Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance de la commission de l'économie
et du travail ouverte. Je vous rappelle le mandat de la commission, qui est de
procéder à une consultation générale sur la
proposition de plan de développement 1993 à 1995
d'Hydro-Québec.
Alors, M. le Secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Bordeleau
(Acadie) par M. Fradet (Vimont) et Mme Dupuis (Verchères) par Mme Marois
(Taillon).
Le Président (M. Audet): Merci.
Les membres de la commission ont pris connaissance de l'ordre du jour.
Est-ce que l'ordre du jour est adopté?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Audet): Adopté. Alors, ce
matin...
M. Chevrette: ...de 10 heures à 14 heures?
Le Président (M. Audet): C'est ça, de 10 heures
à 14 heures.
Alors, ce matin, nous commençons avec le Syndicat professionnel
des ingénieurs d'Hydro-Québec et le Syndicat professionnel des
scientifiques de l'IREQ. Ensuite, suivra le Comité Baie James; à
12 heures, l'Association de la construction du Québec, et nous
terminerons avec la Fédération des ACEF du Québec.
Alors, puisque les gens du Syndicat professionnel des ingénieurs
d'Hydro-Québec inc. et le Syndicat professionnel des scientifiques de
l'IREQ ont pris place, messieurs, au nom des membres de la commission, je vous
souhaite la plus cordiale bienvenue.
Je vous rappelle brièvement le déroulement de nos travaux.
Vous disposez d'une vingtaine de minutes pour nous faire part de votre
exposé. Avant de débuter la présentation de votre
exposé, je vous inviterai toutefois à vous présenter, aux
fins du Journal des débats. Ensuite, suivra une période
d'échanges d'une quarantaine de minutes.
Vous avez la parole. Si vous voulez vous identifier, s'il vous
plaît, et débuter votre présentation.
Syndicat professionnel des ingénieurs
d'Hydro-Québec inc. (SPfflQ) et
Syndicat
professionnel des scientifiques de l'IREQ
(SPSI)
M. Champagne (Louis): Merci, M. le Président.
Mme la vice-première ministre, MM. les députés.
Louis Champagne, président du Syndicat professionnel des
ingénieurs d'Hydro-Québec.
M. Fiset (François): François Fiset, premier
vice-président du Syndicat professionnel des ingénieurs
d'Hydro-Québec.
M. Tremblay (Pierre E.): Pierre E. Tremblay, deuxième
vice-président, Syndicat professionnel des ingénieurs
d'Hydro-Québec.
M. Champagne (Gilles): Gilles Champagne, trésorier et
porte-parole du Syndicat des scientifiques de l'IREQ.
M. Meunier (Robert): Robert Meunier, vice-président du
Syndicat professionnel des scientifiques de l'IREQ.
M. Pelletier (Jean-Marc): Jean-Marc Pelletier,
représentant du Syndicat des scientifiques de l'IREQ.
Le Président (M. Audet): Merci. On vous écoute.
M. Champagne (Louis): Merci, M. le Président.
Nous avons divisé notre présentation en deux. Le Syndicat
professionnel des ingénieurs d'Hydro-Québec va débuter et
sera suivi par le Syndicat professionnel des scientifiques de l'IREQ.
Permettez-moi d'abord de présenter notre syndicat. Il a
été fondé en 1964. Il a été un des membres
fondateurs de la Fédération des professionnels et cadres du
Québec. Il représente des cadres actuellement grâce
à un amendement législatif. Nous représentons près
de 1600 ingénieurs à l'emploi d'Hydro-Québec, en
région et au siège social. Nous oeuvrons en planification des
réseaux de production, de transport, de distribution et de
télécommunications. Nous faisons également
l'ingénierie des centrales des postes, des lignes et l'ingénierie
des télécommunications. Nous faisons aussi l'exploitation des
installations du réseau d'Hydro-Québec en collaboration, parfois,
avec des firmes de génie-conseil et d'autres intervenants.
Le mémoire déposé par le SPIHQ et le SPSI repose
sur une vision de l'entreprise conforme à sa
réalité historique et au rôle social
d'Hydro-Québec. Les orientations annoncées par
Hydro-Québec dans son mémoire, orientations qui ont
été confirmées il y a quelques semaines par les coupures
de postes et le redéploiement du personnel, ne sont pas sans
inquiéter les ingénieurs et les scientifiques de l'entreprise, et
nous croyons que nos préoccupations rejoignent celles de l'ensemble des
Québécois. Quelques groupes se sont présentés ici
en proposant des orientations encore plus inquiétantes, que ce soit la
municipalisation ou même la privatisation d'Hydro-Québec, en tout
ou en partie.
Pour mieux comprendre l'état d'esprit de nos membres, on pourrait
se reporter... faire un petit historique, se reporter brièvement au
milieu des années quatre-vingt. L'entreprise vivait alors une crise
majeure. Ses projets nucléaires étaient reportés aux
calendes grecques. Le développement de la Baie James était aussi
reporté et une décentralisation majeure était en cours.
Hydro-Québec avait alors baptisé une de ses orientations
principales «l'approche clientèle», c'est-à-dire un
rapprochement de l'entreprise vers ses clients.
À l'époque, notre syndicat avait contesté la
réorganisation, ce qui nous avait valu des critiques de nos dirigeants.
Ils disaient que l'entreprise était pour sortir grandie de sa
réorganisation. Les résultats de la réorganisation ne se
firent pas attendre. À la fin des années quatre-vingt,
l'état lamentable de nos installations allait provoquer la pire vague de
pannes de l'histoire d'Hydro-Québec. Nous avons à nouveau
dénoncé la situation. L'entreprise dut finalement
reconnaître que nous avions raison et entreprit de redresser la
situation. En 1989, elle présenta à cette commission des
orientations susceptibles d'opérer le redressement. Sa proposition
d'alors reflétait ses besoins en argent et en main-d'oeuvre pour
rectifier le tir. Depuis, Hydro-Québec a repris la situation en main.
Les pannes ont diminué, les clients sont plus satisfaits et le moral des
employés s'est amélioré.
Mais voici que le cycle commence à nouveau à
Hydro-Québec, le cycle des coupures de postes et des
réorganisations. Et, pendant que la direction d'Hydro-Québec vous
proposait un plan de développement où elle étalait son
désir de satisfaire ses clients totalement et au moindre coût,
elle informait le public de substantielles réductions de personnel, de
la fermeture de bureaux d'affaires et du redéploiement d'un grand nombre
de ses employés. Nous ne comprenons pas comment Hydro-Québec peut
tenir un semblable discours. Nous craignons de voir Hydro-Québec perdre
bientôt les acquis des dernières années et revivre le cycle
des coupures de postes, des pannes et de l'insatisfaction de la
clientèle. Bien sûr, les ingénieurs et les chercheurs
d'Hydro-Québec ont collaboré et continueront à le faire
à la démarche de qualité totale de l'entreprise. (10 h
10)
Nous participons déjà par centaines aux équipes
d'amélioration implantées dans le cadre de cette démarche,
mais nous craignons de voir le manque de cohérence de l'entreprise faire
perdre aux employés la motivation qu'ils ont eue à participer
jusqu'à présent à cette démarche. Par ailleurs, les
ingénieurs et les chercheurs d'Hydro-Québec sont restés
sur leur appétit à la lecture du plan de développement
d'Hydro-Québec. Plusieurs items importants, non seulement pour nous,
mais pour la société québécoise toute
entière ne sont qu'accessoirement abordés dans la proposition
d'Hydro-Québec.
Tout d'abord, le leadership technologique. Si Hydro-Québec n'est
pas un leader technique dans son domaine, qui le sera? Qu'il suffise de
mentionner, par exemple, les réseaux de distribution. Le moins qu'on
puisse dire, c'est qu'Hydro-Québec a expliqué d'abondance ses
intentions dans ses livraisons successives des plans de développement
depuis plusieurs années. Dans ce domaine, Hydro s'est engagée
à produire des philosophies, des normes, des pratiques, etc. Encore
cette année, Hydro-Québec nous promet de renforcer le
réseau de répartition, de rendre sa gestion plus flexible.
Nous allons vous épargner la lecture des mémoires
successifs à ce chapitre, et qu'il suffise de mentionner que des
investissements de plus de 700 000 000 $ avaient été
prévus pour couvrir nos besoins il y a quelques années. Comment
un leader technologique peut-il tergiverser aussi longtemps autour d'une
question aussi importante? Signalons, en passant, que ce sont ces
dépenses 700 000 000 $ que l'Union des
municipalités est venue réclamer ici plus tôt. Dans les
circonstances, ce serait plutôt un cadeau de Grec qu'Hydro-Québec
ferait aux maires en leur refilant une facture semblable.
Nous avons entendu les maires de nos villes protester avec
véhémence, récemment, pour moins que ça. Exercer
son leadership technologique permettrait également à
Hydro-Québec de jouer son rôle moteur dans la stratégie de
grappes industrielles. Notre gouvernement et la population du Québec
n'en attendent pas moins d'Hydro-Québec. Qui, au Québec, dispose
des ressources humaines et financières pour être le pivot de cette
stratégie dans le domaine des équipements de production, de
transport et de la distribution d'énergie électrique?
Trop souvent, d'importants projets à forte concentration
technologique ont été confiés à des entreprises
étrangères sans que le Québec participe substantiellement
aux retombées de ces projets. Il suffit de rappeler ici l'échange
multiterminal Radisson-Nicolet-des Cantons à courant continu, les
contrats des compensateurs statiques, et des liens asynchrones à
Châteauguay et à Madawaska.
Il faut également déplorer l'attrait exercé par la
cogénération. Non seulement faut-il importer le combustible pour
ces installations combustible polluant, rappelons-le mais, en
plus, l'ingénierie et le matériel sont importés aussi de
l'étranger. Privilégier une telle filière revient à
se tirer dans le pied au moment où le chômage atteint des sommets
inquiétants au Québec.
Hydro-Québec a contribué au développement de
quelques entreprises du secteur de la haute technologie; il faut l'en
féliciter. Une poignée d'entreprises dynamiques et exportatrices
de haute technologie ont vu le jour grâce à Hydro-Québec.
Il s'agit d'entreprises de haut savoir formées parfois d'anciens
employés. Or, HydroQuébec ne propose pas de stratégie pour
continuer dans
cette veine pourtant prometteuse.
Ces entreprises ont été formées après
d'intenses efforts de recherche et de développement patronnés par
Hydro-Québec, encouragés par tout son personnel, du simple
ingénieur au président de l'entreprise. Nous croyons qu'en
améliorant la planification de la recherche et du développement
et en augmentant les budgets qui y sont consacrés, Hydro-Québec
augmenterait son efficacité interne et multiplierait les
retombées de ses efforts au profit de la collectivité
québécoise.
De plus, il faut résister à la tentation de se comparer
aux autres sociétés de production et de transport
d'électricité comme nous l'entendons trop souvent depuis peu.
Beaucoup de ces entreprises, parfois parmi les plus importantes, connaissent de
sérieuses difficultés techniques et financières. Avec ses
700 000 000 $ de profits en 1992, Hydro-Québec n'a aucune raison de se
comparer aux canards boiteux de son secteur. Au contraire, il faut profiter
dès maintenant de notre situation privilégiée pour
permettre à l'industrie québécoise d'occuper, grâce
à Hydro-Québec, le terrain laissé vacant par les
autres.
Pour qu'Hydro-Québec puisse jouer son rôle de partenaire
essentiel, elle doit s'assurer qu'elle dispose des ressources humaines en
quantité et en qualité suffisantes pour rencontrer ses objectifs.
À cet égard, ses orientations en matière de ressources
humaines sont pour le moins inquiétantes. Plutôt que de planifier
ses ressources et de faire ses devoirs, elle préfère se baser sur
des comparaisons. De plus, la formation, bien que constituant un important
poste au chapitre des dépenses, des dépenses et les termes
d'Hydro-Québec au bilan q Hydro-Québec, n'est pas un item
particulièrement développé en termes de stratégie
ou de besoins spécifiques de l'entreprise dans son plan de
développement.
Force nous est de constater que, pour la population des
ingénieurs et des chercheurs, il n'y a ni programme ni stratégie
de formation. Nous ignorons quelles sommes en formation ont été
consacrées au groupe ingénieurs et scientifiques. Les
investissements en formation sont des investissements que l'on devrait faire en
formation, pas des dépenses. Les investissements en formation pour nos
populations ont été improvisés. Ils ne sont régis
par aucune politique ou objectif d'entreprise. Nous ignorons à quelles
fins ont servi les sommes de 47 000 000 $ qu'Hydro-Québec avoue
candidement avoir dépensé en formation en 1992. Ce montant
correspond au budget annuel d'un gros cégep au Québec, et il est
surprenant que l'entreprise semble le dépenser sans planification. Tous
les intervenants du monde du travail, patronal ou syndical, s'accordent
à mettre l'accent sur l'importance d'une formation adaptée aux
nouvelles réalités du monde du travail en 1993.
Hydro-Québec ne peut se soustraire à cette obligation.
En conclusion, les ingénieurs et les chercheurs
d'Hydro-Québec désirent continuer à contribuer à
l'essor d'Hydro-Québec et de la société
québécoise. Notre entreprise peut et doit devenir non seulement
la meilleure entreprise d'électricité au Canada, mais la
meilleure entreprise canadienne. Point.
Je vais passer la parole au porte-parole du SPSI.
M. Meunier: M. le Président, Mme la vice-première
ministre, mesdames et messieurs les députés, le Syndicat
professionnel des scientifiques de l'IREQ, le SPSI, a été
formé en 1989. Le SPSI regroupe des chercheurs et ingénieurs des
deux centres de recherche d'Hydro-Québec, soit l'IREQ de Varennes et le
LTEE de Shawinigan. En tout, 313 chercheurs et ingénieurs de plusieurs
disciplines scientifiques de pointe.
Ses membres forment l'un des groupes les plus scolarisés du
Québec; 70 % des chercheurs possèdent une formation universitaire
poussée de niveau maîtrise ou doctoral. Le SPSI s'étant
donné comme mandat de devenir un intervenant majeur dans la recherche et
le développement au Québec, c'est donc à titre de
professionnels scientifiques que nous souhaitons aujourd'hui intervenir dans un
débat qui nous concerne totalement, soit l'avenir de la recherche au
Québec et plus particulièrement à Hydro-Québec.
M. le Président, je cède dès maintenant la parole
à Gilles Champagne, qui va exposer la problématique de la RDDE
à Hydro-Québec.
M. Champagne (Gilles): Merci. M. le Président, Mme la
vice-première ministre, mesdames et messieurs les députés,
mesdames, messieurs, nous aimerions, à titre de scientifiques, vous
faire part de nos réflexions sur l'état de la recherche ou, plus
précisément, en ce qui a trait à la stratégie et
à la vision ou plutôt à ce que nous percevons comme un
manque de vision, de stratégie. Mais nous aimerions tout d'abord, en
quelques mots, redéfinir ce qui se cache exactement derrière ces
deux initiales que l'on emploie si fréquemment, R et D, car, comme tous
les autres secteurs d'Hydro-Québec, le secteur de la R et D a
été soumis à bien des mouvements, bien de nouvelles
pensées qui ont pu faire perdre de vue l'objectif premier.
Au-delà de toutes les questions de qualité totale et
autres philosophies qui nous ont agités récemment, il convient en
effet de rappeler que toute la problématique de la R et D à
Hydro-Québec gravite autour de cet énoncé terriblement
simple: Hydro-Québec est un producteur, un transporteur et un
distributeur d'énergie hydroélectrique. Cette mission de
l'entreprise HydroQuébec repose obligatoirement sur deux
éléments de base totalement inévitables: la ressource, qui
est le plus souvent nous, et la technologie qui rend cette ressource utile et
utilisable. Sans l'une ou l'autre de ces composantes, la construction
Hydro-Québec tombe. N'oublions pas que l'un des accès à la
richesse de la société québécoise vient du fait que
nous avons su utiliser cette ressource.
Le plan de développement Hydro-Québec souligne et
avec raison qu'Hydro-Québec possède un savoir-faire unique
au monde en matière de production, transport et gestion du réseau
de distribution. HydroQuébec personne ne peut le nier a su
inventer, grâce à ses efforts de recherche, les technologies
nouvelles qui servent aujourd'hui à travers le monde. On
n'a qu'à penser à la mise au point du disjoncteur grand
froid commercialisé par Cegelec, au développement de la pile
ACEP, commercialisée au Japon, entre autres, comme exemples. Or, ce
savoir-faire qui permet à Hydro-Québec de réaliser sa
mission, ce n'est pas autre chose, au départ, que des scientifiques,
hommes et femmes, avec leur imagination et leur expertise. C'est notamment les
350 chercheurs, chimistes, ingénieurs, mathématiciens, etc., qui
créent et développent au centre de recherche
d'Hydro-Québec. (10 h 20)
II y a 25 ans, Hydro-Québec, par le biais de l'IREQ, s'est
créée une banque de chercheurs en électricité
unique au monde, en allant tout simplement recruter les meilleurs chercheurs de
chaque pays. Or, en 1993, nous avons réussi à inverser cette
proportion, et c'est maintenant 75 % de l'expertise qui est issue de nos
écoles. Cela signifie que nous avons réussi à instaurer
une pensée de recherche typiquement québécoise en
matière d'électricité. Il y a très peu d'exemples
au Québec ou même au Canada où une telle tradition
scientifique a pu s'établir aussi solidement. Grâce à cet
acquis, nous sommes donc en mesure aujourd'hui de trouver ici même les
solutions techniques aux nouveaux impératifs environnementaux ou
économiques qui se complexifient sans cesse.
Le plan 1993-1995 fait référence à l'importance du
rôle joué par la R et D, notamment en termes d'économie et
de perspective d'avenir. Ainsi, un important parc de haute technologie de
réputation mondiale est en train de s'établir autour de l'IREQ.
Cette région rappelle notamment les modèles de
développement qu'on retrouve à Boston ou à Silicon Valley.
Vous avez notamment l'INRS, le CITEC, CANMET, BELL, ABB, IGM et l'Agence
spatiale.
De plus, nous avons développé une expertise exceptionnelle
dans les domaines d'avenir qui donne à l'IREQ et à ses chercheurs
un rayonnement au niveau international. L'EDF, par exemple, vient voir nos
scientifiques en ce qui concerne la robotique, les piles ACEP connues au Japon,
aux États-Unis et même en France, à l'Université
Pierre et Marie Curie, avec qui nos chercheurs collaborent au
développement d'un instrument de dosage de polluants
environnementaux.
Autre exemple. Grâce à l'octroi de licences, les
découvertes technologiques des chercheurs génèrent une
activité économique de l'ordre de 15 000 000 $, ce qui se traduit
par 293 emplois créés dans des PME filiales
d'Hydro-Québec, par également 1771 emplois directs et indirects
reliés à la technologie. Plus encore, comme l'indique le rapport
d'Hydro-Québec, ces impacts économiques sont plus importants
à long terme que les chiffres d'emplois directs et indirects le laissent
supposer.
À l'égard des redevances d'octrois, fruits de nos
innovations, il est important de souligner que, toutes proportions
gardées, les revenus de redevances sont comparables à ceux du
MIT. Sans s'étendre davantage sur ces retombées
économiques, il faut se rappeler que la R et D est intimement
liée à la mission d'Hydro-Québec. Le domaine de la
production énergétique, quel qu'il soit, en est un de
technologie, de technologie en constante mutation où l'avenir n'a pas
dix ans d'âge. Si cette technologie n'est pas développée
ici, elle devra forcément être importée d'ailleurs.
En 1993, force nous est de constater que la R et D souffre de
décisions à la pièce. Ceci s'illustre clairement par deux
des conséquences les plus saugrenues de ce manque de vision et de
planification. Il est impossible d'assurer une continuité dans les
équipes de recherche, et les sommes allouées à
l'exploration de nouvelles filières de recherche sont nettement
insuffisantes. D'une part, 43 %, je devrais dire 46 % actuellement des
chercheurs de l'IREQ et 61 % des chercheurs du LTEE sont des temporaires
embauchés sur des contrats de six mois. Quelques exceptions atteignent
le maximum de deux ans. Nous nous devons de capitaliser sur l'actif que
représentent les chercheurs pour une entreprise et la
société. Avez-vous une idée de ce que signifie, en
recherche, constituer une équipe où les tâches de chacun
des membres s'inscrivent dans un diagramme d'activités complexes? Et que
tous ces membres sont engagés avec des contrats de six mois! C'est faire
reposer la réussite sur l'hypothèse que tous les membres sont
opérationnels et productifs immédiatement. Or, c'est faux. Peu
importe la discipline scientifique, il faut intégrer et roder un
chercheur dans un domaine donné. Et ceci nécessite une
année de formation. D'autre part, pour ce qui est du sous-investissement
alloué à l'exploration de nouvelles filières, il se
manifeste de façon plus précise par une intensification de la
recherche vers les besoins à court terme et un délaissement
marqué de toute recherche à long terme.
Le Président (M. Audet): Pardon, Monsieur. Est-ce que vous
pouvez conclure? L'enveloppe de temps est déjà malheureusement
presque toute terminée. Vos 20 minutes...
M. Champagne (Gilles): J'aimerais formuler quatre recommandations
plus précises.
La première est qu'il convient d'élaborer dans les plus
brefs délais, en partenariat avec le personnel scientifique, une
véritable stratégie de recherche et de développement qui
tienne compte des objectifs d'Hydro-Québec, en termes
d'efficacité et de moindre coût, mais également des
contextes scientifiques, économiques et sociaux en
développement.
Ma deuxième recommandation est que l'objectif budgétaire
de 2 % consacré à la recherche doit être non seulement
maintenu mais largement dépassé. Dans une approche de
qualité totale où la qualité est intimement liée
à la recherche, il y aurait lieu de joindre les niveaux d'investissement
des pays les plus évolués économiquement.
Troisième conclusion et avant-dernière, réduire le
niveau de temporariat du personnel scientifique. Cela permettrait de
réintroduire la continuité et l'efficacité au sein des
équipes de recherche, mais, plus encore, une action immédiate
permettrait de préserver ces acquis indéniables qui constituent
25 ans d'investissement dans
la formation de notre élite scientifique.
Dernière conclusion, recentrer les activités
d'Hydro-Québec vers les filières à long terme qui sont les
sources de croissance future. Le SPSI, d'ailleurs, en cela, .çndosse la
recommandation de M. Roger Miller, titulaire de la chaire d'Hydro-Québec
en gestion de la technologie de l'UQAM qui, dans un rapport intitulé
«Résumé des entretiens avec les clients internes
d'Hy-dro-Québeo présenté à Hydro-Québec en
1992, précisait justement qu'Hydro-Québec devait absolument, et
je cite: «...engager plus de personnel dans les technologies en
émergence».
Je tiens à vous remercier, M. le Président, Mme la
vice-première ministre ainsi que les membres de la commission.
Merci.
Le Président (M. Audet): Merci beaucoup. Je vais
maintenant reconnaître Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: Alors, j'aimerais vous remercier d'être venus
rencontrer les membres de la commission et de participer à cette grande
consultation que nous faisons en ce moment sur le plan de développement
d'Hydro-Québec, plan de développement que vous connaissez
bien.
Je vais juste, peut-être, d'entrée de jeu, vous demander et
surtout, suite à vos commentaires du début: Si on compare les
efforts de rationalisation en cours, autant chez Hydro Ontario que dans les
grandes entreprises privées parce que ça se fait là
aussi à ceux qui sont effectués par Hydro-Québec.
Est-ce que vous considérez que les efforts de Hydro-Québec sont
déraisonnables?
M. Champagne (Louis): Mme la vice-première ministre...
Mme Bacon: Vous semblez inquiets.
M. Champagne (Louis): Nous sommes inquiets de deux choses: tout
d'abord, de la performance d'Hydro-Québec après les coupures de
la rationalisation, parce que nous avons vécu une période
très difficile, à îa fin des années quatre-vingt.
Nous avons connu des pannes à répétition, nous avons connu
des clients très insatisfaits qui ont protesté à
Hydro-Québec. Les sociétés dont vous avez parlé qui
rationalisent actuellement traversent des situations techniques ou
financières qui sont énormes, dont on n'a pas idée
à Hydro-Québec. Hydro Ontario a des difficultés presque
insurmontables avec sa filière nucléaire. Ce que nous constatons,
c'est qu'à Hydro-Québec ces causes-là ne devraient pas
provoquer les mêmes effets qu'en Ontario. Nous pensons que les efforts de
rationalisation d'Hydro-Québec sont peut-être
exagérés, d'une part; d'autre part, nous souscrivons toutefois
à une certaine forme de discours à l'effet qu'il faut... il
fallait améliorer nos structures. Nous avons déploré,
déjà, des structures incohérentes à
Hydro-Québec. On ne peut pas, je pense, protester si
Hydro-Québec veut les rationaliser, ses structures, mais l'effort
est beaucoup trop considérable, d'une part; d'autre part, le plan de
développement d'Hydro-Québec nous semble aller dans un sens
où Hydro veut devenir presqu'uniquement une entreprise de services et
plutôt que...
Nous ne voulons pas, les ingénieurs d'Hydro-Québec ne
veulent pas profiter des malheurs du voisin, mais il faut se rappeler que Hydro
Ontario était un des moteurs économiques de l'Ontario. Sans
vouloir profiter de son effondrement pour, en quelque sorte, prendre sa place
au Québec, il nous semblerait opportun qu'Hydro-Québec,
plutôt que d'imiter Hydro Ontario, tente de, un peu, profiter de la
situation pour attirer au Québec les nouvelles entreprises dans le
secteur de la production, du transport et de la distribution d'énergie,
comme votre collègue de l'Industrie et du Commerce l'a
déjà suggéré. Alors, ces efforts de rationalisation
là, nous craignons, outre la qualité du service qui risque de
diminuer, nous craignons qu'ils fassent perdre les efforts qu'Hydro devrait
consacrer à développer sa grappe industrielle, sa propre grappe
industrielle, dans un contexte et nous insistons là-dessus
les ingénieurs d'Hydro-Québec croient que le contexte est
très favorable, actuellement, au développement économique
de l'industrie de la production et du transport et de la distribution au
Québec. (10 h 30)
Mme Bacon: Au début de votre mémoire, vous
présentez la position de vos deux syndicats relativement à
certains aspects de la proposition du plan de développement et vous y
allez d'affirmations qui ne me semblent pas toujours étayées,
là vous me permettrez de dire ça dans votre texte.
J'aimerais ça que vous m'apportiez certaines précisions à
des affirmations que vous faites. J'aimerais savoir en quoi le discours de la
proposition du plan d'Hydro-Québec, et je vous cite ici,
«ressemble étroitement au credo de n'importe quelle autre
entreprise dont la finalité et je reviens encore à ce que
vous disiez tantôt repose sur une argumentation essentiellement de
rentabilité à courte vue». J'aimerais ça que vous
m'en disiez davantage.
M. Champagne (Louis): L'argumentation qu'Hydro-Québec
propose dans son plan nous semble évacuer une partie de son rôle
social, de son rôle social et économique. C'est évident
qu'Hydro-Québec ne doit pas faire de pertes, mais Hydro-Québec
fait quand même des centaines de millions de profit.
Mme Bacon: Vous n'êtes pas contre ça, M.
Champagne!
M. Champagne (Louis): Pas du tout, Mme la ministre, au
contraire.
Mme Bacon: Parce qu'on est fiers, ce matin, quand on regarde
ça par rapport à Hydro Ontario.
M. Champagne (Louis): Tout à fait, mais nous pensons que
plutôt que d'imiter Hydro Ontario, nous
devrions profiter de la situation. Nous pensons qu'Hy-dro-Québec
est dans une situation où elle devrait inciter les entreprises de son
secteur à venir investir au Québec plutôt qu'en Ontario. Et
on connaît la situation à Hydro Ontario parce que ce sont les
voisins, mais il y a des entreprises américaines, de grandes entreprises
américaines qui sont dans une situation comparable. Alors, plutôt
que d'avoir une vision à courte vue, parce que c'est sûr qu'il est
possible d'augmenter nos profits, à court terme, en coupant du
personnel. C'est ce qu'Hy-dro-Québec a fait au milieu des années
quatre-vingt. Ses profits avaient augmenté à ce moment-là,
mais il nous semblerait déraisonnable d'augmenter nos profits dans un
contexte où, au contraire, nous devrions être en train de
travailler au développement économique du Québec. La
finalité d'Hydro-Québec n'est pas uniquement le profit, c'est le
développement du Québec au complet, mais on n'a rien contre le
profit.
Mme Bacon: Mais c'est difficile de comparer avec les
années quatre-vingt, et on ne peut pas comparer... ce n'est pas fait de
la même façon, quand même.
M. Champagne (Louis): L'ampleur des coupures est
supérieure à celles que nous avions connues au milieu des
années quatre-vingt. Nous avions eu 700 ou 800 coupures de postes, on
nous en annonce 3000 pour les prochaines années. Elles sont plus
étalées dans le temps, mais il va y en avoir plus.
Mme Bacon: Est-ce qu'on va perdre le même savoir-faire
qu'on avait perdu à l'époque? C'est de ça que vous avez
peur?
M. Champagne (Louis): Hydro-Québec se fait rassurante
à cet égard-là, mais les risques sont tout à fait
là. Et si Hydro-Québec consacre uniquement son focus, ses
efforts, uniquement et strictement à l'entreprise de services et
uniquement à l'entreprise de services ce qui est bien en soi, on
n'a rien contre l'entreprise de services mais si le focus est mis
uniquement là-dessus, nous allons perdre tout le reste des
retombées d'Hydro-Québec.
On pourrait donner des exemples de bonnes entreprises de services au
Québec qui ne génèrent pas beaucoup d'activité
économique alors que nous croyons qu'Hydro-Québec est dans une
situation où elle devrait le faire.
Mme Bacon: À la page 6 de votre mémoire, vous
faites état que le Canada se situe dans le peloton de queue des pays de
l'OCDE relativement à la proportion du PIB investie en recherche et
développement et qu'Hydro-Québec occupe la huitième place
de l'ensemble des entreprises canadiennes quant au montant investi en recherche
et développement. Et vous évoquez également
qu'Hydro-Québec portera, sur l'horizon 2000, ses budgets affectés
à la recherche et développement à 2 % de son chiffre
d'affaires alors que ceux-ci étaient de 1,8 % en 1988. Vous ne croyez
pas que l'entreprise prend déjà très au sérieux son
rôle de leader technologique dans un contexte de rareté de
ressources? Quand même, il faut se l'avouer, et compte tenu que sa
performance dans ce domaine soit équivalente à celle des
meilleures entreprises canadiennes?
M. Champagne (Louis): Effectivement, HydroQuébec consent
un effort qui est considérable, mais sa situation particulière
devrait l'inciter à augmenter sa participation à l'effort de
recherche et de développement. C'est sûr que si on se compare aux
entreprises canadiennes, nous nous comparons à des entreprises et
à un pays où la recherche et développement n'est pas
très substantielle par rapport aux pays industrialisés. Mais la
situation d'Hydro-Québec est encore, à cet
égard-là, particulière. Il n'y a pas de grandes
entreprises au Québec. Si on regarde les chiffres de l'Allemagne, de la
Suède, de la Suisse, ces pays-là, en plus d'avoir de grandes
entreprises de transport d'électricité comme
l'Électricité de France qui fait de la recherche, ont aussi des
entreprises du secteur privé, de grandes entreprises du secteur
privé qui en font, de la recherche. Au Québec, nous n'avons pas
cette chance-là. Nous n'avons qu'Hydro-Québec pour faire de la
recherche et qui peut financer cette recherche-là. C'est sûr
qu'Hydro-Québec fait un effort substantiel, mais nous estimons que,
compte tenu de ses ressources, compte tenu de la qualité des chercheurs
qu'Hydro-Québec a à son emploi, elle devrait faire un effort
supplémentaire.
Et nous insistons là-dessus, il y a eu quelques grands
succès dans les entreprises qui ont émergé de nos groupes
de recherche. Il suffit de penser à CYME international, à M3I,
ces entreprises-là vendent beaucoup plus à l'étranger
qu'au Québec actuellement, beaucoup beaucoup plus. Et c'est en poussant
davantage dans ce sens-là... C'est d'ailleurs le sens, je pense, de ce
que M. Tremblay a proposé. C'est en poussant dans ce sens-là que
nous allons obtenir des emplois qui ont de la valeur au Québec.
Mme Bacon: Oui. Vous mentionnez, à la page 9 de votre
mémoire, que le fait de subventionner le développement de
l'expertise à l'extérieur de l'entreprise place l'entreprise en
situation de dépendance quant à la réalisation de ses
activités stratégiques et contribue aussi à ternir l'image
de l'entreprise au Québec et à l'étranger.
Cette situation, est-ce qu'elle ne contribue pas plutôt à
structurer davantage les activités de la grappe industrielle de la
production, du transport, de la distribution d'électricité, en
permettant à d'autres entreprises de se bâtir une expertise solide
dans ce domaine-là?
M. Champagne (Louis): Les entreprises externes, on aurait
peut-être dû le préciser, auxquelles on
référait, ce sont des entreprises étrangères. Il y
a beaucoup de contrats clé en main qui sont donnés. Les exemples
que nous avons donnés plus tôt...
Mme Bacon: Oui.
M. Champagne (Louis): ...le multiterminal RNDC, les compensateurs
statiques, les liens asynchrones, toutes ces technologies-là sont des
technologies qui viennent de l'étranger et que nous achetons clé
en main, avec des retombées minimes au Québec. C'est
évident que, quand on parle de firmes externes, nous ne visons pas des
firmes externes à Hydro-Québec, mais des firmes soit de
génie-conseil québécoises ou des firmes, des
manufacturiers québécois, pas du tout...
Mme Bacon: D'accord.
M. Champagne (Louis): ...notre syndicat n'a jamais refusé
de collaborer avec... nos ingénieurs n'ont jamais refusé de
collaborer avec des manufacturiers québécois ou des
ingénieurs-conseils québécois. C'est vraiment... on aurait
peut-être dû dire des entreprises étrangères au
Québec.
Mme Bacon: Non, non, ça ne fait rien. Ca va.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, c'est
inquiétant que les cerveaux d'Hydro-Québec, les plus hauts
niveaux, ingénieurs et chercheurs, portent un jugement extrêmement
sévère sur la vision, pas la vision, mais la qualité
d'Hydro-Québec. C'est un jugement très sévère que
vous portez. Jugement, d'autre part, il ne faut pas se faire de cachette,
là, qui est porté quotidiennement quand on rencontre
individuellement des gens qui y travaillent. Vous ne faites, à mon sens,
qu'officialiser ce qu'on entend, en particulier sur la vision à courte
vue d Hydro-Québec, en particulier sur l'emploi précaire. C'est
évident que des chercheurs avec des contrats de trois, quatre, cinq ou
six mois, là, je vous avoue que ce n'est pas des conditions
idéales pour la recherche.
Également, sur le nombre de postes, on me dit que, souvent, il y
a des ingénieurs sous-utilisés, et qu'il y a des contractuels de
l'extérieur assis confortablement sur les sièges de certains
d'entre vous à l'intérieur des boîtes. Ça, je trouve
ça épouvantable, dégueulasse même! Il y a
également des contrats de gérance de certains projets qui
pourraient être confiés à des ingénieurs à
l'interne, ça pourrait être un élément de
motivation, ça pourrait être un élément
d'émulation, alors que c'est confié, avec des contrats
très lucratifs, des contrats de gérance, à
l'extérieur.
Et le bout qui m'a frappé également, c'est le constat que
vous faites par rapport au pétage de bretelles que se fait
Hydro-Québec avec Hydro international. Si jamais ils ne
développent pas l'expertise, ou si on se soucie très peu de
l'expertise québécoise, je me demande comment on va pouvoir
continuer à se péter les bretelles comme il y en a certains qui
font à Hydro présentement, au niveau des ténors.
Ma première question, c'est: Est-ce que vous avez
été impliqués dans tout le processus de consultation et
est-ce que vous avez pu dire aussi franchement que vous le faites ce matin ce
que vous pensiez du plan de développement?
M. Champagne (Gilles): Si vous me permettez de répondre,
M. le Président.
En soi on pourrait considérer que les membres de notre syndicat,
chercheurs, n'ont pas été impliqués dans une politique de
recherche et développement puisqu'on déplore qu'il n'y en ait
pas, de politique. Si un processus comme celui-là a eu lieu, nos membres
n'ont pas été impliqués du tout là-dedans. En soi,
ça fait partie de nos recommandations de dire qu'on veut élaborer
quelque chose en partenariat avec Hydro-Québec pour
«focusser» sur les bons points. C'est ma réponse.
M. Champagne (Louis): Pour ce qui est du Syndicat des
ingénieurs, nous avons été informés des
orientations d'Hydro-Québec, nous n'avons pas été
consultés. Nous avons convenu, toutefois, de tenter de trouver des
mécanismes de consultation, nous avons convenu avec la haute direction
d'Hydro-Québec de tenter de trouver des mécanismes de
consultation, parce qu'en 1993 toujours être en train de se battre avec
nos patrons, là, les syndicats et les patrons, ce n'est peut-être
pas la façon de gérer des entreprises et de gérer des
relations de travail.
Alors, nous allons tenter de trouver des mécanismes qui vont nous
permettre de vous donner une réponse positive la prochaine fois, M.
Chevrette, de dire que oui, nous avons été consultés, que
nous avons été informés tout au cours du processus.
M. Chevrette: À l'ouverture des audiences, je disais
que... j'affirmais que le plan de développement à
Hydro-Québec était un fourre-tout, un genre de document pour
faire plaisir à tout le monde. Je donnais l'exemple des
éoliennes, 1000 MW lancés de même, sans projet
précis. Sans être ingénieur, il me semble qu'un plan de
développement, ça doit déboucher sur quelque chose d'assez
concret où il y a des perspectives d'avenir, et une structure comme
Hydro-Québec doit au moins planifier sur 20 ans, parce qu'on me dit
même que ce sont des critères indispensables quand on se
présente, par exemple, sur les marchés d'emprunt financier, c'est
une planification à long terme, au moins 20, 25 ans qu'on doit
présenter puis...
Comment expliquez-vous qu'Hydro s'arrête à peu près
à 2000, en l'an 2000, si vous regardez un peu tout cela? Parce qu'il
fallait qu'ils parlent de 2004 pour faire voir qu'il y avait du
développement après. Mais s'ils n'avaient pas été
obligés de faire ça, on aurait dit qu'ils s'arrêtaient
à 2000 à peu près dans le plan de développement
avec des objectifs d'économie d'énergie, par exemple, qui varient
de 1990 à 1993, de 1993 à 1994 puis en 1994-1995, ils deviennent
explosifs sur le plan de l'efficacité énergétique, ils
vont atteindre leur objectif d'un coup sec. Est-ce que ça vous
paraît sérieux, ça, comme... les ingénieurs, dans la
boîte, qui ont à travailler sur ça, qu'est-ce que vous
pensez de tout ça, vous? (10 h 40)
M. Champagne (Louis): Nous croyons que les objectifs
d'économie d'énergie d'Hydro-Québec sont très
ambitieux et que des programmes... ça va prendre des programmes
très serrés pour gérer ces programmes-là.
M. Chevrette: Est-ce qu'ils sont préparés par des
ingénieurs, les programmes d'efficacité
énergétique, ou si c'est par des gens de marketing?
M. Champagne (Louis): En général, plus par des gens
de marketing que par des ingénieurs. Il y a des ingénieurs qui
font du marketing, aussi!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Oui, je comprends, mais... C'est parce que les
informations sont à l'effet que c'est surtout des gens en marketing qui
pensent à l'approche d'efficacité énergétique, et
vous ne seriez pas mis à contribution à l'interne. Est-ce que
c'est vrai?
M. Champagne (Louis): Nous pourrions être mis beaucoup plus
à contribution à l'interne, dans ces travaux-là,
effectivement. Nos compétences... et l'IREQ aussi, d'ailleurs. Beaucoup
de projets de recherche et développement pourraient porter sur la
gestion de la charge. Actuellement, la tendance des grandes
sociétés publiques...
Quand on disait, tantôt, qu'il serait intéressant
qu'Hydro-Québec se positionne et, sans vouloir profiter des malheurs
d'autrui, il faut se rappeler qu'à quelque chose malheur est bon et que,
puisque Hydro Ontario n'a pas d'argent à consacrer à ça,
que des grandes sociétés américaines n'en ont pas non
plus, Hydro-Québec pourrait, d'une part, financer de la recherche dans
ça et, d'autre part, susciter des entreprises qui pourraient
gérer, pas gérer, mais qui pourraient vendre cette
expertise-là, non seulement au Québec, mais au moins partout en
Amérique du Nord.
M. Chevrette: Est-il exact que c'est surtout des emprunts? On
copie, on plagie, si vous voulez, l'Ontario ou l'État de la Floride en
termes de programmes d'efficacité énergétique,
présentement, plutôt que de penser des programmes typiquement de
chez nous, adaptés à notre climat? Quelle est l'impression que
vous avez de l'intérieur de cela? Parce que j'entends ça
quotidiennement, moi.
M. Champagne (Louis): II y a beaucoup de programmes de gestion
d'Hydro-Québec qui ont été copiés de la Floride.
Pour ce qui est des programmes de gestion de la charge, ça serait
étonnant qu'on les copie de la Floride. Il y avait eu des rumeurs,
à l'époque, que nous avions copié un peu bêtement
les programmes d'Ontario pour ce qui est de la... non seulement les programmes,
mais les objectifs ontariens sans faire beaucoup d'études
là-dessus. Je ne sais pas si la commission a vu les études
d'Hydro-Québec à cet égard-là.
Il y a d'autres façons, aussi, de faire de la prévision
de... pas de la prévision, mais de la gestion de la charge. Une
façon de faire, ça serait au niveau des tarifs. On pourrait avoir
des tarifs qui dissuaderaient les gens de gaspiller l'énergie ou qui
inciteraient les gens, en fait, à être des bons gestionnaires de
leur énergie. Mais la proposition d'Hydro-Québec vise des tarifs
à l'inflation. Nous comprenons que les clients ne veulent pas payer plus
cher que ça, mais c'est une façon d'inciter les clients à
diminuer leur consommation, en tout cas, d'éviter le gaspillage que de
leur faire payer le gaspillage, le bout de gaspillage un peu plus cher que le
reste.
M. Chevrette: Au niveau des ressources humaines, on sait qu'il y
a un plan de redressement puis, au niveau des régions, il y a des
réaffectations, des divisions entre le service, si vous voulez, et puis
la planification; le génie-conseil sera centré à un seul
endroit puis les gens de métier, de réparation seront dans
d'autres endroits, etc. On en a parlé beaucoup à l'ouverture et
Hydro nous dit qu'ils ne prévoient pas trop de problèmes. Je leur
souhaite bien, moi.
Mais ce que je voudrais savoir de votre part, c'est: Est-ce qu'il y a eu
une analyse serrée, il y a eu une consultation avec les
différents syndicats à l'interne pour voir si la marge de profit
ne pourrait pas augmenter en changeant certaines pratiques, par exemple
d'achat, en changeant certaines pratiques de faire, sans qu'on laisse porter
tout l'odieux du plan de redressement exclusivement sur les coupures de
personnel?
M. Champagne (Louis): Nous n'avons pas été
consultés sur d'autres façons de réduire les
dépenses que celle rejoignant les coupures de personnel. Peut-être
le SCFP l'a été, mais notre syndicat ne l'a pas
été.
Nous avons également suggéré à
Hydro-Québec de revoir certains de ses projets. Nous estimons que ses
dépenses sont énormes et nous croyons qu'il y aurait
peut-être place à certaines économies. Il suffit de penser
au projet Lac-Robertson, au nouveau Centre de conduite du réseau,
où des dépenses considérables ont été
annoncées par l'entreprise. Nous estimons que des études plus
serrées devraient peut-être être faites pour
économiser là aussi parce qu'il n'y a pas rien que les
employés qui devraient porter le fardeau des coupures, mais nous croyons
que certains projets auraient intérêt peut-être à
être passés à la loupe et à être
dégraissés.
M. Chevrette: Certaines primes de séparation entre autres.
On s'en parlera tantôt.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Saint-Maurice, vous avez cinq minutes.
M. Lemire: Merci, M. le Président.
J'aimerais peut-être passer directement à une question qui
me vient à l'esprit. À la suite de l'analyse que j'ai faite du
mémoire et des discussions qu'il y a ici
ce matin, j'ai comme l'impression que ce que reflète votre
mémoire, vous avez l'air à ne pas être heureux à
l'intérieur de... Pour venir discuter, de la façon dont vous
discutez dans votre mémoire, de votre patron qui est
JJydro-Québec, y a-t-il quelque chose, est-ce qu'on pourrait parler des
choses qui sont plus positives?
M. Champagne (Louis): On a parlé des choses positives. On
vous a dit que l'état d'esprit des employés et l'état du
réseau avaient été améliorés au cours des
dernières années.
Nos craintes, c'est que les décisions qui sont prises
actuellement nous replongent dans les difficultés que nous avons connues
plutôt que de les solutionner. Nous avons peur qu'Hydro-Québec
soit en train de jeter le bébé avec l'eau du bain actuellement.
Mais ça, ça va rendre non seulement les ingénieurs, mais
tous les employés, tous les Québécois malheureux. Nous
aurions apprécié qu'Hydro-Québec nous présente
d'autres hypothèses pour couper ses dépenses s'il fallait qu'elle
les coupe.
M. Lemire: Comme quoi, par exemple?
M. Champagne (Louis): Bien, le nouveau centre de conduite du
réseau, des centaines de millions vont être
dépensés. Le Lac-Robertson, encore là, des centaines de
millions vont être dépensés. Il y a peut-être des
solutions alternatives moins chères que celles-là qui auraient eu
intérêt à être regardées. La seule
hypothèse qu'Hydro-Québec semble avoir considérée,
c'est la réduction de main-d'oeuvre.
M. Lemire: Est-ce que... Par exemple, depuis 1991,
Hydro-Québec travaille activement à implanter un Défi
performance, son programme de gestion de la qualité totale qui vise
à satisfaire le client et à performer davantage à
l'intérieur de la boîte pour arriver à des meilleurs
résultats. Pouvez-vous nous faire état des mesures que comptent
prendre vos organisations et le personnel qu'elles représentent pour
assurer, dans leur champ professionnel de compétence, d'aider à
la réussite de ce programme? Qu'est-ce que vous allez faire, vous
autres, pour aider à appliquer le plus rapidement possible la
qualité totale à l'intérieur de la boîte
d'Hy-dro-Québec?
M. Champagne (Louis): Nos membres ont déjà
collaboré, collaborent et vont continuer à le faire à des
centaines d'équipes d'amélioration dans le cadre du Défi
performance dont vous parlez. C'est la partie, c'est la contribution des
membres que nous représentons au Défi performance.
Nos institutions, je vous l'ai dit, ont déjà
été approchées par la direction d'Hydro-Québec pour
tenter d'améliorer nos processus d'échanges. On va
évidemment participer à ce genre de discussion avec la direction
pour tenter de trouver les moyens d'être consultés vraiment sur
les politiques d'Hydro-Québec, de sorte qu'éventuellement on
n'aura pas besoin de venir ici pour critiquer notre employeur, mais que notre
employeur pourra prétendre, avec raison, que son plan de
développement rejoint les préoccupations de ses employés.
Mais ça, on n'en est pas là encore. L'implantation de la
qualité totale dans une entreprise, quand ça réussit,
ça prend cinq ans, semble-t-il. Alors, depuis 1991 que c'est
commencé, on a encore quelques années avant de jouir pleinement
de la qualité totale. (10 h 50)
Nous craignons, par contre, que les mesures qu'Hydro-Québec a
prises récemment aillent à l'encon-tre de la qualité
totale et qu'elles empêchent ou qu'elles amenuisent à un point tel
les chances de succès de Défi performance que ça revienne
à les saboter. Mon collègue de l'IREQ voudrait...
M. Meunier: M. le Président, j'aimerais amener un point
d'information par rapport au positif et au négatif. Les chercheurs de
l'IREQ, les scientifiques, sont très fiers des réalisations qui
ont été apportées et qui ont été
développées depuis 25 ans. Depuis quelques années, les
filières d'exploration et de recherche ont été
réorientées vers du développement interne et
immédiat. La majeure partie des budgets de recherche se font sur de la
recherche à court terme, et nous pensons qu'à long terme cette
réorientation de la recherche et du développement à l'IREQ
risque de porter un coup dur sur le futur de l'approche scientifique de l'IREQ.
Nous sommes... nous avons du positif, nous sommes contents de ce qui s'est
fait; par contre, nous sommes inquiets du futur.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Moi, je ne sais pas si c'est dans la nouvelle
culture d'Hydro-Québec de lancer un programme Défi performance en
insécurisant son personnel d'abord. Pour avoir fait des relations de
travail pendant 17 ans, ça m'apparaît pour le moins aberrant, je
vous avoue, ça dépasse tout entendement. Ordinairement, tu
motives du monde en les associant à ta démarche... et ce,
quotidiennement. Il faut que tu leur fasses épouser les objectifs de
l'organisme, de la structure, de la boîte. Moi, je vous avoue que, si
c'est ça, la nouvelle culture de l'Hydro, là, elle a besoin de
réalignement, en tout cas, à mon point de vue. Parce que lancer
un programme aussi important que ça en même temps qu'un plan de
redressement qui ne fait que porter l'odieux sur le personnel, moi, ça
m'apparaît quelque chose d'aberrant sur le plan du cheminement logique
d'un groupe. Comment faire adhérer du monde à un programme
ambitieux et, en même temps, ne pas les associer, au contraire, en les
insécurisant?
Moi, je vous avoue très honnêtement que ça,
là, ça fait partie d'une opération poudre aux yeux:
Ça paraît bien, le Défi performance, tu sais, c'a l'air
bon, dans la bouche d'un président, ça paraît bien, c'a
l'air éloquent. Parler de nouvelle culture, aussi, ça
paraît
bien, surtout que tu peux t'arranger le bec comme tu veux, tu sais, en
le disant. Sauf que, fondamentalement, je ne trouve pas que c'est la
façon logique, sur le plan des relations humaines, des relations
patronales-syndicales, de faire adhérer du monde à de tels
objectifs.
Ceci dit, pour l'IREQ, j'aurais une question: On me dit qu'à
Hydro-Québec il y a toutes sortes de cours qui s'organisent partout,
à des coûts assez élevés, merci! Par exemple, on
paie des hôtels pendant des semaines de temps, 15 jours, à des
employés, etc. Vous ne pensez pas que l'IREQ pourrait devenir,
même, une école de formation pour l'ensemble du personnel
d'Hydro-Qué-bec?
M. Champagne (Gilles): En soi, on pourrait d'abord regarder cette
question-là en parlant du maillage avec les universités. Il est
cetain que l'IREQ est un centre où on développe des technologies,
on développe un savoir-faire; on tend à conserver ça, et
on veut également explorer, on veut également explorer pour qu'il
y ait un futur possible dans la recherche. Alors, lorsqu'on
«focusse» trop, lorsque les chercheurs de l'IREQ
«focussent» trop, à cause du type de planification avec
lequel on doit vivre, vers des objectifs trop immédiats, donc, à
la pièce, on ne peut pas explorer.
Est-ce qu'on peut faire la formation, maintenant? La formation et
je pense qu'Hydro-Québec le dit la formation, c'est plus au sein,
on le verrait plus au sein d'un maillage avec les universités. Les
budgets, par contre, qui sont dépensés là-dedans, c'est un
départ, mais ils doivent nécessairement être
augmentés, je pense. Donc, la formation, vis-à-vis des
universités. Il y a également un développement d'expertise
vers les industries, qu'on verrait très bien avec la grappe
industrielle. Pour nous, c'est là deux débouchés. Qu'on
parle de formation ou de passage d'expertise, formation avec les
universités; on peut d'ailleurs explorer davantage, aller plus loin pour
que, dans 10 ans d'ici, on ait encore des réalisations sur la table,
qu'on puisse en apporter et qu'on n'épuise pas, simplement, notre
potentiel de savoir-faire. Donc, et le dernier point, naturellement, les
grappes industrielles, c'est-à-dire avec des partenaires industriels,
passer notre savoir-faire.
M. Chevrette: Une petite?
Le Président (M. Audet): Brièvement.
M. Chevrette: J'ai droit à une petite, petite?
Est-ce que vous accepteriez, vous, comme groupe, là, de
chercheurs et d'ingénieurs, de participer à un grand débat
public sur l'énergie au Québec, qui déborderait un peu le
cadre, exclusivement, de la mission d'hydroélectricité?
M. Meunier: M. le Président, évidemment, les
scientifiques de l'IREQ seraient très flattés de participer
à des évaluations des différentes filières
d'énergie au Québec. Par contre, avec le temps, depuis les 10
dernières années, il y a 10 ans, il se faisait
énormément de recherche dans les sources d'énergie
renouvelables. Toutes ces politiques de recherche à long terme ont
été évacuées graduellement pour ne conserver que
les principales: la fusion, l'hydraulique, l'éolienne. Donc, dans les
énergies renouvelables, actuellement le centre de recherche ne pourrait
pas amener une grande... ne serait pas un seul intervenant.
Le Président (M. Audet): Merci. Ça va? Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Drummond.
M. St-Roch: M. le Président. J'achète,
d'entrée de jeu, votre remarque de conclusion dans votre
présentation quand vous affirmez qu'Hydro-Québec doit devenir la
meilleure entreprise au Canada. Parce que je pense, à ce
moment-là, qu'elle résume très bien tous ses rôles
et ses missions, incluant la formation de son personnel, incluant la recherche
et le développement.
Alors, je suis très limité dans le temps. La
première question... Je souscris aussi que, au niveau de recherche et de
développement, il va falloir se dépasser si on veut essayer de
maintenir le diapason dans cette filière-là et dans notre
philosophie, aussi, des grappes industrielles, au niveau de recherche et de
développement, et ma crainte qu'à 2 % horizon 2000, on va se
faire sortir complètement.
Ma question est celle-ci: Si les législateurs que nous sommes
recommandions à Hydro-Québec de rapprocher à 3 % horizon
2000, est-ce que, à votre connaissance, on a les ressources humaines
nécessaires pour être capables de garantir cette filière de
recherche et de développement en rajoutant aussi un volet, pas juste de
préoccupations à court terme, besoins, mais développement
de nouveaux horizons, nouvelles filières?
M. Champagne (Gilles): ii est certain que 2 %, un but de 2 % pour
l'an 2000, ce n'est pas suffisant. ce n'est nettement pas suffisant. le canada
se trouve le dernier pays de l'ocde. vous nous offrez 3 % en 2000, je ne peux
pas dire d'autre chose que oui. les ressources, oui, on les a. le savoir-faire,
on l'a. la formation, ça existe. les gens sont là, sont
prêts vraiment à s'engager là-dedans, mais il est clair
que, pour du personnel scientifique, s'engager, ça réclame
qu'hydro-québec s'engage également. et là, je ne parle
pas, non seulement du point de vue... c'est-à-dire, humain, mais je
parle en tant qu'entreprise, à élaborer une politique, et pas une
politique qui est élaborée quelque part. les gens qui font la
recherche, les gens qui travaillent au laboratoire, ce sont nos membres, ce
sont ces gens-là, des gens qui sont au courant des problématiques
de r et d, ce sont des ingénieurs, ce sont des chercheurs. qu'on
s'asseoie avec l'entreprise et qu'on élabore cette
politique-là.
Le but de 2 %, c'est nettement insuffisant si on veut vraiment relancer
Hydro-Québec. Je pense que la société
québécoise, dans le développement qui repose sur une
connaissance et compte tenu de la mondialisation des marchés, il est
clair, il est très clair qu'on doit
investir sur ce qu'on possède avant, d'ailleurs, que ça
s'en aille dans d'autres, tout simplement, dans d'autres pays. O.K.?
M. St-Roch: Je vous remercie.
Mon autre question: À la page 3 de votre mémoire, vous
mentionnez qu'Hydro-Québec doit connaître et assumer pleinement
son rôle de leader socio-économique au sein de la
société québécoise. Et ma question est la suivante,
parce que je pense qu'elle s'adresse à nous, les parlementaires, et
notre gouvernement doit lui fournir tous les moyens pour y parvenir: Qu'est-ce
que vous entendez par «fournir tous les moyens pour y
parvenir»?
M. Champagne (Louis): Un des moyens, c'est la tarification,
l'argent qui serait requis pour faire ça, d'une part. D'autre part, s'il
y a besoin de modifications législatives pour permettre à
Hydro-Québec d'aller plus loin dans la création d'entreprises,
pour la forcer à s'impliquer davantage dans son champ propre de grappe
industrielle, il n'y a peut-être pas besoin de loi pour ça, mais
les parlementaires, je pense, peuvent et, jusqu'à un certain point,
doivent exercer sur Hydro-Québec des pressions pour s'assurer qu'elle
est un leader dans ce domaine-là. nous vous rappelons que, dans le plan
de développement, la notion de grappe industrielle est presque
évacuée. c'est pour ça que nous avons mis l'accent sur ces
notions-là. nous estimons que l'entreprise a les moyens financiers et
humains de faire beaucoup plus et beaucoup mieux dans ce domaine-là.
nous avons déjà lait des choses. nous pouvons aller beaucoup plus
loin ei. faire beaucoup mieux.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, messieurs, au nom
des membres de la commission de l'économie et du travail, je vous
remercie de votre présentation.
Afin de permettre au groupe suivant, soit le Comité Baie James de
prendre place, nous allons suspendre nos travaux deux minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 11 heures)
(Reprise à 11 h 6)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous recevons maintenant le Comité Baie James.
Alors, Madame, Messieurs, je vous souhaite la plus cordiale bienvenue au
nom des membres de la commission. Je vous rappelle brièvement nos
règles de procédure. Vous disposez d'une vingtaine de minutes
pour nous faire votre exposé, et je vous demanderais, avant de
débuter votre exposé, de bien vouloir vous identifier, ce qui est
très important pour le Journal des débats. Ensuite, suivra
une période d'échanges d'une quarantaine de minutes. Vous pouvez
y aller, vous avez la parole.
Comité Baie James
M. Chénier (Marc): Mme la ministre, M. le
Président, Mesdames, Messieurs les députés. Merci d'avoir
l'occasion pour le Comité Baie James de présenter notre
mémoire. On n'aura pas le temps de tout présenter, mais on va
vous présenter quelques-uns des faits saillants. On a des copies
corrigées un peu pour améliorer les fautes de frappe puis un
français plus soigné, qu'on va laisser avec M. Plourde
après, si vous en voulez une.
On aimerait d'abord vous indiquer que nous ne sommes pas satisfaits du
plan de développement tel que proposé par Hydro-Québec et
que nous vous recommandons qu'il soit retourné à Québec
pour que Hydro-Québec lui apporte des améliorations majeures.
Je vais présenter mes collègues. D'abord, à ma
droite, Mme Anna Breszki. Mme Breszki est profes-seure de musique à
Montréal. Elle détient un baccalauréat en ressources
renouvelables de l'Université McGill. Et elle se dévoue
activement aux questions énergétiques depuis deux ans au sein du
Comité Baie James. Elle va nous parler de l'importance d'une
enquête publique sur l'énergie ainsi que d'une politique mal
connue d'Hydro-Québec, la collecte d'autorisations.
À ma gauche, M. Gordon Edwards. Il est docteur en
mathématiques, il est aussi physicien, il est professeur de
mathématiques et de sciences au collège Vanier, il est consultant
depuis 20 ans sur les questions énergétiques et en particulier en
ce qui touche l'énergie nucléaire. Il va nous parler des
résultats préliminaires d'une étude qu'on est en train de
faire faire, ainsi que de l'importance des programmes d'économie
d'énergie à base communautaire.
Moi-même, je m'appelle Marc Chénier, je suis
géologue de formation. Je travaille comme consultant. J'oeuvre depuis
cinq ans pour différents groupes sur la question
énergétique au Québec. Je vais vous parler de la dette
à long terme d'Hydro-Québec ainsi que des prévisions de la
demande. d'abord la dette à long terme. dans le plus récent
rapport annuel d'hydro-québec qui date du 31 décembre 1991
parce que le nouveau doit sortir la semaine prochaine dans ce rapport,
on indique que la dette d'hydro-québec, à ce moment-là,
était de 30 000 000 000 $. les intérêts pour l'année
1991 étaient de 3 000 000 000 $. dans le nouveau plan qu'ils proposent,
on parle de dépenser 53 000 000 000 $ de plus. hydro-québec parle
aussi de la possibilité de 25 % d'autofinancement, ce qui veut dire que
ce 53 000 000 000 $ ajouté serait diminué à environ 40 000
000 000$. alors, si on ajoute ça à la dette présente
d'hydro-québec, ça nous amène à une dette, au bout
de dix ans, de 70 000 000 000 $. c'est donc dire que la dette plus que doublera
d'ici 10 ans. si on fait le calcul par personne au québec, par habitant
du québec, 70 000 000 000 $ divisés par 7 000 000 d'habitants,
grosso modo, ça fait 10 000 $ par personne. or, pour une famille de
trois, ça fait une dette de 30 000 $ par famille. c'est une dette
énorme. c'est un énorme
endettement que nous propose Hydro-Québec et, en même
temps, il nous parle de développement durable en refilant cette
énorme dette aux générations futures. (11 h 10)
Nos voisins, en Ontario la dette d'Hydro Ontario est actuellement
de 34 000 000 000 $ et ils font des pieds et des mains, ils sont
préoccupés, il y a de grandes mises à pied, on veut faire
de grosses coupures. On a retourné le plan de développement
à Hydro Ontario suite à une longue consultation. Alors, nous vous
enjoignons de faire la même chose, c'est-à-dire de demander
à Hydro-Québec de refaire le plan de développement et,
plutôt que d'indiquer une augmentation de la dette à long terme,
ils devraient plutôt viser à réduire la dette à long
terme. en ce qui concerne les nouveaux 53 000 000 000 $ de dépenses que
propose hydro-québec, si on fait un petit calcul, on se rend compte que
58 % de ce montant iraient à de nouveaux équipements et des
lignes de transport et que 4 % seulement, en fait, moins de 4 %, iraient
à l'efficacité énergétique. si on regarde d'autres
chiffres d'hydro-québec dans ce même plan proposé, on se
rend compte que l'efficacité énergétique satisfera 46 %
des nouveaux besoins. donc, les investissements sont très
disproportionnés. on devrait mettre plus d'importance dans les
investissements, dans l'efficacité énergétique. cela
comporterait beaucoup de bénéfices pour la société
québécoise. d'abord, ça ne coûte pas plus cher que
de construire de nouveaux équipements. d'après même m.
andré jean de hydroquébec, c'est à peu près le
même coût d'investir dans l'efficacité
énergétique que d'investir dans de nouveaux équipements.
selon d'autres études, par exemple b.c. hydro, on remarque que c'est
beaucoup moins cher de créer un nouveau kilowattheure à partir de
l'efficacité énergétique qu'à partir de nouveaux
équipements. il y a beaucoup d'études qui ressemblent à
celle de b.c. hydro.
Deuxième avantage, c'est qu'avec l'efficacité
énergétique on n'a pas besoin d'entretien puisqu'il n'y a pas de
nouvelle centrale, il n'y a pas de nouvelle ligne; ça veut dire pas plus
d'entretien. Alors que si on construit de nouveaux équipements...
L'efficacité énergétique crée au moins
autant d'emplois que de nouveaux équipements et cela, partout au
Québec. Ça, Hydro-Québec aussi l'admet, mais il y a
d'autres études ailleurs, dans beaucoup de juridictions, aux
États-Unis et au Canada, qui indiquent que l'efficacité
énergétique crée plus d'emplois que la construction de
nouvelles centrales hydroélectriques. Et ces emplois qui sont
créés par l'efficacité énergétique, ce ne
sont pas des emplois isolés dans le Grand-Nord, ce sont des emplois
créés partout au Québec, des emplois créés,
par exemple, surtout dans le domaine de la rénovation si on se met
à isoler comme il faut les appartements, les maisons au
Québec.
Autre avantage de l'efficacité énergétique, les
délais sont très courts, c'est-à-dire qu'on peut mettre
cela en place et très vite, c'est rentable. Ça ne bloque pas
d'énormes capitaux comme le fait l'hydroélectricité.
Pour construire une nouvelle centrale, on bloque d'énormes
capitaux pendant de longues années avant que l'argent revienne alors
qu'avec l'efficacité énergétique, cet argent revient
très vite dans l'économie, ça fait plus d'argent
disponible aux consommateurs, ça stimule l'économie.
Au niveau de la répartition des investissements de 53 000 000 000
$, Hydro-Québec a très mal fait ses devoirs. Le potentiel
d'efficacité énergétique est beaucoup plus grand que celui
qu'ils visent. Alors, on vous enjoint de leur retourner le plan de
développement et de présenter des scénarios alternatifs
où l'efficacité énergétique joue un plus grand
rôle. Et deuxièmement, de leur faire faire une critique par des
organismes indépendants.
J'aimerais aussi vous parler maintenant de la prévision de la
demande. Hydro-Québec, dans le scénario moyen, prévoit une
augmentation de la demande de 2,2 % par année. C'est une augmentation
exponentielle. Si on regarde dans le passé, on se rend compte qu'il y a
eu beaucoup d'erreurs de prévisions, non seulement de la part
d'Hydro-Québec, mais de la part de plusieurs compagnies productrices
d'électricité en Amérique du Nord.
Systématiquement, on a fait des erreurs quant à la
prévision de l'augmentation de la demande. Elle a toujours
été trop élevée et, systématiquement, on
s'est trompé au niveau de l'augmentation des coûts; ils
étaient toujours trop bas. Par exemple, dans le plan de
développement d'Hydro-Québec, dans les années
soixante-dix, on prévoyait construire la Baie James, c'est-à-dire
La Grande, le projet NBR. En plus de ça, 30 centrales nucléaires
sous le Saint-Laurent, sinon on allait geler dans le noir! Alors, voilà,
au début des années quatre-vingt, on s'est retrouvé avec
un surplus d'énergie et on n'avait pas construit les 30 centrales sous
le Saint-Laurent non plus. C'était une énorme erreur de
prévision.
Justement, au début des années quatre-vingt, on s'est
retrouvé avec ce surplus, avec une grosse dette, et pas d'acheteur.
Alors, c'est là qu'on a été obligé de mettre en
place, par exemple, l'exportation des surplus et puis les ventes à perte
dans des contrats secrets auprès des alumineries. Mieux vaut un peu
d'argent que rien du tout.
Un autre exemple de mauvaise prévision de la demande, c'est dans
le plan de développement de 1974, qui a été accepté
par la commission parlementaire. On avait prévu une demande
exponentielle aussi. La demande projetée, par exemple, pour 1992 a
été indiquée, mais elle s'est avérée deux
fois moins élevée que celle prévue. Alors, plutôt
que de toujours prévoir une augmentation, il y a une autre façon
d'opérer, c'est-à-dire qu'on peut gérer la demande, et un
mécanisme très connu, c'est ce qu'on appelle la croissance
zéro.
On fixe un objectif dans l'avenir et on prend les moyens pour
l'atteindre par des programmes d'efficacité énergétique.
Et puis on ne serait pas les premiers à le proposer. C'est
déjà fait. Il y a beaucoup d'études qui ont
été faites là-dessus. Il y a, par exemple, «2025:
Soft Energy Futures for Canada». Il y a même un volet
québécois qui s'appelle «La Voie énergétique
douce». C'est justement ce qu'on proposait en 1983. On peut
s'arranger très bien avec moins d'énergie, simplement en
l'utilisant mieux.
Si on regarde même les statistiques du ministère de
l'Énergie et des Ressources, dans l'énergie au Québec,
édition 1992, on voit que la consommation énergétique au
Québec en 1991 est la même que celle en 1973, même niveau.
Donc, on est capables de vivre avec un même niveau d'énergie. On
n'a pas besoin de toujours augmenter. Alors, nous vous demandons d'exiger
qu'Hydro-Québec finance une ou plusieurs évaluations par des
instances indépendantes de sa prévision de la demande
d'électricité. Nous vous demandons de ne pas accepter le plan de
développement proposé parce qu'il est basé sur une
prévision de la demande qui n'a pas été
évaluée par une instance indépendante.
J'aimerais maintenant laisser la parole à Mme Anna Breszki.
Mme Breszki (Anna): M. le Président, Mmes et MM.,
j'aimerais commencer par souligner l'importance de la participation du public
dans le processus de la planification. Depuis 1989, le Comité Baie James
plaide en faveur d'une commission d'enquête qui traiterait de l'avenir
énergétique du Québec. Nous avons inclus, dans l'annexe 1
de ce mémoire, les modalités proposées pour une telle
enquête. Cette commission d'enquête sur l'énergie doit
être indépendante, ouverte sans restriction au public et aux
médias, dotée de ressources adéquates et mandatée
pour identifier les politiques et priorités énergétiques
qui serviront les meilleurs intérêts à long terme de la
société québécoise.
Nous vous prions, vous, nos représentants élus, de vous
prononcer en faveur d'une telle enquête publique. Seule une commission
d'enquête indépendante serait en mesure d'évaluer de
façon adéquate le bien-fondé des investissements
proposés par Hydro-Québec, et jouer du même coup le
rôle d'un mécanisme permettant au public de
réfléchir sur les choix, en évaluer les implications et
participer aux prises de décision. En dernière instance, bien
entendu, c'est la population québécoise qui paierait les frais de
toute planification déficiente.
Tout récemment, le 25 janvier 1993, Hydro Ontario a retiré
son plan de développement proposé en 1989. Celui-ci était
axé sur des mégaprojets et aurait impliqué des
dépenses de milliards de dollars. Ce revirement fut le fruit d'un
processus d'examen public intense, rigoureux, sérieux et doté de
ressources adéquates. Il existe des indices qu'Hydro Ontario
s'apprête à opter pour un ensemble adapté d'approches
énergétiques qui sont moins coûteuses, plus rapides, plus
souples et plus avantageuses pour la société dans son ensemble.
(11 h 20)
En cela, elle ne ferait que suivre une tendance qui se développe
dans de plus en plus de régions en Amérique du Nord. Il est loin
d'être évident que le plan d'action proposé par
Hydro-Québec serve les meilleurs intérêts à long
terme de la société québécoise. Il est clair,
cependant, que toute discussion fructueuse du plan passe par un examen global
de la politique énergétique du Québec. Ceci est une des
raisons pour lesquelles une enquête publique majeure s'impose
absolument.
Le processus de consultation entrepris par HydroQuébec et auquel
le Comité Baie James a participé constituerait un pas en avant
si, et seulement si c'était la timide amorce de la mise sur pied d'un
processus public adéquat. Dans sa forme actuelle, la consultation ne
représente pas du tout un substitut satisfaisant à une
enquête publique indépendante majeure, car la consultation
n'était pas ouverte au public, n'était pas dotée de
ressources adéquates et n'était pas indépendante. Donc,
nous proposons que le gouvernement du Québec mette sur pied une
importante commission d'enquête traitant de l'avenir
énergétique du Québec pour que la population
québécoise puisse participer directement aux prises de
décision.
J'aimerais maintenant faire quelques commentaires au sujet d'une
orientation nouvelle et troublante d'Hy-dro-Québec: La collecte
d'autorisations, une nouvelle politique qui ne figure pas dans le plan de
développement. À notre avis, la nouvelle politique la plus lourde
d'enjeu associée au plan de développement proposé par
Hydro-Québec est celle visant à lui donner une marge de
manoeuvre. Concrètement, cela signifie l'octroi de toutes les
autorisations de projet requises avant que ne soit fixée la date du
début d'éventuels travaux de construction. Bien que
dévoilée par M. Drouin lors de la conférence de presse
où on présentait le plan de développement et
évoquée par des représentants d'Hy-dro-Québec dans
le cadre de la consultation, cette nouvelle politique importante ne fut
même pas mentionnée dans le plan proposé, et le principal
document de planification d'Hydro-Québec, pour les trois années
à venir, ne souffle mot sur un virage aussi important. Voilà un
état de choses que le Comité Baie James trouve à la fois
incompréhensible et inacceptable. Les interventions de M. Drouin et
celles faites par d'autres représentants d'Hydro-Québec lors de
la consultation ont indiqué clairement que la nouvelle politique
signifie qu'Hydro-Québec ne fixera plus des dates de mise en chantier
d'éventuels nouveaux projets avant d'en demander l'autorisation. Cette
politique s'applique déjà dans le cadre des audiences du BAPE
concernant le projet Sainte-Marguerite. Les résidents de la
Côte-Nord sont-ils au courant du fait qu'Hydro-Québec ne s'est
jamais engagée à procéder avec ce projet?
Hydro-Québec n'a fait que demander l'approbation du BAPE pour son projet
de construction, qui ne sera mis en chantier qu'au moment où
Hydro-Québec le décidera. Il pourra même ne jamais voir le
jour!
Selon des informations présentées lors de la consultation,
la nouvelle politique d'Hydro-Québec tire son inspiration de la
politique de «resource optioning» de la Bonneville Power Authority
dans l'État de Washington. Toutefois, nous ne pouvons accepter la
décision arbitraire d'Hydro-Québec d'emprunter un seul
élément de l'approche de la Bonneville en matière de
planification sans tenir compte du reste. La Bonneville met en application sa
politique de «resource optioning» dans un cadre de planification
très différent de celui qui existe au Québec. Lorsque la
Bonneville cherche une autorisa-
tion préalable pour un projet de construction, le projet en
question doit satisfaire certains critères spécifiques
déjà établis. En fait, ces derniers sont le fruit de
larges débats publics. C'est justement ce type de débat public
sur le dossier énergie que nous revendiquons sans succès depuis
bientôt quatre ans.
Pour la population québécoise, si la politique de la
collecte d'autorisations entre en vigueur, il y aura une conséquence
d'une portée majeure. L'exigence de démontrer la
nécessité des projets individuels ne fera plus partie du
processus d'évaluation des impacts environnementaux de ceux-ci. En
effet, comment peut-on demander à Hydro-Québec de justifier un
projet si, au moment où s'en déroule l'évaluation
environnementale, HydroQuébec n'est pas encore sûre d'en avoir
besoin? HydroQuébec y trouverait peut-être son compte, mais
seulement aux dépens des citoyens du Québec. Tant qu'il n'y aura
pas de débat public sur la politique énergétique, de
processus transparent basé sur un esprit de collaboration et dans lequel
le public peut véritablement influer sur les orientations de
développement d'Hydro-Québec et de commission indépendante
veillant sur le fonctionnement d'Hydro-Québec, le processus
d'évaluation des impacts environnementaux restera l'unique forum
où les membres du public pourront poser des questions sur les
hypothèses et les conclusions de la planification faite par
Hydro-Québec.
Le Président (M. Audet): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Edwards (Gordon): Je veux vous présenter des
résultats préliminaires d'une étude que nous sommes en
train de poursuivre avec l'assistance de nos experts-conseils et en
collaboration avec le Regroupement pour la surveillance du nucléaire. Au
total, cette étude donnerait une critique détaillée de la
prévision de la demande déjà faite par Hydro-Québec
et du potentiel économique dans le domaine de l'économie
d'énergie. En particulier, nous ne croyons pas que la question
d'«implementation» des programmes d'économie
d'énergie soit adressée suffisamment dans le plan de
développement et nous craignons que cet aspect n'ait pas donné le
degré de sérieux que... Peut-être puis-je m'exprimer en
anglais? Is it O.K. if I speak English?
Le Président (M. Audet): Yes.
M. Edwards: I am sorry. I tried, but I can't quite manage. Could
we just move to the transparents please? O.K.
Je suis mathématicien et je pense que c'est très
nécessaire d'obtenir une idée quantitative de l'importance de
l'économie d'énergie, et nous avons préparé des
graphiques. Même si on accepte les prévisions
d'Hydro-Québec, même si on accepte littéralement les
prévisions d'Hydro-Québec, les conséquences pour les
programmes de construction sont très intéressantes. Voici deux
scénarios: scénario A et scénario B.
Le Président (M. Audet): ...rapidement. Malheureusement
l'enveloppe de temps de 20 minutes est déjà terminée,
monsieur. Si vous voulez aller très rapidement parce qu'on n'aura pas le
temps de procéder à la période de questions.
M. Edwards: Le problème est que cette sorte de
«scrutiny» d'un plan de développement, c'est
complètement inadéquat pour approfondir les questions
soulevées par le plan de développement. Supposons qu'on fait un
examen dans 20 minutes, c'est très difficile. Les scénarios A et
B sont basés sur les prévisions de demande d'Hydro-Québec.
La ligne horizontale désigne une balance entre le «supply and
demand» et, dans le premier cas, on prévoit la
nécessité de six barrages, six barrages. La seule
différence entre les deux scénarios est que le deuxième
scénario suppose que le contrat de NEPOOL, «New England
contract», n'est pas renouvelé en l'an 2000. O.K.? Dans ce cas, ce
n'est pas nécessaire de construire le projet Grande-Baleine avant 2010.
O.K.? Maintenant, les deux scénarios ici sont basés sur
l'«assomption» d'Hydro-Québec qu'on achèvera
seulement le tiers du potentiel économique pour l'efficacité
énergétique.
Si on examine les scénarios C et D... Les scénarios C et D
sont semblables aux scénarios A et B, sauf que la cible pour
l'économie d'énergie est plus élevée, à
environ 56 % du potentiel économique identifié par
Hydro-Québec, 56 % seulement du potentiel économique. Dans le
scénario C, on voit le renouvellement de «NEPOOL contract»,
le contrat de NEPOOL. Dans le scénario D, aucun renouvellement du
contrat. O.K.? Et pas seulement Grande-Baleine, mais aussi Ashuapmus-huan et
Sainte-Marguerite ne sont pas nécessaires dans ce scénario.
Le Président (M. Audet): Merci. Malheureusement, je dois
vous arrêter. Nous devons procéder à la période de
questions. Vous aurez tout le loisir d'apporter des explications
additionnelles. Vous comprendrez qu'avec 88 groupes que nous devons entendre,
nous ne pouvons pas passer un avant-midi avec chaque groupe. C'est malheureux,
mais c'est ainsi, monsieur.
M. Edwards: O.K., mais juste le dernier scénario.
Le Président (M. Audet): On les a dans votre
mémoire, d'ailleurs, les tableaux que vous nous avez mentionnés.
Les membres de la commission en ont pris connaissance; alors, c'est à
partir de ça qu'ils vont vous poser des questions.
Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources. (11 h 30)
Mme Bacon: Alors, je voudrais vous remercier de votre
contribution à...
C'est parce qu'il aurait peut-être fallu répartir votre
temps entre les 20 minutes, là, ça aurait été plus
facile... de vous remercier de votre contribution à la commission, et le
mémoire, en tout cas, est très élo-
quent vis-à-vis votre intérêt envers
l'efficacité énergétique en particulier.
Vous me semblez inquiets de la croissance de la dette
d'Hydro-Québec; il y a des experts du domaine financier qui sont venus
devant cette commission et, à plusieurs reprises, il y a plusieurs
groupes qui ont déclaré que la situation financière
d'Hydro-Québec lui permettait de réaliser son programme
d'investissement tout en maintenant, là, un ratio d'endettement qui se
compare avantageusement avec ceux d'entreprises similaires.
Comment expliquez-vous le constat que vous faites, qui me semble un
constat alarmant, là, au niveau d'endettement, par rapport au constat
rassurant qui a été émis par des experts financiers qui
sont venus devant la commission?
M. Chénier: Bon. Peut-être que dans... comment je
dirais? Moi, ce qui me préoccupe, comme citoyen, c'est que je vois une
dette de 70 000 000 000 $, une dette qui double, une dette qui est garantie par
le gouvernement du Québec. Je suis sûr qu'Hydro-Québec, si
elle n'était pas, si elle n'avait pas le «backing»,
là, c'est-à-dire le support, si la dette d'Hydro-Québec
n'était pas garantie par le gouvernement du Québec, je ne suis
pas sûr qu'elle pourrait emprunter, aller chercher sur des marchés
tout ce dont elle a besoin pour aller de l'avant avec les projets qu'elle
présente; et c'est ça qui me préoccupe, c'est que la dette
est garantie par le gouver-Eement. Donc, elle est garantie par les citoyens, et
c'est l'ampleur de cette dette-là, qui est faite sans consulter les
citoyens, qui m'inquiète. Il me semble que, si on me refile une dette de
10 000 $, il me semble que j'aurais usa mot à dire, et c'est pour
ça qu'on demande qu'il y ait vraiment une enquête publique sur
l'énergie, sur la politique énergétique du Québec,
pour qu'on puisse participer à ce genre de décisions
là.
Mme Bacon: Mais, en fait, la dette actuelle est de 32 000 000 000
$, et pas 70 000 000 000 $; 70 000 000 000 $, vous parlez avec le plan de
développement?
M. Chénier: Oui, oui, oui, je vous dis...
Mme Bacon: Mais même avec ça, les... c'est ça
que j'essaie de vous dire; les financiers, tous ceux qui sont venus ici comme
financiers, qui sont venus témoigner, je leur ai posé la question
à chacun: Est-ce qu'Hydro-Québec a la santé
financière d'aller dans ce plan de développement? Tous ceux qui
sont venus devant nous disent que ça se compare avantageusement avec
d'autres compagnies similaires, et qu'ils ont les moyens financiers
d'entreprendre le plan de développement; et c'est ça que j'essaie
de comprendre avec les affirmations que vous faites ce matin.
M. Chénier: Oui, bien sûr, on peut emprunter. C'est
qu'on a besoin d'aller chercher l'argent quelque part. Donc, on s'endette. Mais
c'est sûr que la dette est là, et elle est à long terme.
Mais on a moyen de faire mieux, on a moyen de répondre à nos
besoins énergétiques en ne s'endettant pas. Si on investit
plutôt dans l'efficacité énergétique, cet argent
revient beaucoup plus vite en circulation, on peut répondre à nos
besoins énergétiques sans s'endetter. Je ne dis pas que ce n'est
pas possible de le faire; c'est possible de le faire, financièrement.
Mais ce n'est pas nécessaire de le faire. On peut répondre
à nos besoins à coût beaucoup moindre que ce que nous
présente Hydro-Québec. La majeure raison étant qu'on
accorde peu de place à l'efficacité énergétique.
Hydro-Québec accorde... c'est-à-dire qu'ils ont fixé 9,6
tWh comme objectif, ce qui est beaucoup en deçà du potentiel
technique.
Mme Bacon: Vous savez que 46 % des besoins en énergie vont
être compensés par l'efficacité
énergétique.
M. Chénier: Mais c'est ce que je dis. Alors, si 46 % des
besoins peuvent...
Mme Bacon: Mais ça ne peut pas être...
M. Chénier: ...être apportés par
l'efficacité... Mme Bacon: ...ça ne peut pas être
100 %.
M. Chénier: ...énergétique, pourquoi ne pas
en mettre beaucoup plus? pourquoi investir si peu? 4 % des nouveaux
investissements, moins de 4 % sont en efficacité
énergétique! si on investissait un plus grand pourcentage dans
l'efficacité énergétique, on aurait encore un plus grand
pourcentage de la nouvelle demande à laquelle on pourrait
répondre avec l'efficacité énergétique au lieu de
construire des barrages. c'est ce que montre le scénario présent,
qui est à l'écran, c'est que, si on investit beaucoup plus en
efficacité énergétique, eh bien, on n'a pas besoin de
barrages pour bien longtemps.
Mme Bacon: Est-ce que vous croyez que la société
québécoise dans son ensemble, là, soit prête
à payer plus cher sa facture d'électricité, sa facture
électrique...
M. Chénier: Oui.
Mme Bacon: ...en favorisant l'efficacité
énergétique au-dessus du coût marginal?
M. Chénier: Je le crois, parce que moi, comme
québécois, si je paie mon kilowattheure plus cher, ma facture
sera plus basse si je fais de l'efficacité énergétique. Je
vais avoir besoin de moins d'électricité; donc, ma facture va
être plus basse. Donc, c'est à mon avantage.
M. Edwards: C'est un point très important, parce que
même si le taux d'électricité s'élève, la
facture totale d'énergie...
Une voix: Baisse.
M. Edwards: ...baisse. Par exemple, M. Robert Jean, dans son
article d'il y a quelques années, a mentionné, a prouvé
que les investissements dans l'efficacité énergétique
coûtent environ la moitié d'un investissement comparable dans les
nouveaux moyens de production et assurent environ le même niveau
d'emplois et, de plus, donnent aux Québécois 3 000 000 000 $
additionnels dans leurs poches, pour dépenser sur autre chose, parce que
les factures sont...
Une voix: ...plus basses.
M. Edwards: ...plus basses.
I would like to call your attention to the fundamental problem. The
fundamental problem is: How much energy efficiency can you get? That is the
basic problem. c'est le problème fondamental, le niveau de
participation. hydro-québec a supposé qu'un tiers du potentiel
économique, c'est satisfaisant ou c'est pratique. mais d'autres exemples
donnés ici, deux exemples, juste deux exemples dans le texte donnent que
c'est possible d'achever des pourcentages de participation d'environ 90 %, et
la clé, l'aspect clé de ce niveau de participation, de ce niveau
de réalisation du potentiel économique est d'impliquer
directement les communautés.
Concernant les problèmes d'économie d'énergie
à base communautaire impliquant les membres des communautés, les
contracteurs principaux dans les communautés, les sous-traitants dans
les communautés, il est possible d'achever des niveaux d'économie
d'énergie beaucoup plus larges que ceux supposés par
HydroQuébec. Et, incidemment, ce n'est pas nécessaire de
subventionner totalement ces investissements. C'est possible pour
Hydro-Québec d'emprunter l'argent et de recouvrer son
investissement.
Par exemple, if the energy bill is here, to begin with, and then it
drops to here, then Hydro-Québec can charge something in the middle.
O.K., until they recover the investment that they have made, and everybody
benefits. Hydro-Québec benefits, the people benefit, the jobs are
created locally and people can see that HydroQuébec is doing something.
It is making their life easier by reducing their bills, and because they
recover the investment, it does not mean that you have to raise the rates. This
idea that it has to raise the rates is erroneous, it is not true. If it is
done, in an «autofinancement, un mode d'autofinancement»...
Mme Bacon: Mais comment expliquez-vous qu'en Ontario, avec un
programme d'efficacité énergétique très
élevé...
M. Edwards: Très?
Mme Bacon: Très élevé, they had a high
target...
M. Edwards: Oui.
Mme Bacon: ...for the energy efficiency program.
M. Edwards: Oui.
Mme Bacon: They have not been so successful up to now, and they
have to review the whole program, right now, and cut down the expenses at the
same time? (11 h 40)
M. Edwards: Je pense qu'une partie de la difficulté est
que ces très grandes corporations comme Hydro-Québec, comme Hydro
Ontario, c'est un rôle nouveau, c'est une... It is completely new. They
have never really had to do this before, and one of the things about energy
efficiency is that it must be done... To be done well, it must be done
decentralized. You cannot do it from the center. You have to do it from the
community base up and there are experiences, even in Hydro Ontario, such as the
Espanola project that we talk about here which are based on that approach,
which are based on going into a community, setting up a liaison committee and
using...
For example, one of the interesting things they found out is that word
of mouth advertisement you know, transmission of information by word of
mouth was much more effective than all of their fancy advertisements.
And, unfortunately, we get the impression, here in Québec, that
Hydro-Québec wants to save energy but they don't know how to do it
except by spending a lot of money on advertising and trying to do it in a more
centralized way. You have to make it easy for people. In the Espanola project
which is discussed here and the Hood River project which is also discussed
here, all people have to do is dial one phone number, just one phone number.
That is the only initiative they have to take. And when they dial this one
phone number, people come and they look and they give them a complete plan of
action, they give them a breakdown of how much it is going to cost, and all
they have to do is say yes or no. And it makes it very simple for the citizen
to participate.
Mme Bacon: Mais êtes-vous en train de me dire que l'Ontario
a préparé un programme qui était trop difficile à
atteindre?
M. Chénier: Non, je pense que ce que...
Mme Bacon: Parce qu'ils sont en train de tout revoir. On ne peut
pas dire qu'ils ont réussi leur programme d'efficacité
énergétique, en Ontario.
M. Chénier: Mais, justement, il y a eu des consultations
qui viennent de se terminer. Le résultat de cette
consultation-là, c'est que le plan est à refaire. Justement,
Hydro Ontario est très préoccupée par l'augmentation de sa
dette et puis ils se rendent compte qu'il faut qu'ils investissent plus et de
meilleure façon en efficacité énergétique.
Ce que M. Edwards disait, c'est qu'il y a des
programmes qui ont très bien marché en Ontario, dont le
projet Hood River et puis aussi... Non. Ah! Ça, c'est en Oregon. Pardon!
Mais à Espanola, en Ontario, qui a très marché... Et ceux
qui marchent, c'est que c'est à base communautaire. C'est que l'approche
qu'ont les grandes entreprises d'énergie est peut-être maladroite
parce que les grandes compagnies productrices d'électricité n'ont
pas l'habitude de vendre quelque chose qui s'appelle «efficacité
énergétique». C'est quelque chose qui est à base
communautaire et ce n'est pas quelque chose qu'elles ont l'habitude de faire.
Donc, elles expérimentent de temps en temps, puis ça prend une
volonté politique de le faire, des capitaux disponibles et des gens
compétents.
Le Président (M. Audet): Merci. Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Oui. Merci, M. le Président.
Ça me fait plaisir de vous entendre et de vous souhaiter la
bienvenue à mon tour. D'abord, je trouve votre mémoire
très intéressant parce qu'il brasse vrai-. ment la cage dans le
sens de la réflexion et de l'action à accomplir suite à
ça.
Je vais continuer sur la lancée des projets communautaires, puis
je reviendrai, après ça, parce que j'aimerais que vous me parliez
du scénario que vous n'avez pas réussi à nous
présenter, tout à l'heure, faute de temps.
Juste une blague, en passant. Je me dis: II faudrait peut-être
envoyer quelques organisateurs communautaires à Hydro-Québec ou
demander qu'Hydro aille former queiques-uns de ses ingénieurs en
organisation commu-uautaire et en développement communautaire. Ce ne
serait pas inutile! C'est vrai, les CLSC en ont, justement, mais... Dans le
fond, tous les grands programmes de rénovation urbaine, en
Amérique du Nord, se sont bâtis justement parce qu'il y a eu de
l'action communautaire dans les quartiers qui ont mis les pressions sur les
gouvernements et qui ont permis de revitaliser les centres-villes, là
où ça s'est fait, et qui ont permis de mettre en place des
logements sociaux, etc. Et, dans le fond, on peut faire un parallèle,
à mon point de vue, avec l'énergie, les économies
d'énergie et l'efficacité énergétique. C'est qu'il
faut avoir une approche un peu plus micro et c'est difficile de demander
ça à des entreprises de la taille d'Hydro-Québec. Et ce
n'est pas un blâme, c'est tout simplement une reconnaissance des faits.
Après ça, on se dit: Qu'est-ce qu'on doit faire pour aller dans
le sens que vous proposez?
Deux questions. D'une part, quand vous parlez de la stratégie
communautaire et décentralisée et que vous parlez
d'expériences précises dans certains quartiers ou en Ontario ou
aux États-Unis, est-ce que vous pourriez être encore plus concrets
pour nous dire parce que je pense que ça prend une espèce
de connaissance de ce type d'action là pour comprendre ce que ça
peut vouloir générer ensuite et nous expliquer
précisément comment ça s'est passé?
M. Edwards: O.K. Comme décrit dans les articles...
Mme Marois: Oui, j'ai lu...
M. Edwards: ...cités ici, O.K., et que je veux rendre
disponibles pour vous, par exemple, il y a des rapports concernant le projet
Hood River et le projet Espanola qui juste... J'ai choisi ces exemples parce
qu'ils sont très pertinents à l'expérience du
Québec, parce qu'ils concernent...
Par exemple, le projet Hood River concerne 2500 bâtiments
chauffés par l'électricité, O.K.? C'est la
communauté en question. Et ils ont invité la communauté
à former un comité d'environ 20 représentants de tous les
aspects de la communauté, incluant les citoyens en chômage, etc.,
pour planifier un programme pour assister cette communauté à
devenir efficace d'une manière énergétique et sauver...
pour... So that they could save money, so that they could increase their energy
efficiency and become more «autosuffisants». O.K.? So, what
happenned is through this committee they got advice as to how to deal with the
community; a lot of word of mouth information. Hey! This is a good opportunity.
C'est une occasion très bonne. And people, all they had to do was phone
and then, a team of experts would go look at the situation, tell them what had
to be done and say: We can finance it for you. And you will save money and you
will pay back out of your savings the cost of this. They said: Sure! And so
men, they go up and down one street after another and they achieve a high level
of participation un niveau de participation très
élevé, un niveau d'éducation très
élevé, un niveau de contrôle de qualité très
bon et un niveau d'économie d'échelle. Ces avantages sont
spécifiques à ce type de programme qui est basé dans la
communauté. De plus, les emplois sont aussi dans la communauté.
Les sous-traitants, les...
Mme Marois: On parle... Ici, dans le document, vous dites
«un taux de réussite de 90 %». Si je comprends bien, c'est
ça, là, qui s'adresse, qui concerne ce quartier?
M. Edwards: Exactement. Et le chauffage à
l'électricité des bâtiments, c'est un problème
très important pour le Québec, parce que la contribution
principale pour la demande de pointe, dans l'hiver, est causée par le
chauffage à l'électricité et les coûts
évités pour Hydro-Québec sont beaucoup plus larges que les
moyens. Et c'est une opportunité qui n'est pas adressée
directement. Par exemple, il n'existe pas de centres d'excellence ici, au
Québec, sur les questions d'efficacité thermique des
bâtiments. C'est une occasion pour le Québec de devenir un leader
mondial dans ce type, parce que cette...
Mme Marois: Ça, c'est un modèle extrêmement
intéressant à envisager, mais ce que vous suggérez, c'est,
j'imagine, l'«opérationalisation» de ça. Vous
suggérez que ce soit détaché d'une
société comme Hydro et que ce soit confié à une
autre institution. Est-ce que vous suggérez que ce soit confié au
ministère, à l'Environnement et Énergie réunis, ou
c'est quoi, d'une façon précise, que vous voudriez proposer
à cet égard pour le rendre possible?
M. Edwards: Je pense que c'est nécessaire pour les
propriétaires de Hydro-Québec, qu'ils soient... finalement, pour
que la population du Québec donne la direction nouvelle à
Hydro-Québec, parce que HydroQuébec a donné...
historiquement, a le mandat de produire de l'électricité, de
construire des barrages et d'autres centrales pour l'approvisionnement en
électricité. Je pense que c'est nécessaire de repenser le
mandat d'Hy-dro-Québec, d'installer de nouvelles structures, de donner
une nouvelle direction et de consulter la population de Québec sur les
«désirabilités», the desirability. Well. Anyway.
Mme Marois: Le souhait ou la volonté.
L'acceptabilité, oui. (11 h 50)
M. Edwards: L'acceptabilité de ces nouvelles directions,
si oui ou non, O.K.? Mais je pense que si on prétend qu'il n'existe
aucune alternative, on est en train de se leurrer.
Mme Marois: C'est ça. Bon. Je veux vous dire aussi que je
partage le point de vue que vous défendez, de l'importance d'un
débat sur la question énergétique, et je vous remercie
d'ailleurs de nous proposer un modèle, parce que, hier, il est venu des
groupes, et je leur posais la question sur la façon dont ils
souhaitaient que ça se fasse, ce débat, et dans votre cas, je
pense que c'est très précis: l'enquête publique avec des
temps et tout ça. Bon, je pense qu'on peut, que ce soit ce
modèle-là ou un autre, c'est souhaitable qu'il y en ait et que
l'on procède le plus rapidement possible à cette
évaluation-là ou à ce débat-là au
Québec.
J'aimerais maintenant vous ramener sur le dernier scénario que
vous n'avez pas pu nous présenter. J'aimerais vous poser la question
dans le sens où: Vous imaginez quoi comme atteinte des objectifs
d'efficacité énergétique dans ce
scénario-là?
M. Edwards: Ce scénario-là représente
environ 75 % du potentiel économique pour l'économie
d'énergie identifié par Hydro-Québec...
Mme Marois: O.K. D'accord. Donc, c'est sur la base...
M. Edwards: ...avec le renouvellement du contrat de NEPOOL.
Mme Marois: C'est sur la base des chiffres fournis par
Hydro-Québec.
M. Edwards: Totalement. Exactement. Il n'existe aucun chiffre
dans ce graphique qui ne correspond pas au plan de développement
d'hydro-québec. les prévisions de demande sont là. aussi,
les estimations d'hydro-québec du potentiel économique pour la
gestion de la demande sont là, et nous supposons juste une plus large
cible, c'est-à-dire 75 % à la place du tiers, 33 %,
supposés par hydro-québec.
Mme Marois: Oui. C'est ça.
M. Edwards: Je suis très conscient que ce n'est pas une
tâche simple. C'est une tâche très difficile, très
formidable, mais c'est beaucoup mieux pour la société que juste
pour élargir la dette, pour construire de nouveaux barrages et pour
ignorer, essentiellement, beaucoup de villes et villages au Québec qui
ne réaliseront pas directement les bénéfices de ces
projets de construction. Mais ce programme d'investissement dans les villes,
dans les communautés, créera des emplois dans toute la province
et aussi créera «a feeling of well-being», un sentiment de
bien-être, un sentiment de «things are getting better».
Mme Marois: Une meilleure qualité de vie. M. Edwards:
Les choses s'amélioreraient.
Mme Marois: D'accord. Merci. Est-ce qu'il me reste du temps?
Le Président (M. Audet): Merci. Il vous reste une
minute.
Mme Marois: Je la prendrai tantôt.
Le Président (M. Audet): Ça va être difficile
de revenir.
Mme Marois: II me reste une minute seulement?
Le Président (M. Audet): Oui, c'est ça. Vous pouvez
y aller brièvement.
Mme Marois: Est-ce que vous avez fait des propositions
précises à Hydro-Québec non, sur votre
mémoire, ça va, je l'ai lu d'un couvert à l'autre et je
vais d'ailleurs aller chercher de l'information à laquelle vous faites
référence dans votre document mais est-ce que vous avez
fait des propositions précises à HydroQuébec
déjà, dans le cadre des consultations qu'elle a tenues et
auxquelles vous avez participé même si vous les critiquez
précises sur, par exemple, le développement de projets
communautaires dans des milieux, dans des villages ou dans des
régions?
M. Edwards: O.K. I think... Il y a quelques
problèmes.
Mme Marois: Vous pouvez y aller en anglais si vous êtes
plus confortable. Il n'y a pas de problèmes.
M. Edwards: O.K. There are some problems that Hydro-Québec
is facing. O.K. There are difficult problems. One of these problems is that it
is owned by the State, it is a state-owned operation. We were told by
Hydro-Québec representatives that they would have to, maybe, pursue an
expansion of the market even though it is not profitable for
Hydro-Québec, because of government policy. Now, they do not have...
Well, that is what we were told. And they also say it in the plan of
development, they say that if they do market expansion using
«énergivores», that it is going to be a loss for them, it is
going to be a loss for them. But, the point is that they do not have the... I
think there has to be a separation between Hydro-Québec and the
government of the day.
And one of the reasons we suggest a public debate, one of the reasons we
suggest a regulatory agency for Hydro-Québec and other things is so that
the population of Québec can begin to participate more directly in this
organization which really, ultimately, belongs to them. It is the population of
Québec which is going to have to face the debt and which is going to
have to face any mistakes which are made. Up till now, the government of the
day, whatever that government may be, has had the direction of
Hydro-Québec principally, but we feel that with these scales of
investments, tens of billions of dollars, and with these scales of
opportunities, in terms of what it means for Québec society, that there
needs to be mechanisms of direct involvement of people. I think that, if the
options are presented clearly, you know, and if the different financial
possibilities are presented such as «O.K. Does Hydro-Québec just
subsi-oize this or do they recover the debt by loans?» I think that, if
these things are presented to the population, then at least they have a basis
for deciding which direction to go in. I think the difficulty right now is
that, because we lack these opportunities for discussion and reflection,
therefore, we feel there is no alternative, we feel that there really are no
choices, that we must do just this one thing.
Mme Marois: D'accord, merci.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
À la page 12 de votre mémoire, vous parlez de
récupération et de mettre en place une commission d'enquête
spéciale, mandatée d'enquêter sur le recyclage de
l'aluminium. Alors, ma question aura deux volets. Dans un premier temps,
j'associerais aussi magnésium parce que c'est l'autre volet qui s'en
vient, énergivore. Vous ne croyez pas préférable que,
plutôt que de créer une commission, ça soit donné
comme mandat aux deux instituts de recherche, à l'heure actuelle, qui
chapeautent chacun de ces deux grands secteurs d'activité et leur
demander, à eux, de se pencher sur les alternatives de recyclage et de
réutilisation de l'aluminium, et j'ajouterais magnésium? Et, dans
un deuxième temps, d'une façon un peu plus globale, qu'on devrait
avoir en place, au Québec, un groupe d'experts qui se pencheraient pour
aider l'industrie de tout l'emballage, de planification à long terme, de
toute réutilisation de nouveaux produits qui seraient mis sur le
marché?
M. Edwards: O.K. Le problème, à mon avis, est que
les propriétaires des corporations d'aluminium, par exemple, ne sont pas
garants de la dette d'Hydro-Qué-bec. C'est le citoyen du Québec
qui garantit la dette d'Hydro-Québec. O.K.? Et je pense que la
difficulté pour le Québec est que, si le prix d'aluminium
continue à un niveau bas ou diminue plus que maintenant, ça
coûtera cher pour les citoyens du Québec.
Si, par exemple, juste hypothétiquement, quelques-unes de ces
alumineries sont fermées parce que le recyclage d'aluminium prend place
ailleurs, ça cause un surplus d'électricité qui,
peut-être, est difficile à vendre avec profit et ça cause
des difficultés pour financer la dette parce que le financement de la
dette est basé sur le fait que toute l'électricité est
vendue. «So», je pense que c'est un problème
spécifique, pas simplement pour l'industrie de l'aluminium c'est
un problème pour eux aussi mais c'est un problème pour la
société québécoise de considérer les
implications pour le Québec d'une telle éventualité.
M. St-Roch: Une autre question, un autre groupe parce que,
lorsqu'on regarde la grande problématique de tous les secteurs
énergétiques et je vais m'adresser à la
filière nucléaire...
M. Edwards: Ah oui!
M. St-Roch: ...ils sont venus nous dire que, dans le plan
d'Hydro-Québec, on parlait de quatre réacteurs, si ma
mémoire est fidèle, de 3200 MW de possibilité, mais le
secteur nucléaire est venu nous dire qu'on devrait continuer d'aller de
l'avant avec au moins un réacteur, qui semble alentour de 600 MW,
à ce moment-ci, pour qu'on soit capables de garder la technologie et
l'avance technologique qu'on a et d'encourager surtout les jeunes de chez nous
à poursuivre leurs études dans cette filière qui est
nucléaire. Alors, dans votre mémoire, je sais qu'à la page
13 vous mettez un peu un temps d'arrêt...
M. Edwards: Oui.
(12 heures)
M. St-Roch: ...mais est-ce que vous ne croyez pas qu'on devrait
suivre cette hypothèse-là, de dire: Allons pour garder la somme
de technologie accumulée?
M. Edwards: O.K. Je pense que le problème est que, si
c'était possible, juste pour faire fonctionner le réacteur
Gentilly-2 sans investissement additionnel, c'est une chose. Mais, maintenant,
pour continuer à maintenir l'expertise nucléaire par le
fonctionnement de Gentilly-2, c'est nécessaire de dépenser des
centaines de millions de dollars et, peut-être, jusqu'à 1 000 000
000 $. Pour
maintenir cette expertise, c'est très cher!
Il y a d'autres opportunités. Par exemple, si on ferme
Gentilly-2, il reste la question du démantèlement de la structure
radioactive de Gentilly-1. Ce réacteur, Gentilly-1, est fermé et
c'est la propriété du gouvernement du Canada. C'est possible pour
Québec de demander au gouvernement du Canada de l'assister à
démanteler, à financer, peut-être coopérativement,
le démantèlement du réacteur Gentilly-1, parce que c'est
une technologie qui a des marchés à l'extérieur; parce
que, maintenant, il n'y a aucun exemple d'un réacteur d'un pouvoir de
cette grandeur qui a été totalement démantelé.
Ça nécessite des développements de robotique, des
techniques de suppression de poussières radioactives, etc, etc. Ces
technologies sont «marketable»...
Une voix: II y a des possibilités.
M. Edwards: ...sont exportables. C'est une opportunité de
maintenir et... En même temps, on court le risque de garder ces
déchets hautement radioactifs qui coûtent... Un dépotoir,
juste un dépotoir pour les déchets hautement radioactifs
coûte au moins 1 000 000 000 $. O.K.? Le plus longtemps le Québec
garde ces déchets ici au Québec, le plus il devient probable
que... «they are going to be stuck with the problem». À quel
point Hydro-Québec se débarrasse, «gets rid of this
waste»? Do they know where this waste is going to go? Do they know that
anybody wants to accept this waste anywhere? Do they have any
«assurance» that anybody is going to accept this waste? If they do,
let us find out. If they don't, let's start looking into it. Let's start
getting some guarantees, let's start finding out how Québec is going to
actually get rid of this highly radioactive waste, because it is going to be
very expensive. And, right now, we face the prospect it is very possible that,
ten years from now, there will be no nuclear industry in Canada.
Le Président (M. Audet): Merci.
Malheureusement, je dois mettre fin à la discussion. Alors, je
vous remercie beaucoup, mesdames et messieurs, de votre
présentation.
Nous allons suspendre deux minutes afin de permettre à
l'Association de la construction du Québec de prendre place.
(Suspension de la séance à 12 h 3)
(Reprise à 12 h 7)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous reprenons nos travaux. Je vais maintenant souhaiter, au nom
des membres de la commission, la plus cordiale bienvenue à l'Association
de la construction du Québec.
Messieurs, bienvenue chez nous. Je vous rappelle brièvement nos
règles de procédure: vous disposez d'une vingtaine de minutes
pour nous présenter votre exposé, et je vous inviterais, avant de
débuter votre présentation, à vous présenter, ce
qui est très important pour le Journal des débats.
Ensuite, suivra une période d'échanges d'une quarantaine de
minutes. Allez-y.
Association de la construction du Québec
(ACQ)
M. Lafontaine (René): Merci, M. le Président.
Je voudrais d'abord vous présenter, à ma gauche, M.
Jacques Roy, directeur de l'ingénierie chez Lambert Somec; à mon
extrême droite, Me Jean Ratté, directeur des services juridiques
à l'Association de la construction du Québec; M. Jean Cormier,
vice-président principal Groupe de construction National State Inc.; Me
Michel Paré, directeur général de l'Association; et
moi-même, René Lafontaine, président de l'ACQ.
M. le Président, distingués membres de cette commission,
l'Association de la construction du Québec tient d'abord à
remercier les membres de cette commission de lui permettre d'exprimer son point
de vue sur la propositon de plan de développement d'Hydro-Québec.
Mais, avant d'aller plus loin, je laisserais Me Paré vous faire la
présentation de notre mémoire. Merci.
M. Paré (Michel): M. le Président,
distingués membres, vous avez reçu le mémoire au
début du mois de février. Vous avez une présentation de
l'Association de la construction du Québec dans les premières
pages, on ne la reprendra pas. Notre mémoire se limite aux
retombées économiques pour l'industrie de la construction
vous avez dû le remarquer et on se prononce en faveur du plan de
développement concernant le scénario 5 d'Hydro-Québec,
parce qu'Hydro-Québec contribue au développement
économique du Québec de plusieurs façons; par ses
activités d'entretien de ses installations, elle soutient de nombreux
emplois.
Pour nous, les retombées économiques
générées par les activités d'Hydro-Québec
sont importantes puisque les emplois soutenus par la filière
hydroélectrique se retrouvent principalement dans notre industrie.
À nos yeux, il s'agit là d'une caractéristique
fondamentale de cette option. Elle est d'autant plus importante que l'industrie
de la construction au Québec, en dépit de son volume
d'activité économique qui dépasse 23 000 000 000 $, soit
près de 15 % du PIB, demeure une industrie qui est quand même
fragile, sensible à toute perturbation.
Alors, le plan de développement d'Hydro-Québec,
après avoir étudié diverses combinaisons d'options en
matière d'offres, propose 5 options de développement des
marchés sur une période de 1996 à 2010. L'Association de
la construction du Québec a retenu la dernière combinaison, la
ID, qui propose le développement des électrotechnologies, 180 MWh
de développement industriel, et 1500 d'exportation, qui permettrait de
créer 531 000 emplois par un investissement de 50 000 000 000 $, soit 38
000 emplois de plus que la combinaison 1C et 75 000 emplois
(années-personnes) de plus que la combinaison 1, sans
développement de marché. Si la combinaison ID, qui nous
apparaît comme
la meilleure, était retenue, la prévision d'apport
à l'emploi dans les seuls secteurs de l'ingénierie et de la
construction est d'environ 135 000 années-personnes, dont plus de 116
000 emplois directs. (12 h 10) pour l'industrie de la construction, cela
représente environ 8000 emplois par année pour toute la
période 1996-2010, soit une réduction approximative de 20 % du
nombre des quelque 40 000 travailleurs de la construction qui sont sans emploi
actuellement, toutes disciplines confondues. même si nous savons que les
retombées économiques de ces activités dépendront
de l'ampleur de l'effort consenti et du type de mesures adoptées, il
n'en demeure pas moins que, mesurées en années-personnes, il
s'agit là de retombées importantes pour l'industrie de la
construction.
Cette injection en emplois directs et indirects aurait incontestablement
un effet bénéfique sur la santé de notre industrie dont le
taux de chômage pourrait ainsi connaître une diminution
significative. En d'autres termes, au cours de ces 15 années, notre taux
de chômage diminuerait de 10 points, soit de 55 % qu'il est en ce moment
à environ 45 %. De plus, et c'est là un aspect non
négligeable, les retombées fiscales de cette combinaison
pourraient atteindre 535 000 000 $ de 1996 à 2010.
Rappelons que l'industrie de la construction réagit fortement aux
variations de l'offre et de la demande. L'instabilité du niveau des
activités se traduit inévitablement par l'instabilité du
nombre d'emplois qui en découlent. En effet, l'une des causes de cette
instabilité dans l'industrie est directement reliée aux effets
cycliques des travaux de construction et, particulièrement, aux
attitudes procycliques de la construction publique qui ne font qu'amplifier les
problèmes d'instabilité.
Dans le même ordre d'idées, nous pensons que la
planification des travaux aura comme résultat la stabilisation des
cycles économiques de la construction. Il est donc
d'intérêt social autant qu'économique de poursuivre une
démarche dans ce sens, et que tenter de planifier les activités
de la construction demeure une solution qu'on ne peut ignorer, dans la mesure
du possible et en autant que le risque des conséquences puisse
être calculable de façon réaliste.
En conséquence, toute mesure prise par HydroQuébec qui
aurait pour conséquence la réduction de l'instabilité des
activités dans notre industrie ne peut être que favorablement
accueillie par l'ACQ. D'autre part, Hydro-Québec entend et c'est
là l'une des orientations contenues dans sa proposition favoriser
le développement économique régional. Le plan de
développement proposé par Hydro précise qu'elle entend
continuer de mettre à la disposition des collectivités
touchées par des projets de centrales ou de lignes de transport des
crédits destinés à des initiatives de mise en valeur de
l'environnement et représentant entre 1 % et 2 % de ces projets.
En plus, cette somme d'argent pourrait être investie dans un
projet favorisant la relance économique régionale, et, par
ricochet, l'industrie de la construction, ce à quoi l'ACQ applaudit.
À ce propos, l'ACQ entend être étroitement associée
à la consultation qu'Hydro-Québec tiendra au cours des prochains
jours. La philosophie qui sous-tend le plan de développement
d'Hydro-Québec veut qu'il y ait équilibre entre l'offre et la
demande et que, par une planification améliorée, tout soit mis en
oeuvre pour y parvenir.
Nous souhaitons que les moyens qui seront mis en oeuvre par Hydro pour
soutenir ses fournisseurs québécois iront dans le même
sens. L'un des moyens d'éviter que le coût total de construction
d'une centrale hydroélectrique ou d'une usine de
cogénération ne grimpe en flèche consiste à
s'assurer que tout le processus d'exécution des travaux soit fait dans
une démarche de qualité. À titre d'exemple, lorsque les
travaux prévus pour l'été sont effectués en hiver,
les coûts s'en trouvent automatiquement augmentés.
Pour bon nombre d'entreprises de construction, les délais indus
dans la mise en chantier compromettent leur propre plan de développement
et ajoutent à l'instabilité de l'entreprise. En ce sens, nous
croyons que toutes les mesures que prendra Hydro-Québec pour obtenir, au
préalable, les nombreuses autorisations requises à la mise en
chantier des centrales hydroélectriques ou d'autres projets de
production auront un effet stabilisateur sur l'industrie.
Elles lui permettront également une meilleure planification de
l'ensemble de ses activités et faciliteront ses choix
stratégiques. La société d'État nous fournit donc
un excellent exemple qu'on peut procéder à la planification
publique et parapublique de travaux de construction en réduisant les
délais d'intervention étatique, tout en constituant une
importante réserve de projets de construction prêts à
être lancés. Alors, on applaudit et on appuie cette initiative
d'Hydro.
Tenir compte de l'évolution réelle des besoins
hydroélectriques et ajuster la production en conséquence,
négocier des ententes avec les populations locales et les
communautés concernées et obtenir les autorisations de toutes
natures nécessaires à la mise en chantier pour toutes les
centrales hydroélectriques de moyenne et grande envergure
même si seulement certaines d'entre elles devaient être
effectivement construites pour répondre à la demande sont
quand même des mesures auxquelles nous souscrivons d'emblée.
Même si la filière hydroélectrique semble moins
avantageuse du point de vue des délais d'autorisation et de
construction, la flexibilité ainsi acquise permettrait à Hydro
d'arrêter des échéanciers qui n'auraient pas à
être constamment révisés. Elle favoriserait, en outre,
l'atteinte de l'un de nos objectifs, qui consiste à faire échec
à l'instabilité qui ralentit sérieusement le
développement de notre secteur d'activité.
Au sujet des négociations et consultations avec les populations
locales, disons qu'à l'instar d'Hydro-Québec nous souhaitons que
l'on en vienne à des règlements politiques d'ensemble qui
assureraient à toutes les parties en présence la
réalisation de leurs aspirations et la poursuite harmonieuse de leur
développement, et cela, dans toutes les régions du Québec.
De tels règlements
faciliteraient incontestablement la tâche de nos entrepreneurs qui
consacrent des sommes d'argent importantes à divers travaux
préalables à la présentation de leurs soumissions, et qui
doivent reprendre celles-ci à la suite de problèmes à
caractère politique.
Alors, l'ACQ est d'accord en ce qui concerne les programmes actuels
d'efficacité énergétique, on est d'accord avec les
programmes actuels, car ils favorisent une rationalisation de la consommation
énergétique des Québécois et ça, c'est pour
les bâtiments existants et tout nouveau bâtiment, afin qu'ils
atteignent leur niveau optimal d'efficacité
énergétique.
En ce qui concerne la recherche et le développement, il y a
quelques-unes des orientations qui sont contenues au plan de
développement proposé par Hydro qui portent sur la recherche, le
développement, de même que sur le maillage avec les industries,
les universités et les centres de recherche. L'industrie de la
construction partage le point de vue d'Hydro-Québec sur l'augmentation
à 2 % de son chiffre d'affaires annuel à la recherche et au
développement. À l'instar d'Hydro-Québec, notre industrie
entend augmenter son investissement dans ce domaine où nous accusons du
retard. Alors, vous avez pu constater que l'on revendique à nouveau le 1
% sur les travaux de construction pour effectuer la recherche et le
développement dans l'industrie de la construction.
Au chapitre de la qualité totale, nous reconnaissons les efforts
d'Hydro-Québec pour l'implantation d'un programme de la qualité
dans son organisation. Son programme Défi performance démontre la
volonté d'Hydro-Québec d'augmenter la qualité de son
organisation. L'ACQ est également engagée dans le
développement d'une démarche qualité pour la construction
basée sur les normes ISO 9000, en collaboration, entre autres, avec
Hydro-Québec. L'implantation de cette démarche permettra à
l'entreprise de construction d'être plus efficace et plus rentable, en
plus de fournir aux clients un produit de meilleure qualité.
L'Association a déjà consacré, donc, beaucoup d'efforts
dans ce domaine, et elle entend les poursuivre.
Nous sommes donc tout à fait d'accord avec l'orientation
qu'Hydro-Québec entend prendre pour atteindre la qualité totale.
Cet objectif doit se traduire par la mise en place de mesures concrètes
et une définition claire des procédures d'assurance de la
qualité. D'ailleurs, en ce qui a trait à la démarche
qualité, nous sommes en relation constante avec Hydro, comme je le
mentionnais précédemment.
En conclusion, M. le Président, pour l'ACQ, cette première
proposition du plan de développement triennal, en plus d'être le
résultat d'un processus d'analyse et de consultation large et rigoureux,
a le mérite d'être claire quant aux objectifs poursuivis et aux
moyens de les atteindre. Il vient préciser une dimension qui, pour nous,
est fondamentale, celle des retombées économiques des
activités d'Hydro-Québec. Ce plan revêt donc une importance
d'autant plus grande que notre industrie est aux prises avec un problème
de taille en ce qui concerne l'instabilité. En dépit du fait que
notre chiffre d'affaires est important et que plus de 200 000 personnes
occupent un emploi direct ou indirect relié à notre industrie,
nous sommes quand même une industrie fragile. nous en voulons pour preuve
le fait que le nombre d'heures travaillées en 1992 est tombé sous
la barre des 72 000 000. il y a trois ans à peine, notre bilan à
ce chapitre dépassait les 117 000 000. le taux de chômage dans
notre industrie est actuellement de l'ordre de 55 % ou environ. pour
l'année 1993, la commission de la construction du québec estime
à 68 000 000 le nombre d'heures qui pourraient être
travaillées. c'est dire à quel point les effets de la
récession, combinés, il faut bien le dire, à d'autres
facteurs, comme la réglementation ou le travail au noir, compromettent
notre développement et l'apport de notre industrie à la
santé économique du québec.
Pour l'ACQ, donc, il est temps de mettre un terme aux études qui
ne sont que des vérifications d'autres études et de retrouver une
juste perspective qui nous permettra de s'inquiéter de l'aspect
socio-économique de notre développement hydroélectrique.
Nous appuyons donc la proposition de plan de développement
d'Hydro-Québec, et nous enjoignons les membres de cette commission et le
gouvernement d'y souscrire.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci beaucoup.
Je vais maintenant reconnaître Mme la ministre de l'Énergie
et des Ressources. (12 h 20)
Mme Bacon: Alors, M. Lafontaine, MM., je voudrais vous remercier
de participer aux travaux de notre commission et de nous apporter un
éclairage sur des aspects qui sont des aspects très concrets de
la réalisation des projets hydroélectriques
d'Hydro-Québec.
Dans votre mémoire, vous affirmez que l'un des moyens
d'éviter que les coûts de construction n'augmentent en
flèche consisterait à s'assurer que tout le processus
d'exécution des travaux soit fait dans une démarche de
qualité totale. Est-ce que vous pouvez préciser en quoi
consisterait cette démarche de qualité totale pour les principaux
intervenants, dans la réalisation, là, d'un projet majeur, par
exemple?
M. Paré (Michel): En fait, la philosophie de
qualité totale et les normes que l'on a au niveau de la qualité
actuellement, ça nous vient du secteur manufacturier. Les donneurs
d'ouvrage publics et certains donneurs d'ouvrage privés tentent
d'implanter les mêmes normes à l'industrie de la construction, des
normes, donc, du secteur manufacturier. Ce sont des normes qui sont
inapplicables dans le contexte de travail en chantier parce qu'il y a plusieurs
intervenants. Il y a le propriétaire, les architectes, les
ingénieurs, l'entrepreneur général, l'entrepreneur
spécialisé, et une multitude. Il faut travailler en nouveau
partenariat avec des normes qui correspondent à l'industrie.
Nous sommes, avec d'autres donneurs d'ouvrage privés et publics
dans les publics il y a, entre autres, la ville de Montréal
avec des ingénieurs, avec des
architectes et avec des constructeurs, à étudier les
démarches, les normes de qualité qui pourraient être
implantées dans l'industrie de la construction. Il y a
différentes normes, entre autres, la Z 299, c'est technique, et la ISO
9000. C'est de les adapter à l'industrie de la construction. Les gens
d'Hydro-Québec savent, à l'heure actuelle, qu'en exigeant la
norme telle qu'appliquée dans le secteur manufacturier la
totalité des entreprises de construction au Québec sont
incapables d'y souscrire. Ça amène une nouvelle philosophie, il y
a de nouvelles normes. Il faut les adapter, elles ne sont pas adaptées.
Alors, nous travaillons en ce sens-là avec le Centre de recherche
industriel du Québec, entre autres, et nous sommes en mission, à
la fin du mois, en Europe, pour produire, au cours de l'automne, le guide de
construction au Québec sur les normes de qualité et implanter une
nouvelle philosophie et un nouveau partenariat avec les entreprises qui le
voudront bien.
Mme Bacon: D'accord.
M. Paré (Michel): Hydro-Québec, à ce
niveau-là, avec l'ACQ, fait preuve de grande ouverture et de leadership
avec nous.
Mme Bacon: L'ACQ se montre favorable à la proposition
d'Hydro-Québec de construire une réserve de projets, des projets
autorisés là, pour faciliter la planification et la
réalisation des travaux. En quoi cette constitution d'une réserve
de projets autorisés par Hydro-Québec serait-elle avantageuse
pour l'industrie de la construction?
M. Paré (Michel): En fait, nous avons même joint un
editorial du président en annexe, des entrepreneurs qui étaient
pris entre deux barrages...
Mme Bacon: Nous l'avons lu.
M. Paré (Michel): ...et également, ce qui arrive
c'est qu'en période de forte croissance l'industrie de la construction
va bien; en période d'investissements et généralement, il
y a aussi beaucoup d'investissements qui se font dans le domaine public, de
sorte que, au moment où les entreprises de construction ont beaucoup de
travail sur la planche, les travailleurs de l'industrie sont occupés, il
y a une pointe de demande de travaux de construction et tout tombe en
même temps dans une récession. Il y aurait possibilité,
croyons-nous, avec une meilleure planification... Il y a des besoins, dans le
domaine des infrastructures municipales, dans le domaine de
l'hydroélectricité, dans d'autres secteurs: écoles,
hôpitaux... On ne dit pas de tous les construire dans la même
année, mais de prévoir, avec les études, et là, de
prévoir les plans et devis, d'avoir les autorisations préalables
et les sortir en cas de besoin et non pas, au moment où on est en
récession, de commencer à faire des études, aller chercher
les autorisations et commencer le projet. Lorsqu'on commence le projet, la
récession est terminée. Et cette idée-là, nous
l'avions à l'ACQ, elle a été reprise à
l'intérieur d'un congrès de l'Association de la construction, il
y a déjà quelques années, et on ne l'avait pas mise en
annexe, mais si vous me permettez de vous citer quand même, si c'est
possible, de citer le chef de l'Opposition à l'époque, M.
Parizeau: «En ce qui a trait aux grands projets, il est plus que temps de
mettre en chantier des travaux comme les barrages hydroélectriques,
même s'ils n'auront certes pas l'envergure d'une Baie James.» Mais
pour atténuer encore plus les désagréments d'une
récession, M. Parizeau propose une réserve de grands projets pour
lesquels les plans et devis seraient prêts deux ou trois ans à
l'avance. Il suffirait alors d'aller en appel d'offres pour déclencher
ces travaux en très peu de temps. Le chef péquiste estime qu'il
serait facile de planifier et de prévoir la construction, par exemple,
de foyers d'accueil, d'équipements culturels, d'un centre scientifique
de la technologie à Montréal, des projets de construction et des
réparations de routes, etc.
Trop souvent la récession est passée avant que le
gouvernement mette ses projets en place. Il y a trop de placotage.
L'État a ses responsabilités et doit regarder un peu plus loin
que son nez. Alors, nous souscrivons d'emblée aux propos du chef de
l'Opposition.
Mme Bacon: Je ne pensais pas donner mon temps à M.
Parizeau ce matin, mais je vais revenir avec une autre question.
Votre mémoire nous apprend que l'ACQ s'est engagée
à collaborer avec Hydro-Québec pour développer une
série de cours sur l'efficacité énergétique
à l'intention des entrepreneurs. Moi, j'aimerais ça que vous
élaboriez davantage sur le genre de collaboration que vous avez avec
Hydro-Québec.
M. Paré (Michel): Hydro-Québec, dans le cadre
d'autres programmes, a mis des programmes d'efficacité
énergétique sur pied avec des entrepreneurs, prenant pour acquis
que les entrepreneurs qui étaient détenteurs de la licence
requise auprès de la Régie du bâtiment du Québec
avaient toutes les qualités pour effectuer le travail
conformément aux normes. Ces projets n'ont pas eu les résultats
escomptés au niveau de la qualité du travail fourni je ne
parle pas au niveau de la publicité dans le public mais, au
niveau de la qualité du travail fourni, ça s'est
avéré plus ou moins fiable.
Fortes de cette expérience-là, Hydro-Québec et
l'Association de la construction du Québec sont en train de mettre sur
pied des programmes types d'études pour les entrepreneurs de
construction, les entreprises, leur personnel, de manière à
savoir quelles normes doivent être respectées pour que tels
travaux soient énergétique-ment efficaces. Ce sont vraiment des
cours de formation. Nous avec les entrepreneurs, Hydro-Québec avec ses
normes, on marie tout ça et on forme les entrepreneurs pour effectuer
tels types de travaux avec lesquels on devra les qualifier par la suite et
assurer la qualité de ces travaux. C'est vraiment au niveau de la
qualité des travaux effectués par les entreprises.
Mme Bacon: À l'ACQ, vous êtes bien au fait des
retombées économiques considérables qui sont
associées, évidemment, à la réalisation des projets
hydroélectriques. Et j'ai remarqué, toutefois, que vous ne
traitez des retombées économiques régionales que dans le
cadre des crédits qui sont consentis par Hydro-Québec à
des initiatives de mise en valeur de l'environnement. Est-ce
qu'Hydro-Québec devrait favoriser les entreprises régionales dans
l'adjudication de certains de ses contrats de construction?
M. Paré (Michel): Les règles dans l'industrie de la
construction font en sorte qu'au niveau de la main-d'oeuvre il y a d'abord le
bassin régional. Au niveau de l'entreprise, tout détenteur d'une
licence de construction au Québec, comme entreprise, a le droit
d'oeuvrer sur tout le territoire du Québec. On voudrait maintenir encore
cette règle-là. Sauf que, au niveau des travailleurs, il y a des
règles que les entreprises doivent respecter et qui ont une
préférence au niveau du bassin régional, une main-d'oeuvre
régionale. Donc, il y a des impacts.
Mme Bacon: C'est par rapport à la main-d'oeuvre et non aux
entreprises.
M. Paré (Michel): Et non aux entreprises.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
Tout d'abord, pour partir de la question de la ministre, il y a des gens
qui sont venus nous dire qu'Hydro devrait scinder ses contrats en des
sous-contrats plus petits pour permettre précisément à des
entrepreneurs québécois et même régionaux... Vous
savez, si on présente un contrat de 300 000 000 $ ou de 200 000 000 $,
il y a peu d'entrepreneurs qui ont la possibilité de soumissionner pour
Hydro-Québec. Et c'est un peu le sens de la question de madame. Vous
dites que les employés peuvent se promener, eux. C'est vrai. Mais les
entrepreneurs québécois peuvent être écartés
de la maîtrise d'oeuvre purement et simplement parce qu'on
présente toujours des contrats faramineux auxquels n'ont pas
accès une très large portion de vos membres.
M. Paré (Michel): Vous avez tout à fait raison.
D'ailleurs je n'avais pas vraiment compris la question dans ce
sens-là, je m'en excuse on fait régulièrement des
représentations pour que des gros travaux d'importance soient
scindés pour permettre aux entreprises de la région...
M. Chevrette: Je prends, par exemple, une route.
M. Paré (Michel): Maintenant, il y a quand même
des... Également, le même phénomène pour que ce
soient des entreprises québécoises. Les grands pro- jets,
généralement, se font souvent en «joint venture» pour
permettre, le plus possible, l'utilisation de l'expertise d'ici.
M. Chevrette: Je pense que ça c'est réclamé
à juste titre. D'autant plus que, entre vous et moi, les soumissions de
départ ne veulent quasiment plus rien dire, quand on y pense.
M. Paré (Michel): C'est un autre débat. Ha, ha,
ha!
M. Chevrette: Quand on regarde ça concrètement,
là...
M. Paré (Michel): Par le biais... (12 h 30)
M. Chevrette: ...on arrive avec des contrats faramineux, des
soumissions faramineuses, puis on est obligé d'aller en «joint
venture», comme vous dites. Puis, en bout de course, là, ce n'est
même pas le prix de départ. Il y a toutes sortes de... Comment on
appelle ça, là? Des correctifs au contrat, mais, de toute nature,
la friabilité du roc... J'ai regardé ça. C'est parce que
c'est drôle. J'ai même étudié tout le
règlement de Po-merleau, par exemple, à la Baie James, avec la
compagnie française, là. Toutes les réclamations qu'il y
a, à la suite d'un contrat, d'une soumission publique, je vous avoue que
ça fait des... Juste les extras constituent un contrat! 56 000 000 $, 60
000 000 $, des réclamations de 14 000 000 $, 15 000 000 $, 20 000 000 $
par la suite.
Moi, je pense que quand on... Dans la mesure du possible, effectivement,
Hydro-Québec rendrait service à l'industrie de la construction du
Québec de scinder des contrats bien spécifiques, à partir
des plans et devis. Je pense qu'il y aurait possibilité de faire
ça, de permettre à des entrepreneurs québécois
d'acquérir une expertise fort valable.
Quand on pense surtout au niveau des routes, entre vous et moi, ce n'est
pas nécessaire de donner 300 kilomètres de route au même;
on pourrait très bien scinder en tronçons, puis ça se
réalise très bien, peut-être avec autant
d'efficacité, sinon plus, et puis il y a une certaine
compétitivité qui aurait lieu, je pense, qui serait bonne, et
ça ne change absolument rien au niveau des travailleurs, ça.
Ça n'affecte en rien. C'est le même nombre d'emplois. Et je pense
qu'on pourrait peut-être, au niveau de la compétitivité,
éviter la surenchère des coûts, parce qu'on règle,
avec un entrepreneur, entre vous et moi, alors que dans de petits contrats,
bien souvent, il y a beaucoup moins de problèmes de toutes natures, y
compris des problèmes de relations de travail, en plus. Donc, moi, je
suis d'avis qu'on devrait travailler dans ce sens-là.
Vous faites une allusion au travail au noir. Je regardais les chiffres
que vous citez sur tous les bienfaits d'une retombée
d'Hydro-Québec avec des barrages ou des travaux d'envergure et mes
chiffres à moins que je me trompe le travail au noir
équivaut à peu
près à ce qu'Hydro-Québec pourrait mettre en
chantier, selon vos propres statistiques. Est-ce que vous avez des discussions
encourageantes pour contrer le travail au noir, présentement?
M. Paré (Michel): Nous avons d'excellentes suggestions. Il
suffit simplement de nous écouter!
Pour le travail au noir, nous avons déjà proposé,
à plusieurs reprises, par le biais de la fiscalité... Le travail
au noir est surtout concentré dans le secteur résidentiel; au
niveau du secteur résidentiel, encore plus concentré dans le
domaine de la rénovation résidentielle. Le domaine de la
rénovation résidentielle a été
déréglementé en partie, en 1988, avec le projet de loi 31,
à l'époque où on disait que les travaux de
rénovation étaient exclus du décret pour le domaine
résidentiel, sauf quelques spécialités, et on a dit,
à cette époque-là, que ce n'était pas un correctif.
Aujourd'hui, le travail dans le secteur rénovation se fait à des
taux complètement différents de celui du décret et,
encore, c'est du travail illégal, non déclaré, comme on le
disait à l'époque. Et le phénomène a pris plus
d'ampleur. dans le domaine du secteur résidentiel neuf, il y a encore du
travail au noir. nous disons, nous, qu'il ne faut pas sortir le secteur de
l'habitation du domaine de l'industrie de la construction, au contraire. il
faut reconnaître que tous les travaux de construction sont faits par les
entreprises qualifiées et des travailleurs qualifiés. en
contrepartie, pour amoindrir les coûts il faut savoir, cependant,
que tes coûts de main-d'oeuvre dans le domaine de l'habitation
résidentielle, c'est environ 30 % du coût de la maison. les
coûts de matériaux, le bois ont augmenté en flèche
au cours des dernières semaines. ce ne sont pas les entrepreneurs qui
mettent plus d'argent dans leurs poches, là. les coûts de terrain,
les infrastructures, etc., vous le savez plus que moi. or, il y a la nouvelle
technologie, le nombre d'heures pour construire une maison a diminué.
alors, la masse sala-rïaie est à peu près 30 %. alors, on se
dit: si on veut réduire un peu les... si on veut faciliter
l'accès à l'habitation, si on veut récupérer les
sommes d'argent qui se perdent pour toute la société au niveau du
travail au noir, on se doit d'y aller par le biais de la fiscalité, un
crédit d'impôt, un retour, etc. ça, ce sont des
démarches qu'on a entreprises, des suggestions qu'on a eu l'occasion de
faire à plusieurs reprises.
En ce qui concerne... Tout à l'heure, vous avez ouvert la porte
au niveau des soumissions, les addenda, les corrections, la manière dont
les contrats se donnent. C'est mal parti! Nous avons, au cours de
l'année 1990, déposé un rapport au comité Bernard
qui était chargé d'étudier le processus d'octroi des
contrats. Il faut simplifier. Il faut alléger. Il faut avoir des
documents de soumission complets. Les entreprises soumissionnent sur des
soumissions incomplètes, ce qu'on appelle le «fast track».
Ce sont des dessins. Les entreprises soumissionnent des millions et des
millions de dollars, elles n'ont même pas d'horaire de travail, elles
sont responsables d'une multitude de choses qui leur échappent
complètement. Alors, il y a vraiment un nettoyage à faire et,
également, on accorde actuellement les contrats sur la base du prix, le
plus bas soumissionnaire, en sachant, parfois, que l'entreprise, pour les
petits contrats parce qu'il y a plusieurs entreprises qui peuvent
soumissionner et n'ont pas toutes les qualifications on donne le contrat
au plus bas soumissionnaire, uniquement sur le prix, en sachant qu'il n'aura
pas les aptitudes à réaliser ce contrat-là. Dans les
grands projets, il y a une élimination naturelle qui se fait, il y a
vraiment une spécialisation, c'est hors de portée, c'est moins
grave. C'est la raison pour laquelle on travaille sur le dossier de
qualité, qui est en même temps un critère de qualification
pour tels types de contrats et tels types de travaux. Mais tout ce
processus-là, toutes ces études-là, on a
déjà, dans le cadre du comité Bernard, on a eu l'occasion
de les présenter.
M. Chevrette: Quand on lit votre rapport, on a l'impression...
L'impression qui s'en dégage, en tout cas, c'est que vous êtes
d'accord avec du développement à Hydro-Québec, etc. Il y a
des gens qui sont venus nous dire ici qu'il y aurait autant d'emplois, sinon
plus, dans des programmes d'efficacité énergétique, dans
le domaine de la construction, dans le domaine du travail en
général, des emplois créés en
général. Est-ce que vous partagez ce point de vue?
M. Paré (Michel): Nous, on a pris le plan de
développement... On est impliqués avec Hydro-Québec dans
des dossiers d'efficacité énergétique au niveau de la
formation. On a des entreprises le plan de développement
d'Hydro-Québec réfère, entre autres, à
l'efficacité énergétique il y a des entreprises,
chez nous, qui travaillent dans le domaine de la cogénération, le
plan d'Hydro-Québec y réfère. Il y a des entreprises qui
travaillent dans le domaine du barrage, etc., et le plan d'Hydro-Québec
y réfère. Nous n'avons pas fait de choix, et ce n'était
pas là l'objet de notre présence aujourd'hui. Est-ce qu'on
devrait faire des barrages plus que des éoliennes? Est-ce qu'on devrait
faire de la cogénération plus que de l'efficacité
énergétique? Le programme, que l'on a fait un peu de tout, est
basé, selon nous, sur des chiffres qui sont raisonnables, et on appuie
le dernier plan qui a les retombées économiques les plus
importantes pour notre secteur d'activité. Maintenant. ..
M. Chevrette: Croyez-vous...
M. Paré (Michel): ...s'il y a des travaux qui ne sont pas
nécessaires, on ne demandera pas à effectuer les travaux qui ne
sont pas nécessaires. On ne demande pas des programmes de subventions
indirectes par des octrois ou par la mise en chantier de bâtiments ou
d'ouvrages non essentiels, non nécessaires, non utiles. On a pris le
programme qui affectait le plus l'ensemble de notre secteur
d'activité.
M. Lafontaine: En somme, on ne dit pas de construire des
barrages, mais on dit: Si on vient à avoir
besoin de barrages, d'être prêts, d'avoir une planification
à long terme pour construire ce dont on a besoin.
Je voudrais peut-être rajouter une petite réponse. Lorsque
vous avez parlé de fragmentation des contrats et ainsi de suite, des
gros contrats, des gros extras, des grosses revendications... C'est sûr
que la fragmentation des contrats va diminuer le montant des revendications
prises une à une, mais sur l'ensemble, ça va rester avec les
mêmes parce que le tout doit être fait dans une démarche de
qualité totale. Si on a une démarche de qualité totale
dans la construction, ça part de la préparation des plans, des
études et tout ça. Si tout est fait dans une telle
démarche, automatiquement, lorsque l'entrepreneur arrive avec son prix,
pratiquement tout est prévu; alors, ça diminue le coût des
extras, comme on appelle.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Gatineau.
M. Lafrenière: Quel est l'état actuel de la
recherche et du développement dans les entreprises que votre organisme
représente?
M. Paré (michel): très faible, catastrophique-ment
faible, c'est inacceptable! il y a dans le domaine de la recherche et
développement... on parle d'environ 0,2 % de recherche et
développement dans l'industrie de la construction au canada, alors que
la moyenne pour les autres secteurs, selon les données que nous avions,
est de 1,5 %. nous réclamons, nous, depuis déjà quelques
années, une politique de 1 % sur le montant total des travaux qui
pourrait être accordé à un organisme qui va coordonner la
recherche. nous faisons ça parce que, sur le plan recherche et
développement, nos entreprises, 85 % des entreprises de construction au
québec ont moins de cinq travailleurs qui ne travaillent pas toute
l'année, dont la femme, l'épouse, etc., des enfants travaillent
dans l'administration. alors, on est dans un secteur de très,
très petites entreprises. il s'en fait, de la recherche, dans certains
centres de recherche industrielle, universitaire, etc. c'est tellement
fragmenté, c'est tellement diversifié que, pour la petite
entreprise, ce qu'on appelle l'entrepreneur avec le marteau sur la fesse, il
n'a pas le temps, il ne connaît pas, il n'a pas accès au
réseau compliqué de ce qui existe. il ne peut pas faire de
recherche et de développement. il ne peut pas investir dans ce
secteur-là. (12 h 40)
L'entreprise bien organisée ne peut pas davantage investir parce
que, si vous investissez dans le domaine de la recherche et du
développement, il y a des coûts. Les contrats sont
accordés, non pas sur l'aspect de la qualité de l'entreprise, la
crédibilité financière de l'entreprise, l'expertise de
l'entreprise, les contrats sont accordés strictement sur la base du
coût. Si vous faites de la recherche, une bonne expertise, etc., vos
coûts augmentent, on vous éloigne des marchés de la
construction. C'est la raison pour laquelle on en arrive à la conclusion
qu'il faudrait que ce soit l'ensemble de l'industrie, 1 % sur les travaux de
construction au Qué- bec, comme ça se fait dans certains autres
pays.
M. Lafrenière: Vous voulez dire que même les grandes
entreprises dans la construction ne pourraient pas financer elles-mêmes
leur propre recherche et développement?
M. Paré (Michel): Bien, vous ne leur donnez pas de
contrats parce qu'ils sont un petit peu plus chers à ce moment-là
et vous les sortez du marché par les politiques actuelles d'octroi des
contrats.
M. Lafrenière: Votre organisme souhaite que des
règlements politiques d'ensemble soient atteints au niveau local, afin
que les soumissions des entrepreneurs n'aient pas à être reprises
avec les coûts que cela comporte. Nous savons toutefois que nombre de
dossiers locaux intéressent aussi des intervenants de partout au
Québec et même de l'extérieur.
Les règlements politiques locaux dont parle votre organisme
sont-ils liés à la constitution d'une réserve de projets
autorisés?
M. Paré (Michel): S'ils sont liés à la
constitution de la réserve de projets? Non, nous, on parlait avec
Hydro-Québec, là, si on se comprend.
M. Lafontaine: Je pense, si je comprends bien votre question,
c'est que le fait que les entreprises de construction demandent que des
marchés soient restreints à des régions données
vient beaucoup plus du fait de la situation économique. En temps de
dépression, personne n'a d'ouvrage, alors chacun voudrait garder son
marché, mais, lorsque vous êtes en période où tout
va bien, vous ne verrez aucune entreprise de construction parler pour garder
son marché parce que tant que ça va bien, qu'il y a de l'ouvrage
partout, elle veut y aller aussi, à l'extérieur. Alors, il ne
faudrait pas non plus trop restreindre, confiner à des régions,
parce qu'il viendrait un temps où il y a un développement dans
une telle autre région et l'autre région veut l'avoir, les gars
d'une région seraient en dépression, tandis que les autres
seraient en période florissante.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
Je veux revenir à l'efficacité énergétique.
Est-ce que l'Association de la construction croit à un programme
d'isolation des maisons?
M. Paré (Michel): Nous travaillons à la formation,
en collaboration avec Hydro-Québec, vraiment, sur une formation dans le
domaine de l'isolation du bâtiment non résidentiel. On s'est rendu
compte que les entrepreneurs, avec leurs travailleurs, ne connaissaient pas les
normes de construction à respecter, et le fait d'obtenir une licence
d'entrepreneur de la Régie du bâtiment n'est pas une
certitude...
Une voix: Une garantie.
M. Paré (Michel): ...une garantie que les gens savent
comment effectuer ces travaux-là. Alors, il y a une série de
normes, une série de points à respecter, et c'est ça qu'on
est en train d'enseigner aux entreprises. Il y a eu des cours types, des
rencontres faites avec un bon succès et, lorsque l'entreprise aura suivi
ces cours-là avec succès, à ce moment-là, nous, par
nos plans de garantie commerciale et industrielle, l'entreprise est donc
qualifiée et sera certifiée en même temps par
Hydro-Québec pour effectuer les travaux qui donnent droit à
certains programmes de subventions et, si les travaux sont mal
exécutés, alors en garantie, nous intervenons. Mais, il y a
vraiment un programme de formation à faire, parce qu'aujourd'hui si vous
allez dans la masse des entrepreneurs pour effectuer ça, vous allez
avoir un échec comme il y a eu des échecs dans d'autres secteurs
avec Hydro-Québec.
M. Chevrette: Je vais reprendre ma question. On sait qu'il
n'existe pas présentement de programme d'isolation des maisons.
Même à l'intérieur d'Hydro, on sent que les
différents programmes mis de l'avant, que ce soient les lampes, les
lumières opaques, ou encore les pommes de douche ou encore
ÉCOKILO, ou encore je ne sais pas trop quoi là, on nous dit: Dans
un climat comme le nôtre, par exemple, si on met la lampe opaque, ta
plinthe va chauffer plus l'hiver, ça empêche la chaleur de se
répandre. On dit: II y a des effets croisés. Il faudrait
peut-être penser à des programmes mieux adaptés à
notre climat et à notre situation géographique, etc.
C'est pour ça que je vous posais la question: Est-ce que vous
avez, vous autres, mis de l'avant, poussé sur Hydro pour qu'ils aillent
vers un programme d'isolation? Vous me dites que vous faites très peu de
recherche. Si des ingénieurs nous disent: C'est dommage, mais on ne sait
pas comment isoler une maison parce qu'on ne s'occupe pas de l'aération.
On s'imagine, parce qu'on bouche tout, que c'est mieux isolé; est-ce
qu'il y a, au moins, un minimum de recherche qui se fait dans ce
secteur-là? Parce qu'on me dit que ça pourrait être
très productif, d'abord pour votre industrie, de un; de deux, ça
répondrait véritablement à un besoin, parce que quand,
à l'infrarouge, on passe au-dessus d'un village ou d'une ville, on voit
toute l'énergie qui se gaspille, en particulier dans l'industrie aussi,
dans des commerces et même dans le parc résidentiel. Est-ce que
vous avez un cheminement de fait là-dessus?
M. Paré (Michel): Non. Nous, on parlait au niveau de la
construction, l'enveloppe du bâtiment.
M. Chevrette: L'enveloppe?
M. Paré (Michel): L'enveloppe du bâtiment
commercial, industriel. Au niveau de la pomme de douche, de la lumière,
ces choses-là, on est...
M. Chevrette: Non, non. Je comprends. Si je vous ai
demandé les programmes d'isolation...
M. Paré (Michel): C'est l'enveloppe du bâtiment.
M. Chevrette: ...c'est parce qu'il y a des gens qui croient plus
à ça.
M. Paré (Michel): Et est-ce qu'il se fait de la recherche
présentement? Il y a des dossiers qui se font avec Hydro-Québec
à ce niveau-là. Il y a certainement de la recherche, mais nous ne
sommes pas impliqués, comme organisme, sur la technique de la recherche.
On n'est pas impliqués au niveau de la recherche comme telle.
M. Chevrette: Ce serait intéressant que votre association
accompagne cette recherche-là. Vous aurez à former vos gens en
fonction de l'application de...
M. Paré (Michel): On le demande. On le demande et on est
en étroite collaboration avec, entre autres, j'ai parlé
d'Hydro-Québec tantôt, mais le Centre national de recherches du
Canada, le Centre de recherche industrielle du Québec, les autres
centres industriels qui existent dans certaines universités, etc., la
domotique, ces choses-là. On a même créé une table
de concertation à ce chapitre-là avec laquelle on a aussi l'appui
du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. On est
impliqués dans les grappes industrielles pour, justement, ramener tout
ça. Tout est divisé, tout est fragmenté dans l'industrie.
C'est vraiment terrible. Alors, il se perd des énergies. Il y a des
connaissances qui existent, mais on ne sait même pas qu'elles existent.
Alors, on ne peut pas y référer. Parce qu'on parle de regrouper,
de ramener tout ça, de rendre ça à portée de
l'entrepreneur qui a moins de cinq employés, c'est évident qu'il
y a beaucoup de travail, mais ce n'est pas évident que les gens
connaissent ce qui existe présentement.
M. Chevrette: Est-ce qu'il me reste du temps?
Le Président (M. Audet): Deux minutes.
M. Chevrette: Merci.
L'autre volet que je voulais toucher, je vais m'y rendre, je ne pensais
pas avoir le temps. Vous dites: «En ce sens, nous croyons page 13
que toutes les mesures que prendra Hydro-Québec pour obtenir, au
préalable, de nombreuses autorisations requises à la mise en
chantier des centrales hydroélectriques et d'autres projets de
production auront un effet stabilisateur sur l'industrie de la
construction». Ceci est partagé par beaucoup de gens. D'autre
part, on se rend compte que, quand démarre un projet, il y a des gens
diamétralement contre, des gens diamétralement pour, et un
certain nombre dans le milieu qui demandent des prérequis ou qui exigent
des fonds de développement régional, par exemple, plus gros
vous avez, sur l'Ashuapmushuan,
il est venu devant nous deux, trois groupes.
Fondamentalement là-dessus, est-ce que vous ne croyez pas qu'il
devrait y avoir un débat, au Québec, plus large pour dire:
Écoutez, il y a des rivières qui seront de type patrimonial,
mais, sur les autres, il y a autorisation de faire des projets? Ce qui
empêcherait tous ces débats, chaque fois qu'on aborde un projet.
Est-ce que vous ne croyez pas qu'il serait temps? Ça existe ailleurs,
ça. On décide, par exemple, que telle rivière ne sera pas
harnachée, par décision de l'État, en disant:
Celle-là sera de type patrimonial et on la conserve intacte. À ce
moment-là, les autres font l'objet de projets, il y a moins de... Le
débat s'est fait globalement et là, il y a eu une décision
rendue et, par la suite, ça pourra être plus efficace.
Est-ce que vous avez une idée là-dessus, parce que je
trouve que... (12 h 50)
M. Paré (Michel): Nous, on sera d'accord avec toutes les
suggestions intéressantes qui vont avoir pour effet de raccourcir les
délais de consultation, d'alléger le processus d'autorisation,
que ce soit environnemental ou autre, pour que l'on puisse arrêter,
à un moment donné, de débattre des débats et de
consulter la consultation. Il faut procéder. Les entrepreneurs en
construction sont des gens rapides, qui veulent exécuter, qui veulent
travailler. Les travailleurs, c'est la même chose. Alors, il y a des
projets pour lesquels des entreprises ont soumissionné, souvent, et le
projet ne se réalise pas parce qu'il y a un processus de consultation,
il y a une étape de la consultation qui n'a pas été faite,
qui est reprise, et ça amène des coûts énormes au
niveau de l'entreprise, au niveau de la préparation de la soumission.
Mais, en plus, lorsque des entreprises sérieuses préparent des
soumissions, elles ont des cautionnements. Ça affecte et elles
sont choisies, vous connaissez le débat ça affecte leur
solidité financière de sorte que leur carnet de commandes est
pris, est complet et elles ne peuvent plus soumissionner sur d'autres projets,
et le projet vient de tomber parce qu'il y a une consultation.
Il faut faciliter ça, il faut amoindrir, il faut raccourcir, il
faut agir. Alors, si vous avez des suggestions pour cesser la consultation, de
consulter la consultation et de débattre des débats, on va vous
applaudir.
M. Lafontaine: En fait, nous avons regardé le
mémoire en fonction de l'industrie de la construction. Ce que vous
mentionnez, on ne peut pas faire autrement qu'abonder dans le même sens,
mais par contre, un choix de société, je ne crois pas que
ça revienne à l'industrie en tant qu'industrie à dire
quels choix de société on devrait avoir. Ce serait aux individus
dans la société, qu'il y ait un débat, mais comme Me
Paré le dit, qu'on arrête de débattre, qu'on en fasse un
une fois pour toutes et qu'on ait un plan de développement après
ça, dans n'importe quoi, qu'on puisse aller et fonctionner pour
l'avenir.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Drummond.
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
J'aimerais revenir sur deux points. Je pense qu'il y en a un que vous
avez touché aussi, le phénomène de la plus basse
soumission conforme, tant qu'à moi, qui est un nivellement par la base.
Vous avez très bien élaboré pour dire qu'une grande
entreprise qui voudrait faire de la recherche et développement, il n'y a
aucun moyen qu'elle puisse transférer ses coûts de recherche
innovative dans les coûts de fabrication. Alors, je pense que vous
touchez une problématique. Il va falloir s'y adresser un jour et avoir
une grille d'analyse qui va reconnaître ça, parce que, sans
ça, on va se faire sortir complètement du marché au niveau
technologique. j'aimerais revenir, ceci étant dit, sur le 1 % de la
valeur que vous voulez adopter. est-ce que ça inclurait aussi le
bâtiment d'habitation? parce qu'on pourrait dire 1 % sur
l'institutionnel, le commercial, l'industriel et on laisse de côté
l'habitation unifamiliale ou si ça comprendrait tout ça?
M. Lafontaine: on dit qu'au départ on pourrait commencer
par les projets publics, si vous voulez, qu'il y ait une base, qu'il y ait de
l'argent qui s'en aille dans un fonds pour aider à la recherche et
développement. parce que si vous l'appliquez directement dès
aujourd'hui sur le coût de l'unité familiale, vous allez avoir un
tollé général, on trouve déjà que c'est trop
cher. alors, au moins, commencer dans le public et le parapublic, qu'il y ait
des fonds comme les gouvernements font pour encourager les artistes. ils ont un
pourcentage, 1 % qui va aux artistes, ça aide à faire vivre les
artistes, qu'il y ait au moins un pourcentage qui irait à la recherche,
qui affecterait l'ensemble de l'industrie. je pense que ce serait
déjà un grand pas.
M. St-Roch: Mais si on ajoutait aussi l'habitation unifamiliale.
Si on disait: Bien, ce 1 % là va aider aussi à améliorer
tout le fameux contenu énergétique de la maison parce
qu'on peut le regarder d'une façon globale et dire, en bout de piste, le
consommateur va en bénéficier parce que sa facture
énergétique va être plus basse. Alors, il y a une
récupération des coûts qui se fait à longue
échéance.
M. Paré (Michel): L'objectif prévu, c'est pour
l'ensemble de tous les travaux de construction, parce qu'il va y avoir un
impact positif pour tous les propriétaires, qu'ils soient privés
ou publics, petits ou gros. Un meilleur produit, de nouvelles technologies,
etc., une meilleure productivité pour l'entreprise, donc de moindres
coûts en bout de ligne pour le client, qu'il soit propriétaire
public ou privé ou consommateur. Nous disons, 1 % dans un premier temps,
mais si vous nous dites: On le donne à tout le monde... On sort sur la
place publique demain matin et on dit qu'on est d'accord avec vous. Mais on
doit réagir. Il y a actuellement des lois au Québec qui disent
que les pouvoirs publics, les pouvoirs parapublics sont obligés
d'accorder le contrat au plus bas soumissionnaire, point à la ligne.
Alors, ça a un effet d'entraînement.
d'ailleurs, les propriétaires privés, souvent, vont donner
le contrat, non pas au plus bas, au deuxième ou au troisième. ils
vont regarder un peu plus la qualité. alors, pour contrer la
règle actuelle qui est celle du plus bas soumissionnaire, on se dit, 1 %
d'abord pour les projets publics et parapublics. donnez l'exemple, il va y
avoir un effet d'entraînement. en même temps, par le processus de
qualification des entreprises, pas à savoir si vous avez un
cautionnement de 10 000 $ en cas de fraude ou malversation comme c'est le cas
actuellement, mais une qualification d'entreprise en fonction de normes de
qualité, de certification d'entreprises sur la qualité.
Mais là, on parle d'une révolution, hein? Et c'est
là-dessus que l'on travaille en partenariat avec d'autres groupes,
d'autres centres de recherche. J'ai nommé et je le
répète Hydro-Québec, parce qu'on n'est pas ici par
hasard. On travaille ensemble sur plusieurs projets. Il y a
Hydro-Québec, il y a des municipalités, il y a toutes sortes de
groupes, des propriétaires privés, des sociétés de
transport, etc. Alors, on travaille en partenariat pour se développer,
arrêter d'avoir une industrie qui est toujours devant les tribunaux. Il
va finir par y avoir plus d'avocats dans la construction qu'il va y avoir de
travailleurs. Je n'ai rien contre. Je suis de formation, mais ce n'est pas
normal! On est une industrie de réclamations, de revendications, parce
que les documents de base, les dessins sont mal faits, les soumissions sont
incomplètes. Personne ne prend ses responsabilités. On les
transfère sur le dos de tout le monde pour attendre après
ça qu'un juge, éventuellement, décide, quand l'entreprise
sera en faillite, s'il y a une institution financière qui fera la
réclamation. c'est ça qu'on a vécu. c'est ça qu'on
vit présentement. on commence des contrats et on ne les paie pas; rendu
à 100 % du contrat, on paie 80 % de la facture et on dit: attendez. ce
n'est pas normal, ça! ce n'est pas ça qui fait qu'on va arriver
avec un produit de qualité dans un partenariat, qu'on va avoir du
plaisir à produire des choses de qualité. ce n'est pas
ça.
Le Président (M. Audet): M. Lafontaine, vou-ïiez-vous
ajouter quelque chose?
M. Lafontaine: Non, juste une petite explication à ce que
Me Paré dit.
On dit que les dessins sont mal faits et tout ça. Ce n'est pas
nécessairement parce que nos ingénieurs ou nos architectes sont
incompétents, mais tout le monde coupe les honoraires à partir
des donneurs d'ouvrage publics. Les honoraires sont coupés. Alors, ils
en ont pour leur argent. Les plans arrivent incomplets. Les entrepreneurs
soumissionnent sur des plans incomplets et ils arrivent à la fin, comme
on le disait tantôt... Il y a des avocats dans les entreprises maintenant
parce que ça prend pratiquement plus d'avocasserie que
d'ingénierie. Alors, le gars, en soumissionnant, la liste des extras qui
va être revendiquée à la fin, elle est déjà
prête parce qu'ils ont vu tous les trous qu'il y a dans les devis et les
plans. Alors, il s'ensuit un processus qui n'a plus d'allure.
Le Président (M. Audet): Merci. Ça termine.
M. St-Roch: Est-ce que j'ai le temps pour une brève
question?
Le Président (M. Audet): Au niveau de l'enveloppe de
temps, c'est déjà dépassé.
Alors, messieurs de l'Association de la construction et les membres de
la commission, je vous remercie beaucoup.
Nous allons suspendre deux secondes afin de permettre à la
Fédération des ACEF du Québec de prendre place.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise à 13 h 1)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. Nous recevons maintenant la
Fédération des ACEF du Québec.
Alors, madame, monsieur, je vous souhaite la plus cordiale bienvenue
à notre commission. Je vous rappelle brièvement nos règles
de procédure. Vous disposez d'une vingtaine de minutes pour nous faire
part de votre exposé, et avant, vous présenter, ce qui est
très important. Ensuite suivra une période d'échanges
d'une quarantaine de minutes. Vous avez la parole, allez-y.
Fédération des ACEF du
Québec
M. O'Narey (Ronald): Merci.
Je représente, effectivement Roland O'Narey la
Fédération des ACEF du Québec, accompagné
d'Hélène Maisonneuve, qui est de l'ACEF de Joliette et qui fait
partie de la Fédération.
Alors, je commencerai en vous disant que, depuis sa fondation, la
Fédération des ACEF est intervenue auprès
d'Hydro-Québec quant à son rapport avec le consommateur. Elle a
questionné et critiqué régulièrement l'entreprise
sur ses pratiques de recouvrement des créances et ses demandes de hausse
de tarifs. En mars 1990, la Fédération des ACEF a profité
de la première commission parlementaire sur les perspectives d'avenir de
l'électricité au Québec pour présenter un
mémoire traitant de l'impact des pratiques de recouvrement
d'Hydro-Québec sur les familles à faibles revenus.
La Fédération des ACEF s'est également
prononcée sur la nécessité de permettre à tous les
Québécois d'intervenir régulièrement sur la gestion
et le développement d'Hydro-Québec, de même que sur la
nécessité de tenir un débat public sur le
développement énergétique au Québec. Depuis, elle a
poursuivi son travail à tous ces niveaux. À sa demande, par
exemple, un groupe de travail a été formé par le
ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu
pour étudier le problème de l'appauvrissement des ménages
relié à la consommation
d'énergie et proposer une stratégie globale
d'intervention.
Ce groupe de travail a déposé des recommandations en juin
1992, en juin dernier. Malheureusement, personne encore n'a donné de
suites aux différentes recommandations qui ont été
formulées par le comité. Par ailleurs, la
Fédération des ACEF a participé activement, au cours de
l'année 1992, à la première consultation
d'Hydro-Québec sur son plan de développement afin de
représenter le point de vue des consommateurs.
La Fédération des ACEF est donc aujourd'hui heureuse de
participer à nouveau aux travaux de la commission, qui devraient
permettre au gouvernement de prendre des décisions
éclairées quant au développement d'Hydro-Québec
pour les prochaines années. En tout premier lieu, la
Fédération tient à réaffirmer qu'il est essentiel
de faire plus de place aux consommateurs dans le développement et la
gestion des services énergétiques au Québec, afin de
dégager les consensus qui permettront un développement harmonieux
dans l'intérêt de toute la société.
Au cours des dernières années, la majorité des
débats de fond sur l'énergie au Québec se font sur la
place publique. Nous avons assisté à de véritables
confrontations médiatiques parce qu'il n'y a toujours pas de
mécanisme prévu permettant à la population de s'exprimer
sur les choix énergétiques du Québec et sur les grands
enjeux qui en découlent. Les Québécois refusent de plus en
plus de laisser ces choix uniquement entre les mains des experts
d'Hydro-Québec et du gouvernement. Les consommateurs devraient donc
avoir voix au chapitre sur toutes les questions relatives à
l'énergie, un besoin et un service essentiels pour toute la
population.
En conséquence, la Fédération demande donc une
révision de la politique énergétique du gouvernement et la
tenue d'un débat public sur les grandes orientations et les choix
énergétiques du Québec. Elle demande également la
création d'une régie de l'énergie qui chapeauterait tous
les producteurs et les distributeurs d'énergie. De fait, toutes les
entreprises d'électricité et de gaz d'une certaine importance en
Amérique du Nord sont réglementées par un organisme
indépendant. Un tel organisme, en plus de voir à l'application de
la politique énergétique du Québec, permettrait de
contrôler et d'orienter le développement du secteur de
l'énergie tout en réalisant les arbitrages nécessaires
entre les intérêts parfois divergeants des entreprises, des
consommateurs et des divers groupes d'intérêt dans la
société.
Parmi les décisions qui concernent au plus haut point les
consommateurs, il faut évidemment souligner la question du coût de
l'énergie et de sa tarification. Dans le processus actuel, comme par le
passé, il n'y a pas de véritable mécanisme de consultation
sur les demandes tarifaires d'Hydro-Québec. Chaque année, les
demandes de hausse de tarifs sont étudiées en commission
parlementaire, mais les consommateurs ne peuvent s'exprimer sur ces demandes.
Il faut aussi souligner que c'est le gouvernement, seul actionnaire
d'Hydro-Québec, qui prend la décision finale sur les hausses de
tarifs et que, pour la majorité des consommateurs, il y a là
vraiment un conflit d'intérêts.
La Fédération des ACEF du Québec demande donc la
création d'un organisme compétent et indépendant
chargé d'étudier et de se prononcer sur les demandes de hausse de
tarifs dans le secteur de l'énergie. Cet organisme devrait tenir des
consultations pour permettre aux consommateurs de s'exprimer sur ces demandes.
De plus, la Fédération demande que toutes les demandes de hausse
de tarifs soient accompagnées d'une étude d'impact
détaillée sur la situation financière des clients et, plus
particulièrement, sur la situation financière des familles
à faibles revenus. Parce que l'énergie est un service essentiel,
des mesures doivent être prises pour que les enteprises assument leurs
responsabilités sociales envers les familles en général,
mais particulièrement les familles à faibles revenus. Pour ces
entreprises, les coupures de services constituent sans doute le moyen de
recouvrement ultime. Cependant, elles procèdent chaque année
à un nombre important de coupures et ce, même durant la
période d'hiver. Étant donné la nature essentielle de
l'énergie et les contraintes financières des familles à
faibles revenus, la Fédération des ACEF demande que des mesures
soient prises pour limiter sérieusement les coupures de services
énergétiques aux familles à faibles revenus, cela tout
particulièrement durant la période d'hiver. Elle demande, entre
autres, la création d'un mécanisme de recours doté de
pleins pouvoirs, auquel seraient soumis les litiges qui opposent les
entreprises d'énergie et les abonnés. Avant de couper le service
à un client, les entreprises devraient avoir l'obligation de soumettre
une demande, l'obligation de la justifier, et le client devrait avoir le droit
d'être entendu.
L'augmentation des comptes impayés et des comptes
irrécouvrables d'Hydro-Québec n'est ni l'effet du hasard ni celui
de l'augmentation subite de la mauvaise volonté des clients. Au cours
des dernières années, le nombre des familles à faibles
revenus aide sociale, chômage, salaire minimum, emploi
précaire a considérablement augmenté. Ces familles
disposent généralement d'un revenu insuffisant pour acquitter
leur compte d'électricité qui augmente sensiblement
d'année en année, grugeant une part de plus en plus importante de
leur budget. Plusieurs d'entre elles doivent donc fournir un effort
démesuré pour payer leur facture d'électricité.
Pour la Fédération des ACEF, c'est d'abord au gouvernement du
Québec de prendre des mesures pour aider ces familles. Depuis 10 ans
déjà maintenant, le gouvernement fédéral
américain offre une telle forme d'aide. En 1993, cette année, le
gouvernement américain investira 1 300 000 000 $ dans le «low
income home energy assistance program», un programme qui permet d'offrir
une aide moyenne de 200 $ à environ 6 000 000 de familles. La
Fédération des ACEF demande donc au gouvernement de créer
un programme d'aide à la consommation d'énergie pour les familles
à faibles revenus. Elle demande également au gouvernement de
développer, avec les associations de consommateurs qui offrent
déjà ce type de service, la planification budgétaire, un
programme spécifique qui permette de rendre le service accessible
à toutes les familles, partout au Québec.
Pour la Fédération des ACEF, le gouvernement du
Québec doit se donner un plan intégré de gestion des
ressources énergétiques qui tient compte des impacts
économiques, environnementaux et sociaux de la production et de
l'utilisation de l'énergie. Pour élaborer ce plan de gestion des
ressources dans l'intérêt de toute la collectivité, le
gouvernement doit permettre un débat public sur les principaux enjeux du
développement énergétique.
Dans un plan intégré de gestion des ressources, les
programmes d'économie d'énergie et de gestion de la demande sont
traités sur le même pied que l'ajout de nouvelles sources de
production. Aux États-Unis, plusieurs organismes de
réglementation ont même accordé des avantages aux
programmes de gestion de la demande pour tenir compte des externalités
environnementales. Au Québec, les consommateurs sont prêts
à réduire leur consommation d'énergie si leurs efforts
permettent de protéger ou de mieux protéger l'environnement sans
augmenter indûment leur facture d'énergie. Mais ils ne sont pas
prêts à ce que les fruits de leurs efforts soient exportés
ou vendus à rabais à la grande industrie.
Dans une perspective de développement durable, la gestion de la
demande et les programmes d'économie d'énergie sont devenus
incontournables dans la plupart des pays développés.
Malheureusement, Hydro-Québec ne propose pas encore de programmes
soutenus d'économie d'énergie dans le secteur résidentiel
dans son plan de développement, même si ses expériences
dans ce domaine ont démontré que les Québécois sont
bien plus sensibles aux économies d'énergie qu'elle le
prévoyait. La Fédération des ACEF demande donc à
Hydro-Qué-bec de prioriser les économies d'énergie en
offrant des programmes soutenus visant particulièrement l'enveloppe
thermique des maisons. La Fédération des ACEF est donc d'accord
avec les objectifs d'économie d'énergie, ne s'oppose donc pas aux
augmentations de tarifs qui pourraient s'avérer nécessaires pour
atteindre ces objectifs.
En effet, il est tout à fait acceptable, socialement, d'accorder
un bénéfice financier spécifique aux programmes
d'économie d'énergie pour refléter les coûts directs
et indirects liés à l'ajout de nouveaux équipements de
production, dont celui des externalités environnementales. Cependant,
pour tenir compte de la capacité de payer des familles,
Hydro-Québec doit s'assurer que le coût final de
l'électricité n'augmente pas avec l'implantation des programmes
d'économie d'énergie. (13 h 10)
Les augmentations de tarifs qui pourraient être nécessaires
pour financer les programmes d'économie d'énergie doivent
être compensées, le plus possible, par lesdites économies,
et les familles qui ne peuvent participer aux programmes ne doivent pas
être pénalisées. La Fédération demande donc
à Hydro-Québec de prendre des mesures, par exemple, pour que les
propriétaires d'immeubles à logements participent aux programmes
d'économie d'énergie sans que les locataires n'aient à
subir des hausses de loyer exagérées. Les programmes
d'économie d'énergie, de façon générale,
sont avantageux pour l'ensemble de la société, à notre
avis. Mais toutes les études et les expériences récentes
américaines ou québécoises d'Hydro-Québec ont
démontré que les familles à faibles revenus participent
peu ou pas du tout à ces programmes. Ces familles risquent pourtant de
voir leur facture augmenter pour financer des programmes dont les autres
bénéficient. Il est donc essentiel que des mesures
particulières soient prises pour aider ces familles à
économiser l'énergie.
Récemment, l'État de New York a investi 10 000 000 $ dans
des programmes d'économie d'énergie spécifiques pour les
familles à faibles revenus. De plus, les commissions de services publics
de plusieurs États, comme le Vermont ou le Colorado, sont favorables
à la création de programmes d'économie d'énergie
particuliers afin de venir en aide aux familles à faibles revenus. Mais
ces familles consomment moins d'énergie que les autres familles, et les
programmes d'économie d'énergie spécifiques pour ces
familles ne paraissent pas toujours rentables du point de vue de l'entreprise.
Il faut investir des sommes importantes pour économiser peu, alors que
les mêmes sommes investies dans un autre secteur pourraient rapporter
davantage.
Un projet expérimental de l'économie d'énergie,
d'efficacité énergétique d'Hydro-Québec
auprès des familles en difficulté de paiement arrive d'ailleurs
à la même conclusion. Il est cependant possible d'augmenter la
rentabilité de ces programmes en tenant compte des coûts de
recouvrement que ces programmes permettent d'éviter et en tenant compte
de l'impact, pour la société, des mesures de recouvrement et des
coupures de service, de la même manière dont on tient compte des
externalités environnementales. La Fédération des ACEF
demande donc à Hydro-Québec d'offrir des programmes
d'économie d'énergie spécifiques pour les familles
à faibles revenus, en incluant, dans le coût du calcul de ces
programmes, les coûts de recouvrement évités et en tenant
compte du coût social des mesures de recouvrement à titre
d'externalités.
Pour favoriser les économies d'énergie et une utilisation
plus rationnelle de l'électricité, il est de plus en plus admis
et reconnu que les entreprises d'énergie, ou d'électricité
ou de gaz, doivent fournir un signal de prix plus juste aux consommateurs. Une
tarification au coût marginal permet d'atteindre ces objectifs.
Cependant, il est presque impossible, techniquement, sinon trop coûteux,
d'implanter ce mode de tarification. De plus, son impact sur les tarifs serait
catastrophique pour les consommateurs. Hydro-Québec, pour atteindre
sensiblement les mêmes objectifs, propose plutôt une tarification
différenciée dans le temps. D'une part, elle compte accentuer le
caractère saisonnier du tarif domestique actuel et, d'autre part,
offrir, sur une base optionnelle, un tarif horo-hebdo-saisonnier.
La Fédération des ACEF est d'accord avec les objectifs
d'Hydro-Québec et considère qu'une forme de tarification plus
progressive est nécessaire pour favoriser les économies
d'énergie. Cependant, la restructuration proposée ne paraît
pas adéquate. L'augmentation du
caractère saisonnier du tarif domestique ne constitue, de toute
évidence, qu'une hausse de tarif pure et simple, parce qu'un grand
nombre d'abonnés ont peu de prise sur le facteur saisonnier de leur
facture; il leur sera difficile d'économiser en déplaçant
leur consommation.
Quant au tarif horo-hebdo-saisonnier optionnel proposé, il ne
laisse pas suffisamment de marge de manoeuvre pour que les abonnés
puissent y adapter leurs habitudes de consommation, et des études plus
approfondies sur différentes autres options seraient souhaitables. La
Fédération demande donc qu'HydroQuébec modifie
graduellement ses tarifs, pour favoriser la rationalisation et une
réduction de la consommation d'électricité. Elle s'oppose,
par contre, à la proposition d'augmenter le caractère saisonnier
du tarif domestique et demande que des études d'impact plus
précises soient réalisées pour plusieurs formes de
tarification, à plusieurs échelons, dont certaines tiendraient
compte de la quantité et de l'usage de l'énergie, de
l'électricité.
La Fédération des ACEF s'oppose aussi au
rééquilibrage des tarifs demandé par Hydro-Québec,
sous le prétexte que les clients résidentiels sont
interfinancés par les clients des autres catégories tarifaires.
En 1988, dans une étude, Hydro-Québec affirmait qu'il est
impossible de calculer l'interfinancement sur la base des coûts moyens
imputés aux différentes catégories de clients. En fait, il
y a plusieurs manières de calculer ces coûts, avec des
résultats différents pour chacune. En réalité, une
foule de considérations et de facteurs externes influencent la
construction des tarifs: les exigences de l'actionnaire, des orientations
politiques ou sociales et l'évolution du contexte
énergétique global. D'ailleurs, si Hydro-Québec se
préoccupe de l'interfinancement, c'est parce qu'on craint l'effritement
du marché des clients commerciaux et industriels, un marché
beaucoup plus sensible à la concurrence.
Il est donc clair qu'Hydro-Québec compte augmenter davantage le
tarif des clients résidentiels captifs, pour favoriser sa position
concurrentielle dans les secteurs commerciaux et industriels. Pour la
Fédération des ACEF, F interfinancement est omniprésent
dans toute la structure tarifaire d'Hydro-Québec, même s'il est
difficilement calculable. Les clients résidentiels s'interfinan-cent
entre eux, et il en va de même dans les autres catégories. Pour la
Fédération des ACEF, donc, l'inter-financement actuel demeure
souhaitable, car il reflète un sain équilibre entre la
capacité de payer des clients résidentiels captifs et la position
concurrentielle des tarifs pour les entreprises et les industries. pour la
période 1993-2000, hydro-québec propose d'aligner ses hausses de
tarifs sur l'inflation. en réalité, elle propose plutôt une
augmentation supérieure à l'inflation pour les clients du secteur
résidentiel. pourtant, au cours des trois dernières
années, dans un contexte économique très difficile pour
les familles, les augmentations de tarifs ont été bien
supérieures à l'inflation. ainsi, en 1990, 1991 et 1992, les
tarifs ont augmenté respectivement de 7,5 %, de 7 % et de 3,5 %, alors
que l'inflation se situait à 4,8 %, 5,6 % et 1,5 %, sans compter
l'introduction de la tps en 1991, qui a augmenté considérablement
les tarifs également.
La Fédération demande donc de maintenir le coût de
l'électricité au plus bas niveau possible, en limitant vraiment
les hausses à l'inflation pour les prochaines années et en
offrant, simultanément, des programmes d'économie
d'énergie permettant à toutes les familles d'en réduire
l'impact, en maintenant la facture finale au même prix.
Mme Maisonneuve (Hélène): Pour améliorer la
qualité de son service à la clientèle, Hydro-Québec
propose, dans son plan, de tenir compte de plusieurs variables, notamment des
besoins particuliers des personnes en situation financière
précaire. Mais on se propose d'accroître les revenus de
l'entreprise, par ailleurs, en réduisant sensiblement les mauvaises
créances. Et, pour y arriver, on dit qu'on compte se montrer plus ferme
vis-à-vis les clients qui ont des paiements en retard et qu'on compte
appliquer plus rapidement la procédure de coupure de courant, tout en
évitant de couper l'hiver.
Bon. Pour la Fédération des ACEF, ces orientations sont
contradictoires parce qu'Hydro ne propose aucune mesure ou action nouvelles qui
permettraient de diminuer ses comptes en recouvrement en tenant compte des
besoins particuliers des familles, tel qu'elle le proposait à deux
endroits différents dans son plan. Au cours des dernières
années, il a pourtant été clairement
démontré que les comptes en recouvrement et les mauvaises
créances d'Hydro-Québec sont la manifestation de
l'incapacité de payer, de la précarité et de la
pauvreté de milliers de familles. Pour contrer l'augmentation de ces
comptes en recouvrement et ces mauvaises créances, Hydro-Québec a
toutefois raison d'accélérer ses interventions auprès de
ses clients en difficulté, pour éviter que les montants à
payer ne deviennent trop importants, trop grosses factures beaucoup plus
difficiles à réduire, à payer. Cette mesure n'est
malheureusement pas suffisante.
On propose plutôt, par exemple, si on prend aux États-Unis,
un pays qui n'est pas réputé pour ses programmes sociaux, peu
s'en faut, plusieurs dizaines de compagnies d'électricité et de
gaz offrent des programmes d'aide aux familles à faibles revenus, parce
que l'ancien cadre, le cadre courant, ne donne pas les éléments,
ne fournit pas les éléments pour la régler, la situation.
Alors, il y a principalement deux types de programmes utilisés: des
programmes d'aide financière et des programmes d'économie
d'énergie dont on a déjà parlé. Il faut cependant
noter que la grande majorité des entreprises ont créé ces
programmes à la demande expresse de leur agence de
réglementation. En effet, un nombre de plus en plus important d'agences
de réglementation, de commissions de services publics pensent que les
programmes d'aide aux familles à faibles revenus constituent une
alternative intéressante et rentable aux méthodes de recouvrement
traditionnelles pour les familles qui ont de la difficulté à
payer leurs factures d'énergie. Pour ces commissions, il est dans
l'intérêt du public de créer des programmes d'aide
appropriés,
intégrés dans la structure tarifaire des entreprises
d'énergie. Généralement, les familles qui participent
à des programmes d'aide financière acceptent de payer
mensuellement un montant fixe, calculé en fonction de leurs revenus et
de la taille de leur famille. Ces paiements peuvent être
inférieurs à la consommation courante, mais permettent
d'éviter des coûts de recouvrement et des coupures de
services.
Le Président (M. Audet): En conclusion, s'il vous
plaît. (13 h 20)
Mme Maisonneuve: Bon. On propose au gouvernement et aux
ministères concernés d'étudier en profondeur les plans qui
sont déjà expérimentés aux États-Unis et en
France des programmes d'aide parce qu'on considère,
à la Fédération, que c'est une absolue
nécessité au Québec actuellement.
Merci.
Le Président (M. Audet): Merci beaucoup, madame,
monsieur.
Je vais maintenant reconnaître Mme la ministre de l'Énergie
et des Ressources.
Mme Bacon: M. O'Narey, Mme Maisonneuve, j'aimerais vous remercier
pour votre contribution au processus d'examen du plan de développement
d'Hydro-Québec. Je pense que vos avis et vos commentaires sur, soit la
qualité de service à la clientèle, la tarification,
l'efficacité énergétique, la place à donner aux
consommateurs, qui est une place importante, seront certainement pris en
considération lors de l'adoption du plan de développement.
Dans le cadre de la tarification de l'électricité et de
l'efficacité énergétique, là, vous
référez régulièrement à la prise en compte
de la capacité de payer des consommateurs d'électricité
quand des gestes sont posés dans les différents domaines. Comment
vous définissez la capacité de payer? Est-ce que c'est quelqu'un
qui a un emploi, qui a un salaire régulier ou quelqu'un qui a au moins
un petit revenu, votre définition de «capacité de
payer»?
M. O'Narey: Je pense que la capacité de payer
réfère beaucoup... En tout cas, d'après ce qu'on a pu voir
jusqu'à maintenant, c'est la proportion, finalement, que les
dépenses d'énergie représentent sur l'ensemble des revenus
d'une famille, en tenant compte que ce pourcentage-là, par exemple,
à l'heure actuelle, pour les familles à faibles revenus, a
augmenté au cours des dernières années. Alors que, pour
l'ensemble de la population, on se rend compte que le pourcentage
attribué aux factures d'énergie sur leurs revenus est
relativement stable. Pour les familles à faibles revenus, ce
pourcentage-là est de deux à trois fois même, dans la
majorité des cas, plus élevé et représente un
fardeau beaucoup plus lourd pour ces familles-là. Donc, il n'est pas
surprenant de voir que les comptes en recouvrement d'Hydro-Québec
augmentent dans la mesure où cet effort-là qui est demandé
aux familles pour payer leur énergie est de plus en plus difficile
à rencontrer.
Mme Bacon: Et établissez-vous, par exemple, un pourcentage
pour la facture énergétique, quand vous parlez de capacité
de payer?
M. O'Narey: on n'a pas établi jusqu'à maintenant...
on n'a pas l'expertise entre les mains pour permettre d'établir vraiment
ça serait quoi, le pourcentage idéal. mais ce qu'on sait, c'est
que, de façon générale, la majorité des familles
paient environ 3 % à 4 % de leurs revenus pour payer l'énergie.
alors qu'on voit très facilement les personnes seules, sous le seuil de
pauvreté, payer jusqu'à 9 % à 10 %, en moyenne, leur
facture d'énergie. et, dans bien des cas des familles qu'on rencontre,
ces montants-là peuvent aller jusqu'à 15 %, 20 %. on se rend
compte qu'aux états-unis les programmes qui ont été
créés visaient à ce que les familles n'aient pas à
assumer plus qu'environ, dans certains cas 7 %, dans certains cas 8 %, dans
certains cas 9 %, que ça ne puisse pas dépasser ce
montant-là, en termes de proportion du revenu comme tel.
Mme Bacon: J'ai été un petit peu
étonnée de vous entendre proposer et recommander la
création d'une régie pour fixer des tarifs. Et vous demandez, en
même temps, d'inclure les externalités dans les coûts.
Est-ce que vous avez évalué les incidences de ces
mesures-là sur les tarifs?
M. O'Narey: Au niveau des externalités, on ne les a pas
évaluées. Je pense que c'est le travail qu'il y aurait à
faire, justement, de les évaluer, ces externalités-là. Et
c'est dans ce sens-là aussi qu'on demande à ce qu'il y ait un
débat public qui permette d'évaluer davantage, avec plus de
précisions, de faire toutes les études nécessaires, et le
débat qui est nécessaire pour, justement, avoir toutes les
données qui vont nous permettre de faire les choix qui s'imposent
à ce niveau-là. Mais, au départ, on ne s'oppose pas
systématiquement à ce qu'on tienne compte des
externalités, dans la mesure où c'est possible aussi. Donc...
Mme Bacon: Oui, allez, je vous en prie. M. O'Narey: Ça
va.
Mme Bacon: Ça va? Qu'est-ce que vous pensez de
l'orientation de long terme d'Hydro-Québec, qui veut maintenir en
moyenne les hausses de tarifs, là, à l'inflation comme
façon de tenir compte de la capacité de payer des consommateurs?
Est-ce que vous êtes d'accord avec ça?
M. O'Narey: Plus ou moins d'accord dans la mesure où les
propositions d'Hydro-Québec, d'année en année, demandent
toujours une augmentation supérieure pour la clientèle
résidentielle. Et ce qu'on voit dans le plan qui est annoncé
maintenant, c'est que les hausses
du secteur résidentiel vont être supérieures
à l'inflation parce qu'on veut réduire l'interfinancement, d'une
part, parce qu'on veut introduire une nouvelle forme de tarification qui va
avoir un effet sur l'interfinancement et, donc, vont augmenter davantage le
secteur résidentiel également. Et aussi parce que... J'oublie le
dernier point. Mais, globalement, la hausse qui est proposée par
Hydro-Québec est supérieure à l'inflation pour la
clientèle résidentielle. Et ce qu'on constate aussi c'est que, au
cours des trois dernières années, la hausse a été
nettement supérieure à l'inflation. Et donc, on a grugé
beaucoup la capacité de payer des consommateurs depuis un certain
temps.
Quand on regarde ce qui s'est passé au niveau des biens et
services essentiels, l'augmentation qui a été le... le bien ou le
service qui a augmenté de façon la plus importante, ça a
été l'énergie. Qu'on compare avec le logement, qu'on
compare avec le transport, la nourriture, l'élément qui a
augmenté de façon plus substantielle, au cours des
dernières années, ça a été l'énergie.
Donc, dans ce sens-là, nous, on souhaite que s'il n'y a pas des mesures
qui sont prises pour que les augmentations de tarifs soient vraiment
compensées par une réduction de la consommation, c'est
inacceptable. Et c'est pour ça qu'on souligne, à ce
moment-là, que les programmes d'économie d'énergie, il
faut y faire attention, parce qu'ils doivent être
«désignés» de façon très
spécifique, parce qu'il y a une partie de la clientèle qui n'y a
pas accès, généralement. Toutes les expériences le
démontrent dans ce sens-là.
Mme Bacon: Est-ce pour ça que, dans votre mémoire,
vous mentionnez que les Québécois sont plus sensibles aux
économies d'énergie qu'on peut le croire et même
qu'Hydro-Québec le croit, là. Pouvez-vous nous expliquer un petit
peu comment vous en êtes venus à ça?
M. O'Narey: L'exemple est assez frappant. On parlait, M.
Chevrette référait tantôt à l'expérience
d'ÉCOKILO, un programme qui a été mis en place, il y a
à peu près deux ans, par Hydro-Québec, et on
prévoyait investir, environ, 30 000 000 $. Je n'ai pas le chiffre exact,
là; 37 000 000 $, je crois. Et on prévoyait un taux de
réponse d'environ 30 % de la population. Et, en cours de route,
Hydro-Québec s'est rendue très rapidement compte que le taux de
réponse s'approchait plus de 50 % à 60 %, et les frais
également, puisqu'on doit investir jusqu'à 57 000 000 $ dans ce
programme-là. Donc, le taux de réponse a été
très, très important pour un programme qui était
relativement exigeant. Quand on regarde...
Je ne sais pas si, autour de la table, les gens ont rempli les
formulaires qui leur ont été envoyés, mais c'était
un formulaire relativement long, relativement complexe, et les gens ont pris la
peine de l'utiliser. Donc, il y a une sensibilité, vraiment, qui se
fait, au Québec, à ce niveau-là et elle est
importante.
Mme Bacon: Mais alors, vous êtes confiant qu'on peut
atteindre le 9,3 tWh qui était fixé par Hydro-Québec?
M. O'Narey: Oui. Moi, je suis confiant... Mme Bacon: Vous
êtes confiant de ça.
M. O'Narey: ...qu'on puisse le rejoindre. C'est une question,
beaucoup, d'utiliser les bons moyens pour rejoindre les gens. Il y a un
problème, effectivement, je pense, à rejoindre les gens, parce
que j'écoutais tantôt un autre des intervenants qui parlait
d'interventions au niveau local je pense que les interventions
d'Hydro-Québec, jusqu'à maintenant, ont été des
interventions provinciales, et il n'y a pas eu d'action vraiment locale qui a
permis de faire avancer davantage ces programmes-là, et je pense que,
s'il y avait une intervention vraiment concertée dans les milieux, il y
aurait une sensibilisation encore plus grande et des efforts qui seraient
consentis plus facilement de la population. Mais, en même temps, on doit
fournir les outils nécessaires à la population pour aller les
chercher, les économies d'énergie, et ce n'est pas toujours
évident qu'on a les outils pour le faire, actuellement.
Mme Bacon: Mais il y a une des recommandations, dans votre
mémoire, qui est d'augmenter les tarifs lorsque les programmes
d'économie d'énergie permettent à toutes les familles d'en
réduire l'impact. Est-ce que vous jugez que, depuis le lancement du
projet d'efficacité énergétique, les familles ont
été en mesure de réduire vraiment leur consommation
d'électricité, suite à toutes les interventions
d'Hydro-Québec?
M. O'Narey: Moi, j'ai l'impression que c'est de façon
très inégale. Je n'ai pas de chiffres qui m'ont été
fournis d'Hydro-Québec pour voir les résultats des interventions
qui ont été données, mais je pense que c'est de
manière très inégale et c'est un des...
Mme Bacon: C'est parce qu'on parlait de 42 $, à un moment
donné, de possibilité.
M. O'Narey: Mais le problème, c'est que c'est toujours sur
des coûts moyens, ce qui fait qu'il y a des gens qui économisent
beaucoup et d'autres, très peu. Donc, l'important, c'est que ces
programmes puissent avoir une diffusion tellement large, tellement importante
au niveau de l'étendue et non pas au niveau du montant, pour permettre
à tout le monde d'y avoir accès et de pouvoir
bénéficier de ces économies-là. Et, comme je le
disais, particulièrement les familles à faibles revenus n'y ont
pas accès. Donc, il y a d'autres couches de la population, aussi, qui
n'utilisent pas ces programmes, parce qu'ils ne sont pas rejoints
adéquatement et eux ont à subir les hausses de tarifs et
financent les programmes d'économie d'énergie des autres.
Mme Bacon: C'est pour ça, l'inégalité du
système.
M. O'Narey: L'inégalité. Je pense qu'il faut
trouver les moyens pour que tous et chacun puissent être rejoints par des
programmes beaucoup plus spécifiques, beaucoup plus ciblés pour
certaines catégories de clientèles/
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. le député de Joliette. (13 h 30)
M. Chevrette: On a souvent vu l'ACEF se présenter en
commission parlementaire et être quasiment seule à partager mon
point de vue, ce qui n'est pas le cas devant la présente commission
parlementaire. Entre autres, dès la page 4 de votre mémoire, dans
votre introduction, la demande... Un débat public sur l'énergie,
au Québec est réclamé par une très forte
majorité des gens qui se sont présentés à date
devant nous. Il y a également, je pense, mettre un terme à la
promotion de la vente d'électricité par Hydro. Ça a fait
l'objet de beaucoup de commentaires, à ce moment-là, pour une
certaine forme de cohérence: Si tu veux de l'économie
d'énergie, arrête d'en faire la promotion! L'isolation,
également, je vais vous en parler de façon plus
spécifique, mais c'a fait l'objet de beaucoup de discussions.
À la page 8 de votre mémoire, vous affirmez que: «Ce
programme permet de payer mensuellement un montant fixe comprenant la
consommation courante et les arrérages. Depuis le début de
l'automne 1992, certains bureaux de recouvrement régionaux
d'Hydro-Qué-bec ne permettent plus aux clients en difficulté de
bénéficier de ce programme.» Est-ce que vous savez
pourquoi?
M. O'Narey: Je n'ai pas eu d'explication, sinon qu'on jugeait que
ce n'était plus rentable. Dans certains bureaux, on jugeait que ce
n'était plus rentable, ce genre d'opération là, que les
résultats n'étaient pas suffisamment intéressants pour que
ça justifie qu'on les poursuive. Mais ce n'est pas une politique qui est
uniforme. Un des problèmes auxquels on est confrontés, c'est que
chaque bureau, finalement, établit ses propres mesures ou ses propres
pratiques de recouvrement qui peuvent différer d'un bureau à
l'autre. Et, dans le concret, comme les bureaux ou les secteurs
d'Hydro-Québec qui sont chargés des relations avec la
clientèle, et donc du recouvrement, sont de plus en plus autonomes,
puisque c'est une volonté de l'entreprise de porter la
responsabilité au niveau du terrain davantage, les directives qui
proviennent du siège social et qui, par exemple, suggèrent de ne
pas couper durant l'hiver sont prises avec plus ou moins de sérieux
d'une région à l'autre, dépendamment du problème de
recouvrement auquel le secteur est confronté, puisque,
généralement, je pense qu'ils doivent avoir aussi des comptes
à rendre au niveau des comptes impayés. Donc, il y a des
changements au niveau des politiques qui peuvent varier d'un bureau à
l'autre, et c'est très difficile de suivre ce qui se passe à ce
niveau-là.
M. Chevrette: À la page 9, vous dites: «Après
avoir étudié les programmes d'aide en vigueur dans plusieurs
États américains et en France», vous dites
qu'Hydro-Québec, elle, a tout abandonné son projet et n'a rien
proposé de neuf. Encore là, est-ce que vous avez pu
connaître les motifs de ce retrait d'Hydro-Qué-bec et pourquoi ils
ont abandonné l'idée de mettre sur pied un tel programme ici?
Mme Maisonneuve: II semblerait qu'Hydro-Québec a pris une
direction différente maintenant, c'est-à-dire qu'elle allait
vers... la compagnie semblait tenter des approches, voulait faire un
projet-pilote pour voir si un programme d'aide pourrait solutionner le
problème, et il y a eu un revirement catégorique.
C'est-à-dire que là, on a décidé que ce qui
était payant et ce qui fonctionne, c'est la coupure et c'est la
méthode dure; mais la méthode dure, la coercition peut
fonctionner dans certains cas.
Effectivement, au niveau des chiffres, ça fonctionne bien en ce
sens que, en moyenne, d'après une étude, une journée
après la coupure, les gens ont payé et sont rebranchés. Et
là, ils ont payé leur retard, le dépôt et les frais.
Ils sont rebranchés, sauf que... mais à quel prix ils sont
rebranchés, par exemple? Ils sont rebranchés parce qu'ils ont
emprunté à quelqu'un, parce que... Où ils ont
trouvé l'argent pour réussir à se faire rebrancher?
Ça, c'est une autre histoire, et Hydro, carrément, n'est pas
intéressée à le savoir. Elle ne se sent pas
concernée à ce niveau-là. Avant, avec le programme d'aide,
elle se sentait concernée. Maintenant, elle a décidé que:
Non, on n'est pas concernés par ça. Bon! Sauf que nous, on dit,
par exemple, lorsqu'on durcit nos pratiques et lorsqu'on pense à
coupures, peut-être que ça semble rentable immédiatement,
mais, comme on a déplacé le problème, comme on l'a
reporté sur un plus long terme, comme on a encore miné la
situation financière de l'usager en question, il vient de se faire
rebrancher, mais pour combien de temps? Et combien d'actions de recouvrement
aurez-vous à prendre encore? Et c'est coûteux, le recouvrement.
Combien de mesures aurez-vous à prendre jusqu'à sa prochaine
coupure? Il est captif, et vous devez le conserver, ce client-là. Il va
vous coûter cher! Il vous coûterait beaucoup moins cher si, avant
d'utiliser les moyens coerci-tifs radicaux, vous preniez en compte sa
capacité de payer, mais au niveau individuel, pas au niveau d'un
pourcentage. Lorsqu'on est dans le concret, sa capacité à lui de
payer, et en tenir compte, quitte à ne pas voir même la
consommation courante entièrement couverte, mais le peu que vous pourrez
recevoir, bien vous l'aurez et vous n'aurez pas à payer autant de frais
de recouvrement et de choses du genre.
M. Chevrette: Dans la même ligne d'idée...
M. O'Narey: Je voudrais juste ajouter peut-être...
M. Chevrette: Oui.
M. O'Narey: ...un petit élément pour souligner que
le projet qu'Hydro-Québec avait développé et qui n'a pas
été, finalement n'a pas passé toutes les étapes et
tous les échelons d'approbation, était un programme qui avait
été calculé de façon rentable, c'est-à-dire
que ce programme-là n'augmentait pas les dépenses
d'Hydro-Québec et permettait de maintenir le niveau des dépenses,
c'est-à-dire qu'on allait économiser davantage au niveau du
recouvrement.
C'est de plus en plus ce qui se passe, comme je le mentionnais
tantôt. Les commissions de services publics américaines, dans
plusieurs États, ce qu'elles commencent à reconnaître,
finalement, c'est que, socialement, c'est rentable de développer des
programmes, dans la mesure où on permet d'éviter des coûts
de recouvrement et, également aussi, des coûts sociaux. Parce que,
lorsqu'il y a une interruption du service ou parce qu'il y a des mesures de
recouvrement qui sont plus sévères, il y a des coûts
sociaux qui sont engendrés par ça. Il suffit de voir, par
exemple, que la Fédération des CLSC a déjà
appuyé qu'il y ait des programmes d'aide, la Commission des services
juridiques également, parce que ces organismes-là ont souvent
à défrayer, finalement, par leurs services, des coûts
supplémentaires à cause des interruptions de service ou des
mesures de recouvrement. Donc, il y a des coûts sociaux, aussi,
rattachés à ça.
M. Chevrette: Quand on parle de plan d'isolation, par exemple, de
l'enveloppe thermique j'ai remarqué que vous insistez beaucoup
là-dessus. Moi, j'ai toujours une crainte, cependant, sur le
résultat final. Dans la conjoncture actuelle, vous savez que les gens
les plus démunis sont ceux qui occupent ordinairement les logements les
plus mai isolés, même souvent, à cause des coûts
mensuels du loyer. Et, quand on offre un programme, on l'offre ordinairement au
propriétaire qui, lui, isole et change le tarif du logement,
après. On n'a rien réglé bien bien à
l'individu.
Est-ce que vous avez pensé à des formules, à
proposer des formules à Hydro-Québec pour que ça rejoigne
véritablement i'objectif qu'on vise? Si on vise à
améliorer le sort de ces gens-là, ce n'est pas d'améliorer
le sort du propriétaire. Je pense à Joliette, nous autres
là, il y en a plusieurs qui ont isolé avec les plans à
l'époque, dans les années 1970, 1975 et même 1980, et qui
ont vu grimper le prix du loyer de façon quasiment
démesurée par la suite. Est-ce que vous avez des suggestions
à faire à Hydro-Québec là-dessus?
M. O'Narey: On n'a pas fait d'études pour voir quels
seraient les moyens. On sait que c'est un problème, un problème
important. Mais, malgré ce problème-là, je pense que le
besoin et on mentionnait tantôt le problème des
interventions au niveau des économies à cause des effets
croisés nécessite une intervention au niveau de
l'enveloppe des bâtiments.
Maintenant, comment éviter que les locataires soient
pénalisés? Je pense qu'il y a des moyens. Un propriétaire,
par exemple, qui accepterait de participer à un programme pourrait se
voir imposer des normes au niveau du transfert des augmentations de tarif au
niveau de la Régie du logement, qui aurait des normes qui pourraient
l'empêcher de transférer trop rapidement des montants qu'il aurait
lui-même eu à investir. Cette répartition-là
pourrait se faire sur un certain nombre d'années, ce qui ferait, par
exemple, que le locataire, qui lui va bénéficier aussi des
économies d'énergie puisque, généralement, de plus
en plus, ils ont un compteur individuel, peut avoir une certaine augmentation
de son loyer due à l'isolation, puisqu'il va en bénéficier
par les diminutions de tarif, les diminutions de consommation, pardon, les
diminutions de consommation d'énergie qu'il va faire.
Donc, il y a des façons, je pense, d'y arriver. Il s'agit de
s'asseoir, de faire les calculs nécessaires et de voir aux
réglementations qui s'imposent à ce niveau-là. Je pense
que c'est faisable.
M. Chevrette: J'ai dû intervenir, moi, comme
député, dans notre région en particulier, pour des
propriétaires qui se faisaient justice eux-mêmes. Quand un type ne
payait pas son loyer, ils débranchaient l'électricité.
Est-ce que vous avez été mis au courant de ça, vous?
Mme Maisonneuve: Non, pas vraiment.
M. Chevrette: Remarquez bien que ça s'est rétabli
vite parce que, dès qu'on a appelé Hydro-Québec,
Hydro-Québec est allée parce qu'un propriétaire n'a pas le
droit de se faire justice. Mais, quand il y a un prix de location avec le
coût de l'électricité dedans, parce qu'il avait de la
difficulté à se faire payer le loyer, un propriétaire
allait débrancher. C'est arrivé à une couple de reprises
depuis un an et demi.
Mme Maisonneuve: Ah oui! Si près que ça, là,
maintenant? Non, on n'a pas entendu parler de ça à l'ACEF.
M. Chevrette: Vous n'avez pas été mis au courant de
ça?
M. O'Narey: En tout cas, on n'a pas eu beaucoup de plaintes
à ce niveau-là. Ce qui est clair, c'est que la loi est claire
là-dessus. Il suffit, je pense, de prendre les bons moyens, et je pense
qu'il y a des moyens possibles d'intervenir rapidement pour que ça se
règle. Mais il faut peut-être en parler dans les médias,
à ce moment-là, pour que les propriétaires soient
avisés que ce n'est pas leur droit de faire ça.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
de Prévost.
M. Forget: Merci, M. le Président.
Vous mentionnez, à la page 7 de votre mémoire, que vous
donnez raison à Hydro-Québec «quant à
l'accélération des démarches de recouvrement de
créances
auprès de ses débiteurs pour éviter que le montant
de celles-ci ne devienne trop important». Toutefois, vous
considérez que «l'entreprise fait peu d'efforts pour identifier de
nouvelles approches visant la conciliation de ces objectifs d'accroissement de
revenus et de prise en compte des besoins de base de cette
clientèle».
Voici ma question: Puisque vous avez réfléchi à la
question, pourriez-vous nous faire part des suggestions intéressantes
sur le sujet?
(13 h 40)
M. O'Narey: Oui, comme je le mentionnais tantôt, il y a
deux approches qu'on mettait sur la table.
La première approche, c'est une intervention au niveau du
coût de l'énergie. Je pense qu'à la lumière
d'expériences qui sont tentées actuellement aux États-Unis
et quelques expériences aussi qui ont été
concluantes il y a moyen d'offrir des programmes d'aide qui sont
rentables, dans la mesure où on tient compte de tous les coûts
sociaux et de tous les coûts de recouvrement que les comptes en
recouvrement représentent, il est possible d'offrir des programmes qui
vont être davantage une aide que ce qui est proposé, même si
c'est déjà un point positif.
La deuxième chose, je pense que tous les programmes
d'économie d'énergie qui pourraient être
préparés pour cibler cette clientèle-là ont aussi
un effet sur les coûts de recouvrement. Donc, si on permet à une
famille qui a de la difficulté à payer son compte, parce que ses
revenus sont bas, d'avoir accès à des programmes
d'économie d'énergie qui vont lui faire économiser,
mettons 20 $ par mois pour sa consommation d'énergie, c'est une
capacité de paiement supplémentaire qui va faire que cette
personne-là ne se retrouvera pas dans les i,& vices de recouvrement
et n'entraînera pas des coûts supplémentaires. Donc,
prioritairement, je pense qu'il y a deux types d'intervention
qu'Hydro-Québec aurait pu implanter; une première qu'il a
étudiée et qu'il a laissée tomber et une deuxième
qu'il a jugée non rentable. Mais, nous, on conteste ce projet-là,
dans la mesure où on pense qu'il pourrait devenir rentable, au niveau
des économies d'énergie, lorsqu'on tient compte de tous les
coûts évités, finalement, au niveau du recouvrement.
M. Forget: Merci.
Voici, à la page 11 de votre document, vous invoquez la
responsabilité sociale du gouvernement envers les familles à
faibles revenus pour motiver la création d'un programme gouvernemental
d'aide financière à la consommation d'énergie en fonction
du revenu et du coût du logement des familles.
Ma question: Pourriez-vous nous présenter les grandes lignes de
ce que pourrait être un tel programme?
M. O'Narey: On n'a pas dessiné exactement ce que pourrait
être ce programme-là. On voit qu'aux Etats-Unis ils ont un
programme fédéral qui permet aux États d'avoir
accès à des fonds, qui leur permettent de venir en aide à
ces familles-là, mais les fonds sont gérés de façon
différente d'un État à l'autre. Alors, il y a des
programmes qui peuvent être très différents d'un
État à l'autre. Au Québec, il y a une différence un
peu substantielle, je pense, qui est aussi... les programmes sociaux qui sont
très différents. Mais, par contre, le comité de travail
qui s'est réuni pendant un an et qui a donné des recommandations
au mois de juin dernier sur la
«précarité-pauvreté» en arrivait à la
conclusion qu'il devrait y avoir davantage d'études du côté
du ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du
revenu sur les montants qui sont accordés pour payer la facture
d'énergie par ces familles-là. Et ce dont on se rendait compte,
c'est que, de plus en plus, les familles sur l'aide sociale se voient saisir,
voient une partie de leur chèque prise par Hydro-Québec pour
payer leurs arrérages. C'est-à-dire qu'elles reçoivent
seulement un paiement partiel, puisqu'il y a une autre partie qui est
envoyée à HydroQuébec pour payer les difficultés au
niveau de l'énergie. Ce problème-là est en
augmentation.
Donc, on a demandé que soient révisées, entre
autres, les allocations au niveau du ministère de la Main-d'oeuvre et de
la Sécurité du revenu et qu'il y ait aussi d'autres actions qui
visent d'autres clientèles que les assistés sociaux pour qu'on
puisse étendre davantage l'intervention à ce niveau-là.
C'est un moyen qui pourrait être utilisé, mais ce n'est pas
nécessairement le seul. Je pense qu'il y a encore du travail à
faire pour décider ce serait quoi, l'intervention optimum. Mais il y a
déjà, sur la table, des possibilités qu'on pourrait
étudier plus sérieusement...
M. Forget: Merci.
M. O'Narey: ...mais on attend toujours des réponses.
M. Forget: O.K. Merci.
Et mon autre question: Compte tenu que vous avez participé
activement à la première consultation publique de
l'Hydro-Québec, nous sommes intéressés à savoir ce
que vous avez retiré de cette expérience. Ma question:
Pourriez-vous nous faire part de vos commentaires à cet égard et
nous indiquer des pistes permettant, éventuellement, de bonifier les
processus actuels?
M. O'Narey: Je vais y aller de façon assez rapide
là-dessus. Je pense que ça a été un exercice
intéressant, même très intéressant, et je pense
qu'il faut que ça se poursuive de façon plus permanente. Donc,
c'est un premier commentaire. Je pense que... Puis déjà, je pense
qu'Hydro-Québec a entrepris les démarches pour rendre ce
processus de façon, je dirais, plus permanente.
Le deuxième élément qui est difficile pour des
organismes comme les nôtres qui sont relativement de petits organismes,
c'est l'énergie que ça demande pour suivre tous ces
dossiers-là, c'est l'expertise qui nous manquait dans bien des dossiers.
On se rend compte très rapidement que l'expertise qui touche le domaine
de l'énergie au Québec, elle se retrouve, très facilement,
uniquement entre les mains d'Hydro-Québec et il est
très difficile d'avoir accès à des expertises
différentes. On a réussi à obtenir, dans le processus,
qu'Hydro-Québec accepte de payer pour certaines études
complémentaires à ce qui avait été proposé,
mais, dans bien des cas, pour des organismes comme les nôtres, ce n'est
pas possible d'aller chercher ces expertises-là et c'est un processus
très lourd, un processus essentiel, mais qui s'est avéré
aussi très lourd. Alors, dans ce sens-là, c'est une
difficulté, mais qui n'empêche pas, pour nous, de souhaiter que ce
processus-là se poursuive. Ce sont les deux commentaires.
M. Forget: Voici une petite question naturellement qui...
Concernant les producteurs agricoles, les producteurs en serre, les producteurs
de maïs, naturellement, qui font... au niveau des séchages et tout
ça, est-ce que vous avez regardé ce dossier-là?
M. O'Narey: Malheureusement non puisque, nous, on transige
directement avec les consommateurs individuels. Tout ce qui touche le domaine
des entreprises, on n'est pas concernés directement...
M. Forget: Non, non, mais quand même...
M. O'Narey: ...donc, on n'a pas de représentations qui
viennent des producteurs. Les représentations qu'on reçoit
viennent des consommateurs individuels.
M. Forget: Oui mais, par contre, en réalité quand
même, il ne faut pas se le cacher, les producteurs, ce sont toujours des
consommateurs.
M. O'Narey: Oui, mais on n'a pas les moyens, finalement...
M. Forget: O.K. D'accord.
M. O'Narey: ...de gérer toute la demande.
Une voix: Ils font pitié, hein?
M. Forget: Oui. Ha, ha, ha! Merci.
M. O'Narey: Ha, ha, ha! Oui, un problème difficile aussi
également.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le
député. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Je suis convaincu, messieurs dames de l'ACEF, que
les producteurs se fient et comptent énormément sur le
député de Prévost pour les défendre, pour remettre
en force le programme qu'il y a eu pour les serres, déjà, et qui
a été éliminé, il n'y a pas tellement longtemps, et
je suis persuadé que, lui-même étant un agriculteur, il va
défendre cette portion de consommateurs qui crient fort
précisément après le gouvernement, surtout quand ils se
comparent, par exemple, à l'industrie énergivore que sont les
alumineries. C'est évident qu'ils auraient voulu, bien sûr,
être défendus très adéquatement par un
député du pouvoir, s'il vous plaît! Donc, je suis
très heureux qu'il ait ouvert la porte. Merci. Reprenez-vous, je vous
donnerai le montant quand vous voudrez parler dans ce sens-là.
Ceci dit, je voudrais également vous poser une petite question
sur la régie que vous proposez. Vous n'êtes pas les seuls non
plus, en passant. C'est intéressant parce qu'on voit qu'il commence
à se dégager des consensus au niveau du Québec. Il se
dégage vraiment des consensus assez clairs et, à ce
moment-là, l'avantage que vous y voyez à une régie, vous
dites qu'il y aurait un débat plus neutre, plus indépendant, mais
est-ce que vous voyez d'autres avantages concrets, pour le consommateur
toujours, bien sûr?
M. O'Narey: II y a un avantage relativement évident,
même s'il y a aussi des désavantages. Il y a un premier avantage
qui est le suivant: L'expérience nous a démontré par,
entre autres, une enquête d'Hydro-Qué-bec qui a été
réalisée il y a peut-être un an environ, que les
entreprises d'énergie qui offrent des programmes d'aide aux familles en
difficulté, que ce soient des programmes d'économie
d'énergie ou des programmes d'assistance financière, ont, dans la
majorité des cas une enquête sur 19 entreprises
américaines, 14 d'entre elles avaient créé ces
programmes-là à la demande d'une régie. Donc, il est plus
facile, à notre avis, dans le cadre d'une régie, d'avoir une
expertise, je dirais, plus approfondie sur un ensemble de dossiers et qui
permet donc à la régie d'être plus sensibilisée,
d'avoir des contacts, je dirais, plus adéquats, plus immédiats
avec les problématiques des consommateurs et de réagir plus
rapidement à leurs besoins à ce niveau-là.
Par contre, évidemment, c'est bien sûr qu'une implantation
d'une régie risque d'avoir des impacts au niveau des coûts,
à plusieurs niveaux. Je pense que, malgré ça, il y a des
enjeux sociaux qui méritent certains coûts et il y a donc les
avantages que je mentionnais particulièrement qui nous incitent à
demander une régie.
M. Chevrette: En tout cas, vous avez un excellent mémoire.
Je vous remercie personnellement de votre présentation. J'ose
espérer que la façon la plus correcte de dire que c'est
intéressant et que, comme Mme la ministre le disait tantôt, votre
mémoire sera pris en compte, c'est d'en accepter les
recommandations.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. le député de Drummond. (13 h 50)
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Je dois vous dire, d'entrée en jeu, que ça porte à
réflexion, surtout lorsqu'on est un député de
région, lorsqu'on a aussi à côtoyer nos citoyens et
citoyennes qui font face à la problématique que vous avez
démontrée dans votre mémoire. Mais, en tant que
législateur je vais mettre mon autre chapeau; au lieu de
protecteur de mes citoyens, lorsqu'on vient s'asseoir ici,
on est législateur il y a un principe
d'équité qu'il faut, je pense, assumer au niveau
là, je fais référence au niveau du recouvrement, de la
tarification.
Ne croyez-vous pas qu'avec la technologie moderne qu'on a aujourd'hui
là je vais faire référence à l'isolation et
à l'enveloppe thermique d'un bâtiment on est capables, avec
Hydro-Québec, de déterminer, dans le contenu normal d'un
bâtiment, en tenant compte de la fenestration et de l'isolation, de dire
au propriétaire: À partir de ce moment-là, il y a x
montant de dollars que le locataire pourrait épargner si c'était
mieux isolé? C'est-à-dire, à partir de ce
moment-là, cette partie-là va être facturée
directement au propriétaire, avec une réglementation
l'empêchant d'augmenter le loyer, dans un premier temps, et, dans un
deuxième temps, dans un contexte plus global d'efficacité
énergétique, de mettre en place un programme qui ferait en sorte,
au même titre que PARCQ d'ailleurs, que sur une période de cinq
ans, lorsqu'il y a des rénovations majeures, on ne pourrait pas le
transférer au client, qu'on serait capables de donner et d'inciter le
propriétaire. Alors, le propriétaire aurait un incitatif,
à ce moment-là, et puis, le locataire qui, trop souvent
hélas, est celui qui est à faibles revenus, verrait sa facture
énergétique diminuer.
M. O'Narey: Nous, on est... En tout cas, ça correspond au
sens de plusieurs des recommandations qu'on met sur la table. On n'allait pas
aussi loin dans ies modalités d'application, mais je pense que ça
mériterait d'être étudié en profondeur, ce type
d'intervention !*.
M. St-Roch: Puis, à la page 22 de votre mémoire,
vous faites référence au tribunal administratif neutre pour les
usagers d'électricité. Bien, je pense que vous avez
touché la problématique à l'heure actuelle que,
même pour un député, il est assez difficile de voir ce que
c'est, la politique de recouvrement d'Hydro-Qué-bec. Parce que, de plus
en plus, avec la décentralisation, chacune des régions semble
appliquer ses propres normes.
Avant de créer ce tribunal administratif là, ne
croyez-vous pas qu'il serait temps qu'on dise: Bon, on fait face à l'an
2000, on va se donner des outils de gestion. Qu'il y ait une bonne commission
parlementaire, comme celle d'aujourd'hui, qui va s'adresser à ces
politiques-là qui seraient strictement la tarification et qui seraient
aussi les méthodes de recouvrement où HydroQuébec serait
obligée de venir s'adresser aux parlementaires, comme on le fait
aujourd'hui, depuis le 23 février, pour dire: Voici ma procédure
de recouvrement. Et, après ça, s'ils veulent
décentraliser, on va savoir qu'elle va être uniforme et on
pourrait peut-être éviter la création d'un autre outil de
tribunal. Parce qu'à chaque fois qu'on crée quelque chose,
tribunal administratif, on veut toujours aider notre consommateur, et je
m'aperçois, moi, en regardant d'autres organismes pour ne pas la
nommer, la CSST finalement, que le citoyen n'est plus capable de se
défendre sans qu'il y ait une batterie d'avocats, et là on se
ferait prendre encore dans le même cercle vicieux. On n'a plus les moyens
d'aller se défendre devant ces tribunaux-là.
M. O'Narey: Moi, je pense que ce qui est essentiel, à
l'heure actuelle, dans ce sens-là, c'est qu'on encadre plus
sérieusement, même dans un cadre législatif,
éventuellement, le type d'interventions qu'Hydro-Québec peut se
permettre au niveau du recouvrement. Le règlement 411 établit la
façon dont Hydro-Québec doit distribuer l'énergie et les
possibilités aussi, au niveau du recouvrement. Je pense qu'il y aurait
peut-être des modifications à amener au niveau de tout le
processus de recouvrement dans cette loi-là,
particulièrement.
Ça, c'est dans un premier temps. Et que ce soit, je dirais, en
commission parlementaire, dans le cadre d'une régie ou dans le cadre
d'une instance qui a autorité vis-à-vis Hydro-Québec, je
pense que ça serait souhaitable de le faire, dans un premier temps, pour
permettre de dégager les meilleures avenues possibles au niveau du
recouvrement et la véritable problématique derrière
ça. Je pense que ça, c'est essentiel de le faire.
Alors, dans ce sens-là, je ne peux qu'appuyer des initiatives qui
iraient dans ce sens-là.
M. St-Roch: La dernière, M. le Président, si vous
me permettez.
Le Président (M. Audet): Brièvement, M. le
député.
M. St-Roch: Brièvement. Ça ne sera pas une
question, ça va être une réflexion.
J'ai l'impression, moi, qu'à regarder évoluer cette grande
problématique-là, de recouvrement, que
lors-qu'Hydro-Québec se maintenait au niveau de 20 000 000 $, 25 000 000
$, c'était facile d'envisager quelque chose. Mais lorsqu'on
dépasse les 60 000 000 $, on est peut-être apeurés devant
le montant astronomique que ça pourrait impliquer. Alors, c'est
peut-être une raison de plus d'obtenir l'avantage de cette
commission-là.
M. O'Narey: C'est ce qui nous fait craindre qu'à la fin du
mois de mars, le 1er avril, comme ils avaient une directive, à
l'interne, qui demandait de ne pas couper durant l'hiver, ou de limiter
pas de ne pas couper, de limiter le plus possible durant l'hiver le 1er
avril, je vous garantis que les bureaux régionaux, ils vont sortir les
couteaux.
Mme Maisonneuve: Ils nous ont avertis!
M. O'Narey: C'est fait. On sait que ça s'en vient. Donc,
on va voir ce qui va se passer, aussi.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, madame, messieurs,
on vous remercie de votre présentation. On vous souhaite une bonne fin
de
journée.
Alors, ça termine nos travaux pour aujourd'hui. Nous allons
reprendre demain matin à 9 heures.
(Fin de la séance à 13 h 55)