. le député de
Joliette, votre temps est maintenant terminé.
M. Chevrette: Ah! je m'excuse.
Le Président (M. Fradet): Alors, on va passer à un
autre intervenant et on reviendra, par la suite, à un membre de
l'Opposition. Je reconnais maintenant le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Oui, merci, M. le Président.
Peut-être dans la même foulée du nucléaire, il
y a les déchets, mais aussi, la perception au niveau des gens, c'est
qu'on peut se dire aussi, nous, qu'on peut avoir le meilleur équipement
qui soit et très sécuritaire. Ça, je pense que vous avez
fait la preuve. Three Mile Island, c'est un exemple avec beaucoup de
sécurité, mais le problème, c'est l'interdépendance
au niveau environnemental aussi. S'il n'y a pas un contrôle international
ou... Je ne sais pas si ça se fait ou qu'est-ce qu'on pourrait faire,
dans le sens de dire: Nous, on peut avoir le meilleur équipement, mais,
si, à côté de chez nous, il n'y a pas ce
contrôle-là puis la radioactivité, on peut
être quand même vulnérables à ça
même si, de côté-ci, on serait supposé avoir des
équipements tout à fait exceptionnels... Alors, je ne sais pas si
ça existe, un certain contrôle international ou des normes
minimales qui font en sorte que les régions avoisinantes sont quand
même protégées d'une certaine lacune qui pourrait surgir de
pays voisins ou de régions voisines.
M. Bazergui: Je peux vous assurer qu'en fait c'est l'industrie
qui est la mieux contrôlée au monde. Au Canada, nous avons le
bureau de contrôle de la commission de l'énergie atomique... la
Commission de contrôle... le nom anglais me revient tout le temps: Atomic
Energy Control Board, et ce genre de mécanisme, c'est comme la police.
Les gens ont peur d'eux parce qu'ils sont extrêmement exigeants. Et, en
Corée, c'est la même chose. Il y a tout un groupe, KINS, c'est la
police nucléaire. Ils font très attention. C'est l'industrie la
mieux contrôlée au monde et la mieux concertée en plus.
M. Farrah: Comment expliquer Tchernobyl, à ce
moment-là?
M. Bazergui: Bien, Tchernobyl, c'est un accident, mais le
contrôle de Tchernobyl s'est fait avec la contribution du reste du monde.
Peut-être que Daniel voudrait ajouter là-dessus, mais,
effectivement...
M. Rozon: Effectivement, Tchernobyl, ça a
été construit il y a quand même un certain nombre
d'années. Ce type de réacteur là, ils n'en construisent
plus en Union soviétique. L'Union soviétique n'existe plus,
premièrement. Les contrôles qui sont exercés en Union
soviétique, je ne les connais pas précisément. Je trouve
que l'Union soviétique fait partie, disons, de l'Agence internationale
de l'énergie atomique, puis il y a des normes internationales qui sont
imposées. Disons que les probabilités sont extrêmement
faibles qu'un incident comme ça puisse se reproduire, et elles sont
encore d'autant plus faibles lorsqu'on considère les réacteurs
qui utilisent une technologie occidentale de type américain ou
canadien.
M. Farrah: Maintenant, au niveau des déchets, dans la
même foulée que le député de Joliette, qu'est-ce que
vous répondez aux gens en termes sécuritaires pour les
déchets nucléaires, justement? (9 h 50)
M. Rozon: En fait, au niveau des déchets, je pense que
c'est peut-être à ce niveau-là, paradoxalement, que
l'énergie nucléaire présente le plus grand avantage
surtout par rapport, évidemment, aux hydrocarbures. Pour la même
quantité d'énergie produite ou la même quantité
d'énergie, d'électricité produite, une centrale au charbon
ou une centrale au prétrole ou au gaz va tout simplement déverser
ses déchets dans l'atmosphère. Je parle de millions de tonnes de
CO2 et de centaines de millions de tonnes de SO2 etc.,
qui sont émis avec la combustion elle-même. Il n'y a pas moyen de
les retenir. Ça, on respire ça. Ça contribue à
augmenter... Ça affecte la santé publique. Ça a même
un effet écologique global, si on regarde ça dans l'ensemble.
Pour ce qui est déchets nucléaires, l'avantage
principal, c'est qu'ils sont contenus dès le départ. Il
n'y a pas d'émission de déchets, je veux dire. Ils sont contenus
dans le combustible. Le combustible conserve son intégrité.
Lorsqu'on le retire du réacteur, on peut le garder à vue pendant
une période aussi longue qu'on veut. La technologie est
démontrée. On peut le garder pendant 50 ans sans aucun
problème, le stocker à sec dans des contenants en béton.
On fait ça de façon assez courante maintenant. Puis, les volumes
aussi je pense que c'est ça qu'il faut voir aussi ne sont
pas importants. Je veux dire, avec l'équivalent de ça, en termes
de volumes, il y a de quoi alimenter, disons, un quartier pendant un an quoi!
Si on fait l'équivalent avec les hydrocarbures, ça
«dépriverait» tout l'air qu'il y a dans la pièce,
à toutes fins pratiques.
Donc, il faut avoir aussi en perspective les volumes qui sont
considérés. Les volumes ne sont pas si grands que ça. Ils
sont contenus. La toxicité diminue avec le temps. Du fait que c'est
radioactif, ça veut dire que, plus tard, il va y en avoir moins, puis,
plus tard, il va y en avoir encore moins, etc. Donc, il s'agit de les isoler
suffisamment longtemps. Ça fait que la clé de l'affaire, c'est de
les isoler. Après, d'ici une cinquantaine d'années, il faudra en
disposer de façon ultime, et puis la façon qui est
préconisée, c'est de les enfouir, disons, dans le Bouclier
canadien à quelque part, à un endroit approprié.
Et puis, actuellement, il y a, depuis une vingtaine d'années ou
une quinzaine d'années, une recherche importante qui se fait avec la
collaboration internationale, la coopération de plusieurs pays sur les
types de formation géologique qui peuvent recevoir ce genre de
déchets là. Le truc, c'est donc de trouver une formation qui est
suffisamment stable et qui va permettre d'isoler ces déchets-là
pendant des milliers d'années de telle sorte que ça ne pourra pas
réintégrer la biosphère, de telle sorte que, finalement...
Certainement, pour moi, en tout cas, je ne vois pas de problème pour les
déchets, mais je suis conscient que, dans la perception du public, par
ailleurs, ça en soit un. C'est peut-être même le
problème majeur.
M. Farrah: Merci.
Le Président (M. Fradet): Je reconnais maintenant le
député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, je voudrais revenir maintenant au chauffage
des maisons à l'hydroélectricité versus d'autres sources.
Vous n'êtes pas les premiers. Je pense qu'on est rendus à une
bonne quinzaine de mémoires qui considèrent que l'utilisation de
la plinthe électrique, c'est un fiasco économique. Puis, à
toutes fins pratiques, pour certains, il y en a qui vont jusqu'à dire
que c'est inacceptable qu'Hydro paie jusqu'à 0,092 $ du kilowattheure,
je crois, pour la plinthe électrique, alors qu'on pourrait, avec des
énergies très peu polluantes, à part ça, en arriver
à économiser sur le plan, justement, de l'énergie
hydroélectrique.
Mais les gens, par exemple, ne touchent pas l'aspect environnemental.
Vous préconisez, vous autres aussi, des alternatives à
l'hydroélectricité pour le chauffage. Mais comment conciliez-vous
ça avec la position des environnemental istes et des
écologistes?
M. Bazergui: Nous avons essayé de toucher à ce
point-là dans le sens que l'idée, c'est que, si on allume des
plinthes électriques en faisant marcher Tracy, on est aussi bien de
brûler le mazout de Tracy à la maison. C'est plus efficace. Je
vais laisser parler mon spécialiste, ici, qui va vous donner plus de
détails.
Le Président (M. Fradet): M. Brais, allez-y.
M. Brais: Au fait, faire fonctionner une centrale thermique,
comme vous le savez, ça prend trois fois le combustible pour produire
une unité d'électricité qu'on va ensuite envoyer en
chauffage avec un excellent rendement, bien sûr, presque 100 %. Alors,
comme dit M. Bazergui: Finalement, la différence même serait
positive. On brûlerait trois fois moins de combustible à le faire
fonctionner directement chez le client, à faire brûler le gaz
naturel chez le client qu'à brûler du mazout à Tracy, sans
compter...
M. Chevrette: Trois fois moins?
M. Brais: Pardon?
M. Chevrette: Trois fois moins?
M. Brais: Le rendement d'une centrale thermique comme Tracy ou
n'importe quelle centrale thermique, c'est de l'ordre de 30 %, 35 %.
M. Bazergui: En électrique.
M. Brais: Électrique par rapport à l'énergie
input. Et ce n'est pas une question de technologie. C'est une question de
limite... des lois de la physique qui limitent à ça. Alors, si on
veut produire de la chaleur, autrement dit, avec des combustibles, mieux vaut
les utiliser directement que de faire de l'électricité, qui est
une forme d'énergie très noble qui donne, d'ailleurs, des
rendements excellents pour faire tourner des moteurs, alors que les
combustibles, eux, ne sont pas très efficaces pour ce genre de travail
là.
Alors, finalement, c'est une question d'utiliser la bonne énergie
à la bonne place. Si on fait de l'électricité, il y a des
usages plus nobles que du chauffage électrique, finalement. Ça,
on n'en a pas parlé, mais c'est un des aspects qu'on mentionnait dans
l'efficacité énergétique. Sur une politique nationale, on
aurait intérêt à regarder, à utiliser la bonne forme
à la bonne place. Par exemple, l'électrolyse de l'aluminium ne se
fait pas avec du gaz naturel. Ça confère un avantage
énorme à l'électricité, et on a bien fait de le
mettre en valeur dans le cas des alumineries, par exemple.
Le Président (M. Fradet): Merci. Est-ce qu'il y
a d'autres intervenants?
M. Chevrette: Oui, j'en ai une autre. Est-ce qu'il me reste du
temps?
Le Président (M. Fradet): Malheureusement non, M. le
député le Joliette. Il reste cinq minutes et, si le
député de Drummond veut prendre la parole, on devra la lui
laisser.
Allez-y, M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Lors de mes cinq minutes, je vais essayer de couvrir trois sujets.
À la lecture de votre mémoire, je dois vous avouer, avec tout le
respect que j'ai pour votre institut, que j'ai été surpris de ne
voir aucun commentaire sur la politique de développement
d'Hydro-Québec, parce que je suis un de ceux qui prétendent que 2
%, Horizon 2000, n'est pas suffisant, qu'il faudrait au moins avoir 3 %. Alors,
ça, ce serait ma première question.
Je voudrais vous en poser deux immédiatement. Et la
deuxième, c'est au niveau de l'utilisation des énergies. Il y a
plusieurs groupes qui sont venus nous dire qu'il y avait peut-être une
forme qu'on ignore, qui est toute l'énergie solaire. Ce serait
peut-être une avenue qu'on pourrait utiliser, surtout au niveau du
chauffage et au niveau solaire passif. alors, je n'ai pas retrouvé dans
votre mémoire une allusion qu'on devrait... parce que je réalise
aussi qu'il nous manque peut-être des connaissances dans ce secteur
d'activité là. alors, je relie ça aussi à mon deux
ou trois, qui devrait aller à 3 %. alors, j'aimerais vous entendre,
avoir vos réactions sur ces deux questions-là: l'utilisation du
solaire dans le futur comme perspective globale et aller à 3 % au niveau
de recherche.
Une voix: Veux-tu répondre à ça?
M. Rozon: bien oui! je peux bien faire un petit commentaire
là-dessus. bien sûr, je suis conscient qu'on pourrait s'attendre,
étant donné qu'on vient d'une université, qu'on se soit
prononcé plus longuement sur les questions de recherche et
développement. mais, étant donné tout le coeur qu'on a mis
à participer à la consultation, on a pensé plutôt
regarder la problématique elle-même du plan, plutôt que de
se concentrer sur les aspects de recherche et développement en se fiant
que, possiblement, nos confrères des autres universités
étaient pour le faire. mais je suis d'accord avec vous que je serais
bien heureux, le premier, à voir la contribution, disons, de la
recherche et développement dans les dépenses
d'hydro-québec augmenter de 2 % à 3 %.
Pour ce qui est de l'énergie solaire, effectivement, il n'y a pas
eu d'allusion directe, mais, en fait, il y a une allusion indirecte. Lorsqu'on
recommande qu'il y ait une certaine intégration de l'urbanisme à
la planification énergétique, c'est un peu ça que
j'entends.
Moi, disons, j'ai participé à un colloque au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, à un moment donné, sur l'énergie
et j'ai été impressionné par les présentations que
des architectes faisaient, etc. Je déplore énormément le
fait qu'on ne fasse pas d'urbanisme, finalement. Ce serait tellement facile de
le faire. Puis, effectivement, l'énergie solaire passive est capable
d'apporter une contribution très importante au niveau du chauffage,
mais, dans le fond, ce n'est pas vraiment dans les mains d'Hydro-Québec;
c'est dans les mains du gouvernement, peut-être. Mais, quand je parle
d'une concertation entre Hydro-Québec, le ministère de
l'Énergie, les municipalités et les développeurs, c'est
justement dans des circonstances comme ça qu'on est capable d'aller les
chercher, des choses qui, technologiquement, finalement, ne sont pas
compliquées. C'est juste le gros bon sens.
Alors, je partage, disons, votre point de vue qu'on n'utilise pas
l'énergie solaire comme on devrait le faire, sauf que les
problèmes, ce n'est pas des problèmes techniques; c'est des
problèmes structurels, c'est des problèmes d'organisation sociale
où, enfin, là, j'espère que...
M. St-Roch: J'ajouterais qu'il y aurait peut-être l'autre
volet aussi au niveau de tout ce qui est recherche appliquée, de
transformer l'énergie solaire au niveau des piles voltaïques, ces
choses-là.
Une voix: Oui, oui.
M. St-Roch: J'aimerais revenir sur le nucléaire. Le
nucléaire ne me fait pas peur, et je partage votre recommandation aussi
qu'on devrait garder au moins une unité de 600 MW qui pourrait
être utilisée aussi par Hydro-Québec pour remplacer,
peut-être, certaines autres alternatives, et surtout pour garder le
savoir-faire québécois, et donner cette filière-là
aussi à nos jeunes au niveau de l'accroissement, et garder nos
connaissances.
Mais il y a un autre domaine, et j'aimerais en profiter pour
échanger avec vous dans le même sujet. Il m'apparaît qu'un
des grands problèmes, aussi, qu'on aura à faire face, qui rentre
peut-être dans la préoccupation des gens, c'est lorsqu'on arrive
à la fin d'une filière nucléaire, qui regarde à peu
près alentour de 30 ans; ça peut être 40 ans. À
l'heure actuelle, il nous manque énormément de connaissances et
la seule chose qu'on fait, on met ça dans la boule à mites et on
ne fait rien.
Alors, ne croyez-vous pas qu'Hydro-Québec aussi, en collaboration
avec Énergie atomique Canada, pourrait commencer à
développer une expertise québécoise au niveau du
démantèlement de ces centrales-là? Il m'apparaît,
moi, qu'il y aurait peut-être un créneau au niveau mondial, dans
la foulée de nos acquis avec ce qu'on fait au niveau de la production
d'électricité, qu'il y aurait une autre filière qu'on
pourrait développer qui serait drôlement intéressante. Ce
serait peut-être un des avantages qu'on aurait à garder notre
filière nucléaire. (10 heures)
M. Bazergui: C'est un excellent point, effectivement, mais
ça fait partie des connaissances techniques et scientifiques
reliées au nucléaire, en fait. Effectivement, le
démantèlement... Qu'est-ce qu'on fait avec une cen-
traie à la fin de sa vie? ça fait partie de la
problématique. Alors, je ne sais pas si M. Rozon veut...
Le Président (M. Fradet): Oui, M. Rozon, très
rapidement.
M. Rozon: Très rapidement. En fait, justement, on a eu au
Québec la centrale de Gentilly I, puis il y a eu une certaine expertise
qui s'est développée dans les bureaux AECL Montréal pour
procéder, en fait, au démantèlement de cette
centrale-là. Effectivement, ce groupe-là est en mesure d'offrir
maintenant des services à l'extérieur.
Une voix: Ils sont convaincus.
M. Rozon: Donc, oui, c'est certainement une chose, mais ça
représente quand même seulement une petite partie, mais vraiment
une petite partie, disons, de l'ensemble de l'expertise qui est reliée
à la construction et à la fabrication, disons, des composantes
d'une centrale.
M. St-Roch: Mais qui va devenir de plus en plus importante avec
les années.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député.
Au nom des membres de la commission, je remercie les
représentants de l'École polytechnique. Je suspendrai quelques
instants pour laisser le temps à la Corporation des maîtres
mécaniciens en tuyauterie du Québec de prendre place à la
table. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 1)
(Reprise à 10 h 4)
Le Président (M. Fradet): Je demanderais aux membres de la
commission de prendre place ainsi qu'aux membres de la Corporation des
maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec. Je vous
rappelle le mandat de la commission qui est de procéder à une
consultation générale sur la proposition de plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec. Et je vous demanderais de
vous identifier ainsi que votre partenaire, M. le président.
Corporation des maîtres mécaniciens en
tuyauterie du Québec (CMMTQ)
M. Favre (Michel): Bonjour. Mon nom est Michel Favre, je suis
directeur général à la Corporation des maîtres
mécaniciens, et je suis accompagné de Michel Beaulieu, qui est le
directeur des services techniques.
Le Président (M. Fradet): Je vous rappelle que vous avez
20 minutes pour présenter votre mémoire et qu'il y a, par la
suite, une période de 40 minutes entre la partie ministérielle et
la partie de l'Opposition pour les questions sur votre mémoire.
M. Favre: Je vais vous lire un bref préambule sur qui nous
sommes pour ensuite vous lire le mémoire que nous vous
présentons. Alors, la Corporation a été
créée en 1949 par une loi qui est aujourd'hui connue comme
étant la Loi sur les maîtres mécaniciens en tuyauterie. La
Corporation est une corporation à appartenance obligatoire. Ça
veut dire qu'une personne qui désire exécuter ou faire
exécuter des travaux d'installation de tuyauterie ne peut les
exécuter ou les faire exécuter sans être qualifiée
à cette fin et sans être membre de la Corporation.
La Corporation regroupe quelque 2300 entrepreneurs
spécialisés en plomberie, chauffage, ventilation, climatisation,
réfrigération et protection-incendie. La CMMTQ fait passer des
examens d'admission, elle s'occupe de perfectionner ses membres, s'occupe de
discipliner par le biais de son comité de discipline et s'occupe des
plaintes des consommateurs et des membres, et cela à tous les
niveaux.
Le bien-fondé de l'existence de la CMMTQ et de son rôle
à l'égard du public et des entrepreneurs a été
confirmé et reconfirmé à plusieurs reprises par les
autorités gouvernementales. La CMMTQ n'est pas une corporation ayant des
pouvoirs de nature privée. Elle a un rôle d'intérêt
public confié spécifiquement par une loi. Elle est un partenaire
et une aide des autorités gouvernementales qui l'ont créée
et qui lui ont confié des tâches spécifiques de la nature
de celles exercées par l'État. Elle s'identifie donc comme un
intervenant d'importance lorsqu'il s'agit d'établir le plan de
développement d'Hydro-Québec pour la période de 1993
à 1995. Elle remercie d'ailleurs la commission de l'économie et
du travail de lui donner l'opportunité, par le dépôt du
présent mémoire, de faire connaître son point de vue.
La CMMTQ a participé aux consultations tenues par
Hydro-Québec au cours de la dernière année. Quoique en
accord avec la majorité des principes énoncés dans le plan
d'Hydro-Québec, la CMMTQ entend soulever, par ce mémoire, un
questionnement sur le bilan énergétique qui risque de subir un
déséquilibre qui pourrait être irréversible. Aussi,
la CMMTQ apporte une réflexion sur les avantages, tant au plan
économique que social, à l'effet de «prioriser» le
remplacement de l'électricité par des sources de combustible pour
ses fonctions énergétiques.
D'après les derniers chiffres publiés pour l'année
1992 par le ministère de l'Énergie et des Ressources, le taux de
croissance annuel moyen de l'électricité a été
fixé à 1,24 % et celui du gaz naturel à 0,65 %. Ces deux
progressions se sont faites au détriment de deux autres sources, soit le
pétrole, qui a régressé d'environ 1,89 %, et le charbon,
source de plus en plus marginale, mais quand même, qui a subi une
régression de 0,08 %.
L'année 1992 a marqué un point tournant sur
l'échiquier québécois du bilan énergétique.
En effet, toujours selon le MER, l'électricité serait devenue
la
principale source d'énergie avec 41,9 %, passant ainsi devant le
pétrole qui est à 41,3 %, suivi par le gaz naturel avec 15,8 % et
le charbon avec 1 %. hydroquébec est donc confirmée dans son
rôle de principal fournisseur d'énergie au québec. toujours
selon les prévisions du mer, cette tendance risque de s'amplifier d'ici
l'an 2000. en effet, l'écart entre l'électricité et le
pétrole s'accroîtra de 5,7 % et de 29,9 % pour le gaz naturel. la
consommation des huiles légères subira donc le plus de
diminution, affectant ainsi le secteur résidentiel de la chauffe des
espaces et de l'eau. la corporation des maîtres mécaniciens
s'inquiète donc d'un déséquilibre qui pourrait être
irréversible si d'autres fournisseurs d'énergie ne sont pas
davantage considérés au bilan énergétique du
québec. même si les dirigeants d'hydro-québec semblent bien
conscients du rôle joué par leur entreprise sur l'économie
de la province, il n'en demeure pas moins que la cmmtq souhaite que le
gouvernement du québec maintienne auprès de sa
société ce sens des responsabilités et du devoir envers la
collectivité. dans un climat mondial de déréglementation
économique, c'est l'enrichissement collectif du peuple
québécois qui en souffrirait.
Le début des années quatre-vingt a fait naître de
nouvelles préoccupations et obligé une prise de conscience au
niveau de l'utilisation de l'énergie. On constatait que cet
élément de consommation prenait une part de plus en plus
importante dans l'économie. HydroQuébec, avec son plan de
développement en 1990, allait faire prendre un réel tournant
social à la population du Québec. Divers programmes, tous
reliés à l'efficacité énergétique, ont
effectivement été lancés. La CMMTQ avait d'ailleurs
à l'époque félicité cette orientation et investi
beaucoup d'efforts au soutien de cette démarche. Le succès
remporté par ces programmes est très impressionnant et
témoigne bien la volonté des Québécois de vouloir
mieux contrôler leur consommation d'énergie. En plus de
réduire la facture énergétique des consommateurs et les
besoins de nouveaux équipements de production, ces programmes permettent
de stimuler l'économie. En effet, les résultats récents du
programme ÉCO-KILO nous dévoilaient un taux de participation de
50 % de la clientèle domestique. Ce taux représente celui le plus
élevé en Amérique du Nord. Ce programme, qui a
coûté 57 000 000$ à Hydro-Québec, lui permettra
d'économiser 407 000 000 $, tout en permettant des économies
moyennes de 50 $ annuellement à chaque consommateur. (10 h 10)
Pour ce qui est du programme de Bi-énergie nouvelle, 38 500
consommateurs y ont adhéré sur une période de 18 mois. Ces
clients pourront, en plus de profiter d'une réduction de coût de
chauffage, profiter d'installations beaucoup plus fiables et d'une meilleure
qualité de confort. Mais, plus important encore en ces temps
d'économie précaire, ce programme a permis de stimuler le
marché de près de 200 000 000 $ attribués à des
travaux exécutés dans l'industrie de la construction. À la
fin de ce programme, vers la fin de 1994, l'ensem- ble des adhérents
à la Bi-énergie nouvelle permettra un écrêtement de
la pointe de l'ordre de 670 MW en l'an 2000. On peut comparer ça
à Bersimis 2, comme puissance.
Hydro-Québec envisage, dans son plan de développement de
1993-1995, une expansion du parc d'installation biénergie
résidentielle, portant ainsi le parc biénergie à 163 500
unités. Ceci équivaut à 1,2 TWh de consommation annuelle
pour le chauffage et une réduction de pointe, en l'an 2000, de 820 MW.
Une réduction encore plus importante que ce qui est
généré par la centrale Outardes 3. Par contre, il est
désolant de constater que les énergies dépensées
à la promotion du programme Bi-énergie, permettant 138 000
installations d'ici 1994, sont immédiatement neutralisées,
puisque, malheureusement, la très grande majorité des 40 000
unités de logements construits annuellement au Québec est
entièrement chauffée à l'électricité.
Quoique la CMMTQ souscrite à l'extension du parc de la biénergie
résidentielle, elle souhaite toutefois que des efforts plus
précis soient mis en place afin de pénétrer
majoritairement le marché de la construction neuve et de la
rénovation. Des mesures beaucoup plus incitatives doivent être
promues auprès de propriétaires et promoteurs de façon
à les inciter à opter pour des systèmes de chauffage
à haut rendement énergétique, à l'huile ou au
gaz.
L'implication d'Hydro-Québec dans la biénergie
résidentielle, en collaboration avec ses partenaires, la CMMTQ et la
CMEQ a permis de développer une technologie québécoise de
fabrication et d'installation des équipements presque unique en
Amérique du Nord. Le levier économique joue donc bien son
rôle dans ce créneau qu'est la biénergie
résidentielle.
Par contre, l'efficacité énergétique a une
portée beaucoup plus globale que celle énoncée ci-haut.
Elle doit permettre aussi l'utilisation d'une source d'énergie à
des besoins où elle donne le maximum d'efficacité. C'est ce qu'on
appelle «la planification intégrée des ressources
énergétique», une approche d'ailleurs adoptée par la
majorité des pays industrialisés, permettant à leurs
différentes industries productrices de biens de pouvoir maintenir un
niveau de compétitivité dans une économie de marché
mondial.
De plus, la libération de kilowattheures en les substituant par
un combustible permettrait de rendre disponible une grande quantité de
ces kilowattheures à court terme et, de ce fait, d'accroître
l'implantation d'industries à forte consommation
d'électricité, tel que favorisé par Hydro-Québec.
Le rapport de consultation indique que la substitution par le gaz dans les
secteurs résidentiel et commercial contribue à une
économie de 4,3 TWh d'ici l'an 2000, basée sur les
critères du coût évité et de la perte de
revenus.
Dans le contexte économique dans lequel le Québec se
trouve actuellement, tout effort mis en place pour attirer de nouvelles
entreprises créatrices d'emplois serait bien évidemment louable
et apprécié du gouvernement et de sa population. Il a aussi
été démontré à maintes reprises qu'il est
économiquement rentable pour un client de remplacer
l'électricité par un combustible
pour le chauffage. D'ailleurs, selon Gaz Métropolitain, dont le
réseau de distribution de gaz est sous-utilisé, une augmentation
de 10 % à 25 % du volume distribué actuellement est parfaitement
réalisable sans aucun investissement majeur. À part l'ajout de
capacité de stockage et de compression, il s'agit de branchement de
nouveaux clients vers le réseau existant.
De plus, grâce à la déréglementation
permettant aux consommateurs de gaz de négocier directement avec des
producteurs canadiens ou par l'intermédiaire de courtiers, le coût
de l'unité de gaz naturel a considérablement chuté. La
substitution devient alors d'autant plus avantageuse pour le client.
La CMMTQ est donc d'avis qu'il devient avantageux, au plan
économique et social, de promouvoir les sources combustibles pour ses
fonctions énergétiques. La CMMTQ insiste donc pour que cette
tendance s'inscrive au plan d'Hydro-Québec.
Hydro-Québec entend considérer des petits projets
hydroélectriques de production privée comme filière
principale de production parmi ses projets de centrales à construire sur
les grandes rivières. De plus, comme filière d'appoint, elle
augmentera ses contrats avec des producteurs privés provenant de la
cogénération.
On assiste presque à un véritable retour vers le futur. Au
début du siècle, la production d'électricité par
les industries était fréquente. On croyait alors que la
production indépendante de l'électricité était plus
sûre et meilleur marché. Au cours des ans, on a observé que
l'électricité produite par les grandes centrales s'avérait
bien plus sûre et économique. Depuis quelques années, avec
les coûts croissants des grandes constructions de plus en plus
éloignées des centrales, des lignes de transport, de l'entretien
du vaste réseau, sans oublier les longs délais occasionnés
par les préoccupations environnementales, la production
d'électricité devait être considérée à
nouveau, et ce, à une plus petite échelle.
Que ce soit en Europe, aux États-Unis ou chez nos voisins
ontariens, la production d'électricité par
cogénération est de plus en plus populaire. D'ailleurs, selon un
quotidien montréalais, lorsque New York a abandonné son projet
d'achat d'électricité du Québec, elle a acheté un
volume équivalent à 1000 MW de producteurs en
cogénération dont le gaz naturel provenait de l'Ouest canadien.
À croire qu'aux États-Unis l'électricité produite
par cogénération a meilleure presse que celle produite à
Grande-Baleine. De plus, cette option accorde à Hydro-Québec des
délais lui permettant de compléter ses études
environnementales pour ses projets de plus grande envergure.
Ceci étant, la Corporation des maîtres mécaniciens
en tuyauterie est favorable à l'achat d'électricité par
Hydro-Québec à des producteurs privés en
cogénération à un tarif égal ou inférieur
aux coûts évités. La CMMTQ est aussi d'avis
qu'Hydro-Québec devrait s'impliquer dans toutes les études de
faisabilité de projets d'incinérateurs de déchets non
récupérables incluant ou pouvant inclure de la production
d'électricité par cogénération.
La CMMTQ croit également que la priorité dans le
traitement des déchets domestiques doit être accordée
à la cueillette sélective des déchets
récupérables (verre, papier, plastiques, etc.) Par contre,
lorsqu'un incinérateur est envisagé pour disposer des autres
déchets non dangereux, un potentiel de production
d'électricité en cogénération devrait y être
intégré, permettant ainsi d'optimiser le processus.
En terminant, la Corporation appuie la majorité des propositions
du plan de développement d'Hydro-Québec pour la période
1993-1995. Elle se permet toutefois, dans un climat de dialogue transparent, de
faire les commentaires suivants.
Pour que son programme d'efficacité énergétique ne
se retrouve plus en équilibre partiel et puisse jouer pleinement son
rôle de moteur de développement économique,
Hydro-Québec devrait tenir compte de la planification
intégrée des ressources énergétiques. Ceci
permettrait de libérer des kilowattheures moins coûteux que ceux
que l'on devrait produire et ainsi les utiliser à des fonctions à
plus haute valeur ajoutée.
En ce qui a trait aux habitations neuves ou celles faisant l'objet de
rénovations majeures, la CMMTQ propose d'encourager d'autres sources
combustibles par opposition au raccordement exclusif au chauffage
électrique. Aussi, l'octroi d'une subvention pour favoriser le choix
pour la chauffe serait préconisé.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fradet): Merci beaucoup. Alors,
maintenant, je vais reconnaître la ministre de l'Énergie et des
Ressources, députée de Chomedey.
Mme Bacon: Merci, M. le Président.
Messieurs, je voudrais d'abord vous exprimer mes remerciements de vous
présenter ici devant la commission parlementaire et d'apporter une
contribution à notre processus de consultation publique qui est un
processus important.
Votre corporation s'inquiète du recul à prévoir, au
cours des prochaines années, du pétrole dans le bilan
énergétique et plus particulièrement du recul du mazout
léger pour le chauffage de la chauffe des locaux, de l'eau et du secteur
résidentiel. Mais, en même temps, j'aimerais savoir si vous avez
analysé les impacts environnementaux de vos recommandations relativement
à la place des hydrocarbures dans le bilan énergétique du
Québec parce que d'autres groupes viendront nous dire que
l'environnement n'est pas toujours protégé, quoique c'est
partagé.
M. Favre: Vous parlez du degré de pollution des
hydrocarbures par rapport à...
Mme Bacon: L'hydroélectricité.
M. Favre: Je ne sais pas si Michel a des...
M. Beaulieu (Michel): II faut dire qu'aujourd'hui les
équipements utilisant les hydrocarbures à des fins de chauffe,
que ce soient des chauffes de locaux ou des
chauffes de l'eau, sont des équipements qui sont beaucoup plus
efficaces que les équipements qu'on a connus par le passé. quand
on dit beaucoup plus efficaces, je pense que la comparaison est assez difficile
à faire dans ce sens qu'on a aujourd'hui des équipements qui
peuvent offrir un niveau de rendement de l'ordre de 85 % comparés
à des équipements qui, auparavant donnaient un taux de rendement
de l'ordre de 60 %, 65 %. or, je pense qu'au niveau technologique ces
équipements ont fait un très grand pas en avant, donc
réduisent de beaucoup l'émission vers l'atmosphère de
produits non brûlés comme tels. (10 h 20)
Mme Bacon: Dans l'hypothèse où l'idée de
subventionner l'installation d'équipements plus performants serait
retenue, quels organismes seraient les mieux habilités à faire
l'octroi des subventions, par exemple? Est-ce qu'il ne reviendrait pas aux
fournisseurs d'hydrocarbures de subventionner des systèmes
semblables?
M. Fabre: Je penserais que oui, en collaboration avec
Hydro-Québec peut-être, en tout cas ceux qui vont...
Mme Bacon: Si vous aviez un partenariat plutôt que la seule
responsabilité?
M. Fabre: Oui. Il y a des gros avantages. Si on prend, par
exemple, la bonification du prix d'un système en biénergie
intégrée installé dans une maison neuve,
subventionné, ça revient au même prix qu'actuellement,
c'est-à-dire que les besoins d'argent comptant ne nuiraient pas aux
possibilités du public, des jeunes couples d'avoir accès à
la propriété. L'économie d'échelle, ensuite,
développée dans ce contexte-là, serait grande à
court et à long terme aussi.
Si vous permettez juste un petit point, j'aimerais revenir sur
l'avantage des combustibles; ça peut être le mazout ou le gaz
naturel. Je ne parle pas du facteur de pollution qui est tellement marginal
que, pour nous, ce n'est pas un point important, là. Lorsqu'on laisse un
marché, une technologie s'effriter ou qu'on l'abandonne, il n'y a plus
de développement technologique qui se fait. S'il n'y a plus de
technologie, donc, il n'y a plus d'expertise. Ce n'est pas avec des plinthes
électriques qu'on fait des gens compétents dans l'industrie de la
chauffe. C'est des équipements qui n'ont pas besoin de personne. Ils
sont là. C'est un système de chauffage qui n'a pas
démontré qu'il était efficace par rapport à ce que
certains peuvent appeler le rendement, mais un rendement d'un système
à combustion est aussi efficace et il fait en sorte qu'il émule.
Il crée de l'emploi et il permet un développement technologique
important à cet égard-là.
Mme Bacon: Au sujet de la biénergie, moi, j'aimerais avoir
votre appréciation quant aux efforts qui sont déployés par
Hydro-Québec dans ce domaine-là. Comment vous appréciez
ces efforts-là qui sont faits par Hydro-Québec?
M. Favre: Beaucoup. On l'apprécie beaucoup. On pense que
c'est une prise de conscience importante à cet égard-là.
On pense qu'Hydro-Québec contribue largement à rationaliser et
à rendre encore plus efficaces pas juste les équipements, mais le
confort des personnes qui habitent dans les maisons.
Mme Bacon: C'est rentable pour les clients? M. Favre: On
pense que oui.
M. Beaulieu: Des chiffres même avancés par
Hydro-Québec démontrent une rentabilité pour les clients,
de l'ordre... Si on peut prendre un exemple, pour un petit bungalow standard en
banlieue, Hydro avance des chiffres facilement de l'ordre de 200 $, 250 $ au
minimum et qui peuvent doubler ou tripler si les gens font un petit peu
attention à leur consommation d'électricité lorsqu'ils
sont en période de hauts tarifs. Alors, on peut parler facilement
d'économies pouvant aller de 550 $ à 600 $ pour un ménage
type. Je pense que, oui, c'est très rentable pour un client et ça
augmente aussi de beaucoup son confort comme tel, parce que, lorsqu'on parle
d'un système de chauffage à plinthes électriques, c'est un
système qui est très, très statique, comme tel,
comparativement à un système de chauffage central où on
peut humidifier, filtrer. On peut climatiser, on peut faire toute une
série de conditionnements de l'air du milieu dans lequel on est.
Mme Bacon: Si c'est si rentable, pourquoi ça ne se
développe pas davantage? Quelle est la raison pour laquelle ça ne
se développe pas davantage, selon vous?
M. Beaulieu: Bien, il y a une raison principale qui part... Il
faut partir à la base au niveau des maisons neuves et au niveau de la
rénovation aussi. C'est souvent les promoteurs. Les promoteurs
immobiliers vont construire une maison à des coûts qui vont leur
revenir le moins dispendieux possible. Or, lorsqu'on compare un système
de chauffage central avec un système à plinthes
électriques, bien, c'est un système qui coûte moins cher,
c'est bien évident. Alors, pour eux, pour les promoteurs, c'est
peut-être plus rentable de le faire, mais, à long terme, c'est
là que la vision se perd.
Mme Bacon: Mais ils ont moins d'acceptation du côté
des promoteurs immobiliers de biénergie?
M. Beaulieu: Les promoteurs immobiliers n'adhèrent pas
actuellement... Si on compare actuellement le programme de Bi-énergie
nouvelle, le programme de Biénergie nouvelle a un taux de
pénétration d'à peu près 2 % dans la maison neuve.
On parlait tout à l'heure... Le programme actuel compte 59 000
installations. Aujourd'hui, on est rendu à tout près de 48 000.
On a à peu près 2 % de pénétration dans le milieu
de la maison neuve. Les promoteurs immobiliers n'y adhèrent pas,
question de coûts uniquement. Mais c'est une vision à très
court terme pour eux.
Mme Bacon: Est-ce que c'est un problème de subvention,
selon vous?
M. Favre: Ça peut être aussi un problème de
promotion plus que de subvention, et, je pense aussi, un peu d'ignorance. Les
premiers acheteurs sont des jeunes couples qui n'ont pas nécessairement
une bonne connaissance du bienfait ou du bien-être qu'apporte un
système de chauffage plus efficace ou, en tout cas, plus confortable. Tu
arrives dans des plans de maison, il y en a près de chez moi, ou des
maisons de l'ordre de 140 000 $ jusqu'à 300 000 $ avec des plinthes
électriques. C'est un peu spécial. Comment ça se fait
qu'il n'y a pas une plus grande conscience sociale du public à cet
égard-là? Ça nous dérange un peu. On se pose la
même question. Pour vous dire la vérité, je ne suis pas
sûr qu'une subvention corrigerait la situation. Certainement qu'une
meilleure promotion des avantages jouerait un rôle aussi.
Mme Bacon: Qui devrait faire la promotion? Est-ce que c'est
les...
M. Favre: Nous, pour commencer, on pourrait certainement en faire
davantage comme corporation auprès du public. Et je pense que les
gouvernements, et Hydro-Québec, et les... Qu'il y ait une sorte de
concertation entre tout le monde.
Mme Bacon: Ce serait en partenariat, là?
M. Favre: Oui, ça prend surtout, je pense, une
reconnaissance que les meilleurs systèmes de chauffage ne sont pas
nécessairement par plinthes électriques.
Mme Bacon: Au niveau de la cogénération, est-ce que
vous ne croyez pas que ça pourrait se développer au Québec
si le tarif proposé était inférieur aux coûts
évités d'Hydro-Québec?
M. Favre: C'est ce qu'on propose. S'il est inférieur,
égal ou inférieur, aux coûts évités, on
recommanderait qu'il y ait cogénération dans ces
conditions-là.
Mme Bacon: Ça va se développer davantage, vous
pensez, si ces conditions sont mises sur pied?
M. Beaulieu: Oui, en fait, s'il y a une volonté politique
et une volonté sociale de vouloir le faire, je pense que, oui, la
cogénération... En fait, il y a plusieurs industries, au
Québec, qui auraient pu si elles avaient eu accès à
la cogénération peut-être développer certains
marchés. Puis l'effet contraire s'est produit actuellement. C'est
qu'elles en ont perdu. On a certaines industries qui sont en très grande
difficulté. Je pense que, si elles avaient eu accès à la
cogénération et pouvoir revendre les surplus, elles seraient en
meilleure position, actuellement. Et puis je pense que, si la volonté
était là, la cogénération au Québec se
développerait, et je pense qu'on est dans un milieu qui serait favorable
à ça.
Le Président (M. Fradet): Merci, Mme la ministre.
Je vais maintenant reconnaître le critique de l'Opposition
officielle, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
Tout d'abord, je vais partir de la dernière question, moi aussi.
Vous ne croyez pas que, dans le fond, les jeunes couples qui achètent
les maisons, il y a deux choses qu'ils visent: le coût s'ils le
savaient, ça pourrait les influencer mais vous ne pensez pas
aussi qu'il y a une question d'être agréable à la vue? Par
exemple, avoir un réservoir en arrière ou faire remplir ça
régulièrement, c'est achalant, ça! Il y a un confort qui
est recherché par le monde aujourd'hui. Puis ça m'apparaît
être une des premières grandes raisons pourquoi les gens vont au
plus simple, puisqu'ils manquent d'information, d'abord, par rapport au
coût, puis il y a une petite crainte aussi par rapport à la
pollution, etc. Vous ne croyez pas que c'est plutôt ça? (10 h
30)
M. Favre: Écoutez, le réservoir, dans les
automobiles, il est bien caché, puis on ne le voit pas. La nouvelle
technologie de conception et d'installation de réservoirs, surtout avec
la loi qui porte sur l'enfouissement des réservoirs, s'applique au
niveau résidentiel. Donc, ce n'est pas quelque chose de visuel. Moi, je
pense que c'est une question d'ignorance du bien-être et du confort que
ça apporte, surtout. Visuellement, c'est bien plus agréable de
voir des grilles d'aération que de voir les espèces de... sur
lesquelles les enfants se frappent ou se blessent souvent. Je ne vois rien
d'esthétique là. Et, lorsqu'ils la revendent aussi, c'est une
plus-value. C'est cette ignorance-là, également. Il y a une
conscientisation à développer.
M. Chevrette: Mais pourquoi vous ne dites pas que c'est
l'ignorance de contracteurs, des constructeurs? S'ils connaissaient leur
affaire, quand ils rencontrent un jeune couple pour vendre une maison, ils
pourraient leur expliquer les bienfaits. Pourquoi mettre l'ignorance uniquement
sur le dos du consommateur? Vous avez un rôle de formateur.
M. Favre: Ils pourraient. Je pense que les promoteurs ne sont pas
si ignorants que ça. Les promoteurs ne sont pas ignorants, à mon
avis.
M. Chevrette: Ils se regroupent bien souvent, vous le savez
très, très bien. Le petit contracteur domiciliaire, il a son
«chum» qui est électricien, et ils bâtissent des
maisons en série, et il n'y a pas de problème. Donc, ne venez pas
me dire que le consommateur n'est pas influencé par vous autres. Si vous
étiez les premiers promoteurs, très sérieux et qui
expliquaient aux jeunes couples...
M. Favre: On essaye fort, M. Chevrette. Je vais
vous dire que c'est difficile à percer, la barrière du
promoteur, au niveau du marché résidentiel neuf. Le
système est fait de sorte que les gens n'ont pas accès au
plombier, au chauffagiste ou à l'électricien directement. J'en
connais beaucoup d'électriciens qui ne sont pas favorables à
l'installation des plinthes électriques, ils vont proposer d'autres
systèmes, en biénergie, notamment...
M. Chevrette: Non, c'est parce qu'il y a du conservatisme dans
certains milieux, vous savez. J'ai vu des petits contracteurs, un ou deux
hommes chacun, et vous savez qu'ils font ça en série, et ils ne
prennent pas le temps d'expliquer, c'est évident. Moi, je pense que vous
êtes les premiers agents de promotion importants. Ça devrait
être les contracteurs de maisons. Comment on l'appelle? L'Association de
la construction devrait se faire un promoteur de cette diversification
d'énergie. Je trouve qu'il y a un manque là aussi. On peut bien
demander à Hydro de le faire. Je pense que c'est un rôle aussi.
D'accord. le gouvernement, avec une politique énergétique qui
tienne compte de la diversité des énergies, comme vous parlez, a
un rôle à jouer, mais vous autres aussi, un très grand
rôle à jouer, je trouve, parce que le consommateur, s'il est
ignorant, c'est parce qu'on ne lui explique pas, il y a du monde à
quelque part qui n'explique pas, c'est évident. moi, j'ai jasé
avec les acef, en particulier, puis je pense que, si on intervenait
auprès de ces groupes de promotion, par exemple, de
l'intérêt du consommateur... on pourrait peut-être aussi
mettre un peu tout le monde à profit parce qu'il y a
véritablement un manque. on s'en rend compte. presque tous les
mémoires parlent, par exemple, du coût exagéré de
l'électricité en ce qui regarde le chauffage par rapport aux
autres sources d'énergie. c'est quasiment du simple au double. c'est
beaucoup, alors que le prix de l'électricité a monté de je
ne sais pas combien, quelque 30 % en 10 ans, et le gaz très peu, et le
pétrole, lui, a chuté. on a eu ces chiffres-là hier. ce
serait quand même important qu'il y ait un partenariat, comme vous dites.
je pense que ça s'impose. c'est la seule façon de renseigner,
d'informer. l'information, c'est à la base de toute décision
d'importance. si tu n'as pas d'information, tu ne l'as pas.
Mais, moi, il y a une question que je veux vous poser concernant le
déséquilibre des énergies, parce que vous écrivez
une grosse phrase dans votre texte: «...s'inquiète donc d'un
déséquilibre qui pourrait être irréversible».
Quelles seraient les conséquences d'un tel déséquilibre
irréversible?
M. Favre: depuis, je pense, 10 ans, 15 ans je vais faire
l'analogie avec le chauffage résidentiel où on implante de
façon majeure 95 % des nouvelles constructions
résidentielles sont à l'électricité
complètement. le déséquilibre fait en sorte que tu vas te
retrouver avec, pas juste un monopole, mais un problème majeur. c'est
que tu n'es plus capable, technologiquement, de faire des changements dans le
temps si tu ne les as pas prévus avant.
Déséquilibre en matière de connaissances, de
formation de personnes, de compétences. Tout ça fait partie du
déséquilibre dont on parle. Maintenir l'équilibre, pour
nous, ça veut dire se garder des options de variation de prix. S'il n'y
a pas compétitivité, il y aura monopole. S'il y a monopole, c'est
un danger. Déséquilibre, dans ce sens-là, très
dangereux. Et irréversible technologiquement, c'est dangereux aussi. Il
faut penser que tu n'enlèves pas un système ici, dans la
bâtisse, comme ça. C'est majeur, changer le système ici. Il
ne faut pas attendre de ne plus être capable. Il ne faut pas aussi
attendre qu'Hydro-Québec, un jour, fasse le constat que le chauffage
résidentiel n'est plus rentable, comprenez-vous?
M. Chevrette: Elle devrait le faire immédiatement.
M. Favre: Si elle le faisait, ce serait dommage qu'elle le dise
aujourd'hui, alors qu'elle fait la promotion, depuis 15 ans, du chauffage
résidentiel. Il ne faut pas... C'est dans ce sens-là aussi.
M. Chevrette: O.K. Dans ce sens-là, à ce
moment-là, on ne peut pas le reprocher non plus à
HydroQuébec, dans le fond, parce que c'est sa mission, donc elle vend
son électricité. Ce n'est même pas sûr
qu'inconsciemment elle n'a pas provoqué une rareté pour
développer davantage de barrages par des contrats secrets, par exemple.
Mais vous ne croyez pas, à ce moment-là, qu'il serait important,
au Québec, d'avoir une véritable politique
énergétique qui tienne compte de ces facteurs-là pour ne
pas en arriver à un déséquilibre qui tiendrait compte du
fait qu'il y a 60 % d'autres formes d'énergie à part
l'électricité, effectivement, et que, si on abusait, à
court terme, du développement irrationnel et irréfléchi
d'une seule ressource, on se priverait de technologie? Est-ce que c'est le sens
de vos propos?
M. Favre: Oui.
M. Chevrette: À ce moment-là, vous accepteriez de
participer à un débat sur les politiques
énergétiques? Ça ne serait pas bon qu'il y ait une
commission de l'énergie, indépendante, qui n'ait pas à
juger exclusivement d'hydroélectricité?
M. Beaulieu: C'est ce que Michel me disait hier, justement, un
peu comme ça existe aux États-Unis, où on aurait une
commission énergétique qui va faire une analyse de l'ensemble des
différentes sources d'énergie qu'on pourrait avoir ici. Oui, je
pense que oui, ça serait bon, ne serait-ce que pour...
Pour revenir un petit peu sur la perte des technologies et l'influence
négative que ça peut avoir lorsqu'on s'en va au tout
électrique... Il y a beaucoup de grands bâtiments d'habitations
multiples, qu'on appelle, à Montréal, qui datent des
années quarante, cinquante, dans lesquelles il y avait des
systèmes de chauffage à
l'eau chaude, à radiateurs, tout ça. Peut-être
qu'esthétiquement les radiateurs sont à revoir, mais, quand
même, il y en avait de très beaux. On modifie tous ces...on fait
beaucoup de rénovations dans ces bâtiments et on modifie, on
enlève tous ces systèmes de chauffage là pour pouvoir
mettre des systèmes de chauffage à plinthes électriques
dans deux buts: dans un premier but, de pouvoir transférer la facture
énergétique au locataire et, dans un deuxième but, de
diminuer les coûts d'entretien de l'ensemble des systèmes. Par
contre, on s'aperçoit, au bout de quelques années, que ça
ne chauffe pas. Les bâtiments, ce genre de bâtiments là
n'était pas conçu pour pouvoir chauffer avec des plinthes
électriques qui vont donner un chauffage qui est très ponctuel.
Ça prend un système de chauffage qui a une masse thermique
très grande, que seuls les systèmes de chauffage à eau
chaude sont capables de donner. Or, on va faire quoi, avec ces
bâtiments-là? On ne peut pas tous les refaire. Quand on parle de
perte de technologie, c'est un peu ça.
Aujourd'hui, nous autres, on fait, à la Corporation, des pieds et
des mains pour essayer de redonner toute la connaissance technologique aux
jeunes entrepreneurs qui viennent sur le marché de façon à
ce qu'ils revoient ça. Il n'y en a plus. Alors, ça, c'est une
perte de technologie qui... Et, aujourd'hui, il y a des systèmes de
chauffage à l'eau chaude qui sont plus esthétiques, qui sont dans
le plancher, des systèmes de chauffage radiant, etc., mais la
technologie, il faut la redonner aux gens, parce qu'ils l'ont perdue au cours
des années.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député de Joliette.
Je reconnais maintenant M. le député de Gatineau.
M. Lafrenière: Merci, M. le Président.
Votre corporation est d'avis qu'Hydro-Québec devrait s'impliquer
dans l'étude de faisabilité de projets d'incinérateurs de
déchets non récupérables permettant de faire la
cogénération. Pouvez-vous élaborer sur cet aspect de vos
recommandations?
M. Favre: II y a un bel exemple dans votre comté,
justement, où il y a une usine d'incinération qui est
accusée d'importer des déchets, parce qu'il n'y a pas assez de
déchets ici à brûler. Est-ce que ce n'est pas dans
Gatineau, je pense, qu'il y a une usine comme ça qui...
M. Lafrenière: Elle n'est pas encore implantée.
M. Favre: Elle n'est pas encore implantée?
M. Lafrenière: Non. On parle d'en implanter une, mais le
phénomène...
M. Favre: Mais, si...
M. Lafrenière: C'est le phénomène des
déchets «pas dans ma cour» dans l'Outaouais. On vit
ça depuis une dizaine d'années.
M. Favre: .. .c'était brûlé à des fins
de génération d'électricité... C'est le genre
d'application qu'on propose, que des études de faisabilité soient
faites pour justement profiter de chaque option ou chaque possibilité
qui s'offre de produire de l'électricité plutôt que de
juste l'envoyer en l'air. (10 h 40)
M. Beaulieu: En fait, si vous permettez que j'élabore un
petit peu là-dessus aussi, au Québec, on est, je dirais,
actuellement, en grande réflexion à savoir qu'est-ce qu'on va
faire, quelle option est-ce qu'on va prendre dans le futur avec les
déchets domestiques. Lorsqu'on dit aussi, dans ce qu'on avance, qu'on
«priorise» principalement la cueillette sélective, c'est de
façon à éliminer, à recycler ou à remettre
une bonne partie des déchets qui sont recyclables. Lorsqu'on parle
d'incinérateurs, c'est d'incinérer les déchets qu'on ne
peut rien faire avec, qu'autrement on enfouirait. Alors, actuellement, au
Québec, on est dans cette période de réflexion: Qu'est-ce
qu'on va faire avec les déchets? Est-ce qu'on va adopter une autre
méthode que l'enfouissement pour disposer des déchets qu'on ne
peut pas recycler comme tel? Je pense que l'incinération peut être
une des solutions, entre autres. Il y a un projet-pilote à
Montréal-Est qui semble bien vouloir se mettre en marche actuellement et
pour lequel il y aurait aussi production d'électricité en
cogénération. Alors, ce qu'on se dit, c'est: Si la solution de
disposition des déchets est l'incinération, si on opte pour
ça, pourquoi ne pas utiliser en plus l'énergie qui serait
dégagée par cette incinération-là et produire de
l'électricité en cogénération pour ajouter encore
plus à la valeur du processus?
M. Lafrenière: Croyez-vous qu'Hydro-Québec
applique, dans une certaine mesure, les principes qui sous-tendent la gestion
intégrée des ressources?
M. Beaulieu: Est-ce que vous pourriez répéter, s'il
vous plaît?
M. Lafrenière: Croyez-vous qu'Hydro-Québec
applique, dans une certaine mesure, les principes qui sous-tendent la gestion
intégrée des ressources, au niveau de la gestion
intégrée?
M. Favre: La gestion intégrée des ressources, vous
parlez de l'ensemble des ressources énergétiques disponibles au
Québec. Je pense qu'elle est davantage... Enfin, on a donné
l'exemple au niveau résidentiel, par exemple. Si, d'une main, on
contribue à la rendre plus efficace par l'implantation de la
biénergie, par exemple, mais que, d'autre part, on ne s'occupe pas des
40 000 habitations qu'on dessert en électricité seulement, toute
la cogénération... Oui, la réponse est oui, mais je pense
que les efforts... Quand on dit, dans notre mémoire, que davantage
d'efforts devraient être faits pour... On parle des études de
faisabilité, on parle de l'ensemble du
système. Je pense qu'on trouverait réponse à cette
question-là de façon plus neutre, plus objective, dans le cadre
d'une commission qui toucherait l'ensemble du bilan énergétique
au Québec, pas juste pointée vers Hydro-Québec.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député de Gatineau.
Maintenant, je reconnaîtrai M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais vous amener maintenant en page 8 de
votre mémoire. Vous dites, en haut de la page, et je cite: «De
plus, la libération de kilowattheures, en les substituant par un
combustible, permettrait de rendre disponible une grande quantité de ces
kilowattheures à court terme et, de ce fait, d'accroître
l'implantation d'industries à forte consommation
d'électricité, tel que favorisé par
Hydro-Québec.» C'est à peu près le seul point... Je
pense que c'est douteux, cette affirmation-là, parce qu'il me semble
qu'Hydro-Québec, au contraire, a décrété un
moratoire du moins dans son plan de développement face aux
grandes industries énergivores, de un. Et, de deux, je pense qu'ils
n'ont même pas l'intention, en tout cas dans un avenir prévisible,
d'aller vers ces industries énergivores. Je comprends peut-être
que ce n'était pas l'esprit que vous vouliez lui donner, mais, tel que
libellé, là, ça semble s'inscrire en faux par rapport au
plan de développement. Est-ce que je me trompe?
M. Favre: Non, on est d'accord avec bien des choses. Ça,
c'est un point avec lequel on n'était pas d'accord dans le plan.
M. Chevrette: Ah! C'est parce que vous n'êtes pas
d'accord.
M. Favre: Oui. On espérait...
M. Chevrette: Non, mais c'est parce que le libellé, comme
il est là, on dirait que vous êtes d'accord avec
Hydro-Québec alors qu'Hydro-Québec ne dit pas ça.
M. Favre: Oui. À l'orientation 27 du plan...
M. Beaulieu: Dans son pian de développement, je vous
lirais l'orientation 27 du plan de développement d'Hydro-Québec,
lorsqu'on parle de développement des marchés, cette
orientation-là dit: «Favoriser une implantation ciblée et
limitée d'industries à forte consommation
d'électricité.»
M. Chevrette: Lorsqu'on étudie le détail du plan,
si ma mémoire est fidèle, là, je le dis sous
réserve moi aussi, parce qu'il y en a tellement d'annexés
à Hydro, vous le savez, on voit qu'on a prévu pour la phase II
d'Alouette, si ma mémoire est fidèle, et une phase II à
Lauralco, mais, à mon point de vue, la compréhension que j'en ai,
c'est parce que c'était déjà engagé
qu'Hydro-Québec dit: Moi, je ne peux pas revenir en arrière
là-dessus, mais il n'est pas de mon intention de me retourner vers
d'autres alumineries, par exemple. C'est 180 MW, si ma mémoire est
fidèle, la marge de manoeuvre. C'est pour ça que je trouvais que
votre affirmation, à la page 8, était forte, parce qu'on dirait
que ça voulait dire qu'Hydro-Québec avait encore des
appétits? Je ne pense pas. Je suis obligé de la défendre,
de temps en temps, parce que ce n'est pas ça qu'elle a écrit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Favre: Nous, ce qu'on voulait soutenir, c'est une question de
choix.
M. Chevrette: Je viens de faire plaisir à la ministre. Une
fois par jour. Ça m'arrive rarement.
M. Favre: II y a un choix social, là, qui doit se faire:
ou tu dépenses ton argent pour bâtir des centrales pour chauffer
des bâtiments, ou tu dépenses de l'argent pour bâtir des
centrales pour profiter à faire progresser la société en
développement des technologies, qui feront en sorte qu'il y aura plus de
monde qui va travailler, ce qui fait que toute cette masse d'argent, à
notre sens, ne devrait pas aller à des fins de chauffage, alors qu'il y
a d'autres solutions pour ça, et compte tenu de l'avantage qu'il y a au
Québec quant à la production hydroélectrique.
M. Chevrette: À la page 11, vous dites ceci: «Ceci
étant, la CMMTQ est favorable à l'achat
d'électricité par Hydro-Québec à des producteurs
privés en cogénération à un tarif égal ou
inférieur aux coûts évités.» Est-ce que
ça veut dire que vous seriez d'accord avec une forme de subvention
déguisée?
M. Favre: Non, ce n'est pas ce qu'on dit. On n'est pas favorable
au développement si c'est plus cher. On dit «à coût
égal ou inférieur», comme on l'a dit à Mme Bacon
tout à l'heure.
M. Chevrette: Mais, quand on sait qu'Hydro achète en
cogénération au prix marginal de Grande-Baleine, qui est 0,043 $,
je crois rendu à Montréal, et qu'elle revend ses excédents
d'électricité à 0,022 $, trouvez-vous que c'est une bonne
gestion?
M. Beaulieu: On n'a pas grand-chose à dire
là-dessus, c'est au niveau de la revente de ce qu'elle produit et, pour
nous, ce qui nous intéresse, c'est qu'elle puisse acheter de
l'électricité en cogénération, produite par
cogénération, à des petits producteurs qui peuvent lui
vendre cette électricité-là à des coûts qui
pourraient être égaux ou moindres que ce qu'il pourrait en
coûter à Hydro-Québec pour bâtir de nouveaux
équipements pour pouvoir obtenir cette même
électricité là.
M. Chevrette: Mais la politique d'Hydro-Québec,
actuellement, c'est de garantir l'achat, d'un producteur privé
qui fait de la cogénération, à 0,043 $, je crois. Donc,
à partir de là, il se peut que même des producteurs
privés fassent beaucoup d'argent avec ça.
M. Beaulieu: Que les producteurs privés...
M. Chevrette: Puissent faire beaucoup de profits avec
ça.
M. Beaulieu: Ah! mais ça, que les producteurs
privés puissent faire des profits, s'ils sont capables de fournir de
l'électricité à Hydro-Québec à un coût
moindre qu'il en coûterait à Hydro-Québec pour pouvoir le
faire, c'est quand même une technologie qu'ils développeront, pour
eux.
M. Chevrette: je comprends, mais ce que je veux dire, c'est que
d'assurer un prix du genre, qui contribue à faire de gros profits, c'est
au détriment d'hydro-qué-bec. pourquoi hydro-québec ne
paierait pas, par exemple, le coût de production plus 12 % de marge de
profit, comme toutes les entreprises de télécommunications et
autres qui se présentent devant les régies et qui doivent
justifier leur prix de vente, d'accord? et la marge ordinaire est de 12 % ou
12,5 %. il y en a qui vont jusqu'à 13 %, mais là ça peut
être même plus que ça. et c'est nous, les actionnaires
d'hydro-québec, qui payons la facture, à ce moment-là.
vous ne croyez pas que c'est... (10 h 50)
M. Beaulieu: Bien, en fait, je pense que, lorsqu'on en sera rendu
à une filière de production qui prendra une ampleur certaine, je
pense qu'il y a des lois du marché, à un moment donné, qui
vont jouer. Si un certain producteur vend son électricité
à 0,043 $ du kilowattheure et l'autre est prêt à l'offrir
à Hydro à 0,04 $ du kilowattheure ou à 0,038 $, il y a une
loi du marché qui va se créer et les prix vont devoir suivre,
éventuellement.
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député de Joliette.
Maintenant, M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Tel que vous l'indiquez à la page 6 de votre mémoire, moi,
je commence à partager drôlement vos craintes quand vous regardez,
dans une perspective un peu plus éloignée, tout le
problème de la chauffe au niveau du résidentiel parce que,
lorsque je regarde les documents d'Hydro-Québec, même elle, elle
prévoit... On a dit qu'à peu près 73 % des logements,
à l'heure actuelle, sont à la chauffe électrique, mais,
lorsque je regarde la projection si ma mémoire est bonne, c'est
l'an 2001 on prévoit que ça va s'accroître
jusqu'à 82 %. Alors, il y aura définitivement une
érosion.
Ma question est dans ce sens-ci. Oui, il y a tout le
phénomène de contribution par subvention qu'on pourrait donner,
aller avec la biénergie, mais est-ce que vous... Pour toutes sortes de
raisons, parce que même notre contracteur, il a toujours l'espace temps
aussi. À cause des situations climatiques du Québec, on veut
construire dans la période
d'avril-mai-juin-juillet-août-septembre. On veut construire de plus en
plus des maisons dans un mois. On a accentué le problème par la
fameuse date magique du déménagement du 1er juillet qui
raccourcit sensiblement les périodes de construction. Toutes ces
raisons-là font en sorte que c'est difficile pour le consommateur,
principalement ceux de la première résidence, d'aller avec
l'investigation et d'aller vers la biénergie.
Ne croyez-vous pas que, si on s'en va dans une politique un peu plus
globale, à un moment donné, au moins pour les rénovations
majeures et pour les nouveaux développements, il va falloir avoir des
mesures un peu plus coercitives et de dire... Bon, la même chose si on
met des normes de bâtiment, de construction, que les contracteurs sont
obligés de respecter, qu'on aille dans le même sens au niveau
énergétique? Qu'on mette des normes de dire: À partir
d'aujourd'hui, tout nouveau développement majeur devra inclure la
biénergie et non les... Est-ce que vous seriez favorables à une
mesure encore plus coercitive, comme d'appoint, en plus de la subvention?
M. Favre: On pense que ça peut aller aussi loin qu'il y
ait un compteur dissuasif sur la maison qui est chauffée à
l'électricité, c'est-à-dire qu'il y ait déjà
une tarification qui fasse en sorte que le client, le consommateur soit
conscientisé au fait que, s'il achète une maison dont le
chauffage est exclusivement électrique, que le compteur tienne compte
d'une tarification supérieure justement pour le décourager et
décourager aussi des promoteurs qui auront à faire affaire avec
les clients pour leur dire exactement quels choix s'offrent à eux. C'est
une option par opposition à la subvention, si vous voulez,
d'installation.
M. St-Roch: Mon autre question, c'est: Dans cette grande
problématique aussi de la chauffe, vous prônez la substitution au
niveau du gaz ou au niveau du mazout. Mais, aujourd'hui, avec les techniques
modernes, ne croyez-vous pas qu'on pourrait faire appel davantage au solaire
d'une forme passive et d'une forme un peu plus active? Et ça rentre, je
pense, dans vos domaines. Lorsqu'on essaie les fameux capteurs, c'est en plein
dans votre domaine au niveau ferblanterie ou tuyauterie. Mais, en plus de
ça, il y a tout le phénomène de la thermopompe, qu'elle
soit à air ou à eau chaude, qui m'apparaît, de prime abord,
une énergie qui est beaucoup plus propre, qui semble ignorée,
tombée complètement dans le vague, il y a très peu de gens
qui vont se diriger vers ces avenues-là. Est-ce qu'il y a une raison
technique ou commerciale spéciale qui empêche davantage les gens
d'utiliser ces fameux échangeurs d'air là, les fameuses
thermopompes, qui sont beaucoup plus propres pour la consommation, dans un
contexte
global d'environnement, que le mazout et le gaz?
M. Beaulieu: Actuellement, la plus grosse contrainte, je dirais,
c'est le prix, parce qu'il y a quand même un prix qui est assez important
lorsqu'on parle de l'installation d'une pompe à chaleur, surtout une
pompe à chaleur eau-air ou sol-air, ce qu'on appelle communément
une pompe géothermique comme telle. Il y a un coût qui est
très important. Évidemment, s'il y avait une approche qui
permettait une plus grande implantation de ce type d'appareil là, je
pense que ce serait très profitable au niveau québécois
parce que ce type de système là a démontré, hors de
tout doute, sa capacité de chauffe à très bas coût
comme tel, mais la contrainte est une contrainte d'acquisition. C'est un
coût très élevé. On ne parle pas juste du coût
de la machine, on parle aussi du coût de... Il faut forer un trou, un
puits de 150, 200 ou 300 pieds, dépendamment de la capacité de
l'appareil. C'est un coût qui est très restreignant, oui.
Au niveau des pompes à air, le coût est moindre qu'une
pompe géothermique, mais c'est quand même un coût qui... On
parle de quelques mille dollars qui sont plus élevés qu'un
système de chauffage central à combustible comme tel. Mais c'est
un coût aussi... Actuellement, selon les coûts d'acquisition, la
rentabilité d'un tel système est plus difficile à
démontrer que la rentabilité d'un système à
combustion.
M. St-Roch: Juste en conclusion. Si on prenait ce qu'on appelle
de plus en plus dans le jargon scientifique des
«externalités» dans un contexte un peu plus global, c'est
peut-être là qu'on redécouvrirait des avantages plus
marqués lorsqu'on mettrait ça dans un grand contexte global de
grandes politiques énergétiques du Québec. Je vous
remercie.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député de Drummond.
Alors, au nom des membres de la commission, je voudrais remercier les
membres de la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du
Québec pour leur présentation.
J'inviterais à prendre place, avant de suspendre quelques
instants, la Corporation de gestion du développement du bassin de la
rivière Saint-Maurice.
(Suspension de la séance à 10 h 56)
(Reprise à 11 heures)
Le Président (M. Fradet): J'inviterais les membres de la
commission à prendre place et j'inviterais aussi les membres de la
Corporation de gestion du développement du bassin de la rivière
Saint-Maurice à se préparer à prendre place. Je
demanderais au président de l'organisme, M. Guy LeBlanc, de
présenter les collègues qui l'entourent. Je vous rappelle que
vous aurez 20 minutes pour élaborer sur votre mémoire, et le
reste du temps sera partagé entre les députés
ministériels ainsi que les députés de l'Opposition.
Corporation de gestion du développement du
bassin de la rivière Saint-Maurice (CGDBR)
M. LeBlanc (Guy): Merci, M. le Président.
Mme la vice-première ministre, membres de la commission. Mon nom
est Guy LeBlanc. Je suis maire de Trois-Rivières et je suis
président de la Corporation de développement du bassin de la
rivière Saint-Maurice. Je suis très fier de vous présenter
les personnes qui m'accompagnent ce matin. Il y a M. Gaston Fortin, qui est le
maire de La Tuque, qui est vice-président également de la
Corporation; il y a M. Marcel Boivin, qui est chef de la communauté
attikamek de Weymontachie; il y a également M. Michel Gélinas,
qui est maire de Grandes-Piles. Maintenant, à ma droite, il y a M. Simon
Awashish, qui est président de la nation attikamek, M. Marcel
Vézina, qui est le maire de Shawinigan-Sud; il y a également le
chef Hubert Clary, chef de Obedji-wan, communauté attikamek, et il y a
également M. Jean-Pierre Caron, qui est directeur général
de la Corporation.
J'aimerais noter, au tout début, et faire remarquer que toutes
ces personnes, à l'exception de notre directeur général,
sont toutes des personnes qui sont des élus, qui représentent
toutes les parties du bassin de la rivière Saint-Maurice, soit le nord,
le centre et le sud. Ces personnes représentent, de façon
démocratique et comme représentants élus, plus de 200 000
personnes. Donc, ce matin, c'est toute une région qui est devant vous
pour vous présenter son mémoire. Je dois également
souligner la présence dans l'assistance de représentants d'autres
municipalités du bassin de la rivière Saint-Maurice: des gens du
regroupement Nautoucom, qui est un organisme à vocation nautique,
touristique et économique, qui est présidé par le
capitaine Girard; des gens d'attraits touristiques de notre région
comme, par exemple, le Musée du bûcheron; des gens des chambres de
commerce et d'autres groupes qui nous appuient comme la FTQ, par exemple.
Alors, les membres de la Corporation font partie de cette organisation
qui est une corporation sans but lucratif, qui a été
formée en vertu de la troisième partie de la Loi sur les
compagnies. L'organisme rassemble, autour d'une même table, les villes
riveraines de La Tuque, Grand-Mère, Shawinigan, Shawinigan-Sud,
Cap-de-la-Madeleine et Trois-Rivières; trois MRC: du Haut-Saint-Maurice,
de Mékinac et du Centre-de-la-Mauricie; Hydro-Québec, les
papetières Stone Consolidated et Produits forestiers Canadien Pacifique,
les députés fédéraux, les députés
provinciaux, dont MM. Lemire, Philibert et Jolivet c'est-à-dire
que les députés provinciaux, tant du gouvernement que de
l'Opposition, siègent à cette Corporation les
communautés attikamek, l'Université du Québec à
Trois-Rivières, les chambres de commerce et les pourvoyeurs de chasse et
de pêche.
La Corporation tire son origine et a fait son cheminement à
partir de la volonté de concertation qui est
issue du sommet économique régional de 1989. On s'est
regroupés à ce moment-là. On a fait nos devoirs. On s'est
regroupés autour de grands thèmes qui tournaient autour du
respect des aspirations locales et d'une vision globale du développement
régional intégré. Et je dirais que le dénominateur
commun qui nous unissait, c'est l'amour et l'attachement qu'on a pour notre
rivière, la rivière Saint-Maurice.
Ce que la Corporation souhaite, c'est la concertation et le partenariat
avec Hydro-Québec. Nous avons également des demandes
particulières: accessibilité à la rivière, des jobs
chez nous, des emplois chez nous, des retombées chez nous suite aux
grands travaux de réfection ou de construction qui vont se
dérouler dans le bassin de la rivière Saint-Maurice dans les
prochaines années, le respect et la participation à un
développement global intégré par et avec
Hydro-Québec, une convention signée avant de couler le
béton et des retombées d'un minimum de 3 % sur les
investissements de même que la création d'un fonds de
développement permanent pour la prise en charge par la
collectivité de son développement subséquent aux
réfections d'Hydro-Québec.
La rivière Saint-Maurice a toujours été une voie de
communication très importante. Avant l'arrivée des
Français, déjà, les Attikameks utilisaient cette
rivière. Déjà, les Attikameks occupaient le territoire de
la Mau-ricie à cette époque-là et s'en servaient comme, je
dirais, d'un grand boulevard pour leurs communications. Par la suite, sous la
colonisation française, on a développé beaucoup le
commerce du bois, la traite des fourrures et l'industrie lourde, avec les
forges Saint-Maurice qui sont la première industrie lourde en
Amérique du Nord.
Sous la colonisation anglaise, on a travaillé au niveau des
pâtes et papiers, du bois, et également, toujours, du commerce des
fourrures encore, mais c'était moins important mais
également des forges du Saint-Maurice. Et, dans le dernier
siècle, ça a été l'hydroélectricité
puisque les premiers barrages ont été construits chez nous, sur
la Saint-Maurice. Ça fait donc près d'un siècle que la
Mauricie contribue au développement économique de tout le
Québec. Mais, ça, évidemment, ça nous a
laissé un lourd héritage de pollution et de chômage. Vous
savez que notre région est durement frappée. Le chômage
oscille entre 15 % et 17 % dans notre région suite au legs de cette
époque. Alors, depuis plus de 75 ans, près d'un siècle, la
Mauricie a donné beaucoup et continue à donner au
développement du Québec.
Hydro-Québec, une puissance à harnacher.
HydroQuébec doit être au service du Québec.
Hydro-Québec se dit au service des Québécois, bien
sûr, mais HydroQuébec se contente de produire de
l'électricité qu'elle vend aux États-Unis et qui sert
à compétitionner nos entreprises, chez nous. Hydro-Québec
se préoccupe seulement du prix ou du coût de revient du
kilowattheure et des coûts environnementaux. C'est bien, mais c'est
nettement insuffisant en 1993. Hydro-Québec doit aussi se
préoccuper des retombées sociales et économiques.
Hydro-Québec doit viser non seulement sa propre rentabilité, mais
une rentabilité globale pour l'ensemble de la société
québécoise.
Le gouvernement du Québec doit prendre le contrôle
d'Hydro-Québec. Et ça, c'est à deux niveaux: au niveau des
mandats et au niveau de l'attitude d'Hydro-Québec. Le Québec et
le gouvernement du Québec se préoccupent d'une concertation des
régions, d'une prise en main par les gens des régions de leur
devenir et de leur économie. Aucun gouvernement, à date, n'a
contrôlé Hydro-Québec. Et, quand on voit les efforts du
gouvernement du Québec pour développer l'économie chez
nous, il faut que cet immense, ce gros potentiel qu'Hydro-Québec doit
puisse servir davantage les politiques de développement
économique du gouvernement québécois. Le mandat
d'Hydro-Québec, présentement, n'est pas assez large pour
répondre aux besoins exprimés par la compétition mondiale
et par la population. Le gouvernement doit élargir le mandat d'Hydro
pour y intégrer l'obligation d'oeuvrer au développement
économique régional et être au service du
développement économique de tout le Québec et non pas
seulement au service de son propre développement, à
Hydro-Québec.
Le gouvernement, je l'ai mentionné, a une mission de
développement économique. Et, là-dessus, on appuie le
gouvernement dans ce sens où ça doit servir plus au
développement de l'ensemble du Québec. On doit profiter de
l'avantage concurrentiel que nous donne l'hydroélectricité. Dans
un contexte de concurrence mondiale et je n'ai pas besoin de vous donner
de statistiques ou de chiffres on a un avantage très important,
que le reste du monde nous envie, c'est l'hydroélectricité.
Je vous donnerai juste un exemple. Le président de Stone Consol
nous disait dernièrement: On a une usine, entre autres, dans les
États limitrophes du Canada, aux États-Unis, et on paye
l'électricité moins cher là, alors qu'Hydro-Québec
vend de l'électricité à cet État de la
Nouvelle-Angleterre, qu'on ne la paie au Québec. On dit: Faites-vous une
idée. Nous, on veut continuer à travailler ici, mais il faudrait
se faire une idée. Au Québec, est-ce qu'on va continuer à
investir ici alors que, nous, on produit l'électricité et que nos
compagnies multinationales la paient moins cher dans le pays voisin? Alors, il
y a des questions à se poser. Il y a des réflexions à
faire dans ce sens-là. Il faut dépasser la publicité et il
faut passer aux actes. (11 h 10)
Hydro-Québec et le milieu. Hydro-Québec a toujours fait
à peu près ce qu'elle a voulu au Québec. Elle prend pour
acquises les richesses naturelles du Québec, et la tradition de
collaboration ne fait pas partie de la culture entrepreneuriale
d'Hydro-Québec. HydroQuébec cherche à diviser les gens de
la région. J'ai même demandé, à un moment
donné, à un vice-président d'Hydro-Québec: Est-ce
que ce serait plus facile pour notre région de négocier avec
Hydro-Québec en s'opposant à Hydro-Québec? Et ce
vice-président-là m'a dit: Oui, on n'est pas habitué de
collaborer avec les gens. Ça serait peut-être plus facile. On est
peut-être plus habitué à être en opposition
qu'à être en concerta-
tion. Quand un vice-président d'Hydro-Québec vous dit
ça, on se pose, nous, maintenant, dans la région, de
sérieuses questions.
Vous avez devant vous un précédent, une région qui
veut collaborer. On est d'accord avec le développement
d'Hydro-Québec. On est d'accord avec la construction ou la
rénovation des barrages, mais on veut être consulté, on
veut être dans le coup, on veut en faire partie et se concerter avec
Hydro-Québec sur notre devenir. On veut une convention de la
rivière Saint-Maurice. Nous voulons un partage des retombées
économiques. Les barrages actuels, au Québec, sur la
rivière Saint-Maurice, génèrent environ 400 000 000 $ de
revenus, bon an, mal an, pour Hydro-Québec. Les nouveaux barrages et les
réfections prévues porteront à près de 600 000 000
$ les revenus potentiels de la rivière Saint-Maurice. Et, si on regarde
ça sur quelques années, c'est des milliards de dollars que la
Mauricie a donnés à Hydro-Québec et, par le fait
même, à la province de Québec.
Une autre première, les Attikameks travaillent avec nous. Les
collectivités attikameks sont assises à la même table que
nous. C'est une première au Québec où autochtones et
non-autochtones travaillent en collaboration, en concertation, dans le respect
de chacune des collectivités. Et, quand je dis «chacune», ce
n'est pas autochtone d'un côté et non-autochtone de l'autre, c'est
chacune des collectivités riveraines de la rivière Saint-Maurice,
les collectivités attikameks dans la Haute-Mauricie, la
collectivité de La Tuque, les gens de Méki-nac, les gens de
Shawinigan, de Grand-Mère, de Shawi-nigan-Sud, de Cap-de-la-Madeleine et
de Trois-Rivières. Ce sont toutes des collectivités qui ont des
aspirations, communes dans certains cas et qui peuvent être plus
individuelles dans certains autres cas, mais on a réussi à
s'entendre, à travailler ensemble, à s'asseoir à la
même table, et on est prêts à travailler avec
Hydro-Québec.
Hydro-Québec fait partie de la collectivité, elle est
financée par les fonds publics, elle est, je dirais, nourrie par les
tarifs d'électricité que l'ensemble des Québécois
lui paient, ses revenus sont tirés de l'ensemble de la
collectivité. Hydro-Québec doit être également au
service non pas seulement pour fournir l'électricité mais
pour développer notre économie de l'ensemble de la
collectivité québécoise. Et c'est dans ce sens-là
qu'on appuiera toute initiative de la ministre, de la vice-première
ministre de reprendre davantage le contrôle sur Hydro-Québec.
On est pour un développement durable. L'heure est à
l'harmonisation des préoccupations économiques et
environnementales, et Hydro-Québec nous arrive comme si elle
était étrangère aux préoccupations des
Québécois et du Québec, et spécialement des
préoccupations des régions qui ont vécu avec les barrages
et qui vont continuer de vivre avec les barrages, avec le plus que ça
peut donner au Québec mais avec le moins de disponibilité des
ressources de la rivière pour l'ensemble de notre collectivité
à nous.
Alors, Hydro-Québec cherche à diviser plutôt
qu'à regrouper, et ça, c'est absolument inacceptable. Quand on
voit les efforts du gouvernement pour que les collectivités se prennent
en main et qu'on fasse de la concertation, et quand vous savez, en tant que
députés, comment c'est difficile que les régions se
concertent et qu'on vienne à s'entendre, qu'en plus une corporation
comme Hydro-Québec vienne jouer et semer la zizanie dans une
région, c'est complètement inacceptable.
En conclusion, je pense que notre région et, je dirais, le
Québec ont une occasion historique, parce que vous avez un
précédent, vous avez une région qui a fait ses devoirs,
qui s'est assise, qui a fait sa concertation; vous avez également une
autre première historique où, je dirais, cette opposition
malsaine pour l'ensemble du Québec entre autochtones et non-autochtones
n'existe pas chez nous où, tout le monde, on s'entend, on travaille
ensemble dans le respect de chacune des collectivités et c'est au
niveau géographique que j'en parle. Il faut, à ce
moment-là et nous vous appuyons dans ce sens-là que
le gouvernement reprenne cet outil exceptionnel pour le développement
économique du Québec et ne laisse pas uniquement Hydro prendre
toutes les décisions pour l'avenir du Québec. C'est un outil
majeur de croissance économique et, quand on reparle de la
compétition internationale, c'est un élément qui nous
permettra sûrement de nous démarquer et de remporter ce
défi ou cette compétition internationale. Il faut changer les
attitudes d'Hydro-Québec, il faut enlever la confrontation et la
division. Et, quand HydroQuébec est capable de mettre tout le monde
contre elle, de Québec à New York, il y a quelque chose qui ne va
pas quelque part. Il faut dépasser cette image, cette réputation
qu'Hydro-Québec a de s'opposer au milieu continuellement, pour
travailler avec les gens de chez nous.
Alors, je suis maintenant à votre disposition, avec mes
collègues, pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le maire. On peut
constater que votre région est très bien
représentée, et c'est rafraîchissant de voir la synergie
qui s'y retrouve. Je vous rappelle qu'il reste encore cinq minutes à
votre présentation. Si vous le désirez, quelques membres de votre
groupe, vous pouvez faire plus de commentaires, sinon je passerai la parole
à la ministre de l'Énergie pour la période de
questions.
M. LeBIanc: Bien, tous les membres du groupe sont d'accord
à l'effet de vous donner plus de temps pour le débat, poser vos
questions et faire vos commentaires.
Le Président (M. Fradet): Est-ce qu'il y a consentement
pour prendre le temps?
Alors, Mme la ministre de l'Énergie.
Mme Bacon: II ne faut pas tout le donner au député
de Drummond. Alors, M. le Président, M. le maire, MM. les maires, et
messieurs, évidemment, je vous remercie pour votre participation en
cette procédure de consultation publique, qui est importante pour
nous. Et je comprends bien votre préoccupation de vouloir
bénéficier au maximum de la présence d'Hydro-Québec
dans votre région, Hydro-Québec ayant été le
berceau, je pense, du développement hydroélectrique du
Québec. Vous avez mentionné la Shawinigan Water and Power, et
vous connaissez mes affiliations, tout en étant, je pense votre
région importante aussi au niveau du développement
régional. Moi, je vous encourage à maintenir le dialogue,
à poursuivre aussi cette réflexion que vous avez si bien
commencée et à garder cette relation entre Hydro-Québec et
les gens de votre région.
Votre projet intègre quatre grands volets: la protection et la
mise en valeur des ressources naturelles, le développement du volet
récréotouristique, le volet socio-économique où
vous prônez la relance des industries existantes et l'implantation,
évidemment, de nouvelles industries et le volet environnemental
où vous projetez de redonner à la rivière tout son
potentiel original. Il y a certaines de ces vocations qui peuvent
apparaître contradictoires. Comment croyez-vous, par exemple, que l'on
puisse harmoniser le développement industriel avec la conservation?
C'est tout le phénomène de cette notion du développement
durable. Est-ce que vous pensez qu'on peut y arriver dans une région
comme la vôtre?
M. LeBlanc: Absolument, madame, parce que notre région est
quand même assez vaste. Il y a des parties de notre territoire qui sont
déjà complètement industrialisées, qui connaissent
l'industrialisation, qui ont vécu l'industrie des pâtes et
papiers, entre autres, ou de l'aluminium. Et je pense autant à La Tuque
qu'à la région de ShawiniganGrand-Mère, qu'à
Trois-Rivières où il y a déjà de grandes
entreprises, de grandes industries qui sont des employeurs importants dans la
région. Il y a également tout le réseau de lacs, de
rivières. Je pense, entre autres, à la communauté
attikamek, par exemple, qui a occupé depuis toujours ces territoires. Et
on ne pense pas à un développement global, identique sur tout le
territoire. On pense vraiment qu'aux endroits industrialisés on va
concentrer ce type de développement et que le territoire, qui, lui, est
encore, je dirais, peu exploité ou pas, ou seulement pour des vocations
récréo-touristiques ou encore par les industries
forestières, continuera d'être développé, justement
dans le respect de nos ressources. Il s'agit non pas d'en faire des coupes
à blanc, non pas d'en faire une exploitation éhontée mais
bien de pouvoir récolter au fil des années et au fil des
siècles, de conserver ce patrimoine-là, tant au niveau
récréotouristique qu'au niveau de la faune ou de la
forêt.
Alors, c'est dans ce sens de développement respectueux du
territoire qu'on a et de l'équilibre qu'il faut faire entre les endroits
plus industrialisés et ceux qui sont encore réservés
à certaines vocations où une trop grande
pénétration du territoire rendrait fragiles l'écologie et
l'équilibre qui existent. (11 h 20)
Mme Bacon: Dans le domaine ou le volet environnemental, vous
prônez la correction des dommages subis à la Saint-Maurice, la
rivière. Étant donné l'ampleur parce que je pense
que nous sommes tous conscients que c'est une tâche considérable
qui devrait effectuer ces travaux-là et qui devrait en assumer
les coûts?
M. LeBlanc: Bon, écoutez, là-dessus, je pense que
c'est une responsabilité de société. Je ne pense pas et ce
n'est pas la prétention de la table de concertation de le dire, que
c'est seulement Hydro-Québec qui doit assumer ou que c'est seulement le
gouvernement, parce que ça revient toujours au gouvernement. Je pense
qu'on fait tous partie des solutions. Les papetières en ont
profité également pendant de nombreuses années. Je pense
que c'est vraiment un projet de société. Je pense que ça
doit être une participation, autant du gouvernement que d'Hydro qui se
sert de la rivière aussi, des papetières qui ont ou qui utilisent
les rivières. Et je pense que tout le monde, comme on a fait notre
concertation, si on travaillait ensemble... On va le faire. Je ne pense pas que
ça va prendre une année ou deux années, mais je pense
qu'il faut commencer aussi. Je pense que le Québec n'a rien à se
reprocher au niveau environnemental, dans quelque domaine que ce soit. Je pense
qu'il y a des efforts louables et importants qui se font par le gouvernement et
par, je dirais, la population québécoise en
général, et c'est dans ce sens-là qu'on veut aller.
Mme Bacon: Vous mentionnez que la conservation d'énergie
que vous prônez rend moins urgente la construction d'un
mégaprojet, avec les contraintes qui y sont inhérentes
d'occupation de territoire vierge ou de pollution visuelle qui sont
liées au passage des lignes de transport. Mais vous êtes en faveur
de la construction d'une nouvelle centrale au Rapide-des-Forges plutôt
que la réfection de la centrale existante à La Gabelle. C'est une
solution qui était prônée par Hydro-Québec. Comment
pouvez-vous concilier ces positions-là, monsieur?
M. LeBlanc: Quand on fait cette représentation-là,
il faut se situer dans le contexte où on dit que la rivière
Saint-Maurice est la rivière qui a le plus grand potentiel
hydroélectrique au monde. On ne dit pas au Québec, on ne dit pas
au Canada, on dit au monde. Dans cette rivière-là, la même
goutte d'eau va être réutilisée, selon le nombre de
barrages, cinq, six, ou sept, ou huit fois. Les barrages construits en milieu
déjà développé, comme sur la rivière
Saint-Maurice, n'obligent pas à des constructions de routes, à
des constructions de villages artificiels qui vont durer deux, trois, quatre,
cinq ans, le temps de la construction d'un barrage. Ces barrages qui sont
déjà en milieu urbain, à côté des industries,
n'obligeront pas non plus à des lignes de transmission sur des milliers
de kilomètres, avec le coût de construction, l'entretien de ces
lignes-là, les dommages qu'on va créer à l'environnement
et également l'addition au coût que, finalement, l'utilisateur
doit payer, c'est-à-dire le Québec.
Dans ce sens-là, nous, on dit qu'on doit utiliser la
rivière au maximum de ses capacités plutôt que
toujours penser à faire des barrages qui sont à des milliers de
kilomètres des populations ou des industries qu'ils doivent desservir.
Et, dans ce sens-là, on ne pense pas que ça se contredise. Au
contraire, ça se complète.
Mme Bacon: Vous proposez de hausser à 3 % le budget de
mise en valeur, tant pour la rénovation que pour les nouvelles
constructions, en s'assurant que les retombées s'appliquent à
tout projet de développement particulier ou régional. Est-ce que
vous pouvez nous expliquer en quoi le programme actuel de mise en valeur, y
compris l'intention d'Hydro-Québec de l'élargir à des
initiatives favorisant le développement économique, ça ne
vous apparaît pas satisfaisant? Vous en voulez davantage?
M. LeBlanc: On en veut peut-être davantage et on en veut
différemment. On ne se fera pas de cachette, Hydro-Québec a mis
son programme de retombées environnementales, entre guillemets, pour,
dans le fond... Et, quand on parle de colonialisme, c'est un peu ça.
Dire: On vous donne un montant, vous ne dites plus un mot, puis on fait ce
qu'on veut sur le territoire. Je pense qu'en 1993 c'est terminé, cette
approche d'Hydro-Québec. Il faut le respect des gens, et
spécialement des gens de la Mauricie qui, depuis 75 ans, fournissent.
Comme on dit dans l'histoire: On a déjà donné. Ça
fait 75 ans qu'on donne à Hydro-Québec, ou à Shawinigan
Water and Power avant, et qu'on donne à l'ensemble du Québec. Et
c'est pour ça qu'on dit, premièrement, qu'il doit y avoir des
retombées importantes pour la construction de nouveaux barrages, comme
ça se fait ailleurs, mais aussi pour les rénovations et
réparations des barrages qui existaient et qui ont donné, pendant
tout ce temps-là, des revenus aux compagnies qui les ont
utilisés, qui ont utilisé nos ressources naturelles, comme l'ont
fait certaines compagnies dans d'autres pays. Et on fait allusion à des
compagnies, en républiques de bananes, où on prend les ressources
naturelles et on s'en va avec les revenus. On pense que les gens
méritent plus de respect, parce que c'est nous, c'est notre
rivière et on a déjà donné. alors, pour les
réparations, les reconstructions, les rénovations de barrages, il
doit y avoir des retombées également. et on doit enlever ce mot
«restreindre» de «environnemental». si
hydro-québec est capable de choisir certains projets, je pense que les
collectivités, qui sont représentées par leurs
élus, sont également capables de choisir les projets qui doivent
être privilégiés dans leur collectivité locale
et ça, c'est le premier 1 % et dans des projets
régionaux pour l'ensemble des collectivités de la rivière
saint-maurice. c'est vraiment sur ces deux aspects qu'on fait des demandes, et
que ce soient les gens concernés qui décident ce qu'ils feront
avec l'argent, et non hydro-québec, parce que c'est notre
rivière.
Mme Bacon: II y a quelques groupes qui nous ont recommandé
de construire une nouvelle centrale nu- cléaire à Gentilly.
Comment réagissez-vous à ça?
M. LeBlanc: Je vais vous donner mon opinion personnelle parce
que, au niveau de la table, on n'a pas vraiment discuté...
Mme Bacon: Je vous prends par surprise. Je sors un peu du
contexte.
M. LeBlanc: ...de ça. Je pense qu'on a une belle centrale
nucléaire sur la Rive-Sud. Je trouve que c'est un beau projet pour
étudier l'énergie nucléaire, mais je crois toujours
à l'hydroélectricité au niveau environnemental, au niveau
de la pérennité de la ressource, au niveau des
conséquences possibles, également, environnementales. Quand on
regarde l'Ontario qui est en train de remettre en question tout son programme
d'énergie nucléaire, je pense qu'il faut se poser des questions.
Si on n'avait pas d'autre source d'énergie, je dirais qu'il faudrait
peut-être explorer plus avant cette hypothèse. Au Japon, on l'a
développée parce qu'on n'a pas le choix, mais je pense qu'au
Québec on a cette richesse extraordinaire, et je pense qu'on doit
continuer à développer notre expertise dans ce domaine-là
et exploiter une richesse, dans le fond, inépuisable et non
polluante.
Le Président (M. Fradet): Merci, Mme la ministre.
Je reconnais maintenant le député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président.
D'abord, je vais excuser M. Chevrette, qui m'a laissé pleine
latitude, d'autant plus qu'il était pris, comme leader, à une
autre rencontre. Mais je dois d'abord dire, en commençant, M. le
Président, que je suis très heureux, même, d'être
membre de cette Corporation, dans la mesure où ça regroupe
l'ensemble de toutes les corporations dans le milieu, ou les organismes. Et,
vous le voyez, la table l'indique, avec les gens du milieu, pour une fois, dans
ma région, compte tenu que la majorité des gros barrages, c'est
dans ma partie de comté, la Haute-Mauricie, possiblement un jour
à Manigance en descendant, et la dernière centrale devant
être le choix dont la ministre a fait mention tout à l'heure,
entre Vieilles-Forges et La Gabelle... Mais vous voyez que ça
représente vraiment l'esprit qui anime la région,
c'est-à-dire de dire à Hydro-Québec il y a des gens
qui nous écoutent ici, qui prennent des notes que, même
s'ils sont membres de la Corporation parce qu'on a décidé,
nous autres, un jour, que, si on voulait être partenaires, il fallait les
mettre dedans... Alors, Hydro-Québec est membre de la Corporation, sauf
qu'on a l'impression, des fois, qu'ils sont présents de corps mais pas
d'esprit.
Et ça, je pense que c'est important de le dire ce matin. C'est
qu'Hydro-Québec n'a pas encore cette culture, comme disait M. le maire,
d'en arriver à composer avec le milieu. La tendance est beaucoup plus
d'en arriver, dans certains cas, à les isoler et à les diviser.
Quand on parle de colonisateurs M. le maire
n'en a pas fait mention, mais ça fait partie de mes
pensées, moi Hydro-Québec a essayé, à un
moment donné, de diviser la Corporation entre le nord et le sud en
disant des choses à une personne et en disant d'autres choses à
d'autres personnes. On a la même chose à d'autres niveaux, le long
de la rivière, sur la question de la mise en valeur environnementale,
surtout à La Gabelle, concernant Mont-Carmel et, de l'autre à
côté, Saint-Étienne-des-Grès. (11 h 30)
Simplement pour dire que, malgré tout ça, la Corporation
existe, veut collaborer et être partenaire avec Hydro-Québec.
Alors, moi, j'aimerais entendre le maire davantage le président
de la Corporation, devrais-je dire nous donner justement cette culture
qu'on veut infuser dans notre région, c'est-à-dire partenaire du
développement d'une rivière dont on sait, compte tenu de
l'utilisation qu'on en a fait dans le passé, qu'elle peut encore servir
et qu'elle peut servir à autre chose que de passer de la pitoune et
faire de l'électricité, et qu'elle pourra permettre des
activités ré-créotouristiques sur une rivière aussi
longue et aussi belle, et surtout en milieu habité. Alors, j'aimerais
entendre M. le président.
M. LeBlanc: Je vous remercie, M. Joli vet. Je voudrais juste
faire peut-être une petite correction. Quand vous mentionnez
qu'Hydro-Québec a essayé de diviser le milieu, je dois vous dire
qu'Hydro-Québec essaie toujours de diviser le milieu. Alors, c'est
toujours d'actualité, et je tiens à le mentionner. Et c'est
toujours inacceptable pour l'ensemble des gens de la Corporation et les gens de
la Mauricie.
Là-dessus, Hydro-Québec a fait, en tout cas, certains
gestes que nous déplorons, et ce qu'on veut rappeler à
Hydro-Québec, c'est qu'elle n'est pas le seul acteur du
développement économique de la région. Malgré ses 6
000 000 000 $ de chiffre d'affaires, Hydro-Québec n'est pas seule en
Mauricie. Il y a les pape-tières, il y a également les gens de
l'aluminium, il y a également l'industrie forestière, l'industrie
du bois qui est très importante chez nous. Hydro-Québec n'est pas
non plus le seul utilisateur de la rivière, comme vous l'avez
mentionné, pas plus que les papetières. La rivière sert
également au niveau récréotouristique. On a vu et on voit
que, dans d'autres pays, on vend des régions. On veut vendre la
Mauricie. Vous allez en Hollande, on vous parle de la route des moulins
à vent. Vous allez en Bourgogne, on vous parle de la route des vins.
Chez nous, en Mauricie, on aurait et on peut avoir la route des barrages. Vous
savez qu'un barrage est toujours situé dans des endroits assez
majestueux; c'est toujours impressionnant de voir une rivière ou encore
un lac artificiel qu'on a créé, et cet ouvrage créé
par l'homme, créé par Hydro-Québec mais par le
génie des Québécois, et ce mariage de nature et de
construction en même temps sont toujours des attraits touristiques
majeurs. Alors, c'est dans ce sens-là qu'on veut développer, et
ça, c'est un des éléments parce que je ne voudrais
pas rentrer dans tous les éléments qu'on veut
développer chez nous, tout en respectant la nature mais en
démontrant ce que le génie des Québécois peut faire
tout en conservant et en protégeant notre environnement.
Ça veut dire également, parce qu'on n'a pas de tradition
de concertation dans notre région, on est en train de développer
ça... On n'a pas, comme d'autres régions du Québec, une
tradition qui date depuis 50, 75 ou 100 ans, où on travaille tout le
temps ensemble, et ça a été facile. Non, ça n'a pas
été facile, ça a été difficile. C'est encore
difficile, mais on est capable de s'entendre sur les grands thèmes de
notre développement, et c'est ça qui est important pour
l'ensemble des gens assis à cette table ou des gens qui nous appuient,
qui sont soit en arrière de nous ou qui sont dans nos
collectivités respectives. Et cette table de concertation veut justement
développer un tourisme ou le récréotouristique sur une
dizaine de mois. Quand on pense, par exemple, que la navigation sur le
Saint-Maurice amènerait la création d'auberges en bordure du
Saint-Maurice, de marinas qui, à l'automne et à l'hiver,
serviraient de relais pour les gens en vélo de montagne, en ski-doo, en
traîneau à chiens...
M. Jolivet: Mais, là, je vais vous arrêter, parce
que je sais que vous êtes volubile à ce niveau-là.
M. LeBlanc: Oui, on pourrait.
M. Jolivet: Vous êtes tellement conscient de
l'opportunité qui est offerte, mais le temps nous ronge un peu,
là.
M. LeBlanc: Oui.
M. Jolivet: j'aimerais savoir. vous avez une table de
concertation qui s'appelle la corporation, qui est un précédent
dans la région. vous voulez en créer un autre,
précédent j'en ai fait mention lors de la visite
d'hy-dro-québec ici qui est celui du fonds de fidéicommis.
j'aimerais vous en entendre parler. pourquoi vous voulez ça? parce que,
là, je ne parle pas des 3 %; les 3 %, c'est autre chose, mais je parle
d'un fonds ou hydroquébec nous disait dans des réponses:
écoutez, on ne sait même pas si on va le faire; en
conséquence, on n'est pas pour mettre de l'argent. moi, je n'ai pas
répondu parce que le temps manquait, mais je suis parti à rire
parce que, dans le fond, ils savent qu'ils vont faire des travaux un jour ou
l'autre. donc, ils pourraient déjà mettre l'argent sur la table
et permettre, à ce moment-là, à la région de se
développer davantage dans un précédent, et c'est ce qu'on
proposait à hydro-québec. j'aimerais vous entendre.
M. LeBlanc: Là-dessus, on a demandé à
HydroQuébec, effectivement, de déposer en fidéicommis une
somme qui aiderait la Corporation à commencer son développement
récréotouristique intégré. On a fait nos devoirs.
On s'est tous assis à une même table. On veut travailler avec
Hydro-Québec. Hydro-Québec a la
chance de changer son image, sa publicité et d'éviter des
coûts et encore des atteintes à son prestige. On a toute cette
chance-là. Hydro-Québec devrait s'asseoir avec nous pour vraiment
négocier de bonne foi, et qu'on avance dans les demandes. Et ça,
ça nous permettrait de fonctionner.
On nous dit: Hydro-Québec n'est pas une banque. Ce qu'on demande,
c'est une avance sur les travaux à être faits. Mais il ne faut pas
oublier que, dans le cas de notre région, ça fait 75 ans qu'il y
a des travaux de faits, ça fait 75 ans qu'il y a des travaux de
réparation et d'entretien, ça fait 75 ans qu'on donne au
Québec. Ce n'est pas des nouveaux projets; on a déjà
donné. Alors, quand on dit que c'est une avance, c'est peut-être
aussi en tenant compte de ce qui s'est fait dans le passé.
Deuxièmement, on a dit qu'on était la région
peut-être la plus touchée au Québec, à cause de la
restructuration, au niveau du chômage. Ce n'est pas dans 10 ans qu'on va
avoir besoin d'aide, c'est maintenant qu'on a besoin d'aide. On pourrait lier
au taux de chômage dans notre région cette avance
qu'Hydro-Québec ferait. Et c'est dans ce sens-là que, nous, on
pense qu'avec ce qu'Hydro-Québec retire déjà comme revenus
chez nous ce n'est rien ou à peu près. Et ce n'est pas
qu'Hydro-Québec devient un banquier. Mais, quand on en parle à
Hydro-Québec, ils disent: Bien, ce n'est pas dans notre mandat. Si le
gouvernement nous autorise, on le fera.
M. Jolivet: Mais...
M. LeBIanc: Alors, nous, on pense qu'il y a des moyens, et on
peut mettre comme condition que, quand les autres régions qui sont
touchées par les projets auront fait le même travail que nous,
auront fait cette concertation, auront démontré leur
volonté de travailler avec Hydro-Québec, pourquoi pas, justement,
dans un geste de bonne volonté d'Hydro-Québec, faire ce...
M. Jolivet: Mais c'est un précédent parce
que c'est de même qu'on l'a toujours présenté qu'on
voudrait qu'Hydro-Québec crée dans le milieu, avec l'approbation
gouvernementale, dans la mesure où on dit il y a des gens qui
sont sur la table, qui sont des députés des deux bords de
l'Assemblée, ici, et il y en a de l'extérieur que les gens
sont conscients que c'est un des moyens qui pourrait être fait par
précédent, bien entendu: d'abord, précédent parce
que la Corporation a demandé à Hydro-Québec d'en faire
partie, précédent parce qu'on s'est regroupés et qu'on l'a
fait du nord au sud, puis précédent par cette formule-là
qui est une formule de partenariat vraiment intégré, si je
comprends bien.
M. LeBIanc: Absolument. C'est tout ce que vous avez dit. Et, au
niveau du précédent, on est en 1993, on fait face à un
défi mondial. Je pense que les gouvernements ou les collectivités
qui ne seront pas capables de passer par-dessus des précédents,
parce qu'on est dans des situations exceptionnelles qui demandent des
réponses exceptionnelles... Je pense que le précédent ou
la règle du non-précédent, c'est tout simplement un
argument ou une raison pour ne rien faire. Et le statu quo, en 1993, ce n'est
plus acceptable, ni pour les gens de la Mauricie ni pour le Québec. Il
faut bouger, et je pense qu'il n'y a pas vraiment de risque dans ça. Au
contraire, je pense que c'est un atout.
M. Jolivet: J'imagine que mon temps est écoulé, M.
le Président.
Le Président (M. Fradet): II vous reste deux minutes, M.
le député.
M. Jolivet: Deux minutes. Ah parfait! Parfait! Parfait! Vous
aviez donc la question de la ministre, en terminant. La Gabelle et Les
Vieilles-Forges, vous n'avez pas répondu à mon goût, alors
j'aimerais que vous me disiez pourquoi vous préconisez Vieilles-Forges
ce que, d'ailleurs, Hydro-Québec préconisait à
l'époque, on s'en souvient, et qui a été inversé
vers La Gabelle pour d'autres raisons. Alors, j'aimerais savoir pourquoi la
Corporation prévoit plutôt un barrage aux Vieilles-Forges, aux
rapides, plutôt qu'à La Gabelle actuelle?
M. LeBIanc: Si on fait La Gabelle et qu'on ne fait pas un nouveau
barrage aux Forges, il faut savoir qu'il y a un rapide d'environ 5 à 6
km, un rapide important. Et, si on ne fait pas de barrage pour ennoyer ce
rapide-là, on est aussi bien d'oublier la navigation parce que,
là, à ce moment-là, il faudrait, en solution de rechange,
construire un canal d'évitement pour les bateaux, de 6 à 7 km, et
là on entrerait dans des coûts majeurs.
Deuxième argument qui devrait répondre plus,
peut-être, à l'argumentation d'Hydro-Québec: des
études d'Hydro-Québec démontrent que, pour
l'investissement qui serait fait aux Forges, ça serait un, sinon le
barrage le plus performant en termes de coûts pour l'ensemble des
installations d'Hydro-Québec. Alors, je pense que ce n'est pas une
solution moins dispendieuse; au contraire, c'est la solution la plus
avantageuse, tant pour HydroQuébec que pour les objectifs poursuivis par
la Corporation. Et c'est un projet de société. Et, si on barre la
rivière à son embouchure, ça veut dire que, pour le
prochain siècle ou les prochains deux siècles, on n'en parle
plus. Il sera trop tard, ça sera fini, et on aura manqué une
belle occasion de donner une chance à une collectivité de se
prendre en main et d'assurer son développement.
M. Jolivet: On aurait des beaux lacs artificiels par les
barrages, mais on n'aurait pas d'entrée sur le fleuve.
M. LeBIanc: On ne pourrait pas se rendre d'un barrage à
l'autre.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député de Laviolette. Vous aurez l'occasion de revenir tout
à l'heure.
Je reconnais maintenant le député de Saint-Maurice.
M. Lemire: Merci beaucoup, M. le Président.
M. le président de la table, pour avoir travaillé et avoir
été à la base de la formation de cette table, ce matin, au
nom du caucus des députés libéraux du coeur du
Québec parce que j'ai été
délégué par le caucus, au nom des députés du
Centre-de-la-Mauricie c'est avec fierté, ce matin, qu'on doit
vous féliciter, parce que créer une table de concertation avec
autant d'harmonie, M. le Président... Et, quand je vois à cette
table M. Simon Awashish, le président de la nation attikamek, je peux
vous dire qu'aujourd'hui je suis plus que fier. (11 h 40)
Et j'aimerais peut-être, avant de poser la première
question, revenir un petit peu dans l'histoire. Au point de vue patrimonial, je
pense que j'ai été un des premiers, en 1985-1986, à aller
poser des questions à M. Roger Warren qui était le penseur de
l'infrastructure de la première Baie James, pour lui demander:
Écoutez, qu'est-ce qui arrive sur la rivière Saint-Maurice? Parce
que, vous vous souvenez, on a été étatisé en 1962,
je crois, et, depuis ce temps-là, pendant 30 ans HydroQuébec a
quasiment oublié la rivière Saint-Maurice. Et, moi, ça me
fatiguait, parce que je voyais toutes ces... Et M. Warren de dire que la
rivière Saint-Maurice était un des plus beaux aménagements
au monde, qui avait été fait par des gens, à
l'époque, qui étaient des connaisseurs. Et M. Warren de dire que
c'était une oeuvre... Parce que, souvent, on entend dire que ceux qui
étaient passés avant nous autres avaient gaspillé
l'environnement, gaspillé ci, gaspillé ça. M. Warren de
dire: C'est une oeuvre inachevée.
Et, de là, j'arrive à ma première question. Vous
dites qu'Hydro-Québec doit agir en catalyseur dans le but de donner une
solidarité, d'aider à la solidarité régionale. Et
vous nous avez fait mention qu'on cherchait à diviser les intervenants
en jouant des gros sous, en jouant leurs gros sous à eux. Alors, moi, ce
que je voudrais savoir: A quoi vous faites allusion, M. le président,
quand vous parlez de ça, de gros sous?
M. LeBlanc: Alors, tout d'abord, je reprendrai les paroles du
président de la commission quand il dit qu'il vous a reconnu; je dirais
que je vous reconnais aussi comme un des précurseurs. Avec M. Jolivet,
à la base de cette Corporation-là, vous avez été le
premier député du gouvernement; ensuite, M. Philibert s'est joint
à nous, M. Brouillette aussi. Effectivement, vous le savez, au
début, ça n'a pas été facile, et ça reste
beaucoup de travail, mais la concertation est là. On s'est entendus et
on continue de s'entendre.
Quand on parle d'Hydro-Québec, quand je parle d'attitude
déplorable, quand je parle de colonisateur ou de, je dirais, compagnie
aux gros sabots, je fais référence à certains faits. On
n'est pas ici pour laver du linge sale, mais je ferais référence
à certains faits qui se sont produits. Au tout début, on a dit:
La Corporation est contre les barrages, alors qu'on l'a dit, on l'a
répété, on l'a écrit qu'on était pour les
barrages. On a dit par la suite, pour mettre l'opposition suite à la
question La Gabelle, Les Forges, mettre en opposition et semer la zizanie entre
les gens de La Gabelle, de Mont-Carmel et de Trois-Rivières, que, bien,
parce qu'on a un problème de régie de déchets chez nous,
le maire de Saint-Étienne avait troqué l'adhésion de
Trois-Rivières à la régie des déchets en
échange du désistement de La Gabelle sur son barrage. Jamais il
n'en a été question. On n'en a même pas parlé. Quand
on parlait d'un dossier, on parlait d'un dossier; quand on parlait de l'autre
on parlait de l'autre, mais jamais ces deux dossiers-là n'ont
été liés, d'aucune façon, ni dans nos paroles, ni
dans nos actes, ni même dans nos pensées. Alors, c'est des genres
de gestes comme ça.
Je pourrrais vous donner une autre illustration: Hydro-Québec
voit des fournisseurs et dit à ces fournisseurs-là:
Écoute, si on ne te donne pas de contrat, c'est à cause de
LeBlanc, parce que la table retarde la construction des barrages. Alors, les
gens nous appellent et disent: Aïe! si on n'a pas de job, c'est à
cause de vous autres, alors que, depuis 2 ans, on demande à
Hydro-Québec que les contrats soient donnés en priorité
aux gens de chez nous. Depuis 2 ans, on n'est pas capable de nous donner de
noms de firmes de chez nous qui ont des contrats.
Plus que ça, on a une petite étude d'à peu
près 90 000 $ sur la navigabilité de la rivière
Saint-Maurice, et on était censé négocier et discuter de
ça avec HydroQuébec pour que les contrats se fassent chez nous,
avec des firmes de chez nous. Et, quand on est arrivé à
Montréal pour en discuter, le contrat était déjà
donné à une firme de Montréal. Ça a pris une
journée de négociations dures et ardues pour un contrat de 90 000
$ quand on parle de 2 000 000 000 $ à 3 000 000 000 $ de
développement sur la Saint-Maurice pour finalement arracher une
concession que des firmes de la région seraient prises en
considération mais que la firme de Montréal serait toujours dans
le portrait. Pour un contrat de 90 000 $!
La dernière étude de 600 000 $ d'avant-projet sur
Vieilles-Forges a été donnée par Hydro-Québec,
encore une fois sans aucune consultation avec le milieu. Alors qu'on nous avait
dit, promis et répété que ça se ferait en
consultation avec la table, ces contrats-là ont été
donnés. On m'a dit qu'il y avait des firmes de Trois-Rivières, de
Grand-Mère, de Shawinigan, de La Tuque. J'ai demandé ces
informations-là il y a plus d'une semaine. J'étais supposé
les recevoir il y a une semaine. Je n'ai pas reçu encore la liste des
contrats qui doivent être donnés aux gens de chez nous, mais nos
vérifications nous disent qu'il n'y en a pas, de contrats, qui sont
donnés chez nous.
Alors, c'est les paroles, les gestes d'Hydro-Québec. Je pense
qu'on peut parler du... M. le député Jolivet le disait tout
à l'heure, on dit des choses dans le haut de la rivière, on dit
d'autres choses dans le milieu de la rivière et on dit certaines choses
aux Attikameks. Il faudrait arrêter de rire du monde. On est rendu
là. Et, quand on parle des contrats chez nous, il y a des gens,
entre autres, de la construction, chez nous... Plus de 60 % des gens de
la construction n'ont pas travaillé depuis presque une année.
Ça veut dire que dans pas grand temps c'est des gens qui vont se
retrouver à l'assistance sociale. Les projets viennent chez nous, mais
les gens de chez nous n'ont pas d'emploi garanti. À 15 % et à 17
% de taux de chômage, est-ce que c'est déraisonnable de demander
qu'une grande partie des travaux qui vont se faire se fassent avec les gens de
chez nous, les firmes de chez nous, les travailleurs de la construction de chez
nous?
M. Lemire: Je voudrais vous parler aussi du double mandat
d'Hydro-Québec. Ça soulève la question de savoir qui doit
assurer les coûts du développement économique. Vous parlez
de développement économique régional. Est-ce que ça
devrait être le consommateur d'électricité ou bien
l'ensemble de la collectivité québécoise? C'est la
question que je me pose. J'aimerais connaître votre opinion. Est-ce que
ça doit être l'ensemble de la collectivité qui doit
participer au développement régional ou bien les consommateurs
d'électricité, de la manière que vous amenez votre
mémoire?
M. LeBlanc: Dans le moment, Hydro-Québec fait des profits
d'à peu près 600 000 000 $, 700 000 000 $ par année. Ces
profits-là ne sont pas créés par les ventes
d'électricité aux États-Unis, qui sont à peu
près... On parle de 280 000 000 $ ou 285 000 000 $ par année, ou
300 000 000 $ par année, à peu près, ordre de grandeur.
Alors, qui crée les profits d'Hydro-Québec? C'est l'ensemble du
Québec. Ce qu'on dit dans notre mémoire: L'objectif ou
l'idéal, ça serait d'avoir une belle société
québécoise en santé économique et
Hydro-Québec en belle santé économique. Ce qu'on dit: Si
on n'a pas le choix, ce choix-là d'avoir les deux, on aime
peut-être mieux voir un Québec en meilleure santé
économique" parce qu'on lui aura donné des tarifs
préférentiels et on ne parle pas d'un consommateur
privé mais on parle de nos industries qu'on aura donné
à ces gens-là un aspect ou un élément
compétitif face à la compétition internationale en
diminuant pour nos industries existantes les tarifs
d'électricité, de sorte que peut-être
qu'Hydro-Québec se retrouverait en moins bonne santé
économique mais ça mettrait peut-être une pression au
niveau des gestionnaires. Parce qu'à 600 000 000 $, 700 000 000 $ de
profit, je pense qu'on peut dire que, théoriquement, on a fait un bon
travail. Mais, pratiquement, est-ce qu'Hydro-Québec ne devrait pas, avec
la structure qu'elle a, avec les capacités qu'elle a, faire 800 000
000$, 900 000 000$ ou 1 000 000 000 $ de profits?
M. Lemire: Mais, juste...
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député de Saint-Maurice. Malheureusement, le temps qui
était dévolu à la partie ministérielle est
terminé.
J'accorderais la parole maintenant au député de
Laviolette, pour cinq minutes.
M. Jolivet: Merci, M. le Président.
À la page 13, vous parlez de façon humoristique:
«Hydro-Québec et le développement du Québec: une
puissance à harnacher». Alors, si j'ai compris les dires que vous
avez mentionnés tout à l'heure, vous voulez
qu'Hydro-Québec soit contrôlée un peu mieux par la ministre
responsable dans le cas ici, le gouvernement, peu importe lequel
en disant: C'est un outil de développement, et le gouvernement doit
contrôler davantage cet outil. Ça, c'est la première chose
que vous dites au niveau d'Hydro-Québec. (11 h 50)
La deuxième chose, vous dites, à la page 17: «Pour
une "convention" de la rivière Saint-Maurice». Alors, j'aimerais,
d'une part, que vous me répondiez à la première question:
Comment le gouvernement pourrait-il amener Hydro-Québec à vous
aider à la réalisation que vous voulez, une convention de la
rivière Saint-Maurice? Je serai à mon tour un peu humoristique en
disant: Une convention genre Baie James? Alors, est-ce que c'est ce que vous
cherchez? Qu'est-ce que vous cherchez, comme corporation?
M. LeBlanc: Quand on parle de ça et qu'on demande à
la vice-première ministre ou au gouvernement de harnacher
Hydro-Québec, c'est que le gouvernement pourrait avoir entre les mains
un outil, un instrument de premier choix pour appuyer ses politiques de
développement économique du Québec, et non pas
qu'Hydro-Québec serve uniquement ses fins égoïstes et
personnelles mais conserve plutôt l'ensemble des objectifs de la
collectivité québécoise. La Caisse de dépôt,
si on vous disait, en 1993, que ça sert juste à administrer les
caisses de retraite, je pense qu'on dirait: Bien, écoute, tu n'es pas
dedans. Mais, il y a quelques années, ce n'était que ça.
Aujourd'hui, la Caisse de dépôt est un outil extraordinaire de
développement de l'économie québécoise, et
Hydro-Québec est ce même outil. Et je pense que, dans les
prochaines années, il faudrait que ça devienne plus que de servir
les politiques d'Hydro-Québec mais que ça serve les politiques de
développement économique du gouvernement.
M. Jolivet: Pour la...
M. LeBlanc: La convention?
M. Jolivet: ...la convention... Mais, juste avant d'aller plus
loin, dans la convention, qu'est-ce que vous voudriez voir mettre? Le travail
chez nous? Vous avez parlé de ça.
M. LeBlanc: C'est les demandes particulières qu'on a
faites d'avoir des retombées, autant sur les constructions que sur les
rénovations, d'un minimum de 3 %, en plus d'avoir un fonds de
développement régional pour assurer une pérennité
à ce développement-là. C'est également
qu'Hydro-Québec soit un partenaire et non pas, je dirais,
l'éléphant dans le magasin de porcelaine; qu'il s'assoie à
la table comme les autres interve-
nants, parce que c'est un intervenant parmi d'autres. C'est
également de voir à ce qu'on respecte les volontés du
milieu et qu'on redonne l'accessibilité à la rivière, ce
qui sous-tend la navigation; que les barrages servent de lien entre les deux
rives et que les barrages soient accessibles pour les touristes et les
visiteurs pour faire cette route touristique des barrages.
M. Jolivet: Je comprends bien que vous voudriez
qu'Hydro-Québec signe ça avant de commencer les barrages, mais je
vous pose la question en même temps: Dans la mesure où des gens
disent... Puis, là, la façon d'Hydro-Québec d'agir, c'est
qu'on empêche d'avoir de l'ouvrage chez nous parce qu'on empêche La
Gabelle; on serait déjà prêts à partir. Dans ce
contexte-là, on met en contradiction les travailleurs versus la
Corporation. J'aimerais savoir comment on peut concilier ça avec les
travaux qui pourraient être faits, au moins dans les barrages
déjà existants, en termes de rénovations qui donneraient
autant d'ouvrage, sinon plus.
M. LeBIanc: Oui. C'est effectivement la stratégie
d'Hydro-Québec, c'est celle qu'elle continue de véhiculer. Sauf
qu'on a quand même rencontré les gens concernés, entre
autres la FTQ; on a rencontré la CSN. On a un appui du conseil de la
FTQ, et ces gens-là ont très bien compris ce que la Corporation
fait. Ils reçoivent copie de notre correspondance et voient très
bien que, ce qu'on défend, c'est les emplois chez nous. Et, tant qu'on
n'aura pas de convention, ces gens-là ne seront pas assurés,
même si on commence la construction demain matin, d'avoir une job. Et, si
on commence les travaux demain matin et c'est ce que les gens nous ont
dit et qu'on n'a pas les jobs, on est prêts à attendre.
Mais ça va jusque-là.
M. Jolivet: Est-ce que vous croyez que la région, dans le
contexte où Hydro-Québec refuserait tout ça, serait
prête à faire en sorte de lui faire comprendre par quelque formule
que ce soit? On a vu à Amos, ailleurs et un peu partout, des gens qui
manifestent. Est-ce que c'est ce qu'Hydro-Québec attend, d'après
vous autres, ou bien si elle est prête à faire du travail,
appuyée par les gens du milieu?
M. LeBIanc: C'est sûr que les gens sont prêts
à le faire, ils nous l'ont dit. Ils ont dit: Vous nous direz quand vous
serez prêts. On va sortir s'il le faut. Sauf que l'approche de la table a
toujours été la négociation, dans le respect des mandats
d'Hydro-Québec, qui doivent être modifiés. On l'a dit, on
l'a répété et on l'a écrit. Mais on pense que c'est
en négociations. S'il n'y a pas moyen d'arriver avec ça, bien, il
faudra prendre d'autres moyens, mais on n'aura pas le choix. Parce que, au
moment où on se parle, la région n'a rien, n'a aucune garantie.
On n'a rien à perdre. On a tout à gagner. Ça, c'est ce que
la région a compris. C'est pour ça qu'on a été
capables de faire notre table et c'est pour ça qu'autant les
travailleurs que les firmes appuient notre position.
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député de Laviolette.
Maintenant, M. le député de Drummond, vous avez le
privilège de poser des questions à la Corporation.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
À la lecture de votre mémoire, on dénote et on sent
la colère et la frustration qui grondent. Vous nous le confirmez ce
matin par vos propos. Je retiens, moi, de votre mémoire, que vous
adressez trois questions fondamentales qui débordent drôlement de
la politique de la table. La première, quant à moi, c'est une
politique, et puis elle va être probablement donnée au niveau
gouvernemental aussi. C'est toute la remise en question de la terminaison du
développement des rivières qui sont déjà
harnachées versus les rivières qui sont vierges. La
deuxième chose que vous mettez en doute et que je retiens, moi, d'une
façon un peu plus globale, c'est un nouveau partenariat au niveau des
régions. Troisièmement, bien, c'est la création et le
développement de tous ces outils-là.
Moi, je dois vous dire, d'entrée de jeu, que je pense que,
lorsqu'on veut regarder dans un développement global, qu'on regarde
toutes les responsabilités d'Hydro-Québec et aussi les
responsabilités gouvernementales pas simplement au niveau
économique mais aux niveaux culturel et social la première
priorité qui devrait être donnée c'est une
première conclusion que je dégage après 14 jours,
pratiquement, de session c'est qu'on devrait terminer, quant à
moi, les rivières qui sont déjà harnachées et s'en
servir aussi pour faire des correctifs.
Et on reviendra avec Hydro-Québec pour revoir aussi cette culture
et cette philosophie de l'organisation: aller travailler avec des partenaires
du milieu. Ma question: Moi, je dois vous avouer que je suis surpris de voir
seulement 3 % de création au niveau du fonds, parce qu'on a eu d'autres
régions qui sont venues nous dire, ici, que les demandes étaient
beaucoup plus substantielles. Vous avez aussi mentionné dans votre
exposé qu'il y a des problèmes environnementaux à
corriger. Vous avez dit et j'ai aimé l'attitude positive de dire:
Bien, en tant que partenaires du milieu, on se regardera, parce qu'il y a
Hydro-Québec, il y a les papetières, bon, il y a
différents intervenants qui en ont profité aussi dans le
passé. Je me serais attendu, moi, qu'en plus des 3 % du
développement régional vous auriez regardé la demande, au
moins comme minimum, de mettre 1 % au niveau de la correction de
problèmes environnementaux.
M. LeBIanc: Là-dessus, on est en train de... En fait, il y
a eu certaines négociations, certaines rencontres qui ne sont
peut-être pas mentionnées. On pense, entre autres,
qu'Hydro-Québec dépense, bon an mal an, environ 8 000 000 $ pour
réparer ses barrages à cause des problèmes qui sont
causés par le flottage du bois sur la Saint-Maurice. Alors, avec les
papetières, avec la table
et avec Hydro, on veut s'asseoir, éventuellement, pour dire:
Écoutez, prenez ce montant-là dans le fonds que vous mettez et
qu'on va mettre pendant x temps encore, tant qu'il y aura du flottage et
on n'est pas contre le flottage, parce qu'on veut créer des emplois chez
nous, en tout cas pour un certain temps, mais on veut trouver des solutions au
flottage du bois. Alors, on va demander à Hydro-Québec de faire
sa part, de dire, par exemple: Les 8 000 000 $ que vous mettez sur une
année, est-ce qu'on ne pourrait pas prendre le montant sur 10 ans,
prendre 80 000 000 $, et on va arrêter le flottage, on va trouver des
solutions alternatives et, par exemple, faire une route spéciale pour
ça?
Et les papetières sont également prêtes. Elles sont
à un tournant, elles aussi, de leur évolution, de la
compétition mondiale, et elles aussi, entre autres Stone, nous ont dit:
On serait prêt à s'asseoir avec vous autres et avec Hydro pour
trouver une solution environnementale. Et on pense qu'à ce
moment-là il y aurait des budgets, qui ne sont pas nécessairement
demandés comme tels mais en tant que partenaires. Et c'est ce qu'on
mentionnait ce matin à Mme la ministre: il y aurait une enveloppe
d'argent qu'on dépense déjà mais qui serait
affectée à d'autres fins, dont les fins environnementales, pour
régler et «dépitouner» la rivière, si on veut.
Je ne sais pas si ça répond à votre question, mais on a
une approche qui est là.
J'ajouterai, deuxièmement, que c'est vrai que c'est modeste.
C'est pour ça qu'on dit que c'est un minimum, et c'est pour ça
qu'on a de la difficulté et qu'on n'accepte pas de voir l'attitude
d'Hydro quand on sait qu'il y a d'autres communautés qui demandent
beaucoup plus que nous autres. On veut être responsables mais on voudrait
qu'Hydro-Québec soit responsable aussi et réponde de façon
positive aux demandes, qu'on considère très
modérées, de notre milieu.
Le Président (M. Fradet): 30 secondes, maximum, M. le
député.
M. St-Roch: Oui, M. le Président.
Je vais finir avec un commentaire. Ayant eu l'opportunité et le
privilège de voir naître votre corporation, faisant partie de la
même région, vous pouvez être assurés de l'appui du
caucus du député de Drummond on est tellement nombreux
dans ma formation pour poser les bonnes questions et faire en sorte
qu'on utilise Hydro-Québec comme un outil de développement
régional, ce qui a toujours été sa mission, et qu'elle
devienne encore notre fierté dans la région 04. Je vous
remercie.
Le Président (M. Fradet): Alors, merci, M. le
député de Drummond.
Messieurs de la Corporation, au nom des membres de la commission, je
tiens à vous remercier de la présentation de votre mémoire
et à vous féliciter pour la synergie, comme je l'ai dit tout
à l'heure, qui se retrouve dans une région aussi affectée
par la récession au Québec. Je suis convaincu que les questions
que vous avez fait savoir aux membres de la commission seront
éventuellement en conclusion positive.
Alors, la commission suspend ses travaux jusqu'après la
période des affaires courantes.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 15 h 24)
Le Président (M. Audet): Je rappelle brièvement
l'agenda de cet après-midi. Nous recevons le Centre international de
recherche et formation en gestion des grands projets; ensuite suivra le Grand
Conseil des Cris du Québec, et nous terminerons avec la ville de
Rouyn-Noranda.
Est-ce que le Centre international de recherche et formation en gestion
des grands projets est là? O.K. Monsieur, on vous souhaite la plus
cordiale bienvenue, ay nom des membres de la commission. Je vous rappelle
brièvement nos règles de procédure. Vous disposez d'une
vingtaine de minutes pour nous faire part de votre exposé, et je vous
demanderais, avant de débuter votre présentation, de bien vouloir
vous présenter, s'il vous plaît, ce qui est important pour la
transcription du Journal des débats. Ensuite suivra une
période d'échanges d'une quarantaine de minutes. Vous avez la
parole.
Centre international de recherche et formation en
gestion des grands projets
M. Gaudreau (Pierre): Je vous remercie beaucoup. Alors, Mme la
ministre, Mmes, MM. les députés, je vous remercie de nous donner
l'occasion de venir présenter le mémoire que nous déposons
à la commission, ici. Alors, mon nom est Pierre Gaudreau. Je suis le
directeur général du Centre international de recherche et
formation en gestion des grands projets. Je vais débuter par la
présentation du mémoire, et ça me fera plaisir, par la
suite, de discuter avec vous de tout ce qui peut en retourner.
Alors, le Centre international de recherche et formation en gestion des
grands projets remercie les membres de la commission de l'économie et du
travail de lui fournir l'occasion de se prononcer publiquement sur le plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Qué-bec. Créé en
1984, le Centre international GP travaille depuis bientôt 10 ans à
promouvoir, susciter et appuyer la formation, la recherche et la collaboration
universités-entreprises dans les secteurs de la planification, de la
réalisation et de l'exploitation des grands projets. Il est devenu, au
fil des années, grâce au travail concerté de ses membres
corporatifs et institutionnels et par ses nombreuses activités, un lieu
de recherche, de perfectionnement et un carrefour unique d'échanges de
connaissance et d'information dont les ramifications rejoignent quatre
continents et plus d'une cinquantaine de pays.
Le Centre est donc particulièrement bien placé pour
apprécier la place qu'occupe Hydro-Québec dans le
domaine des grands projets, ici et ailleurs dans le monde, et mesurer sa
contribution au développement économique du Québec. Notre
mémoire n'entre pas dans tous les détails du plan qui est soumis
au présent examen. Il s'efforce principalement de mettre en
évidence, en les commentant, les éléments qui nous
semblent les plus déterminants en regard des principaux défis qui
se posent actuellement à notre société.
Dans le mémoire que nous présentions en 1990, devant cette
même commission, sur le précédent plan de
développement d'Hydro-Québec, nous avions formulé
plusieurs remarques quant aux difficultés qu'éprouvait la
société d'État à associer vraiment les milieux et
les populations concernés à ses projets. Il nous semblait alors
évident que, sans une accélération des efforts
déjà consentis à ce chapitre et si certains coups de barre
n'étaient pas donnés, Hydro-Québec mettait en jeu non
seulement son image et sa réputation mais également plusieurs
projets qui sont étroitement liés à la croissance
économique du Québec. Or, il nous faut aujourd'hui saluer le
progrès accompli. Certains peuvent peut-être encore trouver
à redire rien ni personne n'est parfait mais on peut
affirmer aujourd'hui avec sérieux qu'Hydro-Québec s'est vraiment
mise à l'écoute du milieu et qu'elle travaille maintenant dans un
contexte de dialogue constant avec les autres.
Le plan de développement 1993-1995 porte lui-même la marque
de ce changement. Les aspects de vocabulaire, le ton, tout le document est
imprégné de ce nouvel esprit. De même, dans les
propositions qui sont faites concernant les orientations à
privilégier au cours des prochaines années, on s'est
soucié de rendre compte, pour chaque élément, du
degré de consensus atteint par les groupes et partenaires
consultés. Ayant été impliqués dans ce processus de
consultation auquel nous nous sommes associés avec enthousiasme, nous
pouvons témoigner du sérieux et de la qualité des
réflexions et des débats qu'il a occasionnés.
Dans le même esprit, lors d'une conférence qu'il donnait
devant les membres de notre organisme le 29 janvier de cette année, le
président et chef d'exploitation d'Hydro-Québec, M. Armand
Couture, déclarait qu'il faut, plus que jamais auparavant, adapter nos
structures et nos pratiques d'affaires, afin d'harmoniser nos activités
avec les attentes du milieu d'accueil d'un projet. Cette nouvelle attitude, en
plus de rapprocher HydroQuébec de la population, coïncide avec la
nouvelle approche développée quant à la planification de
ses activités et grands travaux, laquelle nous paraît plus
accrochée aux réalités d'aujourd'hui.
Ainsi, nous constatons qu'Hydro-Québec ne cherche plus à
établir des programmations à long terme qu'il lui faut suivre
à tout prix mais qu'elle tend plutôt à adopter une
démarche souple qui laisse place aux impondérables, aux
modifications conjoncturelles et aux préoccupations nouvelles, ce qui
favorise aussi, bien sûr, la poursuite du dialogue av;c les milieux
concernés et la population en général. C'est à
cette condition seulement qu'Hydro-Québec redeviendra l'objet de
confiance et de fierté qu'elle a représenté pendant 30 ans
pour des générations de Québécois et de
Québécoises.
Le Centre international GP exprime son accord de principe avec les
grandes orientations formulées dans le plan de développement
1993-1995. Quel que soit le scénario de croissance de la demande qui
sera retenu, nous estimons que les grands choix stratégiques qui sont
présentés dans le document se justifient à plusieurs
points de vue. En tout premier lieu, il nous paraît évident qu'il
faut continuer de privilégier la filière hydroélectrique.
Le Québec possède dans ce domaine un potentiel aménageable
exceptionnel qui fait l'envie de tous. Les investissements consentis et les
travaux réalisés depuis quelques décennies ont joué
un rôle déterminant dans le développement économique
du Québec, tout en permettant aux Québécois d'accumuler
une expertise reconnue mondialement et d'exporter notre savoir-faire sur tous
les continents.
Bien qu'il ne faille pas sous-estimer les impacts environnementaux et
sociaux des projets et de certaines installations, tout le monde
reconnaît les avantages indéniables de
l'hydroélectricité sur les autres filières
énergétiques. Les débats que nous avons connus au cours
des dernières années ont quelquefois fait oublier que
l'exploitation des ressources hydroélectriques demeure indiscutablement
la forme de production d'énergie la plus propre et la plus
sécuritaire. On a tout simplement à regarder ce qui se passe dans
l'actualité en Ontario pour s'en convaincre, d'ailleurs. (15 h 30)
Le Centre international GP appuie également la volonté
d'Hydro-Québec de mettre un accent prononcé sur les travaux
d'amélioration du réseau et les programmes d'efficacité
énergétique. Non seulement ces options se justifient-elles sur le
plan économique, social et environnemental en regard des
prévisions les plus réalistes de croissance de la demande, mais
nous y voyons aussi un créneau particulièrement
intéressant de recherche et de développement de technologies dont
les débouchés sont les plus nombreux sur le marché
international.
Comme nous l'avons dit précédemment, nous sommes heureux
que la société d'État adopte une démarche plus
flexible qu'auparavant et qu'elle ne mette plus tous ses oeufs dans le
même panier en ce qui concerne les sites et les types de projets. Nous
pensons notamment que le recours à des centrales de moyenne envergure
constitue une option sérieusement envisageable s'il apparaît
qu'une telle solution permettrait de réagir plus rapidement et à
des coûts raisonnables aux fluctuations de la demande. La politique toute
récente du ministère de l'Énergie d'autoriser la
réalisation, par le secteur privé, d'un certain nombre de projets
de mini-centrales contribue aussi à élargir l'éventail des
possibilités, et nous croyons qu'Hydro-Québec a un
intérêt majeur à appuyer ce programme.
Nous sommes néanmoins d'avis qu'il faut résister, pour
l'instant, à la tentation d'éliminer complètement l'option
des grands projets dont les retombées économiques demeurent
encore très importantes pour des raisons à la fois structurelles
et conjoncturelles. Notre connaissance des impacts environnementaux dans ce
type de
projet s'est considérablement améliorée au cours
des dernières années, et nous avons réussi à
développer une solide expertise en matière de réduction
des effets négatifs des travaux réalisés. Il reste encore
beaucoup de travail à faire dans ce domaine, mais il n'est pas interdit
de penser qu'un jour pas trop lointain les progrès
réalisés permettront de réconcilier complètement et
aux yeux de tous les grands projets hydroélectriques et le
développement durable.
Il nous semble opportun ici d'insister sur quelques
éléments du plan de développement qui sont
présentés d'une manière un peu trop rapide. En termes de
mail-lage et de partenariat, l'orientation 15 du document d'Hydro-Québec
traite du maillage qui doit être favorisé avec les industries, les
universités et les centres de recherche. Sur la base de quelques
expériences déjà réalisées dans le cadre de
travaux de recherche et de développement, la société
d'État affirme sa volonté d'aller plus loin dans ce type de
démarche.
Il est clair dans notre esprit qu'il s'agit là d'une avenue
à privilégier de façon marquée, comme cela se fait
déjà dans d'autres secteurs. Perçue jusqu'ici, d'abord et
avant tout, comme un donneur d'ouvrage et une source de contrats de
sous-traitance, Hydro-Québec doit désormais se conduire de plus
en plus en partenaire des entreprises et autres sociétés
impliquées dans la recherche, le développement et la
commercialisation des technologies et des produits nouveaux. Cette dimension du
rôle d'Hydro-Québec nous intéresse de façon
particulière, puisque notre organisme consacre lui-même beaucoup
d'efforts à la promotion et à la recherche de diverses formes de
maillage et de partenariat entre les entreprises et institutions
impliquées dans la gestion de projets. Pour cette raison, nous aurions
souhaité plus de précisions de la part de la
société d'État quant au rythme qui sera suivi et au type
d'initiatives nouvelles qui seront prises.
En ce qui a trait au développement des marchés
extérieurs, cet élément est relié au
précédent dans la mesure où le partenariat est un
excellent moyen non seulement d'intensifier les efforts de recherche et
d'accélérer le développement des technologies de pointe
mais aussi d'occuper certains créneaux particuliers et de
conquérir de nouveaux marchés. Là aussi, même si
l'on note un intérêt évident d'aller dans cette direction,
le plan de développement est avare de détails.
Pour le Centre international GP, dont un des mandats concerne
l'étude et la prospection de marchés extérieurs,
Hydro-Québec doit prendre un virage important en ce qui concerne
l'accès au marché mondial. Même si la réputation de
la société d'État est excellente à
l'étranger, que ses réalisations et son savoir-faire sont connus
un peu partout dans le monde et qu'elle exporte déjà ce
savoir-faire dans plusieurs pays grâce, notamment, à la
présence et aux interventions d'Hydro-Québec international, il
faut aller beaucoup plus loin et travailler dès maintenant à
identifier des cibles et à élaborer des stratégies. Un tel
effort suppose également la recherche de partenaires canadiens et
étrangers de manière à accélérer la mise au
point des produits et à augmenter notre capacité concurrentielle.
Les technologies liées aux programmes d'efficacité
énergétique constituent un bon exemple de domaines à
privilégier à ce chapitre. D'une part, ce type d'outil est
l'objet d'une forte demande à l'échelle mondiale; d'autre part,
il fournit à Hydro-Québec des occasions supplémentaires de
démontrer son engagement à l'égard de la protection de
l'environnement et du développement durable.
En conclusion, le Centre international GP réitère son
accord avec les grandes orientations présentées dans le plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec. Il recommande, en outre,
à la société d'État de préciser le plus
rapidement possible ses intentions quant à l'identification des
partenaires locaux et étrangers, l'établissement de nouveaux
créneaux de recherche et développement et la recherche de
débouchés sur le marché international.
Hydro-Québec demeure un extraordinaire levier de
développement économique pour le Québec; Les nombreuses
difficultés rencontrées au cours des dernières
années, y compris celles qui découlent des importantes
fluctuations conjoncturelles que nous avons connues, ne l'ont pas
empêchée de constituer également un outil de progrès
social. Fonctionnant de moins en moins en vase clos et préoccupée
de renouer un dialogue fructueux avec toutes les composantes de la
société québécoise, la société
d'État s'est efforcée de coller davantage sa structure et son
fonctionnement aux réalités d'aujourd'hui. Elle a ainsi
démontré sa volonté et sa capacité de travailler
avec les utilisateurs de ses services et les populations des régions,
tout en favorisant une meilleure concertation avec ses partenaires industriels
et institutionnels. Il reste encore beaucoup à faire, mais nous pensons
qu'Hydro-Québec est sur la bonne voie et que ses projets doivent
recevoir l'adhésion la plus large possible.
Le Président (M. Audet): Merci beaucoup. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais tout d'abord remercier Mme la ministre
de me permettre 4, 5 minutes. Je devrai m'excuser par la suite à cause
d'une convocation à l'Assemblée nationale, de l'autre
côté, pour une décision de la présidence. Donc, je
voudrais remercier Mme la ministre.
J'aurai deux questions seulement à vous poser. Tout d'abord,
à la page 3, je crois, de votre mémoire il n'est pas
paginé mais, oui, c'est 3 vous dites: «Nous sommes
néanmoins d'avis qu'il faut résister, pour l'instant, à la
tentation d'éliminer complètement l'option des grands projets
dont les retombées économiques...» En d'autres mots, c'est
assez surprenant de votre part, que ça vienne de vous autres de nous
demander d'y aller mollo au niveau du développement. Est-ce que c'est le
rationnel qui a triomphé ou si c'est parce que la programmation
présentée par Hydro-Québec vous satisfait, au moins
jusqu'aux horizons 2004? C'est quoi?
M. Gaudreau: En fait, c'est qu'au niveau d'Hy-dro-Québec,
les clients d'Hydro-Québec, c'est l'ensemble de la population. À
ce moment-là, Hydro-Québec se situe, dans une certaine mesure, un
peu au même endroit qu'un parti politique, et elle doit satisfaire
l'ensemble de la population. Si on se réfère à la
consultation qui a été faite récemment par cette
entreprise au niveau de son plan de développement, certains courants
d'idées voulaient l'arrêt pur et simple de quelque projet que ce
soit; d'autres courants d'idées allaient plutôt à l'inverse
et voulaient favoriser l'exportation de l'électricité et
développer le plus rapidement possible toutes les ressources
hydroélectriques, tout le potentiel hydroélectrique du
Québec de façon à payer les centrales par l'exportation et
qu'elles soient la propriété du Québec après
coup.
Alors, à l'intérieur de tout ça, il s'agissait
d'arriver avec un plan de développement qui soit logique. Et c'est dans
cette mesure que nous nous disons d'accord avec la proposition
d'Hydro-Québec et avec un développement que l'on peut qualifier
de modéré.
M. Chevrette: À la page 4, vous parlez de mail-lage et de
partenariat. Vous dites, à un moment donné: «Pour cette
raison, nous aurions souhaité plus de précisions de la part de la
société d'État quant au rythme qui sera suivi et au type
d'initiatives nouvelles qui seront prises». Avez-vous des suggestions
concrètes à faire pour ce type de partenariat, de maillage? (15 h
40)
M. Gaudreau: Des suggestions, on peut en faire quelques-unes. Il
faut d'abord considérer que le Québec, il y a peut-être une
vingtaine ou une trentaine d'années, a pris une décision de
développer toutes les ressources hydroélectriques sur la base
d'un partenariat entre les entreprises privées et l'entreprise
d'État, qui est HydroQuébec. Ça a permis de
développer un savoir-faire qui est particulier au Québec. On peut
peut-être faire une comparaison ici avec Hydro Ontario, laquelle a pris
une décision un petit peu différente à l'époque
où elle a décidé de tout faire elle-même.
Aujourd'hui, le contexte économique du pays et de la province
fait en sorte que les firmes ont avantage à exporter de façon
à combler pour le manque de travail ou la diminution du travail qu'on
retrouve ici, dans la province. Étant donné que l'expertise a
été développée sous une forme de partenariat entre
Hydro-Québec et les firmes privées, il nous apparaît
souhaitable qu'il y ait une forme de partenariat qui soit aussi utilisée
pour l'exportation de ce savoir-faire. On sait qu'Hydro-Qué-bec
international existe, mais il y a possibilité d'aller beaucoup plus loin
que ça. Il y a possibilité qu'il y ait des relations entre les
maisons du Québec à l'extérieur, les représentants
d'Hydro-Québec, que ça soit HydroQuébec international ou
d'autres. Et on ne pense pas uniquement, non plus, en termes de pays en voie de
développement; il peut y avoir des pays industrialisés où
il y aurait un intérêt à faire une approche en
collaboration d'Hydro-Québec et certaines entreprises
privées.
Maintenant, à ce niveau-là, la seule limite à ce
qu'on peut imaginer en termes de possibilités, c'est justement
l'imagination de chacun, parce que tout est ouvert. Il y a beaucoup à
faire.
M. Chevrette: Je vous remercie. M. Gaudreau:
Bienvenue.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Alors, M. Gaudreau, je voudrais vous remercier
d'être venu rencontrer la commission parlementaire et vous remercier
aussi de votre intérêt au plan de développement
d'Hydro-Québec.
Évidemment, comme votre nom l'indique, vous vous
intéressez à la gestion des grands projets, et j'aimerais avoir,
en même temps, votre perception de la formation dans laquelle
Hydro-Québec investit pour ses gestionnaires de projets et sur la
façon dont HydroQuébec gère les grands projets, dans sa
gestion des grands projets.
M. Gaudreau: La façon de gérer les grands projets
d'Hydro-Québec, si on se fie aux spécialistes que nous invitons
de plusieurs pays étrangers, la façon de gérer
d'Hydro-Québec est une façon très efficace; et d'ailleurs,
lorsque des gestionnaires de haut niveau des pays étrangers viennent
ici, ils ont, en presque totalité, uniquement des commentaires positifs.
Nous pouvons aussi avoir des commentaires dans le même sens, où
Hydro-Québec, en termes de techniciens, en termes de gestionnaires, fait
un excellent travail au niveau des projets.
Comme nous l'avons mentionné il y a deux ans, lorsque nous sommes
passés ici, où il y a peut-être place à
amélioration, c'est au niveau de l'intégration sociale des
projets. Si on se rappelle, il y a deux ans, cet
élément-là accrochait beaucoup. Et on voit une nette
amélioration de la part d'Hydro-Québec sur le plan de
l'intégration sociale de ses projets. Ils s'en vont vers une orientation
où ils vont impliquer la population. C'est un renversement des
situations qu'on voit, dans le sens où ils vont créer une
situation par laquelle les milieux récepteurs vont désirer les
projets plutôt que l'inverse. On ajuste à voir, maintenant, au
niveau des lignes de transport, quand on va dans les petites
municipalités, en région, les municipalités souhaitent que
les lignes de transport passent chez elles de façon à pouvoir
améliorer leur développement économique par le biais des
retombées qu'Hydro-Québec accepte de laisser en passant ses
projets.
Alors, on voit une évolution qui est très saine et qui va
aller dans le sens de favoriser les projets. Et, plutôt que de vouloir
forcer les projets, on va créer une situation où ça va
être le milieu récepteur qui va plutôt vouloir les projets,
et c'est Hydro-Québec qui aura le choix de décider: on va aller
à tel endroit ou à tel autre endroit.
Mme Bacon: Vous mentionnez dans votre mémoire que vous
être présents dans plus d'une cinquantaine de pays. Est-ce qu'il
existe ailleurs dans le monde une banque de projets qui visent à
satisfaire la demande, comme celle qu'Hydro-Québec propose dans son plan
de développement?
M. Gaudreau: Non, effectivement, ça n'existe pas.
Malheureusement, les seules informations que l'on peut recueillir, c'est par le
biais des publications des grandes banques de financement. On peut penser
à la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou la
Banque asiatique de développement. Ces trois organismes publient des
répertoires de projets qui sont soit à l'étude, soit en
cours de réalisation, et c'est peut-être une des seules
informations, si on veut, maintenant, sur le plan international, où on
peut récupérer l'information. Mais, à ma connaissance, il
n'y a rien de structuré ici pour être capable de traiter cette
information-là et être capable d'en tirer quelque chose de
façon rapide. Encore là, il y a un problème de
quantité. C'est qu'au niveau de l'ensemble des projets, ceux qui sont
à l'étude, ceux qui sont en réalisation, à travers
le monde, ça en fait quand même beaucoup. Et, si une entreprise
veut faire un tri dans ça par rapport à certains
éléments, que ça soit l'étape à laquelle le
projet est rendu, l'ampleur, la nature du projet, ce n'est pas évident.
Il y a un travail de recherche manuel à faire à
l'intérieur de ces documents qui sont publiés par les grandes
banques de financement.
Mme Bacon: Vous soulignez qu'Hydro-Québec doit dès
maintenant identifier des cibles et doit aussi élaborer des
stratégies afin de développer des marchés
extérieurs. Selon vous, quel type de cible ou quel type de
stratégie devrait être identifiée par Hydro-Québec?
> M. Gaudreau: Au niveau des cibles, je pense qu'Hydro est bien
placée pour identifier quels sont les marchés où on peut
faire des affaires et récupérer les investissements. On peut
penser, par exemple, au marché africain où le climat politique
est relativement instable; on peut penser au marché asiatique où,
effectivement, le climat politique est plus stable, il y a aussi de l'argent,
mais on peut... Il y a une grande disparité d'un pays à l'autre.
Actuellement, le Viêt-nam semble être quelque chose de bien
intéressant, mais, pour une firme du Québec, aller travailler au
Viêt-nam, c'est presque aux antipodes. Alors, s'il y avait quelqu'un qui
avait une antenne là-bas ou un pied-à-terre là-bas, qui
pourrait servir de ressource aux entreprises qui veulent aller travailler dans
ce pays-là, ce serait certainement une aide.
Et, dans ce sens-là, Hydro pourrait peut-être être
plus agressive dans le sens de développer des marchés à un
endroit spécifique et pourrait identifier des marchés qui sont
les plus intéressants un peu comme les maisons du Québec,
peut-être travailler en coopération avec les maisons du
Québec et avoir quelqu'un sur place pour développer les
marchés. Ça, c'est strictement à titre d'exemple. On peut
en imaginer beaucoup d'autres. Il y a aussi l'Amérique du Sud qui
devient un marché très intéressant. Ça devient de
plus en plus intéressant pour les firmes d'aller travailler dans les
pays d'Amérique du Sud. Encore là, Hydro pourrait concentrer ses
efforts dans un continent qui serait peut-être l'Amérique latine
ou certains pays de l'Amérique latine.
Mme Bacon: Vous affirmez, à la page 3 de votre
mémoire, et je vais vous citer, «que l'exploitation des ressources
hydroélectriques demeure indiscutablement la forme de production
d'énergie la plus propre et la plus sécuritaire». En outre,
«tout le monde reconnaît les avantages indéniables de
l'hydroélectricité sur les autres filières
énergétiques.» Est-ce que vous pouvez nous dire sur quoi
reposent ces affirmations, que certains groupes contestent, que nous
rencontrons ici aussi?
M. Gaudreau: II y a des spécialistes. Les plus grands
spécialistes en environnement vont admettre que
l'hydroélectricité est quand même, sans être
parfaite, la source d'énergie qui est la moins polluante. Et on peut
citer les écologistes de l'Université du Québec, à
ce sujet, qui sont de cet avis. En termes de sécurité, les
alternatives, ce sont les centrales thermiques, les centrales nucléaires
ou les éoliennes. Si on pense au nucléaire, on a juste à
écouter l'actualité d'aujourd'hui pour, tout de suite, avoir un
doute que c'est la meilleure solution. Si on pense à Hydro Ontario qui a
des problèmes majeurs avec ses centrales nucléaires, que
ça a amené une situation économique qui est pénible
pour l'Hydro Ontario, de ce côté, je pense que l'histoire a
montré que l'hydroélectricité était meilleure.
Au niveau du thermique, on pense à la pollution
atmosphérique, ce qu'on n'a pas avec l'hydroélectricité.
Par contre, l'hydroélectricité, on a les réservoirs. Par
contre, les réservoirs sont créés dans un territoire
où la densité de population est très, très faible.
C'est une population qui vit de chasse et de pêche. Qu'il y ait la
création de réservoirs, ça crée des plans d'eau
supérieurs à ce qu'ils étaient auparavant, mais, par
contre, les habitants de ce territoire vivent aussi de pêche. Il y a le
problème du mercure, vous allez dire. Par contre, l'histoire
démontre aussi que le problème du mercure est un problème
qui est temporaire et que les concentrations de mercure dans les
réservoirs diminuent de façon graduelle avec le temps.
Alors, si on regarde tous ces éléments-là, ce n'est
pas nécessairement simple; il faut regarder un ensemble
d'éléments pour arriver à la conclusion, mais il faut...
Si on veut être réaliste et qu'on regarde l'ensemble de ces
éléments, moi, je pense qu'on ne se trompe pas beaucoup en disant
que c'est la source d'énergie la plus fiable et la moins polluante.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Je vais continuer dans la même veine, M. le
Président. C'était une des questions que j'avais à poser,
parce que vous parlez de mercure; je peux en parler avec beaucoup
d'à-propos. J'ai juste à parler du barrage Gouin. Jusqu'au jour
où on a interdit la pêche sur le barrage Gouin... On a beau dire
que c'est temporaire, mais, quand ça fait 20 ans, c'est un temporaire
qui est long. Dans la mesure aussi où vous parlez d'autres
activités possibles, d'autres utilisations possibles, comme
l'éolienne, puis ces choses-là, est-ce que vous ne croyez pas,
pour contrebalancer les pour et les contre au niveau de
l'hydroélectricité comme étant la seule filière
potentielle, étant la plus propre, la plus sécuritaire, qu'un
vrai débat sur l'ensemble de toutes les énergies pourrait mettre
sur la table exactement ce qu'est l'une ou l'autre et, après ça,
qu'on pourrait faire un choix, comme société? Vous ne croyez pas
que, à ce moment-là, ce serait plus logique que de parler
simplement d'une seule filière, qui est celle qui est
présentée par HydroQuébec, qui est
l'hydroélectricité? Est-ce que vous ne croyez pas à un
débat plus large, invitant toutes les autres formes d'énergie
à venir expliquer les pour et les contre pour qu'une décision
soit prise en meilleure connaissance de cause? (15 h 50)
M. Gaudreau: On ne peut pas être contre la vertu et la
chasteté, et ce que vous proposez est certainement quelque chose
d'intéressant. Un débat comme celui-là devient vraiment un
débat de société. La question que je me poserais, moi,
vis-à-vis d'un débat similaire: Est-ce que c'est à
Hydro-Québec de faire un débat de la sorte ou est-ce que c'est
plutôt au gouvernement de le faire? La réponse n'est pas
évidente, quant à moi.
Vous dites qu'au niveau des sources alternatives il pourrait y en avoir
d'autres. Oui, effectivement. J'ai participé aux consultations et,
à l'origine, au début des discussions avec les différents
groupes, ce que vous apportez comme arguments a été
apporté. Il y a des groupes de pression on peut les appeler des
groupes de pression qui ont suggéré d'aller de l'avant
avec les éoliennes et qui ont apporté des arguments qui
étaient valables, effectivement. Moi, je suis fier de voir
qu'Hy-dro-Québec, effectivement, dans son plan de développement,
a inclus cette avenue-là qui est de faire un test d'éoliennes. Et
Hydro a eu l'intelligence de le faire de la bonne façon. C'est que
l'électricité des éoliennes, actuellement, coûte
à peu près le double de l'électricité qui vient de
l'hydroélectricité. Et, au niveau du plan de
développement, on prévoit faire un essai d'éolienne dans
un site qui serait difficilement accessible par
l'hydroélectricité, qui est desservi actuellement soit par des
diesels ou d'autres sources. A ce moment-là, l'éolienne devient
compétitive.
M. Jolivet: C'est parce que, là, on est dans la même
filière, c'est celle de l'hydroélectricité ou de
l'éolienne comme telle. Vous parlez d'Hydro-Québec. Je suis
d'accord avec vous pour dire qu'un débat comme celui-là devrait
être enclenché par un gouvernement qui demanderait à
l'ensemble de la société de venir se pro- noncer. Parce qu'on a
eu l'occasion de voir des gens au niveau du gaz naturel, d'autres du
pétrole venir nous dire que, parce qu'ils ont pris des décisions
au niveau d'Hydro-Québec, eux en ont subi les conséquences. On a
eu ces gens-là qui sont venus devant nous. Et c'est pour ça que
je vous posais la question: Seriez-vous, à ce moment-là,
prêts, si jamais un débat comme tel était demandé
par le gouvernement, à y participer et à donner vos opinions sur
l'ensemble, non seulement l'hydroélectricité, mais sur d'autres
projets utiles à la société?
M. Gaudreau: Moi, je suis tout à fait prêt à
le faire, c'est certain, et notre organisme aussi. D'ailleurs, un débat
similaire pourrait aller plus loin que de faire un débat strictement sur
l'hydroélectricité.
M. Jolivet: II le faut.
M. Gaudreau: C'est un débat qui pourrait être
général en termes de développement économique de la
province. En termes de développement économique, on peut poser la
question: Quelles sont les sources d'énergie que l'on souhaite avoir?
Mais on peut aller plus loin et poser aussi la question: À quel endroit
on voudrait les avoir, ces sources d'énergie là? Parce qu'il est
possible qu'une source soit intéressante dans un endroit et qu'elle ne
le soit pas nécessairement dans l'autre. Et, ça, les
éoliennes sont un bel exemple de ça. Les endroits où elles
peuvent être efficaces, c'est dans les régions
côtiè-res où, effectivement, il y a des vents. Mais, par
contre, il n'y a pas de population dans ces régions-là, et c'est
des régions qui sont coûteuses à alimenter par les
systèmes d'hydroélectricité.
M. Jolivet: Une autre question. À la page 1, vous dites,
dans le dernier paragraphe: «Mais on peut affirmer aujourd'hui avec
sérieux qu'Hydro-Québec s'est vraiment mise à
l'écoute du milieu et qu'elle travaille maintenant dans un contexte de
dialogue constant avec les autres.» Je veux juste vous rappeler que, ce
matin, nous avions devant nous la Corporation de gestion du
développement du bassin de la rivière Saint-Maurice, qui
regroupait tous les intervenants, incluant les autochtones, les
municipalités et tous les groupes de pression dans le milieu. Ils sont
venus nous dire que, justement, Hydro-Québec ne les écoutait pas.
Est-ce que vous croyez que l'affirmation que vous mettez ici, elle est à
ce point exacte, ou si vous croyez qu'Hydro-Québec, des fois, dans
certains cas, comme ils le disaient ce matin, sert plutôt de division
dans les membres plutôt que de ciment?
M. Gaudreau: Écoutez, moi, j'ai participé à
l'ensemble de la consultation qui a été faite. On retrouvait
toutes sortes de représentants, avec des intérêts qui
pouvaient être très variables. Dans certains cas, c'étaient
des intérêts qui étaient très ponctuels; dans
d'autres cas, les intérêts étaient plus larges en termes
d'effets au niveau de la société.
Il reste que, dans tous les cas, il va toujours y
avoir des gens qui ne seront pas d'accord avec des projets. Et
ça, c'est le propre de la politique. On ne peut pas satisfaire 100 % de
la population. Mais, au début, j'ai mentionné
qu'Hydro-Québec se situait un petit peu comme un parti politique
à ce niveau-là. Sa clientèle, c'est l'ensemble de la
population. Alors, Hydro-Québec vit le même problème, et il
est probable que la majorité des gens soient satisfaits par les
décisions, par la consultation et la concertation qui a
été faite, mais il reste encore certains groupes ou certains
individus qui ne le sont pas. Et, moi, je suis convaincu que ces
groupes-là ou ces individus vont utiliser tous les moyens à leur
disposition pour faire valoir leurs arguments. Je pense qu'il sera
difficilement pensable de rallier ces groupes-là, à moins, dans
certains cas... Et ça, on a pu le voir lors de la consultation: il y a
certains groupes de représentants, pour les satisfaire, il aurait fallu
arrêter de façon pure et simple les projets. Et, que ça
soit n'importe quoi d'autre, ils ne seraient pas satisfaits. Alors, dans tout
ça, il faut quand même qu'Hydro-Québec arrive avec la
solution la plus souhaitable et la plus logique.
M. Jolivet: Moi, j'aurais peut-être juste dit, simplement,
M. le Président, que c'est peut-être un bon pas dans la bonne
direction mais, à mon avis, pas suffisant pour le moment.
M. Gaudreau: II y a une évolution majeure par rapport
à ce qu'on a vécu dans les années passées.
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. Brève question, M.
le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Oui. Merci, M. le Président.
Je trouve votre constat au niveau des éoliennes assez
intéressant. Étant le député des îles, le
vent, chez nous, est fréquemment présent. Puis aussi, c'est
ça, si on compare le coût avec la centrale thermique, la centrale
diesel qui est là, on s'aperçoit qu'Hydro, quand même, a
fait une bonne planification, mais ça ne devient pas tellement
compétitif. C'est à peu près les mêmes prix, ou
peut-être un peu moins. Alors, ça serait intéressant dans
ce sens-là.
Ma question est dans un tout autre ordre d'idées. Bien que le nom
de votre association réfère aux grands projets, vous soulignez
qu'Hydro-Québec a un intérêt majeur à appuyer le
développement de projets de minicentrales par le secteur privé.
Alors, qu'est-ce qui vous amène à poser ce constat?
M. Gaudreau: C'est une diversification, en fait. Et, comme toute
entreprise, Hydro-Québec a tout intérêt à pouvoir se
comparer avec d'autres entreprises. Je crois qu'il est très sain qu'ici,
au Québec, il y ait d'autres sources d'énergie que la
société d'État. Une mini-centrale qui pourrait être
opérée par le privé devient une forme de comparaison pour
l'entreprise d'État et une forme de partenariat aussi. Alors, dans ce
sens-là, en plus d'être une forme de comparaison, c'est une forme
de partenariat qui peut se développer entre l'entreprise d'État
et des entreprises privées. Les entreprises ont agi en partenaires avec
l'entreprise d'État pour développer ce qu'on a maintenant, et
ça pourrait être une forme de partenariat qui va plus loin que le
développement au niveau de l'opération, dans une faible
mesure.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, c'est
déjà terminé. M. Gaudreau, au nom des membres de la
commission, je vous remercie de votre présentation.
Nous allons suspendre deux minutes afin de permettre au Grand Conseil
des Cris de prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 59) (Reprise à 16 h
2)
Le Président (M. Audet): La commission reprend ses
travaux. Nous recevons maintenant le Grand Conseil des Cris. Alors, messieurs,
au nom des membres de la commission de l'économie et du travail, je vous
souhaite la plus cordiale bienvenue. Je vous rappelle brièvement nos
règles de procédure. Vous devez vous identifier d'abord, avant de
procéder à votre exposé. Vous avez une vingtaine de
minutes pour nous faire part de votre présentation. Ensuite suivra une
période de questions, une période d'échanges d'une
quarantaine de minutes. Vous avez la parole. Vous pouvez y aller.
Grand Conseil des Cris du Québec (GCCQ)
M. Saganash (Roméo): M. le Président, merci
beaucoup. J'aimerais d'abord commencer par introduire les gens qui sont avec
moi aujourd'hui: à ma gauche, mon extrême gauche, M. Alan
Happyjack, qui est le chef de la communauté de Waswanipi; à ma
gauche immédiate, M. Bill Namagoose, qui est directeur exécutif
du Grand Conseil des Cris; et, à ma droite, M. Ian Goodman, qui est
l'auteur de l'étude que le Grand Conseil des Cris a commandée et
qui a été acheminée à la commission, je crois.
Peut-être aussi juste un mot sur la façon dont on voudrait
procéder. Je vais faire une partie de l'introduction, M. Namagoose va
faire une partie en anglais moi, je fais ma partie en français
et je reviendrai pour terminer en français.
Le Président (M. Audet): D'accord.
M. Saganash: Merci beaucoup, M. le Président.
Je suis venu ici en 1990, je crois, pour le dépôt du plan
de développement. À l'époque, j'étais simplement le
traducteur du grand-chef Matthew Coon Come. Aujourd'hui, je suis ici à
titre de vice-grand-chef du Grand Conseil des Cris, et, qui sait,
peut-être que, demain, je serai à votre place. Ha, ha, ha!
Alors, je vous salue. L'occasion de nous rencon-
trer dans un contexte d'analyse de perspectives, de prospectives qui
peut favoriser la compréhension mutuelle nous est rarement
donnée, je crois, et je remercie donc la commission, en mon nom
personnel, mais aussi au nom du Grand Conseil des Cris, de nous permettre
d'exposer notre vision du développement qui concerne notre territoire
ancestral et d'échanger, nous l'espérons, un tant soit peu avec
vous sur la planification de la société d'État qui
conditionne le plus notre avenir à nous tous, tant celui des Cris que
celui des Québécois, Hydro-Québec.
Nous voulons vous indiquer, dès le départ, que notre
présence ici doit être envisagée dans un objectif d'analyse
et de recherche de solutions pour l'avenir et non pour rappeler, à ceux
et celles qui s'en ennuieraient, que certains différends nous opposent
encore sur d'autres tribunes. Les parlementaires du Québec et la nation
québécoise ne doivent pas interpréter la critique que nous
faisons d'un certain type de développement en milieu nordique, la
critique d'une certaine approche du développement, la critique de
certaines priorités du gouvernement du Québec ou le fait que nous
déplorons l'absence de certaines politiques ou de certains débats
de société comme un refus du développement du
Québec. Au contraire, nous souhaitons ardemment le développement
du Québec et le développement de la nation crie, dans un contexte
où une jeune génération, autant chez vous que chez nous,
est sacrifiée de façon dramatique au chômage
endémique. Cependant, nous n'agirons pas à n'importe quel prix
social ni environnemental en causant plus de tort que de bien à une
société, à une culture ou à une région qui
souffre déjà de «maldéveloppement» et qui se
handicape de jour en jour en raison d'une forme de développement
axée sur l'extraction primaire d'une seule richesse naturelle afin de
satisfaire le soi-disant besoin du sud.
Nous avons cru bon vous faire part de nos préoccupations et de
nos analyses en espérant qu'elles soient prises en compte par les
parlementaires eux-mêmes, par le public québécois et au
moins pour que nous puissions dire, un jour, que nous vous avions avisés
du danger que comportent certaines planifications en raison des bases sur
lesquelles elles reposent.
La première remarque que nous voulons faire concernant la
planification d'Hydro-Québec, que vous examinez actuellement, consiste
à rappeler que cette planification se situe strictement dans le cadre
des objectifs de la société d'État, qui privilégie,
pour des raisons plus que discutables nous croyons, la filière ou la
piste hydroélectrique pour satisfaire les besoins de ses clients. Nous
sommes bien loin d'une analyse indépendante qui prendrait en compte
toutes les options énergétiques et qui oserait s'appuyer,
au-delà du discours, sur une véritable politique de gestion
intégrée des ressources et des activités d'un territoire
et qui viserait un authentique développement durable. Nous en sommes
encore à tenter d'évaluer, une fois la décision prise
d'aller de l'avant par les promoteurs, les répercussions
environnementales de chacun des projets d'intervention sur le territoire.
Souvent, pour éviter de prendre en compte l'impact global d'un
aménagement, on en détache l'évaluation de certaines
composantes, comme des bouts de lignes de transport, les aéroports et
les bouts de routes. Nous sommes loin de prendre en compte l'impact cumulatif
des projets dans une région donnée.
Vous comprendrez, dans ces circonstances, que, malgré notre
désir maintes fois exprimé de façon publique de travailler
en partenariat avec le gouvernement du Québec, avec les entreprises
québécoises et avec les Québécois en
général, je crois, à la planification, à la gestion
et au développement du territoire de la Baie James, nous en sommes
encore à subir ces développements et à en négocier
morceau par morceau les mesures d'atténuation. C'est dans cette
conjoncture, aujourd'hui, que nous vous présentons une analyse de
certains aspects du projet de planification d'Hydro-Qué-bec, en voulant
ajouter notre réflexion à d'autres organismes qui ont fait de
même, mais aussi avec la triste certitude que notre peuple sera le
premier touché par les conséquences de cette planification, si
elle devait demeurer telle quelle.
M. Namagoose (Bill): We submit to you today a very brief analysis
of which is commissioned by the Grand Council of the Crée. The
implications of this analysis are important to the development plan. We have
not yet completed our analysis and this will be part of our ongoing attempt to
understand the role of the Great Whale project and other Hydro projects
proposed for Crée territory in the plans of Hydro-Québec. When we
say there have been modest improvements, it is mainly in reference to the fact
that the risk sharing contracts are no longer developed or accepted by
Hydro-Québec. This policy is unsound for industrial development and is
based upon the principle that existing residential electricity consumers and
the established industrial sector should subsidize growth in new industry. It
is also a practice that violates the principles of free market. (16 h 10)
The plan is also a modest improvement over the 1990 plan in that the
export target of 3500 MW by the year 2000 has been canceled. It has, however,
been replaced by a projection of export sales of 1900 MW of firm power and 800
MW of seasonal power by the year 2005. We fail to see these new objectives as
being obtainable as neighbouring utilities in Canada and the United States have
electricity surpluses.
In the proposed development plan, Hydro-Québec states that it
will sell electricity before initiating new projects. While this may seem to be
commendable from a financial point of view, it seems that social and
environmental considerations take second place to financial and electricity
planning priorities. We believe that this policy of preselling electricity to
the U.S. market without having the environmental permits to build is
unacceptable. To resolve this problem, Hydro-Québec seeks to obtain
prior approval of a number of projects which would form a project bank.
Although we have to be assured by Hydro-Québec that such a project bank
would not include megaprojects such as Great Whale
and Nott-away-Broadback-Ruperts, we believe that the people of
Québec and the Crees have the right to a project review process which
takes into account the current economic, social and environmental situation.
This would keep those impacted by projects closer to the decision-making
process.
The electricity needs of Québec have traditionally been grossly
overestimated by Hydro-Québec. In 1973, Hydro-Québec
overestimated the future demand for electricity. It is to be remembered that as
recently as 1984-1985, Hydro-Québec was spilling water from the
Caniapiscau reservoir. This period of excess production was then followed by a
decision to sell the so-called surplus electricity to the United States. This
sale of 66. 4 TWh was made at a price of 0, 0232 $ per kWh. This allowed
Hydro-Québec to claim a profit during the years of 1985 to 1989.
Hydro-Québec sold its energy reserve during those years only to buy some
of it back starting in 1988 at twice the unit cost. When Hydro-Québec
states that in the present plan it has the intention to build up a reservoir
margin, we wonder whether this policy is in fact surreptitious export
strategy.
Hydro-Québec now plans to base its future requirements, at least
in part, on exports. Our consultant notes that «the Great Whale project,
with an annual projected output of 16. 2 TWh, is currently scheduled by
Hydro-Québec for the period 2000 to 2005, when the development plan
predicts a rapidly growing need for additional supply, due in large part to the
projected industrial and export market development.
The export market has changed and Hydro-Québec does not seem to
notice. The projected cost of natural gas has been overestimated in the
proposed plan, which makes this energy option appear to be uneconomical.
However, Ontario Hydro has suggested that this option is available at a much
lower cost. Municipalities, industries, public interest groups in Ontario
acknowledged that cogeneration projects or gas fire turbines are
environmentally and economically viable.
In New York State, independent power producers presently offer
electricity at rates of less than 0, 04 $ per kilowatt-hour. There is
significant potential for HydroQuébec to purchase electricity from New
York and Ontario at prices below the generation costs in Québec. There
is even more important potential for the growth of the independent
power-producing industry within Québec. The construction of megaprojects
requires the up-front investment of billions of dollars. Most of this money is
borrowed from the United States. HydroQuébec states that it will
increase electricity prices at the rate of the inflation. At the same time, it
proposes to borrow billions of dollars. It has said that it will keep that
commitment even if its financial position deteriorates. Hydro-Québec
already relies heavily on the Québec government to underwrite its
borrowings. Quebeckers, on a per capita basis, are already the most indebted
people in Canada. Adding another 40 000 000 000 $ to the 52 000 000 000 $
proposed in this development plan will stifle economic development, not promote
it.
The alternatives to this type of debt-driven plan- ning are before us.
Energy conservation would create more jobs per dollar spent than would the
proposed investment on Great Whale. Moreover, the investment would be spread
over a longer term and would make Québec industries and residences
cheaper to operate. Long-term jobs would also be created throughout the
province of Québec.
There is also a good alternative in natural gas heating and in
cogeneration. Residential heating savings of 50 % to 60 % can be achieved
compared to the price of electrical heating available in Québec today.
One of the most significant alternatives for Québec is cogeneration.
This would render large buildings and industries more energy efficient. In the
case of the pulp and paper industry, the negotiation of cogeneration agreements
with Hydro-Québec would help make this industry more competitive and
would provide the secure revenues, social revenues to finance modernisation of
that industry. For Hydro-Québec, such agreements hold out the
possibility of installing a new base capacity without having to finance the
capital cost through borrowing.
The problem is that Hydro-Québec is dragging its feet in the
completion of such agreements and that Hydro-Québec has made unrealistic
restrictions on these arrangements. The overall amount of cogenerated power to
be bought has been capped by Hydro-Québec. Moreover, by placing severe
limitations on the size of the cogeneration units, limiting their size to the
amount of the industrial steam required by the plant, Hydro-Québec
appears ready to let more paper mills close rather than open the electricity
market, even slightly, to these independent producers.
Hydro-Québec, often called the engine of economic development,
should act now to preserve this existing pulp and paper industry in
Québec. Mills are closing in Québec while in the United States
they are opening. Kruger closed a paper machine in Trois-Rivières,
costing 200 jobs, and bought a paper mill in Michigan where the energy policies
are more conducive to business. In addition, Canadian Pacific Forest Products
shut down the mill in Trois-Rivières and other mills are for sale in
Québec.
These are some of our preliminary comments on the proposed development
plan.
M. Saganash: Alors, M. le Président, cette analyse nous
amène à la conclusion générale que les
prévisions de la demande et de l'offre du plan de développement
d'Hydro-Québec sont incorrectes et ne justifient aucunement les projets
hydroélectriques de grande envergure, et particulièrement le
projet Grande-Baleine. Les besoins énergétiques sont beaucoup
moins importants que ne le prétend Hydro-Québec et ne se feront
sentir que vers la fin de la période du plan, c'est-à-dire vers
l'an 2005.
Dans cette conjoncture générale du marché de
l'énergie, le projet Grande-Baleine est sans doute celui qui offre le
moins de flexibilité. Il est hors de proportion avec la croissance
prévue de la charge du réseau, et il comporte des délais
plus importants que toute autre
option plus souple, plus réaliste, plus rationnelle et moins
téméraire.
Dans le plan de développement proposé, HydroQuébec
indique qu'elle vendra son électricité avant d'entreprendre un
nouveau projet. Bien que cette démarche soit louable au point de vue
financier, elle suppose que les considérations sociales et
environnementales seront reléguées au deuxième rang par
rapport à la planification énergétique et
financière. Cette pratique, qui consiste à vendre d'avance de
l'électricité sur le marché extérieur sans avoir
obtenu les permis de construction environnementaux nécessaires, nous la
croyons inacceptable. Notre régime légal envisage seulement des
répercussions environnementales et sociales au moment de l'autorisation
d'aménagements et après que le classement économique des
projets a été fait. Cela consiste, à notre avis, à
vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
Afin de contourner ce problème au lieu de tenir compte de
l'ensemble des coûts de ces projets, incluant les coûts
environnementaux et sociaux, Hydro-Québec tente de faire approuver
d'abord un certain nombre de projets qui constitueraient une banque de projets.
Bien qu'Hydro-Québec nous ait assurés que cette banque ne
comprendrait pas les mégaprojets de Grande-Baleine et NBR, nous croyons
que la population québécoise et la population crie ont le droit
de participer à un processus d'examen de projets qui en vaille la peine,
car avant que les décisions ne soient prises on prendrait
réellement en compte la situation économique, sociale et
environnementale qui prévaut. Cela permettrait aux parties
touchées par les projets de participer au processus
décisionnel.
La construction de projets de grande envergure nécessite
l'investissement préliminaire de milliards de dollars. La
crédibilité financière d'Hydro-Québec est
directement liée à la crédibilité financière
du gouvernement du Québec et vice versa. Le bilan financier
d'Hydro-Québec indique, par exemple, pour l'année 1992, une dette
totale de 31 900 000 000 $, en hausse de 7 % par rapport à
l'année précédente. La plupart des emprunts sont
contractés sur des marchés financiers extérieurs et
particulièrement aux États-Unis. Hydro-Québec indique que
les augmentations du prix de l'électricité suivront le taux
d'inflation. Elle propose en même temps un plan d'action qui suppose
l'emprunt de milliards de dollars. Hydro-Québec croit pouvoir respecter
cet engagement, même si la situation financière se
détériore et que le loyer de l'argent grimpe. Cette promesse
devrait nous inquiéter dès maintenant et cela nous
étonnerait grandement qu'Hydro-Québec ne doive revenir sur sa
promesse. Cela ne serait pas la première fois, de toute façon.
(16 h 20)
Nous vous demandons de vous pencher sur des solutions de rechange
à ce genre de planification fondée sur l'endettement. La
conservation d'énergie créerait plus d'emplois pour chaque dollar
dépensé que ne pourrait le faire l'investissement dans les grands
projets. De plus, les investissements pourraient être
échelonnés sur une plus longue période, de sorte que les
clients industriels et résidentiels du Québec pourraient payer
moins cher l'énergie dont ils ont besoin. Des emplois à long
terme seraient également créés partout au
Québec.
Hydro-Québec, qu'on décrit souvent comme le moteur du
développement économique, devrait maintenant prendre les mesures
nécessaires afin de protéger le patrimoine industriel, le
patrimoine financier ainsi que le patrimoine de la main-d'oeuvre et de
l'environnement. Les Québécois et les Cris sont en premier lieu
concernés par cette planification et cette approche du
développement qu'il faudrait bien, un jour, remettre en question. Vous,
les parlementaires, vous êtes aux premières loges, vous avez la
responsabilité de dépasser la morosité de la politique
à court terme et d'envisager, dans la sagesse et la mesure, les
perspectives les plus susceptibles, à long terme, de
générer la prospérité de la population.
Nous réitérons notre intérêt à un
partenariat authentique et équitable dans la planification et la gestion
du développement de notre territoire ancestral, dans le même sens
où nous l'avions prévu dans la Convention de la Baie James et du
Nord québécois en 1975 et comme cela devrait se faire dans
chacune des régions du Québec, d'ailleurs.
Nous vous invitons à considérer ces quelques
réflexions dans le sens d'une volonté de rapprochement entre
notre vision du développement et celle que l'on connaît depuis
quelques années, dans le sens d'un printemps intéressant et du
dégel de nos solitudes.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, messieurs. Mme la ministre
de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Alors, M. Saganash, messieurs, j'aimerais vous
remercier de votre mémoire, qui est certainement le résultat
d'une analyse globale. Il pose, ce mémoire, des questions qui sont
très pertinentes. Et je dois dire aussi que je préfère
beaucoup cet échange face à face. C'est beaucoup plus positif que
par média étranger interposé.
Je voudrais, comme première question, et ça peut
peut-être être un thème d'une campagne électorale
ce n'est pas une suggestion que je vous fais, M. Saganash... De quelle
manière le Grand Conseil envisage-t-il le développement de la
communauté crie sur un horizon de 10 ou 20 ans?
M. Saganash: II faudrait que vous soyez un peu plus
précise dans votre question, madame.
Mme Bacon: Alors, quelle est votre vision de l'avenir ou du
développement de la communauté crie sur un horizon de 10 ans ou
20 ans? D'où viendrait la richesse, par exemple, qui pourrait permettre
d'améliorer le mieux-être de vos concitoyens?
M. Saganash: De nos ressources, certainement. Nous avons toujours
dit, et je pense que vous le savez.
que les Cris ne sont pas contre le développement en soi. Nous
sommes contre le type de développement qui est proposé par
Hydro-Québec et le gouvernement du Québec. C'est un type de
développement qui nous offre un supposé choix entre un
développement massif du territoire et l'inondation de terres ou une
dépendance accrue des programmes gouvernementaux ou des promesses
gouvernementales. Alors, c'est un peu et je l'ai déjà dit
comme demander à un peuple: De quelle façon est-ce que
vous préférez vous suicider? Ce n'est pas ce genre de
développement là qu'on veut avoir. Parce que les bases de
relation que nous avons connues jusqu'à maintenant, depuis 1975, depuis
la Convention de la Baie James, ne fonctionnent plus. Il faudrait que tout le
monde réalise que c'est un fait réel, que la base de relation que
nous avons déterminée en 1975 ne fonctionne plus et qu'il
faudrait revoir les bases de relation entre nos peuples. Et on est toujours
tout à fait ouverts à ça. Le type de développement
qu'on envisage à l'heure actuelle, malgré les contraintes que
nous subissons de part et d'autre, ce serait plus un développement moins
brutal, en tout cas, que ce qui nous est proposé à l'heure
actuelle. Les gens parlent plus de développement qui est plus
près de leur culture, développement dans le sens qu'il serait
plus près du territoire. Le tourisme, par exemple, est un domaine qui
est largement inexploité dans le territoire. Alors, ce sont des choses
comme ça.
Vous savez aussi, Mme Bacon, que le gouvernement du Québec vient
de nommer un négociateur pour un peu déterminer le cadre des
négociations ou des discussions éventuelles avec les Cris. Et je
pense que c'est avec beaucoup d'espoir qu'on embarque dans ce
processus-là également, parce que, comme je dis, la façon
dont les choses ont marché jusqu'à maintenant, depuis 1975...
Juste à titre d'exemple, depuis 1978, avec la Convention de la Baie
James, à toutes les années, jusqu'en 1993, nous étions
devant les tribunaux, soit pour faire respecter les obligations que vous avez,
à titre de gouvernement, soit pour faire respecter les obligations du
fédéral ou soit pour interpréter, de façon
convenable et équitable, la Convention de la Baie James. Nous
étions devant les tribunaux, depuis 1978 jusqu'en 1993, à toutes
les années. Alors, ce n'est pas une façon dont on envisage
l'avenir. Ce n'est certainement pas la façon dont les jeunes, qui
constituent 65 % de la population crie, envisagent l'avenir avec le
gouvernement du Québec, surtout à cause du fait que vous
êtes nos voisins immédiats, et c'est avec vous, d'abord, qu'on
doit s'entendre. C'est ensemble qu'on doit déterminer comment on va
fonctionner à l'avenir. Et c'est la seule façon, je crois, de
s'en sortir.
Mme Bacon: Est-ce que vous admettez que c'est difficile de
créer la richesse quand on est si loin des grands centres, au fond?
Est-ce que ce n'est pas un obstacle à la création de la richesse
quand on est loin des grands centres?
M. Saganash: C'est sûr que c'est difficile, le fait qu'on
soit si loin des grands centres, donc là où tout se passe. C'est
très difficile, le coût de transport, le coût de transport
de marchandises, les coûts de déplacement. Tout ça est plus
cher, j'en conviens, et je pense que vous le savez également. Mais, par
contre, il y a une façon de développer le territoire, et je pense
que les Cris se sont mis à faire ce travail-là depuis cinq ans,
maintenant, à commencer à voir quels sont les moyens que nous
avons, quelles sont les contraintes actuelles, comment on peut se
débarrasser de ces contraintes-là, quelles voies de
développement le peuple cri doit choisir. Il y a certainement certains
Cris qui vont vouloir le mode de vie traditionnel, et je pense que c'est
garanti constitutionnellement, maintenant, en vertu de la Convention de la Baie
James et de la reconnaissance des traités dans la Constitution
canadienne. Alors, c'est une garantie constitutionnelle qu'il faut respecter,
et le choix que certaines gens font pour ce type ou ce mode de vie là,
je pense qu'il faut le respecter, il va toujours en avoir. Ne nous faisons pas
d'illusions de ce côté-là. Mais il y a aussi d'autres Cris
qui voient que l'avenir va passer par une autre route que ça. Donc, il
faut trouver certainement un équilibre entre les deux, il faut respecter
les choix d'un peuple, les choix que nous allons faire. J'espère, moi,
être respecté par vos membres.
Mme Bacon: Le Grand Conseil des Cris préconise les
économies d'énergie, et, selon l'analyse que vous en faites, les
objectifs d'Hydro-Québec sont moins ambitieux que la plupart des
entreprises les plus progressistes. Il serait possible d'atteindre un niveau
d'efficacité énergétique beaucoup plus
élevé, selon vous. Serait-il nécessaire d'augmenter les
tarifs d'électricité, au Québec, pour atteindre une cible
d'économies d'énergie supérieure de 5 TWh en l'an 2000 ou
de 7 TWh en l'an 2010 à celle visée par Hydro-Québec, par
exemple?
M. Saganash: Je vais permettre à M. Goodman de
répondre à la question, qui est plus technique. Perhaps you could
ask the question in English for the benefit of Mr. Goodman.
Mme Bacon: I think I have the text here. The Grand Council of the
Crée recommends energy savings, and according to its analysis, the
objectives of HydroQuébec are less ambitious than those of the most
progressive businesses and it could attain a much higher level of energy
efficiency. Would it be necessary to increase electricity rates, in
Québec, to reach an energy savings target that, by the year 2000, will
be 5 TWh greater than that at which Hydro-Québec is aiming and by 2010,
7 TWh higher?
M. Goodman (Ian): It would not be necessary to raise the rates
solely to encourage conservation. If a very high level of incentives is
provided, there may be some rate increases that would be necessary. Bills would
still go down, but because there would be a smaller number of kilowatt-hours
being sold, there might be some increase in the charge per kilowatt-hour. The
important point is that overall electricity bills would still
be decreasing. So, there may be some limited rate increases that would
be required, but they would be balanced by overall bill decreases. (16 h
30)
Mme Bacon: We had groups here that were advocating having higher
rates so that people save energy more. That would be one reason for people to
save energy. You would not advocate higher rates for energy efficiency or
energy economy or energy savings?
M. Goodman: I think it is important that the rates be set high
enough for Hydro-Québec to recover its cost and to be financially sound,
and there are questions about whether the rates will be high enough to do that.
In general, I am not in favour of increasing rates solely to encourage
conservation, as Hydro-Québec itself has commented that in many other
areas there are higher rates and that alone is not sufficient to result in a
high rate of electricity efficiency. In other words, rates are one signal, but
there are many barriers that prevent consumers from implementing electricity
efficiency. So, rather than raising rates to encourage this result, I think you
can achieve the same amount of conservation in a much easier way by providing
incentives to consumers to help them to overcome the barriers.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Ma première
question est hypothétique. Je voudrais avoir une réaction. Si
Hydro-Québec vous avait annoncé, dans son plan de
développement, qu'elle ne toucherait jamais Grande-Baleine, c'est fini,
est-ce que ça vous aurait comblé de bonheur?
M. Saganash: Pardon?
M. Chevrette: Est-ce que ça vous aurait comblé de
bonheur...
M. Saganash: Si Hydro-Québec...
M. Chevrette: ...si elle vous avait annoncé qu'elle ne
toucherait plus à la rivière Grande-Baleine, pas du tout?
Mme Bacon: M. Chevrette veut faire votre bonheur.
M. Saganash: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ce n'est pas cela, c'est parce que, au niveau de la
lecture du document, je ne suis pas sûr que vous n'êtes pas pour,
à un moment donné.
M. Saganash: Oui, absolument.
M. Chevrette: Je voudrais bien comprendre l'esprit global.
M. Saganash: La raison est la suivante. Nous croyons que le
projet Grande-Baleine n'est pas nécessaire, ni même d'autres
projets d'envergure, en passant, parce qu'il y a des possibilités, il y
a des alternatives, il y a des solutions de rechange qui sont pas mal plus
logiques, pas mal plus économiques et pas mal plus écologiques
aussi, évidemment, qui sont à la disposition
d'Hydro-Québec à l'heure actuelle. Alors, dans ce sens-là,
Grande-Baleine et les autres projets d'envergure ne sont pas
nécessaires. Il faudrait arrêter de s'acharner sur nos
rivières.
M. Chevrette: Mais, si on vous démontrait, par exemple, au
cours des années, qu'on est rendu à un point où, sur le
plan environnemental, c'est la formule la moins négative et qu'on ait
harnaché toutes les petites rivières, comme Ashuapmushuan, qu'on
ait fini de harnacher la Saint-Maurice du haut en bas, qu'on ait
harnaché la Péribonka, parce qu'il reste encore une place pour
300 MW, qu'on ait détourné la Pécan et la Carheil sur la
Moisie, et qu'on soit rendu à Grande-Baleine, et que les groupes
écologistes québécois optent pour la ressource
hydroélectrique parce que la moins polluante et la moins nocive à
l'environnement, quelle serait votre réponse?
M. Saganash: Évidemment, vous posez une question à
laquelle je ne puis répondre moi-même, à titre de
porte-parole du Grand Conseil des Cris. C'est le peuple cri qui doit
décider de ces questions-là, qui sont fondamentales. Admettons
que, dans 20, 25 ans, on sera en face de l'inévitable, comme vous dites.
À ce moment-là, on se posera la question.
M. Chevrette: C'est parce que j'ai lu la lettre de M. Matthew
Coon Come, qu'il a fait envoyer à la suite de l'obtention du mailing
d'American Express. Vous êtes au courant, sans doute, de cette
lettre?
M. Saganash: American Express?
M. Chevrette: Quelque chose du genre, là. Je sais qu'on a
reçu ça. Il y a eu un mailing... Le Natural Resources Defence
Council a envoyé ça à partir d'un mailing qui a
été obtenu, je ne sais pas... On m'a dit que c'était le
mailing d'American Express. Peu importe le mailing, il y a du monde qui l'a
reçu et je l'ai. M. Coon Come n'y va pas de main morte. Il dit qu'il y a
beaucoup de trouble dans leurs maisons, qu'Hydro-Québec est en train de
détruire les terres sacrées et que, si on se promène en
Cessna, on voit tout ça, là. Il y a beaucoup de choses
d'écrites: «Vous devez arrêter complètement la phase
II de la Baie James. Il n'y a pas d'alternative, ça doit être
fini.» Vous appelez même le projet «The Frankenstein
Project». Ça fait peur, merci, bonjour, bonsoir.
M. Saganash: Nous disons qu'il y avait des gens, à
l'intérieur d'Hydro-Québec, qui appelaient la phase II de la Baie
James le projet Frankenstein. C'est ça qu'on
dit, dans la lettre.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ce n'est pas rassurant tout de suite,
ça.
M. Saganash: Poursuivez, monsieur, poursuivez.
M. Chevrette: Ensuite, bien là, vous dites que c'est
l'organisme, le Natural Resources Defence Council, qui est le mieux
placé pour vous défendre, qui connaît le mieux ça
puis qui comprend tout ça. Vous maintenez ça, vous aussi, comme
M. Coon Come?
M. Saganash: II faut regarder ces questions-là dans une
perspective crie. Mettez-vous à la place de la personne qui voit, du
jour au lendemain, sa terre inondée par un projet
hydroélectrique, sachant très bien que le territoire qui vient
d'être inondé a donné la vie à ses ancêtres
pendant au moins 5000 ans en arrière. Mettez-vous à la place de
cette personne-là. Vous ne pouvez pas conclure autrement que c'est une
situation tragique et dramatique. Moi, je le comprends. Je sais comment ces
gens-là pensent, je sais comment ils réagissent face à une
éventualité pareille, ayant eu une première
expérience avec la phase I de la Baie James. C'est sûr que vous
n'arriverez jamais, vous, M. Chevrette, à comprendre cette
perspective-là, je le sais. Je ne vous demande pas non plus de le
comprendre.
M. Chevrette: Je peux faire un effort pour le comprendre, M.
Saganash. Je comprends que, se faire désorganiser son territoire,
ça doit être grave. Je ne suis pas en mesure, bien sûr, de
vivre ce que vous pouvez ressentir. Ça, je l'admets. Mais,
au-delà de cela, moi, ce que je n'ai pas accepté dans tout le
processus, depuis quelques mois, c'est un peu ça que je veux discuter
calmement avec vous.
M. Saganash: J'ai refusé de répondre à la
question, parce qu'il faudrait surtout éviter de personnaliser ces
dossiers-là. Ce sont des questions qui sont fondamentales et importantes
qu'il faut tous essayer de comprendre.
M. Chevrette: Ce n'est pas sous cet angle-là que je veux
discuter. C'est que vous savez que le Québec, à
l'extérieur, à New York en particulier, s'est fait charrier,
comme image. Vous n'êtes pas sans le savoir. Moi, j'ai lu toutes les
accusations de cet organisme-là, Natural Resources Defence Council, puis
je vous avoue, là, qu'il y a des faussetés lamentables. Moi, je
veux bien qu'on se batte, puis c'est de bonne guerre, et, quand on a à
se confronter, on doit utiliser un rapport de force, mais de là à
utiliser des faussetés flagrantes, ça, je pense que ça n'a
pas de bon sens. On vit sur un même territoire, on ne peut pas, à
mon point de vue, dire des choses qui sont toutes fausses. On peut dire des
choses qui sont vraies. Que ça brise vos traditions, je suis bien
conscient de ça, mais dire, par exemple, que la caniapiscau coule
à 100 % maintenant à l'inverse de ce qu'elle coulait alors que
c'est 70 %, que les 10 000 caribous, c'est dû à ça...
j'étais ministre du loisir, de la chasse et de la pêche quand les
10 000 caribous se sont noyés. il y a eu des études de faites,
puis vous savez qu'il y a eu des catastrophes plus grandes que cela sans
barrage chez vous.
M. Saganash: Les études qui ont été
menées, par exemple sur la noyade des caribous, il y a même un
organisme chez vous qui a conclu qu'Hydro-Québec en était
partiellement responsable, du moins.
M. Chevrette: Ce n'est pas ça que vous dites. C'est le
Natural Resources qui dit ça...
M. Saganash: Oui, oui.
M. Chevrette: ...puis que ce n'est aucunement faux. Il n'y a
aucun organisme du gouvernement canadien qui a identifié que le
réservoir, contrairement à ce qui est affirmé par le
Natural...
M. Saganash: Mais répondons à la question qui
sous-tend ce que vous dites. Est-ce que les Cris sont là pour
dénigrer les Québécois à l'extérieur? Je ne
crois pas. Ça n'a jamais été l'intention des Cris, ce ne
sera jamais l'intention des Cris que de dénigrer qui que ce soit. On
critique des projets, on critique des projets tels Hydro-Québec, mais
jamais... Moi-même, je suis allé à Duke University, en
Caroline du Nord, pas plus tard qu'en mai dernier, pour dire parce que
c'était une conférence sur le droit à
l'autodétermination que les Québécois, s'ils se
considèrent comme Québécois et comme peuple, ont le droit
à l'autodétermination. Tous les peuples ont ce droit-là.
Alors, nous ne sommes pas là pour dénigrer qui que ce soit. Il
est faux de prétendre que les Cris sont là pour dénigrer
les Québécois, jamais, et la plupart des discours, parce que j'ai
lu les discours, suite à la réaction de l'Assemblée
nationale à l'époque de la parution de l'annonce dans le New
York Times... J'ai lu ce qu'on a dit, jusqu'à maintenant, dans
les discours que Matthew Coon Come a faits ou que moi-même j'ai faits aux
États-Unis ou ailleurs dans le monde, et je n'ai pas trouvé, dans
les textes, la mention, ne serait-ce qu'une fois, le mot
«Québécois» ou le mot «Canadien». On
parle de gouvernement des fois, on parle d'Hydro-Québec et des projets
d'Hydro-Québec des fois, mais nous ne sommes pas là pour
dénigrer qui que ce soit, détrompez-vous de ce
côté-là. (16 h 40)
M. Chevrette: Mais je ne sais pas, ce sont peut-être des
gens qui ont amplifié à votre place. Il y a peut-être des
gens qui interprètent ce que vous leur dites. Ça, on ne peut
pas...
M. Saganash: Oui, c'est sûr qu'il y a d'autres gens,
autour, qui disent plein de choses. Je veux dire, ils sont seuls responsables
de leurs paroles.
M. Chevrette: Oui, mais, quand votre propre chef s'en vient nous
dire, mon cher M. Saganash, que l'organisme qui, justement, nous descend le
plus, à coups de faussetés... Je pourrais en reprendre un paquet,
là. Je vous avoue très honnêtement, si on avait le temps,
je vous lirais chaque accusation qui a été portée, puis je
vous lirais exactement la réalité. Vous conviendrez que, quand
vous appuyez un tel type d'organisme qui nous descend, à
l'extérieur, avec de telles faussetés, celui que vous appuyez
comme étant le meilleur défenseur et qui charrie des
faussetés, on est au moins en droit de vous demander s'il n'y a pas un
réalignement possible. Moi, je veux bien que vos droits soient
respectés, discutés puis tout le kit, mais j'accepte mal que le
Québec, qui est diminué, à l'extérieur... S'il y a
des vérités, là, ça, toute vérité est
bonne à dire, puis partout, je suis d'accord avec vous, mais des
faussetés qui ont pour effet de diminuer le Québec, comme
Québécois, là, au-delà des allégeances
politiques et au-delà de tout, ça me fait mal, surtout quand
c'est dit à l'étranger par des gens que vous appuyez, parce que
vous dites que votre propre chef dit que c'est le meilleur organisme pour
défendre vos droits. Je suis bien obligé de constater que c'est
ça qui se passe, dans les faits.
M. Saganash: Vous savez ce que vous avez à faire.
Communiquer, c'est... On est dans des pays démocratiques
supposément libres, alors j'espère qu'il y a de la place à
la critique et à l'opposition. Vous pouvez certainement convoquer les
gens du NRDC pour vous expliquer...
M. Chevrette: Ils ne veulent pas venir.
M. Saganash: ...l'impact. Je pense que, de toute façon, un
de l'exécutif du PQ est allé les rencontrer, M. Cliche.
Alors...
M. Chevrette: C'est possible. Non, mais, je veux dire, ils
étaient invités, puis ils se sont désistés. C'est
pour ça que j'aurais aimé... Étant donné que M.
Coon Corne faisait référence à cet organisme, on aurait
aimé l'interroger, naturellement, mais je pensais que, cet
après-midi, vous...
M. Saganash: Tout ça pour vous dire que je comprends votre
sensibilité. Je connais les Québécois, vivant avec une. Je
connais leur sensibilité. Ça, je n'ai aucun problème avec
ça. Mais est-ce que, par hasard, vous, M. Chevrette, ça vous est
déjà arrivé d'écouter les lignes ouvertes, à
la radio, que ce soit à Québec ou à Montréal, par
exemple, pour écouter ce qu'on dit à propos des autochtones, ici,
au Québec? Est-ce que ça vous est déjà
arrivé?
M. Chevrette: Oui, oui.
M. Saganash: Bon. Quand on considère que le mot
«sauvage» a repris du service dans notre société, je
pense qu'il y a des problèmes. Mais, moi, je ne suis pas là pour
être populaire auprès de qui que ce soit; je suis là pour
défendre les intérêts et les droits de mon peuple, et c'est
ça que je vais faire. Et je n'ai pas besoin, ce faisant, de
dénigrer qui que ce soit d'autre autour de moi.
M. Chevrette: Donc, vous condamneriez tous ceux qui disent des
faussetés ailleurs, dans ce cas-là.
M. Saganash: Bien, moi, je le dis. Moi, je le dis
personnellement. Je le dis, ce que j'en pense, puis, si on lit, par exemple,
quelques articles où j'ai mentionné ces faits-là, oui,
effectivement. Puis je comprends la réaction et je n'ai pas de
problème avec la réaction. Mais, de là à dire que
c'est... Si je publiais du jour au lendemain tout ce qui se dit sur les
autochtones dans les lignes ouvertes, par exemple il est faux de croire
que vos paroles ne sortent jamais du village si je me mettais à
mettre ça à la face du monde... Ce n'est pas l'idée qu'il
y a derrière ça. On est là pour défendre une cause
et on va le faire du mieux qu'on peut. Vous êtes là pour nous
critiquer également. Vous faites votre job aussi. Ça
s'arrête là.
Le Président (M. Audet): Merci. Mme la ministre.
Mme Bacon: Vous mentionnez que le plan de développement
comporte différentes catégories de risques. Est-ce qu'il y a des
risques à se donner des objectifs d'économies d'énergie
aussi élevés que ceux que vous proposez dans votre
mémoire? Est-ce que vous ne trouvez pas que les... Vous voulez que je
traduise? You say that the development plan includes various categories of
risks. Are there not also risks involved in aiming at energy savings objectives
as high as those proposed by the Grand Council?
M. Goodman: There are some risks in that context. However, they
are limited. One of the things that is very notable about energy efficiency
versus me-gaprojects is that you get feedback as you go along. You conduct a
program, you start saving energy within a very short amount of time. If, after
three years of very intensive activity, we see that it is difficult to meet the
targets, Hydro-Québec can readjust the targets and can implement other
short lead time generation if it is necessary. On the other hand, if, after
three years, we find we are exceeding the targets, we can also adjust the
program. The problem of megaprojects is that they have very long lead times.
Hydro-Québec has identified that those long lead times are a problem.
So, yes, there are some risks, but they are more limited than the
alternatives.
Mme Bacon: La mission d'Hydro-Québec est
évidemment, d'abord, de fournir de l'électricité aux
meilleures conditions et d'optimiser ensuite l'avantage comparatif que
constitue l'hydroélectricité, et, pour s'acquitter de son mandat,
il est primordial de prévoir le
plus exactement possible les besoins futurs, faire un choix
d'équipement approprié, en même temps.
L'élec-trification de l'économie et l'augmentation de la
consommation d'électricité per capita, c'est une tendance lourde,
en Amérique du nord. Le Québec n'échappe pas à
cette tendance. Les économies d'énergie permettront de ralentir
le mouvement des besoins de projets, mais la demande
d'électricité est constamment en expansion. Est-ce qu'il est
raisonnable pour HydroQuébec de planifier ses équipements en
fonction d'un scénario de croissance minimale de la demande?
M. Saganash: Je préférerais que ça soit M.
Goodman qui réponde à la question.
Mme Bacon: Je vais simplifier. Ha, ha, ha! Would it be logical
for Hydro-Québec to plan its installations only in accordance with a
scenario of a minimal growth in demand?
M. Goodman: I think it is necessary for HydroQuébec to
explicitly take into account the uncertainty about the level of demand.
Obviously, it does not control how much electricity is going to be used,
although it has substantial influence. Thus, it has to be prepared for dealing
with higher than median scenario demand, and it has to be prepared for lower
than median scenario demand, and there are risks in both directions.
Mme Bacon: Je pense que je vais retourner en anglais, parce que
c'est une question plus technique, M. Saganash. Despite low fuel prices, most
Québec consumers still choose electricity, and particularly in new
residential buildings. For planning purposes, would it not be unwise to count
on a reversal of this trend, and must we envisage coercive measures? Some
people propose coercive measures.
M. Goodman: I think that there is a basic energy policy question
that has to be answered. One of the major reasons why there is such a high rate
of penetration for electric heating is that government policy has been
extremely supportive of electric heating in the past. There are actions the
government can take to encourage a change in this. One of the major reasons why
electric heating is popular is because it is lower cost for builders to
install. In most cases, these builders are not paying the electricity bills.
Thus, there is a classic example of the way in which the energy markets do not
work perfectly. I think if government policy changed, if there were a decision
on the part of the government that there are lower-cost alternatives for
heating in the future, I think the building markets could start to change
fairly rapidly. I think there are also changes in building codes that could
accelerate this.
So, I think that the decisions on energy policy need to be made first,
and they are a very important input into what the level of electric heating
penetration will be in the future. But I think, beyond that, even without a
change in policy, it is very important for Hydro-Quebec's planning to
explicitly take into account the uncertainties that stem from fuel prices. If
oil and gas prices remain as low as they are currently, or they increase
slowly, I think you are going to see some changes, and electric heating is not
going to be installed in 95 % of homes in the future. Apparently, in portions
of the province served by Gazifère, in the Hull area, you are already
starting to see higher gas penetrations because of very agressive marketing on
the part of the utility, the gas utility. So, I think you may start to see a
change fairly rapidly. (16 h 50)
Mme Bacon: You mention gas, but what about the environment or
environmental issues?
M. Goodman: There are certainly environmental issues relating to
any energy source. I think, on balance, gas, especially when used efficiently
for heating or in cogeneration, has less environmental impacts in
hydroe-lectricity. In other places in North America where this issue has been
considered, the decision has been that gas has less severe environmental
impacts. BC Hydro is making choices between additional hydro projects and
between gas for electricity generation and gas for heating. Their decision has
been to encourage consumers that already have electric heating to switch to
gas, to encourage new consumers to select gas. They are also encouraging gas
for new electricity generation rather than building hydro projects.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Si on est capable de dire ce qu'on n'accepte pas,
il faut dire ce qu'on accepte aussi. Moi, je sais que vous avez
travaillé très, très fort pour faire les projections,
analyser toute la situation d'Hydro-Québec, pour en arriver à la
conclusion qu'on doit éliminer le plus possible les travaux d'envergure
par, d'abord, des programmes d'efficacité énergétique, et
ça, je dois vous dire que c'est un consensus qui semble se
dégager assez majoritairement, mettre l'accent, au cours des prochaines
années, sur la fiabilité du réseau, l'efficacité
énergétique et peut-être faire des barrages d'appoint, en
particulier sur des rivières qui ont déjà
été harnachées, qui sont déjà
endommagées, si vous me permettez l'expression. Je sais qu'il y en a qui
n'aimeront pas ça, mais on n'a pas tenu compte, au départ, dans
bien des cas, parce qu'il n'y a jamais eu de débat là-dessus au
Québec, du fait qu'il y ait ou non des rivières patrimoniales. Il
n'y en a aucune qui est consacrée, et ça m'apparaît
être un des problèmes du système parce que c'est ouvert
à l'ensemble des rivières, là. On n'en aura pas une qui
n'y est pas susceptible, à moins qu'elle n'ait aucune importance pour
l'hydroélectricité. Il n'y a pas un cours d'eau d'envergure qui
pourrait être sauvé.
J'aurais deux questions à vous poser. Beaucoup de groupes ont
parlé d'une commission de l'énergie indé-
pendante, qui pourrait parler d'une politique globale de
l'énergie, au québec, compte tenu du fait que
l'électricité représente 40 %, mais il y a aussi 60 % qui
est le mazout et le gaz, qui ne font pas partie d'un plan de
développement, qui ne s'intègrent pas dans le plan de
développement et sur lesquels on ne fait porter aucune pression, par
exemple, sur l'efficacité énergétique; on s'en tient
à l'hydroélectricité. premièrement, seriez-vous
d'accord pour participer activement à ce genre de débat public
pour une politique énergétique et seriez-vous en faveur d'une
commission indépendante de l'électricité, au
québec?
M. Saganash: La réponse, c'est définitivement oui.
Nous avons, dans le passé, colporté également cette
idée. Nous faisions partie d'une coalition pour un débat public
sur l'énergie au Québec, et nous croyons que c'est encore une
idée qui doit faire son chemin et qu'on doit même aller dans ce
sens-là aujourd'hui. Le débat public sur l'énergie, je
pense que les Québécois le réclament depuis fort
longtemps, depuis, du moins, le début des années quatre-vingt, et
ça n'a jamais eu lieu. Donc, la suggestion d'avoir une commission
indépendante pour considérer toutes les questions
énergétiques, et non seulement la filière
hydroélectrique, mais toutes les autres filières
également, thermique et autres, oui, définitivement, nous allons
participer, si c'est le cas.
M. Chevrette: L'autre question. Vous comparez souvent le
Québec et votre région à des centrales américaines,
et il y a des critiques là-dessus. Au point de vue comparabilité,
là, d'étendue, de nombre de mégawatts, etc., est-ce que
c'est très semblable, les centrales que vous prenez à
témoin par rapport aux projets que vous comparez, à La Grande,
par exemple? Dans votre texte, vous faites souvent appel à plusieurs
centrales américaines. Est-ce que c'est vraiment comparable avec les
projets qu'on installe dans le Nord?
M. Saganash: Les comparaisons se font au niveau
énergétique, toutes les questions énergétiques
entourant les «public utilities» comme Hydro-Québec. Mais je
vais demander à M. Goodman de répondre.
M. Goodman: Obviously, each utility, each jurisdiction is unique
and Québec is certainly unique in many ways. But many of the forces
which are changing the energy markets in Québec are also the forces that
have transformed the energy markets in Ontario, in New York and in New England.
Hydro-Québec obviously is a very heavily hydro-based utility. That is
also true in Manitoba or British Columbia, and they are facing the same types
of choices as Québec. Thus, the lessons that we have seen elsewhere have
many applications in Hydro-Quebec's situation. They have to be considered in
the unique context of Hydro-Québec. However, the directions that are
changing the markets elsewhere are also directions that will affect
Hydro-Québec.
Le President (M. Audet): Merci.
M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
D'entrée de jeu, M. Saganash, j'ai énormément
apprécié vos derniers commentaires, vos dernières paroles
lorsque vous avez fait votre présentation, lorsque vous avez
parlé d'un printemps, d'une nouvelle attitude et d'une nouvelle
manière de voir les choses.
Le député de Joliette, tout à l'heure, a
touché ce que je questionne, parce que, lorsque je regarde cette grande
problématique là, ça fait peur, lorsqu'on regarde une
quarantaine de milliards de dollars à rajouter sur la dette
d'Hydro-Québec. Et il y a tout le contexte aussi de vos traditions et
aussi des nôtres, de nos relations, de ce qu'on veut léguer aussi
aux générations à venir. Il y a, par contre, qu'on est
pris à vivre ensemble, je pense, dans un monde moderne de globalisation,
puis on ne peut pas revenir en arrière, il faut toujours aller en avant.
Mais, par contre, il faut garder, je pense, nous, les humains, nos deux pieds
bien ancrés dans nos racines et dans nos traditions, parce qu'à
un moment donné on va arriver dans un monde qui va être
complètement déboussolé.
Alors, ceci étant dit, moi, je pense qu'il y a peut-être
moyen, comme le député de Joliette l'a dit, comme je l'ai
mentionné à quelques occasions aussi au cours des derniers jours,
de regarder ce qui a commencé à être harnaché, puis
il y a peut-être 1800 MW qu'on pourrait aller finir, tout en corrigeant,
en essayant de corriger des problèmes qui sont là, comme on a vu,
ce matin, avec la Saint-Maurice. Alors, il y a différentes
rivières qui sont comme ça.
Mais ceci étant dit, oui, vos économies d'énergie,
il faudra explorer cette filière-là, mais, tôt ou tard, on
va arriver dans le temps... Est-ce que c'est en l'an 2000? Est-ce que c'est en
2005? Est-ce que c'est en 2010? Quelque part dans le temps, on va arriver avec
des besoins énergétiques pour rencontrer tous nos besoins
à nous, ici, qui vivons sur la terre du Québec.
Il y a une forme d'énergie, qu'on verra dans un mémoire ce
soir, qui parle aussi de vos territoires et qui est toute l'énergie
éolienne. Puis, on nous dit qu'il y aurait énormément de
potentiel ici, lorsqu'on regarde les mégawatts ou les
térawattheures qu'on serait capable de développer, et que
ça serait une énergie qui serait beaucoup plus propre ou qui
handicaperait moins le territoire. Alors, j'aimerais, moi, vous entendre sur ce
point de vue là, si vous l'avez évalué, si ça ne
serait pas une évaluation possible, dans le temps, pour repousser le
plus loin possible dans le temps les échéanciers d'harnachement
de nouvelles rivières, de regarder ces nouvelles formes d'énergie
là.
M. Saganash: Je pense que c'est le défi
d'Hydro-Québec d'essayer de voir autre chose que de construire des
barrages et d'avoir, comme le groupe Environnement Jeunesse a dit, ses
réflexes de castor. Je pense que c'est le défi.
Hydro-Québec continue... D'emblée, je dois reconnaître la
réputation planétaire d'Hydro-Québec dans son expertise de
construction en ingénierie et en
gestion de grands projets. Ça, je n'ai pas de problème
avec ça. Mais le défi, je pense, d'Hydro-Québec et surtout
des ingénieurs, c'est d'essayer de voir, pour l'avenir, comment on peut
trouver de nouvelles technologies, une nouvelle manière de faire ces
choses-là. Je pense que c'est ça, le défi qu'on doit se
proposer. Parce que, de dire qu'un jour ça va être
inévitable, qu'il faudra construire ces barrages-là, je pense que
c'est fataliste comme attitude et qu'il faut refuser d'avoir cette
attitude-là, à mon avis. Nous avons un grand défi devant
nous, et je propose même ce défi-là aux ingénieurs
du Québec, parce qu'ils ont une réputation internationale, qu'ils
méritent d'ailleurs, mais il faut commencer à voir autre chose
que ça, essayer de trouver d'autres technologies.
M. St-Roch: Mais, un peu plus...
Le Président (M. Audet): Brièvement, M. le
député. Il ne nous reste presque plus de temps.
M. St-Roch: Oui, très brièvement. J'ai une question
un peu plus pointue. On nous dit, ici, qu'il y aurait peut-être la
possibilité de développer 12,2 TWh énergie éolienne
considérant la Baie James et l'Hudson. Est-ce que c'est une approche qui
vous apparaît probable, avec vos gens, votre milieu, vos traditions, de
dire un jour: Oui, peut-être que les moulins à vent ou les
éoliennes seraient quelque chose, une alternative qui pourrait
être considérée?
M. Saganash: Oui, évidemment. On n'est pas des gens qui
s'opposent à tout prix à tout, on ne l'a jamais
été, et les gens savent qu'ils doivent se rattacher à
leurs racines, comme vous dites, pour pouvoir affronter mieux
l'extérieur, parce que nous vivons, effectivement, dans le XXIe
siècle. Il y a une globalisation des phénomènes qu'il faut
reconnaître. Alors, dans ce sens-là, oui, il faut s'ouvrir
à ça, mais c'est une question qui doit être répondue
non pas par moi, à titre de vice-grand-chef ou de porte-parole des Cris,
mais par le peuple cri et, si un jour on arrivait et on nous disait: Voici les
solutions qu'on pourrait peut-être regarder ensemble, est-ce qu'il serait
possible... Parce que, à l'heure actuelle, la façon dont
ça fonctionne, aujourd'hui, on a dit: Tassez-vous, nous, on s'en vient
avec nos projets. C'est une attitude colonialiste dont il faut se
débarrasser. Il faut faire les choses autrement. Je suis absolument
persuadé que, si le gouvernement du Québec était
arrivé en 1989 et qu'il avait dit aux Cris c'est quelque chose de
personnel que je vous dis: Bon, voici, nous avons un projet qui nous
intéresse, qu'est-ce que vous en pensez? est-ce qu'il serait possible de
s'entendre? peut-être qu'il y aurait eu moins de problèmes
aujourd'hui. Alors, c'est une question d'attitude également, et tout ce
que je peux vous dire, c'est que les Cris sont ouverts, mais pas au prix qu'on
s'attend de nous, le prix social et le prix environnemental qu'on nous propose
à l'heure actuelle. (17 heures)
Le Président (M. Audet): Alors, M, Saganash, messieurs, au
nom des membres de la commission, je vous remercie de votre
présentation.
Nous allons suspendre deux minutes afin de permettre à la ville
de Rouyn-Noranda de s'avancer.
(Suspension de la séance à 17 h 3)
(Reprise à 17 h 7)
Le Président (M. Audet): Si vous voulez prendre place, la
commission va reprendre ses travaux. Nous recevons maintenant la ville de
Rouyn-Noranda. Alors, messieurs, au nom des membres de la commission, je vous
souhaite la plus cordiale bienvenue. Je vous rappelle brièvement nos
règles de procédure. Vous disposez d'une vingtaine de minutes
pour nous faire part de votre exposé et vous présenter, ce qui
est très important. Ensuite, suivra une période d'échange
d'une quarantaine de minutes. Vous pouvez y allez, vous avez la parole.
Ville de Rouyn-Noranda
M. Cloutier (Gilles): Mme la ministre, vice-première
ministre, ministre de l'Énergie et des Ressources, Mmes et MM. les
membres de la commission parlementaire, j'aimerais vous présenter
d'abord la personne qui m'accompagne, qui est le commissaire industriel de la
société de développement du Rouyn-Noranda régional.
Nous devions avoir avec nous aussi, ce soir, le président de la Chambre
de commerce de Rouyn-Noranda. Il ne peut être présent, compte tenu
que son père est décédé hier. Donc,
malheureusement, il a dû se décommander.
Alors, la ville de Rouyn-Noranda a pris connaissance avec
intérêt de la dernière version du plan de
développement d'Hydro-Québec. Mme la ministre se souviendra qu'en
mai 1990 nous avons fait connaître à cette même commission
parlementaire notre point de vue sur le plan de développement 1990-1992
de la société d'État. On se souviendra aussi que moins
d'un an plus tard, en mars 1991, nous avons entrepris de nous opposer à
la division du territoire de La Grande Rivière, dont le siège
régional est à Rouyn-Noranda. Avant cette division, le territoire
de La Grande Rivière s'étendait sur 300 000 km, soit près
de 20 % de la superficie du Québec. L'importance de ce siège
régional Grande Rivière, chez nous, est l'une des principales
raisons de notre présence à cette commission parlementaire,
aujourd'hui.
Toutes les installations de la région de La Grande Rivière
relèvent du centre d'exploitation régional à
Rouyn-Noranda, véritable cerveau qui coordonne l'exploitation du
réseau de production, de transport et de distribution de
l'électricité. L'hydroélectricité est devenue,
depuis le début de l'année 1985, c'est-à-dire au moment
où il y a eu fusion des régions Abitibi et Baie James, l'un des
moteurs très importants de notre développement économique.
Nos principales ressources,
minières et forestières, qui ont contribué pendant
de nombreuses années à notre essor économique,
s'épuisent. L'hydroélectricité est donc devenue pour nous
une question de survie économique. Nous souhaitons ardemment
qu'Hydro-Québec mette de l'avant ses projets de développement et
nous voulons en tirer le meilleur profit possible. Notre mémoire
d'aujourd'hui fait d'abord le point sur la situation actuelle et il rappelle
nos principales préoccupations.
Nos préoccupations: l'embauche des travailleurs sur les grands
chantiers de construction; la place des travailleurs de
l'Abitibi-Témiscamingue dans l'opération des centrales nordiques;
la mise en oeuvre de politiques de recrutement et de formation favorisant une
participation accrue des travailleurs de la région; la
décentralisation des activités de recherche; la politique d'achat
favorisant les retombées régionales. (17 h 10)
Nous jetons aussi un coup d'oeil intéressé aux grandes
orientations et aux principaux virages annoncés par l'entreprise.
Finalement, nous émettons quelques commentaires sur la question du
développement versus celle de la protection de l'environnement. les
grands travaux. ni rouyn-noranda, ni l'abitibi-témiscamingue n'ont,
jusqu'à maintenant, tiré un avantage marqué des grands
travaux réalisés par la sebj. l'été dernier, un peu
plus de 5000 personnes s'affairaient à compléter les puissances
installées du complexe la grande. environ 250 d'entre elles, ou 5 %,
provenaient de l'abitibi-témiscamingue. la même proportion
s'applique aux entreprises: seulement 2 sur 40 sont de provenance abitibienne,
et une seule de la région du nord du québec. pour des
régions limitrophes au territoire de la baie james, ce n'est pas
beaucoup.
Nos entrepreneurs dénoncent certaines anomalies dans
l'attribution des contrats. L'exigence d'avoir une place d'affaires sur le
territoire pour l'exécution des travaux est facilement contournable.
Nous pourrons élaborer lors de la période des questions sur ce
sujet. Il faut trouver des moyens, établir des mécanismes qui
permettent aux entreprises et aux travailleurs de la région de
participer davantage aux grands travaux. De meilleurs canaux d'information
doivent donc être établis pour que les entreprises et les
travailleurs de la région aient la chance d'y participer davantage.
L'Abitibi-Témiscamingue est prête à faire sa part pour
établir des communications plus soutenues entre le maître d'oeuvre
et les grands entrepeneurs, d'une part, et la région, d'autre part.
l'exploitation des centrables nordiques. depuis juin 1992, seules les centrales
du secteur ouest de la baie-james demeurent rattachées au siège
régional de la grande rivière, situé à
rouyn-noranda. l'exploitation actuelle de ces centrales fournit du travail
à environ 425 personnes du siège régional. seulement 45 %
de ces personnes résident en abitibi-témiscamingue. c'est peu,
beaucoup trop peu. on avance souvent, comme facteur de cette situation, le
maintien des droits acquis pour les travailleurs de montréal et de
québec avant la création de La Grande Rivière en 1985.
C'est là une fausse explication. Le manque de rigueur dans l'application
de la politique des ports d'attache explique beaucoup mieux le peu de
progrès réalisé en faveur des travailleurs de
l'Abitibi-Témiscamingue. Entre 1985 et 1991, pas moins de 189 nouveaux
travailleurs ont obtenu un poste dans le secteur ouest de la Baie-James, sans
établir leur résidence en région. Ce qui nous fut
présenté comme des cas d'exception est en fait devenu monnaie
courante, en dépit de la politique et du discours officiellement
contraire de la société. Nous ne sommes pas disposés
à ce que des pratiques du même genre soient rétablies en
douce au cours des années qui viennent.
L'augmentation des puissances installées sur le nouveau
territoire de La Grande Rivière LG 1 et LG 2A
générera en effet une centaine de nouveaux postes permanents
d'ici l'an 2000. Selon la politique d'Hydro-Québec, ces postes seront
accessibles aux travailleurs de l'Abitibi-Témiscamingue et à ceux
qui sont prêts à s'y établir. Mme la ministre comprendra
que, sur cette question, nous serons particulièrement vigilants.
Le recrutement et la formation de la main-d'oeuvre. Il nous plaît
de reconnaître que, depuis la fin de 1991, la politique de recrutement
d'Hydro-Québec commence à être plus favorable à
notre main-d'oeuvre régionale. Pour les postes de techniciens et de
métiers, certains employés temporaires de la région ont
acquis une priorité d'embauché sur les employés
temporaires des autres régions qui répondent aux mêmes
critères. C'est un pas intéressant dans la bonne direction. Les
responsables de La Grande Rivière déploient aussi des efforts
importants pour faire connaître les besoins en main-d'oeuvre
spécialisée, pour inciter les jeunes à choisir une
formation pertinente et pour sensibiliser la population féminine
à l'attrait des métiers moins traditionnels.
Le siège régional de La Grande Rivière ne cache pas
non plus son parti pris envers les organismes et les institutions de formation
du milieu, tant pour la préparation de la main-d'oeuvre future que pour
le recyclage et le perfectionnement du personnel déjà en place.
Cet esprit de collaboration crée des opportunités pour
Rouyn-Noranda et l'Abitibi-Témiscamingue, et que
l'Abitibi-Témiscamingue entend bien saisir. Au cours des années
qui viennent, on assistera certainement à la multiplication des
initiatives et des ententes entre HydroQuébec et ses partenaires en
formation.
La recherche. Au cours de son dernier exercice financier,
Hydro-Québec prévoyait dépenser plus de 12 000 000 $
à différents travaux de recherche en milieu nordique. Cette somme
se partage entre la Direction recherche et encadrement 3 500 000 $
et la Direction des études d'impact 9 400 000 $ ces
directions se rattachant à la vice-présidence Environnement du
siège social d'Hydro-Québec.
Dans leur presque totalité, les analyses et les recherches ont
été confiées à des consultants universitaires ou
à des consultants privés. Un groupe de travail mis sur pied par
l'Université du Québec en Abitibi-
Témiscamingue pour faire le bilan de la recherche
effectuée dans le Nord du Québec s'est buté au mutisme
absolu touchant l'identité des contractuels. Cette situation est
absolument incompréhensible et encore moins acceptable. Les devis de
recherche doivent être rendus publics ainsi que les règles
d'attribution et les récipiendaires des contrats. Il est très
étonnant qu'on ne procède pas, dans ce domaine, par voie de
soumissions publiques auprès de tous les milieux concernés. Et,
s'il y a soumissions publiques, il y a normalement divulgation des
résultats. Nous demandons à Hydro-Québec de plus amples
explications à ce sujet. Nous vous demandons également, Mme la
ministre, de clarifier cette situation auprès des dirigeants
d'Hydro-Québec et de faire modifier la procédure, si
nécessaire.
Dans son plan de développement, l'Université du
Québec en Abitibi-Témiscamingue projette de créer un
centre de recherche environnementale minier. Serait-il possible et pensable
qu'Hydro-Québec décentralise certaines activités de
recherche qui pourraient être compatibles avec celles de
l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue?
La politique d'achat. Les biens et services achetés par ou pour
La Grande Rivière représentent plus de 130 000 000$ par
année année 1991. Le bureau d'achat régional a
placé pour 35 000 000 $ de commandes, alors que 53 000 000 $ 40 %
du total ont été adjugés à des fournisseurs
de l'Abitibi-Témiscamingue. L'évolution de ces données
dépendra du maintien du rôle confié à La Grande
Rivière pour tout le territoire de la Baie James et du pouvoir de
dépenser qu'on accordera au bureau d'achat régional.
Présentement, seuls les achats inférieurs à 100 000 $ sont
de juridiction régionale. Nos positions en ce domaine sont les
suivantes: considérant l'expertise développée par La
Grande Rivière, considérant aussi les avantages administratifs,
économiques et logistiques qui en découlent pour l'entreprise,
nous recommandons fortement que La Grande Rivière conserve le mandat
d'achat pour tout le territoire de la Baie James; pour des raisons similaires,
et considérant que les fournisseurs de l'Abitibi-Témiscamingue
sont de plus en plus aptes à répondre aux besoins
d'Hydro-Québec, nous demandons que la limite des 100 000 $ soit
révisée à la hausse.
Les grandes orientations d'Hydro-Québec. Plusieurs des
orientations proposées par Hydro-Québec intéressent au
plus haut point chaque Québécois. Les consommateurs que nous
sommes applaudiront au virage clientèle et au virage qualité
amorcés en 1990 et que l'entreprise veut poursuivre avec
détermination. Il y a là beaucoup plus qu'une réaction de
client. Hydro-Québec est une entreprise, c'est vrai, mais elle est aussi
un symbole: celui de la réussite québécoise dans un
secteur névralgique. Par leur engagement au défi performance, les
travailleurs et les gestionnaires d'Hydro-Québec méritent nos
félicitations.
D'autres orientations sont importantes pour l'ensemble
québécois et pour les régions. Parmi ces orientations, on
peut regrouper celles qui visent: l'amélioration du réseau
existant; la diminution de la facture énergéti- que pour les
entreprises et les foyers bilan énergétique, tarification
innovatrice; l'expansion des moyens alternatifs de production ou de
distribution producteurs privés, cogénération,
réseaux municipaux de distribution; l'encouragement au
développement des électrotechnologies. Ces priorités
créent un climat et des occasions d'affaires propices au
développement local et régional. Rouyn-Noranda a aussi son projet
de cogénération. Nous aimerions pouvoir élaborer
davantage, lors de la période des questions, sur la nature de ce
projet.
Environnement versus développement? Fidèle au courant
nord-américain, l'entreprise se tourne aussi d'une façon plus
résolue vers les économies d'énergie. Nul ne conteste la
pertinence de cette orientation: ce virage s'imposait. On sait cependant que
cette orientation ne pourra dispenser Hydro-Québec de mettre en chantier
de nouveaux travaux de grande envergure. À notre avis, la
société d'État est justifiée de maintenir son
intention de réaliser des projets qu'elle annonçait en 1990, dont
celui de Grande-Baleine. Nous souhaitons que l'exploitation des installations
de Grande-Baleine relève éventuellement de la région de La
Grande, ce qui compenserait pour la division de La Grande Rivière au
profit du SaguenayLac-Saint-Jean. (17 h 20)
En matière d'environnement, nos positions actuelles se comparent
donc à celles que nous avons exprimées il y a trois ans. Le
Québec a fait sa marque en matière de construction de barrages,
de production hydroélectrique et d'aménagement raisonnable de
cette ressource. Aujourd'hui, Hydro-Québec se donne pour objectif de
devenir la meilleure entreprise de ce type au Canada. Bravo! Aucun projet
humain n'est possible sans modifier l'environnement. Il n'en a jamais
été ainsi, et il n'en sera jamais. Même les projets mineurs
engendrent des modifications. Les travaux majeurs créent des
modifications substantielles, mais il faut dissiper un malentendu fondamental
et trop abondamment exploité. Une modification à l'environnement,
même lorsqu'elle est substantielle, n'est pas synonyme de destruction.
L'Abitibi-Témiscamingue est une région minière et
forestière, je vous le rappelle, et, s'il avait fallu s'opposer à
tout développement parce que c'est très agressant pour
l'environnement de couper des arbres et d'exploiter le sous-sol, jamais
l'Abitibi-Témiscamingue n'aurait vu le jour. Par ses grands projets,
Hydro-Québec crée de nouveaux environnements. Compte tenu de son
expertise, de ses obligations et des énergies qu'elle y consacre, elle
saura réaliser ses projets en créant de nouveaux
équilibres écologiques tout à fait viables, nous en sommes
convaincus.
Hydro-Québec annonce aussi son intention de promouvoir ses
projets en maintenant des contacts étroits avec les groupes les plus
directement touchés, dont les communautés autochtones. Dans le
contexte des attaques spectaculaires, et parfois vicieuses, dont
HydroQuébec fait régulièrement les frais, cette attitude
est magnanime et responsable.
En conclusion, Mme la ministre, nous vous signa-
Ions l'intérêt que Rouyn-Noranda et
l'Abitibi-Témisca-mingue portent aux projets d'Hydro-Québec.
Notre intention est de nous associer le plus possible à
l'aménagement et à l'exploitation des ressources
hydroélectriques, principalement de la baie James et de la baie
d'Hudson. Nous souhaitons que cette perspective soit partagée par les
gestionnaires et les administrateurs d'Hydro-Québec.
Mmes et MM. les membres de la commission parlementaire, Mme la ministre,
je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Audet): Merci.
Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Alors, messieurs, je voudrais vous remercier
d'être venus rencontrer la commission parlementaire et de nous avoir fait
parvenir un mémoire important, je pense, pour les discussions que nous
avons au cours de cette commission parlementaire.
L'objectif général que vous avez fixé dans votre
mémoire, c'est évidemment de maximiser les retombées
économiques dans votre région et, bien sûr, dans la ville
de Rouyn-Noranda. Si je ne m'abuse, vous aviez soumis, en 1990, lors de la
commission parlementaire sur la situation et les perspectives d'avenir de
l'énergie électrique au Québec, vous aviez soumis, dis-je,
un mémoire qui comportait essentiellement le même objectif, alors
qu'en 1990 vos recommandations avaient une portée plus
générale. On parlait, à l'époque, de planification,
d'information, de décentralisation. Cette fois-ci, vos attentes me
semblent de plus en plus précises et elles portent sur des points plus
spécifiques, comme on a pu le constater à la lecture de votre
mémoire.
Diriez-vous que, malgré les lacunes que vous déplorez
toujours en matière d'embauché, en matière de recherche,
la situation, en ce qui concerne les retombées économiques, au
niveau de la région, cette situation s'est améliorée de
façon satisfaisante, depuis 1980?
M. Cloutier: Oui. Dans un premier temps, il y a eu formation d'un
comité de liaison avec Hydro-Québec. Donc, on échange
beaucoup plus, on est beaucoup plus au fait des développements à
venir d'Hydro-Québec en région. Ça nous permet
d'intervenir plus directement auprès des décideurs. En termes de
formation de la main-d'oeuvre, on a réalisé quand même, je
crois, beaucoup de progrès. Il y a un plan qui a été
soumis par Hydro-Québec sur ses besoins éventuels en
matière de personnel et, déjà, au niveau, soit du
cégep de l'Abitibi-Témiscamingue ou de l'Université du
Québec, on a pu mettre sur pied des programmes pouvant former davantage
les jeunes pouvant éventuellement faire partie de la main-d'oeuvre
d'Hydro-Québec.
En termes d'achats, on doit dire qu'il y a eu des améliorations
aussi dans ce secteur-là. Nos gens, nos entreprises sont beaucoup mieux
informés et, déjà, on peut... En termes de
retombées, il y a des retombées au niveau des achats. Ce qui nous
inquiète, toutefois, au niveau de La Grande Rivière, suite
à la division qu'il y a eu avec le SaguenayLac-Saint-Jean, c'est:
Est-ce que, éventuellement ce n'est pas le cas
présentement on va partager en deux les achats qui, actuellement,
sont faits en Abitibi-Témiscamingue? Du fait qu'on a divisé en
deux, une partie va se déplacer vers le SaguenayLac-Saint-Jean.
Là est notre inquiétude, et on aimerait bien,
éventuellement, qu'on puisse confier à un bureau régional
tous les achats qui vont continuer à se faire, au niveau du territoire
de la Baie James, en Abitibi-Témiscamingue. Vous l'avez
mentionné, c'est bien sûr que la ville de Rouyn-Noranda, pour nous
et PAbitibi-Témiscamingue, le plaidoyer qu'on a fait, c'est pour qu'il y
ait le plus de retombées possible.
Mais oui, Mme la ministre, il y a eu des améliorations. On est
encore en attente pour différents projets, surtout des projets de
construction. Là-dessus, il n'y a pas eu beaucoup d'amélioration,
et on pourrait vous indiquer où est le problème. C'est qu'avec
toute la construction qui est régie par la Société de
développement de la Baie James c'est bien sûr que,
là-dessus, on est en attente encore. Il n'y a pas eu beaucoup de
progrès. On a tenté des choses et peut-être que la personne
qui m'accompagne pourrait vous dire pourquoi, normalement, on devrait
s'attendre à beaucoup plus, à ce qu'on contourne la loi qui a
été mise sur pied ou les règlements pour avantager une
région comme la nôtre.
M. Rouleau (André): En fait, on peut dire que les
invitations aux soumissions publiques, qui ont été faites
à partir de la Société de développement de la Baie
James, la Société de développement ou de l'énergie,
visait, par la politique d'appel d'offres, à attribuer à des
régions spécifiques, dont l'Abitibi-Témiscamingue fait
partie, des contrats. L'appel d'offres nomme une place d'affaires lorsqu'elle
contracte l'ouvrage avec le traiteur, mais, dans la forme légale, la
politique qu'on a voulu apporter dans ce mouvement-là, on
s'aperçoit que c'est facilement contourné, c'est facilement
contournable. Les entrepreneurs locaux, régionaux se plaignent assez
régulièrement de cet état de fait là. Il y a eu une
amélioration sensible dans le sens où, à un moment
donné, dans l'appel d'offres public, on a apporté clairement ce
qu'était la place d'affaires. On en a fait une définition qu'on
met maintenant ouverte aux journaux, mais, malgré ça, il reste
néanmoins que ça semble être plus de la poudre aux yeux que
d'autre chose parce que, dans les termes pratiques ou dans la poursuite, le
suivi de la politique, on peut voir que ça se contourne trop
facilement.
Alors, il y a eu des pas, il y a eu des initiations qui ont
été faites mais, malheureusement, à date, on dit que 5 %
des travailleurs se retrouvent à la Baie James et on dit qu'il y a 5 %
des entrepreneurs de notre région qui s'y retrouvent aussi. Par rapport
à la proximité des lieux, par rapport à la main-d'oeuvre
qu'on a, par rapport aux entreprises locales qu'on a, c'est très peu.
C'est trop peu. Alors, il y a peut-être des choses à suivre
là-dedans, il y a peut-être des révisions à faire,
peut-être un peu plus de suivi de cette part-là. (17 h 30)
Mme Bacon: Vous déplorez qu'un grand nombre
d'employés, il me semble que c'est 189 sur 450, qui travaillent dans le
secteur ouest du territoire, donc relevant du siège social de La Grande
Rivière, que ces employés-là ne résident pas dans
la région. Évidemment, ces travailleurs préfèrent
plutôt demeurer dans le sud et faire la navette à partir du port
d'attache. Vous affirmez que ce qui devait être des cas d'exception
était devenu monnaie courante en dépit du discours officiel
d'Hydro-Québec. Peut-être pour l'information de cette commission,
est-ce que vous pouvez effectuer, peut-être, un bref rappel historique de
ce dossier-là, en précisant ce en quoi il consiste et en quoi
consiste la politique d'Hydro-Québec concernant les ports d'attache?
Qu'est-ce qui, selon vous, empêche Hydro-Québec d'appliquer cette
politique-là avec plus de rigueur?
M. Cloutier: Dans un premier temps, il faut se rappeler qu'en
1985 il y avait deux ports d'attache: le Saguenay-Lac-Saint-Jean et
Rouyn-Noranda. Pour toute embauche d'employés, les gens devaient
consentir à venir s'établir en région pour travailler
à la Baie James. Par contre, on a toléré pendant quelques
années le fait que des gens, étant donné qu'on ne pouvait
pas trouver la main-d'oeuvre sur place... On consentait aux gens le fait qu'ils
pouvaient demeurer soit à Montréal ou Québec et
éventuellement, donc, ils bénéficiaient d'un genre de
droit acquis. On était censé, quelques années plus tard,
s'entendre parce que ce droit acquis là ils pouvaient en
bénéficier pendant un certain temps pour qu'ils soient
obligés, éventuellement, de déménager. Ce qui s'est
passé, c'est qu'on a fait une reconduction, suite aux
négociations de conventions collectives, de ces droits acquis, tant et
si bien que les gens qui devaient venir s'établir chez nous, ils ont
donc bénéficié d'un deuxième droit acquis, si on
peut dire. Ce qui fait qu'à un moment donné on aurait dû...
Hydro-Québec devait corriger la situation. Suite aux dernières
négociations, on a quand même laissé du lest au niveau de
ce qu'on appelle les emplois temporaires. Des gens qui occupaient des emplois
temporaires de moins de 1000 heures n'avaient plus de droits acquis dans les
grands centres et, à ce moment-là, pour les emplois temporaires,
les gens devaient vraiment s'établir dans la région de
l'Abi-tibi-Témiscamingue ou au SaguenayLac-Saint-Jean. Ça,
il y a eu une nette amélioration là-dessus.
Mais les postes permanents, selon les listes d'appel, tout ça,
souvent, ceux qui ont droit à ces postes-là, ce sont des gens de
Québec et Montréal, et on a permis qu'ils puissent combler ces
postes-là sans qu'ils soient obligés de déménager
en région, et c'est peut-être là qu'un moment donné
ces engagements-là, qui avaient été pris, n'ont pas
été respectés. Nous, on dit: On est prêts à
tourner la page là-dessus. Mais, pour les nouveaux emplois à
venir, pour les centaines d'emplois qui s'annoncent, bien, là, on dit:
Un instant, il ne faudrait pas que ça se répète, cette
situation-là, parce qu'on va encore donner à des travailleurs des
droits acquis. On pourrait dire: Bien, écoutez, ils ne veulent pas
déménager, et on va respecter ça.
Le Président (M. Audet): Merci. M. Cloutier: Je ne
sais pas si... Mme Bacon: Ça répond. M. Cloutier:
Oui?
Le Président (M. Audet): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Oui, je vais partir de là. Ha, ha, ha! Je
trouve que ça s'enchaîne bien. C'est pour la durée d'un
projet, le déménagement des employés que vous demandez, M.
le maire?
M. Cloutier: Lorsqu'on parle d'employés permanents...
C'est bien sûr que, lorsqu'on parle de permanence, ça touche
surtout l'exploitation des barrages, et l'exploitation des barrages, bien,
c'est plus que la durée d'un projet. Ça ne cesse jamais, ces
projets-là, là, ça...
M. Chevrette: Ah! l'exploitation.
M. Cloutier: En tout cas, on espère que ça ne
cessera pas.
M. Chevrette: Mais appliquez-vous une rigueur semblable pour la
construction des barrages?
M. Cloutier: Non. La construction des barrages, la rigueur,
à mon avis, n'est pas semblable, étant donné que les
contrats qui sont adjugés, les ports d'attache, tout ça,
ça n'entre pas en ligne de compte, et la SEBJ n'est pas touchée
par ça.
M. Chevrette: Quand vous parlez de priorité
d'embauché aux travailleurs de la région de l'Abitibi, vous
parlez autant pour la construction que pour la gestion, après ça,
du réseau?
M. Cloutier: Oui. Lorsqu'on parle de priorité
d'embauché, on aimerait bien, et c'est bien sûr que c'est les
contracteurs qui embauchent leur personnel. Or, plus il y aura de contracteurs
en Abitibi-Témiscamingue qui obtiendront des contrats, plus on sera
peut-être avantagés de ce côté-là, mais
ça n'empêche pas que, pour d'autres contracteurs, aussi, de
l'extérieur, on demande que leur place d'affaires soit installée
à proximité des grands projets. Actuellement, ce que les gens
font, c'est qu'ils apportent des roulottes, et ça devient leur place
d'affaires. Les gens disent: Bien, on a notre place d'affaires sur place.
Maintenant, on peut bénéficier et gérer les contrats comme
bon nous semble. C'est vraiment une place d'affaires déguisée et,
nous, on se dit: Bien, si on veut avoir de véritables retombées,
une place d'affaires, dans un endroit, ça devrait être un petit
peu plus qu'une roulotte mobile qui disparaît après que le projet
est terminé.
M. Chevrette: Je dois vous dire que, là-dessus, vous... Il
y a plusieurs régions qui ont demandé la même chose,
là, de scinder les contrats pour rendre plus potables certaines
soumissions des gens du milieu, à part de ça.
Effectivement, quand on arrive avec la soumission d'un mégaprojet de x
centaines de millions, il y a peu de nos contracteurs locaux qui peuvent
soumissionner sur le projet, alors que, s'il était scindé en
diverses étapes... Prenez, par exemple, la construction d'une route
d'envergure. Elle peut être tronçonnée, puis il y aurait,
à ce moment-là, plus de facilité, même,
d'accès aux soumissions publiques pour les entrepreneurs du milieu.
Ça, ça a été donné par plusieurs groupes,
comme l'Association de la construction, je crois. Les gens du
SaguenayLac-Saint-Jean l'ont également souligné, puis
d'autres. Donc, sur ce point-là, je pense que vous rencontrez...
M. Cloutier: Oui, c'est une de nos attentes, bien sûr,
souventefois répétées.
M. Chevrette: Ça n'a pas été
écouté trop, trop?
M. Cloutier: Non. Chez nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a
rencontré à quelques reprises les hauts dirigeants de la SDBJ,
pour se faire dire: On va nommer chez vous un organisme régional qui va
s'occuper de ça, et on va lui envoyer de l'information. Vous comprendrez
que ce fameux organisme régional là, un moment donné, il y
avait des coûts afférents à ça, et on a tenté
de demander aux municipalités de payer une facture quand même
passablement élevée, pour maintenir un poste permanent, qui
verrait, lui, à ce qu'il y ait des retombées. Or, bien sûr,
entre les municipalités, il y a eu des divergences là-dessus, et
celui qui devait être notre représentant régional, bien, il
est disparu. Donc, on n'a plus d'interlocuteur valable, entre la SDBJ et nous,
concernant l'adjudication des contrats.
M. Chevrette: Vous avez évalué votre main-d'oeuvre
à 10 % ou quelque chose. Je suppose qu'une des difficultés doit
être le décret de la construction, en ce qui regarde la
main-d'oeuvre au niveau de la construction. Ce n'est pas ça?
M. Rouleau: Le décret de la construction, en soi,
n'empêche pas que des gens proviennent d'une région exclusivement,
c'est-à-dire que, pour les travaux relatifs à la Baie James, ce
n'est pas les employés seulement de la région 08,
Abitibi-Témiscamingue, qui peuvent y participer. Par contre, il n'y a
pas non plus d'attraits ou d'attributs donnés, lors de la
présentation des soumissions, disant que les employés devraient,
en priorité, provenir de ce secteur-là. Alors, ils auraient pu,
dans certains cas, ou il y aurait peut-être moyen, dans une certaine
mesure, que certains contrats dont on connaît l'expertise
régionale puissent être directement liés à ces
choses-là. Ça serait peut-être un autre bout de chemin
à faire qui, vraisemblablement, laisserait aussi un support
économique à la région de Rouyn-Noranda. Il faut se dire
que rouyn-noranda, l'abitibi-témiscamingue repose sur des richesses
naturelles, des richesses premières. plus ça va, plus ça
s'épuise. il faut essayer de trouver, puis renouveler un petit peu nos
énergies pour faire du développement économique. en ce
sens-là, je pense qu'hydro-québec est un bon participant à
date, mais je pense qu'il y a encore place à amélioration dans
les choses comme celle de nos travailleurs en construction. quand on dit que
c'est 5 % des travailleurs de la région de f
abitibi-témiscamingue qui sont sur le territoire de la baie james, alors
qu'on est une région très près on a quand
même beaucoup d'employés de la construction qui ont de
l'expertise, comme partout ailleurs au québec on trouve que c'est
faible, et je pense que c'est avec raison.
M. Chevrette: Vous parlez également des achats: 53 000 000
$, si j'ai compris votre chiffre, sur 500 000 000 $ ou environ, ce qui fait
à peu près 10 % de tous les achats d'Hydro pour le Grand-Nord.
Est-ce que vous avez des exemples concrets à donner, de produits
comparables en prix et en tout, là, qui pourraient être
achetés dans la région de l'Abitibi et effectivement
générer des retombées économiques importantes pour
vous autres?
M. Cloutier: II y a des achats qui excèdent 100 000 $,
dont on parlait; c'est le bureau régional qui s'en occupe, et c'est fait
à la grandeur du Québec. Or, il y a, entre autres, des achats qui
touchent le déneigement ou des choses du genre. Bien sûr qu'on a
des entreprises qui peuvent le faire, mais, si on regarde ça, souvent,
ces contrats-là sont donnés à d'autres régions. On
se dit que, peut-être, là-dessus, nous, on pourrait intervenir. Un
exemple: déneigement poste Radisson, LG 2, Né-miscau, Les
constructions du Saint-Laurent, Beauport, 125 700 $. Il nous semble qu'on
aurait pu avoir, si les 100 000 $ avaient peut-être été
portés à 150 000 $... À ce moment-là, on doit
d'abord faire des demandes à la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, en général. On trouve que le
montant de 100 000 $ n'est pas suffisamment élevé. Si on regarde:
déneigement, poste Radisson, 110 000$, c'est une entreprise, C. Morin,
mais, ce coup-là, c'est Radisson, donc ça ne s'applique pas. On
peut dire que c'est dans la région. On regarde: location de
pièces de machinerie lourde. Encore là, quand les Cris disent
qu'il n'y a pas de retombées, ça, c'est la Compagnie de
Construction Cris. Eux sont avantagés là-dedans, c'est bien.
Ce qu'on veut dire, nous, c'est qu'en augmentant les 100 000 $ à
150 000 $ ou 200 000 $ ça nous avantagerait grandement, comme
région, de pouvoir, dans un premier temps, essayer de trouver, en
région, des contrats ou des contracteurs susceptibles de répondre
à ces demandes-là. Bien sûr, on est d'accord que, quand nos
prix ne sont pas concurrentiels, Hydro-Québec se charge d'aller voir
dans d'autres régions pour qu'on demeure quand même
concurrentiels. On ne veut quand même pas développer une situation
de monopole. Par contre, on devrait, dans les achats, être davantage
avan-
tagé pour ce qui touche certains contrats au-delà de 100
000 $. (17 h 40)
M. Chevrette: Maintenant, vous parlez également de
retombées. Vous craignez la réorganisation d'Hydro-Québec,
d'après ce que j'ai pu comprendre. Ça a déjà fait
l'objet, de toute façon, de quelques questionnements, si ma
mémoire est fidèle, ici même, à l'Assemblée
nationale. Mais la dernière proposition, là, c'est quoi? Celle
qui touche la dernière... pas la dernière trouvaille, mais la
répartition en postes, où ils concentreront les
spécialistes, par rapport à ceux qui auront à faire la
réparation sur le réseau. Chez vous, est-ce que ça vous
affecte?
M. Rouleau: c'est sûr que cette fameuse division là
on vient de la vivre, à peine on l'accepte et on a
tourné la page là-dessus. maintenant, on veut tirer davantage
profit des projets qui ont été annoncés par
hydro-québec et auxquels on croit vraiment. contrairement,
peut-être, à d'autres personnes, nous, le développement de
grande-baleine, on y croit et on pense qu'au-delà des années 2000
ça va devenir une nécessité. nous, on se dit qu'en
compensation d'une discussion qu'il y a eu, où on trouvait que la grande
rivière était rendue qu'elle gérait trop de territoire et
que les puissances installées, au-delà de 42 %, c'était
trop pour une seule région, on dit: grande-baleine, dans les futures
installations, avec l'expertise qu'on a développée, il y aurait
de la place au sein de la région de la grande rivière pour
gérer, éventuellement, l'exploitation de ces
installations-là. déjà, nous, on est prêts à
commencer à travailler dans ce sens-là et à s'y
préparer.
En termes de recherche et de développement on sait
qu'Hydro-Québec en fait beaucoup on espérait pouvoir voir
installé chez nous un centre de recherche qui, sans être exclusif
à Hydro-Québec, viendrait compléter éventuellement
l'installation d'un centre de recherche que l'Université du
Québec veut mettre sur pied dans le créneau minier. Là, on
aimerait bien voir une implication plus grande d'Hydro-Québec en
matière de recherche chez nous, avoir davantage de retombées
là-dessus. C'est bien sûr que c'est un plaidoyer pour en avoir
plus, mais, comme on vous le mentionnait, pour nous, Hydro-Québec, c'est
rendu une question de survie. On y croit, et on pense que c'est la même
chose pour le Québec.
On a bien beau parler de systèmes alternatifs ou de ressources
alternatives, on pense que l'hydroélectricité, pour les
Québécois, c'est un peu comme le pétrole pour les Arabes;
c'est rendu indispensable, et ça fait partie de notre essor
économique. Le nier, pour nous, c'est reculer, c'est revenir à
l'âge de la chandelle. On ne peut pas se permettre ça.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Vimont.
M. Fradet: Oui, merci, M. le Président. Messieurs, pour
revenir à... on a parlé des travail- leurs, des contrats aux
entreprises. je pense que c'est un petit peu, aussi, proportionnel. si vous
avez 5 % des travailleurs, peut-être que les entreprises de
montréal ou de québec amènent avec eux leurs travailleurs,
les connaissant. vous avez parlé aussi des contrats de 100 000 $,
c'est-à-dire de la politique d'achat d'hydro-québec de 100 000 $.
est-ce que vous savez si les autres régions ont cette
politique-là, aussi? ce n'est pas un traitement de faveur que la
région de la grande rivière aurait, les 100 000 $ que vous voulez
augmenter à 150 000 $?
M. Cloutier: C'est bien sûr, lorsqu'on demande... Il y a le
SaguenayLac-Saint-Jean, qui est un des ports d'attache, qui en profite
aussi grandement. Lorsque ça excède 100 000 $, bien, ce n'est pas
juste pour la région.
M. Fradet: Ça s'étend.
M. Cloutier: Tout ce qui est en haut de 100 000 $, c'est pour les
régions du Québec en général. En bas de 100 000 $,
là, oui, on a un traitement privilégié. En bas de 100 000
$, il y a des soumissions qui sont demandées localement, et, si ce n'est
pas satisfaisant, là, on déborde de la région.
M. Fradet: Donc, vous seriez d'accord, finalement, à ce
que votre demande soit aussi la demande d'autres régions environnantes,
comme le Saguenay Lac-S aint-Jean?
M. Cloutier: C'est bien sûr que, si tout le monde demande
la même chose, on n'a plus un traitement privilégié,
à ce moment-là.
M. Fradet: Mais vous venez de me dire que la région du
SaguenayLac-Saint-Jean avait aussi un traitement...
M. Cloutier: Oui, au-delà d'un certain montant, on est
d'accord que, si on dit qu'on devrait porter de 100 000 $ à 150 000 $ ou
200 000 $, bien, là, toutes les régions vont pouvoir profiter
au-delà de ça.
M. Fradet: Donc, ça serait un traitement de faveur envers
une région limitrophe, si vous voulez, au projet, si on peut s'entendre,
là?
M. Cloutier: Disons que c'est un élément de
compensation pour toutes les richesses du Nord qui partent vers le Sud.
À un moment donné, pour maintenir des populations, pour continuer
à développer le Nord, il faut leur permettre de survivre. La
façon de survivre, c'est de leur donner certains avantages, compte tenu
de notre situation géographique.
M. Fradet: Beaucoup moins péjoratif que «traitement
de faveur», je suis d'accord avec vous. Ha, ha, ha!
M. Cloutier: D'accord.
M. Fradet: En ce qui a trait à la tarification vous
en avez parlé un petit peu dans votre mémoire moi,
j'aimerais savoir, à RouynNoranda, ce que vous pourriez en penser.
Plusieurs des intervenants qui sont venus nous voir ici nous ont
demandé, ou demandent à Hydro-Québec de tarifer selon les
vrais coûts au lieu de répandre la moyenne, le coût moyen,
c'est-à-dire d'avoir un certain tarif, peut-être
horo-heb-do-saisonnier, là, qu'ils appellent, dans leur plan de
développement. Est-ce que vous, en région, vous seriez d'accord
avec une philosophie comme ça, pour faire prendre conscience aux
consommateurs des vrais coûts de l'énergie, et est-ce que
ça aurait un impact?
M. Cloutier: Bon, là-dessus, je dois vous dire qu'encore
là, nous, on privilégierait... Puis, c'est des coûts
différents à certains niveaux. On n'est pas contre une
tarification spéciale pour les grandes entreprises, qui se doivent
d'être concurrentielles. Là, peut-être que je vais soulever
une certaine controverse parmi certaines gens qui pourraient nous
écouter, mais c'est clair que des entreprises comme, chez nous,
Tembec...
M. Fradet: II y en a alentour de la table?
M. Cloutier: ...ou une affinerie de cuivre aussi importante que
la Noranda, à un moment donné, compte tenu que ce sont de
très gros utilisateurs on parle, dans le cas de Tembec, de 18 000
000$, la facture annuelle d'électricité c'est bien
sûr qu'il y ait, compte tenu que ce sont de gros utilisateurs, des
escomptes de quantité pour leur permettre, justement, de
privilégier l'utilisation de l'électricité dans leur
entreprise. On est loin d'être contre ça. Mais c'est bien
sûr que, peut-être, certains citoyens vont dire: En fin de compte,
c'est nous qui payons pour ça. Par contre, si ces entreprises-là
deviennent concurrentielles et permettent à des gens d'avoir de
l'ouvrage chez nous et de survivre, bien moi, je dis: C'est un des rôles
importants qu'on a à jouer dans ce sens-là.
Au niveau des coûts de l'énergie électrique, c'est
bien sûr qu'au Québec c'est moins cher qu'ailleurs, si on se
compare à l'Ontario, entre autres. Mais, moi, je dis que c'est parce
qu'on a des richesses chez nous et qu'il ne faut surtout pas cesser de les
exploiter. Plus on va se développer de ce côté-là,
plus on va pouvoir offrir un traitement de faveur aux Québécois,
c'est le cas de le dire.
M. Fradet: Est-ce que je comprends que vous seriez en faveur
d'une tarification spéciale pour les grandes entreprises
énergivores en région, pour faire en sorte que ces
entreprises-là demeurent et vous permettent de conserver vos
emplois?
M. Cloutier: Exactement.
M. Fradet: C'est à dire qu'Hydro-Québec pour- rait
faire un genre de répartition de la richesse, un rôle qui ne lui
appartient peut-être pas aujourd'hui.
M. Cloutier: On est d'accord avec ça, sûrement.
Puis, on est tellement d'accord avec ça que même le gouvernement
actuel, même le gouvernement antérieur ont souvent donné
beaucoup d'octrois pour l'environnement, pour permettre à ces
compagnies-là de se conformer à des normes environnementales.
Qu'on pense, chez nous, à l'usine d'acide qui avait des
retombées, en tout cas, à la grandeur du Québec et un peu
partout. Il y a quand même eu des subventions données pour
ça, pour qu'ils puissent se corriger. Sinon, ils auraient
été obligés de fermer leurs portes. Donc, c'est normal, je
pense, dans le contexte actuel.
M. Fradet: Une dernière petite question. On a parlé
de tarification pour les grandes entreprises. Pour le résidentiel,
seriez-vous prêt à embarquer aussi dans ce mouvement-là,
c'est-à-dire différentes tarifications pour les périodes
de pointe tarif saisonnier, journalier?
M. Cloutier: Si c'est possible de le faire et si ça ne
coûte pas plus cher à administrer un tel programme, je me dis:
Allons de l'avant. S'il y a plus de coûts à essayer de
compartimenter, plutôt que de faire une moyenne...
M. Fradet: Si on parle d'économies d'énergie, entre
autres, il faut au moins que le client soit conscient des coûts
d'énergie. Par exemple, je suis convaincu que vous avez reçu,
vous aussi, les enveloppes d'Hydro-Québec avec le questionnaire qui vous
demande si vous faites votre lavage le soir, la semaine, ou si vous le faites
la fin de semaine et... Pardon?
M. Cloutier: On est d'accord avec ça.
M. Chevrette: M. Ciaccia a dit qu'il laverait à 23
heures.
M. Cloutier: Oui, Ha, ha, ha! On est d'accord avec ça,
mais il faudrait éviter d'essayer de charger une tarification qui
découragerait l'utilisateur d'électricité. Exemple: si,
à un moment donné, la facture devient trop haute et qu'il ne veut
plus rien savoir de l'électricité, après toutes les
campagnes qu'on a faites, et qu'il abandonne l'électricité au
profit du gaz ou d'autre chose, on vient de manquer notre coup.
M. Fradet: Alors, ça pénaliserait vos
travailleurs.
M. Cloutier: Ça, c'est comme les cigarettes qu'on a mises
tellement hautes que le gars, pour en obtenir pareil, fait de la contrebande.
À vouloir trop tarifer, souvent, on se tire dans le pied.
M. Fradet: C'est-à-dire...
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Fradet: ...que ça pourrait être le même
tarif, mais réparti différemment.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Fradet: La même facture, mais répartie
différemment.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: C'est M. le député de Rouyn-Noranda,
avec votre permission, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a consentement
pour que M. le député de Rouyn-Noran-daTémiscamingue
pose des questions aux invités?
Une voix: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Allez-y. Vous disposez de cinq
minutes, M. le député.
M. Trudel: Merci. J'aimerais resouhaiter la bienvenue aux gens de
Rouyn-Noranda. Et la constance qu'ils ont, au niveau de la ville et du
commissariat industriel, à venir souligner à Mme la ministre
que... Dans le fond, Rouyn-Noranda dit et c'est comme ça que
s'intitulait votre mémoire en 1990: On veut être un partenaire
d'Hydro-Québec dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue.
Dans le fond, chacun des éléments que vous apportez ici, c'est de
dire: Chez nous, HydroQuébec, c'est une présence importante, et
nous voulons maximiser cette présence. Non seulement on veut en avoir le
maximum, on veut maximiser la présence d'Hy-dro-Québec, et,
à cet égard-là, vous donnez une série de pistes qui
pourraient s'articuler ou s'amplifier dans la mesure où il y aurait un
certain nombre d'interventions gouvernementales: exemple, lorsque Mme la
ministre est intervenue pour conserver, à Rouyn-Noranda, le statut de
quartier général de départ pour les travailleurs de
l'entretien des centrales de la Baie James. Il faut le souligner, on aurait
aimé ça avoir une intervention plus musclée au moment de
la division, mais, enfin, un morceau, c'est un morceau; morceau par morceau.
(17 h 50)
À cet égard-là, je pense qu'il faut rappeler
l'actif important que constitue Hydro-Québec dans les régions et,
en particulier, au chapitre de la recherche. C'est là-dessus que
j'aimerais compléter votre témoignage en quelque sorte. Comment
Hydro-Québec pourrait retrouver, dans une région comme
FAbitibi-Témiscamingue, des assises et des possibilités au niveau
de ce qu'on appelle généralement le secteur de la recherche, et
auquel secteur on consacre beaucoup de millions à Hydro-Québec?
Qu'est-ce qu'Hydro-Québec pourrait retrouver dans une région
comme FAbitibi-Témiscamingue, au plan de la recherche, et qui pourrait
à la fois répondre à ses propres besoins, mais
également contribuer au développement dont j'aimerais
l'établissement dans une région comme
FAbitibi-Témiscamingue?
M. Cloutier: Comme je le mentionnais dans le mémoire, vous
savez que l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue,
qui doit, dans un premier temps, se relocaliser à proximité du
collège, a, dans son plan de développement, l'installation d'un
centre de recherche en environnement minier. Vous savez que c'est difficile
d'obtenir des chercheurs, et vous savez qu'il faut une certaine collaboration
entre les chercheurs pour qu'on puisse faire de la recherche. Dans ce
sens-là, pour nous, il semble important et essentiel
qu'Hydro-Québec puisse peut-être envisager un certain jumelage
avec ce centre de recherche pour pouvoir donner une certaine masse critique
pouvant faire de la recherche en Abitibi-Témiscamingue.
Là, on se disait: Est-ce qu'il ne serait pas pensable et ils ont
commencé à solliciter la collectivité pour avoir des
fonds, un fonds de recherche, et mettre sur pied ce centre de recherche
de venir greffer aussi certains créneaux de recherche particuliers
à HydroQuébec qui pourraient venir enrichir le centre de
recherche que projette l'Université du Québec? On ne
connaît pas tous les objets de recherche d'Hydro-Québec, mais il
serait peut-être intéressant qu'on puisse, à tout le moins,
s'asseoir avec des représentants d'Hydro-Québec pour essayer
d'inventorier les possibilités de ce faire. C'est un peu cette
préoccupation-là et cette entente-là qu'on aurait
concernant la recherche, et on ne sait pas jusqu'où on pourrait,
éventuellement, développer des ententes entre les deux ordres,
soit Hydro-Québec et, bien sûr, l'Université du
Québec.
M. Trudel: Parce que le temps file toujours trop rapidement... Je
pense que le créneau des possibilités de collaboration sur le
plan de la recherche est bien ouvert et, je le souhaite, bien noté
également.
Vous êtes d'accord, donc, avec le déploiement d'autres
installations de production hydroélectrique publiques au Québec.
J'aimerais quand même vous entendre sur l'utilisation de la
cogénération et de la production, par l'entreprise privée,
d'une certaine quantité d'énergie au Québec. Est-ce
qu'à cet égard-là vous pensez qu'une région comme
FAbitibi-Témiscamingue, la région plus spécifique que vous
représentez, peut apporter une contribution significative dans le
contexte de la production par des sources alternatives
d'électricité au Québec?
M. Cloutier: M. Rouleau va répondre à ces
questions.
M. Rouleau: Oui, définitivement. On croit que la
région de FAbitibi-Témiscamingue peut, avec la
cogénération électrique, offrir quelque chose qui ne
coûte rien de plus à Hydro-Québec et qui peut aussi
développer la
région, dans le sens où les utilisations de gaz naturel en
région ont quand même un prix plus bas que dans l'Est du pays. On
peut, à ce moment-là, envisager des possibilités rentables
de faire de la cogénération électrique et de vendre des
mégawatts à Hydro-Québec, s'autosuffire peut-être
sur le plan régional. On est peut-être des utilisateurs d'environ
1200 MW; on en produit peut-être 400 à l'intérieur de la
région. Il y a peut-être moyen d'installer quelques
systèmes de cogénération alliés aux richesses qu'on
a, parce qu'on a une richesse «intrante» en région, qui
s'appelle le gaz naturel, dont la métallurgie du cuivre fait
l'utilisation. Il s'agit peut-être de rallonger un petit peu les tuyaux
et d'y installer un système de cogénération. Je pense que,
s'il y a une volonté politique à cet égard-là,
c'est une solution de remplacement des énergies qui disparaissent dans
notre coin de pays.
Le bois et les mines, ce n'est plus ce que c'était. Ça
nous prend une nouvelle forme d'énergie. Ça serait un instrument
de développement économique. C'est un instrument de
développement économique aussi pour Hydro-Québec parce
que, quand même, d'ici à ce que les projets de Grande-Baleine se
traduisent, il n'en demeure pas moins qu'il y a de l'électricité
à être utilisée. Je pense que ça peut être une
des façons et une des mesures, d'ailleurs, qui a été
indiquée comme volonté politique, la cogénération,
à ce que je sache.
Alors, je pense qu'à Rouyn-Noranda, en
Abitibi-Témiscamingue, il y a des très belles
possibilités en ce sens-là. Il y a des gens qui se proposent de
monter les projets. Il y a des gens qui en ont déjà monté
et qui travaillent avec acharnement sur des projets comme ceux-là.
Éventuellement, je pense qu'on aimerait bien qu'il y ait une
volonté politique qui s'anime pour faire en sorte que la
cogénération prenne une place importante dans le
développement régional.
Le Président (M. Audet): Merci. Oui,
brièvement.
M. Cloutier: En ce sens-là, M. le Président, un
complément. C'est que nous avons, chez nous, un entrepreneur qui a
déposé un projet de cogénération très
important. On croit que ce projet de cogénération est faisable
chez nous. On vous a mentionné qu'on était d'une région
privilégiée en termes de coûts de gaz. On paie de 20 %
à 25 % de moins que le gaz qui se vend à Montréal. On
pourrait utiliser cet avantage-là, qu'on a, pour développer de la
cogénération, et on a un projet. Si jamais Hydro-Québec se
cherche des projets dans ce sens, on va être des collaborateurs
présents en cette matière.
Le Président (M. Audet): Merci beaucoup.
Alors, ça met fin à nos travaux pour cet
après-midi. Je vous remercie beaucoup au nom des membres de la
commission. Nous allons suspendre jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Audet): Alors, je déclare la
séance de la commission de l'économie et du travail ouverte. Je
vous rappelle rapidement le mandat de la commission, qui est de procéder
à une consultation générale sur la proposition de plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec.
Nous recevons ce soir l'Association canadienne de l'énergie
éolienne. Ensuite, suivra Eka Nobel Canada inc. Alors, les gens de
l'Association canadienne de l'énergie éolienne ont pris place.
Messieurs, au nom de la commission, on vous souhaite la plus cordiale
bienvenue.
Je vous rappelle brièvement nos règles de
procédure. Vous disposez d'une vingtaine de minutes pour nous faire part
de votre exposé. Avant de débuter votre exposé, je vous
invite toutefois à vous présenter pour les fins du Journal des
débats. Ensuite, suivra une période de questions d'une
quarantaine de minutes. Vous pouvez y aller, vous avez la parole.
Association canadienne de l'énergie
éolienne (ACEE)
M. Tellier (Jacques): Bonsoir. Merci de nous accueillir. Je suis
Jacques Tellier, ingénieur-conseil ayant une expérience en
hydroélectrique, en éolien et en thermique. Je suis
accompagné de M. Jeff Passmore, qui est un consultant en matière
d'analyse et de planification de la prévision de la demande dans les
utilités électriques. Il a participé aux audiences du plan
de développement d'Ontario Hydro» Je le remercie d'être ici
ce soir, parce qu'étant consultant pour Ontario Hydro, il est
très occupé de ce temps-ci.
Il nous fait plaisir de venir vous présenter le point de vue de
l'Association canadienne de l'énergie éolienne dans le cadre de
la consultation générale sur le plan de développement
d'Hydro-Québec 1993-1995.
L'Association, fondée en 1984, est une association à but
non lucratif et regroupe tous les intervenants intéressés par
l'énergie éolienne. Ces buts sont de faire la promotion de
l'énergie éolienne comme moyen propre et rentable de produire de
l'énergie. (20 h 10)
Hydro-Québec, membre fondateur, est présentement membre
corporatif de l'Association et y délègue un directeur depuis le
début de l'Association. Elle a été l'une des compagnies
d'électricité à avoir le plus investi en recherche et
développement des éoliennes. Qu'on pense au projet Éole et
aux recherches concernant le jumelage éolien-diesel, à son
institut de Varennes, qui en est à la fin de sa phase de
démonstration.
L'Association a déposé à la commission son
mémoire faisant état de la situation actuelle et des avantages de
l'énergie éolienne. Vous y trouverez moult chiffres
exprimés en gigawatt, en térawattheure, voire en
«gigadollars». Évidemment, ces chiffres sont fournis pour le
bénéfice des membres de la commission qui voudront pousser plus
loin l'analyse.
Nous tenterons, ce soir, de tracer les grandes lignes de ce
mémoire en éliminant, autant que possible, toute
référence à des considérations purement techniques,
au risque de décevoir quelques puristes.
Le potentiel éolien du Québec, présenté dans
le mémoire, est évalué à partir des critères
suivants: seules les zones situées à proximité du
réseau actuel et les zones côtières sont
considérées; les données sur les vents sont celles
provenant des études faites pour le projet Éole, au début
des années quatre-vingt, soit à Cap-Chat,
Rivière-au-Renard et Rivière-au-Tonnerre. une éolienne
type de 400 kw a été choisie pour l'analyse. les régions
répondant à ces critères sont celles: de la
gaspésie, à partir de rivière-du-loup; de la rive nord,
à partir de sept-îles; de la baie james et de la baie d'hudson
jusqu'à grande-baleine, ce pour un potentiel total de 37 twh, soit 22 %
de la production actuelle d'hydro-québec, pour une puissance
installée de 11 500 mw, c'est-à-dire une densité de 3,6 mw
au km2, tandis qu'en californie, on a 8,6 mw au km2.
notre estimation est donc très conservatrice.
Une mise en garde ici. L'Association ne dit pas à la commission
qu'il faut baliser les deux rives du Saint-Laurent avec quatre rangées
d'éoliennes. Ce serait loin d'être esthétique, et nous
serons les premiers à le dire. Ce serait le pire service à rendre
à l'énergie éolienne que d'entreprendre un tel projet.
Cependant, il faut retenir que le potentiel existe et que des
aménagements de dimensions raisonnables sont possibles ici et
là.
Je vous présente Jeff Passmore, qui vous parlera de la
technologie et des coûts.
M. Passmore (Jeff): Merci, Jacques.
Mesdames, messieurs, la première chose qu'il faut dire, c'est
qu'aujourd'hui il y a plus de 25 000 éoliennes installées dans le
monde, d'une puissance installée de 2300 MW. En Californie, par exemple,
17 000 turbines; au Danemark, 2000 turbines. En 1990, les éoliennes
installées en Californie ont produit une quantité
d'électricité suffisante pour alimenter une ville de la grandeur
de San Francisco.
Depuis 10 ans, la technologie éolienne a beaucoup
évolué. On a des machines fiables et plus performantes. Les
nouvelles pales, par exemple, produisent 20 % plus d'énergie que les
pales d'avant.
Alors, quel est le coût de l'énergie éolienne d'une
machine moderne utilisée au Québec? Est-ce que c'est 0,06 $ du
kWh, 0,075 $ ou peut-être 0,085 $, comme disait le plan de
développement, à la page 48 du plan de développement
d'Hydro-Québec? Même, il y a ceux qui disent que le coût au
Canada, en général, devrait tomber à 0,06 $ du kWh, en
cinq ans, quand la nouvelle technologie sera adoptée. Au Québec,
on estime que, pour des vents supérieurs à 7,5 m/s, et
combinés à un espacement de 10 diamètres, les coûts
se trouvent à 0,05 $ du kWh.
Mais est-ce que ces chiffres servent à quelque chose au
Québec? À mon avis, c'est une discussion, à ce moment-ci,
peut-être un peu stérile, parce que très peu d'information
existe sur les régimes des vents au
Québec. On n'a pas assez d'expérience; des relevés
sérieux doivent être faits.
Ce qu'on sait, c'est qu'aux États-Unis on est en train de
développer une machine beaucoup moins chère que 0,085 $ du kWh.
Aux États-Unis, 24 000 000 $ sont investis cette année en
recherche et développement, pour atteindre un coût de 0,05 $ US du
kWh en 1995 et 0,04 $US du kWh en 2003, pour un vent de 5,8 m/s, moins fort que
le vent au Québec.
Déjà, aux États-Unis, il y a une machine produite
par une compagnie, qui s'appelle Kenetech, en Californie, qui devrait produire
de l'énergie pour 0,05 $US du kWh. J'ai quelques photos que je vais
passer peut-être tout à l'heure comme représentation de
cette machine.
Il faut remarquer aussi que, comme les coûts de l'éolienne
baissent, ceux de l'hydraulique augmentent, parce que les meilleurs sites
hydrauliques étaient déjà exploités. Mais, pour
l'éolienne, on est rendu juste au début. Il faut ajouter aussi
que tous les prix qu'on a discutés jusqu'ici sont sans tenir compte des
coûts sociaux ou environnementaux. Je retourne à M. Tellier.
M. Tellier: Merci. Le jumelage éolien-hydrauli-que. La
figure 27 de notre mémoire, que vous voyez à l'écran
là-bas, présente sous forme graphique, en fonction du pourcentage
du total annuel, l'apport hydraulique en bleu l'apport
éolien en orange ainsi que la demande sur le réseau
en vert. On y remarque que l'hydraulique culmine en mai, juin.
Malheureusement, toute cette eau ne peut être stockée dans les
réservoirs et doit être rejetée en partie. Cependant, cet
apport est inférieur à la demande d'octobre à mai, tandis
que l'apport éolien est supérieur pendant cette même
période. Le Québec bénéficie donc de deux sources
d'énergie renouvelables, et elles sont complémentaires. Sachons
les exploiter à bon escient. le québec traverse une
période de faible hydrau-licité, et il semble que nous soyons
à la fin de ce cycle, heureusement. ce phénomène
reviendra. la variabilité de l'hydraulique est de 9,7 %; pour
l'éolien, c'est de 6,8 %. l'intégration des deux sources
d'énergie diminuerait cette variabilité à 4,4 %; c'est
donc un gain appréciable. cette faible hydraulicité a
coûté cher à hydro-québec: plusieurs milliards en
production thermique, nucléaire, en importations et en manque à
gagner. l'éolien aurait diminué cette dépense.
Le cas de la rivière Sainte-Marguerite. L'aménagement de
la rivière Sainte-Marguerite illustre de façon exemplaire la
complémentarité de l'éolien avec l'hydraulique.
Étudions le cas tant controversé du détournement des
rivières Carheil et Pékans. Le coût de ces
détournements est supérieur à 375 000 000 $, pour une
production supplémentaire de 450 GWh Hydro-Québec, rapport
d'avant-projet, juillet 1991, partie II, page 11. Cette énergie
supplémentaire est appréciable, surtout si on tient compte
qu'elle est requise en hiver, alors que la réserve baisse dans le
réservoir. Or, cette énergie de 450 GWh pourrait être
produite par un parc d'éoliennes en Gaspésie, par exemple
d'une puissance de 120 MW, soit un investissement de l'ordre de
145 000 000 $. la superficie des réservoirs créés
par le détournement de ces rivières est de 159 km2. le
parc d'éoliennes occuperait un territoire de 34 km2
seulement, mais une faible partie de ce territoire est réellement
occupée par les équipements ou par les chemins 5 %
environ, soit 2 km2 le reste demeurant disponible pour les
activités traditionnelles: forêt, culture.
En résumé, on s'aperçoit donc que, dans le cas de
la rivière Sainte-Marguerite, le jumelage éolien à
l'hydraulique permet de réaliser des économies importantes
145 000 000 $ contre 375 000 000 $ d'occuper 2 km2 au lieu de
159 km2, d'épargner quelques saumons. Jeff, tu peux traiter
des coûts sociaux, s'il vous plaît?
M. Passmore: Au sujet des coûts sociaux, il faut commencer
par dire qu'ils ne sont pas faciles à calculer. On entend par coût
social un coût que ni le protecteur, ni le consommateur n'assume, et ce
n'est pas calculé dans la planification et les choix des options: par
exemple, les dommages causés à nos érablières par
les pluies acides. Mais une chose est certaine, les coûts sociaux, le
coût de la pollution pour la société est bien réel,
et il est supérieur à zéro. Une personne qui a
essayé de calculer les coûts est Richard Ottinger, et ses calculs
se trouvent à la page 54 du mémoire de l'Association canadienne
de l'énergie éolienne. (20 h 20)
II faut aussi remarquer que plusieurs États américains
considèrent ces coûts lors de l'évaluation des projets.
C'est pour planifier pour les générations du futur qu'on utilise
les coûts sociaux, pour la planification intégrée des
ressources, comme dit le plan de développement, à la page 93, pas
pour calculer les tarifs aujourd'hui. Comme dit le plan de
développement, à l'orientation 25, il faut étudier les
«externalités» reliées aux moyens de production.
À mon avis, sans cette étude on ne peut pas planifier comme il
faut pour accomplir la planification intégrée des ressources.
Au sujet de la planification, Hydro-Québec a une puissance
installée supérieure à 30 000 MW. Avec une telle
puissance, Hydro-Québec ne peut pas se permettre d'ignorer une source de
production d'électricité et une technologie de
génération. C'est spécialement vrai au sujet des
éoliennes au Québec, où on peut trouver un potentiel si
important. Pour prendre les décisions qu'il faut pour l'avenir, il faut
obtenir une certaine expertise. C'est pour cette raison que l'Association
recommande une sérieuse étude d'évaluation du potentiel
éolien au Québec et la réalisation d'un parc éolien
de démonstration de 30 à 50 MW. Avec cette expérience,
HydroQuébec, qui fait la planification, peut prendre des
décisions plus informées.
Si on parle du coût de l'énergie, il faut aussi parler des
risques. Si une augmentation de coût se manifeste dans un secteur de
production et qu'on a une seule ou peut-être deux sources de
génération, c'est l'ensemble qui est désavantagé.
Si on a plusieurs sources, on répartit les risques. Il y a donc
diminution des risques.
On peut avoir beaucoup moins de risques avec plusieurs sources de
génération, sans augmenter les coûts. Si on pense que les
coûts qu'on utilise maintenant pour planifier... que ça va
toujours coûter ce qu'on a prévu et que les coûts
augmentent, on va payer plus que si on a diversifié le système
à l'avance.
À l'heure où des choix de société doivent
être faits, ça peut arriver que les groupes, soit le public, soit
la commission parlementaire, veulent entrer dans la discussion de la future
génération et planification d'électricité dans la
province de Québec. La société peut décider qu'une
réduction des risques c'est-à-dire tous les risques: les
risques technologiques, environnementaux, sociaux, économiques
est aussi importante qu'une réduction des prix. Alors, il ne faut pas
décider du futur avant cette information.
Je veux montrer quelque chose sur le tableau, mais peut-être que
ce serait mieux de discuter de ça à la période des
questions.
M. Tellier: Merci. Le jumelage éolien-diesel. Comme nous
l'avons vu avec le cas de la rivière Sainte-Marguerite, l'éolien
peut apporter une aide précieuse à l'hydraulique, et cet exemple
peut être utilisé pour le lac Robertson. Malheureusement, la
centrale du lac Robert-son, avec ses deux groupes de 10,5 MW chacun, ne peut
répondre à la demande de pointe du réseau, qui sera de
l'ordre de 16 MW en 1995. Si l'un des deux groupes est hors d'usage, sa
capacité baisse à 10,5 MW. S'il n'y a pas d'apport éolien,
sa capacité baisse à 16 MW, tout juste la demande de 1995,
à cause du marina-ge, de la variation de la hauteur d'eau de 9
mètres. Dans les deux cas, les diesels devront se mettre en marche.
Utilisons ce cas pour étudier le jumelage éolien-diesel. au
début des années quatre-vingt, on considérait que les
éoliennes apportaient une énergie d'appoint au moteur diesel, qui
conservait le plein contrôle de la production. dans ce contexte, une
partie de l'éolien seulement était utilisée, environ 50
%.
Aujourd'hui, cette approche est désuète et, grâce
aux recherches et expériences récentes, on considère que
le diesel agit comme une réserve aux éoliennes, au même
titre que l'eau en amont d'un barrage, ce qui permet d'absorber toute
l'énergie éolienne produite, avec les mêmes
équipements. C'est un changement complet de mentalité. Ainsi, au
lieu d'obtenir un coût de 0,09$ à 0,10$ du kWh, on obtient entre
0,05$ et 0,06 $.
Sur la Basse-Côte-Nord, un parc de 20 MW coûterait environ
30 000 000 $ et pourrait fournir autant d'énergie que la centrale du lac
Robertson. Le diesel servirait en cas de pointe et de faible vent. Cet
investissement de 30 000 000 $ est à considérer par rapport aux
340 000 000 $ du lac Robertson, ce qui laisse une très large marge pour
le renouvellement du parc diesel.
Nos recommandations. Nous avons vu que l'énergie éolienne,
énergie renouvelable et non polluante, est fiable et offre des avantages
économiques indéniables lorsque jumelée à une
production hydraulique. De plus,
nous avons vu que ces deux types d'énergie sont
complémentaires. L'Association recommande donc que l'énergie
éolienne soit utilisée au Québec comme source
d'énergie là où les régimes de vent sont connus,
soit principalement la Gaspésie et la Côte-Nord. Des
bénéfices immédiats peuvent en découler, en
complément du projet de la rivière Sainte-Marguerite.
L'Association réfute l'argument d'Hydro-Québec, à
l'effet que l'énergie éolienne est très coûteuse par
rapport à l'hydroélectrique. Des expériences
récentes dans le monde montrent le contraire. Cependant, l'Association
déplore le fait que le potentiel éolien, sur l'ensemble du
territoire québécois, est très mal connu et demande qu'un
relevé systématique des ressources, sur l'ensemble du territoire,
soit entrepris au plus tôt. L'Association supporte Hydro-Québec
dans sa démarche d'utiliser l'énergie éolienne dans les
réseaux non reliés et souligne la pertinence de cette solution
dans le cas du lac Robertson.
En terminant, permettez-moi de citer un proverbe chinois, tout à
fait applicable à Hydro-Québec, qui est solidement
implantée dans l'hydraulique, et qui s'énonce comme suit:
«Quand la racine est profonde, pourquoi craindre le vent?»
Merci de votre attention.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Je voudrais vous remercier, messieurs, d'être
venus nous exposer votre appréciation du plan de développement
qui est proposé par Hydro-Québec et, surtout, de nous faire
profiter de votre expertise, votre expérience en matière
d'énergie éolienne.
J'aimerais peut-être tout d'abord en savoir davantage sur votre
association. Quel est votre plan d'action pour les prochaines années, si
vous avez un plan d'action pour les prochaines années? D'où
viennent vos membres? Est-ce qu'ils viennent de partout à travers le
Québec?
M. Tellier: De partout à travers le pays, le Canada. C'est
des ingénieurs, des fournisseurs, des manufacturiers, des
propriétaires d'éoliennes, des mordus d'éoliennes
aussi.
Mme Bacon: Votre plan d'action pour les prochaines
années?
M. Tellier: C'est de promouvoir l'énergie éolienne
dans son ensemble et de faire connaître les nouvelles technologies.
Mme Bacon: À quoi pourrait ressembler, physiquement, un
projet de 500 MW d'éoliennes au Québec, comme vous en faites
état dans vos recommandations?
M. Tellier: 500 MW, c'est gros. On parlait de 100, 120 pour le
cas de la rivière Sainte-Marguerite.
C'est 300 machines de 30 mètres de hauteur; c'est un pylône
avec une grosse hélice en haut, si vous voulez. Il y a des photos qui
vont circuler, là. Il y en aurait 300.
Mme Bacon: On sait, oui...
M. Tellier: La tendance est de ne pas les mettre sur une ligne
continue. D'ailleurs, ma mise en garde, au début, a été
très claire. Il n'est pas question de baliser le fleuve avec des
éoliennes de chaque côté. Au point de vue
esthétique, on préfère les grouper par quelques
unités, en faire des paquets.
Mme Bacon: Combien d'unités à la fois? Est-ce que
vous le savez?
M. Tellier: Ça peut être 50, 60. Après
ça, on peut aller 10 milles plus loin et en mettre une autre. On peut
les cacher. Ce n'est pas nécessaire de les mettre au bord du fleuve.
D'ailleurs, c'est mieux pas parce que ça cause d'autres
problèmes.
Mme Bacon: Et 50, ça serait le maximum à la fois,
M. Tellier?
M. Tellier: II faudrait étudier chaque site. Ça
dépend. Si on a une très grande montagne, un site très
vallonneux, on peut peut-être se permettre d'en mettre plus.
Mme Bacon: Est-ce qu'on peut évaluer combien d'espace
ça prend pour chacun?
M. Tellier: On parle de 34 km2 pour 300
éoliennes.
Mme Bacon: Pour 300.
M. Tellier: Pour 300. Alors, ça veut dire 10 au
km2?
Mme Bacon: Oui, c'est ça, au kilomètre.
L'exploitation du potentiel commercial de l'énergie éolienne au
Québec, est-ce que ça devrait être développé
par Hydro-Québec ou par des producteurs privés?
M. Tellier: II faut, premièrement, qu'il y ait un acheteur
pour cette énergie-là. Ça, je pense que c'est
Hydro-Québec qui doit acheter, qui doit montrer une certaine
volonté d'acheter cette énergie-là. À partir de
là, ça peut être Hydro-Québec qui voit au
développement des parcs d'éoliennes ou ça peut être
confié à l'entreprise privée. Ça peut être un
mélange. On n'a aucune préférence.
Mme Bacon: Hydro-Québec prévoit aller en appel de
propositions pour un parc d'éoliennes aux
Îles-de-la-Madeleine.
M. Tellier: Oui.
Mme Bacon: Quel serait, selon vous, l'intérêt de
l'industrie pour ce projet?
M. Tellier: D'après ce que j'ai entendu parler, c'est un
parc de 5 MW de capacité, et ça peut intéresser quelques
groupes, quelques compagnies québécoises, mais les compagnies
américaines qui sont spécialisées dans le
développement de parcs d'éoliennes aux États-Unis ne sont
pas intéressées. Ce n'est pas assez gros pour eux autres. En bas
de 10 MW, ça ne sert à rien, ils ne viendront pas.
Mme Bacon: Ils ne viendraient pas?
M. Tellier: Et, aux Îles-de-la-Madeleine, il faudrait que
ça soit plus gros que ça encore.
Mme Bacon: Est-ce que ça va permettre aux
Québécois de développer l'expertise, si on ne l'a pas
complètement déjà? Si on l'a déjà, est-ce
que les gens sont intéressés d'aller aux
Îles-de-la-Madeleine?
M. Tellier: 5 MW, ça représente 10 machines de 500
kW ou 11 de 450. C'est peu pour importer une technologie, puis faire de la
fabrication sous licence. Ça serait souhaitable, c'est des emplois,
ça. 120 MW de capacité, c'est 300 machines. À raison d'une
par semaine, c'est 50 par année; c'est 20 000 000 $ de chiffre
d'affaires par année pendant 6 ans. 5 MW, c'est 10 machines. Ça
ne vaut même pas la peine d'importer la technologie. C'est le
malheur.
Mme Bacon: Pour évaluer les incidences environnementales
de l'option éolienne, Hydro-Québec lui impute celle des moyens
thermiques qu'il faudrait lui adjoindre pour assurer un service
électrique de même qualité et fiabilité. Moi,
j'aimerais que vous me commentiez cette approche-là
d'Hydro-Québec.
M. Tellier: C'est vrai qu'on peut prévoir une puissance
d'appoint. Quand il ne vente pas, il faut produire l'énergie par autre
chose. On peut la produire par du thermique, on peut la produire par de
l'hydraulique aussi. Les éoliennes produisent de l'énergie, elles
ne produisent pas de la puissance, en principe, quoiqu'on tende à
démontrer le contraire. Tout ce qu'on produit en éolien, c'est de
l'eau ménagée en arrière des barrages, qui sera disponible
quand on en aura besoin, l'hiver. On est au mois de mars, c'est le meilleur
exemple, là, Hydro-Québec ne peut pas produire sa capacité
installée parce que les réservoirs sont trop bas. Mais il vente
depuis le mois de septembre. Il vente beaucoup au Québec, et ça
va venter jusqu'au mois de mai. Toute cette énergie du vent aurait
permis d'économiser de l'eau dans les réservoirs, et elle serait
disponible pour nous autres au mois de mars. C'est ça, c'est l'avantage.
Il ne faut pas jumeler l'éolien avec du thermique sur le réseau
principal, c'est avec l'hydraulique qu'il faut le jumeler. (20 h 30)
Mme Bacon: Dans le volet recherche et développement
à long terme de son plan de développement de la technologie,
Hydro-Québec exprime sa volonté de s'engager dans le domaine
éolien. Est-ce que vous voulez commenter cette orientation
d'Hydro-Québec, et pourriez-vous indiquer les axes de recherche qui vous
apparaissent les plus prometteurs?
M. Tellier: Les axes de recherche? Premièrement, c'est
l'évaluation du potentiel éolien du Québec. On
connaît trois points le long du Saint-Laurent: Cap-Chat,
Rivière-au-Tonnerre, Rivière-au-Renard. On en a une idée
sur la côte de la baie James, de la baie d'Hudson, mais c'est très
vague, et le restant, on ne le connaît pas. On vous a
présenté le potentiel éolien des régions
côtiè-res du Saint-Laurent et de la baie James, jusqu'à
Grande-Baleine, mais c'est bien vague. Il faudrait faire un plan de recherche
pour évaluer, mesurer les vitesses de vent un peu partout sur le
territoire, comme HydroQuébec fait quand elle veut développer une
rivière. La première chose qu'elle va faire, c'est de mettre des
instruments de mesure dans la rivière pour savoir combien d'eau passe.
Là, il faudrait savoir à quelle vitesse le vent passe. La
quantité de vent, ce n'est pas grave; c'est la vitesse qu'il faut
savoir. Ça, c'est la première chose.
Il y a une recherche qui se fait à Hydro-Québec, à
PIREQ, sur le couplage éolien-diesel, qui est presque finie, qui est
valable et qui donne des résultats. Je pense qu'il ne faut pas le
lâcher. D'ailleurs, je pense que ce n'est pas l'intention
d'Hydro-Québec de le lâcher, mais on pourrait en faire une
application immédiate. L'éolien, il faut s'en rendre compte, ce
n'est pas comme un barrage. Un barrage, vous allez dépenser pendant 10
ans à construire, et votre premier kilowatt sort après 10 ans.
L'éolien, vous installez une machine: deux jours après, elle
produit ses kilowatts. Vous pouvez procéder par étape: 10 MW par
année pendant 10 ans, bien, ça fait 100 MW. On arrive au 2003 de
la rivière Sainte-Marguerite.
Mme Bacon: Vous pensez que l'industrie éolienne, au
Québec et au Canada, a un avenir?
M. Tellier: Oui, à condition qu'on fabrique sous licence.
Je crois qu'il est trop tard, la technologie existe ailleurs, soit au Danemark,
en Hollande, aux États-Unis.
Mme Bacon: Vous êtes satisfait des efforts que fait
Hydro-Québec dans ce sens-là ou...
M. Tellier: En recherche, jumelage éolien-diesel...
Mme Bacon: Oui.
M. Tellier: ...c'est valable. C'est une recherche qui marche
depuis 1987, ça progresse normalement, puis il n'y a eu aucune
difficulté. Ça avance, et ils sont
rendus à des tests. À FÎle-du-Prince-Édouard,
ils ont quatre éoliennes, et ils ont deux moteurs diesel. L'année
prochaine, ils vont alimenter un village au complet juste avec ça, comme
on ferait sur la Basse-Côte-Nord...
Mme Bacon: Oui.
M. Tellier: ...par exemple.
M. Passmore: Si je peux dire quelque chose sur le...
Le Président (M. Audet): Oui.
M. Passmore: ...futur de Péolienne au Québec, je
crois que, sans un parc éolien, il n'y a pas grand futur pour les
éoliennes au Québec ou même au Canada. Au sujet de la
recherche et développpement Hydro-Québec peut faire comme
ça a déjà été fait dans certains
États comme la Californie même l'Ontario pense faire
ça aussi soit d'avoir un parc éolien comme projet de
recherche et développement pour avoir assez d'information pour planifier
le futur. Je pense que, comme je l'ai dit jusqu'ici, on n'a pas assez
d'information. L'Alberta est en train de construire trois parcs éoliens,
mais ils sont tellement petits: un de 9 MW, un de 10 MW, un de 1,5 MW. Puis, la
Saskatchewan aussi regarde quelles sont les opportunités pour un parc
éolien, mais on n'a rien fait jusqu'ici.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
D'abord, en ce qui regarde le nombre de kilowattheures potentiels
qu'Hydro-Québec aimerait développer au niveau des
éoliennes. On parle de 1000 dans le plan. Est-ce que vous
considérez ça sérieux de la façon dont c'est
rédigé, ou si ce n'est pas pour introduire ia notion
d'éoliennes sans aucun projet précis? Comment vous
considérez ça dans le plan de développement d'Hydro?
M. Tellier: On parle de 1000 MW pour l'an 2010, je crois,
hein?
M. Chevrette: Oui.
M. Tellier: C'est excessivement valable. Ça peut
même aller plus vite que ça si c'est considéré
jumelé avec la réserve hydraulique que l'on a. Tout ce qu'on
produit en éolien l'hiver, c'est de l'eau qu'on ménage en
arrière de nos réservoirs pour la prendre
l'été.
M. Chevrette: Ça, je comprends ça, mais il n'y a
aucun projet précis dans le plan de développement en ce qui
regarde les éoliennes.
M. Tellier: D'accord.
M. Chevrette: C'est marqué 1000 MW. Avez-vous un projet
bien précis, comme quoi Hydro-Québec veut commencer à
produire de l'énergie éolienne, à part d'avoir un objectif
ou un voeu pieux?
M. Tellier: Bon! Les deux rives du Saint-Laurent, et surtout, je
pense à la Gaspésie, c'est déjà plus connu. Il y a
le projet Éole qui est là. Il y a des relevés qui se font
depuis le début des années quatre-vingt ou même la fin des
années soixante-dix. Le projet Éole marche depuis 1987. On a de
l'information. Je crois qu'on est en mesure de dire qu'on s'en va dans cette
région-là. Je ne dis pas à Cap-Chat, à
côté de l'autre, mais on peut se déplacer un peu, de 10 ou
50 km, ça ne dérange pas, cherchons la meilleure place. On peut
commencer immédiatement, en installant l'année prochaine ou bien
dans deux ans... Le délai de livraison d'une éolienne, c'est sept
mois, et construire une fondation, c'est 15 jours. Pas de problème
là.
M. Chevrette: Avez-vous des indications dans le plan de
développement? Je vais reprendre ma question pour la troisième
fois. Avez-vous des indications, dans le plan de développement
d'Hydro-Québec, qu'il y a un projet concret qui va commencer?
M. Tellier: Non, je n'en ai pas vu.
M. Passmore: Quand j'ai vu ces 1000 MW pour 2010, ça me
surprend un peu combinaison 5 à la page 51. Et je suis d'accord
avec M. Tellier, si on ne commence pas tout de suite à faire quelque
chose, ce n'est pas possible, ça va être très difficile
d'avoir 1000 MW d'ici 2010.
M. Chevrette: C'est parce que j'ai l'impression
qu'Hydro-Québec a voulu faire plaisir à tout le monde. Ils vous
ont mis 1000 MW sans aucun projet, sans aucun programme précis, sans
aucun échéancier de quelque nature que ce soit. C'est
plutôt ce qui me faisait dire, à l'ouverture des audiences de
cette commission, qu'on a voulu faire plaisir. Mais ça mérite
plus de respect que ça, parce qu'il n'y a aucun projet, il n'y a rien du
tout. Ça, ça me laisse très perplexe. Us auraient pu en
mettre 2000 et ça n'aurait pas changé grand-chose. Ils auraient
pu en mettre 500 et ça aurait peut-être été plus
sérieux. Je ne sais pas, mais il n'y a rien de précis.
J'espère qu'Hydro-Québec, par ses spécialistes qui notent
tout ici, vont pouvoir nous répondre à un moment donné sur
ce qu'ils vont faire avec ça. C'est de la poudre aux yeux, c'est des
projets concrets, etc.?
Vous dites que ça doit être jumelé à
l'hydraulique. Pourquoi pas aux combustibles?
M. Tellier: Ça peut être jumelé aux
combustibles aussi.
M. Chevrette: J'avais plutôt l'impression tantôt,
dans une réponse à Mme la ministre, que vous aviez dit que
c'était hydraulicité et éolienne...
M. Tellier: Bon!
M. Chevrette: Mais prenez Robertson...
M. Tellier: Oui.
M. Chevrette: C'était une occasion peut-être de
tester les éoliennes, parce qu'on me dit que les vents sont favorables
dans cette région-là.
M. Tellier: Très favorables. (20 h 40)
M. Chevrette: Donc, ça aurait pu être une occasion
concrète qu'Hydro-Québec avait pour mettre à
l'épreuve... Parce que les éoliennes ne seront jamais une
énergie exclusive. Ça, c'est en combinaison, vous le dites dans
votre rapport, vous autres même. C'est en tandem avec un autre type
d'énergie. C'est une énergie d'appoint. Ça, je pense que
tout le monde s'entend là-dessus. Il me semble que Robertson serait une
belle occasion. Les détournements de la Pékans et de la Car-heil
sur la Moisie, ce ne serait peut-être pas nécessaire, si on
jumelait la Sainte-Marguerite à des éoliennes.
M. Tellier: C'est le message qu'on vous livre.
M. Chevrette: C'est ce que j'ai compris et c'est ce que je
trouvais intéressant. Ça pourrait peut-être être une
preuve, de la part d'Hydro-Québec, si elle est sérieuse dans ses
programmes de... Pardon?
Mme Bacon: Le saumon.
M. Chevrette: Non, non, ce n'est pas une question rien que de
saumon, c'est une question de rivières patrimoniales. On aurait pu avoir
les mêmes objectifs de mégawatts sans détourner deux
rivières. Il n'y a rien qui empêchait ça, et ça
aurait pu être une preuve qu'Hydro-Québec était
sérieuse dans son discours face à l'énergie
éolienne. Avez-vous parlé de ça à Hydro?
M. Tellier: On vous présente le point de vue de
l'Association à la commission, ce soir.
M. Chevrette: Vous n'avez pas eu de rencontre avec Hydro
là-dessus?
M. Tellier: Non.
M. Chevrette: Vous n'avez pas pu suggérer à Hydro
de combiner les éoliennes dans certains projets actuels?
M. Tellier: Personnellement, je n'ai pas été
capable, mais je n'ai pas essayé.
M. Passmore: Je crois que l'Association est en train de discuter
peut-être de la possibilité avec HydroQuébec, mais on n'a
pas d'information là-dessus.
M. Chevrette: C'est parce que vous affirmez que c'est
réaliste et, moi, je ne vois rien de concret. Donc, le réalisme
que vous semblez y voir, il faudrait qu'il soit non pas
précédé, mais au moins accompagné d'une
programmation, d'un échéancier de projet précis. Sinon, je
ne vois pas comment on va arriver à quelque chose. Il y a un groupe qui
est venu nous dire je ne me souviens pas lequel que les
éoliennes, ça devrait être installé dans le respect
des populations. Je ne me souviens pas... C'est le Parti vert, avant-hier. Le
Parti vert du Québec est venu nous dire: II faut en installer, des
éoliennes, on est pour ça, mais il faut que les populations
soient d'accord. Vous, qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Tellier: C'est vrai. Une éolienne, ça occupe
très peu d'espace au sol. D'ailleurs, sur les photos qu'on peut vous
faire circuler...
M. Chevrette: On les a vues, là.
M. Tellier: ...vous allez voir les éoliennes avec de
belles vaches en dessous. Ça peut être de la forêt, de
l'exploitation de forêt. Avec de la coupe contrôlée,
ça va très bien. Chaque éolienne, ça prend un petit
chemin de trois, quatre mètres de large pour se rendre à
l'éolienne. C'est un bel accès en forêt. Ça peut
très bien se combiner, il n'y a pas de problème. Il faut que la
population soit d'accord, évidemment.
M. Chevrette: À ce moment-là, ça
rétrécit un potentiel en mosus si vous partez de
Rivière-du-Loup et que vous montez à Gaspé. Dans vos
propositions, vous établissez le potentiel à partir de la
longueur du chemin à parcourir. Vous dites que, sur ça, il y a
250 MW, de Rivière-du-Loup à Gaspé, potentiellement.
Là, si vous arrivez et si la population, par exemple, dit: Bien, nous
autres, on n'en veut pas, vous vous ramassez avec 25 MW ou 20 MW. Vous vous
ramassez aux Îles-de-la-Madeleine avec très peu, parce que les
gens ne veulent pas de la pollution visuelle, puisque c'est planche. Ils
disent: On n'en veut pas, ni par le bruit ni visuel. La population ne veut pas.
On vient de couper. Quel est le potentiel décent que vous croyez qui
pourrait être exploité, en tenant compte du réalisme? Vous
parlez d'un potentiel théorique, si j'ai bien compris, dans votre
mémoire.
M. Tellier: c'est un potentiel théorique qui est
basé sur une très faible densité de production, mais je
n'irais pas plus haut que 10 % en partant, sûrement pas. on dit que le
québec est couvert de forêts, mais il n'est pas question d'aller
couper tous les arbres. on commence à s'en rendre compte, là.
alors, on a un potentiel éolien, mais il n'est pas question d'aller le
ramasser au maximum.
M. Chevrette: Ça dépend des régions. Dans
des régions, ils coupent à blanc en maudit, oui.
M. Tellier: II y a un choix à faire. M. Chevrette:
Pardon?
M. Tellier: II y a un choix à faire. Il n'est pas question
de couvrir le Québec avec des éoliennes, pas plus que de le
couvrir avec des réservoirs d'eau.
M. Chevrette: Non, mais, grosso modo, les objectifs devraient
être quoi, par exemple, d'ici l'an 2020, si vous regardiez le parc
complet de l'énergétique? Quel pourcentage, les éoliennes,
d'ici 2020, devraient occuper?
M. Tellier: Si on fixait de 1000 à 1500 MW d'ici 2020, ce
serait très beau. On aurait une industrie qui marcherait à la
planche, il n'y a pas de doute.
M. Passmore: Je crois que ni la population, ni
Hydro-Québec ne sont convaincues que l'énergie éolienne
marche comme il faut. Même, elles ne sont peut-être pas convaincues
que ça peut être joli. Moi, j'ai trouvé ça joli dans
les photos et quand j'ai visité les parcs éoliens en Californie.
Alors, il faut commencer avec un parc éolien de 30 à 50 MW et
puis, comme ça, la population va être convaincue que ça
peut marcher, que ça peut donner de l'énergie et que ça
peut offrir du travail et des choses comme ça. Mais, il faut
commencer.
M. Tellier: Là, on suppose le potentiel le long du
Saint-Laurent, parce qu'on ne connaît pas le régime des vents
ailleurs. On le connaît le long du Saint-Laurent et on le connaît
du côté de la baie James. Mais, entre les deux, c'est grand,
là. On pourrait peut-être faire des relevés, aller chercher
et savoir ce qui se passe. On pourrait peut-être en cacher un petit peu
plus. Mais on ne le sait pas. On ne connaît pas le potentiel. C'est une
première démarche à faire. Comme Hydro-Québec qui
veut une rivière, ils vont aller mesurer le débit, c'est la
première chose, allons mesurer le vent. Mais, sur la Gaspésie, la
côte de la Gaspésie, on a déjà quelque chose.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Saint-Maurice.
M. Lemire: M. le Président, ce que je voudrais savoir,
moi, c'est la proportion de l'électricité d'origine
éolienne qui est produite en Californie et au Danemark par rapport
à ce qui se produit mondialement? En avez-vous un aperçu?
M. Passmore: Comme je l'ai dit, il y a à peu près
25 000 machines dans le monde.
M. Lemire: Dans le monde, oui.
M. Passmore: Puis 17 000 en Californie.
M. Lemire: 17 000, là?
M. Passmore: Oui.
M. Lemire: Puis au Danemark?
M. Passmore: 17 000 en Californie, puis au Danemark, 2000. Alors,
le Danemark, c'est le deuxième marché.
M. Lemire: Ça veut dire qu'il y en a 6000 dans le reste du
monde?
M. Passmore: C'est ça. Dans le reste du monde, ça
commence un peu en Allemagne. Par exemple, aujourd'hui, on a à peu
près 50 MW, mais avec la planification d'ajouter 1000 MW d'ici 2105.
Puis, en Hollande, il y a 130 MW. Comme je l'ai dit aussi, en Alberta, en
Saskatchewan et en Espagne, on regarde sérieusement l'énergie
éolienne. D'autres pays? En Grèce, oui.
M. Lemire: Pour quelles raisons elle n'est pas plus connue
à d'autres places dans le monde? Pourquoi il n'y en a pas plus que
ça ailleurs?
M. Passmore: Je crois que... Premièrement, aux
États-Unis, on a commencé ça il y a à peu
près 10 ans ou 15 ans. Il y avait des crédits de taxe que le
gouvernement fédéral a donnés à ceux qui voulaient
développer les énergies renouvelables comme ça.
M. Lemire: Des mesures fiscales. M. Passmore: Fiscales,
c'est ça. M. Lemire: C'est ça.
M. Passmore: Puis, quand ça a été
arrêté, plusieurs ont pensé que le vent allait cesser
d'être développé. Il y a eu une baisse pendant deux ou
trois ans après la fin des mesures fiscales et, après deux ans de
moins d'activité, ça a monté encore. Aujourd'hui, on a,
comme je l'ai dit, des machines comme celles que j'ai montrées, des
machines de 30 mètres. C'est supposé donner l'énergie
à 0,05 $ du kWh en deux ans.
M. Lemire: J'imagine que, dans ces endroits-là, il doit y
avoir eu des impacts sur l'environnement des citoyens. Il doit y avoir eu des
impacts visuels, des impacts... Est-ce qu'il y a eu des études qui ont
été faites en Californie?
M. Passmore: Des études sur l'impact visuel?
M. Lemire: Oui.
(20 h 50)
M. Passmore: Pas que j'ai vu. Actuellement, il y a celles qui
sont jolies et il y a celles qui ne sont pas jolies. Ça dépend de
chaque développeur. Puis, il faut faire ça... Celles qui ne sont
pas jolies sont celles qui
ont été faites pendant les mesures fiscales, parce que
tout le monde a fait ça peut-être un peu trop vite. Maintenant,
ça se développe avec beaucoup plus d'imagination, oui, et
«purpose». Aussi, en Europe, je crois que la motivation
était un peu environnementale, parce qu'on n'a pas beaucoup d'autres
sources d'énergie et qu'on a beaucoup de vent aussi. Alors, les deux
machines... Par exemple, en Alberta. J'ai parlé tout à l'heure
d'un parc de 10 MW puis d'un autre de 9 MW: une machine vient des
États-Unis, une machine vient du Danemark. Pour un parc,
c'est-à-dire un parc de 10 MW, ça, ce sont des machines
américaines et l'autre parc de 9 MW, ce sont des machines qui viennent
du Danemark.
M. Lemire: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Oui. J'ai l'impression que les gens sont... Si les
gens sont peu réceptifs, c'est qu'ils n'ont pas encore compris la
nécessité d'économies d'énergie, en
général, et l'utilisation maximale, même, des
énergies renouvelables. C'est peut-être pour ça que les
gens n'adhèrent pas spontanément aux énergies
alternatives, dans bien des cas, parce que les gens croient que c'est
illimité, les énergies. Je pense que ça, c'est les
gouvernements... Ce serait peut-être une structure, aussi, comme une
commission de l'énergie, par exemple, qui aurait le mandat de
sensibiliser les gens à l'économie générale des
énergies, à l'utilisation maximale des énergies
renouvelables et non polluantes. Mais, jusque-là, jusqu'à ce que
ce soit fait, cette sensibilisation, je pense que la pénétration
va être très lente. C'est l'impression que ça me laisse,
parce qu'on n'aurait pas pensé qu'Hy-dro-Québec, il y a 20 ans,
propose qu'il y ait des éoliennes, de toute façon. Là, ils
sont rendus, au moins, à l'écrire dans leurs plans.
Peut-être qu'au prochain plan de développement il y aura un petit
projet de quelques mégawatts, parce que, là, ils se seront fait
dire, pendant une commission parlementaire, que ça ne fait pas
sérieux de mettre des objectifs sans programme, sans projet concret et
le prochain... Hydro, d'habitude, se corrige d'un plan de développement
à l'autre. Vous avez lu les plans de développement, avant. Ils
vont faire ça, sûrement, la prochaine fois, soit aux
Îles-de-la-Madeleine, soit en Gaspésie. Il y aura un petit projet
quelconque il faut essayer de faire plaisir mais je pense que
c'est beaucoup plus la conviction, la volonté qui n'y est pas. Moi, je
ne l'ai pas sentie dans le plan de développement du tout. Je n'ai pas
senti la volonté de réaliser. J'ai senti plutôt une
volonté de faire plaisir à tout le monde au niveau du texte.
C'est plutôt ça que j'ai senti dans le plan de
développement.
M. Passmore: Hydro-Québec, ils ont leur technologie
préférée. Même, ils disent ça, que
l'hydraulique, c'est la technologie préférée, mais ce que
j'ai essayé d'expliquer pour vous autres, en pensée de ça,
ce qui fait la planification, si je peux juste montrer quelque chose pour
illustrer... Si on pense... Moi, j'ai parlé des coûts et des
risques. Alors, ça, c'est des coûts; ça, c'est des risques.
Ici, dans le cercle, ça, c'est tous les prix qu'on peut avoir.
Hydro-Québec dit qu'aujourd'hui la chose la plus économique,
c'est l'hydroélectricité. Puis, le vent est quelque part,
peut-être ici. Qu'est-ce qui arrive si, en 2000, ça, ce n'est pas
le prix de l'électricité, si ça augmente un peu,
peut-être, ici?
Alors, pour ceux qui font la planification, et si on inclut les
coûts sociaux, on peut avoir beaucoup moins de risques,
c'est-à-dire moins de risques comme ça. On peut prendre plusieurs
options, ici; pas seulement l'énergie éolienne, ça peut
être l'efficacité, la cogénération, l'énergie
éolienne et les petites centrales hydroélectriques. On peut avoir
plusieurs sources d'énergie, comme ça, et pas beaucoup de
coûts augmentent. C'est ça que j'ai essayé d'expliquer, que
ce n'est pas le coût qui est le seul risque qu'on prend.
Ici, quand on dit ça: Ça, c'est la seule option, c'est
l'option la plus économique, puis si ça arrive dans 15 ans, que
ça, ce n'est pas le prix où on arrive, peut-être que le
prix sera là, on arrive qu'on a, ici, comme premier exemple, beaucoup
moins de risques avec beaucoup moins de coûts. Mais, ici, on prend toute
une grandeur de prix sans prédiction de risques. Alors, il y a toujours
cette chose. Il faut penser à tout ça, comme ceux qui font la
planification des options pour le futur.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Ma première question puis vous le recommandez à la
page 65 de votre mémoire, il faut commencer par cartographier, puis
évaluer le potentiel: Qu'est-ce que vous estimez qui serait un
échéancier réaliste pour connaître le potentiel
éolien, ici, au Québec?
M. Tellier: Ça prend des relevés pendant au moins
10 ans, parce qu'on fait des relevés, puis il faut les analyser par des
méthodes statistiques. Puis, en bas de 10 ans, les méthodes
statistiques, comptez-y pas. Même, c'est un minimum. Mais, en faisant la
corrélation avec d'autres informations qu'on a aux aéroports, par
exemple, on pourrait arriver à avoir déjà une meilleure
idée. On ne peut pas se fier aux informations de vent recueillies aux
aéroports. C'est complètement faux.
M. St-Roch: Mon autre question. Il y a différents groupes
ici, qui sont venus nous dire, lorsqu'on regarde Péolien et mes
collègues y ont touché qu'il y a la pollution par le bruit
qui serait un handicap majeur au niveau de l'acceptation de la part des gens.
Il y a un autre groupe, à un moment donné, qui est venu nous
dire: C'est à cause du climat du Québec, parce que, avec le type
d'éoliennes, avec les pluies verglaçantes, le verglas qu'on a,
ça créerait un paquet d'inconvénients, puis ça
pourrait restreindre l'implantation d'un parc éolien ici. Quelles sont
vos réactions?
M. Tellier: Qui vous a dit qu'il y avait des problèmes de
verglas?
M. St-Roch: Là, il faudrait que je regarde, mais ça
s'est fait ici, là.
M. Tellier: On peut répondre quand même. Le bruit,
c'est vrai. Il y a du bruit. C'est un des problèmes. Une centrale
hydroélectrique en a aussi du bruit. Le bruit dans l'éolienne,
c'est le frottement du vent sur les pales. Quand vous avez un vent de 30 km/h
dans les feuilles, ça fait du bruit aussi. Le vent sur les pales, c'est
un peu plus que sur les feuilles, mais ça fait du bruit. par contre, les
nouvelles pales... on parlait de nouvelles pales avec 20 % plus
d'efficacité, et on analyse les nouvelles pales. la nouvelle
génération de pales, qui n'est pas encore tout à fait au
point, donne une plus grande efficacité et un moindre bruit. la
quatrième génération d'éoliennes, qui s'en vient et
qui n'est pas encore sur le marché, va opérer à vitesse
variable. vous allez pouvoir jouer avec la vitesse des pales. alors, le bruit
est fonction de la vitesse de rotation de la machine aussi. plus vous diminuez
la vitesse de rotation, plus vous diminuez le bruit.
Alors, c'est vrai, mais on n'est pas obligé de la mettre en
arrière, dans notre cour, l'éolienne. On peut choisir certains
endroits, comme on ne la met pas sur le bord d'un cours d'eau, où les
canards arrivent à l'automne. Ils peuvent se frapper dessus. Ça,
c'est une cause de pollution; ils ont oublié de vous en parler, mais je
vous en parle. Lors de l'immigration, les canards peuvent frapper une pale,
ça arrive. Mais on n'est pas obligé de la mettre sur le bord d'un
lac. D'ailleurs, ce n'est pas avantageux, parce que le lac est dans un trou,
puis on veut l'avoir sur la montagne, nous autres. Ça, c'est la question
du bruit et d'un autre effet sur l'environnement.
Au point de vue climat. On parle surtout de machines à axe
horizontal, c'est-à-dire que les pales sont dans le plan vertical; ce
sont des pales de 15 à 20 mètres de longueur chacune et elles
sont excessivement flexibles. Maintenant, avec la nouvelle
génération, on fait des pales excessivement flexibles, et, juste
par l'effet du mouvement de la pale, vous brisez tout le verglas qui peut se
former sur les pales. Ce n'est plus un problème. L'axe vertical, comme
celle de Cap-Chat, c'est plus un problème, parce que c'est une pale
rigide, beaucoup plus rigide. Là, le verglas peut s'accumuler, puis
empêcher son opération pendant quelque temps.
M. Passmore: Si je peux juste donner mon expérience. Moi,
j'étais là, en Californie, avec toutes les machines autour de moi
qui marchaient. Je n'ai pas trouvé ce bruit... un bruit pour lequel il
faut mettre quelque chose dans mes oreilles. Peut-être que c'était
parce qu'en écoutant ce bruit-là j'étais au courant que
c'était la génération de l'électricité sans
pollution, je ne sais pas. Mais, en tout cas, je n'ai pas trouvé que ce
bruit était quelque chose qui arrête ce développement.
Le Président (M. Audet): Allez-y, monsieur. (21
heures)
M. Tellier: Ne prêtez pas trop d'attention au bruit que
vous entendez avec l'éolienne de Cap-Chat, qui est un cas
spécial, qui est une machine à très basse vitesse et
à très basse fréquence, qui a la propriété
de se transmettre beaucoup plus loin, à travers des murs de
béton, même. Les machines que l'on a aujourd'hui, à axe
horizontal, tournent de 50 à 60 tours à la minute, et vous avez
trois pales et une colonne. Ça veut dire une fréquence beaucoup
plus acceptable, au point de vue du niveau du bruit, et ça se transmet
beaucoup moins.
Le Président (M. Audet): Merci. Malheureusement, c'est
terminé, M. le député.
Alors, messieurs, au nom des membres de la commission, je vous remercie
sincèrement de votre présentation.
Alors, afin de permettre à Eka Nobel Canada inc. de prendre
place, nous allons suspendre nos travaux deux minutes. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 21 h 1)
(Reprise à 21 h 4)
Le Président (M. Audet): La commission reprend ses
travaux. Nous recevons maintenant Eka Nobel Canada inc. Alors, messieurs, je
vous souhaite la plus cordiale bienvenue. Je vous rappelle brièvement
nos règles de procédure. Vous disposez d'une vingtaine de minutes
pour nous présenter votre exposé, votre mémoire. Avant de
le faire, je vous inviterais à vous présenter, par exemple. Et,
ensuite, suivra une période d'échange, d'une quarantaine de
minutes. Vous avez la parole, vous pouvez débuter.
Eka Nobel Canada inc.
M. Jarvis (R. P.): Merci, M. le Président.
I would like to thank the committee for the opportunity that has been
given to Eka Nobel tonight to make this presentation. My name is Ron Jarvis,
President of Eka Nobel Canada. With me tonight I have Mr. Jean Morency,
Vice-President of Operations, on my right, and Mr. Magella McSween,
Vice-President of Finance, on my left.
To start the proceedings, I would like to take a few moments to present
the following four subjects: who Eka Nobel is; a brief overview of the sodium
chlorate industry in North America; the reason why we are here tonight and the
important concerns that we have for our Eka Nobel company operations in Canada;
and our key recommendations regarding the Hydro-Québec development plan
for 1993. I will then turn the proceedings over to Mr. Jean Morency to present
the Eka Nobel overview of the Hydro-Québec development plan for 1993 and
expand on some of the factors which affect our operations.
eka nobel canada is the major producer of sodium chlorate in
québec. sodium chlorate is a major bleaching chemical used by the north
american pulp and paper industry. our mother company is eka nobel ab in sweden
and we have a sister company, eka nobel inc., located in the u.s.a. we have two
plants here in québec, one in magog and one in valleyfield, both plants
employing 140 people, and we export about 70 % of our production into the u.s.
we have two québec competitors located with us here: ppg industries in
beauharnois, québec, and sterling chemicals in buckingham. sodium
chlorate is produced with an electrolytic process which consumes large amounts
of electricity. the electricity expense accounts for 50 % of our total
operating cost. we are therefore classified as a power-intensive industry, and
our two plants at magog and valleyfield, to give you a measure, would use 160
mw of electricity to produce our maximum capacity of 220 000 tons per year. our
annual electricity bill would be about 38 000 000 $. presently, we operate at a
much lower level, and we will mention this subject later. i should add our
manufacturing operations have been maintained with up-to-date technology and
our environmentally-clean technology and operation has been recognized by
environment québec.
We move to the overview of the sodium chlorate market. Sodium chlorate
has been used by the pulp and paper industry for the past 30 years as a
bleaching chemical. Since the mid-1980s, there has been a strong increasing
demand as the North American pulp mills are using more and more sodium chlorate
and less chlorine gas in their bleaching process. The reason for this is that
this change in their process allows the pulp mills to improve the quality of
their effluents and meet environmental regulations with this increased use of
sodium chlorate. To give you a measure of the North American market during the
5 years ending in 1992, the North American market demand increased by 95 % over
those 5 years to a total level of 1 500 000 tons per year. The major market
area is the southern U.S., where we have a number of very large pulp mills and
where the reforestation wood supply for the pulp mills is much more
productive.
In response to the market demand of the mid-1980s, we enlarged
significantly our Magog plant operation, which was originally founded in 1979,
and also our Valleyfield plant, which was founded in 1985. The determining
factor for locating our plants here, in Québec, and the subsequent
expansions of the capacity of our plants was the availability of competitive
electricity prices in those past years and the Hydro-Québec rate
discount program which was in effect in the 1980s.
However, with regular tariff increases and the termination of the rate
discount program I previously mentioned, we have experienced significant
increases in our Hydro-Québec electricity prices. On the other hand, we
find some southern U.S. utilities in the U.S. have reduced their prices and, in
particular, I am referring to the Tennessee Valley Authority, otherwise known
as the
TVA. In addition, this TVA utility in the southern U.S. has had no price
increases in the past five years in their industrial electricity rates and
projects no more increases for the next three years. It is obvious that we
consequently find that for the past five years all the increases in sodium
chlorate supply to meet this market demand that I discussed previously have
been installed in the southern U.S. And we project further increases in supply
which will be required in the next few years as the market demand continues to
expand but at a diminished rate. And these increased production facilities to
meet this future demand will be installed in the U.S. and clearly not here in
Québec, as it has been going on here in the past years.
At this present time, to give you a measure of the differences in power
rates, the economy surplus energy program of the Tennessee Valley Authority
provides electricity at a rate 30 % lower than our present HydroQuébec
rate. What we find internally, within our company, is that this situation has
resulted in the U.S. plants of our sister company, Eka Nobel, producing at
maximum capacity, while here in Québec we have been operating at reduced
minimum loads. Clearly, the U.S. plants of our sister company and our other
competitors in the U.S. are now the low cost producers of sodium chlorate in
North America. (21 h 10)
This situation obviously raises some concerns for our company. At Eka
Nobel, we have been operating our business to the best of our ability in a
serious, non-competitive electricity price situation. We see nothing in the
Hydro-Québec development plan 1993 which will improve this situation. In
fact, the level of non-competitiveness as we see it will only get worse as time
goes on. The development plan to us is very discouraging when we see a
continuation of rising costs in all areas of Hydro-Québec operations,
and we question, in some cases, the assumptions in this plan designed to limit
cost increases.
At Eka Nobel, we are extremely concerned, truly we are, about the
continuing viability of our present Québec operations. We are also
concerned about our inability to participate in the future expansion of the
chlorate industry I mentioned previously. We are also concerned about the
severe restrictions we are facing when we evaluate and we attempt to promote to
our owners the further business development of our company here in
Québec. When we compare to the more attractive alternative location of
our sister company in the southern U.S., obviously there are alternatives. And
I should add as an example in this case by saying that there has been 275 000
000 $ invested at the southern U.S. plant of Eka Nobel during the past 5 years.
At the present time, we are currently evaluating a major project which falls
into this exact category of a Québec or an alternate U.S. location.
You know, tonight, we are in fact talking about survival. That is what
we are really talking about and that is why we are here. The survival of our
company, as I mentioned, is the main reason that we took it upon
ourselves to make the submission of the brief to this commission and
come down here tonight to speak to you. The number one objective for myself and
my company management is to work towards achieving competitive electricity
prices by whatever means possible in order that we do survive. In this same
context, I truly believe that we represent the view and the situation of many
companies in Québec, in our own segment of the industry and many other
segments of industries here in Québec.
I would like to close by making a few key observations and
recommendations. The proposed increase in electricity rates similar to the rate
of inflation as put forth in the development plan of Hydro-Québec is
totally unacceptable to us. Our recommendation is that there should be no
increase in the tariff for 1993 and also that Hydro-Québec should
evaluate the mean by which this tariff can in fact be reduced. In addition,
competitive industrial rate programs must be developed for Québec
industry to permit us and others to compete on some kind of a level playing
field in this very competitive global marketplace that we are all trying to
survive in. Surely we can accomplish these things for the good of our economy,
our people, and the progress of Québec by working together.
I would like to turn the balance of our time over to Mr. Morency.
M. Morency (Jean): Merci, Ron.
Lorsque nos deux usines québécoises fonctionnent à
plein régime, nous utilisons, comme Ron l'a mentionné un peu plus
tôt, 160 MW d'électricité, ce qui représente un
coût de 38 000 000 $ annuellement. À l'heure actuelle, notre
consommation n'atteint plus que 95 MW, soit un coût de 21 000 000 $
annuellement, parce que, malgré la progression de la demande, nos
clients s'approvisionnent de plus en plus à partir d'usines
situées dans le sud des États-Unis, où elles
bénéficient d'importantes réductions tarifaires des
entreprises d'électricité locales. Cette situation nous
inquiète au plus haut point. afin de demeurer concurrentiels, nous avons
examiné chacun des coûts qui affectent le prix de revient de notre
produit. nous sommes parvenus à diminuer de 50 % les coûts des
matières premières. nos frais fixes ont été
réduits de 10 % et les dépenses de transport, de plus de 30 %. le
seul coût que nous n'arrivons pas à contrôler, c'est celui
de l'électricité. et, même à ce chapitre, nous
sommes parvenus à réduire la consommation unitaire de
l'électricité de 8 %. les effets cumulés de l'arrêt
du programme de rabais tarifaires, des hausses répétitives des
tarifs réguliers et de la contraction de l'écart du coût
entre le produit d'hydro-québec et celui de ses concurrentes ont
exercé et continuent d'exercer sur notre entreprise une pression de plus
en plus difficile à supporter. au cours des 10 dernières
années, les tarifs d'hydro-québec ont augmenté de 75 %.
pendant cette période, les tarifs industriels, aux états-unis,
ont diminué de presque 50 % dans certains cas.
On cite souvent, bien sûr, le cas de la Tennessee valley
authority, qui, depuis plusieurs années, offre à ses clients
industriels un programme d'énergie excédentaire économique
à faibles tarifs, qui sont 30 % inférieurs à ceux
d'hydro-québec. depuis cinq ans, la tva n'a pas augmenté ses
prix. de plus, elle ne prévoit pas augmenter ses tarifs pour les trois
prochaines années. ceci a pour effet que, dans notre réseau
d'usines nord-américaines, seules les deux usines
québécoises ne fonctionnent pas à plein régime. les
investissements pour la modernisation ou l'expansion ont été
consentis aux usines plus performantes, privant ainsi le québec de
nouveaux capitaux dont il aurait pourtant grand besoin. comme exemple, depuis
les trois dernières années, il y a eu approximativement 300 mw
d'usines de chlorate de sodium qui se sont installées aux
états-unis. ceci représente des investissements de 300 000 000 $
et au-delà de 250 emplois directs. à terme, nous craignons que
nos actionnaires principaux décident de concentrer ailleurs leur
production.
Dans le contexte de notre propre survie, le plan de développement
d'Hydro-Québec nous apporte peu de réconfort. On y apprend que le
coût du kilowattheure continuera d'augmenter, notamment parce que les
charges d'exploitation sont difficilement compressibles. La charge
d'intérêt, les taxes, les achats à long terme
représenteront 80 % des coûts de fourniture, en hausse de 6 % par
rapport à 1992. L'endettement devient paralysant. la direction
d'hydro-québec a déployé d'importants efforts au cours des
dernières années pour contenir ses coûts. malheureusement,
ce n'est pas suffisant. dans le plan de développement, la hausse
prévue des coûts unitaires de fourniture
d'électricité aux clients assujettis au règlement
tarifaire de 0,053 $ le kilowattheure à 0,0694 $ le kilowattheure
à l'horizon 2000 est considérable, notamment dans la
perspective où la prévision de croissance de l'inflation ne se
réaliserait pas. pour restreindre la hausse à 3,4 %, taux
d'inflation prévu par hydro-québec, il faut en plus compter sur
des gains de productivité de plus de 20 %, ce qui est énorme.
comment fera hydro-québec si l'inflation demeure inférieure
à 2 %, si les gains de productivité ne se matérialisent
pas, s'il fallait que l'état se montre encore plus gourmand ou si la
concurrence vient comprimer les revenus?
Par ailleurs, nous endossons les propositions de la
société de réduire graduellement l'interfinancement et de
promouvoir la vérité des coûts. Il est devenu
intolérable que les entreprises subventionnent le secteur
résidentiel comme il est fait maintenant. Et le plus tôt sera le
mieux. Eka Nobel Canada tente de survivre dans un marché mondial
terriblement concurrentiel. En raison des baisses de tarifs et de la
percée vigoureuse de la cogénération chez les concurrents
américains, l'industrie perd lentement mais systématiquement son
avantage historique lié au coût de
l'électricité.
Concernant la tarification, le plan de développement nous indique
qu'Hydro-Québec est prête à explorer, avec ses grands
clients industriels page 87 dans le plan de développement
de nouvelles formules de
tarification qui leur permettraient de baisser leurs frais en modifiant
leur mode de fonctionnement. Malheureusement, l'expérience nous enseigne
qu'à cet égard, même lorsque la société admet
la non-compétitivité de ces tarifs et même lorsque l'impact
des concessions est neutre pour elle dans le temps, il est extrêmement
difficile, voire impossible, de trouver, de concert, des solutions. Nous
aimerions proposer qu'Hydro-Québec déploie les efforts
nécessaires pour approfondir les modes de fonctionnement d'autres
compagnies d'électricité. Nous croyons que les connaissances
ainsi acquises permettront à l'entreprise d'être plus efficace,
plus innovatrice, plus ouverte dans la recherche de solutions optimales. (21 h
20)
Nous supportons, bien sûr, toutes les orientations qui portent sur
l'amélioration du service. Les propositions de poursuivre les programmes
d'amélioration de la qualité du produit et d'intensifier les
actions entreprises pour améliorer le service à la
clientèle, en espérant que cela inclut la recherche de solutions
tarifaires véritables, nous semblent intéressantes et
rassurantes. À cet égard, nous supportons entièrement les
activités suggérées.
En conclusion, l'examen du plan servira très certainement
à clarifier les enjeux du développement auxquels se trouve
confrontée non seulement HydroQuébec, mais la
société québécoise toute entière. Le
Québec doit chercher à tout prix à maximiser les avantages
économiques qu'il possède et qui tiennent essentiellement
à ses richesses naturelles.
Dans l'affrontement mondial actuel, l'hydroélectricité
constitue l'arme stratégique de notre arsenal de guerre et nous aurions
tort de mal l'utiliser. Dans la mesure où ces choses sont
prévisibles, aucune autre source d'énergie ne sera en mesure
d'offrir à terme autant d'avantages aux plans sociaux,
économiques et env ironnementaux.
Merci.
Le Président (M. Audet): Merci beaucoup. Mme la ministre
de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: Alors, je voudrais vous remercier de votre
mémoire et de participer à cette commission parlementaire. Mr.
Jarvis, am I to conclude from your brief that your production will never be
profitable in Québec on the basis of regular rates from
Hydro-Québec?
M. Jarvis: Will never be? Mme Bacon: Profitable.
M. Jarvis: Not the way it has to be to maintain a continuing
viability of our operation.
Mme Bacon: That is clear enough.
M. Jarvis: This is one of the problems. Excuse me just a moment.
May I...
Mme Bacon: I would like you to say a little bit more on that.
M. Jarvis: As part of the concerns, one of our primary concerns
is the continuing viability of our operation. The main concern associated with
that is the base sodium chlorate business that we have developped in since 1979
at Magog and 1985 at Valleyfield. If we cannot achieve sufficient profitability
in return on our investment with our base operation, we find ourselves having a
very difficult time, then, to come forth with further diversification in
business development. That is what I meant by that statement.
Mme Bacon: Is the main obstacle the energy bill that you
have?
M. Jarvis: Yes. We have done...
Mme Bacon: What is the proportion of the energy cost compared to
the production cost?
M. Jarvis: The total cost to produce the sodium chlorate, 50 % of
that cost is taken up by the cost of energy at the present time.
Mme Bacon: Did you say 50? M. Jarvis: 50 %.
Mme Bacon: The Government of Québec has counted, since
many years, on the utilization of electricity as a mean of promotion and
support in the economic development of Québec. In this way,
Hydro-Québec has been called, in many ways, to contribute to this
development, especially in supporting the development of industrial structures.
On page 3 of your brief, you remind us of Hydro-Quebec's mission to support the
industrial development of the province to this effect and you seem to be
astonished that the goal of implementation of large industrial users of
electricity is limited to 180 MW. 1000 MW are added to this potential of
economic development. Do you think that this prevision of natural
implementation, if I can say, of industrial users is reasonable and that the
regular rates of Hydro-Québec constitute an advantage for
Québec?
M. Jarvis: First, I might say that the 180 MW you refer to in the
context of the total projected increased production, if you wish, for
Hydro-Québec seems a very small percentage to us. It is small compared
to what we feel it should be if Québec, and Hydro-Québec, is
going to take the full benefit and use of hydroelectri-city as our main
resource here to develop our economy and industry. Hydro-Québec and
competitive electricity pricing should be the engine that drives our economy
here. We, I guess, sometimes wonder if we are not taking full advantage of that
engine to drive our economy in the best direction and in the best way. And one
of the problems we are having, as we have been mentio-
ning, is that it isn't only expanding the economy in Québec and
expanding industry to make us go, we have to look to the support of the
existing industries that have been put in place. during the mid-1980s, as we
well know, the hydro-québec rebate program fostered a great amount of
industrial expansion in this province. those rebate programs ended and in
certain cases and in a number of cases, we feel that there has not been
sufficient attention on the part of hydro-québec to make sure the good
work that was put in place in the 1980s is being sustained in a good way. and i
come back to the simple question and the simple subject that we've been
presenting here of non-competitive pricing. any business is the same. if you
can't compete, you have got a hell of a problem. in our case, power happens to
be 50 % of our total operating cost and that's impossible to change. unless we
get competitive pricing, business in our industry is going south. that's
clearly what's happening here, and we demonstrated by example that it is
clearly the case. it saddens us very deeply because québec has been
traditionally the source of rapidly expanding industries that are
power-intensive. i have been working and living in québec for 35 years
and we have seen the development of our particular industry and other
electrical-intensive industries. and i can see the curve on this development
has come to an end, when i look back and how we progressed in this province in
the last few years. it saddens me, really.
Mme Bacon: What kind of a spread is needed between the U.S. rates
and the Québec rates for you to be competitive?
M. Jar vis: We have to have rates that are, in essence,
competitive with the U.S. rates. I am not sure what you mean about spread. The
spread is very much in our disfavour at this time, of course, as we have
described, but these rates have to come down.
Mme Bacon: By how much?
M. Jarvis: By how much must the Hydro-Québec rates be
reduced? Is that your question, Mme Bacon?
Mme Bacon: Yes.
M. Morency: C'est une question qui est difficile à
répondre, dans ce sens-là, de mettre un pourcentage exact ou un
nombre de cents par kWh, parce que c'est une question de tarification. La
façon que la structure de prix aux États-Unis,
spécifiquement Tennessee Valley Authority, est présentée,
c'est sur une base de coût marginal. Mais, si on regarde au point de vue
du coût moyen, la différence n'est pas si grande que ça.
C'est une question de la façon que la structure de prix est
présentée. Dans le cas de TVA, ils ont un coût ferme, un
prix d'électricité ferme. Après ça, des coûts
d'électricité avec des programmes d'«interruptible»
puis des coûts d'électricité «spot». Mais,
quand on parle qu'on a une base, puis c'est pour ça que c'a
été mentionné par M. Jarvis, un peu plus tôt, on
opère au minimum. C'est dans ce sens-là. C'est-à-dire que,
si on opère un peu plus bas que ça, on est obligé
d'arrêter des lignes de production. Donc, on s'en tient au minimum.
À partir de là, c'est là qu'on parle de
compétition, de combien ça coûte pour produire la prochaine
tonne de chlorate de sodium.
Mme Bacon: Ça donne combien au net? (21 h 30)
M. Morency: au net, on peut peut-être parler de 5 %
à 10 %.
Mme Bacon: To maintain the rate increases to the inflation rate,
Hydro-Québec suggests to increase its productivity by 20 % by the year
2000. Do you agree with such a goal and is it sufficient?
M. Jarvis: I think it is a very admirable goal. From a positive
sense, we hope this can be achieved. It remains to be seen. The reason why we
mentioned that and we questioned...
Mme Bacon: Are you skeptical about it?
M. Jarvis: Yes. I do not mean that in a negative sense, Mme
Bacon. I mean it in a pure, reflective sense. I hope they can achieve that,
quite frankly. If they do not... What we are saying is if it is an
over-objective and a high-achieving objective, we can see what will then happen
with the projected costs.
Mme Bacon: Thank you.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. 50 % du coût
de production, c'est toute une facture. Par rapport à vos débuts
il y a 10, 12 ans, d'après ce que j'ai pu comprendre, est-ce que la
proportion a augmenté par rapport aux coûts de production? Quels
étaient vos coûts de production, la part de
l'électricité dans vos coûts de production quand vous avez
commencé par rapport à la situation aujourd'hui?
M. Morency: par rapport à aujourd'hui, quand on a
commencé, ça pouvait être de 20 %.
M. Chevrette: 20 %.
M. Morency: Évidemment, plus le coût de
l'électricité augmente, plus le coût augmente.
Évidemment, pendant toutes ces années-là, on a fait tous
les autres efforts possibles pour réduire les autres coûts.
M. Chevrette: Vos compétiteurs québécois,
est-ce qu'il y en a d'autres? Est-ce que vous avez de la compétition au
Québec même?
M. Morency: Oui, deux compétiteurs.
M. Chevrette: Deux compétiteurs. Est-ce qu'ils rencontrent
les mêmes problèmes que vous autres par rapport aux
États-Unis?
M. Morency: Absolument. Ils ont à compétition-ner
le même marché.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez eu des rencontres, des
négociations fermes avec Hydro-Québec?
M. Morency: Depuis trois ans maintenant, exactement ce mois-ci,
en mars 1990, on a commencé à faire des représentations
à Hydro-Québec pour commencer à lui mentionner que ses
tarifs commençaient à nous rendre non compétitifs et que
ses tarifs étaient non compétitifs. On a eu des rencontres, on a
fait des suggestions, mais, comme vous le voyez, bien, on est ici ce soir.
M. Chevrette: Vous avez un paragraphe qui en dit long dans votre
texte, là, que je veux questionner, moi, à la page 5, le dernier
paragraphe en bas de la page. Est-ce que ça veut dire
qu'Hydro-Québec serait de mauvaise foi quand vous vous
référez à ce dernier paragraphe? Vous dites:
«Malheureusement, l'expérience nous enseigne qu'à cet
égard, même lorsque la société admet la
non-compétitivité de ses tarifs et même lorsque l'impact
des concessions est neutre pour elle dans le temps, il est extrêmement
difficile, voire impossible, de trouver, de concert, des solutions.»
Ça veut dire quoi, ça, si ça ne veut pas dire de la
mauvaise foi?
M. Morency: À mon point de vue, ça ne veut pas dire
et ça n'a pas été mis là dans le sens de mauvaise
foi. Je pense que les gens qui sont à Hydro-Québec, les gens
à qui on parle à Hydro-Québec, je pense qu'ils comprennent
notre problème, celui dont on a parlé. Maintenant, est-ce qu'ils
ont toute la latitude? Et tout le contexte des dernières années
a-t-il pu favoriser à trouver une solution au problème? Je pense
que c'est plus ça que d'autres choses.
M. Chevrette: O.K. Je vais me reprendre. Tel que c'est
libellé là, il y a du monde quelque part dans la structure
d'Hydro-Québec qui ne comprend pas. Est-ce que c'est plus clair?
M. Morency: Si vous voulez l'interpréter comme ça,
c'est votre droit.
M. Chevrette: Est-ce que je pourrais aller plus loin et dire: II
y a des gens avec qui vous travaillez qui vous comprennent, qui seraient
prêts à faire quelque chose, mais qui sont bloqués à
un autre palier? Est-ce que ça peut être interprété
comme ça?
M. Morency: Ça pourrait être
interprété comme ça.
M. Chevrette: Bon, bien, c'est correct. J'ai ma réponse.
On va demander à la ministre de sortir le fouet et de parler à
ceux qui ont à prendre les décisions.
M. Morency: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Vous me faites une très mauvaise
réputation, là.
M. Chevrette: Non, non, au contraire. Mme Bacon: Ha, ha,
ha!
M. Chevrette: Elle vous précède et je vous suis.
Ha, ha, ha! Rendu à cette heure-là... Une autre question. Est-ce
que, dans vos rencontres, il y a eu une concertation entre vos concurrents,
vous et Hydro-Québec...
M. Morency: Non.
M. Chevrette: ...ou si ça a seulement été
vous et Hydro-Québec?
M. Morency: Seulement nous et Hydro-Québec. Il n'y a pas
eu concertation comme telle. Je sais que les autres compagnies ont fait des
représentations. Je ne sais pas à quel niveau, à quel
endroit exactement, mais je sais que les autres, nos concurrents, ont fait des
représentations.
M. Chevrette: S'ils étaient devant nous, je leur
demanderais si ça a bloqué à un niveau, eux aussi. Ha, ha,
ha!
M. Morency: Ça, je ne peux pas vous répondre.
M. Chevrette: II n'y a pas eu d'entente entre vos concurrents
puis Hydro?
M. Morency: Non.
M. Chevrette: Non plus. O.K. Est-ce que vous avez offert au
gouvernement... Avez-vous demandé de rencontrer le ministère de
l'Énergie...
M. Morency: Personnellement...
M. Chevrette: .. .pour exposer votre situation?
M. Morency: Non.
M. Chevrette: Vous n'avez pas été tentés de
faire comme les alumineries?
M. Morency: Faire comme les alumineries? Qu'est-ce qu'elles ont
fait, les alumineries? Qu'est-ce que vous voulez dire? Qu'est-ce qu'elles ont
fait, les alumineries?
M. Chevrette: Bien, elles ont signé des contrats. M.
Morency: Oui, mais il faut se les faire offrir.
M. Chevrette: On ne les connaît pas, mais les
États-Unis nous en apprennent à tous les jours.
M. Morency: II faut se les faire offrir, les contrats, mais je
pense que les contrats étaient limités.
M. Chevrette: Pardon?
M. Morency: Les contrats à partage de risques,
c'était limité aux alumineries, purement et simplement.
M. Chevrette: Vous n'avez pas pensé suggérer la
même chose?
M. Morency: Bien, disons que, à notre point de vue, pour
nous autres, de rattacher le prix de l'électricité au prix de
notre produit, on ne croit pas que c'est une bonne chose. On pense que
l'expertise d'Hydro-Québec est de produire de
l'électricité, puis l'expertise de l'industrie est de...
M. Chevrette: Vous exportez...
M. Morency: ...produire des produits autres que
l'électricité.
M. Chevrette: Vous exportez, naturellement.
M. Morency: on exporte 70 % de notre production.
M. Chevrette: Donc, le problème viendrait avec le pacte du
libre-échange. Hydro-Québec voudrait puis elle ne pourrait pas
subventionner directement, je suppose. Est-ce que vous avez gratté cet
aspect-là? Parce que, avec le pacte du libre-échange, les
subventions à l'exportation, c'est-à-dire les subventions d'une
compagnie peuvent devenir une concurrence déloyale au sens du
traité du libre-échange. Est-ce que c'est ça qu'on vous
sert comme argument? C'est quoi?
M. Morency: Bien, ça a été mentionné
un peu, mais, pour Eka Nobel, ce n'est pas ce qu'on recherche. On ne recherche
pas des subventions. Je pense qu'on a démontré des efforts, qu'on
pouvait se battre dans le marché pour se rendre compétitif en
regardant tous nos autres coûts. Ce qu'on pense, c'est que, même
ailleurs, on pourrait peut-être inverser la médaille dans ce
cas-là. C'est-à-dire que, si on regarde le cas de Tennessee
Valley, est-ce qu'ils font des subventions? Pourquoi qu'Hydro-Québec...
Quand on dit que ce serait profitable à Hydro-Québec d'aller voir
ce que les autres utilités font, spécifiquement
américaines, puis spécifiquement celle-là, je pense que ce
serait intéressant. C'est la même chose. Ils offrent des
programmes d'«interrupti-bles», des programmes
d'électricité «spot», d'énergie
excédentaire, et ainsi de suite. Pourquoi qu'Hydro-Québec n'est
pas capable de faire ça? C'est la grande question qu'on se pose. Puis on
ne pense pas que ça pourrait être considéré comme un
problème dans le libre-échange, à notre point de vue.
M. Chevrette: En tout cas, je peux vous dire qu'on va leur poser,
parce qu'ils reviennent devant nous pendant quelques heures. C'est une question
qu'il faudra retenir puis leur demander, parce que, effectivement, si les
Américains ont ce genre de tarif et que c'est admissible dans le cadre
du traité de libre-échange pour eux, ça pourrait
l'être pour nous, effectivement. C'est une industrie, quand même,
très intéressante pour le Québec. Donc, je pense qu'il y
aurait lieu, au moins, de questionner le non-aboutissement des discussions,
s'il y a des constats réels de tarifs non compétitifs,
premièrement, et, deuxièmement, de possibilité de faire.
C'est 38 000 000 $? Est-ce que j'ai bien compris? Votre facture annuelle est de
38 000 000 $?
M. Morency: À pleine capacité, pour nos deux
usines, au Québec, ça représente une facture, dans les
prix actuels d'électricité, de 38 000 000 $ par année.
C'est 1 000 000 $ par mois pour chaque usine, ou presque. Un peu plus. 1 200
000 $...
M. Chevrette: Un peu plus. 1 240 000 $, 1 250 000 $.
M. Morency: Ma facture résidentielle n'est pas ça.
Ha, ha, ha!
(21 h 40)
M. Chevrette: Également, vous vous prononcez contre les
tarifs saisonniers obligatoires d'une façon très explicite.
Là-dessus, je dois vous dire que vous n'êtes pas les seuls. Je
pense que presque toute l'industrie en général considère
que le programme de puissance «interruptible» est suffisant et
qu'on n'a pas à ajouter une aberration dans le système.
Ça, je pense que vous n'êtes pas les seuls. Vous avez avisé
Hydro-Québec de ça, vous autres aussi?
M. Morency: Oui.
M. Chevrette: Avez-vous participé aux consultations?
M. Morency: Oui, on a participé aux consultations.
M. Chevrette: À tout le processus?
M. Morency: À tout le processus. Peut-être à
la dernière minute un peu. C'est sorti un peu rapidement, là,
mais on a réagi rapidement aussi. Mais, dans le tarif saisonnier, si
vous me permettez ici, en fait, si HydroQuébec veut avoir un tarif
saisonnier pour l'industrie, s'il n'est pas obligatoire, on n'a pas de
problème avec ça. S'il est rendu obligatoire, dans notre cas
à nous
autres, le problème avec le tarif saisonnier obligatoire, c'est
que, à ce moment-là, en assumant que ça fonctionnerait,
c'est-à-dire qu'on réduirait la production en hiver pour
augmenter la production en été, premièrement, il faudrait
avoir la capacité en été d'augmenter la production. Donc,
il faudrait faire de l'investissement. Ou, si on ne fait pas d'investissement,
on diminue notre capacité annuelle. Donc, à ce moment-là,
c'est de rendre inefficace l'investissement qui a été fait
à notre usine. Puis j'aurais bien de la misère à aller
voir nos propriétaires pour leur dire: Bien, je veux avoir un
investissement, parce que je manque de production, parce que je suis
obligé de baisser la charge, parce que le coût de
l'électricité est trop cher en hiver. Par contre, on est ouverts,
et on reconnaît le fait qu'Hydro-Québec a un problème de
pointe puis qu'elle essaie de résoudre le problème. Je pense
qu'il y a des solutions. Il s'agit de les regarder ensemble, en autant que ce
soit des solutions viables pour chacune des parties: pour l'industrie et pour
Hydro-Québec. Je pense que c'est possible, si on s'assoit ensemble, de
trouver des solutions pour ça.
Le Président (M. Audet): Merci. Mme la ministre.
Mme Bacon: Si vous me permettez, M. le Président, avant de
passer la parole au député d'Orford, moi, j'ai juste une petite
question. Est-ce qu'Hydro-Québec sait que votre différentiel avec
les États-Unis, c'est de 5 % à 10 %? Ils connaissent ça,
à Hydro-Québec?
M. Morency: Je ne sais pas si on s'est rendu vraiment... On a
essayé d'expliquer vraiment c'est quoi le problème, le coût
marginal, et ainsi de suite. On leur a envoyé des suggestions, mais je
ne suis pas convaincu qu'ils comprennent encore vraiment c'est quoi, la
différence.
Mme Bacon: Mais vous leur avez dit? M. Morency: Oui.
Mme Bacon: Vous leur en avez parlé du 5 % à 10
%?
M. Morency: Oui.
Mme Bacon: Ils n'ont rien fait?
M. Morency: Non.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci.
Je vais demander le consentement des membres. Est-ce qu'il y a
consentement pour que M. le député d'Orford participe à
nos travaux?
M. St-Roch: II y a consentement avec plaisir, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Alors, M. le député
d'Orford, bienvenue à cette commission. Vous avez la parole pour cinq
minutes.
M. Benoit: Très bien. Chers confrères, merci de
votre confiance. Mr. Jarvis, Mr. McSween and Mr. Morency, thank you very much
for being here tonight. On page 2 of your memoir, Mr. Jarvis, you mentioned
that your head office in Sweden decided to reinvest money or at least invest
money in some of your United States plants but did not go here in Québec
with their investments. What are the main reasons why they decided to go ahead
in the United States and refused to invest here in Québec? Just on the
return on their capital and...
M. Jarvis: Well, it is the return on the investment they put
forth, but it is the fact that the lower pricing of electricity in the U.S.A
that we have been talking about then promoted a greater profitability for the
system. The profitability per ton, of course, is much higher as your cost goes
down. So, the economy of where to locate the plant, on a return on investment
basis, and the economy of the continuing running costs obviously favoured the
U.S. location because of the lower price situation of electricity as we
described.
Magog is another comparison similar to what I mentioned before. The
Magog plant was established in 1979. In 1985-1986, during the period of the
HydroQuébec rebate program, we tripled the capacity of that plant. We
were a world scale sized plant, at that time, the largest in the world. And it
was about that time, in the mid-80s, that the Tennessee Valley Authority had a
complete turnaround on the way they were managing their business. They were
going down the tubes, as we say, in that particular utility. With new
management and a complete turnaround in the approach to their business, they
revived their utility business, they revived the interest of industry in
locating in the Tennessee Valley area. And, then, as this turnaround took place
and as the electricity pricing they were providing became more competitive,
then the industry started to build down there. And our sister company in
Columbus, Mississippi, which is located in the Tennessee Valley Authority area
then went through a major expansion in the late 1980s, where they went from a
capacity of 40 000 tons a year to 200 000. That is a factor of 5 in 3 years.
The market, as I described before, for sodium chlorate was climbing quite
dramatically. So Eka Nobel, as we did in an aggressive way, decided to really
partake in this market expansion, and it was in Columbus, not Magog, as it had
previously been only three years prior to that.
M. Benoit: m. morency, vous nous parlez souvent, effectivement,
du tennessee valley authority, mais vous finissez ce paragraphe en disant: ce
cas n'est pas unique. il y a d'autres utilités aux états-unis
où les taux sont jusqu'à 30 % inférieurs aux taux
d'hydro-québec. est-ce que c'est ce que je dois comprendre?
M. Morency: oui, mais il faut faire attention quand on parle du
30 %. le 30 % s'applique sur les tarifs, sur le coût marginal ici. c'est
l'électricité «spot» qui est vendue, celle-là
est à 30 % plus bas que les coûts d'électricité
d'hydro-québec. mais, par contre, il y a beaucoup d'autres endroits
où on a des compétiteurs qui ont des meilleurs taux
d'électricité, puis je n'ai pas besoin d'aller aux
états-unis. on n'a rien qu'à aller au canada. il y a des usines
de chlorate de sodium au manitoba qui ont un meilleur taux
d'électricité qu'au québec, en saskatchewan, en alberta,
en colombie-britannique. dans l'état de washington aux
états-unis, on a une usine eka nobel qui est desservie à un taux
que... ce n'est pas ça que nous demandons d'obtenir, mais
celui-là est vraiment trois fois plus bas que celui d '
hydro-québec.
M. Benoit: Très bien.
M. Morency: Mais c'est un cas très spécial puis
très spécifique, dans ce cas-ci. Il y a des endroits aussi,
même dans l'État de New York, où il y a des secteurs qui
ont des taux d'électricité extrêmement bas.
M. Benoit: M. McSween, à la page 4 de votre
mémiore, vous dites: «...l'industrie perd lentement mais
systématiquement son avantage historique lié au coût de
l'électricité». Je ne suis pas un expert en
électricité, je ne suis pas venu à la commission,
étant sur une autre commission, mais j'essaie de comprendre, quand vous
faites un «statement» comme celui-là, au même moment
où je lis dans les journaux que, Norsk Hydro aux États-Unis, on
leur refuse des droits d'entrée parce que leur électricité
aurait un avantage nettement inférieur. Est-ce que vous êtes
capable de m'expliquer un peu la différence entre ce que vous dites ici,
«systématiquement son avantage historique lié au coût
de l'électricité», et ce qui se passe avec Norsk Hydro? Et
est-ce qu'il y a un lien entre les deux, finalement? Peut-être bien qu'il
n'y en a pas.
M. Morency: Vous parlez des tarifs des années
quatre-vingt, le programme de rabais tarifaires qu'il y avait à
Hydro-Québec?
M. Benoit: Oui, en ce moment, on dit à Norsk Hydro que
leurs taux sont trop bas, je pense, pour pouvoir entrer leurs produits aux
États-Unis. C'est exact?
M. Morency: Premièrement, je ne pense pas que... Je pense
que la cause a été entendue, puis qu'il a été
décidé que la partie qui concernait les tarifs
d'électricité n'était plus en contention,
c'est-à-dire que c'était réglé. C'est que, en
autant que je suis concerné, moi, il y a eu des ententes, c'a
été réglé, ce cas-là, puis
HydroQuébec et Norsk Hydro ont été absoutes de cette
accusation.
M. Benoit: Très bien. Alors, merci, M. le Prési-
dent.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député d'Orford.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, j'aurais une seule
question. Si le député d'Orford veut revenir, il a bien beau, ou
les gens de son milieu. La seule question que j'aurais à poser, ce
serait la suivante: Est-ce que vous pensez que ce serait important d'avoir une
commission sur l'énergie indépendante qui puisse faire des
recommandations directes au ministre, au ministère et au gouvernement,
au lieu d'avoir une société d'État qui est juge et partie
sur à peu près toute la ligne?
M. Morency: Dison que, à ce point de vue là, je ne
pense pas que, en tant que compagnie, on a les qualifications pour être
capables de juger d'une telle chose. Pour nous autres, quel moyen qui est
utilisé pour obtenir des taux d'électricité
compétitifs, c'est ça qui nous importe le plus.
M. Chevrette: Merci, puis je vous souhaite bonne chance.
M. Morency: Merci.
Le Président (M. Fradet): Merci, M. le
député. M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Oui, merci, M. le Président.
M. Morency, vous décrivez votre marché comme étant
à maturité, à saturation ou en expansion? (21 h 50)
M. Morency: Disons que, si vous m'aviez demandé la
question il y a un an, j'aurais dit à maturité, mais, dû
à des nouveaux développements au point de vue de l'environnement
des pâtes et papiers, nous pensons qu'il y a encore un
développement qui va arriver dans les années 1994-1995.
M. St-Roch: Là, on çarle sur le marché
nord-américain, là, le Canada, les États-Unis...
M. Morency: Oui, sur le marché nord-américain,
absolument.
M. St-Roch: II y a encore une place pour une expansion?
M. Morency: Oui.
M. St-Roch: si, demain matin, par l'effet du hasard, on
était capable de vous faire réduire vos tarifs aux alentours de 5
% ou de 10 % vous parliez de 5 % ou de 10 % quels seraient les
effets sur la production de magog et de valleyfield, à ce
moment-là? ça prendrait combien de temps avant de revenir
à une
pleine capacité?
M. Morency: Avec la bonne structure de prix, et là il faut
bien se comprendre quand on parle de structure de prix ici, en assumant qu'on
aurait un bon coût d'électricité sur le coût
marginal, on pourrait aller jusqu'à pleine capacité. Et ce
chiffre-là a été donné à HydroQuébec.
Ils savent parfaitement quel chiffre ils ont à atteindre pour être
capable de nous rendre compétitif.
M. St-Roch: Un autre domaine où vous avez allumé
une curiosité en moi, c'est lorsque vous avez parlé que, si vous
aviez de bons taux d'électricité, des bons coûts, vous
pourriez regarder des expansions mais dans d'autres gammes de produits.
M. Morency: Oui. Ici, étant donné la grosseur des
usines de chlorate de sodium qu'on a ici évidemment on parle,
dans chaque cas, d'usines de 100 000 tonnes par année ça
pourrait servir comme base pour développer d'autres produits. Nous
autres, ce qui nous inquiète, ce n'est pas seulement la survie. Il y a
la survie de la base mais aussi le potentiel de développement. Comme M.
Jarvis l'a mentionné un peu plus tôt, tous les autres
développements sont passés ailleurs, aux États-Unis pour
être plus spécifique. Mais on a des projets. D'ailleurs, dans le
moment, on est en train de faire une étude de faisabilité pour un
investissement de 60 000 000 $, qui créerait au moins 30 emplois directs
et qui est relié directement avec la production de base qu'on a dans le
moment, c'est-à-dire qui utilise un sous-produit qu'on a
présentement.
M. St-Roch: Dans le même ordre d'idées, pour passer
régulièrement à côté de votre usine de Magog,
je sais que vous avez même ajouté un complément, qui est la
récupération et l'utilisation d'hydrogène.
M. Morency: Oui.
M. St-Roch: J'ai trouvé que c'était quelque chose
qui était intéressant, parce que ça a donné une
dimension qui est intéressante ici, au Québec, pour des
développements futurs. Est-ce que vous avez pensé rencontrer le
ministre de l'Industrie et du Commerce pour mettre sur la table vos politiques
de développement, les problématiques que vous vivez et l'aide que
vous attendez ou si vous avez toujours fait affaire avec...
M. Morency: J'oublie les dates un peu ici, mais on a
déjà rencontré le ministre Tremblay, en octobre 1991, je
pense, quelque chose comme ça, à Magog, pour lui faire part de
nos inquiétudes au point de vue de tarification
d'électricité. En plus, en janvier de cette année, le 12
janvier, on a rencontré les représentants du ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie à Magog pour leur faire
part, encore... Ils faisaient le tour, au point de vue des grappes
industrielles, pour s'informer, et on leur a fait part de nos
inquiétudes, plus du potentiel de non-installation qui pourrait
être attaché à la base.
M. St-Roch: Plus le potentiel de cet investissement-là.
..
M. Morency: Oui.
M. St-Roch: ...s'il y avait une tarification qui serait
adéquate?
M. Morency: On leur a demandé s'ils pouvaient faire
quelque chose pour nous autres.
M. St-Roch: Est-ce que vous avez eu une réponse?
M. Morency: Non.
M. St-Roch: Vous n'avez pas eu de réponse.
M. Morency: Non.
M. St-Roch: Ça va aller, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député.
Alors, c'est terminé, messieurs. Au nom de la commission, je vous
remercie sincèrement de votre participation.
Sur ce, nous allons ajourner nos travaux jusqu'à demain matin, 9
heures.
(Fin de la séance à 21 h 54)